PRESENTED TO THE «^ J
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GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N^ 2S2.
Duodi , 1 ? meisidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous soinmfs autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur çst le se^l journal ç^ciel.
~ïl contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemefii , les nouvelles des armées , ainsi /qu^^).ss f?iifs et les notions tant sur
l'intérieur cjue sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. ' * , '
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E :5C T Ê R I E U R.
ESPAGNE.
Pc C^dix , Zc 2 1 prairial.
X L est entré dans ce p/rt , depuiç le jo de ce
jnois , 5i bâiimens espagnols, dont 4 chaloupes
canonnières lésaient partie comme escorte ; 4
navires atpéricains , 3 danois , un suédois et un
marocain.
Le capitaine d'un des b^iimens espagnol? etitrés
Je II , é rapporté que , se trouvant le malin à la
dislance d'un myriamptre et demi du cap Tri-
.falgar , il avait apperçu trois bâlimens de guerre ,
escortant 23 navires marchands, dont il ,n'a pu
reconnaître la nation. Le vent était au nord-est,
petit frais.
Un corsaire français, nommé les Deu^i-frere; -,
eu venu mouiller le 14 dans notre baie , con-
duisant une balandre de guerre anglaise qu il
avait capturée.
Il est soni de ce port, le 17 , deux bâtimens
espagnols allant à 1 Amérique, et le ao deux cor-
^Étires français.
Gibraltar , le i3 prairial.
Les forces navales de Ce port consistent dans ce
moment en une Irégate de 40 canons , trois de
36, une corvette de 26, une de 24, et trois
içhalpupes canonnières.
INTERIEUR.
An^ulême , le f messidor.
La nouvelle de la bataille de Maringo et de la
■victoire décisive remporiée par l'armée de réserve,
•est parvenue au préfet le 5 du courant à neuf
heures du malin. Il est impossible de peindre la
joie et l'eniliousiîisrae des bons citoyens à la certi-
tude officielle de cet événement si important dans
)i circonstance. Le courtier piécédent avait ap-
porie un l>ullelin qui donnait les premiers pres-
«emimens de nos succès ; mais les détails pa-
raissant ou fabuleux ou exagérés , quelques esprits
Éotis avaient cru devoir les révoquei" en douie.
Ceux qui connaissent les armées françaises, le génie
qui les dirige et les héros qui sont à leur tête,
attendaient le courrier du 5 avec une impatiente
confiance. Enfin , il est arrivé . et il a confirmé,
dans presque tous ses détails , le bulletin pré-
cédent ; mais il a ajouté des résultats tels qu'on
ne peut les regarder (jue comme les préliminaires
infaillibles d'une paix glorieuse. Aussi , saisissant
axiec itansport cette idée heureuse , le préfet a
réuni à la liâie autour de lui les autorités de la
cotrimune d'Angoulême , et est sorti de la pré-
fecture , en costume , au milieu d'une escotje
de garde nationale et de vétérans , pour annoncer
aux citoyens . transportés d allégresse , la con-
fiim?ijon officielle et glorieuse des succès inap-
préciables de l'armée d Italie. Elle 9 été reçue
au milieu des acclarnaiions générales , au bi-uit
du canon et aux sons d'une musique guerrière.
Le soir, au théâtre , des couplets en l'honneur
^u pcernieç cpnsul ont été chanté* et vivement
appl.tudis. La statue de Boriapartc , placée au
niilieu du temple de I Immortalité , a été cou-
ronnée par les rtains de Ie) Vlcloiie du laurier et
et de l'olivier réunis : les cris liç viv.e BonapnrU ,
ont fait retentir les vnûies de la sqlie. La journée
s'est terminée par une illumination générale , par
des feux de joie et des danses.
On regarde ici la paix dctlniiive comme devarit
être_ le prix de cçue grand? journée . et cette
fspér^nce épanouit tous les cœurs.
Fesoul , 5 messidor , â neuf heures du soij-.
Câpie d'une lettr» rf?» mnire dt In commune, de Vesonl,
OfU préfet du dé/>aTlement de la HaïUe-Saoue.
CttCkwen y»tot -, ■■ -
AKatfivécd" cQurniaV «Vrti'a apporté la nouvelle
de la victoire de l'armée d Italie , le peuple s est
enthousiasme comme aux pieinjer» jours de ses
frioniphes ; il g environné I.1 maison du dépir-
temcnl ; il ademandé qi^on ptoclàmâi au rpilieu
den mes et des place» publiriues la gloire de s. s
cnliins. Nous avons cru c-nlrer dans' vos vues, in
«aii)ie>»nt «on impatience c) son allégresse. Déjà
l«t citu):eiis illuminent Ici laçadcsdçlciirs maisons,
le corps municipal publiera aux flambeaux le bul-
letin de l'armée. Un superbefeu d'artifice est pré-
paré pour ce soir, et l'épouse du général Baville
a été invitée à y mettre le feu.
Les fêtes sont toujours .plus belles quand les
femmes veulent bien y prendre part et les embellir.
La joie publique est à son comble, il ny manque
que notre préfet.
Sjlut et respect , ' signé , Mailly,
Pour copie conforme , *
Lepréjet du département de la Haute-Saône ^YE^GifES.
Le lecrétaire-général de préfecture , Morsol.
■' I
Paris , le II messidor.
Ix. Journal du Commerce rapporte la lettre sui-
vante . écrite de Vienne le 28 prairial , c'est-à-dire ,
deuxjours avant celui où Ion calcule que la nou-
velle de Maringo aura pu arriver dans cette ville,
Il On fait ici de très-grands préparatifs de dé-
fense , quand il est trop tard,... L'entrée de
Bonaparte dans la Lomb^rdie , et ses progrès,
ont fait la sensaiipn la plus piofonde , et les
esprits sont dans la plus vive agitation. Le papi.-r
est tombé de 5 à 8 pour 100. Le décourage-
ment est à son comble , ei le trésor public est
à sec... Lirapéràirice , que Ion accuse d'avoir
eu le plus de pan aux désastres publics , ejt
tombée malade. . . . j>
— L'institut national avait nommé des com-
missaires pour répéter les expériences par les-
quelles M. Achard , célèbre chyraisie de Berlin ,
avait obtenu du sucre de le betterave. Le citoyen
Deyeux , l'un de ces commissaires ,. a fait le
rapport des expériences sextidi dernier, et il en
résulte , dit le citoyen Lalinde , que l'on peut
avoir effectivement le meilleur sucre à l5 décimes
le kilogramme ( i5 sous la livre ).
— Le ciiovenj. N.Béliard , d'Ajiboone vdépar-
ternent du Dpubs, |gé de 96 ans , vient d? se
marier pour la qijalrieme fois. Il a éptSusé Qene-
vieve Pourseloi , âgée de Qi ans , et déjà veuve
de deux maris. Us ont 1 un et l^ufre uns npm-
breusç poslçrilé, "^
Nous nrons l'article suivant d'un journal du
Havre qui nous a déjà fourni dtux morceaux in-
téressans sur le commerce du tdbac. Les circons-
tances actuelles , en présageant la cessation d une
guerre qui a changé toutes les relations des peu-
ples, invitent les bous esprits à s occuper des
méditations de ce genre. Lorsque' les victoires
auront assuré le repos de la république , c'est aux
ans de la paix , au commerce et à 1 industrie
à créer sa pro-spérilé.
Ce n'est pas assez d'avenir le gouvernement
qu'il se fait par la Belgique une fraude scanda-
leuse , notamment sur les tabacs en feuilles ; il
ne fuffit pas non plus de l'inviter à peser d?ns sa
ssgesse si la réduction du droit à 20 fr. ne vaitt
pas mieux que les plus fones barrierps ou la Içvée
d'une armée de commis.
Il faut se pénétrer d'une très-grande véiiié , c'eat
que le commerce du tabac doit être notre lieu le
plus étroit avec les Etats-Unis «t la Ijranche laplus
productive.
Les nations ne sont amies qu'en raison de la
téciprociié de leurs intérêts : elles ne s'unissent
que sous deux points de vue , ou pour leur sû-
reté , ou pour leur richesse. Se garantir mutuel-
lerpent son existence politique , est une raison
d'amitié; se procurer, par des échanges avan-
tageux , les commodités de la vie et les semences
de la prospérité, c'est le but de tous les peuples
commerçans.
Ainsi , le pays qui procurera à la France le
plus de débouchés , soii de ses richesses terri-
toriales , soit des produits de ses manufactu-
res , doit fixer davantage les yeux de son gou-
nement.
Ainsi 'e pays qui aura le plus de maiieres prer
mieres à échanger contre notre superflu , est de's-
iliié par la nature cl par la politique à demeurer
dans noire inlim.ié.
Il ne serait pas di(Çcile de prouver que la
Fiance convient rnifiux qt^e l'Angleierfe aux rer
hitjons coniiuerciales de lAniérique sepleniriot
nalc. L'.'Vnglelcrre n'a rien autre chose à offrir
au»^ améùçains i^uf les jntqiensei prediiit» de «cf
fabriques. Quandle gouvernement français pourra
s'en occuper , nous deviendrons des coiicurrens
très-incommodes. Le bas prix de" notre main-
d'œuvre nous donnera de la supériorité. Mais, qui
disconviendra que nos vins et nos eaux-dervie
sont des avantages exclusifs en faveur de la
France ? que les américains en font une grande
consommation , et qu'il vaut mieux pour eux les
échanger contre les produits de leur sol que 4e
les acquitter en numéraire ? t
Si les américains sont nos tributaires pour les
vins et les eaux-de-vie que nous leur fournissons ,
il faut convenir que nous sommes leurs ttibtjtaires
pour les tabacs qu'ils nous fournissent. Pans les
tems de disettes , nous le sommes encore pour le»
grains qu ils nous envoient.
Les tabacs et les grains sont donc les deux
grands objets d imporialion des Eiats-Unis , et
c'est sur ceux-là que nous devons reposer notie
attention. Les autres objets peuvent , dans un
tems de paix , se balancer avec les produite de
notre industrie , si lotilefois la balance n est pas
grandement en notre faveur.
Ne convient-il pas 4 1^ F'^'ince de se soustraire
à la dépendance des Etats-Unis pouf les grains
qu'ils peuvent lui fournir ? ' ' ,
Convient-il , au contraire , à la France d'erî-
courager la culture du tabac , pour être moiss
tributaire de l'Amériq ue septeniripnale ?
De I3 solution de cette double question , doit
résulter , dans tout son jour , la proposition que
j'ai établie ci-Uessus , que le tabac doit être ^a
branche de commerce la plus productive avec les
Etals-Unis , et le mottt Je plus puissant de noire
union avec cette nalion.
La France passe , avec raison , pour Je plus
beau pays de I Europe : il est le plus fertile et
le plus riche : sa population excède 28. millions
dhabitans. Quoiqu'il' soit bien culiivé , il- est en-
core susceptible d'amélioration. L'agriculture fait
tous les ans des progrés , et il est probable, -qu'à
U paijc , de nouveaux efforts prépareront de
nouveaux succès. " •" ' ■
Le premier besoin d'une na»ion ,, c'est li'as-
Surer sa subsistance: c'est une folie' de la ,cortl-
prometire poux des cultures secondaires. Le
peuple qui peut se nourrir avec sa récolte , est
un peuple heureux : il est riche , sHl a du su-
peiûu pour le vendre aux autres. Les gouver-
nemens sages ont toujours été pénétrés de cette
vérité. Le grand Frédétie établit des grenieis
d abondance dans tous les pays de sa domination.
On connaît limponance des magasins d'Amstef-
dam , qui, plus d'une fois, a vendu au poids
de I or les grains dont les autres nations avaièrit
UQ pressant besoin.
La faute la plus grossière oi!i ;^uisse tomber un
gouvernement , c'est de s'exposer à avoir recours
aux autres , car il y trouve peu de ressources ,
même en épuisant ses trésors. '
En effet „ le bled qu'on cultive dans son pays ,
quand la récolte est au pair avec les besoins ,
peut valoir 10 cent. la livre : quand onestoblicré
d en tirer une partiedel étranger , ondoiis'atiendre
à le payer au moins 25 cent. Quand la disette
en France était exirême , on p,.yait 180 livres
de farine jusqu'à i3o fr. ; et cela dans unitems
fiù le (lumcraire avait disparu. ,- ,.
Pour se former un idée du peu dt ressoiirces
qu'on retire des nations agricoles , qui peuvent
fournir aux autres leur superflu , prenons uii'
exemple dans les exportations de JAméiiiiite
septentrionale. Depuis le 1" octobre 179^ au
3o septembre 1793 , ilesl sorti de ce pays 1,074,639
barils de farine qui, multipliés par 180 livies,
donnent, ig9,436,b8p
Et 1,450,575 boisseaux de bled
qui , à 60, livres le boisseau ,
donnent,''"''.' . . ,'J '1 \' .y. . '. S7,o34,5po
E'hséflibile ,' .' .". . . . 28o.469,5?o
Ainsi, en supposant contre toute probabiliié ,
que les américains n'aient rien imparié dans les
colonies Iraiiçaises , espagnoles , anglaises, hol-
landaiats , etc. ; qu ils n aient rien porté ni en
Ai'gicieire', ni en Espagne; qu en un mot, la
Fidiite ait iqcu seule les deux cent quatre-vingt
millions quatre ttni soixante-neuf mille cinq ctn't
vingt livres de bleds et farines mentionnées ci-
desiiu*. , il faut conclure '4U« cAito' quantité ,
IIJS
distiibuées' aux vingf-huit millions d'habitansde la
France , a pu toui au plus les nourrir pendant
dix jours.
Or , cette subsistance pendant dix jonrs . cal-
culée modérément à 25 cent, la livre , aurait fait
sortir de la France une somme de 70,1 i7,38o fr. (i)
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrité 'du g messidor , an 8.
Les consuls de la" tépublli-lue , sur le rapport
du rainisiiedel intérieur, le conseil-d'état entendu,
arrêtent :
Art. ï". L'arrêté du 17 nivôse dernier est rap-
porté , en ce qu'iL établit , par erreur , pour
chef-lieu du département des Ardennes , le nom
de Charleville.
IL La ville de Mézieres , qui était le siège de
l'administration centrale du département des Ar-
dennes , sera chef-lieu de la préfecture.
IIL Le ministre de Tintérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
En l'absence du premier consul ,
Le secend consul, signé, Cambacérê.s.
Par le second consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA GUERRE.
ARMÉE DU RHIN.
Extrait d'une lettre du général Moreau , commandant
en chef l'armée du. Rhin , au ministre de la guerre.
— Néresheïm , le 5 messidor an 8.
Je vous envoie copie de mon rapport au premier
consul , sur la bataille d'Hochstedt. M. de Kray
quitte Ulm. Ce succès est d'une grande impor-
tance ; mais il était difficile He l'obtenir : imaginez-
vous un passage de rivière sans bateaux , sans
équipage de pont , enfin , rien que des nageurs
et du courage. St'gné, Moreau.
Pour extrait conforme , Signé , Carnot.
Copie d'une lettre adressée au premier consul de la
république , par le général Moreau , commandant
fc en chef l'armée du Rhin. — Au quartier-général de
Dillingen , te 3 messidor an 8.
Enïin , citoyen consul , nous forcerons M. de
Kray à quitter Ulm , son appui. Un succès bien
prononcé vient de nous donner le double avan-
tage de décider à-peu-près du sort de l'Alle-
magne ,. et de venger l'honneur français d'une
défaite du commencement de ce siècle. J'espère
qu'il aura quelqu'influence dans les négociations
que vos victoires dltalie vont occasionner.
Voyant que l'armée autrichienne tenait à son
camp d'Ulm , qui lui donnait la facilité de dé-
boucher sur les deux rives du Danube , et nous
empêchait par conséquent de faire aucun progrès
de quelque conséquence en Allemagne , n'ayant
pas, voulu livrer de bataille à Blaubeuren , crai-
gnant qu'il ne profilât de mon mouvement pour se
porter sur Meramingen , se lier au Tyrol et faire
descendre en Italie un corps qui vous aurait beau-
coup gêné , je me décidai à faire manœuvrer le
générai Lecourbe sur le Lech , espérant par-là
forcer M. de Kray avenir couvrir la Bavière,
mais il manœuvra sur nos derrières; la bataille
du 16, qu'il perdit, le força à repasser le Danube.
Je projetai alors de passer ce fleuve au-dessous
d Ulm , de le séparer par-là dé ses magasins de
Donawert cl de Ratisbonne , et de le forcer ainsi
à s'en aller ou à combattre.
Ce mouvement était dangereux et difficile ,
nous n'avions ni équipages de pont , ni bateaux
de débaïquement. L'ennemi avait détruit tous les
ponts et coulé toutes les embarcations.
J'ai renforcé le corps du général Lecourbe de
cinq bataillons et de cinq régimens de cavalerie ,
(ijL'aui'.itir dit une grande vérité, quand il assure
fju une nation agricole ne doit point faire reposer
sa subsistance sur les chances du commerce , mais
il exagère peut-être un raisonnement dont ArthuT-
Young semble aussi avoir un peu abusé dans la
critique, assez justevdaiHeurs, qu'il fait des impor-
laiious de M. Necker. La nourriture de dix jours
pour s8. 000.000 d homines ne pourrait être re-
gardée comme indifférente . que parce qu'il est
difficile qu'un déficit posjlif^oit prééiséraent dans
cette proportiori. Mais ce qui ne suffirait que, dix
jours à la aaiion entière , suffira vingt jours à la
moitié , et peut suffire pendant trois mois au hui-
tième de' ta populàtionl Or , les besoins ne se
lésant point ordinaireiuenl sentir simultanément
ïuv tous les points du territoire , il est évident que
des secours aussi considérables, fourni» à propos
dans les lieux menacés de disette , maintiennent
labondjuce dans ceux qui sont pourvus Ces
importations subites et considérables formeraient
jan» doute un mauvais. système d'approvisionne-
jnenl. Ce n'est pas un régime qu'il faille adopter ,
mais c est un remède dont lusage , en certains
cai , peut êtt« néceeisaire. .■ j B
et je le c}i3r2;eai de s'emparer d'un des ponts ] pagne . Laval , Schiner et Pulod. Les corps de
sur le Danube", depuis Dillingen jusqu'à Dona cavalerie que je viens de citer , diriges par les ge-
' néraux d'Hautpoult et Dcvigne , ont fait des pro-
diges de valeur. La conduite des nageurs com-
mandés par le citoyen Degrometri , adjudunt de
la 94' demi-brigade, est un fait d'intrépidité dont
Ce général a exf'culé ce mouvement avec une
audace digne des plus grands éloges. Après s'être
assuré des postes de Landberg et d'Augsbourg , et
y avoir laissé les troupes nécessaires pour assurer
ses derrières contre le corps du prince de Reuss,
stationné dans le Tyrol , et que les généraux Nan-
souti et Molltor ont battu chaque fois qu'il a
voulu déboucher, il s'approcha de Dillingen , de
Blindheim et dHochstedt.
J'avais porté le corps du général Grenier , la
droite au Danube , à Guntzbourg , ei la gauche
à KisendorfF. Le général Richepanse, placé sur
les deux rives de 1 Hier , couvrait la route d'Ulm
à Memmingen , et protégeait nos communications
avec I HeJyétie , très - ir^quiétées par les partis
ennemis.
Les trois divisions de réserve âmes ordres,
étaient entre la Kamlac et la Mindel , destinées à
soutenir l'attaque du général Lecourbe , au cas
qu'elle réussît, et celle que le général Grenier
devait faire sur Guntzbourg , si la première
manquait. 1
L'armée se trouvait ainsi placée le 29 prairial.
Après plusieurs combats, où l'on força l'ennemi
à se replier sur Ulm , le général Lecourbe fit ce
jour des démonstrations sur le pont de Dillingen,
et . d'après le rapport de ses reconnaissances , se
détermina à entreprendre sérieusement le len-
demain sur ceux de Geinshines , Blindheim et
Hochsiedt.
Quaite-vingt nageurs nuds , armés de fusils et
de gibernes qu'on avait fait passer à leur suite
dans deux irès-petites nacelles , s'emparèrent des
villages de Grensheim et Blindheim , prirent des
pièces qu'on fit servir par des canonniers qui
avaient passé sur des échelles qu'on avait placées
sur la coupure du pont , et tous se maintin-
rent avec un courage extraordinaire , pendant
que des sapeurs et des pontonniers travaillaient
sous le feu de l'ennemi , avec une valeur égale a
leur activité, à rè^jarer les ponts sur lesquels on
fesait passer des secours pour s'opposer aux
renforts que l'eftnemi dirigeait sur les points où
ils ne pouvaient plus douter de l'objet de l'at-
taque.
La 94= demi-brigade passa après les nageurs ,
tint avec courage les villages de Grensheim et
Blindheim , Langenau et Schavingen , où le
général Marigni fiit très-légerement blessé. Mais
cette demi-brigade eût eu beaucoup de peine à
se S9Utçnirdans.ce;s villages, malgré laplus grande
Valeur, sans une charge extrêmement vigoureuse
de deux escadrons du i*' régiment de cara-
biniers . dirigée par le citoyen Grimblot. Ils ve-
naient dépasser un à un sur le pont de Grens-
heim. Un pel&ioti du 8' de hussards, de l'es-
corte du général Lecourbe, était joint à eux. Ils
culbutent un corps de cavalerie ennemi trois
fois plus nombreux , prennent six pièces de
canon, 25o chevaux et plusieurs drapeaux;
4 pièces d'artillerie qui arrivaient de renfort ,
sont également enlevées. Tout le corps qui
venait de Donawett fut presque détruit. La
brigade du général Laval se mit à sa poursuite.
Il restait à faire front au corps qui venait
d'Hocstedt, Dillingen et Lavingen. Après plu-
sieurs charges où les carabiniers , les cuirassiers ,
les 9"^ et 6' de cavalerie et le 9' de hussards se
distinguèrent , on prit encore environ deux mille
hommes , des canons et des drapeaux. Les forces
ennemies s'étaient considérablement augmentées.
Les troupes d'Ulm commençaient à arriver ; mais
les ponts de Dillingen et Lavingen rétablis , per-
mirent aux divisions Decaen et Grandjean , de
joindre avec leur cavalerie , et de concourir à
une dernière charge d'enviroik4000 chevaux, qui'
culbutèrent l'ennemi au - delà de la Drenz , et
nous rendit maîtres de la position de Gundel-
fingen.
Les 6' de chasseurs , i3« de cavalerie , 4° de
hussards et 11' de chasseurs se distinguèrent dans
cette affaire. Le reste de ces divisions et celle du
général Leclerc passèrent rapidement le Danube,
et se formèrent , eri arrivant, de manière à pou-
voir repousser les efforts que nous présumions
que l'ennemi ferait le lendemain. Le général
Grenier s'était également préparé à passer le Da-
nube à Guntzbourg ; mais l'ennemi , qui avait
précédemment coupé- des arches du pont , avait
garni la partie qui restait de son côté de paille,
goudron et autres-matières combustibles qui de-
vaient le consumer iors de notre attaque. Ce qu'ils
ne manquèrent pas d'exécuter , lorsqu'ils virent
les nageurs se jeter à l'eau. Quelques-uns de ces
derniers eurent même la témérité de vouloir aller
éteindre cet embrasement sous le feu de l'en-
nemi ; mais cela était impossible. Le lendemain ,
le corps du général Grenier s'est porté sur La-
vingen. Le général Richepanse s'est préparé à in-
vestir Ulra ,' dès que l'armée ennemie l'abandon-
nerait , avec une simple garnison.
Ces combats se sont livrés sur le trop fameux
théâtre d'Hochstedt ; le général Lecourbe , qui
montra dans cette occasion une audace et des
talens extraordinaires , a été parfaitement secondé
pat les généraux Gudin , Montrichard , Des-
il existe peu d exemples. Les citoyens Caban et
Gjlbori dirigeaient les armes de l'artillerie et du
génie , avec infiniment d'intelligence et de bra-
nvoure.
Le chef de l'état-major va vous faire un rap-
port plus détaillé de cette affaire. Il nommera
tous ceux auxquels j'ai donné de l'avancement et
des fusils d'honneur. Je vous enverrai les dra-
peaux par le citoyen "Vadelay , aide-de-camp du
général Lecourbe . qui s'est distingué , et par le
commandant des nageurs. La 10' légère , la 3;* ,
le premier bataillon de la 46° , et le premier de
la 5;' , ainsi que de la 84* ; enfin , tout ce qui
a combattu dans cette journée a donné les preuves
les plus réitérées d'intrépidité.
La perle de l'ennemi , sans compter les tués ou
blessés , est d'environ 5,oocl prisonniers , 20 pièces
de canon et 5 drapeaux.
Le lendemain, le 6' régiment de chasseurs a
pris un convoi de 380 voitures chargées de grain.
M. de Kray vient de quitter Ulm , et marche , dii-
on , pour nous combattre. Nous comptons lui
éviter la moitié du chemin.
Signé, Moeeau.
Pour copie conforme ,
Le ministre delà guerre, signé, Carnot.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHirjUE du 10 mcssidor , ligne
deStrasboug; d'Huningue.
Le chef de l'état - major de l'armée du Rhin , au
ministre de la guerre.
L'armée continue de vaincre. L'ennemi a été
forcé de se retirer de devant Ulm.
ARMEE D'ITALIE.
Gopie d'une lettre adressée au ministre de la guerre
par lé général en chef Massena. — - Au quartier-
général de Finale , /« 27 prairial an 8 de la répu-
bliquefranqaise.
Citoyen ministre , les opérations militaires m'ont
tellement pressé ; que je n'ai pu achever le rapport
des événemens qui se sont passés depuis la re-
prise des hostilités, soit à l'aîle droite pendant le
blocus de Gènes, soit dans le reste de 1 armée.
En attendant , j'ai pensé devoir vous faire
porter les drapeaux enlevés à l'ennemi ; huit ont
été pris par l'aîle droite, et six par le centre. Ces
drapeaux seront un monument durable de l'in-
trépidité et du dévouement de cette brave armée .,
qui, au prix des plus grands efforts, a préparé
les derniers événemens qui opèrent la délivrance
de 1 Italie. Quelle masse d'éloges ne dois-je pas à
tous les militaires dont j'ai partagé les dangers
et les travaux ! Je recueille avec soin tous les traits
intéressans de cette courte et étonnante campagne ,
pour rendre à chacun ce qui lui appartient de
gloire. Ces traits doivent être connus de nos
contemporains , comme ils occuperont une
place honorable dans l'histoire des campagnes
de la liberté.
Je charge le citoyen Banhe , mon aide-de-
carap , de vous porter ces drapeaux. Veuillez
citoyen minbire , accueillir avec intérêt cet
officier dont la conduite a été très-distinguée,
et qui a été blessé sous mes yeu:^ dans une
de nos afiFaires.
Salut et fraternité ,
Signé , Massena.
Pour copie conforme.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
PREFECTURE DE POLICE.
Le préfet de police a fait arrêter hier décadi , an
faubourg Martin , plusieurs fabricateurs de fausse
monnais de cuivre. On a saisi en même-tems tous
les ustenciles et matières trouvés dans deux atie-
liers diffèrens où se fabriquait cette fausse mon-
naie : ce qui fait six fabriques de fausse monnaie
de cuivre que le préfet de police a fait saisir dans
la même décade.
Il vient aussi de faire saisir sept faux poinçons
pour les matières d'or et d'argent, ainsi que le
graveur, chez lequel ils ont été trouvés , et une
quantité de bijoux et d'argenterie déjà marqués''
aux faux poinçons , et d'autres qu'on y apportait ,
au moment de cette opération , pour être poin-
çonné.';.
SENAT -CONSERVATEUR.
Discours prononcé dans la séance extraordinaire du
4 messidor an 8 , par le citoyen Garât . après la
lecture des relations qfficielles de la bataille de
Maringo.
Citoyens sénateurs ,
Lorsque , par l'organe de deux conseillers-
d'état , il y a peu de mois encore , le gouver-
nement vous donnait communication de ses ten-
\i3g
l^tives réitérées pour rendre la paix à h France
et auMonde ^ et toujours repoussées avec hauteur
et avec insulte par les ennemis de la républitjuc;
des préparatifs du premier consul pour obtenir ,
par la force des armes , ce qu'on refusnit à sa
justice et à sa modération; de sa délerminatiou
d'aller semetire à la tête des armées après les avoir
organisées ; le sénai de la république ne crut point
devoir renfermer l'expression de ses seniimens
dans le secret ordinaire de ses séances. Vous
unîtes publiquement vos vœux aux vœux univer-
sels de la nation-, et ces vœux , dans lesquels vous
ne sépariez pas ie bonheur de l'Europe de celui
de la France , appelaient ou une paix obtenue,
sans combats ^ ou la paix commandée par la
victoire.
Le succès du premier de ces vœux , dicté par le
seul sentiment de l'humanité , vous eût éé le plus
doux , sans doute; nos ennemis nous ont réduits
à 1 accomplissement du second ; et c'est du milieu
des trophées de nouvelles victoires que la France
va donner à l'Europe le bienfait de la paix.
Les peuples de 1 Europe, entourés de ruines,
déchirés et ensanglantés par une si longue guerre ,
ont trop à accuser les puissances qui ont voulu
qu'elle durât encore ; peut-être , citoyens séna-
tetirs , \es générations qui vont nous suivre , et
nous-mêmes avant de descendre de cette scène
de la vie que nous sommes au moment de leur
céder , peut-être nous-mêmes reconnaîtrons-nous
que , pour être tout ce qu'il faut qu'elle soit , la
république avait besoin de Vaincre encore ses
ennemis avant de les désarmer; tt que sa géné-
rosité exposait trop son existence en déposant ses
armes , dans un moment oti leur gloire paraissait
afiaiblie , où l'ascendant de son génie paraissait
plus que balancé par des gouvernemens qui
ont une autre origine et d'autres maximes.
Il ne faut pas nous le dissimuler; de long-tems
encore lEurope ne sera assez éclairée pour re-
connaître la vérité et la certitude de nos prin-
cipes au milieu de l'incertitude de nos succès ;
Jong-tems encore les événemens et leurs résultats
seront la seule logique des nations; et on ne
croira à notre sagesse que lorsque sans cesse on
en verra sortir notre grandeur et notre bonheur.
.Oui , cet éclat des victoires , cette gloire des
héros , qui ont toujours coûté si ther à la terre .
j'oserai le dire au milieu de ce sénat vénérable .
ils étaient nécessaires à la préparation et à l'ac-
complissement des prospérités d'une république
qui ressemble si peu à tout le reste de lEurope.
Attaquée de toutes parts dans sa naissance , il
était nécessaire que , dans sa naissance même .
elle parût supérieure à tout, pour cire ensuite
toujours , sans danger , le modèle de la modé-
ration , la protectrice puissante et tranquille de
l'égalité des nations et de leur repos.
C'est à ces caractères que le sénat - conserva-
teur de la république reconnaît la paix qu'il
désire pour elle ; ce sont les acaiAetes qui dis-
tinguent la paix que nous appelons tous dans
cette enceinte , de celte paix si incessamment
et si bruyamment demandée, au milieu même de
la république , par ceux qui n'ont jamais voté que
pour son déshonneur et pour sa ruine.
Et combien ils sont multipliés , combien ils
lont éclalans ces nouveaux titres de gloire , ces
gages nouveaux d'une existence éternelle que
la république reçoit at^jourd hui de ses armées !
Dans celle Italie condamnée à tous les ravages
par tous les genres de fécondité , qui seinble
fermée par ses mets et par ses montagnes à t«ouies
les nations étrangères à son sol , et qui fut ,
dans tous les siècles , comme le champ - clos
oti toutes les nations se sont rendues pour
se disputer l'empire de lu terre et l'empire de la
gloire , Bonaparte et son armée avaient naguère ,
en moins de deux ans , effacé la gloire de tous
les vainqueurs couronnés par la fortune sur
cet éternel théâtre des combats : aujourd'hui
ils viennent de surpasser en un mois ce qu ils
avaient fait alors en deux ans. Avoir franchi une
»eule montagne de la chaîne des Alpes fut pour
Annibal et pour d'autres héros un succès célébré
par toutes les histoires : Bonaparte en fait fran-
chir trois à la-fois à son armée ; lui-même il se
précipite du sommet des neiges et des glaces , il
«avance au milieu de cette Italie hérissée de
places fortes de nos ennemis , où toutes les re-
traites lui manquent s'il ne remporte- pas toutes
les victoires ; il rencontre ces phalanges et ces
cavaleries de lAiitriche , rendues si difficiles à
vaincre par une année de triomphes; et dans une
seule bataille où il multiplie et presse tous les
genres de combats, où la fortune i comme si
elle craignait de prononcer en un jour sur les des-
tinées de tant de siècles et de tant de peuples , fait
passer tour-à-iour tous les revers et tous les succès
dans l'une et l'autre armée , par une .seule vic-
toire , il fait tomber sept à huit grandes places
fones , il détruit jusqu'aux dernières espérances
d'une armée puissante par le nombre, par le cou-
rage et par la science , il décide à-lalois le sort
de la France , de l'Autriche et de l'Italie. Ces
prodiges si réels ébranlent tellement l'imagination ,
que . malgré la sévérité de l'histoire à latjuelle ils
appartiennent à jamais , l'histoire elle-même ne
ponrra les comparer qu'à ces fictions sublimes de i
la poésie, dans lesquelles on voit les dieux d Ho-
mère volant des sommets de l'Olympe ou de '
1 Ida sur les chaniiis de bataille , et terminant des
combats long-tems indécis par des forces qui ne
sont pas humaines.
Tout ce qui combat à côté de Bonaparte fait
éclater sous ses yeux cette supéiiorité de cou-
rage et de génie que la liberté seule et les lé-
publiques donnent aux soldats qui combattent
pour elles ; et parmi les noms que le premier
consul présente aux mentions de la gloire et
au contenienienl du ])euple français , le sénat a
distingué avec un aitendiisscment particulier le
nom du jeune guerrier dont le père, qui siège
aujourd hui avec nous , conduisit souvent les pre-
mières armées de la té|niblique à la victoire (l).
Mais de toutes les circonstances de cette bataille
de Maringo sort une vérité que la répdt^lique
aime à recueillir; c'est que c'est à son premier
consul qu'elle doit son triomphe: elle reconnaît
Bonaparte dans cette invincible constance qui
ôte à la fortune tous ses iïtisards , parce qu'elle
ne cède à aucun de ses revers; dans ce coup-
d œil qui , au milieu du fracas , du désordre et
de la confusion de tant d'èbranlenlens , saisit
dans les mouvemens de son ennemi , la première
faute qui doit être la cause et le moment de sa
catastrophe.
La république française , citoyens sénateurs ,
et vous qui êtes ses premiers organes , puisque
vous êtes les garans de son existence , vous
ne craindrez jamais de prodiguer trop d'admi-
ration à des faits qu'on ne sait pas apprécier
l52 millions en denrées de nos colonies. Ce." der-
nières qui ont toujours fait la base de notre com-
merce au Levant , réunies à nos fabriques du
Languedoc , nous en procuraient un dans lesétals
du grand-seigneur , qui dépassait :5 millions en
exportation, sur quoi ts millions en denrées colo-
niales,eigmillions en drans, étofTes et bonneterie;
enhn , des hommes liès-exercés dans ces matières ,
ont constaté qu'alors les fabriques françaises don-
naient un produit annuel de 'j'H millions en seuls
bénéfices de la main-d œuvre.
On ne saurait donc révoquer en doute l.=s heu-
reuses influences d'une adininistrationéclaitée , sur
la prospéfiié du commerce d un aussi {;,rand
empire (jue la France.
Des divers élémens qui composaient celle que
l'as-iemblce constituante supprima peut-être avec
trop de lcgért;ié , il en est d'incompatibles avec
le régime de liberté et de douceur sous lequel
nous ententlons vivre désormais ; il en est d autres
qu il l;iut s'empresser de rassembler et d orga-
niser, alin de piévfinir une désuétude trop long-'
tems piolongce des règles dont on a fait une si
heureuse exuérience.
Déjà de bons esprits , plus touchés de l'intérêt
de leurpalrie que d'une popularité mensongère ,
ont propose le rétablissement de l'apprentissage
et de l'exhibition- du chef-d'œnvre , comme con-
dition indispensable à 1 exercice public d'une pro-
fession manufacturière ou industrielle.
On peut ajouter que . peur donner de l'ensem-
ble et de la tenue à la police des artisans, ou-
vriers . fabricans , il y aurait peut-être une uiilité
publique à autoriser, non les jurandes, non les
orsqu'on ne sait pas les sentir avec enthousiasme, I corporations aux termes des anciens réglemens ,
et les reconnaître avec amour !
Vous ne craindrez pas pour la liberté de la
nation une gloire décernée . par sa justice et
par la vôtre. Votre admiration et votre recon-
naissance réfléchies ajouterontencpre . s'il est
possible , aux acclamations de la France. Dans
ce nouvel éclat acquis par le héros a qUi la cons-
titution a confié une si grande partie des pou-
voirs publics, votis voyez avec joie de nou-
veaux motifs de vous confier à votre tour en
son respect pour elle. Les âmes communes qui
n'ont que du pouvoir, ne peuvent aimer que
le pouvoir ; et elles n'en ont jamais assez : mais
la gloire est la passion presque exclusive des
âmes supérieures qui ont senti ses jouissances :
elle a aujourd hui dans toute lEurope des juges
qui sont sévères , parce qu'ils sont des amis
éclairés ; la gloire s'entoure elle-même de bornes,
pour se séparer de tout ce qui ti'est pas pur et
grand Comme elle. ' . '
Cette joie que nous rcssentotis, citoyens sé-
nateurs, et que nous donnent -nos soldats et
nos héros , combien elle serait donc sans bornes
et sans mélange i si ceitejournée à jamais immor-
telle de Maringo n avait été le dernier jour pour
tant de braves, tt pour I un des héros dont le nom
est le plus souvent associé aux noms de nos vic-
toires ; Et il craint de n'avoir pas assez fait pour
vivre dans la postérité ! C'est le seul regret de
Desaix en fermant les yeux ' c'est le dernier mot
de sa bouche en rnourani pour sa patrie .' Ah ! ta
patrie en deuil, au milieu même d'un triomphe ,
atteste assez tout ce que lu as fait pour elle. Fa patrie
qui n'a pas besoin de faire recueillir les beaux faits
d'armes_, tous présens à sa mémoire , les fera tous
redire à la postérité ; elle lui fera redire que tu as
toujours honoré la hberté par-lout cù tu as
combattu pour elle , et que tu né l'as jamais
souillée où elle a triomphé; elle lui fera redire
que ta probité était toujours citée à côté de les
exploits. Non , ce ne sont point les peuples
.libres qui laissent éff'acer sous la main du tems
les noms de leurs défenseurs ! ta gloire ne pour-
rait périr qu'avec la république , et 1 une et I autre
sont impérissables. '
Je demande que le sénat , dans un message aux
consuls , mêle l'expression publique de sa sâlis-
faciion à la satisfaction du peuple français.
De [administration du commerce.
CE n'est point rétrograder que de se rapprocher
des limites que Ion n aurait jamai.i dû franchir,
disait le président du directoire à la fête du g
ihct^midor en 1 an 5 ; vérité qui peut également
s'appliquer feiu coi^triiercé comme aux principes
du gouvernement en général, auxquels le citoyen
Carnoi fesait allusion alors.
En effet , si l'on se rapporte au tems où le com^
merce était soumis dans sa marche à des règles
fixes d'administration , on reconnaîtra que bien
loin d'avoir langui à cette époque sous les entraves
d'un régime destructif, il était parvenu à un dç-
gié de prospérité, qui excita plus d'une l'ois ia
jalousie de nos rjvaux.
, C'est sur-tout à l'époqu! de 1788 qu'on doit le
considérer pour en avoir une juste idée. Alor^
nos exportations en Europe , s'élevaient à une
somme déterminée de 454 millions , sur lesquels
mais l'association des patentes d'une mêtne pro-
fession , pour aviser . sous l'autorité municipale ,
à la discipline inférieure et aux intérêts particu-
liers des membres de- l'association.
Deux hommes connus par des talens adminis-
tratifs en matière d'industrie manufacturière . le
citoyen Chapial , conséiller-d'éiat , et le citoyen
Bosc , membre du iribunat . ont répaiidu sur cette
question des lainières que l'on peut utilement con-
sulter , et auxquelles nous renvoyons (1).
L'un et l'autre font avec raison , de la perfec-
tion de l'industrie individuelle, la base des pro-
grès et de la perfection des fabriques; et, de
relles-cj,la base du commerce et de nos béné-
fices avec l'étranger. Mais il ne suffit pas sans
doute au maintien de la bonne confection des
marchandises et de leur débit dans les marchés,
que l'ouvrier soit instruit, il faut encore qu il
ait des règles positives d'après lesquelles il se
dirige pour la qualité des matières et leur pro-
portion respective. C était au moins Ja pensée de
CoJbert. . . ,,
Ce grand ministre voulant, en conformité de
ce principe , donner au commerce des étoffes de'
laine en particulier toute l'étendue, dont 1. était
susceptible , s'occupa du moyen d'en perl.ection-
ner les fabriques ; et pour cela , après avoir con-
sulté les plus habiles manufacturiers , il assujettit
la fabrication, à des réglemens positifs, dont des
officiers choisis du corps des marchands surveil-
lèrent l'exécution sous l'autorité des inspecteurs
du commerce et des officiers municipai:x. Cha-
que pièce sortant du métier était vérifiée et^ re-
vêtue d'une marque nationale qui en garantissait
la qualité d'urie manière authentique.
. Les toiles . les étoffes de soie , la bonneterie
avaie-^t aussi leurs réglemens de fabrication ,
quoiqiiepcut-être avecune utiHté moins marquée
que les draps et étoffes de laine , où la mal-laçon
et la fraude .sont , au déirimentt du commerce
extérieur , bien plus aisées à cacher.
On sait , au reste , quels avantages notre com-
merce, retirait encore , plus d'un siècle après , de
cette institution deColbert, malgré quelques abus
qui ont pu s'y glisser,- et qu'il est trè^-facile de
prévenir. Il résulte , en effet . d'états dressés avec
soin, qu'à l'époque de 1788, on' fabriquait an-
nuellement en France pour une somme de i85
mil'ionsde draperies fine ou commune, cattielots.,
serges . chapelerie . bonneterie de laine , sur
lesquels il est avoué qu'il v avait moitié , c'est-
à-dire . 92 millions .'iop iriille fr. pour prix de la
main d'œuvre ; en bonneterie de fil , de coton,
en toiles de lin . de chanvre, de coton, pour une
somme de ilS millions, sur lesquels, déduisant
55 millions . pour prix des matières premières ,
dont une grande partie se lirait de l'étranger , res-
taii pour prix Hela main-d'œuvre plus de 160 mil-
lions ; en étoffes de soie , en bonneterie de soie ,
en rubans . gazes , blondes et ouvrages de
passementerie, pour une soinmc de isS rriHions ,
sur lesquels déduisant à-peu-près' les deux tiers
pour prix des matières premières . on avait 4I
millions pour le bénéfice de la main-d'œuvre.
(1) Tout le monde connaît l'écrit du citoyen
Chaptal ; celui du citoyen Bosc . plus récent , est
intitulé : Ess'ii sur les morens d encourager l'agri-
culture. les arts et le eommerre en Frnni.e. Il sort
, . , des presses de Patris , quai M.daquais , qui , prtur
j33 millions du produit, de nos niaiiufaciures et la netteté de l'impression , la correction lypo-
— ' ■ ' graphique et la beauté des caractères , rivalisent
(1) Kelk-rmann. avec celles des Didot et des Crapelct.
1140
L'exportalion au deliors était d'autant plus
ronsidcrablc que la garantie nàlionale ciait, sui-
lout pour les draps , les cioiTes de soie et les
toileries , un litre de recoiumandaiion dans les
marchés étrangers.
Pendant 17S7, il fut expo.rtç de France popr
plus de 20 millioris de francs en étoffes de Idine,
s.^ millions ep étoffes de soie , et 2a nuilioiis
en toiles de lin , de chanvre, de coton, batiste,
et non compris les linons , dentelles et bonne-
terie de fil.
Tels étaient les résultats d'une adnninistratjon
4;ntendue qui pouvait également protéger, di-
riger et encourager les diverses branches de
commerce.
Elle résultait , comme on sait , du régime des
corporations marchandes et industrieuses , de
ia juridiction et intervention administratives des
chambres de commerce , de la surveillance des
jrispecteurs de commerce , du travail ministériel
âes inspecteurs-généraux du commerce et des ma-
■ «Ufaciures, d'un bureau général du commerce, sou-
** mis immédiatement au conseil royal du commerce
«t des finances , oîi plusieurs njagistrats étaient
chargés de faire les rapports pour obtenir les déci-
sions et réglemens nécessaires à l'admioistratioil
générale et aux réglemens des manufactures.
Le conseil dit royal de commerce avait seul
J'exaiïien des traités de commerce avec les puis-
sances étrangères ; celui des objets relatifs au
<:omrnerce maritime et à ceux de l'Inde , des
Colonies , clu Levant , de l'Afrique et .du Nord ;
les objets relatifs aux pêches et à leur améliora-
tion ; 1 établissement des canaux de navigation;
'là rédaction des lois générales sur le commerce ,
«t toutes les 'dispositions d'administration géné-
lalc qui peuvent le favoriser.
Le bureau de commerce, auquel le conseil
renvoyait souvçrit les paémoires pour avoir î^on
avis sur les objets dont on Vient de parler, avait
de plus l'inspection , l'examen et le rapport sur
les manufactures et éiablissemens du commerce
intérieur; sur les titres, moyens et ressources
■# Jiropres à chacun-; sur IfS moyens d'en accioître
Tactivité et l'utilité ; sur les rapports de commerce
-qu'avaient entr'elies les diverses provinces et avec
i étranger ; sur 'le genre de commerce le mieux
assorti à leur position et à leur consommation ;
"Sur lavicissitude que le commerce , les fabriques ,
les arts avaient éprouvées et les moyens de les
prévenir.
Le bureau donnait son avis motivé sur tous
ces détails et ceux qui s'y rapportent , et le con-
seil du roi prononçait ensuite. Telle était d'une
'manière générale 1 administration du commerce
•à l'époque de T788 , et avec quelques différences
aux époques antérieures.
La rétablir entièrement est iticpmpatible avec
l'état de notre législation , et serait cl ailleurs con-
sacrer quelques vices d'administration trop con-
nus pour être nommés , et 'dont nous devons
Jtioùs applaudir d'être débarrassés aujourd'hui.
',^Le citoyen Bosc , dont nous avons fait con-
naître l'ouvrage plus haut , propose de la rem-
placer par utie direction i;énéraie du commerce
et des arts , composée de cinq directeurs-géne-
laux , ayant titrede conscjllers-d'iètat, et de quinze
députés des principales villes de commerce. Mais
lé réiablisseriient de la garantie nationale . ap-
posée aux ouvrages de manufactures , exigerait
nécessaircmèrit une surveillance intermédiaire et
«les agens éclairés à l'mstar des anciens inspec-
teurs du commerce.
Le célèbre Roland de la Platlere , qui en avait
rempli les fonctions avec distinction pçndant
vingt ans , proposait d'en fixer le notnbre à
douze , et de' leur adjoindre douze sous - ius-
péc'tetirs , 'ay6ç .extension de leurs attributions
sûr tout ce qui pourrait éclairer l'administration
sur les arts , le commerce , les manufactures, et là
navigation dans son rapport avec le commerce.
Le projet du cit. Bosc rçmplacc le bureau de
çomniercé établi en vertu de l'arrêt du conseil
du 2 février 178S , dont nous venons d'indiquer
t'objet ; il pourrait très-bien s'adapter à l'idée du
cit. Roland, et alors on se rapprocherait du but
.qu'on doit se proposer dans cette iinportapte
matière , la plus grande utili(é avec le moins dp
dépense possible.
Quelle que s.oit aii r.es|e| la f,ot:mp ou la désigna-
tion de l'adminisiratipn général^ çt particulière
du comtjiierce et des manufactures , il est urgent
de s'et? occupef,et pourvu que celle (in'ou sidop-
tera en régu)apse la police , qu'elle garantisse de
la fraude et de 1^ mal-façon (i) , et souti^nrje
par-là notre exportîiiion à l'étranger ; qu'elle mette
le gouvernement a même de saisir l'ensemble et
de régir avec lumières et solidité I empire de I in-
dustrie française, i-ious aurons fait , en 1 établis-
sant., un grand pas vers l'ancienne et glorieuse
prospérité de notre commerce. Peuchet.
(i) Il ne semble pas ipipossible dt concilier la
liberté de l'industrie avec la garantie que le
commerce réclame. H sutKr.ait p'euttêire , pour
parvenir à ce but , d'admettre et non d'ohlig^r tout
fabricant à:faire revêtir les ardcles reconnus pour
bons d'une -marque qui y serait apposée par une
autorité chargée de ce soin. Cette- précaution ,
A Paris , de
Suite de In première leçon du cours public sur l'ap-
plication du calcul décimal , etc. ; par le citoyen
Aubry , géomètre.
§ V. De la virgule.
La virgule est , pn peut le dire , la base fonda-
mentale du calcul décimal.
Elle sépare les nombres entiers des membre'
fractionnels de la manière suivante :
3' 488' 956, I79'835 , et elle donne aux chiffres
qui la précèdent ou qui la suivent, les valeurs
invariables dont on va parler.
Voici celle des nombres entiers.
Le chiffre qui précède la virgule . immédiate-
ment sur la gauche est toujours l'unité; celui
d'auparavant, la dixairte d'unité du le deçà ; celui
d'auparavant, la centaine d'unilé ou l'/iccio ; celui
•d'auparavant , le millier d'unité ou le kilo ; celui
■d'auparavant, le dix-milliers d'unité ou le myria ,
et si l'on veut étendre la suite de ces chiffres de
ce côté , on en a une qui donne successivement
des dix-milliers , des cent-milliers , des millions
d'unités.
Passons maintenait à la valeur des chiffres placés
sur la ciroile de la virgule.
Le chiffre qui suit immédiatement la virgule
sur la droite est le dixième de l'uuité ou le déci ;
celui qui le suit est le centième , ou le centi; celui
qui le suit est le millième , ou le viilli ; celui qui
le suit est le dix-raillieme , ou le décimi ; et si l'on
veut également étendre la suite des chiffres de
ce côté , on ei> a une qui donnera successivement
des cent millaines , ( des centimes ) , des ralU io-
nieines , ( des millionis ) , etc.
Ainsi , quand on voit une quaritité écrite comme
celle qui précède . on prononce 3 millions 438
mille gSC entiers, 179 mille 835 millionis.
Si c'est ainsi qu'elle est écrite , 543,2'847 , on
prononce 543 entiers 2 mille 847 dix-milliemes ,
( decimis) ; et si c'est ainsi , 39,42 , on prononce
39 entiers 42 centièmes ( ceniis ).
On fi dû remarquer lout-à-l'heure que l'on a
accompagné les mots dizaines, centaines , mil-
liers , dix-milliers , dizie mes . centièmes , millie-
rnes . etc. de ceu;x adoptés par le système des
tiouvelles mesures ; si on a un conseil salutaire
à- donner à ceux qui veulent mettre à pirofit
ces leçons ,''cest de les appliquer indistinc-
tement aux noms des mesures et monnaies
de tous les pays de la terre , pour faire cesser
cette misérable bigarure qui rend si compliquée
et si pénible la science des nombres, et pour taire
adopter à l'instant le calcul décimal à toutes les
nations de la terre ; mais, comme il serait pré-
maturé d'en parler dans cette leçon .je me ré-
serve de revenir sur cet objet quand il en sera
tems. ; .. .
Oii a dû remarquer également que l'on a çnj-
plové l'apostrophe pour séparer de 3 etx 3 les
chiffres entiers et fractionnels , en cotnnaençant
par i.a droite ; ori' a suivi en cela l'avis du conseil
dej mesures qi?i est d'autant plirs sage que si
on avait voulu pxprimer lé 1=' nombre tout çn
virgule comme ceci: 3'438'956'i7g 835, on n'au-
rait réellement pas su où était la virgule séparative
des entier^ et des fractions'; au lieu qu'en l'expri-
niarit comme ceci : 3'^38 95pU79'835^, on déçqir-
vré à iinst'ant qu'il y .^j/çhilfres d'entiers et 6
chiffres fractionnels. ' " '
qui ne paraîtrait que facultative , deviendrait
bientôt obligatoire , parce que le comtnerce , tant
intérieur quèiranger , donrierait infailliblement
une préférence exclusive aux ardcles officielle-
ment ^aràiitis sur ceux qu'il supposerait n'avoir
pas çié présentés à la vérification ou ne j'avoir pas
obtenue^ Cette, sorte de cpi^trainie opérerait à la
Ipnsuc, d'trne manière plus: juste et plus salu-
iajreque celle des Ipis coërfilives. A l'ayantagç dp
fournir au commerça leç stiretés qu'il dp^ire ,
elle réunirait celui de ne point cbpqugf, dçs
principes de Jifierté individuelle , dont le Hfflocç
ne peut être exigé qu'alors qu'il est démonfré
rïècessaire. De pareilles mesures sont rejetées par
une économie qui craint les dépenses utiles ; elles
soiit proscrites ^ar la fiscalité qui voudrait vendre
aux administrés ce que le gouverne:nent doit
quelquefois leur çfftir; mais elles plaisent au ci-
toyen qui veut qu on respecte ses droits , et à
l'administrateur éclairé qui sait qu'ori obtient plus
des homme? en les encourageant à faire bien ,
qu'eri leur défendant de mal faire. B. . . . . .
Les Satiriques du 18' sj.ۍk , 4 yol. in-S*", Priu,/^
fr. pour Paris , t 12 fr. pour Ip déppriçm^ns-
A Paris , chez Colnel , Ubrajte , rue du Bacq,,
n" 618.
L'ouvrage que nous annonçons est un i>eciieil
des satyres qui ont paru dans le cours du .iS*
siècle. Il n'offre pas , à quelques exceptions près,
le mérite de la nouveauté , mais il a celui assez
piquant de présenter, réunies et opposées les
unes aux autres ,les productions des divers partis,
soit littéraires , soit politiques. Ce recueil reporte
le lecteur sur le théâtre de la guerre satyrique que
l'on se livrait , il y a trente ans , avec beaucoup
d'esprit, et que Ion a continuée depuis avec une
énergie trop souvent poussée jusqu'à la fureur.
On y trouve donc les satyres de Voltaire , suf-
vies de celles de Gilbert et de Clément , cfonf
deux inédites : après le di^-huiticme Siècle et moH
Apologie . on peut lire l'Ombre de Uuclos , précé-
dée des Remercîmens faits au curé de Mclanie , et
suivie du NoH de Palissât que- , par parenthèse,
on a singulièrement défiguré. Suivent quelques
pièces du même genre , peu connuçs , et méritant
assez peu de 1 être. L'ordre des daies amené aloK
les productions satyriques où la querelle, embras-
sant deux objets à la fois, devient plus sérieuse;
où le débat roule moins sur la littérature que sur
la politique ; où le poète se trouve censuré bien
moins que l'homme public; où les vers nesctn-
blent appréciés qu'en raison de la conduite révor
lutionnaire de leur auteur ; où le démon de la
satyre semble armé d£ doubles dards; où l'offen-
seur et l'offensé présentent deux côtés attaquable»;
où l'un et l'autre parti semblent sêtre permis
l'usage des armes empoisonnées.
Cependant dans ce recueil nous croyons avoir
remarqué des omissions ; cjuelques satyres rno-
dernes ne s'y trouvent pas , notamment celle
de Piniere sur le Sieir/e , celles de VictorCampagne
et plusieurs autres. De plus, si le poëme dfe
la guerre civile de Genève y est inséré , comment la
Dunciade ne s'y trouve-i-elle pasPIl était bien plus
convenable de placer dans un tel recueil une
satyre piquante et générale, qu'un libelle odieux,
et particulier ; c'eût été ménager la mémoire
de Voltaire d'une part , et , de l'autre; conserver
un morceau très-marquant dans la littérature mo-
derne.
Cet oubli sera réparé sans doute dans les detijc
volumes que 1 on annonce devoir tairq suite à
ce recueil pour le completter : il ne serait pas
déplacé peut-être de le terminer par un cbojîf
piquant des meilleures épigrammes littéraireB qu»
aient pr.ru.
A la tête des t" et 3* volumes du recueil, on
lit un discours sur la satyre du cil^ Clément, et
une apologie de ce genre par Deguerle : les
deux contes satyriques de ce jeune poète sont
placés à la tin de cette collection.
COURS DU CHANGÇ.
Bourse du 1 1 messidor. — Changes étrangers.
3o jours, àgojourf.
Amsterdam banco
■ — — Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes
Livourne ■
Bâie.
189
4ir. 70c,
14 fr.70 c.
i fr. 70 c,
14 fr. 45 c.
4 fr. 40 c.
4 fr. 85 c,
■ Si8
Jt,yon au p. à 25 joufs
Marseille ïh p. à 3o jours.
Bordeaux...,..-! p. ,à i5 jour?,
^pntpellie)^..- 4.P- * 3o'jpurs.
Effets publics.
Rente provisoire 23 fr. 38 c.
Tiers consolidé. 33 fr. 88 c.
Bons deux tiers 1 fr. 60 c.
Bons d'arréragé 87 fr.
Bons pour l'an 8.,; 80 fr. i3 c;
Syndicat. 68 fr. 5o ci
Coupures 68 fr. So c.
Aet. de 5o fc. de la caisse des rentiers.
S P E c T A G h E S.
Thçatbç d,Ç la BsBUBUQtJB BîT DJES ArtS;
.^uj. Alceste, \ oj)ér9 en 3 ««es , et le ballef
dç la Rosière.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Souper de
Molière; M. Guillaume , et Jenesai-Ki ou les Exaltés
de CharentQn .i parodie de BeniouSki.
;iie du,cit. Agasse {'propriétaire du Moniteur , rue des Ppit&vifi^ , n.° i3,
GAZETTE
NALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N^ 283.
Tridi , i3 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévemr nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERI EUR.
ALLEMAGNE.
Shdlgard , le 4 messidor.
.iVpRÈs le passage des français sur le Danube
entre Ulm et Donawert , et la défaite des autri-
chiens , les communications furent interceptées
entre les deux ailes de l'armée de Kray. La route
de Ulm à Ratisbonne n'est plus libre. Le 3o prai-
rial , les français se sont-portés en force sur Hu-
denbeim et Aalen. Donawert , Dillingen , Gun-
delfingen , etc. sont occupés par les français. — •
A la nouvelle de tous ces événemens , Kray a
fait retirer sa réserve à Nuremberg. Après avoir
laissé à Ulm une garnison suffisante , il en est
sorti et a marché sur Oialen et EUwangen pour
rétablir , comme il pourrait , ses communications
avec Starray et Nauendorf.
D'autres novivelles disent que Kray a son quar-
tier-général à Ellchingen , et qu'il a fait établir à
EUwangen des quartiers pour le corps d Hohen-
lohe. Les bagages de l'armée autrichienne sont
arrivés à Eichsiadt. Les habitans de cette ville
qui se sont montrés ennemis des français , fuient
à Anspach. (Strasb. Wetlbote. )
ITALIE.
A RM É E D' I T A L I E.
Suchet , lieutenant -général du général en chef, aux
habitons de la Ligurie. — Au qttartier-général de
Cornegliano , le 5 messidor , an 8 de la république
française.
Liguriens,
La célèbre bataille de Maringo vient d'entraîner
jU<onclusion dune convention entre les généraux
en chef Berthier et Mêlas , approuvée par le pre-
mier consul Bonaparte. Elle porte en substance :
Cl Qu il y aura armlsticp et suspension d hosti-
lités entre l'armée impéfiale et celle de la répu-
blique française en Italie jusqu'à la réponse de
■Vienne -, que les hostilités ne peuvent recommencer
sans s'être prévenus dix jours à l'avance.
ï> Que l'armée autrichienne se retirera derrière
l'Oglio et sur la rive gauche du Pô , et que les
français prendront de suite possession des places
de Tortone, d'Alexandrie, du château de Milan,
de la citadelle de Turin, de Pizzighilone, d'Arona
et de Plaisance.
Ȕ Que la place de Coni . les forteresses de
Ceva et Savone , la ville de Gênes seront remises
à l'armée française du l6 au 24 jtiin , ou 57 prai-
rial au 5 messidor.
»» Le fort Urbin le 26 juin ou 7 messidor.
5» Qiie les individus qui auraient é^é arrêtés
dans la république cisalpine . pour opinions poli-
tiques , et qui se trouveraient encore dans les for-
teresses occupées parles troupes impériales, seront
sur le champ relâches.
î' Qii'aucun individu ne pourra être maltraiié
pour raison de services rendus à l'armée autri-
chienne ou pour opinions politiques. v>
Chargé par le général en chef Masscna de con-
duire les troupes françaises dans votre capitale ,
j'y entre avec la ferme volonté d»; faire respecter
les personnes et les propriétés , de proiéçer votre
culte et ses ministres , d'empêcher toute vengeance
particulière
Habitans des vallées de Fontana-Bona, de la
Polcevera et de Bis.igno , retournez dans le sein
de vos familles , allez cueillir vos moissons, dé-
posez des armes que vos pères n'eussent jamais
tournées contre des français . et désormais sou-
mettez-vous aux lois , méfiez-vous de ces bri-
gands sans patrie, qui ont troublé vôtre repos et
égaré vos bras. Le général en chef vous promet
^H)li du passé
Peuple de la Ligurie ! le génie du premier
consul Bonaparte , de ce héros fin Monde , veille
désormais sur les destinées de I Iialie. Etjcore une
fois la victoire fidclle à ses armes vient de lui en
ouvrir les portes. Il y fixera le bonheur et tnns
doute la paix La Ligurie entière scti libre sous
peu de jours. Q_iie ce bienfait , qui von» est en-
core une lois offert par une nation généreuse
toit apprécie et vous rende à toute» vos vertus
Habitans de Gênes ! la paix est prêle à cica-
triser toutes vos plaies. Les ravages de la guerre,
les souffraiices d'un blocus qui Vous honore , se-
ront bientôt oubliés.
Le général en chef Massena , les soldats qu'il
commande et qui ont déployé sous vos yeux tant
de bravoure et de fermeté, ont partagé ,vos pri-
vations , ont été témoins de vos souffrances; ils
les publient déjà à l'Europe étonnée de votre
constance.
Ne vous alarmez pas, liguriens, des mesures
de ces insulaires accoutumés à violer tous les
traites , qui n'ontpour Dieu que le criine , et pour
but qiae ruine et destruction. La victoire et les
français vous offrent et vous assurent l'abon-
'dance Les plaines du Piémont . celles de la
Cisalpine , sont chargées dune récolte superbe:
encore quelques jours , et la rage des anglais sera
de nouveau aussi impuissante que leurs tentatives
sur le Continent méprisées.
S/g^ne, Louis-Gabriel SucHET.
Le chef de brigade commandant la ville de Gênes ,
DÉFEND qu'il soit tiré des coups de fusil, des
fusées , et il fera tr
iUire en prison , et punir
exemplairement tout individu qui se permettrait ,
par des cris et des menaces , de troubler la tran-
quillité publique ; enfin , il déclare (ju'il a reçu
ordre de faire feu sur tous les malveillans qui
oseraient se porter à des voies de fjit contre
les propriétés et les personnes des citoyens,
SÉMELÉ.
Bulletin de l'armée de réserve. — Turin , le
7 messidor an 8.
L'armée de réserve et celle d'Iialie ne forment
plus qu'une seule et même armée sous le nom
d'Armée d'Italie. Le général Massena en prend le
commandement en chef.
Le général Berthier est arrivé à Turin pour
organiser le gouvernement du Piémont.
Le général Suchet a occupé tous les forts de
Gênes dans la journée du 4. Toute l'anillerie
exisie; elle a même été augmentée t'.c quelques
pièces de canon. Les anglais n'ont pu emporter
que dix pièces qui étaient sur le môle. Les troupes
autrichiennes qui formaient la garnison de Gênes,
ont défilé le 5 , à 4 quatre heures du maun.
M. de Hohenzollern . qui commandait dans
Gênes , s'est conduit avec dignité franchise et
honnêteté.
Savone et Ceva sont occupées par l'armée
française.
Le premier consul est arrivé ici aujourd'hui. Il
est descendu à la citadelle qu'il a visitée, et est
reparti sur le champ. Il y a trouvé des magasins
immenses. Dans un seul il y a plus de 8000 paires
de draps pour les hôpitaux. La citadelle de 'furih
est superbe , elle renferme plus de 3oo pièces
de canon.
On calcule que l'artillerie de toutes les places
cédées par la convention du 27 prairial , monte
à plus de 2000 pièces de canon , et à plus de
deux raillions de poudre.
Aux consuls de la république. — Lyon , le ro messidor.
J'arrive à Lyon , citoyens consuls , je m'y
arrête pour poser la première pierre des fjçades
de la place Bellecour , que l'on va rétablir.
Cette seule circonsiance pouvait retarder mon ar-
rivée à Paris ; mais je n'ai pas tenu à l'ambi-
tion d'accélérer le rétablissement de cette place
que j ai vue si belle et qui est aujourd'hui si
liiiieuse. Ou me l'ait espérer que dans deux ans,
elle sera entièrement achevée.
J'espère qu'avant celte époque , le commerce
de celte ville , dont s'enorgueillissait lEurope
entière . aura repris sa première prospérité.
Je vous salue. Signé, Bonaparte.
ANGLETERRE.
Londres , le 23 juin ( 4 messidor. ) ■
La stssion du parlement ne se terminera cer-
laini-meni pas avant que Vunion bilt, le Dundas's
hill pour le^lcr la jurisprudence de llnde , et les
forti;',n jK/;j(i-/i« ( subsides à payer à l'étranger),
n aient passé.
Il paraît qu'on attend le relourde lord Nelson
dans ce pays pour une promotion d'otficiers gé-
néraux de la marine. On assure que le capitaine
Troubridge aura une des places 4^ colonels ,
vacantes dans ce département.
Le comte de Woronzow , ex-ministre pléni-
potentiaire de Russie auprès de notre gouver-
nement , doit se mettre en route du 12 au i3
messidor pour Péicrsbourg. Il a loué sa maison
de Richraond.
La frégate la Topaze a ordre de se rendre à
Hallifax , pour en ramener le duc de Kent.
Le navire l'Amiral Parker, se rendant de Gi-
braltar à la baie d'Honduras , a touché à la
Jamaïque pour s'y réparer des avaries qu'il a
reçues dans un combat avec un corsaire français;
combat qui a coûté la vie à son commandant, le
capitaine Thompson.
Ce n'est point sans fondenSent , observe le
Morning-Herald , qu'on a sonné ici l'alarme sur
l'accroissement du nombre des religieuses dans
ce pays ; car on ne rencontre pas une femme
daris les rues de Londres qui ne soit voilée.
La découverte qui consis'te à extraire l'encre
des pap-ers imprimés pour en faire du chiffon,
menace cruellement la réputation de plus d'un
auteur, remarque encore le Morning - Heraldi
Leurs ouvrages qui , du moins . auraient servi à
figurer dans les boutiques des libraires , courent
risque aujourd'hui d êire envoyés au moulin.
Il paraît que le juge 'Wasinglon , neveu de
l'homme célèbre de ce nom , aura pour con-
current M, JefFerson dans la prochaine élection
d'un nouveau président pour les Etats-Unis.
Le roi , la famille royale , les ministres , les
principaux habitans du comté de Herttord et des
environs , l5oo volontaires ou miliciens , et 76
officiers ont dîné ces jours derniers à Hatfield ,
chez le marquis de S^lisbury. Ce dîner a eu lieu
à l'occasion d une revue de la milice d Hetford-
shire , pssée par S. M. On estime la dépense à
3 mille liv. sterl , et ctni ouvriers ont été occupés
pendant près d'un mois aux préparatifs des ac-
cessoires. Dix-sept labits avnient été dressées danâ
une partie du château pour y recevoir lesiSoo
volontaires. Le service de ces l? tables, consis-
tait en 80 jambons ; 80 cuisses de veau ; 100
gigots d agneaux ; 100 langues fourrées ou non
fourrées; 100 pâiés de viande ; i'j côtes de bœuf;
100 giffois de mouton ; 25 filets de bœuf rôtis ;
25 briskcts ; 71 plats divers de bœuf; 100 tourtes
aux groseilles , sans compter les plumpuddings.
Plus , 3 bçEuf's , 16 moulons et 25 agneaux.
Ce dîner a valu aU marquis de Salisbucy, una,
belle lettre de feliciiaiion et de remercîmens ,
écriie de la main du ministre Dundas , au noro
de S. M. , et insérée dans la gazette de la cour..
( Extrait du Morning-Post et de l Oracle. )
I 'n T E R I E U R.
Strasbourg, le 8 m.essidor.
La mort héro'i'que de Desaix a causé la plus
vive sensaiioii. U éiait beaucoup connu ici , et
ceux qui le connaissaieiii , savaient l apprécier,
Un citoyen de cette ville lui a fait cette èpi-
tapjie :
Hîc jacet hoslium rerror et admiratio ;
La division du général Carleaux , qui est à
Maëstrich, doit, dit-on , se réunir à un second
corps de larmée de réserve qu'on altend'ici. Les
troupes qui sont à Mayence , reçoivent journv"t-
lement de nouveaux renforts. Dans peu de jours,
elles doivent se rendre sur la rive droite du
Rhin , et y former le corps de réserve de cette
armée.
Avant-hier au matin , le corps de troupes au-
trichiennes , posté aux environs d'Oberkirch , y
était encore: mais il se piéparait à rejoindre
l'armée par K'uiebis et le 'Wutemberg, Le géné-
ral Klein , après avoir poussé avec quelques
iroupesjusqu à Offenibourg , en a laissé le coiu-
mandenitni à radjud.Tiit-t;éiiéral Chénier, et est
revenu ici. (Strasb. Wcltbote.)
DÉPARTEMFNT DE SeinE-ET-OiSE.
Le préfet du département de Seine-et-Oise ,
arrête :
Art. I"^'. Toutes déclarations de remises da
pièces délivrées par le préfet el les sous-picfcu
de ce département, à des riquisitionnaires ou
conscrits, en léclaniation pour cause de maladie,
d'infirmités ou d.'incapaciiè de service militaire,
et tous les certificats de délais provisoires , pour
les mêmes causes , sont révoqués.
II. Tous les réquisitionnaires ei conscrits qui
en étaient porteurs , et qui se croiront dans le
cas de réclamer un congé , en vertu de la loi
du l^ ventôse an 8 , pour cause d'infirmités et
d'indigence , sont tenus de se rendre^ au dépôt
du chel-lieii du département , pour être visités
par les officiers de santé nommés à cet effet par
le piéfei.
ni. Sont exceptés-, ceux des requi&i^ionnaires
et conscrits qui ont des iafirrairés ou difformités
apparentes, ou qui sont hors d'état de se trans-
porter à VeijSîiilês : ce qui sera constaté par l'of-
ficier de santé du lieu, en présence du maire
et d'Un oflàciér cw» sous-officier de la gendar-
merie , qui erj dresseront procès-verbal.
IV. Ne sont pas compris dans la révocation
pïonoricée pâTrarticle 1", les certificats délivrés
par le préfet et les sous-préfeis , eonsratarrt le
remplacement, ou le dépôt d'un récépissé de
la somme de 3oo francs , ceux motivés sut les
exceptions portées par les lois des 19 et i3 fruc-
tidCHT aft 6 , et l'article Vl de ceMe du 17 ventôse
aD'8;
V. Le cQmihandant de la gendarmerie est
re'quis de faire arrêter et conduire au dépôt ,
tous réquisitionnaires ou conscritsquine se seraient
point conformés aux dispositions du présent.
Versailles, le 7 messidor an 8.
Signe , G. Gàrnier.
P»r le préfet , le sterétaire- général , Peyronnet.
Troupeau espagnol de Rambouillet.
Nous avons prorais, dit le département de
Seine-et-Oise , de rendre compte de la vente
dés bêtes à laine , qui s'est faite à Rambouillet
dans l'avant dernière décade. Le résultat des dif-
férentes adjudications donne un prix moyen de
80 francs pour les béliers , et de 68 francs pour
les brebis. Il n'y a pas eu de bélier au-dessous
de 60 francs , et le plus cher a été adjugé 120 fr.
au citoyen Jumilhac. Le prix le plus bas des bre-
bis a été de 5o fr. , et la plus chère lo3 fr. a été
acquise par le citoyen Chailleu.
Nonvelle espèce d'acacia.
Les amateurs de jardins sontprincipalement cu-
rieux des espèces qui , fleurissant à époques dif-
férentes , leur préparent des jouissances succes-
sives. Ils apprendront donc avec plaisir que c'est
plus de quinze jours après l'ancien arbre naturalisé
depuis deux cents ans en France , sous le nom
d'acacia ou fai'x acacia , que vient de fleurir une
espèce qui n'avait pas encore embelli nos jardins.
On sait que ce grand et bel acacia, qiii , par une
légère ressemblance de feuillage, s'est emparé du
nom donné par les grecs à l'arbre d'Afrique , qui
nous fournit la gomme dite d Arabie , a reçu de-
puis, le nom de Robinia, avec une sorte de justice;
Kobin , le fleuriste de Henry IV , l'ayant le pre-
mier cultivé en Europe.
Il existe depuis peu une autre espèce , celle
du Robinia velu ; c'est le charmant acacia rose à
écdrce vfelue , naturel à la Caroline , qui fil partie
du convoi apporté d'Angleterre à Trianon , en
1764, par Antoitie Richard, avec le murier-papier,
le sophora de la Chine, 1 aristoloche - syphon , le
vernis dil Japon , le chêne-saule , et plusieurs au-
tres arbres précieux.
La nouvelle espèce rapportée aussi de la Caro-
line méridionale par le voyageur naturaliste Mi-
chaux , de l'institut national , doit à son écorce
visqueuse le nom de Robinia visc^ucux : pareil en
feuillage au grand , il n'a pas d'épines , et quoi-
qu'il élevé line tige droite , il ne paraît pas qu'elle
atteigne une grande hauteur. Ses grappes de fleurs
ne sont pas odorantes comme celle de l'acacia
blanc , mais elles sont plus grandes, et d'une cou-
leur de chair tendre. Deux pieds seulement ont
fleuri dans la pépinière nationale établie à Ver-
sailles , entre te bbis de Satory et la route de Saint-
Cyr. Le citoyen Jouette en avait greffé ai en ger-
minal , tant dans cette pépinière que dans la sienne
étalilie à Bailly. Les greffes faites en fente et àraze
terre , ont donné des pousses assez vigoureuses
pour permettre de regarder la fleur comme venue
à son époque. (Estt'rait du journal du département
de Seine-et-Oise. )
Paris , le \2 messider.
Une lettre de Berne, en date du 3 messidor,
annonce que le lieutenant - général . comte de
Sporck, prisonnier de guerre , est arrivé en cette
ville le même jour, accompagné d'un officier
de l'état-major général de l'arraèe du Rhin.
L.e Journal du Commerce annonce que cet officier
est suivi de 600 autrichiens faits prisonniers près
d'Augsbourg, par la Sg^ demi-brigade, et de
1800 autres faits à la bataille du 16.
— Des lettres de là Haye , en date du 7 messi-
dor , annoncent que la nouvelle des victoires
1142
remportées en Italie , a excité dans toute la,
république batave les transports de la joie la
plus vive. Il est impossible d'exprimer la sen-
sation qu'elle a produit sur le gouvernement ,
et SUT chaque citoyen. Chacufr espère voir ie>-
naître , avec la pnix, lancienne prospérité de
ce pays ; 200 coups de canon ont été tirés en
signe de réjouissance, et des bulletins expédiés
à toutes les parties de la république.
— Le citoyen Doulcet-Pontécoulant , préfet de
la Dyle , ayant été informé que quelques entre-
preneurs de barrières laissaient dégrader les
routes de la manière la plus affreuse , vient de
résilier les baux de ces fermiers , et de faire sai sa-
les fonds qui se trouvaient dans les, caisses du
receveur des barrières, pour être employés à la
réparation des grands chemins négligés.-
— Une lettre du citoyen Lalande , insérée dans
plusieurs journaux , apprend que le grand atlas
que M. Bode publie à Beilin , vieut d'être aug-
menté de quatre belles caries, n Les français y ver-
ront avec plaisir , dit cet astronome célebrç , le
globe de Montgolfier, puisque c'est la plus belle
découverte qui ait été faite par les français, peut-
être par les hommes de tous les siècles et de tous
les pays. J'ai fourni à M. de Bode plus de dix
mille étoiles nouvelles , d'après les obseivations
de mon neveu ; et dans le congrès astronomique
tenu à Gotha, il y a deux ans, nous étions con-
venus de quelques constellations nouvelles, entre
autres de celle du globe de Montgolfier. Ce
grand ouvrage du nouvel atlas n'est point encore
connu , et je ne puis en offrir qu'un exemplaire
à quelqu'amateur digne de l'apprécier. ji
Discours prononcé par le citoyen Riou , préfet du
Cantal , au moment de l'installation du tribunal
civil de l'airondis sèment d'Aurillac.
Citoyens magistrats ,
Si dans ce jour solennel il m'est honorable
d'être auprès de vous l'organe du gouvernement ,
il m'est bien doux en même tems d'être près de
lui l'interprète de la reconnaissance publique :
votre nomination est une justice envers vous , un
bienfait envers les citoyens. Ils aiment à voir la
science unie à la probité ; ils reconnaissent avec
joie dans les juges qu'ils révèrent , des concitoyens
qu'ils chérissaient , des jurisconsultes qu'ils esti-
maient : et ce ne sera jamais sans être pénétrés
d'un respect religieux , qu'ils paraîtront devant un
tribunal où siègent le patriotisme et l'intégrilé ;
devant un tribunal oîi préside la vertu même snus
les traits vénérables d'un vieillard , qui , tandis que
ses fils, défenseurs zélés de la république, s'illus-
trent sur les champs de bataille , rappelle au mi-
lieu de notis dans nos jours corroiripus la lou-
chante s'unpliciié des mœurs de nos ancêtres ;
devant un tribunal enfin, où le ministère si im-
portant de surveiller et de requérir l'exécution
des lois est confié à un homme qui en a fait une
étude approfondie , et qui , ferme dans ses prin-
cipes et comme jurisconsulte et comme citoyen,
a montré , dans les tems les plus orageux toute
l'inflexibilité des vertus républicaines.
Oui , je ne balance pas à le dire , le vœu généra!
est rempli ; et le premier consul a fait les choix
que le peuple aurait fait lui-même.
Que cette double confiance du peuple et du
gouvernement est honorable pour vous,, citoyens
juges ; mais combien de devoirs elle vous im-
pose ! Vous serez le refuge de l'orphelin , et
l'appui de l'opprimé ; vous oublierez qu'il exista
des partis et des factions ; vous tendrez sans cesse
à l'extinction des haines , au pardon des offenses ,
à la réunion des cœurs. Par la sagesse de vos
décisions et de vos exemples , le temple de la
justice deviendra celui de la concorde ; et les
méchans eux-mêmes seront forcés d'avouer , en
vous voyant , que le caractère de magistrat est un
sacerdoce civil , par lequel l'homme est consacré
à la loi , et s'élève au-dessus des méprisables
passions qui affligent et déshonorent la société.
De ce tableau consolant pour l'homme de bien ,
quand nos regards satisfaits se reportent sur tous
les actes du gouvernement , de ce gouvernement
réparateur que nous a donné la providence pour
mettre un terme à la révolution , nous le voyons
profitant des leçons douloureuses dupasse, uti-
liser le présent et nous préparer un heureux ave-
nir ; nous le voyons attentif et fidèle à remplir les
promesses qu'il a faites , à acquitter les dettes qu'il
a contractées envers les français , à réaliser les
espérances qu'il leur a données.
Un esprit de modération et de tolérance a suc-
cédé aux perséculiotis et aux dissentions civiles :
un mouvement rapide , uniforme et central a été
imprimé à l'administration publique; le premier
consul a appelé aux places des citoyeris probes
et d'une moralité connue: dans sa sagesse, il a
brisé le prisme trompeur de l'esprit de parti , il a
choisi dans tous les rangs , non les hommes des
factions , mais ceux de la répubHque : il a consi-
déré non ce qu'on fit dans le cours de la révolu-
tion , mais ce qu'on fait pour la patrie et pour
l'honneur du nom français : les ineptes , les mé'
chflns et les fripons tmt été seuls exclus,- de ja
confiance.
Les arts utiles ont été encouragés , les arts
agréables , qui ont aussi leur utilité ,puisq-u,'ils
embellissent la vie, ont reçu un nouvel éclat,
par une protection honorable ; de nouveaux col-
lèges ont été fondés . et la munificence nationale
s'y est déployée en faveur des inléressans orphe-
lins , dont, les pères succombèrent glorieusement
ou dans les champs dhtinneur, ou clans lexei-
cice des fondions pubLicjues; la. justice a etc
rapprochée des j.usilci.abLes , et la distribution
en a été confiée à des mains irréprochables et
vénérées. Enfin, c*+tc guerre intestine qui dé=r
vorait plusieurs de nos dépariemens maritimes;
celte révoilte , qui présentait chaque année ua.
auxiliaire à la perfidie anglaise , vient d'être
étouffée par le courage et la clénjence réunis;
le sauveur de la Hollande est devenu le paci-
ficateur de l'Ouest. Les anglais , forcés d'aban-
donner le Zuiderzée , n'ont pas osé descendre
sur les côtes de l'ancienne Armorique ; ils y
auraient retrouvé Brune et ses braves. Le rocher
de Quiberon est là ! Au bout d un isthme;,
qui se prolonge dans les flots , il s'élève suc
1 Océan ; l'anglais le voit et frémit ; il apperçoit
les ossemens des émigrés qu'il abandonna; il
se rappelle ses efforts inutiles et sa fallacieuse
hospitalité.
Puisse cette paix intérieure être le présage de
la paix générale ! Ce vœu de mon cœur , citoyens,
est le vôtre , et celui de la France entière : il
va être exaucé. Le génie de la France présente
à ses ennemis le glaive et l'olivier. Bonaparte,
cet homme extraordinaire , que la fortune con-
duit par la main , et qui ne peut plus ajouter
à sa gloire qu'en donnant la paix à l'univers
ébranlé , Bonaparte est déjà sous les murs de
Milan , et tandis qu'en Italie le drapeau iricolot
se déploie plus resplendissant que jamais , un
autre, héros a volé du Rhin au Danube, et a
remporté trois grandes vicloires dans sa marche
rapide. C'est Xénophon dans les retraites , Fabius
dans la science des marches et des positions
militaires; c'est un grenadier dans l'action , c'est
dans toute sa conduite un homme de bien ,
modèle accompli des citoyens et des guerriers.
O Moreau ! combien tu illustres la commune
qui nous vit naître ! combien il m'est glorieux
et doux d'être ton ami , d'avoir été le compa-
gnon de ton enfance et de ta jeunesse !
Encore deux mois , citoyens , et nous com.T
mencerons à cueillir les fruits délicieux de la
paix. Alors , tranquille et satisfait au milieu des
bons et veriueux habilans du Cantal , je ne son-
gerai plus qu'à la restauration de tous les moyens
d industrie et de prospérité qui sont nécessaire»
à ce déparlement ; je ne songerai plus qu'à ré-
parer le mal , qu'à encourager le bien , qu'à
laire oublier les malheurs de la guerre et de la
révolution : et cette tâche me deviendra facile
par l'excellent esprit qui vous anime , par les
lumières et l'expérience des sages administrateur!,
dont le gouvernement a fait choix pour seconder
mon zèle et pour m'éclairer dans mes travaux.
Le secrétaire-général du département de Lot et Ga-
ronne , au rédacteur du Moniteur. — Agen , le 3
messidor , an 8 de la république française.
Citoyen ,
Comme vous vous faites un plaisir de faire
connaître à vos concitoyens l'enthousiasme avec
lequel on accueille dans les différtns départemens
les choix du premier consul , les institutions nou-
velles qui découlent de la constitution de l'an 8 ,
et le zèle des préfets à faire sentir tous les avan-
tages qu'on peut se promettre de ces choix et
de ces institutions ,. je vais vous faire un exposé
succinct de l'installation des tribunaux de ce
département , qui eut heu hier 2 du courant. Les
membres de ces tribunaux s'étant rendus à la
préfecture , revêtus de leur costume , le cortège
environné de la force armée partit au bruit du
canon, pour se rendre au palais dejustice.
Rendus au lieu des séances , les membres du
tribunal d'appel firent individuellement la décla-
ratton prescrite par les lois ; après quoi le citoyen
Pieyre fils, préfet, prononça un discours qui
mériterait d'être connu en entier , et dont je ne
puis me dispenser de vous communiquer quel-
ques ffagmens.
Il Avec les progrès de la civilisation, dit -il,
et la multiplicité des rapports qu'elle produit en-
tre les citoyens , s'accrut le code qui devait leur
servir de règle , et à celte époque l'attribution
de rendre lajustice devint l'appanage de la paitr
sance souveraine, celui même dont elle se mon-
tra le plus jalouse.
JI La révolution française renversa l'édifice po-
litique , indigne d'être appelé le temple de l$i
justice. Un ordre nouveau s'établit sur des lois
nouvelles ; mais l'ernpire des circonstances , la
fluctuation des systèmes et les secousses violentes
qui se sont succédées , n'avaient pas permis jus-
qu'à ce jour de s'arrêter à des principes fixes , et
qui répondissent à l'importance des institutions
judiciaires» te goùvemeiaent qui a terminé la
révolution , a porté sur ce grand objet une mé-
ditation profonde. Il devait occuper une place
intéressante dans les vues d'une régénération uni-
verselle , et le résultat de ses travaux a répondu
à l'espérance de la nation attentive et reconnais-
sante.
»» Les premiers tribunaux placés à de petiies
distances qui mettent les ciioyens à portée d'y
faire valoir leurs droits sans se détourner de leurs
travaux habituels ; un tribunal supéiieur , établi
dans un arrondissemenl assez étendu pour pou-
voir n'y appeller que des hommes dignes d un
si noble emploi, assez restreint pour ne pas en-
traîner , par de longs voyages , ceux qui opt à
réclamer leur justice , à difs frais qui la rendent
presque onéreuse ; le nombre des juges réglé sur
l'importance des affaires , et combiné de telle ma-
nière que les décisions susceptibles dêlre réfor-
mées le s.eronl toujours par une majoriié impo-
sante , tandis que, dans le dernier système, la
minorité des suffrages portait souvent un arrêt
définitif; la durée des fonctions judiciaires éten-
due jusqu'à celle de la vie ; en un mot , tout ce
qui peut assurer aux organes de la loi la dignité
et la grandeur qui appartient à leur auguste ca-
ractère , tout ce qui peut donner aux citoyens
\iDe haute garantie de leurs droits , une juste
confiance dans les décisions qu'ils attendent, se
trouve réuni dans l'organisation nouvelle.
-<t Les citoyens ■ïoyent la confiance du gouver-
nement se fixer sur les hommes qu'ils auraient
eux-mêro.es choisis , la venu honorée , les ser-
vices récompensés , les talens appelés à l'emploi
le plus utile. Ils voient à votre tête un magis-
trat distingué par ses qualités personnelles autant
que par ses lumières et par la connaissance
profonde des lois, et dont le nom (l) cher à
ses concitoyens et recommandable dans l'état ,
se lie encore avec éclat dans les annales de la
république aux savantes combinaisons militaires
qui ont préparé les succès de nos armées.
Le président du tribunal , dans sa réponse au
préfet , fit I énumération des avantages que la
révolution du 18 brumaire avait amenés dans
toutes les parties de l'état ; il fit sentir combien
la paix que le premier consul , conquér, il une
seconde fois au-delà des Alpes , consoliderai! la
le bonheur des français, combien les nugis-
trats devaient le seconder dans une carrière éga-
lement utile et pénible , quoique moins glorieuse.
Le commissaire , le citoyen Menyssel , ex-lc-
gislateur , fit connaître les principales qualités
qu'on peut désirer dans Itxcrçice Jelajusiice,
qui sont la bonté et la piomptitude.
La séance ayant été levée , et Icsmembres du
tribunal ci^'minel successivement appelés , ayant
fait leur déclaration, le préfet pionoiiça un second
discours où Ion trouve ces passages remar-
quables :
u Grâces soient rendues aux régénérateurs de
la France , ils l'ont sauvée sut le bord de 1 abîme ;
l'arbitraire a disparu, lautomé agit au nom de
la loi , et la loi proclame les principes de la
nature et de l'équité.
M L'abolition de la peine de niort, pensée
philantropique de ce siècle de la philosophie ,
suivis de près cette paix générale que réclament
à grands ciis les peuples de 1 Europe entière ,
à laquelle lobstination insensée de quelques
hommes met seul obstacle , et que le chef de
la république conquiert en ce moment au sein
de celte Italie , théâtre éclatant de ses triomphes,
j) Il fut un tems pu le soufiBe empoisonné
des furies inteçta le beau ciel de notre patriç ,
xn»is elles n'approchèrent jamais de ce sanctuaire
auguste; jamais les passiorjs , l'esprit de parti , la
terreur révolutionnaire n'eurent accès dans ce
tribunal ; la justice y reçut constamment un culte
digne d elle , des mains pures y tinrent avec
fermeté sa balance dans les plus violentes se-
cousses , et ses oracles furent toujours prononcés
par des bouches consacrées à la loi et à la
vertu.
>> Le sysiême de la jurisprudence criminelle
n'a éprouvé aucune reforme ; seulement dans
l'organisation nouvelle , la poursuite des délits
se trouve unie à la surveillance de l'observation
des formes. Cette réunion est sans doute un
avantage , mais elle devient dans ce départe-
ment un véritable bienfait , puisqu elle multiplie
les attributions judiciaires dans les mains d un
dloyen recommandable et honoré , qui a su se
Tendre , par l'austère accomplissement de ses
devoirs , la terreur des roéchans , et obtenir d'eux
comme de tous les gens de bien , ce respect et
celte considération que la venu arrache de ceux
mêmes qui paraissent résister le plus à son em-
pire.
Le président et te commissaire ont répondu au
discours du ptéfet. Le premier a développé ses
vues sur le perfectionnement dont est encore sus-
ceptible linsiiiution salutaire des jurés.
Le commissaire a rendu témoignage de l'esprit
de patrioiisme , de sagesse et de concorde qui
anime tous les citoyens de ce département , des
vœux qu ils font pour la conservation du premier
consul , et de l'enthousiasme avec lequel ils ont
accueilli les bienfaits du 18 brumaire.
Les membres du tribunal criminel ayant fait
place à ceux du tribunal de première instance ,
et ceux-ci ayant fait leur déclaration conformé-
ment à la loi , le préfet retrace au tribunal le
double caractère dont il est investi; la première
connaissance des matières civiles et l'exercice de
la police correctionnelle.
Le président répond et se félicite de ce qu'un
nouvel ordre de choses a délivré les magistrats
et les citoyens de ces lois révolutionnaires qui,
souvent , ont placé les premiers entre leur cons-
cience et la prévarication.
Des applaudissemens multipliés ont accueilli
ces discours et manifesté l'assentiment et la joie
des citoyens. Nous sentons tous que rien n'est
supérieur au bonheur de posséder de tels tribu-
naux , que de n'avoir ni procès à soutenir , ni
crimes à poursuivre.
Salut et fraternité ,
Signée GoDail.
Au rédacteur du Moniteur. — Paris, ce lo niessidûr ,
«71 8.
La tachygraphie n'est pas l'aînée de la sténogra-
phie comme le prétend le citoyen Coiterel. La
première fut créée en 1786; et la Seconde remonte
vers le milieu du dernier siècle.
Jamais Taylor n'a été l'inventeur de la sténo-
graphie traduite par le citoyen Bertin. Son traité
qui parut en 1788 est absolument semblable pour ,
les caractères ; les combinaisons , la suppression
des voyelles, les abbréviaiions , etc. , à l'édition
publié par Byrom, en 1767 , laquelle fut dédiée
au président de la société royale de Londres.
Lacadémie des sciences de Paris n'a pu juger
la lachygvaphie , qu'après lavoir comparée à la
sténograhie , ainsi que le prouve ces expressions
tirées du rapport qui lui en fut fait.
)) Ces changeraens que nous avons discutés
avec lui (l'auteur de la tachygraphie), onl
amené sa méthode à un degré de perfection qui
en permet au moins la comparaison avec les tachj/-
graphies anglaises qui nous ont été communiquées
comme les meilleures. Nous croyons donc devoir
a^jpiofondir cet objet plus que nous ne l'avions fait
précédemment. >> Histoire de l'académie des sciences
de Paris , année i 787 , page II.'
jamais examen ne fut plus rigoureux ; Vander-
monde, chargé du rapport , connaissait parlaite-
nieni ce qu'on appelle courte-écriture , shortand ;
il avait la ceniiude que cette méthode offrait
tous les moyens de suivre la parole , mais il était
convaincu quelle ne peignait pas complètement
le langage, qu'elle offrait un déchiffrement con-
tinuel , des erreurs , des équivoques ; l'expéiience
dont le jugement est irrécusable en fait d'art méca-
nique , pour me servir des expressions du citoyen
Cotterel doil avoir convaincu ceux qui pratiquent
la sténographie que le citoyen Vandermonde ne
s'était pas trompé.
<i Le premier pas à faire pour créer une mé-
thode de lachygvaphie ( dit ce célèbre acadé-
micien dans son rapport ) , est donc de chercher
l'écriture la/plus simple qui puisse servira peindre
un discpu rssan syrien omettre. Les élémens de celte
écriture ne pourront pas surcharger la mémoire :
on ne la déchiffrera pas , ou la lira ; et les abbré-
viaiions qu'on y introduira comme moyens sub-
sidiaires , compleitant la méthode sans en devenir
le fondement, et pouvant être choisies ou ima-
ginées , sclop le besoin , par ceux mêmes qui
fadopteront , n'ajouleront rien à la diliiculté de
l'apprendre: iderfi , page \%.
La méthode que j'avais présentée à l'acadé-
mie n était pas celle que j'enseigne aujourd'hui ;
un rapport qui lui lut lait de la première le
|3 juillet 1786 contenait des observations qui ,
d'ajirès l'ayis du citoyen Borda, tne furent com-
muniquées. Obligé de rendre mon écriture plus
conséquente, je fus également forcé d aban-
donner une exécution brillante , et d'acquérir
de nouvelles habitudes ; j ai eu le courage de
faire ce sacrifice à la perfection de l'art ; je
n'étais plus dans lige cà l'on oublie facilement
des signes pour en apprendre d'autres qui , ap-
pier une démonstration du citoyen Mpnge , sur
les phénomènes de l'atmosphère , et te qui ne
paraîtra pas moins extraordinaire, de dessiner en
même tems les figures qui étaient relatives à la
leçon.
A ces faits notoirement connus , je pourrais
ajouter l'exécution d'une demoiselle de seize
ans , laquelle écrivit la conversation la plus
animée, et qui l'a relue ensuite , de manière que
chacun a reconnu ses pto\'res expressions. Ainsi,
le citoyen Breton n'est donc pas exclusivement
en possession de recueillir les plus importantes
discussions. Son exécution lui fait honneur ;
mais prouve-t-elle que la siénoiiraphic esi su-
périeure à la tachygraphie ? Le citoyen Cotterel
devait-il d'un ton afhrmatif trancher la question,
et chercher à jeter la délaveur sur le travail d un
homme qui y a sacrifié les deux tiers de sa
vie , qui n'a rien neglii>,é pour le porter a sa
perfection , et qui regarde comme un honneur
national d'avoir surpassé les anglais dans l'art
de peindre la parole.
Au surplus , comme le citoyen Cotterel ne
peut faire raisonnablement aucune objection con-
tre la tachygraphie, qu aucune critiqué n'a encore
été faite par ses adversaires , que tous, au con-
traire . ont rendu hommage à sa sitiiplicité et
sur-tout à sa lisibilité, je crois devoir terminer
une fois pour touteis la discussion qu'on voudrait
engager, en disant que le jugement de laca-
démie des sciences subsiste dans toute sa force ,
et que je le confirmerais encore mieux en lisant
et écrivant en même tems 375 pages d'un 8° de
34 lignes à la page , et de 40 à 45 leUres à la
ligne , en dix heures , sans avoir omis une syl-
labe ; ou si le citoyen Cotterelle juge à propos , ^
quand il plaidera , qu'il me place à côté de lui ,
de manière que je puisse l'entendre, et mal-
gré ma surdité , je me fais fort de copier sa
harangue.
Salut et respect ,
CotLoN DE Thévenot , professeur ie tachy-
graphie , au Palais-National des sciences et
des arts , quai Pelletier , n° 36.
(1) Le président du tribunal d'appel est le cit.
Lacuée , frère dej. G. Lgcuéc , conseiller d'état,
section de la guerre, et qui fut chargé du porte-
feuille de ce ministère , en l'abicoce du citoyen
Cainot.
Obseryaiions sur la nécessité de supprimer les étalages
extérieurs , par le citoyen P. A. Garros.
Lé préfet de police, en ordonnant la suppres-
sion des échoppes et des étalages mobiles , a pris
un arrêté sage et favorable au commerce. Il n'est
pas moins essentiel de détendre les étalages exté-
rieurs. S'il ne suffisait pas de mettre à cet égaird
en vigueur les anciennes ordonnances de police,
il serait aisé d'y suppléer.
Sans avoir égard au peu de largeur des rues ,
si peu proportionnées à I affluencc de la popula-
tion , ks marchands se permettent détaler au
dehors de leurs boutiques ce qui les gênerait
dans l'intérieur. Loin de favoriser le hb:e accès
du pubhc, ils font précisément ce qtiil faut pour
l'écarter et lui nuire; ce qui semble contraire à
leurs intérêts. Sous ce rapponje n'ai rien à dire:
je ne me plains de cet empieltement sur la rué,
qu'en ce qu'il esture véritable usurpation delapro-
priété publi(jue,et que ses effets en sont dangereux.
Les montres des bijoutiers . des quincailliers ,
la grille ventrue des boulangers dérobentau pas-
sans un abri contre les averses, les gouiieres,
la boue jaillissante du ruisseau et contre les
voitures. Mais on ne s'en tient pas à cet étalage
adhérent à la maison : la fruitière , l'épicier , le
tonnelier , le chaudronnier , le carrossier , le
charron, le maréchal font tout leur étalage aU'
dehors , et souvent disputent et refusent toute
une moitié de rue aux piétons comme aux voi-
tures.
Ces étalages n'usurpent pas seulement la voie
publitjue ; "fa plupart frappent les seris dune
manière désagiéable , et causent des inconvé-
niens graves. Ce n est pas assez dêire à charjue
pas forcé par le mouvement de la foule d es-
suyer de ses vêteinens le fourneau du brûleur de
calé et la table sanglante de la tripière, de rece-
voir sur soi les gouttes de suif fondu et brûlant
de la lampe du chaircuiiier. Il faut encore voir,
sentir , quelquefois toucher ces doubles moitiés
de porcs pendantes iusiiucs sur le pavé boueux,
couvertes d'éclaboussures , et sotivent insultées
par les chiens vagabonds. (Jue d'autres exposir
tiens répugnantes je pourrais citer!
Tant de voix ont crié dans le désen au sujet des
boucheries et des fueries multipliées dans toute»
les rues, que je me tairai sur une suppre.-sion
tentée vainement autrefois par un gouvernernent
lent et faible , qui ne coûtera qu un simple régie-
portant beaucoup de confusion dans ma mé , -, „;aT.nrf.n« i-t
' . , • . f, :i :.^ _..^.j.. 1. -.;|^rité «"ent de pohce a un gouvernement vigoureux et
et chéri.
Mais je proclamerai cette vérité : rendons au
public ce qui est au public ; respectons-le par-
tout, et sachons le servir ju!c|U es dans le maintien
de sa propriété, car il a aussi ses propri us. On le
oirc , devaient de nécessité retarder la ce
de ma plume ; mais malgré ces obstacles , ma
gré la suidité dont je suis affligé , j'ai démontié
maiérielleinent la possibilité (décrire aussi vite
qu on parle, soit dans les places que j ai oc-
cupées à 1 armée ou dans le ministère , soit au
corps législatif en recueillant les débats dont flagorne au théâtre , ailleurs on le berce d IIm' nns;
j'ai lait paraître deux volumes, soit à l'école on s'agenouille devant lui dans les écrits publics ,
polytechnique, où un des éleics, après trois et on le chasse des chemins; on le circonscrit
semaines de leçons , s'est trouvé en état de co- dans les places, et on le couvre de boue dans
les rues. Cependant, il paye partout pour être à
l'aise et considéré. S'il a payé le couplet louan-
geur du V.iudeville en prenant son billet, il paye
la propriété , la sûreté de son passage en acquit-
tant ses contributions.
L'antiquité des étalages extérieurs ne justifie pas
leur nécessité. .le ne la sens pas; mais je sens celle
de jouir librement de ma propriété : la rue , dans
toutes ses dimensions est à moi , lorsque j'y passe :
je n'en dois le partage qu à celui à qui le besoin
donne un droit égal. Que le marchand sédentaire
occupe l'intérieur , et ne me dispute pas le dehors,
à moi dont la nécessité de l'ambulance justifie mes
tiioils. Sa sécurité même lui fait un devoir de ne
pas multiplier les dangers qui m'assaillent.
Mais , dira-t-rfn , ne faut-il pas du moins étaler
les fruits , les légumes Eh bien ! placez-les
dans l'intérieur des boutiques , proprement dis-
posées à les recevoir, et non aux injures du teins
et sur le pavé fangeux. Mais faites mieux : mul-
tipliez les marchés pubhcs. Rendez-les propices
à leur objet et à portée des consommateurs.
Il est tems que l'on s'occupe de la propreté . de
la salubrité , de l'embelissement d'une cité qui .
jusqu'à ce jour , semble avoir été habitée par des
serfs et régie par des maîtres insoucians.
Fin de la première leçon du cours, public sur l'ap-
plication du calcul décimal , etc.; par le citoyen
Aubry , géomètre.
^ "VI. Du déplacement de la virgule.
Si la virgule est la base fondamentale du calcul
décimal , Son déplacement en est la partie orga-
nique; et c'est ce que l'on va sentir en reprenant
les 74'883 points courans dont il a été question
dans le troisième paragraphe.
En effet , puisque l'on a supposé que la toise
était divisée en lo pieds, le pied en lo pouces ,
le pouce en lo lignes , la ligne en lo points , il
est évident qu'en ne fesant que changer la vir-
gule de place, on a fait exactement la même
chose que si l'on avait multiplié ou divisé.
Rétablissez effectivement pour utie minute les
anciennes divisions de la toise , du pied , dn
pouce, de la ligne, etc. , c'est-à-dire, considérez
la toise comme contenant 6 pieds , le pied 12
pouces , le pouce 12 lignes, et la ligne 12 points ,
vous verrez à l'instant même qu'il vous faudra
diviser 74883 points par 12 , pour obtenir le
produit en lignes; diviser ce dernier produit
par 12 , pour obtenir le produit en pouces ,
diviser ce dernter produit par 12 pour avoir le
produit en pieds , et diviser enfin ce dernier
produit en six , pour avoir le produit en toises ;
ce qui vous aura d'abord occasionné quatre di-
visions principales , et ensuite autant de divisions
Îiarticulieres qu'il se sera trouvé de pieds, pouces,
ignés et points, à la suite des produits trouvés.
"Vous verrez également que pour savoir com-
bien le nombre de toises trouvées fait de pieds ,
le nombre de pieds trouvés fait de pouces, le
nombre de potices trouvés fait de lignes , et le
nombre de ligjies trouvées fait de points , il vous
aura fallu faire autant de multiplications que de
divisions ; or , bien certainement vous n'aurez pas
pris cette peiije , quand les divisions de vos me-
sures auront eié décimales , puisque , suivant les
règles de ce Calcul , la dixième partie de 74883
aura été la virgule transportée d'une place vers la
gauche; comme ceci, 7488,3 qui aura signifié
7'488 lignés 3 points ; que la dixième partie de
7'488 lignes 3 points aura été la mêtne virgule
transportée d'une place vers la gauche; comme
ceci, 748,83 qui aura signifié 748 pouces 8 lignes
3 points ; que la dixième partie de 748 pouces
8 lignes 3 points aura été la même virgule trans-
portée encore vers la gauche ; comme ceci ,
74,883, qui aura signifié 74 pieds 8 pouces ,
8 lignes , 3 points ; et que la dixième partie de
^eite dernière quantité aura été la virgule trans-
portée d'ue place vers la gauche; comme ceci ,
7,4'883 qui aura signifié 7 toises 4 pieds 8 pouces
■8 lignes 3 points.
De même que si on a voulu savoir combien
7 toises 4 pieds 8 pouces 8 lignes 3 points font
de pieds , on n'aura fait que transporter la vir-
gule d'une place vers la droite pour découvrir
-qu'il y en a 74 , plus 8 pouces 8 lignes 3 points ;
ensuite combien ces 74 pieds 8 pouces 8 lignes
3 points font de pouces ; il n'aura fallu que
transporter également la virgule d'une place vers
la droite , pour savoir qu'il y en a 74S , plus 8
11 44
lignes 3 points. Ensuite combien les 748 pouces
8 lignes 3 points font de lignes , il n'aura fallu
que transporter la virgule d'une place vers la
droite , pour savoir qu'il y en a 7'4§8 , plus 3
points; enfin, combien ces 7488 lignes 3 points
font de points , il aura fallu seulement transpor-
ter la virgule d'une place vers la droite , pour
savoir quil y en a 74883.
On convient que pour adopter ces divisions
décimales à des mesures divisées d'une manière
différente , il faut les avoir auparavant divisées à
la nouvelle manière.
Mais , d'abord, je déclare ici que s'agîssant de
calculs , il n'est aucune puissance sur terre ca-
pable de nous empêcher d'appeler un quart den-
tier 25o millièmes , lin tiers 333 millièmes, trois
huitièmes 375 millièmes , cinq sixièmes 833 mil-
lièmes , etc. et d'appeler ensuite le premier de
chacun de ces trois chiff^res , des pieds déci-
maux courans , quarrés ou cubes , s il s'agit de
toises courantes , quarrées ou cubes ; des setiers
décimaux , s'il s'agit de muids de grains ; des
veltes décimales , s'il s'agit de barriques ; des
onces décimales , s'il s'agit de livres pesantes ; et
des sols décimaux , s'il s agit de livres monnaie.
Le deuxième de chacun de ces chiffres des
pouces décimaux , courans , quarrés , ou cubes ,
s'il s'agit encore de toises ; de boisseaux déci-
maux , s'il s'agit de muids de grains ; de pintes
décimales , s'il s'agit de barriques ; des gros déci-
maux , s'il s'agit de livres pesantes, et des deniers
décimaux, s il s'agit de livres monnaie; enfin,
le troisième de chacun de ces chiffres des lignes
décimales courantes , quarrées ou cubes , s'il
s'agit toujoursde toises ; de litrons décimaux , s'il
s'agit toujours de muids de grains ; des poissons
décimaux, s'il s'agit toujours de barriques; de
grains décimaux , s'il s agit toujours de livres
pesantes et de pittes décimales (i) , s il s'agit
toujours de livres monnaie.
Qirant à la division matérielle de ces mêmes
mesures , c'est une toute autre affaire ; je ne dois
aucunement m'en mêler , je dois dire seule-
ment que si le calcul décimal est une fois adopté
en Europe, bientôt on verra toutes les nations
se choisir l'unité la plus usuelle de leurs mesures ,
et subdiviser décimalement leurs aunes , leurs
toises , leurs pieds , leurs pouces , ieurs pittes ,
leurs poissons , leurs boisseaux , leurs litrons ,
leurs onces, leurs gros , leurs grains, leurs sous ,
leurs deniers , s'i's ne préfèrent pas plutôt d'adop-
ter en son entier le système des mesures nou-
velles de France, qui ne leur laissera rien à faire
à cet égard, ni même à désirer.
Tin de la première leçon.
NECROLOGIE.
Au. rédacteur du Mô'niteur. — Taris, le ïi messidor.
Je vous prie, citoyen , d'insérer dans votre
journal la notice suivante sur le général Darçon,
que le sénat-conservateur et le corps du génie
regrettent également. C'est un de ses élevés qui
paie à sa mémoire le tribut d'une juste recon-
naissance.
L'art militaire , les sciences et la philosophie
viennent de perdre le général Darçon. Une ima-
gination ardente , une ame dévorée de la soif
de son art et du bien de l'humanité , ont ruiné
plus que lâge sa constitution affaiblie par les
veilles. Près de cinquante années de service
dans le corps du génie , un travail assidu ,
toujours utile et brillant, plusieurs sièges fameux,
notamment celui de Gibraltar , les moyens in-
génieux qu'il y employa , et qu'une basse in-
trigue seul fit échouer, plusieurs ouvrages juste-
ment célèbres , les Considératious sur linfluence du
génie de Vauhan dans la balance des forces de (état;
de la force militaire dans ses rapports conserva-
teurs ; Considérations militaires et politiques sur
les fortifications , etc. etc.; enfin, la réfutation
des erreurs de Montalembert dont il sut distin-
guer et faire valoir les idées saines , tout assure
au général Darçon un des premiers rangs parmi
les tacticiens du siècle.
Ingénieur habile , mécanicien célèbre , ses
écrits sont remplis d'idées neuves sur la for-
tification et ses ressources de détail , sur les ma-
chines de guerre , sur le lever des cartes mili-
taires , sur la méthode la plus expéditive de
saisir un terrein , et en général sur les moyens
conservateurs des hommes qui: fesaient sa plus
chère occupation.
Philantrope, véritable sage, adoré de sa famille,
de ses voisins , chéri , consulté par un corps
qui s'honorait de tenir encore à lui, du moins
par son souvenir et ses conseils , il habitait
son hermitage dans le Jura , lorsque dans l'an
I 7 , les ordres du directoire l'arrachèrent à sa
solitude. Tel est l'ascendant d'un génie supé-
rieur, que ses ennemis mêmes sont réduits à
l'invoquer. Il prédit en arrivant les revers de
cette campagne. Il tonna avec son énergie brû-
lante, contre la désorganisation , la corruption,
les fautes innombrables dont il était témoin:
las de prédire en vain , il était retourné gémir
dans ses montagnes , lorsque le grand répara-
teur des taules, voulant sentourer des sages
qui les avaient prévues , l'appella au sénat-con-
servateur , où il fut porté à l'unanimité.
C'est-là qu'à l'exemple de Vauban , il consacrait
au bien public, à la félicité intérieure, des lu-
mières acquises par une longue expérience , des
connaissances profondes, et les vœux d'une ame
toujours pure et bienveillante , quand la mort est
venu l'arracher au sénat qui le regrette , à un
corps qui le pleure , à une famille incon-
solable.
Le général Darçon eut beaucoup d'admira-
teurs, et ne laisse pas un ennemi , parce qu'il
fut célèbre sans orgueil, utile sans ambition',
bouillant sans humilier ses rivaux , en un mot,
parce qne son ame était aussi belle , aussi igno-
rante du mal , que son esprit était instruit , ori-
ginal , et ami du bien.
R. S. C.
COURS DUCHANGE.
bourse du \i messidor. — Changes étrangers.
Lyon ; au p. à vue.
Marseille.... au p. à 25 jours.
Bordeaux.... { p. a i5 jours.
Montpellier.. { p.- à 3o ]ours.
Effets publics.
Rente provisoire 24 fr.
Tiers consolidé 34 fr.
Bons deux tiers , . . . . i fr. 60 c.
Bons d'arréragé 87 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8.... 82 fr.
Syndicat. 68 fr. 5o c.
Coupures. 68 fr. 25 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Paris, dix heures du soir.
On venait de donner au théâtre des Trouba-
dours une petite pièce de circonstance , intitulée:
la Nouvelle inattendue , impromptu analogue aux
immortelles victoires de l'armée d Italie. Au'
moment oîi le dernier couplet de cette bluette,
qui avait été constamment applaudie , était ,
chanté , le public a reconnu le consul Cam-
bacérès entrant dans une loge. De toutes parts
le cri dt,bis la pièce , s'est élevé; les acteurs :
ont vivement saisi cette occasion de témoigner
leur zèle , et l'ouvrage , en peu d instans , a ea_
sa première et sa seconde représentation.
Ainsi il n'est pas d'allusions au courage de nos.
guerriers, pas de tribut de reconnaissance pour
leurs dignes chefs , pas un témoignage d'admi-
ration pour le premier consul , pas un vœu pour
la paix, qui, répété à chaque représentation,
n'ait été entendu quatre fois par le public , et
quatre lois suivi des plus vives acclamations.
L'auteur de cet impromptu , dont le publie-
toutesfois n'a paru apprécier que l'intention , eï
récompenser que le zèle , est le citoyen Bonnel.
S. . . .
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Auj. relâche.
Théâtre du 'Vaudeville. Auj. la Sorcière ;
Gessner , eiJenesai-Ki ou les Exaltés de Charenton ,
parodie de Bcniouski.
Théâtre de la Cité-Variétés Pantomimes.
Auj, cest le Diable.
P 0 S T - S R I p r U M.
Paris , le i3 messidor.
Le premier Consul est arrivé a deux
heures et demie du matin.
L'at>ouaca)CQt se fait aParis , rue des Poitevins , Q^ i8. Le prix est de 25 francs pour trois mois , 5o fraacs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On na
t'abonne qu au commeucement de ctiaque mois. \
Il faut adresser les Icttreset l'argent , franc de port ,aucit. AgASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, n" 18. Ilfaut comprendre dans les envois le port de»
.pafà où l'on ne peut ..ffranchsr. Les lettres des départemens non affranchies , ne serontpoint retirées de la pt>ste.
il fautavoii so\a , pour plus de sûreté, de charger celles qui renfermeaides valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue des
■Fsitevins, a° ij depuis neuf heures du matiBJ.usqu'i cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NÏmÔNALE ou LE MONITEUR UMVERSEL.
N" 284.
Quartidi , 14 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est is feul journal officiel.
Il contiept les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvellîs des armées , ainsi que les faits et les notions tant^ur
rintérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
"Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux,, arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Bulletin dt Londres du 2y juinl 8 messidor.)
A-iES 3 pour 100 consolidés restaient fermés , ils
étaient coités pour leur ouverture à 64 {; l'omnium
à » -r r- '''-^'"■' ■ '■ ■
Le lecteur voudra bien se ressouvenir ,' que dès
le prcmici moraenl que nous avons écrit dans ce
papier, nous avons insisté de toutes nos forces
sur l'insuffisance de tous les moyens adoptés
contre la révolution française. La valeur de toutes
ces négociations qui occupaient avec tant de ^o-
Icnnité les cabinets , lirtiportance de toutes ces
coalitions sans lien comme sans énergie . toujours
se relevant et toujours caduques, la faiblesse de
tous ces mouvemens de l'intérieur , ce tableau
de ressources misérables, de moyens sans effet ^^
de plans sans conception , était assez facile à ap-
précier , sans qu'une expérience fatale nous en
"démontrât aussi durement la Futilité.
Il est vrai qu'on avait pour soi l'argent , et c'est
beaucoup dire , car c'est le dieu du tems. La
Prusse a eu beau le dédaigner à Bâle , I Autriche
à CampoTormio . la Russie au commencement
-àe cette année , des écrivains célèbres n'en pro-
clament pas moins sa puissance. L Angleterre est
couverte d'or , nous dit l'un ; rien ne doit lui ré-
sister. La France est couverte de haillons, nous
dit l'autre: elle doit être subjuguée. Ce sont pour-
tant ces armées déguenillées, sans solde et sou-
vent sans nourriture , qui triomphent de la faim,
du froid, des obstacles et des résistances. On crie
au prodige. J'en présenterai un plus grand. Ce
serait celui par lequel des opérations , combi-
nées au moyen de courriers, à travers les déseit^,
les mers et les glaces , auraient quelque sens ou
quelque succès. On s'étonne que Carnot , Ber-
thier , Bonaparte et Moreau aient réussi. Que
n'ont-ils été , en effet , pour combiner leurs opé-
rations , se placer l'un à Péiersbourg, l'autre à
vCoiuiantinople ,. l'autre à Vienn* , i'auire à
Londres ? Etait - il donc si difficile de prévoir
l'avantage d'être sans cesse réuni'sur le même lieu
et de pouvoir combiner un plan , le préparer et
J exécuter prcsqu'en même tems.
C est ainsi qu'une armée , qu'on ne croyait que
de parade , vole aussi vite que la pensée. Elle
échappe pour ainsi dire aux regards. Elle est déjà
maîtresse de l'Italie, que leunemi connaît à peine
«on existence , ses projets et sa marche. Singulier
instinct que celui qui portait M. de Mêlas vers les
côtes de Pâovence , lorsqu il devait se rapprocher
en toute hâte pour défendre ses magasins, le
jassage des Alpes et les rives du Pô !
Si des événemens semblables n ont point eu
lieu l'année dernière , on peut en rendre grâces
à la stupidité des Merlin, des Rewbell , des La-
reveillcre Lepaux et des autres butors du même
genre qui gouvernaient la France. Au premier
moment oii les anciens instrumens de la révolu-
tion seraient maniés d'une façon convenable , un
semblable résultat était facile a prévoir. Nul doute
que Bonaparte n y ait mis de 1 habileté. Mais cette
habileté na fait pourtant que ce que la piésence
si espéiée de M. de Suwarovkf dans l'iniérieur de
la France eut produit tout de même l'année der-
nière , et eut produit ( il faut le dire ) avec des
conséquences infiniment plus désastreuses. —
Cependant nous avons vu tout le monde soupirer
après ce grand événement ! Etrange situation que
celle d'un parti condamné à périr dans les chnnces
qu'il redoute , condamné plus sûrement encore
à périr dans les chances qu'il espère .' Xclle est la
»ituation dans laquelle se sont placés volontairement
et coniinuellementles royalistes et les puissances.
Cette disparité continuelle des moyens avec leur
but n'est point ici une simple méprise. On n'a qu'à
remarquer avec quelle persévérance on est revenu
sut les mêmes absurdités. Cette volonté détermi-
née de faire toujours ce qu^il y a de pis , se rap-
porte sans doute à une grande cause. Ce n'est
point par l'effet du hasard que, pendant une
partie de sa vie , Louis XIV est toujours vain-
queur, et que , pendant une autre partie de
«a vie , il est toujours vaincu. Ce n'est point
«on plus par hasard que la révolution a des
succès si constans. Ouvrez l'histoire. Comparez
les laits et les hommes. Je suppose que la Pro-
vidence eût voulu que Bonaparte , Berihicr et
Di.iaix fussent dans nos rangs , croit-on qu'ils
seraient à la tête de nos conseils , qu'ils auraient
quelque influence sur la détermination des cabi-
nets ? Le mot marche ne s'adresse parmi nous
qu'aux paralytiques. Tout ce qui a des jambes
est condamné au repos.
Les vagues expirent sur les roches brutes , en
rendant un peu d'écume et dé bruit ; ces paroles
présenteront peut-être de nàêrae un vain son i
l'oreille d'un homme simple. Elles échauffieront
Ihomme stupide et arrogant. On honore indé-
pendance de l'honnête homme quand il est au
torribeau. Vivant, on l'accable d'humiliations et
d'outrages. C'est la règle.
Mais que sont des peines individuelles auprès
des maux publics? La Providence préparé en ce
moment aux nations un terrible châtiment. Ce châ-
timent , c'est la paix. — La paix est. fatale. — Elle
est inévitable. La paix va dissoudre 1 Europe
mais il faut faire la paix. Ce parti est aussi forcé
aujourd'hui , que celui de Louis XIV le aoj'uillet
ou le 6 octo'ore au malin.
Au surplus cesgrandf intérêts vont se discuter
incessamment au parlement btitatrni'que. Un appel
de toute la chambre , demandé par tous les mem-
bres du parti de l'opposition , et consenti déjà à
ce qu'on assure , par nos ministres, donnera à
ce débat une grande solennité. Il "y sera sûrement
peu question des subsides , s'il est vrai que la
paix ait été signée à Vienne le 94., comme on le
présume. On sait depuis long-temps que la cour
de Vienne y éioit disposée. Le départ de M. Wyl-
kham pour cette capitale ne pouvoit même avoir
d autre objet.Revenons aux désastres d'Italie,
La bataille de Maringo , livrée le 14 , près des
rives de laBormida, a rendu 1 Italie aux français.
M. de Mêlas , complettement battu dans cette
journée terrible , n'avoit pour retraite que des
places sans provisions. Il n'a pu sauver les débris
de son armée que par une capitulation. Des
courriers sont partis du champ de Ijataille , pour
en donner la nouvelle à l'empereur et lui porter
des oroposiiionsdepaix.Si elles ne sont acceptées,
les hostilités recommenceroju..«u bout de dix
jours. Nhus n'entreront point ici dans les détails
de la journée de Maringo et de ses suites. Nos
lecteurs les trouveront au résumé des opérations
de l'armée frarjçaise en Italie. '
Entre le Danube et le Lech, les succès ont été
contestés, mais leur balance a encore penché en
faveur des français. M. le comte de Méerfeld é'ait
rentré dans Augsbourg , et larmée auirichi enne
ayant gagné plusieurs lieues de lerrein , engagea
le 5 une affaire qui devait être générale. Le prince
de Reuss s'était avancé du Tyrol sur la route de
Kempten , tandis que M. le général Kray passant
le Danube avec 40,000 hommes, porta ses prin-
cipales forces sur la gauche de llller. Deux divi-
sions , celles de Grenier et de Richepanse, en sou-
tinrent le choc et les repoussèrent. Le g , les fran-
çais furent moins heureux. Un corps de 2 mille
hommes fut enveloppé à Schwabraunchen par la
cavalerie autrichienne. Le comb.it se livra sur le
marché de la ville. Les françtis furent hachés et
perdirent 900 hommes , en comptant les prison-
niers. La nuit du 11 au 12 Moreau s'ébranla avec
toute son armée , remontant d'un côté le Lech
et de l'autre se portant vers le lac pour s'approcher
du Tjrol. Dans un proclamation donnée pour
mettre un frein au pillage, il dit que son armée
n'est destinée qu'a soutenir les mouvemens de 1 ar-
mée de réserve.
Nous avons reçu par le dernier paquebot
d'Halifax la nouvelle d'une sédition qui a éclaté
dans le réciment de fencibles,' levé pour la
défense de Terre-Neuve, prin'cipalement com-
posé d'irlandais , parmi lesquels se trouvaient
plusieurs irlandais-unis. Trente ont déserté dans
les bois : dispersés et arrêtés par la vigilance
du général G. Skerrell , 12 furent envoyés à
Halifax pour être jugés , et 8 autres mis à bord
d un vaisseau. Ceux-ci, joints par la garnison du
vaisseau, se révoltèrent contre l'équipage et
emmenèrent le vaisseau à Canso ^ où ils ont
débarqué. On a envoyé de Halifax deux floops
de guerre, pour les poursuivre. Le 6o« allait
s'embarquer pour 1 île de Terre-Neuve, oij S. A. R.
le duc de Kent devait aussi se rendre.
Jugement de J. Hadfield.
C'est hier que s'est terminé le jugement de
Jacques HadKeld. Dès 6 heijres du malin , les
avenues de U cour du banc du roi étaient remplies
d'une foule immense de curieux. Le prisonnier
parut à 9 heures , accompagné de M. Kirby . con-
cierge de Newgate , et d un constable. Il pétait
décemment vêtu , et ne paraissait point troublé.
Les membres du jury ayant prêté serment, l'acte
d'accusation fut lu à haute voix par le clerc de
la couronne. Alors le procureur-général adressa
aux membres du juiy un discours, pour les inviter
à écarter de leur esprit ce qu ils auraient pu en-
tendre dire sur cette cause , et à ne faite attention
qu'aux dépositions des témoins. Il en fit d'avance
le résumé. Considérant les faits .î la charge de
Hadfield comme prouvés , le procureur-général
supposa le cas oti la démence du prisonnier serait
alléguée pour le disculper. La difficulté était de
constater la nature de la démence , et d établir
les distinctions que la loi admet entre un état
de foJie continuelle et des paroxysmes plus ou
moins féquens. C'sst ce que le procureur-général
fit avec beaucoup d'habileté , et s appuyant de
l'autorité des grands juges Coke et Haie , qui
définissent par non compas mentis , le dérangement
qui peut disculper un criminel . il posa en prin-
cipes qu'un homme était toujours coupable lors-
qu il comprenait la nature et connaissait les con»-
séquences de son crime.
Les témoins à la charge de Hadfield furent
appelés et entendus. Oiiand M. le duc d York
parut , le prisonnier' s écria avec enthousiasmfe :
Dieu le bénisse! c'est une bojine ame ;je ia'me sincè-
rement. Les dépositions ne furent en général que
la répétition de celles qui sont déjà connues dt»
public. Le prisonnier, qui avait demandé la per-
mission de s asseoir, 1 obtint avant que M. Ersfcine,
commença son plaidoyer. M. JErskine commença
son discours en rendant hommage à la jurispru-
dence anglaise , dont il observa que la procédure
actuelle était le plus magnifi(iue éloge. Lhomœc
qui avait tiré sur un roi ,justement chéri comme
le père de son peuple , n'avait pas même éprouvé
l'apparence d'une violence ni d'une sévérité.
M. Erskine fit reposer la défense sur 1 état de
démence du prisonnier. 11 s'engagea à prouver
qu'une des blessuies reçues par Haclfield lui atta-
qua le cerveau d'une manière incurable ; que la
surveille de l'attentat commis sur le roi , il avait
voulu écraser son propre enfant contre la mu-
raille, et que , par ses discours et sa conduite, il
avait toujours témoigné autant d'affection que de
loyauté envers son souverain. Les témoins que
M. Erskine produisit déposèrent à l'appui de se»
assertions.
La séance se termina par la conversation sui,-
vante , dont nous regrettons de ne pouvoir donner
qu'un extjait.
Lord Kenyan, Il est évident que l'esprit du pri-
sonnier était fréquemment dérangé. Nous pour-
rions peut-être exiger la preuve de son dérange-
ment dans le moment même de l'attentat. Ma\$
tout le monde doit être convaincu qu'immédia-
tement avant de le commettre , il était privé dé
l'usage de sa raison , et il n'est point probable
qu'il l'eut recouvrée dans l'intervalle. Si la ba-
lance demeure incertaine, c'est au poids de la
miséricorde à la faire pencher. Le cas serait dif-
férent, s'il était prouvé que quelque faux jour eut
été donné à cette cause , et j'en fais la remarque,
M. le procureur-général , s'il faut continuer la
procédure.
Le procureur - général. Je ne crois point, My
Lord, qu il y ait ici Ue faux jour. J'ignorais les
faits qui viennent d être exposés, autrement
Lerd Kenyan. Je ne vous impute pas de blâme,
m.ais cet examen était nécessaire.
Le procureur-général. }e suis convaincu qu'il de-
viendrait vain de pousser plus loin.
Lord Kenyan. Le prisonnier ne doit point être
renvoyé. Gela ne serait ni juste, ni miséricor-
dieux. Il faut qu'il soit enfermé pour la surets
générale, depuis le roi jusqu'au mendiant.
M. Erskine. Nous reconnaissons , My Lord, la
libéralité de la couronne dans cette circonstance,
et l'humanité de la cour. Je souscrits à l'opinion
de 'V. S. pour la nécessité de renfermer le pri-
sonnier.
Le procureur-général. Jfe crois, My Lord, que
vous avez le droit de faire enfermer ceux dont la
liberté n'est poini compatible avec les sujets de
S. M.
Lard Kenyan. Cela peut être , M. le ptpcureur,
mais nous nous contenteront de le renvoyer dans
le lieu d'où il vient. Nous trouverons quelque
moyen pour nous en assurer jusqu'à ce qu'il puisse
-reparaître dans la société.
Le jury rendit la sentence suivante: Non cou-
pable, d'autant qiiil nous parait avoir été dans un
-étatiie démence lorsque l'acte fut commis.
{Extrait du Courrier de Londres du sTjuin.)
INTERIEUR.
Paris , le i3 messidor.
La Clef du cabinet dit, sous la date de Berlin,
le 28 prairial , que le czar vient de défendre l'entrée
des marchandises anglaises en Russie ; qu il se met
sur une grande défensive par mer, et qu'il est
;gu€slion d'une ligue parmi les puissances du
Nord , pour réprimer l'audace des anglais qui ne
respectent aucun pavillon.
Sous la date de Manheini ,1e g , le mêmejournal
annonce que les maisons de Nassau et le comte
de Hachenbourg viennent , par un traité , de faire
comprendre leurs états dans la ligne de neutralité
de lAllemàgne. Cette neutralité proiege mainte-
nant tous les pays de la rive droite du Rhin jus-
qu'aux bords du Mein , à l'exception de ceux
qui fesaient partie des états des électeurs de
Mayence , de 1 rêves et de Cologne.
— Un banquier de Paris , dit le Journal des
4ébats , reçut d'un de ses correspondans de
Londres , quelques jours après la reddition de
Gênes par les français , une Ipttre qui avait pour
post-scriptum : )> Nous apprenons à l'instant la
prise de Gênes par les autrichiens. Cette bonne
nouvelle met tout le monde au comble de la joie,
e!t l'on prépare ici une fête superbe. nPar le cour-
rier suivant , le banquier de Paris répondit à cette
Uttrc, et ajouta aussi ^pat post-scriptum : ^^Noas
apprenons à l'instant la reprise de Gênes par les
français , ainsi que d'une grande partie de 1 Italie.
Cette bonne nouvelle met tout le mondeiau comble
de la joie , et l'on prépare ici une fête superbe. >)
Le Journal des débats tcmîiqae que c'est la pre-
mière fois qu'il est question de politique dans [es
lettres de commerce , d'oià il conclut quil fallait
qu'on attachât à Londres la plus grande impor-
tance à cette rrouvelle.
— On lit dans la gazette de Pétersbourg , du 9
prairial, n la supplique du marquis de Beau-
manoir'. ofKcier français qui demeure à àTobolsk,
par laquelle il demande la permission de pouvoir
retourner auprès de son roi et de ses parens , est
restée sans réponse, ii
— Tous nos journauxparlent d'un duel entre le
fénéral autrichien Siarray , et le général wurtcm-
ourgeois Hugel. Le premier a, dit - on , tcçu
deux coups d'épée. On attribue ce duel aux repro-
ches violens que M. Hugel a fait au généralStarray,
pour ne lui avoir pas envoyé les secours qu'il lui
avait prorais , et à défaut desquels M. Hugel fut
obligé d'abandonner une position qu'il était
chargé de défendre.
Les mêmes journaux annoncent que le général
Kray et M. de Cobentzel sont malades, l'un à
l'armée et l'autre à Vienne. On désespère même ,
dit-on , de la vie du dernier.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 12 messidor, an 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
nomme les citoyens dont les noms suivent ,
pour remplir, dans le département de la Somme,
les fonctions ci-apiès désignées ; savoir :
Tribunal d'appel séant a Amiens.
Président. Varlet , père , juge actuel de la
Somme,
Vice-président. Margerin , juge du département
de 1 Oise.
Juges. Delaune , juge actuel de la Somme.
Duval , ex-commissaire prés le tribunal civil de
la Somme. Poirier, ex-législateur. Baron, juge
actuel de la Somme. Lévrier , idem. Ballue , pré-
sident du tribunal criminel. Demonchy , ancien
juge, ancien administrateur. Bosquillon, ex-lé-
gisiateur. Villemanney , commissaire près les tri-
bunaux de 1 Oise. AlUct, juge actuel de l'Oise.
Lebegue , idem. Lemaire-Darioh , juge actuel de
l'Oise. Thirial , idem. Dequin , l'aîné , ex-légis-
lateur. Faval , juge actuel du département de
l'Aisne. Legrand Delaleu , membre de l'institut
çational. Beraud , juge actuel du département de
l'Aisne. Biayer , ancien magistrat. Lecocq , prési-
dent du tribunal criminel.
Commissaire. Petit, commissaire actuel près les
tribunaux de la Somme.
Substitut. Falise , substitut actuel.
Greffier. Auben , greffier du tribunal civil de
l'Oise.
Tribunal criminel.
Président. Ballue , pirésideni actuel du trjbijnal
criiniaeL
l 146
Juges. Araédée Petit , juge actuel. Rigolloi , '
substitut actuel du commissaire.
Suppléans. Lefebvre , le jeune , juge actuel.
Dupuis , idem. ■ ■
Commissaire. Maisnel , accusateur-public.
Greffier. Dubois , greffier actuel.
Tribunal civil séant a Amiens.
Président. François père , juge actuel.
Vice-président. Despréaux, juge actuel.
Juges. Lefebvre laîiié , juge actuel. Mathon ,
idem. Hallot , idem. Mettifcu , idem. Preniart,
idem.
Suppléons. Patte , juge actuel. Lescalier , idem.
Poulain, jurisconsulte et aticién cOttifulssairé.
Dumai fils , homme de loi.
Commissaire. Leriche , ancien juge.
Substitut. Patin , commissaire actuel près la
police correctiontielle.
Griffier. Damai père , greffier actuel de la
police correctionnelle.
Tribunal séant a Abbeville.
Président. Boùteiller , ancien juge.
Juges. Dubelay l'aîné , juge actuel. Félix Cor-
dier, ex -juge. Vignon.
Suppléans. Lefebvre Hardicourt , ex-juge du
tribunal de district. Traullé , idem. Devériié ,
ex-législateur.
Commissaire. Dequeux , ex-législateur.
Greffier. Depoilly , greffier actuel.
Tribunal séant a Peronne.
Président. Pfchanssy-Robecourt, ex-législateur.
Juges.' Carpera , juge actuel. Cadot , juge-de-
paix.
Suppléans. Taltegraln fils , homme de loi.
Gognet de Personne , inspecteur des imposi-
tions.
Commissaire. Huet-d'Hebecourt , commissaire
actuel.
Greffier. Danicourt, greffier actuel.
Tribunal séant a Doulens.
Président. Houbart, ex-commissaire près l'ad-
ministration municipale de Beauquesne.
Juges. Lecorreur père , homme de loi. De-
qucn , commissaire actuel près la police correc-
tionnelle.
Suppléans, Lemery , ex - législateur. Thierry ,
commissaire du gouvernement près ladminis-
tration municipale.
Commissaire. Laurent , juge-de-paix.
Greffier. Duflos , greffier actuel.
Tribunal séant a Mondidier.'
Président. Billecocq jeune , ex-juge.
Juges. Pucelle , cx-législateur. Limonas , juge
actuel.
Suppléans. Cochepin , administrateur du dépar-
tement. Soyer , ( de Mondidier ).
Commissaire. Hanocq , commissaire actuel.
Greffier. Delaporte , greffier actuel.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront
de suite à leur poste , pour y remplir les fonc-
tions qui leur sont attribuées par la loi.
En 1 absence du premier consul.
Le second consul , signé , Cambacérès.
Par le second consul ,
Le stcrétaire-d état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république ,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir, dans le département du l'Aisne, les
fonctions ci-après désignées , savoir :
Tribunal criminel séant a Laon.
Président. Legrand Delaleu , membre de l'insti-
tut national ^
Juges. Lebrun, juge actuel. Laurent, idem.
Suppléans. Pelé-Treville , juge actuel. Lauren-
deau , ex-coromissaire du tribunal rie disirict.
Commissaire. Léleu-la-Siraone, ex-président du
tribunal criminel.
Greffier. Belin , greffier actuel.
Tribunal civil séant a Laon.
Président. Louis,, juge actuel. *
Juges. Lorin , idem. Carrière , ancien juge. Le-
voizier , commissaire actuel près la police cor-
rectionnelle. '
Suppléans. Manteau, juge actuel. Dumage, idem.
Souef , idem.
Commissaire. Deqmn , le jeune, homme de loi.
Greffier. Dumontier , greffier actuel.
Tribunal séant a Soissons.
Président. Garlier de Coucy , ex-jugc et ex-
législateur.
i-* fugés. Ê\'m , --père , tx'procureur-syhdic d«
département. Laurès , ancien magistrat. Rpmain ,
idem.
Suppléons. Lalource , idem. Darras ,. homme de
j loi. Liébert , idem.
Com)mssaire. Vcrnier , ex-juge au tri'Uunal de
cassation.
Greffier. Crespcaux, notaire.
Tribunal SÉANT A , Saint-Quentin. i
Président. Desjardin , ex-commissaite près la
police correctionnelle.
Juges. Reneufve , ex-accusateur-public, Obled ,
homme -de loi. Martin-Langlaniier , ancien jugei
• Suppléans. Namuroy - Grégoire , commissaire
près la police corjîectionnelle. filondel , homme
de loi. 'Megret-Debry , ex-juge-de-paix.
.Commissaire. Flamand , commissaire actuel.
Greffier, ilazeux , ex-greffier du tribunal de
distiict.
Tribunal séant a Château-Thierry.
Président. Pinterel, ex-constituant.
Juges. Legros . juge actuel. Voi , homme de loi.
Suppléans. Aubry, idem. Callelnau , ancien
magistrat.
• Commissaire. Nérat, commissaire actuel.
Greffier. Lemaitre , homme de loi, ex-adminis-
trateur.
Tribunal civil séant a Vervins.
Président. Constant , commissaire actuel près
la police correctionnelle.
Juges. Launoy , ex-législateur. Epoigny , pré-
sident du tribunal de commerce.
Suppléans. Marquant , juge actuel. Dallery,
ex-commissaire du gouvernement.
Commissaire. Duchateau , homme de loi , ex-
adniinistraleur du département.
Greffier. Roche , juge actuel.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront
sur le champ à leur poste , pour y remplir les
fonctions qui leur sont attribuées par la loi.
En l'absence du premier consul ,
Le second consul y^signé , Cambacérès.
Par le second consul ,
Le secrctaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république ,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir , dans le département de lOise , les lonc-
lions ci-après désignées , savoir ;
Tribunal criminel séant a Beauvais.
Président. Lemaire Darion.
Juges. Mellié , juge actuel. Auger , ex-légis-
lateur.
Suppléans. Dause Renaud , ex-juge- de - paix.
DHervillé , juge actuel.
Commissaire. Danjou , ex-commissaire.
Greffier. Prévost , greffier.
Tribunal civil séant a Beauvais.
Président, hecmon deTroussure.
Juges. Paquier , juge actuel. Porquier de 'Vaux,
ex-président du tribunal civil. Laigner , ex-juge.
Suppléans. Morel , juge actuel. Daboncourt ,
idem. Delacour , suppléant actuel.
Commissaire. Legrand , juge actuel.
Greffier. Tellier , greffier actuel.
Tribunal séant a Clermont.
Président. Poitievin , juge actuel.
Juges. Michel , idem. Payen , idem.
Suppléans. Minguet , commissaire municipal
Huvey , juge actuel.
Commissaire. Motel , commissaire actuel.
Greffier. Denis , greffier actuel.
Tribunal séant a Senlis.
Président. Dufresnoy , ex-législateur.
Juges. Robinet , ancien juge. Pidansat , juge
actuel.
Suppléans. Foulon , ancien juge. Chrétien ,
homme de loi.
Commissaire. Levasseur , commissaire actuel.
Greffier. Maupin , greffier actuel.
Tribunal séant a Compiegne.
Président. Poultier , juge actuel.
Juges. Druon , ancien juge. Guibert , juge
actuel. Calfeu Lavallée.
Suppléans. Ducrouy , ex -juge. Scellier , ex-
commissaire du gouvernement. Cayrol , ancien
juge.
Commissaire. Poulain de la Fontaine.
Greffier. Thirial , aîné , greffier.
Ordonne en conséquence qu'ils Se rendront
de suite à leur poste , pour y remplir les fonc-
tions qui leur sont attribuées par la loi.
En l'absence du premier consul,
Le second consul, signé, Ca.mbacér-ès.
Par le second consul ,
Le secrétaire-d'ctal r signé , H. B. 'Maret.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Suite du rapport général des opérations de t armée du
Rhin, par le générai de diviston Ùessçlles , chef de
' l'élat-major général de cette armée.
Après la bataille de Moeskircli , l'arnaée fran-
çaise suivit sa marche; le général Lecourbe se
porta le i6 floréal à Winierfulgen' , le centre à
Gionstudheafl, la gauclie en avant de Pfullen-
doift , se liant avec la division du général Deimas;
une de ses brigades éclairait le lac de Constance
et les Grisons ; le même jour le corps de réserve
prit position , sa gauche à Moeskirch , et sa droite
à Closierwald:
Le lieutenant- général Saint Cyr prit position
sur la roule de Moeskiich à Mengen , sa gauche
au Danube.
Le 17 , le lieutenant-général Lecourbe resta en
position.
La réserve se porta en avant de la toute de
Mengen à PruUendorff.
Le lieutenant- général Saint-Cyr en avant de
Mengen , sa gauche au Djnube.
Le 18 , le lieutenant-général Lecourbe prit la
position de la Schussem , la droite à Berg , le
centre à Moechciwangen et à Aullendorf , la
gauche se joignant à la réserve de larmée à
Schussenried.
La réserve se plaça la droite à Schussenried , le
centre vers Tigel , la gauche au Reichembach.
Le lieutenant-général Saint-Cyr prit position ,
la gauche au Danube à la hauteur de Riedlingen ,
la droite a Buthau. -
Bataille de Biberach.
Le ig , le lieutenant-général Lecourbe se porta
sur lAtrachi. la droite à la hauteur de Lenkirch ,
le centre à 'Welishofen et Afnach , la gauche à
■Wuitzach.
La réserve marcha sur Biberach par la route
de Pfullendorff. Le lieutenant-général Saint-Cyr
se porta aussi sur Biberach par la route deBuchau,
avec les deux divisions Baraguey-d'Hilllers et
Thurreau ; la ('^rencontra l'ennemi vers d Oben-
dorff et le replia , après divers combats qui re-
tardèrent à peine leur marche. Ces deux divisions
arrivèrent vis-à-vis les hauteurs qu'occupait l'en-
nemi avec dix bataillons , l5 pièces d'artillerie et
un corps nombreux de cavalerie ; le reste de
l'armée autrichienne que commandait le général
Kray , était placé en arrière de Biberach , ayant
le front couvert par le grand ravin que forme la
petite rivière de la Riss. Le lieutenant-général Sainl-
6yr ne balança pas à faire attaquer. L'impétuosité
de nos troupes fut telle , que ce corps , culbuté
dans le ravin , jeia en partie les armes ; sans les
secours puissans que fit avancer le général Kray,
et le feu redoublé de son artillerie , qu'il dirigea
pour proléger les fuyards , le nombre des pri-
sonniers eût été très-considérable.
Le général Richepanse , qui s'était dirigé par
Plcinliûiss , avait de son côté rencontré l'ennemi
qui détendait, à 2 lieues de distance , la route de
Biberach. Dès Indeldiiigen , il fut obligé de dé
ploy-fr une partit de .^es forces , et il s'avança
en combattant. Au moment qu'il s'avançait sur
les hauteurs en-deçà de Biberach , les troupes du
général Saint-Cyr se précipitaient dans la ville. Il
résolut alors d'attaquer le plateau en arrière, oià
l'ennemi avait un corps nombieux et beaucoup
d'artillerie ; et laissant la ville à sa gauche , il
tlescendit dans le ravin.
La Riss est , dans cette partie , encaissée et
bourbeuse . et ses bords sont marécageux. L'ar-
tillerie ennemie y ftsait tomber une pluie de
boulets et de mitraille ; rien n'arrêta nos troupes;
la 4°. deini-biigade , la 100°, , le 3'. bataillon de
la 5o'. , et les deux bataillons de grenadiers la
traversèrent dans leau jusqu'à la ceinture. Le 5°.
de hussards les suivit avec peine ; le terrein était
devenu si mouvant, que le général Richepanse
ordonna aux |3'. de cavalerie et 17'. de dragons
d'aller au galop traverser la Riss à Biberach , et
de prendre ensuite le chemin de cette ville à
Memmingen , sur lequel, par son mouvement,
il se portait perpendiculairement.
Ces dispositions furent parfaitement exécutées.
Le général Digonct, à la léte de la brave 4'. le
général de brigade Durut , à la tête des deux ba-
taillons de grenadiers, gravirent les hauteurs ba-
yonnettes en avant; le 17'. de dragons et le l3'.
de cavalerie débouchèrent en même tems par la
route de Biberach à Memmingen , et , conduits
par l adjudant-général Plausannc et les aides-de-
camp du général Richepanse , se formèrent avec
audace sur la droite de 1 ennemi.
1147
Toute cette division chargea alors les autri-
chiens , qui abandonnèrent piécipitammeht le
champ de bataille , couvert de morts et de
blessés.
Pendant que le général Richepanse emportait
ces hauteurs , le lieutenant-général Saint-Cyr
lésait attaquer le reste de larmée ennemie,
placé sur le plateau qui se prolonge sur Mitem-
bach. On ne pouvait y parvenir que par un seul
débouché , et cette position paraissait inexpugna-
ble ; mais les dispositions furent si bien prises ,
l'attaque s'exécuta avec tant de vigueur,' que là
aussi l'ennemi fut mis eh déroute et nous aban-
donna le champ de bataille. La division du gé-
néral Deimas avait, pendant ces divers combats ,
contenu l'aile gauche des ennemis , qui était
placée en arrière d UmendorlF.
Tous les officiers , toutes les troupes des di-
visions Thurreau et Baragucy-d'Hillicrs , méritent
des éloges.
La5irae , conduite parle général Debllly qui
a eu un cheval tué sous lui , a repoussé , avec la
plus grande valeur , l'ennemi qui, dans le second
mouvement du lieutenant-général Saini-Cyr, vou-
lait déborber notre gauche.
La 42me, dans le mouvement sur Biberach ,
qui s est exécuté en colonne par demi-bataillon,
a soutetiU la brillante réputation qu'elle s'est
acquise dans la. Hollande , et par-tout oià elle
a combattu.
La i6rae demi- brigade a chargé à la fin de
l'action, avec un ensemble qui semblerait ne
pouvoir pa'i s'allier à 1 impétuosité de son attaque.
Le aSme de cavalerie s'est distingué parsonsang-
froid et son immobilité sous le feu le plus vif.
Dans la division du général Baraguey-dHilliers ,
la î5' s'est souvenue de la gloire dont elle se
couvrit à Engin.
La !"■' et la aS' de ligne, et le 5* de chasseurs
se sont laits remarquer par la vigueur de leur
attaque. Un bataillon de tirailleurs , commandé
parle capitaine Piadier, a toujours été sur l'ennemi".
Parmi les braves qui méritent de fixer les regards
du gouvernement , je vous citerai le citoyen
Elbenisky . lieutenant au 5° régiment d hussards,
qui a eu 3 chevaux tués sous lui , et s'est tou-
jours trouvé engagé dans la mêlée , dont il n'est
sorti qu'avec 10 coups de sabre sur le corps.
Le citoyen Mascret, maréchal-dcs-logis d'ar-
tillerie légère , qui , ayant eu sa pièce démontée ,
a chargé avec deux canotiniers et quelques chas-
seurs du 5' régiment d hussards une pièce qu'il
a enlevée.
Le chef de brigade d'artillerie , Hanique , qui
a eu un cheval tué sous lui.
Cette journée a coûié à l'ennemi plus de 4000
hommes , dont la moitié à-peu-près sont nos
prisonniers , et nous avons trouvé à Biberach
des magasins immenses.
Combat de Memmingen.
Le 20 floréal , le corps de réserve se porta
en avant d'Ochenhaissen , celui du lieutenant-
génér.-îl Saint-Cyr garda sa position en avant
de Biberarh , appuyant un peu seulement la
gauche pour suivre le mouvement de droite
de l'ennemi.
Le lieutenant-général L-courbe partit de sa po-
sition sur Aitrach , pour passer l'Iller et se porter
sur Memmingen.
Depuis la bataille de Moeskirch , le général avait
détaché de la division Vandarae le général Laval
avec un corps de flanqueurs , pour observer le
prince de Reuss qui commandait un corps d'armée
détaché dans Its Grisons et le Woralberg; ce gé-
néral s était emparé de Waugen , Dilny , Lindau
et de Ravensbourg.
Le général Vandame reçut l'ordre de des-
cendre avec le restant de sa division la petite ri-
vière à Aach , et de se réunir à la division Montri-
chard , qui devait passer l'Iller à Aitrach , tandis
que le général Lorge prenant par Egelsec se portait
au confluent de cette rivière avec l'Iller.
L'éloignement des différentes colonnes n'ayant
pas permis d'arriver en même-tems , la brigade de
gauche de la division Vandarae étant obhgée de
se diriger sur Lenikirch , les seules divisions Lor-
ges et Montrichard prirent part à ce combat.
L'ennemi qui avait , depuis la bataille de Bibe-
rach , repassé promplement l'Iller, en défendait
le passage avec un corps considérable de son ar-
mée ; le pont en avant d'Aitrach était rompu ,
mais malgré cet obstacle et les efforts qu'il fit pour
se mainieiiir sur la rive droite, la seule division le
culbuta , et parvint sur le magnifique plateau qui
se trouve entre l'Iller et Memmingen, La 3' division,
ne tarda pas à passer la rivière , et un ;>econd com-
bat s'engagea.
L'ennemi avait 3o bouches à feu en batterie , et
une cavalerie nombreuse : nous n'avions que
deux seuls régimens de cavalerie , les 8' et g'
d'hussards ; mais toutes nos troupes , et particu-
lièrement la 84* , se conduisaient avec tant de
courage , que la position nous resta : la nuit mit
fin au combai. L'etinemi occupait encore Mem-
' ' 'i ' r v""'"-' ;'SI "^ ' ■.
mîngen. Le lendemain a la.jptainiê t|rt» jour, le
lieutenant - général Lécoutbe' ayant, f&jt. recom-
mencer les attaques , on ne trouv? qu't^ne faible
avani-garde qui fut repoussée jus(|u'à deux ou
trois lieues de la ville. ' , , ' ,,
Le résultat de la marche el du -combat i, où lel
bavarois souffrirent beaucoup, est de iSoohomme»
prisonniers , parmi lesquels un régiment entier de
manteaux rouges , qui , se trouvant coupé , mit bas
les armes devant le général Lecourbe , qui n'avait:
avec lui qu'une faible escorte.
Le général loue la bonne conduite du chef de
brigade Dacheron , commandant le g' d'hussards,
du chef du 8'' , le citoyen Marala,,dcs chefs de
brigade de la 36' , g4° . i"<)', 84', et, du. capitaine
Dubois , commandant le s' bataillon de cette
dernière demi-brigade. Nous devons tous ries
éloges , ajoute-t-il , ati corps mobile des cliirur"
giens. C'est une institution due aux soins du ci-
toyen Percy , chirurgien en chef de l'armée. Deâ
ofliciers de santé montés sur des vvuriz , parcou-
rent la ligne avec la plus grande rapidité , et
vienneiil jusqu'au premier rang apporter des se*
cours aux blessés.
Signé , Dessoluîs.
Pour copie conforme ,
Le ministre de la guerre, signé , Caknot.
Discours adressé au premier consul de la républifjui ,
le jour de son arrivée , par le président du sénat.
Citoyen premier consul ,
Nous venons vous exprimer combien nous pair
tageons l'allégresse générale sur les nouveaux
triomphes dont vous avez étonné 1 Europe.
C'est sur-tout à des fonctionnaires revêtus de
l'autorité conservatrice de la constitution, à sentir
tout le prix d'aussi grands événeniens.
Chacun de nous, citoyen consul, s'enorgueillit
d'être le gardien de cette constiludon , quand vous
assurez si glorieusement au peuplé français les
hautes destinées qu'il a méritées par tant de valeur,
d'efforts et de sacrifices.
'Vous avez rempli votre promesse de prévenir
la victoire parda paix, ou de commander la paiji
par la victoire.
Nous nous plaisons à reconnaître que la patrie
vous doit son salut, que la république vous devra
son aifermissement, et le peuj.le le bonheur et la
prospéTité, que vous aurez en un jour fait suc»
réder à dix années de la plus orageuse de toutfS
les révolutions qui se soient jamais opérées.
Le cit. Jard-Panvilliers , piésldeut du tribunal, a
adressé au premier consul le discours suivant :
55 Les membres du tribunal s'empressent da
îi venir mêler l'expression de leur joie aux accla-
1) malions de l'allégresse publique , sur la cam^
>' pagne, immortelle que vous venez de faire et
11 sur votre heureux retour.
)) Permettez que nous y joignions les témrti-
11 gnages de notre adrairatjon pour les exploits
'! des braves qui ont si glorieusement exécuté
»j le plan que votre génie avait conçu.
)) Le premier point du vœu du tribunal est
)) accompli ; il esi le présage de l'accomplisse*
j> ment du second (i) : vous êtes vainqueur , vous
t) serez le pacificateur de lEurope , et le bien»
Il faiteur de 1 humanité, comme vous êtes la gloire
î> de la nation française. »'
PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT.
A une heure, le préfet dû département, la
secrétaire-général de la préfecture , le conseil
de préfecture , les douze maires de Paris et leuri
adjoints , se sont rendus, à pied et en grand cos''
turoe , au palais consulaire : présentés au premiet
consul par le ministre de l'intérieur, le préfet a dits
GÉNÉRAL Consul,
Dans les fastes des empires , les victoires ,
les plus célèbres , brillantes calamités pour "
les vainqueurs , furent toujours de longs maU
heurs pour les vaincus. Les contemporains du
triomphateur détournèrent de lui leurs regards , et
la posiériic la plus reculée pleurera sur ses laurier^
sanglants. ,
Il vous appartenait, général consul ,db créer Utie
gloire nouvelle , de rendre vos triomphes cherS
auxnalions contemporaines, d'en léguer à l'amolif
des siècles l'impérissable souvenir , de les doii-*
ner en exemple aux héros qui , commb VQUs , s'é'J
ront appelés à défendre lindépfcndànce et la li-
berté de leur pays.
C'est pour la paix que vous n'avez cessé de cotn"
battre et de vaincre , c'est pour la paix que deuxl
fois vous avez conquis 1 Italie : il était dans votre
destinée de rallier au-dedans tous les partis; au-
dehors, de triompher des plus grands capitaines j
d'être à-la-fois conquérant el pacificateur , et dans
(1) Avant le départ du premier consul, le tribunal
! a^ait émis le vœu suivant ! )) Que le premier
consul revienne vainqueur et pacificateur. >>
1,U8
l'âge où Yfh pourrait n'aimer la gloire que pour
•soi , de rtfe' là supporter que pour le bonheur de
votre siècle. ■
■ Avec quel 'orgueil la France n'a-t-elle pas en-
tendu ses ennemis s'honorant en quelque sorte
de leur défaite , et consacrant les espérances d'une
paix prochaine par les acclamations touchâmes
de leur admiration et de leur estime, par des vœux
pour la personne du vainqueur!
jouissez , général-consul , jouissez de l'adop-
tion européanne. 'Vous n'appartenez plus seule-
ment à la France. Il est des hommes de qui l'es-
pèce humaine toute entière a le droit de s'énor-
gueiUir.
Cependant, heureuse entre toutes les cités , la
ville de Paris va désormais vous posséder. Cer-
taine , enfin, de votre retour, si inquieitement
désiré , ses murs retentissent de l'allégresse pu-
"blique ; et nous, magistrats, témoins de son
bonheur , organÊs de sa reconnaissance , si nous
ne savons pas vous offrir des lauriers dignes de
votre gloire , nous pouvons du moins vous pie-
senier des voeux dignes de votre amour.
Chacun de nos citoyens bénit avec nous le
premier magistrat de la république, qui, pour
l'accomplissement de ses glorieuses desiinées , va
donner la paix à l'Europe , et rendre la Fiance à
l'Univers.
Pour copie conforme ,
Le secrétaire-général de la préfecture ,
Signé Et. Méjan.
Les italiens , partant de France , à la nationfrançaise.
Français ! adieu : le premier consul nous
rappelle , nous entendons sa voix.
C'est la voix qui affermit le courage dans ses
guerriers , qui épouvante lennemi , qui annonce
notre bonheur. Sensibles monumens de vos bon-
tés ! nous répéterons sur la cime des Alpes tous
vos bienfaits , et l'écho en retentira jusqu'aux
extrémités de l'Iialie. Pénéirés de reconnaissance,
nous ne pouvons nous acquitter de nos devoirs,
qu'en apprenant au monde entier que notre nou-
velle existence est l'ouvrage de vos mains, et
qu'arrivés dans vos bras , nous avons goûié le
doux frémissement de l'amitié , l'épanchcmcnt
de la conhance. Cepeiidant il faut nous séparer :
nos mères, nos épouses éplorées , nos tenxlres
enfans , ces objets chers et sacrés de notre amour,
ont volé sur les Alpes ; ils étendent leurs bras
vers nous , ils poussent des cris d impatience , ils
nous invitent à partager avec eux la joie que
Bonaparte a ramenée dans ces Hcux enchantés.
Ah ! il faut sécher les larmes sur les paupières dés
premières , et couvrir de baisers les seconds; il
faut relever la gloire de ces victimes qui gémissent
dans des sombres cachots.
Français ! adieu : vos guerriers nous attendent.
Puissent le dieu qui veille sur les destinées des
, nations . chérir toujours le grand peuple ! Puisse
son bras redoutable accroître la puissance et les
tromphes de vos phalanges républicaines, quand
elles vont conquérir la paix , et la donner à
rUfiivers ! Puisse la tranquilHlé s'emparer de vos
cœurs et y verser ses douceurs ! Pour nous , fran-
çais, nous iravailleions à étendre votre gloire:
et notre dernier soupir , en rendant hommage à vos
vertus , fera le vœu le plus ardent pour votre
bonheur.
[Suivent les 'signatures.)
Les réfugiés italiens au cit. Oiun , préfet du
département de l'Ain.
Citoyen préfet ,
Permettez-nous , avant de quitter le départe-
ment de l'Ain , de témoigner à la nation fran-
çaise et à vos administrés, toute notre recon-
naissance ; mais comment le faire dignement?
■ Voièi une faible esquisse de nos sentimens:
si vous la trouvez digne de votre approbation ,
nous vous prions de la publier.
Salut et respect.
( Suivent les signatures. }
Le préfet du département de l'Ain arrête que
l'adresse des militaires et réfugiés italiens à la na-
tion française , monument élevé à la bienfesance
du gouvernement , au courage des armées , aux
vertus hospitalières des habitans de l'Ain , sera
imprimée au nombre de looo exemplaires , dont
plusieurs seront adressés aux ministres de l'inté-
rieur , de la guerre , de la police générale et des
relations extérieures, ainsi qu'au chef de l'étal-
tnajor de l'armée de réserve.
Fait à Bourg , le 7 messidor , an 8 de la répu-
blique française , une et indivisible.
Oz U N.
Par le secrétaire-général , Guillon.
CONSEIL DES PRISES.
OurUE les amirautés qui connaissaient des
affaires d» la mer , comme tribunaux d'excep-
tion , il existait avani la révolution un conseil
des prises qui tenait ses séances en tems de
guerre , et piononçaii sur la validiié de celles que
les armateurs français lésaient sur les ennemis
de l'état. Il était composé du grand amiral , du
minisire de la marine , et huit conseillers-d'éut ,
de quatre maîtres des requêtes dont un fesaiiies
fondions de procureur-général. Les appels se
portaient au conseil des finances, où était con-
voqué le grand amiral.
" C était donc une grande erreur , comme l'a
remarqué le ministre de la justice dans son dis-
cours d'installation du conseil des prises , d'avoir
attribué la connaissance de ces objets aux tribu-
naux ordinaires. Quand il s'agit de la justice
des nations entre elles; quand il s'agit des lois
de la guerre, et de leur exécuiion ; quand il
faut peser les trailés et décider si une naiion
est amie oti neutre , ménager avec sagesse les
iniérêis des éiats , on est étonné sans doute de
voir intervenir une autre autorité que celle du
gouvernement. )»
Telles sont les considérations qui "Ont déter-
miné larrêié des consuls du 6 germinal dernieV ,
qui établit un conseil des prises dont l'installa-
tion a eu lieu le 14 floréal suivant.
Les opérations de ce tribunal attirent en ce
moment les regards des puissances étrangères ,
non-seulement parce que plusieurs de leurs sujets
ont intérêt k ses décisions , mais parce qu on veut
juger par sa jurisprudence de lesprit du gou-
vernement et des principes qui dirigeront ses
rapports avec les nations neutres' Elles louchent
encore plus particulièrement les citoyens français
qui s occupent du commerce maritime , et mé-
ritent de fixer l'attention de tous ceux qui s'inté-
ressent à la considérjiion et à la prospériié de
leur pays. Nous avons donc pensé que nos lec-
teurs nous sauraient gré de leur donner habi-
tuellement connaissance des jugemens rendus par
le conseil des prises , et particulièrement les
discours ou mémoires dans lesquels se trouvent
exposés les principes délicats et )peu connus de
cette matière importante. Sous tous ces rapports,
nous ne pouvons choisir , pour commencer celte
communicaiion , une pièce plus cnrieuse que le
discours suivant, fait par le citoyen Portails , com-
missaire du gouvernement , à l'occasion d'une
réclamation du consul de Dannemarck.
Décision du conseil des prises sur les précautions
conservatoires du produit des prises.
Au nom de la république française une et indi-
visible , le conseil a rendu la décision suivante :
Vu le mémoire présenté au conseil par le com-
missaire-général des relations cominerciales de sa
majesté danoise près la république française ;
Vu les conclusions du commissaire du gouver-
nement laissées cejourd'hui surle bureau, et dont
la teneur suit :
Le commissaire-général des relations commerciales
de sa majesté danoise a présenté au conseil des prises,
le l3 floréal présent mois , un mémoire par lequel
il demande la mise en sûreté ou le cautionnement du
produit des ventes , dans les contestations sur la va-
lidité des prises danoises , antérieures au 4 nivôse
dernier , eans excepter celles qui se trouvaient
pendantes au tribunal de cassation. Il se dh particu-
lièrement chargé des intérêts des négocians danois.
J'ai pris connoissance de ce mémoire , d'après
l'invitation que le conseil m'a faite, par sa déHbé-
ration du 23 floréal , de donner mes conclusions par
écrit , conformément à l'article XIII (ie i arrêté des
consuls , du 6 germinal an 8 , contenant règlement
sur la manière de statuer relativement aux prises
maritimes.
Avant de m'occuper de la demande , il m'a
paru important d examiner si le commissaire da-
nois avait qualité pour la former.
Ce comissaire est un agent politique. Dès qu'il
esl reconnu par le gouvernement français , il
peut incontestablement remplir les fonctions at-
tachées à son mandat; mais peut-il, par des ac-
tions ou par des demandes, intervenir dans des
contestations particulières , mues entre des négo-
cians français et des négocians de sa nation ?
L'article XIII de l'arrêté du 6 germinal , n'ad-
met que \ts parties ou leurs défenseurs qiii justifie-
ront préalablement de leurs droits et de leurs pou-
voirs.
Le commissaire danois ne se montre pas pour
Siin intérêt propre, mais comme chargé des intérêts
d'autrui. Il n'est point partie ; il ne prétend exer-
cer que le ministère de défenseur. Justifie-t'il de
son droit et de son pouvoir ?
Il est vraisemblable qu'il n'agit qu'en vertu de
son titre de commissaire-général des relations com-
merciales. Il est possible qu'on l'ait autorisé , par
ce titre, à doiincr une attention particulière aux
contestations dans lesquelles il se dit chargé des
intérêts des négocians danois.
Mais tout tiire , que le commissaire danois ne
tiendrait que de son gouveiiienient , ne s.iurait
le rendre le véritable repré.seniani des parties. Au
gouvernement appanierit la protection , et ?,ux
parties seules , la propriéié. Un pioptiélaire peut
disposer de son bien ei exercer ses droits par
lui-même ou par autrui. Mais, chacun élant arbitre
et régulaieur de sa propre fortune, il n est libre
à qui que ce soit d intervenir dans les affaires
d'un auirc , s'il n en a reçu de lui \e pouvoir. La
mission générale donnée au commissaire danoïs
par son souverain , pour le chaiger de veiller à
l'intérêt des négocians de sa naiion, et sunout
de ceux qui ont essusé des prises, ne suffirait
donc jamais pour établir ce coiiiuiissaire man-
dataire , proprement dit , de chacun de ces né-
gocians.
Dans les principes du droit politique, la mis-
sion du commissaire danois est esseniiellemenj
limitée aux bons offices d un protecteur qui re-
commande . et ne s étend pas aux actes d'un fondé
de pouvoir qui régit ou qui dispose.
Je conviens qu'un droit plus ancien et plus
sacré que le droit politique , je veux dire le droit
social , autorise tout hoiiime à suivre les affaires
d'un absent qui ne connaît pas sa situaiion per-
sonnelle , et qui a besoin des secours spontanés
de celte bienveillance naturelle dont le germe n'a
pu être entièrement étouffé par nos vices . et dont
le droit civil s'honoie de sanciionner les effets (i).
Il a été reconnu , dans tous les leras et chez tous
les peuples policés , qu'un homme, à l'insçu de
son semblable , peut lui faire du bien . et que s il
n'est jamais permis de faire le préjudice d'un
aulre , il I esi loujours de contiibuer à son avan-
tage , quoiqu il n'en ait pas donné le mandai. (a).
Le commissaire danois , à défaut de loiii mandat
pariicu!ieï ou spécial , pourrait pcui-êire se préva-
loir de CCS principes pour justifier les démarches
qu'il fait , auprès du conseil des prises , dans la
cause ou dans les aff.jires de ses compauioles
absens. Oui les défendra , s'il ne les délciid pas ,
et si par leût éloignement ou par d autres circons-
tances , ils sont dans 1 impossibilité de se défendre
eux-mêmes ?
Cependant , comme dans létal de nos sociétés ,
il imporie au mainiien de l'ordre .public et à la
tranquillité, ainsi qu à la sûreté des particulie »,
que les actions en justice ne soient pas populaires ,
il est de maxime constante el universelle que l'in-
rérêt seul est le principe de faction , et qu'il faut
être pnnie ou muni d un pouvoir de la parlie ,
pour pouvoir intervenir dans un litige. On a cru
qu'il était nécessaire de prévenir les incursions dan-
gereuses que des esprits entreprenans ou inquiet»
peuvent faire dans des choses qui ne les concer-
nent pas. On a cru encore que , pour arrêter tes
indiscrétions d un faux zèle , il était utile de pres-
crire des limites à la bienfesance même.
Mais on a établi , près toutes les administra-
tions et tous les tribunaux, un ministère public,
connu aujourd'hui en France sous le nom de
commissaire du gouvernement , qui est le défenseur
né de tous ceux qui n en n'ont point , qui est parr
lie principale dans les affaires importâmes , et
partie jointe dans toutes. Cette insiiiuiion admi-
rable , qui manquait aux anciens , est une barrière
contre les surprisel, les dénis de justice , les vio-
lences et les abus. La parlie publique agit , et
tous les droits sont conservés. Elle Viille, et tous
les citoyens sont tranquilles. Elle exerce toutes les
actions du public. Elle est la vive voia du faible et
du pauvre. Elle représente les absens, et, parmi
nous, une de ses principales fonctions, selon le
témoignage du savant et vertueux d'Aguesseau , est
de faciliter l'accès de la justice aux étranuers , de
proposer leur défense , de leur offrir un appui,
et de se rendre à leur égard le garant de la loyauté
nationale.
Le commissaire danois ne doit donc point
s'alarmer , si je réclame les règles qui ne permet-
tent qu'aux parties ou à leurs fondés de pouvoirs
d'exercer des actions , et de former des deman-
des. L'intérêt de protection qu'il doit à ses com-
patriotes , suffit pour lautoriser à éclairer la reli-
gion des membres du conseil par des notes , par
des instruct'tons. , par des mémoires. Jamais on ne
doit dédaigner les moyens de connaître la vérité.
De quelque part qu'elle vienne , elle a des droits
sur l'esprit et sur le cœur des hommes.
La suite demain.
(i) Digeste, liv. III, fit. 5. De negotiis gestis ,
loi I : hoc edictum necessarium est , quoniam magna
utilitas absentium versatur , ne indejensi
patiantur.
(2) Si quis absentis negotia gesserit , licet igno-
rantis\, lamen quid quid utiliter in, rem ejus impen-
derit. . . . habeat eo nomine aclionem. L. II , ibid.
Sufficit , si utiliter gessit. L. X.
.A Paris , de l'imprir-ierie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevin's , n" |3,
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL
N" 285.
Quintidi , i5 messidor an 8 de la république française une et indivisible.,
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , cju'à dater du 7 nivôse le MONITEUR esc le seul journal officiel.
contient^ les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances minlscérleUes,
Un article sera pamculléremenc consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ITALIE.
Milan , le 4 messidor.
Bonaparte, premier consul de la république,
arrête :
■ Art. I". Les citoyens Morin et Favre , capi-
taines, l'un aide-de-camp du général de divi-
sion Dupont , et l'autre du général de bri-
gade liivaud , sont promus au grade de chef
d'escadron.
11. Le citoyen Lamberty , capitaine surnumé-
raire au 2^ régiinent de Cavalerie, est promu au
giade de capitaine en pied.
III Le citoyen Petiiot , sous-lieutenant au 2'
de cavalerie, est élevé au grade de lieutenant. Le
citoyenjallaud, adjudant dans le même corps ,
est nommé sous-lieutenant. Le citoyen Veilanie ,
maréchal-des -logis au se régiment de cavalerie,
est promu au grade de sous-lieutenant.
II. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
-tUlion du présent arrêté.
Le premier consul , jign«', Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Arrêté 4u même jour.
Bonaparte, premier consul de la république
française , arrête :
Art. I". Les citoyens Gaiand, adjudant au 20'
régiment de cavalerie ; Velin , maréchal-des-logis
au même régiment; Brunet, dragon au g* régi-
ment , sont promus au grade de sous-lieutenant
desdits régimens.
Le citoyen Dubois , volontaire , est promu au
grade de sous-lieutenant.
II. 11 sera accordé une grenade d'or aux ci-
toyens Reinal. canonnier au î« régiment d'ar-
tillerie lésere : Mi«n«rnt . bria-adipr"H>» ''•> Rarde
des consuls ; Renaud , canonier au i" régiment
d'artilleiie.
III. Il sera accordé un sabre d'honneur au
citoyen Conrad , lieutenant du 2' régiment
d'ariillerie.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé, H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république,
arrête ce qui suit :
Art. I"'. Il sera accordé un sabre d'honneur au
citoyen Alix, chef d'escadron au 2' régiment de
cavalerie , au ciioyen Gérard , chef d'escadron au
so' régiment de cavalerie , et au citoyen Têtard ,
capitaine au mêftie régiment.
II. Les citoyens Leriche , Lebœuf, Pasteur,
cavaliers au 2' régiment , et le citoven Godin ,
cavalier au 20*, recevront un sabre d'honneur.
III. Il sera délivré des baguettes d'argent au
citoyen Conetil . tambour de la 8*^ compagnie
du I" bataillon de la 40° demi-brigade,
IV. Il sera accordé un fusil d'honneur au citoyen
George Auplil, conscrit de la 3o' demi-brigade
de ligne.
V. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté
Signe, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Au quartier- général à Milan , le 4 messidor , an 8
de ta république française.
Bonaparte, premier consul delà république
française voulant donner à la nation piémontaise
une nouvelle preuve de l'affection et de la
loyauté du peuple français , arrête :
Art I". Il sera établi à Turin une consulta
chargée de préparer l'organisation du gouveine-
inent piémontais , et de rédiger les lois et régle-
mens relalifi aux diverses branches de T'adminis-
tiaiio't {ubltque.
II. La consulta sera composée de 3o membres ,
et elle sera présidée par le ministre extraordinaire
du gouvernement français.
III. La consulta pourra se diviser en sections;
mais les travaux préparés par les sections seront
examinés et approuvés par l'assemblée générale
qui ne pourra être convoquée que par le pré-
sident.
IV. Tout acte de gouvernement est interdit à
la consulta. Elle donnera seulement son avis sur
les projets que la commission provisoire du gou-
vernement soumettra à son examen , et rédigera
les lois et réglemens qui lui seront demandés par
la commission.
Signé, Bonaparte.
Pour expéditipn ,
Le conseiller-d'état détaché près le premier consul ,
Signé , Petïet.
Alexandre Bertier , général en chef ,
En conséquence de l'ordre du premier consul
Bonaparte , en date dii 4 messidor , arrête :
Art. I"^. Sont nommés membres pour composer
la consulta établie par arrêté du premier consul
de la république française , en date du 4 messi-
dor , les citoyens :
Avogadro , ex-membre du goiivernement pro-
visoire.
Bay , homme de loi, propriétaire.
Besso , ex - commissaire du gouvernement
provisoire.
Boita., ex - membre du gouvernement pro-
visoire.
Capriata , ex-membre du gouvernement pro-
visoire , homme de loi.
Chateauneuf, membre de la municipalité de
Verceil.
Cilavegna , ex-municipaliste de Voguere.
Dallegre , chanoine
visoirêl'' " ~-"-hre du gouvernement pro-
Fava, ex-membre du gouvcrt» ^ _. . .
Francia , homme de loi. "^
Gambini , ex-secrétaire-général du gouverne-
ment provisoire.
Gardini , ex-commissaire du gouvernement
provisoire.
Geymet , ex-membre du gouvernement pro-
visoire.
Lavilla , ex-comte.
Marcarini.
Martinet , homme de loi.
Negro , négociant.
Nizâti , ex-baron.
Pacciotti , prêtre.
Pavesio , bibliothécaire national. .
Piossasco , ex-comte.
Ponte de Lonibriasco , ex-comte.
Régis , théologien-professeur.
Ricardi , propriétaire, homme de loi.
Ricati , Pierre,
Saint-Martin de la Motte.
Tonso , homme de lettres de Mottaie.
Tosi , homme de loi.
Vassalli , professeur de physique.
II. Le général Dupont remplissant provisoi-
rement la fonction de ministre extraordinaire du
gouvernement français à Turin ; le général Tur-
reau , commandant militairement dans le Pié-
mont, se concerteront en te qui les concerne ,
pour l'exécution des disposhions du présent
arrêté.
Turin , le 8 messidor , an S de la république
française.
Signé ,A\er!.. Berthier.
Pour copie conforme ,
Le général de division , Dupont.
Au quartier-général à Milan , le 4 messidor an 8.
Bonaparte , premier consul de la république
française, considérant la nécessité de pourvoir à
ladministration du Piémont, jusqu'à 1 organisa-
tion.définitive de son gouvernement, arrête :
An. 1". Le gouvernement du Piémont sera pro-
visoirement exercé par une commis,sion de sept
membres qui réuniront tous. les pouvoirs , excepté
le pouvoir législatiret le pouvoir judiciaire.
II. Cette coTrimission proposera à la consulta
établie par arrêté de ce jour, les loij et régle-
mens qui lui paraîtront nécessaires.
III. Elle pourra conserver dans les tribunaux
actuels les juges en exercice , ou les remplacer
à son choix.
IV. Elle établira dans chaque arrondissement
un commissaire , qui sera chargé de tous les dé-
tails de l'adminisiraiion.
V. Chaque commissaire aura sous ses ordres les
agensmunicipauxettous les fonctionnaires publics
de son arrondissement. Il correspondra directe-
ment avec la commission de gouvernement.
VI. Les impositions actuelles seront maintenues
telles qu'elles ont été établies pour l'an 1800. La
commission en pourra créer de nouvelles avec le
consentement formel de \îconsuUa.
VU. Tous les fonctionnaires sont tenus de res-
ter à leur poste , et de continuer leur service sous
l'autorité du gouvernement provisoire , jusqu à ce
qu'il en ait ordonné autrement.
Signé, Bonaparte.
Poui expédition conforme.
Le conseiller-d'état détaché près le premier consul.
Signé Petïet.
Alexandre Berthier , général en chef.
En conséquenee de l'ordre du premier consul
Bonaparle , en date du 5 messidor , arrête :
Art. I"". Sont nommés membres pour composer
la commission établie par arrêté du premier con-
sul de la république française , pour exercer
provisoirement le gouvernement du Piémoi;it ,
les citoyens :
Avogadro , ex-président du sénat dç Turin.
Baudisson , ex-professeur du droit canon.
Botton , ex-inlendent-général.
Braida , ex-avocat des pauvres.
Cavallt , ex-comte.
Galli, ex-présàdent delà chambre des comptes.
Rocci , ex-secrétaire des relations extérieures.
II. Le général Dupont remplissant provisoire-
gouvernemënl"1rançâis~a""l'af)n"",'"Èr"rfe'"génér'al.
Turreau , commandant militairement dans le
Piémont, installeront le gouvernement provi-
soire du Piémont, demain à quatre heures après
midi.
Turin , le 8 messidor an 8 de la république
française.
Signé Alex. Berthier.
Pour copie conforme ,
Le général de division , Dupont.
Au quartier-général à Milan , le 4 messidor an S
de la république française.
Bonaparte, premier consul de la république
française , arrête :
Art. I". Il sera établi un ministre extraordinaire
du gouvernement français à Turin.
II. Ce ministre sera chargé de tomes les rela-
tions avec le, gouvernement piémontais ,, et pré-
sidera la consulta.
III. Il sera spécialement chargé de veiller aux
intérêts de la république , et à te que les somr
mes provenant des contributions extraordinaires
ou lui appartenant de toute autre manière ,
soient perçues par le irésoiier pour être em-
ployées aux besoins de l'armée,
IV- Les fonds versés dans la caisse du tréso-
rier ne pourront en sortir que par les ordres
du ministre extraordinaii^e et pour les besoins
de l'armée
i V. Le ministre extraordinaire pourra seul con-
voquer l'assemblée générale de la consulta , établie
par l'arrêté de ce jour, il' présidera celte assem-
blée lorsqu'il y assistera , et en cas d'absence ,
il désignera celui des niembres qui devra le rem-^
placer pour la séance seulement.
Signé, Bonaparte.
Pour expédition conforme ,
Le conseiller-d'état détaché pris le premier consul.
Signé , Petïet.
Pour copie , Signé . Alex. Berthier.
Pour copie conforme ,
Lt général de division, Dupont.
ANGLETERRE.
" îsondres , ft 27 juin, ( 8 mmiitûr. )
Chambre des pairs. — Séance du i^juin.
ï.e comte Temple , accompagne an chancelier âe
l'échiquier et de plusieurs autres membres de la
chambre des communes, préseiile un bill inliluié :
Actepourl'unio7ide laGmnde-Bretagneel deilrlande'.
Ordonné qu'il soil remis sur le bureau.
La première lecture a lieu sur la motion de
lord Greriville. — L'impression est ordonnée.
Chambre des comm-uney. — Sïzmr* du ^3 juin.
L'ordre du jour appelle la formation d'un
comité pour prendreen considération le bill relatif
aux institutions monastiques.
M. Windham. Je crois qu'un bill de cette na-
ture , s'il était de quelque utilité , aurait pu
être mieux rédigé. Mais je ne puis çn découvrir
la nécessité. Je ne puis voir sans étonneraent
que l'on s'effraie des dangers du papisme à la
fin du i8' . ou , si l'on veut , au commence-
ment du 19' siècle , lorsque les progrès rapides
des français en Allemagne et en Italie menacent
■ délivrer le monde entier à l'empire de l'athé'isme.
Je croyais que les Voltaire , les Diderot , les
Dklïmbert, secondés des Hume et des Gibbon,
avaient écrasé la tête de l'hydre , et que leurs
ouvrages nous garantissaient assez de l'influence
de 4 ou 5,000 français , restes infortunés de
l'église gallicane. Craint-on que , comme une
seconde colonie troyenne , ils ne multiplient et
ne fassent revivre leur doctrine surannée ? Ce
n'est point une poignée d'émigrés qui relèvera
les institutions monastiques en Angleterre. Dira-
t-on que les moines ne sont que des paresseux
inutiles à la société ? Mais ils ne sont pas plus
paresseux que l'homijie indépendant , qui vit
d'une fortune qu'il n'a point acquise lui-même,
et l'on sait combien les moines , dans différentes
parties du monde , ont enrichi de leurs travaux
les sciences et la littérature. Ferait-on un crime
à des vieilles tilles d'être convenues de ne point
sortir des murs de leur jardin , tandis que l'on
permet à celles qui ne vivent point au couvent
de passer leurs- soirées au jeu et au spectacle ?
'Pourquoi craindrons-nous que le papisme fasse
plus de prosélytes que les autres sectes dissi-
dentes ? Ce n'est point par l'intervention de la
législature que les conversions doivent être em-
pêchées. C'est au clergé anglican à les prévenir
par sa piété, sa vigilance et l'exemple de ses
venus, je me souviens qu'il y a peu d'années ,
■les jardiniers du voisinage de Londres crurent
qu'il serait plus sûr de garantir leurs pépinières
rpar acte du parlement, que par de boniiej^(jpV|j'^
■voulut point ajouter à la sévéri'ié du code pénal,
■et les renvoya en leur disant : vigitantibus et non
dormientibus. On peut en dire autant à ceux qui
craignent pour notre église. Mais depuis quelque
tems l'usage s'introduit de s'adresser dans toute
occasion à la législature et avec autant de faci-
lité , que s'il ne s'agissait que d'aller chercher
de l'eau à la fontaine de la paroisse.
M. Windham fait l'apologie de la vie mon^ti-
que , et prétend que l'effet du bill serait de dési-
gner les catholiques romains comme des objets
de persécution. Ce serait d'autant plus cruel , dit
M. "VVindham , qu'il semblerait que nous eussions
profilé du tems 011 la tempête les a jetés parmi
nous, pour les 'atteindre du glaive de la loi. Un
honorable membre a appelé ce bill, JVîm-iaùtng-
iiitl (i). je crois que lui et moi , nous avons changé
de côté . et il représente dans cette occasion le
taureau échappe' au milieu des religieuses.
Sir H. Sàinl-John Mildmdy. Je n'ai proposé le
biU actuel que parce que j'ai toujours regardé
l'influencé de la religion catholique romaine ,
comme essentiellemeRt contraire à la sûreté de
notre constitution. Ce bill , au surplus, ne fait que
corroborer les dispositions de l'acte de 1791 . et
SI cet acte fut nécessaire à une époque otà il
n'existait aucun danger, la chambre ne croira
•pas devoir se relâcher de sa vigilance, lorsqu'il
est avéré que les catholiques , recueillis dans ce
pays , emploient tous leurs efforts pour faire des
prosélytes et n'ont que trop de succès. Ce n'est
point à mot seul quil faudrait attribuer ce qu'il
pourrait y avoir de repréhensible dans ce ' bill.
L'acte de 1791 , auquel il est conforme , fut pré-
senté par le savaiit inerabre , alors procureur-
général , soutenu par le 'procureur-général actuel ,
piar le ■chancelier de l'échiquier , et le irès-hono-
rable membre lui-même appuya dahsle tems un
bill de la même natUTe".
La première partie du bill terid'àcTnpêtfher
les prêtres français émigrés d'établir des monas-
tères -dans ce 'pays ; la Sec'ortde apour objet de
les empêcher de iéduire des enf.ms protestans.
L'opposition que le bill a éprouvée hors de la
chambre prouve 'assez la nécessité de le passer.
Les catholiques romains angLis ont imptudcm-
(\) 'Comb'àt-'coTvlre-ks ■religieuses , tx^fession fesant
allusion aua combats de taureau. (Bull-baiting. )
ii5o
ment fait cause commune avec les émigrés fran-
çais. J'espère que la chambre ne verra point
tranquillement subvenir et miner là constitution.
Liiifluence d'une secte ne doit pas être calculée
par le nombre de ceux qui la professent. Les
cathôliquîs qui sont aujourd'hui aux protestans
comme l à 100 ,|élaient en 1787 comme 1 à 200 ,
et l'on sait qu a cette époque , ils étaient tout-
puissans dans l'état. Il me serait facile de prouver
I ardeur des catholiques établis dans les provinces
pour faire des prosélytes ; je n'aurais qu'à montrer
une lettre que j ai en ma possession. Elle est
de l'évêque de Saint-Pol de Léon. C'est une
réponse à l'évêque de 'Winchester qui lui avait
écrit au sujet de ces conversions imprudentes.
Le prélat français , loin de les nier , bse en faire
l'apologie.
M. Jones. Je ne prendrais point la parole si
je n'y avais été provoqué (baited) , par le très-
honorable membre ( M. Windham. ) Il a fait allu-
sion à quelques expressions" dont je me suis servi,
et que sans doUTeilabien entendues. C'est un avan-
tage que je n'ai pas toujours avec lui, quand il
parle : j avoue que je n'entends gueres plus
de la moitié de ses discours , tous pleins de
métaphysique.
Le bill actuel me paraît d'une nécessité ur-
gente. Le pamphlet publié en dernier lieu par
le docteur Duignan , prouve qu'un homme ne
peut pas être bon catholique sans chercher à
faijre des prosélytes. L'honorable baronet (sir
H. St. J. Mildmayjm'afaitl'honneurde me montrer
une lettre de l'évêque de Saint-Pol de Léon. Ce
prélat jusiihe. la conduite du clergé de sa ^dé-
pendance, établi dans les environs de Winchester.
Un homme célèbre (M. Burke ) , pour la mémoire
de qui j'aurai toujours le plus grand respect, a
dit que l'âge de la chevalerie était passé. Moi , je
dirai que l'âge du papisme est venu. Le très-hono-
lable secrétaire de la guerre est devenu le vrai
champion du papisme. Je ne serais pas étonné
qu'il élût un pape , et qu'il lui procurât un siège
dins cette chambre. Le très-honorable membre a
dit que lui et moi nous avions changé de côté.
II en change si souvent que je ne sais quel
rôle il prétend jouer cette fois. Nagueres c'était
un honnête Jolm Bull , le vigoureux avocat des
amusemens rustiques et des combats de taureaux ;
aujourd'hui c'est un révérend moine , parlant
de la papauté avec autant d'ardeur que s'il ga-
loppait sans frein parmi son troupeau de reli-
gieuses.
M. Dudley Ryder prétend que , loin d'exposer
les catholiques romains à la haine publique , ce
bill a pour principal objet de les protéger et de
faire tolérer leur séjour à l^,';.'-*--' — '^ -oi.>„
aueauelaue réci--^'" j '^. ''^ '^ "^'"""e "« soit
9SÊ/l?VTv'Sr'^|fesition deviendra pénible et dan-
gereuse. La conduite exemplaire des prêtres exilés
les a rendus de dignes objets de la bienveillance
nationale ; mais on doit plutôt considérer le bill
actuel comme un bill de faveur que comme un
bill de sévérité. Je ne lui reprocherai que de
pousser trop loin la modération. Le rrès-hono-
rable membre (M. Windham) a blâmé ce bill en
ce qu'il tendait à la suppression des monastères.
C'est un argument qui m'a étonné. La vie mo-
nastique est généralement condamnée , même
dans les pays catholiques romains , et je ne m'at-
tendais pas à en entendre faire l'éloge dans la
chambre des ^ramunes d'Angleterre. L'hono-
rable baronet aurait pu citer divers exemples de
jeunes gens séduits par ces sociétés religieuses.
Il a eu la prudence et la délicatesse de s'en abs-
tenir. Si les maisons les plus marquantes a\>aient
été désignées , elles auraient pu devenir l'objet
d une fureur semblable à celle qui animait la
populace , conduite par lord George Gordon.
M. Hobk'ôust voit une grande différence entre
ce qu'on nomme les papistes et les catholiques
romains habitant la Graiide - Bretagne. Les der-
riiers , à peu d'exceptions près , ont renoncé à la
suprématie temporelle du pape , à cette doctrine
qui enseigne que la foi avec les hérétiques ne doit
pas être gardée; enfin , à tout ce qui est incompa-
tible avec la fidélité qu'ils doivent au souverain
et aux lois du pays. Après cela , c'est une injus-
tice de ne les point mettre sur le même pied que
les autres dissidens. Jamais il n'y eut moins de
sujet pour être sévère. Les prêtres catholiques
émigrés sont en grand nombre en Angleterre.
Mais ils se conduisent tous bien. Beaiicoup d'entre
ebx retournent dans leur patrie ; et quand ils au-
raient r-mt^mion vils n'ont pas les moyens de
faire du mal. Les statuts qui existent sont plus
q\ie s'uffisans pour parer au danger: par l'un de
ées statuts, tout houinrte convaincu d'avoir re-
noncé à son allégeance et de s'être réconcilié avec
le siège dé Rome , est cottp'ablé de haute trahison.
Ces -statuts sont la 'honte- de notre code , éi ,
qtibiq-ue loinbés 'en désuétude , ils sont en effet
autant de poignards jetés ça -fet là , que le pre-
mier bigot "intolérant peut ramasser pour s'en
servir. - .
On prétend, continué M. Hobhouse „ que l'on
peut' citer des faits. Je puis assurer que les reli-
gieux catholiques désirent eux-mêmes i'e"nquêie
de leur conduite. Ce n'est pas sur des oui-dire
que la chambre doit passer un bill pareil. Leà
sociétés , dont on s'effraye, ne sont formidables
ni p.Vr leur nombre , ni par leilT opulence . ni pat
leur zèle. Les couvents d hommes sftnl au nom-
bre de 17 ; ils contiennent entre 2 où 3oo indi-
vidus; lès côuVems de filles ne passent pas le
nombre de 7 ou 8, et les religieuses qu'ils ren-
ferment, n'excèdent pas celui de 54. Depuis
1794, il est mon 60 moines ou religieuses, et il
n'y en a eu que 24 de remplacés. J'ai l'autorit^
des abbessés et des directeurs les pins respec-
tables pour affirmer que jainais ils n'ont aiii'mis
dans leurs couvens des enlans qu ils sussent ap-
partenir à des parens protestans. Ces faits me
sont confirmés par la lettre d'un noble lord
(L. Peter) qui réside dans la province de Wilt-
shire , et qui jouit de T'estiine de tous Ceux dont
la croyance n'est point la même que la sienne.
M. Hobhouse ne peut regarder comme un
bill de faveur, un bill qui défend aux reli-
gieux d'entretenir leur nombre , et les con-
da.nne ainsi à survivre solitaires à ceux de leurs
compagnons qu'ils pourront avoir perdus. Il re-
garde comme tyrarinique et oppressive la clause
qui soumet les couvens aux visites domiciliaire»
tles magistrats , et ce bill lui paraît sur-tout impo-
litique au moment où la Grande-Bretagne est à la
veille de s'unir avec l'Irlande , et où la perspective
de l'émancipation des catholiques a été oflette aux
Irlandais.
Sir William Scott voit dans ce bill un vice ra-
dical. Il ne frappe que le clergé régulier, tandis
que la plupart des institutions , dont on se plaint,
sont formées par le clergé séculier. D'ailleurs ,
pour qu'il fût nécessaire , il faudrait prouver quç
la religion dominante est en danger. La con-
duite des prêtres émigrés est exemplaire. On dit
qu'ils se disposent à retourner en France; c'est un
point peu sûr , mais d'où devrait dépendre la
décision de la question. Si leur résidence en An-
gleterre n'est que temporaire, il est facile de les
surveiller sans l'intervention de la législature ;
mais si leur séjour doit être permanent, il con-
vient que le parlement s'y oppose. Les institu-
tions monastiques ne sont point essentielles à la
religion catholique ; aucun décret du concile de
Trente ne les a sanctionnées , et elles sont sur-
tout contraires à l'esprit de la religion et des lois
de l'Angleterre. Ces corporations finiraient par
être formidables et dartgereuses. Les sociétés
sont toujours plus puissantes que les individus ,
et un prêtre de paroisse ne pourrait jamais lutter
contre un couvent florissant. Les enlans et le»
domestiques seront convertis par milliers , et à
moins que l'on ne dise qu'il est indifférent que
les basses classes se réconcilient avec le siège Je
Sôme, on ne peut tolérer de pareilles institution»
p<"-^anpntes. Tout, ce que la prudence exige
envers les iciigicuA csiUc tes assujcitn au^ diapo-
tjons de ïalien-acl, et de les obligera envoyer à
'"févêque diocésain l'état du nom et dé la cc/ndi-
tion des individus qui résident dans les couvens.
iW. £rj*m« regarde le bill acttiel comme tendant
à mitiger la sévérité des lois existantes contre les
catholiques. Sans ce bill, les prêtres catholique»
conriniieraient à agir illégalement , et s'expose-
raient ainsi à des peines sévères. Il est défendu aux
catholiques , par le 3i' de S. M. de célébrer au-
cunes de leurs cérémonies autrement que les
portes otjvertes, et tous les lieux destinés au cillte
peuventêtreinspectésàtouie heure par quiconque
en a la fantaisie. Par-tout où les corporations reli-
gieuses sont admises , elles acquièrent iDientôt une
influence sans bornes. 'Touies les petites'villes de
France étaient sous l'autorité dés couvents. Là
mêrtie chbse arriverait en Angleterre.
M. Erskiné ajoute qu'il paraissait injuste, après
avoir accordé un azyle à ceux que la tempête
de l'adversité a jette sur nos côtes, de refuser la
rriême grâce à ceux qui pourraient y naufrager
encore ; il est facile d'éditer ce 'reproché en OiWet-
lânt dànî le texte 'du bill ces ïn'ots : résidant 'màiir-
tenant dans le royaume. Lé roi serait autorisé à ac-
corder des permissiotis aux nioines et religieuses
qui se réfugieraient en Angleterre à l'avênit. Maii
qu'au bout de 20 années d'une tolérance sati*
exemple , qu'après avoir accordé aux prêtres
émigrés plus de privilèges que n'en ont les sujets
anglais , la nation soit accusée d'injustice parce
qu'elle leur deiiiahde comme unique sûreté de
sa religion de ne poiiift propâ|èr-te lfe4ir , t'eit tlne
chose révoltante.
M. Shéridan. Les avocats du bill n'ont point
allégué un seitl fait à son appui ; ils n'ont pas
mêm'e "essayé de prouver l'incdnduit'e des per-
sonnes qui doivent être affectées par ses dispo-
sitions. C est doncsurune simpbe rumeur, sur des
alarmes locales et sans fondement, que la chambré
est invitée à passer une loi. Je voudt-ais entendre
au moins citer un fait positif lorsqu'on nous pro-
pose des mesures dune pareille dUreté en*«rs
ceux que nous avons reçus génére<ise«iént, et qui,
jirsqu'ici, ont été bien loin de se montrer ingrats.
Ce bill , que l'on ne veut, point considérer comme
pénal , assujettirait, par ses effets , les sujets du
toi aux réglemens de Valien-act. Mon savant ami
a allégué le 3i' de S. M. Il le connaît mal , oa
il eti a oublié les dispositions. Cet acte permet aux
catholiques romains de devenir diacres et prêtres,
et d'tnlrer dans des communautés. Ces institu-
tions, telles qu'elles existent ici, sont différentes
de ce qu'elles sont ailleurs. La sanction du roi ne
tend ni à donner de la validité aux vûeux monas-
tiques , ni à en punir l'infraction.
Tous les réglemens du bill actuel sont faits pour
insulter 1 orgueil , pour alarmer les sentimens des
catholiques romains de ce pays , qui , comme
hommes et comme sujets, tiennent la conduite
la plus exemplaire. En quoi consiste la délicatesse
et la retenue dont se vantent ceux qui approuvent
cette mesure ? A ne pas désigner certaines mai-
sons, certaines personnes, à ne pas exposer aux
fureurs populaires ceux que nous avons pris sous
notre protection spéciale, je prétends qu'une
pareille délicatesse expose et les catholiques
étrangers et les catholiques anglais. On devrait
se souvenir des horreurs de 1780 et trembler. Des
alariiies reliuieuses furent le prétexte; le pillage,
le massacre et 1 incendie 1 objet véritable. La po-
pulace ulie fois émue , il n'est paj aisé de la répri-
mer. Mais depuis quelque tems chacun veut être
législateur, sans s'embarasser du danger de faire
de nouvelles lojs , lorsqu'elles ne sont pas pres-
crites par une nécessité urgente.
Je suis lâché d'entendre comparer les tems
où nous vivons au tems de Charles II. Cet
esprit de tolérance qu'on préconise ne me parait.
ii5i <-
parun mouvement subît, la fureur des combats ,
et, avec le sang-froid d'une méditation tranquille ,
vous avez dicte sur-le-champ de bataille les con-
ditions de la paix qui doit faire le bonheur de
lEurope. )>
— Le ministre de la marine ayant fait passer,
dans les ports , une circulaire de l'amirauté
d'Angleterre, qui enjoignait à tous les com-
mandans anglais de ne plus molester les pê-
cheurs, nouï eussions dû croire que cette classe
intéressante n'iiurait plus éprouvé de vexations
de la part de 110s ennemis ; mais le rapport
qui a été (ait par le pêcheur Vannier , portant
que le cutier anglais qui croise devant Fccamp ,
lui avait enlevé tout son poisson , nous a prouvé
que notre espérance était vaine.. Cette conduite
a déterminé le. chef de l'étal-major delà marine
au Havre décrire, par un parlementaire, au
capitaine de la frégate qui était à vue du port ;
il lui a envoyé la copie littérale de la circu-
laire de l'amirauté , lui demandant s'il l'avait
déjà reçue , et linvilant alors d'en donner con-
naissance aux capitaines des cutters de sa nation ,
qui molestent nos pêcheurs , en leur enlevant ,
sans le payer, le. fruit de leur travail. Le capi-
taine Gasselin , commandant la frégate anglaise
la Sjirene , lui a répondu qu'il avait reçu des
ordres d'e l'amirauté , semblables à ceux dont
il est fait mention plus haut , et qu'il s'y con-
formerai! strictement ; qu il était étonné que les
je l'avoue, qu'une persécution mitigée. Je ne vois pêcheurs se fussent plaints , tandis que les capi
point de plus grande violation de toute décence taines sous ses ordres lui avaient assuré qu'ils
et de toute délicatesse que de soumettre à l'ins-
piciion drs magistrats les séminaires catholiques ,
saris y soumettre également les maisons d'édu-
cation des autres sectes. Pourquoi présumer
faussement que la religion catholique , soit plus
dangereuse que les autres religions? Comment
les auteurs du bill , dans cette circonstance ,
s'occupeni-ils si peu de l'évidence des faili ? f^i
des faits à produire , et comme les nouveauj^
législateurs fie paraissent pas attacher une grande
importance .aux faits , je leur demande pardon
d'abuser de leur patience.
Ici M. Sheridan cite tous les renseianemens
payaient toujours le poisson quand ils le pre-
naient; mais qu'il s'assurerait des faits , et que
dorénavant pareille plainte n'aurait plus lieu.
La demande du chef d'état-itlajor àe la ma-
rine était nécessaire , 1° pour assurer la tran-
(Juillilé des marins qui s'adonfient à la pêche ,
et s° pour connaître si l'amirauté avait donné
exactement les ordres que l'bumanité réclamait <
et dont la république avait donné 1 exemple.
( 'Bullttin du Havre 11 messidor.)
MINISTERE DE LA MARINE.
qu'il s'e=i procurés; d'où il résulte quelles mai- i ■^«'"■« ""'" ï""' '« général de division Dugua au
tresses d'écoles cadioliques , loin d élever de jeu- j mmstre de lamànne. — Golfe-Juan , le 27 prai-
ries filles protestantes gratis dans l'espoir de les | '''*' <"• "• . - ;
convertir, n'admettent sous aucun prétexte dans I Citoyen ministre, je suis parti d'Alexandrie
leiirs maisons, des enfans qui ne soient pas ca- | d Egypte le a6 ventôse , par ordre du général
tholiques. Il dément le bruit ridicule qui avait Kleber , pour me rendre en France sur le bâ-
attrîbué aux prêtres catholiques la conversion timent la Vengeance , pinque génoise montée par
de 2.000 servantes dans un seul comté. Sur 17 le capitaine français, Bernard ( de Cannes ), dé-
couvens établis en Angleterre , g seulement re- parlement du Var. Ce bâtiment et le capitaine ,
çoivent des pensionnaires, et il est plus con- ainsi que le makre d'équipage et un mousse ont
venaible de permettre aux catholiques anglais été retenus à Malte par le Commodore anglais ,
de faire élever leurs enfans dans ces fflaisoîis, | Trowbridge. Je vais vous rendre compte des cir-
que de les laisser dans la nécessité de les envoyer I constances qui nous ont mis entre ses mains;
eh France ou dans tout autre pays , où leurs I vous jugerez de I intérêt , que le gouvernement
principes moraux et politiques peuvent bien plus i doit prendre au capitaine et au bâtiinent dont
aisément se corrompre. Le' bill actuel pourtiit ' la prise me paraît de la plus haute injustice.
bitn être le résultat de motifs qui ne sont nul-
lement religieux, et devoir son origine à l'es-
prit de défaveur qui s'est manifesté contre les
émigrés dans certains endroits , notamment à
Winchester , où l'on n'est pas content de voir
unt garnison de piètres français occuper le châ-
teau du roi. M. Sheridan cite la controverse
qui «est élevée etïtre le docteur Siurges et le
docteur Milner , et enfin lé traitement cruel
éprouvé par l'abbé Fleury dans la province de
Hainpshirc. Ce respectable ecclésiastique , dit-îl ,
s'est vu enlever de chez lui par un ordre du
secrétaiie-d éijt sans qu'aucun crime lui ait été
imputé , et malgré de nombreux témoignages
en laveur de sa conduite de la part de per-
sonnes , qui l'avaient observé pendant un es-
pace de 7 ans. — M. Sbéridan offre de sou-
metli« à l'examen d'un comité tous les docu-
ment qui viennent à l'appui de ses assertions.
■ 'Ledodteu'r i,nu/jtnce parle dans le même sens qtie
M. Sheridan. ■
■ \.3 formation du comité a lieu à la majo-
rité de Sa voix contre 24. — Elle est suivie de
l'ajournement.
( Exilait du Courier de Londres. ]
1
R.
N T E R I E U
Paru ., le i 4 messidor.
Lr i3 tnessidor , à l'issue de sa séance , l'i«stitut
national s'est rendu en corps chez le premier
consul. Le citoyen Camus .qui présidait à cause
de l'indisposition du citoyen François (de Neuf-
cliâteau ) , a adressé la parole au .premier consul
en ces termes :
0 Citoyen coneul, l'institut national s'empresse
de venir vous féliciter sur les triomphes que vous
avez obtenus pour la république. Les français
marchent rapidement à la victoire ; mais vous les
y conduisez. 11 est beau d'être le génie qui anime
une troupe de héros.
. >) L'usage que vous avez tait de la victoire ,
est plus grand que la victoire. Lorsque vous
pouviez anéantir une arnicc ennemie , vous avez
épari^oé le tan^ des vaincus ) vous avez enchaîné ,
La pinque la Vingeance est du port de 200 ton-
neaux. Comme Icvacuation de lEgypie était dé-
terminée au moment de mon départ , il y fut
embarqué avec moi et les officiers qui m'accom-
pagnent , des militaires invalides ou autres pas-
sagers , au nombre de 99 individus et 18 hommes
d'équipage. Nous sortîmes d'Alexandrie le 26
ventôse au matin; le vent, qui était favorable,
nous conduisit jusqu'à l'île de Candie ; là nous
trouvâmes des vents contraires , qui nous retin-
rent vingt-deux jours entre cette île et la Sicile.
Au moment où nous espérions passer celle de
Maretimo , un vent plus violent que jamais nous
foiça de resteir deux jooTs à la cape. Nous nous
apperçômcs alors que nous étions sans eau. Nous
avions avant cela reconnu que la majeure partie
de noire biscuit était .pourrie ; nous n'avions pltM
d huile , de bois ni de sel .. et nous avions six
hommes malades -à bord , avec les sympiômes les
plus inquiétans , et presque tous les autres plus
ou ■moins malades par la grosse mer et la fatigue
que nous avions éprouvées ; dans celte situation,
un corsaire algérien nous dontia la chasse ; nous
prîhnes le parti de'notis tciii'er sur 'Malie pour
y demander à la ciroisiere anglaise les secours
dont nous avions besoin , convaincus que , munis
des passeports du Commodore Smilh et du grand
visir , nous les obtiendtions sans difficulté , cop-
loriiiément à la convention de el-Arisch.
' Je dois vous observer , citoyen ministre , que ,
suivant l'ordre donné par le général Kleber à tous
les vaisseaux partant pouT Fiante de prertdi-e à
bord tout ce qu'ils pourraient d objets dîartillerie,
il avait été embarqué sur la iVengeann^ùhoxnhei
de iS-.poutcs pour servir de Icsi.
D après la résolution prise de nous rendre près
de la croisière anglaise, le capitaine porta sur
Malte, et nous ariivâmes, à la pointe du jour,
prés du vaisseau CAlexandre qui tenait la droite
du blocus du port; nous avions déjà viré de
bord pour arriver sous (e vent à lui. Lorsqu'il
nous apperçut , il nous tira un coup de canon ;
I il mit en niême-tems un canot à la mer , avec
un lieutenant qui monta à notre bord , croyant
nous amener comme vaisseau venant de France ,
cl voulant entrer dans le port de la Valette ; nous
exljibâtnes nos dîffcrens passeports et tout ce qui
pouvait prouver que nousvefiions fl'Atcxaiidrie.
Nous fîmes vérifier l'état dt Ti'oS -pTOvisions, le
manque d'eau que nous èpToiivibnS et les mala-
des que nous avions 'à bord ; mal.çre l'e cofnptB
que l'officier rendit de tout cela au Commodore
Trowbridge , celui-ti ordonna que le vaisseau
fût conduit dans le port de Marzo-Sciroco , et
que ses vergues et son gouvernail lui fussent
enlevés.
Le Commodore , qui est bien l'homme le plus
grossier de toute la marine anglaise , n'a voulu
entendre à aucune des raisons que je lui ai
données pour lui prouver que je lie voulais point
entrer dans la Valette; il tii'a ob'ig'é de faire qua-
rantaine-sur le bâtiment , ei je su'is convaitrcu que
si l'amiral Nelson n'était point arrivé au momtint
où ma quarantaine finissait , j'aurais été conduit à
Mahon ou en Angleterre. Cet amiral donna ordre
au Commodore de m'envoyer en France. Voici
comment le commodore l'exécuta : il fit décharger
un transport de 400 tonneaux, qui avait apporté
des bombes et de la poudre pour le siège projette
de Malte ; il m'eiivoya prévenir à 10 heures du
matin le 6 de ce mois , que le bâtiment était
prêt, en m'invitant à y passer de suite , et une
heure après le capitaine avait ordre de mettre à
la voile; de sorie que je neus pas même le
tems de faire des provisions , et il n'avait pas
fait mettre de l'eau à bord , pour nous obliger
d'aller à Syracuse , où il avait donné ordre d'em-
barquer sur notre bâtiment tous les blessés et les
malades du Guillaume-TeU et du Généreux , de
manière que nous sommes encore sur le vaisseau ,
dans le moment où je vous écris , 3go individus
français , partie amputés , partie blessés , des
fiévreux, des femmes, des petits enlans , etc.
et Trowbridge avait donné au capitaine l'ordre
de nous débarquer en Corse ou à Marseille ,
coiiirac Cela lui conviendrait le mieux; et notez
que n'ayant fait mettre à bord des vivres que pour
3oo hommes pour 25 jours , et qji'a,yarit fait em-
barquer 390 hommes , au 18' jour nous nous
sommes trouvés sans vivres, et si nous n'avions
pas pu aborder le 25' au soir ici , nous étions,
forcés de retourner en Iizlic ou daller en
Corse.
J'éprouve ici toutes les difficultés imaginables
pour obtenir de meitre pied à terre et de faire
quarantaine , mOi et tous les v assagers sur l'île
la plus fertile de celles- de Sainte-Marguerite ;
j ignore encore si j'obtiendrai celte faveur.
I Je joins ici copie de toutes les pièces à lappui
; du rapport que je viens de vous faire ; elles
consistent en un état du lieutenant de vaisseau
; anglais Jaukins des provisions qui restaient à-
) bord au moment où nous sommes arrivés à
Malte ; copie de mes lettres aux généraux an-
glais Trowbridge et Nelson , et de leurs réponse».
Vous jugerez, citoyen ministre , de 1 intérêt que
'le gouvernement doit prendre à la restitution du
{ bâtiment , la Vengeance , et à la mise en liberté
du capitaine à qui on a fait quitter son bord ,
'.ainsi qu'à son équipage, aussitôt que nous en
lavons été sortis; le commodore Trowbrige l'a
gardé à son bord , ainsi que son moussé et son
1 maître d'équip.ige , et il a renVoyé le reste aveS
j:nou3.
J'ai été une fois à bord du commodore 'frow-
! bridge , j'y ai trouvé deux itidividus qui récla-
jmehl vivement votre protection et celle du gou-
i vernement. Lé premier «st le citoyen Goyon , qui
ia conduit des vivres dans Malte, sur la corvette
: la Bttlone , il en était ressorti sur U Guillaume
\Teli; il a été pris. Les anglais ne veulent pas le
relâcher de crainte qu'il ne rénouvelle la même,
: entreprist; ; ils lui 'ont pris son argent comptant ,
] consistant en &kX> louis , et des le^ttreS-de-change
'pour la somme de 38o,ooo fr. ; et sur -la demanfle
que j'ai faite au >coiii.modore Sali, de la lesli-
tuticm de ces lettres-de-change « ri m.'a .népondtJ
qu'on ne les rendrait au citoyen Go.yon , ainsi
quç sa liberté , qu'après la reddition de Maltfii
Je j'oins ici la lettre qu'il m'a écrite.
Le deUicîémè est le citoyen Jean-André Câ-
rasofi, ex-agent consulaire de la république fran-
çaise à Malte , depuis 2r ans atlashé au ministère
de France d.iriscette île ; il «sî aussi retenu pri-
sonnier à bord du Cullodcn; les anglais se pro-
posent de le rétenir aussi jusqu'après la reddi-
tioii ■ de Malte , sous le prétexte qu ïl est né
imaltais.
J'oubliais dé vous dii-e , citoyen ministre,
qua'mon arrivée à Malle le contre-amiral 0e-
crés était 'ft 'btitd -du «aisSfeâii du côminodoré
TrOiWbridge , de qui il est aussi mécoiVicnt que
moi ; il en e.st Bàà\ le es iftoréailauirUnefrégaiej
ton ilui a laissé ignorer s'il partait pour Fr-«n»e
ou ipour fMah&n.
Signé, C. F, J, DuGUA-
MI-NiSTERE DE L'INTÉRIEUR.
Li^ ministre de l'intérieur a décidé que U
colonne nationale , dont la première pierre doit
être posée le s5 de ce mois , sera construite en
granit de Fi-ance. Elle sera phjs solide qu'en
marbre ; et nous sommes sii riches ea granit ,
Il52
qu'il faut bien employer cette belle pierre quand
' on le peut : au lieu d'exporter une somme con-
sidérable pour tirer des marbres du dehors. Le
ministre , en donnant cet avis aux artistes , les
prévient qu'il prend toutes les mesures néces-
saires pour faire arriver très-promptement le
granit à Paris ; il les invite à lui remettre , sans
déliii , les plans qu'ils auront à lui proposer. Il
en a déjà reçu quelques-uns ; il désire que les
artistes s'en occupent avec le zèle et l'activité
que mérite un monument si digne d'exercer leur
génie.
Le ministre a reçu aussi des projets de colonnes
pour les départemens ; il réitère également aux
artistes l'invitation de s'en occuper.
Secondeliste
Des souscripteurs pour le monument à élever a la
mémoire du général Desaix.
Montant de la première liste agasfr.
Lucien Bonaparte, ministre de l'intérieur. 600
Duquesnoy , l'un des rapporteurs du mi-
nistre de l'intérieur. 100
Nau Deville , quai de la Mégisserie , n° 2. 24
Dubois , ancien directeur des douanes ,
rue St. Florentin, n» 6. «4
Langlois, membre du corps-législatif. a5
Quinette , préfet du département de la
Somme. 24
Aug. Debray , maire de la ville d'Amiens. 24
J; H. Chivaille , commissaire des guerres
à la placé d'Amiens. 24
Le généralHenri Frégeville , inspecteur de
cavalerie , hôtel de Hambourg , rue des
Filles-Si.*Thomas. 24
LabauHie, chef de bureau du département
de la guerre , rue Croix des Petils-
Champs , ri° 48. ; 25
jRcederer, membre de l'instiiùl et président
du coiiseil-d'état , faubourg Honoré,
n" 53. 48
Oieph Galïirelli , conseiller- d 'état. 25
Roux et Fournel , rue Helvétius , n" 667.
Jerson , jurisconsulte , rue des Jeûneurs ,
n' 26.
Le général Vandamme , à Cassel , dépar-
tement du Nord.
Le chef de bataillon Seron , cour des mira-
cles , rue Bourbon-Villeneuve.
Clément de Ris , sénateur , rue du Jour-
Honoré.
Emile et Paulin Clément de Ris , Sis du
sénateur, même demeure.
Bonaventure , ex-législateur, rue de Lille
n° 499.
Le général Baville , à l'armée du Rhin.
Grillon , ancien colonel du régiment de
Bretagne , près Beauvais.
Grillon , ancien capitaine dudit régiment.
J. J. Liebert, général de division, çom-
mandant la ss*^ division militaire à
Tours-
Vallongne , chef de brigade du génie.
Marmont père, ancien militaire, à Châtil-
lon-sur-Séine.
Bauset , ancien agent-général des étapes
militaires , rue neuve St. Marc , n° 11.
Hauterive , chef de d'ijvjsipn des relations
exiéfieures. - :,'',' '
Le général Chasseloup' - Lacibat, quai de
Ghaillot , n" 84 et 35.
Tarte, membre du cor,és:- législatif , à
Chaillot.
Vidalal, ex-législateur, ruedelaLoiiU" 268,
vis-à-vis celle de Menars.
Cartevaro , ruejoubert, n« 519.
Desgranges , rue Helvétius , n" 60.
Gilet de lajacqu*miniere , tribun, chez le
cit. Lebreton , à la Monnaie.
Boccardi , lùinistre plénipotentiaire de la
république ligurienne , rue du Bacq ,
n" 264.
P.C.Laussat, tribun , rue des Capucines ,
n' 121.
Jean Debry , tribun, cour de l'Orangerie,
Thibaut , tribun , tue des Poulies , n° 206.
Chabaud ( du Gaï>d ) , tribiin , rue Flo-
rentin , n" 6 , 1 .-.»-..
60
24
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' Ci-conlre i
Siméon , tribun, rue et porte Honoré,
n» 9,
Nicolas P. E. GeofFroi de Villemain, rue
Cérutti , n° 3 ,
Leroi , tribun ,
Portiez ( de l'Oise ) , tribun ,
Andrieux , tribun ,
Fourcroy , conseiller-d'état, au Muséum
d'histoire naturelle , rue de Seine ,
Chaptal , conseiller- d'état, rue des Jeû-
neurs , n° 6 ,
Un citoyen polonais , anonyme ,
Le général Pommereul , rue Maur-Popin-
court , n° 19 ,
Alexandre Traulé , commandant la place
de Sedan , rue des Vieilles-Audrieltes ,
chez Fenol et Hedouin , n° 6 ,
François Gros, rue des Jeûneurs, n" 5 ,
Roûgei-de-LisIe , rue des Champs-Elysées ,
n° 9
Rouhiere , commissaire ordonnateur, rue
de Gaillon , maison de la marine ,
Gaillard, ancien secrétaire du conseil et
gardes des archives de l'Ecole militaire ,
rue du Bacq, n" io83.
Le général de division Hardy , à Plom-
bières ,
Louis Pommereul, officier de dragons,
rue Maur-Popincourt , n" 19 ,
J. Pommereul , officier d'artillerie , idem,
André Baudoin , rue Grange-BatelHere ,
n" 21 ,
J. J. Legonidec , rue de Savoie , n° 9 ,
Le général de division Férino à Avignon ,
Férino , négociant . rue Jean-Robert , n° 9 ,
Guinard , tribun , rue de Beaune , n" 63o,
Godechaux-'Worms , rue Saint-Avoye ,
Lupais et Gelot , banquii.-rs .
Obry Layens Worms , ru F.ondy ,
Jouanne , rue de lErl: 1 , n° 3i ,
Patinot , idem ,
Bouchet , idem ,
Roche , 'idem ,
RIboustel , idem ,
Laveruhe, jeune, rue Grauge-Bateliere ,
n° Il ,
Beaumont, rue Basse-du-Rempart ,
Roquelante , rue ci-devant royale , barrière
blanche , n° 3; ,
Mallet, frères et compagnie, banquiers,
Lenoir , fils aîné , rue. du faubourg Mont-
martre , n° 1079.
Masson , peiritre , maison Méry ,
Louis Sensi , gouverneur de Loretle ,
réfugié romain ,
Louis Fonseca, ex-marquis, réfugié ro-
main ,
Les professeurs de l'école centrale du dé-
partement de l'Indre , à Châteauroux,
Jules Impérial , napolitain , boulevard
Gévuiti , n° i5 ,
Carteaux , général divisionnaire ,
Drouot, ex-secrétaire du général Desaix,
à létat-major de l'armée de l'Ouest,
à Rennes ,
Gorlay , fauxbourg Honoré , n" 56 ,
Fichet , entrepreneur de bâtimens , rue
de Larochefoucault , n° 3 ,
Tronchet , président du tribunal de cas-
sation , rue André-des-Arts ,
Honoré Duveyrier , tribun, rue de la Pé-
pinière , n° 746 ,
Honoré Duveyrier , fils , idem.
Nicolas Coindre , rue de Popincourt ,
n° 45 ,
Marie Descorches , rue Saint - Maur ,
faubourg Germain , n° 1242 ,
Paul Blosset , propriétaire à Vierzon ,
Rœmers , membre du corps-législatif, rue
- de Verneuil , faubourg Germain ,
Aubry , ancien médecin des arn>ées et
conseiller de préfecture du départe-
ment du Cher , à Bourges ,
Fayolle-Saint-Félix , commissaire de ma-
rine , rue de Marivaux ,
Prony , directeur de l'école nationale des
ponis et chaussées , ses coopérateurs
et ses élevés ,
4621
25
24
25
25
25
24
24
94
«4
24
24
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144
24
5o
24
24
24
36
24
24
24
60
6414
Ci-contre. . 6414
Lecouteulx-Canteleu , fauxb. Honoré ,
n° 56. 24
M"" Lecouteulx - Canteleu , épouse du
sénateur. 84
Banhelemi Lecouteulx , fils. 24
Gh. Emmanuel Lecouteulx , idem. 84
Alaux , professeur de mathématiques à
I école centrale du Cher , à Bourges. 24
François Tirpaut , commissaire de ma-
rine et chef de la 5' division du ministre
de la marine , rue des Saussayes ,
n** 1243. 84
Desfournille , de Bordeaux. 5o
Courtois, à Ingrande. ' 48
Henri Pommereul , adjoint au génie, rue
Maur-Popincourt , n° 19. 24
P. F. Guerin , propriétaire , ru George ,
n" 4. 48
Amaury - Duval , chef du bureau des
beaux-arts, ministère de 1 intérieur ,
place du Petit Carrousel , près la rue de
l'Echelle. 14
Les employés du bureau des beaux-arts. «4
Hennequin , sous-ptéfet de l'arrondisse-
ment de Gassat , départ, de l'Allier. 34
Jaubert . professeur de langue turque ,
près la bibliothèque nationale , rue
Neuve-des-Capucines , n° 2. 84
Bengnot , préfet du dépaMeoient de la
Seine-Inférieure. 7a
Gali , secrétaire-général de lad. préfecture. 36
Lecouteulx-Deverclive , négoc. à Rouen ,
membre du conseil-général du dépar-
tement de la Seine-Inférieure. • 48
Lelievre , adjoint à la mairie de Rouen. 4$
Durieu, ex-commissairedu gouvernement,
membre du conseil-général du dépar-
tement de la Seine-Inlerieure. 18
T. Hédouville , général de division . lieu-
tenant du général en chef , à Fontenay-
le-Peuple , 48
Valdenaire , vérificateur de l'enregistre-
ment à Mayence , 24
Lagarde , secrétaire-général des consuls, 100
Mackau , maire de Vitry-sur-Seine , 24
Lusignem, rue Grange-Batelière , 24
Le citoyen Merleus, graveur, bou'evard
Montmartre , n° 1047 , a offert po.ur sa
souscription de faire la remise de la
moitié du prix de la gravure , d'après
l'estimation qui en sera faite.
Total jusqu'à ce jour.
7266 r.
On continue à recevoir les souscriptions au;
Lycée républicain , passage du Lycée , près le
palais du Tribunal.
Au Cercle des négocians , rue de la loi , près
le boulevard.
Au bureau du Journal de Paris , rue Jean-
Jacques Rousseau.
Au bureau du Moniteur , rue des Poitevins,
n" 18.
JV- B. La liste des souscripteurs sera ouverte
jusqu'au 25 messidor. On indiquera à cette époque
le lieu ou se tiendra l'assemblée pour nommer les
membres du comité chargé de l'exécution.
COURS DU CHANGE.
Baurse du 14. — Efets publics.
Rente provisoire 22 fr. 5o c.
Tiers consolidé 32 fr. i3 c.
Bons deux tiers i fr. 5^ c.
Bons d'arréragé 88 fr.
Bons pour l'an 8 82 fr. 25 c.
Syndicat 68 fr.
Coupures. . . •. •. 68 fr. 85 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lvon au p. à vue.
Marseille au p. à 25 jours.
èordeaux { p. à l5 jours.
Montpellier.. ;2 p. à 3o jours.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq(je et des Arts.
Auj. Œdipe à Colonne, opéra en 3 actes , et fé-
ballet de Psyché. ' "''
Théâtre du Vaudeville. Auj. Scarron; la
,ere repr. de la Pièce curieuse , ^^a un acte , et
les Otages. ' ■
Théâtre pE la Cité-Variétés. — Pan/omimfi.
Auj. cest le Diable. ■-
A Paris, ,1c rimpririscrie da cit. Âgasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n' i3.
GAZE'
fATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 286.
Sextidi , 16 masidor an 8 de la république françahe , une et indivhibk.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenï , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le Z] juin ( 8 mesùdor. )
Chambre des communes. — Séance du 2 i juin.
Le chancelier de Cêchiquier propose que , confor-
'mémeni à l'ordre du jour , le bill d'union soil lu
pour la iroisieme fois.
M. Tierney demande si dans le cas oii le
nombre de 668 membres paraissait trop considé-
rable , et qu'il fallût par la suite le réduire , la
Téduction porterait proportionnellement sur les
cent membres irlandais , ou si le nombre de cent
représentans était invariablement garanti à l'Ir-
lande.
M. Pitt ne suppose point qu'il s'élève aucune
difficuhé de cette nature. 11 n'y en eut aucune
après l'union cl Ecosse.
Le bill est lu pour !a troisième fois. — Or-
donné qu'il soit porté à la chambre des pairs par
lord Temple.
M. Tiermy dit qu'il a précédemment annoncé
une motion qu'il ne peur faire jusqu'à ce que le
très-honorable membre (M. Pitt) ait rempli sa
promesse, en présentant à la chambre les traités
de subsides avec les puissances étrangères. Mais
il espère que le sujet des subsides étrangers est
abandonné pour cette session. S'il se trompait,
JI voudrait savoir quand ils seront remis sur le
bureau.
M. Fin ne peut donner de réponse précise ;
mais il ne mettra aucun retard à soumettre à la
chambre un sujet dont il n'a nullement aban-
donné l'idée. Il n'a point de raisons pour croire
que les parties qui font cause commune , se ral-
lentissent dans leurs efforts ; et les bruits qui se
sont répandus sur les derniers événemens , rie le
détourneront point de proposer un subside, à
l'effet de poursuivre la guerre avec rigueur.
M. Tierney trouve ce sujet dune trop grande
importance pour être présenté un'joiir et discuté
le lendemain. Les affaires publiques étant à-peu-
près terminées, il conviendrait en pareil cas de
faire un appel de la chambre.
M. Jekytl espérait qu'après les événemens qui
viennent de se passer sur le continent , il n'au-
rait plut été question de subsides. Il est assuré
que le peuple désire que ses représentans votent
contre la continuation de la guerre ; mais si le
très-honorable membre persiste dans son pro-
jet , il désire au moins savoir s'il s'opposera à
un appel.
M. Pitt dit qu'il ne croit pas de son devoir
de faire une réponse ; mais l'appel de la cham-
bre , dans la circonstance présente, ne lui paraît
pas nécessaire.
M. Sheridan est d'un avis opposé . et prévient la
chambre que vendredi il proposera l'appel.
M. Pitt dit que les honorables membres pa-
raissent regarder les nouvelles qui viennent de
se répandre, comme authentiques; cependant
elles ne reposent que sur l'autorité du télégraphe
de Paris. Elles peuvent être vraies , mais rien n'en
donne la certitude.
L'ordre du jour appelant la formation d'un co-
mité relativement au bill sur les insiitutiotis mo-
nastiques , un débat assez long a lieu entre M.
Buxton , Bragge , 'Wilberforce et Smith ; les deux
premiers pour, et les deux autres contre le bill.
Le comité s'ajourne sur la motion de M. Sheridan.
( Extrait du Courrier de Londres. )
INTERIEUR.
De Bruxelles , le ii messidor.
L'armée française continue ses succès dans la
Bavière ; après avoir occupé Donawerth , elle
s'est avancée vers la forteresse d'Ingolstadt, après
avoir culbuté les différens corps de troupes autri-
chiennes et bavaroises qui avaient voulu s'op-
poser à sa marche. ^,
Le général Ktay , à la tête de trente - quatre
mille hommes , se porte à marches forcées vers
le corps du général Lccourbe pour le com-
battre. Le corps du général autrichien , Starray ,
a été coupé de la grande armée au moyen d'une
savante maDt»*wie du général Morcau. L'armée
du prince Condé , arrivée dans l'évêché de Salz- |
bourg, a reçu Tordre de s'y arrêter jusqu'à ce
que sa destination ultérieure soit fixée. L'archi-
duc Charles, d'après ces nouvelles , a dû quitter
la Bohême pour aller organiser l'armée de ré
serve destinée à aller se réunir sur le Danube à
celle que commande le général Kray. Au départ
des dernières lettres de Ratisbonne , 1 alarme y
était générale , et l'on s'attendait d'un moment à
lautre à une action générale, et qui probable-
ment sera décisivi-. Plus de vingt mille habitans
aisés de la Bavière , de la partie située sur les
bords du Lech, ont émigré avec leurs effets les
plus précieux , pour éviter les malheurs dont leur
patrie est menacée ; la plupart se retirent dans les
margraviats d'Anspach et de Bareuth.
Le général Bonnard , commandant de la 24°
division militaire, est arrivé en cette ville depuis
deux jours. Suivant son rapport , tout est en ce
moment parfaitement tranquille sur nos côtes ;
elles se trouvent d'ailleurs dans un état respec-
table de défense. Les anglais se montrent encore ,
à la vérité , tantôt devant Niewport et Blanken-
berg, et tantôt devant Ostende , ainsi qu à l'em-
bouchure de l'Escaut , mais en trop petit nombre
pour faire présumer que l'ennemi ait d'autre
projet que celui d'inquiéter ces parages par sa
présence. ( Courrier des dépurtemens réunis , il mes-
sidor. )
Vitré , le 7 messidor,
La brigade de gendarmerie nationale à pied ,
et deux gendarmes à cheval de la résidence de
Vitré, ont arrêté au village de la Menardiere ,
le nommé Blainlu , chouan non rendu , portant
la terreur dans le pays ; il a été saisi avec trois
fusils , dont un double et deux de munitions; ces
trois fusils étaient chargés; plus, deux montres
neuves dont une en or, et l'autre en argent, et
deux machines en or servant à l'usage de la ma-
rine. Ce brij;and a déclaré avoir volé ces effets
dans une diligence , et avoir été l'un des deux
qui ont attaqué la diligence , le 27 prairial
dernier , près la Gravclle , dépatlement de la
Mayenne.
L'arrestation de ce brigand est encore due au
■zèle et à l'activité du citoyen Durocher , lieute-
nant de gendarmerie nationale à Vitré , qui a si
puissamment contribué à la destruction des assas-
sins de la bande desBobon , et que le général en
chef de l'armée de lOuest a élevé au grade de
capitaine , en recompense de ses services dis-
tingués.
La fille Bazin , chez laquelle était Blainlu , a
aussi été arrêtée. (Journal du Nord-Ouest.)
Chaumont , le 8 messidor.
Le préfet du département de la Haute-Marne , aux
maires des communes du même département.
Je vous annonce, citoyens , l'aurore d'un beau
jour ; celui oiî chacun de vous , pénétré de la
dignité de ses fonctions, fier d être républicain,
fort de la confiance du gouvernement , dépouil-
lera celte pusillanimité . trop commune autrefois ,
qui paralysait l'exécution des lois.
Vous ne considérerez plus si telle ou telle me-
sure qui vous est prescrite atteint votre voisin
ou votre parent : vous vous mettrez au-dessus
des clameurs ; elles sont démenties dans le fond
du cœur en même-tems que proférées , lorsque
le fonctionnaire n'agit que la loi à la main.
J'ai à vous citer un exemple qui vous fera im-
pression.
La commune d'Autrevilie renfermait , de lon-
gue main et presque constamment, des déserteurs.
La force armée y est arrivée le 26 prairial.
Les militaires dans le cas de rejoindre et qui
pouvaient être envoyés de suite au conseil de
guerre, l*s délais étant expirés la veille, ont
demandé de se rendre an dépôt du chef-lieu
de la préfecture , sous la conduite du fils du
maire de Chaumont , qui s'est présenté un des
premiers pour composer le détachement de la
colonne mobile mise en activité. Cela leur avait
été accordé ; mais ils ont eu la lâcheté de dé-
serter du détachement destiné de Chaumont pour
Dijon , dont ils lésaient jpartie.
J'ai mandé le maire d'Autrevilie; je lui. ai
formellement déclaré que j'exigeais de lui et
de sa commune . cette preuve de dévouement
au premier consul, que ces déserteurs fussent
arrêtés par la garde nationale d'Autrevilie même t
cela a été exécuté, ils ont été ramenés à Chau-
mont par elle.
C'est ainsi que la Commune d'Autrevilie se'
trouve replacée à la hauteur dont elle était digne.
C'est'ainsi que tous les fonctionnaires publics
vont rivaliser d'émulation pour l'exécution des
lois.
C'est ainsi qtje dans peu de jours les colorines
mobiles ne seront plus néces.saires , et que la
gendarmerie elle-même n'aura plus à s'occuper
que de ses importantes fonctions , sans en être
détournée 'par un service qui doit se faire dans
chaque commune.
Chaque fois qu'un déserteur ou un citoyen
appelé par la loi se trouvera dans votre com-
mune sans autorisation légale , vous lui direz :
)> Rends- toi à ton poste, l'honneur t'y appelle ;
n le nôtre ne nous permet pas de te tolérer ici. »>
Le plus grand nombre partira ; les lâches seront
sur-le-champ arrêtés.
Citoyens maires, comptez fermement sur moi
en fesant votre devoir. Les fausses dénonciations,
les- cris insensés échouent près de moi . vous le
savez , comme sur un rocher inébranlable.
Salut et fraternité , Signé, LignivillE.
Paris , le \5 njessidor.
Auiourd'hui i5 messidor an 8. le tribunal de
cassation , le tribunal d'appel , le tribunal criminel ,
le tribunal de t^" instance , le tribunal de com-
merce , le conseil des prises, les administrateurs
de la loterie , le licjuidateur de la dette publique ,
la comptabilité nationale , la comptabilité inter-
médiaire , l'administration des postes, celle des
douanes , régie de l'enregistrement , caisse d'a-
mortissement, l'administration des monnaies , sont
venus féliciter le premier consul sur son retour.
Voici quelques-uns des discours qui ont été pro-,
nonces à cette occasion.
Discours prononcé par le président du tribunal dt
cassation. .
GÉN ÉRAL Consul,
Vous avez reçu , dans les champs de Maringo ,
le tribut de respect et d'estime que la générosité ,
jointe à la valeur , arrache à l'ennemi vaincu.
Des rives de la Bormida jusques aux bords du
Léman vous avez recueilli , des nations nos amies,
ce tributd'admiraiion et de reconnaissance qu'elles
décernent à des exploits dont elles avaient été les
témoins , et dont elles partageront les fruits.
C'était au milieu de vos concitoyens , c'était au
sein de cette grande famille, qui vous a choisi
pour le pre:nier de ses chefs , qu'il vous était
réservé de recevoir un nouvel hommage infini-
m'ent plus flatteur, ce tribut du cœur que n'altère
point le soupçon de l'adulation, et que la vertu
la plus modeste ne peut s'empêcher d'accepter
avec enthousiasme. - '
Dans tous les lieux signalés par votre passage,
vous les avez vu couler ces larmes que lésait ré-
pandre la joie inspirée par votre retour. Ce n étroit
qu'un coin du tableau que déroule à vos yeux la
France entière.
Je m'arrête , citoyen-consul , pour vous laisser
jouir de toute la douceur de ce spectacle atten-
drissant. Eh ! que pourrions-nous vous diie que
ce mouvement spontané de l'allégresse universcHe
ne vous ait pas déjà exprimé d'une manière plus
éloquente.
Discours prononcé par teprésident du tribunal d'appel.
Citoyen premier consul,
L'ÉTAT de la France allarmait naguère tous
les vrais amis de la patrie. Le fruit d'immenses
sacrifices et de nombreuses victoires lui avait
été ravi. La guerre civile désolait plusieurs dépar-
temens , et Te peuple allait être encore livré à
l'horreur des factions.
Tant de revers suivirent le départ du vain-,
queur de l'Italie. Instruit aux bords, du Nil des
malheurs de sa patrie . son retoiu va bientôt
les effacer; il traverse les mers, brjtve tous les
dangers ; l'espérance et l'ordre renaissent.
Son génie dirige les opérations politiques et
militaires ; nos braves guerriers conduits par
son impulsion , animés par son exemple , brisent
toutes les entraves , surmontent tous les obstacles,
franchissent mÊme les barrières que leur oppose
la nature, et leur valeur étonne autant que leur
générosité.
Des succès , dont l'histoire nous fournit peu
d'exemples n'avaient pas encore persuadé nos
ennemis de l^impuissance de leurs efforts. L'armée
de réserve, qui a fait tant de prodiges , était pour
eux une chimère ; mais de nouveaux triomphes ,
la victoire de Maiingo, ont détruit pour jamais
leurs espérances.
LItalie , objet de la convoitise du cabinet
amrichien , est enfin rendue à son indépen-
dance , et les erreurs ou les torts qui avaient
soumis cette superbe contrée de 1 Europe a
l'esclavage, sont réparés.
Tant de victoires, citoyen consul, nous pro-
mettent la paix. Vous la donnerez au peuple
français. Vous en avez le désir; l'humanité lai
réclame; l'inlétêt de l'Europe entjere la com-
mande.
Discours prononcé par le président du tribimal civil.
Citoyen consul ,
Lés membres composant le tribunal civil de
première instance du département de la Seine ,
délivrés de leurs craintes sur les dangers auxquels
votre zèle pour le salut de la patrie vous avait
exposé, viennent, au milieu de la joie univer-
selle , vous présenter l]horamage de leur admira-
tion et de leur reconnaissance.
C'est à vous , citoyen consul , depuis que
vous tenez les rênes du gouvernement , que la
république doit la réparation de ses pertes et ses
triomphes.
L'histoire se chargera du soin de transmettre
aux siècles futurs tout ce qui a précédé et suivi
la victoire de Maringo ; celte journée à jamais
mémorable éternisera la gloire du chef de la
nation et des armées delà république. Il ne reste
plus aux français qu'un seul vœu à former , les
membres du tribunal vous le présentent ; c'est de
voir couronner tant de travaux , de sacrifices et
de victoires par une paix générale. Cette paix tant
désirée metira le comble à la gloire de la nation
et à la prospérité publique.
Dans tous les tems le peuple français pourra
se glorifier d'avoir , dans son premier magistrat ,
un guerrier invincible , un sage pacificateur et un
législateur éclairé.
A notre égard , citoyen consul , toujours oc-
cupés de nos devoirs , nous ferons jouir nos
concitoyens du repos et du bonheur que vous
leur aurez assuré , en leur fesant aimer et respecter
les lois.
[Nous donnerons demain le discours pronomé par
le président du tribunal criminel. )
1 154
Les feux d'artifice semblaient sortir de- toutes .c..uu.vc....u. j"ft" ,
les croisées; des feux de couleur des fasee H^^^^ ^^_^.^ prdnoncé sur
volantes partaient des deux cotes de la nie .et ^^^ .«'validité. En eflet, dans les
formaient des voûtes de feu : le bruit des boetes ,
des pétarts .les danses , les cris de joie , les chan-
sons ajoutaient à ce spectacle imposant qu'aucun
événement n'a irou'blé. Enfin , citoyen préfet ,
les .plus anciens habiîans du faubourg ne se
rappellent pas d'avoir jamais vu une aussi écla-
tante démonstration de la satisfaction générale.
Présumant que des détails aussi flatteurs ne
pouvaient que vous être agréables, nous nous
empressons de vous les transmettre, en vous^to-
tesiani du vif intérêt que nous y prenons.
Salut et respect.
Les maire et adjoints du 8* arrondissement.
Signé, FiEïFÉ . maire; Eugène Bernard,
adjoint , et Pîllas , secrétaire.
. Pour copie conforme ,
Le secrétaire-général de préfecture, ti. Et. Mejan.
Mais on peut répondre que l'on Cegardait une
prise comme définitivement jugée , quand le tri-,
■■■■■■ ' sa validilé oUt
s piincipes;de
l'ordre judiciaire , les jugemens des inbunaux
d'appel sont des jugemens définitifs et en dernier
ressort , dont aucune puissance dans l'état ne peut
empêcher ni susprendre fexécution.
L'appel a, par lui-mênse , un effet dévolutif »
et il a de plus un effet suspensif, toutes les fois
que l'on ne se trouve dans aucun des cas où le»
lois autorisent l'exécution provisoiie des jugeniens
de première instance.
Le recours en cassation n'a aucun des effets ni
des caractères de l'appel. Par ce recours , il n'y a
ni dévolution de la matière , ni suspension du ju-
gement contre lequel on l'exerce.
CONSEIL DES PRISES.
Le tribunal à qui le recours en cassation est
porté , n'est juge que des infrajctions de formes ,
ou des contraventions formelles aux loix ; il ne
peut prononcer sur le bien ou le mal jugé ; il est
tenu , quand il casse , de renvoyer le fond de la
contestation à un autre tribunal.
Discours prononcé par te président du tribunal
de commerce.
Citoyen consul ,
Daignez agréer les hommages du tribunal de
commerce de cette commune ; permettez qu'il
joigne sa faible voix à celle de tous les français,
pour célébrer le triomphe éclatant de celui qui
est tout à-la-fois le premier magistrat et le plus
grand guerrier de la république.
Les lauriers dont vous êtes couvert , en immor-
talisant votre nom dans la postérité , forceront
enfin nos ennemis à accepter la paix que vous
leur avez offerte, et pour laquelle seule vous les
avez combattus.
Quelle joie pour la France , après tant d'orages
et de calamités , de vous devoir le bonheur et la
tranquillité quelle désire depuis si long-tems , et
de voir son commerce languissant reprendre
toute son activité et recouvrer son ancienne
splendeur.
Recevez, citoyen consul, au nom de tous les
comraerçans dont nous sommes les interprêtes
en ce moment , les témoignages de la vive recon-
naissance qui vous est due à tant de titres.
DEPARTEMENT DE LASEINE.
Les maire et adjoints du 8* arrondissement, au
préfet du département de la Seine. — Paris , /< 14
messidor an 8 de la république française, une et
indivisible.
Citoyen préfet ,
Nous ne pouvons résister à la satisfaction de
vous rendre compte de l'illumination faite , et
des témoignages d'allégresse qui se sont mani-
festés hier soir dans le faubourg Saint-Antoine.
L'affluence a été telle , notamment dans la
grande rue depuis le boulevard jusqu'à la bar-
rière, qui! était impossible à aucune voiture
d'y passer.
Lilluminaiion aux portes et croisées des habi-
tans de tous les états indistinctement rejaillissait
un tel foyer de lumière à une certaine distance ,
que la perspective représentait un embrasement
général.'
Suite de la décision du conseil des prises sur les
précautions conservatoires du produit des prises.
En ma qualité de commissaire du gouverne-
ment , je suis particulièrement obligé de faire
valoir les exceptions favorables aux étrangers qui
sont forcés de plaider en France, et d'encourager,
par l'imparùalité de mon ministère , des hommes
traînés hors du lieu de leur naissance et de leurs
habitudes, des hommes auxquels il importe de
persuader que rien n'est possible de ce qui ne
serait pas juste. Il n'est point de français qui ne
me désavouât si je professais d'autres principes.
Notre nation s'est toujours distingué par ses pro-
cédés décens et modérés envers les autres peu-
ples. Elle a rempli l'Europe de la gloire de ses
armes; mais l'équité, la générosité sied bien à la
toute-puissance.
J'ai donc pensé que si je ne pouvais regarder
le commissaire danois comme partie ou comme
représentant de quelqu'une des parties intéres-
sées, il était toujours de mon devoir d'examiner
sa demande , et de la regarder comme un éveil
donné à ma sollicitude. Je serais dans le cas , si
cette demande paraissait fondée , de la réaliser
en mon nom , malgré le silence des parties et de
leurs défenseurs : car les objets dont la sûreté et
la conservation, pendant le litige, sont réclamées
par le commissaire danois, sont sous la garde du
droit des gens. Or, en pareille occurence, je
pourrais agir d'office, comme ayant les actions
du gouvernement , qui est le gardien naturel ,
dans l'état , de tout ce qui repose sous la foi
publique.
Je passe donc à J'examen foncier de la de-
mande qui a été soumise à voire décision.
Celte demande tend à faire ordonner la mise
en sûreté ou le cautionnement du produit des ventes ,
dans les contestations sur la validité des prises da-
noises, antérieures au 4 nivôse dernier.
On ne peut nier que , pendant le litige , la
chose litigieuse doit être en sûreté , et que rien
ne doit être innové pendant procès. Ce principe
général , dicté par le bon sens et par la raison, a
été appliqué à la matière des prises , par tous les
réglemens qui régissent cette matière.
On ht par-tout qu'en général il ne doit y avoir
ni vente , ni déchargement , avant le jugement de
la prise; que la vente provisoire ne peut avoir
lieu que dans le cas bùMa prise serait dans un
danger reconnu de dépérissement pour le navire
ou la cargaison , et encore dans le cas où la prise
serait reconnue constamment ennemie: que le
prodijit des ventes provisoires doit être assuré
par lé dépôt ou par le cautionnement.
Le commissaire danois est rassuré , par l'arrêté
des ^consuls du 6 germinal , pour toutes les prises
postérieures au 4 nivôse d'auparavant. Il ne ré-
clame l'autorité du conseil que pour les prises
faites avant cette époque.
Mais ici les diverses hypothèses ne doivent pas
être confondues.
Avant l'établissement du conseil des prises , la
matière des prises suivait Fordre hicratchiquedes
tribunaux. Comme dans les aiitrés matières , on
pouvait recourir au tribunal de cassation pour
faire annuler le jugement fendu par le tribunal
d'-appel. Tout était conduit d'après les principes
ordinaires de l'ordre judiciaire.
Parmi les contestations sur les prisés antérieures
au 4 nivôse, il y en a qui étaient pendantes au
tribunal de cassation , quand le conseil des prises
a été institué. D'autres étaient et sont encore de-
vant les tribunaux d'appel, ou peut-être même
devant les tribunaux de première instance.
D'après le vœu de tous les réglemens , les
précautions pour la mise en sûreté d'une prise ,
ne doivent cesser qu'après que la validilé ou lin-
validiié de cette prise a été définitivement jugée ;^
d où le commissaire danois conclut que , tant qu il
y a litige devant quelque tribunal que ce soit ,
même celui de cassation, il faut continuer les pré-
cautions conservatoires.
Le tribunal de cassation est plutôt le gardien
des lois que l'arbitre de l'intérêt des parties. C'esj
l'institution par laquelle le législateur surveille,,
maintient et' protège son propre ouvrage.
Par l'événement de la cassation , une cause est
agitée de nouveau. Mais le jugement qui la ter-
minait , était définitif; il tenait lieu de la vérité
même, res judicata pro veritate habetur. La cas-
sation le fait disparaître en le déclarant nul. Mais
tant qu'il existe , il est le dernier terme de la jus-
tice nationale; il peut être anéanti et non ré-
formé. Il est aussi souverain que la loi , à
moins qu'il ne soit constaté que le magistiat qui
l'a rendu , cherchait à être plus puissant que la loi
même.
H est donc évident que , tant que la matière
des prises a été laissée aux tribunaux ordinaires ,
il n'y avait plus lieu à contimiL-r des précautions
conservatoires, après le jugement d'un tribunal
d'appel , vu que des précautions uniquement ■
relatives à un état que l'on suppose provisoire ,
ne peuvent avoir de vie que jusqu'au jugement
définitif.
Je sais que tout est changé depuis la loi qui
dépouille les tribunaux de la matière des prises,
et depuis l'établissement du conseil auquel cette
matière a été attribuée.
Mais , quels sont les effets de ce changement ?
S'étendenl-ils sur le passé, ou n'ont-iJs trait qu'à
l'avenir ?
Les Contestations qui ne sont plus pendante»
devant aucun tribunal, et dans lesquelles tous
les degrés de juridiction et tous les genres de
recours ont été épuisés , sont terminées irrévo-
cablement.
Celles que le nouvel ordre de choses a trouvé
pendantes au tribunal de cassation , pouvaient
revivre ; suivant le langage des jurisconsultes ,
elles étaient encore dans le hasard des jugemens ,
in aleâjndiciorum. Si la nullité du jugement atta-
qué était reconnue , la question du fond de-
meurait entière , comme si elle n'avait point été
définitivement jugée , çt le renvoi en était fait à
d'autres juges.
Dans les contestations dont je parle , le con*
seil des prises remplace à-la-fois et le tribunal
de cassation où elles étaient pendantes , et le
tribunal auquel elles auraient été renvoyées à
la suite d une sentence ou d'un jugement de
cassation. Le conseil des prises n'a donc point
une compétence limitée à des points de procé-
dure ou de forme , et l'on voit , par les terme»
dans lesquels est conçu le titre de son établis-
sement , que les questions foncières sur la vaH-
dité ou invalidité des prises maritimes , sont
le véritable objet de son attribution.
Il était possible, dira-t-on , que, si l'ancien
ordre eût été conservé , le tribunal de cassalioa
n'eût point jugé nuls la plupart des jugement
qui lui étaient dénoncés comme tels; et, dans
ce cas, les parties que ces jugemens intéres-
saient, n'eussent pas été exposées à de nouvelles
incertitudes sur le fond de leurs différens. J'en
conviens ; mais il était également possible que
la cassation fût prononcée. Dans le doute , faut-il
que le conseil des prises prononce sur des ques«
lions de forme , avant de se croire autorisé à
prononcer sur les questions du fond? Mais ,
se trouvant juge du fond et de la forme 1, il
séparerait des choses que son attribution unit ;
il manquerait le but principal de son établisse-
ment ; il agirait contre le bon sens et la raison
qui ne permettent pas de sacrifier la justice es-
sentielle à de simples formes de procéder, dans
une matière où la loi juge nécessaire d'écarter
les formes conientieuses de la procédure , pour
laisser plus de latitude à 1 application des prin-
cipes de la justice essentielle.
Je remarquerai pourtant que , pour ne pas ag-
graver ou compromettre , sans des considérations
majeures , le sort des parties qui peuvent, jusqu'à
un certain point, se prévaloir de l'autorité de la
\ÏU
chose jugée , il est équitable Je he pas réformer
légèrement des décisions régulières dans la forme ,
et intervenues en dernier ressort. Un simple mal
jugé , dans des hypothèses qui peuvent laisser
plus ou moins de liberté à l'opinion du raagislrai ,
ne serait point un niolil' suffisant de rél'ormaiion ;
car, si rien n'est purement arbitraire à la volonté
du juge , il est une foule de circonstances dans
lesquelles plusieurs choses demeurent arbitraires
à sa raison. Mais nous ne sanctionnerons jamais
une décision qui renfermerait une injustice évi'
dente , ou qui blesserait linlérêt d'étal.
Je sais que l'injustice , même évidente , ne peut
autoriser le tribunal de cassation à annuler Un
jugement rendu en dernier ressort, si elle n'est
jointe à la violation formelle de quelque loi po-
sitive. Mais cette règle est fondée sur ce que les
justiciables ordinaires du tribunal de cassation sont
des citoyens qui vivent entre eux, non dans létal
de nature, mais sous des lois civiles.
Le conseil des prises , au contraire , n'a pour
justiciables que des hommes, français ou étran-
gers, qui n ont eu, entre eux , que des relations
assises sur le dioit de la guerre , c'est à-dire, des
relations absolument régies parle droit des gens:
la cause de ces particuliers est toujours bée » plus
ou moin.<, à celle même des nations dont ils font
parlie. Or, les nations vivant entr'elles dans l'in-
dépendance de l'état de nature , il suit que ^ dans
la matière qui nous est attribuée , la loi naturelle
conserve un empire qu'elle obtient rarement dans
les matières civiles : car, dans 1 ordre civiles , les
principes du droit naturel dirigent; mais il n'y a
«ue les lois positives qui commandent; au lieu
que , relaiivcment aux choses qui appartiennent
au droit des gens , la loi naturelle est le véii-
table code des peuples , parce qu'elle seule est
au-dessus des souverains et des peuples •, de-là
toule infraction manifeste de la justice, de l'é-
quité, ou, de la raison naturelle, peut déterminer
la décision du conseii.
L'iniéiêi d'état , blessé ou méconnu , devient
encore un juste moiif de réformation ; cet in-
térêt ne saurait atteindre les objets qui sont sous
l'empire de la loi civile ; mais il est lui-'même la
loi suprême dans ceux qui sont sous l'empire
immédiat de la cité.
La guerre est le droit des états . et non celui
des particuliers; \d course est une délégation du
droit de la guerre ; personne ne peut armer en
course , s'il n'y est autorisé par une permission
spéciale du souveraiti ou du gouvernement ; cette
permission que le souverain nu le goiiverneracnt
peut refuser , est » à plus forte raison , susceptible
de conditions.
Un particulier qui n'aurait pas le mandat de
son souverain , et qui , forcé de se batire pour
ta défense personnelle , prendrait un navire en-»
nemi , n'en deviendrait point propriétaire ; la
ptoptiélè de ce navire appartiendrait à lélat.
Les ptoduiis de la course en faveur de l'arma-
teur sont donc une cession du souverain. Ils
jjourraient être réduits à la juste ei rigoureuse
indemnité du négociant qui arme à ses frais et à
jes risques. Tout ce qui va au-delà de cette in-
demnité , est un bénéfice librement abandonné
par 1 état à titre de don , de récompense ou
d'encouragement.
Ce qui n'est acquis qu'à titre d'encouragement ,
de récompense ou même d indemniié , ne 1 est
qu'aulant qu'il est reconnu qu on s'est trouvé
dans le cas de la récompense ou de l'indemniié
stipulée ou promise, Conséquemment le souverain
demeure toujours juge de la manière dont on a
exécuté son mandat.
Il est donc évident que l'on n'a droit aux pro-
duiis de la course qu après le jugement qui
prononce la validité de la prise. Juscjucs-là tout
demeure incertain et contentieux. Il est encore
iticonlestable que, dans ce jugement, l'iniérêt
de l'armaieur demeure toujouis subordonné à
linlérêl national ; car la puissance publique, n'a
ni la volonté . ni le pouvoir de se nuire.
Les produits de la course ne peuvent donc
être regardés que comme une propriéié politique
que 1 on ne saurait assimiler aux propriétés civiles
ordinaires. C'est même parler peu exactement que
de donner le nom de propriété à des émolumens
ou à des produits dont la cession ne peut se
réaliser quaprès due vérification des faits sur
lesquels on londe leur légitimité ; vérification
dans laquelle on doit avoir égard non aux règles
de celle justice privée qui gouverne les indi-
vidus , mais à cette sagesse supérieure qui régit
les sociétés.
Les armateurs en course connaissent les con-
ditions inhérentes à la nature de ce genre pé-
rilleux d'entreprise. Ils savent que la course
eiaul la délégation d un droit qui n'appar-
tient qu'à létat, ceux qui sollicitent ou qui
acceptent cette délégation , ne peuvent jamais
laite le préjudice de l'état qui les délègue ; et
qu'ils doivent êire jugés d après les principes
sur lesquels le bien même de l'état repose.
Ces principes seront la base des jugemens du
conseil , ttuèitie tlaris les affaires qlie nbUs avons
irOuvê pendantes au tribunal de cassation.
D'autre part , j'ai déjà observé qu'indépen-
damment de tout texte positif, l'infraction ma-
nifeste de la loi naturelle pouvait autoriser ,
dans les mêmes affaires , la rél'ormalion des sen-
tences rendues par les tribunaux d'appel.
Il semble donc qu'il ne resterait plus qU'à
conclure que , rien n'étant fini avant que le con-
seil des prises ait prononcé , il faudrait soumettre
tous ceux en faveur de qui la main-levée a été
ordonnée , à tine nouvelle consignation Ou au
cautionnement; car, avant que tout soit terminé
par un jugement absolument irrévocable , le
gage de toutes les parties intéressées dbit , d'après
les lois de la matière i demeurer en sûreté.
Une loi du 4 prairial , an 6^ relative à la ques-
tion que j'examine , portait : qu aucun neutre ou
soi-disant tel , ne pouvait , en matière de prises ma-
ritim-es , mettre à exécution aucun jugement définitifs
et qu'i'/ ne lui serait accordé aucune main-levée -,
à moins qu'il n'eût fourni au préalable bonne et
valable caution , dans le cas où les. armateurs se
seraient pourvus en cassation , où seraient encore
dans le délai utile pour se pourvoir^
Mais on voiti par cette loi, que la mesure du
cautionnement ou du refus de loutemain-levée ,
n'avait été prise qu'en faveur des armateurs fran-'
çais , et quelle ne grevait que les étrangers qui
gagnaient leur cause dans les tribunaux d appel\;
les armateurs français obtenaient pleine main-
levée , sans être soumis à un cautionnement, lors-
que les jugomens des tribuûaux d'appel leur
étaient favorables.
Le directoire , en provoquant la loi dont il
s'agit , avaii reconnu dans son message que , de
droit commun , l'exécution des jugemens retidus
par les tribunaux d'appel , ne peut êlre sus-
pendue. Mais il pensait qu'il fallait faire excep-
tion à ce principe général , contre les étrangers ^
dont la disparution pouvait rendre inutile l'action
en nullité que des armateurs français pouvaient
être obliges de porter au tribunal de cassation.
Je n'ai point à exarniner si ce motif était ou
n'était pas raisonnable. Mais je ne dois pas perdre
de vue qu'en force des lois existantes , les artna-
teurs français obtenaient i après un jugement du
tribunal d'appel qui leur avait donné gain de
cause , la main-levée qUi , dans le même cas i était
refusée aux étrangers. Une mesure qui , dans les
circonstances , obligerait les armatsurs français à
déposer de nouVtau le produit des ventes , ou
à fournir caution , serait évidemtrient rétroactive ;
et tout effet rétroactif est réprouvé par la justice.
Niais si , par quelques considérations particu-
lières , des armateurs français nom point obtenu
la ntain-levée, quoiqu'ils aient gagné l&ur cause
par un des jugemens que l'on regardait comme
définitifs , il est équitable que cet état de choses
ne soit pas changé jusqu'après le jugement du
conseil des prises , saisi de toutes les affaires pen-
dantes au tribunal de cassation. Car ,' dans ce
cas , il ne s'agit pas d'inquiéter ceux qui tiennent ,
mais seulement de nei pas investir cetrx qui ne
tiennent pas encore. Or, comme il est plus facile
de conserver que d'acquérir , il est également
plus favorable de suspendre une main-levée que
de la faire rétracter , quand elle a été consommée,
jl ny aurait pas de raison, depuis la nouvelle
législaiion sur les prises , de faire cesser un état
provisoire qui est Utile à tous , qui a été continué
jusquà ce moment, etauquel.les réglemens nou-
veaux , à quelques exceptions près , ne fixent
d'autre terme qu'une décision du conseil établi
pour remplacer, dans la matière des prises, tous
les tribunaux.
On annonce des jugemens rendus par les tri-
bunaux ordinaires < soit de première instance ou
d'appel , depuis la publication de la loi qui les
dépouille tous. Je n'ai pas des instructions assez
précises sur l'existence de ces jugemens , et sur
les circonstances dans lesquelles ils sont interve-
nus , pour pouvoir en faire l'objet de mes con-
clusions ; mais je pense que de tels jugemens ,
s'ils existent , sont incorapétens et nuls , comme
rendus en fraude de la loi i et par des juges sans
pouvoirs et sans caractère. Aucune main-levée
n'a pu valablement être accordée à la suite de ces
jugemens ^ et les parties sont ineontestablemerit
autorisées à faire réparer le dommage qui pourrait
en résulter.
Quant aux affaires qui peuvent avdir été termi-
nées dans les liibunaux d'appel , avant la loi qui
les dépouille . on doit distinguer celles où les par-
lies sont encore dans le délai du recours en cassa-
tion d'avec celles où les parties ont laissé passer ce
délai , et ont exécuié les jugemens sans se plain-
dre. ' Dans les affaires de cette seconde espèce,
tout est consommé et tout doit l'êlre , puisque les
pariies ont accédé à l'auioriié de la chose jugée.
Dans les premières , au contraire , les parties peu-
vent porler au conseil des prises, le recours
qu'elles auraient pu porter au tribunal de cassa-
tion. Ce recours no saurait être regardé comme
une surcharge, puisqu'il était dans le vœu des
lois sous lesquelles la contestation était née , et
dâhs la pres'cicncé des parties qlii igisSàiênt 'sdiiS
l'égide de ces lois. Ce n'est point une lanovaiidii-,
mais l'exécution d un droit acquis à tous cettft
qui ont été dans le cas de plaider devant les jugé'»
ordinaires; or, comme les jugemens rendus pàt '
les tribunaux d'appel ne pouvaient èire suspendus
dans leur exécution , si la main-levée a déjà été
réalisée à la suite de ces jugemens , on laissera les .
choses en l'éiai où elles se trouvent , sans rien in-'
nover non plus dans les causes où les jugcmertS
en d rnier ressort n'auront encore reçu aucune
exécution , et où les panies soni conscquemmetil
assez heureuses pour voir continuer les précau-
tions conservatrices de leur gage. '
Je ne crois pas avoir besoin de parler des con-
testations non encore jugées par les tribunaux
d'appel i ou dont T'insiruction est peut-être en-
core pendante devant les tribunaux de première
instance. Ces coniestaiions si-uit jKxiées de droit-
au conseil des prises , et il est incoutesiablÉ
qu'avant le jugement qui les terminera , oii hé
peut délivrer a aucune des parties les efiéisou les'
marchandises qui sont I objet du litige. Tout juge i
tout agent, tout administrateur qui mécounaîtiail
ce qui esi prescrit par les réglemens, répondrait ^
en son propre et privé nom, des dommages et
intérêts auxquels il aurait donné lieu pur sa
conduite;
On voit I, par les détails dans lesquels je suis
entré , qu'indépendamment du défaut de pou-
voir ou de qualité suffisante dans la persOrihS
du commissaire danois , pour intenter des ac-
tions et former des demandes , propremetit dires 4
dans des contestations qui lui sont individuelle-
ment étrangères , il serait impossible de faire
droit à sa réclamation , et sur-toul d'y faire dta'ii
par forme de mesure générale , sans s'eXposef
à commettre Une foule d'injustices , en confon-
dant des hypothèses qui sont dans le cas d'ètré
distinguées , et en assignant un sort comtllilîl. â
des panies qui sont dans des situations diffé-
rentes.
Le commissaire danois péUt rècôtiiniàhdef et
instruire. Il peut , par le devoir de Sa plaÉe \
protéger indéfiniment les néebciahs de sa nâtitjrii
Mais, pour pouvoir agir plus pardculiérenietlt
dans les eonteslaiions pendantes , il aurait be-
soin d'un pouvoir spécial dé la parlie du dej
parties au nom desquelles il agirait:
Le procureut fondé de plusieurs parties; dbll
agir ; séparément dans chaque cause , pour l'in-
térêt de chaque client , et ne pas cumul.-r, pii
des demandes in globo , des inieièis divers qui ne
se ressemblent souvent pas , et qui exigerlt
chacun un examen sépaié et une prononciatiort
distincte;
Goinra« chaque cause doit être insirUite et
jugée séparément , c'est aux parties et à leUrâ
détenseurs, à faire, dans chaque cause ; tOtis
les actes nécessaires à 1 instrucuon et au juge-
ment.
J ai pourtant Cru qu'il était essentiel de rap-
peler les maximes qui veillent , pendant le litige j
à la Sûreté des effets litigieux ; maximes aussJ
anciennes que la matière des prises , raaximeâ
vraies sous tous les régimes et dans tous leS
tems.
Dans ces circonstances , je conclus à ce tjti'it
soit dit n'y avoir lieu de prononcer stir la de-
mande du commissaire-général des relations comi=
merciales du Danemark , sauf à lui de fournir aii
commissaire du gouvernement près'le conseil ^
telles notes, ou lels mémoires qu il jugera utiles
à lintérêt des négocians de sa nation , et sauf
aux pariies ou a leurs défenseurs qui justijieraiiî
de Leurs droits et de leurs pouvoirs , d intenter lellés
actions , et de former , dans les afiaires les con-
cernant , telles demandes qu'elles aviseront j et
néanmoins pour prévenir les dangeri ou les abus
contre lesquels on paraît vouloir être rassuré 5
je requiers , efi mon nom ( pour 1 intérêt du goU-^
vernement et pour celui des arrriaieurs ou négo-
cians français et étrangers , dont les propriéiéi
et les gages doivent êlre garantis par la foi pti'-
blique), qu'il soit décidé que dans les contes-
tations antérieures au 4 nivôse , et dans celléé
postérieures à cette époque , qui n'ont point eti-
core été jugées définitivement, ou dont les juge-=
mens définitifs , mais soumis au recours en cas-=
sation , n'ont poiru encore éié exécutés , aucune
vente, aucune main-^levée , aucune décharge dd
cautionnement , ne puissent être accordées , au-
trement que dans les cas marqués par Variété des
consuls , du 6 germinal dernier , et par les régle-^
mens atixquels cet arrêté ne déroge pas,
Délibéré à Paris , le 3 prairial an 8.
Sigfié , PortAlis: .
Le conseil , après en avoir délibéré , décide!
i n'y avoir lieu de prononcer sur la demande dii
j commissaire-général des relations commerciales;
du Danemarck, sauf à lui de fournir au com-
missaire du gouvernement près le conseil , (elles
notes ou tels mémoires qu'il jugera utiles à lin-
térêt des négocians de sa' nation, et s.iul au»
1 parties ou à leurs défenseurs <Jui justifieront sp'
leurs pouvoirs , d'intenter telles actions, et dtf
foriper dans les affaires les concernant ,- telles' d»-'
ii56
mandes qu'elles aviseront, er sur les fins prises
d'office par le commissaire du gouvernement ,
décide que dans les conlesialions anléiieurcs
au .4 nivôse, dans celles postérieures à cetie
époque, qui nom point encore été jugées dé-
Rniiivement , ou dont les jugemens défijiitits .
iMais soumis au rçcoms en cassation , n'ont
point encore été exécutés , aucune vente , aucune
raain-levé-e , aucune décharoe de caulionnenieiit
ne pourront être accorilées milrement que dans
les cas marqués par l'afrêié des consuls, du 6
germinal dernier , et par les régleinens auxquels
cet anêié ne déroge pas.
Fait à Paris , le 3 prairial an 8 . maison de l'Ora-
toire, lieu des séances du conseil. Présens les
. citoyens Redon , président ; Niou , LacostS ,
MORKAO , MONTIGNY - MONPt.AlSlR , BaRENNFS ,
DtiFFAULT, P-arceval-Grand-Maison et TOUR-
WachoN , membres du conseil.
En foi de quoi la présente décision a été signée
par le présidenu
Signé, RÉDaN , piésident.
Par le conseil ,
Le secrétaire-général , signé, Calmelet.
SPECTACLES.
Le théâtre de lOpéra-Comique a donné hier
la première représentation de '^oé ou la pauvre
Petite. Cet ouvrage dû au citoyen Bouilly , au-
teur de l'Abbé de l'Epée, pour les paroles , et au
citoyen Planiade pour la musique , a eu du suc-
cès , mérite des éloges et des observations criti-
ques. Il n'est ni dénué d. intérêt . ni exempt d'in-
vraisemblance ; il oftre des situations bien ame-
nées cl quelques détails choquans , prouve de
la connaissance de la scène , et renferme quel-
ques parties où les convenances théâtrales sont
Eieconnues ; il est faiblement écrit : les couplets
sur-tout paraissent négligés , mais le dialogue
» de la faciliié et du naturel. 'Voici iljuel est le
sujet de cette nouveauté. Zoé, jeune orpheline ,
sans autre moyen d'existence que son travail , et
sans autre nom que celui de la pauvre Fetite , a
éie sauvée dans un danger pressant parHyppolile
Dcliiival , jeune héritier d'une famille dislini;uée.
Hsppolite a appris à coirnajtre le caractère , l'es-
prit , les talens et la vertu de celle quTI a sauvée.
Il est devenu éperduement amoureux. Zoé n'a
pus vu ,,sans émotion , un tienfaiteur aussi ài-
inable. Daliijval attend , pour s'unir à sa jeune
amie, l'aveu de sa mère retirée loin de Paris :
il sollicite cet aveu depuis deux mois.
Depuis deux mois ?ussi loge près de Zoé une
femme respectable que la pauvre petite s'est ha-
bituée à nommer sa mère. Leurs caractères pa-
raissent avoir de la conforn\ilé, et en apparence
leurs foitunes sont égales. Zoé propose à sa voi-
sine de réunir leurs petits ménages, et de mettre
en commun , sous la condition d'une égale
économie , le fruit modique de leurs travaux.
Ursule , c'est le nom sous lequel on connaît
d'abord l'amie de la pauvre Petite , consent à cet
arrangement ; et bientôt Zoé reconnaît qu'elle a
près d'elle un censeur sévère de sa conduite , et
tljl surveillant inquiet ; que toutes ses démarches
sont épiées , et quelque fois mal interprétées ,
que même des mauvais conseils lui sont donnés
pour 1 éprotiver et la surprendre: elle n'attribue
qu'à l'arhitié la conduite d'Ursule , et lui confie
le secret de son cœur. Ursule lécoute parler
d'HvPpolite avec un intérêt marqué , et répond
au nom de mère que lui donne Zoé, avec un
attendrissement qui suffirait pour faire connaître
au spectateur que cette fausse Ursule est la raere
de Dalinva) , usant d'un déguisement nécessaire
pour bien connaître les mœurs et le carac o e de
celle dont son fils est épris. Cependant un vieil
avare , que les charmes de Zoé ont rendu plus
épris que délicat et sensible , cherche depuis long-
tems à séduire la pauvre Petite , qui n'a pas man-
qué d instruire son amie de ce dessein. Le vieil-
lard trouve un moment Ursule seule , et veut la
mettre dans ses intérêts ; Ursule rejette l'olFre d'un
emploi si honteux : mais M. Fur^rd , c'est le nom
du séducteur , lui déclare qne déjà Zoé a reçu
de lui ides présents et quelques sommes assez
considérables. La mère d'Hyppolite frémit à
cet aveu. Bientôt , adroitement cachée , elle
est témoin d'un entretient dans lequel Zoé
demande elle - mêmjS au séducteur une somme
qu'elle reçoit de sa main , et dont elle lui
[promet une juste récompense. Un instant
après, un homme, couvert d'un manteau, a
pénétré chez Zoé , a reçu d'elle les expressions
J*s plus touchantes et la promesse de la somme
donnée par Furard.
Ursule dès-lors ne peut plus croire à la vertu
de Zoé , elle se décide à ne plus rien déguiser.
Hyppolite est entré chez sa maîtresse ; sa mère se
mon're. A peine reconnue , elle accuse Zoë qui
se défend avec calme , avoue les dons reçus ,
et prouve que la bienfesance et l'humanité en
avaient marqué l'emploi. L'épouse d'un frère de
Furard avait été la bienfaitrice de Zoë. L'avare
vieillard laissait dans une indigence cruelle cette
famille ruinée par des malheurs. Pour la secourir ,
Zoé n'avait pas hé.'iité sur le choix des moyens;
un mot tajusiifie , et lui obtient un consentement
qui l'unit à Dalinval,
Le reproche d'invraisemblance que nous avons
fait à cet ouvrage , nous paraît pouvoir porter
sur le fond des situations en général , sur un
des moyens principaux , la liaison intime de
Zoë avec une femme qu'elle ne connaît pas ,
et qui , -l'épiant et l'éprouvant sans cesse , devrait
moins lui être chère que lui paraître suspecte ;
sur le consentement d'Ursule à occuper un
appartement oti , exposée à être reconnue par
son fils ,clie doit craindre de ne pouvoir achever
son épreuve ; sur le silence que Zoë garde rela-
tivement aux dons qu'un motif honnête lui tait
recevoir ; enfin , sur la situation du frère de
Furard. On conçoit difficilement que dans, sa
détresse, il s'adresse à la pauvre petite dont il
doit connaître le dénuement. Sait il le moyen
que Zoë emploie pour le secourir? Son lôle
est encore plu'^i défectueux ; car il abuse de ce
qu'il y a de plus respectable , la bienfesance et
la vertu.
Le rôle de. Zoë bien tracé, souienu et inté-
ressant , a généralement lait plaisir ; il a beaucoup
de ressemblance avec celui de Bonne , dans le
charmant ouvrage du citoyen Bouchard , les arts
et l'atnitié. La conduite que l'auteur prête à sa
Zoë , n'est cependant pas exempte de blâme. Pour
secourir l'époux de sa bienfaitrice , Zoë devait
user de tous les moyens , excepté de celui que
la délicatesse réprouve , et c'est précisément celui
qu'elle emploie. Sa jeunesse l excuse, nous le
savons , non moins que la bonté de soti cœur;
mais elle n'est justifiée qu'à la fin de l'ouvrage ,
et elle a besoin que , dans le cours de son tôle ,
sa situation délicate soit exirêinement ménagée.
La moralité de l'ouvrage exige aussi ciu en par-
donnant à la légèreté de Zoë , on lui lasse sentir
le danger de son inconséquence. Quelques scènes
d'ailleurs ont besoin d'être revues ; et sans doute
n'offriront plus à la seconde représentation des
détails que la délicatesse de la scène française
repou-ssc ,et des tableaux que l'imagination d'Hyp-
polite peut bien offrir aux yeux de ce jeune
homme , mais qu il fallait dérober à ceux du
spectateur , puisque la pudeur de Z(ië est forcée
de les couvrir d'un voile, en interrompant 1 amant
indiscret qui s'oublie en les traçant.
La musique a été assez généralement applau-
die : on a paru remarquer la romance qui sert
d'exposition , un duo entre Ursule , et un trio
de situation Cette composition cependant nous
paraît mériter le reproche bien extraordinaire au-
jourd'hui , d'être un peu nue. Une simplicité
excessive est un défaut , comme une sur-
charge démesurée. Le malheureux Délia Maria ,
dans son premier ouvrage , avait lait une critiqite
excellente des compositions trop bruyantes de
nos jours. Il avait évité le bruit, simplifié son
orchestre, et tout subordonné au chant; mais
son charit était pur , mélodieux , original , sou-
tenu : il ravit tous les suffrages.
Le citoyen Plantade eût pu sans doute être
non moins heureux , et le premier acte de Palma
justifie son talent plus que toute autre obser-
vation ; mais il faut, en l'excusant, faire ob-
server que l'ouvrage pour lequel il vient de
travailler présente quelqu'unif'ormilé , peu de
morceaux favorables au musicien , et qu'il a
pu souffiir quelquefois ou du placement des
morceaux, ou de l'arrangement des paroles , ou
de l'emploi de quelques expressions peu so-
nores , de quelques tours peu lyriques.
La pièce est bien jouée : mesdames Saint-Aubin
et Dugazon y sont on ne peut mieux placées.
S
Elémens d.e critique dramatique , conttnant une
analyse du théâtre , sous les titres suivans : De la
Tragédie , du Tragi-comique , de la.,Comédic , de la
Pantomime et de la Farce , avec un coup-d'œil
sur l éducation des acteurs grecs e' romains, pour
en conclure quelques principes généraux et né-
cessaires à l'instruction de l'art théâtral ; ouvrage
traduit de l'anglais de 'William Cooke ; par
P. F. Aubin , avec cette épigraphe :
Siagula, quseque locum teacant soTtita decentem.
''' HOR. de an. poër.
De l'imprimerie de Delance , et se trouve à Paris ,
chez Carterel , libraire , rue Pierre - Sarrasin ;
Maradan , rue Pavée André-des-Arts ; Buisson ,
libraire , rue Hautefeuille , et Delance , impri-
meur , rue de la Harpe , n° l33 , an 8 , un vol.
in-S" de 3oi pages ; piix , 3 fr. pour Paris , et 4
fr. pour les départemens , franc de port.
Le litre de ce livre en annonce le but et l'utilité.
Critique signifie ici l'art de juger les ouvrages
dramaticpies , d'après les règles de composition
établies pour ces sortes de productions. C'est un
public rassemblé pourêtrejuge. que l'auteuranglais
et le traducteur français semblent avoir piis à
tâche d instruire en lui traçant ces règles constan-
tes , invariables comme le goût , régies ■ qui doi-
vent présider à nos jugemens comme elles contri-
buent à nos plaisirs en embellissant la scène
tragique et comique. Cette scène a ses loix qui
forment une partie de sa gloire. Il était impossible
de les rassembler toutes dans un code dramatique
mieux fait, de les classer avec plus de méthode ,
de les définir et de les expliquer avec plus de
justesse et de précision.
On ne se serait peut-être pas attendu à devoir
aux anglais d'excellentes leçons en ce genre ,
parce cjue leur théâtre est beaucoup moins régu-
lier que le nôtre. Mais ces leçons , comme toutes
celles de la saine littérature-, puisées à leur véii-
table source , dans l'antiquité et les meilleurs cri-
tiques , peuvent être données partout. Les pré-
ceptes doivent être les mêmes pour tous les
théâtres , chez tous les peuples anciens et mo-
dernes , parce que la raison , le seiiliraent des
convenances et la vérité sur lesquels ces pré-
ceptes doivent être fondés , sont partout les
mêmes. Il faut y ramener sans ce-.st quicoocjue
s'en écarte ou les ignore.
Ce traité a , d'ailleurs , le mérite réel et parti-
culier de les exposer avec un ordre et une clarté
vraiment didactique II renferme des choses abso-
lument neuves dans plusieurs chapitres , piinci-
palenient sur léducation et les études du comé-
dien. Nous n'avons peut-être rien de plus précis,
de rnieux pensé , de plus moral même et de plus,
propre à former dexcellens acteurs, commeà
les faire justement apprécier.
Mlle Clairon nous a révélé le secret de ses
études dans cet art si diflicile oti elle excella ;
mais les bases fondamentales en sont ici posées
d'une manière plus fixe et plus déleiminée.
Cet ouvrage , traduit en français , présente un
parallèle cuneirx entre la littérature . anglaise et la
nôtre; il offre des rapprochtmens utiles pour
l'art dratnatique ef théâtral, dont les principes,
dans leur application aux auteurs d'une nation
voisine no'ire rivale en tous genres de célébrité,
ne passaient pas pour être les mêmes que les
nôtres. La comparaison ne peut être qu'à notre
avantage. Il faut nous en glorifier et en profiter ,
pour nous attacher de plus en plus à une perfec-
tion dont les modèles nous appartiennent. 11 faut
même savoir gré au traducteur d avoir enrichi
notre langue d une nouvelle espèce de conquête
qui nous est en quelque sorte rendue, puisque
ces principes étaient les nôtres long-tems avant
que les anglais se les fussent appropriés.
Cet ouvrage est indispensable à tous ceux qui
fréquentent le théâtre sans lavoir étudié , à ceux
même qui voudront réunir dans un seul voluine
tout ce qu'on peut savoir sur l'art diamatique et
théâtral ; c'est un livre d'autant plus nécessaire
aujourd'hui, qu'on étudie moins pour apprendre
à juger les auteurs, les pièces de théâtre et les
acteurs, tandis qu'on dévore tant de livres anglais
inutiles , et qui n ont pour toute recommanda-
tion que la nouveauté.
Du reste , cette traduction élégante et rapide
nous a paru faite par un homme qui joint à la
connaissance de la langue anglaise beaucoup
de goût et une grande habitude du théâtre fran-
çais : on peut en juger par les remarques très-
intéressantes qu il a quelquefois ajoutées à son
texte.
Bourse du i5. — ES ets publics.
Rente provisoire aS fr.
Tiers consolidé 32 Ir. yS C.
Bons deux tiers 1 fr. 54 c.
Bons d'arréragé 87 Ir. 25 c.
Bons pour l'an 8 81 (r. 75 c.
Syndicat.., 67 fr. yS c.
Coupures f>7 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjje et des Arts
Auj. relâche.
Théâtre de la rue Fevoeau. Aujourd'hui
les deux Journées , o^éia. en 3 actes, suivi de
l'Amour filial.
Théâtre DU Vaudeville. Auj. V Anneau perdu;
M. Guillaume , et la 2' repr. de la Pièce curieuse ,
tn un acte.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Dem. Quinto et Isabelle ou la fausse Veuve ;
l Amitié vaincue par l'Amour , vaudeville.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. relâche. — Dem. c'est le Diable.
A Paris , de l'i.nprir.ierie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" l3.
GAZETTE Nationale ou le moniteur universeî..
JV^ 287.
Seplidi , 1 7 messidor an 8. de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aucotisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
. Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
rintérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré auif sciences , aux arts et aux dérouvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
Dr
ANGLETERRE.
Londres , /« 27. juim ( 8 messidor. )
'ES lettres des Etats-Unis d'une date récente
annoncent la dest^tuiion de M. Pickerinc;, secré-
laire-détat. Il éiiiit très-atiaché aux ini"eiêis de
l'Angleterre. Oji rtgardait sa deslitution comme
une espace de sacrifice lait au parti qui désire
la paix avec la Fiance.
Suivant les gazïltes de Philadelphie de floréal
deinier , il paraît que M. Cooper , de Man-
chester a été jugé et convaincu de sédition.
Lt Hatrlcm , de 54 canons , et neuf autres
vaisseaux de guerre ont eu ordre de se rendre
à Cowes , pour y yjrendre le Ss' et quatre autres
tcgiracns , qui doivent être employés à une
expédhion sous le major-général lord Cravan.
Les espagnols ont détaché de la Cornone un
corps de 600 hommes qu'ils ont envojé aux
frontières du Poriugal , pour empêcher ^qu'il
ji'y soit exporté des grains dont la rareté est
très-grande dans ce dernier pays.
La chambre des communes d Irlande vient de
voter une somme annuelle de l5oo liv. sterling
en faveur des royalistes qui ont soufFert person-
nellement dans la dernière insurrection. i5oo
autres livres ont éié votées pareillement , parforme
d annuités sec rettes,. pour être distribuées aux per-
sonnes qui ont découvert les trames de cette in-
surrection.
Le mnl-cntendu entre les cours de Péiersbourg
et de Saint-James remonte à la malheureuse ex-
pédition contre la Hollande. Il a augmenté depuis
à un tel point, que le traité de commerce entre
les deux nations est au moment d être rompu.
On écrit d Halifax qu'il y a tout lieu de croire
que le transport le Frances expédié de Falmouith
avec les bagages du duc de Kent , a coulé bas dans
sa traversée. On estime la perte des effets du
grince à huit mille liv. sterling. Il y avait malheu-
reusement un grand nombre de passagers à bord
du Frances.
La flotte attendue des Indes occidentales , et
consistante en plus de soo voiles , sous l'escorte
du Prince de Galles , de g8 canons , et de la Vic-
torieure de 12 , a passé devant Plymoutb le 4
messidor.
Comme nos ministres doivent paraître ridicules
avec leurs expéditions en faveur de l'Autriche ,
lorsque les Irançais, en très-peu de jouis, et pour
ainsi dire d'un seul coup , ont mis tin à la guerre
continentale! ils mériteraient que le parlement
lançât contre eux un bill d indictement , ainsi
intitulé: Pour avoir attiré le mépris universel sur
h gouvernement de leur pays.
Le capitaine Beaver est arrivé à l'amirauté avec
des dépêches de lord Keiih , et M. Cox , messa-
ger-] éiai , aux bureaux de lord Grcnville , avec
une copie , dit-on , de la capitulation de Gâtes.
( Tous les articles ci-dessus sont extraits du
Morning-Posl. du 7 messidor. )
M. "W. Rendait , de Kitbymooreside , est loinbé
âc cheval dernièrement, et s'est rompu le col,
pre.'qti'au même endioit a\s son frère , M. T. Ken-
dall éprouva le même sort il y a quelques années.
Le Shortlnnd . capitaine Hurd , a péri à la hau-
teur de l'isle de Mogane ; tout l'équipage s est
lauvé.
• On a remarqué que les fils d'ecclésiastiques se
sont toujours fait distinguer dans la marine de
ce pays par leurs exploits et leur courage , et ont
«lé élevés aux plus grands honneurs.
Sir Francis Drake était Ëis d'un vicaire d'Up-
more.
Sir John Berry , qui s'est distingué dans les
guerres contre la Hollande , sous le règne de
Charlesl'' .avait pour père un vicaire de Knowes-
ton dans le Devoiishire.
Sir Peter Dennis , mort en 1778, et qui légua
■une somme de 23, 000 liv. sterl. aux enl'ans mâles
issus d ecclésiastiques , devait le jour au révérend
M. Jacob Dennis.
Lord vicomte Hood et son frère l'amiral lord
vicomte Biidpoti sont les enfaiis de feu M. le
curé ue 1 bonicombc dans le comté de Oéven,
Le contre- amiral lord Nelson, chevalier de
l'orcire du bain et duc de Brome en Sicile, est
le 4' fils du rév. M. Edward Nelson, curé de
Burnam Thorpe, dans le Norfolk-sliire.
Nous pourrions citer ici un grand nombre
d'autres marins de celle réputatiou , qui ont pris
naissance parmi le clergé de ce pays. (-Extrait du
MoTuing-C.hronicle ^ du 7 messidor.)
Du \" juillet ( 1% nlssidor).
Cours des effets
Les trois pour cent consolides, fermés. —
pour leur ouverture 65 ^ i 64 | 65.
Trois pour cent impériaux 62 -i- — Omnium
2 i 2 î- — Omnium irlandais 3 ï- 5. .
Cours des effets américains. —^ Du 8 messidor.
Huit pour 2 107, 108. — 6 pour | 84. — 5 i p. |
aucun sur la place. — 3 (.our | Sa | 53. — Arriéré,
dontliniétêt commencera à courir du i'' janvier
1801 , à 6 pour I 82. — Actions de banque rap-
portant un dividende annuel de 7 1. 4 sh. par
action , 122.
Il est très-singulier que ce soit le consul Bo-
naparte qui relevé le crédit national de ce pays.
En effet . les fonds publics lui sont redeva-
bles dune hausse d'un à 2 pour cent ; hausse
résuliaiite de lespoir que ses dernières victoires
en Italie donnent ici d une paix prochaine.
Nous devions recevoir le 10 messidor une
malle de Hambourg ; elle n'est pas encore
arrivée. Il est possible qu'elle apporte aux mi-
nistres la nouvelle officielle des victoires dé-
cisives des français en Italie , et peut-être même
des communications sur les seniimens de la cour
de 'Vietme relaiivement à la paix. Aujourd hui
otà il faut renoncer à touie espérance de pour-
suivre la guerre sur le continent avec succès,
si le désir universel qui se manifeste ici pour
la paix, était exprimé avec fcLmetè, il n'est pas
douteux qu on ne forçât les ministres à négo-
cier sérieusement. Dans le cas oix ils s'obstine-
raient à refuser de s unir à l'emji^reur dans
1 acceptation des préliminaires offerts par le
premier consul de F.ance , ils nous réduiraient
alois à traiter un jour isolément et avec désa-
vantage.
Il n'est nullement vrai (|u'il soit arrivé ici
quelqu'un de la part du cûnsul Bonapaiie.
Le bill concernant l'uriion de l'Angleterre et
de 1 Irlande n'attend plus que la sanction du roi.
Le contre-amiral Pôle, a arboré son pavillon
sur VAzinconrt , et se rend à Terre-Neuve,, oii
une insurrection a éclaté parmi les troupes.
Il y a eu un mouvement itès-sérieux au spec-
tacle àNoitinga-n, à 1 occasion du God save the
t^ing , qu'un parti a voulu empêcher 1 orchestre'
de jouer. Trois officiers du déiach'ement envoyé
pour rétablir l'ordre ont été giiéveraent blessés.
(Extrait du Morning-Chronicle , du n messidor.)
Extrait du Times, <!:& juin.
Chambre des communes. — Séance du sy juin.
M. Shéridan. Je me levé en conséquence d'un
avis que' j'ai donné de linieniion oii jetais de
proposer ce soir que la chambre fûi appelée à
se réunir d'aiijourd hui en i5. Je n ignore pas
que, lorsqu'on fait de pareilles motions , il est
d'usage d établir les bases sur lesquelles on es-
père leur concilier l'appui de quelques mem-
bres. Quand je parlai , mardi dernier , de cette
proposition, le chancelier de 1 échiquier parut
penser que rien , dans l'état actuel des choses ,
n'exigeait une attention ou une assiduiié particu-
lière des membres de la chambre , les nouvelles
arrivées de France ne lui paraissant que de sim-
ples bruits peu authenticjues ; j'ai regret de le
dire ; mais tant s'en faut que les doutes du chan-
celier fussent (ondes , qu au contraire tous les
tenseignemens ultérieurs nom fait que confirmer
lesfâcheuscs nouvelles, et ajouter de nouveaux
motifs à lafffiction qu'elles sont propres à ré-
pandre parmi nous. Nous ne connaissions d'a-
bord qu'imparfnitement l'étendue des malheurs
de nos alliés. Pins nous en recevons de parti-
cularités , plus nous voyons combien est déplo-
rable notre calamité commune.
Mon inicniion n est pas de m'étendie sur ce
sujet; je n'examinerai point la conduite et les
détails de la campagne , encore moins entame-
rai-je la haute discussion de la guerre et de la
paix. Ce sont là de graves et importantes ques-
tions qu'il faut réserver à un tems oij les esprits
plus calmes p.iurroni les envisa2,er avec la feimeté
convenable. Je me borne donc a cx:«m!ner si notre
posiiionetcellcdi;nosnlliésnesontpas tellement
changées qu il nous convienne d appeler sur cet
objet l'attention de la chambre réunie , <-i si , dans
la crise oir nous nous trouvons, il est à propos
que les membres se retiieni vers leurs commettins
sans prendre en considération la conduite des
ministres; si nous devons laisser la direction de
la guerre et de la paix entre les mains de ces
mêmes ministres , dont les espérances ont si sou-
vent été illusoires , les prophéties si hubituelle-
mi nt mensongères , sans faire du moins un effort
pour avertir S. M. de la situation la plus critique
peut-être qui se soit jamais présentée dans le cours
de iiotte histoire.
Quand cette matière fut soumise aux réflexions
de la chambre, un de mes amis qui rarement
paraît parmi nous , mais dont le langage pio-
p'uétique . dont les idées lumineu.'es , ne font
que recevoir de son absence un nouvel éclat ,
vous fit voir tous les dangers de voire posiilon ;
il vous monira combien était impolitique\et
mal calculée la marche que vous suiviez, vous
invitant à vous arrêter , à jetter un regard im-
partial sur I état de l'Europe, et à prendre la
route que vous indiquaient votre' intérêt et vos
devt>iis ; mais null s considérations alors ne
purent ariêter le ministre ; nulles considéraiions
ne purent engager la chambre à traiter même
avec la décence ordinaire , les ouvertures de
p ix que 1 ennemi nous avait faites. On nous
dii que nos ressources étaient intactes ; que l'en-
nemi n'était pas en état de souienir plus long-
tems U guerre. Les ministres , dans cette SJge,
dans cette patriotique et poliiique pièce , la
lettre de mylord Grenville , déclarèrent que le
rétablissement de la maison Bourbon pouvait
seul satisfaire le gnuvernementanglais. On exigea,
comm:> une condition Sine qnâ non , pour
traiter avec Bonaparte, que co général reconnût
lesdroitsde la dynastie des Bourbons à lacouronne
de France.
Tel était alors , je ne crains pas de le dire , le
vrriiable nœud de la di.ficulté. je n'ignore point
cependant , que des raisons plus générales furent
'invoquées par plusieurs membres à l'appui de
l'opinion du ministre. Ces argumens peiivent se
réduire à six : et lorsque je les aurai rappelés à
ceux qui les onif.îii valoir , ils seront obligés de
convenir que tous se sont trouvés faux.
Le premier de ces motifs éiait que nous de-
vions attendre que le caractère et les vues de
Bonaparte nous fussent mieux connus. Nous
n'avions pas sur ce point assez d'expérience, et il
nous manquait l'évidence des faits.
Le second motif , et c'était celui sur lequel on
s'appuyait avec le plus de confiance , consistait
dans le secours que nous devions tirer de notre
magnanime, allié l'empereur de Russie. Ei lors-
qu on demanda ce que nous ferions dans le cas
oii il rappellerait ses troupes , on répondit que
lélecieur de Bavière pourrait en fournir à peu
près le même nombre à la cause commune ;
qu ainsi cet événement ne changerait rien à la
probabilité du succès. Ouvrons donc L*s Idoles de
[histoire , et voions le magnanime Paul I"'
rappelant chtz lui ses troupes , tandis que les
promesses des troupes bavaroises fournissent am-
ple matière aux historiographes de 1 expéiience et
de l'évidence des faits.
Le troisième argument fut qu'un traité allait
être conclu avec l'empereur d'Allemagne; qu'en
venu de ce traité ce prince allait coopérer puis-
samment avec nous , et ne ferait point la paix
sans notre participation. Ici . jp pourrais deman-
der si l'expérience n'a pas prouvé la vanlié de ce
traité. Mais comme on n'a jamais jugé à propos
de nous le faire connaître , il fournit ce me
semble un nouvel anneau à la chaîne de i'évi»
dence des faits.
La quatrième des raisons alléguées était une
des plus mal choisies. On nous disait que la re-
prise d'une grande partie de l'Italie par les autri-
chiens , était un gage as,suré de la conquêie
prochaine qu'ils allaient faire du territoire qui
demeurait encore sous la domination des fran-
çais. Ici . coiume di.ns tout le reste , l'expérience
nous a cruelk-ment trompés.
ii58
La cig^^U)ç%e ja i;efiaV3U^We ; e|(e f^nsisJ^iÇ
dans l'exposé mysierieûx des espérances des roya-
liMes de France. On nous vantait le courage
renaissant de ce parti. Les i;oy:iIistfs avaient
trouvé des alliés parmi les jacobins et les répu-
blicains modérés qu'indignait l'usurpation de Bo-
naparte ; toute la France allait êlre une scène de
mécontentement, de désordre, de lunnulte et
d'insurrection. La France es,t restée tranquille et cp
semble, assez heureuse. L'expérience et, l'évidence
des laiis prouvent encore ici combien nos pro-
phètes sciaient abusés ; et la nature humaine sur la-
quelle le ministre avait si fort compté , a paru
révoltée du vil et barbare EîQJÊt de liïret au
glawe de l'insurrection et de la guerre civile
plus de 3o milliorts d hommes.
Le sixiçme et dçrnier des motifs t^ont j'ai p?,rlé
fui ceitf sage et merveilleuse Içtire dg lord Greii-
ville : écrii , à mon avis , honteijx et misérable ,
i^ans lequel on refusa insoletpraent de iraiier avec
un ennemi dont les proppsitionj ç'^ipnt SagÇS ,
Hioijéréeç , et , selpii ioy,te5 If s ?pp^repçf ç ,
tîntes de boijpe foi. ^ ■ —
pQ^rrjit çnçore se ççinfiçi; ! §lle psottîtiit estimer
çncçiç uq rniaiçtri; qui a prouvé qu'il ne ïait
àpj^réçieî îii l'ppipiçin publique de lïurope , ni
U yçaif sitUftiioi^ dif 1^ France , r>i Us seiatiiuens
4e 4Ç5 ^a^ii^n* , ni les rçssourççi de son gou-
V.çrt}ernept, ni le noçnbre, ni les disppsidons , ni
lç5 fçrçcj de sçs armées ! qui ne paraît pas
r^ç\)3^ ^qh coiiDij les ressot}rç«:s d« nos alliés , et
qui pendant que l'un d'eux nous rçtirç son appui ,
nou^ aq;)use dun prétendu ttait^ dQnt l;>ientrôt
il' n'est plus question ! Qua.m à moi, jç tien$
qu'un pareil minisire niarique de toute pru-
dence comme politique , et de toute sagacité
cojAme hoirime d'état. Jç dçcl.arequil ne pçut
ni conduire la guerre avec succès , ni fairç la
paix avec honneur.
^tpoijrtant, qtjpi qw'il air çchoué dans tous
t.es. calculs , il lui reste , pour continuer Ig guerre ,
u,ri tijQiif personne;! et particulier. Chacun peut
»Ç rappeler que , lorsque le caractère de Bonaparte
fiit ici le sujet d'une discussion , I honorable
içcnbre descendit aux injures les plus basses,
au> plus ignobles outrages. Le ministre n'ajouta
rien à Is considération qu'il mérite , en se per-
rueltaiit de traiter avec çeite grossièreté un homme
véri'ijiblement grand ; mais quoique l'on puisse
penser de sa co.iduiie en cette occasion . il est
natiirel de supposer qu'il sera embarrassé pour
.traiter ayec un personnage sur lequel il s est ex-
primé d'une façon aussi contraire à la mesure
d un politique , qu'aux manières d un homme bien
élevé. Son amour-propre I engagera à prolonger
la guerre , et la nécessiié seule pourra le déter-
miner à changer d opinion.
O.Q ne me saura pas mauvais gré de m'arrêler
ici sur le caractère et la conduite de Bonaparte ,
d,oni i,l ^ tant été parlé dans nos précédentes dis-
cussions , ei je demande à. tout homme de bonne
foi qui in'écouie , si loutes les actions , foules les
mesures dç cet homnie extraordinaire , depuis
quii est revêtu , en France, du pouvoir suprême,
ne sont pas propres à placer son caractère au plus
haut rang dans les annale; de l'humanité , de la
sagesse et d,e Is^ v^ctu.
Qjjclle opitjipn doit-pR; avpir en France d'un
miiiisire qui , il y a. trois mois , déclamait si
haute,ment contrç ce général ? Ç éiai) un athée,
nous disait-pn , il insultait à la religian de lEu-
rope ; c'était un ravageur ; en courage , en talens
militaires, il était inférieur à Suwarow : nos ma-
telots i^âoies , aux, murs de Saint-Jean-d'Acre ,
avaient souri de aan ignorance dans l'art de la
guerre.
Hé bien .' cet athée , il a protégé la religion; ce
perfide aventurier a fidèlement observé la foi des
traités : les sciences et les arts ont trouvé protec-
tion C4 encouragement sous l'autorité de ce bri-
gand ; cet usurpateur si féroce , a eu pitié des
misère? humaines , il a soulagé l'infortune , et la
victoire a couronné les trqupes françaises , guidées
par cet apprentif dans l'art des combats.
Ce n'est pas sens étpnnernent , je l'avpue , que
ye me rappelle la roaniçre dpni ce général fut
traité dans cette enceinie. J'eusse attendu d'un
membre du parlement d'Angleterre plus de can-
iipuRle 4e parler %\ longuement de Bonapirte , W ; dre des mesure! qui acheveiwit 1» ruine de cet
toutes ses démarches n'étaient remarquables par ; allié , et rendront cet ennemi invincible. Tel n'a
une rare modéraiion , par une humanité sin- I pas été jusqu'à présent I esprit du parlement ;
çnliere , et par des talçns itvipéri«?,qrs à tpMtS J^js iie <wre»l pas les sentimens et la çoB^pue
concurrence.
Ouant à la paix , je vais ledif« , c'est le comble
fit la preuve de notre infortune que le peuple
n'ait point assez d'énergie pour exprimer sa véri-
table opinion , sur-tout dans un moment oîi il
est si esscniiel de la connaître. Cependant, quoi-
qu'en général on garde le silence , et que , mêtne
dans ç.eije çhîrohre , on ne se déclare pas pour
la paix, à peine se trouve-t-il un homme instruit
de nos désastres qui n'ait éprouvé à cette nou-
velle quelque sentiment de joie, dans l'espoir
que ces événemêns contribueront à la paçifica-
ijpn, Les amis mêmes du gouvernement, et les
hommes à argent , observent que les fonds ont
monté par suiie de l'opinion généralement ré-
pandue que les ministres , après tant de preuves
de l'extray^gance de leurs vues, écouteront enfin
la voix de 1 humanité , et useront de leur in-
fluence pour lertttiner cette longue scène de
malheurs e.t de carnage.
Je ne peux, au reste, ra'empêcher d'appeler
l'attention de la chambre sur l'état d'apaibie que
^e remarque dans le peuple. C ejt un triste aspect
que celui d'une nation entière insensible aux
misères qui affligent une si grande portion de
l'espèce humaine : c'est en voyant cette dispo-
sition que je trouve vraiment notre situaupn
déplorable.
Nous ne demanderons pas la paix, disent les
ministres, nous attendrons que les défaites, les
malheurs et la honte] et le massacre de nos
alliés soient consommés. Etranjie contre-sens ,
qu'il y ait si peu de vertu puolique et de pu-
blique indépendance dans un pays riche de tant
de choses propres àinspirer des sentimens hon-
nêtes et vertueux ; et cela dans un moment où le
danger commun exige |e concours de tous nos
efforts pour résister au torrent qui nous menace !
Je n'insise pas pltis long-teras sur cette matière.
J'ai taché de tourner 1 attention de la chambre
vers les événemêns qui se passent sur le grand
théâtre du monde , et je me flatte qu'il est lems
encore d'espérer que le parlement anglais s é-
veillera au bruit des périls dont la nation est
menacée.
Quant à ma motion , je ne pense pas que les
ministres s'y opposent. Heureux , au contraire ,
s ils profilaient de cette occasion pour montrer
qu ils prennent quelque intérêt au repos public ,
en s unissant à moi pour demander qu'avant de
terminer leur session , les représenians de la na-
tion anglaise considèrent dans leur sagesse col-
lective 1 importante question de la guerre et de
la paix.
J'en ai dit assez sur ma motion , et je laisse
à la prudence du ministre à examiner s'il doit
s'y opposer ou la soutenir, tije propose donc
que la chambre soit invitée à se réunir d'aujour-
d'hui en i5 jours,
M. Pitt se levé au moment où l'orateur allait
prendre l'avis de la chambre. Tout le discours
du prèopinani , dit-il , peut se réduire à deux
ppints J savoir , qu'il faut ou négocier »ur-lç-
champ avec la France , pu confier à d'autres
ministres les affaire; de ce pays-ci : il eût miei^x
fait, ce m,e semble., de présenter expHcitement
l'une ou l'autre de ces motions. Quant à l'ap-
pel de la chambre, il me paraît inutile, ainsi
que le fut toujours toute mesure de ce genre,
parce que si la matière qu'il s'agit de discuter
est réellement d'un grand intérêt , elle attirera
par elle-même tous les membres à leur poste,
sans qu'il soit besoin de ces itivitatipns forcées
toujours susceptibles de beaucoup dincon-
vénlens.. Les raisonnemens de l'honorable mem-
bre sont uniquement fondés sur les nouvelles
récemment arrivées de France , et qui lui pa-
raissent assez authentiques pour qu'il nous faille
en conséquence changer sur-le-champ dç sys-
tème , et abandonner la conduite que nous
suivons depuis près de huit années. Des. récils
faits par l'ennemi , quelqtie positive qu'çn puisse
être la forme , ne peuvent gueres , aux yeux
d'un homme sans prévention , être considérés
comme des documens authentiques : et il rhe
deur et plus de dignité-, mais cette malheureuse paraîtrait étrange que la chambre, sur de pareille;
guerre nous a rendus soijrds à ces sentimens . . ■ . .
héro'iques qui jadis entretenaient parmi nous un
esprit loyal et martial. Le général français a prouvé
quil était digne déshonneurs dus aux héros.
Jamais , depuis les jotjrs d'Annibal et de Rome ,
de plus brillans événemêns n'ont dû être suivis
de plus imporirantes conséqiiences (i). J'aurais cru
notions , crût' devoir prendre -djes mesures pré-
cipitées dans une affaire d'où dépérirent et notre
sûreté et la tranquillité de toute l'Europe. L'en-
nemi lui-même ne nous fournit encore sur ces
laits aucun récit officiel ; du moins n'en ai-je
vu aucun dans les journaux de Paris. Et c'est
sur ces informations incomplettes qu'on invite
la chambre des communes à faire une démarche
,,, T «T ■ /-L • ; 1 ■ ■ auprès du pouvoir exécutif , à exercer un droit
(t)Le Afornm^-CAront../. rapporte la citation dont elle ne doit faire usage qu'avec la plus
suivante conime ayant ete fane par M.. Sheridan ^û,^ réflexion et dans les ^as les plus urgens;
acel endroit de s.on discours .- carcestun droh, de sa nature, extraordinaire, et
<' Un hotnme ( dil-i,l de Bonaparte ) cujus ado- \ réservé seulement pour des circonstances exirê- . -, t,. >,,„.,. i,uuj suiumes
lescenlia, m scifiitiam rei militaris , non a/icnii mes. Présenter une semblable proposition . c'est 1 dit-il , des ministres sage»: nous a.vons pris pour
preceptis sed ju« imperik , non defensionibus b-elli dire à la chan^bre : Vous ne connaissez ni les le bien de notre, pays les" mesures. les nueuxcaU
sed victoriii , ^ûn stfpendiij , s£d. triutnpJùs ut pertes de votre allié . ni les avantages de votre 1 culées, : la fortttne ^euJe a trpmpé notre aiieB4e.-
^^dita. , I ennemi; cependant , je vous conseille deprèn-'Mais Ipisque j'ai fait vpir que toutes les mesures
qui , dans de plus grands désastres ,■ nous firent
triompher des périls qui nous menaçaient , et
nous dictèrent des mesures propres à ?auv«r et
nous et le reste de 1 Europe.
Dans la récapitulaiion curieuse, que l'hono-
norable membre a jugé à propos de fctire def
motifs qui nous ont décidés à la continuation
de la guerre , il a omis et les raisons pririçipales,
et la qualification de celles qu'il a déduites ; il
a parlé des espérances que nous fondions sur
les jecpurs de noj alliés , el sur l'épui^me^t
de notre çrinen^i , non seolem.tnt sous le. rapport
railiiaiie , mais sous celui de ses finances : et
sur ce dçrnier ppin! , le préopisant n'a pas prouvé
que nous, nous soyons itompés. Notre véritable
et essentiel argument se réduisait à ceci : y a-t-il
quelque probabilité que, par nos propres eftor<#
et le concours de nos alliés . nous ptiission»
parvenir à une position assez siire pour que \%
paix soit préférable à la guerre ? A ce se»l
point , se rapportèrent tous les raisonnemçnsdont
on a fait l.a critique. Si les événemêns ppt trpmp4
nos calculs , il' ne' s'ensuit pas que nos espé»
rances fussent mal fondées. Le préopinant a
travesti des inductions en promesses. Mai? Ic
gouvernement, a-t-il promis que les aulrichiç.ftl
seraient constamment vainqueurs? a-t-il dit qtj'il
n'arriverait aucun échec résultant même d'evé-
nemens que toute la prudence n'eût pu pré-
voir. Non , sans contredit ; mais, sans contredit
aussi , personne ne s'est déterminé à continuer
la guerre , sans se résoudre à en subir les chances
avec courage et fermeté. Si nos alliés échouent
dans leurs plans , si quelques-uns manquent
aux efforts que nous en attendions, du moins
ne nous manquons pas à nous mêmes, quelle
qu'ait pu être la conduite des autres dans de»
circonstances qui nous sont encore si imparfaite-
ment connues. S il nous faut négocier , attendoAt
pour le faire que nous connaissions la situatioa
de nos alliés et celle de nos ennemis; nous trour
verons, il y a lieu de le croire, que les avantages
de ceux-ci ont été achetés plus chèrement qu'oa
ne le dit. Nous ignorons encpre quelles sont le»
ressources de nos alliés , et s'il ne leur içste pa»
quelque moyen de réparer les pertes que leur a
pu faire essuyer une audacieuse , une imprévu<ii,
et aventureuse entreprise. Ce n'est ici , dai'lew»,
ni le lems ni le lieu d'une discussion au n^ipins,
prématurée ; et nous ne devpns pas nous presse^
de faire une démarche qui, en nous entrainai>t à
une négociation séparée , çlonnerait à l'enpemi
tout l'avantage des conditions. Qiielles qu'ayent
été les vicissitudes de la fortune , la. chambre
s'honore d'être restée ferme et calme ; et jamais
ni les artifices des jacobins , ni leurs feinte»
alarmes ne nous ont poussés à des mesures qui nfe
conviennent pas plus à notre dignité qu'à nos in-
térêts. Soit que nous devioiu un jour faire une
paix déterminée par les conjonctures, soit quç'
nous devions continuer à soutenir la cause coia.«
mune avec la participation des autrichiens , o^'
que nous soyons réduits à défendre notre honnear
et nos droits par nos propres fqrças , il ssfiit ,
dans chacune de ces suppQs.ition& , imprudei^t
d'adopter, sans fpndemens ultérieurs ,, la prqpQ<«
sition que le préppinant VPUS a fait?,.
M. Janii a parlé dans le même sens que
M. Sheridan. ^
Ce dernÎM a repris ia parple :
Mon prpjet , a-t-il dit , n'est pas de fatiguer la
chambre par de longues observations ; j'en ai dit
assez pour convaincre tous ceux qui meniendent
de la çpnvenance de ma motion. Mais je me vois
obligé de relever quelques expressions échappées
à ihonorable membre qui la combattue. Il m'a
reproché d'avoir manqué de modération : cela
n'est pas impossible , et il doit avouer qu'il ne
m'a pas donné l'exemple de la réserve; lui-mêin«
ne m'a jamais paru si hors de mesure , et proba-
blement son émotion a nui à son intelligence:,
car il nous a présenté aussi peu d'idées que s'il
avait battu du tambour ou sonné de la trompette.
Nous avons eu force mots et belles phrases , mai»
de raisons , aucune. J'ai eu tort , selon lui , de n«
pas parler de l'épuisement des finances d.e France :
mais si je n'en ai point fait, meniipn , c'cs,t an.^
I ni lui ni ses amis tien ont rien dit dans la disçus.»
1 sion que j'examinais. Souvent, avant CÇUeéppqnç,
ils avaient parlé de la banqueroute de la France-
souvent ils nous l'avaient représenté , ce pays
comme prêt à s'engloutir dans le gouffre dç sa
ruine; mais à cet égard, aussi bien qu'à tous
autres , leurs; assertions ont été démenties par lé-
vidence des faits ; et dans la crainte qu'on ne leur
rappellât ces promesses illusoires , ils s^'abstinreiM!
de les répéter Jor^ de. l'e^iîjro.eti cj«s pp.QposiiiaB»
de Bonaparte.
Le TOknisitie , ppur e«Gi*sef sa cpnduite , assume,
qu'il ne nous avait rien promis. Nous somrtîes
ii5g
étaient fausses que wus ces raisonnemens liaient "co.'Tmi,! ; mais cela ne lui a pas été possible
absviKles, quelle pitoyable excuse n'est-ce pas 111 est descendu à l'hôtel des Célestins. Averti de
que cie venir dire qli on ne nous a rien promis? | sou arrivée, le préfet s'est rendu auprès de
torsque celui que le ministre nous vantait comme j lui avec les étals-majors de la division et de la
un aille précieux et magnanime , a abandonne place , el le commissaire général de police ,
notre cause , et est sur le point de nous déclarer | uir^si que les présidens et commissaires des diffc-
u:J""''!', ""ï"^ '^^ troupes qui devaient si j rens tribunaux , çt les différentes autoriiés civiles
=' administratives. Le consul a parle à chacun
des ionciions qui lui étaient propres, avec une
connaissance des faits qui démontre qu'aucune
partie de l'adminislralion ne lui est éiran"ere.
Le consul s'éiant déterminé à rester jusqu'au
lendemain pour poser U première pierre de la
réédification des magnifiques façades de la place
de Bellecour , détruites par Couihon après le
siège de Lyon , la nuit a, éié employée aux
préparatifs de cette cérémonie. Une médaille
dont la légende et l'inscrlpiion ont été ariêiées
par le préfet et les ciiovens Delandine, Bc-rcnger,
Chinard , etc., a cié frappée lelaiivement à la
circonstance ; des plans ont éié présentés , Je
local a été disposé , Ips troupes ont été com-
mandées , ks autorités convoquées.
Le lendemain à dix heures , le préfet . accom-
pagné de tous les corps administraiifs et judiciaire,
et d'un concours considérable de citoyens , s'est
rendu auprès dtj consul. Tous les états-majors
étaient déjà réunis. Le consul est monté à cheval ,
ayant à ses côtés le préfet et le général division-
naire , s'est rendu sur la place de Bellecour, au
milieu d'une afïluence immense de peuple , et
des cris unanimes de vive U consul, uive Bona-
parte , honneur à celui qui réédifie. Rendu sur la
place , le eonsul a passé en revue des troupes
rangées eti bataille. Il a distingué la l5=. denxt-
brigade d'infanterie légère. Il lui a rappelé qu'elle
t>içn remplacer les russes sont presque taillées
çn pièces ,. et gue les possessions de leus piince
%00t au pouvoir de l'ennemi ; lorsque les armées
ftançaises , qu'il nous peignit comme complctie-
ment désorganisées et impossibles à recruter ,
triomphent sur tous les points , et présentent à
Vf urope laspect le plus formidables lorsque les
qijtriçbiens , doni il nous vanlajes trophées , dont
il iiçiij? prédit les succès et dont il nous garantit
li'afiçeti<wi , çhsssés de l'Italie , tremblent pour
l.egr capitale, refusent de faire un traité avec
nous , çi probablement négocient en ce moment
avec les français ; lorsque (es royalistes qui , sui-
vant lui, sufijsaient à eux seuls pour rétablir en
Çrance la. royauté, sont tous réconciliés avec le
gouvernement républicain j lorsque ce person-
i^gge qu'il traitait avtfc; tant de mépris, auquel il
prodigua tant d'injures., 5'çst couvert d'une splen-
^ctjr sans exemple , et qu'il a donné des, preuves
de presque tous les genre? de perfection , l'hono
ïable TOerpbre nous ose dire, par une puérile et
4jqisér3ble évasipn qu'il ne rious avaii rien promis !
Qu'f>i , il ne mérite pas de reproches pour avoir
manqué d'inlelligeBce , pour avoir méprisé de
sages conseils, pour avoir agi sans prévoyance,
sans réflex'Oii , pour avoir persisté par opiniâtreté
dans des mesures ruineuses et impoliliques i et
de tout cela il en sera justifié par cela seul qu'il
ne nous a rieia promis ! à mes yeux il demeure
convaincu qû d'une incapacité notoire ou d'une avait passé avec honneur le Tagliamento en face
mauvaise foi sans excuse. S'il a cru ce qu'il disait, ] de l'ennemi. Il a appelé par leur nom plusieurs
il manque de cette pénétration , de cette sagacité
de celte netteté de jugement qui sont nécessaires
à un ministre; si, connaissant le véritable état
des choses , et prévoyant ce qui a dû arriver . il a
parlé avec la confiance d'un homme qui espère
la victoire . etproion^é par obstination la guerre,
il n'y a point de termes assez forts pour exptirfler
les reproches qu'il mérite.
J'ai cru de mon devoir de proposer que les
membres de lachambre fussent invités, avant leur
(Jépart, à se rçunir pour pouvoir se former une
Opinion sur l'état acfîiel des choses; ma motion
n'a nul autre objet , et Ton ne peut faire d'im-
pijtation plus fausse que de me supposer le projet
3e semcrici la crainte , ou d'encourager l'ennemi.
Je n'ai point désespéré de notre salut , et je suis
prêt 9 verser la dernière goutte de mon sang plu-
tQX quç^ devoir mon pays se déshonorer ou com-
promettre son iodépendanee; mais il serait im-
ptardonnable à un ministre d'oser proroger le
parlement dans des conjonctures ou chaque jour
peut amener des évéuemens qui intéressent l'exis-
tence de l'état. Je me flatte qu'il ne pensera point
4 cette prorogation , et je m'étonne , je l'avoue ,
at^'ii trouve quelques objections à faire à l'appel
de la chambre.
m toiit ce que j'ai dit ne résulte-t-il pas , pu
^u'il iWi discontinuer la guerre , ou que du
moins il faut réunir tous les membres de la
chambre pour examiner s'il convient de la faire
Snir? De qtjelle responsabilité ne se charge pas
le miuistre , s'il persiste 'dans son système ? La
ruine commune peut en résulter. Si je disais que
les français . libres aujourd hui de disposer d'une
grande qtjantité de troupes . peuvent préparer
3 Brest un armement et l'envoyer dans nos
colonies des Indes- Occidentales , l'honorable
membre me soutiendrait qu'un pareil projet est
ipnpraiicable , et que nos possessions dans toutes
les parties du monde sont parfaitement en sûreté.
Mais, après le résultat de toutes ses prédictions ,
qui pourrait encore cioire à quelques-unes?
quoique dans sa profonde connaissance de la
nature humaine, il nous assure de l'impossibilité
de cet autre point , ne pouvons nous pas
çrairrdre aussi que l'empereur de Russie influencé
par les français ne déclare la guerre à ses anciens
alliés? S'il nous assure que notre commerce
doit contint^ier à fleurir , et nos finances à pros-
pérer, ne serions nous pas en droit de lui ré-
pondre, que déjà il s'est trompé? Ces messieurs
«ni une étrange manière d'appliquer l'expérience
aux autres et à eux mêmes. Il ne faut point ,
disent-ils , se fier à quelqu'un qu'on ne le con-
i^aitse paifaitetnent ; et «i dan» une seule cjr-
«OQitance il a eu quelque tort, il ne faut ja-
mais prendra confiance en lui. Mais ils récla-
ipe.Dt pour eux et la confiance et la considéra-
tion , quoique chaque événement les convainque
d'ignorance, de présomption etd'imcapacité.
La chambre s'étant partagée , il y a eu pour
la motion i^ \ contre, 124. Majorité 97.
INTERIEUR.
Extrait d'une lettre écrite de Lyon , en date du
II me-uidar.
Le premier consul est arrivé, à Lyon , le g
messidor à i heures du soir, «ans y être annoncé,
ni attendu. Son intention était de garder l'in*
ofEciers et soldats : il s'ett informé de leurs be
soins, ils ont répondu par les cris de vive le
consul , et lui par celui de vive la république.
Après la revue U s'est porté à l'un des angles de
U place, ou le citoyen de Vouge commence à
reconstruire. On y avait pratiqué une enceinte ,
dans laquelle les autorités civiles et militaires
étaient rangées ; il est descendu de cheval avec
son cortège , et parvenu au lieu oîi la pierre était
disposée , il a écouté le discours suivant que le
préfet lui a adressé.
Citoyen premier consul ,
Quinze jours sont à peine éconTés , vous con-
quérez pour la seconde fois l'Italie par une
victoire qui a surpris ceux mêmes que vous aviez
le plus accoutumés à l'admiration , et de cette main
qui fut si terrible à l'ennemi , vous relevez les
ruines célèbres d'une ciié malheoreuse 1 dans
ce concours de grandes circonstance» , quelques-
uns admireront seulernent un efïèl de cette pro-
digieuse activité de génie et de courage < qui ,
dans le cercle étroit de quelques mois , vous
fait triompher dans les sables brûlans de l'Afrique,
et parmi les glaces des Alpes , vous fait étoulTer
les serpens des discordes civiles, et reporter la
nation à des principes d'ordre et de prospérité.
Des juges plus profonds y verront davantage ; ils
y découvriront le secret de votre ame ; ils y re-
connaîtront que ramenant la victoire à son véri-
table objet , vous ne combattez que pour rendre
la paix aux champs, la splendeur atix cités , l'éclat
aux sciences et aux arts, et les doux et nobles
loisirs aux nations. Précieux sentimens , qui , par
tin de ces contrastes merveilleux qui n'appar-
tiennent qu'à vous , nous promettent de la" part
du guerrier le plus habile et le plus heureux dont
les annales du monde ayent gardé le souvenir ,
tious promettent , dis-je , un gouveriiement essen-
tiellement civil.
Sous ces grands atjspices , sors de tes, rtiines ,
intéressante el malheureuse cité , que |a haine de
nots ennemis avait désignée à la folie barbare des
destructeurs ! renais plus brillante qtje jamais, fille
de Minerve ! que tes monumens , nobles fruits
de ton industrie et de ton travail , étonnent de
nouveaii le voyageur ! Et vous, consul, vous
dont les faisceaux triomphans et tutélaires lui
permettent de si douces espérances , agréez un
premier témoignaga de sa reconnaissance , dans
ces acclatnaiions unanimes d'un peuple immense
qui vous proclame son «auvetjr.
Le premier consul a posé ensuite la pierre dans
laquelle on a déposé une boîte de plomb ren-
fermant la médaille en bronze qui avait été frap->
pée dans la nuit.
Après cela le consul a pris la parole et a dit :
"Administrateurs, magistrats, citoyens, jus-
qu'ici on ne vous a donné que des espérances ,
dans peu vous aurez des réalités. La paix , seul
but de mes travaux , fera disparaître les ruines
de votre ville , rétablira vos 20 mille atteliers, ra- I
père du général Jouberl était du nofnbre. Le eon-
siil, lorsque le préfet lui présenta re magistrat
vénérable , parut extrêinemenl aitendri et dit i
Joubcrt , Dcsaix , voilà deux grandes pertes.
Le citoyen Chinard, anime distingué , rnembre
associé de 1 institut , -demanda à cette occasion ,
et obtint du premier consul , la permission de
sculpter en marbre li^ buste du général Desaix pour
la gallerie des Tuilleries.
Plusieurs artistes, entre autre Iç cit. Kévoil ,
élevé de David , ont piésenlé des dessins.
Mercier, graveur trop peu connu, a mis sons
les yeux du premier consul, des morceaux de
son art, d'un très-grand mérite.
Delandine a chanté des cot^plcls relatifs à
l'événement, et Berenger a lu un fragment d'un
poëme de sa composition.
Le consul est monté en voiture à une heure ,
et est parti pour Dijon toujours au milieu d'ua
concours immense, escorté de plusieurs généraux
et officiers , et du corps des hussards volontaires
formé à Lyon , lesquels ont été constamment de
garde auprès de lui , et l'ont accompagné jusqu'à
la première poste. L'enthousiasme a été à son
comble à Lyon dans cette grande circonstance. .
Toute la ville a été illiiminçe les 9 et lo.
Divers plans de construction , plus beaux qujij
celui de la place détruite en l'an 2 , ont été'
présentés par des artistes d'un grand talent , tels
que Marion , Cochet. Dupoisact. On jury déci-'
dera de celui qiii mérite d'être adopié. Le préfet
a pris un arrêté d'après lequel, en conséquence
de l'agrément qui a été donné par le consul, la
place de Bellecour portera désormais le nom de
Bonaparte.
La médaille représente d'tjn côté l'efEgie de
Bonaparte avec cette légendç ;
A BONAPARTE RÉÉD IFIC A TEU R DE L'VONt
VERI^IN A(î , PRÉFET,
AU NOM DES I.YONNAI5 REqONNAISSAN».
De l'autre côté, une guirlande de chêne au
milieu de laquelle est écrit:
VAINq^UEUR A MARINGO ,
DEBX FOIS C0NQ.UÉRANT
DE l'italie,
IL POSAIT CETTE PIERRE
IB ÏO MESSIDOR AN VIII DE LA RÉf UBLIQpIt ,
'PREMIER DE SON C0NSt;LA T.
mènera l'abondance au milieu de vous, etc....» «""Oat jusqu a t arrivée de la brigade du générât
î p 11 • • Orandjean , qui passa le Lech , et se porta avec
Des salve! d'artillerie , une musiqtje nom-
breuse , des acclamations immensel , ont accom-
NOUVELLES DE L'ARMÉE DU RHIN.
SÇT Lf bulletin suivant a été proclmné hier dattf
Paris . pkur justifier l'empressement des citoyens.
Tous les événement importons de la guerre seTaiit
désormais publiés de la même manière.
Taris, te 16 messidor.
Le général Moreau , commandant en chef
l'armée du Rhin , a battu l'armée autrichienne
aux combats de Ncdersbeim , Nordlingen ,
Obershausen , où M. Kray commandait en per-
sonne. L'ennemi a été poussé jusqu'à Ingolstadt
le 9 messidor. Le résultat de ces différens cora-'
bats a été la prise de Munich , d oti l'électeur
de Bavière avait été obligé de se sauver avi-c
toute_ sa cour , "^victime de son avidité qui lui
a fait trahir ses intérêts et eçux de son pays,
pour quelques millions que lui ont (ionnas le»
anglais en forme de subside.
talour-d'Auvergne , premier grenadier cle H
république , combattant dans les premiers rang»
des grenadiers de la 46» , a été tué.
Copie de la lettre du général in chef de l'armée du
Rhin au ministre de (a guerre. —^ Augsbourg le la
messidor.
L'ennemi a voulu , citoyen ministre, noqs em-
pêcher de déboucher par Rain , et avait réuni
son armée à Neubourg. Comme dans sa retraite
il avait une marche sur nous , et que nous avion»
trois défilés à passer , la Vernitz , le Danube et
le Lech , dont le raccommodage du pont a exigé
près de douze heures , le mouvement général a été
retardé : cependantle corps du génératLecourbe »
pu passer le 7 au soir; le 8 il s'est porté en Ba-
vière , la division du général Gudin sur Poëtmest ,
et celle du général Montrichard sur Neubourg.
Cette dernière a trouvé , à Oberhausen , an
corps ennemi très-considérabla , commandé par
M. de Kray en personne . et a commencé uft.
combat très-vif. Le général Lficourbe y est ac-
couru au moment oij nos troupes étaient forcéet
décédera des forces triples, el a soutenu le
combat jusqu'à l'arrivée de la brigade du général
une grande rapidité au soutien de la division
Montrichard , qui se maintenait encore par sa
pagné cette cérémonie. , grande valeur.
Après qu'elle a été teripinée , le conseil s'est! Un bataillon de la 14 légère, deux de la
rendu, avec le cortège , chez le préfet oii il a 46' de ligne , etdeuxde la 57'ontabordérennem,i
dinc avec les autorités et plusieurs citoyens ; le ' avec une iatrép idttê, , dont en trouve pta
ii6o
d'exemples; l'ennemi a éié culbuté malgré ses
i'orces considérables et a exécuté pendant la nuit
sa retraite sur Ingolstadt par les deux rives du
Danube , après avoir brûlé le pont de Neubourg.
Le brave chef de la 46= , Forli , et le premier
grenadier de la république , Latour-d'Auveri;ne,
qui combattait dans les rangs de la première
compagnie de ce corps , ont été tués , ainsi (jue
deux autres capitaines. Toutes les troupes ont
lait dfs prodiges ; la 84° la S?' la 109= et un
bataillon de la 10'^ légère , formant la division
Mont richard , o'nt soutenu l'effort de presque
toute i'avmée ennemie jusqu'à l'arrivée des ren-
forts. Les généraux autrichiens disaient à Neu-
bourg en se retirant; 11 Cette armée est invincible,
les français ne se sont jamais si bien battus. "
Il y a eu également quelques charges de ca-
valerie des 4', 9= de hussards et 11= de chasseurs
et des traits particuliers de bravoure dont le chef
de l'éiat-major vous rendra compte. Vous rece-
vrez aussi incessamment, citoyen ministre, des
détails intéressaiis sur nos marches et nos com-
bats à Neuresheim , à Nordlingen et "sur
les tentatives faites par l'ennemi pour nous ame-
ner à des négociations d'armistice , prétextées
sttr les conventions faites entre les armées d Ita-
lie , et qui lui auraient donné le tems de s'éta-
blir en Bavière.
Je l'avais prévli, et déjà le général Decaen s'était
rendu , à marche forcée , avec sa division , sur
Munich, où il est entré hier matin.
Salut et fraternité. Signé ., MoREAt;.
Pour copie conforme.
Le ministre de la g'iicrre, signé, Carnot.
Paris, U 16 messidor , an 8.
Copie de la lettre du général de division , chef de
lé.tit-maj^r- général de l'année du Rhin , au mi-
nistre de la guerre. — Au quartier -général à
Augsbourg , le 11 messidor an 8.
Dans le combat extrêmement vif qui a eu
lieu le g sur les hauteurs en avant de Neubourg,
et dont j'aurai 1 honneur de vous envoyer in-
cessamment le détail, le brave Latour-d Auvergne
a Clé tué.
Nous avons ressenti vivement cette perte ;
pas un soldat qui n'ait versé des larmes lorsque
ses restes enveloppés de feuilles de chêne et
de lauriers , ont été déposés aux lieux où il
avait reçu la mort. C'est-là qu'un grenadier
rejournant son corps , a dit : il faut le placer
ainsi ,fesant toujours face à l'ennemi.
La mémoire de ce digne guerrier qui nous a
laissé de si grands exemples , vivra long-lems
dans le c-ceur des soldats français.
J'ai l'honneur de vous adresser une copie de
l'Oidre général de l'armée , du 12 messidor.
Signé Dessolles.
Pour copie conforme ,
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
■■ Extrait de l'ordre général de l'armée du Rhin. —
Augsl'ourg . le 12 messidor an 8.
Mes camarades ,
Le brave Latour-d'Auvergne a trouvé une mort
■glorieuse dans le combat livré le 9 messidor sur
les hauteurs de Neubourg.
Le premier grenadier des armées de là répu-
blique est tombé percé d'un coup de lance au
coeur. Ses yeux mouians ont vu fuir l'ennemi , il
a expiré sansfait. Les soldats à la tête desquels
il combattait si souvent, lui doivent un témoi-
gnage solennel de regret et d'admiration ; en
conséquence le général en chef ordonne :
1° Les tambours des compagnies de grenadiers
de toute l'armée seront, pendant trois jours,
voilées d'un crêpe noir.
a° Le nom de Latour-d'Auvergne sera conservé
à la tête du contrôle de la compagnie de la
46° demi-brigade . oij il avait choisi son rang. Sa
place ne sera .pas remplie , et l'effecûf de cette
compagnie r»e sera plus dorénavant que de
Ss hommes.
3". Il seia élevé un monument sur la hauteur
en arrière d'Oberhauseu , au lieu même oià
Latour-d'Auvergne a été tué. Les restes du chef
<le brigade Forti , commandant la 46' , et qui a
leçu la mort à ses côtés , après avoir fait des pro-
diges de valeur , y seront aussi déposés.
4°. Ce monument , consacré aux vertus et au
courage, est mis sous la sauve-garde des braves
de tous les pays.
Pour copie conforme .
Le général de division chef de tétat-major-
^énérdl de l'armée , signé , Dessolles.
Pour copie conforme ,
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Les agriculteuis qui s'appliquent particulière-
ment à I amélioration de nos laines, apprendront
sans doute avec une grande satisfaction^ que le
troupeau de race métisse qui était à la ménagerie
de 'Versailles, et dont on cherchait à rendre la
conservation si hérissée de difficultés . vient , y>ar
les soins du ministre de l'intérieur, d'être placé à
l'école vétérinaire d'Alforl. Par les dispositions
économiques qu'il a prises , son éducation qui a
donné lieu jusqu'à présent à de grandes dépenses ,
sera désormaiscontinuée utilement, et sans aucuns
frais, sous les yeux des artistes distingués qui com-
posent l'école, et qui se chargent aussi de donner
suite , et de veiller aux expériences importantes
qu'il est si intércssatu de conduire à leur fin.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris , te 16 messidor an 8.
Le préfet de police a fait annoncer cette nuit,
aux flambeaux et à son de trompe, les nouvelles
victoires de l'armée du Riiin et la prise de Munich,
capitale de l'électoral de Bavière.
La plus grande allégresse est dans tout Paris.
T R I B U N A T.
Présidence de Duchcsne.
SÉANCE DU 16 MF.SSIDOR.
Les membres du tribunat se réunissent à une
heure.
Ils sont revêtus de leur grand costume.
Les secrétaires-rédacteurs, les messagers-d'état,
les huissiers , et les divers employés du tribu-
nat , sont également revêtus du costume qui leur
a été assigné.
Tous les membres portent le deuil du général
Desaix.
Les colonnes qui soutiennent la salle sont char-
gées de drapeaux ennemis ; leur socle est entouré
de couronnes de lauriers.
Un sarcophage, décoré de trophées, est élevé
au milieu de l'enceinte ; on lit sur ses deux faces
principales :
Aux MANES DE Desaix.
Aux braves Morts aux champs de Maringo.
La séance est ouverte par la lecture de la cor-
respondance.
Une pétition est particulièrement remarquée ,
elle est adressée au tribunat par les habitans de la
commune de Saini-Cloud. Ils demandent que le
château élevé dans cette commune , soit décerné
au premier consul Bonaparte , à titie de témoi-
gmge de reconnaissance nationale pour les ser-
vices qu'il a rendus à la patrie.
Le tribunat renvoie cette pétition à une commis-
sion composée de Challan , Thiessé , Andrieux ,
Miot et Jubé.
Le président prend la parole.
Le président : Tribuns, elles ne sont point en-
core dissipées les vives émotions que vous éprou-
vâtes le jour où cette enceinte retentit , pour la
première fois , du triomphe des armes de la ré-
publique à Maringo: chaque détail sur cette jour-
née à jamais mémorable, chaque réflexion sur
ses résultats si brillans , qu'ils ont passé nos es-
pérances , les entrelient ou les renouvelle. Quel
est l'homme, quelque confiance qu'il ait dans la
valeur de nos braves, dans le courage et l'habileté
de leurs chefs , et dans le génie incomparable du
héros de 1 Egypte et de l'Italie, qui eût osé se
flatter qu'une armée qui n'existait pas eni;ore à la
fin de germinal, dans moins de 5o jours après ,
se serait formée sur le territoire de la république,
aurait franchi des montagnes inaccessibles , vaincu
des difficultés que la nature semble n'avoir créées
que pour attester à l'univers qu'il n'en est point
que les français ne puissent surmonter, forcé les
débouchés dans les plaines du Piémont, passé la
Sesia , le Tesin et le Pô en présence d'un ennemi
formidable; battu, à Montebello , l'élite de l'ar-
mée autrichienne , après s'être emparée de tous
ses magasins et remporté sur toute cette armée
réunie en forces infiniment supérieures à Maringo,
line victoire d'autant plus glorieuse , qu'elle a été
vaillamment disputée , et que ses résultats sont tels ,
qu'aucune autre n'en a jamais produit d'aussi
prompts ni d'aussi brillans? Une seule journée a
suffi pour remettre au pouvoir des français toutes
les places de la Lombardie , toutes celles du Pié-
mont, et cette ville de Gênes défendue avec tant
décourage, de constance et d'habileté , et qui
n'a été momentanément cédée à nos ennemis que
pour les convaincre que leurs avantages dans la
guerre qu'ils s'obstinent à prolonger, ne peuvent
être qu'éphémères. De tels évéïumeus n entrent
point dans le calcul le plus hasardé de ce que
peut la valeur éprouvée, dirigée par le génie ;
ils èionnent même de la part de ceuK qui , jus-
qu'ici , ne nous ont accoutumés qu'à des pro-
diges.
Immortelle journée de Maringo ! tu manquais
sans doute à la gloire de nos guerriers , puisque ,
par ton éclat , tu l'emportes sur toutes celles où
leur courage a constamment hoi^oré le nom
français ! tu ne cesseras dëtre féconde en grands
souvenirs ! mais, au scniimentd'adniiiation (lu'ex-
citeront les exploits qui t'ont illustrée, se mêleront
toujours les regrets que nous devons donner à ia
perte de tant de braves que tuas vupérîrau champ
de 1 honneur. L histoire iiansmetira à la postérité
cette déclaration profondément sentie dutribunai,
dans son message aux consuls , en apprenant la
victoire de Maringo." L'armée s'est couverte d'une
gloire nouvelle ; mais elle aperdu un de ses héros.
La mort de Desaix est un malheur public au sein
'des plus éclaians triomphes, u
Tribuns , vous avez arrêté que , dans cette
séance , vous porteriez le deuil en mémoire de
tous les guerriers morts à Maringo pour la dé-
fense de la liberté. Ce témoignage d'estime et
de reconnaissance publique aura sans doute l'a-
veu de la nation entière , dont vous êtes spécia-
lement chargés d'exprimer les seniimens. Il con-
solera les familles éplorées de ceux qui en sont
l'objet. Il doublera le courage de tant d hommes
valeureux que la force des combats peut encore
condamner à mourir pour la patrie , mais qui
auront du moins la certitude de vivre éternelle-
ment dans le cœur de tous les français dignes
de ce nom. Il créera des émules de ce géoéreux
Desaix , l'un des braves que nous pleurons au-
jourd'hui. Puissai-je vous parler dignement des
hauts faits et des vertus de ce héros' qui , jeune
encore , atteignit le degré de gloire qui donne
l'immoitaliié. La suite demain.
M É c A N I q_ u E.
Nouvelle machine à scier ou débiter les hois en
long. Cette machine, simple, dont l'auteur a
écarté les grands frottemens , produit un effet
bien satisfesant , étant mue par un seul homme.
On peut apjiliquer à son exécution en très-grand ,
tel moteur qu'on désirera, soit pour l'exploitation
des forêts , ou dans les atleliers de construction
de la marine.
Elle est inventée par le citoyen Charpentier,
ingénieur-mécanicien , auteur de la gravure imi-
tant le lavis.
Il demeurait ci-devant au Louvre, et à présent
aux Gobelins , la première porte à droite en
entrant.
Le public pourra la voir tous les jours, excepté
le décadi, depuis 10 heures jusqu à 6, à l'instar
des travaux de tapisserie. ■
On verra en même-lems divers modèles de
machines hidrauliques , statiques , et quelques ou-
tils de I invention du même artiste , qui inléresse-
soni bien du monde.
Les personnes qui désireront voir ces objets ,
donneront un franc 5o cent., et recevront une
gravure de la machine à scier.
Le tout est exposé dans l'attelier de l'auteur,
à la manufacture nationale des tapisseries des
Gobelins.
Bourse du 16. — EU ets publics.
Rente provisoire 22 (r. 5o c.
Tiers consolidé 3i fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 53 c.
Bons d'arréragé 87 fr. 38 c.
Bons pour l'an 8 82 fr. 63 c.
Syndicat 67 fr. 75 c.
Coupures 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBLiq^iJE et des Arts
Dem. Adrien , opéra en 5 actes , et le ballet de
la Dansomanie.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
les Visitandines , opéra en 3 actes.
Théâtre du VAtiDEviLLE. M^^ Deshoulieres ;
la Pièce curieuse , et Jenesai-Ki ou les Exaltés de
Charenton 1 parodie de Beniouski.
~ Théâtre du Marais, rue Culture-Catherine.
Auj. Quinlo et Isabelle ou la fausse Veuve ;
l'Amitié vaincue par l'Amour , vaudeville.
Théâtre de la Cité-Variétés — Pantomimes.
Auj. c'est le Diable.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du 16 messidor.
10. 87. 44. 68. 77.
A Paris , de J'i.oprir.ieric du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3,
GAZETT
lONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 288.
Octidi , 1 S messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous soiiiines autoilsés à pievenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivâse le M O ni T E U R est le seul journal officiel.
Il contieiu les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les noti ons tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , ic 1 2 messidor.
I
L paraîtrait, d'après le discours du chancelier
de 1 échiquier dans U séance de la chlmbre des
communes du 8 messidor, que le gouvernement
n'avait pas re^ii de Fiance de iiouveiles ultérieures
sur la bataille <le Maringo , quoique Ion ait pré-
leiidu que les journaux de Paris élaienl en ville ,
et que quelques-unes même de nos feuilles en
aient puijlié des extraits. Nous pensons que nos
lecteurs ne nous auraien; pas beaucoup d'obliga-
tions de leur présenter «es conjectures pour des
faits.
Quoi qu'il en soit , M. Piit a admis que les dé-
sastres en Italie pouvaient être vrais ; aussi son
discours a-l-il été remarquablr à plusieurs égards.
Il a évité eniiérement de s'y livrer à ces per-
sonnalités et à ces invectives auxquelles il s'était
abandonné jusques-là contre Bonaparte. On
dislingnait aisément qu il desirait de conti-
nuer la guerre; mais que néanmoins il se pré-
parait à né^,ocier. Le tems nous apprendra avec
quel degré de bonne-foi. En attendant , nous
nous permettrons d'observer qu'une négociation
de sa part , comme celle de Lille , ne saurait se
répéter avec quelque espoir de réussite.
Nous observons encore , au sujet du discours
de M. Piit,que Bonaparte , par sa dernière vic-
toire , n'a pas seulement triomphé de Ihabilelé
et de la bravoure du général autrichien , mais
qu'il a fait fuir encore la grosse artillerie de nos
ministres.
Le gouvernement vient de donner ordre de
suspendre le fret d'un plus grand nombre de
transports. (Extrait du Morning-Chronicte , du
g messidor. )
INTERIEUR.
Farts ,1e \T messidor.
Des lettres de Naples , en date du 8 prairial
f î8 mai ) , citées par la Gazette nationale de
Trance , annoncent que cette ville se voit à la
veille d'une crise violente dont il est impossible
de prévoir les résultats.
Les lazzaronis , réunis au nombre de plusieurs
mille , ont arrêté la voilure du vice-roi , pour .se
plaindre de l'extrême disette de vivres que l'on
éprouve à Naples. Ils ont rappelé que le cardinal
Ruffo elle roi avaient fait des promesses qui étaient
loin de- se réaliser , et qu'au lieu de l'abondance
promise, et dé la prospérité attendue, on les
laissait périr de faim .et de misère. Le ton des
pétitionnaires était non moins effrayant que leur
nombre. Le vice-roi a promis de s'occuper sur le
champ de leur demande , et à l'instant à con-
voqué la junte d'étal. Cette junte s'est réunie ;
mais elle s'est à cet effet retirée dans le château
neuf , ce qui donne à penser qu'elle craint pour
sa sûreté.
Depuis ce moment , les lazzaronis , dont le
mécontentement augmente tous les jours, se ré-
pandent en imprécations contre la cour, qu'ils
accusent de les avoir trompés. Pendant la nuit, la
ville retentit de chants et de cris séditieux.
— Des lettres de Livourne d'une date très-
posiérieure annoncent l'arrivée en cette ville du
convoi anglo-napolitain , qui y a transporté |a
leine de Naples avec sa famille et sa suite. Le
loi était à bord du vaisseau du vice-amiral Nelson
Cette correspondance ajoute que des lettres
de Naples du 3l mai, annoncent que le 25
avril précédent , il avait été publié une amnistie,
en vertu de laquelle plus de i5oo individus
avaient été remis en liberté.
— Les lettres de Vienne confirment que le
prince Chirles persiste à refuser le commande-
ment de l'armée du Rhin. Le Publicisic cite
Bne correspondance de cette même ville qui
donne au piince de Ligne le commandement
de l'armée de réserve qui doit soutenir en Italie
celle de M. de Mêlas. '
— Divers journaux parlent d'une insurrection
à Cniisianlinoplc , après la nouvelle des derniers
succès des françain en Egypte. Aucuns ne don-
nent celle nouvelle comme certaine.
— Le célèbre auteur de l'éducation d'Achille ,
Renaud , a déjà terminé l'esquisse d'un tableau
représentint la mort du général Desaix. Il a choisi
le moment oii le général , frappé d'une balle ,
tonibe dans les bras du jeune Lebrun , fils du
troisième consul.
— La gazette de la cour de Vienne annonce
que l'amiral Keith a reçu , lé lo floréal , à Li-
vourne , l'a^pprobation donnée par le cabinet de
Saint-James , au traité d'évacuation de 1 Egypte ,
et que de suite il a transrais cette approbation
au Commodore, Sidney Smith.
— Les journaux du Nord annoncent que la
diète de Suéde , qui se tenait! Noikoping , a été
close le 23 prairial.
— Suivant des renseignemens publiés par le
Journal des, Débats , Passwan-Oglu et le pacha
de Belgrade qui , jusqu'alors , avaient été enne-
mis , se sont communiqués les ordres qu'ils avaient
reçus de la Porte, et ils ont reconnu que le
divanîles avait armés l'un contre l'autre pour les
faire détruire l'un par l'autre. Depuis ce mo-
ment , au lieu de se combattre, ces deux chefs
ont réuni leurs forces contre le grand seigneur
qui , d'après les dernières lettres de Vienne , dit
le Journal des Débats , n'était point en sûreté
à Constantinople , où la nouvelle des désastres
récemment éprouvés en Egypte par l'armée otto-
mane , avait excité une révohe qui avait duré
trois jours , et dans laquelle on avait massacré
un grand nombre d'anglais.
— Le même journal annonce qu'il vient d'é-
chouer près de Foniarabie une énorme baleine ;
ce qui est un événement extraordinaire sur ces
côtes , et sur-toul dans celle saison.
— La Gazette de Francfort avait annoncé la
levée de 36,ooo hommes en Bohême , qui allaient
se réunir sous les ordres de l'archiduc Charles.
Dans son n" du 5 messidor , la Gazette de Franc-
fort avoue elle-même qu'elle a dit une chose
fausse.
Extrait du bulletin historique de l'armée de l'Ouest.
L'allégresse qu'a répandu dans toute l'éten-
due de l'armée de l'Ouest, la nouvelle des succès
aussi brillans que rapides de celîe de réserve ,
est bien propre à donner une idée du patriotisme
qui règne encore dans ces contrées si long-tems
malheureuses ; par-tout les illuminations et le
bruit du canon ont été les signes de la joie pu-
blique , qui a été d'autant plus sentie que la
tranquillité continue à régner sur tous les points ,
et que les poursuites ^ue l'on ne cesse de faire
contre le peu de brigands qui restent cncoie , en
assurent la durée- Deux de ces scéléials viennent
encore de toip^ber entre les mains des déiache-
mens républicains. Gauthier, dit la Giroflée^
complice du chauffeur , dit la France , a éié arrêté
prés la Perche ( Ile et Vilaine), ei Locliard, dit
ri?<î;mfii/(; , près de Fougères. Deux cents livres
de poudre, 3oo liv. de plomb, un moule à billes,
un sabre , deux lusils de chasse , et 3o fusils de
calibre ont cié saisis dans des caches , dans les
communes de Pire et Bais.
Le général de division chef de t'état-major-
général , Signé, Tillv.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHiQ^UE de Port-Malo ..du 17
messidor, an 8 de la république française , une et
indivisible.
Le général Tilly auministre de la guerre.
Les anglais avaient effectué- un débarquement
àBeauvoirelBarbatre , département de la Vendée ;
nos troupes ont de suite marché sur eux et les ont
forcés de se rembarquer.
Ce débarquement leur a coûté deux cents hom-
mes qui ont été fait prisonniers.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le corsaire la Vengeance At 14 canons , appar-
tenant à Boulogne , et commandé par le capi-
taine François Lefort, a conduit à Ostende le
sloop anglais le Nanci . de Soulhamplon , chargé
de cercles , balais et pipes , qu'il a pris à quatre
myiiamètrcs dans le notd d'Aurigny.
Le discours que nous avons donné dans le
numéro d'avant-bier , 16 messidor . comme pro^
nonce par le président du tribunal d'appel, l'a
été par le président du tribunal criminel.
Voici celui du citoyen d'Aguesseau, président
du tribunal d'appel,
Discours du président du tribunal d'appel séant à
Taris , au premier consul , /e i5 messidor an 8.
Citoyen preiviier consul ,
Le tribunal d'appel vient aussi près de vou0
participer aux sentimens de 1 allégresse publique,
et vous présenter Ihommage de ses félicitations.
Votre départ avait déjà présagé vos succès.
La victoire, constamment attachée à vos pas,
devait vous suivre ; votre génie l'a forcée de vous
rester fidelle , et vous avez encore triomphé.
Après une si profonde sagesse dans ses des^
seins , une si prodigieuse célérité dans l'exécuiion ,
après tant de travaux , tant de périls et tant de
gloire, votre retour parmi nous s'offre à tous les
français sous les plus heureux auspices.
Nous voyons l'olive de la paix croître sur vos
trophées. Cultivée par vos mains , bientôt elle
couvrira la France de ses ombrages hospitaliers.
Alors vous serez heureux du bonheur commun,
vous aurez comblé les vceux d'un grand peuple ,
qhi vous a confié ses destinées. Vous aurez fait
tout ce que vous avez voulu faire , le salut et la
prospérité de la patrie.
Discours du président de la commission de eompta--
bilité nationale, au premier consul. — Le i5 mes-
sidor an 8.
CiTOTfEN PREMIER CONSUL ,
Les commissaires de la comptabilité nationale
ont besoin de mêler leurs voix à celles qui vien^
nent, de toutes parts, vous exprimer la recon-
naissance des français.
Personne autant que vous, citoyen cotisul , n'a
droit à ce sentiment; puisque c'est à vos vic-
toires et à votre courage que nous devrons la
paix et les heureuses destinées qui se préparent
pour la France.
Mais la paix , en mettant un t-erme aux triom-
phes de nos valeureuses armées, n'en mettra
point à votre gloire.
La prospérité inférieure , l'instruction publique
et les -finances surtout, ce nerf des gouvernemens,
deviendront bientôt l'objet de vos sollicitudes;
elles vous offriront un autre genre de gloire,
également digne de vous , et vous mériteront ,
encore une fois, le titre de bienfaiteur de la
nation française.
Discours adressé le 16 messidor , au premier consul ,
par le citoyen Lecoulteux-Canteleu ,, au n»m des
censeurs et régens de la banque de France.
Citoyen premier consul ,
La joie du peuple français , à votre retour, fuf
plus touchante pour nous quel'éclat du triomphe.
Mais si la république française renouvelait •
pour son premier magistral , les honneurs que la.
république romaine décernait à ceux qui, à la
tête de ses légions , avaient remporté de orandes
victoires, ce ne scraienl pas les dépouiîles de
nos ennemis qui donneraient le plus d'éclat à
votre marche triomphale.
Ce serait, citoyen consul, le sendment de la
reconnaissance publique , celui de l'espérance
ranimée dans tous les cœurs par l'authenticiié que
dans un si beau jour, on pourrait donner à cet
accroissement de la puissance de )a France,
obtenu par celui de la valeur réelle que les pro.-
priétés individuelles , foncières et mobUiaires
ont éprouvé en proportion des succès et de là
stabilité de son nouveau gouvernement.
Voilà, citoyen consul, le spectacle que les ré-
publicains français, dans leur actç de icconiiais-,
sance pour leurs premiers magistrats , iiour leur»
armées , pourraient présentera I Europe étonnée •
résultat imposant de vos nobles travaux, de tant
d'opérations , si sagement, si habilemenl concer -
lées , si valeureusement , si brillamment exé-
cutées.
La situation actuelle de l'Europe a établi entre
tous les genres d'indumiie , entre toute» le» vileurj
inobiliaîres et foncières , entre tous les genres de
crédit , des rapports tellement liés au public , que
le prix des choses , les valeurs des fonunes parti-
cuheres sont maintenant soumises à une puis-
sance dont il est clésoimais impossible de mécon-
naître ou de limiter l'influence.
Cette puissance est toute entière dans la force
des gouvernemens et dans l'opinion qu'on a de
leur stabilité.
Cette autorité de Tesiime et de l'opinion pu-
bliques méconnue, tant que les troubles iniérieurs
remplirent tous nos senliraens, occupèrent touies
nos pensées et aujourd'hui ses bannières.
C est vous , citoyen consul , qui y ralliez iion-
jeulement tous les français , mais toutes les nations
amies et ennemies de la France.
Lé commerce de la république doit inévita-
blement se ranimer sous celte autorité tutélaire
et reprendre une nouvelle énergie , au rpoment
Oii il va recueillir les bienfaits de la paix con-
quise par nos armées , et ceux que nous pouvons
çspérer de la restauration de nos colonies.
' Citoyens consuls, les regens et les censeurs de
la banque de France, qui ont plus particulière-
ment sous leurs yeux le mouvement du crédit
public , le développement de ses forces, l'accrois-
gement de valeur qu'ont acquis, dans ces der-
niers tems , toutes les espèces de propriétés, ont
désiré vous mettre sous les yeux ce tableau si
propre à vous iniéresser , et vous donner ainsi la
jouissance du premier fruit de vos travaux.
C'est en France, plus que partout ailleurs, que,
par un mélange heureux de liberté , de sensibi-
lité €t de lumières , et par le souvenir de tant de
maux ,'un gouvernement sage et paternel peut
jouir , à chaque instant, de tous les mouvemens
qui tiennent à l'afiection et à la conhance qu'il
inspiré.
.61JC0URS EN VERS. SUR LA MORT,
Lu dans la séance publique de l'Institut national,
du ib messidor an 8, par le citoyen François
( DE Neufcuateav ).
S) Ce n'est donc pas assez que ma douleur amere
>t A la Mort vainement redemande une mère ,
>i Surprise loin de moi par son glaive assassin!
I) Ce n'est donc pas assez que, presque dans mon
sein ,
)) De mes prospérités l'Euménide jalouse
)> Ait frappé sans pitié ma jeune et tendre épouse ,
5) Qui de l'Hymen à peine entrevit les flambeaux,
)r Des marchesdel'auteldescendueauxtombeaux,'
»i Et voilà que la Mort contre mes jours armée ,
»i Vienrpriver de mes soins ma famille alarmée.
»» Eh ! pourquoi donc veux-tu, fille de la douleur.
»> O Mort ! de mes beaux ans trancher ainsi la fleur?
i> Le malheur, en naissant , fut mon seul apanage.
91 A mes parens , hélas ! ravi dès mon jeune âge ,
>) Non moins que par le sort trahi par les mortels ,
M Je venais , ô Nature ! embrasser tes autels,
)> Et , caché sous l'abri de mes foyers rustiques ,
» Redemander encore à mes dieux domestiques
»» Le repos, dont jadis les premières douceurs
>t Avaient, dans mon désert, attiré les neuf Sœurs.
)j Les beaux-arts, à l'envi, peuplaient ma solitude :
»i Uniquement épris des charmes de l'étude ,
>i Pauvre et content de l'être , heureux de vivre
aux champs ,
ji Je me disais s Ici je suis loin des méchans.
<« Ici je. ne crains plus ce troupeau dames viles
n Qu'assemble l'inlérêldans la fange des villes.
5» Ici, d'un luxe vain l'œil n'est pas ébloui ;
ji Mais de l'émail des prés l'œil est plus réjoui. _
i> Mes palais sont des bois majestueux et sombres ,
>> Confondant leur feuillage , entrelaçant leurs
ombres,
n Tel est , n'en douter i pas , sur le sacré vallon ,
» Le charme inspirateur des enfans d'Apollon.
>) Dans Athènes , jadis , loin des regards profanes ,
»» Les Sages disputaient à l'abri des platanes ;
>» Et l'Ami de Mécène , aux jardins de Tibur ,
« Sous des pins élevés respiratit un air pur ,
n Loin de Rome adorait leur ombire hospitalière.
11 Parmi nous Despréaux , La Fontaine , Molière ,
jA Souvent , pour aninaer leur génie et leur voix .
i> Cherchèrent le silence et la fraîcheur des bois.
») Trop faible imitateur des dieux.de l'harmonie ,
>> J'ai leurs penchansdu moins,si je n'ai leur génie.
»>. Dans les prés couronnés déjeunes arbrisseaux,
>» Suivant tous les détours des paisibles ruisseaux,
11 Levers queje médite aux bords d'ujne onde pure,
>) Semble couler comme elle, au. gré dela.natut«,
iiflz
M Et je crois en rêvant , sous un ombrage épais ,
)i Unir la liberté , les muses et la paix.
M Ainsi je m'abusais , espérance insensée !
>> Du flatteur avenir qu'embrassait ma pensée :
)> La douce illusion disparaît à mes yeux.
M La mort va les fermer à la clarté des cieux.
II Je n'ai plus qu'un moment. Un moment ! . . . . o
mon père !
!) Quels seront tes deslins ? ma mort te désespère ;
>> Elle hâte la tienne. Un noir pressentiment
I) 'Vient se joindre à l'horreur de ce dernier mo-
ment.
Il Tu pleures sur ton fils qui pleure sur toi-même.
11 Dieu puissant! prends pitié 'de ce père qui
m'aime.
Il Grand Dieu ! sauvez mon père ; avec moins de
regret
11 De ma destruction je subirai l'arrêt.
11 De ma destruction ! . . . quel mot épouvantable !
11 Quelle est donc cette loi terrible , inévitable ,
11 Qui vouant au trépas les fragiles humains ,
11 Sans cesse du Ténare élargit les chemins ?
11 Inexorable mon ! quand tu viens me sur-
prendîre ,
11 Ne pouvant t'échapper , ne puis-je te com-
prendre ?
11 De l'univers entier ton pouvoir est vainqueur;
Il Ne puis-je à celte idée accoutumer mon coeur?
11 Qu',es-tu ? que sommes-nous ? lame peut-elle
encore
w Survivre à ces débris que la tombe dévore ?
11 Sorlons-nous du néant? devons-nous y rentrer?
11 Dans la prison du corps las de se concentrer ,
11 L'esprit s'envole-t-il aux voûtes éternelles?
11 Croirai-je que d'un dieu les bontés paternelles,
11 Par pitié nous tirant d'un ténébreux séjour,
11 A nos yeux dessillés font luire un plus beau
jour?
11 Et de ce jour si pur l'heureuse mort suivie
11 Est-elle le réveil du songe de la vie ?
11 Je demande où je suis, d'où je viens, où je vais :
11 Mais à ces questions , qui répondra jamais ?
11 Dois-je du préjugé ne voir que les faniômes
11 Dans tout ce qu'on nous dit sur les sombres
royaumes ?
11 Discoureur orgueilleux qui prétends m'éclairer,
II Dis-moi, que dois-je craindre , ou que dois-je
espérer ?
Il II ne me répond rien. Dans un morne silence ,
11 II agite à mes yeux sa sceptique balance.
11 Par son art ambigu , mes doutes excités
11 Assiègent ma raison de leurs perplexités.
»i Que dis-je ? ma raison ! sur les choses futures
11 Ai-je le temt d'asseoir de vaines conjectures ?
i> La mort , la mort me presse ; ô mort ! j'entends
ta voix.
Il Adieu , mon père ! adieu , pour la dernière
fois. Il
C'était ainsi qu'un jour dans un âge encor tendre
Au lit de mort , hélas ! ma voix se fit entendre.
Hors d'haleine, épuisé , je me tus. J'essayai
De lever ma paupière , et mon oeil eflrayé
Vit ( ô ciel ! quel spectacle et quels objets fu-
nèbres ! )
Une lampe mourante au milieu des ténèbres ;
tin timide Esculape à mes côtés assis ;
Un prêtre agenouillé; des spectateurs transis ;
L'amitié dans un coin, de douleur accablée ;
Mon frère au désespoir , ma sœur échevelée ,
Etendue âmes pieds, sans voix, sans mouvemens.
Mon père déchirant ses tristes vêtemens;
Enfin , autour de moi , la peur , la défaillance ,
La prière , les cris , les larmes , le silence.
Couvert d'un drap lugubre , un squelette hideux
Se soulevé él s'étend pour nous cacher tous deux.
De ses os décharnés, il ms presse , il m'embrasse ,
Il m'entraîne. L'abîme est ouvert sous sa trace.
De ce gouffre béant le spectacle est affreux.
J'oppose au spectre horrible un effort douloureux ;
J'ose lui résister : mais ( ô merveille étrange ! )
Tout prend un autre aspect. Soudain le spectre
change.
Il tenait , d'une main , un tison renversé ,
Et de l'autre , une faulx dont j'étais menacé.
Des fleurs cachent la. faulx. . le tison se rallume ,
D'une tombe profonde il semble qu'on m'exhume.
Alors, un bon génie , au front put , à l'oeil doux,
Me regarde en pitié , me parle sans courroux :
4( Tu vois la mort, dit-il. Ton ame intimidée
Il S'en est fait, au hasard ,une bien fausse idée.
11 Tu repousses le dieu qui te tendait les bras ;
Il Eh ! bien , pour te punir, j'y consens , tu vivras.
Il Tu sauras à quel prix de douleurs et de larmes,
11 D une frêle jeunesse on t'a vendu les charmes.
Il Tu peins ton avenir de riantes couleurs ;
11 Tes projets devant toi ne sèment que desfleurs.
11 Insensé! mais bientôt les hommes vont l'instruire.
11 Tu bâtis un bonheur qu'un souffle va détruire.
11 Tu n'a pas calculé le nombre des méchans.
11 A la ville , au Parnasse , au barreau, dans les
champs ,
Il Ils t'atteindront partout. Partout l'homme est en
guerre.
11 Tu cherches le repos : il n'est pas sur lalerre.
11 Sur la terre , d'avance , on trouve les enfers.
11 Tu connaîtras l'exil, le naufrage et les fers.
Il Tu porteras en vain jusqu'à l'idolâtrie
Il La première vertu, l'amour de la patrie.
Il De ^tte passion martyr infortuné ,
Il Quel fruit esperes-tu de ton zèle obstiné ?
Il Serviteurs du public ! un caprice rapide
Il Aujourd'hui vous couronne et demain vous
lapide.
Il Sa justice tardive à la mort vous attend :
Il C'est à moi de fixer son suffrage inconstant.
Il La mort seule ne craint aucune tyrannie :
Il La mort seule , à jamais , brave la calomnie.
Il Désarme la vengeance , appaise la douleur ,
Il Enchaîne l'injustice et finit le'malheur.
Il Ce sommeil rend l'esclave égal à l homme libre;
Il La mort rend éternel un heureux équilibre.
Il Lachaînie qui vous lie , elle vient la briser.
Il Elle vient pour toujours vous faire repos'er.
Il Pour toi, ne recueillant, parmi la race humaine,
11 Qu'une pitié stérile, ou l'envie, ou la haine ,
Il Puni de tes bienfaits , trahi par des ingrats ,
Il Lassé de vivre enfin , tu me rappelleras :
11 Je serai sourde alors. D'une main forcenée
Il Tu voudrais vainement trancher ta destinée.
II Tu ne peux de tes jours user le noir flambeau ,
Il Ni violer sans moi l'asile du tombeau.
Il Tes amis, plus heureux, sans peine y vont
descendre,;
II Tu demeureras seul pourpieUTersur leuTcëndre.
11 Tu te plains aujourd'hui que j'arrive à grands
pas ;
11 Tu te plaindras bien plus que je n'arrive pas ,
Il Quand sut un lit fatal , cloué sans espérance ,
11 Trouvant dans chaque instant des siècles de
souffrance ,
11 Ne pouvant à-la fois ni vivre, ni mourir ,
11 Tu ne verras que moi prête à te secourir.
Il Cependant , au-delà d'une vie inquiète ,
Il Ta curiosité , que j'aurais satisfaite ,
Il S'élancera sans fruit dans l'abîme des tems ;
.11 Tu ne pourras sonder ces secrets tourmenians ,
Il De l'immortalité problêmes redoutables,
ri Et de l'esprit humain écueils inévitables.
11 Par moi, ce grand inystere à l'homme est révélé;
Il Des énigmes du citfl , c'est moi qui tiens la clé.
Il Loin de fermer voà y<ux , c'est la mort qui les
ouvre.
Il Garde donc sur les tiens le bandeau qui let
couvre.
Il De chimère en chimère et d'erreur en erreur ,
11 Va te désabuser de ta fausse terreur:
II Epuise les dégoûts attachés à ton être.
11 A tes dépends, mortel, apprends à me con-
naître.
11 Je t'amenais au port, tu n'y veux pas entrer.
11 Comme un dernier espoir tu pourras m'impiorer;
Il Mais je te laisserai boire jusqu'à la lie,
II Le poison qui remplit la coupe de là vie. i)
La Mort dit , et me quitte. Aces mots menaçans.
Un frisson invincible avait glacé mes sens.
Cet effroi douloureux n'était pas un mensonge.
Je m'éveillai tremblant : le reste n'est qu'un songe ,
Mais qui , dans mon cerveau profondénient gravé ,
M'a déjà trop prédit ce qui m'est arriva.
L'existence , en effet , n'est qu'un pénible rêve :
Un pouvoir inconnu le commence et l'achevé.
On veut le prolonger; mais on ne songe pas
Que la plus long»* vie aboutit au trépas.
1163
^jen loin ele murmurer de cette prévoyance ,
^ipprenons à mourir, car c'est notre science.
L'avenir i«certain nous impose une loi ,
C'est d'user du présent, d'en bien régler l'emploi.
Croyons dans chaque jour voir notre jour suprême:
L'heure qu'on n'attend plus , fait un plaisir extrême.
De cette vérité le sage convaincu.
Est celui qui peut dire : i< Aujourd'hui , j'ai vécu. »
Je tiens d'Anactcon la leçon que je trace :
C est le refrein constant d Epicure et d'Horace.
D'Horace , on sait par coeur les passages divers ;
A Posthume surtout , qui ne connaît ces vers ?
« Mon ami ! mon ami ! nos rapides années
» S'envolent; rien nepeul changernos destinées ;
>j Rien ne fléchit la mort. Il faut abandonner
j) Ta terre et la maison que tu pris soin d'orner ,
5) Et la jeune beauté dont tu fis ta compagne.
i> Dp ces plans cultivés qui parent ta campagne ,
>» Horsiodieux cyprès , nul autre arbre ne suit
»î Son maître passager dans l'éternelle nuit.
)> .Tout renaît au printems, s'écrie Horace encore ;
» De verdure et de fleurs la terre se décore :
» Les saisons, sur leurs pas, reviennent tour à
tour :
9) Nous seuls aux sombres bords descendons sans
retour
M On ne repasse point tes rives du Co(:yte.
C'est ainsi qu'à jouir Horace nous excite ;
Et Salomon lui-même a dit au genre humain :
)> Jouissez aujourd'hui , car vous mourrez de-
main. !»
Nous aimons ce conseil ; mais , au lieu de le suivre,
En craignant de mourir, nous oublions de vivre.
Du fardeau d'exister on nous entend gémir.
Et de n'exister plus la peur nous fait frémir.
Loin d'appeler la mort franchement à notre aide ,
Nous ne pouvons souffrir nos maux, ni leur
remède.
Ainsi l'homme est toujours prompt à se démentir:
Il languit sur la terre et n'en veut pas sortir.
Heureux qui dépouillant une erreur fantastique ,
De la mort , avec joie , entonne le cantique !
C'est l'hymne de la paix et de la liberté ,
Le chant consolateur de la nécessité :
Comme , sans son aveu , l'homme a vu la lumière,
L'homme , sans son aveu , voit finir sa carrière.
La plainte est inutile : il faut se résigner.
Si personne, à coup sûr, ne peut nous enseigner
Ce qui doit de nos ans suivre le court passage ,
Dans le doute prenons le parti le, plus sage.
Quand le jour luit, veillons, usons si -bien du
tems ,
Que nous puissions le soir nous endormir contens.
Puisque l'instant fatal nous menace sans cesse ,
Hâtons-nous d'embrasser l'amitié , la sagesse ;
Suc-tout de la vertu connaissons tout le prix :
Quiconque se tient prêt , ne peut être surpris.
Alais au lieu de leçons , s'il nous faut des modèles
Pour braver de la mort les terreurs infidèles ,
Suivons de nos guerriers l'exemple généreux :
L'existence n'est rien , la gloire est tout pour eux.
O source d'héroïsme admirable et féconde !
Ceux qui bravent la mort sont les maîtres du
monde.
Mais nous, nous dont la vie , aux dépens de la
leur ,
Coule en ces doux loisirs que nous fit leur valeur ,
Pouriions-nous oublier à quels périls s'exposent
Ceux surquinos destins tranquillement reposent ?
Pour sauver leur pays , voyez leur zèle ardent
A forcer le Danube , à franchir iEridan.
Voyez-les tout-à-coup délivrant lAusonie ,
Dans son centre étonné pressant la Germanie ,
Et surprenant l'Europe et l'Afrique à-la-foi» ,
Par la rapidité de leur» vastes exploits.
L'agile renommée à peine peut les suivre.
G'èst powr eux qu'il s'agit de vaincre , et non de
vivre.
Tbebes n'eut autrefois qu'un Epaminondas t
La république en nombre autant que de soldats.
Chacun est un héros plein de la noble envie
D'étendre sa mémoire au-delà de sa vie ;
Et son regard perçant dans la nuit du tombeau ,
De limmorlalitc voit luiie le (lambeau.
Parmi tous ces guerriers dans la fleur de leur âge ,
Toi de qui la prudence égalait 1« courage.
Magnanime Desaix ! que es beau dévoûment
Jette un durable éclat sur ton fatal moment !
Tout couvert de lauriers un seul regrette reste.
Un seul penser t'occupe : ô guerrier trop mo-
deste !
De toi-même toi seul tu n'es ppint satisfait ;
Pour la postérité tu crains d'avoir peu fait.
Desaix ! que ta grande ombre aujourd'hui se
console !
Chez nos derniers neveux la dernière parole
Retentira sans cesse , et de ton souvenir
Sans cesse entretiendra les siècles à venir.
Le premier des héros doit se connaître en gloire;
Et c'est lui qui t'inscrit au temple de mémoire.
Bonaparte s'honore , en sachant l'honorer.
Ta mort le fit gémir de ne pouvoir pleurer.
La victoire , à ce prix , peut lui sembler trop chère.
Ah! lofsqu'au monde entier la paix est nécessaire ,
Ceux qui n'étaient armés que pour la conquérir ,
Dans ce noble dessein devaient-ils donc périr?
Desaix! la France en deuil te rend un juste
hommage :
Aux fêtes du triomphe on porte ton image;
Ta perte rend, hélas ! ce triomphe moins doux.
D'une si belle mort qui ne serait jaloux!
J'ai pour la célébrer , devancé le Parnasse.
Mâne» de mon héros , pajdonnez mon audace !
Je n'ai point d'un poète envié le succès,
J'ai payé seulemeiit la dette d'un français.
T R I B U N A T.
Présidence de Duchesne.
Suite de la séance du i6 messidor.
Suite du discours du président.
Desaix naquit au inois d'août 1768, dans le
département du Puy-de-Dôme , à peu de dis-
lance de Riora. Ses parens étaient nés nobles,
et voués depuis plusieurs gcnérations au ser-
vice militaire; son berceau fut par conséquent
entouré de tous les préjugés et des idées de
supériorité dont l'orgueil et la flatterie cherchaient
presque toujours à enivrer l'esprit des en fans
qui appartenaient à des classes privilégiées ; mais
son heureiix naturel et sa raison le mirent, dans
la suite . à l'abri des séductions de la vaniié. On
le vit à l'école militaire dEESat, où il fut élevé ,
s'atùrer l'amitié de ses condiscibles , par toutes
les qualités aimables qui distinguent un bon
cœur, et par la douce familiarité dans laquelle
il vivait avec tous indistinctement. Tous fesaient
de lui cet élo^e simple , mais bien expressif
dans la bouche des enfans : c'est un bon camarade ;
comme depuis , les soldais qu'il commandait
disaient , en parlant de lui avec eff^usion de
sentiment : cest un brave homme- . . .
Il avait l'amè trop élevée pour suivre la route
commune dans la carrière où le sort l'avait placé ;
exciié par cette espèce d'instinct qui donne au
génie l'aciiviié dont il a besoin pour se déve-
lopper , il éprouvait le désir de s'instruire , avant
même de pouvoir en calculer les avantages. Desaix
sut donc mettre à profit les leçons de ses maîtres ,
et cultiver les heureuses dispositions de son esprit ,
dans un tems où l'instruction était presque aussi
rare qu'inutile parmi les hommes de sa classe ,
parce que la naissance et les richesses tenaient lieu
de tout aux uns , et que les autres étaient con-
damnés à vivre dans les rangs obscurs d officiers
subalternes , ou à végéter dans leurs fiefs , où ils
devenaient les fléaux de leurs vassaux.
Quoiqu'il se livrât avec beaucoup d'applica-
tion à tous les genres d'études qui pouvaient le
mettre à même de se distinguer dans l'art mili-
taire auquel il était destiné , il n'y en avait point
qui eut pour lui tant d'attrait que l'étude de l'his-
toire des républiques de la Grèce et de Rome,
Son esprit s'échauflFaJt à la lecture des hauts faits
et des traits de vertu qui avaient illustré tant de
grands hommes , dont ces républiques avaient à
s'honorer. Egalement pénétré d'admiration pour
le vainqueur d'Annital . et pour le vainqueur des
Perses à Marathon , il formait le vœu , plutôt qu'il
n'osait se flatter, d'être un jour à même, de inar-
cher sur les traces de ces héros. Son ame géné-
reuse se repaissait du noble désir de pouvoir
imiter les vertus d'Aristide , et le courageux dé-
vouement de Leonidas ; et comm« s'il eût eu
dès-lors le funeste p.essentiment qui depuis s'est
réalisé , il s'attendrissait sur la mort prématurée
d Epaminondas , dont il devait un jour nous rap-
peler la triste , mais glorieuse destinée.
Telle était la disposition de l'esprit et du cœur
de Desaix , sous-lieuienant au régiment d'infan-
terie ci-devant Bretagne, lorsque l'heure de la
liberté sonna pour les français , et leur ouvrit à
tous la carrière de la gloire , en leur ouvrant
celle des emplois auxquels leurs talens et leurs
vertus leur donnait droit de prétendre- Cette ré-
volution lui ofl'iait trop de moyens de réaliser le»
idées libérales dont il s'était uourti , pour qu'il
n'en fût pas le partisan , et il avait trop de lu-
mières et de philosophie pour ne pas en adopter
tous les principes. Aussi résista-t-il aux séduc-
tions, aux menaces et jusqu'aux railleries insul-
tantes qu'on employa pour le déterminer à dé-
serter sa patrie; et cette résistance doit être pour
lui , comme pour tous ceux qui dans le même
cas ont eu le même courage , un titre de plus à
l'eslinie des républicains.
Comme il aimait franchement la liberté , il ne
chercha point à le persuader par de vaines dé-
monstrations , parce qu'il ne lui vint pas dan»
1 esprit que l'on put en douter. A plus forte raison,
ne le vit-on pas se livrer à ces excès révolution-
naires auxquels s'abandonnèrent beaucoup de
ci-devani privilégiés , qui prétendaient faire ou-
blier, par ce moyen, ce qu ils appelaient leur
péché originel ; mais dont quelques-uns, déses-
pérés de ne pouvoir arrêier le char de la révolu-
lion, n'avaient réellement d'autre but que de le
renverser par leurs violences.
Cependant Desaix parvenu à l'époque bril-
lante de la vie où tous les senlimens sont de»
passions.,, éprouvait cette inquiétude, toi:rment
des grandes âmes qui brûlent de l'amour de la
gloire ; il frémissait en songeant aux maux incal-
culables que devait causer la guerre , et pourtant
il brûlait du désir de se distinguer dans les com-
bats. Les rois coalisés contre la FranCe ne tardè-
rent pas à lui en fournir l'occasion.
Il entra en campagne, avec son régiment,
en 179s. Son zèle eT son activité le firent bien-
tôt distinguer par les généraux Victor Broglie
et Cnstines , qui l'employèrent successivement
comme aide-de-carap et capitaine adjoint à l'état-
major. Mais il déploya tant de talens et de bra-
voure dans diverses circonstances malheureuses ,
où sa présence d esprit et ses conseils arrêtèrent
les suites des revers que l'armée avait éprouvés,
notamment à la prise des lignes de 'Weissem-
bourg , que les représentans du peuple alors en
mission n hésitèrent pas à lui conférer le grade
de général de brigade. Il justifia pleinement le
choix dont il avait été lobjet.
Dans toutes les occasions où il fut chargé per-
sonnellement de diriger une attaque , ou de
défendre un poste , il eut 1 avantage sur l'en-
nemi. Ce furent ses succès qui commencèrent
à relever le moral des troupes de la république,
après les défaites qu'elles avaient éprouvées dans
les départemens du Rhin. Il leur donnait sur-
tout 1 exemple de la constance et de la bravoure;
blessé à i affaire de Lauterbourg dune balle
qui lui avait percé les deux jOues , il ne quitta
point le champ de bataille , et ne voulut se faire
panser qu'après avoir rallié les bataillons qui
étaient en désordre. Aussi les soldais lui don-
nerent-ils dès-lors , comme les autrichiens font
fait depuis , le sur-nom de guerrier sans peur
et sans nprothe : il avait en effet la valeur , la
modestie , le désintéressement , et toutes les
grandes qualités du héros qui jadis avait mérité
ce nom. Comme lui , il joignait à la valeur le
sang-froid qui sait profiter même des revers , ca-
ractérise le grand général , et décide presque tou-
jours la victoire. Dans une affaire où il comman-
dait sous les murs de Strasbourg , quelques-uns
de nos bataillons battaient en retraite , et l'en-
nemi gagnait du terrein ; il court à eux : >» ca-
)i marades, leur dit-il, on vous a mal rendu
i> mes ôrdtes; ce n'est pas votre retraite que j'ai
)■) ordonnée , c'est celle de l'ennemi. 5) Les sol-
dais de la république reviennent à la charge , et
l'ennemi est battu.
Cependant , malgré ses vertus et ses succès ,
dans ces tems de délire où le mérite était un titre
de proscription , le domité de salut public avait
ordonné deux fois sa desliiuiion ; mais le général
qui commandait alors en chef l'armée du Rhin ,
s'y était constamment refusé , et Desaix l'avait
même ignoré jusqu'au moment où, couvert de
la gloire qu'il s'était acquise au déblocus de Lan-
dau . il eut la satisfaction de voir l'armée entière
s'opposer à l'exécution d'un troisième ordre de
destitution , apporté par un représentant qui eut
le bon esprit de céder aux vœux des soldats ,
demandant à grands cris qu'on leur laissât le
général qui les menait toujours à la victoire.
Les motifs de son dévouement étaient trop
purs pour que cette irijustice , non plus que le»
mauvais traitemens qu'on lui fesait éprouver dan»
la personne de sa tendre raere , dont il avait vai-
nement demandé la mise en liberté , diminuât
son zèle pour le service de la patrie et pour [hon-
neur du nom français II eut toujours la piui
grande part aux actions d'éclat qui horlorerent
les armes de la république sur le Rhin pendant
le cours de l'an i et de l'an 3.
Il fut enfin nommé général de division ; et ^
quoiqu'il l'eût bien mérité , il le dut princi,pale-
ment à Moreau , juste appréciateur du ioérita
militaire , qui , ayant pris le commandement de
l'armée de Rhin et Moselle , le chargea d'en com-
mander l'aile gauche.
L'histoire dira la marche glorieuse de cette ar-
mée pendant la campagne brillante de l'an 4.
ii64
Elle avait envahi le Brisgaw , la Souabe , ■ la Ba-
vière , et s'était avancée jusques dans le Haui-
Palatinat , lorsque forcée , par des circonsiances
qui lui étaient étrangères , à se replier des boids
du Danube jusques sur les bords du Rhin, elle le
fil avec une lenteur savante et fiere qui rendit
sa retraite plus honorable encore que ses triom-
phes. Desaix qui avait eu une si grande part à
ses victoires , fut un de ceux qui en eurent le
plus à cette opération militaire , l'une des plui
belles et des plus difficiles qui aient jamais été
faites ; mais quelque gloire qu'il eût acquise dans
cette circonstance, il était appelé à rendre un
service encore plus important à la république.
Moreau , le modèle des hommes les plus dé-
voués à la patrie, ne pouvait se consoler de voir
la campagne perdue pour la brave armée qu il
commandait, qu'en facilitant du moins les bril-
lans exploits de l'armée d Italie. Pour cela, il
fallait retenir sur les bords du Rhin l'armée du
prince Charles , qui n'aurait pas manqué de se
porter eti giaiide partie dans le Milanais , si elle
eut été libre de tome inquiétude de ce côté;
mais pour occuper l'ennemi , nous n'avions que
le fon de Kcih , dont il paraissait avoir à cœur
de s'emparer, et la prise de ce fort au commen-
cement de la campagne ne nous avait coûté qu'un
coup de main; il était donc nécessaire d'en con-
fier la défense à un homme dont le génie put
suppléer aux avantages des fortifications qui man-
quaient à ce poste important , et qui inspirât une
grande confiance aux soldats. Le choix de Moreau
se fixa Sur Desaix, et Desaix répondit à son attente.
Le terme inévitable de la défense de K.clh lut
piolongé au-delà de toute espérance , et ce fort
ne fut évacué qu'après avoir coûté à lempereur
1.5,000 hommes de ses meilleures troupes, il avoir
arrêté son armée entière pi-ndant près de deujt
mois sous ses retranchcmens.
Cependant , le but esseiiiiel de cette résistance
aussi importante que glorieuse , était rempli. Tan-
dis que Desaix retenait le prince Charles devant
Kelli , Bonaparte gagnait sur le feld-matéchal
Alvinzi cette fameuse bataille d'Arcole qui décida
du sort de 1 Italie , reprenait la position avanta-
geuse de Rivoli , et préparait par sts victoires la
prochaine reddition dcMantoue, qui fut bientôt
suivie de la signature des piéliminaires de
Léoben.
Mais avant que ce premier traité suspendit les
exploits de nos guerriers , il était réservé à 1 armée
de Rhin-et-Moselle d acquérir encore en un seul
jour Ce qui aurait suffi à la gloire de toute une
campagne. Le passage du Rhin au 1"'. floréal an
5 . le plus hardi et le plus périlleux qui ait jamais
été exécuté , sera un monument éternelle de sa
bravoure et de celle de Desaix , qui , après l'avoir
préparé par les ordres de Moreau , l'exécuta le
premier à la tête de sa division , en plein jour ,
et en présence de l'armée ennemie.
Ce fut après avoir terminé si glorieusement
cette époque delà guerre, et après- s être guéri
des blessures qu il avait reçues à la dernière ba-
taille, que Desaix piofita de la suspension d'armes
pour aller en Itahe visiter les campagnes célèbres
que Bonaparte venait d illustrer d'une gloire nou-
velle , et voir cet homme extraordinaire , vain-
queur invaincu des. plus grands généraux de
l'Europe. L'accueil qu'il en reçut fut digne de
tous deux. A son arrivée , Bonaparte fit mettre
à l'ordre de l'armée 1 expression de sa haute
estime pour le général Desaix , en ces termes :
41 Le général en chef avertit l'armée d'Italie que
le général Desaix est arrivé de l'armée du Rhin ,
et qu'il va reconnaître les positions oii les français
se sont immortalisés."
Cet honorable suffrage fut suivi d'une marque
de confiance plus grande encore. Le général
Desaix fut un de ceux que le général Bonaparte
désira d'associer à sa gloire , lorsqu'il entreprit
de porter 1 honneur du nom français en Egypte.
•Ce fut pour lui une nouvelle occasion de s'il-
lustrer : par-tout il se montra digne de la haute
réputation qu'il s'était faite à l'armée du Rhin. A
la prise de Malte , à la bataille de Chebreri^s , à
celle des Pyramides , il développa de si grands
talens et une si grande bravoure , que le général
en chef voulut lui en donner un témoignage
durable ,cn lui fesant présent d'un poignard d'un
très-beau travail et enrichi de diamans, sur lequel
était gravé : Prise de Malte ; bataille de Ckebreriss ;
bataille des Pyramides.
Rien n'était plus propre à exalter en lui l'amour
de la gloire , ce puissant mobile des actions hé-
roïques qui oiit illustré sa vie; rnais, de tous les
témoignages -d'estime qu'il reçut de Bonaparte ,
celui qui le flatta le plus , parce qu'il le mettait
à même d'en mériter de nouveaux , fut l'ordre
d'aller faire la conquête de la Haute -Egypte ,
d'achever d'y détruire les mamelucks qui s'y
étaient enfuis avec Mourad-bey , ou de les en
chasser entièrement. :Cette entreprise était péril-
leuse et difficile ; ■! 1 exécuta avec courage et
succès.
Secondé par les généraux Friand , Davoust et
Belliard , il livra divers combats à Sonaguy , à
Thébes , à Sienne , à Gosseyr , et dans vingt autri-s
endroits difFérens. Par-tout il fit triompher les
armes de la république : il fit plus , il sut gagiier
les cœurs dos habitans du pays qu il avait soumis ,
et leur fit connaître, le premier , les bientaiis
d'un gouvernement. Il établit l'ordre et la paix
dans une contiée 011 l'on ne connaissait que la
guerre et l'anarchie, et son administration fut
telle, qu'elle lui valut, de la part des habitans,
le glorieux litre de Sultan-Juste.
Mais ce n'est pas seulement sous ce rapport
si intéressant qu'elle doit lui mériter des élogesi
Il s'occupa de la rendre utile aux sciences et
aux arts . en procurant aux hommes éclairés qu.
sont chargés de reconnaître ce pays , non-seule-
ment tout ce qui dépendait de son autorité pour
rendre leur voyage le plus sûr et le plus com-
mode possible , mais encore tous les re'seigne-
mens qu'il avait rt-cucillis en recherchant lui-
même, en homme instiuit , les ruines eties mo-
nuincns intéressans qui y existent.
Tels étaient les titres du général Desaix à la
reconnaissance tles français et à 1 immortalité ,
lorsque, rappelé de îa Haute-Egypte par le gé-
néral Kl eber, il signapar ses ordres, avec les turcs
et les angl.tis , un traité en vertu duquel il s'eni-
baVqua pour revenir en Europe. Tout le monde
connaît la violation de la foi des peuples par le
gouvernement anglais , au sujet de ce traité , et
je ne souillerai pas le récit des hauts-faits du
général Desaix , pnr le récit des mauvais irailc-
raens que l'amiral Keith lui a fait éprouver; ils ne
&ont aussi que trop connus ; le courage et les
vertus de Desaix , ses grandes qualités , et la
renommée de ses brillans exploits , rien n'a été
respecté par cet amiral , qui n'a pas craint d'atta-
cher son nom à la célébrité d'un grand homme ,
par une action qui le déshonore.
Toute fois Desaix n'était pas sans ressentiment
de ces procédés révoltans; mais son anie géné-
reuse devait bientôt éprouver des affections plus
dignes d'elle.
A son arrivée en France , il apprend que le
premier consul est en marche pour reconquérir
lltalie ; dès-lors , il brûle daller partager la gloire
que ce héros ne peut manquer d'acquérir. Le tems
fixé pour sa quarantaine s écoule trop lentement à
son gré : il attend avec impatience l'ordre de
se rendre à cette armée destinée à faire de si
grandes choses ; enfin il le reçoit de la main
du premier consul lui-même , et il est libre de
partir. Il se met de suite en route pour Milan , où
il arrive le 22 prairial. Nos braves avaient vaincu
le 20 À Montebello , et il regrettait de n avoir pas
pris part à leur gloire et à leurs dangers -, mais
les deux armées so-nt en présence, i instant qui
doit décider du sort de lltalie approche , et les
talens de Desaix sont trop précieux pour ne pas
être utilisés dans une circonstance si importante.
Il prend le commandement dune des divisions de
l'armée.
Déjà le soleil qui doit éclairer le triomphe
des français et la défaite des autrichiens . a lui
sur l'horison : la victoire sera brillante , mais elle
doit être le pr'X du courage le plus opiniâtre. Le
combat commence avec vivacité , et se continue
avec acharnement. Quatre fois les français sont
repoussés , quatre fois ils marchent en avant ; ce-
pendant il faut enfin fixer la victoire. Le premier
consul, au milieu du feu le plus vif, en saisit
l'instant favorable ; il s'adresse aux troupes et
leur dit : n Enfans , souvenez - vous que mon
)> habitude est de coucher sur le champ de
)) bataille, n A ces mots , Desaix profitant de
l'émotion qu'ils ont fait sur nos braves , s'élance
avec impétuosité au' milieu des bataillons enne-
mis, et la réserve qu'il commande les charge à
la bayonnette. La division Boudet suit ce mou-
vement audacieux , et toute l'armée s'avance au
pas de charge : l'action devient terrible ; mais ô
douleur ! Desaix est atteint d'une balle mortelle ,
au moment même où ses efforts décident la vic-
toire ; et ce héros dont l'Europe et lAfrique cé-
lèbrent les exploits , a terminé une si belle car-
rière en proférant ces mots : )> Allez dire au
!i premier consul que je meurs avec le regret
i> de n avoir pas assez fait pour vivre dans la
" postérité. >'
Non , cet injuste présage ne sera point accompli :
la mémoire des exploits de Desaix ne péiira
point, et ses dernières paroles ne feront qu'at-
tester à la postérité que rien n égale sa valeur et
ses talens, si ce n'est sa modestie.
O généreux Desaix ! si du séjour qu'habitent
les âmes des grands hommes , tu peux jouir en-
core des ïffections qui étaient l'objet de tes vœux
les plus doux et de tes plus chères espérances ,
jouis de la gloire de tes compagnons d'armes !
vois le sang de Rivaud , de Champeaux , de
Muller, de Mainoni , couler honorablement pour
la patrie !...,. Vois le brave Kellermann , digne
fils du vainqueur du .ac septembre, culbutant
l'ennemi et donnant le signal de la victoire ; vois
cette colonne intrépide des grenadiers de la garde
consulaire , marchant aux ordres du général
Lannes avec la division Vatiin et la division
Boudet , enfoncer les derniers bataillons ennemis
et charger la cavalerie, que foudroie l'ariille.rie
dirigée par Marmont ! vois le bouillant Murai et
le vaillant Bessieres chassant les débris de l'armée
autrichienne jusqu'aux rives de la Boimida , et
revenant annoncer aux champs de Mariiigo la
victoire à laquelle tous les braves avaient pris une
paît si glorieuse !
Porte tes regards sur les bords du Lech et du
Danube : vois ce guerrier si cher aux français , si
respecté de nos ennemis , et dont tu l'honore
dêtre l'émule, recevoir de l'armée de réserve le
signal qu il lui avait donné , et répondre à ses
victoires par une victoire nouvelle ! vois cet in-
trépide Lecourbe , dont l'audace et l'habileté ne
connaissent point les revers , diriger le courage
indompté de ces braves qui passent le Danube à
la nage .' Sa valeur vient d'tfîacer pour la Seconde'
lois l humiliation qu Eugène et Marlboroug avaient
fait éprouver aux français à Hochstet. Contemple
enfin tous les corps de cette armée si féconde
en succès , si digne de l'armée victorieuse à
Matingo , et jouis de voir ton pays parvenu au
plus haut degré de gloire militaire que les nations
puissent atteindre !
Jouis sur-tout de l'allégresse publique, accueil-
lant le premier consul rayonnant de gloire , et
présageant la paix !
Reçois les hommages que le tribunal rend à t»
mémoire !
Que ton ame soit sensible au tribut de recon-
nais.sance nationale que te paient les premiers
magistrats qui , en labsence du premier consul ,
se sont montiés si d'gnes de le suppléer par la
sagesse de leurs actes , et par le prix qu'ils ont
su mettre aux exploits de nos braves dont ils ont
été constamment jaloux d'encourager l'ardeur et
de récompenser les hauts- faits! Par leurs soins ,
ton nom servira de base à cette colonne natio-
nale qui doit offrir à la vénération des siècles les'
noms des héros qui auront illustré la république;
un trophée te sera élevé dans le temple de Mars
où ton ame doit se complaire , et un monument
aussi durable que les rochers indestructibles sur
lesquels il sera placé . conservera pour la pos-
térité tes dépouilles mortelles , afin que rien de ce
qui fut toi n'échappe à l'immortalité.
La suite demain.
Bourse dul]. — Effets publics.
Rente provisoire 21 fr. 38 c.
Tiers consolidé.. 3i fr. 83 c.
Boris deux tiers ■ i fr. Sï c.
Bons d'ariérage 87 (r. 5o c.
Bons pour l'an 8 82 fr. 63 c.
Syndicat 66 fr. 5o c.
Coupures. . 6G fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Euràta des deux premières listes des souscripteurs ait
monument à élever à la mémoire du général Desaix.
Première liste. On a oublié de porter , parmi les
noms des membres de l'administration du musée
central des arts, le citoyen Raymond , architecte
du palais national des sciences et des arts , et
membre honoraire du conseil du musée.
Seconde liste. Bauset , ancien agent-général des
étapes militaires , lisez ': Banset.
Lupais et Gelot , banquiers , lisez : Hupais.
Riboustel , lisez : Ribouttet.
Roquelante , rue ci-devant Royale, lisez : Ro-
quesante.
François Tirpaut, commissaire de marine , etc.
lisez : Terpaut.
Desfournille , de Bordeaux, lisez : Desfourniel.
Amaury Duval , chef du bureau des beaux-
'arts , 14 fr. lisez ; 24 fr.
Le cit. Merleus , graveur , etc. , lisez : Merlens.
On continue à recevoir les souscriptions au
Lycée républicain , passage du Lycée , près le
palais du Tribunal.
Au Cercle des négocians , rue de la loi , près
le boulevard.
Au bureau du Journal de Paris , rue Jean-
Jacques Rousseau.
Au bureau du Moniteur , rue des Poitevins ,
n" 18. ^
JV- B. La liste des souscripteurs sera ouverte
jusqu'au a5 messidor. On indiquera à celte époque
le lieii ou se tiendra l'assemblée pour nommer les
membres du comité chargé de l'exécution.
A Paris , de l'i.njirir.ierie du cit. Agassc , propriétaire du Moniteur , rue des P.oitevins , n" l3.
GAZETTE NiWrONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 289.
JVonidi , 1 9 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NIT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
PORTUGAL.
De Lisbonne , le zg prairial.
J_iA nouvelle de la sortie de la flotte combinée
de Bresi'était tellement accréditée ici le 25 , que
le gouvernemeni fit partir de celte place des dé-
tachemeos de troupes pour garnir les forts qui
défendent l'entrée des poris et les côtes voisines.
Le gouvernement ayant su le lendemain qu'il avait
pris mal-à-propos l'alarme, envoya ordre à ces
détachemens de rétrograder.
"Vingt-sept transports anglais , venant des ports
d'Angleterre , et ponant 4000 hommes de troupes ,
ont mouillé le 26 vis-à vis de l'entrée de notre
rade. Ils ont envoyé prendre des rafraîchissemeiis
à terre. Le 28 , ils ont remis à la voile , pour se
rendre dans la Méditerranée. On croit ces troupes
destinées pour 1 Italie.
Un exprès arrivé aujourd'hui de Vigo , nous
a apporte la nouvelle que le corsaire de Bor-
deaux le Brave , y avait conduit (à Vigo) untrès-
eros navire anglais . armé de 20 canons , et chargé
de sucre , café , cuirs , etc. dont il s'était emparé
aprê.'î un combat de près de deux heures.
ALLEMAGNE.
Stullgard , le 4 messidor.
Le i*^' messidor, le général Meerfcldt avait
attaqué les français et s'était avancé vers Friedberg;
mais ceux-ci ayant reçu des renforts le repous-
sèrent avec perte.
— Wickam et le comte de Lehrbach sont arrivés
àRalisbonne, suivis' d'une grande partie des
bagases autrichiens. — Le duc de Wirtemberg.
qui .'jusqu'à présent était resté à Weiliingën est
parti pour Anspach.
Les français ont dernièrement pris quatre dra-
peaux, ï3 canons, 55o charriots chargés de vivres
et de munitions pour Ulm , avec 45oo hommes ;
les troupes autrichiennes ont toujours été battues ,
et cette ville paraît devoir être bientôt la proie
des français.
— Le général Moreau a fait à Kray la pro-
position de se renvoyer mutuellement les pri-
sonniers qu'on ferait de part et d'autre, et de
soigner les blessés dans le lieu-même oîi on
les aurait trouvés.
Le quartier-général de Moreau était le 6 à
Neresheira. (Extrait du Strasburger Weltbote. )
INTERIEUR.
Paris , le iS messidor.
Un violent orage a ravagé . le g de ce mois ,
Plombières et tous les lieux circonvoisins. L'eau
est entrée dans les maisons après avoir entraîné
la terre des coteaux. Les vignes et les chenevieres
ont été déracinées.
L'épouse du citoyen Clesquin , cultivateur à
Chasenl , département de la Côte-d'Or, est ac-
couchée dernièrement de cinq enfans , dont deux
garçons ; ils n'avaient que sept mois . étaient bien
conformés, et pesaient 24 livres et demie. Trois
de ces enfans sont morts en naissant ; les deux
autres leur ont survécu de trois heures.'
— Le doyen des astronomes de l'Europe ,
M. Kœîlncr , est mort dernièrement à Gottingue ,
âgé de 83 ans.
— La société d'agriculture du département de
la Seine , tiendra une séance publique , le 20
messidor, dans le local de l'Oratoire.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 16 messidor, an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , arrêtent ce qui suit :
L'état de siège de la commune de Montauban
ctt levé.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrête
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le ietrétaire-iétat , signé, II. B. M.^KiiT.
Arrêté du même jour. !
Les consuls de la république, vu la loi du 2
floréal an 6 , qui autorise à (axer par assimilation
les marchandises non énoncées dans le tarif du 28
fructidor an 5 ;
Vu ledit tarif, dans lequel les farines ne sont
point comprises ;
Considérant que la taxe établie sur lé blé par
ce tarif, est la seule qui puisse être prise pour
base dans la fixation tîe la taxe sur les farines :
que néanmoins la première a lieu sur le volume ,
tandis qu'il convient de régler la somme sur le
poids ;
Mais qu'en réduisant au poids le kilolitre de
blé, les dix myriagrammes de cette denrée se
trouvent taxés à trois centimes pat cinq kilo-
mètres de trajet , ~
Le conseil-d'état entendu, arrêtent:
Art. 1''. Le droit à percevoir sur les farines
transportées sur le canal du centre , seia , quelque
soit le mode de chargement, perçu à raison du
poids.
IL Le droitsera de trois centimes par dix myria-
grammes et par cinq kilomètres de trajet.
III. Le présent arrêté sera imprimé et affiché ;
le ministre des finances est chargé de son exé-
cution. ■ 5!£7ie, Bor. APARiE.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du ij messidor , an 8.
Bonaparte, premier consul de la république,
nomrne les citoyens dont les noms suivent , pour
lemplir, dans le département de l'Escaut, les
fonctions ci-après désignées , savoir :
Tribunal criminel séant a Gand.
Président. Blemont , commissaire actuel près les
tribunaux.
Juges. Varembergh, juge ociuel. Vispoel , idem.
Suppléans. Hortag , homme «le loU Dubosch ,
commissaire près 1 administration centrale.
Commissaire. Méaulle , ex-législateur, ex-juge
de cassation.
Greffier. Amoreau , ex-commissaire du gou-
vernement prés l'administration municipale de
Gand.
Tribunal civil séant a Gand.
Président. Beyens , l'aîné, jurisconsulte.
Vice-président. Chatillon , ex-président ^du tri
burial criminel de 1 Escaut, ex-juge du tribunal
de la Seine.
Juges. Penlinx,jage actuel. Troisœuf . ex
législateur. Van-de-Putte , juge actuel. Alexis
De\os, idem. Louis Real, ex-coramissaire du
gouvernement dans les départèraens du Gard et
du Nord.
Suppléans. Lecat , juge actuel. Vander-Vennet ,
idem. Dhacnens , homme de loi. Meyer , ju"e
actuel.
Commissaire. Lejeune , accusateur public.
Substitut. Dechavanncs . commissaire près l'ad-
.niinistration municipale à Orstbourg.
Greffier. Demeyers , greffier actuel.
Tribunal séant a Dendermonde.
Président. Eman , commissaire du goiiverne-
meiit à Leyde.
Juges. Apets , juge actuel. Limpens , idem.
CliOTopré , commissaire près la police correc-
tionnelle.
Suppléons. Dekeyser , juge actuel. Brancôme ,
idem. 'Vfsembrant , commissaire du gouverne-
ment à Hammes.
Commissaire. Albert , commissaire du gouver-
nement à Termade.
Greffier. Leunckens , ex-secrétaire à Alost.
Tribunal séant a Oudenarde.
Président. Charles Duaigny.juge actuel.
Juges. Sostier , juge actuel. Cotnelis, com-
missaire actuel.
Suppléons. Beyens', secrétaire de l'administra-
tion municipale à Dtynge. DHoiit père , homme
de loi à Gatiil.
Commissaire. Grulrtos , ex-adminisiralcur.
Greffier. Onracl, cx-jugcde-paix à Oudenarde.
Tribunal séant au Sas-de-Gand.
Président. Tigelberth, juge-de-paix à Huitz.
Juges. Vanderheyden (de 'Waiervliet. ) Ferle-
man , commissaire près l'adininisiration munici-
pale de 1 Ecluse.
Suppléans. Deguchtenaere , à Assenede. Da-
mour , homme de loi à Wafervliet.
Commissaire. Pages , commissaire actuel.
Greffier. Cock , commissaire près l'administra»
tion municipale à Yrendyck.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront
de suite à leur poste , pour y remplir les fonC'
dons qui leur sont attribuées par la loi.
Signé, BoNAi-ARTE
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir, dans le département de la Lys les fonc-
tions ci-après désignées , savoir :
Tribunal criminel séant a Bruges.
Président. Kermacker , président actuel du tri-
bunal criminel.
Juges. Isenbrant, substitut actuel du coramiss.
Tomkins , accusateur public. Daisac,juge act.
Suppléans. Busschacrt , membre de 1 administr.
centrale.
Commissaire. Vandewalle , greffier actuel du
tri'ounal civil.
Grever. Vertanke , greffier actuel.
Tribunal civil séant a Bruges.
Président. Grys père , ex-juge.
Vice-président. Vandenbogaerde , juge actuel.
Juges. Marant , idem. Slock , idem. Kesleloot ,
idem. Colignon , idem. Neudt , idem.
Suppléans. Vantheme , jvge actuel. Gondesene;
idem. Madred , ex-juge-de-paix. Dhert , présid.
de l'administration de Wcscapeles.
Commissaire. Thiennot , ancien magistrat.
Substitut, Jorret , ex-commissaire central.
Greffier. Augustin Vanpraet , commis-greffier.
Tribunal séant a Courtray.
Président. Robyn , juge actuel.
Juges. Hotroet ( de Menin ) juçe actuel. Bliau ,
juge-de-paix. Russecuw , commissaire actuel.
Suppléans. Dcbbaut , président de l'administra-
tion municipale, Engel , homme de loi. Vanruym-
beke , idem.
Commissaire. Maës , ex-législateur.
Greffier. Filleul , juge actuel.
Tribunal séant a Ypres.
Président. Vandermeersch , ex-juge-de-paix.
Juges. Beke . juge actuel. Hemessy , idem.
Ryckasseys , commissaire actuel.
Suppléans. Vandecastecle, ex-administrateur du
déparielneni. Vaneslar.d; , ex-administrateur. De-
coninck fils , homme de loi.
Commissaire. Jossaert , commissaire près la po-
lice correctionnelle à Bruges.
Greffier. Vanprovyn , greffier actuel.
Tribunal' SÉANT a Furnes.
Président, Villaert , juge actuel,
jft^^w. Pierre François Prévost, ex-comraiss<)ire-
pensionnaire à Furnes. Spot-Barry , homme de
loi. Charles de Latere.
Suppléans. Gruwé , ex-secrétaire du canton de
Pervyse. Looten , arpenteur. Woets , ex-commis-
saire de Dixmude.
Commissaire. Debouck , greffier du tribunal
criminel à Bruges.
Greffier. Demey , juge actuel.
Oidonne en «conséquence qu'ils se rendront
de suite à leur poste pour y remplir les fonctions
qui leur sont attribuées par la loi.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , si^é , H. B. Maret.
11 66
^nne ai- fêté du mêine Jour.
Bonaparte, premier consul de la république ,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir, dans le département d'e la- Meu^e-Infé-
rieure , les fonctions ci-après désignées , savoir :
Tribunal criminel séant a Mastricht.
Président. Membrede , ex-législateur.
Juges. Lirapert, ex-juge. Meller , juge actuel.
Suppléans. Fecrain , juge actuel. Droixhe , idem.
Commissaire. Michiels , ex-législateur.
Greffier. Tboelen , greffier actuel.
Tribunal civri; séant a Mastricht.
Président. Devlicckx , juge actuel.
Juges. Craliay , éommissaire actuelprèslapolice
correciionneile. Jea'rt-Jacques Corneli , homme de
loi. Ci:iespens , juge actuel. •
Suppléons. Lipkens , juge actuel. Vanheyler-
hossen , hommÉ dé loi. Kferen'S . idem.
Commissaire. Daret , comnirssaîre actuel.
GrtffiiT. LongTé , greffier actuel.
Tribunal séaNt A Ruremondê.
Président. Ramackers , juge actuel.
Juges. Timmérmans , juge actuel. Strens , idem.
SuppUjcm. Janssiii, homme de loi. Smion, idem'
Commissaire. Vanhaelen , homme de loi.
Grtffitt. BoVy , greffier aÈtuel du tribunal civil.
Tribunal Séai^jt a Hasselt.
Président. Gàsipard Vossêns , homme de loi.
Ju^es. Vanhalén , juge actuel. Jean - Jacques
Démonfaigné , idein. Kémpenèèrs , idem.
Suppléans. Thiessen , juge actuel. Lambert Ray-
mackèrs , horaftie dé loi. SimonS , idem.
Commissaire.. Siaens , commissaire actuel près
radniinistration municipale de Saint-Frond.
Greffier. Véen, commissaire actuel près la police
correctionuellc.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront
de suite à leur posie , pour y remplir les fonc-
tions q^ui leur sont attribuées par la loi.
Signé., Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret. •
Autre arrêté du même jvur.
Bonaparte , premier consul dé là république ,
nommé les citoyens dont les norat suivent , pour
remplir , dans le département des Deux-Neihes ,
les foncdons ci-après disignées , savoir :
Trfbunal criminel séant a Anvers.
Président. Charles Dor , membre du tribunal de
cassation.
jfu^eî. Carré, accusateur-public actuel. Demoor,
c'x-législal'e\x*r.
Suppléans. Van Welleysen , homme de loi.
Dargonne , ex-commissaiie près ladministration
municipale.
■ Commissaire. Délàbliissé , ex-législateur.
Greffier Legros , substitut actuel du com-
tnissaire.
Tribunal civil séant a Anvers.
Président. Vâudun , hôrhme de loi.
Vice-président. Gayre , juge.
Juges. Visser , homme de loi. Wouwermans, id.
Fradin , ex - membre du tribunal de cassation.
Nahteuil , fils , homme de loi. Martin , juge
actuel.
Suppléans. Lepaige . fils , homme de loi. Wol-
fenaer, idem. Van^iewalle , juge actuel. Gérard ,
homme de loi.
Commissaire. Chabroud , commissaire actuel.
Substitut. Dourouzeau , fils , homme dt loi ,
de Paris.
Greffier. Gaflier, président actuel du tribunal
criminel.
.Tribunal civil séant a MALii>iEs.
Président. Poulet, homme de loi.
Ju.ges. Verhac^ghen, homme de loi. Bourdeaux
juge actuel. Maisonnêuve , ancien magistrat, tx-I
juge du tribunal de la Charente,
Suppléans. Pausens, peie^homme deloi. Marit,
idem. Docher , idem.
Commissaire. Crabeels ,:gréffier du ttibunal cor-
rectionnel.
Greffier. Tourn , juge actuel.
TiRIBtNAL séant A ThURNOUT.
Président. Lemmens , homine de loi.
Juges. Valé, homme de loi. Courtois, siibs-
litul actuel au tribunal civil. Vangenechten ,
homme de loi ,
■ ISuppleâns.Y'an-Ah], père, ci-devant secrétaire
die ée'erî. D'esseJcket-, juge actuel. T>egoûis\ , né-
gociant.
Commissaire. Geirts , juge actuel.
Gffffiéf. .-. .... , greffier' actuel.
Ordonne ^.ea conséquence q-u'ils se rendront
de suite à leur poste, pour y remplir les tonc-
ions qui l';ur sont attribuées par la loi.
Par le premier consul ,
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état, sigité. H. B. Maret.
AatTt arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république
nomme les citoyens dont les noms suivent , po^>r
réniplir dans le déparlement de Sambre-ei-
Meuse les fonctions ci-après désignéas :
Tribunal criminel séant a Namur.
Président. Vaugeois.
Juges. Laloux , juge actuel. Dubois Saim-Hu-
beri , idem.
Suppléans. Mathieu . hpmme de loi. Dellevoge,
chef de bureau à l'administration centrale.
Commissaire. Balardelle , président actuel du
li'ibuifial criminel.
Grtffijtr. Lafontalne , greffier actuel du tribunal
de commercé. .
Tribunal civil séant a Namur.
' Président. Dubois senior , juge actuel.
Juges. Moiiscn , juge actuel. Huart , junior ,
idem. Grenier . idem.
Suppléons. Matchot , juge actuel. Harlel , idem.
Lirhelette , idem.
Commissaire. Dupré, greffier actuel du tribuiial
criminel.
Greffier. Baré , greffier actuel du tribunal
civil.
Tribunal séant a Dînant.
Président. Dufaut, juge actuel.
Juges. Lenoir , juge actuel , Colignon , idem.
Suppléans. Liou , notaire. Meunier , médecin.
Commissaire. Hollerel , commissaire actuel à
Namur.
Greffier. Laeharlerie , greffier actuel.
Tribunal séant a Marches.
Président. Blouet , commissaire actuel près le
tribunal civil à Coblentz.
Juges. Mersch, juge actuel. Danblon , idem.
Suppléans. ikdot. noiaiie. Godefroy , juge-de-
paix du canton 4e la Roche.
Commissaire. Frocrain, commissaire actuel.
Greffier. Boue commissaire à Dinant.
Tribunal séant a St.-Hubert.
Président. Millard , juge actuel.
Juges. Labeville , juge actuel. Herman , idem.
Suppléans. Daudroi , homme deloi. Ghobert,
ex-commissaire.
Commissaire. Esmenjaud , commissaire actuel
près le tribunal.
Greffier. Benoit , homme de loi à Namur.
Ordonne en conséquence q'u'ils se rendront
de suite à leurposte , pour y remplir les fonctions
qui leur sont attribuées par la loi.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d état , signé , H. B. MaRet.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république,
norhrae les citoyens dont les noms suivent, pour
remplir , dans le département de Jemmappes ;
les fonctions ci-après désignées, savoir;
Tribunal criminel , séant a Mons.
Président. Houzé , président du tribunal tri-
minel.
Juges. Fonson , juge actuel. Williems , substitut
actuel du commissaire.
Suppléans. Farin , juge actuel. Delwart , idem.
Commissaire. Rosier, accuîateur-judjlic actuel.
Greffier. Senaui , greffier actù«l.
TribùnÀl civil séant a Mons.
Président. Abrassart ( de Mons) , homine de loi.
Juges. Pertau , juge actuel. Soyer, ex-cçmmis-
saue près la police correctionnelle.. Farin , juge
acuel.
Suppléans. Simon , -juge- actuel. Plapied , îl^em.
Auquier (de Mons ) , homme deloi.
Commissaire. Sia , commissaire actuel.
Grç^r. Pariaû , greffier actuel.
Tribunal séant a Tournay.
Président. Berger ,. juge actuel.
jfu^£i. Derasge , juge actuel. M&^flond , idem.
Lehon , homme de loi.
Suppteans. Vinchehf'-Detvignè , juge-de^paix à
Tournay. Dubus , homme de loi. Debellignier »
idem.
CanMissairt. Cuveliers , coramissait-e actue^i
Greffier. Bruneau, greffier actuel.
Tribunal séant a Charleroy.
Président. 'Wautier , juge actuel.
Juges. Bourgeois .juge actuel. Chaise , ex-com-
missa-ire près la- police correctionnelle,. Nalmnes ,
juge-de-paix à Chatelet.
Suppléans. Dupuys , juge actuel. Binard , t«i«m'
Commissaire. Marlier, cotnmissaire près la police
conreciionnelle.
Greffier. Défrise , juge actuel.
Ordonne en coijséqjuenee qu'ifs se rendront
de suite à leur poste , pour y remphr les fonc-
tions quj" leur sont attribuées par la' loi.
Signé, Bonaparte.,
Par le prernier consul ,
Le secrétaire-d' état , signé , H. B. MaIiet.
Autre' arrêté du même jour.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le- citoyen Masclet.-
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la conduite
distinguée et de la bravoure éclatante du citoyen
Ma,5clet , maréchal-des-logis à la i" cornpagnie
du ;' légiment d'artillerie à cheval , à I affaire qui
eut lieu devant^Biberaeh , le 19 floréal an 8 ,
lorsque montant à cheval pour voir de plus prè»
une batterie ennemie de six pièces qui avaient
dcmonié la sienne , et appelant à lui un canon-
nier et 5 à 6 chasseurs du 5'^ régiment , il se mit
à leur tête , et fondit sur la première pièce qui
fut enlevée et conduite au parc , lui décerné ,
à titre de récompense nationale , une grenade
d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 17 messidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Le ministn de la guerre , signé , Carnot.
Autre arrêté du nîémejour.,.
Au NOM DU peuple FRANC AI s.
Brevet d'honneur pour le citoyen Nazé.
Bonaparte, premier consul de la i-épubiique .
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatant»
du cit. Nazé , canonnier à la 4° compagnie du 7*
régiment d artillerie à cheval , à l'affaire qui eut
lieu le 19 floréal an 8 , devant Biberach , oîi , aprèp
avoir contribué à la prise de la première pièce
d'une batterie ennemie , il tua le chef de 1»
seconde , et s'en serait rendu maître , si des force;^
supérieures ne l'eussent obligé de renoncer à son
entreprise , lui décerne , à titre de récompense
nationale , une grenade d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an, 8.
Donné à Paris le 17 messidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé, BoNAfARTE.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , CAJti^oT.
C O N S E I L-D' ÉTAT.
Extrait des registres des délibérat'wns, — Séanoe
du 14 messidor , an 8 de la république.
avis.
Le cOBseil-d'état qui , d'après le renvoi d4S
consuls et surle rapport de la section des finances,
a discuté un projet d'arrêté présenté par le mi-
nistre des finances , tendarit à,sublituer le direo-
teur général du trésor public , et Je lirjuidatem
général de la dette pubhque aux commissaires
dé la tiésorérié , pour la rex:tifioaliion des enrAurs
de noms et prénoms dans les titres de propriétés
des rentes perpéluelles et viagères v
•Est d'avis qu'un nouvel arrêté n'est pas néces-
saire , attendu que quant au directeur-général <iu
trésor public, il ne s'agit que de 5e conforpier
au^ IV de l'article I^' du chapitre X de l'arrêté
concernant l'organisation de la trésorerie. Cet
article porte : que le directeur de la dette pu-
blique demeure substitué aux commissaires de
la trésorerie nationale , pour opérer toutes rec-
tifications , en se conformant aux huit premiers
articles de -la Loi du 8 fructidor an 5.
A regard dû liquidateur-général de la dette
1167
publique. M peut se servir du in-ême agent poar ]
lès erreurs et VecliGcations relatives aux créiinces ■
qu'il liquide.
Pour extrait conforme ,.
Le J4CM'<ai;'6-gçn''r'î' ^'i conseil-d'état ,
S,igné , J. G. Loc^i.
Approuvé l'« i'6 messidor.
Signé ,. Bonaparte. ,
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le citoyen Romain Doré . raaielot à bord
Juyaisseau de la république /efterfoutdi/e, mouillé
en rade de Brest , éiait tombé à li mer des
grands hauibans oii il était occupé à travailler.
Pendant que Ton mettait à l'eanles embarcations
pour le sauver, le citoyen Eiienne Pelle , maître
caiionnier sur le même bâtiment, s'éiant apperçu
que le citoyen Doré allait disparaître , s'est pré-
cipité tout habillé dans la mer, et l'a ramené
quelques instans après à bord. — Le citoyen
jeàn-Marie Simon Leparc , l'un des timoniers
du Redoutable, a eu pan à cette belle action , en
se jetant aussi à l'eau.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le préfet aux commissaires de police. — Paris ,
le 16 messidor an S de ta république franr^aise ,
nne et indivisible.
Je suis infoimé , citoyens , qu'au mépris de l'ar-
jêié du bureau central du f^' frimaire an 6,
concernant la vente du loin et de la pa'lle sut
les marchés, et les magasins de ces derirées dans
l'intérieur de Paris, la plupart des fermiers , la-
boureurs et marchands dans l'usage d'approvi-
sionner cette ville , çircu'çnt dans les rues avec
leurs voilures , et qu ils s'arrêtent de porte en
porte pour vendre en gros et en déiail. Une pa-
leiilc conduite produit des inconveniens trop
graves pour quelle ne mériie pas d'être sévè-
rement réprimée. En effet , il en résulte urie
augmentation et trn cours moins régulier dans le
prix des denrées , par le défaut d'abondjince sur
les places affectées à ce genre de commerce ,
et que ces denrées étant sousiraiies à la sur-
veillance de la police , les acquéreurs sont soit-
vcnt trompés et sur la qualiié et sur ie poids ,
indépendamment que la voie publique se trouve
embarrassée à chaque instant. Ces motifs me font
un devoir de vous imposer 1 obligation expresse
de paicourir très-fréquemment vos divisions res-
pectives, et de saisir les voilures de louragcs sta-
tionnant sur la voie publique , dont la destination
Be sera pas constante. Vous devrez vous confor-
nier pour l'exécution de cette mesure à lart. XVI
.de l'arrêté du i" du mois courant , au s.ujt-t des
voitures des marchands forpins qui approvision-
ueni les halles du centre.
]£n attendant que je puisse renouveller les
léglemens relatifs au commerce des louragcs , je
vous recommande de tenir exactemetit la main à
l'exécution des dis; osiiions de ranêié précité du
bureau ceultal , et de me rendre compte du ré-
s'uhat de vos soins à cet égard.
Le préfet de police , signé , Dubois.
Le chef du bureau de commerce et denapigation ,
Signé , Çjjicou.
Du 18 messidor.
Le fpu a pris vers les 4 heures du mptin , rue
<lcs Miiiiipes , chez Thotiiy , loueur de caros.SÊS ;
il a été élj:int air bout d une heure , tuais la perte
Cit considérable. Neuf chevapx ont ))éri dans les
flaninjes. Lc.s spcours p;it é;é cependant rapides
ej^iirp«ipis. On attribue la C3ufe de cet incendie
3 l'impiqd.ence d'un cocher qpi fum.ait djins
l'écurie.
Un événement de ceue nature est un avis formel
aux propriétaiics et principaux lot^alaires de mai-
son , cl en géuéral à tous les rAaiitre.S de voitures,
pour veiller soigneusement à ce que les cochei>
ou palfreniers ne fument jamais dans les écuries
■ri aupiès des déjiôis a fumiers. N est-il pas encorp
de liniérêt de ceux qui soignent les chevaux de
ne jioint commetiie une telle imprudence , dont
ils peuvent devenir les premières victimes.
T R I B U M A T.
Présidence de Jard-Panvillicrs.
SUITE DE LA SÉANCE DU IS MESSIDOR.
Mongez. Il n'est donc plus ce héros , que nous
.pleurons sur les bords de la Seine, et que pleu-
rera 1 égyptien sur le» ruines de Mempliis ! il n'est
^ionc plus cet homme vertueux , que les peuples
voisins de» cataractes avaient nommé le sultan
juste! il n'est donc plus ce général qui porte le
drapeau tricolor jusqu'au tropique, au-delà du-
quel le conquérant de l'univers , le peuple romain ,
n'osa porter «es aigles redoutables .'
Plaine» de Maringo , vous l'avez vu atteint d'un
plomb meurtrier; vous l'avez entendu gémir sur
la brièveté de sa carrière , qui , selon lui , ne
devait pas occuper la muse de l'histoire ; enfin ,
vousavezvusa grande ame s'élever avec majesté
vers ces voûtes célestes , oti brillent, couronnées
de gloire , les ombres de Dugoinmier , de Hoche ,
de Marceau , de Joubert, et de tous ces braves
guerriers qui , pendant le cours de deux lustres,
ont scellé de leur sang généreux les fondemens
de la république.
Un de nos rois parlant 5. son petit-lils , qu'il
plaçait sur le trône d Espagne , lui disait avec
plus de faste que de vèriiè : il n'y aura plus de Py-
rénées. C'est aujourd'hui que la France descendue
en Iialie peut dire avec orgueil : les Alpesncxis-
lent plus. 'i^ous sommes renirèsdans cette Cisalpine
que nos ancêtres conquirent sur les romains,
qu'ils habitèrent pendant si long-tenis, et que nos
ayeux reprirent tant de fois. Oue-la lille de Didon
ne chante plus les Alpes l'orcTcs par Annibal -, le
carthaginois ne les perça que dans un seul point.
Bonaparte a franchi à-la-fois. le mont Bernard , le
Gothard et le SSrapion. Ce n'était plus des soldats
armés d'arcs et de lances qui gravissaient les som-
mets des Alpes : mais on a vu ces rochers éter-
nellement glacés se courber sous le poids de
l'airain qui devait vomir les foudres à Montebello
et à Maringo.
Oue ce passage , à jamais rrièraorable , soit con-
sacré par des monumens plus durables , que le
trophée érigé par Annibal. Des événemens , qui
semblent appartenir-plus à la fable qu à 1 histoire ,
appellent des monumens gigantesques et merveil-
leux. Qhie les rocs , témoins de 1 heureuse lémè-
rité de nos défenseurs et de leur intrépide dé-
voûment, en conservent la mémoire aux siècles
les plus reculés. Qu'a l'imitation des célèbres bas-
reliefs , sculptés sur les rochers de Persépolis et
d'Elèphanta , on grave sur le gianit des Alpes les
portraits de nos généraux ! Q_u après vingt siècles ,
on y puisse encore admirer ces. héros qui osèrent
commander le passage , et les braves qui n hési-
tèrent pas à l'exécuter.
A peine notre guerrier avait-il salué la terre
qui l'avait vu naître , qu'il brûlait de rejoindre le
conquérant de lEgypte. Combien de glorieux
souvenirs devaient les rapprocher ! Ils étaient
entrés ensemble dans cette île et cette ville guer-
rière , contre lesquelles les forces du Croissant
échouaient depuis près de trois siècles ; ils avaient
abordé ensemble sur les rives du Nil , conquis
Alexandrie et le Caire. En quittant lEgyple pt^ur
revenir dans cette contrée , où notre bonheur et
sa glorieuse destinée le ranienait , Bonapjirie se
reposait du soiir de conserver à 4a l'rance l'néritage
des Pharaons et des Piolémées, sur Klèber et Dcsaix.
Son attente n'a pas été trompée ; sa confiance
n'a pas été vaine. Desaix a défendu les campagnes
de Thebes. En \a n le plus ledoutable des beys
a-t-il survécu à sa défaite; en vain, a-i-il rassem-
blé les mameluks fugitifs : notre héros ne lui
donne point de relâche ; il brave les feux du Tro-
pique , et poursuit Mourad-bey au-delà de ces
Cataractes, dont aucune armée n'a\ait approché
dei)uis douze siècles.
Desaix rentre au Caire victorieux ; et il se
délasse des fatigues militaires en partageant les
travaux de^l'institut dEgypie. Alexandrie avait vu
les califes détruire , en lui donnant des lois , les
faibles étincelles des sciences et des arts , qui
brillaient encore ; elle voit aujourd'hui les fran-
çais vainqueurs faire revivre ses antiques muséum ,
et rappeler sur les bords du Nil lesscienccs exi-
lées depuis si long-iems ; mais de nouveaux périls
menaçaient Desaix. Il s embarque en vertu d'une
capiiulation solennelle et sur un navil'e neutre.
Il est porteur des sceaux du grand visir et d'un
général anglais ; et même un officier de cette
nation monte sur le même bord , afin de faire
respecter le traité. Cependant, à peine arrivé à
Livourne , un amiral anglais , dont le nom ne
doit pas souiller la tribune nationale , déclare
prisonnier , au mépris des conventions , le gé-
néral français. Il joint 1 insulte à la perfidie. Il
croit humilier le vainqueur de la Haute-Egypte,
en le confonelant , par une ironie qui ne peut
atteindre légalité pour laquelle Desaix avait si
heureusement combattu , en le confondant avec
les braves qui l'accompagnaient. Desaix ne ré-
ppnd à tant de lâcheté qije par ces mois , qui
rappellent les Baj.ard et le,s Puguesclin.. . . . .
"Je ne vous demande rien que de me délivrer
de votre présence '; faiies , si vous le voulez ,
donner de la paille aux blessés qui soiH avec
moi. J'ai iraiié avec les mamelucks , les turcs , les
arabes du grand désert , les éthiopiens , les noirs
de Darfour ; ipus respeciaient leur parole lors-
qu'ils l'avaient donnée , et ils n'insoltptcnl pas aux
homme» dans le malheur. >> _
L histoire et U poésie célébreront à l'envi Ion
courage et ta valeur , ô Desaix ! et te prodigue-
ront leurs palmes. Mais tu mérites une autre
couronne , et c est aux magistrats du peuple à
te la donner. Ici mes collègues m'ont devance
par la pensée ; ils voudront récompenser la nio-
-o érfitio» , ton équité et ton désintéresseii;ent. Je
dois pioclamer ici en leur nom , qu'autant ih
attachent de pn'n atlK V"^'Oir.<». qvi affcr'ïis-'îej^t
la réjjubljfiiie. , et qui re.ndLei)t célèbre, le nom
français , autant ils accordent d'estim.e ^ '-i T,"*
déralion et a,u désintéressement qui font bénir
ce nom glorieux. Marceau , Jouberr, vos grand«j
ombres tressaillent à la vue d'un guerrier que ks
turcs et les égypliens ont surnommé le Juste ; de
ce guerrier qui , repoussant l\loui;ad.-Bey au,-dc^
des cataractes , aresuccié les propqiéié^ des égy.p" ,
tiens vaincus. Tu paria^jes , ô ÛL-saix, ce g,lp-
rieux surnom de Juste avec Aristide'; qui , comme
toi, avait cornballu aVcc gfoire l«s ennemis dç
sa république , à Marathon , à Fiatée et à Sa-
lamine.
Puissent les lauriers dont nous entrelaçons tes
cyptès , réjdtiir ton ombre glorituse ! qu'ils lui
apprennent que ta rpddcstie t'a trompé , que ton
nom vivra dans l'histoire, çt quç , joipt à celui
de tous nos gueiricts, il durera autant que la
république française Vivent donc à jamais pesaix
et tous nos braves défenseurs ! Vive'' a
jamais la république , mère de tant de héros !
Le tribunal ordonne I impression de tous les
discours.
Laiissnt. Tribuns du peuple , la plupart d'entre
nous entraînés par le rnoiivement généra), et cé-
dant à un juste seniimeiil , avons déjà poilê
au premier consul des tributs individuels d'ad--
miraiion de reconnaissance et dejoie.
Mais lorsque de grands services ont éié icndivç
à la nation par son premier magistrat ; lors-
qu'il remplit l'Europe et le monde eniîer de la
gloire de notre patrie , c'est à la nation et à la.
patrie de l'en récompenser par dhonorables
témoignages . et c'est au tribunal , qui est leur
organe constiiuiionnel , de les exprimer. Je n'ai
point pensé qu'une démarche faite par quclquèsi
membres du tribunal, durant rinicrvalle de ses'
séances , et sans une délibération formelle , eût
un caractère national.
Si tous les français étaient tout-à-l'heare ici.
présens , doutez-vous, tribuns , <ju ils ne voii-
lussent , par des acclamations unanimes, faire
retentir leurs félicitations au premier consul ,
assez heureux pour avoir encore cette fois , par
des conceptions et des actions presque surna-
naturellcs , sauvé la Hbçrié de son pays , rendu
nos armées à la victoire , nos alliés à l'exisience,
et les enneiT-is à la nécessité pressanie d'une paijt
solide pour lous, et pour nous républicains.
Ce que le peuple français rassemblé tout entier
fêtait , il nous 'appartient à nous cjui le suppléons
de le faire à s^ place.
Nous dirons au premier consul : u Gloire aux
n armées qui, sur les rivcs du Pô et sur les rives
)) du Danube, se sont à l'envi moii'.rées invin-
?» cibles ! gloire aux généraux sous lesquels ,
)) reprenant leurs anciennes habuudes, elles ont
Il rivalisé d'habileté , de valeur et de pauio'-
>) tisme! gloire au premier magistrat de 1.^ naiiort,
I) qui, kur donnant cette impulsion ircésislibie,
1) s est montré digne d'elles et digne du peupla
>> français , donl il a justifié la confiance ; puis.ie-
jî t-il contiijuer lotigtems de marcher à l'iramor-
!) lalité , en méritant toujours aussi bien de sa
I) patrie. î;
Je fais la motion que ce vœu , ou tout autre
équivalent, soit porté par une jiéputatjon dit tri-
bunal au premier consul.
Je demande que cette proposition soit renyoyéç
à 1 examen d'une commission.
Le renvoi est prononcé.
Portiez , de l'Oise. J'ai une proposition addi-
tionnelle à faire ; je dcrtiande qtie lé gouverner
ment soit invité a transmettre à la 'famille dé
Desaix un extrait de la séance de ce jour.
Cett.e proposition , mise aux voix , .est adoptée;.
Un membre de la commission des inspecteurs ^
se présente pour faire un rapport sur les dépenses
du tribunal pendant l'an §.' " — '. ■ 1
Sur lii demande d'un grand noipbrç de se»
naernbfes , le uibunat leve.saséjince , et s'ajourne
au î5.
Au Ré^ackjir,
Paris, te 16 messidor, [5 juillet).
Citoyen,
Je crpis devoir voi^s trarismellrp la liste de?
loastf^ qui ont été portés .au diné q.ire le,s cii9y<n^
des Eiais-Uiiis d'Amérique ont donné hier4.juilT
lei ( i5 m.ejisiçlor) , anniversaire de la liberté aiiié-
ricaine. Ils serviront à p,i;puv,<îr , ce me sci^ble ,
que les apiis de la liberté atnéricaine panggeoj
avec la France , l'estime , la reconnaissance , l'adr
miration , que méritent si bien son. rjouveau gou-
vernement et son auguste chef. Ils prouveront
etifore cofl'biçn les aiivéricains soupirent après
le réiablissenient de l union et de l3 bpjin* tnt«t>
iigence enirc les deux républiques.
T O A s T s.
r". A|U Quaire-luilltt , annivertaire de I indé-
pendance aiuéricainc.
ii68
2°. Aux Etats-Unis d'Amérique.
3°. A la république française , et à ses invin-
cibles armées.
4°. A la mémoire du général Washington.
5°. Aux président et vice-président des Etals-
Unis d'Amérique.
6». Au général Bonaparte , premier consul de
la république française.
7°. Au prompt rétablissement de la bonne
harmonie , si essentielle à l'une et l'autre ré-
publique.
8°. Aux envoyés plénipotentiaires des Etats-
Unis auprès de la république française.
g". A la mémorable victoire de Maringo , et
aux suites heureuses qu'elle promet.
10°. A la paix générale.
Yeiiillez . citoyen rédacteur, leur accorder urie
place dans votre, intéressante feuille.
Voire abonné ,
Américanus.
Sur Latour - d'Auvergne.
Permettez .citoyen, à un homme que Latour-
d'Auvergne honora de son amitié, d'offrir publi-
quement'à la mémoire de cet illustre capitaine
l'hommage d-e ses regrets et celui de son admi-
ration. Lorsqu'il me communiquait, il y a peu
de tems . ses projets lilléraires (i)'. lorsqu'il m'ex-
primait ses vœux pour )e trioraiilie de notre
patrie . et les espérances que lui donnait la réor-
ganisation des armées, lorsque je l'embrassai
avant son départ pour celle du Rhin . combien
J'étais loin de prévoir que je dusse sitôt pleurer
ta perte , et tracer quelques lignes de son éloge
funèbre !
J'eus le bonheur de connaître T.atotjr-d'Au-
vergne'à l'armée des Pyrénées occidentales. C'est
«omme témoin oculaire que je rappellerai quel-
ques-uns des traits par lesquels il mérita de com-
mander conlinuellcment l'avanl-garde de celte
brave armée.
Latour-d'Auverfrne . né à Ponlivy , d<ins la ci-
devant province de Bretagne , se livra à l'état
militaire dès ses plus jeunes années. Il sut unir
C! concilier de bonne heure le goût des lettres
et celui des armes ; aussi Latour-d'Auvergne ,
célèbre entre nos guerriers , l'est également parmi
Eos savans , et j'ai toajours été surpris que l'ins-
tilul national ne l'eûi pas appelle dans son sein ;
il n'y cul pas été moins à sa place qu'à la tête
de nos "trenadiers.
Il avait à-peu-Tirès 5o ans ; il en comptait 40 de
service , dont 33 effectifs. Après de si longs
travaux , il était réduit à la pension de retraite ,
«ni. pour le grade de capitaine, estdeSoo francs;
il est vrai que le gouvernement lui avait attribué
le traitement de ce grade en activité, avec faculté
d'en jouir par-tout où bon lui semblerait. Savez-
vous oii il allait le recevoir ? à l'armée , aux avant-
postes . OÎi . malgré son âge et ses droits au repos ,
il se plaisait aie mériter encore par de nouveaux
services. Ce traitement lui suffisait non-seulement
pour vivre, mais encore pour 3e livrer au plaisir
de la bicnfesance. Il est peu d'hommes qui aient
porté plus loin la frugalité : il ne se nourrissait
que de laitage -, l'uniforme national était sa plus
grande parure, et, seul, sans domestique, il
fiabiiait Passu depuis quelques années . dans un
très-peiit appartement . dont ses livres et ses armes
formaient toute la décoration.
Lalour-d'Auvcrgne manifesta le patriotisme le
plus prononcé dès les premiers instans de la
révolutio-n. Il a fait toute la guerre de la liberté.
A l'armée des Pyrénées occidentales , il com-
mandait toutes les compagnies de grenadiers qui
formaient lavant-garde , et cette colonne ter-
rible , dite ta colonne infernale , avait presque
Wtijours remporté la vicioire , lorsque le corps
d'armée arrivait sur le champ de bataille.
Il aimait beaucoup les grenadiers basques , à
cause de leur agilité dans les montagnes et de
îeur bravoure. Tout en combattant à leur tête ,
il étudiait leur langue , pour découvrir de plus
Parmi la multitude de traits extraordinaires qui
l'illustrèrent dans cette armée , je n'en citerai que
deux. Les espagnols sciaient retranchés en-deça
de la Bidassoa- dans une maison crénelée , d'oi^i
ils inquiétaient nos avant-postes , et notas em-
pêclinient de prendre la fameuse position de
la montagne de Louis XW. Il fallait les
chasser de cette forteresse; Latour-d'Auvergne
est chargé de l'expédition. Il arrive à la
tête des grenadiers et sous le feu des batteries
ennemies, devant la maison crénelée, d où les
espagnols, à l'abri de nos coups , fesaient un feu
terrible. Rien ne l'arrête ; il avance , découvert
jusqu'à la porte , ordonne aux grenadiers de
placer le bout de leurs fusils dans les crénarix ,
el frappant lui-même la porte à coups de pied
et à coups de tête, en vrai breton, il somme
les ennemis de se rendre , et les menace de les
brûler. Intimidés par tant d'audace , les ennemis
rendirent à Laiour - d'Auyergtie une forteresse
vraiment inexpugnaole.
Après la prise des fam-euses redoutes d'Irun
et de Fontar.ibie , l'avant-garde française arrive
devant Saint-Sébastien , forteresse située sur un
rocher au milieu de la mer. Latour-d'Auvergne se
jeté dans un léger esquif, et va sommer le com-
mandant de rendre la place. Au milieu de ces
montagnes , les français n'avaient pu amener
qu une pièce de 8. Lalour-d'Ativergne , feignant
que nous avions toute notre arlilleiie devant la
place , menace de la brûler. Le commandant ,
intimidé par nos dernieies victoires, par le ton
d assurance de cet illustre parlemctiiaire , com-
mence à faiblir; mais capitaine , lui dit-il . vous
navezpas liréun seul coup de canon sur ma cilndelk;
faites-moi du moins lliomicur de la saluer; sans
cela , vons sentez bien que je ne peux pas vous la
rtndre. Laiour - d Auvergne connaissait trop les
lois de la guerre et de l'honneur pour ne pas
accéder à cette demande ; il revient au camp ;
on fait jouer la pièce de 8 ; la place nous répond
par une grêle de boulets et d'obus.; un moment
après , 1 intrépide parlementaire retourne à la for-
teresse , et s'en fait remettre les clefs.
Latour-d'Auvergne était appelé à tous les con-
seils de guerre. Il a constamment fait le service
de général aux Pyrénées . et n'a jamais voulu le
devenir. Sa modestie égalait ses talens et sa bra-
voure.
Les généraux Frégeville , Montey . Laborde ,
Castelvert et tant d'autres braves qui furent ses
compagnons d'armes aux Pyrénées se fesaient
gloire de lui témoigner la déférence que l'on doit
à un homme supérieur.
Après la paix avec l'Espagne , Latour - d'Au-
vergne s'étant embarqué sur un bâtiment fran-
çais pour se rendre en Bretagne , fut pris par les
anglais. Un jour on voulait obliger nos prison-
niers de guerre à quitter la cocarde nationale; il
était parmi eux ; il les invita à n'en rien faire : il
résista lui seul à force ouverte aux agens dti gou-
vernement britannique , qui voulaient exécuter
cet ordre avec violence; il fut vainqueur et garda
sa cocarde. Peu de tems après il fut échangé, et
revint dans sa patrie qu'il avait défendue et ho-
norée jusques dans sa captivité.
Fatigué de tant de travaux , il vivait à Paris
dans la retraite ; il apprend que son ancien ami
l'illustre Librignnt . vieillard octogénaire, vient
d être séparé par la réquisition d un fils unique ,
dont l'assistance et les talens lui étaient du plus
grand secours. Il se présente au directoire : il
obtient la faculté de remplacer le jeune soldat,
se rend à l'armée du Rhin comme simple volon-
taire, et renvoie le jeune homme à son père.
O combien ce' savant vénérable va donner de
larmes à celui qu'il appelait son rédempteur !
Couvert de cheveux blancs , mais encore ar-
dent comme on l'est dans la première jeunesse ,
il partit l'année dernière pour l'armée dHelvétie ,
où il fit la campagne avec Massena.
Enfin , il était réservé au premier de nos géné-
raux de donner au premier de nos capitaines
une récompense ditine de sa grande ame. Latour-
d Auvergne n'a point voulu se parer de l'épée
d'honneur avant de l'avoir éprouvée sur les en
de Bouillon. Eh ! qu'importe de quelle branche ,
s'il hérita des talens et des vertus de son illustre
ancêtre ? Il avait la mêm» bonté ,1a n>ême sim-
plicité de mœurs : il avait même une partie de
ses traits, et je n'ai jamais vu le portrait de
Turenne au muséum , sans être frappé de la
ressemblance. Il existe un autre portran de ce-
héros , qui ne lui ressemble pas moins. Il a été
tracé par une des plumes les plus éloquentes
dont ta France s'honore , et je ne puis résister
au plaisir de le copier ici.
Il Q;i'il eût amassé de biens et d'honneurs,
et qu il eût vendu chèrement tant de travaux et
de services ! Mais cet homme sage et désinté-
ressé , content des témoignages de sa conscience ,
et riche de sa modération , irouve dans le plaisir
qu'il a de bien f .ire .la récomi>ense d'à voir bien fait.
Quoiqu'il puisse tout obtenir , il ne demande et
ne prend rien ; il ne désire . à l'exemple de
Salomon , qu'un état frugal et honnête . entre la
pauvreté et les richesses ; et quelques offres qu'on
lui fasse . il n'étend ses désirs qu'à proportion
de ses besoins . et se resserre dans les bornes
étroites du seul nécessaire
t> Remporlait-il quelqu'avantage? à l'entendre,
ce n'était pas qu'il fûi habile , mais 1 ennemi s'était
trompé. Rendait - il compte d'une bataille ? il
n'oubliait rien , sinon que c'était lui qui l'avait
gagnée. Racontait-il quelques-unes de ces actions
qui l'avaient rendu si célèbre ? on eût dit qu'il
n'en avait été que le spectateur, et l'on doutait si
c'était lui qui se trompait ou la renominée.
5> Se dépouillant de toute la gloire qu'il avait
acquise pendant la guerre , et se renfermant
dans une société peu nombreuse de quelques
amis choisis , il s'exerçait sans bruit aux venus
civiles ; sincère dans ses discours . simple dani
ses actions, Hdele dans ses amitiés, exact dans
ses devoirs , rejlé dans ses désirs , arand même
dans les moindre'! choses. Il .se cache, mais
sa réputation le dé'-.ouvre : il marche sans suite
et sans équipage, mais ch.iriin dans son esprit
le inet sur un chat de triomphe.... Tout seul
qu'il est . on se figure autour de lui ses vertus
et ses victoires qui l'accompagnent : il y a je
ne sais quoi de noble dans cette honnête sim-
plicité , et moins il est superbe, plus il devient
vénérable. !>
C'est ainsi que Fléchier retraçait le caractère
de Turenne. Tous ceux qui ont connu Lalour-
d'.\uvergne y reconnaîtront ses traits.
Je vous prie , citoyen , d'insérer ma lettre
dans votre journal. Je crois acquitter une dette
sacrée envers un homme illustre et envers me$
concitoyens , en leur communiquant les détails
qu'elle renferme.
David , ex-secrétaire d'ambassade.
en plus les origines'des peuples et leurs rapports I "émis de la patrie. Comme Turenne, ce vaillant
entre eux ' \ hovwie a- reçuje coup mortel , et est demeure comme
Constamment dans les cimps , constamment | enseveli dans son triomphe
S011.S la tente , cet illustre capitaine vivait au
milieu des gr<:nadicrs qu'il nommait ses enfan
et qui l'appellaient leur père. Il consacrait ses
îoisirs à î'étùde : dans sa baraque , aux avant-
postes on trouvait toujours quelques livres à côté
tie son épèe.
Vingt fois son chapeau et son manteau qu'il
tenait toujours sur son bras gauche en combat-
tant, ont été criblés, et jamais Latour-d'Au-
vergne n'avait été 'blessé. Notre capitaine , disaient
les grenadieis , a le don de charmer les balles.
(1) Il piéparait une seconde édition de ses
Origines Gauloises.
La gloire ét^it sa passion, les camps son élé-
ment , les sciences son délassement et le charme
de ses loisirs.
Latour-d'Auyergne est l'auteur d'un livre in-
titulé : les Origines gauloises , on la plus vaste
érudition se trouve unie à la critique la plus
saine , au. style le plus clair et le plus animé.
Dans une notice sur sa vie , qui fut insérée ,
il y a quelques années , dans le Moniteur , en
rendant compte de son ouvrage , j'avais dit que
Latour-d'Auvergne était un des descendans de
Turenne , dont il nous retraçait si bien les bril-
lantes qualités. Il s'empressa de publier qu'il n'é-
tait sorti que d'une branche bâtarde de la maison
Ép iTà P H E pour mettre sur le monument qui doit
être érigé au Citoyen Latotr-d' Auvergne-Corret.
Ci gît Laloui -d'Auvergne : à ce grand nom , soldats ,
Vous pleurez un héros raourant pour sa patrie.
Des pleurs ! eulendez-vous son ombre qui vous crie ,
Enviez mon destin , et ne me pUuicz pas.
1 par E. J. son ami.
Le citoyen E.J. ayant vécu pendant long-twms,
dans la pins grande intimité avec le citoyen LaJour-
d'Auvergne-Correi , qui lui a légué «a pciité"bi-
bliotheque , croit devoir payer sa dette à l'amilié
doutill'a honoré, en réuniss.mt dans une courte
notice tous les renseignemens qu'il a pu re-
cueillir de sa propre bouche dans les épanche-
mens d'une intimité sans bornes, Il prie tous ceux
quis'interessentàlagloired'un citoyenaussi illustre
que modeste, de lui faire parvenirtousies détails de
sa vie militaire, littéraire et domestique , dignes
d'être transmis à la postérité. Il les prie d'adresse'r
leurs lettres franc de port au citoyen Leboiirg,
son compatriote et son ami , libraire Palais-Ega-
lité, première gallerie de bois , n° 229.
Bourse du 18. — Effets publics.
Rente provisoire si fr.
Tiers consolidé 3i fr. sS
Bons deux tiers i fr. 5q
Bons d'arréragé 87 Ir. 75
Bons pour l'an 8 82 fr. 75
Syndicat 67 fr.
Coupures • ■ • ■ 67 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
ERRATA.
N° 287 , notice du bulletin de l'armée du Rhin:
!» pour /wii^cr l'empressement des citoyens»' Usez:
pour satisfaire l'empressement des citoyens.
N°' 287 et 288. Tribunal, an-lien de présidence
deDuchesne , /îi«z;présidencedeJard-P3uvilliers.
A Paris , de li^iiprir.icric du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV"" ago.
Décadi , 20 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T E U R esc le seul journal vjficiel.
Il contient les séances des autorités constiniées , les actes du gouvernemen! , les nouvelles des années , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
Parlement d'Irlande.
( Extrait du Star , du 7 messidor).
XjE discours prononcé dans la chambre des
communes par M. Francis Dobbs , membre pour
le bourg de Chariemont , lors de- la troisième
lecture du bill de I union , ayant paru tronqué
dans les gazeUes d Llaride , et par suite dans
la nôtre , nous croyons devoir à nos lecteurs de
le leur présenter dans toute son intégrité , le te-
nant d'une source authentique. Pendant les dix
premières minutes , aprèi.queM. Dobbs eut cora-
jnencé à parler, quelques membres crurent pou-
voir se permettre de liie; mais ensuite le plus
profond silence piévalut dans la chambre , et
régna jusqu'à la fin du discours de l'orateur.
resteraient divisés jusqu'à ce qu'un royaume uni-
versel- fût établi sur la terre. Lés rois et leurs
ministres ont concouru , sans le savoir , à l'ac-
complissement de cette étomiante -prophétie , et
celle fameuse balance du pouvoiraprès laquelle
on court depuis tant de siècles en Europe , n'est
autre chose que l'équihbre de ces dix royaumes
divisés de l'empire romain occidental.
(Nous donnerons la suite de ce discours vrai-
ment singulier pour le i8' siècle.-)
I N T E R I E U
Paris , le \g messidor.
R.
M. Dehbs. M. l'orateur de la chambre, d'après
la conduhe tenue par l'administration durant le
cours de cette session , et les moyens qu'on lui
connaissait, il n'était pas difficile de prévoir l'issue
<ic ce bill. Il n'était pas difficile de pressentir qu'il
^serait de vôtre destinée de prononcer ces affli-
geantes paroles : le bill est passé ! mots terribles ;
mais qui le seraient encore davantage à mes yeux,
si Je ne sentais que nous vivons dans un moment
de crise d'o'ù résultera un nouvel ordre de choses
jneilleur , dans lequel notre Irlande jouera le lôle
le plus distingué. Avec une telle pensée, ou plu-
tôt avec une pareille conviction, ce bill n'offre
plus rien qui m'effraie.
M. l'orateur , je m'étais proposé de m'étendre
ici sur l'histoire sainte et les prophéties sacrées ;
mais comme je compte publier sous peu un ou-
vrage oiij expose au long ce que je pense sur
)l création terrestre et le vaste plan de son au-
tour , je me bornerai à présenter à la chambre les
passages à 1 appui des trois points suivans 4 le
premier a trait àla crcnitude du second avènement
du Messie ; le second aux signes avantcoureurs
et au mode de cet avèiiemeni, et le troisième à
Il gloire réservée à l'Irlunde d être le royauirie oii
s'opérera ce grand événement.
On lit dans le chapitre second du livre de
Daniel une description aussi sublime que claire
et précise des quatre plus grands empires qui
aient jamais existé dans le monde. Ils y sont
représentés sous la forme et sous la figure d'un
homme dont la tête est d'or , la poitrine et les
bras d'argent , le ventre et les cuisses d'airain ,
et les jambes de fer. Sir Isaac Newton , et les
commentateurs les plus habiles sont convenus
que la lêie d'or signifiait l'empire d'Assyrie et
de Babylone; la poitrine elles bras d'argent, l'em-
pire desmèdesetdes perses ; le ventre et les cuisses
d'airain l'empire grec; elles jambes de 1er, l'empire
«omain ; mais sir Isaac Nevi'ton observe que par
les jambes de fer il faut entendre seulement l'Italie
et les pays qui n'ont jamais fait partie des trois
premiers empires ; car lorsque dans le 4* siècle ,
et sous deux empereurs différens, l'empire ro-
main fut divisé en oriental et en occidental ,
ceux-là formèrent la division de l'est. Les pieds
et les doigts de pied de la figure , qui se rap-
portent à la division de l'ouest , sont décrits
par Daniel , partie de fer , partie d'argille ,
partie entiers, partie mutilés ; et comme le fer
et l'argille ne peuvent pas s'unir entre eux,
c'était prédire clairement la division de ces
peuples. Celte prophétie s'est accomplie à la
îeirre , et elle mérite de fixer aujourd'hui toute
attention. Les dix doigts de pied représentaient
dix royaumes différens , et sir Isaac prouve
que cette division s'est opérée en l'an 408. Chacun
de ses royaumes devait être mi-pariie fort , mi-
partie faible , et la prédiction a eue encore lieu;
car dans le premier cas , les sectateurs de Ma-
homet , les turcs , etc. , n'ont jamais pu faire
de conquêtes permanentes dans l'intérieur de
l'empire romain occidental , comme- dans le se-
cond cas , il a été impossible aux dix royaumes
de se maintenir en Asie quoiqu'ils y aient en-
voyés des millions de croisés. Ainsi que le fer
et l'argille ne s'amalgament point ensemble ,
comme je l'ai déjà observé , ces dix royaumes
que figuraient les dix doigts de pied , sont res.és
divisés depuis l'année 408 jusqu à ce moment.
£n vain ChaTlemagne l'empereur, Charles V
et Louis XiV enircprircni de n'en faire qu'un
loyaume :iion, le Dieu du ciel a déclaré qu'ils
Partout , ju.sques dans toute» les communes
de la campagne , les citoyens se sont empressés
de célébrer les vicloires de la .république. La
commune de Vitry s'est pafiiculiéremenidistinguée
par son enthousiasme à celle occasion. Aucune
commune, en raison de sa population , n'a fourni
d'abord un aussi grand nombre de volontaires ,
et ensuite de réquisiùonnaires et de conscrits.
Le 10 messidor , jour indiqué-^our la fête, le
maire , le cit. Mackau , a réuni dans Un banquet
fraternel , des ministres des républiques , nos
alliées naturelles , plusieurs membres des pre-
mières auioiités et tous les magistrats de la com-
mune , aussi recommandabics par leur civisme
que par leurs vertus.
Le banquet a été suivi d'un bal donné par le
maire , dans son jardin , et auquel il avait invité
tous les hablians de 'Vitry , en des termes qui
peignent un magistrat pénétré de limporiance de
ses fonctions et du désir d'assurer le bonheur
d une commune confiée à son administration.
Le bal a duré fort avant dans la nuil; des
ralraîchiss'emens ont éié distribués avec abon-
dance. On a bu à la santé de nos frères d'armes
et à la prospérité de la vépubliqut. Toute la com-
mune a éié illuminée et des feux de joie ont été
allumés sur iouies les places. L'allégresse j/^i;»!;.!..-.
n'a été troublée par aucun accident, et le bon
ordre a présidé à la fêle qu'embellissait encore
ia pureté de l'air et la sérénité du ciel.
La fêle avait été précédée par le mariage de la
fille d un des plus estimables habltans de Vitry.
L'autel de l'hymen était disposé avec élégance et
paré des plus brillantes fleurs de la saison. Celte
cérémonie , vraiment civique , a eu lieu avec
celle décence çl ces formes qui ne peuvent qu'a-
jouter à l'intérêt qu'inspire le lien le, plus puis-
sant de la société. C est un exemple à proposer
à certaines communes , oii l'on n'apporte pas à
celle cérémonie la solennité qui lui convient.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 16 messidor Qn 8.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Art I"'. Le général de brigade Ketlermann est
nommé général de division.
IL Le citoyen Milet, chef de brigade du 8'
régiment de dragons, et le citoyen Bisson , chef
de la 43' demi-brigade , sont nommés généraux
de biigade.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
du peuple français au général de division Victor ,
commandant la gauche de l'armée à la bataille
de Maringo , lequel s'est conduit avec autant de
bravoure que d intelligence , arrêtent ce qui
suit :
Le ministre de la guerre fera donner aij gé-
néral Victor Un sabre sur lecjuel seront inscrits
ces mois : Bataille de Maringo , commandée en per-
sonne par le premier consul. — Donné par le gou-
vernement de la république au général Victor.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
I
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , voulant donner
une preuve toute particulière de la satisfaction du
peuple français au générai de division Lannes ,
commandant le centre de 1 armée à la bataille de
Maringo , lequel s'est conduit avec autant de
bravoure que d intelligence , atiêtent-ce qui suit:
Le minisire de la guerre fera donner au général
Lannes un sabre sur lequel seront inscrits ce*
mois : Bataille de Maringo , commandée en personne
par le premier consul. — Donné par le gouvernement
de la république au général Lannes.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du miême jour.
Les consuls de: la république , voulant donner
une preuve toute pariiculiere de la satisfaction
du peuple français aux généraux de division ,
Wairin et Girdanne, qui se sont conduits à la
baiaille de Maririgo avec autant de bravoure que
d'itilelligence , arrêtent ce qui suit :
Le ministre de la guerre fera donner à chacun
aeS gtj.i.,<^.^ ■Wr..!.;.-. -. 0.,rrla.^"« un cabj-p. sur
lequel seront inscrits ces mots : Bataillede Maringo,
commandéecnpenonnepar le premier consiit. — Donné
par U gouvernement de ta republi/i'U au général
Watrin , au général Gardanne..
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, voulant donner
une preuve tome particulière de la satisfaction
du peuple français au général de division Murai ,
commandant la cavalerie à la bataille de Maringo,
lequel s'est conduit avec autant de bravoure que
d'intelligence , arrêtent ce qui suit :
Le ministre déjà guerre fera donner au général
Murât un sabre sur lequel seront incrits ces
mots : Bataille de Maringo , commandée en personne
par le premier consul. — Donné par le gouvernement
de la république au général Murât.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LINTÉRIEUR.
Arrêté du ïl messidor.
Bonaparte . premier consul de la république ,
sur la proposition du ininisire de la guerre ,
arrête :
Le citoyen Gudin , général de brigade employé
à l'armée du Rhin, est promu au grade de général
de division , pour en remplir les fonctions à la
même armée.
Le minisire de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maket.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , voulant donner
une preuve toute particulière de la satisfaction
Le ministre de l'intérieur et le ministre de la
marine se soilt rendus le l3 à l'Observatoire ,
où étaient réunis tous les membres du bureau des
longitudes. Les ministres ont visité cet établisse-
ment dans tous ses détails. Ils se sont entretenus
long-iems avec les savans illustres qui le dirigent,
et qui honorent les sciences en même teins qu ils
servent la patrie. Ils ont donné des témoignages
d'estime aux citoyens Carrochez et Lenoir , ar-
tistes distingués , dont les travaux sont si utiles a
l'astronomie et à la physique.
Si les ministres avaient toujours visité par eux-
mêmes les établissemens confiés à leurs soiii* , ils
se seraient épargnés beaucoup d'erreuis , et ils au-
raient fait plus de bien.
Les mesures ont été prises pour terminer le»
travaux commencés à lObservaloire , et surtout
pour poser le beau télescope du cit. Carrochezi
MINISTERE DE LA GUERRE.
J^foTE indicative des départemens qui ont exécuté avec
%ele la loi du 4 vendémiaire an 8 , gui ordonne une
levée de 40,000 chevaux.
Noms des dé pA rtemen s
(^Ul ONT FOURNI
AU-DELA DU
CONTINGENT FIXE.
Somme.
Eure.
Seine-el-Oise.
Ourihe.
Deux-Neihes.
Nord.
Ardennes.
Marne.
Meunhe.
Bas-Rhin.
Doubs.
Jura.
Ain.
Motit-Terribl.
Dyle.
Escaut.
Lys.
Jeraraappes.
Meiise-Intér.
Sein>-el-Mar.
Haule-Marne.
Nièvre.
Indre.
Haules-Pyrén.
Hte-Garonne.
Mont-Blanc.
Ardêche.
Chatenie.
^Ul SONT
SUR LE POINT
DE LA TERMINER.
Meuse.
Haute-Saône.
Manche.
Calvados.
Orne.
Sambre-et-Me.
Pas-de-Calais.
Saone-et-Loir.
Vaucluse.
Bouches-du-
Rhône.
Cher.
Hérault.
Ailier.
Drôme.
Charentc-Iufé.
Loire.
0 B.S B R V A T I 0 N S.
Le nombre des chevaux fournis, à
l'époque du 4 messidor , s'élevait à. . . 3 1,665
Et ceux fournis depuis se portent à 3,904
, Total général 35,569
On observe que ceUe quanlilê est établie sur des
renseignemens positifs , tandis que ceux du géné-
ral Esiourmel , qui ont servi à présenler le dernier
compte à la date du 4 messiclor, portaient sur des
produits présumés.
Le secrétaire général du département de la guerre.
AUG. COLLIGNON.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Anniversaire du Quatorze-Juillet , file de la Con-
rnrd, —II., ^r. „,,„[■>-■ . -■ R ''-■'- ■'■■puouque
jrançnise , une et indivisible.
Le préfet de police . vu le programme arrêté
par le minisUe de l'intérieur pour la célébration
des fêtes du Quatorze Juillet et de la Concorde
qui doivent avoir lieu le même jour sS messidor
présent mois , arrête ce qui suit :
I. Les 24 et25 messidor lés rues dePari', notam-
ment celles que le cortège devra parcourir , se-
ront, avant neuf heures du malin , néloyées et
débarrassées de toutes boues et immondices, ainsi
que des matériaux qui pourraient en gêner la cir-
culation.
Les mêmes dispositions seront exécutées dans
toutes les rues et chemins aboutissant au temple,
de Mars ( aux IrtvaUdes ) et au Champ - de -
Mars.
II. Les habitans seront tenus d'arroser ou de
faire arroser exactement au - devant de . leurs
maisons.
L'entrepreneur de l'arrosement mettra , de son
côlé , toute 1 exaciiiude possible dans la partie du
même service qui est à sa charge.
III. Le 24 messidor depuis trois heures après-
midi,' le passage des voitures sera interdifsur les
quais des Orfevies . des Morfondus et de Gêvres ,
les ponts au Change et de la Raison , dans les
Tues de la Barillerie , de lajuiverie , de la Lan-
terne; la circulation n'y sera rétablie qu'une heure
«près la pose de la première pierre du quai de
la Pelleterie.
Aucun étranger au cortège ne pourra , sous
quelque prétexte que ce soit , s'introduire sur le
lerrein destiné au nouveau quai de la Pelleterie ,
ni dans les bâiimens en ruine sur ce terrein ; il
est défendu d'en approcher , soit en bateau , soit
en batélet ou autrement; à cet effet, la naviga-
tion dans le bassin du Poni-au-Change au Pont-
Notre-Dame est interdite ledit jour 24 messidor.
IV. Aucune voiture ne pourra ciTCuler ni sta-
tionner , le 25 messidorjusqu'au lendemain à trois
heures du matin , dans les rues Honoré , de l'E-
chelle , Nicaisé , de la Convention , de la Révo-
lution , de Varenne , de Bourgogne et sur le
Carrouzel , la place de Grève , celle Vendôme ,
de laConcorde, du Corps-Législatif , les Champs-
Elysées , les quais du Louvre , des Tuileries , des
Théatins , de Voltaire et d Orsay; le Poat-Neuf ,
1170
celui National et celui de la Révolution , la place
des Invalides, les bords de la rivière depuis le
pont de la Révolution jusqu'au Champ-de-Mars ,
et toutes les rues qui conduisent de l'esplanade
des Invalides au Champ-de-Mars.
,11 est ordonné aux cochers qui circuleront ail-
leurs qu'aux endroits ci-dessus exceptés , de con-
duire doucement leurs chevaux sur une seule file ;
il leur est fait défenses de couper d'autres voi-
tures. Les maîtres sont invités à recommander à
leurs cochers d obéir exactement à ces injonctions
et défenses.
V. Sont exceptées des dispositions ci-dessus ,
les voitures des sénateurs , dés membres du corps-
législalif, du tribunal et du corps diplomatique ,
lesquelles pourront passer librement partout, si
lesdits membres sont en costume , ou sur la re-
présentation de leur médaille.
VI. Les autorités qui se rendront au Champ-
de-Mars , devront arriver par les avenues du dôme
des Invalides à la grille de l'Ecole-Mililaire.
VIL Les voilures des particuliers ou de louage
ne pourront arriver au Champ-de-Mars que par
les rues de Babylone , de Sèves ou de Vàugirard
et sur une file , par l'avenue à gauche qui con-
duit au côlé laléral du Champ-de-Mars , en face
la plaine de Grenelle , où elles pourront station-
ner pour attendre les personnes qu'elles auront
amenées.
VIII. Le passage de la rivière en bachots "ou
batelets , ne pourra avoir lieu , ledii jour 25 ines-
sidor , depuis le pont de la Révolution jusqu'à la
sortie de Paris, qu'aux trois eridroiis ordinaiies ,
savoir : au port des Invalides , à Chaillot et à la
barrière des Bons-Hommes.
Les adjudicataires et fermiers de ces passages
d'eau sont chargés de se pourvoir de bachots et
mariniers en nombre suffisant, pour que ie ser-
vice de ces passages se fasse avec sûreté et
célérité.
IX. Il ne pourra être admis dans chaque ba-
chot plus de douze personnes: il est enjoint aux
passcurs-d'eau dy tenir la main , et de désigner
aux officiers de police 011 à la garde , ceux qui ,
par imprudence, compromettraient la sureié des
passagers.
X. On ne pourra faire stationner, le s5 mes-
sidor , aucuns cabriolets des enviions de Paris ,
sur le quai des Tuileries ; ces voitures devront
êire rangées sur la partie du quai dit le cours , à
gauche des Champs-Elysées.
XI. Pour le maintien des dispositions ci-
dessus, il sera placé dans les endroits désignés
une force tarrpée tuffi«anie.
Il sera mis (spécialement , le 24 , à la dispo-
sHion tles commissaires de police des divisions
des Arcis et de la Cité, un détachement d'in-
fanterie ; et le a5 , à la disposition des commis-
saires de police des Tuileries, des Champ-Ely-
sées , de la place Vendôme et des Invalides,
des délacheraeas d'infanterie et de cavalerie ,
pour les seconder dans l'exécution des mesures
de police dont ils soni chargés.
XII. Les Champs-Elysées , les Tuileries et les
établissemens publics , devant être illuminés,
la nuit du 25 au 26 de ce mois , les habitans
de cette commune sont invités à illuminer éga-
lement la façade de leurs maisons.
XIII. Conformément aux lois etréglemens de
police , les boutiques , magasins et ateliers seront
fermés, le 25 messidor, et tous travaux dans
les rues ou autres endroits à la vue du public
seront interdits ; aucunes marchandises , autres
que les comestibles et les fleurs , ne seront ex-
posés en vente dans les rues et places publiques ;
il ne sera fait aucun travail , vente , enlèvement
ni transport de njatériaux ou marchandises sur
les pons et dans les chantiers.
XIV. Les commissaires de police tiendront la
main à l'exécution des réglemens qui défendent
de tirer des fusées , pétards, boëtes et autres pièces
d'artifice dans les rues, promenades, places publi
ques , cours
Ils feront arrêter les contrevenans et les fe-
ront conduire à la préfecture de police , pour
être pris contre eux telle mesure quil appar-
tiendra.
■XV. Le général de division commandant
d'armes de la place de Paris, et le capitaine
de la gendarmerie nationale , sont requis de
prendre toutes Ijjs mesures convenables pour
la pleine et entière exécution du présent arrêté.
Le préfet, signé , Dubois.
Par le préfet , le secrétaire-général , signé , P 1 1 s.
avoir rempli les formalités preicriles par les
réglemens de poUce ;
Informé, en outre, que malgré les défenses
expresses qui existent à ce sujet, beaucoup xle
pe-'sonnes se permettent dans les jours de fête
et réjouissance publiques , de tirer des fusées,
pétards , boëies , bombes , ainsi que des coups
de fusils , pistolets et autres armes à feu ;
Considérant que ces abus compromettent la
suieié publique , et qu indépendamment des
dangers du feu, les citoyens sont exposés à
une infinité d'inconvéniens , tels que d'être
eBFraycs , blessés , ou incommodés par l'explo-
sion de la poudre , la chûie des baguettes ,'Iês
écarts des chevaux effrayés par le bruit, etc., arrêl^
ce qui suit :
An. I''. Il est expressément défendu à tous
artificiers, marchands mercieis ou autres de fa-
briquer, vendre ou débiter d.ms l'intérieur de
Paris aucufies pièces d artifice , sans avoir oblenu
du préfet de police la permission nfcessaire à
cet effet.
Tout entrepreneur de fêtes publiques devra
également obtenir du préfet de police la per-
mission de tirer des feux d'artifice dans l'enceinte
du local destiné auxdites fêles.
II. Il est encore défendu à qui que ce soit,
de tirer aucuns pétards , boëles , bombes , ainsi
que. des coups de fusils, pistolets et autres
armes a feu, soit de nuit, soit de jour, tant
dans les rues , places et promenades publiques,
que dans l'intérieur des maisons, cours et jardins,
et par les fenêtres.
Les pères et mères, et les maîtres de pension
ou d apprentissage , seront tenus , sous leur res-
ponsabilité, d'empêcher leurs enfans , pension-
naires, apprenlifs, compagnons ou gens de con-
fiance, de se livrer à ces amusemens dangereux.
III. Les contrevenans aux articles précédens ,
seront arrêtés et traduits devant un officier de
policejudiciaire, pour êlre jprocédé à leur égard ,
conformément à l'ordonnance de police du i5 no-
vembre 1781 ( V. st. j non abrogée , qui prononce
une amende de 400 tr. , dont les pères et mères
et les chefs des maisons sont civilement respon-
sables.
Les marchandises seront en outre saisies et dé-
posées en lieu de sureié.
IV. Tous arrêtés antéiieurs, en ce qui peut êlre
contraire aux dispositions ci-dessus , sont an-
nuUés.
V. Le présent arrêté sera lu , publié , imprimé ,
affiché et envoyé à toutes les autorités constituées,
chargées de concourir à son exécution, ainsi
qu'au général de division , comiliandant d'arrnes
de la place de Paris, et au capitaine de la gendar-
merie nationale, qiji sont requis de prêter main-
forte au besoin.
Le préfet de police , signé , Dubois.
Le secrétaire-général-, signé. Pus.
Note concernant les vacheries. — Taris , le 16 mes-
sidor , an 8 de ta république française , «ne et
indivisible.
Le préfet de police , informé que les établisse-
mens de vacheries s'étaient multipliés dans
Paris d'une manière effrayante , en a ordonné
la visite générale. Il en est résulté que ie
nombre de ces établissemens s'élève à 52S , et
qu'ils coniiennenl3i43 vaches, toutes très-saines.
Il doit être pris des mesures pour remédier aux
inconvéniens que les vacheries peuvent occa-
sionner sous le rapport de la salubrité , dans une
commune aussi populeuse que Paris , et dont les
maisons sont si élevées.
Avis concernant la fraude à laquelle se livrent des
marchands de beurre. \ — Paris , le 18 messidor,
• an 8 de ta république française , une et indivisible.
Il importe que le public soit prévenu d'ua
. - genre de fraude à laquelle ne rougissent pas de
ou par les fenêtres des maisons. I se livrer des marchands de beurre, qui fréquen-
tent la halle. Quelques-uns ont été surpris vendant
des beurres du poids de 5 hectogrammes ( une
livre) , dans lesquels on a trouvé des pierres dont
une pesait de 2 à 3 hectogrammes ( 8 à lo onces).
Les agens de la police ont reçu l'ordre d'exercer,
à cet égard , la surveillance la plus active. Mais ,
comme leur zèle pourrait se trouver en défaut ,
attendu la facilité de soustraire à leur inspection,
les pains de beurre dans rtfrq^uels on aurait in-
troduit des corps étrangers , *!>« citoyens sont
avertis de se pié^munir contre ceVte espèce de
fraude.
Arrêté portant défenses de tirer des fusées , pétards ,
boëtes , bombes , etc. , à peine de quatre cents
francs d'amende. — Du 17 messidor an 8 de la
république française , une et indivisible.
Le préfet de police , informé que des artifi-
ciers , marchands merciers et autres , fabriquent ,
vendent ou débitant des pièces d'artifice , sans
Le maire du li" arrondissemeut de Paris , au citoyen
rédacteur du Moniteur universel. — Paris , le 19
messidor an 8 de la république française , une et
indivisible.
Je vous invite , citoyen , à vouloir bien insérer
le trait suivant dans votre prochain numéro.
Marie-Marguerite Labrut , femme Bianchappe,
marchande de marée place Maubert, qui demeu-
rait rue de Bitvre , n° 33 , division du Panihéon ,
abandonnée depuis long-lems de son mari , a
laissé , le 6 de ce mois , en mourant , deux fliles
dans la plus exirême misère, l'une âgée de 6 ans,
l'auue de i5 jours.
La première a trouvé un asyle chez son ayeule ,
femme très-peu aisée , et aussi matcbande de
marée-
La seconde perdant le sein nourricier, a éprouvé
lur-le-champ un abandon total.
Touchées de cette situation affligeante . les
femmes du marché ont fjit aussitôt une quête
pour subvenir aux premiers besoins de l'enfant,
et ont imaginé d'établir un tronc chez le citoyen
Lepere , pliarmacien , place Maubert, au coin
de la rue Perdue , où chacune d'elles déposerait
à volonté, tous les mois , son ofFiande pour l'en-
tretien de l'orpheline.
Déjà ce tronc a produit le premier mois de
nourrice avec les frais qui l'accompagnent , et
chaque jour il se remplit de nouveaux dons.
Les citoyennes de la place Maubert ne trou-
veront pas seulement un stérile hommage dans
la publicité que je me plais à donner à leur hu-
manité ; sans douie une récompense plus douce
qu'elles en recueilleront , sera de voir leur exem-
ple suivi , multiplier les heureux résultats de leur
acte de bienfesance.
Salut et fraternité,
JOSSE Saileron , adjoint.
Par le rnair^,
GoBETiT , secrétaire-général.
Affermage des barrières.
. Le préfet du département de la Seitie-Infé-
tieure prévient ses concitoyens que , le 26 mes-
sidor et jours suivans , il procédera , en séance
publique , dans l'enceinte de l'hôtel de la pré-
fecture , à l'affermage , au plus o&iant et der-
nier enchérisseur, des barrières établies dans ce
département pour la perception de la taxe d'en-
tretien des roules.
Elles seront adjugées partiellement, sauf quel-
ques exceptions doat il sera donné connais-
sance aux enchérisseurs.
Le même ne pourra être fermier de plus de
cinq barrières, et ce cumul n'aura lieu que dans
le cas oii elles auraient entr elles une connexiié
bien établie.
"Les citoyens , qui sont dans l'intention de se
rendre adjudicataires peuvent examiner le cahier
des charges tous les jours depuis raidi jusqu à
deux heures ; il est déposé entre les mains du
chef de la 2' division d'.s bureaux de la préfec-
ture , qui le communiquera à la première ré-
quisition.
Ces citoyens sont invités à se faire inscrire ,
avant le 19 messidor , sur la liste des enché-
risseurs , et à présenter les pièces qui peuvent
constater leur solvabilité.
Le gouvernement , voulant n'admettre aux
enchères que ceux qui non-seulenienl présentent
une solvabilité sufhsante , mais qui donnent en
même tems une garaniie noioire de leur mora-
lité , a donné au prélet la latitude nécessaire
pour admettre ou rejeter ceux qui se proposen:
d'enchérir ; il en usera avec circonspection , et
se réserve seul le droit de prononcer indivi-
duellement sur ce point.
Fait à Rouen , en séance , le 6 messidor an 8
de la république tVanç.iise, une et indivisible»
Signé , Bkucnot.
Par le préfet :
Le secrétaire- général de la préfecture ,
Signé , Galli.
SPECTACLES.
Peu de représentations ont éié plus brillantes
que celle d'hier au Théâtre des Arts. Le public a
marqué, par ses acclamations, toutes les allusions
aux circonstances que peut renfermer l'opéra
d'Adrien, sur-tout ce passage :
Le vainqueur vient lui-même
Vous apporter la paix.
Dans le charmant ballet -pantomime de la
Dansamonie , on a trouvé le moyen d'amener le
célèbre chanteur Lays qui a entonné un chant
de victoire , dont les couplets ont été très-vive-
ment applaudis , et les refreins répétés avec en-
thousiasme. Le spectacle n'a fini qu à minuit.
THÉÂTRE FRANÇAIS.
Le citoyen Lafond se trouve , par l'absence
momentanée de Talma , chargé du premier em-
ploi tragique , et il ne cherche pas à paraître
dans les rôles les moins ditficiles. Il a joué
Mahomet; mais il lui manquait pour ce rôle des
qualités bien essentielles , c'est-à-dire une figure
imposante et une physionomie aussi mobile qu'ex-
1171
pressive , un organe fort et soutenu dans les tons
graves. Nous parlons de ces avantages physiques
seulement , parce que nous les croyons plus
étrangers au citoyen Lalond , q;ie l'intelligence
du rôle de Mahomet, quelle que soit d'ailleuissa
difliculté. Il y a eu de beaux momens, mais en
général peu de succès, soit (jue réellement ses
moyens ne soient pas encore en proportion avec
un tel rôle , soit que faiblement secondé , comme
dans 2'ancrede , il n'ait pu de lui-même s'élever
au-dessus de ce qui l'entourait.
Notre première observation sera relative au cos-
tume , |)arile sur laqdelle Talma et ceux qui l'ont
heureusement imiié , nous ont appris à devenir
si dlfhcUes. Le citoyen Lafond, chargé du rôle
d'ian guerrier assyrien , portait , à peu de chose
près, I habit grec : ce n'était pas ainsi que pa-
raissait Larive , quoique ce dernier ne poussât
pis l'exaciiiude , sous çé rappgn ,, au même point
que Talma,
Nous remarquerons ensuite qu'assez souvent le
citoyen Lafond prend une intonation sans har-
monie avec celle de l'acteur qui a parlé avant
lui. Nous convenons que Ihabitude seule peut
assurer cette justesse d organe , que les oreilles
délicates désirent, et qui fut, dans les deux
genres, une partie de la gloire du théâtre fran-
çais : mais elle esi une qualité si esseiisiellc ,
qu on doit prévenir 1 acteur qui ne la possède pas
entière , des efforts qu'il a à faire pour l'obtenir,
^uant à sa prono.nclalion , on n'a que des éloges
à donner au nouvel acteur , non qu'elle soit
encore parfaite , ou dénuée entièrement de l'ac-
cent méridional mais , parce que ses progfès ,
sous ce rapport , sont frappans , et que le travail
que ces progiès attestent, , mérite bien d'être
remarqué.
Le citoyen Lafond est bien placé dans Ninias ;
il a la taille convenable et les moyens nécessaires :
quoiqu'en général il ait 'soutenu ce rôle long et
pénible , il n'a eu qu'un petit nombre de beaux
momens : dans la première scène , trop d'apprêt
et un débit trop affecté ont détruit une partie
des effets que l'acteur paraissait avoir calculés : à
la seconde , les cris plaintifs de Ninus lui ont
arraché un beau rnouvement : mais , à ces mots ,
les cris ont redoublé . il ne paraît pas convenable
quil cherche à imiter l'accent qu 11 vient d'en-
teodie ; l'effroi l'exprime par une prononciation
étouffée , presque muette , brieve surtout , et
cnuccoupée. Dans de telles situations, Talma
est un modèle , et sa manière est fimitation la
plus vraie de la nature.
Lorsque le grand-prêtre dit à Ninias , connu
seulement sous le nom d'Arsace v que Nlnus de-
mande vengeance , le citoyen Lalond dit fort
bien : il a droit de l'attendre. Pourquoi , pour
dite l'hémistiche suivant : mais de qui? cet acteur
donne-t-il à sa physionomie les traits dune tris-
tesse et d'une douleur profondes? Ceii» inten-
tion ne serait juste que si Ninias savait qu'il
doit frapper sa mère ; mais il ignore encore
jusqu'à son nom. Il ne doit prononcer qu'avec
I accent de la vengeance et de dévouement
I hémistiche que nous venons de citer.
Presque tous les acteurs soutiennent bien les
scènes avec Assur , parce que Ninias y a tout
1 avantage. Aussi Lafond n'y a pas été précisément
laible; mais on doit attendre de lui plus de
nerf et de vigueur, un accent plus élevé , et le
développement de moyens plus imposans.
Il paraît qu'il est dans la nature de son talent,
de s'animer par degrés , et dé ne paraître dans
tout son éclat que là où l'auteur a réuni le plus
de mouvemens et de beautés. Cet acteur a bien
joué la scène difficile avec le grand-prêtre , celle
sur-tout où il découvre son nom devant sa mère
criminelle , dont il voit le remords , et dont il
embrasse les genoux.
Le passage :
Assui ! allons. ... il faut dans le sang du perfide. . . .
et tout ce qui suit a été dit avec un talent
extraordinaire , une énergie et une force tragique
inexprimables : plus de chaleur et de vivacité
serait à désirer peut-être dans le dialogue coupé
qui suit ces mots :
Quel est donc ce billet que tes yeux pleins d'allarmes , etc.
Dans le cinquième acte , ce qui tient de la
pantomirtie a été bien exécuté. La sortie du
tombeau a produit son effet accoutumé 5 mais
en général , dans cet acte, Lafond n'a pas inspiré
cette terreur profonde répandue sur cette partie
de l'ouvrage.. Il a cru devoir paraître avec des
bras ensanglantés ; mais ce n est pas dans un
tel artifice que consiste la force tragique.
Nous ignorons pourquoi les comédiens re-
gardent comme inutiles les vers que Voltaire a
jugés nécessaires pour terminer sa pièce, itll a
)i voulu , dit un de ses critiques , révéler les
1) opprobres cachés , les douleurs secretics qui
I) empoisonnent et avilissent le faste extérieur
)) des cours ; " il a voulu beaucoup plus sans
doute, et cette pensée si bien exprimée parle
gratid-piêtre : [
Les crimes secrets ont les dieuti pour témoins.
Plus le coupable est grand , plus grand eut le supplice,
Rois, tremblez sur le trôac , et craignez leur justice.
indiquant le véritable but moral du poète , ne
devait point être supprimée.
Dans celte représentation , Mlle Raucoun a
évité avec plus de soin que jamais , les défauts
qu'on était lorcé de remarquer dans son jeu.
Pc)ini d'écarts , point d'empottemens , moins de,
cris , plus de justesse dans le débit , plus de véri-
table noblesse;
Elle a rectifié son débit et son geste dans deux
passages sur lesquels nous avions hasardé une
remarque. Nous sommes loin de nous flatter de
l'avoir guidée par nos observations, mais nous
le sommes infiniment de voir qu'une étude plus
approfondie du rôle , lui ait donné, du sens de
ces passages et du ton qui leur est propre, l'idée
que nous en avions conçue.
Il est Impossible de terminer, sans ciier Mlle.
Fleury dans le rôle d'Azéma. l'rès-bicn placée
dans tout le cours du rôle , les applaudissemcns-
qu elle a reçus et mérliés à cette tirade pleine de
chaleur et de sentiment ,
uffit, que m'importe le.
tenaient de l'enthousiasme et étaient faits pour'
1 exciter. Vanhove joue bien le rôle du grande
prêtre. Celui d Assur est toujours trop faiblement'
rendu ; en ne voyant pas jouer de tels rôles au
citoyen Baptiste aîné , on est tenté de lui demander-
quel emploi il se réserve dans la tragédie.
S
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Le Vaudeville montre depuis quelques jours
la Pièce curieuse, pelit tableau d'un grand événe-
ment. La Pièce curieuse . c'est ainsi qu'on nomme
la Lanterne magique ; et c'est en effet de ce sin-'
gulier instrument que les citoyens Barré, Radet et
Desfontalnes se sont servis pour passer en revue ,'
et peindre en miniature les triomphes des français
en Italie.
Sous le verre mobile de la lanterne magique ,
ils offrent , pour premier tableau, ces bataillons,
de fatmée de réserve se formant à Dijon ; ces
grenadiers , élite digne de son nom et de son
poste; ces guides chargés de trouver le chemin
le plus courtpour arriver à la victoire ; enfin , ces
jeunes volontaires , ces Joux pleins d'honneur,
s'élançant du sein des plaisirs au milieu des
hasards.
Le second tableau retrace le passage des Alpes.
Là nos guerriers Intlenl contre les élémens , lés
domptent comme les ennemis, et franchissent ,
avec la rapidité de 1 aigle , ces monts , barrières
éternelles où l'art a doublé les obstacles qu'ofiFrait
la nature.
Au troisième tableau , on reconnaît les champs
de Maringo aux feux qui les sillonnent, à la
fumée qui les couvre , au sang qui les inonde ,
et surtout à cette indestructible masse de braves,
à cette colonne de granit qui reste debout comme,
un monument triomphal , et dont la bravoure est,
le ciment.
Le quatrième tableau est douloureux. On y
voltDesaix mourant, soutenu par les compagnons
de sa gloire; mais au cinquième 1 horison s'est-
éclalrci , les yeux sont frappés de l'éclat d'un ciel
sans nuages. Une étoile y brille seule. C est celle
qui préside aux heureuses destinées qui nous
sont promises, et sous l'influence de laquelle nous
marchons du sentier pénible de la victoire , vers
les champs fortunés de la paix.
Chaque scène est expliquée parle maître de la
pièce curieuse , et chaque curieux mêle au lan-
gage grotesque de l'auvergnat , l'expression de
ses sentimens. Déjeunes élevés, leurs questions
na'ives ; un instituteur , ses leçons ; des citoyofis
peignent leur enthousiasme; de jeunes fil les avouent
leur-s désirs secrets ; un peuple nombreux pro-
clame le vœu général , le deslr et l'espoir'.de la
paix.
Tout à coup la voix aigre d'un chanteur foraia
perce toutes les autres : on l'entoure , on lui fait
place : ce chanteur qui n'est mal-adroit que sur
son violon , a choisi pour refrein d'une ronde'
très-gaie, très-vive, et très-patiioiique, ces mots :
Le peuple françaî.s , j'espère , .,
Jamais refrein ne fut répété avec tant d'enhou-
slasme ; sans doute , il courra la ville , et .pat-
viendra jusques dans nos camps. S....
Au rédacteur du Moniteur. — Paris, le ib messidor.
Citoyen, -
Permettez-moi de me servir de votre journal
pour publier une cure admirable que vient
d'opérer sur moi le citoyen Brogniard , officitr
de santé , résidant actuellement a Passy , où il
s'est retiré après avoir, pendanl'irente a^s, exercé
ses taletis à Paris, et s'être acquis Bne excellente
répntBtion comme médecin herniaire.
Depuiç plusieurs années j'étais attaqué d'un
X(ircoceU. Malgré les difFérens et nonfibreux re-
mèdes qui m'avaient été administrés par plusieurs
hommes de l'art, le mal avait fait des progrès
si considérables , que dans les derniers tems mon
testicule était parvenu à la (grosseur d'un melon ,
et était devenu noir comme de l'encre , signe non
équivoque de gangrené. Ne pouvant plus tra-
vailler . et souffrant beaucoup .j'allai consulier
les plus célèbres officiers de santé, et tous s'ac-
cordèrent à me dire que 1p seul remède à mon
mal était l'amputation. Le désespoir dans le cœur ,
je nae décidais difficilement à me prêter à une
opération aussi délicate et aussi dangereuse, lors-
qu'un ami me conseilla de m'adresscr au citoyen
Brogniard , en m'assurant qu'il sfuérissait des ma-
ladies comme la mienne , même de plus désespé-
réiBs , au moyen d'une simple anplicaiion de re-
mèdes sur la partie malade. Déférant aux conseils
de mon anni , je me rendis à Passr auprès du
citoyen Brogniard , et je me livrai à ses soins;
mais j avoue de bonne foi que malgré tout ce
que put me dire cet officier de sunié , après
l'examen de tnon mal , sur l'espoir qu'il avait de
me guérir, cet espoir ne passa que très-faible-
nient dans mon ame , ne pouvant croire qu'une
SJmple application de remèdes pût résoudre un
testicule- d'une grosseur si énorme. .Je ne restai
pas long-teros à être détrompé. Les seules appli-
cations des remèdes dont le ciloven Brogniard
jiie fil faire usage . aitirerent à travers les pores , et
sans me faire souffrir , une quantilé prodigieuse
de sang noir et qui s'agrumtlait , et au bout de
quinze jours la noirceur de la partie malade
disparut entièrement. Enfin , aprè^ trois mois de
ce simple traitement , mon testicule s'est lélabli
dans .son état naturel . et je jouis depuis ce mo-
ment delà sanié la plus parfaiie. Trois citoyens,
oor»t un avait un sarcocele , et les deux autres
une hernie, ont suivi mon traitement, et attes-
teront , ainsi que moi , ma guérison.
Si^e, Margkrif, , peintri . rue des Douze-
Portes, n'" lio , au Malais.
'Suke de la description, abrégée du département de
l'Aube^ lue à la séance publique de la société
d'agriculture , sciences , arts , manufactures et
commeree de Troyes , le 3o germinal an 8 , par
U citoyen Descotins , ingénieur eu chef du dé-
partement.
Petites rivières du dép.^rtement.
L'Aujeon , la Voire.
Nous avons déjà parlé de b Seine et de l'Aube;
les autres rivières du département sont l'Aujeon
et la 'Voire, qui sont des affluens à l'Aube : le
preiTiier s'y réunit près de Clairvaux; il est déjà
fiollable dans le dépariement de la H.uite-Marne ,
du cêjé de Châleau-Villain d'oii il sort. La jonc-
tion de la Voire est entre Lesmont et Pougy : elle
yient de Sommevoire dans le département de la
Haute-Marne, par Montiérender, , et entre dans
celui de lAube vers Montmorency, passant
éBsuite par Rosnay et Chalette.
Il a été fait au commencement de la révo-
lutioj? un projet pour la rendre navigable, en
%e ser'vajit de quelques bonnes parties de
celte rivière et lésant des pardes de canaux
ià où elle est trop sinueuse et trop plate , comme
on l'a déjà pratiqué sur les territoire de Rances ,
pour servir à dessécher les grandes prairies
qui la bordent. Les plans en sont levés , mais
çn n'en a point les nivellemens ni les devis;
et quoique cet ouvrage soit bien intéressant
pour la traite des forêts de Soulaines et Mon-
tiérender dont les produits iraient par l'Aube à
Paris , il est à craindre que le projet ne reste
çncote long-tems sans avoir son exécution : ce-
pendant il servirait à encourager la réunion de
t Voire à la Biaise par le canal projeté de
Sommevoirç , qui ne serait que d'un myriametre
environ de longueur.
La Voire se grossit de la petite rivière de Sou-
laines, qui prend la source dans cette commune,
à'on elle sort par un gouffre avec assez de bruit,
pour entrer dans un grand bassin quarré bâti
en pierre de taille et en forme de réservoir ,
5'pù elle fait aller un moulin à deux meules
<iui est bâti immédiatement au-dessous. Il y a
plusieurs autres ruisseaux qui se jettent dans r./Vube,
I VU] 2
Iteli que l'Atmance, la.Bïrbuise , le Meldarison ,
IHuisire , ftc; ni^is ils sont peu importans.
( i'Owrrt , là Laignes , l'Arce, la Sarce, l'Hozain ,
la Mogue.
La Seine a pour affluens dans ce départe-
mctn , rOurce , Kt Laignes , l'Arce , la Sarce ,
l'Hozjin , la Mogue , et la Barse qui sort de
dessous l'ancien clrâieau de Vandœuvre , assez
lorie pour faire aller de suite un mpulin : les deux
premières sortent de la,Côie-d'Or. On a beaucoup
floué sur rOurce, 'qui est assez considérable et
bordée de belles forêts : cette rivière pourrait eue
réunie à la Tille dans le département de la Côle-
d Or, otielle sejette dansla Saône entre Auxonne
et Saini-Jean-de-Lône. Il suffirait d'un canal de
jonclion d'environ trois myriametres , qui ferait
• une communication de la Saône à la Seine. On
[ flotte aussi quelquefois sur les autres ; mais elles
j sont pr'ncipalement inléresiantes pour les prairies
I qu'elles arrosent. {
La Barse.
La Barse réunie à Troyes au trop -plein de
'la Seine qui s échappe sur le déversoir Saint-
Ju ien , forme un canal d'irrigation le long des
rairies du Pont-Huhert , Saime-Maure et Vil-
acerf jusqu'à Méry , oti elle fait sa jonction-
I Entre Vandœuvre et Troyes la Barse se déborde
quelquefois au moment de la récolle , et terre
I les belles prairies de Monliéramey , Lusigny ,
: Montaulin , etc. parce que son lit est trop étroit
actuellement. Il faudrait absolument , sinon le
! redresser , crainte de donner trop de pente et
I de dessèchement , au moins le curer et lui re-
j donner la largeur nécessaire pour que le volume
: des eaux puisse s'y écouler sans difficulté et sans
t trop se répandre sur les prairies : il y a aussi des
{moulins qui retiennent les eaux , et dont il fjiu-
; drait baisser les vannes et les seuils.
la<
Le Canal de Ceurtavaut.
Il ne faut pas oublier la petite rivière de Vitle-
nauxe , qui se jette dans la Seine entre Pont et
Nogent , et qui est navigable pour de petites
I barques , sur une longueur de près d'un myria-
I mètre ; c'est ce qu'on appelle le canal de Courta-
I vaut, qui devait se prolonger d'une pareille dis-
/ tance pour arriver à Villenauxe, et faciliter la
j traite des vins de ce grand vignoble : une partie
même avait déjà été ouverte à travers le parc du
j ci-devant seigneur.
11 y a de plus la rivière de Vannes , qui va se
jeter dans fYonne à Sens , et sert avec les petits
ruisseaux de Chennegy , d'Aix et de Rigny, qui y
aboutissent, au flottage des bois de la grande forêt
d Oihe , qui fournit beaucoup à l'approvisionne-
ment de Paris.
L'Armance.
Et enfin l'Armance qui prend aussi sa source
dans le département, à Chaource , passe par Ervy,
et va se jeter dans lArmencon à Saint-Florentin.
L'on y floue tous les bois de la forêt de Chaource
destinés aussi au même approvisionnement.
Il ne serait point difficile de faire de ces rivières
une petite navigation , soit en profitant des meil-
leures parties de leurs hts , soit en fesant des
canaux là où ils sont trop larges et les eaux trop
maigres, comme on l'a déjà dit de la Voire.
Qjaelques petites écluses , comme sur la Charente ,
ou même des perlhuis avec des plans inclinés
comme sur la Nive ,y suffiraient pour le passage
des bateaux moyens, et l'on en retirerait des
avantages considérables. Imitons les anglais , qui
poussent ces navigations jusques dans le fond des
vallées; ils ne cessent de les multiplier. L'ingénieur
américain Fulton , dans jon ouvrage, au milieu
de quelques erreurs, nous présente sans cesse les
bienfaits en ce genre que l'homme industrieux peut
retirer de son travail.
Recommandons - en la lecture et l'étude aux
artistes comme à ceux qui ont des moyens pour
faire des entreprises de celte nature , et desirons
qu'une paix heureuse vienne encourager nos
efforts vers un but si utile.
Le département est partagé en deux régions
,bien distinctes l'une l'autre.
Culture du département.
Celle au nord et à l'ouest de Troyes , s'éten-
dant du côté d'Arcys , Méry , Nogent et Sens ,
~est en fond de craie , terre blanche , compacte
et calcaire. On n'y trouvé qu'une surface mince
de terre végétale , légère , qui n'est gueres propre
qu'au seigle , et encore très-souvent n y en a-t-il
pas du tout ; c'est ce qudn appelle la Champagne
pouilleuse.
L'autre à l'est et au midi de Troyes . allant vers
Brienne , Bar-sur- Aube et Bar-sur-Seine, est,
savoir , les plaines en bonne couche de terre , la
plupart forte , et les coteaux en terrain rocailleux ,
propre aux vignobles qui les garnissent , ou en
forêts assez considérables. Quelle est la cause de
cette différence de sol ? Ce ne peut être qu'un
effet de quelque mouvement partiel du globe ,
par lequel les courans des eaux diluvieuses au-
raient entraîné et déposé quelques amas immenses
de crustacées ou autres animaux marins , qui
auront formé cette région de terre blanche et
calcaire qui , au moins en grande partie , n'est
qu'un débris pulvérisé de ces coquillages , parmi
lesquels il s'en trouve encore beaucoup d'entiers.
Nous avons dit que la surface du département
était de 592,148 hectares.
Suivant des toisés et calculs approximatifs, fon-
dés sur la connaissance des localités elleséiatsdc
sections , on peut dire que la région en terre de
craie en contient environ le tiers susceptible de
très-peu de productions , ci igo,383 hec.
Celle en terre végélale, 245,884 h.
dont en terre ordinaire 201,884 '^ r 00
en excellentes terres fortes 44,000 3 **''' "^
De plus en chenevieres. ...... . ' g,o63
En vignes 20,788
En prairies le long de la Seine,
l'Aube, et autres petites rivières... 35,5o3
En forêts et broussailles 7E.5o3
Et en vaines pâtures et marais. . . 18,024
Total pareil 592,148 hec.
[Extrait du Journal de l Ecole centrale du, dépar-
tement de l'Aube. )
La suite incessamment.
I Cours particulier de botanique et de pkpique végi'
I taie., par le citoyen Sue, médecin.
I Ce professeur commencera la deuxième sectioa
' de ce cours, le 22 messidor à 8 heures précises
du soir, et la conlinuera de suite les 5 et 9 de
chaque décade à la même heure. Il analysera les
sysiêmes de Linné, de Tournefort, d'Adamson et
de Jussieu , en s'attachant particulièrement à celui
de Linné ; il fera , dans son jardin , la description
de chaque plante de l'école : des vues générales
sur les familles naturelles des végétaux , termi-
neront cette section.
Le programme se distribue , gratis , chez le
professeur, rue Neuve du Luxembourg , n°. 160 ,
ou par le jardin , boulevard de la Madeleine ,
n°. 241.
Bourse du 19. — Effets publics.
Rente provisoire 21 fr. l3 c.
Tiers consolidé 3i fr. i3 c.
Bons deux tiers i fr. 47 c.
Bons d'arréragé 87 (r. 5o c.
Bons pour l'an 8 82 fr, 5o c.
Syndicat 68 fr.
Coupures ; 67 fr. Soc.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre .de la Republiq/je' et des Arts.
Le 22 . Orphée , opéra , suivi du ballet de la
Dansomanie.
Le 24 , par ordre du gouvernement , spectacle
gratis. — Armide , opéra en 5 actes.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Cadichon , .opéra en un acte , suivi des deux
Hermites.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Robert , chef de brigands , orné de, tout sou
spectacle , préc. de Tj/gmalion.
ERRATA.
N° 287 , Tribunal , page . 1167 , 3' colonne ,
discours de Laussat , au lieu de : et pour nous
répubhcains , lisez : et pour nous républicaine.
L'ibonnemcnUefeit.Psris, '«de. Poitevins, i.= r8.Leprix«tdca5 francs pouitroi» mois, 5o fra«. pour si» moi», et 100 frane. pour l'année entière. On ne
»'al> -•vcquïjk^Oïinieucetncnt de «:liaqne mois.
tlfautadresscrle.Uttreset)':i.6«c,fraiicdeport,aucit.AcASSE,propriétairedeccjournal,niedesPoitevijis,n<? 18. Ilfautcompreiidr» daw- lui enïoi. le poit de.
••avs où l'on BC peut iffrancHr. Les lettres des départtmeas non affranchies , ne seront point retirées de la poste. ..,..,,.., ,, .
Il fauta— W so»i çout plus de sûreté, de charger celles cjui reufetmentdes valeurs, etadresser-tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille , an rédacteur , rue de.
PoiievtBS, .i". il depuis neuf beuie-«ium3tinj.ussu'à cinq heuresdusoir. .
A Paris , de ri.nprir.«eiie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , i«e 4iM Portevin*. « »• i3.
GAZETTE NAÎteiNALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 291.
Piimedi , 21 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous ioiiuiics aurorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater ciu 7 Nivôse le M^ O N I T E U R est l'e seul journal uffidcl.
11 contient les séances des autorités constituées , les actes du gouverneineni , les nouvelles des armons , a nsl que les faits et les notions tant si t
l'intérieur que sur l'exténeur, iournis par les correspondances ministérielles.
Un article seia particulièrement con.sacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvulles.
INTERIEUR.
ACTES pu GOUVERNEMENT.
Liberté. Égalité.
Extrait des registres des délibérations des consuls de
la république^
Taris, le 12 messidor ^ l'an 8 de la république .,
une et indivisible.
Les consuls de la république , sur le rapport
du minislre de la police , le conseil-d'état en-
tendu , arrêtent :
SECTION PREMIERE.
Dispositions générales.
An. I^^. Le préfet de police exeicera ses fonc-
tions , ainsi qu'elles sont déterminées ci-après,
sous l'auiorilé iramédiale des ministres ; il corres-
pondra directement avec eux pour les objets qui
dépendent de leurs déparîemens respectifs.
II. Le piéfet de police pourra publier de nou-
veau les lois et réglemens de police , et rendre
les ordonnances lendant à en assurer l'exécution'.
SECTION II.
POLICE GÉNÉRALE.
Vasseports.
III. Il délivrera les passeports pour voyager de
Paris dans liniérieur de la république.
Il visera les passeports des voyageurs.
Les militaires ou marins qui auront obtenu des
congés limités ou absolus, et qui voudront résider
ou séjourner à Paris , seront tenus indépendam-
ment des formalités prescrites par les réglemens
militaires , de faire viser leurs permissions ou
congés par le préfet de police.
Cartes de sûreté.
IV. Il délivrera les cartes de sûreté et d'hos-
pitalité.
S'il a besoin à cet effet de renseignemens, il
pourra faire prendre communication par les com-
missaires de police , ou demander des extraits des
registres civiques , des tableaux de population
que tiennent les municipalités , et des états d'in-
digens : les bureaux de bienfesance lui donne-
ront copie de leurs états de distribution.
Permissions de séjourner à Paris. — Mendicité,
vagabondage.
V. Il accordera les permissions de séjour aux
voyageurs qui veulent résider à Paris plus de
trois jours.
Il fera exécuter les lois sur la mendicité et le
vagabondage.
En conséquence , il pourra envoyer les men-
dians, vagabonds et gens sans aveu aux maisons
de détention , même à celles qui sont hors de
Paris , dans l'enceinte du département de la
Seine.
Dans ce dernier cas , les individus détenus
par ordre du préfet de police , ne pourront être
mis en liberté que d'après son autorisation.
11 fera délivrer , s il y a lieu , aux indigens sans
travail , qui veulent retourner dans leur domi-
cile , les secours autorisés par la loi du i3 juin
1790.
Police des prisons.
VI. Le préfet de police aura la police des pri-
sons . maisons d arrêt , de justice , de force et de
correction de la ville de Paris.
Il continuera de l'exercer dans la maison de
Bicêtre.
Il aura la nomination des concierges , gardiens
et guichetieis de ces maisons.
Il délivrera les permissions de communitjuer
avec les détenus pour faits de police.
Il fera délivrer aux détenus indigens , à l'ex-
piration du tems de détention porté en leurs
jugcmcns , les secours pour se rendre à leur
domicile , suivant l'ariêté du 23 vendémiaire ,
an 5.
Maiions publiques.
VII, Il fera exécuter les lois et réglemens de
police , concernant les botels garnis et ks
îogcui»
VIII. Il se conformera , pour ce qi)i regarde
la police des maisons de jeu , à ce qui est pres-
crit par la loi du 22 juillet 1791.
IX. En conformité de la même loi du 22 juillet
179' ' il fera surveiller les maisons de débau-
che , ceux qui y résideront ou s'y trouveront.
Attroupemens.
X. Il prendra les mesures propres à prévenir
ou dissiper les attroupemens , les coalitions d'ou-
vriers pour cesser leur travail ou enchérir le prix
des journées; les réunions tumultueuses ou me-
naçant la tranquillité publique.
Police de la librairie et imprimerie.
XI. Il fera exécuter les lois de police sur l'im-
primerie et la librairie , en tout ce qui concerne
les offenses faites aux mœurs et à l'honnêteté pu-
blique.
Police des théâtres.
XII. Il aura la police des théâtres en ce qui
touche la sûreté des personnes , les précautions à
prendre pour nrévenir les accidens et assurer le
maintien de la tranquillité et du bon ordre , tant
au-dedans qu'au-dehors.
Vente de poudres et salpêtres.
XIII. Il surveillera la dislribudon et la vente
des poudres et salpêtres.
Emigrés.
XIV. Il fera exécuter , en ce qui concerne la
police , les lois relatives aux émigrés.
XV. Il délivrera les certificats de résidence.
XVI. Il délivrera les actes de notoriété aux
citoyens qui ont voyagé ou séjourné en pays
1 étranger, et qui réclament les exceptions portées
par l'art. II de la loi du 25 brumaire an 3.
Cultes.
XVII. Il recevra les déclarations des ministres
des cultes et leur promesse de fidélité à la
constitution de l'an 8 , ordonnée par la loi ,
iTiême lorsqu'ils n'auraient pas prêté les sertnens
prescrits jpar les lois antérieures.
Il surveillera les lieux ori Ion se réunit pour
l'exercice des cultes.
Port d'armes.
XVIII. Il recevra les déclarations , et délivtera
les permissions pour port d'armes à feu , pour
l'entrée et sortie de Paris avec fusils de chasse.
Recherches des déserteurs.
XIX. Il fera faire la recherche des militaires,
ou marins , déserteurs et des prisonniers de
guerre évadés.
Vîtes républicaines.
XX. Il fera observer les lois et arrêtés sur
les fêtes républicaines.
SECTION III.
POLICE MUIMICIPAIE.
Petite voirie.
JiJXI. Le préfet de police sera chargé de tout ce
qui a rapport à la petite voirie , sauf le recours
au ministre de l'intérieur contre ses décisions.
Il aura , à cet effet , sous ses ordres , un com-
missaire chargé de surveiller , permettre ou dé-
fendre :
L'ouverture des boutiques , étaux de boucherie
et de chaircuiterie ;
L établissement des auvents ou constructions
du même genre qui prennent sur la voie pu-
blique ;
L'établissement des échopeS ouétalages mobiles;
Dordonner la démolidon ou réparation des
bâtimens menaçant ruine.
Liberté et sûreté de la voie publique.
XXII. Le préfet de police procurera la liberté et
Sûreté de la voie publique , et sera chargé à cet
effet :
' D'einpêcher que personne n'y commette de
dégradation ; de la faire éclairer.
De faire surveiller le balayage auquel les habi-
tans sont tenus devant leurs maisons; et de le
faire faire aux frais de la ville , dans les places
et la circonférence des jardins et édifices publics ;
De faire sabler , s'il survient du verglas , et de
déblayer, au dégel, les ponts et lieux glissans
des rues ; d'cmi'êcher qu'on expose rif n sur les
toîis ou fenêtres qui puisse blesser les passans en
toinbant.
Il fera observer les réglemens sur l'établissement
des conduits pour les eaux de pluie et les
goutietes ;
Il empêchera qu'on n'y laisse vaguer des fu-
rieux, des insensés, des animaux mal-fesans ou
dangcicux ;
Q_a'on ne blesse les citoyens par la marche trop
rapide des chevaux ou des voitures ;
Oii'on obstrue la libre circulation, en arrêtant
ou déchargeant dés voitures et marchandises de-
vant les maisons, dans les rues étroites,, ou de
toute autre manière.
Le préfet de police fera effectuer l'enlèvement
des boues, matières mal-saines, neiges , glaces ,
décombres, vases sur les bords de la rivière
ap.ès les crues des eaux;
Il fera faire Jes arrosemens dans la ville , dans
les lieux et dans la saison convenable.
Salubrité de la cité.
XXIII. Il assurera la salubrité de la ville.
En prenant des inesures pour prévenir et arrêter
les épidémies, les épizooties, les maladies con-
tagieuses ;
En fesant< observer les réglemens de police
sur les inhumations ;
En fesant enfouir les cadavres d'animaux morts,
surveiller les fosses vétérinaires , la construction ,
entretien et vidange des fosses d'aisance ;
En fesant arrêter, visiter les animaux suspects
de mal contagieux, et mettre à mort ceux qui en
seront atteints ;
En surveillant les échaudoirs , fondoirs , salles
de dissection et la basse-géole ; 1
En empêchant d'établir . dans l'intérieur de
Paris , des ateliers , manufactures , laboratoires ou
maisons de santé , qui doivent être hors de l'en-
ceinte des villes, selon les lois et réglemens;
En empêchant qu on ne jette ou dépose, dans
les rues , aucune substance mal-saine ;
En fesant saisir ou détruire dans les halles ,
marchés ou boutiques, chez les bouchers, bou-
langers , marchands de vin , brasseurs , limonna-
diets ; épiciers-droguistes , apothicaires ou tous
autres , les comestible» ou médicamens gâtés,
corrompus ou nuisibles.
Incendies, débordemehs , accidens sur la rivière.
XXIV. lUera chargé de prendre les mesures
propres à prévenir ou airéter les incendies.
Il donnera des ordres aux pompiers , requerra
les ouvriers-charpenders , couvreurs; requerra la
force publique et en déterminera l'emploi.
Il aura la surveillance du corps des pompiers,
le placement et ladistribution des corps-de-garde
et magasins des pompes, réservoirs , tonneaux ,
seaux à incendies , machines et ustensiles de tout
genre destinés à les arrêter.
En cas de débordemens et débâcles , il ordon-
nera les mesures de précaution telles que démé-
nagement des maisons, menacées , rupture de
glaces, garage de bateaux.
Il sera chargé de faire administrer les secours
aux noyés.
Il déterminera , à cet effet , le placement des
boîtes fumigatoires et autres moyens de secours.
Il accordera et fera payer les gratifications et
récompenses promises par les lois et réglemens à
ceux qui retirent les noyés de l'eau.
Police de la bourse et du change. •.
XXV. Il aura la police de la bourse et des lieux
publics où se réunissent les agens de change ,
courtiers , échangeurs et ceux qui négocient et
trafiquent sur Icseffets publics.
Sûreté du commerce.
XXVI. Il procurera la sûreté du commerce en
fesant faire des visites chez les iabricans et les
marchands , pour vérifier les balances , poids ei
mesures , et faire saisir ceux qui ne seront pas
exacts ou étalonnés ;
En fesant inspecter les magasins , boutiques et
atteliers des orfèvres et bijoutiers, pour assurer
la marque des matières d'or et d argent, «t l'exé-
cution des lois sur la garantie.
ÏI74
Indépenclàmiflfent de ses fonctRns ordinaires
^r les poids et mesures , le préfet de police fera
exécuter les lois qui prescrivent l'emploi des nou-
veaux poids et mesures.
Taxes et mcrcuriaUs.
XXVII. Il fera observer les taxes légalement
faiies ei publiées.
XXVIII. Il fera tenir les registres des mercu-
riales et constater le cours des denrées de prenirtre
nécessité.
Libre circulation des subsistances.
XXIX. Il assurera la libre circulation des sub-
sistances suivant les loix.
Patentes.
XXX. i\ exigera la représentation des patentes
des marchands-forains.
Il pourra se faire représenter les patentes des
marchands domiciliés.
Marchandises prohibées.
XXXI. Il fera saisir les marchandises prohibées
par les lois.
Surveillances des places et lieux publics.
XXXII. Il fera surveiller spécialement les foires,
maichés, halles, places publiques elles marchands
forains , colporteurs , revendeurs ,poitcfaix, com-
missionnaires ;
La rivière, les chemins Jde hallage, les ports,
chantiers, quais, berges , garres , esiacades , lès
coches , galiotes, les établissemens qui sont sur
la rivière pour les blanchisseries, le laminage
bu autres travaux , les magasins de charbon , les
Îiassages d'eau , bacs , batelets , les bains publics ,
es écoles de natation , et les mariniers, ouvriers
arrimeurs , chargeurs , déchargeurs , tireurs de
bois , pêcheurs et blanchisseurs ;
Les abreuvoirs , puisoirs , fontaines , pompes ,
et les porteurs d'eau;
Les places où se tiennent les voitures publiques
pour la ville et la campagne , et les cochers , pos-
tillons , charretiers, brouetieurs , porteurs de
chaise , porte-falots ;
Les encans et maisons de prêt ou monls-de-
piété , et les ftipiers , brocanteurs , prêteurs sur
gage ;
Le bureau des nourrices , les nourrices et les
meneurs.
Approvisionnemens.
XXXIII. Il fera inspecter les marchés , ports et
lieux d'arrivage des comestibles , boissons et
denrées dans l'intérieur de la ville ;
Il continuera de faire inspecter , comme par le
passé, les marchés ou se vendent les besliaix pour
lapprovisionnement de Paris , à Sceaux , Poissy ,
Lachapelle e) Saint-Denis;
Il rendra compte au ministre de l'inléricur des
connaissances qu'il aura recueillies , par ses ins-
pections, sur l'état des approvisionnemens de la
ville de Paris.
Protection et préservation des monumens et édifces
publics.
XXXIV. Il fera veiller à ce que personne n'al-
tère ou dégrade les monumens et édifices publics
appartenant à la nation ou à la cité ;
Il indiquera au préfet du département et re-
quérera les réparations, changemens ou cons-
tructions qu'il croira nécessaires à la sûreté ou
lialubrité des prisons et maisons de détention
qui seront sous sa surveillance ;
Il requerera aussi, quand il y aura lieu, les
réparations et l'entretien des corps-de-garde de
la force armée sédentaire ;
Des corps-de-garde des pompiers, des pompes ,
machines et ustensiles ;
Des halles et marchés ;
Des voiries et égoûts ;
Des fontaines , regards , aqueducs, conduits,
pompes à feu et autres ;
Des murs de clôture ;
Des carrières sous la ville et hors les murs ;
Des ports, quais, abreuvoirs, bords , francs-
berds , puisoirs , gares , estacades, et des établis-
XXXVI. Il aura à sa disposition , pour l'exer-
cice de la police , la garde nationale et la gen-
darmerie ;
Il pourra requérir la force armée en activité ;
Il correspondra pour le service de la garde
naiionale , pour la disiribution des corps-tle-
garde de la ville de Paris , avec le commandant
militaire de Paris , et le commandant de la 17'
division militaire.
XXXVII. Les commissaires de police exer-
ceront , aux termes de la loi , le droit de dé-
cerner des mandats d'amener , et auront au
surplus tous les droits qui leur sont attribués
parla loi du 3 brumaire-an 4, et par les dis-
positions de celle du 28 juillet 1791 , qui ne
sont pas abrogées ;
Ils exerceront la police judiciaire pour tous
les délits dont la peine n'excède pas trois jours
de prison et une amende de trois journées de
travail.
Ils seront chargés de rechercher les délits de
cette nature ;
D'en recevoir la dénonciation ou la plainte ;
D'en dresser prccès-verbal ;
D'en recueillir les preuves ;
De poursuivre les prévenus au tribunal de
police municipale.
Il rempliront , à cet égard , les fonctions pré-
cédemnunt attribuées aux commissaires du gou-
vernement.
Le commissaire qui aura dressé le procès-
verbal , reçu la dénonciation ou la plainte , sera
chargé , selon la loi du 27 ventôse , des fonctions
de la partie publique.
En cas d empêchement , il sera remplacé par
l'un de ses trois collègues du même arrondis-
sement , et , au besoin , par un commissaire d'un
autre arrondissement , désigné par le préfet de
police.
XXXVIII. Le préfet de police et ses agens
pourront faire saisir et traduire aux tribunaux
de police correctionnelle , les personnes préve-
nues de délits du ressort de ces tribunaux.
XXXIX. Ils pourront faire saisir et remettre
aux ofhciers chargés de l'administration de la
justice crijmineUe, Tes individus surpris en flagrant-
délit , arrêtés à la clameur publique, ou prévenus
de délits qui sont do ressort de la justice cri-
minelle. -.
SECTION V.
Recette , dépense , comptabilité.
XL. Le préfet de police ordonnancera , sous
l'autorité du ministre de l'intérieur, les dépenses
de réparation et entretien à faire à l'hôtel de la
prélecture de police.
XLI. Il sera chargé , sous les ordres du mi-
nistre de l'intérieur , de faire les marchés , baux ,
adjudications et dépenses nécessaires pour le ba-
layage, lenlévement des boues, l'arrosage et l'illu-
minatioa de la ville.
XLII. Il sera chargé de même de régler et
d'arrêter les dépenses pour les visites d'officiers
de santé et altistes vétérinaires , transport de
malades et blessés , transport de cadavres , retrait
des noyés et frais de fourrière.
XLIII II ordonnera les dépenses extraordi-
naires en cas'd'incendie, débordemens et débâcles.
XLIV. Il réglera , sous l'autorité du ministre
de la police, le nombre et le traitement des em-
ployés de ses bureaux et de ceux des agens sous
ses ordres qui ne sont pas insdtués, et dont le
nombre n'est pas déterminé par les lois.
XLV. Les dépenses générales de la préfecture
de police , ainsi fixées par le minisire de l'inté-
rieur et de la police, seront acquittées sur les
centimes additionnels aux contributions , et sur
les autres revenus de la commune de Paris , et
ordonnantées par le préfet de police.
Le conseil-général de département en emploira,
à cet effet , le montant dans l'état des dépenses
générales de la commune de Paris.
XLVI. Il sera ouvert, en conséquence, au
SECTION VI.
Costume du préjet de police et de ses agins.
L. Le préfet et les commissaires de police por-
teront le costume qui a été réglé pat les arrêtés
des consuls.
Les ministres de l'intérieur et de la police
sont chargés de l'exécution du présent règlement
qui sera inséré au bulletin des lois.
En l'absence du premier consul .
Le second consul, signé, CambacérêS.
Par le second consul ,
Le sccrétaire-d'état ; signé, H. B. Maret.
semens et machines placés près de la rivière pour préfet de police un crédit annuel du montant de
porter secours aux noyés ; '"' ^
De la bourse;
Des temples ou églises destinés aux cultes.
SECTION IV.
Des Mgens qui sont subordonnés au préfet de police;
de ceux quilpeut requérir ou employer.
XXXV. Le préfet de police aura sous ses
ordres ;
Les commissaires de police ;
Les officiers de paix ;
Le commissaires de police de la bourse ;
Le commissaire chargé de la petite voirie ;
Les commissaires et inspecteurs des halles et
jnarchés ;
Xe* inspecteurs des porti.
ses dépenses , sur la caisse du receveur-général
du département de la Seine, fesant les fonctions
de receveur de la ville de Paris.
XLVn. Le ministre de l'intérieur mettra , cha-
que mois, à la disposition du préfet de police,
sur ce crédit , les fonds nécessaires pour l'acquit
de ses ordonnances.
XLVIII. Le préfet de police aura entrée au
conseil général de département , pour y pré-
senter ses états de dépense de l'année , tels
qu'ils auront été réglés par les ministres de l'in-
térieur et de la police.
XLIX. Il y présentera aussi le compte des
dépenses de l'année précédente , conformément
aux dispositions de la loi du s8 pluviôse , sur
les dépenses communales et départementales.
CONSEIL DES PRISES.
(L'excellent discours du citoyen Ponalis, que.
nous avons inséré dernièrement , eût du être
précédé des discours prononcés lors de l'ins.-
lallation du conseil des prises. Tout ce qui
concerne ce tiibunal étant aussi important par
la nature que ce «jui en émane est digne d'estime
et de curiosiié , nous croyons devoir aupara-
vant de rendre compte de ses décisions faire
connaître à nos lecteurs, les particularités de
son installation. )
Precès-verbal d'installation du conseil des prises.
L'an huit de la république française , le 14.
floréal , heure de midi , en la maison nationale
dite de l'Oratoire, située à Paris, rue de lO-
ratoire , local désigné pour la tenue des séances,
le citoyen Redon , conseiller-d'état , les citoyens
Niou , Lacoste , Moreau , de I Yonne , Montigny-
Monplaisir, Barennes, J. Marie Dutaut , Par-
ceval-Grandmaibon et Tournachon . le cit. Por-
tails et le citoyen Calmelet , nommés président,
membres . commissaire du gouvernement et
secrétaire-général du conseil des piises , par
ariêtés du premier consul des 14 et ig germi-
nal dernier, se sont réunis sur l'avis qui leur a
été donné par le président, que le ministie de
la justice devait procéder, à ces lieu, jour et
heure , à l'installation du conseil.
Le ministre de la justice ayant été introduit
par une députation du conseil , a occupé le
siège du président , et après avoir (ait faire ,
par son secrétaire , la lecture tant des arrêté»
susdatés que de la loi du 26 ventôse dernier,
relative aux contestations sur la validité de$
prises maiitimes , et de l'arrêté des consuls de
la république, du 6 germinal suivant, conte-
nant règlement sur la manière de statuer rel^
tivement à ces prises et aux bris, naufrages
et échouemens des bâiimens ennemis ou neutres,
a prononcé le discours suivant:
Citoyens ,
)) C'était une grande erreur d'a'(\oir attribué la
connaissance des prises aux tribunaux. Quand
il s agit de la justice des nations entre elles; quand
il s'agit des droits de la guerre et de leur exécu-
tion ; quand il faut peser les traités , décider si
une nation est amie ou neutre , ménager avec
sagesse les intérêts des états , on est étonné ,
sans doute , de voir intervenir une autre autorité
que celle du gouvernement. Aussi le premier
soin des consuls a-t-il été de provoquer des
dispositions légales,, qui ont rétabli , à cet égard ,
l'ordre prescrit par la nature des choses , en con-
sacrant que la connaissance des prises ne devait
appartenir qu'à l'administration.
)) Ce retour vers les principes a donné lieu
à l'arrêté du 6 germinal dernier, qui institue
un conseil des prises que vous êtes appelés i
composer par le choix du premier consul.
11 Je ne doute pas , citoyens , que vous ne
répondiez avec zèle à la confiance dont ce choix
est un témoignage distingué : vos lumières , vos
talens , en sont un sûr garant.
)> Vous saurez démêler avec sagacité les fraudes
qu'un peuple astucieux oppose trop souvent à
1 audace de nos marins.
)> Les efforts des armateurs ne sauraient obtenir
trop d'encouragemens ; et ceux qui , d'un hémis-
phère à l'autre, hasardent leur fortune et leur
vie pour des entreprises aussi utiles à l'état, doi-
vent en trouver le juste dédommagement dans les
dépouilles opulentes de nos ennemis.
)i Mais vous maintiendrez avec un soin égal
la sécurité des autres pavillons. La sagesse de
vos décisions concourra avec les efforts du gou-
vernement , pour cultiver les dispositions favo-
rables de nos alliés, pour intéresser les nations
neutres au succès de la cause que nous défen-
dons; et l Europe sera enfin convaincue qu un
peuple est invincible , lorsqu'au courage néces-
saire pour développer de grandes ressources , il
unit la prudence qui sait en restreindre l'usage
dans les bornes de la justice et de la modération.
Voilà quelle sera votre tâche. Certain qu'elle sera
dignement accomplie, il ne me reste plus qu'un
vœu à faire ; c est qu'elle soit promptement
terminée.
)) Vous ne pouvez vous le dissimuler, citoyens,
' le conseil des prises est , pour les nations
1175
modernes , l'antique temple dejanus : tiolre vœu
unanime doit être qu'une paix glorieuse en ferme
bientôt les portes. Cette paix, qui cicairisera toutes
les plaies de la France , nous devons l'attendre de
la victoire et de l'équité.
>> L'une va suivre nos drapeaux conduits sous
des auspices qui lui sont familiers ; lauire doit
habiter cette enceinte , et régler toutes vos dé-
cisions.
jï Prêts à confirmer de si justes espérances ,
entrez , citoyens , dans l'exercice de vos travaux;
poursuivez-les avec persévérance : par-là vous
remplirez 1 attente du oouvernement ; vous con-
courrez à la consolidation de la république ;
vous remplirez le double engagement que vous
allez contracter , d'être fidèles à la constitution ,
et de remplir avec exactitude les fonctions qui
vous sont confiées. ii
Aussitôt le président, les membres du conseil ,
Je commissaire du gouvernement et le secrétaire-
général se sont levés , et conformément à la loi
<lu 2 1 nivôse an 8 , ont promis d être fidèles à
la consiiiuiion . et de remplir avec exactitude
les fonctions qui leur ont été confiées ; et il a
été donné acie de cette promesse par le mi-
nistre de la justice.
Le citoyen Redon , président du conseil, a dit :
Citoyens,
ti L'honneur de vous. présider mettrait le com-
ble à mon arabiiion , si raes talens égalaient
mon zèle; et l'espoir de trouver dans vos lumières
les ressources qui me manquent , me fait accepter
avec plus de confiance une place que j'ai sentie
au-dessus de mes forces , par son importance et
ses difficultés.
>> En cflfet.nous ne pouvons nous dissimuler
que le choix du premier consul , qui nous
honore , nous impose une lâche bien difficile
à remplir. Des lois impolitiques ont compromis
pendant long-tems les intérêts de nos alliés et
dts puissances neutres ; de nombreux arme-
mens que commandaient l'imérêt , et le désir de
nuire à un ennemi perfide et implacable , ont
amené dans nos ports indistinctement amis et
ennemis ; les tribunaux chargés de prononcer
sur la validité des prises , n'ont vu que la loi ,
et en ont sanctionné l'immoralité , sans égard
. pour le droit des nations. Nous sommes appelés ,
citoyens , par un gouvernement juste , et qui
n'a besoin d'autre gloire que celle de pacifier
la France , à déchirer les pages de cette légis-
lation délirante. Nous serons souvent placés
entre deux écueils également dangereux , et avec
la cruelle certitude de tomber dans l'un ou
dans l'autre ; et il nous sera impossible d'être
souverainement justes envers toutes les parties.
)> Votre prudence et votre sagesse vous gui-
deront dans cette marche difEcik ; et vous sen-
tirez que tout jugement qui doit influer sur le
bonheur de la France entière et la paix des na-
tions, doit être préféré à des iniéiêis particu-
liers , qui peuvent être compensés par la géné-
rosité du gouvernement. Mais aussi vous vous
ferez un devoir de récompenser le courage de
nos braves marins ,,en leur adjugeant, avec la
célérité qui donne plus de prix à la justice , les
prises faites sur les ennemis de 1 éiat. ))
Le citoyen Portails, commissaire du gouverne-
ment , prenant ensuite la parole , s'est exprimé en
ces teimes :
Citoyens,
ti L'importance de noire mission annonce celle
de nos devoirs.
" Un gouvernement sage qui sent le besoin ,
et qui a la ferme volonté d'êire jus;e , nous ap-
pelle pour exercer , auprès de lui , les fonctions
a-la-fois délicates et sublimes de la conscience. Il
nous établit , en quelque sorte, les ministres de
l'alliance sacrée de la politique avec ta morale.
5> La morale est obligatoire pour les corps
de nations , comme pour les simples particu-
liers : el[e est le droit commun de l'univers. Mais ,
entre les differens corps de nations , elle a peu
de moyens de se faite observer ; car ils vivent
entre eux dans létal de nature , c esi-à-dire ,
dans cet élat où chacun est arbitre souverain
de ses actions, et juge Suprême dans sa propre
cause. De là les hostilités , les représailles , les
guerres fréquentes qui ébranlent les empires et
ravagent le monde.
>» Un ciioyen , indépendamment du soin de
veiller à son bien particulier , doit travailler
au bien public de sa patrie. Un état , indé-
pendamment du soin de son gouvernement in-
térieur , est encore chargé de contribuer au
bonheur de la société générale du genre hu-
main. Faire , en tems de paix , le plus de bien ,
et en lems de guerre , le moins de mal pos-
sible : voilà le droit des gens. Les principes de
ce droit sont siimplcs : mais , dans des tems de
barbarie ei d'ignorance . ils furent méconnus par
des hommes livrés à des passions aveugles et
dérétices. Dans nos tems modernes , ces passions
ont ''été adoucies par une civilieaiion perfec-
liorinée ; mais la multitude et la confusion des
intérêts divers , que les idées d'argent . de com-
merce , de richesse naiionalc et d'équilibre de
puissance , ont introduites , sont devenues de
nouvelles causes de rivaliié , dambiiion , de
jalousie et d'inimitié. La science des gouverne-
mens ne s étant point élevée en proportion des
contrariétés que nous avons à concilier et des
difficuliés que nous avons à v;:incre , il arrive
que , malgré nos lumières et nos connaissances
acquises , nous ne jouissons encore que très-
imparfaltement des avairtages que ces lumières
et ces connaissances sembleraient devoir nous
garantir.
1) Le droit de la guerre est fondé sur ce qu'un
peuple, pour l'inlérêl de sa conservaiion ou pour
le soin de sa défense , veut, peut ou doit faire
violence à un autre peuple. C est le rapport des
choses, et non des personnes, qui çonsiitue la
guerre : elle est une relation d Éiai à Eut , et non
d'individu à individu. Entre deux ou plusieurs
nalions belligéranies , les particuliers dont ces
naiions se composent, ne sont ennemis que par
accident : ils ne le sont point comme hommes,
ils ne le sont même pas comme citoyens ; ils le
sont uniquement comme soldais.
>> Rendons justice à notre philosophie, qui,
d'après ces vérités premières, a plus dune fois
invité les gouvernemens de l'Europe , à stipuler,
dans leurs traités, la liberté et la sîireté du com-
merce pendant la guerre , le respect pour les
travaux de I agriculture , pour les productions des
ans et pour toutes les propriétés particulières ;
mais la politique , qu' n'est pas le droit politique ,
s'est refusée jusqu'ici aux conclusions de la phi-
losophie.
>i II faut même convenir que la théorie , en
apparence la plus parfaite, n'esi pas toujours la
plus convenable dans la pratique. La maxime
du sage doit être , non de chercher le mieux
absolu . que les choses et les hommes ne com-
portent peut-être pas , mais ce mieux relatif qu
est toujours à notre portée , qui est indiqué par
l'expérience , et qui sort des principes de la
raison assortis aux besoins de la sociéié.
!> Dans la nouvelle position que la boussole
et la découverte de l'Amérique ont donnée au
monde, ce sont principalemi'ni nos relations com-
merciales qui deviennent la source de nos guerres.
C'est presque toujours pour des i;iiérêls bien ou
mal entendus , pour des idées bien ou mal con-
çues de commerce , que l'oo erisanglanie la terre.
>i II faudra donc opérer une grande révolution
dans les choses et dans les opinions , avant que
d'en espérer une dans la politique.
!) On peul croire , d'ailleurs , que l'interruption
du commerce entre les naiions belligérantes ,
produit le bien de lier, dans chique gouverne-
ment , les dangers du citoyen aux dangers de
la patrie; de conimuni<]uer à limérêt général
toute I énergie de l'intérêt personnel; de décou-
rager par 1 épuisement prévu des ressources ,
lambiiion des conquêtes ou celle dune vaine
gloire ; de modérer la péiulance des projets par
le sentiment des maux qu ils entraînent ; de mettre
l'inquiétude des citoyens qui soufîienl , aux prises
avec les fantaisies des magistrats qui gouvernent ;
enfin , de rendre les gouvernemens plus cir-
conspects à commencer la guerre , et plus dis-
posés à la terminer.
î7 Au surplus, quoi que l'on puisse penser de
la question , si le commerce doit êlre interrompu ^
ou s'il doit demeurer libre entre les-naiions belli-
gérantes, il est du moins certain que les naiions
neutres , tant quelles né prenneirt aucune pan
à la guerre , doivent continuer à jouir de tous
les avantages de la paix.
)> Les anciens, pour diminuer les désastres d'un
des plus terribles fléaux qui puissent affliger Ihu-
mariiié , établissaient des villes sacrées et libres,
qui servaient d'asyle au commerce , et dans
lesquelles, au milieu des plus sanglantes hosti-
lités , liiidusirie trouvait une retraite assurée
contre le brigandage et la mort.
)> Depuis que la civilisation a , pour ainsi dire,
ajouté de nouveaux peuples au genre hnmain , il
y a toujours, parmi les naiions nombreuses qui
couvrent la surface du globe, des jeuples in-
téressés , par leur situation , à garder la neutralité ;
et cette neutralité , qui est . en lems de guerre , le
seul lien des relationss sociales et des communi-
cations utiles entre les hommes , doit être reli-
gieusement respectée comme un vrai bien public.
i> Les puissances belligérantes sont , sans doute ,
autorisées à prévenir et à surveiller les fraudes
d'une neutralité ieinle. Si l'ennemi connu , est
toujours manifeste , le neutre j-eut cacher un
ennemi réel sous la robe d'ami ; il est alors frappé
]iar le droit de la guerre , et il mérite de 1 eue.
Mais, gardons-nous , dans l'application de ce re-
doutable droit, de méconnaîire les traités, les
couiumes consacrées par la conduite consiante
des nations , et les principes qui garantissent la
souverairieié et l'indépendance des peuples.
)> La politique peut avoir ses plans et ses mys-
tères ; mais la laison doit conserver son influence
et sa dignité. Qjiand des prctextc-s arbitrsires dp
crainte ou d'ulilué dirigent les conseils , tout est
perdu; alors des brigandages de loute espèce
désolent la terre , et des flois de sang coulent dç-
toutes parts.
u En inspirant la terreur, on peut mOiTienta-»
nénicnt accroître ses forces; mais c'est en inspi-
rant la confiance qu'on les assure à jamais. L'in-
jiisuce fut toujours mauvaise ménagère de la
puissance.
>> Je me félicite , en proclamant ces principes,
d'être plus particulièrement, par mes fonction»
auprès de vous , le dépositaire et l'interprète des
intentions du gouvernement, et de pouvoirjoindre
ma faible voix à celle du ministre éloquent et
éclairé qui a déjà si dignement fixé la mesure de
nos devoirs et la marche de nos travatfX.
>> Citoyens , nous avons à peser de grands
inlérêis , et peut-être à réparer de grandes erreurs;
mais , par vos lumières et par voire zèle , vous
denrjcurercz supérieurs à votre liiche.
Nous n'avons point à nous rouler servilement
sur des formes conteniieuses , ou à nous livrer à
des subliliiés dégoûtantes. Les armateuis français
qui s adresseront au conseil . sont les délégués
du gouvernement; car la course n'est qu'une dé-
légation du droit de la guerre l'aiie par le sou-
verain aux particuliers qui se vouent à ces pé-
rilleuses spéculations. D'autres pan, les éuangers
dont vos décisions régleront le sort , ne peuvent
séparer leur cause de celle des naiions elles-raêrfies
dont ils font partie. Or , il serait ridicule , disait
autrefois l'orateur romain , de préiendre décider
des droits des naiions et de l'univers , par les
mêmes maximes sur lesquelles on décide ,■ entre
particuliers, d'un droit pour une gouttière.
>) La guerre est un droit nécessaire , légitime et
malheureux , qui laisse loujours à piyer line dette
immense pour s acqui lier en vei s la nature humaine.
Mais que la justice et la paix s'embrasient ; et
déjà la plupart des maux de la guerre seront ré-
parés.
îi Le héros de la France , aujourd'hui premier
magistral de la République , vient de placer ses
victoires et son nom au-dessus de l'envie , en
pioposant la paix aux naiions belligérantes , et
en professant la justice envers toutes. Associons-
nous aux grandes et salutaires pensées dont il
est animé. Léquiié est la vertu des empires. La
modéra ion est la sagesse des grands étals , conlme
elle est celle des grands hommes. Sachons que si
la guerre tue les citoyens , une fausse politique
les empêche de prospéier , et peut même les
empêcher de naître. Nous avons étonné ei ébranlé
l'Europe par l'éclat et la force de nos armes : il
I était tems Je la rassurer par nos principes et d^
la consoler par nos vertus >).
Ce discours fini , le ministre de la justice a
annoncé au public assemblé , cjue le conseil
des prises étaii installé pour remplir ses fondions,
conformément aux lois et aux réglemens relatifs
aux matières qui lui sont atiribuées , a levé la
séance et a éié reconduit par la même députation.
Fait et arréié le présent procès-verbal, qui
sera transcril , ainsi que les lois et réglemens
ci-dessus énoncés , sur le registre des délibéra.
lions et réglemens du conseil , et rendu public
par la voie dé limpression.
Le ministre de la justice , signé. Abrial ; Dele-
CROix , secrétaire- général du ministre de la justice.
Signé, Rf.don , président; Moreau , Niou ,
TOURNaCHON , MONTIGNY -MONPLAISIR , LA-
COSTE, Barennes . Parceval-Grandmatson ,
DuFAUT , membres!, Poetalis, commissaire du gou-
vernement ; Calmelet , secrétaire- général.
Suite des observations sur le commerce d'Amcrique,
tirées du Journal du Havre. '
Je regrette de ne pouvoir donner dune ma-
nière authentique la nolice des exportations de
grains et farines de .l'Amérique seplentrionalc ,
depuis 1793. On aurait une idée des progrès de
son agriculture ou des besoins de I Europe,
Mais ce qu'il ne faut pas perdre de vue , c'est
que les Eiais-Unis ont un superflu dans leurs
récoltes; c'est que ce superflu serait un grand
fonds de richesses, si 1 Europe n'avait pas habi-
tuellement au de-là des besoins de sa consom»
malion ; c'est qu'il serait indiscret aux américains
de négliger ou d'abandonner la culture du tabac,
pour étendre trop la culture du froment , dont
les débouchés sont très-précaires.
En effet , exceptons les crises de la disette ,
qui ne se répètent gueres que tous les dix ans ,
et dont une sage administration pourrait préve-
nir les inconvéïiiens , 1 Amérique septentrionale
ferait une fausse spéculation de multiplier ses
productions en bled, au détriment dune plants
qui lui esi indigène , et dont la culture , irpf)
pénible et tiop chère en Europe, n'indemniïe ni
en quantité , ni en qualité.
Sans débouchés, l'abondance du bled serait
un fléau pour le cultivateur et le propriétaire. Au-
tant il esc sage d assurer la subsistance d'un grand
1 1 76
peuple po.urdeux années, autant il seravt absurde
«l'enlasseï- des grains da)is des magusins pour un
plus Ions; espace de lenia.
Or , d'après ces idées d'économie politique ,
on doit présumer qqe les anjéii-caiiis qui tiriricoi
grand paili de tiou,e (ié.rresse d;u)s les ;aiinccs
1793 et 17,^4, ont aussi éprouvé un changemeni
subit et cj.rjsasi^eux depuis que 1 :ib,ond?nce a re-
paru en France. Nui doute quils ne sï soient
repentie d'cire tiop rlcliL-s en bled, puisque I Eu-
rope entière a pu se passer de leur txecdent.
Il est donc plus que piobabk; (ju"ils ont lejiiis
le.ur équilibre ordinaire ; et Ion peut présumer
que , s'ils avaient l'occasion d'exporter leur trop
plein , cela n'excéderait pas l'exportation de
1793.
Or , comme je l'ai déjà dit , le montant de celle
exportation, qui coiiterail au moins 70 millions ,
suffirait à peine à la nourriture de la France pen-
dant dix jours , et ferait tout au plus un déjeuner
pour tou!.- I Europe.
Le système de la France doit être en raison in-
veise de celui des américains : je veux dire que
s il convient à l'Amérique septentrionale de main-
tenir la culture du tabac ei d'être circonspecte dans
celle du lioment. la France doit au contraire être
irès-réscrvée dans la culture du tabac et très-
empressée à augmenter ses moissons.
L Amérique septentrionale est un pays immense ;
couverte de loiêis, coupée de grandes rivières,
elle sera dans plusieurs siècles susceptible de
nouveaux dèlrichemens. Sa population est à
peine de 5 millions d'habitans : c'est à peu-près
le sixième de la population de la France. Ses
terres vierges n'aitendent que des bras pour leur
prodiguer des laveurs; il n'est pas nécessaire de i
piser les terres pour leur dernander des recolles j
périodiques. Q^uelle que soit la fantaisie de celui 5
qui culiive, il' ne compromettra point la tran- !
quillité de la colonie. On c-onçoit que 28 millions >
d'hommes , répandus sur la moitié des Etats- j
Unis , n'y trouveraient pas leur subsistance : et :
quand ils couvrent Iheureux jardin qu'ils feni- !
lisent , on doit convenir que le preiriier soin de |
ceux qui les dirigent, c'est de pourvoir à leur!
nourriture et de les garantir contre la famine.
La France , a dit le citoyen Necker , produit,'
çnnée commune , un quinzième au-delà de sa
consommaiion. Avec une bonne administration, i
cela peut suffire à ses besoins : mais comme on
ne peut répondre ni des révolutions morales ni
des vicissitudes physiques , il serait bon de per-
fectionner encore son agriculture , et de lui mé-
nager d'avance l'établissement de greniers d'a-
bondance.
D ailleurs , quand nous aurions une récolle au-
devani de nous, n'en tirerions-nous pas un grand
Farti , lorquc nos voisins se trouveraient dans
embarras ? Ne vaut-il pas mieux acheter aux
Etais Unis les 3o mille boucauts de tabac qu'on
.prétend que nous conso.mmons tous les ans, que
de nous exposer à leur payer 70 millions pour
dix jours de subsistance ? N'est-il pas prudent
d'airêter une culture qui occupe nos meilleures
teries à blé , qui les épuise et les détériore ? Faut-
il (jue l'intérêt de quelques particuliers impose
toujours silence à rinlérêi-général ( i ) ?
(i) Il y a dans cet article , ainsi que dans les
morceaux qtte nous avons précédemment tirés
de ce journal , des idées fort justes , et peiit-êire
quelques erreurs. L'idée des greniers d'abondance
est la première qui se présente pour éloignenouie
crainte de disette; mais la réflexion prouve que
cette mesure, à peine praticable pour une famille
ou un petit nombre d'individus , est tout-à-fait
inadmissible pour une population de 28,000,000
d'hommes. Ceux qui s'y arrêtent n'ont pas calculé
ce qu'il faudrait d'espace et de greniers pour
emmagasiner 5o,ooo,ooo de scptiers de blé. Ils
n'ont pas pensé à ce qu'il en coûterait , ou au
gouvernement pour les acheter, ou aux culti-
vateurs pour en attendre le prix. Ce serait pour
l'agriculture , et par contre coup pour la popu-
lation , une grande calamité qu'une fertilité qui
porterait la récolte au double de la consommation
possible. Il n'y a point de grande récolte qui , en
fesarLLi)aisser le prix du blé, n'en fasse diminuer
la culture , et c'est ainsi que la disette suit d'ordi-
naire la trop grande abondance. C'est après de
riches années que le fermier découragé abandonne
la culture des mauvaises terres , ou confie aux
bonnes soit du tabac . soit d'autres plantes étran-
gères à la nourriture de l homme. Le prix des
THÉÂTRE FRANÇAIS.
Df.ux jeunes poêles, Floricourt et Darais, l'un
inlaïué de sa personne et de ses vers , lecteur
iniaiigable de ses petits madrigaux dérobés à de
vieux recueils , apôlie du mauvais goût dont il
est ralliant gâié ; l'autre , bonne;; , modeste , ré-
servé , connaissant, respectant les bons modèles
et les servant de son mieux , fréquentent dans
!a même maison. Tous deux piélendent à la j
/Tiaiii de la mêniu personne. Le perc de celle-ci, :
homme d'un esprit droit et d'un sens j-usle , pié- i
(cie Li.M-nis l'Our son g'er^die ; mais sa femme , I
■ jul préside chez elle au bureau d'esprit dont |
Floiicourt est l'oracle , ne veut unir sa tille qu'à )
ce dernier. Le hazard veut que le même jour on j
donne au théâtre deux pièces nouvelles , dout ,
nos deux rivaux sont les auteurs. La jeune Hen- |
lietie , qui en secretprélére Damis , et qui coinpie j
sur les succès de son amant , déclare qu'elle
consentira à donner sa main à celui dont le
public accueillera l'ouvrage. Les deux pièces sont
joués; Darais réussit, et, après un incident que
nous nous proposons de faire remarquer , Hen-
ricite reçoit pour époux celui qu'elle aime , et qui |
mérite sa main.
Telle est sommairement l'analyse d'une nouvelle
comédie en trois actes et en vers , donnée Jîier au |
théâtre français. Il est aisé de voir qu'elle n a !
pas coulé beaucoup d'eflbrts à l'imagination de i
son auteur; c'est un ouvrage, si l on peut s'ex-
primer ainsi , travaillé en marqueterie , et com- |
posé de pièces de rapports. Suivons les irai- j
talions : elles sont sensibles, au comique près. |
La maison de M. Arraan,d est celle du bon
Crysale , et son épouse n'est autre que Phila- 1
mlnte. Les deux rivaux sont dans la même situa- j
tion , ont le même but, les mêmes obstacles et!
les mêmes appuis que ceux des Femme! Savantes.
Le rôle d'Henriette est emprunté de celui tracé
par Molière : on a imité jusquau nom même
du -personnage ; mais 1 un n'est égal à l'autre
que sous ce rapport. 1
La scène oii Floricouri lit des vers , et se trouve
accusé d'un double plagiat, a un côté plaisant ;
mais comme elle est sans issue, iiu'elle n'aboutit '
à rien , n'éclaire oersonne sur le caractère du
personnage , ne sert ses desseins ni ne les dé-
truit , "'celle, scène n'est qu un épisode inutile à
l'action qu'il rallentit. j
Celle qui ouvre le troisième acte , est d'une
invraisemblance frappante. Elle est à-la-tois cal- ;
quée et sur celle du Méchant entre Cléon et
Âri.'-te , et sur celle de la Métromanie , entre j
Damis et son oncle. Mais l'auteur ne s'est pas )
apperçu que dans les deux ouvrages qu'il a pris J
pour mpdeles , la longue dissertation iiui s'éla- |
blit n'est pas placée au moment oîi la pièce doit !
marcher vers son dénouement. Il a placé la sienne |
à linstant où le sort des deux poètes se décide , ,
où l'on joue leurs ouvrages ; il les fait disserter |
longuement sur une question générale. Quels sen-
limens , quelle incertiiude , quelle impancnce,
au contraire , n'éprouve pas le métromane pen-
dant 1 heure fatale où il attend son arrêt ?N'a-t-il pas
les yeux fixés sur sa montre ? Ne compte-t-il pas
toutes les minutes? N'est-il pas hors de lui ?
Mais sans prendre si haut nos exemples , pour
juger du mérite de la situation dont il s'agit ,
que ne nous adressons-nous à l'auteur lui-même
pour lui demander si , au moment où le public
prononçait sur son ouvrage , il était occupé avec
un autre littérateur d'un débat complettement
étranger à son succès où à sa chute ?
La pièce n'offrait déjà que trop de réminiscences
lorsque le dénouement du Méchant , très-affaibli ,
est venu terminer . les Deux Poètes. Floricourt a
écrit une satyre contre monsieur et madame
Armand ; il a eu la précaution de l'éciire de
sa main , d'y laire connaître le nom de ceux
qu'il attaque , quoiqu'il soit prêt à épouser leur
fille. Enfin , la satyre est tombée dans les .maiiiî
d'uij valet qui l'a confiée à une soubrette , ilaqucH*
se l'est laissé ravir par son maître. Floricourt se
trouve ainsi démasqué par.son écrjt, coiTime Cléon
par sa lettre anonyme. Floricourt chassé comme
le Méchant, dit en sortant les mêmes mots que
ce derpier ; mais poux confondre son homme
dangereux , Giesset avait employé des moyens
plus adroiis. En l'imitant au fond , dcvail-.on
n'employer ses ressorts que pour les alfaibllr ?
Ainsi eet ouvrage repfl.s,api sur l'intrigue la pijif
faible , vuide au lond , et imaj copduite , n'offre,
quant aux situations, quant s.ux catacter^s des per-
sonnages , et à quelques exceptions pt es , quant
aux détails , rien qui ne se trouve , spit dans
les grands ouvrages que nous. avons cités, soit
dans ceux qui en présentent. déjà des imitations-.
Après nous être expliqués avec cette frarichise
et cette sévérité , n,ou? devons citer avec éloge
la partie de l'ouvrage qui rriérile d'être remarquée.
Celte partie sans doute . est l'une des plus
essenlielles , c'est le style. Celui des D^iux Poètes
a beaucoup de iriérite : il est en général pur,
cotrect , facile ; il a le lour comique , et la
précision qui aiguise l'éjiigramine . On trouve
dans l'ouvrage des tirades qui annoncent de la
chaleur, de la veive, du talent. Les intentions
en sont morales , et les préceptes y sont mar-
qués ati coin du goût le plus sain ; mais souvent
hauteur comique y cède la place au versifica-
teOtf. Les tirades les mieux faites et les plus ap-
plaudies sernbleraient avoir été composées ou
pour une épîire , ou même pour une satyre , si
l'auteur n'avait pas fait dans son ouvrage la
ceaisure' la plus severe de ce genre dangereux.
Il tombe cependant lui-même dans le défaut
contre lequel il s'élève , en se permettant de
rendre ja scène 1 écho d'une satyie personnelle.
Pour que les spectateurs reconnaissent dans
madame Armand l'actrice qui a mis au théâtre
Misantropie et Repentir ., éiiin-W nécessaire, éiait-
il décent de prononcer 1 un de ses noms ? fallait-
il rappeler que Burset fut le traducteur du drame
de Kotzbue? Le public savait tout cela ; il savait
même que le cit Rigaïud (c'est l'auteur des Deux
Poètes ] avait aussi traduit Misantropie et Repentir ,
1 avait traduit en vers, et que cet ouvrage, par l'effet
de refus injustes, sans doute , n'avait été joué que
sur un de nos petits théâtres. Aussi , dans ce pas-
sage que nous reprochons à l'auteur, lorsque le
poêle semblait s'armer pour venger le bon goût
outragé , on a reconnu l'intention de venger une
querelle personnelle que nul n'a paru vouloir
épouser.
L'auteur a été demaiidé et nommé. S....
grains amélioré le ramené bientôt à la première
de toutes les cultures; ses efforts s'arrêtent ensuite
par le résultat même de ses succès , et c'est de cette
alternative que se compose une variaiion qu'il est
presque impossible d'éviter. Ces effets se pro-
duisent d'eux-mêmes sans secousses trop sensibles,
et n'appellent point la main de l'autorité. Le gou-
vernement ne doit proscrire aucune culture , et
ce n'est qu'avec de gr.indes précautions- qu'il lui
convient d'encourager même les plus importantes.
B
LIVRES DIVERS.
Recherches physiologiques sur la vie et la mort ,
par Xav. Bichat , professeur d anaiomie et'de phy-
siologie. I vol. in-8°. de 4G4 pages , imprimé sur
papier carré fin , caractère cicéro Didot. Prix 4 fr.
5o cent. , et franc de port. 6 fr.
A Paris. chezBiosson, libraire, rue Pierre-Sarrazin,
n°. 7 ; Gabon et compagnie , rue de l'Ecole de
Médecine , n°. 33.
Cet ouvrage est divisé en deux parties : la pre-
mière , consacrée à des recherches sur la vie ,
roule sur une division déjà indiquée par quelques
auteurs , mais que le citoyen Bichat a tellement
étendue et modifiée , qu'il se l'est vraiment appro-
priée. A cette division , se rallient une foule de
considérations entièrement neuves sur la forme
généra'e des organes , sur l'harmonie ou la dis-
cordance de leur action , sur la continuité ou lin-
tetmittence de leurs fonctions , sur le sommeil ,
sur l'habitude , sur la théoiie des forces vitales,
sur le mode d'origine , l'accroissement et le
terme des deux vies , animale et organique.
La seconde partie où le citoyen Bichat traite de
la mort , présente l'enchaînement succe'ssif deg
phénomènes qui arrivent, soit que le cerveau,
le coeur où le poumon déterminent, par l'inter-
ruption de leur action , celle de tous les autres
organes. Un très-grand nombre d'expériences
nouvelles et curieuses appuyent les principes
établis dans cette seconde partie , où rien n'est
hypothèse , où tout est démontré jusqu'à l'évi-
dence. Le résultat de ces expériences est appli-
cable non-seulement au sujet que traite le citoyen
Bichat, mais encore aux fonctions de l'homme
en santé. Notas osons croire qu'elles concourront
aux progrès de la physiologie.
L'»bounetBcnt se fait 1 Paris, ■•«£ des Poitevins , n" 18. Le prix est de 25 francs pour trois mois , 5o fraacs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
«'ib ~lc qa iu commejicemfnt de '.liaqne mois.
Ilfautadresscr les Icurcsetraifecuc, franc de port ,aucit. Agasse, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, n" 18. Il fautcomprcndre dans les envois le port dei
pays où l'on ne peut ^EFranclisr. Les lettres des départemens non affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste.
^ .Ilfallta^•'■=<•so,.a V°"' t''"s de sûreté, (te charger celles qui reiifermentdes valeurs , etadresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur , rue de»
Poitevins, a°. lî depui, .neuf heure- tu rnati oj>usqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'impritieric du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3,
GAZfePFÉ NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N"
292.
Duodi , 22 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Noiis sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il coïKient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées .ainsi que les faits et les notions tant 'sur
l'incérieuc que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T É R I E U R.
IRLANDE.
Suite du discours de M. Dobbs à la chambre des
comm-urus.
JxvA'KT de rappoiier le reste de la prophélie
concernant ces dix loyaumes qui formaient l'em-
piie romain occidenlal , permetiez que j'anêie un
inomenl vos regards sur ce qui leur est arrivé
durant le cours de ces dix dernières années.
La France a éprouvé révolutions sur révolutions ,
et de monarchie est devenue république. Les
P;iys-Bas , affranchis du joug de ses anciens
maîtres , font partie aujourdhui du territoire
français. La Hollande a banni son slathouder;
comme elle , la Suisse a été révolutionnée.
Venise a cessé de faire un étal particulier. Llialie
entière rendue pendant un tems à la liberté et
divisée en plusieurs républiques , enchaînée de
nouveau par les russes et les autrichiens .
«ouche au moment de redevoir aux. français
son affranchissement. (C'est fait.') Le dernier
pape , après avoir perdu son pouvoir temporel,
est mort en France ; son successur élu à Ve-
nise , n'est pas encore entré dans Rome. L Es-
pagne .avoisine une révolution. Le Portugal est
à la veille d'être révolutionné ou conquis.
Les affaires d'Allemagne et de la maison d'Au-
liiche sont dans une situation critique , et la
Grande-Bretagne est engagée dans une guerre
pénible, et dont on ne saurait assigner le terme.
Ainsi , comme vous le voyez , monsieur, tout ce
qui fesait partie de l'empire romain occidental,
et qui renferme les nations les plus policées du
globe , est en convulsion d'une eKirêmité à l'autre.
La dernière partie de la prophélie contenue dans
le second chapitre de Daniel , nous apprendra le
dénouement de ces scènes si fertiles en incidens.
Après avoir décrit la statue , Daniel continue
et dit qu'une pierre s'étant détachée de la mon-
tagne voisine sans la main d'aucun homme ,
frappa la statue dans ses pieds de fer et d'argile,
et les mit en pièces. Alors le fer, l'argile, l'airain ,
l'argent et I or se brisèrent tout ensemble; ils
devinrent comme la menue paille que le vent
emporte hors de l'aire pendant l'été , et ils dispa-
rurent sans qu'il s'en trouvât plus rien en aucun
lieu; mais la pier/e qui avait frappé la statue
devint une grande montagne , et elle remplit
toute la terre. Suivant Daniel cette pierre figure
un grand empire qui ne sera jamais détruit. Cet
empire ne passera point à d'autres peuples ; il
renversera tous ses ennemis , et il subsistera
éternellement. Mais pour connaître plus exacte-
ment ce que Daniel entend par cette pierre ,
nous n'avons qu à lire son septième chapitre :
il y représente les quaire grands empires sous
l'emblème de quatre bêles; et les dix royaumes,
au lieu dy être figurés par les doigts de pied, le
sont par les dix cornes de la quatrième bêle.
Il exprime ainsi leur destruction : m J'eus dans
la nuit une vision , et je vis comni; le fils de
l'homme qui venait sur les nuées du ciel. Il s'a-
vança jusqu à l'ancien des jours, à qui il fut pré-
Benlé par les nuées. L'ancien des jours lui donna
); puissance, la gloire, l'honneur et les empires.
Tous les peuples , toutes les tribus et toutes les
langues le serviront : sa puissance est une puis-
sance éternelle qui ne lui sera point ravie . et
«on empire ne sera jamais détruit, j' Il est donc
hors de doute que la pierre et le personnage
porté sur les nuées ne soil le Messie. Ainsi l'en-
tendent sir Isaac Newton et les meilleurs com-
mentateurs . et beaucoup de passages de l'Ecri-
ture viennent à I ;ipptii de cette explication. QjJant
à moi , il me suttit lie ce que dit Daniel dans
son second et son sejiiieme chapitre et de l'aulo-
liié de sir Isaac (oni croire fermement au second
avènement du Messie. J'ajouterai ici néanmoins
l'opinion desjuits qui doit être d'un grand poids,
l'existence de ce pen|jle étant un lémpignagc
permanent de la vérité des prophéties, je com-
mencerai d'abord par retracer au souvenir des
honorables membres de la chambre la prédiction
qui a eu lieu concernant celte nation . et qui re-
cuit chaque jour ion accompliBscment.
l F.xirait ;tu Star , du 7 messidor.)
ANGLETERRE.
Londres ,, le 12 messidor.
Corporation de Londres.
Dans la dernière séance du conseil comitHm ,
tenu à Guidhall , on a lu le rapport d'un comité
nommé pour rechercher la cause de la cherté
des denrées; il y était exposé qu'en consé-
quence d'une conférence avec la société de
marine relativementaux moyens d'approvisionner
la métropole de poissons , les propriétaires des
bâiimens îiêcheurs de Haswich, ont adressé un
mémoire à ce comité, pour offrir de fournir au
marché de Londres 5oo tonnes de morues salées,
au prix de 3 d. par liv. si on leur accordait une
allouance de sel. Le comité a demandé que ce
mémoire fût présenté ,aux lords de l'amirauté ,
pour les prier de le prendre en considération.
M. CAlderman Cadel . le rapporteur, était d'avis
que la cour adoptât celte mesure.
M. Waithmar s'y est opposé et a proposé par
vo'e d'amendement de retrancher le passage
suivant : " <^u'il paraissait à la cour que le haut
prix du blé provenait de la mauvaise récolte de
l'année dernière occasionnée par la .mauvaise
saison , et d'y substituer : n Qu'elle était d'avis
que ce prixexcessifprovientprmcipalement d'une
consommation beaucoup plus considérable pen-
dant la guerre , et de l'opération des taxes ac-
cumulées, et que l'apparence dune favorable
moisson, ne donnait pas l'espérance la vikis
raisonnable pour soulager la détresse publique r
mais que le seul moyen eificace pour diminuer
le prix exorbitant de toutes les denrées était le
rétablissement de la paix.
L'amendement soutenu par plusieurs membres
a été rejeté. On a remarqué qi'il ny avait pas
un nombre suffisant de membres pour constituer
une cour.
INTÉRIEUR.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrité du 11 messidor, an 8.
Bonaparte,' premier consul de la république,
nomme les citoyens doni les noms suivent , pour
lemplir , dans le département de lOutthe, les
fonctions ci-après désignées , savoir :
Tribunal d'appel séant a Liège.
Président. Gillot , ancien jurisconsulte.
Juges. Bcanin , président actuel du, tribunal
ctiramel de l'Ourthe. Hauseur , père, ex-légis-
lateur. Dandrimont , juge actuel de l'Ourthe.
Noël Defrance , idem. Donckier , idem. Doux-
champ , ex- président du tribunal -criminel de
Sambre-et-Meuse. Vaugeois , accusateur-public
de Sambre-el-Meuse. Simon Huard . homme de
loi. Henry , homme de loi à Paris.' Membrede ,
f x-législaieur. Fransen , juge actuel de la Meuse-
Inférieure. Vos , homme de loi , à Saint-Frond.
Commissaire. Danthine , aîné, commiss. actuel.
Greffier. Poswick , ex -secrétaire de l'adminis-
tralion centrale.
Tribunal criminel séant a Liège.
Président. Beanin , président actuel du tribunal
criminel.
Juges. Jaymaert , substitut actuel du commis-
saire. Hauseur, fils, ex-commissaire central.
Suppléans. Spiroux , juge actuel. Hennaut ,
homme de loi.
Commissaire. Detrixhe , juge actuel.
Greffier. Barbier , greffier actuel.
Tribunal civil séant a Liège.
Pmziieni. Raykem, juge actuel.
Vice-président. Levos , juge actuel.
Juges. Jupille,juge actuel. Carlier, idem. Bra-
connier , idem. Opnoven , commissaire actuel.
Ista, substitut actuel du commissaire.
Suppléans. Paquot . homme de loi. Danthine ,
cadet, juge actuel. Henkart., homme de loi et
notaire. Louhienne , juge actuel. ■
Commissaire. Nicola'î , professeur de législation
Substitut. Moxhon , substitut actuel.
Greffier. Seleina , greffier actuel.
Tribunal séant a Huy.
Pmz'rfênf. Renier (F. J.) , juge- actuel'. ".^
Juges. Bouhi ,juge actuel. Bodart, î(/em.Bartini,
jurisconsulte.
Suppléans. Maquinel , homme de loi. Arnold,
aîné , idem. Théodore Dewar, juge-de-paix.
Commiisa\re. Rubin , commissaire actuel.
Greffier. Donkier, fils, greffier actuel.
Tribunal séant a Malmedv.
Président. Rouchart, commissaire actuel à Va-
rennes.
Juges. Willems , juge actuel. Cornesse , com-
missaire actuel.
Suppléans. Beurnonville , ex - commissaire à
Stavelot.
Commissaire. Vignon , commissaire actuel à
Vervins.
Greffier. Btodel , greffier actuel.
Ordonne en eonsécpience qu'ils se rendront
de suite à leur poste pour y remplir les foncnons
qui leur sont attribuées par la loi.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
', Bonaparte, premier consul de la république,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir, dans le département de la Dyle les fonc-
tions ci-après désignées , savoir :
Ï'ribunal d' appel.
Président. Latteur, ex-législateur.
FTfe-^miiiÉn^.'Wautelé, ex-législateur. Mazannès,
idem.
Juges. Bonaventure , ex-législateur. Coremans,
président actuel du tribunal criminel de la Dyle.
Melin , ancien magistrat du Brabant. Michaux ,
juge actuel de la Dyle. Narrez . idem. Dimarti-
nelli , ex-législateur. Van-Andenrode ,juge actuel
de la Dyle. Mausselman . idem. Deguchtencre ,
( de l'Escaut ) ex-conseiller. Debrabandere , ex-
législateur. Bleraont, commissaire actuel près les
tJibunauît de lEscaut. Decaigny , ex-législateur.
Mulle , ex président de l'administration centrale.
Jardiniers , commissaire près le tribunal criminel
de rEscaut. Sibuet , ex-juge du tribunal de cassa-
lion. Houzé , président du tribunal criminel de
Jemmapes. Delecçurt , juge actuel du départe-
ment de Jeramappes. Dereine , juge aciuel du
département de Jemmapes. Foncez, ex-législateur
et accusateur public du département de Jem-
mapes. Desroë , ex-législateur. Fournier, ex-com«
missaire près les tribunaux de la Lys et près l'ad-
ministration ccntr. Kersmaker , présid. du trib.
criminel de la Dyle. Debroukere , président du
tribunal civil. Victor Dubois , commissaire près
les tribunaux de la Lys. Ghyson , ancien magis-
trat de Malines. Quertemont , président aciuel du
tribunal criminel des Deux-Nethes. Vancutsem ,
ex-conseiller. Charles-Dor, ex-juge au tribunal de
cassation.
Commissaire. Beytz , ex-législateur , préfet de
Loire-et-Cher.
Substituts. Tarte , aîné , homme de loi. Malfroid ,
juge au tribunal de la Dyle-
Greffier. Fegneaux, greffier actuel.
Tribunal criminels.
Président. Bonaventure, ex-législateur.
Juges. Everaerds , juge actuel. Poringa. î'rfiwi.
Suppléans. Triponetty , ex-juge. Maréchal, ex-
administraieur.
Commissaire. Devais , commissaire actuel.
Greffier. Vangelder, greffier actuel.
Tribunal civil séant a Bruxelles.
Président. Lengrand , juge actuel.
Vice-président. Trico,juge aciuel.
Juges. Reniers , juge actuel. Lemoine , idem.
Devaleriola , idem. Cordier , substitut actuel.
Dhaès,juge actuel.
Suppléans. Heyvaërt , homme de loi. Wouters ,
idem. 'Walkiers , idim. Vanderlinden, juge actuel.
Commissaire. Greindl , juge aciuel.
Substitut. Bourgeois , juge actuel.
Greffier. Sels , juge actuel.
Tribunal séant a Louvain.
Président. Vereghen, juge actuel.
Juges. Laroche , commissaire aciuel près le tri-
bunal correctionnel. Vandervecken , commissaire
près le tribunal correctionnel de Bru>telles. Jac-
quelart, homme de loi à Louvain.
Suppléons. Heuseling, homme de loi. Buchet ,
homme de loi à Louvain. Vanlcempuiten , idem.
Commissaire. Despaëisberh , juge actuel.
Greffier. Herry,juge actuel.
Tribunal séant a Nivelle.
Président. Ippersiel , juge actuel.
Juges. Maloigne , juge actuel. Lemaire , homme
de loi. Cols , officier municipal.
Suppléans. Letevre , ex-commissaire près l'ad •
ifiinistration municipale. Trico , homme de loi.
Leclerc , idem.
Commissaire. Barbanson, juge actuel.
Greffier. Dept , juge actuel.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront
de suite à leur poste , pour y remplir les fonc-
tions qui leur sont attribuées par la loi.
Sig-ne, Bonaparte
Par le premier consul,
Ls secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , arrêtent :
Art. ï". A dater du premier vendémiaire an 8 ,
les pensions accordées à des militaires , en con-
sidération de quelque action déclat ou de ser-
vices importans rendus à |a patrie , seront payées
en totalité en numéraire, par douzième , chaque
mois , sur extraits de revue des commissaires des
guerres , et cumulativeraent avec toute espèce
de traitement.
Ils seront tenus de faire viser, en exécution du
présent , leurs brevets par le ministre de la
guerre.
. IL Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois. '
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétain-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 18 messidor.
Les consuls de la république, sur le rapport
•du ministre de la justice , voulant pourvoir à
l'établissement et à la conservation des minutes
existantes dans les greffes des tribunaux supprimés,
le conscil-d'étàt entendu , arrêtent ce qui suit :
Art. I". Les minutes existantes dans les greff'es
des ci-devant tribunaux civils de départemens ,
resteront dans ces greffes , et seront confiées à
la garde des greffiers des tribunaux de première
instance , dans ceux oh il n'y a pas de tribunaux
d'appel.
IL Les minutes existantes dans les greffes des
ci-devant tribunaux de police correcîiontielle ,
seront déposées dans le greffe du tribunal de
première instance , dans le ressort duquel se
trouvent les chefs-lieux de ces ci-devant tribu-
naux , et confiées à la garde du greffier de ce
tribunal de première instance.
. III.' Il n'est rien innové en ce qui concerne le
dépôt établi à Paris en exécution de l'arrêté des
consuls , qui en a ordonné et maintenu la for-
mation.
ly.Le ministre delà jusiiceestchargé de l'exécu-
tion du présent arrêté , qui sera inséré au Bulletin
des lois.
Le premier comul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour. '
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , le conseil-d'état entendu ,
arrêtent :
Art. I'^''. Le ministre des finances fera payer
annuellement , à titre de pension , la somme de
-six rnille neuf cens francs aux veuves des inva-
lides , comprises dans l'état annexé au présent
arrêté-
II. Ces pensions seront payées par douzième
chaque mois , à compter de .fa pubUcation du pré-
sent arrêté. Le ministre des finances prendra toutes
les mesures nécessaires pour que le paiement en
soit fait à domicile , conformément aux disposi-
tions de l'art, XI de la loi du 14 fructidor an 6.
m. Les ministres de la guerre et des finances
sont chargés de l'exécution du présent arrêté, qui
sera imprimé au Bulletin des lois,
Le premier consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signe, H. B. Maret.
1178
.*• ■
MINISTERE DE LA GUERRE.
Lettre du général de division Desselles , chef de tétat-
major-général de l'armée du Rhin , au ministre de
la guerre. ■ — Du quartier général à Augsbourg, le
I J messidor , an% de la république française.
Citoyen ministre ,
Je vous adresse ci-joint le rapport de l'afTaire du
3o prairial. Je vous enverrai incessamment celui
des deux journées qui l'ont suivi.
Salut et respect , Signé Dessolles.
Le général de division , chef de l'état-major-général ,
au ministre de la guerre. — Au quartier général à
Augsbourg,le 10 messidor an 8.
Citoyen ministre ,
Lorsque la droite de l'armée fit sa première
marche sur lè Lech , je vous fis connaître les
motifs de cette manœuvre. Elle amena , comme
le général en chef l'avait prévu , l'affaire du
16 prairial dont vous connaissez les résultats.
Ce succès ijflMpique- brillant , ne fut pas assez
décisif. L'en.n;ami revint à son camp d'Ulm , et
de nouveau s opiniâira à le conserver. Cepen-
dant il fallait combattre. Le pays sur lequel
l'armée manœuvrait depuis si long-tems , s'épui-
sait de ressources , et 1 on annonçait des renforts
prêts à rejoindre l'armée ennemie.
En passant le Danube au-dessus d'Ulm , la
gauche de l'ennemi était inattaquable , et la
rive droite qu'il refusait entièrement ne pouvait
être abordée qu'en s'élevant à trois marches du
fleuve. Les succès éionnans de l'armée de ré-
serve en Italie n'étaient point encore connus-
Sur ce mouvement M. Kray pouvait se ratta-
cher à l'appui du Tyrol que nous lui avions
ôlé par deux «raniles]victoires et liersesopérations
à celles Ae Tarmée de M. de Mêlas.
Le général en chef se détermina alors à
reprendre la preniicre manœuvre , mais avec plus
d'audace. Il avait pu juger dans le dernier com-
bat de la supériorité du moral de nos troupes
sur celui de l'ennemi , puisque deux de nos
divisions seules avaient suffi pour repousser son
armée entière.
Il fut donc résolu que la droite marcherait une
fois encore sur le Lech pour, de-là , se ra-
battre sur le Bas-Danube , se saisir d'un ou
deux ponts sur ce fleuve , et couper ainsi les
communications de l'ennemi avec les magasins
de Doi.awcrt et d'Ingolstadt. Ce mouvement qui
étendait infiniment la ligne que la droite devait
occuper pendant ses manœuvres , engagea le
général en chef à renforcer le général Lccourbe
de cinq baiaillcns aux ordres du général Boyer,
ainsi que de la réserve de cavalerie.
Je vous ai déjà rendu compte jusqu'au s3 prai-
rial des mouvemens de l'armée qui préparaient
cette opération audacieuse. Je vous ai fait con-
naître les passages de vive force sur le Lech à
Kauffrigen , Zolhara et Lechausen , ainsi que les
succès du général Molitor sur le corps du Tyrol.
Le 14 , le général Nausouty fut aussi attaqué par
le prince de fieuss , et celui-ci ramené vigoureu-
sement jusqu'à Euessen.
' que les ponts de Gremheim et Blintheim étaient
les plus faciles à réparer, et ce fut sur ces deux
points que le passage fui résolu.
En conséquence le général en chef fit appuyer,
à la droite , les divisions du centre. Elles reçurent
l'ordre de se porter d'ikenhausen et Burgau sur
Eislingen.
A défaut de barques pour passer les premiers
soldats , et se saisir de la rive gauche , on forma
une compagnie de nageurs , dont le citoyen
Degrometry , adjudant-major de la 94' prit le
commandemenl.Ûeux mauvaises nacelles devaient
les suivre pour passer leur armes et leurs habits.
C'était l'adjoint Qaenot qui se jellant à la nage ,
avait été les enlever sur la rive opposée , sous
un feu de niousquelterie à boutporiant; il revint
avec une légère blessure au pied et son cha-
peau criblé de balles.
Le 29 , le généaal Lecourbe fit une fausse at-
taque sur Dillingen et Lavingen pour donner le
change au général Siarray , qui , avec un corps
de lï à l5,ooo hommes, élaJi chargé de couvrir
le Bas-Danube ; le reste de l'armée ennemie était
encore sous Uim. Le lieutenanl-général Grenier
reçut ordre de faire les préparatifs d'un passage
sur Gunzbourg , soit pour retarder la marche
des renforts ennemis d Ulm sur Dillingen , soit
pour menacer les derrières de la position de la
Breniz , supposé que l'ennemi songeât à l'oc-
cuper.
Le 3o au matin , les généraux Gudin et Mont-
richard se portèrent avec leurs divisions en arrière
des bois de Blintheim. Le général d Haulpoult se
tint prêt à marcher avec la réserve de cavalerie.
Le général en chef l'avait réunie à l'aile droite de
l'armée pour soutenir les troupes qui, après le
passage du fleuve , devaient se former dans les
trop fameuses plaines dHocschtet.
A cinq heures du matin tous les matériaux
étaient réunis sur les lieux indiqués. Le général
Gudin fut chargé de la première attgque , qu'il
dirigea, ayant sous ses ordres les généraux Laval
et Puthod ; aptes une canonade, qui dura peu,
l'ennemi abandonna ses défenses de Blintheim
et Gremheim. Aussi-tôt les nageurs se jetierent
à l'eau , suivis des deux nacelles , abordèrent la
rive gauche , et , sans se donner le tems de se
vêtir , saisissant leurs fusils et endossant leurs
gibernes, nuds, ils se précipitent sur l'ennemi,
le culbulentt et lui enlèvent deux pièces de
canon. On jette aussi-tôt une échelle sur les
débris du pont et-les canonniers passent pour
aller servir ces deux pièces et les faire jouer
contre l'ennemi : en même tems les sapeurs ,
dirigés par le chef du génie Galbois , rétablis-
saient les ponts ; et ils poussèrent leurs travaux
avec tant d'activité et d intelligence ,■ que deux
bataillons d'infanterie purent bientôt passer sur
la rive gauche et se placer dans les villages de
Blintheim et Gremheim pour couvrir les ouvrages.
Cependant l'ennemi qui s'était étendu le long
du fleuve réunissait ses forces. Ses réserves arri-
vaient de Donawert et dcDillingen, pour se porter
sur les points de passage. Le général Lecourbe fit
aussitôt occuper Schewemingen pour couper toute
! communication entre ces deux corps. Ce villaee
Le s5 , le lieutenant-général Lecourbe passa 1 plus rapproché des coteaux boisés qui bordent le
la Zuzan et vint preiidre position à droite et à
gauche de Sulmachausen , ayant un corps d'ob-
servation sur la route d'Augsbourg à Vertingen ;
le centre se plaça à Etenbeuren , Neubourg et
Edetstelten. Le corps du lieutenant-général Gre-
nier vint appuyer la droite à Ikenhausen , la
gauche à Wéthenausen , laissant un fort déta-
chement en avant de Wessenhorn pour se lier au
corps du général Richepanse , qui, le même
jour, passa l'Illersur le pont de Brandeburg
avec la plus grande partie de ses troupes , prit
position à 'VVeilingen , Vitzzighausen , le reste
condnuant à tenir la gauche de la rivière pour
couvrir les ponts et nos communications sur
Ravenspurg.
Le 26 , le centre porta une division en avant-
garde sur Burgau. Le général Lecourbe y appuya sa
gauche , étendant sa droite vers la route de
Lavingen et Dillingen. Le général Grenier suivit
par sa droite le mouvement de la division du
centre sur Burgai^.
Le lendemain 2,7 , le général Grenier s'empara
de Gunzbourg en culbuttant les ennemis , et les
força à repasser le Danube sur les ponts de
Leiphem et Gunzbourg qu'ils rompirent.
y L'artnée .étant t.giasi placée , pouvait tenter
sur Gunzbourg par sa gauche, sur Dillingen
par sa droite , et son centre était à portée dé
soutenir celui des deux corps qui le premier
effectuerait son passage.
Le 28 se passa à reconnaître les bords du
Danube , ainsi qu'à réunir les matériaux néces-
saires au rétablissement des ponts. L'ennemi
les avait tous détruits jusqu'à Donawert : nous
n'avions ni barques ni pontons pour en jeter
de nouveaux; à peine avait-on pu rassembler
assez de madriers.
Le lieutenant-général Lecourbe apprit par les
reconnaissances d^ général de brigade Puthod ,
Danube , pouvait loger notre infanterie avec avan-
tage ; il fut pris et repris différentes fois : enfin
nous nous en rendîmes maîtres parune troisième
charge dirigée par l'adjudanl-général Mangin, et
dans laquelle cet officier général a été légèrement
blessé d'urLCOup de mitraille.
L'ennemi , comme le lieutenant-général Le-
courbe l'avait prévu , négligea de se porter en
force sur les ponts pour empêcher le rétablisse-
ment, et ne songea d'abord qu'à rouvrir sa
communication. Il fit marcher sur Schewemin-
gen 4000 hommes d'infanterie , 400 chevaux et
six pièces d'artillerie avec laquelle il foudroyait
notre infanterie et quelques pelotons du 8* de
hussards. Le village é(ait même au moment d'être
abandonné, lorsque deux escadrons de carabi-
niers arrivèrent commandés par le capitaine Gra-
melot.
Le général Lecourbe les réunissant au peloton
du 8' d'hussards et à son escorte , ordonne à cet
officier de faire une charge sur la ligne ennemie.
Il lexécula avec tant de vigueur, qu'elle fut aussi-
tôt enfoncée et mise en fuite , laissant sSoo pri-
sonniers , 10 pièces de canon , 4 drapeaux et
3oo chevaux en iiotre pouvoir. 'Vainementles deux
bataillons de 'Wirtembergse forment en bataillons
quarrés ; les braves carabiniers pénètrent toute
l'épaisseurdela ligne ; c'est au centre même qu'ils
vont enlever les drapeaux de ces deux bataillons ,
et que leur colonel se rend au cit. Vadeleux ,
aide-de-camp du général Lecourbe. Ce ne fut plus
qu'une déroutejusqu'à Donawert.
Pendant que l'ennemi était ainsi battu sur la
droite, les généraux MorUrichard et Gudin dé-
bouchaient de Blintheim , mais avec une extrême
difficulté par les chocs vigoureux qu'ils avaient à
soutenir. Ils étaient cependant parvenus à se for-
mer , et I ennemi se retirait en bon ordre sur
Dillingen , son infanterie longeant le Danube
couverte par des bouquets de bois sur ^on front
MT9
et flanquée à sa gauche par une cavalerie nom-
breuse. La 3/* demi-brigade et un escadron du 9'
les suivaient sur la rive du fleuve , lorsque le gé-
néral Lecourbe , à la tête du 2' régiment des ca-
rabiniers , des cuirassiers , du 9' et 6' de cava-
lerie couverts et flanqués par le g"^ régiment d hus-
sards , se porta sur la gauche de l'ennemi en la
débordant. Il ordonna aux cuirassiers de uaverser
au galop le village de Schertzen , et de charger
l'ennemi sur la roule d'Hocschiet à Dillingen.
Le chef de brigade Merlin Et ce mouvement
avec une telle précision et tant dintrépidiié que
la cavalerie renversée et mise en désordre .
laissa 3oDo hommes d'infanterie à découvert ;
ceux-ci cherchèrent un instant à se jetter dans
les fossés de Dillingen ; mais les cuirassiers tra-
versant la colonne avec vigueur et rapidité ,
coupèrent 1800 hommes qu'ils firent prisonniers
et poursuivirent le reste jusqu'à Guidelfingen.
Après ce brillant succès , le général Lecourbe
prit position sur ?-egg . attendant les divisions
de réserve occupées à rétablir les ponis de
Dillingen et Lavingen , pour repasser le Da-
nube.
De son côté le général Kray prévenu de notre
■passage, fesait avancer en toute bâte le général
Klînglin avec un corps considérable de cavalerie.
Vers les 6 heures du soir , le général Lecourbe
s'apperçut d'un mouvement Sur le front de la ligne
ennemie; il fit aussitôt avancer son infanterie qu'il
plaça dans Lavingen. L'ennemi présentait deux
grandes lignes de cavalerie ; la première s'ébranla
et ramena le 2' régiment de carabiniers , et
quelques escadrons du 9' d'hussards. Les cuiras-
siers s'ébranlèrent à leur tour , et les carabiniers
ainsi quelle 9' d'huisards lésant volie face , revin-
rent sur l'ennemi qu'ils mirent en désordre. La
seconde ligne ennemie marcha pour recevoir la
première , et lomba sur nos trois régimens qu elle
força momentanément à la retraite , lorsque le 9'
de cavalerie encore en réserve, manœuvrant sur
les flancs de l'ennemi avec infiniment d'habileté ,
le chargea avec tant de bravoure au moment où II
s'abandonnait à la poursuite, quil rétablit et dé-
cida le combat en notre faveur.
Il était huit heures du soir , et cette journée
glorieuse avait deux heures encore à donner à
de nouveaux succès. Les ponts de Dillingen et
Lavingen étaient rétablis. Une partie de la ré-
serve était même déjà sur la rive gauche du
Danube. L'ennemi fesait aussi approcher des ren-
forts ; 8000 hommes avaient pris position en
avant de la Breniz, et son artillerie qui arrivait
au galop, commençait à jouer. Le général en
chef jugeant que pour completter la victoire,
il fallait jeter les autrichiens, au-delà de la Breniz,
et les empêcher de prendre une position qui
pouvait nous ramener jusques sur Hoctchtet,
ordonna une nouvelle attaque.
Les 4' d'hussards , 6° de chasseurs , 11' de
dragons, i3' de cavalerie, une partie de 1 in-
fanterie de la division Decaën et son artillerie,
reçurent ordre de marcher avec le corps du
lieutenant-général Lecourbe. La plaine immense
et découverte de Lavingen à Gundelfingen , et
la rapidité qu'on devait mettre dans le mouve-
ment, ne permettaient que d'employer la cava-
lerie ; elle fut disposée en échelons , et elle
s'avança dans le plus bel ordre , soutenue par
des batteries établies su^ les flancs.
L'ennemi déploya ses fortes lignes et reçut
l'attaque ; plusieurs charges s'engagèrent avec la
plus grande vigueur. Le général en chef se trouva
plusieurs fois dans la mêlée , et partout l'ennemi
fut culbuté ; il laissa dans nos mains plus de
400 chevaux , sans compter ceux qui restèrent
sur le champ de bataille.
Pendant cette action le 87° s'empara, de Gun-
delfingen , et à II heures du soir, moment oii
l'on combattait encore, l'ennemi jeté au-delà de
]a Breniz, nous abandonna ses posiiions.
Jamais la cavalerie française ne s'est peut-être
plus mesurée contre la cavalerie ennemie que
dans cette bataille ; elle a combattu presque tout
le jour contre des corps supérieurs et toujours
avec avantage.
Dans la soirée , le reste de la réserve passa
le Danube, se forma et prit position. Le général
Grenier reçut l'ordre de marcher dans la nuit
avec les deux divisions Baraguey et Legrand ,
et de passer le Danube à Lavingen, pour pren-
dre position à la gauche de l'armée.
Le i"messidor . l'armée prit position , le centre
et la gauche sur la Brentz , la droite à Dischin-
gen, ayant un corps sur Donawert pour occuper
la position de Schellenberg en avant de la Ver-
niiz. Le même jour , le 6« de chasseurs enleva
3oo voitures et 1200 chevaux à l'ennemi.
La journée du 2 se passa en reconnaissances.
Le 3 messidor, le général en chef apprit que
l'ennemi opérait sa retraite, et il se mit aussitôt
à sa poursuite.
Tels sont, citoyen ministre, les avantages de
cette journée. 5ooo prisonniers dont 80 officiers ,
parmi iesquel un colonel deux lieutenans-colo
ncls et deux majors. 3 drapeaux, 20 pièces
de canon, avec tous leurs caissons. Des ma-
gasins considérables à Donawert , 1200 chevaux
el 3oo voitures, l'orgueil de cette nombreuse
cavalerie autrichienne humilié . Hocschtet tén^oin
de la gloire des armes françaises , Ulm aban-
donné à ses propres forces , l'ennemi en retraite
poursuivi et battu sur Nordiingen le 4 messidor,
devant Neubourg le 8; et la capitale de la Ba-
vière occupée par les troupes de la république
le 9.
Je vous ferai connaître incessamment les détails
de ces derniers combats.
Le lieutenant-général Lecourbe cite avec éloges
les génériux Gudin,Puthod et Laval. Ils ont con-
duit leurs attaques avec la plus grande intelli-
gence. Les généraux Montrlchard , Despagne et
Schimer les ont parfaitement secondés.
Le capitaine d'artillerie Cabaud a dirigé l'artil-
lerie et a beaucoup contribué au' succès.
La compagnie de nagetws a déployé une audace
digne des plus grands éteges. La 94' demi-bri-
gade qui a passé le Danube la première , s'est
couverte de gloire , ainsi que la 10= légère.
Les carabiniers ont montré dans cette journée
quils étaient les grenadiers de la Cavalerie. Le
général d'Haupoult qui commande la réserve de
cavalerie l'a parfaitement dirigée dans tous les
mouvemens de cette journée ; les cuirassiers et
tous les autres corps ont rivalisé d'ardeur et de
courage avec les carabiniers.
Le général Lecourbe qui se plait à rendre jus-
tice à tous les braves qui se sont distingués , a
déployé lui-même les plus grands talens. Il
envoie au général en chef une liste nominative
qu'on s'empressera de vous adresser.
Salut et respect.
Signé , Dessolles.
Pour copie conforme ,
Le ministre de la gutrre , signé , Carnot.
Le ministre de la guerre^ auxpréfets et au^t généraua^
— Faris , le j8 messidor an 8.
Le premier consul , citoyens . appelle , au nom
de la paix , toute votre sollicitude sur le départ
des conscrits qui n'ont pas encore obéi à la voix
de Ihonneur.
Quand le premier consul , avant la campagne,
proposa la paix à toutes les puissances, ces puis-
sances enorgueilHes alors de quelques avantages
voulurent sans doute essayer un dernier efiFort ,
mettre à prolit leurs succès momentanés , ou du
moins éprouver un gouvernement nouveau.
Maintenant que ce gouvernement a reçu , dans
un court intervalle , le sceau que les autres n'ob-
tiennent que des siècles ; maintenant que lEu-
rope a sous les yeux les gages de sa force et de
sa sagesse; que la victoire et la fortune le cou-
ronnent; que des armées victorieuses le défen-i
dent, et que l'assentiment répété de la nation entière
l'a hautement consacré , ces mêmes puissances
ne repousseront pas sans doute la paix qui leur
est offerte de nouveau , et. des conditions que
leurs revers n'ont pas tendues plus dures. Si
pourtant l'obstination des vaincus 1 emportait sur
la modération des vainqueurs ; si, malgré le cri
des peuples , les gouvernemens aveuglés n'étaient
pas faiigués de rester à la solde d'une puissance
qui trafique , pour ses intérêts , du sang des
hommes et du malheur de toutes les nations,
pour sa grandeur personnelle ; s'ils osaient pro-
longer des hostilités dont elle seule profile , il
faudrait faire un dernier effort etcomraanderenfin
la paix que nous offrons.
Cet effort, il faut que l'ennemi le voie prêt à
s'imprimer; il faut qu'il choisisse entre la paix et
une irruption terrible et décisive. Une seconde
armée de réserve s'organise aux lieux mêmes d'oti
partit la première : d'anciens corps y sont rassem-
blés ; des guerriers éprouvés les commandent; de
jeunes conscrits s'y réunissent de tous les points
de la France , ovi l'honneur , l'amour de l'indé-
pendance nationale et le désir de la paix ne sont
pas de vains sentimens. Ils brûlent de rejoindre
leurs frères que des combats glorieux ont déjà
placés à côté des anciens favoris de la victoire. Ils
voudraient avant la fin de Ik guerre contribuer à
la terminer , voir le feu , assister à quelque grand
lait d'armes , et ncr pas rougir un jour à-côté des
braves qui peupleront nos çqmraunes.
Généraux et préfets , citez cet exemple à ces
jeunes gens quune molesse honteuse, qu'une
impardonnable nonchalance, plutôt que la crainte
des armes , enchaîne encore dans leurs foyers. La
jeunesse française est toute guerrière; pour l'en-
flammer, il suffit de parler de périls et de gloire.
A l'armée , tout conscrit devient un vieux soldat.
Le regret de quitter sa famille est le seul sentiment
qui l'ariêîe : faites parler un sentiment plus puis-
sant , l'amour de la patrie, et ces mêmes jeunes
gens ne songeront plus qu'à revenir vainqueurs.
Ils reviendront et rapporteront la paix , elle est
plus qu à moitié conquise. Encore un effort ,
s'il en faut un : il sera court et facile , s'il est
général; il sera inutile si l'on nous voit prêt à le
faire ; et les mains qui tiennent encore le glaive
suspendu , se baisseront pour signer le traité
d'amiiié. Je vous salue.
Signé, Carnot.
Le ministre de la guerre. vient d'écrire aux
préfets des dépariemens de l'Aube, de l'Aisne ,
Ardennes , Marne; Marne { haute) , Rhin ( haut) ,
Rhin ( bas ), Saône ( hatite) et Yonne , pour les
féliciter au nom du premier consul , du zèle
énergique de leurs administrés delà classe de l'an
8 , qui se sont rendus tous au poste de l'honneur;
plusieurs même de ces départenaens ont fourni
au-delà du connngent qui leur était assigné sur
cette classe.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Taris , le 17 messidor, an 8 de la République-Fran-
çaise , une et indivisible.
Le préfet aux commissaires depolict.
Citoyens, les ordonnances de police des pre-
mier décembre 1775 , 26 juillet 1777 et 28 juillet
1786 , défendent aux épiciers , bouchers , chaiï-
cuitiers, tapissiers, layetiers, menuisiers , serru-
riers, carossiers, selliers, charons , charpentiers,
tonnefiers , marchands de vin , fruitiers , chau-
dronniers , sculpteurs , marbriers et autres , de
gêner la circulation , d'embarrasser la voie pu-
blique, et d'y laisser séjourner leurs ballots ,
meubles, matériaux , voitures, tonneaux, paniers
et marchandises.
Les dispositions pénales qu'elles prononcent
contre les contrevenans, ont été abrogées par l'ar-
ticle 6o5 de la loi du 3 brumaire an 4, qui a classé
ce délit dans ceux de simple police ; mais celte
loi en a confirmé les dispositions prohibitives ,
ainsi leur observation doit toujours être l'objet de
votre surveillance : cependant ces ordonnances
ne s'observent plus , les rues , les carrefours et
même les place» publiques sont presqu'entiére-
ment obstruées par des marchandises et des maté-
riaux de toute espèce ; chaque pas offre de nou-
veaux embarras , et il n'y a presque pas de \p\:ii
où il n'arrive des accidens , par l'impossibilité de
trouver des issues assez spacieuses, lorsque des
voitures se rencontrent, sur le même point , pour
se rendre à des destinations opposées. On dirait
que la voie publique n'est plus une propriété
commune , mais une sorte d'accessoire des bou-
tiques , des ateliers et des magasins.
Indépendamment des marchandises ou autrei
objets que des marchands se permettent d'étaler
au-dehors de leurs boutiques, parce qu'ils les gê-
neraient dans l'intérieur, on voit encore le four-
neau Jii brûleur de café au milieu de la rue , la
table sanglante de la tripière , et des moitiés de
porcs, de bœufs ou moutons, pendantes, au-
devant des boutiques , tant des chaircuitiers que
des bouchers, jusques sur le pavé, couverte d'é-
claboussures et souvent insultées parles chiens; il
semble que la voie publique soit leur appanag'e
'et qu ils aient acquis le adroit d'en disposer à
feur gré.
■Vous remarquerez que tous ces marchands sont
sans permission , ou S il en a été délivré , ce n'est
qu'à un très-petit nombre, les autres n'en ont pas
pas seulement demandé ; d'ailleurs ces permis-
sions ne leur accordent que des monirej ou étalages
mobiles, 3 22 centimèires ( 8 pouces ) de Jaillie du
nud du mur, et c'est-là la plus forte saillie auto-
risée par une ordonnance de police , du' 14 dé-
cembre 1725, pour les rues les plus larges: elle
est ordinairement au-dessous dans les rues de
moyenne largeur; c'est au mépris de tous ces ré-
glemens, dont les dispositions ont été maintenues,
que les marchands prétendent souvent disputer
et refuser une portion de la voie publique aux
piétons comme aux voitures.
Il faut, citoyens, faire cesser un abus aussi
intolérable ; empressez-vous de rendre la voie
publique à sa destinaiion primitive ; qu'elle soit
exclusivement consacrée à la circulation , et que
les citoyens y trouvent l'ordre ,'qu'ils ioient par-
tout à l'aise et considérés.
L'envahissement de la voie publique , par les
marchands en boulique et les artisans, n est pas
le seul; inconvénient qui s'y fait généralement
remarquer; son embarras est aussi causé par les
échoppes mobiles et les étalages portatifs.
La tolérance de ces derniers éiablissemens a eu
pour principe un sentiment d'humaniié ; je ne
les ai autorisés qu'en faveur des citoyens qui
n'ayant pas le moyen de louer des boutiques ,
ne vendent aucuns des objets tenans à la grosse
mercerie; et quoique certains effets neufs, tels
que la porcelaine , les bas , les souliers et les
chapeaux n'en fassent point partie , vous n'en
devez pas moins stimuler ces marchands pour
les contraindre à se mettre en boutique , confor-
mément à mon arrêté du 3 floréal dernier. Ce
soni les marchandise? neuves , qu'on voit re-
paraître dans les rues , qui doivent fixer votre
attention.
Vous devez encore vous occuper particuliè-
rement des objeu qui tiennent à la petite voicrie,
ii8o
«M çntr'autrcs des auventi . des enseignes , ou
tableaux servant d enseignes , des goutieres sail-
lantes qui, du hadl des maisons, nieuacenl les
passans , cl des perches sur lesquelles on met
des éioffeij pu autres objets qui offusquent la vue.
Dn,-régkine.n( dé voicrie . du 26 octobre 16G6,
ordonne que lsç,,,rtuyi'iiU seront réduits à la hau-
teur ue 3 à 4' rnetres ( il à 12 pieds) , et à Si
centimètres ( 2 pieds et demi ) de largeur tout au
plus; il est dél'endu par les ordonnances de sep-
ienibre 1677 et 21 novembre lyaS , de les cou-
vrir e'ji plomb, luiles ou ardoises, et tous les
jours on en construit qui ont une saillie exor-
bitante ; 011 en voit même sur les boulevards
qui recouvrent une partie des contre-allées , et
qui , par ce iiloyên , "iiuiVent à la plantation et
à.la.vé^élaliort. dèi arbres.
Il est enjoint. par une ordonnance de police du
17 'décembre 1761 , aux marchands qui se servent
à enseignes ou tableaux pour l'indication de leur
profession , de les faire appliquer contre le mur
des maisons^ sans excéder 11 centimètres ( 4 pou.)
de saillie du nud du rnur y compris l'épaisseur
*■ des bois , bordures et ornemens ; ils sont aussi
tenus de les attacher avec crampons de fer ,
haut et bas , scellés en plâtre dans le mur,
recouvrant les bords du tableau , et non simple-
ment accrochés ou suspendus; en un mot, tout
tableau en équerre , toutes figures en relief ser-
vant d'enseignes, sont prohibés, s'ils ne sont
réduits aux dimensions ci-dessus ; et ceperidant
on en voi) qui ont plus d un mètre de saillie.
Vous avez dà remartjuer , les jours de pluie ,
combien les goutieres saillantes sont incommodes ;
il faut donc veiller à ce qu'il n'en soit pas établi de
nouvelles dans les bâlimens neufs , et faire sup-
primer celles déjà établies , à fiir et mesure qu'on
fera reconstruire les murs de face ou les toitures ,
en tout ou en partie ; c'est ainsi que le veut l'or-
donnanf-e du i3 juillet 1764.
L'usage des perches est interdit par nne ordon-
nance du 22 septembre 1600 , et par 1 édit de dé-
cembre 1607 ; vous conviendrez que de toutes les
saillies qu il soit possible d imaginer, il n'y en a
pas qui soit plus incommode . plus désagréable ,
on peut même dire plus contraire à la salubrité et
à la décoration d'une grande commune , que les
perches en général; vous devez donc faire sup-
primer de suite celles des marchands qui y pla-
cent des étoffes pour l'indication de leur profes-
sion , et celles des teinturiers ou dégraisseurs , qui
y suspendent des effets humides et qui souvent
Salissent les vêtemens des passans.
Quant à celles des blanchisseuses qui sont ordi-
nairement dans des quartiers plus éloignés du
oenire , vous aurez soin d'empêcher qu'il, n'en soit
placé de nouvelles, de veiller à ce qu'il ne soit
fait aucunes réparations à celles qui existent , et
de les faire supprimer à fur et mesure qu'elles
.leront en vétusté , ou lors des changemens de
domicile.
En ce qui concerne le péril imminent des bâti-
niens et de leurs accessoires , vous devez égale-
ment les surveiller et m'en rendre compte sur-le-
champ , pour me mettre à portée de les faire cons-
tater de suite par un homme de l'art , et de pren-
dre les mesures qu'exigeront les circonstances.
La répression de ces contraventions aux ré-
glemens de voierie m'est attribuée ; mais la
poursuite , devant les tribunaux, est du ressort
de la police correciionnelle , parce qu'aux termes
de la loi du 19 juillet i-, 91 , titre P' , art. X'VIII,
il y a lieu à une amende qui ne peut excéder
moitié de la contribution mobiliaire , ni être
moindre de 6 fr.
Ainsi , faites des rondes fréquentes dans les
arrondissemens qui vous sont confiés ; constatez
toutes ces contraventions par des procès verbaux,
dont vous me donnerez exactement connais-
sance , et dont vous transmettrez des expédi-
tions à qui de droit , pour mettre les tribunaux
à portée d'infliger les peines dont l'application
leur est réservée.
Les mesures de police exigent de l'ensemble
dans leur exécution. Que votre concert soit
donc toujours unanime , et que vos opérations
parncipent de l'unité d'action qui vous fait
mouvoir.
Je vous réitère aussi les ordres que vous avez
reçus par ma circulaire du 5 floréal dernier ,
contre les couvreurs qui négligent les précautions
propres à prévenir les accidens résultant de la
ehûte des recoupes , plâtres , tuiles et ardoises;
celte du 2g germinal aussi dernier , relative à la
charge des charettes qui outrepasse le débord
des ridelles, et contre tous les voituriers ou con-
ducteurs de charettes , baquets et autres voitures
de charge , qui ne sont point à la tête de leurs
chevaux.
Je «ous rappelle également ma circulaire du 26
prairial concernant la visite chez tous les pharma-
ciens , apodiicaires et épiciers qui vendent des
drogues ré[iuiées poisons. Veillez aussi à 1 txé-
cution de mon arrêté qui défend de débiler
aucune pièce d'artifice sans une auionsation
expresse , er empêchez de tirer aucunes (usées
ou pétards dans les rues ; vous préviendrez par-
là une foule d'accidens , soit à raison de la
frayeur qu'ils occasionnent toujours aux femmes ,
soit à raison des écarts que font les chevaux
effrayés , soit aussi à cause des incendies qui
peuvent en résulter.
Enfin, je vous recôrnmande la plus exacte
surveillance pour le netoyement de Paris , le
balayage . l'arrosage et l'enlèvement des maté-
riaux (]ui encombrent la voie publique: voici
la fête du Qjiatorze-Juillet qui approche , il faut
âuiant que possible , que toutes les rues soient
débarrassées, pour ce jour-là, et particulière-
ment celles que devra parcourir le cortège.
N'oubliez pas , citoyens , que l'exécution des
réglemens de police repose en grande partie
sur vous , et que votre négligence vous accu-
serait de tiédeur dans l'exercice de vos fonctions.
PRÉFECTURE DES BASSES -PYRÉNÉES.
Instruction publique.
Avis.
Les citoyens qui désireront concourir à la
place de professeur de législation près l'école
centrale des Basses-Pyrénées , vacante par le
décès du citoyen Brun , sont invités â se faire
inscrire au secrétariat de la préfecture sur un
registre qui sera ouvert à cet effet , à compter
du premier messidor jusquau quinze thermi-
dor, jour auquel le jury de l école centrale
ouvrira ses séances d'examen dans une des
Salles de la préfecture. On prévient qu'avant
d'adm^lire aucun aspirant, le jury procédera à
la vérification des certificats ilélivrés par les au-
torités constituées de leur domicile , constatant
d'une manière conforme aux lois, leur moralité.
Pau , le 29 prairial an 8 de la république
française , une et indivisible. '
Les membres composant le jury d'instruction publique^
Signé , BoizoT.
Extrait des registres de la préfecture des Basses-
Pyrénées.
Le préfet des Basses - Pyrénées ,
Vu la lettre qui lui a ètè'écrite le 29 prairial ,
par le jury d'instruction publique, tendante à
faire nommer un nouveau professeur à la chaire
de législation , vacante par le décès du citoyen
Brun, et lavis y joint,
Arrête que l'avis ci-dessus et le présent arrêlé
seront imprimés , et qu'il en sera adressé des
exemplaires aux sous-préfets du département et
aux préfectures voisines , telles que celles des
Landes , Gers, Haute-Garonne et Hautes-Pyrénées,
avec invitation de les faire publier et aflncher
dans leurs arrondissemens respectifs.
Pau , le 2 messidor an 8 de la république
française , «ne et indivisible.
Signé , GUINEBAUD.
Pour ampliation ,
Le secrétaire-général de la préfecture ,
JuLiAN ( de Carentan. )
Contes et Opuscules , en vers et en prose,
suivis de poésies fugitives , par Andrieux , de
l'institut national. A Paris , chez Renouard , libr.
rue André-des-Arts , n" 42.
Nous avons peu de chose à dire de ce volume :
la plus grande partie des pièces qui le composent
sont connues. Les contes en vers ont été lus à
l Institut , imprimés dans les journaux, et plu-
sieurs ont fourni à'-ïrOS théâtres des sujets dra-
matiques : les contes et anecdotes en prose
avaient été ignorés jusqu'à présent ; mais bientôt
sans doute ils seront aussi répandus que les
premiers ; car , indépendamment du talent d*
narration dont ils font preuve, ils pré.sentent,
comme les autres, des sujets dont, avec très-
peu d'efforts , on pourra embellir la scène.
Le citoyen Andrieux est un de nos plus ai-
mables liltéraieurs : il conte avec agrément,
avec esprit; mais on accuse ses vers dêire par-
fois un peu prosaïques. Il répond à ce reproche
en disant, comme Horace , qu il n'est pais poëie.
Celte excuse , quelque vénération que nous
ayons pour le poêle latin , ne nous paraît point
satisfesante. Chaque passion parle un langage
différent, a dit Boileau. Il ne faut pas toujours
dans la poésie l os magna sonaturum : ,elle doit
êire sublime, élevée , aimable , enjouée , légère ,
suivant la nature des sujets ; et qui mieux
qu'Horace l'a prouvé dans ces odes qui lui
avaient fait donner le nom de poète par ses
contemporains bien long-teras avant le moment
où , seul , il prétendait ne l'être pas ?
Au lieu d'admettre uue excuse que' son âge
ne rend pas meilleure , engageoîis plutôt le cit.
Andrieux à éviter d avoir besoin de la proposer.
Pour cela ,il ne lui faudrait que se confier un peu
moins à son heureuse facilité, que s abandonner
t\n peu moins à la douceur dxifar nieiite. Ses
contes ont de la gaieté, du mouvement , du trait,
de la finesse , du naturel , et c'est de lui qu!oa
peut dire que tous ses bous mots sont de bonne»
fortunes ; mais souvent l'auteur y paraît trop en
déshabillé.
Plusieurs de ces contes ont été fails pour les
circonstances, et tiennent un peu de la satyre
des jours où ils sont nés ; mais si les traits
du citoyen Andrieux sont piquants , aii moins
ne peul-on pas dire qu'ils sont acéiés. Il badine
plus qu il ne raille; il a senti que, chez une
nation légère comme la nôtre , on fcsait plus
contre les v»ces et contre les ridicules en exci-
tant le rire, qu en échauffant les passions; et
qu'après dix ans de révolution et de secousses
nous pouvions bien avoir encore assez de torce
pour nous égayer avec Horace aux dépens des
sots et des méchans , mais non point assez
pour supporter et partager l'emportement de
Juvenal. A. J.
GRAVURES.
Portrait du général Régnier , dessiné d'après
nature par Guerin ,'' et gravé par Eli.abeth G.
Herhan , in-folio ; prix , 5 fr. A Paris , chez
Renouard , libraire , rue André-des-Arts , n" 42 ,
qui vend aussi tous les autres portraits gravés pat
Fiesinger et madame Herhan. Celui-ci est très-
ressemblant et parfaitement bien gravé.
Bourse du il messidor. — Changes étrangers.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif..
Cadis
Eflectif.
Gênes.
Livourne.
à 3o jours.
a 90JOU
189
188*
4 tr. 70C.
14 fr.70 C.
4 fr. 70 c.
14 fr. 45 c.
4 fr. 40 c.
4 fr. 85 c.
pair.
lip.
Rente provisoire 20 fr. 75 c.
Tiers consolidé 3o Ir. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 5o c.
Bons d'arréragé.. 87 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 82 fr. 88 c.
Syndicat 67 fr.
Coupures <■ 67 fr. 75 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq,ue et des Arts.
Aujourd. Orphée , opéra , suivi du ballet de la
Dansomanie.
Le 24 , par ordre du gouvernement , spectacle
gratis. — Armide ., opéra en 5 actes.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
les Visitandines , opéra en 3 actes.
Thèatris du Vaudeville. Auj. Honorine., e
la Pièce curieuse.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes,
Auj. relâche.
L'abonnement ic fait à Paris , rue des Poitevins , n° 18. Le prix est de 35 francs pour t'iols mois , 5a francs pour 6 mois , et 100 francs pour l'année entière. On ne S'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , au cit. Ao AS s E , propriétaire de ce journal , me des Poitevins , n° 18. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des déparlcmens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue de<
■poitevins , n* l3 , depuis neuf heures du matin jusqu'àcinq heures du soir
A Pswis , de rimprimerie dn cit. Agisse , propriétaire du Moniteur, tue des Poitevins , a° i3.
41
Mette nationale ou le moniteur universel.
J^° 293.
Tridi , 23 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , a'nsi que les faits et les notions catit wx
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement cousacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
A N G L E T E R R R.
Londres , /c 1 8 vussidor.
JljES 3 pour iDo consolidés , fermés. Pour leur
ouverture , 64 | 65. — Omnium , 2 {.
Le roi s'est rendu le i3 messidor en grande
cérémonie au parlement , pour donner sa sanc-
lîon au bi!l d'union. Il n'a point prononcé de
discours Des ordres avaient été donnés pour
annoncer cet événement par trois décharges
d'artillerie. Le pavillon de l'union devait aussi
être arboré sur la tour de Westnninster ; mais
on s'est souvenu que \t fat du parlement d Irlande
était nécessaire pour I entier accomplissement de
Tunion , et des contre-ordres ont été envoyés.
Lord HoUand a annoncé le 14, à la chambre
des pairs , qu'il ferait une motion pour demander
communicationdes instructions envoyées aucom-
mandanl des flottes de S. M. dans la Médiierra-
née , pour rompre la convention d El-Arisch.
A la troisième lecture , faite le l5 dans la
chambre des communes , du bill concernant les
communautés ecclésiasiiques , M.Jones a déclaré
que si les ecclésiastiques français émigrés conti-
nuaient à entreprendre des conversions , il pro-
poserait des mesures d'une espèce différenie.
Un long et vif débat a eu lieu, dans la même
séance, au sujet de la troisième lecture du
millers bill ( bill tendant à détruire le monopole
exercé par des meuniers). Quaranie-huit voix
ont décidé, contre 44, qu'il serait lu pour la
troisième fois. Après un grand nombre d'amen-
deraens, qui ont élé écartés, le bill a passé,
5o membres ayant voté pour , et 44 contre.
Quatre vaisseaux de la compagnie , savoir , le
Mànship , le ^Preston , le Marquis de Lansdowne ,
€1 le William Pin , partis du Bengale le 9 nivôse ,
sont entrés dans le Havre de Cork. (Extrait du
fil ew Lloyd's Croning-post y etduMorning-Chronicle.)
INTÉRIEUR.
Paris , le 22 messidor.
l-Z Journal des débats innonce sous la date de
Eatisbonne , le 11 messidor, que la diète a dé-
jputé M. d'Eupen , conseiller de la légation
danoise , au quartier - général de M. de Kray et
et à celui du général Moreau , pour négocier la
neutralité de la diète générale de I Empire.
— La gazette de Vérone a publié officiellement
la suspension d'armes arrêtée en Italie.
— Lépouse du cit. Bource , marchand à Mar-
tigny près Péronne , est accouchée, le i3 messidor,
de trois enfans mâles qui se portent très-bien.
Avis.
Le public est prévenu que le ministre de l'inté-
rieur ne tiendra pas audience le s5 de ce mois.
CONSEIL DES PRISES.
Le jugement important qu'on va lire ajant essen-
tiellement pour base les pièces des parties , et l'ins-
truction faite en première instance , nous avons
cru ne devoir rien retrancher du visa qui le
précède. Les formes probablement étrangères à plu-
sieurs de nos lecteurs , peuvent d'autant plus inté-
resser leur curiosité quelles sont pour eux plus
nouvelles.
Décision du conseil des prises , relative au navire
le Pcgou.
AU NOM DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE , UNE
ET INDIVISIBLE.
Le conseil des ptitcs , établi par l'arrêté des
consuls , du 6 germmal an 8 , en vertu de la loi
du s6 ventôse inécédent , a rendu la décision
suivante :
Qualités des parties.
Entre John Grecn , capitaine du navire le Pegou,
agisjant par le ministère de Henry L. VVaddell ,
tubrécargue et co-proptiétairç dudit navire, d'une
part ; ^
Et le commissaire du gouvernement près le
conseil lesatit et agissant etrladite!qualité pour les
capitaiiies, étais-majors et équipaj;ès des frégates
de la république française , ta Bravoure et la Co-
carde, d'autre part.
Visa des principales piétés du bord.
Vu l'acte inscrit au registre des titres de propriété
des vaisseaux et bâiimens au port de Philadelphie,
à la daic du i3 août 179S, n" 19 , dûment signé et
ceriifié , constatant que le navire , nommé k Pegou ,
de Philadelphie, où il a été construit dans l'année
1792, suiv.int un précédent acte de propriété ,
sous le n° 98 , délivré le 6 mai 1797 , appartient à
Mordecay Lzvi\% , négociant de la ville de Philadel-
phie , ainsi' qu'à Jesse 'Walu et Robert Walu , pa-
reillement négocians de la même ville , et que
ce navire, dont était maître John Green , citoyen
des Etats-Unis , avait deux ponts et irois raâis ,
qu'il jaugeait 362 tonneaux , et qu'il avait dix
canons sur alTûts.
Vu le passeport , signé John Adams , président
des Etats-Unis d Amérique , et revêtu de toutes
les formalités requises , suivant lequel ledit navire
le Pegou indiquant sa destination pour Canton ;
ladite lettre écrite en langues française , espa-
gnole , anglaise et hollandaise , et dûment signée.
Vu le rôle contenant les noms , grades et gages
des individus devant former l'équipage dudit
navire le Pegou.
Vu le permis de la douane au port de Chester,
district de Philadelphie , dûment signé par le
receveur et l'officier du port, délivré le l3 sep-
tembre 1798 , certifiant que ledit John Green a
chargé et pris à bord dudit navire le Pegou ,
monté de 10 canons, du ginseng , du bois de
Campêche et du Brésil, et des plombs et fers,
suivant le manifeste visé le même jour.
Vu les dix-sept connaissemens énoncialifs des
piastres et autres marchandises dont était chargé
ledit vaisseau le Pegou , à la consignation de
Henry L. 'VVaddell et Thomas Warton , ledit na-
vire destiné pour Canton en Chine.
Visa des procès-verbaux de capture.
Vu le procès-verbal daté au commencement ,
du 22 brumaire an 7 , déclaré fait double le 28
du même mois, et dressé par le citoyen Faure,
capitaine de vaisseau, commandant la frégate la
Bravoure , signé de lui , du citoyen J. B. Favre ,
aide-commissaire , et du citoyen la Mare-la-Mel-
lerie , lieutenant ep pied , enregistré à l Orient le
9 venlôse suivant , duquel procès-verbal il ré-
sulte que ladite frégate de la république la Bra-
voure , en compagnie de la frégate la Cocarde ,
commandée par le citoyen Croizet , se trouvant
à 6 heures par 33 dég. 40 min. de latitude nord ,
et 61 dég. 35 min. de longitude occidentale , a
découvert ledit navire le Pegou, l'a joint, a tiré
dessus trois coups de canon et la obligé d'ame-
ner ; que les scellés ont éié mis aux coin» des
écoutilles avec le cachet aux armes de la répu-
blique française.
Vu un autre procès-verbal, en date dudit jour aS
brumaire an 7, signé desdits Faure, Favt cet la Mare-
la-Mellerie, enregistré à 1 Orient le 9 veniôse an
7 ; ledit procès-verbal certifiant ( sur la déclaration
du capitaine Greén , qu'il y avait à bord du Pegou
34 barils d'argent dans la soute sur l'arriére),
1° qu'après être descendu dans la soute on n'a
pu découvrir les barils qui se trouvaient dans
le bois d'arimage; qu'ayant de suite fait vider
la soute par des matelots français , les barils ont
été hissés dans la grande chambre , qu'il s'en est
trouvé deux défoncés et entièrement vides , et
un troisième qui avait éié aussi déloncé, mais
dans lequel il était resté six sacs de gourdes
éparses , deux sacs qui ont été déposés avec lès
six sacs contenus dans le troisième baril défoncé,
et dont le total des huit sacs formait 3,476 e;ourdes
et demie ; 2" que cette dilapidation a été faite par
les matelots américains qui avaient leurs sacs de
hardes p\eins de gourdes , et que visite faite il
a été reconnu qu'eftécliveraent les matelots amé-
ricains avaient fait un grand trou à la cloison
qui sépare la soute de la calle , et qu'ils avaient
pu avec facilité défoncer lesdits barils et en enle-
ver les sacs de gourdes , en conséquence de quoi
il n'existait réellement que trente-un barils ne
paraissant point avoir été touchés, un baril dé-,
foncé conlenant huit sacs de gourdes, plus deux
autres vides , ce qui fcsait le nombre de trente-
quatre barib déclaré par le capituiae Green , et I
enfin deux barils de gourdes que ledit capitaine
Gteen a déclaré lui appartenir, et un troisième
rempli de gourdes trouvées sur les matelots amé-
ricains, le tout, est-il dit, renfermé dans la souic
sur laquelle étaient les scellés.
Visa de l'instruction faite à l'arrivée de la prise.
Vu la déclaration d'arrivée dudit navire le
Pegou, faite le 18 frimaire an 7, devant le jugt-
de-paix du deuxième arrondissement, canton de
l'Orient , par le cii- Favre , aide-commissaire à
bord de la frégate la Bravoure, et contenant la
remise d'un paquet renfermant les papiers dudit
navire , ensemble le procès-verbal de dépôt fait
le nnêiTie jour à l'Orient entre les mains du caissier
des invalides et des gens de mer , des barils
trouvés sous les scellés apposés sur le paneau de
la soute dudit navire le Pegou et reconnus intacts ;
lesdits barils , après énumération faite en pré-
sence du juge-de-paix , des officiers de marine
et des différens officiers et matelots de l'équipage
de la frégate la Bravoure, contenaient 110,227
piastres et demie , suivant linveniaire daté au
commencement , du tg frimaire an 7.
Vu les interrogatoires subis pardevant ledit
juge-de-paix de l'Orient , les 23 , 24 et 26 dudit
mois de frimaire an 7 , par John Green, jams,
Cooper, Thomas Fîishbourn 'Whatlon . Richard-
Thomas-Daniel Baruhem , Villams Even , Henry
L. 'VVaddell, Auciren Crery et James Tuefer ,
jous capitaines, lieulenans, subrécargues, matelots,
chirurgiens et commis aux vivres à bord dudit
navire le Pegou , qui ont unanimement répondu
que ledit navire naviguait sous pavi ion améri-
cain, quil était destiné pour Chine , que 1 équi-
page n était composé que d américains, que le
rôle dépuipage a été fait à Philadelphie ovi ils
s'était embarqués.
Jugement de première instance et d'appel.
Vu le jugement rendu par le tribunal civil
du département du Morbihan , le 25 venlôse
an 7, sur les appels inierjeiés à minima , tant
par ledit John Green, capitaine du Pegou , que
par le contrôleur de la marine au port, de lO-
lient , fesant et agissant pour et au nom du
gouvernement français , et pour les capitaines ,
états-majors et équipages des frégates de la répu-
bliijue la Bravoure et la Cocarde, du jugement
rendu le 8 du même mois de ventôse, parle
tribunal de commerce de l.Orient , et visé dans
celui du tribunal civil du département; le ju-
gement de première instance portant main -levée
en faveur du capitaine Green du navire le Pegou,
ainsi qqe des marchandises et espèces désignée»
dans les connaissemens numérotés i, 2,3, 5,
8,10; 12 , 'l5 , 16 et 17 , et déclare de bonne
prise , en les adjugeant aux capteurs , les pias-
tres portées dans les connaissemens numérotés
4, 6, 7, 9, II, i3 et 14 , et chargées par
Mongomeiy et Newbord , Richard Dali . Charles
Butail, Robert R.ibsion , Ger , Richard Willing,
Samuel Coaies et John 'Williams Svingst, ainsi qua
neuf barils et demi de ginseng, chargés par
'Williams , pour lesquels il n'existait pas de
connaissemens , et autres marchandi.ses et espè-
ces qui pourraient se trouver à bord aussi sans
connaissemens. Le capitaine Green condamné
aux dépens , et le second jugement déclarant
qu il a élé mal jugé par le premier , en ce qu'il
n'a adjugé aux capteurs que les piastres ponétS
dans les connaissemens numérotés 4 , 6 , 9 ,
II, i3 et 14, avec les 19 barils de ginseng ,
en ce qu'il avait déclaré la prise du Pegou inva-
lide , et donné main-levée des marchandises
et espèces désignées dans les connaissemens
numérotés 1, 2, 3, 5, 8, 10, 12, i5, 16
et 17, en conséquence ledit jugement a déclaié de
bonne prise ledit navire le Pegou , marchandises
et cargaison, agrès, apparaux et ustensiles, a
accordé du tout main-levée audit contrôleur de
marine es noms et qualités qu'il procédait, tt a
condamné ledit capitaine Green aux dépens.
Pourvoi en cassation.
Vu le mémoire présenté le 25 germinal an 7 ^
au tribunal de cassation , par ledit John Gieen ,
à l'effet de taire casser et annuler ledit jugement
rendu par le tribunal civil du Morbihan , dudit
jour î5 venlôse an 7 , et ensemble tout ce qui
avait précédé et suivi , pourrait s'ensuivre que
les parties lussent remises au même et semblable
état cju avant ledit jugement , et renvoyées de-
vant le tribunal compétent , pvur être tiiit droit
Il Sa
CTi la manière accoutumée , avec restitution ae
<ouies les sommes qui auraieiu pu être payées et
de l'ainende.
■ Instruction faite au constii.
Vu le mcmniic présenté au conseil , !c 115 flo-
réal dernier, par Henri L. Waddell , subrécaigue
•cl co-propriétaire dudit navire le Pegou , et duns
•lei-juel, après avoi] rendu compte des faits, et
s'-ctre plaint de ce qu'il n'avait point été lédigc en
nier, de procès-verbal de capture, de ce que
celui prétendu fait à terre par le cit. J. B- Favre
n'indiquait aucun prétexte pour s'être emparé du
îiavire , et de ce quaussi-lôt apiès la prise tous
les papiers n'ont pas été remis dans un coffre ou
sac en présence du capitaine du navire , qui de-
vait être interpelé de les sceller, de .son cacliet ,
au terme de l'article II de la loi du a6 brumaire
an 4.
Ledit L. 'VVaddell s'est attaché à établir, i° que
ledit navire le Pegou , quoiquavant à bord <lix.
•canons sur affûts de divers calibres , n éiait ppint
armé en guerre , parce que les canons sont né-
cessaires , tant pour les saints et signaux d'arrivée
et de départ, que pour ceux de détresse , indis-
pensables sur-tout pour traverser les mers d'Asie,
infestées de pirates , de forbans et de marates qui
attaquent indistinctement les personnes et les
propriétés; qu'avec une aussi riche cargaison
que le Pegou , on ne tentait point les hasards de
la course ; qu'avec le peu de monde qu il avait ,
il n'eût pu amariner les prises qu il eût songé à
faire , d'où il résultait que l'armement qu'il avait
à bord n'était que pour sa seule défense , ce qui
est toujours permis aux navires munis de passe-
ports , et que, suivant l'ordonnance de 1681 ,
pour que le jjort d'arme sur un bâtiment entraî-
nât la confiscation , il fallait que celui qui les a,
fût sans aveu, ou qu'il eût combattu en attaquant ,
reproche qu'on ne pouvait faire au Pegou, por-
teur d'un passeport signé du président des Etats-
Unis , d'un acte de propriété et des lettres de
mer ; tous acte.î énonçant qu'il y avait dix ca-
nons sur le Pegou qui, loin d'attaquer, avait
amené son pavillon aux premiers coups de
-canon.
î°. Qiie le rôle d'équipage n'était point obli-
gatoire pour les,bâiimens améiicains , d'après le
traité conclu le 6 février 1778 , qui , par ses
articles XX'V et XXVII , exigeait seulement qu'ils
fussent pourvus , en cas de guerre , de lettres
de mer ou passeports , exprimant le nom , la
propriété et le pori du navire , avec le nom et la
•demeure du commissaire du vaisseau , et les
ceriificats contenant le détail el la cargaison , et
■qu'en exhibant ces pièces et particulièrement le
p.tsseport coni'oime à la formule annexée au
traité , il était défendu de les arrêter, molester ,
ou rechercher en aucune manière.
Qu'on opposait en vain l'ordonnance de 1714.
■et le règlement du 26 juillet 1778 , ainsi que 1 ar-
•têté du directoire du 12 ventôse an 5, qui ne
pouvaient prévaloir contre un traité solennel entre
deux nations amies et tespeclivement obligatoire,
parce qu'il n'apparn'ent ni à une seule partie ni a
Tin seul peuple , d'échanger à son gré une siipu-
■fetion faite d un commun accord.
3°. Que le rôle d'équipage existait à ' ord du
^igou , malgré qu'il ne fût pas nécessaire ; qu'à
la vérité il n'était pas revêtu de toutes les forma-
lités requises , c'est-à-dire de la signature si facile
,à obtenir , de deux officiers publics , dans des I
■tems ordinaires; mais que la cause de cette omis-
sion était dans le fléau qui ravageait alors l'Amé-
rique et sur-tout Philadelphie , et qui était tel,
■qu'on avait interdit , sous peine de mort , toute
<ommunication entre la terre et les équipages des
•bâiimens qui pouvaient, comme le Pegou ^ être
atteints de la fièvre jaune.
Et qu'enfin , si le rôle d'équipage eût manqué
réellement , il était amplement suppléé par la
.foule de renseignemens et d'autorités qui procla-
inent la neutralité dudit navire , celle de toute la
•cargaison , sa propriété américaine , et l'origine
américaine de tout l'équipage , toutes preuves
lésultanies du passeport , du permis de la douane , soupçons (ij.
vernement, laissées' ce jour par écrit sur le bu-
reau , et dont la teneur suitt
Le navire américain le Pegou ayant été pris
par deux frégates de la républi(iue , les pro-
prictaiiesde ce navire n'ont d'autre contradicteur
que moi , puisqu'ils n'ont d'autre partie que ■le
gouvernement. ''
La justice est la première dette de la sou-
verainneié : en exerçant les actions du gouver-
nement , je n'oublierai donc pas que mon
premier devoir, dans toutes les discussions,
est de chercher le vrai , et que , par mou
mandat , je ne dois être que juste.
Il résulte des faits de la cause qu'un jugement
du tribunal de commerce de lOiient, rendu
le 8 veuiôse an 7 , donnait main-levée au ca-
pitaine Green de son navire , et d'une partie
des marchandises et espèces qui composaient
la cargaison , et que sur l'appel à mimma
interjeté de ce jugeincnt par le contrôleur de
marine au port de 1 Orient , le tribunal du
Moibihan a déclaré le navire et l'entière cargai-
son de bonne prise.
L'aflFaire se trouve soumise à la décision du
conseil , par le recours que les capturés avaient
porté au tiibunal de cassation.
Le tribunal d'appel du Morbihan s'est fondé
sur ce que ce navire était armé en guerre , sans
aucune commission ni autorisation du gouverne-
ment américain , et sur ce qu'on n'avait trouvé à
bord aucun rôle d'équipage arrêté par les officiers
publics du lieu du départ.
Les capturés ont publié un mémoire pour leur
défense , dans lequel ils demandent la nullité
de la prise de leur navire , son rétablissement
dans letat oii il était lors de la capture , la main-
levée dudit navire . de toute sa cargaison et des
piastres qui en lésaient partie , la remise de tous
les papiers de bord et des 'dorama.ges et intérêts
proportionnés aux pertes qu'ils ont éprouvées.
Pour pouvoir prononcer sur ces tins , il faut
se fixer d'abord sur la validité ou 1 invalidité de
la prise. Si la prise est valide, toutes les demandes
des capturés en dommages-intérêts, en rétablis-
sement ou en restitution des objets qui leur ont
été pris , s'écroulent avec la question principale.
Si la prise est invalide , il est alors indispensable
de s'occuper de ces demandes accessoires.
Hors le cas d'une prise constamment ennemie ,
toute question sur la validité ou l'invalidité d'une
prise quelconque , se réduit à l'examen d'un fait
de neutralité.
Les lois , les réglemens de la matière ne sont
intervenus que pour pouvoir fixer , dans chaque
occiirrence , les caractères auxquels cette neutra-
lité peut être reconnue.
Dans Ihypothese actuelle , le tribunal d'appel
du Morbihan était-il autorisé à juger que le
navire le Pegou se trouvait dans des circonstances
qui empêchaient de le reconnaître , el de le res-
pecter comme neutre ?
Il était , dii-on , armé en guerre sans commission
el sans autorisation de son gouvernement ; il était
monte de dix canons de différens calibres ; on y a
trouvé de la mousquéterie et des munitions de guerre.
Les capturés répondent que leur navire , ex-
pédié pour l'Inde, était armé pour sa propre
dcfense , et que les munitions de guerre , U
mousquéterie et le nombre des canons qui com-
posaient l'armement , n'excédaient point ce qui
est. d'usage en pareil cas , pour des voyages de
long cours.
Quant à moi , je pense qu'il ne suffit pas d'avoir
ou de porter des armes pour mériter le reproche
d'être armé en guerre.
L'armemtnt en guerre est une disposition pure-
ment offensive. Il se vérifie lorsqu'on n'a d'autre
but , dans cet armement , que celui de l'attaque ,
ou du moins lorsque tout annonce que tef est
le but principal de l'entreprise ; alors on est ré-
puté ennemi ou pirate , si l'on n'est porteur d'une
mission , ou d'un titre capable d'écarter tous les
des manifestes de la cargaison , des dix-sept con
paissemens de piastres , et de la destination au- 1
ihentique pour la Chiue. ]
Pourquoi ledit Henry L. 'Waddell a demandé
que la prise du navire américain le Pegou fût
déclarée nulle et de nul effet , que ce bâtiment
iût rétabli dans l'état où il était lors de la
capture , et mis dans le cas de reprendre de
suite la mer , que la main-levée fût faite dudit
navire, de toute sa cargaison, et des iSo.gig
piasues qui en fesaient partie , que la remise
ie tous les papiers de bord fût ordonnée , et
■que, pour les pertes éprouvées par suite d'une
■capture illégale , et d'un séjour forcé en France,
idepuis dix-sept mois . il fût accordé tels dom-
mages et intérêts qu'il appartiendra, confor-
mément à l'article XIII du règlement du 26
juillet 1778.
■Conclusions du commissaire du gouvernement.
Vu les conclusions du commissaire du gou-
Mais la défense est de droit naturel, et les
moyens de défense sont légitimes dans les voyages
de mer, comme dans toutes les autres occurences
périlleuses de la vie.
Un navire composé d'un équipage peu nom-
breux , et dont le chargement eu marchandises
s'élevait à une somme considérable , était évidem-
ment destiné au commerce et non à la guerre.
Les armes trouvées à bord dans ce navire
étaient , non pour exe.rcer des rapines et des
hostilités, mais pour les prévenir , non pour atta-
quer , mais pour se. défendre.
Le prétexte de l'atmemeiiit. en guerre ne saurait
donc me paraître fondé.
Je passe à l'examen du second reproche fait
aiix capturés sur /« défaut d'un râlé' d'équipage ar-
rêté par Us ojjkievs pichlics du lieu du départ,
(i) An. IV et V du titre des piises , de l'ordon-
nance de la marine de tiàSl.
Pour soutenir la validité de la prise , on invo-
que le règlement du 21 octobre 1744, celui du
26 juillet 1778 , et l .iirèlé du directoire du 12
ventôse an 5, qui exigent un rôle d'équipage.
Les capturés réclament, de leur côté, le traité
de commerce conclu entre la France et les Etats-
Unis d'Amérique , le 6 février 1778 ; ils soutien-
nent que des réglemens généraux n'ont pu déro-
ger à un traité particulier , et que le directoire
n'a pu enlieindre ce traité par une volonté ar-
bitraire.
Je ne crois pas nécessaire d'entrer sur cet
objet dans toutes les questions agitées; je sais
qu'en général les conventions , entre les peuples ,
doivent être fidèlement gardéts. Mais je sais
aussi que n'y ayant poinl.de tribunal commun
auquel les nations diverses puissent porter leUrs
plaintes respectives , et y dénoncer les violations
des traités , chaque gouvernement qui croit avoir
à se plaindre d un autre gouvernement , voisin ,
neutre ou allié, est autorisé à demeurer juge
dans sa propre cause , et à prendre telles mesure»
qu'il croit utiles à sa sûreté. Il serait donc ab-
surde et dangereux de déterminer, en thèse, ce-
qu'iin gouvernement peut et ne peut pas , quand
il agit pour le soin de sa conservation.
Il est certain en point de fait que les réglemens
de 1744 ^' '^s 1778, et l'arrêté du diiectoire,
exigent un rôle d'équipage, arrêté par les offi-
ciers publics du lieu du départ. C'est un autre
fait que le lôle d éciuipage n'est point énoncé
dans le traité du 6 février 1778, entre la France et
les Etats-Unis d'Amérique , parmi les pièces
requises pour constater la neutralité. Mais je ne
crois pas avoir besoin d'examiner, si le traité
doit avoir plus de forcf que les réglemens , ou si
les réglemens doivent prévaloir sur le traité.
Je pars du principe que toutes les questions
de neutralité sont, ce qu'on appelle endroit,
des questions de bonne foi , dans lesquelles il
faut avoir égard au fond même des choses , et
peser les faits , sans s'arrêtera de vaines apparences.
La ueutralité doit être prouvée : de là l'ordon-
nance de la marine de 16S1 , titre des prises ,
art. VI , porte : )> seront de bonne prise les vais-
seaux avec leur chargement , dans lestjuels il ne;
sera trouvé chartes-parties, connaissemens , ni
factures, ii
C'est d'après le même point de vue que les
réglemens de 1744 et 1778 soumettent les maîtres;
des bâtimens neutres à justifier sur mer de leur
propriété neutre , par des passeports , connais-
semens , factures et autres papiers de bord.
Le règlement de 1744 dont les dispositions ont
été reproduites par l'arrêté du directoire, énonce
littéralement parmi les pièces requises pour I4
preuve de la propriété neutre , un rôle d'équipags
en bonne et due forme.
Mais ce serait une erreur de croire que le dé^
faut d'une seule de ces pièces , ou la moindre
irrégularité dans l'une d'elles , pût faire pro-
noncer la validité d une prise.
Quelquefois des pièces en forme cachent uti
ennemi que d'autres circonstances déraascfuent.
Dans d'autres occasions , le caractère de neu-
tralité perce à travers des omissions ou des irré-
gularités de forme qui proviennent d'une simple
négligence , ou qui sont fondées sur des motifs,
étrangers à toute, fraude.
II faut aller au vrai , et dans ces matières ,
comme dans toutes celles qui sont régi. s , non,
par des formules sacramentelles ou de rigueur ,
mais par des principes de bonne foi , il faut dire
avec la loi , que de simples omissions ou de sim-
ples irrégularités déforme ne sauraient nuire à la
vérité, si d'ailleurs elle est constatée. Et si atiquid
ex solemnibus deficiat, cùm tequitas poscit, subvenien-
dum est.
Aussi le règlement du 26 juillet 1778, art. II,
après avoir dit que les maîtres des bâtimens neu-
tres seront tenus de justifier sur mer de leur
propriété neutre, par les passeports , connaisse-
mens , factures et autres pièces de bord, ajoute :
l'une desquelles au moins constatera la pro-
priété neutre , ou en contiendra une ènonciatign
précise.
Il ne s'agit donc pas dans toutes les hypothèses
de justifier de la propriété neutre par le concours
simultané de toutes les pièces ènumérées dans
les réglemens. Mais il suffit, selon les circons-'
tances , que l'une d'elles constate cette pro-
priété , SI elle n'est contredite ou combattue
par des circonstances plus déci.iives.
L'essentiel , en toute occasion , est que le
juge puisse être raisonnablement cpnyaincu, que
la propriété est neutre ou qu'elle ne l'est pas.
N'importe que , selon les cas , le législateur
ait cru devoir recommander plus particulière-
ment la représentation de certaines pièces , et
qu'il ait paru appliquer la déclaration de bonne
prise à tout navire dont le maître ne peut ex-
hiber ces pièces ; cette sévérité du législateur
n'est et ne peut jamis être que comminatoire.
Elle demeure toujours subordonnée à l'ensembls
des circonstances qui seul peut opérer la con»
yiction.
1183
Nous avons un exemple de ce que j'établis
dans Tarlicle VI Ju règlement du 21 octobre
1744, Par cet article le législateur rjeiit qite tojit
vaisseau pris , de qvelrjne nation qu'il soit , neutre,
ennemi ou allié , duquel il sera constaté qu'il y a
eu des papiers jetés à ta mer , soit déclaré de
borine prise , avec sa cargaison , sur la seule preuve
constatante des papiers jetés à la vier. Rien de
plus locmel.
Dans ces derniers teras , des difficultés s'éleve-
tent sur la manière d'exécuter celte dispositson
rigoureuse qui avait été renouvelée par le rè-
glement de 1778.
Le i3 novembre 1779, ^le roi. écrivit à l'amiral
qu'il s'en remettait entièrement à lui et aux com-
missaires du conseil des prises , d'appliquer la ri-
rigueur des ordonnances et du règlement du 16
juillet , ou d'en modifier les dispositions , selon
que les circonstances particulières leur paraîtraienl
îesiger
Un arrêt du conseil du 27 décembre mêriie
année . intervenu entre Pierre Brandebourg ,
ca|.'itaine du navire suédois la Fortune, et le
sieur de la Roque Dourdan , commandant le
chébec du roi le Renard , relâcha la prise de ce
navire , malgré la circonstance d'un jet de papier
à la mer. Il décida qu'il fallait , pour que le jet
des papiers à la mer emportât la confiscation ,
qu'ils fussent de nature à donner des ■ preuves dune
propriété ennemie , et que, le capita'me eût intérêt
à jetter ses papiers à la mer , ce qui ne se trou-
'vait pas dauS l'espèce du capitaine suédois. ( l ).
Le grand principe est donc de se déterminer
par la vérité des choses.
La propriété neutre doit être prouvée , mais elle
' peut l'être malgré l'omission ou l'irrégularité de
quelques' formes. D'autre part on peut découvrir
la fraude quoiqu'on ait entrepris de la cacher
sous des apparences trompeuses. On doit mettre
à l'écait toutes les épines et toutes les subtilités du
droit , suivant l'expression énergique d'une an-
cienne ordonnance (2) , il faut procéder par borne
et mure délibération , et y regarder par la conscience.
A quoi seiviraient les déclarations , les interro-
gatoires, les informaiions qui ont eu lieu dans
les premiers moraens oià une prise est amenée, si
lout se léduisait à l'examen matériel des pièces ,
ii le devoir du juge n'était pas d'approfondir
les objets , el si les parties n'avaient pas le droit
d'expliquer, par leurs déclarations et par leurs
réponses , les faits qui peuvent être obscurs; ou
de suppléer, par une jusiificaiion déiaillèe, aux
pièces qu'elles ont été dans l'impossibiliié de
rapporter, ou dont l'omission n'est que l'cfFct de
circonstances plus ou moins impérieuses.
Dans la cause actuelle , sans examiner si les
capitaines américains sont ou ne sont pas tenus
d'exhiber un rôle d'équipage arrêié par les offi-
ciers publics du lieu du départ , j'observe que ce
rôle est suppléé par le passeport , et que les
capturés excipent de limpoisibiliié physique où
ils ont été de faire viser leur rôle déquipage
par les officiers publics de Philadelphie , puis-
qu'il était défendu, sous peine de mort, de
communiquer avec Philadelphie oii régnait la
plus terrible des épidémies , el qu aucun mate-
lot ou officier d'un navire où ce fléau s'était
manifesté , ne pouvait communiquer avec la
terre. J'ajoute que le passeport, les connaisse-
mens et tous les papiers de bord constatent ,
d'une manière évidente , la propriété neutre du
navire et de sa cargaison ; on n a même jamais
osé censurer aucune de ces pièces.
Tout ce que l'on peut conclure de ce que le
rôle d'équipage , dont l'exhibition est faite , n'a
poiivl été arrêié par les officiers publies du lieu du
départ, est que celle pièce est nulle et de nul
tjjet, pour la preuve du fait de neuiralitè , aux
termes du règlement du 26 juillet 1778. Mais si
d'autres pièces probanles et légulieres constatent
\t même fait, cl si- ces picces ne sont contrariées
par aucune présomption de laude , le caractère de
neutralilé ne peut alors être,mécnnnu par le juge 5
c'esj ce <yci .se véniie dans l'hypoihese urcsen e où
ion se prévaut de limpossibilîteTliiiis Ta<)u'elte oii
a été de lliic ariêîer le rôle d équipage , oij con-
sé'juciDnjciit aucune piesompnon de fraude ne
peut na'iiie de ce délaiii JB)loe«i't et forcé , et. où
touiesle» auires circonstances suppléent çlfi.Q^çç'f
ment à ce qui manque. 1 . .,,.■,,,
L'invalidité de la prije est clpijc évidente ^;Ciela
posé, il suit que l'on doit ,iiq8iiipep aux capturés,
<:t> natuieou par équivalent , tpim <je qvu p,i;i .leut
jiQuatit.ft leur cJeiTçande , etj. dommages et int^-
rêis , je dois faire rcroatquer. çji piii^cipe , q,\jo
Injustice d'une pareille derni^rrda p/es.i p.asj. tou-
jours une conséquence nécessaire de l'inviiliJjté
tccorinue ije la piise. ., ' ,''
\^." '' ' ' ià '^i!i/« danfxiri.' ' ^
(i) Nouveau code des prises", tutn. 2 , pu.
1.69.. (70..Ç.I W- .
(s) Ordonnance du 7 décembre 1400, art.
6, lur le (<tit de I amicauici . :
Troisième liste
des souscripteurs pour le monument à élever à la
mémoire du général Desaix.
Montant des deitx premières listes, 72C6fr.
Madame Bonapaite,
Bourienne, secrétaire du premier consul,
Brillât-Savarin , juge au tribunal de cas-
sation ,
Un anonyme ,
Thevenard , vice-amiral, rue de la Mag-
deleiiie-Honoré , n"l07t,
Paira, rue Neuve-des-Augustins, n" 739,
Lanfrey , rue Neuve-Grange-Bateliere,
n°7, ,
'Villeneuve (de Lyon ),
B. L. Texier, rue Saint-Lazare , n° 80 ,
B. J. CabarrUs , rue de la Révolution, n° 6
et 27 ,
Ch. Jean-'VictorDumouchel, idem ,idem,
J. Hecamier , banquier , rue du Mail ,
Jubié Basterreche et comp' , banquiers ,
Reynaud Lascours, ancien militaire , à
OrléiJns ,
L. J. Focard , au château de Lannoy ,
près Lille ,
Malus , inspecteur-général aux revues,
rue Bouthetot , ■
Dufsur , père , à Nogent-sur-Seine ,
Les propriétaires du Puhliciste , rue des
Moineaux ,
Bouchet, général de division , arme du
génie,
Raymond', membre de l'institut national,
du conseil d'administration centrale
dçs arts , rue du Roule, n° 203 ,
Aubin - Louis MiUin, conservateur des
médailles, pierres gravées et antiques,
à la bibliothèque nationale ,
Luzy , directeur des fortifications , à
Bruxelles , .
Perrégaux , sénateur, rue du Montblanc ,
Parizet , rue "de la ferme des Mathurins ,
3oo
1 20
24
24
24
100
24
24
24
24
24
i5o
i5o
3o
24
24
24
60
3o
«4
24
120
24
s5
36
«4
24
«4
«4
«4
24
.5°
24
«4
Madame Pourrat , rue de la ferme des
Malhurins, n° 858,
Les employés du bureau des équipages
militaires du département de la guerre,
Durand , chef de division aux relations
extérieures ,
Le général Daboville , à l'arsenal ,
Madame Conté , pour son mari , chef de
brigade, directeur de l'école aérosta-
tique, actuellement en Egypte,
Delaunoy , capitaine d'aérostiers ,
Raguideau , notaire , membre du con-
seil gértèral du départemerit de la
Seine ,
Golbery , directeur de l'enregistrement
et des domaines nation. , à Coblentz ,
Le préfet du département de la Seine,
Meizgcr , membre du corps -législatif,
rue du Bacq ;
Rougier-dc-Labergerie , préfet de l'Yoniie,
Forié, administrateui: des posiea, ^) jiptçl
des postes , , / ,i(
Les employés du conseil-d'état, '' " :
Jollivet, conseiller-d'état,
Dèfermont , idem,
Duchâiel , idem ,
Régnier , idem ,
Dirbois, idem , .
Devaisnes , idem ,
Eouiay (de la Meurthe ) , idem-,
Emmerï ,. idem ,
hether , idem ,
Locrè, secrétaire du çonsell-d'ètat ', .'
Le général dei division d'artUlerie , An-
dieossy , . .. ._
Madame' la Pérôiise , femme du chef
d'escadre de ce nom à Vincennes, - ■'■■
Rioulfê , inembre dai tribunat ,' rUB' -d.îa'9-'^ "* '
laFcrme-des-Mathuriins , • ■"■i--' -':'v; i ij^
Depillon , con&eiller de préfecture ''4''*'.'^'^
L. Alexandre Armand Geneau ,r,., .,,,,};
Moiicrai RialncoiJrt, nJ.^ite de PoiasoM^i
dcpartcmeiii de la Haute-Marne,, .I.i!.vb4
Hercule Couiiy, adjoint à 4 é'3'"niajor
"Vlé' ia i7«:divlsi(jn' tiiiliiaiffe , ' ""^*', ''' '■ ' ii
Mathieu ,' aj^èal forestier à Qdmpiogne. '" sS",
Mailiicu , ingénieur à Lib.ourne ,,. , 1 .i,./»5
Mathieu , marchand teinturier a
- -Amiens , -ïS
■m
Ci-contre gSaa
Mathieu , tribun , rue du Bacq ,
n" 558 , 25
Ledanois. ex-législateur, rue du fau-
bourg Honoré, n" 84 , 24
Cavaignac , régisseur de l'octroi , rue
du Bouloy , n" , 56 , ■ ■ «4
Ch. Irabonati, milanais, rue du Mont-
Blanc, maison Mirabeau, n" 61 , 24
Salier, fils, et Delarue , place Vendôme,
n" 5 , 100
Trouvé, membre du tribunat , 24
Treuttel et 'Wurtz , libraires de Stras-
bourg , établis à Paris , quai Voltaire ,
n° 2 , , , 24
Laquiante , administrateur du trésor
public, tue de la loi, \is-à-vis la
fontaine , *4
Cornuau , employé à la trésorerie , rue
de Provence , n" 8 , 24
F. G. Billard, homme de loi, ci- '
devant juge au tribunal de la Haute- ; -,
Saône actuellement à Paris, rue neuve
des Petits-Champs , n° 7 , *4
Lemonnier,- adrainisiraleur du trésor
public , rue Martel , n° 1 1 , 24
P. Poya, juge du tribunal d'appel séant
à Bourges , rue de la Cage-verte , 36
Chauvelin , rue Saint -Lazare , n° 55 , 5o
Sanson , rue du Faubourg du Temple ,
n" I ,
Darcet, membre du sénat-conservateur,
hôtel des monnaies ,
Joachim le Breton, tribun, hôtel des
monnaies.
Un anonyme ,
Ph.J.Jos. Lagau,rue Colbert, n» 283.
Moreau-de-Saint-Mery , rue Jacob, près
celle Benoît ,
Redon, conseiller-d'Elat et président du
conseil des prises, '
Niou , membre du conseil des prises ,
Lacoste, idem,
Moreau (de l'Yonrie] , idem ,
Moniigny-Moniplaisir ^ idem,
Barennes , idem ,
J. Marie DufFaut, idem,
Parcéval-Grandmaison , idem,
Tournachon , idem,
Calraelet , secrétaire-général du conseil
des prises,
André Sain. Bois-le-comte, ancien offi-
cier au régiment de Bretagne, ami et
caniarade de Desaix, demeurant à.
Amboise,
Légler. membre du tribunat , rue Neuve
Roch . n° 4.52 , . ,
Cliasset, membre du sénat conseivateuF'^
Roger-Ducos , idem ,.
Hatry , idem ,
LeiTiercier , idem,
Davous , idem , -
Dubois-Diibay , î'ifêm , •'
Resnier , idem , f
Levavasseur , idem , •
Jacqueminot, idem, '■
Beaupuy , idem ,, .
Depere , idem , \
Kellermann . ide7n ,
Garran-Coulon , idem,
Cornudet , idem ,
Bougainville , idem ,
Fargues , idem,
Vimar , idem , ;'
Cabanis , idem , ;
Cousin , idem,
Villetard , i dem.
Sers, idem , ".
iJournu-Aubert , !i«nt , '
1 Vieil , idem ^'- •■''"" ^''
Porcher, idem,
Peié , idem ,
; Rousseau , idem,
Morard-Degalle , idem, . '"i^
Serrurier, idem, " , ; " ' si' .I
Cazabianca , idem, .';ni?4iH
Lagrange , idem, s4-r
Herwin, idem, „. ,.„j,„y,, ,,al!.:.;o ijl l'g^ '
Laville-Leroux-, idmU '8l tl sb sb ioii:ni|j:*4|
L3mbi'echisV'«i(!f'rt, .-.■.■■.L.., f,,^^
Dcstutte-Trncy , idem, 24
Choiseul-Praslin , idem , 24
Lcjean ( Lazare ) ,- idem, 24
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11!
De l'autre pari 11282
Lanjuinais , idem ,
Sieyes, idem ,
Pleville-Lepeley , idem.
Lenoir-Laroche , idem.
Dizès , idern.
Volney , idem.
Creuzc-Laiouche, idem.
Cauchy, sectét. -gén. du sénat-conservat.
Alphonse Gary, secréiaire - général , ad-
joint et trésorier du sénat-conservateur.
Jarry-Massey , sous-prélet de l'arrondis-
sement de Corapiegne.
Cipuzet , membre associé de l'institut
national et directeur de l'école nation.
de Compiegne.
Passay , ingénieur des ponts et chaussées,
rue de Tracy , n" 14.
Les officiers composant l'état-major de la
17° division militaire. Savoir :
Mortier, général en chef.
Bei;thier , général de brigade
chef de l'état-major ,
Daubigny.
Lucotie.
Simon.
Menprd,] sous-chef de
Matllis. l'état-major.
Borrel.
Lecour-Villiere.
Rambouillet.
24
24
24
24
24
24
24
24
24
24
24
gen.
de
brig.
adjud.
génér.
96
72
108
i68
chefs
de brig.
chefs
de bat. 36o
chefs
' d'escad.
7î
Evrard.
Champeaux.
Darsonval.
Beekier.
Lebon.
Gonnord.
TWery.
Blondeau.
Habert.
Laserre.
Mariincourt.
Bouchard.
Jodon.
Billard.
B'acchiochi.
Soulier.
Ledoux.
Pouget.
Delosme.
Simon.
Lespinasse.
Ârnoult.
Gault.
Zenardy.
Langenhagen.
Pauchçt.
Marcotte.
D<ùguiIlon.
Ditrand.
Fanneau.
Poutrel.
UUiac.
Gitiardelle.
Pelletier.
Av.y.
Maillez.
Deschassey.
Perron.
Noël.
Michal.
Labassée.
TriiH.
Lesajivage.
D^çhamps -Laporte.
Ailgias.
Baîlly.
Monistrol.
Revest,
Bitry.
Picot.
Dodun.
Courtois.
Leliîaire.
Bellaire.
Gàtiiier.
Periiet.
Asta'nieres.
Lagrave.
Boisserolles.
Ct^urty.
Ëstancelia.
Bdé:
HiilHnet.
Total de la somme souscrite
pit les officiers composant
î'état-major de de la 16' divi-' î-" —
^isn militaire. I26p
capit. 364
lieutcn. 34
sous-
lieuten.
18
1260
i283o
Ci-contre laSSo
Andres Vareze , ex-agent maritime des
îles du Levant, rue Honoré , n° 1497 , 24
Coriolis, homme de lettres, rue Honoré,
n° 85 , 24
Petineau , l'aîné, à la manufacture des
toiles peintes , à Jouy , prés Versailles , 24
Faipoult, préfet du département de 1 Es-
caut, à Gand , 24
Espercieux , sculpteur , rue du Pot-de-
Fer , au noviciat des jésuites , 24
Guignet , architecte , au Palais national
des sciences et arts , 24
Hurteaux, architecte, rue Pelletier, n° ig, 24
Detournelle, architecte , rue de la Ro-
quette , n° 42 , 24
Bienairaé, architecte, rue de l'Echiquier,
n" 2 24
Cleau , étudiant en médecine, rue Mouf-
fetard , n° 343 , 18
Baud , ancien capitaine, rue Coqueron ,
n^SS, 24
Paul Delessert , d°. 24
Lefebvre- ChaufFrey, rue Montmartre,
n° 2 , 24
Blanc, à Besançon, 24
Joseph Pejau , commandant la place de
Scheleslatt , 24
Louis-Auguste Catnus-Richemont , capi-
taine de génie , détenu prisonnier de ,
guerre aux Sept-Tours à Conîianii-
nople , camarade et ami de Desaix , 24
Jean-Toussaint Camus, père, à l'Aigle , 24
Thiebault , payeur de la guerre de la 16^
division militaire à Arras , 24
Les employés du bureau de l'immobilier
des domaines nationaux, de la préfec-
ture du département de la Seine , 40
Joseph Turot, ex-secrétaire-général du
ministère de la police, rue de l'Echi-
quier , n" 33 , 36
Les élevés de l'école polytechnique, 400
Zangiacomi , juge au tribunal de cassa-
tion , rue de Vaugirard, n° 1348 , 24
Pie Bonelli , ex-duc romain , réfugié, 24
Rigault , secrétaire - général du dépôt
de la guerre , 24
Delarue , général de brigade , comman-
dant la subdivision de la Sarthe , 24
Martelliere , commissaire - ordonnateur
de la 5' division militaire , à Stras-
bourg , 24
Sigismond Billing , ancien commissaire
des guerres à l'armée du Rhin, rue des
Filles-Saint-Thomas , n° 64 , 24
Les citoyens Bonnafoux, Baron , Jouf-
freau, Ricard, Plessis. Rouzier, Agard ,
Henri Ramel, Ri viere,Galy, professeurs
et bibliothécaires de l'école centrale du
Lot , à Cahors , 5o
Micas, général de division, àNamur, 24
Les employés du bureau de l'état-civil et
militaire de l'armée ( ministère de la
guerre ) , 24
Buisseret . commissaire des guerres à
Bfuxelles , 24
Le général Mathieu Dumas , à Dijon , 5o
Le général Lafayette , 5o
Laiour-Maubourg , 5o
J. J. Alexandre , cultivateur-propriétaire ,
au Pont-de-l'Arche , département de
lEure , 12
J.J.Alexandre, fils, lieutenant au 6' régi-
ment de chasseurs à cheval , armée
dti Rhin , ig
Total jusqu'à ce jour 141I72 f-
Plusieurs personnes des départemens et des
armées ayant létooigné l'envie de prendre part à
la souscription , elle restera ouverte pendant le
mois de thermidor ; on y indiquera , en publiant
les listes Suivantes , le jour et le heu où se tiendra
l'assemblée pour nommer le comité.
On contjiiue, à recevoir les souscriptions :
Au Lycée républicain, passage du Lycée , près
le iribunat. • , ,
Au bureau du Moniteur, riie des Poitevins.
Au bureau du Journal de Paris , rue Jean-
Jacqijes Rousseau.
Au cercle des négocians , rue de la Loi , près le
Boulevard. .
ERRATA.
Dans la seconde liste , on a répété par erreur
deux fois le nom de Grillon-, il faut lire : Grillon ,
ancien colonel du régiment de Bretagne , près
Beauvais , pour 48 fr.
THÉÂTRE DE LOPÉR A - COM 1 Q_UE.
La vie du grand Frédéric , ses mémoires secrets,
et les écrits des hommes de lettres accueillis à
Berlin , et réunis à Sans-Souci , contiennent une
loule d'anecdotes , de traits singuliers et de mots
piquans , qui peignent ce philosophe roi , font
connaître son caractère , la tournure de son
esprit , l'élévation de sl-s idées, la justesse de ses
observations, ses habitudes tamilieres , et ses
délassemens , extraordinaires comme lui. On y
voit que souvent Fiédéiic déguisé sous l'habit
d'un simple lieutenant , se plaisait à surprendre
dans leurs accès de franchise et de gaîié , les
soldats dont il désirait connaître ou les sujets
de plaintes ou les vœux.
C est une de ces aventures nocturnes , ascom-
pagnée d'une foule de mois ailiibués à Frédéric ,
que trois auteurs déjà connus par des succès ,
viennent de meure au théâtre. L'intrigue est
liée d'.une manière plaisante , la plupart des
scènes sont tracées avec un talent comique -, nous
devons en excepter celle entre un grenadier et le
roi , que ce soldat prend pour sou camarade. On
y trouve des longueurs et quelques traits dépla-
cés ; mais le moyen par lequel Frédéric reconnaît
bientôt ce grenadier pour celui qui , dans une
bataille , lui a sauvé la vie . est ingénieux, bien
lié à l'action , et termine l'ouvrage fort agtéa-
bleraent. Le dialogue est vif, naturel, semé de
traits plaisans ; la pluspart des couplets sont
spirituels et bien faits ; enfin , c'est un vaudeville
dans lequel on trouve , à quelques défauts près
qu'il est aisé de faire disparaître, le ton et le mérite
d une jolie comédie.
Un rôle épisodique , celui du directeur de
l'opéra de Poizdam , qui tenant , dit-il , les rênes
de l administration , vient demander la permis-
sion de ne commencer qu'à neuf heures du soir,
afin qu'alors et seulement alors , on puisse jouir du
spectacle sans se priver de celui (\aétalenl Us ri-
chesses de Tan, etc. etc. a eu tout le succès qu'on
pouvait attendre d'un irait satyrique dont on n'a
que trop senti l'application. On serait tenié de se
plaindre de cet abus de l'esprit, dégénérant en
méchanceté , si on ne se rappelait que les querelles
de l'opéra comique et de l'opéra , de la comédie
française et de la foire , querelles qui amusaient
beaucoup le public , n'ont pas pris naissance de
nos jours, mais appartiennent à un tems oti la
véritable gaîté avait de nombreux partisans , elT
comptait pour ses chansonniers les Piron , les
Panard , les Collé , et les malins buveurs du
caveau.
Les auteurs d'f/n« Nuit de Frédéric , sont les
citoyens Coupigny, Dieu-la-Foi etFavieres.
COURS DU CHANGE.
Bourse du a messidor. — Changes étrangers.
3o jours. à go Jours.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif
Cadix
Effectif
Gênes
Livourne
Bâle.
189
4 rr. 70 c,
i4fr.7o c,
4 fr. 70 c,
14 fr. 45 c.
4 fr. 40 c.
4 fr, 85 c,
pair.
«ÎP-
Effets publics.
Rente provisoire 20 fr. 55 c.
Tiers consolidé .' 3o tr. 63 c.
Bons deux tiers 1 fr. 48 c.
Bons d'arréragé 88 Ir.
Bons pour l'an 8 83 fr.
Syndicat 67 fr. 5o c.
Coupures •••. 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Demain , par ordre du gouvernement, spectacle
gratis. — Armide , opéra en 5 actes.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Cadichon ou les Bohémiennes , opéra en un acte ,
suiv. de Tulipano.
Théâtre du Vaudeville. Auj. maître Adam ;
l'Entrevue ou le Rendez-vous , et Jenesai-Ki ou les
Exaltés de Charenton , parodie de- Beniouski.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Aiij. relâche.
Théâtre de la ,Qté-Variétés. — Pantomimes.
Auj. le M'oine ; Bientôt la paix , et une Journée de
Latour-d' Auvergne.
A fans, jt rimprirnerte^ du -cil. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, nS i3.
GAZETtE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL
N°
294-
Qjiariidi , 24 messidor an 8 vie la république françaiie , une et indivisible.
Nous sommes auioiibés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les stf;iuces des autorités constituées , les acr.-.-s du gouvenlemenï , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tan: sui
l'intérieiu- que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux atts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ITALIE.
frocis ' verbal de t ittstaUalion du gouvernement
proviseire du Piémont.
I Le général Dupbnt, ministre extraordinaire du
gouvérncmeni français à Turin . ayant convoqué
les citoyens nommés par le général en chef Ber-
thier , pour composer la commission de' gouver-
nement, en venu des arrêlés du premier consul
Île là répiiblique française , du 4 messidor an 8,
a séance d installation a eu lieu au palais Cha-
blais , le 9 messidor, à 5 heures après-midi , ert
présence du général Turreau , commandant le
Piémont , et de son état-major.
Le général Dupont a donné lecture des arrêtés
du premier consul qui instituent un ministre extra-
ordinaire du gouvernement français à Turin , la
Commission de gouvernement piémontais , et la
consulta. W a donné éaaleinent lecture des arrêtés
du général en chef lîerthier , qui nomment les
membres de ces différentes autorités. ,
Il a ensuite parlé en ces termes aux membres de
la commission de gouvernement :
Citoyens,
t( l.e conseil suprême du Piémont est aboli ;
vous êtes investis de tous les pouvoirs du gou-
vernement.
)> Vous êtes appelés à faire jouir l'intéressante
Dation piémontaisc de tous les fruits de la vic-
toire qui a enlevé l'Italie à nos communs enne-
mis. Jamais événemens militaires ne méritèrent
davantage de fixer les regards du tilOnde étonné
que ceux dont votre territoire vient d'être le
théâtre. Ils rendent les plaines d'Alexandrie éter^
nellement célèbres, et ils ramènent dans vos belles
contrées la liberté , la sécurité et le bonheur.
>» La paix est sans doute prochaine. Elle est
trop ardemment désirée par le gouvernement
français , et trop nécessaire à l'Autriche , après
le choc terrible que cette puissance a essuyé ,
pour n'être pas enfin conclue.
11 Qiiant an Piémont , placé désormais sous
l'égide impénétrable des armes françaises, il va
goâter , dès ce moment , une grande partie des
avantages de la paix.
»iLe général en chef Berlhier , animé des mêthes
sentimens que le premier consul, s'est empressé
d'organiser l'administration générale du Piémont.
Jl n'a voulu en confier les rênes qu'à des hommes
doués des vertus publiques qui sont nécessaires
pour réparer les états et les rendre florissans.
Votre nomination est la preuve qu'il les a trouvées
en vous. Sa confiance est fondée sur la confiance
publique qui vous entoure.
jïje vais recevoir votre serment. ))
Le citoyen Cavalli a répondu au ministre ex-
traordinaire , au nom de la commission , et tous
Ips membres ont prêté Serment. Les citoyens
Botton , Galli , Rocci sont absens.
Il a été donné des ordres pour faire publier
les arrêtés relatifs à l'organisation du Piémont ,
ainsi que pour notifier l'installation de son gou-
vernement , et la séance a été levée.
Turin , le 9 messidor an 8 de la ré'publique
française , une et indivisible.
Le ghicrul de division, et ministre extraordinaire
du gouvernement français à Turin ,
Signé, Dupont.
Pour expéilition conforme ,
Signé, AvoGADRO P.; Baudisson; Brayda ;
Cavalli.
Signé, Ceppi , secrétaire.
Réponse du dtoyen Cavalli, membre de la commission
de gouvernernent du Piémont.
De malheureuses circonstances avaient jeté
la France et ses alliés dans l'abîme. Bonaparte
parut, l'horison «éclaircit, les ennemis de la
liberté pâlirent, le génie de l'égalité sourit.
LItalie inséparablement attachée au sort de sa
libératrice , géinissail dans l'esclavage le plus
affreux : tous les fléaux s'étaient réunis pour la
tourmenter. Bon j parte se souvint de son serment ;
il vole, il voit, il anéantit l'ennemi , et donne
au monde étonné I exemple le plus frappant d'une
victoite nlultipliée.
Grâces soient rendues , citoyen général , au
héros qui a rendu au peuple subalpin ses droits
anéantis. Grâces soient rendues au fidèle ami de
Bonaparte qui a guidé la brave armée française
à la victoire , et qui a confié à la iSgesse et aux
talens de deux de ses plus dignes COmpagnotis
d'armes, le bonheur et la sauvegarde du peuple
piémontais. Siîr de son existence politique, dé-
livré de ses oppresseurs , ce peuple ne soupire
qu'aptes l'ordre , la liberté et la paix. C'est en
voyant ces vœux remplis qu'il aura la preuve
que les fastes de la république française ne res-
semblent à aucuns de ceux dont l'histoire fait
mention.
Bonheur pour les alliés , gloire_ pour elle^
même , voilà la devise de la première nation ;
voilà ses litres à la reconnaissance de l'humanité
entière. Quant à nous, sensibles à H marque
de confiatice que le général en chef vient de
nous donner en rtous remettant des fonctions
si importantes , nous tâcherons de mériter Testime
de la nation française et de nos compatriotes.
G A V A L L I.
Pour copie conforme ,
AvoGADRo P. , Baudisson , Brayda.
Cëppi , sectétaire.
-froàs^verbal de la séànCe générale de la consulta
du Piémont ; /« iS messidor an 8 , ( ^juillet 1800 ,
vieux st}te\) convoquée au palais ci-devant ro) al ,
par le général de division Dupont , niinistre ex-
traordinaire du gouiiernementfrançais , et président
de la consulta.
Le ministre extraordinaire , le général com-
mandantle Piémont , et les membres de la consulta
ayant pris place dans le local préparé à cet eflFet ,
le ministre de la police a fait l'appel., et il s'est
trouvé dix-neuf membres présens. La majorité
étant réunie , le ministre extraordinaire a déclaré
la consulta installée.
Il a dorlné lecture des différens arrêlés du pre-
mier consul de la république française et du gé-
néral en chef Berthicr sur l'orgaaisation du gou-
vernement piémontais , et il a ensuite parlé en
ces termes :
■ Citoyens , nlembres de la consulta ,
)) Vous devez à la confiance publique les fonc-
tionsnon moins honorables qu'importantes dont
vous êtes revêtus. C'est elle, en effet , qui a dicté
au général en chef Berlhier l'arrêté de votre no-
mination : elle repose sur les persécutions glo-
rieuses que plusieurs d'entre vous ont essuyées ,
et sur les principes dont vous faites tous pro-
fession.
5> Arrachés des mains d'un enncttii dévastateur,
le Piémont va ressaisir tous les avantages que la
nature lui a décernés ; vous n'êtes pas seulement
destinés à réparer ses pertes, mais à le porter rapi-
dement au plus haut degré de prospérité. Rien ne
peut désormais altérer le cours de sa restauration.
Une barrière de trophées couvre son territoire' ;
une armée invincible le défend , et c'est au sein
d'une sécurité profonde que vous allez discuter
les intérêts sacrés qui vous sont confiés.
)i La république française respecte et protège les
droits de la jiation piémOntaise. Le rlouveau gou-
vernement qui vient d être organisé, en est la
preuve éclatante. Le russe , l'autrichien , l'anglais ,
n'ont apporté que des désastres dans ces intéres-
santes contrées; les français y ramènent avec eux
l'industrie, le commerce, les arts elle crédit
public qui en est inséparable.
0 Après avoir participé aux opérations de
l'armée qui a sauvé 1 Italie d^, la fureuT:.ide ndi
communs ennemis , et après avoir été témoin de
cette terrible bataille , où Bonaparte a ébranlé là
puissance autrichienne , rien ne pouvait me flatter
davantage que de voir le brave peuple piémontais
recueillir les premiers fruits de nos victoires ,^ et
de concourir à son bonheur , aVec.la commission
de gouvernement , et avec vous.
Le citoyen Ponte a répondu au discours précédent .^
ainsi qu'il suit :
)i Le jour de la liberté luit enfin sur notre
patrie. Un ministre français, dépositaire des vœux
de la grande-nation , se trouve au milieu de nous.
Ses lumières , son intégrité , son dévouement à
la cause de la liberté qu'il a servie dans les com-
bats, vont guider nos pas d^hs la carrière. La
patrie est sauvéci si la concorde vient ressetreit
les nceuds qui doivent unir tous les bons ciioyens.
I) Organe de la reconnaissance publique en-
vers la nation française , comment pourrais-je
m'acquitter de cette noble tâche ? comment pein-
drais-je le profond respect dont nous sommes
pénétrés pour le gouvernement Irançais, et notre
attachement pour celui (jue nous a donné le pre-
mier consul Bonaparte ?
)> Toutes nos expressions seraicilt Vaines »
citoyens, si le cœur, ce térrioiri irréprochable de
la vérité des paroles , n'en confirmait point lai
sincérité. Les liens sacrés de la religion de nost
pères peuvent seuls cimenter ces promessess
Pesons donc ici le serment solennel de défendre
la patrie , d'obéir aux lois , et de respecter lé^
droits de l'humanité. )»
Le serment a été ensuite prêté par toUs les
membres de la consulta.
Les citoyens Piossasco el Francia , membres de
la consulta, ont été nomftjés i, par acclamation ^
secrétaires de l'assemblée généiralei
La consulta s'est occupée de la formalioh des
comités de législation, des finarices, de surelè
publique, militaire, d'instruction publique et dé
subsistance publique.
Signé , le général de division , DupônTi
Pour copie conforme ,
L. PiossASGO , membre de la consulta el secrétt
ANGLETERRE.
Londres , le 21 juin ( 2 messidor-. )
Times , 31 juin f's messidor. — Mercredi dei'niêf
s'est terniiné la tonte des irioulons de Woburn;
Elle a duré trois jours entiers à la ferme du
duc de Bedfott à 'Woburn. L'assemblée qui s'y
est réunie était composée des hommes les plui
distingués du pays < soit dans la culture des lerreS; '
soit dans l'édUCalion du bétail. Il y a eu des
béliers loués jusqu'à 80 et 100 guinées pour li
saison. La société fut traitée chaque jour aveè
magnificence chez le duc dans la grande salle
de sa belle maison, l'abbaye de Woburn. Le
public doit voir avec une vive satisfaction les
soins que se donne le duc de Bedfort pour per-
fectionner l'agriculture et améliorer les raecS du
bétail, et on ne peut que l'applaudir de consacrer à'
un si respectable emploi une grande partie desoti
immense fortune.
Dublin. 16 juin (il prairial.) — Hier, sif
John Sthite , shérif du comté de Dublin , aveè
un détachement de fusiliers , en conséquence
d'une infortiiation qu'il avait reçue , se rendit eti
Patrick-Street , où ayantpris un charpentier , nora-
nié Edmund Gelligao , il fit lever le parquet deâ
apparteraens de cet homme : on y tioUva une
gr.mde quantité de poudre , de balles ^ de pist0-_
lêts , de fusils , une espingole et des ustencileS^
pour fondre le plomb et faire des balles. En rabitiâ
de dix minutes , il s'asseinbla tumultueusement utl
nombre prodigieux de personnes pour empêcher
l'enlèvement de ces objets. Mais un renfort de fu-
siliers , dont le corps était à la parade, devant la,
palais de l'évêque , étant venu à propos , l'ofificief
les emporta et les plaça au château. Le prisonnlef
fut conduit à tCilmainham.
Sun, ^juillet ( i5 messidor.) ^^ Line lettre iloU-
vellement arrivée de la nouvelle Galles rtiéridio-
nale * décrit la colonie comme très-florissante 4
Cl annonce que_, c'est une très-bonne spéculalidrt
que d'y consigner des'^ marchandises d'Angle-
terre qui, lorsqu'elles sont de bonne qualité i né
manquent gueres de rendre cent pour cent dô
bénéfice nei. Les toiles , les draps , les serges 4
les chapeaux , la bonneterie , les vêtemens dt
femmes , les soieries ^ la quincaillerie s'y vendetit
proiTlpiement et à bon prix. — Cette lettre a été
apportée au Cap par le navire le Buffle. — Lé
vaisseau de transport , le Hillsbarough , était arrivé
à Sydney. Sur 3oo malheureux exilés qu il avait â
bord , il en aVail perdu près de 200 qui étaient
morts dans là traversée. Crossiey et sa feminé
étaient arrivés bien portans ; On les avait envoyés
à Paramatta , district dont Barrington est ctinst.ible<
Crossiey avait apporté une pacotille de marchaiH
dises d'Europe , qu'il avait vendues avec beau-
coup d'avantage. Il était sur le poitit d'acheiet
uile maison ,^ dont il offrait 3bo liv. Redmayn «
ci'deyant négociant à Londre« , était aiussi chargé
Il 86
de plusieurs articles ; mais il était mon en che-
min , et l'on se proposait de rechercher avec
Boin ce qu'étaient devenus ses effets. — Les végé-
taux européans sont fort communs dans la co-
lonie ; mais on sent le besoin d'en renouveller
les graines. Les noyaux de cerises , d'abri-
cots , etc. plantés dans ce sol fertile , y devien-
nent des arbres et portent du fruit au bout de
deux ans , et presque toutes les plantes s'y mul-
tiplient par bouture. La viande est fort chère ,
ainsi que la bierre , le vin et l'eau-de-vie. Le
gibier est exquis et très-abondant. On se procure
par échange la plupart des objets de consom-
mation. On a à présent en grande quantité du
sucre des Indes-orientales , dont i5 quintaux ne
coûtèrent à l'écrivain de la lettre que 8 deniers
la livre (8 décimes de France); mais qui, au
moyen des échanges , revient ordinairement à
s schellings.
Par un jugement rendu dernièrement à la
cour du banc du roi , un marchand qui , sut-
la recommandaliou d'un particulier , avait avancé
pour 42 liv. sterl. de marchandises à un tiers ,
lequel ilisparut depuis sans payer, a obtenu 48 i.
siert. de dommages-intérêts contre celui qui lui
avait recommandé cet aventurier et le lui avait
leprésenté tomme un honnête homme.
Jeurnal du parlement. — Chambre des communes, —
Séance du 3o juin.
M.D.P. Coke présente une pétition des ouvriers
de Nottifigham , tendante à obtenir le rappel de
Tactc pour empêcher les combinaisons illicites
parmi les ouvriers. — Remise sur le bureau.
La chambre approuve , sur !a motion de M.
Rose , une résolution pour que le sel employé
à la salaison des poissons pris dans les mers du
Nord et destinés au marché de Londres , soit
exempt de droits.
Le bill pour fixer l'assise du pain , passe.
M. T^«;f«7-nprévientla chambre que, la semaine
-prochaine , il fera une motion relativement à la
guerre.
Le procureur-général demande la permission de
présenier un bill pour régler les procédures dans
, certains cas de trahison , et pour détenir les pré-
venus de crimes qui sont dans un état de démence.
La première panie du bill tend à soumettre les
individus qui auraient commis une attaque directe
contre la personne de S. M. , aux mêmes lois et
formalités que ceux qui sont accusés de meurtre
volontaire. Q_uant à la seconde partie du bill , il
est inutile de rappeler ce qui s'est passé en der-
nier lieu pour faire sentir combien la loi est dé-
feciuc'jse à cet égard. Depuis long-tems ceux qui
président les cours de justice, sont convaincus
de la nécessité d'y remédier. Les prévenus , ac-
quittés à raison de démence lorsqu'ils sont mis en
liberté , retombent fréqueminent dans leurs pre-
miers crimes , et en commettent même de plus
grands. Il est difficile de préciser ce qui doit être
fait en pareil cas ; mais il est évident qu'une
grande latitude doit être accordée au gouver-
nement.
Là'^ambre donne la permission de présenter
le bill. ;
iW. Nicholls blâme la première partie du bill.
Il ne voit point qu'aucun inconvénient résulte de
la loi , telle qu'elle existe. Au moins le savant
membre n'eu a-t-il point exposé. C est donc
abattre , sans nécessité , la barrière que la sagesse
de nos pères a posée pour la sûreté des sujets.
M. Fitt est surpris de l'observation de l'hono-
tabe membre. Ce ne sont pas de simples incon-
véniens auxquels il s'agit de parer , mais des
dangers les plus alarmans. La loi , dans son prin-
cipe, n'a eu en vue que la trahison d'une nature
politique. Ici c'est une trahison aggravée par le
meurtre. Si l'attaque odieuse qui a été récemment
commise contre S. M. eût réussi, le coupable
n'aurait pu être poursuivi que pour crime de trahi-
son ; et selon les loix actuelles , il aurait fallu la
déposition de deux témoins pour le convaincre.
Dans le cas ordinaire de meurtre volontaire , la
déposition d'un seul témoin eût suffi. Ainsi la
les pétitions contre le bill tendant à prévenir les
combinaisons illicites parmi les ouvriers.
M. Duxton dit que la session est trop avancée
pour s'occuper de cet objet.
M. Shiridan répond que ce ne peut être un
obstacle, puisque le bill fut passé plus tard dans
la Session précédente. Les parties qui devaient en
être les victimes n'eurent pas même le teins de
faire parvenir leurs pétitions devant la chambre.
Ce bill , la honte du registre des statuts , li affecte
pas seulement les ouvriers de Londres , mais toute
la classe laborieuse du royaume. Il viole le prin-
cipe des lois anglaises et les droits des sujets.
Aucun amendement ne peut le rendre tolérable,
et la chambre ne devrait pas souH.ir qu'il de-
meurât un seul jour en vigueur. M Shéridan croit
que c est le très-honorable membre ( M. Piit ) qui
la introduit ( JVen , répond M. Put); mas il
espère qu'il ne s'opposera point à son rappel
en considéraot les injustices qui en ont été le
résultat.
M. Pilt. C'est une chose vraiment singulière que
la diversité des nuances dorit mon caractère se
trouve orné. Tantôt je suis représenté comme
aussi obstiné qu inflexible , tantôt comme aussi
puérile qu inconséquent. Lhonorable membre
me croit peut-être altcrnaiivement I un et l'autre:
magnum est nrgumentum in utrâque fuisse moderatum.
L'honorable membre voudrait saus doute empor-
ter la question d assaut. Il est indubitable que si
l'expérience avait prouvé que les effets du bill
fussent nuisibles , il conviendrait d en modifier
les dispositions ; mai? ce ne serait point une
raison pour les abolir. Linlérêt du public et la
sécurité des individus qu'elles concernent , les
rendent également nécessaires.
L'orateur quitte le fauteuil.
Le colonel Gascogne observe qu'il n'a jamais été
allégué de fait pour motiver le bill dont les péti-
tionnaires se plaignent. Aucune combinaison
illicite n'existait lorsqu il passa. Les termes vagues
de ce bill mettent les ouvriers completteraent à
la merci de leurs maîtres . et les exposent à être
punis, sur la déposition d'une seule personne,
pour des actions que la plus grande sévérité ne
saurait présenter comme repréhensibles. Tandis
que l'ouvrier ne peut sans danger projioser à son
camarade de boire amicalement avec lui , aucune
clause du bill ne tend à régler la conduite des
maîtres envers les ouvriers. Il en est même une,
qui , si elle était littéralement interprêiée , expo-
serait à la corjfiscation les fonds des sociétés ami-
caies insiiluée.s pour procurer des outils aux pau-
vres ouvriers , et les secourir en cas de maladies :
Il suffirait de prouver qu un shelling a été donné
à un des individus atteints par le bill et le délateur
ayant droit à la moitié des fonds , qui montent
quelquefois à 3ooo liv.; une pareille récompense
est un puissant attrait. M. Gjscoyne au surplus
ne désire point que le bill soit annuité, mais
simplement rectifié, et il termine par une motion
à cet effet.
M. Dent appuie la motion , fondé sur ce que
le principe du bill est contraire à celui des lois
établies. Un homme pourra être convaincu et
puni d'après sa propre confession.
Af. Titt est bien aise que le bill soit soumis
à une discussion. Elle en établira ta nécessité , et
donnera en même tems lieu à l'amendement des
clauses, qvii pourraient avoir quelque chose de
défectueux. Le principe qui permet à un individu
de s'accuser est reconnu par les lois anglaises, et
suivi dans toutes les cours. Rien n'est plus à dési-
rer que d'établir un mode simple et expéditif pour
l'administration de la justice entre les maîtres et
les domestiques.
M. Gasco^Tie dit qu'il est en son pouvoir de
prouver que beaucoup d'individus ont été oppri-
més en vertu des dispositions du bill.
Séanct du 1" juillet.
Le bill pour faire passer les matelots hollan-
dais au service de la Grande-Bretagne est lu
pour la première fois.
Le bill pour empêcher les institutions monas-
tiques est lu pour la troisit- me fois et passe.
La chambre se forme en comité pour pren-
dre en considération le bill relatif aux salaires
et honoraires des officiers de la chambre.
L'orateur propose , par voye d'amendement ,
que le salait e du premier clerc soit fixé à 3,ooo
liv pour les cinq premières années et que passé
cette époque , il s'élève à 3, Son liv.; que le
salaire du sergent d armes soit fixé è 2,3oo liv.
et que les salaires de quelques autres officier»
de la chambre soient réglés de manière à cç
que la totalité de tous ces salaires , monte
à 7,800 liv. Depuis 7 ans , le taux moyen des
émolumens des officiers de la chambre a été
de lï.ooo liv. par an. Si l'on en déduit 7,800,
liv. il restera un surplus qui pourra servir à
payer les officiers inférieurs , portiers , etc. et à
former un fond , qui , en peu d'années , suffira
pour payer le président du comité des voye»
et moyens. C'est maintenant la liste civile, qui
est chargée de celte dépense.
SirH.Addington propose, en outre que l'orateur,
le chancelier de 1 échiquier ,1e sectétaire-d'état , le
maître des rôles , les procureur et avocat-gé-
néral soient toujours les commissaires chargé»
de l'administration des émolumens des officieri
de la chambre; qu'ils puissent fixer le salaire des
officiers intérieurs , et que la chambre demeuré
libre d'ajouter au salaire de ses officiers.
M. Pitt dit que comme il n'existait pour le
présent aucun fond destiné au traitement du
président du comité des voyes et moyens, it
proposerait un jour de voter une somme à la
fin de chaque session pour recompenser le
membre qui remplissait si bien les fonction»
importantes de cette place.
Les propositions de l'orateur sont adoptées.
La chnmbre , formée en comité , prend en
considération la pétition de la société du caffé
de Lloyd pour le soulagement des pauvres de
la métropole.
M. Robson craint de voir cotivertir la charité
publique en taxe. Les membres de la société
de Lloyd ont ôié aux inspecteurs de paroisse
l'administration des secours donnés aux pau-
vres pour s'en charger eux - mêmes , et il est
à craindre que le plan qu'ils proposent, ne,
devienne permanent. La paroisse de Mary-
le-Bonne paye déjà 39,000 liv pour les pauvres j
et ses habitans demanderont à être entendui
par conseil , s'il doit être passé ua bill à ce
sujet.
M. Hazukim Brown appuie la motion. Quel-
ques paioisscs sont riches, d'autres pauvres.
Toute la métropole ne devrait se considérer
que comme une seule grjnde famille lorsqu'il
s agit de venir au secours des indigèns.
M. Percival dit que les membres de la société
de Lloyd ne demandent point que les secours
à distribuer soient remis entre leurs mains. Ce
fond paroissial sera administré par les officier»
à qui cette fonction appartient.
Af. Nicolas Vansittart observe que le bill actuel
est conforme , par son principe , au statut d'Eliza-
beth. Cet acte porte que si une paroisse ne peut
maintenir ses pauvres , elle s adressera à la cen-
taine , et que si la centaine ne peut maintenir le»
siens , elle s'adressera au comté.
M. Pitt est d'avis qu'il vaut mieux régler un
plan général de secours pour toutes les pa-
roisses, que de s'adresser à différentes paroisse»
séparément. Les alarmes qui ont pu se répaijdr»
sont sans fondement. La contribution proposée
ne sera que momentanée , et ne s'élèvera pas
au-dessus de 2 ou 3 den. par livre.
M. Devaynes tourne en ridicule le plan tem-
poraire dont il est questiorr. Il n'y a que 10,000
personnes dans la métropole qui aient souscrit
Af. Shéridan prétend que le très-honorable
membre n'entend point la nature du bill. Il a
_.^ „_ „... ^_. , ^. ,„ dit que rien n'était plus à désirer que de régler - . -
vie du souverain est moins efficacement protégée sommairement les disputes entre les maîtres et P°"'' '^ secours des pauvres et le taux moyen
qne celle du m.oindre de ses sujets. L honorable P=s '^"^«"'^"f'- Ce bill ne donne point aux oe leurs souscriptums n est que de 10 sous
membre (M. Nichplls ) , s'il réfléchit à cette cir- domestiques l'autorité de sornmer leurs maîtres,
constance, ne persistera point dans son oppo- M' donne au maure le pouvoir de sommer seul
-'■■■ — son dom-esiiqae i sur la déposition d'un seul
«luon
M. Nicholls dit que, présenté sous ce poiiit de
vue , le bill mérite son approbaiion. 11 désire'
feulement qu'il n« puisse s'appliquer aux person-
nes jugées pour opinions politiques.
Af. Pitt explique qtie les dispositions de la loi
' relativement au meurtre volontaire seront appli-
cables atix cas. d^attaque directe contre S. M. ,
quand même elles auraient été infructueuses.
D'ailleurs , -elles n'auront tien de commun avec
lis réglemens , observés dans lejjugemens pour
trahison d'une nature politique.
La motion du procureur-général passe nemint
contradicente,
• Le colonel Gascoyne propose que la chambre se
forme en comité pour prendre en considération
magistrat. M Shçtidaji fait l'énuraération des diffé-
rens cas où il serait possible d'abuser des régle-
mens du bill. Si quelqu'un persuadait à un
domestique de quitter son maître , il pourrait
être atteint par l'effet du bill ; ainsi les capi-
taines recruteurs , les lieutenans et (es sergens
pourraient être saisis pour avoir débauché des
domestiques et condamnés aux travaux publics
peiidant trois mois. Tel serait leur arrêt si M.
Shéridan était magistrat.
Les résolutions du colonel Gascoyne sont
adoptées.
Af. Bragge propose qu'un comité soit nommé
pour examiner les divers actes relatifs aux clô-
tures e\ les comprendre en un seul acte. J-^
Adopté.
6 d. par tête. M. Devayncs termine son discours
par la lecture d'une lettre signée de M. Robson,
et adressée au comité de Lloyd pour lui. de-
mander des secours en faveur de sa paroisse ,
celle de Mary-le-Bonne. Cette lettre excite dei
grands éclats de rire.
Le procureur- général dit que le statut d'Elisa-
beth n'était applicable qu'à un comté , et que
le bill actuel assujettirait à ses dispositions trois
comtés.
Af. Tierney prétend que le nombre des sous-
cripteurs s'élève beaucoup au-dessus de 10,000.
Il désire que le bill soit reçu , mais non pré-
cipité sous le prétexte que la session touche à
sa fin , et il lui paraît juste de donner aux habi-
tans de la paroisse de Mary-le-Bonne. qui ont
témoigné une grande alarme , le tems d'êtrç
entendus par conseil.
La motion est mise aux voix et passe.
Cour du bant <h roi.-' Séafiee du ao juin.
DÉFI.
M. Erskine supplie la cour d'admettre une infor-
mation criminelle contre le major Aimstrong,
anciennement du ii« régiment d'infanterie. Il
suffirait , pour obtenir l'objet de sa demande , de
dire que son client est le major-général Coote ,
l'un des plus braves et des meilleurs officiers de
S. M. et de lire quelques lignes de son affidavil.
JMais il désire exposer à la cour les motifs qui
engagent cet officier plein d'honneur à solliciter
la protection de la loi. Le général Coote , dont
les services distingués dans la guerre d'Amérique ,
ne sont point oubliés , en a encore rendu de
brilians dans la guerre présente aux Indes occi-
dentales et sur le continent : il commandait l'ex-
pédition d'Oslende , dont l'objet a pleinement
réussi, quoique les vents contraires et plusieurs
autres circonstances aient empêché les trouves
anglaises de se rembarquer. Le major Armstrong ,
qui avait un com-mandement subalterne dans celte
expédition , fut accusé d'avoir abandonné son
poste par le capitaine Wilson , de l'artillerie
loyale, et traduit', à son retour en Angleterre ,
devant une cour martiale pour cause de lâchelé.
Le général Coote fut appelé à donner son témoi-
nage en qualité d'officier supérieur. Aucune ma-
lice, aucun ressentiment ne l'animait contre le
major Armstrong , dont le procès ne fut intenté
ni sur ses représentations , nipar son intervention.
La cour martiale ayant acquitté le major Arm-
strong , il se défit de sa commission.
. Plus de douze mois s'étaient écoulés depuis
celte époque, lorsque le général Coote reçut du
major Armstrong , une lettre conçue en ces
termes :
• I Monsieur , il y a long-tems que vous auriez
. entendu parler de moi , si je n'avais été occupé à
des aflFaires particulières en Irlande , au sujet de
la tentative qui a été faite pour diffamer ma répu-
tation par des poursuites sans fondement. L'issue
du procès a prouvé que ces accusations , dans les-
quelles vous aviez pris une part active et diri-
geante, étaient malicieuses ; elles étaient de nature
à, détruire mon honneur , ma réputation et ma
fortune ; et j'espère que , comme Gentleman et
comme officier , vous ne me refuserez point de me
faire les réparations que j'ai droit d'attendre.)) A
cette lettre, le général, Coote fit la réponse sui-
vante : «i Monsieur , j|ai à vous accuser la récep-
tion de votre lettre. La déposition que j'ai donnée
dans votre procès a été faite sous serment et selon
ma conscience. En conséquence , cette déposition
n'admet aucune explication. Qiiant à votre accu-
sation d'avoir pris une part active et dirigeante
contre vous dans cette occasion , elle ne peut
naître que d'une erreur. Je n'ai pris aucune part
quelconque dans celte affaire , excepté en ce que
j'ai été appelle à donner mon témoignage. )> Peu
de tems après, le major Armstrongenvoya au géné-
ral Coote la lettre qui fait le sujet de la demande
r résente. Elle est conçue ainsi.-)) Monsieur, j'ai eu
honneur de recevoir votre lettre. Je dois vous té-
moigner ma surprise de ce que , comme Gentle-
man , vous évitez de reconnaître votre erreur. G est
avec un profond regret que je vous vois refuser de
calmer cette sensibilité que votre déposition ma-
ligne a blessée. J'attends que vous me fixiez le lieu
et l'époque oîi nous pourrons nous rencontrer. Je
m'y rendrai ponctUÈllemeni. Si vous vous refusiez
à cette proposition , je prendrais la première occa-
sion de vous faire un compliment tel que mon
honneur blessé pourra le prescrire. >» C'est à la
réception de cette lettre , continue M. Erskine,
que l'officîcr le plus brave et le plus accompli dé
l'armée , a cru qu'il était de son devoir de s'adres-
ter à la cour.
Il a parfaitement
Lord Kenyan. Sans doute,
tien fait.
. M. Erskine. Il est peu nécessaire d'observer que
le général Cooie affirme quil considère cette
lettre comme un défi. Il en a appelé à la cour
afin qne les hommes sussent que si de pareilles
insultes étaient jamais souffertes avec impunité ,
c'était leur (auie et non celle de la loi.
Lord Kcn)on. Certainement celte lettre , à son
aspect , paraîtra être un libelle et un défi , à moins
que son auicur ne puisse l'expliquer. Il n'y a plus
d'administration de la justice , si les témoins et les
juges peuvent être attaqués pour ce qu'ils font
dans leur capacité officielle.
La plainte est admise.
INTÉRIEUR.
Paris , le S23 masidor.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Anniversaire du Quatorze • Juillet , fête de la
Concorde.
Programme.
Art. I". Le «4 messidor, à quatre heures du
«oir, le bruit du canon annoncera la fête du
lendemain. A ce signal, le préfet du département
de la Seine, accompagné de loutes les autorités
et adminisiraiions locales, se rendra sur le quai
de la Pelleterie.
1187
A cinq heures , le ministre de l'intérieur, ac-
corapaj>né du conseiller d'état chargé des ponts
et chaussées, se rendra sur le quai , ou il posera
la première pierre.
A SIX heures , tous les théâtres seront ouverts
au public.
^ II. Le 25 messidor (anniversaire du 14 juillet) ,
a citiq heures du matin , une nouvelle salve
d artillerie se fera entendre , et le canon conti-
nuera de tirer d'heure en heure. '
La garde nationale et la garnison de Paris pren-
dront les armes. Divers délachemens se distribue-
ront sur la place Vendôme et sur celle de la
Concorde.
III. A huit heures du matin , un détachement
ira recevoir, au ministère de la guerre, les dra-
peaux des armées de la république , qui seront
portés en triomphe sur la place Vendôme , et
rangés autour du lieu oti doit être éiigée la
CQlonne départementale.
^ A neuf heures précises ,vle.pré,ret,ji.a<:compagné
des autorités et administrations locales , posera la
première pierre de .la colonne: et, de-là il se
rendra à l'hôtel de la Marine.
IV. A dix heures, les minisires, le conseil-
d'état , les auiorilés et les administrations géné-
rales , se rendront à Ihôtel de la Mâtine.
V. A onze heures, le cortège se rendra sur la
place de la Concorde , {auprès du lieu où sera
érigée la colonne nationale. Le ministre de l'in-
térieur en posera la première pierre.
VI. A midi , le préfet de la Seine , avec les
autorités et les administrations locales, se rendra
au temple de Mars , où les trois invalides les plus
âgés auront des places d honneur.
Chaque ministre, avec son cortège , se rendra,
à la même heure, à l'hôtel des Invalides, dans
les salles qui seront préparées pour les recevoir.
A une heure , les consuls se rendront dans la
grande salle des InvaHdes , où il y aura récep-
tion. De-là les divers cortèges descendront dans
le temple , conduits par des appaiiiéurs.
VIL Aussitôt après l'arrivée des consuls dans
le temple , on exécutera une symphonie. Le mi-
nistre de l'intérieur prononcera un discours. Le
conservatoire de musique , les artistes et les
chœurs des diverss théâtres , exécuteront l'hymne
du 14 juillet, et la cérémonie se terminera- par un
chant national.
Vni. En sortant du temple, le premier consul
passera la revue des invalides. Là; le ministre de
la guérie et le commandant de l'Hôtel des Inva-
lides lui présenteront les cinq invalides désignés
comme les plus dignes des récompenses ttatio-
nalcs , par les actions d'éclat de leiir jeunesse.
Un héraut proclamera leurs noms , leur âge, le
lieu de leur naissance , le nombre des blessures
qu'ils auront reçues , et les combats où ils se
sont distingués. Le premier consul remettra , à
chacun d'eux, une médaille sur laquelle les
détails proclamés par le héraut d'armes seront
inscrits.
XI. Le soir , les Champs-Elysées el les Tuile»
ries seront illuminés . et plusieurs orchestres »
scronb placés pour la danse.
A neuf heures , il y aura un feu d'artifice.
A dix heures , on exécutera un concert sur 1»
terrasse des Tuileries,
Le ministrt de l'intérieur, Lucien Bonaparts,
■PRÉFECTURE DE POLICE.
( NOTA. L'arrêté du 16 ayant éprouvé des addir
lions , c'est à ceiui'ci seulement qu'on devra t9
conformer. )
Du a3 meisifor an 8 de ta fépubliçue française , unt
et indivisible.
Le préfet de police , vu le programme arrêté
par le ministre de l'intérieur pour la célébration
des fêtes du Quatorze-juillet et de la Concordç
qui doivent avoir lieu le même jour sS messidor
présent mois , arrête ce qui suit :
■ Art. I", Les 24 et si messidor , les rues de
Paris , notamment celles que le cortège devri
parcourir, seront, avant neuf heures, du matin',
nettoyées et débarrassées de toutes houes et
immondices , ainsi que des matériaux qui pour-
raient en gêner la libre circulation.
Les mêmes dispositions seront exécutées danS
toutes les rues et chemins aboutissans au temple
de Mars (aux Invalides) et au Champ -de-i
Mars.
II. Les habitans seront tenus d'ar.roser ou de
faire arroser exactement au devant de leuira
maisons.
L'entrepreneur de l'arrosement mettra, de son
côté , toute l'exactitude possible dans la partie du
même service qui est à sa charge.
III. Le S4 messidor , depuis trois heures après
midi, le passage des voitures sera interdit sur les
quais des Orfèvres , desMoifondus et de Gêvrej ,
les ponts au Change et de laRaison , dans les rues
de la Barillerie , de lajuiverie . de la Lanterne;
la circulation n'y sera rétablie qu'une heure après
la pose de la première pierre du quai de la Pel-
leterie. -"
Aucun étranger au cortège ne pourra , sou^
quelque prétexte que ce soit, s'introduire sur
le terrein destiné au nouveau quai de la Pàlle-f
terie, ni dans les bâtimens en ruine sur ce
terrein ; il ^est défendu d'en approcher soit en
bateau , Soit en batelet ou autrement ; à cet effet;
la navigation dans le bassin du Pont-au-Changd
au pont Notre-Dame, est interdite ledit jour 24
messidor. ■.■.3
IV. Aucune voilure ne pourra circuler ni Ita-f
lionner , le 25 messidorjusqu'au lendemain àtroisi
heures du malin, dans leS rues Honoré ,.de
l'Echelle, Nicaise , de la Convention,, de^. la;
Révolution , de Varenne , de Bourgogne et sut
le Carrouzel , la place de Grève , celle 'Vendômà ,
de la Concorde, du Corps-Législalif, les Cham.ps-;
Elysées , les quais du Louvre, des Tliuileries<
de la Conférence , de Voltaire , et dOrsay , le
Pohi-Neuf, celui National et,ce\ui" de la Révolu-
tion , la grande avenm dés Champs-Elysées jiùgu'J^
rdncienne barrière, le Cours et la partie du quai jusgu à
Vallée dés Veuves, la placé des Invalides j- les
bords de la rivière depuis le pont de la Révolutiori
IX. De là le premier consul ira au Charap-
de-Mars où loutes les troupes dé la garnison 'et
une partie de la garde nationale se seront ren-
dues à trois heures. Le ministre de la guerre lui
présentera les drapeau* pris par les armées de ;,„ , ■ /-u j Kj " . ;
réserve , du Rhin et d'Italie. Ces drapeaux seront {"'''h ^" Oha^p-de-Mars et toutes l.s rues qui
groupés au milieu du tertre , puis déposés datis Chat deVars "^^ ' "'■ ■^r^^^'-.'t
V. Les voitures qui , arrLvqrotit à Paris par la
barrière de Passy seiont tenues de suivre Fallée
des Veuves et la rue de Marigny pour aboutir à
la place Beauveau ,. J[apb.ou.rg Honoré; celles qui
arriveront par ja barrière de ChaUlof seront
également tenues de suivre' la' riie de Mangny
pour aboutir au même endroit.
VI. S'Ont exceptées des. dispositions ci-dessus',
les voitures des sénateurs , des membres du co'rps-
législatif, 4ïi tribunal et. du corps diplomatique ,
lesquelles pourront passer librement par-lb,m^, sj
lesdits membres sont en costume , oii siir la
représentation de leur niédairié. '
VIL Les autorités qui se rendront au Clîaj^pr
de-Mars, devront arriver par les avenues .di»
dôme des Invalides à la grille, deI'Ecole-iV|ii'uaire.
VIII. Les voitures des particuliers qu de louage
ne pourront arriver au Champ-de-Mais que par
les rues de Babylone , de S.eues oti,^e .Vqugirard
et sur une file, par l'avenue à gauche, qiii^'coii»
duitatjcôité latéral du CUamp-de-Mars ,,,çn fa,cç
la plaine de Grenelle , ou elles pourront slaflon^
ner pour attendre les personnes qu'elles aiit^int
amenées. ' ' * ?
IX. Il est ordonné à tous cochers de conduire
doucement leurs chevaun sur une seule fie {ilieuc
est fait défenses de couper d'autres Vipiturcs.
Lés maîtiès sont invités à recommander à leur»
cochers d'obéir exactement à ces injoitctidn»
el défenses. ' *— - -
X. Le passage de la rivipreeji. bachots ou
baielets , ne pourra avoir IjeMo, ,letlïi joi^r s5
messidor, depuis le Pont de la révdluuoii jusqu'à
la sortie de Paris , qu'auic trois endroits oVbi-
naires; savoir : au port des Invalides , il Ch»il*
loi «t À la bàjriere des Bens-^HomufS'.
:»ito.l:-b , :■: ... . . , , .
pes
le temple de Mars
X. Après la. réception , le premier consul
passera la revue des troupes dans la pariie in-
térieure du Champ de-Mars : ensuite les jeux
commenceront.
Le ministre de l'intérieur sera sur l'estrade avec
les juges des jeux. Auprès de lui seront les inva-
lides qui auront reçu des médailles , elles élevés
de 1 Ecole polytechnique , du Prytanée français
et de l'inslitution des colonies , qui auront été
désignés par leurs professeurs. Les membres des
autorités constituées seront indistinclemenl sur
les estrades préparées à cet effet : un orchestre
militaire couvrira le tertre. Aux airs chéris de
la liberté , succéderont les jeux ^ il y en aura de
quatre espèces :
1°. Course a pied:
Premier prix. — Un fusil double eaa.cier ciselé.
Second prix. — Un vase de porcelaine de Sèvres,^
i". Course a chév a,l ;
Premier prix. — Uii fusil double, cttine carabine
garnie en argent.
Second prix. — Un nécessaire en acier ciselé.
3°. Course de chars :
Premier prix. — Une riche carabine.
Second prix. — Un nécessaire garni d'une cara-
bine et d'une paire de pistolets en
acier ciselé et or.
4°' L'ascension d'un aérostat.
Les prix seront distribués par le ministre de
l'intérieur.
Les adjudicaioiiTS et fermiers de ces passages
tl'eau sont chargés de se pourvoir de bachois et
tliaiinicrs en iiorabre suffisant, pour que le ser-
vice do ces passades se fasse avec sû'reté et cé-
lénié.
XI. Il ne pourra être admis i,1ans Gliar|ue ba-
'-•bfft'plus ue douze pi.rsonr>esî il est «njoini aux
passeuts-d'cau d y tenir la main, et de désigner
aux officiers de police ou à la garde ceux qui ,
f ar juipruflerci; ,, toVïipjnomeltraientla'sôrélé" des
piss.igcrs.
' XII. Le îcù' cr'artiGcé devant être tiré sur le
pont de ia. Révolution , il est défendu à tous ma-
riniers . propiiélaires ou gardiens de bateaux ou
rie. trains-, de siationner au-dessus ni au-dessous
dudit poijt , à une dislance de moins de cent
mètres ; le bateau destiné au service de l'artificier
}x>urra seul êiré placé près dûdit Pont.
XIII. On ne pourra faire stalipnner, le ,25
messidor, aucuns cabriolets des environs de
Paris , sur le quai des Tuileries.
■ XIV. Les voitures qui (conduiront les autorités
consiituées , à IHôlel de la Marine , seront tenues,
aussitôt après le déchargement des personnes
qu'elles auront amenées, de ^e retirer dans la
grande avenue des Champs-Elysées, sans qu'au-
cune puisse stationner sur la place de la Con-
corde , ou rues adjacentes. 1
XV.Pour le maintien des dispositions ci dessus, j
il sera placé dans les endroits désignés , une force
armée suffisante.
II sera mis spécialement , le 24 , à la disposition
des commissaires de police des divisions des
Arcis et de la Cité , un détachement d'infanterie;
et le 35 , à la disposition des commissaires de
police des Tuileries , des Champs-Elysées , de
la Place Vendôme et des Invalides , des déta-
chemens d'infanterie et de cavalerie , pour les
seconder dans l'exécution des mesures de police
dont ils sont chargés.
XVI. Les Champs-Elysées, les Tuileries et les
élablissemens publics, devant être illuminés , la
nuit du 35 au 26 de ce mois , les habitans de
cette commune sont invités à illuminer égale-
ment la façade de leurs maisons.
XVII. Conformément aux lois et réglemens de
police , les boutiques , magasins et ateliers seront
fermés , le s5 messidor , et tous travaux . dans
les rues ou autres endroits à la vue du public ,
feront interdits ; aucunes marchandises autres que
Us comestibles et tes fleurs , ne seront exposés en
vente dans les rues et pl^ices publiques ; il ne
sera fait aucun travail , vente , enlèvement ni
transport de matériaux ou marchandises sut les
ports -et dans les chantiers. . ,
XVIII. Les commissaires de police tiendront
k main à l'exécution des réglemens qui défen-
dent'de tirer des fusées, pétards , boît-cs et autres
pièces d'artifice ■ dans les rues , promenades ,
places publiques, cours, ou par les fenêtres des
maisons.
Ils feront arrêter les contrevenans , et les feront
Conduire à la prélecture de police , pour être pris
contre ^ux telle rûesure qu'il appartiendra.
XIX. Le général de divisioij , commandant
^"armes de la place de Paris , et le capitaine de
la gendarmerie naiiopale , sont requis de prendre
toutes Jes mesures convenables pour la pleine
et eiitiere exécution du présent arrêté. .
■Le préfet , signé , D U/B oi"s.
i. iîaiJejpiéfçt , le secrétaire-générul , jîgnéi.JB 1 1 S.
CONSEIL DES PRISES.
Suite de la décisiori du conseil des prises , relative au
navire le Pe^ou.
■ 1,'objét des dotnmagés-ihtéiêts est la réparation
Aml d'oràritage souffert et du gain cessant. L'adjudi-
càtirfii dés domages-intérêts est fondée sur ce
que chacun doit réparer le tort qu'iL a f^il à
autrui: Ainsi il est dfr des dommages-ifatérêts en
matières deprises, toutes les fois q^'itjdépen-
dàmrrient de l'action en restitution ou en réta-
blissemerit de ce qui a été-pris , on peut encore
"demander à être indemnisé de ce qu'on a souf-
fert pal- le malqui est résulté de certaines vexa-
tions'dont on peut se plaindre ,,ou de l'état de
téquestraiioii d'urie pfopriété qui aurait toujours
dû être libre. , ■ - ' ■ •
'■ "En géùér^'Pion'' est ténti pàr'Ia Toi naturelle et
par la loi civile de réparer le dommage dont oti
est la cause. Le prétexte même de Terreur ne
peut dispenser personne de celte réparation. Car
un autre ne doit point souffrir de ce que nous er-
rons. Chacun doit porter le poids de sa propre
destinée, sans être reçu à le rejeller sur autrui.
Iln'y a pointa balancer entre celui qui se trompe
et celui qui souffre. Mais si ce dernier s'est ex-
posé par sa faute aux inconvéniens ou aux dan-
gers dont il se plaint, l'action en dommages et
intérêts cesse, parce qu'alors il ne peut s'imputer
qu'à lui-même le mal qui tombe sur lui.
En matière de prises , l'imprudence des captu-
rés, leur négligence dans I observation de cer-
taines formes , des procédés équivoques peuvent
soirvent compromettre leur sûreté et faire sus-
pecter leur bonne foi ; il peut arriver alors qu'en
examinant l'ensemble des faits , on reconnaisse
qu'une prise est invalide; mais on peut recon-
naître aussi que les capturés, par leur conduite,
ont donné lieu ^la.mçprise des capteurs. Dans
ceS'ïCas iltSerait irtjuste de rendre ceux-ci respon-
sables d'uhe erreur que l'on ne peut raisonnable-
ment regarder comme leur ouvrage. ,
Mais quand l'injustice des capteurs ne peut
être excusée , les capturés ont incontestable-
ment droit à une adjudication de dommages et
intérêts.
Appliquons ces principes à la cause. Les cap-
teurs ont -ils pu concevoir quelques soupçons
fondés contre le capitaine du navire le Pegou ?
La neutralité de ce navire n'était-elle pas démon-
trée par sa constru tion de fabrique américaine y^ar
son pavillon , par sa destination , par les hommes
de l'équipage , tous américains , par la nature du
chargement composé de marchandises américai-
nes sans aucun mélange d'objets de contrebande ,
■par le nom et le caractère du capitaine Green
connu par des services récemment rendus à la
nation française , par l'acte de propriété du na-
vire , par le passeport , par les connaissemens ,
par toutes les pièces de bord, enfin par le lieu
même otà la prise a été faite , et cfui était exclusif
de toute destination suspecte ? Toute méprise
était donc impossible.
Le navire a.^out de suite amené ses voiles , et
ne s'est point défendu ; les officiers et gens de
l'équipage ont fait des déclarations loyales ; ils
ont répondu franchement aux interrogatoires ;
rien d'équivoque n'a percé dans leurs discours.
Tout prétexte même manquait donc aux capteurs ;
d'autre part , quelle a été la conduite de ces der-
niers ? Il ne paraît pas qu'ils aient observé les
précautions conservatoires indiquées par les ré-
glemens ; on leur fait des reproches plus graves
encore, mais dont je ne crois pas devoir m'oc-
cuper , et qui seront vérifiés lors de la restitution
des effets. Il me suffit d'avoir acquis , par le
concours de toits les faits , la conviction que la
demande en dommages et intérêts ne saurait être
refusée.
Dans ces circonstances , je conclus à ce que le
conseil , lésant droit sur le recours déclaré par
John Green , capitaine du navire américain te
Pegou ., agissant'par le ministère de Henry L. Wad-
dell , subrécargue et co-propriétaire dudit navire ,
décide que , sans s'arrêter au jugement rendu le
25 ventôse an 7 , par le tribunal d'appel du Mor-
bihan , ni à celui du tribunal de commerce de
l'Orient, du 8 du même mois , pleine et entière
main-levée sera faite à John Green, ou à tel autre
justifiant de son droit et pouvoir , du navire amé-
ricain teTego* , de ses agrès et apparaux, ensemble
dés maichandiiiès de son chargement ; en consé-
quence que tout lui sera rendu et restitué , ainsi
que toutes les pièces et papiers de bord , à quoi
faire tous gardiens^ et dépositaires contraints ,
même par corps . quoi fesant , déchargés. Quant
aux fins de John Green en dommages et intérêts ,
je conclus à ce que lesdits dommages et intérêts
lui soient adjugés, et que la liquidation en soit
faite par des experts aux formes de droit.
Délibélé à Paris , le 6 prairial an 8.
Signé, PORTALIS.
Ouï le rapport du citoyen Barennes, tout vu et
considéré ;
Dispositif.
Le conseil , faisant droit sur le recours déclaré
par johti Green. capitaine du n.tvire américain
Iç .P«gt)u , agissant par le ministère de Henry
L; Waddell, subrécargue , et co-propriétaire
dudit nàviJê , sans s'arrêter aia jugement rendu
le S 5 ventôse an 7 , par le tribunal d'appel du
Morbihan, ni à celui du tilbunal de commerce de
l'Orient, du 8 du même mois, décide que la
piise dudit navire le Pegou et de sa cargaison, est
nulle et de nul effet ; en consériuence fait pleine
et entière main-levée audit John Green et à
tous autres , justifiant de leurs droits et pouvoits ,
dudit navire américain le Pegou , de ses agrès et
apparaux , ensemble des papiers , effets et mar-
chandises de son chars;ement , ordonne que tout
lui sera rendu et rcstimé , ainsi (jue toutes les
pièces et pajjiers de bord , à quoi faire tous gar-
diens et dépositaires seront contraints , même par
corps , quoi lésant , déchargés.
Quant aux fins dudit John Green ^ en dom-
mages et .intérêts résultant des pertes qu'il a pu
souff^rir et dont il justifieia, le conseil lui adjugé
lesdits dommages et inléiéis d'apfés la liquidation
qui en sera faite par experts aux formes de
droit.
Fait le 9 prairial an 8 de la république fran-
çaise , une et indivisible.» Présens Içs citoyens
Redon, président; Niou , Lacoste, Moreau ,
MontigSiy -MpNPLAisiR , Barennes , Dufaut,
Parceval - Grandmaison . et Toubnachon ,
tous membres du conseil des prises , séant à Paris ,
maison de 1 Oratoire. > '-,
Au nom de la république française , il est or-
donné à tous huissiers , sur ce requis, de mettre
la pré.sente décision à exécution , à tous com-
mandans et officiers de la force publique, de
prêter main-forte lorsqu ils en seront légalement
requis , et aux commissaires du gouvernement ,
piès les tribunaux , d'y tenir la main ; en foi
de quoi ladite décision a été signée par le pré-
sident du conseil et par le rappofteur.
Signé , Redon , président.
Par le conseil ,
Le secrétaire-général , signé Calmelet.
LIVRESDIVERS.
Etémens de ta Grammaire allemande , par le ci-
toyen Basse , membre du Lycée des artsà Paiis , etc.
Paris , an 8 , un vol. m-12 de 25o pages. Prix bro-
ché , I fr. 80 cent. , et 2 fr. 5o cent, par la poste.
A Paris, chez 'Warée , libraire, quai des Augus-
tins, n°. 20.
L'auteur de cette petite grammaire s'est appliqué
à préciser la prononciation de chaque lettre , les
principes y sont exposés avec tant de clarté et de
brièveté , qu'il sera facile aux français d'apprendre
et de parler cette langue en très-peu de tems. On
y a ajouté une table de verbes réguliers et irrégu-
liers , divisés en cinq classes , au moyen de laquelle
les commençans seront souvent dispensés de re-
courir à de volumineux dictionnaires.
En un mot , ce petit ouvrage est un de ceux qui
nous paraît le plus utile aux commençans et à
ceux qui ont des rapports avec l'Allemagne, ou
qui désirent jouir des richesses littéraires dont ce
pays abonde aujourd'hui.
COURS DU CHANGE.
Effets publics. — 23 messidor an 8.
Rente provisoire 20 fr. 88 c.
Tiers consolidé 3i fr. 25 c.
Bons deux tiers , . . i fr. 4g c.
Bons d'arréragé 88 fr. i3 c.
Bons pour l'an 8 83 fr. 88 c.
Coupures 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Aujourd. par ordre du gouvernement , spectacle
gratis. — Armide , opéra en 5 actes.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
spect. gratis. Le Club des bonnes gens, opéra eri
2 actes , suivi des deux Hermites.
Théâtre du Vaudeville. Auj. spect. gratis.
Jean-Jacques Rousseau à thermitage; la Pièce cuy'
rieuse.
Théâtre do Marais , rue Culture-Catherine,'
Auj. relâche.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj; te Moine ; Bientôt la paix , et une Jsii,rnée de
LatouT-d' Auvergne.
L'abisnoc^entse fait à Paris , rue des Poitevias , n° 18. Le prix est de 35 friucs pour trois mois ,5o francs pour 6 mois ,«t 100 fraoct pour l'année entière. On ne s'abonne'
qu'au commeucemcQC de chaque mois. ...
II fut adresser lés lettres et l'argent , franc déport , au ci(. A C.1S S E , propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , n» iS. Il faut comprendre dans les envois le port de»
payïoù l'on ae peut affranchir.' Les lettres deSdépartemensnon affranchies , ne seront point retirées de la poste.
tl faut avoir soin ,.pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce- qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue des
;,1?aUerini , n° i3 (depuis neuf heures du matin jusqu'à cinq hcurci du soir
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agane , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins , »' i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 295.
Quintidi , i6 mes^dor an 8 de la république frànçaùe , une el ihdivùibie.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qii'à dicet liù 7 Nivôse k- Mo NlTE U R est lé saul journal officiel.
il contient les séances des aatoricés constituées , les ;\ctes du goùvernemenz , les nouvelles des armées , ainsi' qué'les faits et Ifes nôrltJns tant sut
l'intérieur que sur Textérieur, fournis pat les correspond.Vnces rniniscévielles.
Un article sera particuiiérement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXT É R I EU R-
ITALIE.
Discours prononcé à la consulta de. la république
cisalpine., par h citojen PeUit , le i5 messidor
an 8,
Citoyens,
La gloire de l'anllqlie Italie à survécu à Sa
puissance; sa législaiion , quoiqu'imparlaite , est
lé plus vaste des monimiens qu'elle nousa laissés;
et quand elle a vu briser le Joug que ses armes
avaient imposé au rnonde , elle a vu ses lois ,
ses arts , ses institutions conserver leur empire ,
et rester comrhe des itiodeles que les siècles ,
les baibares , le gcnie même Dut toujours res-
pectés.
Aujourd'hui l'iin des peuples qui avaient adopté
une grande partie de ces lois , vient rendre à
l'Italie le droit de s'en donner de nouvelles.
Ce peuple a révélé au monde ce grand principe
de toutes les lois humaines , que la volonté géné-
rale est la seule auloiiié lé;;itime ; noii content
de ie proclamer, il le professe, et après avoir
affranchi votre nation d un joug étranger ^ il s'en
remet à elle du choix de son organisatlbn po-
litique.
C est tin spectacle nouveau dans l'hisloii-e , qUe
celui d'un peuple guerrier qui , après avoir assuré
son indépendance , ne conserve ses armes que
pour adcrmir celles de ses voisins.
Citoyens , vous êtes appelés à concourir ipar
votre sas^cSse à ce grand ouvrage : choisis sans
distinction d'état ni de parti , désignés par vos
tilcns et par l'estime publique , vbus devez vous
acquitter envers voire patrie , en posant les fon-
demens de sa gloire et de son bonheur.
C est peut-être au milieu du tumulte des
armes que vous pèserez de si grands intérêts ;
niais vos délibérations u'e» auront que plus d im-
portance et de majesté. Vous êtes placés comme
ce philosophe qui , dans une ville assiégée* s'oc-
cupait tout entier d'un problème utile à ses con-
citoyens ; vous saurez , comme lui , conserver
ce courage tranquille . qui donne aux esprits su-
périeurs utje nouvelle force dans les dangers.
Qjae dis-jc î e; pourquoi cherchcrais-je ailleurs
des exenn'les que vous m ofTicz vous-mêmes ? ne
vois-je pas parmi vous ceux qui appellerent la
liberté lorsqu'elle était encore au-delà des monts ?
ceux dont léloqucnce ou le bras la défendirent ;
ceux qui, dans les revers, ne débesjiérerent pas
de la victoire ; ceux enfin qui . dans les cachots .
conservèrent la dignité que donne à l'homme la
réunion du courage et du talent l
Ils sont récompensés de leurs efforts; ils ont
compté sur la promesse d un peuple aussi intré-
pide que généreux ; ce jieuple vient de remplir
ses engagemens; les Alj)es , les neiges, vingt
places fortes, une armée les séparaient de vous; en
lin mois il a tout vaincu , et celui qui préside à
de si grands événemcns , a fait plus encore ; il
s'est arrêté dans sa victoire pour offrir une seconde
fois au monde l'espérance de la paix.
Qjael que soit le conseil que puisse donner à
vos ennemis une téméraire ambition, leurs me-
naces seraient désormais aussi vaines qu impuis-
jaiiles ; ii'.ivez-vous pas autour de vous ceiie ar-
mée qui les a repoussés loin Je vos frontières ?
ite voyez-vous pas celle qui a défendu si cons-
lamment une ville alliée au milieu des horieurs
de la guerre et de la faim? ne voyez-vous pas
vers le Nord ces autres aimées qui menacent le
cœur de 1 Empire, t-i ne vous rappelez-vous pas
les promesses du héros qui a conçu le projet de
votre régénération ?
Ceux ([ui furent vos maîtres ont reconnu votre
indépendance. Ceux qui furent vos libérateurs i
(auront la maintenir.
C'est à vous d'achever par votre sagesse ee que
la lorce seule ne saurait consolider. 'Vous allez
commencer une nouvelle période de votre his-
t6ire ; et si votre nalioii est appelée à de hautes
destinées ; si vous lui laissez un grand monument
qui soit le rompait de son indépendance et l'ad-
miration des auties peuples , la postérité recon-
naissante placera vos noms parmi ceux de ses
bienfaiteurs. Quelle plus belle récompense pour-
rais'jc lairc entrevoir au sage modeste , et même
à ceux (j[u'animc la noble ambition de la gloire ?
Le choix de seS légîslateiirs est le premier ga-
rant des espérances de votre patrie. Vous avez
ce grand avantage, que vous pouvez joindre aux
leçons de l'histoire celle de l'expérience et de
cette loule de siècles qui , eri quelques années,
ont pns.sé soùs vos yeux.
Combien cette expérience Voiis aidera a écar-
ter ces idées fausses qui séduisentl'imaginalion !
Combien elle vous a déjà fait reconnaître le
caractère du peuple à qiii vdus devez donner
des lois ? '
Cette nation sensible et généreuse aime la
gloire, et sait la mériter; chez elle lé génie fer-
tile , comme le sol , y a prodigué les richesses ;
ses savahs ont reculé les bornes des connaissances
humaines. Naguère un de ses philosophes a
opéré une révolution dans les Ibis criminelles de
I Europe; c'est chez elle que les politiques ont
long-iems puisé des leÇons ; ses artistes n'ont de
rivaux que parce q'u'ils ont servi eux-mêmes de
modèles ; ses écrivains , à la l'aveiu d'une langue
hariiionieuse , sont un objet d'émulation chez
tous les peuples policés.
Non : une telle nation n'a point éié destinée
par la nature à c:re tributaire d'un prince étranger.
Que les horanles instruits lui rappellent les épo-
ques glorieuses de son histoire ; que les sages
lui apprehnetit en quoi consiste la véritable iiberié;
que la religion'-, cette augusie conciliatrice adou-
cisse les haines , rappiociie les partis , fasse
taire la base cupidita et le sot orgueil ; que
les âmes hères développent toute leur énergie ;
qiie votre assemblée eiihn prépare de sages
lois ; et le peuple français environnera 1 édifice
de votre bonheur de tout l'appareil de sa puis-
sance;
Liberté. Égalité.
REPUBLIQ.UE rRANÇAISE.
Gênes , i3 messidor an 8 de la tjpublique française.
DejE.\N . général de division, conseiller-d état .
ministre extraordinaire dii gouvcrneihent ffançai s
à Gênes ,
Nomme , en Vertu des arrêtés dU 4 de ce rtfois ,
et conloiménienl aux instructions qui lui ont été
données par le premier consul ËonApaRte, les
clioyens ci-ap:és désignés pour composer la
commission extraordinaire de gouvernement de
la iépublique ligurienne.
La commission actuelle de goUvérnethehl ces-
sera de suite ses fonctions, et remettra à la com-
mission extraordinaire tous les renseignemens ,
papiers et documcns quelconques relatifs à lad-
ministraticJn.
La commission extraordinaire se conformera
aux arrêtés du premier cdnsul , du 4 messidor ,
et liendia la main à leur exécution;
Elle se réunira aujoUrd hui à midi, au r<alais
national.
Morris des citoyens qui composent la comniissiori
' extraordinaire de gouvernement.
Jean-Baptiste Rossi , de Gênes, négociant, ex-
directeur, ex-rainistre des hiiances.
Augustin Maglione , de Lingueglia , négociant,
ex-directeur.
Augustin Pareto ; de Gênes, propriétaire.
Antoine Mohgiardini , de Chiavaii , médecin;
Jérôme Serra , de Gènes , propriétaire.
Louis Carbonara , de Gênes , avocat;
Louis Lupi , avocat , ex-directeur.
Signé, Dejeàn.
Discours prononcé par te générnl de division Dtjoati ,
conseiller-d'ètnt^ mihistre estfaordinaire de la répu-
blique française près larépubhqutliguriemie, à l'oc-
casion de l'installation de la commission extraor-
dinaire de gouvernement , le i3 messidor an 8.
C I t o V t: N S ,
Vous êtes appelés , par le premier consul de
la lépublifjiie fiançaise et par le vobu de vOS con-
citoyens , à gouverner la république ligurienne
jusqu'à I organisation déliiiitive de son gouver-
nement. Votre conduite passée , votre moralité ,
votre expérience et vos lalens , tout garantit que
les liguriens el les français n'auront qu à applau-
dir à votre administration et à la sagesse de vos
mesures.
Vous connaissez les principes du gouverne-
ment français et les heureux cfl'ets qu'ils ont pro-
duits. Vous imiterez sa conduite franche et gé-
néreuse , eoiis en obtiendrez les mêmes résultats:
Vour rametuicz par la persuasion , pat là dou-
ceur , les liabiiacis des vallées égarés par des
brigands ; mais c;i même tems vous préviendrez
)iar de sages e.t loru s mesures le retour de pareils
égare mens, el voUs poursuiviez avec la plus grande
sévérité les nial-inteniionnés qui chercheraient à
exciter de nouveaux troubles.
Vous tiendrez la itiain à l'exécution de l'af-
ticle XIII de la convention d'Alexandrie , du 46
prairial dernier ( ta juin 1800.) Je suis loin san's
doute de vous engager à donner votre confiance
aux amis des autrichiens ; mais , je dois vous le;
dire, vous leur devez siireté et protection.
Pour ce qui est des opinions politique*, il est
utile de jeter un voile sur le passé , et d'oublier
les égaremeiis et les dissentions auxquelles elles
ont J)U donner lieu. Le véritable patriotisme con-
siste dans les actions': le meilleur patriote est celui
qui obéit aux lois , et qui fait pour Sa patrie tous
les sacrifices qu'elle lui impose.
Les liguriens , et particulièrement les habitanS
de Gênes, ont donné en ce genre li preuve de.
leur amour pour la patrie. Ils ont Lut les pluS
grands sacrillces , ils ont essuyé 't'es pertes de
tout getire pour soutenir ■ une guerre qui inté-.:
tessait essentiellement leur liberré. Il est stir-tiôiiF
un trait, qui appartient déjà à 1 histoire, qui'
honore panieuliérement les génois ; c'est leur_
constance et leur dévouement pendant lé der-
nier blocus. Le héros de llialie, Bonaparte ;
premier consul de ia république française , appré-,
ciant ce noble et généreux dévouement . a pro-
ciainé les liguriens , les plus hdeles alliés deà,
français. Ils le seront toujours , et la France re-
connaissante fera pour ce peuple généreux toiik
ce qu'il peut désirer, tout ce qu'il a droit d'ed
attendre: elle consolidera, à la paix générale;,
la liberté et lindépendaoce de la république
ligurienne.
Mais; pour hiter cette paix désirée, si nos.
ennemis s'y relusaieiit, il faudiait se tilettré'.
en mesure de les y contraindre i>ar de nouvelles
victoires. Ces incsures exigeraient de nouveau*;-
sacrifices : Le gouvernement français qui connaît
combien vous en avez déjà faits, s'occupe à
alléger ceux qui jusqu'à présent ont pcjé'.siir
la Ligurie. Je me concerterai avec vous potii:
atteindre ce but le plus promptement possible;
et je voris promets de ne rien négliger pouf'
y parvenir.
Vous rentrez dans une carrière pénible , mais
honorable. Vous répondrez, j'en suis sûr , à
l'attente de vos concitoyens, et vous contintle-
rez à mériter leur estime et leur entière confî.ince;
Qiiant à moi , je me féliciterai toute raâ vie
d'avoir éié chargé dé concourir à une orgàni-.
sation dont lé but est de consolider dans là'
Ligurie les vrais principes de liberté , et d'in-
dépendance. Dejean.
Réponse dii président.
Citoyen ministre extraordinaire de la répti-
blique française ,
Le nouveau gouvernertient qUe vous venez
d'installer par ordre du preniier consul de là ré-
publique française, regarde à ju.sie titre te jdtif
eorarr.e un des plus beauîi. depuis notre heureuse
révolution , puisqu'il rious olïie une preuve de là
bienveillance de la grande-nation , et dès regards
favorables du héros qui en occupe la première
magistrature;
Qijant à nous , fOris* de là confiante dont nouî
som:neS honorés , nous pouvons vous assurer •
citoyen rhinistre extraordinaiie , iqu'e nOus ferons
tout ce qui dépendra dé nous pour consolide^-
la tianquillité intérieure , le bien général de nottt'
patrie , et la cause de la liberté et de l'égalité.
Le voeu bien pronontè de nos concitoyens , eti
po'ur une paix générale , en considérant Sur-tot^j
que la nature , en nous donnant iin lerrein ingrat
et stérile , a voulu spécialement que les liguri^enj
fussent navigateurs et commerçans; mais si pouf
obtenir la paix , ce bien si précieux , il fallait
encore cohiinUer la guerre , nous ne vous dissi-
mulons pas que nous sommes effrayés de la nul-
liié absolue oà nous trouvons les finances pu'-
bliques et les fortunes particulières. Notre tùii^
raije n'est ranimé qUe pat les létrïo'igna'geî
d'intérêt que •vous nous avez donnés en faveur de
notre république'; témoignages qui nous ont
particulièrement déterminés à accepter les péni-
bles fonctions qui nous sont transmises par un
agent aussi sage et aussi res.peclable que voms ,
'dont le nom sera à jamais honoré dans la Ligurie
parla plus vive reconnaissance.
Si^né , Rossi.
ALLEMAGNE,
Ratii:bonne , le § messidor.
Le 8 de ce mois le -corps de Lecourbe et une
partie de l'armée de-Kray se sont livrés un combaf
•dans lequel les français ont eu l'avaKlage. Le
résultat a été la prise de Neubourg par ces der-
niers. Aujourd Qui l'ariillcrie de réserve , toutes
Jes munitions des troupes impériales sous les
■généraux Rouvroi et Schwarz , sont arrivés i<:i. Le
quarlier-généraJ de M. de Kray est à Ingolstadt.
Le prince de ileuss a été forcé par le général
Molilor à reprendre son ancienne posiii<>ii à
Renli. Le corps de Slarray est encore à Neumark;
mais il n'y sera pas long-tems. — Rien de nouveau
sur les corps d armée de Hiller, dans le pajs des
grisons , et de jellachich dans le 'Vorarlberg,
Mercaniin s'est retiré sur les confins du Tyrol.
L'Autriche, la Bohême et la Hongrie consentent
bien à une nouvelle levée , mais à condition
que le prince Charles aura un commandement
-iliiniité. '( Extrait du Strasburger WdtboU.)
ANGLETERRE.
Londres , le ï% messidor.
Le marquis de Wellesley écrit de Calcutta , en
date du l6 ventôse , que tout était tranquille dans
l'Inde. Une négociation , dont il espérait favora-
blement, avait été entamée avec le nabab d'Oude,
pour qu'il abdiquât , au profit de la compagnie .
laoyennant une pension.
Le visir Ally , auteur de la mort de M. Cherry ,
et d'autres employés de la compagnie , avait été
arrêté et conduit à Calcutta, oit il était détenu au
fort William.
Une ambassade, à la tête de laquelle étaient
MM. Loveit ei Moor , ai;compagnés de lord
George Beresford , fils du marquis de Walerford
et du colonel Beresford , venait de partir de
Poonah pour Peshwa. On s'en promettait les
plus grands avantages.
Suivant le rapport du capitaine Henderson ,
commandant le Miljord, arrivé de la Chine à
Bombay , les magasins de Manille qui conte-
naient les munitions navales , avaient été détruit
gar un incendie.
Le corps de Condé a prêté serment de fidélité
à la couronne d'Angleterre entre les mains de
M. 'Wickam.
Le général Knox a ordre de se rendre de
rSle de Wight, aux Indes-Occidentales. Le général
Don le remplace dans son commandement.
La chambre des communes d Irlande a pris
une résolution tendante à encourager la navi-
gation iniéiieure de ce pays , et surtout à rendre
le Shannon navigable depuis Lockallen jusqu'à
la mer, et à achever le canal de Dublin au
Shannon.
Suivant les dernières lettres reçues de Gibraltar,
la livre de bœuf s'y vendait deux schellings,
trois deniers. Les autres comestibles étaient chers
à proportion.
D'après un relevé qui vient d'être fait , sur
les 6S7 dernières années , il y en a eu 24^ de
guerre.
Le corsaire de Bordeaux le Brave s'est emparé
du lord Duncan , allant d'Antigoa à Glasgow
avec sucre, caflSè, coton et rhum; du Lancaster ,
chargé à Ssvannah de riz, de farine, de coton, etc.
pour Lancaster ; die C Aigle expédié de Glasgow
pour Qjiébec ; du William, lettre de marque
de 2S canons, ayant à bord 700 barriques de
sucre à la destination de Liverpool ; des bricks
les Six Saurs , et\a.Betzey et du Sloop le Gipuy;
les trois derniers venant aussi des Indes-Occi-
dentales et appartenant à Liverpool. — Total 7
prises.
Un lougre attaché à la division qui croise à
^a hauteur de Dunkerque est arrivé à Déal. L'objet
de sa mission est tenu sous le plus profond secret.
Aucun bateau n'a la permission de l'aborder.
La plus jeune des princesses de Courlande,
qui s'était laissée enlever par un des musiciens
de son père , avec le projet de l'épouser , a été
arrêtée dans sa fuite ; mais le musicien a échappé
avec tous ses papieTs, parmi lesquels est une
promesse de mariage en forme , souscrite de la
main de la princesse. Il lui a été offert 5o mille
écus en échange de ladite promesse ; il les a
efusés , paraissant décidé à en poursuivre l'exé-
cution lorsque la princesse aura atteint sa majorité.
Si d'assister à un Te Deum, et de parler décem-
inent de la religion, observe le Morning-ChronicU,
est une preuve d'athéisme , que penser de ccus
qui n'entrent jamais dans une égVise , ou qui na
parlent de la, religion que pour la combattre.
On croit assez généralement que le parlement
sera prorogé le 27 messidor.
INTERIEUR.
Sirasbourg, le iS messidor.
On n'entend pas parler, ici, d'armistice conclu
entre Kray et Moreau. D'après les nouvelles
les plus récentes , l'aîle droite de l'armée du
Rhin s'avance toujours dans la Bavière ^ le centre
se portait le 10 sur Ingolstadt . et l'aîle gauche
sur le Haut-Palaiinat.
Kolzbue se rendait en Russie avec un passe-
port de Paul 1*^', lorsque des cosaques postés
sur les frontières, et qui l'y attendaient , l'anê-
terent à Polangen; sa femme et ses enfans eurent
la permission de le suivre jusqu'à Miltau , où
ils furent obligés de se séparer de lui. Ils ne
savent maintenant ni où on l'a transporté, ni
pourcjuoi-on Itria fait essuyer un pareil traitement.
L assemblée "des états autrichiens, nommés
états héréditaires, a invité l'empereur à conclure
la paix. (Extrait du Strasburger Weltbote. }
Paris , /« 24 messidor.
Elle va donc être célébrée une seconde fois
d'une manière digne d'elle , la première , la plus
belle des journées de la révolution ! Dépuis la
fédération de 1790 , elle sembla tomber successi-
vement en désuétude ; elle fut lout-à-fait oubliée
dans nos grands jours d'alarme , méconnue des
factions ou solenniséc avec une tiédeur qui annon-
çait assez que cet anniversaire n'était point une
lêie pour eux. Cependant quel jour lut plus na-
tional que celui où toutes les forces et tous les
seniimens de la nation étaient réunis . où iln'exis-
lait point encore de paais , où ceux qui étaimt
destinés à devenir di.puis des factieux n'étalent
encore que des patriotes ! Quel est le français dont
le cœur a battu pour la révolution , qui ne se
rappelle avec le plus grand intérêt les inquieiudes
et le courage , la terreur et 1 allégresse de ces
jours si mémorables dans les annales françaises !
qui n'entende encore le son alarmant de deux
cents tocsins qui peientirent dans tout Pans pen-
dant la nuit du i3 et la journée du 14 ! qui ne se
souvienne du silence effrayant de celte nuit, des
cris de ces nombreuses patrouilles qui ne trou-
blaient le calme de la nuit <]ue pour recomman-
der aux citoyens de veillera leur propre sûieté!
qui ne voie encore tous les atleliers occupés à
lorger des piques , les églises converties en fon-
deries de balles! qiii ne se rappelle cette con-
quête des armes aux Invalides , ei ce luniùlte et
ces cris d'impatience et de joie qui étaient enten-
dus des 3o,ooo soldats que la cour avait fait cam-
per au Champ-deMars ! que de fraternité dans
ces jours où l'on n'en parlait point encore ! que
de sincérité dans les élans ! que d attendrissement
dans tous les yeux , de patriotisme dans toutes
les bouches , d'ivresse dans toutes les âmes !
A l'heure où corarnenceia aujourd hui la fête ,
Paris, il y a onze ans, n était plus qu un vaste
camp. A la place de cette loule de citoyens , qui
seront paisiblement rassemblés dans le Charap-
de-Mars , était réunie une armée formidable qui
s'occupait de leur destruction. Au même mo-
ment où le canon grondera dans ce champ pour
célébrer l'anniversaire du Quatorze -Juillet , le
canon de la royauté grondait, il y a onze ans,
sur les tours de la Bastille pour les défendre ,
et celui des parisiens tonnait au pied de ses rem-
parts que leur ancienneté ne pouvait garantir
de la destruction. Au moment où les habitans de
Paris feront entendre , dans ce champ , à la
suite des jeux de la journée , les cris de vive la.
république ! ils remplissaient , il y a onze ans , leur
ville victorieuse de ceux-ci : Vive la nation ! la
Bastille est prise ! Que d'événemens depuis ce
jour ! que d'anxiétés 1 que d'espérances ! que de
malheurs ! que de gloire ! Combien de fois ceux
qui applaudirent, qui contribuèrent de toute leur
ame à ces premiers succès de la révolution ,
auraient-ils voulu , depuis , en remonter le tor-
rent pour prévenir ses ravages ! Sa fureur paraît
enfin arrêtée ; oublions nos calamités passées et
ne songeons qu'à notre gloire et à la prospérité'
qu'elle nous promet. La paix qui, l'année der-
nière , s'éloignait de nous à mesure que .nos
armées suivies de l'ennemi s'approchaient de nos
frontières , et qui se rapproche de la républi-
que à mesure que ses soldats pénètrent dans le
pays ennemi , la paix effacera jusqu'à la trace de
nos maux , et réalisera toutes les espérances que
nous avions conçues au I4juillet 1789.
A. JOURDAN.
Le Journal des débats annonce , sous la date de
Ralisbonne , le ta messidor, que l'artillerie , les
bagages, les hôpitaux, les magasins de l'armée
autrichienne sont transportés à Straubing en
Bavière.
Le même journal annonce, sous la date de
Francfort, le 17 messidor, que le chargé d'affaires
de Paul I" à 'vienne (H le gentilhomrtie d'ambas-
sade , qui étaient restés auprès de la cour de
Vienne , ont reçu l'ordre de revenir à Peters-
bourg , et que les archives de la légation russe
ont été conduites i Dresde.
— Une gazette de Hambourg annonce que le
ministère anglais a proposé au cabinet de Vienne
d'entretenir en Italie, pendant toute la durée de
la guerre , un corps d'armée de 24,000 hommes
effectifs , qui seraient débarqués en Toscane.
Mais toutes les autres gazettes du Nord s'accor-
dent à dire que le cabinet autrichien a déclaré
au ministre anglais , qu'il ne consentirait à au-
cune liaison ou traité qui pût l'empêcher de
faire sa paix particulière avec la France , si les
circonstances l'y déterminaient.
— La femme Cochois , qui s'était pourvue en
cassation contre le jugement qui la condamnait à
mort, pour avoir étouffé son enfant nouveau né.
vient d être jugée de nouveau par le tribunal cri-
minel de Seine et Oise. Les témoignages enten-
dus ont prouvé qu'elle avait eu d'abord l'in-
tention de nourrir son enfant, et qu'elle ne lui
donna la mort que parcequ'elle fut surprise pac
son mari , auquel elle avait caché sa grossesse ,
et dont elle craignait la colère s'il entendait les
cris de cet enfant. Les jurés ont reconnu le fait
d homicide et admis l'excuse ; en conscciuenc€ ,
la peine de mort prononcée par le premier juge-
ment , a été commuée en celle d'une année de
frison.
— Le Publiciste rapporte une lettre d'Elseneur ,
du 7 messidor, qui annonce que la t*^'' division
des vaisseaux russes qui reviennent d'Angleterre,
et ramènent une partie des troupes auxiliaires qui
étaient à Jersey et Guernesey , a passé le Sund
le 4.
Le même journal annonce que le roi de Suéde
a éludé de -donner une audience de congé à
M. Hjiles , ministre anglais à Stockolm , et que
M. Hailes est parti sans voir le roi.
— ^ Le quai de la Pelleterie , dont la première
pierre a été posée aujourd'hui par le ministre
de lintérieiir , portera le nom de Quai Desaix.
PRÉFECTURE
DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
Fête de la Concordi. — Anniversaire du Quatorze-
Juillet 17S9.
Arrêté du i5 messidor an 8.
Le préfet du département de la Seine ,
Vu le programme arrêté par le ministre de l'in-
térieur , et adopté par les consuls pour la fête de
la Concorde, anniversaire du 14 juillet 1789,
qui sera célébrée le 25 messidor an 8 ;
Les instructions' du ministre sur ce programme ,
et la lettre par laquelle il charge le préfet du dé-
partement de donner les ordres nécessaires pour
en assurer lés dispositions;
Arrête :
Art. 1='. Conformément à l'article IV de l'arrêté
des consuls du 29 ventôse dernier, il sera élevé
sur la place Vendôme une colonne à la mémoire
des braves du département de la Seine, morts
pour la défense de la patrie et de la liberté.
II. Cette colonne occupera le centre de la
place; à cet effet., le piédestal qui y est actuel-
lement sera démoli.
III. Les marbres , provenans de la démolition ,
resteront déposés sur la place , sous la garde du
poste de la préfecture. ,
Les pierres seront transportées rue Neuve du
Luxembourg, et placées devant les murs des jar-
dins donnant sur celle rue.
Les plombs , fers et cuivres , seront mis dans les
magasins de la préfecture.
Les médailles et pièces de monnaie , qui
seront trouvées dans les fondations , seront en-
voyées au garde des médailles de la bibliothèque
nationale.
IV. Aussitôt après la démolition du piédestal ,
il sera fait tous les préparatifs nécessaires pour la
pose de la première pierre de la colonne ; cette
pierre sera de granit de France.
V. Il sera pratiqué , dans la fondation , un eny^
castiement pour recevoir une boëie de bois de
cèdre , renfermant deux épreuves , l'une en ar-
gent, l'autre en bronze, de la médaille qui sera
frappée à cette occasion ; et en outre , une table
de bronze , sur laquelle seront gravés l'arrêté des
consuls du 29 ventôse an 8 , et les articles 1" et V
du présent arrêté; et enfin une pièce de chacune
des monnaies frappées au coin de la république.
VI. Le diamètre de la médaille sera de six
centimètres.
Elle portera l'effigie des trois consuls.
En tête , on lira : Bonaparte , premier consul.
En légende : CAMBACEttÈs , second consul, Lebkvn,
troisième consul.
Et dans l'exergue .- Constitution de la républi'
que fran^aist , a» S .<>
Au revers , cette inscription ; C<rtonn« dêpar-
Umentaie.
Lucien Bonaparte
Étant ministre de l'intérieur ,
N. Th. B. Frochot,
Préfet du département de la Seine ,
a posé la première pierre ,
Le 25 messidor an 8 de la république française.
' Onze ans après le I4juillet 178g.
En tête : Guerre de la liberté.
En légende : Le département de la Seine à ses
braves.
VIL La première pierre étant posée , il sera
sursis à la continuation des travaux , jusqu'à ce
que le modèle de la colonne soit adopté.
Vin. La place Vendôme sera nettoyée et Sablée
dans toute son étendue.
IX. Il y sera élevé quatre orchestres et une tri-
bune vers le centre.
X. Les places destinées aux différentes autorités
convoquées , seront garnies de banquettes et dé-
signées par des flammes tricolores.
XL Près duHeu où seraposéelapremiere pierre,
il sera érigé un autel à la patrie.
XII. Les-noras de toutes les communes du
département , seront inscrits dans des médail-
lons entourés de guirlandes composées des prin-
cipales productions du territoire de chaque
commune.
XIII. Les propriétaires des maisons régnant
sur la place Vendôme et sur les deux rues qui y
conduisent , sont invités à décorer leurs croisées
de draperies , et guirlandes.
XIV. Les membres du conseil de préfecture ,
ceux du conseil-général du département, le re-
ceveur-général , le directeur des contributions ,
les receveurs des domaines nationaux, les archi-
tectes et ingénieurs , et généralement les citoyens
attachés par des emplois publics à la préfecture
du déparlement de la Seine ;
Les notaires puolics du déparlement, les mem-
bres des jurys dinsiiuction et les professeur* des
écoles centrales ;
Les maires de la ville de Paris, leurs adjoints
et leurs secrétaires , les commissions des contri-
butions et des hospices et les comités d« bienfe-
sance;
Les juges-de-paix ; leurs assesseurs, greffiers et
généralement les citoyens attachés par des em
plois publics à la ville de Paris ;
Sont et demeurent invités par le présent arrêté ,
à assister à la fête de la Concorde.
Les tribunaux d'appel . criminel , de première
instance et de commerce recevront une invi-
lation particulière en la personne de leurs pré-
sidens.
XV. A 7 heures précises du matin, les citoyens
formant les déiachemens de la garde nationale
sédentaire , se réuniront à la mairie de letir ar-
rondissement avec armes , drapeaux et tam-
bours ;
Les vétérans nationaux volontaires se rendront,
à la même heure , au Palais de Justice.
XVI. Un détachement de la garde nationale
sédentaire et un détachement de la garnison de
Paris occuperont, à sept heures , les postes qui
seront désignés sur la place Vendôme et dans les
rues adjacentes.
XVII. Les officiers de la gendarmerie donne-
ront ordre aux brigades de gendarmerie en ré-
sidence à Paris , de circuler dans les places
Vendôme et de la Concorde et les rues envi-
ronnantes , pour y maintenir l'ordre et la tran-
quillité
Ils sont invités à se rendre à huit heures à la
préfecture.
XVIII. Le maire du 11= arrondissement, se
rendra au palais de justice à sept heures et demie
avec soncoitegc, ])Our se joindre aux membres
des tribunaux réunis et les accompagner jusqu'à
la prélecture, entourés des vétérans nationaux.
Le maire du 7* arrondissement se conformera
aux mêmes disposidons à> l'égard du tribunal de
commerce.
XIX. Le maire du 10' arrondissement se ren-
dra à sept heures et demie , au ministère de la
guerre , avec son cortège , pour accompagner
les drapeaux des départemens , qui seront rerais
au détachement chargé de les apporter à la place
Vendôme.
XX. Les autres maires et adjoints se rendront
directement à la prélecture , avec le détachement
de la garde nationale dont ils seront escortés.
XXI. Se rendront aussi directement à la pré-
fecture , les notaires publics, les juges-de-paix et
autres auiorités ou fonctionnaires invités par
litlicleXIV.
XXII. La commission des hospices civils sera
iigi
accompagnée des élevés de la patrie , organisés
militairement.
.XXIII. Le préfet de police sera invité particu-
lièrement ; et à sept heures précises, il sera en-
voyé à sa disposition un détachement de la garde
nationale sédentaire, avec drapeaux et tambours,
pour le conduire de la préfecture de police, à
celle de département, oii il se rendra avec le se-
crétaire-général et ceux des commissaires de po-
lice dont il croira pouvoir se faire accompagner
sans nuire au service public.
XXIV. Les sous - préfets des arrondissemens
communaux de Françiade et de Sceaux-l'Unité ,
seront convoqués pour se rendre à la préfecture ,
et assister à la cérémonie.
_XXV. Les sociétés particulières , s'occupant de
sciences et arts , dans le département de la Seine ,
sont invitées à s'y faire représenter par une dépu-
tation de plusieurs de leurs membres.
XXVI. Les orchestres annonceront l'arrivée des
autorités et des administrations.
XXVII. Les membres des autorités et adminis-
trations seront en grand costume.
Ceux qui n'en ont point encore de déterminé ,
porteront une écharpe et une médaille , ou autre
désignation de leurs fonctions.
XXVIII. L'heure de la réunion à la préfecture ,
est huit heures précises du matin.
XXIX. Lorsque les drapeaux des départemens
approcheront de la place Vendôme , le préfet,
accompagné des sous-préfets , du conseil de pré-
fecture , du conseil général du département , et
de toutes les autorités et administrations locales
descendra de la maison de préfecture , ira au-de-
vant des drapeaux, les ramènera jusquà l'autel
de la patrie , et les couronnera de chêne et de
lauriers.
Les fanfares militaires , le roulement des tam-
bours , et une salve d'artillerie annonceront cet
hommage rendu à la valeur des français répu-
blicains.
XXX. Le préfet montera ensuite à la tribune;
les autorités et administrations prendront les places
qui leur seront désignées.
Les autorités et administrations départementales
occuperont la droite de la tribune.
Les autorités et administrations de la ville de
Paris occuperont le côté opposé.
Le secrétaire - général de préfecture donnera
lecture de l'arrêié des consuls , qui ordonne qu'il
sera élevé dans chaque département une colonne
à la mémoire des braves morts en combattant
pour la liberté. Le préfet prononcera un discours
analogue à la fête, et appellera tous les artistes
à concourir pour l'érection du monument.
XXXI. Après ce discours, le préfet procédera
à la pose de la première pierre , à 9 heures très-
précises.
XXXII. Il sera brûlé des parfums pendant la
cérémonie, et les orchestres exécuteront les airs
qui tant de fois ont conduit les armées françaises
à la victoire. La cérémonie sera terminée par une
salve d'artillerie.
XXXIII. Le cortège se rendra par la rue des
Capucines, le boulevard et la rue de la Concorde,
au ministère de la Marine.
XXXIV. La marcha sera ordonnée ainsi qu'il
suit :
Cavalerie.
Corps de musique.
Bannière portant cette inscription : ville de Paris.
Détachement de Garde nationale.
Trois drapeaux.
Commissaires de police.
Détachement de Garde nationale.
Trois drapeaux.
Juges-de-paix.
Détachement de Garde nationale.
Trois drapeaux.
Régie de l'octroi.
Percepteurs des contributions.
Commissions des contributions.
Détachement de Garde nationale.
Trois drapeaux.
Comités de bienfesance.
Commission des hospices.
Elevés de la patrie organisés militairement.
Les maires , adjoints et secrétaires.
Le secrétaire-général de la prélecture de police.
Le préfet de police.
Vétérans nationaux volontaires.
Bannière portant cette inscription : Département
de la Seine.
Détachement de la Garde nationale.
Six drapeaux.
Ecoles centrales.
Jurys d'instruction.
Sociétés libres
Détachement de la Garde nationale.
Trois drapeaux.
Notaires.
Détachement de la Garde nationalt.
Trois drapeaux.
Tribunal de commerce.
Détachement de la Garde nationale.
Trois drapeaux.
Tribunal de première instance.
Détachement de la Garde nationale.
Trois drapeaux.
Tribunal criminel.
Détachement de la Garde nationale.
Trois drapeaux.
Tribunal d'appel.
Détachement de la Garde nationale.
Trois drapeaux.
Les drapeaux des départemens.
Elevés de l'école de musique militaire.
Receveurs de domaines nationaux.
Directeurs des contributions.
Receveur général.
Le conseil-général du département.
Le conseil de préfecture.
Les sous-préfets des arrondissemens commu-
naux de Françiade et de Sceaux.
Le secrétaire-général de la préfecture du dé-
partement.
Le préfet du déparlement.
Corps de cavalerie.
XXXV. Le soir et pendant la nuit , la maison
de la préfecture , et tous les éiablisseinens publics,
dans l'étendue du département , seront illuminés,
ainsi que les maisons des particuliers.
XXXVI. L'architecte de la préfecture est chargé
de l'inspection et de la direction des travaux qui
seront exécutés dans la place Vendôme , pour la
célébration de la fête.
Le citoyen Gatteaux, artiste graveur, sera chargé
de lexécution de la médaille.
XXXVII. Le présent arrêté sera adressé au
ministre de l'intérieur , aux ministres de la guerre
et de la marine , au général divisionnaire com-
mandant la i5' et 17' division militaire , et au
général divisionnaire commandant d'armes de
Paris ; il Sera Communiqué au régulateur des
cérémonies.
Il sera envoyé à toutes les autorités « adminis-
trations kicales , aux fonctionnaires publics et
sociétés qui y sont désignés.
Paris,, le l5 messidor an S.
Le préfet du département de la Seine , Frochot.
Le secrétaire-général de ta préfecture. Et. Mejan.
PREFECTUREDF, POLICE.
Paris, le 16 messidor, an 8 de la république
française , une et indivisible.
Le préfet , vu la nécessité et l'urgence de répri-
mer les désordres qui se sont introduits sur le
marché aux plantes, aux fleurs sur tige, aux
arbustes et aux graines ,
Arrête ce qui suit :
Art. I"'. Le marché aux plantes, aux fleurs,
aux arbustes et aux graines, est provisoirement
maintenu sur le quai de la Mégisserie. 11 tiendra
des deux côtés du quai et dans toute sa lon-
gueur, mais de manière à ne point causer d'em-
barras ni aux marchands en boutiques, ni aux
étalagistes de féraille , placés momentanément le
long du parapet, à la charge expresse, par ces
derniers, de ne point empiéter sur le terrcia
affecté au marché.
II. Il sei'a laissé au milieu de la chaussée uri
espace suffisant pour la libre circulauori' de deux
voitures de front.
III. L'emplacement affecté au marché des
plantes , des fleurs sur tige , des arbustes et des
giaines se divise en deux parties.
La première , destinée aux marchaijds forains ,
s'étend depuis le Châtelet et le Pont-àu-Change ,
jusqu'à la rue des Fuseaux.
La seconde partie , réservée aux détaillans ,
s'étend depuis la rue des Fuseaux jusqu'à la hau-
teur de la rue de la Monnaie et du Pont-
Neuf.
IV. Le marché aura lieu trois fois par décade ,
savoir : les tridi , sextidi et nonidi , depuis le
lever jusqu'au coucher du soleil. { Arrêté du bu*
reau central du Ig frimaire an 7 , art. XIV.)
V. Aucun marchand forain ne pourra vendre
sur l'emplacement réservé aux détaillans . et réci''
proqucmcnt les détaillans ne pouriont étaler sur
[emplacement destiné aux marchands forains.
VI. Les places sur la partie du têrrein affecté
à la vente en g.os, seront dévolues à chaque
marché au premier occupant.
VIL Tout individu q,ui voudra occuper uns
place de cU-iaillnnt sur le marché aux ;)!jiites ,
jujt flcuis sut tige, aux arbuslcs el a' x ^lain-es .
devra en obtenir la permission du prélci de
police. ' '
VIII. Dans le cas oii des délaillans seraient
coi;vaincus d avoir trompé le pul^lic dans la vente
dts plantes , des fleurs sur tige et des arbustes , ils
seiont privés de leurs places.
IX. Les porteuis ou hottiers dans l'usage de
stationner sur le quai de la Mégisserie , qui y
causeraient de l'embarras ou du trouble , seront
conduits à la piéfccture de police.
X. Il sera pris envers les contrevenans aux d>s-
posiiions ci-dessus telles njÉSures de police admi-
nistrative qu'il apnartiendra ; ils seront en outre
dénonces jiiix tribunaux compélens , pour être
poursuivis corilotmément aux lois.
XI. Le présent arrêté sera imprimé el affiché. Il
sera envoyé auxaulofiiés qui doivent en connaître ,
aux officiers el préposés de police . potir que cha-
cun , en ce qui le concerne , tienne stvicleaient la
main à son exécution.
Le préfet de police , signé , Dubois.
Pour expédition conforme,
Le- secrétaire- ginéral adjoint. Fauvk.
ii9«
pertes doivent être communs entre npus
moi vos comptes. >>
Barrillon , sourd à ce langage, méconnaît ou
feint de méconnaître la quahié et les droits de son
associé, et refuse de rendre ses comptes.
Caslanei a invoqué la.jusiice des iiibunaux , et
les faits et les moyens de la cause sont présentes
avec beaucoup d intérêt dans un mémoire cuneux ,
qui se vend chez Descnne , libiaiic
Egalité.
Palais-
LEciioven Barrillon, bantiuier àT.iris, rue nfuve
du Luxembourg , n" i6i , prie ses conciioytiis de
de ne pas se laisser prévenir contre lui par l'an-
nonce faite dans les journaux , dune affaire qcii
va être portée au tribunal de commerce du dé-
partement de la Seine. Le cit. Bairillon espère
que le jugement à intervenir détruira les impres-
sions que la lecture d'un mémoire astuc.ieusemenl
rédigé et mis eh vente jijir. son adversaire , pour-
lait faire naîtie. Par procuration de B.AttRii-LON.
Ce 2 1 messidor. Dubeuf.
Sucre de betteraves.
L'institut national des sciences et des arts ,
dans sa séance du i" prairial an 8 , a entendu
le rapport d'une commission composée des cit.
Charles , Monge et Perler , sur les ouvrages de
tout exécutés par le citoyen Barreau , artiste cé-
lèbre de la commune d'Avignon.
Le rapporteur , après avoir annoncé que la
-commission , par un examen attenlif , s était con-
vaincue que. la description détaillée de ces ou-
vrages serait trop longue par la multiplicité des
beautés qu'ils présentent , affirme que les diffi-
cultés qu'il a fallu vaincre pour perlectionner les
chefs-dœuvre qui ont passé sous les yeux de la
commission , sont tels que l'on conçoit à peirie
comment cet artiste a pu se proposer de pareils
problêmes à résoudre et en si grand norabie.
Le rapporteur ajoute que le citoyen Barreau
a réellement reculé les boines de son art, et
que ses découvertes offrent des ressources pour
la pratique des arts mécaniques. Il conclut , au
nom de la commission , que le citoyen Barreata
mérite les éloges de l'institut , et qu'il serait à
désirer qu'il voulût décrire ses procédés.
La classe a approuvé le rapport et en a adopté
les conclusions.
Le citoyen Barreau désirant répondre , autant
qu'il est en lui , aux désirs de l'iiisiiiut na-
tional et contribuer au perfectionnement des
arts , offre ( en attendant qu'il puisse publier
la description de ses procédés ) de donner des
leçons de tour. Il assure ceux qui voudront mettre
sa confiance en lui , et qui ont du goût pour cet
art, quilles mettra en peu de lems à même d'ac-
quérir le degré de perfection qui lui a coulé plus
de trente années d'application et de travail.
Il demeure au conservatoire des arts et métiers ,
ïue de 1 Université , n° 296. On y voit tous les
jours les ouvrages du citoyen Barreau , dont le
gouvernement a fait l'acquisition.
Cause remarquable.
Le tribunal de commerce du département de
la Seine va être ajipelé à prononcer sut une affaire
importante , et qui touche à la morale publique ,
en même-tems qu'elle intéresse la bonne-foi com-
merciale.
Il paraît que Castanet et Batrillon se sont asso-
ciés à Saint-Domingue , en 1788.
Le premier devait prendre soin des propriétés
et des affaires sociales en Amérique ; Banillon se
chargea de travailler au succès de la société en
Europe.
Barrillon ( aujourd'hui célèbre à Paris comme
banquier, comme fournisseur, etc. ) quitta Saint-
Domingue en 1792 , au moment ovi le séjour de-
venait périlleux ; il a fort habilement employé,
en France, 700 mille livres de fonds appartenans
à la société , qu'il avait emportés de Saint-Do-
rainoue , etla renommée porte àplusieurs millions
la fortune qu'il a acquise.
Cependant la guerre , les ravages , l'incendie et
la mon planaient sur Saint-Domingue; on pou-
vait croire qu'il ne serait plus question de Castanet,
lorsque tout-à-coup il a reparu et a dit : j' Je suis
resté dans la colonie; j'y ai défendu nos habita-
tions communes , j'ai combattu les brigands qui
les ont dévastées ; j ai perdu mon (ils unique
dans les combats ; moi-même grièvement blessé ,
pris, incarcéré, destiné au supplice, échappé
enfin par une suite de prodiges , je reviens en
Fiance , et je vous trouve, vous, mon associé.
On ne se doutait pas , il y quarante ans envi-
ron , lorsque Matgraff, chimiste de Berlin an-
nonça I existence du sucre dans la racine de
beitJrave , qu'on pourrait un jour tirer parti
de celle découverte , et qu on parviendrait à
prouver ([ue celte lacine contenait assez de sucre ,
pour qu'on pût se passer de celui de la canne.
C est cependant ce qu'a fait M. Acliard , aussi
chimiste de Berlin.
Les difiétens procédés indiqués par ce savant ,
viennent dêtre répétés à Paris , par une com-
mission que la classe des sciences physiques et
mathématiques de l'inslitul-naiional avait nommée
à cet effet.
Il résulte du travail de celte commission :
1°. Q;ie l'espèce de betterave, qui croît en
France , et qui est reconnaissable à sa chair
blanche traversée par des bandes ou rayes rou-
"^eâires , contient du sucre , ainsi que celle de
fa même espèce qui , à Berlin , a fait le sujet
des expériences de M. Achard.
2°. Qjie la quantité de sucre que cette racine
fournit, est assez considérable pourmériter qu'on
s'occupe de son extraction.
3". Que ce sucre , après avoir été purifié ,
a touic"s les qualités du sucre de canne.
4°. Oue s'il est vrai de dire qu'à la rigueur,
le prix du sucre de betterave ne pourra eue
déterminé d'une manière très-précise, que ItDrs-
qu'on connaîira les résultats d'expérience faites
ii.ès-en gland, cependant on peut . dès-à-préscnt ,
présumer que ce prix ne s'élèvera pas plus haut
que celui du sucre de canne dans les tcnis
ordinaires.
5°. Que l'opération relative à l'extraction du
sucre de la betterave , telle qu'elle a été in-
diquée par M. Achard, est encore bien éloignée
de celle perfection dont elle est susceptible, et
qu'elle acquerrcra , sans doute, lorsquelle sera
pratiquée par des personnes habiles qui , en la
considérant comme devant oftrir une nouvelle
branche de commerce, ne négligeront aucuns
moyens pour diminuer les dépenses et augmenter
le produit.
6°. Enfin, que comme il existe plusieurs variétés
de bet;erave , il est à désirer qu'on s'assure si
dans le nombre il ne s'en trouve pas quelques-
unes plus riches en sucre que celle que M. Achard
a indiquée.
Telles sont les principaux résultats qui ont
été extraits du rapport présenié à la classe des
sciences physiques et mathématiques de l'ins-
titut national , par la commission chargée de
répéter les procédés de M. Achard.
Ce rapport qui , sans doute , sera incessam-
ment publié , offiira l'ensemble des expériences
qui ont été faites , et d'après lesquelles les com-
missaires se sont crus fondés à conclure , qu'il
était à présumer que", comme l'avait annoncé
le chimiste de Berlin, la betterave pourrait un
jour remplacer la canne à sucre.
ndcz- ! et d'une vérité bien constatée : elles voudiont
bien adresser leurs lettres, fianches de port,
au cit. Lebourg , libraire , Palais-Egaliié , première
galleric de bois, n" 229, pour reineltte au cit.
È-J. ■
Si je garde l'anonyme , c'est pour écrire sa vie
avec plus de libellé et de véracité , et parce que
je ne veux pas qu'un sentiment de gloriole flé-
trisse ce monument de l'amitié. Je suis tiop affiigé
d'é la perte d un ami aussi j'are , d'un ciio\eii
aussi dévoué à sa patrie, d un mililaiie aussi buvc
et d'un litiératfur aussi savant et aussi modeste,
pour songer à m'associer à sa gloire. Je ne dois
songer et je ne songe qu'à faire connaître un
modèle aux hommes'' vertueux. En me léguant ^
de préférence à tant d amis illustres, la moitié
de sa petite bibliothèque, il semble ((u'il ait
voulu inc léguer une tâche aussi honorable.
Pendant sa vie je n'aurais pas osé affliger s»
modestie en insérant dans les journaux le moindre
éloge de lui , parce que je savais la peine qu'il
ressentait quand des amisjaaoins réservés ou qui
le cou naissaient m oins, annonçaient au public quel-
ques-unes de ces actions glorieuses qu'il cachait
avec tant de soin.
Aiijourdhui que sa mort m'a dégagé de ma
promesse , je crois encore entendre son ombre
me faire des reproches de songer à le louer;
aussi je me promets bien de ne pas l'alfliger par
un lécil mensonger ou hazardé. En ce moment
des milliers de trails de désinléressement , de
dévoûment , me viennent à l'esprit; mais je crains
de les affaiblir en ne les mettant pas à leur place ,
et je sens ([u'un journal ne pourrait pas me four-
nir assez d'espace, je me borne donc à ce seul
trait, parce quil est le plus récent, ei que je
sais quel pressentiment l'affectait alors.
Avant son départ , il vint me voir à ma cara-
paane pour me faire ses adieux ; je lui représentai
qu'il était tcms à son âge de jouir du repos , qu'il'
se devait maintenant à la république des lettres,-
qu'il avait des manuscrits à finir, et qu'enfin je
craignais pour lui les dangers d'une nouvelle
campagne. Au mot de danger : Eh bien ! mon.
ami, ( en me serrant foneinent la main) seriez-
vous doue fâché de me -ooir mourir d'une mort
glorieuse ?
11 a laissé deux manuscrits sur la langue cel-
tique ;i'un est un Glossaire pol\ glotte, dans lequel
il compare 45 langues avec le bieton , sa langue
maternelle ; l'autre est un dictionnaire Breton-
gallois [ranimais. J'ai vu souvent le premier ; il
avait coiiié au net ses brouillons avant son dé-
part.; il ne s'agit plus que de les classer, et de
mettre la dernière main à sa rédaction. Comme
je connais son plan, qu'il avait eu la mod'estie
d'adopter me: idées sur la classification , et qu'il
devait me charger de revoir son travail en défi-
nitif , je me propose de remplir ses vues après
sa mort.
Je n'ai pas vu l'autre ouvrage , mais il m'en «
souvent parlé avec l'entousiasme qu'il éprouvait
toujours quand il parlait de la langue de soo
pays, la Basse-Bretagne. Enfin, il doit se trouver
dans SCS malles un exemplaire de ses Origines
Gau/otJei imprimées en lan 5, chargé de note&
dont je lui ai fourni , à sa sollicitation , la
plus grande partie.
Je me propose de lui tenir l'offre que je lui
avais faite avant son départ pour l'armée, d'être
lédileur et le rédacteur de ses manuscrits et
d'en solliciter ensuite du gouvernement, l'im-
pression. C'est ma passion pour les langues
qui m'a procuré sa connaissance et ensuite sa
précieuse amiué ; c'est à cette passion que je
dois les livres rares qu'il m'a légués. Heureuse
passion , que tu m'as fait goûter de jouissances !
Je te dois la possession d un ami et le charme
de l'étude. Livres précieux qu'il m'a légués ,
vous serez lus , médités de préférence à tous
les autres. En vous feuilletant , en vous voyant
chargés de ses notes , je le croirai présent , je
me rappellerai avec quel entousiasme il me par-
lait de vous ; combien vous l'avez rendu heu-
reux ! E- J-
•Le'til..E.:J. au rédacteur.
'Vous avez inséré, citoyen, dans le n» 289
(igmessidorl,répiiaphequejevousai adressée avec
unecourte uoie consacrées la mémoire de Lalour-
d'Auvergne-Corret. Permettez-moi de me servir
encore de votre journal pour prévenir le public
que je me propose de composer une notice de
sa vie militaire , littéraire et privée : j'ai déjà
beaucoup de détails que je dois particulièrement
aux épanchemens de son amitié ; je prie donc
toutes les personnes qui s'intéressent à la gloire
. , - "^^ "=' homme modeste ,' de me faire parvenir
au'sdn de*^ Vopùïence ; les bénéfices comme les ' toutes les anecdotes qui sont à leur connaissance
COURS DU CHANGE.
Effets -publics.
Rente provisoire ' *° f""- 63 c.
Tiers consolidé 3o fr. 75 c.
Bons deux tiers t fr. 49 c.
Bons d'arréragé 88 fr. 25 c
Bons pour l'an 8... 84 fr.
Coupures 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lyon au p. à 10 jours.
Marseille au p. à s5 jours.
Bordeaux i p. à vue.
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A Paris , de llimptimeiie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV" 296.
S'xlidi , 26 messidor a?i 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes aucbiisés à prévenir nos souscriprcurs , qu'à dater da 7 nivôse le M O N' I T E U R es: le s£ul jouriiai officiel.
Il contient L-s séances des ai:corirés constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les laits et les notior
tant su l'intérieur que sjr l'extérieur, tournis par les correspondances ministérielles.
Un article s-jra partic^.ihére'.ncnc consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ITALIE.
Liberté. Egalité.
Extrait des Te.gistiss de la commission de gouvir-
7iCiUeiit de la république cisalpine an 8.
Séiince du i6 messidor.
La consulte législ.vive cisalpine a envoyé à la
commission de gouvernement la loi ci-après.
. EÉPUBLIQ^UE CISALPINE.
Considérant que la lépublique cisalpine , recon-
nue ïi^.:t et indépendante par l'empereur et par
la rpajeure partie des puissances de l'Europe ,
'avaù le droit de faire ses lois et réglemens par le
moyen de ses légitimes reptéscmaiis ;
Considérant que les lois et réglemens ainsi faits
ont été annuilés par un i;ouvernement-établi à
force armée , et contre la teneur des traités;
Considérant enfin , quil est de la sagesse d'un
gouverncmeni de maintenir la tranquillité dans
l'intérieur des familles . en ne détruisant point
des actes qui , quoique passés sous un gouverne-
mem intius, ont cependant le caractère de la
bonne foi ;
Reconnaissant le cas d'urgence proposé par
la commission extraordinaiie de gouvernement,
dans son message du l5 messidor ,
Arrête :
Art. I''. Sont déclarés nuls tous les édits ,
lois , proclamations , ordres , avis , et toute autre
dîsposliion , de quelque nature qu'elle soit, éma-
nés de 1 autorité judiciaire, politique et adminis-
trative , pendant l'occupation du territoire de la
république cisalpine par les troupes autri-
chiennes.
H. Sont rétablies dans toute leur vigueur les lois
de la république cisalpine , excepté celles qui re-
gardent les réglemens de finances et des impôts
indirects , ainsi que celles qui concernent le culte
catholique erses ministres ; remettant en vigueur
pour ces objets les ordonnances et réglemens
qui étaient observés en avril 1796. Seront cepen-
dant remis en pleine possession et jouissance de
leurs propiiéiéb les acquéreurs légitimes des biens
déclarés nationaux par les précédentes lois de la
république , ainsi que ceux qui ont subi un in-
juste séquestre ou qui ont été indignement dé-
pouillés dans toute 1 étendue de la république.
III. Sont maintenus les jugeraens exécutés, sauf
les recours ordinaires pour la restitution en entier,
les successions léguées ou non léguées déjà véri-
iiées , les contrats qui ont eu leur pleine exécu
tion , pourvu qu'ils ne concernent pas des biens
qui n étaient pas sous le séquestre , et que d'ail-
leurs ils ne contiennent aucune cause de nullité
ou de lésion. Sont également maintenus d'une
manière irrévocable , les paiemens faits suivant
les lois en usage dans le tems intermédiaire.
La commission extraordinaire du gouverne-
ment ordonnera que la présente loi soit publiée et
affichée dans toute l'étendue de la république ci-
salpine , pour y avoir pleine et entière exécution.
Milan , le 16 messidor an S.
Signé , Petiet, Marliani, Mattia.
Contresigné , Macchi , secrétaire.
La commission de gouvernement ordonne
que h présente loi sera munie du sceau de la
léjjublique , imprimée , distribuée et exécutée
dans toute la république.
Le président de la commission de gouvernement ,
SOMMARIVA . RuCA.
Clavf.na , secrétaire-général.
LiBiutTÉ. Egalité.
1800. 2 juillet an 4.
Atl NOM DE LA RÈPUBLKiyjE LIGURIENNE.
La commission extraordinaire de gouvernement
considérant que l'article VII de l'arrêté du pre-
mier consul delà république française , daté de
Milan le 4 messidor an 8 (23 juin 1800 ) porte que
tous lu fonctionrtaires publies sont tenus de rester
à leur poste , et de continuer leur service sous
l'auioiité du gouvernement provisoire juiquà ce
qu'il en ait été autrement ordonné , et pourvoir d'ac-
cord avec lui à tous les moyens possibles d'assurer
le bon ordre dans tout le territoire de la républi-
que ligurienne , arrête :
Art. V. Tous les fonctionnaires publics qui ,
dans tout le jour 2 juillet:, se trouvent en exer-
cice , sont tenus de rester à leur poste.
II. A compter de ce jour . toute opération ul-
térieure , de quelque commissaire organisateur
que ce soit , est suspendue , ce qui a été lait jus-
qu'à présent étant maintenu.
III. Le présent arrêté aura son effet jusqu'à nou-
velle décision du gouvetnenaent.
IV. Le ministre de l'intérieur et des finances est
chargé de l'exécution de cet arrêté , dans le plus
court délai.
Rossi , président.
A. Pareto , secrétaire.
Le présent arrêté^ été publié dans le jour.
F. GiANELLO , ministre.
Liberté. Egalité.
Là commission extraordinaire de gouvernement au
peuple ligurien.
Citoyens,
Les armes de la grande-nation viennent de
rendre l'existence à la république ligurienne.
Fidèle amie de la France , elle est pour jamais
inscrite sur le rôle des nations d'où les vicissitudes
de la fortune avaient menacé un moment de
l'effacer ; mais son existence ne serait pas un
bienfait, si elle était encore compromise par des
convulsions journalières , ou en proie aux maux
qui nous accablent depuis plusieurs années ; à
ceux d'une guerre désolante dont la Ligurie est
devenue le triste théâtre , se sont jointes des
dissentions intestines. Elles ont rendu une partie
de nos concitoyens étrangers parmi nous; elles
ont banni les arts , l industrie et l'union des
familles , empoisonné les sources les plus pures
du plaisir , et mis le comble à l'inforiune pu-
blique et privée. Par elfes il ne nous reste de
la société que le nom , delà vie que le fardeau.
Mais le premier magistrat de la république fran-
çaise joint à l'existence qu il nous a redonnée par
les vict( ir;s,les sages conseils qui peuvc-ni assurer
sa félicité : ils nous sont transmis par un ministre
digne , à tous égards de notre estime et de notre
confiance. Bonaparte , cet homme dont aucun
éloge n égale le nom . nous invite à mettre un
terme à tant de calamités. Citoyens , ses prin-
cipes vous sont connus ; la commission extraor-
dinaire du gouvernement les professe. Forte de
l'adhésion des bons citoyens , elle ne connaîtra de
partis que pour les comprimer ; elle ne souffrira
point les persécutions , quelqu'en soit le pré-
texte ; elle ne verra le délit que dans'l'infraction
des lois et le mérite que dans leur observance.
Egalement opposée aux ennemis de la république
et aux sectateurs de 1 anarchie , le bonheur com-
mun , la sûreté individuelle seront son but ; la
modération , la justice , ses moyens ; la réunion
des citoyens en une seule famille , le comble de
ses vœux. Elle ne se dissimule pas qu'elle est
pressée de toutes parts par les besoins e: envi-
ronnée de ruines ; mais elle sait que l'amour de
la patrie , qui facilite les sacrifices et les priva-
tions, n'est point éteint dans les coeurs des ligu-
riens. S il ne lui est pas doni^é de rendre à la
Ligurie son antique splendeur , elle sera contente
au moins d avoir allégé ses maux et préparé la
voie à un meilleur avenir , qui ne peut être réalisé
que par une paix générale.
Habitans des vallées , un entier oubli doit cou-
vrir le passé. Le gouvernement confirme avec joie
les assurances de eetupubiij proclamées parle
premier consul de la république française. Que
cette mesure chère à son cœur obtienne de vous
la reconnaissance qu'elle mérite. Redevenez ci-
toyens paisibles ctuiiles. Qu'une laborieuse indus-
trie répare nos désastres.
Hommes de toutes les opinions , qui , sans
avoir contrevenu aux lois , avez , de votre propre
mouvement, cherché unasyle au-dehors, revchcz
dans vos maisons oià vous attendent la surêté et la
tranquillité. Une funeste guerre d'opinion ne doit
point avoir lieu entre des frères appelés par la
nature à cette confiance réciproque qui est lame
du commerce et de la navigation.
Ministres d'une religion auguste , ne craignez
point qu^ la licence et le détoi die vous enlèvent
une considération méritée ; que vôtre influence
bienfesanie et vos vertus exemplaires ramènent les
hommes à la véiitable morale ; (ju'clles versent un
baume salutaire sur des plaies ulcérées ; qu'elles
achèvent la conciliation si désirée des esprits.
Mais , citoyens , votre concours unanime est
nécessaire pour ce grand ouvrage. Calmons toutes
les anioiusités , éteignons toutes les haines. Ne
trahissons point par des discordes élernelles l'es-
pérance de sauver de la ruine notre patrie , nous-
mêmes et nos entans ; quj ceux-ci ne soient
point victimes des futcuis de leurs pères , et ne
les exposons pas à exécrer un jour Itur mémoire.
Rossi , président.
A. Pareto , secrétaire-
An Palais-National , le 3 juillet 1800 an 4
de la république ligurienne.
ALLEMAGNE.
Stuttgard , /c 1 2 messidor.
Le général Kohler et les officiers anglais, chargés
d'instruire les turcs dans la tactique europcanne ,
retournent en Angleterre par l'Allemagne.
On assure que le comte de Cobenizel est parti
de Vienne pour l'Italie, dans 1 intention d'entamer
des préliminaires de paix.
Ulm se prépare à sou'enir un assaut. — Le duc
de "Wirtemberg est à Erlangen.
L'armée autrichienne a quitté, le 10, Ingolstadt;
elle a passé le Danube et s'est porté sur User. Elle
doit couvrir Raiisbonne. Tous les bagages et
munitions de 1 armée ont été transportés dans cette
ville, {Strasburger Welbote.)
REPUBLI.Q.UE HELVÉTIQUE.
. De Berne , le 16 messidor. "
La marche des troupes françaises par Saint-
Gai continue. Environ quatre rnille prisonniers
autrichiens ,- parmi lesquels se trouvent soixante
officiers, ont -passé par ici pour se rendre en
France.
Le 12 , la communication de la Suisse avec
Bregentza été rétablie par le général Jardon. Les
français s'avancent vers Feikirck pour assurer cette
communication. On a jeté à Reiueck un pont sur
le Rhin.
Il y a encore quelques troubles dans la contrée
de Locarno.
C'est l'ambassadeur de Prusse à Munich , M- de
Heymann , et non le ministre Hardtmberg qui
doit traiter avec le général Moreau , au nom de
l'électeur de Bavière. [Strasb. Weltbole. ]
INTÉRIEUR.
Strasbourg , le 20 messidor.
D.^NS la nuit du 17 au 18 , il a passé par ici uti
Courier de Vienne allant à Paris. On assureque
ses dépêches ont pour objet la paix entre l'Autri-
che et la France.
Depuis le 14 , deux bataillons de la légionpolo-
naise , passant par Mayence , se sont portés sur le
Rhin. Le i5 , plusieurs demi-brigades et plusieurs
régimens de cavalerie ont pris la même route. Le
même jour , le général Sainte - Suzanne et les
généraux de divisions Colaud , Souham , Pille ,
sont partis pour la rive droite du Rhin. Le 17 ,
Sainte - Suzanne avait son quartier - général à
Hochst.
On s'attend à une armistice. L'affaire d'Ober-
hausen , dans laquelle une simple division a
battu un corps d'armée fort de plus de 12,000
hommes, a découragé l'ennemi. Nous lui avons
fait dans cette journée 5 à 600 prisonniers , et
si le jour ne nous eut manqué , nous eussions
pris son artillerie, et nous l'aurions poussé dans
un marais.
Paris , le 25 messidor.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Note sur les citoyens Condamina , mariniers au
Port-Landri.
Ces citoyens ont fait un grand nombre de belles
actions , mais avec un désintéressement si rare
qu'à peine en trouve-l-on des tiaces. On est par-
\enu à, en constater quelques-unes à force de
recherclies, et c'est d'utic pàtlî'e de ceTles-làsfeuife-
tncnt qu'il sera question ici.
i". Dans' un tems de gelée , la citoyenne ta-
verdeau tomba dans la livicre et fut emiiortée.
Condamina ( Baptiste) se jet-ta à la nage et parvint
a la rctiTer- elle fut rappelée àlavie. Condamina
■était alors très-jeune.
2". Pendant un hiver très-rigoureuK, de>UTc hom-
mes étaient sur le point de périr , les deux frères
Condamina se précipitèrent dans la rivière à tra-
vers les glaces. Baptiste disj)arut sous les glaçons ;
îl parvint cependant à se retirer , tandis que son
frçrç sauva les deux hommes.
3*. Une autre fois , ils vinrent avec leur ba-
telet pour dégager nn bateau arrêré par les
glaces' en' traVefs du Pont-Rouge. Ils débarras-
sèrent en' partie' le bateau , mais leur bachot
coula à fond -, ils se trouvèrent dans l'eau avec
deux homitiës , ils en sauvèrent un.
4". En 1784 , ils repêchèrent un homme et
■d'eux chevaux entraînés par la rivière.
5". Eli 1785 , ils repêchèrent quatre hommes
«j'ul avdient lâché un train de bois qui donna en ,
travers du Poni-Noire-Dame.
6°. En 17S7 , il sauvèrent la vie à un enfant
qui se noyait.
7°. En 1788, une femme employée aux
bains chinois, tomba dans la rivière à quatre
heures du malin et fut entraînée ; elle fut sauvée
par les frères Condamina.
8°. Une femme fut jetée à minuit du Ponl-
'Rouge dans la rivière ; les frères Condamina ac-
■coururent à ses cris, et la sauvèrent au moment
OÙ elle allait passer sous le pont de la Cité.
g°. Un des deux frères sauva , il y a environ
■quatre' ans, la vie à un porteur tombé dans l'eau.
10°. (Quelque tems auparavant , Baptiste Con-
•damina avait sauvé , à onze heures et demie du
soir . deux jeunes gens entraînés dans un bachot ,
sans crocs ni rames. Ils étaient sur le point de
passer sous le moulin de la cité, lorsque Con-
damina les joignit. Il n'eut que le tems de se jeter
dans leur bachot ; il le manœuvra et le lira d'af-
faire , abandonnant son projsre balelct qu'il re-
trouva le lendemain.
II". Le 4 messidor an 4 , à dix heures du
soir , l'inspecteur des ports apperçut de ses fe-
nêtres un bachot entraîné et dans lequel étaient
trois hommes n'ayant ni croc , ni rames. 11 ap-
pela les frères Condamina qui demeurent au port
Landri et qui étaient déjà couchés. Il descend
aussitôt pour chercher d autres secours. A peine
était-il avi bord de l'eau, qu'il apperçut Baptiste
Condamina en pantalon , et son (ils (i)en chemise
■èe portant à forcesur le bachot, encourageant delà
voix ceux qui étaient dedans ; ils les sauvèrent.
Ces trois hommes étaient des ouvriers des frères
Dàuney , chez qui ils furent conduits par les
Condamina.
Le lendemain , les frères Dauney envoyèrent
le citoyen Girard, leur premier commis, porter
«ux frères Condamina une récompense pécu-
■niaire; mais ceux-ci refusèrent en disant <i qu'ils
ri étaient trop heureux d'avoir sauvé la vie à
*j leurs semblables. >»
lî*; Le 3 frimaire an 7 , des mariniers firent une
fausse manœuvre en voulant mettre un couplage
d'orge à la Grève ; un des frères Condaminasauva
Je couplage et les mariniers qui y étaient restés ;
Xt l'autre sauva le citoyen Chapizau , l'un des raa-
ïiniers qui était tombé à l'eau.
1-3". En l'an 5 , ils sauvèrent avec beaucoup de
peine trois chevaux qui avaient été entraînés par
le courant de la rivière. Ce? chevaux àpparte-
haieni au citoyen Aubin , voiturier , avec lequel
l^s Cdndamina étaient brouillés.
Depuisplus de quarante ans , les citoyens Con-
damina sont au port Landri j ils n'ont cessé de
rendre des services importans , soit en empêchant
(des naufrages ^ soit en repêchant les naufragés.
Ils se portent à ces actions avec un zèle et un dé-
sintéressement inconcevable. Ils y employent gra-
tuitement leur téms , leurs ustensiles de niatine ,
îeurs cordages , etc. ; il faut ajouter à tout cela ,
que les Condamina tiennent la conduite la plus
régulière , ont des mœurs pures, et sont d'une
probité à toute épreuve. Ils ont chacun trois
iénfans.
// était de toute justice que le quai de ta Pelleterie
si Ixmg-tems t4moin de leurs belles actions , le fût
aussi de leur triomphe.
Les deux frères Condamina ^ d'après Iq -vœu de
tous les mariniers de Paris , ont assisté à la pose
de la premiers pierre dû quai Dèsaix, et le préfet
de police l'cur a témoigné publiquement la re-
connaissance de tous les bons citoyens .
(i) Ce fils avait alors diit-buit ans et est à l'armée
«ornmé conscrit.
II94
LS'CÎtbyén* iferorfere , fils , îiigériîéur' tnltiétalit)-
giste, élevé de l'école dé Paris , et membre de la
commission des sciences et ans en Egypte , a
adressé à son père, notaire à Mclun , une lettre
datée du Caire , le 8 vendémiaire dernier. Ce
jeune natura'iste, âgé de 24 ans, est parti pour
lEgypte comme adjoint du célèbre et infortuné
Dolomieu. Comme sa lettre contient des détails
curieux sur un pays encore peu connu , nous
avons pensé que nos lecteurs en verraient ici
avec plaisir quelques passages.
(^ J'ai recherché, autant que je l'ai pu, les
moyens de pénétrer à diverses hauteurs , soit dans
les déserts de la Lybie, soit dans ceux qui se
trouvent entre lEgypte et la Mer-Rouge ; le prin-
cipal trajet que j ai fait est celui dHesney à
Cosseir , port de la Mer-Rouge par lequel se fait
le commerce de lEgypte avec l'Arabie; les
troupes françaises panaient pour aller s emparer
de ce point, dans le moment où j'arrivais à
Hesney; je me suis déterminé à saisir 1 occasion ,
ei à partir avec elles. Gg voyage est long et assez
fai.iguani : on ne peut le faire que sur des dro-
madaires , parce jj,ue les chevaux n'y pourraient
pas résister.
11 Je crois avoir fait en Egypte ce qu'il m'était
possible d'y faire; ce voyage, que je viens
d'achever , était le seul qui pût être intéressant
pour moi. On desiiait de connaître la miné-
ralogie de la Haute-Egypte . et sur-tout de la
partie qui se trouve entre 1 Egypte et la Mer-
Rouge : ces endroits n'avaient éié parcourus par
aucun naturaliste ; quelques-uns même n'avaient
éié visités par aucun voyageiir , et leur position ,
mal connue, avait été placée un p^^u au hasard
sur les canes géographiques, dapiès les rap-
ports de quelques habitans du pays.
)i En tîEi'occupant de ces recherches , j'ai eu
occasion de voir dans te plus grand détail les
monumens des anciens égyptiens , dont cette
partie de lEgypte est encore couverte.
n J'ai resté vingt-deux jours à visiter les ruines
de l'ancienne ville de Thebes qui , si elle a oc-
cupé iemplacement qu on lui assigne , n'éiait
gueres moins grande que Paris. 1
Ceux qui connaissent les monumens de Rome 1
et de la Giece , voyent encore avec surprise les
anciens monumens de l'Egypte ; on y reconnaît
avec évidence la source où les grecs ont puisé
presque tout ce que nous admirons dans leur archi-
tecture.
)) La plupart des monumens Egyptiens sont
des temple.i , dont l'intérieur est presque toujours
construit sur le même plan ; les constructions
accessoires varient davantage : ce sont commu-
nément de très-beaux portiques qui ont quatre
ou six colonnes de front , sur trois ou quatre
de profondeur , et dont les chapiteaux , presque
tous difFérens , font un efFet très-singulier , et qui
n'est nullement désagréable à l'œil. >)
11 Quelquefois on arrive à ces portiques en tra-
veilant de grandes cours garnies intérieurement
de colonnes , dont les chapiteaux présentent la
même variéié ; le fust de ces colonnes est toujours
couvert d hiéroglyphes et de diverses sculptures
dansloute sa hauteur; ceshiéroglyphes qui étaient
les caractères du langage sacré , et peut-être aussi
du langage vulgaire des anciens égyptiens , sont
extrêmement abondans; il c'est aucune partie des
constructions égyptiennes qui n'en soit totalement
recouverte ; il y en a même jusque sur les en-
ceintes extérieures qui enferment quelquefois les
temples et leurs cours, n
)i Une chose très- remarquable encore parmi
lesconsiructions qui accompagnent ordinairement
ces temples , ce sont les môles qui leur servent
quelquefois de portes ; ce sont de hautes tours
carrées , ou pour mieux dire , des pyramides
tronquées qui sont jointes deux ensemble par leur
partie supérieure; l'espace qu'elles laissent dans
leurs parties inférieures , sert de passage pour
s'introduire dans le temple. Quoique ces cons-
tructions aient quelquefois plus de quatre-vingt
pieds de hauteur , elles sont souvent totalement
recouvertes , soit d'hiéroglyphes , soit de bps-
rehefs ciselés avec le plus grand soin ; le dessin
n'en est pas des plus corrects ; ils excellaient dans
cette partie beaucoup moins que dans l'exé-
cution. ï> .
n Quelques-uns dé -Ces môles sont presque
.'massiis , et n'ont d'antte construction intérieure,
qu'un escalier qui part en ligne droite depuis le
bas d'un môle jusqu'au sommet du môle voisin.
Ces sommets sont terminés en terrasse. D'autres
ont une quantité innombrable de chambres inté-
rieures , qui paraissent avoir été destinées aux
diflPérens actes de la religion , tels que l'embau-
mement, la sépulture, etc. On trouve dans plu-
sieurs endroits des peintures qui représentent ces
embauraemens. C'était une des choses les plus
sacrées chez les égyptiens. Les prêtres en étaient
chargés : ils sont représentés dans ces fonctions
avec une tête d'animal , soit de loup , soit de
bélier ou de renard. Probablement c'était les mas-
ques dont ils couvraient leur visage , pour éviter
d'être contius , ou pour s'attirer un respect qu'ils
n'kui^aiefit pas oblenw sans ce gi:nre d'orne-
mens. "
n Lorsqu'on- est entré sous les portiques dont
je vous parlais , on voit devant soi une longue
suite de chambres dont les portes toutes sem-
blables ( quant aux ornemens ) s'enfilent parfai-
tement -, mais leurs dimensions ne sont pas les mê-
mes. Elles vont toujours en diminuant de gran-
deur à mesure qu'elles avancent vers la chambre
du fond , qu on appelle plus respectueusement
le sanctuaire du temple. >>
» Dans quelques monumens le sol s'élève grar
duellement depuis le portique jusqu'au sanc-
tuaire. Ce moyen qu'on a rarement, occasioa
d'employer dans nos constructions modernes,
produit un eifet de perspective très-frappant ; il
agrandit prodigieusement l'intérieur des temples.
La lumière n'entrant que par les portiques, l'obscu-
rité qui augmente de plus en plus dans les cham-
bres du fond , favorise beaucoup cet efFet en ne
permettant dappercevoir que très indistincteraei t
les parties les plus éloignées; et comme les portes
sont parfaitement semblables , on n'attribue leuc
différence qu'à un éloignement plus grand que
celui qui existe ; voilà l'effet qu'on observe ; mais
peut-être serait-ce prêter aux égyptiens plus d'art
qu'ils n'en ont eu , que de supposer qu'ils l'outfait
dans ce dessein.
Ces chambres ont encore un caractère particu-
lier ; c'est qu'elles sont beaucoup plus larges qus
profondes ; sur les côtés il y a de petits coriidors
îort étroits qui conduisent à une multitude de
de petites chambres très obscures qui , sans doute,
ont servi de tombeaux ; lorsqu'on veut se bazar-
der d'y entrer , on est assailli par d-ss^ milliers de
chauve-souris qui ont bientôt éteint les lumières
avec lesquelles on s y introduit, et dans le court
espace de tems nécessaire pour en lever le plan,
on est exposé à avoir la hgure frappée une dou-
zaine de fois par ces dégoutans ani.Tiaux.
Les serpcns cérastes ou serpenscornus , qu'ado-
raient les égypiiens , sont assez communs dans
cette contrée ; j'ai manqué d'êire mordu par
un dans une des grottes de Thebes; mais c'est-là
un des moindres dangers qu on coure en
Egypte , etc.
ESSAI SU RLE GOUT.
Nous n'avons plus de moturs , nous avons des
manières.
Qui pourra donc nous rendre à nos vertus pre-
mières ?
Le sexe dont l'empire est adoré par-tout ,
Et qu'un peuple poli nomme a^rbitre du goût.
Sexe modeste et fier , lu n'en perds pas la trace :
Le goût est ton conseil , la décence est ta grâce.
Pour toi , dont la raison ne connaît point d'efforts.
Le goût est à l'esprit ce qu'est la grâce au corps. (I)
Par-tout je vois le sexe instruire anx convenances,
Et parle sentiment conduire auxb!enséan<:es.
Que sa voix est touchante , en parlant des vertus !
La fernme a dans le cœur une fibre de plus :
Elle polit les mœurs , le goût et le langage ;
Et son cœur qui sent mieux , fait sentir davantage.
Le goût est le lien de la société.
A tout ce que l'esprit ou le cœur a dicté ,
Lui seul prêtant toujours le charme qu'il inspire ,
Sur l'homme aimable et tendre, exerce un double
empire.
Le langage par lui doué d'aménité ,
Respire cette aisance et cette urbanité
Qui , parmi nous enfin , coîùmencent à revivre.
— La conversation instruit mieux qu'un grOs livre.
Le goût sait en bannir l'égoisme et l'ennui ;
Il parle , et fiait passer la science aved lui ;
Il écoute &. répond , sans chaleur il discute ;
Et par un trait plaisant termine une dispute.
La sagesse , à sa voix , perd son austérité :
Il proscrit la licence et non la volupté.
Amour , oui , tu lui dois tes plus pures délices.
Il augmente le prix de tes do-ux sacrifices ;
Et, pour brûler les coeurs d'ua feu toujours nou-
veau ,
Même au sein du plaisir te laisse ton bandeau.
Sa main de l'amitié resserre encore les chaînes.
En doublant ses plaisirs , il adoucit ses peines ;
Avec elle à propos sait se taire et parler ,
Et répandre des pleurs pour la mieux consoler.
( I ) Labruyere a dit : "La bonne grâce est au
corps ce que le bon sens est à l'esprit. !> La com-
paraison n'est pas juste. Voyez à ce sujet le 7' tome
du Cours de littérature de la Harpe , page s€8.
JaiJis'cUns une amante il fit aiiTi*r la vie
Qu'il rend plus chère encore dans ujie tendre
amie.
Par lui le sentiment s'épurant chaque jour ,
L'amitié s'enrichit des perles de l'amour.
C'est lui qui dicte au cœur l'art de la bienfesance ,
Le cœur est sûr alors de la reconnaissance.
On juge le bienfait où le bienfait n'est pas ,
El l'on est étonné de faire des ingrats.
Lajaçon de donner vaut mieux que ce qu'on donne, (i)
Ce vers tant répété n'a corrigé personne.
Il estvrai qu'aujourd'hui quenousnedoononsplus,
On- ne peut des bienfaits nous reprocher l'abus.
Essayons de donner , c'est un plaisir suprèrae ,
Le sage à l'imiter nous invite (ui-même :
Sa généreuse main se cache aux yeux d'autrui ,
Et place ses bienfaits entre le ciel et lui.
Suivons deux conseillers , le goût et la nature.
Des femmes anjonrdhui tous deux font la parure.
Le goût a tressé l'or de ces cheveux mouvans ,
Ou'ua noeud léger dispute à 1 haleine des vents
Pour ombrager un front oti rayonne la joie.
Sous d'élégans tissus il révèle , il déploie
Les contours arrondis , nobles ou gracieux.
Et le sein entrevu qui séduit encore mieux.
Le charme le plus doux est celui qu'on devine.
Le goût au sein de plaire a dû son origine.
Rappelons-nous ces jours du siècle des beaux-arts
On l'amour et la gloire enchantaient les regards ,
Où brillaient Sévigré , Ninon et la Valliere ;
Ces jours où I art d'aimer achevait l'art de plaire.
Le goût régna par-tout : il inspira Quinault ,
n dessina le Louvre élevé par Perrault ,
Par-Moliere épura le théâtre comique ,
Et guida de Boileau la muse saiirique.
Pour favoris sur-tout il choisii Massillon ,
Et le tendre Racine et le doux Fénélon ,
Et ce bon Lafontaine , enfant de la nature.
11 ne chérit pas moins les fils de la peinture.
La toile respira sous le feu du pinceau.
Et le marbre reçut une ame du ciseau.
A ranimer, les ans quand la Fiance s'apf lique,
Comme soutien du gnûl , réveillons la critique.
Mais quel autre Addisson nous dictera ses loix ?
Celui dont la critique elle-même a fait choix ,
Qui respirant le goût et l'esprit de Voltaire ,
Sans en avoir le uom fut seul son légataire ( 2 ).
Jours de gloire et de paix , si long-tems attendus ,
A la voix d'un héros , venez , ne tardez p us ;
Et qu un siècle nouveau , que la victoire illustre,
Et des mœurs et des arts reçoive un nouveau lustre.
F A Y o L L E.
A Mademoiselle Vanhove,
Après ravoir vu jouer Iphigénie et I^aïr*,
Des talens de la scène aiitrefois si vantés ,
Nous admirons en vous la gloire héréditaire.
La nature est votre art ; et vous ressuscitez ,
Champmêlé pour Racine, eiGaussin pour 'Voltaire.
F A Y o L L E.
t
le citoyen C. L. Varnier, ancien médecin de Paris ,
au citoyen P. A. Mesmer , médecin. — Bagneux,
te i" messidor an 8.
Citoyen , j'ai lu dans les n°' ;5i et 753 f îS et
s5 prairial) du Journal du Soir, votre le'tre ?u
citoyen Baudin , dans laquelle vous priez le na-
vigateur physicien de faire chez les insulaires de
la mer du Sud des recherches pour savoir,
1° si la petite vérole existe parmi eux ; 2° quelle
est la manière doni les femmes y sont délivrées ,
et si l'on pratique chez eux la lii;aiure du cordon
ombilicical. Le moilf de ces recljerches est , que
vous présumez que la stagnation du sang dans
les vaisseaux de ce cordon , fomente un prin-
cipe de putréfaction qui , par son absorption ,
yeut produire le germe d'une maladie inflam-
matoire particulière à l'homme dont l'éruption
qui se termine par la suppuration , est la crise ;
iympiômes «jui composent la maladie appelée
V%i\g3\n.mein , petite vérole.
(1) Ce vers est de Corneille dans le Menteur.
(2) L'auteur de U Dunciadt et de la comédie
^es Philosophes.
Quant aux hommes de lettres, que Voltaire a
noni.nés ses héritiers , on sait qu'ils ont tous re-
noncé à la succession.
Un si grand héritage est un pesant faxdeau.
I ig5
Qjioîque cette idée ingénieuse qui, cependant
est suscepiible d'objeciions , mérite une attention
particulière , il n'en est pas motns viai que l'expé-
rience seule, comme vous l'observez judicieu-
sement , peut en établir la réalité.
En conséquence, vous avez déjà fait des expé-
riences , mais le tems a été trop court pour
qu'elles vous ayent donné la solution du pro-
blême , tandis que celles que j'ai faites me font
procurée, je croyais vous en avoir fait part , lorsque
j ai eu le jilaisir de vous voir depuis votre
retour; mais les paroles s'oublient, et j'ai à me
reprocher de ne vous en avoir pas envoyé les
détails par écrit ; j'ai même été assez négligent
pour ne les avoir insérés dans aucun papier puÈilic,
négligence presqu'inexcusable , et que vous me
donnez loccasion de réparer.
Ami intime du citoyen Demarne , peintre ,
aussi estimable par ses qualités que parsOnt aient,
et qui a embelli ma retraite de raaijnifiques pay-
sages de sa composition , j'ai accouché sa femme
de trois en fans , et j'ai présidé à 1 accrmchtment
qui fut fat d un quatrième. Le premier de ces
accouchemens eut lieu en 1789 ;îé stcond , en
1791; le troisième, en 1793; et le dernier, en
1798- Avant la naissance du premier enfant, je
communiquai au père vos idées sur ;e germe
de la petite-vérole , et je lui proposai de ne
point faire la ligature du cordon , en procédant
de manière à ne faire courir aucun danger ni
à la tnere , ni à l'enfant : il y consentit. Après
avoir reçu l'enfant , je le gardai sur mes genoux ,
et j'attendis la sortie de l'arriere-faix , qui ne fut
pas longue. Alors, sans faire aucune ligature , je
coupai le cordon à quatre travers de doigt de
l'ombilic; je le pressai doucement pour évacuer
tout le sang qu il contenait et jusijuà ce qu il
fut parfaitement blanc. Je le repliai sur le ventre
et l'enveloppai sans pression , et l'enfant couvert
sans maillot, fut livré à la nourriture de la raere.
Dès le lendemain ce cordon était flétri depuis
I ombilic ; il se dessécba et se détacha aussi
prompiement qu'il le fait après la ligature usitée
ordinairement.
Au second accouchement , l'arriere-faix ne se
détachant pas aussi promptement , je coupai le
le cordon de la même manieçç , et il n'y eut
aucune hémorragie , ni par Içi-bout qui tenait
à l'arriere-faix du côté de la nfcre , ni près celui
du côté de l'enfant , et je procédai de même
pour le reste.
Au troisième accouchement, ce fut une sage-
femme qui, prévenue par le père, procétia en
nia présence et en la sienne , de la même ma-
nière , parce que je lui fus garant de tous les
accidens qu'elle craignait, le procédé étant nou-
veau pour elle. Le cordon fut egaleraeiu nétoyé.
Je fis l'acouchement du quatrième enfant qui
resta un peu de tems au passage , parce que le
cordon fesaii plusieurs tours au tour du corps,
ce qui le raccourcissait. L enf.int sortit cependant
très-vigoureux f mais le coidon ayant fait un
tiraillement sur l'ombilic , les vaisseaux de sa
racine étaient saiilans et engorgés. Je co'ipai de
même le cordon , sans ligature ; je I excitai à se
dégorger; il versa un peu plus de sang que les
autres ; mais sans hémorragie; je le rjétoyai de
même ; il se flétrit, l'ombilic se rétablit parfaite-
menr, et il n'est resté aucune trace du tiraillement.
Ces quatre enfans se sont élevés comme d'au-
tres ; ils ont été sujets aux gourmes et aux autres
maladies des enfans; on na pas cherché à les
soustraire à la contagion variolique; ils ont joué
avec d'autres enfans infectés decette contagion ,
et pendant la maladie et dur.tnt la convalescence,
au moment où ceux-ci étaien« encore tous rou-
ges , et où la contagion est le plus communicable.
Je commençais à avoir l'espérance qu ils en se-
raient préservés ; mais , dans la dernière épidémie
qui a régné à Paris au printems de l'an 7 , les trois
aînés ont été successivement attaqués de la petite
vérole. La fille aînée était alors âgée de dix ans ,
le garçon de huit, et la seconde fille de cinq à
six. La maladie a eu ses caractères ; elle a passé
pur toutes ses périodes. Bénigne , mais abondante
chez la fille ainée ; confluetite chez le garçon ;
moins forte , mais assez vive chez la cadette' qui
s'en est bien tirée comme les deux autres, quoi-
qu'avcc une mauvaise poitrine qui l'a fait périr
depuis. Le dernier enfant encore à la manielle
n'a point gagné la petite vérole , quoiqu'il n'ait
pas été écarté , et il ne l'a pas encor^ eue,
Il résulte de ce que je viens dé vous exposer,
citoyen , 1° que le défaut de ligature ne pré-
serve pas de la contagion de la petite vérole, et
que le germe de cette maladie presque propre à
1 homme est encore à rechercher. {]e d\i presque
propre à Ihomme , quoi'que quelques animaux
tels que les moutons et les dindons , soient sujets
une fois seulement à une maladie érupiive qui ,
par ses symptômes, se rapproche de la petite
vérole. )
2°. Qjie la double ligaturé que l'on fait au
cordon ottibilical , lors de l'accouchement, est
au moins inutile , et que , dans certains cas , celle
du côté de lenfant peut être nuisible ; ce qui est
analogue à ce qui se passe chicz les autres ani-
maux yivipareii , cotnin* J'homine.
3". Enfir) , que, quclqtics moyens nouvea«K
qu'on propose ou qu'on em;jl.(*ie pour préserver
de la contagion de l;i petite-vérole, il faut un
laps de tems fort considérable pour acquérir lï
certitude de son efficacité,
Sal«t et auiitié ,
Sig^ne, Varnier.
Quatrième lettre sur l'éducation.
La pétulance d'un enfant peut quelquefois
paraître incommode à des étrangers. J'en conviens;
mais est-ce un motif suffisant , ou mêrpe plausible,
pour condamner au bannissement cette aimable
créature , dont la vivacité ne peut être regardée
comme un défaut , puisqu'elle est au contraire
une des qualités de son âge. Il faut qu'un enfant
rie , babille , crie , soit sans cesse en mouvement.
Cette agit.ition entre dans les vues de la nature ;
elle est nécessaire au développement des faculté»
physiques et morales de l'individu : le chevieau
fait mille bonds au milieu du troupeau; le petit
de 1 espèce la plus féroce , le louveieau , se joue
autour de sa racre , et vous voudriez iixer un
enlant sur sa chaise , imposer silence à son babil ,
ou 1 éloigner sous prétexte qu'il irnportutie ; c'est-
à-dire , que pour que vos conversations oiseuses
ne soient pas troublées , pour ne pas fatiguer les
têtes faibles de celles que vous appelez vos amies,
vous allez affliger un innocent, en le condam-
nant au repos , ou exposer son jeune cœur et
son esprit à des dangers de toute espèce , en le
reléguant avec vos' domestiques : et vous êtes
mère !
Mais est-il bien vrai que la compagnie des enfans
soit insupportable pour tout autre que pour une
mère ? je ne le pense pas. Ici , comme dans beau-
coup d autres circonstances , on reproche à 1 in-
nocent les torts dont on est soi-même coupable ;
on ne voit pas , ou plutôt on ne veut pas voir ,
que si l'enfant est haigneux , criard , mutin , c'est
parce qu'on la rendu tel.
En effet, comment se conduit'Ori avec lui ? il
paraît, et à l'instant toutes les attentions se por-
tent sur sa personne. On se le dispute ; on se I ar-
rache ; on lui prodiijue caresses , baisers et bon-
bons. Le petit conquérant ne sait auquel en-
tendre; il savoure avec une sorte d'orgueil le
poison de la flatterie; il se croit un être impor-
tant ; et , parce qu'on l'a caressé un moment , il
croit qu'on ne doit plus s occuper que de lui. Le
pauvre innocent l il ne sait pas que la faveur est
un bien fragile , qui échappe à linstant même où
l'on se dispose à en jouir. L'enthousiasme cesse
bientôt. Les adorateurs se refroidissent , et l'idole
est oubliée. C'est alors que le marmot s'efforce de
rappeler à lui l'attention; il croit y réussir en fe-
sant beaucoup de bruit. Efforts impuissans! son
règne est passé. Oubli d'un côté , dépit de l'autre ,
et voilà la guerre allumée. Le succès n'en est pas
équivoque. Ici , comme par-tout ailleurs , le plus
faible' est sacrifié au plus fort. Cet ange si joli , si
spiritnel, si doux, est devenu tout-à-coup un
démon qu il faut chasser au plus vite. Le mal-
heureux arraché subitement à tous les prestiges
de sa grandeur, va expier dans la chambre de sa
bonne le crime d'avoir été trop flatté , et d'avoir
abusé de la faveur.
Si I on suivait avec les enfans la conduite que
prescrit la raison , on leur épargnerait bien des
chagrins , et Ion ne se mettrait pas soi-même dans
le cas d'être injuste , et quelquefois barbare avec
eux. Le tort est presque toujours du côté de la
mère ; car , c'est pour lui plaire , qu'on adule
l'enfant ; qu on se recrie sur sa beauté , sur sa
vivacité , sur son esprit ; qu on lui trouve mille >
qualités qu'il n'a pas , fort heureusement pour
lui , car ces prétendues qualités sont presqiie tou-
jours de vrais défauts; qu'on se montre son com-
plaisant. Ajoutez à cette envie de plaire à la
maman un attrait presqu irrésistible , qui porte à
caresser les enfans. Cet âge a tant de charmes !
moi-même , qui f.is le moraliste , je sens que , sii
au moment où j'écris , un enfant entrait dans
mon cabinet, je quitterais ma plume, pour jouer
avec lui. Je ne dis pas que le jeu m'amusât long-
tems : peut-être serais-je bientôt obligé de me
fâcher avec mon petit camarade pour le forcer
à quitter prise et à prendre congé de moi : car,
c'est ainsi que ces parties se termineiit presqijç
toujours.
Il faut avoir de l'indulgence pour les enfans ;
les accueillir avec bonté . leur témoigner de l'in-
térêt ; mais il ne faut pas les louer à outrance ,
ainsi qu'on le fait , les agacer ,■ provoquer leurs
saillies , applaudir avec transport à une réponsç
qu'on trouve pleine de sel , et qui , le plus sou-
vent , n'est qu'une sottise dans la bouche du petit
automate , comme il est aisé de s'en convaincre
en le questionnant sur ce qu'il vient de dire.
Enfin , il faut , en veillant sur l'enfant , n'avoir
pas l'air de s'occuper de lui , lui répondre quand
il interroge , mais ne pas l'e^iriter : lui nicltrç
entre les mains les jouets qui flattent le plus son
goût , et qui exigent le moins le concours d'upe
autre personne ; il faut surtout éviter de lui donner
ceux qui sont bruyans. Avec ces précautions , si
l'.on ne fjit pa* d vin eoliiirl un petit Caion , ce
1 igô
qui serait un grand malheur pour lui , on par-
vient du rnijins , à en taire un êlre supporuble ,
cl tout ce cju il est permis de deàircr.
Mais supposons que l'enldni soii d'un carac-
tère si pétulant qu'il semble qu'il ne vivinil
pas s'il ne tesnit pas un vicuime épouvantable,
ta sorte qu'il l'aille être ou sa niere , ou une
amie bien dévouée pour consentir à demeurer
avec lui , il est certain qu'il faut alors renon-
cer à l'enCani , ou à ce qu'on nomme la société.
0_uel parti prendre ? une mère peut-elle hésilci ?
Ce n'est pas pour briller dans un cercle nom-
breux , s y enivrer de conipiimens souvent très-
fades , et rarement sincères , y sourire aux
sarcasmes de la médisance , y calmer la ruine
d'un joueur , quelquefois y consommer celle
de sa propre maison , qu une mère de famille
doit exister. Ce titre, le plus beau dont une
femme puisse êlre décorée, lui impose des de-
voirs dont elle ne peut s acquitter qu'en se con-
centrant dans lintérieur de son ménage. Ces
devoirs n'ont rien de pénible ; ils sont au con-
traire la source de mille jouissances. Combien
de ibis , n\on ami , il m'est arrivé de surpieudie
seule , absolument seule , avec ses enlans , cette
excellenie raerc dont je vous citais l'exemple
dans ma dernière ! Il était huit heujes du soir ,
et elle avait ainsi passé touie sa journée. Je lui
témoignais ma surprise de ce que douée de
louics les qualités qui pouvaient lui faire trouver
des chaimes dans la société , eu 1 en rend.tnt
elle-même l'ornement , elle s'en tenait si éloi-
gnée :je lui demandais si l'ennui ne la gagnait
jamais. — l' Comment pourrais-je m'ennuyer ,
me répondait-elle , mes enfans sont avec moi.
Ce père de famille, qui après avoir dévoré
dans le cabinet l'ennui d'une procédure com-
pliquée, ou couru sur la place les hasards d'une
spéculation périlleuse , ou passé une partie de
sa journée assis sur les bancs de Thémis , ou
parcouru les difFérens quartiers de la cité , et
monté cent escaliers pour rendre la vie à de
malheuieux malades et porter quelques consola-
tions à leurs familles éplorées ; cet homme qui ,
après tant de fatigues , a lui-même besoin de
soulagement et de distractions , oti va-il cher-
cher la récompense de ses travaux , l'oubli de
de ses jieines ? dans les caresses de ses enfans :
quel chagrin ]iour lui , quand en itntrant dajis
l'appartement de son épouse, il n'y trouvcia
plus ces aimables ciéalurcs qui , du plus loin
qu'elles l'appercevaietil . coûtaient à lui , se pié-
cipitaient dans ses bras , recevaient ses baisers
et l'accablàicnl de carresses? Qiie ttouve-t-il à la
place ? son épouse au milieu d'un ceicle bril-
Janl : vingt femmes plus jolies , ou du moins
plus coquettes les unes que les autres ; autant
d'hommes légers , sémillans , et sur-tout tiès-fa-
miliers : des pupitres et des iiisirumens de
musiiiue . ou des tables de jeu. Ce n'est pas là
ce qu'il cherchait, ce sont ses enlans quil lui
faut. Essaiera-t-il de se plaindre ? la réponse est
toute prêts : " Vos enfans sont des déiTions ;
dès qu'il paraissent on ne s'entend plus : il
faut bien les éloigner ; sans cela qui consentirait
à revenir dans votre maison ?
Quel langage ! c'est pourtant celui qu'on peut
mettre dans la bouche d'un très-grand nombre
de mères qui croient qu'elles se doivent au
monde plus qu'à leur famille'. Qu'en résulie-t-il ?
c'est que le mari n'épiouvant plus , en rentrant
chez lui , ces jouissances si douces pour un père,
va lui-même chercher au dehors les distractions
dont il a besoin. Sa maison n'ayant plus rien
qui l'y rappelle , il s'en éloigne. Son épouse
n est plus pour lui la mère de ses enfans; c'esi
tout au plus une femme , quelquefois assez ai-
mable , avec laquelle il peut passer quelques
instans sans ennui , mais qu'il quitte sans regret,
et qu'il retrouve sans plaisir ; c'est à quoi s'ex-
pose une mère qui ne peut faire à ses enfans
le sacrifice de son goût pour la dissipation. En les
éioignani, elle éloigne aussi le coeur de son époux,
et le jour oii ils sortent de l'appartement de leur
inere est celui où les dégoûts domestiques y
entrent.
Il me semble qu'il faut être bien aveugle sur
ses propres intérêts , pour se conduire comme
en le fait , dans un lems sur-tout où l'on se pique
laiit d'amour pourses enfans. On a élevédes statues
âJ.J., son Emile est dans tous les boudoirs-, on
raisonne, on pense comme lui sur les obligations
que la nature impose , et comme lui on cherche
à s'y soustraire. i.e remords fut, pour l'auteur
d Emile , la juste punition d'une faute que , mal-
gré tous les sophismes du coupable, je crois
qu'on peut appeler un crime; le même châtiment
pese-t-il sur ses trop fidèles disciples? Non,
comme leur faute n'est pas aussi énorme que
celle que leur maître aurait pu se dispenser de
confesser aussi publiquement qu'il l'a fait , et
que d'ailleurs elle est beaucoup plus commune,
et par cela même moins sensible , on la commet
presque sans y penser. Mais si le remords n'atteint
pat les coupables , la nature outragée ne de-
meure pas pour cela sans vengeance.
Quelle punition plus douloureuse pour une
raere , et malheuteusement mieux méritée , que
I indifférence de ses enlans pour elle et leur pié-
dilcction pour les domestiques , compagnons
habituels, Je leurs jeux, de leurs promenades,
et pcui-êire de leurs repas! Nous éprouvons lous
un insiinct qui nous porte ver» ceux qui nous
témoignent le plus d'intérêt et coiitribueiit le
plus à notre bien-être
Or , tout ce qui est instinct se fait sentir plus
foriement chez les enlans. cjui n agisseiii jamais
par raison. Q_uel tourment pour une ineie qui
n'a pas étouffé en elle tuuics les afltctions de la
n.iture ! Ajoutez à cela les froideurs d un époux ,
et peul-êire le vide de son propre cœur.... O^ui
peut dire combien de thàrmes répand dans un
ménage la présence des enlans ? combien d en-
nuis elle en écarte ; combien de querelles elle en
éloigne. Les enlans sont entre les époux le centre
où aboutissent toutes leurs affections. C'est le lien
le plus fort quî'Ies attache 1 un à l'auite. Le bruit
même qu'ils font a son utilité. Il répand dans la
maison le mouvement et la vie. Sont-ils abscns un
jour? on se croit plongé dans le, néant. Les do-
mesliques eux-mêmes , qui avaient lant de fois
désiré leur éloigneuient , font des vœux aidciis
pour leur leioui. Et le jour où le banni esl rap-
I pelé , est un jour de fête pour toute la fa-
mille.
Si , comme je n'en doute pas . mon ami , ces
véiités l'ont sur votre esprit la même impression
que sur le mien , vous devez reconnaître que ma
1 morale n'est pas trop sévère. Si elle paiaissait
telle , ce ne serait pas moi qu'il faudrait en accu-
ser. Quiconque parle de réiormes , doit s'attendre
à des contradictions ; mais un peu plutôt , un peu
plus tard, la vérité triomphe. La première éduca-
tion a beaucoup gagné depuis quelques années
sous les rapports physiques ; mais nous avons
beaucoup à faire encore sous les rapports mo-
raux ; et ce travail , il faut en convenir , n'est pas
le plus facile. E. Petit.
Compliment d'éducation , ou cercle d. instruction et
de société.
Progr.^mme.
)i Nous recevons , disait Montesquieu , trois
éducations diiiérenies ; celle de nos pères , celle
de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous
dit dans la dernieie , renverse toutes les idée* des
piemiercs. j>
Combiner la haute éducation classique avec
celle qu'on reçoit au milieu du monde ; mêler ,
selon la méthode des anciens , 1 atiiciamc et les j
charmes d'une société polie à la culture des !
sciences , des lettres et des arts , tel est le but ;
qu on se propose dans ce nouvel établissement, j
Un homme de lettres connu par des ouvrages
estimables , membre de plusieurs sociétés savan- ,
tes , professeur dans un établissement où l'on
enseigne l'ensemble des connaissances humaines ,
et qui a rempli une place distinguée dans l'ins-
truction publique, y consacre ses talens , ses
relations étendues et sa maison.
Les élevés seront reçus en petit nombre ; ils se-
ront considérés comme des amis, et traités comme
une famille.
La maison , au centre de Paris , agréable et or-
née , leur présentera l'aspect de l'académie (i) ou
du lycée.
La table sera servie sans luxe , mais avec dé-
hcatesse.
La société à laquelle il se trouveront adniis ,
est composée de plusieurs hommes célèbres daas
les sciences , les lettres et les arts.
Le professeur qui dirige cet établissement , s'oc-
cupera de développer , dans des conférences, les
principes de la saine littérature , trop négligés
aujourd'hui , l'art oiato:re,la poésie et la théoiie
générale des beaux-arts.
Les sciences mathématiques , physiques et na-
turelles seront cultivées sous des professeurs cé-
lèbres, dont plusieurs sont liés d'estime et d'amitié
avec l'auteur de ce programme.
On donnera à ceux qui le désireront, un maî-
tre de grahimaire généiale ou particulière ; il
suivra la méthode de Dumarsais et de Condillac ,
et fera connaître l'ingénieux système du citoyen
Butet. (a)
On visitera les cabinets des professeurs de
l'école polytechnique, les établissemeiis publics ,
les ateliers , les manufactures, les muséum; et
(i) "Je ferais portraire dans les classes , disait
Montaigne , l'allégresse , Flora et les Grâces ,
comme lit en son école le philosophe Speusippus.
(a) Ce nouveau système a été accueilli avec dis-
tinction par llnstitut.
ces promenades philosophiques se feront te plus
souvent sous la direction d'un professeur qui dé-
montrera les objets.
Il y auia salon de musique , cabinet de
dc.isiii , etc. etc.
l.c-s maitics (le musique, de dessin, danse,
équuation , escrime, etc. etc. , seiont payés à part.
Piix. pour le logement, la table et les cours
généraux , dont un (juarlier scia pa;.é d'avance,
i--(0(' IV. par aiujce.
Ou ne recevra point de jeunes gens au-dessous
de t5 ans.
On admelira aux mêmes conditions les étran-
gers auxquels cette société pourrait convenir.
S adresser, pour les rcnseignemcn'î personnels
et relaills, au directeur de cet établissenieat , à
Palis,
Chez les citoyens :
G.irat , ex- ambassadeur , ex-ministre de la
république française, sénateur , membre de l'ins-
tiliii national ;
Gingucné, ex-ambassadeur de la république
française . tribun , membre de l'institut national ;
François ( de Neufchâieau 1 , e\-anibass.ideur de
la république française, ex-ministre de l'intérieur,
séiiait.u.r, membre de 1 institut national ;
Lebrun, membre de I institut nailonal ;
Poogens , membre de plusieurs académies de
I Europe , et de l'in.siitut national ;
Jaci|ueii)oui , ex-directeur des bureaux de l'ins-
iruciion publique , membre de I institut national ,
tribun.
Chiz l'éiranger :
En Italie: au général Dupont , chef de l'état-
major de l'armée de réserve , au quartier-
général.
En Daneraarck : au citoyen Bourgoi^vg, am-
bassadeur de la république française , et an
citoyen Desaugiers , secrétaire de légation.
En Prusse : au citoyen Gaillard , secrétaire de
légation.
En Espagne : au ciinven Aljuier , ambassadeur
de la républiijiie française :
En Hollande . au citoven Semonville , ambassa-
deur de la république française.
On s'inscrit dès à présent chez le citoyen Colin ,
notaire, place 'Vendôme, n" 1 146 , à Paris.
L établissement sera ouvert , au phis tard , en
fructidor an 8.
Toutes les lettres doivent être affranchies et
adressées au citoyen Colin.
Il esl instant de les faire parvenir de suite , pour
qu'on puisse terminer toutes les disliibutions du
local.
Précis sur l'aménagement et l'administration
des forêts et bois nationaux de la république
française , utile et intéressant tous propriélaires
de bois, auquel a été ajouté par supplément des
observations abrégées sur des dispositions d'ua
projet de code foiestier , iinpiimé et piésenté
à la discussion le 16 ventôse an 7 ; joint aussi
à la fin quelques autres observations sur ua
ouvrage du citoyen Penhuis , concernant la
même matière qui n'a paru que depuis lirnpres-
sion de ce précis ; offert à la nation dans la
personii» du citoyen Bonaparte , premier consul
de la république ; par le citoyen Clausse.
Cet ouvrage est généralement estimé, notam-
ment, des personnes qui connaissent l'administra-
tion des bois. L'auteur est le premier qui ait traité
à fond des forêts , et qui en ait donné les prin-
cipes physiques et les règles de l'expérience qui
sont les moyens de parvenir à leur régénération
et amélioration . dont il paraît que l'on ne peut
s'écarter pot^r former un bon code forestier. II
intéresse d'ailleurs lous propriétaires de bois qui
pourront facilement , par sa précision et sa clarté ,
en faire 1 application dans toutes les circons-
tances.
- L'on trouvera en tète de ce précis , une lettre
du cit. François (de Neufchâteau) , alors ministre
de l'intérieur, adressée à l'auieur, où il estime
que l'on n'a fait jusqu'aprésent dans les divers
projets de lois qui, ont paru , que des systèmes
théoriques plus ou moins brillans , et que ce
précis a une base plus solide , celle de quarante
ans d'observauons et de l'étude de la nature.
Et se trouve , à Paris , rue de la Victoire , ci-
devant Chanterenne , n°. 12.
Prix , I fr. 80 cent, pour Paris , et pour les
dépariemens 2 fr. 25 cent. , franc de port.
JV. B. Le 25, le tribunal s'est réuni pour célébrer
l'anniversaire du Quatorze -Judlet , et s'est de
suite rendu à la fête.
ERRATUM.
Dans le n° d'hier , article Paris , 9' hgne , au-
lieu de ,pour eux , lisez ; pour elles.
A Pkcis , de l'imprimeri e du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LEMONITEUR UNIVERSEL.
A" 297.
Scptidi , 27 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscnpreuts qu'à dater du 7 Nivôse le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 2 juillcl ( i3 messidor. }
Chnmbre des commîmes. — Suite de la séance du
1" juillet ( la messidor. )
Sur la molton de M. Vansittart , la chambre se
forme en comiié pour délibéreJ sur l'état de la
pêche du hareng ; elle adopte quelques résolb-
tions pour la continuation et l'encouragement de
ce commerce.
Le rapportes! renvo^-é au lendemain.
M. Rose présente le rapport du bill tendant à
prévenir la fraude dans l'achat et la vente du hou-
blon.
Le bill , avec ses amendemens , est lu et adopté.
La troisième lecture est remise au lendemain.
La chambre s'étant formée en comité pour
prendre en considération l'importation des vins
de France, des îles de Jersey , Guernesey, etc.
M. Rose dit que le bill qui permet l'importa-
tion des vins de France , des îles susdites ,
conformément aux termes du traité fait avec les
français, pour l'espace de la ans, à partir de
l'année 1786, étant expiré , il propose au comité
de le renouveller.
La résolution passe et le rapport est ordonné
■pour Je lendemain.
Af. StuTgess demande et obtient la 2= lecture
du bill concernant les institutions monastiques. La
3' lecture est ordonnée pour le lendemain,
M. Brugge propose que le bill pour la dispo-
sition de certaines propriétés iramobiliaires et ver-
sonnelles de sa majesté , de se« hé;i'iers et succes-
seurs , ainsi qui de sa majesté et de la reine son
épouse , soit lu pour la 2" fois jeudi prochain.
Af. NichoUs trouve le terme tiop rapproché
pour un bill aussi important.
La proposition de M. Brugge est adoptée.
Le bill d'indemnité pour le gouverneur et le
sous -gouverneur des Indes occidentales est lu
pour la 3= fois , adopté et envoyé à la chambre
des lords.
On fait ensuite la 3' lecture du bill pour ac-
corder , dans certains cas , un secours aux ofii-
ciers subalternes de milice , en tems de paix. Le
bill passe , et est envoyé aux lords.
Lord Haukeshury demande l'ordre du jour pour
le bill sur le corps des meuniers et des boulan-
gers de Londres. La chambre après avoir entendu
de nouveau le conseil , sur ce bill , s'ajourne.
Chambre des pairs.— Séance du î juillet ( iSmessidor.]
Union d'Irlande.
A trois heures et demie le roi se rend à la
chambre avec la solennité accoutumée , et s'as-
seoit sur son trône. La chambre des communes,
l'orateur à sa tête . paraît à la barre. — Sa majesté
déclare qu'elle a donné sa sanction royale au bill
intitulé : Acte pour l'union de la Grande-Bre-
tagne et de lliiande , ainsi qu'au bill de la loterie
du diamant Pigot , et à celui de l'état du duc de
Richemond.
Sa majesié se retire ensuite, et retourne à son
palais de Saint-James. — Un grand nombre de
bills sont présentés par différens membres de la
chambre des communes, et plusieurs subissent la
i'' lecture.
Le duc de Bedford annonce une proposidon
relative aux clôtures générales.
La chambre s'ajourne au lendemain.
Chambre des communes. — Séance du s juillet (i3
messidor. ]
L'oRATiïtiR se place dans ie fauteuil une heure
plutôt que de coutume. Un message de hi cham-
bre des paict , annonce aux communes que leur
présence à la chambie haute est désirée. Elles
«'y rendent , l'orateur à leur tête.
La chambre étant de retour dan» le lieu de ses
léances , Af. Brugge présente le rapport du bill ,
tendant à assurer la conservation des bois de
construction dans la foret neuve , dans le comté
«le Souib^inpion , etc.
M.Hohhouse s'oppose à ce qu'on approfondisse
la question pour le moment, et demande que
ce bill soit renvoyé à un tems éloigné. Il trouve
que l'on a mis dans celte affaire une précipitation
indécente et indigne de la grandeur et de l'im-
portance du sujet. Il espère. r;u'on voudra bien
au moins lui permettre de faire entendre un con-
seil en faveur des parties opprimées; il est chargé
de présenter à ce sujet une pétition de la part d'un
homme respectable qui aurait beaucoup a souffrir
si le billpassait. Entr'autres objections à faire con-
tre plusieurs des clauses du bill , il en a une à
proposer à l'instant même contre une clause qui
l'a particuliéremenrfrappé , et qui porte que "sa
majesté pourra faire réserver et enclore à perpé-
tuité dans ladite forêt telle quantité de terres
qu'elle j,ugera convenable . sans pouvoir néan-
moins excéder le nombre de 400 acres en tout,
etc. 'I Son intention estde s'opposer à celte clause,
comme dérogeant à une loi du roi Guillaume ,
qui n'accorde que 200 acres , pour la clôtnre ,
pour le terme de vingt ans , et à condidon que
lorsque les arbres auront atteint une certaine
hauteur , les clôtures seront renversées. Il y a une
différence bien considérable entre un terme
de vingt années et la perpétuilév Les droits de
communauté se trouvent sensiblement compro-
mis. C'est pour cela que M. Hobhouse pense que
ceux qui ont des plaintes à faire , doivent être
entendus par conseil.
M. Hobhouse apperçoit au^si dans une autre
clause un principe d'aliénation. C'est dans celle
qui permet de vendre lot par lot ; ce qui détruit
toute idée de droits communaux. C'est donc avec
justice que se plaint l'individu dont il dent la
péiiiion. Il demande en conséquence f]ue l'examen
du présent bill soit ajourné à trois mois.
La motion n'étant pas appuyée , on continue
la discussion du bill ; les amendenien^ sont lus. et
adoptés.
On propose ensuite que le bill ^oit grossoyé.
M. Hussey et un autre membre s'y opposent.
Quand on voit, dit M. Hussey , itS.ooo acres
sans culture , on peut espérer que les honorables
membres voudront bien penser à la subsistance
du peuple. J'approuve l'institution des commis-
saires , et je suis persuadé qu'ils ont trop d'hon-
neur pour ne pas s'acquitter religieusement de
leur devoir ; mais je suis convaincu aussi qu'on
pourrait présenter un autre bill plus favorable que
celui-ci aux intérêts de la nation.
L'orateur de la chambre fait observer qu'il ne
s'agit pour l'instant que de savoir si le bill sera
grossoyé, et qu'il serait plus conforme à l'ordre
que les honorables membres ne donnassent leur
opinion qu'après que cette question aurait été
décidée ; ils pourront parler sur le fond à la troi-
sième lecture.
M. Sliirgess demande alors la troisième lecture
du bill. Il prétend qu'il ne paraît pas que 1 hono-
rable membre (M. Hobhouse) ait compris le bill.
Il né voit pas comment on peut dire que l'on
a mis dans celte affaire une précipitationindécente.
Lé bill fut présenté à la chambre le 3o du mois
dernier: il a été disculé deux fois en comité,
et le rapport s'en fait aujourd'ui 2 juillet. Quant
aux 400 acres contre lesquels l'honorable mem-
bre a fait une objection, il aurait dû comprendre
que l'objet qu'on se proposait était de mettre en
réserve une quantiié de terre qui produise assez
de foin pour nourrir pendant l'hiver la bête f.iuve ,
qui sans cette précaution mangerait la pousse du
prinlems.
M. StuTgess , d'après toutes ces considérations,
espère que les objeciions de M. Hobhouse tom-
beront d'elles-mêmes , cl avec elles les plaintes
en lésion des droits communaux. Il fait observer
que les 400 acres font pariie des 4,000 acres
qui sont marqués par la loi pour être mis en
clôtures. Il partage l'opinion de M. Hussey en
faveur des commissaires , et il assure que vou-
loir faire entendre un con«eil à une époque
aussi avancée de la session, c'est vouloir retarder
le bill , et rien de plus.
Af. Hobhouse réplique . et se plaint d'avoir été
assez malheureux pour ne trouver personne qui
appuyât sa motion. — Dans les autres clôtures
il y a un compromis entre les parties intéressées :
elles s'enicndent entre elles. Mais ici il ne peut
y avoir rien de semblable ; et c'est pour cette
raison qu'il pCiise qu'on doit écouter les plai
gnans. Il pourrait rétorquer sur l'honorable mem-
bre le reproche d'ignorance qu'il lui a fait. Il ne
s'agit i>as ici de 200 acres à enclore , et pour 2oan»
seulement , mais de 400 , etpour toujours.
Af. Hussey voudrait que le bill fût renvoyé i
un tems plus éloigné.
L'avocat-général désirerait que la discussion fût
remise à vendredi prochain.
M. Hobhouse déclare qu'il y consent , et retire
sa motion.
M. Hussey indique lundi pour latroisierae lecture.
M. Hobhouse pourrait alors présenter la péti»
tion dont il est chargé.
Les débats se prolongent encore quelque tems
sur ce sujet. — M. Hobhouse présente la pétition
de la part de 'William Scott, écuyer, de 'Wilstone.
Le pétitionnaire expose que ses droits se trou-
veront très-lésés si le bill passe , et il demande à
être entendu , par conseil , dans son opposition à
la loi. Parmi plusieurs autres griefs contenus dans
la pélilion, il est dit que le bill est une violation
de tous Iss principes de la justice , et que la
session est trop avancée pour qu'on puisse I9
discuter comme le sujet le demande.
L'orateur dit qu'il est de son devoir d'ap-
peler l'attention de la chambre sur les expres-
sions employées par le pétitionnaire ; elles lui
paraissent très-repréhensibles : il espère néan-
moins que la chambre voudra bien regarder la
pétition comme non avenue, en laissant au péti-
tionnaire la liberté d'exprimer ses plaintes en
d'autres termes. — La chambre y consent , el la
pétition est retirée.
Af. Dundas dit que , malgré le terme avancé
de la présente session , il se propose de faire
une motion qui lui a été vivement recommandée
par la cité de Londres. Cett,e motion, qu'il fera
vendredi prochain, consistera à cïcraander que
la chambre se forme en comité pour délibérer
sur les «Doyens les plus propres à réprimer le
biigandage qui s'exerce sur la Tamise.
Le secrétaire de la guerre remet sa motion
tendante à demander la formation de la chambre
en comité pour délibérer sur l'élablissement d'une
maison d'éducation, pour les enfans des mili-
taires pauvres.
Af. Brugge présente le rapport de la résolution
dii comité sur les vins de France importés de
Jersey, Guernesey et autres îles ; il est lu et
adopté..
Af. Percival fait le rapport de la résolution du
comité pour l'encouragement des pêcheries an-
glaises; il est adopté.
La chambre entend un message de la chambre
des pairs sur l'adoption de plusieurs bills , et
s'ajourne.
Journal du parlement.^ Chfimbrc des communes. ■'~
Séance du ^juillet (ti messidor.]
La chambre , formée en comité , prend en
considération le bill tendant à empêcher les dé-
prédations sur la Tamise.
M. Dundas. Il n'est que trop naturel qu'il se
commette de grandes déprédations sur une rivière
qui porte annuellement pour la valeur de 70 mil-
lions de marchandises. L'objet du bill estde les
prévenir. Les négocians fesant le commerce des
Indes occidentales ont formé entr'eux une asso-
ciation pour la sûreté de leurs propriétés sur la
'Tamise. Par ce moyen , les pertes annuelles qu'ils
étaient dans l'usage d'éprouver, se sont réduites
à 9,000 liv. Il est prouvé que , depuis 1 établisse-
ment de cette association , trois magasins de su-
cres situés sur la rivière , et qui n'étaient fourni»
que de marchandises volées , ont été forcés de
renoncer à leur commerce. Le corps des négâ-
ciaiis de la cité désire qu'une semblable protec-
tion soit accordée à toutes les branches de com-
rnerce. Je propose en conséquence au comité
d'adopter les deux résolutions suivantes : — Qjj'rl
convient d établir un bureau de police à l'effet
d'empêcher les déprédauons commises sur la
Tamise; que les secours nécessaires pour l'éta-
blissement et l'entreuen de ce bureau soient pré-
levés sur le fonds consolidé.
Af . T. Jones propose qu'il soit présenté à S. )VI,
une humble adresSe , pour la supyjjçr de faire
renaetlre à la chambre les eopits des iiistruclion»
1 1(
tîonnëes au commandant en chef de la flotte de_
la Méditerranée et à sir Sidn-ey Smilh , relalive-
meut à l'infraction du traité avec le général
Kleber.
M. Pilt dit que lorsque des papiers d'une haute
importance sont -demandes , il est d'usage d i.-n
pTéveniv plusieurs jours d'avance. Il espère que
l'honorable membre retirera sa motion et nom-
mera Icjour où il devra la renouveler.
M. Jones y consent et nomme Mardi.
La chambre se forme en comité de subsides
pour s'occuper de l'établissement d'un azile
destiné aux enfans de soldais , orphelins.
M. Windham observe que les enfans de soldats
orphelins n'ont point la même ressource que
■ceux des matelots qui peuvent s'adresser à
l'hôpital de Greenwich. Depuis long-tems il
existe en Irlande un établissement semblable à
celui qu'il est question de foreier en Angleterre.
Les dépenses permanentes en seront vraisem-
blableintnl déirayées par des souscriptions vo-
lontaires, et les dépenses préliminaires sont les
seules , qui soient demandées à la chambre.
L'ctablissemeni sera composé de aio garçons
et aSo fiiles. Ils seront élevés jusqu'à 1 âge de
14 ans. Alors les garçons auront le choix d'entrer
dans l'armée ou de suivre quelque métier pro-
fitable.-Les dépenses sont calculées à i5 liv.
par an pour chaque enlant. Comme il convient
Mjue cette maison d'éducation soit assez loin de
la ville pour jouir d'un air salubre , et assez près
«pour être soumise à une inspection commode,
elle sera construite à Chelsea , oià se reiicon-
treroQt ainsi les deux exircrnités de la vit du
«oldat. M. Windham ne voudrait j^oint qu'elle
■lût bâiie comme une grange ni comme une
caserne , muis avec une élégante simplicité , qui
•iasse honneur au goût national. La somme de
5,000 liv. est tout ce qui sera demandé au
parlement pour construire cet édifice.
La proposition de M. Windham est approuvée.
Sir F. Siirdelt Jones prévient la .chambre qu'il
"fera jeudi une motion au sujet de la prison
de Cold-^ath-Fields.
Le biU relatif aux institutions monastiques est
Ju pour la troisième fois et passe.
Lî tolonet Lowlhtr présente une pétition de la
duchesse de Bolion contre le bill relatif à la
-Forêt-Neuve , et demande que la troisième lec-
ture en soit difféiée jusqu'à mardi pour que la
■duchesse ait le lems de produira ses témoins.
Le pwcurewr - général ne croit point que les
dfoils de propriété de la duchesse de Bolton
puissent être lésés par les dispositions du bill.
Les droits du prince Guillaume ef de la prin-
cesse Sophie de Gloccster sont les mêmes.
i. A. R. lui ont fait l'honneur de le consulter , et
-il leur a répondu que leurs droits ne seraient
joint blessés. -- La troisième lectur£ est difiéréc
Jusqu'à mardi.
Lord Hiwikcsbury propose , conformément à
l'ordre du jour , la troisième lecture du bill
pour autoriser la compagnie de Londres à faire
du pain et de la farine.
M. Tierney dit qu'il a appris que plusieurs
-membres de la chambre étaient au nombre des
pétitionnaires en faveur du bill , et qu'un plus
grand encore était engagé dans la spéculation qui
se fondait sur ce bill. Il croit que ces membres ,
•étant parties intéressées , ne doivent pas voter
•dans la question présente. Ce principe fut établi
en 1797 lors de l'emprunt appelé l'emprunt de
•loyauté. Les provisions du bill accordent aux
membres de la compagnie de Londres 10 pour cent
de profit et l'intérêt légal n'étant que de 5 pour
-cent , cette difi'érence suffit pour démontrer les
jïioufs qui peuvent influencer les naembres inté-
ressés.
L'orateur dit que l'observation de l'honorable
■■membre pourrait tout au plus s'appliquer aux
membres dont les noms sont relatés dans le bill.
-D'autres membres peuvent être intéressés , mais
le fait -n'est constaté par aucun document officiel.
"Le cas de 1797 n'était pas précisément le même.
L'orateur .croit que , dans les questions qui le
..concernent immédiatement, un membre ne peut
donner sa voix , mais qu'il est admissible à voter
•dans toute question qui n'a que des rapports in-
directs avec ses intérits. Il s'appuie d'un exemple ; i
— Lorsqu'il s'agit d'un emprunt à accorder au'
gouvernement, un membre, quoiqu'il soit au
nombre des acquéreurs de l'emprunt , peut voter
sur la quesdon générale et sur toutes les questions
incidentes, excepté celle qui tend à fixer l'intérêt
spécifique qui doit être accordé aux prêteurs. Si
j'on fait l'application de ce principe au bill ac-
tuel, les associés ne doivent pas voter sur la
question qui fixeral'intérêt dont ils pourront jouir,
.mais leur voix sera admise dans tout le reste de la
discussion.
M -R)'(/cr, considérant que , dans cette circons-
tance , l intérêt est précaire et incertain, croit
que les^nembres intéressés peuvent voter même
sur la clause qui en fixera k monunt.
M. Sheridan regarde cette distinction comme
insignifiante et propose, par voye d'arnenderaent,
41 que les proht.s sur l'argent avarice pour la
nouvelle Compagnie de Londres , soient réduits
de 10 à 5 pour cent, ji Si les pétitionnaires
sont vraiment animés des vues patiio:iques dont
ils font profession, ils ne pourront former aucune
objection contre ujie clause qui borne leurs
profils à l'inréret légal de leurs fonds.
L Orateur observe que pour procéder régulière-
ment, la troisième lecture doit être d'abord
piopnsée et la chambre divisée. Ensuite ihoii.
membre pourra s'opposer aux votes particuliers
qu'il ne croira pas admissibles.
La troisième lecture est proposée.
M. Plumer s'oppose au bill. Il a été proposé
à 1 effet de mieux approvisionner la métropole
de pain et sous prétexte qu'il existait entre les
meuniers une combinaison de monopole. C est
te qui n'a pu être prou\c par aucune dépo-
sition. Q_uand cette combinaison existerait, les
inrnnvéïuens ne diminueraient pas par l'établisse-
ment d une compagnie privilégiée. Ils ne feraient
au contraire que s accroître , parce qu'alors
le marché sérail entièrement à la disposition
d'une grande association Incorporée.
Le Maitre des Rôles regarde comme une chose
très-dangereuse d'accorder à une compagnie une
charte qui la mette à même dacaparer une
blanche toute entière du commerce de la mé-
troiiole. Il n est pas sûr que les rcsirictions con-
tenues dans le présent bill soient sulfisantes
pour parer au danger. C'est à la chambre à
décider.
M. Percival observe que dans un sujet où l'in-
térêt personnel se trouve en jeu , il n est ni con-
venable, ni conforme aux principes pailementaires
de s'en remettre à l'honneur des parties inté-
ressées. Leur conduite doit être réglée , en pa-
reil cas , par la décision de la chambre. Ce.n'est
point pendant une fâcheuse disette qu'une ques-
tion de cette nature peut être tranquillement dis-
cutée. L'expérience a prouvé le danger de f.iire
des bills de circonstance , à moins qu'ils ne lussent
temporaires. D'ailleurs, cette mesure, motivée sur
la rareté actuelle des denrées , ne pourra , par sa
nature , avoir d'effet que lorsqu'elle ne sera plus
d'aucune utilité , à moins que la providence ne
nous frappe du fléau de plusieurs mauvaises
récoltes. Ceux qui appuient la mesure , auraient
tort de dire que depuis long-tems elle entrait dans
leurs vues , et quil ont choisi pour la présenter
l'époque où elle devenait plus nécessaire. C'est
de la circonsta^ice actuelle qu'ils ont tiré tous leurs
argumens. Ils auraient dû établi
fjue , par quelque
vice d une existence antérieure , les approvision-
neaiensélaiem insuffisans et prouver que les mou-
lins étaient eu défaut ou que les meiinicrs exei-
çdient un monopole. C'est ce qùT'ils n'ont point
fait. Il est constaté que nos moulins peuvent
moudre en sept mois assez de grain pour la con-
sommation d une année.
M. Percival prétend que la compagnie dite
runion de Birmingham, et celle dite là Compa-
gnie des moulins d'Albion , qui ont été ciiées à
l'appui du bill actuel, étaient loin d être floris-
sant s. La première ne se soutenait que par des
circonstances locales , ei la seconde perdait déjà
lorscju'un incendie détruisit ses ét.<blissemens. Les
restuctions contenues dans le bill , ne tendent
qu'à détruire l'effet de la mesure. Au lieu d'ac-
corder 5 pour 100 il conviendrait d accorder 10
et même davantage, car un moindre profit ne
pourrait tenter de risquer une spéculation mer-
cantile. Si le profit était réduit à 5 pour 100,
aucun meunier ne pourrait soutenir la concur-
rence. Dans le cas où les meuniers chercheraient
à maintenir un prix plus haut que leurs nou-
veaux compétitenrs , ils mériteraient en effet les
soupçons , qui ont été répandus contre eux ,
et le bureau de la chambre serait bientôt cou-
vert de pétitions, pour obtenir que la nouvelle
corporation fournît , non le huitième, mais la
totalité de l'approvisionnement de la métropole.
Celte mesure doit dune inévitablement conduire
à un monopole général.
Lord Hawkesbury réfute les argumens de M.
Percival, et prétend que la mesure actuelle n'est
point seulement proposée pour subvenir à la
disette du moment; elle a pour but principal
d'empêcher le retour d'une pareille calamité ,
d'autant plus à craindre qu'il est à -peu -prés
avéré que, dans, les années communes , I île ne
produit point assez de grains pour la consom-
niatiou de ses habitans. Sans accuser les meuniers
d'avoir établi un monopole , lord Hawfkesbury
croit qia'il existe quelque chose d'artificiel dans
la rareté présenie.^es grains. Les dépositions faites
à la barre de la chambre prouvent que depuis
huit à neuf mois il à été importé 6 à 700,000 sacs
de froment dans les divers ports du royaume.
La concurrence la plus sûre et la plus avanta-
geuse pour le public , est celle qui s établit lors-
que le même commerce se fait en même tei-ns
par des individ^s et par des corporations qui
suivent des piincipes différens.
M. Sheridan pose en principe que U disette n'a
rien d'artificiel , et qu'elle ne provient que de la
mauvaise i'écolte de l'année passée. Le bill pré-
sent lui paraît du plus grand danger, fait pour
ruiner les meuniers et les boulangers et soulever
le peuple contre eux, si le pain se vend meilleur
marché par la nouvelle compagnie.' D'ailleurs,
les bases sur lesquelles elle est établie , n'assurant
aucune iniporialion nouvelle , il n est nullement
probable qu'elle parvienne à remédier effica-
cement au mal. Le pain bis qu'elle fabriquera
pourra être d'une bonne qualité , mais le peuple
a, contre cette espèce de pain un préjugé insur-
montable, et il se trouverait obligé de s'en nour-
rir si la compagnie finissait par avoir le monopole
exclusif de la métropole.
Sir William Pulteney regarde la mesure actuelle
comme une dangereuse expérience. Il se passera
plus de dix ans avant que la compagnie soit
compicttcment établie, et le résultat en sera de
rendre le bill perpétuel.
La question est mise aux voix. — La troisième
lecture passe à la majorité de 48 contre 44.
(Pendant que les étrangers ont été exclus de
la chambre , il y a eu un débat dont le sujet
doit avoir été une motion pour différer jusqu'à
mardi tout procédé ultérieur relativement au
bill. — Celte motion a été rejetée à la majorité de
5o contre ^\. )
L'nlderman C.nrtis propose une clause pour
obliger la cornpagnie à exposer en vente tous
les lundis matin 5oo sacs de farine. — Rejeté sans
division.
Lord Haiokesbury propose une clause p,our qu'au-
cun administrateur ou employé de la compagnie
ne puisïe spéculer pour son propre compte.—
Adopté à la majorité de 46 contre 27.
M. Tierney propose une danse po.ur autoriser
le rappel du bill pendant la session présente. —
Rejeté.
M. Sheridan propose que le profit des asso-
ciés soit borné à 5 pour cent. — Rejeté.
Le bill passe définitivement sur la motion de
lord Hawkesbury.
.A'". B. L'abondance des matières nous obliee
de remettre à demain la suite de fextraii des pa-
piers anglais qui sont du plus grand intérêt.
INTERIEUR.
Paris , /e 26 messidor.
Il est arrivé au gouvernement des lettres de
Mâlthe du 26 prairial. Elles annoncent qu? plu.
sieurs bâtimens chargés de vivres sont entrés
dans cette île, moyennant quoi elle se trouve
approvisionnée pour long-tems. L'acte constitu-
tionnel y a été porté par" l'adjoint aux adjudans
généraux Rsmy qui avait été expédié par le mi-
nistre Benhier ; et les soldats et les marins ont
prêié le serment de fidélité auquel ils ont ajouté
celui de s'enterrer sous les ruines de la place , et
de ne l'abandonner que lorsqu'ils auraient épuisé
leurs dernières ressources. On peut reo-arder
Malte comme définitivement assurée à la°répu-
blique.
CÉLÉBRATION DE L'aNNIVERSAIRE DU 14 JUILLET.
Nous publierons demain une description dé-
taillée de la fête du Quatorze-Juillet. Nous nous
ei-npressons pour répondre à l'impaiience dé
nos lecteurs de leur faire connaître les discours
qui ont élé prononcés dans cette solennité.
Discours prononcé par le cit. Lucien Bonaparte ,
ministre de l'intérieur , le 23 messidor an 8 , dans
le temple de Mars.
Citoyens,
L'expéiience des siècles nons apprend com-
bien les révolutions sont redoutables : leur ac-
tion se compose de toutes les passions humaines;
la violence en est toujours l'élément principal^
et jusqu'à la fin de ces crises terribles, nul ne
peut aflirmer si leur commencement fut un bien
ou s'il ne fut pas le plus grand de tous les
maux.
Ce caractère est commun à toutes les révolu-»
tions : soit qu'une cause méprisable interrompe
l'ordre accoutumé des empires , ou que cette
interruption soit due à l'excès de la' tyrannie
et à l'élan de la liberté , la tempête n'en est pas
moins effrayante , elle n'en menace pas moin»
toutes les classes de la société.
Ce qu'apprend l'histoire des siècles, l'expé-
rience de quelques années vient de nous le con-
firmer. La vieillesse d'un corps politique ne peut
se mouvoir sans un grand péril : cette profonde
vérité est écrite aujourd hui par le malheur sur
le chaume de nos cabanes , comme sur les voûtes
de nos palais.
En parlant au premier peuple de ■ la terre v
ma voix provoque cette réflexion conservatrice ,
parce qu'elle offre des idées dignes d'être émise»
l'anniversaire du Quatorze-Juillet 178g.
La première de ces idées est que !es annales
du monde ne reiracent point de révoluiion plus
_ louable dans son but, plus nécessaire aux hom-
mes, plus auguste par la réunion rapide de tant
de volontés , de tant de bras : aus'ii les philo-
sophes qui ont illustré la fin de ce siècle , ont-
ils appelé , par leurs vœux , un changement
de système. L'injustice et l'oppression , ligno-
rancc et le fanatisme , le désordre et l'immo-
ralité régnaient encore dans le pays le plus éclairé
de 1 Europe. C était la médiocrité qui planait sur
Ip jiénie , les ténèbres qui dominaient sur une
région de lumières.
Un pareil état ne pouvait pas subsister davan-
tage ; les traces de la décrépitude se mêlaient
sur le front de la monarchie aux traces d'une
grandeur passée : tous les vices et toutes les
fautes la pressaient à l'envi , et l'inexorable main
<lcs sieclus poussait le trône vers la destruction.
Alors les éciivains prophétisèrent la secousse
jwiitique qui devait ébranler l'univers ; et ils
■élevèrent la voix pour que cette secousse de-
venue inévitable, fût au moins utile à l'humanilé.
La philosophie louva toutes les âmes préparées
par l'excès des maux , à recevoir son inspiration
dernière : son souffle agissait avec lenteur depuis
plusieurs années , et Ion avait déjà vu , par son
influence , des citoyens arriver au ministère ,
lutter contre les courtisans , et tour-à-tour em-
porter ou céder le triomphe.
Inutiles efforts de cet esprit réparateur qui
brille quelquefois aux yeux des monarques , et
leur désigne le dernier moyen d'éviter un bou-
leversement que les monarques aveuglés croyaient
impossible ! Inutiles efforts ! la révolution qui
devait marquer la fin du siècle , approchait tous
les jours
Déjà les idées hardies , d'abord renfermées
dans quelques têtes , saisissent toutes les têtes :
les opprimés songent à leur fotce et comptent
les oppresseurs.'
Soudain le feu sacré jaillit et parcourt toutes
les veines du corps politique , des millions de
bias se lèvent, le mot de liberté résonne de
toutes parts La Bmtille est conquise.
Je ne retracerai point tous les détails de ce
jour à jamais mémorable , qui fit germer dans
tous les coeurs le même eiithousiasmc •,' de ce
jour oii les habilans les plus éloignés vinrent
célébrer, au milieu de la plaine voisine ,.la
même solennité qui nous réunit dans le temple
de la valeur. Celte grande époque de la con-
fédération nationale rassemble pour la onzième
fois, le peuple fiançais sous les auspices delà
liberté vicl^orieuse. Les plus nobles pensées , les
sentimens les plus élevés , les vœux les plus
iinanimes consacrèrent la fondation de cette
fête et doivent accompagner son retour. Nulle
Image funèbre ne se mêle à son premier sou-
venir T car elle fut instituée au milieu de la
joie, de la concorde elide l'espérance universelle.
Alors les enfans de cette grande -famille placés
entre les deux mers , le Rhin , les Alpes et les
Pyrénées, ie trouvèrent en présence pour la
première fois : alors devant le monde et le ciel
iisjurerent tous ensemble de vivre et de mourir
libres ; ils ne jurèrent point en vain , et les
trois parties de la terre aujourd'hui couvertes
de leur sang et de leurs trophées , savent comme
ils tiennent leurs promesses.
A l'heure oir ce serment fut prononcé , un
petit nombre d hommes aveugles voulut résister;
mais le tems prescrit était venu où l'agriculture
et l'industrie devaient voir tomber les fers dont
elles étaient chargées et où les cent têtes de
l'hydre féodal devaient être abattues
Le peuple tout eniier se précipita vers ses dé-
fenseurs et ht pencher de tout son poids la
balance où se pesaient ses destinées
Arrêtons nos regards sur cet accord' sublime;
les raouvemens causés par les faciions ou par
les petits intérêts de ceux qui st disputent le
pouvoir, ontrils ce caractère solennel et sacré?
■ Mais pourquoi faut-il que l'esprit humain ,
en déployant toute sa force, ne sache pas tou-
jours la retenir ?.....
La philosophie qui avait prévu la révolution
■voulut la diriger ; que peut le pilote contre tous
les vents déchaînés à-la-fois? Souvent les amis
de la patrie posèrent une digue qu'ils croyaient
insurmontable , et que le torrent bientôt après
entraînait dans son cours : découragés , les uns
cédèrent à l'orage ; d'autres expirèrent victimes
de sa fureur, et la liberté travesiie , défigurée,
devint tour-à-lour le jouet et l'idole des fictions
assassines AlArs les jours de deuil , alors les
années funestes , alors IfS guerres iiiieslines
Ce^ lems appaiticnt à Ihisioire des fureurs hu-
maines : qu d reste loin de nos souvenirs.
Si laiévoluiion la plus nécessaire , la plus favo-
rable aux hommes a tant vu d'événernens dé
plorables , combien celte grande leçon doit nous
pénétrer d'un sentiment conservateur ! clic nous
a cotjié bien cher Dans les siècles à venir
qu elle ariclc le bras de quiconque pourrait cti-
cuic penicr sans fiérair à des révolutions nou-
1199
velles. Ainsi , en obfervant la marche des événe-
mens qui séparent ce joiar dé celui dont nous
célébrons l'anniversaire , nous trouvons à chaque
pas des motifs pour nous défier des secousses
politiques; l'expérience de nos maux nous répète
qu'on ne peut pas en prévoir le tonne , et celle
observation nous ramené au sentiment de la con-
corde dont nous célébrons aussi la fêle : si le
peuple le meilleur, leplus èclijiré, fut eniraîiié par
le tourbillon révolutionnaire , faut-il s étonner
que les hommes soi en t aussi faibles que les peuples ?
Au milieu de ces tourmentes où tous les yeux
sorit couverts de ténèbres , snr cette mer orageuse
qu agitent de toutes parts des venis contraires,
quelle inainpeut lenjric gouvernail avec fermeté?
ni le vaisseau, ni les passagers , ni les pilotes eux-
mêmes ne reconnaissent la roule qn'iis doivent
parcourir; on se rapproche , on s'éloignr, on se
heurte au sein des tempêtes et de la nuit : chacun
s arme et frappe au hasard ; on niéconiiait quel-
quefois son allié le plus Hdcle pour marcher sous
1 étendard de son ennemi; mi ne s'apperç'oit de
ses mépiises qu'au moment , où les signaux salu-
taires se montrent à la clarté du jour, et tous
alors s'étonnent d'être si éloignés du pori qu ils
voulaient tous atteindre' — D.tns ces époques de
délire , les erreurs , ks fautes , 'es fureurs même ,
n'appartiennent qu'à la démehce du tems , dé-
mence dont les individus ne sont point cou-
pables , et dont nulle révolution ne fut , ne sera
jamais exemple.
Aujourdhui le règne des erreurs eldes divisions
est passé : que sa mémoire périsse , et que le
seritiment philosophiquç et religieux de la con-
corde . qui fait le bonheur des états comme le
charme delà vie-privée, achevé de remplir tous
les cœurs.
La guerre intestine restera donc foute entière
dans l'oubli ; mais elle vivra dans la posiérité.
Cette guerre étrangère de dix années . où le
génie et l'intrépidité ont brillé tout à-la-fois; ces
quatorze armées de la république combattant
I Europe, feront à jamais l'honneur du grand
peuple et l'admiration des peuples à venir. Lim-
péritie bouleversait tout au-dedans, le génie
réparait tout au-dehors. — La fureur éiait dans
\^ forum ^ l'héro'i'sme était dans les camps. — La
proscrrpiion agiiait son glaive impitoyable sur
nos campagnes , et nos soldats , alliant l'humanilé
au courage, secouraient l'ennemi vaincu. — La
liberté, par tout voilée dans nos villes, n'était
plus qu une Eumenide pour la nation gémissante;
mais les cris de victoire élevés sur toutes nos
fioniieres , repoussaient au-dedans le gémisse-
ment des victimes , et nous dérobaient' à la dé-
rision du monde. — Les monumens qui déco-
raient nos cités étaient mutilés ou menacés de
la destruction , et les chefs-d œuvre de l'antiquité
étaient conquis pour l'ornenient de l'état : nos
temples se décoraient de drapeaux ennei-nis ; nos
cabinets s'enrichissaient des statues, des tableaux,
des manuscrits les plus rares de la Grèce et de
Rome; el au milieu des batailles se piéparaient
ainsi d'avance les pompes et les plaisirs de la
paix. — En un mot, la raison était exilée; mais
la victoire était fidèle...... honneur, gloire sans
bornes aux quatorze armées de la république.
Ne conservons de la révoluiion que la mémoire
des grandes choses : c'est à l'excès des maux que
nous devons ses premiers élans ; c'est au désordre ,
inséparable de toutes les révolutions, que nous
devons attribuer les crimes el les malheurs; et
ces crimes , ces malheurs ayant enfin tendu la
nation à elle-même, c'est encore à leur excès
que nous devons notre retour à la philosophie,
qui, depuis si long-tems , demandait 1 ordre de
choses qu'elle vient d'obtenir.
Ainsi , après des obstacles sans cesse renais-
sans ,' nous nous retrouvons aujourd'hui au point
que depuis dix années nous voulions atteindre.
Aujourd'hui la nation a repris les sentimens pa-
triotiques et généreux des premiers jours de son
réveil. Un pacte , sanctionné par son vœu una-
nime , a affermi sur des bases solides la liberté ,
l'égalité conquises le 14 juillet i/Sg. LOuest
pacifié et redevenu français ; la liberté civile , le
premier de tous les biens, garantie par un pou
voir judiciaire indépendant, donne à lous les ci-^
toyens le repos et la sûreté sans lesquels il n'est
point de pairie. — Et , comme si le retour au
véritable patriotisme et à la concorde n'était pas
encore assez pour le triomphe d'un si beau jour ,
il semble que , pour mieux l'embellir , la victoire
ait voulu multiplier ses prodiges. La renommée
les redit du haut des Alpes, et ses cent voix pro-
longées du Rhin à I Eridan et du Danube jusqu'au
Nil , reviennent retentir avec plus de force sous
ce dôme majestueux qui rassemble les chefs de
l'état et les plus fameux de nos guerriers.
Les pus fameux de nos guerriers ! . . . . liélas !
tous ne sont pas revenus triofflphans ! ... La vic-
toire ne les a pas tous préservés des atteintes
de la mon ! ... Français, à, ces tristes paroles ,
vos regards se portent douloureusement vers
l'urne funéraire qu'enve'oppent les lauriers et les
étendards.... Les héros morts au champ de ba-
taille furent toujours i'-objet de la vénération des
peuples; mais ils deviennent des objets sacrés
lorsque la paix de la terre était le seul but des
combats La tombe de Desaix est marrjuée
de cet illustre car.ictere , ainsi que la place où
le premier grenadier de la république est tombé
sous la lance ennemie ; leur méiuoire traversera
les siècles , et leurs noms rendront illustres les
monumens qui obtiendront l'honneur de les
potier.
O France , république cimentée par le sang des
héros et des victimes ! que la liberté , d'autant
plus précieuse qu'elle l'a conté plus cher , que
la concorde , réparatrice de tous les maux . soient
a jamais tes divinités tuiélaires ! le 18 brumaire a
achevé l'ouvrage du 14 juillet : tout ce que le pre-
mier a détruit ne doit plus reparaître; tout ce que
le dernier édifie ne doit plus se détruire.
Et nous , sachons conserver les biens dont nous
jouissons; lous les écueils nous sont aujourdhui
connus ; la maîtiesse de tous les siècles et de
toutes les nations , celle qui ne se trompe jamais
et que l'on ne dédriigiie jamais impuiiémeul ,
l'expérience, a placé tous ses, flambeaux sur le
chemin que nous venons de parcouiir; (jue leur
clarté nous diiige sans cesse. Français , portons
avec orgueil le nom du grand peuple; que ce
nom soit lobjei de 1 amour et de l'admirationi
du monde; que , dans les siècles les plus reculés,
les héros du 14 juillet , les défenseurs et les
soutiens de l'empire, soient ofFeits au respect
de nos derniers neveux, et que la républiqtie.,
fondée par leurs travaux , soii impérissable aussi
bien que leur gloire !
Discours prononcé au Champ - de- Mars par le
général Lannes lors de la présentation des dra-
peaux pris à la bataille de Maringo.
Citoyen crinsul ,
On vous a forcé de rendre encore les combats
arbitres du destin des hommes , et les rlraf'eaux
que je vous, présente attestent les succès tle la
lépublique. Ces drapeaux sont le prix Je la
constance et de la valeur des braves qui ont
combattu à Maringo.
Les guerriers [ i ). qui ont mériié de vous offrir
d'aussi honorables ifophées , compiaiciu bien f.ii-='
blement par leurnombie; ils se, sont inuliipliés
par leur courage.
Maringo cependant n'a vu dans tous leurs
frères d armes que des rivaux dignes d'eux.
Vous n'avez cherché dans les combats, ciioyeu
consul, que ces résultats s eulsvériiable m en 1 grands,
qui consolent 1 humanité des maux de la guerre.
Elles attestent vos vertus, les ré.lamalions uni-
verselles qui vous suivent en tous lieux. La
paix doit affermir les destinées des français;
mais si nos ennemis trompés par l'asluce anglaise
nous appellent à de nouveaux combats, que votre
voix, se fasse entendre aux braves , el du
Danube au Mincie , ils se montreront les dignes
soldats d'un peuple toujours honoré du nom
de grand , quand il vous confia le soin d^; sa
gloire.
Discours prononcé par le chef d'escadron Burthe ,
aide-de-camp du général Masscna , en présentant
I aux consuls les drapeaux pris par l armée d Italie.
Citoyens consuls ,
Chargé par le général Massena de vous pré-
senter les drapeau::^ pris suri 1 ennemi par l'armée
d Iiafrc , fl m est doux de remplir cette mission
à une époque aussi mémorable.
Je le salue, Quatorze-Juillet , jour immortel qui
éclairas nos premiers succès sur la tyrannie , et
qui vis luire les premiers rayons de la liberté.
Depuis ce tems nous te célébrons, et chaque
année nous ajoutons de nouveaux prodiges à
ceux que tu enfantas.
Des quatorze drapeaui que voici , six ont été
pris par l'aile gauche de l'armée aux ordres du
général Suchet , et huit par la garnison de
Gênes. Les uns et les autres sont le finit de la
valeur. Je n'entreprendrai point d émouvoir vos-
âmes sensibles par le tableau déchirant des souf-
frances de celte garnison malheureuse ; il me
serait plus doux de vous parler des actions hé-
ro'iques qui ont illusné ce siège ; mais vous. les
retracer , c'est les affaiblir , el le seniiment est
trop au-dessus des couleurs qu'on lui prêle , et
.de l'art qui veut le peindre, pour que je me
flatte de remplir dignement cet emploi.
Je vous dirai seulement qije nos soldats , pen-
dant un long siège et au milieu des privations
et des fatigues , se sou^vinrent qu'ils étaient fran-
çais , et qu ils soutînrcQt la dignité d'un si beau
titre.
Je ne dois' pas oublier que le peuple génois
se montra l'allié fidèle de la république ; les soins
généreux qu'il donna à nos blessés , et l'enthou-
siasme avec , lequel il applaudissait à nos succès
et aux travaux du chef qui les préparait , nous
dit assez combien il mérite du gouvernement
français.
Avant que ces portes qui ne devaient s'omrir
que pour les vainqucuis de Maringo , tombassent
(i) Les grenadiers de la garde des consuls.
devant 1 ennemi , lEurope avait vu jusqu'où peu-
vent aller )a valeur, le «Jévoûrneiit cl la résignation'
Ues soldats républicains.
Témoin de leur courage , compagnon de leurs
fatigues et de leurs privations , je m'honore d'ap-
partenir à cette armée et d'eniourer , en son
nom , l'autel de la patrie des trophées de ses
victoires. „ ^
Puisse le courage de nos armées forcer bientôt
nos ennemis à une paix durable ; puisse le succès
couronner vos efioris et vos sollicitudes pour le
bonheur de la république , et vous assurer au
temple de mémoire , une place comme celle que
vous occupez déjà dans le cœur de tous les bons
français.
Les citoyens 'Wadeleu, aide-de-carap du gé-
néral Lecourbe , et Groraetry , chef des nageurs ,
ont présenté les drapeaux conquis par l'armée
du Rhin.
Le citoyen WadeUu a prononcé le discours
suivant.
Citoyens consuls .
L'armée du Rhin a rempli ses brillantes des-
tinées, elle marche à 1 ennemi sous l'invocation
de la paix , et la paix cetie fi'le du ciel , l'objet
des vœux et du culte des français , ya bientôt
çou'onner ses généreux efforts- Kecevez Its dra-
peaux que vous présente de sa part le plus jeune
ei peut-être le moindre de ses guerriers. Ils ne
sont ni les seuls gages de valeur , ni le seul hora-
inage qu'elle pût offrir à un gouvernement ho-
noié et chéri, d'elle ; 5o pièces de canon . 18,000
prisonniers de guerre , des trésors pour payer les
troupes , de riches magasins pour les nourrir ,
des actions dignes de mémoire , des faits d'armes
que la postérité aura peine à croire ; tels sont les
autres trophées que depuis deux mois elle élevé
à la gloire immortelle du nom français.
fvKnesdes guerriers fiançais succombés en 1704
d.ins les plaines malheureuses de Blinthcim et
Hochsredt , sous Talard et Marsin , la journée du
3o prairial vous a consolés; Moreau , Lecourbe
ont veng^ l'honneur de vos a'rmes ; et désormais
ces campagnes , d'une célébrité si triste pour la
Frai:ce V seront pour nous la source des plus
glorieux souvenirs.
Tandis que l'armée du Rhin parcourt avec tant
(1 éclat la catriere où le besoin et le désir de la paix
Tonl fait rentrer, celle d'Italie, fiere de revoir à
sa tête le héros qui , tant de fois , la conduisit à
la victoire , marche aussi vers ce terme heureux
par le chemin des succès les plus rapides et les
plus étounans.
Faut-i! qu'au milieu de ces- prospérités nous
ayons à déplorer la perle d'un des plus vaillans
capitaines qu'ait ei.6 la France depuis Bayard, qu'il
semblait avoir pris pour modèle ! Desaix, dont les
soins el la bienveillance me furent prodigués au
milieu des déserts de 1 Egypte , ô toi , que je
noinmai mon père , et qui ra'appellas ton jeune
ami, mes regrets et ma reconnaissance ne finiront
qu'avec une vie que j'aurais voulu exposer pour
garantir la tienne !
Pardonnez , citoyens consuls , si , entraîné par
l'enthousiasme et la sensibilité , je parle ici de mes
affections personnelles ; mais pouvais-je trouver
un plus beau moment pour payer aux héros qui
ont bien voulu m'adopter , le tribut de ma gra-
titude , de mon admiration et de ma douleur.
Le premier consu' a répondu à ces discours.
On a retenu les traits suivans :
)>Les drapeaux présentés au gouvernement de-
1) vaut le peuple de cette immense capitale, attes-
» tent le génie des généraux en chef Moreau ,
)j Massena et Berthier , les talens militaires des
5) généraux leurs lieulenans , et la bravoure du
5» soldat français.
S) De retour dans les camps , dites aux soldats
» que, pour l'époque du 1" vendémiaire, où nous
» célébrerons l'anniversaire de la répubUque , le
îj peuple français attend ou la publication de la
ji paix , ou, si l'ennemi y mettait des obstacles
51 invincibles, de nouveaux drapeaux, fruits de
s> nouvelles victoires. ))
Chant du 25 messidor, anniversaire du 14 juillet.
Paroles de Fontanes , musique de Méhul , exécuté
au temple de Mars.
O glorieuse destinée!
Applaudis-toi , peuple français !
Bientôt , de palmes couronnée ,
La victoire obtiendra la paix.
Le front des Alpes s'humilie ;
. Nous avons franchi leurs frimais ;
Et tous les forts de l'Italie
S ouvrent deux fois à nos soldats.
Çù sont ces ennemis qui, dansNiceet dans Gênes ,
Avaient osé dicter leurs ordres absolus ?
Leur sang du Milanais rougit au loin les plaines-;
Un héros se présente ; ils ne sont déjà plus.
Des Germains l'aigle épouvantée
Dans Vienne revole à grands cris ,
Et , sur sa route ensanglantée ,
Ne voit par-tout que des débris.
A celte nouvelle lalale
La cour des Césars est en deuil;
Et , de la Tamise rivale ,
Nos succès confondent lorgueil.
Le dieu du Rhin, couché près des monts helvétiques.
Au bruit de nos exploits se réveille en fureur ,
Et toujours indigné de ses affronts antiques ,
Au Danube ennemi epurt porter sa terreur.
Eu vain ils se liguent ensemble :
Déjà leur rivage est franchi ;
Leur défenseur s'enfuit et tremble ;
Tous deux sous nos lois ont fléchi.
Tallard (i) dont la honte s'efface ,
Tallard, au bout de cent hivers ,
Voit nos lauriers couvrir la place
Qui fut témoin de ses revers.
O glorieuse destinée ! etc.
Agrandis ton enceinte, ô temple de la guerre!
Oine-toi des tributs de vingt peuples domptés ;
Que ces drapeaux ravis à trois parts de la terre,
Sur tes murs belliqueux flottent de tous côtés !
Et toi qu'un si grand jour inspire ,
Muse , sois digne du vainqueur!
Q ue les prodiges de la lyre
Egalent ceux de la valeur !
Aux fiers accords de la trompette ,
Femmes , guerriers , mêlez vos chants ;
Et que ce temple au loin répète
Des concerts mâles ou touchans.
UNE SEULE VOIX.
Tu meurs, brave Desaix ! tu meurs ! ah ! peux-tu
croire
Que léclat de toc-iiom s'cteigne avec tes jours ?
L arabe en ses désens s'entretient de ta gloire ;
Et ses fils à leurs firfj la rediront toujours.
CHŒUR DE GUERRIERS.
Memphis , en sa plaine stérile ,
Garde le bruit de tes combats :
Sur ses bords chantés par Virgile
LEridan pleure ton trépas ;
Ce fleuve enfin qui dans les nues
D'Alexandre a fui les regards ,
A vu ses source» inconnues
Se couvrir de tes étendards ,
O glorieuse destinée ! etc.
Eniendez-vous frémir ces augustes portiques ?
Des fantômes bvillans , des mânes glorieux .
Descendent sous ce 4ôme au bruit de vos can-
tiques;
Sa pompe triomphale a réjoui leurs yeux.
O Condé , Dugommier, Turenne !
C'est vous que j'entends, que je vois ;
Vous cherchez le grand capitaine
Qui surpassa tous vos exploits.
Les fils sont plus grands que les pères ,
Et vos cœurs n'en sont point jaloux ;
La France, après tant de misères,
Renaît plus digne encore de vous.
Oglorieuse'destlnée! etc.
Un grand siècle finit , uù grand siècle commence :
Gloire , vertus , beaux-arts , renaissez avec lui !
O Dieu ! vois à tes pieds tomber ce peuple
immense ;
Les vainqueurs de l'Europe implorent ton appui.
VI. E ILLARD S.
Forme l'enfance et la jeunesse
Au goût du travail et des mœurs !
JEUNES GENS.'
Donne la paix à la vieillesse.
JEUNES FILLES.
Accorde à tous des jours meilleurs.
CHŒUR GÉNÉRAL,
Etre immortel! qu'à ta lumière
La Fiance marche désormais.
Et joigne à la vertu guerrière
Toutes les vertus de la paix !
A la suite de la cérémonie les invalides qui
avaient reçu des médailles au temple de Mars,
accompagnés de deux de leurs camarades âgés
l'un de 104 ans et l'autre de 107 ans , ont dîoé
chez le premier consul avec les membres des
principales autorités de la république.
Les toasts suivans ont été portés :
1. Le premier consul. — Au 14 juillet et au.
Peuple français , notre Souverain.
2. Le second consul. — A nos armées et aux
héros vainqueurs de l'Italie et du Danube.
3. Le troisième consul. — A la paix qui sera le
fruit de nos victoires.
4. Le citoyen Roger-Ducos, président du sénat con-
servateur— A la constitution qui a rallié tous )e»
français.
5. Le citoyen Jard-Panvilliers , président du tri-
bunat. — A la philosophie et à la liberté civile.
6. Le général Berthier. — Au gouvernement , au
sénat-conservateur , au trlbunat et au corps-lé-
gislatif.
PRÉFE CT URE,D E POLICE.
Le 25 messidor au soit , il a été trouvé dans
le jardin des Thuijeries, un fac (un ridicule)
renfermant un mouchoir, des clefs assez fortes.,
un éventail , et quelques pièces de monnaie de
cuivre.
S'adresser , pour le réclamer , au secrétarit^t
général de la préfecture de police.
(i) Le maréchal de Tallard , battu et fait prison-
nier à la bataille d'Hochstet,ran 1704, le i3 août.
LIVRES DIVERS.
Instruction facile sur l'exercice de la faculté
de disposer à titre gratuit , rétablie et réglée par
la loi du 4 germinal an 8 ; avec un supplémenc
au silence de celte loi sur les formes dçs actes
de disposition, et des modèles de toutes sortes
d'actes de libéralités entre-vif et à cause de mort,
ainsi que des clauses de prévoyance dont l'état
incomplet de la législation rend l'usage nécessaire;
suivie d'un recueil de lois et de rapports ou
pièces jusiificaiives , et d'une dissertation sur le
jour à compter duquel la faculté de disposer,
accordée par la loi du 4 germinal, a pu être
exercée ; par Bergier ( du Puy-de-Dôme ) , ancien
jurisconsulte, membre du corps- législatif ; un
volume in-l8.
Prix , I fr. 80 cent. , et 2 fr. 3o cent, par Isi
poste.
A Paris , chez Baudouin , imprimeur du corps-
législatif et du tribunal , place du Carrousel.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 26 messidor.
Effets publics.
Rente provisoire 19 fr. 5o c.
Tiers consolidé 3o fr. yS c.
Bons deux tiers i fr. 45 c-
Bons d'arréragé 88 fr. 5o c
Bons pour l'an 8 85 fr. 5o c-
Coupures ■• .. 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lyon. . .... au p. à 10 jours.
Marseille.... au p. à 25 jours.
Bordeaux. ... ^ p. à vue.
MontpeUier . . | p. à 3o fours.
Errata.
N° 296 , page 4, I"* colonne , 3' paragraphe,
ligne i5 : calmer la ruine , lisez : calculer li.
ruine.
Même n°, même page , paragraphe 4, ligne 61:
qu'il cherchait , lisez : qu'il cherche. [
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poùevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 298.
Octidi , 28 messidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés d prévenir nos sousi-ripteurs , cju'à dater du 7 nivôse le M O N' IT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, amsr que les faits et les nqçipjis
■tant su l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. ■.'■■' '
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
Ur
ANGLETERRE",.
Londres , le iS messidor ( 7 juillet. )
ne de nos gazelles , en parlant de la bataille
de Alaringo, dit que les autrichiens sont restés
en possession des défilés des Apennins , lorsque
les français occupent Séravalla , Gênes ; que
toutes les tioupes et garnisons autrichiennes se
sont retirées dans le Mjniôuan, et que celle na-
tion n'a pas conservé un pouce de terrein dans
le Piémont, la Lombardie , ou sur le territoire
de Gènes. Le rédacteur de celte Icuille a dû
croire ses lecteurs desiiiués de tout sens commun,
lo.rsqu'il a cherché à leur piouver que les autri-
chiens avaient gagné la bataille' de Maringo.
Notre gouvernement continue à faire embar-
quer des troupes , comme s'il ne s'était tien passé
sur le .coniinent. Si ces expéditions sont destinées
à coopérer avec les autrichiens , il faut avouer
que c'est une étrange' moquerie. Que de justes et
fortes plaintes 1 empereur ne seiat-il pas en
droit de former contre nos ministres , sil fait la
paix immédiatement ? Depuis trois mois enviion
que la campagne a été ouverte en Italie par nos
ail es , tien n'a encore éié fait de notre côté. Avec
les plus grands moyens de toute espèce que jamais
l'administration de la Grande-Bretagne ait eus en
.son pouvoir , elle n'a encore rien entrepris dont
limporiance lent (ait absoudie , même d'un résul-
tat malheureux. Que doivent penser jusqu'à nos
ennemis de pareils ministres ? Secondés de toutes
les ressources et de toutes les forces de l'état ,
qu'une confiante aveugle a mises à leur dispo-
sition , on aurait pu leur pardonner leur aversion
pour la paix, s'ils avaient su du moins diriger
les opérations de la guerre.
D'après la lettre de lord Keith à sir Sidney
Smith , la conduite du général K.léber en Egypte
n'est que la juste défense de soi-même. 11 serait
possible de-là , que les français restassent finale-
ment en possess on de ce pays , et du consente-
ment même de la Porte , devenue incapable plus
que jamais de le conserver , d'après la position des
beys et la jalousie des pachas voisins.
Comme il paraît aussi impossible d'arrêter le
progrés des fonds publics que de fixer le mercure
dans le thermomètre , si Vimaginatwe de nos
ministres ne leur suggère quelqu'expédient ,
Bonaparte finira par devenir Tarbiire de Hock-
txchartge.
Il ebt arrivé le l5 messidor au bureau du secré-
taire-détat, un messager avec des dépêches de
lord Minto , notre ambassadeur à la cour de
Vienne.
Les propriétaires de la banque , sur une de-
piande du chancelier de 1 échiquier, adressée au
gouverneur , ont arrêté que lemprunt de trois
millions sur des billets de l'écTiiquier resterait
ouvert jusqu'au iG messidor de l'année prochaine.
Dans une des dernières séances de la cour de
King s-Bench , M. Erskiiw:, plaidant pour la cou-
ronne contre Rusby, prévenu d accaparement et
d'agiotage dans le commerce des grains , etc. le
président du tribunal , iord Kenyon , aditssa les
paroles suivantes au jury.
« Les spéculaieurs prétendent que l'agiotage
n'est point une oflense envers la sociélé , et le
docteur Adam Srauh , cet écrivain aussi recom-
mandable par sa probité que par son génie , a
dit que le ciime d'agiotage était tout aussi iiiia-
ginaire que celui de sorcellerie. Nous avons perdu
ce respectable et excellent homme ,ctnotie perte
est grande; caria mort d'un homme de bien, est une
calamité publique ; mais sil vivait encore et .qu'il
fût assis , dans ce moment , à mes côtés , je lui
demandeiais s'il n'est pas enfin convaincu qu'il
existe des agioteurs , des monopoleurs , des
accapareurs et des regtaitiers , et que ce soit de
vétiiables monstres pour la société.
En vojant prouvé qu'un particulier riche fesait
le métier d'aller acheter au marché du bœuf
et du mouiou au prix courant , pour les re-
vendre ensuite à un bénéfice énorme , et qu'il
en agissait de inêi^ic pour le blé , au point que
dans 1 espace de ijuelques minutes le prix d un
article de 41 s. se montait entre ses mains à 46 s. ,
et tout cela au détriment du pauvre artisan dont
) existence journalière lient à un salaire modique ,
et conséq'icmment au prix raisonnable des den-
rées de première nécessité; en voyant, dis-je ,
ces faits prouvés , je ne doute pas que l'excel-
lent docteur ne s'empressât de se retracter et de
convenir que le crime d'accaparement est quelque
chose de plus réel que celui de sorcellerie. Oui ,
certes , l'acte qui tend à priver la famille d'jjn
pauvre ouvrier de sa subsistance., est un crime
réel aux yeux de l'hoiume honnête et sensible, ii
— Rusby a été déclaré coupable.
Lorsque Bonaparte, dans une conférence avec
le clergé de Milan , l'a exhorte à se borner à
prêcher et à mettre en pratique la morale de
Jésiis-Christ , il n'avait pas besoin d argumenter
sur lairansubstanliaiiori pour prouver sa croyance.
(Extrait du Morn'ing-Chronide. )
Du 22 messidor. ( \\ juillet.)
Action de la banque 162 \. 3 pour cent con-
solidés 63 |. 5 ex-div. pour juillet 64 \ 65
omnium 2 { prem.
LoTcl Holland , dans la séance de la chambre
des pairs du 20 messidor a demandé que la
chambre fût convoquée pour considérer s'il ne
convenait pas de supplier S. M. par une pétition
de ne point proroger le parlement dans la con-
joncture présente. — • Cette motiion combaltue
par lord Grenville a été rejettéeià la majorité
de 26 voix , contre 2. I
Dans la sé.nnce de la chambre les communes
du même jour , M. Western a jWoposé que la
chambre se formât en comité ^général pour
examiner s'il convenait de continuer la guerre
et quelle assistance l'Angleterre pouvait espérer
de ses allés ; quels étaient les dangers à craindre
pour elle des puissances du nord, si la neutralité
armée avait lieu ; et si dans aucun cas , la
chambre devait continuer sa confiance aux minis-
tres de S. M. — La proposition de M. "Western
mise aux voix à 2 heures du malin a élé rejcttéc
à la majorité de 143 voix, contre 27.
La seconde lecture du bill pour prévenir le
progrès des institutions monastiques qui était
hier (2I messidor) à L'ordre du four , dans la
chambre des pairs , a été (ajournée à 3 mois sur
la motion de 1 cvêque de Rochcster.
M. W. EUiot a été nommé un des lords de
l'amirauté à la place de M. Wailace.
Sir Sidney Smith a quiuéla croisière d'Alexan-
drie pour aller tenir à Rhodes des conleiences
avec le capitan pacha.
Le général Ma.itland ayant appris que les fran-
çais avaient 7000 hommes à BcUe-Ijle, a renoncé
à en tenter l'attaque.
M. Coxrvell , membre de la sociélé deLinnée,
doit sous peu de jours communiquer aux colons
des indes occidentales un procédé pour rafiner
le sucre , qui tend à tirer de la canne une quan-
titédesucreplusconsidérable que par les procédés
ordinaires qui fournissent trop de sédiment.
11 a été fait des paris au café de Lloyd's , pour
la paix entre l'Autriche et la France dans deux
mois , et entre l'Angleterre et la France dans six
mois. /
(Extrait du Morning-Chrotiicle , du Courier et du
Suri. )
Journal du parlement. — Chambre des pairs. —
Séance du g juillet (20 messidor.)
Vévêque de Rochester prend la parole pour pré-
venir la chjmbre que, si le bill tendant à pré-
venir l'adultère a échoué dans la session pré-
sente, ce sujet n est pourtant point abandonné.
Il sera réproduit dans la session prochaine. Il
^st d'autant plus à regt-etier que la chambre des
communes ait rejette ce bill , qu'en refusant.de
le laisser passer par un comité , elle a semblé en
désapprouver jusqu'au principe.
Lord Holland., avant de procéder à l'ordre du
jour , propose qu'il soit présenté à S. M. une
humble adresse pour la supplier de communi-
quer à la chambre, copie des instructions en-
voyées à lord Keith au sujet de l'évacualion de
I Egypte par les français. Ce n'est point, dit-il,
à cette infraction de traité qu'il auribucra le car-
nage récent des turcs. Il ne la considérera que
SOU! le point de vue politique , que comme ayant
livré à l'ennemi un pays, dont il se trouvera en-
core en possession, lorsque la paix sera faite.
C'est afin de pouvoir juger de la sagesse de cette
mesure, qu'il demande connaissance des docu-
tucns, qui y ont rapport.
Lord Grenville répond qu'il paraît que la base
de la motion du noble lord, ai changé dans -le
court espace de 24 heures, puisquil renonçaifà
cet argument, que les instructions envoyées dans
la Méditerranée avaient été cause du massacre
des turcs. Les papiers qu'il demande ne con-
tiennent aucun des ri;nseignetncns locaux qui le
metiraient à même de juger de la convenance
politique de cette mesure , et le noble lord ne
pourrait former un jugement raisonnable , sans
consulter d'autres documens qui ne doivent point
être communiqués .à la <;hambre. Leur publicité
pourrait nuire à la iié;4,oclation , (]ui doit s être
renouvelée en Egypte , et qui s'exécute peut-être
en ce moment.
La motion de lord Holland est mise aux voix.
— Rejetée sans division.
Prorogation du parlement.
Lord Holland propose que , conformément à
l'ordre du jour, la chambre soit convoquée pour
considérer s'il ne conviendrait pas de su))plier sa
majesté, par une pétition , de ne point proroger
le parlement dans la conjoncture présente. ->-
L'ordre du jour est lu. — Je ne feuilleterai point
le dictionnaire , dit lord Holland , t)Our épuiser
les invectives contre Bonaparte. Si ce grand
hoinme eût acquis , par ses projjrcs talens ou par
la nature de son gouvernement, un pouvoir,
dont personne n a joui en France depuis le tems
de Charlemagne , je pourrais craindre. Mais
quand je considère qu'il doit sa puissance à la
tolie et à l'inconduiie des ministres de sa majesté,
je vois que le mal n'est pas sans remède et je me
rassure. Dans cette rapide succession de malheurs
que nous avons éprouvés , je me console par
1 espoir que la chambre, reveillée de sa léthargie,
retirera enfin sa slupide confiance aux hommes
qui l'ont si grossièrement trahie. [Lord Grenville
sourit).
J'ai souvent entendu le noble lord vanter la
sjgesse et l'excellence de noire constitution. Ceis
justes éloges qu'il lui accorde , elle ne les méri-
teruit point , si la chambre n'avait le droit de sur-
veiller les ministres. Nous n'avons qu'à nous
r.ippelcr les iiégociaiioiis de Paris et de Lille,,
pour coaijdîire la nature de leur politique mes-
quine. Entles du plus léger succès , intimidés pat
les revers , la chambre aurait-elle l'imprudence
d'abandonner à eux - mêmes des hommes dont
ligoorance et les faux calculs sont avérés au-
jourd'hui par l'évidence des faits? à des hommes
qui se sont montrés incapables de faire la guerre
avec succès ou la paix avec Ironneur ? Sil est en
elFet question de poursuivre une guerre vigou-
reuse , n'est-il pas important que 1 Europe voye
que la conduite en est confiée à des tnains plus
habiles ? Dira-t-on qu'ils ne pouvaient piévoir
les revers que nous avons éprouvés '? Mais je ne
les accuse point de manquer de prévoyance ; je
les accuse précisément du contraire. Je les accusÇ
d'avoir agi avec autant de confiance que s'ils
eussent tout prévu , d avoir agi 'comme s'il était
impossible qu'aucun événement dérangeât leur
plan ; enfin , d'avoir tout laissé au hasard. C est
ainsi qu ils ont répondu aux premières ouvèriures
de paix que la France ait faites depuis le com-
mencement de la guerre , par une lettre , dont je
suissûrque tous les nobles lords, àl'exception d'u.^
seul , ont eu la même opinion que moi. Quel
motif humain pouvaitfaire écrire à Bonaparte cette
lettre maussade et irritante ? Pourquoi lui repro-
cher les torts du directoire qui n était plus? Pour-
quoi lui faire des allusions qui l'insultaient pei-
sonnellemenl ? Quand rien n'eût élé plus sage
que de faire la guerre pour la restauration de
cette famille , notre ennemie iiivétéiée , fallait-il
prier Bonaparte de faire place à des souverains
qui savent si bien maintenir la paix intérieure , et
■mériter la considcratiojt extérieure ? Fallait-il exciter
les français à passer les Apennins , pour jiavoir
comment les princes de cette maison gouvernent?
Pour connaître l'énergie espagnole? Pour voir dé
plus près la tranquillité dont jouit le royaume dç
Naples ? Lorsque l'ennemi tint un langage Sem-
blable à celui que les ministres lienneni aujour-
d hui , il ranima le courage britannique. Les rtii-
nislres n'oni-ils pas senti qu'ils produiraient le
même efFet en France ? Bonaparte n'était point
affermi sur son siège ; l'insurrection régnait au
cœur de la France. C est la répoirse iniprudeniè
des ministres , qui a fait disparaître les chouans ;
qui a confirmé le pouvoir du premier tonaul ;
qui a mis à sa disposition toutes les ressources ,
tout le« nioyent de la France , pour les cmployei'
1202
à la cenqpêje -.dentaire.' OA "a :,pTéteiidu que
BonapalrLe nj&tair point siilcèré dans ses ouver-
tures de paix. C'était une raison de plus pour
les accept-er. €-ent été un moyen de rejeter sur
lui tout l'odieux de la guerre.
Tant de preuves d'incapacité de la part des
~*ninistrc« suffiraient sans doute pour qu'ils fussent
<léplacés; mais c'est un événement que je n'espère
pas. Je me borne donc à dire que , dans lacon-
johctnre présente , il serait à désirer que la
■chambre ne se séparât point. La chambre ,' con-
tinuant à siéger , pourra imposer quelque frein
aux ministres , parer au danger qui pourrait ré-
ïulier de leur impériiie . et dans toutes les choses
:împufrianies, exiger des renseignemens sur leur
■ .jcouduiie el la Trégler. La chambre des communes
.possède, par le droit de refuser les subsides, le
moyen de faire écouter ses conseils, mais vous
^lies les conseillers héréditaires de la couronne,
«t chaque membre de la chambre peut demander
, une audieivce pour exprimer sa désapprobation
8ur la conduite des ministres de S. M,
Lord Grtnvil'lf.. Le. noble lord a perdu beau-
coup de teins et d'-éloquence pour poser deux
principes leconnus : l" le droit que possède la
chambre de donner à S. M. des conseils sur
1 exercice de la prérogative royale; i" que le
parlement peut solliciter du roi le renvoi des
Tninistres , lorsqu'ils ont perdu sa confiance.
Rîais il est de la justice et de la dignité du parle-
ment de ne point recourir à de pareils expédiens
sans la plus urgente nécessité, et le noble lord n'a j
pas avancé un seul argument qui pût justifier une
:felle démarche. Ce n'est point assez pour lui de
demander le renvoi des ministres , il veut que la
jiconduite ultérieure de la guerre et des négo-
ciations qui pourront avoir lieu , soit abandon-
née au parlement. Je n'emprunterai , pour lui
répondre, que le langage de la constitution : elle
a jugé que le pouvoir exécutif serait mieux ad-
ministré par cinq minisires , qu'il ne pourrait 1 être
'.par le parlement lui-même. Leur responsabilité
est tout ce qu'elle a cru devoir exiger. Je ne
m'étendrai point en vains discours pour faire
sentir combien les enquêtes proposées par le
noble lord, seraient inutiles et difficiles à établir,
mais je suis étonné qu'il ait pu dire que toutes
les mesures' suivies dans cette guérie avalent
■échoué. Il faut qu'il ait oublié les acquisitions
■considérables que nous avons faites dans plu-
,»ieurs parties du globe. Je me rappelle qu'à
-la fin de la dernière session . le noble lord
■fil une motion pour recommander la paix :
elle était fondée sur la prétendue solidité
■du gouvernement français. Peu de "mois ont
suffi pour démontrer la fragilité de cette base.
Un gouvernement absolument nouveau ren-
-versa celui qui avait été établi avec tant d'efforts
pour le maintien de ce qu'on appellait la liberté.
•A la vérité , les circonstances de cet événs-
ment inattendu ne furent point prévues par
les ministres. Elles étaient h-ors de la portée
de la prévoyance humaine , et les ministres actuels
resteront long-tems à leur poste , s'ils ne doi-
vent être remplacés que par des hommes , qui
eussent deviné quc'Bonaparte s'évaderait d'Egypte,
traverserait sain et sauf nos flottes , et aborde-
rait en France , pour assister à la chute de son
rgouvçrnement et fonder sa puissance sur ses
«ébris.
Lord Grenville passe aux événeraens arrivés
en Italie. La bataille deMaringo demeura long-
tems douteuse. Si la victoire se fût déclarée
fbtir nos alliés, la position des français eût
été plus fâcheuse que ne l'est aujourd'hui celle
Aies autrichiens. 31 est fâcheux que l'on ne J
ijuisse constater les causes de cette défaite au |
inoyen d'une enquête , comme le voudrait le
iord Holland -, mais il faudrait pour cela faire
-(Comparaître à la barre l'un des plus grands
capitaines de l'Europe , le baron de Mêlas et
les autres généraux autrichiens. Une pareille
sommation rencontrerait de grandes difficultés.
. Là motion de lord Holland est mise aux voix,
-rr- Rejettée à la majorité de 26 , contre 2.
I N T É R I E U R.
Paris , /e 27 messidor.
DÉPÈCHE TÉLÉGRAPHIQ;UE.
P)Huningut, 27 messidor.
■iLe.gtnéral Lecourbe., au ministre de la guerre,
it Laîle droite de ma division s'est eiirparée
-«1 de Fetdkirck., de Coir^e et de tout le pays des
-5» Grisons. L'ennemi a été chassé de toutes Les
»' positions gu il occupait encore. »
Le i8 messidor, un torrent formé parles pluies
d'un violent orage a détruit , en moins d'une
lieure, les villages de Vallan et Gy, p-rès d'Auxerre,
ia hauteur des eaux a été de. deux mètres et
demi (7 pieds et demi.) Soixante cinq maisons
«t bâtimens ont été renversés ; quatorze per-
sonnes sont mortes ; les bestiaux ont été écrasés
par la chute des toits ou entraînés par les eaux ;
ics. meubles ont été également einportés ou dé-
truits^ les arbres ont été déracinés. La perte
que ce fléau a occasionnée, est estimée 200,000 fr.
Des secouts ont été distribués sur le champ
par le prélet , en aiiendant que le gouverne-
ment en fournisse de plus considérables. Les
citoyens d'Auxerre se sont distingués par le
zèle qu'ils ont mis à donner du linge et des
vêtcraens, qui ont été desuite portés aux mal-
heureux habitans de ces villages qui avaient
tout perdu.
— La Gazette de France annonce , sous la
date de Hambourg , le 14 messidor , que l'em-
pereur de Russie vient de faire dire au pré-
tendant que la présence de la plupart de ceux
qui l'entourent . n'est pas sans inconvéniens en
Courlande , et de l'engager à choisir un asile
ailleurs que dans ses états. On pense, ajouie-i-oii,
que, par suite de cette déclaration, Louis XVilI
va passer en Angleterre.
Le Citoyen Fran(;ais et le Journal des Débats
annoncent que, les anglais ont l'ait sauter les
tonihcaùons de Sainte-Marie de la Spezzia , de
Lerici et de Pqrio-'Venere, et détruit le vaste
édifice du Lazàreth de la Spezzia.
Tous nos journaux rapportent des lettres de
Milan , du 14 messidor , qui disent que les autri-
chiens, prétendant que la Valteline n'était pas
comprise dans le commandement de M. de Mêlas ,
ne veulent point évacuer ce pays en exécution de
la convention d'Alexandrie. La Clef du Cabinet
annonce sous la date de Bàle , le 22 messidor,
que la Valteline est occupée par les troupes que
commande le général Moncey.
Les mêmes journaux disent aussi que , sur le
refus lait par les autrichiens, de rendre les patriotes
qu'ils avalent transférés de Milan à Vérone , au
moment de l'entrée des français en Italie , le
général Massena a gardé les employés autiichlens
qui étaient à Milan , ainsi que l'artillerie et les
munitions qui^ devaient être remisesà M. de Mêlas,
en exécution tie la convention d Alexandrie.
Le gouvernfementprovisoire de la Cisalpine a
arrêté lerectlon d une colonne en mémoire de la
délivrance de ce paysi; elle portera les dernières
paroles que Bonaparte adressa aux cisalpins en
1798, et les détails des dcfniers événemens.
— Le Mefcure de Raiisbonne du i5 messidor ,
dit qu un Courier a apporté au général Kray
l'ordie de conclure un armistice avec le général
Moreau, Cette ville est détendue par un corps
de Gooo hommes sous les ordres du général
Klenau. Cela n'empêche pas qu'on n'ait pris
toutes les précautioi s civiles propres à désarmer
les français, et qu'on n'ait député à leur général
des envoyés des puissances amies de la répu-
blique , pourprévenir leur entrée à Ratisbonne.
Le général Kray a fait transporter en Autriche
tous les bagages de son armée, et se porte lui-
même surllnii , pour garantir les fioniietes du
Tyrol et de la haute autriche. Son quartier-général
était le l3 messidor a Passau.
— La gazette de [Francfort publie deux billets
des généraux Sainte-Suzanne et Levai , par les-
quels ils annoncent qu après avoir battu 1 ennemi
pendant toute la journée du 16 , celui-ci s'est
retiré sur la riv^e gauche du Mcin ; que les troupes
françaises se sont emparées des hauteurs ûe
Bergen , et ont établi leur quartier - général à
Hochst.
— Les journaux allemands annoncent que le
corps de Condé a prêté serment de fidélité à la
couronne d Angleterre , entre les mains de M.
■VVickham.
— La Ctef du Cabinet annonce , sous la date de
Pise et Naples , qu'il a été accordé une amnistie
aux prétendus criminels d'état, à condition qu'ils
prononceront qu'ils n'ont jamais été conspira-
teurs , qu'ils n'ont point porté les armes contre
le roi , qu'ils n'ont pas eu d'emploi sous le ré-
gime républicain , etc. etc. Qu'exigerait-orr de
plus pour rendre un jugement d'absolution?
Le roi a défendu d'enseigner dans ses état^ les
mathématiques , le droit de la nature et des gens ,
la logique , la métaphysiqtie , la physique et les
autres sciences philosophiques , le tout pour le
plus grand bien de ses peuples. Il a aussi ajouté
à la liste des livres dont la lecture est prohibée
par la cour de Rome , les œuvres de Tite-Live ,
et a ordonné aux juges , notaires , avocats , etc.
' de point employer dans les actes publics ou
particuliers les mots: république , liberté , égalité ,
citoyen , droit , démocratie et tout autre mot qui
fuisse réveiller des idées destructrices de tout ordre
et de toute société.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Certout.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen Certout , chasseur à la 1"' demi
brigade d'infanterie légère , à l'affaire du4praiiJal
an 8 , oti il coiiiribT.ia d'une manière particulière
à la reprise de Bregetitz, en se jettant le premier
dans le lac de Constance , et en s'avançant à la
nage jusqu'au pont de la place dont il ouvrit
la porte.
Lui décerne , à titre de récompense nationale,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prorogatives attachées à ladite
récompense, par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 26 messidor , an S de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état., signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Caenot,
Au N0N1 DU peuple FRANÇAIS.
■Brevet d'honneur pour k citoyen Bihon.
Bonaparte, premier consul de la républ'fqup ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la conduite
distiiigjuée et de la bravoure éclatante du citoyen
BitiSfr .■"HBJ'Sa'Vd au S= régiment , à l'affaire du 16
prairial an 8 , 011 il contribua particulièrement
à la prise d'un lieutenant-général autrichien.
Lui décerne, à titre de récompense nationale,
un mousqueton d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 26 messidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'ctat , sigrié , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Carnot.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Discours prononcé par le ministre de l'intérieur, U
24 messidor an 8 , sur le quai Desaix.
Onze années se sont écoulées depuis que des
mains généreuses ont détruit l'antique forteresse
du despotisme : nous ne pouvons mieux célébrer
1 anniversaire de cejour qu'en édifiant des monu-
mens utiles et durables.
Depuis long-tems vous desiriez que ce quai fût
terminé. L'utilité publique est au-dedans le but
des actes du gouvernement, comme la grandeur
de la nation 1 est au dehors : Paris a la première
part à sa sollicitude : secondé par les soins de se»
magistrats , auxquels je m'empresse , devant Iç
peuple , de rendre aujourd'hui un honorable
téraoighage , j'espère ,que d'autres monument
pourront bientôt s'élever dans l'enceinie de la
grande cité. Je me félicite perft)nnelleinent de me
trouver au milieu de vous , et je regarde comme
un des plus grands bonheurs de ma vie , d'être
chargé par les consuls de faire commencer dej
travaux si utiles.
Je vais poser la première pierre. J'accepte aveé
reconnaissance, elje consacre le nom du héro^
dont la république déplore la perte Puisse
ce quai avoir une durée aussi longue que la mé-
moire de Desaix !
Discours prononcé par le ministre de l'intérieur sur
la place de la Concorde, le ib messidor an "8 ,
anniversaire du i^ juillet.
Je vais poser , au nom des consuls, la premier^
pierre de la colonne nationale consacrée aux
bravesîdont les services éclatans et la mort glo-
rieuse ont consolidé la république. Au même
instant les préfets posent dans tous les chefs^
lieux les premières pierres des colonnes départe-
mentales. Le peuple français reconnaît ainsi lej
services de ses détenseurs. Mais quelle que soit
la solidité des monuraens, ils n'ont jamais une
aussi longue durée que la mémoire des héros.
Les ouvrages faits par la main des hommes sont
à peine achevés, qu'ils tendent à leur destruc-
tion; et les siècles , au lieu daffalbhr la véritable
gloire, ne font qu'ajoutera son éclat. Puisse cette
colonne avoir une existence aussi durable que la
gloire des braves qui ont fondé , soutenu ei
illustré la république !
Vingt-cinq messidor , an 8 dt la république.
.„,,- V^A?*i>*iyEESAiRE du 14 juillet.
FÊTE DE LA CONCORDE.
Les papiers publics ont déjà dit avec quel en-
thousiasme a été célébrée la fête du Quatorze-
Juillet, quelle idée vive animait tous Us cœurs.
Ceux qui ont vu le 14 juillet 1789 , attestent
qu'alors le patriotisme, l'amour de la liberté,
n'étalent pas plus ardens et plus purs -, l'amour,
de l'union, le besoin du repos, n'étaient pa$
plus sincères au 14 juillet 1790- Chacun semblait
se dire : J^ous voilà enfin arrivés; après cette tra-
versée si orageuse, après tnnt d'incertitudes et de
chances diverses , nous voilà au port ; nous n'avons
plus à craindre ni pour cette liberté , qui nous est si
chère , ni pour l'ordre public , sans lequel il n'est
peint lie liberté.
II est impossible de faire un rétil froid e,t,
détaillé ries circonstances de celle journée mc-
ihorable ; on va seulement saisir les traits princi-
paux qui carai'érisent la fêle.
Le 24 , les deux préfets s'étaient rendus sur
le quai de la Pelleterie , où ils ontéié reçus par
les maire et adjoints du g' arrondissement; le
miiiistre de l'itiiérieur y est arrivé ; le préfet de
la Seine lui a adressé un discours , où se ttyiu-
vaient tiaiurellemeni rapprochés et la destruction
de la Bastille et la construciion d'un monument
Utile. Le minisire lui a répondu , et a donné
le nom de Desaix au quai de la Pelleterie.
Les cérémonies ont été simples et nobles ;
elles avaient été ordonnées par le citoyen Crétet ,
conseiMcr-d'étaf , qui est chargé de suivre le
travail commencé , et qui prendra les mesures
né^e^saires pour qu'il n éprouve aucun retard.
Sur loute la route , le ministre et les autres
on.agisirais ont recueilli les expressions de la
recotinaissancedue à un gouverneraentqtii donne
musses soins à édifjer, et qui sent qu'il n'y a
àe. gloire durable que çellç qui ^ pour fonde-
ipent des services rendus à la patrie.
Le s5 . dès le matin , les rues étaient inondées
d'un peuple innombrable accouru de toutes
parts : des observateurs prétenclent que la popu-
lation de Paris était sensiblement accrue depuis
plusieurs jours , et cependant les rapports de
police attestent qu'il ne s'est commis aucun
désordre.
Le préfet de la Seine, accompagné de foutes
les autorités et des administrations loCales , a posé
la première pierre delà colonne départementale. La
place était entourée des drapeaux de nos armées ;
les troupes de ligne et la garde nationale l'en-
vironnaient , et l'on a remarqué avec plaisir
que chaque mairie .avait une escorte de citoyens
de son, arrondissement.
Les cérémonies terminées, le pTéfef s'est rendu
avec son cnneire à l'hôtel de la marine, où se
trouvaient réunies toutes les autorités générales ,
les administrations et les régi'-s. Le ministre de
l'imérieur v est entré, précédé de douze héraults
d'armes chari'és des proclamations annoncées
par le programme ; tout le cortège s'est ensuite
transporté sur la place de la Concorde . dans
l'enceinte préparée piiur le recevoir. A peine y
était-il rendu que les consuls sont arrivés à
cheval, accompagnés des ministres , de plusieurs
conseillers-d'état, du secrétaire-d'état, entourés
de leur état-major et suivis de leur garde. Les
trois consuls ont mis pied à terre et se sont pla-
cés sur des fauteuils qui leur étaient préparés ; le
ministre de l'intérieur leur a présenté les mé-
dailles qui devaient être placées sous la première
pierre de ta colonne ( l),
Le ministre a présenté aux consuls le citoyen
Peyre , de l'instilut-naiional , chargé de tous les
préparatifs de cette cérémonie , le citoyen Duvi-
vier qui a gravé la médaille et le citoyen Decotte
^ui l'a frappée, le citoyen Auguste qui a gravé
celle de Desaix et celle de Maringo. Ces artistes
ont reçu des consuls un accueil plein de bien-
veillance.
Le ministre de l'intérieur monté sur l'estrade
où étaient placés les consuls , a prononcé le
■discours suivant :
«< Je vais poser au nom des consuls la pre-
ï» miere pierre de la colonne nationale con-
»» sacrée aux braves dont les services éclatans et
»» la mort glorieuse ont consolidé la républi-
>» que. Au même instant les préfets posent dans
» tous les chef-lieux les premières pierres des
>» colonnes départementales. Le peuple français
»» rcconnait ainsi les services de ses défenseurs ;
>» mais quelle que soit la solidité dts monumens;
»> ils n'ont jamais une aussi longue durée que
» la mémoire des héros. Les ouvrages faits par
»> la mains des hommes sont à peine achevés
»» qu'ils tendent à la destruction , et les siècles
»i au lieu d'affaiblir la véritable gloire , ne font
n qu'ajouter à son éc'at Puisse cette
n colonne avoir une existence aussi durable
»» qUe la gloire des braves qui ont fondé , sou-
ri tenu et illustré la république. >«
Le ministre a ensuite fait 'la pose de la pre-
mière pierre.
Quand cette cérémonie a été terminée , tout le
cortège s'est rendu ^ux Invalides. On aVait pré-
paré pour chaque ministre une salle où devaient
ie rendre les autorité» qui sont attachées à chaque
ministère.
(1) Outre la médaille frappée à l'occasion de
cet événement , et qui porte d un côté l'effigie
du premier consul , avec cette inscription :
Bonaparte, premier consul, CambacerèsetLebrun,
«• et 3' consuls. Au revers : première pierre de
la cblonne nationale posée par Lucien Bonaparte,
ministre de l'intérieur, 25 messidor an 8 ( I4juillet
j8oo) , et autour : Le jieujiUj'ranqaii ans défenseurs.
On y a placé aussi la médaille frappée en ) hon-
neur de Desaix .celle qui a éié frappée à l'occasion
de la vicioirc de Maiiiieo , et qui-lqucsauires des-
tinées à lixcr 1 époque. On en donnera la descrip-
tion iliui un u» ptuLhairi.
1203
A ^ denx hctji;eB, , toutes les 'aiitdriiés étaient
placées dans le tcrnple deMnrj; lepremier consul,
IfS deux consuls , accompagnés des ministres et
du conseil-d eut s'y sont rendus? le corps diplo-
matique s'y est placé à linstant de l'arrivée du
consul.
Lanef. les In'bunes , tout était rempli d'hommes
et de femmes qui avaient été iriviiés par billets ;
l'éclat de la b^'auté , le soin de la parure , ne
fesaient pas un des moindres charmes de cette
fête; les vieux serviteurs de la patrie y étaient
honorablement placés , les plus âgés d'entr'eux
étaient piès du consul.
Le temple , décoré avec une grande décence
et beatacoup de pompe , par les soins du citoyen
Chalgrin dont on ne peut trop louer le zèle
et I intelligence, contenait deux grands orchestres
de t5o musiciens chacun et un 3' de vingt.
Des places avaient éié réservées dans des tri-
bunes décorées avec soin , pour les membres du
sénat , pour ceux du corps-législatif et du tri-
bunal. , ,
Aussitôt que le premier consulta élé placé , on
a exécuté deux ' chants de triomphe pour la
délivrance de lltalie. C'est la première fois.qu on
a entendu à Paris madame Grassini et le citoyen
Bîanchi qui sont venus à Paris pour concourir
par leurs talens à l'embellissement de cette fêle .
et célébrer la gloire de ces armées q.ui rendent
la paix à leur patrie , à cette antique Italie ,
théâtre de tant de gloire. Q;ii pouvait mieux
célébrer M.iringo que ceux dont cet événement
assure le repos et le bonheur !
Le ministre de l'intérieur a prononcé le dis-
cours que nous avons inséré hier. Presque tous
les passages en ont été vivement applaudis;
mais il est remarquable, sur-tout, que. l'on a saisi
avec un soin extrême les mots qui rappelent
la gloire des armées , le besoin du repos ,
l'amour du gouvernement, l'amout de la liberté ,
I oubli dés maux passés, tous les sentimens
généreux et doux qui caractérisent le français,
et qui le distinguent entre tous les peuples de
la terre. '
Il faudrait pouvoir rendre ce tact exquis , ce
goût étonnant avec lesquels sont saisies les idées
les plus rapides, au milieu de la chaleur d'un
débit oratoire , et ce serait assez pour peindre
l'assemblée , que d imprimer le discours en mar-
quant les passages qui ont reçu des applau-
dissemens.
Après ce discours , les 3 orchestres ont exécuté
le chant du 25 messidor , tel qu'il a élé publié
hier ; on ne peut rendre l'éionnement qu'a
manifesté l'assemblée lorsqu'elle a entendu les
orchestres se répondre ? C est la première fois
qu'on ose essayer un concert où se trouvent
trois orchestres à une si grande distance.
Il est difficile d'en décrire l'effet ; mais ce
moyen hardi peut avoir des résultats utiles à
l'art. Il est juste de donner des témoignages
d estime etauciioven Fontanes auteur des paroles,
et au citoyen MehuI , auteur de la musique.
Au reste , on doit remarquer que de tous les
élablissemens consacrés aux arts , aucun ne va
plus directement que le conseivaioire. de musi-
que au but de son institution.
Le chant a été plusieurs fois interrompu par
des applaudissemens; mais une sensibilité pro-
fonde s'est manifestée à ce passage : Tumeurs,
brave Desaix; tous les regards se sont portés
vers le monument élevé en son honneur et que
décorait son buste , fait par le citoyen Dupaty.
Le chant terminé , le premier consul s'est rendu
dans la cour derrière le dôme, où il a passé en
revue les invalides. Il a re'rouvé là ces guerriers
dont un grand nombre l'a suivi au champ d'hon-
neur. Le ministre de la guerre et le commandant
de l'hôtel lui ont présenté les cinq invalides que
leurs camarades avaient désignés comme les plus
dignes des récompenses nationales ; ils ont reçu
du premier consul des . médailles d'or, sur les-
quelles sont inscrits leurs noms , leur âge , le
lieu de leur naissance , et les actions où ils se
sont distingués. Un hérault a proclamé ces détails.
Delà, le premier consul, les consuls, et le
conége , se sont rendus au champ' de Mars , où
se trouvaient réunies sous les armes , toute la gar-
nison et une partie de la garde n,aiionale. Tous
les tertres étaient couverts d une affluence/.iiii';
mense , et la partie inférieure du champ de Mars ,
qui était vide à toutes les fêtes , était le aS aussi
remplie que la partie supérieure.
Le ministre de la guerre a présenté aux consuls
les drapeaux pris sur l'ennemi , et les officiers
chargés par les généraux de les apporter. Dans
cet instant , un enthousiasme , un délire général
se sont emparés de toutes les têtes ; chacun s'est
précipité vers ces héros , chacun voulait voir
ces glorieux monumens de nos triomphes; cha-
cun voulait du moins appercevoir celui qui les
conduisit aux combats , et dont la gloire est
maioienant la proiiriété du peuple qui se l'est
donné pour premier magistrat.
Les cris de vive la république! viye Bonaparte!
ont retenti de toutes parts: ces deux noms sont
;également cherj aux français.
Le mouvement occasionné par cet entlaou-
siasme a été tel, qu il eût été impossible de conte-
nir les spectateur» sur les lerties; les hommes,
les femmes, les soldats eux-mêmes chargés de
maintenir l'ordre, se précipitaient vers le lieii
où était le premier consul , et aucune force n'eût
pu contenir'l'explosion de ce sentiment. Que
ceux qui parlent de la régularité de la police ,
voient un tel délire ; qu'ils essayent de réprimer
une semblable ardeUr. Et cependant , au milieu
d'une pareille confusion , nul accident n'est ar-
arrivé ; chacun a senti le besoin d'assurer sa.
propre conservation en veillant à celle d'autrui.
Vainement on fesait répandre par des héraults,
par des ordonnances , qu il n'y aurait pas de jeux,
si on ne se plaçait pas , l'émotion était trop lorte ;
les têtes étaient tropagitées; les cceurstrOp remués.
Eh ! que sont des jeux, en effet, après l'admi-
rable spectacle de ces drapeaux ravis à l'en-
nemi par une armée créée dans un instant , qui
franchit les Alpes avec la rapidité de l'aigle , qui
n'arrive que i)0ur vaincre , et qui envoie les tro-
phées de sa gloire , quand les ennemis du nom
français s'étonnent encore de sa formation.
Le ministre de l'intéHeur a remis lesjeux.
Les consuls occupaient le balcon de 1 Hôtel
.Militaire où ils se sont rendus après la revuS.
Ils ont vu cet incroyable mouvement qu'on ne
peut décrire.
Les discours qui ont été prononcés ont été
impriincs hier.
Vers 7 heures , un bal'on s'est enlevé , et a
fait , à une assez grande hauteur , une explosioa
très-foite.
Le soir tout Paris était en feu. Les hommes les
plus âgés, disent n'avoir jamais vu une illumina-
tion aussi 1 brillante. Les> éJi&ces publics-, les
maisons particulières , tout présentait un spec-
tacle étonnant.
A dix heures , un feu d'artifice a été tiré sijr
le pont de la Concorde, dans un des lieux,
les mieux situés de Paris, pour attirer un graiid
concours de spectateurs, sans lès exposer à aucun
danger.
A dix heures et demie , un concert a eu lieu
sur la terrasse du château, et , chose étonnante,
par les mêmes artistes qui sélaient trouvés le
malin aux Invalides ; comme si un jour sembla-
ble doublait les moyens physiques , comme il
double les sensations.
On a dansé la plus grande partie de la nuit
aux Champs-Elysées , au son des orchestres qui y
avaient été préparés.
Il est impossible de peindre froidement et
qu'on a éprouvé; il est impossible de fairt
passer dans l'ame d'autrui ce qu'on a senti soi-
même. Que les amis de la liberté se réjouissent !
jamais spectacle plus touchant et plus beau ne
ne s'offrit aux regards ; leii sentimens les plus tou-
chans , la concorde la plus vraie , l'union la plus
douce ! O quel peuple vaut celui-ci? Heureux
qui peut le servir et s'en faire aimer!
T ^ R I B UN AT.
Présidence deJard-Panvilliers.
SÉANCE DU 25 MESSIDOR.
Les membres du tribunal sont revêtus de leur
costume.
L'institut des aveugles exécute des airs patrioti-
ques et le chant du Quatorze-Juillet.
Conformément à un arrêté du 16 de ce mois,
le président prend la parole pour célébrer l'an-
niversaire du Quatorze -Juillet et la fête de la
Concorde.
Tribuns ,
Un sentiment commun à tous les amis de la li-
berté^ nous réunit en ce jour. Nous venons célé-
brer celte époque immortelle où les français ,
impatiens de la servitude qui pesait sur eux de-
puis tant de siècles , secouèrent enfin le poids
du despotisme. Quelle ame susceptible de quel-
que affection généreuse, pourrait ne pas s'émou-
voir au souvenir que rappelle le 14 juillet? Tout
ce qu'il y a de sentimens honorables et grmds
dans le cœur de l'homme , les français le mon-
trèrent dans cette journée à jamais mémorable.
Honneur aux philosophes amis de I humanité
qui l'avaient préparée ,pa,r leurs écrits! Gloire
aux hommes courageux qui prirent I initiative de
cette grande révolution , que la dignité de la
nation et sa volonté réclamaient également !
Tant que les ténèbres de l'ignorance avaient
couvert toutes les parties de lEurope , les fran-
çais , comme les autres peuples , avaient sirbi
le joug de la tyrannie ; et de plus en plus avilis
par l'habitude de l'esclavage , la plupart d'entre
eux s'étaient accoutumés à croire qu'ils étaient
nés pour obéir aux caprices de quelques hommet
qui s'étaient mis en possession de leur comman-
der, et de s'approprier les fruits de leuu travaux.
Mais à mesure que les lumières s'éiaient tcpaa-
dues , cet esprit de servitude avait fait place à
l'esprit de hberté ; le sentiment de la dignité
de l'homme en général avait pénétré dans le '
cceur de tous les hommes éclairés , et de» écrivaini
1204
tourageux avaient osé proclamer les principes
sacrés de la souveraineié du peuple.
■ Ainsi les lumières avaient déjà préparé la cliûie
du despotisme , lorsriu'il précipita lui-même sa
ruine ses par excès et par la cortuj'tion de sessup-
pôts. Ennivré de sa puissance , et se flattant ()tie
rien ne pourrait la détruire, il s'était aveuglé
sur les dangers qui le meiiaçaienl ; ou, pour
mieux dire", il n'avait pas calculé Je degiçdé-
nergie que l'amoyr de la liberté donne à des
âmes fortes déjà irfiié(ss par le sentiment d'une
iongue opprésiion , et il avait formé le projet
insensé d'en arrêter i'élan.. Heureuse irn-
prçyoyance ! c'est à elle que nous sommes re-
'çleyables (Je n'avoir pas vu différer la convoca-
tion des états-généraux qui devaient affranchir
le peuple français, et le faire lerilrer dans l'exercice
de tous ses droits.
Les, amis de la liberté n'oublieront jamais les
çetvices des hommes courageux qui, bravant la
fureur d'une cour irritée , surent les premiers
^'élèvera la hauteur des destinées qu'ils étaient
appelés à remplir , et se constituèrent en Assembtce
n.tfwnii/e. Jamais ces représentans Bdelcs ne furent
^i glands que le jour ori , forcés de chercher un
asyle sous ihumble toit d'un jeu-de-paume, il
firent le serment solennel de ne point se séparer,
et de se rassembler par-tout où les circonstances
Tcxigcraient , jusqu'à ce qu'ils eussent donné à la
fiance une constitution fondée sur les droits du
peuple.
Cet acte de courage fut décisifpour le triomphe
de la justice et de la raison. L'énergie qui l'avair
^içié passa dans le coerj-r de tous les français ,
tt ce peuple nagueres si docile à la voix d un
despote. Il écoula plus que la voix de la patrie
et de la liberté : vivre libre ou mourir ! tel fut le
cri qui se fit entendre de toutes les parties de !a
France. En vain la cour effrayée prétendit l'étouffer
dans son principe ; en vain elle espérait iniimider
1(; peuple et ses représentans par l'appareil de la
ioice armée qui l'environnait; tous les efforts
qu elle fit pour retarder sa chûle , ne firent que |
l'accélérer ; plus elle se montra menaçante , plus
les représentans de la nation se montrèrent fermes
et courageux , et pius la nation elle-même se
montra digne d'exercer sa souveraineté.
Cependant les satellites du despotisme osèrent
porter leurs mains sacrilèges sur des citoyens 1
paisibles ; un vieillard débile et sans aimes tomba
sous les coups d'un prince honteusement fameux
par sa lâcheté. A l'instant un cri d'indignation et
la conquête , et par un seniimenl aussi unanime
que la joie qui en avait été le résultat , dans
le même instant , tous les français furent armés
pour soutenir leurs droits et leur indépendance.
Oiiel obstacle le despotisme pouvait- il désot-
maiTopposer à une volonté si générale et si for-
tement soutenue ? Les soldats eux-mêmes , qu'il
s était flatié de rendre les instruinens dociles de
ses ventçeances et de son ambition , avaient en-
tendu lès accens de la libellé , et leurs bias ne
devaient plus obéir qu'à la voix de la patrie. Les
représentans de la nation, dignes de l'auguste
car.TCtere dont ils étaient revêtus , n'avaient donc
plus à lutter que contre l'orgueil , l'intérêt per-
sonnel et les préjugés de quelques défenseurs
des institutions ami-sociales ijue la raison avait
prosctites -, mais la victoire du 14 juillet avait
ébr.;nlé les institutions jusques dans Icijrs fon-
demen? , et rendu nécessaires les événemens
qui en ont complété la ruine. C'est doirc à
cette journée si léconde en grands résultats que
nous devons rapporter tous ceux qui ont été fa-
vorables à la. liberté, et que la justice et la phi-
losophie ne peuvent désavouer.
Que des individus intéressés à jiustifier à leurs
propres yeux et à ceux des gouvernemeiis étran-
gers qu'ils abusent, la résistance coupable qu'ils
ont tenté d opposer à la régénération de leurs
pays , prétendent que la révolution ne fut pas le
résultat , et n'est pas encore l'accomplissement de
la volonté générale .' qu'ils veuillent attribuer
exclusivement à l'amour de la gloire , des pro-
diges qu'ils n'oseni contester , mais dont les dé-
parée qu'ilj avaient ie courage de vouloir dé--
chirer le voile sanglant dont on avait couvert la
liberté , qu Ih voulaient h montrer toujours pure
et sans tache , telle qu'elle nous apparat au 14
juillet , et la faire chérir de ceux-là même dont
elle pouvait conitarier les intérêts ?
Non , les auteurs de tant de forfaits n'étaient
point des amis de la libtirté ; on ne les vit point
se mêler à nos généreux épancucmens dans la
belle jotirriée du Qj.i.uorze-Jui!let. Nous nc-recoii-
naissons à leurs fureurs que tle vils e.sclives
salariés par le despotisme , pour faire haïriinc
l'évoluiion que la philosophie avait préparée
pour le bonheur des français et de Ihumanité ;
et ce n'est pas un de leurs moindres crinies
que celui d avoir aliéné à la liberté des âmes
faites pour en apprécier les douceurs , et qui
l'auraient chérie si elles ne lui avaient pas attribué
cUs njaux qui n'appartenaient qu'à la tyrannie.
Les véritables amis de la révolution , les ré-
publicains , véritablement dignes, de ce nom,
n'ont jamais cessé de se montrer sensibles ,
juMeS et humains. Ceux qui , dans cette tour-
mente politique , ne se sont pas constamment
distingués par ces caractères , nous les désavouons
ils appariiennenl à la tyrannie. Mais dans cette
journée de .clémence et de joie , nous voulons
aussi oublier pour toujours les maux qu ils nous
ont faits. Le Quatorze-Juillet de l'an $ , comme
celui Je 17.81J , ne doit être marqué que par
des sentimens d'allégresse et de générosité.
de vengeance publique part de 1 enceinte même ,.,.,. ,
du pallis que nous habitons, et se répand 1=> société objet uinque de touie association,
dans tous les quartiers de la ville. Un jeune peuvent admettre entre eux d autres distinctions
homme , d'un caractère ardent , passionément
épris de la liberté , l'infortuné Camille Desmou-
lins , arbore le premier les couleurs nationales et
4onne le signal de linsurreciion la plus légitime.
Tous les citoyens courent aux armes ; ils igno-
rent le nombre des ennemis qu'ils auront à com-
battre , mais les hommes armés pour leur indé-
pendance ne calculent point sur les défaites ;
d'ailleurs plusieurs des légions sur lesquelles le
despotisme fonde ses espérances, sont aussi com-
posées de français , et dans cette journée de
gloire et de triomphe , tous les français n'ont
qu'un même intérêt, celui de reconquérir leurs
droits usurpés par la tyrannie.
On voit en effet les gardes françaises , qui
depuis ont fourni tant de héros aux armées de
la république . abandonner les drapeaux de la
qour et se mêler dans les rangs des citoyens ; tous
marchent ensemble à conquête de la liberté , et
leurs prenjiers efforts se dirigent vers cette odieuse
forteresse , monument antique de la tyrannie qui
pesait sur la France depuis tant de siècles. La
garnison leur oppose une résistance inuli'e ; tout
cède à leur courage , et bientôt un cri de vic-
toire et de joie , volant de bouche en bouche ,
annonce à tous les français la prise de la Bastille.
Quippurraii peindre l'enthousiasme de la nation
entière à ceue nouvelle aussi étonnante qu'ines-
pérée ! De quels sentimens sublimes et louchans
tous les cœuis furent pénétrés ! Ce fut alors que
tous les français ne hrent véritablement qu'une
seule famille de frères et d'amis ; on oublia toutes
les haine= , toutes les dissentions , pour ne se
livrer qu'aux épaiichemens des plus doux scnti-
ipens de la nature : les vaines distinctions de
rang et de naissance firent place' à la plus douce
familiarité; tout le monde se connaissait, tout
le monde se parlait , se félicitait sur la victoire
commune; la joie était dans tous les cœurs ,.
elle brillait sur tous les visages, elle absorbait
toutes les passions ambitieuses et avilisantes ; le
désir de la vengeance n'entra pas même dans
Iz cœur de ceux qui jusques-là n avaient connu
«uel humiliation et les mauvais traitemens : toutes
lès affections étaient pures comme la liberté qui
en était lobjet , mais elles étaient aussi grandes
que généreuses.
Fier d'avoir recouvré sa dignité première .
O voiis , qui eûtes à souffrir des malheurs
que nous déploions , mais qui reiiâies fideie*
feiiseurs de la liberté seuls nous offrent des | à la patiie , si dans ces tems désastreux vous
exemples! le souvenir du 14 juillet , les sacrifices ' tiouvâtes en nous des amis compatissans, si nous
que le peuple français n'a cessé de faire pour 1 partageâmes vos douleurs , si pour en adoucir
conserver la liberté qu'il a recouvrée dans cette | l'amertume, nous bravâmes souvent la fureur
journée , et la constance héro'ique avec laquelle 1 des factions , si , par notre courageuse résis- "
il la défend depuis huit ans contre les diverses I lance , la lépublique est enfin assise sur ses
coalitions qui ont voulu la détruire, répondent véritables bases , la force, la justice et les
suffisamment à ces lidicules assertions. vertus ; faites le sacrifice de vos resseniimens à
Oui, la nation toute entière, moins quelques l'amour de la patrie; prenez part à la joie de
oppresseurs et quelques hommes aveuglés par ! tous les amis de la liberté, qui voient se rea-
d'anciens préjugés, voulut et veut encore èlre IJser enlnn les espérances qu'ils avaient conçue»
libre : eh! quel est donc l'homme qui oserait 1 au 14 juillet.
encore mettre en question si la loi doit être le Entendez la voix d'un gouvernement répara»
résultat de la volonté d'un seul , ou si elle doit 1 leur qui s'occupe de sécher toutes les larmes,
être l'expression de la volonté générale; si le !, et de r'ouvrir toutes les sources de prospérité
soin de la faire exécuter est un droit héréditaire,' publiijue et de bonheur particulier. En atleti-
ou s'il n'est qu'un pouvoir conféré par la confiance dant que par sa sagesse, sa modération, et
et la volonté de la nation ; si tous les hommes ' par la gloire des armes de la république , il puisse
créés égaux par la nature, doivent èire égaux 1 faire jouir lEurope des bienfaits d'une pacià-
aux yeux de la loi ; si la raison et I intérêt de j cation générale , il appelle tous les français ailX
douceurs de l'union et de la concorde.
Il éteint à jamais les torches de l'affreuse guerrp
civile. Les erreurs et les crimes rémissibles , îl
veut tout oublier, mais il veut récompenser aussi
les actions jiénérpuses , et le dévouement à la
cause de la liberté.
Il veut, par des témoignages d'estime et de
reconnaissance publiques, entretenir dans tous le»
cœurs ce feu sacré du patriotisme , source de la
gloire , de la puissance et de la stabilité de la
république.
Que les monumens qu'il élevé en ce jour à la
mérnoire des héros morts en combattant pour la
patrie, soient aussi les monumens de notre admi--
ration pour les braves armées dont les victoires
embellissent encore la fête que nous célébrons !
Ah! sans doute il est douloureux d'avoir des
larmes à répandre sur la perte de tant de héros!
La patrie donnera de longs regrets au guerrier
malheureux (l; , qui mérita le brevet honorable
de premier grenadier de larmée française. Elle
pleurera en lui un savant distingué , un officier
habile , un soldat intrépide , et le modèle dt^
désintéressement , de la tempérance et de toutes
les vertus républicaines.
Mais quel français pourrait ne pas s'enorgueillir
de la gloire des vainqueurs de Hochstet et dç
Maringo ? qui pourrait ne pas s'honorer de par-
tager ce noble enthousiasme pour la liberté qui
leur fait opérer tant de prodiges? Ah! que tou>
les cœurs entraînés par 1 exemple de tant de
gloire et de dévoiàment , se rattachent enfin à 1^
république ! Que la concorde éloigne à jamais
de nous les dissentions civiles, et que désormais
toutes les affections , tous les sentimens se con-
fondçpt dans l'amour de la patrie î
El nons , tribuns , livrons-nous aux douces
émotions que tant de souvenirs glorieux et de si
chères espérances doivent nous faire éprouver !
Que ce palais, qui fut le berceau de la liberté,
en soit à jamais le sanctuaire ! Que les citpyens
y trouvent toujours en nous les plus zélés défen-
seurs de leurs droits , et que tous nos vœux ,
toutes nos discussions aient sans cesse pour objet
le bonheur de la nation , et l'affermissement de
la constitution de l'an 8 , et du gouvernement
qui en émane ! La suite demain.
que celles qui résultent de leurs talens et de leurs
vertus , et d^autre supériorité que celle qu'il est
nécessaire de njconnaître dans les magistrats qu il
se sont choisis ?
Si toutes ces questions sont jugées au tribunal
de la justice et de la raison universelles ; s'il est
reconnu que l'égalité des droits et la souveraineté
du peuple sont les seules bases que la raison
puisse avouer dans toute réunion d hommes en
société ; si le gouvernement tepréseniatif dans
toutes ses parties , est le plus analogue à ces
principes, lorsque le peuple ne peut exercer ses
droits par lui-même; et si notre organisation
sociale , fondée sur ces bases , a été l'unique
objet et le résultat de la révolution , quel est le
français , je ne -dirai pas même éclairé , mais seu-
lement ami de son pays et de I humanité , qui
pourrait refuser d'y donner son assentiment , et
de partager les douces émotions que nous rap-
pelle le 14 juillet dans les circonstances prospères
oti nous nous trouvons ?
Que reproche-i-on aux amis de la révolution?
Les malheurs et les crimes qui font accompagnée ?
Ah ! sans doute ils sont affreux , et ils laisseront
long-tems des souvenirs dou oureux"! Mais, est-
ce bien à nous , est-ce bien aux hommes du 14
juillet lySgque l'on prétend imputer des malheurs
qui furent presque tous l'ouvrage de nos enne-
mis les ^lus cruels , et dont nous fûmes aussi
plus ou moins les victimes ?
Les illustres martyrs de la liberté , les "Ver-
gniaud , les Guadet , et leurs compagnons d'in-
fortune, ne fiirent-ils pas immolés pour, avoir
voulu s"oppqs.er au régime' affreux de 1798 ? Le
malheureux Çamille-Desmoulins , celui qui , le 14
juillet, dans les'rauis de celleenceinte, fit entendre
le premier lêstriâles accens de la liberté , ne fut-il
pas envoyé à lécbafaud pour avoir tenté de sou-
lever l'opinioni "du peuple contre ces exécutions
sanglantes qui.'jetaient le deuil et la consternation
dans les familles ? Et 1 estimable Philippeaux ne
périt-il pas victime du courage qu'il avait mis à
dévoiler les horreurs qui avaient soulevé la
'V^endée ? Enfin , ces prodigalités qui ont réduit
à l'indigence un si grand nombre de familles
respectables , n'avaient-elles pas pour objet prin-
cipal de salarier les injures , les menaces , et tous
les dégoûts dont on ne cessait d'accabler les
chaque citoyen se montra jaloux d'en affermir ' hommes irréprochables dont on préparait la perte.
( I ) Latour-d' Auvergne.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agassc , prQpriétaite du Moaiteur, rue des Poitevins , n" 1-3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
299-
Konidi , 29 messidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N I T E u R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouveniemôni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
rintétietir que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement copsacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
PORTUGAL.
Lisbonne , le '2b juin ( 6 messidor.)
%J N corsaire de Bordeaux a repris , à la vue
des forteresses qui commandent l'entrée de ce
port ( Lisbonne ) , un navire espagnol , chargé de
iroment , dont s'était emparé un bâtiment de
guerre anglais. ■'
Vingt-un navires marchands portugais, vena"*
des Açores , sont arrivés ici le 3 de ce mois. S'"
de ces bâtimens étaient chargés de blé , et le*
autres de gros millet et de divers légumes. On
éprouvait, dans celte ville , depuis près de trois
mois .une telle pénurie de froment, que la livre
de pain y a valu constamment lo sous, et qu'on a
été obligé, depuis cinq semaines , d'en fabriquer
une grande quantité', où il entre un tiers de ta-
Tine de riz.
Une frégate anglaise nommée la Minerve , est
entrée le même jour dans ce port, revenant de
croisière.
ANGLETERRE.
Londres , le ii juillet (' 2 2 messidor. )
En attendant la décision de la cour de Vienne
sur la paix ou sur la guerre , il n'est question dans
nos cercles poliiiques que de la neutralité armée
du Nord de l'Europe. On n'avait pas ju^juici
ajouté beaucoup de foi à l'existence d un pareil
projet ; mais malheureusement , il n'est ^iie trop
vrai qu il se foime une association dont l'objet
reconnu est de mettre un frein à l'ambition de
l'Angleterre et de l'Autriche , et conséquera-
ment de favoriser la France.
L'empereur Paul a été le premier à provoquer
cette mesure ; le Danemarck ei la Suéde ont eu
trop à souffrir de notre tyrannie maritime pour
ne pas concourir à l'abaiire , et s'il fallait une
preuve de l'adhésion de la Prusse , de -la Saxe
et des autres princes allemands , à ce plan ,
nous la trouverions dans la conduite que ces
puissances observent depuis quelque tems. La
Porte , aigrie par notre refus à acquiescer au
traiié conclu pour l'évacuation de lEgvpte , peut
se joindre à la ligue. Ainsi, l'Autriche et l'An-
gleterre auraie\it ou sont menacées d'avoir contre
elle toute lEurope, si l'on en excepte quelques
états d'Lalie , et notre très-important allié le
Portugal. — Probablement l'Autriche fera sa paix ,
du moins son intérêt l'exige , et alors la neu-
tralité armée aurait en vue la France et l'An-
gleterre ; mais les liaisons de la Prusse avec la
France , le changement survenu dans le système
politique du cabinet de Pétersbourg , et son
exaspération contre l'Angleterre , ne permettent
pas de douter que celle-ci ne restât seule en
butte aux entreprises de la ligue.
Le monopole exercé par notre commerce , nos
arrogantes prétentions à la suprématie des mers
ont excité l'envie et la haine des autres états
maritimes. Entre la formation d'une neutralité
armée et une rupture, l'intervalle peut être court;
et nous trouverons lEurope entière lii^uée non
contre la France , pour y rétablir un trône , mais
contrel'Angleierre, pour enpart^gerle commerce.
Dans cet état de choses , les flottes russes, que
nos ministres ont si prudemment initiées à notre
tactique navale , soit à Sheerness , soit sur les
côtes bataves , combinées avec celles du Dan-
nemarck , de la Suéde , de la Hollande , dé
lEspagne e» de la France , ne manqueraient pas
de nous donner de la tablature. Sans doute, nous
possédons une puissante marine ; mais il est des
dangers et des chances dans une réunion d'en-
nemis , auxquelles il est difficile d'échapper. Nous
n'avons aucune ceriiiudeque la ligue soit formée;
nous savons simplement que le plan en est fort
avancé et donne beaucoup d'inquiétude à nos
ministres. Nous en jugeons, du moins , par l'opi-
nion du lord chancelier , relativement au convoi
suédois , intercepté par le commodore Lawford ,
et d'après l'assistance de presque tousies ministres
du cabinet et des grands officiers de justice , lors-
que celte aflaire , qui serait le premier grief que
la neutralité armée aurait à alléguer contre nous ,
ï été plaidéc devant le conseil privé. (Extrait
du Morning-Fost , du so meaidor. )
En conséquence de l'union avec l'Irlande , il
sera fabriqué un autre grand sceau , et le dessin
en a déjà éié même soumis à l'approbaiion de
S. M. La couronne impériale y est substituée à
celle royale ; et les lleurs-de-lys , dit-on , en sont
totalement exclues. (Extrait de la même gazette.)
Chambre des communes. — Séance du 8 juillet (ig
messidor. )
Ai. Tierni) prévient la chambre que son inten-
tion est de présenter, mardi prochain, des réso-
) lutions à peu-près semblables à celles qu'il a déjà
présentées l'année précédente. Il désirerait aupa-
ravant recevoir quelque information par rapport
aux subsides qui doivent être accordés daris le
cours de l'année.
M. Pitl. dit qu'il croit pouvoir remettre à la
chambre l'état des subsides lundi prochain.
M.Jones. Je me levé pour faire une motion
que j'ai consenti à différer sur la représentaiion
du chancelier de l'échiquier et de mon bon ami
(M. Robson). Je n'ai point voul'i que l'on pût
m'accuser de chercher à surprendre la chambre.
Mon inteniion est , ainsi que je l'ai annoncé ven-
dredi, de demander nia copie detinstructions
données au commandant en chef de fti flotte dans
la Méditerranée , à l'effet de rompra la conven-
tion conclue entre sir Sidney Smiin, le général
français et le commandant de l'arlnée ottomane
pour l'évacuation de 1 Egypte, ii Amnt "d'entrer
en matière j'accorderai à lord Keith le tribut
d'éloges que sa conduite et ses talens méritent.
Je lui rendrai cet hommage d'autant plus volon-
liers, que ce grand homme ne ra«f paraît point
avoir été dignement récompensé. .
La convention arrêtée par sir Sidney Smiih
sert de base à l'objet de ma motion. Je la consi-
dère comme un acte diplomatique de la plus
haute importance , et qui indique de la part de
son auteur une profonde pénétration. J'ai lu dans
différens journaux des copies d'une lettre en-
voyée par lord Keith au général Kleber, pour
l'informer, qu'en vertu de ses instruciions , il ne
pouvait consentir à aucune capitula::on , à moins
que l'armée française ne se rendit j#is6nniere de
guerre. Celle lettre serait une infraction de traité
envers la Porte. Si je m'en remets à l'autotiié des
mêmes journaux , le général Desaix maltraité par
lord Keith, s'est plaint d'avoir éprouvé moins de
bonne foi de la part des anglais que de la part
des mamelouks, des arabes et des éthiopiens. Je
conviens que je n'ai que des documens incer-
tains. S ils sont désavoués par les ministres , je
me croirai du moins autorisé à leur en demander
de plus réguliers, afin de constater toutes les
circonstances de l'événement désastreux, qui a
relevé l'ascendant des français en Egypte. Lorsque
les pièces authentiques seiont entre les mains de
la chambre, j'aurai peut-être des bases ceriaitjes
pour l'appui de propositions ultérieures.
M. Dundas. L'honorable membre se fonde sur
une fausse supposition., en posai;ii pour fait
qu'une convention ait été conclue entre ce pays
et le général français. Un traité qui n'a point
existé, n'a pu être enfreint. Une négociation par-
tielle pouvait avoir été entamée entre un officier
jubordonné et le général ennemi , sans que des
instructions eussent été envoyées pour une con-
vention régulière. L Angleterre n'a point été par-
tie dans ce traité , et Ion peut dire qu'elle a tou-
jours observé ses engageraens avec une bonne
foi surabondante. Lorsque les français envahirent
l'Esyvie , l'effroi fut général. LEurope et lOiient
tremblèrent. Nos possessions dans l'Inde ne cou'
raient pas moins de dangers que I Empire Otto-
man. C'est alors que laciiviié , le courage hé-
roïque de nos matins frustrèrent , par la plus
brillante des victoires, l'espérance que l'ennemi
s'était formée dans son entreprise gigantesque.
Cette armée perfide doit servir d exemple ; l'inté-
rêt du genre humain demande sa destruction.
Nous devons espérer que , harcelée sur tous les
points , luliaiit contre les maladies et l'influence
du climat , elle ne retournera point tranquille sur
le rivage où elle s embarqua. Quand la nouvelle
des premières négociations ouverles entre le visir
et le général français parvint dans ce pays, le
gouvei ncinenl ne jugea point qu il dût permettre
L I armée délivrée de venir tenter en Europe
quelque autre invasion. Peut-être la Porte , mé-
connaissant ses véritables intérêts, s inquiétait-
elle peu que les français allassent tourmenter ses :
alliés.
Le gouvetnemeot ignorait qu'an officier anglais 1
fût intervenu dans le traité de la part de l'Angle-'
terre. La substance des instructions de lord Keith
étant communiquée au général français , il s'éta-
blit enire lui et le grand-visir une correspon-'
dance. Celui-ci , pressé de prendre possession'
du Caire , refusa d'écouter ses remontrances i et
après un intervalle desix heures seulement, I armée
Oitomane fut aliaquée et défaite. Je remarquerai,'
ajoute M. Dundas, que jamais personne n'avait
été autorisé à traiter avec Kleber à d'autres con-
ditions qtie celles qui sont énoncées dans la,
leiire de lord Kciih. Ce qui s'est passé avant cette,'
transaction ne peut êire réputé obligaioire par la'
loi des naiions ; mais dès qu'il fut connu dans ce
pays qu'un officier anglais avait accordé protec-
tion à l'armée française, et qu'avec les moyens
de l'écraser , il avait bien voulu s'interposer pour'
sa déhvrance , le gouvernement , sans tenir à ses
propres intérêts ni à ses opinions , a etijvoyé des
ordres pour acquiescer au traité conclu par la
Porte , et il est probable qu'en ce moment l'armée
française recueille les ftuits de cette condes-
cendance.
M. Robson. La question se réduit à savoir si le
papier que je liens dansma main,supposéqu'ilsoit
en effet la copie du traité d'El Arisch , est obli-
gatoire ou non pour ce pays. S il ne l'est pas ,
nous sommes en guerre avec nos alliés. — Le fait
est que ce traité a existé , qu'il a été ensuite rompu
lorsqu'on a jugé commode de le rompre , et que
la nature de notre alliance'avec la Porte est mal
entendue ou peu respectée. Mais cette conduite
est parfaitement dans le sens de- ceiie réponse
aussi sage que noble , qui fut donnée à Bona-
parte ; — cette réponse par laquelle on a mieux
aimé en faire le pacificateur de l'Europe q le de
suivre l'avis de mon ami , qui proposait pour ce
rôle important sa majesté. Cette infraction de
traité ressemble encore beaucoup à ce qui s'esÉ
passé en Italie. Un fort refusa de se rendre au
roi de Naples ; il ne voulut capituler qu'avec le
commandant anglais. A sa reddition , toute la
garnison fut égorgée par les napolitains.
M. NichoUs croit inutile de produire les papier»
demandés. 11 lui paraît constaté que les ministres <
instruits du traiié conclu entre le général Kleber ,
le grand-visir et sir Sidney Smilh, ont expédié
des ordres pour en empêcher l exécution , etque
lorsqu'ils en ont donné de contraires , il était trop
tard. L'armée ottomane était déjà défaite, et ce
sont ainsi les ministres qui ont assuré aux français
la possession de 1 E'gypte jusqu'à la paix.
M. Wilberforce. Je ne déciderai point s'il fut
prudent de la part des ministres de donner à lord
Keith des instructions pour qu'il s'opposât à l'exé-
cution du traité. Leur détermination a pu dépen-
dre de plusieurs circonstances qui ne nous sont
point connues; mais la réponse donnée par le
très-honorable membre ( M. Dundas ) me paraît
pleinement salisfesanie. C était avec un extrême
étonnement que j'avais entendu prononcer que
l'on pouvait attribuer à la Giande-Breiagne une
infraction de traité. Le très-honorable membre a
expliqué de la manière la plus claire que les prc^
miers ordres ont été envoyés avani que le traité
pût être considéré comme sanctionné par 1 An-
glelerre , et qu'aussi-iôt que le gouvernement eut
connaissance de l'accession de sir Sidney Sraiih
au traiié , il se détermina à le sanctionner , quoi-
que cet officier eût outrepassé ses pouvoirs. Le
gouvernement n'a pas agi avec moins de sagessâ
que de bonne foi ; car il vaut mieux sacrifier dc9
intérêts de circonstance , que de porter atteinte à
ces grands principes qui doivent être inviolable»
parmi les naiions. La moiion ne peut être souie-
nue sous le prétexte d'une infraction de traité.
Sous le point de vue de la politique , la cham-
bre ne pourrait énoncer une opinion sans savoir
quels renseigiieraens le gouvernement avait sur
l'état des français en Europe et en Egypte , stif
les forces et les finances turques , et enfin sur les
nôtres. ■
M. Torke observe que les honorables membre»
du côié opposé ont pris pour base de leurs ar-
gumens une erreur de fait , en supposant que IsS
premiers ordres donnés à lord Keiih ne lui avaient
été envoyés qu'après la conclusion du traité d El
Arisch. La comparaison des datés. prouve le con-
traire. Le gouvernement savai* , au moyen il«j
lettres inlcicepiées , que liiileniion de> irafiçais
était de tromper les turcs par I apparence d'uiiS
négociation , et il a du iiaiurelleinent prcndrj
des mesures pour faire avorter ce dessein. «Vialgté
1206
la haute opinion que j'ai de sir Sidney Sraith ,
je ne puis approuver sa conduite dans cette cir-
constance. Je suppose un cas qui n'est nullement
applicable à sir Sidney Smith , mais qui est pour-
tant iJans l'ordre des choses possibles ; si un offi-
cier, placé comme lui, eût, par des moiils
d'intérêt personnel , conclu un traité pour son
pays, dirait -on qu'un pareil traité fût obliga-
toire ?
M. Hobhouse convient que, dans celle occa-
sion , il serait injuste d'accuser le gouvernement
d'avoir rompu un traité ; mais il aurait désiré des
renseignemens plus positifs pour connaître la né-
cessité qu'il y avaità envoyer les ordres en ques-
tion , et poursavoir s'ils n'avaient pas été expédiés
à dessein de contremander des ordres d'une
nature différente , donnés antérieurement. D'après
quelques articles du traité, il est évident que les
turcs croyaient que les anglais y avaient accédé.
Ce point dem.anderait une explication; cependant
M. HobliQUse conseille à son honorable ami de
retirer sa motion.
Sir William Pulteney énoncé une opinion à-peu-
prés semblable à celle de M. Hobhouse. Il désire
savoir si l'usage entre alliés , est , que l'une des
parties , lorsqu'elle apprend que l'autre négocie
un traité, lui fasse ses remontrances, avant de
s'adresser direcleilent à l'ennemi.
M. Pitt. La question de l'honorable baronnet
pose sur une erreur de fait. En même tems que
des ordres ont été expédiés à iord Keiih , des
instructions conformes furent envoyées à lord
Eigin , le ministre de S. M. à Constantinople.
Q^jand à la communication directe qui a été faite
à l'ennemi , c'est une preuve de la bonne foi ,
de la scrupuleuse délicatesse du gouvernement
britannique. Cette démarche a prouvé que nous
ne voulions pas prendre avantage d'une circons-
tance qui né pouvait nous lier , sans en prévenir
au moins l'ennemi : — il ne me sera pas plus
difficile de répondre à l'honorable membre ( M.
Hobhouse). Il semble croire qu'il fût nécessaire
d'envoyer les ordres en question à lord Kfith
pour annuller des ordres antérieurs d'une nature
di£Férente. Je puis affirmer que jusqu à ce qu'il lût
connu que les français avaient fait des ouvertures
de négociation , le'gouvernement n'avait donné
aucune autorité ^out traiter , et dès qu'il eut con-
naissance de cet événement , il ne perdit pas un
ihoment à faire connaître ses internions.
La question se divise donc en deux points.
1°. L'infraction du traité . dont il serait entiéie-
menl superflia de vouloir justifier le gouvernement.
s°. La convenance politique , et à cet égard , la
chambre ne croira sans doute pas pouvoir juger,
sans avoir entre ses mains des documens , qui ne
pourraient être publiés sans inconvéniens. Mais
€c qui suffit pour justifier le gouvernemeni, c est
qu'il est clair , que tant de milliers de français
agissant en Egypte , y sont moins nuisibles à la
cause commune qu'ils ne le seraienf partout ail-
leurs. Le gouvernemeni a consenti au traité dès
qu'il a su qu'un officier anglais y avait participé.
Mais ce serait un principe bien dangereux s il
était reconnu qu'un traité conclu par un officier
sans autorisation , pût être obligatoire pour le
gouvernement. Nul blâme ne peut être imputé
a un officier tel que sir Sidney Smith , quand
même on croirait que la balance des circons-
tances pouvait mener à un autre résultat. Le juge-
aient de cet officier distingué mérite assez de
déférence pour que je me défie de ma propre
opinion quand elle ne s accorde point avec la
sienne. Qu il ait agi sagement ou non , sans doute
il a été dirigé par les motifs patriotiques, qui ne
cesseront jamais d'animer l'un des esprits les plus
courageux , l'un des champions les plus illustres
de la gloire britannique.
M. Jones consent à retirer sa motion , mais il
prévient la chambre qu'il demandera un jour tous
les papiers nécessaires pour juger cette question.
Le maître des rôles propose , conformément à
l'ordre du jour , la troisième lecture du bill pour
empêcher l'accumulation des propriétés par dis-
positions testamentaires.
M. Buxton renouvelle son opposition à ce bill.
Il ne croit nullement probable qu'un individu
puisse accumuler une fortune assez considérable
pour devenir dangereux à l'état. Il faudrait, qu'in-
sensible à toutes les affections Jiumaines , il ne fût
.dirigé que par une ambition sauvage et absurde.
La loi proposée restraint l'autorité que chacun
possède sur sa propre fortune , et tend , par cela
même , à affaiblir l'amour de ia patrie et de la
constitution.
Le maître des rôles observe que les plus savans
jurisconsultes , ont été consultés au sujet de ce
bill, mais il convient que la chambre n'est point
assez nombreuse pour en presser la troisième lec-
ture. — Elle est renvoyée au lundi.
Séance du 9 juillet { 20 messidor. ]
AT. Western. Dans toutes les occurences diffi-
ciles, le devoir du parlement est de faire par-
venir ses conseils à la couronne , et j'espcre que
ce principe seraifeconnu sans obstacle. Si nous
le suivons à tems ,. il jpeut sauver l'état de la
ruine , qui le menace.
LoTigtéms nos iniêiêls ont été abandonnés à
des mdins inhabiles. Il faut désormais suivre une
condtiiie plus prudente. Toutes les perspectives
flatteuses dont les mmistresnous berçaient se sont
évanouies sans retour, mais loccasion est encore
favorable pour obtenir la paix. Saisissons - là.
L'évidence des faits a été jugée nécessaire pour
entamer des négociations. Cette évidence , nous
l'avons enfin. Bonaparte a établi sa réputation sur
d'éclaians succès. C est avec un homme de ce ca-
ractère que les minisires desiraient traiter. Sa
conduite a été modérée , noble , incomparable-
ment adrnirable , dans toute I étendue de l'ex-
pression. L'Europe le regarde comme un pacifi-
cateur, Si nous ajoutons à ces considérations que
l'empereur de Russie , jadis notre allié , témoij;ne
aujourd'hui des dispositions hostiles contre nous ;
qu'il s'établit une neutralité armée dans le Nord ;
que la Porte nous attribue peut-être ses revers en
Egypte , nous ne douterons point que les projets
des ministres n'aient avorté , et qu'il ne soit né-
cessaire d'instituer un comité pour examiner l'état
Oti se trouvé la nation. La guerre , l'énormité des
taxes, la rareté des denrées nécessitent également
cette mesure. Le peuple anglais et les nations de
l'Europe veulent la paix. Les désastres même de
nos alliés ont fait hausser le prix de nos fonds par
l'espoir qu'ils pourraient conduire à la paix. Ce
ne peut ê>rè un inconvénient que les propositions
parlent de ce pays. On peut encore se servir des
motifs qui furent allégués par lord Grenville, dans
■la lettre qu'il écrivit en 1797 au miriislre de la
guerre en France, après la signature des prélimi-
naires de Leoben. Les circonstances sont à-peu-
piès semblables.
Je propose donc que la chambre se forme en
comité généial , pour examiner s'il convient de
continuerla guerre , et quelle assistance nous pou-
vons attendra de nos alliés? Q_uels sont les dan-
gers à craindre des puissances du Nord , si la
neutralité armée a lieu ? Et si , dans aucun cas , la
chambre doit continuer sa confiance aux ministres
de S. M.
M. Wilberforce. Je ne puis approuver que l'on
demande l'explication de la conduite des minis-
tres , sur des points qui ont déjà obtenu l'assen-
timent de la chambre. Sans les documens qu il
serait impOlilique de publier , l'enquête proposée
ne pourrait être que nuisible , et linterveniion de
la chambre dans les actes du pouvoir exécutif ,
n'est nullement motivée par les argumens de l'ho-
norable membre. Ils ne peuvent satisfaire que les
membres du côté opposé. L horison politique
est obscur ; une pareille intervention ne l'éclair-
cirait pas. Aucune opinion ne peut être mani-
festée impunément dans cette chambre , et c'est
toujours avec- la plus grande circonspection que
les honorables membres devraient entamer un
•■■jet.
Nous ignorons encore l'étendue de la perte
de notre allié , les ressources disponibles qui peu-
vent lui rester. Ce n'est point sur une simple ru-
meur , que nous devons croire à l'anéantissement
de ses forces. Cette conduite peu digne des com-
munes de la Grande-Bretagne, serait l'aveu de la
supériorité de l'ennemi. Ce serait lui dire qu'il
est irrésistible. Nos alliés auraient, sujet d'en être
offensés et pourraient rompre avec nous.
Dira-l-onque cette motion n'a d'autre but que
de suggérer aux ministres la nécessité de faire la
paix ? Mais les ministres ont autant de discer-
nement que l'honorable membre. Ils ont suivi
jusqu'ici la politique la plus convenable. Si quel-
que grand changement a eu lieu dans l'Europe ,
le gouvernement s'en appercevra , n'en doutons
point ; il saura profiter du moment favorable
pour faire une bonne paix. Le succès des armes
pouvait seul donner à Bonaparte cette solidité
de puissance capable de justifier la reconnais-
sance de ses prétentions exhorbitantes. Sa posi-
tion est certainement changée , mais elle dépen-
dait du hasard des combats. C est en retournant
la médaille que la conduite des ministres pa-
raît sous son véritable point de vue , noble et
prudente.
M. Martin croit inutile de conseiller les mi-
nistres ou de les tenir responsables. Ils sont sûrs
de l'impunité. Après ce qu'il a vu ,1e seul mot de
responsabilité lui fait mal.
M. W. Smith. Ce n'est que dans un comité ,
tel que le propose mon honorable ami, que la
question de la guerre ou de la paix pourra se
discuter convenablement; mais il n'est point dit
que ce coniité adopterait des résolutions en fa-
veur de la paix.
Convaincu de l'incapacité des ministres , je dé-
velopperai ici les raisons sur lesquelles je fOnde
mon opinion. Je ne leur impute point le manejue
de succès seulement. Notre histoire prouve que
le parlement n'a jamais cru devoir retirer sa con-
fiance aux ministres pour avoir échoué dans leurs
entreprises , à moins que ce ne fût par un principe
dont les conséquences pussent devenir funestes.
Je crois que les ministres n'ont si mal réussi dans
leurs plans , que parce qu'ils sont totalement dé-
pourvus de cette sagacité nécessaire à la connais-
sance du caractère des hommes. Leur ignorance
a été aussi profonde sur le caractère de ceux
qui agissaient en commun avec nous , que sur le
caractère de nos ennemis. Ils ont igiioré tes dis-
positions du roi de Prusse ; ils ont continué à lui
payer des subsides malgré des avertissemens ré-
pétés,,qui ne se sont que trop vérifiés. Jamais ils
n'ont voulu croire que c'était un homme auquel
on ne pouvait se' fier. Ils n'ont pas mieux connu
l'empereur de Russie; on dit que, maigrelet
belles professions de ce souverain , il faut attri-
buer sa défection au refus de lui garantir la pos-
session de Malte. Des ministres clairvoyans au-
raientrils donné 565, 000 liv. à l'électeur de Ba-
vière ? à un allié dont ils devaient sentir que \?t
politi(]ue serait d'épier loccasion d'abandonner le
plus faible pour se lier au plus fort ?, Que sont
devenues toutes leurs prédiciions de ce qui de-
vait atriver sur le Rhin , en Iialie , en Egypte ?
Quels partis de royalistes et d'émigrés avons-nous
trouvés sur les côtes de l'ennemi ? je crois quô
tous ceux qui ont vomi , dans l'enceinte de
cette chambre , des torrens d'injuies conir*
Bonaparte . et qui ont si mal apprécie ses moyens ,
voudraient bien-pouvoir aujourd hui se rétracter.
Il n'est plus tems. Les ministres ont pu faire la
paix. Ils ont négligé de prendre avantage de
leur terrein. Ils ont imité ces joueurs qui , après
avoir presque ruiné leur adversaire , hasardent
tout sur un seul dé pour achever de le dé-
pouiller.
Si je né me trompe , un des grands traits da
caractete de Guillaume III , était de savoir con-
server l'union parmi les membres d'une grande
confédération , et diriger tous leurs efforts vers le
même but. Les ministres n'ont pas su limiter,
c'est pour cela que je voudrais leur voir perdre
la confiance de la chambre. Ils ont mal usé des ■
pouvoirs sans bornes qui leur ont été confiés.
Leur système de finances tant vanié , n'a rien de
merveilleux ni de nouveau. Louis XIV en avait
donné I exemple par sesimpôis du 10' et du ao*
qu'il fut obligé de supprimer. Il est facile de
lever les fonds dans I année , quand on surcharge
le peuple de taxes oppressives. — Quel emploi
ont-ils tairdes 24 raillions qui oni éie voies de-
puis deux ans pour l'armée? Ils ont pourvu à la
défense du pays qui n a point été attaqué , et
effectué une expédition en Hollande.
Qu'aurait-on pensé en d'autres tems de mi-
nistres qui n'auraient pas lié meilleur parti des im-
menses moyens qu'ils ont eu à leur disposition?
Si du moins ,ils pouvaient réparer les malheur»
de la guerre par les bienfaits de la paix ! Le mot
seul de négocier sera de leur part l'aveu qu'ils sont
réduits à la dernière extrémité.
M. Smith termine en observant que quand le
gouvernemeni recorinaîirait la nécessité d'entrer
en négociations ,' les minisires actuels n'étaient
point, propres à les conduire; que la restitution
des colonies serait sans doute le l = ''ariicle exioé
parla France, et que ia guerre présente se ter-
minerait plus'honteusement que celle d'Amérique,
quoique le gouvernement ne pût se plaindre d'au-
cune opposition , qui en méritât le nom.
Le secrétaire de la guerre. Un tems viendra oii la
question de la paix pourra être traitée plus con-
venablement , et alors je ne manquerai pas d'ap-
peler toute l'attention de la chambre sur cet im-
portant sujet. Généralement parlant , la paix doit
être considérée comme un bien , et la guerre
comme un mal ; il n'en est pas ainsi daiis des
circonstances pariiculieres , où les deux éiats ne
peuvent devenir réciproquement qu un objet de
comparaison. Lorsqu ils sont devenus 1 un et
l'autre deux maux , c'est à nous à choisir le
moindre. Il faut le dire : à moins que la révo-
lution ne soit déiruite, ou que nous n'obtenions
le rétablissement de ce gouvernement, seul garant
de notre sécurité , la paix ne peut jamais être
regardée ,comparaiivemcnt à la guerre, que comme
un moindre mal. Un grand changement a eu lieu
enFrance ; d'autres changemens semblables avaient
eu lieu auparavant , et auront probablement lieu
encore. Si c'est là un argument , la chambre doit ~
toujours demeurer en comité. Qjioiqu'on dise des
subsides de la Prusse et de l'Autriche , ces sub-
sides nous ont rendu de grands services , ils ont
arrêté à plusieurs reprises les dévastations de nos
ennemis. Ce qu'un honorable membre vient de
dire de Malte , n'a pas plus de fondement; il
n'a jamais été quesnon de notre part de refuser
ou d'abandonner celle île ; la défection de la
Russie appartient à d'autres causes. Ceux qui
soutiennent la motion ne tarissent point en éloges
sur le héros de la France, et en reproches sur
les injures que nous lui avons adressées , je ne
vois point d'injures dans la note qu'on accuse
elle me paraît noble et convenable.
Pour ce qui me concerne , si j'avais à parler
de Bonaparte , je ne pourrais en parler que
comme d'un homme qui a désolé l'Europe pat
. ses crimes ; qui , quand il fut d abord en Italie ,
se comporta de manière à mériter les noms de
pillard et de brigand. Sa conduite actuelle ne dé-
note qu'une profonde politique. Je ne prétends
pas lui coniester des ulens militaires ; mais
1207
quoiqu'on puisse dire , je n'tn serais pas moins
étonné du ménagement qu'on nous exhorte à
avoir envers nos ennemis, fandis qu'on ne ccssç
de maltraiter nos amis. Je ne parlerai pas seule-
ment de la Prusse et dé la Russie : en est-il un
seul qui n'ait éié l'objet dé leur humeur? Les
honorables membres sont très-éloquens et très-
^rdens sur le sujet de la paix, comme si la paix
n'était pas un état de mariage dans lequel on
donne son cœur et sa main. La paix peut être
désirable, mais une paix de fraternité est pour
ftioi un objet d'effroi , tant je diffère de ceux
qui se montrent si pressés d'un mariage avec la
chère réptlblique française , et qui pensent qu'il
n'y â point de bonheur jusqu'à ce que ce grand
événement soit accompli. Il faut continuer , et
attendre que le tems nous présente une occasion
d'ouvrir une négociation sur des bases conve-
nables. N'avonsnous pas envoyé , quand il l'a
fallu, à Paris et à Lille? Quand les ministres ont
vn quelques moyens d'offrir la paix , ils l'ont
offerte. Quand le lems viendra , il faut croire
qu'ils en feront de même. L'honorable membre
■qui a parlé le dernier a rappelé la guerre d'Amé-
lique. Je suis un de ceux qui dans Cette contes-
tation furent pour les américains; ils étaient âmes
yeux des sujeis anglais , corabattans pour dé-
fendre des droits anglais. L'honorable membre
me dirait-il la cause anglaise qui l'intéresse dans
la cause, des français?
M. Nicholh. Le sens de la motion de mon
honorable ami me paraît avoir été mal entendu ;
son objet est de s'occuper d'un danger mena-
çant , plutôt que d'accuser les ministres. J'avais
ardemment espéré qu'à la fin un des ministres de
S. M. voudrait mettre fin à la guerre. Le bon sens
de deux d'entre eux ( M; Pitt et M. Dundas )
fesait toute ma confiance. Il est commun d'attri-
buer les malheurs qui ont suivi la révolution à la
philosophie ; il ne faut les attribuer qu'à la doc-
trine proposée par M. Burke , et implicitement
adoptée par ses disciples ; eux seuls nous par-
lent de la restauration de la noblesse française et
de son ancien régime. Tel est l'objet de la
guerre selon 1 honorable secrétaire-d'éiat. J'avais
espéré que ces senlimens seraient désavoués par
le chancelier de l'échiquier et les autres mem-
bres raisonnables de l'administration. Qu a à faire
le peuple anglais avec la reîtauration de la no-
blesse française? elle ne ressemble en rien en
caractère ou en conduite avec notre noblesse
anglaise. Les français n'ont plus actuellement de
révolution à faire. Ils ont acquis l'égalité des
Conditions, et cette conquête a élevé leur énergie.
Que les ministres fassent attention que les pa-
roles qu'ils vont vrolérer vont se répandre dans
toute lEurope. Il faut croire qu'ils désavoueront
pleinement et sans équivoque ce qui vient d'être
dit par le secrétaire de la guerre.
M. Windham dit en explication que les senli-
mens que Ion vii-nl de lui attribuer ne seront
pas seulement désavoués par son très-honorable
ami M. Pitt , mais encore par lui-même , car
îl n'a jamais proféré les expressions qui lui sont
imputées.
Sir Francis Burdett Jones appuie la motion de
M. Western , ef dit que la question a été dé-
battue, comme si elle concernait uniquement la
paix Ou la guerre. Cependant le comité pourrait
s'occuper d'autre? sujets ; s'informer , par exem-
ple , des causes qui ont fait tenir en prison , pen-
dant deux années consécutives , des hommes
arrêtés comme suspects.
M. Ellison et M. Addington parlent contre la
tnotion. — M. Hobhouse la soutient.
(Le reste de la séance fut occupé par trois dis-
cours , l'un du maître des rôles contre la motion ,
les autres de M. Sheridan et Tierney à son appui.
L'espace qui nous reste ne nous permet pas de
les msérer. Ils n'ont pas été remarquables par la
nouveauté des argumens. M. Sheridaadit en
substance qu'il importait que les communes d'An-
gleterre veillassent avec soin aux affaires ^dans
la circonstance présente ; que rien ne pouvait les
dispenser de faire parvenir leurs conseils au pied
du trône ; que si le bureau n'était pas couvert
de pétitions, c'éiait parce que le peuple n'avait
plus la possibilité de se rassembler. Il loua la
jnodéraiion de Bonaparte à Maringo , s'amusa
à tourner en ridicule quelques comparaisons dont
M. 'Windham s'était servi , et fesant ensuite allu-
sion à l'indépendance de M. Addington , il la
compara à la vertu d'une femme qui n'en fait
parade que pour être éprouvée. — M. Tierney
combattant princip-ilement les argumens de
M. Wilberfotce , regretta de voir que l'hono-
lable membre se fût endormi. — Enfin , la mo-
tion mise aux voix à deux heures du malin , fat
lejeiée à la majorité de 143 contre 27. )
INTÉRIEUR.
Paris, /<r 28 messidor.
Le citoyen 'Valentin propose dans \c Journal
de Taris de diriger les aérostats au moyen de
cinq à six aigles qu'on au rail accoutumés à obéi râla
voix de I linnime. Il croit qu'il est possible que
le vol de Dédale ne soit point une fable , et que
ce grec ait tpyersé la mer oh. tomba son fils ,
à_ l'aide du moye<i que le citoyen Valentin in-
cUque poui; conduire les ballons.
■ ~ La, Gazette de France et le Journal du. Com-
merce annoncent qu'outre le corps de 3o,ooo
nasses que Paul I" fesait rassembler depuis deux
mois sur les frontier,es de la Moldavie, il se
forme dans ce moment près de Kaminiek un
autre corps d'armée très-nombreux, dont les
troupes qui avaient combattu contre la France
feront partie; ce corps tirera un cordon Sur la
frontière de Podblie. Enfin, une division de
troupes russes est déjà arrivée à Brzeszc pour
former le noyau d'une armée considérable qui va
être rassemblée en Liihuanie.
— Le 3o messidor à midi , il sera célébré dans
le temple de la Victoire (Saint-Sulpice) une fête
à la Vérité.
— ; La gazette de Véronne annonce que les
autrichiens avaient fait illuminer Venise , en y
répandant le bruit qu'ils avaient gagné la bataille
de Maringo ; mais lorsqu'on connut quels étaient
les véritables vainqueurs, les vénitiens manifes-
tèrent une si grande joie , que beaucoup d'entre
eux furent arrêtés; les prisonniers cisalpins et les
prisonniers français courent à Véronne les mêmes
dangers qu'y coururent nos malades pendant
la première campagne d'Italie ; ils ontcoururisque
d'être massacrés par le peuple.
— On trouve dans un journal anglais ce ta-
bleau.des guerres qui ont eu lieu entre la France
et l'Angleterre , et du tems que chacune d'elles
a duré depuis celle qui commença en 1116 ; celle-
ci dura a ans.
Une autre commença en 1161 et dura 25 ans.
Une en 1141 et dura 1 an.
— .— en 1201 i5 ans.
en 1224 19
en 1294 5
en 1339 21
en i368 52
en 1422 49
en 1492 un mois.
en i5i2 2 ans.
en l5si 6
, en 1549 '
en 155/ 2
en i562 2
■ en 1627 2
en 1666 I
en 1689 ' 10
en 1702 II
en 1744 4
— — en 1756 7
en 1778 5
Et enfin la guerre actuelle qui, a commencé
en 1793 et dure encore.
Total 687 ans , pendant lesquels il y a eu 242
ans de guerre.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du iî mesidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances , le conseil-d'élat en-
tendu , arrêtent :
Art. P^ Le costume des commissaires de la
comptabilité nationale est réglé ainsi qu'il suit :
Habit de drap violet à la française , croisé ;
collet , les poches , les paremens et les boutons
brodés en soie ; veste, du dessin annexé au pré-
sent arrêté ; le reste de l'habit bordé, d'une ba-
guette aussi en soie. verte; veste ou gilet, cu-
lotte ou pantalon blanc uni ; ceinture tricolore
avec franges pareilles; chapeau à la française.
II. Le ministres des finances est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté qui sera inséré au bullerin
des lois.
Le premier consul , Signé , Bohapartë.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, Hi. B. Maret.
Arrêté du 2 3 messidor.
Les consuls de la répciblique , sur le rapport
du ministre de la justice , le conseil-d'élat en-
tendu , arrêtent :
Art. I". Le costume des officiers de paix de
la ville de Paris , pour les cérémonies publiques ,
est réglé ainsi qu il suit ;
Habit complet.noir , chapeau retroussé parde-
vant , une baguette tricolore à la main , Sur la-
quelle seront écrits ces raols : officiers de paix.
II. Le ministre de la justice est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 24 nivôse, an 8.
Lrs consuls de la république , le conseil-
d'état entendu , arrêtent ce qui suit :
An. 1". A daier de la publication du présent
ariétc la dénomination de générai ne sera plus
donnée qu'aux généraux en chef, aux généraux
de division et aux généraux de brigadt. ■
Les officiers actuellement connus sous le nom
d'adjudans-généraux seront à l'avenir désignés
par celui d' adjudmis-commandans , et les inspec-
teurs-généraux aux revues , par celui d'inspecteurs
en chef aux revues.
II L'uniforme des généraux en chef, des
généraux de division et des généraux de brigade,
restera tel qu'il a été fixé par le règlement du
ministre de la guerre , concernant les uniformes
des généraux et officiers des état-majors des armées
de la république.
III. Les adjudans-commandans porteront le)
epaulettes , la dragonne , l'épée , le ceinfuroa
et les boutons affectés aux adjudans-généraux par
le règlement préciié , mais il n'auront plus de
broderie sur l'habit ; ils conserveront sur la veste
et sur le panialon la baguette dentelée qui fesait
partie de la broderie de leur habit.
Leur chapeau sera bordé avec un ruban en
velours noir ; les bords en seront rattachés à la
forme par sept gances en or.
Les adjoints aux adjudans-génèrauxne porteront
aucune espèce de broderie.
IV. Les officiers du corps du génie conserveront^
le fonds de l'uniforme qui leur a èié précé-
demment affecté; mais sans galon ni broderie-
Leur chapeau sera bordé en soye noire , et les
bords rattachés à la forme par des ^ancesaussi en
soye noire.
V. Les officiers reformés porteront un habit
bleu national avec les marques distinctives de leur
grade , mais sans aucune espèce de galon ni
broderie ; ils auront le parement et le collet
cramoisi.
VI. Le corps des inspecteurs aux revues con-
servera le fond de l'uniforme , le parement le
collet et les boutons qui lui ont élé donnés par
l'arrêté des consuls du 9 pluviôse dernier, mais
il ne. portera ni epaulettes ni broderie.
Les inspecteurs en chef aux revues seront dis-
tingués par une dotible broderie de soie verte ,
de' deux centimètres de largeur, placée sur le
collet , les paremens et la patte de la poche de
i habit.
Les inspecteurs porteront sur le collet et les •
paremens une double broderie de soie verte
semblable à celui des inspecteurs en chef.
Les sous - inspecteurs porteront une seule
broderie de soye verte sur le collet et les
paremens.
Le ministre de la guerre déterminera le des-
sin de la broderie attribuée au corps des inspec-
teurs aux revues.
VII. Le corps des commissaires des guerres por-
tera un habit bleu de ciel , paremens et collet
écarlatte , veste, culotte et doublure blanche;
le bouton sera le même que celui qui a été fixé
par le règlement du ministre.
Les ordonnateurs en chef porteront une double
broderie de soye blanche , de deux centimè-
tres de largeur, placée sur le collet , les paremens
et la patte de la poche de l'habit.
Les ordonnateurs des divbions , une double
broderie de soye blanche semblable à celle
des ordonnateurs en chef, sur le collet et les
paremens.
Les commissaires ordinaires, une seule broderie
de soye blaiiche sur le collet et les paremens.
Les adjoints ne porteront point de broderie.
Le ministre de la guerre déterminera le dessin
des broderies attribuées au corps des commis-
saires des guerres.
VIII. Le corps des officiers de santé conser-
vera l'uniforme qui lui a élé attribué par le règle-
riient du ministre, précité; mais à l'avenir le drap
du fond de l'habit sera piqué d'un seizième de
blanc au lieu d'un trente-deuxième, sans aucun
galon ni broderie.
IX. Les officiers. du train d'artillerie ne por-
teront point d'épaulette , ils seront distingués
entr'eux ainsi qu'il suit.
L'inspecteur du train d'artillerie à l'avenir
portera un double galon d'argent de deux-cen-
timetre de largeur, ce galon sera placé sur les
paremens seulement, avec veste etpentalon brodés
en argent.
Les capitaines inspecteurs, un simple galon sur
les paremens.
Les lieutenans et le quartier-maître, un galon
seul sur les paremens.
Le ministre de la guerre déterminera le dessin
du galon affecté aux officiers du train d'artillerie
X. Les courriers des armées et du gouverne-
ment ne porteront plus de galon en or ou en
argent , mais ils pourront en porter en la'ine ou
en soye jaunes; ils auront pour marque disiinctive
une plaque ou médaille d'argent , fixée sur la
poitrine , ou un médaillon brodé en soie ou en
laine.
XI. Le ministre de la guerre pourra affecter
des uniformes particuliers aux différentes admi-
nistrations militaires des armées , mais le fond
u'en sera ni bleu national , ni bleu de ciel , ni
rouge, ni vert, et ne sera chargé d'aucun galon,
ni broderie en or ou en argent.
XII. Les officiers généraux pourront lortqu'ili
1208
ne serons pns de service, porter comme peut
uniforme un frac en drap bleu nalipnal; ils pour-
ront faire placer, la broderie ou g-dcn de leur
içradè' sur' le' collet èl les paremens de 1 habit,
ou. des épauleltes de chçf de brigade surchargées
vtu nombre d'étoiles déterminé pour leur grades
respectifs.
' tes inspecteurs aux revues et les commissaires
des guerres pourront aussi , lorsqu'ils ne seront
pas de service , porter comme petit uniforme
un frac bleu national . mais sans galon ni bro-
ctei-ié ni épaulelfes,' ils y feront placer les bou-
lons qui leur oiu^éle' attribués par le règlement
du ministre. .
;',, Le premier consul. Signé ,^ Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétairt-d'état , signe. H. B. Maret.
Noms des. invalides auxquels il a été accordé des
médailles le 25 messidor an 8 , savoir :
1°. Pierre Payen, né à Dijon , départemetit de
1r Côte-d Or , âgé de 5? ans. Il a été blessé de
deux coups de feu au combat de la Croix-aux-
Bois, et a reçu sept coups de sabre en sauvant
son drapeau ; il a été blessé au bas ventre au
siège de Valenciennes -, il a eu la mâchoire em-
portée à l'attaque de la ville d Angers ; il s'est
trouvé aux affaires de Grandpré, dejemmappes ,
de Liège et de Saint-Tron.
Il a fait cinq campagnes , dont trois pendant la
guerre actuelle.
André Foucault , né à Paris , âgé de Sg ans. Il a
eu le bras gauche fracassé d'un coup de feu ; il
s'est trouvé aux deux affaires de Fleurus.
Il a fait sept campagnes , dont trois dans la
guerre de la liberté.
Nicolas I.aury , né à Ncsle , déparlement de la
Côte-d'Or, âgé de Sa ans. Il a eu les deux bras
coupés ; il s'est trouvé aux affaires de Kinzelock ,
de Monback, de Luxembourg et de Mayence.
Il a fait trois campagnes dans la guerre de la
liberté.,
Pierre Lacassagne , né à Poudensac , départe-
ment de la Gironde , âgé de sg ans. Il a eu les
deux bras coupés ; il s'est trouvé à la bataille de
Fleurus , au blocus de Verdun , à laffaire de
Saarbruck , aux lignes de 'Weissembourg , et à la
reprise d'Arlon.
Il a faitttois campagnes dans la guerre actuelle.
Antoine Petit., né à Paris, âgé de 27 ans. Il a
eu les deux bras emportés ; il s'est trouvé à
l'aff.iire de Moiji^jJiu siège de Naraur , au blocus
de Maestreicht, Bergues et Dunkei'tjue.
Il a fait six campagnes pendant la révolution.
MINISTERE DE L'INTERIEUR.
J lî U X DU CHAMP DE MARS.
Les courses à pied , à cheval et en chars qui ne
purent être exécuiéesle aSjnessidor présent mois,
auront lieu décadi prochain. Elles commenceront
à cinq heures précises.
Le préfet du département de la Seine présidera;
le préfet de police et les deux mairesles plus âgés
seront juges des jeux.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
^ Du 28 messidor an 8.
Le ministre de la police générale d» la répu-
blique . ordonne à toutes les personnes inscrites
sur la liste des émigrés , et qui ont obtenu des
surveillances ou des permis de résider à Paris, de
les faire enregistrer, dans les trois jours de la
pubUcation de cet ordre , chez le préfet de police.
Les permis et surveillances qui ne seront pas
enregistrés dans le délai prescrit , seront consi-
dérés comme nuls , et ceux qui en seront por-
teurs seront conduits aux frontières , de brigade
en brigade.
Les maire et adjoints du 9= arrondissement , aux
citoyens des divisions de i Arsenal , la Cité., la
Fidélité et la Fraternité. Paris , le 24 messidor ,
an 8 de la république française.
Citoyens,
Le gouvernement en fesant poser à la mémo-
rable époque du 14 juillet , la première pierre
d'un quai si long-tems désiré par les habitans de
ce quartier , donne une preuve nouvelle de la
volonté qu'il a de diriger tous ses actes vers la
plus grande uiiliîc publique. Tous les français
doivent de la reconnaissance et de l'amour à ceux
qui servent avec honneur la république ; nous
leurs devons un sentiment particulier , quand ils
s'occupent particulicrement de nous.
Citoyens, vous qui, au '14 juillift tySg, avpz
donné tant de preuves de courage et de pati-ioV
tisme , Vous , qu'aucun événement n'a déiachéS
de la patrie; à qui aucune souffrance n'a fait
abjurer là Jiberié , ouvrez maintenant vos cœurs
à une joie pure et sans mélange ; rien n'arrêtera
désoriri-ais les hautes destinées de la lépublique ;
elle a assez de gloire ; il lui manquait du bon-
heur , elle va maintenant en jouir.
Les nuire et adjoints -, signés., A'n. DuoUESNOY ,
nïaire; Phelipon c( Peron , adjoints.
Par les maire et adjoints du g' arrondissement ,
Fredin , secrétaire. ,
Nous sommes autorisés à publier que le citoyen
Sicard n'a aucune pan à 1 annonce qu on a laite
dans un prospectus publié relativement au réta-
blissement du collège de Navarre .. dans lequel
on le désigne comme un des professeurs de
morale. Il se croit obligé de prévenir le public ,
qui a été surpris avec raison de cette annonce ,
qu'en reprenant ses importantes fonctions, l'ins-
tituteur des sourds-mueis a renoncé à toute occu-
pation étrangère , pour se coiitncrer entièrement
et sans aucune distraction , à 1 éducation et à
l'instruction de ses élevés, qui ont un droit ex-
clusif à ses travaux et à 1 emploi de tout son
tems.
T R I B U N A T.
Présidence de Jard-Panvilliers
Suite de la séance du 25 messidor.
Gourlay célèbre aussil'anniversairedu Quatorze-
Juillet ; il donne des regrets à la ménioire du
capitaine Latour - d'Auvergne , avec lequel une
ancienne amitié l'unissait. Il rappelle tout ce qu on
connaît de ses talens et de sa modestie , de l'élé-
vation de son ame et de son désintéressement ,
de ses brillans services et de l'obscurité dans la-
quelle il aimait à se cacher. Calmons , mes col-
lègues , calmons nos regrets , dit Gourlay en ter-
minant; il n'est pas moit pour la liberté : son
ame anime nos défenseurs ; sou sang a coulé dans
leurs veines , il y porte le feu sacré dont il était
embrasé : chaque jour ils le comptent dans leurs
rangs....... Ses talens , ses vertus trouveront
pai mi nous , parmi nos concitoyens, des imita-
teurs zélés ; son nom sera porté de bouche en
bouche , pendant que l'honneur , la bravoure ,
l'amour de la liberté seront chers aux français.-...
Quelle garantie plus certaine de braver la durée
des siècles , de passer à l'immortalité !
Rûujoux. Ti'ituns , dans cette solemniié com-
mémora'.ive des premiers revers du despotisme ,
des premiers succès de la liberté ; au milieu de
cet appareil imposant oii la nation française
célèbre dix années de combats et de victoires,
qu'il me soit permis de placer à côté des héros
dont le sang a cimenté 1 édifice de notre indé-
pendance , le premier grenadier de l'armée , le brave
Latour-d' Au vergue.
Le cyprès qui s'élève sur les bords du Pô a
étendu ses rameaux lunebres sur ceux du Danube,
et, sous son vaste crêpe , il embrasse et réunit
les cendres de deux grands hommes. Desaix ,
Latour - d'Auvergne ont terminé leur illustre
carrière, et reposent vainqueurs au sein de
l'immortalité.
Quelle foule de héros la guerre n'a-t-elle pas
déjà dévorés! on dirait que la nature, prodigue
envers la république , ne les laisse moissonner
au champ des combats que pour étaler lorgueil
de sa fécondité. Dugommier, Hoche , Dufalga,
Joubert ne sont plus ; mais Masséna, Lecourbe,
Suchet . Augereau , Lannes , Sainte-Susanne leur
succèdent ; et combien d'autres dans les rangs de
nosbraves, à l'école du vainqueur de|Memmingen
et d'Hochstet, se forment à [honneur et à la
victoire , et dont les noms seraient déjà célèbres ,
si la renommée avait assez de voix, si l'histoire
avait assez de burins, !
Parmi ces morts illustres , objets de la véné-
ration publique , Laiour-d'Auvergne a sa place
marquée par la reconnaissance nationale. La
dernière goutte du sang de Turenne , répan-
due par des esclaves , sera recueillie par des
mains libres.
~ Le Finistère a vu naitre Latour-d'Auvergne.
Il reçut le joiar dans la ville de Carhaix qu'il
regardait comme la plus antique ciié de l'Ar-
morique , et sur laquelle il a recueilli des mé-
moires irès-intéressans.
Plein de franchise et de loyauté , il avait le
caractère et le cœur de ces anciens bretons que
Jules-César appelait terribles à la guerre , et qui
conservèrent jusqu à nos jours le Sentiment de la
liberté et la fierté de leur antique indépendance.
Il entra jeune au service mihtàire et dans l'âge
des passions, il trompa leurs brillantes airiorcyi*
ien se livrant à 1 étude d.és armes et à celle de'
lia philosophie.
i Ce fut au service, de TEspagne , notre alliée,,'
qu'il essaya cette valètir intrépide et ces talens
précoces qui devaient, se développer un jour pour
une cause plus digne de son grand cœur, pour
celle de 1 indépendance de sa patrie.
Il se fit distinguer par les, plus expérimentés
capitaines , et le roj mit un prix à ses .services,
en lui donnant le brevet d'une pensjoln de. mille
écus. ■ , ' ,
Ce fut pour Latour-d'Auvergne la première
occasion de signaler ce désintéiessement dont il
a , dans le cours de sa vie , donné tant de preuves;
il refusa des bienfaits qui l'auraient inis dans la
dépendance d une cour étrangère ; il préféra sa
liberté à la fortune.
Je ne le suivrai point dans tous les détails de
sa vie ; ils appartiennent à l'histoire , qui le trou-
vera constamment aux sentiers de l'honneur ;
mais je me hâte d'arriver à cette époque oti la
trompette de la liberté sonna de toutes les extré-
mités de la France.
La révolution trouva noire héros sous les armes ,
inébranlable au poste du citoyen , ne pouvant
concevoir qu'on, pût 1 abandonner au moment
du danger ; et si la liberté n'eût pas de plus zélé
dèfctiseur , la patrie ne conserva point d'ami plus
fidèle. '
Sans être avide d'aucun genre de gloire , il ac-
quit des droits à tous les genre d estime. Ses hauts
fats militaires sont racontés par tous les soldats de
l'armée, ses vertus civiques doivent être apprises
à tous les citoyens.
J'offrirai donc moins à l'admiration du peuple le
capitaine Latour-d'Auvergne sous les rapports de
son intrépide courage , que sous ceux de son
caractère moral , de sa modestie , de son désin-
téressement , de sa foi dans l'amitié , de sa géné-
rosité dans lii bienfesance. Le courage , disait-il
lui-même, est lélémer^i de lame d un français:
quel est le grenadier qtji ne soit aussi brave que
celui qu'on veut nommer te premier grenadier de
l'armée ? Ce litre appartient à tous ; on n'en doit
distinguer aucun. 11 le refusa. Les regrets et l'es-
time de ses compagnoris d'armes le lui ont con-
firmé, et sa place vacante à la tête de la com-
pagnie qu'il avait préférée, attend celui qui réunira
tant de bravoure à tant de modestie.
Celui qui parlait ainsi des soldais de la répu-
blique vivait fraiernellement avec eux dans les
camps , se nourrissait des mêmes alimens , cou-
chait comme eux sur la dure , partageait leurs
privations , leurs fatigues , leurs périls , donnait
l'exemple de la discipline , de la subordination ,
du respect pour les propriétés , de toutes les
vertus qui préparent et assurent les triomphes ,
et qui font aimer les vainqueurs.
Parlail-il des grenadiers français ? c'était avec
un sentiment mêlé de respect et d'admiration.
Raconiait-il leurs exploits? c'était avec enthou-
siasme. Sa voix , ses yeux , son geste s'ani-
maient ; c'était Homère peignant les combats des
géans ou des dieux.
Rien n'était impossible au guerrier qui trans-
formait en héros tous les hommes qu'il menait au
combat, et c'est ainsi qu'il forma cette colonne
infernale, avant-garde de l'armée des Pyrénées-
Occidt ntales , devant laquelle tombèrent toutes
les places espagnoles , tous les bataillons qui osè-
rent tenter d'arrêter sa marche victorieuse. La
maison crénelée de la Bidassoa qu'il enleva à la
bayonnelie , la forteresse de Saint-Sébastien qu'il
osa attaquer et prendre avec une poignée de bra-
ves el une seule pièce de canon, sont des mo-
numens éternels de sa vaillance et de ses talens.
En Helvètie , sur le Rhin , sur le Danube , l'his-
toire va recueillir mille traits dont mes crayons
affaibliraient le mérite.
Il me semble d'ailleurs être toujours en pré-
sence de laustere pudeur avec laquelle il impo-
sait silence à ses amis mêmes , quand ils osaient
parler de ses faits militaires , et j'aime à penser
qu'il existe, encore. Ah ! sans doute il existe ;
la mort d'Un grand homme n'est qu'une absence.
Sa gloire est en dépôt entre les mains de la
nation , ses actions sont présentes , ses vertus
parlent encore.
Peut-il cesser d'être celui qui connut l'amitié ,
qui en remplit les devoirs; celui dont l'ame géné-
reuse se priva du nécessaire pour exercer la
bienfesance sarïs faste, sans ostentation ?
La suite demain.
Bourse du 28 messidor. — Effets publics.
Rente provisoire 20 tr. 75 c.
Tiers consolidé 3i fr.
Bons deux tiers ! fr. 48 c.
Bons d'arréragé 88 ft. 5o c
Bons pour l'an 8 .... 84 fr.
Coupures 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agassç , propriétaire du Moniteur , x'ue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV" 3oo.
Décadi , 3o messidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripreurs , qu'à dater du 7 nivôse le MONITEUR est le seul journal officid.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux nrts et aux découverres nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.!
Stutlgard , le ig messidor.
JLiE prinee héréditaire de Wurzach a été derniè-
rement blessé dans son château de Warzach ,
p-ir une patrouille impériale, et si dangereuse-
ment qu'il en est mort 5 heures après.
Le roi de Suéde a été de Schone à Copenha-
gue dans le jilus grjrid iiHOgnito ; il ne sy est
arrêté que très-peu de tems ; et il était déjà de
retour à la cour , qu'on savait à peine son départ.
Les ambassadeurs des puissances belligérantes
se sont éloignés de Ratisbonne.
On dit que le comte de Dictrichstein quitte le
quartier-général de Kray , pour se rendre en
Angleterre.
Le 12 de ce mois a commencé à Vienne , avec
beaucoup de rigueur , une nouvelle levée de
troupes. — Il se tient de longues conférences sur
les propositions' de paix , riaodérées , faites par
Bonaparte. On croit que , malgré tous les efforts
du ministère anglais , la guerre ne durera pas
long-tems. Gobenizel a été rappelé de Bade.
D'autres nouvelles de Vienne disent que les con-
ventions faites entre Mêlas et Benhier n'ont pas
été agréées, et que l'on va envoyer en Italie et
en Bavière les troupes qui sont encore dans
l'intérieur. Le comte de Lehrbach est arrivé à
Vienne. On dit qu'il va repartir pour le Tyrol.
Un courrier est parti pour Paris il y a quelques
jours.
Le 14 messidor, le corps du général Klenau ,
fort de 6000 hommes, avec la cavalerie et 1 ariil-
lefie à cheval , est entré dans Ratisbonne. Le
même jour un petit détachement français a péné-
tré à Neusiadt sur le Danube.
Le l5 , le quartier-général de Kray était à Edin-
^en , d'oià il a été transféré à Pt-rsdorf. Le quar-
•ier-géoéral du prince Ferdinand était à Landshui.
Les français couvrent une partie de la route de
Batisbonne à Nuremberg. L'électeur de Bavière
est à présent à Waldsassen. Le général Simbs-
chon est allé en Bohême par Bamberg. Le corps
de réserve qui se rassemble à Braunau , consis-
tant en 40 bataillons et 10,000 chevaux , ne sera
pas sous les ordres du prince Charles ; c'est le
général Alvinzy qui le commandera. Les français
lèvent à Munich et aux environs des contribu-
tions : mais ils se conduisent très-bien et paient
tout comptant.
Ulm est étroitement cerné. La ville est assez
bien approvisionnée , mais la place n'est plus
tenable. Un découragement général et la discorde
régnent dans l'armée. Le lieutenant général Hugel
avait été accusé de négligence, par le général
Slarray , lors du passage du Rhin par les français ;
il l'a appelé en duel , et 1 ;i blessé au bras d'un
coup de pistolet. (Strasb. WeltboU. )
ANGLETERRE.
Londres ^ le ii juillet ("22 messidor.)
Chambre des communes. — Suile de la séance du
g juillet (20 messidor. I
M. Sheridan. (i) J'ai écoulé avec une grande
attention les divers membres qui ont parlé sur
la motion proposée : un seul m'a paru aborder
la question. Ces messieurs qui n'ont pas voulu
le donner la peine de 1 examiner ; ceux que
l'on voit toujours si empressés à passer par-dessus
les plus grands intérêtSN, comme par-dessus les
droits les plus sacrés, ont supposé deux objets
à cette motion : l'un la paix , et l'autre le renvoi
des ministres de S. M. Il est triste de penser
que la paix dut être un mot désagréable à la
chambre des communes du parlement d'A.n-
flcterre. Mais que l'on ait fortement combattu
idée de renvoyer les ministres , c'est ce qui
n étonnera point , pour peu que l'on sache com-
bien d'intéréti reposent sur la jouissance des
places et sur le paiement des pensions.
( I ) Comme nous ne sommes pas de l'avis du
Courrier de Londres , duquel était extrait les dé-
bats que nous avons rapportés dans notre n"
d'hier , et la note qui les terminait , sur le peu
d'importance du discours de M. Sheridan , nous
croyons devoir faire partager à nos lecteurs le
filaisi. que nous avoQS éprouvé nous mêmes en
ie lisant.
Maisquel était donc enfin lebut de celtemotion ?
elle se réduisait à ceci : que la nation et 1 Europe
se trouvant dans une crise extraordinaire et nou-
velle , il convenait que les représcnta.ns du |.)cuple
anglais ne retournassent pas vers leur^ comuiettans
sans être -en état de répondre à cette-importante
question qu'on ne m.inquera pas de leur faire :
Quel est I état des choses ? £n point de fait , la
motion diffère peu de celle que j ai eu moi-même
l'honneur de faire il y a quelques joiars pour
demander une convocation générale de la cham-
bre ; et certes , tou: membre qui aime la cons-
titution , qui a réfléchi sur 1 fiai actuel des choses ,
et qui connait un peu ^Europe , conviendra que
jamais nous ne nous sommes trouvés dans une
crise plus importante ; que jamais il n'y eut une
épocjue oij il fut plus nécessaire de rassembler
les représenians du peuple anglais, pour faire
face au danger, pour réunir les efforts de ieur
courage pairioiique, et présenter au trône une
ferme et respectueuse adresse sur notre effrayante
position. Le principal objet de la motion est
cependant de former un comité dans lequel on
proposerait de faire à S. M. une adresse, pour
la prier de ne pas proroger le parlement dans les
circonstances actuelles. Un membre ^ dit que
le salut du pays dépendait de la dj/rossion ac-
tuelle. Je ne sais pas jusqu'à quel point il est vrai
que le salut du pays doive en être affecté, mais
je sais fort bien que l'honneur de la chambre y
est vivement intéressé. Nous demandons seule-
ment qu'un comité soit chargé d'examiner l'état
du pays. Nous ne proposons pas de renvoyer
des ministres ; nous ne demandons pas qu'on
change ni les hommes ni les mesures , mais que
tout , excepté la nomination d'un comité, reste
à la disposition entière du parlement. Si donc la
motion est rejtttée , on aura refusé de faire un
examen dont la nécessité est évidente , et que
nous ne pouvons nous dispenser d'ordonner, pour
peu que nous ayons à-cœur Ihonneur de la
chambre.
Un des préopinans a dit que toutes les notions
que nous avions sur les dernières défaites , étaient
tirées des papiers de France. Je conviens que c'est
là où le public les a apprises: mais que signifie
cette défiance dédaigneuse de la vérité des récits
faits en France ? Nul ne peut se déguiser les évé
nemcns de la campagne. On dit que nous atta-
chons trop d'importance à une bataille gagnée :
je conviens qu'il n'est question que d'une vic-
toire ; mais n est-ce donc rien que les résultats
de cette victoire unique , dont ces messieurs
affectent de parler avec tant d indifFéience ?
Savent-ils , ces messieurs , que , par cette victoire ,
la France a conquis plus de pouvoir qu'elle n'en
avait jamais eu ? savent-ils que , par ses résultats,
le vainqueur a plus acquis de territoire , que
jamais une bataille n'en avait fait icéder ? Jamais ,
depuis que l'on confie au hasard des armes le
destin des nations, tant et de. si fortes places
n'avaient été le prix d'une victoire. Si le succès
qu'a remporté notre ennemi éblouit le commun
des hommes , il confond la science des plus ins-
truits dans le métier de la guerre, et leur permet
à peine de sonder la profondeur de ces plans
dont l'exécution a <:ouvert de gloire celui qui les
avait conçus.
Je ne crois pas que le secrétaire de la guerre ,
( M. 'Wlndham ) après toutes les preuves de sa-
gacité qu'il nous a données , puisse nier que
Bonaparte ne soii un grand maître dans l'an des
combats. La ligne occupée dans ce moment par
les autrichiens , et que ces messieurs vantent
comme très-avantageuse pour les alliés , est pré-
cisément celle que l'ennemi leur a tracée. Mêlas
était battu. Bonaparte a consenti à négocier avec
lui. Les places les plus fortes de lllalie lui ont été
remises. Le vainqueur aurait pu user plus sévère-
ment encore de ses avantages : il a été assez ma-
gnanime pour ne le pas faite. — Il n'y a eu ,
dit-on, qu une bataille perdue.... Eh! n'est-ce
donc pas assez ? Attendrons-nous que Kray ait
été battu aussi? qu une seconde, qu'une troi-
sième victoire rende les français arbitres du sort
de l'Allemagne ? Peut-être que les .nainisires rji^i
délibèrent tioirlement sur des dépêches officielles ,
dans l'intérieur du cabinet , peuvent encore
attendre : mais la chambre des communes , qui
connaît la misère du peuple, a raison de de-
mander à 1 instant même une enquête qui le mette
à même de connaître la situation réelle de noire
pays.
(La suitt demain.)
Du li juillet (■^^ messidor. )
Actions dé la banque 162 ~^. — 3 pour l con-
solidés 63 j 63. cxdlv. Pour leur ouverture 64 j
f. — 3 pour 5 impériaux 62 i. Omnium 2 | g.
Aucune des deux malles que nous attendions
d'Hambourg , n'est encore arrivée. Notre impa-
tience est d'au'ant plus grande que nous dési-
rons ardemment de savoir l'effci que les victoires
des français en Italie et sur le Rhin auront pro-
duit sur le cabinet de Vienne.
M. Gee , un des commissaires américains en-
voyés dans ce pays , est de retour des Etats-Unis ,
oih il était passé il y a peu de tems.
Les bâlimens de la compagnie attendus de
llnde sont au nombre de dix. Ils completle-
roiit le nombre de ceux qui devaient nous arriver
dans cette saison.
Il se fait, de grands préparatifs dans les jardins
de Frogmore pour une fête que la reine doit
donner.
La chambre des communes a entendu dans
sa séance d'hier (22 messidor J un rapport qui
lui a été fait par sir Francis Burdett , sur la
prison de Cold-Bath-Fields , etc. Ce ra'pport a
donné lieu, à un assez long et vif débat , à là
suite duquel , sur la motion de sir Burdett ,
amendée par M. York, la chambre a ordonné
que les pièces jointes au rapport seraient déposées
sur la table.
La chambre avait décidé aussi qu'elle entendrait
la troisième lecture du bill concernant la pro-
cédure à suivre dans certains cas de haute-trahison,
et de celui relalil à la détention des coupa es de
haute trahison , atteints de folie; mais les membres
pré.;ens ayant été comptés sur la demande de
M. Nicholls , et leur nombre ne se montant qu'à
16 , les dedx lectures ont été ajournées au 25.
Le secrétaire de la guerre , M. Windham , pro-
posait que la folle ne tût point un motif d'impu-
nité dans une entreprise sur la vie du roi. M. Ni-
cholls , plus qu'étonné d'une pareille proposition^)
soutenait , avec tous les j'uriscanjJJêeSt^fc'iijîf^ '
point de crime où il n'existe point d'irrtention :
Actio nonest rea nisi mens sit rea.
( Extrait du Morning-Chronicle du is juillet ,
BU s3 messidor, j
INTÉRIEUR.
Strasbourg, le 25 messidor.
Une partie de la division de l'aîle droite du
corps de Sainte-Suzanne est arrivée le ig au
soir , sous Francfort sur le Mein. Une colonne
paraît se diriger de Sprendlingen sur Heisens-
tamm. La division de l'aîle gauche est encore
sur les hauteurs de Bergen et s'étend jusqu'à
Hanau. Le quartier-général de Sainte - Suzanne
était le (9 à Hochst ; le général Colaud a le
sien à 'Wartelhurm , sur la route de Mayence ,
à Fr.mcfori. Un petit corps aux ordres du général
de brigade Lufi, est arrivé à Oppenheim , sur
le Rhin.
L'électeur de -Mayence s'est retiré d'Otschaf'
fenbourg, et est allé à Wiàrtzbourg. Il parait',
qu'il n'a pas grande confiance dans la valeur
du corps d Albini.
Il est arrivé à Schelestat 1,000 prisonniers
autrichiens; ils étaient suivis de j5oo autres,
venant de Colmar. On les conduit dans l'in-
térieur. ( Extrait du Strasburger Weltbote.)
> — : IhÉhIiIWMIIIIiiii
5 Paris , le Qg messidor.
Le conseil de guerre permanent de la 17^ divi-
sion militaire a acquitté le 28 messidor, à "dix
heures du soir, le chef de bataillon FabarS des
accusations intentées contre lui.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Du 29 messidor , an S.
Bonaparte , premier consul de la république , au
sénat-eonservateur.
Sénateuis ,
Depuis deux ans la garnison de Malte résiste
aux plus grandes privations. En prêtant serraient
au pacte social , les soldats de la garnison de
Malle ont juré de tenir jusqu'à la dernière once
de pain , et de s'ensevelir sous les ruines de
cette inexpugnable forteresse. Le premier consul
croit ne pouvoir donner une plus grande preuve
de la fatisfaction du peuple iian^iiit àl de
1210
rîtitf lêt qu'il prend aux braves de la garnison de
Mulie , (ju'en vous proposant le général Vau-
bois qui la commande , pour une place au sénat-
Consetvateur.
En conséquence , et conformément aux art. l5
et i6 de l'atie consiitiuionnel , le premier consul
présente le g,éncral Vaubois , comme candidat ,
pour remplir une place au sénat-conservaieur.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état-, signé, H. B. Maret.
Du même jour.
Ves consuls de la république au ministre de la justice.
Les consuls ont reçu , citoyen ministre , lè
dernier travail de la commission des émigrés ;
ils n'en ont pas été satisfaits.
Le bureau particulier que^ vous aviez chargé
de préparer le travail de la commission , a donné
l'exemple de la partialité. La commission pro-
pose à la radiation des émigrés qui nagueres
portaient encore les armes contre la république.
Le gouvernement est obligé de faire r^-commen-
cer ce travail.
Renvoyez le citoyen Lepage ; il a abusé de
votre confiance. Présentez dans le courant de
la décade prochaine au gouvernement un nou-
veau projet pour la formation des bureaux de
Ja commission. N'y comprenez point ceux qui
composaient le premier bureau : ils n'ont pas
la confiance publique.
Composez votre bureau particulier d'hommes
justes, intègres et forts. Q_iiils soient bien con-
vaincus que l'inienlion du gouverntinenl n'est
j)as de fermer la porte aux réclamations des
individus victimes de 1 incohérence des lois sur
J émigration , mais quil sera inexorable pour
ceux qui ont été les ennemis de la pairie.
Il vous appartient de surveiller l'exécution des
lois ; ne présentez à la signature du premier
consul avcuir acte qu elles répio uvent. .
Li premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétairc-d'état 1 signé, H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances, le conseil-d'élal en-
tendu, arrêtent ce qui suit:
Art. V. Toutes demandes enrestituiion ou in-
demnité . soit des fruits et revenus échus des biens
séquestrés jusqu'au jour de la radiation définitive
des inscriis , s^i^^du prix de la'vente des biens
séquestrés à raison de linscripiion des pro-
nriéiaires sur la liste des émigrés, ne peuvent
être admises.
IL Les biens vendus aniétieurement à la ra-
diation définitive des inscriis, et qui , par défaut
de paiement des adjutiicaiaires , auraient donné
ou donneront lieu de piononcer leur déchéance,
seront revendus à la foUe-onchere , comme do-
maines nationaux.
IIL Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté 4u même jour.
Lrs consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la police générale, le conseil-d'élat
eniçndu , arréieni :
Art. 1="^. Tous les individus inscrits sur la liste
des émigrés, qui n'ont pas réclamé avatit le 4
nivôse .in S, et tous ceux dont les réclamations
n'étaient pas arrivées et enregistrées au ministère
■ de la police générale au 25 messidor an 8, sont
définitivement maintenus.
IL La liste de ceux qui ont réclamé , et dont les
réclamations ont été enregistrées aux termes de
l'ariicle I'"^, sera faite par ordre alphabétique par
le pinisire 4^ la police générale, et remise aux
consuls le l*^"" thermidor prochain.
m. Le double de cette fiste s^-ra envoyée par le
minisire de la police à celui de la justice. La com-
mission établie par arrêié du 7 ventôse dernier,
Jie pourra, sous quelque prétexte que ce soit.
procéder à l'examen des réclamations , sans s'être
préalablement assurée que les individus réclatJians
«ont compris sur ladite liste.
IV- Les projets d'arrêtés de radiation énonce-
ront que cette formalité a été remplie.
V. Les ministres de la police générale et de
la jusiice sont chargés, chacun en ce qui le
concerne, de i'exécuiiori du présent arrêté , qui
«cra inséré au Bulletin des lois.
Le premier conrul , Signé. Bonaparte.
Par le premier consul ,
i« secrciaire-d'Mat , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Liberté. Égalité.
au roui du peuple français.
Bonaparte, premier consul de la république
française , arrête :
Art, I''. Il sera accordé un sabre d'honne'ir au
citoyen Barbenegre , capitaine des grenadiers à
cheval de la garde des consuls.
IL II sera accordé des grenades d'honneur aux
citoyens :
Bizet , Numerot , Petit , brigadiers d'artillerie de
la garde des consuls ;
Henry , Marchand , Jaiquinet , eanonniers de
première classe.
III. Il sera accordé des fusils d'honneur aux
citoyens :
Mirabel , sergent des grenadiers de la garde des
consuls ;
Delgas , sergent-major ;
Ri tel , caporal ;
Boucher , sapeur ;
Carlin , chasseur ;
Augustin Noël, grenadier.
IV. Il sera accordé des carabines d'honneur aux
citoyens :
Desnoncin, raaréchal-dcs-logis des grenadiers
à cheval ;
Jeancy , idem.
Hochar^i, Blanchet , Rousseau , grenadiers;
Grosselin , Carichc , grenadiers;
Simon, Ch.irelle, brigadiers des chasseurs à
cheval de la garde ;
Legros , maréchal- de -logis ;
Boutarens^,, chasseur.
V. Il sera accordé des bag,\iettes d'honneur aux
citoyens :
Sellier , Avoine , tambours des grenadiers de
la garde.
VI. Il sera accordé des trompettes d'honneur
atix citoyens :
Bonnet , Kretely , brigadiers-trompettes ;
Norberg , trompette.
VII. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera imprimé.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'élat, signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
Copie d'une lettre d'un négociant de Buenos- Aires ,
à son corresp jndant à la Corognc. Buenos-Aires ,
t) avril iboo.
Lii 3l mars , les frégates françaises la Concorde ,
la Médée ei la Franchise , la première armée de
48 canons et 5oo hommes d'équipage , et les deux
autres de 40 canons et 400 hommes , sous les
ordres du capitaine Landolphe , mouillèrent à
Monte-Video. Elles étaient sorties de Rochefort
le 6 mai de l'année dernière ; elles ont fait la
course sur les côtes de Guinée oià elles ont pris
plus de 28 navires portugais , anglais et améri-
cains : elles ont renvoyé avec leurs équipages
ceux qui étaient de peu de valeur. Plusieurs de
ces prises venaient de llnde. Cette flot'.ille a
saccagé et brûlé divers établissemens anglais et
portugais suc les cotes de Mina et de Guinée ,
et conquis lîle de Sainle-Hélene oii les navires
qui vont dans l'Inde font échelle.
On dit que les frégates ont cherché à avoir
des nouvelles d'un vaisseau qui sortit avec elles ,
et qu'on croit être en croisière sur Janeiro. Le
cit. Landolphe est porteur d'une dépêche qu'il n'a
pas voulu remettre au gouverneur , et qu'il doit
porter lui-même au vice-roi , par la première
occasion pour Buenos-Aires. On croit que cette
dépêche contient l'ordre de permettre aux frégates
la vente des objets capturés , qu'on évalue à deux
millions de piastres fortes. Elles ont une forte
cargaison. Une de ces frégates porte du numé-
raire et de la poudre d'or.
Pour copie conforme, signé , Billaud (i).
Pour copie, leministre delamarine , signé, Forfait.
M INI S TER E DE L'INTÉRIEUR.
Course dans le Champ-de-Mars.
Art. !"■. Les coursés annoncées parle programme
delà fête du Quatorze-Juillet, auront lieu décadi
prochain , 3o messidor.
IL Elles seront présidées par le préfet de la
Çeine.
m. Les juges des jeux sont, le préfet de police
et !cs deux plus âgés desmaires de Paris.
IV. A cinq heures précises , les deux préfets et
les deux maires se rendront sur l'estrade préparée
pour les recevoir , et les courses commenceront à
l'instant où les juges seroni placés.
V. Une jiariie de l'estrade occupée par les pré-
fets, est exclusivement destinée aux fonctionnaires
publics, qui y seroni reçus sur la présentation de
leurs médailles ou de leurs caries.
VI. Il n'est , au surplus , en rien dérogé au pro-
gramme qui a éié arrêté , de I execuiion duquel
les deux préfets sont respectivement chargés.
Leministre de l'intérieur, signé L. Bonaparte.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Courses au Champ-de-Mars.
Du 29 messidor au 8.
Le préfet de police , vu que les courses an-
noncées parle piogramme de la fête du Qiiatorze-
Juillct, auront lieu, demain décadi, 3o messi-
dor , à cinq heures précises , au Champ-de-Mars,
et devant, par tous les moyens qui sont en soq
pouvoir , assurer l'ordre et la tranquillité publi-
que , ordonne ce qui suit :
Art. 1". A compler de midi , aucune voilure
ne pourra circuler ni stationner , le 3o messidor,
sur le bord de la rivier,,- depuis le pont de la
Révolution jusqu'au Ch;imp-de-Mars . dans les
tues Dominique et de I Université , à partir de
celle de Bourgogne seulemeni , jusqu'au Champ-
de-Mars , et dans toutes celles qui conduisent
de 'l'esplanade des Invalides au Champ-de-Mars.
II. Les auioriiés consdiuées qui se rcndrotit
au Champ-de-Mars, devront arriver par les
avei.ues du dôme das Invalides et de 1 Ecole-
Milliaire.
Les voitures des particuliers ou de louage , ne
pourront arriver au Champ-de-Mars que par les
mêmes avenues , sur une seule file à dioiie ; elles
s'en retourneront de suite par les mêmes avenues,
sur une file , en suivant leur dioile.
III. Les caresses des particuliers qui attendront
les personnes qu ils auront amenées , ne pourront
stalionec ailleurs que dans lune des avenues des
Invalides dite de ISieteuil, derrière le Dôme, et
au côié latéral du Champ-de-Mars , en lace la
plaine de Grenelle , sans pouvoir aller au-devant
des personnes ; en conséquence ils ne pourront
charger que sur place.
IV. Il est ordonné à tous cochers de conduire
douceraeni leurs chevaux ; il leur est faltdélcns£S
de couper d'autres voitures. Les maîtres sont in-
vités à recommander à leurs cochers d'obéir exac-
temenl à ces iiijouciions et défenses.
V. Le passage de la rivière en bachots ou bate-
lels , ne pouria avoir lieu , ledit jour 3o messidor,
depui^ le Pont de la Révolution jusqu'à la sortie
de Paris , qu'aux trois endroits ordinaires ; savoir,
au port des Invalides , à Chaillot et à la barrière '
des Bons-Hommes.
Les adjudicataiies et fermiers de ces passages
d'eau sont chargés de se pourvoir de bachots
et mariniers en nombre suflisant , pour que le
service de ces passages se fasse avec sûi€té et
célérité.
Le service du passage devra cesser à la chuteda
jour et même plutôt , si le cas l'exige , afin de pré-
venir tous accidens.
VI. 11 ne pourra être admis , dans chaque ba-
chot , plus de douze personnes ; il est enjoint aux
passeurs-d'eau d'y tenir la main , et de désigner
aux officiers de police ou à la garde , ceux qui ,
par imprudence , compromettraient la sûreté cLes
passagers.
VII. Les habitans seront tenus d'arroser ou de
faite arroser exactement au - devant de leurs
maisons.
L'entrepreneur de l'arrosement mettra , de son
côté , loiile l'exactitude possible idans la partie du
même service qui est à sa chargé. _
VIII. Pour le maintien des dispositions ci^
dessus , il sera placé dans les endroits désignés ,
une force armée suffisante.
IX. Les commissaires de police et les officier*
de paix tiendront la main à 1 exécution de la
présente ordonnance , et feront leur rapport daas
le jour contre les contrevenans. ' ,
X. Le général de division commandant d'armes
de la place de Paris , el le capitaine de la gendar- ^
merie nadonale , sont requis de prendre toutes
les mesures convenables pour la pleine et entière
exécution des présentes..
Le préfet de police , signé , DuEOls.
Par le préfet ,
Le secrétaire-général, signé, Pus.
Du
(i) Le cit. Billaud est commissaire des relations
commerciales à la Gotôgne.
Le préfet de police au rédacteur du Moniteur.
28 messidor an 8.
Citoyen , dans l'article de votre journal , ^du
jour relatifà l'anniversaire du Qjiatorze-Juiliet et
à la fête' de la Concorde , en tendant compie de
la cérémonie qui a eu lieu , le 24 , pour la pose
, de :1a première picire du quai Desaix', vous dites
que le préfet de la Seine a adres;^sé un discours au
ministre de l'intérieur; mais vous avez sans doute
oublié d'ajouter qu'il lui en a été adressé cgslt;^
ment un par le préfet de police.
1 21 1
Je vous en fais passer une copie ci-joinle , afin
de vous mettre à luème de réparer cctie omission.
Je vous observerai aussi que le préfet de police
s'est rendu directemcni de U prélecture de police ,
avec son cortège , dans la matinée du aS , à l'iiôlel
de la marine.
Je ne vous présente ces observations qu'afm de
vous meure à poiiée de pouvoir rendre avec
exactitude les détails d'une fête aussi mémorable
et aussi chère à tous les amis de la liberté.
Salut et fraternité ,
Signé , Dubois
Cijoyen ministre ,
Il appartenait au frère du héros qui commandait
dans les plaines oià Dcsaix a reçu la mort, en
combattant pour la liberté du peuple français et
pour donner la paix au monde , de poser la
première pierre du quai qui désormais portera le
nom de ce grand capitaine.
Le lieu où nous nous trouvons réunis, fut le
berceau des premiers français.
Lutece vit ici élever ses premiers murs.
Puissent sous vos auspices notre commerce et
nos manufactures se relever bientôt avec tout
l'éclat que nous promettent les efforts constans
d'un minisire qui s'est toujours mohlté l'ami des
arts.
Depuis le i8 brumaire l'aurore du plus bel
avenir luit pour la grande nation; le noin que
vous portez est par-tout le signal de la liberté ,
de la victoire , du bonheur et de la paix.
Recevez , je vous prie , mes hommages et ceux
dci commissaires de police et des otticiers de paix
qui coacouient avec moi au maintien de la sûreté
Cl de la iranquilliié publique.
Du 29 messidor an 8.
Ce n'est pas le préfet de police et les deux plus
anciens maires de Paris qui seront les trois juges
des jeux , sous la piésidence du préfet du dépar-
tement de la Seine , mais les trois plus anciens
maires de Paris. Le préfet du département de la
Seine les présidera et distiibuera les prix.
Nous croyons convenable de publier l'état
suivant des invalides auxquels il a été donné.
le 25 , des mé.lailles , qui est plus exact et plus
détaillé que celui que nous avons inséré dans
le n" ggg de ce journal.
HOTEL NATIONAL DES MILITAIRES INVALIDES.
Etat des cinq militaires invalides nommes par leurs
Jrcres d'armes pour recevoir^ à litre de récom-
pense nationale , chacun une médaille qui doit
leur être donnée le jour de l'aimiversaire du
Quator.e-Juillet.
LACASSAGiNii ( Pierre) , capitaine, natif de Pou-
densac , département de la Glionde , âgé de
sg ans , a les deux bras coupés ; s'est trouvé aux
affaires de Fleurus , Saarbruck, au blocus de
Verdun, aux lignes de Welssembourg , et à la
^reprise d'Arion ; a fait trois campagnes pendant
la révolution ; il a été blessé, par un boulet de
canon, à l affaire de Fleurus.
Foucault (André), chef de bataillon, natif
de Paris , département de la Seine , âgé de Sg
ans , a eu le bras gauche fracassé d un coup de
feu; a fait sept campagnes , dont liois pour la
révolution , et s'est iiouvé aux deux batailles de
Fleurus . oii il a été bltssc.
Laury (Nicolas), capitaine, natif de Ncsie ,
département de la Côte-d Or , âgé de Sa ans , a eu
les deux jambes coupées; s'est trouvé aux affaires
de Kinzeloc , Monback , Luxembourg et à celle
de Mayence où il a été blessé; a fail trois cam-
pagnes dans la révolution.
- Petit ( Antoine ) . idem, natif de Paris, dépar-
tement de la Seine, âgé de 27 ans; a eu les
deux bras coupés, s'est trouvé aux batailles de
Mons , Estinfort , Namur , au blocus de Maes-
treichl , aux déblocus de Bergue et de Dunkerque ;
a fait six campagnes pendant la révolution ; a été
blessé d'un boulet de canon à Aix-la-Chapelle.
Payen ' Pierre ) , chef de bataillon , natif de
Dijon , département de la Côtc-d Or , âgé de 5?
ans , blessé de deux coups de feu à 1 affaire de
la Croix-aux-Bois en Champagne ; a icçu sept
ccuyis de sable en sauvant son drapeau à la
retraite de- la Belgique ; blessé au bas-ventre par
une iralissade , au siège de Valenciennes ; a eu la
mâclioiie «mpoiiée à l'aliaquc de la ville d An-
pn.s , et é est irouvé en outre aux combats de
Oiandprc . Jcrniuappes, Liège et à celui de
Saint-lionc ; a lait trois campagnes pendant la
levolution , cl deux pendant la guerre d Ha-
novre.
Ce iO messidor an S. '
Le g/néral comniandant en chef l hôtel national
des mililaires invalides , BiiKRUYER.
Ladjuitâiil-major en chef , FAUt:HKR.
Le commandant en lec-ond , Faivee.
Au premier consul Bonaparte.
Citoyen premier consul ,
J'ai 1 honneur de vous présenter la description
abiégée des principaux inoiiuniens de la Haute-
Eiiypie ; elle est exiraiie des notes éienducs que
j ai eciilcs sur les lieux. J'ai évlié , autant que je
l'ai pu , dy répéter ce qu'ont dit les voyageurs
qui nous ont précédés.
- J'y ai joint un exposé rapide des travaux de
la commission des ans. L'ouvrage qu'elle se pro-
pose de meure au jour sous vos auspices , don-
nera de ce qu'elle a fail une plus juste idée que
le compte rendu le plus ciiconsiancié.
Aucun voyageur, avant nous, na parcouru
l'Egypte avec une sécurité égale à celle dont nous
avons constamment joui , et doiii nous vous
sommes redevables.
Le cours du Nil doit être maintenant aussi bien
connu que celui d'aucun fleuve de l'Europe. La
position des principaux moiiumens, des villes
actuelles les plus iinporuiiies , a été déterminée
par des observaiions astronomiques.
A Pliyice , lieu présumé de la sépulture d'Ositis,
et deriiicte borne de l'empire romain du côié de
rElhiù])ie , nous avons gravé la longitude et la
latitude de cette île et de la ville de Sienne. A
Thebes , nous avons également giavé sur la porte
de 1 ouest du palais de Carnack , celles de douze
des plus anciennes villes. Nous avions quelque
saiisfaciion à associer, après 5 ou Couo ans , nos
faibles observations à la durée de ces iîidcslruc-
tibles monumens.
Nous avons campé pendant 25 jours sur les
ruines de celte ancienne capitale de I Egypte.
Ce séjour, à raison du nombre des membres de
la commission , équivaut à celui d un seul homme
pendant deux ans , et nous jouissions de l'avan-
tage d'avoir un plus grand nombre d'yeux ou-
verts sur les mêmes objets. Nous discutions sur
les lieux les différentes opinions que lésait naître
l'attention soutenue donnée à l'examen de l'ar-
chlteciuie des temples et des palais , de l'en-
semble et des détails de la sculpture et des
bas-felitfs.
Suivit de la bibliothèque' portative qui m'était
confiée , nous comparions les descriptions des
voyageurs qui nous ont piécédés , avec les mo-
numens dont ils ont essayé de donner une idée.
Nous avons vu avec chagrin qu'en les louant
d une manière exagérée , ni leuis écrits , ni leurs
dessins, ne piésentaient la juste mesure de lin-
léiêt qu ils offrent.
Nprden n'a laissé que des vues inexactes et in-
signifiantes, des descriptions obscures et vuides.
Il n était pas insiruit ; d'un caractère timide , il
visita lîle de Phiice à la lueur d une lanterne.
Paul Lucas est un voyageur aveugle , Xin exa-
gérateur lidicule. Il a pris ^lour du granii le grès
dont tous les temples de la Haute-Egypte sont
construits.
Sicard , plus sage ef plus exact, n'a pas peii
contribué à éclaircir ce que la géographie an-
cienne de celle contrée offiaii d'inceirain cl d'obs-
cur. Sous ce rapport ^ il a éié d'un puissant se-
cours à notre compalriole dAnville.
Ce savant dialingué a été l'objet continuel de
notre élonnement. Par la seule force de sa cri-
iii]ue , il a assigné , avec une justesse qui nous
confondait de surprise , la position des villes
anciennes , celle des villages , et le cours des
canaux d un pays qu'il n'avait jamais visité.
Le consul Maillet , Vansleb et le copiste Sa-
vary n'offient rien d'utile ni de vrai dans leurs
ouvrages.
Les deux voyageurs les nlus estimables qui
aient écrit sur l Egypte , soniGrangcr et Pococke.
Le premier, médecin et fiançais , visita ce pays
en 1780 : il est à regretter que son ouvrage
soit trop court; cet auteur est instruit , judicieux
et vrai.
Le second est le plus savant de tous. Ses des-
criptions sont celles qui approchent le plus delà
vérité. Il ne manquait ni d'ardeur , ni de cons-
tance. Presque tout ce qu'il a écrit lui-mf-me est
bon ; les dessins qu il a tait exécuter par d autres ,
sont infidèles.
Qjjoique nous paraissions prononcer un peu
séveicment sur ces écrivains , nous sommes fort
éloignés cependant de ne pas leur tenir compte
des dilficuliés sans nombre quils ont dii éprou-
ver , difficultés ijuc nous avons à peine soup-
çonnnées , giacc aux dispositions que vous a dic-
tées la bienveillance distinguée dont vous nous
avez toujours honorés.
Il est probable que , dans l'introduction du
livre que la commission se propose de publier ,
on ne s'exprimera pas aussi libreuieul que je le
fais, sur les écrivains dont j'ai eu l'honneur de
vous entretenir : on ne les contrariera que par
1 exposé des faits ; car il me semble que cet ou-
vrage doit être traité comme si nul autre avant
lui n'avaii été publié sur le même objc'^t.
Campés piès de I emplacenrient des monumens ,
chacun de nous s'est empare du travail qu'un
long exercice lui rendait le plus familier. Des.
vues dessinées par les citoyens Dutertre , Cécile
et Balzac , constatent 1 état présent des temples
ei des palais. Lepète , archiiecie , et plusieurs
in.i;énieurs des ponts et- chaussées en ont lt;vé
les plans , piis lt■^ elcvaiions el les cwui.Ci aviic
une exaciiiude iiès-propre à en donner une idée
complelte et sniislcsjnic. Les bas-reliel's et les
j peintures à liesque qui les décorent , ont .été co-
I pies avec fidéliie par les jeunes gens de la com-
mission des ans ; la topographie des villes an-
ciennes est due aux ingénieurs des ponts el chaus-
sées ei aux géographes je me suis occupé , avec
les citoyens Fourrier et Cosiaz , *.es descriptions
écrites qui doivent accompagner les plans et les
dessins.
J'ai l'honneur de vous présenter maintenant,
citoyen premier consul , les résultais ries opéia-
lions qu ont faites les membres de la commission
des arts , et auxquelles l'inspection des monu-
mens a donné lieu : ils ont besoin d'être confir-
més par des mémoires étendus où l'on s'attachera
à ne lournir que des preuves solides et incontes-
tables, en s'absienant de tout ce qui n'est que
conjectural et systématique.
Une colonie sortie de lElhiopie a peuplé
lEgypte; elle a suivi le cours du fleuve qui
l'ariose. Les premiers hommes qui s'y fixèrent
étaient Troglodytes, c'est-à-dire qu'ils habitaient les
grottes creusées dans les rochers par la nature :
ils s'établirent dans la partie la plus méridiouals
de ce pays.
Les monumens sont d'autant plus anciens qu'ils
sont plus voisins du Tropique: à Phiice, île située
au-delà de Sienne , deux temples onl été détruits ,
et de leurs matériaux deux autres, encore sub-
sistans , ont été rebâtis. Ainsi s'établit, pour ainsi
dire, une génération de monumens, et l'âge de
chacun d'eux est triple de celui des états les plus
vieux de lEurope. i> Le tems ne manque poini
à la nature)) a du Volney, dans une réfii-xion
aussi juste que facilement exprimée; et 1 inspec-
tion des monumens et des phénomènes naturels
que présente la' Haute-Egypte , confirme cette
vérité : les rocs de granit qui environnent Sienne
sont entièrement ilélilés , et les obélisiiues , élevés
depuis plus de 4000 ans , sont demeurés insen-
sibles à l'action de 1 air.
Tous les temples et les palais sont Lâlis en
grès ; deux ou trois le sont en pierre ealcane , et ,
excepté les obélisques el les colosses , on trouve
plus de granit mis en œuvre sur les seules ruines
d Alexandrie et dans ses mosquées, qu on n'en
peut rencontrer du Caire aux Cataractes.
Les monumens n'ont été construits entièrement
en granit, que lorsque le siège de la monarchie
fut transporté à IMemphis. Alors on dépouilla
l'Egypte supérieure de tout ce qui pouvait en
être enlevé, et on eniichit à ses dépens l'infé-
rieure ; alors les ans éiant paivenus à un plus
haut dégié de perfecdon , on mit du luxe dans
le choix des matériaux, et le_ temple dlsis à
Bahbeit fut construit en granit , et l'on tira des
rochers d Elépliantine ces blocs énormes dont
on fit Jcs chapelles monolithes de Sa'is et de Buios ;
leur poids était de plusieurs millions. Les travaux
nécessaires pour les séparer du rocher, les placer
sur des radeaux , les transporter à 220 lieues des
carrières d'où elles avaient été exiraiies , les tail-
ler , les creuser , les polir , nous torcent à l'estime
pour la constance de ce peuple dans ses hautes
entreprises ; mieux dirigée . celte constance eût
pu lui faire exécuter les plus grandes choses.
L'érection seule d'un obélisque fait encore au-
jourd'hui la réputation d'un architecte, et les
égyptiens en oni détaché , ébranlé et dressé un
très-grand ndmbre. En réfléchissant sur les efforts
qui conduisaient à sa fin celte prodigieuse opé7
ration , on se pénètre de respect pour ceux qui'
l'entreprenaient et l'exécuiaieni, et on a la juste
mesure des moyens physiques et moraux dont la'
réunion leur était indispensable. '
Les monumens de l'ancienne Egypte attestent
que tout , dans ce pays , a été fait piiur lès dieu)t
et les rois. Cinq palais immenses , 84 temples sub-^
sisient encore, ,et la seule habitadon de pai'iicu-,
lier qu'on puisse y recoinraître , se démêle à tia-
vers des décombres amoncelés, qui en indiquent'
faiblement le plan.
Un temple , chez les égyptiens , n'était autre
chose qu un grand livre ouvert à leur respect et
à leur adoration. Aussi tous les lieux consacrés
au culte sont-ils revêius de tableaux sacrés et de
maximes saintes , intérieurement et exlérieuie-
mcnt. Ces sujets se retrouvent sous les portiques,
sur les colonnes ,jians les salles basses , sûr les
parois des escaliers et dans leurs couloirs. Ou 'on
se reporte au tems où le pieux égyptien élan in-
troduit dans cette enceinte. Les images multi-
pliées de ses dieux I environnent , des bas-rtiiefs'
colossaux les lui repiésetitent par-tout ; ses fois,
I explication saciée des mysteies quil honore. Se'
reproduisent autour de lui en raille endroits. Des
couleurs vives et iranchanlcs, en décorant avec
f<acas ces tableaux , contribuent à ébranler son
imagiiialion , tandis qu'un demi-jout religieux lé-
conduu à l'adoration par la hayeiir. •• "■ '|
C'est sous les j.oiliques eu vestibules dts lem-'"
pies que sont gravés les sujets astronomiques ,
comme si les inêtres avaient voulu prcpaier u_a
respect pour la religion par l'esUme pour les
sciences.
Les temples de Denderah et d'Esné sont les
construciions les plus récentes , et les zodiaques
iiiii en décorent les plafonds, représentent Ictat
du ciel à 4.800 ans de distance du lems où nous
les voyons. Quel peuple a jamais serri aussi puis-
samment l'astronomie , et lui a rendu un plus
solide hommage , en conservant les résultats de
ses observations ?
L'éternelle durée des monumens , tel est le but
que se proposaient les égyptiens en les élevant ;
et vingt temples subsistent encore aussi bien con-
servés que le plus récent de nos bàiimens. Leur
solidité est , à la vérité , favorisée par le climat qui
n'offre aucune cause de destruction.
L'Egypte est le berceau de l'architecture ; les
monumens qu'on y voit encore atteignent le but
principal que cet an se propose : le premier regard
est'satisfait; ils étonnent.
On peut leur reprocher la pesanteur, mais elle
est liée à la solidité; et nous devons à cette der-
nière de revoir après six raille ans ces construc-
tions gigantesques.
L'élégance des proportions , la grâce des détails ,
la beauté , Iharmonie de l'ensemble , enchantent
dans les ordres grecs ; la hardiesse et la légèreté
des parties élevées plaisent dans les édifices go-
thiques -, la masse et la solidité imposent dans les
monumens des égyptiens.
, En élevant la première colonne , ils paraissent
n'avoir eu d'autre but que de dresser un calice
de lotus sur sa tige. C'était un hommage rendu à
la plante qui , lors de leur premier établissement ,
avait fourni à ces nouveaux colons^un aliment
sain et abondant.
Aucun voyageur , avant nous , n'avait saisi la
ressemblance des colonnes égyptiennes avec dif-
férentes productions de la nature , et cependant
ceux qui les ont posées n'ont rien négligé pour
en rendre limitation parfaite. A la base de la co-
lonne , ils ont gravé circulairement les feuilles de
la nymphéa; ils ont donné à la partie du tût la plus
voisine du chapiteau, la forme d'un faisceau de
tiges de lotus.
Ils ont ensuite étendu cette imitation à d'autres
productions du règne végétal , et ils ont représenté
le boulon de la même plante , la tête du datier,
et , parmi les orneinens de dix chapiteaux ditté-
Tens . ils ont dessiné les branches du palmier doûm
et. les fleurs du nelumbo.
Il est facile d appercevoir des points de con-
formité entre l'aichitecture des égyptiens et celle
des grecs. Ceux-ci paraissent avoir d'abord reçu
et adopté, sans aucune espèce de changement,
les colonnes élevées sur les bords du Nd. Bientôt
en les perfectionnant , ils se les sont appropriées à
force de grâces , de goût et de talent.
Le plan de leurs temp'es les plus élégans est
également imité de celui des petits temples péryp-
teres égyptiens.
Ainsi pourrait se détruire la fable ingénieuse
de Vitruve qui attribue l'origine de l'architec-
ture à l'imitation des cabanes en bois qu'ont
habitées les premiers peuples de la Grèce. Leurs
descendans , jaloux de s'emparer de toute espèce
de découverte , n'ont rien laissé échapper qui
pût faire reconnaître leurs obligations envers les
égyptiens dans cet art. Sans désigner aucunes
de celles qu'ils avaient contractées en grand
nombre avec eux, ils les ont loués générale-
ment et vaguement d'une sagesse qu'on a depuis
essayé de révoquer en doute.
Le goût égyptien différait de celui des grecs
et du nôtre en ce qu'ils se plaisaient à rappro-
cher des masses que nous isolerions soigneuse-
iKent. A Luxor , dans un espace de trente pieds ,
on voit deiix obélisques de 92 pieds de hauteur,
derrière deux colosses de 35 pieds de propor-
tion , et plus loin deux môles de 55 pieds d'élé-
vation. Personne ne résiste à l'impression de gran-
deur que produit 1 accumulation de ces masses.
Si le premier aspect d'un temple opère sur
l'esprit un vif élonnement , les tableaux qui en
décorent la surface dans toutes ses pardes ,
prolongent cette surprise et l'étendent. Tous
sont relatifs au culte des dieux de l'Egypte :
ils représentent des offrandes , des sacrifices, des
..sujets qui appartiennent à l'astronomie et à l'agti-
culture. Nous y avons reconnu plusieurs divi-
nités dont on n'avait fait que soupçonner l'exis-
tence , et plusieurs autres dont 1 histoire ne nous
avait conservé aucun souvenir.
Le dessin des bas-reliefs a ses incorrections ,
comme les détails de l'architecture ont leurs dé-
fauts. On peut appliquer à l'un et à 1 autre ce
que 'Winck.elmann ,a. dit à l'occasion du pre-
riiier : Cl Les égyptiens oui sacrifié à toutes les
divinités, excepte aux .grâces, d
Les~ornemens sont bizarres dans l'invention
qui ne peut à la vérité se rapporter qu à la
religion , et lourds dans l'exécution : ils n offrent
point de repos à 1 œil. Le dessin des figures
tfhonnmes est quelquefois maussade , celui des
animaust approche souvent de la perfection,
La suite demain.
T R I B U N A T.
Présidence deJard-Panvillien.
SUITE DE LA SÉANCE DU sS MESSIDOR.
Suite du discours de RoujouH.
On n'oubhera jamais que Latoar-d'Auvergne ,
après la campagne des Pyrénées , consacrant ses
loisirs à son goût pour les lettres , mettait la der-
I nicre main à ses œuvres des Origines gauloises.
; Bientôt le fils aîné de son ami Lebri^ant est appelé
dans les cadres de la réquisition. C'est le soutien
d'un homme de lettres , d'un vieillard vénérable,
père d'une très-nombreuse famille; elle ne sera
point privée de ce secours nécessaire. Latour-
d'Auvergne ressaisit ses armes , et celui qui com-
mandait nagueres la colonne infernale , marche
avec la même modestie ou plutôt avec la même
fierté , comme remplaçant , dans une compagnie
de réquisiiionnaires. Que de sentiment ! que de
philosophie ! que de vertuî dans ce seul trait
qui renferme toute la vie d'un héros républi-
cain !
Non , il ne peut cesser d'être . celui qui , comme
Epaminondas n'avait qu'un manteau, et dont les
mœurs simples et frus^ales repoussèrent tous les
dons de la fortune.~On sait qu'il porta ce désin-
téressement jusqu à refuser les bienfaits de sa fa-
mille. Six ou huit cent francs de revenu lui suffi-
saient; c est beaucoup , disait-il, pour un gre-
nadier sous les armes ; c'est assez pour un homme
qui ne s'est pas fait de besoins dans sa retraite.
Cependant celle faible ressource lui manqua. sou-
vent , et ses plus intimes amis ne purent jamais
obtenir d'y suppléer.
Si , dans d'autres tems , sa bourse renferma
quelques épargnes , ce fut pour s'ouviir au mal-
heur avec cette générosité délicate qui honore
la main qui donne . sans humilier celle qui reçoit.
Ses dispositions testamentaires attestent sa bien-
fcsance.
Non , il ne peut cesser d'être , celui que la-
raitié unissait à Moreau. Nés dans le même dé-
partement , rivaux en sévérité de mœurs , en dé-
sintéressement , doués de la même franchise , de
la même loyauté , également inlicpides , égale-
ment dévoués, soit à la tête des armées, soit
dans les rangs des braves , la confiance avait
serré des nœuds que l'estime avait préparés. Mo-
reau jugeait le premiergrenadier de I armée digne
d en être le général; Latour-d'Auvergne jugeait
le général digne dêtre le premier grenadier de
1 année ; exemple sublime de la modestie, du
vrai mérite et du respect que sinspirent deux
héros !
Latour-d'Auvergne fut, dit-on, passionné pour
la gloire. Oui , pour la gloire de la France à
laquelle il rapportait toutes ses pensées , toutes
ses actions. J appartiens à la patrie , disait-il;
soldat , je lui dois le secours de mon bras ,
citoyen , je dois respecter ses lois. Voilà le
mobile de toutes ses vertus publiques.
Quand on s'entredent d'un grand homme , on
aime à répéter ses paroles , on se plait à les en-
tendre , et l'on trompe de trop justes regrets en
se mettant , pour ainsi dire , en sa présence.
M Si j'avais abandonné la France , disait-il
une autre fois, je n'y serais jamais rentré; car
on ne revient pas dans le pays cju'on a trahi , sans
être soupçonné de méditer une trahison nou-
velle.'Et quelle garantie alors peut-on donner
au gouvernement ? Surprendre son indulgence ,
c'est déjà compter sur sa faiblesse; compter sur
sa faiblesse , cest déjà calculer sur sa défaite. i>
Fier de l'estime particulière de ce héros , par-
donnez-moi , tribuns, d'oublier un moraeni les
leçons et les exemples de sa modestie , et de pu-
blier les derniers épanchemens de la confiance
dont il m'honora. Je ne puis garder ce dépôt
sans outrager peut-être les mânes d'un répu-
blicain , sans trahir le peuple dont les intérêts
nous sont confiés. Le jour même de son dé-
part pour l'armée , je reçus .ses adieux . et je
puis répéter encore mot pour mot ses dernières
paroles:
j» Je pars, comblé des grâces du gouvernement;
il croit que je vaux encore un coup de fusil , et il
m'a jeté le garit. ^11 me montrait l'èpée d'honneur
que le premier consul , interprète de la reconnais-
sance naiionale , lui avait décernée. ) On m'a jeté
le gant , et en bon Breton , je l'ai relevé. Le mi-
nistre de la guerre ma donné le choix des armées ;
je crains d'ai river trop tard en Italie , j'ai préféré
celle de Moreau , notre ami , notre compatriote ;
je retrouverai là mes anciens camarades , les gre-
nadiers de la 46'=. Mais cette épée ! cette épée !. . .
comment la' porter ? il n en est aucun qiii ne
f aitmériiée. Allons , il faudra la montrer de près à
l'ennemi. A mon âge, la mort la plus désirable,
c'est celle d'an grenadier sur le champ de bataille.
et j'espere (fatal pressentiment !) j'espère quej4
l'y trouverai.
)) Mais vous , citoyen tribun , poursuivit-il ,
pendiiit que nous combattons les ennemis de
riont, ne craigiitz-vOus pas de vous laisser cou-
per par une colonne qui se glisse furtivement au
sein de la république ? L'indulgence , la con-
fiance sont des vertus privées; mais dans les
hommes d'état, ces vertus doivent êire resserrées
dans les bonies d'une sévère justice , pour ne pas
dégcnéier en laiblesse. Je ne suis qu un soldat,
mais je suis un soldat ciioyeii , et je suis imjuitt
de l'inquiétude publique. Les acquéreurs de biens
nationaux sont alarmes ; les uns se laissent dé-
pouiller dans des iraiics arrachés par fa menace
à la faiblesse ; les autres niédilent u;)e résistance
légale; mais aucun ne se leposeavec assez de con-
fiance sur la garantie constitutionnelle. Cette
invasion (J ém i g rés qui cachent, mais qui portent
encore des armes teintes du snng des français;
ces projets cri'hiinels d'éneiver les forces morale*
de la patrie dans la géiiération naissante; ces
essais audacieux d'opposer des institutions mo-
narchi(]ues aux institutions républicaines ; ce*
coup:ibies espérances, conçues par la faiblesse
insidieuse et rusée contre la force généreuse et
confiante ; ces mille et mille intrigues ourdies
contre la constitution de l'état , seront sans doute
lenvcrsées par ia main vigoureuse etfidelequi
tient les rênes du gouvernement.
!> Mais c'est du haut de votre tribune qu'il faut
c^ue toutes les vérités se lassent entendre. Vou».
ne pouvez transioer avec yierionne , avec aucune
circonstance , avec aucun parti ; vous eles la
comme une garde avancée. Si vous vous livrez
au sommeil , vous laisserez surprendre le camp ,
et la déroule sera conipleite avant qu'il ait saisi
ses armes. Je vous parle le langage d'un grena-
dier ; mais ne sommes-nous pas lous soldats?"
'Voilà, citoyens tribuns, les réflexions pro-
fondes de Latour-d Auvergne , les dernières petil-
êire d'un guerrier républicain qui parlait pour I9
champ des victoires ijiiand les chemins étaient
couverts de tant d'ennemis qui accouraient aa
rendez-vous de l'intrigue et des trahisons.
Elles seront entendues sans doute de celui qui ,
connaisseur en héros , sait aussi distinguer sous
les lauriers militaires le citoyen politique.
Vous , tribuns , confidens de la pensée du.
peuple , vous avez l'initiative de Texpression de
ses senlimens ; vous vous empresserez d honorer
les mânes d'un guerrier que les grenadiers de
l'armée montraient, encore menaçant, à l'ennemi ,
quand son bras glacé ne pouvait plus l'atteindre.
Vous vous empresserez dlionorer celui dont
la vie et la mort honorent également la répu-
blique.
C'est un grand pas vers la morale publique,
quand la nation , associant sa gloire à celle de
ses grands hommes, sait appiécier l'héiilage qu'il»
lui laissent et se montre reconnaissante.
Le peuple n'honore point la vertu sans de»
venir plus vertueux. Quand il sait applaudir à
la valeur , il apprend à mépriser la lâcheté.
Delà il n'est qu'un pas à l'estime, à l'admira*
tion , et à l'exercice de toutes les vertus publi*
ques et privées. C'est au législateur qui le sur-
prend dans cette heureuse disposition , à s'en,
saisir pour hâter le développement de tous leS
sentimens généreux, de toutes les pensées libé-
rales.
Je propose au tribunal de charger une com"
mission de lui faire un rapport sur ma m.otion ,
et de lui présenter un projet de fête à la mé-
moire du premier grenadier de l'armée.
Cette proposition est renvoyée à une commis-
sion composée de Roujoux , Gourlay , Jean-de-
Bry , Thiessé et Jubé.
Le tribunat ordonne que les discours pto-
noncés dans cette séance , seront imprimés aa
nombre de six exemplaires.
On exécute le Chant du Départ, et les mem-
bres du tribunat se rendent à la fête.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 28 messidor. — Effets publics.
Rente provisoire 80 fr. yS c.
Tiers consolidé 3i fr.
Bons deux tiers i fr. 43 c.
Bons d'arrçrage 88 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 84 fr.
Coupures •• •• 67 fr. 5o C.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lyon au p. à 10 jours.
Marseille.... au p. à 25 jours.
Bordeaux 7 p. à vue.
Montpellier . . | p. à 3o jours.
A Paris , de Limprimerie du cit. Agasse , propriétaire du. Moniteur , rue des Poitevins , n" (3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 3oi.
Primedi . i" thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autonsés i prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N I T E x; R esc le se,l journal dfficiel
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur 1 extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ITALIE.
NATION PIÉMONTAISE.
Liberté. Egalité.
La commission du gouvernement de Piémont
ordonne que la loi ci-dessous soit publiée, affi-
chée et exécutée. — Turin, au palais du gouver-
nenient , le 21 messidor, an 8 de la république
française ( 10 juillet 1800, v. s. )
AvoGADRO , président.
Ramusati , secrétaire-général.
Loi.
La consulta du Piémont , sur la proposition
faite par la commission du gouvernement , con-
sidérant qu'une des lois les plus opposées aux
principes de Ihumanité , est celle qui prescrit la
torture dans les procédures criminelles; que l'abo-
lition de la torture exige quelques dispositions
particulières pour les cas où cette peine était en
usage , décrète :
1°. La torture de toute espèce , et dans quelque
«as que ce soit , est abolie.
S". Dans les procédures crimin'clles, toutes les
fois que i' accusé refusera de répondre aux in-
terrogatoires , ou qu'en répondant il affectera de
donner des marques de folie , le juge qui pro-
cédera, aussi tôt qu'il aura la preuve que la folie
n'est que feinte , avertira l'accusé que , s'il ne
répond pas , il sera ultérieurement procédé contre
lui sans avoir égatrl aux apparences de démence
qu'il donnera. La même déclaration sera faite à
l'accusé , qui affectera d'être sourd ou muet pour
éviter de répondre . pourvu cependant qu'on ait
acquis préalablement la certitude de la simulation
de ces deux infirmités , ou de l'une d'elles.
3°. L'accusé iqui n'aura pas voulu répondre à
la première sommation du juge , sera soumis à
l'examen dans les vingt-quatre heures; ou s'il
Î 'obstine à feindre la démence , on lui répétera
a déclaration indrquée dans l'article II , en re-
prenant les questions de l'interrogatoire. S'il per-
ïévere à ne pas vouloir répondre , on passera
immédiatement à l'examen du délit , en y joignant
le détail de toutes les circonstances qui pourront
«n déterrpiner la qualité et la gravité.
La présente loi sera publiée et imprimée.
Turin , au palais de la Consulta , le 21 mes-
ïidor , an 8 de la république française ( 10 juillet
*8oo , V. s. )
Le général de division , ministre extraordinaire
tt président de la consulta , Dupont*
L. PiossASCO , membre de la consulta et secrétaire-
général.
NATION PIÉMONTAISE.
LipERTÉ. Egalité.
La commission du gouvernement du Piémont
ordonne que la loi ci-dessous soit publiée , affi-
chée et exécutée. — Turin , au palais de gou-
vernement, le 21 messidor an 8 de la république
française. ( 10 juillet l8ou , v. s.
Avogadro , président.
Ramusati , secrétaire général.
Loi.
La consulta du Piémont , sur la proposition
failç par la commission du gouvernement, par-
_l^gcanl les seniimens de reconnaissance de la
nation piémontaise , toute entière envers ses li-
bérateurs , décrète :
1°. Il sera érigé , dans la commune de Turin ,
un monument public de reconnaissance pour la
république française.
a°. Sur ce monument seront gravés les prodiges
opérés par l'armée française en Piémont , dans ta
campagne de l'an 8.
3". Il transmettra aussi à la mémoire des siè-
cles , les noms glorieux du premier consul de la
république française et des généraux commandant
cette armée.
4''. Les 1 artistes picmontais sont invités à re-
mi-ilie , dans le délai de trois décades, à l'ins-
pcctnr du palais du gouvernement les projets-
'j I ils auront imaginés pour l'élévation de ce mo-
/luoicnt. '
5°. Le présent décret sera t)ublié et imprimé.
■Turin , au palais de la Consulta , le 2 1 messidor
an 8 de la république, française (10 juillet 1800.)
Le général de division . ministre extraordinaire et
président de la consulta , Dupont.
L. PiossASCO, membre de la consulta et secrétaire-
général.
NATION PIÉMONTAISE.
Liberté. égalité.
La commission de gouvernement du Piémont
ordonne que la loi suivante soit publiée , affichée
et exécutée.
Turin , au palais du gouvernement , 21 messi-
dor, an 8 de la république française (lojuiilet
1800 , V. st. )
Avogadro , président.
Ramusati , secrétaire général.
L 0 1.
La consulta du Piémont, sur la proposition
définitive de la commission de gouvernement ,
considérant que la défense des citoyens et de
leurs propriétés contre les perturbateurs de la
sûreté publique , est le principal objet de l'asso-
ciation civile ;
Que dans les circonstances actuelles il est très-
urgent de délivrer la sociéié de la horde nom-
breuse d'assassins et de scélérats, qui se tiennent
dans un état de révolte ouverte contre l'ordre
social ,
Décrète :
1°. Il y aura dans la commune de Turin une
commission composée de deux çtiilitaires et de
cinq magistrats, laquelle jugera exclusivement
des délits commis contre la survie publique.
2°. Seront réputés tels non-seulement (es in-
surrections contre l'ordre public, mais aussi la
résistance à la force armée , les assassinats, les
pillages , toutes les violences ou contre la per-
sonne des citoyens, ou contre les propriétés,
quand ces délits auront été commis par attrou-
pement , c'esi-à-dire , au nombre de trois indi-
vidus au moins , armés et réunis.
3°. Les coupables descrimes susdits, seront pu-
nis de mort et exécutés militairement; cependant,
fa commission devra , dans le cas de quelque
circonstances atténuantes, prononcer une peine
moins forte.
4°. La commission procédera par les voies les
plus promptes; et lorsque les coupables auront
été arrêtés en flagrant délit , ou lorsque leur délit
sera , d'une autre manière , de notoriété jublique ,
il pourra suffire pour la condanrmaiion, de trans-
mettre immédiatement à la commission susdite, la
procédure sommaire des juges du lieu où le
délit aura été commis ; cependant , le jugement
devra être toujours précédé des conclusions de
l'avocat-fiscal général , et le coupable sera tou-
jours entendu dans ses défenses dans le terme
qu'on aura fixé.
5°. Pour prononcer une sentence , il suffira que
la commission soit composée de cinq membres.
6°. Le présent décret sera publié.
Turin , au palais de la Consulta, le 21 messi-
dor, an 8 de la république française, ( lo juillet
1800 , vieux st. )
Le général de division , ministre extraordinaire ,
et président de la consulta, Dupont.
L. PiossASCO , membre de la consulta et secré-
taire-général.
NATION PIÉMONTAISE.
Liberté. Egalité.
La commission de gouvenement du Piémont ,
ayant reçu dans ce jour la sanction de la loi ci-
jointe , ordonne l'exécution et la publicalion de
ladite loi.
Avogadro , président.
Dalpozzo , pour le secrétaire général
La consulta du Piémont, sur la proposition
définitive de la commission de gouvernement ,
Considérant que , pour réunir les esprits des
citoyens et les rappeller à ces principes de con-
corde et de paix , qui peuvent seuls assurer leur
félicité, il est nécessiiire d'effacer toutes les dis-
tinctions qui sont contraires aux principes de
liberté et d égalité ; '
Décrète :
1°. Il est défendu à tous les habitans du Piémont,
qui ne sont point au service de la république
française ou des puissances amies de cette répur
blique, déporter d'autre cocarde que celle qui
est composée des trois couleurs du Piément.
Ces couleurs sont le rouge , le bleu - turquin ,
r orange.
2°. Tous les actes publics se feront au nom
de la nation piémontaise, et leur date se réglera
seloii le style de la nation française-, en y ajou-
tant la date du vieux style.
3°. Sont généralement abolis tous les litres «
devises , et distinctions de noblesse-, et l'on fera
usage du seul titre de Citoyen. Est également
prohibe l'usage des livrées , des armes et armoiries.
4°. Le présent décret sera publié.
Turin , le 19 messidor , an 8 de la république
française (8 juillet 1800, v. s.)
Le général de division , ministre extraordinaire ,
et présîdenc de la consulta, Dupont.
L. PiossAsco , membre de la consulta , et seeri-
taire-géntral.
ANGLETERRE.
Londres , le 11 juillet (' 22 messidor. )
Chambre des communes. — Suite de la Séance du 9
juillet { 20 messidor )
Suite du discours de M. Sheridan.
On nous dit qu'on ne voit pas aujourd'hui,
comme on le voyait à la fin de la guerre d'Amé-
rique , le bui-eau de la chambre couvert de pé-
tions. L'impudent langage ! dans le tems de la
guerre d'Amérique , le peuple était bien mal-
heuretix; mais il pouvait du rnoins faire entendre
ses plaintes , il pouvait s'assembler , et présenter
des pétitions au parlement; mais aujourd'hui
ce peuple duquel dérive votre existence, perdu
et le droit de s'assembler, et celui de faire entendre
son Vœu contre une guerre cruelle , oppressive
inutile , et injust». '
■Un honorable membre, (M. Ellison) nous
a beaucoup parlé de son indépendance. Je n'aime
pas a entendre traiter cette question , elle me
paraît extrêmement délicate. Ne pourrait-on pas
dire que l'indépendance dans le parlement ,
est une marchandise qui se vend et s''acheite '
i On rit. )
On s'efforce de nous rassurer sur la prospérité
de notre pays ; on nous promet que nous con-
serverons notre supériorité, que l'Autriche sera
bientôt remise de ses terreurs paniques fet de
ses pertes,, que tous les principaux membres
de la coalition sont prêts à y rentrer avec cor-
dialité Je n'en crois pas un mot : si l'on
demande à ces esprits si crédules , sur quoi est
fondée leur confiance, la réponse est toute prête;
nous croyons aujourd'hui, parce que nous avons
toujours cru, et parce que les ministres veulent
que nous continuions de croire. Ce qu'on a dit
du roi Guillaume III est vraiment curieux. On
prétend que c'est moins à ses talens personnels
qu'aux succès de ses ennemis , que ce prince
a dû sa gloire : si cela est vrai , je ne connais
pas deux personnages qui aient autant de res-
semblance l'un avec l'autre , qu'en ont Guil-
laume III, et Guillaume Pitt. (On rit.)
Mais il ,y a selon moi , une différence entre
notre ministre et ce grand roi : c'est que Guil-
laume III, malgré tous ses revers , eût 1 habileté
de former et d'entretenir une coalition terrible
contre la France, au lieu que M. Pjtt , au milieu
de ses btillans succès , a vu la coalirion se dis-
soudre , par l'effet même de son impéritie.
L'hon. secrétaire déjà guerre, veut bien avouer
queBonaparte possède de grands. talens, et'que la
nation française est une grande nation. —L'aveu
est admirable. — - (Ici M. 5héridan 15e permet
quelques plaisanteries contre ceux qui, après avoir
parlé avec la plus grande indécence du premier
magistrat de la république française , se voyent
aujourd'hui forcé» de reconnaître en Itfi un
grand homme. Il entreprend ensuite de prouver
que la motion de son ami n'est ni inconsldéréa
ni dangéieuse , et qu'elle exprime le vœu de
la naiion.
En effet, dit M. Sheridan, le peuple anglais
dpii désirer que , les, rênes du gouverncineiit
soient ca&ai. retirées des mains inltabilït de
ces hommes qui nous ont amenés sur le pen-
chant de notre ruine. Cette motion , si elle était
adoptée , relèverait tous les esprits. Un honorable
membre a avancé qtie , si nous avions versé notre
argent sur le continent , cet argent avait été d'un
bdn rapport pour nous. Je ne conçois pas trop
ce que cela veut dire ; à moins que le sang des
hommes ne soit un objet de commerce. Ou pré-
tend qu'en 1797 , nous avons négocié de bonne
foi : mais ces prétendues négociations n'ont été
autre chose qu un piège , dans lequel beaucoup
de gens ont été pris. La guerre a été continuée ,
sans qu'on fit lé moindre effort pour l'arrêter.
Elle a coûté la vie à l5o,ooo mille hommes , et
environ soo,ooo,ooo liv. ster. à la nation. Voilà
ce qu'a produit l'opiniâtreté de nos ministres ,
dans cette occasion.
Quant à l'objet même de cette guerre , que de
variations dans les principes !* Le dernier qu'on
ait avoué , est le rétablissement des Bourbons.
En. 1797 , il ne fut question d'abord que de la
teligion et delà morale. Mais on négligea bientôt
cesdeux points, pour s'occuper de Trinquemalle,
du Cap et des autres colonies que nous voulions
garder. On dit aujourd'hui que les ministres re-
noncent à la guerre offensive , et q^u'ils ne veulent
plus qu'une guerre défensive. Mais si une guerre
défensive est avantageuse , il n'y a que dans un
comité du parlement qu'on puisse aviser aux
moyens de la faire. De plus , c'est dans un comité
qu'il convient d'examiner quelle influence une
paix immédiate pourrait avoir sur le commerce
de ce pays.
Je crois que , dans les circonstances où nous
sommes , il convient de s'occuper sérieusement
de la paix ; il faut une paix sincère , cordiale , et
qui associe la tranquillité et là prospérité des
deux nations. Je vote pour la paix. Mon pays
veiit la paix. Si l'honorable secrétaire redoute de
voir la cocarde tricolore dans les rues de Lon-
dres ; s'il craint qu'une curiosité condamnable
n'attire à Paris beaucoup d'anglais, qui ponrraient
nous rapporter les mœurs françaises , ou que les
petits propriétaires ne passent en France pour s'y
établir, il doit aussi prendre en grande considé-
/Tation les maux qui iront toujours en croissant,
si la guerre continue.
Je regarde comme très-bonne la motion faite
par mon honorable ami ; et comme je suis inti-
mement convaincu que , si elle est adoptée par la
chambre , elle produira les plus grands avantages
à la nation , je suis disposé à l'appuyer de tous
mes moyens.
Chambre des pairs. — 10 juillet { si messidor. ]
On demande , conformément à l'ordre du
jour , la deuxième lecture du bill sur les ins-
titutions monastiques.
L'évîque de Rochester. Je ne m'oppose point
pour le moment à la seconde lecture du bil! ;
mais je déclare que je suis dans l'intention de
combattre le bill lui-même. On l'a motivé sur
les inconvéniens , et même les dangers dont les
institutions religieuses et la constitution de ce
pays , sont menacées par l'influence des réfugiés
' français qui professent la religion catholique
romaine. Le bill atteint les personnes de l'un
et de l'autre sexe , qui ont reçu parmi nous
uu accueil qui honore également le caTactere
national , et l'esprit de tolérance de l'église pro-
testante. La conduite qu'ont tenue jusqu'à pré-
sent ces réfugiés , n'offre rien qui puisse nous
alarmer , et provoquer un bill de la nature de
celui qu'on nous a présenté. Je le combats , parce
que je ne le crois pas nécessaire , et que je le
trouve inconstitulionnel.il n'est pas nécessaire;
car les lois établies contre les catholiques ro-
mains, remplissent parfaitement l'objet du bill.
Qu'on ne dise pas que ces lois n'ont été faites
que pour les regnicoles , et qu'il est question
aujourd hui d'étrangers. Peu importe de sa-
voir contre qui elles ont été dirigées dans le
principe, puisqu'elles frappent également toutes
les personnes de la même communion. (Ici le
prélat tourne en ridicule les allarmes qu'on feint
d'avoir au sujet des progrès du papisme en
Angleterre. ) 'Tout homme qui a une religion
est porté naturellement à la propager. Quand je
parle d'avoir une religion . je ne^ parle pas de
cette espèce de religion négative , assez généra-
lement reçue dans certaines classes du monde,
'Ceux qui n'adoptent auciins dogmes religieux,
ne sont pas très-curieux de propager leur ca^uf
riiortuum de religion. Il leur est parfaitement in-
différent que le divin fondateur du christiar
nisme soit le fils de Marie , ou le Sociale de
Jérusalem.
Néanmoins , comme il existe une liaison très-
étroite , une identité d'intérêts entre l'état et
ié^lise . il a fallu contenir dans de justes bornes
le zèle pour la propagation de certaines maximes
feligieuses qui blessent également le gouverne-
• ment civil et le gouvernement ecclésiastique ; et
c'est dans cette vue qu'ont été faites les lois
pénales contre les catholiques , par un statut
de 'Jacques 1": réconcilier avec l'église de
Rome , ce qui est la même chose que convertir ,
- est déclaré crime de '^haute-trahison.
1214
Quant à ce qui concerne l'éducation , cet objet
peut être considéré sous différens points de vue.
Je ne crois pas que l'éducation entre les mains
des catholiques romains soit irès-dangëreuse ;
il vaut mieux que ceux de leur communion soient
élevés dans I intérieur de leurs maisons, qu'au
dehors ; et si ces instituteurs particuliers s'écar-
taient du devoir , les lois qui existent suffisent
pour réprimer leurs écarts.
Le piélat entre ensuite dans quelques détails
sur les moines et les religieuses établies dans
la Graiide-Breiaçtne , et contre lesquels le bill
paraît être dirigé. Les premiers ne forment pas
une aggrégation de plus de 3i individus , qui
composent six sociétés établies sur différens points
du royaume. Quant aux religieuses , on n'en
compte que 22 ou ^3 , qui , à l'exception de
4 , sont toutes nées anglaises. Leur interdire le
genre de vie retiré qu'elles ont choisi , ce seraik
les exposer à un martyre continuel ; les forcer
à vivre dans, le monde , à se farder le visage,
à se vêtir d'é,toffes de soie , à suivre les modes ,
ce serait les traiter avec inhumanité. — Sa sei-
gneurie finit en rappelant la procédure intentée
contre quelques rçligieuses dans le voisinage de
Winchester , et il fait voir que les charges ne
sont pas de nature à faire appréhender un danger
sérieux de leur zèle à convertir.
Le prélat, en répondant à quelques observa-
tions qui lui étaient faites par le lord chancelier,
dit que si l'on a quehiue danger à craindre pour
l'éducation de la jeunesse , ce n'est point de la
paît des catholiques romains , mais de la part
d'une autre classe d hommes ; danger qui, selon
lui, appelle hautement la sollicitude de lu légis-
lature , et demande un règlement r,cnéril pour
les écoles. Sous les gouvernemens les plus sa-
ges , ces élablissemens sont gctiéralement soumis
a une censure publique. Celte censure existait
autrefois dans la Gtande-Bietagne ; mais depuis
la 19' année du règne de sa majesté , lacté pour
l'allégement des non-conformistes a été très-pré-
judiciable à l'éducation. Ce n est plus l'influence
du papisme qui est à craindre ; c'est la propaga-
tion de la sédition , de 1 athéisme , du jacobinisme
et de l'irréligion. Voilà les périls dont nous me-
nacent ces séminaires dispersés sur tous les points
de notre pays. Ces principes sont inculqués dans
une infinité d'écoles de charité; des livres ont été
composés pour corrompre le peuple : c'est là ce
qui méiite la plus sérieuse attention de la part
de la législature. La session est trop avancée pour
qu on puisse s'en occuper ; mais il faut espérer
que , dans la prochaine session , cette affaire sera
prise en grande considération.
L'évêque de Rochester blâme aussi le bill comme
tendant à faire revivre les anciennes animosités
entre les docteurs des deux religions , animosités
presqu'éieinies ; il le regarde comme inutile ,
oppressif, inconstitutionnel et contraire à tous
les principes de lhum?nité, de la tolérance et
de la saine politique. Il fait en conséquence la
motion que le bill soit ajourné à trois mois.
L'évêque de Winchesiersc prononce fortement
en faveur du bill; il l approuve comme un acte
qui assure aux catholiques romains la jouissance
paisible de cette partie de leur religion , dont ils
ne peuvent jouir tranquillement avec les lois ac-
tuelles , étant continuellement exposés à être
troublés par les magistrats , et tourmentés par la
malveillance des dénonciateurs qui sont dans
leur voisinage. -— Une des raisons sur lesquelles
le prélat appuie le plus , c'est que le bill est con-
forme au principe sitr lequel reposent toutes les
lois qui ont été faites pour la sûreté de léglise ,
depuis la réforme. — Il rappelle la grande in-
fluence des personnes de la communion catho-
lique romaine dans ce pays , depuis 1792, Léta-
blissement de tant de catholiques romains dans
la Grande-Bretagne, a certainement rendu néces-
saires de nouvelles lois propies à empêcher les
progrès des sociétés ennemies des institutions
religieuses de notre pays. Il est politique d obvier
de bonne heure à Un désordre aussi fâcheux.
Comme ami de la vraie tolérance , et de la consti-
tution civile et ecclésiastique de son pays, l'évêque
de 'VViuchester vote en faveur du bill.
Lord Grenville. parle contre , avec chaleur ,
etfait reloge de la conduite qu'ont tenue cons-
tamment les réfugiés français.
Le lord chancelier , 'sans approuver la fofme du
1 bill , ne peut s'empêcher de reconnaître que plu-
sieurs de ses clauses sont très-utiles.
La motion de lévêque de Rochester , pour le
renvoi du bill à trois mois , est mise aux voix et
adoptée ; ce qui équivaut à un rejet.
I NT E R LEUR.
Spa , le 23 messidor an 8.
La cessation des hostilités entre la plupart des
puissances belligérantes , le bruit d'une paix pro-
chaine qui s'accrédite , l'arrivée de plusieurs fa-
milles étrangères , quantité de logemèns retenus
pour d'autres qui doivent arriver encore, font
le tourment et réveillent la basse jalousie de la
1 malveillance , ïcharaée depuis ioog-tems eontrs
nos eaux minérales ; à cette douce aurore d'ua
jour clair et serein , l'allégresse s'empare des coeurs
de nos bons habitans, et leurs espérances qu'une
guerre longuéet désastreuse semblait avoir anéan-
ties , se réveillent , s'affermissent. Tous à l'envi
travaillentâ s'apprêter pour une saison brillante; les
hôtels destinés à recevoir l'étranger , se meublent ;
la propreté , 1 élégance brillent par-tout. Tout
paraît renaître à la joie. Les promenades s'arran-
gent , les glandes routes se réparent , les cafés
s'établissent, la salle de l'assemblée est ouverte ,
et déjà les personnages distingués que nous pos-
sédons à nos eaux célèbres, y jouissent des plai-
sirs et des amusemens qui ont rendu notre bourg
le lieu le plus délicieux de 1 Europe , et le seul
qui possède le rare avantage de plaire à l'homme
de tous les âges , de tous les caractères et de tous
les goûts. L.wiBEur Le2.\ack., maire provisoire .
Le préfet du département du Lot , au frère, du
général Murât., et nu père dû chef de brigade
lissiières. — C'ihors , le 19 messidor an 8 de la
république franq,aise, une et indivisible.
J ADRESSti à chacun de vous , citoyens , une
copie du iapport du général en chef Berthier ,
sur la bataille de Mariugo. Recevez mes félicita-
lions sur I éclat nouveau qu'un frère et un fils
viennent d'ajouter à leur gloire dans la dernière
campagne d Italie , et surtout dans celt^; journée
àjamais fameuse où , s.ujs doute , la valeur tran-
çaise aura conquis la paix de I Europe.
Le 25 de ce mois , nous célébrons le 14 juillet ,
et nous posons sur l'une des places de la ville de
C.ihois la première pierre de la colonne dépar-
ttmentale , monument que la reconnaissance
élevé en I honneur de ceux qui combattirent poui:
la patrie. Je désire que celte fête soit embellie
par la présence des familles des deux guerriers
qui honorent le plus ce département; je vous
invile en conséquence à vous y rendre , et à venir
recueillir le juste tribut d honneur et d'admiratioa
que vos concitoyens paieront avec tant d allé-
gresse aux noms chéris que vous portez.
Je vous salue. Signe Bailly.
Taris , le 3o messidor.
L'adjoint Saint-Remy, qui est parti de Touloa
le 26 floréal, est arrivé à Malle dans la première
décade de prairial ; il y avait dix mois qiie la
garnison n'avait reçu de nouvelles de France. La
bombarde sur laquelle était l'adjoint Saiut-Reojy,
est entrée à Malte à la pointe du jour, au milieu
de la canonnade des fcroisieres ennemies.
Il rapporte qu'il n'y a à l'hôpital de Malte que
40 malades; que la garnison JQuit*de la meilleure
samé
La première année du blocus , presque toute la
garnison a été affectée d'ophtalmie ; aujourd'hui
elle est parfaitement acclimatée.
La garnison est habillée en cotonnade blanche;
les semelles des souliers sont faites d'étoffes de
chapeau, elle dessus en cotonnade. Chaque sol-
dat a un jardin qu'il cultive et dont il tire des
herbages ou des légumes , non-seulement pour
sa subsistance , mais encore pour en vendre aux
habitans.
Les assiégeans avalent, au commencement du
siège , dressé plusieurs batteries , et jette des
bombes; mais leur peu d'effet les en a dé-
goîités.
Le général Vaubois a successivement renvoyé
tous les habitans ; il n'y en a plus aujourd'hui
que 3 ou 4000.
Il y a dans la ville 400 mulets pour le service de
l'artillerie. Les moulins ne manquent pas.
La garnison est résolue à passer par toutes les
extrémités avant de se rendre. La subsistance
est assurée jusqu'au milieu de l'hiver , indé-
pendamment des petits bâtimens dont immaa-
quablement quelques-uns arriveront.
Ou' reste la garnison de Malte a beaucoup
de gaîté. Tous les soirs ily a concert sur la grande
place et comédie.
Il n'est point de nouvelle absurde que les
anglais n'aient voulu leur faire accroire. On sç
peindrait donc difficilement les transports d'al-
légresse avec lesquels l'adjoint Saint-Remy a été
accueilli. Il leur a annoncé à la fois la fin des
factions , l'établissement d'un 'gouvernement fort,
la paix de la vendée , l'ouverture de la cam-
pagne , nos succès sur le Rhin et le premier
consul déjà au pied du Saint-Bernard , s'élan-
çant à la tête de l'armée de réserve au sein de
llialie.
Une grande quantité de bateaux est perpé-
tuellement occupée à pêcher . et le général
Vaubois a fait établir un magasin de poisson
salé qui offiira encore une nouvelle ressource.
Chaque chambrée de soldats à une petite
basse-cour avec des lapins et quelques poules.
L'artillerie est dans le meilleur état. Les ou-
vrages inexpugnables qui défendent cette place
ont été réparés et mis en éiat. On a profité
de ce long blocus pour faire une grande quantité
d'affûts neufs.
Il y a à Malte plus de '^milJe pièces de canon
pajfaiiement approvisionnées.
Le générai Vaubois , le général Ghanez , le
12l5
général Denzel , commandant Pariillerie , le
conire-amiral Villeneuve , commandant le port ,
etious les officiers de la garnison , vivaient dans
la meilleure intelligence, et étaient animés du
même esprit. Les soldats disent : Nous ferons
à Malte notre congé de qxiatre arts.
L'adjoint Saint-Remy est revenu sur uniperonaire.\
Il a souvent passé à une deroi-lieue des frégates
et vaisseaux anglais. Alors On ployait les voiles,
on se servait des avirons el on n'était point
apper^u.
Voici les positions qu'occure l'armée d'Italie;
-La Valleline est 0( cupée par la gauche de la di-
vision du général Moncey qui a son quartier-gé-
néral à Brescia; la droite de l'armée s'étend par
de petits déiachemens jusqu à Lucques , Massa-
di-Carara , la Romagne et les bords de l'Adriati-
que. Gênes et tout le lerriioire de cette répu-
blique, le Piémont et toutes ses lovteresses , la
Cisalpine et toutes ses foiteresses jusqu'au Mincio
et la Fossa - M^ëstra sont également occupés
par l'armée française.
Le général d'ariil!erie Lacombe-Saint-Michel
traverse le Piémont avec 2000 chevaux de Irait
harnachés , et tout le persoiinel de l'équipage de
siège de larmét.
Tous les déiachemens des corps qui compo-
saient l'armée de léserve , et qui, du fond de
la France , se rendaient à marches forcées en
Italie , viennent de rejoindre l'aimée. ,
L'armée que la république a aujourd'hui en
Italie , est la plus belle qu'il v nit jamais eu.
D un autre côté , le général Moreai: concentre
toutes ses forces dajis la Bavière , et 3o,ooo hom-
mes français el bataves sous les ordres du général
Augereau , avec un parc de plus de 80 pièces
d'ariillerie , défilent par Mayence et Dusseldorf.
L'avant-garde de la seconde armée de réserve
qui éiai réunie à Dijon , défile déjà par la Suisse.
De nombreux convois dariiilerie et de cavalerie
parlent tous les jours de Pâiis pour Dijon, et
plusieurs bataillons de volontaires , parmi les-
quels beaucoup de jeunes gens des dép.Htemens
de rOuest , qui avaient été égarés et qui se ral-
lient au gouvernement , marchent pour renfor-
cer celle armée.
Ainsi le peuple français a quatre armées, toutes
sur le tefriioiie éiranger, toutes concertant leurs
opéraiions pour forcer, les partisans des anglais
dans le cabinet de Vieime à se rendre aux vœux
des dfficiers et soldats français et autrichiens ,
qui tous désirent également la fin d'une guerre
sans but , sans objet , qui fait couler des flots de
jane pour le seul amusement du roi d'Angleterre.
le gouvernement français, dans ces circons-
tances essentielles , ne consulte pas , pour faire
des propositions de paix , la situation respective
des deux états , ce serait vouloir accabler une
ruissance , et il sait bien que , dans la position de
Europe , il n'est point de l'intérêt bien entendu
de la république que I Autriche soit accablée.
Quant aux anglais , ils couvrent la mer de leurs
vaisseaux de transport. Ils ont à Minorque une
armée de débarquement parfaitement payée et
habillée ; une armée de débarquement ànr leur
flotte à Quiberon , qui leur coûte beaucoup d'ar-
gent , une autre sur les côtes d'Angleterre qui
menace la Baiavie , el qui n'empêche point le
gouvernement frjnçais de tirer 3o mille hommes
de la Batavie et de nombreux renforts de l'Ouest
pour l'atmée de réserve , tant il croit ces projets
de débarquement peu redoutables. Tous les pro-
jets que fait aujourd hui lAngleterre pour rallu-
mer la guette civile en France , sont sur le champ
communiquésau gouvernement parceuxlà même
qui auparavant étaient leurs partisans , mais qui ,
ralliées au gouvernement, savent que tous les
-maux de la France sont toujours venus de l'in-
Irigue el de l'ambition du toi d Angleterre ; et
toutes ces intrigues, jusqu à l'argent dont ils se
«ervent pour les entretenir , tournent au profit de
la prospérité nationale.
Ainsi le résultat das frais immenses que fait
l'Angleterre pour enirentr àMinorque une armée
de débarquement , était de mettre le gouverne-
mert français à même de détacher contre l'em-
peieut 3o,ooo hommes de l'armée de batavie et la
moitié de lannée de lOuest. En vérité l'empereur
a un allié qui lui est d'une grande utilité.
Il ne teste plus à uji bon militaire françait
qu un souhait à faire , c est que véritablemens
une des aîles de cette célèbre armée anglaise
débarque , soit dans le midi, soit dans l'ouest ,
soit dans le nord. Le duc d York qui com-
mande cette ciande armée , devrait vouloir être
à la lêie de la première aile qui débarquera;
et on peut espérer, sans trop de présomption,
qu avant la jonction des trois aîles , on le niet-
liait à même de recevoir une seconde fois les
ti-tiiercîmens de la majorité du parlement d'An-
gleterre.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
le minittre de la justice aux juges de pais. — Pa n'j,
le i5 messidor , an 8 de la république., une et indi-
visible.
Lp.s léjiiilateurs , citoyens , en rétablissant la
conttainte par corps , qui garantit U tuteté et U
solidité des obligations , ont voulu rendre au
commerce de la république son ancienne splen-
deur. Ce but serait matiqué , si l'exercice cle ce
genre depoiirsuiic était trop légèrement suspendu
par les fonctionnaires publics auxquels la loi du
i5 germinal an 5, donne la faculté d'accorder des
sauf-conduit momentanés. J'apprends cependant
que quelques-uns de vous , abusant de celte loi ,
se permetient de donner des sauf-conduits pour
un tems trop long , de les renouveler sous diffe-
reiis préiexes , et même , si j'en crois les rapports
(jui m ont été faits , de les accorder sans autre
nioiit (jue de soustraire un débiteur de mauvaise
loi aux poursuites légitimes de son créancier. De
semblables abus nuiraient trop essentiellement au
commerce , pour qu'ils pussent être plus long-
tems tolérés. Je vous invile à mettre beaucoup
de ciiconspeclion dans la délivrance des sauf-
conduiis qui vous seront demandés.
Il faut d'abord que vous soyez assurés qu'il y
a nécessité d'appeler en témoignage , dans une
affaire dont vous êtes saisis , le débiteur pour-
suivi qui demande un sauf- conduit : il est
essentiel ensuite de n'accorder ce sauf-conduit
que pour le tems strictement nécessaire , à I effet
de comparaître sur la citation. Je suis informé
que des sauf-conduits ont éié délivrés pour une
et deux décadt-s , à des personnes domiciliées
dans le ressort du juge-de-paix devant lequel
elles devaiert être entendues. C'est faire un abus
liès-réprésensible de la faculté de délivrer des
sauf-conduits , et d'en fixer la durée , parce qu'il
ne faui ni deux ni une décade pour répondre
à une citation à jour fixe.
Vous ne devez pas non plus renouveller un
sauf-conduit, à moins que , par des motifs que
vous êtes tenus d'exprimer , le débiteur n'ait
réellement pas pu être entendu au jour fixé par
la première citation. Enfin la délivrance sans
motif réel d^un sauf- conduit ', -caractérise une
véritable prévaricaiion , conire laquelle je suis
disposé à provoquer toute la sévérité des lois.
Je compte assez, citoyens, sur votre dévoue-
ment à la chose pi^blique, pour croire que
vous me dispenserez de vous (îonncir de nou-
veaux avenissemens à ce sujet , et de recourir
à des mesures de rigueur que je ne prends jamais
qu à regret contre des fonctionnaires publics que
1 attachement à leurs, devoirs aurait dti seul diriger.
Salut et fraternité. Abrial.
Avis aux créanciers des émigrés du département
de la Seine. ,
La loi du 19 nivôse de l'an 7 , porte que le
bureau établi à Paris , rue Avoie , maison de
Mesmes , pour la liquidaiion des dettes des émi-
grés du département de la Seine, ne pouria con-
tinuer ses opérations au-delà du dernier jour com-
plémentaire de l'an 8 ; qu'à cette époque , il de-
meurera supprimé de plein droit , et que ses lonc-
tions seront dés-lors réunies à radministratiou du
département de la Seine ( aujourd hui la préfec-
ture de ce déi)artemenl ) qui les, terminera en se
conformant aux lois.
En conséquence , les créanciers des émigrés du
département de la Seine, sont prévenus que ,
pour 1 exécution de cette loi , tout espèce de tra-
vail public de liquidation cessera , dans le bureau
de Paris, rue Avoie , au l" fructidor prochain,
et qu'à partir de cette époque , le directeur de
ce bureau ne signera plus aucun arrêté de liqui-
dation , ne délivrera plus ni certificats de liquida-
tion , ni mandats d'arrérages , ne restituera aucun
des litres que les créanciers sont en droit de retirer,
et ne communiquera plus avec le public; Icmois
de fructidor devant être consacré tout entier au
déplacement et transport , avec le plus d'ordre
possible, de tous les titres et papiers déposés dans
le bureau de liquidation , et à leur classement
dans les bureaux de la préftclure du dépar'ement
de la Seine , situés à Paiis , place Vendôme. Ces
bureaux ne pourront être ouverts au public qu'à
compter du 8 vendémiaire prochain, et les jours
qui seront désignes par le piélet.
Les créanciers des émigrés du département de
la Seine , sont irivités à profiter du mois de ther-
midor prochain , pour retirer , soit eux-rcêmes ,
soit par leurs fondés de pouvoiis , du bureati de
la liquidaiion, rue Avoie , les certificats de liqui-
dation , mandats d arrérages et dues dont ils peu-
vent avoir besoin', ou pour presser ies liquida-
tions auxquelles ils ont dioil et qui ne sont pas)
encore terminées.
C'est le seul moyen pour euxdenepointsouffrir
des lentcXirs et de» retards Inséparables de tout
changement d administration , et de tout dépla-
cement d'une grande quantité de papiers.
Paris , le s8 messidor an 8.
5/^ne', Bergeron.
Suite de la description abrégée des principaux monu-
mens de la Haute-Egypte , présentée au premier
consul Bonaparte , par le citoyen Ripautl. I
Chaque tableau est communément composé de
trois personnages. La divinité à laquelle s'adresse
l'ofitaiide , le prêir« qui la leur présente , «t une
divinité d'un ordre inférieur, placée derrière ta
première. Leur attitude , en général , est roide
et gênée ; les artistes de ce pays ignoraient l'art
de la perspective , et ne savaient pas grouppcr
les figures. Avec tous ces défauts , les bas-reliefg-
plaisent et attachent par l'intérêt des sujets qu'ils
rétracent. D'ailleurs si l'ensemble est incorrect ,
les parties qui le composent, sont quelquefois -
d'une exécution soignée et précieuse.
Sans doute, quelques préjugés religieux nui-
saient à l'avancement des ans dans ce pays , et
comprimaient leurs progrès. Comment concevoir,
sans cela , qu'après 5 ou 6000 ans d'un exercice
soutenu dans le dessin , il ne se soit pas élevé
quelques artistes distingués , capables de prendre
un essor hardi , el d'atteindre à la perfection oii
leurs élevés sont ensuite arrivés si rapidement ?
Les lois qui les astreignaient à l'imitation scrvilc
des premières figures tracées dans l'enfance de
la monarchie et de l'art , ne s'étendaient vraisem-
blablement pas jusqu aux animaux. Aussi les re-
présentations de CCS derniers sont-elles infiniment.
supérieures aux autres.
Les t bleaux qui ornent les pala's , contribuent
auiantà marquer la différetice qui existe cnir'euK
el les temples , que la disiiibuiion même des ap-
partemens. Preîque tous consacrent des faits et
des exploiis militaires , des passages de.rivieres ,
des sièges de places fortes , des combats sur terre
et sur mer , des marches de troupes. La forme
des armes et leur nombre indiquent assez que ,
dès ce tems , les moyens de destruction étaient
aussi variés et aussi étendus qu'ils le sont de nos
jours.
Les bas-reliefs qui rétracent les triomphes du
vainqueur , suivent ceux qui représentent ses
victoires. On traîne les prisonniers en sa pré-
sence , el on compte sous ses yeux des monceaux
de mains' et de membres viiils.'Il ne fan'drait pas
se former , d'après ces tableaux , une opinion
défavorable, du caractère des égypiitcs. Les par-
ties génitales don,t on fait 1 énuméraiion , sont
celles des ennemis morts sur le champ de ba-
taille , £t réunies aux pieds, du héros comme tro-
phées de la victoire. "foUs les prisonniers con-
duits devant lui , ne paraissent point avo-r éprouvé
cette mutilation. .
On accuse les anciens égyptiens d'avoir im-
molé des hommes: des bas-reliefs, en conser-
vant le souvenir de cette barbare coutume, noiis
apprennent que c'éiaient des ennemis qu'ils im-
moraienl ainsi. Peui-être ces sculptures ne foijt-
elles que rappeler le souvenir de sacrifices faits
dans des tems antérieurs à leur civilisation.
Presque tous ies peuples, à certaines épocjues ,
n'ont-ils pas payé tribut à cet horrtbie usage?
ce crime n'est-il pas celui de l'énfaiice de la
société ?
Les morts ont partagé , avec les dieux et les rois ,
les soins et les hommages des anciens égyptiens.
La vie la plus longue d'un monarque devait lui
laisser à peine assez de tems pour creuser soa
tombeau ; aussi les sépultures des souverains de
Thèbes sont-elles ce que les efforts réunis du
travail et de la patience offrent de plijs sur-
prenant.
On ne pouvait employer à l'excavation des
grottes , qu'un nombre très-borné d'ouvriers ,
et cependant elles sont déoerées jusque dans
leurs moindres parties, de tableaux et d hyéro-
glyphes , dont les couleurs ont conservé toute leui:
fraîcheur et leur vivacité. Les figures qui n'ont
point éié coloriées ont reçu un poli égal à ce^ui
du plus beau stuc.
Les anciens Egyptiens croyaient qu'après: uiï
nombre déterminé de siècles , ils reviendraient à'
la vie , si leurs corps n'avaient éprouvé aucunei
altération dans les tombeaux ; de-là lembaume''
ment et les soins particuliers qu'ils prenaient pour
mettre les momies à l'abri cies inondations da
fleuve. Le monarque et le sujet , le riche el le;
pauvre , dans l'espérance de cette: future résur-
rection , prenaient les mêmes précautions avec-
la même sollicitude.
La chaîne lybique est percée en face de Thèbe»
d'un nombre prodigieux de grottes sépulchrales.
Les savans qui nous ont précédés en ont négli<»6
l'exauicn , et seules elles auraient été le digne'
objet d'un voyage important. L'ordre des richesse»,
a réglé 1 ortjre de leurs positions dans le flanc de;
cette, montagne ; les plus voisines du sol appar»
tenaient aux familles les plus opulentes; leur
grandeur et leurs ornemens l'indiquent ainsi :
Celles des citoyens dune fortune médiocre,
étaient creijsés à la moitié de la hauteur du rocher.
Les pa'iivrès occupaient les plus élevées; elles sont
aussi les plus intéressantes.
On y lit l1ii;.toire de la marche et deç prpgrèf
de la civilisation dans les bas - .reliefs , ou le^
peintuies à fresque , qui représentent les dlffé-
rens travaux auxquels Se livraient les incicn»
égyptiens. La chasse , ta pêche , te labourasjé', liiS
récolles, la navigation , le commerce décfîange ,
les exercices militaires, les piocédés de ceriain»
ans el métiers, les cérémonies nuptiales et func-
raiies y sont retracés en mille endroits.
Partout 0^ l'ont voit , dans la Haute-Egypte ,
KlS
Tcinplacement et les ruines d'une ville ancienne, j
on peut chercher avec ceniiude les tombeaux de
ses habitans au sein des montagnes qui l'avoi-
sineni. On peut chercher aussi dans chacun de
ces tombeaux. , l'histoire de l'égyptien qui y lut
enseveli , elle est tracée sur les murailles.
• Ces grottes servirent de premiers asyles aux
premiers hommes qui peuplèrent les bords du
î>lil. Ils en firent ensuite leur dernière demeure ,
le dé(.Gt conservateur de ces corps qui devaient
se ranimer un jour. Quelques siècles après, nos
pieux et fous anachoreites s'y ensevelirent vivans :
elles ne changèrent pas de destination.
Lorsqu'avec le siège de la monarchie , la popu-
lation descendit vers la Basse-Egypte, les rois qui
s'établirent à Memphis , pleins de l'impression de
puissance et de grandeur que le souvenir des
sépultures des souverains de Thebes laisse après
lui , dirent : égalons les travaux de nos prédéces-
seurs - faisons, pour défier le regard, ce qu'ils
ont fait pour s'y dérober et s'y soustraire, et ils
ëlevereat les pyramides.
L'amour du gigantesque , particulier aux na-
tions du Levant , enfanta les uns et les autres de
ces monumens. Les rois grecs d'Alexandrie ne
dédaignèrent pas d'imiter les premiers.
' Quand on les considère, ces teniples , ces
palais , ces tombeaux , tous ces impérissables
monumens, on se demande sous quel gouver-
nement ont-ils été élevés ? et quand on sait que
<:e fut sous celui des prêtres , on s'étonnerait que
ràuiorité sacerdotale eut jamais pu produire
«Quelque chose de grand ou de bon , si Ion ne
songeait que les égyptiens en étaient alors à ce
point de civilisation où il est difficile de n'être
pas asservi aux institutions religieuses.
Cambyse a renversé le gouvernement des prê-
tres , il a renversé les monumens qu'ils avaient
■élevés ; on voit encore les traces des coins qui
orit sépare le colosse de Memnon et brisié les
obélisques de Thebes.
Etait-ce par ignorance, était-ce par politique ?
qu importe si les résultats sont les 'mêmes. Cepen-
dant 1 intérêt de la vérité autorise cette discussion,
«Ile peut contribuer à faire deviner jusqu'où
s'étendait l'influence et le pouvoir des prêtres sur
les habitans de 1 Egypte.
Cambyse paraît avoir eu le goût des arts : il
emporta dans la Perse les sculptures précieuses
par la matière où le travail •, il emmena dans ses
îtats cette colonie d'artistes qui éleva les palais
encore subsistans de Persepolis. Il n'avait donc
d'autre but que de diminuer , d'anéantir le res-
pect des égyptiens pour leurs prêtres , en brisant
a leurs yeux les monumens qui contiibuaient à
tnlretenir cette vénération. Il punissait, sur cette
classe seule et sur les objets de son culte , les
tévoltes des citoyens ; heureux encore s'il n'eut
jamais fait couler d'autre sang que celui du bœuf
Apis.
Voltaire a mis en doute si cette action est rai-
sonnable ou folle , et il penche pour la première
opinion. Il témoigne peu d'estime pour ce qu'il
appelle la prétendue sagesse des égyptiens. Peut-
«ire a-t-il attaché une signification trop étendue
à ce mot qui semble pouvoir s'entendre , par-
ticulièrement de la science. Dans ce sens, ils ont
mérité les éloges que leur prodiguèrent les grecs.
Peut-être aussi , dans la rigoureuse acception du
même mol , n'ont-ils pas mérité la sévère critique
de Voltaire.
les égyptiens obéissant à des lois qu'ils s'étaient
^données , se conformant aux réglemens de la po-
feique qu'ils s'étaient imposée , observant les pré-
ceptes de la morale qu'ils avaient consacrée ,
oitrent dans ces trois genres de grands et esti-
mables modèles. Le plus ancien gouvernement
du inonde en fut le plus durable. Ce serait là
«ans doute un puissant argument en faveur de la
sagesse des prêtres qui dictèrent des lois accom-
modées au climat de l'Egypte , au caractère de
ces habitans , et il disposerait à l'estime pour le
peuple qui s'y soumit ayec docilité , et les suivit
avec constance, pendantunlaps de tems quiétonne
1 imagination , si une seule considération n altérait
beaucoup ce sentiment.
Les prêtres , après avoir conduit les égyptiens
à l'état de civilisation qui , en flattant leur amour
propre , favorisait leur autorité , firent pour les
teteair à ce point , des efforts égaux à ceux qu'ils"
avalent déjà employés pour leur imprimer l'élan
qui les y avait portés ; et ceux-ci persistèrent dans
leur obéissance au moment où , en accusant leur
faiblesse , elle cessait dêtre une vertu.
Si la disposition physique d'un pays , si l'in-
fluence du climat, ne sont pas applicables à
l'exarîien du caractère de tous les peuples du
globe , au moins ces causes sont-elles suffisantes
poui- expliquer celui des habitans de l'Egypte.
Gage de la fertilité de leurs terres , le Nil l'était
aussi de leur asservissement. Il garaiitissait la pos-
session du pays au conquérant qui s'était rendu
maître de son cours. Les déserts qui l'environ-
naient tefusin) aux égyptiens les moyens de se
soustraire à la servitude par l'émigration , et l'ac-
tion soutenue de la chaleur 'les condamnant à
l'inertie morale et physique , les disposaient à
une obéissance servile. Assujettis à une vie claus-
trale sous la direction de leurs prêtres . esclaves
sous les perses , sujets sous les macédoniens, ils
se soumirent ensuite avec la même docilité aux
empereurs romains et aux souverains grecs de
Coiisiantinople.
Au moment de l'invasion d'Alexandre, ils
étaient déjà bien au-dessous de leurs ancêtres, ils
avaient perdu leur caractère national. La gravité,
l'ausiérité qu'ils devaient à leur vie régulière et
monastique , devinrent , sous la tyrannie des
perses, 1 humeur sombre et morose d'un esclave
mécontent et lâche.
Ce vice de l'esprit et du caractère devait les
disposer à se jetier dans tous les travers de la
misantropie et de la superstition. Le pays ou leS
hommes se réunirent les premiers en société, fut
celui où ils songèrent les premiers à la dissoudre ,
ou tout au moins à s'en séparer à jamais.
Les bords du Nil virent les premiers moines et
les plus nombreux martyrs. Ses habitans n'avaient
plus alors que le courage des faibles : la rési-
gnation.
L'Egypte, le berceau des arts et des sciences ,
fut aussi celui des religions : le culte de ses
dieux se répandit presque sur toute la terre.
Nous retrouvons dans les bas - reliefs de ses
monumens l'origine de plusieurs cérémonies
du culte chrétien ; la représentation fidelle de
se: vases sacrés , les détails des ornemens de
ses prêtres , et les habillemens de ses moines.
De tous tems l'esprit d'intolérance a animé
les hommes qui habitèrent ce pays. L'ignorance
et la barbarie en étendirent les efi^ets jusques
sur les figures inanimées qui décoraient les an-
ciens temples. Chrétiens et musulmans , s'accor-
dant en le seul point, la destruction, mutilè-
rent à l'envi les sculptures. Les uns crurent
effacer l'image des démons en brisant les têtes
des animaux ; lès réprésentations humaines satis-
firent , en tombant , aux scrupules des autres.
Les temples des égyptiens ont été successive-
ment ceux des sectateurs de Jésus et de Maho-
met. Les figures des quatre évangélistes , dé-
corées de l'auréole , ont remplacé celles de
Cnuphis et de Phthu , d'Osiris et d'Isis. Sur les
débris de l'autel du Christ on a dans la mosquée
creusé la niche qui regarde la sacrée Kéabé.
Ces lieux saints ne sont plus maintenant que
des étables.
L'ordre des tems aurait dû amener plutôt de
dernières réflexitîns sur le caractère des égyptiens.
L historien JosepHe dit de ceux de son tems, qu'ils
n'ont ni la fermeté des macédoniens , ni la pru-
dence des grecs , et que leurs mœurs sont cor-
rompues. Amraien-Marcellin , trois siècles après
lui , nous les peint sérieux et tristes , ardens dans
tous leurs mouvemens , chicaneurs , importuns ,
solliciteurs impitoyables , assiégeant sans cesse la
cour des empereurs de réclamations pécuniaires.
)) C'est une honte chez eux, dit-il , d'avoir payé
le tribut de bonne grâce, et sans y avoir été forcés
à coups de fouet. >» Ces traits ne caractérisent-
ils pas encore lés habitans qui leur ont suc-
cédé ?
Telles sont, citoyen premier consul , les ré-
flexions premières qu'a fait naître en nous la vue
des temples , des palais , des grottes sépulchrales ,
des statues des bas-reliefs , des peintures qui en-
richissent encore la Haute-Egypte. Si elles ob-
tiennent votre suffrage , je me féliciterai, comme
membre de la commission des arts , d'avoir con-
tribué à entretenir la bienveillance et l'estime que
vous avez bien voulu témoigner à cette asso-
ciation.
En vous accompagnant , elle a contracté une
obligation importanle ; rengagement _ qu'elle a
pris avec lEurope , n'est ni moins grand , ni
moins va.<ie. Elle ne paraîtra digne du héros
qu'elle a suivi , du gouvernement puissant qui
l'a protégée, qu'autant que ses travaux ne pré-
senteront rien de faible ni de médiocre. A cet
égard , je me plais à espérer que les membres
qui la composent , auront quelque droit a l'es-
time due aux talens , après avoir mériié celle
qu'on accorde au courage et au dévoûment.
Citoyen premier consul ,
Salut et respect.
RiPAULT , bibliothécaire et membre de l'institu^
d'Egypte.
Au Rédacteur.
D'après les avis de deux hommes célèbres,
le citoyen Hédou a répété les précédés connus , je
n'en doute nullement; mais je l'engage encore
à recommencer, car beaucoup de phénomènes
lui ont échappé. A la vérité pour un premier
essai , il ne lui était guère possible devoir que
ce qui pouvait être appeiçu par Ihomirie le
moins exercé.
D'après ces expériences , il résulte que le gallate
de fer est dissoluble sans altération dans le*
acides étendus d'eau , et qu'il en est précipi-
table comme gallate insoluble , c'est-à-dire ,
avec toutes les propriétés qu'il avait auparavant
par les alkalis ; celle expérience faite sûrement
dans un verre ne prouve rien , car s'il l'avait
appliquée à l'écriiure , il aurait apperçu qu'elle
rr'est point détruite et qu'elle est toujours tiès-
lisible ; l'acide qui a servi a cette expérience
ne précipite lien par les alkalis : de plus , à sup-
poser qu'il y ait décomposition et que le fer
se dissolve dans l'acide étendu, d'eau , l'acide
gallique doit demeurer sur le papier et le
colorer.
Il saura aussi que le gallate de fer digéré dam
l'acide nitrique et sullurique, n'en est attaqué
que leritement. et que le tout filtré, donne une
belle teinture jaune etne précipite rien , pas même
par les alkalis , et que si on fait bouillir cette
liqueur dans une dissolution d'alkali fixe , elle
donne une couleur rouge comme du sang.
L acide muriatique oxigéné ne dissout pas hoa
plus le gallate de feu , et on n'en obtient aucun
précipité . ni par les alkalis , ni par les hydro-
sulfiires.Si le citoyen Hédon eut examiné l'aciioa
de l'acide muriatique oxigéné sur le gallique ," il
aurait vu que ce dernier est totalement détruit
et même brûlé , qu'il fait un dépôt noir par la
précipitation du charbon presque pur , et passe
à l'état d'acide oxalique , qu'ainsi il est impossible
de rappeler le gallate de fer, détruit par cet
agent.
Si je n'ai point répondu plutôt au fit. Hédon ,
c'est que je n'ai connu sa réplique que le li de
ce mois, je le remercie de ses conseils , et re-
grette qu'il ne veuille plus me les continuer.
GuiETAND , pharmacien à l'Hôlel-Dieu.
LIVRES DIVERS.
On trouve chez Rondonneau , au dépôt de|
lois , place du Carousel , l»-s décisions du conseil
des prises . format in-4° , édition de 1 imprimerip
de la république. L'abonnement est de 5 fr. pout
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Dissertation sur la fièvre angioténique inflamma-
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poste. A Paris , chez Richard , Caille et Ravier,
libraires, rue Hautefeuille , n°. II.
Cet ouvrage est le meilleur qui ait paru sur la
nature et le traitemenj de la fièvre inflammatoire.
L'auteur a suivi la marche analytique , et pleine-
ment embrassé l'étendue de son sujet, dont tous
les poiiits sont supérieurement bien discutés. Il
s'attache à la doctrine d'Hippocrate et de Slalhl ,
insiste sur l'observation , y rejette la pathologie
humorale et la médecine trop active. Ce qu'il dit
sur la considération du sang , dans les maladies
inflammatoires , mérite sur-tout d'être vu.
L'ïbdnnement se fait àpaiis , rue des Poitevins , n' i8. Le prix est de :3 francs pour trot* mois , 5o fraact pour 6 mois , et loo francs pour l'année entière. On ne s'abonne
qu'au commencement de chat^u.e mois.
11 tant adresser les lettres etl'itrgent , franc de port , au cit. Ag as s e, propriétaire de ce journal , me des Poitevins , n" i8. II faut comprendre dans les envois le port des
pays o(i Ton nie peut affranchir. Les lettres des départemensnoh affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , p»ur plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout «e qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue des
(Poitevins, n* «.S ^d'ïpui.'; neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 3o2.
Duodi , a therm'dor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse le Moniteur est le seul journal officiel.
I! concienc les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des années, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T É R I EUR.
ESPAGNE.
De Cadix , le i" juillet ( i 2 messidor. )
V-/n a apperçu , le s de ce mois , dans l'ouest-
-nord-ouest , deux vaisseaux de guerre anglais de
80 canons , un de 74, el un lougre.
P«ux autres vaisMaux •( une frégate de la
mlitic nation croisaient le 5 dans le nord-ouest
et à la vue de l'ennemi. Il est entré dans notre
port, ces deux jours là, quatre bâtiniens espagnols,
dont trois venaient de la partie de l'est , et le
tfuatrietne de rAmérique.
Il est arrivé ici le 8 un brigantin anglais , cap-
iluré par le corsaire le Passwan-Oglou.
Un navire espagnol venant de la Havane . et
b5 autres d'Algéziras , sous l'escorte de 3 cha-
loupes canonnières et de deux misticos , ont
mouillé, le 9 , dans la baie.
Le II , deux vaisseaux de guerre anglais croi-
saient dans le sud-sud-ouest.
Nous comptons environ 5o bâlimens nationaux
entrés ici depuis le i"^' messidor , et 6 étrangers ,
dont 3 américains et 3 suédois ; l'un de ces der-
niers est détenu par un corsaire français.
Il est sorti dans le même espace de teras , 3
navires américains , un suédois , un danois et
«deux corsaires français.
Gibraltar.
Un convoi a appareillé d'ici le 8 messidor ,
Jous l'escorte d'une frégate de 40 canons.
Les forces navales existantes en ce port à la
même date , se trouvaient composées d un vais-
seau de guerre de 74, d'une frégate de 40, de
trois autres de 36 , d'une corvette de 26 , et de
trois chaloupes canonnières.
IRLANDE.
Dublin , le 10 juillet ( 2 1 messidor. )
Suite du discours de M. Dohbs , à la chambre des
communes. {W oyez les Moniteurs des ao et 22
messidor. )
Mo'iSE , il y a près de 3ooo ans , a prédit que
les juifs seraient cxpulsésdè leur pays et se dis*
pcrseraient sur la surface du globfe ; qu'ils ha-
liiieraient par-tout , mais sans domicile nulle
jpart . et qu'ils deviendraient un objet de mépris
ei de risée pour tous les peuples. (N'en déplaise
à M. Dobbs , la prédiction de Moïse se trouve
contredite en France. ) Il y a maintenant .| conti-
nue 1 hon. membre, près de lyooansqu'iis (lesjuifs)
ônl éié chassés de la Judée par les romains, et la
prophétie de Moïse est tellement accomplie par-là,
qu'il serait impossible de tracer une histoire plus
exacte de ce peuple , en moins de mois que n'en
i employés l'écrivain hébreu. Chaque juif attend
l'arrivée du Messie dans toute sa gloire et sa puis-
sance , pour être remis en possession du pays de
ses pères ; -et comment n'y compierait-il pas avec
assurance lorsque les saintes Ecritures , déposi-
taires des propliélies relaiives à la dispersion du
peuple juif, eic. et accomplies à la lettre ,. of-
frent plus de mille passages où il est question de
la réintégration future. Je me bornerai à rapporter
à la chambre celui de ces [lassages où le prophète
s'énonce avec le plus de clarté el de précision. Il
est contenu dans le 23' chapitre de Jcrémie :
il Le teras est venu, dit le Seigneur, que je
susciterai à David une race juste , un pasteur qui
jcra sage , qui agira selon l'équité , et qui rendra
justice sur la terre. Par lui Juda sera sauvé , Is-
raël habitera en assurance , et voici le nom qu'ils
donneront à ce nouveau pasteur : le Seigneur
qui est notre justice. i> Il est donc démontré ,
M. l'orateur , d après ce passage el suivant la
croyance de tous lesjuifs, l'opinion du grand
»ir I^.•lac ( Newton ) , et celle des plus habiles
corrftticniaieurs , tous d'accord sur ce point, et
je dirai mémo des chrétiens les mieux instruits ,
que le Messie doit venir en personne sur la terre
dan» toui 1 éclat de la gloire el de la puissance.
je vais niainicnant , monsieur, rhotiver à la
chambre les taisons qui me portent à cioire que
lious louchons à cet événement. Les honorables
rtienibrcs ici piésens, se rappelleiont sans doute
qu'il est dit posiiivtratiii dans le texte sacré ,
11 que nul homme ne peut citer le jour ou l'heure
de l'arrivée 'du Messie.. ..; qu'il viendra comme
un voleur , pendant la nuit ; que ce qui se passait
sur la terre du tems de Noë , y aura heu de même
a l'époque de cet événement , ç'est-à-dire que le
Messie nous trouvera mangeant, buvant, nous
mariant , trafiquant .agiotant , etc. Les saintes écri-
tures ajoutent , que le Soleil retirant alors sa lu-
mière , nous verrons le fils de l'homme descendre
du ciel , porté majstueuseraent sur les nuages.
(Quoique celle apparition doive être soudaine,
il y a cependant des signes généraux qui nous en
annonceront l'approche. Les princi, aux sont : la
destruciion de la puissance papale et l'incrédulité
poriée à un très-haut degré. Dans le septième cha-
pitre de Daniel , la puissance papale est décrite
sous le nom d'une petite corne d'une espèce très-
extraordinaire , séievant au milieu des dix cornés
de la quatrième bête. Sir Isaac et 1ouS les plus
savans commentateurs sont d'accord que ceue
petite corne devait pns.séder le pouvoir pendant
l'espace de 1260 ans. Ensuite de quoi dit Daniel :
tt le jugement se tiendra, afin que la puissance
soit ûtée à la petite corne , qu'elle soit entièrement
détruite et qu'elle périsse pour jamais. Alors on
donnera l'étendue de l'empire de' tout ce qui est
sous le ciel au peuple des saints du très-haut :
car son royaume est un royaume éternel, auquel
toute's les puissances seront assujetties avec une
entière soumiçsion.)' Ainsi le royaume du Messie
s'élèvera à la chute de la papauté ! Qui de nous ,
maintenant , peut douter que les 1266 ans de la
puissance papale ne soient expirés depuis long-
tems , et que le jugement va se tenir, afin que '^
puissance lui soit ôlée ( à la petite corne , autre-
ment le pape ) qu'elle soit entiéremcnl détruite et
qu'elle périsse pour jamais. >i Q_ue celui qui en
doute , considéré ce qui s'est passé dans ces 20
dernières années , et qu'il dise si le Messie n'est
pas près d'arriver.
(La suite et la Jtn prochainement. )
ANGLETERRE.
Londres ,leii juillet ( <23 m-essidor.)
Article extrait d'un procès-verbnl , lu hier dans la
chambre des communes, par sir ^ïrancis Burdett
Jones ,' concernant ta maison de correction de
Cold-Bath-Fietds.
u Nous les membres du traverse-jury , étant
entrés dans une galer'e de ladite prison , avons
trouvé un homme npromé Jones étendu dans
une cellule, et ayant la tête enveloppée avec un
mouchoir. Comme il nous paraissait extrême-
ment mal , nous lui en avons demandé la cause ;
à "quoi il nous a répondu : n les cruels iraiteinens
11 q\ie l'on m'a fait éprouver. 11 Et de suite , il
nous a raconté qu'un soir du mois d'août- 1798,
comme il venait de se coucher , le guichetier
entra dans sa cellule, et lui deitianda : u Pourquoi
II faites- vous du bruit? — Je né fais point de
1) bruit, lui répondit Jones; mais j'imagine que
" celui que vous avez entendu provenait de
1) quelques prisonniers qui fermaient les volets de
11 leurs fenêtres. — Tu es un menteur, un scélérat,
II s'écria le guichetier. 11 Et sur ce , Jones s étant
levé sur son séant , il le frappa à la tête avec
un paquet de clefs , dont une partie des coups
porta heureusement sur le mur ; après quoi le
guichetier se retira. Mais étant revenu le lende-
main matin , il commanda à Joncs de le suivre,
en lui disant qu'il allait être mis aux fers. " Pour-
i> quoi donc, lui objecta Jones? je conçois que
I) si j'avais commis queUjue crime , je mériterais
II d êlre enchainé , mais je ne suis coupable
II d'aucun. Il Survint , pendant cette altercation,
le gouverneur, qui , après avoir rompu sa canne
sur le corps de Jones , finit de, l'assommer à coups
de poing; il le saisit ensuite pv '*''••• • elle
chargea de fers , que Jones a conservés pendant
plusieurs mois; lequel dit Jones nous a déclaré,
sous serment , qu'il n'avait jamais joui d'une
heure de santé depuis ce barbare traitement, m
— Quelle que soit la décision du parlement et
du pouvoir exécutif, relativement à la question
de la paix ou de la guerre , il est impoitant de
considérer si les ministres actuels sont capables
de conduire celle-ci avec gloire et avantage pour
ce pays. Qui de leurs partisans osera soutenir
qu'ils ont Tait preuve de quelques talens dans
l'emploi des forces nationales mises jusqu'ici à
leur disposition? Il ne suffit pas , lorsque les
circonstances requierenl de l'énergie et de l'ha-
bileté , de savoir régir des bureaux.
(entrait du Morning-Chronicle. j
I N T E R I EU R.
Tête du Quatorze-Juillet. — ' zS'niessidar, an 8.
Colonnes dé-partementales;"
Département de l'Oise.^- Le cit. Cambry, p/ejct.,
La coloime départementale de IQise , a été
posée le 25 messidor an 8 ; de l'estrade préparée
pour la'fëie , en présence d'un peuple nombreuse
et de tous les corps constitués , le préfet a pro-
noncé un discours terminé par ces mots :
it Chantez tant de héros dont les ombres heu-
reuses errent autour de Vous , fiers de votre
bonheur et de la paix qu'ils ont conquise. Ne
craignez pas que Joubcrt , que Desaix, que ce
fameijx Latour- d'Auvergne , ne craignez point
que l'ombre de vos fils trouble vos chants , vos
jeux patriotiques ; les faibles pleurent un moment
d'existence , que le héros donne gaïment à sa
patrie. Séchez vos larmes , et posez avec moi la
pier.-e qui doit immortaliser nos guerriers. Quand
les siècles auront fait disparaître de nombreuses
générations , quand l'orgueil et la vanité , quand
les jouissances de la fortune , quand toutes les
futUilés du jour auront passé comme l'éclair, la
voix reconnaissante de la postérité célébrera le
nom' de vos entans , on se rassemblera sous -le
chêne , sous les peupliers qui doivent ombrager
leur brillant obélisque , pour y chanter l'hymne
des héros , pour lire sur ce monument auguste ,
Il Ils- moururent pour la patrie dans une guerre
légitime. II
Le citoyen Legrand, architecte , connu par ses
talens et son érudition, a placé sur l'esirade une
boîie de cèdre , dans laquelle le préfet a déposé
une plaque de bronze avec cette inscription :
AuK héros morts pour ta Patrie dans la guerre
Bonaparte , premier consul , vainqueur à Maringo ,
donnait le bonheur à la France.
Moreau pénétrait dans te cœur de ta Germanie.'
Nous pleurions Desaiit
et Latour-d' Auvergne , le premier grenadier de France.
Qamhacérès et Lebrun , consuls ,
Lucien Bonaparte , ministre de rintérieur,
Cambry , prejet de l'Oise, posa celte pierre , '■,
le ai messidor an 8, par arrêté des consuls ,
du 29 ventôse an S.
Il a placé dans la même boîte des monnaies
de l'année , une médaille de Marc-Aurele , trou-
vée dans les environs de Vandeuil ; une médaille
de Constantin , trouvée dans les environs de
Senlis; une médaille des vieux gaulois, trouvée
dans les débiis de la tour de Montepilloy. Après
avoir vérifié quelle était la position , l'assiette , la
nature de la pierre qui devait la renfermer , le
piéfet a déposé cette boile enveloppée de lames
de plomb soudées dans la rainure préparée et
pleine d un charbon en poudre , qui défendra
le plomb de faction combinée de l'air et de
l'humidité ( l ).
(l) On a joint à ces objets quelques produits
chimiques renfermés dans des tubes scellés
hermétiquement , avec leurs caractères et des
notes explicatives.
Dans le premier est du muriate suroxigéné de
potasse, sel découvert par BerthoUet , et qui
essayé à Essonne pour la fabrication de la pou-
dre , fit dans le moment où on le triiurait avec
du charbon , une explosion terrible , ei donna
la mort à quelques personnes. Ce sel détonne
( comme on le sait ) avec toutes les substances
combustibles, lorsqu'il est mêlé avec e'Ies dans des
proportions convenables. Il sera curieux et inté-
ressant pour les hommes qui cultiveront la chimie,
d'examiner et de reconnaître quels changemens la
privation de lumière , l'action de l'air ei de l'eau
qu'il lient toujours en dissolution, auront pu
opérer sur ce sel, et s'il aura perdu sa piopiiclé
déionnanie.
Le second produit est du sulfure de mercure
cristallisé.
Le peu d'air contenu dans le tube, aidé 4e l'ac-
tion lente et successive des tems , le fera peut- '
êlre passer à l'étal de sulfite ou de sulfate , ou
même la réaction des priucipcs pourra dont^èt
12l8
Celte opération terminée , la garde nationale
a délilé devant le préfet , les maires , adjoints et
]es corps conslil^s du dépanennent.
Le reste du jour et la huit se sont écoulés dans
la joie. Les discours du peuple , ses chansons ,
attestaient son enthousiasme pour les vainqueurs
de l'Italie et de 1 Allemagne , et son dévouement
»u. grand homme qui combattit à Maringo pour
Ja gloire de la république et le repos du monde.
Département du Rhâni. — Le cit. Verniuac , préfet.
Le Quatorze-Juillet a été célébré ici avec une
réunion de sentimens qu'on n'y avait pas vue
depuis long-tems. Le préfet a posé , ce jour-là ,
sur la place des Terreaux . la première pierre de
la colonne départementale , entouré de louics les
autorités , et au milieu d'un concours immense.
La colonne était figurée en charpente , et peinte:
d'après les beaux plans et dessins que le citoyen
Chinard proposa pour son exécution définitive.
Sur la base de la colonne, le citoyen Gilibert,
professeur de l'école centrale , a prononcé un
discours analogue à la circonstance. Une hymne ,
en l'honneur des braves du département morts
sur le champ de bataille , composée par Bérenger,
et mise en musique par Jadin , a été chantée par
ies artistes du grand théâtre. Un pugilat ,
une lutte , un combat à armes blanches ,
tels que ceux qui avaient lieu dans l'antiquité,
aux funérailles des héros , ont été exécutés au
pied de la colonne , par les artistes de ballets du
grand théâtre. Une médaille , frappée pour con-
server la mémoire de la fondation de la colonne ,
a été dîstfibuée. Elle porte d'un côié :
Il sera élevé
Dans, chaque département
Une colonne
A la mémoire des braves du département.
Morts pour la déjtnse de la Patrie et de la Liberté.
Arrêté du- 29 venlôst an 8 de la république.
Consuls :
jBONAPARTU , CAMBACÉItÈS , LeBRUN.
Ministre de iiniérieur :
Lucien Bonaparte.
De l'autre côté , elle représente la Renommée,
sonnant de la trompette. Sur un drapeau attaché
à la trompette , on lit :
Aux BRAVES DU DÉPARTEMENT DU RhÔNB.
Au bas oh lit ,
"Préjet, 'Verninac.
a 5 messidor an 8.
ta place était couverte de monde , les maisons
étaient toutes remplies jusqu'aux toits.
La promenade des tilleuls, voisine de la place
Bonaparte, a été illuminée. Des orchestres ont
été dressés pour Mes danses. Un feu d'artihce a
a été tiré sur le pont de pierre de la Saône.
Lt préfet des Basses-Pyrénées , au rédacteur. — Pau ,
le i3 messidor, an 8 de la république française ,
une et indivisible.
Je vous prie , citoyen , d'insérer dans votre
feuille l'avis ci-joint, que j'ai déjà transmis au
ministre de l'intérieur. Guinebaud.
Le préfet des Basses-Pyrénées prévient les pro-
fesseurs et hommes de lettres , que la chaire de
législatio-n à l'école centrale établie à Pau , reste
vacante par la mort du citoyen Brun , ancien
professeur.
Ceux qui désireront obtenir cette place , vou-
dront bien envoyer' au préfet , pour le l5 ther-
luidor, an certificat de bonnes moeurs, visé par
le préfet de leur département , et y joindre , s'il»
le jugent à propos , quelque ouvrage dont l'uliliié
puisse décider eu leur faveur le jury. J'instruirai
les concurrens du succès de leur demande.
Paris , le i" messidor.
La gazette de la cour de Vienne annonce que
M. de Mêlas a divisé son armée en trois corps ,
dont un couvre le Tyrol méridional ; le plus nom-
breux a pris position à 'Villafranca, et le troisième
campe le long du Pô.
•-—La feuille Nantaise annonce , d'après une
lettre , datée de Ncw-'i'oi k , dans les Etats-Unis ,
du 8 mai iSoo , que les anglais ont répandu à la
Martinique plus de 3 millions de fausse monnaie ,
en portugaises, piastres, gourdes et sous marqués.
lieu à une combinaison nouvelle que nous ne
pouvons gueres préjuger.
On a joint aux deux autres du carbonate de
cuivre en poudre , et une pyriie ferrugineuse.
On placera sur le pied-d'estal de la colonne
une multitude de produits des arts ; ils pourront
apprendre à la postérité quel était leur état au
commeot^rnem du 18° siècle.
— Les nouvelles de Pise, rapportées par le Publi-
cisle et la Gazette de France, annoncent encore de
Qouvellcs persécutions , de nouvelles vexations
des autrichiens envers les habiians des parties de
l'Italie qu'ils occupent encore , pour accélérer
en Toscane la levée en masse ; on promet à ceux
qui prendront les armes le pillage des maisons
des patriotes. On vient de condamner à la réclu-
sion ceux qui avaient été condamnés précédem-
ment à l'exil. On a arrêté le citoyen M.iscaj^ni ,
l'un des plus célèbres anatomisies de 1 Europe,
qui avait été mis en liberté pour raison de sanié ,
et le citoyen Slop , astronome de l'université.
Les reproches qu'on leur fait à tous deux, sont
de 5 êtie rendus aux invitations de quelques agens
français.
— Le 28 prairial , on a vu à Copenhague un
phénomène extraordinaire depuis une'heure jus-
qu'à deux heures rei'demie. de l'après-midi ; iin
anneau blanc d'un degré et demi de largeur et
de 80 degrés de diamètre traversa le soleil ; un
autre anneau "qui avait les couleurs de l'iris ,
encadrait cet astre. Au-dessus de ce cercle , à cinq
degrés environ, on appercevait deux autres glo-
bes de feu qu'on prenait pour deux autres soleils ;
ils étaient séparés par des cercles imparfaitement
colorés. M. Bugge , astronome , a publié des ob-
servations à ce sujet ; i| pense que ce phénomène
ne pourra avoiraucune influence sur l'état de l'air'
ou du tems.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Aunomdupeupleprançais.
Brevet d'honneur pour le citoyen Wadeleux.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la conduite
distinguée et de la bravoure éclatante du cit. Wade-
leux, capitaine-aide-de-camp du général Lecourbe .
à l'affaire'qui a eu lieu à Hochstet , le 3o prairial
an 8 , au succès de laquelle il contribua efficace-
ment en retenant les troupes françaises au poste
important de Schveningen et en se précipitant
ensuite , malgré le feu de l'ariillcrie le plus sour
tenu , au milieu d'une colonne ennemie , oii il
alla saisir le commandant , et le ramena prison-
nier aux acclamations des compagnons de sa
valeur ,
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un sabre d'honneur.
11 jouira des prérogatives attachées à Isdite
récompense par llarrêlé du 4 nivôse an 8. '
Donné à jPaïas le ri 'inessidor , an 8 de la répu-
blique française.
Le premier tensul; signé, Bonapart^.
Par le premier icorjsul ,
Le secrétaire-d'élat , signé, H. B. Maret.
Le ministr-f de la guerre, signé , Carnot.
Arrêté dft i" thermidor an 8.
Les consuls de .la république arrêtent :
Art. !"■. Il sera frappé une médaille pour éter-
niser l'entrée des français à Munich , et la con-
quête de toute la Bavière par l'armée du Rhin.
IL Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d étal , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république arrêtent :
Art. \". Le sabré de Latour-d'Auvergne , pre-
mier grenadier de l'armée, sera suspendu dans
le temple de Mars.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté
Le premier consul , Signe , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d état , signe. H._B. Maret.
laires,, l'octidi de chaque décade, le soir depuis
7 heures jusqu à 9 ; et pour l'audience publique ,
le nonidi de chaque décade , le malin , depuis
une heurejusqu'à 3.
PREFECTURE DE POLICE.
Du 23 messidor.
Le préfet informé des abus qui se commettetw
dans la vente du lait;
Considérant que celte denrée étant d'un usage
presque universel , et sur-tout d'une nécessité in-
dispensable pour les.enfans , il importe d en assu-
rer la sanité et la fidélité dans la distribution, et
p.ir conséquent de faire revivre les dispositions
des anciens réglerai^ns de police relatifs à ce
genre de commerce ; qu'il importe également
cTobliger tous ceux qui s y livrent ,- de se servir
.eXclusiveriie'nf des nouvelles mesures de capacité ,
ordonna :
Art. P'. Il est défendu à toutes personnes ven-
dant du lait, d'en déposer, sous tel prétexte que
ce soit, dans des vaisseauxde cuivre , à peine^de
confiscation et de 3oo francs d'amende. (Décla-
ration du i3juin 1777, art. 1".)
II. 11 est pareillement défendu d'exposer en
venté du lait, aigre , écrémé, mélangé avec. 4c
l'eau , de la farine ou des jaunes d'oeufs tl autr«8
corps étrangers, à peine de 200 francs d'amende
pour chaqtie contravention. (Ordonnance du g»
avril 1742 , art. III.)
m. Les marchands de lait sont tenus de se
servir des mesures nouvelles et légales, à peine
d être poursuivis conlorméroent à la loi du pre-
mier vendémiaire an 4.
IV. Il sera fait l'insiiection la plus exacte chez
les nourrisseurs de vaches et tous autres fcsant lé
I commerce du lait.
j II sera fait de semblables visites au sujet des
I l.iilieies qui vendent dans les places publiques et
I dans les rues.
V. Il sera pris envers les contrevenans aux dis-
positions ci-dessus, telles mesures de police
I administrative qu'il appartiendra. Ils seron^t ea
outre poursuivis conformément à la déclaration
1 du .i3 juin 1777 , à l'ordonnance du ao avril
I 1742, à la loi du 1" vendémiaire an 4 , et autre»
j qui leur serent applicables.,
I VI. La présente ordonnance sera imprimée ,
publiée et affichée par-tout cii besoin sera.- Elle
sera envoyée aux aulQriiés qui doiverit en con-
naître, aux commissaires de poliç£ et aux pré-
posés de la préfecture , pouf que cliacuii en cé
qui les concerne , tienne exactement la main à
son exécution. • . , .
Le préfet de police , signé, Dubois. ■
Pour expédition conforme ,
Le secrétaire- général adjoint. Fauve.
Avis.
Les citoyen» sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être, adressées directement aux
ministres que ces demandes çorïçernent.
Les adresser àox consuls,, c'est en retarder de
plusieurs jours lexamen ; et c'est le faire sans
aucun avantage-peur le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ces
objets.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Ordre du ministre de la guerre , du i" thermidor.
Le ministre a décidé que le pubfic sera reçu
dans les bureaux , pour les renseignemens qu'il a
besoin d'y prendre , les cinq et neuf de chaque
décade seulement, de deux à quatre heures.
§CT II n'est rign changé aux jours et aux heures
des audiences du ministre , qui continueront
d'avair Heu , pour les autQriiés civiles et mili-
Lf préfet de police a fait artêter plusieurs indi-
vidus inscrits sur la liste des émigrés qui étaient
à Paris sans autorisation. Ces individus seront
conduits aux frontières de brigade en brigade ;
et s'ils rentrent sur le territoire ue la république ,
les lois en feront justice.
(Nous publions un mémoire sur la marine,
qu'un citoyen vient _de nous adresser. Nous in-
sérerons également tout ce que l'on nous enverra
en réponse aux assertions que renferme ce mé-
moire. )
La marine anglaise ayant toujours l'avantage
sur la marine française , il faut que la tacliqiie
de celle-ci renferme ou quelques erreurs dans les
principes , ou quelques fautes dans l'application.
Quelle est donc la cause de la supériorité de la
marine anglaise dans le combat sur la marine
française ?
Pour résoudre cette question , il faut obser\'er
que la supériorité d'une marine , dans le combat ,
consiste 1° dans les meilleurs vaisseaux ; 2° dans
la plus grande connaissance de la tactique na-
vale de ses officiers; 3° dans un meilleur usage
de son artillerie.
Les vaisseaux français sont reconnus de toutes
les natioiis pour être les meilleurs voiliers ; les
anglais même en conviennent en se servant des
prises faites sur les français préférablement à leurs
propres vaisseaux, quoiquils en ayent plus qu'ils
n'en peuvent employer.
L'Angleterre n'a produit qu'un seul auteur qui
ait écrit sur la tactique navale , lequel n'était
point un homme de mer : toutes leurs connais-
sances à ce sujet , excepté cet ouvrage qui est
méprisé des marins , sont nécessairement tirées
des ouvrages français. Les officiers anglais doi-
vent-ils donc mieux connaître la tactique navale
que les officiers français ?
On dit qu'ils sont meilleurs marins que les.
français; ceci ne peut être ni prouvé ni refuté
:par des faits ou des démonstrations : par con-,
séquent , on restera indécis à cet égard, parce
qu il y aura loujours des individus qui soutien-
dront le pour et contre. J'observerai donc seu-
lement, queréglerlesmouvemcns particuliersd'un
vaisseau , n'élant que la partie mécanique du
mener de marin , la pratique seule donne le
pouvoir de l'appliquer machinalement aux cir-
constances. Au reste , l'on verra par la suite de
cet écrit , que le résultat des combats de cette
guerre n'en a nullement dépendu.
D après les faits que l'on vient d'exposer, la
iupérioriié de la marine anglaise . dans le combat,
■ sur la marine françuibe , ne consisie ni dans les
meilleurs vaisseaux , ni dans la plus grande con-
naissance de la lactique navale de ses officiers;
elle doit donc consister dans le meilleur usage de
son artillerie.
Pour s'en assurer, il faut examiner quels sontles
«ffeis qui doivent résulter de h manière de diriger
J'ariillerie employée dans ces deux marines.
Les français dirii;ent leurs canons aux mâtures ,
ce qui comprend tout ce qui est au-dessus du
corps du vaisseau. Les trois quarts de cet espace
fyrment unvvide. desorte que les trois quarts des
boulets que 1 on nre se perdent en l'air.
D après l'élévation vague que l'on donne aux
canons lorsqu'on lire aux mâtures , les boulets
qui atteignent les mâts , les frappent nécessaire-
ment l'es uns an-dessus des autres , et l'expérience
prouve que cinquante coups que reçoit un mil
de cette manière, ne le rompent pas ; car , quoi-
qu'ils l'abîment pour l'avenir , le vaisseau n'est
pas démâté dans le combat.
Les vergues sont moins exposées que ne les
sont les mâts , vu la manière oblique dont elles
se préseiileat ordinairement à I ennemi.
Les endommagemens faits aux cordages ne
sont pas diSSciles à réparer, sur-tout dans une
ligne d'où 1 ennemi ne peut sortir pour profiter
de cet avantage momentané.
Malgré la grande quantité de boulets qui
traversent les voiles, elles servent presque tou-
jours jusqu'à la fin du combat.
Il semble c^'après les résultats de cette ma-
nière de diriger les canons, que ion ne doit
point démâter les vaisseaux , et que le dom-
mage que Ion fait aux vergues , aux cordages
et aux voiles n'est pas de "la f>lus grande ira-
jioriance. Ainsi il est évident que lorsqu'on ne
tire qu'aux matures , on ne doit pas couler bas
les vaisseaux, démonter les canons, tuer ni
blesser beaucoup de monde ; d'où il suit que
l'équipage de son ennemi étant si peu exposé,
ta valeur , sa force , et par cofuéqiient la vivacité
de son feu ne doivent point s'affaiblir.
Les anglais dirigent leurs canons toujours diU
corps du vaisseau. C'est ainsi que l'on doit par-
venir à donner des coups de boulets à fleur d'eau ,
à démonter les canons , à tuer et blesser du
monde. Dans le premier cas , l'on est forcé de
tirer une partie de l'équipage des batteries pour
le service des pompes , et rien ne fatigue et ne
désespère autant : quand on craint de couler bas .
on n'est guère disposé à se battre. Les canons
démontés ne peuvent alors être remplacés. Le car-
nage qui se fait dans 1 équipage en diminue le
nombre , et répand la terreur et 1 épouvante parmi
les survivans , de manière que kur courage , leur
force , et par conséquent la vivacité de leur feu doi-
vent se rallentir.
Lorsqu'on dirige les canons au corps du vais-
seau . les boulets qui passent au-dessus doivent
paiser presque à la mime hauteur, de sorte que ceux
qui atteignent les mâts les frappent tous à-peu-près
au même endroit. C'est précisément ce qui doit endom-
mager tfn mât assez pour qu'il tombe.
Il paraît résulter des raisonnemens ci-dessus ,
que la manière dont les anglais dirigent leurs
canons, doit produire de meilleurs effets que
celle qu'emploient Us français, et que la supétio-
rilé. de la marine anglaise , dans le combat ,
consiste dans un meilleur usage de son artil-
lerie , c'est-à-dire , dans la manière de la diriger.
Les faits qui ont eu lieu à cet égard dans les
rrincipaux combats de cette guerre , viennent à
appui de ces raisonnemens. Au i"juin 1794,
les anglais avaient deux vaisseaux dcmâiés de
leurs mâts, les français en avaient onze. Au combat
du Nil , les piemicts en avaient un , et les autres
en avaient six.
Les vaisseaux anglais démâtés furent précisément
ceux qui perdirent le plus de monde. On pourrait
ajouter bien d'autres faits pareils ; mais ils sont
sr connus qu il est inutile d'éntrerici'dans de plus
grands détails.
Pour faire sentir davantage la vérité des raison-
nemens précédens et l'utilité de leur application ,
examinons la conduite des amiraux anglais dans
le» combats , afin de voir s'ils ont cherché par la
finesse de la manœuvre , les avantages des posi-
tions , etc. ou s ils ont compté sur la manière de
diriger leur artillerie.
Au I" juin 1794, l'amiral Howe étant au vent
des français qui l'attendaient , fit à sa flotte le
signal que chacjuc vaisseau manoeuvrât de ma-
nière à attaquer son adversaire dans la ligne
ennemie. Se croyant sûr de I3 victoire , il ajouta
iculemcnt à ce signal un autre qui avertissait de
1219
passer sous le vent des français , afin de leur
rendre , après la défaite , la retraite plus difficile.
L'amiral Duncan , au combat du Texel , a agi
absolument de même que Howe ; se croyant
comme lui sûr du succès , il passa sous le vent
des hollandais pour les empêcher , après le com-
bat , de se retirer dans leurs ports, qui étaient
sous le vent. ■
Lorsqu'on est au vent , comme dans les deux
cas précédens , et qu'au lieu de profiter des avan-
tages que cette position peut donner , on ne
cherche au contraire qu'à opposer vaisseau à
vaisseau ,il esta présumer qu'on se lie à la manière
de diiigcr son artillerie.
L amiral Nelson n'a pas attaqué la ligne fran-
çaise en entier; mais pourquoi ne l'a-l-il pas fait?
c'est que son ennemi , étant à l'ancre , lui per-
mettait d'employer tous ses vaisseaux contre une
partie des siens , parce que larriere-garde fran-
ç.iise , par sa position et le vciît^i. ne pouvait
être que spectateur de la destructioride son avant-
garde et de son centre. ■, ■
On peut opposer à la tactique ordinaire des
anglais ce que l'amiral Rodney a fait le i« avril
1782 < et l'amiral fiowe le 29 mai 1794; mnis il
faut examiner pourquoi ils se sont conduits
ainsi.
Le 12 avril 1785 , l'escadre française avait
l'avantage du vent , et marchant mieux que
l'escadre anglaise , se tenait à une distance qui
ne convenait pas à la tactique des anglais.
Rodney s'est vu obligé à traverser leur ligne
pour les forcera se battre de près. La conduite
des français l'a fait réussir.
Le 29 mai 1794 , les français avaient aussi
le vent des anglais , et comme ils ne se mon-
traient pas disposés à venir assez près pour
engager une affaire décisive , l'amiral Howe ,
pour les y forcer , a essayé de Wiiverser leur
ligne. Cette manœuvre ne lui a pas réussi. On
sait dans quelle conlusion sa flotte s'est trouvée
et ce que l'amiral français aurait pu faire alors.
On doit supposer par la conduite des français,
dans le combat , que leur intention n est que
de désemparer les vaisseaux anglais , afin d'éviter
une affaire décisive ; et ils ont tellement cette
habitude , qu'au combat du Nil où presque
tous les vaisseaux étaient à l'ancre ils l'ont pres-
que conservée.
Le vaisseau de tête de la ligne anglaise , au-
quel s'est rendu un vaisseau français, et qu a
mis à la voile le lendemain matin , pour
empêcher la fuite de d'eux vaisseaux et des deux
frégates (rançaises qui se sont sauy-ées , et dont
il a reçu le' feu en passaiM , n'^a eu cependant
^û'un hoinme de tué et _^quelque~s blessés. Le
second vaisseau de tête de la 'Jigne anglaise n'a
eu que deux hommes tués , quoiqu un vaisseau
français se soit rendu à lui seul. On pourrait ci-
ter d'auties exemples semblables.
Pour se convaincre davantage die l'utilité de
tuer du monde à son ennemi plutôt que de dé-
semparer son vaisseau , on n'a qu à lire les rap-
ports officiels des capitaines anglais pris , pour
voir que c'est toujours la perte de monde qui
les a forcés à se rendre. Si la suprématie de
la marine anglaise ne tient pas à la manière de
diriger son artillerie , quelle en estdonc la cause ?
Pourquoi les défaites continuelles qu'éprouvent
leurs ennemis, ne sont-ellts jamais interrompues
par les chances de la guerre ? Les français ont
réduit la tactique navale à un système. Les anglais
se passent de 1 étudier. Ils n'ont pas même une
école pour la marine. La facilité avec laquislle
ils triomphent de leurs ennemis Jeur a fait né-
gliger l'étude d'une théorie sûrement' nécessaire
pour savoir bien pratiquer ce qu'elle enseigne.
On dira, peut-être , que les vaisseaux anglais
ont de meilleurs marins et en plus grand nombie
que les vaisseaux français ; ,mais dans un combat,
il y a un certain nombre choisi pour faire les ma-
nœuvres. Les autres font le service des batteries,
et un marin n'y est pas plus propte qu un autre
homme. Les fiançais ont des canonniers , les
anglais n'en ont point. Les marins anglais sont-ils
plus braves que les marins français ? Ils doivent
l'être , si la bravoure consiste en grande partie
dans la confiance qu'on a en ses moyens et
dans le peu de dangers que l'on croit courir.
Aussi l'habitude qu ils ont de vaincre, les fait
entrer au combat avec un enthousiasme et un
courage que des hommesaccoummés à des revers
et à des pertes considérables , ne peuvent avoir.
Les soldats anglais ressemblent il^ aux matelots ?
Non , les troupes françaises sont pour eux ce
que les marins anglais sont pour ceux de la
France, et par les mêmes raisons.
Il semble , d'après ces nouvelles observations,
que la supériorité de la marine anglaise consiste
dans la manière de diriger ses canons , et que la
bonté de ses officiers et de ses marins dans te com-
bat , n'en est que la conséquence nécessaire.
Si l'on employait contre cette marine ses pro-
pres moyens de vainvre , elle ne serait pas toujours
le principal soutien d'un gouvernement , qui est
le plus grand obstacle at4 triotaphe de la cause
de la liberté-
Mémoire du citoyen Cassini y- membre de rinslitut
national et de la société d'agriculture de Beauvais «
sur la meilleure organisation d'une société d'agri-
culture.
Si l'agriculture est, comme on ne peut le nier,
le plus ancien des ans et la plus utile de toute»
les sciences , comment se peut-il que le besoin »
l'élude et l'expérience de tous les siècles qui
nous ont précédés , ne l'ayent point encore ame-
née au degré de perfection dont elle est sus-
ceptible.
Nous ne nous occuperons point à traiter ici
lane question qui tient à l'histoire générale de
l'esprit humain , et qui serait digne d'une discus-
sion profonde et philosophique. Nous nous en
tiendrons uniquement au lait ; et en convenanç.
que cet art si ancien est encore malheureusement,
chez nous dans une espèce d'enfance . noua
chercherons les moyens de réparer les désastreux
effets de l'apathie et Je l'insouciance de nos
pères, pour cette agricultiiie que leurs premier»
besoins devaient leur fiire regarder comme le
plus précieux , le plus important de tous les arts,
mais que forgueil et d'autres besoins factices ont
presque reculée au dernier rang.
Tant que les progrès de l'agriculture seront
abandonnés à la leiue expérience des tems , aux
seules lumières et aux faibles moyens de cette
classe d hommes dont la sitnplicité de mœurs et
de vues circonscrit: les besoins, borne les jouis-
sances et lç3 idées de perfection , il est bien cer-
tain que la marche de ces progrès deviendra sta-
lionnaire , du moment où ils auront acquis un
certain niveau. L habitude, la routine , les préju-
gés, l'éloignement pour les nouveautés, enfin,
l'avarice et lignorance formeront une enveloppe
que rien ne pourra percer, et qui s'opposera
éternellement au développement des anciennes
connai.'^sances. C'est ce qui a lieu depuis si long-
teriis , et dans tant de contrées diverses.
D un autre côté , si nous n'attendons les pro-
grès de l'agriculture que des efforts île ces esprits
méditatifs , ûe ces calculateurs profonds, de ces
hommes à système qui , établissant dans leur ca-
binet de grandes généralités, fondant de belles
théories , prétendent soumettre la nature aux
règles et aux caprices de leur, imagination , plus
ardens à la deviner qu'à 1 étudier , nous ne man-
(luerons pas alors de beaux traités , de savantes
préfaces, de grands discours et de longs mé-
moires ; mais nous n'aurons pas un épi de plus.
L agriculteur , homme simple , niais de bon sens,,
tiouvant quelquefois les grands principts en dé-
faut , et de belles théories démenties par la pra-
tique , n'en deviendra que plus incrédule et
ne s'en tiendra que plus en garde contre toute
doctrine bonne ou mauvaise, 4ès lors qu'elle, sera
nouvelle,
Il est une vérité à laquelle , peut-être , on n'a pas
fait assez d'attention. L'agriculture est , de tous
les arts , celui dont les préceptes généraux sont
les plus simples , les moins nombreux ; ils sont
n faciles à retenir, qu à peine est-il nécessaire de
les rédiger par écrit et d'en publier des élémens.
Mais de même que les irrégularités et les excep- '
lions aux règles générales , rendent certaines
langues très-difficiles , de sorte que ce n'est que
par un grand usage , et dans le pays même où on
les parle , qu on peut les apprendre à fond et se
les rendre familières; de même aussi l'agticulture ,
par les irrégularités et les exceptions des localités ,
ne peut être bien étudiée ci pratiquée que sur le
sol même où elle doit s'exercer. Qjie servirait à
un champenois un traité d'agricultuie fait pour la
Beauce ? Or, faudra-t-il un ouvrage pour chique
arrondissement de 20 lieues de diamètre ? G.ir-
dons-nous en bien. Mais, au lieu d un volume
de préceptes, fcsons un bon cours d'expériences
bien dirigées , bien raisonnées . bien faites , et
nous deviendrons d'excellens agriculteurs. Car ,
en agriculture, comme dans bien d'autres arts f
il vaut beaucoup mieux pratiquer que dogma-
tiser ; il faut beaucoup plus agir que parler.
C'est dans cet esprit, sur ces principes, que
nous proposerons de fonder une société d agri-
culture , dont l'occupation et les fonctions seront
moins de composer des mémoires, que de suivre
Un cours d'observations , d'indiquer , d'encou-
rager et de diriger des expériences utiles. Com-
posons cette société de tous les élémens propre»
à remplir notre but et à concourir le plus direc-
tetaertl. possible au succè» de l'établissement. Que
la masse des membres de notre association reu-
nisse à-la-fois les trois grands moyens pour réussir
en agriculture; la théorie,, la pratique et la ri-
chesse. Que le laboureur , 1 homme instruit et le
riche propriétaire y apportent le tribut de leurs
facultés etd un secours mutuel. Mais que cesecour»
soit réel et agissant. Les sociétés d'agricultuie se
sont fort multipliées depuis vingt ans ; mais dans
plusieurs , les membres se montrent souvent beau-
coup plus flattés de leur titre , que jaloux de
leurs fonctions. De là le peu d'utilité de ce»
établisscrtens pour la science , et le peu de coh-
sidcratioD que le public, loujours juste , leurs
accordé.
Que le nôtre se montre plus occupé de son
but. Il deviendra précieux à l'agriculture rt
12«0
recommandable à nos concitoyens , si l'on y voit le
laboureur et l'homme instruit animés de la même
ardeur, faire un échange mutuel de leurs con-
naissances dans la praliiiue et dans la théorie ; si
on les voit s'éclairer réciproquement, s'écouler
avec complaisance , déférer entre eux à de sages
avis , peser des objections solides , céder de
feonne foi à la conviction du raisonnement et de
l'expérience; tandis que , de son côté , ie riche
propriétaire offrira ses grands moyens , et ne
craindra ni sacrifices, ni dépenses, pour laire
des essais utiles, pour vérifier des expériences
intéressantes , et pour tenter ou assurer d'heu-
reuses, découvertes.
A celte réunion de moyens, à ce parfait ac-
cord dans leur emploi , ajoutons ce qui peut seul
assurer le succès de nos efforts. C'est l'esprit de
lîiétliode , c'est l'exactitude , c'est la pl^éclsion et
la patieiice , soit dans les opérations , soit dans les
obseivaiions. Lorsque l'on consulte la nature,
lorsque l'on fait une expérience , rien de plus
facile que de se tromper. Il ne suffit pas d'avoir
des yeux pour bien voir ; le talent de l'observa-
tion est plus rare que l'on ne pense. Un résultat
unique ne suffit pas, un fait isolé n'apprend rien.
On lie saurait trop varier ses essais, trop répéter
ses expériences. On manque les résultats , on
arrive à de fausses conséquences , si l'on se presse
trop , ou de fcjeier, ou d'admettre , ou de con-
cluie. En agriculture , une foule de causes, d'in-
cidens, de dépendances, de rapports et de cir-
constances, doivent fixer l'attention ctles regards
du cultivateur observateur; il n'en faut négliger
aucun , tout doit entrer en ligne de compie.
D'après ces réRexions générales , auxquelles on
en pourrait ajouter beaucoup d'autres , on saisira
faciltynent les molifs et l'esprit de lorganisaiion
que nous allons proposer telle , et que nous ju-
•geons devoir établir, comme la plus propre à
remplir la véritable destination d'une société
d AgricuUure. En voici I idée générale qui sera
entièrement développée dans le projet de règle-
ment qui terminera ce mémoire.
La société serait composée de trois sortes de
membrei qui réuniraient les trois grands moyens
dont nous avons parlé ci-essus. Le département
serait divisé en plusieurs arrondisemens , pour
mieux partager et activer notre travail, pour le
régler sur les loc-tlités. Chaque arrondissement
serait présidé par un homme instruit , propriétaire
aisé, et sur-tout de bonne volonté, à qui serait
confié la surveillance sur tout ce qui a rapport
à l'a^ficuliure , au commerce et aux arts , et qui
sérail chargé d'envoyer tous les trois mois à la
Cependant le directoire, par son arrêté du
12 ventôse an 5 , a déclaré de bonne prise " tO:Ut
navire américain qui n'aurait pas à bord un rôle
d'équipage, tel qu'il est prescrit par le modèle
annexe au traiié du 6 février 1778. dont l'exécmion
est ordonnée par les articles XXV et XXVli du
même traité. "
Conformément à cette jurisprudence , quel-
ques navires américains ont été condamries
comme de bonne prisé et en ont rappelé aux
conseils.
Mais on ne saurait douter que l'intention du
traité de 1778 ne fut point de soumettre les na-
vires américains à la formalilé du rôle d'équipage
indiquée dans le modèle de passeport ; car la
France , en le fesant , a eu 1 iiiteniion de traiter
la nouvelle république comme alliée et amie ,
ainsi qu'il Vésulie du texte même de ce traiié.
D'ailleurs l'application du règlement du 21
octobre 17^4 qui prescrit le rôle d'équipage à
bord , ayaiit dès avant l'époque du traité de
1778 , doniié lieu à des quesiions sur son ap-
plicaiion à des prises neuires , on n'aurait point
manqué pour prévenir de semblables difficultés
d'en stipuler la maintenue avec les américains,
si c'eût été l'intention des contractans.
L'omission de cette condition pour constater
la neutralité, paraît, donc ifaolivé et à dessin
dans le traité de 17/8.
Quoiqu'il en soit de cette opinion, il n'en résulte
pas moins qu'il existe une contradiction maniteste
entre le texte même du traité et le renvoi à la
formule du passeport annexée à la fin de ce
même traité.
En effet, voici comme elle est conçue :
u à tous ceux qui ces présentes verront, soit
notoire que faculté et permission est accordée
à qu'après que son navire a été visité,
il a pièié serment et a remis une liste signée
et confirmée par témoins contenant les noms
stirnoms , les lieux de naissance des personnes
composant 1 équipage de son navire , etc. "
Cette liste ou rôle d'équipage que la jurispru-
dence du directoire établit comme pièce de bord
par l'arrêté du5' ventôse , n'étant point exigée par
le texte du traité , quoique requise anx teimes des
réglemens d'octobre 1744 etjuillet 177S, laissera
subsister une éternelle discordauce dans la ma-
nière d'administrer les lois sur les prises améri-
caines , si par une dscision pérerapioire ou ne
prononce à cet égard.
11 serait donc à désirer qne cet objet fût pris
corisidération , et qu'a tout évéuemcnt, on
ces coniradiçùons qui deviennent si souvent fu-
nestes aux çômmçtçans pendant les hostilités
maritimes. Peochet.
Au rédacteur.
iociéié d'agriculture , des tableaux raisonnes de j prévînt , dans les traités éventuels avec nos alliés,
tous les objets de son ressort, et contenant sur- ... ■ , .
tout les résultats d'un cours réglé d'observations
xnéiéorologiques , qui introduira dans l'agriculture
la méthode et l'exactitude des physiciens et des
bons observateurs. Par-là, nous nous enrichirons
d'une niasse de faits , et nous établirons une ac-
tivité de travail qui rendra incontestable et per-
pétuelle l'utilité de notre établissement.
Tel est du moins notre objet, tels sontnos vœux
dans tout ce que nous venons de proposer.
Puissions-nous les avoir remplis ! Toutefois nous
croirons avoir fait quelque chose , si en exposant
nos idées , nous en fesons naître de meilleures ,
que nous accueillerons avec transport ; *t si nous
donnons lieu dès cet instant à cette communica-
tion de lumières , à cet échange d'avis , à cette
émulation d'effoits qui font ie charme et le succès
d'une association de vrais citoyens et de bons
«spriis, qui ne sont animés que du bien public,
-ei qui ne se réunissent que pour se rendre utiles
à leur patrie.
J. D. Cassini.
Observations sur le traité du 6 février it; S.
Aux termes du traité de commerce et d'amitié
«ntre la France et les Etats-Unis, du 6 février 1778.
traité qui fait la base du droit maritime entre les
deuxnations , il est stipulé (art. ï5 et 37 ) n qu'afin
d'écarter et de prévenir de part et d'autre toutes
dissentions et querelles , il a été convenu que
dans le cas où l'une des deux parties se trouve-
rait en guerre , les vaisseaux et bâlimens appar-
tenans aux sujets de l'une d'elles , devront être
Bourvus de lettres de mer ou passeport , lequel
aasseport devra être expédié selon le modèle an-
nexé au présent traité. >) . '
Il est de plus ajouté que dans les cas où les-
dits vaisseaux seraient chargés en marchandises ,
ils devront être également pourvus , en outre le
passeport, de certificats concernant le détail de
la cargaison.
Il paraît donc ; d'après ce texte du traité ,
<juun passeport légalement expédié, et une pièce
détaillant la nature et l'espèce de la cargaison ,
doivent suffire pour établir la neutralité d'un
navire américain et empêcher qu'il ne soit dé-
claré de bonne prise.
Je vous adresse, citoyen, une notice sur le
contre-amiral Perrèe ; l'amitié qui m'unissait à lui
m'a mis à portée de le bien connaître : c'est avec
la plus exacte vérité que je retracerai les princi-
paux traits de sa vie.
Emmanuel Pepèe, né à Saint-Valery-sur-Somme,
en 1762 , d'un père ancien et respectable marin,
se livra dès sa première jeunesse à la naviga-
tion marchande, et il y obtint constamment les
plus heureux succès.
Ayant long-tems parcouru les mers du Nord,
il eut peu de moyens de perfectionner son édu-
cation ; mais la nature y avait suppléé, il avait
reçu d'elle un: jugement sain, un coup-d œil
siir, et il savait, ce qui est essentiel au marin,
prendre un parti prompt.
Personne n'était plus propre à activer les ar-
memens d'une division et à la bien manœuvrer :
jamais , de son aveu même , il n'avait eu la
prétention de commander des escadres , mais
bien i'avant-garde d'une armée. S'il n'avait été
moissonné à la fleur de lâge , il eût pu devenir
un jour célèbre dans les fastes de la marine ;
néanmoins les services importans qu'il a rendus
à son pays depuis le commencement de cette
guerre , les prises considérables (i) qu'il a faites ,
la discipline qu'il sut maintenir à bord des bâti-
mens , et un désintéressement digne de remarque
de se distinguer et de servir utilement sa patrie s
il a battu et détruit compleitement la llotille des
manieloucks, et a beaucoup contribué aux succès
de l'armée d'Egypte.
Ce service signalé lui mérita une récompense
honorable; Bonaparte lu! fit présent d un sabre
sur lequel était écrit d'un côté : Bataille de
Cherebiiiss ; et de l'autre , DoNNÉ par le
GÉNÉRAL BONAI'ARTE..
Avec une faible division il a poiic ensuite de
puissans secours à l'armée qui assiéi^eait Sauit-
Jean-d'Acie , et il a croisé pendant 42 jours sur
la côte de Syrie , entre dçux divisions ennemies,
bien supérieures en lolces.
Il se rendait en France , lorsqu'il fut arrêté
presqu'au port par une flotte anglaise , le 3o prai-,
rial an 7, après en, avoir été chaisé pendant vingt-
huit heures.
C est de ce moment que la fortune a cessé de
lui être favorable.
Au mois de frimaire suivant, 1j gouvernement
lui confia là mission importante et difficile de
ravitailler Malte ; retardé long-tems par des vents
contraires , il part enfin pour sa destination sur
le vaisseau le Généreux : il déliuit dans sa traversée
plusieurs bâlimens ennemis : il touchait au succès
de cette ex^jédition délicate, lorsqu'il fut assailli,
le 29 pluviôse , par des forces irrésistibles. Après
avoir sauvé , en leur donnant le signal de virer
de bord , 3 corvettes qui fcsaient partie de sa
division , et dont la prise eût éié inévitable , il
veut se frayer seul un passage entre quatre vais-
seaux anglais , et se jeter dans Malte dont il
n'était plus qu à 10 lieues. Il commence le combat
avecintrépidiié, donne sesordres avec sang-froid,
encourage les matelots et les soldats : il est
d abord blessé à l'œil gauche d'un éclat de bois;
ce nest rien, mes amis, dit Perrée ! Il levenait '
d'observer de la galerie les mouvemens de l'en-
nemi , et ordonnait une manœuvre habile , lors-
qu'un boulet lui coupe la cuisse droite...... 11
expire peu de tcms après, et ses dernières paroles
sont pour sa patrie et son épouse.
L'amitié ne voulut pas souffrir que ce brave
officier n'eût que les flots pour sépulture ; quoi-
que prisonniers et prêts d'être jettes sur une terr«
ennemie , ses compagnons conservèrent précieu-
sement son corps , qui fut inhumé à Syracuse
le 2 ventôse, dans l'église des dominicains, dite
Sainte Lucie , avec les formes religieuses , aux
acccns d'une musique funèbre. On ne put obtenir
des anglais ni du gouvernent de Syracuse , qu«
les honneurs militaires lui fussent rendus. Soi»
écharpe et son armure ont été confiées au chef du
couvent, pour être suspendues au-dessus de sa
tombe, placée à gauche de l'autel , à l'opposile
de celle d'un général napolitain.
La douleur recueillie des français dans une
circonstance aussi louchante , leur respect pour
le lieu où ils étaient, parurent étonner beaij-,
coup les syracusains qui assistaient en foule à
cette cérémonie.
Puissent les cendres du contre-amiral Perrée
être respectées à jamais par les habitans d une île
jadis célèbre, et qui produisit elle-même tant
d'hommes illustres ! les navigateurs français qui
la fréquenteront un jour, aimeront à visiter la
tombe de cet estimable marin, et à rendre un
juste hommage à, la bravoure malheureuse.
Puissé-je moi-même , par ce fidèle et dernier
témoignage d'amitié , apporter quelque consola-
tion à son épouse et à sa famille. V...
COURS DU CHANCE.
bourse du 1" thermidor. — Effets publics.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes
Livourne
Bâle.
pair.
57|
>87i
itp.
Effets_ publics.
rendront toujpurs sa mémoire précieuse à ses.l jjgj,te provisgire.." . . . .". ss fr. 38
concitoyens ; ses vertus privées la rendront égà- t xiers consolidé 3ï fr. 88 Ci
lemehf -chère à ses amis ; humain , sensible, obli- [ B(j[js deux tiers ' fr- 5o c.
géant , d'un caractère très - vif , mais loyal et
généreux ; tel l'ont toujours vu ceux qui ont
vécu et navigué avec lui.
L'Océan et la Méditerranée ont été successi-
vement le théâtre de ses heureuses campagnes.
C'est sur-tout sur le Nil qu'il lui était réservé
(i) Elles se montent à 164, et l'on peut dire qu'il
est un des officiers de marine qui ont causé le
plus de dommage au commerce anglais.
Bons d'arréragé !<8 ''■ 5o
Bons pour l'an 8 . 84 fr. 75 c.
Syndicat 66 fr. 7$ c.
Coupures 67 fr. 25 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
LOTERIE NATIONALE,
Tirage du l" prairial.
66. 67. 16. 41. 80.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriéntire dt» Moniteur , rvie des Poitevins , n' i3.
f^^^-^f
.2ETJE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^
N" 3o3.
tridi , 3 thermidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse le Moniteur esc le suai journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'iHtérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
PORTUGAL.
Lisbonne , le 2 juillet ( ï3 messidor. )
JLiA nouvelle s'était répandue ici depuis deux
jours , qu'un corsaire français avait pénétré jus-
qûes dans Paco-d'Arcos , mouillage situé à l'entrée
de ce port , où nombre de bâtimens anglais chargés
de colon en attendaient plusieurs autres de la
mênne nalîon , pour se réunir en convoi et se
rendre en Angleterre , et que ce corsaire ayant
coupé les cables du plus grand de ces bâiimens ,
l'avait pris et emmené. La confirmation de cette
nouvelle a eu lieu aujourdbui à la bourse.
Le gouvernement prend depuis quelques jours
des précalions qui sembleraient indiquer qu'il craint
un débarquement. lia fait distribuer , par inter-
valle , sur toute l'étendue de nos côtes , des pi-
quets de troupes , chugés d'entretenir et d'allu-
mer de nuit des feux , pour servir de signaux
au besoin. Il a également ordonné que tout por-
tugais possédant un fonds de 240 mille reis ou
l5oo francs , se munirait d'un fusil , et l'aurait en
tout tems chez lui , avec seize cartouches à balles.
Les autres habitans sont tenus de se pourvoir
chacun d'une pique ou d'une hallebarde.
Il est sorti un vaisseau de 74 du bassin de
l'arsenal , après y avoir été refondu entièrement.
Le Saint - Antoine , un autre de nos bâtimens de
74, vient d'y êtreintroduit pourlamêrat opération..
ALLEMAGNE.
Ratis bonne , le ig messidor.
Au lieu d'établir de l'extrémité de son aîle
droite à l'extrémité de son aîle gauche une
ligne non interrompus ; le général Kray a
partagé son armée en plusieurs corps qui com-
muniquent cependant entre eux. Le plus con-
sidérable placé entre le Danube et l'Inn observe
les mouvemens de l'armée française. Le corps
de Klenau fort de quelques mille hommes, est
destiné à entretenir la communication entre
les iroui.es de Starray et le gros de l'armée.
Le général Kray a eu successivement son quartier-
général à Landshul , Langenpreysig', Esdingen,
Hohenlinden ; enfin , le 17 , il était à Haagcfi.
L'aîlé gauche des français inquiète vivement" le
pays aux environs de Ratisbonne. Le quartier-
général du prince Ferdinand était le 17 au soir,
sur le point de quitter Landshut , la correspon-
dance entre Ratisbonne et Esgoisbach était
alors interceptée. Les français sont toujours à
Munich ils occupent aussi Ab<tch , Neustadt ,
Kellheim , etc.
Augsbourg, le ig messidor.
Quatre cent quarante charriots de transport
autrichiens qui étaient arrivés dans ce pays ,
ont été pris par les français à Lauingen.
Nous avons ici environ 1,100 prisonniers au-
trichiens et plus de 1000 blessés. Les français
çais convalescens prennent la route de la Bavière.
— Le corps de troupes légères , sous le général
Mier , s'est montré aux environs de Dillingen ,
Donawert et Nordlingen , mais il s'est aussitôt
leiirè. — ^On assure que le comte Dietrichstein
est employé à l'armée 'de Kray comme, major-
général.
Les mouvemens de l'armée française ont oc-
casioné de grands changemens dans la résidence
de beaucoup de prit^ces d Allemagne : l'électeur
de \layence est à 'Wurzbourg , celui de Trcves
à Dresde , celui de Cologne à 'Vienne , celui
de Bavierre à Waldsassen ; lévê-juc d Elchstadt
ie trouve à .Anspach , celui de Spiie à Bamberg,
celui de Constance à Elfurt ; le duc de Wir-
temberg s'est fixé à Eilangen , etc.
Un voyageur du Nord , de la plus haute
importance, est arrivé à Hambourg et a con-
tinué sa route vers Berlin. On soupçonne que
c'est le roi de Suéde. ( E)ttrait du Strasburger
Weltbole.)
INTÉRIEUR.
Louvain , 24 messidor.
Le conseil municipal de Louvain vient de
donner un exi-mple de vrai patriotisme , que
nuus nous cmprcssont de citer. .
Le canal de cette ville exigeait des réparations
indispensables ; la commune manquait absolu-
ment de moyens pour y pourvoir. Après une
courte délibération, le conseil municipal a trouvé
dans le dévoûment de quelques-uns de ses mem-
bres , une ressource également honorable pour
les citoyens qui l'ofiieni et la ville qui l'accepte.
Ces respectables magistrats mettent, sans aucun
inlérêi , à la disposition du maire , une très-forte
somme , remboursable sur une partie des revenus
communaux , et applicable sur le champ aux répa-
rations urgentes du canal. ( Gautte dt Liège , sg
messidor. ]
Paris , le $ thermidor.
Le général Saint-Julien est arrivé hier à Paris,
venant de Vienne ; il a passé par Milan ; il était
accompagné d'un aide - dé ^ camp du général
Massena. Il est chargé , de là part de S. M. I em-
pereur , de régler avec le gouvernement français
les conditions d'un armistice général , et de
s'entendre sur différentes circonstances survenues
dans l'exécution de la convention de Maringo.
— Le conseil-général du département de la Seine
a tenu sa piemiere séance le 1°' thermidor. Le
cit. Anson , ex-consiituant , a clé nommé prési-
dent , et ie cit. Quatremere - Q;iincy , ex-législa-
teur , secrétaire.
. — Le citoyen Français annonce qu'on a publié
à Florence , le 8 messidor , une proclamation du
grand-duc de toscane ^ datée de 'Vienne. Par
celle proclamation , le grand - duc , du consen-
tement de 1 empereur , supprime le sénat de Flo-
rence , et crée à la place une régence qui aura les
mêmes pouvoirs. i> L objet est de concentrer
lautorité , et de rendre plus efficaces les mesures
que les circonstances présentes rendront néces
saires pour la Toscane. )i
— Les journaux allemands ne donnent plus au
prince Charles le commjndemeut de l'armée de
réserve autiichienne , doit on annonce la fornia
tion à Biaunau ; ils meuel^.à la lêie de celte armée
le général Alvinzy , qui perdit en l'an 5 , la
bataille de Rivoli, contre Bonaparte.
— Nicolas Holleville , musicien de son état ,
domicilié à G>enobte , département de l'Iseie,
originaiie de Paris , s est brûlé la cervelle. On
'ignore d'autant. plus les motifs de cet atte de
I désespoir , qu il a laissé 8o louij en or , trois^
1 momies du même métal , et beaucoup d'autres
effets précieux. ( Extrait dts ajfichts dt Grenoble ,
du î8 messidor, j
ACTES. DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du s g messidor.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête :
Art. I". Le chef de brigade Bessieres est nommé
général de brigade , ccmmandant en second la
garde des consuls , et spécialement attaché à la
cavalerie.
II. Le citoyen Oldoner, chef de brigade du
10° de chasseurs , est nommé chef de brigade
commandant la garde à cheval des consuls.
III. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera imprimé.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du i""^ thermidor. ■
Les consuls de ht république arrêtent :
Art. I". Le citoyen QafFarelli, conseiller-d'état ,
est nommé préfet maritime à Brest.
Le citoyen Vence , contre-amiral , est nommé
préfet maritime à Toulon.
Redon, conseiller^détat , ptéfet maritime à
à l'Orient.
I Martin , conirc-amiral , ptéfet maritime à Ro*
f. chefort.
Nielly , contre-amiral , préfet maritime à An*
vers.
Berlin , ordonnateur , préfet maritime au
Havre.
II. Le ministre de la marine est chargé de rexéctl"
tion du présent arrêté.
Signé, ÈONAPARTE
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le corsaire /a Vengeance, de Boulogne, capi-
taine Lefort, à capturé , à un demi myriamèire
au nord de l'île d Aurigny , un sloop anglais
chargé de farine pour Gueinesey et nommé le
Bacchus. Cette prise est entrée à Cherbourg.
Au rédacteur.
Cologne , ce «6 messidor an 8.
Citoyen, votre intéressant journal forme les
archives de l'histoire , et vous y rtcueillez par-
ticulièrement ce qui a trait à l'esprit du tems :
je pense donc que vous accorderez peui-êire
une place à quelques lignes qui caratérisent une
ville qui jusqu'ici a été trop peu connue en
France, et sOuS tous les rapports mérite de fixer
l'attentioii de l'observateur. Je veux parler de
la ville de Cologne. Cette ciié , iniéressante
par sa position , son commerce et sa popula-
tion , a éié jusqu'ici accusée , et non sans raison
peut-être , d'une espèce d'indifférentisme ou d'a-
version même pour le gouvernement français.
L'ascendant des personnes aitacliées à 1 ancienne
constitution de la ville , ses malheurs essuyés
pendant la guerre ranéaniissement de son com-
merce, provenant pa'.^.: '!'é: '-Tient d'un système
de douanes peu adapté aux ioL.iiié,'. , semblaient
expliquer celle disposiiion. Mais cefe cité vient
de doniiei , à Joccasion de la fête d hici , ues
preuves bien touchantes , de ce qu'elle sera un
jour si la réunion de la rive gauche du. Rhin
est prononcée, si la paix vient ramener dans
son sein le bonheur qui a fui loin d elle , si
un gouvernement éclairé ei juste s'intéresse à
son sort en s'occupant de ses besoins locaux.
Jusqu'ici les fêies nationales avaient éiè sans phy-
sionomie et sans intérêt , c'étaient des représen-
tairons froides , où les fonctionnaires et les sala-
liés de la république figuraient seuls ; la réjouis-
sance publique h y était pas; le peuple ne s'y
montrait jfoint ; ceux ijui y paraissaient n étaient
mus que par celle curiosité qui se plaii plutôt
à censurer qu'à se réjouir. Tout-à-coup I espé-
rance enflamme les cœuis dès citoyens , et ils
déploient un caiaciere qu on ne leur avait pas
connu jusqu alors. Hier , au défaut de militaires ,
6oo habitans de la ville prennent les armes et
escortent le coriege. Ils sont de toutes les classes ,
de tout âge; leur bonne tenue, l'ensemble de
leurs évolutions , la précision de leurs décharges
fait croire qu ils sont d'anciens militaires ; ce-
pendant ils ne s'étaient exercés que depuis quel-
que» jours. L'espérance et la confiance dans le
gouvernement leur donne du zèle ; le plus bel
élan les dirige , et la concorde la plus parfaite
les unit. Pour la première fois , on vit là un
esprit public, et Ion se crut reporté dans le»
beaux jours de 89, où tous les français unis de
cœuretd'ame pourlebien, présentaient uneseule
famille. L'affluence du peuple était prodigieuse,
le bon ordre parfait , la joie générale. Quoique
la fête fût disposée avec goût , et exécuiee avec
intelligence, je ne vous parle ni des inscrip-
tions, ni des emblèmes, ni des discours qui-
s'y sont distingués ; car ce qui y brillait le plut
c'était la réunion des cœurs.
Ou ne doit pas oublier de rendre justice au
zèle et à la sagesse de la municipalité qui a sii
saisir tomes les occasions pour faire n.utie dans
ses concitoyens ces heuicuses disposiiioiiS qui
aulorisent aux, plus belles espérances poui la
sujie; et quand même elle n'exisieia plu», on
lui devra touj urs le témoignage li avoir pro-
voqué les pieuiieics éliacellcs du plut pur pa-
trie litme. F-
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T R I B U N A T.
Présidence de Jard-Panvilliers
SÉANCE DU 2 THERMIDOR.
OiV procède au reaouvellement du bureau.
Moreau est élu président. Les secrétaires sont :
Andrieux , Challan , Gouilay et Desrenaudes.
Chnllan. La commission que vous avez chargée
de vous rendre compie de la pétition préseniée
le l6 messidor , p.ir laquelle plusieurs habilaiis de
Saint-Cloud proposèrent d'offrir au héros que la
nation a placé à la lête de son gouvernement ,
la jouissance du châicau situé dans celle com-
mune , et d'unir cette habitation à la dignité du
premier consul ^ croit devoir, avant toute autre
observation, vous faire connaître les dispositions
des lois existâmes qui , déjà , les mettent à la dis-
position da gouvernement.
Le décret du i6 floréal an 2 , porte textuelle-
ment Il que les châteaux de Versailles , Sainl-
51 Cloud et quelques autres ne seront point
» vtndus , mais entretenus aux frais de la répu-
î) blique , pour servir aux jouissances du peuple ,
5> ou former des éiablissemens utiles à l'agricul-
»> ture et aux arts. ))
Celui du 3. nivôse an 4 , ordonne , il est vrai ,
la vente de Saini-Cloud ; mais loin de recevoir
son exécution, il donna lieu à de vives técla-
malions.
Un messaee du 17 ventôse de la même année ,
exposa que ces vastes domaines sur lesquels les
p;iniculiers d'une fortune médiocre ne sauraient
jeter les yeux , seraient la proie de compagnies
qui, seules, pourraient les acheter ; et , comme
elles seraient sans concurrence, on serait obligé
«Je les leur livrer à vil prix : et il conclud à ce
que, les forêts exceptées , le choix puisse se
porter sur tout le reste, afin de vendre et livrer
ïur le champ à chaque citoyen ce qui serait à sa
convenance.
Le décret du 10 adoptant les motifs du mes-
sage , rapporta la loi du 3 nivôse , qui avait or-
donné la vente ; et unissant tous ces domaines
pour servir de gage , il laissa au gouvernement le
choix des objets à vendre. D'après celte autori-
sation , le gouverneinent a toujours rejette les
ïoumissfons , même partielles , tendantes à l'alié-
aation ; et si un instant ce domaine fut loué
pour y établir des jeux gymniques , bientôt le
défaut de paiement fit renoncer à celte opéra-
tion financière.
Un moiif plus puissant encore déterminait à
agir ainsi. Le château de Saint-Cloud est situé
dans un parc vaste et planté ; lui-même -est en-
clavé dans des bois , dont la masse eu de beau-
coup supérieure à la quotité fixée pour que
l'aliénation en soit permise ; doit il résulte que
ïes démembrer eût été contrevenir aux lois fores-
tières ; et si, pour éviter ce mal, on eût isolé
l'habitation , c'eût été de fait la condamner à la
démolition ; syslênae vandale dont les effets sont
trop connus pour qu'il soit besoin de le com-
battre.
Ces considérations avaient déterminé votre com-
mission, le jour même que vous l'avez nommée,
à vous proposer le renvoi au gouvernement.
Depuis , le premier consul ayant témoigné le
désir de conférer avec la commission sur un objet
qui paraissait lui être personnel ; elle accepta celte
conférence avec la même franchise qu'elle luî
était offerte. Le premier consul y déclara ti qu'il
»» n'accepterait rien de la part du peuple pendant
>« le tems de sa magistrature , ni un an après qu'il
)» aurait cessé ses fonctions ; et que si plus tard
>» on croyait devoir lui appliquer l'article de la
>) constitution qui décerne des récompenses aux
)) guerriers qui ont rendu des services signalés à
il la républi(jue , alors il accepterait avec recon-
>» naissance les bienfaits du peuple.
»5 Que son projet , d'ailleurs , élail de proposer
»> au corps-'égislalif de décerner des récompenses
f> aux guerriers qui se sont le plus distingués par
it leurs hauts faits et leur désintéressemeni ; que
j» c'élail un moyen sûr d étouffer tous les germes
»> de corruption et de régénérer la morale pu-
»» blique. >>
Celle déclaration franche du premier consul
lient lieu de tout ce que votre commission au-
tait pu vous dire sur Ihomraage personnel . et
die ne peut qu'ajouter aux motifs du renvoi.
Ce ne sera donc que lorsque l'on présentera
au corps législatif le budjet de l'an g que l'on
examinera s'il est possible de réaliser un projet
digne d'an grande nation qui , par l'éclat dont
elle environne ses magistrats , imprime le res-
pect et manifeste sa puissance , ei de consacrer
quelques fonds pour les dépennes d'ameublc-
tnent et de réparation ; sans doute le gouver-
nement présentera à cet égard des vues sages
et économiques. Jusques-là votre commission ,
composée des tribuns Gallois, Fabre , Arnould ,
Thiessé et moi , est d'avis que toute discussion
serait anticipée , et que l'adresse des habiians de
Saint-Cloud doit être renvoyée au gouvernement;
c'en ce qu'elle vous propose à 1 unanimité.
1223
Le tribunal adopte la proposition de sa com-
mission.
' Jtan-Uebrp Tribuns , vous avez chargé une
commission de vous faire un rapport Sur la pro-
position émise à cette tribune d'honorer la mé-
moire du brave Latour-d Auvurgne mort au
combat d Uutcrliausen. Ce sont ses réflexions
et ses vues que je viens vous présenter.
Sous un régime que nous ne reverrons plus ,
le descendant du grand Turenne eût dû p. son
nom des témoignages honorifiques qu'on aurait
relusés à' son mérite s'il eût été séparé du pré-
jugé de la naissance. Sous le règne de l'égalité ,
1 éclat des vertus, l'importance des services oiu
seuls droit à la reconnaissance des républicains ,
et s'ils se rappellent que plus d'un grand homme
éait compté dans telle famille , c'est lorsque les
descendans n'en ont point dégénéré. C'est aux
venus que vous rendez hommage en ce mo-
ment; et demander un rapport particulier sur la
personne d'un guerrier distingué , c'élait déjà
déposer sur sa tombe la marque d honneur due
à ses services. Le tribunal est l'organe de la lia-
lion ; il ne parle que dans la conviction que c est
le vœu de la nation qu'il exprime. Qjjand nn
gouvernement juste appréciateur du laient , a
cru devoir créer un liire nouveau pour celui
qui les mérita, el les refusa tous, vous n'avez
point à craindre de paiîlre exagérer l'expres-
sion de vos regrets el le iribut de voire estimes
Déjà l'on vous a parlé des titres de gloire mi-
litaire qu'avait Lalour - d'Auvergne , suivant le
besoin el le danger , soldat et général. L'amitié,
recucillantavec iidélilé ses dernières et précieuses
paroles , nous a rendus en quelque sorte présens
à son testament de mort. Voire commission n'a
pas pensé qu'elle dût affaiblir ces impressions en
cherchant à les renouveler; elle a cru que la
meilleure manière d honorer un héros qui n'existe
plus , était , non pas de relever chacune de ses
actions pour en faire l'éloge , mais de tirer de
sa conduite des leçons et des exemples qui
puissent lui créer des successeurs. Un ancien (i)
disait qu'un citoyen qui meurt pour son pays ,
le sert plus en un jour qu il n'a pu le desservir
pendant toute sa vie t que dire donc de celui
dont les études continuelles se rapportaient à
i utiliié publique, et qui ,s'oubliant chaque jourde
S.1 vie, les a consacrées toutes à sa patrie ? Nous
publierons qu il avait connu le prin-cipe du véri-
table héro'isme : philosophe dans les catiips , ses
; connaissances lui avaient déraonlré l'excellence
d'une insiitulion libre ; il combattait sans relâche
comme sans ostentation , pour l'établir. Que ceux
qui , depuis l'ouverture des états-généraux jus-
qu'à nos jours , ne voient qu'un long crime de
douze ans , noJS expliquent comment il se fait
que les noms le plus généralement respectés
soient demeurés fiileles à la cause de ta liberté :
c'est parce qu ils avaient la conviction de la jus-
tice ; c e«t p.iice que , malgré les dangers et les
malheurs , ils n'envisageaient que le oui de la
sainte entreprise de 1789, et qu'ils s'attachaient
d'aulani plus à son succès , qu'ils souffraient da-
vantage pour l'obtenir.
Tout en gémissant , tout en versant des larmes
sur les excès dont la révolution fut la cause ou
le prétexte , ces hommes éclairés ne mirent point
en question s'il fallait étouffer les lumières et
rentrer dans les ténèbres des préjugés ; ils savaient
que, blessé par la liberté , le despotisme qui peut
revenir sur elle , est une bêle féroce, impitoyable
et qui ne connaît plus de bornes. Ils devançaient
le jugement des siècles à venir; et ne séparant
point du tableau des excès qui ont souillé la ré-
volution, la série des attentats de toute espèce
qui l'avaient amenée ; ils pensaient que , dans la
révolution , le mal était non-seulement hors de
la chose , mais contre son objet; tandis que sous
la monarchie , les abus en France composaient
l'insiitulion elle-même. Le trône , en effet , ce
trône qui s «'t écroulé autant sous sa propre cadu-
cité que sous le poids de 1 indignation populaire ,
existait par les vexations , les privilèges , les bas-
tilles. Après sa chute , au contraire , lorsque les
intrigues ourdies par l'étranger allumèrent les
factions , ce fut pour la détruire qu'il tenta de
corrompre la liberté ; et loin que les crimes des
factions l'aient servi , ils faillirent engloutir avec
elles tout ce que le 14 juillet créa de grand et de
sublime. Ces amis de I humanité, si terribles dans
les batailles , si compatissans après la victoire ,
et qui connaissaient si bien l'objet pour lequel
ils s étaient armés , croit-on qu ils demeurassent
indifférens aux calamités de l'iniétieuf ? Non ,
certes, mais quand leur générosité pouvait par-
donner à la résistance , ils ne réservaient point
leur haine pour I inexpérience ; ils savaient trop
que lorsqu'une impulsion prolonde , générale,
pénétiant toutes les parties et toutes les dimen-
sions du corps politique , a été donnée à une
masse de 3o millions d individus , il n était point
au pouvoir de quelques fraciions inapperçues
d'en arrêter l'explosion. Enfin , quand même ils
auraieniiiégligé ces considéiations , appelés à par-
tager liiiiiiieiise héritage de g oire conquis parla
(i) Peciclès , éloge des guerrier».
république , auraient-ils jamais pu consenlir qu«
l'on donnât sur les époques célèbres où ils avaient
figuré , la préférence à ces tcnis désastreux qui
piécéderent la révolution ; tems où des ministies
vendus conduisaient d'ignominie en ignominie le
peuple qu'ils enchaînaient, où une cour perverse,
qui n'était connue en Europe que par ses débor-
deraens etsoncnliere déconsidération? Au défaut
même de sentimens libéraux , un juste orgueil
suffirait pour repousser cet odieux parallèle.
Tels sont , tlibiins , n'en doutez pas , les moti's
de cette constance magnanime que les obstacles ,
les revers , les malheurs , les perséculioiis . U
mon même n'ont pu vaincre. Ils ont conduit
Laiour-d'Aureigne et Forti sur les hauteurs d Un-
lerhausen ; ils animaient aux champs de Maiingo
Desaix mourant , les yeux fixés sur la postérité.
C'est donc , comme nous \ous le disions à l'ins-
tant , honorer la mémoire de Ces guerriers intré-
pides que développer les principes vertueux qui
servirent de base à leurs aclions ; c'est leur don-
ner une récompense digne d eux que les offrir
comme des modèles à ceux que l'amour de la
patrie enflamme , et c'est à la fois servir nos des-
cendans que ptéparer à Ihisioire une règle sûre
pour les juger. Inflexible mais impartiale , si elle
parle des malheurs el des crimes qui ont marqué
dans cette carrière orageuse , qu'elle présente
aussi sous leur vrai jour les grands actes civils
ou militaires qui l'ont illustrée ; qu'elle désigne
les écueils , mais qu elle fasse connaître tout le
courage manifesté dans la traversée. La stabilité
de notre république nous commande de ne rien
négliger pour que ce but soit atieint ; car quel
motif d'émulation ou d espoir resterait - il à la
probité, à la vertu, au désintéressement, au
patriotisme , si 1 on n'avait à envisager que des
périls pendant la vie , et l'opprobre au-delà du
tombeau ?
Un homme ferme qui sent la dignité de son
être , et qui a médité quelque peu sur le bonheur
des nations , ne conçoit pas de paix possible sans
liberté , car il n'appelle point paix , ce qui ren-
ferme en soi l'excès des maux que la guerre
entraîne , je veux dire, la servitude; il s'arme
donc ou pour défendre ou pour conquérir cette
liberté. Un militaire instruit, sensible , qui a dé-
ploré les suites horribles des combats, ne conçoit
pas de liberté sans la paix , il n'est armé que pour
l'obtenir. C est sous ce double rapport que l'his-
toire présentera , avec tant d'autres , Lalour-d'Au-
vergne ; et comme guerrier el comme philoso-
phe , sa vie et sa mort auront servi à l'affermis-
sement du gouvernement républicain , à la con-
quête de la paix. Désirant concourir à vos vues ,
tribuns , votre commission vous aurait présenté
un projet appuyé sur ces considérations ; mais
reportant ses réflexions sur les qualités qui fesaient
l'apanage de celui dont nous célébrons le sou-
venir , elle s'est plus particulièrement arrêtée il
celte incomparable modestie qui les rehaussait
toutes , et elle a cru honorer , suivant son ccaeur ,
cet homme simple , ami sincère de l'égalité , en
réunissant dans un hommage commun, el Laiour-
d'Auvergne et ses frères d armes morts', comme
lui , à la défense de la république. Ils en sont
les vrais fondateurs, puisqu'ilsl'ont scellée de leur
sang. Q_ue voire président soit chargé d'en pro-
noncersolehnellement l'éloge, quand nous verrons
reparaître l'anniversaire du jour mémorable où U
convention nationale la décréta.
Peut-être alors le sang humain aura cessé de
couler ; peut-être les puissances en guerre avec
nous se seront éclairées sur leurs vètitables in-
térêls ; peut-être la paix , objet sacré des vœux
de tous les bons citoyens el du dévouement de
nos braves, la paix offerte par le premier consul
victorieux , aura rouvert les sources de la pros-
périté des nations. A qui devons-nous donc plus
d'hommages qu'à ceux qui se seroni s. çrifica
pour nous en faire goûter les fruits ? Mais si
notre espoir était trompé, si de nouveaux triom-
phes élaient nécessaires , réunissons tous nos
efforts , que ' les magistrats rivalisent avec le»
guerriers , et que les institutions comine les vic-
toires empêchent que 1^ république ne soit avilie
tt malheureuse. !
Vous tous, sans le courage et le génie desquell
la liberté était, ou perdue pour des siècles , ou
vouée à de nouvelles souffrances, achevez votre
ouvrage, reporter dans l'iniérieur de celte France
républicaine ces regards vivifians qui l^oni fait
triompher au-dehors ; donnez-lui des mœurs con-
formes à ses lois , attachez vos noms vénérés des
français, à des institutions faitespourleurcaracteie
aimant et sensible. Qui oserait les briser ces ins-
titutions quand ils les auront reçues de vous ?
Faites servir à l'affermissement de leur liberté
l'enlhou&iasme généreux dont ils sont suscepti-
bles : de tous les genres de gloire que vous aurei
aiteinls , nul ne vous procurera de jouissances
plus pures , aucunes larmes ne les aura payées.
Fondez en quelque sorte dans nos habitudes le
souvenir des action» mémorables qui signalent'
voire carrière ; la force des usages , la langue des
signes l'emportent souvent sur la puissance de U
loi. Qjii II a pas senti son cœur palpiter Jdm
l'augubte lêie de la Concorde , à la sg^uditiine
1S24
appavition de cette cohnne de granit , de ces grena-
diers redoutables , aux visages hâlés . aux habits
poudreux, atrivant au pas de charge dans le
Champ-de-Mars , et venant des j)laines de Saint-
Julien célébrer le 14 juillet , illustres par leur va-
leur , immortels comme leur gloire ? Tout peut
être institution pour un peuple comme le peuple
français , récompenses , commémoration , éloges
publics , jeux , chants civiques . dès qu'il jouit
ou qu'il espère ; là oià il se rassemble , il_ y a
fête. Dans ces réunions de citoyens , le moindre
-objet devient grand , l'objet le plus relevé s'y
aggrandit encore ; dans ces traditions des pères
aux enfans , le retour périodique des mêmes so-
lemnités acquiert avec le tems une sorte de véné-
ration religieuse , à laquelle on ne peut plus
ttianquer sans impiété.
Tel sera , tel peut être l'effet de la mesure
que nous vous proposons ; et c'est accorder
à Latour-d'Auvergne une distinction qui ne peut
bltsser aucune prétention rivale, que l'indiquer
non pas pour lui seul , mais à son occasion.
On sait quels effets les anciens tiraient de ces
ïnoyens si petits en apparence , et que peut-
être nos ennemis n'affectent tant de dédaigner
aujourd'hui que parce qu'ils les savent trop puis-
sans. Q_ui peut douter , au reste , que ces témoi-
gnages de reconnaissance , de regret, d'affection
pour de généreux défenseurs , ne soient natu-
rellement amenés dans toute la république , à la
vue cte ces colorines départementales où leurs
noms seront inscrits; et quand les parens , les
amis ,^ les citoyens diront , tel est mort àFIcurus
ou à Jemmappes , tel à Lodi , à Arcole , au combat
desPyraraydes,àAbouk.ir, tel à Hochstet, àMoes-
kirck, tel enfin à Maringo ; sera-t-il difficile au
magistrat républicain de produire , de porter
au plus haut degré d'enthousiasme ce sentiment
sublime qui animait les Scythes d'autre fois ,
quiind s'adressant à leur ennemis , il leur disaient :
Venez dont . si vous l'osez, nous attaquer sur Us tom-
beaux de nos pères.
Nous ne terminerons pas ce rapport sans vous
parler des derniers sentimens manifestés par
l'homme sage que nous regrettons , et dont l'ex-
pression fidclle a été portée à cette tribune par
notre collègue Roujoux. Tes vœux seront remplis,
premier grenadier de la république. Ton sang et
•celui de tes braves frères d'armes n'aura pas
coulé vainement. Dix années d'une guerre telle
que l'histoire n'en offre point d'exemple , ne se
termineront pas par assujettir les vainqueurs aux
farricides qui l'ont excitée et nourrie. Ils ont dû
entendre; ce que le n juillet a d truit ne repa-
raîtra plus ; ce que le 18 brumaire a édifié , ne sera
pas détruit. Le gou^erneincnt veille , il est gé-
néreux parce qu'il es fort ', mais son indulgence
ne sera jamais faiblesse ; mais parmi ceux qui
réclament sa sollicitude , il sait distinguer ces
hommes dont l'exitence est attachée à la sienne ,
qui , comme lui , ont pour garantie de leurs pre-
roiers intérêts la constitution et la bbnne foi na-
tionale, et qui ne peuvent faire de vœux pour
leur sûreté, sans que ces vœux aient en même-
tems ppiir objet et sa sûreté et sa gloire. Il ne
souffrira pas quel'audace lui rende toute clémence j
impraticable.
Affermir cette répubhque , propager les lu-
mières, véritable base de toute indépendance ,
paranlir à chacun les mêmes droits et les mêmes
avantages; conquérir, par le spectacledubonheur
de tous , 1 affection des hommes éclairés chez tous
les peuples : tel est le terme des travaux que la
nation impose aux dépositaires de son autorité.
Nous aurons fait un grand pas vers ce but désiré ,
quand le titre de citoyen français sera partout
ce qn'il est sur les rives du Pô , du Rhin et du
Danube. Nous ne craindrons plus alors que les
pjédicans de l'esclavage écrivent l'histoire avec
le sîjjielde la calomnie. L'image de nos héros sera
trauiTuise à la postérité pure , rioble et sublime
comme eux. Nos enfans nous porteront envie, à
nous qui pouvons compter parmi nos contem-
porains-les égaux des plus grands capitaines de
l'antiquité , les fondateurs de la paix etde laliberté
que nous leur aurons léguées. Des magistrats , sans
tloule, doivent mettre une juste circonspection lors-
que leurs éloges sont applicables à des hommes qui
existent; mais aussi iisnepeuventignorerque, si le
<jesir de sa propre estime est le premier mobile
çaise a faite dans la personne de son premier des amel.oahons de plan es sauvage qviua pr.-
Lnadier, voulant honorerà-la-foisie dévouement m.er hazard a places sous la main ^^^ ^ommc a
il la modestie du brave Latour-d'Auver2;ne, arrête, dont 1 homme accrotirait ceria.nement k nombic,
qu'ayante aire de la fondation de la republique, s'il se dévoua;, a des essais "-M " '^"^ '•™-
?on président prononcera léloge des guerriers 1 mensiie des végétaux qui 1 entourer,.. I^es uns , .1
français morts pour la défense de la patrie
Cette proposition est mise aux voix et adoptée.
f La suite demain. )
Société d'agriculture de Seine- et - Oise. — Séance
publique du 10 messidor an 8.
Pour donner une idée des travaux de la société,
nous prenons au hazard les traits suiyans dans le
rapport fait par la commission chargée d'indiquer
les sujets de prix.
" C'est esseatiellement par la communauté des
travaux que les sociétés peuvent espérer d'assurer
leurs succès. Tous les membres iniéressés à se
secourir mutuellement, soutenus par le juste dcsir
de bien iaire aux yeux de leurs confferes , rame-
nés dans de justes bornes par le clioc d'une dis-
cussion frartche et suivie, se livrent avec sécurité
aux différens travaux sur'lesquels ils ont le plus
de données : et la société. toute entière a réelle-
ment coopéré , amélioré , souvent créé , ce qui ne
paraît que l'ouvrage d'un individu.
" Mais ce n'est pas seulement àu-dedans d'elles-
mêmes que les réunions scientifiques peuvent
établircette communauté de travaux ; elles doivent
s'adresser solennellement à tous ceux qu'animent
les mêmes goûts, et attirer à elles des connais-
sances éparses qui n'attendent que l'occasion pour
la consolider.
i> Tel a toujours élé le but des prix que les
sociétés savantes ont voulu décerner sur les nia-
tieres dont elles s'occupaient.
)) Les sociétés d'agriculture ont, à cet égard ,
une carrière bien vaste , puisque la variété des
cultures , celle des terroirs , celle des tempéra-
tures, celle de l'exploitation, multiplient à l'infini ,
1 -s nuances de l'art qui d'ailleurs est le plus géné-
ralement exercé, le plus étroitement lié au bon-
heur individuel , et à l'ordre social.
1) La première classe des sujets de prix , ren-
fermera les fnémoires ihéoriques , surdivers ]poinls,
soit de physique végétale , soit de géologie , soit
d'économie rurale ou politique. Ce mot théorie ,
ne nous le dissimulons pas , est propre à réveiller
des idées bien contradictoires. Quelques personnes,
séduites par .l'éclat des systèmes , admirent ces
combinaisons ingénieuses qui expliquent tout ,
1 qui soumettent la nature elle-même à des lois
' impérieuses : d'autres . se rappelant cette foule
I d'erreurs produites par des doctrines trop van-
tées , redoutent jusqu au nom de principes et sup-
positions, ei ne balancent pas à préférer aux plus
savantes théories , une routine qui du moins a
pour elle la sanction de l'habitude. Il esisansdoute
un milieu r_3isonnablc entre ces opinions ex-
trêmes. Des sociétés , qui comptent parmi leurs
membres , et des savans et des cultivateurs , doi-
vent également se défendre des prèveniions de
l'ignorance et des illusions de l'enthousiasme :
elles ne se hâteront pas d'adopter comme résultats
généraux , des conclusions hasardées, des coii-
séquences tirées de faits peu nombreux ou lègé
protège le feuillage; des .luires , il favorise la
fleur ; de ceux-ci , c est le fruit; de ceux-là , les
racines ; de tous , c'est la fécondité , la reproduc-
tion dont il se rend ma'itre : et il ne lui a fallu
qu'une manipulation particulière pour extraire du
vénéneux manioc , une nourrituic abondante.
1)11 serait telle sorte de prix que nous devrions
léguer à la génération future, si l instabilité de«
choses , des personnes et des fortunes ne s'oppo-
sait à la continuité des vues , sans laquelle les ex-
périences ne peuvent être démonstraùves.
))Les jachères e. les assolemens présentent plu-
sieurs de ces questions à longues éctiéances , d'au-
tant plus intéressantes qu elles tendent toutes à
(irer le plus grand parti îles facultés végétales de
)a terre , et , pour ainsi dire , à en multiplier les
surfaces.
>» Une des plus simples est l'ordre à éiablir
dans la succession des cultures déjà pratiquées ,
et c'est sur le rapport de notre conlrere Andricu
qu'ont été déterminés les premiers estais qui peu-
vent éclairer sur la medieure manière de les,
coordonner : trois récoltes successives étant in-
dispensables , ce ne sera que dans l'an 12 que la
société pourra proclamer le piix sur la culture
intermédiaire da terres à blé.
)5 Pour l'an 10 , elle aura eu le tems de con-
naître ce qui sera résulié de la comparaison des
différentes maiiicres deriiplo^er les fumiers , dont le
même conltcre a préparé le programme.
)i Pour l'an 9 , notre confrère Jumilhac a fait
pressentir les améliorations qui donneront à notre
département des vins mieux fabriques.
)i Enfin , pour la même année , la société pro-
noncera sur l'influence que la longue durée des
baux peut avoir sur l agriiulture , en conciliant les
avantages de chaque espèce de culture , avec les
droits de la proprièié. L'année prochaine donc ,
la société ne distribuera encore que deux des
trois prix qui , par la suite , ajouteront , chaque
année , de nouvelles connaissances à celles déjà
acquises.
u Aux marques d'honneur que la société accor-
dera à ceux qui auront mérité les prix qu'elle pro-
pose à l'émulaMon , elle se félicite de pouvoir ,
cette fois , joindre l'offrande individuelle qu'uii
de ses membres s'est empressé de présenter à
l'agriculture. Toujours l'homme d état , le véri-
table sage , sut pressentir dans le succès du cul-
tivateur' la prospéiiié publique. Le consul le Brun,
en remettant une somme de six cents francs pour
les premiers prix que la société ait proposés ,
peut jouir d'avance de l'impulsion puissante qu'il
donne à son département , au même moment
oii les travaux champêtres doivent trouver leur
régénération dans ctne paix glorieuse, dont l'in-
vincible génie de la France force enfin l'Europe
à recevoir le bienfait.
Appel aux orateurs amis de la morale.
La société de la religion naturelle, du temple dé
rement observés ; mais elles ne perdront pas de j la 'Victoire ( St. Sulpice ) , célébrant chaque mois
vue que , si la science s'enrichit des tributs de
l'expérience , elle doit à la yuatique, des méthodes
calculées sur l'explication des causes et le rappro-
chement des faits. La méditation mûrit et com-
bine , dans le cabinet , les matériaux dus aux
observation^du cultivateur, comme l'industrie du
fabricant ourdit ou façonne , dans les ateliers , les
produits de nos campagnes : la main de l'homme
n'envie point à la tête , ses admirables foncuons;
et la pensée du philosophe a son prix comme
l'activité du laboureur.
Cependant les conjectures du théoriste ne sont
point des découvertes : il faut que , constatées ou
vérifiées par l'expérience , elles passent ainsi de
l'état de simples suppositions à celui de vérités
positives. Quelques faits présentés par le hasard ,
ne suffisent même pas pour appuyer certaines
opinions : tant de circonstances se mêlent aux
moindres particularités , qu'on ne peut regarder
comme faits probans que ceux qui résultent d'ex-
j périences entreprises avec intention , et scrupu
des actions de I homme de bien, c est I estime pu- f^^sg,ne„t observées dans tous leurs détails ; nu
blique qui en est le pris. Et lorsque la reconnais- ] ^^ d'instruction n'appartient plus particulié-
sance et l'admiration ont place certains noinsdans^j^^^^^^^^ ^^^ sociétés d'agriculture. C'est à elles
toutes les bouches ; quand , dun bout cie 1 jlu- t .;[ convient de fixer les données sur lesquelles
une fête à la mémoire de lun des hommes qui
ont honoré l'humanité par leurs vertus , ou qui
lui ont rendu de grands services , soit par leurs
actions , soit par leurs écrits , propose pour sujet
des discours de vendémiaire an g , les vertus de
Marc-Aure.e ; pour brumaire , l héroïsme de Gui/-
laume Tell ; "poat inavàiie , t'active bienjesance de
Vincent de Paul. — Les orateurs qui s exerceront
sur ces sujets , sont priés de ne pas perdre de vue
'qu'ils sont proposés parune société esseniiellemetrt
paisible et amie de la vérité, dont les travaux ont
pour but les progrès de la morale universelle , et
qui a adopté pour ces sortes de fêtes la devise
suivante : >) Nous ne lésons pas l'apothéose des
)) morts ; nous ne leur rendons aucun culte ;
)» mais nous apprenons , par le récit de leurs
J) vertus et de leurs erreurs , à imiter les unes et à
)i nous garantir des autres. j>
Chaque discours doit être envoyé au cit. Lorrin,
cloître Benoît , n° 352 , division des Thermes. — •
Cïlui qui sera jugé le meilleur par le conseil de
direction de la société , sera prononcé dans la
lête publique par fauteur , ou par un lecteur à
sa volonté.
Tope à l'autre , ces noms liés à toutes les idées de
bienveillance et de gloire sont prononcés avec
respect dans les palais , avec attendrissement dans
la cabane du pauvre , le silence , ce me semble ,
annoncerait je ne sais quelle réserve injuste qui
nous rendrait peu dignes de ce que la nature et la
-fortune ont fait pour nous.
■Voici le projet d'arrêté que votre commission
me charge de vous présenter.
>iLe tribunal sensibleàlaperte queratmée fran-
doit opérer le cultivateur jaloux de contribuer au
progrès de son art; c!est à elles qu'il appartient
d'indiquer le but auquel il doit tendre , et les
procédés qui peuvent l'y conduire. Telle est la
seconde division des sujets 1 qui doivent être pro-
posés ; et les sociétés ne sauraient trop les multi-
plier , puisque rien n'est plus propre à donner ,
à l'agriculture , des bases certaines et des règles
positives
Bourse du 2 thermidor. — Effets publics.
Rente provisoire •• ^s Ir. 75 c.
Tiers consolidé 33^ 'r- 7^ c.
Bons deux tiers , 1 fr. 5o c.
Bons d'arréragé 88 Ir. 5o c
Bons pour l'an 8 .- 85 fr. i3 c.
Syndicat en 5oo
Coupures. ^7 tf-
.. Nos fruits , nos racines .nos grains ne sont que I Act. de 5o fr, de la caisse des rentiers.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° f3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 3o4.
Qjiartidi , 4 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à piévenlr nos souscripteurs qu'à dater ciu 7 Nivôse le M O N I T E U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant !
l'intérieuf que sur l'extérieur, fournis par lès correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles. *
EXTÉRIEUR.
ARMÉE D'ITALIE.
Au quartier-général de Milan , le 24 messidor an 8
de la républiqtie française une et indivisible.
Massena , général en chef, aux habitons du Piémont.
Peuple piÉMONTAis,
Je suis informé (jue dans quelques provinces
du Piémont il se manifeste des mouvemens
insurrectionnels; qu'il existe même quelques
rassemblemens armés.
Quel peut être le but de pareils mouvemens ?
ils menacent la tranquillité publique et la sûreté
de l'armée.
Est-ce là le prix que devait recevoir le gou-
vernement français de la conduite généreuse
qu'il a tenue envers le Piémont , et les agita-
teurs peuvent-ils se méprendre sur l'usage mo-
déré qu il fait de ses forces et de ses victoires ?
Peuple piémontais , animé du même esprit de
paix et de justice que mon gouvernement, je
ne veux que votre bonheur et voire tranquillité ;
mais ne vous faites pas illusion sur les consé-
quences funestes de la rébellion à laquelle on
vous porte ; vous attireriez la mort sur vos têtes ,
la désolation dans vos familles . et la dévas-
tation de vos propriétés.
C'est donc au nom de voire existence , de
celle de vos femmes , de vos enfans , et au nom
de vos intérêts les plus cbers , que je vous
somme de rentrer dans l'ordre; ne soyez pas
sourds à ma voix lorsqu'elle vous porte des
paroles de paix !
Ne me forcez pas à déployer l'appareil de la
force ; le moment oià vous me contraindriez à
faire marcher contre vous des colonnes fran-
çaises , serait celui d'un châtiment exemplaire.
Jouissez , habilans des villes et des campagnes ,
jouissez, dans le sein de vos familles , de la tran-
quillité que vous assure la puissante protection
de l'armée française , et craignez de tourner contre
vous des armées faites pour vous défendre , et dé
provoquer des braves qui portent amitié à tous
les peuples , mais qu'on n'a jamais insultés ni
assassinés, sans qu'ils en aient tiré une vengeance
éclatante.
Celte proclamation sera adressée au gouver-
nement provisoire du Piémont et au général qui
y commande , pour qu'ils aient chacun , en ce
qui le concerne , à lui donner la plus grande
publicité.
Elle sera imprimée dans les deux langues ,
publiée et affichée dans tout le Piémont.
Signé , Massena.
Au quartier-général de Milan . U 24 messidor an 8
de la république française , une et indivisible.
Massena , général en chef, informé par les
rapports officiels desaulorilés militaires françaises ,
que la ville et le pays de Lucques ont outragé la
république , son gouvernement et ses principaux
citoyens par des actes publics ;
Considérant que s'il est de la justice de punir
des écarts pareils , il est d un intérêt pressant pour
l'armée de taire contribuer à ses besoins le pays
de Lucques ainsi que la ville , arrête :
1°. Il est frappé une contribution d'un million
numéraire de France , sur le pays et la ville de
Lucques.
2°. Cinq cents mille livres seront payées dans
les cinq jours qui suivronc la notification qui sera
faite du présent arrêté au gouvernement provi-
soire de ce pays ; les cinq cents mille autres dans
la décade suivante.
3°. Le commissaire - ordonnateur en chef est
charité de 1 exécution du présent arrêté ; il nom-
mera en conséquence un commissaire dci guerres
qui sera chargé du recouvrement de ladite con-
tribution.
4". Les généraux commandans le pays de
Luc(|ues et la ville prêleront l'assistance de la
force armée pour 1 exécurion du présent ordre ,
loutcj les lois qu'ils en seront requis par le com-
missaire des guerres désigné par l'ordonnateur
en chef.
Signé , Massena.
IRLANDE.
Dublin, le 10 juillet ( zi messidor.)
Suite du discours de M. Doibs à la chambre des
communes.
" J'arrive , monsieur , à la partie la plus inté-
ressante de mon discours , à l'exposiiion des
raisons qui me portent à croire que c'est dans
ce pays que doit s'opérer le glorieux avènement
du messie. — Vous vous rappelez cette pierre qui ,
détachée de la montagne sans la main d'aucun
homme , vient frapper les pieds de la statue et la
met en pièces. Or , la vision de Daniel ne se réali-
serait pas , si le christ et son armée devaient faire
leur première apparition dans un des pays figurés
parles dix doi>i;ts de pied de la statue; ainsi,
aucune des contrées qui lésaient partie des em-
pires de Babylone et d Assyrie , des medcs et des
perses , des grecs et des romains ne saurait être
le lieu fixé pour cet événement. Un passage du
41' chapitre d Isa'ie vient à l'appui, de ce que
j'avance. Voici ce passage : a j'appelerai mon
serviteur du septentrion , et il viendra ; je l'appe-
lerai de l'orient, et il viendra : il foulera les grands
du monde comme le potier foule l'argile sous
ses pieds. >> Il est manifeste que ce serviteur eslle
messie , et que c'est au nord de la Judée que
nous devons chercher le théâtre de son avène-
ment. Le nouveau monde ne saurait être mis en
ligne de compte ; car , n'étant pas encore décou-
vert à l'époque de la prédiction , il n'a pu y être
compris. C est donc uniquement à l'empire de
Russie etaux royaumes deDannemarck, de Suéde
ou à llilande que doivent se borner nos re-
cherches.
Nous savons que l'armée , à la tête de laquelle
arrivera le messie , sera de 144 mille hommes
effectifs , et les révélations de St. Jean renferment
plusieurs passages qui indiquent le lieu de son
rassemblement. Un de ces passages porte : "Je les
vis pinçant de leurs harpes. " Un second : uje les
vis qui se tenaient sur une mer de verre , ayant
les harpes de dieu, u Un troisième : u Ils étaient
vêtus de robes d'un lin fin et blanc. >> Un qua-
trième : Il II les assembla dans une ville appelée
en hébreu Armageddon. >i Sans contredit , ces
harpes , ces robes de toile fine et blanche sont
de fabrique irlandaise , et ne se rapportent nulle-
ment à la Russie , au Dannemarck ou à la Suéde.
La mer de verre doit être une île , et je regarde les
mois Armageddon en hébreu, clArdmah ou Armagh
en irlandais, comme parfaitement synonimes. Au
surplus , on ne saurait contester au il n'existe une
très-grande consonnance entr'eux. St. Patrice, en
outre , réputait la ville à.' Armagh , qui est l'ancien
nom , pour le lieu le plus propre à y établir le
siège du gouvernement ecclésiastique.
A ces passages de lEcriture-Sainie se joignent
quelques particularités qui militent également en
faveur de notre Irlande. D abord , elle n'a jamais
participé à la prospériié de ce monde , et ce
n'est que depuis 1782 qu'elle a commencé à y
jouer un rôle; or , je ne connais dans Ihisloire
aucun exemple d'une nation qui , après avoir
commencé à s'élever , n'ait atteint une sommité |
quelconque avant de tomber. — Il esta remarquer,
ensuite que les quatre, grands empires mention-
nés dans Daniel , s'élevèrent successivement à
l'ouest l'un de l'autre ; que la Grande-Bretagne
étant la dernière conquête des romains à l'occi-
dent, représente nécessairement le dixicmeou l'un
des petits doigts des pieds delà statue; que llrlande
est située directement à l'ouest de celte île, et
que conséquerament elle se trouve en-dedans
de la ligne dé démarcation ; qu'elle ne fait point
partie de la statue , et que les armes des romains
n'y ont jamais pénétré. J'observerai encore atix
honorables membres que la harpe de David
constitue les armoiries de ce pays, lesquelles
ont pour support un ange , et pour couronne
la couronne apostolique. On sait d'ailleurs , par
la tradition que l'Irlande a été anciennement une
terre de martyrs et de saints; mais la chose faite
pour nie convaincre fjue la prophétie s'accom-
plira dans cette île , c'est l'exemption miracu-
leuse dont nous jouissons de n avoir ni serpens ou
toute .Tutrc reptile venimeux ; ce qui signifie ,
selon moi , que satan , le grand serpent, recevra
ici son premier coup de mort.
( Demain la fin de ce discours.)
INTERIEUR.
Paris , le 3 thermidor.
Les hostilités ont îiessé en Allemagne
COMME EN Italie.
Le Journal des Débats annonce , d'après une
lettre datée de Smyrne le 19 mai , et reçue à
Trieste , qu'un bâtiment arrivé de la côte de
Syrie dans la première de ces villes . y avait
apporté la nouvelle qu'à la suite de nouvelles
négociations entre le général Kléber et le grand-
visir, l'évacuation de lEgypte par les troupes
françaises avait été convenue. Le Publiciste an-
nonce la même nouvelle sous la date de Cons-
tantin.opJe le 26 prarial , et ajoute que Sidney
Smiih a délivré des passe-ports à plusieurs bâti-
mens de transports qui ont déjà quitté lEgypte
sous l'escorte d'une frégate française.
— Le Journal des Débats dit , sous la date de
Dresde le 6 messidor, que l'élecieur de Trêves
s est réfugié dans cette ville en quittant Augsbourg
à l'approche de l'armée française. On disait dans
la même ville, suivant le même journal, que
l'empereur de Russie demandait à l'empereur
d Allemagne l5oo mille roubles pour les frais de
la campagne dernière, et qu à d^ilaut de satis-
faction il se proposait de s'emparer de la GalHcie,
vers laquelle il tait marcher une armée de 60,000
hommes.
_ — l^e Journal du- Commerce , sous la date de Sem-
lin le^ 14 messidor annonce que l'ambassadeur
russe à Constantinople a quitté cette ville , et
ajoute qu'il devait être suivi par tous les russes
qui habitaient cette capitale de la Turquie. "
— La Gazette de Pétersbourg. du 16 juin , porte
ees mots : )> une supplique du général de cava-
lerie d'Autichamp lui a été renvoyée déchirée
comme ayant été trouvée absurde , et il a été
ordonné de lui en faire payer le port, d
— Tous les journaux annoncent aujourd'hui
que le pape qui , en sortant de Venise , avait
été jelé par un coup de vent sur les 'côtes de la
Dalmatie , esi débarqué à Pesaro ; et qu'aussitôt
que le général napolitain Naselli qui commande
à Rome , en eut reçu la nouvelle , il fit an-
noncer aux romains le prochain retour de sa
sainteté.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevets d'honneur décernés aux citoyens dont les
noms suivent , pour actions d'éclat à l'affaire
du iS prairial aji S , à Maringo , armée d'Italie. \
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
des citoyens :
Délgas, sergent- major des grenadiers de la
garde des consuls.
Mirabel, sergent des grenadiers , idem.
Ritel , caporal , idem.
Boucher, sapeur, idem.
Carlin , chasseur , idem.
Noël ( Augustin ) grenadier , idem.
Décerne à chacun d'eux, à titre de récom-
pense nationale , un fusil d'honneur.
•
Desnoncin , maréchal-des-logis' des grenadiers
à cheval de la garde des consuls.
Jeancy , maréchal-des-logis des grenadiers à
cheval de la garde des consuls.
Cariche , brigacUer des grenadiers à cheval de
la garde des consÇls.
Hochard , grenadier à cheval de la garde des
consuls.
Blanchet , idem.
Rousseau , idem.
Grosselin , brigadier des grenadiers à cheval d*
la garde des consuls.
Legros , maréchal - des - logis des chasseurs à
cheval de la garde des consuls.
Simon , brigadier des chasseurs à'cbeval de U
garde des consuls.
Charel , biigadier des chasseurs à cheval de la
garde des consuls.
Boutarel, chasseur à cheval de la garde des
consuls.
Décerne à cliacun d'eux , à tilrc de récom-
pense nationale , une carabine d'honneur.
Bizet . Numérot, Pelit , brigadiers d'arlillerie
de la garde des consuls.
Henry , Marchand , Jacquinet , canoniers de
première classe de la garde des consuls.
Décerne à chacun d'eux , a liire de récompense
nationale , une grenade d'honneur.
Bonnet , brigadier trompette de la garde des
consuls , une troiiipelte d honneur.
Krelly , brigadier trompette, idem, une trom-
pette d'honneur.
Norberg , trompette , idem , une trompette
d honneur.
Selliere , tambourg des grenadiers , idem, des
baguettes d'honneur.
Avoine, tambour, irfcm , des baguettes d'hon-
neur.
Ils jouiront des prérogatives attachées auxdites
récompenses par l'arrêté du 4 nivôse an 8.j
. Donné à Paris, le 3 thermidor, an 8 de la répu-
blique française.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Barbenegre , capitaine des grenadiers à
cheval de la garde des consuls , à l'affaire du
25 prairial an 8 , à Maringo , armée d Italie,
lui décerne, à titre de récompense nationale,
un sabre d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'ariêié du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 3 thermidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étnt , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Carnot.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Note indicative des départemens qui ont exécuté avec
Zèle la loi du 4 vendémiaire an 8 , qui ordonne une
levée de 40,000 chevaux.
Noms des départemens.
1226
aux ordres des généraux Mèrfeld et Cinlay, zanne qui pouvait être assailli par toutes les for-
détachées sur Fribouig et Oflembourg, et celles ces ennemies : on ne pouvait pas ir.icux pénétrer
du général Starray qui s'étendaient de Neusiadt le projet du général Kray. A quatre heures du
qui ONT FOURNI
qui ONT TERMINÉ
qui SONT
AU-DEtA DU
LA.
SUR LE POINT
CONTINGENT FIXÉ.
LIviE.
HE LA TERMINER.
Isère.
Meuse.
Mozelle.^
Puy-de-Dôme.
Haute-Saône.
Manche.
Calvados.
Orne.
Saône-et-Loire.
Pas-de-Calais.
Léman.
Oise.
Drôme.
Loiret.
Vaucluse.
Aube.
Lozère.
Côte-dOr.
Hérault.
Sâmbre-ei-Me.
Tarn.
Hautes-Alpes.
Morbihan.
Basses-Alpes.
Rhône.
Var.
Haute-Loire.
Çard.
Cher.
Arriége.
Allier.
Chatenie-Infé.
Creuze.
Cantal.
Loire.
Correze.
Haute-Vienne
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis
le 16 messidor.
Le nombre des chevaux fournis
depuis le dernier état , s'élevf à.... 2,504
Qui , ajouté à celui précécremment
fourni , ci 35,569
©onne un total, au 26 messidor , de 38, 073 ch
Suite du rapport général des opérations de l'armée
du Rhin. — Au quartier -général de Munich
le 23 messidor an 8.
Le corps du lieutenant-général Sainte-Suzanne ,
patticuliérement destiné à surveiller les troupes
au Mein , ayant tenu une marche séparée jusqii au
20 floréal, qu'il s'est trouvé en ligne , je dois
vous la faire connaître sans ia lier au mouvement ',
du reste de l'armée. i
Après avoir débouché de Kehl , et livré le com- 1
bat du 5 floréal , dont j'ai eu I honneur de vous ;
rendre cniptc , le lieutenant général S.iinie-
Suzanne fil une contre-marche rapide , et repassa 1
le Rhin à Kehl. 11 avait parfaitement rempli son j
but; et le général Kray , convaincu que nous |
voulions nous avancer , par la vallée de la |
Kinsig , y portail une parlie de ses forces , et
concentrait le reste à DonaVeschingcn.
Le 9 floréal , le lieutenant-général S.Tinte-Su-
zanne réunit son corps aux environs de N'cw-
brisack. Le 10 , il déboucha par Vieux-Brisack et
occupa Fribourg , après un léger combat. Le
it , il marcha sur Neustat en traversant le 'Val-
d Enfer . ovi l'ennemi ne lui opposa (jue peu de
résistance et prit position sur Sieig. Le 12 , il
occupa Neusiai. Le i3 , Loffingen et Donaves-
chingen. Le i5 , il prit position en arrière de
Geissingen. Le 16 , à Moringen el sur la route
de Tuulingen. Le 1 7 , il occupa Hausen , Sici-
ten , Nusplingen. Le général Souham éprouva
quelques difficultés à s'établir dans cette dernière
ville.
Le 18 , les deux divisions Legrand et Souham
occupaient Blackingeu , Vislingen , Hornslein ,
Egelsingcn. Le ig , la division Legrand prit po-
sition en avant dAndelfingen. La division Sou-
ham, sa droite à Pfrumstetten , sa gauche à Hurt-
hausen oti il eut un léger combat.
Le 20 , la division Legrand se mit en mouve-
ment et occupa Allsleislingen et Grana. La
division Souham marcha par sa droite et se
porta à Haingen sur ia Dauier. Ce jour-là le
lieutenant général Sainte-Suzanne se lia par sa
droite au centre de l'armée, et son corps prit
la dénomination d aile gauche.
Apiès la bataille de Biberack et le combat
de Messingen , dont je vous ai adressé le rapport,
le corps du lieutenant-général Lecouibe prit
positioa sur l'Asch , la droite à Giomback, le
centre à Messingen , et la gauche à Amerdingen :
la réserve à Aitrack , et le corps de flanqueurs ,
commandé par le général Molitor , à Kempten.
Le corps de réserve se plaça sur Berckeim et
Egelser , la gauche en avant de Kirchendorff.
Le centre, commandé par le lieutenant-général
Saint -Cyr, porta une division entre Unter et
Oberkirberg , en avant de llUer. La 2' division
était en réserve de la première; la 3' sur le Danube,
jusqu'au confluent de llller.
La gauche , commandée par le lieutenant-gé-
néral Sainte-Suzanne , ne fit pas de mouvement.
Le 22 . le corps détaché pour l'Italie, s'est mis
en marche sous les ordres du général Lorges. La
droite, qui n'a pas fait de mouvement, a été
réduite à deux divisions.
Le corps de réserve s'est porté, la t"'' division
à Illerraichera , la seconde division à Boltzheim ,
la 3' sur Blandembourg. Le centre et la gauche
restèrent en positirin. Le 23 , l'armée n'a fait aucun
mouvement Le 24, laîle droite se porta, la 1^"=
division , la droite à Sundheim , et la gauche à
Erkeim ; la 2° division à la droite et à la gauche
du village d'Eck. Le corps de réserve se porta ,
deux divisions au-delà de la Guntz , la 3° resta
en réserve sur la rive gauche de celte rivière. Le
cenire se porta à Wessentrorn , éclairant la route
de Kramback, laissant un corps d observation sur
Ulm.
Laîle gauche se porta, la division de droite
sur Scheleklingen et Atten , la gauche sur Mun-
zingen et Orspiingen.
Le 25 . l'aîle droite n'a pas fait de mouve-
ment. La réserve se porta , la 3"^ division , à la
hauteur de Voberkmh; la 1" et la 2' restèrent
en position. Le centre ne fit aucun mouvement.
L'aîle gauche se porta en avant dErbach, occu-
pant les bois dErlesteiten et de Papeiaw. L'en-
nemi lui opposa à chaque pas de nouveaux
obstacles , et elle n'avança qu'en combattanu Le
tr , \r „ soir elle était à peine en position , que plus de
Haute-Vienne. 1 ,1 u ijtt ^v.
2000 hulans , hussards de Kaysers et cuirassiers
de Mack , suivis dp 600 fantassins et lo pièces
d'artillerie., fattaquerent avec impétuosité. Mais
nos troupes les repoussèrent, leur fesant essuyer
une perte considérable et restèrent maîiresses
de la position. La division de gauche marchait
en même tems , et ne trouvant personne à com-
battre , elle plaça ses principales forces à Blau-
bensen et Gershausen , dans les vallées de la
Blaw. Sa gauche occupa Asch.
Le 26 , laîle droite resta encore en position.
Le général en chef, acquérant la certitude que
le général Kray avait réuni toutes ses forces à
Ulm , fit appuyer son corps d'armée à gauche.
Le lieuienant-général Saint, Cyr eut ordre de ne'
laisser qu'une seule division sur la rive droite
de llller, et de tenir les deux autres sur la rive
gauche prêles à soutenir le général SainteSu-
raatiii , plusieurs colonnes de cavalerie ennemie
fondirent au galop sur les a\unt-postes et sur les
grands t^ardcs de la division du général Legrand ,
et pér.étrerent , en les culbutant , dans les deux
villages de Papeiaw et dErbach. Le combat s'é-
tablit alors. Nos tioupes résistaient avec avan-
tage , lorsque le t'encrai Legrand apprit rpie l'en-
nemi qui déboidaui sa gauche lavait déjà sepaié
de lu division du 'j,éiiéial Souham , tcsaii filer une
foitc colonne dans la vallée de Papeiaw. Il dut
ordonner , un mouvement de retraite , et nos
troupes cédant le terrein pied-à-pied , prirent
posiiion vers les 9 heures du matin , en arrière
de Donawrieden et Reussingcn.
C'est dans ce moment q'ie les ennemis atla-
qu.iient les deux flancs de la division Souham.
Ceux qui , à sa droite , l'avaient séparée dit
;;énéral Legrand , repoussereni ses postes jusques
à Gershausen. Sa gauche fut chassée <!'Asch et
de Sunderbach. Les chasseurs du 20= défendirent
long-tems ce dernier village ; ils exécutèrent une
charge très-vigoureuse contre 1 infanterie auiri-
chieime et wuriembourgeoises , qui essayèrent
vainement à plusieurs reprises d'en déboucher.
Forcé d'abandonner ainsi la vallée de la BJaw,
le général Souham porta les troupes qui s'y trou-
vaient en arrière de Blawbeurrn, la droite se
prolongeant en avant de Seisseim.
L'ennemi voulant ôler au corps du lieutenant-
général Sainte-Suzanne tout moyen de recevoir
des secours de l'armée , et le détacher de
l'appui du Danube , faisait son principal eflForf
sur la division de droite.
Une immense cavalerie couronnait sur plu-
sieurs lignes les hauteurs dErbach. Les tirailleurs ■
occupaient en force les sommités entre Donau-
rieven et Teschingen. Notre inf.mlerie tenait
encore une variie des bois entre ce dernier
village et Reissengen ; mais il était impossible
qu'elle résistât long - tems : 1 ennemi la dé-
passait déjà , une de ses colonnes filant en
même tems . à la hauieur de Franstetten , sépa-
rait les deux brigades de droite.
Dans ce moment critique ori ses divisions n'a-
vaient plus de commuoicaiioiis entre elles', oti
l'ennemi séparait même ses brigadeis , le général
Sainie-Suzanne ne désespéra pas de la victoire.
Digne de comm.vider à des français , souvent il
avait éprouvé qn'à leur tête on peut et on doit
êire audacieux. Prenant donc son parti avec la
rapidité qu'exigeaient les circonstances , il 01;-
donna à la brigade de droite du général Legrand
de rétrograder ei arrière de T^ijchingen, et avec
la brigade Drouet qui , attaquée de front et sur
ses deux flancs par deux mille chevaux et quatre,
bataillons, résistait depuis lona;-tems, avec le
plus grand courage , il march.i pour rétablir les
communications avec le général Souham.
Ce mouvement inaiieudu eut le plus heureux
succès. Un bataillon de la 27° emporta Pfraud-
tetien , à la tête d'un autre bataillon de cette
brave demi-brigade. Le général Drouet força le
bois en arrière de ce village et y fit des prison-
niers. Le i3'= de dragons culbutait en même-tems,
dans une charge brillante , la cavalerie qui lui
éiait opposée.
Nos troupes se trouvant alors réunies , le com-
bat se rétablit sur tous les points ; elles opposè-
rent par-tout une vigoureuse résistance à l'ennemi.
La division Legrand tira le meilleur parti du
terrein qu'elle occupait. Son infanterie . placée
dans des ravins et sur la lisière des bois , soutenait
la gauche de sa cavalerie. Sa droite était protégée
par I artillerie qui empêchait l'ennemi de débou-
cher de Teischingen.
De son côté , la division du général Souham se
soutenait sur les hauteurs de Seissem ; le général
de brigade Decaen contenait, par les meilleures
dispositions , l'ennemi dans le village de San-
derback , par lequel il voulait s'avancer.
Tel était l'état des choses . lorsque le canon du
lieutenant-général Saint-Cyr se fit entendre sur la
rive droite du Danube. L'ennemi , craignant qu'on
ne lui coupât la retraite sur Ulm , commença alors
à se retirer. Nos troupes , épuisées par 12 heures
de combat , sentirent renaître leurs premières
I forces; elles le poursuivirent avec vigueur etachar-
Inement , reprirent toutes leurs positions , et ra-
massèrent beaucoup de prisonniers.
On ne saurait, citoyen ministre, donner trop
d'éloges au lieutenant-général Sainte-Suzanne qui ,
dans ce combat inégal , a soutenu sa brillante ré-
putation. Tous les généraux l'ont parfaitement
secondé. Il a fait une mention particulière du
général Lacoste et de l'adjuiiant-général Levas-
seur qui a rendu des services signalés.
La 27"^ demi-brigade , abordée sur un terrein
plat , par la cavalerie autrichienne , l'a forcée , à
plusieurs repiises , à se mettre hors de la portée
de ses balles.
Les 7' et 8' ont déployé le même sang-froid
et le même courage.
Les 10' et 19' de cavalerie, les i^S 6' et ao*
tle cliasscurs ont luné avec courage conire des
iorces supérieures , et manœuvré avec autant
d'ordie que d'intrépidi<é.
( Voyez les rapports Sur les affaires qui ont eu
lieu en prairial. )
T R I B U N A T.
Présidence (kJard-Fanvilliers.
SUITE DK LA SÉANCE DU 2 THF/UMIDOR.
Savoye-Rollin , au nom d'une commission . fait
un rupport sur une iiétiiiou du citoyen Borel.
Le pétitionnaire, dit )e rapporteur, réclame
conire un arrêié qui sus^ieiid à son égard l'exé-
cution d'un jugcr.icnt rendu par le tribunal de
la Seine : l'art. XXfX de la constitution qui vous
i.nierdil la connaissance des afF,)ires civiles ou
criminelles dont les iiiLHiuaux sont saisis, n'est-
il point applicable à la cii constance ? Il le serait,
sans doute, si ou livrait à votre discussion le
mérite d'un acte judiciaire ; mais c'estde l'examen
d un acte du gouvernement qu'il s'agit , non
dans les effets (|u'il peut produire , mais dans
le caracieie dont il t-sl revêtu : or , la consti-
tution article XXVIII, vous attribue le droit
de déférer au sénat , pom- cause dinconstituliona-
liié smlement , les listes d'éligibles , les actes du
corps-législatif et ceux du gouvernement. Votre
corajéicnce est donc incontestable.
La forme de la pétition du citoyen Borel, si elle
n'est ]'3s irrégniiere , est tout au moins aussi in-
convenante qu'inusitée ; son titre est ,je dénonce ;
sa conclusion une demande impéralive de l'exécu-
lion de l'article XXVIII de l'acte constitutionnel :
elle n'aurait pas éié différemment lédigée devant
le commissaire d'un tribunal criminel , dont
l'aciion est toujours nécessaire; en outre, elle ne
tjésigne jamais l'acte qu'elle dénonce , que sous
le nom d'arrêté du censeil-d'état ; cette dénomi-
nation est inconnue dans la langue de la cons-
liiuiioa , qu il faut pourtant parler , quand c'est
Ja constitution même qu'on invoque ; le con-
seil-d état ne prend ni ne publie des arrêtés ; il
les rédige et les propose , ce qui ne présente seu-
lement ni les mêmes idées , ni le inême pouvoir.
De l'aflaire du citoyen Borel , la question
d inconsiitulionnaliié est la seule qui vous soit
dévolue ; je me bornerai donc au rapport des
faits que sa solution exige.
Le citoyen Borel , établi négociant à Genève .
essuya en 1787 à Lyon , une saisie de quelques
ballots de marchandises ; il obtint main-levée
par un premier juiiement ; I adjudicataire des
fermes et régies générales s'y oppose ; le tribunal
de Romans , département de la Drôme s'appro-
pria la constitution, ei le 12 septembre 1792 ,
une année après la résiliation du bail des feiincs
qu ordonnait une loi de 1 assemblée constituante ,
ce tril^unal piononçant par défaut, adjugea au
citoyen Borel , contre l'adjudicataire et ses cau-
tions une somme de 11 mille fcancs environ,
prix arbitrairement fixé des maichandists , plus
les iniérêls de ia somme à •— san retenue ,
depuis l'époque de la saisie, et enfin , dix mille
francs de dommages intéiêts. Ici comme on
voit, le procès lut encore plus lucratif que la
contrebande.
Ce jugement par défaut , c'est-à-dire , que
le citoyen Borel avait dicté lui-même , a été
reconnu former un titre valable par le tribunal
de la Seine , le 8 ventôse dernier.
Le 4 germinal suivant , les consuls . sur le rap-
port du ministre des finances, et le conseil-d'éiat
entendu , ont pris un arrêté qui , entre autres
dispositions, porte que les créanciers des fermes
et régies générales qui auraient intenté des procès
ou obtenu des jugemens , seront tenus de surseoir
à toutes poursuites , jusrju'au règlement définitif
de létat général du passif et de l'actif des fermes.
Le rapporteur examine ensuite si l'arrêté dont
il s'agit est ou non inconstitutionnel. La consti-
tution a déclaié le droit de déférer les actes qui
lui sont contraires dans trois de ses articles; ce
«ont les articles XXI , XXVIII et XXXVII. On
voit , dit Savoyc-Rollin , par le texte de ces ar-
ticles , que le gouvernement et le tribunal ont
également le d roit de d'énoncer au sénat les in cons-
lituiionnaliiés relatives aux listes d'éligibles et aux
actes du corps-législstif : la correspondance mu-
tuelle et nécessaire des pouvoirs exigeait que ce
droit leur fut commun.
Le iribunat tléfere pour cause tTinsconstitution-
nalité seulement : l'expression exclusive seulement
fixe la nature du droit ; clic pose rigoureusement
ta limites.
Le sénat maintient ou annuité les actes qu'on lui
défère comme inionstilntionnels ; d oti il suit que le
droit de déférer et le droit de statuer sont bornés
aux acies de ce genre.
Mais si le gouvernement se livrait à des actes
dauiorité aibitrairc , commettait des abus , des
injustices , exerçait des violences , qui n'étant
point textuellement reprouvés par la constitution ,
blcssaicut pourtant des lois positives , ces actes
1227
seraient-ils irréprochables , demeureraient-il» im-
iiuiiis, parce qu'ils ne sont pas consliiulionnels ?
Non , sans doute : le droit de réclamer est stipulé :
mais une autre voie lui est ouverte
Il sort de l'encliaînement des articles L'V ,
l.XXU et LXXIII de la constitution, un dioii
bien formel de réparation qui embrasse tous les
actes du gouvernement sans exception , qui s'a-
die.^se sur-iout à ceux ijue le sénat ne peut rc-
loimer, qui descend même aux ordres particu-
lieis des ministres , et leur impose le joug de la
resjionsabliité.
Ce droii de réparation est distinct du droit
de délércr les iucoustilutionnalités ; il devait
l'être.
Les listes d éligibics sont des actes de la smive-
raiiieîé ; les actes législatifs émnnent d'un corps
qui la leptésentenî ; la responsabilité ne leur est
donc point applicable.
I^e sénat est conservateur des lois conslitution-
ntllcs ; il faut donc qu'il puisse anéantir les lois
i|ui leur portent atteinte ; seul il a cette puissance ;
mais il n'est point une auloiité judiciaire, il
nu connaît donc pas de ia responsabilité des mi-
nistres.
Et comme il serait contradictoire et absurde
que les actes inconsiitullonnels , ces actes qui cho-
quent à ia fois les droits de tous et de chacun ,
coûtassent moins à leurs fauteurs que ceux qui
ne blessent que les intérêts particuliers ; qu'une
règle irréfragable est de mesurer les peines aux
délits , la constitution y a pourvu ; elle a investi
les n..-i,:\lres de tous les acti.s du gouvernement ;
ils en sont lesponsablcs.
Ainsi , tribuns , quand vous avez poursuivi au
sénat l'annuilation d'un acte inconstitutionnel ,
vous pouvez encore accuser le ministra qui l'a
signé.
Ainsi , quand les actes offensent les droits in-
dividuels des citoyens , sans attaquer la constitu-
tion , vous pouvez accuser les exécuteurs de ces
actes
J'ai montré tout à l'heure que la constitution
détermine clairement le genre des actes sujets à la
révision du f.énat ; mais elle n'en marque pas les
espèces.
L'article XXVIII porte qu'on ne défère les actes
au sénat que pour cause d inconstitutionnalité ; il
s'ensuit bien que la constitution seule dénotera
ces causes ; mais comment le dénotera - i - elle ?
sera-ce formellement ou d'induciion ':* par le sens
littéral ou par le sens interprété ? et si ce dernier
est admis , comment s'établira l'interprétation ?
Ce sont autant de questions que les articles XXI
et XXVIII laissent absolument indécises ; ques-
tions cependant d-è la plus h.iute iraporlauce ,
puisque , selon leur soluti(Hi , les inconstliution-
nalités seront multipliées ou réduites.
Je ne pense pas qu'on veuille prétendre que
la rédaction de l'acie consiitutionnel tranche ces
questions : en accordant même que toutes ses
dispositions soient clairement exprimées, qu'il
n'en îoit aucune d'éijuivoque dans le sens qu elle
affecte , il n y aurait de résolu que la moitié
de la d'Hicultc , c'est-à-diie que nul doute ne
s élèverait sur le sens littéral de chaque article;
mais testerait le problême de savoir si linduc-
lion et l'analogie seront reçues ; si Ion mettra
des argumens entre un fait et la loi ; si , par
exemple , un cas qu'elle articule englobera un
autre cas qu'elle a omis , mais dont on soutien-
drait l'identité.
Ne craindrez-vous pas qu'en abandonnant le
pacte social aux invasion» des conjectures , il
ne soit défiguré sans relâche par l intérêt , par
l'ignorance , par l'esprit de parti ? N'avez-vous
pas sous les yeux des exemples contemporains
qui vous effraient ? Si le texte de cliaque ar-
ticle est tourmenté dans son esprit pour en
extraite toutes les interprétations dont il est sus-
ceptible , ne fait-on pas violence à l'esprit général
de la constitution tjui a cherché les limites les
plus étroites à ce qu'elle a dû prescrire ou dé-
tendre?.... Il suit de la double aciion (jue la
constitution vous fait exercer sur les actes du
gouvernement , que ceux qui seraient d'une
inconstitutionnalité douteuse n'échappciaient à
la réforme du sénat qne pour tomber sousvotre
accusation; il suit de cette correspondance entre
le droit de délérer et le droit d'accuser , que
l'un est le complément de l'autre ; il suit de-là
que 1 esprit meure de la Constitution réduit les
inconstiiutionnalilés à celles que liihiqu'e expres-
sion manifeste
Je reprends l'acte que l'on dénonce comme in-
constitutionnel : voici ce qu'il dispose.
Art. P'. Les créanciers des ci-dev.int fermes et
régies généra'es, qui , en exécution de l'art. 111
du décret du 23 nivôse , n'auraient pas loiirni
aux administrations de département ou de district
leur déclaration du montant de leurs créances ,
seronlienus d'en faire ladéclaration , dans lestrois
mois de la publication du présent , au directeur de
la régie du domaine de leur département.
II. Ceux desdits créanciers qui ne se seraient
pas fait liquider en exécution de l'article XV du
décret des 24 et 27 seirtembre 1793 , et auraient
interné des procès ou obtenu des jugemens »
seront tenus également d'en faire leur déclaration
et de surseoir à toutes poursuites.
m. La régie de l'eirregistrement fera écrire ,
dans les trois mois suivons , I état général du
passif et de l'actif desdites fermes et régies gé-
nérales.
IV. Le ministre des finances en rendra compte
au gouvernement , et proposcia les mesures né-
ccïSiiires pour la liquidation déliniiive de toutes
les ctéanccs sur lesdites fermes et régies géné-
rales.
Il est esscniiel ■ d'observer que cet anêié se
borne à régler le son des créances assises sur
les fermes et régies . et qu'il ne s'occupe' nulle-
ment des créances personnelles des fermiers; je
IDbscrve sur-iout. p:irc- que, dans le dernier
écrit qui vous a éié diiiiibné, dn rapporte l'ar-
ticle U avec 1rs signes consacrés aux citations exac-
tes, et on lui f.iit dire tout le contraire dece qu il
exprime.
... Un décret du moisdeinai 171JI. supprima les
fermes et régies-générales.... Le l'^'aoûi 1791, un
second décrttrégl.i le mode de la liquidation de la
lernie et de la régie; Il nomma des commissaires
pris parmi les-lerrniers eu-x-mêmes, poun procéder
au recouvrement de l'airiéié des receif;s qui
composaient le gage et le lond iK.iurel ilesiiné
soit à pajer les cré.tnces légitimes affectées suc
la ferme, soit à rembourser les cauiionueinens
et les avances des fermiers '
Cette litiuida'tion n'était pas çncore terminée •
en 1793 , lorsque le 5 juin parut un décret de \9.
convention qui fit apposer les scellés sur les caisses
et papiers des liciuidateurs ; ordonna le versement
à la trésorerie des sommes qui pouvriietrl s'y trou-
ver Le «3 aoûi suivant, second décret qui
leur défendit toute espèce de manuiention de
recettes et de dépenses, et de se mêler d'aucune
affaire contenticusc : il est clair que . de ce mo-
ment , ils furent dépouillés p.ir les lois rendues
exprès , de tout ce qui tormait la propriété de la
ferme ; ils n'en étaient donc plus responsables ;
la force qui leur enlevait et la chose et le titre,
les dériait donc des obligations que l'un et l'autre
leur imposaient. La convention même n'osa pas
le nier ; elle en consigna authcntiquement faveu
dans ses décrets des 24 et 27 septembre i793i
qui sursirent à toutes poursuites et exécutions de
jugemens contre la ferme; enjoignirent à tous
ses créanciers de déposer leurs titres à la liquida-
tion-générale de la dette publique , sous peine
de déchéance
Un décret du 4 frimaire an 2. ordonna lincar-
réraiion des feimiers-généraux ; deux décrets,-
des iS et 29 nivôse, séquestrent leurs biens, et
1- 19 floréal un arrêt de mort les confique
L'objet des décrets des 23 et 29 nivôse était
de soumettre les biens personnels des fermiers
dont on s'emparait , au r.ièœe régime des valeurs
de la ferme dont on s'était déjà emparé : en
conséquence elle letir aiqjlique deux principales
dispositions des lois antécédentes : 1° le renvoi
à la régie nationale de l'administration et de la
liquidation des biens des fermiers : 2° la suspen-
sion de tous les procès intentés , de tous les
jugemens rendus contre eux, jusc|u'à la confec-
tion du' tableau de l'actif et du passif de leurs
biens. Ainsi à partir des 22 et 23 nivôse , les
fermiers ne pouvaient pas p'us être responsables
de leurs propres dettes que de celles de la ferme..
La confiscation des biens des fermiers géné-
raux ayant suivi de près leur séciuestration , il
en était donc résulté que leurs biens particuliers
éprouvant la même destinée que les valeurs
qu ils avaient possédées comme exploitaleurs de
ia ferme, étaient passés en toute propriété au,,
domaine public , et que ce domaine en pre-
nant tous les droits , avait évidemment accepté
toutes les charges.
Qu'est-il arrivé lorsqu'on a rendu le patrimoine
des fermiers-généraux à leurs héritiers ? il est
arrivé qu'on a distrait ce patrimoine du domaine
public ; mais qu'on y a laissé l'autre partie avec
les droits et les charges qu'elle comporte.
Ce n'est donc pas raisonner juste de dire que
pat ce qu'on a restitué aux héritiers des fermiers
leurs biens propres , il doivent payer les dettes
atlacliées aux^ biens qu'on ne leur a pas rendus.
Le gouvernement est donc resté saisi de tout
ce qui appartenait .à la ferme ? or, quel parti a-t-il
dû prendre à l'égard des poursuites des créanciers
de la ferme ? il est indubitable qu'il n'a pas été
le maître de choisir; il a du faire exécuter les
lois promulguées sur cet objet. Qu'ordonnent
ces lois ? elles ordonnent , depuis le 24 septembre,
1793 que tous les procès commencés, que tous les
jugemens rendus seront arrêtés dans leur exécu-
tion , jusqu'à ce que la régie de l'enregistren-kent
ait donné l'état de l'actif et du passif des valeurs
■de la ferme. Que prononce l'arrêté du gouver-
nement du 4 germinal? il a prononcé ce que,
depuis sept ans , la législation prescrit : ici la
Inuiiere de l'évidence jaillit av«c tant de cuiti
1228
*{ue je ne puis m'empêcher d'admirer l'art qu'on
à eu de l'obscurcir.
L'arrêté du 4 germinal n'a aucune disposition
prohibitive qui ne soit dans les lois des 24 sep-
tembre 1793 ei 23 nivôse an^2. Il n'est donc pas
contraire aux lois , puisqu'il en procure l'exé-
-cution. S'il fallait élever la question d'inconsliiu-
4ionnalité , sous le rapport de l'autorité judiciaire ,
interrompue dans son cours , ce serait à ces lois à
supporter la censure. Mais vous vousrappelez que
l'article XXX'VII de la constitution n'autorise la
révision du sénat sur les décrets du corps-législatil
que dans les dix jours de leur émission.
Ce qui donnera la mesure de la bonne foi de
ceux qui attaquent cet arrêté , c'est qu'il est tout
en faveur des légitimes créanciers de la ferme ;
car, d'«ne part, il les relevé de la déchéance
prononcée par la loi du aS nivôse , s'ils n'ont pas
fait leur déclaration dans les termes qu elle avait
assignés , et de l'autre elle exige que la régie de
i"enrcgis(remer.t achevé sa licjuidation dans tiois
mois , tandis que les lois anciennes ne préfixaient
aucun délai.
Il est compleltement démontré, je crois , que
■ les bisnî de la ferme générale étaient sous l'em-
pire d'une législation particulière , qui statuait
tout ce qu'a statué l'arrêté du 4 germinal , rela-
tivement aux droits des créanciers ; il n'a innové
ou étendu les dispositions législatives qu'en ce
qui touchait aux moyens de mettre un terme à
une liquidation qui ne s'achevait pas. Maisa-t-il
pu , sur ce point , modifier , restreindre ou am-
plifier ce que ces lois avaient prescrit ?
J'ouvre la constitution , et je lis art. LII :
« Sous la direction des consuls , le conscil-d état
T> est chargé de rédiger les projets de loi et les
)> régicmens d'administration publique , et de
■)■> résoudre les diflBcultés qui s'élèvent en ma-
M tiere administauve. )>
On objectera peut-être que le problème n'est
pas entièrement résolu , parce que la question
actuelle oïFre un mélange de difticuliés adminis-
traiives et judiciaires , et que dans le conflit de
<3eux autorités , il n'est pas naturel que l'une
s'établisse de plein droit le juge de l'autre.
D'abord il est une réponse assez décisive , c'est
que les tribunaux ne devaient ni ne pouvaient
ignorer ks lois qui leur empêchaient de connaître. '
Il serait assez singulier ,qn nn liirc prît son origine
dans la violation d'une loi.
Il faut avouer que la constitution garde un
profond silence sur les conflits entre les tribu-
naux et l'administration.
La loi organique du tribunal de cassation ne
l'a point réparé : l'article XCVI relatif aux régle-
naens déjuges , ne fait mention que des conflits
qui s'élèvent entre plusieurs tribunaux de pre-
mière instance non ressortissant au même tribunal
4'appel.
D ailleurs le tribunal de cassation n'a eu dans
aucune époque ce genre d'attribution ; er il
existe une loi du 21 fructidor an 3 , qui me
paraît perempioire ; elle prononce, article XXV 11:
«< En cas de conflit d attribution entre les auto-
5) rites judiciaires et administratives , il sera suisis
j» jusqu'à décision du ministre , confirmée par le
î> directoire exécutif qui en référera, s il est be-
j» soin , au corps législatif. >i
Lorsqu'à ces considérations puisées dans les
lois , vous réunissez celles que l'équité proclame,
comment hésiteriez vous de couvrir de votre
approbation un acte du gouvernement qui va
ramener lordre et la promptitude dans une
licjuidation dont les lenteurs dévoraient les droits
de toutes les parties ; qui va offrir à de nom-
breuses familles le terme prochain de leur inquié-
tude , et prouver dans une circonstance nouvelle
à tous les citoyens , qu'au sein de la républi-
que , la liberté triomphe par la force de la
justice . comme elle subjugue tout au dehors
par la force de ses armes.
I Le voeu unanime de votre commission est de
déclarer qu'il ny a pas lieu à délibérer sur la
pétition du citoyen Borel.
Le tribunal ajourne la discussion jusqu'après
l'impression du rapport.
Le ministre de l'intérieur adresse au tribunat
une médaille semblable à celle qui a été déposée
-dans la première pierre de la colonue nationale
I sur la place de la Concorde ; elle porte d'un
côté l'effigie du premier consul avec son nom et
ceux de ses deux collègues , et de l'autre côté ,
ces mots: Le peuple fraïKjais à ses défenseurs.
Le tribunat ordonne le dépôt à la biblio-
thèque.
La séance est levée.
THEATRE FEYDEAU.
Hier , on a donné à ce théâtre un mélodrame
intitulé: Desaix au Mont-Bernard. Le pi'blic s'était
porté en foule à ce spectacle ; il en est sorti ex-
trêmement mécontent.
Nul plus que nous n'est disposé à rendre hom-
mage au zèle et aux bonnes intentions soit des
auteurs , soit des comédiens qui consacrent leurs
plumes et leurs talens à célébrer les triomphes de
nos guerriers ; mais , après la tâche si difficile de
les égaler , la plus imposante peut-être est celle
de les chanter d'une manière digne d'eux. C est
sur-tout à La scène qu'on doit en reconnaître toute
[a difficulté , parce qu on n'y trouve à sa dis-
position aucun moyen proportionné à la grandeur
du sujet.
Celte insuffisance de nos moyens scéntques était
bien sentie de nos anciens auteurs ; et ceux qui
sont, estimés de nos jours , qui saissisent avec le
plus d empressement I occasion de célébrer un
triomphe ou tout autre événement heureux , se
gardent bien de peindre l'évènemcni lui-même
ou le triomphateur -, ils se bornent à faire res-
sortir queliiues traits frappatis , disposés ■ »i.c art
dans uu cadre modeste , laissant à l'imagination
le soin de concevoir l'ensemble en s'élevant jus-
qu à lui.
Vouloir faire plus , prétendre'ofFrir aux yeux ,
sur une étroite scène , des événemens qui ont
frappé de leur éclat un théâtre immense , c'est
s'exposer à n'offrir qu'une parodie misérable.
Tel est le nom qu'on doit donner à ces sortes
de spectacles , 011 une pantomime sans efF.-t suc-
cède à un dialogue insignifiant , ori 3o hommes
figurent de nombreuses légions , où un gmuppe
de femmes représente tout un peuple , et quel-
ques déclamaleurs , les chefs de nos soldats vic-
torieux , où nulle action n'est liée au sujet prin-
cipal , où les lieux , les lems et les évéïicinens
sont également confondus , où des tableaux sans
chaleur, sans mouvement et sans vie ne peuvent
que compi m.-r etrefioidir l'émotion que le sujet
devrait inspirer.
Ce serait ici le cas peut-être d'examiner jusqu'à
quel point , par respect pour le goût et par res-
pect pour la vérité , le gouvernement doit per-
mettre que la maladresse du peintre expose ainsi
des portraits défigurés à la risée publique , quand
les modèles sont l'objet de la vénération iijiio-
nale. Rien ne réjouit davantage ceux qui , forcés
d avouer nos triomphes , trouvent du moins
quelque consolation à pouvoir dire que nul parmi
nous ne les célèbre dignement : rien aussi n alflige
plus les vrais et sincères admirateurs de nos hé-
ros : peu de réflexions à cet égard suffiraient
sans cloute pour prouver qu'Alexandre eut deux
fois raison , et quand il défendit à tout autre
qu Apelle de faire son portrait , et quand il fit
payer libéralement les vers d'un mauvais poëte ,
mais à condition qu'il ne se mêlerait plus d'en
faire. S....
Au Rédacteur.
Veuillez , je vous prie , annoncer dans votre
journal que, nonobstant tous avis contraires des
citoyens Didot , nonobstant leur note itérative
insérée dans les journaux , portant qu'on ne doit
s'adresser quà eux pour les stéréotypes , on trouve
chez moi tous ceux qui ont été publiés jusqu'à ce
jour; savoir: Virgitius , Phcedrui , Cor. Nepos ,
FabUs de ta Fontaine , Boileau , Racine , Molière ,
TéVémaque , J. B. Rousseau , Brisson , Manuel re-
/■j/i/icazra, auxquels je puis ajouter Ga^'j Fafr/M,
the Vicar qf Wakejield , Letters of Montagne.
J'oflTre en outre aux amateurs l'agrément de pou-
voir orner leurs exemplaires de très-bonnes gra-
vures que j ai fait exécuter exprès. S il y a quel-
que bizarrerie dans ce conflit d'annonces con-
tradictoires , la faute en est à ceux qui , après
m'avoir vendu une très-grande quantité de ces
livres, et eu avoir été bien payés, ont annonce avec
tin si singulier empressement, et soutenu d'une
manière plus étrange encore , qu'on ne les trou»-
vaii que chez eux , lorsque j'avais annoncé , et
qu'ils savaient irès - bien que j'en étais abon-
damment pourvu.
Je vous prie d'annoncer aussi que , le l^' ven-
démiaire prochain fixe , je mettrai en vente la
première livraison des figures pour les œuvres de
'Voltai"e, d'après de nouveaux dessins de Mo-
reau , et combinées de manière à pouvoir se pla-
cer dans toutes les éditions de Voltaire , grand
in-t2 et in-8° , déjà faites ou projetées. Cette
livraison de douze estampes sera annoncée par
un prospectus.
Ant. Aug. Renouaed , libraire ,
rue André-des-Arts', n" 42.
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Portrait de Bonaparte , estampe de quatre déci-
mètres de haut i-ur trois de large , environ t^
pouces sur 12 de large , gravé par Coqueret.
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Grand Balcon, quartier Saint-Jacques.
Le premier consul de France est représenté
en pied , dans le grand costume de sa dignité.
Au mérite de la ressemblance , cette gravure
joint un elFet harmonieux et pittoresque.
Portrait du général Régnier, dessiné d'après
nature . par Guerin , et gravé par Elisabeth G.
Hcrhan ; in-lolio-
A Paris , chez Renouard , libraire , rue .Saint-
André-des-Aris . n'' 4^ , qui vend aussi tous lei
autres portraits gravés par Flessinger et madatne
Herhan , enir autres, Bonaparte, Desaix, etc. etc.
Celui-ci est de la plus belle exécution , et
d'une parfaite ressemblance.
LIVRES DIVERS.
Essais de poésie! de B. F. A. Fonvielle aîné,
de Toulouse , auteur des Essais sur l'état de la
France au i'^'" mgj iyg6, des Résultats possibles
du 18 brumaire an 8 , deux volumes in-18 sur
grand-raisin.
A Pjris , chez l'auteur, rue Saint-Honoré ,
hôtel d Angleterre , vis-à-vis le palais Egalité . et
chez Dentu , imprimeur-libraire, même palais ,
galerie de bois , n° 240.
Prix , 3 fr. , et 3 fr. 60 cent, franc de port.
Les Fables d'Esope , ornées de 58 gravures
d'après Barlouw , recueil de gravures piquantes
et d'apologues ingénieux pour l'amusement et
l'instrulion des enfans.
Seconde et dernière livraison.
A Pdris , chez Gueffier, et au cabinet de lec-
tuie , boulevard Ceruiti , n°: 21 , vis-à-vis la rue
de Choiseul. Prix , 6 fr. , et 7 fr. , franc de port.
Idem , les figures tirées sur papier blanc. ,
7 fr. ; et 8 fr. , franc de port.
Idem, enluminées , l? fr. ; et l3 fr. 5o cent.,
franc de port.
TRESOR PUBLIC. ^
Avis aux marchands de bois.
Le t6 thermidor an 8 î à midi , il sera procédé,
en présence d'un administrateur du trésor public ,
à l'adjudication au rabais de la fourniture de quinze
cents doubles stères de bois neuf, chêne , charme
et orme , pour le cbaufage des bureaux.
Les marchands de bois qui voudront concourir
pourront se réunir aux jour et heure indiqués
ci-dessus dans la salle qui précède le bureau du.
secrétariat-général.
Bourse du 3 thermidor. — Eff'ets publics.
Rente provisoire 23 Ir. 25 c.
Tiers consolidé 34 fr. l3 c.
Bons deux tiers 1 fr. 55 c.
Bons d'arréragé 88 tr. 00
Bons pour l'an 8 . 85 ,lr. s5 C.
Syndicat 67 fr. a5
Coupures 67 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Errata.
Dans l'arrêté du i'' de ce mois , d" 3o3 , qui
nomme les préfets maritimes , au lieu de it Les
consuls de la république arrêtent , etc. >» lisez :
Il Bonaparte, premier consul , arrête , etc. >»
ï,'at>oaa«Dcnt se fait à Paris , lue des Poitevins, u" x8. Le prix est de 25 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne s'abonne
qu'ai^ ç<}ininei^cemcQt de chaque mois.
Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , au cit. Ag as s e, propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , n« 18. Il faut comprendre dans les envois le port de»
pays oy l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pqur plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue dei
Poitevins , n* i3 , depuis neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 3o5.
Quintidi , 5 thermidor m 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NIT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni » les nouvelles des armées , .ainsi que les faits et les notions tant suc
l'intérieur que sur l'extérieur , fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
IRLANDE.
Dublin , le 10 juillet ( s 1 messidor. )
Fin du discours de M. Dobbs à la chambre, des
communes.
J
E VOUS ai dit , monsieur , que beaucoup de
Taisons me portaient à croire l'arrivée du Messie
très-prochaine , je vous ai même exposé plusieurs
de ces raisons ; mais il en est une dont je ne
Vous ai pas encore entretenu , et qui me paraît
•ans objection , c'est le projet de bill déposé
»ur cette table. — Que se propo&e le ministère
britannique par la mesure de l'union ? — De dé-
truire le royaume d'Irlande , quoiqu'il soit resté
distinct de tous les autres , de lems immémorial.
Il se propose encore , par la réunion des deux
parlemens , de classer ce pays au nombre des
dix doigts de pieds de la statue , qui , suivant
l'opinion du grand sir Isaac , furent divisés en
dix royaumes dans l'an 40 , comme si les mi-
nistres anglais s'entendaient mieux que le créateur
à assigner un caractère politique à chaque nation
du globe. Ils pourraient tout aussi bien , les mi-
nistres , ordonner que , du jour où l'union s'effec-
tuera , le serpent à sonnettes , la vipère , l'aspic ,
la Couleuvre , le crapaud , etc. etc. auront à
prendre naissance et domicile , à croître et à
multiplier dans cette pauvre Irlande; car l'un est
aussi opposé à la volonté de Dieu que l'autre.
Je n'hésite donc pas , monsieur l'orateur , à ré-
péter ici ce que j'ai déjà dit au commencement
du débat , que le bill avortera. Je n'hésiie pas non
plus à proclamer dès ce moment l'indépendance
de l'Irlande , comme écrite de toute éternité dans
'es décrets immuables du ciel.
Je crois devoir, monsieur l'orateur , avant de
me rasseoir , déclarer publiquement la conduite
que j'entends tenir , si le projet de bill passe en
loi. j'entends me soumettre a la loi sans mur-
murer, et jusqu'à ce qu'elle ne soit révoquée ,
ou que le Soleil, retirant miraculeusement sa
lumière , n'annonce l'approche du Messie. J'en-
tends , dans le cas ou le bill recevra la sanction
loyale , engager tous ceux qui tiennent l'existence
de moi , ou sur lesquels j'ai la plus légère in-
fluence , à lui obéir en tout point , jusqu'à ce que
le Messie revienne les en affranchir. Convaincu ,
comme je le suis , de son très-prochain avène-
ment , je vous dis à vous , monsieur l'orateur ,
et à chacun des honorables membres de la
chambre , de quelque côté qu'il siège ou qu'il
vote : it Si vous aimez l Irlande du fond de
>» votre cœur, réjouissez-vous, car l'iustant de
it sa délivrance approche. )> Je dis à chaïuie
homme qui se trouve en-dedans ou en-dehors
de cette chambre : «» Si vous aimer la venu,
s» réjouissez-vous, car le triomphe de la vertu
>) s'apprête. 11 Je dis à quiconque respire dans
l'intérieur ou à l'extérieur de ces murs : ii Si
)i vous- êtes chrétien , n'importe votre secte ,
»> réjouissez-vous , car le glorieux auteur du
u christianisme arrive pour en expliquer tous
j» les mystères , éclaircir toutes les difficultés et
5) dissiper tous les doutes, m Je dis à tous les
hommes , chrétiens ou non : (i Si vouj aimez
SI sincèrement vos frères , réjouissez-vous , car
5) le Messie qui a souffert sur la croix, est en
»» route pour venir remplir sa mission. Il vient
»» lever la malédiction qui suivit la chute d'Adam ,
>» et téformer la terre. Il vient établir un empire
j> qui sera fondé sur la justice , la vérité , la
5» droiture, lequel s'étendra d'un pôle à lautre ,
>i et qui , de malheureux et de corrompu qu il
j) a été jusqu'ici , sera relevé par lui jusqu'au
)> fiîie de la sagesse et de la prospérité hu-
it roaine. >•
INTERIEUR.
Strasbourg , le 29 messidor.
On assure que le comte de Cobentzel est parti
de Vienne pour Bcilin, et le prince Jean de
Lichtenstein pour Pèicrsbourg. La paix avec la
France est, dit-on . lobjet de leur voyage,
Le corps du général Richcpanse serre de près
la forteresse d Ulm ; les comrécs environnantes
fournissent les vivres et le fourage ; tous les ou-
irrages cxtciitiirs sont violemment canonnés de-
puit le 17. Les assiégés répondent par un feu
irès-vif. Le 20 , le quartier-génral de Kray était
à Elurphngen. Le 11 , le général Klenau est parti
de Ralisbonne pour Straubingen , et lous les
magasins ont été portés plus loin. Le 19, le piince
Ferdinand, à la suite d'un combat assez vif, j
été forcé de quitter Landshut. Klenau , pour
entretenir la communication avec lui , a fortiËé
des postes depuis Au jusqu'à Meixgkhoffen.
La fête du Ouatorze-Juillel a été célébrée avec
beaucoup de solennité à Mayence ; i5î prison-
niers autrichiens y étaient arrivés la veille.
Dans la dernière affaire qui a eu lieu sur le
Mein , la légion polonaise, son commandant à la
tète , passa ce fleuve à la nage , tomba sur les
derrières de l'ennemi , et décida la victoire en
faveur des français.
StrasbuTgir Wethbote.
De Bruxelles , le 26 messidor.
Arrêté du préfet de ta Dyle.
Le préfet , vu les rapports authentiques qui
lui sont parvenus surla conduite de J. S. Thomas,
ex-curé de Leefdael . canton de Tervueren.
Coiisidérant que ledit Thomas se trouvé frappé
de déportation par arrêté dp directoire exécutif
du 14 brumaire an 7 , comme perturbateur de
la tranquillité publique.
Qu'il ne s'est conformé à aucunes des dispo-
sitions de l'arrêté des consuls du 8 frimaire
dernier , qui relevé les prêtres de la déporta-
tion , en justifiant de leurs droits à l'une des
trois exceptions reprises au susdit arrêté.
Que sa présence sur le territoire français,
contraire au texte formel de la loi , ne potavait
être tolérée qu'autant qb'une conduite paisible
et irréprochable justifierait celte indulgence.
Considérant, au contraire, qu'il est du nombre
de ces prêtres factieux soudoyés par l'étranger
pour troubler le repos de leurs concitoyens et
allumer la guerre civile , arrête :
Le commandant de la genditmertè" du dé-^
parlement de la Dvle s'assurera de la personne
du nommé J. S. Thomas , et la fera conduire
de brigade en brigade hors le teiritoire de la
république.
Expédition du présent arrêté lera transmis de
suite au commandant de ta gendarmerie pour
lui servir d'ordre à cet effet.
Signé , DoULÇET-PoliTECOOtANT.
Pour extrait conforme ,
Le secrétaire-général de la préfecture ,
Signé , Legras.
P. S, Le présent arrêté a reçu son exécution
le 3o messidor, ^fxtraf/ du journal de Bruxelles.)
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du tj messidor an 8.
Lès consuls de. la république , sur le rapport
des miuistres de l'intérieur , des relations exté-
rieures et de la marine , le conseil - d'état en-
tendu , arrêtent : ,
Art. 1". Les permissions qui ont été accordées
à différentes maisons de ci^nmerce if)Our l'impor-
tation directe, sous pavillon neutre , de matières
premières , denrées coloniales et autres marchan-
dises venant directement d'Angleterre , sont ré-
voquées.
II. L'article II de la loi du 99 nivôse continuera
d'êire exécuté , jusqu'à ce qu'il en ait été autrement
ordonné.
III. L'article X'V de la loi du 10 brumaire an 5 ,
qui exige des certificats d'origine pour les objets
de fabrique étrangère, dont l'entrée n'est pas pro-
hibée , notamment pour les sucres rafinès , cou-
peroses , huiles de vitriol et alun, continuera
pareillement d être exécuté , jusqu'à ce qu'il en
ait été autrement ordonné.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Li secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
SENAT -CONSERVATEUR.
Extrait des registres du sénat - conservateur , du
4 thermidor , an S de la république.
Le sénat-conservateur procède au scrutin pour
le renouvellement du bureau , conformément à
i art. I" de ton règlement.
Le dépouillement des votes donne la majorité
absolue, pour la présidence , au citoyen Lemer*
cier. Il est proclamé présulent du sénat.
Les citoyens Krllermann et Garât sont pareille-
xoent élus à la majorité absolue , et proclamél
sccéiaires du sénat.
Le sénat arrête que ces nominations seront
notifiées par un message au coips-iégislatif Ion
de sa rentrée 1 au tribunal et aux consuls de la
république.
Signé , Lemercier , président; Keilermann et
Garât.
Pa le sénat-conservateur.
Le seci étaire-genirnl , signé , Cauchy.
MINISTERE DE L'INTERIEUR.
Le général de division Dugua ' au ministre de
l'intérieur. —Marseille; te 2b messidor an 8.
Citoyen ministre",
Pendant mon séjour à Malte et le siS floréal
dernier, j'ai eu des détails sur la situation du
citoyen Doloniieu. Lméiêi général que ce sa-
vant inspire, me persuade que'vous les appren-
drez avec plaisir.
Milord Nelson, M- le chevalier Himilton et
son épouse mediient, à bord du Foudroient ^
que la cour de Naples avait été au moiaeni Je
céder aux demandes réitérées de Paul I"^"^ , qui,
en qualité de grand-maître de Mjlie, réclamait
le citoyen Dolomleu , comme ci-devant com-
mandeur de l'ordre , et comme ayant contribué
à faire livrer lîle aux français.
Les amis de Dolomieu (il en a encore dam
cette cour) ont send que s'il était livré au czar ,
il irait tout au moins en Sibérie. Ils ont sollicité
et obtenu qu'il ne le serait pas, qu'il sortirait
de son cachot pour être placé dans une prison
plus commode et plus aërée.
M. Nelson , M. et madame Hamilton m'ont
assuré qu'à leur passage à Palerme , ils feraient",
auprès de la reine de Naples, toutes les démar-
ches nécessaires pour obtenir que ce savant fut
traité dorénavant comme prisonnier de guerre.
Je compte que la lettre dont je joins ici copie
lui sera parvenue.
Salut et fraternité ,
Signé , C. F. Dugua*
Le ministre de riiMérieurprévient les artistes que,
dans la première décade de fructidor, il prononcera
entre les plans qui lui auront été rerais potu la
colonne nationale. Il les invile donc â accéléïef
l'emjoi de leurs projets. La gloire de la nation,
l'amour des arts, tout doit les décider; jamais plu»
beau sujet ne fut présenié au patriotisme et au
génie. L. Bonapartï.
MINISTERE DE LA MARINE.
La goélette française l Abeille . armée à Cadix,
commandée par le cit. Joseph Adrian , et appar»
tenant aux citoyens Teisson et compagnie, a
pris , apiès une demi-heiare d un combat très-
vif, deux bâiimens de guerre portugais, dont
l'un nommé le Lion , armé de 12 canons de fonte,
l'autre, l'Andonde de 10 canons . et réunissant
tous les deux 114 hotames d é juipage . parmi
lesquels quatre ont été tués et quarante blessés»
Plusieurs de ces derniers ont reçu des blessure»
graves.
AVIS.
Le ministre de la marine et des colonies pré-
vient ses concitoyens que la liste définitive des
propriétaires des biens situés dans les colonies,
qui , en exécution de la loi , ont fourni la preuve
de leur résidence du 9 mai 1792 au 4 nivôse an 8,
et en outre un certificat de non inscription sur
la liste des émigrés, visé par le ministre de iz
police générale, conformément à l'article
de la loi du 12 nivôse an 6 , et à qui il a été ex-
pédié un certificat de mise en règle à l'effet
d'obtenir la main levée de leurs séquestres, doit
être clôturée et arrêtée le dernier jour complér
mentaire de l'an 8.
En conséquence , les pièces sus énoncées ne
seront reçues dans les bureaux que jusqu'au 3o
thermidor inclusivement , afin que le mois de
fructidor puisse être employé à la rédactioa et
vérification de cette lisie.
123o
Les propriétaires colons qui enverront leurs
Jjieces postérieurement au 3o ihermidor , seront
compris dans la liste supplémentaire , qui ne sera
clôturée que trois mois après la première.
Une fois inscrits sut la liste , les propriétaires
n'ont plus aucune autre formalité à remplir en
France.
Fait à Paris , le 29 messidor , an 8 de la répu-
blique française.
Signé , Forfait.
Par le ministre de la marine et des colonies ,
Le chef de la 4' division , Granet,
MINISTERE DE LA GUERKE.
Suite du rapport général des^opéra^tions de l'armée
du Rhin. — Au quartier -général de Munich
le 24 messidor an 8.
Mon dernier rappott vous annonçait le pas-
sage audacieux du Danube , opété sur Blint-
heim et Dillin^en , par l'aîle droite et le centre
de Tarraée dans la journée du 3o prairial.
Il restait deux partis à l'ennemi : de marcher
a nous en risquant le sort d'une bataille , ou de
se relir'er par Heidensheim et Neresheim sur
la Vernitz ou sut Ingolstat.
Le I" messidor, le général en chef ordor^na
les dispositions suivantes : le général Lecourbe
reçut l'ordre d'envoyer le général Levai avec
sa brigade , pour s'emparer do la belle position
du Schellemberg , en avant de Vernitz , ~cou-
yrant Donawert. Avec le reste de son coips , le
lieutenant-général Lecourbe prit position sur le
haut Egg , prolongeant la droite vers Dissingen ,
sur la route de Dillingen à Nèresheira.
Le lieutenant-général Grenier avait reçu ordre
de tenter un passage sur Guntzbourg, et dans
le cas où l'ennemi brûlerait les débris du pont,
de venir passer le Danube à Lavingen , et établir
sa ligne sur laBreniz , sa gauche à Gundelfingen ,
sa droite à Brenlz , le centre devait se placer ,
sa gauche liée à la droite du lieutenant-général
Grenier, et sa droite en arrière de Gingen , sur
Saxenhausen.
L'ennemi brûla le pont de Guntzbourg , et le
général Grenier prit la route de Lavingen avec
deux divisions , laissant la division Ney en posi-
tion sur la Guntz , pour empêcher nos derrières
d'être inquiétés, elles détachemens de l'ennemi
de venir brûler les ponts du Danube , qui avaient
été rétablis. Elle devait se Her avec le général
Richepanse, toujours chargé de couvrir la route
de Memming&n et le cours de l'Iller.
Le 2 messidor, le général Richepanse annonça
au général en chef que l'ennemi repliait sur U!m
toutes les troupes qu'il avait sur la rive droite du
Danube, et le général reçut ordre de se rappro-
cher de la place , en suivant les mouvemens de
l'ennemi. Il -s'établit, sa droite à Oberfaliheim ,
sa gaiiche à \Jnterkirberg , observant les ponts
de Leiphc'iTi et Guntzbourg , occupant sur la rive
gauche de lliler , Viblingen et Delmesingen.
Le lieutenant-général Grenier rappela la divi-
sion Ney , et put s'étendre ainsi de Gundelfingen
à Saxenhausen, ayant à sa disposition la réserve
de cavalerie pour soutenir la partie de sa ligne
qui traversait les plaines du Danube.
Le centre se lia par sa gauche à la droite du
lieutenani-général Grenier, prolongeant sa droite
à Balhausen , dans la direction de la route de
Dischingen.
On était ainsi en mesure contre' tout projet de
l'ennemi. On pouvait le combattre avec avan-
tage s'il voulait livrer bataille , ou le suivre rapi-
dement s'il se déterminait à la retraite. On était
même sur ses flancs , s il prenait la route de
Heidenheinjel Neresheim pour son chemin de
retraite.
Le 3 messidor, les rapports des reconnaissances
firent présumer au général en chef que l'ennemi
avait commencé son mouvement de retraite. Il
fallait ordonner aussitôt à l'armée un mouvement
général ; mais un tems horrible et des torrens de
pluie empêchèrent de mouvoir l'armée , surtout
devant faire marcher une artillerie nombreuse
dans un pays qui n'offre que des chemins afî'reux.
L'armée ne put marcher que le 4. L'aîle droite I
se portaisur Neresheim, avec ordre de poursuivre^
Varriere-garde de l'ennemi sur la route de Nord- 1
lingen , si elle avait dépassé Neresheim.
Les divisions du centre eurent ordre de se
porter sur la route de Nathera à Neresheim l'une
marchant en soutien de la droite de l'armée ; les
autres se dirigeant sur Ochenheim avec ordre ,
lorsqu'elles y seraient arrivées , de suivre le mou-
vement de la droite de l'armée.
Le lieutenant-général Greniermarcha parOche-
nausen sur Natheim , couvert par un corps de
flanqueurs sur la route de Heidenheim.
L'ennemi , çlepuis son départ d'Ulm, marchait
nuit et jour , et avait atteint Neresheim dans l'es-
pace de 84 heures.
Le Eeutenant-généralLecourbe ne trouva qu'une
arriere-garde , composée d'une nombreuse cava-
lerie et de quelque infanterie. Les carabiniers firent
deux ou trois charges brillantes , qui nous don-
nèrent environ i5o prisonniers. L'ennemi pour-
suivi jusqu'à neuf heures du soir , ne tint que sur
le plateau de Nordlingen ori il déploya une nom-
breuse artillerie. Il ne put nous empêcher de
déboucher des forêts qui , pendant une lieue ,
resserrent la route de Nordlingen, et de prendre
position vis-à-vis du plateau. Le général Lecourbe ,
sa droite àNiedenhausen , sa gauche sur la chaussée
de Nordlingen , le centre en réserve sur Omers-
heira , et le lieutenant- général Grenier sur les
hauteurs de Riffling , observant le débouché de
Lolfingen.
Le général Richepanse rétablit le pont de Guntz-
bourg le 5 ; il passasur la rive gauche du Danube,
et forma l'investissement d'Ulm. La' brigade du
général 'VValiher appuya sa droite à la Blaw vers
Sufflingen , et sa gauche à Inngingen. Celle du
général Sahuc Se plaça , la droite à ce village,
et sa gauche au Danube en avant de Teffingen;
celle du général Levasseur , la droite à Gundel-
fingen , la gauche vers Marbach ; celle du
général Drouet , la droite à ce dernier village ,
et la gauche à Gecklingen. Le chef d'escadron
Evers mit sa droite à Soflliiigen , oii il se lia avec
le général 'Walther , et sa gauche au Danube,
à la hauteur du général Drouet.
Le même jour le général Kray envoya un par-
lementaire au général en chef, qui lui annonçait
la conclusion d'un armistice entre les deux armées
d Italie. Il laissait ignorer dans ses dépêches les
événemens brillans qui avaient amené cette sus-
pension d'armes , e' en proposait une entre les
deux armées du Rhin. Le général en chef s'y
refusa. Il s'attendait à tout instant à recevoir des
dépêches du gouvernement, qui l'instruiraient
de ce qui se passait d'extraordinaire en Italie, et
comme elles pouvaient lui apporter l'ordre de
suspendre sa marche, il crut devoir donner un
autre but à ses opérations. Le gros de l'armée
ennemie devait être trop éloigné pour la forcer
de combattre en la poursuivant : il n'y avait plus
à espérer qu un succès d'avant-garde. Sur ces
motifs, le général en chef ne songea qu'à s étendre
et à manœuvrer pour procurer de bons quartiers
et des ressources à l'armée , s'il arrivait un armis-
tice général.
En conséquence, le général Decaen reçut ordre
de marcher avec sa division sur Munich , à mar-
ches forcées , se dirigeant par Hoeschtel . Ver-
tingen , Ausbourg et Dachau. Cette mesure avait
pour but de forcer lélecteur de Bavière à rem-
plir les conditions d'un traité qu'il avait conclu et
éludé en l'an 4. D'ailleurs, en semparant d'un
pont sur riser , on rejettait sur llnn l armée au-
trichienne qui ne pouvait plus opérer sa jonction
avec le corps du Tyrol que derrière cette rivière.
Le général en chef se prépara à faire appuyer
celte division par un mouvement général de
l'armée.
Elle appuya sa droite à Degingen , éclairant la
route de Nordlingen à Donawert , le centre sur la
route de Neresheim à Nordlingen , et la gauche à
Troltelfingen , observant la toute de Poflîngen.
Ce même jour, le général Laval fil capituler le
château d'Harbourg, où il prit t5o prisonniers et
3 officiers. Il put se lier ainsi avec la droite du
général Lecourbe.
Le 6 , l'ennemi voyant ses poui;parlers de la
veille inutiles , malgré qu'il eût adroileinent semé
dans notre armée la nouvelle d'un armistice gé-
néral , et qu'il eût cherché à se mêler avec nos
soldats en signe de réjouissance , fit sa retraite
dès les deux heures du matin et l'armée marcha
sur la Vernitz , l'aîle droite liée au corps de
Donawert et sétendant par sa gauche jusqu'à
Ostheim ; le centre oceupant Feisenheim et Ve-
chingen ; la gauche refusée sur Pfefiîngen , route
de Nordlingen à Oethingen qu'on occupait par
l'extrême gauche de l'armée, prit dans Oettingen
plusieurs prisonniers et 60 voilures avec 2 ou
3oo chevaux : c'était la queue de la colonne des
équipages.
Le général en chef jugea que l'ennemi se rejet-
tait sur le Danube. Il pouvait passer le fleuve à
Neubourg , se porter sur le Lech à Rain , et
se placer ainsi entre l'armée et le détachement
commandé par le général Decaen. Il était, impor-
tant d'arriver avant l'ennnemi. L'armée avait trois
défilés à passer, la Vernitz , le Danube et le
Lech.
En conséquence , le général Lecourbe eut
ordre de passer, le 7 , le Danube à Donawert ,
et de se porter rapidement sur Rain , pour s'em-
parer du pont de Gundeikingen. Le centre se
plaça , sa droite à Donawert , la gauche à Har-
bourg , où le général Grenier appuya sa droite ,
sa gauche étendue , et poussant des partis sur
Oettingen et sur Monheim.
Le pont de Gundeikingen était tellement dé-
gradé qu'il fallut la journée entière pour le
rétablir. La division Gudiu cependant prit posi-
tion le même soir en avant de Rain sans éprou-
1 ver qu'une très-faible résistance. L'ennemi fit
passer le Danube sur des barques à 'quelques
centaines d'hommes vis-à-vis Schœulcld. La
brigade de gauche fusilla jusqu'à onze heures
du soir, et fit une centaine de prisonniers.
Combat de Neubourg.
Le 8 , le général Lecourbe eut ordre de mar-
! cher sur Neubourg , et le centre de prendre
I position sur Rain , en réserve de l'aîle droite
! de l'armée. La gauche vint se poster à Di^na-
! wert , continuant de pousser des partis sur
^ Monheim et sur la route de Nordhngen à Oct-
I lingen.
Les deux" divisions du général LecoUrbe se
mirent en marche avant le jour. Celle, du géné-
ral Gudin se dirigea sur Poetmitss ; elle fut
obligée de disputer sa position , et elle ne
put la prendre entièrement , à raison de la nom-
breuse cavalerie que l'ennemi lui opposa. Plu-
sieurs charges brillantes furent exéciltées 'par les
6' et 8' d''liussards , qui prirent à l'ennemi une
centaine de chevaux. Le général Pulhod , com-
mandant la brigade de gauche , après bien de»
difficultés, prit position à Elkirck.
Mais les plus grands efforts de l'ennemi se diri-
gèrent sur le général Monttichard. Ce général se
dirigeait sur Neubourg , et devait , après s'en être
emparé , marcher par sa droite pour prendre po-
sition et se lier à la gauche du général Gudm ,
lorsque le'général Kray , ou trompé sur nos mou-
vemens , ou voulant tenter encore le sort d'une
bataille , pour prendre la position du Lech et
opé re r s aj onction a vecj le corps du prince deReuss ,
déboucha de Neubourg avec une grande partie
de son armée. Les deux corps étant en mouve-
ment , aucun n'avait encore pris une assiette fixe
pour soutenir ou livrer un coinbat.
L'avant-garde rencontra l'ennemi au village de
Strass et le poussa jusques sur les hauteurs d Un-
terhausen , position avantageuse qu'il occupait
en force. Le généra! Montrichard fit ses disposi-
tions d'attaque. Le général Espagne marcha avec
le premier bataillon de la 3?= , les t"^ et 3= de la
84' pour attaquer le plateau , tandis que , pour
le tourner , un bataillon de la 3;^ se portait à.
droite sur Rosenfeld. La 10= légère était répandue
sur le front et les flancs des colonnes. La brigade
Schinner avec la log'et le3= bataillon de laSy*
forma la réserve , soutenue parle 9^ de hussards,
le 6= de cavalerie, et l'artillerie légère comman-
dée parle cit. Rot. Après quelques efforts la po-
sition de l'ennemi fut enlevée , et le général
Espagne parvint au revers de la montagne à la
vue de Neubourg. Cet officier-général fut obligé
de se retirer par une blessure qu il reçut au bras.
Alors la brigade Schinner envoya quelques
troupes pour soutenir et maintenir la position ;
mais l'ennemi recevant des renforts'considétables ,
il l'attaqua et s'empara de nouveau du plateau.
Le bataillon qui marchait par Rosenfeld fut
arrêté par trois régimens de cavalerie et ne put
pénétrer ; les forces de l'ennemi devinrent même
tellement supérieures , que bientôt la droite du
général Montrichard se trouva débordée; tandis
que des batteries établies sur la gauche du Da-
nube inquiétaient son flanc gauche , et que de»
partis ennemis couraient sur ses derrières. N'ayant
plus que quelques réserves , ce général ordonna
la retraite qu'il fesait en bon ordre, lorsque le
général Lecourbe arriva. Prévenu du combat vi-
goureux qui venait de s'engager , il avait aussitôt
demandé au général en chef de faire avancer une
division de réserve , commandée par le général
Grandjean, pour soutenir le généralMonttithard,
et il se rendit lui-même au galop sur le champ de
bataille.
Il trouva les généraux Montrich_ard et Schinner
donnant l'exemple de la plus grande fermeté. La
retraite s'effectuait en bon ordre ; mais il l'arrêta
en annonçant les renforts qui le suivaient. L'armée
du Rhin n'avait pas l'habitude de céder du terrein,
et l'ennemi , malgré son énorme supériorité , fut
vigoureusement contenu avec quelques pelotons
frais et une compagnie de grenadiers de la 109',
commandée, par le capitaine Lacoste. Le brave
chef de brigade Lacroix pénétra même encore
une fois dans Unterhausen , et chassa l'ennemi
des bois qui sont à la gauche de ce village. Mais
il ne pouvait s'y maintenir , lorsque le général
Grandjean arriva avec un bataillon de la 14*
légère, deux bataillons de la 46', deux de la
5;"= , le 4"^ d'hussards , le 11° de chasseurs, et une
compagnie d'artillerie légère , commandée par le
capitaine Sibille.
Le lieutenant général Lecourbe forma aussitôt,
de ces troupes , trois colonnes d'attaque ; la pre-
mière , dirigée par l'adjudant-général Coëhorn ,
se porta sur la gauche d'Unlerhausen , qu'elle
tourna ; la seconde , aux ordres du capitaine de
génie Rognac , fut chargée d'attaquer le plateau
de front , tandis que le général Perrin , avec la
3^ , eut ordre de se porter sur la gauche pour
attaquer la droite de l'ennemi. Ces trois attaques
se firent avec tant de vigueur et de concert,
que l'ennemi fut culbuté , et forcé d'abandonner
définitivement sa position.
Jamais on ne vit un combat plus acharné. Le»
123l
colonnes marchaient sans tirer un (?oup de fusil,'
malgré huit pièces d'artillerie qui vomissaient la
mort. La 46' et la 14' légère furent long-tems,
j)êle-mêle avec la cavalerie ennemie , et conli-
nuerenl de se battre avec rage sans s'ébranler
un instant. La mêlée fut horrible. L'ennemi forcé
de retirer ses pièces , le combat n'en dura pas
moins- Dans l'obscurité , on n'entendait plus un
coup de feu , mais seulement le clifjueiis des
armes et les cris des comballaiis. C'est-là que le
chef de brigade Fortin a été tué , cruellement
sabré par la cavalerie autrichienne ; c'est-là que
le premier grenadier de t'armée française a péri
d'un co-;p de lance au coeur. Ses camarades ,
ceux parmi lesq^uels il avait choisi son rang, ont
élevé sa tombe , et l'ont honoré de leurs larmes.
11 n'y eut jamais de cérémonie plus touchante
et plus religieuse que les funérailles de ce
guerrier.
L'aide-de-camp du général Lecoutbe, le citoyen
Noiset , a eu un cheval tué sous lui , à côté de
son général. On a fait dans cette journée 800
prisonniers de quinze régimens difiérens , dont
trois ofliciers et un major de Lascy. Le général
Grandjean donne des éloges aux adjudans-
géncraux Perrin. Goëhorn , et au capitaine du
génie Rognac i^qui a montré dans cette affaire
une vigueur étonnante. 11 recommande également
le cit. Schutz, adjudant de la 14' , et le citoyen
Josselin , sous-lieutenant au 1 1' régiment de chas-
seurs , qui se sont distingués de la manière la plus
brillante.
A onze heures du soir les troupes purent posi-
tion sur les hauteurs d'Unterhausen , et l'ennemi
évacua Neubourg dans la nuit.
Le même jour , le général Decaen entra à
Dachau , et le lendemain, 9, à Munich, après
avoir fait , avec ses troupes , 40 lieues de poste en
trois jours de marche , et soutenu en route trois
combats. Il n'existe pas d'exemple d'un mouve-
ment aussi rapidement exécuté.
/ La suite demain. )
PRÉFECTURE DE POLICE.
Du ^ thermidor an 8.
Le nommé Dubosque , l'un des assassins du
Courier de Lyon et de son postillon , entre
Lieursaint et Melun , en l'an 4 , condamné à
mort par contumace , et évadé de la maison de
justice de Versailles , le aS ventôse de l'an 6,
vient d'être arrêté à cent lieues de Paris, d'après
les renseignemens ctonnés par les agens de la pré-
fecture de police.
Lettre du citoyen Remy , adjoint , sur l'île de Malte,
Dès que 1 île de Malte a été au pouvoir des
français, le roi de Naples fit la défense en Sicile ,
sous les peines les plus sévères , de vendre au-
cune subsistance aux maltais.
Cette même cour et celle de Londres excitè-
rent les campagnoles à prendre les armes contre
■nous. Quelques ambitieux lurent flattés ; les be-
\ soins et l'argent entraînèrent la multitude.
Deux, mois après , les anglais et les portugais
débarquèrent douze cents hommes ; toute I île
s'insurgea ; nos déiachemens extérieurs furent
assassinés , et la place fut de suite cernée par terre
et par mer, ainsi qu'elle lest encore aujourd'hui.
Cette masse fut organisée en régimens et compa-
gnies , sous les ordres des officiers de ces deux
puissances.
Les principales avenues .furent aussitôt retran-
chées et garnies d'une nombreuse artillerie.
Ils tentèrent même quelque tems après deux
assauts, l'un sur la porte Marsamoucbet, et l'autre
sur l'avancée de la Sangle ; mais l'intrépidité des
français ne leur permit pas seulement de débar-
quer leurs échelles ; un grand nombre des assail-
lans furent tués ou noyés , le reste s'échappa à la
nage.
Leurs entreprises réitérées ayant eu si peu de
succès , ils se sont bornés à jeter de tems en tems
des bombes sur les bâtimens mouillés dans le
Ïlort des Galères et sur la Cité Valette , oii est
e quartier-général.
Depuis deux ans que la ville est bloquée , les
Ï)rivation3 de tout genre n'ont aucunement altéré
C courage ni la constance des chefs ; la disci-
pline est parfaite ainsi que l'union entre 1ant de
corps diftérens. Les troupes sont animées du
' meilleur esprit, et décidées à se défendre jusqu'à
la dernière extrémité.
Depuis dix mois la garnison n'avait reçu que
des nouvelles indirectes de la France. Elle com-
mençait à être inquiète sur sa situation politique.
Lt général Vaubois jouit d'une confiance niétnée
el d'un respect au-dessus de toute expression.
Nos ennemis avaient exagéré les revers de
l'Italie , et défiguré les changemens arrivés en
France les 18' et ig brumaire. Il est difficile de
dépeindre la joie de la garnison , lorsqu elle fut
détrompée par les journaux , les proclamations
du général , et par le rapport d'un officier , témoin
de ces glorieuses journées.
La nouvelle constitution fut reçue avec accla-
mation , et malgré la grande disette , chacun trouva
de quoi célébrer son acceptation.
L'armée d'Orient ayant à son passage épuisé,
pour ainsi dire, les magasins de l'ordre , et le
gouvernementn'ayant anvpyé qu'un petit nombre
de bâtimens , dans le tems ou cela pouvait se
faire avec facilité , le général Vaubois a été forcé
de s'emparer du Séminaire , d'où la commission
lirait le bled nécessaire à la ville. Quehjues bour-
geois ont été requis de faire le pain ; ils achètent
comptant du général le grain qu'il leur faut.. Le
peu d'argent qui lui rentre par ce moyen . lui
lournit, même encore à. présent , aux dépenses
journalières de l'hôpital et de l'arsenal. La pé-
nurie de fonds le gênait également; il fit un
emprunt forcé ; il fit accepter aux propriéiaires
ainsi qu'aux particuliers qui avaient placé de
I argent au Séminaire^ et qui avaient contribué
à l'emprunt, des obligations au nom du gou-
vernement , acquiiables à la paix générale , si
toutes fois les individus ne portent pas les armes
contre les français.
De cette manière il a intéressé la fortune des
plus riches négocians et d'une grande partie des
habitaris de la ville ; ce qui ne laisse pas que
de nous être avantageux dans Ce moment.
La dette générale se monte à quelques millions;
en revanche il y a pour douze millions de biens
nationaux à vendre , si nous conservons la place.
Le général Vaubois n'attend qu'une occasion
sûre pour envoyer au premier consul ses comptes,
son mémoire sur le territoire , ainsi que le jour-
nal de toutes ses opérations pendant le siège.
, L'argent qu'il s'étail procuré le mit à même de
payer pendant long-tems la solde entière de la
garnison.
Le général mit également en réquisition toutes
les coionades, les capotes potjr les factionnaires,
et toutes les étoffes qui pouvaient remplacer le
drap qui lui manquait. Il fil faire, l'été dernier ,
à l'infanterie de ligne des fracs de cotonade
blanche , à linfanterie légère des habits-vestes
de drap rouge , à l'artillerie deS fracs bruns,
et aux marins des matelotes rayées. Ils s'achètent
eux-mêmes du baziu pour pantalons et gilets , et
du drap de coton pour la chaussure. Les offi-
ciers sont en taffetas et camelots de couleur.
Le premier hyver , le scorbut fit di grands
ravages ; le général pour remédier à un pareil
désastre, engagea les soldats à la culture des
végétaux. Ses sollicitations né furent d'abord
écoutées que pai; quelques canoniers , et leur
premier essai fut recompensé par un bénéfice ex-
traordinaire.
L'intérêt et leur propre conservation détermi-
nèrent de suiie (ouïe la garnison à imiter leur
exemple , et bientôt tous les fossés furent trans-
formés en jardins. On rapporta des terres oti il
n'y en avait point. Les soldats, pour arroser,
sont obligés d'aller chercher l'eau dans les ci-
ternes , quelquefois à de très-grandes distances
et avec des peines incroyables ; ils la font mon-
ter et descendre par-dessus des remparts qui ,
dans certaines parties ont plus de quatre-vingt
pieds d'élévation , par des inventions et avec une
patience admirables. Le sol est très-fertile , le
climat est heureux, les productions se renouvel-
lent sans cesse pendant toutes les saisons de
l'année , et il n'y a que le manque d'eau qui
puisse les priver de légumes.
Ils s'exposent au feu de l'ennemi pour aller
chercher de 1 heibe pour leurs lapins. Ces ani-
rnaux qui se multiplient considérablement et les
poules , ont été d'un grand secours.
Le bœuf et le mouton depuis plus d'un an n'y
sont plus connus ; 1 hôpital depuis un tems in-
fini n'a que du bouillon de cheval , des poissons ,
des ceuls , des liqueurs et très-peu de vin , et
l'on ne s'apperçoit pas encore que ce régime
nuise à la santé ; il n'y a dans ce moment que
quarante malades, s
Le marché est fourni journellement par les
soldats de terre , en légumes , fruits , lapins ,
poules , oeufs , chiens , chats , rats , et enfin de
tout ce qui est susceptible d'être digéré. D'un
autre côié. les marins vendent des poissons et des
coquillages. Toutes ces choses coûtent dans ce
moment dix fois plus qu'à Paris , et il y a un an ,
vingt fois plus. Le soldat gagne de l'argent.
La cherté des vivres avait ruiné les habitaris ,
et le bombardement les avait tellement effrayés ,
que le général n'eut pas beaucoup de peine à
les faire sortir de la ville , pour ménager les sub-
sistances qu il était obligé de leur lournir. De
45,000 âmes qu'il y avait, il n'en reste plus que
3ooo, y compris les autorités civiles et les per-
sonnes attachées au service de la place; il a tou-
jours ménagé les prêtres , les artistes ,les femmes
attachées anx militaires , et les riches. Le général
leur vend également le blé qui leur est néces-
saire, en observant les proportions pour les
âges.
M. Nicole , claveciniste de réputation , et
qui se dit anJi d'un de nos premiers artistes ,
le citoyen Creuizer , a composé plusieurs opéras
pendant le siège ; ils ont parfaitement réussi.
Le général Vaubois en fait beaucoup de cas ,
et il le recommande au conservatoire. Il n'y a
que trois mois que la troupe est partie , et dam
ce moment une société d'amateurs amuse le
public. Des soldats exécutent des ballets d'au-
tant plus surprenans , que les danseurs se sont
formés pendant le siège.
Le général ne néglige rien pour prévenir l'en-
nui et faire oublier les privations ; il a établi
des écoles d'écriture , de calcul , de dessin , et
des salles d'armes et de danses.
Les quinze premiers mois , les militaires de
service étaient privés de la vue pendant toute la
nuit.
Il y a dans la salle d'armes du palais quinze
raille fusils qui n'ont jamais servi.
La place et les foits sont tiès-bien armés ; il y
a des pièces de tout calibre français el étranger ,
depuis trente-six jusqu'à deux.
Chaque soldat a un hamac qui se blanchit , ce
qui les préserve de la vermine.
Sifflé , Rb,MY.
Des so uscripteurs pour
mémoire du
, I S T E
'nument à élever à la
*énéral Desaix.
fr. c.
Montant des trois premières listes, 14,17a
Citoyens, Dubois , préfet de police
de Paris , 100
Piis , secrétaire - général de la pré-
fecture de police de Paris ,
Chateauneuf-Randon , général com-
mandant la troisième division mili-
taire à Metz,
Madame Berthollet, rue Bellechasse ,
n° 2i5 ,
Paul Greppi , de Milan, hôtel de
Bruxelles , rue basse Saint-Denis ,
François Chauroont Quitri, capitaine
de frégate , hôtel Mortemart , rue
Guillaume , n° 977 ,
Gossuin , membre du corps législatif
rue Honoré , n° g5 ,
Jacomin , membre du corps législatif ,
rue du Coq-Honoré , n° 184 ,
Soubdés , juge au tribunal de pre-
mière instance , directeur du jury ,
rue du Doyenné , n° 288 ,
Le général Clarke , aux Tuileries ,
Tourné , aide-de-càmp ,
Girault, aide-de-camp ,
Even , commissaire principal de ma-
rine , rue de Gaillon , n" 863 ,
Regay, ingénieur de marine à Nantes ,
A. J. Issambert , négociant, rue Roch-
Poissonniere , n° 9 ,
Verne , législateur, à Roanne , dépar-
tement de la Loire , <
, Denise , secrétaire intime du ministre
de la marine , rue de la Révolution,
Lahary , tribun , rue d'Argenteuil ,
au Grand-Balcon ,
'Abraham -François Robin, payeur-
général du département de l'Indre ,
Portalis , commissaire du gouverne-
ment près le conseil des prises , à
l'Oratoire ,
louchet , receveur-général du dé-
partement de la Somme ,
Louvet (de la Somme), membre du
corps-législatif,
Lambert ( du Var) , commissaire or-
donnateur des guerres , rue des
Fossés -Montmartre , n° 4,
Malardot, commissaire des guerres,
rue des Bons-Enfans , maison Can-
die , n° 14,
Lefaucheux , préfet du département
de la Vendée ,
Michel , commissaire des guerres à
Vannes, département du Morbihan,
Le général Laroche , commandant la
26' division militaire à Coblentz ,
AUois de Herculaîs, chef de la 3«
demi-brigade d'artillerie de la ma-
rine à Brest ,
Deluçay , préfet du département du
Cher,
Hourier Eloy, administrateur du Pry
tanée français ; tue Sainl-lÉ'lorentiq,
3o
48
5o
«4
«4
94
«4
H
48
«4
«4
H
«4
«4
«4
aS
»i
«4
«4
34
i3
aS
H
36
De l'autre part...... i5,ii3
Laforest, commissaire du gouverne-
ment près l'administr. des postes , 36
Le préfet du département de îaMarne
à Châlons, «4
Fontaine-Cramaves, propriétaire, dé-
partement de Seine-et-Marne , «4
Chapuis , quartier - maître , trésorier
de la II' demi-brigade d'infanterie
légère à Bruges , '4
Gleze , commissaire des guerres à
Strasbourg , 24
Les neuf employés au bureau des
fonds arriérés de la guerre , 36 \
Chameau, adjudant - général , com-
mandant la place de Rotterdam , «4
Bodard, chargé d'affaires de la ré-
publique française à Gênes , rue du
Montblanc .! n" 53 , «4
Vanieville , administrateur des do-
^ . oiainesL nationaux et-de l^rwegis-
treraent , S4
Huguet , tribun , rue des Bourdonnais, «4
Borie , préfet du département d'Ille-
et.'Vilaine , «4
Lemoyne , architecte , rue Colbert ,
n» s83 , 84
Lacoste, administrateur des domaines
nationaux et de l'enregistrement , «4
Brocq, directeur de l'école de bou-
langerie , ancien membre de la
société d'agriculture de Paris , an-
cien inspecteur-général , adminis-
trateur et raunitionnaire des subsis-
tances et approifisionnemens civils
de la guerre et de la marine , S4
Le général de division Gilot . com-
mandant la 4' division militaire à
Nancy , 5o
Camus, membre de l'institut national,
garde des archivés de la république
française , *4
Les chefs et employés de la division
des relations commerciales du mi-
nistère des relations extérieures , 7*
Le général d'Azemar , de la Route ,
département de l'Ardêche , 36
L'adjudant - général Ducamet , de
Condom , département du Gers, 24
Le général de brigade Monet , attaché
à la M* division militaire à Bor-
deaux , 3o
Trois amis, 7»
Eiou , préfet du déparlement du
Cantal , «4
Buniva , professeur de médecine de
l'université nationale de Turin , 5
Demissy , à la Rochelle , «4
Le général de br'igade Bertin , ins-
pecteur - général des remontes , a
Sampigny , départ, de la Meuse , «4
Les chefs , contrôleurs et employés
des caisses des envois de la poste , 66
Godefroy , «4
Joubert , préfet du département du
Nord, à bouay , 24
Gauthier , secrétaire - général de la
préfecture du départementduNord,
à Douay , 24
Regardin , commissaire de la comp-
tabilité nationale , rue du Théâtre-
Français , 24
Sanlot , commissaire de la compta-
biUté nationale , tue Lepelletier , 34
Saucourt, commissaire de la comp-
tabilité uationale , rue du Théâtre-
Français , S4
Brieré de Surgy , commissaire de la
comptabilité nationale, rue de Gra-
sront , *4
I2â2
Ci-contre
Goustard , commissaire de la comp-
tabilité notionale , quai Malaquai^ ,
.Colliat , commissaire de la comptabi-
lité nationale, rue Guenégaud ,
Perrier de Trememont , vérificateur
de la comptabilité nationale , rue
des Fossés-Saint-Germain ,
Le général de brigade Siscé qui , a
servi dans le régiment de Bretagne
avec Desaix ,
Cuviller-Fleury , chef du cabinet 10-
pographique du premier consul ,
au Palais du gouvernement ,
Naihan Haley , lieutenant de vais-
seau , rue de l'Université , n" giS .
Pierre Desraousseaux , tue Notre-
Dame-des-'Vicioires , n°' 7 et 75,
Villeneuve de Ljon , invalide de la
république ,
"J.C: Chevalier, rue Basse du Rempart,
Lebrun , peintre , commissaire expert
du Musée central des arts ,
Hyppolite Leprêtre, rue Neuve -des
Mathurins ,
JVomj des citoyens français résidant à
Hambourg et à Altona , qui ont
souscrits.
Louis Olivier , ingénieur de la marine ,
Vital Davi ,
François Bailli ,
Marron ,
Clermont ,
Ramville ,
Poriio ,
Deherain ,
Dietrich , agent de la république ,
Ramé ,
16,092
84
s4
«4
5o
«4
24
H
»4
«4
«4
«4
«4
«4
24
«4
S4
«4
«4
«4
24
24
Total
16,578 5o
Déduction à faire pour l'exactitude du
compte.
Dans la seconde liste , on a porté
Crillon, colonel du régiment de Bre-
tagne , 24 fr- , et Crillon , capitaine
audit régiment , 48 fr. Comme il n'y
a eu que Crillon , ancien colonel au
régiment de Bretagne , qui ait souscrit
pour 48 fr. , il convient de retrancher
les 24 fr. ci
24
16.
Total des souscript. jusqu'à ce jour 16, 554 ^o
Les souscripteurs sont prévenus que rassemblée ,
pour nommer les neuf personnes qui doivent com-
poser le comité chargé de pernvoir le montant des
souscriptions et de l exécution du monument , se
tiendra le 7 thermidor prochain , à cinq heures
du soir , dans la grande salit du citoyen Lebrun ,
rue de Cléry.
JV. J3. Plusieurs personnes ont bien voulu
offrir un local pour tenir l'assemblée , entre
autres le préfet du département de la Seine , le
préfet de police de Paris et le citoyen Lebrun.
On continue de recevoir les souscriptions :
Au bureau du Moniteur, rue des Poitevins.
Au Lycée républicain, passage du Lycée , près
le tribunal. , , „ .
Au bureau du Journal de Pans , rue Jean-
Jacques Rousseau. , , t ■
Au cercle des négocians , rue de la Loi , près le
Boulevard. ^
ERRATUM.
Troisième liste , au lieu de Passay , ingénieur
des ponts et chaussées ; — lisez : Panay , ingénieur
des ponts et chaussées.
Société pour l'inoculation de la vaccine.
Le comité médical chargé de suivre les expé-
riences de la vaccine , a successivement rendu
compte de ses essais. Les résultats qu'il en a
lOgs ' obtenus lui paraissant suffisamment variés , il
croit devoir interrompre «n ce mornent ses
expériences , pour s'occuper de l'épreuve défi-
nitive qui doit les confirmer, et consater si ce
moyen est un préservatif assuré de la petite
vérole. Le comité prend à cet égard des me-
sures pour soumettre à l'inoculation ordinaire
les enfans qui ont été inoculés avec la vaccine.
Le comité indiquera le moment précis , et le
lieu où cette inoculation sera pratiquée , aussitôt
que l'un et l'autre auront été déterminés.
Pour le comité ,
Signé, Thouret.
Au Rédacteur.
Ânnonai ( Ardeche ) le 28 messidor an 8.
Citoyen,
J'ai pensé que l'anecdote suivante, ne dé-
parerait pas le Moniteur : elle témoigne l'inutilité
des descentes que les anglais tentent sur nos
côtes , et leur habitude à soudoyer les puissances
avec lesquelles nous sommes en guerre.
«< Le roi de Prusse, en parlant à monsieur
>7 Mitchel , ministre d Angleterre , de la belle
n entreprise de la flotte anglais* sur nos côtes ,
»» ( I ) lui dit : Eh bien ! que faites vous à pré-
)» sent ? nous laissons faire Dieu , réportdil ,
>t Mitchel , je ne vous connaissais pas cet allié ,
>> dit le roi ; c'est le seul à qui nous ne
>> payons pas de subsides , répliqua Mitchel ^
Il aussi , dit le roi , c'est le seul qui ne vous
Il assiste pas. 11
(Extrait d'une lettre de Voltaire du 5 de janvier
i"57, tome 73 de la collection de ses Œu-ûres
page 69 de l'édition in-n , de Beaumarchais.)
Je vous prie , citoyen , d'insérer cet article
dans l'un de vos plus prochains numéros.
Un de vos plus anciens abonnés.
LIVRES DIVERS.
Gay's Fables , in - 18 , papier fin , broché ,
90 renlimes.
Les mêmes , grand papier vélin , broclié ,
4 fr. 20 cent.
Ce volume bien imprimé , d'un caractère ami
de l'œil , se vend chez Rcnouard , libraire , rue
Saint-André-des Arts , n". 42 , et fait suite aux
aux stéréotipes , dont on trouve la collection-
complette chez le même libraire.
Bourse du 4 thermidor. — Effets publics.
Rente provisoire q3 fr. 25 c.
Tiers consolidé 33 fr. 88 c.
Bons deux tiers i fr. 55 c.
Bons d'arréragé. .... 88 tr. 25 C.
Bons pour l'an 8 . 85 fr. 38 c.
Syndicat ,. 67 fr. s5
Coupures .',67 fr. «5 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBuqtjF. et des Arts.
Auj. la i"^' repr. de Praxitelte ou ta Ceinture, opéra
en un acte , précédé d'Iphigénie en Tauride.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Revancht
forcée ; Scarvon et Comment faire ?
Théâtre du Marais, rue Culture-Catherine.
Auj. la Femme juge et partie , suivie de la i" repr.
de Millecrac . vaudeville en un acte.
Errata.
N" 3o4 , 7« colonne . 42' ligne , au-lieu dé
seulement , lisez! sûrement. 52* ligne, au-lieu de
s'y oppose , lisez : s'y opposa. 54' ligne , au-lieu
de la constitution, /wez ; la contestation.
8' Colonne, au-lieu de l'unique expression ,
lisez: l'expression littérale.
9' Colonne , 5' alinéa , 10' ligne ; au-lieu de
les lois , lisez :àts lois. — 6' alinéa , au lieu de
ordonna , lisez: ordonne.
7"^ ahnea , au lieu de : applique , lisez : appli-
qua. — 10' colonne . 2° alinéa , au lieu de pré-
fixaient , lisez : préfinissaient. — 7' alinéa , après i
il faut avouer , ajoutez : ensuite.
(i ) Elle avait échoué.
rabonacmen. .e Tait à ft.ris , rue de, Poitevin., n« tS. L. prix .« de «S f.«c, pourtrôis moi, , 5o franc, pour 6 mois , et .00 fr.ucs pour Vannée entière. On ne.'abonne
«tt'au commencement de ehiqu* mois.
„f...adre,.erle.lear«.tlVïe«t,franedeport,«ci..Ac*s..,p„pri.tairedecejour„,l,.nede,Poi.evin,,n..8.Ilfautcompre^
•«y, où VOQ ne peutaffran.hir. Le. lettre, d» département non affranchie. , ne .etont point retirée, de la poste.
Il faut avoir ..in . pou. plu, de .ùre.é, de eh.rger eelle, qui renferment de. valeur. . et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille . a» rédacteur . me der
î«itevin. , n* iS , depui .neuf beure. du matin jusqu'àcinq heure, du soir.
A Pari» , de riinpriai«rie du sit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, rfi i3.
^--G4^ETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 3o6.
Sextidi , 6 thermidor an 8 de la république française , uni et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir noi souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le. M O N I T E U R est le seul journal officiel.
II contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemen: , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
J'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.
Copie de la convention
eiUre les généraux en chef des armées françaises
(l impériale en Àliemagne ^ concernant un armis-
tice entre les deux armées.
Victor F. Laliorie , général de brigade à
l'armée du Rhin et le comte de Dietrichtein ,
général-major à l'arraée impériale en Allemagne,
chargés l'un et l'autre des pouvoirs spéciaux
des généraux en chef des deux armées respec-
tives pour signer les conveniions relatives à un ar-
mistice enir'eiles, ont arrêté ce qui suit :
Article premier.
II y aura armistice et suspension d'hostilités
«ntre l'armée de sa majesté impériale et royale
«l de ses alliés dans l'empire germanique , en
Allemagne, Suisse , Tyrol et Grisons, et l'armée
de la république française dans Crs pays; et
la reprise des hostilités devra être précédée d'un
avertissement de douze jours compiés de l'heure
on la ratification en sera parvenue au quartier-
général de l'armée opposée.
II. L'armée française occupera tout le pays
compris dans une ligne de démarcation qui par-
tant df la rive droile du Rhin à Balzers , longe
le territoire des grisons jusqu à la source ds
rill , dont elle embrasse toute la vallée , arrive
à la source du Lech, en suivant la crête de
l'Arlbcrg , descend jusqu'à Jienli , en suivant
la rive gauche du Lech , ainsi que la rive droile,
dans les points seulement où la route passe d'une
tive à l'autre , laissant l'armée autrichienne en
possession des débouchés qui arrivent à la rive
droile , embrasse Reiili . passe le Seepach à
Breitenwang, longe la rive septentrionale du lac
qui fournit les eaux au Seepach , remonte la
gauche de lEngihaljusqu'àla source de l'Ammer,
retombesurles frontières ducomté de Werdenfels,
qu'elle suit sur la Loisuck sur la rive gauche de
laquelle elle se prolonge jusqu'au Cochsee ,
qu'elle traverse pour arriver à Walckensee , oti
elle passe le lac de ce nom , longe la rive sep-
tentrionale du Jacknay jusqu'à son confluent
dans User , qu'elle passe et se dirige sur la
Weisacb à Reiteu , tourne le Tcgensee , tra-
verse à Gemendt la Manquald , dont elle suit
la rive gauche jusqu à Fallay, oii elle prend la
direction d Oblans , passe à Miinster , Grais -,
Clan , Zenenberg , OstrendorfF , Mosach ,
Alxing, Telgfing , Kofl'en , Graffing , Exing ,
Ebersperg , Malsklrch , Hohenlenden , Krama-
cher , Weiing , Teiine , Haidberg ; de-là à Isen ,
• Penzinof , Sieplembach , en suivant l'Isen jusqu'à
Fusiern , de-là à LendorfF où elle se dirige vers
la source de la Wils . qu'elle descend sur la rive
gauche jusqu'à Vilsbibourg où elle passe celte
ïiviere, se dirige sur Binabibourg , suit la route
de 1 Aina jusqu àBurnaich, passe àSemenshausen,
arrive'à la source de la Kclpach qu'elle descend
sur la rive gauche jusqu à son confluent dans la
■Wils , et la gauche de la Wils justiuà son em-
bouchure dans le Danube , remonte la rive droile
de ce fleuve jusqu à Kelhaim où elle le passe
■pour longer la rive droite de l'Aihmulh jusiju'à
Pappenheim où elle prend la route de Vcissem-
bourg pour arriver à la Reidnitz dont elle suit
la rive gauche jusqu'à son confluent dans le Mein ,
qu'elle descend aussi sur sa rive gauche jusqu'à
ion embouchure.
La ligne de démarcation sur la droile dii
IWein , entre ce fleuve et Dusseldoiff, ne pourra
devant Mayence. être plus rapprochée de cette
place que la Nidda -, et dans la supposition que
les troupes françaises auraient lait des mouve-
mens dans celte partie , elles conserveront ou re-
prendront pour ligne celle qu'elles se trouveront
occuper anjourdkui , 26 messidor ( i5 juillet
m. L'armée impériale occupera le haut et bas
Ingadein , c'cst-à-dirc . la partie des grisons dont
les eaux versent dans l Iii'i , et la vallée de Sainte-
Marie dont le» eaux versent dans l'A dige.
La ligne de dcrnarcalion de l'armée française
•asicra de Balzers au lac de Corne par la roule de
Coire . Tubis, le Spla;j;en et Cliiavena. Le Lucins-
teig csi comi.iisdan» cctie ligne.
La partit du leniioire de« grisons comprise entre
celle ligne et Hiigadein sera évacuée et testera
neutre entre les deux armées.
Ce pays conservera d'ailleurs la forme de son
gouvernement.
IV. Les places comprises dans la ligne de dé-
marcation qui se trouvent encore occupées par les
troupes impériales , resteront sous tous les rap-
ports dans le même état, lequel sera constaté par
des délégués nommés à cet effet par les généraux
en chef des deux armées. Il ne sera rien ajouté à
leurs moyens de défense , et elles ne pourront
gêner la libre navigation des rivières et des com-
munications qiû passeraient sous leur commande-
ment , lequel est fixé à deux mille loises du rayon
du corps de la place. Leurs approvisionnemens
ne pourront être renouvelles que tous les dix jours
et dans la proportion de la consommation réglée ;
ils ne seront point pris dans l'arrondissement des
pays occupés par l'armée française, qui de son
côté ne pourra en contrarier l'arrivée.
V. Le général en chef de l'armée impériale
pourra envoyer un officier dans chacune de ces
places pour instruire les commandans de la con-
duite qu'ils ont à tenir d'apiès l'ariicle ci-dessus.
VI. Il n'y aura de ponts sur les rivières qui sépa-
reront les deux armées que lorsqu elles seront tra-
versées par la démarcation , et alors seulement en
arrière de cette ligne, sauf les arrangcmeRS parti-
culiers qui , par la suite, pourraient être jugés né-
cessaires , soit pour les bcisoins dçs armées res-
pectives , soit pour ceux du commerce. Les géné-
raux en chef des deux armées .^'entendront sur ces
objets.
Vu. Par-tout on des rivières navigables sépa-
reront les deux armées , la Bayigaiion soii pour
elles , soit pour le pays , ne sera empêchée par
aucune des deux ; et là où des chaussées fe-
raient la démarcation , elles serviront aux deux
armées pour la commodité de leurs transports
durant l'armistice.
VIII. La poriion du territoire de l'empire et
des états de sa majesté impériale , compris dans
la ligne de démarcation de l'aimée française ,
est mise sous la sauve-garde de sa loyauté pour
le mainiien des propriétés et des formes actuelles
du gouvernement des peuples. Les habitans de
ce.pays ne seront point rechet<;hés pour raison,
de services rendus à l'armée impériale , ni pour
opinions poliiiques , ni pour avoir pris une part
aciive à cette guerre.
IX. Cette convention sera envoyée avec célé-
riié à tous les commandans des corps de troupes
des deux armées . afin que , non-seulement les
hosiilités soient aussitôt suspendues , mais que
la mise à exécution puisse être commencée im-
médiatement et finir au terrne absolument néces-
saire , eu égard aux distances. Des officiers d'élat-
major seront particulièrement chargés respecti-
vement de déterminer sur le terrein la démar-
cation des limites pour les points où leur fixation
laisserait quelqu'équivoque. - -
X. Il n'y aura point de communication entre
les avant-postes des deux armées.
Fait double à Larsdorf , le 26 messidor an 8
de la république française , une et indivisible.
( i5 juillet 1800. )
Signé , le général de brigade , V.- F. Lahorie ;
le général-major , ingénieur., au service de sa
majesté impériale: et royale , .le comte de
Dietrichtein. , ,
Pour copie conforme ,
Le général de division , chef de Cétat-major ,
Signé , Dessolles.
ANGLETERRE.
Extrait du Courier de Londres , du mardi i5 juillet
( 26 messidor. )
Vendredi au soir un homme , que l'on dit
lunatique, se rendit au palais de Sain(-James ; il
ehercha à pénétrer jusque dans lajSalle où S. M.
tient ordinairement son lever. L'air égaré de cet
individu le fit remarquer; on le fil sortir. Il repa-
rut une seconde fois dans le palais quelque tems
après. On larrêia , il était muni d'un poignard.
Dans son interrogatoire il a dit se nommer John
England, maître de dessin. A la question qu'on
lui ht de ce qu'il prétendait faire en allant au roi
avec un poignard , il répondit qu'il agissait par
l'impulsion de l'esprit public, mais que le mo-
meni n'était pas venu de s'expliquer davantage.
Il a éié mis en arrestation jusqu à nouvel examen.
Voilà la 4*^ leiuative faite par Ues lunatiques , pour
péiiéirer jusqu'au roi, depuis l'attentat commit
piir Hadheld.
Entrait d'une lettre de Constantinople , le i3 mai.
( ïijloréai.)
Il est difficile de découvrir la vérité dans les
rapports que la Porte reçoit dEgypie. Ils sont
toujours méconnaissables par l'exagéraiion gigan-
tesque des succès, ou par le voile qui couvie le»
revers. L'ignorance des déiails militaires, les re-
pentions et l'omission constante ajoutent encoiç
à la confusion. On ne pouvait voir dans ces
rapports slilés à l'orientale, et les seuisqui fussent
jusqu à piésent parvenus , que la déroule com-
pleite du visir, conduit d'un seul borld des envi-
rons du Caire à Gaza , avec 2 ou 3oo guerriers ,
dont les coursiers ont secondé le terrible élan.
Mais enfin des relations tirées de bonnes sources ,
viennent éclaircir les faits qu on ne pouvait fouil-
ler dans ce chaos.
La convention dEl'Arisch, la plus heureuse
occurence que pouvait espérer le visir, à la têie
d'une armée qui ne promettait rien pour sa
gloire , était suivie dans son exécution par la
Porte avec, une activité qui monirait beaucoup
plus dénergie de la part du gouvernement i.our
voilurer les français que' pour les combailre.
Déjà les vaisseaux de transport cinglaient vers
l'Egypte et se succédaient . lorsqu'un ordre de
l'amiral Kirith vint suspendre ou pluiôt annuller
les clauses de la capiiulaiion , par I injonction au
Commodore Sidney Smith de reprendre le bio-
cus des poris de la coie e: d'en iniercepier les
communications. Cer ordre inaitendu n avait pas
détruit tout espoir d accomraodemeni. Le générai «
Kleber paraissait d accord avec le viait pour
éviter l'effusion du sang , et chercher , par de
nouvelles négociations , à mainienii piovisoire-
ment l'armistice, jusqu'à des explications de la
cour de Londres , dont le visir se promeiiau un
résultat fevorable. Kléber proposa la coniinua-
Uon des subsides accordés par 1 article II ; il pro-
posa aussi celle ded'article relatif aux provisions.
Tout cela fut copsenli; rnais la possession de
la citadelle du Caire , sut laquelle le général
français insistait comme une garantie des deux
premiers articles , lui fut refusée , et on persista
à 'ne vouloir entendre qu'à l'unique occupation
de la rive occidentale du Nil. Dans cet élal de
chose , Kléber tint Un conseil de guerre , dont le
résultat fut la reprise des hostilités, annoncée
le 17 mars , par ce général à son armée , et le
lendemain au camp du grand-visir.
Le 20 dès la pointe du jour, les- troupe»
républicaines s'ébranlèrent et firent jouer leur
artillerie sur les avant-postes t'urcs , qui Se
trouvaient à Malurra.
Le grand-visir après avoir fait à la lête de sa
maison , d'inutiles efforts pour rallier les fuyards,
fut obligé de se retirer dans son camp < où il
laissa avancer l'armée française, qui venait sur
deux lignes obliques pour lui couper la retraite ,
jusqu'à un' mille de lui. Averti du danger qui
le menaçait , il abandonna sa tente et son sopha ,
pour prendre la fuite, qui fut le signal de la
déroute générale. Une partie du camp et ig
canons restèrent au pouvoir de l'ennemi. La
perte des français n'a pu être qu'extrêmement
légère , puisqu ils n'ont point rencontré de résis-.
tance , tandis que les turcs avouent eux-mêmes
8000 moris resiés sur la place, sans y comprendre
le nombre bien plus considérable encore que
le désert a dévorés. Jamais la lâcheté n'a subi
d'épreuve comparable à celle-ci. L irréflexion
paraît sur-tout irappanle , lorsqu'on pense que
les fuyards ont mieux aimé s'engager dans des
sables, qui les enlevaient à toute, espèce d'es-
pérance, que de se retirer dans le camp retranché
de Salahié , dont la position extrêmement forte
leur fournissait un point de ralliement.
Au commencement de l'action , Nazour pacha
elMourad-bey pénétrèrent au Caire , firent main-
basse sur les grecs et les cophtes , et massacrèrent
quelques français dans l'hôpital ; cette prouesse
ne peut aboulir qu'à aliéner davantage les chré-
Uens contre les turcs , puisque Kleber , ayant
conservé la citadelle du Caire , peut non-scuU-
ment foudroyer cette ville , mais la forcer , quand
il voudra , par famine. La déroule du grand-visir
a très-certainement fortifié la position des français.
On peut assurer de plus , que les tribus arabes
leur sont absolument dévouées , et que ceux-ci
s'occupent à travailler les mamelucks et à les dé-
tacher d'une cause , où il leur font entrevoir ia
dissolution de leur milice.
La déroute du visir n'a pas' besoin , pour dé- i M . Pitt ré\iond que ce tTaué n'aèté conclu dans
terminer leclalanie solution des movcns de cet sa forme acuielle que irès-récemment , mais les
empire , de la lactique et de la discipline de ses \ bases en furent posées dès le printems , peu de
armées , d'être jointe à la honteuse ta.blesse de 1 tems après que S. M. eut informe le parlement ,
la Porte , qui a presque laissé bloquer cette mé- l au moyeii d'un message , des engagemens quelle
une troupe de bandits, sans que I avait contractés envers l'électeur -de Bavière.
tropole par
12,000 hommes aient pu les entamer. Et il s est
trouvé des hommes , dont les intrigues et la basse
jalousie , ont fouillé dans tous les replis de la
haine pour attaquer la gloire du commodoreSidney
Smith. Ne pouvant le chercher au milieu des
décombres de la forteresse d'Acre , qu'il a dé-
fendue et sauvée avec de si faibles ressources ,
ils l'ont atteint dans ses négociations. La conven-
tion d'Egypte couvrait , selon eux , de son sceau ,
la honte de cet empire , en accordant à une
poignée d'hommes , incapables d'oppo;er la
moindre résistance, tout ce que le délire pouvait
créer en leur faveur. La correspondance inter-
ceptée d'Egypte a ofFeri un grand triomphe à ces
politiques envieux et raisonneurs. Q_u ils en jouis-
sent ! Ils ont arraché les ordres expédiés à l'amiral
Keith. Qu'ils réparent donc aujourd'hui les effets
du coup de massue qu'ils ont provoqué sur l'allié
de l'Angleterre. La révocation de ces ordres a eu
lieu. Mais qui assure que les négociations se re-
noueront ?J ''en doute , et je crains que les chances,
qui n'ont cessé de favoriser l'étoile de Bonaparte,
ne protègent encore les efforts qu il fera pour con-
server cette riche colonie.
Sir Sidney Smith s'était conformé à l'esprit que
la Porte avait manifesté dès la déclaration de
la guei;re et qu'elle avait énoncé plus positive-
ment dans sa proclamation , répandue avec pro-
fusion dans le camp de Bonaparte devant Acre,
et depuis en Egypte. La convention ne favo-
risait donc , pour ainsi dire , qu'une désertion
oomplettc selon le but du gouvernement. Elle
sauvait même à la cour de Londres les inquié-
tudes que lui inspirait une armée menaçante pour
«es élablissemens dans I Inde , et à laquelle une
escadre libre dans sa course , comme celle qui s'est
prom.enée l'année dernière sur les deux mers ,
aurait pu celle année porterdes secours d hommes
et de munitions.
Je conclus donc que le Commodore Sidney
Smith a mieux prophétisé que ses détracteurs ,
et que , connaissant , par sa propre expérience,
la juste mesure des forces et des moyens de
cet Emjiire , il s'est montré aussi bon négoca-
teur que bon militaire. L'évidence , en terras-
sant ses envieux , centuple sa gloire.
Le départ d'une seconde division qui va
rejoindre l'escadre du càpiian Pacha, pour
combiner , je ne sais quelles opérations sur la
côie d Egypte , est le seul événement nouveau
dans cette ville.
Le ci-devant chargé d'affaires de la. républi-
que française, le citoyen RufiBn , enfermé au
château des Sept-Tours , sollicite sa translation
aux îles des Princes, où l'air est plus salubre.
On croit qu'il pourra obtenir l'objet de sa
demande.
Siance du ï5 juillet.
Le chancelier de l'échiquier présente de la part
du roi un message conçu dans les termes sui-
vans :
George roi ,
Sa majesté juge à propos de mettre sous les
yeux de la chambre la copie d'un traité qui a été
signé à Vienne par le ministre de S. M. près
eetle cour, et par le ministre plénipotentiaire
de i^empereur d Allemagne , duement autorisés
à cet effet.
Sa majesté a ordonné que la ratification de ce
traité soit immédiatement préparée et envoyée à
'Vienne , pour y être duement échangée contre
celle de l'emperenr; mais S. M. a cru qu'à raison de
1 époque avancée de l'année , il valait mieux ne pas
différer de communiquer au parlement lesengage-
raens qu'elle avait contractés , et elle recommande
à la chambre d'adopter les mesures nécessaires
pour les remplir.
S. M. ne doute'point que la conduite du par-
lement ne lui offre dans cette circonstance , un
nouvel exemple de cette' bonne foi , de cette ré-
solution, qui ont uniformément dirigé les conseils
de ce pays. S. M. est persuadée que le parlement
croira comme elle, que les moyens de poursuivre
la guerre avec vigueur, sont les plus propres pour
parvenir à une paix , qui s'accorde avec 1 honneur
et la sécurité de ce pays , avec 1 indépendance et
la sûreté de lEurope. G. R.
Ordonné que le message soit, pris en considé-
ration le lendemain dans un comité de subsides.
M. Vitt présente la copie du traité conclu à
Vienne le 20 juin iSoo.
.'. Remis sur le bureau.
Séarice du l6 juillet.
M. Piif, propose que , conformément à l'ordre
dgi jour , la, chambre se forme en comité des,
voyes et moyens, ,, ,. .
M. Tiernty désire savoir à quelle époque le
nouveau traité de Vienne, signé le so juin, fui
conclu.
Le comité se forme.
M. Pin fait l'exposé du prociuit probable des
taxes pendant les trois quartiers de l'année , à
compter du Sjuillet iSoo au 5 avril tSoi. Limpôt
sur In drêcbe a éprouvé dans le cours de l'année
présente un déficit , provenant de la rareté de
l'orge. Ce déficit sera compensé dans l'année
suivante , si l'espoir que Ion peut se former
d'une bonne récolte n'est point trompé, La même
observation s'applique à 1 impôt sur les eauxde-
vie d Ecosse. M. Pitt , après avoir fait le détail de
ce qui manque pour les subsides de l'année ,
piopose qu il soit accordé à S. M. " la somme de
5.900,000 1. sur le produit du surplus des fonds
consolidés. "
- M. Titrney élevé quelques doutes sur l'exacti-
tude des calculs du très-hon. membre { M. Pitt. )
Celui-ci les explique , et sa résolution est définiti-
vement adoptée.
Extrait d'une convention conclue à Vienne le iojuin
dernier, et communiquée au parlement le \b juillet.
S. M. l'empereur des romains , roi de Hongrie
et de Bohême , et S. M. le roi de la Grande-
Bretagne , ayant jugé conforme aux intérêts de
leur couronne et au bien de la cause commune,
de concentrer l'union de leurs efforts dans la
présente campagne contre l'ennemi commun , le
baron de Thugut , grand-croix de l'ordre de Saint-
Etienne , etc. , et le très-honorable Gilbert lord
Minio , pair de la Grande-Bretagne , etc. , munis
des pouvoirs requis , sont convenus des articles
suivans :
S. M. britanique avancera , par voie de prêt , à
S. M. l'empereur , la somme de deux millions
sterling, payables en trois parts égales les pre-
miers jours de juillet , de septembre et de décem-
bre. Pendant la durée de la guerre et six mois
après la conclusion de la paix, S. M. l'empereur
ne paiera aucun intérêt sur cette somme. Passé
cette époque; S. M. l'empereui remettra au gou-
vernement britannique ou à ses ayant cause , des
rentes équivalentes a inié.iêt de la somme de deux
milions . ledit intérêt calculé au même taux que
celui de l'emprunt fait par le gouvernement bri-
tannique dans l'année présente. En outre . S. M.
l'emi'ereur paiera annuellement, à la Grande-
Bretagne, la somme de «o mille liv. sterl. en
deux termes, Cette somme sera appliquée à l'a-
monissemtnl de la somme principale de deux
millions.
Leurs M. impériale et britannique s'engagent à
poursuivre la guerre Contre la république fran-
çaise , pendant la campagne présente , avec ioute
la vigueur possible , et à employer à cet effet
tous leurs moyens respectifs par terre et par
mer, en concertant leurs opérations. S. M. l'em-
pereur aura soin de completter ses armées d'Al-
lemagne el d Italie en proportion des pertes
qu'elles ont éprouvées , afin de continuer , autant
que possible , à agir contre l'ennemi commun
avec le même nombre effectif d hommes dont
S. M. I. a fait confidentiellement remettre, au
commencement de la campagne , l'état au gou-
vernement britannique. Les troupes bavaroises ,
wurthembergeoises et suisses , soldées par l'An-
gleterre , seront à la disposition de S. M. I. et
tormeront partie de ses armées d'Allemagne. S.
M. britannique prendra des mesures pour les
renforcer du plus grand nombre de uoupes
allemandes et suisses qu il lui sera possible de
se procurer.
Les parties contractantes s,eng:igeTit à ne faire ,
pendant la durée de la présente convention ,
aucune paix séparée avec la France , sans le
consentement réciproque del'une de l'autre. Elles
s'engagent pareillement à ne point traiter avec
1 ennemi, et à ne point en recevoir d ouvertures
pour une paix particulière ou générale , sans se
les communiquer mutuellement et à agir dans
une parfaite harmonie.
La durée de la présente convention est fixée
à un an , à compter depuis If i" mars i8oo
jusquà la fin de février iSoi. Dés que le dernier
lerme du subside aura été payé en décembre ,
les parties contractantes enineront en explications
coiifidenlieiles SiUt.les mesures quelles devront
adopter ultérieurement. Les ratifications seront
échangées à Vienne dans l'espace de six semai-
ne; , ou plutôt si faire se peut.
Fait à Vienne , le 20 juin i8oo.
Signé , le baron de Thugut. Minto.
te de cctlc pie
A la su
de Loiidr
e, oa Ut, daua le Courie
suivantes :
C est le 20 du mois passé qu'a été conclu à
Vienne un notiveau traité de subside entre l'An-
gleterre et l Autriche. Ce traité , annoncé depuis
plusieurs mois au parlement, a été signé par
M. le baron de Thugut , lorsqu'il venait d'ap-
prendre le défaite <iu général Ou le g, et peu-
dant que deseourîers étaient en route pb'ur porter
la nouvelle de la défaite encore plus désastreuse..
de M. de Mél.rs.
Ce n'était donc point des considérations mi-
litaires qui avaient empêché de conclure plus
promptement. Les ilifficultés , les retards tenaient
à d autres causes. Par ce traité , la Graiide-Bre-
lni;ne s'engage à solder autant de loupes alle-
mandes et suisses qn elle pourra s'en procurer.
De son côté , 1 empeieur consent à rccwoir deux
millions sterling pour achever la cainpa.^iie pié-
senie. Le principal de celle som.iie doit être
acquitté en paiemens annuels de 20,000 liv. Ainsi,
le remboursement ne s achevra que 'dans cent
années , lerme aucjuel la république française
ou les parties contractantes auront s.iins doute"
cessé d'exister dans leur forme politique. Les
hautes pariies se promettent mutuellement de
combiner tous leurs efforts contre l'ennemi
commun , et de ne négocier que de concert.
Voilà donc la guerre à peu près assurée ju8-
quau dernier février 1801 , jour oii doit expirer
la convention.
On ne peut qu'applaudir ce reste de résistance
à des forces évidemment supérieures. Lès puis-:
sauces auront au moins l'avantage de tomber avec
grâce comme le gl.idiateur romain? on se. de-
mande ce tjuclles inventeront ds plus habile
qu'elles n aient déj.î su inventer ? quels efforts plus
vigoureux feront-elles quelles n'aient déjà faits?
quel serait le résultat d'un succès contre les Fran-
çais, si on venait à l'obtenir ? que produirait contre
l Autriche une seconde bataille de Maringo ? les
chances ne sont pas égales. Une victoire peut'
mener les français à Vienne. Une bataille gagnée
ne mènera point les a'itrichiens à Paris. Compte-,
t-on encore sur les chouans ? Nous voyons dan»
les relations officielles envoyées à l'amirauté que
les .mêmes hommes qui recevaient l'argent de
lAngleterre , sont armés aujourd'hui contre elle.
Pcnse-t-on que les triomphes qui signalent au
dehors le nouveau gouvernenienffrancais , que
le régime de doucur et d'équiié qui s'établit'
au dedans, faciliteront le développement d'une
insurrection générale ? Q_ue veut l'Angleterre avec
ses floues paradant les mers? l'Autriche avec se*
nouvelles recrues qui sortent de la Bohême et de
la Hongrie? Si l'on continue encore quelques
mois la guerre, puisqu'il le faut pour la dignité,
qui ne voit que dés le commencement de 1 hiver,
la paix devient un parti forcé ?
INTERIEUR.
Paris , le 5 thermidor.
Les consuls viennent d'ordonner le cora-
plettement de toutes les compagnies de grena-
diers, la formation des compagnies d'éclaireurs
dans tous les corps qui sont dans l'intérieur de
la république , et leur réunion à Paris pour le
l5 thermidor. Cela formera un corps de S mille
hommes d'élite grenadiers et éclaiieurs , qui se
porteront par-tout ovi les circonstances pourront
l'e."ciger.
— On voit dans le Publiciste , que l'anniversaiie
du 14 juillet a été célébré d'une manière bril-
lante par les français résidans à Hambourg et à
Alloua. La fête a éié donnée dans une salle par-
faitement décorée, sur les bords de l'Elbe , chez
un restaurateur qui fut autrefois aide-de-câmp
de Dumouriez, Les ministres espagnol et balave
y ont assisté, ainsi que le citoyen Bourgoing,
ministre de la république à Copenhague. On y
a bu : à la république française; au 18 brumaire;
aux armées françaises; au premier consul ; à
Dcsaix et aux braves moris au champ d'honneur;
à Moreau , Berthier , Massena et Kléber ; aux
alliés de la république , à leurs ministres , et
notamment aux assisians à la fête ; à la pais.
générale et à la réunion des français ; au parti de
l'opposition en Angleterre ; à une contribulioa
volontaire en faveur des français malheureux, dé
tel parti cju ils soient. Ce vœu a été rempli sut
le champ. M. Çomb , frère du lord maire de
Londres, qui avait été admis dans l'assemblée, a
porté le toast suivant : n Ojie les révolutions ne
cessent que lorsque le despotisme n'existera
plus. I'
La même journée a été célébrée par des hel-
vétiens : 120 habitans de Zurich se sont réunis
dans un banquet, auquel ils ont invité lofficiec
français , commandant^ à Zurich. Au repas ont
succédé des jeux d'arquebuse,
ACTES DU GOUVERNEMENT,
Arrêté du 5 thermidor an 8. >
Les consuls de la république au ministre de la
manne.
Les consuls n'ont pu voir qu'avec peine , ci-
toyen ministre, que plusieurs vaisseaux de l'es-
cadre de Brest ont été désarmés , et que , dans ua
moment où. plus que jamais, il était essentiel de
compléter 1 organisation de notre escadre , oa
s'est laissé décourager parles premières difficultés
qui se sont présentées.
C est dans le moment oti la guerre continentale
absorbait les principales resstsurces de la nation ,
i
tt la principale aiieniion du gouvernement , que
lerainisire de ia maiine . les amiraux , les ordon-
naleurs devaient redoubler de courage et sur-
monter tous les obstacles.
Faites rechercher (a conduite des ortlonnateurs
ou des officiers qui ont ordonné le désarmement
desquatre vaisseaux qui ont quiité la rade et sont
entrés dans le poit , et de ceux qui auraient auto-
lisé le congécUement des matelots. Ces opérations
n'ont pas pu être légilimes sans un ordre spécial
du gouvernement.
Piencz des mesures pour qu'à la fois , sur
toutes nos côtes , on love des j^cns de mer , pour
que pendant le même tems l'on gtée nos vais-
seau.x , et qu'on les approvisionne de tout ce
qui peut être nécessaii^e à leur navigation. Le
peuple français veut une marine , il le veut for-
tement. Il fera tous les sacrifices nécessaires pour
que sa volonté soit remplie.
Portez un coup-dœil juste , mais sévère sur
vos bureaux et sur les diflérentes branches de
l'administration; il est lems que les dilapidations
finissent. Renvoyez ceux des individus qui dès
long-tems ne sont que trop désignés par l'opi-
nion publique peur avoir participe à des marchés
frauduleux ; puisque la loi ne peut pas les at-
teindre, mettons les au moins dans l'impuissance
de nous nuire davantage.
Dans le courant de fructidor, si les circons-
tances le permettent , le premier consul ira visiter
l'escadte de Brest. Faites qu'il n'ait alors que des
éloges à donner au ministre et aux principaux
agens du gouvernement. Les consuls feront con-
naître au peuple français les olliciers, les admi-
nistrateurs qui l'auront sefvi avec zèle, et dési-
gneront à 1 opinion publique ceux qui , par une
coupable apathie , ne se seraient pas montrés
(lignes de lui.
Des récotnpenses seront décernées au vaisseau
qui sera le mieux tenu et dont l'équipage sera le
plus discipliné.
Ordonnez au général-commandant l'escadTe de
Brest . ainsi qu'à tous les généraux et capitaines
de vaisseaux , de rester constamment à leur bord,
découcher dans leur bâtiment, et d exercer les
équipages avec une nouvelle activité ; établissez
par un règlement des prix pour les jeunes ma-
telots qui montreront le plus d'activité , et pour
les canoniers qui se distingueraient dans le tir.
11 ne doit pas se passer une seule journée sans
que 1 on ait sur chaque vaisseau fait l'exercice
du canon à boulet . en tirant alternativement
sur des buttes que l'on établirait sur ia côte et
sur des carcasses qui seraient placées dans la
rade.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Âulfe arrêté du même jour.
Les consuls de la république au ministre de la
guerre.
Les consuls sont instruits , citoyen ministre ,
que le citoyen Foissac-Latour est de retour d'Au-
triche , et déshonore en le portant i habit de
soldat français. Failes-lui connaître qu'il a cessé
d'être au service de la république le jour oià il a
lâchement rendu la place de Mantoue , et dé-
fertdez-lui expressément de porter aucun habit
uniforme. Sa conduite à Maniouc est plus encore
du ressort de l'opinion ijue des tribunaux ; d ail-
leurs I intention du gouvernement est de ne plus
entendre parler de ce siège honteux , cjui sera
long-tems une tache pour nos armes. Le citoyen
Foi.'sac-Laiour trouvera dans le mépris public la
plus grande punition que Ion puisse infliger à
un français.
Le premier consul , signé ^ Boxaparte.
Par le premier consul ,
Li secrétaire-d'élat , signé , H. B. Maret.
MINISTEKE DE LA GUERRE.
Suite du rapport général des opérations de l armée
du Kkih. — Au quartier -général de Munich
te 24 messidor an 8.
Du 9 au 20 messidor.
Après le combat de Neubourg . l'ennemi se
»etira sur Ingolsiadl par les deux rives d\\ Danube.
Cette place lone servant d'appui à une de ses
aîlcs , il pouvait s étendre sur la rive gauche du
Danube , ou passer en entiei" ce fleuve et llser ,
pour regagner la ligne de l'Inn qui se trouvait
menacée par la présence du général Decacn à
Munich.
Le général en chef se décida a- prendre la posi-,
tion delà rivière de la Par, à manoeuvrep par sa
gauche sur Ingolsiadt , et par sa droite , prêt à se
téunir à la division Decaen , sur Munich que l'en-
nemi pouvait attaquer pour prendre la ligne de
riser.
En contéquence, t'atlc droite se porta, le 9 ,
lur la Par , poussant des partis sur Schroben-
liauscn , et gardant , par ta i^IUcbe , la tot4te d In-
golstadt à PovtmcM.
1955
Le centre remplaça dans ses positions 'Stir Neu-
bourg , l'aîle droite. La 3' division -occupant
Munich , gardait, sur les deux rives, les routes
de Vienne , de Ratisbonne , et les déboucheï du
Tyrol.
L'aîle gauche porta deux divisions sur la rive
droite du Danube. Elles suivirent la roule de Neu-
bourg , et prirent position en arrière de Strass et
sur les bords du fleuve. La division Ney occupa le
Schcllemberg , se prolongeant de sa gauche sur
Liai bourg.
Le 10, l'aîle droite se porta, la droite à Adels-
hausen , la gauche à Gio^bjuseii.
Le centre prit position à Schrobenhausen et
Poetniess.
L'aîle gauche le remplaçadans ses positions aux
environs de Neubourg.
Le 11,1 armée resta en position ; la seule divi-
sion Ney se porta sur lUsel , la droite à Neriitz-
hcffen occupant Manheim et poussant des partis
sur Lichlenau etEchstell.
Le 12 , l'aile droite resta en position; le centre
sepoita,la première division sur Langcnbruck
éclairant les deux rives de 1 lim et pouss-int des
ri connaissances jusqu'à 'Wolsiich ; l.i seconde <li-
vision sut Hohenwart, pouvant servir de réserve
à la première ou au corps de g.iuclie.
L'nile gauche porta une division , la droite à
Pebenhausen , et la gauche à "VVeichernig , ayant
une forie avant-garde à Reitheriohoffen ; la se-
conde division se plaça en réserve. La division
Ney qui maneuvrait sur la gauche du Danube,
prit ])osition enire Alienselo et Adelschlay ;
l'avani-garde entre Nasafils et Gainsershaim.
Le i3, l'aile droite se porta sur Psafienholfen
et )i prit posi'ion , étendant sa droite sur Rechers-
hausen , et la gauche sur Rekershofen.
La réserve passa l'Ilm à Gcissenfeld et prit po-
sition , la droite à Roteneck, gardant la route de
Landshul ; la gauche à l'embouchure de l'Hm à
Walsburg, couvrant fortement la route de Ra-
tisbonne.
L'aîle gauche qui , par suite du déi)art du gé-
néral Baraguay pour l'armée de' réserve, fut ré-
duite à deux divisions, resserra l'ennemi dans
Iiigolstadt, tenant de forts déiacheinens entre la
Par otlI;m. Le général Grenier poussa sur la rive
gauche une reconnaissance jusques sous les
murs de la place.
Le 14, l'aîle droite se porta sur la rive droite
delAmmer, poussant des partis vers Freysing et
s'éclairant sur Hosburg.
Le centre pona la première division sur l'Am-
mer vers Mairiboorg : la seconde resta en réserve.
Celle tlu généial Decaen occupa toujours Mu-
nich.
L'aîle gauche resta en position.
L'ennemi n ayant pas tenu à Ligolstadt ,
n'avait d autre ligne que l'Inn , ou de se poiier
derrière quelqu'une des rivières qui coulent entre
l'iser et llnn , pour entreprendre sur la division
de Cr.en , si elle nétait pas soutenue. Larmée
française |jotjvait manœuvrer par sa gauche pour
se poiier sur Ratisbonne , ou marcher par sa
dioiie pour se rapprocher du Tyrol, et obliger
l'ennemi à se porter rapidement vers le Haûi-
Inn , dans la crainte qu'il ne lût prévenu sur
ce point. Ainsi nous nous étions toutes in-
quiétudes pour la rive gauche du Danube , et
les autrichiens quittant lappui de ce' fleuve ,
nous n'étions obligés que de jeter des détache-
mens dans cette partie, et de sirrveiller Ingols-
iadt.
Le général en chef , après avoir balancé toutes
les raisons, prit le parti de détacher le général
Lecouibe avec une division qui , réunie aux
troupes des généraux Moliior et Nansouty , for-
mait un corps de 18 bataillons. Il le chargea de
faire marcher une • partie de ces troupes sur
Bregcniz et Feldkirk , tandis que le reste se por-
tait sur FuessÉn et Renty , menacerait la retraite
de l'ennemi sur la vallée de finn. Pour cacher
ce mouvement à l'ennemi , nous devions me-
nacer Ratisbonne.
Le i5, la première division de l'aîle droite se
mit en marche pour l'expédition sur les Gri-
sons. La seconde ( Montrichard ) , qui resta en
ligne , se porta sur Freydlng.
Le centre porta sa première division sur les
hauteurs de 'Warapach et Empferabach < son
avant-garde sur Mainbourg.
La seconde division resta en réserve. L'aîle
gauche poussa une division sur Neustadi vers
Katijuonne ; l'autre resserra Ingolstadt.
Le là, la division Montrichard resta en po-
sition.
L« centre prit position, la première division
sur Neustadt, observant les ponts coupés de Mor-
burg et d Isereck. La seconde division en avant
de Mainborg , la droite vers Sondelzhausen,
L'aîle gauche resta en position , menaçant de
plus en plus Ratisbonne.
Le 17 , la division Montrichard se pc^rta à
m'ollié cherhi'n de Freysing à Munich pour se
lier à la division du général Decaen.
Le eeniretjori» la preMÎere dîvîsîtSB à Prieyiing,
la seconde sur Landshul.
L'aîle gauche resta en position à la réserve
d'une brigade qui se porta sur Mainbourg.
Le 18, l'arrtiée resta en position. Le général
Leclerc eut ordre de forcer le poste de Landshuti
L'ennemi , tenant la ligne de la Sempt , était placé
en avant du pont sur l'Iller avec un corps de
4 ou 5ooo hommes. Cette position lui était favo-
r.ible ; la rive droite de lliler qui est , dans cette
partie, tiès- escarpée , domine cniiéremeni la
gauche , et on ne pouvait s'avancer qu à décou-"
vert dans la plaine. .
Le général Leclerc ordonna au général Hendelet
de marcher avec deux bataillons de la 14' légère <
deux compagnies de grena/îiets de la 89"= et le lo*
de chasseurs sur les faubourgs de Landshuti à
gauche de l'iser , en se dirigeant par la route de
I Neustadt. Huit pièces d'ardilerie soutenaient cette
attaque. Il chargea le général Despcrriers de màr-
I cher sur la droite à hauifur du général Hendelet
I avec un baiaillon de la 89*^ ei deux escadrons du
! îS'-' (le chasseurs , cl le généralB^iStoul de s'avanCer
sm la gaiicbc rjv.c uu bataillon d^ la 53= , denii
escadrons du 2 J' t et trois ctunpagnies de gre-",
nadiers.
L'action s'engagea Vers ks deux heures âprèa
midi ; le centre marche avec le plus grand ordre,
et pénètre , malgic le feu de l'artillerie ennemie ,
dans le fauxbourg.il arrive au premier pont,
( I Iser forme sur ce pont une île dont Landshut
occupe une partie) le général Bastoul y était déjà
avec une conip.ignic de grenadiers de la 53^ , et
fesait des efforts pour enfoncer la porte de là
ville qui est à l'extiêmité. On y dirigea le feu
d'une pièce de canon. L'effet était trop lent pour
l'impétuosité des grenadiers. Ils courent dans les
maisons voisines , prennent des haches , et sous
le feu le plus vif de la mousqueterie , la porte est
brisée, et nos troupes traversant à pas de course
cette partie de la ville , arrivent au second pont
que l'ennemi voulait occuper. On ne lui en donna
pas le tems ; les grenadiers biiserit une seconde
porte que l'ennemi essaya envain de défendre ^
et bientôt nos tiou))es déboueherent deLandshut 4
pour suivre les autrichiens qui fuyaient en dé-"
sordre.
Il fallait , pour les atteindre , passer par un dé-*
rilé très-étroit; ils voulaient le défendre i mais una
poignée de braves , à la tête desquels marchait IS
chef d escadron , Chouart , les culbuta et s'em*
pata de dux pièces de canon, au moment oti Oit
allait les mettre en batterie.
Parvenus à la lêie d'un bois qui se trouve k
trois-quarts de lieue çur '« route d'Ating , le princd
Ferdinand , qui commandait les troupes ennemiesi
voulut les rallier, et ordonna à 3oo hussards dû
'Wiicher de charger 60 chasseurs du 10^ qui le9
poursuivaient. Le chef de brigade Ordunrer les
attendit et les culbuta. Les hussards essaierent Une
seconde charge , furent renversés de nouveau t
et laissèrent 80 hommes dans nos mains.
Deux pièces de canon enlevées à l'ennemi ^
600 prisonniers parmi lesquels , le colotiel Rube-'
niiz , i5o chevaux , sont le résultat de cette action
otà nos troupes ont montré leur courage ordi-,
naire. L'ennemi a eu en outre 4 à Soo hommeS
tués ou blessés. Le général Leclerc qui , dans seS
disposiiions , a déployé des talens et de la vigueuf
dans l'exéculion , se loue beaucoup de tous lej
officiers qui ont combattu sous ses ordresi
Pendant tous ces mouvemens de l'armée j Ig
général Richepaiise bloquait Ulm. La garnisOri 1
qui iLavaii fait encore aucun mouvement offensif»
effectua une soitic dans la nuit du 18 au 19 , enl
remontant vers les onze heures du soir, le Danuba
et la Blaw. Le chef de brigade Montbrun qtil
commandait dans cette partie , replia, ses premiers
postes jusqu'à la hauteur de deux pièces qu'il
avait en batterie; mettant alors de l'ensemble dans»
son mouvement ,. il fit charger l'ennemi par deuJt
escadrons du 1°' et 20= de chasseurs, et deu»
compagnies de la 27= légère.
Cette attaque faite avec impétuosité, a tttîs
l'ennemi dans la déroute la plus complette. Il esÉ
entré piécipitamment dans ses ouvrages , laissarit
plus de i5o prisonniers du régiment de Murdf
dans nos mains. Le nombre de ses morts et d4
ses blessés doit être considérable.
L'expédition sur les grisons , commence iOUS
d'heureux auspices. Fuessen a été enlevé ; nouS
y avons pris, trois pièces de canon , et fait titt
grand nooibre de prisonniers.
Nous n'avons pas encore reçu les détails i je
les ferai parvenir.
Le chef de l' état-miajar- 'général de l'armée «
signé f DE»SOLLE£t<
Pour copie conforme ,■
Le ministre de la guerre i sighé ■! CAtîNo'T.
JVo/a. Le général Lecourbe a fait cAhrïakr*' *
par une dépèche télégraphique , que son ail«
droite s'était emparée de Feldkirk. (ViB'yei l«
Moniteur dt) s8 unessidor.)
1236
hV ÏHEMIER CONS-UL BONAPARTE. j
Description abrégée des principaux monmncns de I
■la Haule-Egrpte , accompagnée de détails sur les |
tableaux rpii , en 'les décorant , servent à faire \
■conjecturer à quelles divinités Us temples étaient |
consacrés.
P H Y L CE. I
Phylcfi est, à proprement parler, un rocher de |
^granit i cest-là que paraît s être réfugié tout ce !
•qu'il y a de pittoresque en Egypte. La longueur [
d<e cetie île est , à peine, de i5o toises ; sa lar-
geur n'est pas de plus de soixante-dix. Sur celte
surface éiroile on trouve trois temples entiers , les
débris du logement de la cohorte romaine qui
gardait ce poste , et l'on peut y soupçonner l'exis-
tence de deux autres temples.
Deux passages , l'un de Diodore de Sicile ,
l'autre de Séneque , portent à croire que Pliylœ
passait chez les ancienî pour avoir servi de séjjul-
ture à Osiris. L'eniiée de I île était défendue , sous
peine de mort, à tout égypiien. Les prêires s'en
éiaienl réservés 1 habitation exclusive. Une. tren-
taine de familles de Barbarins y ont aciuellement
fixé leur séjour; on y voit encore les ruines d'une
petite ville chrétienne , qui paraît avoir éié dé-
truite lors de l'invasion de Khaled-ebn-walid.
Le grand temple de Phyloe regarde le sud-sud-
OTjesi. Les anciens égyptiens , en le construisant
dans cette position , paraissent avoir voulu mé-
nager un poinl-dc- vue , d'un grand efiFet , aux
voyageurs qui descahdaienl le fleuve.
Le témoigriage de Strabon et le grand nombre
■de figures d'éptrviers , auxquels on voit offrir des
sacrifices et rendre des hommages religieux ,
annoncent que le grand temple était consacré 1
à cet ois.eau , l'emblème d'Osiris,
'Le plan des temples qui Se trouvent dans cette
île , est fort iriégulier ; ce qui provient de linier-
valle qui a été mis dans la construction des difTé-
l'cnies parties qui les composent. Ou peut remar-
tjuer , à 'Cette occasion, que prcsqu'aucun des
monuniens de la Haute-Egypte , n'a été entié-
renitnt achevé.
On entre dans le grand temple de Phylœ par
■une porte percée entre deux muiailles pyrami-
dales de quinze pieds de hauteur. La porte en a
vingt-six d'élévation , et est ornée d une corniche
très-pure , dont la courbure est imitée de celle de
la branche de palmier.
L'épaisseur de l'embrasure de cette porte est
de quinze pieds. L'extérieur du môle est orné
de tableaux , représentant dcî figures -colos-
sales ; sur la gauche est une figure de vingt pieds,
■âc proportion , saisissant de la main gauche et
ijar les cheveux , une trentaine d hommes ; de
la droite , elle tient une hache dont elle se dispose
à frapper ces malheureux, qui joignent les mains
dans une attitude de supplians. Leur costume est
celui des barbares . dont les guerres et les déinites
■sont représentées sur les murs de Thebes. Celui
qui frappe , porte un bonnet qui appartient exclu-
sivement aux sacrificateurs. Il couronne la tète de
tous les égyptiens qui commettent des actions
meurtiieres sur les hommes ou sur les animaux :
une semblable figure est placée sur la droite du
môle ; elle est dans la même attitude.
Les prêtres égyptiens ne négligeaient rien pour
piéparer à la superstition par la crainte , et des
sacrificateurs sont placés là, ainsi que sur la plu-
part des môles , comme gardiens des temples.
Cette première porte conduit à une cour de 120
pieds de longueur ; des deux côtés est une co-
lonnade qui sert de portique à deux corps de
bâiimens dont les prêtres avaient fait leur habi-
tation. C'est peut-être le seul endroit oit l'ontrouve
quelque trace du logement des hommes consacrés
au service des temples.
Une seconde porte , percée dans un môle sem-
blable au premier , conduit à un vestibule sou-
tenu par des colonnes dont trois sont placées de
chaque côté, et quatre au milieu. On y distingue
quatre chapiteaux différens ; l'un d'eux imite le
calice du Lotus Nélambo ; l'autre la tête de Pal-
■mier; le troisième la fleur de Lotus ; le quatrième
ressemble en partie au premier , et de plus est
orné de liges de Lotus et de branches de Palmier
doùm , ou palmier à éventail. Sur les murailles
de droite et de gauche du périslile sont des ta-
bleaux dont les couleurs sont très-bien conser-
vées. Les compositions sont de trois figures. La
■couleur bleue paraît affectée à Amnon et à Osiris,
•et la verte à Tant. Le péristile a 60 pieds de lon-
gueur et communique par une troisième porte ,
avec une chambre de quinze pieds de long et
s5 de large ; une quatrième porte de cette salle
a une chambre de treize pieds quarrés. Elle tire
son jour d'en haul par une ouverture d'un pied
de longueur et d'un pied et demi de largeur.
Une cinquième porte conduit à un troisième
salon de 40 pieds de long. Trois portes se pré-
.sentent ensuite , une en face et deux sur les côtés :
celle du milieu conduite ïaditurtt du sanctuaire;
il a vingt ,pieds de long sur quinze de large. A
droite e\ à gauche , des portes conduisent à un
appartement de vingt pieds quariés. Dans iailitum
est une chapelle monolithe , ainsi nommée (.luice
qu'elle est d'une seule pierre. C'est le logement
de l'cpervier sacré. Sa hauteur totale est de driuze
pieds , sa largeur hors oeuvre est de quatre pieds
et d'un pied et demi dans œuvre ; elle ne s.éleve
au-dessus du sol que de six pieds et demi : sa
profondeur intérieure est de trois pieds et demi.
Elle ofFie le modèle antique d'une entrée de tem-
ple. On paraît avoir voulu imiter particulièrement
la porte qui est sous le périslile.
Dans une chambre parallèle à Vadituni, on
voit une seconde chapelle monolithe en tout
semblable à la première. On a allecté de la
disposer dans l'angle de la muraille, et elle
paraît avoir été destinée à dresser l'épervier sacré
et à le disposer aux pieux exercices qu'il devait
ensuite répéler en public et dans ie sanctuaire.
Temple disis.. ^
Ce petit temple est placé derrière le premier
môle du grand temple. Tous les tableaux gravés
sur l'extérieur et liinérieur de ce monument ,
sont relatifs à l'éducation dHarpocrate. La
construction en est tiès-pure; le plan diffère de
celui du premier, en ce que sa distribution inté-
rieure ne présente que trois salles.
Petit temple non-achevé.
Il est périptere et d'un fort beau travail. La
Cilla, qui devait fprnier le lieu des sacrifices,
n'a point clé élevée. C'est , peut-être , avec Den-
derah , la moins ancienne des constructions égyp-
tiennes. Les temples péripteres sont les plus
élégans qui se trouvent en Egypte , et paraissent
avoir servi de modèle à ceux qui depuis ont
été élevés par les grecs.
Le.s moiiumcns qu'on voit à Phyloe, ne sont
pas les premiers qui aient été élevés en Egypte,
quoiqu ils soient situés sur les trontieres de ce
pays du côté de l'ancienne Ethiopie. On peut
le conjecturer en vo\ant que dans lemplDi des
matériaux pour la construction des temples , on
s'est servi d'une très-grande quantité de blocs
de pierre couverts d hiéroglyphes . et qui , n'ayant
aucune marque apparente de dégradation , ne
pouvaient être considérés comme matériaux de
rebut ; débris de temples démolis par le lems
seul , ils indiquent presque une génération de
monumcns qui reculerait la construction des pre-
miers bâiimens élevés à une époque antérieure
à celle que les chrétiens assignent à la création
du monde.
AssouAN Syéne.
Cette ville a occupé trois einplacemens diffé-
rens. La Siénedes égyptiens , des grecs et des I
romains était située sur la hauteur qui domine
la ville actuelle , construite aux bords du fleuve ;
celle du moyen âge était placée au sud de liinc
et de l'autre , et embrassait une partie de la sur-
t.ice qui couvrait la première, dont I extrémité
méridionale est indiquée par des monceaux de
décombres et de fragmens de briques cuites et
crues de fabrique égyptienne.
Au-dessous du roc de granit qui domine la
ville actuelle , et sur le rivage du Nil , on trouve
deux colonnes de granit ornées d un astragale ;
ce qui indique qu'elles sont de travail grec ou
romain. On y voit encore deux piliers en granit
qui paraissent avoir apparte,nu à une porte , des
colonnes accouplées et taillées dans !e même
bloc qui étai-nt vraisemblablement destinées à
orner deux des angles d'une salle carrée. Elles
sont de même travail' que les précédentes. Du
reste , aucune indication du puits du Tropique.
I S LE D'É LÉPHANTINE.
Elle est située en face de Syéne. Sa longueur
est d environ i3oo toises; sa plus grande lar-
geur est de 400. Elle a été formée par les allu-
vions du Nil qui a déposé successivement son
limon au pied des rochers de granit qui servent
de noyau à cette île II y avait , ainsi qu'à Phylœ
et à Syéne , une cohorte romaine en garnison
dans ce poste.
On y distingue un petit temple égyptien ,
les ruines d'un Nilomerre et une statue d'Osiris
en granit , qui n'a pas été finie. Ce petit temple
-est périptere ; il est composé de deux salles dont
ta seconde a été construite après coup; carie
mur du fond renlerrtie les deux, colonnes pa-
rallèles à celles de la face. L'emploi des ma-
tériaux indique que la construction de ce temple
iremonte à la plus haute antiquité. On peut re-
marquer en général que les plus petits temples
qui se voyent' en Egypte , sont ceux qui appar-
tiennent aux tems les plus reculés.
C'est à Eléphantine qu'on commence à voir
les premiers Barbarins. Au tems de Strabon , la
population de cette île , ainsi que celle de
Phylœ, était formée moitié d'éthiopiens, et
moitié d'égyptiens. Le petit temple paraît avoir
été consacié à Hurus. Les figures dont il est dé-
coré , ont plus qu'eu aucun auiie endroit les
caractéiisliqiics des nègres.
COUM OMBOS.
On y distingue les ruines de deux temples ,
seuls restes de l'ancienne ville d'Ombos , connue
par le culte qu'on y rendait au crocodile. Les
deux temples sont situés au bas d une hauteur
formée de débris de murs de briques cuites et
crues ; on croit reconnaître là les traces d un
grand incendie.
Le grand temple est dédié au crocodile ; il est
presqu'entiérement encombré par les sables : le
portique est la seule chose assez bien conscivée^
son asjject est plein de grandeur et de majesté.
Une singularité qu on ne rencontre que dans
ce seul temple , c est qu'il a deux portes. Elles
conduisaient vraisemblablement à deux divisions
de la même enceinte. Elles sont séparées par le
rang de colonnes placées auiîmilieu du portique.
En^ voulant donner de la grandeur à l'exiérleur
du temple , ils. oui été liniiiés par la portée des
pierres. La plus grande partie des tableaux qui
décorent 1 intérieur, sont relatifs à l'adoration du
crocodile. Par-tout les offrandes sont adressées à
une figure d homme portant la tête de cet animal.
Comuie ils ne pouvaient pas lui adresser leurs
hommages exclusivement à Osiris , ils mettent le»
sacrifices offerts à ce dernier dieu en pendant
avec ceux offerts au crocodile. Ce fait peut ex-
pliquer comment il se trouvait deux portes et
deux distributions dans un mêmfi temple. Cha-
cune des divinités qui partageaient l'adoration des
Ombites , était révérée dans une division parti-
culieie.
Parall'eleraeni au cours du fleuve est un second
ternple c.':)nsaciè à Typhon. On y trouve fié-
qucmment la figure de ce mauvais génie rcpté-
.senté avec une tête de crocodile , et le reste du
corps, de l'ours. Une moitié du temple est tombée
dans le fleuve qui a prodigieusement gagné sur
cette rive. A quelque distance de-là , on voit
les débiis d'un des côtés d'un môle fort altérés.
C'est à Ombos qu'ont été employés les plu»
grands matériaux , et les deux temples paraissent
n'avoir succombé que sous le poids énorme
des pierres dont ils étaient construits..
Gebel EL SiLSiLi. Montagne de la Chaîne.
On a donné ce nom à la montagne qui se
trouve sur la rive gauche du Nil , parce que
quelques auteurs ont avancé assez gratuitement,
ce me semble , qu'une chaîne de fer barrait en
cet endroit le cours du fleuve. On essayait d'op-
poser cet obstacle ( facile à surmonter ) aux
bateaux nubiens qui à une époque reculée ,
descendaient le fleuve pour faire des course»
dans le pays. Les seuls monumens qu'on y voit,
sont deux chapelles taillées dans le rocher et
dont la façade regardait le Nil.
Des grottes sépulchrales sont taillées en grand
nombre près de ces deux chapelles. Elles étaient
destinées à recevoir les coips embaumés des
habiians d'une ville dont l'emplacement se re-
trouve encore à une demie-lieue au-dessous et
sur la rive droite du Nil. .
Le Gebel el Silsili paraît avoir servi de carrière
et avoir lournl à une exploitation considérable.
On y voit un sphinx ébauché. Les temples qui
se trouvent au-dessous de cette montagne , ■ont
été vraisemblablement construits du grès qui eo.
a été tiré.
La suite demain.
LIVRES DIVERS.
Physiologie végétale , contenant une descriptiotl
anatomique des organes des plantes , et une ex-
position des phénomènes produits par leur or-
ganisation , par Jean Senebier , membre associé
de linstitut national des sciences et des arts, de
plusieurs académies et sociétés savantes , et bi-
bliothécaire à Genève , 5 vol. in 8° de 45o pages
chacun , imprimé sur beau papier, caractères
cicéro ; prix 21 fr. pour pour Paris , et s5 fr. pour
les départemens.
A Paris , chez Meutant, libraire, rue des grands
Augustins , n" l3 , division du Théâtre - français.
COURS DO CHANGE.
Bourse du 5 thermidor. — Eff'ets publia.
Rente provisoire ^3 fr. 38 c.
Tiers consolidé 34 fr. 38 c.
Bons deux tierj. 1 fr. Sa^ c.
Bons d'arréragé 87 fr. 5o c
Bons pour l'an 8 .« . 85 fr. 35 c.
Coupures 5? fr- 5o c
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
A Paris , de l'iraptimerie du cit. Amasse , propriétaire du Moniteur , tae des Poitevins , n" J,|.
\:a
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^r' 307.
Septidi , 7 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenu nos souscripteurs qu'à dater' du 7 Nivôse le M O-NIT E U R est le ,eul journal officiel
^ 11 contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenr . les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su'
l'intérieur que sur 1 extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Extrait dune lettre parlindiere. .— Marseille , le ï2
messidor an 8.
JT-iER .sont arrivés dans cette ville deux polacres
parlementaires venues de Naples en 14 jours , et
chargées de trois cents malheureux patriotes exilés.
L'état de ces infortunés fait vraiment pitié. Après
avoir subi, pendant treize mois, les fers, la prison;
après avoir tout perdu par la confiscation et le
pUlage de leurs biens , ils ont été embarqués à la
hâçe , sans pouvoir , avant de partir , voir leurs
aitiis., ni en recevoir aucun secours.
On compte parmi ces derniers arrivés , 60
officiers tant d'artillerie que de marine et de
terre.
Malgré toute la surveillance de la cour de
Naples . j'ai reçu des lettres par lesquelles on me
donne , non-seulement des nouvelles de ma fa-
mille , mais ,aussi des détails sur la situation de
notre pays. Je vous envoie du tout des extraits,
sachant combien ces particularités vous inté-
ressent.
En général , les vivres abondent dans notre
pays , et la récolte y a été suffisante ; mais le
besoin du numéraire se fait vivement sentir. Les
fedi di crédita (ou billets de banque ) perdent
80 pour cent. La cour a des agens qui ne font
autre chose que d'acheter de l'argent , et de
l!expédier toutes les semaines à Palerme.
On a émis depuis un an pour cinq nouveaux
millions de ducats en fedi di crédita. Les im-posi-
tions sont devenues extrêmement onéreuses ; le
gouvernement paye tout en papier, et ne veut
lieri recevoir qu'en argent comptant. Pour sou-
tenir un système aussi ruineux , il njy a d'autre
moyen qu'une terreur sans exemple,, naais qu'on
a soin de n'exercer que Sous le frélexte de ja-
cobinisme.
La force militaire est peu împo«t.T«o. PI-^oîtsu...
fois on à ordonné des levées d'hommes, mais elles
n'ont jamais eu le moindre effet, et la majeure
partie de ceux qui sont contraints de céder à la
force, désertent aussi-tôt que l'occasion s'en pré-
sente. Le mécontentement est général. Il y a dans
les troupes peu de subordination , et tout est
dans un désordre qu'on peut nommer, à bien
juste titre , anarchie.
Malgré les satellites que la cour répand parmi
Iç peuple, celui-ci a souvent été sur le point de
'ie soulever contre les partisans du gouvernement
actuel. Il ne connaît que l'intérêt du moment.
Après avoir, pendant un an, pillé les maisons
des patriotes, et n'ayant plus rien à y prendre , il
voudrait se tourner vers les biens des royalistes
et des nouveaux riches.
Le iSjuin, anniversaire de l'entrée des trou-
pes royales dans la capitale , on craignit une
insurrection. La junte du gouvernement et celle
d état qui se tiennent renfermées dans un château,
prirent des mesures militaires. On fit retirer les
ponts de tous les châteaux et cerner les maisons
de détention où sont les prisonniers d'étal. La
troupe resta pendant vingt-quatre heures sous les
armes el la mèche fut constamment allumée. Rien ,
il est vrai , n'arriva : mais la crainte était générale ,
et la majeure partie des gens riches s'étaient retirés
à la campagne. Les émissaires du gouvernement
publiaient qu'on prenait toutes les précautions
pour empêcher le peuple d'exécuter le projet
qu'il avait formé de m;issacrer les patriotes. Le
fait est qu'on ne s'était donné tant de peines , que
Î>our prévenir une insurrection contre les roya-
istes.
Les provinces ne sont pas plus tranquilles. Dans
la plupart on n'obéit point aux ordres , particu-
lièrement à ctlui de payer en argent les contri-
butions. La cour n'a yjas assez de forces pour
contraindre les contribuables , sans quoi l'on ver-
rait bientôt couler par-iout d'autant plus de sang ,
qu'il existe dans toutes les provinces des attrou-
pement de patriotes qui n'ont pas trouvé d'autre
moyen , pour se soustraire à la plus cruelle des
persécutions , que de rester armés , et d'attendre
ainsi le moment favorable pour opérer une nou-
velle révolution. ^
Je joins ici un exemplaire de l'amnistie accordée
aux accusés de crimes d état, qui a été publiée à
N'iples le 3o mai (ij. Vous y vcirez que les excep-
(1) Voyez ci-après.
l!°"i,V°!î' ^' "«'"breuses que danSune foule innom-
brable de gens arrêtés, très-peu sont compris dans
cette amnistie; indulgence trompeuse à laquelle
le gouvernement a été obligé d'avoir recours
pous calmer un peuple qui e^ fatigué de voir
couler le sang , et qui voudrait que tant de maux
eussent un terme. Qn publia réellement l'induit
• .4 • 1™^' ' °" ™' ^" liberté environ raille
individus dont la plupart ignoraient le motif de
leur détention. Le vice roi et leS satellites de la
cour ne manquèrent pas de présenter comme un
acte de souveraine clémence, obtenu par l'in-
tercession de la reine , cette disposition que la
justice et l'humanité réclamaient en vain depuis
long-iems. Le peuple ne pouvant cacher sa joie
en voyant qii'à la fin on exauçait ses vœux, cou-
rut en (ouïe à la place du marché, abatdt la triple
potence et brûla les instrumens de supplice qui
étaient en permanence ; maison ne le laissa pas
long-iems dans l'erreur,
<>.uelques jours après l'anmistie , les incarcéra-
uons recommencèrent. Quatre cents des détenus
qui venaient d'être mis en liberté , furent rame-
nés en prison , et on leur joignit encore trois
cents personnes qui jusques-là n avaient pas été
inquiétées. Beaucoup de gens qui s'étaient sous-
traits par la fuite à la petséculion , se reposant
sur la promesse de l'induit qui défendait din-
tenter de procédure contre ceux qui n'élRient pas
exceptés de l'amnistie, s'étaient présentés d'eux-
mêmes à la junte d'état pour,-, jouir du bénifice
de la loi ; mais au lieu de les accueillir, on les
chargea de chaînes et on les j^tla en prison.
De ce nombre sont nos amis Guiseppè Maria
Galante et Giovanni Gambale,tpus deux membres
de la commission législative. Vous reconnaîtrez à
celte conduite une cour perfide . accoutumée aux
crimes , et qui ne se fait aucun scrupule de parler
le langage d'une feinte modération pour mieux
tromper les victimes.
Cependant , les succès des armées républi-
caines lui f#>v..7or,r rip ];^,f.,-'-"''- , ■?'; ,;,
ae toutes manières a cacher la vente. Libaque
jour, des bulletins affichés annoncetit les plus
fausses nouvelles , ou contiennent les insultes les
plus grossières et les plus absurdes contre lé gou-
vernement français. I' 'm'est parvenu un de ces
manifestes que je vous adresse , pour que vous
puissiez y voir jusqu'àquel point on peut pousser
limpudence (l).
En dépit de tant de précautions , il transpire
à Naples quelque chose de la vérité sur les événe-
mens militaires. Un rayon d'espérance 3,ranirîié
les cœurs découragés , et les soutiens du trône
commencent à trerabiftr. Les plus fiers se pré-v
parent à fuir aux premiers revers , et les auires
cherchent à s'excuser des horreurs qui ont été
commises, et auxquelles ils assurent n'avoir pris
que peu ou point du tout de part,
Au reste , l'opinion générale est que les fran-
çais reviendront bientôt rapporter à, Naples la
libellé , et c était une chose curieuse que de voir
ceux qui escortaient depuis la prison jusqu'au
lieu de leur embarque ■■Vint , nos malheureux
compatriotes dernièrement déportés , se recom-
mander à eux et implorer leur bienveillance pour
le tems où ils reviendraient.
Tels sont les résultais des renseignemens qui
me sont parvenus. Ils m ont été confirmés par
plireienrs des personnes qui font en ce moment
quarantaine.
SOIVENT LES DEUX PIECES MENTIONNÉES DAJfS
LA LETTRE.
Première pièce.
Ferdinand IV, par la grâce de Dieu, roi des
Siciles , de Jérusalem , etc., infant d'Espagne, duc
de Parme, de Plaisance ,. de Castro, etc. , grand
prince héréditaire de la Toscane , etc. , etc. , etc.
Après avoir chassé, avec l'aide de Dieu, les
ennemis qui s'étaient emparés de notre royaume
de Naples , et réprimé les rebelles qui s'étaient
joints a eux , ce n est pas sans une vive douleur
que nous avons été obligés d'abandonner à la
rigueur des lois (que nous avons pourtant mo-
dérées en certains cas) ceux qui, oubliant leur
devoir envers Dieu et envers nous , se sont
rendus coupables du crime de félonie et de
révolte contre le trône , en appelant au milieu
de nos fiileks sujets les ennemis de l'état , et en
coopérant avec eux à la destruction de l'autorité
légitime que nous tenions du ciel.
( 1 ) Voyez ei-aprè».
Notre cœur paternel nous portait à accorder
une amnistie générale pour les offenses qui étaient
dirigées contre nous , mais la sûreté de l'état et
cell;; oe nos fidèles sujets qui ont secoué avec
tant de courage le joug des rebelles , nous a mis
dans la nécessité de différer 1 intention où nous
étions de pardonner à tous , et de les sous-
traire, de notre pleine autorité . à la rigueur des
lois , jusqu à ce que ces mêmes lois oslent assu-
ré la tranquillité de 1 état et celle ne nos p-uples
fidèles, contre les chefs de rebelles et leurs
agens; pour, par ce moyen, être à mêiie,
sans nuire à la sûreté publique , de pardonner
à tous les autres coupables , dans l'espérance'
que, pleins de reconnaissance pour une aussi
grande indulgence de notrepart.iisse conduiraient
à l'avenir, comme de bons et fidèles vassaux . et
ne nous contraindraienipas à déployer contre eux
toute la sévérité des lois . ainsi qu'à prendre
des rnesures que réclamait impérieusement le salut
de l'état. D'après ces motifs , nous nous sommes
déterminés à accorder . comme en effet nous
accordons , sauf les exceptions ci-après , une am-'
nisde générale à tous ceux qui , avant ou dépuis'
l'entrée des français dansnolre royaume deNaples,'
se seraient rendus coupables du crime de félnnie
et d'autres délits en matière délai, tant comme chefs
quecomme coopéraleurs et complices, soit en pie-
nant iesarmes, soit parieurs écrits et par leurs dis-
cours,soitde toute autre manière. Nousvoulons et
ordoniions que les poursuites commencées soient
annuUées et abolies , et que ceux qui n ont pas
encore de poursuites ouvertes contre eux pour
les délits mentionnés ci-dessus, ne puisseni être:
accusés ni dénoncés par qui que ce soit , ni par
nos avocats fiscaux; annuUanl et abolissant d&
notre pleine puissance et par la grâce spéciale
que nous leur accordons, tons les délits qu'ils
peuvent avoiV commis pendant les derniers trou-
bles. Défendons à chacun de les reprocher à
l'3,Yfi}.'L?,%'é'b"oJ'.l ""S sujets , ou de les leur
Se considérer désormais" cônîme dès'). Sis 'et des
sujets fidelps.
Et la junte d'éiat et de gouvernement nous
ayant présenté une liste des délenus les plus
coupables , nous exceptons de l'amnistie les in-
dividus suivans , contre lesquels nous voulons
que l'on continue à procéder suivant les lois,
mais avant de rae-itre leur jugement à exécution,
nous voulons q^Je le rapport en soit mis sous no»
yeux.
( Suit une liste des individus exceptés de l'an-
mistie, et dont le nombre est si considérable
qu'il nous est impossible de la donner nomi-
nadvement. Nous nous conienierons d en pré-
senter à nos lecteurs le résultat qui est effrayant.
Nous conserverons l'ordre de la classification
établie dans la prétendue loi d'anmistie.)
1°. Individus exceptés qui dépendent de la ju-
dicature de la junte d'état-
Ils sont au nornbre de cinquante , auxquels il
faut joindre tous les complices de Gaetano Cian-
ciafiielli qui fait partie des cinquante.
2*. Individu^ exceptés qui dépendent de lajudir
cature de 13' junte des généraux
Ils sont au nombre de trente six.
De plus Ferdinand se réserve de décider si
doivent être compris dans l'anmistie 149 mili-
taires qui font partie de cette classe, ainsi que
Il3 autres dont tes noms sont donnés en détail.
3°. Individus exceptés , qin dépendfnt db
LA DÉLÉGATION DES VISITEURS - GÉNÉRAUX.
Chaque visileur-général ayant sa délégation
particulière , nous allons suivre à cet égard
l'ordre observé dans la loi.
Individus dépendans de la délégation du visiteur-
conseiller Marrano pour les provinces de la terre
de labour et salerne.
Terre de Labour, 49 individus.
Salerne , 24 individus.
Individus dépendans de la délégation du visiteur
monsignor Ludovici , pour Us provinces dt Mon-
tejusca , Trani et Lueera.
MONTEFUSCO, 14.
TRANI ,32.
Lucera , 40.
individus dcpeudans dit visiteur constiller Ferrante,,
pour ks provinces de Chieti , Aquila et Teramo.
Chieti , 47.
Aq,uila , 38. En outre Ferdinand se réserve
de statuer si plusieurs individus
dénommés seront compris dans
l'amnisiie.
Tebamo , 57 , la plupart de Teramo.
Individus dépendant du visiteur Winspeare , pour
la province de Satamaro.
CatanzARO ,102 ; plus deux ou trois familles.
Il y a ici encore réserve pour savoir si quelques
individus dénommés seront compris dans l'am-
nistie.
Individus dcpendans de la délégation du visiteur ,
marquis Valra ; pour la province de Matera.
Matera , 43.
Quant aux provinces de Lecce et de Co-
setiza qui ,ne nous ont pas encore envoyé la liste
des chets des coupables que nous leur avons de-
mandée , el où nous voulons aussi que laprésente
amnistie ait lieu- nous en exceptons pourtant , et
jusqu'à nouvelle décision de noire part ttjus les
détenus qui sont dans la délégation des visiteurs ,
le marquis dclla Schiava et le lieutenant- colonel
Sirada.
Nous exceptons également de l'amnistie tous
ceux qui ont déjà été jugés et condamnés par
sentence, ou renfermés ou exilés par la commission
ou par notre ordre , le bien et la sûreté de l'état
demandant que ce qui est fait soit maintenu ; el
telle est notre volonté.
Quant à ceux qui par indulgence , malgré la
notoriété de leurs délits , ont été bannis de nos
domaines . nous nous réservons , quand la tran-
quillilé publique sera entièrement rétablie , et
après quils auront donné des preuves non équi-
voques de leur repentir, fie leur faire éprouver les
effets bienfesans de notre sonveraine clémence.
Nous excluons pareillement de l'amnistie les
coupables qui sont en fuite ou absens de nos
domaines , et nous voulons qu'il soit procédé
contre eux avec toute la rigueur des lois.
Nous déclarons en outre , qu'aucun des cou-
pables qui ont reçu l'abolition de leurs crimes
par notre amnistie générale , ne pourra avoir le
droit de rentrer dans lexercice des charges et
ofiBces, soit politiques , soit militaires ou ecclé-
liastiques, qu-il possédait avant sa rébellion.
Nous voulons enfin que la présente amnistie ait
son effet du jour même de sa publication.
Francësco Serrati.
■yû , Dejorio , pro-président , viceprotonotaire.
Par mandement du seigneur roi ,
Petro Rivellini , secrétaire.
Le 3o mai 1800. Je soussigné , chargé de la pu-
blication des édits royaux, déclare avoir proclamé
la présente loi à son de trompe , dans la très-
fidele ville de Naples.
Carlo Castellano.
' Deuxième pièce.
Nouvelles' RÉCENTES d'Italie.
Le général Ott a établi son quanier-général
à Modène avec une armée de vingt-cinq mille
hommes. Le général Mêlas est avec la sienne
à Milan où il a fait prisonnier Lucien Bonaparte
avec d'autres français qui ne pourront échapcr
Un corps de 700 français ayant passé le Pô
dans le voisinage de Plaisance , a été entièrement
passé au fil de l'épée par un régiment de
hussards.
Les paysans et notamment les arétins se sont
offerts d'accouiir au nombre de quinze mille
sous les ordres du général Somraariva.
Sous peu , nous aurons nouvelle d'une bataille
décisive , les armées autrichiennes ayant fait leur
jonction.
Les français ont été repoussés sur tous les points
on ils ont tenté de passer le Pô , dessein qu'ils
avaient avant la reddition de Gênes.
On écrit de Lorette , que le matin du t3 de ce
mois-, arriva dans cette ville , S. A. R. l'archidu-
chesse Matie-Anne d'Autriche avec sa ptemieie
dame d honneur , et que le même jour elle assista ,
en grande cérémonie , à un Te Deum solennel ,
chanlé pour la délivrance de la ville de Gênes ; à
la fin dç. la cérémonie , monseigneur Paoii a
donné la bénédiction du Saint-Sacrement -à un
peuple immense qui y était accouru.
Son altesse royale se rendit de nouveau , le
lendemain matin , à la Santa Casa qui était ma-
gnifiquement illuminée ; et après avoir entendu
la mçsse, célébrée par monseigneur l'évêque ,
elle reçut, avec une dévotion exemplaire , des
mains dè'ce prélat , le pain de l'eucharistie , ainsi
que sa première dame, à la grande édification
des fidèles qui étaient rassemblés. On dit que
S. A. R. séjournera à Lorette jusqu'à l'arrivée du
sairit père en cette ville.
Nous apprenons par des lettres de Pesaro que
1238
le sain«rpere pawi de Venise pour se rendre en
cette ville sur la frégate la Be/Zone , avait éié force
par les vents contraires de mouiller à Malamocco ;
que le 12 il était arrivé à Pes.iro une barque
avec les équipages de sa sainteté , et qu'on
attendait avec impatience le saint-pete pour
lequel on avait meublé décemment le palais épis-
copal. Le concours des étrangers arrivés dans
celte ville pour se trouver au débauiiiement de
sa sainteté , était si considérable qu'on ne pouvait
plus y trouver de logement.
Avec' ta permission de l'if lus Ire sig. D. Antonio
délia Rosa , directeur de police.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 4 thermidor.
Bon.'VPARTe, premier consul de la république,
arrête ce qui sùil :
Le citoyen Camus, archiviste actuel, est nommé
garde des archives nationales.
Le premier tonful.. Signé. Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Lfs consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances, vu les lois des 9 ven-
démiaire et 24 frimaire an 6 , et 9 frimaire an 7 ,
sur la liquidation de la dette publique; vu aussi
celle du 22 frimaire an 7 , qui exemple de la
lormalilé de l'enregistrement tous effets de la
detle publique inscrits ou à inscrire.
Considérant, que les lois des 27 aoiit , 17 sep-
tembre et 28 novembre 1792 , et 18 juillet WgS ,
qui avaient assujeti les effets au porteur, émis
par l'éial à la formalité du visa et de l'enré-
gistremeul , à peine de nullité , sont abrogées
par les lois postérieures ci-dessus citées , sur la
liquidation de la dette publique , lesquelles ont
relevé de la déchéance les porteurs qui lavaient
encourue , et que la loi du 22 frimaire an 7
a exempté de l'enregistrement les effets de la
dette , le conseil-d'ctat entendu , arrêtent.
Art. I". Tous effets émis par l'état et soumis
à la liquidation dans les délais prescrits par les
lois sur la liquidation générale de la dette pu-
blique , seront liquidés en conformité des dites
lois; les dispositions de ce'Ies des 27 août,
17 septembre et 28 novembre 1792 , et iS juillet
1893 se trouvant abrogées par les lois des 9
vendémiaire et 24 frimaire an 6, et 9 et ss fri-
"vnii-e an 7.
11. Le ministre des nnantcs est cna^c o,. i-v..i
cution du jurésentiarrêté qui sera inséré au bulletin
des lois.
Signé., Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secréta'irt-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre nrrîté du même jour.
Les consuls de la république , arrêtent.
Art. 1'^. Il est accordé aux citoyens James
Smith, demeurant à Palis, rue de Lille , n° 643 ;
Gaspard Joseph Cuchet , rue de Tournon ,
n" 1160, et Pierre Denis Montfort au collège
de Navarre , un brevet d'invention pour le terme
de cinq années entières et consécutives, à-compter
de la date des présentes , à l'effet d'établir ,
vendre et débiter par-tout où ils le jugeront
convenable-, daiis loule l'étendue de la répu-
blique , des filtres inaltérables tirés des trois
régnes de la nature , dont ils ont déclaré être
4cs auteurs , à la charge par eux d'employer
les procédés indiqués dans leur mémoire. Sur
les vases renfermant ces filtres , il pourra être
appliqué un tmbre ou cartel avec ces mots: brevet
d invention et le nom des auteurs pour , par eux
et leurs ayant cause , jouir dudit brevet dans
oute l'étendue de la république.
n. Il est expressément défendu d'imiter et
d'employer les moyens dont il s'agit sous quelque 1
cause que ce soit , et , pour assurer aux citoyens
nistre extraordinaire de la republique fiançaite
en Piémont.
II. Le ministre des relations extérieures esî
chargé de l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signe. H. B. Maret.
Antre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république,
ariête :
Le citoyen Berlier, conseiller - d'éiat , es:
nommé président du conseil des prises.
Le premier consul , Signé', Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république ,
rrêie :
Le citoyen Najac. ordonnateur de la marine ,
st nommé co.TSeiller-d'état, section de la marine.
, Signé, Bonaparte.
/ Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 6 thermidor.
Le citoyen Barbé - Marbois est nommé con-
sciller-détat , section de la marine.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
' Autre arrêté du même jour.
Les consuls de ta république au ministre .de la
marine et des colonies.
Le gouvernement avait ordonné , citoyen mi-
nistre , que lès frégates sortant du bassin de.
Dunkerque se rendissent à Flessingue où elles
devaient achever leur armement.
Il n'en a rien été ; tou'es les frégates sont res-
tées dans la rade de Dunkerque , et l'on n'a
pris aucune mesure pour la sûreté de ces bâti-
mens , et sur-tout pour les mettre à l'abri des
brûlots. Cependant, il y av.iit dans le port des
chaloupes canonnières , et d'autres petits navires
armés , qu'un peu plus de surveillance et de zèle
aurait pu faire mettre en^ rade.
Il est revenulau gouvernement que de misé-
rables rivalités entre l'ordonnaienr , le comman-
ûant aes armes et le commandant de la rade ,
ont été cause d'une négligence aussi préjudi-
ciable.
Le gouvernement sait combien de fois ces riva-
lités ont été , dans la marine, funestes au service.
Vous voudrez bien donner sur le champ les
ordres pour faire anêter à Dunkerque , le chef
de l'administration, l'officier commandant le port,
le gèriérai commandant la rade, le capitaine de
la Désirée , et tous les officiers et contre-maîtres
qui étaient dc'quart lorsque cette frégate a été
surprise par l'ennemi. Vous ferez conduire ces
ofliciers à Paris où ils seront jugés. Vous pren-
drez des mesures pour que le service ne souffre
point de leur absence.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret. ,
Administration des monnaies.
Les citoyens sont prévenus que , conformément
à l'anicle LVII de la loi du 22 vendémiaire an 4,
le concours pour la place de vérificateur des essais,
vacante par la nomination du citoyen Anfrye à la
place d'inspecleur-général des essais , sera ouvert
le 2 vendémiaire an 9, à l'hôtel des monnaies, à
Paris , au laboratoire de 1 inspecteur.
Les citoyens qui voudront concourir, sontin-
o u' n u . . ivi„;.,f„.. I • ■ j' j ' vités à se faire inscrire au secrétariat de l'adrai-
Smith , Cuchet et Monitort la louissance dudit 1 ■ • .>• • c .-j .^^u-;.,
Y , , . . ... -..in- nistration , dici au 20 fructidor prochain,
brevet , e présent arrête sera insère au bu letin """""" •■ f
des lois.
III. Les tribunaux , les préfets et sous-préfets
feront jouir pfleinement et paisiblement des
droits donfèrés par ce {>téséiii, les citoyens Smith ,
Cuchet etMofitfort, ou leurs ayant-cause , fesant
cesser tout empêchement conlraire. Ils feront
transcrire ce brevet, lire, publier et afficher
dans leur ressort et département respectifs, pour
être exécuté , pendant sa durée , comme loi de
la république.
Fait au palais des consuls le 4 thermidor an §.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B, Maret.
Arrêté du 5 thermidor an 8.
Lis administrateurs des monnaies ,
DlBARRART , GuïTON et SlVARD.
Société d'agriculture de Seine et Oise , séance publique
du lo messidor an 8.
Ordre des lectures.
Discours du président , .cit. Challan , tribun.)
Compte rendu , des travaux de l'année , par le
secrétaire , ( le cit. Duchesne , professeur d'histoire
naturelle , à l'école centrale. )
Usage d'une charrue à dérayer les terrein»
aquatiques , par le cit. Deshayes.
Rapport du cit. Richard, sur les pavillons de
primeurs , de l'invention du cit. Bènard , de la
Bonaparte , premier conîul de la république, j société.
arrête : ] Mémoire sur la fibrication des Tins , par le
Art. 1". Le général Jourdan est nommé rai- cit. Jumilhac,
Rapport sur les prix, par les citoyens Benoist.
et Leblond. i
Programmes pour l'an g, l'an lo et l'an 12. I
Mémoire sur les ruches coupées, du ciioycrj
Brancherie, par le cit. Cubieres , l'aîné.
Sur des semis et plantations de bois , à Chep- .
taînville , par le cit. Andiieu.
Sur la fabricaiion d une eau-de-vie de pru-
nelles , par le cit. jumilhac.
Précis analytique , par le cit. Fauvel , d'un plan
de dessèchement cl déMchement, proposé par le
cit. Dupeuty , membre de la société.
Trogramme du prix pour l'an g , sur la durée des
baux.
Déterminer quant à la durée des baux , quel
est , à raison de chaque sol et de la culture qui
paraît lui convenir , le nombre d'années le plus
favorable à la prospérité de la culture et aux
droits de la propriélé.
Celte question sera traitée dans un mémoire
adressé au comité central de la société d'agri-
culture , séant au jardin botanique , à Versailles ,
avant le i5 floréal an g.
Le nom de l'auteur restera cacheté dans un
billet sur lequel sera écrit la même devise qu'il
aura donnée à son mémoire.
Une médaille d'argent sera donnée à celui qui
aura le mieux traité la question . et Son nom
sera proclamé dans la séance publique du 10
messidor an g.
Les membres ne peuvent concourir."
' A la médaille accordés par la société , sera
jcinie la somme de cent francs , fournie par l'un
de ses membres , le cit. Lebrun , consul de la
république»
Programme du prix pour fan g , pour le vin le
mieux /ait.
PaE le vin le mieux fabriqué . on entend celui
qui , à égalité de terroir , devra sa meilleure
qualité aux soins donnés à la vendange et au
cuvage.
En conséquence , il sera nécessaire que tout
cultivateur qui se dispose à concourir, fasse,
vers la Bn de fructidor , constater par le maire de
sa commune , en prgsence de denx autres vigne-
rons , quel est celui de Ses voisins dont le vin a
le plus de ressemblance avec le sien, lorsqu'ils
sont fabriqués par la routine de tous les ans.
Les liêmes témoins surveilleront le vin que
fera ce voisin , sans précaution particulière, et
celui riui doit dîiputer le prix : ils prendront les
taesures nécessaires pour s'assurer de la vérité
jusqu'au moment de tirer , de chacun , une bou-
teille qu'ils enverront cachetée à la société.
Le prix sera accordé à celui des essais qui
présentera une plus grande différence avec le
vin commun.
A cet envoi , les concurrens joindront un mé-
moire explicatif de la manière dont ils ont
cherché à améliorer leur vin.
Ils exprimcoru : S ils ont retardé leur ven-
dange ;
S ils ont réservé , pour de secondescuvées , le
raisin motns mûr ;
S ils ont eu soin d'avoir assez de vendangeurs
pour remplir chaque cuve , en une seule journée;
S'ils ont éraflé leurs raisins ;
S ils ont couvert leur cuve;
S ils ont aidé la fermentation, en faisant bouil-
lir du moût de raisin ;
S'ils ont refoulé le marc;
A quel signe ils ont reconnu l'instant de tirer;
Enfin , quels autres procédés ils ont cru néces-
saires pour se procurer un meilleur vin.
11 serait bien à désirer que quelque proprié-
taire de vignes eiît assez de zèle pour varier lui-
même ses essais, et j ût , sur dies cuves diffé-
rentes, envoyer des résultats comparatifs de
procédés divers.
Enfin . et pour avancer d autant la connais-
sance des vignobles, les candidats sont invités
d indiquer la nature de leur plant ; s'ils fument
outerrotcnt; en un mot tout ce qui peut jeter
des lumières sur la culture de la vigne.
Le tout doit être adressé , avant le l5 germinal
an g, au comité central de la société.
Le comité fera laire les dégustations , et pren-
dra les renseignemens ultérieurs nécessaires au
rapport qu il en lera à la société, le s5 prairial
suivant,
La société délivrera le prix, en sa séance pu-
blique du 10 messidor an g.
Les membres ne sont point admit au concours.,
A la médaille accordée par la société , sera
jointe la somme de loo francs , fournie par un
de ses membres, le citoyen Lebrun, cotisai de
la république.
Prvgrijmme dtt prix pour l'm 10 , jar ttmptei dts
fumiers.
Les concurrens choisiront, après la récolte d«
cette- uiinée , une pièce de terre labourable, de
."io aies ( environ un aipent) , d un sol égal , et qui
ait eu , cette année , une culture uniforme dans
totiie son étendue. Ils la diviseront en deux por-
tions écales : mais en donnant à chacune Its
même» soins de culture , ils conduiront à l'une la
quantité convenable de fumiers parfaits , c'cst-à-
dirc , pris dans 1 état de décomposition qui pré-
cède I époque oti il se réduit en terreau ; et , dans
la Seconde , on n'cm-]iloicra que des furniers im-
parfaits , de la nature de ceux dont se contentent
le plus grand nombre des cultivateurs , soit qu'ils
sortent récemment de, dessous les bestiaux , ou
qu'ils aient été submergés par des eaux de marre ,
ordinairement trop voisines des fosses à fumier ,
et par là aussi nuisibles qu'elles pourraient être
avantageuses : ces engrais seront nécessairement
de ceux dont on se sert le plus généralement , et
conséquemment Composés des litières de che-
vaux , vaches et cochons.
Les procès - verbaux d'expérience contien-
dront :
1°. Déclaration entre les mains du maire ou
adjoint de la commune , et désignation de la pièce
de terre sur laquelle on se proposera de faire lex-
périence ; elle sera nécessairement en guétêt, dis-
posée par une semence d'hiver.
s°. "Visite de ladite pièce à l'époque du pre-
mier labour . par le maire ou adjoint , un membre
on cortespondant de la société , s'il est possible .
et au moins deux citoyens recoramandables par
leur probité et leur connaissance en" agriculture ,
piis dans les communes environnantes; indica-
tion des grains dont elle a été dépouillée pré-
cédemment ; désignation de la nature- du sol ,
de son exposition , de ses avantages et incon-
véniens.
3*. Visite lors de la conduite des fumiers pour
la partie où devront être emi>!oyé,sceux dans l'état
de perfection demandée ; nature des engrais à
celte époque , quantité de voitures , dépenses
pour les charger et les répandre.
4°. Paieille visite et détails circonstanciés lors
de la conduite des fumiers imparfaits.
5°. Après le labour à demeure , visite à l'épo-
que des semailles , faites dans les deux parties,
dans la même journée.
6°. Depuis l'époque des semences jusqu'à la
moisson , observations des influences locales
des saisons sur la végétation de la pièce d ex-
périence.
7°. Lors de là moisson , vinite pour constater la
quantité des gerbes dans chacune dies pièces, leurs
qualités respectives et la séparation exacte de leurs
produits.
8°. Lors du battage . état exact du produit en
grains, les r^ualltés déterminées par l'inspection
et le poids.
Conclusion du procès-verbal par une compa-
raison raisonné^: des dépenses poijr lune et pour
l'autie pièce, eu égard,à la valeur des fumiers,
à prix d'argent : aux frais pour les conduire ,
les charger et les répandre , et résultat exact des
produits.
Toutes les conditions presciites par le pro-
aramrne seront de rigueur ; aucune des opérations
dont on rendia compte , ne sera réputée avoir le
caractère d'authenticité demandée , si elle n'a pas
été fuite en psésence dgs citoyens dénommés au
procès-vecbal.
C est au cultivateur qui , ayant rerppli toutes
les conditions demandées par le programme ,
aura montré le plus d intelligence daris ses pio-
cédés et de sagacité dans ses observations , que
sera adjugé le prix.
Les procès-verbaux seront remis au comité cen-
tral , avant le 10 praiiial an g , sous enveloppe .
sans timbre de poste , avec une simple devise ,
et des copies sans noms d hommes ni de lieux ,
seront jointes au paquet avec la njême devise. Les
pièces originales ne seront vérifiées qu'après le
jugement de la société.
Les membres ne sont point admis au con
cours.
A la méda'lle accordée, par la société, sera
jointe h somme de cenufronçs , loui-nie par l'un
de ses membres , le citoyen Le Brun , consul de
la république.
Programme du prix pour Van a., sur la culture in-
termédiaire des terres à bled.
Pour préparer , par une première expérience,
la détermination précise de l'influence que peut
avoir sur une récolte de blé , l'état précédent
de la terre , la société propose , en se confor-
mant au cours ordinaire de trois soles ou trois
années , de pratiquer en même lems cinq cul-
tures diverses , pendant la seconde et la troisième,
avant de la remettre en froment , avec la con-
dition que le charhp d'expériences ne présente
dans toa étendue aucune différence locale.
La pîece de terre de ni ares wu tflo^tis \% «»»■ ■
pens à 20 pieds ) , aura dû elfe feil blè , t,i
avoir' été traitée en labours et fumage d'util
manière uniforme dans l'année présente.
Les Cultivateurs qui prétendront au prix; feroril
constater par deux principaux laboureurs dll
canton , en présence du maire de la comniune
et de quelques associés ou membres de la société»
qu'il ne s'est effectivement trouvé aucune diffé-
rence à la récolte.
La pièce sera alors partagée , par un arpehtcuf,
en cinq planches parfaitement égales , et bieii
bornées , en présence des mêmes tcmointi ( et
toutes cinq devront recevoir les marnes laçOilS ,
au printems prochain, pour être ainsi qu'il suit!
en l'in g. en l'an 10.
La 1". ^a avoine. Un jachère f avec les la-
bours en leurs saisoni
accoutumées.
La ï"". En ai/ot?/« , Le treje , fauché une
et <re/?t sursemé) seule fois: puis tiols
à garantit de» labours et fumage. aH
. bestiaux. dernier.
La 3"". En avoine , Le treje, fumé en hiver^
et«r«//«,demême avec fumier ttès-cou-
liommé.
Nota. Si on a eu Ldi première coupe , ainsi
soinde donnerpour traitée, faite en vert ,
ces deux planches , dans 3 décades suc ,
un premier labour cessives : puis, après
d'automme , il sera une seronde coupe , un
comptédansles fiais labour; même deux,
à déduire. à intervalle , si la sai-
son le permet ; avetf
le fumage au dernier.
La 4"°. En avoine. Sur un seul labour, en
pluviôse ou ventôse ,
semence de pois ., bi-
saille.vesce on lentitttf
puis fumage entre 3 !
labours.
La 5"". En avoine. Trois labours et fumage
, , abondant , pour se-
mer des haricots ; à
! " binerlorsqu'ils lèvent
et lorsqu ils fleuris-
sent! puis le labour
à demeure , sans fu-
mage.
En l'an ti, les semences en blé d'hiver, à'
'époques diverses, si les récoltes l'ont exigé.
Tous les frais et produits intermédiaires cons-,
talés et évaltiés au moment de chjijue opération ,,
avec les mêmps (ormalitcs ; à la lécolic , véiiR»
cation des_ bornes , séf>.<rafinri du produit de»
planches; indication exacte de la quantité de'
gerbes de même poids, hauieirr et force de l'a,
paille , longneur de l'épi, puis de la' quantité'
de m.esures du grain , et de sa qualité constatée,
par forme . coiil^ur et poids, et par des essais
de mouture ;
Enfin , la récolte de l'avoine dans les pays où
la culture se fait avec des chevaux , étant géné-
ralement celle de la seconde année , léiat de,
ce second grain . dans la totalité de la pièce ,
sera constaté le l" praiiial.
C'est au cultivateur , qui , ayant rempK toute»
les conditions prescrites , aura montré le plus
d'intelligence dans ses procédés , de sagacité,
dans ses observations et dans le compte des frais
et produits , que sera adjugé le prix.
Lts procès-verbaux seront remis au comité cen-
tral avant le 10 prairial an 9, sous enveloppe ,
sans timbre de poste, avec une simple devise;
et des copies sans noms d'hommes ni de lieux,
seront jointes au paquet , avec la même devis*.
Les pièces originales ne serontvérifiées qu'après le'
jugement de la société.
Les membres ne sont point admis au concours,
A la médaille accordée par la société , serc
jointe la somme de trois cents francs, fournie'
par l'un de ses membres , le citoyen Lebruna
consul de la république.
Au PREMIER CONSUL BONAPARTE.
Suite de la description abrégée des principaux monu-
mens de la Haute-Egypte . accvmpagnte de détailt
' sur les tableaux qui , en les décorant , servent à .
faire conjecturer à quelles divinités lis temples,
étaient consacrés.
Enpou autrefois Apollinopolis Magna. !
Ce temple est le mieux conservé , te plus beau,
le plus vaste, et celui où l'architecture égyptienne
se déployé avec le plus de majesté. Maintenant
sa cour sert d'étable aux troupeaux du village
arabe bâti autour du temple. Plus de trente
familles ont construit des habitations sur sa
terrasse , et te servent des appartement intérieur»
de ce lieu sacré comme de magasins et de
caves.
Ge temple était consacré à Horus , l'Apollon
des grecs. Les deux m^les qui otaentson entrée ,
sont ÎTitacIs. La porte est plus élevée qu'en aucun
autre endroit -, elle conduit à une vasi^e cour en-
vironnée de colonnes en forme de ^peristile ; les
logcniens des prêtres étaient, pratiqués derrière ce
jiqrislile. Le portique est (orme de six colonnes
de Iront et trois de profondeur ; la distribution
intérieure est semblable à celle du temple de
Bendera. Il est fort difficile d'y pénétrer , parce
que les encombremens s'élèvent jusqu'au plafond.
Le temple est environné extérieurement d une
muraille d'enceinte qui ne se trouve nulle part.
Elle est , sur les deux faces , décorée de tableaux
■et d'hiéroglyphes. Sa hauteur est d'environ vingt
pieds , sa largeur de six pieds , et sa distance du
temple , de douze pieds. Elle commence oia finit
le portique : le plan en général en paraît plus
soigné que celui' d'aucun des autres monumens
•égyptiens ;, c'est-là que les grands matériaux ont
cté le mieux mis en œuvre , quoique plusieurs
dés ne soient pas d à-plomb sur les chapiteaux ,
quoique plusieurfi colonnes ne soient pas d un
diamètre semblable. Cependant, a'jjrès Dendera,
c'est-là qu'on trouve la plus grande perfection
.dans la main-d'œuvre. Le dessin des ligures est
correct ; on commence à voir même quelque con-
naissance deja perspective , dans la position des
figures d Isis qui décofent la frise du portique du
temple.
Typhonium d'Edfou.
Au sud et à deux cents pas des tnôles du grand
temple , on en voit un petit consacré à Typhon ,
afnsi que l'indiquent les tableaux qui en ornent
l'intérieur , et les figures du mauvais génie , qui
servent de chapiteaux aux colonnes ; il est pe-
riptère tomme toutes ces sortes de temples. Les
taoleaux qu on y remarque , sont ceux qui re-
présentent le triomphe de l'Hyppopotarae , ani-
mal en horreur aux autres égyptiens , et ceux qui
retracent le souvenir des moyens employés par
les femmes au service d'Isis , pour éloigner le
mauvais génie , au moment oOi cette déesse al-
laite son enfant ; elles frappent du labor , espèce
de tambour dont se servaient les hébreux , et
agitent le sistre.
EitETHiA , ville de Bubaste.
L'emplacement d'Ëilethia , maintenant El-
Rab , est indiqué par une enceinte de trois cents
quinze toises de côté. On y trouve des fragmens
de colonnes , quelques statues et sphinx de mar-
bre noir et blanc. A cinq cents toises au nord
des murs de la ville , sont les ruines d'un petit
temple périptere fort délabré. La montagne ara-
bique' dans le voisinage de ce temple est percée
d'uri^rand nombre de grottes qui servaient de
sépulture aux habitans de la ville d'Ëilethia.
La plupart de ces grottes consisieni eu x»n» calU
Ae S i,;<^ds r^irip», »^r un Jcs côiés de laquelle on
voit un trou qui conduit aux so^iteirains destinés
à recevoir les momies. Les sotaterraios sont vastes
et paraissent, chacun isolément, avoir servi à une
sçule famille.
Il paraît vraisemblable que l'on embaumait des
poissons ; car on voit dans le rocher des ouver-
rures de deux pieds de long et de huit à dix
ji'ouces de largeur , semblables ( aux dimensions
près ) à celles où l'on trouve encore des chacals à
Siout. On y voit une grotte qui .jcmble avoir servi
de sépult'ure aux crocodiles. On a vu des mon-
,ceaux composés de trente ou quarante têtes de
ces arrimaux parmi les grottes d'Elkab. Il y en
a deux particulièrement remarquables. La plus
grande a dix-huit pials de long et. neuf de lar-
geur ; au fond et dans une niche de quatre pieds
de profondeur , sont trois statues de proportion
naturelle. Celle du milieu représente un homme
assis ,que deux femmes , également assises , sou-
tiennent pas dessous les bras.
Cette figure est vraisemblablement celle de
l'égyptien enseveli dans cette grotte. Les deux
côtés de la muraille offrent , d'une manière très-
distincte 1 lès détails du labourage , de l'ense-
ipencement , des récoltes de difféieus grains,
de la vendange , de la pêche, de la chasse,
de la dessication et de la salaison du poisson
et des oiseaux, de la navigation, des offrandes
aux dieux , et des cérémonies funéraires. Les
choses les plus reiparquables de tfes tableaux ,
sont des attelages cf'hommes employés à traîner
la charrue ; ce qui n'empêche pas que des beufs
ne remplissent les mêmes fonctions à côté d'eux.
On y distingue jusqu'aux détails les plus minu-
tieux des procédés de la récolte de l'orge et
du lin , du battage des grains, de leur emma-
gasinement , de la préparation des aliraens pour
la nouriture des moissonneurs.
On peut remarquer que les aijciens égyptielis
paraissent avpir mis infiniment d'ordte dans l'ad-
ministration, de leurs affaires. Par-tout où l'on
lencontrc des hommes employés à diflérens tra-
vaux , on en voit aussi d'occupés à les inscrire
sur un volumen , à l'aide des caUimtu ou plumes
de roseaux. On en remarque qui sont relatifs
1240
aux soins qu'ils prenaient des troupeaux ; des
hommes chassent devant eux des troupes de
bœufs , de chèvres et d'ânes. Ils n'ont négligé
aucune occasion de faire passer dans l'imitation
de la nature , les traits qui peuvent la rendre plus
exacte , et qui sont fondés sur la connaissance
du caractère et des habitudes des animaux.
Ce qu'il y a de plus frappant 4ans les dé-
tails de la navigation, regarde la forme des bâ-
timens qui ressemblent assez aux schermes doiit
on se sert actuellement sur le Nil. La seule clifté-
rence consiste en ce que les chambres sont plus
hautes et plus spacieuses , et qu'il n'y a qu'une
seule voile dont la forme est quarrée. Le gou-
vernail , dirigé par un seul homme et placé sur
la chambre du bâiiment , est fort large à l'cx-
trêinilé qui plonge dans l'eau ; la barre en est
longue et épaisse ; pour en faciliter le mouve-
ment , une roue est adaptée à son extrémité ,
et se meut sur la chambre dans le sens de sa
largeur. On y distingue un bâtiment à la voile et
un autre à la rante. Les avirons sont semblables
aux pagayes dont se servent les insulaires de la
mer du Sud. Les procédés de la pêche et de la
chasse aux oiseaux ne laissent rien à désirer
dans leur imitation. Les petites figures qui
composent ces différens tableaux ont huit pou-
ces de hauteur, les moyennes en ont dix-huit, et
la grande figure à laquelle paraissent se rapporter
tous les dirferens tableaux , est de" proportion na-
turelle. Les hommes sont peints en rouge et vêtus
d'une espèce de pagne qui , cornmençant à la
seinture, finit aux genoux, en leur tenant lieu de
tout autre , habillement. Les femmes sont peintes
en jaune et couvertes d une tunique qui prend
au-dessous dti sein et tombe jusqu'à la hauteur
de la cheville du pied. Les enfans sont nuds et
conservent la couleur de leur sexe.
Dans la cérémonie funéraire on distingue plu-
sieurs femmes formant une espèce de concert ;
l'une joue de la flûte à deux tiges et à eiubou-
chure commune , flûte que les grecs ont imitée
des égyptiens. Une jeune fille marque la mesure
avec deux baguettes courbées , et une troisième
pince d'un harpe à dix cordes ; d'autres exé-
cutent des danses devant le mort. L'entiée de
chaque grotte sépulchrale est gardée par deux
figures armées d'un bâton , et placées dans l'épais-
seur de la porte. La seconde grotte d'Elkab ren-
ferme des détails précieux sur l'embaumeroent.
ESNÉ , ancienne Latopolis.
Le temple est placé.dans l'intérieur de la ville-,
le portique seul est bien conservé , le reste est
enseveli sous les décombres. Vingt-ijuatre co-
lonnes placées sur six de front et quaiie de pro-
fandeui , et surmnniées Je leuis arciiitravts et
des plafonds , sont les seuls restes de ce monu-
ment. Les chapiteaux des colonnes différent tous
entr'eux ; c'est-là qu'ils sont les plus élégans et les
mieux exécutés. Ce temple était dédié à Jupiter
Ammon , ainsi que l indique un médaillon sculpté
au-desius de la porte de l'intérieur du temple.
Les hiéroglyphes et les tableaux représentent un
grand nombre de sacrifices offerts à ce dieu et à
des béliers , emblèmes de ce dieu.
Les plus curienx sont relatifs aux offrandes faites
au crocodile et au culte que l'on rendait au Nil.
Onydistinguj; également les triomphes des signes
du lio,n et du cancer. Les hiéroglyphes sont gravés
en relief sur les colonnes. Le temple est un des
plus importans de la Haute-Egypte , autant par
la parfaite conservation des parties qui subsistent
encore et leur belle exécution , que par l'intérêt
des tableaux qu'ils présentent, et qui sont tous
relatifs aux détails les moins connus du culte
égyptien. C'est-là que se trouve un des quatre
zodiaques qui se voient encore.
A une lieue et demie au nord -ouest d'Esoé, est
un autre temple qu'on a cru ,jusqu'à ce moment,
consacré au crocodille. Il est fort ruiné, et on
y voit encore quelques-uns des signes du zodiaque
qui en décoraient le plafond.
En face d'Esné , à l'est , et sur la rive droite du
fleuve , est encore un petit temple fort délabré ;
la seule chose remarquable qu'on y trouve , est
une galerie formée dans l'épaisseur des murs , et
qui fait le tour du temple; elle servait à favo-
riser les- jongleries des prêrres , soit dans les
oracles qu'ils rendaient , soit dans les myster-es
de l'iniuation vulgaire : car les grandes initiations
devaient se faire àThebes, à Apollinopoli magna,
à Dendera ou à Philoe. Le temple, dans un rayon
de 400 pas , est ei>touré Ide fragmens de briques,
qui paraissent indiquer l'emplacement de la ville
connue sous le nom de Contralatopolis.
Taud , autrefois Tuphium.
Le temple est éloigné de la rivière d'une demi-
lieue. Il est enfermé dans un village , et fait partie
des habitafions des naturels. Les traces de cons-
truction qui restent de ce temple , maintenant
rasé presqu'à dix pieds de ses fondations , indi-
quent qu'il a dû être fort grand. Les tableau:^t
principaux représentent des crocodiles à tête
d'épervier , et les mêmes anim.iiix parfaitement
conservés. Au sud et à 200 cents pas du tt-mple,
on trouve les ruines d'un vivier assez large, qui
paraît avoir servi à la conservation ou du cro-
codile ou des poissons sacrés.
Erment , autrefois Hermttntes.
Ce temple est un des plus jolis études plus ëlé-
gans ; il paraît avoir été consacré à Isis. Cinq
colonnes du portique sont encore en place. L'in-
térieur est divisé en trois salles. Une ouverture
pratiquée dans le mur de droite du temple ,
conduisait à Vaditum dont l'entrée a été forcée.
Cet aditnm paraît avoir servi à loger la génisse
consacrée à Isis. Son plafond est orné de figures
relatives à l'aslfonomie , et deux des murailles
sont couvertes de tableaux qui regardent le culte
rendu à la génisse; l'accouchement d Isis y est
gravé en bas-relief. Sur le riiur extérieur du fond
du temple on distingue une giraffe , et dans la
première salle .Typhon. Un autre basrrelief re-
présente Typhon se masturbant en piésence d un
èpcrvier.
A cinquante pas à l'est du temple , est un vi-
vier destiné au crocodile sacré . dont on retrouve
des figures multipliées dans le tetnple. Dix degrés
conduisent au vivier ; ch^icun d eux n a pas plus
de douze pouces d'élévation ; ce qui permettait
aux prêtres démarcher avec la gravité qu ils affec-
taient dans l'exercice de leurs fonctions.
(I.a suite demain.)
THÉÂTRE DES TROUBADOURS.
Le 'Vaudeville a fondé de tout tems une grande
partie de sa fortune sur les circonstances : l'à-
propos est l'insiant qu il épie , et l'impromptu le
langage qu'on aime le plus à lui voir employer.
Aussi est-il rare <iue le fait le moins important ne,
soit pas le sujet d'une bluette fugitive , s'il a
occupé la conversation de Paris pendant un mo-
ment.
Qj.ioi qu'en ait dit un de nosjournaux.plusem-
presséàdonncr lesdétalsde la lêie du 14 juillet qu'à
vérifier si le programme avait pu être suivi , les
courses ne purent avoir lieu au Champ-de-Mars
au jour indiqué. L'empressement d'un peuple
immense se précipitant des tertres dans la plaine
pourvoir de plus près et le premier consul, et
les grenadiers de retour de Maringo , elles dra-
peaux pris en Italie , ne permit pas de célébrer
les jeux annoncée. Deux chansonniers très-spiri-
tuels , et qui marquent leur début par un succès
flatteur , ont, sur ce fond léger , brodé une in-
trigue non moins légère , à laquelle ,e trouvent
liées des scènes assez comiques , et sur-tout des
couplets très-jolis. Les personnages de l'ancienne
comédie itcilienne , Pandolfe , Cassandre , Sca-
pin , Arlequin et Colombine , sont iti rais ea
scène. Pandolfe ne veut donner sa fille en ma-
riage qu'à l'un des vainqueurs à la course , cou-
ronnés- au Champ-de-Mars. Cassandre et Gilles ,
rivaux d'Arlequin , prennent le parti de se cou-
ronner eux-mêmes , et de venir aussi réclamer le
prix qui leur a été prorais. La scène dans la-
quelle ils se disputent tous deux v.n avantage
auquel ni l'un ni l'autre n'a prétendu , et o&
chacun d'eux découvre que son concurrent n'»,'
pas même été au Champ-de-Mars , est assez
piquante. Arlequin met fin à ce débat, en ap-
prenant à tout le monde que l'es courses n'ont
même pas eu lieu , qu'ellcssont remises au pre-
mier dé«adi : par anticipation sur le triomphe
qui l'attend ce jour-ià , il épouse Colombitie ,
et les faux vainqueurs remettent leurs lauriers
dans la poche.
Les auieurs de cette bagatelle ont tiré tout le
parn possible des allusions que présentait letir
sujet. Le plus grand nombre de leurs couplets
sont délicats , spirituels et agréablement tournés ;
nous ne sommes pas cependant disposes a con-
venir avec eux qu ils n'ont pu , ainsi qu'ils le
disent, courir après l'esprit. Il est très-évident,
au contraire , qu'ils n'ont cessé d'y courir : mais ,
en le remarquant, on leur pardonne , parce qu'ils
ont plus d'une fois atteint le but.
L'Arlequin a nommé comme auteurs de ce petit
ouvrage , les citoyens Dubois et Servieres. Le
premier est aussi l'auteur d'une des plus jolies
pièces données au même théâtre , et qui , depui»
quelques jours , y obtient beaucoup de succès.
Son titre est la Leçon conjugale. Une femme hon-
nête et belle ramenant un époux prêt à s'égarer
et à devenir infidèle , en lui fesanl éprouver la
crainte d'un juste retour : tel est le fond de cette
comédie agréablement intriguée , semée de cou-
plets assez heureux, mais dans laquelle des si-
tuations un peu hasardées donnent lieu à des
traits trop libres. Le lieu de la scehe est l'un de
ces jardins consacrés aux rendez-vous amoureux.
Il eût été à désirer que l'auteur fît un autre choix.
Le ton général de l'ouvrage eût été plus décent ,
et l'ouvrage n'eût pas été moins comique. S...
A Paris , de l'itnpriinciie du cit. Ajasse , propriétaire du Moniteur , rne des Poitevins , n» i3.
GAZETTE
ONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 3o8.
Octidi , 8 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater d\x 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ARMÉE D' ITALIE.
Liberté. Egalité.
REPUBLIQ.UE FRANÇAISE.
Monnier, général de division , commandant la pre-
rtiiere division de l'aile droite. — Au quartier-
' général de Faenza , le 23 messidor an 8 de ta
république française , une et indivisible.
Considérant que l'arc triomphal élevé par la
commune de Faenza , et détruit par le vanda-
lisme , ST^l n était promptement relevé , imprime-
rait aux habitans de celte commune un caractère
de barbarie et d'ingratitude contraire au témoi-
gnage quils donnèrent par ce monument pu-
blic , de leur admiration et reconnaissance pour
le héros italique, et la brave armée qui , sous ses
ordres , conquit l'Italie à la liberté , ordonne :
L'arc de triomphe élevé par la commune de
Faenza , et détruit par le vandalisme , sera relevé
aux frais de ceux qui ont ordonné et participé à
la démolition.
La bataille de Maringo , Vjui a fixé les destinées
de l'Italie , sera ajoutée aux autres faits d'armes
^ui décoraient cet arc.
Le citoyen Antolini sera chargé de la direction
de ce travail , et suivra le même dessin approuvé
par le général en chef Bonaparte.
L'administration provisoire de Faenza demeure,
sous sa responsabilité , chargée de l'exécution du
présent arrêté.
Signé , MoNNiER.
ÉTAT-MAJOR-GÉNÉRAL.
Au quartier-général à Milan , le 25 messidor an 8
de ta république française une et indivisible.
Discours prononcé ou Ckamp-de-Mars , à Milan ,
far le général Oudinàt^ chef de l'état-major-général
de l'armée, à la fête qui a eu lieu pour célébrer
l'anniversaire rfu 14 juillet.
Soldat? français, et vous estimables cisalpins ,
nos alliés.
C'est aujourd'hui l'anniversaire d'un jour à
jamais fameux dans nos annales, oià fut ébranlé ,
jusques dans ses fondemens . un trône aussi vieux
,, d'abus que d'années. G est à vous tous , soldats
conservateurs de cet enthousiasme et de ce dé-
voûraent qui animèrent tout un peuple dans cette
journée dont nous fêtons la mémoire , c'est à
vous sur-tout qu'il appartient de la célébrer.
Nous n'avons pas besoin de regarder loin en
•arrière pour trouver des motifs de triomphe : le
mois qui vient de s'écouler est pour nous assez
riche de gloire, par-iout les ennemis du peuple
français ont été vaincus et humiliés.
Honneurau génie quia conçu l'ensemble de,
cette étonnante campagne.
Tandiî que l'armée du Rhin , dirigée par son
chef intrépide et modeste , s'avance au cœur de
l'Allemagne , 5o mille hommes de réserve dont
la plupart d'entre vous fesaient partie , dissimu-
ient leur marche à l'ennemi ; gravissent avec
leurs chevaux , leur artillerie , leurs bagages ,
<es montagnes escarpées oti la nature semble
avoir multiplié les abymes pour en interdire
l'abord aux hommes, et descendent pour se-
conder l'armée d Italie dans son immortelle dé-
fense.
■ Enfermée dans Gênes , elle était aux prises
avec la famine ; mais Massena qui , par son ca-
-ractere , est destiné à dominer la fortune des ar-
mes , se roidit contre tous les obstacles ; chaque
jour est signalé par une sortie dans laquelle nous
ramenons , tantôt des prisonniers , laniôi des
drapeaux , tantôt de l'ariillerie ; l'ennemi enfin a
perilu plus de monde sous les murs de Gênes
qu'en plusieurs batailles rangées.
Soldats , n'êtes-vo\is pas bien payés de vos pri-
vations et de vos souffrances, par l'honneur d'avoir
participé à de si grands évcnemens ?
Enfin, après deux mois de siège , tin grand
nombre diiabiians et de nos camarades étant
^morts faute (le nouriiturc , l'armée quitte les raur,s
de Gêne» pour retourner combattre l'ennemi dans
la plaine.
Déjà noirsélions sur son frc>nl. prêts à l'atta-
.gner lort^ue .la tiévc de Maringo suspendit
votre valeur, et décida du sort de celle répu-
blique au sein de laquelle nous sommes atijour-
d'hui Je vous entends , camarades , le nom
de Desaix est inséparable de celui de Maringo :
amant de la gloire il est mirt dans ses bras , ses
mânes s'indigneraient de stériles regrets ; elles
seront ou vengées par l'effusion du sang ennemi ,
ou satisfaiies parune paix glorieuse.
Une paix glorieuse! voilà notre but; il sanc-
tifie l'usage de nos armes : nous n'aspirons qu'à
rentrer dans notre république, dans ce beau
pays à qui il ne manquait que celte liberté que
nous lui avons conquise.
Retirés dans nos familles . nous y donnerons
l'exemple des vertus domestiques et de la sou-
mission aux lois, afin que la patrie n'ait jamais
que des éloges à nous donner; ou si l'ennemi
n'est pas encore faiigué de tenter 1e sort des
combats , il trouvera réunis les défenseurs de
Gênes , les libérateurs des Alpes maritimes et
les vainqueurs de Maringo.
ANGLETERRE.
Londres , le iS juillet ( 29 messidor.)
Actions de la banque 162 j. — 3 pour cent
consolidés 63 I en dehors de dividende. — Pour
juillet 64 I 1 1 |. — 5 pour cent de la marine gS |
g6^ 96 en dehors du dividende. — Omnium 2 j
i prime.
M. Pitt a annoncé, hier, dans la séance de la
chambre des communes, qu'en outre des 2 mil-
lions livres sterling qu'il se proposait de deman-
der . le 3o (demain), à la chambre, formée en
comité de subsides, pour celui convenu avec
S. M. impériale , il comptait faire la motion d'un
vote de crédit de 1,400,000 liv. sterl. , sans parler
de la somme due pour le service des troupes
russes , et de celle pour le subside bavarois.
Sur la question qui lui a été faite par M. Thier-
ney du montant de ces deux dernières sommes,
il a répondu que celle due à la russie se montait
à 55o,ooo liv. st. et celle de Bavière à 600,000 1. st.
On croit que le parlement sera prorogé le 10
thermidor.
Une flotte marchande de 5o voiles, venant de
la Jamaïque, sous l'escorte du Brunswick de 74,
et de la Rétaliation de 32 , a passé devant Ply-
mouth, le cap à l'est. Vingt autres voiles qui en
fesaient partie , s'en étaient séparées quelques
jours auparavant , sous l'escorte de la frégate
l'Aquilon de 32 , pour se rendre partie en Irlande,
partie à Bristol, lieux de leur destination.
On a acquis la certitude que le transport the
Frances , chargé des bagages du duc de Kent, a
péri sur l'île de Sable , près d'Hallilax. .
Le Dolphin, paquebot d'Yarmouth pour Cuxha-
ven , a été pris et conduit au Texel.
Le Félix Eventa , a éié capturé dans sa traversée
de Lisbonne a Venise , par une frégate française
qui l'a conduit à Algésiras.
Un corsaire français nommé le Gersonge (nom
estropié) , s'est emparé du Swan .clmgék O-pono
pour Galloway , et de la Comtesse de LauderdaU ,
venant des Indes Occideuiales.
La cour d'amirauté a condamné hier , comme
ayant rornpu leur neutralité , plusieurs sloops et
briks danois, saisis à leur entrée dans le Havre ,
pendant que ce port était en éiat de blocus.
SUR LA RÉSOLUTION DE CONTINUER LA GUERRE.
Etrait du Morning-Chronicte , 17 juillet 1800 ,
('28 messidor , ûu 8. }
C'est mardi dernier que M. Pitt a présenté à
la chambre des communes le traité des subsidts
qu'il vient de conclure avec l'empereur ; et certes ,
jamais , depuis le commencement de la guerre
aciuelle , il n'y eut de circonstance plus défavo-
rable au cabinet britannique que la présentation
d'un pareil traité. — On dit maintenant aux repré-
senians du peuple , ( et les rçprésentans du peuple
peuveni l'enlende ) que leur garantie est attachée
à un plan d opérations dont le gouvernement
britannique doit faire les frais. — El quel mo-
ment choisit -on pour tenir ce langage? — le
moment même oii il est prouvé . j'ai presque
dit , où il est démontré par (expérience , par
l'évidence des faits , que la seule chose qui ne
doive pas être illusoire dans le plan dont il
s'agit , c'est le paiement des sommes qu'il doit
couler à no^e trésor Jamais, non jamais mi-
nistres ne firent preuve d'autant d'imprévoyance
et d'ineptie , ne manifestèrent des prétentions
plus follement indiscrètes.
Les ministres parlent beaucoup de poursuivre la
guerre-avec vigueur , mais que ceux qui les jugent
capables d'appliquer avec énergie les ressources
de la nation aux circonstances actuelles, com-
mencent d'abord par s'entendre avec eux-mêmes
sur ce quils appellent une guerre poussée avec
vigueur ; qu'ils disent lequel de ces deux moveiis
est le plus propre à pousser vigoweineincnt la
guerre , oij d'un système convenu et combiné
d'avance, ou de l'aveugle hasard. Q_u'ils appli-
quent ensuite cette manière de raisonner à l'exa-
men de la conduite des ministres , tant dans la
campagne actuelle , que dans la précédente ;
Qu'ils considèrent , dans la simplicité de leur
bon sens , quel coup on eiit pu porter à 1,j France ,
l'année dernière ; quels revers on se serait épargnés
cette année , si , au lieu de tenter une chétive
expédition en Hollande . on eût employé les
forces du royaume à agir de concert , et en con-
séquence d'un traité sagement conçu , avec les
forces de 1 Autriche . pour accabler les français
sur les côtes de la Médii';rranée , au moment où
leur armée venait d éprouver de si grands échecs
en Italie. Mdis il n existait point alors de sem-
blable traité. — Veuf-on savoir pourquoi ? C est
que l'empereur faut et l'empereur François ne
purent s'accorder à régler la part qui devait revenir à
chacun d'eux d un pillage commun. — C est que,
combatlant 1 un et I autre pour la défense de la
religion et de la morale , ils ne purent parvenir à
s'entendre sur l'espèce de religion et de morale
qu'il fallait défendre. — Néiaii-il pas évident,
par l'affectalion même avec laquelle le ministre
anglais assurait sans cesse d une manière vague
et indéfinie que les entreprises de la coalition
avaient un but unique et commun à toutes Jes
puissances coalisées , n éiait-i! pas évident que
l'un des deux empereurs devait être la dupe de
son empressement à seconder les vues ^ambi-
tieuses de I autre ?
En se comportant comme il l'a fait , le ministre
anglais espérait que le hasard lui permettrait de
finir par où la sagesse lui conSL-illait de com-
mencer , par un traité dans lequel l'objet des
puissances coalisées aurait été déterminé avec
détail et précision , c'est - à - dire , par l'unique
moyen qui puisse assurer la durée et le succès
d'une coalition. Qjielle a été la conséquence de
la conduite du cabinet britannique? — -L'empe-
reur Paul a senti , vers la fin de la campagne ,
qu'il était indignement trompé. — Il s'est adressé,
pour avoir des éclaitcissemens , au ministre an-
glais (qui, dans toute la suite des opérations qui
ont amené les russes en Italie , a plulôt joué le
rôle d'un entre-meiteur que celui d un vérilable
homme d'état. ) Le ministre n'avait point d'éclai.-
çissemens à donner ; et Paul , mécontent , a fini
par se détacher de la coalition.
Tel a été l'un des tristes efFels d'un plan dont
l'objet était bien toujours de pousser la guerre avec
vigueur, mais daqs lequel on aurait mieux aimé
s en rapporter au hasard qu'à la combinaison.
On devait s'attendre au moins que Paul une
fois détaché de la coalition , et par conséquent
ne pouvant plus gêner les puissances qui demeu-
raient encore liguées , pat son romanesque projet
de tout rétablir sur l'ancien pied , on devait sa, -
tendre qu'alors le minisire anglais néprouverait
plus de difficultés dans ses iransa'ctions avec I eiri'-
pereur d'Allemagne , et bien ferme dans le projet
de pousser vigoureusement la guerre contre Bon- -
parle , aurait mis à profit de telles ciicoiisiancts
pour stiflûlcr un traité avec l'empereur. — Point
du tout. -— Depuis le mois de décembre jusqu au
moment aciuel , la chambre des communes n'ci-
tend pas dire un mot qui annonce un semblable
dessein. — Mais, en revanche, chaque jour
lui apporte la nouvelle d'un nouveau triomphe
de Bonaparte. Elle entend raconter chaque jour
quelque revers, qu'au moyen d'un traiié tel que
celui dont nous parlons , on aurait pujrévenir. ■
— Elle enterid dire que les subsides accordes par
elle aux malheureux princes que nos inuiiçtres
ont engagé dans leur querelle , ne suryeni à ces
princes que pour s'acquitter des contributions qui
leur sont imposées par Moreau. — Elle enlend
toutes ces choses, elle est informée de tous ces
revers ; mais , quant aux moyens d y apporter un
terme et des remèdes , elle n'en entend parler
que lorsqu'il n'est plus teras- — ; jjVlors seulement
on vient dérouler devant elle un vMlcuIe traite ,
rfins. lequel il est question de seconder fortement
l'empeur, tmit par terre que par mer ! comme si
la conquête âe la Fiance ne tenaii à rien de plus
qu'au débarquement en Iialie de quelques régi-
mens anglais , destinés à concourir à la défense
du Mincio ; — comme s'il suffisait , pour ce but
chimérique , d'enlever quelque chéiil" bétail [quel-
que vieille vache ) dans la baie^de Ouiberon.
Quelle effrayante responsabilité nos ministres
n'auraient-ils pas encourue, (si du moins il
existait encore dans ce pays la moindre éiin-
celle d'esprit public ) pour avoir tant tarde à
agir vigoureusement par mer et par terre ? — Q_uel
bien ne fût pas résulté du concours des foices
anglaises avec les autrichiens , à h balaille de
Maringo , par exemple ? — Latniée imjjéiiale
put balancer iong-tems lesuciés. — Ptui - on
douter que le courage des anglais ,' heureuseunnt
dirigé , n'eût décidé la toriune de cette jnuriiée
eu faveur de la coalitioiT;i)? Pcui-on douter
que si nous eussions été maîtres de Gênes ,
d€ Savonne et de toute cette côte . les autri-
chiens n'auraient p.is été réduits à 1^ nécessiié
d évacuer le Piémont et la Lombardie, et que la
France n'aurait pas vu porter sa ;;loire et ses
triomphes à un degré d éclat dont elle s'étonne
elle-même ? — Dirat-on que les forces anglaises
ne pouvaient Scmparer des côtes de la Médi-
terranée ? — Et que fallait il autre chose pour
obtenir le succès de cette entreprise , si non que
hos forces ne fussent pas dirigées par un cabinet
dont l'ineptie égale seule la légèreté , par des
ministres qui, (pour me servir des expressions
de M. Fox , dans sa fameuse adresse à ses com-
mettans) , prodiguent le sang et les trésors de
ce pays , dans l'espérance que , non pas nos
efforts , mais le tems et le hasard peuvent établir
en France tin nouveau gouvernement avec lequel
il serait plus agréable de traiter qu'avec le gou-
vernement actuel.
Cependant on va parler aussi hau;ement que
jamais , dans des magnifiques discours , dune
guerre vigoureuse ; mais il est probable qu'aussi
Iong-tems que les ministres actuels en seront
chargés , on ne sera pas plus sûf de l'existence
d'une pareille guerre , que si on avait voulu en
faire un secret.
INTÉRIEUR.
Paris , le 7 thermidor.
Le Journal du Commerce annonce que les prt-
.sonniers détenus à Wcsel en 'Westphalie , se sont
évadés , en creusant les fondations de leur prison
et passant par les mines de la forteresse.
Le même journal annonce, sous la date d'An-
cône le 7 messidor , que k- commissaire autrichien
4ui réside dans ceite ville , y a fait publier une
proclamation cjui remet le pape en possession de
la place et de la marche d'Ancône.
— Tous les journaux s'accordent à dire que
les émigrés sont très-mal vus en Russie. Ils s'atti-
rent la haine de l'empereur par leur attachement
au parti anglais , et excitent la jalousie des russes
par les places qu'ils occupent. On s aitend tous
les jour- à apprendre qu on leur a notifié à tous
l'ordre de quitter la Russie. Déjà le ci-devant
comte de Viomesnil , qui était général de cava-
lerie , a reçu son congé ; et Louis JCVIII s'apprête,
dit-on , à quiitei Mittau.
— Le 10 thermidor , à midi , il sera célébré dans
le temple de la'Victoire ( Sulpice ) , une fêle à la
mémoire deFénélon.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Du 7 thermidor, an 8. _
AUWOM DU PEUPLE FRANC AI s.
Brevet d'honneur pour le citoyen François Vigniot,
trompette de la 2' compatit du 6' régiment d'ar-
tillerie li'gere.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distina;uée et de la bravoure éclatante
du citoyen F. Vigniot , trompette de la 2' com-
pagnie dn 6= régiment d'artillerie légère , à l'af-
faire de ZoUhauîen , le sS prairial dernier, lors
du passage du Lech , oiî , apiès avoir franchi
ce torrent sur une poutre , et avoir concourru à
la prise d'une batterie de canons , voyant des
-hussards ennemis charger pour les reprendre',
il sauta sur un cheval d une des pièces , marcha
contre eux en sonnant la charge , et leur fesant
croire par ce trait d'audace qu'il était suivi de
cavalerie en force , il les contraignit de faire
■volte face et de prendre la fuite.
Lui décerne , à titre de récompense nationale,
une trompette d'honneur.
(l) On sent bien que tout ceci n'est qu'une
formule oratoire , et que l'auteur n'est nulle-
ment persuadé que des renforts anglais eussent
balancé la prééminence des armes françaises.
Mais ne pouvant louer John Bull dé cequila
fait, il faut Ijien lui parler de ce qti'ûn'lui dit
' .qu'il aurait pu faire. Vp^ioi v;*] j
1242
11 jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par 1 arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 7 thermidor , an 8 de la
république.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Le minisire de la guerre , signé , Carnot.
Le ministre de la guerre an général Bonaparte ,
premier consul de la république. — Paris , le 7
thermidor, l'an 8 de la république française une
et indivisible.
ClTOYENCONSri,
Le général de brjgade Grigny , commandant
dans le département de la Loire Inférieure , -vient
de nye rendre un compte irès-satifesant sur la
situation politique de cette contrée.
Il annonce que le eou.erneraifnt y réunit toutes
les affections; que les animosués paniculieres
séieignent; que l'unio i et la paix intérieure re-
pretiuent de jour enjour un empire plus stable ;
enfin , que les ennemis de l'ordre feraient de
vains efforts pour y fomenter de nouveaux
troubles.
Il me donne en même tems des détails sur la
dernière apparition des anglais sur les côtes de
la Vendée. 11 observe que les habiians de Noir-
mouiiers et ceux de Barbâtre et Beauvoir , qui
précédemment se lésaient distinguer sous l'éten-
dard de la révolte , ont donné dans cette circons-
tance une preuve éclatante d'attacheraent à la
république , en bravant le feu' des bâiimens en-
nemis , en fesant 91 prisonniers , même avant
1 arrivée des troupes de ligne.
Le général Grigny pense qu'une lettre de satis-
faction de votre part , citoyen consul , sur la
conduite courageuse de ces citoyens , produirait
l'effet le plus salutaire sur lesprit des habitans de
rOuest.
Je soumets en conséquence le projet de lettre
ci-joint à votre approbaiion.
Salut et respect , Carnot.
Le préfet de ta Vendée au ministre de la guerre. — A
Fontenay-le-PeupU , le 14 messidor an 8 de la
république française une et indivisible.
Citoyen ministre ,
Je reçois dans l'instant la nouvelle que 12 cha-
loupes anglaises .ont effectué ur^ nouveau débar-
quement sur la côte de Fromeniine.
Les habitans de la Ctosniere , Baibâire , Beau-
voir, les employés des douanes et la gendar-
merie, se soijt j'ortés sur les lieux; huit cha-
louppes n'avaient ji.t.', eu le tems de se remeitre
en mer, elles sont res:ées sur le Goua , et nos
troupes les ayant aMeintes , leur ont fait igS
prisonniers, dont 45 sont à Beauvoir, et i5oà
Barbâtre.
Je n'ai pas encore de plus grands détails. Lors-
quils me seront parvenus, j'aurai l'honneur de
vous en faire part.
Salut et respect.
Lefaucheux.
Xatites 1 le ss messidor , an S de la république
française.
Le générai de. brigade , commandant la subdivision
de la Loire inférieure , au citoyen Carnot , mi-
nistre de la guerre.
Citoyen ministre ,
J'ai pensé et j'ai dit qu'avec un gouvernement
fort, libéral et généreux, la guerre de I Ouest
terminée par la vigueur , ^oe se releveraii point.
Nous possédons ce gouvernement que j'invo-
quais. Aussi ai-je la satisfaction de vous assurer
que touties traces de dissention civile sont ef-
facées ; qu'il est désormais difficile de parvenir à
ébraiiler la tranquillité et la paix dont jouissent
enfin ces contrées. Depuis mon retour, j'ai par-
couru toutes les campagnes ; j'ai va la joie , la
confiance et le bonheur diras toutes les communes.
J'ai vu Je prêtre et le ci-devant chef me demander
les brillantes nouvelles des armées', confondre
avec les patriotes leur allégresse et leur satisfac-
tion. Je n'ai apperçu nulle pari le plus léger symp-
tôme de différence d'opinion sur le gouvernement.
Qu'il est heureux le premier consul d être , par
sa haute et incomparable réputation , le nœ-jd
indissoluble qui réianit tous les français au centre
du gouvernement qu'il dirige si bien.
Lorsqu'à Paris , citoyen ministre , je traçais des
notes sur ces contrées, l'horison de 1 Ouest n était
pas aussi pur qu'il l'est en ce moment. Jamais,
depuis cinq ans que j'y sers la république , je ne
l'ai vu aussi beau. Cioyez-en un patriote aussi
zélé que pur. La société s établit entre des hom-
mes jusques à ce moment divisés ; les haines
sont éteintes. Le ci -devant royaliste se réjouit,
en s'étonnant de ne plus trouver dans l'ami de
la république ni dureté, ni exagération, ni into-
lérance; tandis que le patriote t'éionns à son
tour, de ne plus trouver dans ceux qu'il appelait
aristocrates, ni fiel, ni perfidie, ni trahison en-
vers la patrie.
Gouvernement! voilà ton ouvrage, jl es,L-Su-
blime. Qiiant à moi, j'en suis extasié: croyfcz,
ciioyen ministre , au tableau vrai que je vou»
fais. Il existe des hommes inquiets, toujoura
près à se tourmenter , et par suite capable d'al-
larmerle gouvernement. On assure , par exemple,
que benucoup d émij^rés ont été JL-ités sur nos
côtes. Cela est rossibfe , ou les cherche avet
soin ; mais ou il faut qu'ils soient peu nom-
breux , ou qu'ils se soient enterrés ; dans tous
les cas ni l'esprit des campagnes , ni l'esptil de
ces émigrés, si tant est qu il en .ait été versé ,
ne sont à la guerre. Je défierais même les Charette,
les Stoff.ey , les Vuysaie , s'ils existaient , de
pouvoir parvenir à rassembler 5o hommes contre
■le- gouvernement actuel.
A p^ine dans mon commandement exisle-t-il
loco hommes de troupes ; jamaisje n'en eus si peu,
aussi jamais n en eus-je si peu besoin. Je n'étais
point partisan de la gendarmerie à pied. Qiioi— '
que je regrette toujours les beaux grenadiers
et carabiniers que cette formation a enlevés à
nos demi-brigades, je pense cependani que celte
force sagement distribuée , contribuera beaucoup
au maintien de la tranquillité et préviendta les
troubles.
Les anglais nous font une misérable guerre ;
leurs vaisseaux nous font le mal qu'un essaira
de taons peut faire à un taureau vigoureux. Ils
se montrent et se succèdent par-tout, et par-tout
ils donnent à connaître la faiblesse de leurs
moyens ; ils n'ont point de troupes de débar-
quement. Vous connaissez , citoyen ministre ,
leur dernière opération entre Beauvoir et Noir^
mouiiers. Après avoir brûlé notre siationnaire
qui ne s'est pas défendu , ils ont brûlé des ga-
, barres chargées pour le compte de particuliers :
mais ce quil est intéressant que vous sachiez,
c'est que ce détachement de matelots anglais
s'est laissé surprendre à terre par la marée bais-
sante ; que nos troupes étaient éloignée de ce
point , et que ce ne sont que les paysans de
Barbâtre , de Beauvoir et de la côte , rassemblés
par le citoyen Mourin , officier de gertdar-
merie , qui ont marché aux anglais , armés
de faulx , de piques et de quelques fusils.
Ces paysans étaient de déterminés rebelles sous
Charette , et ce sont eux qui ont fait 91 anglais
prisonniers , qui ont affronté le feu des obu-
siers des chalotjpes , et les ont attirés à terre.
La perte de ces embarcations a forcé les vaisseaux
anglais à appareiller.
Oui , citoyen ministre , les habitaus de ces
contrées suffiraient presque seuls pour épou-
vanter l'anglais. Une lettre du premier consul
qui féliciterait les habitans de Noirmontiers ,
Barbâtre et Beauvoir, sur leur bravoure et leur
belle action , ferait le plus grand effet politique:
elle prouverait que le gouvernement pense à
tout, voit tout, apprécie et récompense. Je ne
veux pas , par ce fidèle exposé , enlever aucune
gloire aux troupes réglées qui sont accourues
de toutes parts , de manière que si l'anglais
avait mis à terre 2000 hommes , pas un ne se
serait rembarqué; mais j'ai voulu , en rendant
aux paysans de la côte la portion de gloire qui
leur appartient, vous donner à juger combien
est rassurante la haine qu'ils viennent de mani-
fester contre un ennemi qu'ils proiégeaienl, lors-
qu'ils étaient en révolte contre le gouvernement.
Ce département a bien un des meilleurs pré-
fets de toute la république; il est entiéreoeent or-
ganisé à la satisfaction de tous les habitans , ce
qui ne contribue pas peu à la paix et à la con-
corde qui s'y établissent de joui enjour.
La paix intérieure a précédé la paix extérieure
qui s avance à grands pas. Je prévois , avec la
satisfaction d'un vrai patriote des réformes dans
l'armée; cependant j'ose davance, citoyen mi-
nistre , solliciter pour moi votre intérêt, votre
justice , en me conservant mon activité qui fait
toute ma fortune. La révolution m'a trouvé sans
bien , elle finira en me laissant dans la même
position.
Je termine en vous assurant, citoyen ministre,
que. l'état de ces contrées est parfait, et en fai-
sant les voeux les plus ardens pour la prospérité
cki gouvernement qui fait tant et de si belles
choses.
Salut et respect , Grigny.
Le premier consul au préfet du département de la
Vendée. — Paris le 7 thermidor.
On m'a rendu compte , citoyen préfet , de la
bonne conduite qu'ont tenue les habitans de
Noirmontiers , la Crosniere , Barbâtre et Beauvoir ,
dans les différentes descentes tentées par les
anglais. On ne m'a pas laissé ignorer que ce sont
ceux-là même que la guerre civile avait le plus
égarés , qui ont montré le plus de. courage et
d'attachement au gouvernement.
Faites choisir douze des habitans qui se sont le
mieux comportés dans ces affaires et envoyez-
' les à Paris , accompagnés de l'officier de gea-
darmerie qui >es a conduits. Je veux voir ces bra»
ves et bons français : je veux que le peuple de
la capitale les voie , et qu'ils rapportent à leur
retour les témoignages de la satisfaction du peuple
français. Si parmi ceux qui se sont disiint;ués ,
il y a des prêtres , envoyez-les moi de préférence ,
car j'estime et j'aime les prêtres qui sont bons
français, et qui savent défendre la patrie contre
ces éternels ennemis du nom français, ces mé-
chans hérétiques d'anglais.
Je vous salue.
Le premier consul. Signé , Bonapar'te.
Par le premier consul ,
Le secrélaire-d'ctat , .signé , H. B. Maret.
fiisiiltats de t examen fait par les consàllers-'à'état
ChaptaU Champagnf et Emmery , des pièces rela-
tives à la contre-police.
C'est sur- tout dans les papiers saisis chez la
■veuve Mercier (i) , qu'on a trouvé la preuve et
des détails sur la conspiration.
Le comité royaliste dirigeant la conspiration ,
tésidait à î'aris , d'oii il correspondait avec l'An-
gleterre et l'intérieur de la république.
Les membres qui lé composaient étaient :
1°. Hiiti: , l'aîné , connu dans la correspondance
lous le nom de Taul Berri , P.. B.. , Neuville ;
s". Dubois , personnage important , qui dirige
tout et a la confiance entière des princes ; (s)
3°. Ferrand. Ce dernier paraît être Durocher.
Hide renaît la plume : presque toute la corres-
pondance est de sa main ; toutes les lettres d'An-
gleterre lui sont adressées.
Dubois dirigeait tous les ressorts , avait tous les
pouvoirs.
Ferrand fesait les voyages de Paris à Londres.
Ce comité était organisé avant le i8 bru-
maire.
A cette époque Hide et Ferrand étaient à Londres
occupés à arrêter un plan d attaque contre le di-
rectoire.
Le l8 brumaire suspend toutes les mesures :
le ministère anglais veut , avant d'agir, connaître
le caractère de cetlé révolution ; il conseille d'en
observer la marche.
Un personnage jusques-là étranger à la cons-
piration , est consulté ; et d'après ses conseils,
on consent à l'exécution des projets arrêtés. — En
conséquence les agens se mettent en scène.
Hide organise à Paris une contre-police , dont
il donne la direction à Duperron , sous le nom
de Marchand (3).
Il met des journalistes dans ses intérêts ; il en-
gage une correspondance avec Fichegru et Lar,
pour porter le premier à la tête des insurgés de
rOtiesî.
Il invite le ministère anglais à repousser toi^te
idée de paix avec la France, et néanmoins pro-
pose une négociation pour masquer ses démar-
ches , et arriver plus sûrement à son but.
11 cherche sur-tout à perdre Bonaparte dans
l'opinion publique, publie des écrits, fait cir-
culer des calomnies, lâche de séduire les généraux,
les ambassadeurs , etc.
Il trompe le ministère anglais sur la situation
delà France, lui répète sans cesse que le peuple
abhorre Bonaparte , qu il soupire après le réta-
blissement de la monarchie , que le méconten-
tement est par-tout à son comble , que les géné-
raux ne reconnaissent plus son autorité , et
qu'il suffit de l'apparition d'un Bourbon pour re-
lever le trône.
On se ménage des intelligences dans Brest dont
on croit pouvoir se rendre maître : on presse le
comte d'Artois de se mettre à la tête des insurgés
de lOuest.
On organise , à Paris , une petite armée dont
on donné le commandement au chevaliei; -de
Joubert. — Cette armée doit servir au moment du
débarquement des princes.
Les relations avec l'Angleterre sont plus fré-
quentes ; Vauxnoir et Dandreville se rendent au-
près du gouvernement britannique, pour presser
l'adoption et assurer l'exécution des mesures ar-
rêtées.
(i) Cette veuve Mercier paraît être une femme
chez qui Hide avait loué une chambre pour y
cacher ses papiers.
(a) Ce personnage mystérieux , déguisé sous ce
nom supposé , conduit tout et ne se montre
jamais.
(3) Le même Duperrori avait eu la direction
lecrette de la police de Paris , sous le ministère
de Vache. Il a été employé , sous le ministère de
lebrun , prés des armées et des états de l'Empire.
En frimaire an 8 , il demandait de l'emploi au
ministre des relations extérieures; il rappelle dans
•a péiitiaii les nombreux icrViccs qu'il a rendus à
la révol^tiwn.
IB43
Les royalistes reviennent de l'idée que le pre-
mier consul veuille rétablir la royauté ; il ne reste
plus au comité que la ressource de pousser avec
ardeur l'exécution du plan arrêté qu'ils rédui-
sent aux objeis suivans.
1°. Pousser la guerre de l'ouest avec activité.
2°. La nourrir par des débarquemens.
3". Placer Fichegru à la tête des royalistes de
l'ouest , et Witl. à la tête de ceux du midi.
4". S'emparer de Brest d'après le plan convenu.
j". Faiic déb-irqucr le comte d'Artois et le duc
de Berry.
6°. Séduire les militaires ; tromper le peuple -,
rendre Bonaparte odieux par des journaux , de
proclamations , des afUches.
7°. "Voler les caisses publiques,
8°. Promettre Is paix au moment du rétablis-
sement de la royauté ; rassurer les acquéreurs des
domaines nationaux.
9'°. Organiser une petite armée dans Paris ,
sous le commandement du chevalier Jouie;;*.
Au moment du débarquement d'un prince on
devait ,
1°. Désorganiser la police républicaine par
l'affiche de la liste de tous les espions et mou-
chards , qu'on avait payée 29 guinées.
2°. Frapper Bonaparte et ses collègues.
3". Expédier des courriers sur toutes les routes,
porteurs de proclamations et journaux aiinonçant
que la royauté venait d'être proclamée à Paris ;
que le peuple y était dans l'ivresse de la joie (i) ,
et que la république n'existait plus.
Les agens du comité qui sont à Londres pour
presser l'exécution des mes-ures arrêtées , éprou-
vent des lenteurs de la part du ministère anglais ,
tant pour l'expédition des fonds , que pour l'envoi
d'un prince; l'armée de l'ouest parle de paix;
l'armée républicaine se fortifie chaque jour, et
les chefs des insurgés posent les armes.
Ainsi s'évanouissent les espérances d'une poi-
gnée de brigands ou assassins , ennemis féroces
de leur pays , et trompant lâchement l'étranger
sur l'état et les dispositions de toute la France.
Précis des moyens d'exécution employés par le comité
royaliste.
1°. Correspondance
"Le principal correspondant du comité royaliste
était Hide l'aîné. Ses relations étaient établies :
1° Avec Dutheil ^ agent du département auprès
du ministère anglais , organe des princes et du
gouvernement britannique ;
Les lettres dt Dutheil sont signées Charron ou
Robert. Le comte d'Artois approuve quelrjuel'ois
de sa main et par sa signature Charles-Philippe ,
les plans proposés dont l'exécution est ariêiée.
2° Avec les généraux de l'armée royaliste de
rOuesi ;
3° Avec des émissaires répandus dans les dé-
partemens et désignés par des noms supposés.
La cortespoudance avec l'Angleterre se faisait
parles îles Marcouf , ou par Amiens et Boulogne.
Hide avait une femme à Rou«n , connue soUs
le nom supposé àz petit Matelot , qui recevait sa
correspondance et la faisait parvenir. Il avait
des intelligences à Caen . à Boulogne., et dans
presque toutes les villes de l'Ouest.
2°. Récette et dépense du comité.
Hide fournissait aux frais de la contre-police,
réduits à toc louis par mois, à l'achat des jour-
naux, impression des libelles, voyages dans
lintérieur , et antres dépenses de détail.
Les fonds nécessaires à ces divers objets ont
été remis :
1°. Par Ratel , sous le nom de Caroh. — s". Par
madame Brunet. — 3" Par Dubois. — 4°. Par
l'abbé God. — 5". Par Danrfigfje.
C était surtout le ministère anglais qui fournis-
sait à toute les dépenses du comité , et il paraît
qu'il avait en France , à cet effet , un principal
agent qui dirigeait l'criiploi des fonds; il est
connu dans la correspondanae sous le nom du
grand Alexandre.
Mais le pillage des caissei. publiques alimen-
tait sur-tout le» finances du comité : la cojres-
pondance et la contre-police présente des faits
précieux sur ce genre de brigandage. .
Ils avaient des intelligences à la trésorerie, où un
employé proposait de renoncer à toute espèce
d'appoinlemens , à condition qu'on lui remettrait
le cinquième de chaque capture. Le directeur de la
(i) Ces proclamations ne devaient être distri-
buées qu à 25 lieues de Paris , et seulement dans
les villes bien disposées , dans lesquelles on se
serait ménagé des intelligences avec les autorités
constituées. Ces proclamations invitaient le peuple
à s'armer pour le roi , SQUS le commandeinent de
chefs désignés et bien connus.
! contre-police annontîft le 3i jant'îcf -, que ■., sôU8
I peu , ils atteindront k 'but de leurs i/œUX en fesaiit
une capture intéressante Dans la correspondance (
on parle de l'enlèvement de la caisse dEvreuX^
et , dans des rapports particuliers , il est questiort
d'un nommé Hussnn , qui avait cinq hommes à si
ditposision. Par-tout ils pressent l'nrganisatiort
définitive du pillage des caisses , en observant que
la première quinzaine , peut-être même le prfmicf
mois , nécessiteront quelques avances ; mais ils es-
pèrent que les bév.cfces résultans de l'établissement
I suffit ont bientôt à leurs dépenses.
Ils iliilgeaient aussi leuis attaques contrs les
'acquéreurs de biens nationaux. Dans le rapport
(du t2 février , i>w/)€rron s'exprime ainsi I
it J'ai l'honneur d'annoncer que dans la nuit
)) du samedi au dimanche , il y aura une attaque
M contre la maison d un acquéieurde domaines
j) nationaux . à trois livues de Paris ; on nous
1) fait espérer que nous y trouverons quelqu'ar-"
>> gini. )) ,
Il paraît même par le. rapport du 14 nivôse 1
qu'on ne se bornait pas à l'enlèvement de»
caisses publiques : Marchand donne aviS' que
Bruix partira le l5 à six heures du matin , et pré-
vient qu'il est sans escorte.
On trouve dans des notes écrites par Hide lui'
même , quelques articles relatifs à l'emploi des
fonds qd'il recevait. Il passe en compte de sei
dépenses :
1°. La fabrication des. timbres des sections,
bureau central , etc.
2°. L'impression des libelles, achats de jour*
naux , etc.
3°. Le drap mortuaire placé à la Magdelaine.
4°. Le paiement des sabres déposés par les
royalistes de l'ouest.
5". Pour les prisonniers de Versailles •, oiËcief»
envoyés dans l'ouest etc.
6" Pour passeports ;
7° Pour achat de la liste des mOuchards de lu
pohce.
3°. Passeports.
On a trouvé dans les papiers saisis chez la veuve
Mercier !
1° Quarante-neuf passeports impriinés et nôfk
remplis , mais revêtus des signatures des admi*
nisirateUrs, du visa des comnîissaires près les
municipalités , de l'attestation du birreau central j
du timbre de toutes les administrations.
Ces passeports sont censés délivrés parles mu'^
nicipalités de Paris , celles de Rouen , de Fécamp ,
etc. , «te.
Il y en a quelques-uns pour l'étranger, et cen»
ses délivrés par l'administration centrale de li.
Seine.
2° Des feuilles en blanc et imprimées pour
congés absolus.
3° Des canes de sûreté , avec Iç timbre du 6*
arrondissement.
C'est à l'aide de ces passeports, cartes et con='
gés , que les agens du comité circulaient dans
l'intérieur, pénétraient partout et échappaient à
l'œil de la police.
4°. Contre-police du comité:
La direction de la cOntre-police érait çonfiéâ
à Duperrdn, soUs le nom de Marchand. — lï
avait pour but principal :
1°. D obtenir tous les- jours les rapports dii
bureau central.
2°. De connaître les dénonciations portées cotil-
tre les royalistes.
3°. De savoir quels sont les individus que h
police met en surveillance!
4°. Dêtre instruit à tems de tous les maildatâ
d'arrêt qui doivent être lancés contre des per^»
sonnes attachées à la caUse.
5°. De faire suivre et surveiller les indivIdtiS
dont il importe de connaître les démarches.
Les personnes qui inspirent le plus d'intérêt à
l'auteur de la contre-'police , sont ! Damejari ,
Demancy , le marquis de l'Epinay , Moucher dt
Mallebranche , le chevalier de Coigny , Durocher t
Hide , etc.
Dans son rapport du 3 février, le directeur
de la contre-police désespère d'organiser à Paris
un Mouvemeni général d'insurrection. La force stali
des choses , dit-il, doit l'amener. Il ne se prorioncetA
que lors d'un débarquement sur les côtes de l'Ouest ^
sur-tout lors de l arrivée d un prince qui seul ins-
pirera de la confiance et réveillera le courage et
l'énergie; dans notre position actuelle, nous ne pow
vous que pourvoir a notre défense par une sur'
veillance active , exercée dans lintérieur du camp
de la police} nous ne pouvons que tenter lenlt-'
vement des caisses publiques , messageries ,fourgoni
ou courriers de malle , porteurs de fonds apparie*
iians à la république.
S°. 'tentative sur Brest.
Le comité et .\ei générauJi sentaient 1« besdJa
de mettre un prince à la tête de i'ainiéo lùyilUt
— ÏIs regardaient tous cet événement comme le
seul qui pût iaire propérer leur cause : mais le
(joinlc d Artois se refusa constamment aux prières
qui lui en furent faites , et il ne répondit aux
demandes réitérées des chefs que par Ja promesse
d'arriver au moment oià on pourrait le recevoir
■tlans Brest-
On se ménage dotic des intelligences dans le
port; on conçoit un moyen de surpre^ndre la
place et on le fait approuver par le comte d'Artois
•rjui en presse i'cxécuiion. '' '
1°. Douze mille hommes de l'armée royale
dont trois raille revêius de l'uniforme républi-
cain devaient ^tre remis' à 10 lieues de Brest.
2°, On devait expédier des courriers porteurs
de faux ordres si};i:és du minisiie aux comraan-
dans de terre et de mer pour faire filer de
sniie toutes les troupes disponibles vers Cnncale
bu Saijit-Mâh , où l'ennemi serait censé meuactr
d'une descente prochaine et annoncer le prompt
remplacement des troupes qui pariirnient par
trois, mille hommes de troupes de ligne fesant
route à marches forcées.
3". Brûler les télégraphes pour rompre toute
■coif.fnunication avec Paris.
4°. Le lendemain du départ de la garnison
de Brest, l'armée royale devait se metire en
«iiarche à la nuit tombante ; ei les 3ooo hommes
fcvêius de l'uuiforme , formant 1 avani-garde,
Biiivés da-ns Brest au point du jour , se seraient
,niis en possession des principaux postes.
5°. Des signaux auraient annoncé à la flotte
«nplaise l'occupation de 5>i;if pour l'armée royale.
Des prociamaiions eussent été faites au nom lIu
roi. Trois millions eussent été distribués; monsieur
( comte d'Artois ) et douze mille russes seraient
entrés dés que le vent l'aurait permis. En attendant,
■un seul commandant eii chef de leire et de mer
aurait conceturé 1 autorité et réuni tous les pou-
VOifS.
Nota. Les détails dersxécaiion sont développés
dans le plan.
Signé, Chaptal, Champanny, Emery.
^U PRHMIER CONSUL BONAPARTE.
Suite de la des crip lien ahrigif des principaux monu-
mens de là Htule-Eg)pte . accompagnée de détails
sur Us tableaux qui , en ies décorant , servent à
faire conjecturer à quelles divinités les tempUs
étiiient consacrés.
T H E E E s.
Il est encore permis de douter que Thebes ail
occupé les deux rives du fleuve. Le Nil, en face
de cette ville . est plus large qu'en aucun autre
çndroîj de lEgypte. On n'ignore pas que les
égyptiens n'ont jamais bâti de ponts , parce qu ils
étaient étrangers à la construction des voûtes.
Les communications entre les deux parties de la
ville, sur les rives opposées du Nil, auraient-
elles pu exister avec la facilité nécessaire pour
ies besoins des habitans d'une même ville ?
L'usage des monumens diffère ici de l'emploi
qu'ils avaient ailleurs. S il s'y rencontre des tem-
ples , ils ne sont là que comme accessoires , et
fesani paitie de grandes constructions qui ne sont
autre chose que des palais.
Les monumens les plus précieux sont sur la
rive droite du Nil. La ville s'étendait au sud ,
depuis le village arabe de Luxor jusqu'à celui
de Karnac . qui en est éloigné de trois quarts
de lieue. Rien n'assigne son étendue du côté du
nord. Luxor et Karnac sont bâtis au milieu des
restes des deux palais de lEgyple qui imposent
le plus par leur grandeur et les matériaux prodi-
gieux employés à leur construction.
Luxor.
Les premiers objets qui frappent les regards ,
-en visitant le palais de Luxor , sont deux obé-
-Jisques d'un seul bloc. Ils sont placés en face
d'un môle , et à la distance de quatorze pas ;
entre eux et le môle sont deux statues colossales
en granit noir , éloignées de iroii pas du môle ,
et de huit des obélisques. Ainsi , dans l'espace
de onze pas , on réunit des monumens énormes ,
dont chacun d'eux , isolé, frapperait par sa gran-
deur. 11 semble que les principes du goût des
égyptiens, aient différé du nôtre , en ce qu'ils
se plaisaient à rapprocher des masses que nous
isolerions soigneusement. On peut reprocher à
leurs architectes le défaut de symétrie, qui règne
dans la disposition de ces monumens. Les obé-
lisques et les colosses ne s'alignent ni entre eux ,
ni avec la porte.
Ces défaits d'ensemble sont récompensés par
rexéculion des détails, il n'existe tien au monde
de comparable à ces obélisques. Les barbares
qui ouï dévasté les monumens de lEgypte
supéri-eure , çaiaisseo» avoir en quelque sorte
1244
respecté cettx-ci , et en essayant de couper un
d'eux à sa base pour le renverser , ils n'ont altéré
en aucune manière les figures qui le décorent :
elles sont disposées en trois colonnes ; celles du
milieu ont deuî' pouces de creux ; les moyennes
figures dans les colonnes de droite et de gauche,
ont un pouce de profondeur , et les petites neuf
lignes. Le fond de celles-ci est brut, ce qui les
fait différer de couleur avec la colonne du mi-
lieu , dont le fond est poli avec autant de soin
qu'une pierre piécieuse. Les obélisques sont ter-
mines par un pyramidion dont les arrêtes dé-
crivent une ligne cotirbe. Ils sont inégaux en
[grandeur, et reposent ^ur un socle enfoui à
I peu- près de quinze pieds. Les deux colosses
placés derrière sont en granit noir ; ils ont trente
nuit pieds de ptoportion , et représentent un
homme assis. Ses deux mains sont appliquées
sur ses cuisses. Les extrémités sent mal faites
dans ces deux colosses; quelques parties sont
d'une belle exécution.
A gauche , en sortant du môle , on trouve
une colonnade fesant partie maintenant de cons-
tructions turques. Les deux ailes de bâtiment
qui doivent se trouver derrière ce môle , sont
entièrement ruinées. Elles conduisaient à une
seconde colonnade qui subsiste encore. Elle est
formée de deux rangs de huit colonnes à calice
de Lotus. La hauteur totale est de cinquante-six
pieds , le diamètre de neuf , 1 évascment du
chapiteau da treize, et l'entre-colonnement de
quinze pieds.
A vingt-cinq pas à droite et à gauche de la
grande colonnade, commencent deux autres rangs
de colonnes dont le chapiteau imite le bouton
de lotus tronqué. Le diamètre des colonnes est
de cinq pieds , leur hauteur de trente , et l'entre-
colonnement ds huit pieds. Cette colonnade
coupe à angle dioit celle à calice de lotus ; au mi-
lieu est un intervalle qui servait d'avenue pour
conduire au palais dont la porte se voit en l'ace.
Elle a été murée par les chrétiens qui. dans son
épaisseur, ont creusé une niche oii était leur
autel ; ils l'ont révêtue de plâtre et ornée de pein-
tures à fresque , reptésentani des saints. Le por-
tique entier leur servait d-église , et l'avenue de
grande nef. Cette porte conduisait à une salle
dont les plafonds sont soutenus par quatre co-
lonnes ; elle est carrée et a quarante pieds de
côic. On remarque à l'extrémité du palais , sans
parler des autres appartemens qui le composent ,
un sanctuaire isolé dans son pourtour par un
intervalle de dix pieds. C'était là vraisemblable-
ment la chapelle du palais. Les tableaux qui la
décorent , sont soigneusement exécutés.
Le plan général de ce bâtiment indique qu'il
était composé d'à-peu-près soixante bâtimens. Les
figures dont les mui,s des salles sont couverts ,
offrent beaucoup moins de sujets religieux que
par-tout ailleurs. En revanche , on y trouve un
granri nombre d'offrandes faites à Mendès , re-
gardé c(5mme le dieu de la génération. Il est
est représenté sous la figure d un jeune homme
en érectiori et le fouet à la main. La situation
de ce palais est plus pittoresque que celle de
Karnac. Les bâtimens regardent le fleuve. On
trouve là les ruines d'un quai dont la largeur
est de quinze pieds ; la longueur est de vingt
pas.
L'inspection de cette construction seule suffi-
rait pour convaincre de l'exhaussement du lit du
Nil. Ce fleuve , dans sa crue , baigne les fonda-
tions du palais de Luxor en recouvrant le quai.
II n est pas probable que les anciens égyptiens ,
qui ont tant fait pour l'éternelle durée de leurs
monumens , eussent élevé ce palais dans un en-
droit aussi bas , si le Nil n'eût été tellement au-
dessous du niveau de leur construction , qu'il ne
laissât ancune inquiétude sur les atteintes qu'il
pouvait porter à leur solidité.
Karnac.
On peut regarder ce palais comme l'habitation
des rois. Le môle principal est tourné du côté du
Nil. Il a cent quarante pas de longueur ; son
épaisseur est de vingt-cinq. Il conduit à une cour
de cent dix de longueur , et dont la largeur égale
la sienne. Deux rangs de six colonnes à calice
de Lotus , placés dans l'alignement du môle ,
conduisent au portique composé de cent trente-
six colonnes , placées sur seize de hauteur. Les
deux rangs du milieu sont formés chacun de six
colonnes à cahce dfc Lotus ; de chaque côté sont
sept rangs d'autres colormes doiat les chapiteaux
imitent le bouton de lotus tronqué. Celles-ci sont
moins élevées que celles du miheu : le diamètre
des plus hautes est d« onze pieds ; celui des moins
grandes est de sept pieds.
La longueur de ce vestibule est de soixante-
dix-huii pas ; sa largeur, et la même que celle
(du môle. Le vestibule, danj toute son étendue,
était couvert; il ne recevait de jour que par des
fenêtres à claire voie ,.percées au-dessus dés co-
lonnes à calice de lotus. Des tassemens formés
sous cet édifice ont fait tomber plusieurs colonne».
La chute du môle qui regarde la cour , aurait
dû entraîner celle du bâtiment entier , s'il n'avait
pas été construit avec autant de solidité. On })as.
sait de ce vestibule dans une cour, où se trou-
vaient quatre obélisques dont il ne reste plus
qu'un seul. On ne sortait de cette première cour ,
que pour entrer dans une seconde ortiée de deux
autres obélisques et de douze figures colossales,
en forme de gaines , tenant la croix à ause sut la
poitrine.*
Deux autres cours conduisent ensuite à l'ap-
parternent du roi. Dans l'alignement des portes ,
on voit deux salles de granit qui paraissent avoir
été les appartemens de parade. 11 est vraisem-
blable qti'à l'époque de la construction de Thebes,
(3n employait beaucoup moins de granit que ne
l'ont fart depuis les rois égyptiens de Memphis et
les souvetains gitci d Alexandiie. A droite et à
gauche de cette salle sont les appartemens de la
cour. On pourrait y reconnaître ceux du roi et
de la reine dans deux salles dont les portes sont
en granit noir. Leur forme était carrée; elles n«
paraissent pas avoir plus de douze pieds carrés^
Les sujets représentés dans les corridors qui en-
vironnent les salles de réception , sont tous re-
latifs au pouvoir ou aux richesses des souve-
rains. On a gravé sur les murailles des cassettes,
des écrins , des colliers de perles , des cassolettes ,
des coffres fons , des chaperons ornés de pierres
précieuses. On y trouve aussi des tableaux qui
retracent différentes cérémonies de l'initiation ;
plusieurs représentent également dès sujets amou-
reux.
A cent pas de distance et à l'est du palais , est
une longue colonnade servant de portique à des
constructions qui paraissent avoir été le logement
des gens de la suite du roi. On y distingue un
grand nombre d'apparlemens particuliers. Leur
forme est oblongue , leur largeur est de douze
à quinze pieds , leur longueur de vingt à vingt-
cinq. Tous sont décorés de tableaux. Une porte
d'un très-beau style, élevée à l'est du palais , et
a quatre cents pas du corps de logis qui le ter-
mine , conduisait à celte partie de l'habitation
des princes.
Au Sud de la cour des obélisques , étaient
élevés quatre môles qui s'alignant ies uns avec
les autres , formaient de ce côté , l'avenue da
grand palais. C était vraisemblablement pat là
qu'entraient les rois dEgypte. Le peuple n'était
admis que dans le vestibule soutenu par la forêt
de Colonnes dont on a parlé. Peut-être les audien-
ces particulières se donnaient-elles dans les salles
de granit. La porte du môle , située le plus au
Sud , était construite ou plutôt revêtue en granit.
Elle était précédée d'une allée de lions dont ua
grand nombre spnt encore très-biens conservés.
Leur stature est colossale et leur longueur d'en-
viron quinze pieds. Le nombre de ces statues
est de quatre-vingt-dix. De chaque côté , l'in-
tervalle de l'une à l'autre n est que de dix pieds ,
et les lions qu'elles représentent sont couchés
sur un locle de trois pieds d élévation.
Une allée de sphinx coupe à angle droit celle
de l'est à rouest,et va rejoindre une allée de bélier»
placés dans la même attitude. En face de la portç
du petit palais deKarnae, cette dernière avenue
se prolonge jusques à environ six cens toises de
celui de Luxor auquel elle paraît avoir abouti.
En face de chacun des môles qui conduisetità
la cour des obélisques du grand palais , sont
deux et quelque fois quatre statues colossales en
grès ou en granit. Les figures qu'elles représentetrt
n'ont que deux attitudes .différentes ; elles sont
ou assises et dans la position de celles de Luxor,
ou débout, dans l'action de marcher, les bra»
pendans sur les côtés et armées d'un poignard
courbé.
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Coupures 67 fr. 3o -jfb
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
A Paris , de l'imprimetie dii cit. Agasse , propriétaire du Moniteur ,.rue des Poitevins , n° i3.
GAZETT
N" 309.
ONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
Nonidi , g thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscrlpcears qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T E U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que 13S faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I E U R.
REPPUBBLICA LUCCHESE.
La COMMIÏiSIONE PROVISIORA. ni GOVERNO ,
AU PREMIER CONSUL DE LA RÉPUBLIQUE FRAN-
ÇAISE.
Lucca , le 13 messidor an 8 de la république
française.
Citoyen consul ,
Vos triomphes ont encore une fois rendu Lac-
ques à la libené. Le peuple Lucquois et le gou-
vernement vous regardent comme leur dieu
tutelaire. Vous qui vous êtes tant couvert de
gloire , vous ne cèssçrez pas d'être toujours tel.
Vous nous conserverez sans doute la liberté
que vous nous avez ' donnée ; autrement que
deviendraient-ils les amis de la France, les ré-
publicains ? que deviendrait-elle presque toute la
population ?
Si des scélérats qui opprimaient le peuple ,
ont osé vous insulier, ainsi que quelques géné-
raux français , en égarant des hommes simples
qu ils n'ont pu tromper qu'un moment , le gou-
vernement et le peuple vont montrer solemnel-
lement à 1 Italie et à la France leur sentiment à
ce sujet. . .
Nous ne saurions rester toujours isolés ; réu-
nissez-nous donc à une autre république. Mais
nous vous prions de faire ensorte que celte réu-
nion ne déroge en rien aux lois que le gouverne-
ment actuel'va faire pour le bien de ce pays. Vous
n'ignorez pas , ciloven consul , que noire situa-
tion politique est différente de celle des autres
peuples.
Salut, respect et reconnaissance.
V. CoTENNA , président.
Ricci , secrétaire.
ANGLETERRE.
Extrait du courrier de Londres , 22 juillet.
Chambre des pairs. — Séance du i8 juillet
f 20 messidor.)
Le comte de Stnnhope dit que la chambre des
communes paraît avoir suivi une marche irré-
guliere, relaiivement à la troisième leclure du
bill pour l'incorporaiion de la Compagnie de
Londres. Il fit en consé<iuence une motion
pour demander à la chambre des communes ,
par un message , copie de ses actes à ce sujet.
Le lord chancelier répond que la motion est
irréguliere, et ne peut être attribuée qu'à l'in-
fluence de la canicule.
La motion est rejetée à la majori'.é de 6,
contre l.
Lori Westmoreland présente un message du
roi, semblable à celui qui est rapporté dans
la séance de la chambre d^s communes du
même jour.
Chambre des Communes. — Séance du i8 juillet,
[io messidor. )
Le bill pour accorder à S. M. certaines sommes
sur les fonds consolidés pour le service de l'année
i8oo, est lu pour la première fois.
Le chancelier de t échiquier présente à la chambre
de la part de S. M. un message de la teneur
suivante :
George roi.
ic Comme l'état des affaires publiques pourra
inettre , sous peu , SuMaj'esté dans le cas d ajour-
ner son parlement actuel , elle recommande à
ses fidtllej communes de pourvoir aux sub.sides
nécessaires pour couvrir indépendamment de ses
engagemcns spécifiques , les dépenses extraordi-
naires de l'année suivante ; et enfin d adopter
telles njcJure» que l'exigence du service public
pourra prescrire )'. — Le message référé au comité
de subsides. .
Comtlé de subsisdes.
La chamjjre se forme en comité de subsisdes
îur la motion de M, Pitl.
M. Pitt. 1.9» nioiifi qui engageaient S. M. à
né;{Ocicr un traiu; avec, l'eoipej-cur , ont été déj:1
«oumii à la thifnbre et amplement discutés. Les
(Csolulioni l'iMCC», tiu mois ue février, ont recon-
nu la nécessité de former une alliance avec les
puissances d'Allemagne. Il ne s'agit donc aujour-
d'hui que de l'exécution d'une mesure déjà sanc-
,tionnée , et je croirais superflu d'appuytir par de
longs argumens la motion que je ferai, pour que
S. M. soit mises à même de remplir ses cngametis
envers l'empereur. Ces engagemeiis furent dictés
par une saine politique. Malgré les revers que
les armes autrichiennes viennent d'éprouver, les
avantages que nous avons recueillis de leur puis-
sante co-opéralion sont cvidens. Ce serait abuser
de la patience du comité que de chercher à les
prouver. C'est à l'époque d'un désastre récent que
l'examen de ce traité se trouve soumis au comité,
mais à moins que d^s événcmens subîéquens ne
puissent altérer la nature d'une mesure , nous
sommes , en honneur ainsi qu'en politique, tenus
à en achever l'exécution , lorsqu'elle a été une
fois ariêtée. Le traité a éié conclu à Vienne avant
que la nouvelle des dernières défaites y fut par-
venue', et se'on des informations posiér.leures ,
nous avons lieu de croire que , si les affaires de
l'Autriche ont cliangé de face en Italie , elle n'en
remplira pas moins ses engageraens envers nous.
Nous remplirons sans doute aussi- les nôtres avec
fidélité. Ce peut être une question à poser, non
à discuter. Les chances funestes de la guerre n'au-
ront point la force de dévier la bonne-loi. l'hon-
neur et la magnanimité britanniques du sentier de
la droiture. Nous demeurerons av^c notre allié
dans sa détresse, comme noiis participerions à ses
glorieuses victoires. Ainsi lé veulent le caractère
et les sentimeus anglais , et je suis persuadé que
nous n'entendrons pas articuler dans toute la
chambre une syllabe d'opposition. La question
n'a pas plus de- latitude sous le point dt vue de
l'intérêt et de la prudence. Qjielqu'ait été le ré-
sultat des événémens en Inilie, ce n'est point
dans l'abandon de notre allié que nous pouvons
trouver notre avantage. Nous ne devons , au
contraire , rien négliger jiour l'aider à réparer ses
malheurs passés , et à poursuivre la guerre avec
énergie et vigueur , si effectivement , elle doit être
contiuée. Ce n'est que par une semblable conduite
que nous pourrons voir terminer la guerre avec
honneur et sécurité, que nous pourions nous
prévaloir d'une ouverture pour la paix, lorsqu'elle
deviendra praticable. Il eht doffc manifeste que
les revers ne doivent avoir sur nous d autre effet
que de nous rendre, s'il est possible, plus fer-
mes dans notre conduite , plus décidés dans notre
caractère.
Le comité se rappelle, sans doute, que l'ex-
posé des voyes et moyens pour l'année , présentés
en lévrier , les sommes appropriées aux services
portés sur divers élan, n'étaienl évaluées que par
conjeclure. Leur totalité pouvait égaler.la somme
que je proposerai de voter aujourd'hui. J'avais
demandé à ceileé;)Oque deux millions et demi pour
l'empereur d'Allemagne et léletieur de Bjviere,
et une addition de 5oo,ooo liv. pour les troupes
russes. — Les subsides que je propose maintenant
sont de deux millions pourl'cnipercur, unpeuplus
de 5oo,ooo liv. pour l'électeur de Bavière , et con-
formément aux termes du traité , 643,000 liv. pour
les troupes russes.
A ces trois articlesdoiventen êtrejoinisquelques
autres qui porteront leur somme totale à un peu
plus de 3,000,000. Le comité n'a poin t oublié que j'a-
vais demandé en février une sotn me de 1,77 t, 000 I.
pour services impiévus ; cet article se réduit à
1,400,000 , ei je récapitulerai id les points aux-
quels il a rapport. Outre les princes d Empire
qui ont conclu des traités avec S. M. , il y en avait
d'autres qui devaient aussi recevoir des subsides
de la Grande-Bretagne. Les évéuemens de la
guerre rendent douteux qu'ils puissent avec pru-
dence entrer dans la confédération. Dans le cas ou
les négociations entamées avec ces princes auraient
pu se terminer heureusement, elles eussent né-
cessité une dépense de 400,000 liv. Mais si cette
dépense n'a point eu lieu , il en est survenu une
autre, sur latjuclle on ne comptait point. Tandis
que la convention de Vienne se négociait , l'en-
nemi enleva les magasins de StocKach. S. M.
n'a point hésité à venir, dans celte circonslance ,
au secours de son allié. Elle a fait'remett e à l'em-
pereur la somme de l5o,o<>o 1. pour remplacer
cette perte.
11 faitt comprendre dans les frais de subsides
quelques autres dépenses pour la solde des
divers coTps étrangers, tels que le corps de
Coudé et les végimens Suisses : cet article peut
moator à 400,000 hv. — M. Piiï observé que
toutes ces dépenses, loin de dépasser la somme
votée en février , ne l'absorbent point en entier.
Elle était de 4 millions et 7 ou 800,000 liv.
Celle qui est demandée aujourd'hui ne s'élève
qu'à 4,.Soo,ooo liv. Le très-honorable membre
termine en lésant une motion pour qu'il soit
accordé à S. M. une somnae de l,5oo.ooo liv,
ahn qu'elle puisse remplir ses engagemens envers
l'empereur d'Aïlemagne.
M. Jones était bien loin de. croire que par
ce traité , l'Angleterre se fut engagée à un nou-
veau prêt de deux millions. H n'est pas moins
surpris de voir que l'empereur ne doive payer
aucun intérêt pour cette somme. Cette clause
ne présage pas une paix prochaine, el jusqu'à
ce que' les ministres aient donné à lachambie
1 assurance qu'ils saisiront la première occasicn
de traiter avec l'ennemi, M.- Jones proiesieia
contre tout envoi d'argent hors du pays. Le traité
stipule que le premier payement aura lieu dans
le comraenceinenl de juillet. Cette circonstance
doit faire croire qij'i} a déjà éié remis à l'em-
pereur près d'un million. Ojioiqu'il soitconVenu
qu'aucune des deux pallies contractantes n'é-
coutera de propositions de paix sans le con-
sentement de l'autre , la conduite précédente
de lAutriche à cet égard n'est pas faiie pour
inspirer une grande foi à ses promesses. Le
chancelierde 1 échiquier devrait au moins réfléchir
à ce qu'il fait. Le peu de membres présens
donnerait à penser qu'il s'agit de quelle bill
de barrière ou de prêteurs sur ' gage , et non
d'un biil pour faire passer des millions hors
du pays. Si le ministre persiste , il se verra ar-
rêté dans sa carrière par l'éclat de findignation
publique ; il verra que la nation ne peut plus
supporter ses fardeaux et qu'il n'est point dans
la nature humaine de souffrir la continuation
d'une guerre à outrance ; Bellum internecinum.
M. H. Browne ne voit aucun motif de se méfier
de l'empereur. Il est persuadé que , dans l'état
actuel des choses, si l'Auuiche fesait une paix
séparée, celle de l'Angleterre deviendrait, très-
difficile. Rien ne peut donc plus être avanta-
geux qu'un traité qui engage les deux puissances
à n'agir que de concert. Ce traité présente à la
Grand-Bretagne la plus heureuse perspective pour
la paix. L'Angleterre est bien loin de nepouvor
fournir à des subsides étrangers. Le dernier
budget prouve l'état florissant du revenu. Quant
aux revers arrivés sur le continent , il ne doi-
vent qu'animer le peuple à des efforis plus
puissans. A la vérité ,, si la restauration de la
maison de Bourbon eut été l'objet de la guerre,
on ne pourrait pas se flatter de l'atteindre , mais
c'est sous le point de vue d'une guerre pure-
ment défensive que M. Browne a constamment
volé en faveur de sa continuation. Cette guerre,
dit-il , nous a donné les moyens de conserver
nos vies et nos pio;jiiéiés. Elle a élevé la gloire
navale et miliaire du peuple anglais à un degré
jusqu'à lors inconnu. C'est une guerre dont
nous ne pouvons que nous féliciter , et quel-
ques saciifices 4'aigent que nous ayons été
appelles à faire , ils peuvent être mis en com-
paraison avec la perte d hommes qu à éprouvée
i'Auniche. L'Angleterre ne fut jamais engagée
dans aucune guerre OIJ ses sujets aient en effet
répandu moins de sang , et tandis que la cour
de Vienne persévère avec tant de courage et
de bonne foi , nous ne pourrions , sans pu-
sillanimité , tenir une conduite- opposée . à .I4
sienne.
M. Martin. Le ministre paraît disposé à charger
sur son cheval de guerre tous les hou, membres. Je
suis loin de croire que la moiion doive passer sans
obstacle. Je n'ai jamais lant regretté de ne pas pos-
séder des moyens capables d'exprimer , toute .mon
indignation. Je connais l'h^ffeileté des ministres
de S. M. Je si^is fâché seulement .qu'il n'en
fassent point un, meilleur usage. Leurs efforts
auraient dii se diriger à. maintenir le monde
dans la paix et la tranquillité, non.àjii plong.. r
dans la guerre et dans la misère.,. Un très-hono-
rable membre a vanta la magnanimité e»/ phrasos
pompeuses et, sonorus. Je demande à. lliono,-
rable membre qui vient de quitter luî^parold,
et que je crois un- bon honnne ,. et uu bon
chréiien , s il n'eut pas mieux Uii de parler d ..ne
paix solide. Je voudrais quaii lieu de lapper
sur le dos du minisiie. .[M. lîrowne était assis
derrière/ , il lui donnât quelque avis ehiriialjis
pour mettre £11 à la gueirc.
1246
AJr. TUrntj. En m'absienani depténdrela parole
dans l'occasion présente, je croirais mériieir m.il
de mes constituans et même de I Europe. Si jamais
un ministre a été dans le cas de venir, le sac sur
le dos , la cendre sur Iq front , demander jiardon
à larfiambrc de sa conduite passée , c'est aujour-
d'hui que te très-liO!>orable membre aurait dû y
paraître ainsi. Ce n ei,t point ce qui! a jugé à
propos de faire. Il est venu ùtmuiiUer impérieu-
sement 4 millions. Il auiaii un prétexte plausible'
si la guerre actuelle étàii une guette de défense;
mjis c'est une guerre Injuste q'ii n'a été commen-
cée , qui n'est continuée que pour satistaire l'am-
bition des ministres. (Ecoutez! écoutez!) Le
chancelier de l'échiquier dit qu'il ne ^'attend
pas à une syllabe d'opposition , et qu'il ne peut
croire aucnn membie assez endurci pour s'élever
contre un traité dont le principe a été reconnu.
Je lui répondrai que la guerre n'est plus ce
quelle était , et que cette diflPerence vient de
t endurcissement avec lequel il a rejette les ou-
vertures de Bonaparte. C est à compter de cette
date tju'il est responsable des funestes consé-
qnences de la guerre : les ministres savaient bien
alors qu'il n'y avait plus de concert entre les
alliés, que la Russie allait se leiiter de la coali-
tion. Je demanderai au tiès-honorable membre
s'il ne sentait pas que le nouveau gouvernement
français était bien plus solide que tous les autres
fouvérnemens qui avaient succédé à l'ancien ?
')1 ne savait pas que la ville, de Paris , pour la
première fois depuis la l'ïvolution , était sans
garnison ? Les circonstances de la guerre ont
donc changé. Celles du traité ont aussi changé.
Dans le cours de deux, mois, les fruits des bril-
lans exploits d,es autrichiens el des russes , ont été
presque détruits. , '
Loin que ces considérations portent le tres-
honorable membre à des idées pacifiques , il
grimpe son grand cheval de bataille . et veut que
les honorables membres le suivent jusqu'au bout
de la carrière. Qu'attend-il ? Que l'empereur
puisse balancer les progrès gigantesques de l'ar-
mée française ? Qjae nous en recevions en quel-
ques mois des secours proportionnés à une somme
de deux millions? Ne sent-il pas qu'il justihe
cette accusation répétée dans tous les papiers
français, que l'or de 1 Angleterre s'insinue dans
.tous les cabinets de I Europe pour. prolonger les
maux de la guerre. Quand ce traité serait fidelle-
.ment observé par 1 empereur , il ne nous assu-
rerait ses secours que jusqu'au dernier jour de
février, c'esl-à-dire, jusqu'à la lin de la cam-
pagne , qui pourra durer encore deux mois.
Mais qui croira l'empereur disposé à reiïiplir ses
cniagemeus ? L'évidence des faits démontre que,
jelon toute, apparence , il les rompra encore
comme il fit en 1797. Je ne l'accuse point de
mauvaise foi ; la force des circonstances lui fit
la loi. L'Allemagne n'est pas aujourd bui dans
une meilleure position qu'à l'époque du traité de
Léoben. On mé deraantJera peut-être si je con-
«eille à la chambre de déserter un allié. Je dirai
tjue non. Mais le traité n'est point encore ratifié ,
et il convient de savoir si les deux puissances
ont le même objet.
Les changemens qui ont eu lieu peuvent mo-
tiver le refus de la chambre , sans qu'elle soit
accusée de désertion. Elle doit s infoiiner pour-
quoi une somme telle que i5o,ooo 1. a été en-
voyée à l'empereur pour l'indemniser de la perte
dts magasins de Stockach. Cette perte aurait pu
être épargnée, si le gouvernement eût écoute six
mois plutôt les propositions de Bonaparte. Quel
avantage retirerons-nous de ces subsides ? Nous
mèneront-ils à la paix ? Des 64 millions de-
mandés pour cette année , so ont déjà été dé-
pensés à poursuivre la guerre , tandis que le brave
et habile' général Abercrombie demeure dans
l'inactivité à Minorque. S il fut arrivé trois mois
plutôt dans la Méditerranée, il eût pu secourir
utilement notre allié. Un autre excellent général ,
avec lequel j'ai lavantage d être extrêmement lié ,
a aussi été vigoureusement employé sur les côtos
de France, à enlever quelques vaches du rivage.
Il y a six mois , le ministre nous disait en triomphe
que les 3 pour cent consolidés de France étaient
à 17 pour cent. Aujourd'hui ils sont à 22 ou 33.
Est-ce là le symptôme d'un gouvernement eti dé-
cadence ? L'enthousiasme que la jeunesse fran-
çaise manifeste pour combattre , dans le seul I
espoir d'obtenir la paix, fait-il espérer la chute
de l'usurpateur.
La véritable questioti est de savoir si la guêtre ,
'après les propositions de l'hiver , est nécessaire ou
.■peut être évitée sans danger. Si je la croyais néces-
saire , je voterais dix l'ois plus qu'on ne demande.
Maii.je suis convaincu que la paix entre la France
et l'Angleterre pourroit se faire clans l'esp.îce d'un
■mois. C est un bonheur que nous n'obtiendrons
ipoint tant que le ministre actuel sera en place. Il
-a trop insulté l'homme qui se trpuve en Fiance à
• la tête des affaires pour qu il puisse s entendre ami-
calement avec lur. Personne ne voit avec plus
Tes provinces ,qui viennent d'être perdues, fussent
reconquises , cela suffiroit-il pour notre sécurité ?
Non , sans doute. Car , le gouvernement , loisque
les affaires avaient un bien meilleur aspect . ne
trouvait pas qu'elle présentassent une base de sé-
curité. La conduite des ministres doit être devenue
un fonds de risée pour l'Euroiic ? Ce traité, pour-
quoi l'empereur ne l'a-t-il signé que le 20 juin .''
Parce qu il ne vouloit rien qui le génâl dans ses
vues ambitieuses. Il s'est dé te 1 miné à le signer lo ti-
que les revers éprouvés en Italie, lui ont iciidu nus
secours indispensdblei pour continuer la giicric ;
et encore ne s'esi-il engagé que jiiscju au mois <lc
féviier. Quand il aura mis en poche le ttoisiciiie
tcime du b'ubside, il auia pu arquérir lexpéin-nce
de I évidence des faits, sur la stabilité dugouvtr-
ment français.
M. Canning. Les honorables membres n'ont pu
csi.ayer de soutenir leur oppoiitioir à la mesuie
pré.'-ente , tjue sous trois points de vue. 1°. Parce
qu'ils ne croicntpas que laconlinuation vigoureuse
de la guerre pût trièncr à la paix. 2°. En ce que
l'empereur n'avait point co-opéié avec nous de
manière à justifier le présent traité. 3°. Paice que
les ministres actuels n'ciant point propres à faire la
paix , tout effort pour l'obtenir sciait inutile , peii-
daiit qu'ils demeureraient en place. — Quant à la
première objection, elle se réduit dans le tait à une
dispute de phrases, et ne mérite pas qit'on s^y
anête long-tems. La déclaration de 1 objet distinct
de la guerre ne meiieroit certaineraens pas à la
paix. Je passe à la seconde objection. L'honorable
membre se plaint de ce que l'Autriche n'a point
co-npéié i> la cause commune en proportion de
l'argent <iue nous avons donné? N'a-t-clle donc
point fait d'efforts ? livré de batailles sanglantes ?
cl soutenu la querelle présente toujours avec ma-
gnanimité, souvent avec succès ? Mais l'accusaiioii
favorite des honorables membres , c'est de dirL-
que les ministres n'ont pas prévu tous les évi;ne-
mens de la guerre. ^iQuand les ministres auraient
deviné que les fiançais surmonteraient des obsta-
cles presqu'insurmoniabics , que les deux aimées
opposées commettraient leur sort au hasard d'un
seul combat , quand ils auraient tout deviné , jus-
qu à la dernière heure de la bataille de Maringo ,
je dirai quils ne pouvaient agir avec plus de sa-
gesse.
Les ministres n'avaient pu prévoir l'issue de la
bataille de Maringo. C était beaucoup d'avoir
prévu que les forces de 1 Autriche étaient dans
une telle proportion , que la destinée de France
dépendait dune bataille seule , tandis que celle
de I Autriche pouvait résister au triomphe mo-
mentané de l'ennemi.
Un événement malheureux ne suffira point
pour affecter la question présente. On objecte que
le traité n'est point ratifié. Serait-il juste qu'une
grande nation dise à son allié dans le moment
de la détresse : n vous n'êtes pins puissant; vous
n êtes plus capable de repousser laggression, de
nous assister dans notre querelle ; nos senlimeus
pour vous cessent ; nous vous abandonnons à
votre sort. i> Tel serait le langage des honora-
bles membres. S'il est naturel à l'esprit humain
de se laisser captiver par l'éclat des succès , tout
cœur généreux ne sera-l-il pas aussi disposé à
sympatiser aux malheurs d'un allié qui a manifesté
un courage inébranlable , une fermeté si calme
dans une crise si périlleuse. Quand nous n'au-
rions été que les simples spectateurs de l'événe-
ment , ou si nous en avions seulement lu le ré-
cit dans les annales de l'histoire , après nous être
arrêté avec délices ou avec une pénible surprise
à l'éclat de la victoire , nous tournerions notre
attention sur le vainCu, pour savoir comment il
a supporté sa défaite. C'est chez le vaincu que
nous trouverions cette véritable grandeur , qui
excite les nobles sentimens de la sympathie et
de ladministration.
L Autriche a beau nous assurer de sa persé-
vérance , 1 honorable rnembre persiste à la révo-
quer en doute. Il ne veut point croire qu'elle se
souvi,enne de ses inléiêls ou qu'elle sache les
juger. Il ne lui croit ni bon sens ni fidélité. Cette
incrédule opiniâtreté me rappelle une histoire que
j ai entendue dansjmon enfance. Un débiteur et un
créancier se rencontrèrent un jour. Après le salut
d'usage , le créancier demanda le paiement de la
dette. — De la dette , s'écria le débiteur ? il y a un 1
an que vous êtes mort. — Mort ! je ne me su>s ja- 1
mais mieux porté. — Vous êtes mort ; je vous dis I
I que vous 1 êtes. Il y a plusieurs mois que je le sais.
— Le créancier ne sut que répliquer à cette saillie
inattendue. La comparaison est applicable à l'Au-
triche. L'Autriche a déclaré qu'elle voulait poursui-
vre la guerre. L honorable membrene veut pas que
cela soit vrai. Il lui répond brusquement: — Non,
Autriche, tu est ruitiée , réduite, incapable de
te défendre. Prosternes-loi et meurs. —
M. Cnnning ne croit point que la considération
des subsides soit ce qui décide l'empereur à
continuer la guerre , d'autant qu'elle lui occa-
sionne des dépenses bien plus considérables que
ils la desifctaienl , ils ne pourraient la conclure
aiprès le lang.ïge véhéraeot dont ils se sont servis?
contre Bonaparte. Les discours tenus au parle-
ment contre Louis XIV n'avaient pas été moins
violens;, efcependant les mêmes hommes qui'
lesiia.vaieni prononcés , firent ensuite la paix avec
et nuan.atque. M.iis il semble que les honorables
membres . raisonnent d'après ce principe, que
l'on rioil vivre avtc un ennemi comme avec un
ami futur, et avec un -jmi comme s il devait être
un jour ciinrmi. M. Cjiining soiiliaiicrait une
légion de [jaiciiS cnticmis et pas un seul umi.—
Avant de terminer, il relèvera ce qui a été dit
au sujet de la prospérité de l'Angleterre. On 2
prétendu que l'Aiiglcierre devenait la risée de
toutes les puiss.antes du coniinent, <jui en fesaient
leur dupe. En même tcms on 1 a représentée
comme un objet de jalousie et de rivalité.
Il est assez nouveau d'être admiré par ceux
dont on est la dupe. J'tsperè .ajoute M. Canning,
que nous continuerons à être dupes de celte .
manière.-— Velim, nuhcrculè, cum istis-errarequam,,
cuni àUis récit sentiie.
M. Aiiholls voit de grands inconvéniens à
envoyer hors du pays une somme de 2 millions,
à une époque où la rareté des giains exigerait
une dépense de 6 millions potir approvisionner
le royaume. Cependant il volera en faveur du
subside , parce qu'il le considère comme accordé
à I empereur pour obtenir l'avantage d'une négo-
ciation comrnutie. Les circonstances présentes sont
faites pour conduire à la paix. Le ministre n'a,
point pailéde nénocier. Rien ne pouvait êtreplus
sage de sa part. Une ilisposition de cette nature
ne doit jamais être publiée d'avance. M. Nicholls
croit que le ministre a trop de sens pour ne pas
voir que lapaix est nécessaire , et trop d intégrité
pour ne pas cberclrer à la conclure. On peut
même dite que tous les ministres de S. M. la
désirent , à l'exception des disciples de M. Butke.
Bellum inUrnec'mum est le cri de ceux-ci jusqu'au
rétablissement de l'ancien régime. et tie la noblesse
de France. Mais cettainemeni ce n'est point là
l'objet du chancelier. .
La (luestion est mise aux voix. — Ler résolu-
tions suivantes sont lues et adoptées.
Art. I". i,5oo.ooo liv. sterl. pour mettre S. M.
à même de remplir ses engagcmens avec l'empe^
reur d Allemagne.
II. 545,494. pour l'empereur de Russie.
III. 697 pour battre de la monnaie de cuivre
destinée à la colonie de la Nouvelle - Galles
Méridionale.
IV. 797 pour frais du bureau de police à
Wapping.
V. 6S0 potir appoints, des sommes accordées
par le parlement..
VI. 177 pour frais attachés à la balance dej
comptes de la colonie de la Nouvelie-Gaijes
Mctidionale.
VII. 827 pour addition de salaire aux clercs
du bureau de la comptabilité.
VIII. 370 pour indemniser le clerc dé là
chambre des communes de dépenses que le par-
lement n'avait point bonifiées.
IX. 255o pour défrayer les travaux faits à
Somerset-Place.
X. 42.048 pour frais de compensation à di-
vers négocians pour la perle de leurs vaisseaux
venant de Magador.
XI. 3o,ooo pour l'acquit des billets tirés dé la
Nouvelle-Galles Méridionale.
XII. 5o,ooo pour liqiaider les créances de
Saint-Domingue.
XIII. 1,000 pour les inspecteurs des forêts.
XIV. 1,024 pour les frais d impression du jour"-
nal de là charnbie des pairs.
XV. 4,000 pour l'étabhssement de Sierra-
Leone.
XVI 3.000 pour le muséum britannique.
XVII. 3,000 pour la société d'agriculture.
XVill. 5,000 pour la compagnie du Levant.
XIX. t,5oo pour le collège vétérinaire. '
XX. 1,000 en gratification à Jean Davis , pour
avoir découvert une méthode de purifier le fro-
ment gâté.
XXI. 20,000 pour les forts et établissemens bri-
tanniques sur la côte d'Afrique.
La chambre formée en comité des voies et
moyens , adopte trois résolutions à l'eflTet de voter
une somme de 9,600,000 l. st. à lever en billet»
de l'emprunt et de l'échiquier sur les premiers
octrois du parlement.
INTÉRIEUR.
d'épouvante que rao les conquêtes gigantesques 1 les sommes qu'il peut recevoir de l'Angleterre,
de la France, mais ce traité ne me présente en j II réfute ensuite le troisième argument selon le-
aucune manière le point de sécurité dont le trçs- ' quel les honorables membres prétendent que les
.itoiW'membre parle si souvent. Siipposé que t.ôutes minisiras ne veulent poiniU paix ,.ift que , quand
Paris , le 8 thermidor.
Entre Lucques et l'état de Gênes il y a une
langue de terre dépendante des états de Toscane.
Quoiquil n'y eût pas de troupes et qu'il fallût
faire -, pour arriver à Lucques , un détour de pins
d« soixante milles , les français, scrupuleux
1947
f
«jijservateurs de la convehtlon de Maiingo >, pré- ' MdMs dd personnes exceptées de l'âmnîslîe
fcrercnt faire ce détour pour ne pas passer sur du roi de N.ipies , dont noUs avons public les
le territoire toscan. l dispositions dans Un" Soy. — 7 thermidor.
— Plusieursdcnojjournaux annoncent qu'il est ' i". Individus exceptes qui dépendent de la ju-
arrivé dans la rade de Copenhai;iie ^ le> 2 1 mes- diratiire de la junte détat- Savoir t
sidor , une escadre russe de dix vaisseaux > île | Andréa di Dino. Eugenio Michilclli. Principe
ligne , une frégate etun cutter, sous le cottlnian- ' di Montemiltttn. ArcivescoVo di Tarento. Conte
dément du vicc-:nniral Maccris, et ayant à bord , ^\ Policastro. Giuseppe Rinalrii. Marchcse Ga-
des troupes russes qui reviennent d'Angleterre. j ^\\^\\. Girolamo Caialano. Salvatore Prisco. Mi-
Suivant les mêmes journaux , la plus grande i cliclcMaiciaiio. PasquaU- Braca. Pictro del Grosso,
fermentation règne à Venise; un régiment de j Carlo CLiiiceliiere. Ratfaele SarracciiO. VincenZo
dalmatess'y cftinsursé et a proclamé le réiablisse- i Moiizio. Dominico Rebora. Miclieh-Batiifolli. Viii-
ment de la rcpubliqiie de Venise. Des troupes I cenzo Biosclii. Luigi Pannaim. Angelo Catani.
autrichiennes ont eu beaucoup de peine à réduire Giovanni Merli. Pietro Aslorito. Giosuc Foriunaio.
les insurgés , et ont perdu du monde en voulant ! Francesco Fumarol). Prancesco Lorenzi. Raffaele
les soumettre. La garnison de Venise a été portée
à seize bataillons.
— Plusieurs journpuX anglais annoncent qu'une
fièvre maligne qui a rec.r]é dernièrement dans
l'île dejerscy , y a fait périr beaucoup de monde ;
il y a des familles où , dans la semaine , celle
maladie a emporté le père . le fils et le pelit-fils.
Ses ravages ont un peu diminué depuis quel-
que tems. Les liabitans de lîlc accusaient les
russes de leur avoir apporté ce Héau ; mais on a
vérifié depuis, dit-On, qu'ils n en étaient point
la cause.
— Le Publiciste annonce, sous la date de Franc-
fort , que l'empereur en eniran t , le 2 1 messidor ,
dans la salle de Spectacle de Vienne, y fut ac-
cueilli par les cris de ; ta paix , lu paix. En vain
la garde voulut imposer silence , les cris redou-
blèrent , et l'empereur fut obligé de sortir avant
le lever de la toile.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrête' du 7 thermidor an 8.
Glordano. Niccola Casavola. Lorenzo Galln. G
seppe Rossi. Donienico delTTutD. Errico Michèle
Aurora. Marco Mulvezzi. Antonio Pilera. Fran-
cesco Piconc. Vlncciizo Porto, Vi-scovo di Melfi.
Vescuvo di MontepelOso. Sergio F.ignano. Igna-
iib D'oininclli. Corjcordio dcMjjo. Luigi Polliero.
Ignazio G;ijone. Gennaro G.tizia. Giuseppe Cer-
velli. Luigi Salerno. Liugi Cibelli. Costaniino
Lemaîire. Policarpio Poniicelli. Pietr/j PerUsicr.
Gaetano Ciancianelli , et tous ceux qu'on pourra
convaincre d'être coupables ou complices duc rime
dud. Ciancianelli. Quant à l'archevêque de Chieii ,
nous nous réservons de déclarer s'il doit être
compris ou non diins le pré.-,ent induit , lorsi]iie
nous aurons rtçu les rctiseignemens uliéiieurs
que nous avons demandés sur la procédure in-
tentée cùnire lui.
2*. Individus exceptés tjui dépendent de la judi-
cature de la junte des généraux
Saverio Dujiuv. Antonio Venosta. Giovanni
Oftman. Niccola Mazzei. Gaetano Tesoriere. Gre-
goiio Esposito. Onofrio Intini. Apgelo de Pétris.
Luigi Pironti. Ignaïio Atcinni. RafTaele Scudieri.
Niccola Alcozer. Carlo Emmanttele. Pietro Gian-
BoNAPARTE , premier consul de la république , i '^ . ^ . , „
r la proposition du niinisue de la guerre, none. Dominico Marolta. IgnaZio Crocillo. Fran
proposition du niinisue de la g
nomme les généraux Lamaiche , Mouret , Joseph
Ferrand , Petit-Guillaume , Duplessis , Lasalle ^
Marchais et Varnesson , aux emplois de chefs de
brigades de vétérans.
Le ministre de la guerre est chargé de l'excu-
tion du présent arréié.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, sur le rapport du
ininistie de h justice , le conseil-d'état entendu <
arrêtent t
Il n'y a pas lieu à modifier en faveur des
conscrits les dispositions des lois des l5 germinal
et 4 floréal an 6.
Le ministre delajusiice est chargé de l'exécution
du piésentariêté, qui sera imprimé.
Le premier conml , Slg,né. Boiniapartè.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'élat , sfgné, H. B. Maiîet.
Arrêté du même jeun
Lîs consuls de Ja république, sur le rapport
'du ministre de 1 iiiléiieur , le conseil-d'état en-
tendu . arrêtent :
.Art I". Les jours de décadis sont les seuls jours
fériés reconnus par [autorité nationale.
. II. Lobservaiioo des jours fériés n'est d'obli-
gation que pour les autorités constituées, les
fonctionnaires publics et les salariés du gou-
vernement.
III. Les simples citoyens ont lé droit de pour-
voir à leurs besoins et de vaqiiei à leurs affaires
tous les jours , en prenant du repos suivant leur
volonté , la nature et l'objet de leur travail.
IV. Les jours de foires et marchés testent
fixés conformément à l'annuaire républicain et
aux ariêtés des administrations centrales et mu-
nicipales.
En cas de réclamation pour un changement,
les jours de foires se règlent par les consuls
sup le rapport du minitre de 1 intérieur , sur
l'avis du préfet , seloti les intérêts du commerce ,
la commodité des habiians , et les jour et dates
portés au calendrier républicain.
V. Léministre de lintérieur est chargé delexé-
cniion du présent arrêté , qui sera iriséré au bul-
,, letJB des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
. T k I BU N A T, ,
Présidence' de Moreau. : ' ■■!
S É A N C E D U: 7 T H ER M I DO.ll. ' j
On procède an renouvèllerhent de trois mem-
bres de la commission des inspecteurs. Lé scrutin
ne donne point de majorité.
Le ttibunat se forme en com'ité général, pour
•nicndre le rapport de la couiinission ries inspec-
teurs , pour lequel cette séance' avait clé'indiquée.
La séance çst levée.
cesco Carlucci. Michèle Poicellini. Errico Rotten-
gutter. Giuseppe de Pétris. Viucciizo Cascanie.
Luigi Cascante. Pasquale Cosa. Giuseppe Cosa.
Giuseppe Correale. Giuseppe Monremajor. Gio-
vianni Garacciolo. CesareRuberti. FilippoMascia.
Giuseppe Onofrio. Niccola Giannuzi. Gaetano
Tata. Luigi Aminendola. RafFachs Alfiere. Fran--
tesco ,-Ayalos e Niccola Sassi.
Et nous nous réservons de décider si doivent
être compris ou'non dans cette amnistie, après
l'examen des informations qui ont déjà été faites ,
les cent trente-quatre militaires détenus, qui sont
arrivés dernièrement des îles ; les treize autres que
nous savons être restés dans les îles mêmes, ainsi
que les détenus ci-après :
Pasquale Apicella. Gjetano Aitanasio. Giuseî.pc
Brancati. Giuseppe Balsamo. Allonso -Criveili.
Giuseppe Caiinavese. Filippo Cassiui. Leonardo
Covelli. Michelangclo Campese. Giuseppe Cliia-'
lizia. Aiige'o Casiellani. Pasquale de Franchi. Rai-
mondo dcSantis. Doinenico Fusco. Lorenzo F;iso.
Vincenzo Baltipaglia. Giuseppe Ciuliano. FrL;n-
cesco Giiariglia. Antonio Garofalo. Giuseppe
.Mayhones. filippo Monaco. Michèle Martlli.
Giuseppe Mascia. Marco Malvin Malvezzi. Vin-
cenzo Monterali. Giulio Masciarelli. Gioacchino
Nini. Michèle Niglio. Francescp Pisacane. Gio-
vanni Pape. Pietro Ruggi. Maici.ino Rinaldi. Gio-
vanni Sangerardi. Domcnico Mendozza. Gaetano
Tesoriere. Giacchino Trojo. Pasa^uale Ttîrreiite.
Domenico Vinale. Giuseppe Gironda. Dario
Guerra.Silvestro Grandinetti. Uberto Huvel. Giu-
seppe la Pcgna. RaS'aele Lantini. Gennaro Ligniio ,
o Linguitti , o Signiti. Giovanni Masucci. R^iffaele
Masi. Pa.squale dç Majo. Matieo del Giudice.
Giacomo Folzatri. Carlo Folsier. Alatteo Guerra.
Carlo Voster. Luigi Zingarelii. Gaetano Olandcse.
Giovanni de Falco. Pietranionio de Fto , Andréa
del Giudice. Antonio de Mdjo. Niccola Coi bion.
Gaspare de Luca. Giuseppe Giauiiotii. Francesco
Sanclaier. Carminé Santacroce. Luigi Xomaseili.
Domenico Toma^elli. Giuseppaiitonio Voster.
Antonio Villa. Rocco Giuseppe Armilo. Giuseppe
Aoiouetli. Domenico Albanese. Vincenzo Amàio.
Pasquale Bonelli. Giulio Baratiucci. Michèle Bassi.
Giuseppe Brocchelti. Giuseppe Gimino. Michèle
Colonella. Giuseppe passetti. Giuseppe Carnavet.
Felice ciel Giundice. Michèle Moniclla. Giacomo
Maclean. Giovanni OJFraan. Carlo Pcrreua. Natale
Politi di iSergio. Antonio Piiito. Domenico Per-
rotta. Raflaele Pa|nia. Niccola Petroni. Domenico
Romano. Vincenzo Siniscalchi.^Romualdo Spadea.
Lorenzo Tavplaro. Rocco Vaglio. Giuseppe Moi ia
Venita. Vincenzo Antonio Venosta. Fdippo Zurlo.-
Eugenio Carusi, Gia<:inid de Lâurenu. Michèle
Correa. Ferdinando Guerra. Niccola Longo. Gio-
vanni Marii» Panieje. ûiainbatisia Francia. AI ,s-
sandro Fusco. Feii,ce , Pirozzi. Vito Princigallo.
Giuseppe Rusjo. Rairriondo Pasquiuet, Vmcenzo
Letro, e Frâiicescb d'Avalos.
, 3°. IND^VIPUS exceptés , QtTI DÉPFjj^DÈNT DÉ
iIa DÉl£gATION DIiS VISITEIIP.S- GÉMERAUX.
, Individus dépendans de la délégation du visiteur^
conseiller Marrano , pour Us piovincts di, terra
di Lavoro e Salerno. " ,' — :"-■'
T B R r;a »* L A v.o ito>,_ . ,
Gaetano Manimoii« di Soia. Luig^ Mam'
monc tli Sisrav PraBcesto Mayumenf di SdHk.
Giovanni Vernoè di Lione di Franeia. Francese©
Pomarici. Garlo di Tommaso di Capua. GaetantJ
ColacicCo di Sessa. Giuseppe Composta di Poi*
zuoli. RaflFaele Gapomazza di Pozzuoli. Anionifl
Candii d Ischia. VirgilLo di Pippo di Rocca
MonHna. Canonico Giuseppe Pezzullo di (?ipua.
Luigi Zingarelii di Ottajano. Saverio Parascan^'
dolo di Vico Equense. Giovanni Amalfi del
Piano di Sorremo. Nicola Amalfi del Piano di
Sorrento. Gar'n Amalfi del Piano di Sorrenldi
Giosué Aindili del Piano di Sotrenio. Marcao-
tonio Maslellone del Piano di Sorrenio. Sacer-
dote Simone Piscopo del Piano di Sorrento.
Giusiiniano Toniasino di Poiitano. Francescan-
tonio Ceglia. Mario de Notariis di Nola. Saccr-
dote Agostino Moiitel'orte di Nola. AntOnic>
Silvestri di Nola. Pasquiile Mundo di Nolai
Fiaricesco Catcavale di Nola. Angelo AlfiCre ■
di Vtsciano. S.iccrdote Andréa Ferrante di
I Domicella. G'.i;liai)o P.izio di Portici. Ignazid
I Scogiiauiialio di Poriici. Ciro Bctiini di Portiti.
Gennjio Gi igtiano di Tufino. Lorenzo Zarillo rfl
S. Arpiijo. Pietro Soliraando di Visciano. Biaie
Crosia di Cr:rielo. Biase Sirignano di Mu-
i gnauo del Càidinale. Garlo Ippolili di Mugnana
del Cardinale. Gilso,siorno SeraOla di Brusciant).
SebaS'iano de Filippis di Gasaferroi Niccola Buo-
navoloiità di S. Niccola Casale di Marigliahij.
Gaeiano ïaruglione di Ciserta. Vicenzb d Avino
di Marano.Sacerdoïc Mattia d Avanzodi Marano.
Giovanni Guina di GuafdiaSanframondi. Michèle
Mazza délia 'Loire del Greco. Benedeito Maitucci
di Aversa. Antonio di Siena di S. Aiitimo , e Sa-
cerëote Fraucesco Coscione di S. ArpinO.
Salerno.
Andréa Prota di Salerrto. DomenicantOnio
de Rosa dr Salerno. Padte Telesio Basile Car-
melitano di Salerno. Sacerdote Giovanni Amalfi
del Piano di Sorrento. Saceidote Francesco
Pagliara di Caprtglia. Giuseppe Giordano di S.
Scvérino. Matteo Pironti di Mjiciano. SabinO
Pe.rillo di Aterrana. Niccola d'Auria di S. Sève-'
fiiio. Francesco Carlucci di Laurenzana. Giusep-
pantonio Mantenga di Baivano. Giot Laurenid
Mantcnga di Baivano. Primiçerio Gaeiano GrecO
di Majuri. Giuseppe Forinodi Nocera.- Francesco
Pagano di Nocera. Notar Francesco Maroné
di Vielri di Po'.cnza. Matteo .Mastrogiacomo di
Torchiara. Francesco Albini di Albanella. Arudnid
Armenanie délia Gava. GiOt Fraucesco Gdari*
glia di FellliiO. Michèle di Vivo di SarrîOj
Pasquale di Vivo di Sarno. Niccola Pagano di
Domenico di Nocera. Niccola BuondonnO di
Gragnano.
' Individus dépendans de ta délégation du visiteur
■niunsignor Ludovici , pour les provinces de Mon-
tijasco , Trani et Lucera.
MONTEFUSOO;
Luigi Sgfimbato di Atripalda. AmatoMotitefuSca
di Santdniango. Domenico Marino di Altavilla.
Diacono Giuseppe Trolnbône di Solofia. Bar-
tolomeo Vigilante di So'of'tà. Prête Giuseppe
.M.ignisio di Rocchetta. i Giuseppe Giaunelli di
Virulano. Carminé Villani di Avellino. Andfei
Ippolilo di Avellino. Giacinto Greco di Avel-
lino. R.'.ffacle Spagnoli di Avellino. Prèle FilippO
Pizzano diFlumari. Canonico Giuseppe Mennellà
di Frigento. Prête Vincenzo Guglielmi di An-
dreita.
t R A N I.
Prèle Andréa Marculli di GraviOa. Giusepp4
Calderone di Gravina. Arciprete Valerio PerSitj
di Acquaviva. Agostino Loiigo, di Trepuize iil
Lecoe. Antonio Gasa.le di Barlctia. Franceséor
Paolo AfFailati di BafieUa. iPiele Orazio Raffaeife dl \
Barleiia. Pros])ero Fiordelisi di Barletta. Fraiica
Laghczza di Trani. Luigi Casamassimi di Bari;
Pasquale Uva di Bisceglie. Biase Caroue di Poli»
gnano. Prête Michèle Chierieo di Aliamura tio*, _
mecieO Mnjullo di Biicito. Giacomo Rozzi di Bàrij
Oronzp Bagorda C.ilcagno di Fasano. Giuse BafJ
di Pasano. Prête Giarabatista Ricco di Fafârlfj'i
Costaniino , e Lorenzo Làruccia di Casamassimi»!
Giovanni. Boreggine di Casairiassinla. Niccola Eliit
MiscUotlo di Casamassima. Vitantonio Berardi ^ij
CasamaSsima. Stefano di Biagio Azzone di Oasà^,
massima. Giacomo-Scclzi di Casamassima. SebslS=
tiano Pappalettere di Trani. Lorenzo Cavalière dj
Trani. Vmcenza-Caputo di Trani. Luigi Botti .di
■frani. tiiuseppe-Savino. Gataldô , e AUgglem
V fratélh di Padlà di Bairleila. ''^' \
^^ , ,;, Loger a. ., ,,,;i
• Buoncattiino Cavallo di Lucera. Fra Michelâî
Miiola di.S. Gioi Rotondo. Vincenzo Sài^iinSI
Lobianco di .F.oggia- Savcirio, Saleriïi Marclljiasè'J
,di. Chiaftehitelli di Foggia* Prête Francesco PaciSi
Jàeusio di Manfredonia. Giambatisia Maggi:!dil
' F'oggta. Antonio Caissano di Girigrtûla. ,'rPi'«a'
' Ercole Luigi Degiii di Cirignola. Luigi Ruecïd.
di Gicignola. Ferdinando d'.^velnio di Ciriftnoliï»'!
Giovanni Apparisio di Napoli. Vincenzo Marii
Nuzzi df Tcrmoli. Vincenzo Rossi di Boned»»'
Prttu Michèle JusQ di Torremaggiore. Paolo Mai'
taioltà di Cailipobàsso. Picie Domenico Rossi dl
Bonef^o. Vinesnaio âansangulo di Jelfi. ViniiStiiiJîa <
e AntonîoBerardis di Castelluccio Acquabonara.
Niccola Pieironero di Castelluccio Acquabonara. ^
Arciprete Costatiiino Gentiluccio di Cailelluccio i
Acquabonara. Giuseppe , Nicolangelo, e Luigi j
fratelli de Rubertis di Acquaviva Collecroci.
Giuse^ne Silvestri di Acquaviva Collecroci. Gio- ,
vanni'di Giacinio Lena di Acquaviva CoUecnici. j
Niccola . e Filippo Silvestri di Acquaviva Col- ;
(ecroci. Marco Chiavaro di Acquaviva Collecjoci. |
Felice Monlemitoli di Acquaviva Collecroci. I
Fclice Mattiaccio di Acquaviva Colltcroci. An- ]
drea Genovese Palermitano. Vincenzo ,eDorae- ;
nico Turco di Castelluccio Antonio Petti di
Ripalda. Orazio Bicchisao di Montei'alcone.
Pasquale Soiiano di Tavenna.
Individus dépendant de (a délégation du visiteur-
gcnéral, le conseiller Ferrante , pour les provinces
de Ckitti , Aquila et Teramo.
C H I E T I.
Caffiodoro Lonzi di Castiglione Messcr Marine.
Armidoro Lonzi di Casliglione Messer Marino.
Anselmo Masliojacomo di Triventi. Nazzario de
Leilis di Trivcnii. Telesfaro de Lellis di Tiiventi.
Giuseppe-NiccolaColaneri Appinato di Trivenii.
Tommaso Ricci di Triventi. Giuseppe di Florio
di Triventi. Giosuè Scarano di Triventi. Dome-
ïiico-Angelo Masirojacomo di Triventi. Giuseppe
Buratli. Errico Mayer. Coslanzo Norante , il
reo di Casaia Pepe. Gennaro Farina. Sucevdole
Orante Fonzi di Orsogna. Niccola Fonzi di Or-
sogna. Camillo Fonzi di Orsogna. Arciprete
Pantaleone Sanvalenlini di Bucchianico. Fran-
cesco Pestilli di Chien. Adamo Pizzi di Palom-
bano. Arciprete Salvalore de Vilis di Palombano.
Domenico de vitis di Palombano. Gennaro Canci
di Lanciano. Simone Peschio di Lanciano. Fran-
cesco - Saverio Carrabba di Lanciano. Saverio
Ctrmani di Lanciano. Saverio Jaciol'ano di Lan-
ciano. Benianiino de Virgiliis di Lanciano. Ca-
millo de Giordo di Lanciano. Caimine Tupone
di Lanciano. 'E|lice Gigliani di Lanciano. Ma-
riano Mariani drLanciano. Mansueto Carrabba di
Lanciano. Michèle de Giorijio di Lanciano. An-
tonio Genovino di Lanciano. Antonio de Cicc-
chio di Lanciano. Pasquale Liberatore di Lan-
ciano. Sacerdote Buonomo dellc Bocache di
Lanciano. fgnario Saraceni di Lanciano. Giu-
seppe Villani di Lanciano. Matlia Brasile di Lan-
ciano. Saverio Montanari di Lanciano. Sacerdote
Donatangelo diDomenicanlonio diCasalbordino.
Çailo sabelli di Pollutri. Alfonso del Re di Pol-
lutri , e Gio : Domenico Rocchi.
A 0,1) I L A.
Carlo Massa di Paccntro. Giuseppe Casaccbio
di Caslel di Sangro. Camillo Sigismondi di Castel
di Sangro, Camillo Minotti di Castel di Sangro.
Altirnario Minoui di Caslel di Sangro. Uibano
Minoiti di Castel di Sangro. Pasquale Fiocca di
Casiel di Sangro. G.iraillo Nerone di castel di
Sangro. Giuseppe Cesta di Colltlongo. Luigi
Cesia di Collelongo. Alfonso Micheletu dell
Aquila. Pietranlonio Fiorilli dell" Aquila. Pieiro
de Santis dell'Aquila , Bernardino Sanloni di
Leonessa. Fioravanie Ederdi Fvancese. Niccola
Pocci dell Aquila. Giuseppe Aililj di Leolreni.
Livio Aitilj di Leofreni. Gennaro Bisini di
teonessa. Giuseppe Bisini di Leonessa. Vincenzo
Bisini di Leonessa. Cesare Bisini di Leonessa ,
Cesare Boccanero di Leonessa. Bernardino Mo-
. Tellidi Cilla Ducale. PietioMasciarellidiMaghano.
'Giovambattisia Masciarclli di Magliano. Curaio
Domenico Pasqualone di Tino. Angclo Loddi
^li R»ccaS. Siefano. Banolomeo Felli di Torano.
Giuseppe Dumartau. Fiancesco Romanelli. Gio-
vanni Scinia.Francesco Ruiz. Antonio dAmico.
Pietro Moretti. Giovanni Avtaffi. Alfonso Mi-
<helelti, Alesio Maria Colucci.
Quant aux individus Suivans. Patrizio Man-
cini di Castel di Sangro. Carminé Marzano di
Castel di Sangro. Desiderio Corrado di Casîel
di Sangro. Gaetano Berardinelli di Caslel di
Sangro. Paolo Satnrni dell'Aquilla , et qua-nt aux
autres individus de la famille Masciarelli di
Magliano , nous nous reservons de déclarer s'ils
sont ou non compris dans le présent induit ,
lorsque nous auront re^u des renseignemens
■saffisans du visiteur ferrante.
Luigi Tullj di Teramo. Sacerdote Giacintô
ïullj di Teramo. Matteo Tullj di Teramo. Eu-
Çenio MichiteJli di Teramo. Giamberardino Del-
iico di Teramo. Francesco Montani di Teramo.
Berard Urbani di Teramo. Giauiberaïdina Tavb-
leri idl Teramo. Giammichele Tavoleri di TeràmO.
Gianïrancesco Tavoleri di Teramo. Noiac Dorae-
n'«antGnio Grue di Teramo. Berardo - Ntccôla
LoUi di Teramo. Giuseppe Anionio Lolli di
Teramo-. Geftnaro Catenacci di Teranro. Fran-
cesG«( Massei di- Teramo. Francesco Nardi délia
Mônagna di Roseto. Filippo Quartaroli di Te-
1248
ramo. Dottor Chirurgo Vincenzo Santacbè di
Teramo. Salvalore l'.a'icola di Moniagano. Fcr-
dinando Grelli di Teramo. Giuseppe Campo-
neschi di Teramo. Annibale Ricci di Teramo.
Medoro Urbano di Teramo. Gaetano Giordano di
Teramo. Polidoio Bernardi di Teramo. Giam-
balista M''zzucelli di Teramo. Innocenzio Pisiilli
di Teramo. Berardo Cesj di Teramo. Sacerclnte
Paolo Ccsi di Teiamo. Matteo Bononis di i e-
rarao. Pietro Duran. Medoro Medico Mazza di
Teramo. Pietro Tedescho di Pianella. Canonico
Giuseppe Paolo Filippo di CivitcUa del Tronio.
Francesco Filippi di Civitella del Tronto. Tirao-
teo Blondi di Bellante; Bernardo Michitelli di
Teramo. Giacomamonio V.isquez di Teraiflo. |
Gaetano Filippi di Teramo. Canonico Vincenzo.
Bernardi di Teramo. Giacomo Cancrini di Monio-
rio. Giuseppe-Aiiionio Cancrini di Montorio P.is-
quale di Bernardino di Forcella. Gregorio di Pas-
quale di Valie Castellana. Antonio di Barloloraeis
di Campli. Francesco Alfonzi di Vicpli. Francesco
Siilcsio Lupi. Marco Micaroni. Vincenzo Micaroni.
Gio : Francesco Micaroni. Alessandro Jannelli.
Niccola Jannelli. Bartolomco Jannelli. Abaie Vin-
cenzo Galante. Lorenzo Pulzoni. S.icerdote Gia-
como Donnorsi di Corropoli. P. Celcsiino Sa-
verio Nobile, e Giuseppe Costantini di Giulia.
Individus dépendans de la délégation du visiteur-
président Winspeare , pour la province de Ca-
tamaro.
Sacerdote Gregorio Aracri di Calanzaro. Vitale
Poerio di Calanzaro. GerolimoRiso di Catnnzaro.
Raffaclle de Maria di Calanzaro. Vincenzo Donato
di Calanzaro. Michèle Donato di Catanzaro.
Emmariuele Donato di Catanzaro. Niccola Lu-
cente di Calanzaro. Ralïaele Scalfaro di Ca-
tanzaro. Federico Squillace di Citanzaro. Anionio-
Donalo Cagno di Catanzaro. Luigi ftljrron
Francese. Spiriio Bays Francese. Bernardino Gri-
maldi di Cotrone. Barone di Calimena Orazio
Toraho di Tro^iea. Silvestro Bcrardi di Guiro.
Saverio Franco di Cutro. Gaetano Guarini di
Cutro. Giuseppe AIbo di Cutro. Pieirantoiiio
Franco di Cutro. Francesco Ascoli Primicerio
di Cutro. Domenico di Mariino di Cutro. Vin-
cenzo Buffa di Cutro. Domenico Bisciglia di
Santo Muuro. Gabriele Basta di Santo Mauro.
Barone Alfonso Poerio di Belcastro. Anionio
Vitale di Mesuraca. Niccola Vitale di Mesuraca.
Salvadore Vitale di Mesuraca. Giuseppe Andali
di Mesuraca. Pieiro Lamanna di Mesuraca.
Lorenzo Capocchiani di Mesuraca. Antonio
Pangalli di Mesuraca. Domenico Lamenna di
Mesuraca. Pietro A.itonio Ferrari di Policastro.
Tommaso Faraldi di S. Severina. Domenico
Feraldi di S, Severina. Anello Sculco di S. Se-
verina. Barone Luigi. Severino di Marcellinara.
Aoionie Longo Munci di ^Casalnuovo. Michèle
Milano di Polisiina. RafFaele Milano di Polistina.
Annibale Mannace di Francavilla. Apostolo
Serrao di Filadelfia. Oitavio Bulolta di FiladelHa.
Pasquale Bulotta di Filadelfia. Giuseppe Apos-
tolili di Filadelfia. Giovangiuseppe Serrao di
Filadelfia. Pasquale Serrao diFÏladelHa.Ferdinando
Serrao di Filadelfia. Mariano Serrao di Filadelfia.
Pasquale Siillitano di Filadelfia. Annibale Siilli-
tano di Filadelfia. Vincenzo Siillitano di Filadelfia.
Antonio Siillitano di Filadelfia. Tommaso Ca-
parrotta del Pizzo. Giuseppe Caparrotia del
Pizzo. Emiddio Caparrofa del Pizzo. Domenico
Caparrotadel Pizzo. Giuseppe Onemma del Pizzo.
Gaetano Scrugli di Monteleone. Francesco Gattis
di Monteleone. Luigi Antonucci di Monteleone.
Fortunato Profumi di Monteleone. Clenaente
Campitelli di Monteleone. Ottavio Pisani di
Monteleone. VinceBzo Galloro di Monteleone.
Invalide Pietro Ramondini di Monteleone. Cesare
de Francia di Monteleone. Filippo de Francia
di Monteleone. Antonio Assisi dî Taverna. Al-
berto Riccelli di Taverna. Giovanni Messina di
Bagnara. Nicola Schipani di Squillace. Michèle
Procida di Nicasiro. Antonio Renda dt Nicastro.
Cesare Costanzo di Nicastro. Niccola Coslanzo
di Nicastro. Giacintô Costanzo di Nicastro. For-
tunato Nicotera di Nicastro. Giuseppe Mazza di
Nicastro. Gaetano Mazza di Nicastro. Giacintô
Majone di Nicastro. Eltore Siella di Nicastro.
Sebastiano Nicotera di Sambiase. Oltaviano Budera
di Sambiase, Francesco di Fiore di Sambiase.
Girolarao Pétronio di Sambiase. Saverio Sirianni
di Sambiase. Antonio Cefali di Domenico di
Coriale. Antonio Cefah di Antonino di Cortaie.
Giuseppe Ingegnere. Pasquale Morabito. Paolo
Minasi. Michèle Valensise. Niccola Gerace. Ge-
ronimo Gerace. Francesco Tigiaai, Francescan-
tonip Giib , ed altri ' arreslati nella Favignaiia ,
è'compresi nella Municipalité di PoUsiina. Giu-
seppe'Ant'ânio Ferraro , efiglio di Galatro.
Q,uant à Niccola Pitara , niastro Francçsco Ca-
porale ,, Vincenzo Tirino . Tommaso Marino et
autres fauteurs et complices qiii résulteront des
informations sur Jes placards affichés'dans ditlé-
rens endrbits de la place di CuttO'', nous nous
réservons de déclarer s'ils doivent être compris
dans la présente amnistie , dès que nous auronj
reçu les renseignemens convenables du visiteur
Winspeare.
Individus dépendans de la délégation du visiteur le
marquis Vatva pour la province de Matera.
Serafino Vosa di Acerenza. Canio Giuseppe
Vosa di Acerenza. Pasquale Pislone di Acerenza.
Onofrio Cappella di Acerenza. Canio Anionio
Alfani di Acerenza. Canio Cappetii di Acerenza.
Cesare Giannini di Bella. Fabio Giannini di S.
Fele.Ercole di Falco di Bella. Carlo Ronzocelano
di Castelluccio inferiore. Vincenzo Marchesani di
Spinosa. Giulio dell" Armi di Venosa. Rocco An-
tonio Beneventano délia terra del Sasso. Luigi
Cono Beneventano délia terra del Sasso. Gaetano
Marotia di Trecchina. GiolRascio délia provincia
di Salerno. Sacerdote Nicola Toriorella di Lago-
negro. Niccola Francesco Rinaldi di Lagonero.
Salvalore Basile di Cancellaïa. Francesco Saverio
Venetucci di Baraggiano. Francesco Braico di
Baraggiano. Pasquale Mazzarella di Grassano. Do-
menico Carbone di Grassano. Gennaro Sctlanni
di Pictragalla., Francescantonio Ceglie di Monte-
murro. Pasquale Moscarella del Tito. Donato de
Filippis di Montepeloso. Sacerdote Tommaso
Sion di Pisticci. Anionio Br ndo di Curbona.
Angclo Viio Coviello. Alias Ulo di Avigliano.
Francesco Colviello. i^/iflj Ulo d\ Avigliano. Giu-
seppe Maria Coviello. Alias Ulo di Avignano.
Girolamo Gagliardi di Avigliano. Padre Tom-
maso Gagliardi Domenicano di Avigliano. Sa-
cerdote Pietranlonio Genovese di Avigliano. Do-
menico Corbo di Francesco di Avigliano. Ge-
rardo Andréa Noiè di Avigliano. Diodaio Sponza
di Avigliano. Sacerdote Vincenzo Mecca di Avi-
gliano. Gennaro Mancuso di Avigliano. Doms-
nico Albanese et. . . .
Suivent encore trois noms qu'il nous a été inn-
passible deliie, ^ticndu qnc le papier est non
seulement déchiré , mais encore absolument usé
en cet endroit , mais ce sont les seuls qui man-
quent à celte liste.
miij-iiiFjjigMM».
Souscription
)Pour te monument à la mémoire du général Desaix.
L'assemblée générale des souscripteurs pour le
monument à élever à la mémoire du général
Desaix , s'est tenue , le 7 thermidor , dans la salle
du citoyen Lebrun , rue de Cléry. Le bureau a,
été composé des citoyens Adanson , membre de
l'institut, président; et des citoyens d'Hauteyille
et Delessert , sccrélaires. On a arrêté en principe,
que les plans et projets du monument seraient
mis au concours. On a procédé ensuite à la no-
mination du comité d'administration et d exécu-
tion , et les citoyens
Durand , architecte, professeur de l'école poly-
technique ;
Bélanger, architecte, rue du faubourg Poisson-
nière, n'' 21 ;
Duquesnoy , l'un des rapporteurs du ministre de
lintérieur, place du Palais du corps-législatif;
Lebrun , commissaire du Musée central des arts 1
rue du Gros-Chenet.
Pastoret , place de la Concorde , n° 3 ;
Perregaux , sénateur , rue du Mont-Blanc ;
Larochefoucault - Liancourt , boulevard de la
Magdclaine, n° 809 ;
Espercieux , sculpteur à l'ancien noviciat des.
jésuites , rue du Pot-de-Fer , faubourg Germain
Delessert , banquier , rue ,Coq-Héron , n° 38 ; J
Ont été nommés membres du comité.
Et les citoyens :
Général Mortier , commandant la 17' division
militaire , rue Neuve des Capucines ;
Dufourny , architecte , membre de l'institut natta*
nal , au Musée central des arts ;
Destournelles , architecte, rue de la Roquette-,
n° 42 ;
Et Mathieu , tribun ,
Ont été nommés suppléans.
Les membres et suppléans nommés ci-dessus
sont invités à se réunir, le 12 thermidor a .sep»
heures du soir, chez le citoyen Delesserti, icié
Coq-Héron , n° 58.
Mota. On continue de recevoir les souscrip-
tions. - ■
L I V R E S D I V E R S.
Le Berger fidèle ^ tragi-comédie pastorale de
Jean-Baptiste Guarini , nouvelle édition ornée de
'figures, 1 vol. in-12 de 326 pages ; prix , 2 fr.
iet2.fr. 75 cent, par la poste.
A Paris , chez Rochette , imprimeur , rue et
maison de Sorbonne , n° 382 , et chez Pigoreaw ^
libraire, place Germaln-l'Auxerrois. .
A Paris , de l'imprimerie du cit.cAgasse , propriétaire 'du Moniteur , ru^.dçs'Poitevins , xi" i3.
GAZETT
lONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV° 5io.
Décadi , lo thermidor an 8 de la république françaiie , une et indivisible.
Nous sommes aurorlsés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR esc le seul journal ojficul.
Il contient les séarices des autorités constituées , les actes du gouvernemenz , les nouvelles des armées . ainsi que 1 is faits et les notions tan: sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. .
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux (découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Paris , le g thermidor.
A Turin , comme à Pavie , l'univeisùé avait
clé fermée pendant le séjour des auirichicns. Le
gouverneraenl vient d'inviicr les professeurs à en
rouvrir les cours.
i : . — —
W , Il paraît que les minisires anglais cherchent
V àj voiler el à donner le chatige sur leur con-
K duile , lors rie la convention dÈlArisch. La pos-
^ • tériié concevra à peine qu'une naiion du l8^
»iecle ait pu montrer autant de mauvaise foi ,
et que le ministère d'une nation éclairée sur ses
inléiêls ait pu calculer si mal.
Ce ministère a répandu eii Euro'>e par tous
les moyens possibles , qu il n'y avait plus en Egypte
que 5ooo hommes : Icgénéial Kleber se trouve à
la lête de plus de 20.000 hommes. ,
Qiiil ny avait plus à Alexandrie que quelques
.canons . et que les frégates la Muiron et /« Carere
avaient enlevé toute l'artillerie pour leur armement.
Les forts C.iffarelli et Grelin soiii garnis d'artil-
lerie., et il y a à Alexandrie plus de 3oo bouches
à feu depuis le calibre de 36jusqu'à celui de 6.
Que l'armée d'Egypte était nue. Et elle est ha-
bilée à neuf en beaux draps d'Europe . chose
qui a été reconnue nécessaire , vu la fraîcheur
des nuits ; et si ces draps dEurope n'eussent pas
exisié dans les m.-.gasins , il n'était pas difficile
de trouver des cotonnades de toute espèce dans
un pays dont les manufactures habillent toute
l'Afrique.
Que tarmée manquait de tout. El où ? dans le
pays le plus abondant du inonde, où le bied , le
bœuf, le mouton , le rix , les volailles , le sucre ,
et le café, sont presque consiarament à un prix
dix fois moindre qu en Europe.
Que le peu de français qui restaient était languis-
tant et affligé de maladies chroniques. LE;fypie est
le pays le plu.? sain du monde ; les blessures
»'v guérissent avéo une promptitude exlraordi-
n.iire , et tous ceux que nous voyons revenir ont
un teint de samé et de fraîcheur qu'ils n'avaient
pas en quiltant 1 Europe.
Que /armée manquait de inanitions de guerre.
Il y a encore dans les arsenaux plus de 3 ralllrons
de cartouches el 5o bouches à feu , approvision-
nées à 2000 coups par pièce , sans compter que
l'on peut faire des cartouches à mitraille , el ! on
»ent que dans une affaire de plaine , celles-ci
lendent plus de service que les cartouches à
boulet.
Que le peuple d'Egypte était toujours prêt à se
révolter contre les frani^ais. Tandis qu'il est connu
de tout le monde ijuc tout ce qui est arabe abhorre
les lurcs el les osmaniis , que les égypiiens ap-
pelicni les franç-iis les hommes justes , er que le
gouverneraenl municip.d ijui a été h.ibilcrnent
mis par le général Bonaparte entre les mains
des hommes de loi , leur a donné un grand
attachement pour les français ; d'ailleurs , la for-
teresse du Kairc , et les différentes tours armées
de canons et de mortiers . protégeraient la navi-
gation du Nil , et contiendraient au besoin la
population.
Enfin, il n'est point d'alisurdiiés que ce cabinet
n'ait (ait circuler en Europe, et comme le menteur
de la fable , il a cru Itii-même à tous ses men-
fonges et s'tst trouvé pris dans ses pièges.
Le Commodore Sidney Smiih , qui est près
de ce théâtre et q'ui a des lenseignemens vrais
sur la siluation des français et la puissance des
lurcs, était parvenu à conclure un traité qui
na pu éirc expliqué que par l'effet qu'avait
produit en Egypte la désoiganisaiion de la
France , les revers des armées et par la solli-
citude de celte brave armée qui croyail pouvoir
être plus utile à la défense des frontières de
la république ; considéiaiions qui n'en ont point
cependant imj)Oié aux hommes les plus éclairé.'!
tels que Desaix , Menou , Davousl , Sougis ,
Lagrange , Ratnpnn , Lanusse , etc.
Mais enfin , la convention a été rompue.
L'armée turque .i laquelle on avait cédé les camps
retranchés de Salahieh et de Calich , Daniieiie
el une grande partie de l'Egypte , a été battue
compleiiemcnt el se trouve à plus de 100
lieues du Kairc; le désert que celte armée avait
pa»é »vec l'ïa^enlimvnt des français se trouve
de nouveau entre-elle et l'Egypte. L'armée a
reçu de lous côiés dès nouvelles de France, el
les braves qui ont tant de fois vainrn à Rivoli ,
à Castiglione , à Tarvis, défendront lEgypte, à
la conservation de laquelle les négocians , les
hommes d'état , tous les hommes instruits atta-
chent l'espoir dune grande révolution dans les
annales du monde.
Mais pour en revenir au cabinet anglais , on
vtrrra par les lettres ci-jointél du général Desaix
et du citoyen Poussielgue que- le général Smith
avait reçu des ordres pour ne pas laisser passer
l'armée , que l'amiral Keith avait reçu les mêmes
ordres , et que ce n'est que lorsqu'il a reçu contre-
ordre qu'il a relâché le généial Desaix et le
citoyen Poussielgue.
Lô général Desaix au général Bonaparte , premier
consul de la république franqnise. — Au Lazaret
de Toulon , le i5 floréal an 8.
Flatté de la confiance que vous m'aviez témoignée
en m'ordonnanl de vous rejoindre dans ie courant
de l'hiver dernier, j'avais le plus vif dc>ir d exé-
cuter vos ordres. Le général Kléber n'a jamais
voulu y consentir; il m'a retenu, et malgré moi m'a
fait concluie la convention de El Arisch. Enfin,
après mille obstacles surmontés , non sans peine,
je suis parti d Alexandrie le l3 ventôse sur un
bâtiment ragusais , escorté par un aviso monté
par le général Davoust. J'étais bien impatient
d'arriver. Tous les vents contraires , tous les
calmes iTie désolaient. Je desirais vivement airiver
à tcms pour assister à l'ouvenure de la brillante
campagne qui s'ouvre sûrement dans ce mo-
ment sous vos auspices. Enfin , après trente
jours de lenipêie , de souffrance, une relâche
à Coron où nous avons été bien traités des
turcs , une en Sicile à Siaca où suivant leur
habnude les habilans ont voulu nous assommer,
je suis arrivé à la vue des îles de Hieres. Déjà
nous nous réjouissions de revoir la France ,
déjà nous lésions mille extiavagances qui lénioig-
naient notre plaisir , lorsque tout à coup nous
! sommes tombés par une brume épaisse sur
une frégate angl.iise qui 'ffou5 a conduits à
Livournc, à l'amiral Keith.
Plein de confiance dans les f)asféports turcs
et ai'.glais dont nous étions munis , j'ai vivement
lénioigné ma surprise de celte arrestation. Au
lieu de me faire relâcher , comme je m'y at-
tendais ,. l'amiral m'a fait placer a la quaran-
taine, en me prévenant qu'il attendait les ordres
de son gouvernement au sujet de la convention
de El Arisch et qu'il ne me ferait relâcher que
lorsqu'ils lui seraient arrivés.
Nous avons donc passé trente jours dans un
lazjrcth cxi.êmement serré . traités comme pri-
.sonniers de guerre , officiers et soldats ayatit la
même talion, jugez de nos inquiétudes , de no-
tre colère, de perdre des jours que noirs pou-
vions si bien employer. Enfin nous avons été
relâchés , et l'amiral Keiih nous a f'?.it connaître
que son gonverncmeni con.sentait à ce que la
convention dElArisch fût exécutée.
Après cinq jours de traversée , je suis arrivé
ici aujourd'hui , après avoir été visité par des
barbaresques de Tunis qui ne nous ont pas re-
tenus. Je dois faire irentc jours de quarantaine.
J'attends ici vos or, Ires. Je vous prierais de me
laisser le moins de tems possible sans rien faire.
Je ne veux pas de repos. Travailler à augmenter
la gloire de la république , la vôtre , est tout
mon dcsir. Nous avons appris par VOiiris , au
moment de mon départ d'Alexandrie, les évé-
.nemens qui vous ont porié au gouvernement.
Vous sentez que notre joie a été bien vive. Pour
moi , en mon particulier , j en ai été enchanté.
Je sais que vous voulez porter la France à son
plus haut point de gloire , et cela , en rendant
tout le monde heureux. Peut-on faire mieux?
Oui, mon général , je désire vivement faire la
guerre ; muis , de préférence aux anglais. Je
leur ai juré haine éternelle. Leur insolence , leurs
mauvais traiiemens seront toujours présens à ma
mémoire. Quelque grade que vous me donniez,
je serai content. Vous savez que je ne tiens pas
à avoir les premier» commandcmens , que je ne
les désire pas; je serai avec le même plaisir vo-
lontaiie ou géticral. Sculetnenl je vous avouerai
que dans ce moment-ci , un peu fatigué , je ne
voudrais pas entrer en campagne dans une ar-
mée hors d étal d agir ; mais du reste , fout ce
que vous voudrez rr»e conviendra, je dcKJre bien
iconnaîire ma dcsunalion de suite , afin- de poii-;
!voir faire préparer de suite tout ce qu'il me faut ,
ne pas perdre un instant pour entrer en campa-i
gne. Un jour qui n'çst pas bien employé ;, est
un jour perdu.
Je vous salue respectueusement.
Desaix.
E. Poussielgue , contrôleur des dépenses de l'armée ,
et administrateur général dei, finances de l'Egypte ,
aux consuls de la république. — En quarantaine
à Toulon , le i5 floréal an 8 de la république
, française.
Citoyens consuls, .',',' ,.
Le 12 ventôse dernier , le général DeSaSx -pa'Hîf
d Alexandrie. Je devais partir en même tems sur
un autre bâtiment , avec le général Dugua et
120 hommes ; mais nous n'avions pas de passe-
ports anglais. Le vaisseau anglais, le Thésée, parut
le soir devant Alexandrie ; je me rendis a son
bord ; le capitaine Siiles nous déclara que , d'apiès
des ordres que le commodore Smith venait de
recevoir de Londres, il lui était défendu de laisser
sortir aucun bâtiment de I Egypte ; qu'en consé-
quence il ne pouvait pas délivrer de passeports.
Deux jours après , le vaisseau le Tigre et la
frégate la Constance parurent auprès du Thésée
et M. Smith me fit prier de passer à son bord,
en ro'écrivant la lettre dont .j'ai l'honneur de •
vous adresser copie. ( Fo/cz ci après , n° 1.) Je
m'y rendis. M. Sniiih me communiqua les ordres
qu'il venait de recevoir de l'amir.il Keiih , et qui
avaiem primitivement été expédiés de Londres
le 17 décembre dernier , v>eux style. Il y avait
une lettre de cet amiral , adressée directemcnl au
général Kléber , ponant en substance que l'in-
tention de l'Angleterre était de n'adhérer à aucune
capitulalion ou convention, qui pourrait être arrêtée
entre l'armée française et les turcs, pour l'évacuation
de l'Egypte , à moins que la première condition ne
fût la reddition de l'armée prisonnière de guerre
avec armes et bagages. M. Sirlith me parut
être sensiblement affecté de ce contre-iems. Il
me dit qu'aussitôt qu'il avait reçu son courrier
il en avait expédié un pour Damiette au général
Kléber, en lui envoyant copie de ces nouveaux'
ordres , et qu'il avait chargé M. Rey , son lieur
tenant, de se rendre lui-même au Kaire , pour
concerter avec le général Kléber les moyens de
prévenir lesinconvéniens que celle violation du
traité devait faire naître ; quen mêmè-tems , il
avait écrit au grand - visir pour l'engager à se
prêter aux circonstances et à agir auprès de Gons-
tannnople , comme de son coté il agirait auprès
de son gouvernement , a|în de le ramener à l'exé-
cution de cette convention si solennellement trai-
tée et conclue. M. Smith me remit des duplicata
du tout; il craignait que les mauvais tems n'eus-
sent pas permis à M. Rey d'aborderà Damiette , et
fj^ue le général Kléber ne pût êire informé de ce
lâcheux incident avant l'évacuation du Kaire • '
enfin , il me renouvela la proposition que j'accep-
tai de me.rendre sur une frégate anglaise auprès
de l'amiral Keith . pour le faire revenir sur celte
affaire ; ce qu'il croyait d'autant plus facile , qu'il
était certain que , quand les ordres avaient été
expédiés de Palerme par cet amiral , non-seule-
meni la convuiiiion ne lui était pas encore connue,
mais qu'il devait même ignorer que l'Annleterre
eût pus une part active dans la négociation.
Je retournai à Alexandrie , et je rendis compte
du tout au général Kléber, par un de ses aides-
de-camp qui venaitd y arriver. Le général Kleber ,
a dû recevoir mes dépêches le 22 ou le sS ven-
tôse au matin , c'est-à-dire , au moment où le
Kaire devait s'évacuer.
Cet aide -de-camp nous apportait de mauvaises
nouvelles. Il était entré beaucoup de soldats turcs
dans la ville ; ils y avaient commis des insolence»
qui avaient amené une rixe. On s'était battu dans
les rues, et nous avions eu 36 soldats de tués, elles
turcs en avaient eu 40. Le général Kleber avait
aussi-tôt fait sortir de la ville tous les turcs , et
avait envoyé à la 32' demi-brigade , qui éiaii déjà
à Rosette , l'ordre de remonter, à Giseh.
Cependant il ne paraissait pas que les chefs
eussent pris part à cette affaire. Le grand-visir .
qui était à Bclbcis , et Musiapha-pacha fait pri-
sonnier à Aboukir , el qui était alors pacha au
Kaire , vivaient en assez bonne intelligence avec
lé général Kleber. Les paieniens en boui;se avaient
été faits avec la plus grande exactitude. L'éva-
125o
cuation de laïïaute-Egypte était aclievée ;■. il ne
lestait à évacuer que le Kaire et le 'Delta.
"Mais déjà il était évident que, qir'nd même
lés ordres anglaisri'auraient api'Oilé aucun obsia-
cle à l'évacuation , elle n'aurait pu avoir lieu ,
parce qu'il n'était encore arrivé aucun bâtiment
de ceux que les turcs devaicni lournir , etquon
ne pouvait faire partir les noires lautc de bari-
quesàeau.
Aussi, le général Kleber, comme vous le verrez
par la copie de sa lelire ci-joinie ( voyez ci-a)Mès
n" 2 ) me marquait-il qu'il avait enlamédts pour-
parlers avec le ijrand-visir , pour avoir une pro-
longation de délai . relaiivenient au pays et aux
places non encore évacuées'.
M. Smilh avait déclaré que nonobstant les
crrdres qu'il avait rcçiiS ( ordres quil ne doutait
pas de voir révoquer) il e. écui (rait la conven-
tion , en ce qui dépendrait de lui , qu'il n'ar-
rêterait aucun de nos bâiimcns partant d Egypte ,
mais qtf'il ne pouvait leur garantir les croisières
qui n^étaient pas sous ses ordres. Il me donna
en conséquence le passeport que je lui demandai
pour le bâtiment du général Dugua , qui était
prêt à mettre à la voile. Les blessés étalent éga-
lement prêts , ei le. général l.anusse , d après ks
lettres du commodore , séiait décidé à les lais-
ser partir, ainsi que la commission des ans. Ils
auront pu mettre à la voile huit jours après
mon départ.
J'ai quitté Alexandrie le 23 ventôse. Nous y
avions apptis que le Loiy avait débarqué à Da-
niieiie le général Gilbaud et sa famille, pendant
quel'OjtVii débarquait â Aboukirle.chef de brigade
Latour-Maubourg ; mais qu'on ne savait pas ce
que le Lody était devanu.
M. Smith me retint à son bord jusqu'qu'au
1" germinal , pour avoir le lems d'expédier ses
dépêches à l'amiral. Il me fit voir les lettres de
i'ambassadeuv à Constantinople , E^gin , qui l'au-
tqr.isait à continuer les négociations qu'il avait
commencées en qualité de plénipotentiaire. Il
me donna copie certifiée de lui , ( Voyez ci-
après n" 3. ) et dont je joins ici une expédition
de la lettre par laquelle l'ambassadeur même de
Russie à Constantinople adhérait à ce qu'il
ferait. Il me démontra enfin par une foule de
pièces qu'il avait rgi delà meilleure foi possible,
et qu'il étiit extrêmement mortifié de ce qui
arrivait.
Le ig ventôse, nous rencontrâmes près de
Candie la frégate anglaise le Penée , qui apportait
une réponse de lord Keith du 17 mars , aux
dépêches par lesquelles M. Smith lui avait
envoyé la convention , et nonobstant cette con-
vention, il persistait pour l'exécution des précé-
dens ordres. Cette frégate nous apprit le combat
et la prise du Généreux.
Je na'embarquai près du goze de Candie , le I^''
germinal , sur la frégate la Constance. J'avais
emmené l'adjudant-général Cambis, qui, sachant
très-bien l'anglais , pouvait ra'aider auprès de
l'amiral , celui-ci sachant assez mal le français.
Le g germinal , nous rencontrâmes , entre la
Sardaigne et la Barbarie, un transport anglais
qui venait de Palcrrae et portait à Mahon les
généraux Dumuy etjunot.
Le 18 germinal nous arrivâmes à Mahon. Les
deux généraux y arrivèrent deux jours après.
On fixa leur quarantaine à dix-huit jours, après
lesquels ils devaient être renvoyés sur le premier
cartel,
Le SI , nous partîmes et nous arrivâmes à
Livourne le aâ. Nous apprîmes que le général
Desaix y était arrêté. Je ne pus parvenir à lui
faire remettre une lettre. Le même jour il arriva
de Londres un courrier pour le lord Keith,
apportant \des ordres relatifs à la convention.
Le 22 , nous y apprîmes la prise du Guillaume
Tell ; les anglais disaient que c'était une des
plus belles affaires de la guerre par la longue
et vigoureuse résistance que ce vaisseau avait
faite contre deux vaisSeaux , une frégate et un
brick; ils ont perdu beaucoup de monde et ont
beaucoup souffert.
J'ai quitté Livourne le 27 , et nous avons ttouvé
le lord Keith sur le vaisseau te Minot'aure , à la
hauteur' de Savone , le 28. J'ai resté trois jours
sans pouvoir communiquer avec lui à cause du
calnie ou des vents contraires : enfin, j'ai pris le
parti de lui écrire; il m'a aussitôt répondu : je
vous envoie copie de ma lettre et de sa réponse
(voyez ci-après n° 4 et 5). Je n'ai plus vu de
nécessité , d'après ce qu'il me marquait, à avoir
un entretien avec lui. Nous étions pour lors
devant Gênes ; nous en sommes partis le 3 de
ce mois, à la nuit, pour retourner à Livourne.
L'amiral Keith avait , dès le 28 germinal ,
donné , à toutes les croisières anglaises , des
ordres conformes à ce qu'il m'écrivait , et il
avait expédié , pour le même objet, la frégate
le Coi moran' di\x commodore Smith, v
J'arrivai à Livourne le 7 floréal ;' j'y trouvai
encore le Cormoran; j'en profitai pour informer
le général Kleber de ce que j'avais fait et de ce 1
que je savais. 1
Le g je me suis embarqué avec le général |
Desaix et nous sommes anivés ici le i3 , après |
avoir é^é visités à la hauteur de Villcfranche par
deux corsaires de Tunis. I
Salut et respect.
Signé. POUSSIELGUE.
Suivent les pièces indiquées dans la lettre du
ciioyeii Foussiclguc.
-N" L
Sidney Smilh au citoyen Pouniehnc . adm'misffi-
teur gcniral des finances , à hovd du T- j^rt , le
S mars 1800.
Je me suis empresséde me reridrc dcsant
Alexandrie à l'instant que j ai pti compléter I ap-
provisionnement de mon vaisseau , pour vous
faire part d'une manière détaillée , des obstacles
que mes supérieurs ont mis à 1 exécution de toute
convention de la nature de cède que j'ai cru
devoir admettre . n'ayant pas alo.s reçu les ins-
tructions contraires qyi me son., parvenues en Chy-
pre'le 22 lévrier en date du io janvier.
Quant à moi-même , je n'hésiterais pas de pas-
ser pai-dcssus tout arrangeraenl d aiicienne date ,
pour soutenir ce qui a été fait le 24 et le 3i jan-
vier ; mais ce serait tendre un piège à iTies braves
antagonistes , si je les encourageais à s embarquer ;
je le dois à l'armée française et à moi-mêrne , de
ne pas lui laisser ignorer cet étatactuel des choses
que je travaille cependant à changer. En tout
cas . je me trouve entr'elle et les fausses i.more.s-
sions qui ont dicté une mesure de cette natuie;
et comme je connais la libéralité de mes supé-
rieurs , je ne doute pas de pouvoir produire sur
leur esprit la même convicdon que j'ai moi-même
en faveur de la mesure que nous avons adoptée
ensemble. Un entretien avec vous me mettrait à
même de vous coinmuniquer l'origine et la na-
ture de celte restriction , et je vous piopase de
laire le voyage sur une frégate anglaise jusqu'au
commandant en chef de la flotte nouveil'jment
arrivée dans la Méditerranée , pour conférer avec
lui là-dessus.
Je compte beaucoup sur vos lumières et l'esprit
conciliateur , qui a facilité les moyens de nous
entendre pour appuyer mes raisonnemcns sur
l'impossibilité de revenir sur ce qui a été si formel-
lement fait. Après une discussion détaillée et une
mûre délibération , je vous propose donc ,
monsieur . de venir encore une fois à mon bord ,
pour conférer sur ce qu il y a à faire dans les cir-
constances difficiles où nous nous trouvons. Je
regaide de sang-troid la responsabilité grave à
laquelle je rae trouve exposé ; il y va de ma vie ,
je le sais , naais je i^référerais la perdre d une ma-
nière non méritée , que de la conserver méritant
non-seulement lamoit , mais le déshonneur.
J ai l'honneur d'être avec une parfaite considé-
ration et une haute estime.
Monsieur ,
Votre très-humble serviteur ,
S/^n« , Sidney Smith.
Pour copie conforme, St^rjc, Poussielgue.
N» ,1 I. r'f
Kleber^ général en chef, au citoyen Poussielgtie. —
Au quartier-général du Kaire , le 7 vcntose an 8
de la république française. *
J'ai reçu votre lettre de Rosette , datée du s
de ce mois. J'av.iis déjà été prévenu de ce qui
s'était passé devant Alexandrie avec le couim.in-
dant des nouvelles croisières, et j'en ai aussitôt
fait pan au visir par la voie de Mouslapha-Pacha ;
j'auends aujourd hui le retour du courrier , et
c'est sur la réponse qu'il fera que j'ét.ibHrai une
,nole officielle que je me propose de lui en-
voyer demain. Q_iioiqne je ne voye en tout
cela qu'un simple ml-entendu provenant de ce
que le commandement des flottes de la Médi-
terranée, a psssé en d'autres mains , je profite-
rai du retard que la circonstance apportera né-
cessairement à notre év^cualion pour prolonger
mon séjour au Kaire et dans le Delta ; car
certes en tout ceci , le gouvcinement anglais n'y
entend pas plus malice que le grand-visir.
Je vous salue.
Sz'^Tj^ , Kleber.
Pour copie conforme . '
E. Poussielgoe.'
N". III
Lettre de l'ambassadeur de Russie à M.Smith. —
' Cûnsiantinople , le 2 novembre 1799.
M. le commodore , les lettres des généraux
français en Egypte au grand-visir ayant donné
à celui ci lidée de tenter d'obtenir I évacuation
de lEgypie par capitub.îiori , le minisieie d'ici
m'a demandé les passeports nécessaires l'our la
sûreté du retour des troupes françaises en F/ance ,
si cette, capitulation venait téeliemeut à s'effec-
tuer. J'ai cru devoir accéder au desir de la
Porte, -et' j'ai l'ironneur devons transmettre ci-
inclus un de ces passeports tel que l'ai imaginé.
J'ai prévenu en même lems le drogman Frantirii ,
en le chargeant de remplir ces pafsepons ,
que la capitulation, ainsi que son exécution,
ne pourraient avoir leur ejitier effet , qu'autant
qu'elles auraient votre concours et votre appro-
bation . et que si mon passeport présenlait quel-
ques difficultés , il pourrait ' être: mis de côlé ,
vu que les vôiics seuls seiont également res-
pectés par les' atmemens de S. M. l'emptseur
mon souverain.
Signé, U. Tamara.
Certifié , Sidney -Smith.
Pour copie , _ ^ ' ,'<
P'ofc SVlE LG t!l E.
N° I V.
Lettre au Jord Keilh y amiral anglais. — A bori'dt
la Constance , le io germinal an 8.
Milord , au moment de 'quitter l'Egypte pour
retourner en France , en vertu de la convention
signée à El-Arisch , j'ai appris à Alexandiie le»
obstacles que vos ordres a-pporlaient à l'exécution
de celte convention , quoiqu'elU eût déjà eu , en
parlin , son cfFi;'t avec cette bonne foi que devait
inspirer la loyauté des parties contractantes.
Je me suis décidé à me rendie auprès de vous ,
milord, piour vous demander de révoquer vos
ordres , en mettant sous vos yeux tous les motifs
qui doivent vous y déterminer , ou pour vous,
prier, dans le cas où vous ne pourriez pas pren-
dre ce parti , de me faire remettre prorapiement
en France , afin que le gouvernement français
traite directement cette affaire avec le gouverne-
ment anglais. ■
Il s'agit peut-être de la vie de 5o,ooo hommes
qui peuvent s'égorger aujourd'hui sans aucun
iriotif, puisque , d'après le traité solennellement
fuit avec les anglais , les russes et les turcs , tout
était terminé.
■Je n'ai pas de pouvoirs ad hoc pour la démar-
che que je fais auprès de vous , milord; il n'en
était pas besoin pour réclamer une chose qui
serait de droit entré le_s nations les moins civili-
lisées ; elle me ]>araijsait si juste cl si simple , elle
était d ailleurs si urgente , que je n'ai pas cru de-
voir attendre les ordres du général Klébïr , qui ,
j'en étais sûr, ne voudrait pas consentir à ce qu'il
fût apporté la moindre modification au traité ,
quoique sa fidélité à l'exécuter eût rendu sa
position beaucoup moins avantageuse.
Au moment où nous conclûmes la convention
à El Arich , sous la simple garantie de la loyauté
anglaise , nous étions loin de prévoir que les obs-
tacles viendraient de cette même puissance la
plus libérale de celles avec lesquelles nous trai-
tions.
Au reste , milord, je ne suis pas militaire;
toutes mes fonctions sont terminées. D eux ans de
fatigue et de maladie m'ont rendu indispensable
mon retour dans mon pays. Je n'aspire plus
qu'à m'y reposer auprès de ma femme et de mes
enfans ; heureux si je puis porter aux familles des
français que j'ai laissés en Egypte , la nouvelle
que vous avez fait cesser les derniers obstacles
qui s opposaient à leur retour.
J'ai Ihonneur d être avec la plus grande consi-
dération, milord, votre très-humble serviteur,
PoUSSIELGUE.
Pour copie , Poussielgue.
Réponse de l'amiral Keith au cit. Poussielgue , à
bord du iMinotaure devant Gènes , le 23 avril 1800.
Monsieur ,
J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur
de m'écrire aujourdhui. Je dois vous informer-
que je n'ai jamais donné aucun ordre, ni auto-
risation, en opposition à la convention passée
entre le grand-visir et le général Kleber, n'ayant
jamais reçu à cet égard d instruction des ministres'
du roi. D'après cela j'ai pensé que S. M. ne.
devait prendre aucune part à cette aff"aire ; mais
depuis que le traité a été conclu , S. M. voulant
montrer à ses alliés les égards qu'elle a pour
eux , j'ai reçu des instructions qui accordent le
passage aux troupes françaises, et je n'ai pas
perdu uti instant pour envoyer en Egypte l'ordre
de les lai.^ser retourner en ^France sans les trou-
bler dans leur voyao-e. Cependant, j'ai cru de
mon devoir envers le roi , et ceux de ses alliés
dont les états se trouvent dans les mers où ces
troupes doivent passer , de dema-nder qu'elles ne
reviennent pas en un seul corps , ni sur des vais-
seaux de guerre ou armés en guerre. J'ai demandé'
aussi , que les vaisseaux de cartel ne portassent pas'
de marchandises, ce qui est- contraire aux lois deà
nations. J'ai aussi dem.indé au général Kleber sa'
parole d'honneur, que ni lui ni son armée ne com-
mettraient aucune hostilité envers les puissances'
coalisées , et je ne doute pas que le général
Kleber ne trouve ces conditions parfaitement
raisonnables.
Le capitaine Hay a reçu mes ordres pour vous
laisser rêtrouruer en France avec l'adjudant-
^■■mi
géhéraî, Gïmbis ," Wssiiot son arrivée a Ll^otrJ-tfE.
Je suis, Monsieur , votre serviteur. ',,
.il . ■ .. Sig:ne'-, Keith.i .
Pour copie , , , ' ,
...: . POUSSIELGUE. , . ..
Paris, II' 5 thermidor.
Le premier consul 'dé ta république , au général
Jourdan.
Le gouvernement croit devoir donner une
inargjie de disiinçiion gu vainqueur de Fleu^'ps.
Jfl sait qu'il n'a pas tetiu à lui qu'il ne se trouvât
dans les rangs des vainqueurs de Miiriiigo. Les
consuls ne doutent pas , citoyen u^énéral , que
vous, ne portiez dans la mission qu'ils Vous
côtrfleTit cet esprit conciliateur et modéré qui ,
ïetil , peut rendre la rïanon l'rançaisci aimable à
ses voisins.
Je? Vous salue ,
Signé, Bonaparte.
S EN AT - C O N S E RV AT EUR.
Extrait dés registres dâ 'sénat-conservateur , du 8
thermidor , an 8 de la république.
Le sénat , réuni au nombre de membres pres-
crit par l'article XC de la constitution , nomme
en exécution de l'article XV, à la seconde des
places qui doivent être remplies pour porter à
6.2 , dans le cours de l'an 8 . le nombre des sé-
nateurs.
- Les candidats présentés pour cette place , con-
formément à l'article XVI de la constisution ,
sont le citoyen Vacher , législateur, présenté par
le corps-légii'atif , le citoyfen Saget ( de Nantes ) ,
présenté par le iribunat , et le général Vaubois ,
commandant à Malte, présenté par le premier
consul de la république.
Le sénat procède au scrutin dans la forme ac-
coutumée. Le dépouillement des votes donne la
majorité absolue au général Vaubois , comman-
dant à Malte.
Il est proclamé par le président membre du
sénat conservateur.
Le sénat arrête que cette nomination sera
notifiée , par un message , au corps-léuislaiif
lors de sa rentrée , au tribunal et aux consuls de
la république.
Signé , LemercirR , président,
Kelle-rmann et Garât , secrétaires.
Par le sénat-conservateur.
Le secrétaire-général , signé , Cauchy.
Bonaparte , premier consul de la république ,
ordorme que lacté du sénat-conservateur , qui
précède , sera inséré au bulletin des lois ; le mi-
nistre de la justice enverra au citoyen Vaubois
■un exemplaire du bulletin des lois où cet acte
sera inséré , pour lui tenir lieu de notification ,
rt lui servir de titre pour constater sa qualité.
A Paris , ce 8 thermidor an 8.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, 'tt. B. Maret.
Les maire et adjoints de la ville de Bruxelles à leurs
concitoyens.
Citoyens,
La loi, de concert avec l'ordre social, et
l'intérêt particulier qui dérive de celui de tous ,
appelle tous les citoyens au mainiîeri de l'obéis-
sance à la loi, à la conservation des propriétés,
à la sûreté des personnes. Tout homme en so-
ciété loime le pacte tacite de ces obligations ; les
uns les rcmjplissent sous les drapeaux ei devant l'en-
nemi qui veut attaquer ou troirbler le corps
social; les autres les remplissent dans les diffé-
rentes branches de I organisation de ce même
corps ; tous concourent à le consiuuer et à le
maintenir tort , robuste et inaltérable.
Jusqu'à présent . citoyens , vous n'avez point
eu l'avantage d être appelles , comme vos Ireres
aînés des départemens de l'intérieur, à former
ces bataillons de gardes nationales sédentaires ,
d'ovi sont sorties ces phalanges belliqueuses ,
qui , tout récemment encore , viennent d'im-
mortaliser le nom français. Un honneur non
moins grand vous a été réservé , celui de main-
tenir la tranquillité dans vos foyers , d en pré-
, server ou d'en écarter le brigandage. Sans doute ,
nous sommes éloignés de ces tems maUiturcux
où vous avez déployé votre courage; mais la
malveillance veille et peut profiter des ténèbres
de la rrtitt poilr âtteftttr à VOS personnes , à vos
proptiété» ; les criminels recellés dans les pri-
sons , peuvent tenter de s'en, évader pour re-
nouvellcr leurs excès. z
Vous sentirez plus encore, citoyens, l'impor-
tance de cette confiance de la part du gouver-
nement et de sa sécurité , aujourd hui qu il retire
de vos villes , et sur-tout de cette grande cité ,
ses troupes de garnison ; oui , citoyens , cette
confiance et cette sécurité sont telles que dans
ce moment les postes militaires les plus impoi-
tans , tels'que îes magasins' ,' les porte» ,Ms pri-
sons, etc.', sOtit à peine fourbis.
Mais plus celle confiance et cette sécurité du
gouverneiTienI sont grandes , plus ellé^, appellent
noire sollicitude et la vôtre , cil oyer^s , sur l.^s'
moyens d'assurer votre iraiiqujllité dans y^o*.
foyers,. ' .'■',',
Nous jes fondons, ces moyens ,dcns le géné-
reux .dévouement que vo.us avez montré déjà
tant de .jfois , et dans des ciiconsiancçs plus
criiiques,; le plus çfHcace nous paraît celui de
confier à cent hommes par jour, et successive-
ment pris entre les huit sections de celle ville ,
un service habituel de vigilance , pour former-
une force privée propre à la cornmune , pour'
le maintien dp la police , de la sûrcié et de la
tranqi.iiiliié publique, d'après les règles établies '
par l'ar:cié qui suit.
Ces rr,oyenssont trop d'accord avec votre zèle.
et votre généreux dévouement', citoyens , pour
que ceux-ci, ne me garantissent pas d'avance
leur efficacité.
Arrêté.
Vu la lettre dir commandant temporaire de
cette place , en date du 25 courant , par laquelle
il informe, que la garnison de cette ville se trouve
réduite à un nombre d'homrnes insuffisant pour
le maintien de la police intérieure , et pour la
garde des éiablisscmens civils , tels que prisons ,
hôpitaux , etc. ;
Vu l'arrêté du directoire exécutif, du i3 floréal
an 7 , contenant les mesures pour activer un ser-
vice habituel de vigilance des citoyens qui seront
requis; savoir, dans les communes au-dessus de
dix mille habitans , par les administrations muni-
cipales , et ailleurs , par les administrations cen-
trales ;
Vu l'arrêté de la ci-devant administration muni-
cipale du canton de Bruxelles , en date du 2 bru-
maire an 7 , duquel il résulte que cette mesure
a été avantageusement employée à cette époque ;
ensuite de l'arrêté de l'administration centrale ,
daté de la veille , concernant les mesures pour
l'exécution de l'arrêié du directoire, du 26 nivôse
an 6 , et du maintien de la sûreté publique en
cette comrriune ;
Vu l'état des citoyens qui se sont présentés vo-
lo'itairemenl , à cette époque, pour faire le ser-
vice , et les eflFets salutaires qui sont résultés de
leur généreux dévoûment ;
Considérant qu'on ne peut attendre dans la
circonstance actuelle que des résultats aussi heu-
reux ;
Que la pénurie des finances de cette adminis-
tratiori ne lui permet pas d'employer d autres
moyens . et que quand bien même ses facultés
pécuniaires le lui permettraient, elle croirait faire
une iirjureauzelc des habitans de cette commune,
d en employer un autre que celui dont leur dé-
voûment lui répond de l'efficacité ;
De l'avis des adjoints , le maire de Bruxelles ,
arrête :
An. 1". Tous les citoyens de cette ville , jouis
sant de leurs droits , aux termes de l'article VI
de la constiiution , sont appelés à l'exécution des
dispositions du chapitre II de l'arrêté précité du
l3 floréal an 7 , pour former une force privée
propre à la commune, pour un service habitue
de vigilance du maintien de la sûreté publique en
cette ville.
II. La composition et organisation deceileforce
publique se fera sous la direction du maire , con-
formément aux dispositions dudit arrêté du i3
floréal et de celles suivantes.
III. Chacune des huit sections de cette com-
mune , fciurnira chaque jour treize hommes , pour
former un nombre de cent et quatre hommes en
activité dé service par vingi-quaire heures , aux-
quels il sera délivré l'armement qui restera en
dépôt en la maison commune.
IV. 11 sera fourni par les chefs de garde , au
commandant temporaire de la place , Te nombre
d'hommes suffisant pour le service militaire; il en
sera fait de même sur la réquisition des commis-
saires de police pour le service civil.
V. La discipline du service sera suivie conformé-
ment aux dispositions du chapitre VI de l'arrêié
précité du i3 floréal an 7 , et de l'article XLVIII
de lacté LOiisiiiuiionnel.
VI. Les citoyens en aciiviié de service ne pour-
ront se faire rernpiacer , même à prix d'argent .
que par des personnes agréées par le maire , ei
conformément aux dispositions du paragraphe IV
de l'arréré susdit.
VII. Le pféseht sfer* iburhis dé itiitê à l'appro-
bation du préfet de ce département ,■ pour , après
icclle , êire imprimé et publié par-tout où besoin
sera , et recevoir sorl cxécuiiôn selOh sa forme
et leheur.
Fait et arrêté en séante de lai mairie dèBfuxelteà ,
le 27 messidor aij 8 de la république française.
Signé , arconati , maire , etc.
Vu et approuvé par moi préfet du département
de la Dylé , à Bruxelles , le «7 messidor an 8.
Signé , Doulcet-Pontecoulaîmt.
Extrait du Journal de Bruxelles , 3o tnessidor.
V A RT-fe TÉS.
Le citoyen Eustase Broquqt . animé du zelc I*.
plus louable pour, Tavanccnrcnt des lettres .Wi ''«S
'sciences , va, depuis, trois mois , dans une sailli
de m;alades , iiavailler, aiiprè,s du jeune cliinoJs i
acquérir quelque connaissance d'une langi^e aus^j
Curieuse «1 auisi intéressante qu'elle est ignqrce
l>atmi nou.s. A force de patience et déludq , il
s';.est;déià,, composé un vocabulaire chinois asspï!
ciendii .,.Ru moyen duque,l,,il converse avçç ce
rnallic-urcux; élianter.,,, et lui pr,ocure une coiiso-,
laiipji, une, ,,sçul , il parait, po^Noiv, .lui, plfrir , U;
charnie d'entendre cl de; ppuvpir iair.e, .entepdrei
des sofïS qu'il corina'il qi qui,|ui sop.lithers.
Ce citoyen , professeur de langues etde belles»;
IçtUes, avait été invité par unç société littéraire et
sàvaiite , la sociéié des observateurs de 1 homme ,
à rendre compte des expédions qu il aT'ait em--
ployés pour cotn.nencer à se procurer 1 intelfi-
gence de la laii<;ué 'chinoise et pour, converser-
avec un individu ijui ,'3 proprement parler , n'en-^
tendait aucune langue, à l'aidé, de laquèlie on {jû^t^
e'tureten'ir une communic^lipn d'idées.^ ' , .. ,[
Le citoyen Btoquct a fait ce rappo^tt intéfies-»
sant le, 28 messi-dor, Nos lec'ouis ne tfo-uverotit
sans douie pas moins diutciêt à en lire quel',
ques fragmens , que rtO'jus.en avons éprouv,é,à;.|ea3
eniendre. •'■^. .,, ' ■. ; ,.t
Les mots aimer it ha'ir m'ont dOifrl^'
une peine qui a ([uelque chose d étonnant. Je les lut
ai peints par signes. --Rien, ^'ai fait des phrascs-
où ces mots devaient entrer nécessairement, et je'
laissais leur place vacante. — Pas plus de succès.
Le français , l'anglais , le portugais même n'ont-
pu lui rappeler aucune idée à cet égard. ^J-'al'
apporté les mois écrits dans nos caractères d'apréâ
Fourraont , et je les lui ai prononcés : il ne les a:
point reconnus. Enfin , j'ai éié les copier en chi-
nois , et je les lui ai mis sous las yeux. Oh ! alors
en les lisant , il en a reconnu les sens et la valeiir ,'
et il les a prononcés , chose singulière', comme
ils étaient peinls dans Fourmont , et comme je les
lui avais prononcés moi-même sans pouvoir me
faire comprendre.
Il semble que ces rools-là fussent tout a
fait exilés de sa i-némnive. Loin des objets de sfiS
affections, il n'entendait plus le mol aimer, et
S-jn cœur ne lui avait pas laissé proféreren lui-mêrfte
le mot hdir , quoique le sentiment que ce root
exprime , dût lui être inspiré par les mauvais
traitemens qu'il a éprouvés parmi nous, traite-
mens qu'il faut bien que j impute , pour 1 hon-
neur du nom français , à la fatalité de la guerre.
Dans un papier public , j'ai rendu témoignage'
il y a quelque tems, aux bonnes qualités de noirs
infortuné jeune homme. Depuis , j ai eu de uou-,
velles preuves qui m'ont confirmé dans l'idée
avantageuse que j'avais de lui. Il est reconnais*
sant : on pourrait me demander quelle .occasion
il a eue d'éprouver en lui le sentiment de la gra-
titude ; car jusqu'ici il ne connaît la France-. 'que
pour y avoir éié malheureux , que pour y avoir
éprouvé un oubli ou une négligence lotale deâ
droits dé l'hospitalité. Mais je vois journellement
qu'il est sensible aux simples marques d intérêt, ,
aux petits bons offices qu'il reçoit de la part des
personnes qui viennent le voir , qui l'approchent
ou qui l'entourent Je n'en doute point; si le gouver-
nement s'occupait un instant de lui , pour lui
rendre l'existence supportable , il attendrait pa-
tiemment , en France , l'année prochaine pouf
retourner dans sou pays , et , par une sorte dd
retour . il se prêleràit avec courage aux recherches
que l'on voudrait' taire avec lui sur sa langue et
sur d'autres objets.
Il avotie généreusement la supériorité de son
frère sîné à son égard pour les talens et les cotl"
naissances , et il l'a mis également au-dessus de,
tous ses compagnons de voyage, avec nombrrj
desquels il se trouvait. A la lendressefralernelle
il joint la piété filiale. Sa mère occupe beaucoiip
sa pensée. De quaire enfans qu'elle a , c'était lui ■
quifesaitcompag.nieàsa vieillesse, (^uoiquettiarié ,
il demeurait avec elle. Il me disait ces jours der-
niers : dans trois ou quatre mois , mes camarade* ■
seront de retour à Cou-Ton ; ma mère en les
voyant arriver, leur dira : il n'y a point d A-Sàm.. .
Des mois fiançais , prononcés d'une manière
toul-à-fait méconnaissable, m'ont souvent donné
le change et fait prendre du français pour dtt
chinois; mais j'ai la satisfaction, je crois, ai
n'avoir jamais écrit aucun de ces mots. Je senlai» ■
toujours un je ne sais quoi qui me fesait renvoyer'
la chose à urï plus ample exâitien pour un autre
jour. Une fois , las d'entendre depuis long-terns
employer kaland par-iout où il y avait à rendre
l'idée dé grand , j'allais écrire kaland cbtnmè sy-
nonime du mot chinois (jue j'avais déjà poure*'
primer la même idée de grand. A-Sàm s'apperçije
que c'étaii kaland ijue j'allais écrire pour du cbi-
nois. Il fit un signé d'approbation ; il iiisisla avec
une sorte d impatience ; il répéta kaland d un ion
encore plus fort, c'est à-dire , d une manière et ••
core plus propre à m égarer; mais son signe et
Icxpicssion de ma phisionomie m avaient fait
foir que je me trompais , et je devinai la vcritc-
je fi» un grand ah', et je proférai pand Oat ,
1252
uni! , c'est ç.i , et lui de dire à -son tour nh ! et
tous deux de rire ensemble , et moi de lui seirer
la main à différentes reprises , et de lui témoigner
parlOules les représentations possibles com'bitn
j'étais lâché de lui avoir donné tant de peine:
mais en même teras je lui Ks iuiœ un retour sur
hii-même ; et, sur la prononciaiion qui est ana-
logue à la langue chinoise, je lui piorionç;ii grand
le plus légèrement le plus délicaiemcnt qu il me
l\jt p-ossible. Je lui fis entendre qu'un français ne
pouvait le comprendre , quand il employait les
mots grand, kaland , gros, kvlos ; je l'engageai à
les éviter. J'eus soin aussi de le consoler en lui
fesant remarquer cette fois-là , comme j'avais
déjà Fait souvent, quemdi-même je ne piononçais |
pas bieu le r. [i]
Au reste, je suis persuadé que si une fois il se j
piquait de vouloir rendre cette consonne , il par- i
viendrait à la prononcer mieux que moi ; mais I
jusqu'à présent il n'en est pas très-épris ; il m'a j
lait entendre clairement que notre langue en !
était hérissée à un point qui la lui rendait difficile |
et désagréable. J ai à présent la théorie et même j
]a connaissance pratique de la plupart des mots '
français qu'il doit, défigurer, en les entendant |
bien prononcer ; je sais qu'il doit dire, et qu'il i
dit, talavailler pour travailler , etc. , etc. ; je lui
ai laissé écrire mon nom Broquet ,, Poloquet , dans
sa langue , et je ne lui ai seulement pjs fait ob-
server qu'il y eiît la moindre diHférence à cet
égard. Il devait le prononcer ainsi, et l'écrire en
conséquence jusqu à nouvel ordre; je dis jusqu à j
nouvel oidre , car , je le répète , je suis persuadé ■
et convaincu déjà par un commencement d'expé- I
rience qu'il prononcerait un jour mon nom
mieux que moi-même , parce que ce n est chez
lui que manque d habitude et d txeicice , et non i
pas un défaut de l'organe (2). j
Les mots acquis deviennent des instrumens !
pi'écieux pour en acquérir d'auties , et même pour '
acquéiii imraédiattiiient des idées et des con- |
naissantes. A-Sàni m avait dit son nom et je le '
lui avais tait écrire. J'avais remarqué qu'il y avait
du trois dans son nom; je le lui avais fait
observer î lui-même; mais il n'avait voulu donner j
aucune suite à cette observation de ma part. |
Dernitremenl à la première entrevue de vos :
commissaires , j'apris qu'au nombre de ses com- ;
pagiions passés en Angleterre, il avait un frère I
lequel est fort instruit , m'a-i-il dit, dans le!
nom de ce Irere s'est trouvé le mot deux; )en\
ai conclu qu'il avait un autre frère qui était .
leitr aîné et qui devait avoir un dans son nom. j
J'ai cherché à résoudre ce problème dans l'avant i
dernière conférence de vos commissaires. '
Au moment où nous allions quitter cet étranger
après Une assez longue séance, je lui ai dit
par forme de délassement : voiiS avez un
frère en Angleterre ; mais vous en avez
encore un autre? —J'en ai deux à Con-'fon,
m'a-l-il dit , et ii me les a nommés. D'après les
noms de ces deux-ci , je n'en ai eu que plus
d'assurance pour avancer qu'il en avait encore
un autre , l'aîné des quatre , et dont je lui
composai et proférai alors le nom ; il m'a
répondu qu il en avait eu un en effet , mais
qu il était mort. Son nom était tel que je l'avais
supposé ; et^enfia , à ce propos , A-Sàm| nous
dit que c'était toujours ainsi à la Chine. Les
cnfans ou les frères y sont distingués par un
mot numéral selon l'ordre de naissance , mot
<jue l'on ajoute au nom de famille et qui se
place après. C'est un post-nom numéral aulieu
de nos. prénoms baptismaux ou civils. ,{ l )
De même , au sujet du mol sucre , ayant remar-
qué qu'en chinois cette idée était rendue par l'as-
sembiage des idées et des mots blanc chinois ,]'en
conclus qu'il pouvait bien y avoir à la Chine une
autre produciioti qui s'appelât noir chinois ou
bleu chinois ; en consé(juence , je lui demandai ce
que c'é:alt qu'on appelait noir chinois ; il me ré-
pondit qu'il ne connaissait rien qui portât ce
nom, mais qu'il y avait quelque chose qu on
nommait ;auf!« chinois , savoir la troisième et der-
nière qualité ou espèce de sucre, la cassonnade
probablerrierit. , > . '
Ce malheureux chinois va être enfin tiré de
l'hospice où 11 est logé et vêtu d'une maun:re
aussi humiliante pour son amour-propre , que
nuisible pour sa santé. Le citoyen Slcard , (jul
assistait à laséancc de la société des observateuis
de Ihomme, a annoncé qu'il comptait être auto- j
risé sous peu à le prendre chez lui , et à le placer j
dans l'institution des sourds-muets. En témoignant i
au citoyen Btoquet combien il estimait ses talens, j
et lui exprimant toute la gratitude que mérite son 1
infatigable patience , il l'a invité obligeamment
à venir lui servir de truchement auprès de l'étran-
ger , quand celui-ci sera à 1 institution des sourds-
muets.
Prêt à faire paraître la notice historique de
cet homme vertueux et modeste , je profite de
celte occasion pour les prier de vouloir bien
me communiquer les renseignemens qui seraient
à leur connaissance sur la vie mihtaire , litté-
raire et privée de leur illustre ami , et de les
adresser franc de port, par écrit , au citoyen
Lcbourg son compairioie , libraire, Palais-Egalité,
première galerie de bois , pour remettre au,
citoyen E. J.
(l) Le chinois ne connaît point dans sa langue
le son de r ; il le remplace par celui de l : voilà
déjà gland.; il ne connaît pas non plus le son de
g, il le retnplace par celui de k : cela fait kland.
Il n'est point accoutumé à prononcer réunis k l;
il les sépare au moins d'un a , ce qui produit
kaland. Pourquoi a-t-il choisi un a pour séparer
i. l ? parce qu il se trouve un a à la suite. Il en
est de même de kolos pour gros , etc. etc. etc.
(î) Il a devancé mon attente; car dès-à-présent
il prononce déjà fort bien français et Braquet;
il ne dit plus Ptloquet ni falançais. C'est ainsi que
lui et ses camarades prononçaient et écrivaient
français. A-Sàm l'écrirait aujourd'hui différem-
ment.
Au rédacteur.
Le citoyen Forlenze, chargé par le ministre de
la guerre de donner les soins de son art aux
braves qui ont perdu la vue à la défense de la
patrie , a pratiqué , le 3 du courant , à l'hôtel des i
Invalides, plusieurs opérations de cataracte avec!
une habileté qui lui a déjà assigné un rang dis- j
tlngué parmi ceux qui cultivent exclusivement ;
celle branche intéressante de l'art de guérir. Tous
ces malades ont joui du bienfait de la lumière
immédiatement après l'opération , et il serait dif-
ficile de rendre l'impression que leur a fait le
retour à une sensation dont ils étalent privés
depuis long-lems; ils ont fait éclater leur recon-
naissance de manière à la faire partager aux spec-
tateurs.
La séance n'a pas été consacrée entièrement
à ces opérations ; on y a présenté un très-grand
nombre de militaires de tout âge , qui avaient
recouvré la vue par le secours de l'opération; et
parmi ceux-là s en trouvaient deux , dont l'un
avait été aveugle pendant quarante ans , et l'autre
pendant vingt -cinq. Les observations qui ont
constaté l'état de ces malades , avant comme
après l'opération , ont été lues.
Plusieurs militaires de l'armée d'Orient ont
aussi été présentés,guéris des accldens affreux qui
ont été la suite de cette ophtalmie épidémique ,
qui a fait en Egypte de si grands ravages.
Je n'oubiirai pas de dire que l'assemblée a été
très-nombreuse , et que parmi les assistans on a
remarqué le général Berruyer et les principaux
chefs de l'état-major de l'hôtel , qui ont resté
pendant tout le tems qu'a duré la séance. Ils ont
témoigné à ces braves infortunés tout l'intérêt
que leur position inspire au gouvernement , et
leur ont promis , avec une affection vraiment pa-
ternelle , la continuation des secours qu'on ne
cesse de leur prodiguer.
B.... M
Je viens , citoyen , de voir le buste de Latour-
d'Auvergne , modelé par le citoyen Corbet ,
statuaire , d'après un dessin qu'il avait fait de
son vivant. J ai été d'autant plus frappé de sa
ressemblance . qu'il n'est pas encore fini et qu'il
ne s'achève que de mémoire. Il est vrai que
cet habile artiste l'avait vu souvent, et qu'il
conservait précieusement les traits d'un homme
qui lui avait inspiré tant d'estime et de vénéra-
tion. Les amis de Latour-d' Auvergne lui en sau-
ront d autant plus de gré , qu'il n'en existe aucun
portrait. Je les invite à se procurer la vue de ce
buste chez le citoyen Corbet . rue de Thionville,
hôtel Genlis , n° 92. Il se fera un plaisir de
satisfaire leur curiosité , et il recevra avec re-
connaissance leurs observations.
( I ) Il n'y a que quelques jours qu'il croyait
encore que nous n'avions point de noms de
famille ; je l'ai désabusé à cet égard.
Dictionnaire universel de la révolufîoh.
française , ou table chronologique et alpha bétidue-
du Moniteur.
Présenter la table analytique et impartiale , au,
moyen de laquelle le lecteur retrouvera avec façi-.
lité , dans le Moniteur , les lois , les événemens ,
le nom de tous les hommes dont se compose là
scène politique depuis 1788 , tel est le but du
Dictionnaire de larévetution française , entreptispar
le cit. Glrardin, éditeur et seul propriétrire de cet
ouvrage. ,'■•'' ^ '.)-'.''.■' "
Ce dictionnaire , qui offrira au légiste , -au litté-
raleur , au philosophe et à l'historien le fil indi-
caieurdes développemens de celle grande époque,
ne sera pas seulement utile i ceux qui possèdent
l'intéressante colleclien du Moniteur ; il en sera
lui-même une esquisse si précise et si exacte., que
seul il suffira pour donner aux lecteurs- l'ensem-
ble de la période révolutionnaire , et pourra
en quelque sorte servir de clef à tous les
autres journaux , du moins quant aux tiavaux
des différentes assemblées législatives.
En conséquence , ce dictionnaire sera imprimé-
en deux formats , l'un semblable à celui du
Moniteur , et lautre in-4° ou format des journaux
ordinaires.
Le grand nombre de réclamations adressées des
départemens éloignés et de 1 étranger , sur la briè-
veté du délai pour la souscription , détermine le
cit. Glrardin à le proroger jusqu'au 14 fructidor
an 8 , correspondant au 1^' septembre 1800 ( v.st. );
au moyen de quoi les abonnemcns continueront
à être reçus jusqu à cette époque moyennant 36
francs , dont 18 fr. en souscrivant , et passé le
terme , le prix sera de 48 fr.
Aucun exemplaire ne sera délivré que sur la
quittance du cit. Glrardin seul.
On souscrit chez lui , en son cabinet littéraire»
Palais-Egalité, gallerie de pierre , n° l56,^côté
de la rue desBons-Enfans; au bureau duMoniieur,
rue des Poitevins , n" 18 ; chez le cit. Charles ,
imprimeur , rue Nlcaise , n° 5i3 , et chez tous les
libraires et directeurs des postes, qui devront,
avant le l5 fructidor , échanger leurs quittances
contre celles du cit. Glrardin.
Les lettres et l'argent devront être affranchis.
JV. B. On rappelle que les abonnemens à tons
lesjournaux et ouvrages périodiques se font au
cabinet du cit., Glrardin. ^
COURS DU CHANGE.
Bourse du 9 thermidor. — Cours des effett publics.
~ 3o jours. à 60 Jaurf •
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes
Livourne
Bâle.
56 J
188
4 fr. 70 c,
I4fr.58c,
4 fr. 70 c-
i4fr. 35 c,
4 fr. 5o c.
4 fr. 90 c.
187
Effets publics.
Rente provisoire 22 fr. 38 c.
Tiers consolidé 33 fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 5o c.
Bons d'arréragé.. . .,. 87 (r. 5o, c.
Bons pour l'an 8 , . 85 fr. 75 c.
Syndicat 67 fr.
Coupures 67 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
L'aboran«ment se fait à Paris , rue des Poitevins, n° iS. Le prix est de aS francs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois , et 100 francs pour l'année entier*. Ou ne s'abonne
qu'au commeucemeat de chaque mois.
Il faut adresser les leures et l'argent , franc de port , au cit. Xo.tss E, proprictiiie de ce journal , roe des Poitevins , n" 18. Il faut comprendre dans les envois le port de»
pays 00 l'on ne peutafftimcliir. Les lettres des départemens non affrancliies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue iti
Poitevins ,n'' i3 , dcpui jneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Àgasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n' i3.
GAZETTE NATIONALE pu LE MONITEUR UNIVERSEL,
N" 3ii.
Prmedi,ni thermidor, aii. S, de la république française , une et indir:iiible.
Nous sommes autorisés à prévenu- nos- souscripteurs quà dater rfu 7 Nivôse le Mo NIT E i; H es.;, le scjut journal officiel.
Il contient les séances des autorités consti^tuées j, les actes.du.gbiivernemeat.los:. nouvelles des armées , ainsi que l .'s faits et. les notions tant s^r'
l'intérieur que sur rey,tér;eui;, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulléo^nienf consacré aux sciences , aux, arts et aux découvertes nouvelles.
I
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
. Londres , le 29 messidor ( iS juillet ' .
vJ N certain nombre de membre de la société
de correspondance (cor;esponding sociely) , se
sont réunis lundi dernier dans une maison
située près die, Moor-Fields , pour célébrer l'an-
niversaire du Quatorze-J^illçt français; ceite fête
a duré jusqu'à 5 heures du malin. Il y a éié
porté des toasts et chanté des couplets en l'hon-
neur de ce mémorable événement»
M. Northcote vient d'achever de peindre un
voyageur persan , nommé Mirta Tabel Kkfin ,
qui se trouve , depuis, quelque-tems dans ce
pays. Cet étranger , dont les voyages ont uni-
quement pour but de s'instruire , joint à beau-
coup d'esprit, des. manières très-polies. Il est
admis dans nos cercles les plus distingués , oii
il se fait remarquer par ip connaissance de notre
langue , et linlérèt de la conversauon.
Nous apprenons que la saison a été singulié-
lement favorable à la récolte des épices , et à
la qualité , sur-tout, du raacis dans l'île de Ceyian
et celles qui en dépendçnt. Lîle de Polerou a
produit une grande quantité de très-belles noix
muscades qui ontjéiéiransj^prtées et emipagasinées
à Arabo);ije.
La femni^ de Thomas Skelton , du comté
dYork, est accouchée dernièrement, de quatre
enfans , dont deux sont encore vivans. On dit
cette fécondité inhérente à la famille de l'ac-
couchée, et on cite même un exemple du même
nombre d'enfans mis au monde il y a environ
3o ans par une de ses parentes.
Une mistriss Fenner répétait ces jours derniers
par devant la cour du banc du roi une somme
assez considérable en effets acquis par clic dans
les fonds publics. Un des membres du jyry
parut étonné qu'une femme eût pu amasser autant
d'argent .pendant qu'elle était en puissance de
mari, (t J'igno'fe , dit lord Kenyon , si le juré
>» est marié ou s'il ne l'est pas ; mais dans 1 une
>» et l'autre allecnativc , il a pu savoir par sa
»> propre expérience ou par l'observasion, que
S) souvent ici la générosité des maris et léeo-
>> nomie des femmes , pioçurent à celles-ci la
:> facilité de faire de pareils placemens.
Du 4 thermidor.
Actions de la banque i63 1 1 J {. — 3 p. | con-
solidés 6463 i i. — Pour juillei 64 J i 63 | 64. —
3 pour I impériaux , fermés. — Cinq ( our | de la
marine 97 j fex-di-v. Omnium 3^ 2 J. 3 prime.
Sir Francis Burdett Jones , ayant consenti hier
dans la séance des communes, à retirer sa motion
ai} sujet des prisons , la chambre , après un long
débat, et sur la proposition de M. Tierney , a
arrêté qu'elle supplierait S. M. , par une adresse,
d'ordonner de faire des recherches sur l'état des
prisons , et enir'autres sur la maison de correction
de Cdld Balh Fields.
Sur la motion de M. Rose , la chambre , formée
en comité , a accordé à S. M. , pour le service
de l'année 1800 , la somme de 5,ooo,ooo liv. sterl.
en dehors du fonds consolidé.
Le général Maiiland est de retour de son expé-
dition sur les côtes de Bretagne. Les dispositions
deFennemi ne lui ont paspermisl'espoir du succès
sur aucun point.
L'cj^lise méthodiste d'Amérique a arrêté de pré-
senter annuellement des pétitions pour l'afïrao-
cliissement graduel des esclaves , aux législateus
des états , qui n'ont point encore passé de loi à
Ce iujec
L( Lewis , allant des Indes orientales aux Indes
occideniaJes , a été pris par un corsaire français.
Notre ministre près la cour de Suède , M, Halles,
a quiué Stockholm sans prendre congé du roi.
Il revient avec lord Whitworth. Une frégate les
attendait à Elseneur. (Extrait du Lloyd's Evemng
Fait , du Morning Chronicle et du Sun.)
ACTES DU GOUVERNEMENT.
'Extrait des registres des délibérations des consuls de
ta république. — Paris , le 7 thermidor an 8 de
la république une et indivisible.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la marine et des coloiues , le xon-
seil-d'état entendu , arrêtent :
SeCTIO-N PREMIERE.
Des préjets maritimes.
Art. I". Les préfets raariiimes auront des ap-
pointemens , ainsi qu'il suit:
Celui de Brest , par an 3o,ooo f.
Et poiir frais de bureau, 6,000
Celui de Rochefort , par an 20,000
Et pour frais de bureau. ...... 5,ooo
Celui de Toulon , par an 24,000
E: pour frais de bureau 5, 000
Celui de l'Orient, par an. ...... i5,ooo
Et pour frais de bureau 4,060
Celui du Havre , par an . 12,000
Et pour frais de bureau 3, 000
Celui du i" arrondissement , par an. . 12,000
Et pour frais de bureau 3, 000
Total i3g,ooo
Ainsi la dépense totale des six préfets et de
leurs bureauj^, monte à 139,000 fr. par an.
II. Ils seront tenus , au moyen de leurs apj^oin-
temens et indemnités , de payer leurs secrétaires ,
et ('e fournir leurs bureaux de bois et lumière , et
de papier , même imprimé.
III. Si la place de préfet est occupée par un
individu qui jouisse d appointemens attribués à
une fonction quelconque, ces appointçmens ces-
seront de lui être payés , à moins qu'ils ne soient
supéiicurs à ceux dx; sa place de rfjréfet , auquel
cas il conserve la totalité des appWnteTnenc Anm
il jouissait avant sa nomination à la préfecture.
Section II.
Et'it - major des ports.
IV. L'état-major de chacun des ports ci-après
nommés , sera composé ainsi qu il suit :
A Brest.
I chef militaire. — Chef de division.
1 adjudant. — Capitaine de vaisseau.
2 adjudans. — Capitaines de frégate ou lieute-
nans de vaisseau.
3 adjudans. — Enseignes de vaisseau.
A Rochefort.
I chef militaire. — Chef de division.
I adjudant. — Capitain.e de vaisseau.
1 adjudant. — Capitaine de frégate ou lieute-
nant de vaisseau.
2 sous-adjadaus. . — Enseignes de vaisseau.
A TauiUn-
I chef militaire. ^ Chef de division.
I adjudant. — Capitaine de vaisseau.
I adjudant. — Capitaine de frégate ou lieute-
nant de vaisseau.
t sous-adjudans. — Enseignes de vaisseau.
A fOrient.
I chef militaire. — Capitaine de vaisseau.
I adjudant. — Qapitaine de frégate ou lieute-
nant de vaisseau.
I sous-adjudant. — Enseigne de vaisseau.
Au Havre.
Les fonctions de chef militaire seront rem-
plies par le chef des mouvemensj il aura sotrs ses
ordres :
I adjudant. — Lieutenant de vaisseau.
1 sous-adjudant. — Enseigne de vaisseau.
Quant au premier arrondissement , lorsque les
besoins dli service exigeront qu'il y soit établi
un éiat-major , il sera composé comme celui du
Havre.
y. Les officiers attachés à l'état-major , étant ofE-'
ciers de vaisseau , jouiront de I» totalité des ap-
pointemens de leur grade dans l'exercice de
leurs fonctions , sans aucun traitement parti-
culier. ;
■VI. Les frais de bureau seront fixés ainsi
qu'il suit ;
A Brest, au chef militaire 3, 000 f,
A Rochefort, idem 2,400
A Toulon , idem. . .' . . , 2,400
A l'Orient , idrm. 1,800'
Au Havre ,• idem. ..,-.....■... 1,000
Dépense totale des bureaux. . . . io,6oa
S E c T I o N I 1 1.
Officiers du génie maritime.
■ . ^' ^;F génie maritime sera composé à l'avenir
ainsi qu'il suit :
Un inspecteur du génie maritime.
Six chefs de construction.
Sept ingénieurs de première classe.
Sept idem de seconde classe.
Dix-huit sous-ingénieurs de première classe.
Dix-huit idem de seconde classe.
Quatre élevés.
Vin. Le ministre de la marine les répartira danj
les arrondissemens, ainsi quil le jugera conve-
nable pour le service des ports, pour la conser-
vation et 1 exploitation des bois destinés à la
manne , et pour l'école d'application, à Paris.
IX. Les officiers du génie maritime obtiendront
des grades dans la^ marine militaire , lorsqu'ils
auront rempli les conditions suivantes :
Le grade d'enseigne de vaisseau sera donné au
sous-ingenieur qui aura fait sut un vaisseau ou
une fregaje , une campagne de six mois de navi-
gation efieciive;
t ^. Jp hplilpnant . an «nii.o-ins'éniplir nu; atti-«
tait sur un vaisseau ou une frégate , use ou plu-
sieiirs campagnes formant au moins un an de.
navigation effective ;
Celui de capitaine de frégate, à l'ingénieur qui
aura fait dix-huit mois de navigation effective
dont six mois au moiris sur un vaisseau de
hgneî
Celui de capitaine de vaisseau, à l'ingénieur
qui aura fait deux ans de navigatioji , dont huit
mois au moins sur un vaisseau;
Celui de chef de division , au chef de cons-
truction qui aura fait trois ans de navigation élec-
tive , dont un an au moins sur un vaisseau-
Enfin , le grade de contre-amiral à l'inspecteur
qui. aura lait quatre ans de navigation, dont dix-
huit mois.-au moins sur un vaisseau.
X. Les officiers du génie maritime qui seront
embarques , feront le service du grade militaire
qu'ils auront précédemment acquis.
Celui, qui commencera à naviguer , se bornera
à remplir ses fonctions d'ingénieur , et fera en '
outre le service militaire qui lui sera attribué par
le commandant du vaisseau. *;.•■.
XI. Les officiers du génie maritime resteront
saris grades militaires, jusqu'à ce qu'ils avenl
satisfait au,x cgndiiions de l'article X. ' '
XII-, Les appointemens des officiers du génie
ma|rjtim<{ seront réglés ainsi qu'il, suit :
A l'inspecteur - général 12,000 fr.
6 chefs de construction à 7,000 fr. . . 43 gop
7lngénieu,sde.^=cl. J3à6ooofr. ^^[^^^
7 Ingénieurs de 2= classe à 4200 fr. . 29,4001
18 Ingénieurs de l " classe à 33oo (r. . 59,499
18 Sous-ingén. de 2'. classe à 2,400 fr. . 43,200
4 Elevés à. 1800 fr. . 7,200
a32,Soo fr.
Ainsi la tolaltté dfi appointemens s'élève à la
somme de 232.iJoo francs.
XIII. Les chefs de construction du génie ma-
ritime seront pris parmi ceux qui sont, ou qui oui
été directeurs de construction.
Les irtgénieurs de première classe , parmi les
directeurs reslans et les ingénieurs.
Les ingénieurs de seconde classe ,. parmi les
ingénieurs reslans.
Les sous-ingénieurs , parmi les sous -ingénieurs
actuels.
XIV. Il n'est rien changé au mode d'admission
déterminé par les lois et réglemens aniéfieuts ,
pour entrer dans le génie maritime.
XV. Ceux des ingénieurs qui ne seraient pas
compris dans le tableau d'organisauon ci-dessus,
conserveront leurs appointemens , seront em-
ployés selon le rang qu'ils occupent , et seront
admissibles aux emplois de ce rang lorsqu'il y
aura des places vacantes.
XVI. Ceux d'entre les ingénieurs , qui , com-
pris dans, le tableau , ont des appointemens plus
forts que ceux de leur grade , les conserveront
jusqu à ce qu'ils^ soient élevés à un grade su-
périeur.
XVII. Les frais de bureau des chefs de
construction dans les ports , seront fixés ainsi
qu'il stiit :
A Brest 3,000 fr.
Rochefort 2i4oo
Toulon. 2,400
L Orient. 2,000
g, 800 fr.
Ainsi ladépense des~bureaux de ces ports monte
à g.800 francs.
XVIII. Si l'on fait des travaux au Havre oir à
Bajonne , ou à tel autre port, il sera alloué à
l'officier du génie , chargé en chef des travaux ,
pour frais de bureau Soo francs. ^
S E .C T I o N IV.
Mouvemens desports.
XJX. Les mouvemens des ports seront dirigés
par des officiers de vaisseau , dont le nombre est
déterminé ainsi qu'il suit :
Brest.
I chef des mouvemens. — Chef de division.
3 sous-chefs. — Capitaines de vaisseau ou frégate.
6 lieulenans.
6 enseignes.
Rochefort.
1 chef de Mouvement. — Chef de division.
2 sous-chefs. — Capitaines de vaisseau ou
frégate.
4 lieutenans.
4 enseignes.
Toulon.
■ m.»"' <-u»f Jo j:viilon.
Capitaines de vaisseau ou
1254 ^-v::
saires , sous-coramissaires et coiriniis seront ré-
partis dans les ports ainsi qu'il suit :
Brest.
I chef d'administration,
10 commissaires
10 sous-commissaires.
4 de i'°
3 de 2'.
3 de 3'.
4 de i^'
3 de 2=.
3 de 3=,
20 commissaires principaux
100 commis dont <
( 3o de I".
) 3o de 2=.
(^ 40 de 5'.
I garde magasin. de i"
I sous-garde-raagasin.
cL
classe.
classe.
143
I rhpf dp mm
e sous - chefs,
frégate
4 lieutenans.
4 enseignes.
L'Orient.
I chef de mouvement. — Capitaine de vaisseau.
I lieutenant.
8 enseignes.
Le Havre.
T. chef de mouvement. — -Capitaine de vaisseau.
1 lieutenant.
2 enseignes.
XX. Dans les autres ports de la république ,
où il y a des chefs dé mouvement, ceux-ci
seront ou des capitaines de frégates , ou des
lieulenans de vaisseau.
XXI. Le préfet maritime destinera, pour suivre
les mouvemens du port , un nombre d'aspirans
fixé sur les besoins du service.
XXII. Les officiers de vaisseau employés aux
mouvemens des ports , jouiront de la totalité dès
appointemens fixés pour levir grade en tems de
guerre.
XXIII. Les frais de bureau relatifs au service
des mouvemens , seront fixés ainsi qu'il suit ;
A Brest 1800 fr.
Rochefort iSoo
Toulon 1800
LOrient 1800
Le Havre 800
Total Sooo ^
Sur la demande du ministre , il sera assigné une
somme de 800 fr. pour frais de bureau au chef
des mouvemens d'un des ports , autres que ceux
mentionnés ci-dessus , où le service sera assez
«tendu pour l'exiger.
XXIV. Il n'est rien alloué pour les autres
ports de la république.
Section V.
Administration.
XXV. Les chefs d'administxation, les commis-
Rochefort.
1 chef d'administration.
( 3 de I"
7
commissaires ,
< 2 de 2'.
( 2 de 3=.
f 3 de I"
7
sous-commissaires ,
< 2 de 2'.
( 2 de 3'.
10
commis principaux.
( 20 de l'
60
commis ,
^ 20 de 2'
( 20 de 3
classe.
classe.
I garde-magasin.
I sous-garde-magasin.
S7
Toulon.
I chef d'administration.
g commissaires ,
8 sous-commissaires ,
i5 commis principaux.
75 commis ,
I garde-magasin de l'^'.
I sous-garde-magasin.
1 10
Lorient.
I chef .d'administration.
5 commissaires , ,
4 sous-commissaires ,
5 commis principaux.
25 commis ,
I garde-magasin.
3
3
3
de I'"
de ï«.
de 3'.
3
3
s
de i"'
de 2'.
de 3^
20 de i"
20 de 2=.
25 de 3«.
classe.
2 de 1"
2 de 2°.
1 de 3 = .
2 de I''
I de 2^.
1 de 3=.
6 de 1'
6 de 2'=
i3 de 3«
classe.
classe
41
Le Havre.
I commissaire principal de i'
I commissaire de 1".
classe.
4 sous-commissaires ,
1 2 de 1'
1 2 de 2
4 commis principaux.
f 4de I
6 commis ,
< 4 de 2
(s de 3
classe.
"' classe.
i sous-garde magasin.
Anvtrs.
I commissaire principal , de 8°. classe.
I sous-commissaire, de i'°.
I commis principal.
I commissaire de i'" classe,
ï sous-commissaire de i"° classe.
I commis principal.
„ • j . ç I de i'" classe.
3 commis, dont ^ „ j. „«
C 2 de s .
Ostende.
1 commissaire de 2^ classe.
I commis de i"',
2
Cherbourg.
I commissaire principal de 2' classe.
I sous-commissaire de i"'.
I commis principal.
Ç i de I'" classe.
C. I de 2'.
2 commis , dont
Saint-Malo.
I commissaire principal de 2' classe.
1 sous-commissaire de 1''°.
a commis principaux.
3 commis , dont
1 de 1 =
2 de 2'
classe.
7
Nantes.
1 commissaire principal de 2°.
- . j . Ç I de 1*"
S sous-commissaires dont < • ,
C I de 2*=.
2 commissaires principaux
7 commis dont
f 2 de 1"^=,
< 2 de s'.
( 3 de 3«.
classe,
classe.
Bordeaux.
1 commissaire principal de i°"
C I de I'" classe.
2 sous-commissaires -s j c
i, I de s°.
2 commis principaux
r 2 de i"' classe.
< 2 de 2'.
( 4 de 3'.
0 commis
1 sous-garde magasin.
14
Bayonne.
I commissaire de 2^. classe.
I sous-commissaire de l'^'.
I commissaire principal.
^ I de 1"^' classe»
4 commis. < l de 2'.
(. 2 de 3'.
7
Marseille.
1 commissaire de.l^" csasse.
1 sous-commissaire
2 commis
de I'
de i'
XXVI. Le ministre pourra , lorsque les cir-
constances l'exigeront , déplacer les membres de
l'administration d'un port à un autre , sans ce-
pendant en augmenter le nombre. Ce déplace-
ment ne sera que temporaire.
XXVII. Les appointemens seront réglés ainsi
qu'il suit :
Le chef d'administration aura :
A Brest, t 2,000 f.
A Rochefort , 12,000
A Toulon , 12,000
A l'Orient , 10,000
3 commis , dont
de I'
de 2'
de 3'
classe.
Dunkerque.
I commissaire principal de 2^ classe,
de i'"
2 sous-commiss"' , dont i
2 commis principaux
de 2°
3 commis, dont
I sous-garde magasin
l\
1'" classe.
T ■ * ' * C de i'* classe o.ooo
Les commissaires princ. < , . y,ouu
^ C de 2"=. 8,000
. • ('
Les commissaires , <
de 1"^' classe 6,000
des' 5,000
de 3* 4,000
de i'^'^ classe.. 3,ooo
de 2"^ 2,700
J de 3^ 2,400
Les commis principaux 2,100
de 1='^ classe. . 1,800
de 2' i,5oo
de 3' 1,200
de i"° classe. . 4,200
de 2= 3,600
Les sous -gardes magasins. . . r 2,100
Ainsi l'administration des ports sera composée
et soldée ainsi qu'il suit:
Les sous-commissaires
Les commis
Les gardes magasins
1255
4 chefs d'adtnidislration ,
3 à is,ooo 36,000
1 à 10,000. . . .
8 commissaires principaux
2 à 9,000 ]8,ooo ^
6 à 8,000 48,000 5
36,000 ^ ,r r
> 46,000 1.
10,000 3 ^
33 commissaires ,
i5 à
»i à
9 à
23 à
14 à
gS à
92 à
126 à
6,000.
5,400.
4,800.
0,000 "^
9,400 i
3,200 3
45 sous-commissaires ,
3,000 6g, 000 ■>
2,700 37,800 >
2,400 ig,200 y
66 commis principaux ,
3i I commis ,
1,800 167,400 ^
i,5oo ...... i38,ooo \
1,200 iSi.aoo 3
4 gardes magasins ,
4,200 12.600 >
3.600 3,600 5
6 sous- gardes magasins,
2,100
66,000
192,600
126,000
i38,6oo
456,600
16,200
12,600
47g 1,054,600
Ainsi , la dépense totale des administrations se
monte à 1,054,600 fr.
XXVIII. Les frais de bureau seront payés ainsi
qu'il suit :
A Brest l5,ooo f.
Kochefort , Io,5oo
Toulon i3,5oo
L'Orient 6,000
Le Havre. . 4,500
Anvers. . M . . . l,5oo
Dunkeique 3, 000
Flessingue 1,000
Oslende 5oo
Cherbourg 1,000
Saint - Mâlo I,5oo
Nantes 2,000
Bordeaux 2,5oo
Bayonne 750
Marseille ySo
Total. ....... 64,000
XXIX. Les chefs d'administration des ports ou
commissaires principaux , chacun dans le port de
«a^tésidence , feront la répartition de ces sommes
entre les differens bureaux de leur ressort.
XXX. Le magasin-général fournira les registres
imprimés nécessaires à la comptabilité, les ac-
quits et les casernets du port.
XXXL II ne pourra être fait au compte de
la république aucune impression que celles ci-
dessus désignées , ni aucune fourniture de bois,
lumière , papier , plumes , encre, etc.
XXXII. Ceux des ordonnateurs qui seront
nommés aux places des chefs d'administration
conserveront , tant qu'ils seront employés en
cette qualité , les appointemcns dont ils jouis-
sent à présent. ,
XXXIII. Tous les employés dans l'adminis-
tration des ports qui ne sejont pas conservés
dans la présente organisation , jouiront du tiers
de leijrs appointemens avec la (acuité dêire
appelles à remplir les places vacantes -, mais si ,
après deux ans , ils ne sont pas remis en activité
de service , ils seront censés reformés et joui-
ront du traitement de réforme alloué par la loi.
'r XXXiy. Nul ne peut être admis en qualité
de commis d'administration dans les ports , s'il
n'a six mois de navigation , s'il n'est âgé de
18 ans , s'il ne repond à un examen sur l'ari-
thmétique et les élémens de géoméuie , et s'il
û'cst constaié qu'il a une bonne écriture.
XXXV. Les commis d'administration feront le
service des bureaux des ports et de l'inscription
maritime , et pourront faire celui de la compta-
bilité à bord des vaisseaux de la république.
Nul commis ne sera piomu à un grade supé-
rieur , sans avoir salislait à un examen sur les
diverses parties du service de l'administration,
soit en présence du chef ou des deux plus
anciens commissaires de l'administration.
Section VI.
Agens de la comptabilité à bord des vaisseaux.
XXXVI. Les chcis de l'administration dans
les ports proposeront les agens de comptabilité
à embarquer sur les vaisseaux et bâiirnens de
la république , au prélet maritime qui les choisira.
XXXVII. Les appointemens des agens de
comptabilité seront Hxés ainsi qu'il suit :
Sur les vaisseaux de 80 canons et
au -dessus 2100 fr.
Sur les vaisseaux de 74 canons et
au-dessous 1800
Sur les frégates. . , i5oo
Sur les corvettes et autres bâtimens
inférieurs 1200
XXXVIII. S'il est embarqué sur les bâtimens
de la république des commis du port , comme
agens comptables , ils ne pourront avoir des ap-
pointemens inférieurs à ceux dont ils jouissent.
XXXIX.II ne sera embarqué d'agens comptables
en titre que sur les bâtimens portant des canons
et au nioins 60 hommes d'équipage. Sur les plus
petits bâtimens , ces fonctions seront remplies par
un aspirant ou un novice timonier qui tiendra les
comptes , sous l'inspection du lieutenant et les
ordres du capitaine.
XL. A défaut de commis d'administration des
ports , il ne pourra être embarqué , en qualité d'a-
gens comptables , sur les vaisseaux , que des ci-
toyens âgés dé plus de vingt ans, ayant fait au
moins une année de navigation sur les vaisseaux
de la république ou du commerce , ayant eu de
bons certificats de leur conduite, et étant en état
de repondre à un examen sur l'arithmétique et
sur la tenue des comptes des vaisseaux.
XLI. Leur première campagne devra être sur les
corvettes de 16 canons et au-dessous, avec ap-
pointemens de commis de troisième classe.
XLII. A une seconde campagne , ils pourront
être embarqués en la même qualité sur les frégates
avec les appointemens de commis de deuxième
classe.
XLIII. A une troisième campagne , ils pourront
être embarqués en la même qualité sur les vaisseaux
de 74 canons et au-dessous, concurremment avec
les commis ordinaires de première classe, dont ils
auront les appointemens et le litre pendant la
campagne.
XLIV. A une quatrième campagne , ils pour-
ront être embarqués en' la même qualité sur les
vaisseaux de 80 canons et au-dessus , concurrem-
ment avec les commis principaux des pons , dont
ils auront les appointemens et le titre pendant la
campagne. ^
XLV Après quatre campagnes , ils pourront
pré:ertdre , avec les commis principaux de l'ad;
ministrauon , au grade de sous-commissaire , soit
dans la marine , soit dans les colonies
XLVI. Les appointemens des agens comptables,
qui ne sont pas employés comme commis de l'ad-
ministration , cesseront de leur être payés le l5
jour après le désarmement du vaisseau.
Section VII.
Inscription marinme.
XLVII. Les commissaires, sous-commissairex ,
commis , préposés et syndics de l'inscription ma
rilime , sont maintenus provisoiremet sur le pied
où ils se trouvent actuellement.
XLVIII Les officiers de vaisseau , nommés pour
inspecter les hommes de mer, recevont en in-
demnité de frais de voyage , une somme qui sera
déterminée par le préfet maritime , et qui ne
pourra excéder 2400 fr. pour chaoun et par an.
Section VI II.
Des inspecteurs de marine.
XLIX. Il y aura pour l'inspection de la marine.
A Brest.
I inspecteur
5 sous inspecteu
16 commis , dont
"' {
3 de 1"' classe.
2 de 2'.
f 6 de 1 = '=
< 5 de 2'.
(. 5 de 3^
A Rochefort.
i inspecteur.
3 sous-inspecteurs <
10 commis , dont <
2 de i'^
I de 2'.
- classe.
4 de 1"'
3 de 2'.
3 de 3=.
classe.
14
A Toulon.
I inspecteur.
4 sous-inspecteurs , ^ ' j '!" classe.
' 4 2 de 2"^.
12 commis dont 4 de chaque classe.
17
A l'Orient. ^ rj
1 inspecteur. W , ,
C I de i"" classe.
2 sous-mspecteurs , ? r de 2«
6 commis , dont 2 de chaque classe.
9
Au Havre.
1 inspecteur.
1 sous-inspecteur^de î', classe ' .liVjtl. lA
. , •:^-'; ■' CI d*e'-i«»";'ciasSié.'>^
2 commis, dont . | .j, ■^^■.^..{aui» si.
-I» l'JU «lOlDJ !.i.M' Bl-si-'fPo'XuA
4 v/j--. r.ii ^t'!. ■ . I .. b -;,)n3l 31
A 'Anvers. nouaqgn. 1 A
I sous-inspecteur de i"^' classe. ■ îIjI irf") lA
1 commis de i".
A Dunkerque. 1
sous-inspecteur de 2= classe. ' '
commis de 1".
A Cherbourg.
sous-inspecteur de 2' classe.
A Saint-Mâlo.
sous-inspecteur 4e 2° classe.
, c I de 1"' classe,
commis , dont ? 1 de 2'
■ A Nantes.
sous-inspecteur de 1'' classg. '
I de i'" classe.
2 commis , dont
w
de 2'
A Bordeaux.
sous-inspecteur de 1'^° classe.
I de 1"^
9 commis , dont
\\
classe.
de 2'
A Bayonne.
sous-inspecteur de i'^* class«.
commis de i"' classe.
L. Les inspecteurs seront pris parmi ceux qui
ont été ou qui sontencore contrôleurs, adminis-
trateurs , officiers de vaisseau ou ingénieurs-cons-
tructeurs.
LI. Les appointemens des inspecteurs seront de
12,000 fr. dans les ports de Brest, Toulon , Ro-
chefort ; de 10,000 fr. dans les ports de l'Orient
et du Havre.
Ceux des sous-inspecteurs seront, pour la pre-
mière classe de 5ooo fc
Pour la 2° , de 4000
Ceux des commis seront, pour la i"
classe , de 1800
Pour la 2' , de i5oo
Pou^ la 3' , de .... \ 1200
LII. Pour frais de bureau , il sera alloué aux
inspecteurs dans les ports de Brest , Toulon et
Rochefort, i5oo fr.
Dans ceux de l'Orient et du Havre, . . 1200
Aux sous - inspecteurs dans les autres
ports , à chacun , , 800
Ainsi le tableau de la dépense de l'inspection
sera comme il suit :
fr. fr. fr.
5 Inspecteurs, Ç 3 à 12000 36ooo ? ,£•
dont....c 2 à 10000 20000 5 '
22 Sous-inspec-Çi2 à 5ooo 60000 ?
s . > 100,000
leurs.... CIO a 4000 40000 3
f23 à 1800 41400 "S
55 Commis... < 18 à i5oo 27000 > 85, 200
(14 à 1200 16800 3
241, 200 fr.
et celle des bureaux ,
fr. fr.
3 Bureaux à i5oo 4500 'J
2 Bureaux à iqoo 2400 > ll,7oofr.
6 Bureaux à 800 4800 3
Section IX.
Du conseil.
LUI. Il y aura pour chacun des ports de Brest ,
Rochefort , Toulon et 1 Orient , un secrétaire du
conseil.
Les appointemens de secrétaires seront fixés
ainsi qu'il suit :
A ceux de Brest , Toulon , Rochefort, chacun
3ooo francs , ci 9000 fr.
A celui de l'Orient. . . , . , 2400
11,400 fr,
[256
Dans les autres arr<jndisseraens,-«n des sous-
coramiss^irps fêta les fonctions de seciéiaire.
S' El C T I O' N X.
• '■ Bîspaskio'm gênéraies.
LIV. Il sera accordé une indemniié pour Ççais
de route , au ptéfet d^^is léiendue de son arron-
dissement.
Au chef de létat-major des. ports , lorsqu'il aura
reeJj dçs ordres qui exigeront ^in déplacement
dé'deux jours et i>lu8 ;
Aux officiers qui auront reçu des ordres pour
se rendre d'un port dans un autre ;
A l'inspecteur des constructrOns navales ;
Au chef de construction qui sera' dans le cas de
se déplacer pendant deux jou^s et plus,;
Au chef de l'administration et aux commissaires
envoyés dans l'arrondissement pour le service ou
pour les prises , op bâiimens naufragés , lorsque
le déplacement durera deux jours et plus ;
Aux inspecteurs et sous-inspecteurs dans le
même cas ;
Aux commis de la marine qui recevront des
oïdies de déplacement.
LV. L'indemnité sera réglée selon un tarif par-
ticulier.
LVI.'Les préfets raariiimes jouiront des honneurs
accordés au viceramiral.
LVII. LOrscJu un officier'général aura reçu du
gouverneoieni le tilre d'amiral , il exercera dans
l'arrondissement où il sera envoyé l'autorité mi-
nistérielle. Le préfet maritime se conformera à ses
ordres.
LVIIL Le rang au conseil, dans les cérémonies
publiques , et par-tout où il y a concours d'au-
torités difFérentes , est déterminé par l'article sui-
vant , qui n'établit d'ailleurs aucune identité de
grade.
LIX. L'inspecteur du génie maritime prendra
place avec les contre-amiraux , suivant la date de
son brevet ;
Les inspecteurs de marine , les chefs d'adminis-
tration et leî chefs de construction , avec les chefs
de division ;
Les commissaires principaux, après les chefs de
division et avant les capitaines de vaisseau ;
Les ingénieurs de première classe , les commis-
saires etle premier des sous-inspecteurs île marine,
avec les capitaines de vaisseau ;
Les ingénieurs de 2'. classe, avec les capitaines
dé frégate ;
Les sous-ingénteurs de 1^'. classe, les sous-ins-
pecteurs de marine et les sous-coramissaires , avec
les lieutenans de vaisseau ;
Les sous-ingénieurs de 2'. classe , avec les en-
seigne de vaisseau ;
Les commis de l'administration après les en-
seignes de vaisseau ;
Les élèves du génie! njar-ilime , avec les aspirans
de la marine.
LX. Dans aucun cas, ni sûus aucun prétexte ,
le miuiçtre ne pourra excéder le nombre d'em-
ployés déiecmiué par les lois oit règlemeris, mais
il lui' est toujours permis de lie pas aller jusqu'à
ce n'ombre , et dç laisser vacantes dans chaque
grade, les p Lice» qjUi peuvent l'être, sans nuire à
ce service.
LXI. Les- uniformes- des préfets , ceux des offi-
ciers-de vaisseau , des officiers du génie maritime ,
des officiers d adminisiration et des inspecteurs de
marine , seront fixés par un règlement pariicufiet.
LXn. Le ministre de la marine et des colonies
est chargé de l'exécution du présent règlement
qui sera inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , signé 1 Bonaparte.
Par le premier consul ,
• ^e ucrétaire-iétat , signé , H. B. Marct.
Atréié du 7 thermidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du minisire de l'intérieur,
Vti la loi du du 20 septembre 1792, qui dé-
termine le mode de constater l'état civil des
citoyens ; la disposition réglementaire de la loi
du i3 fruciidox , qui ordonne la célébradon
> dei mariages aux chef-lieux de canton et la
6xe aux jours de décadi seulement ; la loi du
s8 pluviôse, qui abroge l'institution des cantons
et la réunion des citoyens en chef^lieux , le con-
seil d'état entendu , arrêtent :
Art. I". Les publications prescrites par la loi
du 80 septembre 1792 , pour parvenir à la célé-
bratioti des mariages, ne pourront avoir lieu que
les jours de décadi, dans le lieii et à Iheure
des séances municipales.
II. La déclarailiort de mariage ne pourra être
reçue que huit jours après la publication , en
conformité dt la même loi du 20 septembre 1792-
III. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent atréié , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Le premiev consul ,- signé ,- Bonaparte.
Par. le premier consul, . . ,
Le secréuiirc-d'état ,, signé, H. B. Maret-
Arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de l'intérieur concernant la question
de savoir si les piéfets de départcmeijt uoiyeiil
Jouir de la part attribuée aux adrainistralions
temrales , dans la rétribution d'un dcmi-jiour
cent du prix des mises à prix des domaines
çiationaux.
Vu l'atticle XXI de la loi du sS pluviôse qui
règle en sommes hxes les traitemens des préfets :
Vn aussi l'article 24 de la même loi, ponant
que le gouvernement a fixé pour chaque dé-
partement la somme des frais de bureau qui
sera employée pour l'administration; vu 1 arrêté
du 26 ventôse dernier qui règle en sommes
fixes les traitemens des secrétaires et employés des
préfectures, le conseil d'état entendu, arrêtent:
La portion du demi-pour cent du prix des
mises à prix des domaines nationaux, qui était
payée aux administrateurs , commissaires du di-
lectoire et employés des administrations centrales,
sera versée dans la caisse des domaines nado-
naux , qui en fera compte au trésor public.
Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
Builciin des lois.
Le premier consul , Signé . Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Kotf indicative des déparlemens qui ont exécuté avec
ïtle la loi du 4 vendémiaire an 8 , qui ordonne une
levée extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des arméei.
Jf 0 M s DES DÉPAnTEMENS.
<jui ONT fouhni
HVl ONT TERMINÉ
<iVi SONT
AU-DELA DE
LA
SUE LE POINT
LEUR CONTINGENT.
LEVÉE.
DE LA TERMINEE.
P»s-de-Calais.
Lozère.
Hérault.
Ois«. ■
Sambre-et-M'.
Var.
Gers.
Basse-Pyrén.
Vosges.
Haut-Rhin.
Scinc-Infér.
Seine.
Eure-cl-Loir.
'Yonne.
Hiutcs-Alpes.
Gard.
Arriége.
Charenie-Infé.
Haule-Vienne.
Relevé du nombre des chevaux fournis à- l'époque
du 6 thermidor, an 8.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 36 messidor, était de.. 38,073
Ceux levés depuis , s élèvent à. . . . 2.413
Total des chevaux levés au 6 themid. 40,486
MINISTERE DE L'INTERIEUR.
Ecole polytechnique. — Concours de l'an 9 . pour
[admission, des élevés.
Avis.
Conformément à ce qui est prescrit par la loi
du 25 frimaire an 8, les examens pour l'admis-
sion à l'école polytechnique seront ouverts dans
les principales communes de, la république , par
les citoyens l'Evêque, nommé examinateur pour la
partie du Nord; Louis Monge, nommé examinateur
pour la partie du Midi ; Langlet , nommé exami-
nateur pour l'intérieur, et Biot , nommé exami-
nateur pour Paris.
Le citoyen lEvêque-sera à Nantes , le l"'jour
complèraentiiire ; à Rennes , le 4' jour complè-
rnentaire ; à Gaen , le 6 vendémiaire ; à Rouen ,
le II ; à Dunkerque , le 17 ; à Lille , le 21 ; à
Bruxelles , le s6.
Le citoyen Louis Monge sera à Tours , le i'^
jour complémentaire; à Angoulême , le 5' jour
complémentaire ; à Bordeaux , le 4 vendémiaire ;
à Toulouse , le 1 1 ; à Montpellier , le 16 ; à Avi-
gnon , le 19 : à Lyon , le 24.
Le citoyen Langlet sera à Châlons le l"^jour
complémentaire ; à Metz le 1°' vendémiaire; i
Strasbourg, te 9; à Dijon le 18;, à Auscf^ ■>
le 24.
Le citoyen Biot sera à Paris le i"^ jour com-
plémentaire , dans un€ des salles de 1 Ecole
polytechnique.
Les connaissances exiaées des candidats , et sur.
l'esquelles ils seront examinés , sont l'ai iihmélique ;
l'algèbre , comprenant, 1". la résoli.iiioii des équa-
tions du second degré ; 2°. \\\ d-tnionsMtcloii du
binôme de J'/êuifon , pour le ces de l'exposant en-
tier et par les combinaibons ; 3". la composition
des équations et leur résolution numérique par la
méthode des diviseurs commensurables , et par
approximation ; 4". l'éliminaiion dans les équa-
tions des degrés supérieurs .î deux inconnues
5°. la théorie des proportions et des progressions ;
6". la théorie des logarithmes par les exporien-
lielies , quand même on les aurait présentés en
arithmétique ; ( leur dèvclopperaetit en séries ne
sera point exigé. )
La géométrie, comprenant la trigonométrie recti-
ligne ; l'application de l'algèbre à la géométrie, com-
prenant . 1°. les propriétés de la ligne droite d'a-
près son équation ; 2". les propriétés des courbes
du second degré , déduites de l'équation générale
de ce dcgiè à deux indéterminées ; 3°. Ta irans-
formalion des coordonnées , -appliquée à la re-
cherche des diamètres conjugués- et à celle des
tangentes; 4°. b démonstration synthétique' de
l'identllé des courbes du second degré , a.Aec les
sections faites par un plan dans Un cône; les élé-
mens de staiique , avec les applications aux cinq
machines simples ; enfin , l'exposition du nouveau
système des poids et mesures.
1'° Observation. La considération de l'infini ne
sera point admise dans les lignes propordon-
nellcs , ni dans la mesure du cercle.
Il en sera de même de. celle Ues indivisiblej
ou des points solides dans la mesure des solides.
On exigera la solidité du prisme triangulaire
tronqué , autj-uel on rapporte tous les corps
irtéguliers.
2' Observation. Il est indispensable que les
élevés soient exercés aux calculs géométriques
et algébriques, à l'usage des tables de logarithmes,
et aux applications de' la trigonométrie.
Lorsqu'ils exposeront algébriquement la théorie
des proportions , des progressions et des loga-
rithmes , on exigera qu'ils développent les dé-
monstrations de manière à mettre en évidence
l'esprit et la marche du calcul ; le tout conforme
au programme rendu public dès le mois de
ventôse dernier. .
Les conditions pour être adniis à ces examens ,
sont détaillées dans la loi du 25 frimaire précitée.
Elles consistent principalement , i" dans l'âge
du candidat , fixé de seize à vingt ans ; 2" dans
la présentation d'un certificat de l'administraiicui
municipale du domicile , altest nt sa bonne con-
duite et son attachement à la republique. Ce*
pièces doivent être remises à l'exïminateur.
Tout français ayant fait deux campagnes de
guerre dans une des armées de la république , ou
ayant fait un service militaire de trois ans , a droit
de se présenter à l'examen jusqu'à lâge de vingt-.
six ans accomplis.
Tout candidat en se présentant à l'examen,
déclarera le service public pour lequel il se des-
tine; et s'il est admis, il n'aura plus la faculté
de changer sa destinauon primitive.
Ceux qui désireront concourir , devront se
rendre à l'avance dans Tune des communes indi-
quées ci-dessus ; se présenter au préfet ou sous-
préfet , qui les fera inscrire , et leur indiquera
le jour et le lieu où ils pourront subir l'examen.
Quant à ceux des candidats qui désireront être
examinés à Paris, ils sont tenus de se présenter,
avant le i" jour complémentaire , dans les bu-
reaux de -ta4mitHstrateur de l'école polytechni-
que , rue de l'Université , oti ils seront inscrits .
et où on leur indiquera le lieu et le jour de leur
examen.
Les candidats qui auront été admis par le jury ,
recevront à leur domicile leurs lettres d'admis-
sion , qui leur seront expédiées par le ministre
de linlérieur; ils seront tenus de se rendre à
Paris assez à tems pour assister à l'ouverture des
cours, q.ue la loi a fixée au i" frimaire. Ceux
des candidats admis qui auraiept besoin de
secours , recevront pour leur voyage le traitemeat
du grade de sergent d'artillerie marchant sans
éiape , d'après uue feuille de route qui leur sera.
délivrée par le commissaire des guerres de l'ar-
rondissement de leur domicile , conformément à
l:ariicle XI de la loi précitée.
Le ministre de l'intérieur, Lucien Bonaparte.
La phisiotogie végétale annoncée dans le n° du
7 thermidor , sç trouve chez le libraire que
nous ayons indiqué , et chez le cit. Hennrichts ,
libraire , rue de la Loi, n° 14 , àl'aBcienne librairie
de Dupont.
A Paris , de rimprimicrie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
A'° 3iz.
Duodi , 1 2 thermidor an 8 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenit nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M o NIT E u R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi tjiie l»s faits et les notions tant siif
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQ^UE.
Philadelphie , 24 mai ( 4. prairial.)
JLjE département de cet état a émis hier la pro-
clamation suivante :
• i Le ministre de S. M. britannique auprès de
cet, état, nous ayant fait part qu'en conséquence
des plaintes portéespardes marchands de Londres
à leur gouvernement , sur ce que les citoyens des
Etats-Unis commerçaient avec les élablissemens
anglais formés dans la baye d'Honduras, S. M.
britannique avait décidé , qu'un pareil com-
merce étant contraire aux lois d'Angleterre ,
et tous autres individus que les sujets anglais
navigant sur des bâtimens anglais et confor-
mément à la loi , seraient exclus de couper
des bois de campêche ou de trafiquer avec les
élablissemens du pays , nous avons cru devoir
rendre cette décision publique , pour l'instruction
des citoyens des Etats-Unis.
Signé , Charles Lee ,
exerçant Us fonctions de secrétaire-d'état.
Du 26 mai ( 6 prairial j.
Un particulier qui arrive de là Caroline septen-
trionale, oiiil a fait quelque séjour, pense que les
citoyens de cet état désigneront aux votes de leurs
délégués , M. Adaros pour président , et M.
PincKney pour vice-président.
Boston , 10 juin ("21 prairial ).
Votes présumés des états pour l'élection du
président du congrès :
M.Jefferson. M. Adams
Massachusetts ,
New-Hampsliire ,
Rhode-Island ,
Vermont ,
Conneiticut
New-York ,
NcW-Jersey ,
Pensylvanic ,
Delaware ,
Maryland ,
Virginie ,
Caroline du Nord ,
Caroline du Sud ,
Kenluchy ,
Géorgie ,
Tennessee ,
9' 44'
, M. Pickering , en apprenant que le général
Marshiill avait ; ccepié son département, a té-
moigné la plus grande satisfaction , en ajoutant
très-honnéiemeni qu'il ne croyait pas que ce mi-
nistère eût été jamais aussi bien occupé.
ESPAGNE.
San-Lucar, 1" juillet la messidor.)
Il est entré aujourd hui ici une corvette mai-
chande venant de la Havane.
Cadix , le II juillet f 22 messidor.)
Il nous est anivé , le 12 de ce mois , six petits
bâtimens du commerce , venant de l'ouest. Deux
vaisseaux de guerre anglais croisaient dans la
partie du sud-ouest.
Le 14, il est sorti de ce port un navire amé-
licain , pendant que des corsaires français y en-
traient, conduisant un mistique portugais. On
avait découvert, le matin , dans la partie du sud-
sud-ouest, une escadre anglaise composée de i3
bâtimçns.
Le i5 , les corsaires français , V Abeille et le Afoii-
ffteron , ont mouillé ici , ainsi qu'un petit bâtiment
espagnol , venant de l'est. Les premiers condui-
«aient deux misiiques de guerre portugais, leurs
prists. Deux vaisseaux de guerre anglais croisaient
dans la partie de I ouest.
Le 16 . nous avons vu entrer un navire amé-
ricain (jui avait été visité à la hauteur du Cap-
Saintc-Maric, par trois vaisseaux de guerre anglais
accompagnés de deux frégates. ,
Un bateau venant de Huelva , et un bâtiment
repris sur les anglais pat un corsaire français , tous
les deux appartenant au commerce de ce port , y
ont jeté l'ancre le 17.
Le 18 sont entrés dans la baye un navire
américain , de Chailestown , un autre de Salem ,
une polacre marocaine, venant de Malaga , et
quinze petits bâtimens marchands espagnols venant
de la côte de l'ouest.
On a apperçu le même jour , dans la partie -de
l'ouest-nord-ouest , à la distance de 2 mytiatrietres
et demie , quatre vaisseaux de guerre anglais , et
dans la partie de l'ouest , une corvette et un brick
de guerre , et 8 navires marchands portugais ,
fesant route vers le détroit.
Le 20 ,il a mouillé ici quatre petits bâtimens
marchands espagnols venant de la côte de l'ouest .
et deux corsaire"s français , sortis de Tarifa. Un
vaisseau de guerre anglais s'est montré dans la
partie de l'ouest.
Le ïl , il nous est arrivé douze petits bâtimens
du commerce , expédiés d'Algéziras , sous les-
corte d'une goélette et d'une felouque, et d'une
balandre de guerre.
tarifa , le 5 juillet ( i6 messidor ).
Il a passé vers le détroit aujourd'hui , à deux
heures après-midi , une division de 7 à g vais-
seaux , et de 4 à 6 fiégates , en tout i3 voiles ,
fesant route au sud-est , lèvent au plus près.
Presque tous ces bâtimens avaient un guidon
national ; un seulement portait pavillon iricolor
au grand mât. On les croit français et espagnols.
Gibraltar , le 7 juillet ( 1 8 messidor ).
Les forces existantes en ce port consistent en un
vaisseau de 74, deux frégates de 36, et trois
chaloupes canonnières,
ALLEMAGNE,
Ratisbonnc , le 1 g juillet ( 3o messidor. )
En venu d'un article de l'armistice v un corps de
dragons français est entré ici dkns la nuit du 2g
au 3o de ce mois. Après midi , il en est encore
arrivé une demi-brigade.
Nous attendons demain le général Grenier ,
commandant de l'sile gauche de l'armée du Rhin,
avec son état-major. Les envoyés de la diète ont
résolu aujourd'hui de faire à l'empereur des repré-
sentations . et de lui proposer la neutrahté de
cette ville.
Peu avant la conclusion de l'armistice , les gé-
néraux en chef Moreau et Krav s'étaient abouchés
à Pardorf , à cinq lieues de Munich.
Le comte de 1 Ehrbach est toujours à Vienne.
Le général Moreau a écrit aux états de Souabe
de vouloir bien faire verser dans la caisse du
payeur général de l'armée . la somme de six mil-
lions de francs. Le paiement doit se faire en tin
mois , en trois termes de dix en dix jours. Le
margraviat de Bade en est exempt. Des mesures
particulières seront prises à l'égard du duché
de Wirtemberg , qui n'est pas compris dans cette
mesure.
Augsbourg , /tf 1 8 juillet ( ag messidor.)
Toute l'armée autrichienne se retire derrière
ITnn ; une division de 1 armée française reste
derrière llser. Un corps considérable de troupes
françaises devait partir le 2g de la Bavière pour
la Souabe ; un autre devait le suivre le 3o , se
porter sur Landsberg. Le grand quartier-général
de l'aimée française doit arriver ici aujourd'hui.
( Strasburger Welbotte. )
REPUBLIQ.UE HELVÉTIQUE.
De Berne , le 5 thermidor.
Les autrichiens paraissent avoir entièrement
quille ce pays et s'être retirés jusqu'à Finster-
Munz. Le général Jardon a fait une reconnais-
sance jusqu'à Engadin , sans en avoir rencontré
un seul. — Le générai Lecourbe qui était à
Coire le 29 messidor , est retourné à Kempten.
Les français ont une tenue admirable , on n'en-
tend parler d'aucun désordre. Aucune arresta-
tion n'a eu lieu dans les lignes grises.
Le ministre Jenner a annoncé au gouvernement
helvétique qu'un corps de 8,000 français allait
entrer dans 1 intérieur de la Suisse , pour y
maintenir l'ordre et la tranquillité.
Beaucoup d'émigrés suisses rentrent ici , quoi-
que le terme marqué pour leur ientré« loii
écoulé ; on croit que le gouvernement va prendfc
des mesures à ce snjet. [Extrait du Strasburger
WHthottc. )
INTÉRIEUR.
Liège , le 6 thermidof.
Le 22 messidor , le préfet a informé le citoyen
Langlet, capitaine commandant la gendarmerie
nationale du département de l'Ourte , qu'il exis'
tait un atelier de faux monnoyeurs , et il l'a requis
de prendre toutes les mesures nécessaires pour
arrêter les fabricaleurs et saisir les insirumens du
crime.
Dès le 3o du même mois , des formes préparées
pour fabriquer des pièces de France de 6 liv. , de
J liv. 5o centimes, des bouxhés, pièces d'Aix-la-
Chapelle, déjà fabriquées, étaient saisies, et
deux des fabricateuis étaient écroués dans les
prisons de Liège. Cette prompte et intéressante
capture est due à la prudence, à l'activité et à la
bravoure du citoyen Langlet , qui a été puis-
samment secondé par le ciioven Boissier , briga-'
dier , et les citoyens Lorget ,Raingval, Garriou et
Clausset, gendarmes.
La gendarmerie de l'Ourte, excellente dans ses
chefs et dans chacun de ses membres , n"a paj
tous les jours l'occasion de rendre des services
aussi éclatans , mais tous les jours elle mérite de
la patrie , par sa surveillance active et par sel
soins pour le maintien de la tranquillité et l'exé-
cution des lois. (Gazette de Liège, 20 messidor.)
Paris t le 11 thermidor.
M. le général Zach , fait prisonnier à Marengô »
a été visiter la manufacture d'armes de Veisiifles.
Dînant le lendemain chez le premier consul . il
fit un grand éloge de cette tftanufaclure. Le
premier consul lui fit envoyer par le ministre de
la guerre une belle paire de pistolets.
Le général Zach est parti pour Vienne , aprés
avoir été une quinzaine de jours à Paris.
Entre la manière dont le gouvernement français'
a traiié le généal Zach et la conduite qu'ont tenue
lès anglais à l'égard du général Desaix , il y a , c&
semble , autant de différence qu'entre le iS^ et le
12' siècle.
— La Gazette ligurienne annonce que les troupes
autrichiennes désertent en grand nombre. Oa
a recruté à Milan seulement 4000 déserteurs
italiens et polonais qui ont été répartis dans des
bataillons cisalpins. On a été obligé de mettre
aux portes de Mantoue de forts détachemens
de hongrois -pour empêcher le régiment de Bel=
gioso et deux autres corps italiens qui font partie
de la garnison de cette place de se rendre au
de-là de la ligne de démarcation dé l'armée
française.
La même gazette annonce que le roi de Naple»
vient de se créer grand-maître de l'ordre de
Saint-Ferdinaiid qui vient de prendre à la placé
de Saint-Janvier , le patronage du royaume ds
Naples. L'empereur de Russie , le prince îloyal ,
le prince Léopold , l'amiral Nelson , le prince
Suwarow , le ministre Acton , le prince Bel-
moniC'Pignaielli , le cardinal Ruffo , etc. ont été
nommés grands-croix.
— Plusieurs de nos jourriaux rapportent qu'ua
cultivateur en labourant sur une montagne près
d'Oberweiss, département des Forêts, a découvert
un vase de terre fermé avec du plâtre et recoU=
vert d'une grande pierre. Ce vase contenait
deux mille médailles antiques de bronze qui
portent presque toutes les têtes de Vespasiett
et de Diocletien. On croit qu'elles ont été frappée*
à la monnaie que les romains avaient établie k
Trêves. Le citoyen Boehmer , commissaire prés
le tribunal correctionnel de Bilibourg est Id
possesseur de ces médailles.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 7 thermider an 8.
Les consuls de la république , le conseil'
d'état entendu , arrêtent ce qui suit :
Art. I". A dater du 1" vendémiaire pro-
chain , il pourra être admis dans chaque coni*
pagjiie de I armée , deux enfans de troupe k
id «olde militaire.
125S
ÏI. Il y aura deux classes dans la solde des en-
fant de troupe.
1°. Demi-solde , vêtement et logement.
B°. Deux tiers de solde , vêtement et logement,
pain et chauffage.
Il ne pourra jamais y avoir plus de la moitié
<les enfans de troupe qui jouissent de la solde
<Je la seconde classe.
III. Nul enfant de troupe ne sera , dans aucun
■cas , admis à la solde de i"° classe , et de celle-
ci ne passera à la solde de 2' classe, que sur
la présentation du chef du corps , et la déci-
sion écrite de l'inspecteur aux revues.
ÏV. Nnl enfant de troupe ne sera , dans aucnu
■cas, admis à la solde de i"' classe ou à une
augmentaiion , dé solde , qu'à dater du premier
jour du premier mois de chaque trimestre.
V. Ne seront admis , pan^ni les enfans de
troupe , qu^e les enfans mâles qui auront atteint
leur a' année et qui seront issus de légitime
mariage d'une femme attachée à un corps mi-
litaire en qualité de blanchisseuse ou vivandière ,
avec un défenseur de la pairie, actuellement
■en activité de service ou mort à la guerre de
ses blessures.
VI. Toutes les fois qu'il y aura concurrence
pour une place d'enfant de troupe , vacante
dans la première classe , la préférence sera
donnée dans Tordre suivant:
Il ne sera présenté d'enfans de sous-otEciers
que lorsqu'il n'y aura point d'enfant de soldat,
'de caporal ou brigadier , admissible ; d'enfant
d'officier que lorsqu'il n'y aura point d'enfant
de sous-oÛicier admissible.
Dans chaque classe on donnera la préférence,
1°. Aux enfans orphelins de père et de
mère,
2" Aux enfans orphelins de père ou de mère
seulement.
Si deux ou plusieurs enfans réunissent des
coiiditions semblables, on donnera la préférence
à ceux qui auront le plus de frères ou de sœurs,
et enfin , en cas d'égalité , à ceux dont les pères
et les mères auront le plus de droit à la recon-
naissance nationale par leurs services.
VU. Les places d'enfant de troupe de la a'
classe seront données par les chefs des corps
aux enfans de la i"' classe qui auront fait le
plus de progrès dans la lecture, l'écriture, l'a-
rithmétique, la natation , la course , les exercices
militaires et gymnastiques et dans un métier utile
aux armées.
VIII. Les enfans de troupe seront sous la
surveillance directe d'un des ofiEciers du corps
nommé à cet effet par le chef de brigade ;
cet officier sera secondé par deux sous-officiers
et quatre caporaux ou brigadiers.
L officier, les sous-officiers et les caporaux
ou brigadiers chargés des enfans de tro-upe seront
toujours choisis parmi les plus instruits , les plus
distingués par leur conduite et par leurs mœurs ;
ils seront spécialement chargés de leur enseigner
à lire , à écrire , calculer , nager , courir , etc.
Ils seront aussi chargés de leur instruction
militaire , et de la surveillance de leur instruc-
tion morale ; ils seront enfin chargés de veiller
à ce qu'ils profilent des leçons qu'on leur don-
nera, pour apprendre un art ou métier utile aux
armées. Ceux desdits officiers, sous - officiers,
caporaux ou brigadiers qui se feront remarquer
par un zèle éclairé et soutenu , seront désignés
pour obtenir un prompt avancement.
IX. Dès que les enfans de troupe auront
atteint leur i6 année , ils seront admis à con-
tracter un enrôlement volontaire, et dès-lors
ils jouiront de la solde entière et cesseront de
compter parmi les enfans de troupe.
X. Les enfans de troiipe qui auront fait des
progrès dans la musique , pourront , dès l'âge
de 14 ans , être admis dans la musique du
corps , et dès lors ils cesseront d'être employés
comme enfans de troupe et jouiront de la solde
entière.
Nul enfant de troupe ne pourra , avant 16 ans
être employé comme tambour.
XI. Les maîtres ouvriers attachés au corps
EOront obligés d'avoir toujours , comme ap-
prentifs , chacun au moins , deux enfans de
troupe.
XII. Si, en exécution des réglemens militaires
antérieurs , il existait dans les corps des enfans
de troupe précédemment admis à la solde entière^
ils continueront à la toucher; mais il en sera
fait mention expresse dans les livrets de revue.
XIII. Les dispositions de la loi du 3o avril 1793
concernant les femmes à congédier des armées
seront exécutées suivant leur forme et teneur ;
en conséquence il ne pourra y avoir à la suite
d'un corps que celles qui seront réellement
employées au blanchissage et à la vente des
vivres et boissons.
Le nombre des femmes à la suite de chaque
bataillon ne pourra , sous aucun prétexte , être
porté au de-là de quatre , et de deux par es-
cadron.
Le nombre des vivandières ou blanchisseuses
à la suite du quartier-général de l'armée et des
quartiers-généraux de divisions , ne pourra , dans
aucun cas . excéder celui des corps qui com-
poseront la dite armée.
XIV. S il existe à la suite des corps ou des
quartiers - généraux un plus grand nombre de
femmes que celui qui vient d'être déterminé ,
le chef de brigade choisira celles qui devront
être attachées aux bataillons ou escadrons. Le
chef de l'état-major-général choisira celles qui
devront être attachées aux quartiers-généraux.
Ils donneront la préférence à celles qui, mariées
avec des soldats ou à des sous-officiers actuel-
lement en activité de service , seront reconnues
pour êire en même tems les plus actives, les
plus utiles aux troupes, et celles dont la con-
duite et les mœurs sont les plus régulières.
XV. Toute femme qui , actuellement à la suite
d'un corps ou d'une armée, n'aiira pas été
admise ainsi qu'il vient d'être dit, en qualité
de blanchisseuse ou vivandière , sera congédiée,
et il lui sera donné vingt centimes par lieue
pour se rendre dans son domicile , et fait défence
de s'approcher de l'armée plus de quatre lieues.
Celles qui , ayant été ainsi congédiées , se trou-
veront . après une décade , dans un rayon de
quatre lieues de l'armée , seront considérées et
traitées ainsi qu'il est prescrit par l'art. XXXXII
de la loi du 10 juillet 1791.
XVI. Les veuves des officiers , sous-officiers
et soldats qui ayant perdu leurs maris par
suite des événemens de la guerre , seront ac-
tuellement à la suite des corps ou des états-
majors , et qui ne seront pas conservées ,
comme blanchisseuses ou vivandières , se rçti-
reront aussi dans leurs foyers pour y jouir des
secours qui leur sont accordes par la loi du 14
messidor an 6. Il leur sera délivré des feuilles
de roule sur lesquelles elles recevront , dans
les lieux de logement militaire , le logement et
la ration d'élape en nature, pour elles et pour
chacun de leurs enfans qui n'auront pas été com-
pris parmi les enlans de troupe.
Les enfans orphelins de père et de mère des
dits officiers, sous-officiers et soldats qui ne seront
pas placés parmi les enfans de troupe, seront
aussi , à la vigilance des chefs des corps, ren-
voyés dans leurs domiciles respectifs , pour y
jouir des secours qui leur sont accordés par
la susdite loi. Il leur sera délivré une feuille
de route sur laquelle ils recevront le logement
et la ration d'élape.
. ^^^f" Q,"oique les femmes qui seront auto-
risées à rester à la suite des corps et des élats-
raajors n'ayent droit à aucune solde ni distri-
bution , les inspecteurs aux revues ne s'en feront
pas moins fournir un état désignatif de leur âge ,
de leur profession et de leur signalement." Ils
délivreront à chacune d'elles un extrait certifié
de cet éiatr; cet extrait leur servira de cane de
sûreté daiis l'étendue de l'armée. Celles qui ne
seront point pourvues de celte cane seront
congédiées , et si elles sont , après une décade ,
trouvées dans un rayon de quatre lieues de
l'armée , elles seront considérées et traitées ,
ainsi qu'il est prescrit par l'article XXXXII
de la loi du 10 juillet 1791. ^
X.VIII. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 8 thermidor an 8.
Bonaparte, premier consul de la république,
considérant que le citoyen Dubuat , maire de
Neaufles , département de l'Eure , a négligé
l'exécution , dans sa commune , des lois sur la
conscription , qu'il a même donné un avis favo-
rable à la demande d'un congé absolu faite
par le nommé Dallet , déserteur du 5' régiment
de cavalerie , où il remplaçait un conscrit , arrête
ce qui suit :
Art. I". La iiomination du citoyen Dubuat , à
la place de maire de Neaufles, est révoquée.
II. Il sera remplacé conformément à la loi.
III. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , Signé. Bonaparte.
Par le pretoier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Arrêté du 9 thermidor.
Bonaparte , prenfier consul de la république,
arrête :
Art I=f. L'adjudant-général Noguès est nommé
général de brigade,
II. Le ministre de la guerre est chargé de l'ex-
CBiion du piésent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maket.
Autre arrêté du même jour. .
Bonaparte, premier consul de la république?,
arrête :
Art. I'^. Le général de brigade Junqt est nommé
commandant de la place de Paris.
II. Le ministre de la guerre est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Les consuls de la république , arrêtent :
Art. l". Tous les otages piémonta's , cisalpins
et toscans , qui ont été conduits en France l'an-
née dernière , auront la liberté de retourner
chez eux,
II. Le ministre des relations extérieures, et
celui de la police générale , sont chargés de
de l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé. H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour. •■
Les consuls de la république , arrêtent ce
qui suit :
Art. I". Il y aura un commissaire général de
police à Nantes.
IL Le ministre de la police est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport du
ministre de la justice , arrêtent:
Art. I. La commission établie en vertu de l'ar-
rêté du 27 ventôse dernier, pour travail relatif à
la radiation des individus inscrits sur la liste des
émigrés , est prorogée jusqu'au premier vendé-
miaire de l'an 9. Les membres en seront nommé»
par le ministre de la justice.
II. Elle sera divisée en cinq bureaux , composés
de sti^ membres chacun , par la voie du sort , et
renouvelés tous les quinze jours.
III. Il sera fourni aux mêmes époques un bu-
reau de revision , composé de cinq commissaires
désignés par le sort dans chaque bureau,
IV. Les membres de la commission et de la
revision seront tenus , sous leur responsabilité , de
n'exprimer leur avis que sur les réclamations an-
térieures au 4 nivôse dernier. Ils feront mention
dans leur avis , que les réclamans se trouvent sur
la liste envoyée par le ministre de la police.
V. Lorsque le bureau de revision se trouvera
d'un avis différent avec le bureau revisé , l'affaire
sera rapportée au ministre de la justice , par un
des commissaires du bureau de révision.
VI. Les affaires distribuées à chaque bureau
seront examinées suivant l'ordre numérique des
cartons.
VII. Le travail qui sera présenté chaque décade
à la signature des consuls , le sera dans le même
ordre.
VIII. Les fonds nécessaires aux dépenses ulié-.
rieures de cet établissement, continueront d'être
distraits du crédit du ministre de la police géné-
rale , jusqu'à concurrence de la somme de
79850 francs,
IX. Le ministre de la justice est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Le premier consul , signé, Bonapap.te.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Suite du rapport général des opérations de l' armée
du Rhin , par le général de division Desselles ,
chef de tètat-major-général. — De Munich, U
8 thermidor an 8.
Je vous ai rendu compte des mouvemens de
l'armée jusqu'au 18 dans mon dernier rapport.
Je vous avais prévenu par ma lettre du 1 7 , que le
général en chef donnait l'ordre au général Le-
courbe de marcher avec 18 bataillons sur les
grisons , dirigeant le gros de ses forces sur
Fuessen et Rend , et le général Molitor , avec
sa brigade , sur Feldkirk , Mayenfeld et Coire.
L'ennemi , forcé de s'étendre depuis la tête de
l'Iser jusque dans la vallée du Rhin , ne pouvait
que s'affaiblir sur chacun des débouchés qu'il
avait à défendre. Menacé par Rend sur son
chemin de retraite , la vallée de l'Inn , il ne
pouvait plus tenir Feldkirck et la vallée du Rhin
qu'avec inquiétude; il devait même se déterminer
i à les évacuer au moindre effort sur ces deux '
être en mesure d'aitaquer B'ucssen , point sur
lequel il devait faire son premier effort. En
atlenclant , le général en chef se réunissait sur
l'Iser, pour s'opposer au corps d'armée du géné-
lal Kray , si la nouvelle de notre marche sur les
gnsons l'engageait à faire un mouvement
offensi f.
En conséquence, la division Montrichard eut
ordre de porter , le 20 messidor , en arrière de
Munich, une brigade à Paphenhausen pour ob-
server les roules de Dnchan et de Landsperg ,
l'autre à la ;éle du lac de "Wurmsee, sur Siarnberg,
occupant le yonl de Schoffier sur 1 Iser.
le général Grandjean quitta Freissing, et se
pona sur Htnihausen à moitié chemin de cette
ville à Munich. Le généial Leclerc marcha sur
Fieissing , laissant Landshut occupé par une
brigade du corps commandé par le généial
Grenier. Ce lieuienani-général devait occuper
Landshut , former le blocus d'Ingolstadt avec une
division, et tenir un corps intermédiaire vers
Mainbourg. chargé d'éclairer l'espace entre l'Iser
et te Danube , vers Eatisbonne et Landau. Le
général Ney , chargé du blocus d'Ingolstadt ,
«levait aussi pousser des reconnaissances vers les
sources de la Reidnirz, et elles s'avancèrent en
effet jusqu'à Nuremberg.
Le 21 , le général Decaen se porta à la hauteur
de Parsdorff , sur la route de Braunau , observant
cette route et celle de Vaisserberg par des partis
aussi loin qu'il était possible. Pour soutenir ce
mouvement , le général Grandjean vint passer
l'Iser à Munich, et. se placer en réserve sur la
rive droiie. Le général Leclerc et le corps qui
occupait Landshut eurent ordre également de
faire divers délachemens chargés de culbuter
tous les postes d'observation que l'ennemi aurait
devant eux.
Le général Monlrichard se porta, le 22, sur
Benedicl-Beuren pour appuyer le mouvement du
général Lecourbe sur Fuessen et Renli , et tenir
en échec les renforts que l'ennemi aurait pu faire
arriver du Tyrol par la route de Partenkirch ; il
avait encore l'ordre déclairer la droite du géné-
ral Decaen par Tola , sur la tive droite de User.
Qjaelque diligence que mît dans sa marche le
généial Lecourbe , il lui fut impossible de com-
mencer ses attaques avant le 22.
Le but de cette opération éiant de s'emparer
de Feldkirck et des Grisons , il devenait impor-
tant de commencer les attaques à notre gauche,
pour obliger ainsi, le prince de Reuss à se dé-
garnir devant Feldkirck , de crainte qu'en lui
coupant sa retraite par la vallée de llnn , il ne
lui restât que la route de Mairan et Bolsano , ce
qui le séparait pour huit ou dix marches de l'ar-
mée autrichienne. En conséquence, le général
Gudin fut chargé de marcher aveC huit bataillons
sur les débouchés du Leck pour attr'quer Fues-
sen et Renii , et éiendant sa gauche jusques sur
1 Ammer et Loisack à Etal.
Ce général , après avoir eu, le 21, quelques
escarmouches pour réparer les ponts du Leck,
que l'ennemi avait détruits , divisa son corps de
troiapes en trois colonnes : celle de droite remonta
la rive gauche du Lech; celle du centre que com-
mandait le général Puthod , suivit la chaussée
ainsi des progrés , le général
se mettait en mouvement ; il
haroé d'attaquer avec quatre balaillons
enswaugen était
enlevé avec une centaine de prisonniers et une
pièce de canon.
Le général Gudin aurait voulu emporter Renli
et Piswang , mais les ponts éuicni si délabrés et
les retranchemens^qui couvraient l'entrée du
Tyrol tcllemeni formidables , qu'il ne crut pas ,
ayant rempli le but principal de son attaque , de-
voir compromettre un succès qui lui valait trois
pièces de canon et plus de goo prisonniers , parmi
lesquels un lieuieuani-colonet et l5 officiers.
La colonne de gauche, commandée par le gé-
néral Nansouiy, lencontra à Saulgrab un bataillon
et un escadron ennemi , qu'elle chassa vigoureu-
sement et poursuivit jusquà Etal, en leur enle-
vant i5o prisonniers.
Tandis que la gauche du lieutenant-général
Lecourbe fesail ainsi des progrès , le ■ • ■
de brigade Lav;
éiait
Immensial , pour menacer Renii' par sa gauche,
et de passer une petite colonne sur Suulen ,
pour faire croire à l'ennemi que nous voulions
en pénétrant par le Voralberg , tourner Feldkirk.
La marche du général Gudin ayant déter-
miné le général ennemi Mercaniin , qui com-
mandait à Iinmestal , à se retirer, le général
Laval ht occuper Sonohffen , etjeilaun bataillon
sur Bregentz, pour renforcer le général Moliior ;
il reçuten même tems l'ordre du général Lecourbe
de pousser sut Krumbach et Huttezau , et de
jeter quatre compagnies sur Dornbien par Vel-
hem . toujours pour seconder les attaques de
Feldkirk. Ces faibles colonnes remplirent par-
faitement leur but. filles tinrent en échec plu-
sieurs mille paysans du Voralberg ei la légion
suisse de Bachmann , qu'elles combattirent \out
le jour dans les montagnes.
Le généra] Molitor , chargé d'attaquer avec
six bataillons , le poste irapoi'tant de Feldkirk
et de s'emparer des Grisons , avoit à remplir une
opération extrêmement délicate. Le général Le-
courbe s'y rendit le 24, et ne put qu^'approuver
les sages dispositions qu'il avoit faites.
Son corps de troupes avait été divisé en trois
colonnes; celle de dioite', composée de ta com-
pagnies de la 95= que commandait i'adjudant-
général Dormenant, se dirigea par le Kunkelhs
sur Reichnau ; elle y rencontra un bataillon en-
nemi de Kalemberg , qui , après une vigoureuse
résistance .fut forcé à la retraite en laissant quel-
ques centaines d hommes tués , blessés ou pri-
sonniers. Nous avons eu de notre côté environ
5o blessés , parmi lesquels l'adjudanl-général Dor-
menant , qui a eu le bras cassé.
Cette colonne eqtra le même jour à Coire , et
occupa en pariie les Grisons.
La colonne du centre , commaridéé par le gé-
néral Jardon , était forte de 2 bataillons de la 1""=
légère, et d'un bataillon, de la 83= ; elle reçut
l'ordre de passer le Rhin à Asmous , pour se di-
iiger sur Feldkirck, après avoir fait sa jonction
avec la colonne île droite. Le passage s'effectua
sans peine ; mais le général jardon ayant été obligé
de détacher des troupes sur Coire et devant faire
une très -longue marche pour être en mesure
d attaquer Feldkirck en passant par 'Weldshut et
pour attaquer de front les ouvrages de Fuessen
et Renti ; celle de gauche, sous les ordres du
Sériéjal Nansouty, fut chargée de se porter par
Veilhem sur Ammergau et Etal , pour tenir en
échec les troupes qui auraient dû déboucher par
les routes de l'Ammer et de Loisack.
Ces trois colonnes se mirent en mouvement le
as au matin. Celle de droite n'étant forte que
d'un bataillon et d'un escadron , rencontra deux
bataillons ennemis et 3oo chevaux à Vaihaupien ;
elle les culbuta dans une charge vigoureuse, et
les rejetta dans Fuessen.
Celle du centre avait , pour arriver à Fuessen ,
de grands obstacles à suimonler. La route passe
entre deux montagnes escarpées que couvrait une
nombreuse infanterie ; elle était fermée par une
ligne de retranchemens garnis d'artillerie. L'en-
nemi occupait en outre le château d'Hohenswagen
que défendaient 3oo hommes d'infanterie et deux
pièces de canon. Ce point était important pour
l'ennemi , puisqu'il couvrait la gorge qni aboutit
au fort de Pinzwang.
Le chef de brigade de la 94' , Lochet , fut
chargé de l'enlever avec un bataillon de sa demi-
brigade. Le général Puthod , se mettant à la tête
<ie quelques compagnies de grenadiers, emporta
les retranchemens, et une centaine de prison-
niers avec une pièce de canon restèrent entre nos
mains.
A chaque pas on trouvait de nouveaux re-
lianchemens à lorcer et des réseives à combattre ,
et il fallut les plus grands efforts avant de pou-
voir enirer à Fuessen , où on pénétra pêle-mêle
avec leiiucmi. il css4ya vamcmeni de nous etn-
Ischan, ne put pas arriver le même jour.
Le général Moliior , qui s'était réservé la colonne
de gauche , marcha avec deux balaillons de la
83= , et un de la 36= , par la chaussée de Brenentz
à Feldkirck. L'ennemi n'avait pas dégarni ce point.
Deux balaillons de Peieis-waradin , trois de
Broader, un de Kalemberg, un de Kayser, deux
légions d émigrés suisses, et une partie dès
milices du 'Voralberg , le défendirent.
La disproportion des forces n'empêcha pas
I attaque. Les avant-postes ennemis furent rejettes
bien vite sur Hoeme , où commençait une ligne
de retranchement qui furent emportés d'emblée,
avec envisron 100 prisonniers. Nos troupes pour-
suivirent l'ennemi jusqu'au Goetzi , où se trou-
vaient encore des retranchemens plus formidables
hussards , rejetta l'ennemi dans ses retranchemens.
Le général Lecourbe se porta de son côté rapi-
dement à la gauche , où quelques pelotons qu'il ,
rallia , tamenèient l'ennemi jusques sur Rankwik.
De toutes pans le pas de charge se battait , et
peut-être fussions nous restés maîtres des dernières
pnsitions de l'ennemi , si la nuit n'eut mis hirau
combat.
Le général Jellachich , croyant sans doute, par
la vigueur des dernières attaques , qu'il était ariivé
des renforts , Jne voulut pas s'exposer à celles du
lendemain. Il évacua , le lendemain , la place de
Feldkirck , où nos troupes entrèrent au point du
du jour.
Le résultat de cette opération, où les soldats ont
déployé autant de vigueur que les chefs de lalens
et d'audace, est l'occupation de Feldkirck, d'Im-
menstat , de Fuessen, des Grisons et du Lucies-
teig , avec treize cents prisonniers et quelques
pièces de canon. Notre perte a éié d'environ deux
cents blessés, tués ou prisonniers.
Les généraux Gudin et Molitor ont déployé
des talens et une intclli'gencc rares. Les géné-
raux Laval , Puthod, Nansouty et Jardon , les
ont parfaitement secondés.
Les chefs de brigades , Gaulois et Heidel , se
sont distingués, ainsi que l'adjudant- général
Delon et le chef de brigade l'Ochet.
Le chef d'escadron Fridolzheim , aide-de-camp
énérâl Molitor , s'est fait remarquer. Cet
er plein de talens et de bravoure a eu
chevaux tués sous lui.
du
offic
L'aide-de-camp du général Lecourbe , Foulon
a été légèrement blessé.
Le chef d'escadron Lagailler , le chef de
bataillon Devillers et le capitaine Audot de la
deuxième demi-brigade légère , méritent des
éloges, ainsi que le/capitaine jacquer de la 9.^'
qui a été blessé. Cet ofÉcier avait déjà obtenu
un sabre d'honneur à la bataille de Moeskirch.
La i°'= et la to« légère, les 36=, 38=, 83°
et 94= de ligne , les 6"^=, 7= , 8= de hussards,
ont soutenu la brillante réputation que toutes les
actions où ils se sont trouvés pendant le cours
de la campagne, leur ont acquise.
Je vous ai rendu compte en date du i5 prairial
des motifs qui déterminaient le général en chef
àfaire mâcher le lieuienant-généralSainle-Suzanna
sur le Bas-Rhin , pour pénétrer dans le Wertem-
berg et la Franconie. Je vous ai également
adressé les instructions données à ce général.
Qjrelqu'empressement que mît le lieutenant-
général Sainte-Suzanne à exécuter les ordres qu'il
avait reçus, il n'a pu se mettre en mouvement
que le 14 messidor au soir. Il a forcé le passade
de la Nidda , et culbuté l'ennemi qui lui opgosait
des forces supérieures.
Le 22 messidor il a passé le Mein sur deux
ponts qu'il avaii fait jetter , l'un à la hauteur de
Nidderath , au-dessous de Francfort ; l'autre au-
dessotis de cette ville, vis-à-vis Offenberch; et il
a pris position , 1e droite à Neuvissembourg , la
gauche à Hanau.
Le 23, l'ennemi qui avait réuni toutes ses forces
et reçu des renions , est venu l'attaquer sur trois
colonnes. Nos_ avant - postes ont été repoussés.
Mais après trois heures d'un combat opiniâtre,
il a été mis en déroute , et nous lui avons fait
200 prisonniers, la plupart du régiment de Beau-,
lieu qui a beaucoup souffert. Le major de ce
corps a été tué.
La perte de l'ennemi peut s'évaluer à 800
hommes. Le lieutenant-général Sainte-Suzanne
se disposait à profiter de celle victoire , lorsque
l'armistice lui a ouvert le pays jusqu'à la Rednilz.
Le 23 , le général Kray fit de nouvelles propo-
sitions pour un armistice. Le général en chef ne
crut pas devoir les repousser. Il s'établit en con-
des marais et des positions hérissées de redoutes! \ séquence des conférences qui durèrent jusqu'au
Rien ne résista aux braves qui en firent l'attaque ,
tout fut emporté au pas de charge.
La chaleur du jour; les marches rapides et
les attaques réitérées, avaient dû rallenlir l'ardeur
des troupes; elles parvinrent cependant en face
des derniers retranchemens. Ils offraient une ligne
jrès-éti5ndue depuis KankwiH jusques à la gauche
d'Alteustat ; douze pièces de canon et une
nombreuse infanterie en défendirent l'approche.
Tous les avant-postes furent cependant rejettes
derrière les ligues , et l'on se canonna jusqu'au
soir.
L'ennemi voyant alors que nous ne formions
pas une attaque décidée , essaya à son tour de
prendre l'oftensive ; il chercha à déborder nos
ailes , et déjà il avait fait quelques progrès par la
lassitude extrême qu'éprouvaient toutes les trou-
26 , jour où fut conclue la convention que j'ai eu
l'honneur de vous envoyer.
Pendant qu'elle se négociait , les hostilités ces-
sèrent sur le front de la ligne en avant de l'Iser.
Mais à la gauche , il y eut encore des combats où
nos troupes soutinrent la supériorité qu'elles se
sont acquises pendant tout le cours de cette cam-
pagne-
Dans la nuit du 27 au 28 , la garnison d'Ingols-
tad a fait une vigoureuse sortie sur la rive gauche
du Danube . et forcé nos postes de se re-
plier jusqu'à Estesheim. Le général de division
Ney , qui commande la division du blocus , étant
arrivé à sept heures du matin sur Ce point , a
prompteraent réuni deux escadrons du i3= de
dragons , un escadron du 8= de chasseurs et le
2' de hussards , et emporté le village de Gai-
mersheim qui était fortement occupé.
I 26o
Chassé de ce point , lennemi s'est porié sur
les hauteurs de Wedslellten , dOberhaunsialt.
Le général Ney se disposa à une seconde at-
taque ; mais au moment qu il obtenait quelque
succès , l'ennemi reçut un renfort de quatre
bataillons et de six bouches à feu; après de
nouvelles dispositions que nécessitait cette cir-
constance, le général Ney , ordonna une charge,
elle fut couronnée du plus heureux succès.
L'infanterie ennemie s'enfuit en déroule , pour-
suivie jusque jl^ous les batteries dingolstadt,
laissant entre nos mains trois pièces de canon
avec leurs caissons et 600 prisoniers parini les-
quels un lieutenant colonel et quinze officiers.
Le général Ney qui a déployé, à son ordinaire ,
talent et audace , fait l'éloge du chef de brigade
Levasseur commandant le 1,3' de dragons , et
en général de toutes les troupes qui ont com-
battu sous ses ordres. 11 a donné le soir con-
naissance de l'armistice à M. le baron deNeu,
gouverneur d Ingolstadi. Celui-ci n'ayant pas
fait une réponse convenable, le général Ney ,
lui a répondu que s'il sortait de la place , il
était prêt à l'y accompagner avec le même em-
pressement.,
Les ordres sont donnés pour faire cesser de
part et d'autre toute hoslililé.
Le chef de l'état-major- général de Varmét ,
signé, Dessolles.
Pour copie conforme ,
Le ministre delà guerre, iigné, Carnot.
Le gouvernement me trouvera toujours dans
les rangs des hommes qui respectent autant les
lois et les magistrats qu'ils chérissent la patrie et
la liberté.
Salut et respect ,
Signé , JouunAN.
; -MINISTERE DE LA MARINE.
Le commissaire principal de marine , au ministre
de la marine et des colonies. — Nantes , te 6
thermidor , anS de la jépublique française.
Citoyen ministre .
Il est affligeant d'avoir à vous rendre compte
d'un événement encore plus inquiétant par les
circonstances qui y ont donné lieu , qu'onéreux
dans ses résultats.
Hier au soir , à dix heures et demie , le feti
s'est manifesté à-là-fois dans trois magasins qui
sont isolés . dans l'enceinte de la corderie du
citoyen Biée.Ces magasins contenaient des chan-
vres appartenant à la république , et qui y étaient
déposés pour être conléctioBnés. Il est évident
que ce malheur n'est point accidentel. D^abord
le feu a paru en même-lems dans ces trois ma-
gasins, séparés entièrement , et l'un d'eux rnême
par une pièce d'eau ; de plus il a été trouvé une
mèche souflFrée qui brtjlait encore, dans un con-
duit qui donnait dans un de ces magasins, lors-
quelle a été remise au général Chabot.
Les secours ont été extrêmement prompts, ad-
ministrés avec ordre et zèle ; ensorie que je me
suis assuré , à vue d'œil , que plus de la moitié
des chanvres existans dans ces magasins , aura
peu souffert. Trois petits magasins etun grand
sont testés intacts , les chanvres en ont été retirés ,
et j'ai donné l'ordre dé les peser en présence du
citoyen Brte , et de les transporter dans un ma-
gasin que j ai fait louer. Je me suis aussi entendii
avec les difiérentes autorités ,pour qu'il fil t posé
des factionnaires à toutes les issues de l'enceinte
de la corderie, avec la consigne de n'en rien
laisser sordr. La partie où étaient les fils de
Carret , confectiofinés , n'a point souffert , et c'est
un bonheur dans cette circonstance , car alors le
feu aurait fait des progrès qu'il eût été presque
impossible d arrêter.
Comme il est certain que cet événement est
l'ettét de la scélératesse , le contrôleur de maririe
s'occupe des enquêtes et perquisitions , pour ta-
cher d'en découvrir les auteurs. Cet établisse-
ment n'appartenant plus à la république , je me
suis assuré qu'indépendamment des poursuites du
contrôleur, le juge de paix fera de son côté ses
diligences.
Les généraux Chabot et Grigny, le préfet, toutes
les autorités civiles et militaires ont concouru de
tous leurs moyens , avec les officiers d'administra-
tion de la marine , à arrêter les effets de cet in-
cendie et à pourvoir à la sûreté de tout rétablis-
sement.
Salut et respect.
Signé, Charaman.
DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
Le préfet au citoyen Gntteaux. graveur en médailles.
Paris , le 2 ihermiâor un 8.
Citoyen , la tnédaille que vous avez gravée à
l'occasion de la pose de la première piètre de la
colonfie dépariemeniale , a réuni tous les suf-
frages. Il était difficile d'atteindre , en sept jours ,
à une pareille perfection. Ressemblance , ex-
pression , netteté de caractères , voilà ce que
les connaisseurs ont remarqué et applaudit
Le sujet était inspirant par lui-même : votre bu-
rin ferme et facile s'est montré digne de le rendre.
Recevez donc , je vous prie , au nom du dépar-
tement , le témoignage de sa satisfaction et le
tribut dé loge», qu'ir doit à ceux qui , comme vous ,
consacrent le» grandes époques par des ouvrages
aussi durables qu elles.
Je vous salue , Jî'g'ne , Frochot.
Pour copie conforme :
Le secrétaire-général de la préfecture ,
Signé Et. Méjan.
J^ote du rédacteur. La vue de cette médaille
conhime les éloges contenus dans la lettre du
préfet du département de la Seine.
D'un côté sont les portraits des trois consuls
avec l'exergue : Bonaparte . premier consul; Cam-
bacérès , second consul; Lebrun, troisième consul;
et au-dessous : Constitution de la République
française , an VIII-
A\i revêts on lit: Colonne Départementale ,
Lucien Bonaparte étant ministre de l'intérieur ,
JV. T. H. B. Frochot , préfet du département de la
Seine , a posé la première pierre te 25 messidor an 8 ,
onze ans après le 14 juillet 1789 ; pour exergue :
Guerre de la liberté. Le département de la Seine à ses
braves.
Extrait du procès-verbal du conseil-général du dépar-
tement da Bas-Rhin. — Séance du 14 thermidor
an 8 de la république française une et indivisible.
Sur la proposition de plusieurs membres , le
conseil-général arrête , qu'à l'issue de la séance
il se rendra chez le préfet , pour lui exprimer la
confiance qu'inspirent à tous ses membres les
principes qui guident son administration , et en
lui transmettant les notions que leur séjour dans
les diverses parties du département les a mis à
même de recueillir , l'assurer que les sentimens
de la plus imposante majorité de leurs laborieux
et paisibles compatriotes , se confondent dans le
dévouement à la république , le respect aux lois ,
et l'espérance des bienfaits que nous assurent
l'accord des bons citoyens , la sagesse du gouver-
nement et ladministration de son préfet.
Le conseil-général invite le préfet de vouloir
bien faire parvenir aux consuls et au ministre de
l'intérieur ce tableau fidèle de la situation du dé-
partement du Bas-Rhin.
Pour copie conforme ,
Signé, L. 'Wangen , secrétaire du conseil-général
Certifié conforme ,
Le secrétaire-général de la préfecture , Metz.
Le général Jourdan , au citoyen Bonaparte , premier
consul. — Taris , 8 thermidor.
Citoyen consul ,
J'accepte avec reconnaissance la marque de dis-
tinction dont le gouvernement veut bien m ho-
norer. Je répondrai à sa confiance par mon em-
pressement à exécuter ses ordres ; et si mes talens
répondent à mon zèle, il sera satisfait de ma
conduite.
Au premier consul Bonaparte.
Continuation de la description abréger des principaux
mo7iumens de la Haute-Egypte , accompagnée de
détails sur les tableaux qui , en les décorant ,
servent à faire conjecturer à quelles divinités les
temples étaient consacrés.
Suite des détails du palais Karnac.
Plusieurs des côtés de ces môles ont éprouvé
différens accidens . la construction intérieure en
est défectueuse. Quelques précautions que les
égyptiens, en général, aient prises pour assurer
la durée de leurs monumens, ils ont assez compté
sur l'heureuse qualité de 1 air qui ne présente là
aucun motif de destruction, pour .s'occuper plus
particulièrement d'orner et de revêtir avec èlé-
,gance l'extérieur dë'leurs ouvrages, que de soi-
gner la construction des massifs qui en compo-
sent l'intérieur.
Au Sud , et à deux cens pas du flanc de ces
môles, est une supetlje porte qui conduit à un
petit palais placé dans l'alignement de la cour du
grand palais. Cette porte est . peut-être , le seul
morceau d architecture des égyptiens dont l'imita-
tion puisse plaire maintenant. Elle est dégagée des
deux môles qui la flanquaient, et qui sont arrasés
au niveau du terrein. Les portes égyptiennes.
en cet état, sont infiniment plus belles que lors-
qu'elles font partie de ces mêmes môles, dont:
la gr,inde élévation nuit à leur effet , en les
resserrant et les écrasant. La corniche qui ieS
terrnine , imite dans sa courbure l'inclinaison
de la branche de palmier ; les détails en sont
soigneusement exécutés. Elle est revêtue de
tableaux iniéiieurenient et extérieurement, et elle
conduit au petit palais dont on a déjà parlé. 11
consiste en utie quinzaine d'appartcmens éclairés
par des fenêtres a claiie voie , telles qu'on n en
rencontre jamais dans les lemplrs. La porte du'
Sud est précédée dune allée de béliers, de la
même proportion que lea lions ijui sont devant
la porte du granit.
A l'ouest du petit palai.'i est un petit temple qui
lui servait de chapelle. Les tableaux et l'architec-
ture en sont extrêmement soignés. Au nord du
grand palais de Kainac , on reirouve le plan d'une
rrolsieme construction , indiquée seulement par
1 emplacement des fondations. Elle était précédée
d un mole. Entre ce môle et la principale porie se
trouvait, une allée detrente-dsvx sphynxde chaque
côté ; il n'en reste que quinzï ou dix-huit plus ou
moins mutilés.
A droite de celle allée on voit une petite mai-
son égyptienne bâtie en giés, et divisée en deux
appariemens de vingt-quatre pieds sur quinze.
— A gauche sont d'autres ruines , moins distinc-
tes , de maisons'particulieres. En avant de la porte
éiaient deux statues colossales en grés; à qua-
rante-cinq pas au sud de cette porte , sont les
bases- de deux obélisques engagés dans une mu-
raille, et dont les débris existent autour. La masse
des bâiimcns qui composaient le palais , en face
duquel éiaient les obélisques , paraît avoir occupé
quatre-vingt-dix pas de longueur sur cinquante^
cinq de largeur. On retrouve la plus de fragmens
de statues de gr.init noir et rouge qu'on n en r-n-
conlre sur soute la st. rface entière du grand palais.
La plupart des statues repiésentent des prêtres.
A I extrèmiié de 1 allée des Lions , qui précède
l'enfilade des môles , on trouve dans une espèce
d'ile fermée par l'exhaussement du terrein , et
environnée d eau , au moment de linondation
seulement , un assez grand nombre de statues
en granit noir. Elles sont comme emmagasinées
dans une tranchée pratiquée dans l'intérieur de
la terre, et reventes à droite et à gauche de
briques cuites de fabrique égyptienne; ce qui
pourrait indiquer l'époque à laquelle elles ont
été enfouies. Elles représentent une figure de
femme assise ; leur ressemblance la plus mar-
quée est celle du lion ; mais on y distingue
quelques-uns des traits du chien et du chat. Leurs
mains reposent sur leurs cuisses , et de l'une
d'elles , elles tiennent une croix à anse , sym-
bole de la divinité chez les anciens égyptiens.
Aucune n'a conservé le bonnet symbolique dont
elles étaient coëfïées. Les deux magasins furent
ouverts en 1760 par un cheik arabe pour un
prêtre vénitien nommé Donaii , qui paya une
somme exorbitante la première statue qui en
tut tirée. Ils sont restés exposés aux regards
jusqu'à ce moment ; mais touies les figures en
ont été mutilées par les voyageurs qui ne pou-
vant les emporter , ont désiré s'emparer de quel-
ques-unes de leurs parties.
Les tableaux qui décorent l'extérieur de ce»
différens palais , représentent des sujets militaires.
On y voit des sièges de villes et des combats de
terre, des offres de paix et des soumissions faites
par les barbares , ainsi que les triomphes du héros
qui les a vaincus. Il est représenté sous la'figure
d'un jeune homme de six pieds de proportion,
monté sur un char entièrement semblable , pour
la forme , à ceux dont les grecs se servaient. -Les
soldats auxquels il commande , ont à peine pour
proportipn le quart de sa grandeur. Les ennemis
qu il met en déroute , sont représentés par des
hommes barbus , coiffes communément d'une
toque semblable à celle des espagnols , et revêtus
d une tunique à mouche angulaire. Les armes,
dont se servent les égyptiens , sont l'arc et les
flèches. Il arrive souvent que le héros égyptien
perce cinq à six ennemis d'un même trait. Les
barbares portent un bouclier ; indépendamment
de l'arc qui fait l'arme principale des premiers ,
ils se servent encore de sabres courbes , de poi-
gnards , de la lance , du javelot et de l'èpée
droite. La tiride des chevaux ressemble beau-
coup à celle qii'on emploie encore en Arabie.
Dans les tableaux où sont gravés les triomphes du
guerrier égyptien , les prisonniers qu'on lui mené '
sont tous liés d'une manière ingénieusement bar-
bare et très-pénible. Il est à remarquer que sur
les môles où l'on représente un sacrificateur im-
molant des hommes , ceux qui se disposent à
frapper, ont le même costume, le même air de
figure que ces prisonniers.
/ La suite demain. )
A Pans , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
11^""'^
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
M" 3i3.
tridi , i3 thermidor an 8 de la république frmçaiie , une et indivisible^
Nous sommes autofisés à préveak nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR es: le seul journal ufficiel.
14 contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenz , les nouvelles des armées , ainsi que lu faits et les notions tant su*
l'intérieur que sur l'extérieur, foutni-s par ies correspondances ministérielles.
Un article s«ra particulièrement consacre aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
IRLANDE.
Dublin , le 1 3 juillet ("24 messidor. )
U^
'n parci d'insurgens , au nombre d'environ
'cinq cents, était rassemblé , il y a quelques nuiis ,
aans le cimetière d'une ancienne abbaye , près
■ de Cionmels , lorsqu'un passant l'ayant apperçu <
Sans en être découvert, couiut prévenir le général
'sir C. Asgyll , qui tii jiartiv aussitôt un fort déta-
chement : mais les insurjjens, sans doute avertis
qu'on marchait contre eux , s'éiaiejit déjà dis-
persés lorsque le détachement arriva.
Le comte deGlandore a protesté dans les termes
euivans contre la clause de l'acte d union qui
■feit siéger les j:»airs dirlande dans la chambre
des communes des royaumes-unis , comme re-
présentans des comtés , villes et bourgs de la
Grande-Bretagne ;
tt te proteste-, dit sa seigneurie , parce que les
5) pairs d'Irlande devant , après l'union , jouir de
>> tous les privilèges des pairs de la Grande-
ji Bretagne, (à l'exception du droit de siéger |
'■>i dans la chambre des lords ) ladite clause donne
5» aux comtés, villes et bourgs de celte partie
'») des rovaumes-unis , le pouvoir de choisir leurs
•»» representans parmi les pairs , ce qui est une
>» anomalie dans la constitution. Je proteste encore
i' contre cette clause , parce qu'elle créée une
») confusion des ordres de lélat , en fesant d'iin
5» pair uti commoner , ( un homme des communes .
i' un ioiurler)et en le rendant à sa condition
>» de pair, lorsqu'il a cessé d'être représentant
î) des communes, j»
Parmi les membres qui doivent représenter
l'Irlande au parlemfcntimpérial, on cite M. Dillon,
pour le comté de Mago ; M. Wynd'ham , frère de
lord Egremont , pour le bourg de Clark. ; et M.
May , pour Belfast.
INTÉRIEUR.
Mantes , le 2 thermidor.
O.N reçoit de nouveaux renseignemens sur la
bêle fauve qui ravage actuellement les environs
de la Chevrolliere. Elle a été vue dans des prés
dépendans des biens du citoyen Limoelan , près
ceux du citoyen Klrouard. On ne sait si c'est un
efiei de la peur; mais plusieurs cultivateurs affir-
ïnent en avoir vu deux.
Depuis qu'elle a dévoré les deux jeuties Elles
dont nous avons parlé , elle s'est encore présentée
sur la porte du citoyen Barillere , leur père. Elle
poursuit les femmes et les enfans ; mais elle fuit
les hommes , parce qu'ils sont armés. Les paysans
ne sortent plus de chez eux qu'avec des fourches
ou autres instrumcns de labourage capables de
leur servir de défense.
Dit 3. — Celte bêle a été vue par le nommé
Doucin , gabarier de Portillon , aujourd'hui à-
éinq heures du malin , dans le chemin qUi con-
duit de la Cliantilliere à ce village situé commune
de Vertou , près la Sèvre. Suivant ce qu'il a dit aux
citoyens Bcitrand , négociant . et Brunet . adjoint
à la mairie , celle bête est bien telle que nous
l'avons décrite dans un de nos piécédensnuraéros ,
à Icxteplion qu'elle a le poitrail blanc : ce qu'il a
été bien à même de distinguer, parce qu'elle était
Hlors assise.
Elle peut faire beaucoup de ravages , si l'on
ne s'empresse de la détruire , cl le meilleur
moyen est , sans conuedil , de meute sa tête
â prix : î5 ou 3o louis ne sont pas trop , sans
doule , pour dédommager ceux qui l'entrepren-
tironl , des dangers qu ils auront a courir. Si l'on
attend apiés la récolte, elle peut dévorer encore
bien des enfans i, el quels paysans , d'ailleurs , des
contrée de sa présence , oseront bientôt conlicr
leurs bestiaux à la garde d'individus aussi faibles ,
el qui sont principalemçni l'objet de la voracité
de cet animal Carnivore ? (Extrait dl la Feuille
nantaise , 5 thermidor. )
Rouen , le il thermidof.
Df.puis que l'homme, par le moyen des aé-
rosiais , s'était frayé un chemin à travers les plajnes
de lair , il ne lui reslait plus qu'à visiter avec
la mêiac sécurité , les abîmes de la mer. C'est ce
que pouiront exécuter , avec succès, ceux qni
ont fait hier l'expérience du Bateau-poisson. Celle
expériencea eulieudans la Seine , aupiès des pe-
tites îles occupées par les citoyens Eloy el Pierre
Roleti il n'est pas besoin de dire qu'elle avait at-
tiré un concours considérable de i>urieux.
Sans palier des personnes qui bordaient le ri-
vage , il y avait plus de quatre-vingt bateaux, cha-
loupes , flettes, péniches., qui formaient une sorte
d'enceinte mobile , au milieu de laquelle était
placé \c Bateau-poisson.
L'expérience a commencé à une heure, et a
duré jusqu'à deux heures et demie.
Ce bateau s'est submergé sept à huit fois en to-
talité , et s'est relevé ensuite de lui-même aux
yeux du public aussi satisfait que surpris. Le plus
de temps qu'il soit resté sous l'eau , n'a pas excédé
quatre minutes et demie , cinq minutes et huit
minutes. La submersion n'a pas été aussiprolongée
les autres fois.
je dois faire observer que pendant un espace
de temps assez considérable , le bateau est resté
presque entièremeni submergé , à l'exception de
l'ouverture faite en forme de tonneau et qui s'élève
de deux pieds environ au-dessUs du bateau. C'est
par celle ouverture qu'on descend dans l'iu"
lérieiir.
Je présume que les auteurs de l'expérience ont
voulu prouver par là qu'ils pouvaient maintenir
le corps du bateau à volonté au ras de l'eau , et
recevoir ainsi l'air extérieur au rai'yen de l'ouver-
ture pratiquée. Quand ils voulaient descendre
lout-à-fait daiis la rivière et disparaître , ils abais-
saient le couvercle, se submergeaient entièrement
et perdaient ainsi toute communication avec l'ait
extérieur. Je ne puis dire jusqu'à quel degré de
profondeur la submersion s'esi opérée.
Je leur ai vu apporter une lanterne , d'oii j'ai
conclu que leur lumière s'était éteinfe duraut le
tenis qu avaient duré leurs ptéctcUntee sub-
mersions. '
Ils s'étaient aussi munis d'une carabine , dont
ils oiit fait leu par l'ouverture susdite ^ dans un
moment où celle partie paraissait seule au;dessus
des eaux. Une nouvelle submeision a eu lieu aus-
sitôt après.
Les inventeurs de cette ingénieuse machine sont
des américaifts , dont je n'ai pu savoir les noms , à
l'cxcepiion de celui du capitaine, qui se nomme
Fullon. Ils sont descendus au nombre le trois dans
le bateau , et y soni demeurés durant tout le tems
qu'a duré l'expérience.
Elle a eu lieu en présence du préfet, dont le
bateau s'approchait et s éloignait tour-à-tour , afin
qu'il lût mieux à portée d'observer.
Nota. Ce bateau , y compris le lest qu'il prend,
pesé vingt-deux milliers.
( Extrait de la Vedette de Rouen , 1 1 thermidor. )
Paris , le 12 thermidor.
Le Citoyen français annonce , sous la date de
Copenhague le 27 messidor , que les officiers
russes qui reviennent d'Angleterre el mettent pied
à terre en Danemarck , ne parlent des anglais
qu'avec indignation , el des français qu'avec en-
thousiasme.
D autres nouvelles de Copenhague disent que ,
dans la nuit du 26 prairial , un ouragan terrible
a causé beaucoup de dommage aux vaisseaux
russes dans le pori d'Archangel. Le dégât est
évalué 200,000 roubles,
— Le Journal des débats annoticc , sous la date
de.Berlin le' i'' thermidor , que le ministre por-
tugais à Pélersbourg craignant d'être congédié
comme les ministres de Londres ei de Vienne ,
a pris congé de lui-même , sous prétexte d'aller
accorder en Portugal un mariage conclu par ca-
pitulation. Le même journal annonce aussi que
le gouvernement autrichien vient d'obliger tous
les créanciers de l'état à porter au trésor le tiers
de leur créance en numéraire , sous peine d'être
privés de la totalité.
Sous la date de la Haye , on lit encore, dans
le Journal des débats , qu'il règne une grande
mcsiiiielligencc entre le ministère ottoman et l'am-
bassadeur anglais à Constaniinople. On attribue
cette tnésintelligence à liuienlion que la Porte i
manifcsicc de mettre garnison à Coifou , Zaïiie
cl Ctphiilanie.
ACTES DU GOUVERKEMENT»
Arrêté du 7 thermidor an 8.
Bonaparte, premier consul de la république %
arrête :
Art. I"''. Le cil. Dubois , du Haut-Rhin , est
nommé substitut du commissaire du gouverne'
ment près le tribunal de cassation.
II. Le ministre de la jusdce est chargé de l'eX»
cution du piéseui arrêté.
Le premier consul , signé:, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal ; sigif-é , H. B.Maret.
Extrait des registres des délibérations des consuls di
la république. — Paris, le 9 thermidor an 8 de là-
république , une et indivisible.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , le conseil-d'état entendu»
arrêtent i
Titre PREiiiÊR.
De la composition du directoire de [habilement.
An. !"■. Le seivice de l'habillement et de l'équi-
pement des troupes sera , à compter du i" ven'
demiaire prochain , confié , sous les ordres immè-'
diais du ministre de la guerre i â un directoire
composé de trois membres.
II. Le miftistre de la guerre nommera et révo-
quera les membres du directoire ; il les choisira
parmi les citoyens versés dans la connaissance et
le commerce des matières premières , et dans la
fabrication des étoffes et des autres fournitures
nécessaires à l'habillement et équipement de»
troupes.
III. Le directoire sera présidé par l'un de Ses
membres nbmmé chaque année par le ministre
de la guerre.
tement avec lé ministre ', il lui rendra compte «
une fois par décade . et plus souvent si le ministre
le désire , ou si les circonstances 1 exigent , de là
situation de t()ut ce qui concernera 1 habillement
et l'équipemt'nt des troupes;, il prendra seS
ordres sur tous ces objets , les transmettra ati
directoire chargé d'en assurer et d'en poursuivre
l'exéeuiion.
Les ordres du ministre au directoire serôrtt
consignés dans un registre à ce destiné. Il eil
sera de même des délibérations du directoire Ati
commandes qu'il fera aux manufacturiers , aujt
fabricans, aux ouvriers ,et des ordres du minisifé
qu'il transmettra aux corps militaires.
T i T R È i I.
Des attributions des fonctions du directoirèi
V. Le directoire sera chargé de traiter avec lèS
manufacturiers, tabricans , matchands , ouvrier*
el commissionnaires pour la fourniture , Vem-
hallage et le transport des draps , éiofFes , toiles
et autres objets nécessaires à la confection dé
l'habillement el de l'équiperhent des troupes ;
les marchés que le directoire aura passés ne
Seront valables que lorsqu'ils auront été approuvés
par le ministre de la guerre. Lesdits marchés se-
ront impriinés , et un exemplaire en sera adressé
par le directoire à chaque corps militaire;
Ces marchés détermineront les quantités et lé^
prix, ainsi que les qtialités et les proportions dés
draps , étoffes , toiles et autres objets pour les-
quels le directoire aura traiié. Ils feront connaître
le inombre des fils dont la chaîne des draps éf
autres étoffes sera composée , le lieu de la fabri-
cation , le nom du fabricant , du manufacturer <
ouvrier ou commissionnaire chargé de les fournir :
ils feront connaître aussi le prix de l emballage <
ainsi que celui du transport. Ils conliendrbrit
enfin toutes les clauses qui pourront assurer au*
corps un service aussi bon que régulier.
VI. Le directoire fera toujours adresser dtre'c-'
lemcnt aux corps, par les manufacturiers < fi-
bricans ou commissionnaires avec lesquels il aur'i '
traité , les draps , ciofl'es toiles et autres objets qiii
doivent servir à la confection de l'habillemeiK
et de l'équipement des troupes; eu consé^ueneCj
il ne pourra , sous aucun préiexte , ni former <
ni avoir de magasins , ni enirepôt.
Le directoire ne pourra nort plus fdrftlér . à'i
compte de la république ni au sien , des atlelîe'rsr
de eonfectiou { l'inicniiorï fûruJelle dti gcyave'f*
ia63
fiement élaiit que l'article XXVI de la loi du 26 accepter? , et les adressera au corps pour lequel
fructidor'an 7 , qui veut que lés corps fassent 1 envoi sera desliné. Ces échanlillons serviront de
tonfectioiiner dans leur sein, et au moyen de I pièces de comparaison et de vérification de la
leur masse d'entretien , tous leurs efTcis d Imbd
lement et d'équipement, reçoive sa pleine et en-
tière exécution , et que lesdits corps lasseni (>(-
briquer et confectionner, ou du rnoms iirtiit
directement eux-mêmes des faljiiqucs ou lua-
nul'actures. les ciiapeaux , schakos, gibernes,
porte - gibernes, baudriers, ceimurorjs , bie-
■ relies de fusils , tambours, colliers de^ tam-
bours, et autres objets, qui sortent confectionnés
des manufactures ou atteliers.
VII. Le directoire sera tenu de tirer directe-
ment des manufactures n. lionales tous les objets
à l'usage des troupes ; tous achats à l'étranger lui,
sont spécialement interdits , à moins quil n'y
ait été forme-llement autorisé par une décisiori
préalable du ministre , en exécution d'un arrêté
des cfinsuls. ""
VIII. Le" directoire ne pourra traiter d'au-
cuns draps qu'avec le manufacturier ou fabri-
cant;
Qtiant aux toiles , serges et autres objets pour
doublures , qui s'achètent pièce à pièce , il ne
pourra s'adresser qu'à des commerçans en gros
déjà connus pour laire ce genre de commerce ;
ou ne se servir que des commissionnaires avoués
par le commerce pour faire ces sortes d'achats ,
et auxoiiels il ne sera alloué d'autres commis-
sions que celles que le commerce est dans 1 usage
d'allouer.
IX. Il y aura toujours un des membres du di-
rectoire auprès du ministre ; les deux autres seront
occupés à faire des tournées pour s'assurer de la
bonne qualité des matières premières , pour sur-
veiller la fabrication des draps et des étoffes dans
les manufactures , pour qu'il ne soit adressé aux
corps que des draps , étoffes ou toiles de la
qualité déierniinée par les raarcht'S . et pour faite
partir , aux époques fixées , les envois destinés
aux corps militaires.
X. Les membres du directoire ne pourrcmt ,
pendant qu'ils seront en exercice , faire pour leur
. compte aucune espèce de commerce qui ait pour
objet des éioffts ou matières premières du genre
de celles qui sont nécessaires à 1 habillement ; ils
ne pourront de même, sans se rendre coupables
de péculat , prendre directement ni indirectement
aucun intérêt , retirer aucun bénéfi^;e , recevoir
aucune remise , cadeau ou gratification ; en un
mot, faire un profil quelcon(iue sur les achats ,
transports et autres opérations qu'ils seront chai-
gés de diriger ou d'exécuter.
XI. Le ministre de la guerre arrêtera , chaque
année avant la fin de thermidor , et par une
décision irénérale , laquantilé de draps, d'étoffes,
de toiles ci auires objets dont fc directoire
devra traiter pour l'armée.
Il lui prescrira les époques auxquelles ces
fournitures devront être faites , et lui remettra,
munis de son cachet, des échantillons de tous
ces objets ; à ces échantillons seiont joints des
ordres explicatifs des qualités , dimensions et
propriétés de chacun des objets qui devront
être fournis aux troupes.
XII Par des ordres subséquens , le ministre
indiquera au directoire les quantités d'objets
de chaque espèce qui devront être envoyés à
chaque corps , et le lieu oîi ces objets devront
être adressés.
XIII. Lorsque le ministre prescrira au direc-
toire de faire adresser à chaque corps des draps,
étoffes , toiles et boutons nécessaires à son ha-
billement , il fera adresser à chacun d'eux la
note des habits, vestes, culottes, etc., qu'ils
devront faire confectionner ; il leur fera connaître
en même tems la quantité de chapeaux , scha-
•ios , tambours , colliers de tambours , etc. ,
qu'ils sont autorisés à remplacer , et dont ils
doivent se pourvoir eux-mêmes , soit en les
fesanl confectionner dans le corps , soit en
s'adressant directement à des manufacturiers ,
fabricans français , et en traitant en même tems
de l'emballage et des frais de transport.
Le ministre leur adressera en même tems,.
muni de son cachet , un modèle de chacnn des
objets qu'ils devrontfaite confectionner ou acheter
confectionnés.
Le conseil d'administration sera militairement
et pécuniairement responsable de toutes les
différences qui se trouveront dans les formes
et proportions entre les modèles adressés par
le ministre, et les objets qu'il aura fait confec-
fouriiiiurc ; ils seront toujours, pour les étoffes ,
extniids du chef d'une des pièces comprises
cl. lus i envoi fait au corps. Le nom d-u fabiicant
fra tissu dans l'étoffe et plombé du plomb de la
mauufaclure. Si c'est une pièce de toile , elle
sera eniptcinle de la marque en usage dans
le pays.
La réception que le ministre aura faite des
échantillons qui lui auront été remis par le di-
rectoire , ne préjugera rien sur la réception défi-
nitive des draps et étoffes , qui appartient ex-
clusivement aux corps. ,
XV. Le directoire adressera à chaque corps :
1° Copie de l'état des dra]is , étoffes et autres
fournitures qui, d'après la décision du ministre ,
doivent lui être envoyés ;
2° Une note explicative des qualités , proprié-
lés , dimensions et propartions de chaque objet;
3° Le nom du fabricant , ouvrier ou commis-
sionnaire chargé de l'envoi , et l'indication de
l'époque oià ces objets doivent être rendus au
corps ;
4° Une facture détaillée des prix, du métrage .
files frais d'emballage et de transport.
XVI. Les modèles ei les échantillons seront
conservés par les soins du conseil d administra-
tion , afin que 1 inspecteur en chef aux revues
puisse les comparer avec ceux des années précé-
dentes et avec la fourniture de l'année , et qu'if
puisse rendre compte au ministre , tant des chan-
semens qui pourraient survenir dans les qua-
lités de draps et autres fournitures, que dans la
forme et les proportions des polies de l'habil-
lement.
Titre III.
xionncr dans le corps ou qu'il aura achetés con-
fectionnés.
XIV. Avant de faire faire aucune expédition ,
le directoire rémettra au ministre, pour chaque
corps militaire , un échantillon de chacun des
objets qui doivent entrer dans sa fourniture.
Ces échantillons seront timbrés du cachet ou
marque du fournisseur, et du cachet du direc-
toire. Le ministre , après s'être assuré que ces
échanlillons sont semblables en qualiié et pro-
portion à ceux qu'il aura lui-même donnés au
tlirectoire , fera apposer son cachet sur ceux qu'il
De la comptahilité de la masse d'habillement , et du.
paiement des marehandises.
XVII. Lorsque les manufacturiers . fabricans ,
ouvriers et cornraissionnaires adresseront aux
corps militaires les objets qui leur auront été
commnndés par le directoire ou par les corps
eux-mêmes , ils accompagneront leur envoi d'une
lettre de voiture et d'une facture qui contiendra
la quantité et l'espèce des différens objets com-
pris dans la fourniture , ainsi que le nombre et
le poids des balles ou caiiisp» , en spécifiant
dans quelle manufacture chaque chose a été
fabriquée.
Les frais d'emballage et de transport seront
ajoutés aux frais d'achat et compris dans les fac-
tures , mais en formeront des articles séparés.
XVIII. Dans lescinq jours qui suivront l'arrivée
des effets qui lui auront été annoncés . le conseil
d'administration fera procéder à leur réceriion ,
ainsi qu'il est prescrit par les régleraens militaires
rclalifsà rhabillement,àl équipement des troupes.
XIX. Lorsquelesobjetsannoncés se trouveront
de bonne qualité et conformes aux échanlillons
ou modèles , le conseil d'administration en accu-
sera la réception au manufacturier , fabricant ou
commissionnaire.
Ce récépissé sera conforme au modèle annexé
au présent arrêté, sous le n". i"^.
Il adressera , en même tems , au ministre de la
guerre , un autre récépissé conforme au n°. 2.
XX. Lorsque les mandais tirés par un conseil
d'adminisira'ion seront destinés à payer des objets
commandés directement par les corps , le direc-
toire examinera si lesdits conseils n'ont point
excédé en qualité ou quantité les autorisations
qui leur auront été données parle ministre, ou
si les prix n'excèdent pas la valeur des objets
fournie. Dans chacun de ces cas , il en fera un
rapport au ministre qui décidera s'il y a lieu à
punir militairement les membres du conseil, ou
même à leur faire sohdaireraent payer la dépense
superflue , dans laquelle ils auront induit leur
corps ; mais , dans aucun cas , le ministre ne
pourra refuser d'expédier son ordonnance au bas
du mandat délivré" par le conseil d'adminis-
tration.
Lorsque les mandats tirés par les conseils
d'administration auront pour objet le payement
de draps , étoffes ou toiles commandées par
le directoire , celui-ci vérifiera si les prix des
fournitures, de l'emballage et du transport sont
conformes aux conditions précédemment arrêtées
par lui , et sur son visa le ministre de la guerre
délivrera , du bas du récépissé et du mandat
qui lui aura été adressé par le conseil d'ad-
ministration en faveur du fabricant , commis-
sionnaire ou fournisseur, une ordonnance d'une
somme égale à celle du mandat tiré par le
corps. Cette ordonnance sera imputable sur la
masse d habillement du corps qui aura délivré
le mandat ; cette forme sera constamment et la
seule suivie pour tous les payemens à faire
sur la masse d'habillement des corps militaires.
Le directeur du trésor public ne pourra sous
aucun prétexte, approuver ni faire effectuer aucun
payement sur la masse d'habillement des corps
militaires , ' qu'au bas da récépissé du conseil
d'administration et du mandat délivré par lui
et lie l'ordonnance du ministre de la guerre.
XXI Toutes les l'ois qu'un conseil dadrai-
nisiraiion croira devoir retuser tout ou partie
des objets qui lui auront été adressés en vertu
de ses propres demandes, ou en vertu d'une com-
mande du directoire de 1 habillement, il en rendra
compte au commissaire des guerres dans l'ar-
rondissement du' quel il se trouvera. Le com-
missaire des guerres dressera de suite, en pré-
sence d'un délégué du conseil d'administration
et du fondé de pouvoir du manufacturier,
fabricant ou commerçant qui aura fait l'envoi,
et à son défsut en présence du maire ou d'un
des adjoins de la municipalité , un procès, verbal
dans lequel il consialera les molifs du refus du
conseil d'admiriisiration ainsi que létat, la nature
et la quantité des mardi '.ndises refusées-, ce
procès-verbal sera de suite remis , ou adressé
au conseil de préfecture du département qui ,
après avoir fait vérifier les faits par des expert$
■ et entendu le manufacturier, fabricant ou com-
merçant dans ses réponses, prononcera définiti-
vement entre le corps et le fabricant : le con-
seil de préfecture jugera , de même, sauf l'appel
au conseil d e'al - de toutes les discussions qui
s'élèveront entre les conseils d'administration oa
le directoire, et les fabiicans , commerçans et
fournisseurs, relativement à l'exécution des clauses
des marchés relatifs à 1 habillement et à l'équipe-
ment des troupes.
Lorsque le conseil d'administration jugera ne
devoir refuser qu'une partie de l'envoi, il soldera
de sulie , ainsi qu'il a élé dit ci-dessus , la portion
qu'il aura cru pouvoir accepter.
XXII. Toutes les fois que le conseil 'de pré-
fecture jugera que les objets envoyés aux corp»
éiaieni ou de mauvaise qualité ou mal conlection-
nés , il condamnera les fabricans à 'payer les frais
d'emballage et de transport , et à adresser au
corps , dans un délai qu'il déterminera , le com-
plément de sa fourniture. Si , à Tépoque déter-
minée . le fabricant n'a point fourni , ou n'a point
donne des marchandises conformes au modèle,
le conseil d'administration sera autorisé , par le
conseil de préfecture , à se pourvoir aux dépens
du commerçant , fabricant ou commissionnaire,
des objets qui devaient lui être fournis.
XXIII. La masse d habillement , réglée par la
loi du cC fruciidor dernier , sera comprise tous
les trois mois et par quart , dans les décomptes
de revues et payée comme solde, mais elles restent
provisoircmeni en dépôt dans la caisse du payeur
de la guerre, pour servir à l'acquit des mandais
des corps ordonnancés par le ministre de la
guerre.
XXIV. Le directoire del'habillement tiendra un
compte ouvert avec chaque corps militaire ; il lui
portera en recette , de trois mois en troismois , la
somme qui lui sera due pour sa masse d habille-
ment , et en dépense le montant des mandats qui
auront été délivrés par le conseil d'administration
en faveur des fournisseurs.
Dans aucun cas , le directoire ne pourra , sans
une autorisation écrite du ministre , ni permettre
qu'un corps excède les fonds annuels de sa masse ,
ni disposer même en faveur dudit corps des fonds
qui pourront lui être redus par la masse à la fin
de chaque année , et néanmoins lesdits fonds ne
pourront, sous aucun préiexte , être destinés à un
autre corps , ni à un autre emploi ; ils resteront
réservés pour des besoins avenir du même corps.
XXV. Le compte des fournitures laites à cha-
que corps , sera réglé , lous les ans , par le mi-
nistre qui en adressera le bordereau général aux
conseils d administration , avant le premier mes-
sidor. Le payeur général fera passer de son côté
aux conseils d'administration , les mandats qu'ils
auront lires, et les pièces à l'appui , qui seront
donnés pour comptant, lors du décompte final de
la masse d habillement , afin que la comptabihté
de cettemasse puisse être comprise dans la comp-
tabilité générale du corps , et arrêtée par l'inspec-
teur en chef aux revues.
XXVI. Les membres du directoire auront
chacun 10,000 francs de traitement fixe. Le pré-
sident jouira d'un supplément annuel de 2,000 fr.
Lorsque les ordres du ministre de la guerre , re-
latifs à l'habillement et l'équipement des troupes
auront été bien et ponctuellement exécutés » le
ministre pourra disposer, chaque année , dune
somme de douze mille francs , soit en faveur du
directoire en corps , soit en faveur de ceux de ses
membres qui auront développé le plus de talent,
d'activité et de zèle.
Il sera alloué huit francs parposte pour les tour-
nées que les membres du directoire prouveront
avoir courues pourremplir leurs fonctions.
Il leur sera aussi alloué, chaque année, une
somme fixe pour leurs frais de bureau. Cette
somme sera déterminée par le ministre , et ne
pourra jamais s'élever au-delà de 24,000 francs.
XXVII. Le ministre de la guerre est chmgéde
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier consul, signe', BoNAP.iRTE.
Par le premier consul ,
Ls secrétaire-d'état , si^né , H. B, Maret.
1262
C O N S E I L - D '. E T A T.
Taris , le 6 thermidor an 8 de la répubtlque.
Rapport.
Le ministre de la jusiice a proposé aux consuls
lie décider par un arrcié , que la conuainie par
corps pour letires de change et amies causes ci-
viles n'aura ps« lieu contre les conscrits qui se
rendront sous leurs drapeaux ; que les créanciers
ne pourront faire usage de lacontrainte par corps
contre les confcrits qu'à leur retour de la cam-
pagne , et que ceux d'enir eux qui sont détenus
pour dette , seront mis en liberté.
La section de la guerre, à qui les consuls ont
renvoyé l'examen de cet arrêté , y a trouvé ma-
tière à trois questions importantes. l°. La pro-
position du ministre , lût-elle admissible, peut-
elle être décidée par un avrêic des consuls ? 2°.
Fiit-il décidé que le gouvernement aie droit de
prononcer dans cette matière , pourrait-on or-
donner de mettre en libeïté les conscrits actuel-
lement deicniis ? 3". La proposition du ministre
est-elle juste , et doit-elle être proposée au corps-
législatit comme p-rojct de loi ? La réponse de la
section de la guerre à la première question a été
absolument négative.
Presque tout ce qui tient à la force armée et à
ceux qui la composent , doit être décidé par des
réglcmens d'adrriinistration publique ; la consti-
tution l'a voulu ainsi , efa eu raison de le vou ■
loir : mais résulte-t-il de ce principe que le gou-
vernement puisse , par un arrêté , anttihiler ou
suspendre l'eflFet d'une loi qui établit ou règle les
rapports entre les créanciers et leurs débiteurs ,
parce qu'un merabrede l'armée sera débiteur ou
créancier? Non , sans doute, les lois de ce genre
sont dés lois purement civiles , des lois propre-
ment dites , des lois majeures sur lesquelles le
gouvernement ne peut par conséquent rieri statuer
sans le concours du coips-législaiif. Ainsi , à
notre avis, la proposition du ministre de la jus-
lice fût-elle bonne' et juste , nous devrions, non
en faire un règlement , mais proposer au corps-
législatif de la transformer en loi.
Sur la seconde question , la section de la
guerre a encore adopté la négative ; elle a pensé
que, quand bien même vous arrêteriez aujour-
d liui que la contrainte par corps , pour lettres-
de-change et autres causes civiles, n aura pas lieu
contre les conscrits, vous ne pourriez ordonner
d'élargir les conscrits actuellement détenus. Les
arrêtés n'ont et ne peuvent avoir un effet rétroactil,
puisque les lois n'en ont eiles-mêraes, ni ne peu-
vent en avoir^ ce principe est trop généralement
reconnu pour avoir besoin dêire prouvé.
Passant ensuite À la 3' question , qiai est celle
de savoir si 4a loi doit mettre les cotiscrits à l'abri
de la contrainte par corps pour dettes et autres
causes civiles , nous nous sommes encore déci-
dés pour la négative ; nos motifs vous paraîtront
sévères, mais nous les avons crtis justes.
L'honneur et la délicatesse out toujours été les
caractères distinctifs des militaires , et particuliè-
rement des militaires français; aussi, piesque
dans tous les tems , a-t-on banni de l'aimée les
officiers qui étaient convaincus d'avoM laissé
jjrotester une Icttre-de-cbange , ou de n'avoir
pas payé à sort échéance un billet d'honneur qu'ils
avaient fait. Cette doctrine estconsignée en termes
précis dans les articles LXII , LXIII et LXIV de
ja loi du Ip juillet 179t. '
<t Tout militaire en activité qui, étant majeur,
aura contracté des engagemens ])ccuniaires par
lettres - de - change , ou par toute autre espèce
d obligation , emportant la contrainte par corps ,
et qui , s'éiani laissé poursuivre pour le paiement
de semblables dettes ,aura, par jugement dcfi-
■itil , été condamné par corps , ne pourra rester
au service si , dans le délai de deux mois, il ne
satisfait pas à ses engagemens. Dans ce cas , la
sentence portée contre lui équivaudra , après le
délai de deux mois, aune démission précise de
son emploi.
51 Les actions résultant d'obligations contrac-
tées par un militaire en activité , ne pourront être
poursuivies que pai devant des magistrats civils ,
et seront , par eux , jugées conlormément aux lois
civiles, sans que les officiers ni les juges mili-
taires puissent en prendre connaissance , si ce
n'est à l'armée et hors du royaume; sans quils
puissent non plus apporter aucun obstacle , soit
à la poursuite , soit à l'exécution du jugement, )>
«1 Ne pourront être compris dans les saisies et
ventes qui auront lieu en exécution des jugemens
rendus contre des militaiies en activité , leurs
armes et chevaux d'ordonnance , ni leurs livres et
insirumctis de seivices , ni les parties de leur ha-
billement et équipement dont les ordonnances
imposcntà tous miliiaiiesla nécessite d'être pour-
vus. Leurs appoinieincns ne pourront non plus
être saisis que pour ce qui en excédera la somme
<le 6,000 fr. , laquelle leur rlemijurera léservée ,
tans préjudice aux ciéanciers à exercer leurs droits
sur ie.1 autres biens meubles elimmeubles de leurs
débiteurs . suiv.nit les règles et les loimes pres-
ciiics pur la loi 11.
Xellc est la Icj^islalion en vigu&ur , législation
pleine de sagesse et dont nous pensons qu'on ne
doit pas s'éloigner , si l'on veut voir régner dans
l'armée cet esprit d'ordre et de délicatesse que
nous devons à tout prix faire planer sut la nation
eniicic.
ti Mais , dira-t-on , les conscrits contracteront
des dcties et se feront mettre en prison pour ne
point aller à l'armée , et ainsi vous priverez la pa-
trie d'une partie de ses défenseuis n. D'abord je
doute lort qu'il y ait parmi les français beaucoup
d'hommes qui préfèrent de rester en prison plutôt
que d aller à l'armée ; mais s'il en est quelqu'un
qui soit capable de penser ainsi , soyons bien as-
surés que l'armée ne fera pas une grande perte.
Si jamais néanmoins ce genre de lâcheté venait à
se multiplier , alors il serait tems de recourir à un
remède quelconque. Mais je doute ()ue , même
alors , on dût employer celui que le ministre
propose. N'oublions pas que la nation a plus
besoin encore de prévenir l'iufidéliié dans les en-
gagemens commerciaux , qui est si commune ,
que de détruire la lâcheté qui est -si rare.
Une considération d'un antre genre et qui nous
a paru décisive , c'est cjue si nous adoptions
l'opinion du ministre de la justice , nous ferrons
penser à I Europe que les Irançais aiment mieux
rester en prison qu'aller à l'armée', et que nous
soramcs obligés de vider les prisons pour remplir
nos cadres militaires.
On dira peut-être encore que la loi sur la
conirainle par corps ne devait atteindre que
les commerçans ; si je discutais cette question ,
peut-être prouverriis-je que la législation actuelle
est bonne et qu'elle ne doit pas être changée:
ce qu'il y a de certain , c'est que je le crois;
mais même dans ce système ne faudrait-il pas
taire une loi générale, une loi sans exception,
car on peut être conscrit et commetçant.
Sans doute , on ne doit pas , comme le dit
le ministre dans son rapport, mettre en balance
l'iniérét privé d'un créancier avec lintéiêt de
la république entière '; majs ce Vi est pas pour
un petit nombre d hommes que nous stipulons,
c'est pour la rnoiiié environ des français , ou
plutôt c'est pour tous , car nous stipulons pour
la propriété , pour Ja lidélilé des engagemens ,
et par conséquent pour le rétablissement du
crédit paiti eu lier dont -le crédit public se compose.
D'après ces réflexions , nous vous proposons
le projet d'arrêié suivant.
Lus consuls de la république , le conseil-
d'état entendu , sur le rapport du ministre de
la justice , anêtent :
Il n'y a pas lieu à modifier , enfaveur des
conscrits , les dispositions des lois du i5 ger-
minal et 4 floréal an 6.
IL Le ministre de la justice est chargé de l'exé-
ciwion du présent ariêté qui ne sera point im-
primé.
Pour copie conforme ,
Le secrétaire-général du conseil-d'élat .
Signé , LocRÉ.
MINISTERE DES FINANCES.
Lp.conseil d'adrainisiration des finances se tenant
actuellement le quintidi de chaque décade , à dix
heures du matin , le ministre des fir.ances pré-
vient ses concitoyensquesesaudiences , àcompter
de la deuxième décade de thermidor , auront lieu
tous les scxtidis depuis midi jusqu à trois heures.
PREFECTUREDE POLICE.
Paris , le 12 thermidor an 8.
Par 3uite des mesures prises par le préfet de
police , de concert avec l';s régisseurs de l'octroi ,
pour- la répression de la fiaude, l'on a encore dé-
couvert ces jours derniers une communication
souterraine , partant d une maison sise à laVilleite
ei aboutissant dans celle du cit. Ferou , j».\e du
faubourg Denis , n° 9^ : on a saisi 48 barriques
de vin louge , 7 feuillettes d'eau-de-vie , plusieurs
barriques vides , environ iSo mètres de tuyaux
de ferblanc , et tous les ustensiles employés à la
fraude ; le tout a été envoyé à la régie de l'octroi.
PRÉFECTURE DU LÉMAN.
A. M. d'Eymar , préfet , au minisire de l'intérieur.
Citoyen ministre ,
La fête de la Concorde, l'ariniversaire du
Q_uatorze -Juillet , a été célébrée à Genève avec
beaucoup de solennité. Jamais , depuis la réunion
de ce pays à la républiijue , on n'avait vu dans
cette commune un tel concours.
J'ai l'honneur de vous adiesstr quelques exem-
plaires du discours que j'ai prononcé dans cette
occasion , je désire que ce que j'ai dit en posant
la (iremiere pierre de la colonne' départementale ,
obtienne votre approbation. Il m'a semblé que .
jKirlant au nom d une partie de la nation , je devais
cet éloge aux arrhées de la république.
Le soir ,j ai donné à souper aux blessés que
j'avais invités à la fête. Le préfet , les dames de
Genève , les frai'Çaises qui sont ici . les militaires
de la garnison, le:. généraux de l'aimée de réserve,
dont quelques-uns étaient présens , les ont servis
à table ; rien n'était plus touchant et n'a été plus
profondément senti.
Il seroit à désirer que toutes les années . à la
même époque , cet honneur fut rendu dans tou^c
l'étendue de I3 république aux miliiaires blessés
dans la guerre de la libeiié. Si l'effetmoral de cette
institution était par-tout le même ipi'il s est lait
sentir ici . ces sentimens et ce spectacle seraient
vraiment dignes de la république. -
Salut et respect ,
D EvMAR, /ife/ci, du Léman.
Société dngricuUine du déparlcmevt de Stine-et-
Oise. — Séance du 5 thermidor.
Cftti; séance étant réglementaire a commencé
par les nominations. Le nouveaux président est
le citoyen Jniiiilhac : le citoyen Duchesne. secré-'
' taiic , est continué , ainsi que les différentes
commissions.
Il y avait deux places de membres vacantes ,
la S'iciéte a nommé à la prcmieie le consul
Bonaparte , comme piopriéiairc dans le canioii
de Marly ; et à la Jjuxicme , le citoyen Biiere ,
juge criminel, déjà associé , et créateur du journal
du déparlement de Seine-el-Oise.
Les associés nommés pour les cantons de
Bcaumoni et de l'Iie-Adam , sont les citoyens
iVIeignen etjunquieres ; plusieurs correspondans
ont éié admis pour divers dépariemens. La société
a ensuite arrêté de confier au journal du dépar-
lement sa correspondance, et la'' publication
de ses mémoires et instructions , au moyen, de
feuilles supplémentaire , que son zèle la porte
à répandre dans toutes les communes otà il
parvient. [ Extrait de 'Journal de Seine-et Oise.)
THEATRE DES ARTS.
On a donné hier à ce théâtre , la première re-
présentation lie Fiasilîle , opéra en un acte , du
citoyen Milhceiii , auteur d Hécube , musique de
madame de 'Vismes. Voici quel en est le sujet.
Les jeux vont s'ouvrir dans lElide : deux sta-
tuaires rivaux ont soumis au concours-, l'un le
satyre Marsyas , laulre , celte Vénus soriant du
bain, que les Gnidiens préférèrent à la Vénus
voilée , et que les Médicis ont acquise et con-
servée.
Les suflrages du peuple Couronnent PraxilèJe ,
mais les juges corrompus psr Scopas , décernent
le prix à ce dernier. Praxitèle et ses élèves se
livrent au désespoir. Le staïuaiie esi é]iris de l'une
dés trois compagnes de Vénus . d'Agl.-.ë , qu'il a
vue, dit-il. aux fêtes d Idalie : il biûle pour
une immortelle , et c'est pour lui plaire , pour
être digne d elle , qu'il amoiiionniit le triomphe.
Au moment où il déplore son malheur , Vénus
et sa cour descendent de I Olympe. Vénus vient
juger elle-même si l'art du statuaire a été fidelle.
Là peuvent être rappelés ces jolis vers de Vol-
taire , que l'auteur a pris pour épigraphe :
) Au dieu Mars, au bel Adonis,
A Vulcaîn même, et j'en rougis.
Mais Praxitèle , où m'a-t-il vue ,
Vénus se reconnaît sous les traits dûs au ciseau
de Praxitèle , et se rend maître du choix d une
récompense. Praxitèle parle en hésiiant de ses
feux et norome Aglaè , Vénus la lui accorde ;
mais l'amour rjui sait mieux que sa mère les
ordres du destin , déclare qu un homme ne peut
posséder toute entière une immortelle
Praxitèle doit fixer la ceinture dont Agiaè est
parée , et choisir entre les attraits que cette cein-
ture partage ; éperdu , cédant à ses iransporis,
lartiïte baisse-les yeux, et l'amour croit entendre
son choix , il va détacher la ceinture
Mais en fixant 1-a vue sur les yeux d Aglaë ,
Praxilè'e voit tout ce qu'il va perdre, le sen-
timent entraine le désir , et il ne veut plus pos-
séder que le cœur de la jeune Grâce. 1 elle
était l'épreuve que le destin lui avait prépaiée.
La rigueur céleste est désarmée , et puisque son
choix ne fut pas d'un mortel , Praxitèle est
digne d'une beauté divine. Vénus préside à son
hymen.
Ouoiqu'en un seul acte ,, cet opéra offre deu.t
parties distinctes , deux, sujets indépendans l'un
de l'autre , deux actions sans liaison entre-cllrs,
dès les preu'jieres scènes , des jiersonnagcs s'an-
noncent avec importance , deviennent complet-
tement inutiles , et Jie leparrtisseni plus. Lou-
vrage est froid , dénué d'intérêt, et n'offre pas
un plar» suivi.
Tout paraît avoir été conçu pour une seule
scène , celle de la ceinture. Tel est le second
titre de l'ouvrage ; mais une situation aussi déli-
cate, très-agréable dans un conte allégoriijue
1204
•a le douille inconvénîc'nt au théâtre , où d'être
«bsGure et peu intelligible si elle fsl éi^iért-
ment voilcc , ,ou dêire peu décenic, si une
gaze trop légère la laisse entrevoir.
De telles allégories, jeux de l'esprit toujours
értangers au cœur, tableaux irop délicats pour
être exposés sur une vaste scène , fictions (jtii
charrneni l'imagination , parce qu'en s'égarant
elle saitfes embellir encore, réussissent rarement
an théâtre, si ce n'est dans la pantominie , et
cela préciacmcTit parce que l'œil y suit avec
-invéï-ét des motivem-cns dont l'iraai^ination doit
surprendre le sen's , tt le but , et parce qu'il
est, souvent difficile de dire ce qu'il est aisé
de laisser d-eviner.
Dans la scène dont il est question , Vénus et
l'Amour sont amenés |'Our jouer un rôle assez
cxtrïordinaire. Agiaë sur-tout est placée dans une
posi'.ion non moiir» embarrassante que celle de
Praxitèle. Lauieur a sans doute senti la diHiculté
de la faire parier ; car indéperdamruLnt des imi-
tations de Rousseau qu'il s est tréquemment per-
mises , il a dérobé à I auteur de P)gninVwn jus-
qu'à liinmobiliié , jusqu'au silence de G.ilathée.
Comme Galalhée , Aglué est long-tems immobile
comme ce marbre ; elle ne sanime que pour en-
tendre t^i répéter le serment d'un amour qu'on
ignore être partagé par elle.
, L'épigraphe semble elle-même être une critique
de l'ouvrage : quand Voltaire lésait dire à Vénus :
en Fraxitclc ma-l-il vue? Il savait bien que , du
tems de ce statuaire , les dieux avaient cessé de
s liu.raanisersur la terre comme dans le siècle d'A-
donis, d Europe ctdEndymion. Il eût été plus
naturel et plus conforme à U vérité que Praxitèle .
cherchant à imiter les traits de Vénus , eût choisi j
pour modèle celte Phryné dont il fut réellement j
épris. Le destin n'ciit été pour rien dans cette j
affaire , et Phryné sans doute n'eût pas donné à j
Praxitèle l'embarias du choix que l'amour lui
suppose. I
Nous avons dit qire la musique de Praxitèle i
était d'une femme. Nous serions tentés de dire
que cela devait être ; quand Vénus cl l'Amour
se l'ont entendre , une main délicate doit ajus-
ter les cordes de la lyre, en offrant à la scène
une des Grâces piête à voir tomber sa cein-
ture. L'auteur ne devait-il pas se reposer sur
une temme du soin de trouver l'accent qu'une
telle sj,tuaiion inspie? Aussi quelques morceaux
ont-ils la molcsse , le gracieux , la teinte volup-
tueuse que le choix du sujet devait faire attendre.
En général, ce qui tenait au sentiment et à l'ima-
gination , n'a trouvé le compositeur dénué , ni
d'expression pour lun , ni de délicatesse pour
l'autre. Le public a paru juger avec rigueur ce
qui tenait au mécanisme de l'art : ceux qui le pro-
fessent et en apprécient les difficultés auront «ans
doute plus d'indulgence.
L'ouvrage est établi avec goût, La'is chante bien
le rôle de Praxitèle , à quelques momens près où
il éclate avec une force au moins inutile. On a
revu avec intérêt M"". Henry qui n'avait pas paru
depuis quelque tems. Elle a joué avec beaucoup
d'intelligence le rôle dAglaë, rôle ingrat et d'une
tenue difficile , où I auteur n'ayant rien donné à
dire , a laissé tout à jouer , el où la décence de
l'actrice doit servir de voile à une allégorie qui en
a besoin. M"'. Clarisse . chargée du rôle de Vé-
nus , n'a pas toujours trouvé des intonations par-
faitement justes. Mlle Chevalier a chanté avec
finesse un air extrêmement joli que le composi-
teur a annoncé être parodié. S....
Lapotaire , membre du lorps-le'gislatif, au citoyen
rédacteur du journal officiel U Moniteur. — Paris ,
le 8 termidar an 8.
Vos abonnés de la commune de l'Orient me
chargent de vous engager à insérer , dans votre
prochain nnméro , que , le 22 messidor , il a été
célébré pat le clergé de l'Orient , ayant à leur
tête l'évêque constitutionnel du Morbihan , un
service solennel pour le général Desaix et pour
Lalour-d'Auvergne .premier grenadier de France,
et autres généraux etdéfenseurs de la patrie , morts
en combattant les ennemis de la république. Une
musique lugubre , analogue à la circonstance ,
S'y est fait entendre. Tous les corps constitués y
étaient réunis et un peuple considérable. Un
superbe mausolée , décoré de tous les attributs
miliiaires , portait pour inscription , d'un côté :
Allez dire au premier consul que je mmrs avec le
regret de n'avoir pas assez fait pour vivre dans la
postérité.
De l'autre :
Jeime héi os ,
Tn pouvais , sans orgueil,
Croire ton nom
Caiiservé pir ta gloire ;
U-n peuple entier ,
Plmrnnt sur ton cercueil ,
Immortalise ta mémoire.
Je vous piie de leur donner cette satisfaction.
Salut et fraternité ,
SJg-ne, Lapotaire.
Paris , ce 6 thermidor an 8.
Je déclare que , loin d'avoir co-opéré à la ré-
daction de l'étrange Prospectus du soi-disant col-
lège de Navarre , je ne l'ai connu que lorsqu'il a
été rendu public par la voie de l'impression.
Malgré le désir que j'ai de voir fleurir dans la
république léiude des langues orientales , je ne
les ptofe.sserai jamais dans un établissemeni qui
n'aurait pâS lapprobation du gouvernement.
Signé ,L. Langlès,
membre de l'institut national.
du système planétaire , d'après les calculs les plus
récens ; i'I a augmenté égalemerit la table des
nombres curieux et utiles , celle des hauteurs des
montagnes et des édifices; celle des vitesses, de
la lumière, des planètes , des vents, des animaux,
etc. 11 y a mis d'autres résultats de calculs qui in-
léressent les amateurs de la physique , et gui sont
ou curieux ou utiles. Ainsi cet almanach servira à
la curiosité et à l'instruclion de tous ceux qtii
aiment les calculs.
On y veria des résultats nombreux qu'on chef'-
chevait inulileraent dans d'autres livres , et qui
ne pouvaient être rassemblés que par un physi-
cien exercé qui connaît les sources , à qui unç
vnste correspondance procure des moyens d'ins^
truciion qui ne sont |f)as à la poitée de tout lie
monde.
On trouvera des explications utiles sur l'an-
nuaire dans le Manuel républicain que le citoyen
François ( de Neulchàteau j fit imprimer lorsqu'il
était ministre, et qui se trouve chez les Didoc ,
galeries et rue de "Tliionville.
Maison d'inoculation à Vaugirard , ce 8 thermidor.
Nous possédons à Paris . depuis deux jours, M.
Woodwille, médecin de l'hôpital d'inoculation delà
vaccine à Londres. Ce savant , à qui nous devons
l'Essai sur le cowpux , traduit en français par le
docteur Aubert , animé par un zèle généreux ,
et qui mérite à tant d égards nos éloges el notre
reconnaissance, vient seconder nos expériences
sur la vaccine-
Sa pratique , ses succès constans et invariables
sur piui de sixmille enfans inoculés parlavaccine ,
et préservés de la petite vérole , doivent nous pro-
mettre des résultats aussi satislesans.
Celle méthode préservative de la variole ordi-
naire , ne semble-t elle pas tenir du prodige par
sa bénignité , quand on considère que le travail
qui en est la suite , se borne uniquement à la
piqûre que l'on fait pour inoculer , et est exetiapt
du plus petit accident.
' Colon , D. med. du comité médical de la
vaccine , à Vaugirard.
Annuair-e de la république française , présenté
au corps législatif par le bureau des longitudes ,
pour l'an 9 de I ère française. Prix , 60 centimes
pour Paris , cl 76 centimes pour les départemens,
franc de port par la posle.
Nota. La poste ne peut pas se charger de
moins de quatre exemplaires.
A Paris , de l'imprimerie de la République , et
se vend chez Duprat , libraire du bureau drs
longitudes , quai des Augustins , chez lequel on
trouve aussi la Connaissance des tems de chaque
année.
Lorsque le citoyen Lakanal fil établir le bureau
des longitudes , par la loi du 7 messidor an 3 , il
fut dit que cette compagnie présenterait chaque
année au corps-législatif, un annuaire propre à
régler ceux de toute la république. En consé-
quence on a rédigé ce peut volumej qui est ex-
trait de la Connaissance des tems , et qui contient
tout ce qui est utile au public , dans une assez
petite étendue pour être à la portée de tout le
monde , et parvenir facilement et en nombre
suffisant dans toutes les parties de la république.
Les nouveaux dénombremens faiis dans les
anciens départemens de la France et dans les
nouveaux, étaient une chose assez importante et
assez curieuse pour continuer dêtre mise à la
suite de cet annuaire.
On a augmenté et perfectionné les tables dé
population ; 00 y a mis les mesures de la répu-
blique: une tablé de réduction des anciennes me-
sures ou mètres d après les dernières détermina-
tions. Le citoyen Lalande a augmenté le tableau
GÉOGRAPHIE.
Carte delà sÉPu.BLi'q_uE erançaise, divisée
en départemens et arrondisssemens communaux ,
comprenant l'ancien et le nouveau territoire de
la France , d'après les derniers traités de paix ;
indiquant les chefs-lieux de préfectures, sous-
prélectures et tribunaux , conformément à la
division arrêtée par les lois des 28 pluviôse et
27 ventôse an 8 , par Edme Mentelle , membre de
l'institut national , professeur aux écoles centrale»
I du dépanemeut de !a Seine , et P. G. Ch^ulaire ,
I l'un des auteurs de l'atlas national.
f Celte carte, en 4 feuilles d'impression , papier
j dit grand-raisin , donne l'état exact de la division
■ actuelle de la Fiance et des arrondissemens com-
j munaux, fotmant le ressort actuel des tribunaux
I de première instance.
I Prix , 4 fr. , franc de port , enluminée avec
I soin.
A Paris , chez les auteurs P. G. Chaulaire, rue
j Geoffroy-Langevin , n° 328 ; et E. Mentelle , ga-
1 lerie du muséum , n° 19.
I L I V R E S D I V E R S.
Histoire Naturelle de Buffon , in- 18 , 16'. livrai-
son. Celte livraison est composée du tome 17 ,
matières générales , et du tome 8 , des Quadru-
pèdes , avec 18 planches. Prix , 5 fr. 5o cent. , et
8 Ir. 5o cent, figures enluminées.
A Paris , rue du Cimctière-André-des-Arcs ,
n°. 10.
Cet ouvrage se coplinue avec succès , et les
éditeurs apportent tons les soins possibles à Pexé-
cudon des gravures et du texte.
Manuf.l des maires et adjoints , fesant suite au
Manuel des agens et adjoints municipaux , contenant
la constitution de l'an 8 , la loi du 28 pluviôse ,
ainsi que les lois et actes du gouvernement qui
ont paru jusqu à ce jour , et qui déterminent las
fonctions et attributions des maires et adjoints ,
avec tables chronologique et alphabétique des
matières ; précédé d'un discours préliminaire , qui
présente un tableau des fonctions à remplir par
les maires et adjoints , en exécuùon des lois nou-
velles , et de celles antérieures à la constitution
de l'an 8. Prix , i fr. 20 centintes , et i fr. 5o cent.
franc de port.
A Paris , chez Rondonneau , au dépôt des lois ,
place du Carrouzel.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 12 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire «3 tr. i3 c.
Tiers consolidé 34 fr. 88 c.
Bons deux uers 1 fr. 52 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 . 85 fr. 5o c.
Syndicat 67 fr. 25 c.
Coupures.... 67 fr. s5 c.
Aet. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lyon au p. à vue.
Marseille.... au p. à 10.
Bordeaux.... ç p. à vue.
Montpellier.. | p. à ai >our«.
L'abonacmeni se fait à Paris , rue des Poitevins, a" 18. Le prix est de 25 francs pour trois mois, Sofiaacs pour 6 mois, et 100 fraacs pour l'année enti«ie. Ou oe t'abonne
qu'au commeuccmeut de chaque mois.
Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , au cit. As as s e, propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , u" rS. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays ou l'on ne peutaffiuncliir. Les lettres des dépanemensnon affranchies , ne seront point retirées de la poste.
U faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser sont ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue des
Paiicvint , n* lî , depui tneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de 1 imprimerie du cit. Agasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" l3.
GAZETTE NA
M" 314.
Quartidi ,14
E ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
an 8 de la république française , une et indiviiible.^
T — rr. — . l'.'.'-ll.niJ bl uiap
..I 'h- ncini''
.:. ' .i.ijdionoa >!• iv (i
■.^'.■^^'^^q -.h in-Ji ■ ii iip
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripcêurTqaà daier du 7 Nivôse le M O iNM T E U R £;sc le feul^ journal 'ofiçi^u^ " "'. ' ,'''
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeiiî , les nouvelles des armées , ainsi que les faiis.eo les-'inçtions^tant inr
l'intérieur que sur l'excérieurj fournis par les correspondances ministérielles. ,„ ' ,
, Un article s«ra particulièrement consacré aux sciences , aux arcs et aux découvertes no««elles.
1:
LIVRES NOUVEAUX.
Lycf'e, ou Cours âe Littérature , par Jean-francpis,
Laharpe; tomes VIII, IX et X,
Prix , brochés , i3 francs 5o centimes.
A Paris, chez Henri Aidasse, imprimeur-libraire,
rue des Poitevins, n" 18.
Ces trois volumes commencent la partie du
cours relative au i8° siècle.
Le tome VIII traite 1° de l'Epopée et de la
Henriade ; s° des Poèmes héroïqiies et héroï-
comiques,' didactiques, erotiques, mytholo-
giques , etc. ; jjarmi lesquels on distingue les
cernes de Fonienoy, de la Loi naturelle, de la
ucelle et de la Querre de Genève , par Vol-
taire ; le poëme de la Religion , par Racine le
fils; l'A.'i d'ajmer, par Bernard ; le Ververt de
Gresset ; les Saisons de Saint-Lambert ; l'Agri-
culture de Rqsset ; les Mois de Rouch^r , etc.
Les lomes IX et X sont consacrés aux tragé-
dies de Voltaire.
(Nous donnerons incessamment l'extrait de ces
trois volumes. )
Cette nouvelle livraison du Cours de Littéra-
ture , porte les volurnes qui en ont été publiés
jusqu'à prescrit au. nombre de onze, attendu
que le troisième volume est divisé en deux
parties.
, Prix des onze volumes , 49 fr. 5o cent.
Les lomes XI et XII paraîtront au plus tard en
vendémiaire prochain. L'auteur s'occupe cons-
tamment de la suite de cet ouvrage , qu'il suffit
de nommer pour en faire léloge.
EXTERIEUR.
INDES ORIENTALES.
X L règne dans l'armée de Scindia une grande
désertion , occasionnée par les querelles qui se
sont élevées parmi les officiers nés dans le
pays , au sujet de quelques distributions d'ar-
gent.
Suivant les dernières nouvelles reçues de l'état
de Poodacottah ,1a compagnie estimant nécessaire
à sa sûreté de réduire le pouvoir barbare des
J)oligars , et d'établir une forme générale et salu-
taire de gouvernement danr ce pays , a rassemblé
sur ses frontières une armée en état d'agir puis-
samment.
Les deux compagnies de malais , levées en
1797 par les princes 'i'u-SufF et Nourridin , de
Coa , pour le service du revenu public , sont
ïtaiionnées d'une manière permanente à Cal-
^etty.
Le corps sçus le colonel Qram , a subi une
réduction. Trois compa^^nies ont rejoint leur
bataillon à Triçbenapaly ; le reste est en marche
P9ur Maduré , dont il formera la garnison.
Un B-ombro considérable de pros , apparte-
Bans à Achen , ont échoué sur la côte occi-
dentale . ayant été détenus à Soosa , jusqu'au
moment oii les vents de nord-ouest ont com-
«nencé à souffler. Peu d'entre eux sont en élal de
doubler la pointe d Achem.
La petite vérole vient d'occasionner une très-
grande mortalité à Pédang.
La pêche des perles sur les bancs de Manar, a
commencé le 21 pluviôse dernier.
■Un particulier de Bombay a fait dernièrement
une excursion dins un pays désert , situé à l'est
des Gâtes , oii il a trouvé des forêts immenses
darbrcs à thé , d une hauteur extraordinaire.
Un bâtiment gréé en senau et armé d'avirons
a lépandu lalarme le long de la côtç de Choug-
hant.
Le prix du riz a éproi^vè , sur la côte de Mala-
bar , une très-grande diminution , vu l'abondance
de la dernière récolte.
L La compagnie fait établir à Séringapatam , sur
P les bords du Ciivery , de vastes magasins de toute
^ espèce de marchandises, et entr'autrcs de lainage
pour l'approvisionnement des territoires qu'eue
a nouvellement acquis. La direction en a été,
rr conhée au payeur de la garnison.
I D'après le traité conclu récemment avec le
j JV/jam , le subside que paye ce prince à la com-
pagnie le trouve cons iilérabicœent iiugmenlé.
On est parvenu à introduite la culture de la
pomme de terre dans les environs de Calcutta,
et à en l'aire adopter l'usage aux naturels du (lays.
La récolle qui vient d'en être faite a parfaiiement
réussi , et pour la qualité et pour la quantité. On
espère qu'il en sera de même de celles du chanvre
et du lin, dont on a fait l'essai sur 200 acres df
terre situés dans le même voisinage.
Conformément aux^ dernières volontés de feu
le nabab de Carnatte , Vellaja Bahander, ses
restes , déposés à la mosquée de Saint Thomé,
ont été transportés eu grande pompe à Tiiche-
napaly.
Des lettres du Bengale portent que 1^ gouver-
neur général a ordonné qu'il serait érigé à Bénarès
un monument à M. Cherry ( assassiné par le vizir
Ally ) en mémoire de ses services distingués.
INTÉRIEUR.
Paris , le i3 thermidor.
Le ch"f de brigade Lauriston , aide-de-camp
du premier consul , est de retour de Bielle-Isle.
Cette place est approvisionnée pour un an. Les
troupes et les habitans sont dans les meilleures
dispositions pour repousser les anglais. Le géné-
ral Guillot, oBicierdun grand mérite, qui com-
mandait les éclaireurs à l'a.ttaque du petit Gibral-
tar , qui a décidé de la prise de Toulon , a établi
à Belle-Isie le service , de manière qu'il ne rçste
rien à d^-sirer. Beaucoup de soldais de la 81*
demi brigade , qui ont été prisonniers des an-
glais , conservent un vif ressentiment des mau-
vais traitemens qu'ils en ont éprouvés. Ils dési-
rent ardemment que les anglais leur donnent oc-
casion d'illustrer leurs drapeaux; mais depuis un
mois que le convoi anglais est devant Bclle-Isie ,
il ne s'est fait encore aucun débarquement. Il
règne à bord des bâlimens anglais une maladie
épidémique.
L'activité du général Bernadofte se porte sur
toutes les côtqs dr l'armée de l'Ouest. Il ne tien-
drait pas à des hommes sans patrie et sans hon-
neur que la guerre civile ne rccommeh.çât dans
ces déparieniens ; mais la masse des habitaiis~atta-
chés de cœur au gouvernement, se lèvera non-
seulement contre les anglais, s il le faut , mais
encore contre les soi-disant chefs qui seuls s'en-
richissent des guerres civiles. Ces hommes pro-
fitent et de l'argent qu'ils ont la bassesse de
recevoir des ennemis du nom français , et du
pillage et du vol des contributions , suite uéces-
saire des guerres civiles.
Tous les grenadiers et éclaireurs du corps, qui
sont dans l'intérieur , vont former un camp entre
Beauvais et Amiens , oià ils s'exerceront , et d'où
ils seront à même de se porter par-tout oiî la
guérie coiitinentale ou maritime pourrait l'exiger.
Ce camp est sous les ordres du général Murât.
L'armée de léserve campe dans les bois , entre
Dijon et Auxone. Le général Biune a fait faire
sa baraque au milieu de l'armée , afin de veiller
de plus près à l'instruction. L'avant-garde seule-
ment de cette armée est arrivée en Suisse.
— La malveillance répandait le bruit que la
peste s'était manifestée aux Chantons et à l'hos-
pice Saint-.André , dans la commune de Bor-
deaux : une lettre datée de cette ville . le 6 ther-
midor , ei insérée dans le Journal de Paris , an-
nonce que la speiété de médecine de Bordeaux,
réunie le 5 en séance générale , a acquis la cer-
titude que les rnaladies qu'oji observe en ce mo-
ment à Bordeaux , n'ont aucun caractère ni épi-
démique , ni alarmant; qu'elles se réduisent à
quelques maux de gorge simples , à des petites-
véroles et des rougeoles bénignes , à quelques
coqueluches, à quelques fièvres tierces et double
tierces , cédant facilement aux remèdes. — La
société a encore appris des médecins de l'hos-
pice Saint-André . qu'il y a peu de malades dans
cet hôpital ; que plusieurs lits y sont vicias ; qu'au-
cune mortalité- n'y a été observée , et qu'on n'y
a iiiême perdu aucun malade deptjis plusieurs
jours.
— Le 9 thermidor, ^ deux heures du matin ,
un incendie s'est manifesté avec violence dans
la maison d'un teinturier à Orléans , rue du
Cheval -Rouge. Le feu a commencé par une
chaudière, et s'est communiqué rapidenient à
tous les combustibles cnvironnans. Le tocsin a
été de suite sonné , et la gctictale battue. On a
ptotuié en peu d'instans les secours les plus !
prompts et les plus efficaces. Le maiie , la force ',
armée , et les pompierjS , s'y) acnt trouvés réuni»
presqu'en même-lems. Ori a répssi . en moins de
deux' heures , à arrêter le progiès df \fL flamme;,
et même à l'cleindre entiérenieni. Ileureusemerjt
qu'on a pu , en abattant un pan de muraille,
détruire la communication qui existait entre le
foyer et un hangard (jui contenait environ une
vingtaine de cordes de bois'J Gazette de France.)
— Le préfet, du .département .de la Meuse*
Intérieure prévient ses collegiies dc,s autres dé-
parieniens fju'à l'avenir ij affiaricbira, les lettres qt
paquets qu il Icijr adressera , et les invite à en
user de même à son égard; leur fesant part que,
faute de prendre celte précaution , lesdils paquets
et lettres resteront au rebut.
— L'installation des tribunaux criminel et civil
du département de la Lozère s'est faite le 84
messidor ; le plus grand ordre a régné dans cetfe
cérémonie touchante par le concours des ci-
toyens qui s'y sont trouvés , et infiniment intéres-
sante par les discours pleins de patriotisme , de
philosophie et de philantropie que le préfet y a
prononcés, et auxquels il a été répondu par les
présidens respectifs des deux tribunaux.
MIN I S TER E DE L'INTÉRIEUR.
Instruction sur les travaux à exécuter sur les
grandes routes avant le commencement de l'hiver
de l'an 9 , et sur Us dépenses générales des ponts
et chaussées jusqu au f nivôse an 9.
Approuvée par le ministre de l intérieur , le 28 mes-
sidor an 8 ^ et adressée aux préfets des départemevs
par le conseiller-d'état charge spécialement des ponts
et chaussées, canaux., taxe d entretien et .cadastre ,
le i" thermidor.
Citoyen préfet , je vous ai adressé , le 4 floréal
dernier , une instruction pour l'exécution de la
loi du 7 germinal an 8, et du règlement des
consuls du !"■ floréal suivant. {
Elle était particulièrement relative aux moyeris
de constituer la recette des produits de la ta:^c
d'entretien des routes .
Il est à remarquer que ces produits formant fe
seul londs'que le gouvernemeiit puisse , dans le^
circonstances actuelles, appliquer aux dépensas
des ponts et chaussées, il était indispensable,,
sous ce rap^iori , de connaître avec quelque pré-
cision l'étendue de ces produits , avant de forrner
aucune disposition sur les dépenses.
L'anêlé des consuls , du i'^ floréal , avait pres-
crit l'adjudication universelle des barrières avant
le I^' prairial suivant ; celte fixation d une éjjoqi^e
uniforme pernictiait d'espérer que , vers le i5 du
même niois , les résultats de ces adjudications
auraient pu me parvenir ; mais des obstacles
nombreux ont troinpé cette combinaison ; et dans
ce moment même les adjudications n.e sont point
terminées dans plusieurs déivariemcns. Il serait
néainnoins infi:iimeni eoiiuai,e à ladrainistration
des roiites , de relarder plus long-tems la fiction
des travaux quil se»-a possible d'exécuier avant
I hiver de 1 an g; et comme il faut renoncer à
attendre le term,e encote éloigné oti les barrières
seront universellement affermées , j ai diâ remolic-
cer par t^es évaluations approximatives , l'absence
des états d'adjudication qui ne sont point encoie
parvenus; ce qui iiie permet de déterminer un
résultat presque certain du produit géiiéral des
barrières affermées ou à affermer en e)j.éculion
de la loi du 7 germinal.
La siiuaiion des grandes roules excite toute la
sollicitude du gouvernement ; abandonnées de-
puis dix ans à toutes les causes de desiruction ,
elles exigeraient aujourd hui des dépenses supç"
rieuies à tous les moyens que l'on pourrait y
appliquer. Le moment n'est point encore anivé
où il sera possible de diriger de varies dépenses
vers cet important objet : la guerre , qui les a fait
négliger , n'est point terminée ; elle exigp la
totalité des ressources et des efforts de la nai|p^\ ;
ainsi , jusqu'à la paix , le produit de la taxe d en-
tretien sera l'unique fonds applicable à 1 entre-
tien des l'oljtes et aux dépenses de leur adu{i-
nistration. '
Ce produit est non - seulement inférieur aux;
besoins extraordinaires ; il l'est même de beau-
coup aux simples dépenses ordinaires d'çii-
treticn.
je dois, à cei "égard, vous exposer qnelqqç»
calculs (jui , [lar leur généralité , semblent d'abord
étranger» aux mesures partielles que k gouvei-
1266
tiement doit pretidre pour chacun des departe-
rnens de la république ; mais convaincu que sa
force réside essrnlicUement dans la confiance , et
Tjue la confiance ne peut s'établir que sur la con-
viction de lajustesse des mesures , je m'empresse
à vous communiquer les bases des déterminations
qu'il vient de. prendre relativement aux travaux à
exécuter sur les grandes routes.
La recette annuelle de )a taxe d'entretien ne
jjrésente, d'après la mise en ferme des barrières
de la majeure partie des départemens, el d'après
l'cvahiation de celles qui ne sont point encore
affermées, qu'une recette annuelle de 10,200,000
Irancs.
Les dépenses qu'exigeraient les travaux des
grandes routes, se divisent en deux classes.
1°. Les dépenses de simple entretien et des
ouvrages d'an , réunies à celles de l'administra-
tion, qui étaient évaluées avant la révolution à
environ 52,0'jo,ooo. L'accroissement du territoire
de la république, l'augmentation siirvenue aux
prix de la main-d'œuvre , autoiisent à croire qu'à
{avenir ces dépenses s'élèveront
jusqu'à «6,000,000/.
La recette annuelle de la taxe
d'entretien vient d'être évalué à. . 10,900,000
Il existera donc un déficit sur les
'dépenses ordinaires de 1 5, 800, 000/.
t". Ce déficit sera augmenté des dépenses ex-
traordinaires qu'exigeront, pendant le cours de
quelquesiannées , les réparations considérables à
faire aux routes et aux ouvrages d art : il est,
quant à présent , inutile de les apprécier ; on sait
assee qu'elles s'élèveront à des somrpes consi
dérables.
Cette situation momentanée de détresse change
nécessairement l'ordre habituel de l'administra-
tion des travaux des routes ; on ne peut plus
déierminer leur dépense par les travaux qu'elles
exigeraient: cette baje, si sage, doit sommeiller
jusqu'au retour de l'abondance , et , pour l'ins-
tant , on est réduit à consulter les moyens étroits
qui leur sont applicables ; ce qui, en d'autres
termes, signifie qu il faut réduire les dépenses
au montant seul des recettes possibles.
Règle de la distribution des fonds applicables aux
■travaux, des routes avant l'hiver de l'an 9.
La première règle à Jaquelle le gouvernement
a dû 5 attacher très-foriement , consiste à n'auto-
riser de dépenses que dans le rappo^ exact des
i.eceites certaines des produits de la taxe. Il est
tems d& faire cesser les désordres que produi-
saient les autorisations indiscrètes données pour
des travaux: cédera leur urgence, sans avoir
les moyensde les exécuter, est une mesure très-
fausse qui entraîne les inconvéniens les plus
graves ; il en résulte des illusions qui trompent
les administrés et les admijiistrateurs : les uns et
les autres en conçoivent des espérances qui ,
faute de se ré.^liser, décrient le gouvernement,
et ruinent son crédit auprès des entrepreneurs
qui se sont livrés à des avances.
Ces entrepreneurs se prévalent d'ailleurs des
hasards attachés au paiement des travaux qu'ils
doivent exécuter: ils exigent des prix plus consi-
dérables ; ils contruisent mal ; ils ouvrent des
ateliers dans des saisons inconvenantes ; ils aban-
donnent des travaux ébauchés , dont la valeur se
trouve perdue. L'inexactitude dans les paiemens
de ce qui leur est dû, excite leurs plaintes légi-
times contre le gouvernement, et réfléchit sur
une multitude d'ouvriers dont les salaires ne sont
point payés. Ainsi tout concourt à justifier la
règle fondamentale dont je vous entretiens , et
qui consiste à n'entreprendre des travaux que
dans la proportion rigoureuse des moyens de les
payer avec exactitude.
Avant d'exposer les bases de la répartition des
fonds destinés aux travaux des routes , je dois
expliquer pourquoi cette répartition s'étend sur
les travaux à faire jusqu'à l'hiver de l'an g , et
pourquoi se trouvent pur-là confondus en appa-
rence la fin de l'exercice de l'an 8 et le com-
mencement de celui de l'an g.
La modicité des fonds actuellement applicables
aux travaux des routes , exige qu'aucune portion
n'en reste oisive , et que la totalité en soit con-
sommée dans la saison où les travaux sont utiles
et praticables. Cette mesure est conciliable avec,
la disposition des lois qui séparent la compta-
bilité publique par exercices annuels ; elle est
aussi conciliable avec la nécessité de mettre dans
vos mains , dès à présent, les moyens certains de
porter sur les routes, avant 1 hiver, toute l'éten-
due des fonds qui leur sont applicables.
Les recettes certaines qui doivent avoir lieu
dans toute la république , pour l'exercice de
l'an 8 jusqu'au 1'^ vendémiaire prochain , pour-
ront s'élever à 6,000,000 fr.
Les dépenses arriérées et courantes résultant
de l'adrainisiration et des charges de ce même
exercice , les non-valeurs sur les produits , les
indemnités légitimes dues à d'anciens fermiers ,
les fonds à mettre en réserve pour subvenir à des
événemens imprévus , réduisent à 2,100,000 fr.
la portion disponible et applicable aux travaux
de roule pour l'an 8 , ci 2,100,000 ir.
La portion disponible et applica-
ble aux mêmes objets, sur les pro-
duits du premier trimestre de l'an 9 ,
s'élèvera à , 1,400^06 fr.
Total 3,5oo,ooo fr.
Telle est la somme qui était à répartir entre
tous les départemens.
Pour parvenir d'une rnaniere échirée à celte
répartition , les inspecteurs-généraux des ponts
et chaussées ont été consultés ; ils ont examiné
l'étendue et l'état actuel des principales commu-
nications qui traversent chaque département ; ils
ont considéré que la presque tota'ité des travaux
devait être exclusivement exécutée cette année
sur les routes de première classe. Ces bases ont
été combinées avec les états de travaux auto-
risés jusqu'à présent , et avec ceux qui sont encore
à l'examen.
Enfin , il a été formé un tableau de répartition ,
approuvé par le ministre de l'intérieur , dans
lequel votre département est employé pour une
somme totale de
applicable aux travaux des routes faits ou à faire
avant 1 hiver de 1 an g.
En m'exprimant ainsi sur les travaux faits ou
à faire , je dois m'expliquer.
11 a été entrepris . dans le courant de l'an 8 ,
des travaux dans plusieurs départemens , dont
les fonds ont éié autorisés , mais n'ont point en-
core.éié ordonnancés; ces travaux doivent être
payés sur la somme actuellement repartie , parce qu'il
n'existe 'aucun autre moyen de les solder. Je vous
i invite à ne point perdre de vue cette importante
' observation , lorsque vous vous occuperez de
régler l'emploi des fonds qui vous sont des-
tinés.
Je vous invite aussi , citoyen préfet ,; à vous
bien convaincre de l'impartiale équité qui a pié-
sidé à la répartition dont je vous annonce le
résultat. Je le demande avec instance , parce que
ma correspondance m'avertit d'une erreur très-
grave dans laquelle quelques préfets sont tombés
relativement à cette même répartition.
Cespiéfets, qui administrent des départemens
dans lesquels la taxe offre des produits étendus ,
ont conçu que ces produits pourraient êtreafifectés
en totaiiié à ces départemens , et déjà ils en dé-
terminent l'emploi.
De telles vues sont essentiellement contraires à
la loi , qui fait de la taxe d'entretien une recette
commune et confuse pour toute la république;
elles sont contraires aux départemens qui n ont
ni communications ni recette , et qui onr cepen-
dant des charges et des répaiaiions à payer. Il
ne faut pas s'y méprendre : les voitures de voyage
ou de roulage qui constituent le produit de la
taxe dans les départemens favorisés par leur si-
tuation , ne parviennent sur leur territoire qu'a-
près avoir traversé d'autres départemens; l'abon-
dance n'existe pour les premiers que parce qu'elle
s est préparée dans les autres. Il y a donc entr'eux
une véritable association et une espèce de solida-
rité , qui exigent que tous les produits soient
mis en commun , pour être ensuite répartis par
les règles d'une administration éclairée , qui ,
placée ait milieu d'eux , peut juger sainement de
leurs besoins respectifs.
Il faut donc renoncer à tout esprit de localité
et à l'état d'isolement dans lequel quelques dé-
partemens voudraient se placer ; le gouverne-
ment ne peut ni ne doit tolérer de telles pré-
tentions.
Enfin, citoyen préfet, je vous annonce que
votre département ne peut compter , quant aux
travaux , que sur la sonàme de
que je vous ai annoncée. Les charges seront ac-
quittées à part sur des ordonnances particulières ;
elles ne doivent point être prises sur la somme
répartie.
Outre cette somme , vous pourrez encore trou-
ver une ressource dans les débets à la taxe d'en-
tretien appartenant à l'exercice de l'an 8 , et qui
pourront être recouvrés avant le i" vendémiaire
prochain. Ces recouvremens , nuls dans certains
départemens , etassez importans dans d'autres ,
peuvent être employés par vous aux dépenses des
travaux des routes ; je ne doute point de l'acti-
vité que vous emploierez pour les hâter , en
poursuivant les débiteurs de manière à les con-
traindre à se libérer avant le i"' vendémiaire
prochain, et du soin tjuè vous mettrez à m ins-
truire des rentrées que vous aurez obtenues.
Pour ne laisser subsister aucune équivoque sur
ce point , je dois vous observer que les recou-
vremens qui pourront être faits sur les exercices
antérieurs à l'an 8 . sont exceptés de ceux mis à votre
disposition.
Mode de procéder à la détermination des travaux
à exécuter avant l'hiver de l'an 9.
Je vous invite , citoyen préfet , à mander auprès
de TOUS l'ingénieur en chef de votre département,
aussitôt après la réception de cette instruction, et
à vous concerter avec lui sur lemploi le plus utile
à faire de la somme de qui
vous est répartie , et de celle que vous pourrez
obtenir des recouvremens de l'exercicede l'an 8.
Le gouvernement vous confère à cet égard la
plus grande latitude : c'est dans votre sagesse et
la connaissance des locaUtés , que vous devez
puiser la règle de l'emploi des fonds qui vous
sont destinés; il suffira de vous rappeler qu'in-
variablement la préférence est due aux routes de
première classe. Vous pourrez , d'ailleurs , tirer
beaucoup de secours des états de situation pré-
parés par les ingénieurs , en les modifiant au gté
des circonstances. J'entends par routes de la pre-
mière classe , celles* qui traversent la république
d'une frontière à l'autre , ou celles qui se dirigent
tant sur Paris que sur les principales villes de
commerce.
En vous affranchissant ainsi des règles ordi-
naires , qui exigent que nuls travaux ne soient
entrepris sans une approbation, préalable du mi-
nistre , vous aurez à vous conformer aux dispo-
sitions suivantes.
'Vous m'adresserez une copie du projet de tra-
vaux que vous aurez arrêté.
Lorsque ces travaux seront exécalés, le compte
m'en sera pareille'ment adressé.
Vous vous servirez , en général , de la voie des
adjudications : mais cette méthode , qui entraîne
des longueurs contraires à l'urgence actuelle des
travaux , ne vous es: point exclusivement im-
posée ; vous pourrez , de concert avec 1 ingénieur
en chef, traiter par voie dé soumission, et même ,
dans certains cas , par la voie de régie , lorsque ,
sur-tout, il ne sera question que de travaux légers
et disséminés, qui peuvent être avantageusement
exécutés par des ateliers ambulans.
J'observe que les adjudications ou soumissions
doivent toujours être établies sur des prix déter-
minés , et non sur des prix à fixer ou à ar-
bitrer.
Lorsque vous procéderez par adjudication ,
vous pourrez admettre comme cautionnement des
entrepreneurs , les sommes dues par les ponts et
chaussées , et de la liquidation desquelles on vous
justifiera.
Je sais, citoyen préfet, qu'il est superflu de
vous recommander léconomie ; la modicité des
fonds qui vous sont destinés, exige la plus grande
attention sur leur emploi. Le gouvernement
compte sur le zçle que vous mettrez à étudier tous
tes moyens d'obtenir la plus grande étendue pos-
sible de travaux avec les faibles sommes qui vous
sont réparties. Vous aurez à convaincre les entre-
preneurs . de la loyauté du gouvernement, et de
la sagesse des mesures qu'il a prises pour acquitter
ponctuellement les engagemens qu'il contractera
avec eux ; vous aurez à exciter le dévouement des
cultivateurs, pour les déterminer à réduire, le
plus possible . le prix des transports des matériaux
pour diminuer par-là celui des enir&prises. Je ne
désespère même point que , d'après 1 exemple de
certains départemens , vous ne parveniez à ob-
tenir quelques travaux gratuits , et qne le gouver-
nemetit n'ait à adresser à vos administrés les re-,
merciemens de quelques sacrifices.
Mode de paiement des travaux.
Dans les départemens où les recettes faites
ou à faire pour l'exercice de l'an 8 , excéderont
ie montant des charges et celui des travaux,
chaque dépense sera acquittée d'une manière
facile.
Dans les départemens^ au contraire, où les
recettes ne suffiront pas aux dépenses , et qui
exigeront des yersemens à faire pat d'autres dé-
partemens , l'acquit de ces mêmes dépenses
pourra souffrir quelques délais , sans rien perdre
cependant du côté de la certitude : toutes les
mesures sont prises de manière à assurer le paie-
ment des ordonnances du ministre.
J'adresse aujourd'hui au directeur du trésor
public une ordonnance du ministre de l'inté-
rieur tirée sur les fonds de l'exercice de l'an 8v,
applicable aux travaux du même exercice , de
la somme de .
Cette ordonnance sera incessam-
ment envoyée au payeur - général
de votre département ou à son
préposé.
Dans le mois de vendémiaire pro- ,
chain , il sera adressé une autre or-
donnance sur les fonds de l'exer-
cice de l'an 9, applicable aux tra-
vaux de ce même exercice à
exécuter avant Ihiver. Cette ordon-
nance ne peut être expédiée plutôt ;'
elle doit être précédée d une ouver-
ture de crédit ; cet acte de gouver-
nement ne peut avoir lieu qu'à
l'expiration de l'an 8 : vous pouvez
jusque-là vous considères comme
autorisé positivement à préparer une
dépense égale au montant de l'or-
donnance que je vous annonce ; ci...
Total égal à la somme repartie .
à votre département. . ... . •
1,267
Qiiant aux sommes que vous êtes autorisé à
dépenser, provenant des recouvremens à faire
jusqu'au l" vendémiaire sur l'exercice de l'an 8,
elles seront successivement ordonnancées lorsque
la connaissance de ces recouvremens me sera
parvenue.
Von.s fournirez des mandats sur le payeur-
généra! de vosre département ou son préposé ,
à valoir sur les ordonnances qui resteront entre
ses mains , et jusqu'à I épuisement de leur mon-
tant. Vos mandats seront basés sur les certifi-
cats des ingénieurs qui constateront que les som-
mes sont dues pour travaux faits.
Les paasscports , les permissions de séjour
et les cai_tes de sûreté égarées ou perdues , serou
délivrés et accordés par la préfecture de police
sur le vn de ce certincat.
Les cartes de sûreté sur les résidences obtenues
seront délivrées par le préfet, sur une autorisa-
tion du ministre de la police générale.
Les passeports des voyageurs seront visés di-
rectement à la préfecture.
Qtiant aux certificats de résidence et aux actes
de notoriété , le préfet de police s'est exclusi-
vement réservé toutes les opérations qui y sont
rebiives. En conséquence les requérans et leurs
_ L'émission de ces mandats exige des précau- t témoins se rendront à la préfecture
lions que je vous recoonraandc; ils ne devront t ji- j ■ j j- lw
- '• -^ . ' _ ^ UV.Y.UIII La délivrance des actes ci-dessus détailles aura
jamais être délivrés que sur des fonds existans
réellement dans la caisse du payeur. Vous de-
vez éviter de donner naissance à un papier qui
se déprécierait par linceniiude de l'époque
fixe du paiement , el^ qui fournirait matière à
de nombreux abus.
On peut entrevoir dés à présent, qu'à quelque
différence près , les fonds destinés au paiement
des travaux ne seront réalisés qu'à la fin des
jmo.s de vendémiaire et de nivôse , parce que
les ietmiers ne devant se libérer qu'au com-
mencement de ces mêmes mois . entre les mains
des receveurs de la régie , il faudra un délai
pour que ces derniers aient pu verser aux pré-
posés du payeur-général ; ce délai sera évidem-
ment un peu plus long pour les départemens
qui exigent des versemens étrangers.
Je vous invite là veiller, avec le plus grand
soin , à ce que ni les travaux ni vos mandats
n'excèdent le montant des ordonnances. J ai
senti la difficulté que le tout soit réglé par ap-
point ; mais vous n'y êtes pas rigoureusement
assujetti : les légei;es différences qui pourront
naître , seront ultérieurement régularisées.
De la comptabilité des travaux à exécuter avant
l'hiver de l'an g.
L'indispensable nécessité de séparer par exer-
cice les recettes et les dépenses des ponts et
chaussées , vous prépare quelques embarras qui
appartiennent à la circonstance actuelle ; ceci
exige qiie , par le projet des travaux à exécuter ,
il soit fait une distinction par exercice , ou plutôt
qu'il soit fait deux projets séparés , ei que le
moniant de chacun de ces projets soit en relation
avec I ordonnance que je vous adresse pour
l'an S , et avec celle qui vous parviendra pour
l'an g. Quant aux légères différences qui pour-
ront survenir entre les projets et l'exécution des
travaux, soit en plus, soit eu moins , elles seront
aussi ultérieurement légularisécs lorsque vous
m'adresserez le compte définitif de ces dépenses.
MINISTERE DE LA MARINE;
Le corsaire la Vengeance , de Boulogne , cap.
Lefori . a conduit à Cherbourg le lougre anglais
4e Ytoy , dont il s'est emparé à une portée de canon
de 1 île d'Aurigny, où ce lougre , expédié de Berr,
allait prendre un chaigemeni.
PRÉFECTUREDE POLICE.
Avis IMPORTANT.
Du i3 thermidor an 8.
L'arrêté des consuls de la république, en
date du 12 racsHÙor dernier , charité le préfet
de police , de délivrer les passeports pour
voyager de Paris dans l'intérieur de la répu-
blique , de viser les passeports des voyageurs ,
de délivrer les cartes de sûreté , d accorder les
permissions de séjour aux voyageurs qui veulent
résider à Paris plus de trois jours , de délivrer
les certificats de résidence , et de délivrer les
actes de notoriété aux citoyens qui ont voyagé
oU séjourné en pays étranger, et qui léclament
leS exceptions portées par l'art. II de la loi du
s5 brumaire an 3.
Le mode que le préfet de police a adopté
pour la délivrance de ces actes , loin de fati-
guer les citoyens , leur causera au contraire
beaucoup moins d embarras et de démarches
que dans les municipalités.
Ceux qui voudront obtenir des passeports pour
voyager dans 1 intérieur s'adresseront aux com-
missaires de police de leurs divisions respec-
tives , et se feront assister de deux témoins
domiciliés , s'ils ne sont pas notoirement connus.
Ceux qui voudront obtenir des permissions de
séjour «uivron; la même marche, déduiront les
motifs et la durée de leur séjour . et donneront
les autres tenseignemcns qui leurseront demandés.
Ceux qui demanderont le renouvellement de
leurs caitcs de sûreté égarées ou perdues , en
leront la déclaraiion comme par le passé , et se
kroiil assister , devant les commissaires de police
de leurs divisions respectives , de quatre témoins
qui certifieront leur moralité.
Lorsque les réclamans auront satisfait à ces for-
nia'liés , les commissaires de police leur en dé-
lireront un ccrtiûcal dctuillé.
lieu à la prélecture de police , ^ compter dn 16
thermidor présent mois.
Le préfet , signé, Dubois.
Au PRtiMIER CON SUtj Bon A PARTE.
Continuation de la description abrégéf. des principaux
■moiiumens de la Haute-Egypte ^ accompagnée de
détails sur les tableaux qui , en Us décorant ,
servent à faire conjecturer à quelles divinités tes
temples étaient consacrés.
Rive gauche du Jleuve.
Les principaux moiiumens élevés sur cette rive,
et les vSeuls qu'on puisse croire avec quelque
fondement avoir dépendu de Thebes . sont le
Memnonium . ou palais de Memnon , Medinet-
abou , autre palais , et les deux statues colossales
si connues par leurs proportions prodigieuses.
Le Memnonium regarde l'est. Dans une de ses
cours , se voyent les débris de la célèbre statue de
granit rouge, qu'on peut regarder comme celle
de Memnon. Sa proportion était de 64 pieds;
les débris en sont dispersés dans un rayon de
40 pas ; un de ses pieds presqu'entier subsiste
encore; sa largeur , à la naissance des doigts ,
est de quatre pieds et demi; une de ses oreilles
a 39 pouces de longueur. On remarque encore
les excavations faites pour placer les coins qui
ont séparé le monument lorsquil fut renversé
par Cambise. A l'entrée de la porte qui delà
seconMe cour conduit au palais , sont les débris
d'un colosse de granit de moindre proportion.
La tête de l'un d'eux est parfaitement conservée ;
elle est de granit rose , tandis que le reste du
colosse était de couleur noire. C'est le plus pré-
cieux monument de l'ancien style égyptien.
L'exécution en est fort belle. Le Memnonium n'a
pas été fini , ainsi que la moyenne partie des
ouvrages égyptiens, oti l'on trouve à côté de choses
ébauchées, des détails parfaits,
Au sud de ce palais et au pied de la mon-
tagne Lybique , on trouve dans l'enceinte d'un
ancien couvent cophte , ijn petit temple d Isis
aussi précieux par sa parfaite conservation que
par l'exécution et l'intérêt des tableaux qu'il
renferme.
Au nord du même palais on voit les ruines
d'une construction égyptienne qui paraît avoir
appartenu à un temple et être d un travail beau-
coup plus récent qu'aucun des auties monu-
mens égyptiens ; ce que indique le soin avec
lequel furent gravés les hyerogliphes et une
espèce de voûte dont une portion est encore
entière. Elle n'est point faite sur les mêmes
principes que les nôtres et prouve que les égyp-
tiens ignoraient l'emploi des voussoirs.
Entre le Memnonium et le palais de Medinet-
abou, sont les deux plus grands colosses qui
subsistent encore en Egypte. Les socles sur les-
quels ils reposent , ont onze pieds de hauteur.
L exhaussement du sol les a enterrés de cinq
pieds. Les traces que le Nil a laissées de son
séjour sur chacun des côtés , s'élèvent jusqu'à
vingt-huit pouces du pied de la statue ; ce qui
prouve qu'il y a eu depuis leur construction un
attérissement de huit pieds huit pouces. Le co-
losse placé au nord , a été brisé dans sa partie
supérieure. Un préfet romain l'a fait rebâtir. Sur
ses cuisses et ses jambes sont un grand nombre
d'inscriptions grecques et latines qui attestent que
ceux qui les ont tracées , ont entetidu la voix de
Memnon , dont la statue résonnait au lever dit
soleil.
La proportion de l'un et l'autre est d'environ
cinquante-huit pieds. Leur attitude est celle de
toutes les statues assises. Trois petites figures de
femmes accompagnent chacun des colosses; elles
sont debout , placées aux deux côtés du fauteuil
et entre les jambes de la figure principale.
Entre le Memnonium et Medinel-abou , dis-
tans l'un de l'autre d'environ une demie-lieue , on
voit les débris d'un grand nombre de colosses ,
et des traces de constructions qui indiquent que
ces deux palais communiquaient l'un à l'autre par
une suite de bâtimens aussi considérables que le
montre la distance qui les sépare. Cette masse de
construction paraît avoir été ce que Diodore de
Sicile appelle le tombeau d'Osyraandias. On est
confirmé dans celte conjecture par la confor-
mité qui existe entre les monumens dans leur
état présent et les descriptions étendues et Soi-
.^nées que cet écrivain a laissées de tableaux
qu'on retrouve dans les deux palais. Ces tableaux
eprésentent des sièges de places fortes , des in-
vasions d'ennemis et des victoires remportées par
les Egyptiens. Les barbares avec lesquels com-
battent ceux-ci , ont , ainsi qu'eux , l'usage dei
chars , avec cette différence que trois d'entr'eux
sont placés dans le char. L'un tient les rênes des
chevaux, l'autre tire de l'arc , et le troisième les
protège tour à tour de son bouclier.
Medinet - abou.
Le palais est dans un bel état de conservation.
Le morceau le plus important qu'on y voit , est
un péristile de cinquante-cinq pas dcjongueur sur
soixante-cinq de largeur. Il est formé de quatre
rangs de colonnes placées sur les quatre côtés
de la cour. La ligne des soffites est d'une élégance
et d'une pureté qu'on ne trouve nulle part ail-
leurs. Les colonnes ont sept pieds de diamètre
et quarante-cinq de hauteur. C'est là que les ma-
tériaux sont le mieux appareillés. On paraît avoir
eu en vue l'immortalité de ce monument entier
et de ses moindres parties.
Les grandes figures ont communément deux
pouces de relief, et les petits hyerogliphes gra-
vés en creux ont depuis un jusqu'à six pouces de
profondeur.
Les tu e. avaient fait de ce péristile une mos-
quée ; la Kéabé s'y trouve encore. Le péristile est:
(ermé , et les amoncellemens s'élèvent en certains
endroits fort près de sa corniche. Plus de 60
habitations ont été élevées sur les terrasses. Au-
près de la cour sont cinq appartemens , dont deux
paraissent avoir été le trésor du palais. Le» coffres
en pierres qui le renfermaient subsistent encore ,
et ainsi que dans le voisinage des salleé de récep-
tion deKarnac , on a représenté sur les murailles
tout l'étalage des richesses du prince.
Au nord et à côté du palais est un peut temple
qui en dépendait. Il est bâti sur Jle plan adopté
pour toutes les constructions de ce genre. Le
tableau le plus intéressant qu'on y rencontre ,
représente un homme qui semble embrasser les
parties de la génération du dieu en érection. On
peut croire , avec quelque fondement , que ce
dieu n'est autre que Mendès. On y voù aussi
un prêtre traçant , avec un hoyau , un sillon
aux pieds du même dieu , comme s'il l'invitait
à favoriser le labourage.
Au milieu des monumens de l'ancienne Thebes,
on trouve un grand nombre de traces du culte
des premiers chrétiens pendant les quatre cens ans
qu'ils ont joui du libre exercice de leur religion.
Ils paraissent en avoir célébré les cérémonies
dans les temples, mêmes de leurs ancêtres. On y
voit fréquemment les images du christ et des
saints ; ils sont peints à fresque et ornés d'au-
réoles. La plus grande partie des figures qui dé-
corent les temples et les palais , a éié mutilée
par les chrétiei»s et les turcs. Les premiers effa,-
çaient les figures d'animaux qui , d'après leurs
idées religieuses , leur représentaient des diables.
Les seconds se chargeaient de renverser celles
des hommes. Il faut qu'à certaine époque le gou-
vernement ail encouragé ces actes de barbarie,
car on a porté le ciseau de la destruction Jusqu'à
des endroits oti l'on pouvait atteindre sans em-
ployer de grands moyens mécaniques.
Le palais de Medinet- ab/éu était environné
d'un mur d'enceinte , qui subsiste encore dans
une étendue de quarante-cinq pas. Sa partie su-
périeure est défendue par des créneaux absolu-
ment semblables à ceux qu'ils ont représentés
dans leurs bas-reliefs au-dessus des tours assiégées.
L'intérieur de la cour représente plusieurs com-
bats et le triomphe du vainqueur. Il est assis sur
le derrière de son char , et sa position est telle
qu il tourne le dos à ses chevaux. Des soldats égyp-
tiens lui présentent ses prisonniers , tandis que
plusieurs nommes sont employés à compter des
mairlsetdes membres virils amoncelés à ses pieds.
On ne peut pas en conclure qu'ils mutilaient les
ennemis que le sort des armes avait fait tomber
entre leurs mains, puisque ceux qu'on présente
au vainqueur , jouissent de l'usage de tous leurs
membres. Il est plus raisonnable de croire que
les parties naturelles accumulées et comptées
sont celles des vaincus morts sur le champ de
bataille. Les égyptiens les enlevaient comme mar-
ques et trophées de la victoire.
A l'extérieur et sur un mur du palais, un bas-
relief représente-une chasse aux lions et une ten-
tative de' descente faite par des étrangers , dont
le costume ressemble beaucoup à celui des in-
diens. Les égyptiens s'opposent à cette descente
et par terre et par mer, par-tout les barbares sont
mis en déroute. Au-dessous du tableau, on voit
des marches de troupes ; on y distingue des sol-
dats pesamment armés , et d'autres amés à la lé-
gère. Quelques-uns ne portent qu'une massue ,
le plus grand nombre joint à son bagage une très-
grosse outie.
Un des tableaux les plus singuliers se trouve
placé au-dessus d'une des portes d'entrée du pa-
lais ; il représente un roi fesant quelques caresses
à une jeune bile ; d'une main il lui presse le
sein , de l'autre il lui «ouleve sa tunique.
1268
A une lieue et demie de ce palais, on voit un
petil temple parfaitement conservé. Il éiait con-
sacréà'Horus ; il est placé sur la lisière des leries
ottilivéei.
Entre ce temple et Medinet - abou , plusieurs
collines formées de mains d'hommes indiiiiiem
remplacement d'un lieu de course ou d'exercices
militaires. Sa forme est celle d'un paiallcllograme
leciangle ; sa longueur eside trois ijuatts de lieue,
»a largeur d'un ijuan.
Au sud et à cent cinquante mises de Medinei-
abou , se trouvent encore les ruines d'un p,elil
temple consacré à Taut. Il n'a jamais été fini.
(La suite demain. )
THÉÂTRE FRANÇAIS.
L'auteur AnVieux Célihataiie , du l InconUnul ,
de l Optimiste , des Ciiàteaux en Espagne , et de
tant d autres ouvrages, où une poésie aimable
donne du charme à une morale pure , et fait
aimer le précepte par l'agrément de la leçon ,
le citoyen Col'in -d Harleville , vient de rompre
un trop long silence. Son nom vient de retentir
sur la scène au milieu des acclamations les plus
vives , en peignant les meurs du jour , en a;ouiant
CEcole des jeunes femmes aux écoles que déjà le
ïliéàlrc Irançiis a ouvertes avec suf,ès'. 'Voici
quels personnages il nous présente, et dans
quelle situation il les a placés.
Sophie, irès.-jeupe et très-bc-lle personne , née
dans le fond d'une provinced'une famille honnête,
laatiée depuis deux ans 4 un ojficier , séparée
(ie son époux par l'effet de la guerre , privée
de ses nouvelles depuis 18 mois , et incertaine
i;,\r son son , a quitté la campagne , et est venue
^'établir à Piiris , chez son oncle , nommé Mo-
land , homme réceinmeni enrichi , et lancé dans
les plus impoflanies opérations de l'agiotage.
Dans ce nouvel asyle , de nombreux adorateurs
1 entourent ; un cousin charmant, Florval, est
sans cesse à ses côtés ; mais un séducteur plus
dangereux l'assiège , c'est Dhéricourt , assez jeune
pour plaire , assez âgé pour savoir séduire sans
elfe séduit lui-même. Une femme ttès-répandue
dans le irionde , et que tout annonce être lu maî-
tresse de i eniichi , s'est lice à Sophie , et ne
néglige rien pour l'cntraînei dans le tourbillon
oii elle s'est depuis longtems perdue ; mais une
madame Eullei: , femme que ses talens , son
frsprit , son honnêteté , distinguent également ,
placée près de Sophie , dont elle cultive les dis-
positions pour les arts, ponant à sa jeune élevé
une affection que la reconnaissance a fait naître,
veille sur cette fleur qu'un air empoisonné va
flétrir,
C'est sur ces entrefaites qu'est arrivé à Paris
un frère de Sophie , Froment , homme de sens
et de raison , parent sensible , ami éclairé , épris
des mœurs pures et des douces habitudes de la
campagne , détestant les vices dont il ^uit avec
inquiétude les progrès , frondant sans cesse les
travers et les ridicules du jour ; fesant de Paris ,
tel qu'il en voit une partie , un taoleau deses-
pérant, et peignant le pays qu'il quitte sous des
traits si beaux , qu'on serait tenté de lui en de-
rqander la route pour y aller chercher les mœurs
de lâge d or , qui s'y sont apparemment con-
servées.
A peine à Paris , Çiomont a jugé quelle était la
situation de sa scsur; et pour la défendre, s'est
intimement lié avec madame Eu'ler contre les
peisonnages ligués pour la perdre. Les deux rôles
consistent, l'un à prévoir , l'autre à prévenir le
danger. Madame Euller se charge de donner tous
les avis , tous les renseignemcns nécessaires sur la
conduite , les démarches ou les sentimens de
Çophie : Fiomont trouve ainsi plus d'une fois l'oc-
cr.sion de retenir sa ;œur , de [éclairer et de l'ins-
truire.
C'est ainsi qu'effrayé des suites d'un plus long
séjour à Palis , il presse inutilement sa sœur déjà
charmée de ses plaisirs nouveau , d'aller retrouver
à la campagne ceux qui Erent le bonheur de
son enfance.
C'est ainsi qu'il surprend sa sœur e( d'Héricourt
au moment où un portrait , dont madame Euller
connaissait la destination , allait passer des mains
de Sophie entre celles du séducteur. Profitant de
la surprise et de 1 embarras qu'il cause , il de-
mande le portrait , feint de croire qu'il lût tracé
pour lui , le dérobe en le nommant le don le
plus précieux qu il pût recevoir , et sur-tout en
rappelant à Sophie que si son époux était présent,
ce portrait devrait être le gage de l amour qu'elle
lui conserve sans doute.
Ces encore ainsi qu'après une partie assez
animée , où Sophie a beaucoup perdu sur sa pa-
role , lorsqu'elle a reçu les relus de son oncle,
les avis perfides de madame de 'Verscull , le?
ofi'ies louchantes de madame Euller, et les pro-
positions dangereuses de dHericourt , lorsque
cédant à ce dernier, elle est prête à recevoir le
secours de celui dont elle a tout à (raindie ,
Fiomnnt parait apportant à sa sœur uiie somme
assez lorte , et déconcerte de nouveau le sé-
duct ur.
C'est etilîn ainsi , c'est-à-dire, toujours arrêté
par madame Euller, que Fromont , prévenu d un
projet de bai (jue madame'Verseuil et d Héricourt
ont coMceiié , en y conjurant la perle de Sophie ,
se détsfniine à y suivie lui - même sa sœur ,
pour ly observer et la garantir de toute tentative
criminelle. Déjà Sophie est partie, et son frète
se prépare à la suivre , quand Delval l'époux de
Sophie , cet officier si impatiemment attendu et
long-lems retenu dans les ters ennemis , arrive
après avoir inutilement cheiché sa femme à la
campagne. Il retrouve son beau-frere , et dans
madame Euller une ancienne amie : on convient
que Delval écrira à sa femme. Madame Euller
trouve irès-bien iju'une telle lettre soit remise à
Sophie au milieu, même du bal : cette idée pLiîl
â Fromont qui remettra la lettre lui-même. Del-
val se relire pourprendre quelque repos ; Fromont
va sortir, quand Sophie rentre accompagnée dv
son jeune cousin qu'elle congédie à l'instant , en
avouant cependant lui devoir le plus signalé ser-
vice. Madame Euller s'empresse autour d'elle ;
elle apprend que d Hérieourl etmadame Verseuil
allaient entraîner Sophie à une maison voisine de
Paris , si elle n'eût reconnu le danger qui la me-
naçait, et si son cousin ne l'eût arrachée à ses
séducteurs. Delval paraît bientôt aux yeux de sa
femme , qui , éclairée sur les dangers qu'elle a
courus, fuit Paris, et va retrouver le bonheur
au sein de la famille de son époux.
Cet ouvra2;e n'est point dans le goût du co-
mique de Molière, encore moins de celui de
Regnard. Le théâtre de la Chaussée est plus lor-
moyant, offre des tableaux moins natuj'cls , moins
agréables. h'Ecole des jeunes femmes appartient à
la manière de Deslouches. Le but en est moral ; la
sagesse n'y prend pas un ton trop austère ou
trop élevé. Souvent une douce sensibilité lui
prête sa voix; son langage est persuasif , parce
qu il est aimable.
Si l'auteur se fût borné à lier une intrigue
qui pût servir d'école aux jeunes femmes , il se
serait livré tout entier à ce but , et l'aurait sûre-
ment atleinl : mais il a voulu peindre aussi les
mœurs du jour: il a réussi très-souvent , mais
presque toujours aux dépens de l'action qui lan-
guit pendant que l'auteur parle à la place du
personnage et de l'inirigue , que l'on perd de
vue pendant que les rôles épisodiques occupent
la scène. L'auteur avoue et reconnaît lui-même
cet inconvénient dans les vers qui terminent son
troisième acte,
La marche de l'ouvrage est' sans doute le rap-
port sous lequel les mœurs du jours prêtent le
plus à la critique. Les deux premiers actes ont
de la froideur et quelqu'erabarras ; les caractères,
Delui de Sophie sur-tout n'y sont pas assez bien
énoncés. L'action s'engage au troisième acte ,
mais bientôt des scènes épisodiques en arrêtent
la marche ; elle est reprise au quatrième acte , et
liée d une manière peu forte ; elle se dénoue
faiblement par un cinquième acte peu intéres-
sant, où l'arivée du mari , inutile par le lait,
nécessite une exposition nouvelle , des redites et
des confidencs , déplacées de la part d'un valet;
des réponses assez équivoques de la part du
frère ; le tout sans utilité pour le spectateur. Ce
rôle de mari est l'esquisse d'un, caractère très-
agréable. Mais comme il n'influe' en rien sur le
dénouement, il est lui-même épisodique ;on peut
d'ailleurs compter quatre rôles de cette nature
dans l'ouvrage , et même un de plus encore, si
l'on veut considérer comme tel celui de l'oncle ,
qui , à la rigueur , ne serait pas insoutenable.
La disposition , le caractère et les moyens de
séduction de madame de Verseuil et d'Héricourt
sont trop peu redoutables , leur plan est trop
peu lié, trop peu soutenu , pour qu'on craigne
pour Sophie autre chose que l'égarement de
Sophie elle-même. Il faudrait donc 1 avertir du
danger qu elle ignore , avant de la vouloir arra-
cher d un lieu quelle aime : ne pas linstruire
'c'est justifier ses relus. On ne peut craindre de
faire indiscrètement briller à ses jeux une lu-
mière inconnue , elle est mariée. Ne pas lui
parler avec franchise du danger qu'elle seule
-ne voit pas , c'est l'exposer à y succomber ,
et se reposer sur" le hasard du soin de la ga-
i rantir ; c'est effectivement le hasard qui la sauve.
I Comment madame Euller ne dit-elle pas à
I Sophie dont elle a prévu l'intention ,'quc le
don d'un portrait, loin d être une première
faveur sans conséquence , est pour un séduc-
teur la plus précieuse , puisqu'elle est le témoi-
j gnage de toutes les autres ?
Comment , après les offres d'argent faites par
! d'Héricourt , I explication entie Froment et ce
dernier , qui répand d'abord un si vif intérêt ,
se termine-elle aussi froidement , et n'a-t-elle
aucune issue ?
Comment Fromont connaissant le danger que
sa sœur court au bal , n'y arrive-t-il pas assez à
lems pour lui être utile ? En résultat Sophie n'est
sauvée ni par son frère , ni par son amie . ni par
son époux ; elle l'est par elle-même ; ce qui con-
duit à dire que le plan lié pour la séduire,
comme celui concerté pour la sauver, man:;uent
de •force , d'ensemble , et , quant au dénouement,
d'effet théâtral.
Ces détauts que nous croyons remarquer , ng
nous empêchent pas de reconnaître les beautés
de délait , les scènes charmantes, les traits car
raciéristiques , les peintures naturelles et vraies ,
les nuances délicates et fines , les lirades saillan-
tes . les idées ingénieuses , et plus encore les
traits de sentiment qu à ch-..que instant on applau-
dit dans cet ouvrage. Nul doute cependant qu'il
n'eût eu plus de succès il y a trois ans. Les traits
qu'il présente réunis en faisceau ont éié déjà lan-
cés çà et là. Ils semblent épuisés contre les noij-
veaux riches et les ridicules actuels.
L'Entrée dans le Monde est déjà un objet de com'-
paiaison avec les Mœurs du jour; sans comparar-
son on peut rappeler la Maison du Marais,
Camille a précédé Sophie. Ces rapprochemens ae
diminuent rien du méiite de l'ouvrage nouveau;
mais ils diminuent son effet à la scène.
Le style est celui que l'auteur a déjà fait aimçr
dans ses précédens ouvrages , sans qu'il faille le
donnerpourmodele.il a beaucoup de naïufel ,
de grâce et de sentiment ; mais peut-être le citoyen
Collin s'abandonne-t-il trop aux détails que là
conversation permet , et qui , à la scène , parais-
sent inutiles et froids. Entraîné par le charme
d une idée qui lui plaît , il veut l'exprimer aussi
vile, l'énoncer aussi facilement qu'il l'a conçue :
il est vrai que souvent il trouve ainsi le vers le
plus précis et le plus heureux , de ceux a qui
semblent n'avoir pu êtie faits autrement . que
tout le monde croit avoir composés , jj mais
plus souvent il étaie son vers d'une foule de
mots parasites; Il y donne place aux parties du
langage dont la prose elle-même s'empresse de
se débarasser.
Un examen sérieux à la lecture pourrait ainsi
donner le nom de vers négligés , à des vers qu'à
la représentation on applaudit comme faciles. Si
une preuve de cette assertion était nécessaire ,
on la trouverait peut-être dans la difficulté qu'é-
prouvent les comédiens , à apprendre les vers
de l'auteur dont il est ici question , et dans la,
multiplicité de ceux de ces vers dont ils altèrent
la juste mesure, sans que ce défaut paraisse ex-
trêmement sensible.
L'ouvrage est joué comme on doit l'attendre ,
de la réunion des premiers sujets du théâtre fran-
çais. S....
Au Rédacteur.
Paris , le II thermidor an 8.
Citoyen , j'ai l'honneur de votis adresser l'ex-
trait du bulleiin des lois , n° 33. Je vous prie de
vouloir bien l'insérer dans votre prochaine feuille,
avec la note qui y est jointe, je vous en aurai une
obligation particulière.
J ai l'honneur de vous saluer ,
Signé , J. M. PocHON.
Arrêté des consuls du il messidor an 8.
Il est accordé au cit. Jean-Marie Pochon , de-
meurant ,à Paris , rue Croix-des-Petits-Champs ,
n° 121 , un brevet de perfectionnement pour le terme
de quinze années consécutives, à compter de la
date des présentes , à l'effet d établir dans toute
l'étendue de la république , des buanderies com-
munes , d'après des nouveaux moyens mécanique»
destinés à laver et à sécher le linge, à la charge
par lui d employer les procédés indiqués dans ses
mémoires descriptifs.
Fait au palais naiional des consuls , le 21 mes-
sidor au 8 de la république.
Le premier comul , Signé . Bonaparte.
Par le premier consul .
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
L'établissement du cit. J. M. Pochon est vérita-
blement uiile aux hospices et au public ; il offre
une très-grande économie en bois , ajoute à la
promptitude de blanchir le linge et donne de
grandes facilités dans ce genre de travail.
ERRATUM.
En annonçant dans le N" d'hier VAnnuairt
de la republique française , on a dit que la poste ni
pouvait pas se charger de moins de quatre exemplaires.
C'est une erreur ; le fait est que la poste se
charge même d'un quart de feuille.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , tue des Poitevins , n" i3.
GAZETT
lONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL
N" 3i5.
Qiiintidi , k5 thermidor an 8 de la république françaiie , une et indivisible.
Nous
som.nes autoa.es a prévenir nos .oascnpccun qu'à dacer du 7 Nivôse le M O N i T £ U K esc le sad journal oificic!
11 conuenc les sean.e.s dos aaronrés consrltuées , les acr.s du gouvemeuien: , les nouvelles d.s armées , ainsi que l.-s .^its er les nocions tanr\, r
iuiteneur que sur rexiéneur, ioiiniis par les correspoiulaiices ministérielles.
Un article s«ra particuli-iLcmtfnr cor.sacré aux sciencos , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I
A N G L E T E
EUR.
R R E.
Extrait des gazettes anglaises du i8 j)u <2.i juillet-
fag messidor au 5 thermidor.)
JT-UIT cenis aciioiis ont éié internées depuis
quelque lems conue des ecclésiastiques , pour
cause de non résidence , et presque toutes par un
nommé V/ilson.
Un écrivain alKmand compare ce pays à un
naviie marchand , et sa deue nationale à du
lest , sous l'énorme poids duquel il est prêt à cou-
ler bas.
Le gouvernement a reçu, par le dernier pa-
quebot, des dépêches extraordinaires de lord
Wento et de lord Keiih.
M. Bryan Edwards, membre de la chambre
des communes el de l'association formée ici pour
le progrés des découvertes dans l'iniéiieur de
l'Afrique , auteur de l'Histoire des Indes occiden-
tales et de plusieurs autres ouvrages, laisse, par
*a mort arrivée dernièrement, une fortune trés-
considérable à son fils.
Le générai Tar!eton , depuis son retour de Por-
tugal , continue de siégera la cbambre des com-
munes sur le baijc de l'opposition , mais tout à
l'exlrèmiié : Chut ! est sa devise.
_ Il esc à-peu-près décidé qu'avant l'union de
l'Irlande , il sera créé dix-neuf nouveaux pairs
irlandais. Un seul sera anglais ; c'est sir John
Henniker.
Les frégates la Cambrian et le St. Fiorenzo se tien-
dront à Weymouihpeudant le séjour du roi dans
celte ville.
Le nombre des banqueroutes, survenues ici
depuis le 24 décembre 1799 jusqu'au 24 icn-
' Le Mmu^','d"e New-York, a trouvé et ru-
cueilli en mer . à la hauteur du cap Wrath , un
gio» sloop charaé de ter et de planches^de sa-
pin , où il ny avait d être vivant qu un chien.
I N T E R I E U R.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrcté. du 3 thermidor an 8.
Les consuls de la républi<iue , vu le procès-
verbal arrêté le 7 messidor dernier par le véri-
ficateur de la trésorerie nationale , charge de
vérifier la caisse du citoyen Châielam-Duplessis ,
receveur -général du département de I Aisne ,
duquel il résulte que ce receveur a employé
une somme de i5i,583 fr. 24 c. provenant des
centimes additionnels des années 5 , 6 , 7 et 5 ,
à retirer une partie de ses ob!i;^alions échéantes
au dernier complémentaire an 8.
Considérant "que ce receveur a ainsi viole la loi
en appliquant à une spéculation particuliete des
fonds qui appartenaient a un service public.
Ariêient ce qui suit ;
An. I'^'. Le citoyen Châlelain-Duplessis , rece-
veur-général des cont.ibulions du département
de I Aisne , est destitué ; il rendra sans délai un
compte de clerc-à-ni litre à son successeur,
II sera dénoncé pat le préfet du département a
l'accusateur-public , pour être poursuivi crimi-
nellement,
Le sé<iueslre seia luib ;
él immeubles. ■ " • j
■ n. Le ministre des finaiTCes est charge de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , signé , Bo.n aparté.
Par le premier consul ,
Le secretaire-d'état , signé , H. B. Maret.
i,. Arrêté du i3 thermidor an 8.
• BoNAPARTF, , premier consul de la réoublique
Vu l'arrèié des coniuls du 9 de r
le rappod du ministre de la police
• Nomme le citoyen Deforgiies (Fiançois-Louis-
•Micliei), commissaire général de police à Nantes
.(Loirt-lnlciieure ). ; , .
- Et le citoyen Astier Ijacques-Louis) , secrétaire-
général de ce commissariat.
■ Le minisire de la police, générale est charge
•ëe l'exécution du présent ariéié.
Le jiremur conuil ', signé. B'ON APARTE.
Par le premier ccinsiil ,
Le tecrétaire-'d'étal , sipii , H. B.Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de l'intérieur ,
Vu la loi du u frimaire an l , celles des 19,
a? frimaire et. 5 ventôse an 8 , relatives à l'éiab'is-
sement des octrois municipaux et de bienfesance;
Vu l'article II de la même loi du 5 ventôse ,
portant que.
Le conseil municipal de chacune des villes où
les octrois doivent être établis , sera tenu de pré-
senter dans deux mois les projets de tarifs et de
réglemens convenables aux localités.
Qu'ils seront soumis à l'approbation du gou-
vernement , et par lui définitivement arrêtés , s'il
ly a lieu.
Considérant que l'examen et l'approbation des
tarifs et réglemens de perception, s'ils étaient
successivement et isolément soumis aux consuls ,
entraîneraient des lenteurs incompatibles avec les
besoins auxtjuels il est urgent de pourvoir ,
arrêtent ce qui suit :
Art, 1='. Le ministre de l'intérieur approuvera
les tarifs et les réglemens présentés par les conseils
municipaux , avec les modifications qu'il jugera
convenables , confoimément aux principes déter-
minés par les susdites lois.
II. Tous les mois, le ministre présentera aux
consuls qui prononceront définitivement les tarifs
elles réglemens qu il aura approuvés.
III. En atiendant et provisoirement , l'autori-
sation du ministre sera considérée comme déci-
sion du gouvernement , en tout ce qui concernt
tant les octrois précédemment établis , que ceux
qui le seront par la suite.
Le présent arrêté sera inséré au bulletin des
Le premi
Le secrétaire-d'état , iign>
'^imé , BONAPAIiTE.
biens
cubles
PRÉFECTUREDE POLICE.
Paris , le 14 thermidor an S.
Les indigens sont de nouveau prévenus qu'il
ne se fait plus aucune distribution de secours au j
ministère de l'iniéiieur , et fine c'est aux bureaux
de bienfesance de leurs divisions respectives qu ils
doivent adresser leurs pétitions , dans les formes
voulues par la loi.
Le préfet du département de la Vendée , à ses
concitoyens.
A la suite des prinlems humides , il se ma-
nifeste otdinaiieraent dans le seigle une maladie
qui souvent , a produit les plus t'uneste's effets.
Q_nelques bons citoyens mont averti qu'elle
était commune, cette années, dans plusieurs
cantons du département. La sollicitude pater-
nelle qui fixe mes regards sur-tout ce qui vous
intéresse, exige que je vous instruise des maux
qu'elle peut produire , si vous ne les prévenez
par de sages précaution.
La maladie dont je veux parler est connue
sous le nôin d'ergot , seigle ergoté, blé. cornu, he
caractère qiii' l'a distingue est facile à saisir.
Au moment de la maïutilé du seigle , à la
place du véritable grain , dont tout le monde
connaît la forme , l'on iiouve une espèce de
graine , d'une forme ordinairement allcîngee ,
courbe et qui excède, le plus souvent , la baie
qui lui sert de réceptacle. Ses deux exiiemites,
moins épaisses que le miheu,, sont taniot obtuses,
tantôt pointues. L'exlièmité infc(ie.ne par laquelle
elle adhère â la baie , est blanchâtre. Son ecorce.
Des expériences nombreuses faiics avec le plus
grand soin par un agriculteur plein de sagacité
et membre de l'institut national ( j ) , démontrent'
que tous les animaux ont une répugnance in'
vincible pour cette substance délèière. Ils refu-'
sent tous de la manger. Ils sont bien servi»
par leur instinct , car tous ceux à qui le nlêmÈ
physicien en a fait manger par force , ont péri
au bout de quelques jours.
Une substance qui attaqué le principe de 1^
vie cUez les animaux, doit produiie sur l'honihie
un effet semblable , puistpi elle n'en dilfeie pres-
que pas par 1 organisation intérieure ; aussi les
fastes de la médecine nous parleiu-iis de plu-
sieurs épidémies morlelles qui ont eu pour cause
1 usage du seigle ergoié.
Le plus terrible eflfet de ce funeste poison,
est une gangrené sèche qui fait tomber succes'
sivement tous les membres du malheureux qui
a eu 1 imprudence de s'en nourrir pendant quel-
que tcms.
Lbôpital d'Orléans a souvent reçu dans son
sein et vu périr dans cet état misérable , de mal--
heureux habitans de la Sologne qui , forcés par
la miserc ou par suite d'une fatale imprévoyance,
en avaient mangé une certaine quantité , mêlée
avec le seigle qui forme leur nourriture , comme
il est celle de la plus grande partie des habitans
de votre bocage.
En 1709, neuf personnes de la même famille,
au village de Noyen , département de la Sarthe ,
turent empoisonnées par la même cause. Sept
en péril eut , et de deux enfans qui survécurent ,
l'un estresié sourd , muet et piivé d'unjambe.
Enfin, dans votre propre pays , l'estimable et
savant médecin Bardin a eu connaissance de
quatre majheureux métayers , dont les poigneiS
sont tombés par l'effet d'une gangrené produite
par une cause semblable. '
Je n'ai pas besoin d'en dire davantage pOui?
^owfidfr. -1 mus ceux uui recueilleront du sei-
Hcureusement il adhère faiblement a ppr.cç-
mouvcment que les moisonneurs impriment a
la tio-e du seiigle , tn le sciant , en i'eia tomber
une'partie". Une autre parue se détachera dans
le iranspoit à la grange. En vannant le grain ,
les plus grosse giames d'ergot resieront au pied
du vanneur , et il sera facile de les enlever avec
un balais. Les plus giosses de ce.les qui reste-
ront mêlées avec le grain du seigle , pourront
en être séparêvS au moyen du crible.
Cepend.u!t , quel que soit FeBet de ces di
'l re;
verses operj>ion
lombre de
es t;rains d
d un violet très-fdricé , recouv
le substance
oujours un grand
nombre de petites graines d ergot mêlées^ avec
' je. Il n'y a qu un moyen de les
en séparer , c est de plonger ie sieigle dans l'eau.
En le remuant un peu , le Don grain se précipitera
au tond. 1 ergot surnagera quelque leius , et il
sera facile de l enlever. En lésant ensuite sécher
le sei"le , il n'en sera pas moins'propre à faircdU
bon pain. " • •■ '
Peut-être trouverez-vdiis'-pédibles leS soins que
je vous propose. Sans doute ils demandent dfi
peu d'attention ; mais songez quel doit en être Ib
prix. Elle vous assure une sécurité parfaite dans
l'usa»c de l'aliment qui soutient votre existence ,
tandfs qu'une négligence coupable vous exposera
chaque jour aux plus graves inconvéniens. ' " ?'
Vous saurez appiécier les motifs quiont diÊtfe
cet avis , et j espère tju€ vous en tcrez usage. Ati
nom de l'humanné , j*e recommande à tous les
bons citoyens , sur-tout aux maires et adjoints dès
communes , de le répandre dans les campagnes ,
eidexhoiier tous les cultivateurs à prendre les
précautions qu il indique. ' '
Fontenay-lc-Pcuple , le 2^ messidoj ahS. -^^ ^
Signe , LhAijcif.ii.iyx,i ,
'•'•"■"1 ■'," '
et d'une consistance assez tenne.
mois et sur d'un blanc lerne ,
éneralè lEIle répand une odeur nauséeuse, et lorsciu on
1 ^^ ^ .^ji-^ ^ ^11^ Imprime sur la langue une saveur
mordicante.
Ouoique sa forme et sa couleur différent essen-
tiellement de celle du seigle, il est possible „.„„.._
ne des yeux inatteniifs se persuadent qu'elle Lj,.„. Les cascades ef les ,e,» sont le PfoJ»' d«
,^'èn est qu'une modification. , douze étangs et de ngoles établies depuis la loiêt
Defiez.;o.s ,d,,c,tte apparence --"P^- U^i^:^^ :r?:;^ ^n^iS^loi::: ^[î^
la substance que ,VQUS seriez tentes de prendre gucur de jauo .menés ^e
pour une gçairie;nourriciere , est un poi>on qui ~
pent vous donner U mort.
Les personnes qui se retiient .sur la rareté dés
effets de l'eau de Versailles etdeTrianon, ne saveiit
pas apparemment qu'ils ne sont pas dûs à la ma-
chine ..e Marly , dont l'eau de rivière sert aux
établissemens nationaux et aux lontaines pUbU-
; [) Lecit. Tsssiiit.
plus p
etitsétaOiTsrasSeniWent toutes lés eaux cnvi-
et conservent celles des fontes de
neiees ou des pluies abondantes . que 1 on re-
Jorf ensuite dan's les plus grands "O'-JJ^^/
l révapoiaiion en raison de leur protondeur
Cette sorte de transfusion serau déplacée dans le
luette soueuc _ joignent par
:::ne1-é. nTde laTour à ?elui de Trapes
éunT de «3400 mètres ( environ .2000 to.ses) ,
dont les deux tiers à ciel découvert.
Le dernier aqueduc de Trapes a Versailles ,
.m'-ene sans pe«e dans .-e longueur de uyoo
mètres ( environ 6000 toises ) , ce ,qui se rouye
dan ces étangs , lorsque la sécheresse de 1 année
n'a pas obligé d'en déverser les eaux su
verses vallées, ou comme dans les an"
A et 6 d'en aider les moulins et les mai
wltéeS sut l'Yvette et sur la B^.^rei Extrait du
journal du départemnt de Seine et Oise. )
Au PREMIER CONSUL BONAPARTE.
Centinuation de la description abrégé': des principaux
mouumens de la Haule-Egyple , accompagnée de
détaihsur les tableaux qui. en les décorant ,
servent à faire conjecturer a quelles divinités Les
temples étaient consacrés.
Sépultures de Thebes.
Toute la partie de la montagne Lybiquc , qui
commence à une demi-lieue à l'ouest du Mem-
noniutrt et finit en face de Medinet - Abou ,
est percée depuis sa base jusqu'aux trois-quans
de son élévation , d'un grand nombre de gioltes
*épulchrales. Les plus voisines du niveau du
sol sont les plus soignées et les plus spacieuses ;
celles qui se trouvent dans la partie la plus
élevée de la montagne , sont beaucoup moins
liches et moins bien exécutées. Les grottes qui
sont percées entre les deux , tiennent le milieu
1270
C'est dan» l'une de ces chambres qu'on voit
les deux harpes qu'a dessinées Bruce. Une troi-
sième galerie suit celle-ci ; sa hauteur et sa lar-
geu" sont les mêmes. Elle conduit a une salle
L-dessous du niveau des autres appanetnens
elle a dit-huit pieds carrés. On ne ^0''/^\^^'[\
salle nue pour entrer dans une galerie de 34 pas
d oogue'ur. Elle a même une cinquième galerie
en peme , dont la. longueur estde î8 pa^. A son
renfermant habituellement. Ces manuscrits sont ,
ans contredit , les plus anciens q- -e" ete con-
servés. Ils paraissent renfermer des prières taites
pou' le mon et à son intention. Ils son. écrits
en hiéroglyphes ou en caractères cursifs. On y a
dessiné^es^ableaux semblables à ceux qui dé-
corent les murs des tombeaux.
Plusieurs momies ont les ongles des pieds et
des mains dorés : le nombre des rouleaux de
qu'on y rencontre, est quelquefois de
ntplacéssous une des aiselles;
»;;'';;i':r,''rur.r'.r.';"°;.fV''ÇUs""™"---
lerie de six p
soutenu par
,as ËÛe'aboatu àunsallon Iration. Les français, pendant leur séjour en
huit p fers Sa longueur est 1 Egypte , ont trouvé huit à dix manu.crus enuars ,
huit piners. oa g . "'/.,™„r1ire d'un assez giand nombre de fra-
"^ 1" •^'-\T!5r.s..F^t^^n:ir.o. ces. dans cette Uans préjudice d'un assez gtai
'"^f * ' 3' salle qu'est' le sarcophage qui renfermait la mo- | gn^ens.
nufaclures ^,j^ ^'^ j.^; j^^^ romains ont tait quelques ten- , ti UrOurnon
latives pour enlever ce sarcophage ae la grol e
où il est déposé. Us avaient essaye de niveler le
(errcin pour en faciliter la sortie ; mais ils ont
promplement renoncé à ceue entreprise.
Après la salle du sarcophage , on en trouve
une seconde de aS pas de largeur, sur 4° de
longueur. La hauteur de cette tombe est de 7
pieds , sa longueur de 8 et sa largeur de 5. La
longueur totale de la galerie est de 2a5 pas. Les
loirlbeaux des rois , dans louie leur étendue , sont
couverts de tableaux et d'hiéroglyphes. La plus
arande parlle sont peints à fresque. Ces tableaux
représentent des sujets de la plus gr.inde bisarcrie.
Il paraît que c'est là que les romains ont puise
l'idée des grotesques dont leurs dessinateurs et
leurs peintres ont tait le principal sujet de leurs
compositions pendant les second et troisième
siècle de l'empire. Les fouilles dHerculanum ont
fait découvrir un grand nombre de tabieaux exé-
cutés dans ce goût.
' Une des grottes les plus intéressantes , est celle ,
qui renferme un sarcophage encore entier et en
place: sa longueur est de i6 pieds, sa hauteur
•ruui 1CACV.UUL.. vv. f-- - r - 1 dc lî et 83 Urgeut de 6; il conserve son cou-
îndique 1 ordre des richesses . en observant que ^^ ^^j, ^ ^ ^j, l'effigie du rot ; il est d un
celles des pauvres offrent plus d intérêt, parce
qu'on y voit toujours queUiues-uns despiocedes
des ans et métiers pratiqués à cette époque. Le
plan de ces grottes diffère peu ; une porte ou-
verte à l'orient conduit à une galerie d environ
vingt pas de longueur. Quelquefois cette galène
est percée dans l'axe de la porte , quelquefois elle
la coupe à angle droit. Elle est soutenue indif-
féremment par des colonnes ou des pilastres
dont le nombre varie depuis quatre jusqii a dix.
A l'extrémité de cette galerie est un puits qui
'conduit aux catacombes où étaient déposées les
momies. La profondeur de ces puits varie depuis
. '^ ,. ■.. .j.». bt.- icimirient à une
•allé ca.rée d'environ trente pieds. De côté cette
«allé eSt soutenue par des piliers , et renferme
encore beaucoup de débris de momies. On y
trouve des traces d'un grand nombre de con-
duits souterrains qui mènent vraisemblablement
à d'autres salles dont la connaissance nous est
maintenant dérobée.
Dans la galerie supérieure sont sculptés en
-biM reliefs DU peints à fresque, une foule de
•««jets relatifs aux cérémonies funéraires. Les ta-
bleaux les plus ihtéressan'S qu'on y rènconlte sont
Ceux qui offrent les détails qui appartiennent aux
ans des anciens habilans da pays. On y retrouve
■leurs premières occupations , telles que la chasse
et la pêche? on peut y suivre les progrés de la
civilisation ; on y voit les arts du sellier , du
charron , du potier d-e terre , des tableaux de
change et de commerce , des scènes agricoles ,
des rnarches de troupes et quelques-unes des
punitions en usage chez eux. Chaque- grotte est
ornée d'un plafond sur lequel on a peint des
.sujets de fantaisies, dont le dessin est exactement
le même que celui des papiers que la mode avait
■fait adopter en France il y a 3o ans.
,, Les tombeaux des rois sont à Saoo toiSes du
fleuve -, ils ont été creusés dans une vallée étroite
au centre de la montagne Lybique ; le chemin
qui y conduisait autrefois est eiîcore ignoré , et
on y pénètre par un passage forcé. Ils occupent
un grand ravin et deux lits de torrent situés sur
le flahc de ce ravin. Le plan ,d'un seul de ces
tombeaux suffit pour indiquer la disposition gé-
oérale des autres.
Chaque grotte communique avec la vallée par
«ne large porte ; elle conduit à unegalerie creu-
sée dans le rocher. Sa largeur et,sa hauteur sont
cornmunément de douze pieds. Sa longueur jus-
qu'à la seconde ptKt'é est de vingt pas. Cette
Îiorte conduit à wcie seconde galerie de même
argeur et de vingt-quatre pas de longueur. A
droite et à gauche de cette galerie , sont des
chambres de cinq pieds de large sur sur dix de
profondeur. On y trouve des dessins d'armes ,
telles que haches , poignards , sabres courbes '
épées droites , lances , javelots , arcs , flèches ]
carquois , cottes de mailles et boucliers , les tra-
vaux du labourage , des vases , des bijoux -de
toute espèce ; les détails dg la préparation des
Alimeos ^ soQt -représentés.
ul bloc de granit. La surprise que l'on éprouve
en considérant cette masse énorme , transportée
à l'extrémité d'un souterrem de soo pas de lon-
•Tueur, n'a plus de bornes lorsque l'on considère
qu'il n'a dû être travaillé que sur place. Quelles
ont donc du êire les difficultés qu entraînait le
transport d'une masse pesant plusieurs centaines
de milliers , â travers les chemins presqu imprati-
cables de la montagne ?
On distingue beaucoup <^-. sacrifices humains.
On y remarque encore deux tableaux représen-
tant un hom.utréP.?"'^^"' '* sèmeiice : des enfant
'"'- -— ..i-j ue^TSrabon , on comptait 17 tombeaux
de rois; on trouvera encore le même nombre, si
on veut faire entrer dans celte énumération une
superbe grotte dont le plan est aussi vaste et
plus beau que celui des sépulchres des souve-
rains de Thebes.
Cette grotte est à une demi-lieue au nord du
Memnonium , et creusée à la base de la mon-
tagne dans l'enceinte de laquelle se trouvent
les autres tombeaux. L'entrée de plusieurs est
condamnée ; presque toutes l'ont éié. Il paraît
que ceux des anciens égyptiens qui étaient de-
meurés fidèles à leur culte , essayèrent , par
respect pour la mémoiie de leurs princes, de
dérober la connaissance de leur sépuhure , ou
à leurs conquérans, ou à ceux qui professaient
une autre religion que la leur.
Deux des grottes n'ont jamais été finies. Une
troisième est entièrement dépourvue de sculp-
tures, et quelques autres offrent encore des choses
imparfaites. C'est là que la magnificence des
égyptiens se déploie avec le plus de grandeur.
Il ne fallait pas moins que la durée du règne
d'un homme pour entreprendre un ouvrao-e de
ce genre , où l'on ne pouvait employer à la fois
qu'un nombre fort limité d'ouvriers.
Les anciens égyptiens , depuis le monarque
jusqu'aux sujets, ne prenaient de leurs sépultures
un aussi grand "ïoln , que dans la croyance que
leur ame devait , après plusieurs milliers d'an-
nées , venir réhabiter leur corps . danî le cas où
il serait conservé intact ; de-là l'embaumement
et la position des sépultures dans des Heux inac-
cessibles à l'inondation du fleuve.
Dans le voisinage du Memnonium , et parmi les
grottes de particuliers , on en trouve plusieurs
encore remplies de fragmens de momies. Lorsque
les arabes qui tegardent les grottes comme la pro-
priété de thaque famille , s'apperçoivent qu'elles
peuvent être visitées par des étrangers , ils mettent
le feu aux momies qu'elles renferment , afin d'en
éloigner fes curieux. Il reste eiicore quelques
caveaux intacts , mais ils sontignorés des voyageurs.
Les sépultures les plus riches sont maintenant
épuisées ; aucune des momies que vendent! les
habitans du pays n'est garnie de l'enveloppe sur
laquelle était peinte l'efSgie du mort ; on ne voit
plus que quelques fragmens de ces enveloppes.
Ilêst élonriani que jusqu'à ce rnôment , aucun
voyageur n'ait trouvé les manuscrits Sûr Papyrus ,
que les momies des hommes les plas distingués
Les ruines du temple égyptien qui se yoietit
à El Gournon , village atabe , indiquent qu il était
consiruitsurun plan différent desautresmonumens
de ce genre , mais qui ne le leur cède en rien;
on ignore jusqu'au nom de la ville dont il fesalt
partie.
Kous. — Apollinopolis-parva.
On ne trouve d'autres restes de cette ancienne
ville , que l'entablement d'une porte dans le style
de celle de Thebes, et enterrée jusqu'au uer».
Sur le petit carré qui surmonte la corniche, est
une inscription grecque qui auesle qu un de»
Ptolomées a visité le monument avec la leine sa
femme. On trouve une semblable inscription à
Denderah . à Koum-ombos, à Gawel-Sharkie. Il
est à remarquer qu'à celle époque les rois grecs
de rE<jyple paraissaient avoir fon peu de vené-
ralionVour le culte égyptien, puisqu ils effaçaient
les hiéroglyphes et les tableaux des temples pout
y substituer leurs inscriptions.
KefT. — Coptes.
On ne trouve d'autre indice des ruines de
cette ville que l'exhaussement du terrein , queU
ques fragmens de granit, et des sarcophages quj
peuvent y avoir été transportés dans des tem*
plus récens. Toutes les villes égyptiennes étaient
bâties sut des éminences fanes de mains d hom-
mes; leur forme était ordinairement carrée, et
elles'ètaient environnées dune enceinte de mu-
railles construites en briques crues; 1 épaisseur
en est assez communément de 3o pieds. Goptos ,
sous le règne du second des Ptolomées , était
l'entrepôt du commerce de 1 Inde. Kenne , ville
arabe , distante de celle-ci de 4 lieues, la rem-
placée dans ce commerce.
Cette ancienne ville était située à une detai-
lieue du fleuve, sur la rive lybique; le plus grand
nombre des villes égyptiennes était bâti à cette
distance du Nil. On ti'ouve encore à Denderah
trois temples ; le plus grand , consacré à Isis , est
le monument le mieux conservé de 1 Egypte.
Aucun des matériaux qui y ont éié employés n'a
souffert, ainsi que l'ont fait ceux dont on s^est
servi dans là construction dEdfou et de Koum-
Ombos.
L'exécution des figures gravées sur les muri
extérieurs et inlérieurs à Denderah , est portée att
plus haut point de perfection qu ayent atteint les
égyptiens; les détails même des ajusiemens y sotït
d'une pureté , d une finesse d autant plus difficile
à concevoir, que la pierre sur laquelle ils soft't
tracés est fort ingrate.
Le grand temple d'Isis est bâti sur le même
plan à-peu-près que celui dEdfou ; la figure de
la divinité à laquelle il était consacré , se retrouve
dans toutes ses parties , sur ses tableaux , dans s'a
frise élégante , jusque sur les quatre faces de's
chapiteaux des colonnes du portique et de la Salle
qui le suit.
La façade du temple a 72 pas de largeur , sa
longueur est de 145 pieds ; une porte d'un goût
très-pur et semblable a celle de Karnac , autre-
fois engagée dans des môles dont on voit les
arrangemêns , conduisait au temple dont elle était
séparée par une vaste cour. Le portique du temple
a 60 pas de largeur et 3o de longueur. Les ta-
bleaux les plus remarquables qu on y trouve,
sont le grand Zodiaque divisé en deux bandes:
il décore le jilafond des derniers entre-colonne-
mens de droite et de gauche. On peut remar-
quer que c'est ordinairement sous les portiques
des tempks que les égyptiens ont représenté les
sujets relatifs à l'astronomie , comme s'ils avaient
voulu par-là commander en même tems le respect
pour la religion et les égards dûs aux sciences.
La salle qui suit le portique est soutenue par
six colonnes , dont les chapiteaux représentent
4 figures d'Isis à oreilles de chat : elle est carrée
et a 24 pas de côté. La seconde salle a 10 pas
de longueur sur 24 de largeur ; la troisième est
de même grandeur. L'Adinam qui suit cette der-
nier« salle , a 24 pas de loagueur sur 6 de
largeur ; il est isolé , ainsi qu'à Philœ , pa-r deuBc
autres, salles placées sur ses côtés. On peut pré-
surnev qu'un corridor percé derrière , l'isolfe éga-
lement .»ur ce point. Dans la deuxième salle" à
droite et à gauche , sont deux escaliers qui con-
duisent à la terrasse du temple ; ils sont formés
de degrés de deux pouces de hauteur sur so de
longueur: les parois de leurs murailles sont dé-
cores de tableaux où l'on distingue particuliére-
lîienl un grand nombre de femmes , ce qui au-
torise à croire, contre l'opinion reçue , que les
femmes étaient employées au service des temples.
Sur la terrasse du grand temple , on en retrouve
un petit : les colonnes sont entièrement sembla-
bles à celles du portique ; elles ont lo pieds de
hauteur. Le temple est carte et a g pieds de côté ;
c'est le portique d'une petite chapelle dont on ne
\oil pas d'autres traces. Dans une cour de l'inté-
rieur du temple est une salle où se trouve un se-
cond zodiaque. Celui-ci est circulaire ; il occupe
la moitié du plafond de cette dernière salie qui
paraît, toute entière , consacrée à l'astronomie. Il
est séparé d'un second tableau astronomique par
une figure de femme , dont on a mutilé les parties
sexuelles. Il est à remarquer qu'àDenderah, toutes
les figures de face sont parfaitement exécutées ;
par-tout ailleurs elles le sont fort mal , quoique les
prolits soient généralement pleins de grâces.
( La suite demain. )
THEATRE DU VAUDEVILLE.
PlEON nommait oisif \e parodiste de son tems,
il n'eût pas ainsi nommé ceux du nôtre. Leuracti-
vilé est extrême , et parmi nous , un ouvrage
nouveau ressemble parfaitement au gibier , dont
vingt chasseurs à l'affût attendent impatiemment
le passage. Il me semble même que les adroits
chasseurs dont nous parlons , ne se bornent pas
toujours à attendre ; et en ce sens Piron qui ,
par son épiiheie , voulait dire que le parodiste ne
Iravailldit pas sans qu on eût travaillé , ne le carac-
térise pas encore parfaitement. Il y a telle parodie
de nos jours , conçue , écrite , apprise et jouée
en si peu de tems , qu'il semble que l'auteur de
l'ouvrage principal ait eu la complaisance d'en-
voyer son manuscrit feuillet par feuillet au paro-
diste , pour donnera celui-ci plus de tems,
d'assurance et de facilité. Pou i peu que- les progrès
en ce genre continuent , il y a à parier que bieniôt
on donnera la parodie d'un ouvrage nouveau ,
le jour de la première représeniation de cet ou-
vrage , si même on ne la donne la veille.
Il faut convenir que peu doperas pouvaient
donner des idées <Je parodie plus plaisantes que
celui de Praxitèle ; quoique l'on prétende que les
bons ouvrages sont ceux qui prêtent le plus à la
paiodie , il n'en est pas moins vrai que le paro-
diste cherchant toujours le côié ridicule, doit
parodier facilement l'ouvrage où il trouve ce
côté par-tout. Aussi le Vaudeville et les Trouba-
dours se sont-ils attachés à la ceinture d'Aglaë
£our la métamorphoser chacun à leur manière,
e premier avec esprit, ^racé , mesure, délica-
tessse et gaieié ; les secorvds , sur un ton grivois ,
ton qu'ils justifient en donnant ce nom à l'opéra
quTls parodient.
Le Vaudeville a parodié le personnage muet
d'Aglaë par un personnage plus muet encore ,
par un bilboquet qu'un enfant désire avec au-
tant d'ardeuj- , que Praxitèle a d'amour. On im-
pose à l'enfant une condition singulière : il faut
qu'il choisisse l'une des parties du bilboquet , il
ne peut j ©sséder tout : il se détermine à choisir ;
on lui donne alors le tout : il ne trouve pas l'un
pius raisonnable que l'autre. C'est absolument
comme dans Praxitèle.
Il était difficile que la gaîié ne s'égarât pas
en se livrant à des idées d'où il était impoisible
de bannir l'équivoque. Aussi la plus ingénieuse
de celles de nos auieuis a-i-elle consisté à donner
le» rôles parodiés à des enfans , élevés charmans
du vaudeville , qui lui promènent un jour des
soutiens. La pudeur ne peut s'allarmer de Ct?
que dit l'innocence ; la gaîlé n'y perd rien ;
aussi haga\eUe c'est le nom parodié de Praxitèle,
peut-il être compté parmi les plus agréables ,
çt les plus ingénieuses bluettes qu'on ait données.
Les autetus sont les citoyens Barré , Radet et
fiourgueil.
S....
Langue anglaise.
L'ÉTUDE de la langue anglaise forrrie , en quel-
que sorte , une panie de l'instruction que l'on
donne aux jeunes gens aujourd'hui. Les grands
écrivains qui ont écrit dans cette langue . les rela-
tions de commerce trés-multipliécs entre les deux
êlals , la néceesilé de savoir l'anglais pour voyager
utilement , non-seulement dans la Grande-Bre-
tagne , mais encore dans les Etals-Unis ; enfin,
la -mode , qui a un si grand eûipire sur nous ,
sont sans doute les causes de ce goûl généralement
répandu pour celte langue , qu à peine cent per-
lOtnres ssvaient-cllcs à Paris il y a soixante ans.
Les livres pour l'apprendre se sont multiplié*
ïoo» toute» ie» formes et dans tous les formats ;
et quoiqu'il soit vrai de dire que dans ce grand
nombre II s en trouve beeucoup de médiocres ,
de conius , néanmoins, ou doit savoir gré aux
1271
gens de lettres et aiix grammairiens qui s'en sont
occupes, et ont facilité parla aux élevés, les moyens
devainçreles difficultés très-nombreuses qu'offrent
les locutions ou manières de parler anglaises.
Les principales résultent , sans contredit , des
particules qui se placent après les verbes j elles
modifient le sens de ceux-ci d'une manière à en
rendre la signiEcaiion inintelligible pour qui-
conque n'a point une connaissance sulEsanie de
la valeur de ces particules ainsi placées.
Cette considération a déterminé M. 'William
Cobbett , anglais , à former un recueil alphabé-
tique de tous les verbes qui sont habituellement
suivis de particules, et d'en faire connaître le
sens en français par des exemples où les parti-
cules se trouvent modifier ou changer la signi-
fication du verbe.
Ce dictionnaire nous a paru extrêmement utile
pour ceux qui veulent traduire 1 anglais et éviter
les pitoyables contre-sens que Ton trouve quel-
quefois dans des ouvrages imprimés , où la fai-
bles'-e du traducteur se montre à chaque page.
Ce petit ouvrage se vend chez Tesiu , impri-
meur-libraire , rue Haulefeuille ; il est très-bien
exécuté ; les corrections ont été faites par un an-
glais instruit dans sa langue, et l'on peut être
assuré de n'y point trouver des ie pour by , des
ta pour too , et autres faute» typographiques qui
déparent souvent nos impressions anglaises, et
font le tourment des écoliers.
Peuchet.
Lalçclure da cet oqvra;;e fera sans doute naître
le desjr d'en voir exécuter de semblables pour
dilTérciitcs paries de nos connaissances, et don»
nera une haute idée de l'école où ces leçons
sont expliquées, et dans laquelle on fait com'
prendre aux élevés des théories aussi savantes et
jusqu'à présent si peu répandues.
Mécanique philosophique ou analyse raisonnée
de diverses parties de la science de L'équilibre et
du mouvement \ par R. Prony de l'insiitut national
des sciences et ans. A Paris de limprimerie de
la république an 8. Se trouve chez le citoyen
Bernard, libraire , quai des Augustins , n" 3;.
Un livre de ce genre n'est point à la portée
de tous les lecteurs ; mais on pourra en ap-
précierl'importance, par l'extrait du rapport qu'en
a fait le citoyen Delambre. Des savans aussi dis-
tingués que le citoyen Protiy ne doivent être
jugés que par leurs pairs.
Extrait du rapport Jait à la séance publique de
l'institut national , du i5 messidor an 8 , par le
citoyen Delambre , secrétaire de la classe des
sciences physiques et mathématiques.
Le citoyen Prony a présenté à la classe les
trois premières parties d'un ouvrage intitulé
Mécanique Philosophique ou analise raisonnée des
diverses panies de la science de lequilibrc et
du mouvement.
Depuis 1 invention des no'iiveaux calculs le
domaine de la mécanique s est considérablement
agrandi. De nombreuses questions', inaccessibles
à I ancienne géométrie ont été résolues, et for-
ment aujourdhui un corps de science si vaste
que 1 esprit tout occupé des développement et
des démonstrations à peine à en saisir Icnsemble.
C est ce qui a donné au citoyen Prony l'idée
de composer un tableau méthodique de tous
les résultais, dégagés de tout calcul intermédiaire.
C'est ce qu'il appelle MfMnijue Philosophique^
il a composé cet ouvrage sur les leçons et les
matériaux qu'il a rassemblé? pour lécole Poly-
technique, et son biH^st de fournir à l'étudiant
les moyens de mettre ensemble et de co-ordonner
le.-! différentes parties de l'enseignement qu'il
aura reçu.
On y voit dans deux parties réellement dis-
tinctes ; mais qui se correspondent , et qui sont
imprimées en regard lune avec l'autre , d'un
côté les formules , les définitions et tout ce qui
est proprement le texte , et de l'autre 1 expli-
cation des figures et de la notation, la liste
des objets définis . et les énoncés des théorèmes
et problêmes contenus dans les formules.
L'auteur cite les sources dans lesquelles il a
puisé; mais son ouvrage contient aussi beau-
coup de choses qui lui appanierineJit soit pour
le lond , soit pour la manière dont elles sont
présentées. Nous citerons pour exemples :
Tout ce qui concerne l'équilibre.
Une méthode pour obtenir les équations fon-
damentales de la statique sans employer en
aucune façon la théorie des momens.
Une démonstration générale qui fait voir que les
théorèmes relatifs aux momeçs , ne sont qu'une
énonciation particulière des principes des vitesses
virtuelles.
Des formule s nouvelles pour l'équilibre et la
pression des fluides élastiques , en ayant égard
à la variation de dilatabilité; formules qui peu-
vent donner à la théorie du baromètre plus de
généralité et plus de sûreté, dans l'usage qu'on
en fait pour déterminer la hauteur des montagnes.
Uue application bien intéressante encore est
celle que fauteur lait de ses principes ( à la théorie
des fiuides imparfaits ) à la poussée des terres
comte les murs de revêtement. Les formules
auxquelles parvient le cit. Prony , sont entière-
ment nouvelles et dç la plus grande simplicité.
Gilbert , membre de iimtitut national , professeur-
directeur-adjoint de l'Ecole vétérinaire , agent da
gouvernement en Espagne , au rédacteur du Moni-
teur. — Madrid, le 11 messidor an 8.
Citoyen , je viens de lire dans une des der-
nières feuilles de votre intéressant journal , la
lettre par laquelle le docteur Mesmer invite le
capitaine Baudin à s'occuper , dans ses voyages ,
des recherches relatives aux procédés suivis dan»
les accouchemens. Le docteur Mesnjcr croit avoir
découvert le principe de la petite-vérole dans la
portion de sang retenue , contre le vœu de la na-
ture, dans le corps du nouveau né , par l'effet de
la ligature du cordon ombilical : jignoie la part
que peut avoir le docteur Mesmer à cette pré-
tendue découverte ; il est certain du moins qu elle
n'est pas nouvelle ; (]ue le système qu il cherche
à établir dans sa lettre m est connu depuis plus
de i5 ans, peut-être, au reste , par les ouvrages
même qu il a publiés antérieurement , ce que je
n'ai ni le loisir , ni les moyens de vérifier , ce
qui , d'ailleurs , est assez indifférent ; qu'il soit ou
non l'auteur de cette idée , on n en doit pas moins
des éloges au zèle qui le porte à la recherche de
la cause d'un Héau qui moissonne tous les ans la
septième partie de lespece huriiaine.
Cette lettre m'a fait naître 1 idée de faire con-
naître à ceux de vos lecteurs que cet objet peut
intéresser, ei je crois qu'il en est peu qu il n in-
téresse , une dissertation espagnole (jui m est
tombée sous la main , et dans laquelle j ai trouvé
le même sujet traité avec étendue , et , autant que
j'en puisse juger , avec des connaissances réelles.
Les persécutions de tout genre qu'elle attira à
son auteur, don Martin de Villanueva , médecin
à M.idrid , qui la rédigea en 176g, ne lui ayant
pas permis de la publier, ce n'est que ag ans
après que sou fils , qui l'a trouvée parmi les pa-
piers de son père , a obtenu la permission de la
faire imprimer.
Le médecin de Madrid part absolument des
mêmes principes que le docteur allemand , mais
ils le conduisent à un autre résultat ; comme lui ,
il croit qu'on doit chercher la cause de la petite
vérole dans une humeur commune à tous les in-
dividus de lespece humaine , par-tout où cette
maladie est connue ; et cette humeur il croit la
reconnaître dans le fluide visqueux dont le corps
de l'enfant est en quelque sorte abreuvé'i'lors-
qu'il sort du sein de sa mère. Le premier soin,
le besoin le plus pressait des fem Iles des ani-
maux lorsqu'elles ont mis bas , c'est de débar-
rasser le corps de leurs vents de cette humeut
glutineuse pour laquelle latiature paraît leur avoir
donné un goût si vif, qu'il n est p .s rare de voir
des mères écoicher leurs peilis à lorce de les lé-
cher, et quelquefois même finir parles dévorée.
Non-seulemeni ce léchement si rapide , qii il sem-
ble l'effet d'une sorte de fureiir , enlevé liès-
prompiement toutes les parties de <e fltHde dont
la peau est couverte , mais I irritation qù il y causp
attire eiicoVe au-dchois toutes cehes dont elle
est , pour ainsi dire , imprégnée. C est dans Ce
premier soin que la nature paraît avoir placé la
source pilncipale de l'affection des lemclîes pour
leurs peiits.Jai du moins remarqué tiès-sOuvent
que si Ion sépare ceux-ci de leurs meies avant
qu elles aient pu leur rendre ce service , et qu on
ne les leur représente que lorsque l'humeur est
entièrement desséchée , elles refusent de les re-
connaîtie , et ne montrent plus aucun crupresse-
ment à les lécher ; c est de plus une opinion gé-
néralement reçue parmi tous les éleveurs, que
l'animal que sa meie n'a point léché, est tou-
jours chétlf , malingre et d une mauvaise venue ;
de 1^ les soins qudnt les ménagers , les bergers ,
les poullriiers, les vachers de provoquer, par
differens ingrédlens dont ils saupoudrent le corps
des nouveaux nés, l'appeiit des mères qui ne leur
paraissent pas assez empressées à les lécher. C est
encore sur cette observation qu'est fondée la mé- '
thode généralement connue, de faire adoptera
une femelle la production d'un autre et de trom-
per ainsi son instinct, dans le point même où il
paraît être le plus puissant.
Le docteur de Villanueva pense , et je croif»
avec raison , que si la nature n'a pas donné aux
femmes le même besoin , ce qu'il est fort dif-
ficile aujourd'hui de vérifier , elle ne les a pas
pour cela disfieusécs des mêmes devoirs, ei il
ne voit rien dans les procédés usités en Europe ,
qui puisse suppléer cette friction rapide de la
langue des mercs sur le corps de leurs petits ;
l'enfant passe d'un milieu très-chaud à une tcfu-
pérature quelquefois ttès-ftoide ; on 1 enveloppe
dans un linge qu'on néglige souvent d échauffijr;
il y reste jusqu'à ce (|ue I accoucheur oii la >.ige-
femmc ait délivré la inere ; alors on se contente
ide 1« bassiner avec 4'^ via chaitd , ce qui o'enlav*
1272
de rhameur dont le corps élait j que la ligature du cordon ombilical soil aussi né- i mêincs efTels ; il n'en diffère absolument qu'en ce
n moins que propre à aiiirer j cessaire iju'on le croil généralemerl , ce qui ne me ! que les moutons n'y sont pas nécessairement sou-
fju une portion
bjigué, et n'es
au-dehors la portion dont le contact de I
J'avoiisé l'absorption.
C'est dans cette portion de l'humeur leicnue |
dans les couloirs de la peau , ou iiitioduite d.ins I
le toirent de la circulation , que le docteur de
Villanueva croit avoir découvert le germe le
la petite vérole ; il n'est assurément pas le seul ,
ni niême le premier qui se soii récrié contre
lefietdu froid qu'éprouvent les eiifans à l'époque
dt leur naissance, et contre les inconvéniens qui
résultent d'un lavage imparfait ; Gaiien s'élève
avec force contre la pratique barbare de quelques
peuples d'Allemagne , qui plongent leurs enf.cns
naissans dans l'eau froide, dans 1 intention de les
endurcir en les trempant en quelque sorte cora-x'e
lacier , et nos accoucheurs les plus célèbres ,
<els que Monceau et plusieurs autres, n'ont pas
négligé de faire sentir les avantages de l'ablution ;
mais je ne crois pas que les uns ni les autres aycnt
soupçonné dans la résorption de celte humeur
.le principe des maladies vaiioleuses.
Cette opinion est susceptible sans doute de
plusieurs objections et même assez fortes; on
pourrait , par exemple , répondre à son auteur,
que si les animaux ne sont pas attaqués de la
petite véfole dent les piéserve peut-être la nature
de leur constitution , Il n'est presqu'aucune espèce
qui ne soit sujette à quelque maladie plus ou
inoins générale , qui en détruit un grand nombre
dans les premières années de leur vie , et dont
ne pi'Ul les préserver la délersion , quelque par-
faite qu'on la suppose , qu ils reçoivent en nais-
sant ; telles sont la gourme dans les chevaux . le
claveau dans les moutons , le claveau qui a une
paraît rien moins que démontré. Celle questioti a | mis, comme les hommes Icsontà la petite vérole ,
eio souvent agitée par des hommes fort insiruiis
d'ailleurs , mais à qui il manquait . ce me semble ,
les lumières de l'ouservation ; des hcmora;>ies fu-
nestes survenues à quelques enf-ins dans lesquels
la ligature du cordon s'étoit déuchce , ont paru
un argument décisif en faveur de la nécessité de
celle lig.niure ; est-il bien aussi concluant qu'on
la jiensé ? Qji il nue soit peimis de proposer à
cet égaid ijuelques doutes (jui me soni survenus
en observant le part dans un assez grand nombre
d'animaux.
Les femelles des herbivores, telloi que la ju-
ment , la vache, la brebis, la clicvie mènent
presque toujours bas debout , celles des carni-
voies presque toujours couchées ; dans les pre-
miers , le poids de l'anirùal naissant draille for-
tement le cordoti qui se rompt dans la partie la
plus faible , et toujours à une assez grande dis-
lance du corps' du nouveau né, distance toujours
à-peu-piès la même . ce q6i me fait' soupcoruier
qu il pourrait bien y avoir un étranglement d.ins
la partie du cordon où se fait la rupture; ce que
je n'ai jamais pensé à vérifier. Que cet étrangle-
ment existe ou non , on conçoit que les libres
fortement tiraillés doivent, en revenant sur elles-
mêmes à la suite de la rupture , sinon fermer
entièrement , resserrer du moins considérable-
ment les bouches des vaisseaux rompus •, aussi
n'apperçoit-on , à la suite de cette division , qu'un
suintement très-peu abondant. Bientôt la partie du
cordon qui est restée attachée à l'animal , se des-
sèche et tombe d'elle-même.
diflérence qui ne tient peut-être qu'à la facilité»
d'isoler les premiers; il est extrêmement rare que
le claveau n'ailaquc pas la loialité ou la presque
totalit^ d'un troutjcau , en trois tcms difFérens et
égaux que les bergers appellent trois lunes ,
■dans la persuasion que c'est la lune qui influe
sur relie diMribuiion ; peu disposé à croire
aux influences des astres, j'ai cherché a^•ec
exactitude quelle pouvait êirc la cause de celte
division périodique ; j'ai vu que les premiers
animaux attaqués étaient prifsque toujours peu
nombreux , que le claveau ne commençait à
paraître sur les autres que lorsque les premiers
éiaient guéris ; que cette seconde invasion em-
brassait la presque totalité du troupeau, qu'enfin
les animaux quelle ne comprenait pas, restaient
sains au milieu des autres .jusqu'à ce que ceux-ci
fussent létablis, et que c'était alors le lourdes
derniers qui étaient ordinairement peu nombreux,
et parmi lesquels il s'en trouvait toujours quel-
ques-uns qui échappaient et qui n'avaient plus
rien à craindre. J'ai bientôt reconnu que cette
régularité dans l'invasion élait due à ce que le
claveau n était léellrment contagieux qu'-à l'épo-
que de la desquammaiiou ; qu il n'y avait
d'.ibord qu'un petit nombre d'aitaqués , parce
que toujours les premiers qui portaient le
germe de la maladie dans le troupeau étaient
peu nonibieux , que le plus gmnd nombre
devait suivre à l'instant seulement ou l'atmos-
phère des bergers , ei les pâturages se chargeaient
des particules varioleuses pulvérulentes , qu'enfia
les bêtes qui avaient une disposilion moins pro-
chaine à la maladie, ne devaieniêtre attaquées que
les dernières.
telle ressemblance avec la petite vérole que plu- , Lorsque les femelles des herbivores- mettent
sieurs hommes très-instruits, n'y voient qu'une ' , touchées, ce qui n arrive gueres que lorsque
seule et même maladie. Dans les chiens, lespecel '^P^","''^''°"^''''.' ?""'.? '^^''"'''"",1^^"f i J'ai ainsi sauvé plusieurs troupeaux des
de maladie connue sous le nom de maladie des " °"''^ lorce , aussi-lot qu il est termine , et Je \ ravages du claveau , en fesant sacrifier, avant
chiens , etc. etc. Il est cependant vrai de dire , '^°'^'^°" «e rompt dans ce momet.
qu'aucune de ces affections n'est aussi générale I Les femelles des carnivores qui mettent bas
dans les espèces qu'elles attaquent, que l'est la | couchées, le déchirent avec leurs dents, et lou-
petite vérole dans lespece humaine. Des pays
entiers voisins de ceux oià règne la gourme , ne
connaissent point celte maladie ; en isolant les
troupeaux de bêtes à laine . on est sûr de les
garantir du claveau , ce qui pourrait bien peut-
être s'observer également dans l'espèce humaine,
relaiivetpent à la petite vérole , s'il élait aussi facile
d'isoler des hommes que des moutons.
L'opinion du docteur 'Villapueva présente , sans
doute , beaucoup d'autres ditficultés , mais mon
objet se borne à faire connaître cette opinion et
non les objections dont elle est susceptible, et
jours à une assez grande dislance du corps du
I jeune animal.
Voyons maintenant ce qui se passe dans l'es-
pèce humaine. On lie le cordon assez près du
corps , et on le coupe avec un instrument tran-
chant , à une très-peiite distance de la ligature ;
est-il bien éionnant que , lorsque celle ligature
se détache , il survienne une hémoragie ? Qjj'au
lieu dette coupé, le cordon soit rompu, alois
la séparation se fera dans la partie la plus faible ,
dans celle déterminée par la nature elle-même;
alors les fibres en se' retirant brusquement fer-
quun grand nombre de vos lecteurs appercevra meront les bouchés des vaisseaux , tant dans la
bien mieiix que moi. je dois ajouter seulement ,
parce que cela me pareil extrêmement imponant ,
que cette doctrine n'est pas purementspéculative ,
que son auteur y a été conduit par un fait qui ,
s'il n'est pas démonstratif, paraît propre du moins
à lui donner un degré de vraisemblance qui la
rapproche beaucoup de la vérité.
Le docteur 'Villaiiueva exerçait la médecine à
Mentrida; le hazard le conduit dans la maison
d'une vieille femme nommée Candida , qui ve
'nail de lyourir : les païens , les amis , les voisins
y étaient rassemblés, Entr'auires éloges que les
vivans prodiguent volontiers à ceux qui ne vi-
vent plus , il entend dire que c'était aux soins
de cette femme que ses enfans et petits-enfans
très-nombreux, devaient l'avaniage d'avoir tous
élé préservés de la petite vérole. Surpris d'une
telle assertion , il s'empresse de demander quels
étaient les moyens quelle employait. On lui ré-
pond que lorsqu'elle sentait les appoches de l'ac-
couchement, elle se retirait dans un appartemeni
bien chaud; qu'aussi-tôt qu'elle était accouchée
elle faisait laver très-exactement le corps de ses
enfans avec une décoction de vin , d'eau , de
savon , de roses et de coquilles d'ceuls ; qu'immé-
diatement après ce lavage , elle les fesaii mettre
dans un lieu échauffé par la chaleur naturelle
d'une personne qui prenait l'enfant à ses côiés ,
jusqu'à ce qu'elle fut elle-même en état de le
recevoir aux, siens. Elle avait fait prendre les
mêmes précautions à ses filles et à ses brus.
, Que ce procédé , auquel le docteur Villanueva
n a presque rien ajouté , soii ou non préservatif
de la petite-vérole , on ne peut nier du moins
qu'il ne soit simple , facile, conforme aux vues
de la naiure , ef qu'il n'aii sur celui que semble,
indiquer le docteur Mesmer, l'avantage de n'en-
traîner aucun danger , en supposant , il est vrai ,
parue qui tient à l'enfant , que dans celle qui
tient encore à la mère ; alors l'un et l'autre ne
seraient pas privés de I avantage d'une évacuation
modérée qui , dans les vues de la nature qui ne
fait lien sans intention , doit certainement avoir
une destination déterminée.
Si jamais on découvre l'espèce humaine dans
l'état de pure nature, ce qui me paraît au moins
la dessicaiion des boulons , les premières
bêles dans lesquelles il s'était montré , ^t
j'ai considérablement diminué ses ravages dans
d'aunes troupeaux , en lésant baigner plu-
sieurs fois par jour les moutons afFeciés à l'épo;
que de la desquammalion ; l'analogie me porte
à croire que , comme le claveau , la petite vérole
n'est contagieuse ( du moins par l'intermède de
l'air, et c'est la voie de communication la plu5
ordinaire ) qu après la dessicaiion ; si cette obser-
vation est juste , il pourrait sans doute être
difficile , mais serait-il donc impossible , soit par
des ablutions appropriées et fréquemment réi-
léiées , soil par un isolément plus ou moins par-
lait , ou de s'opposer à l'expansion des parti-
cules varioleuses , en les piécipitant , ou de les
neutraliser dans l'appartement même avant de
leur permettre de passer dans l'atmosphère
extérieure.
Ce n'est qu'avec une extrême réserve que je
hasarde ces conjectures ; mais l'objet est d'une
telle importance , que chacun doit donner ses
idées quelles qu'elles soient , au risque mêm,e
de faire rire à, ses dépens les hommes instruits ;
il n'est pas impossible d'ailleurs qu'une idée mau-
II est une expérience préliminaire qui me paraît
propre à jetter déjà beaucoup de jour sur cette
intéressante question, et que je me propose de
faite dès que j'en trouverai loccasion : je veux
couper avec des ciseaux, et assez près du corps ,
le cordon ombilical du premier animal à la
naissance duquel j'assisterai; si , comme je le
pense , cette opération est suivie d'une hémo-
rai;ie , je me croirai en droit d'en conclure que
celle qu'on redoute dans les enfans lient uni-
quement à la manière dont se fait la division
du cordon»
Je ne puis terminer un article qui a pour objet
principal les moyens de prévenir la petite vérole
sans hasarder quelques réflexions que j'ai aussi
puisées'dans la médecine comparée. J'ai dit que
le claveau des bêies à laine avait la plus grande
analogie avec la petite vérole ; il présente abso-
lument les mêmes' caractères , suit la même mar-
che , parcourt les ^êmes périodes , produit les
piincipal que je me suis proposé dans ces ob-
servations. Gilbert.
très-douteux , j'cserais presqu'assurer qu'on trou- I vaise en tasse éclore de meilleures ; c'est l'objet
vera que les lemmes rompent le cordon ombi-
lical avec leurs deux mains en le tirant, ou
quelles le déchirent avec leurs ongles, qui n'ont
rien de commun avec les instrumeiis tranchans
dont se servent les peuples qu'on appelle civi-
lisés. On ne pourrait , sans absurdité , supposer
que ce soit la nature qui ait indiqué aux femmes
les cordons et les ciseaux.
LIVRESDIVESS. ;
Discours sur l'établissement et les progrès des
lettres en France, jusquà la fin du l8' siècle,
servant dintioduction aux siècles littéraires de la
France , par N. L. M. Desessans . in-S". A Paris,
chez l'auieur, place de 1 Odéon; prix , 5o cent. ■
COURS DU CHANGE.
Bourse du 14 thermidor. — Cours des effets publics.
Renie provisoire 2g Ir. 63 c.
fiers consolidé 34 Ir. 38 c.
Bons deux tiers i fr. 5i c.
Bons d'arréragé S5 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 . 85 fr.
Syndicat 67 fr.
Coupures 67 ff.
Act. de 5o Ir. de la caisse des rentiers.
Lyon au p. à vue.
Marseille.... au p. à 10.
Bordeaux. . . . i p. à vue.
Montpellier.. |. P- à 25 jours.
L'aborrnemcit s= fait à Paris , ru= des Poitevins , u« rS. Le prix est de i,5 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et roo francs pour l'année entière. On ne s'abonne
qu au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , .u Cit. A G A s s e , propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , n» iS. Il faut comprendre dans les envois le port de,
pays ou l'on ne peut aff.anchir. Les lettres des départemens-non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Poi'Jr "t T: '"•" ''";,'' ^'"r '° ^'"'" """ ""■ ""'"""' '^ ^^'^""' ^ "'^""" '°"' " ^"^ "■""■" '""'^"''- "= '^ ^'-"^ . - --i-"-. ™= <!"
Poitevins , n» i3 , depui jncuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Pans, de limprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE
ONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
J^" 3i6.
Sextidi , 16 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aucoriiés à pi-évenir nos sousctlpteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contienc les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenz , les nouvelles des arnié.es , ainsi que l:s laits ec les notions tant si:f
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspond.mces ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelle'?.
INTERIEUR.
Strasbourg , le 10 thermidor.
J_iES contributions en nature que le cercle de
Suabe doit payer à l'armée française , sont esti-
mées sur le pied suivant : 3o,ooo quintaux de
froment, 10,000 d'orge et de seigle, 3ooo bœufs
du poids de 45o liv. 3o,ooo quintaux de foin ,
5o,ooo sacs d'avoine à 144 fr. le sac. Ces contri-
butions en nature doivent être transportées dans
les magasins de Memmingen , Kempten , Bibe-
racb , Ochsenhausen , Mindelheim et Lindau.
Il y a toujours à Munich une garnison fran-
çaise. On dit que le congrès pour la paix se
tiendra à Augsbourg , et que le traité de Campd-
Formio servira de base au nouveau qui sera fait.
On croit que le quartier - général de Moreau
sera transféré à Dillingen. Les troupes de siège
aux environs d'Ulm sont cantonnées autour de
cette ville.
D'après des nouvelles de Russie très-récentes,
nous apprenons que l'empereur Paul I"^ a dé-
fendu limportation des marchandises allemandes
et anglaises dans ses états. ( Strasburger Weltbote.j
I
II. La perception de ce droit sera rétablie pour
le tiers seulement des sommes portées aux tarifs
qui étaient en vigueur à l'époque de la conquête.
in. Le produit du droit de transit rétabli par
le présent arrêté, est spécialement et limitative-
ment affecté aux réparations des dig,ues , chemins
de hallage et autres travaux de navigation sur la
rive gauche du Rhin. -,
IV. La perception du droit de transit sur le
Rhin sera faite par les, préposés des douanes dans
les lieux où étaient anciennement établis les bu-
reaux, ou dans tous autres lieux qui seront dési-
gnés par le ministre de la justice.
V. La régie des douanes comptera par bor-
dereaux séparés du produit de la recette du droit
de transit ; elle transmeura copie de ces borde-
reaux au ministre de la justice et au commissaire
des quatre départemens réunis.
VI. Il sera alloué à la régie des douanes une
remise sur les recettes. Cette remise sera réglée
par le ministre de la justice.
VIL Le ministre de la justice est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier connd , signé. Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le iecrétaire-d'étal , signé, H. B. Maret.
I
Paris , le i5 thermidor.
On poursuit avec activité l'examen de la
conduite des officiers qui, pendant le cours de
l'an 7 , ont si lâchement rendu les places fortes
de lltalie , dont le commandement leur avait été
confié.
Le cit. Lapointe , commandant la place el ia
citadelle de Ferrare , n'ayant pas même fait le
«imulacre d'une défense qui pouvait favoriser la
letraiie de larmée de Naples , après la bataille de
la Trebia , n'en a pas moins tenté d éviter d'être
laii en jugement, Sa conduite va être rigoureuse-
ment examinée.
— Le citoyen Français donne des détails curieux
sur la rentrée des français dans Gènes. Quatre
cents jeunes demoiselles vêtues de blanc , voilées
et parées d'écharpes aux couleurs françaises et
liguriennes, portaient des guirlandes de fleurs,
des couronnes de chêne et de laurier , et précé-
daient une dépulation qui apportait les clefs delà
ville aux généraux français Une colonne de
l'armée a fait son entrée dans Gênes au bruit de
l'artillerie de la ville et du port , au son des
cloches , au milieu des cris et des chants de vic-
toire et d'allégresse. Un spectacle bien différent
est celui que présente la Toscane ; tous les amis
de la liberté auxquels leurs opinions avaient déjà
attiré, il y a un an , des persécutions , viennent
d'en éprouver de nouvelles , et d'être jettes en-
core une fois dans les cachots. Les maisons des
juifs , à Livourne , ont été pillées , et ils n'ont pu
conserver quelque chose de leurs biens qu'en
donnant 14000 mille pièces d<oi à ceux qui diri-
geaient cette exécution
La reine de Naples est partie de Livourne pour
Ancône , où elle s'embarquera pour retourner
auprès de son mari. Elle a été extrêmement sur-
prise et mécontente de ce que les généraux autri-
chiens qui ont perdu la bataille de Maringo , et
auxquels on ne peut faire aucun reproche ,
n'avaientpoint été arrêtés et commandaient encore
les troupes de l'empereur.
— On a placé sur la tour du temple du Génie
( ci-devantSt. Roch ) un télégraphe décimal circu-
laire, dont il a déjà été fait des expériences aux
séancs du lycée des arts et du lycée républicain,
pour les sourds-muets , élevés du cit. Sicard.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 14 thermidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la justice, leconseil-d'état entendu,
aitêlcnt :
Art. I''. L'arrêté du 12 brumaire an 7 , par le
citoyen Rudier , alors commissaire du gouver-
nement dans les nouveaux départemens situés sur
la rive gauche du Rhin , est rapporté en tout ce
qui concerne le droit de transit perçu dans les
ircnlc bureaux placés sur cette rive.
Avis.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
mmistres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours 1 examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ceî
objets.
A.U PRIiMtER CONSUL B G N A P A R T E.
Fin de la description abréger des principaux mo-
numens de la Haute - Egypte , accompagnée de
détails sur Us tableaux ijui , en les décorant ,
servent à faire conjecturer à quelles dioinités les
temples étaient consacrés.
■ Petit temple d'Isis.
Derrière , et à dix pas du grand temple , on en
voit un second qui , comme le premier , paraît
consacré à Isis -, il est quatre, et a 17 pas de
côté en-dehors. Il est divisé en deux salles : la
première a 14 pas de longueur , sur 4 de lar-
geur. Trois portes s'ouvrent dans cette salle ;
celles des côtés conduisent aux couloirs qu'iso-
lent ïaditum ; leur lotigueur est de dix pas , leur
largeur de 5 pieds ; ils sont décorés de tableaux
dans toute leur étendue ; \'adilum a dix pas de
long sur six de large. Les jours sont plus mul-
tipliés dans les temples de Denderah que dans
ceux qui se trouvent plus reculés vers le sud.
Il y a deux soupiraux au moins dans chaque
salle , et sur chacun d'eux on a gravé un disque
répandant des rayons autour de lui.
Thypkonium de Denderah.
Il eSt situé à droite de la porte qui conduit au
grand temple; il est pérypiere ; sa forme est
quarrée , el il a 34 pas de côté; il est composé
de trois salles, h'aditum est isolé par deux cou-
loirs totalement encombrés. Les sujets des ta-
bleaux sont à-peu-près les mêmes que ceux du
Ihyphonium d'Edton , et paraissent présenter un
historique de la naissance dHarpocraie, et des
précautions qu'on a prises pour le préserver des
poursuites de Typhon. En avant, et à 5o pas
de la porte du nord , sont les ruines d'un temple
qui n'a jamais été fini ; il était péryptere comme le
premier, et avait quatre colonnes de face et cinq
de côté; les chapiteaux sont à peine dégrossis;
ils étaient l'essai d'un nouveau genre d'ornement
tenté par Ls égyptiens. Au sud , et à 45o toises
à peu près du grand temple , on trouve les ruines
d'une porte qui paraît avoir été celle du temple
d'Aihos , la 'Venus des grecs qu'on sait avoir
été révérée à Denderah. Les ruines de la ville,
indiquée par des monceaux de briques cuites ,
des débris de vases dont on retrouve quelques-
uns entiers , et une grande quantité de irag-
raetis irès-divisés de porphire , occupent une
espace quarté d'environ 90U toiies de côté.
Gawel Sharicié. — AnlœopoUs.
Il ne reste de cette ville que le portique d'uU
assez grand temple , les ruines d'un quai et celles
d'un petit temple péryptere. Le portique est com^
posé de dix-huit colonnes , dont six de face sut
trois de hauteur. Sa longueur est de 46 pas , sa
largeur de i<S. Les chapiteaux sont laits à l'iuii^
tation de la tête de palmier ; mais leur propor-
tion est beaucoup moins élégante que celle des
chapiteaux de Philoë et d Esné. Le travail n'est
pas aussi parfait que celui des deux temples pré-=
cédens ; ce qu'on doit à l'ingratitude de la pierre
calcaire dont il est bâti. A 90 pas du portique du
coté qui regarde le sud et dans l'axe de la porte 1 ,
est une chapelle monolithe , creusée dans un bloc
de sept pieds et demi de côté. Comme celle cha*
pelle devait être placée dans ïaditum , elle donna
nécessairement la longueur du temple. Sur la frise
de la porte d'entrée, esi une inscription grecque
semblable à celle de Kous. A une lieue au sud-
est de Gawel-Sharkié ci dans la montagne ara^
bique , ou voit une vaste carrière ; c'est de là
qu'on peut avoir extrait les pierres employées à la
construction de la ville. Elle a 400 pieds de pro-
fondeur et 600 de longueur. On voit encore au
plafond le iracé qui indiquait la manière dont les
pierres devaient être coupées. On distingue sur
lies piliers de la carrière une insciipticwi égyp-"
tienne en caractères cursifs , semblables à ceux
des rouleaux de papyrus.
Au nord de ces carrières , sont les grottes sé-
pulchtaies de la ville ; elles sont creusées avec
plus de soin que celles qui se voient dans le
voisinage de Thèbes. Les égyptiens ont imité les
voûtes par-tout où ils ont pu le faire. Les grottes
sont taillées en berceau ; une porte ceintrée con-»
duit dans une salle aux deux côtés de laquelle
sont des niches où l'on voit des "images du mort.
Des puits pratiqués derrière les angles conduisent
aux catacombes.
SlOUT. — Lycopolis.
Quelques colonnes de granit et de marbre qui
se voient à l'entrée de la ville du côté du fleuve j
so_nt les seuls restes de Lycopolis, dont le voisi-
nage est beaucoup mieux attesté par le grand
nombre de grottes percées dans la montagne
lybique. On y distingue paniculiéremeni trois
grottes et une chapelle sépulchrale taillée dans
le rocher; la chapelle est paifaiiemcnt semblable j
pour le [)lan , aux temples de la Haute-Egypte j
les couleurs en sont parfaitement conservées (
dans l'une d'elles onvoii une marche de guerriers
armés de lances et de boucliers. La porte de
chacun de ces tombeaux est ornée, en face et
dans son embrasure , de deux figures d'hommes
armés d un bâton ; elles semblent en être les
gardiens. On trouve dans les catacombes de SioUt
quelques momies dhommes et un grand nombre
de momies de Chakals. Les voyageurs ontjusquà
ce mumenl rugardé Comme gioite sépulchrale i
une vaste carrière semblable à celle de Gawel
Shaïkié.
SCHIEKABADÉ. - — Antinoé . autrefois Besa,
Il ne reste aucune trace de l'ancienne villg
ésiypiitnne. On sait que lorsqu'Adrien visita
l'Egypte , il fit bâtir la ville dont on voit, les
ruines , en l'honneur de son favori Anlinoiis ,
qui mourut dans le voyage. On y trouve les
ruines d'une porte triomphale placée sur les boids
du fleuve à I ouest, d'un théâtre bâti au sud de
la ville , d'un stade à l'est , et d'un monument
sépulchral au nord. L'ordre le plus fréquemment
employé est le corinthien. La porte du théâtre
subsiste encore ; elle est ornée de quatre colonneâ
corinthiennes en pierres numismales. Le théâtre
est entièrement renversé et arrasé au sol; on ert
distingue cependant encore fort bien le plan»
Une rue d'environ une demi-lieue de .longueur
conduisait du théâtre au moniymeni dont il tie
reste que quelques débris ; cette rue était ornée
d'un portique composé de colonnes d oidrepŒstumi
Aui deux tiers de sa longueur était une petite
place décorée de quatre colonnes corinthiennes!-
elles paraissaient avoir élé destinées à soulenit
des statues. L arc de triomphe conrmuniquaii aVec
le slade ou hyppodrome , par uqe rue tirés alti
l'ouest à l'est, qui coupait à angle droit ceile di*
nord au sud , el elle était , comme lu, f>renii«(»(,
décoiée de portiques du même ordre. OritroUy*
dans celle rue , les rûijies de quelcjucs mi*»sf;n»
patticulieres et d'un bain pub ic. Elle se -tetmtrtti
par une porte qui devait éile semblable à teltd
i«74
duihéâtre. L'hyppwdrome est assez bîen conservé; [conservait encott il, y a raille ans dans celui
sa lonsïueur totale est de i6o toises : la mesure de | de Menf, lorsqu'on réfléchira que les maienauK
la course doit être prise sur la spina , dont la
longueur est de deux stades romains , de 75 toises
trois pieds. L'arrête ou spina s'élève d'environ
trois pieds au-dessus du soi. Des amonCellemens
de sables masquent le côté septentrional du suide.
Son côté méridional élevé ainsi que l'autre de
trente pieds est soutenu par un mur construit
en pierres calcaires. A la moitié de sa longueur
est un perron dont les degrés concfuisent sur les
gradins. Entre les deux escaliers du perron , on
vo\\ une niche oii devait être placée une statue
les plus précieux ont été employés dans la cons-
truclion d'Alexandrie , et que deux capitales
(Fosial et Masr ) se sont élevées à trois lieues
de distance. On voit encore à la citadelle du
Kaire , dans la salle appelée le divan de Joseph ,
un grand nombre de colonnes de granit d'un
seuf bloc , qui doivent avoir été prises sur ces
ruines. On retrouve encore des colonnes sem-
blables dans' le voisinage de l'acqueduc arabe
qui conduit les eaux du vieux Kaire à la cita-
delle , lU' elles ont été retouchées par les grecs
Les juges des jeux avaient une place distinguée | qui y ont ajouté l'astragale, ornement inconnu
au centre de la courbe du stade. On voit encore < aux architectes égyptiens. Si I on voulait retrouver
les fragmens des colonnes qui décoraient les par- les colonnes de granit , de porphire el^le marbre
ties de cette construction. Les romains , dans les
édifices qu'ils ont élevés , paraissent avoir eu en
vue la commodité des citoyens et la satisfaction
du regard, plus qtie les égyptiens , dont les rno-
jiuraens sont rarement disposés sur un emplace-
ment qui les mette en évidence.
Aniineé fut bâtie en trois ou quatre ans , au
milieu de la ville égyptienne nommée Besa , et
dans ce court espace de tems elle se vit em-
bellie de tous les établisseraens publics dont
jouissaient les villes grecques et romaines. On
trouve parmi les décombres de cette ville un
nombre prodigieux de fragmens de granit , de
porphire , de marbre blanc d Italie , et même
de marbre de Paros. On voit encore dans la
rue qui conduit delà porte triomphale au stade,
un loise d'Antinoiis, en marbre blanc; il est
de travail romain et d'une assez belle exécution.
AscHMOUNEiN. Hermopolis magna.
Les ruines de l'ancienne ville d'Hermès sont
à-peuprès à une lieue et demie du fleuve , sur
la rive lybique ; elles sont situées dans une
plaine superbe, et occupent une longueur d'une
lieue et demie sur une de,nie de largeur. Le
portique du grand temple consacré à Hermès,
est la seule chose qui subsiste encore ; il re-
garde le sud-est, et est composé de deux rangs de
colonnes à bouton de lotus tronqué : elles sont
construites en pierre calcaire , semblables à
celui de Gawel Sharkié. Les lableaux et hié-
roglyphes sont fort bien faits , la plupart rela-
tifs à Taut , Thermes des grecs , auquel le
temple était dédié. C est à loft que les voyageurs
ont cru y voir la couleur d or qui est fort rare
dans les monuraens égyptiens On a trouvé parmi
les ruines un chapiteau d'ordre 'ionique.
Fayoum.
C'était dans le voisinage du lac Keroun , placé
dans le Fayoum, quêtait un des deux labyrinthes.
On ne retrouve plus maintenant , quoiqu'en
aient dit quelques voyageurs , aucune ruine de
ce vaste édifice : seulement ou voit à deux lieues
au sud du lac Keroun une construction qui peut
avoir appartenu à un temple. Il paraît avoir servi
»uitefois de limites entre les terres cultivées et le
le désert. Plusieurs temples de la Haute-Egypte
sont construits dans la même posiiion. Geiui-ci
n'est décoré d'aucun tableau , si on en excepte
Jçs ornemens communs à tous les lieux sacrés.
Il consiste en un globe ailé aux deux côiés
duquel sont deux serpens ; on y a trouvé un
petit autel pottatil. On voie dans le voisinage
de ce temple un grand nombre de débris qui
i-adiquer^t lemplaceraent d'une ancienne ville.
Ceux qui attesteraient lexisience de 1 ancienne
A-isinoé , capiiale de la province connue sous le
nom de Fayoum, se rencontrent auprès de la ville
atabe appelée Mediiul Et-Fars. Dans le défilé
qui conduit de la province de Benisouef à celle
d<i Fayoum , oji voit les restes des deux grandes
pyramides d'Haonara et dlllahon : ce sont les
plus reculées vers le sud que Ion connaisse.
Fxramides de Sahk.^ra Memphii.
On tetroave les ruines de Memphis , cette
seconde capitale de l'Egypie suivant l'ordre des
tems, dans les villages turcs nommés Metrahenny
et Mchannan. Memphis parait avoir occupé une
surface d'une lieue et demie de longueur sur
une de largeur. Les temples, les palais, les
édifices publics enfin , étaient situés sur des
éminences, tandis que les habitations des par-
^liçuliers , construites en briques crues , occupaient
le niveau de la plaine. Cest sur les éminences
oà soni bâiis les villages arabes, qu'on retrouve
une as*ez grande quantité de fragmens de granit,
de marbre, de poteries antiques , pour indiquer
l'emplacement d'une grande ville. Au nord de
MeUrahcntiy , et entre ce village et celui de
Mobannan , est une grande plaine sur laquelle
041 peut chercher, avec quelques raisons, les
luines du téiebre temple de Pktha , le Vulcain
des grecs. Ce monument est le plus beau qui
ait déco-ré l'ancienne Memphis ; Ou y trouve
plusieurs colonnes de granit, des fragmens de
la même pierre , ornés de bas-reliefs . et ceux
d'un culosse denviion trenie-cinq pieds de pro-
ponoii. Le village de Mobannan offre encore
qutiques restes de l'aniiquiié. On ne sera pas
étonné de trouver si peu de traces de l'empla-
cemem de cette grande ville dont le nom se:
qui ont orné les temples de la Basse-Egypte
faudrait les chercher dans les mosquées dont elles
font la principale décoration.
Au sud-ouest et à une demie-lieue de l'empla-
cement de Memphis , cessent les terres cultivées
et commence le désert ; c'est-là qu'on voit les
pyramides appelées maintenant du nom du
village de Sakkarn , le plus voisin d'elles; elles
doivent avoir servi de sépultures au plus grand
nombre des rois qui ont gouverné Memphis ;
elles le cèdent toutes, en grandeur et en travail,
à relies de Gizé ; leur nombre est d'environ trente,
encore subsistantes : on retrouve les traces d'un
grand nombre d'autres. L'inspeciion de ces der-
nières porte à croire qu'en élevani les pyramides,
les égyptiens avaient soin, pour diminue rie travail,
de choisir un terrein élevé en forme de lerire dont
ils faisaient le noyau de leur construction , qui ,
dès-lots, se bornait à un simple revêtement de
l'épaisseur de quelques pieds plus ou moins.
Parmi les pyramides , on en dislingue une
composée seulement de trois assises disposées
par étages , une autre dont les arrêtes sont cour-
bes ; elle avait été commencée sur un plan qui
l'aurait rendue au moins égale en hauteur à la
plus grande de celles de Gizé. On fut dans la
suite effrayé de l'entreprise , et, pour termitier
subitement , on prit le parti de la finir par une
courbe. La troisième est construite en briques ;
elle a été ouverte , et la distribution de l'inié-
rieur ressemble beaucoup à celle de la grande
pyramide. On trouve, dans le désert de Sakkara ,
un grand nombre de grottes souterraines où
étaient déposées des momies d'hommes , et par-
ticulièrement un grand nombre de momies d Ibis.
Ces souterrains consistent en une longue galerie
divisée en plusieurs embranchemens , des de ux
côtés desquels sont des réduits de huit pieds de
haut sur six de large. C est là que sont les pots
qui renferment les momies d Ibis : leur disposi-
tion est celle de bouteilles dans les caves. Il est
probable que Memphis était la sépulture de tous
les Ii>is morts dans les temples , ou trouvés dans
les différentes parties de l'Egypte.
Thèbes paraît avoir joui autrefois de l'étrange
privilège d'ensevelir les animaux sacrés ; car on
y trouve tous ceux qui étaient l'objet du culte
des égyptiens ,i'épervier , l'ibis, différentes sortes
de poissons , des chiens , des chacals , des chats
et des serpens.
L'emplacement qu'occupent les pyramides de
Sakkara , a environ deux lieues et demie de lar-
geur , de l'est à louest , sur sept de longueur ,
du nord au sud ; on y trouve beaucoup de frag-
mens de vases de purification en granit, en al-
bâtre et en porphire , matières précieuses dont
le goiit s'était introduit au tems oii existait
Memphis.
Les pyramides les plus septentrionafes de Sak-
kara sont éloignées de celles de Gizé de trois
lieues et demie. Il est probable que toute la
plaine des momies qui se voit à l'ouest de Mem-
phis , ne servait de sépulture qu'aux rois , aux
piètres et aux grands ; il faut chercher les plus
intéressantes , telles du peuple, dans tes grottes
percées dans le Mokaltun , à l'est du fleuve. Les
égyptiens , en ensevelissant leurs morts dans le
désert , se conformaient à une de leurs plus an-
ciennes et de leurs plus sages lois , qui défendait
d'enterrer un homme par-tout où il pouvait croître
un arbre.
Pyramides de Gizé.
Les pyramides de Gizé sont au nombre de trois
grandes et trois petites , placées; aa sud-ouest et
dans l'alignement des autres ; elles ont servi de
mtmsmales « extraites des carrières du Mokaltun ^
dans la partie connue sous le nom de Monts
Troiens. El!es sont situées sut la rive arabique et
à 5 lieues de distance.
La troisième pyramide a été revêtue en granit;
il subsiste encore un assez grand nombre de blocs
de cette pierre employée dans la construction de
la masse de ce bâtimet)! ou brisées au bas de
ses arrêtes ; la pyramiile orientale est environnée
d'un tiès- grand nombre d'autres qui lui sont
fort inférieures en grandeur , et qui paraissent
avoir été la sépulture des gens de la cour du
roi. Autour de la deuxième pyramide au nord
et à l'ouest , on a coupé le rocher en forme de
muraille , et on a creusé dans son épaisseur des
grottes sépulchrales ; sur le plafond de l'iine
d'elles on a imité des troncs de palmier.. A l'est
de la troisième pyramide , on voit les ruines d'un
temple qui pourrait indiquer que l'oUvctture de
cette pyramide regaidait le Nil.
Dans l'alignement et à l'est de la seconde py-
ramide est le sphinx dont parlent tous.les voya-
geurs. La longueur du rocher auquel on a donné
la forme de cet animal chimérique ,' est d'environ
gS pieds jusques à la croupe ; sa hauteur , depui»
les genoux jusques au sommet de la lête , est de
38 pieds. Les anciens croyaient assez générale-
ment qu'un conduit ouvert dans le corps du
sphinx menait, par des canaux souterrains, à
1 intérieur de la pyramide. Il est encore permis à
présent de conjecturer que sous ces masses
énormes on a creusé des grottes que quelques
auteurs croyent avoir servi aux mystères de lini-
lialion. Sur la tête du sphinx on voit un trou de
5 pieds de profondeur ; on ignore s'il ne se pous-
sait pas plus loin. On trouve encore les traces
d'une seconde ouverture de ce genre sur le dos
de cette figure. La tète du sphinx porte les carac»
téristiques de neares , chose qui lui est commune
avec toutes les figures de divers monumens de
lEgypte , lorsque le nez en a été enlevé. Aucun
voyageur ne parle des grottes sépulcrales qui se
trouvent en assez grand nombre dans le voisi-
nage des deux principales pyramides ; elles ren-
ferment à peu-près les mêmes sujets que ceux
qu'on voit dans la Haute-Egypte , avec cette dif-
férence que l'exécution de quelq-Jes-unes d'elles
est plus parfaite. Les pyramides tenaient un vaste
plan; quoiqu'imparfait dans les détails, il ne de-
vait pas manquer de grandeur dans l'ensemble:
il renfermait plusieurs temples , et une superbô
chaussée dont on apperçoit quelques restes ,
servait à la communication de Memphis avec
les pyramides.
Matarié. — Héliopolis.
On trouve les raines de cette ancienne ville
dans le voisinage du village arabe Matarié. Le»
seuls restes de ses monuraens sont un obélisque,
inférieur pour l'exécution à ceux de la Haute-
Egypte, mais supérieur à ceux d'Alexandrie ; ua
sphinx prodigieusement muttlé, et quehjues tam-
bours de colonnes de grés , ornés d hiérogly-
phes. L'emplacement de la ville est indiqué pai:
une enceinte en briques crue.s , de la forme d'un
parallélogramme rectangle.
THÉÂTRE DE LOPÉRA - COMI O UE:.
On donné en ce moment avec beaucoup de
succès à ce théâtre , un opéra comique qui a le
mérite de rerTiplir fort bien ce titre, car il est
extrêmement gai. Ce petit ouvrage intitulé : le
Locataire , est dans le genre de ceux de Dancourt.
Le sujet est une véritable espièglerie de garnison..
On conçoit à ce mot qu il s'agit d'un rival dis-
gracié , éconduit par un militaire joignant l'ama-
bilité 3 l'esprit, les grâces au courage, une assez
mauvaise tête à un fort bon coeur.
Cet officier se trouve dans une situation plai-
sante. Locataire de l'oncle de son amante, sans
savoir quelle est la personne chez laquelle il
demeure, il trouve l'appartement triste, la vue
insoutenable, les meubles antiques, le quartier
affreux , et donne congé avant l'expiration de
son terme. Au moment où il a payé et reçu quit-
tance , il découvre qu'il demeurait chez l'oncle
de sa maîtresse. Il veut se dédire ; mais loncle
qui a besoin de lappartement dont on lui remet
les- clefs, pour le prétendu de sa nièce dont il
attend l'arrivée, ne veut point louer sur nouveauic
épulture~s à trois rois de Memphis. La plus grande f-'^is et congédie l'officier Celui-ci qui est au
esî celle de CUops ; la seconde a été construite ^fiL^!! """' "'^"°'' " '* "^ '"
par Chephren , et la troisième par Mycerimes. La
plus orientale est aussi la plus élevée ert cons-
truction , quoiqu'elle paraisse moins haute que
cellf^ (,]^ui la suit, et que la seconde doit à sa
position sur un rocherélevè de 40 pieds au-dessus
du niveau du sol de l'aiitre.
La grande pyramide a 4J4 pieds de ha-uteur
sur 704 de base. Elle, a été ouverte par tan calife
arabe. Le roi qui l'avait construite , n'avait rien
négligé pour dérober à la postérité la connais-
sance de sa sépulture. On y trouve son sarco-
phage placé d.ins une salle revêtue en granit. On
na employé cette pierre que dans, les endroits
où on avait l'inteniion de rendre l'ouverture plus
difficile.. Toutes les pyramides.&onLbâtiesenpierreS'
s'éloigner , joue à la fois et le. propriétaire ,. et le
domestique, et le rival attendu, auquel il ne
tard-e pas. à être préféré.
Cette intrigue donne lieu à des scènes dans
lesquelles on présume bien que la vraisemblance
est pour fort peuple chose , mais qui ne manquent
ni cte comique , ni d'originalité , et qu'un dialo-
gue fort gai contribue à rendre piquantes. Un
dénouement plus plaisant, et un comique plus
soutenir dans les dcinieres scènes , placeraient- ce
petit ouvrage parmi ceux qu'on revoit avec plat-
sir. Soa-auienr est le citoyen Sevrin.
La musique est de Gaveaux : c'est le premîçr
O'uvrage qu ait donné a"u Théâtre Favart ce conî-
positeur , d-ont 1er prodxiciions aimables forment
1275
àpetj-prèsla majorité de celles qu'on applaudit
au Théâtre Feydeau. On reconnaît dans celle-ci
]a manière de celagréabie compositeur. Son chant
facile , ses accompagnemens ingénieux , un Irio
très-bien fait, et quelques airs détaches qui de-
viendront sans doute vaudevilles, méritent d'être
applaudis , et le sont en effet beaucoup. Madame
Gavaudan les chinte avec beaucoup de goût.
S....
Voyage de Niarque , des Bouches de t'Indus ,
jusqu'à t Euphrate , ou Jourriat de l'expédition de
la Jlotte d'Alexandre , rédigé sur le journal ori-
{<inal de Néarque, qui nous a été conservé par
Arrien , et à l'aide des éclaircissemens puisés
dans les écrits ou relations des auteurs , géo-
graphes ou voyageurs , tant anciens que rao-
dernes ; contenant l'histoire de la première na-
vigation qui ait été lenlée par des européans
dans la mer des Indes ; traduit de l'anglais du
docteur 'William Vincent , par J. B. L. j. Bille-
cocq , homme de loi ; publié par ordre du gou-
vernement. Un vol. in-4° , grand papier , d'en-
viron 700 pages , de limprimerie de la Répu-
blique ; accompagné de cartes et du portrait
d'Alexandre ; gravé par A. Tardieu. Prix ,21 fr.
broché en carton , et aS fr. franc de port, broché
«1 papier.
A Paris , chez Maradaft, libraire , rue Pavée-
André-des-Arts , n" 16.
Un ouvrage manquait à l'histoire générale des
voyages : c'était l'histoire du voyatre de Néarque,
"des bouches de l'Indus jusqu'à l'Euphrate.
Le docteur anglais , 'William 'Vincent , vient de
faire présent à la littérature de cet ouvrage , dont
la traduction a été confiée par le gouvernement
«ft citoyen Billecocq. déjà connu par des succès
dans la double carrière des lettres et du barreau ,
€l à qui nous devons , entr'autres traductions
«stimées , celle de la conjuration de Catilina , de
Salluste , ainsi qu'une édition de Lucain , enrichie
d'observations critiques qui la rendent singulié-
rrtnent précieuse aux amis des lettres , et à ceux
des langues anciennes.
Le voyage de Néarque n'est pas comme pour-
rait le faire croire le titre, utie simple relation;
c'est un véritable ouvrage de critique , destiné
à établir, à force d'érudition et de recherches,
une parfaite coiicordance entre les écrivains , et
sur 1 itinéraire de cet ancien voyageur , et sur
les circonstances de son voyage , et sur la si-
tua'ion des pays qu'il a parcourus. C'est sur-
toot one suite de travaux très-utiles pour con-
cilier le& nomenclatures des lieux dans les divers
âges.
Le récit, objet de ta'nt de recherches, est
diï plus ^and intérêt.
En effet . en se reportant au tems et aux cir-
constances , comment ne pas admirer les vastes
projets de cet homme extraordinaire , si long-
fems unique dans l'histoire , qui . comme cet
autre , auquel on ne peut s'empêcher de penser
quand le nom d'Alexandre est/ prononcé , fit
tout avec son génie , convertit ses soldats en
autant de héros, porta ses armes dans toutes les
parties du monde , et par-tout avec succès , ren-
versa des' rrôneS , et refît des rois à son gré .
et se distiingua par sâ rrtodération (quoi qu'en
aient dit quclquï-s écrivains qui l'oilt mal connu,
et m'orJt pas' jiigé l'ensemble de sa conduite ) ,
-awan» qv/« par sa gloire militaire; qui souvent
même dédaigna de vaincre , et qui , véritable
bomme d'état comme illustre capitaine , eui ,
au milieu des préjugés de son tems, assez de
philosophie , pour ne voir dans se« conquêtes
qu'un moven d'assurer la paix de l'univers , et
aunir par les liens du commefce lEuropé âiix
autres parties du monde.
Alexandre ne voulut pas seulement conquérir;
Te projet dont il confia l'exécution à Néarque en
est la preuve ; il voulut gouverner. Il voulut atta-
cher laGrece à l'Asie par l'Afrique , faire d'Alexan-
drie l'enrrepôt du commerce universel , et des
places de llnde , des marchés fréquentés par les
négocians de tous les pays.
Pbur préparer iVx'ftution de ce grand projet ,
il fallait faire reconnaître par un navigateur in-
terlligenr , les côtes vers lesquelks Alexandre se
proposait de diriger le commerce.
Ci Les' inquiétudes dont son esprit était agité ,
•we te découvrent nulle part davantage que dans
.J» telanion d'Arrien , ou dans le langage de
Néarque lui-même.
. 7» Il redoutait , dit l'h'siorien , la longueur du
voyage , les dangers d unt- côie iléseite . le risque
de manquer d* poris. et la difficulté d«s a|i|.rr>-
visionfmens. Cette .seule idée , que la moindre
faute pouvait ternir 1 éclat de ses anciens (.xploiis ,
l'effrayaiv : toutefois, le désir de tenter (jni-lqti'e
cho.sc de nouveau , d'cxiriordinaire , finissait
par l'etnporrsr. Mais qacl «tait le chel sut lequel
il devait se reposer du soin de commander une
pateille expédition? Quel homme straii capable
frinspirer à ses giicriiers la confiatice nécess-iire ,
ou de leur persuader qu'en les cnployani dans.
uiie entreprise aussi hardie, on ne les condui-
rait pas à leur pcTic? telles étaient, écrit Néarque ,
lespenséiis qui tourmentaient Alexandre , lors-
qu'il m'ordonna de venir le trouver , et inc
consulta sur le choin d'un commandant. L'un ,
me dit ce prince , donne pour excuse de son
relus, qu'il regarde les obstacles comme insur-
montables ; d'autres n ont pas lénergie qu'exige
un projet de celte importance ; ceux-là ne son-
gent déjà plus qu'aux moyens de retourner dans
leur patiie , beaucoup d'autres ne rne convien-
nent p-rfs par mille raisons particulières. — Quand
il m'eut parlé ainsi, continue Néarque , je m offris
moi-même pour être le chef de l'expédition;
je lui promis qu'avec la proleciion de Dieu ,
je conduirais heureusement la flotte jusque dans
le golle pcrsique , si la mer était navigable ;
je lui répondis , en un mot , du succès de I ex-
pédition , autant qu'il dépendait d'un homme
d'en _ assurer la réussite. Alexandre hésita; il
' aimait Néarque , et ce dévof.uement si prompt
de la part d'un officier chéri de lui , ne pou-
vait qu ajouter à l'admiration qu'il lui avait ins-
pirée. Mais comment pouviair se résoudre à
exposer un ami si précieux , aux hasards et aux
accidens d'un tel voyage ? Néarque persista dans
son offre , et supplia le prince de ne pas rejctter
ses services. Enfin, Alexandre, qui ne l'avait
peut-être consulté que dans l'espoir que son
courage le porterait à se proposer lui-même ,
céda à ses instances , tt le nomma amiral de
la flotte. Ce choix répondit à son attente ; car
les guerriers destinés à faire partie de l'embar-
quement , ne considérèrent plas l'expédition
comme une entreprise désespérée , du moment
otà ils surent qu'ils auraient pour chef an homme
qui était si fort avant dans la faveur et dans
la confiance d'Alexandre , un homme qu'ils se
persuadaient que le roi n'aurait jamais voulu
exposer à des dangers inévitables. Ut'.e généreuse
ardeur remplaça la crainte '. les vaisseaux furent
équipés : nOn seulement on n'oublia pas le né-
cessaire , on prodigua le superflu. Les officiers
se disputèrent l'honneur de réunir le plus giand
nombre de meilleurs matelois , et de les porter
au complément le plus effectif. Eu un mot ,
on n'envisagea que la perspective du succès,
et toute idée de crainte s'évanouit.
Néarque , lieutenant digne 'de son général ,
fut donc choisi pour cette entreprise.
Sans approvisionnemens , avec de frêles bâti-
mens d'une construction infé.ieure à celle de
nos bateaux pontés . Néarque explore toutes les
côtes de l'Inde et de la Peise , 'depuis l'embou-
chure de rindus jusqu à 1 Euphrate , vient pren-
dre terre au fond du golphe persique , et se
réunit à Alexandre , qui , pendaût ce tems , arri-
vait à Suzc avec Son armée,
Néarque a laissé de ce voyage un journal qui
a été recueilli par Arrien. C'est à l'aide de ce
journal, et de recherches très-étendues , que le
docte Vincent est parvenu -à nous donner l his-
toire de celte grande et hasardeuse navigation.
Tous les savans lui doivent de la reconnaisance
pour l'immense travail gui rend cet ouvrage
essentiellernent classique ; ils en devront aussi ,
sans doute , au laborieux traducteur qui , sans
être rebuté par les difficultés d'un sujet quel-
quefois aride, a su répandre, jusque sur les
moindres détails , le charme d'un siyle constam-
ment pur , mais qu'il sait rendre gracieux ou
louchant quand le sujet l'exige.
Le morceau suivant, qui réunit à l'intérêt de
la situation le mérite du coloris, nous a paru
propre à donner à nos Iccieuis une idée éga-
lement avantageuse et du morceau d'histoire qui
lait 1 objet de ce grand ouvrage , et de l'art
avec lequel l'auteur l'a traiié.el du talent avec
lequel le cit. Billecocq l'a fait passer dans notre
langue.
j> Alexandre passe plusieurs jours dans une
cruelle incertitude , laissant .isscz connaître, par
sa contenance et son visage abattu , les angoisses
auxquelles son cœur était en proie. Néarque ce-
pendant était en ce moment même sur la roule ;
et, tandis qu'il avançait avec Archias et cinq ou
six autres officiers (jui l'accompagnaient , il ren-
contra heureusement une troupe détachée de l'ar-
mée , qui avait été envoyée en avant avec des
chevaux et des chariots destinés à lui. servir au
besoin. L'amiral et ses compagnons auraient pu
( ))asser sans être reconnus , tant jls étaient changés.
Leur chevelure longue et négligée, leurs vête-
mens en lambeaux , leurs- visages pâles et em-
preints de lous les caractères de la misère , la mai-
gicur de leurs corps , occasionnée par la famine
et par la f.iiiguc , éiaient autant de circonstances
qui seniblaient ne devoir pas fixer sur eux 1 ai-
teiiiion des amis qu ils venaient de rencontrer ;
mais ils éiaicnt grecs , et il était naturel qu'ils
s'hi'forinnsséiH de voyageurs grecs, s'ils iivaietit vu
laimée ou- cnlendai parler d'elle , et. dans ce
cas, en (juel lieu elle était campée. On satisfit à
leur curiosité , en répondant à leurs questions :
mais ncatimoins riiicun soldat du détachement ne
les reconnut , et n'imagina de les questionner à
leur tour. Au moment 011 on allait se séparer ,
Archias dit à Néarque ! il f.îUt âssurémr-nt que
cette troupe soit Un détachement envoyé pouf
nfius secourir; car quel autre inotif pourrait li
lairc crrf-r ainsi à l'aventure dans le désert ? Il
ne me semble jioint du tout surprenant que ceS
hommes ne nous aient point reconnus ; nous
étions sans doute entièrement déguisés pour eux :
adressons - leur de nouvelles questions ; appre-
nons-leur qui nous sommes , et sachons d'eux-
mêmes quel est l'o'bjet de leur excursion. Néar-:
que approuva l'avis d Aichias , et , se rapprochan't
des macédoniens , il leur demanda de quel côté
ils dirigeaient leurs pas. Nous cherchons Néarque
et ses compagnons, répondit l'olKcier : je suii
Néarque ! s'écria l'amiral , et voici Archias : me-
nez-nous vers le toi ; nous lui raconterons toute
Ihistoire de nos avcnluies. On les fit aussi-tôt
monter sur les chariots, et ils lurent conduits ,
sans dél.i , vers l'aimée. Pendant qu'ils étaient
en marche , quelques cavaliers , impatiens d'ap-
porter au toi la nouvelle de cet heureux événe-
ment, se rendirent au camp pour I informer que
Néarque et Archias étaient arrivés avec cimj
ou six de leurs compagnons : ils déclarèrent,
au surplus , ne rien savoir de ce qui concernait
la flotte ; leur rapport allarma vivement Alexan'
dre ; une idée affligeante occupa toui-à-coup son
esprit. Il imagina que ces malheureux seuls s'é-
taient sau\'és ; (jue le reste de la flotte avait péri ,
soit de taim , soit dans les horreurs d un nau-
frage ,- en un mot , il éprouva moins de plaisir
en espérant de revoir le petit nombre de ceux
qui seraient échappés aux péiils , que de douleiir
en songeant à la perte de leur» compagnons.
Durant cet intervalle , Néarque et les siens arri-
vèrent. Ce ne fut pas sans peine que le roi les
reconnut sous un déguisement aussi affreux : il
n en demeura que plus attaché à son erreur, se
persuadant , à ce triste aspect de leurs corps
défigurés et de leurs babils en lambeaux , que
de telles apparences annonçaient un naufrage et
la destruction entière de la flotte.
"Toutefois il tendit la main à Néarque j et
le prenant à part , après avoir éloigné ses
gardes et les personnes qui l'environnaient ,
il resta quelques moaiens sans pouvoir pro-
férer une parole. Lors qu ils furent seuls, Alexan-
dre fotidit en larmes , et continua de pleurer
pendant très-long-tems. Enfin , se rappelani sa
dignité et reprenant un air plus serein : Néarque ,
dit-il , je ressens beaucoup de saiisfaciion en
vous voyant de retour,, et Archias avec vous;
mais dites-moi en quels lieux et par quel mal-
heur ma floue et mes macédoniens o,nt péri.
— Voire flotte , seigneur , répondit Néarque ,
est sauvée toute entière , ainsi que vos soldats ,
ei nous sommes venus pour vous en instruire..
A ces mots , des larmes coulèrent de nouveau ,
et en pins giatide abondance , des yeux d Alexan^
dre ; mais ces lar'nes étaient plus douces. Oti
sont, dit-il alois, oti sont mes vnisseaux ? —
Sur l'Anamis , reidiqu.! Néarque , tous en bori
étal , et se piéparant à- achever le voyage. — Par
le Jupiier Aiiimoh qu honore la Libye , par le
Jupiier de la Grèce, je 'vous jure, s'écria- le
roi, que celle nouvelle me rend plus heureux
que la conquête de toute I Asie ; car j aurais
considéré la perte de nia floue et le mauvais
succès de f expédition comme des événemens
qui eussent contre - balancé d une manière fâ-
cheuse louie la gloiie que j'a'i acquise. Telle
fut la réception qu Alexandre fit a l' imiral , tan^
dis que le gouverneur de la ptovince , qui le
premier avait donné avis à ce piince de nou-
velles aussi satisfesanies , était toujours dans
les fers. En voyant Néarque , il tomba à ses
pieds et implora son iniercession. On peut bieii
imaginer que le pardon fut obtenu ausshôt qtle
demandé. ^>
5» La joie devint bientôt universelle par tout le
camp; un sacrifice solennel y fut offert en l'hoh-
neur de jupiier, conservateur; d'Hercule, d'A-
pollon, protecteur; de Neptune, et de toutes
les divinités de I Océan : des jeux furent célébrés ;
et le roi ordonna une procession magnifique,
dans laquelle Néarque parut comme le principal
ornement de la cérérnonie , et fut l'objet sur
lequel se fixèrent tous les regards. On tressa des
guirlandes de fleurs pour en couronner sa tête ,
la foule nombreuse des spectate-urs lui témoigna
sa rcconrtaissance , en les prodiguant sur soii
passage, tandis que mille voix proclamaient le
succès inexpéré de l'eiitreprise , et en coilsa-
craient la gloire par les chants les plus harmo'
nieux. Lorsque la fête fut achevée, Alexandre
déclara à Néiarque qu'il ne voulaii pas l'exposer
plus long-tems aux hasards de la navigation , et
que son intention était d'envoyer un autre officier
pour conduire la floiie jusqu'à Suze. Je dois ,
seigneur , vous ouéir comme à mon roi, répondit
Néarque , et je iiouve un plaisir bien doux dans
celte obéissance ; mais si v'ouS cr0)er ces senti»
mens dignes de quelque retour , et que- vous
dcbiricz de me le prouver, permettez - moi ,
seigneur, de garder le commandement justpi à
ce que j'aie achevé lexpédiiion. Je resseiiiijais
une douleur ainere si, a|nès avoir lutié contre
tous les obstacles qui s opposaient au voyage.
1276
vous aviez l'injustice de confier à un autre que
moi le soin de terminer et de recueillir ainsi
l'honneur de finir sans efforts ce que j'ai com-
mencé avec tant de peine. Alexandre, ne lui
laissant pas même le lems de continuer jusqu'au
bout, souscrivit à tout ce que Néarque désirait,
et le renvoya vers la côte avec une petite escorte,
ne supposant pas qu'il y eût aucun danger pour
lui dans le voisinage de l'armée , ou dans un
pa7S qui semblait être soumis de manière à ne
donner aucune inquiétude; mais en cela Alexan-
dre se trompait : les karmaniens avaient conçu
«n vif ressentiment de la destitution de leur
satrape ; et en conséquence , ayant pris les armes,
ils s'étaient emparés des places fortes de la
province. ïlépoleme , nommé pour successeur
au satrape disgracié , n avait pas encore eu le
tems d'établir son auioiiié. Il arriva donc que
Néarque rencontra dans sa marche deux ou trois
détachemens des insurgens , et ne parvint qu'avec
beaucoup de peine à sa destination. Lorsqu'il
eut rejoint ses compagnons de voyage , il offrit
des sacrifices à Jupiter conservateur, et fit célébrer
les jeux solennels accoutumés , en reconiaaissance
de ses succès. )'
Le voyage de Néarque a sans doute aujourd'hui
pour nous un intérêt particulier , à raison des
circonstances qui, dans ces derniers tems, ont
attiré nos regards vers quelques parties de 1 A-
frique et de (Asie; mais ces circonstances elles-
raêrpes ne sont que le résultat des rapports qu'a
mis la nature entre l'Europe et ces deux autres
parties du monde, rapports si nécessaires , qu'ils
ont eu part à toutes les grandes révolutions dont
l'histoire nous a conservé le souvenir.
Le midi de l'Asie a rendu de tout tems le reste
du monde tributaire de son industrie. Ce qui
concerne ces célèbres contrées, offre à la curio-
sité un attrait que les siècles ne peuvent altérer,
parce qu'à raison de leur richesse et de leur po-
sition sut le globe , elles influent sur toutes les
relations du commerce. Cette considération, en
ajoutant à l'importance de louvrage que nous
annonçons , donne aussi de nouveaux motifs à
l'intérêt cju'il inspire. Le nom d'Alexandre mêlé
avec celui de i)os navigateurs européans , le ta-
bleau des anciens usages rapproché des habi-
tudes et des mœurs qu'ont créées dans les mêmes
lieux nos religions et nos invasiotls modernes ,
répandent sur ces récits un charme, une sorte de
vérité que n'ont point la plupart des anciennes
relations L'illusion de la scène, la confusion des
hommes et des noms transportent le lecteur au
tems dont il lit l'bisfoire , et il semble que l'amiral
grec lui-même, s'il était venu visiter de nouveau
le; pays qu'il parcourut, ne ferait ni avec plus de
sagacité , ni avec plus d'élégance U ncit de ses
voyages.
nManw^i — : — .
Suite du cours public du citoyen Aubry , géomètre ,
sur l'application du calcul décimal à toutes les
opérations d'administration de finance , de banque
et de commerce de tous ks pays de la terre.
Seconde leçon.
\. l". De la manière d'exprimer en chiffres les
fractions décimales de l'entier.
Autrefois on n'aurait pas exprimé des fractions
autrement qu'en deux lignes de chiffres, «épatées
par uîi trait horisontal comme ceci : ^ , -^ , 77 ,
Cela n'était pas étonnant ; il fallait bien trouver
le moyen dindiquer leur dénominateur d'une
mariiere quelconque , puisqu'il pouvait varier a
l'infini , et qu'il n'y avait que le seul moyen d'une
ligne inférieure qui pilt le déterminer.
Mais aujourd'hui qu'il est démontré que tout
est réductible en dixièmes , en centièmes , en
millièmes , en dix millièmes , etc. à quoi servi-
rait cette double ligne et ce trait horisontal , si
ce n'est à rendre très-compliquée une chose fort
simple en elle-même ?
Il est si aisé , en effet , de retenir que le chiffre
le plus près de la virgule vers la droite exprime
toujours des dixièmes , celui d'après, des centiè-
mes, celui d'après, des millièmes , celui d'après,
des dix millièmes , que 1 on ne conçoit pas réel-
lemerit comment on neles apas toujours exprimés
de cette manière.
Au surplus , comme beaucoup de personnes
sont encore loin de s'en douter , on va leur pré-
senter ici un tableau qui leur tiendra lieu d ins-
truction.
Tableau de la manière d'exprimer en chiffres^ Us
fractions décimales, depuis le dixième jusqu'à la
plus petite fraction possible.
Un 10' qu'il aurait fallu exprimer à l'ancienne
Les forts Neuf et de l'Œuf de Naptes capitulèrent,
après 1 intimation de les rendre , laite aux répu-
blicains par le même Foote , et par les autres chefs
alliés ; j'ai sous les yeux l'original de cette capi-
, . 1 ■ lulaiion , ainsi que celle de Casieilâmare , signée
aniere comme ceci rî , s exprime comme il suit . ^^ cardinal Ruffo , par le général russe , par
ronie , le commandant turc , et par Mejan , com-
mandant français d.Tns le fort Saint-Elme. Ces
capitulations faites , Nelson et Hamihon arrivèrent
à Njplts , et l'amiral déclara ne vouloir pas les
recoiina'itre ; les généraux russe et turc en lurent
très-méconiens , et Ruffb , tout cardinal qu il était,
voulait que la capitulation fijt maintenue , et parut
tenir plus à son honneur rjuc l'amiral ne tenait au
sien et à celui de sa natidn entière. '
0,1, c'est-à-dire, zéro entier four ce qui pré
cedc la virgule et un dixième.
Et si l'on a besoin d'exprimer plusieurs autres
dixièmes , voici ce que l'on fait.
Pour 2 dixièmes qu'on aurait écrit comme ceci:
■nr , on écrit : 0,2.
Pour 3 dixièmes . . • • rz — O''-
Pour 4 dixièmes -n — Oi4 ' ^"^- ^"^- "^"^v
En continuant ainsi jusqu'à 9 dixièmes, qu'il
aurait fallu écrire comme ceci: ^, et que Ion
écrit ainsi : 0,9.
Un centième , qu'il aurait fallu écrire à l'an-
cienne manière comme ceci : j^ . s'exprime
comme il suit : 0,01 , c'est-à-dire zéro entier
pour celui qui précède la virgule ; zéro dixième
pour celui qui la suit et l centième.
Et si l'on a besoin d'exprimer tous les autres
centièmes jusqu'à 99 , voici ce que l'on fait :
Pour 2 centièmes qu'on aurait écrit comme
ceci : —; , on écrit , 0,02.
Pour 3 centièmes .... rr? — Oio3.
Pour 26 centièmes .... 7^ — 0,26. etc. etc. etc.
En continuant ainsi jusqu'à gg cen<iemes qu'il
aurait fallu écrire comme ceci : tt; . et que
1 on écrit : o.gg.
Un millième qu'il aurait fallu écrire à l'ancienne
manière comme ceci : tsst ^ s'exprirtie comme il
suit : 0,001, c'est-à-dire zéro entier, zéro dixième,
zéro centième et i millième.
Et si l'on a besoin d'exprimer tous les autres
millièmes jusqu'à ggg , voici ce que l'on fart:
Pour 2 millièmes qu'on aurait écrit comme
ceci : j-~ , on écrit: 0,002.
Pour 3 millièmes rsW — o,oo3.
Pour 56 millièmes rïlî — o,o56.
Pour 254milliemes ri-^ — o,254, etc. etc.'
En continuant ainsi jusqu'à 99g millièmes qu'il
aurait fallu écrire comme ceci : riri 1 ^^ l^e 1 on
écrit ainsi : o.ggg.
Quant aux dix millièmes, aux cent millièmes'
aux"raillioniemcs , etc. etc. etc., il est si aisé'
d'après ce qui précède , de les exprimer conte-
nabiemeni , qu'il suffira de donner un exemple
de chacun pouir être assuré d'être compris. Ainsi
I dix millièmes , que l'on aurait éciit comme ceci :
TT^Jï 1 s'écrit 0,0801 ;
I cent-millienle — tîtSt — 0,00001 ;
I millionième — rrr^TTî — o,ooooot.
Observez , que si l'on avait besoin d'additionner
toutes les fractions précédentes exprimées à la
nouvelle manière, ce serait la même chose que
d'additionner des entiers, tandis que les doubles
lignes et le trait qui les sépare, rendraient pres-
qu'impossible cette même addition; or, cette
seule remarque doit faire voir combien le calcul
décimal est précieux; sur-tout quand on aura
appris, comme dans le paraphe suivant , à né-
glige'' les fractions décimales sans compromettre
l'exactitude des calculs.
Au rédacteur du Moniteur. — Paris , ce 5 thermidor ,
an 8.
Citoyen,
En lisant dans votre n°. 299, la séance du ig
messidor de la chambre des communes, j'ai été
choqué , mais non surpris , de l'impudence avec
laquelle l'honorable Dundas a menti à sa nation ,
lorsque, pour justifier le refus de son gouver-
nement à lexécution du traité fait en Egypte , il
a dit : " l'Angleterre n'a point été partie dans ce
traité , et l'on peut dire qu'elle a toujours observé
ses engagemens avec une bonne foi surabondante, u
Si Robson avait eu connaissance de la conduite
qu'ont tenue quelques chefs anglais à Naples , il
aurait pu confondre ce Dundas , et éclairer en
même leras sa nation sur la politique infernale de
son gouvernement. Voici les faits authentiques
qui ont rapport à ce que Robson a dit à ce sujet.
La garnison du fort de Caslellamare refusa de
traiter avec les insurgés , et consentit à capituler
avec Edw. I. Foote .commandant l'escadre bri-
Ce cardinal écrivit en conséquence aux com-
mandans des forts , pour les instruire du refus
de Nelson. La résolution ferme des républicains ,
et la résolution oii , par leur réponse , ils annon-
cèrent qu'ils étaient décidés à se défendre jusqu'à
la dernière goutte de leur sang , et de s'enseyelir
plutôt sous les ruines des forts que de se rendre ,
en imposèrent à l'amiral ; il avait pardevani lui
l'exemple , terrible pour les royalistes autant que
glorieux pour les républicains, du fort Vigliena :
les royalistes en y entrant , en vertu d'une capi-
tulation , l'enfreignirent par le massacre des capi-
tules ; ceux-ci firent sauter le fort , et s'enseve-
lirent sous ses ruines avec les infracteurs.
On déclara donc aux républicains que la
capitulation était reconnue , et qu'elle serait
exécutée ; on les fit embarquer en conséquence ,
et bientôt la foi anglaise y chargea de, chaînes
beaucoup d'enir'eux. Il n'est sorte de cruautés
qui n'ait été exercée envers tous ces malheu-
reux ; on er; fil débarquer un grand nombre pour
les plonger dans des cachots horribles et pour
les pendre ; et il est à remarquer que les premiers
pendus furent le brave amiral Caracciolo, le gé-
néral Nassa, commandant du fort Neuf, et le com-
mandant en second. En un mot , ces deux ca-
pitulations furent enfreintes de la manière la plus
barbare . et Nejson et Hamilion furent les com-
plices en chef de Caroline et d'Aclon dans le»
crimes qui ont signalé à l'univers entier leur ren-
trée dans ce pays ; ils auraient dû et pu les em-
pêcher , et ils les ont ptovoqués , favorisés et
commis.
Si 1 Angleterre avait toujours observé ses enga- ,
gemens avec une bonne foi , non pas surabon-
dante , comme le dit Dundas , mais suffisante ,
elle aurait fait punir Nelson etHamilton. La partie
saine de la nation anglaise, instruite de la con-
duite criminelle et horrible tenue à Naples par
ces deux officiers , imprimera , sans doute , sur
leur froul un cachet d'infamie , et méprisera un
gouvernement qui , par toutes ses opérations , ne
tend qu à l'avilir et à la rendre odieuse à tou^
les peuples. Londedo.
ANNONCES.
Journal philosophique. Ce journal , destiné à
combattre la sotie crédulité et le fanatisme into-
lérant , .paraîtra par numéros de «4 pages in-l« ,
les 1"^ et 16 de chaque mois , à compter du 1"
vendémiaire an g.
Le prix de la souscriptien est de 6 fr. pour ua
an . 3 fr. pour 6 mois , franc de port pour toute
la république.
On souscrit au bureau , rueGermain-l'Auxei;'
rois , n° 3i , près celle des Lavandières , et cheg
les libraires et directeurs des postes.
COURS DU CHANGE.
Bourse du i5 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire 21 Ir. 76 c.
Tiers consolidé 34 fr. 5o c.
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Théaire de la Repiibliq;je et des Arts.
Auj. la 4' repr. de Praxitelle ou /a Cein'Jire , opéra
en un acte , suivi du ballet de la Dansomanie.^
Théatriî du Vaudeville. Auj. Maître Adam;
tannique dans la baie de Naples; les cai^'na\éi\ Dancour ,e.\.Jenesai-Ki ouïes Exaltés de Chartnton ,
\ s'embarquèrent ensuite sur des bàtimens anglais. ■ parodie de Beniouski.
Uatonncmenrse faitàParis, rue des Poitevins , n" 18. Le prix est de a5 fiaads pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et 100 francs pour Tannée enUerc. On nes'abonne
qu'au commeuccmeaL de chaque mois.
Il faut adresser les Icutcs et l'argent , franc déport , ju cit. A G AS s E , propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , n" 18. Il faut comprendre dans les envois le port dcl
pays oml'onnepeutaffiancliir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue de»
Poitevins , n« l3 , depui [neuf heures du matin jusqu'-i cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 017.
Scplidi , 1 7 thermidor an 8 de la république française , une et indivitihle.
Nous sommes aucorlsés à prévenir nos sousccipceurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NITE U R esc le seul journal officiel.
11 contient les séances des autorités constiriiées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que lîs faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences ,. aux arts ez aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
T u R Q. u I E.
Comlantinople, le '2.5 juin (6 messidor. )
Xj' ÉVACUATION de l'Egypte par les français
éprouve des obstacles auxquels on ne s'était pas
attendu ; le général Klébcr , soit qu'il ait reçu
de nouvelles insiruciions de son gouvernement ,
loit qn il ait jugé que ses derniers succès contre
l'armée ottomane le mettaient pour longitems à
l'abri d'une attaque , et lui laissaient tout le loisir
d'attendre des otdres ultérieurs du gouvernement
français, a formé vis-à-vis . dti grand-visir des
prétentions que la Porte n'a pas jugé à propos
d'agréer; entr'autres choses, il a demandé que
leKaire , Alexandrie et leurs environs, demeurent
sous la protection immédiate de la république
françatre , ou soient déclarés indépendans. Celte
fâcheuse affaire a occupé le divan le 22 , et il y
a été résolu qu'on lèverait une nouvelle armée ,
entièrement composée d'européans , pour recon-
quérir l'Egypte. L'année du grand-visir . qui était
réduite à 20,000 hommes , après qu'il en eut
rassemblé les débris à la sortie du désert, vient
d'êire encore fort affaiblie par la peste , qui s'est
tJianifeslée dans le camp qu'elle occupe aux en-
virons de Giaffa.
(Extrait du Journal Politique de Manheim , du
ig juillet 1800. J
ALLEMAGNE.
Slultgard , le .5 thermidor.
Le landgrave de HesseCassel a fait signifier
aux troupes mayençaises qu'elles eussent à sortir
de ses états , qu'autrement il les y contraindrait
par la voie des armes.
La situation de la ville de Francfort est tou-
jours la même. Le général Sainte-Suzanne a exigé
d'elle une contribution de 800,000 francs , parce
que . contre les promesses de neutralité , elle avait
laissé librement passer les troupes mayençaises.
Le magistral s'est refusé à cette contribution , et
a envoyé une dépulation à Paris.
Le 6 thermidor , un détachement de troupes
françaises , fort d'environ 2600 hommes , est arrivé
à Francfort , et y a été logé chez les citoyens de
la ville. Les portes sont gardées par des soldats
républicains.
Le comte de Starray est arrivé à Vienne. L'ar-
chiduc Charles est tranquille dans la Bohême ,
et ne va pas à Vienne , comme on l'avait dit.
La mésintelligence paraît se mettre entre la
Russie et la Porte. Quantité de troupes russes
se rassemblent sur les frontières de la Turquie.
[Strasb. Weltbote.)
ANGLETERRE.
Journal du parlement. — Chambre des pairs. — Séance
du st juillet (2 thermidor)
Bill pour l'incorporation de la compagnie de Londres.
L'ordre du jour appelle la seconde lecture
du bill.
Le comte de Liverpool. J'ai porté sur la mesure
présente toute l'attention qu'exigealHa place que
j'ai l'honneur d'occuper. Je suis convaincu qu'il
doit en résulter les plus grands avantages pour
le public. C'est une chose reconnue, que depuis
plusieurs années . la Grande-Bretagne ne produit
point assez de grains pour la nourriture et le
nombre des nouvelles clôtures. Dans un espace
de tems peu considérable , il a été importé
dans ce pays 8g3,3o2 sacs de bled , qui corres-
pondent à une somme de cinrj raillions sterling,
et quclqu'exiraorrlinaire que cela puisse paraître,
nous avons payé en une seule année 5,6o6,ooo
liv. sterling pour nous procurercetteindispenssble
denrée. Le commerce de grains se fait princi-
palement avec des espèces sonnantes. Cette cir-
constance , je suis fâché d'être oblige de le dire
a beaucoup diminué cette balance de commerce,
<jui , depuis plusieurs années , était si fort à
l'av^iniage de l'Angleterre. C'est à la même cause
qu il laut attribuer le désavantage du change.
Si vo« seigneuries parcourent les comptes, qui
•ont sur le bureau , elles verront (|uc depuis
quelcjucs années, les importations de bled ont
progressivement augmenté. Le pain de quatre
livres (quatern-loaj) est maintenant au prix énorme
d'un shilling six derniers et demi. Dans l'année
lyg.S , oiî le pain fut plus cher qu'il ne l'avait
jamais Clé , il ne monta qu'a un shilling trois
deniers. Ce prix ne dura que peu, de tems. Sans
les mesures prises l'hiver passé "par le gouver-
netnent, les pauvres seraient lillei^àlement morts
de faim.
C'est dans des vues pleines de palriotisme et
d humanité (jue la nouvelle compagnie se pro-
pose : 1°. d'acheter des grains, et d'établir sur
des principes économiques une certaine quantité
de moulins ; 2°. d'introduire parmi le peuple
l'usage du standard wheaten bread (espèce de pain
commun ). Les noms de sir R. Glynn , de MM.
Hibbert , Bosanquet , Angerstein . Devaynes , etc.
se trouventau nombre des souscripteurs, et prou-
vent assez qu'aucun motif d'égoïsme ne dirige la
compagnie. D'ailleurs, il est une clause qui limite
ses profils à 10 pour cent. Une autre, clause règle
qu aucun de ses membres ne. pourra posséder
d'actions pour phis de loo» liv. sterl. Par consé-
quent looliv. sterl. fontlaplt5s forte somme qu'ils
puissent gagner annuellement.
Le comte de Liverpool réfute les objections élevées
sous le préiexte que cet établissernent détruirait
la conctirrence , et donnerait en dernier ressort
le monopole des grains à une compagnie. Il ob-
serve que l'usage des machines étendues , dont
lacompagnie se servira, doit naturellement rendre
la farine meilleur marché. Il ne croit nullement
que le résultat de cette mesure puisse être de
ruiiier les meuniers ; peut - être gagneront - ils
moins , mais il ne serait pas juste que leur in-
térêt entrât en comparaison avec riniérêt du
peuple. D'ailleurs , leurs profits énormes pour-
raient faire soupçonner quelque chose, qui res-
semblerait à un monopole. Us gagnent i5 ou 18
pour cent, et ils ont cinq ou six fois par an la
rentrée de leurs capitaux. Il est avéré que la hausse
du prix des farines estsupérieure.-jn proportion, à
la hausse du prix des grains» Quelques personnes ,
dit le comte de Liverpool , prétendent que la
législature doit abandonner toute espèce de com-
merce à lui-même. L'expérience prouve la fausseté
de ce raisonnement.
Le comte de Westmoreland et le duc de Clarence
combattent la mesure. S. A. R. observe que le bill
n'a été présenté que dans les derniers jours de la
session, lorsqu'un grand nombre des membres
du parlemeni éiait déjà absent. Rien n'est plus
faux , plus injuste que les insinuations dont les
meuniers , boulangers , etc. sont l'objet. Aucune
preuve n'a pu être alléguée contre cette classe
d'hommes respectables. L'éloquente adresse de
M. Garrow en faveur du bill ne contrebalancera
point les dépositions faites à la barre par des
hommes dignes de foi. Quant à l'observation qiie
les profils de la nouvelle compagnie seront bor-
nés à 10 pour cent , elle net iiullement victo-
rieuse. Si cette compagnie est une fois permise ,
pourquoi restreindrait-on ainsi ses profits, tandis
que les meuniers pourraient légitimement en faire
de plus considérables. S. A. R. regardée la mesure
comrne injurieuse au commerce , et* tendant à
établir le plijs destructeur de tous le monopoles.
C est en facilitant tous les moyens de concur-
rence que l'heureux esprit de la constitution a
conduit l'Angleterre à un si hiut degré d'opu-
lence et de prospérité. C'est cette concurrence
qui permet aux hommes les plus obscurs de s'é-
lever par leurs talens et leur industrie. Je me rap-
pelle , ajoute S. A. R. , d'avoir dîné un jour à
la cité avec le noble (comte de Liverpool. ) Un
homme estimable qui était assis à côté de moi ,
me dit que, dans sa jeunesse , il portait un pa-
nier sur sa tête et un'tablier devant lui.
Le Lomtede Stanhope. La mesure actuelle eslpré-
seniée sous prétexte de remédier aux maux
résultant de la rareié des grains. C'est une chose
constatée que , depuis plusieurs années , l'Angle-
terre n'a pas une quantité de bled suffisante pour
sa consommation. Cela ne doit être attribué qu'à
une série de guerres successives , et sur-tout à
la guerre présente , la plus injuste et la plus dé-
sastreuse de toutes.
La guerre , en augmentant le fardeau public ,
augmente aussi le prix de la main-d'œuvre , et le
bled peut être importé à moins de frais que sa
culture n'en exige. A compter depuis 19 ans,
l'importation moyenne des grains s'est élevée à
s5o,ooo sacsparan. Depuis les 7 dertjieresannéijii,
elle est montée à 400,000 sacs. Mais lorsque lo
mal et une fois connu , c'est de chercher le re-
mède qu'il faut s'occuper. Le bon sens l'indiriuc.
Vous manquez de blé . encouragez l'importaiioa.
Si nos forêts manquaient de bois de construction ,
sans doute nous en irions chercher chi-z nos voi-
sins. Mais non ; les auteurs du bill actuel croi-
raient remédier au mal par des rcglemens relatifs
aux scieurs , charpentiers et menuisiers ; rien ne
pourrait être plus absurde.
Je crois que le véritable objet du gouvernement
est de profiter du prétexte de la disette pour se
procurer , par le moyen d'une compagnie dans
sa dépendance , le monopole de tous les grains
du royaume. Je crois que ce bill n'est que le
prélude d'une succession de mesures pour mettre
dans les mains du gouvernement le monopole
de toutes les autres grandes branches de com-
merce , telles que la bierre, le charbon, etc.
Beaucoup de négocians sent persuadés que ce
projet existe. Les subsides ne peuvent plus se
lever au moyen du système fondé , ni même
dans une assez grande étendue , au moyen du
nouveau système tant vanté. C'est une nouvelle
ressource que le gouvernement se prépare à
l'avance. Le devoir de V. S. est d'arracher le
masque au monstre pour le contempler dans
toute sa difformité.
Le lord Chancelier parle à l'appui du bill , et
lord Hobart contre.
La question est mise aux voix, et passe à la
majorité de 11 voix, en comptant les pro*
curations.
Séance du 22 juillet.
Le comte de Stdnhope présente une pétition de la
part de plusieurs individus contre le bill de la
Fovei^Neuve. — Remise sur le bureau.
5. A. R. le duc de Clarence présente une pélidon
de la part de certains négocians en blé , contre le
bill pour l'incorporation de la compagnie de
Londres.
La chambre se forme en comité pour prendre
en considération le bill relatif aux lunadques.
Le lord chancelier -pToçoie ,-çi3T voie d'amende-
ment , deux clauses additionnelles. La première
tend à soumettre à des formes de justice plus
promptes les individus arrêtés pour cause, de
démence. La seconde a pour objet la sûreté
personnelle du roi. Il est connu que les indi»
vidus aitaqués de démence , ont une funeste pro-
pension pour s'introduire dans la résidence dé
S. M. Il y en a eu quatre exemples plus ou moins
alarraans depuis 1 attentat commis par Hadfield.
Cette clause autorise le secrétaire-d'état ou quel-
que grand officier de la couronne à faire arrêter
les individus suspects , à instituer un comité
d'enquête pour constater leur état |de démence
et à s'assurer d'eux , s'ils sont en effet privés de
l'usage de leur raison. — Les deux clauses sont
adoptées.
Séance du a3 juillet.
Lord Grsnville propose une suite de résolution»
pour que la chambre, au commencement de
chaque session , nomme un pair chargé de rem-
plir les fonctions de président des comités , et
pour que lard Walsingham occupe le fauteuil
jusquà la fin de la session présente. — Adoptées.
La chambre se forme en comité relativement
au bill pour l'incorporation de la compagnie
de Londres.
M. Jackson est entendu comme conseil des
boulangers contre le bill. Il propose de pro-
duire des téinoins. La proposition est mise auk
voix et rejetée à la majorité de 14 contre il.
Le comte de Stanhope s'oppose à ce que l'évêqu'e
de Lincoln donne sa voix, parce qu'il n'a pas
ses manches de monsseVtnes [costume des évêijueS
arigtais.) Il s'ensuit une discussion. Le comte de
Liyer|iool dit que l'objection ne peut être for-
mée régulièrement que par le président. Le lord
chancelier et l'évêque de Londres convienne lit
que le très-révérend prélat ne pourrait voter dans
la chambre sans ses manches de mousseline (
mais ils prétendent que l'usage rend le cas dif-,
férent pour un comité.
La question passe.
Le duc de Clarence présente une péiit'i n du
iharcbaiids de grains de Londres contre le prin-
cipe du bill. — Remise sur le bureau. 1
Dans la séance d'hier la troisiamo lecture du
blU a définitivement passé.
1278
Chambre des communes. — Séance du 31 juillet.
La cliambre, formée en comilé de subsides,
vote un crédit de 1,400,000 liv. , conformément à
la demande du chancelier de l'échiquier.
M. Long présente trois bills p'out l'émission de
9j,5oo,ooo liv. en billets de léchiquier , formant
trois sommes distinctes. — Lu pour la première
fois.
Le clerc de ta paix pour le comté de Middlesex
présente à la barre la copie de l'état des prison-
niers , etc., de Gold Baih-Fields, fourni par le
gouverneur au comité des prisons.
M. Jones remet au lundi sa motion au sujet
des instructions données à lord Keilh , par rap- !
port à l'évacuation de 1 Egypte.
M. Tierney propose diverses résolutions rela-
tives aux finances. Son inteniion n'est point de
jvrovoquer une discussion immédiate , mais
Simplement de demander que ses résoluiions
soient remises sur le bureau. 11 prendra , pour
le discuter , le jour qui pourra convenir au tiès-
honorable membre ( M. Pilt. )
L'orateur lit les résolutions.
M. Put dit qu'elles lui pasaissent correctes ,
Biais comme il proposera quelques résolutions
addiiionnelles , il désire que le débat soit ajourné
à jeudi. — Adopté.
Sir F. Burdett Jones annonce l'intention de
remettre à mercredi sa motion au sujet de la
piison de Cold - Barh - Fields. — M. Pitt en de-
mande la nature. — Il répond que c'est une
enquêie qu'il compte demander. — M. 'William
Dundas n en voit pas ia nécessité.
M. Pitt. Si le but de cette enquête se dirige
en effet vers le bien du peuple , il ne pourrait
qu'être rempli au moyen de la discussion. Je crois
les motifs de 1 honorable baronet parfaitement
dignes d'un memb-'e du parlement. Ilxloitdonc
craindre d'exciter l'esprit public. Cependant il
pourrait y parvenir en agii.nntsi souvent une ques-
tion dans laquelle , au moins pour le moment ,
la passion peut si facilement l'emporter sur la
raison. Si les faiis avancés prouvent la nécessité
de quelque changement dans l'administiation de
la prison , on peut êire assuré que le gouverne-
ment s'en occupera. C'est la marche la plus sage
à suivre. Le gouvernemant seul peut donner aux
magistrats des instructions efficaces. Donc toutes
les plaintes doivent être portées au gouvernement
en première instance. Si l'honorable baronet veut
lui renvoyer celles qu'il recevra et qu il n'ob-
tienne point justice, il pourra en dernier ressort
s'adresser à la chambre. Il peut être sûr d être
alors écoulé avec toute laitention qui lui sera
due. Le délai qu'il propose est mal jugé ; car
jnercredi la chambre n'aura plus que 48 heures
pour s'occuper d'aflaiies.
La motion est définitivement ajournée au len-
demain.
Séance 4u 3i juillet.
La chambre reçoit le rapport du comité de
ïubsides sur la résolution par laquelle il est
accordé à S. M. la somme de 1,400.000 liv. pour
la mettre à même de remplir ses engagemens en-
vers l'empereur.
M. Abbot présente le rapport.
La chambre se forme en comilé pour prendre
en considération ta demande d'une somme de
■5,ïoo,oco liv. sur les fonds consolidés , pour le
«crvic« de 1 an 1800.
Af- Robson blâme hautement l'envoi d'une
somme de l5o,ooo liv. qui a été faite à l'empe-
reur , pour l'indemniser de la perte des magasins
de Siockach. Il ne voit pas quelle prétention
â'emperetir peut former à être dédommagé d'une
perte qu'il a éprouvée par les chances de la
guerre. C'est dailleurs un exemple qui peut ou-
vrir la porte à de condnuels abus. M. Robson ne
blâme pas moins l'envoi d une autre somme de
5oo,ooo guinées, à une époque oh les taxes sont
si fortes et la misère générale si grandes , que
le peuple n'en peut soutgnir le fardeau. — Il
désire savoir quand le traité avec la Russie ex-
pirera.
Af. Pitt répond que c'est au comité à juger
s'il veut ratifier l'acte de générosité de S. "M.
envers l'empereur — Quant au traité avec la
Bussie , il ne finira que quand les russes seront
jpartis.
M.Jones dit que c'est ici le ttts d'être juste
avant que d'être généreux. La vérité , ajou)c-t-il ,
est que ce nouveau subside donné à l'empereur
n'est autre chose que la rançon de 'Vienne , qui
doit passer entre les mains de Bonaparte.
Le comilé adopte une résptution conforme à la
demande des5,2oo,ooo liv.
L'ordre du jour appelle la troisième lecture du
bill relatif aux combinaisons illicites des ouvriers.
Le j>rocureur- général déiafprouve la clause qui
autorise les ouvriers à faire juger , par arbitrage,
les disputes qui s'élèvent entre eux et leurs maî-
tres au sujet de leurs gages.
Le colonel Gascoyne iiouve peu junc défaire une
I&reille objection aussi tard. .^'ailleurs 51 observe
que, sans cette iciause , le secours justement
accordé à une classe d'ho.mjnes uiiles et oppri-
més , ne vaudreit pas lapeine d'être accepté.
M. Dent parle dans le même sens.
Af. PiK observe que la chambte a encore des
sujets iraportans à traiter dans la présente séance,
et fait en conséquence la motion de renvoyer
au lendemain la discussion. — La motion de M.
Pitt est mise aux voix. — Adoptée à la majotité
de 3i contre 14.
Prison de Cold Bath-Fields.
Sir F. Burdett Jones. J'avais supposé qu'après
l'exposé des papiers que j'ai mis sous les yeux de
la chambre , il serait inutile de plaider la cause
des malheureux. Je suis aujourd'hui détrompé.
On prétend que la chambre des communes ne
doit pas interposer son autorité dans cette affaire,
à moins qu'un cas d'abus criant n'ait été cons- |
taté ; que les magistrats n'aient montré de la mau-
vaise volonté pour redresser les griefs , et que les
plaintes portées devant les cours inférieures ne
soient restées sans eflet. J'espère convaincre ceux
même qui ont mariilesié cette opinron , que la
chambre ne peut se dispenser d intervenir dans
cette circonstance. [Sir F. B.Jones lit les papiers
remis sur lé bureau pour récapituler Us preuves des
abus existaiis. ) Il résulte du rapport du grand-
jury , que les prisonniers n'ont pas assez de
(ournitures de lit, même pour l'été. Q^^jelle doit
être leur position en hiver, renfermés dans des cel-
lules humides et sans feu ! C'est dans une demeure
si misérable , que tant d hommes sont envoyés
avant d'être convaincus, souvent sans être accu-
sés d'aucun crime ! Le cas de Marie Rich est trop
affreux pour en présenter l'image. La barbarie de
ses gardiens la mise hors d état de remplir le but
de sa détention. "Demeurée nue , parce que sa
couverture avait été prise par une femme en
couche ; elle est tombée malade. Elle n a pu
déposer contre l'homme qui avait voulu la violer.
— La garde, dit-on. en a reçu l'aveu qu'elle
n'aurait pas porté de plaintes, si l'homme lui
eût donné l'argent qu'il lui avait promis. Doit-on
croire sur sa parole cette garde , l'une des prison-
nières à double porrion ..que le gouverneur traite
bien afin de pouvoir maltraiter avec impunité les
autres ? Quand Marie Rich serait sans principes ,
serait-ce uue raison pour la trailer avec barbarie .''
Mais elle est pauvre; ses parens sont dans une ex-
trême indigence. Voilà l'excuse de la cruauté. C est
une chose méritoire que d'aggraver les funestes
effets de la pauvreté .' Les juges ont terminé leur
rapport en disant que M.trie Rich leur paraissait
avoir été convenablement traitée pendant sa
détention. Cette assertion met le comble à l'in-
justice. Douze magistrats justifient une scène
d'iniquité sans exemple , et déchargent de tout
blâme ceux qui en ont été les auteurs ! Etait-ce
M. Aris qu'il fallait examiner relaiivement aux
atrocités dont il était coupable , et à l'acte de
félonie commis par son fils ? Mais sans doute
ceux qui n'ont lien trouvé à reprendre dans le
cas de Marie Rich, auraient attesté la pureté de
conduite du gouverneur.
Le second rapport du grand jury, destiné à
effacer les impressions produites par le premier,
mérite ici quelques observations. Je viens d'ap-
prendre à ce sujet la circonstance la plus extraor-
dinaire. Il y a environ dix minutes que j'ai été
appelle hors de la chambre. C'était le premier
membre du jury, et quelques uns de ses collègues,
qui m'avaient fait appeller pour démentir le
rapport qui leur était attribué. Ils m'ont autorisé
à dite qu'ils n'en avaient jamais fait un sem-
blable de leur vie. Je regrette infiniment que
le second rapport du traverse-jury n'ait point été
admis. Il contenait des faits (d'une haute impor-
tance et je pourrais prouver , malgré les asser-
tions contraires , qu'il avait élé régulièrement
envoyé à Guillaume Mainwaring, président des
sessions de quartier du comté de Middlesex.
Le premier rapport était très-défectueux , plu-
sieurs prisonniers ayant été soustraits à la vue
des membres du jury. Mais j'exposerai quelques
cas que je puis prouver, quand on le voudra.
Ils feront voir combien le jury a été trompé.
— Un nommé George Hart mourut le 2 juin.
Il était dans la prison , lorsque le jury en fit
la visite , et cependant , il ne fut pas produit.
Un autre prisonnier, nommé Chenau , mourut
le 14 juillet. 'Toii.tes les preuves offertes pour
constater qu il étai'i mort de faim , ont été cons-
tamment rejettées. Luc Earley expira le l5 , et
quoique le Coroner fut informé qu'il avait péri
de besoin , aucun/ des matelots qui pouvaient
déposer à l'appui de cette accusation ne fut
appelle. Un autre matelot avait confirmé Ce fait
dans un examen précédent. Un des membres
du jurjr ne permit point que sa déposition fût
admise , et il lui substitua un autre témoin.
Je crois que ces faits ne laisseront point de
doute sur la honteuse négligence des magis-
trats. J'espère aussi prouver qu il est du devoir
de la chambre diniervenir dans cette cause.
Ou renvoyé les opprimés aux cours dejusdce.
L homme, à qui son dernier ihilling a été aaacbé,
qui tremble de s'exposer à un traitement encore
plus cruel , qui est parfaitement inconnu , c^.t;
on peut l'assassiner sans que le monde en ait
connaissance; cet homme portera-t-il les plaintes
devant une cour de justice ?
Lundi , 7 de ce mois , pendant que deux mem-
bres du ti;averse-jury , M. Dickle et Beale , étaient
présens à Hick's Hall , un nomme Williams , sorti
de prison la veille , vint dire aux juges qu'un pri-
sonnier y était mort la surveille de faim, et que
plusieurs autres , cachés dans des cellules éloi-
gnées , y languissaient dans le besoin. Lorsque
cet homme sortit, le clerc du geôlier le suivit,
et lui mettant la imarn dans les poches, il tâcha
de lui enlever ses papitrs, William fut ramené.
Le gouverneur Aris , de concert avec le geôlier ,
lui prit de force ses papiers. Sur la représentation
d'un homme de loi , M. Ager, on les lui rendit,
mais à lexception dune lente importante, que
l'un des juges , M. Robinson , retint.
Cette conduite indécente ne prouve-t-elle p^J
que les malheureux prisonniers pourraient ya|-
nerTicnt s'adresser aux magistrats ?
Le procureur - général observe que , grâce au^
anciennes lois ■ du pays , l'administration deii
prisons anglaises est la meilleure qui soit connue,
et que , conformément à ces lois , un jury df
Coroner a examiné les causes qui avaient amené
la mort du prisonniercité par 1 honorable membre.
Elles n'avaient rien que de naturel. Cet hommç
est mort de consomption. li est souvent impos-?
sible que ies personnes , chargées du gouver-j
nement d'une prison , s'abliennent d'acte arbi-t
traires. Mais si le gouverneur Aris et son fil^
sont coupables des crimes dont on les açcuje, 1
ils doivent être poursuivis; les tribunaux soijf
ouverts.
Dans le cas où la chambre se déterminerait à
intervenir dans celte affaire , ce devrait être par
une adresse à S. iM. Qjiant à M. Dickie, sa cont
duite a été irréguliere. C est au grand jury et non
aux magistrats qu'il aurait dû (aire ses représeu-
talions. Si les magistrats se comportent mal , la
gouvernement peut les attaquer à la cour du banc
du roi ou rayer leur nom de la commission.
M. Sheridan. Le savant membre vante les aBr
ciennes lois ; il nous dit que les prisonniers peu-
vent avoir rwc jurs à la cour du banc du roi. Mais
il oublie que la prison soliraire dont il parle , est
un établissement d'hier , que n'a autorisé aucun
de nos anciens usages. Il oublie que les règle»
même de ce nouvel établissement ont éié négli-
gées. Le corniié , chargé d en constater l'éiat par
une enquête , fut induit en erreur. Dans son rap-
port, il a avancé des faits qui n'existaient pas, et
il en a omis d'autres rjui existaient. C'est ce que
prouve évidemment son examen léger de la con-
duite dAris, qui, à la honte éternelle de ce
pays , est encore maintenu dans sa place. On
pourrait prouver à la barre que cet homme a
poussé la tyrannie si loin, que pluiieurs prisonniers
lui ont donné de l'argent pour éviter les tortures
qu'il leur aurait infligées , et qu'un autre a obtenu
sa liberré en lui donnant une somitie considér
rable. Ce fut cependant sur la déposition d'ujï
tel homme , qu'un ordre , sinon injuste au moiof
irès-indécent , défendit à mon honorable ami ( sif
F. B.Jones) la visite de la prison.
M. Sheridan , avant de terminer son discours,
lit une lettre du riommé Williams , dans laquellç
il se plaint d'avoir manqué, ainsi que plusieurs
autres prisonniers , d'une suffisante quantité dç
nourriture , et prétend que le nommé Chenau est
mort de faim.
Ai» William Dundas ]u%(\^t\zQonA\i\iG du comité
des prisons dont il a été le président , mais il
ajoute que des deux côtés de la chambre , il
paraît reconnu que tes magistrats n'ont poiia
été assez atterrlifs à ce que la justtce et l'hu-
manité exigeaient. Il est persuadé que le gou-
vernement prendra les mesures convenables pour
l'état de la prison, et en conséquence, il s'op-
posera à la motion.
M. Martin vrjit dans les faits , qui viennent
d'être exposés à la chambre , de nouvelles rai/-
sons de se confirmer dans l'idée que la déteu-
tioa solitaire est de toutes les punitions , cellp
qui s'écarte le plus de l'esprit de la constitution.
11 est persuadé que 1 homme veriueux qui form^
le plan de la prison de Cold Bath-Frelds , n'avait
en vue que des motifs de reUgion et d'humaniié,
mais l'expérience prouve le vice de cette -insti-
tution.
Af. Tierney soutient que le rapport du comité
de la session dernière décelé un manque d at-
tentron quant à l'objet de l'enquête. Mais comme
le coté opposé de la chambre ne paraît pas
admettre l'idée d'un examen à la barre , il
propose, afin de réunir les diff'èrens partis de
présenter une adresse à S. M. pour la supplier
de donner l'ordre de faire faire une enquête
relativement à létal et à l'administration de ia
prison de Gold Bath-Fields.
Af. Pitt observe que le rapport du comité
de la session dernière pouvait être fidèle . quand
même les faits avancés par l'honorable baronet
seratem parfaitement exacts. Il y a plusieurs mots
que le rapport fut rédigé. Les faits présente'
ijtient allcgiics sont d'une claie poslérieure et
toute lécenie. Cependant il n'adople point ces
faits dans toute leur étendue. Il convient seule-
ment qu ils méritent l'alteniion du gouvernement.
Rien ne justifie à ses yeux l'inierveniion de la
législature- dans celte circonstance. Il ne voit
pas non plus la nécessité d'une adresse à S. M.
Mais comme il est reconnu que cette afFaire
exige l'examen du gouvernement, et que la
conduiie des raagisirats a éié blâmable , il ne
s'opposera point à la motion de l'iionorable
membre (M. Tierney.)
Sir F. Burdet Jones retire sa motion du con-
sentement de la chambre. — Celle de M. Tierney
est adoptée.
Séance du 23 juillet.
M. Tierney désire, en l'absence du chancelier
de 1 échiquier , savoir du très-honorable membre
(M. Dundas ), si le gouvernement a reçu lavis
officiel d'un armistice entre l'empereur et la répu-
blique française. — M. Dundas ne répond point. —
M. Tieiney dit alors qu'il compte faire une motion
tendante à déclarer illégiii-nie tout envoi d'argent
à l'empereur , si les hostilités ne sont pas actuel-
lement recommencées.
M. "Jones avait annoncé déduis plusieurs jours
qu'il demanderait copie des instructions données
par le gouvernement, par rapport à l'évacuation
de l'Egypte. Je voudrais savoir, dit-il , trois choses.
I". Sir Sidney Smith n"éiait-il pas plénipotentiaire
adjoint à son frère , M Smith , ministre à Cons-
lantinople? 2". Comment s'est-il fait que le comte
Saint-Vincent n ait pas eu le pouvoir d'arrêter sir
iSidney Smiih à Gibraltar ? 3°. En vertu de quelle
autorité sir Sidney Smith agissait-il , lorsqu'apiès
avoir été remplacé par le capitaine Trowbridge ,
il continua à commander sur la côte d'Egypte ?
Toutes ces circonstances font voir que sir Sidney
Smith agissait comme plénipotentiaire. On dira
peut-être que le gouvernement a envoyé à lord
Kcith des ordres pour s'opposer au retour des
français , et que ces ordres furent transmis à
Kleber par le vaisseau , la Constance , au lieu d être
communiqués en première instance à la porte et
à sir Sidney Sinitli. C'est celle conduite qui a fait
hacher en pièces 8uoo turcs et ébranlé de nouveau
le trône du Grand-Seigneur. Je propose qu'il soli
présenté à S. M. une atlresse pour la supplier de
nous faire communiquer copie de la commis-
sion de commandement de sir Sidney Smith en
Egypte-
M. Dundas désire savoir où tend la motion de
l'honorable membre.
M. Jones lit la série des jnotions qu'il compte
proposer pour demander copie des instructions
envoyées à lord Keilh , à M. Sjjencer Smiih, et à
sir Sidney Sraith , etc.
M. Dundas répond qu'il serait impolitique de
produire les pièces que l'honorable membre de-
mande. Il a déclaré avec franchise que le gou-
' vernement savait qu'il se négociait un traité entre
Je grand-visir et le général Kléber,' lorsque 1er
instructions furei)t envoyées à lord Ktiih. —
Quant à sir Sidney Smiih , il n'a jamais com-
mandé en chef en Egypte , il n'y était que comme
capitaine de vaisseau. Il est vrai qu'il a été pléni-
potentiaire adjoint à son trere pour la signature
du traité d'alliance enire la Turquie et 1 Angle-
terre, mais aussitôt que le traité fut conclu, ses
fonctions diplomatiques cessèrent.
M. Dundas présente le budget de l'Inde ' que
jpous donnerons une autre fois ). Il expose que les
affaires de la compagnie des Indes se sont amé-
liorées de II millions, ei il termine en proposant
une résolution pour déclarer qu'elles sont dans
un état florissant.
Af. Hussey prétend auconiraire qu'elles sent au-
dessous de leur niveau de 6 millions. Il s'oposc à
la motion. — La résolution passe.
Du t5 juillet ( 6 thermidor.)
Le roi doit se rendre mardi prochain , en
cérémonie , à la cour des pairs pour proroger
le parlement. Celui d Irlande doit s'ajourner au
l" aoiil , ovi la sanction royale sera donnée au
bili d'union. Aussi-tôt après la clôiiire, on pro-
cédera à l'élection des 28 pairs qui doivent re-
présenter l'Irlande.
Le vaisseau de S. M. , l'Ariane . est arrivé d'EI-
seiieur à Harwich , ayant à bord M. Hailes, lord
Whilvvoiih et M. Casamajor. Ce dernier avait été
nommé chargé daffaires à Peiersbourg. Il fui
reçu à la cour après le départ de lord Whiiworlh ;
mais laudicnce que 1 empereur lui accorda, fut
presqti immédiatement suivi de l'ordre de quitter
ses étais dans lespace de 24 heures.
Actions tfe la banque. — 3 p. j.consolidés red.
65 4- — 3 p. j cons. 65. — 4 p. 5 cons. 84. — 5 p.
I ann. gy i. — 3 p. | irop. 64^. — 3 p. J imp. ann.
5. 16 J-. — Omnium. 5. - Comp. des Indes. —
Traites. — (Extrait du Cvurur de L,andres.)
1279
INTÉRIEUR.
Strasbourg , Z^ 1 2 thermidor.
LEgénéral Sorbier a passé par ici pour se rendre
à Dijon.— Le général Sainte Suzanne va , dit-on,
meure son quariier-général à Offenbourg ; il
commandera les troupes sur le Haut-Rhin. Àuge-
reau sera à la tête de celles campées sur les bords
dû Mein.
Nos soldats ont évacué les pays de Bade et de
Hanau, mais ils ont occupé ceux d'Ortenau
et de Rohan. Le 7 de ce mois, le corps aux
ordres du gépéral Delaborde a passé le Rhin près
Manheim . et s'est porté vers Heidelbem un partie ,
et en partie vers Beuchsal. Il n'est rcsté'à Manheim
que trente ou quarante hommes de garnison.
Quelques cantons dans les environs de celte
ville , sont horriblement désolés par k-s sauterel-
les. Nos petites affiches ont présenté un tableau
qui offre tous les moyens connus, -de se délivrer de
ces insectes redoutables. (Slrasburgcr WcUbote.j
Paris , /« 1 6 thermidor.
Le Citoyen Français annonce que les anglais
continuent à bloquer le port de Gênes; il y est
entré , depuis le 23 jusqu'au 29 messidor un
grand nombre de bâiimens chargés de vin ,
blé , huile , etc. Labondance de la icco'te'
I du Piémont et de la Lombardie a déjà fait
diminuer le prix, des grains dans la Ligurie.
L'épidémie qui ravageait Gênes , commence à
diminuer : dans la dernière décade de messi-
dor , elle a épargné 400 personnes de plus que
dans les précédentes. On a transtiorté hors de
j la ville, au laziret , tous ceux qui sont attaqué?
I de cette maladie qu on a reconnu être hfevre
des hôpitaux.
Le même journal annonce que depuis h con-
clusion de l'armistice , les paysans de la le\ée
en masse de la Franconie rentrent dans leurs
loyers. Les travaux qu'on lésait à la citadelle
de 'Wurizbourg ont cessé , et Ion a rendu à leurs
propriétaires les bestiaux qu'on avait pris pour
I approvisionnement de cette place.
— Tous les journaux annoncent que le pape
a fait son entrée à Rome le 14 messidor au soir.
On a rétabli lancien gouvernement dans la
Marche d'Ancône et la province de Pérouse. Ces
deux légations seront distribuées en sept juri-
dictions , à la tête de chacune desquelles sera
un cardinal avec le titre de délégué.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 14 germinal , an 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
composer le tribunal criminel du département
dEure et Loir, séant à Chjrires , savoir:
Président. Biocheion.
Juges. Liendon , juge actuel. Paillard , idem.
Supptéans. ho'm ., ex-juge. Doublet, ancien ac-
cu^aleur public à Blois.
Commissaire. Gaillard , ex-accusateur public ,
ex-membre des cinq-cents.
Greffier. Duquesnoy , greffier actuel.
Ordonne en conséquence fjuils se rendront
de suite à leur poste pour y remplir les fonctions
qui leur sont attribuées par la loi.
Le premier consul , signé., Bonaparte;
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état^ signé ^Ji.S>. Maret.
Arrêté du 1 1 Jloréal an 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
ariête ce qui suit :
Art. I". Le citoyen G.idy , juge-suppléant à
Bar-sur-Seine , est rnommé juge-suppléant du tri-
bunal de première instance de Versailles (Seine
et Oise) en remplacement du citoyen Lebrun,
démissionnaire.
II. Le citoyen Valentin Laroque , ex- commis-
saire du gouvernement près le tribunal de Seine
et Oise , est nommé juge au tribunal civil de
Chartres (Eure et Loir), en remplacement du
citoyen Hoyau , ci-dessous liomiiié.
III. Le citoyen Barré , commissaire actuel près
le tribunal de Dreux , est nommé commissaire
près le tribunal de Châteaudun , en remplace-
ment du citoyen Henain , démissionnaire.
IV. Le citoyen Hoyau, nommé juge du tribu-
nal de Chartres , est nommé cornmissaire près le
tribunal de Dreux , en remplacement cîu cit.
Barré ci-dessus nommé.
V. Le citoyen Gault , ex-juge au tribunal du
district de Tonnerre { Yonne). , estnomméjuge
au tribunal de Tonnerre ,. en remplacement du
citoyen Milliot , démissionnaire.
Le citoyen Godefroy , ex-juge du département
de 1^ Seine, est .nommé juge à Joigni , en
remplacement du citoyisn Gillet , l'aîné, déinis»
sionnaire. ''
Le citoyen MoiUar , ex - commissaire près le
tribunal correctionnel, est nommé juge à Avalon,
au lieu du citoyen Housser , démissionnaire.
VI. Le citoyen Gottier , suppléant ., est nommé
juge au tribunal de première instance de Lyon,
en remplacement du citoyen . Dacier , démis-
sionnaire-
Ordonné en conséquence quils se rendront
de suite à leur posie , pour y remplir les fonc-
tions qui leur sont aitribnées par la loi.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'étal , signé, H. B. MareT.
MIN I S TER E DE L'INTÉRIEUR.
Le préfet du département du 'Var transmet au
mini.stre les faits suivans : j
La montagne des Fondudes fait partie de la
chaîne sous Alpine , qui borde la rive droite du
Var. Son élévation est d'environ 3oo mètres au-
dessus du niveau de la Méditerranée. Son pied
méridional est baigné par le Var.
Dans le courant de prairial dernier , on s'ap-
perçut de quelques aftaissemens dans la partie
moyenne de la pente méridionale de celle mon-
tagne. Les terres s'ouvraient par tranches et s'affais-
saient insensiblement. La partie supérieure se
ressentit bie.(iiôt de ce mouvement. Par l'effet de
ces aftaissemens parallèles , la montagne présehtait
1 aspect d'un amphithéâtre. Enfin , le
entre dix et onze heures du soir , par un lems
calme et un ciel serein , le haut de la montagne
s'écroule tout-à-coup avec un bruit semblable à
celui du tonnerre ;les terres ébranlées par l'ébou-
lement se répandirent comme une é.iorme lave
vers les parties, inférieures , et ne furent arrêtées
que par un mamelon situé au bas de la mon.-
tajîne.
Ou évalue à environ vingt millions de mètres
cubes, les terrts déplacées. Elles ont comblé une
vallée entière ; entnré [ilusieurs maisons de cam-
pagne , et fait disparaître les cimes des plus
grands arbres sur une superficie d'un quart de
lieue quarrée.
Malgié cette énorme chute , les affaissernens
continuent dans la montagne,, et I on craint une
seconde culbute , peut-être ^ussi désastreuse que
la première.
Le ministre de l'intérieur a chargé le cit. Moitte,
sculpteur , de l'exécution du tombeau qui doit
être élevé au général Desaix , au couvent dii
mont Saint-Bernard. Cet artiste s'occupe de 1^
rédaction des plans.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Ordonnance concernant làrrosement. — Paris , ce
14 thermidor, an 8 de la république française ,
une et indivisible.
Le préfet de police , considérant que les cha-
leurs et la sécheresse qui en résulte , rendent le
pavé difficile et dangereux pour la circulation ;
Considérant , en oulrç , que les eaux stagnantes
des rui.iseaux produisent , plus p.-.rticuliérement
pendant Ja saison de l'été , des exhalaisons con-
traires à la s.iluhrité de l'air et nuisibles à la santé
des citoyens ; ordonne :
Art. V'. Conformément aux ordonnances et
réglcmens d£ police non abrogés , et notamment
à ceux des aS mai 17S7 ,, et 8 mai 1780 { v. st. ) ,
il est ordonné aux habitans de cette commune
d'arroser pendant les jours de chaleur , le matin
et à deux heures après midi , la partie de la voie
publique qui se trouve devant leurs maisons',
boutiques , jardins et autres emplacemens en dé-
pendaiis , et de faire couler les eaux des ruisseaux,
I pour éviter leurs stagnation.
I II. Il est expressément défendu de se servir de
I l'eau stagnante des ruisseaux pour ledit arros'-
sement.
m. Les sonneurs , pour le balayage , seront
tenus de parcourir , aux heures ci-dessus indi-
quées , les rues de la division à laquelle ils sont
attachés , pour avertir les citoyens d'arroser.
IV. Les commissaires de police dresseront des
procès-verbaux des contraventions , et demeurent
autorisés à faire lesdits arrosemens aux frais des
contrevenans, qui Seront en outre poursuivis con-'
formément aux lois , par-devant les tribunaux
compétens ; et sera la présente ordonnance im-
primée , lue ,>publiée et affichée dans toute l'éten- •
de cette commune.
Le préfet de police , signé , Dubois.
Par le préfet ,
Le secrétaire-général, signé. Pus.
Ecole centrale du département de Seine et Oise.
A la suite de la leçon publique du t" therml-
dc)r , destinée à la partie botanique du cours d his-
toire naturelle , le eiloyen Paillel a donné lecture
tf'uii friv-n'^n' '<■■'= so" "^""^ '^^ bibliographie ,
aiii se Itouve intéresscf énalemeiil rhisloire\(.le la
??uiyre et cellt; tic l'iiidiisuic,
''"'"En recliiiTlisnl les diverses maiieres sur les-
inullcs liiisioirc un les moiiumens nous appren-
llfiirqr.e l'on a coli, ":> voii qu'il y en a lou-
iours eu de plus ou moins Iragiles, el que la ta-
ciî'c muUiplic.itio:i de qurl.jucs-unes chezdifférens
pcuoies . it on diffciciis lems , a servi d'autant la
p)'opji.';S'..!On dcsl!ii;iiercs.
Indéi'cnilnniiiT Ml des inscriptions soUennelles .
fixées sur diveiscs Inces des édifices, les pieries
précieuses et les métaux en ont fourni de poria-
tivcs. La loi des i'2 tables, et beaucoup d'autres
éiaient sur l'airain.
Des lames de , bois , les écorces de quelques
arbres , les feuilles de certains palmiers encore
usitées anx Indes , ont amené l'usage des peaux
préparées d abord à Pergame , et delà appelées
parchemin.
Les enduits de cire ou de craie préparée , le dis-
putèrent long-tems à l'ivoire et aux peaux apprê-
tées en Mégie , comme les gants.
On voyait encore en iSij le vêtement de peau
sur lequel Pétrarque avait, dit-on, déposé ses
pensées.
■ Le linge a eu le mênie usage.
Le plus grand nombre des manuscrits qui nous
restent des anciens, nous montrent une réunion
de lames fibreuses du Prt/)inti , détachées , cou-
pées et recroisées à la colle. Les papiers de pâle
ne furent inventés , à ce qu'il paraît , en Europe ,
que dans le dixième siècle. Les chinois y ont em-
ployé , à-peu-près à la même époque , la pâte de
banbou , et d'autres matières à filamens soyeux.
L'Européen a fait en coton. Enfin , a paru 1 heu-
reuse invention qui , rajeunissant la toile dont le
tissu a perdu sa force , et la broyant au mojliri
pour en rendre les molécules. plus pénétrables à
la colle , produit cette consistance vraiment mer-
veilleuse de notre papier de chiffon.
Un des jour de la mêrrie dédade , l'herborisa-
tion du professeur d'histoire naturelle a fait re-
connaître des plantes assez rares qu'on n'avait
garde dé chercher si près de 'Versailles , après le
silence des botanistes des environs de Paris.
Le plumeau (koUonia patustris ) sur la roule
de Choisi , à la mare aux Bœufs ; le Rossolis , dro-
Seraretundifoliapiès de la fontaine desNoueites :
enfin et sur-tout la Lavanèse ( galega ojfinnalis )
qui croît en abondance dans un jeune taillis
voisin de la Boulie , entre 'Versailles et Joui ; objet
d'autant plus important , que celte multiplication
naturelle en garantit la réuissiie en prairies artifi-
cielles , suivant le conseil de nos modernes ins-
tructeurs d'économie rurale. (Extrait du. journal
du département de Seine-etOise.
T R I B U N A T.
Présidence de Moreau.
SÉANCE DU 16 THERMIDOR.
Après la lecture de la correspondance, Laussat
obtient la parole pour une motion d'ordre.
haussât. Tribuns-du peuple , quand une insti-
tution nouvelle est appelée à remplir , pour la
première fois, quelqu'ne de ses principales fonc-
tions , là va s établir un préjugé, là va com-
mencer une tradition dont il importe à la des-
tinée peut-être d'un état , et quelquefois au sort
de plusieurs siècles , de bien calculer et apprécier
les conséquences.
Je déposai aux termes du règlement, il y a
déjà huit à neuf décades , sur le bureau, la mo-
tion que je développe dans cet instant. Alors,
s'il vous en souvient , ihnes collègues , les moiio/is
ne cessaient, depuis la vacance du corps-législatif,
de se succéder et de se croiser à cette tribune , et
il était impossible d'en être xémoia sans réfléchir
combien labus tenait évidemment de près au
fréquent usage d'une semblable faculté.
Si cet abus ne m'eût paru de nature à pou-
voir facilement altérer lesprit de noire institu-
tion , ou à en compromettre les avantages et la
renommée , je ne me fusse pas avisé de son-
ger à traverser de formes et d'obslacles l'efFus-
sion de ces épanchemens solennels , par lesquels
nous fixons de l'intérieur de cette enceinte ;
l'atteHtion publique et la sollicitude du gouver-
nement , sur des vœux nés de l'application a
nos devoirs et de notre amour pOur la patrie. . . .
Parmi nos attributions, il y en a de plus re-
levées que celles d'exprimer , quand nous ie
jugeons à propos , nos vœux : j'estime de ce
nonibre celles de déférer des inconsiiiutionna-
lités au sénat , et de dénoncer les ministres ; mais
afFeciées à la poursuite et à la condamnaiibn de
fautes ou de crimes , elles consistent dans' un
ministère rigoureux , auquel on ne se dévoue
gueres. que' par ces efForis pénibles de résigna-
tion et de patiiotisnie. Combien au contraiie la
faculté d'énoncer des vœux a d'attraits. C'est un
large champ ouvert au zèle et au génie : aucune
connaissance , aucun goiît , aucun talent n'en
est exclu ; les études de la vie entière , même
les plus spoculatives et les plus systématiques ,
sont sûres , si elles veulent , de n'y pas rester
à lécart , et d'y trouver toujours un auditoire
tout prêt , et des confidcns honorables.
Je m'arrête -jçi ,, mes collègues, et je vous
! demande s'il a pu entrer dans des têtes rason-
nables de créer un corps politique dont les
atlilbuis , les occupations , et même le désœu-
vrement fussent combinés de manière à le rendre,
les deux tiers de l'année , l'écho forcé de mille
rêveries on imaginations cieuses . l'organe bannal
de cent porte - feuilles insignifians , le théâtre
d'apparat d'une foule de controverses purement
académiques. . .
Parcourant les quâtté espèces de vœux com-
pris dans la disposition constitutionnelle .je vois
qu'en dernière analyse les vœux relatifs à des
lois faites , à des lois à faire, à des araéiiora-
ùons administratives à entreprendre , sont au fond,
de la part du tribunal, des excursions permises,
mais inefficaces par elles-mêmes , vers i'iniiiative
tant de législation que d'administration , dont
le gouvernement a seul le privilège de pouvoir
faire un usage utile : or, rarement à mon avis ,
et l'administration e! la législation gagnerontà ces
excursions du tribunal.
La part d'aclion qui lui est dévolue dans notre
machine politique i il l'y "exerce ou en concours,
ou en opposition : or il a donc sans cesse et
en tout état de cause , devant lui , un émule
ou un adversaire; un émule quand il concourt,
et un adversaire quand il s'oppose. Le gou-
vernement délibère ou exécute : il délibère en
général par le conseil d'élat , il exécute par les
ministres. Le tribunal ne concourt pas à lexé-
cution , mais il peut avoir à y intervenir par
voyc d'opposition. Nous ne parlerons d'abord
que des opérations on il concourt , et par con-
séquent de la partie délibérative du gouverne-
ment qui est celle pour laquelle il lui a été
donné un conseil-d'état.
Ainsi , partout où le tribunal se montre en
concours avec le gouvernement , par-tout en
UT« mot oià il s'agit de délibération , soit légis-
lative , soit administrative ; il ne manque jamais
l'y avoir deux rivaux toujours en présence et
souvent aux prises , le conseil-d'étut et le tri-
bunal.
Le tribunal occupe un degré plus élevé dans
léchelle de l'ordre constitutionnel, le conseil-
d'état un degré plus haut dans l'échelle du pou-
voir effectif : cette différence prescrit celle de
leur conduite et. range du tôle du tribunal la
réserve et le ménagement.
Q^u'il vint, par exemple , à s'arroger Ibabilude
de celte initiative de conception et de proposi-
tions , tant législatives qu administratives , qui
forme le plus beau des attributs du conseil-d'étal :
il faudrait n'avoir pas la connaissance la plus su-
perficielle du cœur humain pour se dissimtiler,
qu'abstraction faite des circonstances el des indi-
vidus , par cela seul qu'un plan quelconque en
législation ou en administration sortirait de cette
tribune , il trouverait au conseil-délai une incli-
nation naturelle et prolonde à le dédaigner, à
le déprécier , à le combattre et à le rejeter.
Si j'y remarquais des exceptions ,je me défie-
rais encore , et , à coup sûr , non sans fonde-
ment , qu'il n'existât presque toujours en pareil
cas , un intérêt ou de politique ou de popu-
larité , à nous abandonner la gloire quelquefois
odieuse et redoutable de l'invention.
Enfin entrer en lice de propos délibéré avec
le conseil-d'état , en allant le défier sur son pro-
pre terrein , na serait-ce pas encourir trop sou-
vent les désavantages d'une extrême infériorité ?
je compte pour rien d avoir à nous y mesurer
avec l'élite probable de tout ce qui , dans chaqu=
genre, est ctiisc avoir donné ie plus de pleiaves
d'iiistruclion , decapacité . de force ; mats avons-
nous , comme ces rivaux , le secours d'une foule
de sous-ordres \icil'is d.ins les aff.iircs , et d'une
riche collection de documens auihenliques ra-
massés de génération en génération dans les bu-
reaux minisiériels ?
Les motions d'olfice sur dos poiiiis de droit
public , de droit civil , déconomie jjolitiquc
auraient un auue incotivénieni (ji'.e je tegatde
comme le plus rcLloutable de tous ; je veux dire
de changer infailliblement , plus ou moins vite ,
une grande institution politique en un collège de
beaux esprits.
Le bavardage ne fui jamais un bon instrument
de gouvernement. Quand les sophistes eurent ac-
quis de l'ascendant sur la Grèce , quelques flo-
rissantes que fussent les républiques, elles 10m-
bcrenl bientôt dans la dégradation , et les scolas-
tiques y ont tenu à leur tour ensevelie durant
plusieurs siècles lEuiope moderne , les uns et
les autres toujours par l'exercice de ce même
art , qui conduit à meure la raison en subtilités
et la vertu en .paroles.
Quoique les pernicieux effets n'en éclatent pas
souuain et avec impétuosàè , ils n en sont pas
moins sûrs et inévitables Le tribunal est peut-
être une invention politique qui, de soi-même i
en favorise irop les causes. C est un essai hardi
que 1 éiablissenienl consiitulionnci d'une assem-
blée d'orateurs constamment en activité , sans
objet consiani el nécessaire d'action: agir pour
agir n'est pas le moyen d agir toujours bien , et
une longue suite d'actes inutiles n'est, certes,
pas le sentier battu de la considération
LAréopage ne s'attira tant d'hommages el de
respects , que parce que ses jugemens ne por-
taient jamais en vain ; on chassa au contraire
des tribunaux , cl il devint honteux de fréquenter
ces hommes qui lésaient métier d'aller à loisir
discourant et décidant des régies générales du
juste et de l'injuste. Il nous est donc commandé,
sous peine d axilissemeni . de n'uicr (|u'avec une
exnême modération de celle facuiié qui nous
a éié dispensée ]iar la constitution , de divaguer
à noire faptaisie à travcis les iniiorabrabie motions
que peuvent enfanter cent imaginations en tra-
vail, sur les lois faites , sur les lois à faire , sur
les améliorations administratives à entreprendre ;
et en réfléchissant aux intentions de la consti-
tution , elle n'a pas entendu donner à cette
faculié l'indépendance etlrennée et lëiendue ilii-
miiée cjui résulterait du sens absolu des termes
dans lesquels elle s'est exprimée.
f La suite demain. )
COURS DU CHANGE.
Bourse du 16 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire sS Ir.
Tiers consolidé 35 fr.
Bons deux tiers i fr. 56 c.
Bons d'arréragé.. 85 fr. 25 c.
Bons pour lan 8 . 85 fr. 63 c.
Syndical 66 ff. 75 c.
Coupures 66 fr. 75 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Lyon au p. à vue.
Marseille.... au p. à 10.
Bordeaux.... | p. à vue. '
Montpellier.. | p. à 25 jours.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjje et des Arts
Auj. relâche.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Revanche
forcée ; Bagatelle , et les Otages.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Dem. la 2° repr. des Charlatans littéraires , com.
nouv. en 5 actes.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du 16 thermidor.
3g. 65. 56. 52. 7.
L'abonacmcnt se fait à Paris , rue des Poitevins, n" i8. Le prix est de 25 Ttaiics pour trois mois , 3a francs pour 6 mois , et loo francs pour l'année entière. Ou ne s'abonne
qu'au commencement de chaque inois.
Il faut adresser les leures et: l'argent , franc de port , au cit. A G As s E, propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , u" iS. Il faut comprendre dans les envois le port des
p»ys ou l'on ne peut affrandiir. Les lettres des départcmcnsnon aBFranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacleur, rue des
Poitevins , n* i3 , depui jncuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soit.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse ,' propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL:
N° 3i8.
"ididi , i^j thermidor an, S de la république française , urii et indivisible.
i i .'ffii
Hinniiii^. ti mifp
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Nous sommes- aut<?iisés'â JiTévenir nos sdiiscripreiirs qv/^ dater â'u 7 Nivôse leMoNITEUR esc le seul journal officicll' '
Il contient lesMitrê&^iifc'a.utoi-ités constituées , les actes du gouvememeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
_~~ ^ ; . .... ni
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les' correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré/ aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
PRUSSE.
Berlin , le 1 " thermidor.
V ous me demandez de commencer une cor-
respondance desiinée à vous donner des nou-
velles de l'un des points les plus iniéressahs de
l'Europe , en remontant plus haut que le moment
actuel , et en vous disant quelque chose de géné-
>at sur la situation de la Prusse, et sur les cir-
constances qui l'ont successivement préparée.
La Prusse a eu le rare bonheur de voir sur son
tiône le plus grand roi , le seul grand roi , et en
même-teras l'un des plus grands hoihmes de son
siècle.
./Son successeur et son neveu Frédéric-Guîl-
laume II, ne rappelait ce prince immortel que
par une seule qualité , la valeur personnelle :
vertu héréditaire dans la maison de Brandebourg,
oii l'éducation toute militaire , l'habitude des
exercices -guerriers , le spectacle des revues , tous
les souvenirs de Ihistoire , et tons les soins des
instituteurs , dirigent let inclinations des jeunes
princes vers les moyens de se distinguer à la
guerre , vers l'importance de cette réputation de
bravoure sans laquelle l'héritier même du trône
ne peut- aspirer à aucune considération per-
Jonnelle. j
Frédéric le Grand avait dit : Vnt armée et un
trésor; l'armée, pour faire respecter au-dehors une
puissance beaucoup plus militaire que commer-
ciale et territoriale ; et un trésor , pour alimenter
l'armée qui est l'état.
Frédéric-Guillaume II ouvrit trop facilement le
trésor de son oncle aux dissipations, aux prodi-
galités de foute espèce , à- toutes les dépensés que
conseille l'amour effréné des plaisirs,
La paix de Bâle le rendii à ses véritables inté-
rêts , au meilleur système politique de son pays ,
et donna à son armée le tems de réparer les
pertes et les désastres d'une guerre sans objet,
où les succès les plus inattendus n'auraient servi
qu'à l'avertir de sa faute , en lui montrant qu'il
avait vaincu pour sOn ennemi naturel.
Ce prince , enlevé par une mort prématurée
après un règne très-court, ne laissa à son succes-
seur et à son fils que des coffres entièrement
vides. Ils n'avaient plus été confiés à cet esprit
d'économie sévère qui méntia;eait a Frédéric le
Grand, au moment même où il terminait la guerre
la plus dispendieuse , des ressources auxquelles
son pays ne s'attendait pas . pour construire de
beaux villages , fonder des colonies , encourager
la culture , les manufactures et les arts , embellir
encore sa capitale, et orner ses palais.
Tout était épuisé par un régime dissipateur;
mais du moins le jeune roi ne trouvait pas ,
en montant sur le trône , le fléau des dettes
étrangères.
On sait que la grande opération politique du
règne de Frédéric-Guillaume II fut l'achèvement
du partage de la Pologne avec les deux cours
impériales : elle ne peut être bien jugée sous tous
les rapports que par l'hisioire et par le tems.
Heureusement pour la Prus»e , et pOur le prince
qui la gouverne aujourd hui , le règne deFrédéric-
Guillaume II ne fut pas assez long pour effacer
les souvenirs de gloire , les impressions de recon-
naissance , les tradiiions de. bonheur et de sagesse
qu'avait laissées Frédéric le Grand.
11 avait lui-même jugé très-favorablement la
première Jeunesse du roi sctuel , et l'espérance
publique recueillit avidement quelques mots et
quelques présages de ce grand homme. Le
jeune prince aussi se montra toujours pénétré
d'une profonde véné.;alion pour la mémoire de
son grand oncle.
On savait que pendant le règne de son père
il n en parlait jamais qu'avec une sorte de culte ,
qu'il en lisait et relisait .■sans cesse l'histoire ; et
- il a souvent répété linicntion oit il était de se
conformer toujours aux vues et aux systèmes
politiques de Frédéric.
Le rôle que joue aujourd'hui la monarchie
prussienne , le iioids de sa puissance militaire
dans la balance du coniinenl , ses rapports avec
le nord de l Europe , .ses rivalité» et ses amitiés
politiques , tout fait croire qu'on ne lira pas 1
sans intérêt quelques détails sur la cour de Ber-
lin , et sur le caractère des personnages dont
l'autorité et l'opinion , doivent le plus influer
sur la décision des affaires.
Le roi est surtout remarquable par une ex-
trême simplicité dans ses goûis et dans ses idées :
né avec uti esprit droit et juste . avec l'amour
du bien public , il sent le besoin de ce que
l cxpérionce et l'inslruciion peuvent seules don-
ner a sa jeunesse; il le cherche avidement dans
les exemples de son grand oncle , dans les con-
seils de ceuxdesesministr.es etde ses aides-de-
camp sur les lumières et l'intégrifè desquels il
croit pouvoir compter davantage.
L'amour de la simplicité éloigne de lui toute
idée de luxe. Toujours vêtu en uniforme , la
dépense de sa parure est nulle : celle de sa
tj(ble est aussi très-modérée.
Il n'a pas voulu que ses frères eussent leur
maison particulière. Dès le premier jour de
son règne, il a été réglé qu'il n'y aurait qu'une
table commune pour les princes et pour lui.
On a vu à Berlin avec beaucoup de plaisir et
d'émotion cetie vie de famille , ce spectacle
digne des mœurs antiques.
On sent que ce même esprit d'économie des-
cend de tout ce qui concerne personnellement
la famille royale , aux diverses branches de l'ad-
ministration publique. Tout est sévèrement cal-
culé , et le roi se laisse difficilement entraîner
au-delà de la ligne qu'il s'est tracée.
Ce qui ne tient qu'à l'ostentation et à la
simple magnificence extér'reure le touche peu.
Voilà pourquoi il a suspendu les dépenses que
le Grand-Frédéric et son successeur consacraient
annuellement à élever danS Berlin des bâlimens
nouveaux et réguliers. Mais il n'a fait que chan-
ger la destination de ces dépenses , en les ap-
pliquant à la restauration , devenue indispen-
sable , du pavé de la capitale , et à la construc-
tion non moins nécessaire de chemins publics ,
dont une partie sera achevée chaque année.
On a accusé ce prince d'avarice , ce qui veut
dire seulement qu'il n'est pas prodigue pour
ses courtisans.
Esprit d'ordre, d'économie , de justice, sim-
plicité dans ses manières, affabilité, abord facile
pour tout le monde . et surtout pour la classe
indigente du peuple : voilà son caractère pour
ce qui regarde les principes d'administration
intérieure, et les actions de sa vie privée.
Ses principes de politique extérieure ne l'ont
jamais éloigné de la France ; bien différent en
cela de son père, qui s'était rendu neutre par
convenance personnelle , et était ennemi de la
république intérieurement et par système.
Sans aimer toute la révolution., il rr'en a pas
blâmé tout indistinctement. Ce sentiment de
justice prolondéraent gravé dans, son ame simple,
ne lui permettait pas de voir indifféremment la
plupart de ces droits féodaux, qui dans- son pays
comme dans le reste de l'Allemagne, pèsent
d'une manière iniolér^jble sur le peuple , sans
être l'rès-uliles à la noblesse qui les exerce. Aussi
s'est-ll occupé ,1 dès le commencement de son
règne , de porter la réforme sur ces abus que
la France a si heureusement détruits.
Il a pu craindre un raomentl'invasion des prin-
cipes révoluiionniires.
Dans lEurope impartiale , personne n'a pu re-
fuser un sentiment d'estime profonde à la conduite
d^ûn jeune prince qui , au milieu des intrigues et
des séductions, quelquefois, des menaces et des
injures de l'esprit de parti , défendait ses états des
fléaux (jui ravageaient les autres. Il a bien vu que
la prétendue cause des rois sedéfcii<l mal quand on
la sépare de la cause des peuples ; qu'on_n'éloigne
pas les révolutions par les guerres qui les ap-
pellent , mais qu'on les hâie , au contraire, en
multipliant les impôts , en irritant les nations , en
épuisant les empires; que le sentiment seul du
bien-être peut contenir l'esprit de changement et
l'amour du mieux ; que la démence qui jette les
peuples dans des guerres sans objet et sans terme ,
ébranle et menace les trônes, loin de les défendre.
Aussi , le jeune roi de Prusse n'était-il accusé que
par le délire et l'envie : son administration doit
obtenir celle considération toujours attachée à la
puissance et à la force, qui ne se meut et ne se
repose qu'à son gré.
L'histoire du moment actuel et la manifesiatioa
de ce qui ne peut être que secret aujourd'hui ,
apprendra seule si le cabinet de Berlin a su re-
cueillir les fruits de sa longue inactivité , et
faire servir la paix de la Prusse à la paix du
monde.
.^joutons pour compléter l'idée qu'on doit se-
faire des inclinations politiques du roi . que sa
vénération pour les principes du Grand Frédéric ,
l'atiitche à la France plus qu'à toute autre puis-
sance. Il ne doute pas que si ce grand homme
donnait à la France une préférence marquée lors-
qU elle était dans les liens d'une alliance avec la
maison d'Autriche, l'époque de la rupture du,
traiié de 1755 n'eût été celle d'un rapprochement
poliuque bien plus intime.
La reine de Prusse est extrêmement remarqua-
ble par la réunion des plus heureux dons de la
nature : jeunesse , grâces , beauté , aucune femme
de son royaume ne lui est peut-être 'comparable
sous tous ces rapports ; mais ce qui la distingue
encore plus , c'est la candeur , la douceur , l'iné-
puisable bonté de son ame. Qui croirait qu'une
princesse douée de pareils avantages , n'en profi-
terait pas pour se procurer uo ascendant décidé
sur l'esprit de son mari , et le gouverner à volon-
té ? La reine n'en a jamais eu l'idée ; toute entière
à ses devoirs de mère et d'épouse . elle ne s'oc-
cupe que du soin de ses enlans et du bonheur
intérieur du roi. Elle ne se mêle point des affaires,
qu'elle regarde comme lui étant totalement étran-
gères; on ne la voit dans aucune inti'igue , ou
plutôt la tournure de son caracière bien connue
écarte de sa cour tout esprit d'intrigue.
Il semble que le plus bel éloge qu'on puisse
faire de la reine , est de dire qu'elle n'a que des
vertus douces et aimables, et aucune influence
dans tes affaires publiques.
Il semblait qu'à la mort du Grand Frédéric la pluî .
grande influence devait être destinée aux talens et
a la réputation du prince Hemi. L'opinion publi-
que fut trompée.
Les ministres craignirent son ascendant". Ils îit-
sinuerent donc au nouveau roi , que s'il se livrait
aux conseils du prince Henri, il devait renoncer
à toute considération en Europe , et que l'on
attribuerait infailliblement au frère du Grand Fré-
déric tout ce qui pourrait se faire de bien sous
son règne.
Le roi craignait sur toutes clioses la réputa-
tion de se laisser gouverner. Celte insinuation
perfide produisit donc son effet. Le prince futac-,
cueilli avec une grande décence , et même de
grands témoignages de respect. Mais on ne lui
fesait aucune confidence , en ne le consultait sur
rien ; et il sentit bientôt qu'il était tems pour lui
de rentrer dans sa solitude de Rheinsberg.
Il y retourna donc, et ne fit depuis que de
simples apparitions à Berlin. La seule occasion
oii le roi lui témoigna de la déférence et de là'
confiance , fut le moment de la paix de Bâle , sur
laquelle il fut' consulté , et donna l'avis qu'on- de--
vait attendre d'un prince éclairé et ami de la;
France.
La mort de Frédéric Guillaume II pouvait en-
core le rappeller aux affaires; mais déjà l'âge lui
ôtait l'activité nécessaire. Sa tête était la même ,"
mais il était sujet à de fréquentes maladies , et le
jeune roi ne lui fit aucune proposition. Use retira,
encore à Rheinsberg.
Les ministres sont extrêmement multipliés en
Prusse : le grand directoire en renferme autant
qu'il y a de branches patticulieres d'administratioa
intérieure.
Mais ceux qu'il' est plus intéressant de con-
naître au dehors , sont les ministres du cabinet ,
parce que c'est à eux qu'est confié le département-
des affaires étrangères. Il était, il n'y a pas long-
tems , composé de trois membres , M. le comie'
de Finkenstein, le comte d'Alvensleben, et le comte
d'Haugwitz. Le premier, employé très-jeune dam
la carrière politique , après avoir occupé dcl
postes très-importans , a servi sans interruptioa.
jusqu'à sa mort , arrivée dans la 86' année de soa
âge. Celait le doyen de la* diplomatie de toute
l'Europe. Plein de" vertu et de mérite , il avait
conserve sa tête , et mérité l'attachement et la vé-
nération publique jusqu'au dernier moment.
Le second , M. le comte d'Alvensleben , est
généralement connu pour un très-honnête homme:
il a les formes douces, liantes, sociales. Il na
manque pas de franchise , et la nature lui a donne
l'esprit de conciliation. Il a succédé à M. le comte
de Finkenslein ; et en cette qualité il est chargé
des formes , des cérémonies , reçoit les ministres
des cours étrangères , les présente au roi , etc. ; il
est de plus chargé de la correspondance avec les
cours d'Allemagne. Mais il est d'une santé faible
et délicate , qui ne lui permet pas un travail .opi-
niâtre et trop long-tems suivi.
Dm 2 thermidor.
On a remarqué que depuis les fameuses épo-
ques de rivalité entre les deux pays , c'était^ tou-
jotrrs à Berlin que se répandaient le plus vite et
le plus aisément les mauvaises nouvelles de
Vienne.
On' a reçu ici beaucoup de détails sur l'espèce
de mouvement qui a eu lieu dans cette capitale
sur les cris de paix répétés avec une extrême vio-
lence au spectacle, en présence même de l'em-
pereur et de l'impératrice , sur l'opposition qui
se manifeste de toutes parts , et à l'emprunt forcé
qu'on veut lever , et à la demande de '60 mille
hommes dans les états héréditaires.
On ajoute qu'on a environné , avec menaces ,
l'hôtel du bai on de ïhugut. Du moins tous
les rapports sont unanimes sur le vœu de la paix
énergiquement prononcé.
Le roi de Suéde n'est point venu ici , comme
on l'a dit, et certainement il n'aurait pas pu
s'approcher du séjour de la cour , et avoir une
conlérence avec le roi , sans qu'on en sût quelque
chose.
On croit à Berlin que le principal objet de son
voyage à Copenhague a été plus financier que
politique , et qu'il s agissait de négocier un em-
prunt dont le gouvernement suédois a besoin
pour ne pas lever un impôt : ce que le roi veut
éviter, immédiatement après la séparation de la
diele.
On assure ici , depuis les 'dernières lettres de
Vienne , que le comte de Cobenizel doit arriver
ttès-incessammeni avec le litre d'envoyé cxiraor-
dinaire; mais il y a des raisons de douter de cette
nouvelle.
On annonce aussi que M. Krawfort fera un
voyage de Hambourg oîi il réside , à Berlin.
Le roi s'oppose au mariage du prince Louis
de Prusse avec la jeune duchesse de Courlande;
on assure qu'elle va , sur ce refus , être donnée
au prince Louis de Rohan , émigré français.
( Extrait du Mercure de France , n° IV.)
ANGLETERRE.
Londres , le zS juillet, ( 6 thermidor. )
La Suffisante , de 16 canons , a arrêté un navire
américain , nommé le Harriot , lequel est entré à
Plymouth. Ce bâtiment allait de Boston à Ham-
bourg avec un chargement de sucre et de café.
Le sloop armé , Lefy ,a arrêté et fait entrer à
Porlsmouih , la galiote, le Tjlden Rit/f , de Dant-
zick , VHoffnung , de Siockolm , et {Emmanuel ,
chargés de blé.
Un Jugement de la cour d'amirauté a ordonné
la restitution des deux vaisseaux hollandais pris
en dernier lieu , comme bâtimens de cartel , à ta
charge par Us réctamans de payer les frais de ta
procédure.
Des lettres de Bombay , du 7 mars , portent
«ju'on a ressentit à Ryacotta , un très-fort trem-
blement de terre , dont la direction était du nord
à-lest ; qu'une maladie pestilentielle a causé une
grande morlalilé à Tonquin et dans ses environs ,
et que les provinces intérieures ont été presqu'en-
tiérement dépeuplées par la famine.
' Les généraux Knox et Don , arrivés de l'île de
Wight , et le général sir James Pulteney , ont eu
de longues et fréquentes conférences avec M.
Dundas. On en ignore le sujet. Le général Maitland
est venu , dit-on , ici pour le même objet : ce
conseil militaire a tenu deux fois toute la nuit à
\yimbledon.
La mission du lord Carysfort, à Berlin, paraît '
avoir en vue la neutralité armée du Nord.
Lorsque M. Pitt visita !la prison de Cold-Bath-i
Fields , il y trouva dans les fers deux personnes
qui avaient été ses plus ardens partisans lorsqu'il
■e montra l'avocat de la réforme parlementaire.
Il semblerait, parce qu'a dit M. Dundas , dans
le cours du débat relatif au budjet del'Inde , que
»on intention est de se démettre bientôt du bureau
du contrôle.
D'après les dernières nouvelles reçues des Indes
occidentales , la récolte du sucre y a été très-abon-
dante ; mais le public n'y gagnera rien , car il ne
paraît qne le prix du sucre doive diminuer.
Lorsque , dernièrement , il fut question d'une
baisse ,'le parlement prêta de l'argent aux mar-
chands , ahn de ne pas vendre.
1282
On djriÛà^âocWur ^lt}^iOévi^"l «ife SA^ \}}-:^!i^àA crtltîtijttfi' ke faiV»^ r^cli^jfî^her
David; efffefe du tnarquis de 'Btite , sera \elu émigrés rentres sans surveillance ; Voici les nt
primat d'Irlande, e' remplacé dans son évéché
par le docteur Huntingtield , de Winchester.
L'Ellison, h Molly et la Marie , sont de retour
du Groenland ; V Ellison a pris 17 baleines et 75o
veaux marins ; la Molty 14 baleines , et la Marie 8.
On attendait à la marée suivante deux autres na-
les
noms
vires baleiniers.
Il vient d'être élevé , sous un peuplier, dans le
cimetière de l'église de Saint-Pancras , un monu-
ment en marbre , simple mais élégant , à la mé-
moire de Marie Wolsloncraft Godwin , auteur de
plusieurs ouvrages iniéressans , et entr'autres , d'un [
consacré à l'instruction desjeunes personnes. { Cet
ouvrage a été traduit en français, et a p-irii l'année
dernière, sous le titre de Marie et Caroline. 11 se
trouve chez le cil. Dentu , imprimeur-libraire ,
palais du Tribunal.)
On commence à concevoir des espérances sur
le rétablissement de lord Macartney , aitaqué de
la goutte dans l'esloraach.
Du 1 2 thermidor.
Action de la banque. — 1 65 166. 3 pour cent
consolidés 64 i y 4 ?• Po^' août 65 64 i 5 J. 65-5.
Omnium 4^4 iîi- prime.
M. Ellesworth , l'un des messagers de S. M. ,
est arrivé au départemeni de lord Grenville , avec
des dépêches de lord Minto , notre ambassadeur
à Vienne. Il fut tenu immédiatement après leur
réception , un conseil formé de tous les membres
du cabinet , pour délibérer sur leur contenu.
Des lettres de Pétersbourg portent que l'empe-
reur de Russie a refusé d'admeitre à son audience
pariiculiere M. de Rosencraniz , nommé par S. M.
danoise pour remplacer le baron Deblome, son
envoyé extraordinaire et son ministre à la cour
de Russie.
L'amirauté a reçu hier ( 11 thermidor) des dé-
pêches du capitaine sir Sidney Smith.
Elle en a reçu pareillement de l'amiral comte
de Saint-Vincent, qui ont éié apportées par le
capitaine 'William Baihurst du vaisseau de S. M.
la Ville de Paris,
Mercredi dernier (5 thermidor) , six frésates
anglaises rencontrèrent , à la hauteur dOstende ,
une frégate danoise ( la Frnnda ) de 38 canons ,
ayant sous son escorte , les uns disent 7 bâtimens ,
les autres i3. Le commandant anglais fil héler
cette frégate , en la, prévenant qu'il all.»it envoyer
son canot à bord du convoi. Le commandant
danois répondit qu il lirerait sur le canot. Celui-
ci avait déjà été descendu ; il était armé de quatre
hommes commandés par un garde de la marine ,
et se préparait à aborder le convoi, lorsque la
frégate danoise tira aussi-lôl plusieurs coups de
canon , dont les boulets dépassant le canot, fu-
rent frapper /a Némésis , l'une des frégates an-
glciises , et lui tuèrent un homme. La Némésis
lâcha aussi-tôt sa bordée qui fut fuivie d'un en-
gagemeni d'environ sS minutes, et auquel toutes
les autres frégates anglaises prirent part. La fré-
gate danoise ayant ses mats , ses voiles, etc. criblés,
tut obligée d'amener &on pavillon. Elle a éié con-
duite avec tout son convoi dans les Dunes , après
avoir eu huit hommes tués et un grand nombre
blessés. La Némésis a eu deux hommes tués et
plusieurs blessés , ainsi que la frégate l'Ârrow.
Le roi s'est transporté, le sg juillet ( 10 iher-
midoi ) , à la cour des pairs et a prorogé le par-
lement. Demain le discours de clôture. ( Extrait
du Morning ChronicU et du Sun.)
de quelques-uns qu'elle a fait arrêter
Ouy . dit Ravine.
Courtin.
Colombot.
Breukman et sa femme.
Chabot-Rohan , (ptince Léon).
Faubournet de Montferand.
Ducastaing Saint - Angel.
Montsec.
Leclerc de Juigné.
Dangerville , etc. etc.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 16 thermidor , an 8.
BoNAPARTe, prenuer consul de la république
française , nomme : ''Jf
Pour le port de Brest.
Terrason, contre amiral, chef militaire. Gaignace;
ci- devant directeur des constructions navales-,
chef du génie maritime. Bouchet , capitaine de-
vaisseau , chef des mouvemens. Léger , ci-devant
ordonnateur , chef d'adnjiinistralion. Jurien Des-
varennes, ci-devani commissaire de marine fesant
fonctions de contrôleur , inspecteur.
Pour te port de Kochefort.
Daugier , chef de division , chef militaire.
Chevillatd , aîné , ci devant inspecteur des cons-
tructions navales, chef du génie maritime. Barbier,
capitaine de vaisseau , chef des mouvemens.
David , ci-devant commissaire principal , chef
d'adminlstraiion (suspendu). Harau , ci-devaat
ingénieur de vaisseau , inspecteur.
Pour le part de Toulon.
Emeriau . chef de division , chef militaire.
Poncet , ci-devant directeur des consfuctioris ,
chef du génie maritime. Labreteche , capitaine de
vaisseau maritime , chef des mouvemens. Cha-
renion , ci-devant commissaire principal , chef
d'administration. Cavelher, ci-devani ordonna-
teur, inspecteur.
I N T E R I E U
Du Mans , le i5 thermidor.
R.
Le général de 'origade Delarue , commandant
au Mans, ayant été instruit qu'un nommé Dar-
deville, ancien chef de chouans , avait réuni plu-
sieurs individus avec le projet d'arrêter une
diligence allant du Mans à Paris , et qui était
chargée de ï5,ooo fr. , fit cerner par la gendar-
merie le hameau de Telachc. Mais tous les bri-
gands n'étaient pas encore réunis. Il n'y en avait
que six qui ont voulu faire résistance. Le chef
des brigands d*Ar<]leville a été tué 1 les cinq
autres ont été pris et traduits au conseil militaire.
Paris , le l^ thermidor.
Transmission d( Dunkerque , au matin.
Le capitaine d'un navire danois , qui est entré
au port avant-hier , a rapporté que trois frégates
anglaises s'étaient emparées , après une vigou-
reuse résistance , de sept navires danois^ et d'une
frégate qui les escortait , et les avaient conduits
dans les Dunes.
Le prétexte de cette violation de la neutralité a
éié le refus fait par le capiiaiiic de la frégate de
laisser visiter les sept bâliruens danois.
Pour copie, ChappE.
Pour le port de [Orient.
Guillotin , capitaine de vaisseau, chef militaire.
Pénétreau , ci-devant directeur des coastructions,
chef du génie maritime. Boisquenay , capitaine
de vaisseau , ci-devant directeur des mouve-
ment, chef des mouvemens. Bourdon, ci-devant
ordonnateur, chef d'administradon. Duperrau»
ci-devant commissaire de i"° classe , inspecteui.
Pour te port du Havre.
Boissauveur, chef de division , chef militaire
chargé des mouvemens. Lafosse , ci-devant in-
génieur de vaisseau , chef du génie maritime«
Rignac, ci-devant commissaire principal. Lefevre,
jeune , ci-devant contrôleur, inspecteur.
Pour le port d'Anvers.
Malles , ci-devant chef des mouvemens , chef
mihtaire , chargé des mouvemens. Degay , ci-
devant ingénieur de vaisseau , chef du génie ma-
ritime. Thivend , ci-devant commissaire princi-
pal, commissaire principal. Jullon, ci-devant com-
missaire demarine , sous-inspecteur.
Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport du
ministte des finances; vu le tarif du i5 mars
1791 , et les lois des 5 septembre 1792 , Sî ger-
minal an 5 , et sa brumaire an 7 , relatifs aux
droits d'entrée des tabacs en feuilles , importé»
par bâtimens français , le conseil-d'état entendu ,
arrêtent :
Art. I". Les tabacs en feuilles , importés pat
bâtimens français , ne seront admis à la réduc-
tion du droit d'entrée de so fr. par cinq my-
riagramraes , accordée par la loi du 22 bru-
maire an 7 , qu'autant que l'importation, con-
formémeiit au tarif du iS mars 1791 , et aux
lois des 5 septembre 1791 et 22 germinal an 5 ,
en aura été faite directement par lesdits bâtimens,
soit des Etats - Unis de l'Amérique , soit des
colonies espagnoles , de l'Ukraine ou du Levant ,
et qu'il en sera justifié.
IL A défaut de justification de l'importation,
directe desdits tabacs par bâtimens français ,
du port de l'enlèvement , ils seront assujetris
au droit de 3o francs par cinq myriagrammes ,
lors même qu'ils seraient introduits dans les
ports de 1» république par bâtimeos français.
1283
m. Le ministre des finances est chargé âe
l'exécution du présent arrêté, qui sera imprimé
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
Autre arrilf du même jour.
Les consuls de la république , en vertu de la
décision du conseil-d'élat , prise conformément à
l'article LXXVdela constitution , arrêtent que les
cit05'ens :
Charles-RemiBoudimer, agent municipal de la
commune de Brancourt , canton de Bohain , dé-
partement de l'Aisne , prévenu d'avoir fait les
surcharges qui se trouvent sur le modèle de la
matrice du rôle de la contribution foncière de sa
commune , pour l'an 7 , ainsi que les signatures
arguées de faux , qui sont placées à la fan de la
matrice dudit rôle ;
Martin Bertrand, ex-agent de la commune de
Cefliat , can'on d'Aromaz , département du Jura ,
prévenu d'avoir, pendant 1 exercice de ses fonc-
tions d'agent , et de concert avec les gardes de sa
commune, annuilé ,pourde l'argent, des rapports
de délits forestiers , et d'avoir transigé , à son
profit , avec d'autres délinquans , pour les sous-
traire aux poursuites et amendes qu'ils avaient
encourues ;
François-Jean-Baptiste Delavallaye , commissaire
du gouvernement près l'administration munici-
pale du canton de Guislelles , déparlement de la
Lys , prévenu d'avoir vendu des dispenses de ser-
vice militaire à des jeunes gens de la conscription ,
et d'avoir exigé de l'argent pour accorder la
liberté à la citoyenne Jaussens , qu'il avait fait
arrêter , parce que son fils , conscrit , n'avait pas
rejoint- les drapeaux , et qu'elle n'avait pu le
représenter, quand on en fit la recherche chez
elle; les citoyens Engiibert Debert, agent de la
commune de Volskerske , et Philippe Quentin ,
ex-agent de celle de Guistelles , prévenus de com-
plicité de ces derniers délits , seront poursuivis
devant les tribunaux ordinaires.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
Art. I"'. Il sera formé quatre noijvelles bri-
gades de gendarmerie à pied pour le département
dllle et Villaine.
IL II »era pourvu à l'habillement et équipement
de 40 hommes formant les quatre brigades de
gendarmerie à pied , conformément à l'art. VI
«le l'arrêlé des consuls du 29 pluviôse.
III. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Lt secrétaire-d état , signé, H. B. Maret.
conduire dijiîngtiée et de la bravoure éclatante
du citoyen Nicolas Lefebvre , sapeur au 3" ba-
l:iiilon, à l'afl'.iie de Zollhausen , lors du passage
du Lech, le 53 prairial an S, dans laquelle il
s est jiariicnliércment distingué en s'élançant le
premier sur une poutre , la seule qui restât des
débris d'un pont coupé par l'ennemi ; en fran-
chissant, sans en êirc effrayé, un précipice affreux
creusé par le torrent, et en tombant, sans être
ariêlé par un l'eu terrible de mousqueterie et de
mitraille, sur une batterie de canons qu'il enleva
à I aide de quelques camarades enhardis par son
exemple ,
Lui décerne, à titre de récompense nationale ,
•un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 17 thermidor, an 8 de la
république.
Le premier consul , Signé, Bonapaiïte.
Par le premier consul ,
Le sécrétai? e-d' étal , signé , H. B. Maret.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d honneur pour le citoyen Janniere , fusilier
à la 38^ demi-brigade de ligne.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la conduite
distinguée et de la bravoure éclaianse du citoyen
Janniere , fusilier à la 38^ demi-brigade d'infan-
terie de ligne, à l'affaire qui eut lieu le 22 prai-
rial an 8 , à Kaufringen , los du passage du
I Lech, en arrivant le premier sur la rive droite
de celle rivière , où il s'était jette le second à
j la nage , et qu'il avait traversée sous la mitraille
' et le feu de mousqueterie de ferinemi ,
Lui décerne à titre de récompense nationale ,
un fusil d honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8. -
Donné à Paris, le 17 thermidor, an8 delà répu-
blique française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier.consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Au NOM DU peuple français.
If revêt, d'honneur pour le citoyen Denis, brigadier
■ dans la i' compagnie du 3° régiment d'artillerie
légère.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatanle du
citoyen Denis , brigadier dans la 2' compagnie
du 3' régiment d artillerie légère , à l'affaire de
'Wettenhausen , armée du -Rhin , le 26 prairial
dernier, oii il lit un ion considérable â I enneini ,
en l'obligeant , par les pertes qu il lui fil éprou-
ver, à disperser et faite mouvoir à chaque ins-
tant un corps de cavalerie quil tenait masqué
derrière une hauteur, et où le soir sur-loul,
au moment qui décida lavantage , il -assura
lellement la justesse de ses coups . malgré une
frêle de boulets et d'obus qui airivaient sur la
aiteiie, dont la pièce lésait partie, que chacun'de
ses boulets emportait un homme, un cheval, ou
une file de la cavalerie ennemie qui défilait au
galop pour se sauver.
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
iine grenade d honneur.
. Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par 1 arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 1 7 thermidor , an 8 de la répu-
blique tiançaise.
Le premier consul, i/^n^, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d' état , sig;ni, H. B. MarET.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevets d'honneur.
- Bonaparte, premier consai de la république,
d'après le compie qui lui a été rendu de la con-
duie distmguée et de la bravoure éclatante des
citoyens Bcllamont , caporal des carabiniers à la
10' demi- brigade d'infanterie légère , et Charles
Guétin, chasseur à la même deini-brigade , à
l'affaire qui eut lieu à Zollhausen', lois du passage
du Lech , le 23 prairial an 8, en s élançant des
premiers sur une poutre , la seule qui restait des
débris d'un pont coupé par l'ennemi , en fran-
chissant un affreux précipice creusé par le tor-
rent , sans en être eff^rayés , ni sans être arrêtés
paJ un feu terrible de mousqueterie et de mi-
traille, et en tombant sur une batterie de carions
dont ils aidèrent quelques camarades à s'em-
parer , décerne à chacun d'eux , à litre de ré-
compense nationale , un fusil d'honneur.
Ils jouiront des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 17 thermidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signe. H. B. Maret.
Au nom DU peuple français.
Brevet d'honneur.
Bonaparte, premier consul de la république.
dapcès le compte qui lui » été rendu de la
PREFECTURE DE POLICE.
Paris , (e 1 7 thermidor.
Dans la nuit du 16 au 17 de ce mois, vers
une heure du matin , le feii s'esl manifesté au
grand Hospice de l'Humanité ( l'Hôtel-Dieu).
Le préfet s'y est transporté à l'instant avec un
adjudant-général de l'étai-major de la place, elles
pompiers,
Le feu avait pris dans la cheminée de la grande
cuisine , et sortait avec violence à l'extérieur ; le
vent avait porté des étincelles sur un comble
voisin dépendant de la même maison , et qui
sciait embrasé.
Le préfet de police a fait couper les chevrons;
et les soins, le zèle , l'activité des pompiers et
des citoyens arrivés pour porter des secours ,
onl ariêié dans son principe un incendie qui
pouvait avoir les conséquences le» plus funestes.
A 3 heures du matin , tout était éteint , et il
n'y avait plus lieu à la moindre inquiétude.
* T R I B U N A T.
Présidence de Morcau.
suite de la séance du 16 THERMIDOR.
Suite de la motion d'ordre de Lau.isat.
Je crois le faible frein que je propose en par-
fait accord avec l'esprit général de la consti-
tution , el avec l'esprit particulier de notre ins-
titution. Je crois qu il est également en eux que
nos motions et nos vœux , tels qu'ils les auto-
risent, en fart d'administration et de léijislation ,
ayent , avant tout , pour carijcteie indispensa"ble
et prédominant , d êire l'ortemant provoqués par
la clameur publique ou par un besoin incon-
testable et urgent ; ce qui les resireinl d'abord
dans le cercle des objets pratiques , ei en quel-
que sorie matériels et vulgaires. "
Mais quand nous offriiions des améliorations et
des remèdes , encore souhaiterais-jc que ce fut
seulement des vues générales sur le fond des-
quelles les bons esprits ne pussent jamais différer
de senliraenl , non des dispoiiiio'is de détail et
d'exécution , où il est permis à chacun d'avoir
ses idées particulières, et à tous de varier ; car
lequel de nous oserait se promeltre^u'Mn jiiro-
jet de loi copié liiléraiemènt , d'après une
motion consacrée piar un \œd du tribunal,
étant dans la suiie reproduit aux débals , n'y
rencontrerait pas une oiiposition victorieuse ,
soit que la majorité autrement affectée ou
mieux informée eût changé d avis , soit que,
par le résultat des élections périodiques , elle eût
changé de voians ? Q_uoi qu'il' en fût, serait-il
décent que nous plaçassions le lvtbuiK:i dans l'al-
ternative nécessaire, ou cis trahir sa conscience ,
ou de repousser son propie ouvrage ?
Vous voyez pourtant, tribuns , conire combien
d'écueils noiJS risquerions d être poussés par les
flots des motions , si nous nous livrions aveuglé-
ment et sans assez de ptétauiion à leur élan, alors
qu'elles roulent sur des sujets où néanmoins nous
n'agissons que subordonnement et en concours
avec le gouvernement :. des écueils non moins
dangereux , quoique différens , nous aiicndeni si
nous courons les mêmes hasards dans les sujets
où nous agissons en opposition.
Ce mot d opposition tffaioucherait-il quelques
oreilles ? Echappés , si je peux parler ainsi , à
la guerre des élémens et respirant à peine , se-
raii-on importuné même par le simple bourdon-
nement des calculs purement théoriques d'une
opposition réglée ? Cependant il faut bien que
nous les fassions , ou rjue nous courions éter-
nellement les chances d une marche laniasque ,
indécise et fausse. Je les ferai au reste de fnçon ,
j'espeie, à ne laisser d'ouverture ni aux inlcrpré-
taiions ou aux espérances malveillantes , ni
aux ombrages perfidement inspiiés ou mal en-
tendus.
A Dieu ne plaise que jamais je conçoive la
pensée de fomenter ni de favoriser la nj^oindre
a-téraiion dans l'harmonie qui doit régner entre
le gouvernement et le tribunal ! mettant à part
les raisons personnelles que j'ai de désirer la
consolidation et les succès d un gouvernement
parmi les fondateurs duquel j'occupe une place ,
je crois que le salut du tribunal, celui de lous
les pouvoirs , celui de la republique y sont in-
violablenienl attachés.
En général, et sur-tout au sortir des ébranle-
mens et du cahos révolutionnaires , celle des au-
torités consiiiutionnelles qui a le plus besoin de
ralliement et d'appui, c'est l'au loriié executive ,
parce que c'est elle qui piéserve et raaimicnt
I édifice social, parce que c'esi sur elle que sont
obligés de diriger el de renouveler sans cesse
leurs attaques conire tous ceux qui ont , pour
exi!.tence , de renverser et de bouleverser.
L'autorité executive , nous la désignons com-
munément aujourd'hui en France sous le nom de
GOUVERNEMENT; mais cette exptession est com-
plexe, et , pour raisonner avec justesse comme
pour nous entendre , il esl essenliel de la décom-
poser et de la définir. Commençons donc par
tomber d accord que le gouvernement chez nous,
d'un aveu unaninae, réside éminemment dans l'a u-
loriié consulaire , laquelle a , comme je 1 ai déjr
avancé , les ministres pour instrumens nécessaire*
de ses actes exécutifs proprement dits , et le con-
seil-d',état pour instrument nécessaire de ses actes
délibéradls de législation et d'administration. Mais
en somme , les dépositaires suprêmes du pouvoir
exécutif, ce sont les coqsuls , chacun selon l'éten-
due des attributions respectives. Au comble de la
puissance et des honneurs, à la tête du premier
peuple du Monde, l'autorité consulaire est censée
ne pouvoir plus former de désirs et chercher de
bonheur que dans ceux du peuple français. Si
donc elle ne les rencontre pas , n'6ùs rie nous en
prendrons point à elle. ■ -
Que dcvieridrioiis-nnus , dansqoel état retom-
beiiuns-tious, si nous possédions encoie un pou-
voir exécutif sujet à être assailli , ébranlé , déiruit
au gré des. métotueiuememi , des iaïuons, des
C-^prices «t lies svsiêmcs ? un pouvoir exécutif ,
ou près d'être chaque- jour honteusement délait
et retail , ou obligé de se tenir sans relâche en
défense , tantôt contre des déclamations et des in-
jures de rhéteur , taniôi contre des trames et des
accusations de parti ? Quelle serait , en attendant ,
iu situation déploiable d'une ndiion ? Nous en
.ivons assez fait la triste expérience et le tenis
n en ail'aiblira pas de siiôt le souvenir. C'est la
faiblesse, 1 incohérente , l'abjection du pouvoir
exécutif qui , jusqu'à présent, ont été la cause
capiiale des longs malheurs et des perpétuelles
vicissitudes c\e la révolution. Qji'U reste enfin
dans la personne de ses chefs , hors d'atteinte et
environné de respect et de confiance. Tel je le
conçois , tel je l'embrasse , en me rangeant sous
ses drapeaux . de concert avec la consiilution et
la grande majorité des français.
Ce n'est pas du tout à dire que nous devions
rester sans garantie et sans ressources contre lui
en cas d'erreur , de surprise , d'égarement. Où
serait alors l'otûbre liiême de la hberté ?
(La suite demain.)
Article commimiqué.
Depuis quelque tems on parle , dans plusieurs
journaux , de l'académie française et de son
rétabiiistment. Oel événement littéraire occupe
certaines feuilles publiques beaucoup plus que
la bataille de Rlaringo ou la paix de lEuropf.
Ce n'est pas que les auteurs de ces écrits pério-
diques soient plus sensibles à la gloire des lettres
qu aux succès militaires ; ce n est pas qu ils pré-
fèrent les muses aux armes : les armes et les
muses leur sont également étrangères; mais les
victoires appartiennent à la patrie; il n'y a rien
là pour les passions et pour l'esprit de palpti.
Mais une société littéraire se forme , on veut
opposer une digue au mauvais' goût; il faut
saisir celte occasion pour déclamer, pour crier
à la contre-révolution , pour fomenter les pas-
sions haineuses , éloigner toute idée de réunion ,
et laisser entrevoir aux français que toute la révo-
lution n'est pas terminée , malgré le i8 brumaire ,
malgré les efForts constans du gouvernement. On
n'ose plus trop déraisonner en politique et en
législation; il faut user du moins de la faculté de
déraisonner en liitéraiure ; et puisqu'il n'est plus
permis de proscrire, il faut s'en consoler en per-
sécutant et en empêchant le bien.
On a toujours du goût pour son premier métier.
J'aurais bien de choses à dire à ce^ messieurs \
mais si vous me donnez une petite place , je leur
parlerai seulement de I académie.
Des gens de lettres réunis par d'anciennes ha-
bitudes , par uni; ancienne confraternité , ont
désiré se rassembler et soccuper ensemble des
moyens de conserver cl de propager les prin-
cipes de notre langue , de perfectionner le dic-
tionnaire de lacadémie , etc. etc.; en un mot ,
de tout ce qui lieiu à la grammaire et à la littéra-
ture proprement dites.
Ces gens df lettres se sont rassemblés ; ils ont
fait une liste dss ho mnies qu'ils ont cru les plus
propres à concouiir à leur but; et dans la pre-
mière ébauche du règlement qu'ils comptent se
donner, ils ont exigé , comme condition ex-
presse d'admission , la qualité de citojenfraiiqais.
Il est donc aussi absurde que méchant de préien-
dre qu'ils ont regarde 1 abbé Maury et le cardinal
de Rohan comme membres de leur société .puis-
que ces derniers ne sont pas citoyens français.
■Voilà les faits dans ta plus rigoureuse exac-
titude , à quoi il faut ajouter que le gouver-
nement leur a accordé un local pour s'assembler.-
J'ignore rjui aurait le droit de s'en ofienser. Sans
doute une loi a supprimé l'ancienne académie
française telle qu'elle existait alors , et nulle
puissaace ne pourrait la recréer sous la même
forme, avec les mêines téglemens ; mais je ne
vois pas quelle autorité peut empêcher des ci-
toyens de former, non pas l'académie française ,
mais UNE académie française , pourvu que les
réglemens qu'ils se donneront soient conformes
aux lois et aux réglemens.
Quoiqu'il en soit, ja veux examiner s'il est
de l'intérêt du gouvernement de protéger la
réunion d'une société littéraire établie sur les
bases de l'ancienne académie française, soit que
celte société s'appelle académie française, soit
qu'elle porte un autre nom ; et je dirai franche-
l-ment que je crois que le gouvernement con-/
; sulteraii mal son intérêt et sa gloire , s'il ne
! la secondait pas.
I Eh ! dans quel tems une société littéraire ful-
I elle plus nécessaire ? Onze années de guerre et
i de troubles intérieurs , mille causes désastreuses
ont corrompu noire langue, et intioduil un
néologisme barbare, qui la rend méconnais-
sable à ceux qui goûtent encore la lecture des
bons écrivains.
Des institutions nouvelles ont dû introduire,
ont introduit des mots nouveaux ; il faut les
fixer, en déterminer le sens; mais il faut bien
avertir que rien ne nécessite ni n'excuse lin-
troduclion ou l'emploi des locutions nouvelles.
Ce ne sont pas les mots nouveaux qui dénaturent
une langue : ime fois admis , ils perdent en
quelque sorte leur nouveauté sous des plumes
habiles ; mais ce sont les tournures nouvelles ,
les accouplemens bizarres de mots étonnés l'un
de l'autre.
Le langage de notre tems ne peut ressembler
en tout à celui il'aucun autre lents ; mais cerles ,
N^ollaire , Rousseau, Montesquieu, et dans des
lems antérieurs, Massillon , Bossuel , Corneille,
savaient parler un langage màie et indépendant;
ils savaient parlçr, aux peuples et aux rois le
langage de la vérité : qui de nos jours osera
se vanter de plus de lalens ? Si ces grands
hommes vivaient partir! nous, ils s'étonneraient
d'entendre appeler libre ^ ce qui est grossier;
•fier., ce qui est brutal-., ils s'étonneraient de ce
i qu'on ose croire la liberté ennemie de la po-
litesse et des grâces qui caractérisent la nation
française. Mais au reste , ils pourraient s'étonner
I aussi que la république , élevée si haut par
I ses succès militaires^ par ses succès dans les
science/s , soit resiée en arrière dans prescjue
tous- les arts d imagination , dans la poésie ,
I dans l'éloquence; et depuiscelte illustre assemblée
constituante qui comptait quelques or teurs ,
I jusqu'au 24 messidor dernier , combien trou-
! veraicni-ils d'hommes dignes de se placer près
j d'eux ?
I Ce n'est pas seulement à nos troubles et à
I nos disseulions qu'il faut attribuer ce défaut de
goût et de politesse ; c'est à l'oubli total des
convenances , c'est à la confusion absolue de
toutes les nuances sociales , à ces saturnales
qui avaient fait de l'ineptie un titre à la puis-
sance , à ce mépris affecté pour tout ce qui
était revêlu du pouvoir , à ce besoin de se
dégrader pour n'êtie point prosctit , à l'abandon
total de l'éducation publique. Mais ces tems sont
passés ; et puisque le senlimeni des convenances,
qui est un des premiers charmes comme un
des premiers besoins de la vie , commence ài
reparaître parmi nous, qu'il reprenne enfin dans
le monde littéraire. .1 influence qu'il doit avoir.
Aujourd'hui qu'il n'existe nulle disdnction entre
les gens de lettres et les gens du monde ; au-
jourdhui que l'on compte dans les premiers
rangs de l'ordre social , des hommes qui hono-
rent les lettres , des hommes à cjui leurs lalens
comme écrivains , assignent une place distinguée
dans l'estime publique ; aujourd'hui que le mé-
lange est naturellement opéré , il faut un point
de réunion oià ceux qui s occupent de littéra-
ture et de goût puissent converser, se comrau-
quer leurs observations , s'éclairer les uns les
autres , et faire part au public du résultat de
leurs travaux.
L institut national ne peut remplir cet objet. On
en a dit plusieurs lois les raisons ; et moi je n'en
voudrais d'autres preuves que l'expérience. Assu-
rément, dans aucun pays de l'Europe , dans au-
cun tems de l'histoire , les sciences n'ont éié mieux
cultivées , plus utilement , plus glorieusement em-
ployées. Mais le goût! mais les lettres ! quels titres
pouvons-nous montrer ? que pouvons-nous com-
parer aux beaux tems de notre littérature ?
Je le répète, et je crois que tous les véritables
gens de lettres sont de mon avis, une société lit-
téraire , purement littéraire , est utile ; elle est in-
dispensable pour remédier au mal , ou du moins
en arrêter les progrès. Mais oii voit-on là le réta-
blissement de l'ancienne académie française , si
ce n'est que celte société s'occuperait également
de littérature , du perfectionnement de la langue
françiise , et non pas de ces théories vagues et
abstraites dont il ne reste aucun fruit?
Au reste , les tems-, nos mceurs , nos usages ,
nos lois , sont changés : les statuts cl les forcàes
ne' peuvehl êire les- mêmes que sbùs la monar-
chie ; mais- le but doit être le même , les avan-'
tages seront les mêmes , et je ne connais dans
le monde que les ignorans ou Ie3 dévots qui puis-
sent s'effrayer. ,
Je voudrais , au reste, pouvoir m'expliquer les
motifs qui portent quelqnes hommes à redouter
la formation de cette société littéraire. Diront-ils
que c'est par amour pour la république'? Ceux qui
aiment la lépiiblique veulent sa gloire ; ils veulent
que les lettres y soient libres et en honneur ; ils
veulent que cette belle langue française, la langue
des Racine , des Fénélon , des Rousseau , des'
'Voltaire, etc. etc. conserve toute sa pureté; ils
ne veulent pas que des barbares la défigurent avec
un jargon encore révolutionnaire : comme si cet
argot farouche n'avait pas dû finir le iS brumaire !
Mais , grâces à cette journée , la liberté n'est plus
un mot ; la nation est rendue à sa dignité , à son
indépendance ; le gouvernement est éclairé sur ses
devoirs , sur ses intéiêts, sur ses droits : qu'im-
portent donc les vaines clameurs des éternels en-
nemis de l'ordre et de la liberté ? Espérons que la
France , désormais heureuse et environnée de tous
les genres de gloire, les réduira du moins au
silence , s'ils ne veulent consentir à jouir avec
nous de son bonheur.
Mais il est des hommes qui ne vsulent pas voir
que rien de ce qu'a détruit le 14 juillet 1789 ne
peut reparaître. Esprits ombrageux et poltrons, ils
ne lèvent que contre-révolution : si on parle de
liberté religieuse , ifs crient qu'on veut un culte
dominant ; ils croient voir un clergé riche , puis-
sant , indépendant, faisant un corps dans l'étal, et
dictant des ordres au.peuple et au prince , tandis-
que tout cela serait impossible quand même le,
gouvernement le voudrait : si l'on parle d'un bon
système d'éducation publique , ils rêvent à l'é-
ducation monacale , à je ne sais quelle folie à
laquelle personne au monde ne peut vouloir
revenir : si 1 on crée un ordre judiciaire fort „
indépendant , protecteur et gardien de la liberté,
civile , ils croient voir ces grands spectres de parU-
mens , comme disait Mirabeau : li on forme une
société littéraire qui s'appelle ou ne s'appelle point
académie française , ils croient voir les éloges de
la Saini-Louis ; ils oublient, ils feignent d'oublier
que ce qui est bon doit rester, que ce qui est
mauvais périra. Les insensés ! ils attaqueraient bien
d'autres choses si la peur ne les retenait ; et tandis
que dans noire indépendance nous parlons dii
moins par forme de devis , sinon par forme d'avis ,
comme dit Montaigne , ils vont partout seman^
lombrage et l'inquiétude , flattant pour trahir ,
incapables de servir, et bons seulement à nuire.
(Extrait du Mercure de France , n° 4.)
Avis aux cultivateurs de plantes étrangères
Tous les bons observateurs savent que le beau
framboisier du Canada (rubus odoratus] , qui fait
en ce moment l'ornement des jardins par ses
grandes fleurs rouges et ses larges feuilles odo-
rantes , est du nombre des rosacées frappées de
stérilité, comme le fraisier auquel nos jardinieis
donnent le nom de coucou , et les anglais celui
d'aveugle. Mais , dans l'un et dans l'autre , les
fleurs n'étant pas véritablement mâles , il s'y
forme des portions de fruits , qui , dans le frai-
sier , donnent quelques grains fertiles ; ce qui
ue paraît pas arriver dans le framboisier. Les
graines du fraisier coucou ayant produij , il y
a plus de vingt ans , des pieds fertiles portant
de bons fruits , il serait bien intéressant de ré-
tablir de même la feriilité du framboisier du Ca-
nada ; et comme la saison paraît favorable à la
végétation de cet arbrisseau , tous ceux qui ea
ont dans leurs bosquets , sont invités à les guetter
de près , et s'il s'en trouvait quelqu'unes qul-
fussent parvenues à maturité , on les exhorte
à les recueillir soigneusement , et à ne les con-
fier qu'entre les mains de pépiniéristes expéri-
mentés. (Extrait du Journal du département de
Seine et Oise.)
COURS DU CHANGE.
Bourse du 17 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire 23 (r. 25 c.
Tiers consolidé 35 Jr. 5o c.
Bons deux tiers ' fr. 58 c.
Bons d'arréragé 85 fr.
Bons pour l'an 8 . 85 fr. 5o c.
Syndicat ^6 fr.
Coupures • 06 ,fr. 75 c.
raboanement s= fait à Paris , rue des Poitevins , n» 18. Le prix est de 25 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et 100 francs pour l'année eoa«e. Ou ne s'abonne
qu'au commeucemcul de chaque mois. | ,
Il faut adresser le. lettres et l'argent , franc de port , au cit. A G A s s E , propriétaiie de ce journal , rue des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays ou l'on ne peut alfrancliir. Les lettres des départemens non aifranchies , ne seront point retirées de la poste.
If faut «voir som, pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue des
. Poitevin», n«i.J,depui .neuf Ueurcs du matin jusqu'acinq hcurcî du soir.
A Paris , de. l'imprimerie du cil. Agasse, propriétaire du Moniteur, me des Poitevins, n* l3.
N° 319.
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
Xonidi y I 9 thermidor an 8 de la république française , Une et indiviiible.
Nous sommes aiuoriscs à prévenir 'nos souscripteurs qu'à dicer du 7 Nivôse le M O N I T E U R est le seul journal officie/.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant siiC
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera parciculiéremenr consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
RUSSIE.
Pékrsbourg , le iS messidor.
Xj'empereue , Paul \" . a nommé pour gouver-
neur de Kaminieck, le général Rosenberg.
L'amiral Mussin-Puschkin , qui s'est distingué
dans la dernière gueire de la Russie contre la
Suéde , a reçu son congé , à cause des désordres
qui ont eu lieu sur sa flotte dans la mer Baltique
Kotzebiie doit avoir été remis en liberté par le
gouvernement russe.
On donne deux causes de la défaveur dans
laquelle sont tombés les émigrés auprès de l'em-
pereur : la première est la jalousie qu'ils exci-
taient par la place qu'ils occupaient . surtout aux
armées ; la seconde , parce qu'on les regarde
comme partisans de l'Angleterre.
Il y a toujours de nos soldats sur les frontières
de la Turquie. [Strasb. Wdlbote.)
ALLE MAGNE.
Francfort , le 10 thermidor.
Voici quelle est la position de de l'armée fran-
çaise : l'aile droite est dans la haute Souabe ,
son quartier-général à Kempten ; le centre borde
les deux rives du Danube, depuis Ulm jusqu'à
Ingolstadt ; il a son quartier-général à Dillingen,
dont le château a été préparé pour recevoir le
général Moreau. Le lieutenant-général Grenier est
à Piatisbonnp. On persiste à dire que celte ville
sera déclarée neutre.
Le 5 thermidor , le géi^éral Moreau, accom-
pagné de Desselles , est arrivé à Augsbourgdans
la nuit du 5 au 6.
Deux courriers , l'un de Prusse , l'autre de
Bavière , sont passés par Ratisbonne. On dit
qu ils portent à Moreau des dépêches concernant
la paix avec la Bavière .• aussi il est probable que
' les guinécs des subsides anglais passeront dans
les coffres de France.
Le comte de Dielrichstein est arrivé le sg mes-
sidor à Vienne , avec les conventions de l'armis-
tice. L'empereur les a ratifiées sur le champ. Les
soldais impériaux , en vertu de l'armistice ,
occupent les bords de la Redniz et du Mein ,
lieux désignés pour leur démarcation. ( Strasb.
Weltbote. ) ' ,
ANGLETERRE.
Londres , le 26 juillet, ( 6 thermidor. ) >
Journal du parlement. — Chambre des pairs. — Séance
du a4 juillet ( 5 thermidor]
La chambre se forme en comité de privilèges ,
et les étrangers sont exclus.
[ L'objet du comité a dit être de s'occuper des
plaintes portées la veille à la barre par un savant
conseil (M. G.irrow) sur un rapport inséré mardi
dernier djns le Times. Ce rapport était celui tiu
discoiirs prononcé au parlement par un noble
comte, dans le débat sur l'incorporation de la
compagnie de Londres. Lord Grenville , à ce
qu'il paraît , a fait une motion tendante à déclarer
que la publication des débais de la chambre éiait
une haute infraction de privilège , et le comité
a arrêté , sur sa proposition , de faire comparaître
lundi , à la barre de la chambre, l'iraprioieur et
l'éditeur du Times. |
La chambre prend en considération le' rapport
du coriité sur le bill pour l'incorporation de la
compagnie de Londres.
Le comte de Liverpool , dans l'inlenlion de cal-
mer les craintes qui te sont élevées au sujet de
ce bill , propo.ie , par voie d'aniendenieni , les
clauses suivantes :
1". Que la clause fixant la durée de la compa-
gnie à 10 ans , soit remplacée par une clause auto-
lisant S. M. à la dissouiUe au bout de six mois ,
et toutes lois qu'il paraîtrait qu'elle eût abusé de
«es pouvoirs.
a". Que, pour prévenir le danger que la com-
pagnie vienne à rivaliser les ncgocians en bleds,
il ne lui soit pas permis d'en vendre plus de 1000
jacs par se.-naine , pourvu cependant qu'il soit
pris dci mcturespout qu'elle puisse disiioaer de»
grains qui courraient le risque de s'endommager
dans ses magasins.
3°. Qjie les boulangers soient autorisés à faire
l'espèce de pain nommé standard toheaten bread
( pain de ménage) afin que la concurrence de la
compagnie ne leur fasse point de tort : en même
tenis que les magistrats de Londres soient chargés
d'en fixer le prix par une nouvelle assise.
Les. clauses sont adoptées après quelque oppo-
sition de la part du duc de Clarence , de lord
Hobart et du comte de Westmoreland.
Le bill est lu pour la troisième fois, et renvoyé
à la chambre des communes avec ^es amende-
mens.
Chambre des Communes. — Séance du n juillet.
(5 thermidor. )
L'ordre du jour appelle la troisième lecture du
bill pour lever 3,5oo,ooo, afin de raeitrre S. M. à
même de remplir ses engagemens envers l'em-
pereur.
M. Tierney ne s'opposera point à l'envoi du
subbide s il ()eu£ ficiliicr à lempereur les moyens
d'obtenir une paix générale. Mais il a quelque
doute à ce sujet. Dans la circonstance présente ,
il regarde un armistice à peu près comme un
iraiié de paix. En conséquence il propose, par
voie d'amendement , 11 qu'aucune somme ne
puisse être envoyée à l'empereur après qu'il aura
signé un traité avec la république française, n
M. Dundas n'est point étonné de cette motion.
L'honorable membre agit avec conséquence. Il
n'a point de confiance aux ministres de S. M. ; il
croit que le gouvernement conduit mal les
affaires , et , d'apiès ce principe, il a raison de
vouloir anêter les ministre dans leurs mesures.
Mais, ajoute M. Dundas, ce ne sont point des
hommes tels que l'honorable membre que je
cherche à convaitjcre , c'est la majorité de la
chambre, je demanderai donc à la chambre si elle
croit nécessaire de se mêler des fonctions du gou-
vernement, et de prononcer une défense qui
prouverait que le gouvernemeni a perdu sa
confiance ? Si elle veut déclarer d'^.>,;aace que les
ministres abuseront de leur pouvoir ?
M. Jones. S'inoui en croyons les ministres, rien
ne nous a élè plus profitable que les subsides
donnés à nos alliés. La vérité est que nous avons
prodigué nos trésors pour payer des hongrois ,
des hessois , des allemands et des condéens. Nous
avons soldé tous les mendians , les renégats et les
mauvais sujets de la terre. L'empereur a pris nos
millions sans payer ni principal , ni intérêt. On
pourrait encore s'en consoler s il agissait pour la
cause cominune ; mais ce serait folie que de lui
faire passer de l'argent après qu'il aurait signé une
paix séparée ou même un armistice. Cést là tout
ce que mon honorable ami voudrait empêcher.
Je ne répélerai point les passages de Juvenal que
j'ai cités dernièrement , mais ils sont certainement
applicables à ce bill. Il m'est extrêmement pénible
de m'opposer aux ministres. L'extravagance de
leur conduiie esi la seule chose qui puisse m y
forcer. Elle épuiserait la patience d'un Job , et
véritablement le peuple anglais se montre beau-
( coup plus patient que Job ne le fut jamais. Au
lieu de penser à envoyer sur le coniinent la rançon
de l'orgueilleuse métropole autrichienne , nous
devrions penser sérieuseinent à taire la paix. Je
crains que la conduite des ministres ne fasse courir
un grand danger à la constitution , et je préviens
la chambre , qu'au commencement de la session .
je ferai une motion à ce sujer.
L'amendement de M. Tierney est rejeté à la
majorité de 38 voix contre 4.
Le bill est lu pour la troisième fois et passe.
Séance a!u 2 5 juillet.
Les trois bills pour l'émission de 9,5oo,ooo llv.
slerl. en billets de l'échiquier , sont lus pour la
troisième fois et passent.
La chambre reçoit de celle des pairs le bill
pour l'incorporation de la compagnie de Londres,
avec quelques amendemens pour lesquels sa
concurrence est demandée.
Lord Haxukesbury ptopose que ces amendemens
soient pris en considération.
M. Nichols, observant que beaucoup de mem-
bres absens ne peuvent connaître ces amende-
mens, demande le renvoi de U question au lundi.
Il s'élève à ce sujet une discussion. — L'oraieut
explique qu'en pareil cas 1 usage est de remetire
le débat au jour suivant. — M. Baker témoigne lé
désir que la question soit écartée. — L'orateur dit
que , pour suivre les formes usitées , les amen-
demens doivent passer jusqu'à la seconde lecture t
et qu'alors c'est à'ceux qui désirent les faire re-
jeter , de faire la motion que cette seconde lecture
soit ajournée à trois mois , ou à tout autre espace
de t&ms.
Les amendemens sont lus pour la première fois.
La seconde lecture est proposée.
Al. Baker s'oppose à lecture et élevé contre les
amendemens les mêmes objections qu'il a déjà
formées contre le bill.
Lord Hawkesbury soutient les amendemens.
M. Tierney prétend que l'octroi des charlrei
d'incorporation appartient à la prérogative de la
couronne , que 1 intervention du parlement est
inutile. Il en appelle à cet égard au procureur^
général. Mais puisqu'enfin la mesure présente est
soumise à la sanction du parlement, il croit que
la législature devrait avoir le même privilège que
la couronne , celui de dissoudre la nouvelle cor-
poration , si elle venait à être en défaut.
Le procureur-général dit qu'il ne désire point
entrer dans la discussion du bill ; il serait fâché
d'avoir pris une part personnelle dans une mesure
qui pourrait un jour l'occuper dans sa capacité
judiciaire.
La question est mise aux voix. — La seconda
lecture a lieu à la majorité de 34 contre 16.
(Courrier de Londres ., 1Q juillet, j
Du 2g juillet. — Le prix moyen du pain dâ
4 livres depuis le 4 juillet lygg jusqu'au 3 juillet
1800 , a élè de 14 pences , et près d'un farthing )
c'est-à-dire , 22 s. -j de France.
Le duc de Bedfort a donné 700 guinées à utl
fermier du Nottingham-shire , poiK le loyer d'uti
bélier de Leicester-shire pour la saison.
INTÉRIEUR.
Strasbourg , le i3 thermidor.
Avant-hier Grawnosky , chef de l'étai-major
de la légion polonaise, s'est précipité dans le
Rhin et noyé. On ignore la raison de ce suicide.
Les soldats ont beaucoup pleuré la mort de cç
malheureux, officier ; sa bonié et son excellent
caraciere le lésaic*it chérir de tout le monde j
depuis quelque tems son penchant à la mélan-'
colie semblait être l'avant-coureur de cette mort.
Il était d'une des plus riches et des plut hono-
rables famille de la Pologne. U avait été , sous
l'ancien régime , colonel d'un régiment d'ar-
tillerie.
Lorsque nous sommes entrés dans les Ligues
grises, nous avons pris aux autrichiens Un ma^
gasin dans lequel on a trouvé 1800 habits neufs <
6 canons, 94g fusils neufs et 1100 vieux, 3oo,ood
cariouches , goo gargousses, 40GO pierres à fusil ,
et 400 paquets de mèches.
Strasburger Weltbote.
Paris , le iS thermidor,
Les journaux de Strasbourg annoncent qua
plusieurs cantons voisins de cette ville sont dé-
solés par des myriades de sauterelles.
— Quelques journaux anglais annoncent qua
le débordement de JEuphraie a occasionné une
maladie épidèmique qui , dans le cours de deux
mois , a enlevé 12,000 personnes dans les villes
de Bassora et de Korin.
— Des cultivateurs avaient demandé , dans là
Vedette de Rouen, un moyen pour détruire lefe
rats et les souris qui remplissent les granges et
dévorentlesblés.LesrédactcursduC//£y67jFMîiÇf!iJ'',
en transcrivant la lettre insérée dans le journal de
Rouen, satisfont aux désirs de ceux qui l'ont
écrite , en leur conseillant de jeter dans une bas'
siiioire semplie de charbons ardens , une jioignée
de rognures de corne qu'on ôte aux mulets eu
les ferrant. L'odeur de celte fumigation est telle-'
ment insupportable aux rats , qu'ils luiront aviIC
ptccipitadon 1er lieux où on la fera.
1286
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arràé du 17 thermidor , un 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête ce qui suiu
Le citoyen Corbigny, ex-commissaire du gou-
vernement à Corfou , est nommé préfet du dé-
partement de Loir-ei-Gher , en remplacement du
citoyen Beyts , appelé à d'autres fonctions.
Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêié.
Le premier consul ., signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret*
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA MARINE.
RÈGLEMENT.
De l'exercice de ta mousqueterie.
1°. L'exercice de la mousqueterie sera fait trois
fois par décade , à bord de tous les bâtimens de
la république , tant par les soldats embarqués que
par les matelots et novices.
s°. Tous ceux qui seront suffisamment ins-
truits au maniement des armes , seront successi-
vement admis à tirer à la cible. Cet exercice aura
toujours lieu à bord; et si la position du bâti-
ment ne le permettait pas, le commandant de la
lade indiquerait un autre bâtiment sur lequel le
détachement désigné se transporterai!.
3°. Il sera délivré une double ration à tous les
individus qui auront atteint le but. ^
De l'exercice du canon. 1
1°. L'exercice du canon sera divisé en petit et
en grand exercice. 1 '
2°. Le petit exercice aura lieu six fois par dé-
cade à bord de chaque bâtiment : il sera fait suc-
cessivement par la totalité de l'équipage , sur
quatre canons de chaque calibre.
3°. Le grand exercice aura lieu trois fois par
décade. I( sera général , et chaque homme occu-
pera le poste qui lui est affecté dans le combat ;
ce simulacre sera fait, tant pour le combat d'un
bord , que pour le combat des deux bords.
4°. Indépendamment du grand et petit exer-
cice , il sera fait un exercice à feu , sous voile ,
par les équipages d'une armée navale , escadre
ou division.
5°. Une forte corvette sera destinée à manœu-
vrer sous voile dans l'enceinte de la rade , de
manière à ce que l'on puisse tirer à des distances
plus ou moins éloignées et dans différentes direc-
tions , sur une carcasse ou corps flottant , disposés
à cet effet.
6°. Cet exercice aura lieu tous les jours , le
matin et le soir. Le commandant de la rade dési-
gnera les bâtimens qui devront successivement
fournir des détachemens proportionnément au
nombre d hommes composant leur équipage.
^°. Une fois par décade, pendant les six mois
d'été , et une fois par mois, pendant les six mois
d'hyver, il sera fait sur la corvette d'instruction
un exercice extraordinaire.
8°. Chaque bâtiment de la rade enverra à
bord de la corvette, le nombre d'hommes néces-
saire pour manœuvrer un canon.
9°. A la suite de l'exercice il sera délivré deux
prix, à titre de récompense, aux canoniers qui
auront le mieux pointé.
10°. Le premier prix sera de 10 francs, et le
second de 5 francs : ils seront décernés par un
officier major , nommé par le commandant de la
rade , pour assister à chaque exercice.
II". Le bâtiment à qui appartiendra le cano-
niec qui aura remporté le prix, sera pavoisé tout
le jour.
Exercice de la manœuvre.
1°. Il sera fait tous les jours à bord de chaque
bâtiment un exercice de manœuvre.
2". Cet exercice aura pour objet de passer
et de dépasser les mâts de hune, d'amener et de
hisser les basses vergues , de gréer et dégréer ,
carguer et serrer les voiles , de prendre des ris ,
d'embarquer et de débarquer les bâtimens à rames,
et enfin de faire tous les simulacres de manœuvre
qui peuvent avoir lieu à la voile et pendant le
combat.
3". Le commandant de la rade indiquera la
manœuvre qui devra être faite , et tous les bâti-
mens de la rade l'exécuteront e^ inême tems
au signal qui en sera donné par un coup de
canon.
4°. Le commandant de la rade indiquera , par
le signal de satisfaction , le bâtiment qui aura le
mieux manœuvré ; le signal sera répété par toute
l'armée , et le bâtiment le conservera toute la
jçurnée en tête du mât.
5°. Le capitaine dudil bâtiment fera délivrer
double ration aux vingt hommes qui se seront
le plus distingués dans la manœuvre qui aura
eu lieu.
6°. Le commandant de la rade , le lendemain
de l'exercice , publiera à l'ordre la liste générale
des bâtimens , d'après le rang que chacun aura
obtenu par la précision qu il aura apportée fans
l'exécution de la manœuvre.
Exercice de natatien.
1°. Le commandant de. la rade donnera ordre
aux capitaines de chaque bâtiment de faite exercer
les équipages à la natation. Pareil orctre seia
donné dans le pori par le préfet maritime.
2°. Cet exercice aura lieu toutes les fois que le
tems et les circonstances le permettront. Il sera 1
pris des précautions pour que les nageurs ne puis-
sent courir aucun danger.
3°. Pendant les mois de prairial , messidor , ther-
midor et fructidor, il sera fait un exercice général
de natation , à la suite duquel des prix seront dis-
tribués.
4°. Celui qui , dans un tems donné , atteindra le
point le plus distant du lieu de départ , recevra
à titre de récompense , une somme de 10 fr.
5". Le même prix sera décerné à celui qui aura
le mieux plongé, et à celui qui aura pu faire un
amarrage , ou cloué une planche à la partie
submergée d'un bâtiment qui aura été désigné.
6°. Un officier major sera juge du mérite et dis-
tributeur des prix.
Exercice des mousses.
Les mousses de chaque bâtiment sei^onl exercés
tous les jours , suivant l'usage établi.
Le ministre 'de U marine , signé , Forfait.
T R I B U N A T.
Présidence de Morcau.
SUITE DE LA SÉANCE DU l6 THERMIDOR.
Suite de la motion d'ordre. de haussât.
La liberté, tribuns , il est de sa fatale destinée,
que les risques pour elle soient un des vices insé-
parables de toute institution sociale , comme la
destruction est en quelque sorte un des vices
inséparables de la nature.
Il n'y a jamais eu , et il n'y aura jamais sur la
terre , de pouvoir exécutif qui , a la longue , par
une pente plus ou moins sensible , souvent invo-
lontaire , toujours innée, n'ait tendu et ne tende
au despotisme. En conséquence , sans se fier au
bonheur des conjonctures, ou à la moralité des
hommes, choses qui sont pour les nations et les
siècles des açcidcns éphémères , et sur lesquels il
n est point permis, d'asseoir des combinaisons
sages et durables , on n'a cessé de chercher et
d'essayer deS moyens, soit de ralentir, soit de
contrebalancer cette funeste tendance. Quelque
modification qu'on ait imaginé de leur donner,
c'est de tous 'les tems et dans tous les pays libres
au contre-poids d'une tribune populaire qu'on
a eu principalement recours.
Je n'ignore point combien de nos jours on a
abusé de la tribune , et dans quel décri on est
parvenu à la plonger; néanmoins pas de milieu ,
ou la tribune telle que je viens de la désigner,
ou la servitude.
Un homme d'état gouvernera peut-être mieux
du fond du divan que du haut du forum : l'obéis-
sance est de toutes parts organisée et aux écoutes ,
impatiente d'exécuter ses ordres; mais les droits
de la liberté humaine , incessamment et par-tout
en butte à des périls multipliés et renaissans ,
n'ont le plus souvent en leur faveur que la cons-
cience du puissant et le cri du faible. Gomment,
sans tribune, faire l'appel à de semblables défen-
seurs? Comment les dénonciations et les plaintes
iraient-elles , sans tribune , porter au loin leurs
retentissemens d'alarmes, et exciter une ligue de
réclamations communes dans toutes les âmes gé-
néreuses ? Voilà bien la place des motions et des
vœux; c'est pour défendre ce dépôt précieux de
la liberté ; c'est pour s'élever contre l'injustice et
l'abus, soit qu'ils naissent de corruption ou d'er-
reur, que le tribunat doit réserver cette superbe
prérogative , de tonner avec éclat et de réclamer
avec to'ute l'autorité de la voix nationale. Telle
est l'auguste et sublime mission , où il ne lui a
été donné ni d'égal ni de suppléant.
Les maax et les dangers contre lesquels elle
est dirigée , ne sauraient provenir , de la part du
gouvernement , que de délibératioii ou d'exécu-
tion : pour garantie et remède de la délibération,
la coiisiiiution a livré les actes du conseil-d'état
à nos débats de tribune et à nos poursuites de-
vant le sénat; pour garantie et châtiment de
l'exécution , la constitution a consacré la signa-
ture et la dénonciation des ministres.
Mais pendant que nous menaçons un, abus ,
une violence, un déni de justice , un envahis-
sement de pouvoir , le silence ou l'arbitraire ,
ou la prévarication ou les complots des magis-
trats , le mépris ou l'absence des lois ; pendant
que nous poursuivons le jugement des ifiinistres
pour la sûreté ou la vengeance de l'état ou des
citoyens ; pendant que les mouveraens de notre
éloquence et les assauts de notre logique , nos
citations devaiît le sénat , et notre appel au
peuple ou à l'opinion publique attaquent les
réglemf.ns , les projets de loi du conseil-d'état,
l'autorité consulaire , toujours tenue à une très-
haute distance de ces scènes , demeure en toute
occasion séparée du mal qui lui a été surpris,
et se trouve par-tout connue cl bénie pour le
bien seulement qui découle d elle.
Ainsi naît et procède celte opposition , la
principale des obligations du liibunat, cette
opposition qui est tellement inhérente à son
caractère et à son essence, qu'à y bien réflé-
chir , il ne manifeste réellement son être que
par elle.
En effet, le manifeste-t-il par son adhésion à
un projet de loi ? ôtez les lumières utiles que
la discussion répand quelquefois dans le public,
cette adhésion devient au surplus une formalité,
pour ainsi dite , d'étiquette , indépendamment
de laquelle , et n'y eni-il pas eu de tribunat, la
la loi aurait été également rendue.
Si , changeant de rôle , le tribunat provoque
lui-même une amélioration législative ou admi-
nislrauve , ne se met-il pas dès-lors en état d'oppo-
sition , puisqu'un vœu de cette espèce emporte
nécessairement avec lui la censure indirecte et
plus ou moins grave , de quelque vice ou de
quelque négligence dans certaines parties du gou-
vernement ?
L'opposition est déclarée et ouverte , quand le
tribunat dénonce ou accuse formellement, soit
devant le sénat, soit devant le coi ps-législatif ;
elle ne l'est pas moins quand il com'oat un projet
de loi , en relevé les imperfections , en prédit le»
fâcheuses conséquences , en découvre les bases
infidèles , en trahit l'origine corrompue : s'il ne
se montrait jdloiix d'y travailler infatigablement ,
pourquoi donc existerait-il avec tant d'appareil
et à tant de frais , à moins toutefois que ce né
fut poutL battre des mains à chacune des pro-
ductions du conseil-détat ?
Le tribunat a été évidemment établi beaucoup
plus pourcontredire ,que pOurimaginer. Sommes-
nous pénétrés de sa véritable vocation PN'élançons
point ses efforts dans l'horison perdu de l'imagi-
nation , au lieu de les contenir dans le champ
clos de la contradiction. Notre part à la législation
et à son étude sont donc , à mon sens , le second
de nos devoirs. Le premier , tribuns du peuple »
notre devoir sacré, c'est celui que la consiiluiioo
nous a imposé en nous créant les surveillans jurés
des abus et les sentinelles spéciales de la liberté.
Les motions et les vœux émis à l'un et à l'autre
de ces titres, différent de ceux où nous prenons
l'initiative pour provoquer le perfectionnement,
soit de la législation . soit de l'adminisiiation , en
ce que ceux-ci affaiblissent le principe constitutif
du tribunal , et que ceux-là au contraire le ren-
forcent. De-là cette conséquence immédiate qu'ils
doivent , en général , être accueillis ici dans des
dispositions tout autrement favorahles.
Cependant , ne nous dissimulons pas que ,
moins dangereux pour notre institution en elle-
même , ils peuvent le devenir davantage au-
dehors.
Quels que soient l'abus ou l'oppression contre
lesquels nous nous élevions, nous aurons aussitôt
«n tête des ennemis puissans et nombreux : les
querelles s'échaufferont ; I opposition deviendra
de l'animosiié , et la fermentation des orages. Il
ne se forment pas différemment au-dessus des
peuples.
L'agitation est le signe des gouvernemens libres:
elle en assure la vie et la prospérité; mais si elle
y dégénérait trop facilement en troubles , elle ea
serait la ruine.
C'est donc une condition nécessaire et rigou-
reuse que les discussions qui l'excitent et l'en»-
tretiennent , portent sur des objets sérieux et sur
des griefs certains ; qu elles évitent, à moins d'ur-
gence et de péril extiêmes, les jours d'inoppor-
tunité ; qu'elles se présentent enfin et sur-tout,
exemples de partialité , de prévention , de pas-
sion et d'aigreur
Le genre de motions et de vœux qui importe
le plus à notre destination , à notre gloire , à
la constitution , à la liberté , à toutes les garanties
publiques , ne saurait être laissé à la discrétion
des opinions privées et des caractères indivi-
duels. Il y faut^de la prudence et de la mesure,
comme il faut aux motions législatives et admi-
nistratives , du choix et de la sobriété ; il y en
faut d'autant plus que le gouvernement sous
lequel nous vivons est plus jeune ; d'auîant plus
que les circonstances sont aussi plus critiques,
moins assises, moins éprouvées
En consé(juence , je place dans vos mains un
creuset auquel je commence par soumettre toutes
les motions. J établis dans cette enceinte, ce régu-
lateur qui , dès le premier abord , les rejette
ou les admet, et ce régulateur et ce creuset ne
sont pas des commissions partielles , ne sont
1287
pas la conscience d'un ou de quelques membres { chahot , au nom d'une commission spéciale ,
du tribunal tout entier. ^ | fa,, un rapport sur la dénonciaiion qui a été
Le sentiment qui nous fait connaître ce qui î adressée au iribunai contre le derr^ier réi;lemenl
convient ou ne convient pas, ne dépend point ! de service pour la garde nationale sédentaire de
du raisonnement et du calcul ; mais d'une espèce '■ Paris.
de sensation rapide el*loni souvent nous aurions 1 La constitution , dit»il , les droits du peuple
même de la peine à poOvon- rendre compte. Elle | dont vous êtes les défenseurs, tout vous impose
se communique et agit avec d autaniplusd empire 1 jg devoir de ne jamais rejeter, sans examen , les
qu'il se trouve plus dhommes réunis ensemble. | dénonciaiions qui vous sont faites d'actes atten-
J'appelle de touies nos motions , avaiit de leur 1 (aïoires aux lois , à la liberté civile et individuelle
donner de la consistance et de la suite , a ce des citoyens.
sentiment prompt et intime rarement trompeur. 1 ri ■ . ■ .-. .• 1 .
*^ *^ 111 ^^ vous présente comme inconstitutionnel <
Appréhenderait-on qu'une formalité préalable tendant à usurper ou faire usurper l'autorité lé-
quelconque ne devînt un moyen permanent,
trop commode d'ejtclusion pour l'esprit de coterie
ou de servitude , supposé qu'il sorganisât jamais
en majorité réglée dans notre sein ? Mais en
ce cas et indépendamment de tout préléminaire ,
il saurait bien arrêter un orateur qui ne serait
pas de son bord , à lendroic et au moment où
il le jugerait à propos.
gislative , juddiciaire et administrative , comme
en opposition avec les lois , vexatoire pour les
citoyens et dangereux dans son exécution , le
de'rnier règlement fait pour la garde nationale de
Paris.
Pour examiner des accusation» aussi graves,,
nous allons voir 1° si l'autorité qui a fait ce rè-
glement , en avait le droit ; 2" s '
Au reste les précautions prises par le régie- | que d'anciennes dispositions législatives , et des
ment n'équivalent pas à celles que je sollicite.
Une motion est déposée sur le bureau 24
heures , ce qui , par événement , fait aujour-
d'hui plusieurs mois d'avance ; on va où l'on
ne va pas l'y lire. Si elles sont fréquentes et
multipliées , elles cessent bientôt d'exciter la
turiosité. Quand l'auteur vient la développer à
la tribune, on ne sait le plus souvent de quoi il
va parler. Le sut on , qui aura pris à tâche de
se préparer de sang -froid à faire une motion
contre une motion ? qui saura se résigner de
son propre mouvement, à mortifier un de ses col-
lègues par la demande d'un refus inusité de la
parole ? qui même se souciera de s'engager dans
Cette entreprise désagréable, avec l'incertitude
d'y être secondé ? enfin , il est des ordres du
jour qu'on réclame avec raison , et que pour- | j^-^j^^ . |, ^„ ^^^^ ,emarquer les bons effets.
tant on aurait tort de motiver,
' mesures pour en assurer 1 execuuon.
Le rapporteur rappelle ici les premiers moraens
de la formation de la garde nationale sédentaire ,
et les lois qui vinrent successivement en régula-
riser le mouvement , et particulièrement lorga-
nisation de la garde nationale de Paris. Il établit
qu'un des travaux les plus urgens de la prochaine
session sera sans doute de réviser les parties in-
cohérentes de ia législation à cet égard ; mais la
loi du 16 vendémiaire assurait au général en chef
\ de l'armée de l'intérieur , le droit de faire le rè-
glement dont il s'agit.
Le droit de porter le règlement étant reconnu ,
le rapporteur examine les dispositions attaquées
par le péiitionnaire. Il trouve ces dispositions
sages , utiles , conformes aux lois et au bien du
La motion toute nue , et telle qu'il est déjà
ordonné de la déposer sur le bureau , étant lue
par un secrétaire à la même séance et au même
instant où le développement est sur le point d'en
être donné par son auteur , l'assemblée prête une
oreille attentive , et pour peu que la matière in-
téresse , il s'établit aussitôt une impression simul-
tanée d'assentiment ou de réprobation ; que
tout-à-coup alors le président pose la question
s'il sera passé à une seconde lecture . il est comme
impossible que la réponse qui prévaudra ne soit
pas celle de l'utililé et de la convenance. Si le
contraire arrivait et tournait en habitude , le tribu-
Dat serait infailliblement déjà une institution cor-
rompue , et nul mode ne serait bon , et rien n'y
obvierait.
A ces raisons , je joins l'autorité d'un exemple
ancien et imposant; ce que je propose, tribuns
du peuple , est à peu près ce qui se pratique
dans le parlement d Angleterre .....
Disons-le sans détour : la nation est rassasiée
de paroles ; ses oreilles n'étaient ouvertes tout-
à-l'heure qu'aux chants des combats et des vic-
toires ; son coeur ne l'est qu'aux désirs de la
paix.
Le même génie qui y conduit la république
à pas de géant , sera jaloux qu'elle en jouisse
dans la félicité et ia splendeur': elles n'existent
pas solidement pour les peuples hors de la
liberté. Avec une ame libérale et des passions
héroïques , on aime la liberté comme la gloire ,
et un tribun indépendant comme un soldat in-
trépide.
A la paix tous les ressorts d'une constitution
sortie du fracas des armes , et soustraite à leurs
hazards , développant tranquillement leur jeu, et
téagissant avec équilibre les uns sur les autres ,
les tribuns pourront donner un vaste essor aux
motions de leur zèle , et le tribunal user selon
la grandeur de sa mission et de sa digtiiié , de la
faculté vraiment tribuniiienne , d énoncer le
vœu national.
Tribuns du peuple , vous oflFrez dans votre
ensemble un être jusqu'à nos jours inconnu au
sein du monde politique. Je respecte le voile
de l'avenir sur votre influence et vos destinées ;
mais je désirerais du moins que nous ne méritas-
sions jamais le reproche de n'avoir point pro-
duit tout le bien que notre institution com-
porte, faute d'assez d'esprit de conduite et
d'attention sur nous - mêmes. Rien ne nous y
exposerait autant que de ne pas nous tenir en
garde contre l'irruption des motions scholastiques
ou des motions inconsidérées. Je fournis au tri-
bunal un moyen facile et simple de s'en mettre
à l'abri : c'est d'arréicr u qu'aucune motion ne
pourra être appuyée et développée à la tribune
par son auteur , qu'immédiatement après qu'elle
y aura éié lue par un secrétaire , telle qu'elle
aura dû être déposée sur le bureau en exécution
du règlement , et qu'après que le président aura
ensuiie po'.é la question : s'il sera passé à la
teconde lecture.
Le tribunal ordonne l'impression de la motion
de Laussat et l'ajournement de la discussion.
La commission pense donc que la dénonciation
qui a été faite est sans fondement sohde , et ne
peut êire admise.
Combien cette opinion , ajoute le rapporteur ,
acquérerait-elle de force , si je vous rappelais
dans quelle circonstance fût fait le règlement dont
il s'agit. Les troupes de Hgne , en garnison dans
cette cité , volant aux frontières , et celle immense
commune , veuve du premier magistrat de la
république , presqu'entiéreraent gardée par les
citoyens; des généraux chargés du maintien de
la tranquillité publiqne , recevant chaque jour ,
à chaque instant , des réquisiiions des autorités
civiles , et responsables de leur prompte et stricte
exécution. Il fallait que le service se fit avec
exactitude , et une discipline sévère était indis-
pensable.
Toutes les capitales des pays coalisés contre
nous étaient pleines de soldats : Paris , après une
révolution de dix ans , et au moment où un
nouveau gouvernement s'établissait , était livrée
uniquement à ses forces. Vous connaissez, mes
collègues , le calme dont Paris a joui , le bon
ordre qui y a constamment régné. Si ces effets
ont été la suite de l'attachement du peuple au
] nouvel ordre de choses qu'il venait de voter, de
la sagesse de ses magistrats , les généraux et la
force armée de Paris y ont puissamment con-
couru , et certes , on ne devait pas s'attendre à
trouver duns une des causes de pareils effets ,
des motifs de dénonciation.
Votre commission croit vous avoir prouvé ,
1°. que les auteurs du règlement avaieni le droit
de le faire; 2°. que ce règlement ne contient
aucune disposition législative, ou judiciaire nou-
velle; elle propose au tribunal de passer à Tordre
du jour sur la dénonciaiion qui lui a été faite.
Le tribunal passe à l'ordre du jour , et ordonne
limpression du rapport.
Le président accorde la parole à Sédillez pour
une motion d'ordre.
Sédillez. Abolir la peine de mort , propor-
tionner les peines aux délits , rendre les peines
répressives , exemplaires et réparatoires , voilà
ma proposition. Je ne veux faire ici ni un plai-
doyer , ni un livre ; il n'y a pas un grand mérite
à répéter quelques vérités qui heureusement com-
mencent à devenir triviales, mais honorer la
nation en perfectionnant ses lois , est un devoir
pour le tribunal ; puisse notre code mériter
quelque jour d'être nommé le code de la raison.
N'ambitionnons pas de faire des lois divines ;
ayons des lois humaines.
Le congrès, la torture , la peine de mort!
usages barbares qui supposaient qu'on prouve
qu'on est homme en violant la pudeui , qu'on
trouve la vérité dans les supplices , qu'on répare
un crime par un autre crime , un assassinat par
un meurtre !
Nous avons tous vu l'usage de la torture établi
dans les tribunaux , étrange manière de ques-
lionner son semblable , qui méritait bien le nom
qu'elle poitait de question extraordinaire. Si nous
avons l'honneur ou le bonheur d'abolir la peine
de mort, nos cnfans croiront à peine qu'elle ail
pu exister en France.
Des philosophes ont «î clamé depuis lon^-tems
l'abolition de la peine de mort. On en prononça
l'abolition en France , au moment où des milliers
de viclimes expiraient sur des échaffnuds ; mais
tel est le caractère de la raison que . souillée par
le crime , elle ne perd rien de sa force ni de ses
droits.
Dans les nombreuses discussions qui se sont
établies sur celle importante maliere , on a voulu
prouver ce qiiLn avaii beoin que d'être senti ; on
a fait de la méiaphisique , on s'est perdu dans les
chimères, mais les chimères se sont évanouies ,
et la vérité est restée. Nous pouvons aujourd'hui
opérer un bien qui fut si long-lems impossible.
Il ne s'agit plus aujourd'hui de discuter la
question déjà tant débaiiue du droit de la société
sur un coupable. La vraie , I unique question est
de savoir si jamais dans les lems ordinaires , c'est-
à-dire sous le règne des lois , la mort d'un cou-
pable peut jamais être nécessaire, et même utile
à la société.
Machiavel a dit : le plus sûr moyen de se
débarrasser des gens, c'est de les tuer; mais
outre que ce moyen est horrible , Machiavel ne
parlait que des chefs de pani dans les troubles
publics , voilà ce qu'il faut observer. C esi ainsi
qu'on détruit l'espèce humaine; mais est-ce ainsi
qu'on tarit la source des crimes?
La peine de mort ne prévient tien ; elle ne
réprime rien ; elle n'est qu'un vain et affreux
spectacle qui accoutume le peuple à la férocité ,
et qui , chez les méchans , remplit un but con-
traire à celui qu'on se propose. Avec la peine de
mort, je vois deux perles pour une ; deux assas-
sinats pour un. Cependant un homme mort n'est
bon à rien ; et il n'y a pas de scélérats qu'on ne
puisse rendre bons à quelque chose.
Celui qui craint peu de mourir dans les com-
bats , craindra de mourir sur l'èchafaud. Ce n'est
donc pas la mort qu'il craint , c'est la home ;
employons donc ce ressort aussi puissant que
l'autre.
La mort parmi nous est une peine appliquée à
des crimes d'une gravité et d'une nature bien
différentes. Un coupable d'un crime capiial peut
hasarderions les crimes imaginables , les multi-
plier à son gré ; il brave ses juges et les lois s'il est
décidé à mourir ; et la mort n'est pas ce que les
scélérats craignent le plus.
La peine de mort n'est ni nécessaire ni utile ;
voyons quelles seraient les peines qui pourraient
le mieux concourir à réprimer les délits qui en
troublent l'harmonie. Il faut que la peine fasse
éprouver au coupable une partie du mal qu'il a
causé , et que les délits soient placés à cet effet
dans l'ordre , et suivant l'importance des devoirs
sociaux qui peuvent être violés.. Il faut que la
loi punisse un crime atroce , sans lêire elle-même.
En général nous fesons trop peu de cas des
criminels que nous appelons des scélérats ; la
mort ne corrige point , elle détruit. Donnez au
coupable un intérêt à se corriger , il le fera peut-
être.
Il faut que la peine obtiennent la publicité
la plus grande , et que le souvenir ne puisse
en être proraptement effacé. Il faudrait que
le peuple put à certaines époques avoir sous
les yeux , et le criminel , et la cause de la
peine qu'il subit. Des expositions publiques avec
la lecture des jug;mens rendus auraient aussi
leur avantage à coté du crime puni , on pourrait
offrir au peuple l'idée delà vertu recompensée;
ô vous qui disposez des récompenses et des
peines, c'est votrefaute si lespeuples sont méchans
et corrompus.
Des peines corporelles laissant des traces visi-
bles , me paraissent indispensables; la déportation
peui être utilisée. Le crime est une situation forcée
pour l'homme , souvent il suffit de le changer de
place pour l'arracher à cette situation. Je ne parle
pas des travaux publics ; des ouvrages très-lumi-
neux sur cette partie du système pénal, vous sont
connus.
L'opinant donne des développemens étendus
à chaque partie des propositions renfermées dans
cette motion , et propose d'émettre un vceu :
1°. Pour que Ja peine de mort soit abolie.
3°. Pour qu'on adopte un système pénal qui,
analogue à nos institutions , soit en même tems
humain et répressif, réparatoire et exemplaire.
Le tribunal ordonne l'impression de celte mo-
tion d'ordre et l'ajournement.
Il se forme en séance particulière.
THEATRE DE L'OPÉRA - COMI Q^UE.
La caste privilégiée , quoique populaire , que
Vadé observait journellement pour la peindre ,
dont il étudiait (e jargon pour l'imiter, dont il
écoulait les débats et provoquait les injures pour
les transcrire , n'a pas conservé le caractère dis-
linclif qu'il avail autrefois. Cette corporation ,
nombreuse, bruyante, énergique, mais loyale ,
fidelle, véridique et libre des dames delà halle,
n'existe plus sur le même pied. Le ton des balles
h'ofTre plus le cor^fr
aiiirefo:3 , aver ctli'
licrs. Cependant )t
li's auires , piaii tiit
On j'Ourra'
leaitiit n>5L
te fr.ipnant qu'il présentait' nombre d'officiers de mérite dans les difFérens
gracies , el <ji.ii pourraient former un excellent
aulres qiia
,e u;i\c~is, comme tous
iors'quil est bien ttaiié.
.n-.ijrerà l'un de ces mets lor-
■s . ilonl.les palais les plus déli-
tais ne dédai.i;'it:r.i point l'usage .pourvu qu'il ne
soit pas tiop tre(iuent , et seulement pour reveil-
ler de tems en lems un appétit qui s'éteint.
• Ce genre n'a eu jusqu'ici , au Théâtre du Vau-
deville et à celui des Ttou'badours , qu'un faible
succès ; il vient d'en obienir un complet à l'Opéra
comique,, où il a élé retiouver son ancien asile.
Vadé y est peint chez lui : il est entouré des
dames el des Ions de la Halle, qui, chez lui,
paraissent se croire chez eux, et y sont' en effet
à peu-près les maîtres.
Parmi les scènes plaisantes auxquelles le por-
trait de Vadé a pu donner lieu , on remarque
celle où Vadé et l'Ecluse , le directeur du
tliéâire de la Foire , son ami, se l'ont une peur
mutuelle , 1 Ecluse en passant pour un huissier ,
et en léignaiit de s'enlourer de records dont
il imite, la voix , Vadé en feignant d'appeler à
lui ses 'amis les forts , dont il contrefait le lan-
^gage et le ton menaçant; celle où Vadé priant une
poissarde de l'accabler de sottises, ne peut en
obternir que pour son ami l'Ecluse qui n'en
demandait pas , situation d'autant plus plaisante,
que le fait est souvent arrivé à Vadé. Souvent
ayant besoin de quelque fleur nouvelle pour un
de ses bouquets, il trouvait les dames de la
balle muettes par esprit de contradiction. On
sent bien qu'on n'a pu se servir au théâtre du
moyen qu'il employait alors pour les faire parler.
La scène où la jeune servante de Vadé est reçue
dame de la halle , a plu par son originalité. Eu
général , ce petit ouvrage offre le mérite d'une
grande difficulté vaincue ; il n'était nullement
aisé d'y être piquant sans grossièreté, et gai sans
licence ; l'auteur y a réussi : son dialogue est vif ,
Serré ; la repartie y est brusque , et le laconisme
en aiguise le trait; les couplets sont laits avec
soin , et ceux qu'on nomme de facture , sont
rimes avec celte régularité recherchée qui en fait
le mérite principal. Le citoyen de Mautors, auteur
de cette pièce , a retrouvé signé de lui , dans
un des numéros des dîners du Vaudeville , un de
ses meilleurs couplets , et 'l'a placé dans Vadé chez
lui : c'est bien là prendre son bien où l'on le
trouve ; on ne peut que l'en féliciter.
On peut le féliciter aussi de la manière dont sa
pièce est jouée ; mesdames Gonthier , Philippe et
Gavaudan ont , les deux premières , fidèlement
conservé, l'autre , adroitement reçu , la tradition
du genre grivois. On ne peut iiaiiter mieux le
geste animé , brusque , expressif , sur-tout l'ex-
cessive volubilité, les finales ironiques, et les
rimes grotesquement injurieuses dont les per-
sonnages qu'elles représentent ont [habitude.
Gavaudan, qui, de jour en jour, t'ait des pro-
giès comme comédien , joue bien le rôle de
Vadé. Moreau a dans celui de Jérôme un à-
plomb , une franchise , et un naturel remar-
quables. Qiioique les airs choisis soient presque
tous tiès-anciens , l'accompagnement en est trop
peu soutenu ; pour qu'au théâtre Favart , le
vaudeville soit suivi du public, il faut qu'il ne
soit pas abandonné de l'orchestre.
S....
Au Rédacteur.
Paris , ce 2 thermidor.
Conformément à votre invitation je vous prie
de vouloir bien insérer la réponse ci-jointe, au
mémoire sur la marine inséré danS- le n° Sosi ,
2 thermidor.
La marine anglaise a été battue par la marine
française sous Louis XIV, elle l'a éié de notre
tems pïr Suffrenet d'Esiaing; depuis la révolution,
par Richery ,Lejoiaille , Piicher , Série.
L'auteur du méinoire a oublié dans les qua-
tités nécessaires pour former une bonne marine ,
1° le coup-d œil du moment pour l'officier qui
commande-; 2° la pratique pour ceux qui exécu-
tent ; 3°. enfin , l'esprit militaire dans les uns et
dans les autres , sans quoi toutes cer quahiés de-
viennent inutiles.
Les vaisseaux français sont meilleurs que les an-
glais ; mais chaque c.ipitaine , en Angleterre , fait
avec son épuipage l'aimemer.t , le gréement et
J'arrima"e de son bàinnent. Ce n'est pas de même
en France.
De ce que les meilleurs ouvrages de lactique
ont été fans par des marins français, il ne s eu
suitpas que les officiers de marine actuels , soient
les meilleurs tacticiens. Malheurensement ceux
qui ont de la pratique nom point de théorie , et
ftu-x. qui ont de la théorie n onl.pas encore de
.pratique. Ce quej.'en dis est depuis les généraux
1" - .
noyau, si 011 s occupait de la marine de mer.
Les maielol'i français sont composés ds conscrits
et de réquiiiiionnaiieSjqui comnicnceni à naviguer
La plus grande et la meilleure partie des anciens
matelots l'rançuis , dégoûtée de 1 insouciance et de
1 espèce de mépiis que Ion a eu jusquà présent
pour la marine, est passée chez l'étranger et est
très-esiimée par - loui. Et , conuf; l'opinion de
i'auieur , je suis persuadé que le talent des indi-
vidus indue beaucoup sur les succès d'un combat
naval quoique moins que sur terie.
La réussite d'un combat de mer dépend du
talent du général pour ordonner , de celui des
capitaines pour exécuter les ordres et suppléer à
ce qui peut y manquer , et de celui des équipages
pour la manœuvre particulière et l'artillerie.
Il n'y a aucun ordre dans la marine pour tirer
plutôt d'une manière que de l'autre A I exercice
on enseigne à tirer en avant , en arrière et droit
en batteiie , h démâter , en belle ou en plein-buis
et à couler bas. Dans un combat on pointe de
l'une ou de l'autre de ces manières , selon les
circonstances.
Il est sans exemple que , comme le dit l'au-
teur, un mât leçoive cinquante coups de canon
sans tomber. Un seul peut suffire.
Je vais à présent vous expliquer pourquoi si
peu de coups de canon portent en mer.
Dans le mois de frimaiie an 7 , la petite di-
vision navale, armée à Toulon pour porter des
munitions à Bonaparte, était en rade lorsqu'on
reçut du ministre I ordre dépiouvcr la poudre
d un magasin. Le commandant de celte division ,
le citoyen Hubert , s'éiant apperçu à cette époque
de la inauvaise qualité des poudres de sa division
en exigea l'épreuve. J'y ai assisté , et les résultats
les plus avaniageux n'ont pas chassé le globe à
plus de soixante-quinze toises de l'éprouvele ,
tandis qu'il aurait dû être chassé à cent quinze
toises. Mais un commissaire de marine était chargé
de recevoir les poudres et un entrepreneur en
avait la fabrique. La poudre de notre division
était la même que celle de l'escadre d'Aboukir.
Vous voyez qu il n'est pas nécessaire de supposer
un vice dans la manière de pointer les canons en
mer. Les boulets de l'ennemi frappaient à bord ,
les nôtres tombaient à moitié chemin , et. etc.
Les anglais n'ont point de préfets maritimes ni
de maires , pas même des commissaires.
Ils n'ont point d'ariillerie de marine , parce que
leurs marins sont canoniers : et si l'on ne re-
crutait pas avec la presse , 6n n'aurait point
de troupes de marine. Les commandans arment
leurs escadres , leurs bâtimens , et le trésorier
excepté , ils n'ont point d'administration soit en
mer , soit dans leurs ports. Ils n'ont pas atteint
le point dé perfecùon ; ils n'ont pas au moins
sacrilîé le principal à 1 accessoire. Ils ont pensé
avec raison que celui qui sur sa tête était res-
ponsable de la réusite d'une opération , devait
seul être chargé du choix des matières , et de
l'exécution des mouvemens.
Quoique ces réflextions soient un peu longues »
elles sont nécessairement la réponse au mé-
moire que vous avez inséré, et quoique vous ne
me connaissiez pas , le motif est trop intéressant
pour que je n'esptre pas que vous voudrez bien
lui donner place le plutôt possible dans votre
journal.
Je vous salue fraternellement.
RivoiRE , marin.
Au rédatteur du Moniteur. — Taris , (e 16 thermidor-
J'ai été indiqué au citoyen Courtois , membre
du tribunal, comme auteur des remarques relatives
à lui , fréquemment insérées dans le Journal des
Hommes-Libres. ]t dois déclarer, qu'attaché depuis
cinq ans à la rédaction du Moniteur, je n ai ja-
mais écrit une seule ligne dans le Journal des
Hommes-Libres. Je prends à témoin de ce fait ,
les propriétaires et rédacteurs de ce dernier
journal. Sauvo.
Jijsqu aux aspirins ; il taut en excepter un petit mois.
Faris , le 16 thermidor an 8.
Dans une affaire qui s'est jugée, le g de ce
mois , au tribunal criminel de la Seine ,
témoin impartial des talens d'un jeune homme
quia débuié avec infiniment de succès, j'ai vu
avec regret que la noie de ce jugement, inscrite
dans quelques journaux, ne l'était pas dans le vôtre.
Je viens , citoyen, guidé parle seul intérêt que
m'a inspiré le jeune débutant, vous prier de la
placer dans votre journal ; ce sera un motif
d'émulation pour lui et ses jeunes confrères.
Trouvez bon que je vous envoie la note pu-
bliée dans it Journal d'indication du i3 de ce
it Le citoyen Deser avait "été établi gardien dans
une maison. 11 reçoit un billet de garde ; ses
facultés ne lui permeltant pas de se faire rem-
placer , il passe la nuit au corps-de-garde. A son
retour, il trouve les scélés dont il était le gardien
brisés , rompus , et une grande partie des effets
volés. Cité au tribunal de "police correctionnelle,
il avait été condamné à deux ans de ter; il en
avait appelle au tribunal criminel , qui l'a dé-
ch.irgé de toulc accusalion. Ainsi , un honrmc
honnête , à qui sa partie adverse ne pouvait reiu-
ser son esiime , ei qui n'était poursuivi que pour
cause de négligence, a été rendu à son épouse
et à ses enfans.
)) Ce qui ajoute à l'inléiêt de cette aff.iirc , c'est
le début d'un jeune citoyen nommé St. ¥eij,éol ,
natif de Brioade , déparieinent de la Haute-Loire ,
âgé de 19 ans , élevé du défenseur officieux , le
citoyen Lebon , dont les talens sont dignes de la
réputation qu'il a acquise. Le g ihermidor , il a
plaidé en faveur de 1 infortuné , et son plaidoyer,
qu il a débile avec chaleur et sensibilité , a prouvé
qu'il pourra être un jour l'héritier des talens de
son maître.
I) Le \)résident du tribunal a partagé l'enthou-
siasme du public , et a dit au défenseur : ujeune
ciio) en , vous avez plaidé avec talent dans un
âge où peu de personnes ont débuté ; vous com-
mencez sous d heureux auspices ; vous paraissez
êlrc aussi sensible que votre maître ; ressemblez-
lui , et dorénavant faiies vous un plaisir de dé-
fendre les malheureux. )>
J'espqre , citoyen , qu'animé des mêmes sen-
limens , vous voudrez bien insérer cette note
dans voue journal. Dorvalet.
EAUVEGETALE.
Un étranger , conservant l'anonyme , fait
hommage au citoyen Sicard , pour l'avantage
de l'institution nationale des sourds-muets de
naissance , d'une découverte qui est la suite
d'une élude botanique et chimicjue. C'est une
eau (jui ôte parfaitement l'odeur (jue les fausses
dents contracient : on les rend comme neuves
en les fesant tremper, pendant dix minutes ,
dans celle eau, mêlée d'un tiers d'eau ordinaire;
elle les blanchit et les nettoyé parfaitement.
Ou peut , par le même moyen , prévenir
l'odeur quelles donnent à la bouche, et celles
des dents gâiées ; mais il faut l'affaiblir et n'en
metue fju'un, huiiieme dans de l'eau ordinaire ,
la garder un moment dans la bouche , et s'en
ser\ir plusieurs fois dans la journée , particu-
lièrement soir et matin : elle arrête le progrès
de la Carie.
Les personnes qui ont les gencives délicates
doivent y mêler ^un peu -de lait , et s'en servie
avec une effusion d'Argentine , en place d'eau.
En outre, elle est particulièrement propre à
prévenir et enlever fodeur désagréable du tabac
que contracte la bouche du fumeur : pour cela,
on s'en lave la bouche après avoir fumé, ayant scia
de l'affaiblir au point ' qu'elle puisse convenir
aux gencives auxquelles elle n'est nullement
préjudiciable; elle entrelient les dents parfaite-
ment propres et prévient la teinte jaune qu'elles
contracient par la lumée du> tabac , et conserva
la bouche propre et saine. On peut s'assurer
par l'analyse, qu'il n'y entre ni acide ni astrin-
gent ; le tems ne l'altère point , ce qui la rend
précieuse sur mer.
Il sera prélevé une portion , au profit de l'in-
téressant Massieu, sour-muet , et le surplus ne
pourra êire mis qu'entre les mains du citoyen
Sicard , qui en disposera à sa volonté. On pré--
vient que l'unique dépôt n'est que dans ladite
instilution des sourds muets , rue du faubourg
Saint-Jacques, n° ii5, à Paris. Ceux qui en
désireront, pourront s'adresser au citoyen Servat,
seul chargé du débit. Pour éviter la contre-façc^n ,
les bouieilles seront éiiquelées , signées et para-
phées par lui.
Les demandes ne seront reçues qu'autant qu'elles
seront affranchies.
Eau végétale.
Pour la conservation et la propreté des dents
et de la bouche avec la manière de s'en servir.
Le prix est sur chaque bouteille , on la trouvé
à l'institution des sourds-muets de naissance ,
rue du fauxbourg Saint -Jacques , n° ii5, à
Paris , chez le citoyen Servat , concierge de
l'institution.
Bourse du 18 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire 23 Ir. 38 c.
Tiers consolidé 35 fr. 60 c.
Bons deux tiers i fr. 55 c.
Bons d'arréragé '. . 84 fr.
Bous pour l'an 8 . 85 fr. 25 c.
Syndicat 65 fr.
Coupures 66 fr.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NAT
E ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
A^° 320.
Décadi , 20 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos soLiSL-ripteurs qu'à dater ilu y Nivôse le Mo NI TE UK est le seul journal officiel.
Il contient les séances des aurorirés constituées , les actes du gouveniemenz , les nouvelles des armées , ainsi que las faits et les notions tant siir
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
'Extrait des registres dfs délibérations des consuls de
la république. — Paris . le i6 thermidor an 8 de la
république , une et indivisible.
Les consuls de la république , sur le rapport
du minisire des finances;
Vu les lois des i'' décembre lygo, 2 octobre
I7gi , 17 brumaire an 5 et 3 frimaire an 7 , rela-
tives aux coniribulions directes ;
Considérant que ces lois en autorisant l'envoi
et le séjour des porteurs de conlrainie chea Tes
contribuables en retard de payer leurs contri-
butions, ne retient pas l'emploi de celle mesure ;
Que le gouvernement doit aux contribuables ,
autant qu'au trésor public , de la régulariser ,
pour assurer , non - seulement le recouvrement
des conltibutions , mais pour prévenir en même
tems les rigueurs qui en résulteraient , si elle
était employée sans nécessité ou d'une manière
arbitraire ;
Considérant aussi qu'il est impowant de co-
ordonner avec le système actuel dfé l'adminis-
tration les principes consacrés par les lois , en
matière de contributions ; le conseil-d'élat en-
tendu , arrêtent :
PARAGRAPHE PREMIER.
Dispositions générales.
Art. P'. Les contributions directes sont payables
à raison d un douzième par mois.
IL II y aura pour leur recouvrement un per-
cepteur par chaque ville ,1 bourg et village , ayant
son rôle particulier.
III. L'adjudicaiion de la levée des contribu-
tions directes sera faite par les maires, ou à leur
défaut , par les adjoints , avant le i'' fructidor de
chaque année.
IV. L'adjudication sera faite au rabais , et ne
pourra pas excéder cinq centimes par franc.
V. L'adjudicataire fournira un cautionnement
en immeubles dont la valeur libre sera du quart
au moins du montant du rôle de la contribution
foncière.
■VI. Le receveur particulier de l'arrondissement
fera fournir, sur sa responsabilité personnelle,
dans la décade qui suivra l'adjudication , le
cautionnement exigé par l'article précédent. A
l'efFel de quoi les maires ou adjoints adresse-
ront , sans délai , au receveur particulier le
procès-verbal d'adjudication.
VIL Dans les dix jours de !a réception de
leur cautionnement, les percepteurs seront tenus
à leurs frais :
1°. De le faire inscrire au bureau de la con-
servation des hypothèques de la situation des
biens , et d'en rapporter ccriilicat au receveur
particulier.
2°. De lui rapporter, dans le même délai,
ï'état certifié par le conservateur des charges et
hypothèques inscrites sur lesdits biens , ou le
certificat qu il n'en existe aucunes.
VIII. Aucun percepteur en exercice ne pourra
se rendre adjudicataire qu'après avoir justifié de
l'entier versement du produit des conttibutions
dont les termes seroiu échus.
IX. A défaut d'adjudicataire, le conseil mu-
nicipal convoqué exlraordinairemenl par le maire
ou «on adjoint . noiinncra d office , dans la pre-
mière décade de fructidor, un percepteur dont
la solvabilité soit connue.
X. Le percepteur nommé d'office qui n'aura
pas fourni de cautionnement , ne jouira que
d'une remise de trois centimes par franc : la
remise sera de cinq centimes s'il fournit le cau-
tionnement déterminé par l'art. V.
XL S'il se trouve un déficit dans la caisse d'un
f)erctiitcur dnnt l'insolvabilité soit constatée par
a discussion de ses biens et de ceux de son
cautionnement , et que le receveur particulier , le
rnaire cl les membres du conseil municipal aieiit
s.Misfait , chacun en ce <iui le concerne , aux dis-
positions ci-dessus , l.i somme mamjuanie restera à
la chdrgc de la communauté, et sera réimposée sur
les rôles de la niênie année.
Le sous-préfet est chargé de l'exécution du
prescrit ariiclc.
XIl. Le procès-verbal d'adjudication , l'acte de
nomination d office du perceplcur iicra envoyé
avant le i5 fruciidor , par les maires ou ad-
joints , au sous - préfet qui en donnera récé-
pissé.
XIII. Les rôles de contributions directes seront
rendus exécutoires psr le préfet , dans la décade ,
à compter de, leur réception; il les remettra en-
suite au directeur des coniiibutions . qui les fera
passer , par les contrôleurs, aux maires ou ad-
joints , avant le i"^ vendémiaire de chaque
année.
XIV. Dans les cinq jours qiri suivront la récep-
tion des lôles , les maires ou adjoints les feront
publier , et le.s remettront au percepteur qui en
donnera sa reconnaissance au bas du procès-
verbal.
XV. Le percepteur ne pourra rien exiger des
contribuables qu'il ne soit porteur dun rôle
rendu exécutoire et publié.
XVI. Il émargera sur le rôle, en présence du
contribuable , la somme qu'il recevra ; il croisera
les articles entièrement soldés , et , s il en est
requis par le contribuable-, il lui en donnera
quittance sur papier libre , pour laquelle il ne
pourra rien exiger.
XVII. Les percepteurs qui n'auront fait aucune
poursuite contre les contribuables en relard pen-
dant trois années consécutives , perdront leurs re-
cours et toute action contre eux.
Après ce délai , les maires ou adjoints retire-
ront les rôles et les déposeront aux archives de
l'arrondissement communal.
Organisation des porteurs de contrainte.
XVIII. A compter de lorganisation du présent
règlement , il sera choisi dans chacun des arron-
dissemens communaux des porteurs de con-
traintes chargés exclusivement d'exécuter celles
qui seront décernées par le receveur particulier,
pour le paiementjdes contributions directes.
Les porteuis de contraiotes feront seuls les fonc-
tions d'huissier pour les contributions directes.
Ils ne sont pas assujettis au droit de patentes.
XIX. Les porteurs de contraintes seront choisis
parmi les citoyens de 1 a.iqndissement sachant
lire , écrire , calculer cl ayant un» Jnctrnnion
suffisante pour exécuter toutes les opérations
relatives à leurs fonctions.
Les invalides et les anciens militaires réunissant
ces conditions et munis de certificats de bonne
condiiiie seront choisis de préférence.
Aucun des individus attachés au service du
préfet des sous-préfets et des receveurs , ne
pourra remplir les fonctions de porteurs de
contraintes.
XX. Les porteurs de contraintes setont nommés
par le sous-préfél sur la présentation du receveur
particulier.
Les choix du sous-préfet seront isoumis à
l'approbation du préfet.
Il sera fait un état triple de cette nom'ination,
le premier pour être déposé aux archives de la
préfecture; le second à celles de la sous-préfecture
et le troisième pour être remis au receveur ,
le tout sans frais.
XXI. Le sous-préfet recevra des porteurs de
contraintes la promesse de fidélité à la constitution,
prescrite par la loi ; il en sera fait mention sur
la commission, laquelle ne sera délivrée qu'après
avoir été visée par le préfet.
XXII. Les porteurs de contraintes devront être
munis de leurs commissions dans l'exercice de
leurs fonctions ; ils en feront mention dans leurs
actes . et la présenteront lorsquils en seront
requis.
XXIII. Le nombre des porteurs de contraintes
sera calculé sur la population des communes com-
posant 1 arrondissement communal, et il ne pourra
pas excéder celui de deux par quinze communes
rurales. Dans les villes et gros bourgs , le nom-
bre des porteurs de contraintes' sera calculé pro-
portionnellement à la population de vingt com-
munes rurales.
XXIV. Dans le cas ou les porteurs de con-
traintes seront injuriés , ou s'il leur est fait ré-
bellion , ils se retireront chez le maire ou l'ad-
joint du lieu, pout en dresser procès-verbal et
l'affirmer.
XXV. Les receveurs particuliers seront chargés
de surveiller et de faire surveiller la conduite des
porteurs de contraintes, de prendre à leur égard
tous les renseignemens qui pourront leur être
fournis , soit par les percepteurs , soit par les
contribuables, et de les adresser, sans délai ,'au
sous-préfet de l'arrondissemem.
Celui-ci surveillera lui-mcme et fera surveiller
les porteurs de contraintes par les maires ou ad-
joints.
Le directeur des contributions directes fera
aussi surveiller par les contrôleurs les porteurs
de contraintes , et il transmettra au sous-préfet
les renseignemens qu'il auJa recueiHis sur la con-
duite de cenx-ci.
Les contribuables pourront porter directement
leurs plaintes au sous-])iéret , tiui statuera som-
mairement sur toutes celles qui lui parviendront
contre les porteurs de contrainte; il pourra même
les révoquer, sauf, dans tous les cas , le recours
au prélet.
XXVI. Si les délits donnent lieu par leur nature
a des poursuites extraordinaires , le préfet adresJ
sera les pièces aux juges compélens.
XXVII. Les porteurs de contraintes ne joui-
ront d aucun traitement fixe,' et ne seront payés
qu'autant qu ils seront employés.
Le prix de leurs journées sera réglé chaque
année par le préfet sur l'avis des sous-préfets , et
ne pourra pas excéder deux francs, ni être au-
dessous d'un franc.
L'arrêté du préfet portant cette fixadon , sera
imprimé et affiché.
XXVni. Les porteurs de contraintes ne pour-
ront rien prétendre pour les jours qu'ils auront
été en route en se rendant dans les lieux où ils
doivent être employés , non plus que pour ie
tems qu'ils y auront passé sans travailler; ils ne
pourront , étant en activité de service , exiger
dupercepteur ni des redevables que le logement ,
la nourriture et une place au feu commun.
Il leur est expressément défendu de se loger
à lauberge , aux frais des redevables , même sur
la demande de ceux-ci.
Il leur est également défendu de recevoir ni
des percepteurs ni des redevables , le prix de leur
travail qui ne devra leur être payé que par le
receveur particulier d'après la taxe qui en aura
été faite.
- XXIX. Les procès-verbaux et actes des por-
teurs de contraintes relatifs à leur séjour chez
les percepteurs et ctiez les redevables ne seront
soumis ni au timbre ni; à l'enregistrement; mats
le commandement qui précédera les saisies et
vente sera assujetti à ces droits.
XXX. Les receveurs particuliers décerneront
dans leurs arrondisserhens respectifs , les con-
traintes contre les percepteurs et les contribuables
en relard de se libérer.
Les contraintes seront signées par le receveur
particulier et ne pourront être rni«es a exécu-
tion qu'après avoir été visées par le sous-préfet dS
1 airondissement.
Elles seront conformes au modèle annexé au
présent règlement sous le n° i'^'.
^ I I I.
Contraintes et poursuites à exercer contre les
percepteurs.
XXXI. Les porteurs de contraintes vérifieront
à leur arrivée , en présence du maire et de
son adjoint , la situation du percepteur , d'après
les sommes qu'il aura reçues et les quittances
que le receveur lui aura délivrées.
XXXI. Les porteurs de contraintes s'établiront
à domicile léel chez le percepteur et à ses frais
sans répétition contre les redevables et avant de
pouvoir exercer contre eux aucune contrainte
ni poursuite dans les cas suivans.
1°. Si sur les information que prendrontd'abord
les porteurs de contraintes . les maires et adjoints
leur attestent par écrit, que le percepteur n'a
pas tait toutes les diligences auxquelles il est
obligé pour dispenser le receveur de poursuivre
les redevables.
2°. Si le percepteur a recouvré et conservé
entre ses mains le tiers de la somme exigée par
la dernière contrainte.
3**. Si le petcepieur a commis un divertis-
sement de deniers , constaté par un procès-
verbal des porteurs de contraintes, affirmé devant
le maire ou son adjoint.
XXXIII. Aussitôt que le receveur particulier
aura été informé d un divertissement de deniers ,
il fera faire à I instant toutes les saisies el actes
conservatoires.
Il pourra, en outre, décerner une contrainte
par corps contre le percepteur, laquelle ne
pourra néanmoins être mise en exécution qu'avec
ie visa du juge-dc-paix.
129©
XXXIV. Le receveur panîciilier enverra aussi
le procès-verbal el les pièces à l'appui au sous-
prélct qui ordonneia au nuiire ou à son adjoiiil
de procéder sans retard , sous peine de responsa-
bililé à une nouvelle adjudication de ce qui
restera à recouvrer sur les rôles ; en conséquence
le receveur particulier fera remettre dans le jour,
s il est possible , au maire ou à son adjoint ,
les rôles avec l'éiat des sommes à recouvrer.
A délaut d'adjudicataire le conseil-municipal
nommera d'oiiice un percepteur.
XXXV. Si , dans les cinq jours suivans , la
somme divertie n'est pas remplacée , le rece-
veur particulier fera procéder à la,vente des meu-
bles cl eflTeis du percepteur , même à l'expro-
priation forcée de ses immeubles , pardevant les
jiiges corapétens , jusqu'à concurrence de ladite
somme ; et en cas d'insuffisance , il sera procédé
pyr les mêmes voies sur le cautionnement.
XXXVI. Les mesures prescrites par les articles
qui précèdent, n'empêcheront pas les poursuites
extraordinaires auxquelles le divertissement de
denier? pourrait donner lieu.
XXXVII. To.us les frais faits à l'occasion d'un
diveiiissement de deniers seront à la charge des
percepteurs , et seront réglés par les sous-préfets
sans le recours au préfet , à I exception des frais
faits devant les tribunaux , lesquels seront réglés
en la forme ordinaire. '
XXXVIII. Les maires et adjoints vérifieront ,
toutes les décades , les rôles du percepteur.
Ils dresseront , chuque mois , un procès-verbal
de leurs vérifications , conformément au modèle
annexé au présent , sous le n" II, et l'enverront
au sous-prélet.
XXXIX. Les porteurs de contraintes ne pour-
ront rester plus de cinq jours consécutifs chez le
même percepteur.
S I V.
, Contraintes tt poursuites à exercer contre tes
redevables.
XL. Les porteurs d'une contrainte la présente-
ront , à leur arrivée , au maire ou à son adjoint ,
et ei^ demandcrout la publication.
XLI. Après que les porteurs de contraintes
auront vérihé que le percepteur ne se trouve
pas dans le cas prévu par l'art. XXXII , ils feront ,
sur le rôle , le relevé des contribuables en retard,
les poiteront sur un bulletin , et distribueront à
chacun des redevables un avertissement sur papier
non timbré , conformément au modèle annexé au
présent règlement, sous le n° III.
. Il ne sera payé que cinq centimes pour chaque
avertissement , par le redevable qui l'aura reçu.
Les porteurs de contraintes passeront successi-
vement dans les autres communes comprises dans
la contrainte , pour y faire la même opération.
XLII. Le percepteur , à la première réquisi-
lion-faifb en priaonec du mair, <,>J dt 3<JH oUjOlUt,
indiquera aux porteurs de contrainte la demeure
et les facultés connues des redevables : en cas
de refus de la part du percepteur , les porteurs
de contraintes s'é'abliront à domicile réel chez
celui-ci à ses frais , et sans répétition contre les
redevables.
XLIII. Qiiand les porteurs de contraintes au-
ront "distribué leurs avertissemens dans toutes les
communes qui y seront~désignées , ils viendront
en rendre compte au receveur particulier , lui
présenteront de nouveau la contrainte à viser ,
et partiront ensuite pour séjourner chez les rede-
vables qui n'auront pas satisfait à l'avertissement.
XLIV. Les porteurs d'une contrainte ne pour-
ront séjourner plus de dix jours dans la même
commune, et plus de deux jours chez un re-
devable.
Ils s'établiront d'abord à domicile chez le plus
fort contribuable en retard, et successivement
chez les autres, toujours en continuant par le
plus fort.
Les porteurs de contraintes ne pourront pas
s'établir à domicile chez les redevables qui paie-
ront moins de quarante francs de contributions
directes.
Les frais de séjour des porteurs de contraintes,
seront répartis sur tous les redevables de la com-
mune , en proportion de leur débet.
XLV. Après les dix jours fixés par l'article pré-
cédent , le bulletin, conforme au modèle an-
nexé au présent règlement sous le n° IV , sera
^rempli et fait double : il sera signé par les por-
teurs de contraintes et certifié par les maires
et adjoints; il sera ensuite remis cacheté au'
percepteur , qui le portera au receveur particulier
avec les sommes que le séjour des porteurs de
contraintes lui aura procurées.
XLVI. A mesure que les bulletins parviendront
au receveur particulier , il les adressera au sous-
préfet pour en régler la taxe , qui se fera sans
frais , et ne pourra jamais excéder le huitième
de la somme due.
XLVII. Le sous - préfet renverra sans retard
les bulletins taxés , au receveur particulier qui
en gardera un double , et remettra l'autre quit-
tancé de lui au percepteur , après lui en avoir
retenu le montant , dont celui-ci se remboursera
sur les redevables en leur donnant quittance.
XLVIII. Le receveur panicuher payera sur le
labour , les harnais et instrumens aratoires ni
bulletin taxé resté entre ses mains, lés sa-laires
des porteurs de contraintes qui lui en do.anBliuat.lJes outils et métiers à travailler.
<}uitlance. • ^' ' ' '" '
XLIX. A la fin de chaque année , le receveur
particulier rendra au sous - préfet un compte
général des frais établis en recette et dépense
par les quittances des porteurs de contrainte.
L. Les porteurs de contraintes ne pourront dans
aucun cas ni sous aucun prétexte recevoir aucune
somme des percepteurs ni des contribuables pour
les porter au receveur particulier , à peine de
destiiuiion et de restitution des sommes reçues.
Il est défendu aux percepteurs et aux redevables
de leur en confier , a peine de payer deux fois.
LI. Après les dix jours fixés par l'art: XLIV,
le percepteur pourra faire procéder pnr \oic
de saisie et ventedes meubles et effets , même
des fruits pendans par racines , contre les con-
tribuables (jui n'auront pas acquitté leurs con-
tributions échues.
LU. Ne pourront être saisis pour contributions
arriéièes, et pour frais f:uls et refu5és , les lits ,
vêtemciis nécessaires au contribuable et à sa lamille,
les chevaux, mulets et bêtes de trait servant au
Il sera laissé au contribuable en retard , une
vache à lait : à défaut de vache une chèvre ,
ainsi que la quantité de grains ou graines néces-
saires à l'ensemencement ordinaire des terres qu'il
exploite.
Les abeilles , les vers-à-soye , les feuilles de
mûrier ne seront saisissables que dans les lems
déterminés parles lois, sur les bien s et usages
ruraux. .■
Les porteurs de contraintes qui contreviendront
à ces dispositions seront condamnés à lob francs
d'amende.
LUI. Les fonctions attribuées aux sous-préfetS
et aux receveurs particuliers par le présent règle-
ment seront respective ment exercées par les préfets
et receveurs généraux dans l'arrondissement cofti-
munal du chef lieu du département.
LIV. Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera imprimé
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le pre.mier consul ,
Le secrétaire -d'état , signé , H. B. Maret.
Contrainte.
Arrondissement communal
d
NO le
Contrainte décernée par le receveur particulier des contribu-
tions directes , soussigné pour l'an en exécution de l'arrêté
des consuls de la république , du rontre les percep-
teurs et redevables des communes ci-après mentionnées , et déli-
vrée aux citoyens lesquels porteurs de cojjtrainta
seiotit payés à raisoh de par jour , ainsi qu'il a.
été fixé par arrêté du préfet du départe nient , en date du
les(iuels porteursVe contrainte seront tenus' de faire
viser la présente contrainte par' le sous-préfet de l'arrondissement
avant de la mettte à exécution , à peine de nullité.
Savoir:
Communes.
Sommes ducs par
chacune desd. com-
munes pour le paie-
ment desquelles la
contrainte sera exer-
cée , soit sur les per-
cepteurs , soit sur les
redevables.
Somme demandée
pendant le séjour
que feront les por-
teurs de contrainte
Oiîservations faites par le
receveur pour la conduite que les
porteurs de contraintes doivent tenir
dans chaque commune.
par mot
Au paiement desquelles sommes seront les percepteurs et redevables des villes , bourgs et
autres lieux , poursuivis chacun en droit soi , par séjours des porteurs de contraintes , à l'effet
de quoi ceux-ci s'établiront à domicile réel chez les percepteurs et redevables arriérés , jusqu'à
ce qu'ils aient payé ce qu'ils doivent des contributions sur les termes échus , sans toutefois que
lesdits porteurs de contraintes puissent demeurer plus de deux jours chez chacun desdits rede-
vables , et plus de cinq chez chacun des percepteurs ; après lesquels délais , les percepteurs et
redevables seront poursuivis s'ils ne se sont pas acquittés.
Fait et délivré au bureau de l'arrondissement de recette d
receveur dudil arrondissement , le an
Vu par moi sous-préfet dudit arrondissement, pour être exécuté selon sa forme et teneur.
A le . an
N" I l.
Frocès-verbal de la vérification des rôles du percepteur.
Le du mois de - an de la république
française une et indivisible , les maire et adjoint de la commune de se sont
transportés chez le percepteur des contributions directes , et se sont fait représenter i° le rôle
de la eontribution foncière ; 2° celui de la contribution personnelle , mobiUaire et sompiuaire ;
3° celui delà contribution des portes et fenêtre', et ont reconnu
[ Ici constater quelle somme a été
^■]
Ils se sont assurés de plus
oncer si la son
versemeiit n'ai
ic recouvréa dans le moîî
it pas eu lieu , enjoindr
précédent ; si les émargemens ont été exactement
édent a été versée au receveur particulii
percepteur de l'eÉFectucr. )
Fait à
lesdits jour et an.
A u
N" I IL
nom de la loi.
Je soussigné porteur de contraintes pour le recouvrement des contributions directes ,
signifie au citoyeii de la commune de , que faute par lui
d'avoir payé dans un très-court délai la somme de , échue des contribuions
de l'an , je m'établirai à domicile réel chez lui et à ses frais.
A le
an de la république.
Recette particulière
de l'arrondissement communal
N°IV.
lâgi
BULLETIN des porteurs de contraintes dressé en exe'cution
de l'arrêté du
DEPAaTEMEMT
d
Argent .
Fiais. .
Total;
NOMS etSIGNATURES
des porteurs
de contraintes.
SOMME PORTEE
sur la
contrainte.
SOMME TROUVEE
en course,
ïu moment de l'arrivée
des porteurs
de contraintes.
SOMME PAYEE
pendant je séjour
das porteurs
de contraintes ,
et lors de leur départ.
DATE et HEURE
le l'arrivée des porteur
de contrauites
dans la commune
pour distribuer
les avcrlissemens ;
date et heure
de leur départ.
DATE et HEURE ! NOMBRE DES JOU'RS |
de la rentrée des portcurfi
de conirainies
pour séjourner ;
date et heure
auxquelles ils ont
terminé leur séjour.
employés
par les porteurs
de contraintes.
Kola Les maire et adjoints doivent
avoir l'attention de ne signer que pour
le nombre effectif de jours qni auront
été employés. .
Nous Maire , adjoint et percepteur de la commune de
Certifions le présent état véritable , et que les porteurs de contraintes sont
restés
jour ^
Fait audit lieu , le an
SOLDE
des porteurs de contraintes.
NOMS
des
REDEVABLES.
TOTAL
de leurs
contributions
pour l'an
P AIEMENS
faits
avant l'atrivée
des porteurs
de contraintes.
RESTANT DU
lors du départ
PA lEM EN s
faits
pendant le séjour
des porteurs des porteurs
de contraintes, de contraintes
FRAIS TAXES
pour
le paiement
des porteurs
de contraintes.
EMARGFMENT
du paiement fait
au percepteur
pour les frais
à la charge
de chaque
redevable.
OBSESVATlONS.
Arrêté du 17 thermidor.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la justice , le conseil d état entendu,
arrêtent :
Art. !='■. Il ne peut être perçu , d'après la loi du
1~ fructidor an 7 , aucun droit sur la bierre fabri-
quée dans la ville de Dunkerque ; en conséquence
il n'y a lieu à aucunes poursuites pour paiement
de droit contre les brasseurs pour bierre fabriquée
dans l'intérieur de Dunkerque.
II. Le conseil municipal de Dunkerque pré-
sentera au gouvernement , pour être par lui , s il
y a lieu , délinitivement arrêté le projet de tarif
et de règlement qu il croira convenable pour éta-
blir et percevoir un droit d'octroi sur la bierre et
autres objets de consommation.
III. Le ministre de lajustice et celui de l'inté-
rieur sont chargés de l'exécution de cet arrêté.
IV. Le présent arrêté sera imprimé au bulletin
des lois. ,,
Leprertiier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport du
ministre de la guerre , le consseil-d'état entendu ,
arrêtent :
Art. 1"^. La régie nationale des poudres et sal-
pêtres est autorisée à tenir compte aux salpêtriers
des sommes qu ils sont dans le cas de payer,
tant pour le transport des terres et démolition
salpêtrées que pour celui du salpêtre.
Elle pourra autoriser les commissaires des pou-
dres à traiter par abonnement avec les salpêtriers
de leurs arrondissemens respectifs.
II. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté, qui sera inséré au bulletin
des lois.
Signi , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal, signé , H. B. Maret.
j répandre dans le public , qu il s'était manifesté une
épidémie à 1 hospice d humanité : lécole de mé-
I decine, qu'il a consultée , dément ce bruit , en
I assurant qu'aucun symptôme ne permet de le
soupçonner, et rien ne prouve mieux la faus-
seté de cette nouvelle que le fait constant que
j le nombre des morts, à cet hospice , a été moindre
ce mois-ci c^ue les mois précédens.
Géraud-Falachon. , chef des brigands qui
ont assassiné le courier de Nantes , en pluviôse
dernier , vient d'être découvert à Paris , et arrêté
par les ordres du préfet de police, qui le fesait
rechercher.
JV. B. On a trouvé sur lui les traces des coups
de pistolet que le courier lui avait tirés en se
défendant.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris , le 19 thermidor , an H de la Uépnblique-fran-
r^aise , une et indivisible.
AVIS.
Le préfet de policr prévient ses concitoyens ,
que mal à pro}>os des persoanes ont cherché à
Les artistes qui composent le Conservatoire de
musique ont célébré, le 16 de ce mo^s , l'anni-
versaire de la création de cet établissement.
Ceux qui connaissent toute la puissance de la
musiqtie sur les hommes , savent quel parti l'on
peut lirer du Consetvaioire ; et ceux qui sont
sensibles à la gloire de la république, savent com-
bien d'élevés il a fourni à la musique militaire.
Les premiers talens étaient réunis à celte fêle
charmante , qui a commencé à deux heures par
un concert. On y a entendu madame Grassini. qui
a bien complettcment justifié la léputation dont
elle jouit. Elle a chanté de la manière la plus
brillante une scène de Mazolini.
Blanchi a chanté avec une voix charmante et
une méthode parfaite un air de Guesch,
Romberg , qui arrive de Portiigal pour se rendre
en Allemagne , l'un des premiers artistes qu'on
ait entendus jusqu'à présent sur le violoncelle,
a exécuté un concerto de sa composition.
On n'a pu voir sans intérêt l'empressement et
la grâce, avec lesquels ces aitistes étrangers ont
concouru à cette ïêie , et les témoignages d'ad-
miration et d'estime que leur ont donnés à nlu-
sieurs reprises les artistes français qui leS accora-
pagnaieiii ; l'orchestre était composé des plus
glands takns que possède ha France.
Ce concert j été suivi d'un banquet ovi se
trouvaient placés , à côié de leurs professeurs , les
élèves du conservatoire qui ont remporté les pre-
miers jiiix aux concours de l'an 5 , de I an 6 et
de l'an 7.
On -y z ha : A ta république. '
Au gouvernement , protecteur des arts.
Aux génies gui ont reculé les bornes de l'art
musical.
A I union des artistes.
Aux talens qui ont illustre' les écoles de l'Europe,
Aux progrès des élevés du conservatoire.
A la paix.
Le cit. Dugazon a chanté d^;s coupjels pleins
de gaieté à l'honneur des aitistes étrangers qui
assistaient au. banquet.
Le lêie a été terminée par un bal auquel onr
assisté les femmes des artistes du conservatoire et
les jeunes élevés.
La réunion de tant de talens ne pouvait qu'ins-
pirer une gaieté aimable , douce et décente.
Le minisnc de 1 iniérieur a assisté au concert.
Les amis des aris ne peuvent trop louer, en-
courager, soutenir le conservatoire de musique,
l'un des établissemens qui a le mieux rempli
l'objei pour lequel il a élé formé.
Nous rendrons compte des principes élémen-
taires de musique , que vient de faiie imprimer
le conservatoire; cet ouvrage utile, f.it par
les hommes les plus habiles "coniriûuera beau-
coup à renclre l'enseignement de la musique
plus facile et à prévenir les dangers des mauvaises
méthodes qui nuisent tant aux progrès de l'art.
D.
CINQ_UIEME LISTE
Des souscripteurs pour le monument à élever à la.
mémoire du général Vesaix.
fr. c.
Total des quatre premières listes ,
Charles-Joseph Desoer , receveur-
général du départ, de l'Ourthe ,
à Liège ,
Les entrepreneurs des équipages
d'artillerie à l'armée du Rhin, com-
pagnie A. Julien ,
Le général de brigade Levavasseur,
adjoint à la division générale de
l'atillcric de la marine ,
Delarue , Porte Saint-Antoine , mai-
son Beaumarchais ,
Le général Laclos , commandant
en second de l'équipage de siège
de l'armée de réserve ,
16,554 5o
36
3o3 i5
«4
«4
16,965 65
De l'autre part
Le citoyen Duidnd , professeur d'ar-
chitecture à l'école ypjyieclinique,
Lebas , ex-agent particulier du gotr-
"vérnçment aux. îjeSigljSjljAmérique,
Saime -Croix Lebas, capitaine de
; £régatev,~. .....,.-.. .-,,„..
Es^directo,il■e|^^(Ç^tJal des hôpitaux,-
fi militaires , - , , .
É^vrois, .^éfBCtial de brigade , com-
mandant dans le djépartement de
; ht Meuse-iiil'érienrê , ■
Le chef et les employés du bureau
ij des remontes au ministère de la "
i_.guetre,
teoulée , à Compiegne ,
Victor Birnes , receveur-général de
■ la Manche , '
Sauvinet , receveur de Quimper ,
déparlement du Finistère ,
Les professeurs et administrateurs du
; Muséum d histoire naturelle à Paris,
Bélanger , rue du faubourg Poisson-
nière , n" 21 ,
Lespallier, conseiller-d'état,
Pierre Baugier , commandant la
garde nationale de Niort,
Les administrateurs , artistes et pré-
posés du théâtre des Ans ,
Félix Desportes , secrétaire-général
' du ministère de l'iniérieur,
Lacepede , membre du sénat-con-
servateur ,
Rallier , membre du corps-législatif.
L'amiral I3ruix,.rue Caumartin , n°
742 ,
Befort , rue Neuve des Maihurins ,
n" 687 ,
Roydot , ex-secrétaire - général à la
Guadeloupe, rue Basse du Rem-
part , n" 35o ,
Le général Marmont , conseiller-
d état , rue Saint-Lazare , n" 77 ,
Fabre-la-Mariilliere , commandant
en chef l'artillerie de l'armée
d'Italie ,
Delaitre , préfet d'Eure-et-Loire à
Chartres ,
Kauffmann , capitaine-lieutenant de
de gendarmerie àEvreux ,
Les profess'eurs de l'école centrale
du déparlement' de l'Eure : les
citoyens Desoria , Lariois , Del-
zeuzes , Verdieres , Leroux , Le-
lebours , Ozanne ,
Louis Thoraé , reritier à Lyon ,
Bernard Tromelin, rentier à Lyon ,
Thabaud , administrateur de la lo-
terie nationale ,
Maisoncelle , secrétaire de l'admi-
nistration de la loterie nationale ,
P. G. Chanlaire , géographe , rue
Geoffroy-Langevin , 11° SjS,
Geraudoo , commissaire des guerres
à Schlestadt , Haut-Rhin ,
Fauchet, préfet du département du
Var,
Garnier , préfet du département de
Jemmappes ,
Barrairon , régisseur de l'enregistre-
ment et des domaines,
Musset, préfet du département de la
Creuse ,
Le contre-amiral Gantheaume, con-
seiller-d'état ,
Bonnaire , préfet du département
des Hautes-Alpes, à Gap,
Le général Chalbos , commandant
la 25'^ division militaire,
Lalue , capitaine-aide-de-camp du
général divisionnaire Chalbos ,
commandant la 25^ division mi-
litaire ,
Jh. Marie Savanié , capitaine-aide-
de-camp dudit général Chalbos ,
Le général de division Begninot ,
commandant la 2'= division à
Mézieres ,
Belleville , membre du corps-légis-
latif.
Lacombe-Saint-Michel , général de
de division , commandant en chef
l'artillerie de siège à l'armée de
réserve.
16965
24
5o
24
, 36
-i
36
100
24
24
24
540
24
24
24
24
24
24
5o
36
24
5o
24
24
24
6
24
24
24
24
24
S4
24
25
24
18712
1292
. ,^ , , Ci-c&mre-- -y- •
Sàvàry ^''cn'éf ^de brigade' , ancien
aide-de-cainp du général Dcsaix,
maintenant aide-de-camp du pre-
mier consul.
Rapp,chcf de brigade . ancien aide-
de-camp du général DcsaIx , niain-
tenant aidc-de-camp du premier
consul. ,. ;
Gcniieville , coramissaire^(les,,gupr-
n,s , ailaché à la division en
E^^^pte. >
Colbert , ■xhef, de brigade', ancien
aide-de-camp du général Mural.
Dupip , préfet du déparlement des
deux Sèvres.
'Vitry , du iklont-Bianc , préfet du
département de la Lys , à Bruges.
Philippe Augier , sous -préfet .de
rarroiidissement de Rochelort,, à
Rochefori.
Total jusqu'à ce jour. — livres ou fr. 18892 65
Le comité d'administration a nommé dans sa
séance du 12 thermidor, le citoyen Pastoret ,
président et le citoyen Delessert , secrétaire. l'I
a élé arrêié que les fonds seraient déposés à
la banque de France et qu'à cet eÉFet le secré-
taire serait chargé de recevoir les sommes , d'en
donner quiitance , et de les verser ensuite à la
banque de France. ,
Le comité a arrêié , en outre , qu'avant de
fixer la rédaction du programme pour le con-
cours, les souscripteurs , artistes et autres citoyens
seraient invités à donner par écrit leurs idées,
tarit sur l'emplacement que sur l.i forme à donner
au monument et de les envoyer au comité qui
se lient chez le citoyen Delessert , rue Coqueron,
n° 58, oii l'on reçoit actuellement les souscrip-
tions.
Tableau historique de la pêche de la baleine , par
S. B.J.Noël, membre du jury d instruction pu-
blique de Rouen , des sociétés des sciences de
Paris . Ratisbonne , Dijon , etc. A Paris , chez
Fuchs , libraire , maison de Cluny , rue des Ma-
thurins.
L'auteur de cet ouvrage est déjà connu par
diflérens essais sur l'Histoire naturelle des Poissons
et sur Véconomie des pèches maritimes. Le témoignage
le plus autheniique rendu à ses travaux en ce
genre , se trouve consigné dans le deuxième vo-
lume dcl'Icthyologie du savant continualeur de
Bufîon . qui vient de paraître. Le cit. Lacepede y
y ciie , en beaucoup d'endroits , l'opinion du
cit. Noël . comme autorité , et indique les difFé-
tenles espèces qu'il a découvertes et dont il a
enrichi la science des poissons , bien moins avan-
cée que celle des quadrupèdes et des oiseaux.
Le tableau historique de la pêche de la baleine que
publie notre conciioyen , présente une partie
détachée du grand travail dont il s'occupe , et
quoique rapidement tiacé , il donne une idée po-
sitive et juste de touie l'importance que nous
devons attacher à la restauration des pêches
nationales , puisque celle de notre marine en
dépend.
Le cit. Noël présente d'abord, des vues générales
sur l'antiquité de la pêche de la baleine ; elles sont
suivies d un tableau de l'état actuel des pêches de
ces énormes poissons,, tant enEurope qu en Amé-
rique , et de réflexions sur les moyens de ranimer
chez nous les entreprises et les armemens pour la
côte du Groenland. Il insiste sur la nécessité
d'offrir des primes aux armaieurs , des encoura-
gemens aux pêcheurs étrangers qui voudront
se fixer dans nos ports, et y trouver une patrie
adoptive. Il voit dans celte mesure l'un des
principaux moyens de relever celle des pêches
françaises qui a le plus souffert de la révolution.
itEh.' comment, dit-il, la France parvien-
drait-elle à raviver cette branche de son indus-
trie maritime, qu'aura si long- lems desséché le
soufle brûlant de la guerre , si elle ne recourait
aux moyens qu'a employés sa rivale , sur-toui
depuis que ses colonies d'Amérique dtii pro-
clamé leur indépendance ? L'Angleterre est par-
venue à intéresser, à ses succès des milliers de
matelots étrangers qui se sont arrachés aux affec-
tions les plus chères , pour suivre aveuglément
sa fortune.
!> Croit-on que sans la séduisante amorce de ce
métal brillant avec lequel on acheté la sueur et le
sang des hommes, ces n^alelois seraient aujour-
d'hui les instrumens secondaires de la prospé-
rité du commerce anglais , de ce commerce qui
pompe à lui seul tous les sucs du trafic et des
échanges des deux hémisphères ?
!j Pense-t-on' aussi que sur le simple désir que
18712 65 ! manifesterait la république, en invii-iiii les arma-
leuis à teiiler des expéditions noiiVtUcs , les
meilleurs harpoiineurs de la Frise, cieSleswig,
de la Hollande , de l'Amérique même , quitte-
raient sponianément le- service de l'Angleierre ,
qui les paie laigcmerft , et viendraiL-nt s'établir
en Fiance ? Non , il ne faut pas s abandonner à
celte illusion irompcuse; c'est créer à son iman
ginalion des rêves, pour lui servir daliment.j
C'est , je le répele , à la seule taveuTj dp J'pi^
que la France devra l'espiit, 1 acliviié , l'énergiiS
propres à diriger celle utile et grande eritteprise ,''
qui restera inerte , comme un corps sans chaleur ,
si les primes çlu gouverneifient n'en avivent lé'
projet et l'exécution.
)i Attirons donc chez nous ces industrieux,
ces intrépides maielois, harponne''urs et capitaines;
offrons des faveurs de tout genre à ceux qui
prendront du service en France , et dans quelr
ques années, récompensés de nos sacrifices,
nous pourrons nous écrier avec orgueil, que
la France est encore la pairie des Basques, des
Malouins et des Dunkerquois. '>
L ouvrage est terminé par des tableaux d'ar4
meraens et de produits de pêche , tant en France
que chez l'étranger.
24
24
24
24
36
G O U K S DU
Bourse du 19 thermidor.-
C H A N G E.
- Cours des effets publics.
60 , jours.
Amsterdam banco.
Courant
Hamtiourg
Madrid
Effectif.
Cadix . .
Efl'ectif
Gênes effectif
Livourne
A 3o
/-"W
56
188
5 ;r
10c.
I4f'r
5o c.
5 Ir
10c.
Hb-
3oc.
4fr
55 c.
4lr
93 c.
57i
1S7
I f
Effets publics.
Rente provisoire 23 fr. 63 ci
Tiers consolidé 36 fr. 5o c.
Bons deux tiers 1 fr. 62 c.
Bons d'arréragé 84 tr.
Bons pour l'an 8 . 85 fr. 3o C.
Syndical 65 fr. 5o cl
Coupures 65 ft. :
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Change.
Lyon au p. à vue.
Marseille... au p. à 25.
Bordeaux.... 5 p. à vue.
Montpellier.. { ,p. à 25 jours.
SPECTACLES.
Théâtre de l.\ Republiqije et des Arts.
Dem. Hécnbe . et le ballet de Héro et Léandre.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Pièce cu-^
rieuse; Pour et Contre , et te Faucon. ■
Théâtre DE la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la 1"^'^ repr. de une Faute de l'amour , suivie
de l'Epreuve excusable.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherinei.
Dem. la 3= /epr. des Charlatans littéraires, com.
nouv. en 5 actes.
,317:
Erratum de la feuille du 17 thermidor. —
— 1'^''^ colonne. — 65' ligne.
Au lieu de — La Grande-Bretagne ne produit
point assez de grains pour la nour-
riture et le nombre des nouvelles
clôtures.
Lisez — La Grande-Bretagne ne produit
point assez de grains pour la nou-
riture de ses habitans , malgré les
progrès de l'agriculture et le nombre
des nouvelles clôtures.
JV. B. Nous reconnaissons avec plaisir que
nous devons la réparation de cette omission au
Publiciste qui a remarqué avec be.aucoup de
SAGACITÉ que la phrase tronquée ne présentant
aucun sens , cela pouvait venir d'une faute
d impression.
■ — Le même Journal vom apprend que le quarter
est composé de huit bushels de. 56 à 60 livres ,
chacun. — Nous croyons que le quarter est de
huit bushels dont chacun coiiiient environ 48 livres
de froment; mais nous convenons qu'à moins
que ces 384 .livres de bled ne soient dans ua
sac , elles forment un quarter et non un SAC.
L'article qui a donné lieu à ces observations
du Publiciste était copié du Courrier de Londres ,
journal français qui s'imprime en Angleterre.
Nous avions pris soin d'en avertir nos lecteurs ,
ainsi qu'on peut le voir à la fin de la 7' colonne
du n" 317. — 17 ihermidor an S.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE
N" 321,
ALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
PrimTdi, 21 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés i prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T £ U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemen: . les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux scleiices , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 3i juillet ( 12 thermidor. ) -- Extrait
du Morning-Posl.
JLje roi s'est rendu avant-hier à la chambre des
pairs , et après avoii donné la sanction à plusieurs
bills , il a clos la session du parlement . qui ,
probablement, sera le dernier parlement anglais;
car il y a apparence que la prochaine session nous
donnera un parlement impérial. >
Les discours de clôture sont d'ordinaire insigni-
fians , et celui prononcé par S. M. en prorogeant
le parlement , l'a prouvé de reste. Pas un mot
sur la grande question de la paix ou de la guerre ;
verba et voces ., pmtereaque nihil.
Que les minisires se soient abstenus de faire
mention dans le discours de quelques succès à
venir contre les français, tout présomptueux,
«eut charlatans qu'ils sont , cela se peut conce-
voir d après l'affaire de Maiingo ; mais qu'ils
n'aient pas même misdans labouche du monarque
le mot de paix, eux qui sont habitués à entre-
larder ( to interlad ) ses discours au parlement de
phrases ambiguës îendanles à nous bercer de
quelque espoir sur notre vœu le plus cher , voilà
ce qui nous désole.
La partie h plus remarquable du dernier dis-
cours est celle qui déclare l'état floii.isant du
jevenu , du commerceet des ressources du pays,
en convenant néanmoins de la rareté , ou plutôt
du haut prix du pain. Nous doutons de cette
rareté ; quant au haut prix , nous le sentons ,
et nous craignons bien de le ressentir davantage ,
pour peu que le revenu et le commerce aillent
ainsi en florissant ; car les gens les plus instruits
attribuent la cherté actuelle des subsistances à
l'accroissement de la dette nationale et du revenu
(autrement les taxes j ainsi qu'à l'aboiid<iin.c du
papier-monnaie , qui est un nouveau capital ,
lécl ou artificiel. Si cette opinion est , malheu-
reusement, juste , la détresse, du pauvre suivra
la progression de l'état Jlorissant du revenu, et
nous voil.T , ainsi que le remarque un législa-
teur français , comme Midas , convertissant en
or tout ce que nous touchons , tandis qtie nous
manquons de pain. '
Sn majesté le peupleangtais s'est avisé cependant de
se fâcher contre 'e premier minisire de Georges III.
Au retour de M. Pin du parlement , un détache-
ment nombreux du peuple a suivi sa voiture ,
en le huant et le sifflant. Il est fâcheux que notre
souverain le seigneur roi ne soit pas delà même
opinion que notre souverain jfoAn Bulle.
Le parlement est prorogé au mardi 7 octobre
prochain.
INTÉRIEUR.
Paris , le 20 thermidor.
La gazette de Prcsbourg annonce qu'un violent
incendie a consumé , le 3o messidor , cent deux
maisons de celte ville. La maison, du comman-
dant, les boucheries de la ville et plusieurs beaux
hôtels sont du nombre rk-s bâtimens qui ont été la
proie des flammes. Le vent poussai t le leu avec
tant de violence , iju un bateau qui était à l'ancre
au milieu du Danube , faillit êire embrasé. La
perle est estimée cinq millions.
— Tous nos journaux annoncent que les an-
glais ont )..-vé le blocus de Dunkcrque, depuis
qu'ils savent que les frégates qui étaient dans la
rade de cette place , sont entrées dans le port de
Flessingue.
La fête du 14 juillet, qui a élé célébrée à
Paris avec tani de pompe et' d éclat , a été comme
l'on sait solennisée, le même jour, dans (oute
l'étendue de la république. Chaque chef-lieu de
dépavlement a éié témoin d'une fête plus ou
moins brillanle; et quoiqu'en général on trouve
dans les détails de ces cérémonies , une ressem-
blance que devait nécessairement occasionner
l'identité de circonstance et de motifs , il est satis-
fesant pour l'ami de la république , de voir dans
les diverses relations , quelle uniformité d'opi-
nions rcj^nc aujourd'hui d'un bout à l'autre de
Ta France , et d'observer comment toutes les affec-
tions se confond'ent dans un sentiment coir>aiun
d'amour de la liberté et de confiance dans le
gouvernement qui la garantit.
Etnpressés de faire partager cette impression à
nos lecteurs, nous avons regretté de ne pouvoir
publier tous les récits qui nous ont élé adressés
à ce sujet. Pour e'viier la monotonie qu'entraî-
ner.iit la répétition de faits à peu-près pareils,
nous choisissons dans un grand nombre de rap-
ports quelques particularités qui nous ont paru
suffire pour faire juger de l'esprit général qui a
présidé à cette grande solennité.
— A Bordeaux, le 24 nressidor, le théâtre a
été ouvert au peuple : on y a représenté les
Horaces et le Marchand de Smj/rne. Le 25, toutes
les autorités civiles et militaires s'étant réunies sur
la place de la Liberté , le citoyen Thibaudeau ,
préfet, avant de poser la première pierre de la
colonne départementale, a prononcé un discours
dans lequel se remarquent les traits suivans :
'» Cette riche moisson de gloire que tant de na-
tions diverses n'ont pu ramasser que pendant des
siècles, la France la recueillie dans le court
espace de quelques années...... C'est par' ses
armées que la France , déjà grande par ses ri-
chesses et _ par ses lumières , déjà au premier
rang parmi les puissances, a rriérité d'être appe-
lée , par loute la terre , la grande nation. Quelle
cause enfanta donc tant de prodiges ?la liberté. . .
elle développa dans un soldat les qualités du
général; elle fil de tous les soldats des héros
C'est une chose nouvelle dans les fastes de l'his-
toire , qu'une nation puissante , armée pour ven-
ger les outrages faits à son indépendance , terras-
sant ses ennemis et leur demandant la paix
Que cette colonne dont nous jetions aujourd'hui
les premiers fondemens , offre sans cesse à tous
les regards de grands exemples à imiter
Que le tems qui dévore tout respecte ce nou-
veau panthéon ; et que les contemporains des
ruines qui , par la succession 'des siècles , rern-
placent tous les ouvrages des hommes , puissent
rlire pn^^ro =.» p=.o,r,t SUT Cette tivc : ici fut érigée
une colonne aux braves du département de la Gi-
ronde morts dans les combats.
)' Gloire éternelle a leur mémi-hre.!)»
Cette première cérémonie fut suivie d'un dîner
que donnèrent les corps d'officiers des armées de
terre et de mer. On y porta divers to.iSts aux
armées , à la république , à Bonaparte-, à ta
paix.
Le soir, le cortège s'étant réuni au Champ-de-
Mars , le préfet placé devant l'autel de la Con-
corde prononça un discours particulièrement
relatif au 14 juillet.-
Ce ne serait point rendre justice à ce morceau
que d'en louer seulement les expressions et le
style; il est sur-tout estimable par des principes,
par des sentimens supérieurs à 1 influence des con-
jsidéralions personnelles. L'amour de la liberté
s'y montre par-tout franc et généreux , exempt
de préveniions et de parlialilé.
)> Les droits du peuple français, dit l'orateur ,
avaient éié usurpés depuis plusieurs siècles; il les
reprit le 14 juillet 178g.
i> La nation avait perdu l'influence politique
que la situation topographique et la richesse de
son territoire lui avaient long-tems assurée : elle
la recouvra dans cette journée mémorable qui
développa les germes de la plus étonnante révo-
lution.. . . Quel spectacle imposant présenta cette
garde nationale, s'organisani , pour ainsi dire,
dans un seuijour, sur tout le territoire français, et
préparant les élémens de ces invincibles armées
qui devaient bientôt garantir l'indépendance na-
tionale !
>) Alors tous les cœurs étaient unis , tous les
vœuxappellaient une régénération. Il n'y avait qu'un
parti composé de l'immense majorité de la nation.
La révolulion fut son ouvrage ,. et le système re-
présentatif lut établi sur les ruines du pouvoir
absolu....
)i L'éirariger voulut s'immiscer dans notre or-
ganisaiion intérieure , et toutes les puitsances
coalisées s'armèrent pour subjuguer la France ,
cl pour rétablir son ancienne servitude.. . .
n Des armées formidables furent organisées.
L'ennemi fut par-tout repoussé , et d'importantes
conquêtes lurent le prix de la victoire. Mais la
véritable puissance des nations est dans la sagesse
de leurs institutions. La France ne pouvait sup-
porter plus long-temt ce gouvernement révelu'
tionnai.-e si fécond en crimes , en héroïsme et en
prodiges ; elle avait besoin de se reposer sur une
constitution....
"Ainsi qu'au 14 juillet 1789, une ère nou-
velle va commencer pour la France et pour le
monde.
>' L'opinion de tous les peuples et de la plu-
part des gouvernemens est enfin fixée sur le but
de la guerre qui embrâSe depuis long-tems J'Eu-
rope ; cette opinion est mûre pour la paix;
tous les intérêts la commandent; le jour ap-
proche où les puissances du continent, jouis-
sant de ses bienfaits, la dicteront aux artisan»
de celte longue calamité
" Anniversaire de la libération de la France !
c est sous tes auspices que nous élevons dans nos
cœurs Un autel à la concorde. Qu'elle règne dans
les campagnes , dans les cilés , au sein des fa-
milles. . . . Que cette auguste solennité devienne ,
par latutude imposante du peuple français , le
14 juillet de la république contre la coalition
de tous ses ennemis , le terme des malheurs
publics et l'aurore de la prospérité nationale !
Un discours du général Dufour , conforme
aux mêmes principes . finit pareillement par une
invitation à la concorde. Le soir , lès spectacles
furent ouverts au peuple , comme la veille. On
y joua Guillaume Tell et le Vœu de la paix ou la
Victoire de Maringo. Des illuminations , un ban-
qtiet et un bal aussi nombreux que brillant , ter-
minèrent la journée. ■
— Les détails de la fête célébrée à Carcassonne
font honneur au goût et à I intelligence des ma-
gistrats qui l'ont dirigée. Au corttge composé,
comme dans les autres déparlemens , des auto-
rilés civiles et militaires du pays, on avait ad-
joint cinq vétérans choisis parmi leurs camarades,
et cinq élevés de l'école centrale, dont les pro-
grès et la conduite leur avaient mérité l'hon-
neur d'être choisis parmi leurs condisciples.
Cette circonstance a fourni au citoyen Barante ,
Pféjét de l'Aude , un rapprochement plein din-
térêt et de sensibilité. Nous le copions avec d'au-
tant plus de plaisir , que l'éloge du général
prononcés ce jour-[à7'ra'c{fêssart'*tci â'des'com-
patriotes de ce guerrier plus particulièrement ho-
norés de sa gloire , plus naturellement aflSigés de
sa perte^
)) Hélas ! en traçant ici les traits qui distinguent
si éminemment Bonaparte de tous les généraux,
ma pensée se tourne aussi , comme involontai-
rement, vers ce brave Desaix , dont l'esprit sage
et le caractère modeste embeUissaient les qualiièâ
guerrières; qui aimait la paix . et qui était digne
de s'illustrer par elle autant que dans les combats.
Il mérita d être le compagnon et l'ami de Bona-
parte , dont il avait partagé la gloire et les périls
en Egypte. 11 accourt pour s'y associer encore
une lois , et il meurt au sein de la victoire , de
cette victoire qui nous assure la paix. Il n,e jouira
pas de ce bien qu'il acheta pour nous au prix
de son sang ; m..is il arrivera , couvert de nos
respects et de notre reconnaissance , à l'immor-
talité que son grand cœur osa ambitionner , et
dont sa modestie refusait de le croire di<jne.
Son nom sera distingué entre tous les aunes ,
sur cette colonne nationale , destinée à perpétuer
le souvenir de nos guerriers mofts pour leur
pays. En ce moment, dans toute la F ance , on
répète ton nom avec attendrissement , jeune et
immortel Desaix ! Nos plus illuslres orateurs otit
déjà pa)é à timémoire le tribut de la reconnais-
sance publique! Mais c est dans le dépariement
qui t'a vu naître , c'est auprès de ta mère incon-
solable , que ce nom est prononcé avec une
douleur plus vraie , avec une admiration mieux
sentie !
)) C'est-là que je fus témoin des premières
années de ton enfance , lorsque ton cœur se
formait aux vertus , et recevait une heureuse
instruction dans l'une de ces écoles ouvertes , paf
le gouvernement, aux fils de ceux qui avaient
bien servi leur pays.
)» C'est ainsi que commença Bonaparte, avec
lequel la gloire de Desaix est d'avoir tant de traits
de ressemblance. Tous deux appartiennent au*
écoles militaires , et attestent , par leur exemple ,
quelle est la puissance d'une bonne éducation
publique. . . .
)) Vous (en s'adressant aux cinq élevés choisis
pour assister à la Jitej que le suffrage de vOl
condiscsplss et le jugemeiH de vos maîtres nous
ont présentés comme la plus chère espéraiice de
ce département, apprenez que c'est du sein des
écoles bien dirigées que sortent les héros ! ap-
prenez que sans les vertus morales et civiles , les
talens et l'insiruciion n'obtiennent jamais une
véfiiable gloire , et essayez de vous rendre dignes
des grands modèles que notre siècle vous offre.
Reniîez-vous dignes sur-tout d'une patrie qui sait
employer et récompenser lé mérite , qui grave
sur le marbre le nom de ceux qui meurent
pour elle , qui honore et couronne ceux qui
ont vieilli en la détendant, jj
Le préfet a alors distribué des couronnes aux
«inq vétérans placçs près de lui.
— La cérémoilië 'qftii a eu lieu à Tulle a offert
cette particularité , que dans la première pierre
delà colonne départementale , on a déposé une
plaque d'airain , avec cette inscription :
Au brave Desaix , tué d'un coup de feu à la ba-
taille de Maringo , le 25 prairial , an 8 de la répu-
blique , au moment où il venait dejixer la victoire en
faveur de Carmée française.
Sa modestie égala son courage. Il regretta en mou-
rant de n'avoir pas assez vécu pour sa patrie
Fuisse cet airain transmettre à la postérité la plus
reculée , l'expression de rios vifs regrets.
■ Le citoyen 'Verneilh , préfet de la Correze .
dans le discours qu'il a prononcé à cette occa-
»îon , a fait très - heureusement entrer l'éloge
d'un des généraux les plus chers à la répu-
blique.
«'Je te salue, a-l-il dit , je te salue , ô Quatorze-
5» Juillet ! jour à jamais mémorable , ot'i sonna la
s>, première heure deJji liberté , qui vit crouler le
ji despotisme de tant de siècles avec les murs de
5» la bastille, et oii tous les sentimens des fran-
j> çais se confondirent dans l'amour brillant et pur
» de la patrie !
5) Je te salue aussi , jour moins éclatant peut-
j> être , mais non moins utile à la république ,
>) qui vis séteindre , dans la 'Vendée et les dé-
>» paiiemens de 1 Ouest , les torches ensanglan-
»i tées de nos discordes civiles, que le souffle im-
>) pur de 1 étranger y avait allumées !
)î L'éclat de cette partie de la fête que nous
j> célébrons , citoyens , doit sur-tout rejaillir sur
3>' le département de la Correze , puisque c'est un
j>" de ses enfans (i) qui reçut et remplit I hono-
»» rable mission de porter le calme et la paix dans
s» ces climats long-tems désolés. >'
— Les habitans de Bruxelles ont prouvé , par
la joie qu'il ont fait éclater dans cette jpurnée ,
4u ils regardaient le 14 juillet comme l'aurore
de la liberté dont jouit aujourd'hui cette Bel-
gique si long-tems asservie à des maîtres étran-
ftif'enta^e'^a'''eté"^posèe"(îaiîs°rem placement d'un
bassin qui occupait ci - devant le milieu du
parc (2). Le préfet de la Dyle , Doulcet-Ponté-
toulant , dans son discours, a particulièrement
insisté sur les avantages que promet à ces belles
provinces leur réunion à la république française.
Il a présente avec beaucoup de justesse et de
sagacité le contraste qu'offre leur sort passé , com-
paré à celui auquel elles sont appelées. On a re-
marqué que jamais aucune fête publique n'avait
dans cette commune , attiré une plus grande
alfluence , ni inspiré une plus vive satisfaction.
— L'excellent discours qu'a prononcé à Dijon
le citoyen Guiraudet , préfet de la Côte-d'Or , est
à peine susceptible d extrait. Nos lecteurs , après
avoir lu les fragmens que nous en détachons ,
regretteront sans doute que nous ne le leur
ayons pas fait connaître en entier. Nous-mêmes ,
forcés d'abréger , et relisant ce qu'il nous a fallu
retrancher , nous doutons si , pour leur satis-
faction , ce n'était pas ce qu'il eût fallu transcrire.
11 Sortez , dit le citoyen Guiraudet , sortez des
(ombres retraites de la mort , guerriers qui suc-
xombâtes en combattant pour la patrie ! Quittez
CCS demeures silencieuses de l'oubli , on votre
séjour accuserait la nation qui jouit de vos sa-
crifices ! 'Venez vous placer sur une de ces colon-
nes civiques que vont élever les mainî recon-
naissantes de vos frères , de vos amis ! appa-
raissez tout entiers dans ces lieux qui vous vi-
rent naître , au mili^ de ces concitoyens pour
qui vous avez voulu périr ! que votre génie ',
votre courage et votre gloire se gravent à - la-
fois avec vos noms sur la pierre que vous allez
«nimer. Placée au milieu de cette enceinte toute
militaire , nos jeunes frètes d'armes vont l'en-
tourer de toutes parts ; déjà leur curiosité in-
quiète , leur ardeur impatiente vient y chercher
des modèles. Qu'elle leur retrace donc sans
cesse et vos hauts faits et leurs devoirs ; qu'elle
leur présente à-la-fois et un souvenir et une leçon,
et que chaque nom soit pour tous un hommage
(l] Le général Brune.
(ï) Le plus beau quartier de la ville, dans le
centre duquel est uae magnifique promenade.
«294
et un exemple ; qu'ils y lisent , brave Cazotte (3)
et ta vie aiistere, et ics iravairx et tes fatigues
soutenues , malgré les glaces de l'âge , et ta mort
gloiieuse aux champs de Philippeville , sur
celle même boucbe-à-leu qui vomit long-tems la
mort à l'ennemi avant que nous eussions à pleu-
rer ia tienne. ....
51 Dis-leur , général L:inibert (4.) , toi qui guidas
les pas de nos premiers bataillons, comment on
forme des héros , et -les chemins qui conduisent
à la gloire , et 1er champs d'honneur où tu
succombas.... Parles-leur aussi , brave- Brulet (5) ,
des plaines de Philippeville , et de Toulon et de
Saorgio. Déjà la reconnaissance nationale , en
inscrivant ton nom sur la colonne du Panthéon ,
t'a ajipris comment on instruit les btaves.. .
Et toi., dont linirépidité et la valeur te firent,
au siège deFiibouig, distinguer parmi les intré-
pides , et de simple soldat , l'élever sur-le-champ
de bataille au rang d'officier (6) , heureux Barbe ,
tu n'as pas même à craindre qu'on accuse la pré-
vention de les concitoyens de t'avoir VHScrit sur
celle lisie de gloire. C'est d'un chef étranger
alors à ce département; c'est d'un juge aussi
èclâi.é qu'impariial ; c'est d'un général qui
m'entend , que' tu reçus ce témoignage méiilé
d'estime , et ces lauriers qui acquièrent tant de
prix qudnd ils sont dispensés par une main habi-
tuée à les cueillir
1) VetTçz , tout, vous réclame au milieu, de
nous. Eh ! quel plus beau moment pour appa-
raître , que celui où des flots d un peuple de
gueriiers et dp frères vous appellent à eux par
les plus touchantes acclamations ! que de com-
pagnons d'armes vous allez rcironvcr ici ! et ces
braves blessés d'ans les combats , dont un laurier
civique va couronner la valeur , i|ul . pour n'avoir
pas obtenu une mort glorieuse , n'en sont pas
moins dignes des honneurs qu'on vous leiid , et
brûlent en cet instant de les mériter un jour !. . . .
Et ce général sous lequel quelques-uns d'enire
vous ont marché à la victoire , qui combattit avec
le même succès et le même courage contre des
ennemis et en des lieux si difîérens.
I! Et vous aussi vous combattez pour la patrie ,
généreux cultivateurs, laborieux artisans , quand
vous partagez votre cabane et vos meubles rus-
tiques , et ce qui vous reste de subsistance avec
tout guerrier qui vous rappelle des fils occupés
ailleurs à combattre pour elle ! Sans doute , l'i-
mage de vos enfans exposés aux mêmes besoins ,
l'idée consolante que vous leur attirez par là , le
même traitement , la même bienveillance excitent
vos vertus hospitalières , et vous font trouver des
charmes dons vos sacrifices.... Touchant et pa-»
triotique échange de services et de bienfaits ! sa-
crifices qui assurèrent si souvent 1 existence de
nos armées ! qui firent retrouver et les soins pa-
ternels et un père à des enfans si loin de leur pays
.1 .„ 5.0s aussi des actions et des vertus
guerrières ; et celui qui les exerce , peut se vanter
de combattre aussi pour la patrie. ...
>> Voulez-vous assurer à jamais son triomphe ?
venez tous au pied de cette colonne , venez , s'il
vous en reste encore , y déposer le pénible far-
deau des cruels souvenirs et de toutes les
iiaines.
»! Eh .' qui de nous n'a pas une faute à ex-
pier ? qui, dans celte longue lutte d'intèiêts
opposés , aussi nouvellepour tous , peut se vanter
d'avoir constamment conservé 1 équilibre de la
sagesse ? . . .
'1 Si tous , oui tous , ont à se faire pardonner
ou quelqu'erreur dans les principes, ou quelque
excès dans l'application l'indulgence
n'e£t-e!le pas le besoin le plus général comme
le sentiment le plus juste? Hâtons-nous de nous
en pénétrer réciproquemeni ; et pour y parvenir
pltrs sûrement, puisse l'heureux oubli de ses
voiles sombres couvrir le passé qui n'est plus....
"Heuieux votre administrateur si , laissant au
courage et aux talens militaires de ce héros la
gloire la plus brillante, de conquérir la paix in-
térieure , il pouvait concourir, de ses faibles
-t
(3) Lieutenant- colonel d'artillerie, comman-
dant le second bataillon de la Côte -d Or à
Philippeville, combattait à l'âge de soixante^douze
ans , toujours à pied ; il expira sur le canon qu il
pointait sur l'ennemi. Il était ficre de l'ingénieux
auteur du lord impromptu, dudiable amoureux, ttc. ,
qui en 1792 mourut sur un échalaut , expiant
misérablement les écarts d'une imaginatiou affai-
blie par les ans. . . » Jgnoscenda quidtm
{4) Général, de brigade 1 mort en combattant
dans les plaines de Champagne.
(5) Brulet, de Veronnes-les-Petites , canton de
Selongey , se distingua à Philippeville en 1792,
ensuite à la reprise de Toulon , ei en Italie , où
d fut tué à la prise de Saorgio, le 10 floréal
an 2. Son nom a été inscrit sur la colonne du
Panihéon , par la convention.
(6) Barbe , simple soldat . se distingua au siège
de Fribourg, oà il fut fait lieutenant par ie gé-
néral Brune.
moyens , à procuver une autre paix moins briî-
bntc sans doute , mais plus piécieuse encore.
C est là qu'il borne son ambition et ses espé-
rances ; content si , après avoir vécu er» annon-
çant le succès de ses vœux, on pouvait (lire
.de lui : il posa une des pierres du temple de l»
Concorde, n
— A Mayence , la marche du cortège que
composaient les auioriiés civiles et militaires, fut
ornée de guidons sur ch.icun desquels étaient,
des inscriptions destinées à rappeler les piin- ■
cipales époques de la rcvoluiion , telles que :
te 14 juitlct te boulevard du despotisme a été détruit i
la liberté s'est élevée sur ses 1 uincs. - Le dix-SepT
VEN^EMiAiite AN 8, Bonaparte, de retour d'Eg)ptet
débarque à tréjus ; il est venu nous rendre,.ia. vic-K
t'.tire , la paix et la liberté. — Dix-HUiT brvmAIRE.-,
la révolution est fixée aux principes qui l'Ont com-
mencée , elle est finie, etc. etc.
D'autres inscriptions décoraient l'autel de la
patrie; elles avaient piincipalement pour objet
d honorer les mânes des Desaix, des Dugommier,
desjoubert, des vainqueurs de la Bastille , dès
Hoche , des Marceau , et d'autres héros morts au
champ de la gloire et au service de la liberté.
Les défenseurs de la patrie , récemment bles-
sés sur les bords du Mein , occupaient une place
I d'iiorineui. Près d'eux! on avait placé des autri-
chiens également blessés , faits prisonniers à la
même affaire. >> Vous vo\ez , a dit à ceux-ci le
commissaire-généial Shée , que les français hono-
rent le malheur et le courage , même dans leurs
ennemis. >> . .
Ce commissaire, dans un discours plein d'idées
justes et sages ,a féliqté- les habitans des contrées
qu'il administre , de l'organisation nouvelle qui ,
en les asjiimilant aux autres départemens , conso-
lide leur réunion et les associe aux prospérités
et à la gloire de la république.
Dans un repas qui se donna ensuite à la mai-
son du gouvernement , lurent chanté* de jolis
couplets analogues à la circonstance. Des toasts y
furent portés au I4juillet,à la bat;iile de Ma-
ringo , à Desaix , à Moreau et au passage da
Danube; àLatour-d'Auvergne , à Bonaparte, aux
blessés pendant celte campagne , aux défenseurs
de la patae morts dans les combats , à la paix, à
la république et à la constitution.
Le soir, des illuminations invitèrent le peuple
à la gaîté. Plusieurs maisons de la ville, décorées
avec goût , offraient en transpatens des hommages
adressés, les uns à nos armées triomphantes,
d'autres à leurs chefs et à l'espoir de la paix qui
doit mettre le sceau à leur gloire.
— Le journal du département de Seine-el-Oise ,
en pailant de la cérémonie qui a eu lieu à Ver-
sailles , fait, au sujet du discours du citoyen
Gjrnier , préfet de ce département , la réflexioa
suivante :
(1 Le discours du préfet a mis dans te cas de
féliciter les lettres , si elles ont pu fournir à
toutes les places des écrivains capables de biea
administrer ; et le gouvernement , s'il peut s'être
procuré dans tous ses administrateurs d'aussi
dignes organes de la morale suprême , qui seule
doit présider la conduite des hommes. )î
Quelques traits de ce discours , publiés parle
journaliste , suffiraient pour motiver son opinion,
d ailleurs assez justifiée par les écrits et la con-
duite politique du citoyen Garnier.
— Le préfet des Basses-Pyrénées , le citoyen
Guinebaud, a su rassembler dans un petit nombre
de phrases qui composent son discours , ce que
la circonstance fournissait de plus grand à l'ima-
gination et de plus touchant à des tœurs répu-
blicains. On doit lui savoir gré d'avoir placé
près du nom des héros que nous regrettons ,
ceux des généraux Bernadoite et Lannes , auxquels
le département des Basses-Pyrénées se glorifie
d'avoir donné naissance.
Des hymnes , des courses , des jeux d'adresse
particuliers aux habitans de ces contrées, ont pro-
longé fortavant dans la nuit une allégresse qu ins-
pirait la saiisfaction générale.
n: Le retour des mêmes idées , l'expression des
mêmes sentimens se retrouvent tellement dans,
ces harangues prononcées le même jour à de
grandes distances , que dans l'Ain comme dans
la Correze , aux bords du Var comme à ceux
de 1 Escaut , il semble qu'une même ame ait ins-
piré tous les orateurs.
Ce n'est pas seulement dans les chefs-lieux de
département que tous les citoyens ont témoigné le
vif intérêt qu inspiraient aux républicains les sou-
venirs de la première époque de notre révolution.
Dans les grandes comme dans les petites com-
munes , l'es magistrats environnés de tous les amis
de la liberté , ont tâché ,par des cérémonies , par
des chants , par des jeux , d'exprimer la pubhque
joie.
— A Montpellier , le citoyen Draparnault ,
dans un excellent discours , a parcouru l'his-
toire de toutes ces merveilles qui font aujour-
dhui de la France l'açlmiratioa du monde «
1295
comme un jour ses lois et ses insiuutions la
renctfoni cligne d en êire le modèle.
— Le capitaine d'artillerie Mariette a fait , en
présence des habitans de Valogne , un louchant
éloge de l'infortuné Dcsaix dont le nom désor-
mais inséparable de ceiu de Maringo , a eu par-
tout la première part aux hommages qui se sont
élevés de tous les points de la république vers
les vainqueurs de l'Iiaiie.
— Le citoyen Aubert , sous-préfet du Sas-de-
Gand , en développant dans un discours élég-nl
et sage tous les motifs de reconnaissance cjui
rendent cher aux fiançais le souvenir du 14
juillet , a su répandit aussi des fleurs sur la
tombe du jeune guerrier qu'admira l'Egypte et
que pleure l'it.tlie. Ainsi a commencé à se dé-
mentir, l'injuste presseniiment de la modestie
du héros ; ainsi la reconnaissance publique , en
^'exprimant par la bouclie des magistrats et de
fous les citoyens , a commencé à paye la dette
que Ihisloire et la postérité ss chargeront
d'acquitter.
~ Nous ne pouvons mieux placer qu'à la fin
de ce tableau , une notice des objets déposés par
]e ministre de l'intérieur dans la première pierre
de la colonne nationale qu'il a posée sur la place
de la Révolution.
Dans une boîte d'acajou , longue de trois
décimètres, et large de deux décimètres un
tiers , étaient :
1°. Six médailles de cinq centimètres et demi
(25 lignes) de diamètre, représentant d'un celé
le buste du premier consul. Légende : Bonaparte ,
premier consul , et au-dessous : Camhacéràs , second
consul , Lebrun , troisième consul de la république
française, et de l'autre, cette inscription : Piemierc
pierre de la colonne nationale, posée par Lucieri Bona-
parte „ nmàstre de l'intérieur , aS messidor an 8 ,
H juillet 1800. LÉGENDE : Le peuple français à ses
défenseurs ; dont une dor , deux d argent et trois
de bronze , gravées par Duyivier, et fiappées à
la monnaie des médailles.
- 2". Une de la même grandeur , en argent , sur
les premières caaipagnes d'Italie. Légende :
Bonaparte , général en chef de i armée française en
Italie. ExERGtJE : offert à Cinstilut national par
B. Duvivier , à Paris. Au revers : Ce général ,
à cheval , tenant une branche d olivier , conduit
par la Prudence et la Valeur , et couronne pa ■ ' '.
'Victoire qui emporte pour trophée 1 Appollon ciu
Belvéder et des manuscrits ; légende : Les sciencee
et les arts reconnaissans. Exergue : Paix signée à
Campo-yorniio , i an 6 de la république.
3°. Une de cinq centimètres, en or, repré-
sentant le buste du premier consul ; lÉcemde :
Bonaparte, premier consul de la république Jrançaise.
ExEKGi'E : Bataille de Maringo , 25 et 26 prairial
an S. Au REVERS , une inscription. Le premier
consul commandant en personne iarmée de réserve :
Enfans , rappellez-vous que mon habitude est de cou-
cher sur te champ de bataille. Gravée par le citoyen
Auguste.
4°. Une de cinq centimètres, en argent. Le buste
du général Desiiix. Légende : L. Ch. Ant. De^
sai'A , né à Avat en août 1768. Exi^rgue : Bataille
de Maringo , il prairial an 8. Au revers , cette
inscription : Le général Desaix est blessé à mort.
j> Allez dire au premier consul que /emporte le
«1 regret de n avoir pas fait assez pour vivre dans
î.) la postérité. 11 Gravée par le cit. Auguste.
5o. Dans le seccind tiroir , plusieurs médailles
et les monnaies ayant cours. Savoir : 2 pièces
de 5 francs d'argent' 4 décimes en cuivre, 4 cen-
times en cuivre et cinq-centimes. Les médailles
sont deux semblables au n° 2 , en bronze . une
de Desaix, une de 18 lignes pareille au n° l ,
une de 18 lignes , la fondation de la république
représentée par une femme assise avec ses sym-
boles , et au revers la fixation de I'ere fra>.-
ÇAISE. Une portion du zodiaque 011 le soleil
enirc dans le signe de la balance ; au-dessous ,
ère française commencée à l'tquinoxe d automne,
«2 septembre 1792 . à g heures, iS minutes, 3o
Secondes du matin , à Paris. Une autre , le buste
de Barthélémy , auteur du Voyage d'Anacharsis :
Au revers . les noms et qualités. Un autre , le
buste dej. Duviviur père , graveur en médailles ,
mon en 1761 ; gravée par B. Duvivier son fils ,
en 1798.
. 6°. Une plaque de cuivre , sur laquelle est
iiiscrii ce qui suit :
'« La première pierre de la colonne nationale,
élevée en l'honneur des défenseurs de la patrie ,
en exécution de l'ariêié du 17 ventôse an 8 , a
été posée par L,'.cicn Bonaparte , ministre de
I intérieur, le 14 juillet 1800. ( aS messidor an S
de la république française) , première année
dn consulat de Bonaparte.
Canibacérès et Lebiun , second et troisième
consuls.
Le ministre a reçu les médailles ; SAveiR ,
celle de la colonne , des mains dn citoyen Du-
vivier , graveur, et du citoyen Decotte , direc-
teur de la monnaie des médailles ; et celle de la
bataille de Maringo et du général Desaix , des
maitts du citoyen Auguste qu'il avait chargé de
les graver.
NOTICE
Des ouvrages élémentaires manuscrits , sur la langue
chinoise , que possède la bibliothèque nationale ;
par L. Langlès , conservateur des manuscrits
orientaux.
QjJELt^UESUNS de ces manuscrits sont du nom-
bre des inappréciables acquisitions que la biblio-
thèque nationale a faites depuis dix ans ; les autres
ciaient pL-.ccs parmi les livras chinois. J'ai cru
nevoir réunir les uns et les autres sous une même
série de numéros, et en former ce que nous
appelons un fonds particulier, peu nombreux
a la véiité , mais utile aux ]iersonnes qni vou-
dront se livier à l'élude, de la langue chinoise.
PREMIERE PARTIE.
Viitionndires chinois expliqués en langues
européannes.
N". I.
DiCTIONARlUM SINIC O-L A T I N U M.
Rtverendissimi patris Basilii à Glemonâ Itali ,
missionnarii sacra Congregalionis de propagande f de,
nec 71072, vtcarii apostoiici pruvinciœ Xensinensis ,
cum indice copioso characliribus mvcniendis acco-
modato, eoruvique sinicis Elcmentis,ac linearam varie
conipouentium elencao.
His accessere sinensium Aniilhetorum, Particu^
larum tiumeraliura , vocum , quîbus addiiur parti-
cula Ta atque cognominum accurata; collectiones,
cum Cyclo sinico.
( Constanlia
( Labore. j
C A N T O N E.
Anno Domini M. D. ccxxvi.
Manuscrit in-folio de, 673 pages sur papier
d'Europe. Ce volume fait partie de la mngnilî-
que collection de manuscrits doit nos victoires
en Italie oiu enrichi la bibliothèque nationale.
Il a été tiré de la bibliothèque du Vatican, oti
il était coté 371. Ce n'est point a un des livres
lesmoiiis précieu'x que nous'iyons acquis, comme
on va en juger d'après la notice un peu étendue
que je crois devoir en donner. Il a été composé
d'après dix auteurs chinois , dont on trouve les
noms immédiatement après le litre riiême de
rouvraa;e. Voici le dénombrement et l'analyse
des différentes pièces qu'il renferme.
1°. Une dissertation latine de n pages pour
faciliter l'usage du Dictionnaire.
2°. Le Dictionnaire. Il est écrit avec le plus
grand ordre et toute la clarté que l'on peut
désirer. Il contient 5o6 pages divisées chacune
en quatre colonnes. Les deux plus étroites ren-
ferment hjs caractères chinois, et les deux autres
les soiis correspondans exprimés , autant qu'il
est possible, avec nos lettres romaines , et 1 ex-
plication de chaque mot avec ses dérivés. On a
placé sur les lettres qui représentent les sons
chinois , des signes dont la valeur est indiquée
dans la dissertation précédente.
3°. On trouve ensuite un petit traité qui n'est,
à proprement parler, qu un tableau oià i on voit
la disposition de certains traits. Il est intitulé :
Lateralium Tractuum penicelli index , et contient
irois pages. .
4°. Les 104 pages suivantes contiennent un
tableau analytique tort étendu , et intitulé : Diyi-
sionumvelDispositionum tractunm penicelli accuratus
liber vel repatorium. Il olhe la progression des
caractères chinois , depuis les traits élémentaire
jusqu'aux plus compliqués. La Valeur exprimée
en lettres romaines se trouve auprès de chaque
caractère chinois.
5°. Un autre tableau du même genre que le
précédent, rirais qui ne contient que 12 pages,
porte en litre : Literarum tractuum penicelli géné-
rale repcrtorium.
I 6°. Un recueil intitule , Index opposilarum lite-
rarum , ofire un rapprochement de mots, dont
les significations sont opposées ou contraires l'une
h l'autre, tels que doux , amer; beau , laid; ciel ,
terre, etc. Ce recueil occupe 20 pages. Les quatre
suivantes en contiennent un autre, sous le titre de
Numérale variarum rerum; c'est une table destinée
à laciliter la recherche des moli dans le Diction-
naire. •
7". Un traité sur la manière 'dé compter les
années des chinois : Modus enumerandiannos mon
sinico ( 24 pages. j ,-
8°. Un autre traité des fonctions de la lettre
Ta : Hcec littera Ta eonjungidebUverbis.inf.'.rioribus.
L'on trouve en effet la série des verbes susceptibles
de recevoir celte lettre Ta (6 pages. )
g°. La nomenclature suivante intitulée : Impe-
ratoris composilip centum familiarum cognomina con-
linens , occupe les sept dernierfs pages de ce
précieux manuscrit.
Nota. Une notice de la main de,GiuseppeCerrii
nous apprend que cette copie devait servir à l'im-
pression de ce dictionnaire. Ce savant s'était
I chargé de diriger cette imporlanie enlrcprisc qui
j nialheuieuscweut u'a pas eu lipu.
N" II.
D I c T I o I^ A R I U M .'î I N I i: o - L A T 'I W u M.
Manuscrit petit in-40 de 800 pages -, papier^
chinois. Ce dictionnaire et absolument le même,
que le n° I ; et avant d'avoir lu la note italienne
de Giuseppe Cerrù , je croyais qu'il avait été
copié sur celui-ci qui vient des missionnaires
français. Les leiiillcs fatiguées prouvent qu'il a
été souvent compulsé.
Pour faciliter la recherche des mots chinois , on
l'a distribué selon l'ordie de l'alphabet français ,
et 1 on a écrit au haut de chaque page les sons
correspondans aux signes qu'elle renferme.
Il faut observer que la séiie des mots dont la
première lettre est un Z , termine le Diction-
naire n° I, t.indis qu'elle commence celui-civ
dans lequel le son de celte lettre est exprimé
par tsa , de manière que le premier mot de ce'
nianiiscrit-ci , n" ]I, répond à la page 462 de
l'autre ( n° I ) , et que le premier mot de celui-
ci réjiond à la page 89 du n" II; excepté cette
trans, osition . le nombre et l'ordre des mots
sont absolument les mêmes dans les deux
ouvrages.
N" II L
Manuscrit in-fol. sur papier chinois , de i5 à
18 lignes d'épaisseur. C'est aussi un Diitionnaire-
chinois-latin distribué dans le même ordre que
les précédens, mais incomplet : beaucoup de
caractères manquent d'exr.lication . mais ils sont
parfaitement peints; ce manuscrit peut srvoit son
utilité.
N° IV.
Manuscrit in-folio 'de 270 feuilles , papier chi-
nois. C'est un Dictionnaire chinois - latin - espcf'
gnol. Chaque page est divisée en dix colonnes
verticales , subdivisées chacune en trois parties ,
portant en tête un caractère chinois, dont l'ex-
plication latine et espagnole occupe le reste de
l'espace. Les caractères chinois sont de grande
dimension , et peints par une main très-habile.
La prononciation se trouve au haut des colonnes.
Ce dictionnaire est suivi , comme les n"^ I et II,
d'un index très-copieux , pour faciliter la connais-
sance des clefs , ci la recherches des caractères,
N° V.
Manuscrit petit in - 4" de 22 pages , papier
chinois C'est un petit Dictionnaire chinois-espa'
gnol. Cha<jue page est divisée en quatre colonnes.
Les deux plus étroites renferment les caiacteres
chinois , et quelquefois la prononciation avec
l'explication en espagnol. Il est fort incomplet.
N° V I.
Manuscrit petit in-4° de 5i2 pages , papier
chinois. C'est un Dictionnaire chinois- espagnole
Chaque^page est divisée en six ^colonnes coupées
chacune par des lignes transversales qui forment
des quarrés , dont les uns renferment les carac-
tères chinois et les autres la prononciation , avec
une courte explication espagnole.
N° VII.
DiCCIONARIO DE LENGUA MANDARINA.
Cuyo primer author fus el R. P. Fr, Francisco
Diaz , religioso dominico , annadido despues- poT
los RR. PP. desta mission de Sancto-Domingo,
— Trasladado , emcndadas atgunas tonadas cow
forme à los diccionarios chinicos . puestas algunas
letras en las tonadas de otras corforme a los Dic-
cionarios dichos , y annadidas mas tonadas y tétras,
todo segun los Diccionarios chinicos por Fr. Antonio
Diaz.[ Dictionnaire de la langue mandarine ,
composé d'abord par le R. P. F. Diaz, dominicain»
etaii'^menté par les RR. PP. de la même mission,
de Saint-Domingue, traduit et corrigé pour leâ
tons , conlorméraent 'aux dictionnaires chinois",
enrichi de plusieurs lettres , et tous conformes
à ces mêmes dictionnjiires , etc.) Petit ifi-4° de
igS feuilles sur papieT chinois. Il contient une
dissertation espagnole sur les cinq tons de la
langue chinoise , et la manière de les représen-
ter , convenue généralement entre les mission-
naires.
N" V I I L a. b. c.
Trois volumes petit in-folio , reliés à la manière
chinoise , et écrits sur papier chinois. Le premier
peut avoir 100 feuillets , le second 80 , et le troi-
sième 40. Ils forment un Dictionnaire chinois^
français , écrit avec soin et clarté. Chaque page
porte le chinois sur deux colonnes verticales avec
le son et l'explication .à côté. Beaucoup de carac-
tères sont restés sans interprétation.
( La seconde partie à urlprochain numéro. )
De la Vaccine, par le citoyen Vaume, docteur ert
■médecine, ancien chirurgien en chef de l'hôpital
militaire d'Ajaccio , etc. etc.
Un anonyme vient de faire insérer dans IcJ
journaux une apologie de la vaccine, dans laquelle
il a avancé des faits absolument opposés à la vé-
rité ; une dénégation pure et simple aurait été ma
seule réponse, si la société qui fait les opéra-
tions sur la vaccine n'etît ajouté à cet écrit lUl
rapport abrégé de six épreuves , et n'eût ainsi para
approuver les assertions de l'anonyme.
Je vais reciifier les erreurs des faits avec toute
h franchise qu'on devrait mettre dans les dis-
cussions polémiques. Mes preuves seront luees
des rapports et observations qui ont éié faits en
Angleterre depuis environ dix-huit mois, par es
médecins Jeûner , Pearson , Siramons , et plus
particulièrement par Woodville , médecin de
l'hôpital des inoculés à Londres. Les médecins
français qui ont voulu essayer de cette nou-
veauté , ont puisé leurs idées daris la même
source ; nous ne pouvons en conséquence dis-
cuter que sur ce qui a été fait en Angleterre , celte
maladie des vaches nous étant inconnue et les
épreuves faites en France ne cadrant même pas
avec les annonces des médecins anglais.
Noire anonyme dit qu'en Anglettre on croit
à la garantie de la vaccine comme à celle du para-
tonnerre. ,
Voici le vrai : Il n'y a qu'un petit nombre de
médecins qui a essayé de cette nouveauté, et celui
de ses partisans s'affaiblit tous les jours ; en voici
la preuve : Une lettre que je tiens en main , ve-
nant de Londres , m'annonce qu'un habitant de
celle ville , incertain à laquelle des deux méthodes
il devait donner la préférence pour faire inoculer
ses enfans , consulta douze des plus fameux mé-
decins de 1 Angleterre ; la majorité fut pour l'an-
cienne méihode, et les enfans lurent inoculés avec
la raaliere variolique humaine.
. L'anonyme tranche la question sur l'utilité de
la vaccine, et ajoute que le docteur Jeûner ne
se serait pas douté qune goutte de pus tiré d'une
ujcere de pis de vaches , pût garantir de la peiiic-
yérole ; nous partageons bien ce dogte avec la
grande majorité des médecins et des personnes
sensées. i
' Mais , voici une autre vérité.. Cfctte maladie de
vaches , qui doit préserver de la peliie-vérole
toute l'espèce humaine répandue sur la surface
du globe, n'est connue que dans le Glocesiershire,
petite province d'Angleterre , et, quoiqu'en dise
notre anonyme , tous les rapports faiis jusqu'à ce
jour, çonslalent uniformément que les personnes
qui ont eu la petite-vérole, prennent la vaccine
comme les autres; voici les propies termes des
médecins anglais partisans delà vaccine : n L'ex-
îS périence montre que . pour avoir eu la petite-
j> vérole ordinaire , on n'est pas à l'abri de prendre
1» la petite-vérole des vaches. )i D'après cela
nous voyons quel degré de confiance nous de-
vons donner aux assertions fausses ou hasardées
de notre anonyme.
Il n'est pas jplus véridique sur l'article de la
mortalité des personnes auxquelles on a intro-
duit le venin des vaChcs; il ne nous accorde
qu'une personne de motte sur 6000 de ces ino-
culés, tandis que les inoculateurs anglais , plus
sincères , nous en accordent déjà trois , en
attendant qu'il me parvienne des renseignemens I
ultérieurs qu'on m'a promis. Miis ces aveux
piême , faits sans doute avec^téticence ou au
moins sans podigalité , suffisent pour faire rejeter
la vaccine ; puisque , par l'inoculation ordinaire ]
bien dirigée , il ne doit mourir personne ; il ne
doit même jamais en résulter ni mauvaises suites
ni difFormiiés. Le citoyen Goetz , dont les lalens
dans celte partie n'ont jamais été plus révoqués
en doute que sa tranchise et sa probité , nous
a annoncé dans le Moniteur du 4 germinal der-
nier , que sur plus de 28,000 personnes qu'il a
■ inoculées ,^25 un seul n'est mort. Si ce faii élait
faux , il est à présumer que les parens ou amis
des morts auraient déjà donné un démenti à l'ino-
culateur. De mon côté je puis, sans craindre
d'être démenti , déclarer qne sur le grand nom-
bre des individus que j'ai inoculés , aucun n'en
est mort, jamais même il n'en est résulté de
difformité.
Si donc on veut être impartial , on verra que
l'avantage serait encore du côté du virus vario-
lique hunaain , même en accordant que celui des
vaches puisse être le préservatif de la petite vé-
role ; c'est ce qui reste à prouver , et le con-
traire sera sans doute démoniré d'ici à quelques
mois.
Quant à la vaccine volante , adroitement ima-
ginée par l'anonyine , il n'est aucun homme de
bon sens qui ne voye dans cette dénomination
tin subterfuge pour se tirer d'affaire , lorsque
les envachinés prendront la petite vérole , soit^
par contagion ou par inoculation ; et toutes ces
distinctions de vaccine volante et non volante
ne serviront tout au plus qu'à retairder de quelque
tems le rejet de cette inoculation.
1296
Je dois ajouter quelques observalions sur le
rapport abrégé de la société pour l'inocnlation de
la vaccine ; JQ dirai donc- qu'il eût été à désirer
qu'elle eût fait un rapport détaillé et norninailf
des personnes sur lesquelles elle a fait ses épreu-
ves ; elle dit simplement avoir obtenu des résul-
tats (ini paraissent suffisamment variés : phrase
vuide de sens , qui ne nous apprend rien; j'y
suppléerai pour le moment, en annonçant que
ces lésullats ont été ditférens de ceux annoncés
par les médecins anglais ; mais cette société
fera vraisemblablement son rapport au public et
aux souscripteurs pour la vaccine , au moment
où on réinoculera les individus avec le virus
vaiiolitiue humain. Mais, qui fera ces dernières
inoculations ? Sans vouloir jetter aucune défaveur
sur la sincérité et les talens des gens de l'art qui
ont dirigé les premières épreuves , je crois qu ils
ne peuvent être juges et parties ; en conséquence ,
et pour constater d'une manière solennelle que la
vaccine préserve de la petite vérole, il sera indis-
pensable que le comité établi pour la vaccine ,
livre un .certain «ombre d individus . reconnus
bien envachinés , à linoculalion ordinaire faite
et dirigée par les personnes de l'art qui n'au-
ront point été du premier coinité ; et pour qu'on
ne me soupçonne pas de vouloir m offrir pour
cette dernière épreuve, je désigne aux amateurs
impartiaux le citoyen Goetz , que je viens de
citer: une expérience de plus de cinquante
années dans cette partie ne laissera aucun doute
sur l'efficacité de la vaccine , comme préservatif
de la petite-vérole, si le virus variolique ne
produit aucun effet sur ces individus . et alors
il ne resterait plus qu'à décider laquelle des
deux méthodes mériterait la préléience.
En attendant , je me réfère aux réflexions que
j'ai déjà publiées contre cette innovation, et je
répète qu'il est imprudent de faire venir des
pays étrangers , sans aucune apparence d'utilité,
le venin dune maladie de vaches inconnue
dans notre pays ; qu'il est dangereux d'introduite
dans le corps humain le virus d une maladie
des animaux qui, peut ajouter une maladie nou-
velle à la série déjà trop longue de nos maux.
J'ajouterai que nous devons nous tenir en
garde contre les innovations de certains médecins
anglais , qui , souvent systématiques ou charla-
tans , nous ont déjà induit en eireur avec la
transfusion du sang; avec leur spécifique intail-
lible contre le virus vénérien tiré de 1 acide ni-
trique , et ensuite muriatique ; avec leur phos-
phore , qu'aujourd hui ils prétendent donner
comme calmant, en ie substituant an camphre
et à l'opium , etc. etc. Toutes innovations qu'ils
ont successivement abandonnées , ainsi qu'il pa-
raît qu'aujourd liïii'ils commencent à abandonner
la vaccine , en attendant qu ils mettent en avant
quelques autres no uveautés qui seront toujours
adoptées par les personnes qui en sont avides ;
jusqu'à ce que ta raison et l'expérience fassent
disparaître toutes ces belles illusions.
I Paris, le 12 thermidor an 8.
'Vaume.
Au Rédacteur.
Paris , ce 20 thermidor.
Citoyen , les danois ont une comédie intitulée
lePotier d' eliùm palitique ou l' homme d' état imaginaire:
On vient d en donner une imitation à I Ambigu
comique, en substituant un chaudronnier au
potier ; et l'auteur fjançais a le tnérite d'avoir
saisi et d avoir rçudu les traits les plus saillans de
son original.
Depuis long-tems j'avais pensé qu'un sujet aussi
moral et à la portée de tout le monde , méritait
d'être transplanté sur la scène fi'ançaise ; je cédai
au désir de le traiter, mais les comédiens à qui je
proposai ma pièce , il y a plusieurs années , la
refusèrent.
Le souvenir de ce refus n'est tien moins que
flatteur pour un vieux serviteur de Thalie, cepen-
dant je vous prie , citoyen rédacteur, de le con-
signer dans votre feuille , peut-être ferai-je im-
primer macomédie. Grâce à vous , mes lecteurs ,
instruits de la source oii j'ai puisé et des causes
qui ont empêché mon Homme d état imaginaire de
paraître sur la scerte avant son cadet , ne pourront
m'accuserdeplagiat. L'auteur de \' Art de la comédie
et des Commentaires sur Molière ambitionnera tou-
jours d'être utile à ses jeunes rivaux , jamais de
s'enrichira leurs dépens.
Salui fraternel , Cailhara , de l Institut.
LIVRES DIVERS.
Abrégé de Œistoire naturelle de Buffon , classé
par ordre , genre et espèces selon le système de
Linné , destiné à lusage des écoles centrales et
autres maisons d'éducation , un volume de 334
pages d impression , tormat in-8° , caractère petit
romain , enrichi de 64 planches , représentant
près de 3oo figures , gravées avec beaucoup de
soin ; et une notice descriptive de chaqije animal,
contenant ses mœu.s , ses habitudes, la partie du
monde oîi il habite , et la durée ordinaire de
sa vie.
On peut assurer qu'il n'a pas encore paru un
ouvrage en ce genre accompagné d'un aussi
grand nombre de figures.
Cet abiégé , qui est parfaitement élémentaire,
a l'avarftage de pouvoir être mis entre les mains
des jeunes gens des deux sexes, parce qu'il est
dépouillé de tout ce qui a rapport à l'anatomic
et à la génération ; de manière que l'homme ie plus
rigide peut le confier en toute sûreté à son élève.
Comme dans le principe cet ouvrage avait été
offert au public par livraison , on croit devoir
observer que les personnes qui je_ trouveront
munies des premiers cahiers, pourront se ctjm-
pléter à la déduction de ce qu elles auront paye-
Le prix , broché avec les figures en noir , est
de 10 ff. pour Paris , l fr. 5o cent, de plus pour
les départemens , franc de port.
Le même ouvrage , avec ligures très-soigneuse-
ment coloriées , est de 20 fr. pour Paris, et i fr.
3o cent, de plus pour les départemens, aussi franc
de port.
Les lettres et envois doivent être affranchis,
sinon , ils resteront à la poste.
A Paris , chez J. B. Rousseau , imprimeur , ru«
Dominique , près la place Michel , n" 8.
De la persécution suscitée , par Jean - François
Laharpe . contre la philosophie et ses partisans ,
en réponse à son écrit intitulé : du fanatisme
révolutionnaire ou de la persécution suscitée par
les barbares du dix-huitieme siècle contre la reli-
gion chrétienne et ses ministres, par Guy C'hau-
mont Quury , républicain français , avec cette
épigraplie :
Il Que font les écrivains contre-révolution»
naires .•' Ils attaquent la philosophie avec un achat--
nemcnt , tel (ju à coup sûr il ne leur manque que
la puissance de Pnilippe II, pour envoyer les
, philosophes au bûcher, comme il y envoyaii leal
protestans. S ils parvienneni à détraire V ei\ji\\ phi-
losophique , ils feront inlaillibkment la contre-ré-
volution, comme Charles II la fit, lorsqn on fut
parvenu à anéantir I enthousiasme des puritains;
et par la même raison que sa cour fut athée et
dissolue , celle du tyran qu on nous destine serait
très-relisieuse , très-ignorante , et surtout «lés-
anti-phiiOsophe. Hpnore Riouffc. !>
Brochure de 70 pages- Se trouve, à Paris , chez
Caillot , imprimeur-libraire , rue du Cimetière-
André , n° 6, et chez tous les marchands de
nouveautés.
Collection générale des lois et des actes da
corps-législatif lésant suite à' la collection des
décrets des assemblées constituante , législative
et de la convention. Un vol. in-S" , comprenant
les lois depuis la constitution actuelle jusqu'au
10 germinal an 8 , fia de la session du corps
législatif.
Prix, 3 fr. , et 4 fr. 5o cent., franc de port par
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législaiif et du ttibuuat , place du Carrouzei ^
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destitution des déportés Barthélémy , Pasioret y
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nouvelle édition augmentée d'un supplément.
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le courage noble à la fois et décent qui en fait
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Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , au cit. Agass e , propriétaire de ce journal , rue des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dan» l«s envois le port dei
pays ou l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste. /
11 faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuill» , au rédacteur, rue des
Poitevins , n* i3 , depui ineuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Pari» , de l'imptimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 322.
DuQcli , 22 thermidor an 8 de la république frariçaise , une et mdiviiible.
Nous sommes autorisés à pi'évenii- nos souscripreurs qu'à dacer du 7 Nivôse le M O NI T E U R est le seul journal oJJic:eL
Il conaeiu les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeuï , les nouvelles des armées , ainsi que Iss faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et ,aux décoiivcttes nouvelles.
E X T E R I EUR.
ALLEMAGNE,
Slulégard , /c 1 4 thermidor.
Db
'es troupes bataves sont arrivées à Neuvied;
■elles se rendent à marches forcées àMontabaur,
•sur le Mein. Ce corps est de 8,000 hommes ,
,Sous les ordres du général Dumonceau.
Des hussards français sont arrivés à Heidelberg.
On se loue de leur bonne conduite.
Kray a son quartier-général â AU Oethingen.
(vieux Oetlingen.)' Son armée , conformément à
l'armistice , occupe Rosenheim ,'Wessenburg et
(Muchldorf.
Moreau a imposé 400,000 francs de contribu-
tion à la ville de Ratisbonne. Le magistrat a fait
des représentations à ce sujet. — Le corps
de troupes françiises qui est dans le Wirtemberg
est porté à 22,000 hommes d'infanterie et Sooo
de cavalerie. — On assure que la Prusse jouera
un grand rôle dans les négociations pour la
paix qui vont être faites entre la France et
l'Autriche.
On dit que si les hostilités devaient recommencer,
le général Kray prendrait le commandement de
l'armée en Italie , et que le général CoUoredo
le ^eraplacerait dans celui de l'armée autrichienne
en Allemagne. ( Straburger Weltbote. )
AN G L E T E R R E.
Londres , le 3i juillet (. 12 thermidor).
Séance du, censél de ville. — (Extrait du Morning-
Chronicle du 3 1 juillet , 12 thermidor. )
Motion pour la p.\ix.
Hier le conseil de ville s'assembla sous la pré-
sidence du lord maire. Onze aldermen , ainsi
qu'un nombre coiisi Jciable de commoners y
assistèrent.
Après la lecture du procès-verbal de la der-
nière séance , M. Hodgson prit la parole , et
dans le cours d'une motion irès-dévtioppée en
faveur de la paix , il dit :
)» Je croib de mon devoir , comme habitant
d'un des quartiers les plus populeux de la cité
de Londres , de faire celte motion, avant que
le conseil ne s'ajourne pour le reste de l'été.
— Ce conseil n'a jamais manqué, à chaque vic-
toire , de présenter une adresse de félicitation ;
il ne saurait aujourd'hui se montrer insensible
aux terribles revers qui ont eu lieu dernière-
ment.— Nous ne pouvons plus reposer notre
confiance en ces hommes qui nous ont mis dans
cette déplorable situation , après avoir prodigué
nos fortunes au secours du seul allié qui nous
restait , et dont nous sommes probablement
abandonnés dans ce moment. — Que le conseil
se dépouille de tout esprit de parti, de toute
prévention , et que ses membres se réunissent
à moi pour supplier S. M. de mettre fin à cette
guerre désastreuse, je conclus en proj^osant
fju'une humble adresse, en forme de pétition,
soit présentée à S. M. pour que , dans la circons-
tance critique oii se trouvent les affaires pu-
bliques , elle veuille bien ouvrir une négociation
immédiate avec la république française , à 1 effet
de nous remctlrc eu possession des bienfaits de
la paix. >)
M. Uixon. Il me paraît très-inconvenant que le
conseil s'ingère de ce qui regarde le pouvoir
exécutif , à moins qu'il n'ait la conviction que les
ministres de S. M. ne veulent pas la paix. Plein
de confiance dans l'administration , je croirais
pins sage de s'en rapporter à sa prudence.
M. Dixon propose un amendement , conçu en
ces termes :
»i Qiie la paix est toujours désirable, s\irtor|t
■pour une nation commerçante, telle que la Grande-
Bretagne; que le meilleur moyen d'y parvenir d'une
.manière honorable et sûre , repose sur une entière
-confiance dans les gouvernaus , et dans le courage
«t l'union des gouvernés, d
M. Wall. J'appuie l'amendement.
Af . R«rae. J'appuie la motion , convaincu comme
je le suis, de la nécessité pour le conseil de de-
mander une paix , qui est voulue par les gg""' de
lan'alion.
M. Thorp combat la motion et l'amendement,
lous ptéttxic qu'ils ne feraient que rendre les con-
ditions de paix plus difficiles de 1j part de l'en-
nemi. Il demande la question préalable sur le tout.
M. Jaiks.]e m'oppose à la motion , en ce qu'il
serait possible qu'il y eût une négociation déjà
entamée. , . .
M. Wdithman. Je me suis souvent efforcé de
convaincie le couseil de l'injur.iice et de I impo
;,■ „„ j „ ., ..'. ,. , — - — f- ,.,,,1 U1.1-U1JC jd soLicie aepuis sa aerniere assem-
tique d. cette gu.rre , etjat i.eu de croire que | blée, le secrétaire-généra a particulièrement dh-
-eux qui ont combattu mon oninion . rr-oaiHc- I .; .; _ 1 _° . ■ ^ "-"uciciiiLnt ais-
ceux qui ont combattu mon opinion , regarde
raient aujourdhni comme trés-heureux pour ce
pays , que les mesures, tjue je proposais eussent
été adoptées. Au reste , il né s'agit plus de savoir
si cette guerre est juste ou ne 1 est pas ; mais bien
SI elle doit eue continuée , et si , en la continuant ,
elle remplira l'attente des ministres. Il avait été
déclaié par ces ministres, que le gouvernement de
France devait être renversé, ou sa puissance ré-
duite au point de ne pouvoir nous nuire. Or, per-
sonne n ignoie que les moyens employés pour
reiiverser ce gouvernement ou réduire son pou-
voir , ont opéré l'effet contr;iire. Sur (juel fon-
dement ces ministres , après s'èlte joués de notre
crédulité, après avoir échoué dans lous leurs
projets , et avoir sacrifié à leur exécution notre
sang et noire aigent , léclameraieni-ils notre con-
fiance ? El comment la leur conlinuerions-nous ,
lorsque nous reconnaissons que c'est notre con-
fiance aveugle en eux qui a été la cause de tous nos
désastres? On parle de l'inconvenance qu'il- y a
pour ce couseil de s ingérer de ce qui regarde le
pouvoir exécuiif; a-t-on oublié que la même mo-
tion fut souvent faite ici pendant la guerre d Amé-
rique , et que cinq jours après que le général
Conway eût vu rejeter 1a sienne au parlement ,
celle du membre de ce conseil passa à la majo-
rité de 19 voix , et mit fin à la guerre ? etc. etc.
L'amendement et la motion mis aux voix ,
l'amendemeRt a obtenu 47 voix , et la moiion 41.
Majorité de 6 voix en faveur du premier. La
question préalable ayant élé proposée ensuite sur
ta mnitr^ii -^mr-ryAô,! t>Ha ^ à<â ^,1.,., .i^ i
couragemens en faveur des ans et de l'industrie,
sourcespremieres de la richesse , par conséquent
de la puissance et de la prospérité nationales.
(L'impression en a été votée au milieu des plus
vils applaudisseraens.^
En rendant compte des ttavaux immenses qui
ont occupé la sociéié depuis sa dernière assera-
moiion amendé
grande majorité.
I NT É R
elle a été adoptée à une
R.
I EU
Strasbourg, le i-j therviidor.
Le général autrichienZagg , cliefde l'état-major
de Mêlas , qui a été pris àJVÏaiengo, et retourné en
Allemagne sur sa parole d honneur de ne plus
servir avant son échange , est passé par ici.
Le citoyen Duroc et le général Saint-Julien ont
élé accompagnés jusq'à K hl par un détachement
de cavalerie. L envoi de Duroc à Vienne ,
augmente nos espérances de paix.
( Strashurger Weltbote. )
Paris , le 21 thermidor.
Un nouveau malheur paraît menacel un des
départemens de lOuest, celîii de l'Iile-ei-'V'ilaine.
La feuille nantaise annonce qu'une petite mon-
tagne , située à deux lieues de Vitré , jette beau-
tingue ceux qui ont mérité une mention honora-
ble , dans l'oidre qui suit :
1°. Un mémoire de l'ex-représentaniRiboust ,
sur les fouilles faites à Isernore , département
de 1 .^m , où l'on a découvert des vestiges bien
conservés de plusieurs temples antiques, et des
mêmes bains dont Vitruve donne la description.
2°. D un ouvrage intéressant , présenté par Lc-
vraud, dans lequel il démontre que la 'plupart
de ceux que Ion croit attaqués de la lacre ne
perisse;nt que parce qu'on les laisse dans 1a per-
suasion qu'ils sont sans ressource, et qu'on les
abandonne au désespoir.
3". D'un mémoire de Ponce sur le degré de
perfection de la peinture des anciens.
4°. D'un excellent mémoire de Bcxon sur les
lois pénales de France , comparées avec celles
d Angleterre , et sut liusiiiution des jurés.
5°. D'une encre indélébile , inventée par De-
lunel , et avec laquelle on n'a plus à craindre la
contrefaçon , m altération quelconque , dans les
actes ou lettres de change.
6°. D'un modèle de pont méchanique , à l'aide
duquel un préposé aux barrières peut , sans sortir
de son bureau , vérifisr le poids d'une voiture
au moment où elle passe en dehors , par Ré-
gnier.
7°. Des nouvelles simplifications et perfection-
nemens apportés par Leblanc , dans plusieurs
procèdes, pour l'extracdoii de la soude du sel
marin et la confection' du sel ammoniac , objets
doriirimportaiion coûte chaque année à la France
i5 à l8 millions , qu'elle pourrait ainsi cesser de
payer a I étranger.
Dater prises par divers artistes.
Les objets imporians sur lesquels divers artis-
tes ont pris dale pour assurer leur propriété et
qu on a renvoyés à l'examen des classes , sont'.-
1°. Une machine présentée par Andrieux pour
la labricauon plus prompte et moins dispendieuse
des rhaines plates eu fil de fer, à la manière
de Vaucanson, mais plus facile et beaucoup /jus
parlaiie.
z°. D'une nouvelle application que Delunel a
faite du legulaieur de Bonnernain à la fonte des '
suils en grand, de manière à les mieux épurer
en u employant que le tiers du combusiîble et
moins de bras : enfin , en évitant toute mauvaise
odeur et tout danger pour le feu.
3°. D'un perfectionnement de la gravure sur
verre , par Boudier fils , au moyen d'un procédé
aussi expédnil que celui de la gravure sur cui-
vre , avec 1 avantage de pouvoir obt
■enir jusqu'à
— -, , — ....—.,- , ..... , iviiv, Lf(;ciU
coup de fumée. On craint chaque jour une explo
sion qui empêche d'approchei de la monta'nie.
— Les quatre brigands que le généial Delà- ,• • ,. ° v '' ""^euir jusqu a
rue a fait arrêter à ïeloché , ont été condamnés j'" ™!|, gravures et plus, sans aucune altération
à mort par le conseil de guerre de la 22' division • "■ "
militaire. Le cil. Teulé, chef de bataillon, aide- de-
camp du général de Lance , est aux environs de
la Flèche avec une colonne de gendarmerie à
pied el achevai, à la poursuite des autres brigands.
Le pajs est au reste parfaitement tranquille.
Lycée des arts.
62° séance publique du 10 thermidor. — Présidence
du citoyen Moreau Saint-Mery.
L'institution naiionale du lycée des arts a
tenu , le 10 thermidor dernier , sa 6' séance pu-
blique ; nous n'avons différé d'en rendre
compte que pour mieux entrer dans les détails
de cette assemblée, l'une des plus intéressantes
depuis sa fondation , qui remonte , comme on
le sail , à l'an i"''' de la république.
Extrait des travaux.
La séance a été ouverte par un discours du
président (i) sur le besoin de multiplier les en-
(l) Le même qui, dans la pcsiiion la plus
difficile et la plus imprévue, s'est montré si élo-
la tête des électeurs de
ç". I^^une opération infiniment utile , présentée
, par Delunel , pour utiliser la rhubarbe importée
enFrar^ce et acclimatée par Costel , en parve-
nant a la dessécher dune manière aussi parfaite
que les chinois. '^
. 5°;. °"" nouveau thermomètre métallique ,
établi sur la division des nouvelles mesures et
propre a servir à la comparaison générale et pré-
cise des observations météorologiques.
Friti décernés.
Les différens rapports sur les prix qui ont élé
décernes, ont eu lieu ainsi qu'il suit :
l" Sur le rapport de Marchais , une couronne
a eie décernée aux ciioyens Vialard et Heudieis
demeurant rue de la Harpe , au ci-devant colléoe'
dHarcourt, pour de nouvelles manipu|jiions''à
laide desquelles il tirent le plus grand avanta,.e
de différentes méthodes pour restaurer el réyé
nérer, en quelque sorte, le tissu des vieux
pajuers, manuscrits, imprimés ou graves , altéits
et prcsqu'anéaniis par la moisissure , même anriis
plusieurs siècles; de manière à faire revivre
même tem^ les plus anciennes écritures , carae-
quent , si courageux » la .tu. uuo ciceicuis ue même iem;i tes plus anciennes écritures car-
Sg , dont le nom seul rappelle de si glorieux , teies ou traits dont à peine il était possible daT
souvenirs. ' j percevoir les traces. -''
2° Sur le rapport de Lunel , nne couronne a
«té décernée au cil. Paul, rlemeurant rue Lazare,
n" 8S4, }iour l'att de composer louies les espèces
d'eaux minérales, avec leurs venus cl propriétés,
en les aciivani ou les modifiant suivant les besoins
du malade ou 1 intention du médecin. ^
3" Sur le rapport de Désaudray, une couronne
a Clé décernée au cit. Kaoul , demeurant place
de Thionville , n" 3i , pour la parfaite fabrication
et ivcrîipe de ses limes en tout genre, dont la
q'talité . toujours égale, a été reconnue si supé-
rieure à ce le des limes anglaises , qu'exiles sont
déj.i préférées à celies-ci dans le commerce.
4° Sur le rapport de Marchais, une couronne
a été décernée au cit. Lebrun , demeurant rue
Saint-Anloine, près celle Culture Ste. -Catherine,
pour un procédé nouveau , prompt et peu dis-
pendieux, étranger à l'acide rautiaiique oxigéiié,
à l'aide duquel il remplace le colon par la
préparation d une plante indigène très-abondante ;
et sur-tout pour le civisme qu'il a montré en
refusant des offres avantageuses qui lui ont été
faite par lAngleterre , et préférant de faite hom-
mage à sa patrie de celte intéressante découverte.
5" Deux médailles ont été données , l'une au
citoyen Potot, demeurant rue du Champfleuri ,
n°. Il5 , pour un procédé à l'aide duquel il rend
loutes les espèces de cuirs imperméables à l'eau ;
la seconde , au cit. Tripel , jardinier-fleuriste ,
demeurant rue du faubourg Saint-Martin , n°. 146,
pour l'art avec lequel il sait multiplier les fleurs
et en améliorer les espèces.
La distribution de ces prix a élé entre-coupée
par diverses lectures , dont les plus importantes
sont :
1° Une notice par Désaudray , sur la vie de
Monlalambert :
s° Une autre , par Delunel , sur la vie de Costel i
y- Une ode de Piis, sur la belle nature;
4° Un rapport, par Dizé, sur la partie chimique
des moyens proposés par Trouville pour curer
le port de Marseille;
6° Enfin , un mémoire de Brulley , sur la
cochenille silvestre qui a été montrée vivante sur
un nopal , et dont les commissaires du Lycée
ont lire une très-belle teinture écarlatte. Il y a
ajouté une description verbale de l'éducation de
cet insecte et des avantages qu'on en peut retirer
dans no* colonies. Ces détails ont été vivement
applaudis.
En général tous ces morceaux ont fait la plus
\ive,,sensaiion.
Cette ^éance , l'une des plus brillantes qui ait
eu lieu qu' lycée , a été remarquable par un
concours immense , et par un choix précieux
d'auditeurs dont I attention soutenue , a prouvé
rintéiêi que le public continue de prendre à
cetie utile institution. La joie pure et l'attendris-
sement des artistes couronnés . ont fait sentir
plus que jamais combien est précieux l'emploi
du pouvoir de l'opinion; on a sur-tout remarqué
l'impresiion vive que faisaient , sur chacun d'eux ,
les phrases habilement nuancées qui leur étaient
adressées par le président , avec celte grâce et
ce charme de léloquence qui double le prix de
la récompense. Ce nouvel exemple a démontré
aux observateurs impartiaux . combien est sage
et politique , le but que le lycée des ans s est
proposé d'aiieindre , en appelant ainsi les artistes
dans son sein pour les offrir à l'intérêt public ;
faire connaître leurs talens et leur conduite ho-
norable ; appeler sur eux l'attention des autorités ;
assurer îa date de leur invention , enfin , leur
faire , pour ainsi dire , les avances d'une lépu-
-lation , sur laquelle ils fondent l'espoir de toute
leur fortune , et quelquefois toute leur existence.
Nous ne doutons pas que le gouvernement ,
ami des ans , ne s'empresse de seconder les
efforts d'une société qui, depuis dix ans , con-
sacre librement, et sans aucun intérêt, ses tra-
vaux à l'encouragement des arts , et dont la
conduite courageuse , au milieu des orages
révolutionnaires, a constamment mérité le suf-
frage des autorités et la reconnaissance des artistes.
G**.
S«i(e rfe la notice des ouvrages élémentaires manu-
scrits , sur la langue chinoise , que possède la
bibliothèque nationale ; p>ar L. Langlès , conser-
vateur des manuscrits orientaux.
SECONDE PARTIE.
dictionnaires de langues européannes expliquées en
chinois.
I izgS
expliqué par le chinois pl.'cé dans l'eïliacc cor-
respondant à droite. Souvent l'explication du mot
est accompagnée de plusieurs phiiises ou exem-
ples pour en faire mieux connaître le sens. On
regrette que la piononciatiou chinoise ne soit pas
indic|uée.
î\°' X a. h.
DiCTION.VRIUM LATINO-SINICUM,
Deux volumes in-folio, papier chinois, 2j
pouces à 3 pouces dépaisseur. C est un double
du dictionnaire dont je viens de jjarler, copié
avec tant d'exactitude qu'on le prendrait pour un
calque. Le papier cepcndpnt en est un peu moins
beau , et les caractères sont tracés av'.c un peu
moins de netteté que dans l'autre manuscrit. Il est
fâcheux que , par un excès de modestie , les mis-
sionnaires à qui nous devons ces utiles et pénibles
ouvrages, aient dérobé leuis noms à notre recon-
naissance.
No X L
Manusciit in-fol. de 2 jiouces d'épaisseur sur pa-
pier chinois. C'est un Dictionnaire fraîKidis-chinois .,
OLi plutôt ce ne sont que tes ciémcns d un diction-
naire , car le plus grand nombre des mots manquent
d'interprétations ; en outre le chinois n est écrit
qu'en caractejes latins.
N° XII.
Manuscrit in-4° de 3 î- pouces d'épaisseur,
papier chinois. Ce n'est . comme le précédent ,
qu une ébauche de dictionnaire.
N° XIII. a.
Manuscrit in-4° Sur papier chinois d'un pouce
d'épaiss'eur. C'est un recueil de phrases chinoises
I traduiteji en français. Chaque page est divisée en
huit bandes horizontales, et porte en marge, en
I gros caractère , lé signe chinois qui se trouve
intercalé dans les différentes phrases chinoises,
à côté desquelles est linterpréiaiion française.
N» XIII.
Manuscrit in-4'' , sur papier chinois , de quatre
pouces dépaisseur. Ce manuscrit est 1 inverse
du précédent. Ce sont des phrases expliquées
en chinois , et rangées selon Tordre alphabé-
tique pour le mot principal. Ce manuscrit,
quoique volumineux, renferme très- peu de
choses ; la plupart des pages n étant pas écrites.
Je dois aussi indiquer le Dictionaeium la-
TiNO-SiNico-TATARtcuM, en trois vol. in-fol. que
j ai placé sous le n" i^' des livres taiars-mant-
choux (i] de la bibliothèque nationale. Je ne
répéterai point les détails que j ai donnés sur cet
ouvrage , et sur l'utilité de la langue mantchoue (a)
dans le V vjliJiile des notices et extraits des
manuscrits de la bibliothèque nationale , pages
58i-tio6. J'observerai seulement que tous les mois
et les exeiïiples filins de ce dictionnaire sont
traduits à-la fois en chinois et en mantchou ;
le caractère , quoique petit , est tracé avec beau-
coup de netteté; on regrette qu il ne soit pas
accompagné de la prononciation en lettres ro-
maines.
Nous possédons aussi à la bibliothèque natio-
nale plusieurs dictionnaires chinois-manichoux
très-étendus et très-volumineux , rédigés par le
tribunal établi dans le palais même de l'empereur
à'Pekin. On pourrait tirer parti de ces ouvrages,
par le moyen de la langue mantchoue , avec
laquelle il est maintenant aisé de nous familiariser.
A la suite de ce nouveau fonds vient se placer
naturellement le travail immense du savant Four-
mont , sur la langue chinoise. Ce travail est ren-
fermé dansune tre niaine de poricleuilles , format
grand in-folio et fort épais. Les matériaux de son
dictionnaire remplissent dix-huit à vingt de ces
énormes porte-feuilles.
Le même savant a fait graver sur bois de poi-
rier , aux frais du gouvernement , plus de 5o,ooo
caracteces chinois'^ pour son grand diciionriiire.
Qjiciqucs-uns ont seivi à l'impression de sa Grdfn-
matica siiiica^ de ses Meditationes siiiica . et de la
liste des empereurs de la Ch'ne , qui se trouve à la
fin du 2"= vol. de ses Réflexions critiques sur Us
histoires des anciens peuples. Les autres, et c'est
le plus grdnd nombre , sont encote adhéreiis
aux pentes bandes de bols , sur lesquelles on
les a taillés. Un léger liait de scie indique les
séparations. On a eu soin en outre d'écrire sur
la lige ,dc chaque caractère sa valeur ei son nu-
méro.
Celte collection de types chinois , absolumen'
unique en Europe , a été déposée à la biblii
thcque nationale , il y a environ 5o ans ; elle c
parlaiiement conservée.
L. Langlès.
DiCTIONARIUM
I X.
LATINO-SINICUM.
(5) Dontj'ai formé également nn fonds particu-
lier , qui n'avait jamais existé à la bibliothèque
nationale , et qui n'existe dans aucune biblio-
thèque d'Europe , à moins que ce ne soit dans
la bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.
Ce fonds ou cette collection forme miintenant
plus de quatre-vingts tno ou enveloppes qui
contiennent autant d'ouvrages originaux , ou tra-
duits du chinois en mantchou , relatifs à la
géographie , à I histoire , à la philosophie et aux
langues des deux nations.... Voyez la premicie
partie de ma Notice des livres mantihoux de la
bibliothèque nationale . dans le tome V des notices et
extraits des manuscrits.
[ 6) D'après le témoignage positif des mission-
naires les plus instruits , tek que le vénérable
Amyot ,,i' il n'y a pas un bon livre chinois , qui
ne soit traduit en tatar-mantchou. d Cette der-
nière langue a une écriture alphabéihique et
des règles assez sirnpUs. Ses difticuliés n'ont r'ren
de comparable avec celle que présente le lan-
gage hiéroglyphique des chinois , commeje crois
Manuscrit in-folio de 3 j pouces à 4 pouces
dépaisseur , papier chinois très-mince. C est un
Dictionnaire latin-chinois très-complet et écrit avec
le plus grand ordie. Les caractères soni peints par j l'avoir démontré dans ma Dissertation sur l'alpha
une main habile. Chaque page est divisée en deux i tef mantchou, placée à la tëie du Dictionnaire
colonnes subdivisées chacune en dix bandes hori- | mantchou français , que j'ai publié , ,en trois vol.
Bonlales. Les bandes à gauche renferment le lalin in-4° , chez le cit. Didot l'aidé , en 1787 - 1790.
A le thermidor ,an%de la république.
Survotreinvitaiion , citoyen rédacteur , je vous
adresse ci-joinl quelques réflexions sur la question
ii.iiiée dans le mémoire inséré au Moniteur ,
n" 3o2 an 8.
Je vous salue , N
Copie et un mémoire adressé il y a quelques années
au gouvernement.
Citoyen, je vous invite à agréer des obser-
vations qui pourront contribuer à des succès
encore plus raaniués des armes de la république
sur la mer. J'ai de la douleur de ne I avoir pas
fait il y a trois mois.
Nous voulons détruire les vaisseaux de celte
nation peifide , piraie et corrompue . et nous le,
ferons; mais j ai , sans avoir jamais navigué ,
observé il y a plus de 20 ans , pour la première
fois, que le français suit, dans les combats de
mer , une impulsion qui, quoique très-naturelle,
ne mené pourtant pas le plus directement au bu.
qu'il se propose. Plus anciennement marin , et pjr
conséquent plus expert dans l art nautique , et su
tout dans celui des manœuvres , que nous, 1 ■■■■.-
glais en suit une autre plus profondément et pi.i
justement raisonnée. Voici l'observation qui me le
prouve.
Les capitaines en second de nos bâti.îiens de
guerre , grands ou petits , dont le poste , dans
le combat est sur le gaillard d'avant, sous la
raizaine, sont atteints ou tués beaucoup plus
souvent que les capitaines commandans qui se
tiennent communément sur le gaillard d'arrière:
or, rien ne se fait au hasard; tout a une cause ;
les deux exemples très-posiiifs qui ont achevé de
me confirmer dans ce que je soupçonnais depuis
plusieurs années , sont ceux de la Belle-Poule et
du. ... (je ne me rappelle plus du nom ) , dont
les capitaines en second , Green de Sainl-Mai-
ceau et Bessey de la Voûte , furent tués : j'ignore
la proportion des accidens de ce genre qui a
eu lieu dans notre dernier combat; mais je ne
'crains point de dire qu il est infiniment probable
que nous avons perdu plus de capitaines ea
second que de commandans. Voici comme cela
s'explique ; la conséquence sera très - aisée à
tirer. ,
Pour se rendre maître d'un bâtiment , il s'agit
moins de le canonner en belle , au corps , de le
cribler de boulets , de porter le carhage dans se»
entreponts , que de jetier bas sa mâture: car sans
mâture , point de manœuvres, et un bâtiment qixi
ne manœuvre point est pris si on veut le prendre;
les marins, comme ceux' qui ne le sout pas , ne
peuvent nier cet enchaînement de conséquences.
Or , toute la mâture hâlée un peu en ar-
rière par les haubans et les calle - haubans , a
pour point d'appui principal le mât de inizaine
conlrelenu par son étay , frappé sur la poulaine ;
cela étant, il est hors de doute que ce ne soit
sur ce mât et son éiay qu'il est grandement utile
de diriger les boulets , non pas de chaque pièce
de canon en particulier, mais du tiers ou delà
moitié considérée en masse , du bord qui
combat , posiée convenablement par la ma-
nœuvre ; c'est-à-dire, en considérant , pour ainsi
dire , le bâtiment comme un grand affût qui porte
de chaque bord un grand nombre de pièces d ar-
tillerie ; pour achever de me faire enteridre , je
dirai que l'artillerie des vaisseaux doit être diri-
gée , moins par les différens chefs de pièces que
par le commandant qui , au moyen de la ma-
nœuvre , poste ou cherche continuellement à
poster sou bâtiment pour l'objet actuel qu'il se
propose.
Il suit donc de ces observations combinées ,
qu'il est indispensable de recommander aux ca-
pitaines de nos vaisseaux de manœuvrer, et aux
chefs de pièces de pointer pour l'objet de jeter
bas la mâture du vaisseau ennemi, en dirigeant
le feu constamment, ou du moins de préférence,
sur le mât de mizaine et son étay , à quoi l'an-
glais ne manque jamais , au lieu de s'attacher à
cribler le corps du bâtiment , comme il paraît
que noua fesons ea voulaat l'enflammer par nos
1899
boulets rou<;es ; car i! est évident que 3oo b ou-
lets portés dans le bois avancent moins l'issue du
combat que deux ou trois qui le dégréent dans ses
manœuvres d'avant , et qui jettent bas son mât de
mizaine , dont la cbûte entraîne coramunérn ent
celle des autres , s'il vente un peu frais : le cou-
rage des républicains lera le reste. N...
Observations pour la marine militaire.
Avoir le vent, sur-tout en escadre, est, très-
certainement, un grand avan!as;e; voilà pourquoi
les plus habiles font tous leurs efTorts pour le
gagner avant le combat.
L'escadre sous lèvent nepeutguerçs refuser l'a-
bordage debout qu'en arrivant promptement , et
«n prenant , dumoins pour le moment, une
courte chasse.
L'escadre au vent peut arriver, quand il lui
plaît et à un signal convenu , soit que l'évolution
de la ligne doive être générale , soit qu'elle doive
être partielle; et avant que celle sous le vent se
soit déterminée à ariiver , ou qu'elle ail reconnu
la nécessité de le faire , l'escadre au vent est
sur elle.
L'anglais , qui vraiment est manœuvrier , ne
veut ni détruire nos bâiimcns , ni les cribler de
boulets; il ne veut que leur couper les ailes,
les dégréer, pour les forcer ensuite à se rendre;
il ne cherche point tant à détruire une grande
escadre qu'à l'amoindrir ; ainsi peu-à-pcu , de
combat en combat, il anéantirait notre marine.
A l'affaire du i3 prairial an 2 , nous avons
combattu sous le vent , ce qui est évidemment
un grand désavantage , vu sur-tout le projet cons-
tant que suit l'anglais de couper la ligne ; car ,
s'il ne se proposait que de canonner en ligne
parallelle . il n ambitionnerait pas autant le dessus
du vent : le projet que l'anglais a toujours tâché
d'exécuter, et qu'il a en effet souvent exécuté,
est de couper notre ligne , d'en séparer 4, 5 ,
eu 6 vaisseaux. Les vaisseaux ainsi séparés , il
les chaufie dans leurs manoeuvres d'avant , de
préférence, par un plus grand nombre , tandis
que la tête de sa ligne tâche de prolonger .
d'entretenir le combat avec la tête de la nôtre,
sur faire du plus près d'abord adoptée départ et
d'autre : pendant ce tems-là nos vaisseaux sont
coupés , désemparés , pris ; et le reste de notre
ligne ne pourrait aller à leur secours qu'en arri-
vant grandenient ; ce qui ne manquwait pas de
porter le désordre par-tout , avec peu d'espoir
d'interrompre la manoeuvre de l'arriére de la- ligne
ennemie qui aurait coupé et désemparé cinq ou
six des nôtres.
La convention nationale ordonna par un dé-
cret à tout capitaine de se faire aborder plutôt
que de permettre à lennemi de couper la ligne :
son décret sera exécuté , sans doute , si le bâu-
meni français en avant duquel l'ennemi voudra
passer, manoeuvre avec un peu plus d habileté
pour se laire aborder, que 1 anglais pour éviter
l'abordage ; mais je crois devoir observer qu il
en résultera seulement que 1 anglais choisira pour
former la tête de la partie de sa ligne , qui devra
couper la nôtre , un bâtim:nt plus fort que celui
qui! devra probablement abordei ; et qu'avec
le teras . il en construira même quelques-uns
qu'il destineraà cette maneuvre ; dans ce cas, ayant
déjà l'avantage d'arriver sur celui-là debout au
corps, il le coulera bas , à son grand détriment,
sans doute , mais il percera , et le reste s'ensuivra.
Ce qui serait , selon moi , très-avantageux,
que dis-je , ce qui est indispensable , ce serait
d ordonner que nulle escadre à force égale,
ne livrera déterminéraent combat quayant le
vent.
Le décret de la convention qui ordonne atout
capitaine de se faire aborder plutôt que délaisser
couper la ligne , était iiropre à remplir de noms
d'illustres victimes , le Panthéon français; la loi
,que je propose finirait par former des manœu-
vriers encore plus habiles que les anglais : c'est
alors que nous couperons les lignes anglaises.
Qu'une comparaison me soit permise : si notre
armée de terre ne devait jainais combattre que
sur un plan incliné d'une manière un peu mar-
quée , ne faudrait-il pas que le général fît les
plus grands efforts, sacrifiât tout ou presque
tout pour gagner la position d'en haut ? En efiet ,
la maxime de guerre qui dit que , qui est
maître des hauteurs , est maître du pays , con-
firme la nécessité de cette détermination : le
dessus du champ de bataille , n'est autre chose
que la force de gravitation , et le dessus du
vent que celle de la pression , ajoutées au cou-
rage d'une part , retranchées au courage de
l'autre : cela étant , je veux que nos vaisseaux
ou escadres refusent le combat jusqu'à ce qu'à
force d'habiles évolutions, il» ayent gagné le
dessus du vent, et qu en manœuvrant tout aussi
près du vent que possible , plus près encore , s il
le faut, qu'on l'a faitjusqu'à ce jour , ils sombrent
plutôt que de le céder à l'ennemi.
Un prince fort expert dans la tactique des ar-
mées de terre , a dit que le secret en était dans
les jambes : disons que le secret de la tactique
des armées navales est dans les voiles.
Mais, puisque nous devons peut-être craindre
encore quelque tems que l'anglais exécute. avec
succès la manauvre favorite et bien conque de cou-
per nos esr:idres , ne serait-il pas expédient d'or-
donner , en attendant, que le premier où les
deux premiers bâiimcns du tiers ou du quart ar-
rière de notre ligne fussent les plus forts de l'ar-
mée ? On voit pourquoi.
De plus , ne serait-il pas encore expédient ou
ne serait-il pas praticable que , dans le cas rù
le général se verrait- enfin forcé de combattre
sous le vtnt . il racourcît d'un quart sa ligne ;
en en redoublant la queue par-dessous le vent à
elle, du nombre des bâiimens dont il fautait ra-
courcie ? Dans cette circonstance , il paraît, ou
que 1 ennemi ne hasarderait pas de couper , ou
que , s il couiiait , il aurait affaire à un nombre
double de bâiimcns.
Salut et fraternité. N. . .
P. S. L'auteur du mémoire sur la marine, inséré
au Moniteur du 2 thermidor an S , 11° 3o2 ; et
page I2t8 et suivantes , paraît être sur l'objet,
dont il s'agit , d'un avis diaméti'alemcnt opposé
au nôtre: cependant pour y ramener nos lecteurs
et les siens, même fauteur du mémoire , je me
réfère à ce qu'il dit lui-même; au 18' alinéa
de son écrit, en ces termes :
1) Les faits qui ont eu lieu à cet égard, dans
les principaux combats de cette guerre , viennent
à l'appui de ces raisonnemens. Au 1" juin 1794 ,
les anglais avaient deux vaisseaux démâtés de
leurs mais ; les français en avaient onze. Au
combat du Nil , les premiers en avaient un ; et
les autres en avaient jix. n
L'auteur du mémoire du Moniteur, n*" 3o2 an 8,
est invité à répliquer. N
Observations du mime auteur sur plusieurs asser-
tions que renferme l'article publié dans le Moni-
teur du 2 thermidor.
ig° alinéa. — ti Au combat duNil.,. les vais-
seaux, anglais démâtés furent précisément ceux
qui perdirent le plus de monde. )>
Réponse. — Ils perdirent plus dé monde , parce
que les français ne liraient pas , en général , à
démâter , ei parce que la chiite des mâts de ceux
qui le furent cependant, leur fil perdre beaucoup
de monde , tant de ceux qui étaient eu haut , que
de ceux qui étaient sur les gaillards.
21 et 22' alinéa. — " L'amiral Howe et l'amiral
Duncan n'ont obtenu la victoire sur les français
et les hollandais qa'en passant sous le vent de
ceux-ci. )i
Réponse. — L'amiral Howe qui, était au vent ,
ordonna de couper la ligne française. L'amiral
Duncan fit exécuter la même n>,anceuvre à légard
des hollandais.
Le i3' alinéa semble dire que dans ces deux
combats les amiraux Howe et Duncan ont op-
posé vaisseau à vaisseau.
Réponse. — Les anglais ne cherchent point à
opposer vaisseau à vaisseau ; ils savent bien , par
l'expérience des combats particuliers , qu'ils ne
peuvent qu'y perdre beaucoup ; mais ils cher-
chent à couper la ligne ennemie.
Le 24' alinéa explique , par la position de l'ar-
mée française à Aboukir, et par celle du contre-
amiral Nelson , pourquoi celui-ci n'a point atta-
qué la ligne française toute entière.
Réponse. — Le contre-amiral Nelson a encore
eu pour faire la manœuvre favorite des- anglais ,
jilus beau jeu que les autres amiraux de cette
nation , puisque nos vaisseaux étaient à l'ancre ,
mime embosses : pouvaient-ils éviter d'être coupés
par une armée sous voiles ?
Les alinéa 27 et 28, rappellent que l'amiral
Rodney et 1 amiral Howe se sont écartés, l'un le
12 avril 1782 , et l'autre le 2g mai 1794, de la
tactique ordinaire des anglais , celle de se placer
sous le vent , et donnent la raison de cette sorte
d'innovation.
Réponse. — Quand on est sous le vent d'une
ligne ennemie pour la traverser, la couper, il faut
commencer par gagner le vent sur elle ; pour cela
il faut manœuvrer un peu au large si les terres le
permettent. En effet , si Howe , qui était sous le
vent, a essayé de couper notre ligne, il n'y a
pas réussi ; il ne devait pas réussir : car , com-
ment se porter au vent , si ce n'est par de lon-
gues bordées et de savantes manœuvres ?
Le 29' alinéa pose comme une des règles de
la tactique française . que les marins de cette na-
tion s'attachent à dcsmparer les vaisseaux de
leur ennemi. O 1 ciu pourjuslifier cette asser-
tion le combat du Nil.
Réponse. — L'intention des français n'est point
de désemparer les vaisseaux anglais, et sur-tout
ce n'est vioint pour éviter une affaire décisive;
et à quoi l'auteur du mémoire juge-t-il qu'ils
ont presque conservé cette habitude ? Les anglais
ont été moins désemparés que nous , piiisque
notre armée a été détruite.
Le 30"= alinéa contient encore des exemples
i l'appui de l'assertion exprimée dans l'alinéa ,
précédent , et auquel l'auteur des observation
répond ainsi :
Réponse. --- Le vaisseau de tête de la ligne
anglaise dont parle l'auteur du mémoire, n'a ell
qu un homme tué , par.ce que nous lirons toU'
jours au fort du vaisseau dont l'épaisseur couvre
les canoniers des entreponts ; et nous rie
tuons pas de monde en haut, ou pour mieux
sexjirimer, nous en fesons peu tomber à là.
mer ou sur le pont . parce que, nous ne tirons
qu au corps du vaisseau. Le vaisseau français s'est
rendu à Un seul vaisseau anglais qui n'a eu que
deux hommes tués, parce que lui, français , ne
pouvait plus manœuvrer , étant désemparé.
Dans le Si' alinéa , on dit que c'estloujours la
perte d'hommes qui force les anglais à se ren-
dre; quils n'étudient point comme les français
un système de tactique navale ; qu'ils n'ont pas
même une école pour la marine.
Réponse. — Vraiment l'on croit bien que si ott
tuait presque tous les hommes d'un vaisseau an-
glais , il se rendrait, nuiis ce n'est pas en tirant
au tort. On a montré qu'il fallait plutôt forcer son
ennemi à ne pouvoii plus manœuvrer qu'à lui
lucr quelques hommes... La cause ? la cause;
c'est qu'ils manœuvrent mieux que nous.
Oui , sans doute, les français ont réduit la tac-
tique navale à un système. En effet . on se sou-
vient qu'il y a trente ans les officiers de la marine
de Rocheforl , qui étaient les plus ihéoiiciens des
trois départemens , ont été jusqu'à soutenir qu'il
y avait de 1 avaniage à se tenir sous le vent ; mais
les marins qui n étaient pas membres de ja ma-
rine ro)ale , du grand corps , haussaient les
épaules.
Quand les anglais s'apperçoivent que tels sont
les principes des français , ils jugent qu'ils en
savent assez pour les vaincre, surtout en escadres,
et qu'ils n'ont pas besoin d'écoles. La faciliié avec
laquelle ils triomphent de leiirs ennemis , leur a
fait négliger l'étude de la théorie. ... de la théorie
des français.
Dans le 32° alinéa, on traite la question de
savoir si les vaisseaux anglais ont de meilleurs
marins et en plus grand nombre que les vaisseaux
français , et l'on observe que ceux-ci ont des
canonniers , tandis que les anglais n'en ont point.
On y met en cjuesiion si les marins anglais sont
plus braves que les marins français.
Réponse. — Les vaisseaux anglais n'ont pas de
meilleurs marins et en plus grand nombre que
les vaisseaux français ; leurs équipages sont au
contraire moins nombreux que les nôtres. Ils
ne sont pas meilleurs marins si on les considère-
hors des manœuvres ; mais leurs officiers et le
fond de leurs matelots savent que, pour détruire
une escadre , il faut en désemparer les vaisseaux ,
et sur-tout la couper , et ils ne manquent pas db
le faire.
Dans te 33' alinéa , on avait conclu des ré-
flexions antérieures , que la supériorité de, la
marine anglaise consistait dans la manière djî
diriger ses canons, et que la boiité de ses offi-
ciers et de ses marins dans le combat , n'était qtie
la conséquence nécessaire de cette habileté.
Réponse. Il semble, d'après ces nouvelles obser-
vations, que la supériorité de la marine anglaise
consiste dans la manière de manœuvrer ses vais-
seaux , et que la bonté de ses officiers et de ses
marins dans le combat,n'en est que la conséquence
nécessaire.
— Au surplus ,'rauteur de ces réponses termine
comme fauteur du mémoire , et pense comme lui
que , si l'on employait contre cette marine ses
propres moyens de vaincre , elle ne serait pas tou-
jours'le principal soutien d'un gouvernnement
qui est le plus grand obstacle au triomphe de la
liberié.
THEATRE F E Y D E A U,
Ce théâtre vient de nouveau de s'adjoindre U
troupe comique dont la dissolution avait affligé les
amis de l'art dramatique, et dont la réunion oiFre
les avantages d'un second théâtre français , sans
les inconvéniens d'une trop forte rivalité. Le
citoyen Picard, et ses anciens camarades , ont
reparu, et ont été accueillis de la manière la
plus flatteuse. On a revu avec intérêt Dorsaa
et Devigny , madame Mole , mademoiselle Mo-
lière , et un acteur nommé Boquet , qui , nous
le croyons, a été de l'ancienne troupe du Marais ,
et qui ne paraît pas sans mérite.
On donnait pour cette rentrée le Collatéral 1 un
des ouvrages les plus gais que l'on puisse votf.
Nous croyons devoir engager Devigny à ne plus
perdre de vue la manière dont il jouait son tôJjS
de la Saussaye dans les premières représentations^
il en avait appcrçu tout le comique , et sai$i la
véritable nuance : jl en fait aujourd'hui une cari-
cature , et le dénature , en voulant en outrer ^t
le costume et la phisionomic.
Après le Collatéral, on a donné la première
représentation , à Paris , d'un petit ouvrage in-
titulé ia Saint-Pierre , ou Corneille à Rouen , qui ,
dans cette dernière ville , avait eu un succès
complet. Cela devait être , non que nous peu-
siens que des productions faibles puissent réussir
plus aisément dans une ville que dans une autte ;
mais une cité glorieuse d'avoir vu naîue les deux
Corneilles, et leur neveu Fontenelle , devait
savoir beaucoup de gré à l'aulcur qui.presentau
ces trois illustres personnages réunis , aux yeux
des descendans de leurs concitoyens. L a-propos
a donc été pour beaucoup dans le succès de
Corneille à Rouen. Ce mériie miinquait à l'ouvrage
lorsqu'il a été donné à Paris. En supposant qu il
dût V être donné, ce n'était pas au Théâtre
Feydeau qu'il devait paraîlre. La manière d'ex-
poser un lable^ui le- fait toujours juger plus ou
moins favorablement.
Corneille a dû intéresser à Rouen plein de son
souvenir ; il ne devait paraître à Paris que sur
une scène remplie de sa gloire ; c est assez nom-
mer le Tbéâire Français. C'est-là , en effet , qu'un
hommage lendu à Corneille , l'exquisse de son
poruait. celui de son frère, le tableau de 1 in-
térieur des deux familles qui n'en lésaient qu'une,
se trouvaient parfaitement à leur place.
Cet ouvrage a été joué au Théâtre Feydeau
très-froidement , et a été entendu de même.
L'auteur n'a pas été nommé. Nous croyons ce-
pendantpouvoir le faire connaître : c'est le cuoyen
-Picard. Assez d'.TUtres ouvrages plaident la cause
de son talent ; celui-ci l'honore malgré sa chute;
il s'est chargé lui seul de payer une dctié natio-
'nalé :à ce litie, il doit permettre qu'on le nomme ,
et qu au lieu de critiques inutiles , on lui adresse
des félicitations sur l'intention qui a dicté le choix
de son sujet.
Au Rédacteur.
Nous vous prions d'insérer dans votre prochain
numéro, l'annonce suivante :
Suite des éditions sléréotyfies envcnfe . à Paris, qu'on
ne trouve que chez Pierre Didot l aîné . imprimeur ,
■galleric du Louvre , rue des Orties ; et Firmin Didot,
iibrai'.e, rue de Thionville, n°" 116 et iS5o.
La Henriade de 'Voltaire, l vol. in-18. Prix,_
en feuilles , papier ordinaire , 65 cent. ; papier fin ,
I fr. ; petit papier vélin , 3 fr. ; grand papier vélin ,
■4 fr. 5o cent.
Les poésies de Malherbe . i vol. in-18. Prix , en
feuilles , papier ordinaire , yS cent. ; papier fin ,
j fr. 25 cent.-, petit papier vélin, 3 fr. ; grand
papier vélin , 4 fi. 5o cent.
■Voilà une annonce que le citoyen Renouârd
trouvera encore bisarre. { 'Voir le n°. du 4 ther-
midor.) Mais qu'y faire ? Est-ce que Firmin Didot
n'est pas l'inventeur de son procédé stéréotype?
■Est-ce que Pierre Didot l'aîné ne les a pas im-
"priméts .' N'en sont ils pas' tous deux proprié-
taires ? Et , puisque le citoyen Renouard n'esi pas
■chargé de leur vente, oii est la bisarrerie d'annoncer
Squ'on ne les trouve que chez eux seuls ?
Mais , selon le citoyen Renouard , il est abon-
damment pourvu de nos éditions. De quelles
■donc ? de celles que nous annonçons , du Voyage
sentimental en anglais , des cornes de la Fontaine ,
•des chefsrdœuVre de Pierre et Thomas Corneille?
-Nous ne lui en avons fourni aucun exemplaire.
Des œuvres de Molière? il en a tiré 3 douzaines ,
il y a deux mois environ , et les a payées. Des
fables de Gay et de Moore , en anglais; des poé-
'sies d Horace ? elles ne seront terminées que dans
quelques jours , ainsi que le second volume de
"Voltaire. Des autres ? peut-être se trompe-t-il;
■car , nous avons lieu de penser autrement par ses
diverses demandes , verbales et par écrit , faites
à des conditions que nous n'avons pas acceptées.
Et quand même il en serait pourvu , ce qu'il aurait
de commun avec les autres libraires , eit-ce,
encore une fois , une bizarrerie d'annoncer qu'on
tie trouve -que chez no'us seuls , la suite de nos
^dilipns dont il n'est pas chargé.
' A Véiiard du singulier empressement que nous
'avons mis à faire imprimer l'avis inséré dans le
i3oo
quejustju'à ce motnent il n'existe aucunes autres
éditions stéréotypes que celles que nous avors
publiées.
Salut et fraternité.
Pierre Didot, l'aîné. Firmin Didot.
P. S. — Notice des éditions stéréotypes qui ont
paru, précédemment.
AUTEURS FRANÇAIS.
Œuvres de Molière, 8 vol. in-18. Prix , en
feuilles , papier ordinaire , 5 fr. 20 ceni. ; papier
fin , 8 fr. ; petit papier veiin , 24 fr. ; grand pa-
pier velin, 36 fr.
Chefs-d'œuvre de Pierre et Thoraes Corneille'
4 vol. in-18. Prix en feuilles, pap. ordinaire'
3 fr. ; pap. fin . 5 Ir. ; p. pap. vel. , 12 fr. 5
grand pap. vel. 18 fr.
Œuvres de Racine , 5 vol. in- 18. Prix, en
feuilles , pap. ordin. , 3 fr. 25 c. ; pap. fin , 5 fr. ;
p. pap. vel. , i5 fr.; grand pap. vel. , 22 fr. 5o c.
Fables de Lafontaine , 2 vol. in-18. Prix , en
feuilles , pap. ord. , i fr. 20 c; pap. fin , 2 fr. ;
p. pap. vel. , 6 fr. ; grand pap. vel. , 9 fr.
Contes et Nouvelles en vers, du même, 2 v.
in-18. Prix, en feuilles, pap. ord. , i fr. 20 c. ;
pap. fin, 2 fr. ; p. pap. , v. , 6 fr. ; grand pap.
vel. , 9 fr.
Les Avantures de Téléraaque , 2 vol. in-iS.
Prix , en feuilles , pap. ord. , l fr. 26 c. ; pap.
fin ,2 fr. ; p. pap. vel. , 6 fr. ; grand pap. vel. ,
9 fr.
Odes , Cantates , Epîtres et Poésies diverses de
J. - B. Rousseau , 2 vol. in-18. Prix , en feuilles ,
pap. ord. , I fr. 3o c. ; pap. fin ,2 fr. ; p. pap.
vel. , 6 fr. ; grand pap. vel. , 9 fr.
Œuvres de Boileau , 2 vol. in-18. Prix , en
feuilles , pap. ord. , i fr. 5oc.; pap. fin, s f. 5o c. ;
p. pap. vel. , 6 fr. ; grand pap. vel. , 9 fr.
AUTEURS LATINS.
Publius Virgilius Maro , un vol. in-t8. Prix ,
en feuilles , pap. ord. , 75 c. ; pap. fin , i fr. 25 c. ;
p. pap. vel. , 3 fr. ; grand pap. vel. , 4 fr. 5o c.
Phadri Fabularum Libri quinque , un vol. in-18.
Prix , en feuilles , pap. fin , 5o c. : p. pap. vel.
I fr. 5o c. ; grand pap. vel. , 2 fr. 5o c.
Cornelii Népotis vits imperatorum , un vol.
in-18. Prix , ea feuilles , pap. ord. ,40 c. , pap.
fin , 7S c; p. pap. vel. , 2 fr. ; grand pap. vel. ,
3 fr.
AUTEURS ANGLAIS.
The 'Vicar of Wakcfield , avec des notes, un
vol. in-18, Prix, en feuilles, pap. ordinaire, yS c. ;
papier fin , i fr. g5 c. ; p. pap. vél. , 3 fr. ; grand
pap. vél. 4 fr. 5o c.
Leiiers of My|ady ^Wordey Montague , un vol.
in-18. Prix , en feuilles , papier ordinaire ,75 c.;
papier fin , l fr. 25 c; p. pap. vél. 3 fr. ;grand
pap. 4 fr. 5o.
The Sentimental Journey , un vol. Prix , en
feuilles , papier ordinaire, 75 cent. ; papier fin ,
I. fr. 25 cent. ;■ pet. pap. vél., 3 fr. ; gr. pap.
vél. , 4 fr. 5o cent.
Il paraîtra incessamment le second volume du
choix des œuvres de Voltaire , in-18 ;
Qj.iinius Horatius Flaccus , i vol. in-18 ;
Fables of Gay , and Moore , l vol. in-18 ;
Aminta del Tasso , i vol. in-18.
de cet empereur. Il fait connaître les découverte»
des russes, leur navigation, leurcomiiicrce , leur
industrie , les revenus de l'empire , ses forces mi-
litaires et sa population. L'hisloire des peuple»
sauvages et barbares soumis à la Russie , n'est
peut-être pas la partie la moins iniéressanie de soa
ouvrage. iiPour bien connaîne l'humanité , il faut
d abord léiudiér, dit-il, dans son berceau , c'est-
à-dire , dans l'état de l'homme sauvage Plus
une peuplade sera brute encore , moins elle aura
fait cîe ces progiès qui ne sont dus qu'au long
usage de la société , et à de longues communi-
cations des diftérentes sociétés entre elles, et mieux
nous reconnaîtrons ce qu était l'homme dans le
premier état de nature , et par quelles voies il est
devenu lel que nous le voyons dans les états
policés. Où trouver un théâire plus favorable à
cette étude si piquante pour ceux qui veulent
suivre la marche de l'esprit humain , que dans
les vastes contrées qui composent la dominatioa
dçs russes ? C'est là qu'on voit des nations plon-
gées dans l'état le plus brut dont on puisse à pré-
sent rencontrer le modèle sur la terre ; d'auues
qui , sauvages encore , se distinguent des ptc-
mieres par une industrie plus avancée ; d'autres
qui , déjà trop perfectionnées pour être confon-
dues avec les sauvages , doivent être'placées dans
'la classedes peuples que nous appelions barbares;
d'autres eiifin qui ont franchi plus ou moins de
degrés de la civilisation, d
Comme la plupart des matériaux de l'histoire
de Russie sont en langue russe , elle ne pouvait
être eutiepiise que par un homme qui eût passé
plusieurs années dans le pays, et qui en cuf
étudié la Unique ancienne et moderne.
Histoire de Russie , par Pierre-Charles Levesque ,
ci-devant membre de l'académie des inscriptions
et belles-lettres , et maintenant de l'Institut na-
tional de France , nouvelle édition corrigée et
augmentée par l'auteur , et conduite jusqu'à la
mort de Catherine II, avec une belle carte de
l'empire de Russie. Huit vol. in-8''. Prix , 40 fr.
brochés.
A Paris, chez Guillaume, libraire, au col-
lège d Harcourt , rue de la Harpe ; à Hambourg
et à Brunswick , chez P. F. Fauche.
Cet ouvrage est connu , et a été traduit en
Aimants ARTIFICIELS du cit. le Noble, ou moyers _
de se guérir soi-même par l'application , et le
toucher continué de ses aimants artificiels , des
maladies de nerfs suivantes; des affections dou-
loureuses de la face; de l'odontalgie ou duimal
de dents ; des douleurs rhumatismales en diffé-
rentes parties dit corps; des douleurs nerveuses
à la région des reins ; des douleurs nerveuses
à la tête; des crampes nerveuses à la poitrine;
des crampes ou contractions nerveuses des cxtré-
miiés ; des palpitations ; des tremblemens el treS-
saillcraens convulsifs ; des convulsions; de l'é-
pilepsie , de la rétention d'urine ; des affecdonï
vaporeuses ou du vertige ténébreux ; lesquels
moyens ont été 1°. éprouvés, de 1777 a 1783,
par le citoyen le Noble , sur les treize maladies
ci-dessus indiquées , en présence des citoyen^
Andry et Thouret , commissaires de la société
de médecine de Paris , chargés par elle de cons'-
tater l'efficacité et la vertu de ces aimants arti-
ficiels contre ces maladies;
2". Certifiés à eux par les citoyens Desperriercs,
Bouvart , Chamseru , Gaulavd , G'iofFroy, Jeanroy
Laplanche, Leroy, Lorry, Vicq-d'Azir, Mauduyi,
membres de la même société et nommes tous
dans les observations rédigées par ces deux
commissaires ;
3°. Piésenlés à l'instruction publique par ua
rapport de ces mêmes commissaires, lu à la société,
imprimé en 1783 , envoyé à tous ses correspon-
dans, et par un recueil d'observations faites par,.
eux , el insérées tome III de ses mémoires ;
4°. Confirmés par M. de Buflbn, histoire natvr
relie tome IX des minérctux ; et par le citoyen
Bâcher , de la société de médecine , gazette de
santé de 1779 et 1780 ;
5°. Constatés de nouveau par les lettres écrite*
depuis limpression de ces trois ouvrages , et
recueillies, par P. J. F Luneau Boisjermain. in-18,
cinqfeuillcs de 36 pages chacune. Prix, 75 cent.;
port franc , 1 franc , «n s'adressant par lettres
affranchies.
A Paris , chez fauteur et rédacteur, rue cî-
devant Condé , n° 7.
Ti° 3q du Tournai typographique , nous pensons 1 pl'JSieurs langues. Lediiion qtii ena ete fane
En effet quil peut paraître iJW-jm^u/ier que nous
'ayons attendu près d'un an, et sa lettre insérée
'dans le h" 38 du même journal, pour informer
Tes libraires de la dissolution de notre société
'avec le ' citoyen Herhan , et les prévenir que
■libus soinmes demeurés propriétaires de toutes
nos éditions stéréotypes, à l'exception du Ra-
'cine resté au citoyen Herhan'', et non au citoyen
•Renouard qui n'était pas notre associé.
Nous terminons par cet avis : comme les carac-
•teres de nos éditions stéréotypes n'existent que
dans notre imprimerie , le public pourra facile-
'«lent reconnaître , si celles qu'on annoncerait
'comme en fesaht Va suite , sont réellement d-
â Paris et celle d'Yverdun , étaient épuisées de
puis iong-tems. Celle que nous annonçons a
été revue avec soin par l'auteur. Il déclare ,
dans son avertissement , qu'il n'y a presqu'au-
cune page à laqiaelle il n'ait fait des corrections
plus ou moins importantes. Il a conduit le règne
de Catherine II jusqu'à la mort de cette prin-
cesse.
Voltaire qui écrivaitf histoire dePierre-le-Grand
pour fimpératrice Elisabeth , n'a pu le représenter
que du côté favorable. Le cit. Levesque montre ,
dans ce prince , l'homme de génie et l'homme mal
élevé , le grand homme et le barbare, le législa-
lateur et le'bourreau. Il a donné dans cette nou-
ThÉATRE de la REPUBLIQ.tJ'E ET DES ARTS.
Auj. Iphigénie en Aulide , et le ballet de Psyché.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Arlequin tout
seul ; les deux Veuves , et la Pièce curieuse.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. le Mariage de Figaro , orné de tout son
notre collection ; et ce dont il doit être sûr , c'est 1 vèlle édition de nouveaux détails sur la vie privée spectacle.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 21 thermidor. — Cours des effets publia.
Rente provisoire 22 fr. 75 c.
Tiers consolidé 36 fr.
Bons deux tiers i 1 fr. 60 c.
Bons d'arréragé 84 fr. i3 C.
Bons pour fan 8 85 fr. i3 c.
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Coupures.. '. 66 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
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ZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 323.
Tridi , 23 thermidor an 8 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à pcévenlr nos souscripœurs qu'à dater du 7 Nivôso le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
Il coiuieut les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenr , les nouvelles des armées , ainsi que las faits et les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article stra particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 3i juillet ( 1 2 thermidor } .
( Les articles suivans sont extraits du Courier de
Londres , du i" au 5 août. ) :
Journal duparlement. — Cliambre des pairs. — Séance
du ig juillet [lo thermidor.)
XjE roi s'élant rendu dans la chambre , à 4 heures,
el placé sur son trône avec les cérémonies usitées ,
sir Francis Molyneux , huissier de la verge noire ,
fut envoyé avec un message de S. M, à la chambre
des communes, pour lui ordonner de se rendre
dans celle des pairs. — I.'orateur , accompagné
. de MM. Pitt, Dundas , el de plusieurs membres,
vint à la barre et prononça le discours suivant :
>) Très-gracieux souverain ,
>5 Vos Ëdelcs communes se rendent humble-
ment auprès de V. M. avec le bill par lequel leiirs
octrois sont compleités pour le service public de
l'année.
)) Vos communes croyent qu'après avoir pourvu
aux divers besoins de celle imporianle circons-
tance , elles se sont acquiuécs d'un devoir in-
dispensable envers V. M. et leur pays , en mani-
festant leur ferme détermination de combiner le
maintien du crédit public avec des efforts telle-
ment étendus, qu'ils puissent amerter la lutte dans
laquelle nous sommes engagés à une conclusion
juste el honorable.
» Vos communes ont observé avec un haut
degré de satisfaction que , parmi les vicissitudes
qui ont accompagné cette lutte pénible, la sécu-
rité de l'empire britannique s'est affermie , sous
beaucoup de rapports . son pouvoir s'est conso-
lidé , ses ressources se sont augmentées. Les succès
brillans et décisifs, par lesquels se sont terminées
les dernières hostilités dans I Inde, ont été le ré-
sultat de la faveur accordée par la providence à
l'union de la sagesse et de la vigueur dans les
conseils, avec la bravoure et l'habileté dans les
camps. Ces succès ont nécessairement donné lieu
à d'amples et nouveaux réglemens.
1) Vos communes espèrent donc que la mesure
adoptée en conséquence , aura l'effet de procurer
à ce pays tous les avantages qui peuvent dériver
de ces précieuses possessions , et qu'en rnême tems
elle assurera aux naturels du pays le bienfait en-
tier delà protection du gouvernement britannique.
)j Mais parmi les mesures qui ont engagé l'at-
tention de vos communes , nulle ne leur a inspiré
plus de confiance et de satisfaction que celles qui
ont contribué au grand et important arrangement ,
par lequel les sujets de V- M. dans la Grande-
Bretagne et dans llrlande , ne constitueront dé-
sormais qu'un peuple , dirigé par les mêmes vues,
lié par les mêmes intérêts, gouverné par lesmêrnes
lois. En contemplant cette mesure et la perspective
heureuse qu'elle présente, vos communes ne peu-
vi-nt manquer d être animées de l'espoir , égale-
ment bien fondé et conforme au génie bienfcsant
de V. M. , que le roytiume-uni présentera toujours
au monde l'exemple d'un peuple libre et puissant ,
résolu de n'employer ses forces et ses ressources
combinées que pour son honneur et sa sécurité ;
décide à prouver par la justice et la modération
de sa conduite et de ses ccmseils , qu il n'est pas
indigne du bonheur dont il pourra jouir, x
Après ce discours , le roi donna sa sanction
à divers bills , et termina la session par le discours
suivant :
51 Milords et messieurs ,
55 En terminant cette laborieuse session du
parlement , je dois vous expiimer combien je
suis satisfait de la diligence et de la persévérance
avec lc5quellcs vous vous êtes appliqués aux di-
verses branches des aifaires politiques qui ont
été remises à voire délibération. C'est avec une
satisfaction particulière que je vous félicite du
succès des mesures que vous avez prises pour
effectuer une entière union entre mes royaumes
de la Grande-Bretagne et d Irlande.
5> Depuis long-tems mes souhaits les plus ar-
dcns se dirigeaient vers cette grande mesure. Je
la consicléreiai to'.ijouis comme le plus heureux
évéucmgnt de mon règne , persuadé que rien
ne peut contribuer plus efficacemeni à faire plei-
nement participer mes sujets d'Iilande aux bien-
faits de la conslilution britannique, et à établir
sur les plus solides fondemens la force, la pros-
périté et le pouvoir de tout l'empire.
>i C'est avec une grande douleur que j'ai vu ,
pendant \2ne longue disette , les besoins pressans
de mon peuple. tVIais j'espère (|ue , sous la
faveur de la providence , la' moisson prochaine
lui fournira un secours prompt et elficace n
5) Messieurs de la chambre des communes ,
l'Je vous fais mes remercimens particuliers
pour le zcle et la libéralité avec lesquels vous
avez pourvu aux divers besoins du service pu-
blic, je regrette profondément la nécessité de ces
sacrifices répétés de la pan de nus sujets. Mais
ils ont été indispensables pour la préscivalion de
nos plus chers intérêis , et c'est une grande con-
solation d'observer que , malgré la coniinualion
de furdeaux inusités , le revenu , le commerce
elles ressources du pays onl fleuri au-delà de tout
exemple et sont encore dans un état d augmen-
tation progressive. »>
55 Milords et messieurs ,
55 Le cours de la campagne sur le continent,
a trompé par un revers soudain , les espérances
flatteuses , que la situation des affaires , lors-
qu'elle a commencé , paraissait pleinement jus-
tifier. Malheureusement , une grande partie de
l Europe se trouve encore exposée aux calamités
et aux dangers , dont elle avait été récemment
délivrée par les brillans succès de mes alliés.
55 Quelque fâcheux que soient ces événemens,
ce seraioujours un juste sujet de satisfaction pour
moi de réfléchir , que , dans le cours de cette im-
portante lutte , mes efforts et ceux de mon par-
lement ont é:é sans relâche employés au main-
tien de nos droits et -de nos intérêts , tandis
qu ils n'ont cessé d'animer et de soutenir les autres
puissances , dans leurs efforts pour défendre
les libertés de l'Europe.
15 Malgré les vicissiti*des de la guerre , votre
constance et votre fermeté ont produit les avan-
tages les plus imporians et les plus durables,
dans la situation générale des affaires. La déter-
mination manifestée par voire conduite et vos
déclarations récentes, me fourniront sans doute
les meilleurs moyens de soutenir , de concert
avec mes alliés , les iniérêts généraux , et de
pourvoir , dans toutes les circonstances, à l'hon-
neur de ma couronne . au bonheur de mes
sujets , à la sécurité et au bien être de toutes les
parties de lEmpire Britannique )>
Après que S. M. eut prononcé ce discours,
le lord chancelier dit :
Il Mylord et messieurs ,
51 C'est le plaisir et la volonté royale de S. M.
que ce parlement soil prorogé à mardi 7 du
mois d'octobre prochain. Ce parlement est en
conséquence prorogé à mardi 7 du mois d'oc-
tobre prochain. 51
Chambre des communes. — Séance du iS juillet.
M. Jones dit qu'il a appris qu'un armistice
avait été conclu entre l'empereur d'Allemagne
et la France. Il pense que comme c'est jeudi
dernier que la chambre a passé un biil pour
envoyer de l'argent à l'empereur , ce ne sera
pas trop de demander au très-honorable membre
(M. Pitt), si l Angleterre est comprise dans
l'armistice, ou du moins s'il est probable qu'elle
le soit dans les préliminaires de paix.
M. Pitt réplique qu'il n'est pas dans le cas de
répondre à une pareille question.
L'ordre du jour appelle la discussion sur les ré-'
solutions de finances présentées par M. Tierney
et par M. Pitt
M. Tierney dit qu'il suivra latmême marche que
l'année passée. Ses calculs s accordent avec ceux
du très-honorable membre (M. Pitt), bien que
ce dernier ait peut-être estimé au-dessous de
leur montant les dépenses probables de l'établis-
sement de paix. La différence entr'tux n'existe
que dans la manière d'envisager le sujet. Le plan
de M. Tierney est de montrer l'étendue de la
dette à laquelle l'Angleterre s'est engagée pour
celte raison ; ily a compris la dcile de 1 em-
pereur. Il termine en proposant sa première ré- j
solution. I
^ M. Pitt dit qu'il s'accorde parfaitement avec
l'honorable membre quant aux chiffres. Toute
la différence gît dans le résultat des conséquen-
ces. Mais la question , sous quelque point de
vue qu'on veuille l'envisager, offre, après une
guerre longue et dispendieuse, le lableau des
finances les plus florissantes. L'honorable raem-,
bre compare noire situation actuelle avec l'époque
de la dernière paix ; il eiit été plus Juste de là
comparer à l'époque où se termina la guerre d'A-
mérique. Il aurait dii distinguer les dépenses per-
maneiites des dépenses temporaires. Enfin il au-,
ratt été juste de comparer au progrés des charges, '
le progrès du commerce et du revenu. Le fond
d amortissement , qui formait à la fin de la dei-
nicre guerre la 238= partie de la clette , n'en fait
aujourd'hui que la 82' partie.
M. Pitt termine son discours en proposant la
question piéalable.
Elle est adoptée, et les résolutions de M. Tier-
ney étant écartées par ce moyen , celles de M. Pitt
lui sont substituées,
Résolutions sur les finances présentées à la chambre
__ des communes par M. Pitt.
I. Le montant de la dette fondée éiait le 5 jan-
vier 1786 de 238,231,248 liv. sans les annuités
longues, courtes et viagères jusqu'à concurrence
de 1,373,550. — - Le i". janvier lygS les fonds
rachetés s'élevaient à 10,242,100 liv, : Somme
dans laquelle avait éié comprise celle de 79,880
d'annuités éteintes. Ainsi à cette époque la dette
fondée se trouvait réduite à 227,989,148 liv. et
les annuités à 1,293,670 l. — Le i" lévrier iSoo ,
les fonds rachetés s'élevaient à 32,404,845 liv :
Somme dans laquelle était comprise celle de
119,8^0 liv. d'annuités éteintes; ainsi ^ à cette
époque , la dette antérieure à la guerre se rédui-
sait à 2o5, 826,403 liv. et les annuités à 1,253,670 1.
II. Le montant de la dette fondée, créée
depuis le 1" février 1793 (y compris les sommes
empruntées dans la présente session , mais non
compris 7,5o2,633 liv. en 3 pour cent consolidés
et ï3o,ooo liv. d'annuités créées par les emprunts
imj^ériaux) , était le i" fév. iSoo,de 257,787,79a
liv. sans compter les longues annuités jusque
concurrence de 283, 206 liv. par an. De cette
somme i5,3i5,ooo l. sont au compte de llrlande
et 56,445,000 liv. sont couvertes î>3c Vincome-tax,^
ce qui laisse une dettepermanente de 186,027,792
liv. — Le 1=' février iSoo , les fonds rachetés
allaient à 12,328,44g liv. Ainsi la dette créée
depuis le 5 janvier 1793, se réduit à 173,699,343
liv. sans compter les longues annuités.
III. Le total de la dette fondée permanente,
(après en avoir déduit la som.me rachetée de
44,733,294 liv. et les annuités éteintes) s'élevait
le l" février 1800, à 379,525,000 liv. plus les
courtes annuités qui allaient à 54g, i3o et les
longues annuités qui allaient à 987,947 , dont
il faut cependant déduire les annuités à la charge
de l'Irlande.
IV. La somme annuellement applicable à la
réduction de la dette nationale , (conformé-
ment à l'acte de 1786) était de 1,000,000 liv.
ce qui fesait à-peu-près la 238™' partie de là
' dette existant alors. En I7g3 , cette somme était
de 1,427,143 I. fesant environ la 160™' partie de la
dette nationale alors existante. Celle même somme
peut être estimée pour l'année 1800, à 4,730,000 ,
c'est-à-dire , environ la 82™= partie de la dette.
' V. Les dépenses annuelles provenant de h dette
permanente, étaient, au 5 janvier 1786, de
9,297,000 1. avant qu'il eût été créé aucun fonds
applicable à la réduction de la dette nationale.
Le 5 février 1793 , ces dépenses étaient de
10,325,000 I. , y compris les 1,000,000 applicables
au rachat de la dette.
VI. Les dépenses annuelles provenant de la
dette ciéée depuis le 5 janvier 1793 f y compris
314.000 I. d'intérêts permanens et les dépenses
relatives aux emprunts de la session présente )
rnonleni 38,582,429 1., dont 6,684,469 I. pour
intérêts, annuités et frais d'adminiairatiou , et
1,897,960 I. pour l'exiinciion de la deite. Le par-
lement en outre a garanti une dépense ai»nuelle
de 497,73.5 I. , au cas que l'cmpereiir d'Aliemagne
ne payât pas lintérêt de ses emprunts.
VII. Les délies flottantes moniaient le Sjanvier
1793, à 1,32 7,112 I., et le 5jany. 1800, à 8,890,791!.
U a été pourvu au tetnboursemcm total de ccg
-dettes tant dans la dernière que dans la présente
session.
VIII. La dette non fondée (non compris l'anti-
cipation ordinaire sur certaines taxes annuelle-
ment votées) , montait le 5 janvier '793 ■ a
8,92542i 1. , et le 5 janvier i8oo. à 14,40b, sbS I.
Surquoi il a été pourvu dans la session présenie.a
■une somme de 1,914,000 I. , ce qui laisse une
detle non fondée de 12,494, 28S 1. Celte augmen-
tation de 3,S66.SC6 1. depuis le 5 janvier 179J , a
été principalement occasionnée par une addition
de 1,000,000 en billets de l'échiquier et par des
dettes de la marine , qui résullent de la guerre ,
mais qui ne portent point d'intérêt.
IX. Le produit net des taxes permanentes exis-
«ani le 5 janvier 1784, montait alors à io,ig4,i59 !•
Les taxes postérieurementimposées pour délrayer
les dépenses de la dernière guerre, montaient en
i786 , à 938,000 I. , ce qui portait la totalité des
taxes à ii,t33,ooo 1.
X. Le produit net total des taxes permanentes
tel. qu'il est rapporté à l'aiticle ci-dessus, plus
i37,ooo liv. provenant de l'acte de consolidation
ec de droits imposés en 1789 , était à l'année expi-
rant au 5 janvier 1793 , de 14,384.000 liv. ; au 5
janvier 1794, de 13,941,000 liv. ; au 5 javier 179^,
de i3,858,oooL; auSjanvier 1796, de i3,557,oool.
au 5 janvier 1797 , de 14,292,000 liv.; au 5 janvier
1798, de l3,332,ooo liv.; au 5 janvier 1799, de
13,275,000 (., et au 5 janvier 1800 , de 15,432,254
liv. Celle dernière somme , après en avoir déduit
les droits provenant de l'acte de consolidation et
ceux imposés en 1789, excède , le produit net des
taxes permanentes , tel qu'il est rapporté à l'article
ci-dessus , de 4,i63,254 liv.
XI. Le produit net actuel des taxes imposées
le 5 janvier 1793 , s'est élevé pendant l'année expi-
rant au 5 juillet tSoo, à 8,477, 100 liv. — Mais sur
une partie de ces taxes , le produit de l'année n'a
pasencore éié touché. Il n'a été perçu que 113,707
liv. sur celles qui ont été imposées dans le cours
de l'année et qui sont estimées à 35o,ooo liv.
XII. La valeur totale des importations faites
dans laGrande-Bretagne pendant l'année expirant
au 5 janvier 1784, a été de i3,l2i,235 I. ; et d après
l'évaluation moyenne d_e^, six années précédentes ,
de 1 1 ,690,829 liv. — »La valeur totale des importa-
tions faites dans la Grande-Bretagne pendant l'an-
née expirant au 5 janvicri793, a été de 19,659,358
liv. ; e; d après l'évaluation moyenne des 6 années
précédentes, de 18,685.390 liv. — La valeur totale
de toutes les importations faites dans la Grande-
Bretagne pendant l'année expirant au 5 janvier
1800 (supposé que les importations des Indes orien-
tales , dont les comptes ne sont pas encore arrivés ,
aient été comme Tannée précédente), ont été
de 29.945,8081. — Comparées avec celles de 1784,
les importations ont ainsi augmenté de 16,823,573
liv. , et comparées avec 1792 , elles ont augmenté
de 10,286,450 liv. — Ces mêmes importations,
d'après l'évaluation moyenne des 6 années qui pré-
cédèrent le 5janvier 1800, ont été de 24,407,0001. ;
ce qui , comparé avec les évaluations raoj'ennes
précédant le 5 janvier 1794, fait une augmentation
de 13,717,000 I. , et comparé avec les évaluations
moyennes précédant le 5 janvier 1793', fait une
augmentation de 5,722,000 liv.
XIII. La valeur totale des objets de manufac-
tures britanniques , exportées pendant l'année ex-
pirant au 5 janvier 1784, a été de 10,409,713 liv. ,
et d'après l'évaluation moyenne des sibc années 1
précédentes, de 8,616,660 liv. — La valeur totale
desdites exportations , pendant l'année expirant
au 5 janvier r7g3 , a été de iS,336,85i 1., et
d'après l'évaluation moyenne des six années pré-
cédentes , de 14,771,049 liv. — La valeur totale
desdites exportations , pendant l'année expirant au
5 janvier iSoo , a été de 24,084,000 1. , ce qui com-
paré avec 1783, fait une augmentation de l3.6/4,
375 1. ; et avec 1792 , de 5,748,000 1. — Ces mêmes
exportations, d après l'évaluation moyenne des
six années qui précédèrent le 5 janvier 1800 , onr
été de 18,804,000 1 ; ce qui, comparé avec les
évaluations moyennes précédant le 5 jan. 1784,
fait une augmentation de 10,188,000 I. ; et com-
paré avec les évaluations moyennes précédant le 5
janvier I7g3 , fait une augmentation de 4,o33,ooo I.
XIV. La valeur totale des marchandises étran-
gères , exportées de la Grande-Bretagne pendant
l'année expirant au 5 janvier 1784, a été de 4,332,
909 liv. , et d'après lévaluaiion moyenne des six
années précédentes, de 4,263,930 liv. — La valeur,
totale desdi'.es exportations , pendant l'année ex
pirant au 5 jan. 1793, a éié de 6,569,000 1. , et
d'après l'évaluation moyenne des six années pré-
cédentes , de 5,468,014 I. — La valçur totale des-
dites exportations pendant l'année expirant au 5
jan. 1800 , a été de 11,906,000 1., ce qui , comparé
avec 1783 , fait une augmentation de 7,574,000 I. :
et avec 1792 , de 5,338, 000 I. Oes mêmes expor-
tations, d'après l'évaluation moyenne des 6 années
précédant le 5 jan. 1800, ont été de 11,677,000 1. ;
ce qui , comparé avec les évaluations moyennes
précédant le 5 jan. 1784 , fait une augmentation
de 7,414,000 1.; et comparé avec les évaluations
moyennes précédant le 5 jan. ïjgS , fait une aug-
mentation de 6,209,000 1.
i5oi
XV. La somme totale à lever dan» la Grande-
Bretagne pendant l'année 1800 , peut être estimée
ainsi qu'il suit :
dtiiérêtde la dette publique
fondée , frais d'aduiinistta-
tion , fojids d'amoriisse-
ment , jusqu'au 5 jan. 1800,
déduction faite des intérêts
payables par l'Irlande . . .
Intérêt, etc. à payer entre
le 5 janvier iSoo et le 5 jan-
vier 1801 , sur les fonds
créés par des emprunts ,
dans la présente session ,.
Intérêts des bills de l'é-
chiquier
La liste civile
Autres charges sur le
fonds consolidé , estimées
comme en 1799. ....
Gouvernement civil d E-
cosse
Pensions sur le re
héréditaire
Warrants pour la milice,'
et les déserteurs f
Primes pour l'encourage- , '
ment des pêcheries et desi
manufactures de toile )
Frais d'administration du
du revenu , y compris \'in-
come tax i,779i769
19,307,000
962,000
i,02i,6ï6
898,01)0
239,000
Evenu ?
647,183
Ce qui porte la totalité
des dépenses permanentes
à défrayer sur la recette des
revenus permanens, à . .
Subsides votés en iSoo ,
sans compter la somme de
1,914,000 I. pour délrayer
le vote de crédit de 1799 .
Somme avancée à 1 Ir-
lande . 2,000,000
Voie de crédit pour les
contingens piobables . . 1,400,000
Intérêts payables pour les
emprunts impériaux . . 497')000
24,554,875
35,686,552
60,541,427
Mais les dépenses additionnelles ré-
sultant de l'augmentation du nombre
de billets de l'échiquier flottant , sont
(jg ,....,.. 55,000
Intérêt des sommes exigées par
l'augmeiitaiion de la dette de la ma-
rine . à 5 pour 100 i5o,ood
Charge additionnelle sur le fond
consolide .......... l3i,ooo
Dépense additionnelle provenant
de la sornmc annuellement votée
pour le rachat de la dette. . . - 200,000
Ainsi l'établissement de paix futur,
non compris les 497,000 1. d'intérêts -
payables pour Icsemprunis impériaux;
1 intérêt des sommes que pourra exi-
ger la liquidation des dépenses de la
guerre et les augmentations qui pour-
raient avoir lieu dans les étab!issem<Sns
do la marine et de 1 armée , mais
toute fois en comptant l'augmentation
de paye et autres dépenses de cette
nature , évaluées à. ..... • 700,000
Peut être estimé à. . . . »5, 788,223
XIX. Le produit de Yincome tax
pendant 1 année 1799, paraît avoir
été de 5,801,624
Les contributions volontaires s'élè-
vent à 225,000
Les droits d'exportations et importa-
lions peuvent être estimés à. . . . i,25o,ooo
7,306,624
Elle produit des taxes permanentes antérieures
au 5 jan. 1793 , a rendu pendant l'année expi-
rant au 5 juillet 1800, 2,000,000 1. déplus que
la somme esiimée (.ar le comité de 1791 , néces-
saire pour 1 eiablissement de paix.
XX. Si le produit de Yinconu-tax , pendant la
durée de ceite taxe , après la ,hn de la guerre ,
rendait 7 millions , la toialilé de la dépense an-
nuelle pourrait êire estimée à 33 millions , y com-
pris ladite somme de 7 millions , annuellement
apiilicable ( indépendamment de toutes autres
sommes qui pourraient être dans les mains des
commissaiies j à la réduction de la dette.
XXI. Le montant des 3 p. C. créés en 1798 ,
1799 et 1800, dont l'intéiêt doit être défrayé et,
le principal racheté par Vincome tax , est de 55.
millions.
XXII. Supposé que la guerre finisse dans l'an-
née 1800 , que le prix moyen des 3 p. C. reste
pendant 3 ans après la paix , à 80 1. , et qu entin ,
lincome-tax produise 7 millions par an , le capital
de 56,445,000 1. et les intérêts, seront rachetés dans
le cours de l'année 1808.
— Nous ne donnons point les résolutions de
M. Tierney. Elles s'accordent avec celles de
M. Pilt pour la substance. La différence consiste ,
1°. En ce que M. Tierney ne remonte point
' dans ses calculs à 1 époque qui termina la der-
' nière guerre.
I 2°. Il ne compare point les progrès des res-
sources au progrès de la dette.
3". Il suppose que , dans l'hypothèse que la
guerre finisse en 1800 , le capital et les intérêts
de la dette de 56,449,000 1. st. ne seront rachetés
qu'en 1810.
4°. Enfin , que les dépenses probables des 9
premières années de paix s'élèveront à 326,000.
De ConstantinopU , le 10 juin 1800.
Vous avez au moins soupçonné d'après la rela-
tion que je vous adressai , le i3 du mois dernier ,
de la bataille ou pluiôt de la déroute dEl-Hanca,
que les français, maîtres dufortet de la citadelle
du Kaire , n'auraient pas de bien grands efforts à-
tinue à être telle qu'elle a été en 1799 , et si l'on I Q^pjoyer potH- débusquer decetle ville les troupes
y ajoute le produit attendu des taxes imposées j jg Nazouf Pacha et de Murad-Bey. Aussi un
pendant cette session , le montant total de la | bombardement les a-t-il bientôt mis dans la'
somme à lever pourl'ari iSoo, au moyen d«s taxes | nécessité de se rendre à discrétion. C'est la nou-
velle que la Porte a reçue le 3 de ce mois, et
dont je vous garantis le fait , sans cependant,
pouvoir vous éclaire." sur les détails, que mes
seules correspondances particulières me mettront-,
I à portée de. vous donner avec exactitude- La
I léserve du gouvernement à cet égard décelé ses'
et tout ce
3,897,000
Total .... 64,438,427
XVI. La recette du revenu perma-
nent s'est élevée pendant l'année ex-
pirant au 5 juillet 1800, à 28,238,000
Vincome tax est estimé pour l'année
1800, à 7,000,000
Les droits sur les importations et
exportations sont estimés ,. l,25o,ooo
Autres somrties applicables au
service de l'an 1800:
Surplus du fond consolidé après
avoir complété les octrois jusqu'au 5
avril 1800 597,000
Rentrée delà grand-iraprests et lotte rie 826,000
Le reste des subsides pour l'an
iSoo , se compose :
D'un emprunt pour la G. B. de. . 18,000,000
D'un emprunt pour l'Irlande. . . 2,000,000
Des billets de l'échiquier portés sur
les comptes futurs de 1801 3. 000, 000
D'un emprunt de la banque , de. . 3, 000,000
Du produit additionnel des taxes
espéré pour l'an 1800 240,000
Total 64.651,000
XVn. Si la recette des revenus permanens con-
permanentes et temporaires, peut être compte a
36,728,000 1.
XVni. Il paraît d'après le rapport d'un comité
de la chambre , fait en 1791 , que les dépenses
actuelles (y compris le million destiné au rachat
de la dette , les frais de l'armement de 1787 , les
paieraens faits aux lOyahstes Américains et divers inquiétudes comme son embarras,
articles temporaires ) s'élevaient , d'après l'évalua- que l'on peut .interpréter en faveur de l'espé-
tion moyenne des 5 années précédentes ,1 lauce qu'il nourrit au milieu de ses revers mili--
à . . 16,816,985 I taires , se puise dans les procédés du général
— ■ Kleber envers le visir : il lui a renvoyé du Kaire
! le Kiaya-Bey avec les oiEciers de sa maison. Tel
15.969,178 I est , monsieur, le dernier coup de fouel donné .
I par une poignée d'hommes à une armée de 60
I mille hommes , que quelques heuies ont dis-
I soute, après avoir employé huit mortels mois à
[la former. C'est assez vous convaincre que les,
[nouveaux efforts militaires que peuL méditer le
8 582,395 i le capitan Pacha , parti de Rhodes pour la co;a
' , d'Egypte , et toutes les ressources tacnciennes
Mais l'établissement de paix était
estimé par ledit comité à . . . .
Les dépenses de 1792 montèrent
à peu près à celte somme.
Les dépenses additionnelles , per-
manentes et provenant de la dette
créée depuis 1793 , sans compter les
intérêts payables par l'Irlande, sont de
Ce qui fait, ........ «4,551,573 du générai KoeUler, qui
se rend décidément avec
i3o5
•avecson état-major auprès du visir , dans l'inten-
lion de ressusi-iier son armée et d'en éleciriser
Icinulation, n enlèvent rien à l'opinion qui en
loise d'avance la nullilé. Je crois au reste que la
Porte est assez raisonnable pour peser à peu près
les mêmes résultats ; du moins sa ronduile paraît
fixer toutes ses ressources dans les moyens de
lenouer ses négociations. Elle compte beaucoup
sur l'influence du commodorc Sidney Smith ,
qu'elle espère ébranler dans la résolution qu'il
a prise de se limiter strictement à sa croisière
hostile sur la cote , et qui s'est refusé d'une
manière tics - piononcée aux sollicilaiions que
lui a faites Je visir de se rendre auprès de lui
àjaffa. Enfin . toutes les roues ne tournent que
sur ce sillon , et les instructions qui parviennent
au camp ne tendent qu'à concerter les mesures
qui peui ent vcnouvcllcr la convention d'Arich.
Si Ion s'en rapporte au x bruits qui courtnt ici
le janissaire Aga et le Dg ebtdgi Bachi , ctiel des
muniiionnaires , auiaicnt pa)e de leurs têtes la
déiouie de l'armée du visir.
On vient de recevoir la nouvelle qu'un incen-
die a consumé une partie du quartier turc à
Smirne : il faut convenir que cette ville oij la
peste fait de plus dans ce moment de granch ra-
vages , n'est pas sous un étoile heureuse.
Le grand-seigneur vient d'ordonner la cons-
iiuctioii d'un immense hôpital aux casernes du
Le vend Echiifiik. , situées à deux lieues -de Cons-
«anlinople ; il sera bâti sur le plan de M. Kauf-
fer . émigié français et ingénieur au service de
la Poiie.
— Le plan de la cour de Dannemarcls ne paraît
plus équivoque. Les commandans de ses vaisseaux
lienntul la même conduite dans toutes les mers ,
et refusent aux ofiSciets anglais la permission de
visiter les navires qu'ils escortent.
■Une frégate danoise de 44 canons fut ren-
contrée dernièrement dans la Méditerranée par
le Leviathan , que commandait l'amiral Duck-
worth. Lamiral n'ayant pas reçu de réponse satis-
fesantc sur les vaisseaux que le capitaine danois
avait sous son escorte , il le prévint qu'il allait
envoyer à son bord. Le capitaine danois répoiidit
qu'il ferait feu. Il tint parole , et tua un homme
sur le canot du Leviathan. L'amiral Duckwonh le
menaça alors de lui lâcher une bordée et exigea
qu'il le suivit à Gibraltar. La suite de cette affaire
n'est pas connue. Cette rencontre et celle du
convoi pris par la A'emesis , n'ont pas été les seules
de celle nature. Les craintes qu'elles ont fait naître
avaient engagé 1 amirauté à relarder le départ de
la floue d'Yarmouth pour la Baltique. Tes ordres
ont ayssi été envoyés à Leith pour y a. ,êter un
convoi qui devait ii>cessamment faire voile pour
le Nord. Ce différend amènera sans doute des
explications très -délicates entre les deux cours.
Lord 'Wbitworih est désigné pour se rendre à
Copenhague. M. Drummond l'accompagnera.
Celle négociation demande d'autant plus de talens
de leur part , que l'habileté du ministre danois ,
M. le comte de Berusiorff, rappelle le souvenir de
son illustre père.
La .guerre continué entre le Dannemarck et la
régence de Tunis. Les corsaires tunisiens prennent
tous les navires danois qu ils rencontrent. Le dey
fait conduire les munitions dans ses arsenaux , les
marchandises dans ses magasins , mais il laisse en
liberté les hommes et les fait remettre au consul
danois qui n'a pas encore quitté Tunis.
L'ambassadeur turc près notre cour a reçu jeudi
dernier la nouvelle son rappel à Consianiinople.
On le croit destiné à remplir le poste du reis
effendi. C est M. Agrinople , son premier drago-
man , jenue grec . âgé de 22 ans au |plus , qui le
lemplacecomme chaigé d'affjires. Cesl une chose
unique dans les annales de I empire ottoman ,
qu un chtétien chargé de représcnicr le Grand-
Seigneur. Mais ce n est pas la seule nouveauté
qui ait signalé le règne de Selim.
Nouvel nffut de canon.
Samedi dernier on a éprouvé en présence de
S. A. R. M. le duc dYorck et d'une quantité
considérable d'officiers de tous rangs , 1 affût
de canon inventé par M. le baron de Monta-
lembert. ( t )
La première épreuve a été fifitS dans la sup-
position que l'jflût avait perdu ses quatre roueï
par le feu de l'ennemi. La pièce était par ter^e'^
sur son châssis , placée' comme elle le strâil
cjans des casemates , ou des batteries de côte ,
fiour avoir la facilité de la faire tourner circu-
aircmeiii et de battre par ce- moyen loul le
icrrein situé devant elle. Quatre coups ont été
liiés dans cette position et tous ont bien réussi.
Dans la seconde éiircuvo , on a supposé que
(1) Le lédacteur se iiompe ; cet alFùl a, été in-
venté par le citoyen Monialcmberi, qui est mort
derniéicmeiii à Paris , lionoié de l'estime de tous
les «avans el des regieis de tous les bons ciloyens.
Son neveu dont on parle ici sous le nom de baron
de M'oiiialémbcrt , n'a fait que présenter au duc
d Yorck l'ouvrage ac «on ouclci Voye» l'e Trttt
BtTtion , i aoât.
l'affût avait perdu son avant train. La pièce était
par conséquent posée sur ses deux roues de
devant et supportée par derrière par trois leviers
d'appui. Dans celte seconde position , on a vu
remploi qu'on pouvait en faire , si le lerrein
n était pas assez large pour tirer avec un affût
ordinaire, ou dans une place derrière un rempart,
ou dans un retranchement quelconque. On a tiré
dans cette position six coups , qui ont parfai-
tement réussi.
La troisième épreuve s'est faite , l'affût sur
son avant train , tel .qu'il doit être quand il est
dans son entier. On a vu ainsi 1 usage dont il
pouvait Sue , soit comme pièce de position ,
soit pour protéger une retraite, puisqu'on n'a pas
besoin de dételer les chevaux pour iirer;soil pour
délendre un poste retranché ou non ; soit enfin
pour attaquer une place , un fort , ou un re-
tranchement. Ou a la ceriitude de pouvoir tou-
jours porter le boulet au même point . sans
être obligé de changer la direction à chaque
coup, ce qui est Irès-ulile pour faire brèche,
pour tirer à ricochet et pour tirer de nuit comme
de jour. La pièce a lire dans cett« troisième
position six coups , qui'ont également réussi.
INTÉRIEUR.
Paris ,U'22 thermidor.
Lf. Journaljlu Commefce annonce, sous la date
deFianctoit, que les prisonniers français qui se
trouvent à l'rcsbourg , se sont exposés aux plus
grands dangers pour arrêter l'incendie qui a failli
iéduire cette ville en cendres. L'empereur,
ajoute-t-on , pour récompense de leur dévoû-
ment et des services qu'ils ont rendus, leur a
accordé la liberté avec une gratification de aaoo
florins.
La Gazette Ligurienne rapporte une lettre de
Lucques qui ferait croùe que les insurgens de la
Toscane se préparont à attaquer le territoire
lucquois. Suivant la même gazette, l'épidémie
commence à ralentir ses funestes effets dans la
ville de Gênes. On a remarqué que cette maladie
emportait plus d'hommes que de femmes. Mais,
comme si un mal devait être remplacé par un
autre , au moment oti l'on se félicite de la dimi-
nution des ravages épidémiques , on est obligé
de s'aitrisier sur des assassinais assez nombreux
qui se comraetlent pendant la nuit, et dont on
ne devine point encore la cause.
Le gouvernement ligurien a interdit l'exercice
de leur profession à des médecins qui ont refusé
de saigner des malades au lazareih.
— La Clef du cabinet annonce sous la date de
Naples , le 3o messidor , qu'à lancienne consti-
tution de ce royaume, vient d'en succéder une
qui ressemble beaucoupà celle qu'on a établie de-
puis quelques temps en Sicile, a II y aura un tri-
bunal conservateur , dont les fonctions seront de
former un livre d'or , ei d'y inscrire ceux qui se-
ront réputés dignes d'être nobles. Ceux qui jouis-
sent aujonrd hui des droits de la noblesse 1, ne
seront plus nobles , s ils ne sont pas inscrits sur
le livre d'or. Le marquis del "Vasto sera déclaré
premier noble du royaume. Le même tribunal for-
mera un livre d'argeiit oix seront inscrits les nobles
de la seconde classe ou la haute bourgeoisie.
Chaque année , il tiendra des séances , soit pour
inscrire de nouveaux nobles , soitpour rayer ceux
qui auront déplu à la cour.)) — Les familles qui
ont pris part à la révolution ne seront point ins-
crites sur le livre d'or. Lé corps municipal de
Naples est remplacé par un sénat de rieuf mem-
bres , qui seront nommés par le roi'
Un édit a réduit les fois de crédit à la valeur
qu'elles ont au cours du change , c'est-à-dire ,
à moins de 20 pour cent ; car ces assignats per-
dent plus de 80 pour Cent. Par un autre édit ,
on a hiis en vente pour ,cinq millions de (ducats
de biens apparlena'nt aijx proscrits. Les fois de
crédit réduites ierûtit reçues en paiement de ces
biens.
— Les journaux de Bordeaux annoncent que
mille arpens de biens appartenant à la nation et
à des citoyens de la commune de Bellet , ont été
consumés par un incendie dont on ignore en-
"core la cause. Les citoyens des communes envi-
ronnantes ont mis le plus grand zèle à arrêter les
progrès de cet incendie.
Les auteurs de WDécade philosophique rappoftent,
dans leur dernier numéro , que le comité des
souscripteurs , pour le monument à élever à
Dcsaix , a examiné s'il ne convient pas de faire
tourner ce monument à l'utilité publique , el d'en
faire , par exem^ile , une foniaine dans un des
lieux de Paris , oii le besoin d'eau se fait le plus
sentir.
Celte idée mérite d'être examinée par les citoyens
et par les artistes. Quel usage plus utile peut-on
faire des fonds librement offerts par des sous-
cripteurs qui , tous , sans doute , s'honoreront
d'un seifvice impoitani rendu à la commune de
Paris ?Qucl plus noble emploi les arlisles peuveni-
ils faire de leurs talens ? ils trouveront une assez
vaste carrière dans l'érection d'uiie fontaine sur
une place publique ; la sculpture , l'architecture
pourront s'exercer sur un s! beau sujet; tant de
souvenirs glorieux se mêlent au nom de Desaix !
tant d idées utiles se joignent à l'établissement
d une fontaine.
Les auteurs de la Décade observent que la mo-
dicité des fonds , serait un obstacle à l'exécution
de ce projet; mais peul-être est-il raisonnable d'esr
pérer que le nombre des souscripteurs augmen-
terait beaucoup si l'emploi des fonds éiall déter-
miné pour un objet utile ; peut-être aussi obtien-
drait-on , soit de la ville de Paris , soit du gou-
vernement , le supplément qui serait jugé né»
cessaire.
Mais il s'agit moins aujourd hui de discuter le
fonds du projet el les moygns d'exécution , que
d'appeler l'attenlion du public sur cette idée ,
et d engager les journalistes amis des ans à la
discuter.
D.
ACTES DU GOUVERNEMENT,
Arrêté du l-iforéal , an 8.
Bonaparte , premier consul de la république
nomme les citoyens dont les noms suivent , pour
remplir dans le dépaiicment du Morbihan les
fonctions ci-après désignées, savoir:
Tribunal criminel séant a 'Vannes.
Président. Perret, ex-président du tribunal cri-
minel , ex-législateur.
Juges. Nayc Villaubry , commissaire actuel près
les tribunaux. Lemenez-Kerdelleau , juge aciuel.
Suppténns. Poussin , juge au tribunal civil, juge
actuel. Serres , juge actuel.
Commissaire. Lucas Bou.geiel , ex-législateur.
Greffier. Taslé , greffier aciuel.
Tribunal civil séant a "Vannes.
Président. Lauzer , président actuel de l'admi-
nistration.
Juges. Leblanc , ex-législateur. Duperron p'efe ,
juge actuel. Bosquet, idem.
Suppléans. Caradet , membre actuel de l'admi-
nistration municipale. Lucas Bourgerel père , ei-
constituant. Coué , juge aciuel.
Commissaire. Favero! , ex-législateur.
Greffier. Jamet , greffier actuel.
Tribunal séant a l'Orient.
Prâident. Legallic-Kerisouet , juge actuel.
Juges. Bargain cadet , juge actuel. Régnier , ex-
juge du tribunal de cassation. Deschiens , com-
missaire aciuel près la police correclionnelle.
Suppléans. Barré , ex-juge.Josse , défenseur offi-
cieux. Marion , idem.
Commissaire. Lauzac, juge actuel.
Greffier. Renaud , greffier actuel de la police
correctionnelle.
Tribunal civil séant a Pontivï.
Président. Ruinet , ex-juge , ex-adminislrateu^
du département.
Juges. Le Gogal , ex-juge , ex-administrateur.
Dulaigna , juge aciuel.
Suppléans. Guepin , ex-administraieur , ex-juge.
Paillon Beaublé , commissaire près l'adrainislra-
lion municipale de Poniivy.
Commissaire. Tahier , substitut actuel du com-'
missaire près les tribunaux.
j Greffier. Petiot , administrateur actuel du dé-
partemeiit.
Tribunal civil séant a Ploermel.
Président. Rouault, ex-conventionnel
Juges. Chaignaift , ex-conventionnel, ex-légis-
laieur. Legonesbé Belle , juge actuel. Robert,
membre aciuel de l'administralion centrale.
Suppléans. Maillart, juge actuel. Priiigué Du-
fourgeray , homme de loi à Ploermel. Moreau y
juge actuel. -
Commissaire. Dumay Moriais , commissaire/
aciuel près la police correctionnelle.
Greffier. Dupariail , greffier aciuel prés la police
correctionnelle.
Ordonne en conséquence qu'ils se rendront,
de suite à leur poste, pour y remplir les fonc-
tions qui leur sont attribuées pai* la loi.
i Le premier consul , signé. Bonaparte.
Par le premier consul , ,
Le secrétaire-d'étal , signée H. B. Maret.' d
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le ministre ayant ordonné , dès le mois de flo-
réal dernier , le paiement des indemnités dues
pour les six derniers mois de l'an 7 , et les six
I premieis mois de l'an 8, aux élevés externes de
l'école riaiionale de Liancourt .maintenant à Com-
piegne , ceux de ces élevés ou les parens qui Itfj'
I représentent et qui u ont pas encore retiré leur
I avis de paiement , sont invités à se présenter ,
! dans le plus court délai , au bureau central de la
t3o4
comptabilité du ministère , rue Grenelle , maison
Coniy , pour recevoir leur lettre d'avis et en lou-
cher le montant au trésor public,
—Le secrétaire-général du ministère del'intérieur
prévient ses concitoyens qu'à dater du i Iruc-
tidor prochain, il ne recevra que les lettres qui
seront affranchies.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le préfet de police , instruit des inquiétudes
que la Mongolfiere du cit. Garnerin avait fait
concevoir au public ,1e l5 du courant, l'amande
dans la matinée du 16, et lui a f<iit défense de se
servir dorénavant de pareils procédés pour ses
asceniians aërostatiques. Il a intimé le même
ordre à tous les entrepreneurs des fêtes. .,
— Le préfet de police réitère les défenses failes
aux cabaretiers et limonadiers de donner à boire
aux miliiaires qui sortent de leurs cazernes et se
répandent dans Paris après la retraite battue. Il
les rend personnellement responsables des délits
qui résulteraient de leur inexactitude à se con-
former à cette défense.
La citoyenne Roussel , demeurant rue du
Grand-Chaniier, n° 2 , a remis au concierge de
la maison d'arrêt des Madeloneltes , une somme
de 6 francs pour les femmes les plus indigentes
détenues en cette maison.
Cette somme a été distribuée , suivant l'inten-
tion de la citoyenne Roussel , à dix prisonnières
les plus nécessiteuses.
Rapport fait à la classe des sciences mathématiques
et ph)'siques , dans sa séance du 6 messidor an 8 ,
, par la commission chargée de répéter les expériences
de M. Achard, sur le sucre contenu dans la
betterave, (i)
Parmi les difFérens produits que l'homme s'est
appliqué à extraire des végétaux , le sucre est un
de ceux dont l'usage est le plus étendu.
Sa saveur douce et agréable , la propriété dont
il jouit de servir de condiment à plusieurs de
nos alimens , de nos boissons , et même de nos
ôiédicamens, l'ont fait placer , à juste titre , au
nombre de ces substances dont il serait d'autant
plus difficile de se passer , qu'elles sont devenues
des objets de première nécessité.
Considéré sous le rapport du commerce , le
sucre est aussi , pour la France , une de ces
denrées qui offrent beaucoup de chances aux
spéculateurs , et leur assurent un bénéftce cer-
tain , lorsqu'ils sont favorisés par les circons-
tances.
Dans des tems ordinaires . c'est-à-dire , lorsque
les opérations commerciales ne soiit sujettes a
aucun inconvénient , tout le sucre qui se fabrique
annuellement est bientôt débité; et quoique la
consommation qui s'en fait alors soit très-consi-
dérable , On observe que son prix se soutient
toujours à un taux' modéré.
Cet effet qui est le produit de la coiicurrence ,
tourne au profit du vendeur et de l'acheteur ,
puisque le flremier peut se défaire~de son sucre
à mesure qu'il arrive dans ses magasins , et que
k second peut aussi se procurer a volonté , et
sans beaucoup de dépenses , toute la quantité de
cette denrée dont il a besoin.
En tems de guerre les choses se passent bien
autrement. Les risques du transport ,^ les diffi-
cultés quon éprouve pour faire des échanges ,
et plus encore les accaparemens considérables
que souvent on se permet, sont autant de causes
qui contribuent à augmenter le prix du sucre,
et le mettent bientôt au-dessus des moyens pé-
cuniaires de la plus grande partie des consom-
mateurs.
C'est à ces causes aussi que nous devons depuis
' dix ans les hausses progressives du prix du sucre ,
prix qui , à certaines époques de la révolution , a
été si considérable que les personnes riches pou-
vaient seules le payer.
Les moyens de parer à de semblables inconvé-
niens n'étaient pas faciles à trouver ; mais , ayant
d'assurer qu'ils n'existaient pas , on crut devoir se
livrer à quelques recherches.
D'après l'opinion reçue que la canne à sucre
était la plante qui fournissait le plus de sucre, 011
imagina qu'en la naturalisant en France on en
obtiendrait assez de produit pour subvenir aux
besoins de la consommation (2).
En raisonnant ainsi, on entrevoyait deux grands
avantages : celui de n.èue plus tributaire de
l'étranger , et celui sur-iout de pouvoir en tout
tems et sans risques se piocurer du sucre qui ne
devait pas être sujet aux mêmes variations dans
le prix, que celles qu'il éprouve si souvent.
Dans le nombre de ceux qui le plus récem-
ment se sont occupés de cultiver la canne en
France , nous citerons le citoyen Bermond.
C'est à la nouvelle Tempée , près de Nice ,
département des Alpes-Maritimes ,que ce citoyen
fil choix d'un terrain pour ses plantations.
La température du climat de ce dépariemeiit ,
un des plus méridionaux de la France , semblait
devoir être très-favorable au succès de ses expé-
riences. En effet, la canne acquit une haui^eur 1
et une grosseur analogues à celles de la même
plante cultivée en Amérique ; mais lorsquil liit i
question d'en retirer du sucre , on ne piit obtenir
que du mucoso-sucré, c'est-à-dire un sirop non
cristallisable.
Le travail fait à ce sujet a été présenté à la
classe parieciioyen Gels;. Le mémoire dans le-
quel il est consigné contient en outre des détails
très-intéressans, tant sur la culture de la canne
en général-, que sur les sigries auxquels on re-
connaît Sôii état de maturité.
Ce n'est . dit notre collègue , que lorsque la
canne est complettement mûre , qu'on peut assurer
qu'elle fournira de bon sucre -, mais pour que sa
maturité ait lieu , il ne suffit pas que le terrain
soit bon , il faut encore le concours d'une cha-
leur long-tems continuée , et de beaucoup d hu-
midité. Or sur le sol le plus favorable de la repu-
blique on ne peut pas se flauer de reuiiir ces
deux avantages. L hiver, plus ou moins prolonge ,
suspend pour un tems la végétation; et s il est
certain que dans les climats les plus chauds on ne
peut avoir les cannes mûres au plutôt avant un an,
il est aisé d'en conclure qui) ne faut pas songer a
cultiver la canne à sucre en France.
Les tentatives du citoyen Bermond , comparées
à d'autres du même genre faites à diHérentes
époques, et toujours infructueusement, durent
faire renoncer aux espérances qu'en avait ctjn-
çues : aussi, ne paraît-il pas que depuis on s en
soit occupé.
Il en fikt à-peu-près de même de l'érable à
iucie acer saccharinum de Linnée.
Cet arbre , qui croît facilement dans les Etats-
Unis de l'Amérique , et qui y donne annuel-
lement une certaine quantité d'un fluide sucre
dont on peut retirer du sucre cristallisé , partit
d'abord offrir la ressource qu'on cherchait depuis ,
si long-tems.
En effet, il semblait qu'il suffisait de multiplier
l'érable en France pour n'avoir plus qu à recueillir
le fluide qu'on présumait qu'il devait fournir
chaque année. Cependant , en y réfléchissant ,
on ne tarda pas à «e convaincre qu'en admet-
tant même les circonstances les plus favorables,
le sucre de cet arbre serait toujours plus cher
qu8 celui de la canne.
Restait à examiner d'autres végétaux dont la
saveur semblait annoncer la présence du sucre.
Le navet , la cai'otte , la châtaigne , le panais,
les tiges de maïs, et beaucoup d'autres , furent
successivement soumis à l'expérience ; mais ,
malgré les assertions des enthousiastes , tl fut
prouvé que tous ces végétaux ne pouvaient pas
suppléer la canne , et que les tentaûves qu'on
ferait pour extraire le sucre qu'on présumait
qu'ils devaient contenhr , seraient sans succès.
Tel était l'état des choses lorsque M. Achard,
chimiste de Berlin , annonça qu'il avait trouvé
des procédés au moyen desquels il pouvait retirer
de la betterave blanche une quantité de sucre
assez considérable pour que , en calculant tous
les frais , ce sucre ne revînt pas à plus de 28
à 3o centimes la livre , poids de marc (i).
Déjà Margraf , aussi chimiste de Berlin , avait
fait connaître , il y a plus de quarante ans , la
possibilité d'extraire un véritable sucre de cette
racine ; mais , comme la quantité du produit qu'il
avait obtenu, malgré l'exactitude de ses procédés,
ne lui avait pas semblé assez considérable pour
qu'on pût en tirer un parti avantageux , il s'était
contenté de présenter l'extraction du sucre de la
betterave , comme une simple découverte qui
ajoutait un produit nouveau à ceux de l'analyse
végétale , et il en avait conclu que le sucre n ap-
partenait pas exclusivement à la canne, puisqull
existait encore dans d'autres végétaux.
Si Margraf, d'après ce qui vient d'être dit , doit
être regardé comme l'auteur de la découverte du
sucre dans la betterave , il faut convenir aussi
que , toute précieuse que fut cette même décou-
verte , elle était bien éloignée d'avoir ce degré
d'importance que M. Achard lui a donné , en
annonçant qu'à l'aide de ses procédés , on pouvait
retirer de la racine dont il s'agit une quantité de
sucre qui , dans bien des cas , pourrait remplacer
celui de la canne.
Malgré la réputation dont jouit M. Achard,
l'impression que fit la première annonce de se»
procédés , ne fut pas aussi favorable qu'on pou-
vait s y attendre. Sans positivenfént prétendre que
les faits qu'il avait exposés n'étaient pas exacts ,
on se peimil délever des doutes , on proposa
des objections ; enfin , on resta dans une sorte
d'indécision qui semblait faire entendre que les
expériences de ce chimiste , avant d'être regardées
comme concluantes , devaient être vérifiées.
Instruit sans doute de cette incertitude , M.
Achard crut devoir la faite cesser en s'appuyant
de l'autorité de plusieurs personnes dignes de
foi , en présence desquelles il avait iravaillé ;
ensuite , pour ne rien laisser à désirer , il publia ,
en allemand , un mémoire dans lequel il fit con-
naître ses- procédés avec assez de détails pour
qu'on pût les répéter à volonté.
Tous les ouvrages périodiques s'empressèrent
d'annoncer ce mémoire, et le piésenieientMpus
des rapports si favorables , que bientôt 1 opinion
générale fut fixée, et quon ne douia plus de
l'utilité dont pouvait être la découverte de M.
Achard. . ,
Cependant, il restait une grande question a
décider. Il s'agissait de savoir si les betteraves,
en France, étaient aussi riches en sucre que celles
qui croissent à Berlin.
En effet , il était facile de concevoir que , dans
le cas où le contraire aurait été prouvé , le mériie
de la découverte de M. Achard se trouvait plus
resserré, que l'espèce d enthousiasme avec lequel
elle avait été accueillie en France devait cesser ,
et que , par la même raison , toutes les spécu-
lations auxquelles elle avait pu donner lieu,
devaient nécessairement produire de mauvais
résultats.
C'est pour acquérir à cet égard des rensei-
gnemens suffisant , que la classe , d'après la
propositon d'un de ses membres, crut devoir
charger une commission de s'occuper spé<:ia-
lement des expériences relatives à l'extraction
du sucre contenu dans la betterave.
La commission s'est empressée de satisfaire
au vœu de la classe ; et si elle n'a pas présénlé
plutôt le résultat de son travail , c'est qu'elle a
voulu répéter plusieurs fois ses expériences, les
varier , et n'omettre aucun des moyens qui lui
ont paru convenables pour dissiper les doutes
et connaître la vérité.
Afin de mettre.de, l'ordrg dans l'exposé de
ses expériences , la commission a divisé ce rap-'
port en trois parties.
La première contiendra le détail des tenta-
tives qui\ont été failes pour constater la quaiitité
exacte de sucre contenue dans la betterave cultivée
en France.
Dans la seconde on traitera du procédé de M.
Achard.
La troisième offrira l'exposé des essais faits pour
perfectionner ce procédé.
/ La suite demain. )
COURS DU CHANGE.
Bourse du i3 thermidor. — Cours des effets publics.
3o jours. à 60 Jour,
(1) Les commissaires chargés de faire ce rap-
port , sont les citoyens Cels , Chaptal ,. Darcet ,
Fourcroy , Guyton , Parmentier , Tessier , Vau-
quelin et Deyeux.
(ï) On ignore l'époque précise de la première
culture des cannes à sucre en France ; mais
«4 il paraît'-que vers le quinzième siècle cette
)) sorte de i:ulture devint une espèce d'engoue-
)> ment général. Beaujeu , qui écrivait en i55l ,
>i dit que les provençaux en cultivaient depuis
»> deux ans ,' qu'elles avaient poussé assez bien;
)i mais qu'on n'avait pas pu prononcer sur la
ji qualité du sucre qu'elles donnaient. )' (" His-
foire de laiiie privée des Français , pat le citoyen
Legrand-d'Aussy. )
( I ) Voyez Annales de chimie , 0° 96 , p. 168.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix.
Effectif
Gênés effectif
Livourne
Bâle.'.
56|
188
5 tr. 10 c
i4fr.5o c
5 fr. toc
14 fr. Soc
4fr.35c
4 fr. 98 c
187
Effets publics.
Rente provisoire s3 fr. 38 c.
Tiers consolidé 35 fr. 63 c.
Bons deux tiers • fr. Sg c.
Bons d'arréragé 83 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 §4 fr. 76 c.
Syndicat 64 fr. 5o c.
Coupures 65 fr. a5 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasje , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^V^" 324.
Qjiariidt , 24 thermidor an 8 de la république françme , une et indivinble.
Nous sommes autoiisés à prévenir nos sousciipteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NIT E U R est le seul journal officiel.
Il condetic les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant si.
l'iutévieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes
sUes.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , /e 1 7 thermidor , ( 5 août. )
\Jn a appris par un bâtiment américain , nom-
mé U Junon , venant de Norfolk, et allant à
Rotterdam , chaigé de tabac , que la Minerve ,
corsaire frarîçais , s'éljit emparée de quatre na-
vires anglais.
Le départ d'un convoi prêt à faire voile de
Leiih pour Elseneur , a été suspendu par ordre
des lords de l'amiraulé.
Il a été transporte ces jours derniers à la banque,
sur trois chariots , un, million sterling en dollars ,
venus de la Jamaïque par te Brunswick , pour le
service du conimeice.
Les poursuites formées contre les agioteurs ,
accapareurs , monopoleurs . revendeurs , re-
gratners , eic. vont mettre au jour de grandes
iniquilés. Il a été souscrit des fonds dans beau-
coup de coiptés du royaume pour subvenir aux
frais de ces poursuites. Ce sont des fonds bien
placés . par les avantages qui en résulteroBt pour
la chose publique.
La pêche du hareng a commencé dans le golfe
deForih, et |>iomct dette très-abondante. Il a
déjà p.iiu de très-beaux harengs fiais dans les
marchés d Edimbourg,
Qjjelques jours avant l'arrivée du lord Thurlow
à Madras , il a été découvert parmi I équipage de
ce navire une conspiration pour enlever le bâ-
timent et l'amener à 1 Lie de France. Elle devait
éclater la nuit suivante. Trois des principaux con-
jurés , entr'autrcs celui convenu pour remplacer
le capitaine , ont été arrêtés et mis aux fers. —
Il a été harponné dans la baie de Sainte-Hélène
le l"^ mai , une baleine d'une grandeur consi-
dérable , et ce n'a été qu'avec beaucoup de peine
qu'on est parvenu à la faire atiértr; dépecée ,
elle a produit 3si barils d'huile. On rencontre
fréquemment de ces baleines dans la latitude de
S'ainle-Hélene.
Deux particuliers ont été cpndamné» par le
magistrat de Louth à une amende de 20 scbell. ,
pour avoir attelé un dimanche.
Il existe dans le Lincoln-shire une Elisabeth
Alison , âgée de 117 ans , jouissant de la meilleure
santé et de l'usaje de toutes ses facultés. Sur la
demande qui lui a été faite . si elle se rappelait
avoir vu les déniées au.ssi chnres qu elles le soiit
aujourd'hui , elle a répondu que la même cherté
avait eu lieu il y avait environ 90 ans.
Des lettres de Botany-Bay portent que cette
colonie sera bientôt en état de se passer des
secours de la mere-patrie. Un taureau et quatre
vaches lâchées , il y a huit ans , dans l'intérieur
du pays , ont produit 17.1 (êtes de bétail.
La répugnance qu'ont plusieurs personnes à
faire donner la vaccine à leurs enlans , paraît
provenir de la crainte qu'elles ont que leur pro-
géniture ne soit métamorphosée en veaux.
Une grande pratique du cow-pock a mis en état
le docteur Thornlon de présenter au public un
tableau comparatif de la vaccine avec U petite
vérole. (Nous donnerons demain ce tableau.)
Une cause d'un intérêt majeur a éié plaidée
le Qgjuillet ' lothermidor) à Worcester. Un nommé
Waddington était accusé de monopole. Les dé-
bats ont duré douze heures. Le jury avait à pro-
noncer sur neuf chefs d'accusation . réduits à ces
deux principes : 1°. que Samuel Ferrand Wad-
dington , négociant, avait, dans le marché du
ig mars dernier, à Worcester, travaillé mécham-
ment à faire hausser le prix du houblon , répan-
dant à cet effet des bruits alarmans , en présence
de divers planteurs et marchands de houblon ;
publiant que cette plante était presqu'épuisée ,
qu il y aurait bientôt disette , et qu'ayant que le
houblon de cette année pût être apportée au
marché , celui de l'année précédente uMiiquerait
loiaicment ; son intention étant d em^ êv:h';r les
petsonnes présentes , qui étaient des marchands
i\i houblon , et qui en avaient une ^'tande quan-
tité à vendre , d en amener ou en envoyer nux
ti>4iché3 ou dans les foires , el de les clétcimintr
k ne pas en vendre de iong-tcms ; moyens ■ ûrs
p»»!!! faire hausser cousidétablcment le prix de
c;ltc dtnice.
Le second chef était , qu'en accaparant lui-
même une grande quantité de houblon , pour le
revendre , avec un bénéfice énorme , il s'était
efibrcé de mettre la hausse dans cirite partie.
M. Plomer , parlant contre l'accusé, a dît
que cette cause fixait les regards de. toute la
nation , qui en attendait les résultats avec in-
quiétude; qu il s'agissait d'un délit des plus
graves ; que M. Waddington n'avait jamais été
vu à 'Woicester avant lé 39 du mois de mars
dernier; qu'on pouvait juger du dessein qui ly
avait conduit, et par ses actions et par ses dis-
cours ; tju'il était prouvé qa il était alois pos-
sesseur d'une grande quantité de houblon qu'il
avait acheté dans différeiis marchés; que son in-
tention avait été de persuader aux planteurs de
retirer leur houblon du marché , pgur en faire
hausser le prix ; qu'il avait communiqué cette
intention à M.M "ifarringlon et Plnllips , mar-
chands de houblon à Worcester , qui étaient
ses agens ; qu il les avait avertis amicalement de
faire leurs achats avant qu'il eût paru dans le
marché; ((u'aprés avoir invité publiquement tous
les planteurs de houblon à un dîner où ils se
trouvèrent au nombre de 97. convives, il leur
recommanda publiquement de ne point vendre
leur houblon au bas prix' du marché, et leur
représenta qu'^n le gardant pendant quelque
leras , ils en tireraient plus d'argent ; que si les
houblons nétaient que de 10 à 12 1. st. , ils ne
devaient en accuser qu'eux-mêmes , et qu'ils
pouvaient aisément le faire monter à 20 I. ; que
la denrée étant presque épuisée , les brasseurs i
seraient bientôt à leurs genoux ; qu'au reste , |
s'ils avaient quelques craintes, et qu ils voulussent
vendre, il se présentait à eux pour acheter; qu'il !
était déterminé à faire une hausse, etc. I
Une autre circonstance à (remarquer, dit I\I. j
Piomcr , c'est que M. Wa Jdin;ïion assura aux 1
planteurs que cette baisse était l'efl'ct d'une pro-
cédure intentée contre lui : il eut la hardiesse de
"déclarer que cette affaire allait finir, et que la
hausse ne tarderait pas à se (iiire sentir. Il voulait
par là encourager les planletâts à coopérer à
l'exécution de son prrjet.
M. Plomer suit M. Waddington à Hop-Dale-
inn (i) , oti , en conséquence de son invitation ,
97 planteurs s'étaient réunis pourdioer; un papier
avait été rais sur la porte , en dehors , pour avertir
qu'il n'y avait que les planteurs qui fussent admis. I
Après le dîner, M. Waddington porta le toast
suivant : le houblon à 20 /. st. le ctut. Ce toast fut
accueilli avec transport. M. Waddingio-n annonça
que son iniendon était de revenir à Worcester ,
dans trois semaines. Il tint parole : car il revint
le 19 avril , à la grande satisfaction des planteurs ,
qui le regardaient comme leur meilleur ami el
leur prolecteur. ^
M. Plomer conclut en disant que , si- les faits
qu il vient de dénoncer sont vrais ,'et que l'accusé
soit reconnu coupable , il est dans le cas de ceux
que les lois anglaises flétrissent comme oppresseur
des pauvies et ennemi public de toute la com-
munauté et de la patrie. (Paiiperum depressor , et
tviius cDmmunitatis et patrie pubitcus inimtcus. }
Les témoins entendus , pour et contre , le jury
a déclaré que l'accusé était coupable. (Times , du
4 août.)
Prises et nouvelles de mer.
Le lougrc anglais te Ttey. capitaine Beelhletî ,
pris sur son lest , à deux lieues nord de l'île
d'Origny, par le capitaine Lefori est entré à
Cherbourg le même jour.
On mande de Cherbourg que les sept bâtimens
chargés de bois de consiruciian , de mâture et
de giémens , soriis du Havre depuis long-tems,
relâchés à Barfleur , viennent enfin de tromper
la surveillance des anglais , el qu'ils sont heu-
reusement entrés à Ghei bourg , le ti thermidor.
Le chasse-marée te Laborieux , se rendant de
Nantes à Boideaux, avec une cargaison de farine
et froment , a été attaqué par un culter et plu-
sieurs chaloupes anglaises. Elles lui ont enlevé
partie de son chargement, une grande quantité
d'effets, et lui ont causé un dommage considérable.
Buitetin du Havre.
I N T E R I E U
Pontchdteau , 1 2 thermidor.
Citoyen,
R.
Aujourd'hui , sur les deux heures après-midi ,
la moitié de notre halle est crouice , et n'a heu-
reusement blessé personne. Si cet événement fût
arrivé un jour de marché , beaucoup de monde
et de bestiaux auraient éiéi écrasés ; et sans un
corps-de-garde , construit dessous depuis un an ,
tout cet édifice serait anéanti. On attribue la Cause
à la grande sécheresse et à une surcharge deplan-
ches , car cette halle paraissait neyve.
Il y a huit jours , nous avons encore eu , dans
nos parages , un autre événement, et plus mal-
heureux : les habitans du bourg de Quilli, proche
Cambon, étaient allés en pèlerinage a Sainte-Anne
d'Aurai ; le feu a pris chez un d'eux à 7 heures
(lu soir , et n'a pu êite éteint que le lendemain
lauie de secours. Sept à huit maisons oht été
consumées.
{Feuille Nantaise, i5 thermidor.)
I Paris , le 23 thermidor.
La gazette de la cour de Vienne . du 4 ther-
midor , contenait le programme des questions
proposées par l'institut national de France aux
savans de tous les pays. Les propositions, les
années, mois et-ptjids républicains éiaient an-
noncés en allemand et en fiançais.
— Le Mercure universel de Ratisbonne contient
Une lettre de l'ancien évêque de Luçon qui
désavoue un mandement qui avait éîé lepandu
dans la Vendée , et qui lui avait été attribué.
-'- La Gazette de France annonce , sous la date
de Vienne et sous celle de Francfort, que lel
états du Tyrol ont rejeté la proposition d'une
levée ert masse qui ieur avait été faite avant la
conclusion de l'armistice.
— La même gazette nous apprend que, tandis
que nous somrnes exposés ici à toute l'ardeur
d'une zone torride , on éprouve en Allema>Tne
le fioid de l'hiver. Il a fait à Neuss , près D^us-
seldorff , dans la nuit ei la matinée du «4 au s5
messidor, une gelée si forte que le sarrasin es»
entièrement perdu , et- que les feuHIcs des pom-
nies-de-terrc ont été grillées , comme cela anive
aux plantes qui sont sur terre , par les grands
froids.
— On annonce l'arrivée à Paris du compositeur
Stebeldt , auteur de l'opéra de Roméo et Juliette:
Il sera suiVi sous peu , dit-on , par un autre
compositeur non moins recoramandable M.
Haydn.
— Le Journal du Commerce annonce que , le
16 theinïidor à deux heures après-midi , le
thertftoraerre de Réauraur a monté à Bordeaux
à 3i degrés , un degré de plus que celui de la
chaleur du Sénégal. Le 17 , il a passé î8 degrés.
On attribue à l'extrême chaleur la venue d une
troupe dlbis , oiseau qui ne se nourrit que d'in-
sectes venimeux, sur-tout de serpens , et n'ba-
bi'e qu'en Egypte. Les citoyens du canton de
Libourne en ont lué plusieurs. On en a pris un
vivant dans le clocher de l'église de Montaigne
à quatre lieues de Libourne. '
Des cultivateurs des environs d'Orléans disent
que,- dans la journée du 16 , ils ont observé
dans leurs champs une masse de feu de forme
pyramidale, dont la base 3 brûlé quelques car-
reaux de choux et divers herbages.
(1) Auberge de Worcester.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Le ministre de ta justice , nux commissaires du
gouvernement près les tribunaux d'appel et dt
première instance. — Paris., le 18 thermidor
an 8 de la republique.
U.M des principaux objets , citoyens , de la
sollicitude des consuls , est le maintien et la
conservation des droits et des propriétés des
braves militaires qui exposent leur vie avec tant
de succès et tant de gloire pour la défense de
la pairie. La loi du 6 brumaire an 5 , ac<iuiita
à leur égard une partie de la recounaissauce
nationale , en ordonnant , article i"^"^ , k que
i> les tribunaux civils de département nomme-
î) raient, dans les cinq jours de la réception
>i trois citoyens probes et éclairés, qui foime-
)» raient un conseil officieux, ohargé de con»
5j suller et de défendre gratuiieme'nt , sur la
î> demande des fondés de pouyoir , les affaires
» des défenseurs de la patrie , ce des autres
i3o6
5» citoyens absens pour le service des armées
■Il lie lerre et île mer. >; Les tribunaux civils de
département ont ëlé supprimés : mais l'obligalion
qui leur était imposée, subsiste encore ; elle passe
aux tribunaux qui les ont remplacés. Ch.icun
d'eux, soit de première instance, soit d'appel,
doit se hâter de former le conseil oflicicux pres-
crit par la loi du 6 brumaire an 5. Je suis con-
vaincu qu'il ne sera pas un avoué qui ne brigue
avec instance cette honorable mission. Je vous
tharge de provoquer ie rétablissement de ce
conseil dans le plus court délai.
Vous voudrez bien me certifier incessamment
de vos diligences.
Salut et fraternité , Abrial.
j\'a?nar, le 5 thermidor an 8 de la république
française , une et indivisihlt.
Le préfet du département de Sambre et Meuse,
déclare que la chaire de professeur de lé;;islation
près l'école centrale du ilépaitemtni de Sambre
«t Meuse est vacante ; invite en conséquence les
aspirans à celte chaire à se faire inscrire au se-
crétariat de la préfecture , avant de se présenter
au concours qui sera établi à cet eff;;!.
Ce concours aura lieu le l5. fructidor prochain ,
neuf heures précises du matin , dans la salle
ordinaire des séances du jury d'instruction pu-
blique à Namur.
Le présent sera imprimé et affiché dans les prin-
cipales communes du département.
Il en sera adressé des exemplaires au ministre
de l'intérieur, à linslitut national , aux membres
composant le jury d instruction publique àNamur,
aux préfets des départemcns réunis et d'entre
Meuse et Rliin , à (:eux de la Seine , du Nord et
des Ardennes.
Signé , PÉRÈS.
Par le préfet ,
Le secrétaire- général de la préfecture.
Signé , Bauchau.
Pour expédition ,
C.J. Bauchau.
Lettre du préfet , au citoyen DucKesne , l'un des ré-
dacteurs du journal du département. — Versailles ,
. /c 14 thermidor an 8.
• Le bruit s'était répandu , citoyen , qu'une mala-
die contagieuse- s'était manifestée dans les envi-
rons de Monifort , sur les bêtes à laine , et qu'elle
s'était étendue sur les hommes qui avaient touché
au sang de ces auimanx.
D'après les renseignemens les plus scrupuleux
pris sur les causes de ce bruit allarmant , j'ai été
assuré que rien n'était moins fondé. Ou'à la vérité
le citoyen Frichoi, fermier, avait acheté à une
foire , aux environs de Fontainebleau , plusieurs
moulons assez gras; qu ayant été amenés trop
rapidement , plusieurs étaient tombés malades en
arrivant , et quelques-uns morts ; que les hommes
qui les avaient dépouillés , avaient gagné du mal
aux doigts , mais qu'ils sont guéris.
L'on a pris d'ailleurs toutes les précaulious pos-
sibles pour empêcher la maladie de se propager ,
si elle en eût été susceptible; mais je suis assuré
qu'il n'existe ni épizootie ni épidémie dans ce
canton.
je vous prie d'insérer cet avis dans votre journal
pour rassurer le public.
Salut et fraierniié , G. Garnier.
Le secrétaire-général , Peyronet.
Suite du rapport fait à la classe des sciences mathémati-
queset physiques , dans ^aséancedu 6 messidor an 8,
par la commission chargée de répéter les expériences
de M. Achard , sur le sacre contenu dans la
betterave.
: ■■ PREMIERE PARTIE.
Tentatives faites pour connaître la quantité de sucre
contenue dans la betterave.
Les expériences qu'on va rapporter sont à-peu-
près les mêmes que .celles citées par Mar-graf ,
daris son Mémoire sur h sucre de différens végétaux.'
Il a paru d'autant plus utile de les répéter,
qii'elles ont fourni un moyen sûr pour con-
naître la quantité de sucre contenue dans
les betteraves sur lesquelles il fallait opérer , et
juger si cette quaniiié était en rapport avec celle
qu'on obtient en suivant le procédé de M. Achard
ou d'autres qui lui sont analogues.
D'après la>'propriéié qu'a l'alcool d'être un dis-
solvant du sucre, noUs nous sommes procuré
une certaine quanliié de ce fluide, et nous l'avons
fait reetiher jusqu'à ce' que, à une température
de quinze degrés au thermomètre de Uéaurnur,
il marquât trenle-sept à l'aréomelre de Baume.
Dans cet état, il nous a paru assez déphicgmé
pour pioduire l'elTet que nous désirions.
Nous ignoro'ns si celui dont s'est servi Margraf
l'était' davantage , puisqu'il n'en a pas indiqué
le degré.' et qu'il s'est contenté de dire qu'il
était cxtrêment rectifié.
D'auiTe part , nous nous procurâmes l'espèce
de belterave recommandée parM. Achard, comme
étant celle qui contenait plus de sucre que les
autres , c'est-à-dire , celle dont les racines sont
(usilormes, grosses, bien succulentes, rougcâires
à l'cxiéricur et blanches en dedans. Elles nous
turent lournies par le ciioyen Saeerei , membre
de la société d'agriculture du département de la
Seine, qui les av^it cultivées diins un terrein dé-
pendant de sa fetme de Billancour , près de
Sèvres. Elles annonçaient , par les qualités exté-
rieures , quelles étaient le produit d'une bonne
végétation.
Ces racines , récemment tirées de la terre ,
après avoir été mondées et coupées par iratichcs
minces , furent placées dans une étuve. En moins
de tiois jours elles devinrent sèches et cassantes.
Le déchet qu'elles éprouvèrent par cette opération
fat évalué aux trois quarts de leur poids.
Au lieu de les réduire en poudre , comme
Margral le reconiniande , on préféra les casser
par petits morceaux; dans cet état on les intro-
duisit dans un mairas.
Sur huit parties de ces racines ainsi préparées ,
on versa trente-deux parties d'alcool rectifié
comine on l'a dit plus haut. Après troi.sjours de
digestion sur un bain de sable médiocrement
chaud , on se hâta de décanter le fluide.
Ce fluide avait une couleur légèvcraent ciirine,
et une saveur décidément sucrée. Par le refroidis-
sement, il laissa piécipiier une foule de petits
cristaux blancs qui tapisseient l'intérieur du vase,
au point de lui faire perdre une partie de sa trans-
parence.
Lorsque nous jugeâmes que le précipité n'aug-
menterait plus ,, on fit décanter l'alcool , et ou le
rnit de côié.
Une nouvelle quantité d'alcool fut versée sur
les betteraves restées dans le matras , et sé(jaré ,
comme le précédent , après quatre jours de di-
gestion.
Ge second fluide , moins colorié que le pré-
cédent , avait cependant encore une saveur
sucrée.
Une troisième dose d'alcool n'ayant pas acquis,
au bout de plusieurs jours do digestion, de sa-
veur semblable à celle des deux premières , nous
jugeâmes que tout- le sucre contenu dans les
betteraves sur lesquelles nous opérions , avait été
séparé.
Alors on fit réunir les trois liqueurs , et , au
moyen de la distillation , on eà sépara les trois
quarts.
Dans cet état, le fluide restant présentait un
véritable sirop par sa consistance et sa saveur: on
le mit dans une capsule, et on l'abandonna à l'é-
vaporation spontanée;
Nous nous attendions qu'il cristalliserait
promptement; cependant ce ne fut qu'au bout
de dix jours que sa surlace se couvrit d'une
croûte cristalline que nous brisâmes avec précau-
tion , afin que ses fragmens pussent se réunir au
fond de la capsule.
Peu de jours après , nous apperçûmes des cris-
taux assez gros et isolés , adhérensaux parois du
vase. Ces cristaux augmentèrent insensiblement;
enfin , lorsqu onjugea qu'il ne s'en formerait plus,
on fit décanter le sirop , qui alors avait une con-
sistance mielleuse. ""
Présumant que cette consilance s'opposait à la
séparation du sucre que le sirop devait encore
contenir , on la fit délayer dans suffisante quan-
tité d'alcool, et après l'avoir exposé pendant
quelques minutes à la chaleur d'un bain-marie ,
il fut abandonné de nouveau à lévaporation
spontanée.
Peu à peu il se forma de nouveaux crystaux ,
mais en petite quantité ; enfin il ne resta plus
qu'une véritable mélasse qui refusa absolument de
cristalliser.
Le produit des deux crystailisations dont on
vient de parler, après avoir été bien égoutté et
séché, représentait, en poids , trois seizièmes de
la racine sèche employée. Sa s.iveur était agréable
et quoiqu'il eût une couleur jaune , on aurait pu
s'en servir en place de certaines cassonnades de
cannes , cjui ne sont pas parfaitement blanches.
On a dit plus haut que lalcdol mis en digestion
sur Its betteraves sèches , avait laissé déposer ,
avanrd'étre concentré ,^un sédiment cristallin. Ce
sédiment , examiné , nous a paru être un véritable
sucre ; il en avait la saveur et les propriétés. Son
poids s est trouvé être de près d'un seizième de la
racine, sèche. -,
Voilà donc, en réunissant les produits obtenus
par les diSerentes opérations dont on vient de
parler , deux parties de sucre fournies par huit
parties de betteraves sèches , lesquelles , comme
on le fait observer , étaient elles-mêmes le résultat
de trente-deux parties de betteraves fraîches ,
c'e.st-à-diie , pourvue de leur eau de végétation.
Ainsi , d'après ce premier apperçu , nous pou-
vons déjà établir comme chose certaine , que la
belterave fraîche sur laquelle nous avons opéré,
contenait au moins deux huitièmes de son poids
de sucre ctisiallisable.
I Nous disons au moins , car il est plus que vrai-
I semblable que , pendant les diflTérentes opéra-
I tions que nous avons fait subir à la betterave , il
I Y a eu une certaine quantité de son sucre qui a
été convertie en mucoso-sucré.
Nous sommes d'autant plus fondés à croire à
, cette conversion du sucre en mucoso-sucré , que ,
d'après des expériences faites particulièrement par
un de nous, nous savons qu'on ne peut jamais
rapprocher une solution de. sucre le plus pur,
quel que soit le fluide employé pour le dissoudre ,
sans fjire perdre à une partie de ce sucre la pro-
priété de cristalliser.
C'est sans doute par cette raison qu'il nous est
resté, après les cristallisations , une sorte (ïeau-
mere assez semblable à la mélasse de canne.
Ojioique le soin pris pour suivre nos expé-
riences ne dûl nous laisser aucun doute sur
la cj^uanlilé réelle de sucre contenue dans la
betterave , voularrt cependant acquérir une plus
grande certitude à cet égard , nous crûmes devoir
opérer sur deux nouvelles doses de racines
sèches.
Les résultats que nous eûmes dans ce cas,
compaiés aux premiers , ne nous ayant pré-
senté qu'une légère différence, nous dûmes en
conclure que le produit d'abord obtenu , était
celui sur lequel on pouvait compter, et qu'il
devait servir de base aux calculs qu'on voudrait
faire.
Pour terminer celte première partie de notre
travail , il restait à constater le déchet que le sucre
provenu de nos difleienles opérations, éprouve-
rait par le raflinagc.
Pour cela nous en fîmes dissoudre soixante-
quatre grammes dans suffisante quantité d'alcool.
La dissolution filtrée, évaporée, puis mise à cris-
talliser . donna , en trois cristallisations , un sucre
assez semblable au sucre candi du commerce. La
perte que nous avons eue par l'eau-mere restée ,
a été évaluée à un huitième du total de la ma-
tière employée.
Si maintenant on compare le produit en sucre
que nous avons obtenu en traitant nos racines
par le moyen de l'alcool, avec celui que Margraf
assure aussi avoir eu en se servant du même
moyen , on voit que les betteraves cultivées ea
France sont plus pourvues de sucre que celles
sut lesquelles ce chimiste a opéré à Berlin il y a
environ quarante ans.
En effet, il n'avait retiré qu'une demi-once de
sucre pur de 8 onces de betteraves desséchées ,
tandis qu'il est constant qu'une même quantité
des nôtres a donné , à peu de chose près , deux
fois et demie de sucre de plus.
Cette difTérence peut - elle être attribuée aii
défaut de précautions prises par Margraf pour
extraire tout le sucre contenu dans les racines
sur lesquelles il travaillait? Nous ne le pensons
pas.
L'exactitude que ce chimiste mettait dans toutes
ses expériences est trop connue pour qu'on puisse
l accuser de négligence dans la conduite d'une
opération au succès de laquelle il semblait atta-
cher (juelque prix.
Nous aimons mieux croire que les betteraves
qui ont fait le sujet de son examen n'étaient pas
d'une aussi bonne qualité , ni de la même espèce
que les nôtres ; peut-être aussi leur culture n'avait-
elle pas été suttisamment soignée.
Ce qui me semblerait confirmer cette dernière
conjecture , c'est la remarque que M. Achard dit
avoir faite au sujet des betteraves blanches, qui,
suivant lui , ne donnent beaucoup de sucre qu'au-
tant qu'elles or-t été bien cultivées.
L'existence du sucre dans la betterave une fois
constatée , et la somme de son produit bien
connue , nous nous sommes occupés de répétée
les expériences de M. Achard.
SECONDE PARTIE.
Procédé de M.'. Achard pour retirer le sucre de la
betterave.
Le procédé qu'on a suivi pour faire les expé-
riences dont il va être question , nous a été com-
muniqué par notre collègue Van-Mons , qui lui-
même le tenait de M. Achard. Ce procédé a été
imprimé depuis , dans le n" gS des Annales de ,
chimie.
Il consiste à faire cuire les betteraves avec
suffisante quantité d'eau , jusqu'à ce qu'elles soient
assez ramollies pour qu'on puisse y faire entrer
une paille ; alors on les coupe par tranches ,
et à l'aide d'une forte presse on en exprime
le suc.
Le marc doit être mis en macération dans
de l'eati pendant douze heures, après quoi oa
l'exprinie : enfin on procède à l'évaporation du
fluide résultant de ces deux expressions.
Pour cela on le fait bouillir continuellement
jusqu'à ce qu'il ait la consistance d'un sirop
liquide ; seulement on a la précaution de le
passer de tems en tems au travers d'une étoffe
de laine, pour le séparer des corps qui flottent
dans son milieu et qui troublent sa transpa-
Le sirop ainsi rapproché' doit être versé dans
^s teiriiits irès-évasées. On les place il.ms une
ëiuve dont la cluilcur en de 3o à 35 dfi;fés. Peu
à peu il se forme à la surface' du siioi' une
croule cristalline <ju"il faut briser lorsqu'on :ippcr-
çoit qu'elle devient trop épaisse.
Da moment oii , au lieu de cette crouie, on
voit une particule gommcuse qui n'est pas gre-
nue , c est une preuve que la matière ne cris-
tallisera plus; il faut alois arrêter 1 evaporation.
Ce qui reste est un mclaniie plus ou moins
épais de moscouade et de matière visqueuse.
Pour séparer la moscouade de ceiie espèce
d'extrait, on met le tout dans un sac de toile
mouillée , et on l'exprime graduellement. La
moscouade reste dans le sac , et l'eKirait li-
quide se sépare.
Cette moscouade, dit M. Achard , peut servir
aux mêmes usages que le sucre; par les opéia-
tions du raifiuage elle peut acquérir la plus'
grande blancheur cl être convertie eu pains sem-
blables à ceux qu on trouve dans le commerce.
Nous avons suivi avec la plus grande exactitude
le procédé qu on vient de décrire. Les phéno
menés indiqués par M. Achard ont eu lieu ;
mais noua avons remarqué plus que lui que tiès
que la liqueur commençait à bouillir, elle per-
dait presque lout-à-fait sa saveur sucrée, et ne
ia reprenait que lorsqu'elle était réduite à moitié ,
et qu'on la privait de cette écume qui se forme
si abondamment pendant tout le couis de l'opé-
lation,
Xa plus grande dilEcuhé que nous ayons éprou-
vée pendant le cours de ceiîe opération , a été
de trouver le point de rapprochement oti le
»iroi> devait être porié , pour cristalliser : aussi
n"esi-ce qu'après bien des lâtonnemens que nous
y sommes parvenus.
Nous avons aussi remarqué que pour obtenir
facilement des cristaux , il fallait opérer un peu
en grand.
Dans nos petits essais , nous n'avions qu'un
siiop qui , le plus souvent , refusait de crisialli-
ser ; il semblait que tout le sucre qu il contenait ,
était conveni eu lîiîicojo-jucre. C esi dapies celte
observaiion que nous nous déierminâmes à opé-
rer sur ii52 pallies (ou ii52 onces de betteraves
à ia fois.
Celle quantiic est la plus forte que nous ayons
employée , n ayant pas à notre disposition des
vaisseaux pour travailler plus en grand.
Ces iiSs parties de betterave nous ont fourni
tin sirop qui . en deux cristallisaiions , a donné
18 parties ( iS onces) d'une moscouade très-
brune , très - poisseuse et d'une saveur peu
agréable.
On a essayé de la purifier en la fesant fondre
dans de l'eau , et en clarifiant sa solution avec
du blanc dœul. La liqueur mise ensuite à éva-
porer ei à cristalliser , a donné en plusieurs fois
une moscoiLide un peu moins loncée en couleur
que la première. Par une seconde et une troi-
sième purilicadons , nous parvînmes encore à
diminuer sa couleur; ce qui nous fit piésumer
qu'il aurait éié possible de l'obienir parfaitement
Olafiche , si on avait continué à la soumeiiie aux
différentes opérations d usage dans les raffine-
ries.
Il est bon de faire remarquer qu'à chaque pu-
ïlfication , on éprouve un déchet considérable.
D'après des calculs que nous avons faits , nous
avons presque la certitude que ce déchet pour-
l'ait être évalué à près d un tiers du poids de la
moscouade cmplojée , si on voulait pousser sa
purification assrz loin pour qu'elle fût convertie
en sucre parfaitement blanc.
Il ne suffisaitpas d'avoir ainsi constaté la possi-
bilité d extraire de la moscouade de betlerave un
sucre pur ; il restait encore à comparer la quan-
tité ûbicrrue de ce dernier avec celle que pou-
vait fournir la moscouade de canne.
Celle, comparaison nous païut d'autant plus
nécessaire , qu'elle pouvait servir à faire cqnnaître
l'avantage qu il y aurait à employer l'une de ces
deux moscouades de prélétence à l'autre dans
les opérations du raffinage.
Pour cela nous nous procurâmes de la rnos-
couade de canne et de la moscouade de bette-
rave; toutes 11! deux provenaient du premier
produit de la cristallisation des sirops.
Après les avoir fait dessécher à une douce
chaleur , nous mîmes une égale quantité de cha-
cune d'elles dans de l'alcool leciifié. La liiges-
lion achevée , les liqueurs turent filtrées et èva-
poitcsjusquà consistance d'un sirop épais.
Au bout de 48 heures , nous aperçâmes des
cristaux dont le nombre et la grosseur augmen-
lereni avec le tem». Le produit de celte cri.fialli-
•ation ayant été bien égouiié et desséché, nous
trouvâmes que la quantité de sucre fournie par la
moscouade de canne était à peu près d un sei-
zième plu» çpnsidéiaLie que celle de la mos-'
l307
On voit d'après ce qui précède :
1". Qj.i'à l'aide du procédé de M. Achard on
peut obtenir, des betteraves, une véritable mos-
cou.ide.
2". Q31C le produit en sucre pur retiré de cette
moscouade , comparé avec celui que fournit la
moscouade de canne , présente une petite diflé-
rence qui est à i avantage de la moscouade de
canne , puisque celle-ci , traitée jiar les mêmes
moyens de purification , donne un peu plus de
sucre que l'autre.
3"^. Qji il est crinstantque pendant les opérations,
que M. Achard lecommande de faire subir aux
betteraves , pour en obtenir le sirop dans lequel
s? forme la moscouade, une partie du sucre de
ces racines se trouve décomposée au point de ne
pouvoir plus cristalliser; puisqu'on obtient moins
de moscouade qu'on n'en alliait léellemeiit retiré
si, au lieu défaire cuire les racines ; elles eussent
élé seulement traitées par l'alcool.
Celle dernière considération nous a paru assez
importante pour rechercher s il ne serait pas pos-
sible d'améliorer le procédé de M. Achard.
Q_uoinUe les essais que nous avons fai;s pour
y parvenir n'aient pas eu tout le succès que nous
desirions , nous avons cependant jiensé qu'il
pourrait êire mile de les faire connaître à ceux
qui , comme nous , voudraient s'occuper de pci-
teciionner le travail relaiil à l'extraction du sucre
de la beiierave.
C est d'après ce motif que nous nous sommes
déteimiiiés à les consigner dans ce rapport.
/ La suite demain. )
Au Rédacteur.
Citoyen, je ne m'amuse .pas à examiner si les
français lireni en l'air, tandis que les anglais tirent
à. couler bas , ou si un marin n'est pas plus propre
au canon que celui qui, à son premier voyage,
est toujours malade et ne peut se tenir debout ;
de pareilles assenions ne peuvent être un objet
de discussion qu'entre ceux qui ne connaissent
ni la mer, ni les vaisseaux. Je n'ai jamais admis
la prétendue supéiiorité ■ de la marine anglaise
sur la marine française , et mon opinion est
fondée sur le tableau suivant des principaux
événemens des trois dernières guerres.
Je passe sous silence les momens biillans' de la
marine sous Louis XIV ; les noms des Tourville ,
Duquesne. Forbin,JeaifcBari,Du-Guay-Trouin-, ne
sauraient être effacés de la mémoire dès français.
Je laisse de côté les affaires particulières , oîi la
bravoure et les talens décident ordinairement du
sort des corabais . et dans lesquelks il est géné-
ralement reconnu que les français ont presque
toujours l'avauiage ; enfin je commence à 174O1
à l'éporjiie de nos plus grands désastres sur mer;
conséquemment vous voyez qu,e je ne néglige
rien pour confirmer la répuiaiion des anglais. Le
lecteur im.iariial pourra juger jusqu à quel point
elle est londée.
Salut et l'iaierniié.
QuESNOT , rue Mesla)< , n° 18.
Ajj'anes à l'avantage des anglais.
x-jt^l , 14 juin. — Monsieur de la Junquiere ,
' commandant 4 vaisseaux de ligne et 5 frégates,
est plis avec toute son escadre par l'amiral Anson ,
qui avait 16 vaisseaux de ligne.
L'amiral Hawke , en amérique avec 30 vais"
seaux, rencontre M. l'Esteiiduère qui escor-
tait un convoi avec huit vaisseaux de ligne ;
6 vaisseaux liançais sont pris après un combat
sanglant. M. de Vaudrcuil , commandant le Ton-
nant .ptilk la remorfjue l'Intrépide , vaisseau com-
mandant démâié , et le sauva avec lui ; la flotte se
rendit aussi à sa destinaiion.
1748 , Il février.— Le Magnanime , conimandé
par le comte d Albert , revenant dé l'Amérique ,
démâté par une tempête , est pris après un
combat furieux de huit heures contre quatre vais-
seaux anglais.
1754, juin. — Deux ans avant la, guerre, l'Al-
cide et le Lys. séparés de l'escadre de Dubois de la
Mothe , tombent dans l'escadre de l'amiral Bos-
cawcn , et sont pris par l3 vaisseaux de ligne.
1758. — L'amiral Holborn , avec 16 vaisseaux
de ligne et 5 frégates', piend le foudroyant et
lOrphée, jeiés par un coup de vent au milieu de
son escadre.
L'escadre de l'amiral Hawke s'empare aussi
du Raisonnable, de 64, dans le golphe de
Biscaye.
" 'iyS'g , \-j août. — Combat de M. Delaclue avec
7 vaisseaux contre 14, commandés par 1 amiral
Boscawen , jirès du cap Sainte-Marie. Nous pet-
dons 3 vaisseaux pris et 2 brûlés.
20 novembre. Combat de Conflans et Hawke ;
21 vaisseaux contre 23 ; un vaisseau français pris ,
2 brûlés , un perdu à l'angle d Escomblas , à l'em-
bouchure de la Loire.
J4.J8. — Keppel avec «3 vaisseaux de ligne
couade' de betterave. Ces deux sucres d ailleurs I prend deux frcj;ates , la Licorne et ia Patlas , le
étaient asiez purs pour l'usage ordinaire. . I 12 juin. ' ! .
1780, ^janvier. — Rodney avec 21 vaisseauxde
ligne prend te Guifniscoa , espagnol, et 21 bâti-
mens de son convoi.
16 janvier. — Rodney avec 21 vaisseaux de ligne
rencontre iloii Juan de Langara qui n'en avait,
que 9 : aiiics un combat sanglant, il prend le ■
Phénix, le Diligent, la Vrincessi et le Monarca i
le Saint-Domingue sauta en l'air pendant l'action.
Dans sa traversée de Gibraltar à l'Amérique ,,
Rodney prit encore le Protée , qui ne se rendit
qti'apiès la plus vigoureuse résistance.
17S2 . 12 avril. — Comb.M de Grasse avec 3s
vaisseaux contie Rodney 38. Le Glorieux, l'Ardent ,
le César , l'Hector et la Ville de Paris sont pris. On
sait assez rjue dans ce combat tous les vaisseaux
français n'ont pas donné.
Le César sauta en l'air le soir même. L'Hector ,
en revenant eu Europe , coula sur le banc de
'ferre-Neuve , à la suiie d un combat contre les
l'(és,:Mi:!., l'Aigle et la Gloire. Le Glorieux et la Ville
de Paris , coulèrent bas en revenant de l'Amé-
'liiiiie. Enfin , \' Ardent , après avoir manqué couler
bas deux fois, lut condamné à Antigue.
Le Caton, le Jason et la .frégate l'Aimable,
quelques jours apiès le combat du ,12 , lurent
pris par 6 vaisseaux aux ordres de l'amiral Hood.
D.ins touies ces affaires, les anglais étaient
tellement supérieurs en vaisseaux , que la force
moyenne des franç.iis est à celle des anglais dans ■
le rajiport de l à 2 et demi ; et si on exclut
les combats de Conflans et de Grasse, oii la
disproportion n'était pas très-grande , on trouve
Mue le ra))poit des forces était de I à 4 et denii.
De (laieilles victoires n'ont pas besoin de com-
meniaires.
Affaires à l'avantage des français.
1741 , janvier. — Combat du chevalier de
lEpinay , à Saint-Domingue, avec 4 vaisseaux
contre 6. Les anglais ne pouvarit l'entamer font
des excuses et attribuent leur agression à ce qu'ils
avaient pris les français pour des espagnols.
5 août. — Le Borée , l Aquilon et la frégate la ;
Flore, sont assaillis à Gibialtar par quatre vais-'
seaux anglais et une frégate. Les anglais aban-
donnent le champ de bataille après trois heures
de combat.
1744, 12 février. — Combat de Toulon. Douze
vaisseaux espagnols aux ordres de dom Joseph
Navarro , et quatorze vaisseaux français comman-
dés par M. de'Court . contre trente-irois vaisseaux
de ligne et neuf frégates . amiral Maihews ; Le
vaisseau espagnol le Poder , amena pendant le
combat; les anglais v jetèrent un lieutenant et,
vingt-trois hommes ; kiais il fut repris par les '
français. L'amiral Malhews ftit cassé , et 1 amiral
Lestock , qui commandait l'arriere-garde , fut
acquitté honorablement.
1747 , i5 septembre. ^- Dubois de la Motte ^
commandant le Magnanime de ■ 80 et l'Etoile de
40 , combat et met en fuite 4 Vaisseaux de ligne '
anglais dont deux de 80 , et sauve son cotlvdî:''-'
La Bourdonnaye , avec 9 vaisseaux marcha'nds
de toute grandeur armés en guerre, bat et di!s-
I perse la flotte de l'amiral Barnet, s'empare de Ma-'
I dras et le rançonne.
1755. -La frégate l'Atalante de34, à l'atterrage
de la Martinique, combat et fait amener leWarwich '
de 64. Elle était accompagnée du Prudent de 74 ,
et de la frégate te TJphir , qui n'ont pas donné
pour lui laisser toute la gloire de l'action.
i;57. — M de Kersaint , avec trois vaisseaux
et cinq Irégaics , combat et met en fuite cinq vais- ■
seaux et quatre frégates anglaises en partant dei
Saint-Domingue, et amené son convoi sain- et :
sauf en France. . , ' , .
Juin. — L'amiral Saunder, avec cinq vaisseaux , ■
aiiaque M. du Revest sortant de Malaga , quin'ea ■
avait que quatre , et ne peut l'entamer. ..'.•'•
1760 , 27 mai. — A Q_uebec , 'Vauquelin , çapi-,^
taine Marchand , commandant lAtalante de 3o ,
combat un vaisseau de 60 et une frégate , et saui?â'J
son convoi.
l
1778 , 17 juin. — Laclocheierie , commandant
la Belle-Poule , se bat contre une frégate et un ,
cutter, à la vue de 14 vaisseaux de ligne ap- t
glais .^ et se sauve. , • ,i;.v ■.'■■''.
177g , 6' décembre. — I.amotte - Piquet',"- ',aV6c
trois vaisseaux ïknnibal , ■ le Pdflééhi et le Vejigeurt'
se bat dans la rade du fort Royal contre sep't.'
vaisseaux de la flotte de Parker de 14 vaisse'auxi'
de ligne , qui poursuivaient un convoi escprté_^
par la frégate l Aurore . sauve la frégate et le gros
du convoi , dont neuf seulement furent pris-j "
178 1 , 5 août. -^ Combat de Dogger-bank. Séflt.^
vaisseaux hollandais , commandés par l'^iniral
Zooilman contre 8 vaisseaux anglais . commiindù
par l'amiral Parker. Les anglais avaient le venï.
Les hollandais les ont laissés approcher à leur
volonté , sans lirer un coup de canon , qunii|u'on
puisse tirer avec avantage sur celui qui , étant au
vent , est obligé de laisser arriver , et présciiler
le bout pour parvenir à la portée du canon.'
i3o8
Au mois de décembre. — M. de Vaudreuil avec
4 vaisseaux eut un combat contre l'amiral Kem-
penfeld qui pn avait is ; i! ne put l'empêcher de
nous prendre une vingtaine de transports. M. de
Guichen qui escortait.le convoi avec 18 vaisseaux
était alors sous le vent, à 3 ou 4 lieues ; il fit de
vains efforts pendant deux jours pour joindre les
anglais.
1782 , 9 avril. — Combat partiel sous la Domi-
nique entre M. de Grasse et l'amiral Rodney,
33 contre 38.
1783 , 10 juin. — Combat de M. Suffren et de
ramiral Hughes dans l'Inde , 5 contre 19. Le
combat dura depuis quatre heures jusqu'à la
nuit, qui sépara les combattans. Les anglais firent
savoir le lendemain àM. deSuffren la cessation des
hostilités qu'ils connaissaient déjà depuis ]d veille;
ils avaient voulu profiter de leur supériori(é. Est-
ce ainsi qu'on se joue de la vie des hommes ?
'Voilà l5 combais dans lesquels, en exceptant
celui du 9 avril 1788 , qui ne fut que partiel ,
on trouve que la force moyenne des ffançai-.
esi à celle des anglais comme un à un et demi.
Il n'est pas étonnant que nous n'ayons pas pris .
de vaisseaux , puisque les anglais étaient plus tons
d'un tiers , et qu'eux-mêmes , dont on vante tant
les exploits , ne nous en prennent que lorsqu'ils
sont au moins deux ou trois contre un.
Affaires indécises dans lesquelles les français ont eu
quelquefois plus de vaisseaux que les anglais.
1758, ag avril et 3 août. Combat de M. d'Aché
et l'amiral Pocock , dix conire sept.
1759, 10 septembre. — .Troisième combat de
d'Aché et Pocock , onze contre neuf. Quoique
M. d'Aché eût plu» de vaisseaux dans les trois
combats . les anglais étaient supérieurs par la
qualité des vaisseaux et le nombre des canons.
La plupart de nos vaisseaux étaient des vais-
seaux de la compagnie , ayant à peine 4 pieds
o.u quatre pieds et demi de batterie , et portant
mal la voile , etisorte que M. d'Aché était obligé
de céder l'avantage du vent à l'ennemi , et de se
battre sous le vent, où l'on est beaucoup plus
exposé aux accidens du feu.
. 1779 1 juillet. — Combat d'Ouessant , entre
Dorviïliers et Keppel , trente contre trente.
8 juillet. — Combat de la Grenade , entre
Destaing et Byi'on , vingt-cinq contre vingt-un. Il
n'y eut que quinze de nos vaisseaux qui prirent
p^rt à l'action ; les autres ne marchant pas assez
pour joindre les , combatcans , et les anglais
n'ayant pas envie de noui attendre , ils prirent
la faite sitôt qu'ils eurent apperçu le pavillon
français sur les forts de la Grenade.
1756, ao mai. — Combat de la Galissonniere
et Biiig ; 12 vaisseaux contre 13. Il est suivi de
la prise du port Mahon par les français.
1780, 17 avril. — Combat de Guichen et Rod-
ney , 32 contre si , dans le canal de la Domi-
nique. L'action dura depuis une heure jusqu'à
cinq , où les afiglais serrèrent le vetit et s'éloi-
g.nerent.
, i5 mai. — Deuxième combat des mêmes , au
*£nt de la Martinique, entre l'arriere-garde an-
.glaise et l'avant-garde française.
ig mai. — Troisième combat des mêmes , qui
dura peu , les anglais ayant abandonné le champ
de bataille pour se réfugier à la Barbade , emme-
nant trois de leurs vaisseaux à la remorque. Le
Qornowal coula bas à la vue du port.
1781. — « Combat de Saint-Yago, entre Suffren
et Jonstfaone , 5 contre 5. -Su&en continue sa
route pour l'Inde après le combat , et Jonstbone
reste 16 jours i se réparer à Saint-'Yago.
ag avril. — Combat à la Martinique , entre
de(>ra*se et l'amiral Hood, 2s contre 18 ; il dura
.âe^^itis M heures jusqu'à 3 , et ne fut pas général.
0etHtdeno$ vaisseaux qui n'étaient pas doublés
en cuivre n'ayant pas pu joindre à tems , M. de
Grasse leva la chassa après les avoir poursuivis
inutilement plus de 3o lieues à l'ouest de Sainte-
Lucie.
16 mars. — Combat de Destouches et Arbuth-
not , à l'entrée de la Chesapeak , 8 contre 3. Les
anglais avaient un vaisseau à 3 ponts; le plus
fort vaisseau français n'était que de 80; il^ avaient
563 canons , et les français SsS.
5 septembre.— Comha.\. de la Chesapeak entre de
Grasse et l'amiral Graves , depuis 4 heures jus-
qu'à la nuit; 24 centre ig. — Même remarque
qu'au combat du sg avril. D'ailleurs les anglais
avaient le vent ; ce qui leur donna la faculté de
choisir la distance.
1782, \b février. — Combat de Madras , eiiire
Suffren et Hughes, 11 contre 9. M. de Su&ren
renvoie à lîle de France quatre capitaines de
vaisseau . qui se- sont mal comportés. Prise de
Goudelour , le 8 avril.
12 avril. — Combat de Provedien entre le»
mêmes , depuis une heure jusqu'à six.
6 juillet. — Troisième combat des mêmes à Né-
gapainam de onze heures à une heure. Un coup
ce vent sépare les escadres. Prise de Trinquemale
au mois d'août.
3 septembre. — Quatrième combat des njêmes
à Triliquemale. Au bout de deux heures , les
anglais abandonnent le champ de bataille , et
s'en vont à Madras.
Les anglais avaient tous leurs vaisseaux doubles
en cuivre. M. de Suffren n'en a jamais eu que
cinq qui le fussent; les autres étaient doublés en
bois et mailletés ,.ensorte qu il était impossible de
les poursuivre lorsqu'ils abandonnèrent le champ
de bataille. Le nombre des vaisseaux a un peu
varié dans ces différens combats, ensorte qu'au
dernier combat , le 10 juin 1 783 , M. de Suffren
en avait quinze et les anglais dixineuf. On n'a
jamais pu donner quatre pieds et demi de balleri e
au Severe et à l'Ajax.
25 et i6 janvier. — Petits engagemens partiels
entre M. de Grasse et l'amiral Hood à Saint-Chris-
tophe , 3o contre 22 . suivis de la prise de Saint-
Christophe , Montférat et Nevis par les français.
20 septembre. — Combat à Gibraltar entre l'ar-
mée combinée de 46 vaisseaux et le lord Howe ,
qui en avait 34. Il fut impossib e d'engager une
action jjijnérale , et les anglais s'échappèrent pen-
dant la nuit.
En tout 20 combats, parmi lesquels quatre à
nombre égal ; dans les seize autres où la supé-
riorité des français n était souvent qu'apparente,
on trouve que la force moyenne des français était
'à celle des anglais comme un un quart à un. Il
n'est donc pas étonnant qu on ne leur ait pas
pris de vaisseaux, puisqu'eux-mêmes n'en ont
pas pu prendre lorsqu'ils étaient plus forts d'un
tiers que les français.
Résumé général.
i3 combats oÀ les anglais, plus forts du
double au triple que les français , n'ont pas pris
de vaisseaux.
i5 combats où les anglais, plus forts d'un tiers
que les français, n'ont rien pris. • -
Seize combats où les français plus forts d'un
quart que les anglais , au moins en apparence ,
n'ont rien pris."
La prise d'un vaisseau n'est donc pas aussi facile
qu'on le croit.
Je crois qu'on ne m'accusera pas d'avoir flatté
le tableau; j'ai fait tout mon possible pour faire
briller les anglais , j'ai mis tous les tons du côté
des français ; je n'ai point parlé de la prise des
vaisseaux de 5o anglais , par nos frégates , de la
prise de leurs ÉonVois , de leurs colonies , de
leurs armées de terre en Amérique , faits qui
déposent hautement en faveur des flottes fran-
çaises et espagnoles pendant la guerre de l'in-
dépendance, et qui prouvent incontestablement
que quand on atita des vaisseaux en nombre égal
à leur opposer , ils seront toujours aussi peu
redoutables sur mer que sur terre.
Cessons de faire le procès à une marine qui n'a
jamais manqué ni de bravoure , ni de taiens ; à
une marine qui n'a jamais su compter le nombre
de ses ennemis', et mettons-nous bien dans la
tête , que ce n'est pas avec 40 ou 5o vaisseaux ,
qu'on peut lutter contre 200.
Ceux qui croiraient avoir trouvé le gain de
leur cause dans la guerre actuelle , ne sont pas
mieux fondés que les autres ; c'est sur quoi je
pourrai reveaii dans un autre. moment.
seconde fois, et ramené l'homme qu'il cherche
au bord de la rivière , où les secours de l'art 1 ont
rappelle à la vie.
La municipalité de Commercy qui ne laisse
passer aucune occasion d'encouiàger la vertu ,
a le lendemain fait venir le jeune homme au
Temple décadaire T l'a couronné de chêne et'
l'a fait reconduire chez lui précédé par la musi-
que de la ville.
J'ai pensé, citoyen, que ce fait ne pouvait avoir
trop de publicité.
Je vous salue , Hussenot.
LIVRES DIVERS.
B0TANIQ.UE DES ENFANS OU histoire naturelle
générale et particulière du règne végétal , conte-
nant, 1° les lettres élémentaires deJ.J. Rousseau
sur la Botanique ; 2" une introduction supplé-
mentaire à l'étude de cette science ; 3° la descrip-
tion de plus de quatre mille espèces de plantes
d'Europe distribuées, d'après Linné , en classes ,
ordres , sections , genres , espèces et variétés ;
avec la table latine ci française des genres, celle
des familles naturelles et des noms français vul-
gaires des espèces , et un vdcabulaire complet de
tous les termes techniques ; première et seconde
partie , brochées en un gros volume in-S". Prix ,
7 fr. pour Paris , et 8 fr. 5o cent, pour les dépar-
lemerîs, franc de port.
A Paris ,chez Baudouin , imprimsur de l'institut
national des sciences et des ans , place du Car-
rouzel.
'Histoire naturelle des poissons . par le
cit. Lacepede , tomes 3 et 4 . in-12 ; prix , 6 fr.
So cent, brochés en carton.
A Paris , chtz Plassan , imprimeur-hbraire , rue
du cimetière Aiidré-des-Arts , n" 10.
Le tome 2 in-4° a paru il y a un mois. Les tomes
5 et 6 qui termineront cet important ouvrage ,
seront publiés en frimaire prochain.
Le sous-préfet de l'arrondissement communal de
Commercy , au citoyen rédacteur du Moniteur.
Commercy , le 24 thermidor an 8.
Je crois , citoyen , devoir vous transmettre uti
fait qui honore trop l'humanité , pour ne pas
croire que vous lui donnerez une place dans
votre journal. Le '(8'' du 'courant , un jeune
horn'me de dli-buit ténu ,«e baigriatit dans la
Meuse sous Commerty , tomba dans une fosse.
Le nommé Hachoitè , eixfant de douze ans , voit
cet accident , saute tout habillé à l'eau. Son
premier essai , est infructueux, il plonge une
Plume élastique qu'on ne taille pas et portant
son encie , à l'essai , ép;ouvée et approuvée par
le lycée des arts. Piix , 4 fr. 5o cent. , et 5 fr, pour
les dépariemens , franc de port. A Paris , chez
l'auteur ( le cit. Barihelot ] , rue et maison de la
Harpe, n° i64;Desenne, libr. , Palais du Tribunal,
galerie de pierres , n° 2 ; Onfroi , libraire , quai
des Augustins . n° 35 ; au dépôt des lois , au Car-
rousel ; au salon de lecture, boulevard Cerutti,
vis-à-vis la rue de Choiseul , et à celui de la veuve
Mendouze , rue Honoré , n" i5i5 , près la place
Vendôme. On y trouvera aussi des plumes qu'on'
a seulement l'avantage de ne pas tailler , à 1 fr.
5o cent, avec l'étui. On fait une remise honnête
aux marchands qui en prennent quantité.
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reçues.
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Rente provisoire 23- ti. 5u c.
Tiers consolidé 37 Ir.
Bons deux tiers » fr. 5g c.
Bons d'arréragé ^4 Ir. 75 c:
Bons pour l'an 8 , , . 85 fr.
Syndicat 65 fr.
Coupures 65 fr. 25 c.
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Théâtre de la- Repubuqije et des Arts.
Demain , Iphigénie en Aulide , et le ballet de
Télémaque.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Arlequin tout
seul ; les deux Veuves , et la Pièce curieuse.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Dem. la Femmti juge et partie , suiv. de l'Amitié
vaincue par l'amour.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Le a8 , la l"' repr. de Jenny , drame en troi»
actes. ____^_____^.^.^__
^ ERRATUM.
Dans le a" 3a3 , 6' alinéa de l'article Paris , au"
lieu de mille arpens de biens , lisez : mille arpenr
I de pins.
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■u' au commencement de ckaque jnois. . ■ . . '.
Il fcut adresser les leUres et l'argent , franc déport , au cit. A G .\ s s E , propriétaire de ce journal , rue des Poitevini , n» iS. Il faut comprendre dans les env^iileport dei
»«y« o* l'on ne peut affranchir. Les lettres des départcmcns non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au re'dacteur, rue de»
Poitevins , n' l3 , depui jneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n° l3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEURUNIVERSEL.
N" 325.
Qjiinlidi , 25 thermidor an 8 de la république française , une et indiuùibfe.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N! T E U R esc lë'^.éli^'jôurnai qj^cicl
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement Jes nouvelles des armées . ainsi que 'les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts er aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.
Augs bourg , le 12 thermidor.
A-< E quartier-général de Moreau était avant-hier
dans celle ville. Il y reçut un officier autrichien
qui lui apportait des dépêches importantes du
général Kray. Il est parti aujourd'hui pour la
Souabe.
Stuttgard , le i5 thermidor.
L'armée française s'étend journellement dans
le Wirietnberg. Les villes de Marbak , Marggro-
ningen , Ludwisbo'urg , et tous les villages en-
vironnons sont occupés par des troupes françaises.
Hier , le quartier-général du général Drouet était
à Ludwisbourg . et celui du général Waliher à
Kaunsiatt. Des troupes venant de Kehl à d'Of-
fenbourg traversent toujours les défilés de la
Forêt-Noire. Quantité de français défilent vers le
Neker.
On dit que les troupes russes , qui se rassem-
blent sur les frontières occidentales de leur pays,
sont destinées à attaquer la Gallicie . au cas ori
l'qmpereur ferait difficulté de payer à Paul !"■ les
dépenses de la dernière campagne. — Aucunes
troupes françaises n'ont jusqu'à présent pénétré
dans lé cercle de Françonie . mais on y en en-
verra bientôt.
Il y a à "Wurzbonrg trois officiers français char-
gés de tracer la ligne de démarcaiion autour de
la. forteresse , et de pourvoir à son approvision-
nement en vivres et en munitions de guerre.
Le général Moreau a fixé la contribution de
Heilbroun à 400,000 fr. f Strasb. Wdtbote. )
PRUSSE.
Berlin , le 1" thçrrhidor.
Les négociations se suivent avec vivacité aussi
bien à Paris et à Vienne qu'à Berlin. Le roi de
Prusse , de concert avec le Dannemarck , la
Suéde et l'Espagne, et peut-être avec la Russie,
travaille à effectuer la paix de lEurope, ou au
moins du continent , et à organiser une neutralité
armée, si la guerre devait continuer entre la
France et l'Anoleterre. Chaque jour arrivent ici
des courriers de Paris . de Vienne , de Londres ,
de Petersbourg. On dit que les traités se feront à
Kârlsbad , et que le général Beurnonville s'y
rendra sous peu.
Des nouvelles particulières de Hollande disent
qu'il y aura aussi un armistice sur mer. Les espé-
rances de paix augmentent à Vienne , à en juger
par la hausse des effets publics.
Le général danois, le comte Golz, ci-devant
adjudant de Frédéric-le-Grand, va partir pour le
Portugal ori il est nommé généralissime des
troupes portugaises.
{Straburger Weltbote.)
ANGLETERRE.
Londres , /« 1 7 thermidor , ( 5 août. )
Tableau comparatif de la petite-vérole et de la
vaccine , par le docteur Thornion.
P R T I T F. VÉROLE.
( Smalpox. )
i". Le» pustules de la
petite - vérole con-
tiennent une matière
épaisse qui n'affecte
Îioint beaucoup la
ancette.
2". Pic(]uemment la pe-
tite vérole agit for-
tement sur la consti-
tuiion ; d'oii résultent
de vives inquiétude»
souvent fondées.
3". La petite vérole est
accompagnée ordi-
naircmentde boutons
p.utulcns.
4°. Si la' petite vérole
est confluente , les
traits du visa,ge se
grossissent , la peau
se creuse , les yeux
s'entreprennent , le
nialade souft'ie horri-
blement el la fièvre
secondaire l'emporte,
ou il reste aveugle et
défiguré pour tou-
jours.
5°. L'odeur qui émane
de la petite vérole est
très-désagréable.
6°. La peliie vérole est
irès-contagicuse.
4". Il n'existe rien de
tout cela d.ins la vac-
cine ; point de fiè-
vre secondaire , ni
de cécité ou d'alié-
ran'on dans les traits
et sur ia peau. '
5°. Aucune odeur ne
s'exhale de la vac-
cine.
6°. La vaccine n'est du
tout point conta-
gieuse.
7°. Personne ne meurt
de la vaccine.
VACCINE.
( Cow-pock. ]
1°. Les pustules de la
vaccine renferment
une matière fluide
qui affecte rapide-
ment la lancette.
2°. D'ordinaire la vac-
cine n'agit aucune-
ment sur la consti-
tution où son influ-
ence n'est presque
pas sensible.
3». Les boutons de la
vaccine sont remplis
d'une matière bé-
nigne.
7°. Beaucoup de per-
sonnes meurent de la
peliie vérole.
Observations. — Il existe une si grande dis-
semblance entre la petite vérole et la vaccine ,
que tout êire raisonnable ne saurait hésiter dans
son choix. Qns. ceux qui oni eu la vaccine
soient parfailcmcnl assurés qu'ils n'auront pas la
petite - vcîole ; je puis le leur gatarjiir d'après
une infinité d'exemples. J'ai inoculé à plusieurs
reprises la peiiie-vérole à des ciifans qui avaient
eu la vaccine; je les ai fait jouer et coucher
avec d'autres enfans attaqués de la péliie-vé-
role confluente ; je leur ai fait loucher leurs
pustules l'une après l'autre , sans que jamais la
petile-véïole se soit manifestée chez eux. lima
aussi été démontré par un nombre considérable
de preuves que la vaccine n était point conta-
gieuse. J'ai inoculé des enfans au sein de leurs
mères , lesquelles n'avaient jamais eu la petite-vé-
role ni la vaccine. Les enfms ont eu la vaccine,
et les mères n'ont tien éprouvé. J'si souvent,
pour m'asstirer de plus en plus de l'incontagion
de la vaccine, inoculé l'un après lautre des
enfans d'une même famille ; et j-amais ma con-
fiance dans ce procédé , ni celle des pareijs'en
moi n'ont élé trompées. En tout , le succès a
toujours surpassé l'espoir , tant ceue méthode
comporte en elle un caractère particulier de
bénignité. La vaccine forme une ère dans les
annales de la médecine , et doit éterniser la
mémoire du docteur Jenner à qui il était réservé
de taire celle belle et salutaire découverte , ef
d'en propager les bienfaits.
— Le Royal Souverain, de 110 canons, amiral sir
Alan Gardner , ei le Pompée , de 80 , fesant partie
de ia grande flotte , sont entrés à Plymouth pour
se réparer.
Douze warrants ( décrets de prise de corps )
ont été lancés contre des accapareurs et regrat-
tiers de Sheffield.
On dit qu'il sera réparti entre les officiers et les
équipages de l'escadre de l'amiral Mitchell , la
somme de 200,000 liv. sterl. , compensation de
leurs pans de prise dans les bâiimens hollandais,
capturés par cette escadre au Helder. ■
Tandis qu'une réunion de cultivateurs de
houblon buvait à la santé de M. 'Waddirigton ,
comme au sauveur du Worcesiershire , les inté-
ressés dans les emprunts publics , en un mot ,
Ions les agitateurs buvaient, dans la cité , à celle
de M. Pitt, comme au sauveur de l'Angleterre.
Un des transportés à Botany-Bay mande que
ce serait le seul pays du monde pour faire for-
tune , si un homme pouvait y épouser une bonne
femme ; mais malheureusement il n'y en exis-
tait pas.
(Extrait du LondonVackeU, du Star et du thé
Courrier and evening Gazette. )
INTÉRIEUR,
Strasbourg , le io thermidor.
La navigation libre du Rhin , depuis l'Helvélie
jusqu'aux frontières de la Batane , est rétablie.
Le commandant de Philisbourg ne se refuse plus
à l'exécution de l'ariicle de l'armistice qui rétablit
la liberié de la navigation. Déjà plusieurs baieaux
se sont portés vers Mayence.
On apper<iut , il y a uois jour»,un violent
înceridie sur la rive droite du Rhin. Nous avons
appris que la forêt de Kappcl a été la proie des
j Uammes. '
A Hordt, il y a deux jours, .cinq granges, trois
maisons et un moulin à huile , ont eu le même
sort, ( Strasbinger Weltbote. ) ■•
JVantes , le ig 'thermidor.
L'animal féroce qui fesait depuis' plusieurs
mois la terreur de quelques com.-nunes de ce dé-
partement, a éié lue hier.' "'. '..
Ce n'est point une hyène , car le caractère àfi
cet anirnal est de n'avoir à' chaqijc pie J. 'que
quatre doigts , et l'animal tué', qui en a cinq , est
une louve. ■:.
On sait assez que le loup peut quelquefois'
prenore I habitude de la ciïair humaine' et
qu alors il devient plus féroce et pjus'furieuxi
C est le ciioyen Amiens , cultivateur à la Freu- .'
diere , commune de Saint-Phiibert , qui a délivré '
le pays de ce monstre carnassier.
Dans les premiers âges du monde , la destruc-
tion d un monstre lésait la répulaiion d'un héros ■ '
dans celui-çi on doit au citoyen Amiens les
e oges que merttem le courage et le sang- froid. '^
Il a apperçu la bête en ouvrant la polie de son
logis; après les comptes absurdes répandus de-'
puis quelque tems . plus d'un homme aurait' re-
lernie sa porte , celui-ci à' sâulé sur son fusil et a
perce la poiinne de l'animal qui s'avançait sur'
lui. L animal e.-t, tombé au coup et a péri, après"
avoir pendant long-tems poussé d'affreux hurle-'
menj. ... ' '
On ne peut guerès douter que ce^nésoit le
même qui a ex.ercé sa cruauté dans ces cantons.
*.e loup se retire ordinairement à l'approche du
jour, etcelm-ci s'était approché des habiiaiions
et y rodait au lever du soleil , à l'inslani où il a
ete tue. Vn a d ailleurs reconnu dans l'animal tué
• f '«^■PO" de celui qui s'était t. m fait
craindre. Il a été amené à la préfecture on l'on
^B'wL.-,,*,'^£"i,/--'^*'?'"?"' ^pleri corda tuendo.
( Extrait du Pifbtiçateur de Mantes. J
Paris , le 94 thermidor.
Extrait d'une lettre de Naples , le 5 juillet 1800 '.
( messidor an 8. ]
Je puis, enfin, satisfaire votre impatience en
vous donnant des nouvelles sûres de notre
malheureux pays. Je profite pour cela de l'oc-
casion dun de mes amis qui part pour Livourne,
d'où j'ai la certitude , qu'il y aura moyen de
vous laire parvenir ma lettre.
Ces contrées que la nature semblait avoir
destinées au bonheur , présentent l'aspect le
plus désolant; le sceptre de fer du gouverne-
metil pesé sur toutes les classes indistinctement.
11 n y a pas de jour qu'il ne soit pris des mesures
fanes pour amener la plus grande fermentation ,
et qui ne fassent pressentir quelque crise ter-
rible.
Une loi , publiée le 8 mai dernier . réduit les
fedi di crédita, autrement billets de banque , de
leur valeur nominale à celle du cours journalier
de la place .même pour le paiement des charges
publiques. Ces fedi di crédita ne conserveront
encore , que pendant quatre mois , leur valeur
nominale , et seulement pour les objets suivans,:
1°. Pour les placer sur le gouvernement , à
raison de 3 pour cent par an, auquel paieiment
est hypothéqué le recouvrement de la dîme , qui ,
maintenant , par la taxe extraordinaire , mise pour
l^ §"^"6 1 va devenir un impôt perpétuel , sans
être d'aucune aumentation pour le trésor public,
comme d'autres revenus.
2°. Pour l'acquisition des biens-fonds , prove-
nans des confiscations faites sur les criminiels
d élat , de ceux provenans du patronat royal , et
de l'administration des écoles , et si ces biens ne
suffisent pas jinur remplir les 5 millions destinés à
éteindre les billess de banque, ou y suppléera avec
les biens des monastères suprimés sur lesquels on
fera passer les pensions imposées sur les biens
confisqués.
Une telle mesure a achevé de discréditer les
fedi di crédita, dont la valeur sera dans peu ré-
duite à zéro. Les propriétaires ont été forcés pat
des circonstances aussi ruineuses, à se réduire à
la plus stricte économie, d'où il résulte que les
ouvriers et les artisans ne gagueui pas. de. quoi
i3ie
svibvenir à "leurs btsoins journaliers , et languis-
sent dans la plus grande misère , ainsi que la
majeure partie de ceux qui étaient attachés au
service domestique,
Cependant , on excite sans cesse, sous main ,
l'esprit d'anarchie d'une partie des lazzaroni qui ,
devenus le soutien du gouvernement , pour con-
tenir les autres classes , se perroetteni tome sorte
de délits que ce gouvernement lui-même est
obligé de laisser impunis. Il règne cependant
parmi le peuple une grande disrention , et beau-
coup d'entr'enx sont las de la silu;ition actuelle
des affaires. Dernièrement, en fesant ériger une
croix sur la grande place du palais du roi , à
l'endroit même où l'arbre de la liberté avait été
planté , les lazzaroni du quartier de S. Luccia ,
qui avaient pri.< part à la révolution, furent in- .
suites par les lazzaroni des autres quartiers , parce pogtaphique de 1 armée
que les premiers étaient partisans des patriotes ,
9t on se battit de part et d'autre.
La noblesse est entièrement avilie : la notavelle
loi publiée le 8 mai la prive de tous ses antiques
privilèges , prérogatives et émolumens , tous ob-
jets auxquels elleétait extrêmement attachée ; et
comme lés nobles ont pris part à la révolution ,
le gouvernement reut maintenant régénérer la no-
blesse souillée d'un délit qui n'a jamais existé.
On a créé un tribunal suprême et conservateur
qui divisera la nouvelle noblesse en trois clas-
ses ; la première sera enregistrée dans un livre
appelé /« livre d'or.^ dont ce tribunal sera Is con-
servateur. Aux députés et élus pour le gouverne-
ment de la cité , on a substitué un sénat royal. Le
tribunal suprême et conservateur, le sénat royal et
lés autres tribunaux et députations seront tous
nommés et révoqués par sa majesté. Cette loi lait
frémir le petit nombre de nobles qui étaient restés
attachés au parti royal.
Les provinces sont également aigries et mé-
contentes ; les visiteurs qui ont été envoyés avec
dçs pouvoirs illimités contre les partisans de la
liberté , ont renouvelle les scènes sanguinaires
et horribles de la capitale, avec- une férocité
que la plume se refuse à décrire. Beaucoup d'hon-
nêtes gens menacés de perdre la vie ont été obli-
gés de se réfugier dans les bois. Quelques villes
ont repoussé par la force ces infâmes visiteurs.
Venafro , Marlina et la campagna d'Eboli ont
montré en cette occasion la plus grande énergie.
La cour avait récemment ordonné aux pro-
vinces de payer comptant les impots établis par
les français et le gouvernement républicain , et
de faire une levée forcée de quarante mille
hommes. Les provinces s'y sont ouvertement
refusées ; on n'a pas payé un sou , ni fait une
seule recrue. Ceux mêmes que la cour avait
Lorsque les français firent la conquête du V , . . .
aumc deNaples, eritr'autres objets pris pour dans dans les departemcns , tous les rentiers et
VL La banque fera payer par ses correspon-
le compte de leur nation , il y avait plusieurs
cuivres précieux du muséum d'Hcrculanurii , les
cuivres de plusieurs caites des douze pr.vinces ,
gravés sous la direction de Rizzi et de Zannoni.
Ce derniervendit à l'agent du gouverneraentfran-
çals tous les cuivres qui lui appartenaient, pour
tioe somme de 25,ooo lir. qu'il toucha imraédia-
teraenl. Les français s'étant retirés de Naples ,
Zaïinoiii se rendit avec eux à Rome. Lors de
l'entrée de l'armée napolitaine dans Rome , il se
présenta en qualité de commissaire du roi des
Ùeux-Siciles , et il reprit pour lui non-seulement
les cuivres qu'il avait déjà vendus , ^ais encore l
ceux qui avaient été pris à Naples.
Le citoyen Marsilli, directeur du bureau ty
Note.
La cour dç Naples a fait dire au fondé de
procuration de quelques grands propriétaires qui
se trouvent en pays étranger sans y être con-
damnés et sans qu'aucunjugement les ait frappés ,
mais qu'on voit pourtant de mauvais œil , qu ils
^eussent à vendre leurs biens pour en emporicr
le prix et ne jamais revenir. Ces propriétaires
ne demanderaient pas mieux que d'obéir , et de
sauver leur bien en le transportant en France ;
rrrais la permission de vendre, offerte par la cour,
n'est qu'une grâce illusoire.
1°. Il est impossible de trouver des acheteurs , à
une époque ou le mécontentement est général et;
oti tout le inonde est ruiné.
2". Les propriétés féodales sont assujetties à la
réversibilité de la couronne, lorsque la succes-
sion en ligne directe manque. Elles sont assu-
jetties à un droit de valimento d'une grande por-
tion du revenu , quand le propriétaire est absent
du royaume. Elles sont assujetties à des J/dei-
commissi , à des testamens qui établissent des droits
d'aînesse. Comment vendre de tels biens ?
3". Les propriétés bourgeoises sont» presque
toutes assujetties à des Jidei-commissi et à des
testamens.
La permission de vendre et d'emporter le
prix de ces biens , ne sera jamais qu'une grâce
illusoire pour les patriotes , de la part du roi de
Naples , si elle n'est pas précédée d'une loi qui
dégage les biens des Jidei-commissi et des tes-
tamens.
4u i5 thermidor.
séduits piT de grandes proiri«
militaires, d exempnons d impots et autres pri-
..tlpacs ont pris part à cette résistance. Armés
pour la contre-révolution , ils ont tourné leurs
armes contre le gouvernement en voyant que
toutes les promesses qu'où leur avait faites
étaient sans effet.
Les troupes organisées ne montent dans tout
le royaume qu'à environ neuf mille soldats ,
dont un grand nombre a été repris de justice.
Tous sont mal vêtus et mal payés , tandis qu'on -
exige d'eux un service continuel et très-pénible.
Les officiers qui les commandent manqtient tous
de talens , de courage et de moralité.
Les anciens officiers qui ont échappé à la
mort , à la déportation ou à la prison , sont
privés de leurs emplois et réduits à la misete et
au désespoir. Il n'y a plus un seul soldat de
ttoupes auxiliaires ; quelques centaines de russes
qui étaient restés se sont embarqués le «6 du
mois passé ( 7 messidor ) , sur deux frégates de
leur nation. Depuis le départ des russes ,Tes deux
chefs de brigands , Sciarpa et Luigi-Brandi , ont
demandé iju'on leur confiât la garde des forts
de Castel Nuovo et de San Elmo. On dit qu'il
l'obtiendront , parce que la: cour se méfie des
commandans militaires des troupes de ligne. Il
est impossible de décrire tou.s les tourmens qu'on
a fait souffrir aux officiers qni ont pris du service
pour la république. Il suffit de dire que la ma-
jeure partie des officiers de la légion Bruzia a été
conduite l'espace de 24 milles , précédée d'un
crieur public qui , à son de trompe , annonçait
qu'il était permis à tout individu d'insulter ces
malheureux, tandis que sa majesté ne se réservart
que le droit royal de leur donner la mort. Les offi-
ciers conduits dans les prisons de Salerne , y
sont restés plusieurs mois avec les fers aux pieds
et aux mains , et le visage tourné vers la muraille.
Plusieurs en sont morts , ne pouvant résister à tant
de tortures ; mais on a eu la barbarie de laisser
pendant plusieurs jours leurs cadavres auprès de
leurs camarades cjui soupiraient après le moment
de perdre leur vie pour mettre un terme à leurs
maux.
Tous les raonuraens des beaux arts qui étaient
à Rome , et qui appartenaient à la nation fran-
çaise , ont été transportés ici , et le chevalier Ve-
ruti chargé de ce transport l'a fait avec une cé-
lérité incroyable.
Lettre, d'un réfugié à Marseille
Les dernières nouvelles reçues de Naples ne
sont nullement rassurâmes pour l'avenir. Tous
les détenus jugés ou à juger ont éié réunis dans
le châieau Saint-Elme. On foriifie les autres châ-
teaux, ainsi que les îles de Procida et d'Ischia.
Cette dernière est destinée à recevoir à tout
événement le gouverneraent établi à Naples et
la fameuse junte d'état. On a déjà fait précé-
demment l'expérience qu'un trajet de mer suffit
pour garantir ces pouvoirs délégués, de la force
étrangère , en les laissant les libres dépositaires
des vexations et de la violence. On s'apperçoit
évidemment que le plan actuel est d'abandonner
(avec l'humanité ordinaire ) ce pays à I anarchie
qui y a été préparée , -de transporter avec le
tribunal le reste des victimes d'une fureur qui
pourrait devenir encore plus atroce , et enfin
de se tenir toujpurs à portée de perpétuer les
troubles et Iss malheurs de la ville de Naples.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du sS thermidor an 8.
Les consuls de la république , sur la proposi-
tion du ministre des finances , ariêtent ce qui
suit :
Art. I". A compter du second semestre de
l'an 8 , les rentes et pensions sur l'état seront
acquittées en 'numéraire.
IL Ces paiemens seront effectués par l'inter-
médiaire de la banque de France.
IIL La banque .ouvrira à cet effet un compte
avec la trésorerie nationale pour la recette des
fonds destinés à l'acquit des rentes et pensions,
et pour le paiement à chaque partie prenante
du mandat sur la banque , qui lui aura été dé-
livré à cet effet au trésor public.
rV. La banque établira un nombre de caisses
suffisant pour que le service soit fait sans
trouble et avec l'activité nécessaire. Elle ne
pourra donner dans chaque paiement plus du
vingtie;me en monnaie de cuivre.
■V. Le paiement des rentes et pensions , pour
le second semestre de l'an 8 , s'oiivrira au pre-
mier nivôse prochain ; il s'effectuera dans les
six mois , et par ordre de numéros des ins-
criptions. La somme nécessaire pour les paie-
mens sera fournie par la trésorerie nationale , à
la banque , en obligations des receveurs-géné-
raux, aux échéances correspondantes , dont la
première sera au 3o brumaire an' 9 , et ainsi
successivement de mois en mois.
pensionnaires qui y sont actuellement payes , et
ceux qui voudront l'être à l'avenir , après qu'ils
en auront fait leur déclaration dans les formes
d'usage.
VIL II sera alloué à la banque , pour tous frais
de recouvrement , établissement de bureaux ,
transports de fonds, et indemnités quelcon()Ucs ,
une provision d'un et demi pour cent , pour
raison du service des renies et pensions dit
deuxième semestre de l'an 8. La fixation de cette
commission sera de nouveau réglée pour le ser-
vice du premier semestre de l'an 9.
VIII. Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré,
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premiet consul ,
Le secrétaire-d'étaf , signée H. B. Maeet.
Autre arritr du même jour.
Les consuls de la république , vu la pétition
présentée par les maire et adjoints de la com-
mune de Pont-de-Vaux , et sur le rapport du
ministre de l'intérieur, arrêtent :
Art. I"^. La commune de Pont-de-Vaux est au-
torisée à élever , à ses frais, uti monument à la
mémoire du général Joubert.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au bulletin
des lois. '
Le premier consul , signé. Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , sig7ie\ H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
Extrait d'une circulaire du ministre de la marint
et des colonies , aux préfets maritimes,
Des préliminaires de paix . citoyen
préfet, sont arrêtés entre la république française
et le roi d'Alger. Ils ont été signés à Alger le is
thermidor , par le citoyen Thainville , chargé de
pouvoirs du gouvernement. Le dey a donné des
ordres aux bâlimens naviguans sous son pavillon ,
de' respecter celui de la république française.
Le premier consul m'ordonne en conséquence
de faire respecter également les couleurs algé-
riennes par les bâtimens français. Vous voudrez
bien notifier , dans tous les ports de votre arron-
dissement , les intentions formelles du gouver-
nement , et veiller à leur prompte exécution.
Arrêté des maire et adjoints d'Amiens.
Les étrangers qui arrivent dans cette ville., *ont
étonnés et choqués d'y voir une affluence de meO-
dians Valides qui les environnent, les conduisent ^
les importunent de leurs demandes , de leurs dis-
putes et de leurs cris.
Il est juste , il est humain de venir au secours
des pauvres veillards et des infirmes ; mais quaiid
des individus , pleins de force bt de santé , en
état de travailler , s'abandonnent à la mendicité
et à la fainéantise , sa compagne inséparable ,
tout le travail qu'ils ne font pas , tous les secours
qu'ils reçoivent , sont autant de vols faits à la
société et aux vrais pauvres ; et ceux qui ont la
faiblesse de leur donner , s'en rendent com-
plices. '
Il y a eu des tems de calamité où la mendicité
pouvait être excusée -, mais aujourd'hui que les
travaux des manufactures reprennent de l'activité,
que ceux de la moisson sont ouverts , que les
chefs d'ateliers manquent de bras , qu'un octroi
de bienfesance a été établi pour soulager l'indi-
gent , le magistrat qui souffrirait l'abus honCeuK
de la mendicité , Serait coupable aussi.
La loi veut qu'il soit pourvu à la subsistance 4(i
pauvre ; mais elle veut aussi que la mendicité soit
réprimée. Elle a voulu , en conséquence , qu'il
soit établi , dans chaque département , des maisons
de répression où le travail sera introduit , et où
les mendians seront conduits : c'est la disposition
textuelle de l'art. XIV du décret du 19 mars 1798
qui subsiste toujours.
Il est tems qu'elle soit exécutée pour le bien de
la société et pour celui des vrais pauvres , et pour
extirper tous les désordres qui résultent de l'oisiveté
des mendians.
En conséquence , les maire et adjoints arrêtent:
Les réglemens , qui font défense de mendier,
seront exécutés.
Huit jours après la publication des présentes ,
toutes personnes valides qui seront trouvées men-
diant dans les rues ou aux portes des édifices
publics et des maisons particulières , seront arrê-
tées et conduites au dépôt de mendicité.
Il est enjoint à tous les mendians valides , de se
procurer du travail pendant le délai accordé ea
l'art. II ci-dessus.
La commission des.secour( cst.invitée àdreuer-'
de nouveaux états exacts dés pauvres vieillards
€t de ceux infirmes , pour être avisé , de concert
avec elle , aux secours à distribuer à cette classe
intéressante de nos concitoyens.
Les commissaires de police veilleront à l'exé-
cution du présent, et feront airêter, après le
délai fixé en lart. Il , tous mcndiaiis valides.
Les citoyens sont invités à venir au secours des
Vrais pauvres et à verser dans la caisse de bien-
fesance , en outre de leurs dons de chaque mois,
ceux qu ils distribuenldans les ruesaux mendians.
Discours prononcé par le citoyen Lanxade , com-
missaire du gouvernement près le tribunal cri-
minel du département de la Vordogne , le jour de
l'installation de ce tribunal.
Citoyens juges ,
Tandis que la première des nations ne poursuit
au dehors la carrière ouverte par la victoire , que
pour donner la paix à lEurope , et sécher enfin
les pleurs que la guerre fit verser à l'humanité ;
vous êtes appelés par son gouvernement à exer-
cer , pour assurer la tranquillité intérieure , le plus
redoutable des ministères. Protéger l'innocence
timide , réprimer le crime audacieux, garantir
la sureé de tous , et maintenir ainsi l'harmonie
sociale , telle.^ sont les fonctions augustes que
vous allz remplir; et vos concitoyens vont dé*
sormais voit en vous les dépositaires de leur
libellé et de leur vie.
Mdii , Citoyens , combien ce ministère serait
plus pénible encore si la loi ne veut eût entourés
des toi mes conservatrices de la liberté publique
et individuelle , et si vous étiez appelés , seuls , à
prononcer sur le sort de vos concitoyens ! vous
entendez déjà que je veux vous parler de la
sublime instituiion des jurés de cette forme pré-
cieuse de jugement qui, distinguant le/az( d'avec
la loi , entre essentiellement dans la constitution
d'un peuple liore , et présente de si grands avan-
tages sous le rapport des mœurs publiques, et
sous celui de la liberté privée.
Parmi les caractères qui distinguent celte ins-
titution , il en est un bien essentiel , aussi conso-
lant pour la conscience du juge qu'il est ras-
surant pour l'accusé , c'est que ce dernier a un
garant certain de la probité de son juge ; en efiFet
si ce juge n'est çhaigé que d'appliquer la loi à
une décision étrangère , il ne peut plus la faire
plier à l'opinion particulière qu'il aurait pu se
■former d'avance sur le fait de 1 accusation. C'est
ainsi que le citoyen se rassure en songeant qu'il
ire peut être jugé sans le concours de jurés qui
n'exercent qu'un ministère momentané , et qui
doivent rentrer ensuite dans la foule pour y être
•oumis à leur tout au même pouvoir qu ils auront
exercé sur leurs semblables : leur intérêt per-
sonnel sera donc le premier garant de leur im-
partialité , et tel est l'avantage de cttte forme de
jugement , qu'elle a le salutaire eflFet d'afFatblir la
puissance particulière dtijtige, pour fortifier et
afiFermir celle de la justice.
C'est vous , citoyens juges , qui êtes appelés à
■diriger cette institution toute faite pour la liberté ,
cette institution qui , selon l'expression d'un phi-
losophe , est le plus beau présent que l'humanité
ait pu faire à la justice. Vous remplirez cette
tâche honorable avec le courage et. l'impartialité
qui conviennent à des magistrats républicains.
Tous les citoyens auront devant vous un droit
égal à la protection de la loi ; cette enceinte sera
ledoutable pour le crime , mais aussi elle de-
viendra le refuge de l'innocence.
Quant à moi , à qui la société remet aujour-
d'hui la mission auguste d'exercer ses droits ,
et de poursuivre en son nora les coupables;
quant à moi , que ta loi place comme ia pre-
mière sentinelle pour veiller à la sûreté de tous,
je ne négligerai rien, citoyens juges , pour pré-
parer d'une mauiere digne de vous les oracles
de la justice. Chargé de poursuivre le crime, il
n'aura point d'ennemi plus terrible que moi ;
pujssai-je n'avoir pas à vous présenttrsouvent son
nideuxet détestable tableau! puissent les contrées
soumises à ma surveillance ne receler aucun de
ces hommes contre lesquels la société se soulevé ,
et qui provoquent l'indignation publique et la
sévétiié des lois.'. . .
Mai» , citoyens juges , combien aussi je serais
à plaindre , sije ne pouvais envisager les fonctions
que ia loi nie confie que ccrume un ministère de
rigueur et de vengeance publique ! Combien
j'aurais à souffrir si je n'avais que le triste droit
d accuser !. . . Que l'innocence se rassure , j aurai
aussi le droit de la défendre , si la malice ou la
perversité osaient la traduire devant vous ; et
certes, celte partie de mes devoirs ne sera pas
la moins précieuse pour mon coeur. Sécher les
l^rtDci d'un malheureux accusé , l'arracher aux
cachots oij l'aurait plongé la calomnie , le rendre
aux embrassemens de sa famille et de ses amis ,
est pour l'amc du juge la plus douce des jouis-
•ancei.
Tels seront nos senlimens communs , citoyens
aiagiitrats , et c'est ainsi que n«tis tâcherons de
repondre aux vues du gouvernement qui nous
appelle , et à l'attente de nos concitoyens ; eh !
je vous le demande , sous quels plus heureux
auspices pouvions-nous entrer dans la carrière
qui nous est ouverte ? Déjà la trompette fran-
çaise a résonné la victoire ; un orgueilleux en-
nemi qui naguère repoussait toute idée de né-
gociations pacifiques, incline aujourd hui son
front humilié devant la Grande-Nation , nous
rend en suppliant , ses villes et ses forteresses ,
demande à grands cris que les armes soient sus-
pendues , et rend ainsi un hommage forcé à la
justice de noue cause , à l'héroïsme de nos guer-
riers. Voilà de tes prodiges , homme étonnant ,
qui, après avolrsauvé la France, as rendu une
seconde t'ois la liberté à l'Italie ! Guerrier magistrat,
encore à la fleur de tes ans, lu as déjà vieilli
dans la gloire , et pour y mettre le comble, lu
vas le montrer à-la-fois en vainqueur et en paci-
ficateur !
Oui , citoyens , le sang a déjà cessé de couler ,
et celte paix . l'objet de toiis nos vœux , le terme
de toutes nos espérances tiotïs sera bientôt rendue;
elle doit être le fruit de nos Wîohaphes et la ré-
compense de nos efforts. ''
Quelqu'étranger que soit ce sanctuaire, citoyens
juges , aux détails des combats , son silence peut
être rompu aujourd'hui par le bruit de nos armes ,
puisque la victoire nous annonce la paix , et que
la paix est la compagne de la justice. Puisse-t-elle
redescendre bientôt au milieii de nous, puisse -
t-elle réunir enfin lous les cœurs , confondre tous
les sentiraens , et nous faire goûter , sans mélange ,
ses inappréciables bienfaits !
Comment ne pas se livrer à cette douce espé-
rance ! Quel est donc le germe de division qui
pourrait rester encore au milieu de nous ? Vie
sommes-nous pas tous français ? chacun de nous
n a-t-il pas sa ponion de la gloire dont se couvrent
nos guerriers ? La liberté enfin n'est-elle pas le
patrimoine de lous ? Ah ! citoyens , après
dix années entières de haines, de vengeances et
de disseniions civiles , respirons enfin sous l'égide
d'un gouvernement sage et juste ; nous avons lous
besoin du repos qu il nous assure. Lorsqu'en fesant
cesser le fléau destructeur des combats , nous
aurons consolé lEurope , ne nous déchirons pas
de nos propres mains , et prenons notre part du
bonheur que nous destinons aux autres peuples.
Je promets fidélité à la constitution.
Suite du rapport/ait à la classe des sciences maihémati-
ques et physiques ,dans saséancedu 6 messidor an 8,
par la commission chargée de répeter les expériences
de M. Achard , sur U sucre contenu, dans la
betterave. . , ;;,> «., ■
TROISIEME P 'À'r Ï T Ï.'
Expériences faites dans l'intention;: de perfectionner
les procédés de M. Achard.
Lorsqu'on réfléchit aux avantages qui résulte-
raient de l'emploi du procédé de M. Achard ,
s'il fournissait le moyen de retirer dé la betterave
une aussi grande quantité de sucre^que celle qu'il
dit avoir eue , on n'est plus étonné de l'empres-
sement qu'il a mis à lui donner de la publicité ;
mais ce qu'on doit regretter , c'est que , pour
éviter à tiautres des tentatives infructueuses , ce
chimiste n'ait pas communiqué les expériences
qu'il a sans doute été obligé de faire , avant de se
déterminer à adopter ce procédé de préférence
à tout autre.
N'ayant eu entre les mains que des extiails de
l'ouvrage que M. Achard a publié sur l'extraction
du sucre de la betterave, et ces extraits ne nous
ayant rien présenté qui fût relatif aux tentatives
qu'il avait faites avant d'arriver au point où il
s'est arrêté , nous avons taché de suppléer à ce
qui nous manquait , en variant la manière d'o-
pérer et en cherchant à découvrir des moyens
pour obtenir des betteraves , iipn-seulemenl une
plus grande quantité de sucre , mais même encore
de l'avoir plus promptemént et plus facilement
qu'en suivant le procédé recommandé par le chi-
miste de Beilin.
Pour cela , après nous être assurés que la raos-
couade obtenue de la betterave ne devait sa
couleur brune foncée , sa saveur peu agréable
et sa difficulté â cristalliser, qu'à la présence de
quelques principes immédiats de ces racines , qui
étaient fortement unis et même combinés avec
les molécules saccharines , nous essayâmes d'o-
pérer la séparation deces principe», èn'soume'ttânt
le suc exprimé des betteraves cuites aux difFére;ntés
bpérations employées lorsqu'on tiaite le suc ex-
priiné de la canne.
Il BOUS était d'autant plus aisé de suivre à cet
égard les expériences qu'il s'agissait de faire ,
que nous avions pour nous aider le citoyen
Mitouart, chef du laboratoire de chimie de
l'école de médecine de Paris, qui, ayant tra-
vaille pendant six ans en Amérique , dans une
sucrerie assez considérable , était très au courant
des opérations (jui s y pratiquaient,
L'eau de chaux , la lessive des cendres , le sang
de bœuf , le blanc d'œuf , les filtratiohs , et géné-
ralement tous les procédés en usage dans les
sucreries, furent successivement employés , et à
diverses reprises, sur plusieurs quantités de suc
de betteraves cuites (\ue nous avions lait préparer
exprès; mais, malgré la constance et l'exactitude
que mit le citoyen Mitouard à suivre les procé-
dés qu'il croyait devoir réussir, il ne put jamais
faire arriver ce suc à l'état pariiculier qu'acquiert
ordinairement le suc de canne; et d'après lequel,
le maître de cuite prononce que 'son sirop don-
nera de bon sucre. '
Cependant tous nos sirops , mis à l'éluve ,
cristallisèrent ; mais la quantité de moscouade ne
lut pas plus considérable que lorsrjue nous avions
seulement opéré comme M. Achard.
Une fois nous crûmes avoir trouvé le vrai pro-
cédé auquel il fallait s arrêicr , parce que le sirop
que nous obtînmes nous donna , en assez peu de
tems , une moscouade moins brune et en plus
grande quaniité que. toutes celles de nos précé-
dentes expériences.
Voici ce procédé, qui, à ce qu'on nOus'a
assuré depuis , est aussi employé avec quelques
succès dans les ralfineries , sur - tout lorsqu'il
s'agit de purifier des moscou^es extrêmement
colorées.
Après avoir fait évaporer jusqu'à moitié environ
une quantité donnée de suc de betteraves cuites ,
et avoir séparé avec exactitude les écumes , au
lieu d'y mêler de l'eau de chaux , nous y ajoutâ-
mes de la chaux nouvellement éteinte à. Vatt. La
liqueur se tuméfia tout-à-coup; l'effervescence fut
si vive et si forte «u'une partie du fluide dépassa
les bords de la bassine. Il se fit une grande ,,
quantité d'écume. La liqueur acquit alors une
sorte de transparence , ei , pour l'avoir tiès-claire ,
il fallut seulement la passer au travers d'une étoflFe
de laine serrée. Cette liqueur , évaporée jusqu'à
consistance de sirop , et mise dans une étuve ,
I nous donna au bout de trente jours du sucre ea
gros cristaux beaucoup moins colorés que toutes
nos précédentes moscouades ; et dès la première
cristallisation nous eûmes plus de produit que
nous n'en avions obtenu jusqu'alors des sirop»
qui avaient été traités par d'autres procédés.
En examinant ensuite ce sucre,, nous trou-
vâmes qu'il avait une saveur nauséabonde, et
telle qu'il était difficile de la supporter.
La quaniité de chaux employée dans cette ex-
périence représentait à peu-près la 640= partie du
fluide sur lequel nous opérions.
On a essayé dé purifier ce sucre; mai» il a con-
servé sa première saveur, qui sans doute était
due à une certaine quantité de chaux unie du
combinée avec lui.
Nous avons renvoyé à un autre temps l'examen
de ce sucrer, dont les propriétés , essentiellement
différentes de celles du sucre ordinaire, méritent
bien d'être constatées d'une manière posidve.
Le fait le plus essentiel qui résulte de l'expé-
rience qu'on vient de citer, est qu'à l'aide de la
chaux, on peut dépouiller le suc de betterave
cuite d'une partie des matières qui se trouvent
combinées avec les molécules saccharines , et
donner , par ce moyen , à ces dernières une plus
grande disposition à cristalliser.
Nous avons dit , en donnarit la description du
procédé de M. Achard, qu'une des conditions
essentielles recommandées par ce chimiste , élait
de fait cuire les betteraves avant d'en exprimer
le suc.
En pendant à ce que" pouvait produire cette
opération , no\xs crûmes apercevoir qu'elle de-
vait être plus préjudiciable qu'utile.
En effet, il nous semblait qu'on ne pouvait pas
faire cuire les betteraves avec de l'eau , sans les
priver d'une'partie de leur sucre, et sans que le
sucre restant ne se combinât avec les autres subs-
tances q'ui l'accompagnent dans ces racines..
Nous étions d'autantplus fondés à croire que
les choses se passaient ainsi , que nous connais-;
sions la différeuce bien sensible qui existe entre
nn extrait fait avec la décoction dune plante , et
celui préparé seulement avec le suc exprimé de
la même plante.
Voulant, au reste , acquérir une plus grande
certitude à cet égard , nous nous décidâmes à
faire les expétiences suivantes.
1°. Au lieu de faire cuire les betteraves, comme
dans le procédé de M. Achard, nous les erar
ployâmes crues. i
Pour obtenir leur suc avec facilité , on les fit
réduire en pulpe , à l'aide du moulin à râpe dont
notre collègue Parmentiera donné la descriplioa
dans son Traité sur la pomme de terre.
Cette pulpe fut soumise à l'action d'une forte
presse. Par ce moyen , on oblint de onze cent
cinquante-deux parties de betteraves fraîches sept .
cent soixante-huit parties d'un fluide un peu
trouble, d'une saveur décidément sucrée et d'une
couleijr brune.
Après l'avoir laissé déposer pendant quelques
heures dans un endroit frais . on le fit décanter
et passer au travers d'une étoffe de laine.
l3l2
Qiiolqu'il ne fût pas encore très-clair, nous
crûmes ne devoir pas i'aiieiidre plus loni;-ienis ,
d^ns la crainte que la fermentation ne vînt changer
la nature du produit qu'il s'agissait principalement
d'obtenir.
Ce suc ainsi dépuré a été évaporé jusqu'en con-
sîsiance de sirop , à l'aide d'une chaleur assez
forte pour le tenir toujours en ébulliùon.
Pendant celle opération il s'est sépaié beau-
coup d'c-cuiïie qu'on fit enlèvera mesure qu'elle
.se foriiiaJt. Avec ceite précaution le sirop de-
vint assez clair; il fui alors versé dans une
le-rrine évasée , et placé dans une étuve (i).
Après quarante jours d'évaporation spontanée;
nous obiînmes en deux cristallisations , vingt-
quatre parties de moscouade , quantité qui 're-
présentait le quarantt-luiiiierae de la betterave
eiuployéer Cette moscouade était moins brune
que celle du procédé du M. Acbaul ; mais la
mélasse dans laquelle elle s'était formée , était
très-briine, visqueuse et fort épaisse. Celle der-
rière fut abantlonnée loisqu'on vit quelle ne
donnait plus de cristaux.
s". Au lieu d'employer seul le suc de betterave
crue , comme on vient de le diie , on en lit
évaporer une quaniiié égale à celle de la pré-
cédente expérience , jusqu'aux (rois quans : alors
on y mêla de l'eau de chaux. Cène addition
parut faciliter la clarification , et le sirop l'ut
moins visqueux ; après l'avoir sufEsarament con-
centré , on le mit à l'étuve. Au bout d'un mois
nous trouvâmes qu'il avait déposé dans la leriTne
vingt parties de moscouade un peu moins b''une
que celle précédemment obtcinse. La mélasse
qui surnageait, remise ensuite à t étuve , a refusé
de cristalliser.
3°. Présumant que l'action de l'eau de chaux
frais toulé la quantité de cette pulpe dont on
aurait besoin.
Nous venons d'exposer , dans cette troisième
pariie, quel(iues-unes des expéiiences que nous
avons fiitcs pour perfectionner le travail ilt
l'exuacuon du sucre de bcierave : il ne nous
resic plus(]uà présenier, sur les principaux faits
que nous avons recueillis, des rélkxions géné-
rales (jui serviront à jusnhcr les conclusions de
notie tappoit. ( L'i suite demain.)
e et le
Avis des plus intéressant pour ta banqu
commerce.
Tous ceux qui connaissent le calcul de la
banque . savent qu il existe à peu près 3oo mon-
naies différentes en Europe , servant à coter le
change des places entr'eiles , et que sur ce
nombre, il en est plus des deux tiers qui ne ser-
vent pas aux écritures.
Comme luniié et la simpliciié ont éié de tous
tcnis le principes des grandes choses, ci) a
pensé que le public n'apprendiait pas indiflé-
lenimetit que 1 on peut aujourd hui se dispenser
de faire des calculs sans, nombre pour la réduc-
tion respective des monnaies entr'eiles . et borner
ses opéfaiions de change à une seule multipli-
cation. Voici en conséquence deux exemples qui
serviront à le démontrer.
Premier exemple. — Réduire 2,400 fr. en livres
et sols hors de banque de Gênes, au change de
96 sols 5 huitièmes pour une piastre de 5 livres
l5 sols.
'Opération. — Mu'tipliez ces 2400 Ir. par 1,19
valeur exacte du franc en livres hors de banque ,
au change indiqué, il viendra 2856 livres hors
de barliiue 'qui n'auront exigés que 10 chiffies de
„-,,.-,, . ,• ■ „. , «,,, -, „ calcul, tandis qire Ruelle, pour une règle du
navait pas eie assez marquée , nous essayâmes i . ' ^ , , * ■ . ■ j
j. ..,-. j j 1 .: , I I I même iienre , en a emp oye 112, et s est servi de
de traiter du sucre de betlerave crue avec de la . , ° . '. '^ ' '
chaux ; il se forma aussitôt beaucoup d'écume, i '^^ "" ''^onjoinie
Tfint que la liqueur restait bouillanie elle parai
sait claire . mais en refroidissant elle se troublait, i
Le sirop ayant été mis à l'étuve , la ctislallaiion ne I
s.e fit pas plus prorapiemcnt , et la quantité de
moscouade fut à-peu- près la même que celle
que nous avions eue dans l'expérience où OQ avait
employé l'eau de chaux.
Deuxième exemple. — Réduire 3368 léaux de
platie de Cadix en marcs et sols lubs de Ham-
bourg, au change de gS trois quarts deniers de
gros pour un ducat de change.
Opération. — Multipliez ces 3368 réaux par
o,26j6 valeur exacte du réal en marcs lubs au
change pareillement indiqué , il viendra 8q4 marcs
Au reste, la saveur de cette moscouade était 1 lubs 54 ceniiemes ( c'est-à-dire. 894 marcs 6 sols
désagréable , et assez semblable à celle dont on a
parlé lorsqu'il a éié cjnesiion du suc de betterave
cuite traiié par la chaux.
On voit , d'après ces expériences . qu il ne doit
plusrester la moindre inceriiiude sur la nécessité,
surtout dans une opération en grand , de préférer
le suc de betterave crue à celui de la même
racine cuite , puisque le premier donne plus de
moscouade . et que cette moscouade est déci-
dément moins coloiée , et par conséquent plus
facile à purifier.
Un autre avantage cju'il est essentiel de ne pas
perdre de vue , et qui confirme la préférence
qu'on doit donner au suc de bcuerave crue , c'est
que les frais pour convertir ce suc en siiop sont
moins considérables que lorsqu'on se sert de la
méthode de M. AchaW ; car, dans ce dernier
cas , il faut employer une certaine quantité de
combustible qu'on peut économiser lorsqu il ne
s'agit que du suc de betterave crue. ,
Le seul inconvénient qu'il y aurait à employer
ce dernier suc , serait l'embarras de réduire la
racine en pulpe; mais il serait facile d'y remé-
dier, si , comme on peut supposer que cela de-
vrait être dans une grande opération , on avait un
moulin fait exprès , et plus facile à faire ihouvoir
que celui auquel nous n'avons eu recours que
parce que nous n'en connaissions pas de plus
commode.
Au reste , on conçoit la possibiHté de cons-
truire des moulins à tape , qui , étant destinés
seulement à réduire la betterave en pulps , réu-
niraient une perfection telle , qu'en peu de lems
on parviendrait à obtenir , sans beaucoup de
(i) Ce n'est pas sans raison qu on recommande
de tenir toujours la liqueur en ébullition , et
de séparer continuellement les écumes à mesure
qu'elles se forment. Sans ces deux précautions
le sirop devient épais , visqueux , et ne donne
pas de moscouade. Il faut aussi ne pas pousser
trop loin la cuisson du sirop. Enfin , lorsqu'on
Je met à l'étuve , il faut que les terrines qui
Je contiennent soient recouvertes d'un papier
percé de plusieurs petits trpus , ou d'une toile
dont le tissu soit peu serré.
8 dénie rs lubs) qui n'auront également exigé que
25 chifiVes, tandis que Ruelle, pour la méine
règle, en a employé 110.
( Si on veut se servir du Compaiatcur, il faut
ouvrir son compas pour le premier exemple de
24 iransveisales sur 29,6 , en le reportant sur A ,
et pour le deuxième de 33 transversales 2 tiers
sur 49,5 , en le reportant sur B ; on obtient alors
les mêmes résultats sans calcul. )
Comme ceci n'est aucunement problématique,
et que le commerce est pour en retirer les plus
grands avantages , ceux qui veulent adopter celte
manière infiniment brève de calculer leurs opé-
rations de change , et mcme leurs arbitrages ,
peuvent s'adresser à toute heure du jour chez le
citoyen Aubry , géomètre, quai des Augustins ,
n" 42 ; il leur donnera non-seulement tous les
renseigncmeus qu'ils pourront désirer sur ce
procédé inhniment curieux, mais si, après en
avoir reconnu l'efficaciié , ils désirent l'appliquer
à l'instant même à leur banque , il leur pro-
curera les changes de tous les pays , transformés ,
de telle sorte qu'ils sersnt à même de faire en
une minute ce qui leur exigeait des heures
entières de travail.
Ces mêmes personnes sont en otitre prévenues
qu il se fait chaque décade , au domicile du même
citoyen , un cours en 4 leçons sur l'application du
calcul décimal à toutes les opérations d'administra-
tion, de Jinance , de banque et de commerce de tous
les pays de la terre, moyennant 3 francs; lequel
a lieu les jours impairs ( excepté le quintidi) de
5 à6 heures du soir.
JV. B. La persuasion intime dans laquelle on
est que les ouvrages du citoyen Aubry n'ont rap-
port qu'aux nouvelles mesures , pouvant induire en
erreur des milliers de personnes sur le véritable
but de ce cours , et les détourner de s'y rendre.
On les prévient qu'il n'y est aucunement question
de cet objet.
méthodique , suivant Véiat actuel de la botanique
et de l'agticuhure ; où l'on trouve l'expose des
caractères du genre, de l'espèce ; les diveises
variétés , les synonimes , la description , le tcms
de la floraison et de la maiurité des fruits ; le lieu
natal; les usages économiques et médicinaux;
leur culture; les moyens à piendrc pour les natu-
raliser ; l'époque ot'a ils ont éié appoiiés en Eu-
rope, et des remarques historiques sur leurs noms
anciens et modernes ; avec des figures _ pe'inies
parj. P. Redouté , peintre du Muséum d'histoire
naturelle , et de la classe des sciences physiques
et maihématiques de l'institut , membre de la
société d'histoire naturelle de Paris ; a\ec ceite
épigraphe : Utile dulci.
Chaque livraison est composée de six planches-
Conditions de la souscription.
1°. Les souscripteurs ne paient rien d'avance,
mais seulement en recevant chaque livraison.
2°. Les personnes qui habiientles déparlemens
recevront l'ouvrage, franc de port, par la poste , •
ou par la diligence, moyennant quils fassent
passer à l'adresse indiquée le prix de quatre livrai-
sons à-la-fois.
3". Cet ouvrage est tiré sur trois papiers diffé-
rens ; savoir , ie premier sur beau carié , avec les
planches en noir ; prix , 9 fr. par livraison : le
second sur carré veiin avec les planches im-
primées en couleur , et terminées au pinceau;
prix, 18 fr. par livraison ; et enfin , le troisième
sur papier nom de Jésus velin , avec les planches
imprimées en couleur et terminées au pinceau ;
prix , 3o fr. par livraison.
La partie typographyque est extrêmement
soignée , et sort des presses de Didot l'aîné ,
au Louvre. Les planches sont imprimées en
taille-douce , par Barez. On eJt prié d'affranchir
les lettres. _ '
On souscrit à Paris chez Etienne Michel , édi-
teur , rue des Francs- Bourgeois au Marais,
n° 69g ; et chez Didot l'aîné , au Louvre ; Lanny,
quai des Augustins , et Vilmorin - Andrieux ,
quai de la Feraille , n° 29.
Il a déjà paru deux livraisons du Jrailé des
arbres et arbustes , qui donnent l'idée la plus
avantageuse de l'entreprise , et font désirer vive-
ment la suite. La troisième livraison sera bientôt
publiée.
Nous nous proposons de faire connaître plus
particulièrement le plan de cet ouvrage , ainsi
que les livraisons qui ont paru.
Albert et Théadore ou les Brigands, 2 vol. in-n
avec fig. Prix ,3 fr. , et franc de port 4 fr.
A Paris, chez Vaiar - Jouannet , imprimeur-
libraire , rue Cassette , n° gi3.
Le journal critique de Londres a fait le plu»
grand éloge de cette production ; elle est en effet
bien supérieure à celles dont l'Angleterre nous
inonde depuis nombre d'années. Quant à la
traduction que nous annonçons, elle a de l'élé-
gance , de la pureté , et de la précision. Nous
croyons pouvoir assurer du succès à cet ouvrage.
La Nouvelle inattendue, ou la Reprise de l'Italie,
vaudeville-impromptu en un acte.
Les Hâbleurs , suite de M. de Crac , comédie en
un acte et en vers.
Deux et deux font Quatre , ou le Savetier de
Chartres, comédie en un acte mêlée de vaudevillç.
A Paris , chez Hugelet , imprimeur , rue des
Fossés-Jacques, n° 4.
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Traité des arbres et arbustes que l'on cultive en
France en pleine terre , par Duhamel ; nouvelle
édition , augmenté de plus de raoiiié pour le
nombre des espèces ; distribué dans un ordre plus
COURS DU CHANGE.
Bourse du 24 thermidor. — Coiirs des effets publics.
Rente provisoire aS tr. 38 c-
Tiers consolidé 3; fr. aS c.
Bons deux tiers i fr. 5g c.
Bons d'arréragé 83 fr. yS c.
Bons pour l'an 8 85 fr.
Syndicat 65 fr.
Coupures 65 fr.
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Théâtre de la Republiq_ue et des Arts.
Aujourd. Iphigénie en Aulide , et le ballet de
Télémaqui.
THEATRE DU Vaudevjlle. Auj. ta matrone
d'Ephese ; le Moulin de Sans Souci , et la Revanche
forcée. , ■
Théâtre du Marais , rue Culture-Caiheriiré.
Auj. la Femme juge et partie , suiv. de iAimtii
vaincue par l'amour. \
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomini^s.
Le 2S , la i=" repr. de Jenny , drame en trais
actes.
T' booiemenise fait à Paris rue des Poitevins , n° 18. Le prix est de s5 francs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. Ounes'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il fauradiesser les lettres etl'aigent , franc de port , au cit. Ag as s e , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , u" 18. Il faut compieadre dans les envois le port des
pays o^l'oo nepeutaer.anchir. Les lettres des départemcns non afFrancliies , ne sciont point retirées de la poste.
Il faut avoir soin pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser lou^ ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue des
Poitevins , n" l3 , depui «neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de I imprimerie du cil, Agasse , propriétaire du Moniteu», rue des Poitevins, n" i3.
A* 326
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
Sextidi ,5 6 thermidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du y nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autotités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur liinéneur que sur l'extétieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux atts et aux découvertes nouvelles.
EXT É R I E U R.
ALLEMAGNE.
Stultgard , le 26 thermidor.
J_» E général Mon-au avait imposé à 8 millions
de contribulion l'électoral de Bavière. Sur les
représentations de l'envoyé Celto et du chargé
d affaires de Prusse Harnier , il a fait une dimi-
nution de deux niiilions , et prolongé les termes
du paiement.
Avant-hier au soir, 14 thermidor , l'adjudant
général Duroc et le général Saint-Julien , suivi
d'un officier de Neugebauer , ont passé par ici.
Moreau se prépare à un voyage qui a pour
but la visiie de toutes les divisions de son ar-
mée. Celle ci reçoit chaque jour des troupes
fraîches. Lecourbe a encore son quartier-géné-
ral à Kempien , et celui de Gudin est tr.insponé
à Memraingen. Le poste important de Renii est
occupé par 800 français. Le prince de Reuss a
son quartier-général à Inspruck. C'est aussi là que
se trouve l'artillerie de réserve. La caisse militaire
autrichienne, est allée à Hall. (Strasb. Weltbote.j
ANGLETERRE.
Londres , le 3 aoù,t ('17 thermidor '■•
Droits maritimes des: nations belligérantes , rela-
tivement aux natioiis neutres. — Extrait du dis-
cours prononcé par sir William Scott , juge de
l'amirauté , dans l'affaire du navire suédois , la
Maria.
Le fait exposé , je dois établir le droit. — Je
vais en conséqu nce rechercher quelle est la
ïegle , en d'autres termes , à quoi sont assujettis
les neutres par la loi des nations. A cet tiiet je
poserai quelques principes que je tiens pour
incontestables-
i". Le droit de visiter les navires marchands en
pleine mer, quels que scient ces bâtiniens, leurs
cargaisons et leurs destinations , es; un droit dé-
volu inccnieslableraent aux croiseurs patentés
d'une nation belligérante, je dis , quels quesoieht
les bâtimens , leurs cargaisons et leurs Ucstina-
tions ; parce >iu'avant qu ils n aient été visités , on
ne sait ni qui ils sont , ni quelle est la nature de
leur cargaison , ni dans quel port ils se rendent ;
et c'est pour s'en assurer que ce droit de visite
existe. Ce droit est si fondé en principe , que
quiconque admet qu'on peut légitimement faire
des prises sur mer , doit nécessairement le recon-
naître ; car si ou n'a pas la liberté de s'assurer
qui 1 on peut prendre , il devient alors impos-
sible de prendre- Ceux mêmes qui soutiennent,
à tort , que les navires neutres rendent les car-
gaisons neuties ( free ships make free goods ) ,
doivent Convenir de la justice de ce droit, du
moins quant à la nécessité de s'assurer préala-
blement si ces navires sont neutres ou s'ils ne
le sont pas.
Ce droit de visite est également fondé en pra-
tique ; car l'usage en esi général , constant et
Vniformc. Les traités des nations européannes qui
. réfèrent à ce droit , y réfèrent comme à un droit
pré-existant dont ils ne font que régler l'exercice.
Tous les auteurs qui ont écrit sur la loi des na-
tions , sans en excepter Hubner lui-même , ce
grand champion des privilèges des neutres , ont
Itconnu ce droit. Il n est aucun homme , en un
»ol . plus ou moins versé dans cette matière,
qui ail laissé entrevoir , du moins que je sache ,
le plus léger doute sur la légitimité de ce droit.
Ce droit de visite , sans contredit , doit être
exercé avec le moins de rigueur et de vexation
Îiossibles. Il faut au contraire chercher à lui en-
, ever tout ce qu'il peut avoir d'acerbe-, il iaut
rectifier le fond par la forme. C est bien un
droit de force, mais d'Une force légale; c'est
quelque chose de la nature des procès civils
OÙ la force est employée , mais une force réglée
& laqtielle on ne saurait légitimement résister ;
car il est absurde de prétendre que , quelle que
(oit la nature de la force qu'on emploie , on
puisse y opposer la force. IJne force qui dérive
«le la loi des nations, ne «aurait jamais être lé-
giiimement repoussée. Le «cul tas où , en pareille
maiicre , la chose puisse avoir lieu ainsi , est
l'état de guerre entre deux nations où, si l'une
a le droit d'employer la force jiour attaquer ,
l'autre a celui d en laite usage pour se défendre ;
mais lorsqu'il est question de deux pays qui
n'ont point rompu leur lien de paix , un tel droit
de représaille .est inadmissible. {La suite dans les
feuilles prochaines. ). '
INTÉRIEUR.
Paris , le 25 thermidor.
Le ciioyen Bouvard, astronome de TObserva-
toire n:uional , a calculé, par ordre du ministre
de l'intérieur, les vîiesses des diflérentes courses
qui ont eu lieu au Champ-de-Mars , le 3o messi-
dor dcinier.Voici le résultat de se5 observations à
ce sujet.
Course à pied.
La longueur de la couise était de 216 { mètres.
Huit pelotons ont couru :
Le vainqueur du l" peloton a fourni
sa course en ' 3o ■
Le vainqueur du 2* peloton, en 3o" f
Le vainqueur du 3= peloton , en ,29 'iT'
Le vainqueur du 4' peloton., en 3o"-^
Le vainqueur du 5= peloton , en sg" ^s
Le vainqueur du 6' peloton , en 27 " 7%
Le vainqueur du 7' peloton, en 29 1%
Enfin le vainqueur du 8' peloton , qui
élan forroé des vainqueurs dcf autres
pelotons, a parcouru la cartiéte^en 27"'ït
Ce qui donne une vitesse de 7 mètres 9a5 milli-
mètres par seconde.
Counse à cheval.
La longueur de la course était de 2358 mètres.
Deux cavaliers ont couru :
Le premier a parcouru l'arène en 2 ' , 58 ". Ce
qui donne une vitesse absolue de l3 metrcs 21
centimei. par seconde.
Le second cavalier a mis daiis sa course 2 " j de
plus que le premier j
Les chevaux ont mis à faire îe second tour de
leur course , 2 " de plus que djus le premier. Ce
r..llentissement e-st provenu d|| l'épuisement de
leurs forces. \
Course en chars.
La longueur de la course était de 2090 mètres.
Quatre chars ont couru.
Le premiervainqueura fourni sacourse en 3' 4",
ce (]ui donne une vitesse absolue de II mettres
359 millimètres par seconde.
Le second vainqueur est arrivé 4" plus tard que
le premier.
Les vitesses ont été pliu grandes cette année
que l'année dernière.
La différence est :
Pour la course à pied, SsS millimètres par
seconde ;
Pour la course à cheval , un mètre par
seconde ;
Pour la course en chars, 249 millimètres par
seconde.
On doit peut-être cette augmentation de vitesse
au soin qu'on a pris de rendre les lices moins
sinueuses , et le terrein plus uniforme et moins
sablonneux.
La vitesse des chevaux français surpasse celle
des chevaux barbes , dans les courses de Rome ;
mais elle est bien au-dessous de celle des che-
vaux anglais , qui parcourent i5 mètres par
seconde dans les courses de Newmarket.
Le ministre de la police générale de ta république,
au préfet du département d — Pans ,
le thermidor , an 8 de la République , une et
indivisible.
En vous transmettant les derniers arrêtés du
gouvernement concernant les émigiés , je dois
vous dire , citoyen préfet, qu'il ri en est aucun
dont l'exécution absolue vous soit plus recom-
mandée.
Il ne suffit pas que les émigrés ne puissent faire
aucun mal , il faut encore qu'ils ne puissent pas
donner la plus légère inquiétude. Des bruits ont
été semés dans les départemens que le gouverne-
ment doit faire rentrer dans les domaines natio-
naux les émigrés à qui il a permis de rentrer
au milieu de la république. Voua ne laisserez pas
à ces bruits le pouvoir d'infirmer la confiance
que l'on floit aux lois : leur exécution est à la
fois le seul pouvoir du gouvernement et son plus
grand intérêt.
Le gouvernement ne peut pas plus livrer les
propriétés des acquéreurs de domaines nationaux
aux émigtés rentrés , qu'il ne peut livrer LA
France elle-même à la famille des Bourbons.
Le tiire de domaines nationaux , que n'ont point
encore perdu ces propriétés , les rend plus invio-
lables dans les mains de leurs acquéreurs ; il en
montre l'origine.
Si on a pu douter quelquefois de l'obligation du
corps social à défendre , avec touies ses forces ,
des propriétés acquises par les hasards de la
naissance , par les jeux de la fortune , par les
caprices des donations , pour qui pourrait jamais
être douteuse l'obligation de la république
FRANÇAISE à déployer tout ce qu'elle a de puis-
sance , pour gaianiir et pour protéger contre le
monde entier, s'il le fallait, ces propiiétés par
qui elle existe elle-même ?
Les vaines alarmes; dissipez-les par ces discours
d'une vérité si simple et si puissante : s'il en est
de fondées, traitez ceux qui les répandent comme
ceux qui s'arment comte LA nation : que chaque
acquéreur de domaines nationaux, au milieu de
ses sillons , se voie toujours environné de la
république toute entière.
Le ministre de ta police générale , signéYovcHi.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 26 thermidor an 8.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la police générale , le conseil-
d'éiat entendu arrêtent :
Art. l". Les passeports ou sauf-conduits ac-
cordés par les ministres et autres agens diplo-
matiques des puissances alliées ou neutres , soit à
des individus qui ne sont pas de leur nation ,
soit à des français naturalisés chez ces puissances
depuis le 14 juillet 1789 , ne seront point admis
en France.
II. L'entrée du territoire de la république est
•interdite aux personnes désignées dans l'article
précédent , sous peine d'être traitées comme gens
sans aveu , ou comme émigrés.
III. Tout étranger actuellement en France en
vertu de passeport à lui délivré par un ministre,
ou agent d'une puissance alliée ou neutre , et qui
se trouve dans le cas de l'article I'' du présent
arrêté , est tenu de faire constater , d'ici au l5 fruc-
tidor , par un certificat du ministre ou agent de
sa nation , résidant en France , qu'il est de la na-
tion- au nom de laquelle le passeport lui a été
délivré.
IV. Tout étranger qui se trouve dans le cas
prévu par l'art P' , et qui n'aura pas satisfait aux
dispositions ci-dessus , sera arrêté et conduit horj
du territoire de la république.
V. Tout individu né français , actuellement en
France en vertu d'un passeport étranger , sera
tenu , pour pouvoir y continuer son séjour , de
se pourvoir , dans le délai de trois jours pour
Paris , et de deux décades pour les départemens ,
de la permission expres<e du ministre de la police
général, sous peine d'être traité comme prévenu
démigration.
VI. Le ministre de la police générale est chargé
de l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré
au Bulletin des lois.
Le premier consul. Signé, Bonaparte.
Par le premier consul , -
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
au ministre de la police générale , le conseil d état
entendu, arrêtent:
TITRE PREMIER.
Art. 1". L'arrêté du 14 ventôse dernier, qui
applique aux quatre départemens des Deux-
Sevres , de la Vendée , de Maine-et-Loire , et de
là Loire-Inférieure, le bénéfice de l'amnistie ac-
cordée par celui du 7 nivôse précèdent , est
rendu commun anx départemens mis hors l'em-
pire de la constitution, par la loi du:2i3 nivôse
dernier.
II. Aucun habitant de ces départemens ne
pourra êtic recherche et poursuivi pour les faitt
relatifs à ces troubles , soif pour action publique
au nom de la nation , soit pour action civile au
nom des individus qui prétendraient avoir été
lésés.
III. Tout mandat d'arrêt , de qnelqu'aUtôrité
qu'il soit émané , tout atte d'accusation ou juge-
ment pour faits relatifs aux troubles antérieurs
à la publication, seront considérés comme non
avenus.
IV. Au moyen de ces dispositions générales ,
tout certificat particulier d'amnistie devenant inu-
tile , il est défendu à tout agent civil d'en accor-
der à l'avenir.
V. Ceux d'entre les amnistiés qui croiront
avoir besoin d'un titre particulier pour leur ga-
rantie personnelle , et qui auraient obtenu pré-
cédemment un certificat des agens militaires o"à
civils auxquels ils ont remis les armes , sont tenus
de s'adresser au uiiniiire de la police générale
pour l'obtenir. Tout autre cerrificat est nul et de
nu] tlFet.
VI. Aucun cetiificat d'amnis>ie . même ceux
signés par le ministre de Ja police , ne pourra
tenir lieu de passeports aux individus qui en
seront porteurs. Ils se conformeront, à cet égard,
aux lois et régiemcns sur les passeports.
TITRE II.
VII. L'amnistie n'efTaçani que les délits commis
pendant les troubles et à leur occasion , et ne
pouvant couvrir le crime d'émigration , ne dis-
pense pas les amnistiés inscrits et non rayés défi-
nitivement , des formalités et mesures prescrites
par les lois envers tous les français prévenus
d'émigration.
yill. Tout individu inscrit sur la liste des émi-
grés , qui ne sera pas rayé définitivement , ou qui
n'aiira pas obtenu du ministre de la police géné-
rale une surveillance antérieure au s5 messidor ,
ou qui ; résidant dans l'un des départemens mis
hors l'empire delà constitution , n'aura pas obtenu
du préfet dudit département, une surveillance
antérieure au i'='' floréal an 8 , sera tenu de sortir
du territoire de la république , dans les lojours
qui suivront la publication du présent arrêté.
IX. Les surveillances qui auraient pu être ac-
cordées par les préfets des départemens qui n'ont
point été mis hors de la constitution , sont nulles.
X. Les préfets des départemens mis hors de la
constitution par la loi du 23 nivôse , enverront , '
dans les cinq jours de la publication du présent
règlement , au ministre de la police générale , la
note des individus domiciliés dacs leurs dépar-
temens, prévenus d'émigration , et auxquels ils
auraient accordé des surveillances antérieures au
l" floréal.
Le ministre de la police générale remettra au
gouvernement ledit état par ordre alphabétique,
dans la dernière décade de fructidor.
XI. Les ministres de la justice et de la police
générale sont chargés , chacun en ce qui le con-
cerne , de l'cxccuiion du présent arrêté qui sera
imprimé.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
Rapport aux consuls de la république, d'après lequel
il a été pris [arrêté relatif au paiement des rentes ,
inséré dans notre n° dhier.
Citoyens consuls,
La direction des contributfons directes , établie
dans les premiers momens de mon ministère , a
coraplettemcnt rempli le but de son institution.
Au 18 brumaire dernier , 35,ooo rôles restaient
à faire poui- les diverses contributions de l'an 7;
et les contributions de l'an 8 n'étaient pas encore
décrétées.
Aujourd'hui , non-seulement la perception des
contributions de l'an 8 est par-tout en activité
depuis plusieurs mois , mais encore tout est
préparé pour que , dans le mois de ventlemiaire
prochain , les rôles de l'an 9 , soient mis en re-
couvrement. Ainsi , l'ordre qui avait été inter-
rompu depuis le commencement de la révolu-
tion , va se trouver rétabli pour toujours.
D'jin autre côté , le système des obligations des
receveurs^ généraux , malgré tous les obstacles
que nous avons eu à combattre , s'assied et se
consolide. Le service du trésor-public prend de
jour en jour une marche moins incertaine , et'
nous avons l'assurance de réunir, d'ici au com-
mencement de l'an 9 , dans les coffres de la répu-
blique, sur les seules contributioiis directes,
pour plus de soo millions de valeur d'une rentrée
bien assurée.
Ces résultats , citoyens consuls, me mettent à
portée de vous proposer avec confiance un me-
sure que je crois également importante , et pour
le crédit national et pour le rétablissement de
l'ordre dans les finances ; je vous parle du paie-
ment des rentes en numéraire.
Le mode adopte dans Ces 'derniers tems pour
l'àcquiiiement- de cette dette 'sacrée a' enfraîiié
i3i4
de graves inconvéniens : l'émission des bons
d'arrérages , indépendamment des pertes inévita-
bles qu'elle a occasionnées aux rentiers et pen-
sionnaires , quoique sans profit pour le trésor pu-
blic , a fait pénétrer l'esprit d'agiotage et la démo-
ralisation qu'il produit , jusqu'au sein des cam-
pagnes. La perception des contributions y est
devenue l'objet d'une avide spéculation , et tous
calculs suf les rentrées probables en numéraire
sont devenus impossibles par la facilité de l'échange
de la part des percepteurs , du produit de leurs
recettes elTectives contre les bons d'arrérages et
contre les bons de réiiuisition qui leur procurent
des profits aussi considérables qu'illégitimes.
Il est tems enfin de faire disparaître ces traces
honteuses du désordre révolutionnaire; la banque
de ï'rance nous offre un moyen facile et sûr de
réaliser à des époques certaines le paiement en
numéraire des rentes et pensions : il «uflSra de
prélever sur 200 et tant de millions , obligation
que les receveurs vont souscrire pour les contri-
butions de l'an g , la quantité nécessaire qui sera
remise à l'avance à la banque chargée d'en faire
le recouvrement. Celle disposition réunira le
double avantage de distribuer les fonds dans
les proportions exactement relatives à la marche
des recouvremens , et d'affranchir les rentiers et
les pensionnaires , des sacrifices auxquels ils ont
él4 trop Ipng-tems condamnés.
J'ajouterai comme une considération favorable
à la proposition que j'ai l'honneur de vous
soumettre , le mouvement et la faveur que devra
donner aux opérations de la banque un service
public auquel se rattachent de si nombreux intérêts.
Les régens de cet établissement ont apprécié
ces avantages. Ils se chargent de faire accepter
les rentes et pensions du deuxième semestre de
l'an 8 et suivans à bureau ouvert en numéraire ,
à partir du i" nivôse an g. Il est convenu que
la banque ne pourra donner plus du vingtième
en monnaie de cuivre dans chaque paiement ,
jusqu'à ce que cette proportion puisse être en-
core affaiblie , lorsque la circulation sera soulagée
d'une partie de'cêtte monnaie qui la surcharge
aujourd'hui. Je prépare, à cet égard , un travail
que je serai incessamment en état de vous sou-
mettre ; mais le moment n'est pas venu de vous
entretenir de cet objet avec plus de détail. Je
reviens à ma première proposition , et je joins à
ce rapport le projet d'arrêté nécessaire.
Paris , ce thermidor , an 8 de la répu-
blique.
Le ministre des finances , signé , Gaddin.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le cojitre-amiral Decrès , au ministre de la marine et
des colonies. — Le i"' floréal an %.
Citoyen ministre ,
J'ai le malheur d'avoir à vous rendre compte de
la prise du vaisseau h Guillaume Tell, commandé
par le capitaine Saulnier , et sur lequel j'avais
récemment porté mon pavillon. C'est le 9 ger-
minal dernier que, quelques heures après son
départ de Malle , et après une résistance dont
je vais vous donner les détails , il m'a fallu céder
à la cruelle nécessité de le rendre à l'ennemi ,
à eiiviron 7 lieues dans le sud du cap Passaro ,
île de Sicile.
Lorsqu'il dut appareiller, outre deux vaisseaux
anglais mouillés dans Marsasiroco , trois autres
l'étaient devant la Valette (d'ôià il devait sortir)
les huniers hauts et hors la portée de nos forts;
une frégate du premier rang , une plus petite ,
et plusieurs corvettes, louvoyaient à petite dis-
tance ; et , pour 'surcroit de difficultés , nous
étions assurés que l'ennemi était instruit du projet
de notre départ; mais quels que fussent les périls
ce départ était trop nécessaire pour balancer à
l'effectuer.
Ce fut le 8 germinal qu'il s'exécuta , à onze
heures du soir , environ une heure après le cou-
cher de la lune.
Malgré ceue précaution pour éviter d'être vu ,
le vaisseau avait à peine largué ses amarres de
la pointe de la Sengle , que les postes anglais
l'apperçurent et le signalèrent. On fit feu sur lui
de toute part.
Le vent était au sud-est , assez faible en-dedans
des forts , mais bon frais au large.
Lorsque le vaiweau y fut parvenu , je jugeai
qu'en tenant le plus près 11 passerait au vent des
vaisseaux de ligne et ne rencontrerait tout au plus
que des bâtim.ens de moindre force , comme il
arriva effectivement.
Courant près et plein , îl en avait déjà doublé
plusieurs qui l'avaient pris pour un des leurs ,
lorsque vers onze heures trois quarts il fut recTSnnu
par une frégate qui vira sur lui en se couvrant de
feux pour signaler sa chasse, et rallier tous les
ennemis.
C'était la Pénélope, de 44 canons, qui malheu-
reusement avait sur le Guillaume Tell un grand
avantage de marche. Elle gagna de manière qu'à
utie' heiire du matin , 9, elle en était à très-petite
portée, lorsquelle lança dei deux bords et e«'
voya ainsi dans sa poupe deux bordées , aux»
quelles il riposta par ses canons de retraite. Pins
d'une fois elle en fut atteinte , mais cela ne l'era-
pccha pas de réitérer cette manœuvre toute la
nuit , avec tout l'avantage qui résultait pour elle
de la supériorité de sa marche et du choix de
ses positions , attendu la nécessité où j'étais de
fuir.
Vingt fois je fus tenté de faire manœuvrer pour
la meure hors de combat ainsi que quelques cor-
vettes qui tiraillaient de l'arriére ; mais comme le
vent était très-frais , et que malgré l'obscurité de
la nuit , on voyait à l'horison les bâtlmens qui
les appiryaient, je rie pus me dissimuler que ,
pour peu que je m'arrêtasse , j'étais joint inces-
samment par tous les chasseur* et ne pouvais plus
échapper.
Nous fûmes donc ainsi incommodés toute la
nuit par Cette frégate , qui parvint à démâter le
vaisseau de son grand mât d hune vers 5 heures
du matin.
Presqu'au même instant survint le vaisseau le
Lion de 64 canons, qui se mit à portée de mous-
quet par le travers de bâbord du Guillaume-Tell ^
tandis que la Pénélope le canonnait de l'arriére.
Pendant trois-quarts d'heure enviroii que le
Lion prêta le côté , il reçut et fit un feu très-vif !
mais enfin le sien faiblit , et nous étions à demi-
portée de pistolet , lorsque je m'apperçus qu'il
n'avait plus personne sur les gaillards.
J'ordonnai au capitaine Saunier de saisir U
; premier moment pour l'aborder.
La première tentative que cet officier en fit ne
put réussir par le soin que l'ennemi mit à l'é-
viter ; mais l'ayant tenté une seconde fois, il
parvint à engager le baupré du Guillaume Tell
dans les haubans d'artimon du Lion , et l'abor-
dage réussissait certainement, si par la rupture
du bout dehors du premier, les deux vaisseaux
ne se fussent dégagés au moment même oii un
matelot amarrait les gréemens . et où une troupe
de braves se présentait pour se jeter à bord.
Ce coup de main manqué , le Lion désemparé
de toutes ses voiles , ayant son gréemeni haché ,
sa mâture chancelante, fut obligé de faire vent
arrière, ses écoules en bandes, sans tirer un
coup de canon.
Le Guillaume Tell le poursuivit quelques mir
nutes . puis fut contraint de revenir sur bâbord f
pour recevoir le Foudroyant qui venait prendre
paît au combat.
Il était environ six heures. Ce Foudroyant de
86 canons, l'un des plus beaux vaisseaux de
l'Angleterre , passa de l'arriére du Guillaume TilU
en lui criant de se rendre , et lui envoyant aussitôt
sa bordée.
Par le conflit de leur manoeuvre , les deux vaisr
seaux se trouvèrent bientôt par le travers l'un d«
l'autre , le Foudroyant à stribord et la Pénélope daD<
la hanche.
Le feu dans ce moment fut terrible de part et
d'autre , et dura ainsi près d'une heure d'aussi
près qu'on peut l'être sans s'aborder.
Il y avait environ 36 minutes que le mât d'arti-
mon du Guillaume Tell était tombé , lorsque veri
les sept heures moins un quart son grand mSIt
eut le' même sort.
Les voiles et le gréement du Foudroyant étaient
en pièces ; il avait été quelques momens sans
gouverner , et comme il présentait la poupe , soi»
mât d'artimon avait été coupé, et plusieurs -de
ses vergues étaient en pentenne.
Cependant, retiré du combat depuis une heure.,
le Lion s'était réparé , et revenait à la charge sur
bâbord.
Dans l'état où était le Guillaume T'e// , j'avoue
qu'il y avait peu à espérer pour son salut d'utt
combat aussi inégal ; mais la détermination de son
équipage était telle , que j'étais au moins sûr de
le vendre cher à l'ennemi , et d'ailleurs , tant
que le vaisseau gouvernait , il pouvait encor*
tout entreprendre , sans avoir rien à ménagef
pour lui-même; c'est pourquoi j'ordonnai au
capitaine Saunier de tâcher d'aborder le Fou-
droyant, dont nous voyions que le feu avait
beaucoup faibli.
Ce commandant le serrant du plus près qu'il
put , saisit un instant où il était parvenu à le dé-
passer , et lançant brusquement sur stribord , il
vint en travers sur son baupré.
L'ennemi , jugeant notre intention , manœuvra
pour éviter l'abordage en coeffant ses voiles , et
les deux vaisseaux se touchèrent presque , mais
ne purent s'accrocher.
Il résulta au moins de cette manoeuvre , que Iç
Foudroyant , qui avait déjà son mât d'artimon à
bas , fut bauu à bout portant de l'avant en arr
riere ; son petit mât d'hune tomba ; il s'élojgna ,
ayant ce qui restait de mâture extrêmement mal»
traité , et se tint le reste du combat à une distance
qui ne permettait plus d'abordage.
Ce fut alors que le capitaine Saunier , qui jus*
ques-là avait commandé la manoeuvre avec une
i3i5
habileté peu commune , fut blessé grièvement, et
remplacé dans ie commandement par le premier
lieutenant Donnadieu , officier d'un très-grand
mérite.
Depuis sept heures , le Guillaume Tell n'ayant
plus que son mât de misaine et son petit mât de
nune, eut à combattre à la fois les deux vaisseaux
et la frégate; il répondait à tous tirant toujours
des deux bords, et souvent de l'arriére en même-
tems.
Le feu avait ptij plusieurs fois dans les hauts ,
çt chaque fois on éiaii parvenu à l'éicindre. Plu-
sieurs explosions que j'avais vues à bord des
ennemis m'assuraient que le même accident leur
«tait arrivé. ,
Malheureusement le démltage engageait une
grande partie de nos batteries de bâbord , et
nous étions obligés d'arioser continuellement ce
côté où les débris de voilures et de gréemens,
dont nos efiForts ne suffisaient pas à nous dé-
barrasser , s'embrasait à chaque instant.
A huit heures (et je cite ce moment, parce
que je ne puis pas préciser de combien l'état
des batteries s'était empiré à la fin de l'action )
il y avait un canon de crevé , un de cassé par
les boulets et dix-neuf de démontés sans comp-
ief ceux d«s gaillards.
Comme le grand mât avait été coupé, deux fois ,
~on de ses troncs, d'environ 14 pieds de long,
barrait le gaillard d'arrière tout encombré, d'ail-
leurs, des débris de la dunette.
Malgré cet accident et le spectacle de beaucoup
de sang répandu , la détermination de l'équipage
allait en croissant , et malgré le feu réuni des
trois bâtimens ennemis, la défense du Guitlaume-
Tell était encore très -rigoureuse à 8 heures et
demie , lorsque son mât de misaine tomba sur
bâbord.
Tout ce côté battu par le Lion se trouva alors
engagé par les mâtures. L'ennemi profitant de
l'embarras de cette position , pût choisir celle qui
lui convenait , et où il rious devenait impossible
de lui répondre. Le Foudroyant qui était le plus
maltraité ne pouvait se tirer des travers de stri-
bord , mais dans la hanche de bâbord était le
lion , ayant ses voiles et son gréemeat haché et
quelques vergues cassées ; enfin , la Pénélope qui
était la moins maltraitée avait passé de l'avant, et
tous réunissaient leur feu sur le Guillaume-Tell
qui , rasé rie tous ses mâts , ne gouvernait plus. Il
était, balotté par un* grosse houlle qui , depuis
qu'il n'était plus appuyé par la mâture, le forçait
à chaque roulis de fermer les sabords de la batterie
basse pour ne pas remplir.
Dans cette position , il ne me fut que trop
«vident , non-seulement que le salut du vaisseau
était impossible , mais encore que je n'avais
plus de mal à faire à l'ennemi. Je ne pus donc
me dissimuler que les hommes que je perdrais
par une plus longue résistance , seraient gratui-
tement sacrifiés à une vaine obstination. Sur cette
conviction , et celle que la défense du Guillaume
tell avait été assez soutenue pour n'avoir rien
que d'honorable , je crus de mon devoir de
céder à la fortune , et à neuf heures , trente-cinq
minutes environ après le complet démâtement ,
le pavillon fut amené.
La frégate la Pénélope fut seule en état d'ania-
lîner le vaisseau, et lui donna la remorque pour
se rendre à Siracuse. Après vingt-quatre heures
de réparation , le Lion la donna au Foudroyant ,
dont toutes les vergues étaient criblées ; et en
voyant , après le combat , ce qui restait de mâture
à ce vaisseau , Jrançais et anglais ne concevaient
pas qu'elle, put encore tenir debout. (.D'après le
combat , vergues et mâts quelconques , tout a été
changé àMinorque. )
Le capitaine Saunier vous transmet, citoyen
xainistre , l'état des hommes tués ou blessés dans
Jlecoinbat. L'ennemi n'a pas dissimulé qu'il avait
y,erçlij beaucoup de monde, et, d'après ce que
j'ai vu et ce qu'on m'a dit immédiatemet après l'af-
iiaire , il paraît certain qu'à cet égard les vain-
queurs n'ont pas été plus heureux que le vaincu-
Jçcrois superflu de m'éiendre sur la conduite
de l'éiat-major et de l'équipage du Guillaume
Tell... Leseul fait .de son conibat et trois tentatives
d'abordage , où, malgrélasupériorité del'ennemi ,
nous avons été voisins du succès , vous disent
assez, citoyen ministre , quelle confiance m'inspi-
zaientles lalens du capitaine , la dévouement des
officiers et la bravoure de tous ceux, de quelque
grade qu'ils fussent , que j'avais l'honneur de
commander. Signé, Degrés.
Fin du rapport Jait à la classe des sciences mathémati-
ques el physiques , dans sa séance du 6 messidor an 8,
parla commission chargée de répéter les expériences
dt M. Âihard , sur le sucre contenu dans la
betterave.
'Referions générales sur tes expériences précédentes.
Parmi les différens agens employés pour extraire
de la betterave le sucre qu'elle contient , l'alcool
e«t celui qui , jusqu'à ptéseni , parait avoir le
mieux léuisi.
En effet, lés expériences que nous avons citées
proiivent d'une manière incontestable , qu'à l'aide
de ce fluide on peut obtenir, d'une quantité
donnée de betteraves fraîches , deux trente-
ileuxiemes de sucre. Mais , comme l'emploi
d'un semblable moyen deviendrait très-dispen-
dieux s'il s'agissait d'une opération faite en grand,
«t dont le résultat serait de prouver que le sucre
de betterave doit être moins cher que celui de la
canne , nous avons dû chercher à vérifier si ,
comme on l'avait annoncé , le procédé de M.
Achard était décidément plus économique que
celui par' l'alcool.
On a vu , d'après ce que nous avons dit dans
ce rapport, que itSî parties de betteraves fraî*
ches ..traitées par ce procédé, avaient donné 18
parties de nioscouade ; que cette moscouade était
d un brun foncé , et que sa saveur était peu
agréable.
Nous avons fait observer que cette moscouade
pourrait difficilement êtte proposée pour sùcrër
les alimens et l^s boissons, à cause des matières
étrangères au sucre qu'elle contenait ; mais nous
avons ajouté qu'il était possible , par des purifi-
cations suffisantes , de lui donner toute la perfec-
tion du sucre de canne.
Nous avons dit aussi que la moscouade de bet-
terave , comparée à celle de canne , fournissait ,
lors de sa purification par l'alcool , un seizième de
sucre de moins que cette dernière.
Enfin, nous avons insisté sur la perte que la
moscouade de betterave éprouverait si on voulait
la soumettre aux différentes opérations d'usage
dans les raffineries.
C'est après avoir réuni toutes ces données , que
nous avons essayé d'établie le prix du sucre des
betteraves de France.
D'abord , nous avions pensé que pour obtenir
à cet égard un résultat à peu près certain , il suffi-
sait de connaître l'état de nos dépenses , et de le
balancer avec celui du produit ; mais nous ne
tardâmes pas à nous appercevoir que celte ma-
nière de calculer serait défectueux.
En effet , il était facile de concevoiï que nos
opérations n'ayant été faites que sur de petites
quantités, le sucre que nous avions obtenu devait
être nécessairement plus cher que si nous eussions
travaillé en grand, puisque les frais n'auraient pas
été plus considérables , si , au lieu de ne traiter ,
par exemple , à la fois , que trente-six kilogrammes
de betteraves , nous eussions opéré en même tems
sur plusieurs centaines de kilogrammes de ces
racines.
Nous nous déterminâmes donc à faire nos
calculs autrement , et pour leur donner plus
d'exactitude , voici le procédé que nous avons
suivi.
D'abord, on a supposé une opération faite en
grand avec le produit en betterave obtenu d'une
étendue de terrein de 341g mètres quarrés ( un
arpeut de 900 toises quarrées ).
Ensuite, pour connaître la quantité de ce pro-
duit, on s'est adressé à différens agriculteurs ac-
coutumés à cultiver la betterave; on a pris aussi
auprès d'eux des renseignemens sur les frais de
culture.
Enfin on a calculé tous les frais de fabrication.
Il est résulté des détails qu'on a reçus sur tous
ces points :
1°. Que le terme moyen auquel il fallait éva-
luer le produit d'une étendue de terrain cultivé
en betteraves, de 3419 mètres quarrés ,' était de
25,000 kilogrammes pesant de ces racines (ou
5o milliers).
2° Que tous les frais pour semence, labour,
culture , angrais , etc. , pouvaient représenter une
somme de 23o francs.
3°. Que dans cette somme , il ne fallait pas
comprendre la location du terrain , attendu qu'elle
était amplement payée par le produit des feuilles
données aux bestiaux comme fourrage.
4°. Enfin que les frais de fabrication du sucre
devaient être évalués à i5o francs.
Il était évident, d'après ce calcul, qu'avec
400 fr. on pouvait, non-seulement se procurer
25,000 kilogrammes, ou 5o milliers pesant de
betteraves, mais même encore subvenir à toutes
les dépenses nécessaires pour convertir cette
quantité en un sirop susceptible de donner de
la moscouade.
Restait à connaître la quantité de moscouade
qu'on devait attendre de ce sirop.
La commission put aiséinent se satisfaire à cet
égard , en consultant le journal de ses expé-
riences.
Sachant en effet combien , dans ses essais par-
ticuliers , elle avait eu de moscouade d une quan-
tité donnée de betterave , il lui était facile d'éva-
luer ce qu'elle en aurait obtenu , si elle eût
opéré de même sur s5,QOo kilogrammes de ces
racines.
Le résultat de son calcul fut que 25,ooo kilo-
grammes pcsaiit de betteraves , devraient fournir
391 kilogrammes , ou 78a livre» environ de mos-
couade, laquelle, à raison du déchet qu'elle éproil»
verait par les opérations du raffinage , ne donne-
rait plus que â24 kilogramme! , ou 448 livres de
sucre pur , ce qui par conséquent devrait établir
le prix de ce sucre à 90 centimes le demi-kilo-
gramme , ou à t8 sous la livre.
Ce prix qui , comme on voit, n'est pas déjà
très-considérable, pourrait cependant encore être
diminué , si , au lieu du procédé de M. Achard ,
on en adoptait un autre qui ne favorisât pas au-
tant la décomposition du sucre , et qui fût aussi
moins dispendieux. Alors on conçoit que la quan-
tité de moscouade , toutes choses égales d'ailleurs ,
étant plus grande et les frais pour se la procuret
moins considérables , il devrait nécessairement en
résuher une diminution sensible dans le prix (lu
sucre.
QueKiu'avantâgeuse que paraisse l'extraction
du sucre de la betterave , d'après l'exposé qu'oni
vient de faire, il s'en faut de beaucoup qu'elle
le soit autant que M. Achard l'a annoncé.
Cependant , avant d'accuser ce chimiste d'exa-*
gération , il- faudrait savoir si les racines suc
lesquelles il a travaillé à Berlin , s'étaient pas plus
sucrées que celles qui croissent en France , et
principalement dans les environs de Paris , oà
ont été récoltées celles employées par la com-
mission pour faire ses expériences ; il faudrait
aussi savoir si , comme le prétend encore
M. Achard , on peut, par une culture soignée ,
rendre les betteraves plus sucréei' qu'elles ne le
sont ordinairement.
Enfin , il aurait fallu pouvoir comparer les bet-
teraves de BerUn avec celles de France.
Relativement à ce dernier objet , la commis-
sion a fait beaucoup de démarches ; mais jusqu'à'
présentil lui a été impossible de pouvoir se pro-
curer des betteraves de Berhn.
Au reste , il serait très-possible que les bette-
traves de ce pays fussent plus sucrées que celles
de France ; dans ce cas , on concevrait facile-
ment comment le sucre que M. Achard a retiré
ne lui est pas revenu à plus de 6q centimes
le kilogramme , ou 6 sous la livre.
Peut-être aussi existe-t-il dans quelques dépar^
temens de la France des endroits plus favorable»
à la culture de la betterave blanche , que ceux
des environs de Paris. Des expériences , pour
s'en assurer , sont , à ce qu'on prétend , déjà
commencées ; en sorte qu'il est vraisemblable
qn'avant peu , on sera en état de prononcer
d'une manière positive sur la question dont il
s'agit.
En attendant , nous croyons devoir prévenir
ceux qui se sont livrés à ce genre de culture ',
que quand même le produiten sucre qu'ils obtien-
draient de leurs betteraves , serait plus çonsidé-
ble que celui que nous avons eu des nôtres , ils
n'en doivent pas moins s'occuper des moyens de
perfectionner le procédé de M. Achard qui , ainsi
que nous l'avons fait remarquer , est défectueux
sous quelques rapports.
Il sera , sans doute , facile de remédier aux
imperfections qu'il présente , lorsqu'ayant à sa
disposition une grande quantité de betteraves ,
on pourra varier Tes procédés , et faire beaucoup
d'expériences que le défaut de tems nous a em->
péché d'entreprendre.
Nous devons engager aussi ceux qui s'occupe-
ront de l'extraction du sucre de la betterave , à
bien connaître toutes les opérations auxquelles
on soumet le suc exprimé de canne ; car , comme
on est obligé de varier les procédés suivant les
diflTérens états où il se trouve , il est à présumer
qu'il en sera de même pour le suc exprimé de
betterave , et que , si on voulait se fixer à une
seule manière d'opérer , on éprouverait infailli-
blement des pertes considérables.
Enfin , il ne suffira pas de savoir extraire la
moscouade des betteraves , il faudra encore cher-
cher les moyens qui seront les plus économique»
pour la purifier ; car , quoiqu'on en ait dit, on
ne pourra jamais tirer un très-grand parti de cette
moscouade que lorsqu'on lui aura fait éprouver-
la purification dont elle a besoin.
C'est pour arriver à cette purification d'oii-
résultera un sucre très-blanc i qu'on rencontrera
beaucoup de difficultés.
M. Achard assure avoir préparé plusieurs pains
de sucre semblables à ceux qu'on trouve dans
le commerce ; mais il ne parle pas du moyen
qu'il a employé , ni du déchet qu'il a éprouvé ;
il parait même , tant d'après ce qu'il a publié ,
que par les détails particuliers que nous avons-
reçus , qu'il n'a pas encore trouvé le procédé
véritablement économique qu'il faut adopter.
C'est cependant de ce procédé que dépend le
sort du sucre de betterave , et c'est lorsqu'il sera
connu qu'il sera possible de fixer d'une manière
positive le prix de ce produit.
On sera sans doute étonné que jusqu'ici nous
n'ayons pas fait mention de l'alcool et du vL-
naigre que M. Achard assure qu'on peut retirer
de la betletave, en la lésant passer à la fermen-
tation.
i3i6
Ces deox produits qui, selon ce chimiste,
doivent augmenter le bénéfice auquel ont droit
de prétendre ceux qui s'occuperont de 1 exploi-
tation de cette racine , ne nous ont pas paru
devoir être pris en grande considéranon , sur-
tout si , comme le demande M. Achard , on se
sert , pour les avoir , des rejets qui proviennent
de l'expression du suc des betteraves cuites.
La mêlasse qui reste après la cristallisation de
la moscouade , ainsi que celle qui se forme
lors de la purification de cette dernière , pour-
raient seules présenter quelqu'avantage , si on les
convertissait en alcool ; la grande ressemblance
qn'elles ont avec la mélasse decanne, ne doit
même laisser aucun doute à ce sujet.
Il est vraisemblable aussi que l'alcool qu'elles
fourniront sera de bonne qualité , mais nous igno-
rons quels sont les frais qu'il faudra faire pour
obtenir ce rési:iltat.
Au reste , nous n'avons pas négligé de cons-
tater la possibilité de faire passer la betterave à
la fermentation spiritueuse et acide; et si nous
avons eu la preuve qu'pn pouvait en obtenir un
bon alcool , nous sommes certains aussi que le
vinaigre qu'elle fournit est trop faible en qua-
lité , pour qu'on puisse le conserver.
Conclusions.
Il' résulte de ce qui précède :
t°. Qu'il est certain que la betterave qui croît
en France , et qui est reconnaissable à sa chair
blanche traversée par des bandes ou voies rouges,
contient du sucre, ainsi que celle de la même
espèce cultivée à Berlin , sur laquelle M. Achaid
a travaillé;
s". Qe ce sucre peut être extrait par diffé-
tens procédés , et acquérir, à l'aide de purifica-
tions suffisantes , toutes lei qualités du suci:e de
canne ;
3°. Que la quantité de sucre que celte racine
contient est assez considérjble ,pour mériter qu'on
s'occupe de son extraction;
4°. Que si , comme l'annonce M. Achard , on
peut , pour ainsi dire , rendre à volonté celte
betterave plus riche en sucre, en soignant sa
culture , ils est à désirer que des expériences
loient faites pour s'en assurer ;
5°. Qu indépendamment de ces expériences , il
sera unie de savoir si. parmi les variétés de la
betterave, il n'en existe pas quelques-unes plus
pourvues de sucre que celle que M. Achard a
indiquée ;
6°. Q,u'en admettant le succès des expériences
qu'il s'agit de faire à ce sujet , il doit rester pour
démontré que la betterave pourra .jusqu'à un cer-.
tain point , suppléer la canne à sucre ;
7". Que s'il est vrai de dire qu'à la rigueur le
prix du sucre de betterave ne pourra être déter-
miné d'une manière très-positive , que lorsqu'on
connaîtra le résultat d'opérations faites en çrand ;
cependant , dès-à-présent , on a lieu de présumer
que ce prix ne devra pas s élever plus haut que
celui du sucre de canne , dans les teras ordi-
naires ;
8». Enfin, que si Margraf doit être cité à juste
titre , comme étant l'auteur de la découverte du
sucre, dans la betterave, il faut convenir aussi
que M. Achard est le premier qui ait fait une
heureuse apphcaiion de cette découverte , non-
seulement en annonçant le parti avantageux
qu'on pouvait en tirer , mais même encore en
indiquant les procédés auxquels il fallait avoir
recours pour léussir.
Telles sont les conclusions que vos commis-
saires ont cru devoir tirer des expériences qu'ils
ont faites sur la betterave.
En les présentant à la classe , nous sommes bien
éloignés de croire avoir tout dit sur l'extraction
du sucre de la racine dont il s'agit; nous pen-
sons au contraire que cette opération est encore
bien éloignée de létat de perfection dont elle
est susceptible, et qu'elle acquerra bientôt, lors-
qu'elle sera confiée à des personnes habiles qui ,
en la considérant comme devant offrir une nou-
velle branche de commerce, ne négligeront
-aucun moyen pour diminuer les dépenses et
augmenter le produit.
Nous ne dissimulerons pas non plus à la
classe, qu'en commençant notre travail, iious
étions bien éloignes de nous attendre aux résul-
tats que nous a\ons obtenus : aussi avons-nous eu
ijesoin de répéter plusieurs fois nos opérations ,
avant d'être convaincus que ces résultats étaient
ceux sur lesquels on pouvait compter.
Aujourd'hui que tous nos doutes sont dissipés,
îl ne nous reste plus qu'à désirer que des expé-
riences faites plus en grand que les nôtres, achè-
vent de donner au travail de M. Aphard cette
authenticité qu'il mérite, et assurent, par ce
moyen , à ce savant , le tribut de reconnaissance
qui lui est dû.
RÉUNION d'Émulation d'Amkns.
Il a été lu , à la dernière séance de la réunion
d'émulation , un mémoire contenant le projet de
fabriquer des eaux minérales artificielles , poui
le soulagement des pauvres malades de ceue ville.
L'auteur , le citoyen Barbier , a fortement invité
la réunion à se charger de la fabrication et de la
distribution de deux sortes de ces eaux : 1 eau
de Spa et celle de Scdiiiz ont été.indiquées par lui
comme plus usitées et plus faciles à préparer : elles
seraient données gratis aux pauvres malades , au
au nom de la réunion. L'auteur, après avoir
parlé de la possibilité de réaliser le projet , s'est
sur-tout attaché à démontrer que la chimie amain-
tenant acquis assez de précision dans les analyses ,
et de justesse dans ses procédés , pour pouvoir
rivaliserla nature dans la fabrication des eaux mi-
nérales ; qu'elle surmonte facilement les obstacles
qui peuvent se présenter dans la préparation de
ces liquides médicinaux.
Il a combattu le sentiment de ceux qui pré-
tendent qu'on ne peut' donner à ces eaux les
mêmes venus et les mêmes principes qu'ont les
eaux minérales naturelles. 11 s'est appuyé du
sentiment des plus célèbres chimistes, et a ré-
pondu avec ceux de l'institut , que les eaux
minérales artificielles étaient souvent supérieures
aux naturelles. En un mot , l'art chimique a
trouvé sur cet objet le secret de la nature. Il a
cité ! établissement des citoyens Paul et compa-
gnie , pour la fabrication de toutes les eaux
minérales artificielles ; le jugement des com-
missions de l'institut et de la société de méde-
cine de Paris , favorable à cet établissement , et
d'après lequel les deux sociétés savantes lui don-
nèrent l'approbation la plus distinguée et la plus
authentique.
Après avoir parlé de la composition des deux
espèces d'eaux minérales qu'il propose à la réu-
nion d'imiter , des recettes à cuivre , il a passé
à leurs venus ; l'une jouit d'une vertu tonique et
stomachique, bien reconnue ; et l'autre est légè-
rement purgative et fondante ; elles conviennent
dans les maladies chroniques , dans les mala-
dies de faiblesse, dans les obstructions, dans
toutes les maladies où se manifeste une inac-
tion presqu'absolue d« la nature , oiJ il est si utile
d'exciter , de ranimer l'énergie des fibres , et
d'augmenter leur activité vitale.
Ces eaux sont souvent indiquées chez les pau-
vres malades de cette ville , chez qui ces maladies
sont si communes et s'invélereiu si facilement.
Combien de malheureux n.e viennent à l'hospice
civil que quand la maladie a produit, dans leur
économie , des délabremens au-dessus des res-
sources de l'art ! combien n'y apportent que des
'ressorts usés! combien ny viennent que pour
mourir, tandis ijue quehjues secours administrés
d'abord, auraie^nt souvent suffi pour les guérir !
etc. Il a terminé par rappeler que les pauvres,
étant dans l'impossibilité de subvenir aux frais
d'un voyage , d'aller chercher au loin les moyens
de guérison, qu'il est souvent difficile de rem-
placer, il était de la dignité dune réunion nais-
sante et compatissante , de leur en fournir , sans
déplacement . sans frais , et dans toutes les sai-
sons; sur-tout lorsqu'il est prouvé , par toutes les
autorités médicales , qu'elles valent autant que
celles des sources mêmes.
La réunion démulaiion a renvoyé le mémoire
à une commission , pour faire un rapport sur le
mode d'organisation de ce projet.
( Extrait du journal intitulé : la Décade du dépar-
tement de la Somme , du so thermidor. )
chers à la patrie par leurs boB,nej mœurs et leurs
taiens : ce discours contenait des éloges. flatteurs
pour les professeurs et pour les élevés qui avaient^
avant le jour de la distribution des prix , soutenu
des exercices publics sur les diverses parties d'en-
seignement que l'on professe dans nos écoles.
Empressé de jouir d'une des plus belles pré-
rogatives attachées à ses augustes fonctions , le
préfet a rendu d'abord hommage aux maîtres ,
en couronnant les bustes de'Voltaue et de Gresset:
il a ensuite lui-même distribué les couronnes et
les prix aux élevés , et les a tous embrassés de la
manière la plus affectueuse et la plus encou-
rageante.
Nous pouvons assurer , qu'en aucun tems , ce,
genre de solennité ne fut plus intéressant dans
notre commune : que l'on n y vit jamais une telle
affluence de spectateurs , et que les discours quî
l'ont précédée - et les larmes de joie qui y cou-
lèrent, l'ont rendue l'une des fêtes les plus lou-
chantes de lan 8 , et font concevoir les plus belles
espérances pour l'avenir.
(Extrait du journal intitulé : la Décade du dépar-
tement de la Somme, du io thermidor.
Le maire d'Orléans , au rédacteur du Moniteur
universel, — Orléans , le l^ thermidor an 8 delà
république.
Citoyen , c'est avec surprise que je lis dans le
N°3l4 de votre journal la relation mensongère
de l'incendie qui s'est manifesté le 9 de ce moi»
dans la maison d'un teinturier de cette commune,
rue du Cheval-Rouge , et extraite du n° 962 de
la Gazette de France. Cet incendie a é.é peu de
chose, et les premiers secours en ont ariêté les
progrès. Le feu n'a pas commencé par une
chaudière , mais bien dans le manteau d'une
chemnée près les chaudières , oià il s'était con-
servé depuis plusieuis jouis. Il est également faux
qu'il se son communiqué aux coitibuslibles en-
vironnans , ni qu on ait été contraint d'abattre
un pan de muraille pour couper la commu-
nication avec un hangard contenant du bois.
Un lait qu'aurait dû contenir la même lettre , et
oublié par un motif que je ne puis deviner,
c'est que k même jour huit heures du ipalin ,
un autre incendie s'est manifesté chez le citoyen
Marceau le jeune , épicier-droguiste , rue de la
Loi, dont les magasins remplis de matières in-
flammables, lésaient craindre les suites les plus
fâcheuses ; les prompts secours qui ont été ap-
portés , les ordres qui ont été donnés , ma pré-
sence , celle de mes adjoints , ayant à notre tête
le préfet de ce département, la force armée,
un détachement de cavalerie en passage dans
celte commune , et commandé par le général de
brigade à la résidence d Orléans, le zèle, l'ac-
tivité des potiipiers à qui on ne saurait trop
donner d'éloges , un concours nombreux de
citoyens parmi lesquels se trouviii» it plusieurs
fonctionnaires publics , ont bientôt fait cesser
toutes les craiiites ; quatre heures Ont suffi pour
éteindre en totalité le feu qui déjà avait consumé
une partie de la couverture du bâtiment où il
avait pris. Aucunes marchandise» ni meubles
n'ont été la proie des flemmes.
J'espère , citoyen , que pour rétablir les faits
tels qu'ils se sont passés , vous voudrez bien, in-
sérer cette lettre dans votre prochain numérp.
Salut et fraternité.
Crignon Déformeaux.
Instruction publiq_ue.
C'est le 14 thermidor que les écoles centrales
de notre département ont terminé leurs travaux
de l'an 8 : la distribution des prix s'est faite
avec tout l'appareil que comporte une telle cé-
rémonie , dans la cour de l'école, en présence
des autorités civiles et militaires.
A quatre heures après midi , toutes les autorités
s'étaient rendues à la préfecture, ainsi que les
professeurs de l'école : le cortège s'est mis en
marche , précédé d'un détachement de la garde
nationale, et est arrivé à cinq heures au tnilieu
d'une assemblée immense de citoyens et de mères
de famille qui attendaient le moment de la céré-
monie : le préfet du département et les autorités
se sont placés sur l'autel où étaient en évidence
les bustes de 'Voltaire et de Gresset : la séance a
été ouverte par le citoyen Crepin , professeur
d'histoire , qui ai prononccun discours analogue ,
dans lequel il a exposé l'état ou se trouve l'ins-
truction dans notre école , et les circonstances
présentes qui concourent au bonheur du peuple
français et à la régénération de l'instruction pu-
blique : le préfet a ensuite adressé la parole aux
élevés : il leur a fait sentir les avantages du travail
et l'obligation qu'ils allaient contracter, par leurs
premiers succès, de se rendre un jour utiles et
Les frères Coulon , tanneurs et manufacturiers , à
Bercy , au rédot'eur du Moniteur. — Bercy , It
s5 thermidor an 8.
Citoyen , par une circulaire du 10 de ce mois ,
nous avons informé les chefs de brigade et les
administrations des corps , qu'ils trouveraient
dans notre fabrique tous les effets d'équipement
et de harnachement que l'arrêté des consuls, dtt
9 du même mois , les charge d'acquérir.
Nous avons fourni au gouvernement tous les
effets d'équipement employés dans le cours de
cette année , et nous redoublerons , s'il se peut,
de zèle pour un service qui nous a obtenu des
suffrages que nous sommes jaloux de cons«rver.
Nous vous prions d'annoncer que nous conti-
nuerons de tenir notre dépôt à Bercy près Paris ,
que l'on y trouvera les effets propres à l'équipe-
ment des officiers et au harnachement de leur»
chevaux , que nous fournissons de la meilleure
quaHiéetàunprixpltls,basque toutautre fabricant.
Salut etfraternité , Coulon frère».
Erratum et omission.
Dans le n» d'hier , 5' colonne, 17* ligne, au-
lieu.de ces mots , le cit. Marsilli, directeur du
bureau typographique de l'armée , lisez ; le cit.
Marsilli, directeur du bureau topographique de
l'armée de Naples , peut certifier ce fait.
A Paris, de l'imprimcfic du cit, Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n» i3.
E NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^r' 32^
StpUdi , «7 thermidor an 8 de la républiqm françaiie , um ei indiviuble.
--^ -^ '-^■^-^ r, .— iiiii»!!! i.W|ili^Mi ijpMBP^j IL- JU, IM' '-' ■ -L- lyi _ .■»
Nous sonTtues autorisés à ptévenir nos souscripteurs qu'à dater 4u 7 Nivôse le MONITEUR oïtJe tetd journal officiel.
Il contient ies^ésBces des autorités constituées , les actes du gouvemefneni , U4 «ouVéUas des armées , aiiut que |ei iùrn f t les nqtiofts t«nt su«
rincérieur <j«e Sut l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes Mouvelloï,
EXT ERI E U R.
ANGLETERRE.
Londres , te ^ août ( 2 1 thermidor ] .
Coufs des effets publia.
jTxction de la banque. — l66 {. — 3 pour cent
consolidés. 64 ^ |. Pour septembre. 64 ^. — 3 pour
I impériaux. 63 |. 64. — Omnium 44 5.
On mande de Ponsmouth , en date du ig
fberraidôf , que le vent ayant louriié. dans l'après-
siidi , au nord nord-est , les transports avec les
troupes y erfibarquéfs pouf l'expédiiion secrète,
ont fait voile de Sainte Hélène , sous l'escorte
de tEnridke , et qu'avant SÏK tieures du soir ,
ils étaient Entièrement hors de vue.
Si Belle-Isle est le point de mire de nos mi-
nistres dans celte expédition , on ne Voit p<is
trop comment la prise de cette île nous appla-
niiait la route de Parti.
Nous recevons des eazeites des Etats-Unis du
9 juillet. Elles ne contiennent rien d'important.
Les amis de M. Adams et ceux de M.Jefferson
occupiiient toujours laiêne.
M. Pitt et lord Spencer sont descendus hier
i Blackwall , pour voir essayer la marche du
Truniit , vaisseau portant cinq mâts.
( Extrait du Morning-Chronicle et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Parti , le 36 thermidor,
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrltê du aS thermidor an 8.
Las consuls de la république , vu 1". leprocès-
irerbal rédigé le 29 novembre 1791 , en consé-
quence d'un arrêté du directoire du département
dllle et Vilaine , du 19 octobre précédent, qui
constate que le rléiournement du Coesnon du
pied des dig\ies de Dol . est le seul moyen de
les préserver de leur destruction ; 2". le décret
de la convtniion nation.ile , du 24 février lygS ,
elle rapport fait en conséquence, le sgihermi Itir
an î, par les ingériieurs Anfi-ay et Gugelin , ainsi
que les devis , déiail estimatif et nivellement joints
à ce rapport . pOii 1 exécution des travaux , 3*. les
avis de l'assemblée des pOfits et chaussées , eri
date des 6 messidor an 5 , 4 nivôse et 2t frimaire
an 4 qui estiment , qu'ôil ne peut entretenir les
digues de Dol tant que le doesnon sera attaché
à leur pied ; 4'. le message du directoire au con-
seil des cinq-cents , en date du 3 frimaire an 5 ,
ui fait connaître la nécessité de changer le lit du
oesnon •, S", les réclamations en date des g du
érae mois, 5, 8 et l5 ventôse même a ri née ,
fofmées par les Cantons de Poniorsoi . Avranchcs
et Sancley , contre le projet de faite passer le
Coesnon à trav«r« le départemelit de la Manche ,
dont ils font partie.
Sur le rapport du ministre de l'intétieuf , le
conseil-d'ciat entendu , arrêtent :
An. 1". Le cours de la rivière du Coesnon sera
détDiirné du pied des digues de Dol, par un
canal qui prendra depuis le coude dt Foréolle ,
passera à travers les t^iêves herbues de Beauvoir ,
A l'est du Mont -Saint- Michel , piés la Tour-
Boucle , cl ira aboutir à la rivière de Gelune.
II. Ce redressement sera effectué conformé-
ment aux plans et d'après les devis estimaiils
déjà rédigés et approuvés en la manière accou-
I nrtée.
III. Pour aider aux dépenses , il est accordé ,
par le gouvernement un secours de 200,000 (r.
sur les fonds mis à la disposition du rtiinisire de
Tintérieur. Le p.ùcment sera effectué à raison de'
5o,ftoo fr. par an pendant les années 9 , ro , n
el 14 , par le receveur particulier de l'arrondisse-
meni communal de Port-Milo , sur la recette du
rincipal de la contribtJiion foncière établie sur
es terres qui composent le matais de Dol.
IV. Le» propriétaires desdiies terres seront
tenu», en conformité de leurs offres, de payer ,
I darts le même délai . une pareille somme
I de 200, ocf) Ifanr.s ; à l'effet de quoi \U rép/r-
i Iit6fil iur eux-mêmes une contribuiiuru égale <(u
t
Ic!
Îirincipal de la cotltttbution fontîerç établie «ur
esJiles terres.
V. Ces diverses sommes seront versée» dam
lacaisse des syndics des propriétaire» d«:t m-i-
rais de Dol ; les quittances du caissier , visées
par les syndics, des somires venéespar le
receveur particulier de l'arrondissemetit , seront
prises pour cornptant par le receveur général du
département, qui les remettra au payeur général
des déperlses diverses. Contre les ordonnances du
ministre de l'intérieljr.
yi. Le préfet du départeréent surveillera l'em-
ploi des fonds destinés auxdites réparations, con»
forraément à la loi du 4 pluviôse an 6 el arrêtés
relatifs.
VII. Eu cas d'ifisufEsancc de U somme de
400 mille franés, les propriétaires seront tenus de
l'ire, par la rtême voie d'une contribution en-
tr'tux , les fonds nécessaires pour l'entier achevé*
ment du canal de dérivation.
VIII. Les inderantlês qui seront dues aux pro-
priétaires dts tefeins sur lesquels sera établi le
nouveau lit du Coesnon, seiôtit réglées eri la
forme accoutumée , et acquiiiées suc les fond»
ci-dessus désignés.
IX. Les ministres de l'intérienT et Jes finances
sont chargés, chacun en ce qui le cfftjcerfte , de
l'exécution du présent arrêté, ^tii sera imprimé.
Le premier coHsut , iighé. Bonaparte.
Par le premier consul ^
Ll secrétaift-d'étaf , iipit,W. B. MaHeT.
ACTES ADMINISTRATIFS-
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Le ministre de ta justice é, âltxcvmmisiitiNS du (oU'
vernemenl prés tes tribuntitu trimineU . tribunink
de première instance,- aux r»mmissnirei de police
et adjoints de mai¥& dt; commune), de la répit-
bique, — Paris, le l5 tkefmider fin 8.
Si l'établissement d'une nouvelle constitution
républicaine ,_ citoyens , appelle la vigilance de
tous les magistrats qui sont chargés d en faire
mouvoir les ressorts, c'est .sur-tout à ceux que le
gouvernement honore de sa confiance particu-
lière , qu'il appartient de maintenir les dispositions
des lois et des arrêtés dont l'exécution leur est
personnellement déléguée. Cependant, il est un
grand nombre de commissaires du gouvernement
qui , jusqti à présent , ont paru ignoref l'existence
de l'ariêlé dft 4frîmâireàn î , et l'obligation qui
leur est imposée de s'y conformer iVec exacti-
tude. La majeure partie des commissaires' près
les tribunaux de première instance, et b presque
totalité des adjoints de maire , n'anifciienucnt
pr>int la corresjondance décadaire que Leur pres-
crit l'arrêté dont il s'agit. J'aime à- croire que cette
inaction provient- plus de 1 ignorance oii ils sont
de toute l'étendue de leur ministère , que d un
dclaui de zèle pour en remplir toutes les parties.
Celte correspondai>ce n'aurait dû souffrir aucune
interruption. L'organisation nouvelle des tribu-
naux de répression n'ayant introduit aucun chan-
gement dans leurs relations mutuelles , le» rap-
ports enir'eux sont les mêmes que ceux précé-
demment établis par les lois entre. les tiibunaux
criminels . correctionnels et de police.
L'article I" de la loi du 2; vef»iô.«e dernier
confirme particulièrement cette véiité. Il veut que
les (onctions du ministère pn-blic scient remplies
par les commissaires de police, dans les *idUx
f ù il en est établi : et dans les autres , parles ad-
joints de maire. . '
C'est étl conséquence 'de cette dijpflsltion ijué
les adjoints de maire , en exercice, étant chargés
des (onctions que remplissaient auparavant •près
les tribunjux de police les commissaires quils
ont remplacés , doivent cori'espondre av«c les
commissairi-s près les tribunaux correctionnels de
leurs .irrondisseinens respectifs , coriforrnéiïient
aux articles IV, V et VI de Cet arrêté.
Il en est de même des commissaires près les
tribunaux de première instance. Dans les matières
Correciionncllcs . ils exercent les fonctions du
miiiisteie public. Ils sont à cet égard ce qu'étaient
les cOtïiiTiiss.iiies près les tribunaux correctionnels.
Ils ne pcmcui donc , sans mériter le reproche
de nciligx'iici;,se dispenser de surveiller les 0( é-
riiioiis (Hie'les ajoiiits de maire cxcculenr prés
lïs liibunauii de pdhce , de correspondre à cet
égard avec eut, et 4e trainsttaettre au cenimissaire
du gouvernement près le tribunal, criminel de
leuis départemt-ns respt-ctifs. le tableau de ces
opération», ainsi quf celui des junemen» rendus
par les tribunaux pré» lesqueU ils exercent les
! fonctions du ministère public.
j Je ne puis trop vous recommander, cttoyenï ,
j de surveiller l'exécution de I ariê'é du 4 fiimaire
an5,et d'en exécuter liipér .lemtnt les disposition*
gui sont déléguées à chacun de vous. Le bort
ordre el la tranquillité publique résuheront de
votre exactitude çi de vos efforts 1 ils etl «eroitj
la 'récompense la plus digpe.de vous.
Salut' et fraferhité. AbriaU
MINISTERE DE LA GUERRE. '
.Stfitf dit rapport ' géné'fàl des opérations de fnrmie
du Rhin. -^ Au quartier^ général d'Augsbourg ,
^«14 tïiermidor an 8 de la république frnitidise
une et indivisible.
. Toute l'armée ehnemie s'éiànt retirée sur la
rive gahehe du Danube, le eénéràl en 'chVf
résolut, après le combat dii «6"floiéal , de ma-
nœuvrer pour la ftjrrcér à abandonner la place
d Ulm . otl du moins pour reconnaître les ou-
vrages qui avaient été ajoutés à cette place . et
la force du camp retranché aorjuel on n avait
cessé de travailler depuis la paix de Gampo-
Le st ' lec<J»ps du Heutenant-générsl I.ecoutbe
prit positiot) entre la Ountz et WeiSscnhorn •,
I refusant »a drnjte , et couvrant par utt détache"-
I ment le débouché de Babtnhausen.
La réserve s* porta de Wcissenhotn à Unter-
kiibers. Totjt le corps du lieutenant - général
] Saim-Cyr se plaça' sur la rive gauche de I Iller.
• Le général Sainte^Suzanne resta en position.
Lé «S , l'armée éôntinua d'appuyer à sa gaUché.
Le lieutenatJt-gértéral S:iiint-C\r passa le Danube , •
et se pLiçant à la droite du lieutenant-généràl
Santte-Suzaiine , prit posiitdn entre lé Danube
et la BIkw.
Le lieutenant-génér.I Sainte- Suzanne . Iifen
Ihêrftê tétns uii moiivèmerit pat Sa gaUche , ert se
pOi'tant sut la rite gauche de la BlaW , à mesure
qu il était relevé pjr lei troupes du lie'ute^ant-
géfiéral Saitit-Gyfi
Une partie dé là réserve se plaça à Goeklingen,
prête à joùteilir lés troupes qui se trouvaient stjr
la Jjve gàUcbe dd Dandbé.
Le 99, on suivit Iç mouvement , pour porter la
majeure {laiiia de l'armée sur ia rive gauche du
Danube.
Le» dcu-x divisions Leslere e'iRichepanse, feJam
partie du coi^»de tçseive , passèrent llller i, et ie
placèrent à Goeklingen , prêtes à se joindre a\x
corps du lieutenanr-aénéraj SÉintCvr. La 3« divi-
sion , Commandée par le général Dolmas . viiit
appuyer sa {ijauche .i llHer en avant d Unter-
keibcr^ • ^«■'^"ere Landg^rtaberi ,• la droite s'étendit
vers Morbach.
Lt; corps du lieutenant-général LecoUrbe appuya
aussi sur la gauche, pour se lier à la division
Dïlmas.
On se trouvait en présence de l'armée erinemf*.
Sa giuche »appuvart à la place JUim,- autour de
laquelle elle pivotait ; sa droite éuit vers Lâu^ue-
nau et Eschingen , suivant de» hauteurs , toii-
verte d'une formidable a.lillerie.
M. Kray avirà éié rejoint par son corps dit Bai-
Hhin ; »e« réserve» étaient arrivée» , et nous rie
pouvion» l'arra«her de »a position , du'apiès une
bataille.
Après un eXameiii réfléchi , le général en éhef
crut ne pas devoir la hasarder. La gauche rffe
l'ennemi , appuyée à Ulra et couverie par les
ouvrages du camp rctraOÉhé, était inattaquable.
C était dot>6 sur U droite seulement qu'on poir-
vait diriger un effort; et potlr y parvtnlr . lioùS
devions nous élever au Tùoim à deux jou.i ée»
de raatclie. L'aimée enne:aie pouvait, |)en arlt
ce Ion? mouvement, passer à i(m toui' I* Dm' be,
soit à Ulm , soit à Eschingen. prentiro la lis;ii clC
liller, se joindre aU coips du prince de Rr ss'
regagner les Grisons et lier «es opciaiions à ^r»
niée aulrichienne en Italie, dont nos mauœu rei
jusquà ce moment .ivaieiit tiniqutintnt leiiJi à
1.1 séparer. Si nous voulions gardei las diux rivi i
du' Danube, nbu» divisions ^no» foret», et
i3i8
l'ennemi réuni pouvait facilement écraser la partie
qu'il voudrai! aiiaquer.'
-Le- général en chef se décida donc à reporter
l'armée sur la rive droite du Danube et à ma-
nœuvrer sur le Lecli , pensant que l'ennemi rie
voudrai! pas le laisser forcer.
Le 3o , le lieuicnanl-gcnéral Lecourbe replia
sa gauche jusque sur la Guniz. La réserve repassa
1,'lller Cl prit position sur Weissenhorn.
Le corps du lieutenant-général Sain!-Cyr re-
passa le Danube à Erbach. Deux divisions res-
tèrent sur la gauche de l'Iller ; la troisième se
plaça sur la rive droite , s éclairant jusqu'à la
Leiben.
Le lieutenant- général Sainte ■ Suzanne fit un
mouvement rétrograde et se plaça , la droite à
Erbach , la gauche vers Papelaw.
Le i'"' , le lieutenant - général Lecourbe prit
position en avant de la Guniz , ayant son centre
vers Kircharlach , et couvrant de sa droite la
route de Krennébach.
.La réserve se plaça derrière la Guntz ; la droite
à TaplerzofF; la gauche vers Enaertelslen. Le
corps du lieutenant-général SaintCyr se porta ,
la droite à Roggembourg , le centre à Veissen-
horn , la gauche devant Ulm , s'éclairant jusque
vers Holzvi'ang.
Le corps du lieutenant-général Sainte-SuzaTine
repassa en entier le Danube, et prii position
entre ce fleuve et l'Iller , appuyant sa droite à
Unterkirberg , et étendant sa gauche pour cou-
vrir notre ligne d'opérations.
Le .2 prairial , l'armée continua son mouve-
ment à droite.
Le lieutenant-général Lecourbe se porta stir la
Hamlach , la gauche au confluent de cette ri-
vière dans le Mindel. La réserve de cavalerie
suivit son mouvement. Le corps de réserve se
plaça entre la Guntz et la Mindel , occupant
Kumbach et Hasperg.
Le lieutenant-général Saint-Cyr prit position
entre Veisseinhorn et la Guntz, laissant un corps
d'observation devant Ulm.
L'ennemi voulant connaître le but de nos
■ TOOuvemens, ou peut-être nous obliger à cesser
de manœuvrer par notre droite, en attaquant
notre gauche , marcha le s prairial contre le
corps duHeutenant-général Sainte-Suzanne.
Dès huit heures du matin il fit des démonstra-
tions d'aitaque; une colonne d'infanterie et de
cavalerie sortit du camp d'Ulm et se dirigea sur
Erbach. A onze heures , 3oo chevaux s'appro-
chèrent du Danube vers Denausteiten. Quelques
volées de canon les firent replier. Dans le même
moment , une colonne , composée en grande
tiartie d'infanterie , se portait, en marchant entre
les bois et le Danube , vers Daunauriedeii , Tis-
chingen et Optingen.
A trois heures l'ennemi établit onze pièces de
canon en avant d Erbach , et nos postes se re-
f)lierent surDelmesingen. La cavalerie passa alors
e Danube , et pendant qu'elle tiraillait dans la
plaine , le pont fut rétabli. L'artillerie , environ
3ooo hommes d'infanterie et looo chevaux pas-
sèrent aussitôt , pendant que, par Daunaurieden,
Tischingen et Opiingen, il filait une cavalerie
nombreuse qui , après avoir tourné Eslingcn ,
marcha sur AchÈtelten qu'occupaient les troupes
delà division.
Le principal effort de l'ennemi se porta sur
Delmesingen. Sa nombreuse cavalerie et 1 1 pièces
d'artillerie lui donnant une supériorité marquée ,
il s'empara de ce village. La brigade du général
Decaen fit alors un changement de front , en
appuyant sa droite au Danube en avant Donsg-
tetten , et sa gauche au bois en arrière de Del-
niesingen.
Le 20' régiment de chasseurs à cheval fit un
très-beau mouvement de charge contre le tégi-
nient de Wetzay qui tenta de déboucher de Del-
mesingen , mais il fut. arrêté par une baiterie
embusquée , et l'ennemi ayant lui-même rétro-
gradé , on continua seulement à se canonner de
part et d'autre.
Pendant que le corps qui 1 le premier , avait
passé le Danube attaquait Delmesingen , de nou-
velles troupes passaient le pont d'Erbach , et se
formaient dans la plaine pour soutenir ce corps
et celui qui s'était porté vers Achetetten.
L'attaque Cornmencée sur ce dernier point fit
seulement reculer nos avant-postes , et la bonne
contenance du général Legrand arrêta l'ennemi
qui avait également cessé tout mouvement à la
droite. Le lieutenant-général Sainte-Suzanne or-
donna alors au général Colaud de faire marcher
•sa réserve et de reprendre Delmesingen. Celui-ci
^•smarcha aussitôt après avoir disposé en trois co-
lonnes un bataillon de la 48° et quelques pièces
de- position qu'il fit soutenir par le 7= , le 10= et le
19° de cavalerie. Le général Souham, prévenu de
celte attaque , se porta de nouveau en avant.
, L'ennemi , déconcerté de l'audace avec laquelle
les colonnes du général Colaud traversaient la
plaine de Scetten à Delmesingen, y fit i5o pri-
sonniers ; et serj-ant ensuite , de concert avec l'ar-
tillerie légère , la cavalerie ennemie , ils la for-
cèrent de remonter le Danube et de se retirer en
déiordre sur Donaurieden , après avoir beaucoup
souffert par le feu de l'infanterie du général Co-
laud et de plusieurs compagnies de la septième
demi-brigade , qui , arrivées à la gauche de
Delmesingen, lui firent un très-grand mal.
La gauche du lieutenant-général Sainte-Suzanne
fut aussi heureuse. Les deux aides-de-camp du
général Legrand conduisant chacun une colonne,
poursuivirent l'ennemi . le chassèrent d'Ersingtn
et le culbutèrent dans le Danube où beaucoup
se noyèrent.
Le lieutenant-général Sainte-Suzanne a.fail dans
cette affaire environ 3oo prisonniers parmi les-
quels se trouvent quatre oHiciers et un major
tyrolien ; sa perte ne s'élève en totalité qu'à
79 hommes. Il a combattu un corps de douze
raille honjmes , dont la moiiié au moins de
cavalerie, comuiandée par le prince Ferdinand.
Le général ide division Colaud et le général de
brig,idedeGaen,ont déployé les plus grandstalens.
L'adjudant-général Deviau , chef de l'élat-major
de l'aîle gauche , a constamment accompagné
le général Colaud qui se loue beaucoup de sa
manière de servir. Les ci!oyens Bailly et Mar-
chand , aides-de-camp du général Colaud ; Le-
grand et Laval , aides - de - camp du général
Legrand , e( Reignard . officier au 3' régiment
d'hussards , se sont particulièrement distingués.
Le citoyen Baron , chef d'escadron au 20' ré-
giment de chasseurs, officier justement estimé,
a eu le poignet emporté par un boulet de
canon.
Le lieutenant-général Sainte-Suzanne se loue
iufiniment de la conduite de toutes ses troupes ,
ainsi que du zele , du dévouement et des laleiis
de tous les officiers généraux de son corps
d'armée.
Le général de division, chef de l'e'tat-majifr-général.
Signé, Desolles.
Pour copie conforme .
Le ministre de la guerre , signé, Caenot.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Copie de la lettre écrite par le préfet de police, aux
rédacteurs du Journal de Paris , en date de ce
jour. — Paris , lé 26 thermidor, an 8.
Vous avez inséré , citoyens , dans votre feuille
de ce jour, une lettre du citoyen Vigier, pro-
priétaire des bains chauds , dans laquelle il dit .
que le préfet de police a fait conseiller au peuple
de Paris de ne pas boire de l'eau de rivière pure
Je désavoue cette partie de la lettre du citoyen
Vigier, et je vous invile à ne jamais insérer dans
votre joiirnal aucune lettre oià des individus assu-
reraient que f ai dit ou fait telle ou telle chose , sans
en avoir acquis vous mêmes la certitude , en me
demandant des renseignemens.
Le préfet de police , signé , Dubois.
Réponse au mémoire sur les causes de (infériorité de
la marine française , inséré dans le Moniteur du
2 thermidor. '
L'infériorité constante de la marine française ,
produite par un si grand nombre de causes,
ne semble cependant provenir que d'une seule ,
( suivant l'auteur d'un mémoire inséré dans le
Moniteur du 2 thermidor), et celte seule cause,
est la mauvaise manière de diriger l'artillerie à
bord des vaisseaux.
Ainsi , tant de batailles perdues , tant de pertes
essuyées , une décadence totale enfin , n'auraient
pour principe que l'ignorance dans la manière de
pointer un canon.
Certes , une artillerie bien servie , bien dirigée
surtout , contribue de la manière la plus avanta-
geuse au succès d'un combat naval ; mais, pour
bien employer cette artillerie , pour la bien diri-
ger, il faut des momens avantageux; ces momens,
c'est Ihabileié de la manœuvre qui les fait saisir
ou qui les produit : c'est donc la imanœuvre prin-
cipaleiTient qui peut donner la victoire : ( les
manœuvres savantes de l'amiral français au com-
bat de Ouessant , rendirent sans effet , la supé-
riorité que donnaient aux anglais le nombre , la
force, le rang, de leurs vaisseaux et le calibre de
leur artillerie. Histoire navale.]
Il faut donc bien manœuvrer et bien diriger
son artillerie , pour obtenir un succès prompt et
décisif.
Notre manière de diriger nos canons , n'est pas
avantageuse , j'en conviens aisément avec l'auteur
du mémoire que j'ai cité. Je lui observerai ce-
pendant , quelle l'est directement , suivant la
méthode qu il indique comme si supérieure et
nouvelle pour notre marine , quoiqu'elle soit en
usage depuis trop long-iems à bord des Vaisseaux
français.
Il a donc commis une erreur bien grande , en
avançant que les anglais dirigeaient leur artillerie
au corps du vaisseau, tandis que les français ti-
raient dans la mâture et les gvéemeni; s'il avait
été témoin de quelque engagement sur mer , s'il
avait consulté des relations exactes , ou s'il ea.
avait appelle au témoignage des marins , il s»
serait convaincu du contraire de ce quil avance.
Les anglais , par une sage méthode , s'attachent à
démâter leur ennemi , à le désemparer et le mettre
par ce moyen hors d'état d'agir : a« lieu que les
français , suivant une mauvaise routine , tirent
assez ordinairement en plein bois.
Dans le compte rendu par larairal Hugbel de
son combat devant ïrinquemale avec M. de
SufFren ; il dit que plusieurs de ses vaisseaux
avait reçu une grande quantité de boulets dans
le bois et à la flotaison , surtout les vaisseaux le
Burford , le Montenouth, l'Aigle et le Superbe. La
tcla'iion française, au contraire, nous apprend,
que les Viiisseaux de notre armée avaient beau-
coup souffeil dans leurs mâtures et agrès, en-
tr'autres l Illustre , le Héros , VAjax qui , après un
combat d'une heure et demie , furent entiérem'ent
désemparés ; le Héros et l Illustre démâtés de leur
grand mât furent ramenés à Trinquemale.
A l'affaire du l3 prairial an 2 , il y eût onze
vaisseaux français de démâiés , comme l'auteur
du mémoire le^ dit lui-même ; miis , suivant lui ,
le raison en était que les boulets dirigés au corps
des vaisseaux , et qui passaient par-dessus , allaient
frapper aux mais.
Si les anglais avaient dirigé réellement leurs coup»
au corps des vaisseaux , létal de la mer qui était
très-belle , leur en laissait la faculté , et cependant
Ion sait que ce furent les mâts d'hune princi-
palement et les vergues hautes , qui se trouvèrent
ou coupées , ou endommagées.
Un grand nombre de combats généraux et
pariicuiiers , tant de la dernière guerre que de
celle-ci, et le témoignage général des marins,
confirment que les anglais tirent constamment
à démâter , et que les français suivent la mé-
I ihode tant désirée par l'auteur.
Est-il jilus avamagcux de tâcher de désemparer
son ennemi , plutôt que de s'atlacher uniquement
à lui tuer du monde ?
Il n'est pas de marin qui ne sache qu'un vaisseau
démâié est un corps sans bras, et par conséquent
incapable d'agir; ne pouvant évoluer, l'ennemi
peut le tourner en tous sens, et le prendre par
des' points qui rendent son artillerie presque inu-
tile ; car il pourra le canonner soit en poupe,
soit en prôue , soit par la hanche : le vaisseau
désemparé , abandonné au mouvement de la mer,
et ne pouvant régler les siens, sera forcétnent
exposé à tous les coups de son ennemi , et mal-
gré tous ses efforts ne pourra riposter que très-
l'aiblement. Ainsi tout ce qu'une semblable posi-
tion a de critique sera le résultat avantageux de
s'être ennérement occupé à tuer quelques hom-
mes de plus à son ennemi , au commencement
du combat.
Si, dans un combat particulier, il est si dan-
gereux de se trouver désemparé , combien ne
doit-il donc pas l'êlre davantage lorsqu'on est
en ligne, non - seulement pour son vaisseau^
mais pour foule l'armée.
En ligne , le vaisseau désemparé est obligé d'en
sortir pour se réparer ; il diminue par-là la force
de la ligne d'un vaisseau , et par sa position
peut souvent faciliter à l'ennemi le moyen de la
couper. Le comte dEstaing en oflFre un exemple
au combat dé la Grenade : il fit manœuvrer son
armée dans le dessein de couper les vaisseaux
anglais, le Grafton , le Cornwall et le lion, qui,
ayant éié désemparés , étaient tombés à une
grande distatice de l'arriére, et avaient donné par
ce moyen la facilité à l'armée française de cou-
per leiir ligne.
Il est constant qu'un vaisseau désemparé, et
n'ayant personne de tué, sera incapable de con-
server son posie , au lieu que celui qui aura sa
mâture et son gréement en bon état , eût-il le
tiers de son équipage détruit, pourra néanmoins
résister long tems , et conservera la facilité de
manœuvrer pour se tirer du feu , si quelque cir-
consiance l'y obligeait.
Ces vérités sont si connues , sur-tout des ma-
rins , que je ne sais comment on a pu les mettre*
cn-problême.
Après avoir fait sentir que ce n'est pas un
avantage de tuer du monde à son ennemi, plus-
tôt que de le désemparer, il est mile de jetter ui^
coup-d'œil sur quelques autres assertions conte-
nues dans le même mémoire.
L'expérience ne prouve pas qu'il faille que
plusieurs boulets frappent directement au même
endroit du mât pour le faire tomber ; certes il
pourrait tomber promptement de cette manière ;
mais l'expérience prouve que des haubans ,
drisses , balancines , eic. , coupés , peuvent éga-
j lement entraîner la chute et des mâts et de»
1 vergues, sur-tout s'il vente un peu, ou s'il y a
I un peu de mer , ce qui arrive ordinairement.
I II paraît que le plus grand nombre et la bonté
des marins n'entrent pour rien dans les considé-
rations dé l'auteur du mémoire ; cependant il
i
est ceriain que ce grand nombre de bons ma-
telots est la principale cause de la supéiiotilé
des anglais. <i On alléguera peut-être , dii-il dans
son mémoire , que les vaisseaux anglais ont de
meilleurs marins et en plus grand nombre que
les vaisseaux Irançais ; mais dans un combat il y
en a un certain nombre de choisi pour la ma-
noeuvre , les autres font le service de l'artillerie ,
et uh marin n'y est pas plus propre qu'un autre
homme, u C'est-à-dije qu'on doit conclure de
son raisonnement que les vaisseaux françiis ayant
moins de marins que les vaisseaux anglais, mais
un égal nombre d hommes , doivent par consé-
quent avoir le même avantage.
Je ne sais comment on peut s'appuyer sur un
raisonnement pareil ; la différence d'avantages
est cependant assez sensible pour être apperçue
de suite.
La majeure partie des matelots destinés à la
manoeuvre , peut se trouver détruite dans le
cours d'un combat , et le reste devenir insuffi-
sant pour exécuter de ces ra.inœuvres vives
et délicates , d'où peut dépendre la sûreté d'un
vaisseau.
Dans ces occasions pressantes , oîi il est plus
utile de manœuvrer que de charger un canon ,
que feront les anglais ? ils prendront indiffé-
remment des baueries le nombre d'hommes né-
cessaire pour exécuter la manoeuvre. Tous ces
bommes étant autant de bons matelots, on sera
persuadé qu'ils s'acquitteront avec célérité et pré-
cision des opérations qui tiennent particulière-
ment à leur métier.
Les français auront-ils la même ressource?
La perle de quelques uns de leurs bons matelots
va les mettre hors d'état , vu leur petit nombre ,
d'exécuter les manœuvres nécessaires , ou du
moins les obligera de le faire bien plus lente-
ment ; cette inexécution ou celte lenteur peu-
vent en plus d'un cas compromettre la sûreté
d'un vaisseau.
Dans un cas de chasse , une avarie un peu
considérable , réparée trop lentement , va donner
à un ennemi le moyen de s'échapper.
En retraite . une semblable lenteur dans un cas
pareil , va vous faire tomber entre les main d un
ennemi auquel un travail exécuté plus promp-
lement vous eût donné le moyen d'échapper.
Tous les matelots anglais enfin sont canonniers
et peuvent conséqueniment servir soii à l'ariil-
lerie , soit à la raanœuvre ; les canonniers fran-
çais ne sont pas matelots , et ne peuvent dente
être utile que d'une façon. De quel côté est
l'avantage ?
Les marins anglais sont-ils plus braves que les
marins irançais? non. Mais, comme le dit fort bien
lauieur du mémoire , l'habitude de vaincre ,
j'ajouterai , les moyens de le faire , la confiance
et plusieurs autres motifs , peuvent échauffer
leur zèle et augmenter leurs forces.
Je ne m'arrêterai pas sur les autres parties de son
mémoire, un simple examen montre assez qu'elles
sont de nature à tomber d'elles-mêmes.
Quelles sont donc les raisons de l'infériorité de
]a marine française ? les causes qui ont amené
sa décadence ?
Tant de causes ont concouru à sa perte , qu'il
serait très-difficile de les énoncer toutes ; je vais
tlonc lâcher d'indiquer les principales : il serait
trop long de les déployer entièrement.
L'issue malheureuse et inattendue du combat
du l3 prairial an 2 , peut être regardée comme la
première.
On sait qu'à ce combat les français avaient
d'abord obtenu l'avantage, l'armée anglaise avait
déjà commencé à abandonner le champ de ba-
taille oià elle venait d'acquérir des preuves non
équivoques de la bravoure des marins français ;
ceux de nos vaisseaux qui étaient désemparés ,
attendaient le moment oii notre armée ferait le
mouvement nécessaire pour les couvrir. Ce mou-
vement que les circonstances indiquaient , que le
'général avait déjà ordonné, allait être exécuté;
ce mouvement salutaire , et qui devait préparer la
gloire de la marine française , n'eut pas lieu : un
représenlant du peuple , absolument étranger à
l'art de la guerre cl à ses combinaisons , en arrêta
l'efFet.
Quel fut le motif d'une opposition qui coûta
sept vaisseaux à la république , donna le signal
du découragement parmi les marins ?
Dans une guerre maritime , les premiers succès
dr-cident généralement de la suite ; vouloir mettre
ce princi^jc en doute , c'est prétendre lèfuter l'ex-
périence.
Sept vaisseaux pris rendirent subitement la
marine anglaise plus forte que la nôtre de qua-
toizc vaisseaux ; l'élite de nos matelots prison-
nicis , et qui plus est , la confiance qu'inspira à
l'ennemi un tel début , marquant dès-lors notre
infériorité , préparèrent notre décadence.
On n'ignore pas que le général Martin , com-
mandant une escadre dans la Méditerannée , tou-
chait au moment où , par ses bonnes manœuvres ,
i3i9
il allait joindre une escadre anglaise inférieure
en forces , et qui cherchait vainement à s'é-
chapper.
On n'ignore pas, dis-je, qu'au moment où
toute l'armée se réjouissait d'avoir trouvé l'oc-
casion de battre l'ennemi , elle vit avec douleur
le signal d'abandonner la chasse, monter à bord
du général ; des ordres formels de ne pas atta-
quer , donnés encore par un représentant du
peuple , en furent la cause.
Cependant toute l'armée anglaise fit sa jonc-
tion , nous attaqua ; et malgré tous nos efforts ,
il nous en coûta CAlciàe et le Ça-iia , vaisseaux de
74 canons. La républi(]ue aurait pu gagner (juel-
ques vaisseaux , si les talens de son général et la
bravoure de son armée n'avaient pas été enchaînés
par un ordre ou traître ou absurde.
La sortie de l'armée navale , au milieu de
Ihiver , diminua les forces maritimes , de six vais-
seaux qui naufragerent.
Le peu de réussite des autres opérations ma-
ritimes porte à croire qu'elles ont été constam-
ment contrariées. On peut'donc ranger pour pre-
mière cause de la décadence de notre marine ,
les entraves sans nombre qui ont été apportés
pour faire échouer les généraux les mieux inten-
tionnés et les plus distingués par leurs talens.
2°. Quelquefois des commandans d'escadre ,
divisions , vaisseaux , fiégates , n'ont pas montré
cette activité , ces talens nécessaires à leurs fonc-
tions ou aux circonstances oii ils se sont trouvés :
ce manque de moyens a été bien funeste à la
mariRe.
3". Le découragement a été porté jusqu'à sou
comble chez les marins par les dégoûts qu'on
leur a fait éprouver et les injustices dont ils ont
été victimes ; de nombreuses prises qu'ils avaient
faites, qui auraien dû servir à les encourager et
contribuer au bien de l'état , ont été au contraire
dilapidées à leurs yeux et n'ont servi qu'à enri-
chir une classe d'individus qui certes n'est pas
la plus zélée pour le service de la république.
4°. La lutte continuelle entre le militaire et le
civil a entraîné une foule d inconvèniens , et n'a
pas peu contribué à l'afFaiblissement total de la
marine française.
G. , enseigne de vaisseau.
VARIETES.
Un événement aussi singulier dans son prin-
cipe el aussi important dans ses résultats que la
révxjluiion française , était fait pour être lu dans
l'avenir , et devait avoir des historiens long-tems
avant que d'avoir des acteurs.
C'est ainsi que nous devons expliquer les pré-
dictions que Linguet, Voltaire , J. J. Rousseau ,
Frédéric II et M. de Choiseul ont laissées sur le
grand événement qui nous occupe aujourd'hui ,
et qui se préparait de leur tems.
Ces hommes n'étaient point visionnaires, et la
sagesse de leurs ouvrages atteste celle de leurs
conceptions. Ils connaissaient le cœur humain et
Ihistoire de la monarchie française ; ils voyaient
le délabrement de l'édifice ; ils pouvaient en pré-
voir l'écroulement,
Ce n'est point d'eux dont je veux parler ici. J'ai
sous les yeux une prophétie plus étonnante que
tout ce qu'ils ont écrit, et tout le monde peut se la
procurer à peu de frais. Elle est extraite du n° 27
d'une notice de i'almanaclï sous verre des associés,
rue Saint-Jacgiies , année lySi^. c'est-à-dire, cinq
ans avant la révolution , ce qu'il faut soigneuse-
ment observer... tems où personne n'y songeait ,
ailleurs que dans les laboratoires chirtliques et
philosophiques du duc d'Orléans. Eh bien voici
ce qu'on lit dans cetre noiîVê , page 262 , art. 17J.
Je n'y changerai pas un mot.
>>Ona découvert cette année (1784) un su-
perbe manuscrit astrologique de l'année l5gb. Il
est rempli de détails curieuxel très-extraordinaires
de prédictions sur le son des siècles futurs , et
d'explications savantes sur ce qui est arrivé dans
les siècles précédens... Ce qu'il y a de vraiment
étrange .c'est que l'auteur a rencontré juste sur des
choses qui ne sont arrivées que long-tems après
sa mort. Il 'y a sur le siècle qui court , et prin-
cipalement sur l'année 1800 , une prédiction de
la plus haute importance... La France, si l'on
en croit l'astrologue, doit éprouver dans cette
année 1800 une grande et nouvelle crise , et se
trouver , après des crises fatales , au plus haut degré
de gloire où elle soit jamais, parvenue. Cet état de
gloire et de bonheur durera jusqu'en 1860. L'an-
née 1804 sera fatale à l'empire des musulmans , et
lEspagne.sera intéressée dans la catastrophe.. . A
l'égard de 1 Angleterre , ce qu'en dit le manuscrit
peut d un côté détruire la confiance , et la rétablir
de l'autre. "
Observons encore une fois que ceci n'a point
été fait après coup , et soit que le manuscrit as-
trologique existe , soit qu'il n'existe pas , il n'en
est pas moins vrai que les associés de la rue Saint-
Jacques ont écrit en 1784 l'histoire de l'année 1800.
Quid EÎt fiituTum , cras fuge quxrcre
et quem sors dicrum cumque dabis
Lucro apponc. . Horat.
i, Affiches du Calvados , . sa thermidor. )
Manufacture de lapiscerie de BeauvaiSi
En 1664, à l'époque où Colbeijt revivifiait le
commerce et les ans , Louis Hlnard projelta
rétablissement d'une manufacture de tapisserie à
Beauvais(i). Le gouvernement lui donna !o,ooo
irancs , pour aidera ses premiers achats î el.3o,ooo
pour les bâlimens qu'il avait à faire construire. On
arrêta que dans la première année , l'entrepre-
neur employerail cent ouvriers qui , dans les
cinq années suivantes , seraient portés jusqu'à
ciuq cens. — Les deux tiers du tout alois devaient
appartenir à Louis Hinard. Malgré les privileçti
et les faveurs qu'il obtint , sa négligence et ccl'e
de son fils, laissèrent presque tomber I établis-
sement. Il ne se releva qu'en 1684 , sous li
direction d'un nommé Bebacle , domicilié jus-
qu'alors à Touinay. Louis XIV lui donna tous
les moycnsdèiablir la manufacture. C'est à lui
qu'on doit Iss grandes et belles tapisseries , reprc-
^ semant les actes des apôt:es, qu'on voit dans
I les salles de la picfeciure. Elles sont faites d'après
I les carions de llaphaël ; on on admire sur-lout
le coloris. Les ouviics des Gobelins, que les
j dépenses de la guerre ne permettaient pas de
' payer, se réfugièrent à Beàuvais en 1693. Ils furent
recueillis pai Bchatle qui les employa. Cet entre-
preneur habile mourut en 17(14. Ses hériiiers
continuèrent sa gcsiion pendant les six années
qui suivirent sa mort.
Les frères Filleul qui , par lettres patentes de
1711 , gércreni la manutaciure , furent Jdéposéj
par arrêt de la coui", du i5juillet 1722. Mérous
qui leur succéda . ne lit qu a^igraver le mal , et
quitta l'éiablissnfiint dçvan! au gouvernement 1*
somme de 98,000 Ir.
Eu 1726, le célèbre Oudry céda aux instances
de M. de Fai;on , il obtint un bail de vingt ans ,
réiablit lécole de dessin que- Behacle avait Ifon-
dée , distribua des prix aux élevés. Ses succès
passèrent toute espérance.
Depuis 1754 jusqu'en 1780, Charon conserva
jusqu'à cinquante ouvicrs. Le gouvernement fut
satisfait de sa gestion. Demenou lui succéda ;
il établit une fabrique de tapis de pieds , à l'imi-
tation de celle de Chaillot ; il augmenta le
nombre des ouvriers qui s élevait à cent-vingc
en 1788. Les pioduils de ses atteliers ornèrent
les plus riches salions , se répandirent chez 1 é-
l'étranger. La révolution ne lui permit plus de
débiter ses marchandises précieuses; en 17921
il résilia son bail ; le gouvernement fil géret
la manufacture pour son compte. Le ministre
Benezech parvint à la relever de sa chute ,
presque complette. ...
Le citoyen Camousse , et le citoyen Laronde,
artistes des Gobelins ., n'ont rien négligé pour
souienir . perfectionner mêiBe la manufacture
de Beauvais. Le premier vient de mourir. Le,
citoyen Larondc , recommandé par son mérite,
par de rares lalens_, par l'entente sur-lout des
couleurs , de leurs eftets , de 1 insensible dégra-,
dation qui les fait valoir, demandé pour chef
par la totalité des ouvriers.,' par le préfet du
déparlement, attend du gouvernement la juste
récompense de ses travaux.
Il est certain que la manufacture des tapisseries
de Beauvais jouit d'une graride célébriié , qu'elle^
est le diamant de la ville , si j'ose employer cette
expression; qu'il ne lai' manque que de beaux
tableaux pour égaler les Gobelins ; que les meu-
bles qu'elle produit sont d'une fraicheur , d'un
coloris inimitable ; que sa réputation s'est établie
malgré les tableaux de Boucher et de maîtres à
petites manières qu'elle a été forcée de suivre ;
qu'un peu de jalousie peut-êrrearrèia ses progrès,
mais que , sous Un gouvernement dont les idées
sont grandes ,■ aidée des beaux modèles qu'on
peut lui fournir, elle produira des chefs-d'ceuvre,
(Extrait du, journal du département de l'Oise. )
Nombre de personiies, lérnoigneni leurs craintes
sur les- suites dé la sécheresse actuelle , et sut"
ses effets futurs relativement à leur santé. Q_uoiquo
rien ne doive les alarmer jusqu'à présent : cepen-
dant celles. qui sont un peu limotées peuvent
se tranquilliser , en prenant les précautions que
je vais indiquer. :
Il faudra d'abord se tenir soi-même et son
habitaiion extrêmement propres, et ne conservef
aucune immondice dans sa demeure.
Lorsque la pluie viendra, si elle est peu con-
sidérable elle délaiera par gradation la vase dans
les rues ; pour se garantir des effets de la mau-
vaise odeur qui devra en réspiter , on fera bien
d'arroser les apparlemens avec du vinaigre , et
d y brûler quelquelois des plantes aromatiques,
telles que le genièvre, la sauge, le ihym , lô
romarin et la marjolaine , ensemble ou sépa-
rément.
Dans son régime , on devra éviter les viandes
trop faites , et assaisonner d'un peu de vinaigre
toutes celles donl on fera usage : on aura soin ,
s.'il est possible , de se nourrir plutôt de légumes,
(I La nianulnciure de Beauvais précéda dg troi»
ans celle des Guboliiis.
l320
de fruits de bonnes qualité , et âe boire de bon
vin , en préférant ia qualité à la quantité.
Je conseillerais sur-tout à ceux dont les diges-
tions sont lentes et pénibles , et particulière-
ment aux enfans quoique sains d'ailieuis , de
prendre , de tems en tems , le matin à jeun,
un petit verre de vin d'absinthe , par - dessus
lequel on mangerait une petite croûte de pain,
pour le maintenir plus long tems dans 1 esto-
mac.
La préparation de ce vin est aussi simple
que facile. Il suffit de mettre une poignée de
feuilles et sommités d'absinthe dans une bou-
teille de bon vin blanc. Dès le lendemain on
peut en faire usage ; et si , au bout de quel-
ques jours , il se couvre de fleurettes , il suffira
de le passer à travers un linge , dans une autre
bouteille , et de jetter labsinihe. C'est un des
meilleurs vermifuges que l'on puisse donner
aux enfans , dans la saison des fruits.
II serait à désirer , si la pluie débute par
une forte averse, qu'au moment même de sa
' chute abondante , tous les domestiques armés
de balais , Bssent couler avec la rapidité d un
torrent , tous les ruisseaux à la rivière , pour
ne pas donner le tems aux miasmes mal-sains qui
s'en évaporent de corrompre l'air que nous res-
pirons, ou du moins pour nous en débarrasser
plus vîie. (Extrait de la feuille Nantaise du lo
thermidor. )
Le maire de la commune de Commercy , au rédacteur
du Moniteur. — Commercy , le 23 therm'dôr ,
an 8 de la république française , une et indi-
visible.
Je vous transmets , citoyen , le récit d'un trait
de courage et d humanité que nous venons de
couronner. Vous jugerei si ra publicité pourra
exciter l'émulation.
Le i8 de ce mois , le citoyen Pierre Leroi , âgé
de l5 ans , se baignant avec d'autres jeunes gens ,
fut entraîné à la fosse très-dangereuse , sous Tem-
palemcni du reversoir du canal de nos forges.
Ses camarades effrayés, ne purent ou n'osèrent
lui porter secours. Epuisé en efforts inutiles , il
é^ait déjà sous l'eau quand arriva François-Xavier
Hachotte , âgé de is ans, qui , ne consultant que
son coeur , se jeta à la nage tout habillé , plongea
à plusieurs reprises , et pa-rvinl enfin à ramener
à bord le jeune homme expirant. Un adjoint mu-
nicipal accouru , fit administter au noyé des se-
cours qui ont été efficaces , et félicita le libé-
rateur.
La municipalité a appelé le citoyen François-
Xavier Hachotte , à sa dernière séance décadaire;
elle lui a décerné , après un juste éloge , une
couronne civique en récompense de cet acte
d'autant plus remarquable , qu'il semblait au-
desssus de ses forces.
Le concours du public était gtand , et les
applaudissemens oiit été vifs. Les instituteurs
avaient réuni et amené leurs élevés à la séancïe ;
leurs jeunes cœurs se sont ouverts aux sentimens
généreux. La musique a reconduit le jeune
Flachotte chez i€s parens
Salut et considéiation
Signé , Ducis.
Au rédacteur du Moniteur. — Paris, le zS thermidor.
Dans \t Journal des Hommes-Libres du 19 de
ce mois , cuoyen , un homme de lettres appelle
l'attention du gouvernement sur le besoin qui
se fait plus vivement sentir cette année , de s'oc-
<uper enfin des moyens de fournir abondamment
de l'eau pure et saîubre aux fontaines de Paris.
Un homme [de loi , dans ic Journal du Commerce
4u 20 , annonce que trois projets tendans à rem-
plit ce but , sont dans ce moment soumis à l'exa-
men du préfet de la Seine.
Ce citoyen se permet de juger ces trois projets ;
et donne ta préférence à celui des itères Vachetes ,
qui consiste à construire encore une machine sur
la Seine. 11 fait le procès aux deux autres qui
çjat, dit-il, pour but d'amener des eaux étran-
gères pai; des canaux et des acqueducs qu'il
condamne.
Permettez qu'un homme du métier fasse à ce
citoyen une petite observation qui , en rectifiant son
opinion , éclairera peut-être le gouvernement sur
la plus grande utilité de ces divers projets.
Les romains , nos maîtres en ouvrages d'arts ,
lorsqu'ils ont voulu fournir de l'eau pour les be-
soins des nombreux habitans de la première
cité du monde , ne se sont pas amusés à cons-
truire de frêles machines , dont les produits sont
toujours insuffisans et souveut incertains. Ils ont
amené , par de superbes aqueducs , les eaux des
sources et des rivières qui se trouvaient plus
élevées que le sol de la ville de Rome; plusieurs
de ces monumens subsistent encore et font
l'admiration des étrangers.
Leurs soins se son; étendCs à presque toutes les
villes d Itahe ; aux colonies qu'ils ont formées
dans les diverses parties' de l'univers ; plusieurs
villes méridionales de la France leur doivent en-
core les belles eaux qui les alimentent : Paris
même leur doit l'aqueduc d'Atcueil.
L'administration dé la ci-devant province dé
Languedoc a voulu les imiter , en conduisant par
un aqueduc , digne de figurer à côté des leurs ,
les eaux limpides et abondantes qui décorent la
place du Fcron , et se répandent dans tous les
quartiers de la ville de Montpellier.
Les anglais , moins mSgiiifiques dans leurs nio-
numens que les romaïtîs , mais habiles à saisir
les circonstances heureuses, ont profité de la
disposition du terrein . pour amener tout simple-
ment , par une rigole , sur un point qui domine
la ville de Londres , une parue des eaux de la
rivière de Lew. Cette rigole , appellée la nouvelle
rivière , ouverte depuis près de 200 ans par une
compagnie , amené journellement à Londres 4000
pouces d'eau (288,000 muids , ou 80,000 kylo-
litres. )
L'un des deux projets qu'improuve le citoyen
Hommedeloi , comme la rigole qui alimente
LouHres , a pour but de conduire sur un point
assez élevé pour qu'elles puissent être distribuées
dans tous les quartiers de Paris , une partie des
eaux d'une rivière qui n'éprouve point de va-
riations sensibles , et dont les eaux analysées à
différentes époques, viennent de l'être récem-
ment encore par deux membres de linstitut na-
tional , qui a approuvé le projet. La meilleure
analyse de ces eaux est d'ailleurs l'usage journalier
qu'en font les habitans des bourgs et des villages
qui bordent cette jolie rivière.
Le nouveau lit qui doit la dériver pour la con-
duire à Paris , au moment où elle se perd dans
ijne rivière plus considérable , sera ouvert sur des
dimensions assez lasges et avec une pente assez
rapide , pour que les eaux conservent leur pu-
reté et leur salubrité , et que les gelées les plus
rigoureuses ne puissent suspendre leur cours : les
eaux courantes ne gèlent jamais aU-delà de 3o
pouces d'épaisseur ; l'aqueduc d'Arcueil a seul
continué de couler , quand toutes les machines
étaient paralysées pendant l'hiver de l'an 7.
Ce canal auquel on pourra , à juste titre ,
donner le nom de Nouvelle rivière , amènera
constamment et journellement 6,000 pouces d'eau
(ou 120,000 kylolilres ) dont la moitié sera des-
tinée à alimenter une navigation importante , et
l'autre moitié, c'est-à-dire 3,ooa pouces ( ou 60,000
kylolilres ou 2j6,oqo muids)à être distribué dans
Paris pour fournir aux fontaines pubhques ; dé-
corer les places , les jardins et les promenades ;
laver les rues, purifier les égouts , approvision-
ner de nombreux résftvoirs contre les incen-
dies ; faire des baiiis, des lavoirs, des abreuvoir
publics ; des écoles de natation ; donner enfin à
cette grande cité tout ce qui lui manque pour
rendre son séjour aussi salubre qu'agréable.
Peut-on se promettre de semblables résultats
avec des machines que les hautes, les bases
eaux , les glaces paralysent également ; que le
tems détruit, qui n'offrent jamais que des pro-
duits mesquins ? Lorsque la nature a disposé
de grands moyens et d'une exécution aussi
simple que facile . aurions-nous la maladresse de
leur préférer de petits moyens artificielels dont les
chétifs produits seraient encore incertains ?
Destourn ELLES . architecte.
forme et la couleur de sa racine , et la nuance de
sa graine lorsque la tige est bleue, poui 1 obseivei
avec l'auteur de cette note jusqu'en sa maturité.
D. S.
Commission administrative des hospices civils
de Paris.
Tous les rentiers des hospices , soit perpétuels
on usufruitiers , seront tenus de présenter les titres
qui constituent leur créance , au bureau du con-
trôle et de la vérification des dépenses , et ce dans
le plus bref délai.
Conservatoire de musique.
Aux termes du règlement du conservatoire de
musique , les inspecteurs de l'enseignement pro-
céderont , le 25 fructidor prochain , à l'examen
des aspirans aux places d élevés en cet établisse-
ment.
Les aspirans doivent être préalablement inscrits
au secrétariat du conservatoire , ils ne peuvent
l'être que sur là présentation de leur acte denais-
sance duement légalisé.
Le directeur du conservatoire de musique ,
S A R R E T T E.
Avis d'un armement en course au port de Calais.
Cet armement consiste en un navire brick, sor-
tant du chantier , des mieux construit , de l'avi*
devons les marins, portant 18 canons de quatre
livfes de balle et de cent hommes d'équipage ,
muni de toutes armes nécssaires pour la course ,
approvisioné de vivres pour quatre décades , et
l'équipage payé d'un mois d'avance.
Ledit corsaire pourra être mis en mer pour ,1e
3o vendémiaire prochain , moyennant la somme
de 90,000 fr. On pourra s'y intéresser par actions
de 1000 fr. et pour autant qu'on le désirera. À
ceteiFet, on s'adressera , à Calais , aîi cit. Alex.
Becquet , inspecteur de l'octroi municipal ,
désigné par une société pour le seul armateur
dudit corsaire , qui aura l'avantage de réunir à
son brave équipage un capitaine connu et expé-
rimenté dans 1 att de la navigation f' le citoyen
Hamel , dit Rondelle , de la même commune),
lequel se réserve 6000 fr. d'intérêt , sans laquelle
condition il renonce au commandement.
— '!'■«*■— —1—»— '
LIVRES DIVERS.
Voyages dans les départemens du Nord , de la Lys ,
de l'Escaut , etc. , pendant les années 7 «t 8 , par le
cit.Barbault-Royer, ex-haut-juré deSt.-Domingue.
Prix , s fr. 5o cent, et 3 fr. 20 cent, franc de
port.
A Paris , chez Lepetit , libraire , Palais-Egalité ,
faleriet de bois,'n'' 223, et à Lille, chez
anackere , libraire sur la Grand'Place.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 3b thermidor. — Cours des effets publics.
i 3o jours. à Gojoun;
PHENOMENE.
Dans un deseit sablonneux on a vu croître une
plante qui a de tares vertus ; sa tige a la forme
d'un C&ne a. Sept jours après avoir été plantée elle
noircit, et au sommet '%st une graine semblable
au cristal , ce qui fait connaître à l'artiste sa
bonté , etc. -■;-,.
On invite une personne qui aurait également
I vu cette plante, de dire, par cette fe utile , la
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
56|
57|
'87 1
186 i
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i4fr.35c.
5 fr. toc.
14 fr. i5c.
4 fr. 55 c.
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nouv. en 5 actes.
X.'aUonncmeat se fait à. Pari s , rue des Foitevios, £l° i3. Le prix e»tde $5 fntocs pour trois mois , ioitttiti pour 6 mois ^ et xoo filaocs pour l'aïuiée eotiere. On nes'abonfie
iju'au coramcucemcnt de ckaque .mois.
Il faut adre&seiles Icutes etl'argent , frant de port , au cit. AcASs «, propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n" t%. Il faut coœprendrt daas les etmult le port des
çays ou l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seiout point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plu» de sûreté, de charger celles qui lenferraent des valeurs, et adresser lout ce qui conceine U rédaction de la feuille , au rédacteur, ne di|
Poitevins , n" i3,dep'ui (neuf heures du matin jusqu'à cinq heurts du soir.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire dii Moniteur, tue des Poitevins, n" i3.
GAZETTfrrmf lONALJE ou LE MONITEUR UNIVER^SEL.
N' 328.
OcHdi ,28 thermidor an 8 de la république françaiie , une et indiviiible.
, ■/ -'■
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater Hu 7 Nivôse le M O NI T £ L) H est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que Us faits et les nociont tanc sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. "
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelle?.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le g août ( 21 thermidor).
Les articles suivons sont extraits du Courier de
londres , du 8 août 1800 (20 thermidor).
Deux nouvelles prises danoises viennent d'être
conduites par un lougre armé à Hull. L'embargo
continue dans tous nos ports sur les convois qui
devaient faire voile pour le Danemarck. Cepen-
dant les polices d'assurance pour les ports de la
Baltique n'ont augmenté que de 2 pour cent.
Lord Whiiworih ei M. Drummond se sont em-
barquéj lundi dernier pour Copenhague, à bord
de la frégate l'Andromeda. M. le comte de Wedel
Jarisberg , ministre de Danemarck près notre
cour, s'est rendu à Deal pour y voir les officiers
de la frégate danoise prise par la Némésis.
Le comité de la chambre des communes chargé
de prendre en considération les travaux à faire
au port de Londres , a présenté une suite de
résolutions à ce sujet. Le projet est de recons-
truire le pont de Londres vis-à-vis la Bourse ,
avec une aiche en fer élevée de 65 pieds , et sous
laquelle passeront les vaisseaux. On doit aussi
construire des quais sur les bords de la Tamise
depuis le pont de Black-Friars jusfju'à la Tour.
En creusant un canal près la ville de Vienne ,
«n paysan trouva une urne qui conienait 298
pièces d or, toutes du poids d'une guinée. Elles
sont de la grandeur du ducal, mais beaucoup
plus épaisses : 224 ont été placées dans le Muséum
impérial à Vienne. Ces pièces sont très-bien con-
servées, ïl y en a 75 de Nerva , 95 de Vespasien ,
42 de Trajan et 21 d Adrien.
Suite de la lettre de Constantinople , datée te 10 juin
1800. ( Correspundance particulière.)
L'avènement dn sultan au trône a été l'époque
d'une subversion assez marquée dans l'adminis-
tration de cet empire. Trois favoris de Selim, et
quelques têies saillantes attelés au crédit de la
jultahe mère, se sont emparés à peu près des
lênes du gouvernement. L'autorité supiêrae du
visir réduite aux seules déférences extérieures et
limitée ainsi par cette espèce de matadors, n'a
plus eu qu'une concurrence de force à partager
avec eux , et dépendante de leur réunion qui
forme le conseil-d'éiat. Dès ce moment tout a
fléchi; et juscju'à la volonté même du sultan a
plié sous 1 impulsion de cette assemblée. Des
innovations de tous genres ont aussitôt marqué le
nouveau règne. Un appel aux militaires curo-
péans les a atiirés pour y discipliner des corps
mieux payés et mieux disposés que les janissaires
à l'obéissance. D habiles constructeurs et char-
pentiers ont été employés àla reconstruction d'une
marine qui compte aujourd hui les plus beaux
vaisseaux dans ses chantiers; un bassin s'est formé
pour leur radoub, et l'exécution a répondu à
ton importance et à son utilité. L'établissement
d'un grand nombre de belles cazernes parfaite-
ment entendues dans leurs distributions , s'est
Téuni à la bâtisse de plusieurs forteresses pour la
sûreté du canal; des écoles psur le génie , l'ar-
tillerie et la bombe , et jusqu'à une imprimerie
française . se sont élevés avec des maîtres dans
ces différens genres ; enhn une foule d'édlKces
publics et de maisons royales , ont orné et embelli
1j capitale et ses environs. Voilà , monsieur , ce
qu'ont produit en tiès-peu de tems , les efforts
d'un petit nombre d hommes disposés à étonner
leurs compatriotes , et à lever le voile dont le fa-
natisme et l'ignorance les couvraient. Ajoutez à
ces nouveautés ostensibles une guerre décjdée
contre beaucoup de préjugés, une tolérance (rès-
matquée à l'égjrd des rayas , et une théorie nou-
velle dans la perception des impôts , dégagée de
beaucoup d'entraves et mieux administrée. Cet
apperçu réellement exact , n'esi-il pas fait poiir
vous donner la plus haute idée des personnages
auxquels on doit ce prodige ? Vous voyez cepen-
' dant, monsieur , que cet empire n'a jamais été
plus près des dernières convulsions de l'agonie,
el n'attend pour ainsi dire que le hocquet de
la mott.
C est que ces grands de l'empire qui ont voulu
1p relever par des iiiiiovationt , ont moins réfléchi
i leur gloire , qui; secondé leur ambition et Itu ^
avidité, et que la première instruction qu'ils ont
donnée ati peuple , a été celle de leur dépravation.
Delà cette lutte parmi toutes les classes entre les
hommes indignés contre les innovateurs , et ceux
qui les admirent. Delà ces secousses et ces rébel-
lions continuelles qu'on ne peut plus étouffer ,
parce que la séduction gagne bicntÔL ceux-mêmes
qu'on envoie pour les réprimer.
Après vous avoir parlé des choses , il est bon
de vous faire connaître les individus qui tiennent
le timon de ce gouvernement , et je renvoie au
Courier prochain à vous donner leurs noms ,
accompagnés de quelques apostilles.
VARIÉTÉS.
On apprend de Botany-Bay que deux taiireâiix
et I quatre vaches qui s'étaient égarés dans linté-'
rieur des terres , il y a quelques années , ont
tellement multiplié que leur face fornie aujour-
d'hui 174 têtes.
— Lundi passé, un hot»me , en creusant la
terre dans une cour à Sioke', près dg Monta-
cute , découvrit dans un trou d'environ deux
pieds carrés sur trois de profondeur , une quan-
tité de vieilles monnaies d'argent. Plusieurs sont
de la grandeur d'une demi - couronne. La lé-
gende , presqu effacée , paraît être d'un côté:
Carolus Austria Chris to , autour ; d'une . cotte-
d'arme. L'autre côté représente un homme à
cheval.
— Le gouverneur Hùnter met un zèle infati-
gable à rendre agréable l'établissement fait par
l'Angleterre à Botany-Bay ; il fait rebâtir en
pierre de taille léglise , Ja prison et l'école pu-
blique de la ville de Sydney Cove , qui avaient
été consumées par un incendie.
Le gouverneur après avoir conçu l'idée que
la terre de Van-Diemen ine fesait point partie
de la côte de la Nouvelle-Hollande, et qu'elle
en était séparée par un détroit semé de petites
îles , voulut se rendre certain de l'erreur ou
de 1» vérité. Il expédia un petit sloop sous la
co'nduite du second lieutenant du vaisseau de
guerre la Reliance. Cet officier trouva effective-
ment le détroit préjugé par le gouverneur ; il
remonta assez haut deux rivières qui arrosent
le pays de Van-Diemen; l'exltêmiié méridionale
de ce pays est exactement au Sg™' degré de
latitude. Le détroit est rempli de petites îles.
On recevra incessamment en Angleterre une
carte géographique de celte nouvelle découverte.
.On a aussi découvert dans l'intérieur du pays
des mines de charbon , de, pierre et de sel
éloignées d'environ 60 à 70 milles de Sydney-
Cove.
IRLANDE.
Dublin, le 2 août (i^ thermidor.)
Le parlement s'est rassemblé hier conformément
à l'ordre de son ajournement. Quelques-uns des
nouveaux pairs ont prêté serment et pris séance.
Le lord-lieutenant s'est rendu dans la chambre
des pairs , et placé sur le trône , il a sanctionné
lé bill d'union, el 78 autres bills , tant publics
que particuliers. Aujourd hui vers 4 heures ,
S. Ex. est retournée au parlement en grande
cérémonie , et a prononcé du trône le discours
suivant :
«1 Mylords et messieurs ,
)) Toutes les affaires de cette importante ses-
sion étant enfin heureusement terminées , c'est
avec la plus sincère satisfaction que je vous
communique , par l'ordre exprés de S. M. le
témoignage de sa vive reconnaissance pour ce
zèle ardent, cettfe persévérance inébranlable que
vous avez si ouvertement manifestés , en mûris-
sant et en achevant la grande mesure d'une
union législative entre ce royaume el la Grande-
Bretagne.
») Les preuves que vous avez données , dans
cette occasion , de votre attachement uniforme
au véritable bien-être de votre pays , insépaïa-
blement lié à la prospérité générale de l'empire ,
vous donnent non-seulement des droits à l'en-
tière approbation de votre 'Ouverain et aux ap-
plaudissemcns de vos concitoyens , mais doivent
encore vous assurer la reconnaissance de la pcs-
,- élite.
i> Vous regretterez a^éib ^S. M. les revers que
ses alliés ont éprouvés sur l« tontînènt ; mais sa
majesté est persuadée que la fermeté et l'esprit.
* dont ses sujets sorit animés , 'la mettront à même
de persévérer dans la ligne de coiiduite la plu»
convenable à Ihonneur et aux l'niérêts essentiels
de ses états , dont les moyens et les .ressources
viennent, par votre sagesse, de se côm'biner d'une
manière plus étroite et.plus intime. ' ,
Il Messieurs de la chambre des communes yo^r
"Je dois vouî remercier, au nom de S. M. ^
des subsides libéraux que vous.avcz donnés avec
empressement pour les "diverses et imporiantes
branches du service public pendant cette annéoi'
>' S. AL a aussi vu avec, plaisir cette sage lib'é-
'r'âlilë, qui lui permettra d'accorder une juste et
équitable rétribution aux individus dont lés pri-
vilèges et les intérêts sont affectés : par fanion.
Elle a observé avec la même satisfaction l'attention
que vous avez apportée à la prospérité du pays en
favorisant les progrès et l'étendue de la navigation
intérieure. . . !..
)> Mllords et riiessieiirs, '"""' -■■"-^•^
. j-.'U.i.T-Jl t'. — f.l
- >> J'ai le bonheur de pouvoiRvous^annoncer
que le pays est en général rentrédatis son ancien
état de tranquillité. S'il existe encore dans quel-
ques districts, un esprit de pillage et de mécon-
tentement , ces, désordres, à ce qaeje crois ,
sont purement locaux , et je ne doute pas qu'il»
ne cessent bientôt.
)> Les effets de la disette., malgré les secours de
la générosité privée et les salutaires précautions
de la législature , se sont prolongés avec une
sévérité extrême pour les classes pauvres ; mais
j'espère qu'avec |a faveur .de la providence , la
perspective d'abondance future que nous pré-
sente l'apparence actuelle des moissons , pourra
se réaliser.
)»Je suis persuadé que la grande mesure qui
s'est enfin accomplie, n'aurait jamais 01,1 .s effec-
tuer, si Voua ucuMici eie convaincus quelle ten-
dait à rétabhr et à pïéserver la iranquilliié de et
pays , à augmenter son commerce et ses ma-
nufactures , à perpéiuer ses liaisons avec la
Grande-Bretagrie- , et à accroître les ressources de
l'empire.
>> Vous ne manquerez point d'inculquer ce»
sentimens dans l'esprit de vos concitoyens ; vou»
encouragerez et vous cultiverez cette juste con-
fiance qu'ils ont manifestée pour le résultat de
vos délibérations sur cette question difficile ;
vous aurez soin sur-tout de leur faire sentir
qu'unis avec le peuple de la Grande-Bietagne,
en un seul royaume, gouvernés par le même
souverain , protégés par les mêmes lois et repré-
sentés dans la même législature , rien ne man-
quera de leur part qu'un esprit d'industrie et
d'ordre piur leur assurer les pleins avantages
qui ont valu au peuple de la Grande-Bretagne un
degré de prospérité , de sécurité et de liberté dont
aucune autre nation n'a joui.
"Je ne puis terminer sans vous offrir et à la
nation en général, mes félicitations personnelles
sur l'accomplissement de ce giand ouvrage , qui a
reçu la sanction et la concurrence de notre sou-
verain dans le jour heureux qui plaça Sa famille
illustre sur le trône de ces royaumes. L'empire est
maintenant tellement uni par vos effoits, telle-
ment afferriji par l'union, qu'il est en état de défier
toutes les tentatives que ses ennernis pourraient
faire, soit pour l'aff^ibhr par la division , soit
pour le renverser par la force. J'cspere que,
sous !a protection divine, les royaumes-unis de
la Grande-Bietagne et de l'Irlande , demeureront
dans tous les âges le plus beau monument du
çegne de S. M. déjà signalé par des bienfaits si
nombreux et si variés < répandus sur toutes les
classes de ses sujets. >»
— ^^Le choix des repiésentans de bourgs qui doi-
vent completter la représentation de l'Irlande au
parlement impérial , n'aura lieu que la semaine
prochaine.
:— L'élection des 28 pairs qui représenteront
la pairie irlandaise s'est faite aujourd hui. Elle
n'a roulé qu'entie 145 pairs, quoique le nombre
des pairs irlandais soit de 2o3 , non compris les
princes du sang. 41 pairs d Irlande le sont en
même tems de la Grande-Bretagne, et 17 pair»
siègent en ce moment à la chambre des com-
munes d'Angleterre ; ils n'ont pu être comprit
dans l'élection. ( Extrait du Courier dtLendrts.)
N l^'^El'-R
LEUR.
Paris , U i]' thermidor.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
C O N SEJAL,- D'ETAT,
jP.RÉi'Eptpi^E-DU DÉPARTEMENT DE l'EscAUT.
Exlrait du registre des arrêtés du préfet du départe-
ment de l Ricaut.
Le préfet du dépatteraent de l'Escaut , îhstruit
du daHgei^ <j«e-la ci-devant FlandTe hollatidaise
et toute la paHia du)SQl de ce: département situé
âù-dessous dii niy.eau de la /ner courent d'être
îhoiidéts ; ailepdii que les réparations péces-
Jaiics aux dïgucs qui les défendent ont été né-
gligées ou li ont pas été faites depuis cinq ans ;
qu'il est douieux -si une grande partie de ces
digues pourra cbntépir les efforts de la mer pen-
dant çei hiver, et qu'il, paraît certain qu'une
âiïfre partie sera incapable de résistera la force
des vagues ; s'étant assuré par lui-même de la
réalité d un danger .aussi imminent;
. Considérant que la conservation d'une étendue
aussi eonsidécable d'un des pays les plus produc-
tifs de l'Europe , des habitations et de la vie
de» laborieux et industrieux habitans , qui eux-
njêmes , ou dant les pères l'ont conquis sur la
mer , commaiide. de* mesures promptes et effi-
caces^ ,■;:■.).■ : ' ■
• iConsidér^nlque des octrois de l'ancien gou-
vernement avaisnt autorisé les propriétaires des
polders à percevoir sur eux - mêmes des taxes
pour subvenir aux frais de l'entretien et répa-
rations des digues , ainsi qu'aux dépenses dites
.internes desdits polders ; que ces octrois étaient
régulièrement renouvelles à teurs expirations,
■et qu'ainsi il ne s'agit pas d'établir une impo-
sition nouvelle , mais de continuer la percep-
Hon d'une taxe reconnue nécessaire et sollicitée
par tous les propriétaires , ainsi que d'en déter-
miner le mode d'après les principes de la jus-
tice , sur les bases générales et dans le sens de
la législation française ;
Considérant que si les polders, bordés par la
mer, doivent acquitter une forte partie des dé
penses qu'entraîne la réparation des digues , i
«'est pas moins juste que tous les propriétaires
;qui doivent , au bon état de ces digues, la con
servation de leurs biens, concourent en propor-
tion des avantages qu'ils en retirent au paiement
desdites dépenses ; que s'il en était autrement ,
les revenus des polders de première ligne étant
loin de pouvoir suffire à les acquitter , les pro-
.prieiaiics ac „„ p„ij,,. „« T^miphi bicuiûi
obligés de les abandonner , et que chacun de
ceux qui les suivent étant également dans l'im-
possibilité de se défendre contre les attaques de
la mer , elle atteindrait infailliblement jusqu'au
dernier des polders situés au-dessous de son
niveau ;
Considérant que si les circonstances impé-
rieuses où se trouve placé le gouvernement, ne
lui permettent pas de venir au secours des pro-
priétaires des polders, il importe d'autant plus
à tous ceux qui sont intéressés à la conservation
des digues , de concourir à supporter une dé-
pense qui leur est utile , et qui ainsi deviendra
presqu'insensible pour chacun ;
Considérant qu'en assurant le paieoaent des
dépenses que la situation actuelle des polders et
leur entretien annuel exigera , il estjuste et con-
forme aux principes de loyauté des habitans de
la ci-devant Flandre hollandaise , de les mettre
à même de remplir des engagemens sacrés con-
tractés pour le même objet, antérieurement à la
réunion de ce pays à la France , et sous la foi du
gouvernement existant , arrête :
TITRE PREMIER.
Mode de constater les réparations nécessaires.
Art. I". L'ingénieur en chef de la direction de
l'Escaut fera , dans le courant de la décade pro-
chaine , la visite de toutes les digues de mtr bor-
dant les côtes des ci-devant cantons de l'Ecluse ,
Oostbôurg , Ysendick , Axel , Hulst , et la rive
droite de l'Escaut jusqu'à la tête de Flandre; i!
constatera l'état de ces digues et les réparations
qui devront y être faites cette année, pour meti.re
le pays à l'abri de toute espèce de danger. L'in-
génieur sera accompagiié , dans cette visite ,
par deux citoyens de ce pays , choisis par le
•préfet.
II. La direction de chaque polder bordant la
mer , avertie d'avance du passage de l'ingénieur
en chef , sera tenue' de se réunir au lieu qu'il
lui indiquera , et de lui fournir tous les rensei-
gnemens qu'il pourra lui demander.
Les maires des communes et tous autres fonc-
tionnairespublicset employéssontégalement tenus
de le seconder de tous les moyens qiii sont en
leur pouvoir.
III. Pendan.t la^visite. , l'ingénieuf en chef char-
gera la ditection de chaque polder de dresser de
l322
suite un devis estimatif des réparations qu'elle
jugera utiles et indispensables de faire aux digues
de mer qui la concernent, et d'adresser ce devis
à 1 un des deux inspecteurs dont fait mention
l'article IX du titre III du présent arrêté : celui-ci,
après l'avoir examiné et avoir donné , confor-
mément aux instructions qui lui seront transmises,
son avis star les dépenses qui y seront détaillées,
l'enverra à l'ingénieur en chef.
TITRE II.
Adjudication des réparations.
IV. Toutes les fois qu'une digue sera reconnue
devoir être réparée, l'ingénieur, en remettant à
la direction du polder dont elle dépend, copie
du devis estimatif , anêié par lui , des travaux à
y faire , lui prescrira de prendre les mesures
nécessaires pour qu'il soit procédé à leur adju-
dication publique , ainsi qu'il va être expliqué
ci-après.
V. Lorsque les (lavaux à efifectuér ne seront»
évalués dans le devis dressé , comme il est dit
ci-dessus , qu'à une somme de 10,000 francs ,
l'adjudication en sera faite devant le maire de
la commune dans le territoire de laquelle les di-
gues à réparer seront situées ; et s ils sont éva-
lués au-dessus de ladite somme de 10,000 ir.,
devant le sous-préfet de l'arrondissement daSas-
de-Gand. ' ' î ?f rir
VI. L'ingénieur rédigera , de concert* avec les
deux citoyens qui l'auront accompagné dans la
visite ordonnée par l'article I" , un projet de
considéfations générales , qui , étant approuvées
par le préfet , devront servir aux-dites adjudica-
tions ; le cahier de ces conditions sera remis à
chaque direction dé polder, qui pourra y ajouter
toutes les clauses que les localités et les circons^
tances exigeront , pourvu qu'elles ne soient pas
contraires à celles arrêtées par le préfet.
VII. Dans tous les cas , les directions des pol-
ders , apiès être convenues avec les maires ou les
sous-préfets des jour et heure auxquels lesdites
adjudications devront avoir lieu , rédigeront, fe-
ront imprimer ,.s-'il y a lieu, et afficher par-tout
oîi il seia nécessaire , l'annonce qui en donnera
connaissance au public.
Aucune adjudication ne pourra avoir lieu que
dix jours après l'apposition des affiches aux lieux
accoutumés ; les certificats qui , étant signés par
les maires ou leurs adjoints , constateront que
cette formalité a été remplie, seront joints aux
procès-verbaux d'adjudication.
Les directions des polders pourront , si elles le
jugent nécessaire , étendre le débi qui devra s'é-
couler entre la publication des affiches et les, ad-
judications.
VIII. Les directions des polders assisteront en-
tièrement, ou par dépuiation , aux adjudications
qui les concerneront ; les membres de ces direc-
tions qui y auront assisté , signeront les procès-
verbaux avec les maires ou sous-préfets et les
adjudicataires.
Les minutes des procès-verbaux seront remises
par les maires ou sous-préfets , aux directions
qui leur en adresseront uneexpédinon conforme,
ainsi qu'à l'ingénieur en chef, à l'un des inspec-
teurs nommés par l'article suivant, et aux adjudi-
taires. , .
f I T R E I I I.
Exécution des réparations.
IX. Les deux citoyens nommés à l'effet d'ac-
compagiiét l'ingénieur en chef dans la visite qu'il
doit faire conformément à l'article 1=' du présent
arrêté , auront lé titre d'inspecteurs des travaux
relatifs aux digues de mer.
Leurs fonctions seront permanentes; elles con-
sisteront à veiller à l'exécution des adjudications,
à ce que les réparations soient laites en bon état,
à prévenir l'ingénieur en chef des dégradations
qui pourraient subvenir , à ordonner les travaux
qui deviendront nécessaires pendant le cours du
tems pour lequel l'adjudication aura été faite , et
qui n'auront pas été compris dans le devis esti-
matif qui lut aura servi de base , et à remplir
les obligations qui leur sont imposées par le
piésent arrêté, et se conformer aux ordres par-
ticuliers qui leur seront transmis pour la con-
servation du pays défendu par les digues ; ils
seront sous la surveillance immédiate de l'ingé-
nieur en chef , et il leur sera donné une commis-
sion par le piéfet. /
Le traitement annuel de chacun des inspecteurs
sera de i5oo fr, , sans qu'ils puissent prétendre à
aucuns frais de teurnée.
X. L'ingénieur en chef divisera en deux arron-
dissemens , les digues bordant la mer et celles
de la rive droite de l'Escaut; il assignera à
chacun ries deux inspecteurs, celui de ces arron-
dissemens oti il exercera les fonctions qui lui se-
ront confiées.
-XL Lorsqu'il sera constaté par l'inspecteur dés
travaiax qu'un adjudicataire ne se sera pas con-
farmé aux conditions de son bail , le préfet
. sur l'avis de la direction du polder dont il s'agira ,
de l'ingénieur en chef et du sous-préfel de l'ar»
rondissement , prononcera l'annulhition de l'ad-
judication , et il en sera sur le champ fait une
nouvelle à la folle enchère des adjudicationif
déchues.
XII. Lorsque pendant le cours du tems pour
lequel une adjudication aura eu lieu , une répa-
ration non désignée comme devant être faite
dans le devis estimatif qui aura précédé ladite
adjudication , deviendra indispensable , la direc-
tion du polder fera à l'ingénieur en chef la
■demande d ordonner cette réparation et y join-
dra un état des frais qu'elle occasionnera. Cette
demande, et l'état y joint , seront communiqués
à linspecteur de l'arrondissement qui donnera
' son avis d après leqiiel l'ingénieur approuvera ,
modiliera , ou rejettera la dépense.
XIII'. Les réparations ordonnées en vertu de
1 article qui précède , seront exécutées par les
adjudicataires aux prix et conditions stipulées
dans leurs procès-verbaux , pour les réparations
comprises aux devis estimatifs.
XIV. Les formalités prescrites par les article."!
XII et XIII ci-dessus , ne pourront être exi-
gées que lorsqu'il s'agira de réparations dont,
le paiement devra être affecté sur la caisse de
secdurs'dont il sera parlé ci-après.
T I T R E 1 V.
Moyens pour subvenir aux frais qu'entraîneront les
réparations.
XV. Tout polder bordant la mer , sera tenu
de, contribuer à la dépense des ouvrages et ré-
parations qui seront ordonnés et exécutés cette
année à^ la digue , pour une somme qui ne
pourra être moindre de i3 fr. par hectare ,
(5 fr. 85 cent, par arpent de pays ) , ni excéder
la ii'oitié du produit net qu'en retirent les pro-
priétaires.
XVI. Toutes les dépenses faites pour la con-
servation des digues bordant la mer, et qui
excéderont la moitié du produit net d'un polder,
seront acquittées par la caisse de secours.
XVII. Toute direction de polder qui récla-
mera l'avantage dont fait mention l'article pré-
cédent , devra adresser au sous-préfet du Sas-
de-Gand un état triple de l'évaluation de son
revenu net qui sera le prix du fermage , déduc-
tion faite de la contribution foncière et de la
taxe povir les frais internes du polder. Cet état
d'évaluation devra contenir la quantité de terre
dont le polder est composé , leur situation et
leur produti net. Aussi-tôt qu'il sera parvenu
au sous-préfet , il l'adressera aux directions des
trois polders les plus voisins qu il désignera pout
donner leur avis , d'après lequel , et "les rensei-
gneraens qu'il prendra de l'inspecteur de l'ar-
rpndissement ,,il arrêtera l'évaluation du produit
net du polder réclamant , et adressera une ex-
pédition de son ariêté à la direction dudit polder.
XVIII. Une somme de 200,000 fr. est affectée
aux dépenses de cette année , qui devront être
acquittées par la caisse de secours; cette somme
sera levée ainsi qu'il suit:
XIX. Tout polder bordé d'une digue de mer,
qui ne contribuera que pour 5 fr. 85 centimes par
arpent pour la conservation des polders, et dont
les dépenses pour l'entretien de la digue qcii le
défend particialiérement de la mer , n'absorberont
pas le produit de ladite taxe , sera tenu de
verser l'excédent dans la caisse de secours.
XX. Pour assurer l'exécution de l'article pré-
cédent , toute direction de polder , bordé par une
digue de mer , qui n'aiH-a contribué que pour
une somme de 5 fr. 85 cent, par arpent , sera
tenue de présenter , le 1'' vendémiaire de cette
année , au sous-préfet de l'arrondissement dti
Sas-de-Gand , un compte de l'emploi du pro-
duit de ladite taxe , et s'il en résulte que ce pro-
duit a excédé les dépenses de l'entretien de là
digue de mer, le sous-préfet prendra un arrêté
qui ordonnera à la direction de verser de suite
l'excédent dans la caisse de secours.
Les dépenses iriternes des polders bordés par
tjne digue de mer , telles que celles relatives aux;
écluses, ponts et fossés ,' ne sont pas comprises
au nombre de celles au paiement desquelles est
' affecté le produit de la taxe de 5 fr. 80 cent, par
arpent.
XXI. Tous les polders attenans à un autre
bord d'une digue de mer, contribueront, pour
cette année , à raison de 80 fr. 66 cent, pat
hectare ( 3 fr. 90 cent, par arpent du pays ) , aux
dépenses qu'occasionnera lentretien des digues
de mer.
XXII. Toutes les parties des territoires des
ci - devant cantons de l Ecluse, Oostbôurg,
"if sendick, Axel, Hulst, Saint-Gillis , Loothristy,
CapryckeetAstcnide, qui sont considérées comme
polders , contribueront cette année , à raison de
4 fi. 33 cent, par hectare (i fr. 95 cent, par arpent
du pays. )
XXIII. Toute association de polders qui aurait
eu lieu jusqu'à présent pour l'entretien et la ré-
paration des digues de mer , en y contribuant tous
d'une même somme par arpent , sera considérée
comme un seul polder bordé par une digue
de nier.
\3i3
XXIV. Dans la décade qui suivra la visilc
que 1 ingénieur en cliel doit faire en exéculiou de
J'ari. I" du présent arrêié , les inspecteurs des
travaux relalits aux digues de mer , dresseiont,
chacun pour leur arondisseraent , trois étiits indi-
catifs : le premier de tous les poldeis bordés par
une digue de mer, ou considérés comme tels;
le deuxième , de tous les polders aticnaiis à un
autre bordé d'une digue de mer; le troisième ,
de tous les polders fesant partie du territoire des
ci-devant cantons dénommé , en l'article XXII
du présent arrêté. Ce deinier état sera divisé en
trois parties : la première comprendra les polders
des cantons de l'Ecluse, Oosibourg , Ysendick ,
Axel , Hulst , Caprycke , Asienide ; la seconde
ceux du canton de Saini-Gilbs ; la Itoinieme ,
ceux du canton de Loochiisty.
XXV. Chaque inspecteur- adressera les trois
états qu'il aura formés en exécution de l'article
précédent, au sous-préfet du Sas-dc-Gand , ex-
ceptés ceux relatifs aux polders situés dans les
ci-devant cantons de Sainl-Gillis et Looclirisiy ;
lesquels états il fera parvenir aux sous-préfeis des
arrondissemetis de Termonde et Gand.
• XXVI. Chacun des sous-préfeis à qui lesdits
états auront éié cnvo5és, avertira, aussitôt que le
préfet le lui aura prescrit , les directions des
polders situés dans son arrondissement , de la
classe à laquelle ils appartiennent, et de la
quotité de la taxe dont ils devront verser le pro-
duit dans la caisse des secours.
XXVII. Les taxes imposées en vertu du présent
arrêté , seront à charge des propriétaires , et payés
aux receveurs particuliers des polders , dans le
niois qui suivra l'avertissement donné aux di-
rections par le sous préfet de la classe à laquelle
les polders qu'elles régissent , appartiennent.
XXVIII. Les receveurs particuliers des polders
seront tenus de verser dans les dix jours qui sui-
vront l'expiration du délai ci-dessus prescrit ,
dans la caisse générale de secours qui sera établie
à Gand . le produit total de là taxe imposée sur
ces polders pour l'entretien des digues de
fiier.
XXIX. En cas de retard de la part des pro-
priétaires de payer leur taxe à la caisse du rece-
veur particulier d'un polder , et de celui-ci d'en
verser le montant total dans la caisse générale ,
les paiemens et versemens en seront poursuivis
par les mêmes voies et dans les mêmes formes
ijue pour la contribution foncière.
XXX. Le receveur-général de la taxe imposée
Î>our Tentrelien des digues de mer seranommé par
e préfet.
Il jouira d'un traitement annuel de 600 fr.
et d'une remise d'un centime pour franc sur le
montant de sa recette.
Il ne lui sera alloué aucuns fonds potir frais de
bureau.
XXXI. Le receveur-général sera tenu de pxé-
setiter à l'agréationdu préfet, dans ladécade de sa
nomination, un cautionnement de la valeurde 40000
fr. en immeubles ; l'hypothèque résultant ue ce
cautionnement durera , dans le cas oià le rece-
veur général cesserait ses fonctions , jusqu'à ce
qu'il ait rendu ses comptes et qu'ils aient été ap-
prouvés.
T I T R E V.
Mode de paiement des dépenses relatives à l'entretien
des digues de mer.
XXXII. Aussitôt qû6 l'adjudication des répa-
rations à faire à un polder sera terminée , lin-
géniéur en chef en fera part au préfet, en lui
annonçant à combien s'élève le' prix de cette
adjudication.
XXXIII. Toutes les fois que la direction d'un
polder, bordé par la mer, demandera qu une
partie de ses dépenses soit acquittée par la caisse
de secours , et que le sous-préfet du Sas.de-Gand
aura, conformément à laiiicle XVIII du présent
"arrêté . déterminé le montant de son revenu net,
il en rendra compte au préfet, en lui envoyant
copie de l'arrêté qu'il prendra à cet égard.
XXXIV. Le préfet après avoir déduit du mon-
tant du prix de l'adjudication des réparations , la
moitié du revenu net du polder, ouvrira à la
direction de ce polder un crédit de l'excédent
sur la caisse générale de secours, pour, ledit
excédent êire acquitlé dans les délais fixés par 1
Xes. conditions auxquelles l'adjudication a eu lieu. '
XXXV. La direction de chaque polder pourra
décerner des mandats , suivant le modèle qui lui
en sera adicSbé , sur la caisse générale de se-
cours , jusqu'à concurrence du montant du cré-
dit qui lui aura été ouvert , lesdits mandais paya-
bles aux termes indiqués dans ledit crédit.
XXXVI. Le premier de chaque trimestre,
linspecieur des trjvaux adressera à 1 ingénieur
en chef un étal par chaiiue polder de répara-
tions non comprises dans les devis estimatifs ser-
vant de base aux adjudications, et qui auront
été exécutées conformément aux articles XIII et
XIV du présent arrêté , pendant le trimestre
ftécédent.
Cet état indi(|uera le prix de chaque répara-
tion : l'ingénieur en chef , après l'avoir visé ,
l'adressera au préfet qui ouvrira sur la caisse
générale de secours à chaque direction de pol-
der , y compris un crédit égal au montant du
prix desdites réparations.
Cette direction décernera , au profit des en-
trepreneurs , des mandats sur ce crédit, de la
même manière que sut celui dont il est parlé
dans l'article précédent.
XXXVII. Chaque mandat devra être accom-
pagné d'un certificat de IJnspecteur des travaux
de larrondissement, visé par l'ingénieur en chef ,
constatant que les réparations à payer ont élé
exécutées par l'entrepreneur , conformément aux
clauses de son adjudication.
Ce certificat , dont le modèle sera envoyé par
le préfet à l'ingénieur en chef devra toujours
rappeler que la direction qui décernera ce man-
dat a justifié à l'inspecteur des travaux avoir em-
ployé la moitié de son revenu net au paiement
d'une partie des dépenses.
XXXVIII. Les, fonds de la caisse générale de
secours ne pourront dans aucun lems , et sous
quelque prétexte que ce soit , être détournés de
1 objet de leur destination ; tout mandat qui ne
serait pas décerné dans les formes ci-dessus men-
tionnées , et à l'appui duquel ne se trouverait
pas le certificat exigé par l'article précédent, sera
rejeté des comptes du receveur - général. Sont
néanmoins exceptés de cette disposition les man-
dats que le préfet décernera pour les iraitemens
des inspecteurs des travaux , du receveur-géné-
ral . et frais extraordinaires de tournées et visites
de l'ingénieur en chef.
XXXIX. Tous les trimestres le receveur-
général rendra ses comptes au préfet de ce dé-
partement. Un extrait de ses comptes indiquant
la date des mandats , leur montant , la date des
paiemens et les noms des parties prenantes , sera
régulièrement adressé parle préfet à la direction
de chaque polder.
T I T R E V L
Dispositions générales.
XL, Dans le cas oià la direction d'un polder
n aurait pas procédé à l'adjudication des répara-
tions dont le devis approuvé ou arrêté par l'ingé-
nieur en chef lui aurait été adressé , l'inspecteur
des travaux en rendra compte à celui-ci qui y
fera procéder sur-le-champ à la charge dudit
polder et à la diligence dudit inspecteur. Dans
ce cas , le polder, dont il s'agit, serait déchu
pour l'année de l'avantage d'obtenir le paiement
sur la caisse de secours de la partie de dépenses
qui excédera la moitié de son revenu.
XLI. Si la direction d'un polder négligeait de
demander, conformément à l'article Xlll du
présent arrêté , à l'ingénieur en chef d'ordon-
ner une réparation non comprise dans le devis esti-
matif servant à l'adjudication de celles à effectuer
pendant l'année , il ordonnerait également , sur le
rapport de l'inspecteur des travaux , qu'il y soit
procédé à la diligence de ce dernier, et à charge
du polder en défaut.
XLII. Dans le cas ovi la direcdon d'un polder
bordé par la mer , ferait effectuer des travaux
sans s'être conformé aux formalités prescrites par
le présent arrêté , les frais qui en résulteraient ne
pourraient être imputés sur le produit de la taxe
de 5 francs 85 centimes par arpent , ni sur la
moitié de son revenu ou la caisse de secours ,
mais resteraient à charge dudit polder.
XLIII. L'ingénieur en chef , en arrêtant les
devis estimatifs qui lui seront présentas par les
directions, et en autorisant les réparations non
comprises dans ces devis , ne perdra pas de vue
que cette année les dépenses à charge de la
caisse générale de secours ne peuvent excéder
300,000 fr.
XLIV. Dans le cas cependant 011 il serait re-
connu que les dépenses absolument nécessaires
pour mettre le pays à l'abri du danger d'une
inondaiion pendant Ihiver , devraient excéder le
montant des recettes , il y sera pourvu par une
Ijxe -additionnelle déterminée par le préfet, et
recouvrable de la même manière que celle impo-
sée en conséquence du présent arrêté. Si au
contraire les dépenses ne s élèvent pas au mon-
tant des recettes , l'excédent des recettes sera
réservé four être employé au paiement des répa-
rations à faire l'année prochaine.
XLV. Chaque année , le préfet de ce dépar-
tement prendra un arrêté qui déterminera la quo-
tité de la taxe à laquelle chaque classe de polder
devra êtreimposée en proportion des travaux pré-
sumés nécessaires ; cet arrêté sera envoyé à l'ap-
probation du gouvernement.
XLVI. Les dispositions du présent arrêté rela-
tives au mode de constater les réparations né-
cessaires à leur adjudication et exécution , aux
moyens de subvenir aut dépenses , au mode de
paiement et à l'administration des polders, seront
exécutées chaque année suivant leur forme et
teneur , à moins qu'il n'y soit formellement dé-
rogé , et dans ce cas les arrêtés du préfet coa-
tenani ces dérogations , seront soumis à l'appro-
bation du ministre de liniérieur.
XLVII. Le préfet du département de I Kscaul
prendra toutes les mesures qui pourront être
nécessaires , donnera des instructions aux ingé-
nieurs , inspecteurs , directeurs et receveurs des
polders , ainsi qu'au receveur - général de la
caisse de secours pour assurer l'exécution du
présent arrêté.
XLVIII. Les directions des polders sont main-
tenues telles qu'elles sont instituées actuellement ,
conformément aux loix , usages et réglemens en
vigueur sous l'ancien gouvernement. Néanmoins,
les dispositions de ces lois , usages et réglemens
qui seraient contraires au présent arrêté , sont
formellement annullées.
XLIX. Les octrois de l'ancien gouvernement
d'après lesquels des taxes étaient imposées et
perçues tant pour le remboursement que pour
les intérêts de divers emprunts faits par plusieurs
polders pour la construction ou l'entretien de
leurs digues , coniinueront à recevoir leur exé-
cution jusqu'à parfait remboursement desdits ca-
pitaux et paiement des intérêts.
L. Le présent arrêté ne pourra recevoir son exé-
cution qu'apiès avoir été approuvé par le gou-
vernement.
Fait à Gand , le 19 messidor , an 8 de la répu-
blique.
Signée Faipoult.
Pour expédition conforme.
Par le préfet du département de l'Escaut,
Le secrétaire-général , signé , Lehodey.
Pour copie conforme ,
Le secrétaire-général du conseil- d'état ,
Signé , J. G. LocRÉ.
Arrêté du i3 thermidor an 8.
Les consuls de la république, vtî les différentes
pétitions adressées par les directions des polders
de la ci-devant Flandre hollandaise , tendant à
réclamer une mesure qui puisse les garaniir d un»
submersion générale dont ils sont menacés par
le mauvais état des digues de mer ; le rapport
de linspecteur-général des ponts et chaussées
du département de l'Escaut , les plans dcsdit»
polders et digues ;
Vu l'arrêié du préfet dudit département et*
date du 19 messidor dernier, soumis à l'fappro-
bationdu gouyernement . lequel arrêté a poutf
objet de régler et ordonner, suivant les anciens usa-
ges, la levée sur les propriétaires despblders, de»
sommes nécessaires pour subvenir à leur conser-
vation et à faire verser ces fonds dans unef
■ caisse de secours établie par les dits proprié-
taires , sur le rapport du ministre de t'intéiieur ,
le conseil-d'éiat entendu arrêtent ce cjui sijit :
Art. 1"^._ L'arrêté pris par le préfet du dépar-
tement de lEscaut en date du jg messidor an 8,
est approuvé pour être exécuté suivant sa forme
et teneur.
Une expédition de cet arrêté sera annexée k
la minute des piésentes.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui. sera iraprinié.
Le premier consul , signé. Bonaparte. =
Par le premier consul , ;
Le secrélaire-d' état , signé, n. B. Maret.
Arrêté du 27 thermidor an 8.
Les consuls de la république arrêtent ce qui
suit : . , -,
Les noms des militaires qui auront obtenu des
sabres , des fusils , des mousquetons on carabi-
nes , des baguettes , des trompettes ou des gre-
nades d'honneur , seront inscrits sur une table
de marbre dans l'enceinte du temple de Mars ,
avec désignation du département et de la com-
mune oti ils sont nés.
Le ministre de liniérieur est chargé de l'exé-
cuiion du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le sscrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS".
Brevet d'honneur,.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duiie distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen jacquet, tambour des grenadiers de la
94' demi-brigade de ligne , à l'affaire du aa mes-
sidor an 8 à la prise de Fuessen : ce brave mili-
taireaéiévu durant toute ceitejournée à la tête de»
tirailleurs , armé d'un fusil et de sa caisse , battant
la charge et l'exécutant par iniervalles ; ce fut lui
qui , à coup de hache , enfonça la porte de
Fuessen, oiîi il entra le premier battant la charge
et poursuivant l'ennemi en déroute ', seul il Ht
plusieurs prisonniers.
i324
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
des baguettes d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 27 thermidor , an8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevets d'honneur pour le citoyen Valencienne ,
tambour , ao' demi-brigade de ligne.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Valencienne , tambour , 20 demi-brigade
de ligne , à l'affaire du aS messidor an 8 , où ce
brave militaire , voyant que l'ennemi cherchait à
gagner le flanc gauche de l'avant-garde et que
sa compagnie n'était pas encore réunie , battit la
charge , tut un des premiers à la rencontre de
Tenncmi, et reçut un coup de feu ; '
Lui décerne à titre de récompense nationale,
des baguettes d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense ,par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 27 thermidor, an 8 delà répu-
blique françaist:.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le prenaier consul ,
Le sesrétaire- d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Garnot.
' de Landshut , et l'empêchant de se rallier, il
fondit sur un détachement de hussards qui es-
cortait deux pièces de canon , le mit en fuite , et
s'empara des deux pièces attelées de leurs
chevaux.
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un mousqueton d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 27 thermidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Leministre delà guerre , s'\gné , Carnot.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d honneur pour le eitoyen J. F. Jeaudon ,
fusilier , 3;' de ligne.
Bonaparte, premier consul de la république .
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen J. F. Jeaudon, fusilier, 87' demi-
brigade de ligne , à l'affaire qui eut lieu , le 3o
prairial an 8 , au passage du Danube, où cet
intrépide militaire prit , lui seul , à l'ennemi ,
près DiUingen , une pièce de canon, lui tua un
canonnier, fit prisonnier un autre, ainsi qu'un
charretier qui conduisait la pièce ;
Lui décerne, à titre de recompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrête du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 27 therihidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Carnot.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Horrent , capo-
ral dans la 18= compagnie du 1" régiment
d'artillerie à pied.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte quilui a été rendu de la cçnauite
distinguée et de la bravoure éclatante du citoyen
Horrent, caporal dans la 18' compagnie du
1" régiment d'artillerie à pied, à l'affiire du
3o prairial dernier , lors du passage du Danube,
où, avec les citoyens Mocque , Guilliaru, Jannet,
Cillard , canonniers de la même compagnie , et
Cdillet , canonier dans la 2° compagnie du
6' régiment à cheval , il a passé le pont de
Blentheim au moyen d'une échelle placée hori-
zontalement surlacoupure dune arche, pouraller
servir deux pièces de canon que l'ennemi avait
abandonnées ; manœuvre par laquelle la cons-
truction du pont a été protégée ; lui décerne ,
à titre de récompense nationale , une grenade
d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par 1 arrêté du 4 nivôse an 8,
Donné à Paris le 27 thermidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consial ,
Le secfétaire-d'étnt , signé , H. É. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Mathias Jacob.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Mathias Jacob , chasseur à cheval au 10'
régiment, à l'affaire du 18 messidor an 8 , lorsque
poursuivant l'ennemi sur Iîs hauteurs de la ville
Au nom du peuple français.
Brevet d honneur pour le citoyen Terpille (Marc).
BoiSAPARTE , premier consul de /la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Terpille (Marc) , chasseur à cheval au
lo"^ régiment, à l'affaire du 18 messidor an 8 ,
quand pénétrant une colonne ennemie , malgré le
feu de î infanterie, il foiça à se tendte, et emmena
l'officier supérit:ur qui la commandait ;
Lui décerne , à titre de récompense nationale,
un mousqueton d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachée^ à ladite
récompense par i'arrêié du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 27 thermidor , an 8 de la ré-
publique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le minisire de la guerre , signé , Carnot.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le citoyen David , commissaire principal de
marine, et le citoyen 1 Hermite , capitaine de
vaisseau , chef de l'état-major à Dunkerque ,
ont, d'après les ordres des consuls, été interrogés
sur les fircoQSfances qui ont précédé le départ
pour Flessingue , des frégates dout l'armement
avait été ordonné dans le premier port.
Demande première. — Si lorsque l'ordre d'armer
les frégates la Poursuivante, la Désirée, la Cartnagnote
et l'Incorruptible leur est parvenu , ils ont fait
chacun , en ce qui le concernait , les dispo-
sitions nécessaires pour que cette opération fût
exécutée avec célérité?
Réponse première. — Qu'aussitôt que l'armement
des frégates a été ordonné , ils se sont occupés
de la levée des marins qui devaient en former
les équipages , ainsi que du rassemblement et
de la confection des cordages et munitions' de
toute espèce, nécessaires à ces bâtimens, et
que les comptes rendus par eux au ministre,
prouvent quils n'ont rien négligé pour accé-
lérer ces opérations autant qu il était possible.
Demande seconde. — A quelle époque ces bâ-
timens étaient en état de partir pour Flessingue,
et quel a été le résultat de l'inspection qui en
a été faite ?
Réponse seconde. — Que les frégates pouvaient
appareiller pour Flessingue deux ou trois jours
après leur mise en rade , et qu'elles y ont été
du 5 germinal au 5 floréal suivant ; que , d'après
l'itjspection qui en était faite journellement , il
est constant qu'elles étaient en état de résister à
l'ennemi, puisque leur artillerie était placée à
bord , qu'il y avait des armes et une partie de
la poudre et des munitions.
Demande troisième. — Quelles causes ont pu re-
tarder leur départ ?
Réponse troisième. — Que nulles causes , autres
que les vents ou la présence de forces su-
périeures , ne pouvaient empêcher les frégates
de se rendre à Flessingue.
Demande quatrième. — Si des prétendons élevées
par eux , où le citoyen Castagnier , orjt rel?rdé
les opérations de l'armement et le départ des
frégates ?
Réponse quatrième. — Que l'armement n'a été
entravé ni arrêté par aucune prétention de service,
et que la meilleure intelligence a régné entre
les chefs.
Demande cinquième. — Si le citoyen Castagnier
a fait des demandes auxquelles ils n'ayenfpas
satisfait ?
Réponse cinquième. — Que le citoyen Castagnier
n^a présenté que deux demandes auxquelles il
n'ait pas été satisfait par ce qu'elles portaient sur
des objets qui exigeaient une décision minis-
térielle.
Demande sixienu. — S'il élait possible d'aug-
menter les moyens de défense du citqyeij Cas-
tagnier , en armant , pour les réunir à sa divi-
sion , des petits bâiiinens ou embarcations du
port.
Réponse sixième. — Qu'ils ont fait tout ce qui
dépendait d'eux pour la sûreté de la rade et
de la division du citoyen Castagnier , en armant
des batteries flottantes et une corvette station-
naire, et en procurant à ces bâtimens, les moyens
sufiisans pour résister à l'ennemi au moment où
il aurait pu se présenter.
Demande septième. — Quelles observations ont
été faites au citoyen Castagnier sur l'exécution
de l'ordre qu'il avaij reçu de conduire sa divi-
sion à Flessingue?
RépSnse septième. — Qu'ils ont souvent fait des
observations au citoyen Castagnier, sur la néces-
sité de son départ , d'après les ordres réitérés
du ministre.
Demande huitième. — Quelles dispositions ont été
faites de concert avec le citoyen Castagnier lors-
que les ennemis pnl attaqué sa division , et s'il en
avait été pris iiltérieuremcnl pour la sûreté de ces
bâtimens ?..
Réponse huitième — Qu'ils n'ont été averds de
l'attaque des ennemis que par le bruit du canon;
qu'ils se rendirent sur le port ; qu'ils firent sortir
plusjieurs embarcations pour remorquer les brû-
lots et les conduire à la côte ; que les troupes
de la marine furent rangées en bataille sur le
port pour s'opposer au débarquement des enne-
mis, mais qu'il ne leur fut possible déconcerter
aucune opération avec le citoyen Castagnier;
que , sur une demande de ce chef de division .
ils se proposaient le 18 de faire sortir le lende-
main deux canonnières ; mais que le citoyen Cas-
tagnier ayant pris le soir même 20 des hommes
qui composaient les équipages de ces bâtimens,
il était devenu impossible de les sortir du port ;
qu'auparavant toutes les dispositions convena-
bles et possibles avaient été ordonnées et exé-
cutées.
Drmande neuvième. — Qiielle était la différence
de situation des frégates lors de l'attaque , et à
l'époque de leur départ pour Flessingue.
Réponse neuvième. — Que l'effectif des marins
cornposant les équipages le jour de l'attaque ,
étaient de 1254; que le nombre des présens se
trouvait réduit, par la maladie, à 1146; que
l'artillerie , les munitions et les armes étaient
au complet et en bon état , ainsi que les
les autres parties de l'armement ; que s'il man-
quait quelques comestibles , on les aurait trouvés
à Flessingue ; que lors du départ des trois fré-
gates pour ce port , les marins désertés ou à
l'hôpital ont été remplacés , ainsi que les cables
et cordages coupés ou perdus dans l'affaire «
et que les équipages réunis de ces trois bâti-
mens s'élevaient à gao hommes , ce qui forma
le complet ainsi qu il a été fixé.
Les consuls ayant pris connaissance de ce»
réponses , ont prescrit de lever les arrêts des
citoyens David et l'Hermite.
Pour copie conforme ,
Le ministre de U marine , signé , Forfait
COURS DU CHANGE.
Bourse du ly thermidor. — Cours des effets publics.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif.
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
57î
186 i-
It 1
Rente provisoire gS fr. 38 c.
Tiers consolidé 37 fr. i3 c.
Bons deux tiers. . • i fr. 62 c.
Bons d'arréragé 82 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 87 fr.
Syndicat. 65 fr. So c.
Coupures... 65 fr.
,. S P E c T A c L E s.
"Théâtre de la Repoblu^ue et des Arts.
Auj. la 5= repr. de Praxitelle ou la Cein'.ure , opéra
en un acte , suivi du ballet de la Dansomanie.
Théâtre pu Vaudeville. Auj. Pour et Contre ;
Dans quel siècle sommes-nous ? et Bagatelle.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Le 29, la" 3' repr. des Charlatans littéraires , com.
nouv. en 5 actes.
A Parii, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n» i3..
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N^ 329.
Uonidi , 29 thermidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aucotisés à piévenir nos sousctlpteuis qu'à dacer du 7 Nivôse le M O ^M T E U R esc le seul journal officie/.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par tes correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I EUR.
ANGLETERRE.
Londres , le g août ( S 1 thermidor ) .
On trouve dans le True-Briton du S août ( i5
thermidor ) , l'arlicle suivant , intitulé : Evasion
miraculeuse.
Le public a entendu dire , il y a quelque tems ,
que le vaisseau armé, le Trinquemale . avait saule
dans un combat qu'il avait eu à soutenir contre
un corsaire Irançais dans la mer-rouge. La lettre
suivante , adressée par M. John Carmlington ,
( premier officier du vais:seau de la compagnie
des Indes la Perle , qui , au moment du combat,
était prisonnier sur le corsaire) , à son frère, à
New-Castle , donne, dans le plus grand détail , le'
récit de ce triste événement.
■Mascaie , 24 octobre 1799.
Peu de tems après ma dernieEe , le capitaine
Spence. commandant de la Verte, se rendit dans
l'Inde , à l'effet d"y acheter un ou deux vaisseaux
pour le commerce du gofphe. M. Joseph Cam-
bridge Fowlcr , premier officier , fut nomnié
pour commander la Perle , et moi pour le rem-
placer dan,s sa qualité de premier officier. Le i'"^
octobre , nous sortîmes de l'a tiviere de Bas'sora .
dans l'intention de nous rendre à Bombay, et
nous continuions assez agréablement notre route,
lorsque le 7 , vers les g^ heures du soir , ayant
parcouru environ les deux tiers du golphe ,
nous vîmes tout-à-coup paraître près de nous
un bâtiment. Il s'était tenu caché sous une île
appelée la Grande Tombe , et nous avait apperçus
avant le coucher du soleil , quoique nous ne
l'eussions pas vu. Nous étant hêlés mutuellement,
nous reconnûmes avec chagrin qu'il était français.
Le combat s'engagea , mais le feu de l'ennemi
était si supérieur au notre, que les lascars,
épouvantés , quittèrent leurs postes , et s'enfuirent
tous en bas. Le corsaire était alors à portée du
pistolet , et se préparait à nous aborder , n'y
ayant pas pour le recevoir un seul homme armé ,
excepté moi et cinq' on six arabes qui n'avaient
pas bronché.
Je me vis donc dans la dure nécessité de me
rendre . après avoir jette à la mer trois paquets de
dépêches du gouvernement. Le capitaine Fowler ,
à la seconde bordée, avait reçu au travers du
corps un boulet de huit ; nous avions trois lascars
blessés, dont un mourut peu de momens après;
■une balle dé mitraille avait percé mes culottes
et laboure le derrière de ma cuisse , et un éclat
du même coup, qui avait tué le capitaine , m'avait
légéremeiit blessé au bras gauche. Le combat
ne dura pas plus d'un quart-d'heure. Le corsaire
me prit à bord ; il n'avait personne de blessé,
et n'avait reçu que quelques boulets dans ses
voiles. Ce bâtiment se nommait l'Iphigénie , capi-
taine Malloix , de Ilslede-France ; il était monté
de 18 canons, dont deux carronnades de 48,
9 pierriers de 8, et 10 dé 6 ; il avait 170 ou l8o
hommes d'équipage. Nous n'avions que 10 canons
tous fort-petits et de divers calibres; aucun n'était
bon', excepté 2 pierriers de 9 , et noire équipage
n'était que de 5o hommes, tous naturels du pays,
excepté le capitaine et moi. Nous étions pour
l'ennemi une prise très-précieuse , ayant à bord
110 sacs d'argent, valant plus de trois lacks de
roupies, 40 chevaux , .Sooo saumons de cuivre ,
«yuire plu.sieurs balles, caisses, etc.
Le trésor fut transporté le lendemain à bord du
toriaire. Les capleuis étaient si contens de leurs
luccès qu'ils se décidèrent à quitter sur le champ
ttUr croisière. Mais le lô au soir , nous rencon-
trâmes le vaisseau de' S. M. le Trinquemale ,
capitaine Rowe , monté de 12 carronnades de
24; mais mal fourni d'hommes. 11 avait été équipé
à Bombay, et croisait dans le golphe depuis
neuf ou dix mois. Les maladies avaient enlevé
une partie de son équipage , et il n'avait pas
trouvé à le remplacer. Il n'y avait , m'a-t-on
dit , à bord que 70 hommes en état de service.
Un commencemehl d'action eut lieu entre les
deox'bâiiihenB, lorsqu'ils passèrent l'un aupicu
de rauli;e. Le 12 à trois heures après midi, ils
ie retrouvèrent jïticorc à ponce, et se canonnc-
rênl' jusqu'après le coucher du soleil , mais à une
trop grande distance pouV se faire aucun mal:
lecalraeou dtsvenis trop faible» ne leur per-
laettaient pa» . de t'appcocbur. Ud tcbooiier,
nommé la Comète, monté de huit petits canons ,
accompagnait le Trinquemale. Le corsaire avait
bien envie de le couper; mais grâce au courage
et à I habileté du capitaine . il n en vint pas à
bout , et le schooner tint le combat avec la Perle,
avec laquelle il était au moins égal en force.
Le même soir à six heures et demie , une jolie
brise s étant élevée , le corsaire porta sur sa prise.
Le Trinquemale le suivit , et à dix heures enga-
gea , au clair de la lune . un combat qui dura
pendant plus de deux heures avec une extrême
furie à portée du mousquet. Les deux vaisseaux
passant alors l'un à côté de l'autre , s'accrochè-
rent bord à bord. Ils restèrent dans cette posi-
tion environ une heure , pendant laquelle il se
fit des deux côtés un grand Carnage. Les français
étant les plus nombreux, se préparaient à l'abor-
dage , lorsque par un fatal accident le Trinque-
male sauta. Tout ce qui était à bord périt , excepté
un marin anglais no m méThomas Dawson et un las-
car. L'explosion fut si forte , el les vaisseaux étaient
si bien attachés l'un à l'autre . que le bordage
de la batterie du corsaire fut emporté.
Je vous laisse à juger de la poiit'i'on terrible
dans laquelle je me trouvais pendant cette crise.
J'étais dans les entreponts , dans le quarré de la
grande calie , lieu destiné aux blessés. Ils y arri-
vaient en foule , ofTrani un tableau qu'il m'est
impossible de vous décrire. Tout d un coup , cet
espace se remplit de bois : les lumières s'éteigni-
rent ; 1 eau se précipitait en lovrcns , et je ne
voyais aucun passage pour reg.igncr le pont. Le
vaisseau semblait être brisé. Les membranes avaient
fléchi si fortement , que dans un endroit oti l'ins-
tant d'auparavant il était facile de se tenir presque
debout, on ne pouvait plus que ramper en se
traînant sur les mains et les genoux , ce que je
fis pour m'approcher de l'ouverture par oii l'eau
entrait. Auprès de celle-ci j'appcrçus , à l'aide du
clair de lune, une trace qui venait de se faire
enfe les deux ponts , probableiuent par la chute
de quelque canon diJ Trinquemale. j'en profitai
pour me rendre , non sans peine , sur le pont.
A l'instant ou j'y arrivais , je vis le vaisseau qui
s enfonçait de l'avant. Passant alors , aussi vite
que je le pus, par-dessus tous les Corps morts
dont le pont était couvert, je parvins à la lissé
, du couronnement , d oià je sautai dans la mer.
Je nageai pendant quelques morhens , dé ma-
nière à m'éloigner du bâiiment , craignant d'être
englouti par l'eau au ilooment oià il s'e'nl'oncerait ;
mais , quarid je jetai les yeux du' côté où je le
supposais, je ne le vis plus. Je m'emparai d une
pièce de bois à laquelle je m attachai fortement;
je me soutins avec ce secours pendant environ
une heure et demie , au bout de laquelle les
canots de la Perle vinrent pour nous retirer de
leau. Il y avait , à-peu-piès , une trentaine de
français dans le même étal que moi. Tous furent
sauvés. L officier français qui commandait la Perle
entendant dire qu il y avait quelques anglais à
l'eau , donna sur le champ l'ordre aux catiots de
retourner à notre recherche, et Ion nous prit à
bord , moi et Thomas Dawson , seul échappé
jusqu'alors au naufrage du Trinquemale.
Il y eut à bord de l'Iphigénie ti5 ou 120
hommes tués ou noyés , dont le capitaine , 7 offi-
ciers, le chirurgien , 2 jeunes volontaires de
risie - de - France , le maître d'é(iuipage , le
premier contre-maître , le canonnicr tt le char-
pentier. Tout le trésor périt avec le corsaire. Le
capitaine Rowe, commandant du Trinquemale,
;avait été tué avant que son bâtiment sautât , ainsi
que le premier lieutenant qui s'appelait 'Williams.
La Comète, aussitôt que l'accidcnr fut arrivé,
s'éloigna de la Perle. Je suppose qu'elle craignit
d'avoir à combattre un trop grand nombre de
français.
Le i5, nous arrivâmes ici pour y faire de
l'eau , etc. ; l'officier français eut la bonté de me
donner ma liberté. On me mit à terre le 24, jour
où la Perle fit voile. Les français ont vendu Ici
leurs chevaux , et je les ai rachetés pour M. Ma-
nesty , résident de la compagnie à Bassoia. J'cs-
pere les faire embarquer d ici à deux ou trois
jours, à bord d'un vaisseau desiitié poui Bombay,
sur lequel j'ai arrêté aussi mon passage.
( Extrait du True-Briton.)
Lr docteur Garncil, dans sa lecture sur la com-
position et la décomposition de leau , a lait
connaître une expérience inléressfinte , qui peut
conduii'e à des' ret^hârches irnporiuiites et à de
iiouvelles connaissances sur les phénomènes de
l'économie animale , sur la chimie et l'électticiié.'
C est la décomposition de l'eau par le procédé
de Galvani.'M. Vôlia a envoyé dernièrement un
mémoire sur cette expérience au président de la
société royale. MM. NichoUon et Carlisie en ont
tait l'expérience , et mercredi le docteur Garneit
en donna une démonstration ; on préj'ara un
certain nombrede morceaux de zinc de la largeur
d un écu , et une même quantité de pièces de
cartes coupées dans la même forme. Ensuite on
posa sur une table un morceau de zinc , el dessus
un écu qu'on couvrit d'une pièce de carte im-
prégnée d eau. Sur cette cane on mil un nouveau
rnorceau de zinc , et S'ur ce morceau un autre
écu , puis une autre cane mouillée , el ainsi al-
ternativement jusqu'au delà de plus de 40 pièces
de chaque espèce; alors une personne dont les
mains étaient bien mouillées, toucha dune main
le centre d'un morceau de zinc , et de l'autre un
écu à son extrémité; elle éprouva une forte se-
cousse qui eut lieu autant de fois que le contact
fut renouvelé. Lorsqu'on réitérait fattouchement
avec des pièces de métal qu'on tenait en main ,
l'effiîl était le même, ou plutôt plus coosidéra-
blc ; mais quand on employait de la cire à ca-
cheter, du verre , ou tout autre objet qui ne peut
servir de conducteui , on u éprouvait aucune se-
cousse.
Urt tube dé verre ayant été rempli d'eau et
bt^uché aux deux extrémités , on passa un hl de
laiton à tiravers chaiicie bouchon , de façon que
de chaque côté il était enfoncé dans l'eau , à trois
pouces dé distance l'un de l'autre. On fit com-
muniquer les bouts du fil de laiton; l'un avec
le centre d'un morceau de zinc , et l'autre avec
une demi-couronne ; des bulbes de gaz hydro-
gène s'élevèrent sur-le-champ de l'un des points
du hl de laiton qui était dans l'eau, et formèrent
un bouillonnement continuel qui touchait le
somtiiet du tube , tandis cjue l'autre point du fil
de laiion étaii vivement oxidé , et i'oxide se pré-
cipitait rapidement au fond du tube.
(Extrait dû Courier de Londres du 8 août , 20
thermidor. )
INTÉRIEUR.
Strasbourg, le 9^ thermidor.
M, d'Albim est parti d'AschafFenbourg pour
Vienne. — Le général suédois Armfeld est à
Catisbad.
Le 9 de ce mois , l'ambassadeur espagnol
Huerta , de liné pour la Suéde , est arrive à
Augsbourg. Le prince Antoine de Saxe et son
épouse sont partis , le 12 , de Prague pour
Dresde.
L'évêque catholique de Watterford, en Irlande,
est à -Berlin. Aranjo , jadis ambassadeur de Por-
tugal en France, part pour la Silésie où les en^
voyés espagnols et portugais doivent le rejoindre
pour aller à Berlin. L'ambassadeur palatin à Ra-
tisbonne, Rechberg , est nommé à l'ambassade
de Berlin et de Dresde.
On mande de Vienne, en date du 12 , que
trois jours auparavant, Piti avait fait savoir à la
cour qu'il voulait prendre part au traité de paix ,
et que les envoyés de Madrid à Constantinople
ont eu des conférences avec Thu'fut.
Le 21 messidor , Paul I" a fait manœuvrer les
galères de l'ordre de Saint-Jean de Jérù'jalem ; il
cominandaiten personne, el cc>mme grand-maître
de l'ordre, il s'est fait saluer par les vaisseaux
de ligne russes, ensuite il a nommé des chevaliers.
Le roi de Suéde est revenu de la Poméranie à
Istadt en Scanie. Il doit partir de cette ville pour
se rendre à Trollhalia , et assister à l'ouverture
des nouvelles écluses.
Dans le pays de Neuvied , une bande de vo-
leurs , lotte de 400 hommes , donne de grandes
inquiétudes. Leur chef, connu squs le nom de
Schender Hauns , est un second Charles Moor.
[ Kronik der Franàen. J
Nantes , le ■21 thermidor.
Le lougre améncaui le Neptune , capitaine Henri
Smith , parti de Nantes avec un ch.irgemeni de
sel pour Hambourg , a été rencontré , trois jours
après sa sortie, par un corsaire anglais qui la
capturé , a pris son équipage , et l'a laissé , lui cl
son coq, avec uu capitaine de prise et qUi^
i326
anglais auxquels il a donné l'ordre de faire route
j>our Guernesey.
Le lendemain , le capitaine Smilh et son coq
ontliouvé moyen de se rendre maîtres des anglais,
et ont repris le Neptune.
Six heures après , un corsaire de Jersey leur a
donné chasse , ei s'en est encore emparé. 11 a relire
le coq , a mis a bord un nouveau capitaine de
prise et un hommme qui . joint aux cinq anglais
qui s'y trouvaient déjà . ont formé un équipage
de deux officiers et six hommes. Le capitaine
Smith s'est ainsi trouvé seul sous celte lorie
garde. Trois jours après , ce brave marin s'est
servi d'un stratagème qui lui a réussi : il est par-
venu à se mettre , la nuit , sous le canon des forts
de lîle de Balz et sous la protection du station-
naire. Il s'est rendu maître une seconde fois du
navire , et l'a introduit heureusement à Morlaix.
[Extrait de la Feuille nantaise.)
Vu S4 thermidor. — Le ii du présent mois de
thermidor , les citoyens Letourneur , préfet du
département ae la Loire-Inférieure , et Montaut-
Desiles, préfetdu département de Maine-et-Loire,
ont visité à Montrelais divers atteliers des mines
de charbon de terre , dont deux puits fournis-
•ent xin minéral qui, par ses qualités , égale celui
de New-Casile. Ils ont sur-tout fixé leur attention
sur la manière dont on y utilise les vieillards et
les enfans ; et après différentes manœuvres exécu-
tées en leur présence, ces magistrats ont témoigné
leur satisfaction sur l'utilité et la bonne admi-
nistration d'un établissement aussi important ,
qui s'est maintenu malgré les malheureux évé-
nemens auxquels il a été long-teras en proie.
(Extrait du Publicateur de Nantes, j
— Un incendie a dévoré, hier, trois mai-
sons à Toulouse , quartier de Pouzonville ,
près le rempart; le feu a commencé à g heures
et a duré jusqu'à midi. Personne n'a péri; mais
trois maisons sont détruites et deux autres seule-
ment endommagées , par les mesures prises pour
couper les communications. Voici la cause de
ce luneste événement. Une femme après avoir
t'ait cuire des poires [était sortie : elle avait oublié
d'éteindre eniiérement son feu ; son enfant pro-
fitant de son absence alluma de la paille pour
faire cuire d'autres poires dont il s'était empaié.
Le feu se communiqua bientôt à quelques neibcs
que sa mère avait glanées ; l'enfant efTrayè s'enluit
sans crier au feu , sans rien dire de sa funeste
étourtierie. Il n'y avait plus d'espoir quand on
s'apperçut des jiremiers progrès de lincrndie.
Les citoyens., les militaires d'une caserne voisine
s'y portèrent en foule; les pompes , Its paniers
arrivèrent bleniôt avec le maire et des inspec-
teurs de police. L'éloignement de la rivière et
des fontaines ralentissait le secours , ont eut re-
cours à tous les puits voisins ; on parvint à
sauver un enfant au berceau , beauroup de meu-
bles et d'effets. Les maisons incendiées et celles
qui étaient contigues , étaient vieilles et bâties
en bois, comme presque toutes celles de ce
quartier; on ne peut calculer les effets désastreux
de l'incendie s'il fût atrivé la nuit.
On cite les noms d'une vingtaine de citoyens
qui se sont distingués par leur intrépide dé-
vouement. Le maire a fait recueillir leur noms.
Le préfet s'est aussi transporté à la commune ,
et de-là au lieu de l'incendie. Le feu avait cessé
ses ravages ; il n'en restait que l'effrayant et dou-
loureux tableau. Ce terrible fléau n'a frappé que
des familles laborieuses , sans autres moyens que
le produit de leur travail journalier. Oi» espère
pouvoir annoncer qui leur a été distribué des
secours provisoires. On a vu, avec plaisir , les
voisitis s'empresser de recueillir ces infortunés,
les aider à retrouver leur linge et les débris de
leurs meubles. Des factionnaires , placés aux
issues , éloignaient les curieux des amas de linge,
d'ustensiles , etc, , sauvés de la fureur des
flammes.
(Extrait du journal de Toulouse : l'Observateur
Républicain ou l' Anti-Royaliste , du «3 thermidor.)
de curateur à l'accusé. Le citoyen iMaugeret ,
homme de loi , est son défenseur.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du. 26 thermidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies, le
conseil-d'état entendu , arrêtent :
Art. I^''. La dépense du bureau des colonies
établi à Paris , ne pourra excéder la somme
de 6o,goo francs par an.
II. La ;éduction des dépenses de ce bureau aura
son effet, à dater du 1" vendémiaire an 9.
m. Le ministre de la marine et des colonies
est chargé de l'exécution du présent arrêté, qui
sera imprimé au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 27 thermidor.
Les consuls de la république , en conséquence
de la décision du conseil-d'état , prise confor-
mément à l'article LXX'V de la constitution,
arrêtent ce qui suit :
Le citoyen Prat, ex-agent forestier national de
la ci-devant maîtrise de Moulins , prévenu de
malversations graves dans l'exercice de ses fonc-
tions , sera poursuivi devant les tribunaux or-
dinaires.
Le ministre de la justice est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signe'', H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république arrêtent ce qui
suit :
Art. I". Il y aura un commissaire général de
police , dans chacun des ports de Brest, Toulon,
Rochefort et l'Orient.
II. Le ministre de la police générale est chargé
de 1 exécution du présent arrêté.
Le premier consul. Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé . H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances, relatif aux arrentemens
faits par le ci-devant district de Versailles et au-
tres du département de Seine et Oise , de terres
provenant , soit de la liste'civile , soit des émi-
grés , en faveur de chefs de famille indigente
des communes de Vaucresson , Vélizi , Louve-
ciennes , Montigny-le-Brelonneux et autres ;
Vu les lois des 3 et 10 juin , i3 septembre lygS
et les arrêtés des représentans du peuple envoyés
en mission , confirmaiifs de quelques-uns des ar-
rentemens dont il s'agit;
Considérant qu'il importe au crédit et à l'ordre
public de maintenir les aliénations de domaines
nationaux et d'en protéger les acquéreurs , le
conseil-d'état entendu , arrêtent :
Art. I^'. Les arrentemens dont il s'agit sont
confirmés, et recevront leur pleine et entière
exécudon.
II. Le ministre des finances est chargé de l'exé
cution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen Jean Lapeyre , fusiller, 27* deaai-bri-
gade de ligne , à 1 affaire du 26 prairial an 8 ,
en avant du pont de Brandebourg , où , étant
détaché en tirailleur , et se voyant entouré par
12 à i5 soldats ennemis , qui le sommèrent de
se rendre , il répondit qu'il ne se rendrait pas ;
appela à lui ses camarades , et fit six prisonniers ,
parmi lesquels se trouvait un capitaine du régi-
ment d , commandant les tirailleurs en-
nemis,
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le S7 thermidor an 8 de la ré-
publique fançaise.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , sigrié , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Carnot.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.,
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la républitjue,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen Jean Lefort , fusilier à la 46' demi-
brigade de ligne , à l'affaire qui eut lieu le 3o
prairial an 8 , ai; passage du Danube , oià ce
brave et intrépide militaire enleva lui seul un
drapeau au milieu des rangs ennemis ; lui dé-
cerne , à titre de récompense nationale un fusil
d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 27 thermidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Paris , /«2 8 thermidor.
Les nouvelles de Gênes donnent comme plus
considérable que par le passé , le nombre des
personnes mortes dans la première décade de
thermidor , mais en remarquant qu'il n'y a pas de
nouveaux malades: l'on espère que l'épidémie est
sur le point de cesser.
— La littérature allemande vient de perdrejean-
Georges Burck, professeur, dont les ouvrages re-
marquables par un but d'utilité constant , lui
avaient assigné un rang distingué. Il est mort à
Hambourg, lei7 thermidor, dans la 73* années de
S3n âge.
— Un sourd-muet de naissance est en ce mo-
ment traduit devant le second conseil de guerre
de la 17' division militaire. Il doit être jugé le 2
du mois prochain. Il est prévenu de vol avec
effraction extérieure et attroupement. Le citoyea
Sicard ^ instituteur des sourds-muets , doit servir
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Bruyer , chasseur ,
10* légère.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyea Bruyer , chasseur, 10' d'infanterie
légère , â l'affaire qui eut lieu le 22 messidor ,
an 8 , à la prise de Fuessen , oià ce brave mih-
taire s'est précipité le premier sur une pièce qui
a été enlevée à l'ennemi ,
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 27 thermidor , an 8 de la ré-
publique française.
Le premier consul , signé , |Bonafarte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Jean Lape}re ,
fusilier, iT^ demi-brigade de ligne.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
au nom du peuple français.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée de la bravoure éclatante du
du citoyen Luneau ( Pierre ) , tambour des gre-
nadiers du 2' bataillon de la 89' de ligne , 1" à
l'affaire qui eut lieu le i3 floréal an 8 , où ce
militaire se laissa culbuter par la cavalerie autri-
chienne , plutôt que de rétrograder, disant qu'un
grenadier en face de l'ennemi ne devait jamais
retourner sur ses pas; 2°. à l'affaire du 18 messidor,
même année , où le citoyen Luneau , blessé par
un coup de -feu , refusa de se retirer et dit ,
après avoir été blessé une seconde fois , et mi»
hors de combat, que son seul regret était de voir
son capitaine marcher au feu sans lui ; lui dé-
cerne , à titre de récompense nationale, des ba-
guettes d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le s^ thermidor, an 8 de la
république.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
A.U nom du peuple Français.
Brevets d'honneur pour les citoyens François David.,
Philippe Lionnet , et Jacques Dunain.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante de»
citoyens François David , Philippe Lionnet , et
Jacques Dunain , carabiniers au l"^ régiment, qui
à l'affaire du 3o prairial en 8 , au passage du Da-
nube , rapportèrent chacun un drapeau du champ
de bataille;
Leur décerne , à titre de récompense nationale ,
un mousqueton d honneur.
Ils jouiront des prérogatives attachées à ladita
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 27 thermidor, an 8 de la ré-
république française
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal, signé, H. B. Maret.
Le ministre de ta guerre , signé , Carnot.
MINISTERE DES FINANCES.
Lettre du ministre des finances, au eitoyen Davalet,
receveur- général da département de la Seine. ^-
1« 27 thermidor an 8,
Je reçois, citoyen, avec votre réponse du
s3 thermidor, à ma lettre du même jour, Iqs
i327
soumissions que vous tne renvoyez, acceptées par
vous , pour le versement au trésor public des
contributions directes de l'année prochaine. Je
Tendrai compte aux consuls de la république de
cette nouvelle preuve de votre zèle empressé.
L'exactitude scrupuleuse avec laquelle vous avez
rempli jusqu'à présent les engagemens que vous
aviez contractés , me garantit celle que vous met-
trez à l'acquit des nouvelles obligations que vous
venez de souscrire. Je vous transmets avec plaisir
le témoignage de la satisfaction du gouver-
nement.
Je vous salue , Gaudin.
MINISTERE DE LA GUERRE.
JVoM indicative des départemens qui ont exécuté avec
7.ele la loi du 4 vendémiaire an S', qui ordonne une
levée extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des armées.
Noms d e_s départemens.
^01 ONT FOURNI ) ({^UI ONT TERMINE
AU-DELA DE
lED» CONTINGENT.
Mozelle.
Haute-Vienne.
Tarn.
Bas-Rhin.
Hautes-Pyrén.
Bouches-du-
Rhône.
Arriége.
Eure-et-Loir.
(fVl SONT
SUR LE POINT
DE t-^ TERMINER,
Gironde.
Vienne.
Hautes-Alpes.
Gard.
Charenle-Infé.
Cantal.
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis le
16 thermidor , jusqu'au 56 suivant.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 16 thermidor, est de.. 41,123
Ceux levés depuis , sélevent à. . . . 981
Total au 26 themidor.. . . 42.104
Le secrétaire-général , signé A. Collignon.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Paris , ce 27 thermidor.
Le ministre de l'intérieur réitère aux artistes
l'invitation de lui adresser sans délai leurs projets
pour l'érection de la colonne nationale ; déjà
il en a reçu plusieurs ; il lui en parvient jour-
nellement pour les colonnes départementales ;
il se propose de les exposer , afin que l'opinion
se prononce , et que les artistes distingués re-
cueillent la plus noble récompense de leurs
travaux, l'estime de leurs concurrens.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris , le 26 thermidor, an 8 de la république
française , une et indivisible.
Le préfet de police rappelle à ses concitoyens,
les ordonnances de police qui enjoignent à tous
propriétaires de maisons ovi il y a des puits , 1° de
les entretenir de cordes , poulies et sceaux ; 2°. de
les maintenir en bon état , en sorte quil y ait au
moins 5o centimètres d'eau ; 3°. de les faire né-
toyer , curer et même creuser , si cette quantité
d'eau vient à manquer.
Il est de l'inlérêt de tous les propriétaires de
prendre ces mesures , afin d'avoir de prompts
secours en cas d'incendie , et procurer à ceux
qui occupent leurs maisons , les moyens d'arroser
le devant de leurs habitations.
Le préfet de police, Dubois.
Sur la sécheresse de l'été de [an 8.
On remarque quelquefois dans nos climats que
l'état de latsmosphere pendant une durée assez
considérable reste ayec une sorte dopiniâtreté
à peu-près le même , c'est-à-dire sans variation
notable.
Cet état de l'atmosphère auquel on pourrait
donner le no.Ti d'état stationnaire , dure ordinai-
rement environ cinquante jours , un peu plus ou
un peu moins ; mais il paraît ne pouvoir gueres
se prolonger au-delà de deux mois , parce que
celte durée est plus que suffisante pour changer
l'aspect du soleil d une manière importante pour
l'atmosphère , ce qui modifie les circonstances
ou les autres causes influentes.
Pendant que l'atmosphère est stationnaire dans
un climat , tous les points lunaires , même les
plus influens . y sont sans puissance , et l'eSét
opposé de certaines déclinaisons de la lune , y
Semble alori anéanti.
Cet état de choses constitue , pour la saison
qui se trouve dans ce c^s , un caractère particu-
lier et extraordinaire. Très-souvent il influe sur
l'année même où il se rencontre , c'est-à-dire
qu'il influe sur les productions utiles de la terre
et sur tout ce qui concerne l'économie animale. Il
en résulte quelquelois des années ou d'abon-
dance ou d'une sorte de slérililé ; des années de
bonncou de mauvaise récolte; des années où
les fruits de la terre ont de bonnes ou de mau-
vaises qualités ; enfin des années ou des saisons
pendant lesquelles des épidémies destructives
causent de grands dommages en divers endroits.
L'été de l'an 8 offre un exemple de celle cons-
tance opiniâtre de l'asmosphere à rester dans le
même état , ou à peu-près , pendant une durée
de 52 jours. Cet été fut chaud , quoique la cha-
leur n'ait pas éié extrême , puisque le thermo-
mètre ne s'est élevé iju'à 25 etj-; mais il a éié
sur-tout remarquable par une sécheresse soute-
nue qui produisit une grande aridité , et fit
périr beaucoup de vegélaujc.
Pendant près de deux njois les vents ont do-
miné dans les régions du nord-ouest , du nord ,
et sur-tout du nord-est , et ont occasionné un
ciel clair, un grand dessèchement de l'air, et
à [3 surface de la terre une évaporation consi-
dérable. La plupart des mares se sont tjries ,
beaucoup de puits manquent d'eau , et la Seine
est considérablement diminuée.
En remontant au plus loin , on peut dire que
dès le 26 prairial ( le i5 juin v. st. ) le caractère
de cet état de choses commença à se faire ap-
percevoir, car la constitution boréale qui com-
mença ce même jour , ne fut point d'accord
avec le principe de la déclinaison de la lune ,
les vents pendant sa durée ayant soufflé princi-
palement des points du nord-ouest et du nord.
Néanmoins on ne peut fixer avec raison le
commencement de la sécheresse de l'été de l'an 8
qu'au 4 messidor , le 2 et 3 du même mois
ayant été des jours pluvieux, par suite de la
co'incidence de la nouvelle lune avec le lunistice
boréal ai'rivé le lendemain du solstice.
Depuis cette époque ( le 4 messidor) , la séche-
resse ^ fut graduellement caractérisée , et ne fit
que s'accroître , à quelques interruptions près ,
qui furent locales et causées par quelques orages.
Aussi les constitutions australes furent-elles con-
cordantes avec le principe de ces déclinaisons,
et les constitutions boréales très-discordantes.
Tant que la cause de cet état stationnaire de
l'atmosphère a conservé son énergie , les points
lunaires, même les plus influens , n'ont eu sur
cet état aucune puissance. Mais à mesure que
celte cause s'est affaiblie , c'est-à-dire à mesure
que la réunion de circonstances qui l'occasionne
s'est altérée , les points lunaires ont commencé à
se faire ressentir.
En effet, la nouvelle lune du s thermidor n'a
produit qu'une légère perturbation dans l'état du
ciel. Le tems fut couvert dans l'après-midi , et il
lut encore nuageux le lendemain. Néanmoins
l'état stationnaire de l'atmosphère n'en fut point
dérangé.
La pleine lune du 16 thermidor opéra , pendant
les trois jours qui suivirent , une perturbation
plus marquée. Le ciel devint nuageux, et la
plupart des nuages, tantôt en balayure , et
tantôt pommelés, fesaient croire que le tems allait
changer.
Enfin, l'apogée de la lune, qui arriva le 25 ,
lendeiuain de la seconde quadrature , produisit,
malgré la faiblesse de son influence, encore un
effet plus marqué. On vit ce jour la région supé-
rieure des nuages promener avec une lenteur
extrême, dans une direction du sud au nord,
des nuages fort élevés et pommelés , pendant
que le vent inférieur se conservait encore au
nord-est. Chacun sentit cette fois que le tems
allait changer'. Ce vent de sud supérieur existe
eiicore aujourd'hui , et me paraît excité par la
déclinaison boréale de la lune qui approche de
son lunistice. Néanmoins , je suis porté à croire
qu'on n'aura de changement bien complet dans
l'éiat de l'atmosphère que vers les premiers jours
de Iructidor , à cause de la nouvelle lune , qui
est un point lunaire très-influent, à moins qu'il
ne fasse quelqu'orage.
Ce 26 thermidor , an 8. Lamarck.
Au Rédacteur.
Citoyen , je lis dans votre feuille du 17 et
dans celle du Publiciste du ig thermidor , qu'on
a soumis au parlement d'Angleterre, un projet
de bill pour ériger en corporation une compa-
gnie qui se propose de se charger de la vente et
de la fabrication de la farine et du pain à Lon-
dres , selon quelques papiers anglais cités par le
Publiciste dans les débats qui oni eu lieu à la
cliambre des pairs à ce sujet. Le lord Liverpool ,
en appuyant le bill, a répandu de grandes lu-
mières sur les principes mimes du commerce des
grains.
Je ne connais l'opinion du lord Liverpool que
par ce que j'en trouve dans votre journal et dans
le Publiciste. Mais, d après l'approbation que ce
lord donne au projet dont il s'agit et d'après
l'exposé qu'on y fait de sa doctrine , je suis bien
éloigné de croire qu'il ait pu répandre aucune
lumière sur le sujet ; et si ma maxime n'était pas
que les progrès des lumières et de la prospérité
chez une nation , même ennemie , sont Utiles ek
souhaitables pour toules les autres , je dirais des
opinions qu'annonce le lord Liverpool s
Dî meliora plis erroremque hostibus illum.
Je dirai d'abor'd de son projet de corpotaliOii ,
que toute corporation de ce genre ne peut se
passer de privilèges ; mais est-ce au tems où
nous vivons qu'on peut encore regarder une
corporation privilégiée pour vendre le pain et li
farine , comme 1 ouvrage des lumières d'un
homme d'état? Esi-ce aujourd'hui qu on ptut
méconnaître encore cette grande vérité , (jue
l'exercice le plus illimiié des droits de la pro-
priété et de Id liberté est le moyen le plus; sûr de
porier 1^ production dés subsisiances sur le sol,
au plus hjiit degré où elle puisse s'élever, et de
suppléer à ce qui y man(|ue , le plus abCmdam-
mentqu'ilcstpossible,étani don né que les capitaux
de culture et de commerce actuels, et générale-
ment que la propriété et la liberté , sont les seuls
agcns auxcjuels on puisse confier l'approvision-"
nement d'un grand pays-.
je passe aux aulrejs idées politiques du lord
Liverpool. n Selon lui , c'est un grand nialheuc
pourla Grande-Bieiagne qu'ellesoii obligés d im-
porter chez elle du bled étranger ( 700 mille
quarters , environ 1400 mille septiers de. Paris ) ;
parce que le prix de cette denrée en est ren-
chéri en lems de disette , et la misère du pauvre
aggravée. îj
On ne comprend pas comment l'importation
du bled étranger , ou même la nécessité de cène
importation renchérit la denrée, l'effet de l'im-
portation tfiective étant au contraire d'empêcher
le renchérissement , et le bled importé du de-
hors en Angleterre étant, généraleiuent parlant ,
à plus bas prix que le bled natif, le prix des
marchés de la Baltique , de la Sicile , de la Bat^
barie , de la France, etc. étant de beaucoup in-"
férieur à celui des bleds du crû de la Grande-
Bretagne.
J'observe en second lieu que , selon le lord
lui-même , celle grande importation ne peut être
attribuée qu'à un accroissement de population et à
une augmentation d aisance dans le peuple ; d'après
cette observation générale qu'à mesure que Us états
se policent et s'enrichissent , il s'y optre une aug-'
mentation proportionnée dans la consommation du
bled ; et je demande comment le politique qui a
reconnu cette vériié générale , peut s'affliger et,
s'effrayer pour son pays, en voyant la consomma-'
tion du bled y augmenter ainsi.
Je remarque encore qu'à supposer les 1400
mille septiers importés et la consommation totale
à raison de 2 septiers par tête ( ce qui est forcer
tout ) pour 8 millions d'habitans , poriée à 16 mil-
lions de septiers , ce ne serait gueres que le 11"=
de la consommation nalionale importée en An-
gleterre , et il n'y a pas là encore de quoi s'ef-
frayer , si l'on considère que la Hollande , la
Suisse et beaucoup d'autres états politiques sonç'
soumis à la nécessité de tirer du dehors une bien
plus grande partie aliquote de la leur.
Mais, selon lord Liverpool, il faut que.J»^
Grande-Bretagne paye pour ce bled imporié no,'-
raillions de France ; perte de numéraire qu'aucua
pays ne pourrait supporter.
A cela je réponds 1° que le pays qui fournit
celle somme , par cela même peut y suffire et y
suffit en effet , à l'aide de la prospérité et de l'en-
richissement que suppose cet accroissement de sa
consommation, selon lord Liverpool lui-même.
2°. Je demande ce que signifie pour un homme
éclairé sur la nature et les mouvcmens du com-
merce , celle crainie devoir s'écouler le numé^
raire ; comme on ne donne pas ce numéraire
pour rien, mais pour un équivalent encore plus né-
cessaire que l'argent, tel que le bled dans l'exem-
ple présent , il n'y a pas de quoi s'effrayer ni se
plaindre.
3°. Dans ce qu'affirme le lord Liverpool , que
ces bleds ont été payés en numéraire , il ne
montre pas une grande connaissance de la nature
du commerce. On ne peur savoir en effet si ces
bleds ont été payés ainsi, que d'après la balance
faite de tout le commerce d'exportation et d'iiu-
poriation entre l'Angleterre et tous les autres pays
du monde. Comme, en fin de compte, les nations
paient chacune , avec les produiis de son sol et
de son indnsirie , les ptoduciions du sol et de
findustrie des autres, lorsque l'of du Portugal et
1 argent du Mexique , achetés par les anglais avec
le thé , les mousselines , le calé de llnde , avec
les marchandises coloniales de l'Amérique, ou
les étoffes de laine et de coton anglaises , ou les
quincailleries et la coutellerie de Sheffield et de
Birmingham sont portés à Hambourg ou àDaut-
zik , pour payer des bleds de la Baltique, ce
sont les produis du sol et de l'industrie anglaise
qui paient ces bleds , et non pas les 120 millions
d or et d'argent qui reviennent par les canaux du
commerce racheter de nouveau des anglais
les mêmes objets en échange desquels ils leur
avaient élé donnés. M;iis la quaniiié plus ou
moins grande de ces métaux intervenant daiH
ces échanges , n'est d'aucune imy'onance à U
iSsS
richesse et à la prospérité d'une natioB , celle qui
a donné l'argent ayant les marchandises . et celle
qui a cédé Içs marchandises ayant l'argent, jus-
qu'à ce qu'il se fasse un nouvel échange que la
marche du commerce ne manque pas d'amener.
4°. Toute cecte arithmétique politique du lord
Liverpool est incertaine et en coniradiclion avec
elle-même.
En effet, dans une partie de son exposé,
l'importation totale des bleds étrangers pour la
Grande-Bretagne (qui necomprendpointrirlandc)
est de 700 mille quartcrs , environ 14 cent mille
sepliers de Paris , pour lesquels il esiime qu elle
paie environ 120 millions de livres de France.
Mais ces deux données sont 'en contradiction
l'une avec l'auire , et en voici la preuve.
On ne peut gueres supposer que le prix de*
bleds du dehors ( j'entends le prix d'achat sur le^
lieux , ie seul payé à l'étranger et qu'il faille ,
selon lui , exporter en numéraire ) soit de plus de
24 il. le septier. Pour ses 120 millions exportés ,
la Grande-Bretagne aurait donc cinq millions de
septiers et non pas seulement 14 cent mille , et
si elle n'importe en effet qut 14 centmille septiers
au même prix de 24 liv , il ne lui en coûtera que
33,600,000 liv. , qui ne sont guères que les deux
septièmes des 120 millions que le lord Liverpool
regrette si amèrement.
Quand on supposerait le bled acheté au-dehors
et sur les lieux à 36 liv. le septier, ce qui est
exorbitant , on ne retrouverait pas encore d'accord
entre les deux parties du calculde lord Liverpool ;
car en en tirant du dehors 14 cent mille septiers ,
il n'en coûterait que 5o millions 400 mille liv. On
peut reconnaître par ce que je viens de dire ,
l'incertitude de cette arithmétique politique qui
ne sert le plus souvent qu'à combaitre les vérités
les mieux établies.
Je reviens au bill en lui-même. Le lord Liver-
pool, à l'objection si naturelle et si forte , que
l'établissement proposé seia contraire à la liberté
d.u commerce , répond : a Que cette doctrine de
la liberté du commerce a été mise à la mode par
le docieur Adam Smith qui l'avait empruntée des
économistes français , dont les opinions en cette
rriaiiere seraient , dit-il , aussi dangereuses à la
prospérité du nôtre , si elles étaient adoptées ,
que celles de leurs politiques à notre bonheur
sècial. )i
Commeles opinions de nos politiques modernes
sont aussi multipliées que les têtes et que les
livres , et que je ne puis savoir lesquelles de ces
opinions le lord Liverpool a eues en vue. Je
n'entrerai pas en discussion avec lui sur ce point ,
mais je réfuterai en peu de mots ce qu'il dit de
la' doctrine de Siniih sur la liberté du commerce.
C'est , dit-il , une doctrine qu'on entend bien peu.
Je sais bien que le mot liberté est assez générale-
rnent Ion mal entendu ; mais, appliqué au com-
iâerce , il me semble que , pour des hommes de
quelque bonne foi , il ne peut être équivoque
en aucune manière. L homme le plus borné sait
fort bien que lorsqu'il ne lui est pas permis d'exer-
cer une industrie innocente en elle-même , d'em-
ployer son capital grand ou petit à l'achat d'une
dfenréeou dune marchandise , pour la revendre
avec le profil qu'il en peut tirer , sa liberté est
gênée en matière de commercé.
Nous savons tous parfaitement que le com-
tneice n'est pas libre dans un paysoù on accorde
des privilèges exclusifs d'exportation ou d'impor-
tation à un petit nombre ; où on établit des prohi-
bitions ou des droits , soit à l'entrée des denrées
et marchandises étrangères , soit à la sortie des
produits du sol et de l'industrie nationale ; qu'il
n est pas libre là où des corporations, des jurandes,
des droits de patentes , arrêtent l'activité de l'in-
dustrie et l'emploi des capitaux dans une partie
de la nadon, et donne ces avantages à lautre :
or , c'est contre ces atteintes à la liberté "du travail
et de l'industrie , droit naturel à l'homme , inalié-
nable et imprescriptible, au sein même delà société
à- laquelle il est antérieur , que Smiih s'est élevé
avec courage, et dont il a montré l'injustice ,
l'inutilité et les inconvéniens : or , en cela, il
s'est fort bien entendu , et en lisant ses ouvrages
avec l'attention que demandent la nature de ces
discussions abstraites , on l'entend fort bien.
Ce que dit lord Liverpool que Smith avait em-
prunté sa doctrine sur la liberté du commerce
des économistes, manque d'exactitude pat beau-
coup de côtés.
1°. Cette doctrinç n'est pas originairement
des cconoiTiistes , mais de beaucoup d'hommes
publics et d'éciivains politiques qui l'ont ensei-
gnée avant les premiers ouvrages des économistes ,
tels que I intendant du commerce, Gouruay ,
Herbert, Forbonnais , Daugeuil , Turgot et moi-
même.
2°. Ces mêmes principes se trouvaient déjà
bien avant les économistes dans beaucoup
d'ouvrages anglais , tels que ceux de Tucker , de
Decker , dont ie dernier , dans l'ouvrage cju'i a
pour titre : Essai sur les causes de la décadence
( vraie ou supposée ) du commerce de la Grande-
Bretagne, compte parmi ces causes tous les genres
de monopole , de privilèges , de corporations ,
de compagnies , et enfin jusqu'au fameux acte de
navigation que Smith a combattu par tant et de
si bons argumens.
3°. Enfin , je dirai qu'il faut avoir lu Smiih
bien mal , pour n'avoir pas vu que sa doctrine
toute entière est une plante née sur son sol, qu'elle
n'est prise de personne , et que c'est un genre de
métaphysique qui appartient exclusivement à celui
qui l'emploie , parce qu'on ne pouvait jamais
emprunter d'un autre la série des raisonnemens
et les analyses délicates que l'auteur enchaîne
avec un art qui ne peut être qu'à lui.
Ce n'est pas ici le lieu de répondre à cette-
assertion gratuite du lord Liverpool , que la doc-
trine de Smith ou celle des écrivains français sur
la libetié du coamieice adoptée par l'Angleterre ,
lui serait funeste. Car c'esi-là ce qui est en ques-
tion entre le lord Liverpool dune part , et tous
les écrivains qui ont défendu la cause de celte
liberté , parmi lesquels Smith tient une place si
distinguée-
Mais je dirai un mot du principe général,
d'après lequel le lord prétend décider la question
en faveur de la compagnie de commerce de fa-
rine 1 ; il ny a, dit- il , aucune branche de com-
merce qui ait autant besoin de réglemens que
celui des choses nécessaires à la vie , parce qu on
peut refuser d'acheter un carosse s'il est trop cher,
mais il faut acheter du pain , quelque prix qu'il
coûte ; qu'à cet égard l'acheteur est un esclave et
le vendeur son tyran , et qu'il faut que la légis-
lation vienne au secours de l'opprimé contre
l'oppresseur.
Quelle politique et quel langage! Les
vendeurs de grains et de farines sont les cultiva-
teurs qui les tirent du sol ; les marchands qui les
achètent des cultivateurs les conservent et les
distribuent aux consommateurs et les boulangers
qui les façonnent en pain. Or , aucun de ces gens
là n'a de moyens d'opprimer les acheteurs.
1°. Comment opprimeraient-ils ? en vendant ,
dit-on , à un prix exorbitant, excessif. Mais qu'est-
ce qu'un prix excessif et exorbitant ? On n'entend
pas sans doute par-là de la part du cultivateur un
prix au-dessus de ce que lui a coûté la produc-
tion du bled, ni de la part du négociant ou du
boulanger, un prix au-dessus du prix d'achat et
des frais de conservation et de fabrication ; puis-
qu'il faut bien que ces gens retirent de leurs
travaux et de leurs capitaux des profits qui les
déterminent à se livrer aux uns et à employer les
autres.
Un prix excessif serait donc celui qui passerait
ces limites ; mais d'après quelle règle lelordjuge-
t-il qu'elles sont passées ? Eït-ce parce que la livre
de pain vaut environ 9 sous de France ? Mais ce
prix est nécessairement relatif aux frais fails par le
cultivateur qui a vendu en première instance, et
à ceux qu'a faits le marchand pour les conserver
et les porter au marché , et enfin à ceux du bou-
langer qui a fabriqué le pain.
Il faudrait donc pouvoir dire avec certitude et
connaissance de cause au cultivateur, au mar-
chand , au boulanger : chacun de vous fait dans
son commerce et par son travail un profit exor-
bitant , et à l'examen il n'y a pas un de ces hom-
mes qui , à raison des mêmes circonstances
qui font qu'ils vendent plus cher , n'ait fait plus
de dépenses et de frais: le premier, pour pro-
duire-la denrée : le second, pour la conserver
et la distribuer;-et le troisième ,pour la façonner
en pain. Leur prolit n'est donc point exorbitant ,
au sens auquel il faut entendre ce mot.
Pour que ces vendeurs puissenj exercer ce
genre d'oppression , il faudrait qu'ils pussent
toujours vendre au prix qu'ils veulent , et quand
ils veulent , et que les acheteurs fussent toujours
forcés de payer la denrée au gré des vendeurs ,
uniquement parce que c'est du blé et du pain
qu'ils vendent.
Mais la moindre réflexion nous fait voir que
cela n'est pas ainsi. Le cultivateur a besoin de
vendre, parce qu'il doit pourvoir à celles de ses
dépenses personnelles et aux frais de son ex-
ploitation qui demandent du numéraire , et au
paiement de son propriétaire. Le marchand a
besoin de vendre pour fournir de même à tous
ses genres de besoin , et sur-tout à celui de payer
les capitalistes qui lui ont donné des fonds pour
son commerce , et aux frais et aux risques de ce
commerce même. Enfin , le boulanger ne peut se
dispenser non plus d'employer ses farines qui
se gâteraient, et de pourvoir par l.t vente jour-
nalière à ses divers besoins; et, comme je l'ai
remarqué tout à l'heure, leur dépense pour sa-
tisfaire aux divers besoins qui les forcent de ven-
'dre , s'augmente toujours par 1 action des mêmes
causes qui cnchéi'issetit le prix du bled et du
pain ; ils ne peuvent donc pas opprimer l'acheteur.
Si les acheteurs ont besoin du bled et du pain
que vendent k-s agriculteurs , les marchands et les
boulangers , tous ces vendeurs n'ont-ils pas ua
besoin tout aussi pressant des denrées que leur
sol ne produit pas , et de tous les genres de tra-
vaux qu'on fait pour eux ? L'agriculteur peut-il
se passe du charron , du bourrelier , du maréchal,
du boiicher , de l'épicier, du marchand de bois
et de charbon , du brasseur ou du vigneron , du
cordonnier, du tailleur, etc ? et le marchand de
de grains et le boulanger n'ont-ils pas des be-
soins du même genre ? Dès-lors si. le vendeur de
grains et de farine haussait arbitrairement le prix
de sa denrée I, 1 acheteur haussera le prix de»
siennes et celui de ses travaux. Il y a donc une
une défense naturelle er suffisante contre l'op-
pression"
Il faut le dire avec courage , et sans flatter des
hommes égarés par leur ignorance et souvent
par des factieux : loin qtre les vendeurs dont il
s agit ici puissent être regardés comme des op-
presseurs , ce sont bien plutôt certains consom-
mateurs eux-mêmes qui sont toujours prêts à le«
oppri.mer, s'il ne sont contenus par le frein des
lois et la vigilance d'un gouvernement vigoureux;
ce sont eux qui sont toujours prêts à pilier les
greniers du cultivateur , les magasins des mar-
chands et les boutiques des boulangers , c'est-à-
dire à ruiner et décourager la culture et le
commerce qui les nourrissent , et à fouler aux
pieds les propriétés , les premiers et- les plus
essentiels fondemens de l'ordre social.
Mais il y a une politique inquiète et timide-
qui veut tout faire , et faire plus qu'elle ne doit
et plus qu'elle ne peut ; qui veut être bienfesante
au lieu d'être juste envers tous, ce qui est la.
véritable et sublime bienfesance , et à qui il ne^
tient pas qu'on ne voie un grand pays peuplé de-
pauvres qu'elle nourrit , au lieu d hommes labo-
rieux qui se nourrissent eux-mêmes.
C'est cette politique qui a introduit la ma-
xime funeste qiie le gouveTne'meht doit au
peuple Sa subsistance autrement que par les
soins qu'il doit se donner d'assurer à chacun dans
la plus grande étendue la libre exeition de tous
les moyens qu'il a de se la procurer , tandis que
ces soins tout seuls Sont ce qui peut donner à
tout un peuple plus sûrement et plus cons-
tamment là plus grande somme de subsistances ,
de jouissances et de bonheur. C'est enfin cett»
fausse et absurde politique qui a enfanté le
projet de compagnie privilégiée pour la vente
de la farine et du pain . dont on vieïit d'exposer
leS' vices et les inconvéniens.
Ce w therrtiidor an 8.
Mo RE L LET.
IBourse du 28 thermidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire s3 fr. 38 c.
Tiers consolidé 3; fr. i3 c.
Bons deux tiers 1 fr. 61 c.
Bons d'arréragé 83 fr. s'5- c.
Bons pour l'an 8 ... . Sy fr. 38 c.
Syndicat 64- fr; So c.
Coupures. . 65 fr.
SPECTACLES.
Théâtre DU Vaudeville. Auj. le- Pot-Pourri ;
Dancourt , et Adèle.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la 3' repr. des Charlatans littéraires , cota.
nouv. en 5 actes , et les fausses Infidélités.
Dem, la 1'*° repii de Encor des ruses ou /«'
quatre Signataires.
L'abonnement se fait à Paris, riie des Poitevins , n" iS. Le prix est de 25 francs pour trois moii , 5o franc» pour 6" mois ) et 100 francs pour l'aiinée entière. On Des'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl' argent , franc de port , au cit. A GÂS^ s E , propriétaire de ce journal , me Jes Poitevins , n° 18. Il faut comprendre dans les envoh le port de*
pays où l'on ne peut afifiançhir. Xes lettres des, départemens non affranchies , ne seront point retÎTees delà poste i-
Il faut ayoir. soin , pour plus de sûreté, de charger celles qni renferment des valeurs, et adresser tout -ce qui concerne la rédaction de la feuitll-, an- rédacteur , rue des
Ppitevin: , a' i3,depui sneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soii.
AParis, de l'imprimerie du cit. Agasse, propriétaire du Mpnitfiiu, rue desPoUevins, n? l3.
GAZETT
^^
ONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N* 33o
Décadi , 3o thermidor an 8 de la république françaiie , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NITE u R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les kùa et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I E U Rc
ANGLETERRE.
Londres , /« 2 1 thermidor , f 5 août. )
J_je lord chancelier a tenu avant-hier, pour la
dernière fois de la saison, le grand-sceau , auquel
ont passé quatorze banqueroutes , deux présen-
tations , plusieurs pairies irlandaises de la dernière
fabrique , deux patentes pour inventions , difFè-
rens actes du parlement, une commission impor-
tante au lord lieutenant d'Irlande , relative à l'ad-
ministration de xe pays . après sa fusion avec
le parlement impérial anglais i etc. etc.
Le gouvernement , pour engager les femmes
des soldats employés dans la dernière expédition
secrette , à descendre des transports oii leurs
maris sontembarqués, a donné ordre de distribuer
à chacune d'elles une guinée , et cinq sbellings
par l£te d'enfant pour frais de route.
Le colonel Hawkes, officier distin eue , au service
de la compagnie des Indes à Bombay', s'est
noyé en traversant un gué pour se rendre à. une
petite île située près de ce port. Ceux qui le
portaient dans son palanquin furent si effrayes
par la rapidité du flot, qu'ils le laissèrent tomber.
Safemme venait de passer heurf usement le même
gué.
Deux des matelots de la frégate l'Hermione .
convaincus d'avoir participé au meurtre de leurs
officiers , viennent de subir la peine de mort.
i.'un d'eux n'avait que quatorze ans , lors de ce
meurtre.
L'amiral lord Saint- Vincent, a donné mille
livres sterling en faveur d'un nouvel établisse-
ment, portant le nom de Britiih N àtional Endeavour,
et créé pour l'éducation , la nourriture , l'entre-
tien ,-et l'apprentissage des enfans dont les pères ,
ont péri, comme soldais ou comme matelots,
dans la présente guerre. .■
Madame Banti , la première chanteuse de Doire
Opéra, et une des plus,?fameuses caniatrices de
l'Europe , ayant appris, la délivrance de llialie ,
par Bonaparte , a résilié l'engagement qu'elle
avait ici, et va se rendre à Bologne. Elle traversera
la France et passera par Paris.
Lesnavires laConrorde. d'Embden; la Catherine,
de Lubeck , et le Bergen, de Christiansand , ont
élé arrêtés et conduits à Portsmouth , par le Ant ,
la Woolverine et le Beaver.
Il est entré à HuU dans l'intervalle du 17 au 21
thermidor , onze bâtimcns revenans de la pêche ,
dans les parages du Groenland. Ils ont pris entre
eux 68 baleines, 614417 veaux marins. Le Sym-
melry . autre navire baleinier, arrivé précédem-
ment , a élé pris dans la glace par les 80 et 80
dégrés et demi nord, et y est resté depuis le 32
avril jusqu'au i"^ juillet , exposé la plus grande
partie du lems. au danger de périr. Moins heu-
reuse, la Marie- Anne, de Londres , capii' Pindar,
a été , dans l'espace de 10 minutes , partagée en
deux par la glace , et ce n'a été qu'avec beaucoup
de difl^culté que l'équipage est parvenu à se
sauvpr.
Le Mars , de 74 , contre-amiral Berkeley ; le
london , de 98 ;, et le Cumbetland, de 74 , sont
entré.i à Plymouih pour se réparer , venant de la
grande floue. Ils doivent y être remplacés dans ce
moment par le Windsor-Castle et le Glory, de 98, et
• la Défiance, de 74 , sortis du même port.
Le transport l'Hiltsboroug est arrivé à Botany-
Ray , après avoir perdu , sur 3oo déportés qu'il
avait à bord , 200 , moris_ de maladie dans le
cours de la traversée.
Il a élé recueilli , vendredi dernier , d'une ruche
«ituée dan» le voisinage de Glascow , 126 livres
de iniei. Cette ruche renferme plus de 5o mille
abeilles , qui toutes sont piovpuue» d'une Seule
uieie abeille.
Londres , le 24 thermidor.
Il n a élé fait aujourd'hui aucune affaire à
stock exchange.
Cours des effets publics , U 23.
Actions de la banque 167. ^ 3 p. f consolidés
64. {•[. pour septembre 64. x". J. — Omnium 4. '-. ~
piiaici.
Une lettre reçue ce matin de Déal porte que 1
vingt vaisseaux de ligne ont ordre de se rendre
dans les dunes , et que plusieurs même y sont
déjà arrivés. On supposait que leur destination
é'.ait d entrer dans la Baltique , en cas de rup-
ture avec les puissances du Nor ',.
Neuf vaisseaux de ligne , qujtrr galiotes , cinq
brniots , deux sloops et deux cutters ont fait voile
de la rade d'Yarmouih, pour aller se joindre à
une flotte de transports qui a paru dans les du-
nes , escortée par un vaisseau purtaut pavillon
d'amiral.
Le Swan , cutter de 14 canons , commandé par
le lieutenant Hacley , est entré à Falmouth , ar^
rivant de lajama'ique après une traversée de 45
jours. Il a rencontré par Sa d. 8 m. de latitude
nord et 55 de longitude ouest , un schooner
percé pour i6 canons -, qui floltail au gré des
vents, ayant perdu son gouvernail et tous ses
mais. Il annonçait une construction américaine ;
mais il n y avait poi'iit de nom inscrit à l'ar-
riére.
On a appris par le Swan que l'Anniba(et^e
Sûlebay ont dû appareiller , le 3o juin du port
Anionio de lajama'ique avec un convoi mar-
chand.
11 est aussi entré à Falmouth le brick américain
le William , chargé de 1224 barils de farine pour
le pays. Il avait été acosté , le 3i juillet par La
Déessede lamer, cormiie français de so canons, qui,
après examen fait de ses papiers , l'a laissé con-
tinuer sa route. Ce corsaire retournait au port ,
le lems de sa croisière étant expiré.
Une lettre de l'île de Périm , annonce que
très-récemment on avait apperçu dans le détroit
de Bîbelm^ndel deux petits bâtiraens aux prises,
l'un supposé un corsaire français, et l'auire un
des vaisseaux armés du pjys. La nui; les fit perdre
de vue , sans qu'on ait appiis depuis à qui la
victoire était restée.
Laflolte detransportsappareillée, jeudi dernier,
de Porisnioulh, n'avait point cncr»e-j>aru dtux
jours après à Plymouth , ei cependiiît-lévem était
favorable.
Le ministre de Portugal auprès delà cour. .de
Russie , a dii quitter Pctersbourg.
L'évêque de SlandafF a imaginé un moyen, très-
ingénieux de détruire la salure de la mer à dilFé-
renies laiiiudes , et M. Wales a construit un ins-
trument pour reconnaîtie ta température à diffé-
renies profondeurs.
( Extrait du Britisk-Evening-Fost , du Sun , du
Star , et du Morning-Chronicle. )
REPUBLIQ.UE HELVÉTIQ.UE.
Extrait du Nouvelliste Vaudois , du dimanche
10 août 1800 ( 22 thermidor an 8.J. — Berne, le
7 août.
Le changement politique dont la nécessité était
depuis long-lenis sentie , et qui à plusieurs re-
prises avait été tenté inutilement , vient enfin de
s'effectuer , d'une manière à la vérité incom-
plette. jusqu'ici , mais qui ne tardera pas à deve-
nir entièrement satisfesante pour tous les vrais
ainis de la patrie. — Le grand- conseil n'a pas mis
grande opposition aux mesures ado)itées par le
gouvernement. Souter, NucéelBilleterontmême
gardé un profond silence, et pour décider la
question on n'a pas seulement eu recours à l'ap-
pel nominal , qui était d'usage dans les grandes
affaires. •— En sénat il n'en a pas été de même.
Le citoyen Cart s'est surtoiJ' montré ardent, et il
y a eu plusieurs fois du turauiie. — La commis-
sion executive a été en permanence jusqu'à
8 heures et demie du soir. Elle se rassemblera
demain malin à 7 heures. — • Pendant toute la
journée la tranquillité publique a été parfaite. La
force armée était sous les armes. De nombreux
délachemens patrouillaient dans les rues, et les
oflîciers supérieurs s'étaient réunis, dès le matin ,
avec le ministre de 'la guerre auprès de la com-
mission executive. — Ce n'est point une in-
fluence étrangère qui a dicté les événemens qui
se passent ; mais comme le gouvernement actuel
de la France favorise tout ce qui peut procurer
le bonheur de ses alliés, il approuve positive-
ment tout ce qui vient de se faire ici.
(Des détails ultérieurs se trouvent dans l'ex
Graïiid-conseil. ~ Présidence de Gmiir.
Séance du mercredi 6 août.
Cartier, par motion d'ordre, demande que la
commission nommée pour examiner la constitu-
tion fasse, sous trois jours , un rapport , sur la
question , s'il ne convient pas de proposer aux
prochaines assemblées primaires la nouvelle di-
vision du territoire de la république en go dis-
tricts. — Custor se déclare pour cet avis , de
même qu'Erlacher . Kilchmann ei Debons. Il est
combattu par Jominj , Carrard , Vesloës , Carmin-
tran , Huber ei Rigoiza, qui trouvent cette divi-
sion bien mauvaise et bien inexécutable. -^ La^
motion de Cartier est adoptée. — Carmintran fait
un rapport sur l'extension de la loi d'amnistie.
— On renvoie la discussion à trois jours. — On
commence à discuter le projet d'Escher sur la
police des eaux.
Du 7. On lit quelques pétitions , qtii presque
touies sont renvoyées à la commission executive.
— On lit/le message suivant, sur l'ajournement
des conseils et l'organisation d'un gouvernement
provisoire.
La' commission executive au corps législatif.
Citoyens représentant , si jamais délibération
mérita l'atietiiion la plus impartiale , comme 1^
moins partagée ^ le silence absolu de toute pas-
sion et de tout intérêt particulier , c'est celle du
moment actuel , oii la commission executive ,
pressée par le sentiment impérieux du devoir ,
vient vous exposer la vraie situation de notre,
patrie et vous proposer en même-tems la seule,
mesure qui puisse la sauver d'une ruine totale.
— Il suffît d'un coup-d'œil rapide sur l'intérieur
de noire organisation sociale , pour se convaincre
qu'elle marche à grands pas vers une prochaine
dissolution. Uns constitution qui n'est calculée
ni sur nos besoins ni sur nos ressources, sans
garantie pour sa propre existence , et pleine en
elle-même de contradictions et de lacunes. —
Aucune loi organique qui désigne aux ressorts
par lesquels cette consiiitation eu; dû être main-
tenue en mouvement, leur place et la sphère dtf
leur activité. — Tous les anciens rapports dissous
et lesnouveaux laissés dana le vague. — La sûreté
des personnes et de la propriété exposée aux
atteintes de l'arbitraire par le défaut des formes
protectrices de- la liberté c'vile.— Une foule
innombrable de fonctionnaires publics, produit
iuforme des choix d an peuple peu préparé à cet
exercice de sa sJsuveraineté. — Ces fonctionnaires
succombant sous le poids des sacrifices qu'ils
ont dû faire depiiis deux ans à la chose publique \
attiédis par l'effet même de la contrainte qui les
enchaîne à leurs places , et pour la plupart sans
connaissance de leurs droiis et de leurs devoirs.
— Les ressources de l'éiat les plus abondantes
convertijs en charges réelles. — Un système de
finances vicieux dans ses bases et sans aucun
instrument d'exécution. — Le capital de la for-
tune publique eniamé pour subveniraux dépenses
courantes. ^~ Le crédit national anéanri de loutes
parts et une foule de besoins pressans auxquels
le triple même de la recette serait loin de suffire.
— Les asiles ouverts à la maladie et l'indiuence
privés de leur entretien le plus indispensable.
— La classe nombreuse des ministres de la reli-
gion luttant avec la misère. .— Au lieu de patrio-
tisme et d'esprit public , par-tout l'indifférence
la plus completie , ou l'aniraosiié des passions. —
L'autorité publique tombée dans le discrédit.
Un inépris ouvert pour les lois; mépris qui eût
entraîné dès longiems les horreurs de l'anarchie
et le renversement complet de tout ordre social ,
si le caractère impassible de noire peuple et la
compression de deux ans rie malheurs, en ajou-
tant à cette force d'inertie, n'eussent résisté aux:
progiès de la désorganisation. — Telles sont ,
citoyens représentans , les principaux traits dé
l'effrayant tableau dont en vain on essayerait d'af-
faiblir les couleurs , ou de mettre la vérité en
doute. — (^.uelques- unes des causes qui ont
amené cet éiat de chos^ïs , se présentent dans la
manière dont la révolution s'est opérée chez nous
et.pnurront dès-là passer pour un résultat de»
circonstances ; cependant il est certain que la plu»
grande partie en doit être attribuée aux hommes
mêmes, dont les mains reçurent, et ont gardé
jusquà présent le dépôt des affaires publiques.
La commission executive, citoyens représtn-
posé des séances des conseils et dans l'article qui 1 tans, n'anticipera point ici sur l'imparijaliié de vos
le suivra. ) 1 propres réflexions. Elle vous laiss^ 1© soin de
i33o
éprendre en pensée , et d'apprécier vous-mêmes
a carrière que vous avez suivie pendant ces deux
années; de rechercher ce que la nalion helvétique
a dâ attendre de ses léprésenlans, et de dire en
présence de cette nalion qui vous juge et de
l'Europe qui vous observe , jusqu'à quel point
cette attente a été remplie. — Votre jugement
pourra être d'autant plus impartial , que plus
d\ine fois déjà l'aveu de votre propre insuffi-
sance s'est fait entendre dans votre sein , sans
jamais avoir été contredit. La commission con-
vient de son côté avec la même franchise qu'elle
n'a point rempli l'attente de la confiance publique^
ÏWais simple instrument d'exécution, elle a dû
suivre la route tracée , et se serait efforcée envain
d'en changer la direction : car , comment aurait-
elle pu entreprendre quelqu'amélioration essen-
tielle , tandis que ses vues les moins équivoques
étaient dénaturées et méconnues, et que des
juste , contre lequel le pouvoir exécutif s'est-êlevé ! îij«ufne la. discussion. — Schlumpf , IndirfnatUH »
envain , qu'il faut l'atiiibuer. — Tels sont , c'noytns ITrosch ,BessUr et Carmentran paileni pour 1 ac*
eprésentaris , les motifs qui obligent la commis
sion executive à vous proposer par projet de
décret joint à ce message , le changement des
autorités législative et executive. Leur développe-
ment vous aura convaincu que ce changement ,
s'il doit atteindre son but , nt peut s'effectuer que
dans les formes proposées. Toute modification
que l'on voudrait apporter à ces formes , tout
délai par lequel on voudrait renvoyer une dé-
cision qui n'est susceptible d'aucun délai , ne
prouveraient rien qu une résolution constante de
rejetter le dernier , l'unique moyen de salut public
qui se trouve encore en vos mains. Salut répu-
blicain. Le président de la commission exe-
cutive.
Signé, FiNSLER.
Projet de décret.
mesures de salut public étaient rejetteeJ'par cela
seul qu'elle les proposait ? Comment aurait-elle • Sur le message de la commission executive ,
pu mettre des bornes aux progrès de l'esprit de du 7 août ; considérant que l'état actuel des res-
pu
parti et de la démagogie , tandis que l'un et l'autre
trouvaient un asyle ou plutôt des autels dans
vos assemblées ? Comment aurait-elle pfi réta-
blir l'équilibre entre les ressources et les besoins
de l'étal, tandis que: les premières recevaient
sans cesse de nouvelles atteintes , et que ceux-
ci augmematent et se multipHaient chaque
jour ? Comment aurait-elle pu assurer à la loi
le respect et l'obéissance , tandis que trop -sou-
vent la passion et les haines personnelles prési-
dèrent à sa rédaction, tandis que le renversement
des lois était impunément prêché au milieuj de
vous , tandis que le mauvais citoyen , celui qui
.■ voulait se soustraire à une obligation civique ,
9 une charge imposée à tous , à la volonté
'manifeste de l'autorité légitime , était sûr de
trouver des défenseurs jusques dans le sanctuaire
des lois ? Où la commission executive aurait-
elle puisé la force nécessaire ponr agir , tandis que
c'était , chez une partie de la législature , affaire
4t système que de la déconsidérer aux yeux de la
nation , de lui ôter sa confiance et avec elk tout
Ipôyen de l'influencer d'une manière salutaire? —
En vain s'esi-elle efforcée de vous rendre attentifs
aux. suites pernicieuses de cette marche ? en vain
â-l-elle tenté des voies de rapprochement. Au
lieu d'y accéder , on vous a vus égarés par la mé-
fiance et aveuglés par la passion , dépasser plus
d'une fois les bornes de l'autorité qui voiis fut
confiée, attenter manifestement à 1 indépendance
de l'ordre judiciaire , seul bouclier de la hberté
<ivile , etmême compromettre esseniielleroent les
lelations diplomatiques de la plus haute impor-
ttnce. — Cette marche de la législature , ces dis
sources publiques, ainsi que la nécessité de pré
parer l'établissement d'une nouvelle constitution
demandent impérieusement une réduction dans
les corps législatifs ; le grand-conseil, après avoir
déclaré l'urgence , a résolu : 1° à compter de la
date du présent décret , les conseils législatifs
sont ajournés ; 2° à leur place est établi un con-
seil législatif de quarante-trois membres ; 3° pour
former ce conseil , la commission executive devra ,
dans l'espace de vingt-quatre heures après la ré-
ception du présent décret , faire choix de trente-
cinq membres pris dans la ci-devant législature ;
4° aussitôt après les avoir convoqués , la com-
mission executive se démettra entre leurs mains
de ses pouvoirs , et les membres qui la compo-
saient, prendiopt place dans le conseil législatif;
5° ce conseil ainsi constitué , s'adjoindra encore
huit membres , qui seront pris sur la généralité
des citoyens , et procédera à la repourvue des
places, qui pourraient vaquer par refus ou dé-
mission ; 6" immédiatement après , le conseil lé-
gislatif fera choix de sept membres , pris dans
son sein , qui formeront un nouveau conseil exé-
cutif; 7° le conseil législatif réunira l'autorité et
les fonctions que le titre 5 de la constituiion attri-
bue aux deux sections de la législature. Il les
exercera avec les mêmes droits et sous les mêmes
obligations ; 8° le conseil exécutif exercera le
même pouvoir que le titre 6 de la constitution
attribue au directoire , avec les mêmes droits et
sous les mêmes obligations; 9° le conseil légis-
laïf devra, dè$ qu'un projet de loi aura été adopté
par la majorité de ses membres , le communiquer
de suite au conseil exécutif pour qu'il doiine son
lentions perpétuelles , soit entre les représentans avis sur ce projet ; 10° le conseil exécutif est tenu
du peuple eux-mêmes , soit enir'eux et le pouvoir
txéculif , ont été la saurce féconde des maux qui
torcent aujourd'hui à désespérer d'une améliora-
lîôn de notre sort sous les formes actuelles , et
9 voir , dans un changement des autorités , le
«eul moyen de salut public. La nécessité indis-
pensable de ce changement est d'autant mieux
démontrée au pouvoir exécutif, qu'elle paraît
depuis long-tems être sentie par vous-mêmes, et
que les propositions tendantes à l'amener, toujours
écartées , reparaissent cependant toujours.
Mais il est un autre point de vue , sous lequel
ce changement devient plus urgent encore. Le
inoment ne paraî^t plus éloigné , citoyens repré-
sentans , oij il s'agira chez nous de préparer le
passage à un ordre de choses meilleur , et on une
nouvelle constitution adaptée au caractère de la
nation , devra être étabhe sur les bases de la li-
berté civile , de l'égalité , des droits politiques ,
de la séparation des pouvoirs et du système repré-
sentatif. Qu'unetelle constitution ne puissejamais
être l'ouvrage d'une assemblée nombreuse flot-
tant au gré des passions qui la maîtrisent , c'est
une opinion que démentent les efforts inutiles
faits jusqu'à présent pour l'essayer. Cette consti-
tution destinée non-seulement à rallier la gé-
nération présente , mais à faire le bonheur de
celles qui doivent la suivre , demande d'être
méditée dans le calme de la réflexion et avec
cet emploi complet des moyens , seul propre
à donner à l'édifice de la Solidité et de l'ensem-
ble , c'est-à-dire , qu'elle ne peut être l'ouvrage
que d'une assemblée oià se trouvent à la fois l'ho-
mogénéité des parties et la restriction du nombre.
— Un avantage immédiat de cette réducùon des
Conseils législatifs , c'est une épargne assez consi
de communiquer sot} avis dans Tespace de deux
jours , si le projet de décret est accompagné
d'une déclaration d'urgence ; et dans celui de
dix jours si cette déclaration ne s'y trouve pas ;
11° après avoir entendu l'avis du conseil exécutif;
le conseil législatif pourra , selon les circons-
tances, ouvrir une nouvelle discussion sur la
matière ; mais dans tous les cas le projet devra
être mis aux voix de nouveau , et ne deviendra
loi qu'après et second vote ; is" les deux auto-
rités établies par la présente loi , demeureront
en fonctions jusqu'à ce qu'une nouvelle consti-
tution ail été projetée , puis acceptée par la nation
helvétique et mise en exécution.
Tjmmermann vote pour l'acceptation de ce dé-
cret. Il croit que le peuple est assez préparé à un
changement , et que nos relations extérieures le
rendent sur-tout nécessaire , vu que les momens
actuels doivent fixer notre destinée future. — Car-
tier demande que le conseil se déclare en perma-
nence , et en donne avis au sénat. — Fterz veut
ajourner la disclission à demain. — Cuslor et Koch
appuient l'avis de Cartier , qui est adopté; puis on
continue la discussion. — Custor a su, depuis son
enfance , qu'il vaut mieux faire volontiers et de
bonne grâce, ce qu'on ne peut se dispenser de
faire. Il adopte la proposition de la commission
executive , parce que c'est le moyen d éviter une
influence étrangère. — Anderwerth vote de tout
son cœur pour le projet : il désire qu'il soit una-
nime , ce dernier décret du corps législatif, et
qu'il soit très-salutaire à la patrie. — Fierz de-
mande une commiss an qui fasse son rapport dans
trois jours. — Ackermann est du même avis , et ii
vote pour l'ajournement , mais non pour l'élec-
tion du conseil législatif par la commission exé
dérable qui en résultera pour les dépenses publi- | cutive. — fen'ff , Cartier et Gra/parleni en faveur
ques; épargne que notre situation sollicite iriipé- . . -.
rieusement. — A la vérité , on eût dû attendre des
premiers fonctionnaires de la nalion, qu'empres-
sés de donner l'exemple toutes les fois qu il serait
question de sacrifices, ils auraient parJenr dévoue-
ment évité de blcssei-les principes de la justice et
de l'égalité dans les points où leur lésion devait
sur-tout être sensible. Au lieu de cela , la com-
mission executive doit déclarer que les paiemens
ordonnés de tems en lems par décret en faveur
des premières autorités , ont été la cause princi-
pale du dénuement absolu dans lequel ont été
laissés pendant deux ans les fonctionnaires de
du projet de t» commission executive. Ils trou
vent aussi que c'est le seul moyen d'éviter une
nouvelle influence de l'étranger, qui nous serait
pernicieuse dahs ce moment. — Rellstnb rejette
la proposition.il sent bien qu'il est faible; que
ses moyens n'égalent point sa bonne volonté ;
mais au moins si on a des reproches à faire . il
faut qu'on s'adresse aux membres éclairés et ins-
truits , aux savans. Pour lui , il craint le retour de
I aristocratie. — PelUgrini veut l'ajournement ; mais
il veut aussi que ce soit le corps législatif qui
nomme le gouvernement provisoire. — Pozzi ac-
cepte le projet de décret. — Schoch , au lieu d'ac
canton , et que si les dépenses les plus urgentes j cepter ce décret , voudrait plutôt qu'on destituât
sont demeurées en arrière, c'est à ce procédé in- la commission executive. Il demande qu'on
cepiation. ^i^ On trie: aux voix, aux voix, aux
voix. — On décrète daller aux voix. — Une grandi
majoTité accepte le projet de la comtnission exé-
cutive,,,el la séance est levée.
SÉNAT. — Présidence de Attenhofer,
Séance du mercredi 6 août.
On accepte la résolution qui excepte du droit
d'enregistrement les nouvelles maisons de l'arron-
dissement municipal d'Altorf pour le terme dç
12 années. — En comité secret on accepte une in-
vitation à la commission executive de soumettre
à la sancnoa du corps législatif les partages, jus-
qu'ici-^effectués , des biens d état d'avec ceux des
communes.
Du 7. On commence par l'appel nominal , et
44 membres sont présent. — ■ On lit le message de
la commission executive et le projet de décret
pour l'ajournement des conseils, et l'organisacioa
d'un gouvernement proviioire. ( Voyez grand-
conseil du 7.) iutAi (de Soleure a la parole. Lé
grand-conseil , dit-il, a reçu le même message;
il s'en occupe dans ce moment. Attendons sa té-
solution. Je demande que le sénat se déclare eix
permanence. — Kubti. Je ne parlerai pas encore
sur la chose en elle-même. Quoi ! il faut, donc
que ce fruit du 7 janvier paraisse le 7 août ! et
on voudra nous mener comme alors ! On voit
du militaire dans les rues. On demande la per-
manence. Je m'y oppose. Rien ne m'intimidera.'
Je demande ajournement de toute discussion. —
Rothii. Nous attendrons la résolution du grand-" '
conseil., et en attendant nous pourrons continuer
nos autres affaires. — Crauer.. A quoi bon cette
permanence ? je demande l'ordre dujour sur cette
motion. Ce n'est pas ainsi que je me laisserai
renvoyer. Au lieu de ce message renversant la
constitution , ce sont ses comptes que la com-
mission executive aurait dû nous adresser. —
Luthi (de Soleure. ) Dans des cas importans ,
nous avons toujours décrété la permanence; en
la demandant , je ne prétends pas que la chose
soit traitée et finie aujourd hui ; je veux seule-
ment qu'on soit prêt à chaque moment à s'oc-
cuper de ce que décrétera le grand-conseil. —
Rothii et LajUchére votent pour une telle perrha-
rrence qui , au reste , n'obligera pas précisément
de rester dans h salle. La permanence est dé*
ctétée. — Brunner , au nom d'une comojissioh ,
conseille le rejet de la résolution qui valide le»
ventes de plusieurs biens nationaux dan^ le dis-
trict de Dornach. — Elle est rejetée. — Le gfttnd-
conseil adresse sa résolution d aujourd'hui ,. qui
est l'acceptation de la proposition de la commis-
sion executive pour l'ajournement des cOQSeilt
et lorganisation d'un gouvernement provisoire.
— Gart. Profondément affligé de tout ce tjui se
passe depuis le 7 janvier, j'étais décidé à quif-
1er ma place ; c'est dans ce sens quç, j'ai
volé dernièrement en faveur de la téïolntidtt
qui permettait aux fonctionnaires publics de don«
ner leurs démissions^ La résoliitibn indpottante
qui nous est présentée dans ce moment , rem-
plit donc mon vœu paiticulier ; mais fidèle à la
constitution que j ai voulu conserver , je la re^
jette C est aujourd'hui le 7 août; il paraît
que certaines gens aiment le nombre de 7. —
Le 7 janvier , vous avez destitué le directoire j
justice vous est rendue; le 7 août, on vous desti-
tue. Q,uel sera le son de ceux qui Vont vous rem-!
placer .-'.... Je demande qu on aille aux voix pat
appel nominal. — Crauer. Nous avons des devoirs
à remplir , et il ne dépend pas de nous de quittée
légèrement nos places. Nous avons voté tant d«
crédits , produits de la sueur des peuples ; il nous
faut les comptes, pour les présenter au peuple.
Qu'on ne se laisse donc pas intimider. Je dernandâ
une commission. — Kubti. Voilà donc les suites
du 7 janvier. Bien des gens qui avaient voté pour
cette journée , ont eu le tê.ns de s en repentir}
seront-ils encore dupes en ce jour ? je ne com-
prends pas par quels motifs le grand-conseil a pa
se laisser entraîner à décréter tout de suite ce
qu'on lui proposait. Il est déshonorant , il est
incompatible avec nos devoirs de mettre en dis-
I cussion un tel message. La souveraineté du peupla
est renversée par ce projet. On y voit beaucoup
d'analogie avec celui proposé par le cit. Ustéri
dans sa constitution ; encore celle - ci était - ello
beaucoup plus modérée. Oh, combien il vaudrait
mieux rentrertoutuniment daus la constitution.'...
Je vote pour la commission. — Pettolaz demande
aussi une commission. — Muret. Le voilà donc
arrivé le jour préparé depuis long'tems. Moi aussi
je suis persuadé qu'un changement est nécessaifCi
On a tellement entravé le corps-législâtif, qu'effec-*
tivement il ne pouvait plus faire le bien. Ub
changement était donc indispensable , mais noa
tel qu on nous le propose aujourd'hui. On aurait
dû rentrer dans la constitution , élire liniioUveàu
directoire . et après cela ajourner les conseils. Jef
vote pour l'ajournetnent , tnais je De puis pat
voter pour que la commission executive noiDiue
les membres restans , je ne verrais plus en eu*
auculie représentàdon nationale. Du r,e8le , je
demande aussi le renvoi à une comnisiioA. -«i;
i33i
Vsiéri Je me demande quels motifs ont pu déter-
miner les membres du grand -conseil à voler
avec une majorité aussi imposante- et sans lon-
gue discussion le projet proposé ?Je crois irouver
ces motifs dans la conviciion intime où sont
ces membres, que le corps - législatif est inc'a-
Eable d'opérer le bien et de sauver la réipu-
lique ; que le changement proposé le peut au
contraire ; que c'est le seul et unique moyen de
inettie lin aux disseniions qui sont parvenues à
leur plus haut degré , ei qui compromettent aussi
éminemment la liberté et l'indépendance de la
patrie; Les mêmes motifs détermineront , jeu suis
sûr, la majorité du sénat à accepter sans hésitation
aucune, la résolution qui nous est offerte ; car
à quoi servirait un' renvoi à ufie commission ,
Ïirsque depuis six mois chacun a pu se convaincre
e l'indispensable nécessité de ce qu'on propose
aujourd'hui , et lorsque tant de questions plus ou
, meips semblables à cellcrci , ont occujpé depuis
quelque mois les conseils? D ailleurs on ne peut
ajourner la décision ; le grand-conseil n'existe
plus ,.il faut que le sénat se décide, je vote pour'
l'acceptation. — Kubli. Ce pas fait, nous retom-
bonssans doute, dans l'ancien régime. Si là-dessus
on a des reproches à faire aux conseils, qu'on s'a-
dresse aux membres savans , aux grands génies
de l'assemblée. Ce sont eux qui nous ont perdus. —
Rothli. Le salut du peuple est une loi suprême. Si
j'étais convaincu que l'acceptation dix projet pût
nous sauver, j'accepterais. Ne l'étant pas encore ,
je vote pour une commission. — Mittelholzer par
motion d'ordre, demande que le sénat ne se sépare
pas. (Ici s'élève une lof.gue discussion sur la ques-
tion si cette permanence, ou bien la commission,
doit être mise aux voix la première.) — Pettolaz ,
Kubli , Crauer , Cart , Wegmann et Bodmer insistent
fortement pour la commission. — Bay et Deflue
la coinbattent. — Enfin , la commission est dé-
crétée , et on en nomme les membres au scru-
tin. Ce sont Muret, Cart, Bay, Luthi de Sol.
et Kubli. — Mittelholzer demande que la com-
mission qui vient d être nommée, fasse son
rapport à 5 heures du soir. — Il est appuyé par
Luthi. — Kubli, Crauer et RofA/i insistent pour que
lé rapport soit renvoyé à demain. — La/léchefe
ési aussi de cet aVis , d'autant plus quil veut
un rapport étendu qui réponde au message ,
et qui justifie les conseils. — 24 voix contre 20
décrètent que le rapport se fera demain à neuf
heures.
11 est 2 heures , et la séance est levée.
A 5 heures du soir. Le sénat est convoqué de
nouveau, i— Lé président fait lire une lettre de
Itl commission executive , par laquelle elle lé
ïômme de convoquer le sénat pour 5 heures
du soir. Il faut, dit-elle , que le sénat se décide
anjoùrd'hui. Il ne dépend plus de lui d'ajourner
•^ décision , le graild-conscil s'étant déclaré en
l^rmaneoce. — £uthi de Sol. La commission
«|ue V0U.3 avez nommée est prête à faire son
rapport, sjon ne l'exige pas par écrit , mais
Vetbalementi — Kubli. Moi aussi je suis de la
cohiniission , et je déclare que je ne me sens
point piêt,à faire un rapport. . . Mais ce qui me
-fcii plaisir , c'est la sommation de la commission
executive , elle est digne de cette journée. Pour
nous , nous agirons en braves , et nous maintien-
Hrons notre décret. — Rothli. C'est donc par l'or-
dre de la commission executive que nous sommes
ici: c'est dans ces derniers momens encore , oià
nous avons montré la meilleure volonté , qu'on
nous met le poignard sur la gorge ; mais nous ne
serons pai des lâches ; passons à l'ordre du jour.
(On crie -.appuyé , appuyé. ) — Crauer s'élève avec
force contre l'indécence du message de la com-
mission executive. Jamais les anciens gouverne-
mens , dit-il , ne s'étaient permis un tel langage
et Un tel despotisme. — Diethelm. Je suis indigné
on ne peut pas plus. Quoi ! la commission execu-
tive ose nous dire que le grand-conseil est en
permanence , et voilà ses membres qui sont pré-
sens à nos délibérations , parce que la porte de
leur salle se trouve fermée par ordre de la com-
fnission executive. Quelle honteuse dérision! —
Wegmari. Je suis étrangement étonné que le pré-
sident n'ait pas refusé de recevoir un message
aussi indécent , et qu'il ait osé le présenter à l'as-
semblée.Je demandequ'on passe à Tordre dujour.
Si on refuse l'ordre du jour, alors venez, citoyens,
et sortons de la salle. — On crie : bravo; appuyé ,
appuyé. On claque des mains. Le tumulte se pro-
longe. ^- Le président fait lire une lettre du pré-
sident de la commission executive , qui lui an-
nonce qne c'est une erreur de croire , comme on
/-innonce , que là salle du grand-cotiseil ait été
fermée par ordre de la commissiod executive. Le
sénat n'ayaqt rien statué encore , la commission
executive s'est seulement concertée avec le pré-
sident du grand-conseil pour suspendre la séance
que ce conseil avait voulij tenir à trois heures ,
pour entendre la résolution du sénat. — On veut
continuer la discussion sur le message qui a solli-
cité celte assernblée extraordiiiairç. — De toutes
fans on réclame l'ordre dujour. — On passe à
erdre du jour , et les membres se lèvent pour
sortir. — Ûsléri réclame vivctnent la parole. Énlln
elle lui est accordée. — Voi^ venez, dit-il , de
passer k l'ordre du jour sur celte lettre. Moi aussi
je partai;e l'indignation que la mesure prise par
la commission executive doit exciter. Mon cœur'
est navré de douleur, et je viens de manifester
mes seniimens à cet égard , aiix auteurs mêmes
de ces mesures. (On crie bravo , et on applaudit.)
Oui , vous avez bien fait d'adopter cet ordre du
jour; mais il vous reste encore quelque chose à
taire. Au nom de la liberté, aU nom de la patrie,
je vous en conjure, mettons fin au scandale qui
augmente d heure en heure , consultons le
danger où se trouve la chose publique . en-
trons de suite en discussion sur la résolulion
tlu grand-conseil, mais avec calme et sagesse,
et adopions-là aujourd'hui. — Je remercie notre
respectable collègue , dit Rothli , de ce qu'il
partage votre indignation sur la conduite de
la commission executive. Mais il nous est im-
possible de suivre son intention , car nous venons
dépassera l'ordre du jour précisément sur ce
qu'il demande. — Kiibli'ss récrie contre la pro-
position d'Ustéri , et réclamé la.kvée de la séance.
— Cart élevé sa voix. Se.laissera-t-on donc, dit-il,
toujours et éternellement conduire par des mots.
Quelle honte! que viens-je' d'entendre ! Nous
prosternons-nous devant des gens qu'on appelle
respectables et qui ne sont qu'habiles ? La motion
d'Ustétl n'est que la répétition du message. On
vous joue, citoyens. C'est trop abuser de notre
patience. Qu'on seleve avec indignation, et qu'on
passe à l'oidre du jour sur cette proposition mas-
quée. (On crie aux voix ! aux voix ! levons-nous ;
partons. (Il y a duiumulte.j t/iieVi se fait entendre.
Je vous le répète , dit-il , il faut que cela finisse.
Il ne s'agit pas de nous. Il s'agit de la patrie ; nos
discussions et cette guerre ouverte dans laquelle
nous vivons , la précipitent dans l'abîme. Dès ce
moment, je ne me <:onsidere plus comme mem-
bre du sénat et je quitte J'assenablée. (Il sort de la
salle.) — Baji déclare qu'il ne voit plus dans l'as-
semblée qu'un club de factieux. — (Le tumulte est
à son comble. ) — Luthard annonce qu'il suit, aussi
l'exemple d'Ustéri , et il sort de lasalle. — L'assem-
blée se levé.
Berne , 8 août, 11 heures. Déjà hier au soir les
sénateurs Ustéri et Luthard avaient signé une dé-
claration portant : qu'ils sont persuadés que le
projet de la commission exécudve est le seul
moyen qui puisse sauver la république et ter-
miner les dissentions par le moyen desquelles
on veut la perdre ; qu'en conséquence ils adhé-
rent à la résolution du grand-conseil et ne se
regardent plus comme membres du sénat. —
Ce matin on a vu paraître unt autre déclaration
d'autres sénateurs , qui attestent qu'une nouvelle
réunion du sénat leur paraît infiniment dange-
reuse , et que par cette raison ils préfèrent
d'adhérer par signatures ihdiyidtiel|es ,;^.à la ré-
solution du grapd-conseil. H est' plus que pro-
bable que la majorité du sénat signera. Ceux qui
jusqu'ici ont signé , sont : Bay ', Luthi de Soleure ,
Dejlue, Attenhojer, Berolding, Schwaller, Kesselring,
Scherer , Mittelholzer, Pfyffer, ,~Badoux , Devevey ,
Frossard , Fatk , Kunzli. — Ce matin à 8 heures
et demie le sénat s'est rassemblé et le président
Attenhofer a commencé par lire une lettre de
la commission executive , qui annonçait qu'une
partie des membres du sénat avait accédé par
écrit à la résolution du 7 , et qu'il était par
conséquent invité à lever la séance. — Le sénat
réduit à 24 membres , a déclaré ne vouloir pas se
rendre à cette invitation et à commencé à délibérer.
Les orages les plus tumultueux n'ont pas tardé à
s'élever. Le président a fait plusieurs tenta-
tives inutiles pour lever la séance , et- enfin il
a quitté le fauteuil , et le sénat au milieu de
l'agitation a nommé un autre président en la per-
sonne du cit. Meyer , d'Arau. Il a ensuite entendu
le rapport de la commissiontldnamée hier , et s'est
formé en comité secret pour délibérer sur ce rap-
port, qui passe à Tordre du jour sur la résolu-
tion. ^- La commission executive apprenant cela,
lui a encore envoyé un autre message pour l'in-
viter à se dissoudre ; mais en ce moment il de-
meure réuni. Cette assemblée illégale produit une
grande agitation dans la ville , et nos portes sont
fermées.
La commission executive ayant en main l'adhé-
sion de la majorité des membres des deux con-
seils au projet présenté hier, et considérant que
lé sénat n'est plus en nombre suffisant pour pou-
voir délibérer , vient d'arrêter la mise en exécu-
tion de la résolution du grand-conseil, qui paf
le fait SB trouve être un décret formel. — Ensuite
la commission a nommé en vertu de l'article 3 de
ce décret , les trente-cinq membres de la nou-
velle législature qui va se constituer et nommer
encore aujourd hui lesmembres du nouveau pou-
voir exécutif. 'Voici les noms de ces législateurs :
ils se réunissent en ce moment dans la salle des
audiences publiques de la commission executive :
Anderwert , Attenhofer , Bay, Badoux, Blatman ,
Carmintian , Cartier , Carrard , Deflue , Desloës ,
Escher . Egg , Fischer , Genhard , Gmiir , Graff
( de Schotiîiis ) Graff'( d'Appenzell) Huber,Inder-
maiieii , Kesselring, Koch, Kunh, Legler, Luscher,
Liiihard , Luthi , Marcacci , Mittelholzer , Œsch,
Muréi , Piyffer , Schlumpt , Stokar , Usteri ,
■Wuhrman et Zimmerraann.
. ./V. B. Notfs croyons iTelie liste- exacte', 3 l'ex-
ception d'un nom quiparâti y être dB' trop , car
elle en porte 36 aa-licu de 35. A l'ordinaire pro-
chain nous aurons de plus grands détails.
P. S. A midi , lasalle du sénat est açluellemcnt
fermée. — Carrard doit avoir refusé la place de
nouveau législateur. ( Extrait du Nouvellistl ,
vaudois.)
I N T E R I E U
Paris , le ig thermidor.
R.
On lit le passage suivant dans une lettre
écrite de Francfort :
<< On n'a qu'à se louer du soldai français , et
II Ton doit autant admirer sa discipline , sa
I) conduite paisible au sein des cités , que sa
II bravoure au milieu des combats. Une autre
II remarque non moins importante , c'est que
II l'esprit qui règne maintenant dans le militaire
11 fiançais , est précisémeui ce qu'il, doit être
n pour éiayer et consolider au milieu de la paix
11 l'édifice que les travaux guerriers de ces braves
11 ont tant contribué à élever, d
— On remarque les expressions Suivantes dans
une lettre pastorale adressée par Tévêque de
Nbvarre aux curés de sort diocèse:
" La soumission aux loix , l'obéiSsânce aux
11 autorités constituées , soumission et obéissance
II qui ne dérivent pas de la méprisable et servile
II crainte de la punition, mais du libre amour
n de la justice , sont des co.mra.anderaens
I' divins; c'est sur-tout aux prêtres à en donner
1! l'exemple , etc." -v
— Le préfet du département de la Seine fera ,
aujourd'hui décadi , à midi , dans la salle de
l'Oratoire, rue Honoré, la distribution solennelle
des prix décernés aux élevés- des écoles cen-
trales.
— Le 3o thermidor , à midi, il sera célébré
dans le temple de la 'Victoire ( Sulpice )' une
fête à la Vieillesse.
— Madame Helvétius , veuve du célèbre écri-
vain de ce nom, vient de mourir à Auteuil. Sa'
maison était fréquentée par un petit nombre de
personnes qui cultivent avec succès les lettres , le»
arts , la philosophie. Elle a été , conformément
à son vœu enterrée dans son jardin.
— Les incendies se multiplient depuis quelque
tems d'une maniéré affligeante ; Textrêine séche-^
resse, la disette d'eau généralement éprouvée ,
rendent les suites de ces accidens plus désas-
treuses que dans des tems ordinaires. On écjit de
Besançon que dans la nuit du ïl au 82 Je ce
mois , dans une ferme voisine de- cette vilie , lé
feu s'étant déclaré , s'est bientôt communiqué à
sept autres fermes remplies de grains qi^'il a
consumées. .;
C^est aussi le 22 qu'une incendie ayant éclaté
dans le département de 1 Eure a consumé la
presque totalité d'un village situé" à une lieue
et demie de la rivière. Le défaut d'eau a em-
pêché d'arrêter, les progrès du feu. Heureuse-
ment toute ta moisson n'était pas encoie rentrée,
dans les granges; plus heureusement encore per-
sonne n'a péri.
Tribunal d'appel séant à Taris.
L E tribunal a Jchoisi les citoyens Bellard ,•
Lajarriette et Carbonnier, hommes <le loi , pouT
former le conseil officieux chargé de consulter
et défendre les affaires des défenseurs de lapatrie,
et des autres citoyens absens pour le service des
armées déterre et de mer, aux termes delà loi
du 6 brumaire an 5. . ;
Le tribunal criminel du département de TAiix. '
a, dans .sa séance du 21 thermidor,, condamné
à mort les nommés Leprêtre , Guyot ,' Hyvert et-
Amiet , convaincus d'avoir anêté , dans la nuit
du 26 au 27 ventôse dernier, la, diligence de
Genève à Lyon ,et d'avoir enlevé l'argent et les
effets précieux dont elle était chargée.
- Le jury, le tribunal et les témoins ont dan»
cette circonstance , déployé le plus grand carac-
tère. Les dépositions des témoins n'ont été in-
fluencées ni par Tor qiii leur, a été offert, ni
par les menaces les plus terribles' d'assassinat et
d'incendie 4 employées pour les intimider.
La déclaration du jury a été pareillement ditriée'
par un esprit de justice et d'impacrialité qtii fait'
honneur à la sagacité de ceux qui le compti-
saient ; ils ont été inaccessibles à la séductioti
et aux subtilités des partisans de ces criminels,
qui espéraient les corrompre ou leur en imposer,;
Le tribunal , a rais dans celte procédure luiè
activité et tine éner'gie dignes déloges.
On soupçonne que les quatre condamnés sont
des chefs de bande; et les tentatives faites., a. dewfc
reprises différentes, soit pour favoriser leur éva-
sion , si:>it jiour influencer la décision du tri-
bunal , ne peuvent que confirmer ce soupçon.
i332
L'un des dits coilSamnés (Laurent Guyot )
n'est pas connu sous son véritable nom; le com-
missaire du gouvernement près le tribunal cri-
minel a acquis 'la preuve qu'il en portait un
faux.
Pendant que le président du tribunal pronon-
çait le jugement de mort, Hyvert , ( l'un des
accusés, âgé de vingt ans) disait en s'adressant
à lui, n faut-il trembler pour prononcer un juge-
ment, de mort ! " le même ajouta lorsque le
le président eut cessé de parler , u citoyen pré'
sident vous avez encore oublié d'ordonner l'impres-
sion et l'affiche du jugemetit. n
Un peuple immense a témoigné sa satisfac-
tion de la décision du tribunal et son indignation
de l'audace qu'affichaient les condamnés.
Le citoyen Ozun , préfet avait ordonné une
féunion de brigades de gendarmerie pour veiller
à la sûreté des prisons; il a pris les mesures les
plus vigoureuses pour ôler aux quatre criminels
toute espérance d'évasion ; le mauvais état des
prisons de Bourg , et la nécessité d'un grand
exemple , font désirer qae le tribunal de cas-
sation s'occupe sans délai de cette procédure.
Sur la marine.
Demande. Que font les marins , sinon languir
dans les ports ? Que doit-on à cette marine qui
épuise les trésors de létal?
: Réponse. L'homme libre cherche la vérité , seul
il ose la dire. Quiconque est gêné , soit par la
crainte et le respect qu'il doit à ses maîtres, soit
par la tyrannie des lois, se tait s'il hait le men-
songe. S'il parle , fasciné par l'esprit de parti , il
devient l'organe de l'erreur et de l'intrigue. Heu-
rèuseaieut il est arrivé . le jour où l'homme probe
peut hautement rendre hommage à la vérité.
Vous avez raison , citoyens , de demander qxiels
sont les succès de nos armées maritimes, lors
même qu'elles sont combinées avec celles de nos
alliés ; de dire que l'état n'a ni trésors ni excédent
de population pour les entretenir, et qu'au fait
les dépenses que nécessitent nos armées navales
sont au-dessous de nos forces , et à peu-près inu-
tile^. Mais sans feuilleter les annales des tems
reculés , sans entrer dans des détails trop minu-
tieux , permettez-moi de vous I demander à mon
tQur, à qui doit-on les heureux succès de la
guerre dernière , dans laquelle nos ennemis ont
perdu une grande parde de leurs colonies? Auriez-
vous déjà oubHé ces tems , cependant si lécens ,
où nos armées poursuivaient et dispersaient le
pavillon britannique , qui aujourd'hui flotte en
despote sur toutes les mets du globe ? Ils ne sont
plus il est vrai ; mais encore maintenant , ceux
qui ont observé la conduite de nos marins avec
les tilens nécessaires pour la juger , ont pu -se
convaincre que, presque dans toutes les octa-
sioris 'où les circonstances indépendantes de tout
effort d'un ofEcier ne se sont pas montrées con-
traires, les marins ont fait voir une audace et un
courage vraiment héro'iques. Qui pourrait nier
qu'ils ont toujours sacrifié leurs intérêts particu-
liers à leur patriotisme et à leur zèle pour la pros-
fiérité de leur pays ? Abandonnés ,. presque dans
indigence, ils souflFrent avec patience et rési-
gnation les caprices de la fortune , et toutes les
espe-ces de privations.
Si la marine ne tend pas aujourd'hui les mêmes
services , c'est que ses blessures l'ont mis hors
d'état de servir : et doit-on raisonnablement se
plaindre de ceux qui, en tout subordonnés à la
volonté d'autrui , ne peuvent qu obéir ? Les re-
vers que la marine éprouve aujourd'hui , j'ose le
dire , prennent leur véritable source dans les
vices du gouvernement qui n'a jamais attaché as-
sez d'importance à> cette partie pouriant si inté-
Tessante de la force publique. Quelle supériorité,
l'opinion dominante en Angleterre , les disposi-
tions du gouvernement , l'ex^éiience et les lu-
iftiéres du tribunal de l'amirauté ne donneiit-
elles pas à la murine de cet état sur celles des
puissances confédérées .'
Les opérations mariiiraes de ces dernières ont
été presque toujours dirii^ées par l'intrigue ou la
mauvaise foi ', et souvent conçues par des mi-
nistres nullement versés dans cette panie , et dont
quelques-uns n'ont jamais monté Sur des vais-
seaux. En France , en Espagne, la marine tou-
jours considérée comme un moyen de puissance
indirect et relatif, n'a jamais tait la principale
occupation de leurs gouvernemens , qui n'ont pas
voulu non pliis écouler ou accueillir ceux qui
pouvaient les éclairer sur cet objet, u C'est une
périté, reconnue , dit l'abbé Raynal , que la balance
du pouvoir a passé dans les mains des nations
maritimes. Comme la nature de leurs forces les
approche de tous IcS pays qui bordent l'Océan
et ses dilfér^cis golphes , il leur est possible de
faire du bien et du mal à plus d'états ; elles doi-
vent donc avoir plus d'alliés, plus de confédé-
lations el plus d'influence. »>
Quelle triste et désolante perspective pour un
corps dont le service est si pénible , dont l'acti-
vité est accompagnée de tant de désagrémeiis et
de privations , qui se dévoue si généieusemtint à
des fatigues continuelles, à des dangers toujouis
renaissons, de se voir en but à la hatiie , et, di-
sons plus, à I indignation des autres classes de
citoyens, loin d en obtenir aucune espèce de
dédommagement des sacrifices éionnans qu'il fait
à la patrie ! J en appelle à tous les hommes de
bon sens et impartiaux ; n est-il pas absurde et
révoltant pour un marin dêne jugé dans ses
opérations par des ignorans qui n'entendent rien ,
qni ne trouvent rien d'impossible pour les blâmer
plus facilement ; par des hommes enfin qui n'ont
même aucune connaissance des lieux où la marine
éprouve ses revers, des difficultés insurmontables
qui peuvent s'y rencontrer , et qui , incapables
déjuger de l'étendue et de la valeur de ses moyens
actuels, dissimulent par une mauvaise foi mar-
quée , ou par un,e. .inconséquence ridicule une
partie de ceux qui iui sont opposés, el jugent
leur conduite avfec un ton tranchant et une sévérité
quils n'auraient pas pour nos ennemis? (i)
je ne nie/pas qu'il ne se soit glissé dans la ma-
rine beaucoup d'abus et de préjugés; mais je le
répète, ils proviennent du gouvernement. C est
à lui , lorsqu'il aura acquis les connaissances
nécessaires , à entreprendre une sage réformation,
à remonter les ressorts dyne constitution rnari-
timc trop faible et trop mal entendue , à porter au
plus haut degré de peifeciion toutes les pailies
de son administration , et à augmenter sa puis-
sance. Il n est point nécessaire qu'un gouverne-
ment donne tout à coup à sa marine un accroisse-
ment gigantesque , et une splendeur passagère.
Cet accroissement doit être progressif, tel qu'il
puisse en imposer aux états voisins , et donner du
poids aux négccialions ; les forces rasriiimes
doivent être réglées sur les besoins de l'état , sur
les intéiêts réels , sur les alliances ou liaisons
utiles qui peuvent lésuller de la position topo-
graphique de la métropole et des colonies. C'est
à la politique inléiieure d'un état à constituer ces
forces, à les former et les organiser suivant le
génie et les moyens de la nation , et sur-tout à les
constituer de manière à ce qu'elles soient pré-
servées de cette mobilité de vues , de cette va-
riété d'opinions , de cette inconstance dans leur
emploi , qui , jusqu'à cette heure , ont été les
causes funestes de leur nullité , et de leur anéan-
tissement. En effet , que voit-on maintenant dans
ce qui est relatif à la marine , sinon une multi-
tude d'ordonnàneeS' et d'arrêtés qui se succèdent
avec la plus grande rapidité, et dont le but est
d«i faire'et défaire , établir et renverser, blâmer
et approuver suivant l'esprit du moment et l'opiT
nion doi^inante.
Jamais la marine n'aura de prospérité , que
lorsque , par la uâture de sa constituuon , elle
Sets, goiivemée constamment par des hommes
déjà distingués dans cette carrière , incapables de
se livrer à l'espi^it de parti, au-dessus de l'intrigue,
doués des lumières et de l'expérience nécessaires
pour éclairer le gouvernement sur l'emploi de
ses forées maritimes, pour en calculer les moyens,
diriger les opérations, juger sainement les fautes,
et corriger les abus ; par des hommes enfin pour
qui l'expérience du passé ne serait pas perdue.
Que nous somàies loin de cet état de choses !
El comment peut-on se flatter de triompher d'un
ennemi qui , dejJuis un siècle et demi , sacrifie
tout à l'entretien de sa marine ? lorsque nous
ne voyous qu'un changement perpétuel de mi-
nistres , qui (en leur supposant les lumières les
plus étendues et le génie le plus transcendant)
manquent toujours du tems nécessaire pour dé-
velopper leurs tilens ? A peine élevés à ces
postes , il faut qu'ils s'occupent des moyens de
s'y maintenir avant de songer à remphr les de-
voirs qiii leur sont imposés , et il ne reste aux
mieux intentionnés , fatigués par les cabales ,
rebutés par les obyacles , ni le tems ni la force
de réformer les abus.
Chaque ministre forme un système nouveau.
L un croit parvenir à la perleciionpar une réforme,
et il l'annonce ; aussitôt les ignorans intriguent ,
çabalent, et par leurs clameurs et leurs railleries
parviennent à arrêter l'exécution de son projet.
S efForce-t-il de tenir tête à l'orage? il est décrié
par-tout ; et s'il survient un revers , sa disgrâce
est complette , il «st remplacé.
Un autre croit y atteindre par une voie plus
sûre; il prodigue les grâces, ne refuse rien de ce
(i) Il est très-difficile de connaître les circons-
tances d'un combat naval , et on doit être bien
circonspect pour le juger. La mal-adresse d'un
seul capitaine , la lâcheté ou l'insubordination de
quelque autre , un feu plus heureux , enfin le
hazard peuvent amener la défaite d'une armée.
Les talens , le courage et la bonne volonté de
tous les autres sont soumis à tous ces accidens.
qu'on lui demande , dispense d'une main libérale,
les dignités , les honneurs , les pensions , et pense
s'attirer par ses bienfaits la bietiveiUaricc du genit»
humain. Mais combien il se trompe ! Il nuit au
bien du service, et n'oblige que des ingrats qui
regardent comme dues et méiiiées^depuis loug-
tems les récompenses prématurées qu'il leur ac-
coide , et ne retire d'autre fruit de sa faible con-
descendance , que d'être entouré momentané-
ment de flatteurs et de partisans qui, au moment
où il est remplacé , l'abandonnent pour s'attacher
à son successeur.
Pour entretenir une marine , il faut lui mé-
nager , sans interruption , des ressources nou-
velles ; il faut trouver les moyens de Id roainienir
dans un état de force et de vigueur; et pour y
parvenir , nous devons nous dépouiller de toute
fausse piéventioii nous garder sur-tout d'écouler
la voix d'une timide économie mal entendue ,
et imiter nos epnemis. t-irLa nalion anglaise , dit
encore Raynal , regarde sa marine comme le
rempart de sa sôieié , comme la source de ses
richesses ; c'est dans la paix , comme dans la
guerre , le pivot de ses espérances ; aussi leve-
t-elle etplus volontiers une flotte qu'un bataillon ;
elle n'épargne aucun moyen de ressource ni au-
cune dépense pour avoir des hommes de mer.
!) Les fondemens de cette maiine , ajoute-t-il ,
furent jetés au milieu du siècle dernier par ce
fameux acte de navigation , qui assurait aux.
anglais toutes les productions de leur vaste empire,
et qui leur promettait une grande partie de
celles des autres régions. Par cette loi on sem-
blait dire à tous les peuples de songer à soi;
cependant cette loi a été inutile jusqu'à nos
jours aux autres gouvernemens , et aucun d'eux
ne l'a prise pour règle de sa cbnduile II est
possible que les yeux s ouvrent; mais la Grande-
Bretagne aura toujours joui pendant plus d'un
siècle des fruits de sa prévoyance , et peut-être
acquis dans ce long intervalle assez de forces et
de lumières pour perpétuer ses avantages.
Il n'est pas donc étonnant que l'Angleterre lutte
avec autjnt de succès contre les débris .de deux
marines , et sur-tout lorsque la mal-adresse et le
peu d'accord que nos gouvernemens ont mis dans
leur emploi , dans la combinaison , et dans
les opérations qu'ils ont prescrites , ont détruit ta
grande partie les effets qu'ils auraient pu pro-
duire , et par-là augmenté les triomphes de nos
ennemis , toujours prêts à profiter de nos moin-
dres fautes.
C'est dans la direction de nos forces , et dans
la fausse élection de quelques chefs , que nouS;
avons sur-tout montré potie négligence et notre
ineptie.
Comment, en effet , nos gouvernemens placés
à une grande distance du centre des opération»
maritimes , qu'ils ne peuvent juger que par des
rapports dont ils nîont ni le tems ni les moyens
d'approfondir la véracité et les circonstances ,
peuvent-ils applanir les difficultés et obvier aux
inconvéniens qui peuvent se présenter? On marche
toujours à tâtons, et on ne rccontiaitles fautes que
lorsqu'elles sont irréparables.
Cet exposé doit occuper l'attention de nres
concitoyens , c'est le vœu de l'homme impartial ,
et l'hommage le plus libre qu'on puisse rendre
à la vérité. Qu'on rassemble tous les généraux
qui se sont montrés à la tête de nos armées, ou
qui aspirent à cette dangereuse prééminence,
qu'on les sotnme de répondre avec une fran-
chise éloignée de tout ménagerrient ; et s'ils di-
sent que j'ai tort, je consens dépasser pour un
imbécille ou un fou.
AVIS.
Le cit. David, peintre et membre de l'institut
national, a 1 honneur de prévenir le public que
l'expositiondes Sabines continue d'avoir lieu tous
les jours, depuis onze heures du matin jusqu'à
sept du soir , cour du Louvre.
Biais, marchand mercier, rue des Noyers ,
n° I , montagne Geneviève, prévient les ciioyeus
juges qu'ils trouveront dans son magasin des
manteaux tout faits pour les juges près les diffé-
rens tribunaux.
Hernies ou dsscentes.
Remède pour la guérison radicale des hernies
ou descentes , récentes et anciennes. S'adresser au
cit. Millet , rue Antoine , n° 5o , vis:à-vis le
bureau des voitures de Melun , au second sur le
devant. On le trouve tous les jours depuis dix
heures du matin jusqu'à cinq heures du soir. Il
tient aussi pour les deux sexes des bandages
élastiques à ressort età coulisses , qui contiennent
parfaitement les hernies sans gêner ni former
aucune épaisseur sur les hanches.
Il prouvera à ceux qui auraient des doutes sur
l'efficacité de son remède , qu'il a guéri des per-
sonnes de tout âge , même de 70 ans , et qui
étaient incommodées depuis plus de vingt ans.
A Paris, de rimprimcrie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" t3.
-=:SS^^^^
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL;
N" 33i.
Primcdi , i" fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
No
•lous sommes autorises a prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
: Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par ks correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , k 24 thermidor , (' 1 2 août. )
Xj'intentio >i du gouvernement a sans doute été
de donner le change à l'ennemi , en faisant pu-
blier , dans 1 un de ses journaux , que la flotte de
transports , expédiée de Portsmouth , toucherait
à Plymouth , où elle serait jointe par sir William
Pulteney ; car les lettres de ce port , écrites de
samedi dans la nuit, c'est-à-dire , troisjours après
la sortie de cette flotte , ne font mention ni de
l'arrivée du général Pulteney , ni de l'apparition
des transports , quoique le vent ait continué
d'être favorable pour le trajet de Portsmouth à
Plymouth. — Quelle que soit la destination de
cette flotte , on dit que le camp de Windsor , si
elle a du succès , sera embarqué pour aller la
seconder. Pariié de tems , parité de mesures ,
parité de confiance , c'est à-peu-près tout comme
l'année dernière. Si! y a parité dans le dénoue-
ment , nos ministres ne manqueront pas aussi
d'argumens pareils pour le justifier.
Un particulier d'Edimbourg , a reçu une lettre
de New-York , en date du a^juin , dans laquelle
on lui mande qu'il s'était montré dans cette ville
quelques symptômes de la fièvre jaune , et qu'un
grand nombre d'habitans alarmés , avaient fui à
la campagne. Nous avons vu des gazettes de
New-York , du 27 juin , qui disent . au contraire,
qu'il ne s'y est manifesté aucun symptôme
d'épidémie.
L'arrivée de notre flotte de la Baltique à^rid-
lington , a fait cesser les inquiétudes que l'on
avoit qu'elle n'y eut été détenue.
Le 14 thermidor , à huit heures du matin , le
tbermomètre de Fareinheit. marquait àEdimbourg,
70 dégrés , et le même jour, à une heure après
midi , 72 degrés et demi , à Bath , où il s'est
élevé le lendemain 375 degrés.
On est dans l'habitude en Angleterre de laisser
foutes les fenêtres ouvertes pendant la chaleur
du jour; rien d'aussi mal entendu. En Italie et
dans tous les pays chauds , on ferme de bonne
heure les volets pour empêcher qu'aucun rayon
du soleil, ni l'air réchauffé de l'extérieur ne
puissent pénétrer dans les appartemens. On de-
vrait manger des glaces plutôt le matin qu'après-
dîner ; elles donnent du ton à l'estomach quand
il est vuide ; elles le débilitent quand il est plein ,
fesant refluer la circulalion vers les extrémités.
L'air du matin est plus salubre ; il énerve moins
les forces que vers le milieu du jour , et il est
moins humide que l'air qu'on respire le soir.
M. Piit , poursuivi par les huées du peuple
en sortant du parlement , avait l'air de se dire :
Populus me sibîlat , at mihi plaudo.
La canaille me siffle , et moi je m'applaudis.
Dix-sept jeunes femmes se sont évanouies der-
nièrement au spectacle , soit par l'effet de la
grande chaleur, soit par le bien joué de la pièce
qui était le Point d'honneur. ( tlu Point of ho-
nour. J Le prince de William de Gloucester a
été d'une attention parfaite pour plusieurs d'en-
tr'elles. ( Extrait du Morning-poit. )
Errata pour l'artide Angleterre du Moniteur d'hier
3o thermidor:
Au lieu de l'èvêque de Slandaff , lisez l'évêque
de Llandaff.
Au lieu de détruire la salure , lisez : de dé-
terminer le degré de salure. Dans le même alinéa ,
au lieu de température , lisez : température de
la mer.
INTÉRIEUR.
Nantes , le 22 thermidor.
Au rédacteur de la Feuille nantaise.
Citoyen , il vient d'être commis un délit très-
gijve , prévu et rigoureusement puni par les
ordonnances des eaux et forêts , renouvelées par
larlicle X du titre IV du règlement du port de
Nantes , parce qu il est extrêmement dangereux
par ses conséquences. On a jeté des coques du
Levant , ou autres drogues enivrantes , dans
la rivière. Les peines indiquées s'étendent même
sur les marchands qui vendent ces drogues , à
cause de l'abus et des maux qui peuvent en
résulter.
Il fut jette dans la rivière , il y a 'un an , sans
doute de la coque du Levant , ou autres ingré-
diens défendus à juste titre , de la tête de lîle
Marteliere , située au-desius di grande Biesse ,
d'où partit sur l'eau une prodigieuse quantité tle
poissons de toutes espèces , âge ou grandeurs ,
morts ou enivrés , (mais assurément empoison-
nés ) , et dont les particuliers voisins s'emparè-
rent avec avidité , emportant au moins ce qu'ils
purent àpleins paniers , parportoires , vaisseaux ,
elc,
Pendant ce tems , on a vu des hommes , dans
l'eau jusqu'à la ceinture , avancés sur une grève au
banc au côté septentrional de cette île , et postés
là avec des paniers. On a dû penser qu'ils y étaient
pour attendre ce poisson à passer , en enlever ce
qui leur convenait , et que c étaient sans doute les
auteurs du délit.
Les deux derniers décadis , le même crime
vient d'être renouvelé par des gens comme les
premiers, et peut-être les même's. Il est difficile
de croire qu'ils ne soient pas connus de leurs voisins
même et des pêcheurs qui doivent avoir à s'en
plaindre , et refusent cependant de les désigner ,
sans doute par crainte et parce qu'ils sont en grand
nombre. Il paraît que, jusqu'à présent, toutes
recherches et enquêtes , démarches publiques ou
secrettes , ont été vaines.
Tonnez, citoyen rédacteur, contre les coupa-
bles de ce délit : si vous réussissez à les effrayer
ou à les convaincre sur les suites affreuses de
leurs manœuvres criminelles , vous aurez rend-u
un grand service à la société. Votre abonné.
Note du.- rédacteur , Victor Mangm.
Je commencerai par citer l'article même de l'or-
donnaute de la marine , et la ntote de sod savant
commentateur.
Titre II de l'ordonnance de la marine.
Article XII.
>' Fesons défenses aux pêcheurs d'employer de
!) la résure pour attirer la sardine , et à tous
>i tnarchands d'en vendre, qu'elle n'ait été visi-
)> lée et trouvée bonne , à peine de 3oo francs
)' d'amende. )>
Note du Commentateur,
La résure de mauvaise qualité ne peut qu'em-
poisonner la sardine ; c'est pourquoi il est ex-
pressément défendu par cet article aux pêcheurs
de s'en servir, et aux marrchands d'en vendre,
qu'elle n'ait été visitée et reconnue bonne, à
peine de 3oo livres d'amende.
Il est également défendu , sous peine de pa-
reille .iraende , pour la première fois , et de
1000 liv. en cas de récidive , à toutes personnes
indistinctement , de jetter dans la mer, le long
des côtes et aux enibouchuies des rivières , dans
les mares et les étangs salés de la chaux , des noix
vomiques , noix de cyprès , coques du Levant ,
inomie , musc , et autres drogues pour servir
d'appât et empoisonner le poisson. [Art. XXXIX
de la déclaration du 23 avril 1726. )
Les mêmes défenses, pour la pêche en eau
douce, avaient déjà éié ïailes -pai l'article XIV ,
litre XXXI de l'ordonnance des eaux et forets.
Qnelle honte pour l'humanité, que l'avarice des
hommes donne occasion de porter contre eux de
pareilles lois !
La coque du Levant est un frait gros comme
de gros poids, de forme sphérique , dun brun
noirâtre, qu'on nous envoie des Indes. On s'en
sert comme de staphisaigre , pour faire mourir les
poux; on a découvert qu'il avait la propriété
d endormir et d enivrer tellement les poissons ,
qu'ils paraissent comme morts , et sont ainsi très-
faciles à prendre, u Mais , dit Valmoni de Bomare
dans son dictionnaire d'histoire naturelle , comme
on a reconnu que la chair du poisson pêche par
cette méthode, é'ait dangereuse, on décerna
dans le siècle dernier, des peines pécuniaires
et même alflictives en cas de récidive, contre
ceux qui useraient à l'avenir de cette mé-
thode. )>
Le témoignage de ce naturaliste n'est pas sus-
pect; et ceux qui se sont rendus coupables de
ce crime , s ils n'eu ont. pas connu les consé-
quences , doivent être prévenus qu'elles sont de»
plus dangereuses. ■ , ,
Tout le poison ainsi enivré et empoisonné n'est
pas enlevé : il en périt do.nc une très-grande quan-"
lité dans leau , ([ui peut ainsi se corrompre, et
incommoder beaucoup ceux qui en boivent. Le
poisson cjui provient de cette affreuse pêche peut
occasionner les mêmes malheurs.
Si donc ceux qui se sont permis celte contra-
vention aux lois ignorent ces dangers , qu'ils ap-
prennent à les connaître, qu'ils" frémissent , et
qu'ils sachent qu'ils peuvent devenir ain.«i le»
bourreaux de leurs plus proches parens et de
leurs mei! eu s amis.
S'ils sont instruits de ces suites terribles , ce
sont des monstres que leurs voisins ne doivent
pas ménager: la loi ne le.s punit pas de mort; et
lorsque h police et les officiers de port qui sont
chargés de découvrir les coupables ,- les inter-
rogent, je ne vois pas pourquoi ces voisins ne
déclareraient pas la vérité.
Le plus petit mal qui puisse en résulter , c'est la
destruction entière du poisson de la Loire ; tous
ceux qui habitent notre cité savent de quelle
ressource est cette nourriture , d'un prix très-
doux , et sans laquelle un uers de la ville ne
pourrait subsister.
Au reste , la police les veille , les commissaires
de police et les officiers de port sont chargés de
recherches qui, osons l'espérer, ne seront pa»
infructueuses.
[Feuille Nantaise, 25 tkertnidor.)
Paris , le 3o thermidor.
Les otages toscans sont partis de Mâcôn le
le 21 de ce mois ; ils ont adressé au préfet,
avant leur départ , une lettre dans laquelle ils
exprirnent, d'une manière touchante, leur re-
connaissance envers le gouvernement qui les
rerid à leur patrie , leur sensibilité pour la bien-
veillance que le préfet de Saône et Loire leur
a témoignée , pour ses procédés hospitaliers ,
pour les égards et les soins par lesquels il s'est
efforcé de les consoler du malheur d être absens
de leur patrie. (Journal de Paris. )
— Le 22, des parlementaires ont ramené dans
le port de Cherbourg, 56 prisonniers français,
marins, et le 23, 129 autres prisonniers, tous
pêcheurs , rendus en conséquence de l'arran-
gement pris entre les deux gouvernemens pour
la liberté de la pêche.
— Une lettre de Marseille, citée par la Gazette
nationale de France, annonce qu'un parlemen-
taire entré dernièrement dans le port, a ramené
les prisonniers français faits à bord du Guillaume
Tell. Il paraît que la peine la plus cruelle que
ces braves militaires aient éprouvée dans leur
captivité , étiiit le sentiment des malheurs de
leur patrie , et des revers qu'elle a essuyés l'année
dernière ; car on a de la peine à se faire une
idée de leur étonnement et de la joie qu'ils ont
ressentie en apprenant les nouvelles victoires de
la .--épublique , et la situation formidable de ses
armées.
,,.~ "^""s '^5 papiers publics rapportent que
I incendie qui ravage les forêts de Fredenstat
et du Kniebis, dure depuis dix jours et fait des
ravages considérables. La rive gauche du Rhin
n est pas tout-à-fait exempte de ce fléau. La
forêt d'Haguenau a eu quelques parues incen-
diées.
-^Le cit. Fausas Saint-Fond commencera de-
main I" fructidor, à neuf heures du matin , un
cours de géologie ou d'histoire naturelle appli-
cable à la théoiie de la terre: il le continuera
tous les jours impairs, à la même heure , danj
la grande salle de la bibliothèque du Muséum.
, — L'administration du Mont-de-Piété , voulant
faire participer aux bienfaits de son établissement
les quarders qui s'en trouvent éloignés , vient
d'ouvrir une nouvelle maison de prêt , rue
Vivienne , n" 45. C'est une ressource de plus
offerte aux indigens , un avantage pour le com-
merce, puisque la baisse de l'ini^érêt de l'argent
est une suite nécessaire de cette facilité accordée
à ceux qui se trouvent dans l'obligation de
recourir à une telle ressource. (Journal dit
Débats.)
Le journal des débats annonce aussi l'cvénc-
rocnl malheureux dont on va lire les détails.
Dans la nuit du t7 ^ iT? , te citoyen thé liitier ,
célèbre «botaniste , et membre de l'institut , a été
assassiné , rue des Araandiers-Popincourt, à q,iiel-
ques pas de sa maison. On l'a trouvé , le n>atin ,
mort , et percé de plusieurs co,ups. Il paroît qu'en
se défendant contre son assassin , le citoyen Lhé-
ritier était parvenu , un moment , à se saisir de
son arme , et qu'elle lui avait été arrachée , car
il avait les doigts de la main droite coupés. L'in-
tention d'un vol ne paraît pas d'ailleurs être le
motif de cet assassinat , car on a trouvé sur le ca-
davre une montre et quinze francs en argent. L'in-
fortuné Lhérilier laisse cinq enfans. Sa fille aînée
était sur le point de se marier. On a eu beaucoup
de^pèifie à l'arracber de dessus le cadavre de son
jBa(b«urçu,x jpèçe,
— Le préfet du déparlement du Rhône , le ci-
ipjfjn .Verninac , et le citoyen Noël , commissaire
général de policeà Lyon , réunis à quelques mem-
bres de l'ancienne académie , viennent de rétablir
<;ette précieuse institution , sous le titre d'Athénée.
l^e nowbrede membres qui devront le composer,
est fixé à quar.ante-cinq , parmi lesquels sont
<;oçp,ptés d'abord ceux qui faisaient partie de j'an-
cj^enne académie ; le nombre en est réduit à 16.
LAlbénée aura en outre quinze associés , et un
i»Qmt>,re illimité de correspondans. Deux classes
so,nt établies , l'une pour les sciences et les arts,
rautre pour les belles letties et les beaux arts. La
première séance publique a eu lieu le 80 de ce
Jnois.
Déj^ l'Aihénée a proposé et arrêté un sujet de
fifipi , dont voici le programme :
iP. Indiquer les substances indigènes , miné-
rales , et végétales qui peuvent fournir le principil
colorant , applicable aux soies , cotons, lins, chan-
yj-e^ ,l4ipes et papiers.
a°. Exposer les procédés pour ext:aire , fixer,
aviver les couleurs que peuvent fournir les subs-
tances simples indigènes , qui ne sont pas encore
connues dans l'art de la teinture.
Le prix sera décerné dans la séance publique du
!S4 mtssidor an 9. Il consiste en deux médailles
d or de 3oo fr. chacune : la seconde est louinie
fof le cit. Verninac.
Les membres ordinaires de l'Athénée seront
exclue du concours.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Rapport présenti aux consuls de la république
par le ministre de Cintérieur. — Paris , le 29
thermidor.
GiXOYENg CONSOIS ,
Quatre à cinq cents enfans de soldats morts
à la défense de la patrie; de pompiers, victimes
d- leur zèle et de leur dévouement ; de corse?
et de colons réfugiés , recevaient une éducation
fi'aïuiie en venu des décret du 18 et du 26
rumaire , du 14 thermidor an a , et du 9 nivôse
an 3.
Ils étaient épars dans plusieurs écoles , à la
caserne de Popincourt , oii était autrefois une
école pour les enfans des gardes-françaises ; au
prieuré Saint-Martin , dirigé par le cit. Léonard
Bourdon ; et dans une autre petite ferme , où
le cit. Liancourl avait autrefois établi une école
cour les enfans de l'armée.
La convention avait ordonné la formation d'une
grande école à Versailles ; mais des motifs de
ftkisieurs genres lui ont fait abandonner ce projet ;
lerlle a transféré cet élablissemeiit à Liancoùrt par
décret du 20 prairial an 3.
Ces élevés ont tous été réunis à la fin de
çocssidot; ils étaient alors à la charge du dépar-
lement de I3 guerre ; ils sont passés , le ,
jiQus la directioi» de l'intérieur.
Il paraît que cet établissement a été long^tems
abandonné à lui-même ; qu'il ne lui a été donné
aucune direction bien déterminée; que les con-
didons d'çidmission n'ont jamais été précises , çt
que sans le courage et les soins du cit. Crouzet ,
«on directeur , il n'eût pas subsisté long-tems ,
o\i que dumoins il n'eût produit aucun fruit.
I^a loi du 3 vendémiaire an 4 , fixe le nombre,
des élevés à 600; niais l'insuffisance du local et
l'embarras des fonds ont déterminé à l'arrêter à
)n à 400 ; à accorder à chaque élevé i fr.
par jour , et, à fixer la dépense totale, y
compris Us chefs, les professeurs, etc. , à iSooofr. î
par mois. '
^i l'école eât été réguliéreinent payée , elle
(.urait dû recevoir en germinal an 8, 495,000 fr. ;
Selle n'avak cependant touché que 244,230 fr.
pi]c avsit donc un arriéré, de 250,769 fr.
Au.cun établissement ne peut se soutenir avec
ce désordre; aucun, mais sur-tout un pension-
nat où il faut que les enfans soient nourris ,
habillés ; instruits , aussi rien n'égalait leur mi-
•ere , et les soins du cit. Crouzet ne pouvaient
jAppLéer aux défauts de moyens.
Le 19 prairial an 7 , le directoire exécutif prit
un ariêté qui renferme quelques dispositions
Sqo
as
1334
il élabltt up ,agent compiable ; mais H paraît ,
prouvé que cet arrêté pèche par , deux^ causes
égal e m eut _gra \:es .
1°. Il ;Crée et multiplie ks 3gei>s , sar^s déter-
miner leurs fonctions et sans leur donner de
-moyens. -
2". Il porte sur les mêmes bases que la loi du
20 prairial an 3 ; il laisse donc subsister dans
rétablissement un mélange incohérent de civil ,
de militaire , d'instriiction et d'administration :
il n'y a d'ailletirs rien d'arrêté , rien de fixe dans
les études , etc.
C'est cependant la partie qui a été la plus soi-
gnée ; et, quoiqu on se soit écarté du but de
l'instruction, on ne peutnier qu'il en résulte des
fruits utiles.
Le premier consul m'a renvoyé un rnémoire
du citoyen Crouzei sur son établissement ; il est
fort bien fait : il renferme des vues utiles et
sages , dont plusie-urs devront être adoptées ;
mais l'établissement de Liancoùrt pèche par ses
bases.
La république doit à tous les citoyens des
moyens d'instruction.
Elle les doit gratuits auxenfans de ceuxquisont
morts à son service.
Mais elle ne doit pas à tous , sans doute, la
même instruction , et personne ne peut fiier que
la pairie ait acquitté sa dette , quand elle a fait
élever ses enfans comme les pères les eussent
fait élever eux-mêmes , s'ils ne s'étaient p^j im-
molés à son service.
D après ce principe incontestable , la patrie ne
doit pas aux enfans d'un artisan , mort à son
seivice, la même instruction qu au fils du ma-
gistrat , mort à son service.
Il est fâcheux d'insister sur ces idées ; cela est
cependant devenu nécessaire pour réparer les
erreurs dan« lesquelles on est tombé ,sur
Liancoùrt.
On y a placé des enfans dont les parens sont
dans la dernière indigence, et on les a élevés
comme si , en entrant dans le monde, ils eussent
dû jouir de quelqu'aisance; au lieu de les rendre
indépendans en^leur enseignant un métier qui les
fit vivre , qui les rendit bons citoyens , bons pères
de famille , on en a fait des hommes malinstruits ,
également déplacés parmi les artisans, comme
dans toute autre classe de la société.
Ce n'est pas tout; privés de moyens d'existence
au sortir de l'école , ils sont txposés à toutes
les séductions qui entraînent l'indigent qui ne
sait pas travailler, qui rougit de travailler; ils
sont à la fois malheureux et dangereux.
11 faut remédier à ces abus , et en fesant pour les
enians des braves soldats ce que commandela jus-
tice , l'humanité et la reconnaissance, il ne faut pas
s écarter des preiijiers principes de l'ordre social ,
ni s'exposer à perdre le prix de la dépense que
fait le gouvernement pour l'instruction de quelr
ques citoyens.
Le gouvernement , en plaçant près de chaque
bataillon deux enfans de soldats , a fait une ins-
titution utile , et qui ne peut manquer d'atteindre
son but ; en ordonnant que dans chaque dépar-
tement on paiera à quatre enfans de soldats l'ap-
prentissage du métier dans lequel leurs parens
désireront les faire élever, il a payé la dette de
la patrie , et au jlieu de 600 places créées à Lian-
coùrt, mal payées et peu profitables , il fait des
citoyens qui rentJront un jour à la patrie , par
des travaux utiles et productifs , ce qu'ils ont reçu
d'elle pour leur apprentissage.
Mais maintenant , que fera-t-on de l'établisse-
ment de Compiegne ?
Je pense qu'il est utile , qu'il est indispen-
sable de le réunir à l'administration générale
du Prytanée pour la comptabilité et pour l'ordre;
ce sera d'une part une grande économie , d'une
autre beaucoup moins d'embarras et d'entraves
pour le ministre ; enfin , un moyen de plus
pour assurer les payemens : car les établissemens
dépendans du Prytanée , s'entraideront réci-
proqueroent.
L'organisation' 'intérieure pour l'adminislralion
serait telle que je l'ai établie à Saint-Cyr , et
telle que je me propose de la régler pour les
autres collèges : en un mot, sous ce rapport,
Compiegne séràh une diyision dtj Prytannée.
L'iiidépendarice que j'ai assurée aux direc-
teurs , ces relations immédiates que je leur ai
conservées avec moi . me donnent le moyen
de former à Compiegne une instruction diffé-
rente de celle des autres collèges , et je pense
qu'elle doit être d'un degré au-dessous de celle
des autres collèges ; c'est-à-dire , que Compiegne
doit être le premier degré des autres collèges
et qu'on doit sortir de là , prêt à entrer ailleurs ,
c'est une sorte de pépinière pour les écoles
d un ordre plus relevé. Là la partie supplée
à 1 irnpossibilité où se trouvent les parens de
donner la piemiere éducation exigée par les
régleriiens pour entrer au Prytanée : là , ££S
enfans v^ouvent des pères , au lieu de ceu» qui
C'est donc pltjs jejijnes , mo.i.Bts instruits qu'à
Saint-Cyr , qu'il faut entrer à Compiegne, c'est
donc dans un autre sens qu'il doit être formé.
C'est en /suivant ces pensées «me je yien»
d'indiquer , que j'ai l'honneur , citoyens Consuls,
de vous proposer J'atrêié ci-joint.
Arrêté du 2g thermidor.
Les consuls de la république , vu la loi du »o
prairial an 3 , arrêtent :
Art. 1". L'école nationale de Compiegne est
réunie au prytanée , elle en fera une division.
II. Il y aura à l'école de Coropieg-ne trois ceni
places d'élevés gratuites , qui seront données par
le premier consul aux enfans des militaires morts
sur le champ de bataille , ou des fonctionnaires
publics morts dans l'exercice de leurs fonctions.
III. Ces enfans et ceux que leurs parens vou-
dront y placer , recevront les élémcns de I ins-
truction nécessaire pourêtre admis dans les autres
divisions du prytanée , où l'enseignement sera
perfectionné. L'instruction pourra dans la suite
être établie à Compiegne, à l'instar des autres
divisions dti prytanée.
IV. Le ministre de l'intérieur est autorisé 9
faire tous les régletnens nécessaires, tant poux
l'administration que pour 1 instruction de l'école
de Compiegne.
Le premier consul , ligné, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
PRÉFECTURE DE POLICE.
taris , ce 29 thermidor.
Le préfet de police vient de faire saisir et con-
duire dans la maison de justice du tribunal crimi-
nel du département de la Seine , le nommé
Sébastien-Gilles Huet de Guerville , ancien avocat
de Rouen , condamné par ce tribunal , le 6 ven-
tôse an 7 . à vingt années de fers, par contumace ,
pour complicité du faux quaterue de la loterie
nationale.
d'ordre; il sépare rinstruciioB de l'admiiiJstratiçni' sont raoctf pour la réptjbjijji^e.
Plusieurs personnes nous ayant témoigné le
désir de connaître plus particulièrement les deux
édits du roi de Naples , dont il est *£ait men-
tion dans la lettre écrite de cette ville , le 5 juillet
dernier (16 messidor) laquelle a été insérée dans
le n° 325 du Moniteur (25 thermidor) l'ijn coii-
cernant/iii di crédite ou billet de banque , lautrç
relatif a la noblesse , nou# en donnon; ici le
texte littéral.
1°. Edit sur le billet de banque.
Ferdinand IV par la grâce de Dieu , roi des
Siciles , de Jérusalem , etc. infant d'Espagne , ditç
de Parme , Plaisance , Castro , etc. grand prince
héréditaire de la Toscane , etc. etc. etc.
Les nouveautés qui, dans ces derniers tems,
ont eu lieu dans toute lEurope , la nécessité
de recourir à des moyens extraordinaires pour
préparer une défense vigoureuse et pour assurer
la tranquillité de nos bien aimés sujets, les troubles
et les changemens qu'ils ont amenés , ont , entra
autres maux , occasionné celui de l'agiotaga
sur le change des billets de banque. Cet agiotage
accru d'une manière efFrayante , tourmente la
circ,ulation intérieure , et porte de grands pré-
jtadices à la propriété des particuliers et à nos
rappors commerciaux avec l'étranger. Un désordre
dont les conséquences sont si graves , n'a pas
échappé, dès son principe , à notre vigilance
et à notre sollicitude paternelle; et à cet effet,
nous avons de tems à autre , dans les années
précédentes , publié différens édits et ordonnances
pour y apporter remède. Nous avons reconnu
que toutes ces mesures de notre prévoyance ,
parles changemens arrivés dans l'état des choses,
ne peuvent plus en partie avoir leur effet , et
que d'ailleurs elles sont insuffisantes pour extir-
per entièrement un fléau qui a fait de si grands
progrès. Voulant , cependant , siir u^ objet au««i
essentiel , aviser au moyen de couper court à
tout désordre et combiner ce moyen avec la
sûreté des propriétés particulières , quelques dif-
ficultés que présentent dans cette entreprise les
circonstances actuelles , parce qiie nous préfé-
rons à toute autre considératioii le bien être
de nos sujets , nous nous sommes déterminés
d'après une mûre délibération , à prendre les
résolutions suivantes , émanées de iiotre souve-
raine autorité , pour être exécutées d'une manière
inviolable.
1°. Comme, de laisser circuler en certains cas
les billets de banque à leur valeur nominale,
il résulte l'inconvénient très-grave que les par-
ticuliers qui les reçoivent ne peuvent les remettre
sur la place au même taux , par l'effet de l'agio-
tage , et qu'ils sont exposés à des pertes qui
donnent tous les jours lieu à des contestations
et à des procès ; pour mettre tjn terme à ce
désordre duquel il résulte que le même billet
de banque à deux- valeurs absolument dispro-
iS35
.portiehnés., ip^urvyhehtout ttoiainia^ aux^pro- delà dîme , des revenus de leurs fonds , .qui se-
Eriétës des particuliers, et enfin, pour que nos
ien-armés sujeis ne ;.scnyeni jplixs tourmentés et
grevés p^r <Jes ffi^)s.de,procédures , nous ordon-
Hptjs que dujpur de la, publication du présent
édjt .( dérogearft à cet effet à toute décision
intérieure ) IciS billets de banque, dans tous iles
pis ou pour quelque .payen>ent pu obligation
que ce soit , se payeront el recevront , non
suivantleur valeur nominale, mais au cours ou à la
valeur qu'ils auront dans la circulation et s'é-
cbaugent sur la place en numéraire effectif,
dans le jour oii le payement sera exécuté , et
pour empêcher toutes espèce de coniestation
qui pourrait s'élever sur l'inlerpretalion de notre
volonté royale , nous déclarons que la même
rnesure devra avoir lieu pour toutes les obliga-
fions et tous les contrats faits av^nt la publi-
cation du présent édit, .pourvu que le payement
«'en soit pas déjà consommé . et qu'on ne soit
pas convenu expressément d'exécuter le payement
en billets de banque , dans lequel cas de con-
vention particulière , nous en iaissons la déci-
sion à nos tribunaux ordinaires.
2°. Comme de l'exécution de l'article précé-
dent il pourrait résulter des dommages et iniéiêis
aux particuliers possesseurs des billets, soit parce
qu ils les auront reçus en valeur nominale pour
le paiement de leurs revenus , sort parce que leurs
débiteurs leur auront remboursé le capital en
billets de banque , soit pour toute autre raison ,
sans avoirégard, poumons, à la coiisidéraiionque
les possesseurs actuels des billets , ne les ont ,
pour la plupart , acquis qu'au cours qu ils ont eu
d'un jour à l'autre sur la place , et rualgré le dom-
mage qui est résulté pour noire trésor royal, de
rechange fait 4es billets de bancjue contre de
l'argent comptant dans les caisses du fisc ; toute-
fois sacrifiant à la «ûrcté des ptopriéics particu-
lières et àlinieniion où nous sommes de garantir
le capital entier des billets , toute autre considé-
ration et notre propre avantage , nous voulons
qu'il soit permis aux paiiiculiers eux-mêmes de
faire l'emploi des capitaux de ces billeis , dans
l'espace de quatre mois, à la cour royale qui les
recevra pour leur valeur nominale-
3". A cet effet nous ordonnons que toute per-
sonne qui voudra placer ses billets de banque sur
la cour royale , et les déposera dans les quatre
mois , à compter du jour de la publication du
présent édit, puisse le faire libreuieni. Les billets
seront reçus pour la valeur nominale , et il y sera
asssigné un intérêt annuel de (rois pour cent par
an , au comptant et franc de dîme , payable piir
-pornon tous les quatre mois , et ceiiniérêi c our-
lera du jour oii les billets auront été déposés.
4°. Le paiement des trois pour cent énoncés
dans l'article précédent, sera effectué par la cour
royale , de la même manière qu'il se pratique pour
les créances assignées sur les revenus quelle pos-
sède , et il sera pris sur le produit de la dîme , qui
continuera à êire administrée suivant le sysiême
qui se trouve établi j réservant à noire volonté
royale de prendre à lavenir , sur Tadminisiraiion
de cette branche de revenus , le le mesure que
nous croironspius convenable etplus avantageuse.
Cependant , pour la garantie des intéressés res'
pectil's , nous déclarons qu'outre le produit de la
dîme , nous hypothéquons et obligeons , ppu; la
turelé des capitaux et le paiement des inlérêls ,
tous les biens de la couronne , de quelque nature
qu'ils soient.
5'. Pour le plus grand avantage des intéressés,
nous voulons quil soit libre à tout possesseur de
billets , qui voudra placer sur la cour royale , d'en
faire faire lassign^tion loco jacilioris exacMnis ,
ju&qu'à concurrence du nionunt de liniéiêl an-
nuel qui lui sera dû , ou de la pa lie de dîme
qu'il paye lui même à la cour royale , ou de quel-
%ii 'aune partie i^mi dcin ndera ; en préférant tou-
jours , et dans tous les cas , pour la mèaïc, assigna-
tion demandée , celui qui aura le premier eûiciué
le dépôt deéfedi di crédita ou billet de banque.
6". Voulant avec autant de proui|iiiiude que
tl'etticacilé , inettie un terme au deaoïdre qui lé-
arulle dé la grande quantité de billets de banque ,
et que les possesseurs de ces billets oblicnucnt
ff>utes les facilités possibles pour la surcié de leurs
capitaux , nous ordonnons que dèi-à-piéscnl On
prLîcede à la vente de biens fonds , jusqu à Con-
currence de cinq millions payables en billets de
banque. On mettra d aborcf en vente les biens de
tous les criminels d'état , confisqués conlorraé-
nicnt aux loi» du royaume ; ensuite une quantité
de biens dévolus , de ceux de patronat toyal , et
de ceux de iazienda di tducwione , pour pathire
les cinq millions , si les biens confisques ne s'élè-
vent pa4 jusriu à CCMC valeur ; et Ion fera passer
»ur les biens des tnonastères supprimés, les pen-
jions assignées sur Iç» .biens coutisqt^és. Létat àx
tous ces biens londs assignés à 1 usage indiqué
ci-dessus , sera dressé et publié en même tçmps
que le piéteni édit , pour l'instiuclion des inté-
retlis.
7°. Nous voulons que lesdites paiiies de biens
confisqués , de reux dévolus, de patronat royal ,
Cl de l'tizimd'i di tdw.azione , ainsi que des monas-
tères suppiimés , soient indetinnisct sur le produit
ront vendus ou giévésde pensions.
'8°. Les frai.'i de la vente serout fixés sur le
revenu net de chaque bien fonds ,à un et demi
pour cent , dans les territoires de Naples et
d Aversa , à deux pour cent dans les autres
cantons de la terre de labour , et à deux et
demi pour cent dans toutes les autres provinces
du royaume ; avec cette circonstance que pour
la vente des maisons , leur prix sera fixé de la
manière que l'on croira la plus utile et la plus
convenable.
Q"- Quiconque préférera l'acquisition des biens
fonds à la renie sur la dîme, en devra faire la
soumission dans les quaire ijiois à dater du jour
de la publication de ledit , et dans l'acte de
soumission il devra s.pccifier la quaniiié de
billets de banque, correspprulanie à la valeur du
bien-fonds qu il se propose d'acquéi'.ir , dès que
le revenu en sera consiaié ; dans le cas où ce
revenu seraii inoerlain , l'acquéreor devra déposer
une quaniiié de billeis de banque , déicrmince
par la junte qui sera chargée de l'exécution du
présent édit. On lecevra ensuite sa soumission ,
sur laquelle on fera Tenchere , et l'on observera
toutes les formalilés nécessaires pour l'alicnalion
des biens fonds du fisc. Le bien fonds sera donné
au plus offrant, et roui-es les fpii.s qu'il ne resitra
pas au premier enchérisseur, celui-ci sera cou-
vert de ses billeis déposés par l'acquéicur du
bicn-londs , si mieux n'aime le premier en liiie
1 emploi à la cour royale , suivant le mode
prescrit dans les article 3 ou 4 du présent
édit.
10°. Si dans le délai prescrit des quatre mois,
deux personnes soumissionnent le même bien-
fonds avec des biilets de banque . nous voulons
que la préférence soit toujours donnée à celui
qui aura le premier déposé ses billets , sauf les
enchères au bénéfice du trésor royal.
11° S il arrivait que les biens fonds tnis en
vente fussent épuisés par le grand nombre des
soumissions , nous voulons (jue les possesseurs
des billeis ne puissent les déposer dans le délai
des quaire mois à la cour royale , qu'à là con-
diiion d'en recevoir linlérêt de trois pour cent
au comptant et franc de dîme, de ia manière
spécifiée dans les susdits ariicles 3 et 4.
12° Tous ceux qui soumissionneront des biens-
fonds , et qui déposeront leurs billets confor-
mément à l'ariicle 9, jouiront, à compter du
jour du dépôt, et tant qu'ils ne seront pas en
possessien du bien et de son revenu ; de l'inté et
de trois pour cent par an au compt.int et franc
de dime.
t3° Les quatre mois , à partir du jour de la
publication de l'édit , étant expirés , nous voulons
que la cour royale ne reçoive plus les billets pour
leur valeur nominale ; mais nous ordonnons que
tous ceux qui se p:ésenteront p ssé ce délai, ne
reçoivent les trois pour cent au comptant et
franc de dîme , qu'au taux de la valeur du billet
au cours de la place , ou du numéraire effectif
qu'il représentera au jour du dépôt. Seront évalués
de même les billets qui, passé les quatre mois,
seront déposés pour l'acquisiiion des biens-fonds.
14° Les billets et fedi di credilo , qui seront I °'^'
déposés chaque jour , soit pour avoir la rente
sur la dîme , soit pour l'acquisiiion de biens-
fonds , seront numérotés .et paraphés suivant
l'ordre de leur dépôt, non-seulement par les
personnes chargées de cet objet, mais encore
par le directeur de nos finances royales, ou,
à son défaut, par un des membres de la junte
du gouvernement, que nommera à cet effet le
lieutenant du royaume. Chaque semaine l'état en
seia publié el imprimé.
i5°. Ordonnons-en outre qu'à mesure que les
billeiç de banque seront déposés, ils seront, en
présence et avec l'assistance du propriétaire de
ces billets lui-même , frappés des deux côlcs
d une marque particulière , afiri qu'ils disparaissent
entièrement de la circulation. Cette premièie opé-
ration faite, nous voulon-s que lesdits billets ainsi
marqués, soient , à un jour déterminé delà se-
maine , frappés un à un , d'une autie marque , en
présence du directeur de nos finances , de loute
la chambre de la Sommaria , et de deux personnes
de la dcp.utation de la TiUe. ]Mous voulons qu'en
même tems on diesse un éiat exact de tous ces
billets annullés et retirés de la circulaiion , et que
cet état soit imprimé et publié clraque semaine.
16". Si les emploie sur la dîme et les billets
donnés en paiemcns des biens fonds excédent le
montant du débit de là cour royale avec les ban-
ques , nous voulons que la cour royale soit rem-
boursée de l'avance sur les effets des banques
mêmes.
17°. Quant aux billets que l'es particuliers ne
déposeront pas à la cour royale, nous permctions
que les banques en fassent Tenirée et la sortie
comme on l'.i prati'iué jusqu'à présent , et d'apiès
les règles établies. Nous ordonnons touiefois que
chaque banque ouvre un compte nouveau des
fedi di crédita en denier effectif , en y apposant
d-es marques particulières qui les distinguent des
autres , et spécialement en notant sur losdites
r^di di r.redito qu'cll.'s sont dépôtde denier^Cllf,
éiant désormais absolument défendu de mettre en
circulation cei fedi di credilo de compte uouveau,
sans montrer le denier effectif.
18". Pour 'l'cxécuiion du contenu du présent
édit, pour l'établissement du compte nouveatt
déterminé pour les banques , nous avons jugé à
propos d'ériger une junte composée de sujets
que nous noiniiicioiis , laquelle prendra toutes
les mesures convenables, el nous rendra compte
de tout , par le canal de la secrétairerie royal»
de VAzienda.
Convaincu que le vrai moyen de faire pros-
pérer notre règne , est d'amonir les dettes que
noire trésor toyal coniractcra pour cette opéra-
tipii , et désirant (jue nos sujets ne ressentent
aucun dpmmage de l'ppéraiion elle-même , nouî
déclarons que dès que les circonstances le per-
meltront , nous prendrons les mesures les plus
efficaces pour rendre aux propriétaires respectifs ,
touies les sommes pour le.juelles . en venu du
présent édit , il rccevroni I ass gnaiion de la tente
sur la dîme , ei ces remboursement s'cftectueiont
dans le même ordie où les billets auront été
déposés.
Et afin , que loire édit souverain soit connu
de tous , nous voulons el ordonnons qu'il soit
publié dam les lieux actouiumés de la capitale
ei di:s provinces du royaume , signé de nous,
scellé de nos armes , contre signé par notre
secrétaire d état de 1 Azl>.nda . visé par notre vice-
proionotatre ,, etc. ' Donné à Palerrae , le 25 avril
iSoD ( 5 floréal an 8. )
Signé, Ferdin.^nd , etc.
Cet édit a éié publié à Naples , le 8 mai suivant
( 18 floréal.)
[Demain nou% donnerons l'édit sur la noblesse. ]
Observations sur In si'chcrefsi' actuelle , ses causes
et les moyen-, de pnvrnir la progression de ce f tau;
par Anl. Alexis , cadcl , de Vaux, membre des
sociétés d a>;Ficu!iure des départeraens de la Seine,
de Seine et Oise , etc. etc.
Combien huit jours d'intervalle ont changé
le coup-doeil de la campagne et le rendent aiSi-
geant ! La moisson^ est laite et le peu de pro-
ductions qui occupe encore le sol , est gris de
poussière et sans vie ; une sécheresse excessive
donne une vraie fluidité aux terres légères,
tandis que les lerres fniies sont pirofondement
déchirées. Entretenons un peu 1 habitant des
villes du soi'i de nos champs.
J'ai rendu compte à la société d'agriculture dç
l'influence de 1 hiver et successivement de celle
du priniems sur les productions de la vallée
de Montmorency. Q'ie dirai-je de l'influence
de I été ? on na pas à se plaindre des récoltes.
C'est à Cela que se borne le bienfait de l'année
rurale , que les prémices de la saison printan-
niere annonçaient si 1 vorablement. Une pluie
de 48 heures , qui lut lombée quelques jours
av ni la moisson , aurait augmenté de 48 millions
le produit en argent du seul froment ; car il
enire plus d'eau que de soled dans la compo-
sition des grains. Qjiel à compte cette pluie
eâi é'é sur le prix des contributions.
Le foin a été abondant , mais nulle espèce de
regain.
Les pois , vesces , lentilles , le lentillon qui ,
à la faveur d'un beat» priniens , promettaient
beaucoup , ont donné assez tn fourrage , mais
peu en grain.
Le sarrazin , plante d'Afrique, a trouvé cette
année le climat île ia France trop brûlant pour y
prospérer; il rendra, peut-être, sa semence et
'ien de plus.
La vigne! elle n'est pas assez robuste pour
réiisier à lanl d'intempéries ; des venis froids ,
un soleil ardent , ynbâle desséchant, sansparler
des insecles plus multipliés que jamais, qui se sont
disputés sa feuille tendre encore , ses grains à
peine prononcés , enfin , la grappe rnême qu'ils
piquaient et desséchaient sur leur ceps.
Ces fléaux ont déjà réduit de beaucoup les
espérances; la pluie qui en eût été le remède,
n arrive point ou elle arrivera trop tard , au
moins pour les liuiis, car leur pedunculc est
desséché ; la sève épaissie en a obstrué les c<inaux
et l'eau ne peut jiliis y circuler.
Excepié la ttiise et la groseille , il n'y aar»
pas eu de liult; et c'est une bien légère indem-
niié ; ni pi unes, ni pommes.
L'abricot a pourri sur 1 arbre au moment de
mûrir , parce que l'excès de la chaleur et de la
pluie nuisent également à la maturité des fVuiis ;
c esl pour celte raison (jn'on ne peut pas en
cultiver à la Cauniiic dont le climat et la tem-'
[lèratuie leur seraieni d'ailleurs, trè.-f.ivorables.
La poire est assez abonda.nte; mais déjà elle
lombe et la pluie, s il en survient , en fera tomber
plus encore.
La pêche se colore et n'a pas acquis le tiers
de sa grosseur. — Ces melons si volumineux de
Çoulqmicts , dHonflcui ne prennent pas d'ac-
i336
troissement , la taille de cette x^'ante était réglée
sur i'èlat habituel de noire climat. , — La lige
du haricot se desseclie aver sa fleur.
Les racines potagères, la carotte, le panais,
la betieravc , qui doivent à l'action du soleil le
développement de leur principe sucré, doivent
aussi à ) liumidité leur accroissement; ces racines
n'accjuereronl par leur volume.
La pomme de terre si complaisante, qui résiste
à tant d intcnipéries ; mais qui ne résiste pas à
une excessive sécheresse , sera peu productive.
Fatigués par les ardeurs du soleil et par l'ha-
leine des vents desséehans , les planies sont pri-
vées du bieniait des rosées ; ni la soirée , ni la
matinée ne leur ont apporté le plus léger trtbut
, d'humidité ; enfin le froid des nuits, succédant
* la chaleur des jours , fait passer les plantes
"e la plus grande dilatation à un état de con-
densation qui altère la vie végétale. Il n'y a
pas de corps vivant qui puisse résister à cette
alternative de chaud et de froid ; d'ailleurs
les plantes ne croissent pas à l'aspect du soleil ;
cet astre prépare la végétation ; c'est la douce
température des nuits, qui , seule , l'opère, et
nos nuits sont froides.
Cet été est pour beaucoup d'arbr&s forestiers
leur automne ; le feuillage des uns a pris un verd
intense et sombre : la feuille des autres jaunit et
tombe; enfin tous les végétaux ou languissent,
ou périssent de sécheresse.
Tandis que nous soupirons après les pluies ,
d'autres corurées en sont inondées ; elles retardent
en Flandre le moment des récoltes , et cela doit
être ainsi ; car l'eau vaporisée doit finir par se
condenser en lorrens. En avalanges , quand les
grains végétaux ne les attirent pas pour les ré-
soudre en rosées el en pluies , c'est le bienfait
qu'on doit aux arbres.
J'ai publié , il y a deux ans , des observations
sur la diminution progressive des eaux , imprimées
et publiées par ordre du gouvernemens ; j'y éta-
blis que celle diminution est la suite de la dé-
gradation des bois ; il s'agissait, à cette époque ,
, de l'aliénation des forêts natiotiales , c'est-à-dire,
de leur destruction. Organe de la physique , j'in-
diquai les effets désastreux de celle dégradation.
' j'aime à croire que le tableau effrayant que
j'esquissai de la stérilité proAaine à laquelle la
France allait être condamnée , intimida les bons
esprits du corps-législatif , el ceux qui , ayant
des propriétés , devenaient meilleurs juges de la
propriété publique^
'Mais il ne s'agit plus à présent, cotnrae alors,
de destruction ; le gouvernement actuel en a
trisé la massue ; il veut régénérer , et les amis de
leur pays , ainsi cjue les amis des sciences , sont
admis , convoqués à ce conseil de régénération.
Nous sommes dévorés de sécheresse , et la
science dit: il ne faut pas accuser la nature,
mais l'homme, qui , en aîiérant la surface de la
terre, a changé le cours de l'atmosphère , et con-
séquemment l'influence des saisons- La nature
avait jette dévastes forêts sur le globe; elle en
avait couvert la cîme des monts; l'homme ne
cesse d'y porter la hache sacrilège, et ne replante
pas ; elle avait disséminé les arbres sur toute la
surface du globe , el il n'y a pas une qualité de
terre qui ne soit propre à la production d'un
arbre; ils croissent sur la dune, sur la roche
nue ; les règnes terrestres , aquatiques , atmos-
phériques, sont liés au sort de la végétaiion
forestière , et à son sort est lié celui des asso-
ciauons politiques.
Les société ne se forment que dans des con-
trées boisées, parce que la terre n'a de feriiliié
que dans ces contrées-là; elles n'y existent qu'au-
tant qu'il y existera des bois ; la contrée est-elle
déboisée , il n'y a ]i!us que stérilité ; la dépo-
pulation en esi la suite inévitable , l'espèce des
animaux utiles et des hommes s'y éteint, des
peuplades sauvages erient sur le sol; le lion, le
tigre, loiseau de proie et le serpent régnent là
oik paissaient le bœuf , le mouton , l'oiseau de
basse-cour et l'innocent reptile. Une fo:êt avait
formé les liens d'une société , sa dégradation les
a rompus : combien de vastes contrées en Asie,
en Affrique , jadis stériles et peuplées autant que
celte France orgueilleuse de son sol et de sa
fécondité, sont devenues de vastes déserts.
La fécondité de la terre dépend des arbres
seuls , parce qu'eux Seuls y entretiennent l'hu-'
midité du sol , multiplient les sources, les ruis-
seaux , les étangs , les rivières , les fleuves , enfin
les amas d'eau dont l'évaporation favorise la
végétation et salubrilie l'air.
Les arbrfes fécondent la terre, non-seulement
en y entretenant l'humidité , mais encore en la
couvrant des débris de leurs feuilles; voilà
pourquoi' le terrein le plus infenile devient
propre à la culture forestière ; osez-le défricher
pour le rendre à d'autres cultures , elles y pros-
pèrent pendant trois ou quatre années seulement ;
ce leras suffit pour usur \ humus . et le sol qu'oc-
cupait une vaste et belle forêt , devient une
plage aride ; il se couvrira de ronces et de
chardons; tel est le sort de ces nombreux dé-
ftichemens ; il n'y a pas iine commune qui n'ait
à regteter une plantation que la cupidité a fait
abattre, qui n'y ait perdu une source fécondante,
un abri salutaire , et une reproduction en bois
relative à sa consommation.
Les arbres influeiit sur la fertilité de la terre,
en abiiiant les contrées des vents desséchans.
J'ai dans mou petit domaine un verger qui n'a
rien à redouter des gelées ; je le dois à une
haie vive qui l'eniourc , et sur-tout à un bou-
quet de i5 ou 20 arbres qui se présente angu-
lairement au ventdu nord et le brise , c est pour
mon berger ia roche granitique de Maringo.
Abbaitez-le : je gelé.
Une forêt est un foyer de chaleur : elle devient
le réservoir du calorique émané du soleil, de
celui qui n'ait de la fermention de cette couche
épaisse de feuilles et de débris d'insectes qui
recouvrent son sol ; enfin , une grande végé-
tation , une masse d'êtres organisés qui ont vie,
développent le calorique : l'arbre a un degré de
chaleur supérieur à celui de l'atmosphère qui
l'environne.
Le règne atmosphérique est lié au sort de
la végétation forestière; en effet, l'atmosphère
est le réservoir de tous les fluides qui émanent
de la terre et du soleil ; c'est un vaste labora-
toire ou les météores gazeux , aqueux , ignés,
se modifient , se composent pour former les
vens , les rosées , les brouillards , la neige , la
grêle , la pluie et , de concert avec la matière
électrique, les orages et la foudre; mais les
forêts , les arbres multipliés règlent cet empire de
l'atmosphère ; les grands végétaux peuvent seuls
la forcer à payer le tribut régulier de rosées ,
de pluies, dans lesquelles se résolvent les météores
aqueux pour les porter vers la terre qui , res-
tituant à l'atmosphère cette eau qu'elle en a
soutirée par les canaux des arbres , s'alimente
et alimente ainsi les météores.
Les arbres servent aussi à établir la circulation
du fluide électrique de 1 atmosphère à la terre : un
seul arbre voisin d'une chaumière , peut la pré-
server de la foudre , il attire sa portion d'humidilé.
Que ne peut donc pas une forêt sur les météores
aqueux et ignés ?
Je suivais , l'année dernière , l'avenue de Saint-
Denis , un livre en mam. je ra'appeiçus que je
marchais tour à tour dans la boue et sur la pous-
sière. Cette avenue n étoit pas alors replantée : il
y avoit eu , le malin , du brouillard ; là oii posait
un grand arbre , le sol était profondemeiit mouillé;
dans l'intervalle déboisé , le mouvement du pied
poudroit : un simple choux reçoit bien aussi son
tribut de rosée. Les arbres sont donc les régula-
teurs des météores , conséquemment des saisons;
taudis que c'est aux vents froids, aux vents brûlans,
au sirocô, au mistral, aux ouragans que sont livrées
les contrées dénudées de forets.
Il ne pleut jamais dans ces contrées , parce
qu'un sol sec ei brûlant sollicite en vain ce mé-
téore : il faut un sol humide pour attirer , pour
déterminer la pluie; c'est .la cause pour laquelle
nous en sommes privés depuis deux mois.
Les nuées sont devenues des fleuves dont, les
vents du nord et d'est règlent le cours , qui atti-
rent et entraînent tout ce que l'atmosphère con-
tient d'eau ; aussi depuis long-tems nous ne con-
naissons plus ni rosée ni serein; nous sommes
livrés tout à-la-fois à un vent rigoureux , à un
soleil brûlant que ne tempère nul météore humide.
Ces fleuves d'eau s'écouleront enfin en lorrens ,
en avalanges ; ils étaient destinés à féconder la
terre , ils la dévasteront, et malheur au pays con-
damné à recevoir ses cataractes ! cinquante lieues
de surface auront été desséchées pour inonder
Plombières.
La matière électrique soutirée du sein de la
terre et entraînée par les pues , nous prive des
orages , et quel orage n'eSt pas préférable à Cfit
état de choses. . v • , ■
La nature ne s'entretient que par les révolutions:
la mer a ses tempêtes ; /'atmosphère sa foudre et
ses carreaux; la terre ses tremblemens et ses vol-
cans ; I économie animale ses crises et ses mala-
dies ; les gouvernemens enfin ont leurs révolii-
tions ; toutes, phisiques ou politiques , so-nt ac-
compagnées de désastres.
Mais enfin le calme succède à toutes, quand le
génie de la nature, ou celui d'un grand homme,
en ordonnent ainsi ; alors les élémens et les
nations se pacifient.
[La suite demain.)
^VJS MARITIME.
Le navire ta jeune Aimée , cap. Hugues , doublé
en cuivre , du port de 33o tonneaux , très-connu
pour la supériorité de sa marche , partira pour
risle-de-Fr.ince du i5 au 20 septembre v. st. Il
prendra des passagers , qui seront très-bien logés.
S'adresser au cit. Cline, armateur, rue S. François,
n° 6 , Bordeaux.
GEOGRAPHIE ET HYDROGRAPHIE.
Collection de plans déports, baies, villes, etc.
dressés au dépôt des cartes, plans etjournaux de
la nrarine , par ordre du gouvernement.
Plan du port du Passage.
Anse et baie de Bilbao.
Port de Saniona.
Port de Saniander.
Anse de Gijon.
Havre, de 'Vivaro, Ribadeo, et port de Cedeira.
Havre de Barquero et estaca de Vares. >,
Port du Ferol, avec le pbn de la darseou bassin.
Port de Caraarinas.
Anse et havre de Corcubion.
. Plan du havre de Pontevedia.
Havre de Vigo.
Plan de la ville , du port et de l'arsenal de
Cartagêne.
Baye de Palme , port d'Andrache , de Poller ,
de Petra et Cala-Longa.
Chacuii de ces plans se vend séparément l fr.
25 cent.
Carte itinéraire de la France , en quatre feuilles,
divisée par dépariemens , indiquant les chefs-
lieux de dépariemens , les préfectures , sous-
préfectures, etc. etc. Toutes les routes de postes ,
lieux de relais , et autres routes de communica-
tions ; d'une très-belle exéculion ; nouvellement
revue et augmentée , par Dezauche , géographe.
Prix , 12 francs,
La France par dépariemens , préfectures , sous-
préfectures. Une feuille. I f. 5o cent.
AÇaris,chez Dezauche, géographe, succes-
seur de Guil. Delisle et Phil. Buache, géographes,
rue des Noyers , n°. 33.
LIVRES DIVERS.
l-Hsloire de lafevre qui a régné épidémiquement
à Grenoble pendant les mois de vendémiaire ,
brumaire, frimaire et nivôse de la présente année,
parle cit. Trousset , docteur en médecine de la.
faculté de Montpellier , professeur de phisique et
de chimie à l'école centrale du département de
risere , inspecteur des eaux minérales de ce dé-
partement , médecin de l'hospice civil de la
commune de Grenoble , et membre ou corres-
pondant de plusieurs sociétés de sciences et arts,
A Grenoble , chez J. L. A. Giroud , imprimeur-
libraire , place aux herbes , et à Paris , chez
Mauge , libraire , rue des Bons-Enfans , n" 19
et 36.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republk^ue et des Arts.
Dem. les Prétendus, elle ballet de Fygmalion.
Théâtre DU Vaudeville. Auj. le Pot-Pourri i
Dancourt , el Adèle.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la i"^''^ repr. de Encor des ruses ou ks
quatre Signataires , et l'honnête Criminel.
Dem. la 1"' représ, des Avant-postes , pièce
anecdotique en un acte.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes,
Auj. la 2° reprès. ds' Jenny ou tes Ecossais .
drame en 3 actes.
L'abonnement se fait à Paris , rue des Poitevins, n° 18. Le prix est de 25 flancs pour trois mois, 5o fiajic» pour 6 mpis, et 100 francs pour l'année entière. On ne s'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les IcUres ctTatgcnt , franc de port , au cit. A G A s s e, propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut atFtancliir. Les Icures des dépancmens non a£rranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue dei
Poitevins, n« i3,depui jueuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UMvERSEL.
^^332.
Duodi , 2 fructidor an 8 de la république française une et indivisible.
Novs somtties autorisés i prévenir nos soiis.ciipreuts , qu'à dater du 7 iiivôie k M O N' I T EU R esc le seul jàiirnat officiel.
Il contient les séances des autorités GOnstitiiées , les actes du gouvernement 4 les r.onvelles des armées, ainsi que les faits et les ilo'dbhi
rantswr l'intérieur que sur l'extérieur, fournil par les correspondances ministérielles.
Un artiale ssia piciîculiérement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I E U R.
ANGLETERRE.
Aj'article suivant a paru le premier août . dans
le journal anglais intitulé l Or/irclt, Il est à reinai-
quer qu'à cette éi)Oi.iue les journaux anglais n'a-
vaient point encore parlé de la prise d un convoi
danois par la frégate aiigbite la Nemésis , non
plus que de la violence exercée par l'amiral
Ouckworth , contre une frégate danoise, f)uil a
conduite à Gibraltar. Les réflexions de l'Oracle
coïncident très-bien avec ces événemens. La
ifiéorie sert ici d'explication aux faits , et montre
aux nations neutres jusqu à quel point elles peuvent
compter sur la considération et les égards de
TAngleterrq
Ce qui occupe actuellement l'attention des
politiques , est le renouvellement d'un système
de neutralité armée , qu'imagina l'ancien roi de
Prusse, vers la fin de la guerre d'Amérique , et
qu'adopta , avec empressement , l'impératrice
Catfierine II. Nos ministres , à cette époque ,
furent fort blâtnés de n'avoir pas envoyé sur-le-
*champ une floue dans la Baltique , pour épou-
vanter et dissoudre une confédération fondée sur
les dispositions les plus contraires aux intérêts de
notre pays.
; L'Angleterre avait cependant alors plus d'une
affaire-, et, malgré les brillans avantages de ses
flottes , la puissance navale de ses adversaires
était si loin d'être entièrement détruite , qu'elle se
, montrait quelquefois jusque dans le canal an-
glais (l) avec une orgueilleuse supériorité. Les
choses aujourd bui sont bien changées ; l'Angle-
terre n'a plus de concurrent à l'empire des mers.
Les tristes restes des marines française, espagnole
et hollandaise (relliquia Danaum) cachés dans les
pprts. n'osent paraître sur 1 Océan , ni se montrer
devant les escadres triomphantes de la Grande-
Bretagne.
On ne peut croire que, dans de pareilles cir-
constances, notre cabinet veuille se soumettre aux
ordres des puissances mariiimes du Nord ; faibles
ennemis dont les plus grands efforts seront aussi
impuissans contre nous , que la lance de Priam
contre le bouclier de Pyrrhus. Cette combinaison
lointaine n'a pas échappé , dans son origine , à
la. vigilance des ministres anglais qui ont observé
ses progrès avec inquiétude , quoiqu'ils n'eussent
pas de moyens pour l'empêeher de se former.
Tant qu'elle n'a point eu d'effets visibles , on ne
pouvait dans ce pays-ci prendre aucune mesure
pour la détruire, sans séxposer à passer pour
aggresseur. Mais à présent qu'elle prend une
forme plus déterminée , et qu'elle tente de porter
à l'ennemi des secours que les lois de la guerre
nous autorisent à intercepter, l'accusation d ag-
gression retombe nécessairement sur elle : et l'An-
gleterre se voit forcée à exiger par la force des
• cmes les égal ds que Ion refuseaux lois du bon
voisinage et aux droits des nations.
Rien, dans le caractère connu de nos ministres;,
ne. peut faire supposer qu'ils suivent les conseils
d'une timide politique , ni qu'ils laissent impu-
nément avilir ou insulter lAnglcterre. Les plus
gjands hommes d'état, les meilleurs écrivains
Îiolitiques ont toujours tenu pour maxime q,ue
A plus juste cause d'une guérie est le désir
de venger l'honneur d'une nation outragée.
Nous n avons montré peut-être que trop de con-
descendance (2), à ces puissances du Nord et par-
(t) La Manche.
(2) La condescendance du gouvernement anglais
il I égard der puissance» neutres, est une expres-
sion si nouvelle, (ju'elle doit paraître une ironie'
à ceux qui savent avec qu.el dédain les agens de
ciitc naiton iniient les cours dont ils cTOycnt
nWoit point à redouier le ressentimerrt. On conte
à ce sujet qu'un ministre anglais , à l'époque où
Is trahison avait livré Toulon à ces acheteurs de
conquêtes . cherchait à persuader au célèbre
Bi;riisiofl . que le Dannemarck devait sans plus
tarder entrer dans une coalition-dont lee succèiî
lui permettaient d'exiger que personne ne restât
neutre dans, sa (]ueri-:llci Le ministre danois; fei-
gnant une affaire (jui I appelé pour (]uelqv>et mi-
outet-, inyi(«rang]|aia à. rosier, et lui remet, pour
ticullérenient à l'une d'elles qui n'a jamais dé-
guisé son animosilé. Mais lorsqu'on ose nous
jeter le gant . ce n'est pas à nous à refuser le
défi. Livres déjà à une guêtre dispendieuse qui
séiend à tant de parties du monde . l'Angleterre
n ira pas, de gaiié de cœur, prQyoi]uer de
nouveaux ailversaires : comme le disait notre
roi Henri 'V , avant la bataille d'j^aincourt :
Dans l'état où nous sommes nous ne ihirrhoiu
pas à comJinttre ; mais malgré l'état où nous soynmcs ,
nous ne l'éviterons pas.
Quant aux moyens d'attaque respectifs entre
nous et ces puissances . il v a si peu de pro-
portion , que , sans l'aogres.'inn et l'intervention
iimprudtnie de la ligue , 1 Angleterre pourrait
cire soupçonnée d'ambition dans ses motifs , et
accusée de vouloir profiter de la force prodi-
gieuse de sa marine , au moment de sa plus haute
activité , pour écraser en un coup toutes les
puissances maritimes du monde, et s'assurer à
!jamais l'empire des mers ; mais la ligue et l'in-
discrétion des confédéiés nous épargnera proba-
blement ce reproche ; et si de promptes et vi-
goureuses remontrances ne suffisaient pas pour
dissoudre cette association hostile qui se couvre
du nom spécieux de neutralité , nous pourrions
bien voir le héros du Nil cueillir de nouVeaux
lauriers dans la Baltique. Une escadre . pareille
à celle que lord Nel.son conduisit dans la Mé-
diterranée , anéantirait les armées navales de tou-
tes les puissances du Nord. Nous n'avons pas
oublié i|uc le roi de Danemarck s'est vu obligé
de faire arrrende honorable , lorsque le corâmo-
dore de trois vaisseaux de ligne anglais vint dans
sa capitale lui demander raison de sa conduite ,
et nouï savoi^is assez que l'approche d'une flotte
anglaise jetterait la consternation et i'effroi parmi
les habitans de Coppcnhague. Une attaque sur
le Sund , pour peu qu'elle réussît .aurait bientôt
décidé la question; et quant aux trois îles danoi-
ses de l'Amérique , on ne peut douter qu'elles
ne fussent obligées de se rendre à la première
sommation.
Toutes ces considérations nous font penser
que les mesures promptes et vigoureuses que
paraît prendre le ministère pour la dissolution
de cette ligue ne seront pas sans eflTet, A tout
événement, il n'y a pas lieu d en craindre de
fâcheux résultats -, quelques canaux de notre
commerce seront pour un moment obstrués ;
mais ce genre d inconvéniens retombera bientôt
sur ceux qui l'auront provoqué. Enfin nos mi-
nistres semblent disposés à agir d'une manière
énergique et décisive , et nous ne doutons point
que le résultat de la contestation ne soit hono-
rable et avantageux à la nation anglaise.
(The Oracle-, l" août . l3 thermidor.)
I N T É R LEUR.
Paris » le i^^' fructidor.
L'iNSTmrr national a assisté le sg de ce itiois
aux funérailles dti eho'yen Lhéritier.
— Il se confirme qu'à Gêne» l'épidéitiie a
diminué de manière, à faire espère» dans peu
sa> cessation totale.
— Dans la nuit du 2g au 3o , le tonnerre est
tombé sur l'édifice connu à Paris sous le nom
du petit Châtelèl; il a- oecasiortné quelques dé-
gâts ; mais personne, n'a péri.
— En Ai>gleterre , le courrieraciuel deiattlallî
entre Shal'ion et Sarum , a lait, depuis qu'il est
au service de la poste , tant sur cette route qu«
sur celle de Sherborne, plus de 325,200 railles,
108,733 lieues, ce qui fait plus de douze fois
le tour dé la terre , et probablement plus- ijue-
personne n'a jamais fait en Angleterre sur la
nrêïne route.
s'occuper, en attendant son retour, un journal
français' qui venait d'arriver. L'envoyé lit le
Moniteur, et trouve à la premierepagc la reprise
de Toulon par les français. On suppose que ,
dans lai suite de l'entretien, aU' lieu d'exalter la
puissance de la coalition , il parla de- celle de la^
France , et qti il insista plus- sur la nécessité de la
défensive que sur la probabilité de. la conquête.
ACTES DU GOUVERNEMENT..
Arrêté du ^^ thermidor.
BoNArARTP. (premier consul de la républiqile ,
arrête ce qui suit :
Le citoyen jourdan , est WoWrtié sécrétai i^e-gé-
niral de la piéltciure de la Roè"* ^ en remplaee-
riieiit du citoyen Gorbigny , ap|>élé à dâujtfttf
foiiclintis.
Le ministre de U justice est chargé de l'exécu-
tion du présent arrête.
Le prenjir consul , Signé , Bonaparte.
Par le premier Lonsitl-,
Le sectétaiie-d'étàt . signé. H. B. Maret.
Au NOM 1>U f E iJ i" L K FP.ANÇAIS. • '
Les consuls de la république , sur le rapJJOrB
du miiiislre de l'iniédeut , anêteril : . .
Art. I"'. Il eît accordé au citoyen' Pierre Pre-J
min , chimiste , demeurant à Paris , rue du iAu%-
bourg Martin , n° 206 , un brevet d'itiveniion dé
quinze années entières et consécutives , à compter
de la date des présentes : à l'effet de pouvoir pra-
tiquer, vendre et débiter par-toiit oià il le jugera
convenable . dans toute l'étendue de la répubh-
que , le charbon de bois , la tourbe corporiliée
ou en charbon, et tous autres charbons résultans
d'opérations faites suivant son procédé , et d'après
SCS appareils pour la carbonisation par disullation,
dont il a déclaré être à la fois 1 inventeur et le
perfectionneUr ; à la charge par lui d'einployer
les moyens indiqués danfe son mémoire. Sur tes
appareils servant à cette carbonisation , il pourra
être appliqué un timbre ou cartel avec Ces mot^ :
brevet d'invention et le nom de l'auteur , jJour
par lui et ses ayant cause jouir dudil brevet ,
dans toute létendue de la république pendant
quinze années.
IL II est expressément défendu d'iitiiter et
d'employerles moyens dontil 3 agit , sous quelque
caujc que ce soit; et, pour assurer au citoyen
Pierre Fremin la jouissance dudit brevet , le pré-
sent arrêté sera inséré au bulletin des lois. ■
III. Les tribunaux , les préfets et sous -préfet»
feront jouirpleineraent et paisiblement des droits
conférés par ce présent , le citoyen Pierre Fremin
ou ses ayant cause , fesant cesser tout empêche-
ment contraire. Ils feront transcrire ce brevet sur
leurs registres . lire , publier et afficher dans leurs
ressoit et départemens respectifs , pour être
exécuté pendant s'a durée comme loi de la ré-
publique.
Fait au Palais national des consuls de la ré-
publique , le 2 J thermidor an 8.
Le premier consul ., sign.é , Bonaparte.
Par le preolier consul , ;
Le secrétaire-d'état , signé'\ H. B. Maret.
Arrêté du 29 thermidor an 8.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies, le
conseil-d'élat entendu , arrêtent ce qui suit :
TITRE. P R E M I E R.
Composition àu corps militaire de Id mdr'in'e.
Art. I'^. Il sera entretenu , pour le service de
fe marine , le nombre de treize-cents cinquante-
quatre officiers , déterminé par la loi du 3 bru-
maire an 4.
n. Ce nombre d'officiers sera réparti dans le9
difTérens grades de la marine dans la proportion
siuivante :
8 Vice-arairaux.
16 Contre-attiiraux.
i5o Capitaines de vaisseau.
180 Capitaines de frégate.
40tf Lieirtenarts de vaisseau.
6oo' Enseignes de vaisseau.
1354
IIÏ. Les officiers de tous les grades seTotit dît-
tingucs en officiers en activité de service et oSÏ"
cierS eh non activité.
IV. La liste dés officiers en activité sera arrêlét ,
chaque année, par le' premiet* consul.
V. Elle sera réglée, sur les besoins' prévus du
service de l'année : elle comprendra lononnbre
d'officiers né c« («aires.
I" Poor former l'éfat-inajor de tous les vais-
seaux, frégates et autres bâtimens armés et à
sttmer pendant le cours de l'année ;
2° Pour être employés aux mouveraens des
ports ;
3° Pour le service habituel des ports , arse-
naux, comprenant gardes, rondes, visiies . ré-
cents et autres fonctions attribuées aux officiers
de vaisseau par les réglemens.
VI. Chaque année, dans la dernière décadi'
de thermidor, le minisire fera, au premier con-
sul, un rapport dans lequel, exposant les a rme-
mens à faire ou à conserver pour l'année sui-
vante ,il proposera le nombre d'officiers à laisser
ou à mettre en activité pour le service de l'année
et en présentera la liste nominative.
VII. La liste, telle qu'elle aura été arrêtée par
le premier consul, sera publiée, au plus tard,
dans la dernière décade de fructidor.
VIII. Les fonctions de préfet maritime n'inter-
rompent point l'activité de service.
IX. Les ofliciers à mettre en activité de service
ne pourront être pris que parmi ceux composant
le corps des officiers de vaisseau.
TITRE II.
Service des officiers en activité.
X. Les ofliciers en activité de service seront
employés sur les bâtimens armés ou dans les
ports.
XI. Au désarmement de chaque vaisseau , le
dernier -capitaine qui l'aura commandé , et à son I
défaut , le capitaine de frégate qui y ét.iit em-
ployé , restera affecté à ce vaisseau pour veiller à
son entretien : il sera secondé par un lieutenant
de vaisseau et un enseigne.
Il sera pareillement affecté au vaisseau nou-
vellement construit un capitaine de vaisseau , et
à son défaut , un capitaine de frégate également
secondé par ufi lieutenant et un enseigne.
XII. Il sera affecté pour le mime service un
capitaine de frégatS "et un lieutenant à chaque
frégate ; il aura sôiis ses ordres un enseigne;
Un lieutenant à toute corvelle de vingt canons
et au-dessus ;
Et un enseigne à toute corvette ou brick de
douze à vingt canons, eiàtous bâtimens décharge
de trois cents tonneaux et au-dessus.
XIII. L'officier attaché en chef à la surveillance
d'un bâtiment de guerre sera tenu d'en faire , au
moins deux fois par an , la visite et d'en dresser
procès-verbal.
XIV. Les officiers employés de cette manière
feront aussi le service habituel des gardés , rondes ,
visites et recette , à exécuter dans les ports.
XV. Les officiers affectés à chaque bâtiment
seront chargés d'en commencer l'armement jus-
qu'à la formation de leur état-major , et il leur
sera adjoint le nombre d'officiers nécessaire pour
les seconder.
XVI. Les officiers de vaisseau préviendront le
chef des mouvemens , de tous' les besoins que
pourraient avoir les bâtimens auxquels ils sont
attachés.
■Us rendront compte au chef militaire des dé-
tails relatifs aux autres parties du service dont
ils pourraient être chargés.
TITRE III.
Des officiers en non activité.
XVII. Les officiers en non activité de service ,
seront autorisés à se retirer dans les lieux qui
leur conviendront davantage , sous l'obligation
d'-en prévenir le préfet maritime de leur arron-
dissement.
XVIII. Il ne sera payé aucune conduite aux
officiers en non-activité , tant pour se rendre dil
port de leur résidence au lieu de leur retraite , que
pour revenir à ce port , au moment où ils seront
rappelés.
XIX. Ils pourront commander des bâtimens de
commerce ou y être employés en quelque qualité
que ce soit, après en avoir obtenu la permission du
ministre , s'ils sont capitaines de vaisseau , et du
préfet , s'ils n'ont qu'un grade inférieur.
Ils seront tenus de produire cette permission
au commissaire de l'inscription maritime du port
d'équipement du bâtiment de commerce.
XX. A dater de la formation de la première
liste d'activité , tout officier qui aura été trois ans
sans activité de service militaire , sera censé ré-
formé , et il lui sera alloué un traitement de ré-
forme proportionné à la durée de ses services.
XXI. Tout officier cessera d'être en activité de
service , dès le moment oià il ne sera plus com-
pris dans la liste d'activité , qui sera publiée ,
chaque année , dans le mois de fructidor.
TITRE IV.
Officiers non entretenus.
XXII. Il ne sera employé d'officiers non en-
tretenus que lorsque la totalité des officiers entre-
i338
lentis mis en activité , sera insuffisante- pour les
besoins du service.
XXIII. Les officiers non entretenus appelés au
service , y seront en activité dans le grade dont ils
ont le titre , et en auront le traitement.
XXIV. Les capitaines des bâtimens de com-
merce au long cours , ne peuvent être appelés
au service qu'en qualité d enseignes non en-
tretenus.
Ils ne pourront devenir liciilenans que par leurs
services dr.ns la marine militaire , ou par des ac-
tions d'éclat sur des bâtimens particuliers , dont
mention sera faite dans leurs commissions.
XXV. Les appoiritemens des officiers non en-
tretenus cesseiom du moment oià ils ne seront
plus employés.
XXVL II leur. sera pa)^é des conduites pour
aller, et revenir, .à moins qu'ils n'ayent demandé
de qiiii.ter le , service , auquel cas il ne leur est
dû Tucune conduite de reioui.
XXVII. Les otticicrs non entretenus prendront
tang avec les officiers entretenus suivant leur
ancienneté.
L'ancienneté des ofliciers non entretenus est
évaluée par le lems pendant lequel ils ont été
réellement employés au service de l'éiai , soit
dans les ports, soit sur les vaisseaux.
XXVIII. Tout enseigne non entretenu qui sera
fiit lleuienanl de vaisseau , fera partie du corjjs
des officiers entretenus de la marine , et prendra
rang de la date de son brevet de lieutenant.
TITRE V.
Appointemens.
XXIX. Les appointemens de tous les officiers
seront réglés poui le tems de paix ; en tems de
guerre ,ils seront augmentés d'une moitié en-sus.
XXX. Pour les ofliciers de vaisseau , le ser-
vice à terre , a moins qu'il n'ait lieu dans lar-
mce de terre, est réputé service de paix , en
tems de guerre comme en tems de paix ; le
service à la mer est réputé service de guerre ,
pendant la paix comme pendant la guerre.
XXXI. A compter du i" vendémiaire , les
appointemens des officie.s de vaisseau en ac-
tivité de service en lems de paix, seront :
Pour les vice-amiraux, de. . . . 12,000 fr.
Contre amiraux 8,oc(o
( Un tiers à la
Capitaine de vaiss. ) ;î(' ''^^."- : 4,ooo
\ iJeux tiers a
^ la i' classe. 3,6oo
Capitaines de frégate 2.400
Lieuienans de vaisseau 1,600
Enseignes de vaisseau 1,200
XXXII. L'augmentation d'une moitié en-sus
pour les officiers de vaisseaux armés , n'aura
lieu que depuis le jour de la revue d'armement
jusqu au jour de la revue du désarmement.
XXXin. Seront traités comme les officiers em-
barqués , ceux qui seront employés d'une manière
permanente aux mouvemens des ports , et les
officiers d'état-major des ports en tems de guerre
seulement. '
XXXIV. Les officiers en non activité n'auront
que la moitié du traitement donijouissent, à terre,
les officiers en activité de service.
Les officiers remis en activité jouiront de la
totalité des appointemens de paix , dès le jour
de leur arrivée dans le lieu oîi ils auront été
rappelles. ,
XXXVI. Les appointemens d'activité cesseront
pour les officiers non compris dans la liste d'ac-
tivité du jour où cette liste sera arrivée dans le
port ou ils sont employés.
XXXVII. Les officiers hors d'activité qui ,
sans excuses valables , ne se rendront pas au
port où ils auront été rappelés , seront censés
démissionnaires, et nepourrontprétendreà aucun
traitement de réforme ou de solde de retraite.
TITRE VI.
Avancement.
XXXVIII. Il n.e sera fait de promotion dans
les grades de la marine , que lorsque le nombre
des officiei:s stra au-dessous de celui qui a été
fixé par l'article II , pour chaque grade.
Sont exceptés les avancemens extraordinaires
pour faits de guerre et actions d'éclat.
XXXIX. Les promotions seront faites à l'ancien-
neté ou au choix dans les proportions suivantes :
Les officiers généraux seront tous au choix du
premier consul ;
Les capitaines de vaisseau seront nommés un
quart à l'ancienneté, et les trois-quarts , auchoix
du premier consul ;
Les capitaines de frégate, naoitié à l'ancienneté,
moitié au choix ;
Les lieutenans de vaisseau , les trois-quarts à
l'ancienneté , le quart au choix ;
Les enseignes de vaisseau , les, sept-huitièmes
au concours , et le huitième au choix.
XL. Nul officier ne pourra être promu à un
grade qu'apiès avoir passé deux ans au moins
dans le grade immédiaiemcnt inférieur.
XLI. Nul individu aspirant ou autre , ne peut
être l'ait enseigne de vaisseau , qu'après quatre ans
effectifs de navigation en (juelque qualité que o.e
soit; néanmoins ceux qui prouveront , par ex-
traits ou journaux détaillés et certifiés de capi-
taine .qu ils ont deux ans de navigation effective,
c'est-à dire sous voile , non compris le tems de
relâche et les séjours en rade ou dans le port ,
seront réputés avoir le lems de navigation exigé
pour ê;re faits enseignes.
XLII. Les quatre ans de navigation seront éga-
lement exigés des aspirans qui se présenteront
au concours pour être faits enseignes.
XLIII. Sont exceptés les avancemens pour
actions d éclat , qui ne sont assujetis à aucune de»
c nJiiionsxi^dessus énoncées.
XLIV. Les promotions , soit à l'ancienneté,
spii au choix , porteront indistinctement sur le»
officiers eiitreientis et 'es officiers non entretenus,
suivant leur mérite ou leur ancienneté respective.
XI.V. Elles ne pourront avoir lieu que parmi
les officiers en activité de service.
XLVI. Tout officier remis en activité reprendra
son rang , mais seulement dans le grade qu'il
avait , lorsqu il a cessé d être en activité.
XLVII. Le ministre de la marine et des colonies
est chargé de lexécution du présent arrêté , qui
sera imprimé au bulletin des lois. ■
Le premier consid , signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le ministre de l'intérieur , aux préfets des départe-^
mens. — Paris , le 28 thermidor, an 8 de la répu-
blique française une et indivisihle.
Pli;sihurs d'entre vous m'ont consulté, citoyen
préfet , pour savoir quelle est l'intention du gou-
vernement sur la célébration des décadis; et dans
I incertitude où les laissaient les lois rendues sur
ces questions , quelques-uns même ont pris de»
aiiêiés qu'il n'a pas été possible d'approuver. Le
gouvernement a voulu faire cesser tous les doutes
qui s'étaient élevés , et il a posé dans son arrêté
du 7 de ce mois , que je vous adresse , les prin-
cipes d'après lesquels vous devez vous conduire.
L'institution du calendrier décadaire est un des
fruits les plus utiles de la révolution ; c'est une
des plus précieuses conquêtes de la philosophie ;
elle appartient à la république: il n'est pas per-
mis à ceux qui la servent et qui l'aiment , de faire
usage d une autre manière de diviser le tems.
C est sur ce calendrier que doivent se régler •'-
leurs actes publics ; c'est aussi le seul que le
gouvernement adopte, le seul qu'il reconnaisse.
Mais cette division civile à laquelle sont assu-
jettis par la loi tous ceux que salarie la répu^
blique, à laquelle se conforment avec empresse-
ment tous ceux à qui elle est chère , n'a rien
de commun avec les actions particulières de»
citoyens qu une opinion quelconque détermine
à travailler ou à se reposer tel jour.
Tel est l'esprit de l'arrêté que je vous transmets :
il est conforme à tous les principes de la raison
et de la liberté ; il était désiré par tous les ci-
toyens , par tous les amis de la république. Le
gouvernement ne veut pas se mêler de ce qui
tient à la conscience particulière de chacun ; il
n'en demande pas compte ; et tous ceux qui
obéissent aux lois , peuvent , dans leurs affaires
privées , tenir la conduite qui leur paraît la plus
convenable : mais en accordant à tous liberté et
protection , il réprimera avec une inflexible sé-
vérité ceux qui , abusant de cette liberté même ,
oseraient s'en servir comme d'un moyen de per-
sécution contre des citoyens qui n'adopteraient
pas leur opinion. Que tous soient libres «n •ob-
servant les lois.
Le calendrier décimal est celui de la répu-
blique ; il est celui de tous les français : les au-
tres appartiennent à tel ou tel culte, et n'ont rien
de national.
Je vous adresse également, citoyen préfet , un
autre arrêté du même jour sur la célébration des
mariages. La loi du 20 septembre 1792 çn est la
base : vous la prendrez pour règle de votre
conduite; et dans tous les cas qui pourraient vous
présenter des doutes , c'est à elle que vous aure»
recours.
Les maires et les adjoints sont les seuls officiers
civils ; eux seuls peuvent donner aux actes qui
constatent l'état des citoyens, l'authenticité lé-
gale. Les formes des publications , les délais ,
les formules d'actes , les lieux , tout est prévu
dans la loi ; c'est à vous à veiller à ce qu'ils s'y
conforment. ■'
Je vous s^lue , Signé , L. Bonaparte.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le sg thermidor au soir , un enfant âgé d'en-
viron quinze ans , qui se baignait près le quai
des Moifondus , s exposa imprudemment au
courant de la rivière et bientôt il disparut. Un
autre entant qui n'avait que douze ans se préci-
piie au milieu de l'eau , plonge jusqu à cinq
fois et le ramené enfin. Cejcune citoyen se nomme
MaTsekiiu.
Peu de jours avant , une femme occupée à
laver du linge au pori Saint-Paul , tomba dans la
rivière etr,eirouva aussitôt cmbairassée sous la levée
du bateau à lessive; elle allait périr lorsqu'un
jeune homme nommé Dubois , gaiçon marinier ,
ne consultant que sa sensibilité , se précipite sous
la levée, dégage la personne en danger et la ra-
mené jusqu'à son domicile.
Extrait du rapport fnit au lycée libre de Rouen ,
h 2 1 thermidor an 8 , par les commissaires nom-
més pom faire ïtxamen d'une machine inventée par
le citoyen Biard , de Rouen , destinée à remplacer
la main-d œuvre dans la fabrication des toiles , ete.
Vos commissaires , citoyens, après avoir scru-
puleusement examiné le modèle de la machine
du citoyen Biard , ont remarqué avec plaisir que ,
par l'exactitude de la combinaison , elle assure
la plus heureuse rétissile dans le travail que
s'est proposé son inventeur. Cette machine nous
a paru devoir figurer avantageusement parmi les
inventions modernes qui doivent le plus contri-
buer à la prospérité des manufactures. Nous
avons cornpris sealemeni que le tissu qu'elle
doit produire sera de la plus grande régularité.
Le citoyen Biard nous en a lui-même , en effet,
convaincus , en nous présentant deux sortes de
toiles qu il a faites sur sa machine , et nous avons
reconnu la vérité de ce qu il avance dans son
mémoire, lorsqu il dit qu il est impossible à un
ouvrier d'atteindre à un aussi haut degré de per-
fection.
Nous croyons donc que cette machine , une
fois répandue dans les diverses fabriques de la
république , améliorera singulièrement noire
commerce en ce genre. C'est pourquoi nous
concluons à ce qu'extrait du présent soit inséré
dans les journaux et envoyé aux sociétés sa-
vantes avec lesquelles nous correspondons , afin
de donner une grande publicité à une invention
aussi essentielle aux progrès du commerce.
Note du rédacteur. — Outre les avantages dé-
veloppés dans, l'extrait qu'on vient de lire , il en
est un qui mérite d'être pris en grande consi-
dération : c'est qu'au moyen de cette machine ,
les frais de rfiain - doevre seraient réduits des
quatie-cinquicmes.(T«dflf« cle Rouen, ï/^ thermidor.)
Suite des observations sur la sécheresse actuelle , ses
causes , et les moyens de prévenir la progression
de ce fléau ; par Ant. Alexis Cadet de Vaux.
Fesons maintenant l'applicalion de ces grands
principes à la diminution ; et pour nombre de
territoires , à la disparulion totale des eaux.
Ce fléau s'accroît ; d'années en années , dans
une progression effrayante. J ai recueilli des faits
dans la contrée que j habite ; je ne les citerai
pas , parce que j'en aurais cent à citer.
Nous avons eu des années remarquables par
des chaleurs plus fortes et de plus longue durée ,
d'autres remarcjuables pat une plus longue ab-
sence de pluie ; mais on avait de l'eau , parce
qu'alors il y avait des arbres.
J'ai une pièce d'eau qui portait bateau , il y a
dix ans ; son volume avait exigé la construction
de pierrées pour l'écoulement de ses eaux ; elle a
tari une fois et pour un moment, mais en lais-
sant son sol humide : voilà , cette année-ci , deux
mois , qu'elle est profondément desséchée.
Je vis hier un vieillard de Saint-Leu-Taverny ,
pleurant sur la perte des sources dont ce coteau
était arrosé ; mais des pleurs alimenteraient mal
les sources épuisées. Ce vieillard ne les verra pas
renaître , ses enlans non plus ; mais les généra-
tions futures en jouiront de nouveau : ce sera un
des bienfaits du gouvernement actuel qui va ré-
tablir ces sources , eo s occupant de l'organisation
forestière.
J'en reviens à mon vieillard ; il me demanda la
cause de celte diminution des eaux. Ce sont ,
lui dis-je , les bois qu on a abattus ; ce fut pour
lui un irait de lumière : il me cita Bessancouri ,
village voisin , toujours riche en eaux , parce
qu'on a respecté le» bois qui le couronnent,
î» Tenez , ajouta-i-il , voilà un lerrein sec et aride ,
c était un bois ; il a produit quelques récoltes,
maintenant il ne produira plus rien ; depuis deux
ans , sa culture cesse de couvrir les frais ; ce
bouquet de bois qui occupait quelques perches,
avait le pied dans l'eau : on a arraché Icssouches
de la vase , et par fois il en ruisselait une petite
source. >»
Etienne Chevalier, cultivateur à Argcnteuil ,
excellent agriculteur ci bon observateur , m'a
t339
conduit aujourd'hui au marq.is . lieu qui tire son
nom de son état marécaueux ; il est environné de
vastes fossés : jusqu'à présent ils ont é'é constam-
ment rempli d'eau , ils sont cette année-ci à sec.
Chevalier aune pièce de terre daos le voisinage;
il n'a pu la cultiver en I7g3, qu'en s'entourant
d'un fossé , et il lui a fallu la labourer en plan-
ches ; elle peut recevoir aujourd'hui la culture
de la plaine des Sablons.
Que le gouvernement charge les préfets et sous-
prétets de f.dre dans chaque territoire une en-
quête de tous les faits qui se réunissent en faveur
de celle proposition , que la diminution progressive
des eaux est en raison de la diminution progressive
des bois : vingt mille viendront à l'appui ; on se
convaincra de cette grande vérité , que telle forêt ,
tel bois . tel simple bouquet d'arbres ont exercé
une influence plus ou moins marquée , selon leur
étendue, sur les règnes lerresire-,' .Tnétéorique ,
aquatique.
La nature est soijmise à la loi des grand,; événe-
mens provenans de petites causes. Un figot jtité en
avant d'une bcig« , devient le noyau d'un atlé-
rissement, d'un îlot ; une pointe métallique, en
attirant la matière élccldquc , dissoul là foudre.
Un seul aibre peut quelque chose sur la maison
qu'il avnisine ; un bouquet d'arbres sur quel-
ques perches qui l'environneni ; un bois sur un
territoire qu'il alimente d'une source ; à combien
plus forte raison une grande forêt ne doit-elle pas
influer sur une contrée , et leur multiplicité sur
une vaste étendue ?
L'on peut tirer de grandes conséquences de
ces principes : la première c'est qu'ils n'étaient
pas dignes de posséder , ceux-là qiri , pour jouir
de l'instant présent , consentaient à stériliser le
sol qu ils laissaient à leurs descendans ; la se-
conde , c'est que ceux qui gouvernent doivent
porter sur les forêts un œil atteniif.
L'organisaiion forestière ne doit plus se borner
au régime conservateur des foiêis naiionales ,
diminuées d ailleurs en partie de celles qui ap-
partenaient aux grands propriétaires, aux roain-
moriables ; les forêts nationales sont aujour-
d'hui dans une trop faible proportion avec les
besoins de la France , et sur-roui avec les besoins
de la nature , à laquelle il faut une bien plus
grande masse de grands végétaux pour rétablir
ses lois , sur-iout celles de l'équilibre entre l'at-
mosphère et la terre.
L'Asie mineure , déboisée , avec le tems qui
détruit tout , moins que I homme cependant ,
devenait stérile et se dépeuplait ; Cirus . à qui cela
seul aurait mérité le nom de Grand , replanta
l'Asie, et en lui rendant sa fertilité, il lui rendit
sa population ; qu'on en fasse autant en France.
SuUy, ce ministre agricuheur l'avait déjà replan-
tée; mais on les a abattus ces arbres (l) qui bordaient
nos voieries , qui , placés autour des cimetières" ,
servaient à en purifier l'air , qui ombrageaient
tout à la fois la tombe du perc . de lépoux , et
l'énlant et la veuve qui venaient y pleurer; ces
arbres antiques , le lieu leur donnait quelque
chose de religieux : on les a détruits ,' et avec
eux beaucoup d idées morales et de doiices affec-
tions. Recommençons l'ouvrage de Sully ; que
toutes les communes de la république soient
tenues de planter les places vagues , les voieries ,
les chemins vicinaux, le pourtour de leur com-
munaux ; qu'elles plantent sur-lout ces friches
stériles auxquels on donne le nom de pâtures ;
cent hectares de regain de luzerne sont en ce
moment plus utiles que les milliers d'hectares
abandonnés en France sous le nom de commu-
naux; qu'on fasse enfin ce qu'a, fait le canton
de Châtillon - sur - Seine ; je me permettrai de
citer cet exemple ; ce n'est pas par amour-pro-
pre ; être utile à son pays , inspire un sentiment
plus noble et de plus douces jouissances.
La Décade philosophique avait imprimé mes ob-
servations sur la diminution des eaux. Quelque
tems apiès. elle inséra la lettre que voici , de I ad-
ministration du canton de Châtillon.
<« Les réflexions du citoyen Cadet de Vaux, im-
primées dans votre journal , oni tellement frappé
l'administraiion qu'elle vient de faire planter 600
arbres de ligne sur les places communales du
mêmelieu.n
Peu de communes en France imiteront tel
exemple de spontanéité; mais la loi peut et doit
les contraindre : quelle vaste forêt ofti'iraient ces
surfaces partielles ; et combien la dissémination
de ces arbres , n'«jouterait-elle pas à leur accrois-
sement! Leproduit en serait le double de sa super-
ficie.
Une forêt non moins étendue, ce sont les grandes
routes, si on doublait les rangées d'arbres; mais
l'administration des ponts et chaussées parait s'op-
poser à celle mesure , et on doit respecter l'opi-
niim d'un corps aussi éclairé.
Cependant j'ai vu dan» la Belgique de beaux
chemins et de doubles rangées d'arbres que nous
avons abattues.
plinte cefui qui existe ; qu'on en plante sur les
rouies où il n y en a pas ; sur celles de la Beauce,
plaine dénudée d'nrbrcs, et qui serait bien plu»
fertile , si elle était boisée.
Ne peut-on pas , ne doit-on pas exiger que tout
propriétaire plante un nombre d'arbres propor-
tionné à l'étendue de son tertein ? Des arbres
fruiiiers seulement djns les petites possessions;
des arbres forestiers dans les grandes : car indé-
pendamment de I utilité néncrale des gr;inds vé-
gétaux , charfiie individu consommant du boiS
pour ses besoins , et toute associaiiop pohtiqtae
étant un vérit.iblc pique-nique . la communauté ne
doit pas plus chauffer que nourrir celui qui peut
planter comme il sème : chacun son écot au f^^^*
cmme au .banquet ; voilà une des bases rie 1 éga-
lité , celle des devoirs de cb.icun envers tous.
Planter les dunes; la société d'agriculture vten»
de donner une médaille d'or à Bfemontier pou!
avoir planié celles de Bordeaux ; test une con'
ronne civique qu il mériie ; car indépcndammen
du bienfait de la végéiition forestière qu ri p o*
cure à ces contrées stériles , il fixe les domaines
du continent et de la mer; un genêt, un sapin
sont les bornes qu'il a posées. /
Mais pour planter, il faut multiplier les pépi-
nières ; et l'habitant des campagnes ignore ce que
c est qu'une pépinière ; un pépin , un noxau
tombent sur terre , y germent et prennent racine;
on n'apperçoit pas le jeune arbrisseau , au milieu
des mauvaises herbes, qui couvrent le ch.tmp ;
/ à un premier labour , on le coupe ; à un second ,
on le mutile : il lune contre sa destruction ; il
s'élance : on l'élève san^ tuteur , et sa tige est
contournée ; on ne connoîi pas son père , eioa
igrwre l'espèce de fruit qu il dortnera. Enfin, voilà
un arbre. Pour dix sous un habitant aurait eu à la
pépinière un beau jet de merisier , de porricr ,
de prunier qu'il aurait greffé sur place , et dont
la dépouille ofFriraii à ses enf.ins un revenu annuel.
ILs'agitdonc d'encouragerlcs pépinières, soir en
protégeant ceux qui formeront ces entreprises ,
soit en exigeant que ch^trjue commune consacre
quelques perches de terre • -à cène culiure ; car
une pstite pépinière fournit un bien grand nom-
bre d'arbres ; quelques perche» suffiraient à un
territoire de 2000 arpens ; les habitans :)e la com-
mune donneront des soins communs à la pépi-
nière , c'est-à-dire , chacun une heure ou deux
dans l'année. Quelle source de réprodtrctions !
il s'établirait une heureuse rivalité entre les terri-
toires , et la Frattce se replanterait; je ne con-
nais pas de loi plus facile à établir que celle qui
lie 1 intérêt particulier à l'intérêt général; et celui
qui i^e sanctionnerait pas une pareille lui, ne
mérite 'pas de vivre sous les lois protectrices
d'une société.
Ce moyen de reproduction est pins facile. que
l'ouverture de canaiix qui feraient par la suite
circuler les bois des pays forestiers ; d'ailleurs ce
n'est pas sous ses rapports purement économiques
de chauffage , de construction de marine qti'oa
envisage ici le bois . mais sous de grands rapports
physiqueSr
Je me résume enfin sur le moyen d'opérer le
reboisement de la France.
)» Prescrire , dans l'organisaiion forestière . le
régime conservateur et régénérateur des forêts na'
lionales.
)) Etendre ce régime aux propriétés forestières
de quelqu'etendue.
>i Permis de planter ; mais peut-être devrait-on
ne pas perinellTe d'arracher un arbre sans auto-
risation.
Faire replanter les bois qu'on n'aurait pas
dû détruire ; ceux dont le sol , après avoir pro«
duii quelques récoltes , est maintenant condamné
à ta stériliié pour toute autre culture.
Replanter , car elles l'ont été , et on vient de
les abattre, les voieries , les ter reins vains et vagues,
les cimetières , le pourtour des pâtures com-
munales , les landes * les friches ; replanter le»
chemins vicinaux , d'arbres fruitiers; leurs bord»
sont semés de ronces , de chardons dont le»
semences ailées sont portées par les vents à de
grandes distances.
Réparer la plantation des routes.
Doubler , s'il est possible , les rangées d'arbres.
Reporter des arbres au sommet des mon-
tagnes; de ces arbres dont :
Le front au Cnucase pare!!,
NoQ content d'arrêter les rayoas dri soleil,
Brare l'effort de la lempéte.
LafonTAINX.
Rien n'est impossible à l'homme.
En protéger le semis, comme B.emonlier l'a
fait dans les dunes ; cent arbres riui auront
pris racine dans les fentes d'un rocher proté-
geront l'enfance de mille autres; la nature est
prodigue de germes; elle est, il est vrai , avare
de réproduciions , mais l'industrie de l'homine!'
Que la loi attache un grand prix à ce premier
arbre qu'un cultivateur mdusirieux aura planié
Avant de planter le double rang , qu'on re- | ^^^ [^ sommet d'un moi»t chenu ; car ce sont
là les arbres protecteurs de la végétation ; ce
sont eux qui abritent au loin la contrée , qui
opposent une barrière aux vents; qui, fcsanl filer
les orages sur ta cime des monuj^nes en pré-
(i) Ils portent encore «on nom ; on les nomme
des Sully.
îtfTvetit les vallons; nous ne les connaissions pas
drfns la vallée de Montmorency , mais- bientôt
>io'ûs les conii:iîlrons , car la hache çtesiruclive
nç se repose pas; file retentit sur nos côteau^K
»r avec elle les plaintes de l'ami de l'a^iicul-
•iure et de son pays.
.Ces,! des rpx"V'''>g".^^ çQurontiées çl'aiibrrçs , .que
< «9^1.11601 Iss sources , riye desçençlsn' Çss fjeuyes ,
q'-ii.i-s^lo^i rexp«'essipi) de Virgile i eatralncm un
ii^pn <]ui porte la iecçinditç.
^\ie cplui qui aura planté cet.arbre prolecteur
reçoive i)(i prix ; oij en accord* bien à celai
qiti dans là .iitiC esj vaitiqueur; pn doit des
rëcompcnse.3 à la gytnnastiqwe , mais on en doit
aussi au bicnlaiteur de son'p<(ys, et celui-là le
sera qui xe;peuplera le somnniel des montagnes
<]»p 1« nature avjiit semées d aibi:e.s.
jQue Sout propriétaire plante , en raison de
l'élenduç de son terrain , des arbres frtiitiers
où forestiers. Ervldn , qu'on forme une pépinière
daç^ chaque cpmmune de la république ; car
illaui reposer sa tête à lopbte d'un arbre ou
d^ns !s çreu;t d'u,ii rpcher.
Je soumets ces réflexions , dictées par l'amour
de ipon pays , aujt lumières des savans , et à la
sollicitude d'un gouvernement sage et éclairé.
THÉÂTRE FEYDEAU.
C'est le plus souvent la mauvaise conduite des
maris , qui produit ta mauvaise conduite des fem--
mes. Cette vérité incontestable , prouvée par
l'expérience , apportée par les femmes , comme
une excuse assez raisonnable de leurs torts ,
et avouée par tous les hommes de bonne
foi , est la moralité que présente une comédie
nouvelle en cinq actes , intitulée Les trois maris ,
et jouée au théâtre Feydeau. Le sujet pou-
vait être traité dans le genre sérieux ; il y avait de
quoi , sans doute , composer un drame bien lu'
gubre, des scènes bien larmoyantes , et des ser-
mons fort inutiles : le nom de l'auteur doit ras-
surer à cet égard : cet auteur est le cit. Picard : pour
arriver au but moral qu'il voulait atteindre, il a pri«
one route un peu détournée : il s'est quelquefois
égaré en s'égayanten chemin ; mais comme on ne
l'a pas suivi sans quelqu'agrément , on arrive avec
liii sans fatigue au terme indiqué. C'est par te
ridicule qu'il attaque les défauts principaux des
maris , le trop de confiance , le trop de jaloiusie:
c'est en excjtaiit le rire qu'il cherche à corriger les
mœurs : il est donc fidsle aux principes qui cons-
tituèni la bonne coipédie. C'est sou» ce rapport
que aous croyons d'abord Ijui devoir un éloge ,
quel que loit d'ailleurs le plan de son nouvel ou-
vrage , e| la ii^aniere dont il a traité son sujet.
Un époux jaloux à l'excès, voyant par-tout
dtj danger pour son honneur , et dans la moindre
aétion de sa femme , l'intention d'un tort ; un
aiitre époux donnant par vanité dans l'excès
céniraite , poussant le sentiment de son propre
mérite jusq^u'à une confiance peu flatteuse pour
s» femme; un autre encore déjà veuf deux fois
et cherchant avec peu d'empressement la troi-
sième compagne qu'il a perdue , placé au milieu
OÙ- à côté des deux autres , comme confident ou
ami , brouillon ou conciliateur, comme on voudra
le nommer, tels sot)t les trois maris.
Deux bourg.episçs honnçtes sç plaignant égR-
lej)C)ea,t 4e 'eurs épou?ç , mais cherchant poiir
les corriger des moyens à ce point singuliers,
qu'elles vqni les chercher chez une devineresse;
ccUe-cijous le nom de madame Jacob, employant,
dOQ son art chimérique, ipaia uiie subtilité réeUe,
«'une grande habitude de l'intrigue, à donner
aux. maris la leçon do^t ils gnt besoin ; tels spqt
les tôles àe femmes.
Ua fatd'uae condition assez nouvelle au théâtre,
qui s'est mi^ en tête de pUire aux deux épouses
à la fois , est le ressort principal dont la devi-
neresse se S.«« pour les servir toutes deux. Elle
leur irac« les. rôles différons qu'elles doivent
jouer ; l'une doit allarmer son époux trop con-
fiant , l'autre chercher à inspirer à son jaloux
la ^éc«i;ili 1| b14» pcofoiidç. Le fat est encouragé;
de.SL lettres 5pn,t adressées et surprises, des rendez-
voiis sont donnés et découverts , les rencontres
se succèdent , les quiproquo se multiplient ; les
aveux , les asi^ donnes d'un côtç , les précau-
tions prises, le mystère ^ardè Ue l'autre, ont
l340
le double effet d'opérer, un changement subit
^ur les deux époux.
Corrigés de Irurs travers , la( leçon qu'ils re-
çoivent est leur punition. Le fat est éconduit.
Ç)uant à la devitieresse que \e troisième mari
épiait . observait et questionnait pour le service
des deuy autres . ce dernier ripn moins cioniié
que le spectateur d'un hasard aussi siugaliçr que
la ])lupart des situations de l'ouvrage , reconnaît
en elle la troisième femme qu'il croyait perdue.
Qiioique devineresse , on volt qu'elle ernployait
son tems en personne d'hpnncur. Sa réconciliation
coropleiie le dénouement , et le dénouement
amène la moratité que nous avons citée.
Cet ouvrage a réussi , mais l^'a pas eu cpnstam-
rnent , et daivs toutes ses parues , le succès auquel
les productions précédentes de 1 auteur semblent
l'avoir accoutuitié. Il n'est pas également gai , les
actes ne sont pas également pleins , les incidcns
égalemer»t vraisemblables. Nous n'avons pas assez
présentes à l'esprit , ta coupe des actes et la dis-
tribution des scènes , pour affirmer que la réduc-
tion de l'ouvrage en trois actes , serait d'une
exécution facile ; mais le mérite du 3"" et du
5"" acte , la faiblesse du a"" , le peu de liaison
du 4™° avec les autres , semblent indiquer cette
réduction comme praticable , si elle n'est néces-
saire.
L'ouvrage en trois actes conserverait tes situa-
tions principales , les scènes qui ont fait un vé- •
ritable plaisir, et dans lesquelles on reconnaît le
cachet de l'auteur ; on n'y trouverait plus le
vuidc de quelquesmomens, ledouble emploi des
mêmes moyens, une action renouée au qua-
tiieme acte , des allées et venues extrêmement
fréquentes, quelques inconvenances, beaucoup
d inutilités.
Le dialogue acquérerait par cette nouvelle dis-
tribution l'avantage d'être infiniment plus serré ,
plus vif, plus laconique. Les traits saillans qu'il
renferme , et qui sont à ce point naturels, qu'ils
semblent échappés à la gaieté du comédien plutôt
qu'à la plume de 1 auteur , se trouveraient rap-
prochés , et feraient plus d effet. On a beaucoup
ri de la reconnaissance du troisième mari avec
sa femme : il faut que cette situation soit au fond
très-comique ; car depuis Cléanihis jusqu à ma-
dame Jacob , les scènes roulant sur un tel fond,
ont été constamment applaudies , même à lOpéra.
Picard a été y chercher la seule idée comique
qui y existe peut-être comme sur un sol étranger ,
celle de Panurge retrouvant sa Climene.
On affecte de reprocher à cet ingénieux auteur
de choisir ses personnages dans une classe peu
élevée , et de donner ainsi à son style une cou-
leur quelquefois triviale. Sans doute , chez d'au-
tres personnages , il trouverait des manières fac-
tices , un jargon de convenance , un ton étudié
que d'autres auteurs se sont chargés de peindre ;
mais leurs tableaux sont froids et guindés , la cou-
leur en semble prête à s'effacer. Qui préférerait
imiter Marivaux et Dorât , plutôt que Molière ,
Bégnard et même Dancourt ? La classe bourgeoise
est celle que ces maîtres de la scène ont le plus
souvent observée et dépeinet. C'est là qu'ils ont
trouvé ces traits décidés , ces ridicules frappants,
ces physionomies franches et expressives que le
miroir de la comédie aime à réfléchir. C'est là
que furent trouvés Chrysale , Sganarelle , Ar-
nelphe , Orgon , le Légataire.
Qiioiqu'il en soit de cet ouvrage , et de ta
nature de son succès, il fait naître une obser-
vation qui ne peut échapper à personne. Son
auteur n'a presque que la liberté du choix de ses
sujets, et ils ont tous cJu comique et de l'origi-
nalité ; mais il n'est pas maître du tems qu il
devrait mettre à tes composer. Un public avide
de nouveautés , ta direction d'une troupe qui
ne peut fpnder que sur elles une existence pré-
caire, tout asservit Picard , et le presse à la fois.
Libre et dégagé de soins cle cette nature , appelé
à la place que la voix publique lui assigne , il ne
concevrait pas avec rpoins de facilité , et appor-
terait à son exéc^tion plus de correction et de
soins. C'est là qu'il fau,t l'attendre ; c'est alors.
qu'on pourrait traiter avec rigueur ses monjens
de faiblesse. Aujourd'hui, il y aurait presque
injustice à lui reprocher, même l'abus, d'une
facilité qui liji est nécessaire, et celui d'un talem
qu'on met à contribulioo.
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ERRATA. '
Dans le n" d'hier, i" fructidor page t'"
s* colonne , ligne 74, poids, lisez pois. 3' colonne,
ligne 3 , tout le poison, lisez tout le poisson.
Page 2', 3' colonne, ligne 46, concernant
fedi di crédita , lisez, les fedi di crédita ou billets
de banque. Ibid , ligne 46 , édit sur le billet de
banque lisez , sur les billets de banque.
Page 3 , I" colonne , ligne it , et s'échangent,
lisez et qu'ils s'échangeront. Ibid , ligne l3 , sera
exécuté , et pour. , lisez sera exécuté. Et pour..
Ibid, ligne So , partie qui demandera, iisaqxx'ii
demandera. Ibid , ligne 83 , billet de banque ,
lisez billets de banque.
Page 4 , i'* colonne , ligne s6 , berger , Usez
verger. Ibid , ligne 35 , en torrens. En avalanges,
lisez en torrens , en avalanges. Ibid , quand les
grains végétaux , lisen grands végétaux. Ibid, ï™e
colonne , ligne 3o , nait de la fermention , lisez
liiaît de la fermentatÎQn.
LVInmaeifcnt le fait > Paris, rue de» Poitevins, &° tS. I^e prix eic de 2S francs four trois in.oit, $4^ (rf.i)e>> B4W >'* mois, et xoo francs pour l'année entière. On ne
s'âbonnre qu"-AU commeucemeiit de cbaqûe moi's.
ItTaut adresser les, Uttrcicc l'argent, franc de port., aucif. ACASSE, propriétaire it«a«J9un»trTa<idei.If<Httev>Ba, a"* ig. Clfautcam^^^dte daqi i.«l «nvois le p oit de*
pars 9K l'on aç peut affranchir. Les lettres des département «von, afranchiçs , ne terout pohit Mtirâïs. do H. poste.
■ il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celie^ (jui senfei;nvonç4?s yMei»r%, et ïdT4«seJitoi*ece.quiconeern,« 1» rédaftlooi 4e la feuille , a» iéd«cecur , m« de^
Pioiteïint , n» i3 , depuis neuf heures du matin juniu.'» ciog heures du soir.
^ ?4ti§, (Je ritjjpxitpçfie du cit. Agassc , propriétaire du Moniteur , rue (jes Peitevins . n" i3.
GAZ
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL»
N'^ 333.
"ïridi , B fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
~« y 11.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à djrer du 7' Nivôse le MONITEUR esc le seul journal officiel. ■ -■•'i""'J'|'
Il cpniciçnt les .séafiçes des aucpritéç coijsçi.çiiçes , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ^insl que les £jlts^,,les|jptJ9PS pl^nsut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par lès Correspondances, ministérielles! ■' ' ''■ '
Un article sera particuUéreroeiw consacré iS-^rn sciences , au» arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR,
ALLEMAGNE.
Stuttgard, le ^i thermidor.
I OUTES les nouvelles s'accordent à dire que
Duroc a perte à Vienne VuUimatum du gouver-
xiement français sur les propositions de paix.
On nous dit aussi que dans le cas ou ces pro-
portions ne seraient pas acceptées , le citoyen
Duroc doit envoyer aux généraux Moreau et
Masséna des courriers pour les avettir de rompr^e
■raTmiMice.
Le roi de Prusse a nommé le recteur de Magde-
bourg, Delbruk , gouverneur de son fils aîné.
La ville de Ratisbonne a payé sa contribution ,
et aussitôt les otages ont été mis en liberté. On y
manque de vivres , car les autrichiens n'y laissent
entrer par la rive gauche du Danube que de
petites provisions.
On apprend d'Amberg , que le séjour de la
cour de Bavière . et d'un corps de 20,000 hom-
mes dans le haut Palalinat , y a considérablement
augmenté le prix des denrées ; ce pays a aussi
beaucoup souffert par la retraite d'une partie de
.l'armée auirichiene.
Francfort est encore occupé par les français.
[Strasb. Weltbote. )
ANGLETERRE.
Londres , le 24 thermidor , f i 2 -août. )
On parle d'ouvrir un congrès à Francfort pour
y régler les dilFérens et les iniérêts de 1 Europe.
Jl y sera établi des lignes télégraphiques pour
Londres , Paris , Madrid , Naples , Rome , Milan ,
Vienne , Constantinople , Pétersbourg , Berlin ,
Dres.de , Copenhague et Stockholm. On évitera
par là que noire envoyé à ce congrès n expédie
un Courier ici à chaque difficulté. Au moyen de
notre ligne de communication , M. Pilt adressera
au congrès des discours d'une heure ou de deux ,
qui seront extraits ensuite par tous les autres
télégraphes. (Extrait du Morning-Poit , du 24 ther-
midor. )
Dans le fait , il n'est point dit que nous soyons
pour quelque chose dans les négociations de paix.
II est probable que le gouvernement français
ne voudra nous y admettre que lorsque l'em-
pereur aura accédé à quelques préliminaires pour
la paix continentale.
Comme il est notoire que nos ministres ont
exercé toute leur influence auprès du cabinet
de Vienne pour le détourner de négocier avec
la France , il ne serait pas à présumer qu'ils se
joignissent à lui avec un sincère désir de la
_paix. On ne verrait dans cette réunion que le
désir , au contraire , de créer des difficultés pour
gagner du tems.
j II faut donc conclure de-làque nous ne sommes
j ^çncore pour rien dans la négociation , el que si
on nous y laisse intervenir , ce ne sera que vers
IfL fin. Nous devons avouer aussi que les efforts
de no^roinistres pour obstruerlescommunications
entre l'Autriche et I3 France, nous excluent na-
turelletnent des préliminaires. Il fdut , si les mi-
nistres veulent participer à la négociation géné-
rale , qu'ils changent grandement d'opinions et
àe conduite , et que ce qu'ils ont d'abord refusé
par système et par opiniâtreté , il ne soient pas
pbligés de l'accepter par nécessité. Ils traiteraient
.alors avec tous les désavantages possibles ; car
non-seulement ils auraient la présomption contre
eux , mais l'ennemi les voyant céder à la loi im-
périeuse de la nécessité plutôt qu'à l'amour de
la paix , se montrerait moins facile qu'il ne l'^ût
été dans le dernier cas. (l^xtra't du Morning-Ç/tro-
nicle du «3 thermidor. )
Dans le dernier travail du lord chancelier, il y
avait sur le bureau 75 pétitions fortes, relatives à
des banriuerouiej ; de mémoire d'employé en la
cour de la chançelerve , jamais séance n'a été aussi
longue. '
Le nombre des bâlimens employés sur laTamise
s'est accru , dans le 18' siècle , de 6547 , et celui
du tonnage , de 1,327,763.
Samedi dernier . les magistrats d'Ashburton ont
mis à l'amende i^ bouchers , -boulangers et bou-
tiquier , pour avoir vendu à courts poids et
mesures.
M. Hammet vient {l'être élu , à l'unanimité,
membre du parlement pour Taunton , à la place
de son père , sir Benjamin Hammet , qui a re-
présenté ce bourg à quatreparlemens consécutifs.
On poursuit ici les monopoleurs, accapareurs,
regrattiers , etc. etc. comme on chasse au renard ,
■et comme jadis on courrait après les loups.
(Extrait du Morning et de l'Evening-Posts des aS
et 24 thermidor. )
Droits maritimes des nations belligérantes , relati-
vement aux nations neutres. — Extrait continué
du discours de sir William Scott. juge de l'ami-
rauté , dans l'affaire du navire suédois la Maria.
(Voyez le Moniteur du 11 thermidor dernier. J
2°. LiNTERPOsiTiON (de la force au nom du
souverain d'un pays neutre , neprouve rien contre
les droits du. croiseur breveté d'une des nauons
belligérantes ; je dis qu'elle ne prouve rien ,
parce qu'il peut, à ce sujet, exister des considé-
rations, ou avoirélé pris entre les puissances des
arrangemens qui ne sont pas de mon ressort.
Tout ce que je puis assurer , c'est qu'on ne saurait
soutenir avec raison , que si un croiseur suédois
patenté , a le droit , en vertu de la loi des nations ,
d arrêter et de viiiter lés navires neutre? , pen-
dant les guerres de son pays , le roi d'Angleterre ,
supposé en neutralité avec la Suéde , est autorisé
par li même loi à empêcher que ce droit de
visite ne soit exercé envers les navires marchands
de son pays. J ajouterai , avec tout le respect que
je dois au psince , quela force qu'il ferait opposer,
ne serait qu'une résistance illégale à l'exercice d'un
droit légitime. Deux souverains sont, sans contredit
les maîtres , et il y en a des exemples récens , de
convenir entr'eux , que la présence d'un de leurs
bâtimeiis armés , escortés des navires marchands
de leur pays , indiquera réciproquement que les
navires ne portent rien qui contrevienne aux lois
de l'amitié ou de la neutralité. Cet accord existant,
on n'a pas plus le droit de s'y opposer , qu'à
l'exécution de tout autre traité que ces souve-
rains auraient fait entr'eux; mais, certes, aucun
souverain ne serait fondé à faire agréer de force
une pareille garantie. La seule connue pour être
autorisée par la loi des nations , et qui est indé-
pendante de toute convention particulière , est
le droit d'arrestation et de visite, dévolu à ceux
qui ont intérêt de l'exercer.
Je n'ignore pas que des publicistes modernes
ont cherché à établir en principe, qu'il serait
mieux de substituer les garanties aux visites. Je
ne m'arrêterai point à combattre cette abstraction
de l'esprit. Je n'opposerai à ses auteurs que la
loi et la pratique constante des nations , qui
demandent à être observées , jusqu'à ce que
les nations conviennent enir'elles d'un auire
usage. Le principe de ces publicistes est un
des élémens de ce système qui , s'il pouvait se
réaliser, abolirait entièrement les captures sur
mer , ou , en d'autres termes , changerait la na-
ture des hostilités , telles qu'elles ont toujours
existé parmi les puissances maritimes , et . fina-
lement ferait d'un état de guerre un état de
paix. En voulant remplacer un usage qui a pré-
valu pendant des siècles chez les nations civi-
lisées, il faudrait du moins que l'usage nouveau
fût si claircrii|Enl défini quil n'opérât pas le
contraire de ce qu'on aurait voulu lui faire pro-
duire, c'est-à-dire qu'il ne donnât point ouverture
à l'interposition de l,a force entre puissances
neutres . et ne compromît pas ainsi la vie et la
sûreté des individus innocens.
3°. La peine encourue pour la résitance au
droit de visite maritime , est la confiscation de
la propriété que I on voulait soustraire aux re-
cherches. En preuve de ce que j'avance , je me
bornerai à citer Vatcl , un des plus exacts , mais
non un des moins indulgens des publicistes
njodernes. Il s'exprime ainsi , liv. 3 , chap. 7 ,
section 114:11 On ne peut empêcher le transport
)> des effets de contrebande, si l'on ne visite
5» pas les vaisseaux neutres que l'on rencontre
M en mer. On est donc en droit de les visiter.
)> Quelques nations puissantes ont refusé en <llf-
)> Icrens tems de se soumettre à cette visite.
>' Aujourri hui un vaisseau neutre qui refuserait
>) de souffiii la visite , se feiait condamner, par
>> cela seul , comme étant de bonne prise. >>
( Demain la suite et la fin de l'extrait, )
I N T É R I E y §.
Strasbourg: ^ le 96 thermidôri^ ^-""-^
Le grand incendie de la forêt du lCn,iei)J3
dure toujours. Toutes les peines que l'oixs'.sit
données pour l'éteindre ont été vaines. Hier et
avant hier nous voyions d'ici -le feu très-dis-
tinctement. On porte cette perte à plusieurs
millions. Quelques autres forêts oivt été âû^^i
incendiées dans notre département et dans' céltii
du Haut-Rhin; mais on est parvenu à éteirfdre
l'incendie. On ne sait si ces accidens , devenus
très-fréquens, doivent être attribués à la chaleur
et à la sécheresse qui dure depuis deuxmSois,
ou à la malveillance.
Augereau a transporte son quar.tier-généra'l de
Mayence à Hochstet. Andréossi commande datjs *
la première ville à la place du général Levai.'
Le général Moreau a, depuis peu , une garde
à cheval ; son uniforme est un vert foncé , reVets
orange, avec vestes et culottes blanches; le
casque est surmonté d'un panache de crin»
blancs. Le 18 ils ont fait la parade à Augsbouig
pour la première fois. (Strasb. Weltbote. J
Les Sables. ■"_-'
Le convoi nombreux qui était retenu depiuis
long-tems dans le port, a fait voile le 20-8U
soir pour Froraentine , et y est arrivé safas aucun
accident , sous l'escorte des bâijmens station-
naires. Il était composé de j3o voiles. Dès que
la marpe viendra à augmenter , on espère qu'il
poursuivra sa route pour la rivière de Nantes-
Le 23 , les mêmes bâtiment stntionnaires en opt
ramené un autre d'environ 5o voiles , qui a
profité de suite du vent favorable pour se rendre
dans les periuis. Les croisières dispendieuses
des anglais-, n'ont ■ heureusement servi qu'à dif-
férer le départ de ces convois , et ne leur oAt
pas procuré la prise- d'un- seul bâtiment sur
nos côtes. (Extrait de la feuille périodique des
Sables , 23 thermidor. ) '
Paris , le 2 fructidor.
La Clef du Cabinet donne les détails du monu-
ment que les habitans de Riom , conc'toyens du
général Desaix , se proposent de liii élever.
Ce monument sera un obélisque carré dans
les proportions égyptienhes.
Il aura trente-deux assises, nombre des années
du jeune héros. Sur chacune d'elles des iiis-
criplions en niarbre Iratlsnieitront à la postéi*ité
ses principales actions.
L'obélisque sera tronqué et ihrisé au milieu ,
comme l'a été ilaxarrierej brillante de ce vertueux
guerrier. -
Sur la première face du monument on liia :
Desaix protégeant ta retx^te de .liar.rnée en Alle-
magne. en l'an 4.
Sur la seconde : Desaix^éfer^dan^^ellin l'an 5.
Sur la troisicine : Desaix spumethint la Haute--
Eg)pte . en .Canq. • :' ■ \
Sur la quatrième : I}fsa,ifi .culpulaift lÀfti.nemi à
Maringo , en l'an 8. " ' ' ' '- •■ ^
On lira aussi , gravés sur une des parties du
monument , les noms des citoyens de Riom , qlii ,
cornme,Des.aiiX, sont monts au champ d honneur.
— Le tonnerre est tombé cette nuit sur l'an-
cien couvent des Augustins otj il a coupé qij'el-
ques chevrons et rais le feu. L'incendie a,été
promptement éteint. Il est aussi tombé sur le
caffé nouvellement établi. au terre-plein du'-Pdnt-
Neuf, on il n'a f%it que relever. les plombs de
la toiture , et datjs J(;s riifis (jl,e ^ItlJifqadçWe et
de la Hucttefte. .;, . ■,, ,,:,-..' :,,.-;. . ; ,7
— Un incendie a .conçunvé dans la nuit |du
22 ^au 23 thermidor, soix.anie maisons de la
commune de Beaujeu ,'près Gcay , .dépaitçment
de la Haute-Saône. Une ,femnie et un «nfjnt
de trois ans ont péri. Les maisons .étaient pfps-
que toutes remplies de grains et de fourrages,
la désolation est dans ce village qui a .fcijut
perdu. ..L'auteur de cet in^ndie est, dit-on , ijné
femme de 65 ans que l'on a arrêtée et conduuc
dans les prisons dé -Gray. Dans le nombre des
propriétaires dont les maisons ont été la proye
des flammes, deux sont absens; ce sont les
citoyens Duthelard etMoniclat, médecin oculiste.
( Extrait dune lettre particulière , dutic fi< iDam-
pierre, le 24 thermidor.)
1^48
— On trouve dans quelques journaux l'article
suivant, qui offre Un rapprochement aussi juste
qu'il est satisfcJant pour les amis de la répu-
blique.
Du crédit.
Il y a un an, on n'escomptait le meilleur papier
de banque qu'à un, et un et demi pour cent par
mois.
Le papier de commerce ne se plaçait qu'à
deux , trois , et jusqu'à quatre pour cent par
mois.
Les délégations du gouvernement, prêtes à
écheoir, perdaient trente-cinq et quarante pour
cent,
Les rentes étaient à huit pouccent, c'est-à-dire,
que l'intérêt de la dette constituée était à soixante-
deux et demi pour cent.
Par une progression successive depuis le
l8 brumaire , l'intéiêt de toutes les valeurs a
, ^. 'baissé.
'* Le papier de banque se relire, parles accep-
'tèùrs , à un demi pour cent et au-dessous; il se
place à la banque de France , à un pour cent pour
deux usances.
La caisse du commerce escompte tous les effets
de coramcrçans connus , à sept huitièmes par
mois (i).
Les capitalistes offrent et placent des fonds à six
pour cent par an.
Les effets du gouvernement , tels que les obli-
gations des receveurs, ayant été exactement ac-
quittés jusqu'à ce jour , se reçoivent comme les
effets commerciaux ordinaires, et perdent moins
que les billets des fermes sous Galonné.
Enfin , les rentes sont à douze pour cent , c'est-
à-dire, que la propriété des rentiers est améliorée
de plus des quatre cinquièmes.
Une année, moins d'une année , a produit ce
changement.
Et , pendant cette année , on a créé trois
armées 1 sans compter celle qui s'organise sous
Amiens. On a acquitté une partie de l'arriéré des
innées précédentes ; on a organisé une adminis-
tration nouvelle : on a vaincu par-tout où on a
combattu ; on a préparé la paix.
Que sera-ce , si cette paix offerte par la répu-
blique avant de combattre , offerte encore apiès
la victoire . vient enfin ranimer le commerce, l'in-
dustrie et les arts.
Offrez cet apperçu, citoyens, aux espérances
des républicains , et aux réflexions de leurs
Le tribunal renvoie cette pétition aux consuls.
Le tribunat renvoie également aux consuls la
pétition d'un citoyen qui demande d'être trans-
porté à la Guyanne avec sa famille pour y mettre
des terres en valeur. , ^^ ^^^^^ ^^^^^ ^,.,.,g. ^^5, ^„ „„
On procède au scrutin pour le renouvellement I jjgjjg jg motiver et de soutenir d
gradées, et pour . éelâ -.nums avons résolu de
donner une nouvelle forme à la noblesse de
Naples , en lui rendant en même tems son lustre
et sa splendeur.
Ce qui a le plus contribué à la détermination
i la har-
uu écrit
du bureau. Andrieux a été nommé président ;
les secrétaires sont Mathieu , Say , Carret et
Boulteville.
Un autre scrutin a eu lieu pour la nomination
d'un inspecteur ; pe'ndant son dépouillement ,
le tribunat s'est formé en cotnité secret pour
s'occuper de ses dépenses intérieures.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Edit du roi de Naples sut la noblesse.
Ferdinand IV ^ par la giaee de Dieu , roi des
Deux-Siciles, etc.
la noblesse d'une monarchie bien réglée en
fjit le plus solide appui et le meilleur soutien ,
comme elle en est la gloire , quand elle a pour
base de sa conduite Ta fidélité et la valeur; su-
blimes objets auxquels doivent tendre unique-
ment toutes les institutions qui . dans les monar-
chies, font de la noblesse un corps distingué^ et
illustre parmi les différens ordres de l'état. C'est
donc avec la douleur la plus vive que nous avons
vu dans ces derniers tems que les sedili (i) ou
pimie de la cité de Naples , sont restés dans une
eniieie indifférence sur le sort de l'état, et ont
confié et abandonné leurs fortunes à une troupe
déjeunes gens coirompus , sans attachement
pour la cause de Dieu et à la nôtre , en les
laissant , ainsi qu'il est notoire , porter les pre-
miers atteinte à notre autorité suprême , sans
s'opposer à l'usurpation , faite par eux , de celte
puissance que notre vieaire-général tenait uni-
quement et légitimement de nous; et quoique
les élus et députés, après avoir criminellement
outre-passé de beaucoup les limites de leurs
pouvoirs, cédant peut-être à un moment de
remords , et embarrassés par les circonstances ,
eussent donné aux /liazze leurs démissions, celles-
ci néanmoins n'ont pas voulu les accepter, con-
firmant ainsi la révolte et la sédition des éliis et
députés , quand il était au pouvoir des /liazie
d'accepter ces démissions , et de choisir des
hommes connus par leur attachement pour la
religion et le trône. Les piazie devaient faire plus
encore , et du moment ovi elles s'apperçurent
des excès des élus et des députés , leur retirer
tous les pouvoirs qu'on leur avait confiés , et
faire un nouveau choix de sujets probes et
fidèles.
Notre royal et très-clément esprit est bien loin
de supposer dans les individus des piazze des
dessins hostiles , et peu d'attachement pour
notre royale couronne ; mais nous n'avons pu
nous empêcher de remarquer dans ces institu-
tions elles-mêmes, un vice intrinsèque qui a dé-
couragé les bons , et donné aux raéchans oc-
casion de faire le mal. Il est connu que depuis
Le préfet de police prévient ses concitoyens ,
que les certificats de résidence qu'il est chargé de
délivrer, d'après l'arrêté des consuls du 12 mes-
sidor dernier , sont limités aux seuls certificats
exigés par la loi du 25 brumaire an 3, concernant I long-tems les sages et honnêtes Cavalieri avaient
les émigrés.
Pour l'obtention de ces certificats , il faut en
faire la demande par écrit sur papier dmbré ,
et se présenter au secrétariat-général de la pré-
fecture avec neuf ou trois témoins, selon qu'on
est ou non prévenu d'émigration.
A l'égrd des certificats relatifs au paiement des
rentes et arrérages des pensions à la charge de
la république , ou tous autres qui ne sont pas
prescrits par la susdite loi , ce sont les mairies qui
continuent de les délivrer.
T R I B U N AT.
Présidence d'Andrieux.
SÉANCE DU 2 FRUCTIDOR-
Cn secrétaire fait lecture de la correspon-
dance.
Le citoyen Saladin , avoué au tribunal de
cassation , réclame contre un arrêté du gou-
vernement , qui annuUe une vente de bois.
l) Les directeurs de la caisse d'escompte du com-
merce , au directeur du ]ouinz\ de Paris.
Nous vous prions , citoyen , de vouloir biçn
réformer une erreur faite dans votre journal de ce
jour (2-7 thermidor •) à l'article crédit.
La caisse d'escompte du commerce n'escompte
point à j p. I par mois ,ce qui serait 10 7 p. f pour
l'année , mais seulement à j p.| par mois , ce qui
ne fait pour l'année que 7 t p. |.
Lors de sa formation , le 4 frimaire an 6 , le
taux d'intérêt pour le commerce était à s et 2 -î
p. J par mois ; elle*ne porta le sien qu'à 1 p. ~.
Au 1'' de nivôse an 7 , elle le réduisit à ^p.|.
Au I" nivôse suivant , à f p. §.
Et il est à présumer qu'au i" nivôse an 9,
ion taux d'escompte ne sera plus qu'à i p. |. par
mois , c'est-à-dire 6 p. I pour l'année.
peu d'influence ou même n'en avaient pas du
tout dans les réunions des sedili , parce que
les votes s'y donnant par tête et non par famille ,
tous les jeunes gens inconsidérés que la cor-
ruption des tems avait fait dégénérer et achevé de
pervertir , composant la majorité dans les réso-
lutions , les choix ne tombaient souvent que sur
des sujets peii dignes ; ils étaient par ce moyen
devenus un motif de scandale pour les bons ,
à raison des cabales qui s'y ourdissaient , et qui
malheureusement parvenaient à procurer les em-
plois à des gens qui en fesaient un objet de
lucre et d'abus.
De,- même , l'aggrégation aux sedili , objet si
délicat pour une "illustre et antique noblesse ,
était devenue plus d'une fois un trafic honteux ;
en sorte que nous-mêmes , dans les derniers
tems , instruits que des dépôts d'argent avaient
été consignés à cet effet , nous dûmes nous
opposer à ces aggrégations scandaleuses , puisque
quand la noblesse s'achette et n'est pas la ré-
compense de la fidélité , de la valeur , aussi
bien que le résultat d'u.ne longue suite de gétié-
rations qui , vivant noblement , se sont distin-
guées par leur valeur et leur fidélité, elle cesse
d'être la gloire et l'appui d'une monarchie.
Comme il ne convient pas à la couronne de
souffrir parmi les nobles des institutions qui les
dégradent , et comme après avoir reconquis le
royaume de Naples, avec l'aide de Dieu et par la
force de nOs armes victorieuses , il est de notre
devoir de détruire et de réformer ces insti-
tutions vicieuses qui se sont introduites dans les
ordres de l'état , et n'ont pas répondu aux prin-
cipes de la fidélité inviolable qui nous est due ,
nous avons cru nécessaire de rappeler à leur
objet primitif et essentiel ces institutions dé-
(t) On nomme piazze ou sedili , les lieux oià
s'assemblent les nobles soit pour délibérer sur
l'admission des candidats , soit pour élire des
officiels publics qui ont quelque part à l'admi-
nistration de la ville ou du royaume. Ces mo-
numens remontent au tems des étrusques.
fait pour la défense des élus çt des députés des
piazze . que celles-ci ont le privilège , quand l'en-
nemi est à Aversa , de lui porter les clés et de
se soumettre au conquérant, quel qu'il soit,
comme aussi de prendre part au gouvernement,
à l'approche de l'ennemi ; privilèges absurdes,
qui n'ont jamais existé, et que la lâcheté la
' plus effrontée a pu seule imaginer. Ne devant
' donc supporter aucune institution qui ose préten-
dre à de tels' privilèges . parce que ce serait la
même chose qu'autoriser la lâcheté et l'indiffé-
rence pour le bien de l'état, et autoriser dans
les tqnis de crise , lanarchie et l'insubordina-
tion ; .» ces fins , au moyen de notre souverain
édit , devant valoir à perpétuité , par notre puis-
sance suprême, et la plénitude du droit qui nous
appartient en venu de la reprise que nous avotîs
faite de la capitale et du royaume , nous abo-
lissons pour toujours les piazze, ou les sedili
de la cité de Naples , et nous leur défendons
de se réunir, sous peine de délit de félonie, contre
ceux qui provoqueraient ou formeraient ces
réunions , révoquant et annullant à cet effet
toutes lois, capitulaires , et concessions accordés
précédemment à ces piazze.
En conséquence nous abolissons entièrement
le corps des élus ou le tribunal de Saint-Laurent,
et toutes les dépuiations de ville, nous réser-
vant de pourvoir ci-apvès dans le présent édit
au gouvernement des .ttfaires de l'université de
la ville de Naples, pour ce qui concerne le»
subsistances (i) et autres objets qui étaient dirigés
par le tribunal de Saint-Laurent et autres tribu-
naux et députations de ville que nous avons
abolis à perpétuité.
Nous crèdns , en conséquence, un nouveau
tribunal, qui sera appelé le tribunal suprême
conservateur de la noblesse du royaume de
Naples, lequel sera composé d'un président et
de six conseillers pris parmi les cavalieri probes
et distingués connus par leur attachement à
la couronne, et par leurs maximes, leurs sen- ■
timeiis élevés, et nous ordonnons que l'on
donne à ce tribunal les honneurs d'excellence.
Les fonctions de ce nobilissime tribunal suprême,
seront essentiellement de maintenir toujours in-
tacte la pureté et la distinction des familles nobles,
comme aussi d'entretenir toujours vivans dans fa
noblesse les principes d'honneur , de fidélité et de
valeur, et d'exécuter , de préparer et de propo-
ser toutes les ordonnances que nous jugerons à
propos de rendre sur ces grands et importana -
objets. Il sera chargé premièrement de conserver
un registre exact de toutes les familles qui étaient
inscrites dans les piazze ou sedili de Naples,
lequel registre s'appellera le livre d'or de la no-
blesse napolitaine , noai réservant seulement dans
la plénitude de notre puissance , en considéra-
tion des services signalés et de l'ancienneté recon-
nue de la noblesse , d'ag^réger audit livre d'or
les sujets les plus distingues et les plusméritans,
avec leurs familles.
Ledit tribunal tiendra aussi un registre, mai»
! séparé, de toutes les familles qui n'étaient pas
inscrites dans les sedili , mais qui possèdent des
fiefs depuis ïoo ans au moins. Il tiendra également
registre de toutes les familles qui sont reçues de
droit dans l'ordre de Malte , en marquant depuis
quel tems elles y sont reçues , et il conservera
un autre registre de tous les nobles inscrits aux
sedili chiusi des villes du royaume qui forment
noblesse ; indiquant dans un livre à part les
familÛs et les individus qui, étant de la classe
susmennonnée , mais non du livre d'or, sont
domiciliés dans Naples.
El comme nous désirons ardemment que les
seniimens d'honneur qui sont le plus bel appa-
nage d'un cœur noble , soient inviolableraent
conservés dans la noblesse , ce tribunal aura soin
de prendre les plus sévères informations sur les
nobles qui pourront y avoir manqué , et ils raye-
ront ( après nous en avoir fait préalablement le
rapport ) celui qui sera dans ce cas , savoir , du
livre d'or, s'il est noble de cette classe , et des au- '
très registres , s'il est des autres classes susmeii-
lionnées , le déclarant déchu des honneurs , pré-
rogatives et prééminences de son grade.
Le tribunal suprême , conservateur de la no-
blesse du royaume de Naples, fera imprimer
chaque année l'état des individus qui auront en-
couru une semblable dégradation , et les sujets
dégradés ne pourront jamais être admis au baise-
main royal ( ai reali baciamani), ni à l'exercice
d'aucun emploi public.
Nous voulons , en outre , que dans tous les
jugemens pour affaires d'honneur , à rendre p,ar
ledit tribunal suprême , interviennent avec voix
délibéraiive , deux officiers généraux de notre
aisiée que nous nommerons à cet effet.
(i) L'université avait anciennement quelques
droit» sur le» subsistances.
Ledit tribunal tiendra uii autre registre exact ,
qui s'appellera du mérite , dans lequel seront re-
latées toutes les actions de fidélité , de valeur et
d'attachement à l'état , faites par les nobles des
différentes classes ; il sera imprimé tous les ans ;
et nous sommes fermement déterminés à n'ac-
corder d'honneurs et de prérogatives qu'à ceux
d'entre les nobles qui te seront distingués par de
pareilles actions.
Le même tribunal formera , suivant les règles
usitées , un système des armoiries dont chaque
classe des nobles pourra faire usage, et il le sou-
mettra à notre approbation . pour ensuite le
publier et le faire exécuter irrévocablement.
Nous créons et établissons , pour gouverner les
alFaires de luniversité de Napïes , un sénat royal ,
composé d'un président et de huit sénateurs ,
lesquels exerceront pendant un an les fonctions
attribuées au tribunal suprême de Saint-Laurent.
Ils seront nommés par nous et choisis parmi les
1343
nommer après avoir pris des infornwiions sur 'Ton ne doive rien aiiic savantes manœuvres que
les lalens et les seivices rendus par les individus
respectifs de la faculté.
Toutes les "autres dépulations de la ville sont
abolies , et pour ce qui concerne celle des
revenus dits de la ville, à laquelle les piazze
nommaient , nous voulons que noire lieutenant ,
et le capitaine général du royaume de Naples ,
ainsi que la junte du gouvernement , nous pro-
posent un plan convenable pour cette adminis-
tration , conformément à l'esprit de cet établis-
sement et des autres revenus.
Les œuvres pies qui étaient administrées par
quelques plane, continueront de I être par les
individus que nous choisirons exclusivement dans
les familles qui y avaient droit.
Les familles qui avaient seules le droit d'être
admises dans le monastère des dames de Sainl-
Gregoire l'Arménien, continueront' à en jouir
seules. , ■ ■
sujets les plus protes. Le président et deux sena- | j^e sénat royal de N.ples , étales députations
teurs seront pris dans les nobles du hvre-d or , , ^^^^ ^^.^^^ conserve^es par noire éd,t . s'as-
deux sénateurs parmi les nob es qui ne sont /^^j^,^^^_^^ ^^^^ ,^ monastère du Mont-Olivet ,
pas sur le liyre-d or mais sur les autres régis- ^^,^ ^^ ^^,^^ munificence souveraine,
ties,et domicilies a Naples ; deux autres dans ' ' f ,„ .. . '
l'ordre des gens de robe , et les deux autres enfin
dans le corps des négocians : et comme nous
voulons que ledit sénat ait toute l'autorité con-
venable pour tout ce qui concerne les subsis-
tances , plus grande même que celle dont jouis-
-«ait le tribunal de Sainl-Lauréni , nous abolissons
la charge de préfet des vivres , et l'appel à notre
chambre royale de Sainte-Claire ; et nous voulons
qu'après l'installation du sénat , toutes les matières
des subsistantes . qui se décidaient par le tribu-
nal de Saint-Laurent , par le préfet des vivres et
par la chambre royale de Sainte-Claire, soient
décidées sans appel par le susdit sénat , en la
présence et avec le suffrage de deux sénateurs de
la robe , dans les matières de justice, nous ré
les officiers de la marine savent exécuter; mais
ces manœuvres pourraient-elles avoir toujours
lieu sous le feu supérieur d'une artillerie
ennemie.
L'aiiicur i^ous apprend gue tes français dirigent
leurs ranons aux mâtures , ce. qui comprend tout ce
qui est au-dessus du corps des vaisseaux; que les trms
quarts de cet espare forment un vuide , de sorte que
les trois quarts des boulets que. Ion tire se perdent
en l'air.
La dernière phrase n'est pas exacte , les boulets
devant nécessairement se perdre dans l'eaU.
D'après l'élévation vague que Von donne aux canons
lorsqu'on tire aux mâtures , les boulets qui atteignent
les mâts , les frappent nécessairement , les uns au-
dessus des autres, et l'expérience prouve quebo
coups de canon que reçoit un mât de cette manière
ne le rompent pas , etc.
Lorsqu'on tire aux' ttiâtnres , ce n'es( qu'à une
dislance où l'on peut espérer quelqu'avantage de.
ce genre de tir. C'est lorsqu'on se trouve à la
portée du but en blanc. Il ne faut pas donner
aux pièces beaucoup d'élévation, et elle peut
nous leur accordons à cet effet. Nous vouions ; être déterminée ; mais lorsqu'on tire au-delà de
que le sénat et les députations soient installés | cette portée , il faut élever la pièce en raison
le premier jour de chaque année , et que les de la dislance. Alors sa volée cache le corps
sujets qui doivent les coinposer pour la première du vaisseau ennemi et même sa niâiure , si la
fois, nous soient proposés après les examens : distance est considérable, à lœil du poiiiteur.
requis , et en la forme accoutumée pour les autres C'est-là sans douie ce qui aura donné lieu à
charsfes , par notre lieutenant-général du royaume j l'auteur de supposer qu'on lirait à la mâtuie du
'vaisseau ennemi, lorsqu'on ne se pro.posait que
de Naples , et par la junte de gouvernement ,
en recommandant que la junte qui est actuelle-
ment à la tête des, subsistances de !a ville de
Naples, continue à exercer , jusqu'à cette époque,
ses fonctions avec le zèle qui la distinguée jus-
qu'à présenti
Enfin , Thomas d'.^valos , marquis del Vasio
et de Pescaire, ayant abandonné tout , pour nous
servant d'accorder , dans quelques cas extraor- suivre en Sicile , au leras de 1 invasion de l'en-
dinaires , la révision dans ledit sénat, en y n^mi , et ayant par la renouvelle '- '
adjoignant les ministres
L'habit de cérémonie du sénat sera à l'instar
de celui de la ville de Palerme.
Le sénat royal, en corps, sera traité d'excellence,
comme l'était le tribunal Saint-Laurent, il jouira
des mêmes prérogatives et honneurs , et sera
admis dans les cérémonies publiques , et au
baise-main royal , avec les mêmes distinctions.
Chaque sénateur , à tour de rôle , remplira
pendant un mois les fonctions de justicier du
roi , et proposera dans le sénat Us affaires
importantes.
Les fonctions de \'élu du peuple seront exercées
par un des deux sénateurs négocians , alterna-
livement pendant un mois. C'est à lui qu'il appar-
tiendra de proposer toutes les matières de do-
léance dans le sénat , e: il veillera attentivement
■au bon ordre du marché et des places ; les
marchands seront sous son inspection comme
par le passé , et il procédera dans les formes
ordinaires et accoutumées.
Nous recréons le tribunal (i) des fortifications,
eaux et pavé de la ville de Naples , et voulons
qu'il soit composé du surintendant, comme par
le passî! , de deux députés pris dans le livre
d'or, de deux nobles pris dans les autres registres
parmi les domiciliés à Naples , d'un négociant et
d'un avocat, qui seront tous désignés par nous,
et exerceront pendant un an les fonctions attri-
buées ci-devant au dit tribunal de fortification.
Nous voulons que le tribunal général de santé
continue ses intéressantes fonctions , comme par
le passé ; seulement nous lui donnons la nou-
velle forme qui suit : il sera composé d'un sur-
intendant , qui aura les mêmes pouvoirs qu'il
avait auparavant , et de douze députés , dont
quatre pris parmi les nobles du livre d'or , deux
parmi les nobles des autres registres; trois seront
tirés de la classe des négocians , et trois de celle
des avocats Ils exerceront aussi long-tems que
cela nous plaira ; ils auront les mêmes fonctions
que l'ancien tribunal de santé.
Nous conseivons l'office de Portolano (2) telle
qu'elle existait ; il sera nommé par nous tous les
ans , en le prenant une année parmi les nobles
du livre d or , et l'autre année parmi ceux des
autres registres.
Nous conservons également la députation du-
dit office de Regio Portolano . et nous voulons
qu'il soit composé à notre choix , de six députés,
dont deux seront des nobles du livre d'or, deux
des nobles des autres registres , et deux pris in-
distinctement de la classe des négocians et des
avocats. Nous voulons que le chef des tavolarj (3)
du conseil royal soit dorénavant une personne
de la faculté (4) ; et nous uffUs réservons de le»
(!) Ce tribunal est la jurisdiction , appellée
la grande voycrie.
|ï) Officier chargé pariiculiéremcnt de la voie
publique.
(3j Huissiers experts que les tribunaux nom-
ment |)Our estimer la valeur des objeli.
(4) Des avocats.
de l'atteindre, je conviendrai que lorsque
nonnier marin tire au-delà du but en blanc , il
n'a rien qui lui indique de combien il élevé ou
abaisse sa pièce , qu'il ignore cette quantité pré-
cise au moment du départ du boulet. De ce qu'il
/tire au hasard qui peut quelquelois le favoriser
au point de ramener la pièce au même degré,
pendant plusieurs coups , je ne crois pas qu il s'en
suive nécessairement que les boulets doivent se
loger dans les mâts , ou les atteindre précisément
les uns au-dessus des autres.
Les anglais dirigent toujours leurs canons au corps
du vaisseau , etc. etc.
[ L'auteur aurait dû établir un terme de com-
de son souverain , en créant premier titulaire et 1 paraison duquel on pnt partir pour évaluer les
premier baron du royaume de Naples , Tom- effets de l'artillerie. Je suppose une distance quel-
maso d'Avalos , marquis del Vasto et de Pescaire ,' conque : il est évident que tous les coups di-
et tous ses dcscendans mâles premier-nés à per- rigés au corps du vaisseau ennemi, à la distance
pétuité ; voulant aiissi que la noblesse napolitaine de deux encablures, ne le peuvent manquer,
ait un monument durable de la constante fidélité puisqu'il n est pas possible que les boulets le
nemi , et ayant par la renouvetle le glorieux
exemple de fidélité , que son illustre ayeùl Alfonse
d'Avalos , marquis del Vasto, donna au roi Fer-
dinand II , noire auguste prédécesseur , nous
avons résolu d'accorder à cette illustre famille ,
un gage constant et durable de la reconnaissance
de cette famille , et de la récompense qu elle a
obtenue.
El afin que tout ce que nous avons prescrit dans
noire édil royal . signé de notre main, muni de
notre sceau , et contre-signe parcnoire ministre
d'état , parvienne à la connaissance de tous ;
nous ordonnons qu'il soit imprimé et publié
selon les formes accoutumées , dans la ville de
Naples , et dans les provinces du royaume.
Palerme 25 avril 1800.
Ferdinand.
François Seratti.
Publié à Naples le 8 mai.
Quelle est la cause de la supériorité de la marine
anglaise sur la marine française . dans le combat f
L'auteur du rtiémoire sur la marine (1 ) traite
celle question intéressante , qui est Ires-propre à
réveiller l'ajlention des marins et des ariilleurs-
marins. Ce sujet ne paraissant pas être de la com-
pétence d'un officier particulier, on peut me
blâmer de publier ces observations que je n'ose
hasarder que parce que je les ai crues d'une
utilité majeure ; luais n importe. Ne dusseni-elles
que s'attirer la critique des officiers de l'artillerie
de marine , j'aurai atteint mon but , si je fais
sortir ceux-ci de l'apathie dans laquelle ils sem-
blent retenus.
L'auteur a déterminé trois causes qui peuvent
donner de la supériorité dans les Combats de
de mer ; i°. les meilleurs vaisseaux ; 2°. la plus
profonde connaissance que les officiers auraient
de la lactique navale ; 3°. le meilleur usage de
l'aitillerie.
L'auteur ayant ensuite démontré , en quelque
sorte , que les deux premières causes étaient en
faveur des français, il conclut que c'est lemauvais
usage que nous fesons de l'artillerie, qui «st la
cause de nos revers. Il me semble qu'il aurait été
plus juste de conclure que nos défaites ne pro-
venaient que de l'infériorité de notre artillerie.
Les deux premières conditions de la question
n'étant pas de mon ressort , et ayant déjà été
résolues , je vais examiner avec l'auteur qu'elle
peut être l'influence de la troisième.
On ne peut douter que cette influence ne soit
infiniment grande dans les combats de mer , lors-
qu'on sait que I ariillerie y est employée comme
agent principal ; que si elle prépare souvent la
victoire aux armées de terre , ici elle doit la
préparer et la fixer. Je suis loin de penser que
(I) Voyez len°. du ï thermidor.
manquent en divergeant latéralement , et que
leurs abaissemens ne sont que de dix-sept à dix-
huit pieds ; mais si l'on suppose une distance de
six encablures , on ne devrait plus diriger les
pièces au corps du vaisseau ennemi •, car les bou-
lets toucheraient leau vers le tiers de cette dis-
tance et n'arriveraient pas. Il faudra donc dans ce
cas donner à la pièce une certaine élévation ;
alors sa volée cachera l'objet au canonnier qui
sera obligé de pointer par les côtés , méthode
qui ne peut que l'induire en erreur , et dont
l'usage est recommandé faute de moyens meilleurs.
Il n esl pas rare qu'avec des méthodes de poin-
tage aussi incertaines , le canonnier le mieux
eyercé ne se trouve d un degré et plus dans l'élér,
vation de la pièce ; ce qui doit lui faire manquer
toutes les parties du vaisseau ennemi, puisqu'à la
distance où nous le supposons les abaissemens
des boulets sont de deux à trois cens pieds. Je
crois trop long et inutile de recenser toutes les
erreurs qui peuvent résulter du pointage latéral.
Lorsiju'on tire avec nos pièces au-delà du
but en blanc , c'est presque toujours au hasard.
On ne peut donc pas assurer qu'on puisse
atteindre telle ou telle paitie du vaisseau en-
nemi , mais on tire dans l'espoir de l'atteindre
dans quelques parties. On voit dans ce cas com-
bien il serait ridicule de faire tirer à couler
bas.
Lorsqu'on dirige les canons au corps du vaisseau
ennemi , les boulets qui passent au-dessus doivent
passer presqu'à lu même hauteur, de sorte que ceux
qui atteignent les mâts , les frappent tous à peu-près
au mime endro't . etc. etc.
Ce que fauteur dit ici, est vr^i lorsqu'on est
à la portée du but en blanc. Je crois avoir
démontré plus haut, qu'au-delà de cette portée
on ne pouvait plus assurer où les boulets frap-
peraient.
Ainsi , les instructionsi que l'auteur nous a don-
nées, sur l'emploi de l'artillerie en mer , s'éten-
dent jusqu à portée du but en blanc; Ses vues
ne se bornent sans doute pas à ce point. Il y
a lieu d espérer que dans un second mémoire
il les développeia pour l'instruction des offi-
ciers de l'artillerie de marine.
On doit supposer par la conduite des français ,
dans le combat, que leur intention n est que de
désemparer les vaisseaux anglais , afin d'éviter une
affaire décisive , etc. etc. etc.
Je suppose que l'intention des mariris français
est, lorsquils se battent, de faire tout le mal
possible aux ennemis , que si l'eiFet ne répond
pas à leur inteniion , c'e«t le défaut de l'arme
dont ils *e servent.
Je ne citerai qu'un fait pour donner une idée
de l'effet de notre artilleiie : lors de la retitree
des armées françaises et espagnoles , comman-
dées par l'amiral Bruix, on a vu , par un ttes-
beau leras, tirer nçuf cents coups de canon au
moins, sur un bâtiment algérien qui ne les valait
pas. Je ne crois pas que , dans un, combat de
cette nature , on ait jamais autant tiré inulilÈment.
Quoique l'om odoive préférer de diriger les
coups de son arnllerie de sorte qu'ils atteignent
le corps du vaisseau ennemi, je. ne crois pas
que cette opinion de l-'a,uteiir doive être regardée
comme principe exclusif. Q,uc dans un combat
particulier, le commandant d'un vaisseau recon-
naisse la supérioriié de son artillerie sur celle
de l'ennemi , il devrait ce me semble , dans ce
cas , se ménager le vaisseau ennemi , et ne faire
tirer qu'à la mâture.
L'auteur , en examinant la conduite des ami-
raux anglais .dans les combats , nous prouve
qii'ils ont négligé les finesses Je manœuvre , les
avantages des positions , et qu ils n'ont compté
que sur la supériofiié de leur artillerie. Les
amiraux anglais ont fait ce que tout babile général
fera , lorsqu ayant la supéiioriié d'arme , il pourra,
en; combattao» l'armée ennemie dans l'ordre
parallelle , l'aborder dans toute l'étendue de son
front et la détruire completiement.
L'auteur observe que tes anglais n'ont produit
guun ouvrage méprisable sur la tactique navale ; en
échange ils en ont produit sur l'ariillerie , ce qui
est au moins aussi essentiel. Qu'ils n'ont pas d'école
ioitr la marine ; il nous manque des écoles
o artillerie pour celte partie. Enfn , quils n'ont
pas de corps d'artillerie de marine; c'est-là le cas
de demander si nous en avons un ; si celui que
nous connaissons sous ce nom est organise
comme il le devrait être , si les hommes qui le
composent ont éié choisis et s'ils sont com-
mandés à la mer par les officiers qui les ayent
formés (i).
Le seul auteur qui se soit occupé de l'artillerie
de marine, est le citoyen Texier-Norbec. Son
ouvrage, quoique moderne, me paraît incom-
plet, parce qu'il ne fait pas mention des grands
çhangemens que l'artillerie de terre a éprouvés
en 1765 et depuis cette époque , ni des décou-
vertes auxquelles les discussions sur l'artillerie
ont donné lieu, quoiqu'il ait dû en avoir con-
naissance. Il est vrai qu il ne paraît pas avoir
eu pour but , dans ses recherches , d'estimer la
valeur de ces çhangemens , ni d'en faire aucune
application à l'artillerie de marine.
L'artillerie de terre ayant été portée à un point
de perfection qui a attiré l'attention des militaires
et même des savans de l'Europe , il serait sur-
prenant que l'artillerie de la marine ne se fût
pas ressentie de cette perfection , ne fut-ce que
dans les parties de ses différentes constructions
qui ont quelque rapport avec celles de l'artillerie
de terre , si elle avait eu un corps destiné par-
ticulièrement à son service , dont les officiers
fussent ariilleuts. Ce corps n'ayant pas existé ,
l'artillerie de marine n'a éprouvé que peu ou
point de changement
J'ai fait voir que notre artillerie de marine ne
fournissait aucun moyen pour assurer le poin-
temejit ; elle est encore plus défectueuse sous le
rapport des constructions , p»iisqu'elle ne sont
établies sur aucun principe raisonné ; quelques-
unes étant contiaires aux règles les plus simples
de la mécanique , il serait impossible de leur
en trouver un. Je conclus que , sous tous les
rapports, elle est inférieure à celle des anglais;
nous en avons lait la triste expérience. Il ne
nous suffit doue pas seulement pour obtenir des
(l) Une lettre du ministre de la marine Truguet ,
au commandant des armes à Brest , porte , relati-
vement aux commaiidemeni de batterie dans le
combat : " 11 n'y a pas de doute que ce com-
>î mandement doive être attribué à l'officier de
51 la marine , puisque , dans aucun cas , il ne
51 peut recevoir des ordres de l'officier d'artillerie
!) dont les fonctions ne s'étendent pas au-delà du
ji service de son détachement. Vous voudrez
)) bien tenir la main à ce que mes intentions
>i soient exécutées. "
• Les intentions du ministre sont mises ici à la
■place de la loi du 3 brumaire an 4. Des récla-
mations ont été faites à cet égard , elles sont
restées sans réponse.
i3'44
succès conslans , d'avoir perfectionné la cons-
truciion des vaisseaux, approfondi la lactique
nav.le et formé des officiers de marine, il faut
encore perfÈctionnier notre artillerie , et la rendire,
s'il se peut , sujiérieure à celle de l'ennemi. Je
vais présenter quelques idées principales des
causes que je croirais propres â lui taire regagner
la s^ipétiori'té. :..,•-•
Il faudrait rendre notre artillerie plus'légere'(i);
établir les dimensions des picces d'après la con-
naissance des lois de la cohésion , de la force de
lénaciié des parties de fer coulé , et de l'cffêt'de
la poudre qui tend à les rompre.
Adapter à nos pièces des boutons de mire et
des hausses mobiles semblables à celles dont ou
se sert aux pièces de bataille , mais dont les pro-
priétés seraient plus étendues et l'usage plus
sûr , sans ex!îger plus de scJenè'e de la part du
canonnier. ' " '
Faciliter le pointage latéral.
Donner les moyens d'amarrer les pièces, de
sorte que leur poids étant plus rapproché du
centre de gravité du vaisseau , les mouvemens
soient moins considérables.
Refondre les caronnades dont la construction ,
ainsi que celle de leur affût , est évidemment
mauvaise.
Former des écoles d'artillerie pour la marine ,
ou les officiers pussent , par une bonne théorie ,
se préparer à servir utilement.
Former un corps d'artillerie de marine, d'hom-
mes choisis, aux officiers duquel on accorderait
l'avantage de diriger l'artillerie en mer , et celui
de commander et de discipliner leurs canonniers.
Ces officiers ne devant plus être aussi nuls qu'ils
le sont aujourd'hui à bord des vaisseaux, au-
raient la gloire de pouvoir contribuer à nos
succès , la seule dont ils puissent être jaloux.
Le zcle qui m'anime pour l'honneur du corps
auquel j'ai l'avantage d'être allaché . doit me taire
pardonner les fautes de cet écrit. Si je rne suis
trompé dans les conclusions que j'ai tirées , je
souhaite que des officiers plus consommés dans
la pralique et dans la théorie du métier , en le fe-
sant connaître , proposent mieux.
Par un officier de Cartillerie de marine.
L'ingénieur en chef du département de l'Aube , au
rédacteur du journal officiel le Moniieirr.— Tro/w,
le i5 thermidor an 8 de la république , une et
indivisible.
Citoyen , j'ai été honoré aussi de l'amitié du
brave Latour-d'Auvergiie , et si la plupart de
ses traiis de bravoure sont déjà connus , on
peut encore y ajouter quelques traits moins
saillans , mais qui n'intéresseront pas moins par
leur bonhomie.
J'étais chargé de la conduite des travaux de
la rade de Saint-Jean de-Luz' , analogues à ceux
de Cherbourg. Le régiment d'Angoumois , où
Latour-d'Auvergne était capitaine , y (ut employé
pendant deux années avant la révolution , et il
commandait le détachement de 3oo hommes qui
étaient casernes au fort du Soccoa où se fesaient
les travaux.
J'y passais avec lui la plus grande partie des
journées et des nuits , suivant le cours des
marées ; c'est là qu'il fallait voir celte attention
multipliée qu'il avait pour la santé de ses soldats.
Comme il avait soin de les faire sécher et chan-
ger de bardes lorsqu'ils revenaient du travail
mouillés par les vagues , de leur procurer le
petit verre d'eau-de-vie , mais avec modéra-
tion , pour les rechauffer, afin de leur éviter
des maladies ! C'était son occupation de tous
les jours.
L'eau de la citerne était trop crue , et il n'y
avait qu'une petite source à demi-quart d'heure
du fort où l'eau n'était pas suffisante pour les
soldats qui étaient souvent obligés d'aller courir
au loin , ou d'attendre long-tcms leur tour
pour en avoir. Il ne cessait chaque jour de
me parler d'y faire arranger une fontaine comme
je le desirais moi-même. J obtins quelques fonds ,
et l'on s'y mit aussitôt. H voulut deux bassins ,
(il On peut le faire sans danger. L'exemple des
anglais et celui de nos alliés , les espagnols , dont
l'attillerie est d'un quart plus légère que la nôtre ,
le prouve.
l'un ^ot?r''î*?â& lii%o'A-é , éï ?Mte'f6^r servir
de lavoir , et séparer les eaux mal-propres. Nous,
réunîmes dans un réservoir les différens filet»
d'eau dont plusieurs se perdaient. Il y travaillait
souvent de ses mains pour hâter la jouissance
de ses soldats. Il avait ombragé celte fontaine
d'une manière agréable dans le valloti solitaire'
où elle est située , et il allait souvent s'y livrer
à l'étude et aux méditations.
Il se baignait souvent à la mer à l'entrée du
port du Soccoa. deux de ses soldats se trouvent
uu jour entraînés par la marée , il cpurt vers eux
à leur secours; il est entraîné lui-même. Un
jeunelambour, boii nageur, s'élance et le sauve;
les camarades sont également secourus par dçs
marins , mais l'épouvante a duré parmi lés spec-
tateurs , des minutes qui leur ont paru bien 'lon-
gues.. Ah! brave jeune homme , tu sais corpme
tu fus porté en triomphe par tous tes camarades ,
comme tu fus béni d'avoir sauvé leur cOipman-
dant , mais bien plus encore leur ami ! Il méritait
ce tiire , car il leur consacrait la plupart de se>'
momens ; les autres étaient employés à l'étude ,
ainsi qu'à faire des notes sur son médaillée qu'il
me montrait souvent , et qui lui servait à son
ouvrage des origines gauloises.
Je n'oserai rien dire de ses différeng traits d«i
courage , quoique j'en aie été témoin plusieur^
fois pendant les trois campagnes des Pyrénées,
occidentales, que j'ai faites aussi comme ingé-
nieur en chef chargé des communications d«[
l'armée et des reconnaissances. Je me retrouvais
souvent avec lui et toujours avec un nouveau
plaisir, sur-tout lorsque la colonne où il était 4
la têle des grenadiers vint , de la vallée dç
Bastan , se rçunir à celle du centre où j'étai^
avec le général en chef Moncey , à l'attaque de^
redoutesvautour des hautes montages de Ronçe-
vaux , où Ion fit S à 9000 prisonniers. Comme
il se baiiit dans les défiles et à travers les rocher^
et les bois, contre les meilleurs tireurs espag(^ols.^
les miquelets catalans , pour s'emparer des pelles
fonderies dHenguy, vers Pampelune ! Commç il
étoit beau encore , tour couvert de sueurs ,
brûlé par la chaleur , et sachant résister à la
fatigue d'une course de 5o à 60 heures de suite,
toujours à pied à travers les montagnes, et
défiant, avec les grenadiers et chasseurs basques^
la cavalerie espagnole losrqu'elle voulait queU
quefois les attaquer I
Il n'a manqué â la gloire de Latour-d'Auvergne
que d'avoir combattu sous les yeux du premier
consul , dont la présence multiplie tous les cou-
rages par son exemple , et inspire si bien la noble
ardeur de servir la pairie et de verser soii sang
pour elle L'exemple du premier grenadier
de l'armée en a beaucoup inspiré aussi à se»
frères d'armes , e' c'est en cela qu'il est encore
plus digne des pleurs qu'il est bien permis à
îamitié de répandre sur ses cendres qui atteste-
ront toujours le souvenir de ses vertus.
Salut et fraternité , DescolinS.
LIVRES DIVERS.
Œuvres choisies de Condillac , contenanirla gram-
maire , l'art d'écrire , dissertation sur l'harmonie
du style , l'art de raisonner , l'art de penser , la
logique ou premiers développemens de l'art de
penser , traité des animaux , etc. , belle édition ,
sur beaupapier et en beauxcaracteres, avec figures
et le portrait de l'auteur , s vol. in-4° , brochçs ,
10 francs.
N. B. Il existe plusieurs éditions du cours
d'étude de Condillac ; mais on a toujours distingué
de ses ouvrages ceux-ci que nous annonçons au
public, qui ont toujours excité l'amiration des
gens de lettres. Ses abrégés d'histoire ancienne
et moderne ne sont point regardés comme de»
chefs-d'œuvre , et nous renvoyons pour l'étude
de 1 histoire aux œuvres de Mably , qui en est
auteur. Ce choix est précédé du discours prélimi-
naire de son cours d étude , où l'auteur détaille
les raisons et les circonstances qui l'ont déterminé
à faire ces différens traités , et 1 ordre qu'ils doi-
vent occuper.
Cet ouvrage , d'une exécution riche et élégante,
est à un prix bien doux pour favoiiser les élevés
et les amateurs.
A Paris , chez Genêts , libraire , rue du Foin-
Jacques , en face de celle de Bouttebrie , maison
du cit. Serviere.
L'abonnement se fait â Paris , rut des Poitevins, n" iS. Le prix est de s.5 francs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année eotieici Onnes'aboanc
qu'au commeucemcnt de chaqac mois.
Il faut adresser les- lerires etl'argent , franc de port , au cit. Ae AS s E, propriétait» de ce journal , loe des Poitevins , n" iS. II faut comprendre dans les envois le pett dc>
pays oa l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemensnon affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , peur plus de sûreté, de charger celles qui renferment de» valeurs, et adresser tout ce qui concert>e la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue des
Foitevios ,0" i3 I depui sneuf hçures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Aj^asse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
AT" 334.
Quartidi . 4 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Paris , le 3 fructidors
PLUSlEURSJournaux ont publié la lettre suivante,
écrite par le roi de Prusse à la loge des francs-
maçons de Berlin.
"J'ai reçu de vous , au nom de vos loges réu-
nies, vos bases revisées elle livre des lois : je
ne puis refuser mon approbation à l'esprit d'or-
dre , aux efforts pour le maintien des bonnes
iTiœurs et des seniimens loyaux , et aux établisse-
mens en faveur des membres de vos loges , non
plus que la publicité avec laquelle vous opérez
ppur prouver vos bonnes inieniions. Aussi long-
terns donc que vous resterez fidèles à vos principes
et à vos lois , vous mériterez non-seulement la
protecnon dont je laisse jouir votre sociéié , mais
vous serez récompensés vous-mêuies par le ju-
gement des hommes loyaux et sans préjugés.
Charlottembourg , le la themidor.
Signé, Frédéric Guillaume.
— On mande de Berlin que l'exportation des
grains sera défendue sous peu dans tous les états
qui font partie de la domination prussienne.
/Journal des débats, j
— Il paraît que la première édition de l'ou-
vrage de M'"" de Staër a été très-rapidement en- I
levée ; elle en prépare , dii-nn , une seconde dans I
laquelle elle répondra à différentes observations
critiqiies qui lui ont été adressées , et nolammenl )
à celles qui ont paru dans le Mercure. j
'j— On écrit de Marseille que le commissaire de
p<j|ice , je citoyen Ltcointe-Puyraveau , s'occupe, {
d'apiéf),^le^ nombreuses réclamations de nps né- j
gbcians', d'un règlement' de bourse calqué »ur j
I celui qui existait avant la révolution. Celte me-
i IT.L"" *"""' ''^".''" ^^ '^ bourse aux faillis ,
en elojgnerait aussi de nombreux abus.
— La Gazette de France annonce que quelques
actes de vengeance particulière , commis l
tZ, { determme la consuta à porterune loi
spéciale contre leurs auteurs.
- Le 5 fructidor à midi , il y aura , en pré-
sence du ministre de la marine et des colonies
nr.în'^nT H "°" ?'^.™"«"^ de prix à l'institution
nationale des colonies, ci-devant collège de la
IVWhe. tlle sera précédée d'un exercice liué-
Jn,^/' ""^l'r ''",. '^'"^'^'"^ arrondissement nous
invite a publier 1 arrêté suivant ; il est du 26
thermidor.
Considérant que, pendant l'extrême chaleur
qu 11 fait depuis quelque tems , il pourrait être
dangereux de la.sser pendant 24 heures , sans être
1 inhumes , les corps de quelques décédés de ma-
I ladies contagieuses, arrête :
j Les officiers de santé de l'arrondissement sont
invites a déclarer au bureau de l'état civil l'urgence
I d inhumation des corps des décédés qui , par une
prompte putréfaction , pourraient nuire à la salu-
brité publique.
Fout la stricte exécution del'articcle précédent
II y aura dans cette saison un employé de l'état
civil et un porteur des convois de garde , les
decad. et quintidi matin et soir, comme tous
dePoT' ^T' '*'.^' '^"^<^^- S"^ la déclaration
de 1 ofiic.er de same , et d'après l'ordonnance du
juge de paix ou du commissaire de police eri
cas de mort violente, l'employé de garde' re-
querra le. porteur de service d'aller prévenir se»
confrères etl inspecteur de se rendre sur-le-champ
finn H""'r r"' ''!-'"i'" procéder à l'inhuma^
tion dans le heu ordinaire des sépultures
Nous sommes autorisés à piévenir nos souscripteurs au'à dar^r A„ ., w « 1 a^ ~
rinrérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles ' ^ ' "°"°"' ""' '"'
Un article sera particulièrement , consacré aux sciences , au. arts et aux découvertes nouvelles.
E X T É R I EUR.
ANGLETERRE.
Londres , /e 24 thermidor , ( iz août. )
Droits maritimes des nations belligérantes, relativement
aux nations neutres. — Fin de l'extrait continué
du discours de sir William Scott , juge de l'ami-
rauté , dans l'affaire du navire suédois la Maria.
Voyez le Moniteur du 17 thermidor dernier et
celui d'hier. )
V aTel , dans le passage que nous avoils cité
de lui , doit être considéré , non comme un ju-
risconsulte qui émet une simple opinion , mais
commme un témoin qui assure un fait ; le fait ,
que tel est l'usage de l'Europe moderne. Il est
singulier seulement qu'il rapporte cet usage à
une loi de nos jours , quand on se rappelle que
c'est un principe , non-seulement de la loi ci-
vile sur laquelle est fondée en grande partie la
loi des nations , mais encore la jurisprudence
particulière de la plupart des contrées de lEu-
lope, que le refus de se laisser visiter entraîne
la peine attachée à la contravention. Conformé-
ment à ce principe , l'article XII de la célèbre
ordonnance française de l68t toujours en vi-
gueur , déclare gue chaque bâtiment . en cas de
résistance et de combat , sera réputé de bonne prise.
Et Valin , dans son petit commentaire , dit ex-
pressément, page 81, que, quoique l'article
porte , résistance et combat, la résistance seule suffit.
Il renvoie en même icms à l'ordonnance espa-
gnole de 1718 , évidemment calquée sur celle de
1681 , et où il est dit : en cas de résistance ou de
combat. Des exemples d une date encore assez
rçcente , prouvent que l'Espagne continue d'agir
c^'aprèsce principe. Un ordre du conseil de 1664
_<jue j'ai recueilli demes recherchessurnos propres
instituts touchant cette maiierp, norte . ar» .vu .
-.. <,iio «OUI. i:.-.:..*oin rencontre par un vaisseau
de la marine royale, ou quelqu'autre à ce com-
inis , qui opposera la voie des armes ou un refus
formel , sera considéré de bonne prise , ainsi que
sa cargaison. <(
Un pareil article se présente dans la procla-
mation de 1672 , sans parler de ce qu'on trouve
dans les registres ( the black books) de l'amirauté.
Je sais que parmi les articles que contiennent ces
ordres et ces proclamations , il en est qui ne sont
sont pas parfaitement en harmonie avec la loi
des nations telle qu'elle est entendue maintenant,
et même qu'elle l'était à l'époque de la rédacion
de ces articles ; car ils ont été expressément cen-
surés par le lord Clarendon.
Il n'a pas porté le même jugement de l'article
que j'ai cité , et une chose remarquable , c'est que
«ir Robert Wiseman qui, en 1763 , époque où il
était avocat général du roi, s'éleva contre quel-
ques-uns de ces articles , comme trop sévères et
inusités, ne désapprouva point celui en question.
Je suis donc fondé à dire qu'il était incontesta-
blement la règle de conduite de l'amirauié bri-
tannique. Je ne veux pas dire que des considé-
rations politiques n'en aient quelquefois fait dé-
vier , comme je ne prétends pas non plus que
l'administration de cette espèce de loi ne doive
recevoir quelqu'adoucissement dans ces tribu-
naux, faiis pour la maintenir et l'appliquer. On
ire saurait , en effet , nier qu'un état ne puisse se
relâcher de ses droits , ni que ses tribunaux su-
prêmes ne soient autorisés à déterminer les cas
où il convienne d'en agir ainsi , les capteurs par-
ticuliers ne pouvant jamais avoir d'auire droii ni
d'autre titre que ceux appartenans à l'état dans
les mêmes circonstances. Mais je persiste à sou-
tenir , d'après le dictamen de la raison , d'après
l'autorité de Vatel , et les instituts des grandes
contrées maritimes , ainsi que les nôtres propres ,
qu'une résisiance formelle de la part d'un bâti-
ment neutre envers un croispiir patenté , entraîne
«a confiscation et celle de son chargement, en
venu de la loi des nations , telle qu'elle existe
aujourd'hui. Sir 'William Scott a terminé son
discours par (es conclusions suivantes.
u Mon opinion est qu'il n'existe dans l'affaire
de ce bâiiment ( la Maria) aucune circonstance
qui puisse le faire excepter de la règle appli-
cable à tous les faits de cette" nature , et la
tfgle , comme je viens de l'exposer , est la
confiscation de la propriété , lorsqu'on a cher-
ché à empêcher la visite par l'interposition de la
force ou par un refus formel. Il'' petit se Taire-
quil existe, dans le cas dont il s'agit , quelques
considérations particulières , de nature à faire
mitiger la rigueur de la règle , si la règle peut
ère justement taxée de rigSeur ; mais «s con-
1« drn',°7 T 'c°"' *"«"""«, et je n'ai point
le droit de les faire valoir. Si , comme on l'a
donne a entendre , l'honneur et la bonne-foi bri-
tannique ^^ trouvent engagés ici par quelque
negc^ciation particulière , on doit se reposer
sur l habitude de ce pays à remplir des enga-e-
mens d une nature aussi sacrée. Mon affaîre à
moi se borne à décider purement et simple-
ment s. dans une cour de loi des nations , on
est toride a y soutenir une prélenlion qui ne
tend a rien moins qu'à détruire le droit des
captures mariiimes en tems de guerre ; et par
quels rnoyens? par l'interposition directe delà
force dun état neutre. Il est tems de prononcer
sur une pareille prétention, dont l'existence en
Europe rernome à peu d'années. Une décision
légale devient d'autant plus importante à ce
sujet , qu'il n'est point d'état pire que celui d'un
conflit de juridiction entre la loi et l'arbi-
traire. >j
N. B. Le navire et la cargaisor^ ont été con-
damnes. (Traduit du London-Packet.)
I N T É R I E U R.
Strasbourg, le 26 thermidor.
Des couriers français arrivés les so et 21 ther-
midor ont assuré que le général eii chef Moreau
serait le 22 ou le 23 à Stuttgard.
Les fortifications de Renti sont occupées par
1200 français ; les avant-postes autrichiens sont
derrière Le 18, les français se jsont avancés
jusquaVolkach ; le même jour , legénéral Hau-
poult s est réuni avec un corps d'4rmée venant
r rmfi'^J a" ^ lio'henbourg , et se dirigeant vers
iift'nt''e'n cas^dènécessiiér-^^ ,jf/''''^o.''^ efficace-
Ic nom d'armée de Bohème , et 1 autre"" Pjendra
d'armée du Danube; elles forment ensemble une
armée forte de 140,000 hommes. La ligne de
démarcation est occupée par beaucoup plus de
troupes françaises que de troupes autrichiennes.
— L'ambassadeur de Russie en Portugal esr rap-
pelé. Le conseiller-d état Wasiliew est nommé
à sa place , et le secrétaire d'ambassade, Forman ,
est par intérim le chargé d'affaires près cette
cour. Le conseiller-d'étai Italinsky est aussi nommé
ambassadeur à la cour de Sicile.
On dit que le but du yoyage du roi de Suéde ,
a Hambourg, était de faire un emprunt.
( Kronik der Franken. )
Le sous -préfet de l'arrondissement communal de
Châteaudun . au préfet du département d'Eure ef
Loir. — Châteaudun , le 11 thermidor an 8 d^
la république.
Citoyen préfet ,
Je vous fais passer un probès-verbal dressé
par le maire d'Arrou, en date de ce jour, duquel
il résulte que les citoyens Savigny et Foulon
ont dans la journée d'hier détruit une louve
enragée qui désolait ces cantons depuis quelque
tems. ' ,
Ces deux citoyens sont dans la pauvreté , et
le service qu'ils viennent de rendre à la société,
ne manquera pas d'intéresser votre sollicitude
pour les faire jouir du bénéfice delà loi du lo
messidor an S. Mais je ne dois point vous laisser
ignorer les circonstances du combat qui a eu
heu entre le citoyen Savigny et cette bêle féroce.
Le dévouement et le courage héroïque de ce
citojen vous paraîtront sans doute dignes d'une
récompense particulière, propre à éveiller dans
toutes les âmes ces sentimens généreux qui nous
portent à nous sacrifier pour le bien public.
La louve poursuivant un troupeau , le citoyen
Savigny se rencontre sur son passage ; il est
aussitôt l'objet de sa fureur : elle se précipite
sur lui ; il veut lui opposer une maiTi , elle est
mise en pièces ; prêt à succomber , sans espoir
contre une bête animée par la rage ,' le citoyen
Savigny s'écrie : Je suis perdu , mais je veux délivrer
la contrée d'un pareil J/éau : sans armes, blessé
a la main droite, il rappelle ses forces, saisit
la louve aux mâchoires, et lutte ainsi corps à
corps avec elle; il est assez heureux j.our la
terrasser, et lorsqu'il la lient étroitement sous
lui , il appelle du secours ; plusieurs moisson-
neurs accourent à ses cris avec leurs instruitierisV
le citoyen Foulon , d'un coup de faulx, Iranche
la tête à l'animal , en débarasse lé citoyen Savigny
tout mutilé et tout sanglant. La bêie étant pré-
sutnée attaquée de la rage , ce citoyen infortuii'é
a été transporié à Monidoubleau pour y êlré
traité. Il est père dé huit enfans et accablé '(jal''
l'indigence. ,■ •' ' ■^■'
Salut et respect. Signé , MarcbàU.
Pour copie conforme.
Le secrétaire-général de la préjecturi- d'Eure et Loit.'
Signé , jB A R R JÊ.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Une colonne de 200 hommes de la 47' demi"
brigade , dans laquelle étaient compris les grena-
diers , revenait du pont du Var , pour se rendre
à Digne. Elle partit pour Manosque , le 21 prai-
rial, passa la Ûurance à la barque( dite du Loup) ,
c-hemin du Meez. Il y avait au moins 60 hommes
dans cette barque. Lorsqu'elle est au milieu de la tra-
versée , la corde casse ; le batelier engage les
jçrenadiers à chercher à faire attérir la barque.
Ils se jettent à l'eau , dont la rapidité les entraîne ,
et ils se seraient noyés , sans le citoyen Regnaud ,
sous-lieutenant de la deuxième compagnie des
grenadiers , qui s'élançant au secours de ses ca-
marades, parvint , en dix voyages , à en sauver
quatorze , desorte qu'aucun n'a péri.
Celte action héroïque rend le citoyen Regnaud
d'autant plus digne de l'attention du gouverne-
ment, que sa bravoure, ses talens et sa mora-
lité . répondent entiéremenit à l'idée que celte
belle action donne de sa personne.
— Le gouvernement a reçu les nouvelles les
plus satisfesantes de la situation du département
de l'Ardêchc , qui , jusqu'ici , avait été livré au
trouble et au brigandage. L'amnistie qui y a été
publiée , a éclairé tous les habiians insurgés, qui
ne voient plus dans le gouvernement qu'un pou-
voir prolecteur et réparateur , dans lequel ils
commencent à placer toute leur confiance. Par-
tout ils déposent les armes et se soumettent
avec joie et empressement. Les jeunes gens pren-
nent des feuilles de route, et partent pour l'ar-
mée. Ceux qui se sont soumis , se montrent
même disposés à se joindre aux troupes, pour
exterminer les véritables brigands , qui sont main-
tenant abandonnés à eux-niêm»s , et sont dési-
gnés sous le nom de la Bande noire.
Cette heureuse pacification est due au zèle in-
faiigjble et éclairé du général Férino, comman-
dant la 7' division militaire , du général Ruby,
commandant dans le département de l'Ar-
dêche ; du citoyen Carré , son aide-de-camp ; du
citoyen Defrance , sous-préfet provisoire à l'Ar-
gentiere -, du citoyen Rouviere , juge de paix ; et
ou citoyen Crose , commandant de la garde na-
tionale de Privas. L'activité et les soins du préfet
du département, ainsi que la confiance inspirée
par les nouvelles nominations , n'ont pas conitt-
bué moins efticacemcnt au retour de l'ordre et de
la tranquillité dans ce département.
— Le 25 thermidor , à 9 heures du soir , on
apperçut de Grenoble un feu violent derrière les
montagnes ijui sont au nord-ouest de la ville.
On crut d'abord que le feu avait pris aux forêts
wv^^i» J71.- .wJ-,..«V«p— p-o^n 5 i.-n--a5Jarer , détrui-
sirent ces bruits , et apprirent qu'une partie des
Hois de Lorene , de Saini-Marlin Levinoux et la
montagne du Rachais , étaient le théâtre de l'in-
cendie. La compagnie de sapeurs , qu'au premier
signal du danger , le préfet avait fait mettre sur
pied , se porta aussitôt sur les lieux , et l'incendie
fut heureusement arrêté et détruit dans la matinée
du 20.
PRÉFECTUREDE POLICE
Paris ., le i fructidor an S.
Aujourd'hui , vers six heures de l'après-midi ,
après la grande averse, la rivière entre le Petit-
Pont et le Pont-Michel était extrêmement noire,
et couverte de poissons morts , ou mourans qui
se débattaient. Des enfans et même des p êcheurs
les ramassaient , et malgré les avis de quelques
nommes sages voulaient les emporter; mais le
juge-de-paix delà division de la Ciié,ei plusieurs
commissaires et inspecteurs de police qui s'y
étaient transportés , les en ont empêches autant
quil a ete possible. Cependant, comme il en
aurait pu être ramassé avant l'arrivée des officiers
de police, le préfet a de suite donné des ordres
pour que tous les poissons de rivière soient de-
main visites à la halle , et enfouis , s'ils avaient le
moindre caractère de putridiié.
Extrait dâ l'organisation de la préfecture de police
de Paris.
{ Le public ayant des rapports journaliers et
tres-multiphes avec la préfecture de police , nous
croyons lui rendre un service tïès-essentiel en lui
donnant connaissance de l'organisation de cette
partie si intéressante de l'administration. C'est le
moyen d'éviter aux citoyens une foule de dé-
marches , qui ne deviennent souvent inutiles
que faute d êt.-e instruits de la marche qu'ils ont
4 suivre , et des préposés auxquels ils doivent
s adresser. L ordre qui règne dans la division et
la distribution du travail, peut aussi donner une
Idée de la sagacité et de la vigilance du madstrat
qui remplit les foncuous de préfet de police de
Pans. )
Les bureaux de la préfecture de police sont
divises ainsi qu'il suit : le secrétafiat-général • huit
divisions qui ne sont plus distinguées que par
1346
leur ordre numérique ; la comptabilité ; la caisse -,
le bureau des nourrices.
Le service aupj.ès du préfet est f.iit par deux
huissiers. Le secrétaire-général a auprès de lui un
garçon de bureau.
Au secrétariat-général appartiennent l'ouverlure
des dépêches , celles des ministres exceptées ; les
renvois aux divisions ; la correspondance géné-
rale ; l'expédition des affaires qui n'ont point de
départemens fixes ; les dépenses secrettes ; le rap-
port général des opérations journalières ; la con-
fection des m irchés et adjudications relatifs au
balayau;e , à l'enlèvement des boues , à larrosage
et à l'illumination ; les certificats de résidence ;
les actes de notoriété ; les légalisations; les dé-
clarations ; la traduction de pièces édites en
langues étrangères ; les demandes de places ;
les uomjnations , révocations , et destitutions ; les
archives ; le dépôt des pièces à conviction et des
effets trouvés ; les fournitures de bureaux.
Les dépêches sont enregistrées sommairement
au seciéiariat général , et envoyées ds suite aux
divisions sous un numéro d'ordre. Les chefs de
division en donnent récépissé. — Chaque jour il
est remis au préfet une feuille contenant l'analyse
de ces dépêches. — Deux registres sont ouverts
au secrétariat général ; le piemier pour les cer-
tificats de résidence à trois témoins ; le second
pour ceux à neuf témoins. — Les certificats de
résidence à trois témoins sont délivrés d'après
les formes observées jusqu'à ce jour; mais ceux
à neuf témoins sont assujettis au mode ci-après.
Les commissaires interrogateurs entendent les
témoins , leur font des questions et des observa-
tions sur la nature et les conséquences de leur
témoignage , et constatent les (déclarations et
réponses par un procès-verbal , qui est transmis
au chef de la première division, chargé de don-
ner sonijavis par écrit. — Celui des commissaires
interrogateurs qui a entendu les témoins fait son
rapport au préfet qui porte une décision. Le
secrétariat-général ne peut expédier un certificat
de résidence , que sur le vu de cette décision. Il
en est de même pour les actes de notoriété. Ces
difFérens actes sont signés par le préfet et contre-
signés par le secrétaire général ou le secrétaire
adjoint. Un registre est ouvert au secrétariat-gé-
néral pour recevoir les actes de notoriété. Le
registre des déclarations Ouvert à la deuxième
division , passe au secrétariat - général. — Les
papiers des divisions sont versés tous les six mois
aux archives, excepté ceux relatifs aux affaires
non encore terminées. — Les projets d'ordon-
nance de police sont discutés dans un conseil,
charsé spéciale^'e'" "^X^i" .„ " a ' r "'
. ^ ..■ ^ ^- •■ -• 'Églemens de police non-
abroges. — Ce conàeil est composé du citoyen
Jullienne défenseur-officieux des indigens , du
secrétaire-général de la préfecture , du secrétaire-
général adjoint, du garde des archives , ci de tous
les chefs de divisions qui y soumettent les projets
d ordonnances relatives à leurs attributions res-
pectives. Le citoyen JuUiennc est spécialement
charge de tous les travaux préparatoires de cette
partie importante. — Il est aussi , comme con-
seil de piefeciure chargé de suivre , auprès des I
tribunaux correcuonnel et criminel , toutes les |
aliaires qur leur sont renvoyées pour contra-
vention aux lois et réglemens de police , etc.
Le conseil se rassemble au moins une fois par
décade dans le cabinet du secrétaire-général, de-
puis sept heures du soit jusqu'à dix heures. —
Tous les chefs de division, qui auraient â pro-
poser une ordonnance, peuvent demander une
ou plusieurs séances extraordinaires par décade.
La séance ordinaire est fixée au primedi de cha-
que décade. Le conseil peut mander à ses séances
les commissaires de police et tous les prépofés et
agens de la préfecture, Chaque membre du con-
b-^cil, présent aux séances, reçoit , à titre d'in-
demnité , un }eiton de la valeur de 3 fr.
A la première division sont attribués les affaires
urgentes , les affaires secrettes , les émigrés , le 1
port d'armes à feu , les attroupemens , les c'oa- |
huons d ouvriers, les réunions tumultueuses , les |
requisitionnaires , les conscrits , les prisonniers de
guerre évadés , les déserteurs , les marins . la
ratihcation des engagemens , les marchandises
prohibées par les lois , la garde nationale séden-
taire , la gendarmerie , la troupe de ligne la
surveillance sur la fraude des droits nationaux' et
sur celle des droits de bienfesance , les faux en
écritures authentiques et publiques relatifs à la
révolution, leseffets et papiers pubhcs , les man-
dats d amener . la chambre d'arrêt et le dépôt
près la préfecture , la vente et distribution des
poudres et salpêtres.
La première division est toujours en perma-
nence , et les affaires urgentes, de quelque na-
ure quelles soient, lui sont renvoyées , quand
les auues sont fermées. — Les 24 officiers de paix
sont tenus d y faire le service. — L'officier de paix
de service commence à huit heures du malin
el ne quitte le lendemain qu'après avoir été relevé
par un de ses collègues. Tous les jpurs un offi-
cier de paix de chaque brigade rwid compte
verbalement au chef de division, de ce qu'il a
fait , vu et entendu. Chaque brigade donne tous
les jours un rapport par écrit. Tous les soirs ,
avant dix heures , un officier de chaque brigade
vient prendre les ordres à exécuter, ou les envoie
chercher par un inspecteur. — 11 est tenu un re-
gistre des permissions de port d'armes à feu. Ces
permissions , sujettes au timbre et. signées du se-
crétaire-général , ne sont délivrées que sur un
certificat du commissaire de police , et sut l'at-
testation de deux témoins qui répondent de la
moralité de l'individu. — Il est tenu un registre
particulier des conscrits , réquisitionnaires déser-
teurs , marins et prisonniers de guerre. — Il y a
un registre des réquisitoires faits à la garde natio-
nale sédentaire, à la gendarmerie , etc. et un autre
de tous les mandats d'amener.
Les attributions de la 2' division sont les vols ,
les assassinais , les fausses monnaies anciennes
et nouvelles , les rogneurs et aliérateurs de mon-
naie , les faux en écritures authentiques et pu-
bliques non relatifs à la révoluiion, les hôtels
garnis et les logeurs ; les maisons de prêts , les
prêteurs sur gages, les brocanteurs, les encans,
les salles de vente , les escroqueries, les insensés,
les furieux , les vagabonds , les gens sans aveu ,
les mendians, les évadés de prison et des fers,
le recueil des renseignemens relatifs aux inçlividus
dénoncés , arrêtés ou jugés. — L'état des permis-
sions de séjour et des cartes d'hospitalité est
envoyé au ministre de la police générale.
Les attributions de la troisième division sont les
interrogatoires et le renvoi des prévenus devant
les officiers de police judiciaire ; l'audition des
témoins dans les certilicals de résidence. — Les per-
sonnes arrêtées et amenées à la préfecture , sont
distinguées en deux cl.sses. La première com-
prend les personnes arrêtées pour n'avoir pas fait
viser leurs iiasseports ; celles qui ont perdu leurs
cartes de sûreté ; les réquisitionnaires et les cons-
crits. La seconde comprend les personnes arrêiét»
pour toute autre cause que celle désignée ci-
dessus. — Chaque interrogatcurdonne lespermis-
sions pour voir les détenus, dont il est chargé de
faire les interrogatoires ; le commissaire interro-
gateur déeadiste répond au public. — Les témoins ,
dans les certihcats de résidence à neuf témoins. ,
sont entendus au bureau des interrogatoires.
Les attributions de la 4' division sont les pas-
seports pour voyager de Paris dans l'intérieur
de la république; le visa des passeports des
voyageurs ; le visa des permissions ou congés
accordés aux militaires ou marins qui voudront
résider ou séjourner à Paris ; le visa des cartes
délivrées aux élevés de l'école polytechnique et
. J..S „j.r~:--:-Nr,<, fjg séjour aux voya-
geurs qui veulent résider a raiis plus a,. \r<,i»
jours ; la correspondance avec les autorités
constituées dé la république, pour obtenir des
renseignemens ; les caries de sûreté , celles d'hos-
pitalité ; les passes aux sages-femmes pour cir-
culer la nuit. /
Les commissaires de police secondent le préfet
dans la délivrance des passeports pour l'inté-
rieur de la république , dans la délivrance des
I permissions de séjour , et dans le renouvelle-
I ment des cartes de sûreté.
Ceux qui demandentdes passeports pourvoya-
ger dans l'inlérieur, doivent, s'ils ne sont pas
notoirement connus, se faire assister de. deux
citoyens domiciliés, etc.
Ceux qui demandent le renouvellement de
leurs cartes de sûreté perdues ou égarées , se
font assister de quatre témoins.
Les passeports et autres objets ci-dessus énon-
cés, sont délivrés par la préfecture de police,
sur le vu du certificat du commissaire de police.
Les attributions de la 5' division sont les
théâtres, les bals, les fêtes publiques, les sociétés,
les réunions politiques, les maisons de jeux ,
celles de débauche, les femmes publiques, les
offenses faites aux moeurs et à l'honnêteté publi-
que , les déclarations des ministres des cultes,
les temples , oratoires et autres lieux , les institu-
teurs , les fêtes et insiitutions républicaines , l'an-
nuaire républicain , l'imprimerie , la librairie ,
les journaux et pamphlets , les peintures, gravures
et images , les colporteurs de journaux, etc. Les
inhumations sous le rapport delà décence, les
les sépultures particulières , les exhumations ,
les enfans moi-ts - nés , l'état civil.
La 6' division est subdivisée en six classes.
— Les attributions de la l" sont la petite voierie.
L'ouverture des boutiques , etc. Les conduit»
pour les eaux de pluie elles goutieres , etc.
Les attributions de la 2° classe sont la con-
servation des monumenset établissemens public?'."
— La correspondance avec le préfet du dépar-
tement sur les réparations , chmgemens ou cons- '
tructions à f.iire 3ux prisons, aux corps de garde
de la force armée sédentaire , à ceux des pom-'''
piers , aux pompes , machines et ustenciles en'
dépendans , aux nalles el marchés , aux voieries'
et égoutS4, aux murs de clôture , aux barrières
sous la ville et hors des murs , aux ports ,
quais, abreuvoirs, bords, franc-bords, pui-
4lards , garres et estocades à la rivierre de Bievre ,
aux ëtablissemens et machines placés près de la
^rivière, pour porter secours aux noyés, à la
bourse , aux temples ou édifices destinés au
culte.
Les allributions de la troisième classe sont la
correspondance avec le préfet de déparlement
sur les réparations , changemens ou constructions
à faire aux fontaines, regards, aqueducs , con-
duits , pompes à ieu , etc. etc.
Les attributions de la quatrième classe sont :
l'illumination , le balayage , etc. la recherche et
l'aballage des chevaux et autres animaux attaqués
de maladies contagieuses; l'équarrissage, les salles
de dissection , la basse-géole , les atiéliers , ma-
nufactures , laboratoires ou maisons de santé qui
doivent être hors de l'enceinte des villes ; les ma-
ladies contagieuses , les épidémies.
Les attributions de la cinquième classe sont :
les carosses de place , les cabriolets , les voitures
publiques , les charrettes et baquets, les cochers,
postillons, charretiers, brocanteurs , etc.
Les attributions de la sixième classe sont : la
surveillance' du corps des pompiers , les corps-
de-garde et magasins de pompes , réservoirs ,
tonneaux et sceaux à incendie, etc. les incendies.
La septième division se subdivise en six
classes.
Les attributions de la première classe sont: les
échauHoirs , londoirs et étaux , les halles et mar-
chés, les marchés de Sceaux , Poissy , la Cha-
pelle et Saint-Denis ; les magasins de fourrages ,
la libre circulation des subsistances , les patentes
des marchands forains . etc. les mercuriales , les
taxes légalement faites et publiées , les vacheries,
les épizooties , la saisie et la destruction , dans les
halles et marchés , des comestibles gâtés , corrom-
pus ou nuisibles.
Les attributions de la seconde classe sont les
débordemens et débâcles et les précautions à
prendre , telles que déménagemens des malsons
menacées, les secours aux noyés et le placement
des boëtes fumigaioires , la rivière , les chemins
de hallage , les ports , les coches d eau et galio-
tes : etc. les mariniers, bachoteurs , etc. la saisie
et destruction sur la rivière , sur les ports et chez
les marchands de vin.
Les attributions de la troisième classe sont les
chantiers de bois à brûler , les dépôts et maga-
sins de charbons , lélat des arrivages , ventes et
prix de ces combustibles.
Les attributs de la quatrième classe sont la vé-
rification des balances, poids et mesures chez les
fabricans et les marchands , l'exécution des lois
qui prescrivent l'emploi des nouveaux poids et me-
sures, les patentes des marchands domiciliés , la
saisie et destruction dans les boutiques , chez les
bouchers , boulangers , brasseurs etc.
Les attributions de la 5' classe sont la bourse
et ■ les lieux où se réunissent les agens de
change , courtiers , échangeurs , et ceux qui
négocient et trafiquent sur les effets publics.
Les attributions de la 6° classe sont l'inspec-
tion des magasins , boutiques et ateliers des or-
fèvres et bijoutiers , pour assurer la marque des
matières d'or et d'argent , et l'exécution des lois
sur la garantie.
Les attributions de la 8' division sont la police
des prisons , maisons d'arrêt , de justice , de
force , de correction et de détention ; la dé-
livrance des permissions de communiquer avec
les détenus, le classement des détenus dans les
maisons selon la nature de leurs peines , les
transféremens , les extractions, le départ delà
chaîne , les mises en liberté , la surveillance
des maisons de santé.
■ Les attributions de la comptabilité sont toutes
les opérations préliminaires aux recettes et aux
dépensés , lorsque les principes en auront été
adoptés par le préfet, sur la proposition des
chefs de division.
Les atlîibutions de la caisse sont les recettes et
les dépenses ordonnancées par le préfet.
■ Les allributions du bureau des nourrices sont
les meneurs , les nourrices , et le recouvrement
de» mois de nourriture.
Le Setirétairé-général surveille (es bureaux, et
tient la main à l'exécution des décisions du
préfet. — La signature pour les affaires urgentes,
telles que les mandats d'amener . les perquisitions
<l mises en liberté, a lieu à toute heure. — Aucun
employé ne peut recevoir personne dans les bu-
reaux, pour telle affaire que ce soit. — Les citoyens
qui veulent parler aux chefs de divisions doivent
indiquer , par une note succinte , lobjct qui les
amené ; ils ne sont introduits, qu'apiès que le
chef en a donné Tordre ; les garçons de bureaux
sont tenus à lexécuiion de celte consigne , sous
peine de de»iituiion.
i347
Arnould , membre du tribunal , au rédacteur du
Moniteur. — Faris , le 3 fructidor , an 8.
Citoyen , votre feuille est accueillie avec em-
pressement des étrangers cbmrtie des nationaux ,
el son étendue la rend un des dépôts modernes
les plus complets de politique et d'économie
publique. Les espérances de paix donnent à
toutes ces questions un intérêt encore plus vif.
Je vous invite, en conséquence, à insérer dans
un de vos prochains numéros la présente notice
sur Us finances et la dette publique de l'Angleterre.
Finances et dette publique de V Angleterre.
Les rédactmrs anonymes d'un article du 'Journal
lie Prtm , n" 326, en prétendant réfuter un pas-
sage de l'ouvrage sur le système maritime et poli-
tique , passage ainsi conçu : D'ailleuts, l'énormilé
de la dette publique en Angleterre , porte en soi son
remède dans la réduction des intérêts . opérée déjà à
plusieurs périodes de ce siècle sans violence , s'ex-
priment ainsi :
>' Quanta la réduction des intérêts, elle n'a eu
lieu qu'une seule fiis en 1749; lorsque les fonds
étaient à i3o, c'est-à-dire, à 3o pour cent au-
dessus du pair, circonstance qui probablement
ne se rencontrera jamais; encore celte réduction
n'affecta-elle qu'une très-petite partie de la dette.
(Voir •.Journal de Paris, n° 826, le 26 thermidor
an 8.)
Je vais prouver 1° que cette réduction a eu
lieu, comme je l'ai avancé , à plusieurs périodes
de ce siècle; 2° que les réductions qui s'effec-
tuèrent dès 1737 , et se consommèrent en 1749,
portèrent sur une très-grande partie de la dette ;
3° que cette opération n'eût-elle affecté qu'une
très-petiie partie de la dette , la doctrine que cette
combinaison développe , n'est pas moins une res-
source efficace pour l'Angleterre.
Il ne faut qu'avoir étudié ayec fruit , l'histoire
des finances de l'Angleterre'depuis un siècle,
pour justifier cette opinion.
Toutes les fois que l'on veut suivre l'enchaî-
nement du système financier de la Grande-Bre-
tagne , on se trouve forcé de remonter à Guil-
laume III ; son règne fut fécond en entreprises
politiques et en ressources économiques dont il
avait puisé les gerines dans l'observaiion ou dans
la conduite des affaires de la- Hollande.
Guillaume , impatient de réaliser les ressources
mises à sa disposition , par I4 création de nou-
velles taxes , imagina d'en vendre le produit à
quiconque lui en avancerait le capital sur un
taux convenu. Le crédit de semblables opéra-
lions- en Angleterre , était trop nouveau pour
que Guilliiume pût trouver des acheteurs , pour
ainsi dire , à bureau ouvert; aussi employa-i-if les
moyens de tentation , de persuasion et dé né-
gociations envers de riches capitalistes ; et , il
parvint , en un mot , à emprunter par l'inter-
médiaire de compagnies privilégées.
On sait en effet que ce furent les compagnies
successives des Indes , la compagnie de la mer
du sud et ta banque qui réunirent, centralisèrent
ou consolidèrent la majeure partie des premiers
capitaux fournis au gouvernement vers la fin du
siècle dernier et au commencement de celui-ci ;
et ces premiers capitaux font maintenant encore
partie de la dette publique.
Voyons donc comment la réduction des inté-
rêts de ces capitaux primitivement fournis a eu
lieu dans ce siècle , pour chacune de ces com-
pagnies privilégées , ou pour leurs actionnaires.
Par un bill passé, le 5 septembre 1698, la
seconde ou nouvelle compagnie des Indes fut admise
à prêter à l'état 2 millions sterling à 8 pour cent.
En 1702, les deux compagtiies se réunirent,
et, outre le prêt de 2 millions à 8 pour cent dont
nous venons de parler , elles en firent un de
1,200,000 liv. sterling dans la 6' année de la reine
Anne.
Par un acte de la 3' année de Georges II (en
lySo), l'intérêt de ces 3,200,000 liv. sterl. fut ré-
duit à 4pour cent; et , en i 749 , il le fut à 3 et demi;
et depuis, en 1757 , à 3 pour cent. (Voir, the Bri-
tish Merchant , traduction française sous le titre
de Négociant Anglais. )
Quant à la compagnie de la mer du sud , celte
compagnie fut chargée, en 17 10, de l'acquit de
9 millions sterling de délies nationales , dont
1 intérêt fut assigné à 6 pour cent sur divers
revenus.
Le 24juin 1723 , les capitaux de la compagnie
de la mer du sud , ou les SomiWes dont l'état lui
était redevable , montaient à 33,8o2,483 liv. 14 s.
3 den. sterling.
Cette somme fut partagée en deux portions
égales, chacune de 16,901,241 liv. 17 s. i d. sterl.
L une fut regardée comme un emprunt de la
compagnie ( au compte de l'él.if) , et les créances
qui la formaient appelées annuités de la mer du
sud. On leur assigna ; au lieu de 6 pour cent ,
taux de 1110, un intérêt de 5 /^owj' cch< jusqu'au
24 juin 1727; et de celle date à l'avenir , jusqu'à
parfait remboursement, wi -mierit de 4 pour cent
à prendre sur la somme de 845,062 liv. sterling
qui devait être payée annuellement à la compa-
gnie par l'échiquier. L'autre moitié du capital de
la mer du sud fut déclarée stock ou capital de
commerce de la compagnie , et n'a point trait à la
question présente de la réduction à différentes
époques , de linléiêl- statué originairement pouc
un capital emprunté pour létal. (Voir, the Bn-
tish Merchant. ]
Par rapport à la banque , son premier fonds
fut de 1,200.000 liv. qu'elle avança au gouverne-
ment à 8 pour cent d intérêt sur plusieurs brari-
ches de revenu public. En 1709, ce fonds pri-
mitif fut augmenté de 400,000 liv. stetl. ( Statuts,
7' année de la reine Anne, ) et comme cette
dernière somme fut prêtée au gouvernement
sans intéiêis , ceux du cajjital de la banque se
trouvèrent par-là réduits à 6 pour cent (Voir
l'ouvrage qui vient de paraître de Frederick Gentz.)
En 1717. la banque fournit pour acquitter
des billpls de l'échiquier une somme de 2 mil-
lions sterl. à 5 pnur cent ( Statuts 3 , Georges l'M ,
qui lui appoiterenl, sur ce taux, une annuité
de 100,000 liv.
En 1727 .Je parlement, du consentement de la
banque, réduisit iintérêt de ces 2 millions à^ pour
cent; et par conséquent l'annuité qui était de
100,000 liv. sterl. , ne fut plus que de 80,000 l. st.
(Voir, états du commerce de l' Aîigleterre, par John
Carry, traduction française.)
Nous voici maintenant arrivés à l'opération de
1749, l'J^ ^^^ rédacteurs anonymes du Journal de
Paris nomment la seule réduction qui probablement
ne se reitontrera jamais , et qui n'affecta quune
très-petite partie de la dette.
Voici quelle fut l'occasion el le résultat de cette
réduction. .
En 1737 il se présenta dans la chambre des
communes du pa.lement d'A'ngleterre une ques-
tion sur l'emploi qu'il conviendrait mieux de
faire d'un million sterling que le chevalier Robert
■Walpole venait de déterminer le parlement à
ajouter annuellement au fonds d'amortissement.
Ce ministre voulait appliquer ce foiids au rem-
boursement des aciions de la mer du sud , dont
le capital se montait beaucoup plus haut que celui
d'aucune autre compagnie de commerce de I An-
gleterre : et le chevalier Bernard soutenait au
contraire qu'il conviendrait mieux d'en faire usage
■ pour rembourser la banque , à 1 approche du lems
d'expiration de son privilège, circonstance qui
fesait baisser ses actions.
Le chevalier Bernard ayant échoué dans cette
proposiiion , en fit une auite ; lorsque la dette
nationale fut mise sous les yeux de la chambre,
et quelle fut constatée monter, le 3i décembre
1736, à la somme de 47,866,598 1. 3 s. 3 d.^.sterl. ,
il demanda que a. sa majesté lût autorisée à lever
de 1 argent, soit par vente d'annuités ou par tarit
d'années à vie , soil par emprunt et à un intérêt
qui ne passât pas 3 pour cent pour rembourser
pareille somme des anciennes et nouvelles an-
nuités de la compagnie de la mer du sud , et
que les annuitaires qui voudraient souscrire- pour^
le montant de leurs annuités fussent préférés à
tous autres. >> • ■
Dans les débats , un membre proposa de rendre
la loi générale et de l'étendre à la réduction de
tout papier public. Le comité résolut, en con-
séquence , que tous les fonds publics rachetables
et ponant iniérêt à 4 pour cent, seraient rem-
boursés. Deux députés proposèrent de substituer
à ces mots 3 pour cent , ceux-ci , 3 et demi pour cent.
— Le bill passa ; et la réduction de ià i {pour cent
eut lieupour 14 ans, de 1787 à 1749; et , depuis ,
( 1749) "" nouveau bill porta la réduction jusqu'à
3 pour cent. — ( Discours pour et contre la réduction
du taux d'intérêts , prononcés , en i;37, dans la
chambre des communes , traduits de l anglais. )
Il résulte 1° que cette dernière réduction a eu
lieu par deux bills différens et à divers taux,
savoir, dès 1787 à 3 1 p. f, et définitivement à
3 pour cent en 1749 ; 2° 9"'^ "^^^ deux réduc-
tions de 1737 et de 1749 ont porté sur la ma-
jeure partie de la dette déclaiée rachelable , tels
que les capitaux de la mer du sud et autres. Ceux
de la mer du sud ( déjà réduits de 6 pour cent à
5 et 34 pour cent) montant, lors de la liquidation
de 1723, à environ 17,000,000, formaient seuls
plus du tiers de la dette publique , qui s'élevait
i à environ 48,000,000 au 3i décembre 1736. La ré-
duction portait aussi sur les 3, 200,000 liv. du ca-
pital des compagnies des Indes. Enfin, en l75o,
second terme de réduction , le capital de la
banque était de 10,780,000 liv. st. ; et ce fut a
cette époque qu'elle consentit , pour sa pari , à
la réduction générale qui fixa à 3 pour cent tous
les intérêts payés par le gouvernement. ( Voif
l'ouvrage de Gentz.)
Il est donc évident , par le simple narré des
faits, que Vénormité de la dette anglaise porte en soi
son remède dans la réduction des intérêts . opérée déjà
à plusieurs périodes de ce siècle, sans violence. (Sys-
tème maritime et politique.]
On a vu que , pendant son (ours , Iç gouverne-
ment anglais a habilement mis à profit le crédit
des compagnies privilégiées , pour se procurer
des fonds, au soutien de ses vastes projets de
politique et de domination maritime ; on a vu
que, plus habileraentencore.il a su se préva-
loir auprès de ces compagnies ou de leurs ac-
tionnaires , tantôt de leur concurrence , tantôt
de leur empressement à voir renouveller leur
charte , pour les faire consentir , soit à la réduc-
tion des annuités primitives achetées par les ca-
pitaux fournis , soit , de gré à gré, à grossir le prêt
de ces mêmes capitaux, en fesanl , sans intérêts,
de nouveaux fonds au trésor public.
La cupidité qui donna la naissance et le mou-
vernent à la compagnie de la mer du sud , était
mêtpe un appât offert par le gouvernement anglais,
comme un moyen de liquidation et de réduction
de la dette publique. Et, aujourd'hui encore,
le ministère , constamment fidèle à ce système
d'allégement , que Guillaume III avait apporté de
la Hollande , où Jean de W't l'avait pratiqué vers
h milieu du siècle dernier. ( Voir les discours pour
et contre , traduits de l'anglais , déjà cités.] aujour-
d'hui, dis-je , le ministère ne vient-il pas d'ob-
tenir de sa banque (en 1800) pour le renouvel-
lement , douze ans à l'avance , de son privilège,
un prêt de trois millions sierl. pour six ans sanÂ
intérêts.
Qu'est-ce autre chose , au fond, dans ce dernier
cas , qu'une réduction du taux des annuités
payables par le gouvernement à la banque, com-
parativement au capital fourni ; car diminuer les
intérêts ou le montant des annuités à servir , ou
bien augmenter le capital requis , sans augmen-
tation d'annuité , n'est-ce pas faire que le créancier
obtienne moins en donnant plus , et le débiteur
obtienne /i/uî en donnant momî ?
Les rédacteurs anonymes du journal de Paris ont
donc bien peu réfléchi sur la matière qu'ils veulent
commenter , lorsqu'ils disent : Quant à la réduction
des intérêts, elle n'a eu lieu qu'une seule fois en 1749 ,
lorsque les fonds publics étaient à i3o. C'est-à-dire
à 3o pour cent au-dessus du pair , circonstance qui
probablement ne se rencontrera jamais ; encore , cette
réduction n affecta-t-elle qu'une très-petite partie de
là dette. ^
On a vu comment ce paragraphe contient pres-
qu'autant d'erreurs que de mots ; caria réduction
du taux des intérêts a eu lieu sous différens modes ,
en 1709 — 1723 — 1727 — 1737 — 1749 — e' i?^?.
et elle s'effectua sur les treis_ quarts au moins de
la dette alors existante.
^ L'expérience des combinaisons financières cons-
tamment suivies par le gouvernement ^nglais ,
pour dimiriuer ce poids , justifie donc tout ce
q'ue j'ai dit sur la dette publique de l'Angle-
terre , dans mon ouvrage sur le système maritime
et politique. J'invite à lire cet article , pages SaS
à 332. ( Cet ouvrage se trouve chez Antoine
Bailleul , rue Grange-Batéliere , n" 3. ) Les rédac-
teurs anonymes du Journal de Paris ayant cru
devoir en supprimer la très-grande partie , ces
suppressions nuisent à l'enchaînement des idées ,
à_la force des raisonnemens et à la justesse des
conséquences.
Quant à leur opinion particulière que cette cir-
corxstance de réduction du taux des intérêts ne se
représentera probablement jamais , je réponds
que ce but n'a point été perdu de vue , un seul
moment dans ce siècle , par le gouvernement an-
glais qui a opéré aussi par cette voie l'allégement
du poids de sa dette , sans secousse ni violence ,
pour une partie aliquote assez considérable. Les
divers modes adoptés ne changent rien ni à
l'essence , ni à Veffet de cette mesure. Toutes ces
combinaisons variées , appât de bénéfices commer-
ciaux ( 1710 et 1723); appel de fonds (1709 et 1800) ;
offre de remboursement (1737 et 1749); réduction
de gré a grc (1727 et 1757); et même le rachat
facultatif entamé en 1798 de la taxe territoriale
par compensation avec la dette publiq.ue , toutes
ces nuances d'une même conception n'ont eu
de succès que parce qu'elles furent adaptées suc-
cessivement aux circonstances , au génie et à
l'iniéiêt du peuple anglais; c'est à l'aide de sem-
blables illusions que la banque , dans sa crise de
1745 , se soutint en payant en argent , au lieu de
faire , en or, le remboursement légal de ses billets.
C'est ainsi encore que récemment, en 1796,
malgré la suspension de l'échange en numéraire
de ses billets , la banque évita sa dissolution par
Yacceptation de ces mêmes billets de la part des
banquiers de Londres. Tout cela , comme je l'ai
di,l, est affaire de famille.
1348
En définitif , tout système de réduction du taux
des intérêts des fonds publics , pratiqué en Hol-
lande et en Angleterre , et tel qu'il peut être per-
teclionné par ces innovations ingénieuses dont est
capable l'esprit national des anglais , ne semble-
t-il pas dériver de deux principes relaiils à la
conservation et à la vigueur des états f principes
dont il n'est pas de mon sujet de sonder le plus
ou moins de solidité ; savoir , le premier: Un
corps politique laisstra-t-il consommer sa dissolution
lorsqu'il possède des moyens de virilité? (Je ne dis
pas de débilité , comme en France par la mobili-
sation des deux tiers, ) et le second : L allégement du
fardeau des taxes trop pesantes , peut - il être un
moteur de l'équilibre à rétablir entre le prix du
travail , le loyer de l'argent et les facultés des con-
sommateurs ?
Dans deux arliclessubscquens, j'examinerai l'? si
cette énormilé da la dette anglaise trouve exclu-
sivement son remède , comme le prétend le ré-
dacteur anonyme du Journal de Paris , dans la
caisse d'amortissement , telle qu'elle existe , de-
puis 1792 ; 2° si les effets alarmans pour l'Angle-
terre d une confédération maritime , ne sont que
la suite de préjugés et de principes prohibitifs et
illibéraux en matière de navigation, de commetce
et de richesse publique.
Le Cultivateur Anglais, ou Œuvres choisies d'agri-
culture et défonomie rurale et politique d'Arthur
Toung ; traduit de l'anglais, par les cit. Lamare,
Benoist et Billecoq , avec des notes par le cit.
Delalauze, coopérateur du cours d'agriculture de
l'abbé Rozier , et des planches gravées par le
citoyen Tardieu ; quinze à dix - huit volumes ,
grand in-8°.
Jamais époque ne fut plus favorable que celle-
ci aux entreprises agronomiques , et jamais un
plus grand nombre de citoyens de tous les étals,
de toutes les classes , de toutes les fortunes , ne
fut appelle par les circonstances , à l'exercice
des professions rurales. C'est en ce moment que
les auteurs et éditeurs de l'ouvrage ci-dessus an
nonce, offrent au public un tableau exact et
complet de l'agriciilture anglaise , que les fran-
çais ne connaissent encore que partiellement.
Nos agriculteurs, tant anciens que nouveaux ,
ont besoin de leçons et d'exemples. Les écrits
de M. Young présentent , sous ce point de vue
tous lès avantages qu'on peut désirer. Chacun
peut, en les lisant s'approprier les résultats d'une
longue expérience. Agriculteur - pratique ', M.
Young est peut-être le seul qui n'ait bâti ses
théories que sur des faits. S'il décrit et analyse
en philosophe, il a observé et exécuté en pra-
ticien. Sa vie entière à été consacrée à létude
de l'agriculture. Non-content du champ qu'of-
fraient à ses observations, sa ferme et.son voi-
sinage , il a visité l'Angleterre du nord au sud
et de l'est à l'ouest; il a parcouru 1 Irlande ,
une partie de l'Ecosse , de l'Italie , de l'Espagne .
et la France entière, pour en examiner le sol,
en comparer les cultures , les produits et les
ressources.
La collection ci-dessus annoncée , sera divisée
en deux parties ; la première et la plus volu-
mineuse , comprendra les Voyages agronomiqnes
en Angleterre et en Irlande. Dans ces écrits, 1 au-
teur a recueilli et discuté toutes les méthodes
prauquées par les petits , par les moyens, et
sur-tout par les grands cultivateurs. Les détails
qu'il donne sur ces objets peuvent être regardés
comme authentiques ; car il cite les noms de
tous ceux dont il a reçu des informations , ou
dont il lui a été permis de compulser les registres;
triais la partie la plus curieuse et la plus impor-
tante de ces récits , c'est la description qu'il
donne de l'agricnlture des Gentlemen. Plus variée
et plus étendue que celle des fermiers ordinaires,
elle est aussi plus productive, à mesure qu'ils
y versent de plus fortes sommes. Ceux-là peu-
vent seuls faire des essais en grand , tenter de
nouveaux systèmes d'assolement, de dessèche-
ment et d'amélioration de tous les genres, inventer
de nouveaux instrumens ou perfectionner les
anciens ; ceux-là , enfin , sont en possession
d'exercer par l'exemple , une salutaire influence
sur le champ de leurs voisins.
La seconde partie comp rendra les dissertations
que l'auteur a publiées sous différens titres , tels
que les Lettres d'un Fermier ; le Guide du Fermier ;
Essais sur l'Economie rurale , etc. ; une collection
d'expériences faites par lui-même ; un choix de
mémoires extraits de ses Annales agronomiques^
et les plus analogues à notre culture.
Chaque volume sera précédé d'un tableau com-
paratif des monnaies , poids et mesures d'Angle-
terre , avec les monnaies , poids et mesures de
France.
Première livraison ,
Formant si» gros volumes , avec quarante-cinq
planches en taille-douce, et contenant les Voyages
au sud et au midi de l'Angleterre ; le Voyage au nord
et le Voyage à l'est. Elle sera mise en vente au
i" vendémiaire prochain. Les autres livraisons se
succéderont rapidement.
Pour les personnes qui souscriront avant cette
époque , chez Maradan , libraire à Paris . rue
Pavée Saint-André -des-Arts , n" 16 , le prix de
chaque volume , tant de cette livraison que de
toutes les livraisons subséquentes , sera de 4 fr,
5o cent, pris à Paris , ou de 6 fr. franc de
port par la poste ; c'est donc 27 fiancs à faire
parvenir, franc de port, à ladite adresse,
avant le l" vendémiaire prochain , en y ajoutant
I fr. 5o cent, par chaque vol. , pour ceux qui
voudront les recevoir , franc de port. - ,
Passé le premier vendémiaire prochain , les
personnes qui voudront se procurer la collec-
tion , paieront i fr. de plus par volume ; ils
auront alors à faire passer , franc de port, pour
la livraison ci-dessus , à ladite adresse , 33 fr. , et.
I tr. 5o cent, par volume , si elles veulent les rece-
voir , franc de port.
Introduction à la philosophie de Platon , traduite
du texte d'Alcinoiis , philosophe platonicien , par
J. J. Combes-Dounous , membre de plusieurs
sociétés littéraires, du corps-législatif; de l'impri-
merie de Didot l'aîné, et chez les libraires qui
vendent les nouveautés. Prix , 2 fr. 5o cent, et 3
fr. par la poste.
Cet ouvrage , ainsi que le dit le traducteur dans
sa préface , présente aux amateurs de la philo-
sophie ancienne , l'épiiôme de la philosophie de
Platon. Sous ce rapport il a droit, de les intéresser.
Il n'est en effet personne de ceux qui sont déjà
versés dans la philologie , ou qui s'y adonnent ,
pour qui la cane de réduction du platonisme ne
soit uu ouvrage de quelque prix.
Un second point de vue sous lequel l'ouvrage
que nous annonçons mérite de fixer l'attention du
public , c'est qu il paraît pour la première fois
en français , et à cet égard , il y a lieu de s'éton-
ner qu'aucun de ceux de nés littérateurs qui ont
fait passer dans notre langue des parties plus ou.
moins considérables de la collection des ouvrages
de Platon , tels que Dacier , Grou et autres , et
qui dans leurs préfaces ont taché de nous donner
une idée de l'ensemble de la philosophie du.
prince des philosophes , n'ait pensé à s'épargnet
beaucoup de peine, en traduisant Alcinous ,
comine le fit Stanley dans son histoire de la philo»,
Sophie.
D'ailleurs , quoique nous devions^ laisser atix
hellénistes de profession, à apprécier au juste là"
traduction que nous annonçons , l'auteur nous
paraît mériter des éloges et des encouragemensl
Si ce que J. J. Rousseau a dit de Tacite, qu'a-
vant d'en avoir une excellente traduction , il
faudra supporter bien dçs thèmes, est vrai de^
tous les auteurs grecs et latins , on doit de la
reconnaissance aux écrivains laborieux dont les
travaux procurent des jouissances à leurs contem-
porains , en préparant des succès pour ceux qui
les suivront dans la même carrière.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 3 fructidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire 19 (r. 5o c.
Tiers consolidé. 32 fr. 75 c.
Bons deux ders i fr. 56 c.
Bons d'arréragé 82 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 85 fr. 38 c,i
Syndicat 64 fr.
Coupures 64 fr. 75 c.
Errata.
j Dans le n° d'hier , 333 , article d'Angleterre ,
I" colonne, ligne 71 au-lieu de 75 pétitions fortes,
lizse : pétitions toutes relatives , etc.
2^ Colonne, ligne 38, au-lieu de bâtimens
armés, escortés. Usez : bâtimens armés, escor-
tans , etc.
L'abonnement se fait à Paris , lue des Poitevi
flu'au coHimeucement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port au cit. Ag AS s E, proDriétairp H» rp ;n„r„,1 ....<.. t>»;>.. ' o o Tir j , ,
• 6 ' r , ' r"P'i^""'^ "■:" journal , me des Poitevins , n" 18. Il faut comprendre dans les envois le port d«i
pays oa l'on ne peut aefianchir. I,es lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment de
'Poitevins , n' l3 , depui «neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
iS. Le prix est de s5 francs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. On ncs'abon
1 valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue dei
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse ,. propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n» i3.
TE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 33S.
QjmiUdi , 5 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater da 7 NivÔse le M O NI T E U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvetnemenz , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions cane sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts ec aux découverces nouvelles.
Ë X T E R I EUR.
B.
ALLEMAGNE.
Augsbourg , le 22 thermidor.
'eux cents hommes de cavalerie française sont
entrés à Dinkelspiel. On y attend le quartier-
général de Haupoult. Le comté de Limbourg
n'avait pas encore reçu depuis la guerre aucun
soldat ; le 4° régiment de hussards y a pris ses
quartiers : l'étal-major de ce régiment est à
Geildorf.
Le duc de Wirtemberg est parti d'Elangen , oiî
il fesait sa résidence , pour aller à Vienne.
Le lieutenant-général Grenier est parti de Ra-
tisbonne pour Straubingen , quartier-général de
Legrand. Le général Ney , qui commande les
troupes devant Ingolstadt , a son quartier-général
à Neubourg. La garnison de Raiisbonne , quoi-
que très-nombreuse , observe la plus exacte dis-
cipline. — Le corps de troupes bataves aux ordres
de Dumonceau , va occuper l'évêché de Fulde.
Les anglais enrôlent beaucoup de soldats dans
difiërens endroits de l'empire ; il donnent un fort
engagement. Mais les autrichiens recherchent les
transports et enlèvent tous les déserteurs impé-
riaux qu'ils y trouvent. ( Strasb. Weltbote. )
ANGLETERRE.
Londres , le 24. thermidor , f 1 2 aoÎLt. )
Un boulanger à Bath a été condamné à une
amende de dix liv. sterling , pour avoir vendu
deux pains avant le terme désigné par la loi ,
c'est-à-dire avant vingt-quatre heures ; et lemaire
a fait publier que tout boulanger pris en contra-
vention payerait cinq livres sterling pour chaque
pain non rassis.
Un peu de terre de foulon , délayée avec de
l'eau , à la consistance d'un onguent , et appli-
quée aux pieds en se couchant , est un spécifique
Jouverain contre l'enflure et les ampoules qui
•surviennent à la suite d'une longue marche.
Il y a eu 186 appels de la cour de session en
liasse à la chambre des pairs pendant les seize
dernières sessions du parlement. De ces 186 ap-
pels , 29 seulement ont été rejettes.
On parle d'instituer un nouvel ordre pour la
récompense du mérite naval.
John Young , condamné à mort à Gloucester
pour avoir assassiné sa femme , s'est pendu lui-
même dans la prison avec son mouchoir.
Il y avait plus de dix mille personnes of the
beau monde au Vauxhall , le 12 août, jour de
l'anniversaire de la naissance du prince de
Galles qui entrait dans sa Sg"' année.
Un fermier , résidant près de Bishop's-CIyst ,
ayant demandé la semaine dernière , au marché
de Dévon . 24 shellings d'un boisseau de blé ,
le peuple lui lia une corde autour du corps ,
et le promena ainsi dans les rues , en le tirant
violemment. S'étant arrêté pour le laisser res-
pirer, il lui cria : !) Monsieur le fermier, com-
bien le boisseau à présent ? — Une guinée .
( 21 shellings. ) Une seconde pause ayant eu lieu ,
on lai cria de nouveau : n monsieur le fermier ,
à présent . combien le boisseau ? — 18 shellings.
A la troisième pause, même question, et le
fermier de répondre 14 shellings. — A la bonne
heure , s'écria (a troupe , qui , lâchant la corde ,
se dispersa aussitôt.
M. Waddington a déclaré aux marchands de
houblon de Worcester , que la baisse du prix
de cette denrée provenait de la poursuite intentée
contre lui. Si le fait est vrai , et nous sommes
disposés à le croire , quelle diminution ne de-
vons-nous pas attendre dans le prix du bled ,
lorsqu'on aura fait arrêter deux ou trois douzaines
d accapareurs !
Il n'est pas vrai , dit-on , que M. Fox ait re-
noncé à se mettre sur les rangs pour la représen-
tation de 'Westminster dans l'élection générale
prochaine.
Un vieux chêne tombé la semaine dernière, près
de Sheflield , comportait 40 pieds de circonfé-
rence.
11 est reconnu que nous fesdns à-peu-près les trois
quaiis du commerce de la Russie. Quelleperlede
bénéfice .'quelle disette de matières premières, soit
pour nos manufactures , soit pour notre marine,
nous éprouverions si nos ministres venaient à nous
brouiller avec cette puissance !
Une lettre de sa majesté vient de lever les
obstacles apportés au départ de l'ambassadeur
ottoman par son séjour à Weymouth , où il y
avait quelque inconvenance que son excellence
se transportât pour prendre congé. Au moyen
de cette lettre , l'ambassadeur se mettra en route
le 26 thermidor, pour Yarmouth , où il s'embar-
quera pour Cuxhaven.
La peste continue ses ravages à Tétuan et à
Tanger , où , comme dans d'autres parties des
états de Maroc , elle n'attaque que les jeunes
personnes des deux sexes.
Suivant un rapport fait à l'amirauté par le doc-
teur Trotter, un des premiers médecins de la ma-
rine royale , il paraîtrait que , d'après un très-
grand nombre d'essais , le scorbut de mer , jus-
! qu'à présent un des écueils de l'art, cède com-
pleltement aux effets de Yacide concret de citrons ,
préparé par M. Coxvvrell , de Temple-Bar.
Un sermon sur la charité , prêché à Norwich ,
a produit l85 liv. sterl. 11 sh. pour l'hôpital de
cette ville , et une souscription faite à l'issue d'un
repas de corps à la taverne de l'Ange , Sg liv.
sterl. II sh.
Sur le sommet du Kymen , une des belles
collines dont est ceinte la ville de Morltmouth ,
se construit un temple que l'esprit public qui
anime les habitans du voisinage, leur fait ériger
en l'honneur de la marine royale ; il portera le
nom de new naval temple.
Des calculateurs allemands portent à i5 mille
le nombre des auteurs de leur pays vivans. C'est
sans doute par délicatesse qu'ils ne nous ont
point encore appris depuis quel tems ni com-
bien de tems ils vivaient.
Le fameux Barington est haut consiable à
Parematta , une des dépendances de Botany-Bay.
Une expéiience faite en dernier lieu , a prouvé
qu'en exposant une grenouille vivante dans une
fourmilliere , elle périt en 3 ou 4 minutes ,
quoique les fourmis ne l'aient pas encore mordue.
On attribue cette mort à une forte vapeur pesti-
lentielle qui 's'exhale de ces petits insectes, la-
quelle vapeur, recueillie en assez grande quan-
tité pour êtse analysée, a paru être extrêmement
caustique.
Des dépêches venues par terre de l'Inde , an-
noncent que le marquis de Wellesley a terminé
avec le nabab d'Oude pour la cession de son
territoire à la compagnie , moyennant une rente
annuelle.
Un caporal d'artillerie écrivit il y a'quelques
années à un bombardier pour lui reprocher
d'avoir séduit sa femme. Il terminait sa lettre
en disant que puisqu'elle était avec lui , il con-
sentait à ce qu'il la gardât; mais qu'il lui recom-
mandait son enfant. S'étant ravisé parla suite,
il a réclamé sa femme, et sur le refus du bom-
bardier de la lui rendre , il a porté sa demande
en justice, où elle a été jugée dernièrement aux
assises du comté de Kent. Lord Kenyon a débouté
le caporal sur le vu de sa lettre , qui , selon lui ,
le privait du droit d'intenter action. Lord Kenion
a profité de l'occasion pour tonner de nouveau
contre ladultere , et revenir sur ce qui s'était
passé derniéreraeut à ce sujet dans la chambre des
pairs , et qu'il croyait lui être personnel.
f Extraits du Morning-Chronicle , du Morning-
Post^du British-Evening-Post, du Star, de l'Oracle
et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Faris , le ^ fructidor.
On mande de Nantes que le 24 thermidor on
a vu une aurore boréale très-lumineuse depuis
neuf heures du soir jusqu'à onze. Le siège prin-
cipal de ce phénomène était peu élevé sur l'ho-
rison ; il était placé dans le nord-est. Elle s'y est
allumée et s'y est éteinte. La lueur en était
blanchâtre ; elle avait un point de centre assez
peu consitlérable , d'où partaient des jets de
lumière qui la rendaient assez remarquable , en
ce que dans certains momens la lueur en était
très-faible, et que dans d'.rutres , au contraire,
elle était très-vive.
— Le citoyen Bonnaterre fait imprimer une
notice historique sur le sauvage de l'Aveyron et
sur quelques autres individus qu'on a trouvés
dans les forêts à diverses époques.
— Le tribunal de première instance , séant au
Palais de Justice à Paris , prévient ceux des an-
ciens huissiers et tous citoyens qui désireraient
être maintenus ou appelés à ces fonctions, qu'ils
doivent s'inscrire et remettre leur pétition avec
les pièces justificatives, au grefié du tribunal,
qui sera ouvert tous les jours, jusques et com-
pris le 9 fructidor courant.
Que ce délai expiré , en exécution de l'arrêté
des consuls du 22 ihermidor dernier , le tribunal
formera ses listes de présentation sur les inscrip-
tions et pétitions qui auront été remises en con-
séquence du présent avis.
LoRSQ_UE tous les citoyens regarderont une
insulte faite à la chose publique comme une
attaque personnelle , lorsqu ils sentiront bien
qu'il ne peut être porté aucune aueinte à la
tranquillité générale , sans que la commotion s'en
fasse sentir et dans le sallon du riche , et sous
le chaume du pauvre, nous serons bien près de
jouir de la paix intérieure.
Les braves habitans des montagnes du Cantal ,
viennent de donner à la république un exemple
qui trouvera des imitateurs par-tout où les citoyens
seront las de gémir sous les menaces et le fer
d'une poignée de brigands.
La recette de Saint-Flour et de Murât est atta-
quée et prise par des brigands , sur la routa
d'Aurillac; le préfet du Cantal l'apprend; il en
instruit toutes, les communes voisines du lieu
de la scène. Aussitôt le tocsin sonne de toutes
parts; les citoyens s'arment de faulx , de fourches,
de pioches , de coignées , et , leurs maires à
leur tête , vont s'embusquer dans les défilés des
montagnes. Une battue générale , dirigée par la
gendarmerie, a lieu pendant tout le jour; à
l'entrée de la nuit, les brigands sont apperçus
par un petit détachement , sur le bord d'un
précipice ; ils se défendent avec fureur , mais ils
sont attaqués avec de fureur encore ; ils sont
enfin forcés de se rendre, après avoir épuisé
leurs munitions, et avoir perdu la plus grande
partie des leurs. Ils sont conduits dans k-maisort
d'arrêt de la commune de Murât.
Trois de ces brigands sont connus ; ce sont des
émigrés. Ils se nomment Castetla , Dessaurets ,
Dauliac. On saura bientôt quels sont les autres.
La plus grande partie des deniers volés est retrou-
vée ; on est certain de découvrir le reste.
On ne peut donner trop d'éloges au préfet du
Cantal ; c'est à la vigueur des mesures qu'il a
prises , qu'on doit le succès d'une expédition qui
assure pour long-tems la tranquillité de ce dépar-
tement. Les citoyens et les gendarmes ont rivahsé
de bravoure. Le citoyen Croie , maréchal-des-
iogis , s'est particulièrement distingué. Le mi-
nistre de la police générale , auquel il a été
rendu compte de ces faits , a mis à la disposition
du préfet du département, une somme de 600 fr. ,
destinée à être réparde entre les habitans et les
militaires qui çnl été blessés dans cette expédition.
Aucun d'eux ne l'est dangereusement.
ACTES DU GOUVERNEMENT,
Arrêté du 2 fructidor.
Les consuls de la république , le conseil-d'étaj
entendu , arrêtent :
TITRE PREMIER,
Etat -major des divisions.
Art. I"^. A dater du l" vendémiaire prochain ,
il ne sera employé pour le commandement de»
divisions militaires , que zSo officiers ,
S A y o 1 B :
Généraux de division . g5 -
Généraux de brigade 5o
Adjudans-commandans , ou chefs de
brigade 5j
Aides-de-camp. , . . , losj
«3o
II, Tous les officiers-généraux , supérieurs ou
subalternes , qui sont actuellement employés dans
lesdites divisions , à quelque titre , sous quelque
dénominalien , et pour quelqus service qu« ca
r35o
toit , qui ne seront pas compris parmi les s36
officiers conservés en activité, ne jouiront, à
dater du l" vendémiaire , que du traitement de
non>activité.
Il est expressément prohibé au ministre de la
guerre d'employer dans lesdites divisions un
plus grand nombre d'officiers, sous prétexte de
dépôt de conscrits, de levée de chevaux, de
tribunaux militaires , ou sous tout autre ; les aSo
officiers conservés en activité devant suffire à ces
divers objets.
III. Il sera attaché à chaque division militaire
un général de division et deux généraux de
brigade. Chacun desdits généraux de brigade
aura le commandement de l'un des départemens
de la division.
Le commandement de chacun des autres dépar-
temens de la division , sera confié à l'un des 5î
adjudans - comraandans ou chefs de brij^ade ,
conservés en activité de service.
IV. Les adjudans commandans , employés dans
les divisions militaires , n'auront point d'adjoints.
L'un de« aides-de-camp du.généfal de division
remplira les fonctions de chef d'état-major de la
division.
Nul des aides-de-camp des généraux de divi-
sion ou de brigade , ne pourra jouir d'un traite-
ment plus élevé que celui de capitaine.
V. Il ne sera conservé pour les divisions terri-
lorriales militaires, que 12S commissaires des
guerres ; savoir :
«6 commissaires - ordonnateurs ,
loz commissaires ordinaires , dont 5i de
première classe et 5i de deuxième.
VI. Il sera attaché à chaque division militaire
nn commissaire-ordonnateur, et autant de com-
missaires des guerres qu'il y aura de départemens
dans la division.
cun prétexte , ernplover dans les places ou à leur
Suite un nombie d'officiers plus considérable que
celui qui est déterminé par l'article ci-dessus.
L'article VII ci-dessus , relatif à la solde des
états-majors des divisions , est rendu commun à
celle des états-majors des places.
T I T R Ç I I L
Des inspecteurs aux revues.
X. Le ministre de la guerre déterminera le
nombre des inspecteurs en chef, inspecteurs et
sous-inspecteurs aux revues , ainsi que leurs ad-
joints qui devront être payés dans l intérieur de
la république , et les divisions dans lesquelles ils
devront être soldés.
L'article VU du présent arrêté est , du reste ,
rendu commun à la solde des inspecteurs en
chef, inspecteurs, sous-inspecteurs et leurs ad-
joints.
XI. Outre Ips officiers-généraux et commissaires
des guerres , dont le^nombre a été fixé ci-dessus ,
le ininistre de la guerre est autorisé à employer
dans l'intérieur de la république , où le besoin
du service l'exigera , deux généraux de division,
quatre généraux de brigade et six commissaires
des gueires , dont trois de première classe et tiois
de seconde classe. Lesdits officiers-généraux et
commissaires des guerres sont censés attachés à la
17* division militaire , et y toucheront leur solde.
XH. Les ministres de la guerre et des finances ,
sont chargés , chacun en ce qui le concerne , de
lexécuiion du préïent arrêté , qui sera imprimé
au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
Autre arrêté du mime jour.
T • • j . 11 . 1 Les consul) de la république , sur le rapport
Les commissaires des guerres actuellement em- ■ . ■ "^ ■' 1 j.- '^
_ . j ,•• . ■ ° . . du ministre de la guerre, le conseil-dciat en-
ployés dans l'intérieur . qui ne seront pas com-
pris dans le nombre des is8 conservés en acti-
vité , ne jouiront, à dater du i" vendémiaire ,
que du traitement de non-activité.
Le ministre de la guerre ne pourra , sous aucun
prétexte , employer dans les divisions militaires
lin plus grand nombre de commissaires des
guerres que celui qui est déterminé par l'ar-
ticle V.
VII. Le ministre de la guerre adressera , avant
ie i" vendémiaire , aux préfets un état nomi-
natif de tous les o.Ticiers d'élat-major qui auront
droit de toucher la solde dans leurs départe-
mens respectifs ; les préfets enverront copie du-
dil état au payeur de la guerre de la division
militaire.
Le ministre de la guerre adressera en même
tems au ministre des fininces un état nominatif
général de tous lesdits officiers d'état-major qui
devront être soldés dans chaque division.
Le ministre des finances adressera à chaque
payeur l'extrait du tableau qui le concernera ,
et donnera des ordres pour qu'à la fin de ven-
démiaire et successivement de mois en mois,
il y ait dans la caisse du payeur de chaque
division , les fonds nécessaires au paiement de
ladite solde.
Les payeurs de la guerre ne pourront, sous
aucun prétexte, payer valablement comme em-
ployés dans les divisions , des officiers dont le
nom ne leur aura pas été transmis par le mi-
nistre des finances et un préfet; ils ne pourront
non plus payer valablement pour chaque division
un plus grand nombre d'officiers d'état - major
que celui qui est fixé dans les articles précédens.
TITRE II.
Des états-majors des places.
VIII.^ Conformément à l'arrêté du s6 germinal
an 8 , le nombre des individus employés aux
états-majors des places est fixé à 488 ; savoir .
7 commandans d'armes de l'° classe.
17 idem. . ' . . . . . de s'.
3o idem de 3'.
go idem de 4"^.
100 adjudans de i'° classe.
100 adjudans de s'.
7 secrétaires de f'.
17 idem de s'.
3o idem de 3«.
go idem de 4'.
tendu , arrêtent
Art. I''. Tout militaire invalide, qui sera con-
vaincu d'avoir vendu ou donné en totalité ou en
partie , les eiFets qui lui auront été distribnés
pour son usage , sera puni , s'il est officier , d'un
mois de prison ; de 20 jours de prison , s'il est
sous-officier; de l5 jours, s'il est soldat.
Les uns et les autres seront , en sortant de
prison , consignés à l'hôtel , privés de Ihonneur
de porter Ihabit d'invalide , de la moitié de leur
ration de vin , et de la moiié de leur pension
pour menus besoins, jusqu'au moment on, par
l'effet de ces deux retenues réunies, ils auront
soldé le prix entier des effets qu'on leur aura
fournis en remplacement de ceux qu'ils auront
donnés ou vendus.
II. Le militaire invalide qui aura commis deux
fois cette même iaute , sera renvoyé avec la
pension représentative dç l'hôtel : dans aucun
tems il ne pourra être de nouveau admis audit
hôtel.
III. Tout invalide consigné à Ihôtel pour les
cas prévus au présent arrêté , ou qui l'aura été
pour toute autre faute , portera , pendant la durée
de sa punition , un bonnet de police et une
longue redingotte^d'une grosse étoffe de l'aine
grise. Celui qui , çorisigné à Ihôtel, en sortira ,
subira un mois de) prison ; et, après ce tems. il
recommencera le tems pour lequel il avait été
consigné.
IV. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera imprimé.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
Att. I''. Il sera nommé par le ministre de la
I guerre un comité chargé de préparer le travail
relatif à l'exécution de l'arrêté des consuls du 4
' germinal , concernant l'organisation du corps des
vétérans nationaux,
II. Ce comité sera composé d'un général de
division , inspecteur des vétérans nationaux.
De trois des chefs de brigade du corps des
vétérans nationaux.
Du commissairé-ordofinateùrchargé.de la mai-
ion des invahdes.
IIL II sera assigné à; ce comité , pour tenir ses
séances , une salle I dans la inaison où sont dé-
posés les litres [ des services des vétérans na-
tionaux.
1° en réformant cens d'entre eux qui auront été
induemeni admis dans lesdiies compagnies ; 2" en
proposant pour la solde de retraite ceux qui
seront , dans le cas de l'obtenir et en auront le
désir ; 3° en proposant pour l'hôtel ceux qui au-
ront droit d'y être admis par leur âge avancé , la
gravité de leurs blessures ou de leurs infirmités.
V. Le comité présentera son travail au ministre
dans la 3° décade de fructidor au plus tard , afin
que les officiers et sous-officiers des demi-brigades
des bataillons et des compagnies puissent être
organisés à la fin de vendémiaire.
VI. Les officiers et sous-officiers qui pourront
être réformés en exécution du présent arrêté ,
seront traités ainsi qu'il est prévu par l'article VI
de l'arrêté du 4 germinal an 8.
VII. Dès qu'une demie-brigade de vétéran»
nationaux sera formée , le conseil d'adminisr
tration fera , d'après les mêmes principes , pour
les caporaux et les vétérans , un examen sem-
blable à'celui qui est prescrit au comité, et il
enverra de suite son travail à l'inspecteur de»
vétérans, qui le soumettra au ministre. Ce travail
devra être terminé de manière à ce que leacàpo-^
raux , les soldats et les tambours , soient , à dater
du 1=' frimaire , réduits au nombre fixé par l'arrêté
du 4 germinal.
VIII. Dans le cas où par le résultat du travail
des conseil d'administration il manquera de»
vétérans pour complelter les compagnies , le
ministre pourvoira à leur compleitcment ea
s'astreignant aux règles prescrites par l'arrêté du
4 germinal , et en donnant la préférence aux
caporaux et soldats actuellement à l'hôtel.
IX. Le ministre de la guerre est autorisé à faire
rentrer dans leurs corps et dans leurs grade»
respectifs , pour y gagner la vétérance , ceux
des sous-officiers et soldats qui , par suite de
l'examen du comité ou de celui des conseils
d'administration , seront reconnus manquer des
conditions prescrites par 1 article V de l'arrêté
du 4 germinal , et pouvoir néanmoins servir
dans les troupes de ligne.
X. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
IX. Tous autres officiers attachés aux places ,
à quelque titre et sous quelque dénomination
que ce soit , cesseront d'y être employés à dater
du i" vendémiaire prochain , et jouiront dans
leurs domiciles respectifs du traitement de nbn-
activité.
Ces titres seront représentés au comité toutes
les fois qu'il le demandera. Il en sera de même
des titres des individus qui prétendront entrer en
qualité d'officiers , sous-officiers ou soldats , dans
le corps des vétérans nationaux.
IV. Le comité réduira le nombre des officiers ,
- . . , , des sergens-majOrs, des sergens et des fourriers ,
Le mipistrc de la guerre nt pourra, sous au- à celui qui en fixé par l'arrêté du 4 germinal;
AVIS.
Les citoyens soru prévenus que toutes le»
demandes particulières, sur tel objet que cC
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; et c est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls dé s'occUper de ce»
objets.
Le conseiller-d'état chargé spécialement des ponts et
chaussées canaux , taxe d'entretien , et cadastre.
Aux préfets des départemens. — Faris , le sS
thermidor, an 8 de la république.
Citoyen , l'article IX de l'arrêté des consuls,
du 1"^ floréal dernier , relatif à la taxe d'en-
tretien des routes, porte que faute par un fer-
mier de remplir les conditions de son bail ,
la résiliation en sera prononcée , pour être pro-
cédé ensuite à utie nouvelle adjudication à la
folle enchère de ce fermier.
Cette mesure a pour but d'assurer dans fous le»
cas au gouvernement la rentrée totale du mon-
tant de la première adjudication.
Je vais vous tracer la marche que vous devez
tenir pour arriver à ce but.
Lorsque vous avez prononcé la résiliation d'un
bail , et déclaré qu'il sera procédé à une réad-
judication sur folle enchère, vous devez, con-
formément à l'article XXV du cahier des charges,
faire exercer, pour le compte du fermier évincé ,
une régie temporaire qui doit commencer aussi^
tôt la résiliation prononcée , et se prolonger
jusqu'au jour de la mise en jouissance du nouvel
adjudicataire.
Vous êtes autorisé , d'après ce même article
du cahier des chaiges , à prélever sur les pro-
duits brutrde la TCgie temporaire, les traitcmens
dus aux employés , et à les acquitter suivant le
taux qui aura été fixé par le fermier.
Une résiliation peut souvent être prononcée
aussitôt' 1 adjudication passée , et avant la mise
en jouissance du fermier , parce que celui-ci
n'aura pas rempli quelques-unes des condition»
qui doivent la précéder : dans ce cas , la régi?
temporaire doit toujours avoir lieu pour son
compte. En vain voudrait-il objecter qu'il n'a
pas fixé le traitement des employés ; c'est alors
vous qui devez y pourvoir, en accordant le»
traitemens fixés par la loi du 3 nivôse an 6 ,
et en y ajoutant , s'il y a lieu , les indemnité»
autorisées par l'art. VII de l'arrêté des consuls du
f floréal dernier.
Après avoir défalqué les frais de la régie
temporaire , vous devez veiller à ce que le pro-
duit net soit versé dans la caisse du receveur de
l'enregistrement , en déduction des sommes dues
par le fermier évincé , pour couvrir la différence
existante entre le prix de son bail et celui de l'ad-
judication passée à sa folle enchère.
Vousaurez soin de vous concerteravec les rece-
veurs de renregistiement, pour qu'ils n'exigent que
le produit net , et que le surplus soit affecté au
paiement des frais de régie.
Toutes les fois que vous m'enverrez un procès-
verbal d'adjudication sur folle enchère , vous
aurez soin d'y joindre un bordereau dans lequel
vous accolerez le fermier évincé au nouveau fer-
mier : vous y indiquerez en même-tems les som-
mes que l'un et l'autre doivent acquitter; savoir,
le premier , pour compléter la d fférence de prix
existante entre les deux adjudications ; et le
second , pour le prix réel de son bail. Ces deux
sommes jointes ensemble doivent nécessairement
équivaloir au prix de la première adjudication ,
sur laquelle le gouvernement ne doit éprouver
de perte dans aucune circonstance ; et il importe
d'autant plus de les présenter rapprochées l'une
de l'autre , que , sans cette connaissance , il se
trouverait , dans la comptabilité , des différences
de prix qui ne peuvent exister qu'au renouvel-
lement du bail actuel.
Accusez-moi , je vous prie , la réception de
cette lettre.
Salut et fraternité ,
Signé , Cretet.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Il a été trouvé le 2 fructidor , sur le quai de
Chaillot , une chaîne d'or; s'adresser, pour la
réclamer, au commissaire de police de la division
des Champs-Elysées , rue du faubourg du Roule,
n" ia6.
Extrait du procès-verbal des séances du -conseil-
général du département de la Seine - Inférieure ,
session de tan 8.
Le conseil-général , sur la motion d'un membre
fortement appuyée , arrête qu'il se transportera ,
à la fin de sa session , chez le préfet , pour lui
témoigner la satisfaction que ses membres res-
sentent de le voir à la tête de l'administration de
ce département , l'espérance qu'ils fondent et sur
ses talens distingués et sur les principes de sa-
gesse et d'équité qui le guident , et le désir de
le voir rester parmi nous , et y maintenir la tran-
quilité, l'ordre , l'obéissance aux lois par lesquels
ce département s'est toujours fait connaître.
Pour extrait conforine.
Le secrétaire-général de la préfecture. Gani.
VARIETES.
Quelques personnes très-instruites dans les con-
naissances naturelles , le citoyen Cadet Devaux
entr'autres , regardent l'étonnante destructions des
bois , qui a eu lieu en France depuis une trentaine
d'années , comme une des causes physiques des
sécheresses que nous avons éprouvées , et prin-
cipalement de celle qui dure depuis plus de deux
mois avec une continuité dévorante. Sans admet-
tre cependant cette cause comme principale, on
peut croire que . réunie au dessèchement d'un
grand nombre d'étangs ; elle a pu contribuer à
changer la température de notre climat , et à nous
rapprocher lentement de celle de 1 Espagne ; car
on sait que la dislance de l'équateur n'est pas la
seule mesure des degrés de froid ou de chaud ,
de sécheresse ou d'humidité qu'on éprouve dans
un pays , et que les défrichemens, les étangs taris
ou conservés y modifient prodigieusement les
qualités de l'atmosphère.
Qiioiqu'il en soit de ces observations, on ne
peut se défendre d'un sentiment de douleur à la
vue de la destruction des grands arbres , que
Ion tolère dans presque tous les déparlemens ;
destruction qui n'est point réparée par de faibles
plantations dont une grande partie manque par
le mauvais choix du plant et la sécheresse même
à laquelle sont exposées, par défaut d'ombre,
les jeunes plantations.
Ce n'est pas seulement dans les forêts, dans
les grands bois que cet inconvénient fâcheux se
remarque , c'est encore sur les grandes routes ,
dans les villages , dans les parcs et dans les mai-
sons des anciens grands propriétaires. Tous les
beaux massifs de verdure , ces longues allées
boisées qui traversaient deux et trois lieues de
plaine pour aller joindre les grandes routes; les
bosquets , les couverts , les piomenades des
églises, des couvents , des remparts des villes ont
été détruits ou sont condamnéi à la destruction
chaque jour, aujourdhui sous un prétexte et
demain bOus un autre.
Je cite une de ces condamnations qui a lieu
i35i
dans ce moment dans un village du déparlement
de Seine-et-Oise , la commune d'Ecouen ; on y
a arrêté d'abalire et de déraciner , à la chute des
feuilles , une belle et vigoureuse plantation de
jeunes ormes de vinut-citiq à trente ans , dépen-
dante du châleau d Ecouen , et qui , par sa po-
sition , non-seulement doit contribuer à former
les élémens humides qui amènent la rosée et les
pluies d'été, mais encore à garantir une partie de
cette côte aride , des vents de nord-est , cause
ordinaire des long froids et des longues séche-
resses.
Les roules sont brûlées de l'atlion des rayons
solaires ; les anciens et utiles réglemens sur l'éla-
gage de ces beaux ormes , l'ornement de nos
grands chemins , ne sont point observés ; on
rencontre des quarts de lieue entiers dépourvus
d arbres , ou dont les branches ont été coupées
jusqu'au dernier bouquet qui termine la flèche.
Ce n'est point ainsi que l'on peut prévenir les
inconvéniens de sécheresses et du manque de
bois i soit pour la marine , soit pour la char-
pente. Peijchet.
THEATRE DES ARTS.
L'administration de ce théâtre mérite que
l'on remarque l'activilé avec laquelle les nou-
veautés s'y siiccedent : c'est un mérite auquel
le public avait cessé d'être accoutumé , plus sans
doute par le défaut de moyens , que par le défaut
de zèle et d'activité de la part des administrateurs
précédcns ; en peu de teras deux opéras , trois
ballets , plusieurs remises , ont contribué à ra-
mener la foule à ce théâtre.
Le ballet donné hier sous le titre de Figmalion ,
était déjà connu du public; il avait été exécuté
sur l'un de nos petits théâtres consacrés à la pan-
tomine et à la danse. Il y avait eu le succès le plus
brillant. Le cadre était étroit , le tableau devait
paraître complet ; les premiers sujets de la danse
de l'Opéra s'étaient empressés daller y figurer;
mais dans le nouveau cadre où celte production
se trouve placée , elle a été jugée plus faible ,
sans que cependant on ait regardé comme une
faute de l'administration le choix qu'elle vient
d'en faire.
Ce ballet est en deux actes : le premier s'ouvre
par une scène allégorique , dont l'idée est prise
de 1 un des chants des métamorphoses du citoyen
Leraercier. Les amours conslans , les amours
légers , forgent chacun de leur cô:é les traits
dont ils doivent s'armer; leurs aîles sont diffé-
rentes ; leurs couleurs ne sont pas les mêmes;
ils ne sont pas également dangereux. C'est un
madrigal mis en action , et cette action , un peu
prolongée , n'ayant pas avec le sujet une liaison
bien évidente , a quelque chose de la froideur du
madrigal. ,..,.,
Pygmalion , jeune berger , se mêle aux jeux
des amours : un trait le blesse ; il'voit Delphide
et l'adore , mais bientôt il lit sur un hêtre les
noms de Delphide et de Palémon que 1 amour
vient d'y graver entrelacés. Il se livre au déses-
poir : le (ils de Vénus lui fait don d'un cizeau.
les ans doivent le consolet des rigueurs d'un
amour malheureux. ">
Au second acte , Pygmalion se trouve daiis son
attelier : on ne sait pas assez s'il l'avait quitté
pour s'attacher à Delphide , ou s'il y est entié de-
puis les rigueurs qu'il éprouve. Quoiqu'il en soit ,
des chefs-d'œuvre sont déjà soriis de ses mains :
déjà sa Galathée a troublé sa raison ; il invoque
Vénus , qui , animant sa statue , l'accorde à ses
vœux. C est la scène de Rousseau , moins son
action graduée , moins ses mouvemens drama-
tiques , moins la force des pensées , moins la
chaleur de l'expression , moins ce feu divin que
Pygmalion conjure Vénus de répandre suc son
ouvrage , et dont sur les pages de Rousseau on
semble découvrir la trace.
Il est sensible que l'auteur de ce ballet n'a pas
tiré de son sujet tout le parti possible ; il y a
des longueurs , des scènes vuides : le rôle de
Delphide est insignifiant; celui de Palémon peu
motivé ; celui de Pygmalion est lié à une double
action , dont la première nuit beaucoup à l'effet
de la seconde. Vestrisjoue assez bien ce dernier
rôle ; mais il n'y est pas exempt d'exagération.
Le désir d'y produire de l'effet l'entrainc trop
loin : entre le désespoir de Pygmalion amoureux-
et trahi , et celui d Oresle agité par les furies . il
doit y avoir quelque différence. Vesiris ne paraît
pas l'avoir sentie : aussi ses transports pour Ga-
lathée intéressent-ils peu, après l'extrême violence
de ses regrets pour Delphide î ç'csten ce sens
que nous avons observé que la situation du pre-
mier acte était de nature à nuire au second.
La composition de ceballet a plus de mérite sous
le rapport chorégraphique que sotis celui de la
disposition des scènes. Presque tous les pas dessi-
nés par le cit. Milon sont agréables. Leur exécution
est confiée aux premiers sujets de la danse. M"'
Gardel y déploie sur-tout le talent le plus pré-
cieux. Le choix des airs est remarquable ; ils sont
tous liés avec art , et heureusement adaptés à la
situation. Leur arrangement est dû au citoyen Le
febvre. On a reconnu avec plaisir les beaux duo
d'Armide et de COlympiade , des airs charmaiisde
Mozart et de Grciry , et une foule de morceaux
tirés des meilleures productions instrumentales
d Haydn et de Pleyel. L'entrée la plus remarquée
a été unpas de deux dansé par Vestriset MlleCha-
meroy , sur une charmante polonaise exécutée-
par Frédéric Duvernoy. L'ouverture de la Frasca-
tana , sur laquelle est arrangée une de ces finales
de danse dont Gardel est I inventeur , termine
l'ouvrage d'une manière brillante. S....
Au citoyen Agasse , propriétaire du Moniteur , rue
des Poitevin.s , n° i3 , à Paris. — Carcassonne ^
le 18 thermidor , an 8 de la république.
Citoyen,
Le conseil-général du département de l'Aude
vient de terminer sa session ; il a rempli les hautes
epérances qu'en avaient conçues les amis d'un
gouvernement fortement constitué. Il a rattaché
à cette institution bienfesante ceux qui , étonnés
du changement précipité de notre régime admi-
nistratif, et n'ayant pas bien distingué le but des
nouveaux étabiissemens , n'en semaient pas en-
core tout le prix.
J'ai suivi de près toutes les opérations du con-
seil ; j'aurais désiré que mes concitoyens eussent
eu le même avantage. Mais puisque ces assem-
blées n ont pu êlre publiques , et que leurs actes
ne seront point imprimés , qu'il me soit pert^iis
de consigner dans votre journal le bien j ai vu
faire , et 1 expression de ma reconnaissance.
Tout ce qui intéresse la prospérité publique
était du domaine du conseil ; il éiait du devoir
de l'autorité supérieure de mettre sOus ses yeux
la véritable situation du département ; de lui
montrer les objets qui , les premiers , devaient
fixer sa sollicitude ; de l'éclairer par la science
des fiiis , qui s'acquiert pat l'exercice non-inter-
rompu des fonctions publiques , et de diriger ses
vastes connaissances vers l'utilité générale.
Ce but a été atteint ; et j'ai vu avec la plus
douce salisfatlon séiablir entre le conseil et le
citoyen préfet, un échange réciproque de lu- ■
mieres , sans lequel les meilleurs plans d'écono--
mie politique pouvaient demeurer imparfaits , à
j défaut de point fixe d'application. C'est dans ces
moraens où le dépositaire de l'autorilé et des
hommes recommandables par les talens et l'amour
de la patrie , se prêtaient des secours mutuels ,
que j'ai élé convaincu de cette -vérité que le
citoyen préfet avait énoncée dans son discours
d'ouverture : <i L'institution des conseils est une
î) démocratie sage , qui rassure le peuple sans
)) alarmer le gouvernement ; au moment où l'on
I) a senti la nécessité de concentrer l'action et
)> de la rendre plus forte , on a senti également
)> qu'il convenait de la tempérer par le concours
>) de ces conseils ; mais aii lieu de chercher des
)> contre -poids chimériques ef d'opposer une
)) action à une autre , on a pensé qu'il était
1) plus sûr encore de fournir des lumières à celui
)i qui administre ,■ que de l'environner d'obs-
j) lacles ; le pouvoir du gouvernement ne peut
n plus être balancé actuellement que par celui de
»i la raison et de l'expérience, qu'il a chargées de
)> l'éclairer. >>
C'est d'après ces principes qu'on a cherché tout
le bien qui pouvait être fait ; c'est dans ces heu-
reuses dispositions qu'on a porté d'abord les re-
gards sur celte surcharge amigeanle d'impôts qui
écrase le département de l'Aude , comparé aux
autres ■ déparlemens , et qu'on a présenté les
moyens de parvenir à la distribijtion la plus pv
faite des charges générales , et à leur sous-répar-
tition la mieux proportionnée aux revenus vrais
des citoyens.
L'état déplorable des hospices ; la dégradation
inouie des grandes routes et des chemins de com-
munication de commune à commune ; la néces-
sité de reconstruire et de réparer des édifices et
des ouvrages essentiels ; les moyens de rendre
un peu de vie au commerce détruit par les
effets d'une guerre longue et cruelle ; la pro-
position des seuls encouragemens qui puissent
rétablir nos grandes forêts et multiplier nos plan-
tations : tous ces objets ont été présentés au
gouvernement, avec autant de force que de
vérité.
Le conseil a dû proposer également , comme
moyen d'amélioration de l'agriculture et du com-
merce , un projet de loi répressive et imitalivc
des défrichemens.
Il s'est occupé de ce 'qui peut remplacer avec
avantage les impôts d'octroi et de la taxe d'en- .
irelien des routes, qui, diminués de la moitié de
leur produit par les frais énormes de perception,
sont loin de pouvoir faire face aux dépenses
auxquelles ils doivent être applicables , et fati-
guent les citoyens sans aucun intérêt public bien
prononcé.
Au milieu de la discussion de ces vues d'amé-
lioration , il n'a point «ublié ce qu'il devait à
Vinstruciion publique , dont il a réglé une dis-
pensaiion plus jusie et plus utile , en volant l'éia-
blissement d'écoles secondaires dans les chefs-
lieux d'arrondissement communal, lia porté ses
regards sur tout ce qui intéresse la conservation
des hommes, en créant quatre cours gratuits
d'un art qui remonte aux premiers instans de la
vie.
Enfin, il a indiqué au gouvernement les fonds
dont il pouvait disposer sur-le-champ , pour ren-
dre à ce département l'aisance et le bonheur dont
il jouissait nagueres, sans grever les administrés
par de nouvelles charges, et sans se priver des
ressources que les circonstances doivent resserrer
autour de lui.
Certes , il était difficile de remplir avantageu-
tement une si grande tâche , dans les limites
étroites d'une session de i5 jours; mais que
n'avait-on pas le droit d'attendre d'une réunion
de citoyens qui se sont distingués dans les diffé-
rentes assemblées législatives ou dans les admi-
nistrations supérieures de ce département , lors-
qu'on les a vu présidés par un savant illustre ,
dont les conseils sont des bienfaits pour l'huma-
nité , et toujours piêls à s'environner des con-
naissances d'un administrateur qui fait la félicité
publique , et dont le choix honore le gouver-
nement.
Le ministre de l'intérieur, auprès de qui le
citoyen préfet s'est constitué le solliciteur assidu
de toutes les demandes faites par le conseil ,
achèvera sans doute de satisfaire à l'attente de
mes concitoyens ; et si , dans la vive impatience
qu'ils ont de voir fermer tout d'un coup la source
des maux qui les afflige , ils pouvaient croire que
tout le bien possible n'a pas été fait , ils trouve-
ront la garantie que le conseil s'en occupera avec
succès , dans ce passage de la réponse de son
président au discours du citoyen préfet :
îî Nos opérations ne peuvent atteindre un de-
»i gré de perfection approchant de celui qu'il
11 nous est permis d'ambitionner , qu'autant que
!> nous nous conformerons aux principes fonda-
5» mentaux de l'économie politique. Dans celte
S) belle science , ces principes , une fois bien dé-
)> terminé, restent immuables, quoique leurs
>> applications souffrent des variations à l'infini,
>> suivant la mesure des lumières et la force des
)> passions des hommes d'étai. Ces grands prin-
5> cipes sont les seuls qui puissent diriger les
)> législateurs éclairés et bien intentionnés , à
51 travers. les interminables agitations des circons-
))' tances qui semblent leur dérober sans cesse
M la route qu'ils doivent tenir.
îï Nous sentons comme vous combien un long
5) espace de tems est nécessaire pour produire
5! des biens solides. Les hommes qui ne vivent
î> qu'un jour, veulent trop souvent faire naître
js dans ce jour, ce que la nature ne crée que
j) dans un siècle. Presque toujours , et plus en-
>> core dans la chaleur immodérée d'un mou-
s! vement révolutionnaire, ils hâtent à l'excès
»» leurs productions qui, par leur précocité,
)> sont communérhent stériles , et touchent seu-
1) lement de plus près à leur destruction. ji
Si vous croyez , citoyen , que ce morceau
puisse faire naître quelques idées générales de
bien public , je vous prie de l'insérer dans votre
journal, avec la lettre initiale de mon nom
Salut et fraternité.
R , ex-militaire.
Au Rédacteur.
Dans votre feuille du 27 thermidor , vous avez
inséré, sur les eaux de Paris, une lettre à laquelle
je crois devoir répondre , parce que dans mon
opinion elle contient des erreurs.
L'auteur de cette lettre trouve étrange qu'un
homme de lettres et un homme de loi se soient
occupés de cet objet d'une considération majeure
pour la ville de Paris , comme si une vaste
entreprise d'intérêt public ne devait jamais être
analysée que par les hommes de l'art auquel elle
se rattache.
On aurait aussi le droit , et par la même raison ,
de s'étonner que l'auteur qui se dit du métier, sans
pourtant eue connu en hydraulique , se mêlât
d'un art qui n'a nul rapport avec l'architecture ,
le dessin et l'art de profiler.
i352
L'auieur n'a sûrement pas assez médité sur cet
objet ; il paraît n'.ivoir pas poussé assez loin
SCS recherches : il n'a pas vu que les romains ,
qui ne sont pas plus nos maîtres que les grecs ,
n'avaient que très-peu de notions en hydraulique;
la preuve résulte de la multiplicité des acque-
ducs qu'ils ont laissés.
En leur supposant même des connaissances
en cette partie , les romains ne pouvant boire
les eaux bourbeuses et mal-saines du Tibre ,
n'ont eu d'autre moyen d'alimenter Rome qu'en
fesant venir , à l'aide des bras de leuis esclaves,
les eaux étrangères.
Mais je Laisse la discussion des monumens
romains, qui tient tome à l'architecture , et je
reviens à l'hydraulique et aux eaux de Paris.
Trois projets , dit - on , ont été proposés au
gouvernement qui les a renvoyés à l'examen
du déparlement , ( aujourd'hui représenté par le
préfet de la Seine. ) Cette autorité a nommé une
commission composée de trois hommes dont les
talens , les études et les connaissances promet-
taient un rapport fait pour éclairer lautorité
qui les consultait.
On assure qu'après cinq mois de méditations
et de travail , ces trois commissaires , réunis au
même avis, ont fait leur rapport.
Je ne sais quelle est leur opinion ; mais il est
plus que probable qu'ils auront sévèrement exa-
miné les trois projets , sous les rapports de l'art ,
des moyens d'exécution et des finances , ce qui
constitue toule proposition faite ou à faire au
gouvernement.
Il faudrait connaître ce rapport , ou au moins
les trois projets , les propositions qui sont la
conséquence de chacun , et avoir examiné la
sincérité de ces propositions pour pouvoir asseoir
un jugement.
Le rapport servirait de base à l'opinion pu-
blique qui appréciant le travail des commissaires,
s'enrichirait par là même de toutes les idées
conductrices au bonheur public; et telle est la
véritable manière d'éclairer l'opinion.
La question qui s'agite , se réduit à cette pro-
position, )i Dans la pénurie des eaux qu'on
éprouve , et avec le système d'économie adopté
par le gouvernement , vaut-il mieux recourir à
des moyens magnifiques , somptueux même . mais
dont on ne peut espérer de succès qu'avec beau-
coup de tems et 25 ou 3o millions , que d'em-
ployer ceux qu'on possède, sauf quelques amé-
liorations très-peu coûteuses qui les rendront suf-
ffisans ? ou vaut-il mieux amener à Paris , par
des aqueducs et des canaux , des eaux étrangères
et suspectes ( pour ne rien dire de plus ) , que les
eaux de la Seine ( dont la bonté recoimue est gé-
néralement estimée ) , à l'aide de machines que
ce fleuve peut animer ? n
J'ignore , je le répète , quelle a été la décision
des commissaires ; mais à cet égard mon opinion
était faite depuis long-tems.
Je réprouve les eaux étrangères , parce qu'elles
sont toutes saturées , imprégnées , plus ou moins,
de sels plus ou moins dangereux , presque tou-
jours d'un goût ou d'une saveur marécageuse
plus tenace qu'on ne pense ; qu'elles altèrent ,
gâtent ou font tomber les dents , produisent les
goitres ou donnent des maladies; qu'elles ne sont
propres ni à la cuisson des alimens , ni au service
des buanderies.
Je réprouve les canaux et les aqueducs , parce
qu ils sont d'une exécution longue et difficile qui
nécessite découper, de percer les montagnes ou
de contourner leur base , d'exhausser les vallons,
de mutiler les propriétés , ( ce qui cause l'exas-
pération des propriétaires ) , d'enlever des terreins
à l'agriculture, souvent de détruire des usines irès-
uliles qu'on ne peut remplacer , et dont il faut
payer le prix.
Parce que la malveillance peut d'un moment à
l'autre en corrompre ou empoisonner les eaux ,
en détourner le cours , en couper la conduite ;
Parce que l'avarice et l'insatiable cupidité négli-
geant ou ne fesant pas le curage des canaux , les
eaux sont bientôt viciées et dangereuses ;
Parce qu'en supposant que ce curage se fît
exactement , il est lui-même un fléau pestilentiel
pour les propriétaires riverains ;
Parce que si la conduite principale manque ,
tout manque ;
Parce que 1 hiver , l'expansion forcée de ces
eaux qu'on ne peut retenir , est une calamité
en sens inverse de Celle que nous éprouvons
maintenant ;
Parce que ce système coûte des millions te des
années avant de donner une goûte d'eau ;
Parce qu'en France, toute entreprise de longue
haleine se commence rapidement , se suit avec
lenteur, languit bieniôt , et ne finit jamais,
ce qui tient un peu à la légèreté de notre
caractère.
Je donne la préférence aux machines hydrau-
liques , parce qu'elles sont d'une surveillance et
d'une administration plus aisées :
Parce que lorsqu'elles sont mues par difFérens
moyens supplétifs et auxiliaires les uns des autres,
tels que le courant d'un fleuve , le feu et les
chevaux , nulle cause ne peut interrompre leur
service.
Parce qu'elles sont d'une constraction facile et
prompte, qu'elles coûtent peu , donnent bientôt
des eaux potables , et ne sont pas des gouffres
oà les millions viennent s'engloutir.
Parce qu'elles travaillent ou s'arrêtent au gré
du besoin et de la volonté, et que leur vétusté
même n'est pas un fléau sous le rapport de leur
remplacement.
Je livre ces réflexions dictées par l'intérêt de
la ville de Paris, à la méditation des hommes
sages et éclairés.
Salut et cordialité ,
PoissENEL , ingénieur-méchanicien ,
LIVRES DIVERS.
Explication de la loi du 4 germinal an S, sur
la faculté de tester et de disposer entre vifs ,
par le cit. Levasseur , ancien jurisconsulte ; in-12..
Prix , I fr. 5o cent, et 2 fr. pour les départemens.
A Paris , chez Garnery , libraire , rue de Seine ,
ancien hôtel Mirabeau.
. L'auieur s'est proposé de résoudre les prin-
cipales difficultés auxquelles peut donner lieu
l'exécution de cette loi , notamment celles qui
dérivent de ses dispositions particulières.
Tableau comparatif Ats productions des colonies
françaises aux Antilles avec celles des colonies an-
glaises, espagnoles et hollandaises, avec des obser-
vations importantes sur l'étendue que les habitations
de ces contrées doivent avoir , pour conserver un
existence et une prospérité assurées ; par le cit. ■
Avalle , habitant cultivateur de Saint-Domingue:
in-4° broché , contenant i3 tableaux très-détaillés.,
Prix , 4 fr. 5o cent, et 5 fr. 5o cent, par 1%
poste.
A Paris , chez Goujon fils , imprimeur-libraire ,
rue Taranne , n° 787 ; Debray, libraire, palais du
Tribunal, galerie de bois; et Fusch , libraire,
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Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
56i
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5 fr. 10 c,
I4fr.35 c.
5 fr. 10 c.
14 fr. i5c.
4 fr. 55 c.
4 fr. 95 c,
57 k
187
lîP.
Effets publics. ■
Rente provisoire 19 fr. 63 c.
Tiers consolidé 33 fr.
Bons deux tiers 1 fr. 56 c.
Bons d'arréragé 82 fr. i3 c.
Bons pour l'an 8 85 fr. 63 c.
Syndicat
Coupures 64 fr. 5o c.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Auj. Iphigénie en Tauride , et le ballet de Pyg-
malion.
Théâtre du Vaudeville. Auj. les Vendangeurs ;
Vancourt , et les Avant-postes.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes,
Dem. la 1^" repr. de Jenny ou tes Ecossais .
drame en 3 actes.
L'abonnement se fait à Paris, rue des Poitevins, n° 18. Le prix est de 85 francs pour trois mois, 5o flancs pour 6 mois , et 100 francs pour l'année entière. On ne s'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port , au cit. A G A s s e , propriétaire de ce journal , lae des Poitevins , n» iS. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue det
Poitevins , a' l3 , dcpui tneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'iiiiprimerie du cit. Agasse, propriétaii:e du Moniteur, rue des Poitevins, n" •?.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
vV° 336.
Sextidi , 6 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous so,Times autorisés à prévenu- nos sousq^aSs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T E U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemen: /les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les ijotions tant sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis pat les correspoii^ances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arcs et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I EUR.
INDES ORIENTALES.
JlJ e s lettres de Canton , reçues à Bombay ,
portent que le nouvel emfH^reur de la Chine
s'est rendu déjà exlrêmement populaire. Il a
ordonné que le i^' mai de chaque année il serait
érijé des théâtres dans les principales rues des
difierentes villes de l'empire , où l'on jouerait
des pièces pour l'amusement du peuple. Ces
spectacles qui dureront plusieurs jours , seront
y kux frais de l'empereur.
' Nous, apprenons par des lettres de Sumatra ,
,que le major Glayton a pénétré l'espace de
quelques centaines de milles dans l'intérieur du
pays , pour en reconnaître les naturels et le sol,
que Ion représentait comme très-productif, il
a eu plusieurs entrevues avec le chef des bailas ,
et il a trouvé ce peuple très-disposé à seconder
notre commerce de casse.
Pendant le dernier tremblement de terre qui
s'est fait sentit à Sumatra, la mer était telle-
ment agitée le long des côtes , qu'elle y est montée
.5o pieds plus haut que sa marque ordinaire.
Le fameux cheval Abdutla, à qui l'on n'avait
jamais connu dans l'Inde de rival à la course , a
été empoisonné quelques jours avant celle de
Calcutta. Des récompenses considérables ont été,
promises pour la découverte de l'auteur de ce
crime ; mais elles n'ont encore rien produit.
Les siamois ont défait dernièrement 5poo hom-
jnes du Burmah , qui , outre un grand nombre
de soldats tués, ont perdu deux de leurs meilleurs
généraux. Ils se disposaient néanmoins à risquer
une action générale.
Cavilore, Rajacottah, Kistnagerry, Sankerdroog,
■Chinna , Royadroog , et la plus grande parue du
district de Baramahal , ont éprouvé récemment
plusieurs fortes secousses de tremblement de
terre. L'alarme a été très-grande àjugole , à cause
de son voisinage d'une montagne formée de ma-
tières combustibles, à qui, en conséquence, les
naturels du pays ont donné le nom de Bungle-
Conda , ou de la charbonnière.
Tippoo, voulant obtenir l'assistance de Scindiah,
' «:t sachant combien l'argent avait d'empire sur lui ,
iit charger d'espèces 38 chameaux, qu'il lui en-
voya , avec la tondidon qu'il se mettrait aussitôt
en marche avec son armée pour venir le joindre.
Peci se passa deux mois avant l'attaque de Serin-
gapatam. Scindiah répondit , en gardant l'argent,
quil avait fait consulter l'état du ciel, et que
i'aspect des étoiles ne lui permettait pas d'aban-
donner le gouvernement du Poonah pendant
toute la durée de la guerre.
Au commencement de janvier dernier, le co-
lonel Malcolm a été envoyé de Bombay en
ambassade vers la cour de Perse. Lui et toute sa
suite ont fait le trajet sur la frégate le Bombay ,
capitaine Sylvia.
Xes fortifications de Tranquebar viennent d'être
entièrement réparées , et la garnison augmentée.
Un seul bâtiment de ce pays , expédié l'année
dernière à Goa avec une grande quantité d'es-
pèces , en a rapporté du poivre et des mar-
chandises en pièces pour la valeur de cinqlacks
de roupies.
Les préjugés superstitieux des portugais pro-
fitent à Bombay, au préjudice de Goa qui pos-
sède naturellement de nombreux et imporians
avantages. Son revenu actuel , qui se compose
du produit de ses prises et de ses fermes de ta-
bac , est calculé se monter à environ 20,000.000
de pardors , où dix lacks de roupies. Si le caffé
était cultivé dans le voisinage de cet èt3blisse-
ment , il en retirerait des bénéfices énormes ,
d'après l'étendue et la qualité particulière du sol.
Par le dernier traité conclu entre la compagnie
des Indes et le nabab Saadut Ally Khan , la pre-
mière s'est engagée à entretenir 10 mille hommes
de irnupcs anglaises et du pays dans le district
de Oude . cl à en augmenter le nombre selon que
la sûreté de la province l'exigerait. Si ce nombre
vient k surpasser celui de i3 mille hommes ,
l'excédent «era aux frais du nabab, d'après le
taux de la ration actuelle.
Les dispositions ho«iilc3 des rodillas nous ont
forcés de faire une augrnentation considérable
dans notre établissement militaire sur la frontière
septentrionale de l'Inde; mais aussi elle nous y
rend inexpugnables.
(Extrait de COhstrver et du Star.)
I N T É R f E U R.
Paris , le 5 fructidor.
Plusieurs feuilles publiques annoncent que
M. de Honspccb, rhinistre des finances de lélec-
ttur de Bavière , est mort le il août à Munich.
— Malgré toutes les perquisitions faites à cet
égard, on n'a pu découvrir encore l'assassin du
malheureux Lhéritier.
— Un de ces derniers jours cinq enfans
jouaient sur la fenêtre d'un étage très-élevé ; la
planche qui les soutenait ayant faibli , les cinq
enfans sont tombés à la fois. Divers récits de cet
événement malheureux ont été publiés dans les
journaux La lettre suivante , écrite par le citoyen
l.acaze, chirurgien en chef du Roule, paraît
donner les détails les plus.intéressans et les plus
authentiques.
)i Ce que vous avez écrit me paraît , d'après
les rapports, assez conforme àla vérité ; je vous
observerai seulement que quatre de ces enfans
ont été sur le champ portés à l'hospice du Roule,
où on leur donne les soins que nécessite une
chnte aussi grave. Je me plais à croire que nous
aurons le bonheur de les saliver. Quant au cin-
quième enfant, le citojen Charles Senig, géné-
ral , passant dans la rue et témoin de cette catas-
trophe , après avoir pris une p^rt active à la situa-
tion lamentable des parens , et leur avoir donné
des preuves de sa ra?é générosité , s'en ejt em-;
paré , avec leur agrément , et l'a emporté chez
lui pour lui faire prodiguer les secours néces-i
saires. Ce dernier infortuné semble offrir le même!
espoir que celui auquel je me livre sur la gué-
rison des quatre autres. Si mob devoir et l'hu-
manité, citoyen, m'ont por'.c i. vous écrire, les
mêmes motifs vous détermineront sans doute à
rendre ma lettre publique, ji
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du i'^' fructidor.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
TITRE PREMIER.
Du taux de l'indemnité pour l'étape.
Art. I""^. Il sera tracé sans délai une nouvelle
carte d'étape ; les gîtes seront , autant qu'il sera
possible , choisis de manière à ce que la journée
de marche soit de 3o kylomelres ( 6 lieues de
2l56 toises chacune ) au moins , et de 40 kilo-
mètres ( 8 lieues ) au plus.
II. A dater du I" vendémiaire prochain, les
troupes à, pied, qui seront en marche , dans
l'iniérieur de la république , ne recevront en
nature que le logement et la ration de paiji ;
les troupes à cheval recevront le logement , le
pain et le fourage.
III. Les troupes à pied et à cheval , recevront
toujours le pain pour quatre jours.
Les troupes à cheval recevront les fourrages
pour deux jours au plus.
En conséquence , les gîtes seront distingués en
trois classes :
1°. Les gîies où l'on ne donnera que le
logement ;
2°. Ceux où l'on donnera le logement et Iç
pain ;
3°. Ceux où l'on donnera le logement, le pain
et les fourrages.
Il sera , dans les ordres de route, fait mention
des lieux où ces différentes livraisons devront:
être faites.
IV Les troupes à pied et à cheval rec.evront
une indemnité en argent pour leur tenir lieu de
supplément d'étape : cette indemnité sera de
25 centimes par jour pour les caporaux , bri-
gadiers et soldats ;
De 35 pour les fourriers , sergens et maré-
chaux-de-logis ;
De 40 pour les maréchaux-de-logis chefs et
les sergens-majors ;
D'un franc pour les adjudans sous - ofiici«rs.
De 2 fr. 5o cent, pour les lieutenans etsous-
lieuienans ;
De 3 fr. pour les capitaines;
De 4 fr. pour les chefs de bataillon et d'esca-
dron ;
De 5 fr, pour les chefs de brigade et adjd-
dans-comraandans ;
Les officiers autorisés à avoir des chevaux ,
et ceux qui sont tenus à en avoir , recevront
en nature des rations de fourrage , mais seu-
lement pour les chevaux qu'ils auront réellç-
meni. Dans aucun cas , les capitaines , les chef»
de bataillon et d'escadron ne pourront en avoir
plus de trois , les chefs de brigade plus de
quatre , les généraux de brigade plus de six ,
les généraux de division plus de huit.
V. Le pain des troupes en marche leur sera
fourni par les entrepreneurs généraux des sub-
sistances militaires ; il en sera de même des
fourrages. '
TITRE II.
I Du mode de paiement de l'indemnité , gîte.
yi. Les' troupes ne voyageront dans l'intérieur
I qu'en exécution des ordres du ministre , ou des
généraux en chef des armées, ou enfin que
d'après dès réquisitions des préfets.
Lorsque le ministre de la guerre donnera à un
corps l'ordre de voyager, il adressera en même-
tems au conseil d'administration une rescriptioa
du trésor public, d'une somme égale à celle
qui sera riécessaire au corps pour le paiement
de la totalité de ses indemnités de route.
Lorsque le général en chef d'une armée don-
nera à un corps l'ordre de voyager dans les dé-
partemens de la république , lésant partie de
l'arrondissement de l'armée qu'il commande, il
lui fera adresser en même-tems , par l'ordonna-
teur en chef, les fonds nécessaires au paiement
de ses indemnités de rentes.
L'ordonnateur en chef adressera , chaque dé-
cade , l'état des fonds , dont il aura ainsi disposé ,
au ministre de la guerre, afin qu'il pourvoie à
leur remboursement.
Lorsque les préfets requerront un mouvement
de troupes , ils pourvoiront provisoirement au
paicmenf des indemnités de route , et en instrui-
ront le ministre de la guerre qui leur en fera
tenir compte.
VII. L'indemnité sera payée aux troupes stir
le reçu des conseils d'administration.
Les officiers qui ne seront pas présens au corps
et ceux qui ne voyageront point avec les éfen-
dards aux drapeaux , n'auront aucun droit a l'in-
demnité de route. '
yill. Les i5 centimes par lieue accordés parla
loi du 28 floréal an 5 ^ ne seront payés aux sous-
officiers et soldats qui voyageront isolément que
d,ins les cas et dans les formes prescrites par l'ar-
ticle XXXV du règlement du 26 ventôse an 8.
Les sous-préfets donneioni aux sous-officiers et
soldats qui seront dans ce cas , un mandat sur
le receveur de la sous-préfecture , qui donnefa
lesditsmandals pour comptanlau receveur-général
du département.
Les receveurs-généraux des départemens adres-
seront, chaque décade, au payeur-général de la
guerre, dps bordereaux (conformes au modèle
ci-joint ) des mandais qui auront été acquittés. >g
Celui-ci fera les fonds nécessaires dans les caisses
de ses préposés dans ces départemens , pour le
remboursement des mandat;
en sorte que les
receyeijrs-génèraux des départemens ne puissent
jamais être en avance , chacun , déplus de 26,000
francs. '
IX. I^es sous-préfets enverront chaque décade
au préfet un bordereau ( cqnforme' au modèle
ci-joint) dès mandats qu'ils auront donnés. Le
préfet en enverra l'état général au ministre c^e fa
guerre , afin de le mettre à même de délivrer
son ordonnance. ' ' "
X. Le quartier-maître précédera de trojs joj^ys
toute troupe en marche dan? l'inlérieiir ,d'en[a
république , afin de prendre les mesures r)éc,eV
saires pour que les marchés soient abondamment
pourvus.
XI. Le ministre delà guerre remettra sous Jn»
yeux des chefs des corps et des conseils d'admi-
nistration , les réglemens concen'iant les revue»
de route et de subsistance , ainsi que la police
des troupes en marche.
Le présent arrêté sera inséré au bulletin des
lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Les bureaux du directoire de l'habillement ,
cïéés par l'arrêté des consuls du g theiroidor
dernier , sont établis à la maison Joseph , rue
Dominique.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris , le 4 fructidor an 8.
Le préfet de police, par suite des recherches
sévères qu'il {'ait faire des aliérateurs et émission-
.naires de monnaies altérées , vient de découvrir
et faire saisir une mécanique avec laquelle on
pouvait , dans moins d'un quart de minute , don-
ner un nouveau cordon aux écus de six liv. rognés.
L'individu qui se livrait à celte manoeuvre crimi-
nelle est en arrestation et traduit devant l'oHice de
police judiciaire.
Du 5. On vient de découvrir une fabrique de
faux bons de la trésorerie. Il a été saisi au lieu de
la fabrication un individu en flagrant délit , et
pour une somme considérable de faux bons <''t
ïo francs , prêts à être mis en émission , d'autres
qui -n'étaient pas encore achevés , un limbie s.cc
et un balancier pour l'appliquer. On est à la
recherche des complices.
fROGRAMMB des prix proposés par la Socifté
d'Agriculture du département de la Seine , dans
sa séance publique du, so messidor , an 8 de
la république.
Dans son assemblée publique du 3o prairial
an 7 , Ja^ sociéié avait proposé deux prix qui
devaient êire distribués dans la séance actuelle.
L un avaii pour objet l'art de perfectionner les cons-
tructions rurales; lautr« , le meilleur plan à suivre
pour faire des descriptions topographiques.
Relativement au concours pour le premier de
ces prix , il lui a été adressé treize mémoires,
doni dix étaient accompagnés de plans. Ces mé-
moiies et plans ont éié examinés avec soin par la
»ocié(é : plusieurs contiennent d'excellentes vues ;
les uns sur le placement , i'orientement et la
distribution des bâlimens ruraux; les autres sur
la conservation des produits , des fumiers , ou
des animaux ; d'auires sur le peifeciionnement
des matériaux de consiruciion , et sur la manière
de, les employer ; mais il se trouve dans tous des
omissions ou ries imperfections notables sur plu-
sieurs de ces poinis , dont cependant la réunion
complette est nécessaire pour servir à faire la
règle et le modèle d'une construction rurale bien
appropriée au but.
La société a distingué, dans ces mémoires,
celui dont la devise est : utile dulci , et celui qui
a pour devise : ô fortunatos nimiùm , sua si bona
norint, agricolas; elle y a trouvé uifiérens objets
bien traiiés , et a regretté que toutes les parties
ne le fussent pas également , et qu'il y en eût
■plusieurs d'oubliées.
En général les mémoires sont trop chargés de
•détails^ et de lieux communs sur la destination
des bâlimens ruraux. Cette destination est trop
bien connue des cukivalcurs instruits , et même
■de ceux qui n'ont que l'expérience aidéeidun
bon jugement, pour qu'il soit nécessaire d'en
expHquer longuement les raisons : l'artiste qui
doit les savoir, soit par lui-même, s'il a pra-
tiqué ou s'il a bien observé la culture , soit par
de bonnes informations reçues de cultivateurs
exercés et habiles, n'a pas besoin de s'y appe-
santir. Il fera assez connaître qu'il en était instruit
avant de faire son plan de construction, si Ion y
voit que tout a éié prévu et approprié au but
proposé. Il sera seulement obligé de s'expliquer
sur ses motifs lorsque quelque idée nouvelle et
meilleure , ou quelques localités , du nombre de
celles qui se rencontrent souvent , l'auront fait
sortii de ce qui était communément pratiqué dans
la construction rurale ; et alois il doit bien
prendre garde si un avantage cherché n'est
pas contrarié par quelque inconvénient qui le
surpasse , ou si l'innovation qu'il propose n'est
pas d'une exécution trop difficile ou trop dis-
pendieuse.
Enfin , la plupart des concurrens ont trop donné
à la décoration et à la symétrie ; plusieurs ont
consacré à l'établissement d'un corps de ferme ,
beaucoup trop de lerrein et d'argent. Il en est
qui ont mis depuis six jusqu'à dix hectares, et
dont les devis montent depuis 80,000, — 100,000,
— l5o,ooo, et jusqu'à 4o2,ooo francs; ce qui,
«ans parler des mécomptes ordinaires , en fait de
devis , surpasserait ou égalerait la valeur entière
d'une ferme considérable.
1354
Il ue faut pas sans doute négliger !a symétrie
et la grâce dans les constructions rurales ; mais
on 11c doit jamais en faire un sujet de trop
;rande dépense, et encore moins y sacnntr
'utilité et la convenance , qui en toutes choses
sont la vraie base de la beauté. Ainsi , par exem-
ple , si pour la grâce et la symétrie on met en
opposiiion deux corps de bâlimens , parce que
leur forme est pareille , sans songer tjue ces deux
bâlimens doivent par leur destination êire mis à
côté fut) de l'autre; ou si à cause de leur forme
on les fait coniigus, quand leur destination exige
ju'ils soient éloignés , on a manqué le but; et
pour une ferine sûr-iout , ce qui est incommode
et placé à contre-sens de l'objet qu'on se pro-
pose , ne peut pas être réputé beau^
La société ayant trouvé qu'aucun de ces mé-
moires et plans n'a rempli le but proposé, et
salisfait aux conditions de son programme , a
cru devoir remettre la distribution de ce prix à
l'année prochaine.
Elle rapptlera ici le véritable objet de son
programme : il s'agit de déterminer par des plans
d'un genre simple et de facile exécution , sans
une dépense disproportionnée ,
1° Le meilleur placement et orientement , la
meilleure distribution relative des divers bâti-
meiis d'un corps de ferme , ei de tous les accins
qui doivent v. être joints , pour satisfaire à tomes
les conditions d'une bonne exploita'ion rurale;
ce qui comprend la facilité de tout surveiller et
de tout faire avec le moins de bras , avec la
moindre perle de tcms . les moindres risques,
les moindres frais , et la moindre consommation
que faite se puisse ; et de même pour deux habi-
tations de villageois, destinées, l'une, à une
famille vivant de son travail journalier ; l'autre,
au cultivateur d'une petite piopriété.
2°. La meilleure manière de construire dans
les campagnes pour obtenir la solidité , la durée
el la salubrité des bâlimens , tant à l'égard des
hoiTimes et des animaux , que pour la conser-
vation des récoltes , des denrées et des Tumiers,
et pour diminuer le danger des incendies , l'effet
des météores nuisibles , et le ravage des ani-
maux destructeurs.
Dans cette seconde partie , les artistes sont
invités à indiquer le choix des matériaux et les
moyens de suppléer à ceux dont on e.n dé-
pourvu en beaucoup d'endroits , ou de rendre
meilleurs , ou moins coûteux ceux qu'on y
trouve , soit par des piocédés de fabrication ,
soit par l'emploi plus économique et plus du-
rable de ces matériaux.
La société désire que 1 on suppose une ferme
à construire dans un pays de grande culture ,
afin de donner un cadre plus étendu à I objet
proposé , et qu'on le prenne , à partir des dé-
parteniecs du Loîiet , dEure et Loire , et autres
de même parallèle , jusqu'aux latitudes suivantes
vers le noid ; mais elle n exclura point pour
cela les mémoires et plans qui pourrdrit lui être
adressés pour les latitudes inférieures. Elle croit
seulement que \i première supposition est sus-
ceptible d'un projet plus général . plus propre
au pertectionnement de I agriculture , sous le
rapport des bâlimens qu'elle exige , et que si
le sujet proposé au concours , est traité d'après
les convenances des pays qu'elle vient d'indi-
quer, il pourra mieux servir aux progrès de
l'art des constructions rurales , et s'appliquer à
un plus grand nombre de localités. Il ne s'agira
plus que de connaître les différences de la na-
ture , pour sentir ce qu'elles exigeront aussi de
différent dans lart de la construction.
Elle désire enfin que pour les plans , on adopte
l'échelle de 7 millimètres au plus , par deux
mètres, ce qui suppose que le plan pourra avoir
g décimètres en carré.
L'importance de la question a déterminé la
société à y consacrer deux prix , l'un sera de isoo
fr. , le second de 5oo fr, ; l'un et l'autre seront
adjugés dans la séance publique du 3o prairial , 1
an 9. Les mémoires doivent être adressés avant le |
3o germinal de la même année; ce terme est de r
rigueur.
La société avait proposé pour sujet du second
prix , qui devait être distribué aujourd'hui , cette
question : Quel est le meilleur plan- à suivre pour
faire des descriptions topographiques complexes ?
Deux mémoires ont été envoyés au concours;
l'un d'entr'eux a rempli en général le vœu de la
société ; il a pout devise , nous n avons plus besoin
de connaître les abbayes , les fiefs et les blasons , mais
nous vouions savoir quelle est lapoputation , te genre
de culture et l'espèce de commerce de chaque partie
de la France. L'auteur y donne un plan de tppo-
) graphie , auquel il a joint une description assez
étendue du département du Gers. Son plan pré-
sente d'une manière précise et méthodique , tous
les objets qui doivent entrer dans la description
particulière d un pays. Il a adopté une série de
questions , comme plus propre à faciliter et à
simplifier les recherches. Il indique les causes qui
s'opposentau progrés de l'agriculture, desartsetdu
««rametcï , çt s auacbe particulièrement à celles qui
ont le plus d'influence sur h prospérité publique.
On peut regretter seulement qu'il n'ait pas
donné plus d extension à son sujet dans quelques
parties. On pourrait désirer , par exemple , plus
de développement aux parasiiaphes dans lesquels
il traite de la culture de différentes plantes , de
la nourriture et des soins qu on donne aux bes-
tiaux , du jardinage , des instrumens et machines
propres à lagriculture. Il aurait pu aussi donner
plus d'étendue aux procédés des arts et manu •
factutes , et à tout ce qui a rapport à la police ,
aux mœurs , aux usages , etc. Mais si l'on peut
lui reprocher ces légères imperfections , on voit
dans la description détaillée qu'il a donnée du
dépaiiement du Gers, qu'il est maître de son
sujet , et qu'il est aussi habile à décrire qu'à
indiquer la manière dont on doit le faire. Cet
ouvrage peut servir à démontrer les avantages
inappréciables que produiront de semblables
descriptions iors'.ju'elles seront multipliées ; eâ
exposant les abus et les méthodes vicieuses , elles
fei ont- sentir enfin la nécessité d'y apporter re-
mède.
Le sol et les productions de ce département
sont assez variés ; mais bien qu'il soit fertile , il
ne donne en généial que de faibles récoltes ,
eflTet qu'on doit attribuer principalerpent à I inac-
tivité et à 1 ignorance des habitans lies campagnes.
Les coupes de bois, multipliées sur le sommet
des coteaux , ont condamné à la stérilité une
partie du département ; la terre végétale a été
entraînée par les pluies , et le sol jadis couvert
d'une belle verdure , â'ofFre aujourd'hui qu'un
roc aride.
Une cause non moins funeste aux succès de
l'agriculture dans ce département , c'est l'usage
de cultiver chaque année une trop grande por-
tion des champs. Les terres labourables sont aux
piairics dans la proportion de ,«ix à un ; el cette
manie de mettre tout en bled , qui n'est pas
moins générale dans la plupart des autres dé-
parlemens de la république , doit être regardée
comme un des obstacles les plus contraires aux
progiès de l'agriculture française.
Les prairies artificielles sont presqu'inconnue»
dans le département du Gers , le» troupeaux
qu'on y élevé sont trop peu nombreux , et de
mauvaise race ; la durée des baux qui n'est que
de trois ou six ans , et qui ne se prolonge
jamais au-delà de neuf, s'oppose à toute espèce
d'améroration.
Le bas prix des denrées occasionné par le
défaut de communication , décourage l'agricul-
teur et ctouiFe l'industrie ; plusieurs manufac-
tures établies à différentes époques ont été aban-
données peu de tems après , à cause- de la
difficulté des transports.
En rendant navigables les rivières qui arro-
sent ce département, on doublera les produits
de l'agriculture; on donnera naissance à une
industrie active , et l'on étendra les limites du
commerce.
L'auteur s'étend sur tes avantages qu'une ins-
truction convenablement dirigée , pourrait pro-
curer au département du Gers , et sur l'espèce
d'attention que le gouvernement pourrait donner
à sa culture', pOur lui procurer le degré de
prospérité dont ses ressources naturelles le ren-
dent susceptible.
Son ouvtage dans lequel on trouve l'Ordre et
la clarté , est écrit d'un style pur et simple , et
renferme un grand nombre de vérités utiles ;
il annonce un observateur éclaiié et un citoyen
zélé pour le bien de sa patrie.
La société a cru devoir lui accorder le prix
proposé pour la question qu'il a traitée. Le
billet cacheté qui renfermait le nom de l'au-
teur, a été ouvert, et a présenté le citoyen
Dralet , cultivateur qui déjà en 1790 a obtenu
de l'ancienne société d agriculture de Paris , une
médaille d'or, pour avoir écrit divers ouvrage»
sur l'agriculture-pratique , fait des plantations
considérables dans un pays oii cette branche
d'économie rurale est très-peu étendue , intro'-
duit l'usage de plusieurs instrumens agraires ,
et cultivé le premier dans son département
diverses plantes utiles , notamment la pomme
de terre dont il a distribué le produit aux
laboureurs de son canton , et auxquels il a
fait ainsi adopter la culture de cette racine.
Premier sujet de prix pour Can 9 , sur l'art d'aU
terner les récoltes ,>^ ou du meilleur assolement.
Les bons cultivateurs conviennent qu'en fesant""
succéder dans un champ des végétaux à racines
pivotantes, à des végétaux à racines superficielles
ou non pivotantes, on peutsupprimerlesjacberes.
Par cette méthode d'alterner les récoltes , on
obtient une plus grande quantité de bled en en
cukivant moins souvent . et une plus grande
quantité de fourrages.
Il est prouvé qu'il y a des plantes qui restituent
à la terre , par la destruction de quelques-unes de
leurs parties , tout ce qu'elles ont pu lui enlever :
que d'autres plantes épuisent moins la terre que
c«ltes,qui croisent aaturellemeot siir Içs jachères.
iSM
Pout obtenir d'une terré le plus grand produit
en la f^li^uant le moins possible , tout l'art coii-
«isle à varier convenablement les récoltes , de
manière à laisser entr'elles les intervalles néces-
saires.pour les façons de cette terre-
La société demande , quelle est la meilleure
manière d'alterner les récoltes , à l'usage du plus
grand nombre de cultivateurs-, à l'cfFet de dimi-
nuer , autant qu'il est possible les jachères , sui- '
vant la diD'érente nature des terres.
Celle question sera résolue pour les principales
natures de terres , en distinguant ce qui doit con-
venir plutôt au nord qu'au midi de la république.
L'avantage des assolemens proposés sera appuyé
par les calculs des diiférens produits.
Comme il existe sur ce sujet beaucoup de bons
ouvrages , la société donnera la préférence au
mémoire qui contiendra les calculs appuyés sur
les faits les plus nombreux.
Ce prix sera de la valeur de mille francs;
il sera distribué dans la séance du 3o prairial
an g. Les mémoires doivent parvenir à la société
avant le 3o germinal de la même année.
Second sujet de prix pour fan g. Un manuel pra-
tique sur l'éducation des abeilles.
On a. dans tous les tems beaucoup écrit sur
les abeilles ; mais dans le plus grand nombre
des ouvrages publiés sur ce laborieux insecte ,
on l'a principalement considéré sous les rap-
ports de l'histoire naturelle; et dans ceux oii il
en est question sous le point de vue écono-
mique , chaque auteur préterid rendre exclusive
une méthode souvent défectueuse. Il serait pour-
tant du plus grand intéiêt de fournir aux culti-
vateurs des moyens sûrs et faciles d'étendre cette
branche précieuse de l'économie rurale. La so-
ciété demande un ouvrage pratique qui ren-
ferme les procédés les plus propres à rendre
familiers à l'habitant des campagnes , l'éduca-
tion et la conservation des abeilles , ainsi que
l'amélioration et la mise en œuvre de leurs pro-
duits.' Elle désire que les concurrens tiennent
compte dans leurs ouvrages , des modifications
qu'exige léducaiinn des abeilles , suivant les
climats et les différentes localités.
Ce prix sera de la valeur de 600 francs , il sera
décerné dans la séance du 3o prairial , an 9. Les
mémoires devront être remis à la société avant
le 3o germinal de la même année;
Premier sujet de prix pour l'an 10, sur les engrais
en général.
Les engrais sont tout ce. qu'on ajoute à la terre
pour déterminer la meilleure végétation des
plantes qu'on lui confie ; l'eàu même , sous ce
rapport , est l'un des plus puissams engrais.
Pour appliquer convenablement ces engrais ,
il faut apprécier leur manière d'agir; mais cette
action dépend de la nature des terres , et de celle
des racines des plantes qu'on culuve.
Cette connaissance acquise , il reste à détermi-
ner la quantité relative , la préparation et l'appli-
catioh des engrais
La société demande :
l". Comment les engrais agissent en général ?
2°. Onels sont les divers engrais , suivant les
dlfFérenies terres , et les différentes natures de
lacines ou de plantes ?
3°. Quelles sont leurs quantités relatives dans
ces divers cas ?
4". Quelles peuvent être les différentes pré-
parations de ces engrais ?
5°. Quelles sont les meilleures manières de les
appliquer ?
Les réponses à ce» questions doivent être ap-
puyées sur des faits.
Lé. prix sera de la valeur de i5oo francs ;
il sera décerné dans la séatice du 3o prairial ,
an 10.
Les mémoires devront être remis avant le 3o
germinal de la même année.
La suite incessamment.
Epître en vers , en réponse , de cette dame '
au même.
L'envoi de cette note est une invitation à la
séance.
JV. B. L'assemblée de la société littéraire est
invariablement fixée au premier de chaque dé-
cade , à sept heures précises du soir.
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
QufXQDES journaux ont rapporté une anecdote
qu'ils ont attribuée au général Lecourbe. Ce gé-
néral , oni-ils dit, s'étant déguisé en meunier pour
faire une reconnaissance i et se trouvant surpris
par une patrouille allemande , s'esquiva en in'
diquant comme général français et de bonne
prise , le meunier dont il avait pris les habits , et
qu'il avait affublé des siens.
Ce fait ou celte historiette vient d'être le Suje'
d'un vaudeville. La situation principale , quoique
peu neuve ( c'est celle de l'embarras des riches-
ses); quelques couplets heuceux ; un rôle de
paysanne allemande, très-bien joiié par madame
Henri ; celui d'un caporal allemand , rendu par
Carpentier d'une manière très-originale , ont fait
réussir ce petit ouvrage. On a beaucoup applaudi
au trait d'un officier qui conseille à, son général
de feindre d'avoir peur , pour qu'on ne le recon-
naisse pas. La pièce est un vaudeville , le premier
ouvrage du citoyen Vial et de deux autres auteurs,
dont elle paraît être le coup d'essai.
Le sous-préfet de l'arrondissement de Péronne . au
■ rédacteur. — Péronne. le 2 fructidor , an' S de la
' république franr^aise , une et indivisible.
Je vous prie , citoyen , de consigner dans votre
journal ce trait de dévoûment et décourage d'un
jeune citoyen de cette ville.
Le 26 thermidor, le nommé Jean-Baptiste-Céles-
lin Lemaître , garçon serrurier, âi;é de i5 ans
5 mois , se baignant da;ns la Somme , s'apperçut
que le citoyen Martine se noyait ; il courut aus-
sitôt à son secours ; mais celui-ci l'ayant pris par
le bras , l'entraîna trois fois au fond de 1 eau ;
étant parvenu à se débarasscr , il plongea , et fut
repris par la jambe ; après s'être dégagé , il eut
le courage de plonger de nouveau ; il trouva
Martine sans connaissance , le saisit par les
cheveux; mais le ruban qui . les nouait s'étant
détaché , il lui échappa. Cet intrépide jeune
homme, malgré les dangers qu'il courait, sa
lassitude , et la grande quatitité d'eau qu il avait
bue, se précipita une quatrième fois dans l'eau ,
oii il chercha fort long-tems l'objet de son zèle;
l'ayant trouvé , il le mena avec des efforts in-
croyables, près d'une muraille , contre laquelle
il se soutint jusqu'à ce que des spectateurs lu
eussent jette des cordes , par le moyen des
quelles on sauva Martine , en le fesant passer
par un trou qui était pratiqué dans cette mu-
raille.
Les autorités constituées de Péronne célébrèrent,
le 3o thermidor, par une fête et des danses , le
courage de ce jeune héros. Il fut couronné dans
le temple décadaire, au milieu des applaudisse
mens d'un peuple nombreux, et on lui décerna
une médaille d'argent, sur laquelle est gravée
cette éclatante action.
Je vous salue , Malafosse.
Lycée de Taris, rue du Hasard-Richelieu .in° H ,
maison Seguier. — Veillées des muses , du 7 fruc-
tidor de l'an 8 , à sept heures du soir.
Fragment sur le talent qu'ont les femmes
•:pour la composition des romans , par le citoyen
Eusebe-Salverte.
Vers faits en contemplant une campagne pitto-
resque , par le citoyen Mellinet , aîné.
Ode sur la paix, par le citoyen Mabire.
Vers inédits de Saint-Aulaire , avec des vers
en remercîmens de l'envoi de cette pièce , par
le citoyen Coriolis.
Nadir , conte arabe , du citoyen Saint-Marcel.
Vers inédits de feu Venance-de-Carcassone ,
à une dame , sur l'inutilité delà parure.
La séance sera terminée par la lecture d'une
épître de. . . à madame * * * ,• au retour de son
voyaj^e en Grcce cl en Italie.
J'ai lu , citoyen , dans le Journal de Paris du
9 messidor , deux notés tendantes à affaiblir la
confiance que niéritent les moyens que je viens
d'offrir au public , dans une lettre adressée au
capitaine Baudin , pour faire cesser et disparaître
en faveur de la postérité le fléau de la petite
vérole.
L'auteur de la première note , effrayé de me
voir proposer la suppression de la ligature du
cordon ombilical au moment de la naissance des
enfans , préférerait qu'on essayât au contraire le
procédé de la ligature sur des animaux , aRn
de constater, par céTte expérience invcise , s'il
est vrai que la petite vérole résulte exclusive-
ment de ce procédé que je combats.
Les tentatives qu'on fait en ce moment pour
prouver qu'une épizootie observée dans cer-
tains cantons de l'Angleterre parmi les vaches,
offre les caractères de la petite vérole, méri-
tent peut-être plus justement l'improbation dont;
l'auteur de la première note insérée iu Journal dt
Paris , paraît animé contre fnes essais.
Je liie rappelle d'avoir .remarqué dans une
partie de la Haute-Allemagne et de la Siaisse ,
oii l'on est dans l'usage de secourir les vaches
au moment de leur délivrance , que l'on emploie
la ligature comme pour le9 enfans; aussi règne»
t-il dans ces cantons des épizooties très - fré-
quentes parmi les bête» à cornes. Il reste à exa-
miner si ces mala lies sont du même genre que
celles observées en Angleterre , et' si on y em-
ploie la ligature pour hâter la délivrance des
vaches.
Quoi qu'il en soit, il est sans doute plus im-
portant de mettre un terme à la propagation de
la petite vérole , que de s'occuper des nioyeiti
de la produire et de la perpétuer. Au lieu <)é
prolonger à cet égard l'incertitude, par des dis-
cussions frivoles ou des expériences inutiles i
pourquoi ne pas adopter et utiliser le plus ptomp-
tement possible , la méthode que j'ai indiquée ,
et dont les heureux résultats sont déjà sufiisam-
ment prouvés par le raisonnement et par les laits ?
J'invite , au surplus , ceux que des craintes re-
tiendraient d'essayer cette opération , à venir exa-
miner l'enfant que j'ai chez moi et sur lequel j'ai
fait les premiers essais. Il a été souvent exposé
à la contagion de la petite vérole depuis 3 ans,
et j'offie de le soumettre encore aux mêmes
épreuves.
L'assurance que je donne qu'il ne peut résulter
aucun inconvénient de cette pratique , et la
grande probabilité de voir se réaliser un jour les
avantages qu'on en doit attendre , détermineront
sans doute les personnes de la prudence la plusf"
scrupuleuse à ne pas différer un instant d en con)-
mencer l'expérience. Celles que leur pusillanimité
ou d'autres motifs porteraient à attendre le résultat
des recherches du capitaine Baudin , pourraient
se reprocher un jour d'avoir . par ce retard, privé
leurs enfans nés pendant son eStpédition , d un
avantage aussi précieux.
Dans une seconde note, un des propriéïkites
du Journal de Paris m'objecte que le moyen
proposé n'est ni nouveau , ni d'un effet assuré. Je
répète que j'ai conçu le premier cette opinion il
y a 3o ans, et je n'en ai jamais fait un secrtt ;.
depuis ao ans que je suis arrivé en France . je n'ai
cessé de la communiquer et d'en recommander
la pratique aiix personnes qui étaient en relation
avec moi , soit comme malades , soit comrrie mes
élevés dans la doctrine du magnétisme. Il est
donc possible quele citoyen Rcedércr ail entendu
parler de ma théorie ; il l'a fait pratiquer, dit-il ,
sur ses trois enfans; mais il n y avait aucune con-
fiance, puisqu'il n'en a point attendu l'effet, et
qu'il les a fait inoculer 8 ans après ; ils ont eu
(comme cela devait arriver) tous les trois la
petite-vérole , parce que toutes les fois ([u'ori
inocule une maladie à un individu, il doit né-
cessairement être malade.
De la conduite qu'à tenu le cit. Rœderer,je
conclus que ce moyen et ses effets sont encore
nouveaux pour lui. J'obseir've ici , qu'il ne suffit
pas d'exprimer le sang contenu dans le cordon
ombilical extérieur , comme l'a pratiqué l'accou-
cheur de son épouse ; il faut encore provoquer
l'écoulement absolu de toute liqueur , qui peut
se trouver dans les vaisseaux intérieurs , lesquels
réunis à l'anneau ombilical , forment le cor-
don. Il est bon de se rappeller ici la théorie
relative au traitement d'une plaie profonde. La
petite portion de liqueur séreuse exclue de la
circulation, est suffisante pour devenir par soa
séjour ce puissant levain , ce ferment qui étant
résorbé , peut exciter tôt ou tard une fermen-
tation dans la partie séreuse du sang dont la crise
sera la petite vérole.
Cette maladie n'existe pas dans la nature ; é1I«*
est le produit factice d'une sollicitude mal-en-;
tendue de l'homme qui offre ses premiers soins;
à l'enfant nouveau né. C'ést-là qu'il loi prépare
et qu'il lui inocule , par un procédé que l'instinct'
et l'exenaple uniforme des animaux réprouvent ,
le germe d'une maladie qu'on a depuis longtems
regardé comme inévitable et universelle , et qui'
n'est qu'un résultat de l'universalité du préjugé.
Celle première erreur en enfanta ensuite une
seconde : \inocuhtion par l'insertion ou l'iniro-
ducliori dans la partie séreuse du sang d'un fer-
ment déjà formé et entièrement caractérisé , et
cela pour prévenir une invasion quelquefois dan-
gereuse, mais du moins incertaine , et dans le
dessein d'en empêcher les ravages. C'est donc
cette double sorte d'inoculation qui est la cause
immécliale et artificielle de la pelile-vérole ; le'
résultat de l'un ei de l'autre de ces procédés éH
lé niême , une espèce de fermentation. El c'est'
une loi de la nature que toute fermentation dont '
le développement est une'fois achevé , né se re^I
produit jamais une seconde lois.
D après ce que je viens de dire , 01: Coii^cSif-
facilement pourquoi l'on n'est point passible fli.î
de l'invasion spontanée, ni de la contagion d^e'
la pelite vérole, sans urt levain ou un germé,
préexisfanf , et communiqué par l'un de ces getircsl^
d'inoculation. On concevra également cOniment,
on produira celte maladie par rinoculation danS
tous les cas où le développement n'en aura pas
encore eu lieu. On explirjiiera paJ tes lûêraes
raisons pourquoi l'on n'est pas attaqué deux' lois
de cette maladie; on expliquera aussi pourquoi
les enfans du citoyen Rcederer ont cu la pedts
vérole ; en supposant même que l'opérairon em«--
ployée à leur naissance eût élé parfaitement e*é-
cutée , ils ont dû avoir cette maladie , parçji
qu'elle leur a été inoculée et qu ils ne l'avaient
pas encore eue. ^ • ,t v'V ''
Je conclus, en conséquence, ^ue l'inoculanoH
rie pourra jamais servir de preuve pour ou contre
la vérité de mes assertions , relatives aux moyeiïSI
de prévenir et de faire cesser cette maladie. Car
rihoculatioH < soil de la vaccine , soit de là petit*
i356
Vfirole humaine ne prouve rien , si ce n'est qu on
ij'i pas eu la pcliic véiole , et comme il est beau-
coup plus essentiel de garantir les eiifans de ces
çlcux inteciioiis , que de les réduire à choisir
entre une des devis , je persiste à penser qu'il
vaut mieux employer une pratique qui ne peut
i-ire dangereuse , et qu'on peut regarder comme
un piéservatif contre linoculation , de même
■qu'on regarde l'inoculation comme un préservatif
contre la maladie , que de tenter sur de mal-
heureux enf'ans , des essais inhumains et condam-
nables , par cela rnçme qu'on n en connaît point
les ayatitages et qt,i'Qn n'en saurait prévoir les
suites. '
Et afin de ne pas sacriËer plus 'long-tems les
çntaqs aux doiites et à l'indc/lence , il est à désirer
que la nation française , en adoptant dans son in-
légriié le moyen préservateur que je lui oftre ,
consente à réiorraer l'ancienne pratique dons l'ac-
çoucbement , et qu'elle fasse , la première , jouir
l'enfaot du droit impit-scriprible que la nature ré-
clame , de ne pas être injecté d'un venin mortel dès
sa naissance par l'ignorance et les préjugés des au-
ciens auteurs de ses jours. Et pour géneraliseï l'opi-
nion à cet ég;»rd , il conviendrait peut-être de
fixer et de solçnniser par une institution natio-
nale , l'époque de l'afFrarichissement de ce fiéau
en faveur Jes générations futures.
Mesmer, D. M.
Citoyen rédacteur , j'ai l'honneur de vous pré-
venir , qu'attendu la maladie du ministre de l'in-
térieur , la distribution des prix du Prytanée est
remise à décadi prochain. Paris , 5 fructidor an 8.
Signé , Çha!MP.\gne , directeur du Prytanée.
ANNONCES.
Iw-'^TiTUTioN POLYTECHNIQUE , et éducation
particulière pour vingt élevés seulement, sous la
direction d un maître ès-arts en la ci-devant
tjniversité de Paris , rue d'Orléans au Marais ,
hôtel Carabise , n° 6 . près le boulevard du
Temple. La maison est dans la plus belle situa-
tion , le jardin en est beuu et spacieux, la cour
vaste et belle , l'air yu'on y respire est pur.
Les élevés y ont tous les maîtres d'agrémens ,
tels sont ceux de musique pour toutes sortes
a'instrumens , de musique vocale , de danse ,
de fait-d'armes, de dessin, et de langues étran-
gères ; telles sont les langues anglaise , italienne,
et allemande : leur éducation est basée sur l'étude
des calculs français et étrangers , les parties dou-
bles , l.es langues française çt latine, les mathé-
jjiatiques , le dejsin pour les fortifications, l'his-
tpire , 1a géographie , et généralement siir tout
ce qui, constitue une bonne éducation , etc. Ils
i](rangent à la table du directeur, et ne sortent
qu'^ecoiïJpagués d'un maître.
- Les jeunes gens y sont admis jusqu'à lâge de
dix-huit ans. La plus petite pension est de
8oo fr. jusqu'à 1 âge de dix ans , et augmente
de cent fr. par année jusqu'à l5oo fr. , qui se
payent à dix-sept -ans. Tous les maîtres sont cora-
p,ris dans le prix de la pension , aitjsi que le
bjanç|iissage , ftl^. Il n'y a point de méisnoire
deifjépe^isiîr ■■-,-
Ç^olle'ctidn complctle du Mercure de France , qui a
païu entre l'ancien et le nouveau Mercure -, le
tout pouvant for rner lo volumes in- 12 ; prix 3o fr.
{ il it'en existe plus que 1:0 exemplaires.)
S'adresser au ci-devant bureau général du Mer-
cure de France , rue de la Harpe , n° 461 , en face
de cel'le de l'Ecole de Médecine.
GhANGEMEÎ4T UE DOMICILE.
Jacques Mignard , auteur et propriétaire de
rètixir et de l'opiat de Gayac anti-goutte , ci-devant
rues Montmartre et Taranne , demeure présen-
ternent rue Neuve des Petits-Champs , n°^ 12 et
45 , la seconde porte cochere à droite en entrant
par là rue Gaillon , à Paris. Depuis 25 ans le
citoyen Mignard distribue ce retuede avec le plus
grand succès , pour la guérison de la goutte-, des
rhumatismes , du scorbut , dartres , gale , humeurs
froides, fleurs blanches, lait répandu, fièvres,
maladies vénériennes , gdnbrrhées , toute espèce
d'écoulement qu'il guérit avec une rapidité éton-
nante , quelquefois en huit jours , (juand ils ne
font que commencer; et toutes les maladies qui
naisserjt de l'acidité et de la stagnation des hu-
njeilrs , pa.rce que la vertu fondante de son élixir
et de son opial , purifie et facilite la circulation
régulière du sang , en désopilant les engovgemens.
Ce remède est des plus balsamiques et stoma-
chiques , il purifie la masse du sang, et est par
conséquent 1 uniijue remède aux personnes poi-
trinaires ou aiiaquées de phthisie , de maladies
chroniques , eiç.
Toute personne qui ne jouirait pas d'une par-
faite santé , peut la recouvrer en trèsrpeu de tems
par l'usage de ce remède. Celle qui aurait qucl-
(jues soupçons de maladies peut les lever par
le même usage.
Lélixir se vend vingt francs la bouteille , et
vingt francs le pot d'opiai , et qualrc-viiigt-deux
francs la caisse , contenant deux bouteilles et deux
pots , y compris la boîte; ce qui suffit ordinaire-
ment pour une maladie récente. On délivre , avec
l'élexir et l'opiat , la manière de s'en servir.
Pour prouver l'efficacité de ce remède en
France , le citoyen Mignard pourrait rapporter
quantité de leares des cures nombreuses qu'il a
opérées avec son élixit et son opiat depuis son
retour de 1 Amérique , et mentionnées en parlie
dans un ouvrage de médecine , intitulé : Remargues
sur les maladies vénériennes , scorbutiques et gout-
teuses, avec lesvraii remèdes pour les guérir, ouvrage
qu'il a fait , et qui se trouve chez lui. ( Cette
brochure de 5o pages iu-S°. , beau papier , se
vend I fr. 20 cent. )
On trouve à la même adresse les Œuvres phi-
lophiques et politiques de Jacques Mignard . bro-
chure in-8°. , de 5oo pages d'impression. Prix 3 fr. ,
et 4 fr. , franc de port. Ce volume contient diflé-
rens ouvrages qui se vendent sépaiément , savoir:
Remarques sur les maladies vénériennes , le
virus vénérien , scorbutique et goutteux , et la
manière d'agir du mercure , avec les vrais remèdes
pour guérir ces différentes maladies. Prix i fr.
20 cent.
Système sur la formation de la terre et de toutes
choses dans lequel on n'admet que deux élémens.
Prix 60 cent.
Première, seconde et troisième attaques portée?
au charlatanisme des citoyens LafFecteur et aux
vertus chimériques de leur rob anti-syphilitique,
2' édition. Prix 60 cent.
Apperçus des crimes commis par les anglo-
américains envers les français ; avec cette épi-
graphe :
Timeo Danaos et donaferentes.
Prix I franc.
Quelques escrocs anglais démasqués , ou les
déserts de l'Amérique démontrés tel» qu'ils sont ,
avec cette épigraphe :
Que ne suis-je ce portier dont parle Lafontaine.
it Ce chien énorme
)> Expédiant les loups en forme. !>
Prix I franc.
GÉOGRAPHIE.
Les souscripteurs de la Parte générale du théâtre
de la guerre en Italie ejt dans les.Alpes en 3o feuilles .
par Bâcler Ualbe , notamment ceux qui sont aux
armées , sont invités à faire retirer la 3' livraison
de l'ouvrage chez l'auteur , ingénieur-géographe
à Paris , rue des Moulins , n" 642 ; et à Milan,
chez les frères Bordiga , graveurs.
Cette 3' livraison complette . pour les souscrip-
teurs , la carte géographique la plus détaillée qui
ait encore paru de cette partie si intéressante de
l'Europe.
Ce grand et superbe ouvrage ;mérite à tous
égards d'être distingué ; entrepris en ItaUe par
ordre du général Bonaparte , sor» auteur n'a rien
négligé pour en faire un monument digne de lui
et des braves qu'il commandait ; toutes les mar
ches militaires , batailles , elt. y sont tracées avec
soin. Un abrégé historique d'un style précis et
chronologique explique facilement toute la mar.
che des opérations.
Quanta la partie physique , nous connaissons
très-peu de canes qui rendent aussi bien le sys-
tème des montagnes , sur-tout des Alpes ; celle-ci
donne l'idée d'un relief sur lequel l'effet de Ja
lumière fait distinguer facilement les sommités
aiguës et les vallées profondes.
Ce bel ouvrage devient d'une uliliié indispen-
sable, non-seulement aux railiiaires et personnes
attachées à l'armée , mais aussi à celles qui aiment
à suivre dans leur cabinet la marche de nos ar-
mées triomphantes; pour la jeunesse, c'est un
rnonument instructif.
Les perles que l'auteur a essuyées lors de
l'entrée des autrichiens-en Italie, oii il a perdu
ses atteliers et même une partie de ses cuivres ,
ont retardé jusqu'à ce jour la publication de cette
3" livraison ; sa persévérance et| son activité le
mettent dans le cas de satisfaire bientôt l'empres-
sement que le public a témoigné de possède»'
l'ouvrage complet. La seconde édition des planr
ches perdues se pousse avec la plus grande ac-
tivité , et elle sera terminée avant trois mois.
En attendant, on peut, en s'inscrivant che?
l'auteur pour l'ouvragp complet , reliref la l'"
et la 3'= livraison; ces vingt feuilles compren-
nent la partie k plus essentielle dans ce nio-
ment.
Le prix dç l'ouvrage complet en 3o feuilles est
de 144 francs. Il faut affranchit les lettres et
l'argent.
GRAVURES.
Uva nigra etuva alba, raisinnoir et raisin blanc ,
dit chasselas , dessiné d'après nature , par li^
cit. P. F. Legrand , et gr^é par le même.
A Paris , chez l'auteur , rue Jacques , n° 16,
Prix 3 francs.
Cet artiste est celui qui grave les dessins de
Gérard Vanspaendonck.
LIVRES DIVERS.
Code des successions , donations , substitutions , "
testamens et partages , 3'"'' édition revue , corrigea
et augmentée de plusieurs lois importantes rela-
tives aux successions des étrangers , émigrés , etc.
et d'une table alphabétique contenant l'analysç
abrégée de toutes les lois rapportées dans ce code ,
par A. C. Guichard , 2 vol. in-12 ; prix , 4 francs ,
et 5 fr. pour les départemens.
Dissertation sur le régime actuel des succesàons ,
contenant 1 historique , l'analyse et 1 explication ,
par ordre de matières , des nouvelles lois rendues
en cette partie ; avec des observations morales et
critiques sur les incpnvéniens graves qui résultent
du nouveau mode de succéder introduit par ces
lois, par A. C. Guichard, 2™^ édition in-12 ;
prix , I fr. 5o cent, et 2 fr. pour les départemens.
Ces deux ouvrages se vendent chez Garner'y ,
libraire, rue de Seine, ancien hôtel Mirabeau:.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 5 fructidor. — Cours des effets publics.
3o jours. à 6ojourt.
Amsterdam banco .
Courant
Hambourg
Madrid
— — Effectif.
Cadix
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I4fr.35c.
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14 fr. i5c.
4fr.55c.
4 fr. 95 c.
187
Jîp.
Effets publics.
Rente provisoire jg fr. 38 c-
Tiers consolidé 33 fr.
Bons deux tiers i fr. 5g c.
Bons d'arréragé 8? fr. 25 c.
Bons pour l'an 8 85 fr. 63 c.
Syndicat
Coupures 64 fr. 75 c.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Auj. relâche.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Comment foire ?
es Avant-postes , et Bagatelle.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Fanthmimes,
Aju. la i'" repr. de Jenny ou les Ecossais .
pièce en 3 actes ; l Epreuve excusable , et Diogene.
Théâtre du Marais , rue. Culture-Catherine.
Auj. Robert , chef des brigands , prèc. des deux
Chasseurs et la Laitière.
.;L'aboppeJBcnt f^ fiitVParjf,, TOC (ie^ Ppilevins, n° jS, Leprix est de 25 francs pour trois mois, 5o franc» pour liï mois , et 100 francs pour l>iijiée çntieie. On iià
4'itbonnequ"'îfW commeii<e'tp,ep;t 4e cliaq.uç mpis. '•'■'• <■ ■ ' /
'illfaai adresser les Leiireset l'argent , franc de port , au ci t. Acasse, pr.opriéiaire de ce journal , rue des Poitevins, a» j8. Ilfaiitcomprevadj-* dans Jet envois 'ÏB^tttX iluf
pays où l'on ne peut aÏTOncHir. Les letlres des départemens non affranchies , neseioutpoint retirées de la poste. ' '' - !''"3 j
Il faut avoir soiuj poui plus de sûreté, de charger celles qui ceufermeni des valeurs , «adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuilje , ay lédaçtffif-), .r'vi$i4{4
Poitev
3, depui
uf heures dm
injusqu;
inq
heures du soi
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , tue des Poitevins , n" l3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 337.
Sepiidi , 7 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
TT:
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu a dacer du 7 Nivôse le MONITEUR esc le seul journal officiel. '''■ ' ,''»
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenï , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I EU R.
ALLEMAGNE.
Augsbourg , le S27 thermidor.
XjES autrichien'! ont fait sur la rive gauche du
Danube UQ camp vis-à-vis Raiisbonne ; il doit
contenir plusieurs milliers de soldats. Le clergé
de celte ville doit payer la moitié de la conici-
bulion de 25o,ooo francs à laquelle elle est im-
posée. L'électeur de Bavière a envoyé en outre
90,000 florins au chapitre de la cathédrale, et
5o,ooo à celui de Saint-Emeran pour le paiement
de la contribution de la Bavière. Il a nommé le
baron de Rechberg son envoyé à Berlin , et le
chevalier Bray à Londres.
Les français ont tiré de l'arsenal de Munich
11,192 fusils , 5r,ooo sabres, 114 affûts de canon ,
3îOO bombes , 1662 grenades , 126,000 boulets,
3i63 bayonnettes , 2666 pistolets , 2 petits ca-
nons d argent , des statues , des timbales de
même métal , etc ; les canons de métal avaient été
emmenés avant leur arrivée. On estime le tout à
Un million 6go,ooo florins , plus de 3 millions
de France.
Le savant Jean Busch , homme plein de raé-
riie et professeur à Hambourg , y est mort der-
nièrement âgé de 73 ans.
— A Schonbrunn, on a arrêté un jeune homme
qui voulait incendier le palais de l'empereur.
Stuttgard , le $27 thermidor.
Depuis quelques jours le feu s'est déclaré de
nouveau dans la Forèi-Noire. Plusieurs baillis ont
reçu l'ordre d'y envoyer au plus vite une quantité
de monde suffisante pour l'éteindre.
Le général Drouet est allé de la rive gauche
sur la rive droite du Necker , avec les troupes
qui occupaient le pays de Lu^wigsbourg et de
Marggroningue.
Augereau a son quartier-général à Francfort ,
Souham a le sien à OfFenbach , et Delaporte à
Bruchsal.
Le général Moreau avant son départ de Nym-
phenbourg pour la France , reçut un officier de
î'état-major autrichien , le chevalier Vacain , qui
lui remit des dépêches concernant Duroc. Les
généraux Zagg et Saint - Julien sont arrivés à
Vienne , le lendemain de l'arrivée de la reiiie de
Naples et de l'amiral Nelson dans cette même
ville , le ig.
Il paraît qu'à la paix de grands chailgemens se
feront dans l'empire , surtout par rapport à la
sécularisation : les cours de Vienne et de Berlin
t'entendent à ce sujet , mais Paul I"^ n'y a pas
encore donné les mains. Il est ennemi de toute
innovation. Il est tiès-atiaché au rétablissement
de la république de Venise , et conséquemment
il réfuse de reconnaître la nouvelle république
des îles ex-vénitiennes , quoiqu'elles soient sous
la protection de la Porte Ottomane.
Il paraît que le projet d'une neutralité armée
n'a encore été adopté que par la Suéde. La prusse
et leDannemarck ne s'y prêtent point.. L'empereur
Paul a dernièrement refusé audience à l'ambassa-
deur danois, à cause du refus de sa cour d'entrer
celte ligue , qu'il a conçue. ( Strasb. Weltbote. )
REPUBLIQ.UE HELVÉTIQUE.
Berne , le 2S thermidor.
AujOURn util , un corps de français venant du
Léman est arrivé ici. On apprend de Coire que
les républicains que les autrichiens avaient
emmenés à Ingolstadt. vont être transportés plus
loin , et peut-être en Hongrie.
Le! nouvelles autorités des cantons de Lugano
et de Bellinzonasont en activité. Ces deux cantons
«ont occupés par des troupes cisalpines. La
cherté des vivres et leur rareté y est toujours
très-grande.
La révolutfon du 19 est maintenant terminée,
et a atteint son premier but, sans que tous les
moyens que l'on a employés pour y parvenir
aient été publiquement approuvés. La plupart
des membres de l'ancienue législature , après
» être rassemblés à un repas d'adieu , et s'y être
jurés amitié et fraternité , sont parti» pour leurs
payi.
L'article de l'armistice concernant les grisons ,
qui dit : Le pays conservera d'ailleurs sa forme dé
gouvernement , occasionne quelques discussions,
et donne lieu à diverses interprétations. Cepen-
dant , le pays est gouverné d'après la consti-
tution. { Straburger Weltbote. ]
A N G L E T E R R E.
Londres , le g août. ( 2 1 thermidor. )
Extrait de quelques journaux anglais. — l'Oracle
( le 10 août 1800.)
Les papiers de Paris jusqu'au 6 , n'oflFrent
aucune lumière qui puisse dissiper d'une manière
salisfesante les nuages qui couvrent toujours les
négociations du continent. On ne saurait douter
que la lenteur des négociations ne provienne de
l'intervention secrète de la Prusse. La cour de Berlin
a trop d'intérêt dans cette affaire . pour permettre
que la paix se termine sans son influence , et cette
influence doit avoir beaucoup de poids , non
seulement à cause des forces militaires de la
f russe , mais plus encore à cause de la fédéra-
tion maritime du nord , dont le roi de Prusse
est l'un des principaux membres. Il est en effet
le chef de la neutralité armée du Nord de
l'Allemagne. Dans le traité qui doit se con-
clurre , l'objet dont il s'agit ne se bornera pas
uniquement à régler les intérêts respectifs de
l'Autriche et de la France ; Il importera aussi de
concilier ceux de tous les prince du corps germa-
nique. dont quelques-uns ont été priiés de leur
territoire , et dont d'autres ont essuyé des pertes
considérables par l'invasion l'ennemi.
Lorsqii'à ces considérations l'on ajoute celles
de tant d'intérêts divers à concilier , les vastes
compensations à faire et la fixation delà balance
de l'Europe , l'ou ne saurait douter qu'il n'existe
point de puissance continentale qui ne soit pro-
fondément intéressée à ce trai)é , et ne doive né-
cessairement y prendre part. Nous ne devrons
donc point être étonnés de voir que les négocia-
tions n'aillent point avec cette rapidité que quel-
ques politiques supeificiels attendaient d'abord.
Tout nous porte à croire , il est vrai , que l'Au-
triche et la JFrance en viendront bientôt à quelque
arrangementrelatif à leurs intérêts mutuels; mais
il est à présumer que cet arrangement particulier
sera suivi d'un congrès chargé de régler ceux
des autres puissances , et d'établir un sysiême
de balance politique du continent , sous l'in-
fluence de la Russie et de la Frusse. (i)
Il ne se passe pas de. jour sans qu'on fasse
courir, parmi la haute classe des émigrés . des
contes ridicules sur de prétendus changemeUs
arrivés dans le gouvernement de France. Tantôt
ils sont venus par des lettres reçues -, tantôt par
des personnes récemment arrivées de France , qui ,
à lenvi les unes deç autres , donnent daiisles fic-
tions les plus extravagantes.
Toutes ces fables ont leur source dans l'es-
prit de parti qui domine aujourd'hui chez les
émigrés de haut-parage , dont quelques-uns dési-
rent leur retour en France , tandis que les au-
tres s'y opposent violemment. De là les pam-
phlets polémiques mis en circulation pour et
coniTt \a. promesse de fidélité e%\géc de la part de
ceux qui sont admis à lentrer. De là les décrets
nouvellement fabriqués dans la société d'émigrés ;
et les changemens qu'ils ne se font aucun scru-
pule d'opérer aux articles officiels , insérés dans
les journaux qui sont sous l'influence d'un paru ,
etc. etc. etc.
L'Observateur , ("/< 10 août 1800. J
Les nouvelles d'Egypte, du dernier courier^
rapportent que la reprise des hostilités fut plus
funeste qu'on ne l'avait d'abord annoncé; dans
le combat avec Klebet , les turcs , au lieu de dix
mille hommes , en perdirent -20^000 par l'épée
et par les fatigues , la faim et la soif daiis le
désert; c'est à ces désastres que la multitude
attribue la peste qui a ravagé et ravage encore les
restes de l'armée ottomane.
Dans le nombre des personnes tombées au pou-
voir du général français à la bataille du Caire ,
( i) Le Sun du 8 août , après des réflexions
analogues à celles-ci , 'ajoute : Augsbourg et
Anspach sont désignés pour être le lieu du con-
grès. Mais il n'y a de certain en ccl.a que les sou-
haits des négocians et des aubergistes de ces deux
villes.
était M. Morea,- secrétaire d'ambassade anglaise à
Constanlinople , qui fut traité par Kleber et les
autres généraux de la manière la plus distinguée,
et avec toute l'humanité imaginable. On lui a.'
permis de rejoindre le grand-visir avec qui ile
était quand on nous a écrit ces nouvelles. Quoi-1
qu'au milieu de l'armée , nous craignons qu'il ne-
soit dans le plus grand danger. Plusieurs per-
sonnes de la suite du grand-visir ont été atteintes»
et victimes de la peste.
On parle avec assurance du renouvellement'
des bonnes disposiiions des égyptiens envers les
français , et de la résolution de Kleber de ne pas
abandonner la conquête de Bonaparte. On cite
une autre cireonsiance très-importante pour ce
pays-ci , c'est que sept voiles de lignes françaises
et espagnoles et cing frégates se sont échappées,
de Brest , ont passé le détroit, de Gibraltar le 5.
juillet, avec le dessein de longer la côte d'Afri.-.
que, pour secourir et renforcer l'armée d'Âlexan-;
drie.
Londres , /e 12 août 1800. ■
Conséquences qui résulteraient pour notre commefce
d'une rupture avec la Russie.
La coalition du Nord , qui chaque jour ;Se
développe davantage , commence à partager l'at-
tention publique avec Timportante qjjestion de
la paix ou de la guerre , sur laquelle elle devra
nécessairement avoir une très-grande influence.
L'empereur Paul , notre ci-devant magnanime
allié , se placera naturellement à la tête de cette'
confédération. Quel que soit le motif qui dirige
ses intentions hostiles contre nous , elles ne pour-
raient être que rrès-préjudiciables non seulement
à notre commerce , mais même à notre sûreté.
Sans doute , la guerre exposerait aussi la Russie,
à de grands sacrifices commerciaux ; car ses rela-
tions mercantiles avec nous sont très-variées et
très-étendues. Il est même des personnes qui esti-
ment que les avantages qui en résultent pour
elle . contrebalancent presque ceux qui en pro-
viennent pour nous. Un peu d'attention sur la
nature de notre cominerce d'importation et d'ex-
portation avec ce pays , suffira pour démontrer
de quel côté penche la balance.
Nous importons en Russie le produit du sol et
des manufactures des trois royaumes , ainsi que
celui de nos colonies et de notre commerce
dans l'Inde, auxquels il faut ajouter la plupart
des denrées du crû de l'Europe , et spécialement
celles de France en tems de paix , sur quoi nou^
retirons le bénéfice du fret et les avantages d'ua
commerce d'économie.
Les objets que la Russie nous fournit en
échange consistent principalement dans des mu-
nitions navales , telles que des bois de construc-
tion , des mais , du fer ouvré, du chanvre, du
goudron , etc. , etc. Nous entretenons même dans
quelques parties de te pays des manufactures 011
nous faisons donner .aux matières, brutes une
première main-d'œuvre qui nous revient à deux
tiers meilleiir niaiché qu'ici. Nous ayons des
maisons de commerce et des factoreries à Mos-
cow, Wologda , Tula, Joroslaw, Casan, e( même
à Astracan , d'où nous étendons notre commerce
jusque sur la mer Caspienne. Nous employonf
dans l'intérieur de la Russie des commis et de»
facteurs anglais pour surveiller les manufactures
de toiles à voiles , de cordages et de toute espèce
de feriures , à l'usage de nos chantiers , de nos
arsenaux , etc. etc.
Les avantages que l'Angleterre retire du comt-
merce de ces différens articles, ne peuvent se
calculer. Le premier de tous pour elle est d'avoir
en sa disposition une source itiépuisable de ma-
tériaux pour la formation , la réproduction et
l'augmentation de ses marines militaire et mar-
chande. C est ce commerce avec la Russie qui
lui donne la vie; c'est .ce commerce encore qui
la lui conserve. Il faut observer, en outre, que
ce grand et avantageux commerce est actif de la
part de la Grande-Bretagne, et purement passif
de la part de- la. Russie; ce qui assure à la
première tout le bénéfice de la commission dil
fret , du change , et même d'urte partie de la
main-d'œuvre, comme nous l'avons déjà fait
remarquer.
On peut objecter, il est vrai , que , malgré ce
désavantage pour la Russie d'un commerce passif,
elle relire de nous , tous les ans , en tems de paix ,
en d«nii-niillion sterling, presque tout en espèces;
mais celte balance en sa faveur est plus aiiparente
que réelle.
En effet, outre les matériaux que nous lirons
de la Russie , et qui nous servent, non-seulement
à construire, mais encore à équiper , armer , ré-
parer et entretenir notre masse de navigation ,
nous recueillons dans le bénéfice du fret, etc. etc.
plus du double de ce que nous pay.ons en
espèces ou en marchandises pour former cette
prétendue balance , et le coûi d'e ce fret , etc. etc.
est acquitté , non-seulemï»it par la Russie , mais
encore par l'Espagne, le Portugal, l'Italie , la
France ( en tems de paix) , f Allemagne , et en un
niot par tout le nord , avec lequel nous fesons
un commerce très-actif, et qui est tout bénéfice
pour nous. L'Angleterre est donc plus intéressée
que la Russie à l'existence et à la^ continuité de
•ce commerce. En général , il paraît que nous ab-
sorbons les trois quarts du commerce de cet ern-
pire. Combien dès-lors notre conduite ne doit-
elle pas être mesurée pour éviter une rupture qui
afFccierait, non -seulement nos bénéfices, mais
encore nos capitaux !
( Extrait du Morning-ChTOnuk\ du il thermidor
«u g août. )
INTÉRIEUR.
Strasbourg, le z fructidor.
. Le général Moreau est arrivé ici il y a 4 jours.
Deux lieures après y arriva aussi le citoyen Duroc;-
Sl laissa une lettre pour le général Moreau. Kray
était à visiter les positions de son armée , lorsque
Duroc arriva au quartier-général de Allotlingen.
Le comte de Lerbach s'excusa sur ce qu'on
n'avait pas eu le tems d'envoyer aux généraux
les instructions nécessaires. On ignore la rçponse
que Tapporte Duroc.
La présence du général Moreau , dans cette
ville , fait le plus grand plaisir. Ce digne guer-
rier a fait une campagne qnl lui fait autant d'hon-
neur du côté du génie militaire et de la
bravoure , que du désintéressement et de
l'équité. Tous les cœurs des habitans sont pour
lui , et le sentiment de là considération et de la
reconnaissance est dans l'ame de tout le
monde. Moreau à mangé avant-hier chez le gé-
néral Sainie-Susanne. On ignore de combien
sera son séjour ici. Il a parfaitement bien reçu
les officiers de la garde nationale qui ont été lui
faire visite. Ceux-ci lui ont demandé qu'il envoyât
une demi - brigade pour soulager les citoyens du
service pénible de la Ville 11 a promis que sitôt
que les circonstances le permetraien,il se rendrait
à leurs désirs.
Le général Lecourbe qui a pris une par* si
active aux exploits de cette campagne , est ar-
rivé à Colmar. Nous l'attendons dans notre ville
d'où il doit partir pour Pariîi Strasburger Weltbote.
Paris , le 6 fructidor.
On écrit de Dijon que le feu a pris à un ma-
casin de fourrages à Cessey , l'un des yj^ages qui
bordent le camp. Cinq maisons ont été la proie
des flammes; trois militaires, un vieillard et un
enfant ont péri. L'un des- trois soldats a étsé la
victime de son zèle : c'est en venaiit au secours
du viellard et des enfans qu'il a péri.
— On apprend également de divers autres
points de la république , que des parties assez
considérables de bois sont devenues la proie des
flammes.
: — Le 8 fructidor, le capitaine rapporteur ,Riou ,
présentera au deuxième conseil de guerre de la
17' division , l'importante affaire de Gohier ,
le Gard, Pupier et Fossard , amnistiés et accusés
d'embauchage. Le citoyen Dufriche- Fontaines
portera la parole pour les quatre accusés.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du aS thermidor an 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête :
Le général Brune est nommé général en chef
de l'armée d'Italie.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent ariêté.
Le premier consul , signé, Bonapakte.
Par le premier consul ,
L( secrétaire-d'état , signé , H, B.Maret.
Arrêté du 6 fructidor.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête :
Le général Macdonal est nommé général en
chef de l'armée de réserve.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté.
Le premier tonsul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Lt stcrétaire-d'état , signe , H. B. Maket.
i358
EKtrait des registres des dâibérations des consuls de
la répiMigîie. — P-,iris , le 5 fructidor, an 8 de la
république fravçiiis-e , une et ilidivisible.
Les consuls de" la république , sur le rapport
du ministre de la justice, considérant la néces-
sité de concilier, «avfec l'organisation actuelle des
tribunaux , le vœu de la loi qui accorde des
vacances aux juges , le conseil-d'éiat entendu ,
arrêtent ce qui suit :
Art. 1='. Dans l'intervalle du i5 fructidor au i5
brumaire , il sera donné , par chaque section des
tribunaux , soit d'arrondissement , soit d'appel ,
une audience au moins par décade , pour le ser-
vice des vacations.
II. Les sections auxquelles les matières de po-
lice correctionnelle sont exclusivement dévolues
dans quelques tribunaux d'arrondissement , tels
que celui de Paris, n'ont point de va<;ance.
III. Le tribunal de cassation, les tribunaux cri-
minels , les tribunaux de coriimcrce n'ont point
de vacance , noir plus que les directeurs de jury
qui sont en exercice depuis le l5 fructidor jus-
qu'au i5 brumaire.
IV. Le niinisiré de la justice est chargé de
l'exécution d'à piéseni arrêté , qui sera imprimé
au Bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LINTÉRIEUR.
Paris , le & fructidor an 8.
La distribution des prix pour le Prytannée ,
aura lieu le l3 ; pour l'école des ponis et chaus-
sées , le i5,àmidi; Le ministre de l'intériettr y
assistera.
L'article suivant a déjà paru dans ce journal, le
10 nivôse dernier. Quelques personnes paraissant
incertaines si , à cette époque , le Moniteur était
officiel , il a paru convenable de le publier de
nouveau.
)i On a dû remarquer dans un des arrêtés des
consuls , du 7 nivôse an 8 , que les ministres des
cultes , assujettis par les lois antérieures à un ser-
ment ou déclaration quelconque , y satisferont
par la déclaration suivanie'.Je promets fidélité à la
constitution. Cette formule est à elle seule une
garantie part..ile de la liberté des opinions reli-
gieuses ; car elle respecte toutes les délicatesses ,
et jusqu'aux scrupules de la piété la plus crain-
tive. Ce n'est point un serment , une promesse
faite à Dieu ; c'est un engagement purement civil.
Celle de toutes les religions qui défendrait avec
le plus de sévérité la fréquence des sermetis , ne
peut donc appoi-ter ici aucun obstacle : on ne
promet pas, comme par le passé, de maintenir la
constitution : il y avait dans le mol maintenir , ou
du moins il paraissait y. avoir une promesse d'ac-
tion directe et positive pour soutenir , pour dé-
fendre un code qu'après tout on ne pouvait être
tenu d'approuver : or , on conçoit qu'un tel enga-
gement pouvait jetter une sorte d'inquiétude dans
quelques âmes qu'il était bien cruel de tourmen-
ter pour une formule : aujourd'hui on promet
uniquement d être fidèle , c est-à-dire , de se sou-
mettre , de ne point s'opposer : or , une pareille
déclaration est d abord très-suffisante , et de plus
elle offre l'inappréciable avantage de ne pouvoir
rencontrer de résistance. Q.uelle est la religion ,
en effet , qui ne recommande la soumission aux
lois du pays où l'on est? et quel est l'homme ,
quel est le prêtre qui , par le fait même de son
habitation dans un lieu , ne se croie pas tenu de
respecter ces engagemens. ? Il ne peut en exister
aucun qui s'y refuse. >'
ils tiendront compte des différences qu'apportent
à cet égard la nature du climat , celle du sol et
celle des aliiuens que les cultivateurs peuvent
leur donner.
Us décriront les soins qu'exigent l'éduêation et
l'engrais de ces animaux. Ils feront de nouvelles
expériences sur l'influence des aliinens cnids ou
cuits , froids ou chauds , tirés du règne végé'al ou
du règne animal , et sur celles de la propreté , de
l'uir et de la température.
Ils recueilleront des observations exactes sur
les habitudes de cet animal , sur les maladies
auxquelles il est sujet, et sur l'efficacité des
des différens moyens curatifs ; ils indiqueront la
préparation, l'emploi économique et le com-
merce des divers produits qu on en obtient;
ils feront connaître les cas dans lesquels on
trouve du bénéfice à élever des porcs , ceux oà
il est préférable de se borner à les engraisser;
enfin, les profits accessoires que donnent ces
animaux dans plusieurs établissemens ■ indus-
triels , tels que les distilleries d'eau-de-vie , le»'
brasseries , les araidonneries , etc. Ils lâcheront
d'appuyer leur opinion sur des résultats effectifs ,
et des calculs certains.
Le prix sera de la valeur de 5oo francs ;
il sera décerné dans la séance du 3o prairial
an 10.
Les mémoires devront, être reçus avant le 3o
germinal de la même année.
Conditions générales à remplir par les aspirans aux
prix , sur quelque sujet qu'ils concourent.
On ne mettra pas son nom à son manuscrit ,
mais seulement une sentence ou devise. Oa
pourra, si Ion veut, y attacher un billet séparé
et cacheté , qui renfermera , outre la sentence ou
devise , le nom et l'adresse de l'aspirant. Ce bille»
ne sera ouvert par la société, que dans le cas où
la pièce aurait remporté 'e prix.
Les ouvrages destinés au concours peuvent
être envoyés à la société , sous le couvert dti
préfet du département; oti peut aussi les adresser,
francs de port , à Paris , au secrétaire de la société,
ou bien les faire remettre entre ses mains. Dans
ce dernier cas , le secrétaire en donnera un récé-
pissé,où seront marqués la sentence de l'ouvrage
et son numéro , selon l'ordre ou le tems dans le-
quel il aura été reçu.
C'est le trésorier de la société qui délivrera le
prix au porteur du récépissé de l'ouvrage cou-
ronné ; et dans le cas où il n'y aurait pas de récé-
pissé, le prix ne sera remis qu'à fauteur même ,
ou au porteur de sa procuration.
François ( de Neufchâteau ) , président.
SiLViLsrRE , secrétaire.'
Suite du Programme des prix proposés par la Société
d'Agriculture du département de la Seine , dans
sa séance publique du so messidor , an 8 de
ta république.
Second sujet de prix pour l'an 10. Sur l'éducation
et la multiplication des porcs.
Tous les ouvrages d'économie traitent de
l'éducation du porc ; pltisieur^ même peu
vent être regardés comme renfermant des traités
complets sur cette matière. On doit citer par
ticulieremeiit les travaux du citoyen Parmentier ,
ceux -d'Arthur Yûilhg, et plusieurs bons traités
en langue allemande.
Cependant il manque encore un manuel po-
pre à être mis entre les mains des habitans
de la campagne , et qui renferme sous un petit
volume tout ce qu'il leur importe de savoir
sur cet article. C est ce travail que la société
demande.
Les concurrens commenceront par établir les
caractères disiinctifs des races, et déterminer celles
qui méritent la préférence , suivant le rapport de
leur tempérament plus ou moins robuste, et de la
facilité avec laquelle on parvient à les engraisser ;
Notice sur la distribution de Médailles d'encou-
ragement , faite par la société d'agriculture du
département de la Seine , dans la séance publique
du 20 messidor, an 8 de la république.
Avant de distribuer les médailles d'encoura-
gement , la société croit devoir renouveler la
déclaration qu'elle a faite l'année dernière : elle a
déterminé son choix sur les titres qui lui ont paru
les mieux établis , entre ceux qu elle a été à portée
de connaître ; sans prétendre que parmi les cul-
tivateurs dont elle ne connaît pas les travaux, il
n'y en ait pas dont les droits soient aussi bien
fondés.
Elle déclare aussi qu'aucun des citoyens qui
vont être désignés , n'ont été instruits du choix
de la société , et que ceux même qui peuvent
se trouver présens à la séance , n'y ont été
appelés que comme un grand nombre d'autres
cultivateurs. ;
Mais elle a de plus que l'année dernière , l'as-
surance qui lui a été donnée par plusieurs de ses
correspondans , que les médailles distribuées par
elle , avaient été une utile ériiulation dans les can-
tons habités par ceux qui les avaient reçues. C'est
un résultat satisfesant pour elle, et une preuve
flatteuse du prix attaché à sonjugeraent, prononcé
sous les yeux du public éclairé.
Elle se borne cette année à la distribution de
cinq médailles , et pense que le petit nombre
de ces récompenses peut encore ajouter à leur
mérite. ^
Le citoyen Bremontier, ingénieur en chef des
ponts et chaussées , est un des hommes utiles à
l'agriculture qui ont fixé les regards de la société,
tant pour l'importance que pour I heureuse exécu-
tion d'une partie des travaux qu'il a entrepris.
Les dunes, ces montagnes de sable qui se trou-
vent entre fiayonne et la pointe de Grave , à l'em-
bouchure de la Gironde, rejettées par la mer ,
s'avancent continuellement dans I intérieur , et sur-
montent tout ce qui se trouve à leur rencontre :
forêts , champs cultivés , édifices , rien ne résiste à
ce fléau ; souvent elles obstruent le cours des ri-
vières, causent des inondations, et forment des
marais pestilenriels. Elles couvrent en ce moment
une étendue de 3oo milles carrés; déjà elles ont
englouti plusieurs villages, en menacent immédia-
tement plusieurs autres , et par suite la ville de
fordeanx même, finirait p?r en être couverte. L'im-
portance de la fixation de ces dunes a frappé le
citoyen Bremontier , et il a cherché les moyens de
résoudre cet iniércssant problême.
Après avoir éluiiié long-tems leur histoire phy-
sique et naturelle, it a entrepris divers essais. Il a
reconnu que plusieurs arbres , et notamment les
pins maritimes , végètent avec force au milieu de
ces sables ; pour assurer le succès de ses semis ,
il a établi sur le bord de la mer dts cotdons de
fascines qui s'élevaient à un mètre de hauteur,
et empêchaient le sable de couvrir les jeunes
plantes; il a aussi placé sur ses semis des bran-
ches d'arbres verts , fixées solidement avec des
piquets . afin d'empêcher le vent d'enlever les
semences, et pour donner à ses plants le tems
de prendre de la consistance. Depuis , perfec-
tionnant encore son travail , il a adopté un
moyen plus économique , qui consiste à mêler
de la graine de genêt à celle de pin. La végéta-
tion rapide de cet aibrisseau offre en peu de
tcms un abri solide aux arbres verts qui sont
cultivés.
Plusieurs autres plantes qu'il a indiquées , se
propagent aussi fa'cilenjent dans cesterreins mou-
vans, qu'elles servent à fixer. Semées au milieu
des arbres résineux, files empêchent le progrès
des incendies dont la plantation pourrait devenir
la proie. Ces travaux deviennent d'ailleurs d'un
très-grand avantage pour la marine , en ce qu'ils
conservent aux monticules des formes constantes ,
qui dirigent lé pilote et lui font éviter les écueils
nombreux dans ces parages.
C'est un nouveau motif pour le gouvernement
et pour les liabiians du département de la Gi-
ronde , de concourir à terminer cette utile entre-
prise, dont le succès semble maintenant assuré.
Car ce n'est point un objet de pure spéculation
sur lequel la sociéiéappelle aujourd'hui les regards
du public. Le citoyen Bremontier a exécuté ce
qu'il avait pensé, autant que les circonstances le
lui ont permis ; il a fixé solidement une étendue
d'environ cinq kilomètres de longueur , sur une
largeur plus ou moins considérable ; il y a cul-
tivé un grand nombre de plantes différentes ,
notamment le froment , le seigle , la vigne , et
diverses espèces de plantes potagères et a'arbres
unies ; enfin il a constaté ,~par un calcul exact ,
que la fixation générale de toutes les dunes qui
couvrent cette partie de la république , ne coûte-
rait pas plus de quatre millions, et rapporterait
en intérêts une somme égale , au bout de 25
années. Limporiance de l'objet des travaux du
cit. Bremontier , concourt donc avec sa manière
heureuse et approfondie de voir cette entreprise
en grand , et d en commencer l'exécution , à lui
mériter la médaille que la société lui décerne au-
jourd'hui.
• On ne saurait trop appeler l'attention des fran-
çats sur les avantages qui doiveiit résulter du peii-
fectionnement des laines par le croisement des
races indigènes avec celles d'Espagne ; c'est
parce que celte vérité a été présenté depuis
vingt années sous toutes les formes ; c'est parce
que le gouvernement a consenti à faire des sa-
crifices à Rambouillet , pour donner un utile
exemple , que la race espagnole commence sensi-
blement à se répandre dans les divers cantons
de la république. La sociéié cite avec plaisir , en
ce moment , une conquête faite dans ce genre
par le citoyen Macmahon , habitant de Caumont
dans le département du Gers. Cet agriculteur a
conçu le piojét de naturaliser les bêtes à laine
superfine dans ce département. Il a fait venir
d'Espagne, à ses frais, deux cent douze brebis
et six béliers de cette espèce; il s'est procuré un
berger , élevé de l'école de Rambouillet , et des
chiens particuliers d'une rare intelligence. Cet
établissement a prospéré dans l'espacç d une an-
née ; le citoyen Macmahon n'a perdu que cinq
ou six de ces animaux , et déjà plus de cent
agneaux à laine superfine assurent le succès de
son entreprise. Il vend 4 francs les cinq hecto-
grammes ( la livre) de ses laines lavées , tan-
dis que celles des brebis du pays se vendent 2 tr,
au plus.
On peut ajouter à celte considération , que les
habitans du département du Gers acheieut des
étoffes de laine pour une somme plus que dou-
ble de celle qu'ils retirent de la vente de leur
laine et de leurs troupeaux; ce qui enlevé cha-
que année le numéraire du pays, et accroît sa
pauvreté. Si au contraire la race d Espagne y était
par-tout introduite , les exportations de ce genre
pourraient facilement excéder de beaucoup les
importations actuelles. Sous ce rapport , le ci-
toyen Macmahon peut être considéré comme un
bienfaiteur pour le pays qu'il habite , si l'on
ajoute sur-tout qu'il offre d instruire gratuitement
les bergers qui lui seront envoyés , et qu'il cher-
che avec grand soin à multiplier la race précieuse
des chiens qu'il a fait venir. La société croit
remplir un devoir en offrant le citoyen Mac-
mahon à la reconnaissance nationale , et en lui
décernant publiquement une médaille.
Une partie trop consi'lérable du sol de la répu-
blique est encore couverte de marais pestilentiels,
l359
qui enlèvent des ressources à l'agriculture et des
hommes précieux à l'humaniié , lors<jU ils osent
s'établir dans leur voisinage. Le département de
l'Aiij ( ci-devant Bresse ) , est plus que tout autre
pof ion de la France , affligée de ce fléau. La tran-
quillité intérieure et extérieure de la jépublique
permettra , sans doute , bientôt de mettre à exé-
cution un système général sur l'assèchement com-
plet de ces marais ; système qui assure à la vérité
de grands avantages , mais qui exige la mise pre-
mière d'énormes capitaux; cependant, jusqu'à
ce que le gouvernement puisse s'occuper lui-
même de cette belle entreprise , on doit témoi-
gner plus particulièrement de la reconnaissance
aux citoyens éclairés , qui ont provoqué ou entre-"
I pris des dessécheraens partiels.
Le citoyen Carbon de Fontaines a mérité à ce
titre la reconnaissance de la société : ce cultiva-
teur recomraadable d'ailleurs par sa probité , sa
bonne conduite , son intelligence en agriculture ,
et son activité pour l'amélioraiion de ses fonds,
a provoqué le dessèchement dumaraisdesEchcts,
dans un tems où l'on était bien loin de pouvoir
s'occuper d'aucune aiïiélioration.
Ce marais , qui fait partie du département de
l'Ain , était anciennement un grand lac ,' situé sur
une langue de terre très-élevée , au-dessus du
Rhône et de la Saône ; il ne pouvait être rais à
sec et converti en prairies , que par des coupures
qui auraient conduit ces eaux dans les deux ri-
vières. Les ducs de Savoie , anciens maîlres de.
ce pays , avaient entrepris ce desséchem.ent avec
succès , et il reste encore des traces de leurs
travaux , et de magnifiques haras qu'ils avaient
déjà établis sur ce teirein ; mais le dessèchement
n'ayant pas été achevé , une grande portion du
lac est resiée en ra.irais ; depuis , le ministre d'Ar-
genson accueillit une compagnie qui se soumettait
à opérer ce dessèchement .sous certaines condi-
tions. Mais les communes voisines prétendirent
avoir des droits de pâturage sur ce marais ; le
tems s'écoula , le ministre fut disgracié , et le bien
général sacrifié à un intéiêt particulier mal en-
tendu.
L'art de concilier ces diverses piélenlions et
d'animer d'un même esprit uçt. si grand nombre
de propriétaires , était peut-être lobjet le plus
difficile de celte entreprise. Le citoyen Carbon
de Foniaines pénétré de sort litilité , animé d'un
zèle infatigable et investi de la confiance de ses
concitoyens , qu'il devait à ses lumières et à une
conduite sans reproche, est parvenu à disposer
tellement les esprits , que les voeux pour le des-
sèchement devinrent unanimes.
Il fit plus , il n'épargna ni ses soins , ni ses
démarches , ni même ses dépenses pour obtenir
des autorités supérieures les permissions néces-
saires pour commencer l'entreprise. Secondé par
le citoyen Lolive , domicilié dans le même can-
ton , il fit lever les plans , détruisit les pbstacles,
surveilla les travaux : on lui devra enfin le succès
de celle utile opération qui, mdintenant en grande
activité , n'aura pas élé onéreuse au gouverne-
ment, et va rendre à la culture une vaste étendue
de terres fertiles , situées dans la plus heureuse
' position , puisqu'elle n'est qu'à un myriaraetre de
I Lyon , à deux kilomètres de la Saône , et à peu-
près autant du Rhône.
La sociéié a cru devoir offrir un témoignage
de son estime à ce citoyen , qui remplit avec un
égal succès les fonctions de bon laboureur et de
magistrat éclairé , et qui unii à des connaissances
positives en économie publique , un zèle et une
philantropie dignes des plus grands éloges : elle
a arrêté qu'il lui serait décerné une médaille dans
cette séance.
La société a cru devoir aiissi distinguer le
citoyen Leberriays , dont les travaux ont été
éminemment utiles à la culture des arbres
fruitiers.
Ce vieillard respectable a beaucoup contribué
à la rédaction du traité des arbres fruitiers , pu-
blié en 1768, par Duhamel , -qui dans cet ou- j
vrage reconnaît devoir sa publication au zèle
éclairé du citoyen Leberriays. Depuis il a rédigé 1
lui-même le traité des jardins , iniiiulé : Nouveau
la Quintinie^ et de suite un abrégé de Ce tra-
vail pour les jardiniers et les cultivateurs pe,u
fortunés.
Depuis quelques années , iltraVaille àunenpu-.
velle édition du traité des arbxeç. fruitiers , corri-
gée et augmentée d'un grand noipbre de bonnes
espèces. Il en réduit lui-même les dessins sous
format in-S" , afin de mettre le prix de cet ou-
vrage classique à la portée de tout le monde.
Ses travaux pratiques lui ont lait aussi découvrir
et propager plusieurs fruits nouveaux.
Sa vie laborieuse n'a pas été employée à cette
seule occupation , il en a consacré une partie à
l'instruction de ceux qni l'environnaien*. , et à dis-
tribuer des secours aux indigens, avant que les
circonstances lui eussent enlevé sa fortune. Par-
venu à 1 âge de 78 ans, il conserve .pour tout
bien la conscience d'une vie utileprtent occupée.
La médaille donnée parla société va devenir pour
lui un témoignage de l'estime pubWque , que isa
travaux et ses venus lui ont méiitce.
S'il est du devoir de la société d'.igriculture ,
d'honorer les hommes qui font l'emploi le plus
utile des végétaux indigènes ou acclimatés sur
notre sol , elle ne doit pas moins d'encourage-
ment à ceux qui traversent les mers pour enrichit
la république des productions étrangères qui
peuvent augmenter ses ressources agricoles.
Il est à regretter que les noms des voyageurs qui
ont apporté en France les productions exotiques ,
céréales , arbres fruitiers , légumes , arbres et
I arbustes d'ornement , qui embellissent nos jardins
et fournissent des substances utiles aux arts,
soient pour la plupart ignorés ; en désittnant à
la reconnaissance nationale, ceux qui dorénavant
rempliront cette utile mission, la société sauvera
de l'oubli des noms sacrés qui méri.ent d'en être .
garantis.
A ce titre , elle décernera une médaille au cit.
Riedbé , premier ga'çon jardinier de l'école boia-
nique du Muséum national dhistoire naturelle,
pour avoir , dans le voyage qu il a fait avec le
capitaine Baudin, choisi et recueilli dans les
îles de Ténérife , de Saint-Thomas , de la Trinité,
de Sdinte-Croix et de Porto-Rico , avoir culiivé
pendant une traversée longue et périlleuse , et
apporié en France dans le meilleur état, des
productions dont voici le sommaire.
1°. Neuf cent treize espèces de semences ,
fruits ou capsules propres à être semés , et dans
une assez grande abondance de chaque espèce ,
pour les partager entre cinquante jardins d'écoles
centrales de la république.
2°. Deux cent trente et un échantillons de bois
d'espèces différentes, de deux tiers de mètre de
long, sur un diamètre, depuis deux centimètres,
jusqu'à six décimètres. Il se trouve dans^cel assor-
timent, des bois de teinture, de marquetterie ,
médicinaux et de construction.
; 3°. Environ douze cents exemplaires d'espetfes
différentes de plantes sèches prèpaiées, avec leur
fructification, et formant plus de 3,000 échantil-
lons. Ils portent les mêmes numéros que les se-
mences, les bois et les végétaux en nature, au
moyen de quoi , il a élé facile de rapporter ce»
différentes substances à leur véritable nomencla-
ture botanique, précaution trop négligée par les
voyageurs , et qui diminue la valeur de leurs
récoltes.
4". Enfin, sept cent quatre-vingt-quatorze indi-
vidus vivans, d'arbres , d'arbustes et de plantes ,
3o7 espèces différentes , appartenant à cent
quarante-un genres , dont soixante - sept man-
' quaient à la collection nationale , et parmi les-
quelles, dix paraissent inconnues aux botanistes.'
Dans le nombre des végétaux qui composent
celte collection , tant en graines qu'en plantes vi-
vantes , il se trouve des fourrages, des racines
alimentaires , des arbres fruitiers et des végétaux ,
qui fonrnlsseTit des produits utiles aux arts. Il
n'est pas douteux que plusieurs ne puissent s'ac-
climater dans les parties de la France , oti l'on cul-
tive avec succès , en pleine terre , les orangers ,
les citronniers et les palmiers dattiers. Nous pou-
vons pronostiquer qu'on naturalisera dans ces
pays plusieurs espèces d'anones , de corossols ,
d'avocatiers et de caimitiers , qui font partie da
cet envoi , et qui sont déjà naturalisés dans le-
royaume de Valence. Il ne s'agit que de le vou-
loir, et d'employer les moyens convenables pour
remplir ce but important.
La société , en accordant une médaille au ci«
toyen Riedbé , a moins en vue encore de récom-
penser en lui le mérite d'avoir réuni cette pré-
cieuse collection , que telui bien plus rare ,
d'avoir choisi avec intelligence les individus vi»
vans les plus propres à supporter les fatigues de
la trversee , et sur-tout d'avoir employé une cul-
ture assidue et savante pour les conserver en santé
sur un élément si peu convenable à leur nature.
Ce mérite deviendra encore mieux apprécié , si
l'on observe que sur vingt envois de cette naiùre
expédiés des colonies au muséum d'histoire na-
turelle, a peine en arrive-t-il quelques-uns dans
lesquels il se rencontre un petit nombre de vé-
gétaux vivana.
D'après les mêmes considérations , la société
croit devoir faire la mention la plus honorable
du capitaine Baudin , qui a imaginé et exécuté
une entreprise difficile, qui avait pour but d'en-
richir le Muséum des productions naturelles des
Antilles , qui manque à ses collections et à son
école. '
Cet estimable marin a su applanir des difficul-
tés de toute espèce, qui s'opposaient à l'exécu-
tion de son projet. Il a trompé la malveillance
des ennemis de la république , qui voulaient
anéantir le fruit de son voyage., et il a échappé
par ses lalens à plusieurs tempêtes qui mena-
çaient d'engloutir son vaisseau entr'ouvett,,
Ami zélé des sciences , il a fourni aux natura-
listes qu'il avait emmenés, tous les moyens qui
pouvaient assurer le fruit de leurs rcehercbtis ; U
Ses accompagna souvent dans leurs courses , et
icfs jiJa dans leurs Iravaus.. 11 a enrichi le JVjiU-
stum d'une nombreuse el superbe colleciion
viimsecies. Eniin le journal de son voyage , quil a
rédigé en deux volcmes in-Jolio , rcriferme des
obscîvaiioas intéreisanics sur la géographie ,
l'astronomie , la navigation et 1 histoire naturelle ;
il est accompagné de cartes , de vues des îles
qu'il a parcourues , et d'un grand nombre de
hgures d'objets de la nature , qu'il a dessinées et
coloriées avec autant d<; soin que d'agrément.
Tant de travaux inléressans exigent , sans
doute , une récompense digne de leur impor-
tance; mais c'est au gouvei.nement à acquitter
cette dette. Il paraît qu'il s'en occupe , puisqu'il
vient de désigner le capitaine Baudin pour une
mission lointaine et périlleuse , qui le mettra à
même de partager la gloire des Cook et des Bou-
gainville.
La société croit aussi devoir faire dans celte
séance mention honorable de deux autres voya-
geurs qui ont accompagné le ciiOyen dEntre-
casieaux à la recherche de la Peyrouse.
L'un est le citoyen Labillardierc , naturaliste
distingué ; l'autre le cit. Dclahaye , jardinier en
chef du dépôt, national de Ttianon. Tous deux
se partagent l'honneur cl'avoir recueilli dans les
mers du sud l'arbre à pain cultivé.
Poivre avait introduit depuis lon-tems à l'île de
France l'arbre à pain sauvage ; mais ce végétal
est presque nul pour les usages économiques :
son fruit est rempli de noyaux dont pn ne peut
manoer les amandes qu'après qu'elles ont été
grillées. Le fiuit de l'arbre à pain cultivé, au
contraire , qui est presque de la grosseur de la
lêie , est re'mpli d'une pulpe qui n'a besoin qne
d'être cuite sous la cendre pour devenir un ali-
ment sain , très-nutritif, et d'un goût si agréable
que l'équipage le préférait au pain qui lui était
distribué , quoique cet aliment liit devenu très-
rare à' cette époque.
Les anglais ont entrepris à grands frais deux
expéditions dans les îles des Amis , pour se pro-
curer cette variété d'arbre à pain domestique , et
pour la transporter à lajama'ique, où elle pros-
père en ce moment.
• L'ancienne société d'agriculture de Paris avait
décerné, en 1789 , un prix au citoyen J. Martin,
pour avoir porté de l'Isle-de-France à Cayenne ,
l'arbre à pain sauvage , qu'on confondait à cette
époque avec le cultivé. Cet arbre a réussi dans la
colonie , et depuis il a été transporté dans les
Antilles , où il servira à recevoir les greffes de
l'arbre à pain cultivé , st à accélérer très-prompte-
œent par ce moyen , sa multiplication.
Non-seulement cet arbre précieux réussira dans
nos colonies , mais il est probable qu'il viendra
aussi en pleine terre dans nos départemens méri-
dionaux , où le mûrier à papier croît déjà faci-
lement. Les voyageurs ont presque toujours ren-
contré sut le sol qui produisait l'arbre à pain
comestible, le mûrier à papier, dont l'écorce
sert à faire les toiles et les vêtemens des naturels ,
et qui , introduit chez nous depuis io années ,
n'est gueres plus délicat que rios arbres indigènes.
On peut donc espérer qu'un jour l'arbre à pain
cultivé , fera partie des végétaux qui sont du do-
nsaine de notre économie rurale -, qu'il augmen-
tera nos ressources pour la nourriture des hom-
mes ; et les citoyens Labillatdiere etDelahaye,
qui auront procuré ce bienfait à la république
par leur courage er par leur industrie , méritent
bien sans doute que la société offre leurs noms
réunis à la reconnaissance nationale , et pro-
clame aujourd'hui qu'ils ont tous deux bien mérité
d« l'agriculture et de l'h*manité.
François ( de Neufchâteau ) , président.
SiLYESTRE, secrétaire.
Au Rédacteur.
Saint-Gcrmain-en-Laye . le 28 thermidor.
Citoyen , le bruit s'est répandu que la com-
mune de Saint-Germain-en-Laye , si renommée
pour la beauté de son site et la salubrité de lair
quon y respire , était inteclée d'une maladie épi-
démique , pestilentielle. Il est de mon devoir,
comme médecin des hôpitaux de cette commune ,
et des trois pensions les plus nombreuses , de
démentir un fait aussi notoirement controuvé
>36»
Saint-Germain-en-Laye -, et enfin celle de madame
Campan , égaletpent à Saint-Germain-en-Laye , il
n'y a pas d,.ns ce moment un seul malade. Dans
les mois de messidor et thermidor, un seul élevé
a été malade aux Loges, et a été guéri dans quel-
ques jours. Un des maîtres du citoyen Mertro a
eu une fièvre intermittente-tierce ; et chez madame
Campan , une fièvre tierce.
Pour ne laisser aucun doute , sur la prétendue
épidémie , j'ai prié les administrateurs de l'hos-
pice des malades , de faire un relevé sur leur
registre ,des malades reçus et sortis pendant mes-
sidor et thermidor, ainsi, que des morts ; ils ont
trouvé , que vingt-quatre malades avaient été reçus
à l'hospice en messidor, que dix-neuf en étaietit
sortis ; que trois étaient morts. En theimidor, il
en a été reçu vingt-six , treize sont sortis , il n'y
a eu qu'un seul mort.
L'administration municipale , à ma prière , a
également fait vérifier sur le registre des morts
et des naissances , ia quantité de personnes mortes
pendant ces deux mois. Elleauouvé qu'elle était
inférieure à la quantité que donne le même espace
de- tems dans les circonstances les plus ordi-
naires.
L'administration municipale , en légalisant ma
signature , a bien voulu certifier la vérité des
faits énoncés dans ma lettre.
Je vous prie, citoyen , de vouloir l'insérer dans
votre journal , le plutôt possible , ainsi que le
certificat du maire et des adjoints.
Salut et estime ,
DuBREUiL , officier de santé , médecin.
Pour légalisation , certifions la signature du
citoyen Dubreuil , ofEcier de santé , et la vérité
des faits exprimés dans sa déclaration ; par nous
maire et adjoints de la ville de Saint-Germain-
en-Laye, le 27 thermidor, an 8 de la république
française.
Degauville , maire ; Mary , 'Valmont ,
adjoints.
Au citoyen rédacteur du, Moniteur.
On lit , citoyen , dans la Réponse au mémoire sur
les causes de [infériorité .de la marine fraçaisc , in-
sérés dans votre n° 827 , que le général Martin ,
commandant une escadre dans ia Méditerranée ,
était parvenu, par ses bonnes manœuvres , à forcer
au combat une escadre anglaise inférieure en
nornbre ; mais qu'un ordre ou traître ou absurde
du représentant du peuple embarqué sur la flotte
avait empêché l'engagement, et qu'après la perte
d'une occasion si favorable pour les français,
l'armée anglaise ayant fait sa jonction , nous atta-
qua et nous enleva l'Alcide et le Ça ira. Cette
assertion m'a engagé à vous envoyer le récit de
la prise du Ça ira , tel qu'il m'a été fait par
M. Ellison , premier lieutenant de la Boston ,
lorsque j'étais prisonnier à bord de cette frégate
anglaise , et qui, lors du combat dont il s'agit,
montait le vaisseau la Princesse 'Royale , présent
à l'action.
it Nous apperçnroes de grand matin ( c'est
M. Ellison qui parle ) la flotte française à quelques
lieues de distance. On voyait éntr'elle et nous
un de ses vaisseaux démâtés des deux mâts de
hune , et remorqué par une frégate ; cette frégate
fut remplacée par un vaisseau de ligne ; le vais-
seau démâté était le Ça ira , et celui qui remorquait
était le Censeur. Notre amiral fit signal de leur
donner chasse; la flotte française restait immo-
bile , excepté cinq vaisseaux qui s'en détachèrent
pour soutenir les deux vaisseaux écartés ; mais
ces cinq vaisseaux ne se voyant pas soutenus , se
relirererent après avoir livré pendant quelque
tem#un combat assez vif. Le Ça ira et le Censeur
restèrent seuls exposés à toute l'action de la flotte
anglaise. Cet abandon , loin d'abattre le courage
des équipages ,■ parut leur donner les forces sur-
naturelles qu'inspire le désespoir, le Ça ira sur-
tout fit des prodiges qui surpassent la croyance
humaine : attaqué par six vaisseaux , il soutint
leur feu un tems très-long , et les foudroya avec
tant de fureur et de succès , que quatre furent
démâtés , trois desquels étaient en danger de périr;
on en sauva deux à force de travail et de soins ;
le troisième alla échouer sur les côtes d'Italie.
Qirant le Ça ira se rendit , une très-grande partie
de son équipage était tué ou blessé , presque
toute son artillerie démontée , et ses poudres
étaient mouillées par l'eau qui remplissait sa
Voilà, citoyen, en substance, la relation que
m'a fait l'officier anglais de l'afFaire mémorable
du Ça ira. Il ajouta à cette narration , que si
après ce combat la flotte française avait donné
toute entière , les anglais auraient été ernbarassés.
Quand on considère la retenue affectée que la
renommée a mis à publier une action aussi
éclatante , on est porté à croire que quelques
personnes furent intéressées à étoufiér sa voix.
J u M E E 1 N.
Avis à l'humanité.
Je soussigné , ci-devant greffier de la commune
d'Houdreville , canton de Vezelise , dépattemeiil
de la Meurthe , âgé de 67 ans , aveugle depuis
4 ans , certifie avoir recouvré la vue par l'opé-
ration de la cataracte , que le citoyen Pellier ,
fils , oculiste domicilié à Nancy , rue de 1 Espla-
nade , n°. 2'26 , m'a faite . sans avoir éprouvé la
moindre douleur. Il est d'autant plus intéressant
pour les personnesqui peuvent êire dans le même
cas , de faire connaître le mérite et les talens de
cet artiste , que je croyais être aveugle le restant
de mes jours ; et que j'avais eu la folle confiance
de me faire opérer le même œil par un prétendu
oculiste , nommé Duchelard , qui sortait de Nancy,
et qui a trompé tous ceux qui se sont malheureu-
sement confiés à lui. En publiant cette cure , je
paye au citoyen Pellier un bien faible tribut de
ma reconnaissance ; et j'engage ceux qui pour-
raient se trouver dansle mêmecas, à avoir recout»'
à son zèle et à ses talens. Genot.
Dans les trois pensions , savoir , celle du citoyen j sainte - barbe et'^ montait jusqu'à sa première
Iraberl , aux Loges; celle du citoyen Mertro , à 1 batterie, n '
Journal de Médecine.
Les citoyens Corvisart , J. J. Leroux et Boyer ,-
tous trois professeurs de 1 école de médecine de
Paris , etc. etc. se proposent de donner au public
la<ontinuation du Journal de Médecine, Chirurgie,
Pharmacie, rédigé successivement par MM. Vander-
mone , J. j. Leroux , les citoyens Bâcher el Du-
mangin , et enfin le cit. Bâcher. Ils continueront
le format in-i2 de l'ancien journal , et ils emploie-
ront les mêmes caractères.
Il paraîtra tous les mois, à commencer en ven-
démiaire an 9 , un cahier de 96 pages.
Le prix de l'abonnement est de 12 francs pour
Paris , et de i5 francs pour les départemens ,
franc de port.
On s'abonne chez le citoyen Migneret, impri-
meur, rue Jacob , n°. ii56.
Manufacture d'huile rafinée , rue Neuve-des-
Petils-Chaaips , la porte cochere n°^ 10 et 47 ,
entre les rues Gaillon et d'Antin.
On continuera d'y trouver des huiles et bougies
de toutes espèces, dans les qualités de choix, à
la satisfaction des consommateurs les plus délicats.
La distribution s'en fait aux prix ci-après , fixé» au
cours le plus bas du commerce ; savoir :
Huiles pour lampes.
Huile de spermacéty, pour quinquets et veilleuses,
i" qualité , 80 centimes.
— 2' qualité , pour le même usage , 75 cent.
— 3° qualité épurée , pour les illuminations et
lampes ordinaires , 70 cent.
Huile extraite du blanc de baleine , l franc.
Huiles pour la bouche.
Huile d'olive surfine, avec goût de fruit, la
livre , I fr. 60 cent.
Huile surfine douce , sans fruit , l fr. 40 ceat.
Huile vierge d'Aix , i fr. 80 cent.
Huile fine , i fr. 25 cent.
Huile de noix , tirée à froid , 1 fr.
Huile de faine , pour salade et friture , 70 cent.
Huiles pour la peinture.
Huile de lin , 65 centimes.
Huile d'œillet , 70 cent.
Huile de noix , 80 cent.
Huiles pour la tannerie et le chamois.
Huile de baleine , 80 centimes.
Huile de morue , 85 cent.
Bougies.
Bougies de table , la livre de 16 onces , s fr. 5o c.
Bougies du Mans , idem , s fr. 70 cent.
L'abounemcat se fait» Paris, rue des Poitevins, 11° 18. Le prix est de j5 francs pour trois mois , 5o francs pour sii mois, et 100 fraacs pour l'année entière. On se
s'abonne qu'i^u commeucenicnt de cbaqne mois.
Ilfaut adresser les leureset l'argent, franc de port ,aucit. Agasse, propriétaire de cejournal, rue des Poitevins, n."« 18. Ilfautcompreodre dans Ui envois le pott de»
pays où l'on oc peut.aEfranclitr. Les lettres des départemens nou affranchies , ne scroutpoint retirées de la poste,
'il faut avoir soin, poui plus de sûreté, de charger celles qui reufermentdes valeurs, et adresser tout ce qui coBcerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue dc<
PoiteviHS , n" t3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3-
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.1
N° 338.
Odldi , 8 fructidor an 8 de la républiqttt française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs cjua dater du 7 Nivèse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits e: 1
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. ^B
Un article sera patciculiércment consacré aux sciences , aux arcs et aux découvertes nouvelles. ' "-
es notions tant sur-
INTERIEUR.
Bordeaux, le 24 thermidor.
XjZ corsaire l'EoW, de ce port , capilaine Dijeau ,
est de relâche en rivière. Il a i'ait quatre prkes ,
dans l'ordie suivant :
Il a capturé . le l8 messidor, le navire anglais
le GreenCdslle , allant de la Jamaïque à Liver-
pool , et clijrgé de 3ï2 bariques sucre, i5o
pièces rhum , et 23 boucauds de café.
Le ig du même mois , le navire anglais le
l^eirson , allant de la Jamaïque à Londres, et
cbiirsé de 491 bariques et 35 tierçons de sucre ,
77 pièces rhum , et 63 boucauds de café.
Le 1"^ thermidor, le brick l'Iris, allant de
New - Yorck à Bristol , e« chargé de 22 bou-
cauds de tabac , de goudron , térébenthine et
meriains.
Le 9 du même mois , le navire anglais l'Alhion ,
allant de la ]amaï(]ue à Londres , et chargé de
460 bariques el 5o tierçons de sucre , 106 pièces
de rhum , 17 boucauds de café, et 4 tonneaux
et demi de bois de teinture.
Le susdit corsaire avait fait, lé 21 de ce mois ,
une première relâche à Jigon , d'oti il s'est rendu
ici en trois jours ; là , le commissaire des relations
commerciales de I.1 république , lui a déclaré
qu il y avait une de ses prises attérie en Espagne.
On observera -qu'il- les avait toujours laissées der-
rière lui. Il a également laissé dans la baie de
Ribadeos la Mincrva , de ce port , capitaine
Langlois. Ce dernier corsaire venait d'y relâcher;
on ignore si , durant sa croisière , il a fait aussi
quelques prises. ( Exiràt. du Bulletin iu Havre. )
Liège , le 2 fructidor.
La distribution des prix aux élevés de l'école
centrale . a eu lieu aHijoard'hui avec un con-
cours extraordinaire de citoyens. Les discours
prononcés , dans celte circonstance , ont été
cou verts d'à pplaudissetnens bien mérités; et chaque
élevé , en recevant des mains du préfet la récom-
pense de son travail . a dû être flatté des marques
d'approbation qui éclaltaient de toutes pans.
Le sou!-inspectenr des bois, M ngerolte, au citoyen
Desàer , rédacteur de la gazette de ce nom. —
Roy . le. 26 messidor an 8 de la république française
une et indivisible.
Veuillez, citoyen, insérer dans votre pro-
chain numéro , que le feu a pris dans la grande
fange du bois de Bande , au canton de Nas-
sogne , département de Sambre et Meuse , et
qu'en moins de sin heures de teras les flammes
avaient moissonné au moins cent cinquante
arpens , tant bois que fange , et que sans l'in-
trépidité des braves habiians des communes ,
savoir : B^nde, Nassogne Grune , Masbourg ,
Mauchamp, Laneuville - au - Bois , Champion,
Journal et Roy , sans l'assistance de ces citoyens
bienlesans, qui n ont point craint les flammes ni
la fiimée de cet incendie . sans leur courage in-
trépide qui a arrêté les progrès de lincendie ,
le feu aurait dévoré peut-être plus de huit mille
arpens de bois. De mon côté , je leur suis bien
reconnaissant , et ils ont mérité à tous égards la
reconnaissance du gouvernement.
Salut et fraternité, Magerotte.
P. S. Il est à présumer que cet incendie a éjé
occasionné par des malveilUns , attendu que le
feu a pris au milieu de la fange où aucuns che-
mins n'aboutissent. (Extrait de la gazette de Liège.)
Strasbourg , le 3 fructidor.
Lp. géiicial Lecourbe et le général de division
II.iiipouli tnni arrivés ici. Aujourd'lnii ces géné-
raux et le général en chef Moieau sont allés faire
une grande chasse à Obeikirch.
Depuis qucl<]iics joiirs des transports considé-
rables de rnuniiions et d'artillerie de siège sont
partis d'ici pour I Allema;;ne. On profile du lems
de I armistice pour augmenicr l'armée el la meure
sur le pied le plus fornndable. L'Autriche fait de
niènie de son côté. La Bohême el les étais de la
maison d.\utrithe fournissent un grand nombre
de recrues. Ci-ite levée donne lieu à mille vexa-
tions ; néanmoins lus espérances de paix sont
encore grandes. L'empereur n'a point encore rati-
fié le traité des subsides avec l'Angleterre. Il n'a
pas touché le moindre argent , ((uOiique le ban-
quier Pries ait plein pouv^oirde l'Angleterre pour
payer. ' i_i-'*
Les français travaillent avec iJElk» grande acti-
vité à la démoliiion des fortifflPwons de Renti à
l'entrée du TyroL
La cavalerie française et en général les troupes
du Brisgaw sont considérablement augmentées.
Quatre ceniscavaliers , 200 faniassins , et un dépôt
de Cavalerie sont à présent à Fiibourg.
( Straburger Weltbole. )
Paris , te 7 fructidor.
Une lettre écrite de Lubeck , et citée par le
Journal des Débats, contient des détails' assez
singuliers sur l'arrivée dans ce port de soixante
trapisies et de presqu'autant de femmes aiiachécs
à leur ordre. Ces religieux établis en France ,
s'élaieVit d'abord réfugiés à Fribourg en Suisse.
C'est-là r(u'ils avaient fondé une maison de leur
ordre pour les femmes- Appelés en Russie oià
des offres séduisantes leur étaient faites, ils ont
quitté Fribourg , mais arrivés à la frontière ,
leurs prétentions n'ont point été accueillies. Ils
viennent d'entrer à Lubeck. Modestes el silen-
cieux . ils fuyaient tous les regards ; ils atten-
dent des nouvelles d Angleterre avant de se
décider à aller s'y établir. Un évêque propose
de les y accueillir dans son dioctze. Les lois
contre les prêtres et les religieux papistes nele lui
permettront peut-être pas ; alors ces trapisies
iraient aux Etais-Unis oii ils sont aussi demandés.
Un français a trouvé parmi ces tr,.p!stes un
ancien officier de dragons avec qui il élait lié.
Ce dernier a fait semblant de ne le pas recoii-
aaûre-
Le même journal cite le^ttâit suivant , sotis i»
date d'Augsbourg.
ï> Un commissaire français qui se rendait de
Neubourg à Augsbourg avec une somme de 12
mille florins, fut assassiné, il y a quelques semaines
dans un bois , par des paysans des environs
de Potmess , qui se partagèrent cet argent. On
parvint à découv/ir les coupables , qui furent
amenés enchaînés à Augsbourg, où ils sont encore
détenus- Il y a quelques jours . quatorze enfans,
qui leur appartiennent, arrivèrent ici sur des
chariots , se jelterent aux pieds du général
Moreau , et le supplièrent de faire grâce aux
auteurs de leurs jours. Le général leur répondit
que les lois seules pouvaient décider du sort
de leurs parens ; niais vivement ému , il fit remettre
à chacun des ces enfans quarante huit.livres. )'
— Les enfansélevés à l'hospicegénéral de bien-
fesance d'Auxerre ayant été imiormés que deux
villages venaient d'être submergés à la suite d'un
orage afireux , ont chargé leur digne et vertueux
économe, le citoyen Champeaux, d'employer
au soulagement des victimes de ce désasiie ,
le peu d argent qu'ils- avaient reçu à tiire d en-
couragement.
— On vient de former dans Paris un établis-
sement, auquel ses premiers dé.veloppemens pro-
mettent de grands succès et une influence mar-
quée dans le commeice ; c'rst une filature de
coton et une fabiique de basins , de piqués et
de bas dont la beauté , la blancheur et la finesse
surpassent les. mêmes objets sortis de la main des
anglais et si vantés en France. Quatre cents bras
sont occupés chaque jourdans cette manufac-
ture , et Ion admire l:i disiribulion des travaux ,
le nombre , lélégance , la piécision des méca-
niques , et la diminution graduelle et rapide des
fils de colon. On travaille à rétablissement de
deux manutactures semblibles ; l'une à Alençon,
l'autre à Saint-Quentin.
— Le tl fructidor à midi un quart , le citoyen
Lacepedc ouvriia , dans une des galeries supé-
rieures du muséum d histoire naturelle , un cours
d'hiitoire naturelle des oiseaux . pat un discours
sur la vie et les ouviages de Dauhenton , considérés
relativement à, la manière d'étudier l histoire natu-
relle. Il continuera ce couis à la même heuie
et tous les jouis , excepté les quintidis et les
décadis.
— Le citoyen Cuvillier , auteur de plusieurs
pantomimes- qui presque toutes ont attiré la
foule , vient de mourir à Dijon. Il fesait parti»
du corps des hussards volontaires.
— Le 10 fruciidor à 1 1 heures et demie , il
sera célébré , dans le temple de la Victoire
( Sulpice ) , une lête à la mémoire du courageux
défenseur des indiens opprimés , Barthélémy de
las Casas , déjà jusiifié , dans l'instiiut national ,
du reproche qu on lui a fait d'être l'inventeur de
la traite des nes-res.
MINISTERE DE LA GUERRE.
J^oTE indicative des départemens qui ont exécuté avec
tele la loi du \vendeminire an 8 , qui ordonne une
levée extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des armées.
Noms o e s départemens.
ÇOT ONT FOURNI ) <^Ut ONT TERMINÉ
AU-DEL.V PE
LEUR CONTINGENT.
Seine.
Cantal.
Vciges.
Haut-Rhin.
Orne.
Scine-Infér.
Aube.
Cher.
qui SONT
SUR W POINT
PE LA TERMINER.
Hautes- Alpési''*
Gard. '■-'■o*
Manche. T^'d
Yonne. •
Côie-dOr,
Relevé du nombre des chevaux fournis
26 thermidor , jusqu'au 6 fructidor.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 26 thermidor, était de..
Ceux levés depuis , s élèvent à. . . .
Total au 6 fructidor.. . .
buis II
42,104
546
4a,65o
Décision relative à la prise du navire le Républicain*
AIT NOM DE LA RÉFUB1.IQ_UE FKANÇAISE.
Le conseil des prises , établi par l'arrêié des
consuls du 6 germinal an 8, en vertu de la
loi du 26 veniôse précédent, a rendu la déci-
sion suivante, entre James Simpson , capiraine
ilu navire le Républicain , d'une part ; et Philippe
V.iodhoren , négociant, armateur du corsaire
fr,iri"çais le Spartiate, de Bordeaux, stipulant pour
les intéressés , capitaine et équipage dudit cor-
saire i d'autre pail; vu , etc.
Vu les conc'usins du commissaire du gouver-
nement , laissées aujourd hui par écrit sur le
bureau , et dont la veneur suit.
, La prise du Républicain par le corsaire le Spar-
tiate , a éié déclaiée valide par le vice-consul
français à la Corogne le 8 pluviôse an 7 , et par
le tiibunal civil du département de la Loire-
Iniériéurc , le 25 pluviôse an 8.
LafFaire était pendante au tribunal de cassa-
tion , lorsqu'elle a éé renvoyée au conseil.
Le capilaine du navire capturé , avait fait assi-
gner le capieur pour venir déduire ses moyens
de défense datis quinzaine , à compter du jour
cle la signification de l'ordonnance portant fixa-
tion de ce délai.
Chacuri peut renoncer à son droit. Le capteur ,
par le ministère de la personne chargée de sa
défense , consent à êire jugé avant l'expiration du
délai qui lui avait été donné : le capturé m'a fait
remettre , le 3 , un mémoire manuscrit qui con-
tient ses réponses aux moyens qui lui avaient
été opposés. Rien ne sauiait donc mettre obs-
tacle au jugement d'une cause déjà instruite tl
jugée deux fois.
Le capteur a proposé quatre moyens de con-
fiscation :
1°. Il a prétendu que le navire /«Républicain,
ayant autrefois appartenu à des propriétaires autres
que ceux auxquels il appartient aujourd'hui , le cap'
turé aurait dû. être poUeur d'actes authentiques par
lesquels la propriété en eût été transmise aux proprit'
taires actuels.
2°. Il a soutenu que le Républicain est en con'
travcntion à Inrticle KXV du traité Hii 6 /ivrier
177S, entre la t.rance et les Etats-Unis dAnintgui .
parce quif It norU' des propriétaires'' -du natift
r
par k registre, n'est pas rappelé par /«] navire le Républicain , ne u
t et l'acte de serment dont ce passeport est à la forme de l'acte ; il iieht
362
tient pas uniquement
SUIVI.
3°. Il s'est prévalu de ce que l'origine des
marchandises et de la cargaison n'était pas cons-
tatée , et de ce qu'il avait été déclaré par le
capturé qu'une partie de sucres en boucauts pro-
vient de l'île espagnole de la Trinité , tombée dans
la possession des anglais en 1797.
4°, On a reproché^fc navire le Républicain
d'avoir appliqué au P^j^rit voyage un rôle d'é-
quipage qui avait déjà servi pour un voyage
précédent.
Le capturé a répondu , et il répond encore ,
1°. Que d'après les réglemens , on n'est tenu
de justifier du changement de propriété du
navire , que lorsque ce navire esi originaire-
ment de fabrique ennemie , ou qu'il a appartenu
à un ennemi; mais que toutes ces précautiotjs
sont inutiles quand le navire est originairement
neutre ;
2°, Que le traité de 1778 ne soumet point
les américains à désigner dans le passeport , le
nom du propiéiaire ou des proptiéiaiies du na-
vire , et qu'il suffit que le navire soit indéfi-
niment déclaré propriété américaine ;
3". Qii'on n'a pas besoin de remonter à l'oii-
gine des marchandises pour en prouver la neu-
tralité; que cela n'avait été exigé que parla
loi du 29 nivôse ; et que d'ailleurs on ne pou-
vait abuser de l'aveu fait, qu'une partie de sucre
en boucauts provenait de lîle de la Trinité ,
tombée dans la possession des anglais , attendu
qu'on ne pouvait regarder comme possession
anglaise une île occupée accidentellement en
vertu du droit de la guerre , et de laquelle les
sucres auraient pu être extraits avant cette occu-
pation ;
4°. Qu'il est dit dans les réglemens, qu'un
passeport ne peut servir que pour un voyage ;
mais qt^'il n'est dit nulle part , qu'on ne puisse
•e servir povir plusieurs voyages , d'iui même rôle
4'équipage.
Telles sont les défenses respectives des parties.
Il est de principe que la propriété neutre
"du navire et de la cargaison doit être prou-
vée , et que cette preuve est à la charge du
capturé.
C'est une autre vérité , que la preuve de la
propriété neutre a été déterminée par les ré-
glemens.
Dans l'hypothèse présente , la neutralité du
navire le Républicain et de sa cargaison est-elle
constatée ?
Je ne m'arrêterai point à l'objection déduite de
ce que le changeiuent de propriété du navire ,
qui, dit-on , appartenait autrefois à des proprié-
taires autres que les propriétaires actuels , n'est
point prouvé par des actes authentiques. Je con-
viens , d'après le règlement de 1778 , qu'une telle
précaution ne serait nécessaire que- dans le cas
d'un navire originairement de construction ou de
propriété ennemie.
Je ne m'arrêterai pas non plus à la circonstance
que le nom du propriétaire ou des propriétaires
du navire n'est point spécifiquement désigné dans
le passeport. Le traité de 1778, passé eritre la
France et les Etats-Unis de l'Amérique , exige
seulement que le navire soit reconnu prop/iété
iaméricaine , sans une désignation particulière du
nom du propriétaire.
iMais je découvre dans le passe-port un vice qui
■l'a paru essentiel.
Le capturé avoue , dans le mémoire manuscrit
qui m'a été remis, que U capitaine, avant son départ,
doit prêter serment entre les mains des officiers de
manne , que le navire appartient à un ou plusieurs
sujets des Etats-Unis, sans autre désignation; il
avoue encore que , par la formule annexée au
traité de 1778 , cette affirmation assermentée doit
être à la suite du passe-port.
Or , j'ai vérifié qu'à la suite du passe-port dont
à sa subsLince : car
un acte non signé n existe pas. Dans un cas
pareil , la nullité n'a pas besoin d'être prononcée
par la loi à titre de peine ; elle est inhérente à
la chose même. ,
Vjinemeni objecterait-on qu'un acte nul prouve
toujours la bonne-foi de celui qui en est porteur,
puisqu'il prouve au moins le désir que i on avait
de se le procurer.
Cela est vrai, quand l'acte n"est qu'irrégulier ;
mais la thèse change , s'il s'agit d'un acte imparfait
et non consommé. Un tel acte n'ayant aucune
existence , ne peut produire aucun effet.
On prétend que .la seule nullité du passe-port
ne peut entraîner la confiscation , si d'ailleurs
la propriété neutre est constatée par les autres
pièces.
Je conviens du principe général ; mais je crois
que ce principe dôii, ^tre appliqué avec discer-
nement. -S" , ,,,
Il n'est exactement et rigoureusement vrai , que
lorsqu'il n'est question que dune nullité extrin-
sèque à I acte , c'esl-à-dire , d'une nullité qui ne
peut faire suspecter la foi de la personne. Dans la
cause actuelle , le défaui-de signature de l'officier
public et de la partie, rstde nature à faire présumer
qu'on n'a osé affirmer à serment la neutralité du
navire. Ce défaut n'influe pas seulement sur U
plus ou sur le moins de solennité de l'acte ; i
eni polie l'acte même , et il fait suspecter la bonne
volonté de cclai.qui était tenu de le rapporter.
Au reste . le passeport n'est pas la seule pièce
que l'on soit en droit de censurer. On n a trouvé ,
sur le navire le Républicain , d'autre rôle d'équi-
page que celui qui avait déjà servi pour un
voyage précédent.
Je sais que . s'il faut en croire le capiuié , on
ne doit pas raisonner sur le rôle d équipage ,
comme l'on est londé à raisonner sur le passeport.
Par les réglemens , dil-on , un passeport ne peut
servir que pour un voyage ; mais nous ne voyons
pas ^le le rôle d'équipage ait été soumis à la
même règle.
Je réponds que l'article IX du règlement
du s6 juillet 1778, porte : 11 Seront de bonne
I» prise tous bâtiraens étrangers.... qui n'auront
)> pas à bord un rôle d équipage arrêté par les
1» officiers des lieux neutres d'où les bâlimens serotrt
Il partis. " Il est impossible de ne pas voir dans
cette disposition la nécessité d'avoir, pour chaque
voyage , un rôle d'équipage arrêté par les offi-
ciers publics du lieti du départ.
On allègue que le lieu du départ, a été le
même dans le premier et dans le second voyage,
et qu'il n'y a point eu de changement dans les
hommes de l'équipage.
Je réponds que , si le lieu du départ a été le
même dans les deux voyages , il aurait pu être
différent. Donc , quand les réglemens ont voulu
qu'il y eût à bord des bâtimens étrangers un
rôle d'équipage arrêté par les officiers publics
des lieux neutres dCou ces bâlimens sont partis ,
ils ont nécessairetnent supposé qu'à chaque
voyage il faut un rôle d'équipage arrêté par les
officiers publics du lieu d'où l'on est parti ; car
les mots , des lieux neutres d'où les bâtimens seront
partis , ne peuvent s'entendre que des lieux du
départ, c'est-à-dire, du lieu où commence le
voyage auquel on applique le rôle d'équipage
que l'on est tenu d'avoir à bord.
On p.eui partir deux fois du même lieu pour
deux voyages différens : mais chaque voyage sup-
Simpson est capitaine , destiné à un voyage duport
de Baltimore en Maryland à Roterdam. Le rôle
d'équipage avait donc son application limitée à
un voyage de Baltimore à Roierdam ; le capturé
était donc averti , par la pièce même dont il
était porteur , qu'il devait se munir d un nou-
veau rôle d'équipage , s'il enltepienait Un nou-
veau voyage.
Il était averti qu'un rôle d'équipage destiné
à un voyage de Baltimore à Roterdam , ne pou-
vait lui servir pour un second voyage de Balti-
more à Falmouth.
Il ne doit point y avoir de contradiction entre
les pièces de bord, sur-tout sur un point aussi
important que celui de la destination, du navire.
Or , le rôle d'équipage dont il s'agit , et qui
avait été fait pour un voyage de B.iltimore à
Roterdam . ne s'accorde plus avac le passeport
du second voyage de Baltimore à Falmouth.
Ce n'est pas tout : en confroiitani les pièces dès
deux voyages . ou découvre de nouvelles raisons
de suspecter le capturé. Dans le passeport du
premier voyage pour lequel le rôle d'équipage
avait été expédié , on trouve l'énonçiation d\x
nombre des hommes méntionnéi sur ce rôle:
on ne retrouve plus la même énoncialion dans
le passeport du second voyage pour lequel oa
veut se servir du même tôle d'équipage. Pourquoi
cette différence dans la rédaction des deux passe-
ports ? Dans le premier , ou s'était conformé ,
sur ce point, au traité de 1778; pourquoi ne
s'y conforme-t-on pas dans le second ?
Je pourrais me dispenser , après cette discus-
sion , d entrer dans d'autres détails : mais je dois
faire observer au conseil que le navire et la
cargaison étaient destinés pour Falmouth , c'est-
à-dire , pour un port anglais ; et que , de Ijveti
du capturé lui-tnême, partie des sucres en bou-
cauts étaient du cru de l'île de la Tiinité , tombée
sous la domination anglaise.
Sans doute un neutre peut aller dans un port
ennemi non-bloqué ; mais la destination pour
un port ennemi est une circonstance extiênie-
ment grave , quand le prétendu neutre manque
d'ailleurs des principales pièces de bord , ou
que celles qu il exhibe sont essentiellement
vicieuses.
L'origiiie anglaise d'une partie des sucres est
constatée par la propre déclaration du capitaine
du navire le Républicain. On voudrait corriger
cette déclaration . en soutenant que lîle de la
Trinité est espagnole , et qu'elle ne pourra être
regardée comme possession anglaise , que lors-
cjue .par un traité de paix , elle aura été reconnue
devoir appartenir aux anglais , qui jijsqu ici ne
l'occupent qu'accidenteUeméni par le droit de la
guerre. Mais ces objections ne sont pas impo-
santes. Il ne s'agit pas ici d'examiner si les anglais
sont légitimes possesseurs de l'île de la Trinité, ou
s'ils le seront toujours ; il suffit qu'ils possèdent
cette île , pour que les producuons qui y nais-
sent soient actuellement en leur pouvoir. Si c'est
accidentellement et par le droit de la guerre qu'ils
occupent l'île de la Trinité, c'est aussi par une
suite de la guerre que Ion s'empare de ce qu ils
occupent bien ou mal-à-propos.
Dire que les marchandises dont il s'agit ont
pu être extraites de l'île de la Trinité avant la
possession des anglais , c'est dire une chose inu-
tile. L'origine de ces marchandises est convenue ,
et lépoque à laquelle on suppose qu'elles ont
passé dans des mains neutres , n'est ni convenue
ni prouvée.
On objecte qu'il ne faut point avoir égard
voyage suppose encoreun nouvel engagement de
la part des hommes qui composent l'équipage.
Donc , à chaque voyage , il faut un rôle arrêté
par les officiers publics du lieu du départ. Telle
est ta lettre et l'esprit des réglemens.
S il en était autrement , quelle certitude aurait-
on que les hommes de l'équipage sont les mêmes ?
Dira-f-on qu'il faudrait prouver que ce sont
d'autres hommes ? Mais la preuve de la neutralité
est à la charge du capturé et non à la charge du
le captiïré était porteur , il n'existe' qu'une décla- ( capiecir. La preuve qiie l'équipage est neutre,
ration d'aérmation , -sans aucune signature ni { doit résulter du tôle d
pose un départ à des époques différentes: chaque ! l'origine d'une marchandise ; mais simplement à
de l'officier public devant lequel l'affirmation
assermentée a dû être faite , ni de la partie
même qui est censée _avoir prêté le serment.-
On ne s'est donc point conformé au traité
4e 1778. .
■Un apte n'est rien s'il n'est signé ; c'est la signa-
ture qui fait tout. Jusque-là, je vois moins un acte
qu'un simple projet, c!,esi-à-dire , une rédaction
qui n'a été ni précédée rii suivie d'aucun effet réel.
Je suis donc autorisé à conclure que l'affirmation
assermentée, prescrite par le traité de 1778 , n'a
point été faite.
Le traité de 1778, dit-on , n'a point prescrit
les formalités du passeport à peine de nullité ,
mais seulement dans l'objet d'arrêter et de
prévenir de part eu d'autre toutes dissentions et
Querelles.
équipage. Tout peut avoir
été neutre dans uii voyage et ne l'être pas dans
un autre. Dans chadùe voyage , on doit justifier
de la neutralité ; il fatit donc , à chaque voyage ,
se munir des pièces de bord indiquée! par les
réglemens pour la Constater: donc un rôle d'équi-
page arrêté pour un premier voyage, ne peut servir
que pour ce voyage \ et ne saurait être utilement
appliqué à un autre. Faite une telle application ,
c'est se rendre suspect de fraude ; c'est annoncer
qu'on avait quelque intérêt à ne pas représenter
les hommes que l'on prenait à bord. Un simple
défaut de forme dans un rôle d'équipage , n'en
prouverait que l'irrégularité; mais l'application
insolite et insidieuse d'un ancien rôle d'équipage
à un voyage nouveau , fait justenient suspecter la
I foi de celui qui se sert d'une telle pièce.
I Allons plus loin( 'Voici ce que nous lisons à
la tète du tôle d'équipage : Rôle d'équipage duna
Le vic« q»8 j'ai découvert dans le passe-port du I vire le Républicain , de Baltimore , dont Jamei
la qualité de son propriétaire actuel ; et que Ion
ne doit plus être régi ^ à cet égard , par la loi
abrogée du 29 nivôse. Mais en laissant à l'écart
cette loi , sur laquelle nous n'avons pas besoin
pour le moment de nous expliquer, le capturé
ne saurait jamais se soustraire à l'ensemble des
faits qui l'accablent. Point de passeport , ou , ce
qui est pire , passeport demeuré aux termes d'un
simple projet ; point de rôle d'équipage pour
le voyage actuel ; et application frauduleuse
à ce voyage, d'un ancien rôle évidemment su-
ranné, et littéralement destiné pour un voyagé
précédent : contradiction entre les pièces trou-
vées à bord ; marchandises extraites d'une pos-
session anglaise ; destination du Navire et de la
cargaison pour un port anglais. Dans un pareil
concours de circonstances , peut-on dire que la
neutralité soit prouvée ? tout n'annonce-t-il pas
au contraire la propriété ennemie ?
Par ces considérations , je conclus à la con-
firmation du jugement rendu par le tribunal
civil de la Loire-Inférieure , et confirmatif de
celui du vice-consnl de la Corogne.
Délibéré à Paris, ce 4 thermidor, an 8 de
la république française , une et indivisible.
Signé , PoRTALis.
Ouï le rapport du citoyen Montigny-Monpiaisir,
membre du conseil ; tout vu et considéré ,
Le conseil , conformément aux conclusions du
comniiss^ire du gouvernement, et aux jugeraens
rendus par le vice-consul chargé des affaires du
consulat de la république française en Gjiice ,
résidant à la Corogne , et par le tribunal civil du
département de la Loire Inférieure , des 8 plu-
viôse et 25 fructidor an 7 , décide que la pi»se du
navire le Républicain et de sou cliargement est
bonne et valable ; en couséquence , adjuge au
profil de Philippe Vaudhoren, armateur, et des
équipages du corsaire le Spartiate , tant ledit
navire le Républicain , ses agrès et apparaux , ap-
partenances et dépendances , que toutes les
marchandises de son chargement , sauf les droits
appartenant aux invalides de la marine ; pous le
tout , si fait n'a été , être vendu aux formes et
dp la (naniere prescrites par les lois et le rcgie-
nieni sur te fait des prises, et le produit remis
auxdils armateurs et équipages ; à quoi faire
tpus gardiens , séquestres et dépositaires, seront
contraints par toutes voies dues et raisonnables ,
même pai corps ; quoi fesant , ils en seront bien
el valablement quitics et déchargés.
Fait le 6 thermidor , an 8 de la république fran-
çaise , une et indivisible. Présens les citoyens
Reron , président; Niou , Lacoste, Baren-
NES , MONTIGNY - MONPLAISIR , DuFAUT , PaR-
SF.VAL - Grandmaison . Tournachon , tous
membres du conseil des prises, séant à Paris ,
maison de 1 Oratoire.
Au NOM DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE, il eSt
ordonné à touy huissiers sur ce requis de mettre la
présente décision à exécution ; à tous comman-
dans et ofiSciers de la force publique , de prêter
main-forte lorsqu'ils en seront légalement requis;
«t aux commissaires du gouvernement près les
tribunaux , d'y tenir la main.
En foi de quoi ladiie décision a été signée par le
président du conseil et par le rapporteur.
Par le conseil :
^e secrétaire-général , signé Calmelet.
bonseil de guerre de la 17' division militaire. —
Le 3 fructidor.
Le 3 de ce mois , le s" conseil de guerre de la
17' division , présidé par le citoyen Borel, d'après
^es conclusions de son capiiaine rapporteur , et
les moyens de défense allégués par le citoyen
Maugeret , délenseur officieux du jeune François
Duv^l , sou:d-muet de naissance , âgé de vingt
ans , de la commune de Candas , près Amiens ,
dépanera.ent de la Somme , assisté du cit. Sicard
tesafli fonction de curateur, a déclaré ledit ci-
toyen Duval , sourd-muet, non-coupableducrime
de vol avec effraciion et complices , dont il était
accusé , a prononcé sa mise en iibené , au:^ termes
de la lui , avec cette resiriction pourtant , qu'il
lesterait sous la survei'lançe du concierge de
l'Abbaye , jusqu à ce que le ministre de J'inié-
lieur , lésant droit aux voeux du tribunal , eût
ordonné que ce malheureux serait confié aux soins
paternels du citoyen Sicard , etc.
Tel est , citoyens , le rapide exposé d'une cause
«t d'un jugement , qui feront époque dans les
annales de la jurisprudence criminelle , et dans
celle des observateurs de Ihomme ; dans les an-
nales de la jurisprudence , pour fixer , à l'avenir ,
l'opinion des législateurs et des magistrats sur un
dcli^ non prévu jusquà présent ; dans les annales
des observateurs de Ihomme , parce que dans
cette cause tout est un sujet neuf de méditation ,
d'instruction et d'admiration.
Quel sujet, en effet , plus digne d'occuper toute
l'attention d'un magistrat , que d'avoir à prononcer
la peine capitale contre un accusé pris , à la vérité ,
en flagrant délit, dans une maison où il s'était
introduit à 7 heures du soir , en hiver, au moyen
d'un trou fait dans le mur ; mais qu'on ne saurait
jregarder comme coupable , s'il est vrai , que la
counaissance présumée de la loi peut seule en
déterminer l'application contre celui qui la violée.
François Duval , sourd-inuet de naissance . n'était-
il pas , à cause de sou infirmité même , dans cet
çt^t d igiioiance )nvmcible qui devait le faire
abfoiidre ? Spiis doute, il était physiquement im-
possible , que l'idée de la loi eût pu pénétrer
ju?(jiicj dans son ame par le chemin organique
de son oreille ; mais un individu qui avait pu ,
jusqu'à I époque de son délit , apprendre lélat de
cordonnier et vivre avec les autres hommes , sans
reproche , n'avaii-il pas reçu par les yeux asse^
d idées pour distinguer le juste de l'injuste, et
cette action de se cacher sous un lijpour se sous-
traire aux regards du propriétaire , qu'il avait in-
tention de voler, ne prouvc-t-elle pas , que ce
jnalheureux avait une connaissance suffisante du
mal attache à l'action qu'il avait faite ? Le trou
pratiqué dans le mur pour se glisser furtivement
dan» la maison , les ténèbres de la nuit qu'il avait
choisie; , pour exécuter son entreprise , ne dé-
posaienl-iU pas contre son innocence ? et le glaive
de la loi pouvait-il rester plusloug-tems suspendu
sur sa têie coupable?
Cependant 1 accusé pouvait avoir été séduit par
de» complice» enchantés de trouver en lui un
associé , qui ne pouvait physiquement les com-
pioraeitre , et à 1 égard du<{uel ils auraient été
1363
I comme le singe de la fable. Dans celte liypothe«e •
j Duval paraissait moins criminel ; d ailkuis , il était
I nécessaire pour le bien de la socicic , de con-
I naître ces brigan.fs de profession . ses violateurs
, rusés d une loi qui les condamne jusienient à
(perdre U tête. Qjiaire de ces mallicureux dési-
gnés , par signes , à l'officier public , par l'infortuné
Duval , lors de son arrestation , avaient été mis
en prison , et ensuite hors de cour . faute de
preuve suffisante. Le seul Duval gémisbail depuis
deux ans dans les fers. Deux tribunaux s'étaient
déclarés incorapétens pour juger un pareil indi-
vidu , ils l'avaient tnême taxé d'imbécilliié ; mais ,
d'après tout ce qu'on vient de lire , n'éiail-il pas
démontré , que les juge5 n'avaient regardé ce
sourd - muet comme imbécille , que faute de
moyens pour linterrogei ? C'est ici où le capiiaine
rapporieur-, qui , par une têie supérieurement
organisée , dédommagera pairie, dans des fonc-
tions pacifiques , du sang qu'il ne peut plus verser
pour elle; c'est ici , dis-je . où le citoyen Vaniuge
sentit le besoin non pas d'un idéologue , muis
d un homme accoutumé, par une Ipn^ue expé-
rience , à pénétrer dans les plus profonds replis
de Tarne , à travers les organes du corps. Pou-
vait-ils'adresseràun autrequ'au célèbre instituteur
des sourds-muets, à celui quia perfectionné ce que
l'iramotiel abbé de lEpée avait commencé, à
Sicard , en un mot , qui , par une connaissance
exacte de la mécanique des idées , s'élevant suc-
cessivement de la matière à res])rii , de l'esprit
au cœur, du fini à I infini, fait parcourir à des
sourds-muets les vastes régions du monde méta-
physique , sans jamais perdre de vue le point du
départ , sans jamais voguer un instant au gré des
hypothèses et des conjectures.
Sicard donc fut nommé, par le capitaine rap-
porteur, curateur du sourd-muet accusé; c est
lui que le tribunal chargea de le faire commu-
niquer avec ce malheureux, de I interroger par
signes , d'en tirer l'aveu de sa faute, le nom de
ses complices; en un mot, tous les renseigne-
raens nécessaires pour éclairer -sa conscience ,
dans la circonstance pénible où il avait à pro-
noncer sur une accusation grave, dont la con-
viction entraînait à sa suite la peine de mort.
Ici commence la partie véritablement instruc-
tive de cette affaire; qu'on se représente le mal-
heureux Duval entouré de gardes, tremblant de-
vant ses juges , craignant avec raison la juste
sévérité des lois ; d un autre côté , qu'on se figure
l'auditoire le mieux composé , 4es yeux fixés avec
avidité sur un jeune homme de vingt ans , courbé
sous le poids d'une accusation grave, intéressant
par la douceur de sa ph-sionoiiîie ,- par sa jeu-
nesse , et plu# encote par. l'impoisibiUié physique
d'entendre les griefs qu'on lui reprochait, et de
faire parvenir à l'oreille de ses juges la moin-
dre parole pour justifier , ou du moins pour
atténuer son crirne. Si l'on joint à ce tableau
l'état pénible des membres du tribunal , et le
dcsir qu'avaient ces magisirais militaires , que
de l'interrogatoire public qui allait suivre , put
jaillir quelque trait de lumière capable de fixer
leur incertitude , on pcvunajuger du degré d'in-
térêt qu'inspirait cette cause absolument neuve ,
et de l'allenlion avec laquelle tous les yeux se
dirigèrent à la lois sur le citoyen Sic.ird , sur les
trois élevés qu'il avait menés avec lui , et sur le
malheureux qui allait enfin être interrogé par ses
pairs.
Il est bon de faire remarquer ici aux- lecteurs
la gradation qu'on fut obligé de suivre , pour
tirer quelque lumière de cet enfant de la nature,
si loin de la civilisation. D abord le tribunal , par
l'organe de son président , inieipellait te citoyen
Sicard et lui fesait les demandes qu'il croyait con-
venables ; le citoyen Sicard les traduisait en si-
gnes convenus aux sourds - mueis ses élevés ;
ceux-ci , dirigés par Massieu , tâchaient de faire
parvenir dans l'ame du sourd-muei privé d'ins-
truction , à ia faveur des signes naturels , ces
mêmes demandes qu'il aurait été impossible à cç
malheureux de comprendre , îans cette panto-
rainre parfaite qui rendit 1 interrogatoire sensible
à tous les yeux , et mit tous les spectateurs en
état de comprendre d'eux-mêmes , et les deman-
des qu'on fesait à 1 accusé , et les léponses qu'on
obtenait de lui au moyen de celte langue uni-
verselle. Il est nécessaire d obseçver encore ici
que le sourd-muet privé d'instruction , n'ayant
pas la moindre connaissance des signes abstraits ,
il fut impossible de l'interroger sur son nom ,
ses prénoms , le lieu de sa naissance , etc. Tous
ces noms et leurs semblables ne pouvant se pein-
dre aux yeux que par des signes de convention ,
le citoyen Sicard fit remarquer avec raison qu'il
était parfaitement inutile d essayer de les lui faire
comprendre. Il n en fut pas de même de son
âge , cette idée présentant une succession de
tems , et le tems pouvant être figuré par le pas-
sage successif d'un objet d un li^u à un autre ;
Massieu parvint, à laide de plusieurs figuics que
j'affaiblirais en voulant les décrire , il parvint ,
dis-je , à l'interroger sur son âge , el à lui faire
répondre qu'il avait déjà soufflé vingt fois uan»
ses doigts , qu'il avait vu moissonner vingt fois,
CI vingt fois presser les raisins dans la cuve. Il
répondit avec ses doigts à cette inlerrogaiion
on appciçut iiiénie sa physionomie s'ouvrir un ^
peu il I aiptct des signes que lui lésaient les f
sourds-muets , tant au milieu du plus grand dan-^^i
ger , on preul plaisir à ne pas se voir abandonné
de la riiiture entière.
Cependant il n'était pas sans inquiétude , et il y
avait loin de ce sourire passager à la véritable
tranquillité de lame. Ses yeux égarés, son front
souicilktix , son corps incliné . ses mains se mou-
vant comme celles d'un automate , autour d'un
bonnet de police , avec lequel il semblait jouer ,
décelaient involontairement la cruelle inceiiitude
qui l'agitait. Malgré ce trouble iirérieur , il n'en
répondit pas moins à la deuxième question qu'on
lui fil sur sa profession. Son intelligence même la
prévint ; car Massieu lui a) ant fait déjà le signe
figuratif de l'état de menuisier et de celui de
maçon , il répondit de lui-même par le signe non
équivoque de celui de cordonnier. Il n'était donc
pas imbécile ni privé de tout raisonncmmi , celui
dont 1 intelligence piévenait une question jjar une
réponse anticipée et caihégoiique ? Non , certes ;
car Massieu, au moyen de signes si bien figurés ,
et si expressifs, qu'il était impossible de ne pas
admirer son génie , ayant obtenu de lui l'aveu
qu'il était véritablement enlié dans une maison
par un trou , le soir à 7 heures , el qu il avait éié
trouvé par le propriétaire , caché sous un lit,
ne put tirer de lui que des réponses vaguement
affirmatives, lorsqu'il l'interrogea sur le motif qui
l'avait porté à faire cette action. Est-ce pour dor-
mir , lui dit-il , que tu es entré dans cette maison ?
est-ce pour le mettre à l'abri du froid , ou pour
te garantir de la pluie? Oui, lépondit-il à tout;
mais ce oui , arraché à la crainte de se compro-
mettre , ne disait pas son véritable motif , car il
ne regardait personne en face en l'exprimant. Ainsi
le soi-disant imbécile qui avait déjà préveny , par
une réponse anticipée , une quesiion qu'on de-
I vait lui faire, semblait amener graduellement .par
I ces affirmations vagues , le silence profond qu il
garda , lorsque Massieu , figurant l'eiilevemenc
d'une- bourse pleine d'argent , semblait lui dire :
avoue-le , mon ami , c éiaii-là ta véritable inten-
tion. Duval ne répondit rien à Massieu dans ceite
ciiconstance décisive pour son intelligence; mais
la rougeur qui se répandit sur tout son visage ,
plus expressive qu'aucun signe affirmatif , décela
à tous les observateurs qui l'examinaient , qua
cet enfant de la nature n'était pas insensible à la
home, et que tout espoir de le reconquérir à la
société n'était pas perdu.
Ce fut peut-être le sentiment d'intérêt que
cette scène muette inspira au tribunal en faveur
du malheureux accusé , qui motiva l'ordre de le
rassuret, et de lui inspirer tout'é~ra confiance
possible , afin que ses réponses , n'étant plus com-
priméc's par une crainte trop justement fondée ,
pussent devenir plus claires et plus inslruciives
pour le fond de cette affaire embrouillée. Massieu
lui fit parvenir ces idées consolantes. Tranquillisè-
toi , lui dii-il , ne crains point , tes juges ne veu-
lent point l'embarrasser , ils ne veulent point le
taire fusiller ; ils sont justes , ils sauront distin-
guer le malheureux entraîné dans le vice , d'avec
CCS hor.ibles séducteurs qui ont voulu se faire
de la personne un leropart contre la loi. A me-
sure que, à la faveur des signes les pltis expressifs,
la douce espérance entrait dans l'ame de l'in-
fortuné Duval , on voyait la crainte, comme un
voile ténébreux qui se retirait successivement de
sa physionomie ; elle disparut enfin totalement.
Duval parut dès-lors un autre homme ; la con-
ver-ialion s'anima entre lui et ses interrogateurs;
il lépondit sans peine à toutes les questions qu ils
lui firent. Ch.icuu admira les procédés ingéniei x
avec lesquels Massieu, Fontaine et Mathieu par-
vinrent à lui faire entendre que le peu de gain
que sou état lui procurait et le peu de zèle avec
lequel il travaillait , l'avaient disposé d'avance à
prêer l'oreille aux séducteurs qui l'avaient en-
traîné dans le vice. Duval en convint ; il avoua
aussi qu il avait quatre complices ; que le plus
jeune d entre eux avait donné le conseil ; qu'ils
avaient tous ai<lé à faire le trou; que lui seul
. était entré ; que ces scélérats étaient sans état et
rîiendians , et qu'ils avaient le projet de partager
entre eux le bénéfice. Malheureusement les noms
propres ne pouvant être représentés par dés signe s
naturels , on ne peut avoir que des renseigiie-
menS vagues sur les quatre bandits qu'il aurait
été si utile de connaître.
Ainsi finit cet inierrogaioire mémorable , qui
fut suivi des conclusions les plus favorables à l'ac-
cusé de la part du capitaine rapporteur , el d'un
discours éloquent et plein de logique, dans le-
quel le citoyen Maugeret, défenseur officieux ,
déui»nlra que la peine de mort , prononcée par
II loi dans le cas présent, n'étant pas applicable
à un enfant ordinaire avant lâge de 16 ans a6-
couiplis , à plus forte raison ne devaii-on p-as
l appliquer à un sourd-muet qui , sous le rap-
port de l'intelligence, quand il esi privé diiii-
iruciion , reste souvent , pendant toute sa vie ,
iijférieur à un enfant de 6 ans , qui jouit de
l'iniégrité de ses organes.
Le tribunal , pénétré de la justesse des conclu-
i364
sir>ns de son ca(jiluiiie-rapporleur, et des raisons
k «ilégtiëts par le défendeur officieux , convaincu de
' h dislance immense cjee la nature a mise entre les
■•îOurds-JTiucis dp naibsaiiceeilcs enfansovdinaires,
rrononça , por l'oii^ane de son pré"ident , le cit.
f>'iicl , 1e jiigc'iii-.iii que nous avons déjà rap-
l'orié. M'jssieu fuuhirgé d'en faire partà l'accusé,
il s'acquitta de la commission avec celle sensibi-
lité (jui lui est propre, et qui se réfléchissant peu
î peu . avec les gestes qui I exprimaient , sur la
[)h\sionornie de Duval, piéscnla aux yeux de
Ttiui, d.ins les transports de reconnaissance que
Ce sourd-muet lu éclater envers ses juges , l'image
ta plus coniplettc de la création , et des trans-
poiis d amour que dût faire éclater le premier
homme envers celui qui l'avait animé de son
souffle.
Ce spectacle ravissant fit une telle impression
dans lame des guerriers qui composaient le
tribunal , que le président Borel , dans un discours
de la plus éloquente simplicité , manifesta , au
nom de tous ses collègues , sa juste admiration
pour l'instituteur de ces intéressans élèves , qui,
dans tout le cours dç i'inierrogaloire , avaient
donné au public des preuves si multipliées de
l'inielligenLe la plus rare unie aux plus aimables
vertus.
Le public , à son tour, fit éclater de la manière
la plus sensible la satisfaction qu il éprouvait
d'un jugement qui , en rendant à la liberté un
malheureux sourd-muet de naissance , manifestait
le vœu de le voir réuni aux membres de ceue
iiiléressanie fjmille dont Sicard est le père. Y.
Voyage de la Fropontiie et du Tont-Euxin , avec
la carte particulfere de ces deux mers , la des-
cription topographique de leurs rivages, le tableau
des mœurs, des usages et du commerce des peu-
ples qui les habitent ; la cane particulière de la
plaine de Brousse en Bylhinie , celle du Bosphore
de 'l'hrace , et celle de Conslaniinople , accom-
pagnée de la description des monumens anciens
et modernes de cette capitale; par J. B. Leche-
valier , membre de plusieurs académies et auteur
du Voyage de la Troade ; 2 vol. in-8° , sur papier
carré tin , ornés de six belles cartes.
Prix , 7 fr. 5o cent. , et 8 fr. 5o cent. , franc de
port par la poste.
Papier vélin , 12 fr. ; et 14 fr. franc de port.
Jdem , avec les cartes enlurhinées , 18 fr. ; et
80 fr. , franc de port.
A Paris , chez Dentu , imprimeur - libraire ,
palais du Tribunat , galeries de bois , n° 940.
L'année dernière nous annonçâmes avec éloge
[e Voyage de la Troade. L'accueil fait à cet ou-
vrage du citoyen Lechevalier . prouve que nous
lavions bien jugé. C est avec la même confiance
que nous annonçons aujourd hui le Voyage de
la Propontide et du Pont-Euxin. Ecrit avec une
pureté de style peu commune , rempli d'anec-
dotes inièressantes , nourri d'observations justes
et profondes, il attache, sur-tout par la nature
des objets qui y sont traités. Ce n'est pas, comme
dans le voyage de la Troade , un pays moins
illustré encore par les héros qui l'ont habité , que
par les chantres immortels qui ont célébré leurs
exploits ., que le citoyen Lechevalier nous fait
parcourir; c'est une région très-peuplée, assez
voisine de nous , et qui nous est presqu'aussi
inconnue que si nous en étions à 2000 lieues.
Beaucoup de voyageurs nous parlent de Cons-
tantinople , nous décrivent les mœurs de ses
habitans , leurs usages, leur vie privée , comme
s'ils avaient vécu familièrement avec eux , et
avaient été admis dans finlérieur de leurs fa-
milles. On sait cependant que les turcs commu-
niquent très-peu avec les francs. Les faubourgs
Galaia et Péra qu'occupent ceux-ci , sont séparés
de la ville de Constantinople par les eaux du
port. Plusieurs cl'cntr'eux quittent ce séjour ,
pour revenir dans leur pays , sans avoir fait ce
court trajet. Mais tout voyageur aime à conter ,
et l'on aime mieux dire des mensonges que ne
rien dire du tout. Delà les notions fausses que
nous avons généralement sur les tuics. Miladi
Montagne , dans ses lettres écrites au commen-
cement de ce siècle , se plaignait de cet abus ,
et ses plaintes n'ont corrigé personne.
Mais le citoyen Lechevalier , animé de cet
amour des sciences qiii fait tout entreprendre ,
a surmonté tous les dégoûts, bravé et les dédains
du turc et les dangers de U peste pour satisfaire
une curiosité d'autant plus louable qu'il la fait
tourner à notre profit. Aidé du crédit de l'am-
bassadeur de France , ( Choiseul-Gouffler) et sur-
tout de cette clé d'or qui ouvre les portes de
Sainte Sophie à Conslaniinople , comme celles de
S.iiiit-Paul à Londres , il est etitié souvent dans
l'intérieur de la ville , a parcourii ses rues , visité
ses édifices , pénétré jusque dans le château des
Sept-Tours , et découvert des monumens qui
avaient échappé aux recherches ou à la sagacité
de Pierre-Gilles. Il rapporte ce qu'il a vu: et il
a bien vu. L'idée qu'il nous donne de la nation
turque, s'accoide avec ce, qu en a écrit Milady
Montague. Ainsi cju'elle , il notis représente les
turcs comme des hommes moins supersiiiieux ,
iTQ-iins barbares, moins jaloux qu'on ne le croit
communément.
Il y a dans Conslaniinople treize bibliothèques
publiques . el des écoles pour la jeunesse ; on y
voit des cabarets,, et l'usage du vin y est aussi
commun aujourd hui que l'était autrefois celui de
l'opium. Les (emmes, dans l'intérieur du harem ,
sont traitées avec beaucoup d'égards, surtout
quand elles ont eu le bonheur d avoir un fils. La
stérilité, chez les femmes turques, passe pour
une disgrâce du ciel , et le célibat pour un
opprobre.
Les rues de Conslaniinople sont étroites et
sales , les maisons construites sans goût , l'étage
supérieur déborde de beaucoup 1 étage inférieur ;
mais l'intérieur est décoré avec beaucoup de
luxe : les bains sont construits ei distribués avec
une grande recherche.
La nation turque est aussi susceptible qu'aucune
autre d'instruction , de politesse et de perfec-
tionnement social ; mais la nature de son gou-
vernement s'oppose à ses progrès. Si la sublime
Porte ne se hâte pas de travailler elle-même à une
réforme qiJe la civilisation d'un voisin puissant et
ambitieux rend plus nécessaire pour elle aujour-
d'hui que jamais , l'empereur Selim sera traité
par les russes comme Mahomet II traita le
malheureux Cotistantin.
L'ouvrage du ci,toyen Lechevalier est orné de
caries levées par l'auteur lui-même , géomètre
aussi habile que bon écrivain , et gravées avec
beaucoup de soin et de netteté par le citoyen
Lhuillier , fils.
En lisant cet ouvrage , la carie sous les yeux ,
on croit être du voyage. On voit la Propontide,
ou mer de Marmara : le pont Euxin , ou la mer
Noire ; le Bosphore de Thrace , ou canal de
Constantinople; le Caucase et le mont Heemus ;
la Crimée et la Natolie, comme si Ipn y était : et
le cit. Lechevalier peut dire comme le pigeon du
bon Lafoniaine :
Mon voyage dépeint
Vous se» d'un plaisir extrême.
Je dirai : j'étais U; telle chose m'avisi :
Vous Y cioirez être vous-même.
Petit.
Au Rédacteur.
Carcasionne , le 28 thermidor an &.
Permettez , citoyen , que je relevé une erreur
qui vous est échappée dans le n° 3ai. Il importe
de n'en laisser subsister aucune dans un journal
tel que le vôtre, et lorsqu'il s'agit d'un homme
dont le nom appartient déjà à la posiérilé , je
veux parler du brave Desaix. Vous avez bien
voulu citer dans votre feuille ce que j'ai dit de
lui dans un discours prononcé le 25 messidor ,
à Carcassonne. Vous ajoutez que cet jéloge du
général Desaix s'adressait à des compatriotes de
ce guerrier. Il en faudrait conclure qu'il était né
dans le département de r.\ude , ce qui n'est pas.
Dans cette circonstance , vous avez appliqué aux
auditeurs ce qui n'appartenait qu'à celui qui
leur adressait la parole. C est moi qui , pour
me servir de vos expressions , me sentais plus
particulièrement honoré de sa gloire , plus naturel-
lement affligé de sa perte. Né comme lui dans le
département du Puy-de-Dôme ,je n'ai pu m'em-
pêcher de confondre dans un même souvenir et
ma pitvie et celui qui dans ce moment l'honore
par sa mort glorieuse.
Son norn m'a'rappellé les lieux oii je fus quel-
quefois témoin des premières années de son en-
fance ; et c'est au départenient oîi j'ai passé ma vie
jusqu'à présent, et flon à celui dont l'adminis-
tration m'est confiée depuis quelques mois , qu'il
faut rapporter tout ce que vous avez eu la bonté
d'inséier dans votre feuille.
j€ vous salue ,
- Le préfet de C Aude , Basante.
Le cit. Delunel . pharmacien, rue Honoré'
entre Saint-Roch etla rue des Frondeurs , n° 1424,
nous invite à annoncer qu'il a fait la découverte
d une encre qui ne peut être déiruite ni par
l'acide murialiquc oxigené , ni, par l'acide niiio-
murialique , ni par les autres réactifs chimiques ,
sans que le papier sur lequel on voudrait effacer
des caractères tracés avec cette encre , n'en soit
altéré. Un papier déposé au secrétariat de l'insti-
tut fait foi , dit-il , de celte assertion. Le lycée
des arts l'a confirmée par son suffrage; et le gou-
vernement , ajoute le cil. Delunel , a accordé
tin brevet d'invention. Qjielques adrninistraiions ,
et notamment celle de la loterie nationale , otit
déjà adopté I Usage de cette encre qui auxavan'
tages qui lui sont particuliers , joint toutes les
qualités d'une bonne encre. Le cit. Delunel offre
de répéter des expériences en présence des per-
sonnes' qui voudraient se convaincre par elles-
mêmes de la vérité de ce qu'il avance.
GRAVURES.
Collection d'études gravées à la manière du.
crayon, et dessinées d'après l'antique et Raphaél.
Les trois premiers cahiers de quatre feuilles
chaque , i franc 5o cent.
En feuilles séparément , 5o cent.
Etudes de jambes grosses comme nature , i fr.
20 cent.
Têtes d'après Raphaël, 2 crayons , i fr. 20 cent.
Se trouve à Paris chez Augustin Legrand , place
et près la porte du Muséum , n" 8.
LIVRES DIVERS.
Cause portée devant le tribunal de commerce
du département de la Seine , par le cit. Castanet ,
négociant el habitant au Cap Français , contre le
cit. Barrillon , son associé. Question de fidélité
sociale, déféiée à tous les gens de bien, avec
celle épigraphe :
II Hélas! après les bouleversemens rapides qui
!' ont fait -disparaître à la fois tant de pro-
î> priélaires , d'hériiiers , de créanciers, de
11 témoins , de titres , de souvenirs , assez de
!i trésors non réclamés . de dépôts inconnus ,
î' de successions délaissées , ont formé de
î> honteux patrimoines ! sssfz de gardiens
" et de coiifidens se sont transformés ea
)i propriétaires ! assez de fortunes , en un
" mot, dont le secret est au fond du tom-
)> beau des victimes , ne se coimposerent
î) que de leurs dépouilles ! j)
in-8° de 35o pages , compris les pièces justifi-
catives.
Prix, I fr. 80 cent.; et franc de port par la
poste , 2 fr. 80 cent.
A Paris , chez Desenne , libraire, au palais du
Tribunat.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 7 fructidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire ) 8 fr.
Tiers consolidé 3i fr. 75 c.
Bons deux tiers I fr. 57 c.
Bons d'arréragé 81 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 85 fr. 38 c.
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Coupures .. , 65 fr.
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Théâtre de la REPUBLii;y)E et des Arts.
Auj. Anacréon chez Polycrate , et le ballet de
Pygmalion.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Honorint ,
et les Avant-postes...
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes,
Le 10 , la 2' représ, du Meunier., général, et'
Jenny ou tes Ecossais.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
L'abonnée
: fait «Paris, rue des Poitevins , n» 18. Le prix est de 85 francs pour trois mois , 5o francs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
t'abonne qu au commeuce-nent de cliaqne mois.
Ufiutadrcsser les leitrcsct l'argent, fraocde port ,aucit. AcASSE, propriétaire de cejournal ,'ruedes Poitevins, n" 18. Ilfautcomprejidre dan» les envois le port des
pay» où l'on ne peut affianclitr. Les letlres des départemens non alfranchies , ne serout point retirées de la poste.
Il faut avoir soin, pour ^lus de sùreic , de charger celles qui rcnfermcnldes valeur» , etadresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, aa rédacteur, rue des
Poitevin!, n" 1 3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imptimetie 4u cit. Agasie , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 339.
Monidi , 9 fructidor an 8 de la république française , une et indivinbk.
Nous sommes autorises à ptévenit nos souscripicurs qu'à dater du 7 Nivôse le MoNlTE U il esc le seul lournai officie/.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenz , les nouvelles des années , ainsi que l<:s fiits et les notions tant sut
J'intérieur que sur l'extérieur, tournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré auix sciences , aux arti et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE,
Esquisse de l'histoire du sucre , par TV. Faleener.
ij 'usage du sucte remonte, à ce qu'il paraît,
à une haute antiquité; car il est fait mention
de la carjne douce {sweet cane) dans Isaïe et dans
Jérëmie , et tous les deux en parlent comme
d'une macliandise venant d'un pays éloigné ; ce
qui ferait conjecturer que la canne ne croissait pas
dans la Judée. — Il est à remarquer que le mot
taickar signifie en hébreu ivresse (inébriationj) ,
d où il y a lieu de croire que le jus de la canne
(kvait è(é employé de bonne heure à faire quelque
liqueur fermentée.
■ Les con-quêies d'Alexandre Semblent avoir fait
eonnaiire davantage celte plante aux parties oc-
cidentales du globe.
• Néarque , son amiral , trouva la canne à sucre
dans les Indes orientales , ainsi qu'il paraît par
ce passage de Sirabon : ii au rapport de Néarque ,
») dit ce géographe grec , l'Inde produit du miel
5j sans le secours des abeilles. Il provient de
») grands roseaux qtii ne portent point de fruits,
se mais doili le jus est enivrant. j> Ce passage
n'exprime point clairement que les indiens fissent
osagc de quelque procédé pour amener le jus
de la canne à la consistance de sucre. (Sirabon
dit , quelques lignes plus haut , qu'il croît dans
l'Inde (fes roseaux , dont le jus douxde sa nature.
estédulcOié encore davantage par l'action du feu.
■-- Remarque du traducteur. )
Théophras'e , qui vivait peu de tems après
Néarque (3o3A. G.), parait avoir connu le
eucre , ou du moins la canne qui le produit.
En fesant lénuniéralion des différentes espèces
de miel, il en nomme une qu'il dit provenir
rfe roseaux . par lesquels il entendait sans doute
quelques-uns du genre de ceux qui donnent du
sucre.
Eraloslhene , cité aussi par Strabon , parle de
glands roseaux, trouvés dans llnde , dont le
jus est aussi doux au goût, cru que bouilli.
L'auteur ancien , le plus voisin de nous, qui
art fait mention du sucre, est Varron , dont
Isidore nous a conservé un fragment ovi il fait
allusion évidemment à cette substance. Il la décrit
comme un fluide exprimé avrc force d'un grand
roseau , et plus doux que le miel.
Indien nam magnâ nimis arbore crescit arundo ;
IlliurS elentis premilur radicibus humor
Dulcia cui nequeant succo contendere mella.
Isidore , liv. 17, chap. 7.
Unde présente à Iceil une plante élancée,
tJn roseau dont la tige avec force pressée ,
Laisse échapper un suc qui flatte tous les goûts ,
Et l'emporte en saveur sur le miel le plus doux.
Dioscorides, parlant des diflFérentes espèces de
miel, dit qu'il en est une, nomm '.e saccharon
i sucre ) qui provient de roseaux trouvés dans
finde et dans I Arabie heureuse. Ce sucre, ajoute-
t-il , a l'apparence et la dureté du sel , il est
friable et il fond , comme lui , sur la lanoue.
Dissous dans de l'eau , c'est un bon spécifique
pour l'estoroach et les entrailles; il est utile aussi
dans les maladies de la vessie et des reins. Injecié
dans I œil , il le délivre des corps étrangers qui
le blessent ou l'empêchent de voir. (J'ai connu
un médecin nègre ijui s'en servait avec succès
pour enlever li;s taies. — Noie du traducteur.)
Dioscorides est le premier , que je sache , qui ail
fidi merilion des vertus rnédicinales du sucre.
Galien par;iîi avoir bien connu le sucre , dont
il donne à très-peu prés la même description que
Dlo^cOlide. Il le représente comme une espèce
de miel , quil nomme sacrhar , et qu'il fait pro-
vci.ir de roseaux qu'on trouve dans 1 Inde et
dans l'A.abie heureuse. Si,!on lui le sucre
e»t moins doux que le mitl ; mais comme ce
■dernier, il est détergent et dessicatif. Il loi
• ccorde déplus la qualité de faciliter la diges-
tion , et de ne point ailéier.
iii le troisième livr* dc.Calicn, qui traite des
lemcdes facile» ix se procurer , est biea de lui ,
on est fondé à croire que le sucre n'était point
un aniçle rare de son icnis , car il Iç prescrit
souvent.
(La suite dans les prtckaines feuilles. )
1 NT É R I SU R.
Rennes , le 2 fructidor.
Le préfet du dipnttcment d'IUe - et - Villaine , au
eitojen Chausseblanche.
CtTOVEN .,.des papiers ont annoncé l'éruption
d'un volcan aux environs île Ville. Voici des
renseignemens que je vous invite à publier pour
détruire cetie erreur.
Le feu a piis par hasard . ou a éié mis dans
les bruyères des landes de Moniauiour , situé à
deux lieues de Ville. Il s y conserve depuis un
moi dans les racines , après avoir brûlé de pro-
che en proche les cimes dîs arbiates poussés au
milieu des rochers.
Salut et ftaternilé. BoEIE.
— Le citoyen Richer , chef de brigade , com-
mandant l'arrondissement de Viiié:,' noirs a
transmis les mêmes renseignemeus. (Extrait du
journal du Nord-Ouest , i^Jructtdor, )
Mantes , le i"' fructidor.
La chaleur extraordinaire que nous avons res-
sentie ces jours derniers , mcriie d être notée.
Un de mes thermomètres au mercure , exposé
au nord , à l'ombre et isolé , est monté hier à
10 heures du raatiii , à Si degrés ; et au soleil
sur un mur déjà échauffé par lui , il est vrai , est
moulé jusqu'à 48, chaleur plus considérable que
celle que j'ai observée en Chypre çt au Kaire,
en 1787 , lorsque souElîait le veut de a^ud, notniiié
hampscin.
Les contradictions sur les observations du
thermomètre viennent de ce que tous ces ins-
trumens ne sont pas comparatifs dans toutes leurs
parties, et encore plus de lendioit oii^ot» les
expose ; car le même à ma cave ne donnait
que 12 degrés , dans ma cuisine 22 , et dans ma
chambre 25 seulement. Mais c'est sur la tempé-
rature exiéiieure que Ion doit faire ses remar-
ques; l'e tems s'est rafraîchi apiés 10 heures.
Nota. Depuis huit jours l'hygromètre à plume
avait baissé : l'éieciriciié était faible . ei lévapo-
ration était diminuée de moitié. De 5 à 6 lignes ,
par 24 heures , que j avais constamment depuis
un mois, je n'en trouvais plus que 3, ce qui
prouve que 1 air est presque saïUié d humidité ,
qui doit enfin se résoudre en pluie , ici ou ail,
leurs ; car nous n'avons encore aucun moyen
certain pour pronostiquer tes changcmcns de
tems, localement et dans la légion dair o
nous vivons.
Le' baiOmetre se tient toujours au-dessus d
îS pouces, il est ew-core à 2 lignes ce malin;
et le thermomètre à 21 degiés ^ malgré quil ait
un peu plu cette nuit.
,L. HuETTE , opticien ., membre de l'institut
départemental.
[Extrait de la feuille Nantaise, du i fructidor.)
Angers , le 2 fructidor.
Le 29 thermidor au soir, le cit. Barré, sous-
préfet à Beaupreaû , passant à la Jubaudicre ,
appier>d que deux scélérats , depujs long-tems le
fléau de ee pays , s y étaient retirés; pour ne pas
leur donner léveil , il court à Jallais et levient
piomptement avec huit ciioyens commandés par
le citoyen Barboi. L'auberge est investie ; Théo-
dore Ferid-l'air, l'un des brigands , est saisi par le
citoyen Nicolas , malgré sa résistance , et corjduit
garotié a Bcaupreao. Humeau , dit Poussière , est
de même anêie par les habiians de la Jubaudiere.
Tous montrent lu plus grand zèle à seconder leur
sous- préfet , à qui t>ous devons le bon esprit qui
anime aujourd'hui les habitans d'une contrée «jui
a éié depuis liuit ans le théâtre de la guerre in-
testine.
Le général de brigade , Girardon.
( Extrait des affiches d Angers. )
Paris , le % frudidor.
Le citoyen Michaux, associé de l'institut , a
rappoité de ses voyages en Pcise Uiw; piefic
de la nature du bazalte , chargée sur toute si
surlace d'inscriptions chaldécnnes , el de figures
parfaitement conservées : il annonce l'avoir trou-
vée à une journée au-dessous de Bagdad , dans
les ruines d un palais , nommé les jardins dt
Sémiramis , auprès du Tijire ; ruines qui annonr
cent que ce palais était un vaste et somptueux
édifice. On y voit encore de vastes souterrains ,
des aqueducs , etc. etc.
Le citoyen Michaux a déposé sa pierre à la
bibliothecjue nationale ; on pourra la voir pen-
dant deux décades, les 3,6 et g, depuis diic
heures jusqu'à deux.
(Extrait du Citoyen français.)
— Une lettre particulière , datée du camp de
Remilly , et insérée dans le Citojen Français , con-
tient les détails suivans:
Le 29 thermidor, à trois heures de l'après-
midi , il s'est manifesié une incendie au norti
du village de Cesscy. Tout a malheureusement
favorisé ce désastre ; la chaleur excessive cl pro-
longée de la s ison , et la nature des matériaux
avec lesquels les maisons des habitans de Cessey
sant construites , étani toutes bâdes en bois , ver-
moulues par leur ancienneié , et couvertes de
chaume. Eu un instant, avec une véiociié in-
cioyable , le feu a fait des progiès que tous les
amis de 1 humanité, ne peuvent que déplorer.
J'éiais à unniiUe du théâtre de la dévasiaiion et
de la douleur. J accours , et déjà la flamme
s'élance en petites getbes ; mais bientôt gagnant
de pioche en proche, et embrasant subitement
toutes les matières sèches et combusiibles , elle
s'est reproduite en une épaisse colonne de feu.
A l'aspect de cet immense brasier , les militaires
qui composent l'armée de réserve , campée à
Remilly , spni sortis de leurs baraques , et ont
couru presqu'en masse au secours des propriéiés
menacées , et de celles que la flamme avait déjà
atteinies.
J'ai vu alors les soldats républicains , unique-
ment iTius par l'éloquenie imp.uUkin de Ihuma-
niié, s'élancer vers le lieu de l'incendie .^Dortans
dans leurs mains leurs bidons qui leur servaient
de sceaux pour éteindre le feu ; ceux qui ne
pouvaient en avoir , employaient leurs chapeaux
qu'ils plongeaient dans la Tille. Enfin , le zèle e.t
l'activité des miliiaires de tous grades ontnon-seu-
lement empêché que l'incendie ne s'étendit au
loin et ne consumât le village entier , mais ifs
ont encore sauvé une ferme de conséquence
attenante à cinq maisons que tous lés efforts
n'ont pu empêcher d'être brûlées. Dirigés sur c'e
point imporiaiit par le général Mallet , commaa^
dant le camp, dont l'empressement et le zèle,
ainsi que celui du citoyen Joly son aide-dé-
camp, sont au-dessus de tous les éloges datfs
celle triste circonstance , une partie d'entr'éux
s'est élancée à la voix du général. et avec lui , suc
les haies que le feu avait déjà embrasées en plu-
sieurs endroits , et qui alhicnl nécessairement
communiquerl incendie et le propager des plantes
aux maisons, des maisons aux arbres de la forêt
et de là, portées par le vent qui s élevait , mena-
cer les baraques du camp. .
Les mains, les pieds, les bâtons, tout a é(é
employé alors pour étouffer les flammes, et le
lieutenant Vincent, de la quatrième demi-brigade
dOrient, voyant près de ce lieu un monceau de
fumiL-r, s'en est servi avec ses camarades pour
étouffer le feu , ce qui a parfaitement réussi ;
cependant le dommage a été considérable pour
les infortunés habitans dont f'incendie a atteint
les propriétés. Beaucoup de bestiaux ont été
brûlés dan^s lesétables ; un vieillard octogénaire,
voulant sauver les animaux , a vu le feu prendre
à ses li^bits sans qu il pût l'éteindre, et il s'est
vu presque consumer entier , malgré les secours
qu'on lui a portés ; il est mort le soir même.
Des militaires emportés par un zèle maguanune,
ont eu les uns les mains , les auuts les jainbcS
brûlées; de ce nombre est le citoyen Dcsoriicr ,
capitaine au premier régiment de hussarcls à
pied.
Les officiers du 2' bataillon complémentaire
de la-deuxieme demi brigade dOiient, qui Us
premiers ont pris cette touchante détermination
et ceux du £* tcgiment de hussards à pied, ont
donné une journée de leur paye , pour soulai;er
les malheureux incendiés. Cet exemple a tlé
suivi pat l'cl^t-majot et l'armce cnticie,
i366
— Une lettre écrite de Riedenburg en Bavière, Inoir , veste rouge et culotte bleue , boutons de
citée par la GazetU nationale de Franu , contient
entre autres détails sur la position des français
dans ce pays , ceux qui suivent.
» Les français n'avaient point encore pénétre
jusqu'ici : ce n'est que par suite de l'armislice
qu'ils s'y sont établis. On se fesait de nous l'idée
d'hommes sans mceurs , sans discipline et sans
religion. On est tout surpris de voir l'ordre
régner dans nos rangs , la décence dans les mai-
sons des particuliers , notre tolérance et noire
respect poar toutes les opinions et tous les
cultes. La gaîlé qui distingue particulièrement le
soldat français, paraît nous mettre assez en re-
commandation auprès des jeunes bavaroises. Il
y a ici beaucoup de prêtres dépoiiés et d'émi-
grés ; ils se montrent pour la plupart honnêtes
et prévenaiis envers nous. »
— Le citoyen Chamoulaud , auteur de la
banque générale du commerce de Fiance , vient
de présenter au premier consul un p|an qui a
pour objet , i° de créer à titre d'iudemînité une
■existence aux rentiers et pensionnaires de I état ,
au moyen d'établisseraens particuliers par les-
quels la nation fera des a-vances qui lui seront
remboursées sur-le-champ et dans la suite , tant
par les rentiers pensionnaires à même d'y satis-
faire , que par les secours de caisses auxiliaires
de bienfesance. 2°. De produire , par suite des
lembourscmens faits à la nation , une hausse
majeure et double dans les valeurs des inscrip-
tions , hausse dont profiteront tous les rentiers
et pensionnaires de l'état qui ne voudront pas
Jfairé usage des asyles qui leur seront ouveits ,
et dont le crédit public éprouvera la plus heu-
reuse influence. Les détails de ce plan sont con-
sigfiés dans un projet d'arrêté en 3l articles ,
qu on tiouve chez l'auteur , rue Chabannois , et
chez les principaux libr^res des déparieraens.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 6 fructidor.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
An. I". Il sera successivement et à mesure du
besoin, donné quatre succursales à la Maison
nationale des Invalides située a Paris.
La premitre sera placée dans la «4° division
militaire ;
La seconde , dans la sô*^ ;
La troisième , dans la 12';
La quatrième , dans la 8^.
II. Chacune de ces maisons sera destinée à
avoir deux mille invalides au moins.
III. Les invalides qui résideront dans les stiC-
cuisales seront logés, vêtus, nourris et trailés ,
sous tous les rapports , comme le sont ceux qui
résident à l'hôtel.
IV. L'éiat-major de la seconde de ces succur-
sales ne sera formé qu'au moment où la première
sera coropletie.
V. L'état-raajor de chaque succursale sera com-
posé d'un général de brigade , commandant en
chef; d'un chef de brigade, commandant en
second; et d'un commissaire des guerres de 1''
classe.
'VI. On n'admettra à l'avenir dans l'Hôtel de
Mars , situé à Paris , que les militaires qui auront
été très-gravement blessés. Les rations distribuées
hors de l'hôtel seront d abord éteintes.
VII. Les militaires invalides qui aimeront mieux
se retirer dans leurs familles ou dans quelque
autre partie de la république, que de résidera
l'hôtel ou dans ses succursales, jouiront de la
pension destinée à représenter l'hôtel.
Cette pension sera déterminée d'après les bases
fixées par la loi du 28 fructidor an 7,
VIII. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du piésent arrêté qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premier comul , signé-, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le iecrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies , le
conseil-d'état entendu , arrêtent :
Art. I". Les préfets maritimes porteront Un
habit français bleu , veste et pantalon bleus ,
brodés en argent de la largeur d'un centimètre ,
le dessin représentàrit des ancres enirelassées dans
des cables, chapeau brodé. en argent, et une
arme.
II. Il n'est rien changé à l'uniforme des vice-
amiraux et contre-amiraux.
III. Les capitaines de -vaisseau et capitaines de
frégate n'auront plus de broderie. Ils seront dis-
tingués par les épaulettes de leur grade.
iV. L'uniforme des officiers du corps du génie
maiilime sera habit bleu national, collet de velours
cuivre doré, portant une aricre , chapeau un
cocarde nationale , retenue par une ganse d'or
et un petit boulon à l'ancre.
L'irispecteur aura collet, revers et paremens de
velours noir , et deux bouionnieres brodées en
or sui: le collet , cinq sur les revers , trois sur
chaque parement.
Le chef de construction aura' collet , revers et
paremens de velours noir, et des boutonnières en
or sur le collet seulement.
Lesingénieursauront collet , reverset paremens
de velours noir.
Les sous-ingénieurs, collet et paremens de ve-
lours noir, et lluabit sans revêts.
Les élevés, le collet cte velours noir, et les
paremens de la couleur de l'habit.
Les officiers du' génie maritime joindront à
leur uniforme les épiiiuletles du grade militaire
quils auront acquis à la, mer.
V. L'uniforme des inspecteurs 'séVa réglé ainsi
qu'il suit.
Habit de drap' écarbtte ,, collet et paremens
de drap bleu national , veste et culotte blanches,
boulons de cuivré dbré, portant une ancre, cha-
peau uni , ganse vene et bouton a l'ancre.
Les inspecteurs porteront ijme double broderie
de soie verte , semblable à celle qui a été arrêiée
pour les inspecteurs aux revues , sur le collet,
les paremens et la patte de la poche.
Les sous-inspecteurs porteront une seule bro-
derie de soie verte sut le collet et les pare-
mens.
VI. L'uniforme de l'administration de la marine
sera habit bleu de ciel, paremens et collet écar-
laite , veste culotte et doubluie blanches, et
boulons de cuivre doré, portant une ancre,
chapeau uni , gâiiVe blanche et un petit bouton
à l'ancre.
Les chefs d'administration porteront une double
broderie de soie blanche de deux centimètres de
largeur, conformément au dessin arrêié par le
départeinent de la guerre pour les ordonnateurs
et commissaires des guerres, sur le collet et les
paremens et la patte de la poche.
Les commissaires principaux , une double
broderie de soie blanche , semblable à celle
des chefs d'administration , sut le collet ei les
paremens.
Les commissaires ordinaires porteront une seule
broderie de soie blanche , sur le collet et les
paremens.
Les sous-commissaires porteront une seule bro-
derie sur le colletseulement.
Les commis principaux de l'administration
porteront l'habit bleu de ciel , le collet et les
paremens écarlatte , avec le bouton à l'ancre.
Les commis oi'dinaires de la marine porte-
ront l'habit bleu de ciel , et le collet écarlaite.
• VII. L'uniforme des officiers de santé de la
marine et des colonies est composé d'un habit
de drap bleu, piqué d'un 16°"^ de blanc et con-
forme à celui des officiers de santé du déparlement
de la guerre.
Les collets , revers et paremens seront de
velours noir pour les médecins , cramoisi pour
les chirurgiens , et verd-bouteille pour les
pharmaciens , boutons surdoses , timbrés d'une
ancre.
La doijblure de même couleur que l'habit , et
la culoite dé même drap ;
La vesie écarlatte, en hjver , et blanche en
été , chapeau uni ^ ganse noire et petit bouton
à l'ancre.
Les premiers officiers de santé en chef des
trois états , et les consultans auront le collet ,
revers et paremens de velours de la couleur
aiiachée à leur profession , avec neuf bouton-
nières brodées en soie bleue de ciel , sur le
reveis de l'habit, deux sur le collet , deux sur
chaque parement, et trois sur la patte de la
poche.
Les seconds officiers de 'santé en chef porte-
loril^sepl bouionnieres sur le revers, deux sur
le collet, deux au parement, et trois sur la
patte de la poche.
Les' professeurs porteront cinq boutonnières
sur lé revers, deux au collet, deux au pare-
ment', et trois sur [la patte de là poche de
l'habiJ. ..;_
Les' officiers de santé de pretniere classe au-
ront le collet , les revers et le parement de ve-
lours de la couleur affectée pour désigner leur
état -.ils porteront deux boutonnières brodées
au collet, deux.au parement, et trois sur la patte
la poche de de l'habii. .
Lrs officiers de santé de seconde classe por-
teront deux bouionnieres brodées au collet et
deux sur le parement.
Les officiers de santé de troisième classe por-
teront deux boiilounieres brodées , sur le collet
seulement. .
Les étudians qui , après un examen , auront
mérité dêlre comptés au nombre des candiifciis ,
pourront, sur la proposition du conseil de salu-
brité , approuvée par le préfet niaiilime , poner
l'habit uni, avec les boulons unifoimes,
VUI. Le ministre de la marine et des colo-
nies est chargé de l'exécution du présent ariêié
qui sera imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 7 fructidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du minisire de la marine et des colonies , le con-
seil-d'état entendu , arrêtent : -
Art. 1°'. Il sera fait une lire des officiers de la
marine , qui ne comprendra que le nombre
d'officiers indiqué pour chaque grade par lat-
ticlc II de l'arrêté du 26 thermidor. ,
Le projet de cette liste sera présenté par le
ministre à l'approbation du premier consul.
II. Les cent cinquante places de capitaines
de vaisseau seiont remplis indistinciement par
des chefs de , division et des capitaines de vais-
seau actuels.
III. Les chefs de divisision qui seiont con-
servés au service prendront rang avant tous les
capitaines de vaisseau.
Leurs appoiniemens de paix restent fixés à
4800 ff.
IV- Le service attribué par les lois et régle-
mens aux chefs de division , sera fait pat les
capitaines de vaisseau.
V. Les officiers- généraux , chefs de division ,
capitaines de vaisseau , capitaines de frégate et
lieutenans de vaisseau , non compris dans la liste
ordonnée par l'article l^' , seront censés réfor-
més , et il leur sera alloué le traitement de ré-
forme affecté à leurs grades et à leurs services,
lequel leur sera payé à compter du 1" vendé-
miaire an g.
VI. Les enseignes non compris dans cette liste
seront réputés officiers non entretenus , et seront
les premiers appelles au service, si les besoins de
la marine l'exigent.
A défaut d'emploi , ils seront réputés officier»
réformés , et les dispositions de larticle précé-
dent leur seiont appliquées.
VII. Le t*^' vendemiaiie an 9 est fixé pour
l'époque de la mise en acuvité de la nouvelle
organisation du corps de la marine.
VIII. Le ministre de la marine et des colonies
est chargé de l'exécution du présent arrêté , qui
sera imprimé au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies, le
conseil- d'état entendu , arrêtent :
Art. I". L'arrêté du directoire exécutif, du 14
brumaire, an 8, qui ordonne qu'indépendamment
des retenues précédemment établies au profit de
la caisse des invalides de la marine , il sera pré-
levé un décime par franc sur le produit net de
toutes les prises faites, soit par les bâtimens de 5»
république , soit par les bâtimens du commerce ,
est maintenu; en conséquence ladite retenue sera
exercée , ainsi qu'il est prescrit par les art. I*' et
ly dudit arrêté , pour en être le produit versé
dans la caisse des invaHdes de la marine, et em-
ployé au soulagement et à l'entretien des prison-
niers de guerre français , provenant des bâtimens
de la répubhque et du commerce , conformément
à l'article II du même arrêté.
II. Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté , qui sera
"inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république,
nomme le citoyen Lescallier ', conseiller-d'éiat ?
préfet matitimeà l'Orient.
Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté.
Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la répubhque, vu les lois du
7 frimaire au 5 , du 8 thermidor même année,
du 6' jour complémentaire an 7 , relatives aux
droits à percevoir sur les spectacles ;
Vu la loi du 5 ventôse an 8 , relative aux
octrois;
Vq également la loi du 25 ventôse an 8, qui
proroge pour l'an g les contributions directes cl
indirectes de l'an 8 ;
Sur ie rapport du ministre de l'intérieur , le
conscil-d'élat entendu , anêicnt:
Art. 1"^. Les droits établis suc les spectacles ,
bals , feux d'artifice , concerts , courses et exer-
cices do chevaux et autres iêtes où l'on est admis
en payant , continueront à être perçus pendant
l'an g , suivant le mode établi ^<ar les lois.
II. Le produit de ces droits continuera d'être
affecté aux besoins des hôpitaux et des secours
à domicile de chaque commune , d'après la
répartition qui en sera faite par le préfet , sur
l'avis du sous-piéfet.
III. Le ministre de l'intérieur cstchargé de l'exé-
ctiiion du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
I^ES corsaires ie Bien-infermé et le Coureur , de
Boulogne, ont capturé à la côte d Angleterre et
lait entrer dans le port ci-dessus un lougre an-
glais , chargé de genièvre , eau-de-vie et tabac.
Le corsaire la Mouche, de Bordeaux, capitaine
Plassiard , a pris et envoyé à Sainte - Croix de
Ténériffe le brick portugais Espirit» Santo é San
Fedro allant de Madère à Saint-Michel, l'une des
Açores , chargé de diverses maichandises.
Le même corsaire a envoyé à Orotava , île de
Ténéiitfe , le navire la Lune , de Livcrpool , qui
s'est rendu à lui , après un combat où l'anglais a
eu plusieurs personnes tuées et d autres blessées.
Ce bâtiment était destiné pour la côie de Guinée ,
et il avait à bord des marchandises appropriées
au commerce d'Afrique.
RÉFECTURE DE POLICE.
Avis.
Du 8 fructidor , an 8 de la république française ,
ura et indivisible.
Le préfet de police prévient ses concitoyens
qu'indépendamment des acies désignés dans son
avis du i3 thermidor dernier , que l'arrêté des
consuls en date du 12 messidor piécédent lui
attribue, le même arrêté te charge aussi :
De viser les perniissions ou congés des mili-
lilaires ou marins qui auront obtenu des congés
limités ou absolus, et qui , apiès avoir rempli
les formalités prescrites par les réglcmens mili-
taires , voudront résider et séjourner à Paris ;
De délivrer les cartes d'hospitalité ;
Les permissions de communiquer avec les dé-
tenus , dans les cas piévus par la loi ;
De recevoir les déclarations des ministres des
cultes et leur promecise de fidéli;é à la consti-
tution de 1 an 8 , ordonnée par la loi ,même lors-
qu'ils n'auvbient pas piêté lessermens prescrits par
les lois aniérieures;
De recevoir les déclarations et de délivrer les per-
missions pour port d'armes à feu , pour l'entrée
et sortie de Paris avec fusils de chasse;
Pour ouvrir des boutiques , étaux de boucherie
et de charcuterie , et pour établir des auvens ou
constructions du même genre , qui prennent sur
la voie publique.
Le préfet de police invite ses concitoyens à se
conformer , en tout ce qui les concerne , à l'arrêté
des consuls , du n messidor, et les avertit que
les bureaux de la préfecture de police sont ou-
verts tous les jours , excepté le décadi , depuis
neuf heures précises du matin jusqu'à quatre de
relevée.
Le préfet, signé , Dubois.
.ATo^a. Toutes les pétidons présentées au préfet
doivent être faites sur papier timbré, excepté
celles relatives aux demandes de secours; sans
cela elles seraient mises au rebut. (Loi du i floréal
an 5. )
SIXIEME LISTE
Des souscripteurs pour le monument à élever à la
mémoire du général Vesaix.
Montant des cinq premières listes ,
livres de France, j8,8g2f. 65c.
Un citoyen des Etats-Unis d'Améri-
que qui ne veut pas être nommé,
lu guinées , ou 3i5
Le général de brigade , Ledoyen ,
inspecteur aux revues à Bruxelles, 3o
ig,«37 65
i367
De l'autre part 19,237 f. 65 c.
Cochon , préfet du département de
la 'Vienne , à Poitiers , . 24
Ducis, membre de l'institntnational, \%
Magnien, adrninistrat. des douanes, «4
Contant, employé à l'administration
des douanes , 6
Barrillon , négociant , rue Neuve-du-
Luxembourg , n" 161 , .(» l5o
Richard , préfet du département de
la Haute-Garonne , 48
Dantigny, secrétaire -général '<!le la
préfecture du département de la |
Haute Garonne , 24
'Vence , préfet maritime à Toulon, 5o
Lidoux, lieutenant de vaisseau , ad-
judant de la marine, qui passa sur
sa frégate P«aiA' en Egypte; 12
Nicolas Révérend Perdrix , négociant
à la Vacquerie , près Guise, 24
Le général de division 'Vignole ,
commandant la Lombardie , , 24
L'adjudani-général Hulin , comman^ „
dant la place de Milkn , 24
Brack, directeur des douanes à Mar-
seille , 24
Le général Mathieu, 5o
Laur-dOlongues, membre du con-
seil-général du département de
1 Hérauh , 24
Brucher, ancien officier au régiment
de Bretagne, à Courtaison, 24
Gros Davillers et compagnie , njgo-
cians , 24
C. D. Misegaes, de Bremen , 3o
P'^' Pierre , commissaire-général de
police à Bordeaux , 35
Babut , neveu , secrétaire - général
attaché au commissariat - général
de police à Bordeaux , i5
Dupré , directeur des fourages à
Mayence. 24
Michelot,garde-magasinà Mayence. 24
Guyot, garde-magasin à Mayence. 24
Auguste Vaa Ruymbecke , légis-
lateur. 34
Jean -Joseph 'Wclter , associé cor-
respondant de l'institut national. 24
Duiremblay , administrateur de la
loterie, rue Montmartre , n° 3. 24
Jacques Robert , chef de brigade ,
sous-inspecteur aux revues. 24
Jacques Robert fils , âgé de 12 ans. is
Delisle , commissaire général des
relations commerciales , et chargé
. d'affaire de la république fran-
çaise en Suéde, à 5iockolm. 24
Bâcher, coramissaireipour l'échange
des prisonniers , à Francfort. 5o 60
Collin , préfet du département de
la Drôme. 56
Dubois , préfet du département du
Gard , à Nîmes. 24
Saint-Ceran , propriétaire à la Bour-
hirc , département de là Vendée. 24
Dannery , commissaire des relations
commerciales à Barcelbnne. 24
Samuel Adam Dannery , son fils. 24
Colchcn , préfet du département
de la Moselle. 24
Berteaux , secrétaire de la préfecture
du département de la Moselle. 24
Verneilh , préfet du département de
de la Correze. 24
Le tribunal d'appel séant à Bourges,
département du Cher. 72
Bontibonne, ancien officier d'infan-
terie à Qjiimper. 12
Bontibone fils , à Quimper. 6
Le citoyen Gerphjnion , préfet du
département de la Lozère. 24
Malye , général de brigade , natif
de Clermont-Fcrrand , comman.»
dant la place de Juliers. «4
Mollevaut , membre du corps lé-
gislatif, à Nancy. 24
Le commandant et les adjudans de
la place à Cologne. 24 .
Observations ntétéorologitjraes faites à Rouen, durant
lu sécheresse.
Voici quels ont été les degrés de chaleur à
Rouen , d-urant les six derniers jours de ther-
midor:
Expositioo à l'est. Exposition à l'ouest.
deg. dix. dcg. dix.
Le 24,à loh. du m., 3i 5 A3h.dus.,35 5
Le 25, 3i
Le 26 , 37
Le 27, . . . .
Le 28
Le 29, . . . .
Le 3o, . . , .
Le l" fructidor
33 5
non observé.
35 5
3i 5
35 5
37 o
33 o
Total jusqu'à ce jour. — Livres oufr. 20,53o a5
On continue à recevoir les soQscriptions chez
le citoyen Dclessert , secrétaire du comité des
souscripteurs , rue Coq-Héron , n" 58.
33 o
34 o
34 o
34 75
3i o
On rerparquera que , le 3o , jour à la fin duquel
a éclaié l'orage qui nous a donné de la pluie , le
iliermomeire a monté à 37 degrés , trois heure»
aVant que le tonnerre se fât Fait eiiter.dre ; on
remarque encore que cette chaleur est celle du
Sénégal. La chaleur de la peau humaine est de
29 à 3o degrés. Ainsi , nous avons , le 3o , é'é
pénétrés ou enveloppés d'une chaleur mesurée
par 67 degrés.
On fait observer que le thermomètre a, dan$
tous les cas, été isolé, en- plein air et en plein
soleil. Le baromètre , le 3o , était à 28 pouces,
S lignes.- Le 24, il s'était élevé à 29 pouces.
Décadi à midi , un physicien a voulu s'assurer
de la température de la Seine. Il s'est placé à l'un
des éperons dû pont, dans la partie où l'eau est
la plus rapide. Le thermomètre placé à trois déci-
mètres au-dessous de la surface, est descendu de
30 degrés à ig , où il était à l'air libre sur le
pont ; et porté au fond de la rivière , à 9 mètres
de profondeur ( 27 pieds environ) la tempéra-
ture ne s'est abaissée que d'un degré , c'est-à-
dire que là , la température de Icau était à
18 degrés. . ''
Cette expérience n'avait point encore été faite,
à Rouen. On y a mis beaucoup d'exactimde et
le tems suffisant; on peut y compter. Si l'on
part de la température de l'eau gelée à 10 degrés ,
comme elle la été cet hiver , on trouve que la
différence de la chaleur éprouvée par les pois-
sons , est de 29 degrés ; ce quils ne supporte-
raient pas, s'ils l éprouvaietit instantanément.
L'homme seul peut passer presque subitement
d'une température basse à une tès-élevée , sans
en être sensiblement incommodé.
( Extraif de la Vedette de Rouen , le 5 fructidor.)
L Homme dss champs ou les Géorgiques françai-
ses , poëmc en quatre chants , par Jacques,
Delille.
Pour faire connaître le plan de ce pocme ,
nous ne pouvons faire mieux que d'emprunter-
les paroles de l'auteur lui-même : le passage suU.
vant est extrait de sa préface.
>) Ces nouvelles Géorgiques n'ont rien de com-
mun avec celles qui ont paru jusqu'à ce jour, et
le nom de Géorgiques, ainsi que dans d'autres poè-
mes français, et particulièrement dans le poëme
des Saisons du cardinal de Bernis , est employé
ici dans un sens plus étendu que son accepdon
ordinaire. Ce poëme est divisé en quatre chants,
qui , tous relatifs diu-x. jouissances champêtres , ont
pourtant chacun leur objet particulier. Dans le
premier; c'est le sage qui, avec des sens plus'
délicats , des yeux plus exercés que le vulgaire ,
parcourt dans leurs inombrables variétés les riches
décorations des scènes champêtres , et multiplie
ses jouissances en multipliant ses sensations ; qui,
sachant se rendre heureux dans son habitation
champêirej, travaille à répandre autour de lui son
bonheur, d'autantplus doux qu'il est plus partagé.
>' Le second peint les plaisirs utiles du culti-
vateur. Mais ce n'est pas ici l'agriculture ordinaire ,
qui semé ou recueille dans leurs saisons les pro-
ductions de la nature , obéit à ses vieilles lois ,
et suit ses anciennes habitudes : c'est l'agricultuie
merveilleuse , qui ne se contente pas de mettre
à profit les bienfaits de la nature , mais qui triom-
phe des obstacles , perfectionne les productions
et les races indigènes, naiuralise les races et les
productions étrangères , force les rochers à céder
la place à la vigne , les torrens à dévider la soie
ou à dompter les métaux; sait créer ou corriger
les terreins , creuse des canaux pour l'agriculture
et le commerce , fertilise par des arrosemens le»
lieux les plus arides , réprime ou met à profit les
ravages et les usurpations des rivières ; enfin
parcourt les campagnes , tantôt comme une déesse
qui semé des bienfaits, tantôt comme une fée
qui prodigue les enchantemens.
>i Le troisième chant chant est consacré à l'ob'
servateur naturaliste , qui , environné des ouvrages
et des meilveilles de la nature , s'attache à les
connaître, et donne ainsi plus d'intéiêt à ses
promenades , de cha mes à son domicile et d'oc-
cupation à ses loisirs; se forme un cabinet dliis-
i368
tdirs riaiurellg, otûlé , ri io fi dé rhefVfeilles étfitt-
gcies , nuis de celles «]ui l'environnent', et qui ,
nues tluns son propre sol, lui deviennent plys
iiitéressantes encore. Le sujet de ce chant est le
plus fécond de tous , et jamais une carrière plus
vasie et plus neuve ne fut ouverte à la poëiie.
)> Éiifin , le quatirième apprend 3U pd'ëtê des
chrMfts à Célébrer, eu vêts dignes de la nature,
sts pfiéiioiiienes çt Ses licllésses. En énseigrtànt
i ail de peindre les beautés chanapêttes , 1 auteur a
lâché d'en saisir lui-mêipe les trails les plus ma-
jes'lUeiix et les plus touchans. u
Les éditeurs de ce poëine en publierit plusieurs
édiiibns ;
Urie édition in-8° , avec giavure , papier grand-
raisin blanc , 3 fr. . .
La mênrc', avec gravure , sur grand- raisin
vélin , 12 fr.
Ld même , avec gravure avant la lettre, sur
gltarid-raisin vélin supeifiii d'Aurionay , i8 fr.
Uiie édilon iri - 12 , papier ordinaire , avec
giravCiré , 2 Ir.
La même, aVet ^favùfé , Sur papier grand-
ràisiri blahc , 3 fr. 5ô cent.
La rtième , avec gravure , sUt grand raièin vélin ,
8 fraticâ.
La même, avec gravure avant la lètite, sur
papier giand -raisin vélin superflu d'AtinOiiay ,
12 francs.
Une édition in-iS , avec une gravure seule-
ment , I fr. 80 cent.
La même, avec 4 gravures, sur papier carré
En , 3 fr. 5o cent.
La même, avec 4 gravures., sur. grand-raisin
vélin , g francs.
La même avec gravures , avant la lettre , suc
papier grand-raisin vélin superfin d'Aunonay,
i5 fr.
Une édiiiuii in-S". sur papier commun , sans
noies , I fr.
Une édition in;ia sur papier commun , sans
notes , 75 cent.
Une édition in-j8 sur papier commun , sans
lïb'tés , 60 cent.
L]édition in-4° sur papier grand-jesus vélin su-
jjerfiii d'Annonay sera ornée de quatre gravures
du citoyen Guérin l'aîné , connu surtout par sa
Belle estampe de C Amour désarmé ; il n'eu sera
tiré que 25o exemplaires.
. Cette édition; Sera nécessairement retardée de
deux, à trois mois par la gravure des planches et la
çonfeciion de caractères nouveaux; mais les édi-
teurs reçoivent dès-à-présent des souscriptions ,
et les épreuves des gravures seront délivrées exac-
ten'ient à chaque Souscripteur, d'après le numéro
de l'inscription.
Le prix de cette édition est, pour les exem-
plaires avec la lettre , de 48 fr. Pour ceux avint
là lettre, de 72 fr.
Les souscripteurs de l'édition \u-^° recevront
gratis un exeniplaii'e dé rin-12 , papier blanc,
ftvec gravure , en payant d'avance le prix de la
souscription.
On s'adresse , pour recevoir cet ouvrage , et
l'on souscrit pour l'édition in-4":
A Strasbourg, chez les fceres Levrault , imp'ri-
meurs-libraires.
A Paris , chez les mêmes , quai Malaquai , aa
coin de la rue des Peiiis-Augustins ; Pougens ,
libraire , quai Voltaire , n" 10 ; Fuchs , rtiaison dt
Clugny, rue des Mathurins. •
Suite du cours public du citoyen Aubry , géomètre,
sur l'application du calcul décimal à toutes Les
opérations d'administration de finance , de banque
et de commerce de tous les pays de la terre.
Seconde leçon.
^. IL De la manière de négliger Us décimales quand
elles se trouvent en trop grand nombre.
Ce qui a trompé jusqu'à ce jour ceux qui n'é-
taient point exercés au calcul décimal, c est que
personne ne leur avait appris la manière d'ap-
précier les chiffres décimaux pour ce qu ils sont ,
e!t qu'ils les avaient toujours considérés comme
des entiers.
En effet , s'ils ont vu i , suivi d'un certain nom-
bre de chifFres, comme ceux-ci qui soucies plus
gros de l'ariitiméiique : 1,999999999999999.
Ail lieu de considérer, dans tous ces 9, une
Valeur inférieure' à celle du i qui précède la vir-
gule , ils se sont imaginés livoir devant les yeux
itne quantiié cxhorbifante.
C'est doni pour les détromper qu'on va leur
faire le raisonnement suivant :
Qu'est'-ce que le premier g représente ? n'est-ce
pas -^ ? Eh bien -^ n'égaleroiu jamais les; dix
dixièmes qui composent 1 entier 1 , puisqu'il s'en
manque d un dixième.
Q_u'est-ce ensuite que les deux premiers 9 re-
préscnieiii ? n'est-ce pas 9 dixièmes et 9 csntieines ,
autrement gg csiltiemes i* Eh bien , gg centièmes
n'égalcrofll jamais non plus les tou ceiiiiemes (jui
composent le même enlicr 1 , puisqu'il s'en man-
que d un ceniicme.
Qu'est-ce enfin que les trois premiers chiffres
représentent ( car il est facile de diviser le rcsie
de la progression ) ? n'est-ce pas g dixicincs 9 cen-
tièmes et g millièmes , autrement ggg millièmes?
Eh bien , les ggg millièmes n'égaleront jamais les
1000 millièmes qui composent le même tiuler 1 ,
puisqu'il s'en faut encore d'un millième.
Comme on voit, il y aurait un millier de g à la
suite du i , que ces mille g n'égaleraient jamais en
valeur le i en question :
D'où l'on doit conclure ,
Que si l'unité des raclures est d'une tlès-peliie
valeur , comme, par exemple, un franc , il suHira
toujours de la première décimale écrite , si la
deuxième ne passe pas 5 , et de l'augmenter d'un
si elle passe 5 ; le tout comme on en a l'exemple
dans 4,34798, et dans 7,26g42g , qui s'alsrégeront
comme ceci , 4,3 ;, parce que dans le premier
nombre le 4 qui suit le 3 est inférieur à 5 et 7,
3 ; parce que dans le deuxième nombre le 6
de la deil'xieme décimale passe 5.
Que si celte même uniié vaut de i à 10 fr. ,
il sulKra toujours des deux premières décimales
écrites si la troisième ne passe pas 5, et augmen-
ter le second d'un i si la troisième décimale
passe 5; le tout comme on en a l'exemple dans
28,4 72g 567, et dans l4,5o5'679, qui s'abrégeront
comme ceci, 28,47, à cause que dans le premier
nombre le 2 de la troisième décimale ne passe
pas 5 , et 14, 5l ; à cause que dans le deuxième ,
le 5 de la troisième décimale fait pencher la
balance en faveur du chiffre à ajouter.
Que si enfin l'.unité des mesures vaut de 10 à
100, ( car il est également facile de deviner le
teste de la progression ) , il suffira toujours des
trois premières décimales écrites si la quatrième
ne passe pas 5, et d'augmenter la troisième d'un
un si celte quatrième décimale passe 5 ; le tout
comme on en a l'exemple dans 388,437ogg578, et
dans 5472,2428g327 qui s'abrégeront comme
ceci 388,437 , à cause que le zéro de la quatrième
décimale dans le premier nombre est certaine-
ment inférieur à 5, el,5472,243; à cause que le S
de la quatrième décimale dans le second nombre
lui est supérieur. Comme ion voit , il ne faut pas
s'effrayer des chifFres nombreux qui suivent la
virgule , et qui se présentent fréquemment à la
suite d'une multiplication et d'une division ; c'est
même de cette habitude , à les considérer pour
ce qu'ils sont , que doivent dépendre les progrès
que l'on sera dans le cas de faire dans l'étude du
calcul décimal.
AVIS.
La commission administrative du sénat-conser-
vateur, recevra des soumissions pour les appro-
visionnemens de bois de chauffage et les illumi-
nations du palais du Luxembourg dans les fêtes
publiques ; elle invite ceux qui voudront en faire,
à les reSietire , «rvant le i5 fructidor au plus tard,
au secrétariat de la commission.
La manufacture nationale des porcelaines de
Sèvres, s'occupant de renouveller ses formes et les
modèles de ses marchandises , donne avis qu'elle
fera vendre à l'enchère., à Paris, le 21 courant et
jours suivans i toutes les porcelaines anciennes ,
tant blanches que décorées, qui existent encore
dans ses magalîins. Cette vente aura lieu au palais
national du Louvre , dans une salle qui sera
indiquée par de nouveflles affiches.
Théâtre des Elevés du Vaudeville , rue du Bacq.
La nouvelle direction justifiera du titre qu'elle
prend s en n'offrant au public que des vaudevilles
nouveaux , mêlés de quelques comédies en un
acte, pour pa'rcr seulement ài l'ennui ordinaire
des entractes. Il est impossible aux administra-
teurs de faire représenter plus de deux fois par
décade , jusqu'à l'époque où leur répertoire seia
plus étendu.
Livres anglais à vendre au prix de Londres.
Le ciioyen Tavernier, libraire, rua du Bacq,
n° gS? , a l'iionneur de prévenir les amateurs de
livres anglais, quil conliniie de faite la commis-
sion en ce genre. On trouvera chez /ui , en ce
moment , Un iiès-joli choix de livres anglais ,
reliés à Londres, qu'il cédera absolument aux
prix qu'ils se vendent dans celle ville; ce qui
présente aux acquéieurs un grand avantage ,
les Irais de tianspoit élant depuis la gucnc a'un
taux fcxorbitaul.
LIVKES DIVERS.
Description des plantes nouvelles et peu connues ,
cultivées dans le jardin dej. M, Çcis , avec iig. :
parE. P. Vcnicnat, de l'insillut naiîonal de France
I uii des
Paniliéon.
--- - 'lance ,
rvateurs de la bibliothèque du
De l'inipnme'iie de Crapelet. A Paris , chez
1 auieur , à la bibliothèque du Panthéon ; Barrois .
l'aine , libraire , rue de Sjvoye : Fuchs , libraiie ,
rue des Mathurins , hôtel de Cluny ; Garnery ,
libraire , rue de Seine , vis-à-vis la rue Mazarine ;
Kœnig, libraire , quai des Augusiins.
Cet ouvrage sera composé de 20 fascicules 611
cahiers. Chaque fascicule contiendra la descrip'*'
lion de dix plantes avec leur figuie et celle des
détails de la fructification.
Le premier cahier paraîtra le t'^'' vendémiaire
an g , et plutôt s il est possible; les autres paraî-
tioiit successivement de tiois mois en trois mois.
Le format de cet ouvrage est grand in-^" ^
sur papier nom-de-jésus , et in-fol. sur papier
gr^nd raisin vélin On ne tirera qu'un petit nom-
bre d'exemplaires de ce format.
Le prix de chnqi.e fosticule tV/-4° sera de 12 fr. ,
et i7i-jol. de 24 fr.
Les souscripteurs pour le formai in-i° paieront
12 Ir. en recevant le premier fascicule ; ils paie-
ront 12 fr. en retirant • chacun des fascicules
suivans. Les sousciipieuis pour le papier grand-
raisin vélin, paieront le double.
Les souscripteurs auront les prerriieresépreuvéâ,
et ils seront fournis suivant 1 ordre des numéros
de leur sousciiption.
Les plus habiles artistes ont concouru à la
peifeciion des figures.
On souscrit chez fauteur , et chez les libraires
mentionnés ci-dessus.
Portefeuille de M. de Bievre ou recueil de calam-
bourgs figurés , à l'usage des amateurs de charades ,
rébus , énigmes et logogryphes , f' livraison.
Prix , en feuilles , 2 fr. , et 2 fr. 5o cent, franc
de port ; en boîte, 2 fr. 80 cent.
A Paris , chez Constantin, hbraire ; et à l'an-
cienne librairie de Dupont , rue de la Loi ,
n" I23i.
Le Gondolier ou ta Soirée Vénitienne , opéra en
un acte.
A Paris , chez S. A. Hugelet, rue des Fossés-
Jacques , n" 4.
Premiers élémens de Minéralogie , selon la mé-
thode de d'Aubenton , par Auguste Traversay,
116 pages in-S° , beau papier , caractère neuf;
prix, 2 fr. 25 cent.
A Paris , chez Deterville , libraire , rue du Bat-
toir , n° 16, et chez Croullebois , libraire , ru.e
des Mathurins-Jacques , n" 3g7.
L'auteur mu par le désir d'être utile aux amis
de la minéralogie , n'a pas voulu attendre que son
ouvrage fût entièrement imprimé pour offrir au
public le tableau méthodique des minéraux du
célèbre Daubenton , que l'on ne trouve plus dans
le commerce ; outre les additions considérable*
qu'il y a faites , 'on lira avec intérêt les notions
préliminaires sur la minéralogie qui le précèdent.
Les deux autres cahiers qui completteront son ou-
vrage paraîtront sous peu.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 2, fructidor. — Cours des effets publics..
Rente provisoire I7 fr. 88 c.
Tiers consolidé 3i fr. Soc.
Bons deux tiers 1 fr. Sg c.
Bons d'arréragé 82 Ir.
Bons pour l'an S. 85 fr. 38 Ci
L'uboiiaetB-ciit se
abonne qu':iu con
aris, rue des Poitevins, n" 18. Le prix est de aSfrancipdtir troi» tno'ia, So frïùcj pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On n
ment de chaque mois.
11 fiiil adresser les lellrcs et l'argent , franc de port ,lucit. ACASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, n" 18. Ilfantcomprejidre dans les envois le pott \l«
■ pays aii. l'on ne pe'at affranchir. Les lettres des dëparteméns èon affranchies , nèseroiitpôintretirée! d«.la fiDSte.
U faut aVcfir soin, poui ^lus de sûreté , de charger celles qui reufermenldes valeurs , et adresser tout ce quicaucetne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue de
Poitevins, n° l5, depuis neuf heures du matin jusqu'à citq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL:
w° 340.
Déc-adi , 10. fructidor an S de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à piévenlr nos souscripteurs qu'à dater du 7. Nivôse le M O N IT E U R est le seul journcfl officUL
Il Contient les séances des autaricés constituées , les actes dugouverHêtneni', les htfuVdIfes dëS'ârmée
intérieur que sur l'extérieur, fournis par les corfeisp'oh'dAAcléi'rninistéiri'pIPé^. '"''if""''»'
iëS' armées, ainsi que les faits et les notions tant sur
il I 1:> , .,.„ •,. '■, >'Vi iiTl.ii.r •<,I --
Un atticle sera piàTticuKéreiiiènr coftsacré • aux sciences ^ aux airts et aUx decouvertesinoui^élles.-'
bares. Il
donc été
les assurances bien sin-
et de ma haute consi-
IN TE RI E UR.
Paris , le gfriutidor. ,
L' • , .• ■ T I <
E gouvernement reçoit , par la voie çlç.jCons-
f^nùnople , la copie des deux lettres suivantes,
sans commentaires ni autres explications.
. On ne peut se dissimuler que ces pièces portent
vn caractère de vérité. Cependant , quand oii
jéfléchit que la nouvelle de la mort du général
Bonaparte était parvenue à Paris par les relations
çlffieielles de la cour de Londres, on conçoit en-
core de l'espoir , et l'on peut mettre en doute
l'horrible assassinat que ces pièces annoncent
avé'ir été commis sur la personne d'à génë'ral
JRlébfer.
Au reste , toutes les nouvelles reçues par la
même voie , s'accordent à dire que l'armée ,
animée du meilleur esprit , était dans une très-
bonne .situation. Ce lâche attentat avait excité
findignalion de lotis les français, qui brûlaient
d'impatience dé trouver l'occasion de venger leur
général. i
On ne s'étendra pas sûr les qualités du général
Rléber et les services qu'il avait rendus à la rêpu-
.blique; un juste tribut d'éloges se m&léra naïu-
irellement à d^s regrets dont nous devons sus-
pende l'expression, jusqu'à ce que des nouvelles
directes d Egypte nous apprennent si en effet
la république a perdu l'un de ses plus célèbres
guerriers.
jf. Menou, général en chef, à sir Sidney Smith ,
commandant le vnissenu de S. M. britannique le
Tigre. — Au quartier-général au Kaire , le i"
mtssidor.
J'Ai reçu , moiisîeur , la lettre que vous m'avez
îàit l'honneur de m'écriie , en date du g juin ,
à bord du Tigre devant Rhodes.
L'horrible assassinat commis sur la personne
du général en chef Kleber ayant privé l'armée
française de son chef, j'en ai pris le coramande-
sient.
Vos alliés les turcs, n'ayant pu vaincre les
français à Mataxich , ont employé pour se venger
1 arme du poignard , celle arme qui n'est que
celle des lâches.
Un janissaire parti de Gaza , il y a aujour-
d'hui quarante-deux jours, a été envoyé poUr
cotnmèttrc Cet horrible crime. Les français airhent
à croire que les osmanlis Seuls sont coupables.
Cet assassinat doit être dénoncé à toutes lèS
liations , et toutes ont intérêt à le venger.
La marche que vous avez tenue , monsieur,
relativement à la convention qui avait été faite,
à El-Arisch , me trace parfaitement celle que je
dois tenir. Vous avez demandé la ratification de
votre gouvernement -, je dois également de-
mander celle des consuls , qui gouvernent au-
jourd'htii la république française , pour toute
espèce de traiié qui pourrait être conclu entre
l'armée que je commande , les anglais et leurs
alliés. C'est la seule marche légale , la séule'côn-
venable dans les négociations qui pouifaient avdîr
^'^"- ... ! ^ ^^'' différer l'échange désiré ; quand S. E
Ainsi que Vous , mobsieur , j'abhote les fléaux sera dç retour à son escadre . comme l'aide-de
6e la guerre ; ainsi que vous , monsieur , je désire | camp Baudot est devant Alexandrie , l'affaire de
de voir la En desrnaux qui affligent l'univers; l'échange pourrait s'y conclure , si vous le jugiez
à propos ; mais je ne vois pa* pourquoi vous
faites dépendre dune affaire qui ne regarde que.
vous et la Porte, la mise en liberté de l5o an-
glais qui ont fait naufrage au cap Biulos. J'at-
tends de votre loyauté et de votre justice que .
suivaiit les régies convenues entre nos deux
naiions pour 1 échange réciproque de nos pri-
sonniers auquel nous somrties autorisés à tra-
vailler , vous perrnettrez le tetour dii capitaine
Butai , de ses officiers et de son équipage.
Les promesses que vous me faites, dans l'espé-
rance de la réciprocité de ma part, ne peuvent
êire appliquées à cette circonstance , et je crois^
superflu de vous olTrir en réciprocité la proinesse
de mes bons offices en faveur d'une personne
(lui se trouve dans une position fâcheuse, que
j ai moi-mêriLt éprouvée. Je suis persuadé que le
grand - visir meiira Iç, Sceau de sa généreuse et'
haute approbation à tous les procédés honnêtes
(jue nous aurons les uns pour les autres. Les ruses
de la guerre ne sOnt connues ni de vous ni de
nous 1 et outre que je continuerai à me comporter
être sacrée pour les natioijs les plus bar
avait été envoyé en parlementaire ; j'ai '
force , contre mes principes et contre mon opi-
nion , d'user de représailles envers vos compa-
triotes. 'Ils ne setoiit relâchés qu'au moment où le
citoyenB;aiadot arrivera à Ojmiétfe. Là il doit être
échangé contre 'Moustaphà pacha et quelques
commissaires, turcs. Si, comme je ne puis en
douter, monsieur, vous avez de l'influence parmi
vos alliés , cette affaire devra être bientôt terminée;
Elle intéresse votre honneur et compromet éini-
nemme*.* i5o de vos coihpatriotes. '
J ai I hoiineur de vous répéter, monsieiir , que
ee Sera^vcc l'enthousiasme de la Satisfaction que
je verrai icrniiner une guerre qui , depuis 'si
long-tems, désole le monde entier; mais quan^d
de grandes nations traitent ensemble , ce ne doit
être que sous des conditions également hono-.
râbles pou i: toutes les deux et ^avantageuses pour
leur prospérité. .,, .;.■(...
Recevez, monsieur,
ceres de nion esiime
déralion.
Signé ,]. MenOU;
. Pour copie c.onfoi;me V , .- i
Signé ,■ -StotJET^ SmïtIH.' '
Copie de 'M-tr'àductiàn du turc ^''ïiné téifre de sir
Sidney Smith, au général Menou , commandant
en chef l'armée française en Egypte , écrite origi-
nairement en frariqais , de Jaffé-, en date du aa
juin iSoo.
Monsieur le général ,
J'ai reçu ce soir la lettre que Vous m'avez
fait l'honneur de m'écrire le ao juin. Au
moment oiî .jê m'attendais, à voir le général
Kleber sous les auspices les plus favorables et
les plus heureux, j'apprends avec le plus vif
chagrin, et la plus grande douleur sa mort tra-
gique. J'en ai fait part sur le champ au grand-
visir et aux ministres ottomans dans les termes
que vous in'aniioncez ce triste événement, et il
n'a rien moins fallu que la certitude elles détails
avec lesquels vous rue donnez cette' nouvelle ,
pour que leurs excellences y ajoutassent foi. Le
grand-visir m'a déclki'é forrn'elltmênt et officiel-
lement qu'il n'avait pas la moindre connaissafice
de ceux qui ont commis cet assassinat , et je suis
très-sur qii« sa déclaration est vraie et sincère ;
et sans entrer dans les détails de ce malheureux
événement qui nie cause une Jjeine inexpri-
mable , je me contenterai de répondre aux arti-
tles de votre lettre qui ont trait à nos affaires.
Si le grand-visir a retenu à son camp l'aide-
de-camp Baudot , qui lui avait été envoyé àjebil-
il-Illam , c'est que S. E. n'avait pas jugé à
propos de laisser sortir personne de son camp au
moment qu'il se voyait environné de ses enne-
mis. Baudqt était arrêté à Jebil-il-Illam comme
les officiers turcs destinés à. servir réciproquement
avec lui d otages , étaient retenus au Kaire,
Cet aide-de-camp a été envoyé à l'escadre
ottoniane , pour être échangé coinme vous le
desirez, et dans cet intervalle S. E. le capitan-
pacha étant arrivée ici, son absence de l'escadrfe
a fait différer l'échange
.iiif..,a iàriji. h tiii.ti.
Snais je ne me départirai jamais de tout ce qui
peut tenir à l'honneur de la république française
et de ses armée». Je suis bien convaincu que cette
façon de penser doit être aussi la vôtre. La
fconne foi et la moralité doivent présider aux
traités que font entre elles les nations. Les répu-
blicains français ne t<)nUaissent pas ce que c est
que les ruses de guerre dont il est parlé dans
le papitr de M. Morieie ; ils n'ont d'autres règles
<le conduite , que le courage datis le combat,
^énéroiité aprèi la victisSre et bonne foi dans
les traités.
Cent cinquante anglais sont prisonniers ici. Si
je n'avais consulté que la générosité républicaine ,
je les aurais fenvoyés sans les considérer comme
prisonniers. Car, échoués sur la côte d'Egjpte, ils
n'ont pà» été pris les armes à la main . et je suis
bien assuré que les consuls de ta république fran-
çaise nS'eussent approuvé; mais vos alliés , par la
JjIus vile de toutes les conduites, ont retenu le
ciioycii Baudot , chef de brijjide , aide-de-camp
du général Kleber , lorsqut sa personn» devait
e^vefs Vous avec la nie m è franchise et la f.nême
loyauté que je l'ai fait jusqu'à présent ,j'^mpl6ye-
rai fortement tous mes efforts pour qu'aucune
personne sur laquelle je puis avoir quelque in-
fluence , ne tienne une conduite contraire à ce^
principes. Soyez persuadé cjue les dispositions
hostiles qui ont été annoncées par de pi^emieres
oppositions, et'qui ont acfjuis de l'eXténslon et
de k publicité, pcUVe'n't'sé calmer par les inoyèhi
que les t:irconstances présentes fourniront auii;
deux partis de correspondre et de s'emendre l'éci-
proquena^nt, .et.quà la (in nous serons unis par
les liens d'une sincei'e amitié : en alfend'aijî ,'nous
ferons la guerre avec les moyens que nous avons
employés jusqu'à préseiit contre vous , et ceux
que nous pouvons encore. nous procurer , et nous
lâcherons de nous rfendce dignes de l'éstiiiiÊ de
vos braves troupes. ;'-' > •-- '■■> ^i'.'n> i
Les hostilités que vous' avfe» Côt^ttoisès-'ianil at-
tendre la réponse d-î l'amifâl Rèîth',- qàr h'àv^ilt
pas eu connaissance de la convetlliqh- cbi^cltjé
pour lévacuation de i;Egypte , ontservi de régie
a notre coriduile. Je n'avais pas demandé à nia
<:our sa ratification; je n'avais cherché qu'à lever
'liuctques difficultés imprévues qui avaienli pt^
s'opposer au retour des français ' datis leui^
iSairie. ■
Le général Kleber, dans les derniers préli-
minaires qui ont été arrêtés , ft'ayant pas fait
enteiidre que le traité qui devait suivte ai-ait
besoin de Ja ratificaijon des consuls qui gouver-
neiit aujourd'hui la France . cette condition , que
vous mettez dans vos prélîminaîres , semble
être un refus d'évacuer 1 Egypte, et le'grand-visir
ni'a chargé de vous demander à ce, sujet «ne
, réponse claire et précisé ; vous desirez comme moi
la fin du fléau 'de la guerre' qui désoie tduV
i'univers. • -
Il est dans votre pouvôiV d'écarter uij des obs-
tacles qui s'opposent à la paix, en évacuanflEgyptè
aux conditions convenues avec le général Kiebgr 5
et si vous vous y refusez , nous enploierons touî
nos moyens et ceux de nos alliés, pour vous y
contraindre à des conditions qui pourroiit bieçi
ne pas vous être si avanta|euses. Je ne puis pa>
vous dissimuler combien il m'en coâierait, de
remplir ce devoir , mais l'évacuation de lÈgypte
étant un point si intéressant pour le bien de
l'humanité , les Voies des conférences et des coi;-
reSporidances pour faire les dispositiotîs néces-
saires à cette fit] , soilt toujours ouvertes. " ' '
Comme l'arniral sous les ordres duquçl je sufs-,
se trouve à des distancés éloignées de moi , je
suis autorisé à souscrire à tels arrangemeiis que
les circonstances riëcessitéront ; et quoique, par
la nature des événemens , je ne sois pas dans Ira
cas de vous faireaucune nouvelle pro'pdsition,
cependant je suis prêt et disposé à enténdr^
toutes celles que vous voudriez me faire. Je ptH»
vous déclarer officiellement que j'emplbirais totis
mes effiàris et tous mes moyens poiir empêcher
toute démarche inconsidérée et pour m'oppoSer
à toutes vexations de la part de qui que ce sBit.
Je remplirai à la lettre les instructions jprécise!
de ma cour. Je connais ses principes foh'dés sUr
U pips exacte équité et la plus parfaite loyauté.
Ma conduite sera £;qnforme à ces principes, «t
tous mes efforts jèndront à reiaplir mon devoiren
sei;vant, ses intérêts.
Comme il n est p^s encote certain sur quel
pointje vais me porter, je vous prie de me faire
deux expéditions dé votre réponse. Vous adres-
serez l'Une à Alexandrie, et l'autre ^ Jafi^ , aU
carbi) du grand-visir. ' ' | \'_ ' _
Des lettres écrites dç Carentan , anijopcent
(jU'un iiiçendie considérable a. éclaté dans Cette
comtnuUè le l" fructidor. Le feu a pris a minuit
par l'imprudence d'un boulanger : près de cent
maisons sont devenues la pi oie des flammes S
deux fernmes ont péri , beaucoup d'autres orit été
blessées. La désolation et dans- la ville. Plus de
trois cents familles sont sans asyle et sans com-
merce. Sans éiablissemens publics ; la communs
est hors d'état de venir efficacement à leur secours.
Uni bureau de bienfesancç a été ouvert à la maitie;
les militaires et tods lès iitoyens se sont empressés
de payer un tribut au malheur. On espère que la
sollicitude du gouiieiiieitten't s'étendra sur les in-
cendiés. Le maire de la commune à particuliéfc-
ment contribué a arrêter les progrès de l'incendi»
'" ,^?.'?J"^"' J.^^ ordres les jjIus proraptj , 4t <h
prciisànt 1 ftièi:ution par son exemple.
— Oo éiiît de tatké* que le cïtoyéti Ramood ,
^crivain-distiogué, membre de la première assem-
blée législalive et du corps -législatif actuel , a
fcpris , pendanl la vacance présente , le cours de
«es travaux et de ses voyages dans les Pyrénées ,
dont il prépare l'histoire naturelle completle.
— ■ Le sénai-conservateur doit nommer , dans la
décade prochaine , à une place vacante au itibu'
nal de cassation.
■— Le Journal des Débats annonce qulsabey et
CarkVernef s'occupent d'un dessiii qui représen-
tera les grandes parades du quintidi , et qu Isabey
y a placé divers portraits d'après nature.
— Les nomnïés Goyaux et Pierre Guilleux ,
brigands de la bande de Bcianl , viennent d'êire
arrêtés. Briant l'avait été le t4 du mois dernier.
Cette bande était la terteur du département de la
Mayenne.' Elle n'était heureusetnent composée
que.de quatre; trois sont déjà arrêtés, le quatrième
o'c tardera pas à l'être.
L'a veuve Mathurin Rezé , de la commune de
tioudray , qui recelait ces scélérats , a été aussi
arrêtée et condijite avec ses complices dans les
^irisons de Château-Gontier.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Atnté du 8 fructidor.
Bonaparte, premier consul de la république ,
1370
Nidda jusqu'à sa source. Le général Dumonceau
voulait entrer par Wetzlard et Giesen dans le
Ulrichstein, mais des représentaiions ont été faites
à ce sujet par les autiichiens.
Le fort de Pizwangs , dan« le Tyrol , que les
français avaient occupé , en vertu de l'armistice ,
va être démoli. ' ' ' '
La petite ville de Neubourg , dans le Haut-Pala-
tinat , a été entièrement réduite en cendres.
Le 26 thermidor est arrivé à Nuremberg un
courrier français , avec des dépêches du général
Moreau , adressées à la diète. Le contenu de ces
dépêches concerne une contribution de six miN
lions de francs imposés au cercle de Franconie.
La diète a tenu une assemblée extraordinaire à
ce sujet.
Le 3o thermidor, le général Augereau a passé
>s J'eittiporte au milieu de rirmêe un vif in-
térêt pour la consulta , et pour le Sort du
Piémont. "
Le nouveau ministre et président lu! ensuite
le discours suivant: • .
Citoyens,
5» Envoyé par le gouvernement de la républi-
que française en qualité de ministre extraordinaire
près legouvernement piémoniais , je me félicite
d'être en même tems chargé de présider l'as--
semblée qui doit préparer l'organisation du goi%-
vernement. Heureux , si dans des fonctions aussi
iraporiantes, je ptiis coopérer au bonheur de la
nation ; j'y travaillerai avec zèle et dévouement.
)) Une des qualités essentielles à 'un législateurj,
c'est d'être dépouille de tout esprit de parti. Les
lois doivent êire le résultat des raédiutions froides;
rarement l'eriihousiasme en fit de bonnes ; tou-
en revue la garnison de Francfort. Elle consiste | jq^j l'çsprit de parti en a fait de mauvaises;:
en 3 bataillons d'infanterie, avec quelques esca- ' ■■ , .■ 1^. 1 — j.. i^. i .. k...
drons de dragons , et dé l'artillerie à cheval.
' Le roi de Prusse a nomme M. de Formey.', con-
seiller d'anibassade à Francfort, pour sc3n résident
à la cour de Hesse-Darmstadt.
Le corps du général Delaborde , dans le pays
de Spire , doit être renforcé de so,ooo houimes.
Les généraux Delaborde , Rallier et Bidonville
sont logéi au château de Bcuchsal.
— Il y a à AschafFcnburg un commissaire anglais
sur le rapport dti ministre de la police générale , qui paie aux troupes mayençaises les subsides de
vu l'arrêté des consuls du 27 thermidor , j chaque mois. Ces subsides se montent à 60,000
Nomme , pour remplit les fonctions de com- 1 florins par mois. Le nouvel ambassadetir anglais ,
mis»aires-généraux de police , à Toulon , Brest ,
l'Orient , les citoyens i
ï^oa/on.— ^Pérard, ex-tttïinbre dé la commission
des émigrés. ■ " '■
Brat. -^ Lasalle , ex- tn'érnbfe de la commission
des éniigiés.
L Orient. — Charron , ex-président du départe-
mtnt de la Maine.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Strasbourg , le 5 fructidor.
Hier , le général en chef Moreau a ev une
eonlérenceavec leslieutenans-cénéraux,Lecourbe
etSainte-Suzanneet le général de division Souham,
arrivé ici avant-hier. On igniwe quel en a été 1
l'objet. Le général Waliher est ici.
Les préparatifs de guerre continuent toujours.
L'armée du Rhin est présentement dans la meil-
leure position , et reçoit ihaque jour des ren-
forts considérables. Les troupes sont divisées en
quatre corps principaux , qui sont :
1°. Celui du lieutenant-général Sainte-Suzanne ,
qui consiste en quatre divisions ; celle de Klay
dans le Brisgaw , l'évêché de Strasbourg , Ortenau ;
quartier-général à Schuttem : celle de Delaborde
dans le Palatinat et le pays de Spire; quartier-
général à Bruchsal : celle de Souham , entre
Francfort et le Spessart ; quartier-général à Offen-
baich: celle de ColaudiàMayenceetWurizbourg;
le quartier-général doit être à Ochsenfurt.
s''. L'aîle gauche de l'armée commandée par
le Heuterjant-général Grenier , cantonnée sur les
deux rives du Danube , depuis son origine jusqu'à
Kellheim , et de-là sur la rive droite du fleuve
jusqu'à sa jonction avec la Vils. Cette division se
partage en trois corps , celui de Richepanse ,
dans le Wirtemberg , quartier-général à Siuitgard ;
celui de Ney jusqu'au de-là d'Ingolstadt, quariier-
gétiéral à Neubourg , et celui de Légrand , quar-
tier-général à Straubingen.
3°. Lencentre , sous le commandement immé-
diat du ^néral en chef, occupe la Bavière , et
se subivise en deux divisions , celle de Leclerc ,
quartier-général à Landsbut , et celle de Decaen ,
quartier-général à Munich.
4°. L'aile droite-, sous le lieutenant-général
Lecourbe , couvre la Haute-Souabe , le Vorarl-
berger , les Grisons. Trois divisions aux ordres
des généraux Montrichard , Gudin et Molitor la
composent.
Le corps d'armée, commandé par Augereau,
est jusques à présent indépendant de l'armée dû
Rhin.
Le commissaire Mathieu Favier est revenu ici
aujourd'hui, et .repart demain pour l'Allemagne.
Le général Lecourbe part demain pour Paris,
f Strasburgtr Welbette. )
E X T É R I E U R.
A^X L E M A G N E.
Stuttgard, le 1 "fructidor,
Ls général Walther est farti d'ici ponrla France.
Le comnjlssaire-général .Vlathieu Favier est arrivé
hier. Oa4it que Icscr o^pes bataves garnissent la
à Berlin , i« comte de Carysfort ,' a obtetlu son
audience.
L'Allemagne, la France, Itîelvciie sont dans
plusieurs endroits je théâtre d'une infiriité d'in-
cendies ; des lorêls , des villages , des villes , sont
la proie des flammes, et on ne sait à quoi attri-
buer ces malheurs.
Augs bourg , le 3e thermidor.-
La députaiion du cercle de Souabe , assem-
blée ici pour la répartition des contributions , a
imposé à 34,767 francs le landgrave de Darmstadt.
Les bailliages de Hatiau-Lichtemberg qui en dé-
pendent , n'avaient pas payé le premier tiers au
tems prescrit ; et l'adjudant-général Ghénier se
disposait à envoyer des troupes dans ces bailliages
pour les faire exécuter ; mais le général en chef, '
Moreau , a décidé, d'après les représentations qui
lui ont été faites , que ces bailliages ne devaient
pas payer , sait parce qk'ils appartiennent au
cercle du Hatit-Rhin et non à celui de Souabe ,
soit parce que depuie dix-huit mois le landgrave
de Darmstadt a observé la neutralité la plus par-
faite à l'égard de la France.
(StrasburgerWeltbote.)
PIÉMONT.
Liberté. Égalité.
Extrait du procès -verbal de la séance publique de la
Consulta du Piémont , assemblée dans la salle
ordinaire, à midi , du î7 thermidor an 8. ( i5
août i8oo , V. st. )
La consulta étant assemblée , et ayant ouvert
la discussion sur les objets à l'ordre du jour , les
généraux divisionnaires Dupont etjourdân sont
entrés dans la salle de la séance, accompagnés de
leurs états-majors : ayant pris leur place à ta table
dul président , le général Dupont fit reconnaître
le général Jourdan en qualité de nouveau prési-
dent, en prononçant le discours suivant :
CiTOYEMS membres de la consulta ,
jj Le général Jourdan que je présente à la
consulta , est nommé ministre extraordinaire de
la république française à Turin.
M Dans le cours de; relations qu'il aura avec
vous comme président de cette assemblée , vous
n'aurez qu'à vdus applaudir du choix qu'a fait le
premier consul , et les avantages qui en résulteront
ne vous laisseront rien à désirer.
») En cessant de partager vos travaux .pour
reprendre les fonctions militaires , il doit m'être
permis de rendre hommage aux principes dont
je vous ai vus aniinés , et à la sagesse de vos
délibérations,. _ ,
elles sont destinées à rendre le's hommes Kett-;
reux , elles doivent donc être dictées par U
sagesse.
>> La multiplicité des lois ■amené toujours l'in-
coliérence entr'élles : celte incohérence leur attire
bientôt le mépris public. Il esf du devoir d'utt
sa^e législateur d'éviter avec soin ces inconvé-
niens , et d'avoir toujours en vue le bonheur
de la nation , pour laquelle ilfait des lois.
S) Vos premiers pas dans la carrière législative,
citoyens , doivent rassurer tous les amis de la
liberté . et doivent vous mériter la confiance de
la nation piémoniaise ; elle doit attendre avec
calme le résultat de vos travaux : vous conti-
nuerez à vous occuper de son bonheur ; et moi ,
suivant l'exemple de mon prédécesseur, je vous
seconderai de tous mes efforts et de tout moa
pouvoir. »
Le citoyen Botta , invité p.v le secrétaire-général
à être l'interprète des sentimens de respect et
d'admiration de tous les membres de la con-
sulta envers les généraux susdits , moniç k i«
tribune , et y prononce le discours suivant :
Citoyens législateurs ,
)) C'est sans doute une journée bien mémo-
rable pour le Piémont, que celle oii l'un des
premiers fondateurs de la liberté dans les deux
mondes", celui qui a fait écrouler dans les champs
de Fleurus la puissance autrichienne ; celuitnfin,
dont le nom rappelle les noms fameux des Epa-
minondas, des Scipions et desWasingihon , a paru
parmi vous. Le gouvernement français ne pou-
vait donner au peuple ^iémontais une plus grande
marque de son attachement et de i'inlétêî qu'il
prend à son .bonheur , qu'en envoyant parmi
nous un citoyen aussi recommandable par se*
vertus civiles , que renommé par ses exploits mi-
litaires. On voyait autrefois les guerriers- avec
effroi ; mais qu'ils sont dignes de notre recon-
naissance ceux , qui au prix de leur sang à tra-
vers tant de dangers et de privations , nous pro-
curent cette liberté , sans laquelle la vie est un
opprobre . et la mort une nécessité pour tout
homme généreux et magnanime ! Tels sont lej
Moreau. les Massena , les Brune, les Berthier;
tels ont été les Dngommier , les Darapierre, les
Joubert , les Desaix ; tel est le premier co;ns,ul de
la république française ; tel est celui qui parait
aujourd'hui au milieu de vous. C'est au nom de
la constilta, au nom du peuple piémontais , de
<e peuple, que sa situation et ses trop longs
malheurs rendent si intéressarrt', que je proteste
solennellement ici au gouvernement français et
à son premier magistrat, notre vive reconnais-
sance , et notre constant désir de concourir de
tous nos moyens au bonhenr commun.
u Citoyen ministre , vous paraissez au milieu
de nous dans un moment difficile ; mais si vous
rencontrez par-tout les traces de la misère et d'un
régime odieux, vous y trouverez au moins la
meilleure volonté , et un concours, heureux de
tou.tes les autorités constituées. Des passions
différentes s'agitent en tout sens; des plaies pro-
fondes ont presqu'anéanti la vie de 1 état. Votre
modération , votre prudence , votre fermeté sau-
ront comprimer les unes et guérir les autres.
Vous achèverez l'ouvrage que le sage et modeste
Dupont a si bien commencé ; et lorsque la paix
aura couronné vos générux efforts, lorsqu'ua
gouvernement constitutionnel , également sage
,. Vous avez heureusement rempli les in- 1 ^"5 H^: ^^\^ rassirré aux familles la tranquil-
tentions du premier consul; vous avez fidel- hle et 1 abondance ; lorsqi. enfin en oubhant nos
lement observé le voeu de ses arrêtés , en re
plaçant, par de bonnes lois, les lois désastreuses
émanées du pouvoir que les austro-russes avaient
■institué.
>; L'armée française couvre la belle Italie de
craintes et nos malheurs passes , nous pourrons
nous livrer, sans mélange , à toutes les affections
douces qui honorent et soulagent l'humanité ,
nous prononcerons vos noms avec tout l'atten-
drissement de la reconnaissance. La modération
et les bienfaits des vainqueurs du Rhin , du Da-
ses puissantes armes, et vous êtes destines a faire „„be , du NU et du Pô , ne s'effacerontjamais d
refleurir la liberté de votre patrie sous cette égide
tutélaire.
»> Vos décrets sur les finances , sur les transac-
tions et le mode de paiement , sur l'adminis-
tration de la justice , et sur l'établissement delà
force publique , sont des titres irrécusables à
l'estime reconnaissante de vos concitoyens.
notre #némoire ; on se r.ippellera toujours que,
si le vertueux Catinat a désobéi formellement aux
ordres de son roi pour ne pas désoler ce malheu-
reux pays , vous avez suivi fidellement ceux du
premier magistrat de la républiquç , pour y ap-
porter la liberté , la paix , le bonheur et l'abon-
dance. »
L«6 généraux quittent l'asiimblée , et la séance
est continuée.
Les çitayèns membres de la consulta , Botta ,
Piossasco et Ricati , sont chargés par l'assemblée
d'aller chez le général Dupont, pour lui témoigner
en son nom les seiitimens du commun regret de
voir partir de Turin un minisire qui , par la
grande influence qu'il a eue aux éclatans succès
pe la journée de Maringo , par ses lalens mi-
litaires , littéraires et politiques généralement con-
nus , jouit par-tout de la plus haute réputation,
et qui, par sa douceur républicaine et sa modeste
fermeté , a su se gagner l'amour du public «t
la confiance du gouvernement. Lesdits citoyens
ftsiuTcroDt aussi le général de la plus sipcere re-
connaissance de la consulta pour le vif intérêt
gu'il a montré pendant son ministère pour le
ien général de la nation piémoniaise , et pour
CD assurer l'indépendance et la tranquillité.
' Les trois députés partent de l'assemblée pour
s'acquitter de la commission dent ils sont chargés,
et la séance est ajournée.
Turin , du palais de la Consulta , le a^ ther-
midor , an 8 de la république française ( i3 août
1800, V. s. ) •
L. ProssASCo , membre de la consulta et secrétaire-
gémrai-
REPUBLiq.UE HELVÉTIQUE.
. Berne , le i"' fructidor.
On a écrit au citoyen Kùhn une lettre très-
honorable , dans laquelle on l'engage , au nom
de la pairie, à lui consacrer ses connaissances
et ses laculiés , comme législateur. I] est le seul
qui ne soit pas encore rendit à la législature.
. Dans plusieurs cantons de 1 Helvétie des in-
cendies ont éclaté dans les forêts et dans d'autres
endroits. Parmi les forêts oà le feu a pris , on
compte celles de Schwiiz et de Menzing, près
Zug. A Mondon , douze maisons ont été réduites
en cendres. La sécheresse extrême a fait déserter ,
aux pâtres et aux bêles fauves , les Alpes et la
plupait de nos montagnes. Le fourrage est des-
séché, les fontaines sont taries , et l'avenir ne
nous présente tien que de triste.
■ Aujourd'hui les troupes françaises venant du
Léman sontarrivées ici.
A Bâle , cent chevaux ont été rais en réquisi-
tion pour transpoirter des pOtitons à l'armée du
Rliin. ( Strasb. Weltbote. )
ANGLETERRE.
Suite de Cesguisse de Chisloire du sucre , par W-
Falconer.
' 'LucAiN fait allusion au sucre dans son troisième
Kvre , oîi il parle de roseaux qui rendaient un
jus doux, que buvaient les -peuples de l'Inde :
Quique bibuntjenezâ dulees ab arundine succos.
Pharsalia , liv. III.
Séneque , le philosophe , parle de même de
roseaux contenant un jus épais et doux, le
même , vraisemblablement , que celui de la caiihe
à Sucre.
u On dit , observ.T Séneque , que l'on recueille
-dans llnde sur des feuilles de roseaux un miel
très-doux et très-gras. Il doit sans doute cette
qualité à la rosée du ciel , ou au suc que con-
tiennent ces roseaux. )i — Séneque, lettre 84.
Pline cotinaissait mieux cette substance , qti'il
nomme saccharon , et qu'il fait venir de l'Arabie
et de llnde. Selon lui, ce dernier est le
meilleur.
«4 C'est , dit-il , une espèce de miel que pro-
duisent des roseaux. Il a la blancheur de la
gçmme , et est friable sous la dent. Les plus
forts morceaux sont de la grosseur d'une noi-
sette. On n'en fait usage que comme remède. >>
PtiNE , histoire naturelle , liv. 12 , chap. 8.
Salmaze . dans ses annotations sur Pline , dit
que cet auteur, rapporte , d'après l'historien Juba ,
qu il croît dans les îles Fortunées des roseaux qui
s'élèvent à la hauteur des arbres, et qui don-
nent une liqueur douce et agréable au goût.
Salmaze en conclut que ce doit être la canne à
sucre; mais je ne trouve pas que le passage de
Pline autorise une semblable conclusion. [Voyez
Elinr., liv. 6 , chap. 32.)
Jtisqu'ici nous n'avons rien vu qui eiît trait
directement à la fabrication du sucre , soit par
le moyen du feu, soit autrement; mais voici
deux vers de Stace qui , s'ils sont exacts , sem-
blent y faire allusion. Stace , dans son cinquième
livre des Sylves , dit :
Et quas pracoquit ebosita cannay
Largis graluitum cadit rapinis.
c« Il n'y a pai <lc doute , remarque Robert
Etienne dans son Thésaurus lingua latinct , que par
cannas , Stace entend les cannes dont on exprime
et fait cuire le suc. Peut-être même a-t-il employé
le mot tanne pour celui de sucre. Mais nous
n'avvni encore tiouvé nulle part le mot ebosila.
1371
Il serait possible que ce fût le nom iun peuph
de l'Inde , Oii le sucre est très - commun, v —
Robert Etienne , Thésaurus , au mot canna.
Artien , dans son Périple de la mer Rouge
parle du miel de roseaux , appelle sacchar ou
sucre , comme étant un des articles dé commerce
entre Ariace et Barygaza, deux places de l'Inde ciié-
rieure et quelques-uns des ports de la Mer-
Rouge.
jElien fait mention dans son histoire naltlrelle ,
d'une espèce de miel que l'on exprime d'un
roseau qui croît chez les Prasii , peuple voisin
du Gange.
Tertullien parle aussi du sltcre dans' son livre
de Judicio dei , comme d'une espèce de miel pro-
venant de cannes. ( ■ ■
«i Mella viridanti confragrant pinguia canna, tt
(La suite dans Us prochaines feuilles. J,
V A R lÉ T^ÇS.-^;" ' ; ' /
Sur le moriument de Desaix.
En quoi vont se métamorphoser les 2o,ôpï) fr.
liiOnlant de la souscription pour le monument de
Desaix? En verrons-nous sortir un village , un
hôpital militaire, un grenier d'abondance , un
obélisque, une statue, ou une modeste foritaine ?
Ce monument s'èlévera-t-il sur la place des Vic-
toires , sur celle de llndivisibilité , sur l'esplanade
des Invalides , sur la terrasse des Tuileries , la
I cour du Louvre , ou le milieu du Pont-neuf ?
Chacun voudrait le construire à sa manière : l'un
désirerait qu'on fît élever simplement un obé-
lisque de granit de 100 pieds de haut, sans pen-
ser qu'il faudrait plus d un million pour cet
objet; un autre a demandé à plusieurs reprises
i qu'on reconstruisit un village brûlé , qui porterait
1 le nom de Desaix. Cette dernière idée , qui pa-
raît bonne au premier aspect, n'est [gueres sus-
ceptible d'exécution ; si On avait assez d'argent
pour acheter un terrein et faire construire plu-
sieurs maisons, si le village brûlé était dans la
patrie de Desaix , ou y avait quelques rapports ,
on pourrait le tenter; mais la somme est trop
bornée pour coiistruire tout un village; et comme
il serait injuste de bâtir les maisons de quelques
paysans et non de tous, on ne pourrait que ré-
partir également une petite somme à chacun ; et
cela ne serait peut-être pas un motif suffisant
pour les engagera changer un nom consacré par
un long usage. Au reste, puisque la personne
qui a proposé le village a avancé que , si son
projet était adopté, il y aurait deux ou trois fois
plus de souscripteurs , il faut profiter de ces
bonnes dispositions , et l'engager à recueillir la
somme qu'elle promet, qui servira toujoursi à
soulager quelques malheureux. '
Une autre idée heureuse , et qui est plus à la
portée des finances de la souscription, est celle
d'une fontaine ; ce genre de monument, si utile
dans une grande ville , peut être construit de
mille manières : le passage du Rhin , la défense
de Kelh, la conquête de la Haute-Egjfpte , le
] Nil , fourniraient une foule d'idées aux artistes.
La difficulté est de se procurer de l'eau ; mais les
machines de Perrier, de la Samaritaine , du Pont-
Notre Dame pourraient en fournir. Je pense donc
que le comité devrait établir un concours pour
la construction d'une fontaine qui porterait le
nom de Desaix , et située soit dans la cour du
Louvre , soit dans la place vis-à-vis le Palais du
Tribunal , soit dans le nouveau marché des Jaco-
bins , soit sur le boulevard , soit ailleurs.
Un souscripteur.
Sur la vaccine.
En élevant le premier des doutes sur le succès
de la vaccine , dans votre journal du 4 germinal
dernier , j'invoquais principalement la nécessité
de faire de nombreuses expériences , avant qu'il
fût possible de reconnaître l'avantage de ce genre
d'inoculation. Le vœu que je formais a été par-
faitement rempli ; les essais qui ont eu lieu ont
offi:rt , il est vrai , des résultats différens , mais
quelques-uns ont présenté les caractères qu'avaient
annoncés les anglais , et il ne reste plus qu'à faire
une dernière expérience , celle d'inoculer avec le
virus variolique , les sujets qui ont pris la vaccine.
C'est, j'en conviens , la pierre d'achoppement où
pourront bien se briser les efforts , sans doute ,
louables des amis de l'humanité qui voudraienr
faire adopter ceue découverte ). mais jusques-là
on devait , je crois , s'abstenir de prononcer pour
ou contre , et mieux apprécier les intentions
franches du comité chargé des essais. Toutes ses
opérations ont en effet été pratiquées sous les
yeux d'un grand nombre de gens de l'art , et
leur publicité a dû faire juger de son impartialité,
et du désir ardent qu'il a de distinguer la vérité
à tfavers tant d'opinions diverses. Quand on eût
voulu , d'ailleure , ne raisonner que d'après ce
qui s'était passé en Angleterre , on devait encore
s'abstenir de juger définitivement , puisque les
médecins anglais ne sont pas d'accord entra en».
Malgré tout ccJa , quelques personnes parni
lous ont cru pouvoir trancher Ja question , et
levancer le jugement du comité , qutiqu'il doive
être. Un anonyme , dans le Journal de Paris du
5 thermidor, s est répandu en éloges outrés sur
la vaccine. A 1 entendre , il possédait toutes le»
preuve» qui doivent , sous tous les rapports, la
taire triompher de l'inoculatiorl variolique ordi-,
iiaire ; enfiri , il n'a pas tenu à notre apologiste qaç'
celle-ci ne fût sur le champ détrôriée par l'autre ,
et condamnée au néant. De son côté , le citoyen
Vaumc n'a pu tenir contre ce flux de louanges ,
et ernpressé de venger l'inoculation ordinaire, il s'est
escrimé à son tour contre la vaccine , contre l'ano-
nyme , contre qijelques médeçiiis anglais, et même
un peu contre le comité. Quelques fondées que
puissent être ses objections, quelque fianchise
qu'il mette dans cette discussion polémique ,
comme il l'annonce lui-même , tous ces tiioyens
suffiront-ils pour parvenir à la vérité , et ne con-
viendra-t-il pas toujours mieux d'attendre dfe la
part du comité qui poursuit ses recherches , le
rapport définitif de leurs résultats , peur adopter
ou rejeter la vaccine? Il faut l'avouer , si elle était
vraiment un préservatif contre la petite vérole, si
elle pouvait l'absorber ou la neutraliser, ce serait
un très-grand bien pour l'hUmaniié ; car sa ma*
tiere produit dans le corps humain une inoculation,
si bénigne , qu'on ne pourrait pas la regarder
comme une maladie , et Ion n'aurait plus qu'-à
luuer contre l.t difficulté de se procurer du viru&
vaccin fluide et frais , dont le défaut fait feianqueC
une grande partie des inoculation»- ■ ■ '
Paris , ce 24 thermidor an 8. ' '• ' '"
Salmade , médecin, inoçulçi^etit. „f^r^ ~
Le pré/et dû département de l'Escaut ."au' féUaHéur
du Moniteur. -^ Gand . le 5 fructidor t, dn S dt
la république frani;aise , une 'et indivisikii.
Je vous prie , citoyen , d insérer dans votre
feuille , dans le plus bref délai possible, l'exposé
ci-joint : vous contribuerez par-là à entreietiif
parmi les jeunes gens lémulation si nécessaire aux
progrès des sciences et des arts , et à inspirer de
plus eii plus aux parens le goût des institutions
républicaines.
Je vous salue , F.\ipûulT.
<c D'après un arrêté du préfet du départetpent
de l'Escaut , basé sur les réglemens et l'usagé ', la
distribution des prix de l'école centrale a été faite
au 3o thermidor , terme de l'année scholaire.
Toutes les autorités administratives , judiciaires
et militaires , se sont empressées d'obtempér(;r à
1 invitation qui leur avait été faite d'assister à cette
cérémonie. Les membres de ces diflFérentes au-
torités , hiérarchiquement placés , et marchatyt
au bruit d'une lausique analogue aux" circons-
tances, se sont rendus de l'école centrale au
temple de la Loi , suivis et précédés d'un peuple
nombreux. Surle passage du cortège , desçroupes
de citoyens et citoyennes ajoutaient par IcuiT
empressement à l'allégresse que manifestaient
tous les assistans , et sur-tout les élevés des
écoles primaires , dont quelques - uns portaient
des guidons , où étaient inscrits les noms des-
sciences cultivées dans les écoles centrales ;
d'autres, chargés de corbeilles assez anistem'ent
arrangées pour laisser voir au public les prix ,
les lauriers , et 'es médailles destinés aux vain-
queurs , niarchaient fiers dit fardeau qu'ils por-
taient : on remarquait sur les traits des élevés de
l'école centrale et de l'école gratuite de dessin ,
cette douce inquiétude que laissent nécessaire-
ment dans l'amc l'incertitude du succès et l'eS-
poir du triomphe.
Arrivés au temple , les prix exposés aux regards
d'un peuple plus nombreux que dans aucune
autre année précédente à pareille cérémonie ,
il est procédé à la distribution de vingt grati-
fications , pensionnats ou bourses , pour l,an 7 ,
entre vitigt élevés , formant enserobleun total de'
8000 francs; puis il est fait lecture de l'arrêté
ci-joiot :
«< Le préfet du département de l'Escaut, qui'
' s'est fait rendre compte de la conduite généreuse
qu'a tenue , le 5 du courant, le citoyen Gérard
Sakessyn , plombier , domicilié en la comniune"
de Gand , et père de -dix enfans en bas âge, qtii
s'est précipité dan« l'Escaut pour en arracher un.
citoyen prêt à périr , et auquel il a , par ses
éfibrts et son courage , -heureusement sauvé 1»,
vie ;
»» Considérant qu'il importe de publier le àé-'j
voûmeut du citoyen Sakessyn, et de lui donnef •
Un témoignage de reconnaissance publique , .
arrête :
»» Le nom de Gérard Sakessyn sera honorable-»
ment proclamé au temple de la Loi , le 3o ther-
midor courant , jour fixé pour la distribution des '.
prix aux élevés des .écoles publiques ; il lui sera
délivré par le préfet, à titre de récompense natto-'
nale , une somme de 100 francs.
» Le présent sera Inséré dans la gazette de Gand,
et dans les çleuïi Uaguts, cnyoyi au cil. Sakeisyn ,
iS^ 2
transmis à la màîrie de Gand , et an ministre de.
l'intérieur pout leur inforination. A '
, , Faili/Gand , Ip i6 thermidor an 8. '
:- Signé, Faipoult.
ïl est délivré en cdnséfjuence à ce bon citoyen ,
père de dix enfans , qui s'est dévoué pour sau-
ver son semblable , une gratification de cent fr. ,
irôp' faible rëcoftipe'rise ; sans doute, Si on la con-
ïidt're dominé vaieuï ,pji'ais qui. rehaussée par le
iiodë dé la présenter, a pleinement satisfait le
public ef'le bon S'aWyssyn , plus iflatlë de la
publicité (ju'on doiih'àîr à sa belle action que de
Ja gratification éti éllé^-tïiémé: on a eu l'atterition
dé le placer hoiridrà'bleinéht daris l'enceinte ùVeC
feii membiiéà ;dés' premières autorités'. "
Ensuite, |e,. président du conseil de l'admi-
iiistration çle, l'école centrale lait l'appel des
élevés à couronner. Chaque nom de vainqueur
«si proclaiiié au son des instrumens et des fan-
feres ; le , pféfet distribue à chacun d'eux le
îrix qu'il a reojporlé , et en lui mettant line
^).Tanche de la'yirjer à la main , lui donne l'acco-
Iide fraternelle. Le même cérémonial est observé
jjar le maire de Gand pourl.s élevés de l'école
\ gratuite, de dessin de cette commune.
,nj)es hymnes , des cèants accompagnés d'une
Rol^iqvie btillarite contribuent à .prolonger l'en-
«sSbantement des élevés couronnés , la saiistaction
des parens et des sptena'teurs; delà naît une
<^ece (i'extase ,qui prépare le silence respec-
tueux avec lequel on< éié entendus les discours
du professeur de belles-lettres, du préfet et d'vin
des éleveSi de l'écp.le centrale ; ces discours
adaptés' ku sujet, ont produit sur les auditeurs
une sensation généralement agréable.
-Lp cortège i dans le. même ordre .qu'il était
iSlitréau temple, s'est mis en marche pour. la
préfecture , i;ù , par Les soins du piélet , un ban-
quet civique attendait le brave homme , les pro-
fo'seiirs et les élèves qui avaient remporté les p're-
ihlers prix.
.. Le repas a été gai ,. enjoué ; il y a régne un
epîihchement naturel qui ins'pire, qui commande
mêin.e la confiance réciproque. On y a porté les
toà.sts sutvans :
A la prospérité de notre gouvernement pater-
nel qui sait employer des agens dignes de lui !
,'A(ix progiès des sciences et des ans !
..Aux professeurs des écoles centrales qui , par
léûr zèle , leurs talens et leurs vertus , travaillent
à propager les institutions républicaines !
A la jeuiiesse qui se distingue par ses lalens et
a^s vertus !
. Après le banquet, les élevés ont .été conduits
Ml spectacle.
Aiinsi s'est passée celte journée consacrée spécia-
lement à la jeunesse.
Lintéièt que le gouvernement met à protéger
lès institutions destinées à l'éducation , doit en-
courager de plus eh plus les pères à envoyer
léurfe cnfans aux leçons des écoles centrales.
Gi'toyéiï* habitaws de loir er Cher , ag'réeE ll"ex-
prÈSsion de ma reconnaissance et de ma senii-
ijbilitë pour les marques de confiïnte dont vous
m^av'cz honoré pendartt nïa Courtt administration,
et sur-tout' pour les regrets^qti'eii ce dernier rïio-
ment v©i3is avez bien voulu' me témoigner. En
quelque lieu de la t^îrre que le service de la
répùbliqlie m'appelle , j'y porterai le souvenir
éternel de votre attachement et de votre bien-
veillance ; et mon dévoueroewt au département
de Loir et Cher ne cessera qu'avec le dernier
soufflç de ma |Vie,
Le citoyen Corbigny est entré de suite en exer-
cice; des fonctions qui liir sont.délégiiées , et a
dit :
C I T
Biois , k i" fructider.
Le l" fructidor, le citoyen Corbigriy , appelé
parle prerhier cbnsul à remplacer dans les fonc-
tions dé préfet du département dé Loir et Cher
lé citoyen Beyts , nomme cotnmissaire du gou-
vernement près le tribiiriàl d'appel , séant à
Bruxelles , a été installé dans cette qualité. A cette
occasion, le citoyen Béyts a prononcé le dis-
cours suivant :
Citoyen s.
Vous savez depuis lotig-teras que le premier
cbnsùl m'appelle à d'autres fonctions. Aujour-
d'hui le citoyen Corbigny , nommé préfet du
département de Loir et Cher , prend les rênes de
l'administration ; et lé regret avec lequel je
jn'éloigne d'un pays que j'ai tant de raisons
d'estimer et de chérir, diminue lorsque je con-
sidère que le premier magistrat qui vous est
donné réunit éminement toutes les qualités qui
peuvent assurer votre bonheur. Sachez que le
citoyen Corbigny a fixé le suffrage personnel
du premier coqsul; et certes la confiance d'un
homme tel que Bonapartiç , doit être au nouveau
préfet un sûr garant d'obtenir la vôtre.
Citdyenî , eiitourézlépfémièT magistrat de votre
dépancment du respfett qiib cominande son ca-
ractère , et de l'amour que vous inspireront les
efforts qu'il fera pour le bien général : accor-
diz-iui votre coivhance ;, sans elle , en adminis-
tr^adon publique , il n'y a point de sacçèsv
Je recommande à tous les employés de la pré-
fecture qiie je vois ici présens , d'obéir dès ce
moment au citoyen Gorbieny , eh sa qualité de
T , j j I I- '^ . . , i""'"»- ^v- ..-..V, , vL aut-iuuL ue uotanique . ont Eté rorm^es
V'^¥ '.^' 'i'^ ""^«^"d^r I exécution de ses ordres en Europe ; l'urte à Londres , par le respecuble
arec_ zelis . avec activité et av^c respect. 1 c-i- -..^: °.:*^ '= ics^jci-iduie
E N S,
Ge n'est qu'avec une juste défiance de -r«e«
forces que j'ai accepté les fonctions honorables
dont je suis chargé dans ce département : cette
crainte s'«st accrue en voyant de prés l'impor-
tance et l'immensité de mes travaux , ainsi que
les laleiis distingués de mon prédécesseur. Le
chef d'une administration supérieure doit réu-
nir à une grande activité d'esprit, de la netteté
dans les idées et de la force dans le caractère :
toutes ces qualités sont nécessaires pour que la
jconce.ptron et l'exécution soient rapides et uni-
I formes.
' Le préfet que vous perdez , citoyens , en avait
i puisé 1 heureuse habitude dans l'étude de cette
partie des connaissances humaines où l'on ne
procède qu'au moyen d'une méthode rigoureuse,
mais où chaque pas conduit à une vérité nou-
velle , où limagination n'exerce point son em-
ipire séducteur , mais où la certitude de ce qu on
découvre attache , enchaîne au travail , et fait
contracter à l'esprit une rectitude utile dans toutes
les circonstances de la vie , et qui devient inap-
préciable dans l'administrateur chargé de pro-
noncer sur les intérêts de ses concitoyens.
Le citoyen Beyts a , joint à toutes ces qualités .
un attachement sincère pour le département de
Loir et Cher, et ses efForis ont été constamment
dirigés vers lamélioration de votre sort. Que ne
devait-on pas attendre d'une administrateur pour
qui ses devoirs étaient des afFcciions ! Les mar-
ques d'estime et d'attachement qu'il reçoit de
vous à I instant où il cesse ses fonctions , sont la
preuve la plus convaincante de la manière équi-
table dont il les a remplies -, et je ne serai encore
que votre organe quand je l'assurerai que ce
département conservera son souvenir avec recon-
naissance , qu'il se rappellera toujours le zèle qu'il
a mis dans l'organisation de Tordre actuel des
choses , et qu'il, le suivra toujours de sa pensée
et de ses vœux dans la nouvelle carrière qu'il va
parcourir.
Pour moi , citoyens . ce n'est que dans la con
fiance dont vient de m'honorer le gouvernement,
dans l'exemple que me laisse mon prédécesseur,
dans les lumières du secrétaire -général et des
conseillers de préfecture , et dans le zèle de tous
ines collaborateurs , que je puis trouver des mo-
tifs -de confiance pour me charger du fardeau
qui m'est imposé. Persuadé que la rapidité est le
premier mérite de l'administration , j'ai la ferme
résolution de hâter, malgré tous les obstacles,
l'ejcécution des lois. Ces lois sont égales pour
tous; tous aussi obtiendront justice, et quelles
qu'aient été les jiuances d'opinions antérieures au
moment actuel , je ne verrai dans ceux qui obéi-
ront aux lois et qui aimeront la patrie ,que des
citoyens ayant tous le môme droit à la bietiveil'
lance de leur administrateur. J'obéirai en cela
aux instructions que j'ai reçues du premier con-
sul ; après avoir porté la gloire de la république
dans plusieurs parties du monde , il s'occupe
uniquement des mtiyens d'assurer le bonheur de
notre patrie. Il sait que la révolution a imprimé
à tous les esprits un mouvement , une activité qui
produiront les plus heureux efi'ets , s'ils sont di-
rigés vers les différentes branches de la fortune
publique. L'agriculture , les sciences , les arts
mécaniques et libéraux , sont autant de carrières
ouvertes à l'industrie , et qui présentent de riches
moissons à recueillir ; entrez-y avec courage ,
citoyens de Loir-et-Cher, et secondez le vœu
de la nature et du gouvernement qui vous appelé
à la prospérité.
Votre administrateur vous promet qu'aucune
espèce de travaux et de, sacrifices ne lui coûtera
pour être utile 4 un déparlement qui , à dater
de ce jour, Itii devient aussi cher que le sien
propre, et qtu, sans doute , répondra a ses soins.
Et se distinguera entre tous les autres par Son
obéissance aux lois , ainsi que par son atiache-
taeat au gouvetnenïent républicain.
Deux bibliothèques de livrés d'histoire natu-
relle , et sur-tout de botanique, ont été formées
Banks , ami et compagnon dé voyage du célèbre
Oook ; l'auire par notre compatriote liiérit'i|ey,,
qu'un . événement affreux vient d'enlever à . U
EDciéié et à la s'crence qu'il servait et htinoT^t
également. Mairrs complette peut-être qii'e' cféW
du naturaliste anglais , parce qu'elle fui dtUt^^
mentée quelijués' arihéés phis taïd , la bibfià'
thtqiie de Lhérfiier est extrêmement précieû^i?
par l'importante- des livres qu'elle ccrn^ieTit ;"^
plus erïcore par leur l'éun'ion. Dans une grtthdti
ville , à Paris , à Londres , il n'est pas trèi-diffiéilè?
de former une no-mbreuse biblioiheqtie , et mêïnèf
de la rendre riche en livres rares et pYecieux. Jus-
qu'à un certain point , il n^ fant pouV cela Ijirt'
de l'bpulence et quelqu'itistruttiion ; on' S W
rhême d'es gens aSsez peu ihstruirs former de ttfà^
gnifiqties bibliothèques, à l'aide de cOnseillWï
qui dirigeaient le choix. Mais tvop souvent c^
attiiside livTes ne sont que des cabiners di cu'^Hi-
siiés , au moins ilssotlt s'atrs rfrtéiêt , tomme bHÎ
utilité pour le public. Ge qui est au ^ontt^re
d'une extrême importance , et d'un intérêt vrai-»
ment général , ce sont les bibliothèques fomi'ééB
par des ho4nraes que dirige un goût positif; et
dominant , sur-tout lorsqu.ils réunissent les eonrt
naissances aux moyens d acquérir. Aussi les bibli.a-i
iheques boianiqups de Banks à Londres , et de
Lhéritier à Paris , sont-elles deux trésors pour les
nations qui les possèdent. Les anglais sont bien
péhéilés de cette vérité , et qclle de letir hâitura^
liste ne sera jamais démembrée. Il est bien à
souhaiter que notre gouvernement -s'empresse
aussi de. prévenir la dispersion de celle que laisse
le savant que nous regrettons. Ce que des con-
servateurs'de dépôts publics ne pourraient ras-
sembler, même avec de longues années, se trouve
tout réuni ; et ces livres placés au muséum du
Jardin des Plantes , y feraient sur-le-champ une
bibliothèque , qu'il serait désormais bien plus fa-
cile d'augmenter'quil ne l'a été de la former.
Cést isur-toui pour une science qui consiste pres-
que'entièrement en cotinaissances acquises, qu'une
amp'le réunion de livres est liécessaire. Un poé'tâ
n'a pas besoin, pour faire de bous vêts, d'avôiîr
à sa disposition une bibliothèque complette -dé
,poètes aiiciens et modernes. Uneimaginalion hcu-
rense , dirigée par l'étude du petit tiombfe des
grands modèles . voilà ce qui enfante les chefs-
d'œuvre. Mais il faut qu'un botaniste connaisse
tout ce qui a été dit sur le' sujet qu'il traite.
Veut-il parler d'une plante , d'un arbre , il tom-
bera peut-être dans quelque erreur ntrisible et
fera une omission préjudiciable dont il eût été
préservé , s'il eût eu sous la main telle brochure ,
telle pièce volante négligée , dédaigtrée 'par tout
autre que par celui qui l'a recueillie pour servir
à Ses études, pour flatter ses goût» partituliér».
Ne nous préparons. pas des regrets inutiles , et
évitons la dispersion d'une bibliothèque qtii est
perdue si elle est démembrée ; les grands livres
iront s'ensevelir dans les cabinets des amateui;s ,
et les pièces volantes, les écrits particuliers, ceux
qui représentent peu d'écus , mais qui n'en sont
pas iniatns la portion la plus précieuse de cette
collection , seront éparpillés , et peut - être dé-
truits en partie.
J'ose espérer que le gouvernement accueillera .
mon idée, et quil ne négligera point cette pré-
cieuse occasion de faire un présent aussi utile
aux botanistes dé la France , (3u monde ep'ti'er.
Salut et considération ,
Ant. Aug. Renouard , lièrairt^
Avis d'un armement en tours» au port de CataiHi
Cet armement consiste en un navire briclc.'sors
tant du chantier , des mieux construits , de l'avU
cje tous les marins , portant i8 canons de quatre
livres de balle et de cent hommes d équip'agfc .,
muoi de lotîtes armes nécessaires pour la coirrsé ,'
approvisionné de vivres pour quatre décades , *«
l'équipage payé d'un mois d'avance.
Ledit corsaire pouria être mis en mer pour le
3o vendémiaire prochain , moyennant la somme
de 90,000 Fr. On pourra s'y intéresser par acticrhs
de 1000 fr. et pour autant qu'on le désirera. A
cet effet , 011 s'adressera , à Calais , au cit. Alex.
Becquet , inspecteur de l'octroi municipal^;
désigné par une société pour le seul armateur
dudit corsaire , qui aura l'avantage de réunir â^
son brave équipage un capitaine connu et expéw
rimenté dans fart de la navjgatiori (le citoyettî
Hamel, dit Rondelle, de la même commune )|^
lequel se réserve -6000 fr, dintérêt , sans laquelle ,
condition il renonce au commandement.
Bourst du g fructidor. -^ Cours des eftts fùMiti.
Rente provisoire t1 fr. aS t.
Tiers consolidé 3l fr.' stS t.
Bons deux tiers. . . . . . 1 . . . w . . . i . . . i fr» 5; c.
fions d'arréragé. ............. i 84 frv
Bons pour l'an 8 . 86 fr.
Coupures 64
S'yndicat , . . . 64 fr.
A Pans, dcl'ittipriMene du cît. Amasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevin;! , n» il,
^v.i ;i]uOiij iiiv
4" ^'/>v
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
K° 341.
Primcdi , 1 1 fructidor an 8 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR esc k- seul journal officiel.
Il coii:rsnt les séances des autorités constituées , les actes du gouveniemenz , les nouvelles des armées , ainsi que las feits ëc lei notions tant sur
« l'intérieur que sur l'extérieuir, fournis par les. correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles. '' 1 '^ ■
, - . . ., ,,,'.',. .... in ; .i:l ,j;tl .vl
EXT E RI É U R.
ANGLETERRE.
Suite de lesijuisse de t'hisloire du sucre, par W.
Falconer.
JrV L£X'AN*t)RE d'AphrodisÉe paraît, dans ses
écrits, avoir bien connu le sucre, qui était regardé
de son tems comme une ptodUction de 1 Inde. Il
dit que ce que les indiens appellaient de ce nom ,
était une espèce de miel extrait d'un roseau , res-
semblant à des grains de sel , de couleur blan-
che , friable , détersif et purgatif comme le miel ;
mais qui , bouilli comme lui , perdait un peu de
cette dernière qualité , sansriep pecdre de sa vertu
nutritive.
Paul Eginèie parle de sucie qu'on recueillait
de son tems en Europe , et qu'on apporiait
aussi de l'Aribie heureuse. Il semble regarder
dernier comme moins doux que celui
dont les ravages de l'incendie avaient causé la
ruine. '
— On écrit deLeipsick, que jamais on n'y eût
l'espoir d'y voir une foire aus."!! njaj^nificjue que
celle de celle année, On sait que cette foire est
comme le centre du commerce de la librairie.
— • La foire de Valenciennes est fixée , cette
année , au 20 fructidor.
— La Gazette de France cite comme extrait des
papiers ani^lais le fait suivant. — Parmi les per-
sonnes qui sont arrivées à la foife franche de
Portsmouili , est le célèbre William Dacres , de
King's-Cliif, comté deNorthampton.il voyage avec
des marchatidi.scs de Tunbridge , chari;ées sur
des mulets et des ânes, est it es -grossière ment vêtu
et porte une barbe d un demi pied de Ion g. Il piraîl
avoir environ 40 ans. Il a distribué à-iieu-près
800.000 francs à son dernier, voyage tians diffé-
rentes parties du royaume , sans compter le pro-
duit d'une ferme considérable qu'il pariage avec
les pauvres familles de son voisinage. Il se re-
du chargement comme acquiescée. et .consom^
produit en Europe ; mais il ifjoute qu'il n'est ' ^V*^ '°"' ' excepté les premières néccsçiiés de la
pas , comme lui , nuisible à l'esiomach ni al-
térant.
Athmel , écrivain qui, selon quelques-uns,
vivait vers l'an 83o , représente le sUcre comme
flae chose très-commune de son tems.
Avicenne , médecin arabe , pat'.e du sucre
comme étant i^.-oduit par des roseaux, Il le notinme
tabaxir Ou tabàrtct.
Il ne paraît pas qu'aucun des auleurs dont
j'ai fait mention ci-dessus , connût la méthode de
V fabriquer le sucre, en fesatit bouillir le jus de
Is canne jusqu'à consisiance. Il y à même lieu
âe croire que le sucre dont ils parlent , n'était
pas le produit de notre canne à sucre, mais bien
d'une autre canne beaucoup plus grande et plus
grosse , à qui Avicetine , comme nous venons
de le voir, donne le nom de tabarzet , et qui est
Yàfundo arbor de Gaspar Bauhin , le saccar Mambu
des derniers écrivains et l'aruîirfo Brtintw deLinnée.
Celui-ci rend un jus de la douceur du lait , et
souvent ttne matière très-ciislallisée qui a èxacie-
ment le goût et l'apparence du sucre.
Qiielques écrivain.s disent que le nom de
Tabarzet donne â ce sucrç , dérive de celui d'une
ville appelée Tabarzons. Le mol Tabarzet signifie
blanc , et Ducahse le traduit par ceux de saccar
album { sucre blanc). D Herbelot , Bibliothèque
orientale, page 810 , dit que les persans nom-
Jnaicnt ainsi le sucre le plus crisialisé et le plus
fâfiné.
Les historiens des croisades que j'ai compulsés,
font une mention très-expressé du sucre.
L'auteur de l'Histoire de Jérusalem dit que les
croisés trouvèrent en Syrie certains roseaux ,
pommés Canname'lès , dont il apprit qu'on fesait
Wne espèce de m.iel sauvage ; mais il ne dit pas
qu'il ait vu de ce miel.
( Demain la fin de celte esquisse. )
vie. Sa fortune qui esi à-peu-près de 200 mille
francs de rente , est employée à soulager le mal-
heur. Dans sa recherche des individus sur lesquels
il peut exercer son incomparable huminiié , il
n'a égard ni au pays , ni aux opinion§ politiques ,
ni à la religion , ni à I âge , ni au sexe. Les in-
fortunés , par-tout où il les renconire , soni l'objet
particulier de ses soins.
— La société d'agriculture de Strasbourg vient
de publier un avis pour inviter les culiivaieurs
à semer , après la pluie qui a tombé , de l'avoine
ou du seigle ou de l'orge vescée. On Siit que ces
semences lèvent vîtc ; elles donneront du fou-
rage. La société publiera le mode de le conserver
verd pendant la saison rigoureuse , e.n le salant :
elle va aussi publier une insiruciioo pour l'épi-
zooiie qui reconrtmence à se manifesier. En aiten-
dant , elle tehd atieniif à rompre toute commu-
nication avec les bêtes m.ilades , à cerner même
les endroits oii 3e manlteste I épizootie ,. et con-
seille de nourrir tes bêteS à cornes avec de la
farine d'orge mêlée avec du sel et de l'eau , qu'on
laisse s'aigrir comme du levain , et qu on mêle
I mêlées avec ia paille ci-dessus , suffisent pour
nourrir et même pour engraisser une vache. Cette
nouiriiure augmente aussi le lait, et est un pré-
servatif contre l'épizoolie.
I N
R.
T E R I E U
Parti , le 10 fruitidor.
Lé eapitiine Riou , rapporteur au second con-
seil de guerre , a c/mr lu à la peine de mort contre
Legard , Fossard et Pupier . amnisiiés et accusés
<I'embauch.ii!e , et à la mise en hberié en faveur
ée Gohier. Fass.ird est coniumax. l.- cit. Coilerel
ê'ih plaider pOu/ Legjrd , le cil. Dùfriche Fou-
Idints portera la parole pour Gohier et Pupier.
— Une lettre èetile de 'WurizboHrg , en dalç
dn 9 fructidor , et insérée au Jaurnal de Paris ,
aontient les faiis suivans :
Le feu a pris leîithsrmi^lor à Markheidenfeld ;
il a dévoré deux maijons dan.t l'e.space de quatre
heures. Grâce au zèle et à I intrépidité' de là r'"
et 2™° compagnies du 3""= bataillon de la 20"'"=
demi -brigade française, I incendie n'a pas clé
aussi fune.sie qu'il .Tuiait pu le devenir. Ces braves
Joldals ont travatlté sans relâche jn.'.qu à ce que
la flamme fûi enliéiement éteinte. Leurs oiSciers
leur donnaient 1 exemple. La commune de Marck-
heidenfeld touchée de cetie belle conduite,
voulut en témoigner sa reconnaissance en offrant
anx capitaines une somme d'argent , pour être
distribuée p.lrnii les «oldats ; mais ces derniers la
fluiereUt «t répooilircnt pHr une lettre remplie
des sculiniens les plus délicats , qu'ils desir.iicnt
que toit»! iomme tti clis.liiibuéc aux infortwnéj
mee sans retpur.
Examinons avec attention les éyslêmes respcc™
tifs des parties.
La recousse est le prerhier'iqotif à la faveur
duquel le capteur soUtiem^J'a-e; le pavire auiait
dû éirc déchré de bonne prisé-. Ge moiiP ést-il
justifié pari le* principes,?'' _ '
En matière de recOUsse ,' IT né faut' pas con-
fondre les navires fran'çàis avec les tiavires. étran-
gers se préiendant neutres. ' \ ' '' , . ' "! ■'
Un navire français est-il reçpi^s, 5ur,reon.er»ii
par un autre' français ? .on.doit,,d;8ti,ng,u.er ,.<ians.
ce cas, s'il est recous pjr un,,bâtin>eal, dfe Viétat
ou par un corsaire particitlier. .j , _,-^ i;..:i-
Létal est tenu de défendre Jat personne «et la
propriéié de tous les citoyens. Delà y un bâtiment
de l'état qui jeprend stjr l'erinsmi un narire fran-
çais , n'exence qu'un acte .de prôiectiou cjui ne.
peut açquéin à la républiqu.e Iti propriété de ce,
navire. Aussi nos lois veulent que , dans une
telle hy,poib.ese., le navire soit, rendu au véritable
propriétaire, (l) . ...
Il en est autrement d'ijn navire français recoîi s
sur l'ennemi par un corsaire particulier. Corruné'
c'est ; ux risques .de leur, vie .et dfe leur fortune
que les, armateurs particuliers, se livrent .à.. la
course , on a cru devoir leur laisser la pro-
priété du navire français recous, sur l'eiine-mi.
Il est pouiiaht des armaleurs 'qu'i , après avoir
délivré leur compatriote par leur courage , l'ont
rétabli' dans ses droits p^r «n sepiiinent'" de jus,-
fice et de gé|iérosité. . ' ',
La dernière guerre, nous.* offieMi- à cet-égarti';
des exemples qui honorcrit la naiion , et, gui
méritent d'être encouragés' [par Ip gouvprnç.;
ment, (2) , ',.'['
Qiiant aux navres étrangers ?'e prétendant neu-
tres , et recous sur l'ennemi , soit par un bât,iiijenl
de l'état , soit par des corsaires particuliers .,,.09
n'acquiert aucun droit sur ces navires , pai;,. Iç
simple fait de la recousse. On invoquerait vai^
hement l'ordonnance de la marine de ,i68t et leî
lois intervenues postérieuremcni. Toutes ces lois
avec quinze ou vingt livres de paille d''orge. Cinq j ne statuent que sur la recousse d un navire
livres de farine avec dix livres d'eau par jour , | fiançais par un autre navire français; ,elli;s son,t
■" ' ■ ■" ' absolument étrangères à l'hypothèse d'u.n navir.^
étranger e{ se prétendant neutre , recous par u,ij
navire français. , ,
A défaut de lois précises, il faut donc recouiir
aux maximes générales.
D'après ces maximes , un navire neutft;' dort
être respecté par tous les peuples. S'iT est ot"'
primé -par une des nations belligérantes , ce n'est
pas une raison pour que les autres Se rentleïi't
complices de celte oppression , ou soient auto'-
risées à la détourner à leur profit. De là , un
naviie étranger se prétendant neuire , et recous
par un français sur l'ennemi, doit êire relâché,
si sa neutralité est constatée.
Mais, dira-t-on , pourquoi traiter avec plus de
ménagement un navire étranger se prétefidant
neutre, qu'un navire français?
La raison en est sensible. Dans la supposition
sur laquelle les lois ont raisonné et sur laquelle
nous raisonnons nous-mêmes, le navire français
lo.nbé dans les mains de l'ennemi , aurait été
perdu pour toujours , s'il n'avait été recous : con^
séquemment< la reprise de ce navire est une
véritable conquête sur l'ennemi même. S'il s'agit v
au contraire, d'un navire étranger se prétendant
neutre . l'arresiaiion de ce navire par l'ennemi ne
le rend pas subitement propriété ennemie , puis-
que la confiscation,peut n en être pas prononcée
par le magistrat. Juscjuaii jugement qui con-
fisque, le navire qui voyage comme neutre, ne
perd ni son caractère ;ni ses droits. Après 1 arres-
tation , il peut recouv^rer sa liberlé. Dans un pa-
reil éiat de choses , \?. recousse de ce navire ne
saurait donc en faire passer la propriété dans
les mains du français par lequel celle recousse a
éié opérée. La que.-tîon de ncuiraliic demeure
toujours entière ; elle doit être jugée avam tout.
Tel est le laugage de tous les publicisies ;
telle est la coutume générale de touies les na-
, lions policée,-'.
CONSEIL DES PRISES
Décision relative à la prise du navire la Statira.
An NOM Dlî LA RÉPUBLIQ^UIL FRANÇAISE.
Le conseil des prises , établi jjar l'arrêié des
consuls du 6 germinal an 8, en venu de la
loi du 26 ventôse piécédent, a rendu la déci-
sion suivante , entre le capitaine John Seawards ,
commandant le navire la Slalira , sous pavillon
américain d'une part; et les citoyens Marc-Antoine
Erussart et Etienne-Jean-julien Maucrcr , arma-
teurs du corsaire français te Hasard , de Port-
Mâlo , ensemble les capitaine et équiiKiges dudit
corsaire , d autre pan ; vu etc.
Vu les conclusinns du commissaire du gouver-
nement , déposées cejourd'hui sur le bureau ,
et dont la teneur suit :
Le navire la Statira , sous pavillon américain,
fut recous sur un corsaire anglais, par le Ha-
sard, corsaire français de Port-Mâlo , et conduit
au port de Perros-Guirec , piés de Paimpol.
Les tribunaux qui ont déjà prononcé, ont or-
donné U confiscation du chargement , et la
main-levée du navire , en adjugeant au capi-
taine le fret , la prime et une indemnité de io5o f.,
à raison de 5 fr. par jour, et par horame de son
équipage.
Le capteur s'était pourvu au tribunal de cas-
sation , sur le fondement que , d'après nos lois
françaises , le navire devait être confisqué comme
la cargaison.
Le capitaine capturé n'avait point réclamé
contre les décisions par lesquelles la cargiison
avait été confisquée ; mais dans un mémoire im-
primé , qu il vient de produire devant le conseil,
il réclame et la cargaison et le navire.
Le capteur prétend que le navire n'aurait pas
dû être relâché ; et il regarde li éônfiscaiion
(1) Lettre du mitiisice de la marine , du 3(>
aodi 1779.
; 2 ) Trotté des assurances , par Emerigon , tome
1" > 499- ;
Cela posé , le navire la Statira n'est pas devenu
conliscable ^ar cela seul qu'il a été recous sur
l'ennemi. 11 laul- laire ce qu'auiait fait l'ennemi
lui-même , c'esl-à-dire , il faut juger la neutralilé.
te second motif allégué par le capteur pour
faire'pronoiucr la confiscation du navire, est
déduit de ce une ce navire po'nail une cargaison
composée d'objets prohibés ou de contrebande.
Ce nioiif donne lieu à deux questions : lune
do droil , et 1 autre de fait.
I''.n droit, la qualité du navire doit-elle être
dtierrainée par celle de la cargaison ?
En fait , la cargaison chargée sur le navire ta
Slatira , consisiait-ene'éir objets prohibés ou de
contrebande?- . it-, . .
Le consulat de la raer décide , i° quon peut
enlever les effets hostiles qui se trouvent dans le na-
vire neutre^ en pa;)atit te nollis et l hj'pothcrjue due
au capitaine; 2°, que si,, dans un naviie enncrrii ,
il y a des marchandises qui appartiennent à des I
neutres , ort doii tes leur rendre. j
L'ordonnance de l543 , article XLli , et celle j
de ) 58^, art. LXlX,pai'alsseni déclarer de bonne
prise lenavi:« liéutrf qui contient des eâets hos-
tiles-, et loUie liià'rciiâiidise qui se trouve dans un
navire ennemi , <]uoiqu'ell« appariieiifie à un
àroi. Celle ligueur fut adoucie par I4 déclaration
du I" février i65o , art. VI : &i aucuhe prise , est-
il dit daa» cet ariicle , a été faite par aucfms capi-
taines nos sujets..... ùi 'marchandises qui se trou-
veront apparte-nir 'à not amis , atliis et sujets , seront
rendues et resiiluc4U. .
-L'ordonnance de ta marine ^ titr« des prises,
^ti. VII , i«tabtit l'ancienne sévérité : l^tus navires.,
porte cet article , qiù te Jrouverent chargés d'effets
appartenant à nos ennemis, et Us marchandises de
rtàs sujets et alliés qui si trouveront dans un navire'
(nrtemi , seront dt bonne prise,
■ Ld réj^lement du «3 juillet 1704 porte, en l'ar-
^cle V , que , t'ii se trouve sur le» vaisseaux
oei^tre* des effet» appartenant aux enner^ls , les
^aissiau» et t«ut U chargement seront de bonne
prise.
■ -Cette ligueur fui de nouveau adoucie par le
•ëglemetM du si octobre 1744, art. V : ti^S'il se
trouve , cst-il dit , >ur les navires neutres , des
marchandise» ou effets appartenant aux ennemis ,
lesdites marchandises ou effets seront de bonne
prise , *t néanmeins tes navires retâchés, i?
Le réglemcfrt du 26 juillet 1778, art. I"' , s'ex-
prime en ces termes ; x Fait défense sa majesté ,
à tous araïaieurs , d'ariêter et conduire dans les
ports du royaunae les navires des puissances
neutres , quand même ils sortiraient des ports
CDeelnis ou qu'ils y seraient destinés , à l'excep-
tion toutefois de ceux qui porteraient des secours
à des places bloquées , investies ou assiégées. A
l'égard des navires des étals neutres qui seraient
chargés de marchandises de contrebande destinées
à l'ennemi , ils pourront être arrêtés , et lesdites
marcliandises seront saisies et confisquées ; mais
\es bâtimins et te surplus de leur cargaison seront
felâchés , à moins que' lesdites marchandises de
contrebande ne composent les trois quarts de la
valeur du chargement; auquel cas, le navire et
la cargaison seront confisqués en entier : se ré-
(ervaut au surplus sa majesté , de révoquer la
liberté portée au présent article , si les puissances
ennemies n'accordent pas le réciproque dans le
délai de six mois., à compter du jour de la publi-
cation du présent règlement. ))
La loi du sg nivôse an 6 changea toute l'éco-
fiomie de ces dernières dispositions ; elle ordonna
<jue l'état des navires , en ce qui concernait leur
qualité de neutre ou d'ennemi , serait déterminé par
leur 'Cargaison ; en conséquence , que tout bâtiment
trouvé en mer , chargé en tout ou en partie de mar-
chandises provenant d Angleterre ou de ses posses-
sions , serait déclaré de bonne prise , quel que Jût
le propriétaire de ces denrées ou marchandises.
Mais la loi du «3 frimaire an 8 , en abrogeant
celle du 29 nivôse an 6 , a fait revivre les dispo-
«ilions du règlement de 1778.
Il résulte du tableau historique des lois , qu'elles
ont varié selon les mœurs et les circonstances ;
que la pohtlque du moment a presque toujours
modifié les principes du droit politique ; qu.e
dans nos tems modernes , les réglemens ont paru
constamment incliner vers 1 équité générale i^et
que la nation française peut s'honorer d'avoir eu ,
dans la dernière guerre , riniiia''ve des maximes
douces et généreuses qui ont prévalu, et d'avoir
donné des exemples unies à tous les peuples.
Cependant , comme tout doit être réciproque
«ntre les diverses nations , on voit que le légis-
lateur s'est toujours réservé le droit de devenir
pkts sévère , si les autres nations belligérantes
•devenaient plus jalouses et luoins justes.
Le capteur demande à être jugé d'après la loi
du ag nivôse an 6. Il soutient que c'est sous l'era-
pire de celte loi qu'il s'est livré aux enireprises
périlleuses de la course , et qu'il a lart la crvpture
du navire là Statira. Les lois et les réglemens ,
dit-il, ne peuvent point avoir d'effet rétroaclif,
;D^attire paît, le» citoyens ne sont pas juges des
' «574
lois; 41 importe donc fort peu que Ton vienne
argumenter des vices ou des suites funestes de la
loi dit 29 nivôse ; mon droit était acquis avant
l'abrogation de ceiie loi.
Sans examiner le degré de fofce et d'autotsié
que l'on doit accorder à la loi du ag nivôse, je
dirai qu'en général les /Véglemcns de la course ,
qui ne portent qu'improprement le nom de lois ,
et qui par eux-mêmes sont eS|Seniiellcnicnt varia-
bles , /»« temjioribus et causis , sont toujours sus-
ceptibles , dans leur application , d'être tempérés
pat des vues de sagesse et d'équité. .J'ajouterai
qu'eu exécuiant des réglemens d'une extrême
rigueur , il faut plutôt les restreindre que les
étendre ; et que , dans le choix des diveis sens
dont ils peuvent être susceptibles , on doit pré-
férer celui qui est le plys favorable, à la justice
et à la liberté. Le droit ne naît pas des réglemens;
mais les réglemens doivent naître du droit. Con-
séquernment ,'les lois ou les règles particulières
doivent toujoui^s 'être exécijtéës de la manière là
plus conforme aux principes de la raison uiii-
verjelle , surtout dans les matières appartenant
au Oroit des gens , dans lesrjuelles les législateurs
se sont loujours glorifiés de n'être que les respec-
tueux interprètes de la loi naiurelle.
La loi du sg nivôse veut que la qualité du
navire neutre ou ennemi soit déterminée par celle
de la cargaison : elle ajoute que tout bâiiment
'chargé en tout ou en partie de marchandises prove-
nant d' Angleterre ou de ses possessions , est de bonne
piise. Mais , comment doit-on entendre les mois ,
en tout ou en partie i~ïom doute est résolu , si le
chargement est composé en entier de maichan-
dises prohibées ou de contrebande ; mais si les
marchandises prohibées ou de contrebande ne
composent qu'en partie le chargement , qu'elle
règle faudra-t-il suivre .•*
Le règlement de 1778 ne confisquait le navire
et la cargaison entière que lorsque les objets
de contrebande excédaient des trois - quarts la
valeur du chargement. La loi du 29 nivôse ne
fixe aucune quotité déterminée : elle ne donne
aucune mesure ; elle se borne à dire que le
navire et la cargaison sont de bonne prise, quand
celte cargaison , en tout ou en partie , est d'une
natuie prohibée. Mais la loi n'est jamais pré-
sumée vouloir des choses absurdes. En in-
terprétant les lois , on doit , par respect pour
elles , éviter de leur prêter un sens que la
raisf.n désavouerait. Or , il serait certainement
absurde de croire que la loi du 29 nivôse n'ayant
déteiminé aucune quotiié , une portion impet'
ceplible d'une matière prohibée ou de contre-
bande pût servir de prétexte à la confiscation
absolue d'un navire et de son chargement.
Il existe des principes connus pour l'inierpré-
tation des lois ; la raison civile ne permet pas
de penser que , dans les cas où la loi parle
d'uite quotité quelconque dont elle ne fixe pas
la mesure , on puisse suppléer à la loi par des
appréciations ou des hypothèses dérisoires. En
termes de jurisprudence , peu est considéré
comme rieu, parum pro nihito habetur. Consé-
quemmenl, lorsque la loi se sert des mois , en
tout ou en partie , on doit supposer qu'elle a
entendu quil faut le tout ou du du moins une
partie assez considérable pour obtenir quelque
iinpotrance auprès de tout esprit juste et raison-
nable.
je suis donc autorisé à conclure que , même
d après la loi du 29 nivôse , un navire et son
chargemerît ne sont et ne peuvent être exposés
à la confiscation, qu'autant que les eftets pro-
hibés ou de contrebande qui se trouvent à bord,
s'élèvent à ufie quantité capable de faiff im-
pression , et de faire naître de justes présomp-
tions de fraude contre tout le reste du char-
gement. Quelle sera donc cette quantité ? par
cela seul que la loi ne la détermine pas . elle
l'abandonne à l'équiié du magistrat , c'est-à-dire ,
à cette sagesse éclairée qui explique la loi lors-
qu'elle est obscure, la supplée lorsqu'elle est
insufifisante , la corrige lorsqu'elle est impar-
faite , et sans laquelle l'exercice de la puissance
de juger ou d'administrer deviendrait impos-
sible.
En fait . il faut donc examiner aciuelleroent la
nature de la cargaison trouvée à bord du navire
la Statira.
Il résulte des pièces . qu'il y avait à bord
soixante barils de lérébenihine et quarante barils
de goudron. Le"' capteur a présenté ces objets
comme objets de contrebande. Le capturé a
soutenu que , d'après le fraité de commerce et
d'amitié passé en 1778 entre la France et les
atnéricaiAS , le goudron et la térébenthine n'é-
taient point énoncés dans la classe des matières
prohibées ou de contrebande.
Je conviens que le traiié de 1778 n'a-point placé
la térébenthine et le goudron dans le nombre des
maiieres protiibées. Mais nous lisons d^ns ee
traité , que le gojivernement français.et les Etats-
Unis s'engagent mutuellement à n'accorder aucune
faveur particulière à d'autres nations en fait de
commerce et de navigation , qui ne devienne aussitôt
commune à l'autre partait. Les américains, en trai-
tant postérieurement avec l'Angleterre * n'ont
donc pu consentir, envers les anglais, à con-
sider le goudron comme matière de contre-
bande , sans qu-'ausùtôt la même chose ne soit
devenue commune avec la Fra;;ce. Sans cela ,
les anglais auraient un avantage que nous n'au-
rions pas ; et c'est ce qu'on a voulu prévenir
par la clause que nous venons de rapporter.
L'arrêté du directoire , du 12 ventôse, affirme
le point de fait, c'est-à-dire, .il affirme que les
américains ont consenti .. envers les anglais-, à;
s interdire , comme contrebande , le iianspprt
du goudron. Donc nous Sommes autorisés , par
le traité de ^778, à jouir du même avantage.
Il .est donc incoutest,ible que le ^goudroti ,
chargé à bord du navire la Statira, est marchan-
dise prohibée.
Le chargement de cette- marchandrée iie paraît
justifié par aucun, connaissement : ce défaut de
connaissement est un indice de fraude.
Mais le goudron , trouvé à bord du navire la
Statira est une poition trop légère du. .charge-
ment de ce navire , pour pouvoir en motiver
la confiscation, même d'après la loi du . 29
nivôse.
On allègue , en second lieu , que deux mille
neuf cents onze pièces de bois de carapéche ».
chargées sur lé navtre la Stiitira , sont dil crft» 'j
des possessions anglaises. On étaie celle allègar,-
lion sur un rapport d'cxpcris, auquel on a fait
procéder. Mais ce rapport a été regardé comme,
irrégulier par le tribunal civil du déparlement
des Côies-du-Nord. Lecapteur y fait procéder,
sans appeler le cap uré.
Il ne paraît pas que les experts aient opéré en
venu de l'autorité du juge compétent. Le rapport
dont il s'agit ne peut donc être regardé .que
comme un sitiiple document , un simple mémoire
qui peut instruire le magistrat, mais quj ne sau-
rait enchaîner sa conviction.
Ce qui est certain , c'est que la destination de
tou^ le chargement était pour Londres. On avoue
que celte circoni.tnce ne suffit pas'jiour légitimer,
la prise , et qu elle ne doit servir qu'à, nous
rendre plus attentifs et plus soupçonneux sur la'
conduite et les procédés du capturé.
Je ne puis dis.simuler au conseil , qu'après le
jugement du tribunal de commerce dePairppol,
ponant confiscation du chargement, le capturé
n'a point appelé de cette disposition , et que l'af-
faire n'a élé portée au tribunal d'appel que par le
capteur, qui se plaignait de ce que le navire
n'avait pas élé confisqué. Le tribunal d'appel
ayant confirmé le premier jugement , je dois ob-
server encore que c'est le capteur seul qui s'est
pourvu en cassation. Cette indifférence du cap-
turé , ce silence constani de sa part sur des juge-
mens qui lui éiaientplus défavorables qu'au cap-
teur , jettent des soupçons sur la nature et la. vé-
ritable destination du chargement. On peut même
dire que le capturé a sanctionné , par son acquies-
cement au moins tacite , toutes les prononcia-
tions contre lesquelles il n'a pas réclamé dans Içs
délais de droit.
Mais cela peut-il influer sur le navire qui .est
constaté évidemment neutre par les pièces jde
bord?
je pense qu'il y a assez de circonstances poUl"
mettre le capteur à l'abri du paiement de toute
indemnité quelconque. La recouss'e suffirait pouf
autoriser, sinon la confiscation entière du navire,'
du moins son arrestation. Les marchandises de
contrebande trouv1;es à bord , quoiqu'en petite
quaniité , les nuages élevés sur l'origine du bois
de campêche , la .destination de tout le charge-
ment pour Londres , pouvaient faire naître des
doutes raisonnables sur l'application des principes
qui existaient alors ; et conséquemment la con-
duite rigoureuse du capteur n'a point été saijs
cause et sans motif ; le capturé ne peut imputer ^
qu'à lui-même tout ce qu il a souffert. Mais pour
la confiscation absolue du navire , il faudrait
quelque chose de plus , même d'après la loi du
29 nivôse : il faudrait qu'une partie considérable
de La cargaison eût élé évidemment composée
d'objets de contrebande ou de marchandises pro-
hibées. Or, si l'on excepte le goudron , qui ne
formait qu'une bien mince portion du charge-
ment , tout le reste n'a élé déclaré de bonne prise
par les tribunaux devant lesquels l'affaire a été
i portée , que par des circonstances qui ne pou- ]
valent avoir aucune influence contre la neutralitéi I
prouvée du navire.
Il serait difficile , sur ce poin^ , d'être plus ri-
goureux que les juges qui ont déjà prononcé , et
qui étaient dans habitude d'appliquer avec une
extrême rigueur des principes infiniment rigou-
reux.
En discutant la question relative au navire , j'ai
discuté celle concernant la cargaison ; puisque,
par le silence du capturé , l'une se trouvait liée
à l'autre. Je crois donc avoir mis sous les yeux
du conseil , toutes les observations qu'il pouvait
attendre de moi.
En cet état , je conclus à la confiscation de
l'entier cbargenicnt, et à la main - levée duDa-j 3 10,000 liy. st., ou 7,440,000 fr. ; en faiix billets, : France, aîns! que la différence de nos iostituiion»
vire ; le capteur demeurant déchargé du paie-
ment de toùie indemniié (Quelconque.
Délibéré à Paris, ce 5 tliermiilor, an 8 de
}i république française , une el indivisible.
Signé , PoRTÀLis.
Ouï le rapport du cjtoyen Niou , membre du
conseil ; tout vu et considéré ,
escrof[i4erics 25o,ooo liv. si. , ou 6,000,000 francs.
Toial 2,000,000 sierl. , ou 48 millions de France.
Ce biigandage est facilité par les moyens que
trouvent ceux qui le commettent, de se défaire
des objets volés. M. Cplqulioun remarque qu'il y
a Loudies trois raille petites boutiques ou lieux
connus pour acheter à vil prix et presque pour
rien de toutes personnes , Ifs efftis volés «ju on
.Le conseil., faisant dro.it sur le toiit , en ce quijjf"''. =>PPOfle- Une aiitre cause de vol public est
concerne le navire la Statira . fait main - levée
pure et simple.du corps dudit navire au capiiaine
John Scawards ; ordonne eu conséquence qu'il
Jùi sera restitué avec ses a^iés , ustensiles et
apparaux ; le tout sans aucun fret ni indemnité
quelconque.
Età légard du chargement dudit navire la Stalira,
décide que la prise est boiii;e et valable ; en consé-
quence, adjuge au proBt des armateurs et équipages
du corsaire le Hasard, de Port-Malo, toutes les mar-
chandises composant ledit chargement , sauf les
droits apparienanl aUxinvalidesde laraàrine; pour
le tout , si fait n'a été , êuÊ vendu aux formes et
ck. la manière pies.ctijes par les lois et le règle-
ment sur le fait des prises, et le produit remis
auxdits armateurs et équipages ; à quoi fair'e
lÔQS gardiens , séquestres et dépositaires, seront
contraints par toaies voies dues et raisonnables ,
même par corps ; quoi fcsant , ils en seront bien
et valablemeni quities et déchargés.
Faille 6 thermidor , -an 8 de la répiiblitjue fran-
çaise , une et indivisible. Présens les citoyens
Kedon , président; Niou , Lacoste , Morèau. Ba-
RENNES , MONTtGNY-MONPLAISIR , DUFAUT, PaR-
sÊVAL - Gramdmaison . Toubnachon, tous
membres du conseil des prises, séant à Paris,
maison de 1 Oratoire.
Au NOM DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, il est
ordonné à toa.« huissiers, sur ce requis , de mettre la
présente décision à exécution ; à tous comman-
dans et officiers de la force pnblique, de prêter
main-foite lorsqu'ils en seront légalement requis;
et aux con^missaires du gouvernement près les
tribunaux, d'y tenir la main.
En foi de quoi ladiie décision a été signée par le
Pjiésident du conseil et par le rapporteur.
Par le conseil :
Le secrétaire-général , signé Galmelet.
De la police, de Londres.
, On ne peut se défendre de quelque surprise ,
en voyant u-ne des premières villes du monde
long-lems privée des moyens de police aux-
quels on est ailleurs habité à attribuer la tran-
quillité cl le maintien de l'ordre public ?
Jusqu'en 1798 , que sur le rapport d'un co-
iciié nommé ad hoc , le parlement autorisa
l'établissement dune nouvelle magistrature de
police , Londres ne» connaissait point d'autres
que celle des juges de paix et de quelques offi-
ciers publics , dont les fonctions se réduisaient
a empêcher les rixes , à arrêter les coupables
Î>ris en flagrant délit, et à les conduire devant
£S juges.
A cette époque , le gouvernement crut avoir
des motifs pour solliciter des réglemens d'un
Îiouvoir plus étendu, et Te parlement accorda
es fonds nécessaires aux dépenses de ce nou-
veau régime.
Quclqu'aversion que l'on puisse avoir pour les
formes arbitraires de la police de stueté , quelque
doute que l'on soit dispo^é à adopter sur l'étendue
«t l'utilité du droit de prévenir les délits par la
surveillance des individus, on doit cenvenir que
lé brigandage , les vols , les escroqueries , étaient
Jiaivenus à un tel point dans cette grande ville ,
^u'on ne voit point comment elle aurait pu se
passer encore loog-tems des iiouvelles mesures
autorisées pour les réprimer.
C'est sur-tout à M. Colquhoun que Londres
doit cette amélioration dans son administration.
Ce magistrat recueillit , avec un soin particu-
lier , il y a 4 ou 5 ans , tous les documens qui
pouvaient éclairer ses concitoyens sur les désor-
dres qui les environnaient. Louvrage qvil com-
posa pour cet objet, sous le titre de Traité de
là police de la Métropole, inspira le plus grand
intérêt, et eut six éditions de suite.
On y voit avec éionneraent l'énormilé des vols
et des brigandages qui se commettent annuelle-
ment à Londres ; et les étals que M. Colquhoun
en donne , pourraient paraître douteux , s'ils
néiaiciii piS gaianiis par le caractère de l'auteur
et lauiheniiciié des souices d où il les tire.
Les simples vols et lilouteries , qui se cOra-
meiicrit dans les boutiques , dans les magasins ,
dans les maisons , s éUvent a une valeur de 7 10,000
liviCi sicil. annuellement , c'est-à-ditc , 17,040,000
francs; ceux ijui ont lieu sur Ica rivières, les
quais , les chantiers et sur la Tamise , à 45o,ooo
livre» stcrl. , c'est-à-dire , 10,800,000 francs; vols
avec effraction et sur les grands chemins piès d
Londres, !i8o,ooo 1. st. , c'est-à-dire, 6,710.000 ft.;
l'existence d'espèce d'agioteurs de monnaies ., chez
qui IfS cocheis , les brocanteurs , les juifs . las
dOracsticjues , les femmes, des hjllcs trouveijl a,
cent pour cent de bénéfice des pièces de petite
monnaie au-de'ssous du titre'. Enfin , une grande
occasion de désordre et de provocation au vol ,
ce sont les maisons de jeux. Les sommes qui s'y
versent annuellement s élèvent à 7,2a5,ooo liv. st. ,
ce qui , joint à 3,i35,ooo liv. stcrl. jouées en assu-
rances Irauduleuses, fait 10,460,000 liv. s;erl. , ou
251,040,000 fr. , lésullat supérieur au revenu de
plusieurs grands états de l'Europe.
M. Colquhoun observe qu'il n'est pas étonnant
qu il y ait à Londres une si grande énormité de
larcins sur la propiTété mobiliaire ; elle y est
excessive. Pour en donner une idée , il fait l'es-
timaiion des objets que le commerce de terre
et celui de la Tamise offrent à la consommation ,
à l'industiie , aux opérations raeicaniiles de celte
grande ville. Tant en objets importés , qu ex-
portes , la Tamise présente , depuis quehjues
années , une valeur aimuelle de 60,597,989 liv. st.
ou 1,454,351,736 francs ; et le commerce par voie
de terre 10,000,000 liv. st. ou 240,000,000 fr.
Mais une chose qu'il est inutile de remarquer ,
c est que l'expérience a prouvé que le nombre
des vols qui se commettent sur la Tamise est
prodigieusethent diminué depuis la nouvelle
police marine adopiée dans cette vue. On voit en
enet que les vois sur les seules denrées colo-
niales s'étaient élevés à 25o,ouo liv. st. en 1797,
et que depuis ils n'ont pas, dépassé 1 1 1 ,000 1. st.
Doil-on regarder comme un défaut de police
ou une preuve de l'habileté des voleurs ,'le petit
nombre de gens arrêtés et condamnés , en pro-
portion des délits de vols qui se commettent à
Londres ? c'est ce qui ne paraît pas aisé à déci-
der ; ce qu'il y a de sûr, c'est qu'en 1794 le
nornbre des personnes conduixes dans les prisons
de Londres a été de 7 187 ; sur ce nombre , 4462
ont été déchargées d'accusation et élargies ; 106
déportées ; 216 envoyées pour servir sur les vais-
seaux du roi ; 1282 renvoyées dans leurs paroisses
respectives; 61 condamnées à mort ; le reste à
une détention plus ou moins longue. On voit
aussi , par un extrait du rapport de la chambre
des communes, que de 1787 à 1797 inclusive-
ment, 5858 personnes , hommes, femmes, en-
lans , ont été déportées à la Nouvelle-Galles et
à l'île de Norfolk. Les dépenses pour le trans-
port de ces condamnés oiit été de 870,887 liv.
sterling.
L'état des pauvres est encore un des objets
qu'embrasse M. Colquhoun dans son ouvrage. Il
propose des moyens de les soulager aux moin-
dres frais possibles. Aujourd'hui , outre les cha-
rités particulières , on levé à Londres 700,000 liv.
sterling ou 16.800,000 francs pour cet objet ,
auxquels sont encore employés d'anciens revenus
de la valeur de i5o,ooo liv. sterling.
Après avoir parlé des causes qui peuvent trou-
bler les citoyens dans lajouissance de la propriété ,
l'auteur entre dans les détails de celles qui
affectent les mœurs. Nous ne chercherons point
à discuter ici jusqu'à quel point telle ou telle
opinion de l'auteur peut mapqiier à cet égard de
de justesse ou de justice; nous nous bornerons
à faire connaître le résultat du tableau de la pros-
titution de Londres.
Cette ville a bien près de 900.000 individus ,
parrni lesquels se trouvent par conséquent en-
viron 450,000 femmes. M. Colquhoun estime que
sur ce nombi'e , il y en a 5o,ooo liviée's à la pros-
titution. C est uri neuvième. Il les partage en
quatre classes.
La première classe est composée de femmes
qui ont été bien élevées , et leur nombre n'excède
pas 2000 ; la seconde , dé femmes au-dessus de
letat de domestiques à gages , 3ooo; la tr'oisiemé,
de femmes qui ont été domestiques et vivent
uniquement de prostitution avouée , 20.000 ; la
quatrième classe est composée de femmes de
différentes professions dans là société , et qui
vivent en partie de prostitution , avec des hommes
avec qui elles ne sont point mariées, «5,000.
Total 5o,oso.
Nous n'étendrons pas plus loin l'extrait de cet
ouvrage qui nous a paru intéressant , non-seule-
ment sous le rapport de faits semblables à ceuit
que nous venons de rapporter , mais encore par
les grandes vues qu'il coriiient sur la police 01 la
manière de considérer cette importante partie de
l'ordre public. Aussi avons-nous pensé qu'il y
aurait de l'utilité non-seulement à traduire en
français cet important ouvragé , mais encore à
l'accompagner de. notes et d'obseivaiions propres
à faire connaître jusqu'à quel point les vœux de
et de leurs résultats, aux institutions et. aux résid->
lats analogues chez les anglais.
Ce travail que nous avons déjà commeticé -,
nous espérons le terminer sous peu ; mais VHn
conçoit que pour lui donner IC' degré d'utilité
qu'on doit en attendre, il faut de grandes re-
cherches , beaucoup de rappiochemens , el l'exa-
meri approfondi de plusieurs faits qui ,n,c nous
paraissent pas a.ssez constatés chez nous ,pO(iï,
(levenrr utr,(eim>; de coinpaiials'O.ii.
I Et) attendant quç nous ayons pu atteindre ce
! but:;'rtous ferons ■(/oihlJtitre'par un second extrait
j détaillé , un autre ouvrage 4^ M, Colquhoun sur
I le commerce et la police mai ine de la Tamise, qu'il
J a publié if y a six mois', et qui contient des laSis
de la plus grande inst;uctio:!. Pf.ucHET.^
Tableau, statistique des pap ecclésiastiques. en SçMdbe
et tranconie.
L'ÉvÊCHÉ de Wurtzbourg. — Production : du blé
abondamrhent , de Itèsrbons vins , des fruits , dés
pâliirages , (jUantiié de bons cheVaUx , des salines,
du bois , du chai bon de teiie , du marbre , des
eaux rainéral',-s. —'Etendue : 270 li;-ues (de 25 au
degié j quanées. ^- l'opdlatiun : 260.000 aiiieS. —
Revenus du prince-évéque: I,i3o,doo tloi^. Qiielqùes
auteuis portent cette somtnc à i,5oo,ooo il. , mais
c'est'sans doute en y ajoutant les revenus du cha-
pitre. — Militaire : looo liorarties. -^ Places fortes :
le château de Marienbe'rg près XVurtzbourg , et
la ville de Konigshol'en. — Fabriques cl manufac-
tures : des glaces , des cUÎts appiêiési des 'cha-
peaux, des bas, des vetnissurc-s , etc. — Com-
merce considérable sur le Mein.
L'évêché de Bomherg. — Production ; du blé j
du vin , beaucoup de bé'-aii, d;s pêcheries, dui i
gibier, des fruits et des légumes en abondahctfV'J
du safran , de la reglisse , du houblon , du bois' '
en quantité, du fer, du cuivre, du charbon de
terre 4 de l'ardoise, etc. — . Etendue : luo lieues
quarrées. — Population : iS5,ooo âmes. -—Pùvtnus
duprince-évêque : ico,ooofl. — fabriques el manufac-
tures : du papier , des ustensiles en bois . des tan-
neries , des brasseries. — Commerce .• des fruits j
du jardinage , du suif. etc. sur le Redniz et le
Mein. La ville de. Bamberg a 20,000 h.^buans ',
Forcheim est fortifiée.
L'évêché d'Eichstedt. — Productions : du bled «
des fruits, (des châtaignes) , des léguines, du
houblon, du lin, du chanvre , du bétail à cog-
nes et à laine , du marbre et du fer , des pêche-
ties et sur-tout des écrévisses. — Etendue : 60 ■
lieues quarrées. — Population : bfi,noo âmes. —
Revenus de l'évêque : 220,000 florins. Le château
de Willibaldsburg est fortifié.
L'évêché d Augsbourg. -^ Productions : du fer ,
du marbre, du bois et sur-tout des fruits , dont
il se fait une exportalion Considérable. — Etendue '.
100 à 120 lieues quarrées. — population : plus
que 70,000 âmes. — Revenus de l'évêque ( actuel-
i lement l'électeur de Trêves ) : 3oo,ooo florins ;
du chapitre , 70 à 80,000 florins. — Gommera :
avec la ville d'Augsbourg et avec la Suisse.
L'évêché de Constance. — Etendue : 12 lieues
quarrées. —Population: 11,000 âmes. — Revenus :
I 200,000 florins.
L'abbaye ■ principauté de Kempten. — Etendue :
40 lieues quarrées. — Population -. 36, 000 amesi
— Revenus du prince-abbé : 100,000 florins ; ceux,
i idu chapitre , 60,000 ; ceux de la caisse du pays ,.
JO.OOO.
La prévôté - principauté d'Etwàngen (unie à
Augsbourg.) — Productions : du bétail , du bled ,
des mines de fer. — Etendue : 22 lieues quarrées.
— Population : tS,ooo âmes. — Revenu : 120,000
florins. Fabrique de fayence à Schrezheim.
Les abbayes de Salmansweilter. — Population :
8,000 âmes. — Revenu : 60,000 llotius. — d'Och-
senhausen. — Population : 5,ooo ames.^ — KaicerS-
heim. — Popul. : 6.000 âmes. — Revenu 5o,ooo fl<
— De Wettenliausen. — Popul. : 5, 000 âmes. —De
Neresheim ; 5, 000 âmes. — De Buckau ; 8,400 am'es.
— Revenu , 40,000 florins, — De Soe/Iingen; 3,'8oo
âmes. — ÏÏTrsée; -4,150 anies. — D Etchingen j
3,625 âmes : un territoire très-fertile. — D Urspefgf
3,000 araes. — De Roggenburg , 2,760 arnes. — De
Rolh , 1,200 âmes. (Ce qui lait en tout 5o.875ame9
et 3oo à 400,000 florins de revenu. )
Les abbayes de Weingarten , de Zwiefalletl ,
de Peiershausen, de Schussenried, de Wei;jSenau,
de Rothmunster , de Lindau , de Saint-Georges
àjsny, de Neggbath, de Marchlhal, de Gutenzéll, '
de Gengcnbach et de Baindj , sont en partie
très-considévubics , mais on n a pas des donnée»
certaines sur leurs revenus et sur la population
de leur territoire. Celle de 'Weingarten a , sans-
doute, 10,000 sujets au moins. On ne se trom-
perait pas de beaucoup en portant le total
de leur population à 3o,ooo aines , et celui d«'
leur revenu à environ i5o à 200,000 floriris.
L'abbaye d'Oltobcureu a des bâtiraens magni'
fiques et ici mille sujets.
Celle (médiate) de Saint-Biaise, dans la Forât'
Noire, 18,000 sujets et So.ooo florins de revenu.
«n fabrique» dé luonnaie au-deasou» de «on titre I l'auteur anglais peuvent trouver d'applicaiioa en | Celle de Saint-Ulrich «t Saint-Afia à Augsbouijjv
fSye
Ctfle de Scktntaî ^anS la Franconie , et qii'ct- '
quès àiStfes , sans avoir siège et voix dans les
assembtées circulaires, sont pourtant en différentes
liaisofii' avec ces deux cercles.
. "Réiiiltc^t général.
Lés iàitys Wclésiastiqués de là Souabe et de là
FrirrctJnïi •dilieiiViron 7So,oo6 habitans , et don-
nent 3,700,060 à 4,01*0 ,t>dO de flbriris eri revenu"
adnuBl.
■M. C. BfiO'N , quai Voltaire
chez ïreuitel e Wuriz , libraires.
là préfet du département de l'Eart, au rédacteur. ^^
ÈVrtux . le Sftuctidcr an 8.
Je voys transmets avec plaisir, cilO)'en rédacteur,
un faii d<ihi"les détails m'oni élé constatés.
Dans la soirée du i8 thermidor dernier , quatre
citoyens se bnignaient dans la Seine , sur un
bàiic iii'. sablts , vis-à vis le petit Andely , Tun
deux sachant nager, s'avance au milieu de la
rivière,' mais un étourdissement le prend , il
cède au courant qui l'enlrainë et va l'engloutir.
Le citoyen Rebut, âgé de ig à 20 ans , un des
bàietieurs s'en apperçoil", il sait t'aibleinent nager,
mais né consultant que son courage . il s'élance
au milieu dos eaux , plonge dans l'endroit oii
le malheureux avait déjà disparu et reparait l'ins-
taât d'après , dirigeant de tous ses efFons vers
le rivage, là victime que le courant lui dispu-
tait encore.
Pendant ceite lutte pénible , les deux autres
individus qui ne savent pas nager , voulant se
pprter vers ceux-ci pour les secourir , perdent
terre 'et tombent dans un précipice de 25 à 3o
pfeds de profondeur , ils s'accrochent l'un à
Tatilre et vont infailliblement périr. Le hazard
vçut que le jeune Rebut traverse la surface de
cç précipice et les apperçoive au fond ; il quitte
up moment sa prise , et plongeant de nouveau,
il çnleye et pousse si violemment celui qu'il
rencontre , que celte impulsion suffit pour le
porter sur la terre on il prend pied entraînant
avec I«i son malheureux compagnon qui 'le tenait
par la jambe.
Aussitôt le jeune Rebut revient au premier
et parvient , non sans peine , à le déposer sur
le sable. Il l'abandonne un instant aux soins
des deux autres et court à la pointe de l'île pour
se montrer aux spectateurs effrayés aux cris des-
quels il avait cru reconnaître ses tendres parens.
Ce devoir filial rempli , il retourne vers ses
compagnons auxquels il prodigue de nouveaux
soins et ne les quitte qu'après les avoir con-
duits chez eux.
Le jeune Rebut est fils unique de l'officier de
santé de 1 hospice de la commune des Andelys.
11 est aussi distingué par la douceur de ses
mœurs , qu il est recommandable par ce trait
de courage , de réflexion et d'humanité.
Des trois individus arrachés par ce jeune
homme à une mort inévitable, deux sont pères
de famille ; le troisième est un citoyen respec-
table , âgé de cinquante ans.
Je vous salue ,
JPour absence du préfet.
Le secrétaire-général, L. A. Roussel.''
(Nous avans été invités à publier le testament
ci-apiès , pour 1 instruction des parties intéressées.)
Au nom de la très-sainte et individue Trinité , Dieu
le père , I)iev. le fils et Dieu le saint-esprit. Ainsi
soit-if.
Connu et notoire soit à tous et un chacun à
qui il appariiendta , que cejourd'hui troisième
jour du mois de juin , rnil sept cent nonagte-
cinq. Pardevant moi , Wenceslas Wenger , notaire
admis, au conseil - souverain de sa majesté à
Luxembourg , y résidant soussigné , et les témoins
nommé? aii bas de cette , à ce spécialement requis
et appelés. , fvitçrjt présens -et comparutent per-
so.anellement , le sieur Philippe -Joseph Looz,
bourgeois - marchand en cette ville , natif de^
Napaur , 6,1s de Deodale L002 et Marie -Joseph
Moraux , gissant malade au lit , jouissant néan-
moins de ses pleins bons sens , mémoire et en-
leadémens , et soa épouse Catherine 'Wilhelra ,
cette d«r«i€tte allawa et vfeiiawte^ tous deux
connus depuis 'lo'ftg"teai« à nous notaire Et té-
moins ç lequel premier comparant a dit et déclaré
que n'aimant pas quiti'.-r ce monde sans avoir
disposé de ce que, le tout-ptùssai»! a bien voulu
lui accorder , a pris la réjolulion de faj-i-e son les^
tajï)«Rt , ainsi qu'il le tait par et en vertu de U
pr^ésenle , de ça pure;, franche et libre volopt* ,die
la w^qiere siiivante v à savoir :
E'nti'ôisiemè Heù' ,'et'sàns déroger à l'usufruit
aj^parlenant au deVriiér vivant ensuite de ta cou-
tume , le pretiiier coniparani testateur Philippe-
Joseph Looz , nomme et institue pour ses héri-
tiers universels de la part de ses immeubles ac-
q lis Constant so^ri mariage avec son cpoiase , les
enfans de son frère Ger'main et de sa sœur con-
sanguine ; mais comme les enfans du frère du
testattur ont , dé soij su , élé expatriés , ne sachant
s ils sont rentrés et existent encorde ou de leurs
enfans légitimes'; et <iu'e sa susdite soeur a élé
établie et iiratiéeeii Hollande , ne sachant non
plus si elle vit encore ou de seS enfans légi-
times. C'est pourquoi , pOur les découvrir , lesicur
testateur ordonne , qu'après son trépas lettres
soient écrites, tant à la magistrature de Namur
qu en France et en Hollande , et mis dans les
feuilles publiques et gazettes , pour que lesdiis
héritiers aient en déans un an , à date de telles
recherches et averlissemens , se présenter pour
recueillir celte dite succession ; et au cas que
SCS susdis héritiers ne se présentent pas en déans
ledit an et jour , le sieur testateur nomme en leur
place et leur substitue par la présente pour ses
héritiers immobiliers , les pauvres orphelins de
celle ville , tant pour les garçons que pour les
filles , « tirer par moitié ; que cependant la suc-
cession du sieur premier comparant testateur reste
intacte pour la jouissance de l'usufruit jusqu'au
décès de la seconde comparante.
Le tout quoi le sieur testateur déclare être
sa pure , franche et libre disposition de dernière
volonté , voulant et ordonnant qu'apiès son décès
elle sortisse ses pleins et entiers effets . et qu'elle
soit ponctuellement exécutée , soit comme testa-
ment , codicile , donnation à cause de mort , ou
tout autrement qui de droit et de coutume pourra
ic mieux valider et subsister , révoquant toute
autre disposiliou de dernière volonté qu'il pour-
rait avoir fait ci-devant , se réservant de pouvoir
aussi révoquer,annuller, augmenter et dimirruer,
celle sa présente disposition de dernière volonté ,
toutes et quantefois que bon lui semblera et qu il
sera trouvé convenir-, en foi de quoi et après claire
et intelligible 'eclure en fait , le èieur testateur et
son épouse sachant écrire, comme ils ont dé-
claré , de ce par moi notaire enquis , ont signé ,
en présence du sieur Dominique Bcincour , mé-
decin , résidant en celte ville , et de Jean Neyen ,
bourgeois-voiturier en ceite même ville , qui ,
comme témoin à ce spécialement requis , sachant
aussi écrire , de ce enquis ont signé quant et moi
noiaiie susdit. A Luxembourg, date que dessus.
Sont à la minute signés comme s'ensuit :
Philippe-Joseph Looz , avec un trait de plume;
Certzerviner'Wils.^m, D. Brincour, médecin ;
Testis.Joirmins.Néyen et Infidem.'W. 'Wenger,
notaire , avec paraphai
Pour extrait authentique et trouvé conforme ,
quû ad pasium concernentem audit testament , par
moi Winccsias Wenger , notaire public , patenté ,
établi par le département des Forêts , à la rési-
dence de celle commune de Luxembourg , sous-
signé , le g fructidor , an 8 de la république.
W. Wenger, notaire.
Le maire certifie la signature ci - dessus du
notaire Wenger véritable , et que foi y doit être
ajoutée tant en justice que dehors.
Fait à Luxembourg , le 3o thermidor , an 8.
Schiffer.
AVIS.
Le cit. Desquinemard . ingénieur-mécanicien ,
membre de ia société des inventions et des dé*
couvertes, s'emprefse de venir au secours des
habitai'is de la campagne , que la grande sèche-
resse prive de faire moudre leurs bleds.
Dans son nouveau logement , cour du palais
marchand près la fotitaîne, ti" 6 ,1epnblic pourra
voir jourellemem les moulins de son invention.
Quoique les plus petits de ces moulins n'aient
que quatre pieds de longueur sur dix-sept pouces
de largeur et deux pieds et demi de hauteur , '
un seul individu peut dans une heure , sans beau-
coup d'effort . moudre 25 liv. de bled à la grossç,
qui , par l'effet de la même impulsion , se
répartissent en même-tems dans quatre caSeS diffé-
rentes , et qui donnent fleur de farine, gruau ,
recoupe et son.
Les moulins confectionnés avec le même mé-
canisme , et qui ont six pieds de longueur sur 3f^
pouces de largeur , donnent depuis 60 jusqui
100 liv. de mouture par heure. .• ,
On obtient les mêmes résultats pour toute
espèce degrains depuis la fève de maraisjusqu'au '
millet. ,
Ces inpulins ne sont pas soumis au repiquage
comme les moulins à meule de pisrre , ni à toute
autre espèce d'entretien.
Leur prix est depuis quatre centsjusqu'à douze
cents francs. - .
Le cit. Desquinemard prévient qu'il ne recçvr?^
aucune lettre qu'elle i^e soit affranchie.
L I V R E S D I V E a S.
Voyage d'Antenor enGrece et en Asie , avct dè»J
notions sur l'Egypte , manuscrit trouvé à Hercu-'
lanum , traduit par E. F. Lanlier , avec cinq très-'
jolies gravures, troisième édition revue et corrigée
par l'auteur :
Ament meminisse periti ! Virg.
5 volumes in-i8 de 1400 pages, imprimées suc
carré lin d'Auvergne; prix , 7 fr. broch. et 9 fr.
par la poste , franc de port. AParis, chez Buisson,,
imprimeur-libraire , rue.Hautefeuille , n° no.
Antenor s'est fait lire après AnacKarsis , et ce
n'est pas un mince éloge pour un ouvrage léger
et gracieux que d'avoir réussi après un livre qui ,
traitant les mêmes matières , semblait avoir épuisé I
ce qu'elles offraient de plus riche et de plus sédui-
sant. La lecture d' Antenor attache peut-être moins
l'attention, elle fountit moins à la réflexion et
aux grandes pensées , mais elle amuse conti-
nuellement l'Imagination par un; suite de ta*
bleaux , tantôt piquans , tantôt voluptueux, tou-
jours dessinés avec goût . et peints avec les plus
aimables couleurs. Au reste, le cit. Lantier,ea'
montrant beaucoup moins que le savant auteut-
d Anacharsis. la prétention d'instruire , fait vôi»
une très giande connaissance des mœurs qu'il'
représente ; il semble ne vouloir que divertir tes
lecteurs , mais , fidèle observateur des costumes 4.
familier avec Ihistoirc et la topographie des
lieux où il les conduit, il enseigne en jouant,
et lorsqu'on a fini son ouvrage , on est pres-
que étonné d'avoir beaucoup appris en ne croyant
que s'être amusé.
La nouvelle édition que nous annonçons est
très-soignée , nous ne doutons pas qu'elle ne'
soit promptement épuisée,
La Théologie naturelle , histoire philosophique ,
critique et morale , c«u les pensées d'un homme'
sur 1 être-suprême , el sur la nature et l'immorta-.
lilé de lame , avec des instructions surles dogmes
fondamentaux de la religion des justes el det
sages de tous les siècles , par G. Tarenne ; priit ,
I fr. 80 cent, broché , pour Paris , et 9 fr. 35 c.
pour les départemens , franc de port.
Se vend , à Paris , à l'ancienne librairie de
Dupont , rue de la loi , n°Ha3i ; Fuchs , rue de»
Mathurins , hôtel de Cluny; Denné jeune , rue.
Vivienne, n° 41; Deroy,rue Haute feuille , n" 43;
Débute l'aîné , rue Serpente , n° 6 ; Debray ,.
Palais du Tribunal ; Laurent jeune , rue Ja^gues ,
n°32 ; Pichard , qiiai Voltaire , n° 18 ; Johanneau,
rue du Goq-Honoré, etchez quelqu.esprincipau»
libraires de Paris.
Observations cliniqves sur une maladie épidé-
mique qui a régné cette année à l'hospice du
Nord , ci-devant Saint-Louis , par le cit. Ruette ,
membre de la société médicale de Paris ( an 8),
brochure in-S" de 3g pages ; prix , 60 cent, et gS c.
franc de port. A Paris chez Théophile Barroij ,
libraire , rue Hautefeuille , n" 32. >
L'abauaCaicHWefâ'ttaPïrU, Tiic des Poitevins, a« iS.Lepriiceicdci5 franupourtraUmoii, 5o fcamoi pour ii]( mots, et joo fraoci peur l'innoe entière. On ne-
t'abonne qu au commeucenient de cliaqne mois.
llfaui adresser les Uttrcset l'argent, franc déport ,auc!t. AGASSE, propriétaire de cejournal ,ruedes Poitevins, u» 18. Ilfautcomprandre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut affrancliir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point reffrées de la poste.
Il faut avoir soin, poui ^lus de sûreté , de charger celles qui rcnfermeni des valeurs, et adtester rout w qui toncetne la rédaction dé la feuille, aa rédatteur , rue de»
Poitevins, n' l3, depuis neuf heuiet duinatia jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , pro,priéuire du Moniteur , tue. de#Poitevilis , a' tS-
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
..NZ 342.
Duodi , 12 fructidor an 8 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autonsés à prévqnir nos. soji;Jcripceurs <5u'i' dater' ;du '7 Nîvôse le M O N I T £ U R esc le seul journal offidcl.
Il conrient les séances des autorités consticuées , les actes du gouverneîittnr , les nouvelles des armées , ainsi ^jué los faits et les notions tant s,.,i
l'intérieur que sur l'extérieur, tournis parles correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement, consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E RIE U R.
§CT Nous recevons à l'instant les journaux
anglais, depuis le I2 jusqu'au aS août ( du 24
thermidor au 7 fructidor. ) Le tems ne nous per-
met pas de les analyser aujourd'hui ; nous nous
bornons à publier quelques extraits des n°^ des
l5 , 19 et 22 août.
ANGLETERRE.
Londres , le 1 5 août f 27 thermidor.)
Nous 'n'avons point encore de nouvelles de
la flotte sortie, dimanche, de Yarmouih sous les
ordre!; de Tarairal Dickson. Si elle était entrée
dans la Manche , on en aurait eu connaissance.
C'est vers le nord qu'elle a fait voile. On la
croit destinée à appuyer la mission de lord
Whitworth à Copenhague , dans le cas où la
cour de Danncmark refi^'ierait de reconnaître nos
prétentions. On sait aujourd'hui qu'aussitôt après
la capture du convoi, le ministre danois , comte
de 'Wedel - Jarlsberg, écrivit à lord Grenville
pour lui demander satisfaction de la conduite
des officiers anglais. Lord Grenville répondit ,
en demandant satisfaction de la conduite des
officiers danois.
Le cutter le Dfake , expédié par ordre de l'ami-
rauté dans la mer Baltique, y est arrivé avant
que la nouvelle de la capture des vaisseaux da-
nois y fût parvenue. Ce cutter a remis dans la
rade d'Elseneur ses dépêches au capitaine Wis-
beach du sloop de guerre la Favorite, sans
communiquer à terre. Tous les vaisseaux anglais
qui se trouvaient dans le Sund , au nombre de
100 , sont aussigôt sortis pour se rassembler
dans le Categat.
[ . ~ Un exprès a porté au commandant de la gar-
nison de Cork, l'ordre de faire embarquer pour
service secret les dragons de Hompesch et deux
bataillons de gardes cantonnés à Bandon. On
imaginera peut-être qu'il s'agit toujours d'expé-
ditions. Nous croyons plutôt qu'il est question
de relever nos garnisons éloignées ou de leur
porter des renforts.
La découverte de la vaccine promet les plus
heureux résultats, et obtient chaque jour de
nouveaux succès. S. Ex. M. le baron de Jacobi ,
ministre de Prusse, vient de faire inoculer nou-
vellement la vaccine à son fils, âgé de 8 mois.
Elle a parfaitement réu ssi.
Le Morning-Posl rapporte qu'il y a eu hier à
Col-Bath-Fields un tumulte inquiétant. Les pri-
«onniers s'étaient emparés du gouverneur Aris ,
et de concert avec des personnes du dehors ,
ils avaient ameuté la populace qui voulait dé-
inolir la prison. Les volontaires associés ont
rétabli l'ordre.
(Extrait du courrier de Londres , n°. 14. )
Du 19 août. — Les officiers autrichiens estiment
à 34,000 hommes la perte que l'armée , sous les
ordres du généjal Kr<.y , a éprouvée en tués ,
blessés , prisonniers et déserteurs. La perte des
troupes d'Empire n'est pas comprise dans ce
calcul.
Les lettres de l'Inde nous apprennent que l'am-
bassade du capitaine Malcolin à la cour de Perse ,
sera , selon toute apparence , couronnée d'un
plein succès. Le capitaine Malcolm a des présens
considérables pour Timor Shah Abdalla , roi de
Candahar , dont les états comprennent plus de
sept cent milles de longueur. Zemaun Shah,
quoique roi de Cabul , est au nombre de ses
tributaires.
■Vendredi dernier , trois corsaires français ont
«u la témérité de s'approcher jusques sur les
sables de Goodwin , en présence des vaisseaux
de S. M. Aussitôt les matelots de Deal vinrent
offrir leurs services volontaires , et se mitent en
mer avec leurs chaloupes pour aller à l'ennemi;
mai» les français favorisés par le vent , eurent le
tems de gagr'ier le large avec une chaloupe du
port dt Hasiings, qu ils avaient prise.
Le gouvernement suédois a envoyé un com-
missaite en Laponic , pour y percevoir le revenu
annuel. Ce commissaire dit que ce pays , pendant
l'hiver dernier , a été dans une situation plus heu-
reuse que la partie méridionale de la Suéde.
Les lapons n'ont point manqué des objets néct-s-
saires à la vie ( leur nourriture est. la vérité,
des plus frugales. ) Ils commencent à acquérir
quelques connaissances de l'état de civilisation ;
ils secouent un^peu la paresse qui leur était na-
tiirelle , et quittent leur ancienne manière de
vivre. Le haut prix du cuivre et ieç récompenses
que le gouvernement donne à ceux, qui décou-
vrent et exploitent des mines, a excité leur ému-
lation. Ils viennent de découvrit une mine de
cuivre qui promet singulièrement ; elle est située à
\Visangi , au nord du pays qu'a parcouru le com-
missaire qui rapporte ce fait , mais qui n'a pas
eu la curiosité de l'aller voir.
Un passager arrivé dans le mois de janvier
dernier de la Chine à la ente de Malabar, à
bord du JVe//; , a fait , auprès de Macao , une
découverte très-curieuse pour l'histoire naturelle.
Cette découverte, qui appartient à deux règnes,
est celle d'une Jleur animale, qui parait avoir un
degré de vie de plus que la plante sensiiive.
Cette fleur, dont la plante n'a point de feuilles,
croît dans les rochers et au-dessous de l'eau.
Dès qu'un objet quelconque s'ei;i approche à la
distance d'un pied , elle se contracte soudaine-
ment et se retire dans une espèce de lige creuse ,
dont l'enveloppe ressemble à la peau d'un ver ;
elle rentre enfin totalement dans -le rocher , et il
estaès-difficile de l'atteindre. La itauiere de la
conserver, est de la tenir constamment dans de
l'eau fraîche.
Les anglais, jaloux de se procurer de belles
espèces en animaux, avaient souvent fait des
tentatives pour faire passer dEspagiie tn An-
gleterre la race des beaux ânes ; mais on n'avait
point encore réussi à transplanter l'âne espagnol
dans cette partie de l'Europe. Le duc de Riche-
mond a reçu , par le moyen de M. Locke,, qui
a résidé long-tems en Sicile , un âne et une
ânesse d Espagne. Le mâle et la femelle ne sont
âgés que de deux ans , et cependant ils ont déjà
quatorze palmes de hauteur. I! y a lir.u de croire
qu'ils gagneront encore en grandeur, et rempli-
ront lobjet qu'on s'était proposé , celui de faire
multiplier les beaux ânes en Angleterre.
EfAï comparatif des dépenses des trois dirnieres
guerres.
Emprunts pour la guerre de sept ans.
Cy-conire , 5i,5oo,ooo
1796
—
7,5oo,ooo
—
4
12
2 '■
1797
^ —
18,000,000
5
14
I
179;
14,000.000
6
6
10
1798
—
17,000,000
—
6
4
„&. ,
1799
—
3,000,0fl0
—
5
12
Jt&dil
1799
15,000,000
5
5
r'oTrT
1800
20,500,0O0
4
14
2
1756
1757
1758
1759
1760
1761
1762
1763
Sommes empruntées.
' t'w.
— 2,000,000
— 3,000,000 —
— 5,000,000 —
— ■ 6,600,000 —
— 8,000,000
— 12,000,000 — ■
— 12,000,000
— 3,5oo,ooo —
Intérêts.
liv. ,.
d.
3
12
0
3
3
'4
16
3
5
3
3
10
i3
9
7
4
I
II
4
10
9
4
4
2
Total 52,100,000
Emprunts pour la guerre d'Amérique.
1776
—
2,000,000
. —
3
9
1777
5,000,000
4
5
1778
—
6,000,000
—
4
18
1779
—
7,000,000
__
5
18
1780
—
12,000,000
—
5
.6
I78I
12,000,000
5
II
1782
j3,ooo,ooo
12,000,000
—
-5
18
1783
— -
— r-
•4
i3
1784
—
6,000,000
5
6
Total 146,500,000
Cour de l'amirauté.
Cause de capture.
Le sujet de celte cause était la restitution du
vaisseau l'Emmanuel, a Hambourg, réclamé fJar des
sujets neutres dAllemagne. Mais le vaisseau,:^
chargé d'une cargaison précieuse dans le port
d'.Amsterdam , était destiné pour l'île de Saint-
Thomas , aujourd'hui possédée par la France.
■ Le docteur Lawrence , avocat des demandeurs,
se retrancha dans cet argumen't ,' que la cargaison
appartenait à des propriétaires neutres, et était
également consignée à des négodans neutres ,
dont il était probable que quelques-uni étaient
sujets des Etals-Unis , la plupart des négocians
de Saint-Thomas étant de cette nation. Les doc-
teurs Nichol et Swaby , avocats des capteurs ,
prétendirent que les propriétaires apparens a'ér
taient que des prê;e-noms qui servaient à mas-
quer un commerce illicite.
Le juge. Sir W. Scott, ^n donnant son opi-
nion , observa le danger de favoriser un com-
merce de cette nature conduit directement entre
un port ennemi et une colonie française. Lç
prétexte de neutralité, lui paraissant dans cette
circonstance plus que douteux , il considérait
le cas comme nouveau, et ne se réglerait point
d'après les décisions précédemment rendues par
les cours supérieures dans les causes navales.
D'ailleurs il n avait point reçu d'instructions à
ce sujet et ne pouvait tirer aucune lumière du
droit commun ou maritime.' D après toutes ces
considérations , il ajouta qu il condamnait la car-
gaison, mais que les propriétaires pouvant ignorer
à qui elle appartenait , il prononçait la restitu-
tion du vaisseau en leur faveur sans toutefois
leur accorder de dommages.
[Entrait du courrier de Londres , n". i5.
La suite demain.
INTÉRIEUR.
Strasbourg , lé 6 fructidor.
L'empereurFrançois doir,dit^on , demander,
dans sa réponse au gouvernement français , un
armistice , pendant lequel, au moyen d'une mé-
diation , on travaillerait à conclure la paix avec
le cabinet de Saint-James.
Le comte de Konigsek-Rothenfels qui , comme
beaucoup d'autres princes d'Allemagne, avait
abandonné sa résidence à Immenstadt , lors de
1 arrivée des français , y est revenu , d'après l'in-
vitationqui lui en a été faite. Le cit. Dumontrey,
commandant du Palatinat , vint au-devant de lu»
avec un régiment de hussards, A son entrée ,1a
musique de la 10= demi-brigade légère l'a reçu
avec l'air : Où peut-on être mieux , etc.
( Kronik der Franken. )
Total 75,000,000
Emprunts peut la guerre présente.
1793 4,5oo,ooo 4 3
'794 ■ 11,000,000 — , — 4 10
1795 18,000,000 4 i5
1796 18,000.000 4 14
5i,5oo,oo»
Farts , le 11 fructidor.
Une flotte anglaise de douze vaisseaux de
guerre et de quatre-vingts bâtiraens detianspori est
venue mouiller devant Beile-lsle. On croyait que
les anglais voulaient débarquer ; la garnison et
les habitans se fesaient un plaisir de les bien
recevoir. Toui-à-coup ils ont levé l'ancre et ont
disparu. Les anglais s'amusent à sonder toute la
côte depuis la Bretagne jusqu'en Batavie. Il y a
cependant assez longtems qu'ils font le métier
de croiseurs dans ces parages ; ils devraient avoir
appris à les connaître.
Le général Bernadolle a tout disposé sur les
côtes ; mais l'ardeur des troupes et la tranquillité
des départemens ci-devant insurgés sont telles ,
qu'il a cru pouvoir faire partir la 58' demi'-
btigade pour l'armée de réserve , malgré les
menaces de débarquement des anglais. On d«
i37S
craint pas davantage les sondeurs sur les fotés
du nord; car un nouveau déiachement deTarmée
de Batavie va rejoindrcl'armée d'Augeicau.
— Le 2 de ce mois , le sénat-conservaleur a
perdu l'un de ses membres . le citoyen Dailly ; il
est mon à l'âge de 85 ans. On trouve à ce*ujei,
dans te Journal de Paris ^ la notice suivante :
C'était un de ces hommes modestes qui font le
bien pour eux-mêmes , cest-à-dire , sans aspirer
à la fortune ni à la gloire , moins chères encore
pour eux que la pairie. Ami de Franklin et con-
seil de Turgot , il pratiqua leurs principes et leur
doctrine politique. Telle éiaii la modération de
son caractère , qu'egalernént recherché de tous
les partis , il commanda souvent le silence des
passions. Premier président aux étals-généraux ,
ensuite membre du dépanemeni de Paris , i'I ne
quilia les aftaires publiques qu'à celte époque
désastreuse où l'impuissance de la venu et le
du 19 ventôse an 8, à confirmer celui du tribunal
correctionnel de Morlaix qui avait accordé à
John Davidson la -main levée de ses marchan-
dises , ainsi que de son navire,, c^ avait orflqriné
sa' riiiisé en liberté. ' ' ' ■■ '" . '** "' '
Le défenseur officieux de la té gied^s douanes
s'est pourvu en cassation contre ce jugement ,
mais aucun mémoire n'a été fourni , aucun
moyen n'a éfé, .articulé à 1 appui de ce recours,
El dans le fait , que pourrait-on dire pour
l'appuyer? s'il s'agissait ici, diuri navire ordinaire,
nous demanderions quelle loi a violé le. tribunal,
criminel du Finistère en prononçant comme il
l'a fait ?
Serait-ce l'article 'VII du titre H de la loi du
4 germinal an 2 , par lequel les bâiimens au-
dessous de cent tonneaux , mouillés ou louvoyant
dans les deux myriametres des côtes de France ,
hors le cas de force majeure , sont sujets ,à la
«ridînphe du crime ont fait ériger en problême la confiscation avec leur cargaison , et 800 francs
libeïte^ des nations. Mais ce n'est pas seulerÀent d atiiende lorsqu ils ont a bord des inwchandises
„,. u„ ,;.,,„,. „„Ki;^„» ^„» U ,.;,o„»., prohibées a I entrée ou a la sortie ? —Mais il
par,, la reconnaissance pubfique que le citoyen
Dailly se survit à lui-même. Comme il pensait
que la science devait être un bienfait commun ,
il se plut à faire de nombreux élevés qui hono-
rent aujourd'hui les administrations. Chose enfin
rare , peut être , après avoir occupé les premiers
emplois , il ne laisse à sa famille que 1 héritage
de ses vertus et les regrets douloureux de sa
patrie.
, — Le second conseil de guerre delà 19' di-
vision militaire a condamné , hier , les nommes
P^pier-Fonicnelle , lieutenant ; Legard , sergent ;
tossard , capitaine au 3' bataillon des chasseurs
jrancs ; le premier à quatre ans ; le second à
-deux ans de détention , et le troisième à la peine
de mort , comme coupables tous trois d'embau-
chage pour les chouans. Ce troisième, échappé
des prisons de Versailles , est coniuraax.
Le nommé Gohier, sous-lieutenant au même
corps , accusé du même délit, a été acquitté.
— Didot prépare une nouvelle édition de la
traduction de Pope , par le citoyen Fonlanes.
On annonce que les changemens que l'auteur
y à faits , le rendent un ouvrage presque nou-
veau. • ' i ' \'^'
On annonce, atissi , comme devant bientôt
paraître , un oùvrag'e d'u cuoyen Laharpe , qui ,
S'ous plusieurs rapports, semble propre à inté-
resser la -curiosité publique : c'est .ra correspon-
dance littéraire avec Paul P' , alors grand^- duc
dé toutes les Russies.
TRIBUNALDECASSATION.
L.^ demande en cassation d'un jugement du
iribunal criminel du déparlement du Finistère,
du 19 ventôse an 8 , conlirmatif d'un autre rendu
le 6 pluviôse précédent , par le tribunal correc-
'tionnel de Morlaix , vient de donner lieu au
tribunal de cassation de manifester avec éclat,
1ê respect que le peuple français et son gou-
vernement ont montré , à toutes les époques
de la révolution , pour les principes du droit
des gens , relatifs aux envoyés dès p'uissknces
étrangères.
Voici quels ont été daris cette affaire , le
résumé el les tonclusions du substitut du com-
missaire du gouvernement près le tribunal de
cassatron.
Pour apprécier le recours en cassation , sur
lequel il s'agit de statuer , il importe de se
fixer d'abord sur les faits reconnus pour cons-
tàns , par le jugement qui en est l'objet.
Le jugement doit , en effet, être à cet égard,
considéré comme une déclaration de jury , et
ïl n'appartient , par conséquent , à aucune au-
torité de le réformer en celte partie.
Ôr , il est constaté par le jugement, que
John Davidson , capitaine du vaisseau anglais
k Phénix a été chargé par son gouvernement
.de conduire de Liverpool à Morlaix , sous pa-
villon parlementaire, 3j5 prisonniers de guerre
français ;
^u'il a rempli cette mission avec exactitude ,
qu arrivé dans la rade de Morlaix , il a reçu
à son bord, une garde armée de militaires fran-
çais , avec' un détachement d'employés de. k
douane,, qui ne lui ont permis d'avoir aucune
communication avec la terre ;
P,
n'est pas ici question d'un bâtiment au-dessous
de 100 tonneaux ; le Phénix su porte aSg , ainsi
que le prouvent les pièces de bord qui sont join-
tes au dossier.
Serait-ce l'arlicle l'r de la loi du It) brutiiàire
an 5. qui prohibe toute importation de mar-
chandises anglaises? — Mais lejugemerit coris
taie que John Davidson n'a introduit ni tenté
d'introduire en France aucune partie de sa car-
gaison.
Serait-ce l'article II de la même loi , ponant
!) qu'aucun bâtiment, chargé en tout ou en partie
de marchandises anglaises , ne pourra entrer dans
les ports de la république , sous quelque pré-
texte que ce soit , à peine d'être saisi sur-le-
champ ? >» — Mais le navire le Phénix n'est pas
entré dans le port de Morlaix ; le procès-verbal
de saisie prouve lui-même qu'il est reslé dans
la rade , et c'est encore un poiut de fait jugé par
le tribunal criminel.
En un mot , il n'existe aucune lot que l'on
puisse mettre en opposition avec le jugement
dont il s'agit , même en lui supposant pour objet
un vaisseau ordinaire.
Et à combien plus forte raison ce jugement se
trouve-t-il à l'abri de tout reproche dans la cir-
constance, où il a été rendu ! Non , ce n'était
point un vaisseau ordinaire que montait John
Davidson , lorsque sa cargaison a été saisie , lors-
que son bâtiment lui-même a été arrêté , lorsque
sa propre personne a été frappée d'un mandat
d'arrêt. C était un vaisseau placé sous la protec-
tion immédiate du droit des gens ; c'était un vais-
seau recommandé spécialement à l'honneur et à
la loyauté française ; celait , en un mot , un
vaisseau parlementaire.
Et c'est en l'an huit de la république , c'est
au moment où tous les esprits se réunissent pour
terminer la révoludon en la consolidant, que
des français se sont permis un attentat dont les
orages révolutionnaires , même les plus violens ,
n'ont pas offert l'exemple, ni fait naître l'idée!
c'est en l'an huit que l'on a osé violer une loi
du l3 ventôse de l'an deux , a qui interdit à
toute autorité constituée d'attenter en aucune
manière à la personne des envoyés des gouver-
nemens étrangers , 5> et qui ordonne que " les
réclamations qui pourraient s'élever contre eux ,
seront portées ) au gouvernement ) seul compé-
tent pour y faire droit ! )> et c'est au tribunal
suprême de la république que l'on ose dénoncer
commme contraire aux lois dont le dépôt lui
est confié , un jugement qui ne fait que réparer
(et encore ne le fait-il que très-faiblement ) l'ou-
trage qu'a essuyé le droit des gens dans la per-
sonne de John Davidson ! — Ah ! du moins ,
ce n'est pas d'une administration nationale qu'est
partie celte dénonciation ; non , citoyens magis-
trats ; quoique le nom de la régie des douanes
figure dans le pourvoi sur lequel vous avez à
statuer , nous n'avons pas à rougir pour elle
d'une démarche aussi irréfléchie , pour ne rien
dire de plus. C est d'un individu sans caractère,
sans misàon quelconque, qu'est émané ce pour-
voi; et l'honneur même de la nation nous com-
mande d'en requérir le rejet par_/jn de non-recevoir.
Nous devons aller plus loin ; le juge-de-paix
qui a décerné le mandat d'arrêt, sous lequel
John Davidson gémit encore dans la prison de
Morlaix, a violé , comme no*s le disions lou
. i ri, 1^1.,; -I., .a ..„_.A„.T . .'i .' .. 1
Qii'après le débarquement des prisonniers ,' ^'"^^."'^^ ''* '°i du t3 ventôse an 2 ; il s'est rendu
'des préposés de la douane se sont transportés
'à son bord , et y ont saisi quelques marchan-
'disés , reste d'une c'àrg'aison qu il avait prise en
'Arlgle^erre pour la transporter aux îles de la
Baibade ; ' ' '
Qjie depuis sort arrivée dans la rade de
IVloilaix , il n'a ni débarqué ni tenté de débar-
quer aucune partie de ce reste de marchandises;
^ Que. cependant, son bâtiment a été saisi,
'et qu"e lui-même a été conduit à la maison d'arrêt
en venu d'un orJre du juge de paix.
C est d après ces faits , que le tribunal criminel
du Finistère s'est déterminé, par son jugement ' exécuté sefon sa forme et t'erîeiïr;
Pesant droit sur nos coticldsIîoHS ,: vu le- mandat
d'arrêt , décerné le 22 nivôse an 8 , par le ciioyeu
Maurice Jezeq-uef, juge de paix de la communs
de Morlaix , contre John Davidson , envoyé- en
celle conS'ftilme par le gouvernement britànni'qUc,
en quaniéde.parletnentairej^le casser et arintille.r,
comme atlenlaioire au droit des gens et à laloi.du
i3 Velrltôsean 2 ; J ■ '. .
Npus donner acte de la dénonciation <jne
nous déclarons porter contre ledit citoyen Jeze-
qutei;, fotnme prévetiu de s'être , par ce mandiat
d'arrêt ,. rendu cpupa^le du ciime d'arrestaijon
arbitraire , et renvoyer cette" dérîbnciation , a'iiisi
que les pièces y afférentes , à la section des re-
quêtes , .pour y,staiuer ^nsi qV "1 appattiendrA.,
d'à-près la loi dtï27 \{entoSi dertiier. ^ ^ _
Ordonner qu'à notre diligence , le jugement
â' iPit'ervéni'r sera' iitiprîi.ié èf lïânsci'it sur les
régistl-és du juge dé p*ix- de" la Cdftitnune à6
Môi'laix. ■,! ■
(Ces cônilùsions ont été ado'^'ftèipîfr jiii^n/ètté
du îg'i'h'Éfiiii'dor an 8. ) ''
par là coupable d'arrestation arbitraire ; car c'est
bien arrêter arbitrairement, que d'arrêter lors-
qu'une loi positive en ôte le droit , et c'est assez
vous dire que notre ministère nous oblige de
provoquer votre juste sévérité contre lui.
Par ces considérations , nous estimons qu'il y
a lieu , attendu que le pourvoi formé contre le
jugement du 19 ventôse an 8 , l'a été par un in-
dividu sans caractère public et sans procuration
de la tégie des douanes , ni de ses préposés à
ce autorisés , de déclarer qu'il n'y a lieu d'y
statuer ; ■
Ordonner enconséquence que ce jugement sera
C O N S Ë I L D E SI f>?R I S E S
Décision' relative à tu ^rise du navire amérifoin
Au NOM DE L.i^ RgPUftbïQIJEr FRAUÇAISE^V;
Lé conseil des phSes, établi par l'arrS'ré dé^s
consuls du 6 germinal an 8, en vertu de la
loi du 26 ventôse précédent, a fendu la déci-
sion suivante , entre Abel Lunt , capitaine dti
navire tUnion , pris par le corsaife français li
Tartare i et la citoyenne Lesaine , veuve de
Benjamin Dubois , armateur dia corsaire français
te Tartare , commune en bien avec lui, et sa
donataire, procédant sous 1 autorité et assistance
du cit. Leconte , homme de loi , son second
mari, et les héritiers et représentans dudit Ben-
jamin Dubois ;
Vu l'acte , etc. etc.
Vu les conclusions ducoramissaire du gouver-
nement , déposées cejourdjhui sur le bureau ,
et dont la teneur suit :
Le 22 frimaire an 7 , le tribunal de commerce
de Bordeaux a prononcé l'invalidité de la prise
du navire rt/îiiorj par le corsaire le Tartare , et
il a déboulé le capitaine du navire capturé , do
sa demande en dommages-intérêts.
Le tribunal civil du département de la Gironde
a réformé, paivson jugement du 26 nivôse i ceitii
du tribunal de commerce, et il a déclaréile
navire / Union de bonne prise.
Le capitaine capturé s'est pourvu en cassation«
et son mémoire a été admis. C est en cet état
que l'affaire se trouve soumise à la décision da
conseil.
La prise est-elle valide , ou ne l'est-elle paS.?
Dans le icas où l'invalidité de la prise serait
reconnue, faudrait-il accorder des dommages-
intérêts au capitaine capturé ?
Telles sont les questions de la cause.
Les réglemens veulent que la neutralité d'un
navire el de sa cargraison soit prouvée par le
passe-port, le rôle d'équipage , les connaissement
et autres pièces de bord.
Il est convenu que le passe-port, les connais>r
semens et les factures trouvés à bord du liavifç
l'Union, sont en bonne et due forme; que ces
pièces annoncent la propriété neutre du navire
et de sa cargaison , et sa destination pour Amsterr
dam : mais on critique la forme du rôle d équi-
page , et on prétend que les autres pièces , dont
la forme est hors d'aiteinte , sont entachées du
vice de simulation.
Si en général la simulation est le plus grave des
reproches, elle est, dans les circonstances par^
ticulieres , la plus facile des objections.
Quand la neutralité est prouvée, on ne peut
admettre le roproche de simulation sans preuves.
Des soupçons arbitraires ne peuvent détruire des
actes authentiques. Or comment justifie-t-on que
la neutralité du navire l'Union et de sa cargaison
n'était que simulée ?
D'abord , on avait soutenu que les marchan-
dises qui composaient le chargement , étaient
anglaises. Un rapport d'experts a démenti cette
assertion , et le corsaire n'a osé recourir de ce
rapport.
On a dit ensuite que le capitaine du navire
capturé avait rencontré une frégate anglaise , et
que cette frégate , après avoir fait la visite de
ses papiers , l'avait relâchée.
Le fait est vrai : mais ce qui ne l'est pas , c'est
la conséquence que l'on voudrait en déduire.
Car , s il faut en croire le corsaire , le navire
l'Union aurait été pris par la frégate anglaise ,
bien loin d'être relâché par elle , s'il n'avait
montré d'autres papiers que ceux que l'on exhibe
aujourdhui. D'où l'on conclut quil est évident
que le capiiaine du navire l'Union avait de»
expéditions doubles.
Quel raisonnement et quelle logique ! Pou?
détruire der ait8S»:qiî8 l'on vott^'r'SfliffiP^l'sâ^en
supposer d'auiœsj qwe l'on ne vwitpaS?'' A'qiicii
servirait de se conformer au réglemenc , si 'ie'i
pensées caj?ricieuieijiiRj,lieniBie préialaienl sur
1 autorité de la loi ? . • . . . ,
Les anglais sont nos ennemis ; mais,\ils- re,çon-
naisserit'des nélitre's. Il n'^est donc pas extraordi-
naire qu'une de leurs frégates ait respecté un na-
vire américain. Dire que le navire /'{/«ion eût éfé
pris par eux , si ce- navire n'eût eu à leur préseti'té'i'
que les pièces que nous con'naissons , c'èVt aVOTt-r
formellement que' ces pièces sont parfaii-érneni'én
règle , et qu'elles nte peuvent 'nous êii'ei'sus'p'ectes ,
puisqu'on pense q'U''elles- n^auraient pU Têïrè "qu'à
nos ennemis.
On paile de troiis -lettres trouvées 'par Hasard
dans le navire l'Union. On suppose que 'rès lettres
prtîuvaieat que le navire élâii destliié'pôur l'An-
gleterre. Mais qiie' coiMenaiertt donc cts lettrés?
par qui étaient-elles écrites ? à qui ëtaientJelles
adreasées ? tommeht étjient-elles parvenues dans
le navire ?
Le tribunal de coiprner^ce de Bordeaux les avait
»ous les yeux , lorsqu'il a jugé la cause. Il ne s'y
est .point arrêté fil 'les a écartées comme absolu-
ment inconcluanies. Le tribunal d'appel les â
accueillies plus- favorablement ; mais il n'a pu
, tes rendre plus sérieuses quelles ne l'étaient. De-
puis, elles ont disparu. Gomment ont-elles été
soustraites, et par qui ? on ligriore. '
Le vrai est que, d'après les traces qui en restent
dans le procès . les trois lettres dont il s'agit étaient
étrangères au navire , authentiqutmcnt expédié pour
Amsterdam , et quelles n'éiaieni parvenues dans
ce navire que par la suite dune rencontre fortuite.
Le corps de 'ces lettres ne roule sur aucune
affaire; il n^ contient que quelques phrases insi-
gnifiantes , purement relatives à un siinple intérêt
d'aipitié ou de liaisons. Je sais qu'on a 'voulu se
prévaloir de ce que l'on avait trouvé dans une
de ces lettres une phrase .".éparée qui semblait
annoncer que le navire / Union était desiiné pour
Londres : mais on a observé que ceite phrase
isolée se trouvait écrite d une main autre que celle
qui avait écrit le corps de la lettre. On a ajoulé
^vec raison que , dans aucun cas , le sort du
navire l'Union ne-pôUvâit dépendre de l'asseriion
conjecturale ou hasardée dun tiers étranger à ce
navire , d'un tiers qui ne pouvait connaître la
destination d'un voyage qui ne le regardait pas ,
d'un tiers enfin dont la qualiié et les propos pré-
jugeaient l'inconsidération el l'i^^norance.
' Pour moi , j'observerai ^encore que la destina-
tion pour un port ennemi n'est point un motif
â'ârresiaiion , quand on n'y porte pas des mar-
chandises prohibées- ou de contrebande.
C'est la disposition formelle du règlement de
1778.
A qui la soustraction soudaine des trois lettres
en question peut - elle être imputée? Aucune
preuve n'éclaircit ce point : mais il paraît que les
parties sont à-peu-près d'accord sur le contenu de
ces lettres ; et il est clair que ce contenu ne prouve
ïien et ne peut rien prouver.
C'est doncUne bien singulière manière d'établir
■un système de simulation , que de le supposer
sans preuves et contre les preuves. Un rapport
-d'experts , qui n'a point été attaqué , démontre
que non-seulemenj les marchandises sont neutres ,
mais même qu'elles sont françaises. Des pièces
«n bonne forme constatent l'origine et la destina-
tion de ces marchandises ; équipage , propriété ,
pavillon , chargement , navire , lout est neutre. Le
fait de la neutralité est porté jusqu'à 1 évidence;
point de traces de simulation.
On la suppose , au mépris de toutes les pièces
authentiques qui la démentent. Dans les principes
d'une saine dialectique, on va du connu à lin-
connu : ici , on part de ce que l'on ne connaît
pas , pour ébranler ce que l'on connaît. On
combat les expédiiions que le capitaine capturé
montre , en le soupçonnant d'avoir d autres ex-
péditions qu'on 1 accuse de cacher ; on oppose
des lettres missives qui ne disent rien . à des
' actes auiheniiques qui prouvent tout ; on court
après l'ombre , quand on tient le corps ; on résiste
ouvertement à la vérité démontrée; on fuit la
hitniere pour marcher dans les ténèbres.
Je ne m'arrêterai point à lout ce que l'on s'est
permis d'alléguer pour censurer la (orme du rôle
d'équipage. Ce rôle a été arrêié par un officier pu-
blic , dont le commissaire français a légalisé la
signature, et dont il a attesté la qualité. Il est
çonfoime .aux réglemens ; et ne le iût-il pas, il
l'était suppléé par l'ensemble de toutes les autres
preuves.
Je pense donc que la prise est invalide.
Faui-il accorder des dommages et intérêts au
capiuié PLcjugcmenidu tribunal de commerce de
Bordeaux les lui refuse; mais le capturé n'a jamais
acquiescé à cette disposition du jugemenl. Il en
avait appelé ; se! droits sont donc entiers. Il
s'élait même pourvu au tribunal de cassation ,
tant contre ce jugement que contre celui du tri-
bunal d'appel.
D'âMfre> t('.irfv'e*Wini(è'nt iê ((iLunàl 'éfe''iiiom-
merco'-'dl'-boi'Jléfulx a-t-il motivé'Iri dëboulerrienr
de la demande en dorrijYiàgcs" et intérés ? On
a prétendu que' , 'rtoiibbitant'lpùtcs les preuves
delà netifralité , le- tapitairic'du navire capturé
aurau dd se munir "d'un rénificat dtl consul
Irançais , et que lo défaut dc' octte pièce a {)u
délerrain.er l:e corsaire françHisà faire Is'caplureJ
lis aubiWi rciilumcnt n'a re<]uis .un
n ; Ics-dois veulent seialcment'quë
tel celti-
que IS'-neU'
trdiiiè soit .prouvée. ' .'. >i d
Le capteitY n'a donc jSu ','avtà bort.nij>T6i ,'se
prévaloir! cï-e r'On,iissi-o-ti d'ui^'e 'pyétfè que les loij
n'exigent f'a's:'Cétt'e bmis.sioft-n''a point servi de
base'fi la-clàpture; elle rie"'pedt donc 'fneiire
le capteur à l'dbti des' dommages 'et intérêts.
De plus, il résulte delà déclaration faite au
juge de paix pur 'Nicolas Lamotte , second ca-
pitaine du corsaire qu'on avait arboré pavillon
anglais ' dans la chasse faite au navire l'Union ,
gui avait répondu par un pavillon américain. Or ;
d'apiès les lois,' ce trait de perfidie suffit prjur
F moiiver l'adjudication des dommages et intérêts :
car nous tisons dans l'ordonnance du 17 mars
1696, ii'.qu'un pareil procédé est- .contraire à la
loi publique , à l'honneur du pavillon français ,
aux ordonnances , et particulièrement à celle de
1681. En conséquence, le législateur veut (jue
tous les C/ipitaines cammandant ses vaisseaux ,
ou ceux armés en course par. ses sujets , soient
tenus d'arborer . pavillon français avant de tirer
le coup d'assurance et de semonce ; leur fait
très-expresses inhibitions et défenses de tirer
sous pavillon étranger, à- peine, d'être privés,
eux et leurs armateurs , de tout le provenu de
la piise , qui sera confisqué au profit de sa majesté
si le vaisseau est jugé ennemi; el en cas que le
vaisseau pris soit jugé neutre , les capitaines et ar-
mateurs seront condamnés aux dépens i dommages et
intérêts des propriétaires. j> , . , ,, •
-"■■Vàh le ^ Messidor, an 8 dejk'lcpnbfîqiie Tr^
<;aïie-;"une et itidivi.îible. Prescris ]i/i a}by''M
K'i'.Uo'n ; pHsi(ient \;H\<.)\i ,' Mrii'.r.AU , Mo!^Tt«*lV»
M6m'la(S(K'," BApN'Nt..S , /DtrPÀtiT,' rAK.?r''(''Âlilf
Ghaniimmison'.- et T<jv'ii\kht'(io'ti ," tàul'Wém'b'i-es
du cô'niéi'l des' prises,- i'éctm^%'¥3rh , maison d*
l'Oratoire; ' - ':''"r ' ..■-...- .. ç^i.-
, ;, ._..■: , , ... •. ■ :••;.- !?i 'II', • tKijHiv'
Au J^OM rfE LA REPtiBLIf^UE F.iy^J^Çf'.SJÏjsil «^4
ordonné à tou." huissiers sur ce requis", tie jneltr^la
présente décision à 'cj^t-éutiyp,';' à tdtV^ cdiinïîinj
dans et officiers cfe la force'.p'J'bl.l'lue ,' de pr^irr
main.-foite lorsqu'ils en' serai'it •|:é'p''aleuv'er<i l'tfdjiVs.'S
ef a'ù'x cordmissài res' ■ à'tx- 'j^quvitïientaai' é.tei"i'(!^
tribunaux , d'y tenii"Ia"rria)'n.' " '•''•''' *"'.-''" '
En foi de quoi ladil'é décision aété sigjnéè' tàf 1^
p'VésidètK dii t'onscil'ét.p'aVle'rapporteuf.' J ' '
.;^, Li ^^^eçr-^taire-général , signé CalmëUEIV!
Dans les circonstances particulières de;la cause,
l'adjudication des dommages et intérêts n'est
donc que la nue application de la loi.
Par ces considérations , je conclus à ce que ;
fesant droit sur le recours déclaré par le capi-
taine du navire t Union contre le jugement du
tribunal civil de la Gironde du 26 nivôse an 7 ,
et contre celui du tribunal 'de commerce de
Bordeaux du 22 frimaire an 6, dans la dispo-
sition relative aux dommages et intérêts , il soit
décidé par le conseil que la prise du navire
iUnion , par le corsaire lé Tartare , est nulle et
de nul effet ; en conséquence , que pleine et
entière main-levée sera faite à Abel Lunt , dudit
navire l'Union^ de ses agrès et apparaux, ou
de leur prix et légitime valeur , ensemble des
papiers , effets et manchandises de son charge-
ment; et qn'il soit ordonné à la veuve Benjamin
Dubois ou ses ayans-câuse , dfe les restituer
audit Abel Lunt , ainsi que toutes les pièces
et papiers de bord : à quoi faire tous gardiens
et dépositaires seront contraints par les voies de
droit ; quoi lésant, déchargés : le tout avec dom-
mages çt inlétêts , suivant la liquidation qui en
sera faite à la forme des réglemens.
Déhbéré à Paris, ce 9 messidor, an 8 de
la république française , une et indivisible.
■ Signé , PORTALIS.
Ou'i le rapport du citoyen Montigny-Mon-
plaisir , membre du conseil ; tout vu et con-
sidéré , , .
Le conseil , sans Si'arrêter au jugement rendu
par le tribunal civil de la Gironde le 26 nivôse
an 7 , non plus qu à la disposition de celui du
tribunal de commerce de Bordeaux du 22 frai-
maire même année , relative aux dommages-
intérêts , contre laquelle disposition le capitaine
AbeT Lunt s'était pourvu ,
Décide que la prise du navire l'Union et de
sa cargaison, faite par- le corsaire le Tartare,
est nulle et de nul effet ; en conséquence , or-
donne que la veuve , héritiers et représenlans
de Benjamin Dubois, armateur dudit corsaire,
ensemble tous dépositaires et consignataires .
seront tenus de rendre et restituer audit Abel
Lunt le prix provenant de la vente faite en
exécution du jugement du tribunal civil du dé-
partement de la Gironde , tant dudit navire
[Union , de ses agrès et apparaux , que dés effets
et maicliandises de son chargement; àrjuoifâire
ladite veuve , héritiers et représenlans dudit
Dubois seront contraints par toutes voies dues
et raisonnables , et en outre les dépositaires et
consignataires des deniers de ladite vente , par
coriis ; quoi fesant , déchargés ;
Oi donne pareillement que toutes les pièces et
papiers de bord seront remis audit Abel Lunt;
à quoi f.iire tous gardiens et dépositaires seront
contraints 4 même par corps; quoi fesant, dé-
chargés : condamne en outre ladite veuve ,
héritiers et leptésentans dudit Dubois, aux dom-
mages et intérêts envers ledit Abel Lunt, d'après
la liquidation qui en sera faite aux formes de
droit ;
Sur le surplus des autres fins et conclusions
dcï paities , les met hors de cause.
■ Il'' uli
■■[^ ''; '-'^ ;_ P O'-É -5. ^ ,■£.■
,.,,i'rftw',iere kttre sur^^lei.QiQrgigrns frangimir^
-' S'il- est en liltéraWr'é tipe' ctitréprise dcl^'cate'ei
même téméraire . c'esr'ééire de jnger les ouvragée
de ces maîtres de l'arf^ dont ^le nom -et la! gloire
impriment le, respect. Comment en effet criliquéf
ce qu'on admire, et par quelles expressions asssi
énergiques peut-on louer dignement un poët'e
qui mériterait qû on lui décernât des courôfinès?
Il fiut pourtant vous parler des Géorgiqutr»
(rançaises. Mais, circonspect et -respeciueLtx^'^ê
ne me permettrai point de porter un jygsreleni;
J'exposerai seulement mon opinion ; je reiid'fà!
compte des, impressions que j ai éprouvées i
tremblant encore de paraître trop audaeièux', et
même, en bazardant une observation critiqué, de
commettre une sorte de sacrilège. ' ' " •'
. La poésie didactique , que l'on a si bien définie
par ces mots ; ta vérité mise en vers , paraît avoir
précédé tous les autres genres de poésie. Lei
hommes commencent toujours par inventer cû
qui leur est utile; ils cherchent ensuite l'a'gréabléj
et finissent par les réunir. Orphée, Amphion;
rassemblant les hommes aux sons de la lyre j
leur enseignaient l'art de bâtir des villes, des^
donner des lois , et de vivre heureux en société \
leurs chants étaient donc didactiques ? on sait
que , long-tems avant Homère, Hésiode avait
donné les préceptes de l'agriculture dans soa
poëipe des Travaux et des Jours. ,
Pour révéler aux hommes l'existence de 14
divinité , pour leur donner des idées religieuses ,
établir la morale , et enseigner les ans .utiles.)
les premiers législateurs se servirent du charmé
de la poèsié'èt de celui de .la musique qui dans
ces tems reculés étaient toujours unis. Les dieux
prononcèrent en vers leurs wracles ; les lois furent
écrites dans ce langage mesuré , pour être plus
facileiiient retenues. Celte poésie vraiment didac-
liqtle devint la source de tous les biens. ,G^
fut sans doute pour avoir instruit les hommes i
et les avoir civilisés qu'ils la nommèrent le lan*
gage des dieux , qu'ils honorèrent les poètes
comme leurs organes , et qu'ils dressèrent des
autels aux Muses.
Ce ne fut que quelqiaes siècles après , c'est*
à-dire à une époque où les hommes plus éclai-
rés n'avaient plus besoin de cette première ins^
truction , que la poésie changea d'objet. Elle
fut consacrée par Homère à chanter les héros.
Après lui , Eschile , Sophocle , Euripide prê-
tèrent son langage à ces mêmes héros qu'ils firent
paraître sur la scène. Pindare célébra les vainr
queurs dans les jeux olympiques, et Théocrile
chanta les douceurs de la vie pastorale. Mais ,
livrés à toutes ces brillantes. fictions ; les grecs
parurent oublier ou dédaigner le genre didac-
tique. Après Hésiode, on ne trouve, ce me
semble , pavmi leurs poètes que.Tfiéognis , qui
écrivit en vers sur la morale.
Parmi les poètes didactiques. Virgile tient ,
cle l'aveu de tous les siècles et de toutes les na-
tions , le premier rang. Comme Hésiode, il a
chanté l'agriculture; niais il s'est tellement élevé
au-dessijs de son modèle, que Ion ne peut éta-
blir enir'eux aucune comparaison. Dans le même
tems , Horace relevait aussi l'honneur de la poésie
didactique, en donnant, dans son Epiire aux
Pisons , les préceptes de l'art des vers.
Dans la littérature du moyen âge , nous trou-
vons encore des traces de ce genre de poésie.
Les Troubadours et les Trouvères, leurs devan-
ciers , ne se bornaient point à chanter leurs
amours , les exploits des chevaliers et les mys-
tères de la religion ; ils enseignaient aussi daiis
leurs vers la morale , les sciences et les ans.
Dès le commeucement du 9' siècle , sous le
règne glorieux de Charlemagne , les lettres fu-
rent remises en honneur , et la poésie latine fut
cultivée avec succès. 'Walafride Strahon est un
des poètes les plus estimés de ce tems. If se li-
vra comme 'Virgile au genre didactique . et fou
trouve dans sa Description des plantes quelque»
endroits dignes du siècle d'Auguste-
Je ne puis citer aucun poète didactique du i«*
)âecle. On sait qu'à cette époque , «goalee, par
tant de troubles , la poésie tomba dans une dé-
gradation déplorable. Les moines , seuls dépo-
ïifaîres des manuscrits et seuls instituteurs , dé-
fendaient^^ leurs disciples la lecture des poêles
profanes",, et se l'interdisaient à eux-mêmes. Les,
vies des saints, et des epîtaphes écrites en vers
barb.ares sont les seuls monumens Ijoétiques de
ce' iîecle M'igribrànce.
> Le 11= 'siècle vit renaître le goût de la poésie.
Il lut illustré par Marbolde , évêque de Rennes ,
auteur d'un poëme didactique en vers latins , in-
litulé : de Lapidibus prtliosis. Il fut traduit en
français dans le siècle suivant.
Dans le 12= siècle . Philippe de Than dédia à
la reitie Adélaïde , femipe de Henri I , roi d'An-
gleterre , un poëme sur l'histoire naturelle des
animaux et des oiseaux.
L« poëme moral, intitulé le Caslokment (i)
A^un père à son fils , ctlui de Simon Dutiesne,
sur l'insconstance de la fortune, datent de la
'fin du même siècle'. Au commencement du i3*,
Guillaume de Normandie publia un poëme sur
l'histoke naturelle , beaucoup plus ample que
Ccllii'dé Philippe de Than.
Et» 1246 , Gautier de Metz fit un poëme sur
\t% sept arts libéraux, intitulé : l'Image du Monde.
<le siècle eut aussi son art poétique , eii latin ;
îl fu« dédié au pape Innocent III , par l'auteur
qui se nommait Gautier, Dans le 14' siècle , Gace
de la Signe , chapelain du roi Jean , fit un poëme
«ur les plaisirs de la chasse ; et dans le i5' , Jean
de Gourcy en fit un intitulé : le Chemin de Vail-
lance, poëme pour former l'esprit et le rœiir des
jeunes chevaliers. Ce detnier ouvrage est vraiment
didactique ; l'auteur enseignait aux chevaliers
l'art de combattre , et mêlait à ces préceptes des
leçons de morale.
La plupart de ces poëtes étaient normands.
On en pourrait citer un plus grand nombre ;
mais il me suffit de prouver que la poésie di-
daciique fut cultivée dans ces siècles qui pré-
cédèrent la renaissance des lettres. Il est k re-
marquer que datis ces tems de ténèbres où les
peuples paraissaient être retournés vers leur
enfance , toutes les histoires , tout ce qu'on vou-
lait graver dans la mémoire des hommes pour
leur instruction , était écrit, en vers comme dans
lajplus haute antiquité.
J'ignore si l'Espagne , l'Angleterre et l'Alle-
inagne eurent des essais dans ce genre , à cette
époque où leur liiiérature était encore si gros-
sière; mais le 17' siècle et le commencement du
18' furent illustrés dans ce genre de poésie , en
"France, par Despréaux , et en Angleterre, par
l'illustre Pope ( 2 ) ; 1 un par son Art poétique ,
CI l'autre par son Essai sur la critique et son
Essai sur l'homme se placèrent au rang des plus
grands poëtes didactiques de l'antiquité. Leurs
iuccès excitèrent lémulaiion d'un grand nombre
dauteurs. Je ne parlerai que de ceux de notre
pays. Nous eûmes dans le cours du 18= siècle
des poëmes sur l'agriculture , sur la peinture ,
«lit la déclamation , sur presque tous les ans ,
sur quelques sciences et mêrùe sur la philosophie
de Descartes. Les uns , tels que celui de Rosset,
n'étaient que des traités en vers ; les autres ,
comme celui de Dorât , ne pouvaient intér^ser
que quelques artistes. Ils eurent peu de succès.
1 Parmi ces poëmes, je ne dois pas oublier celui
que composa le grand Frédéric , sur l'art de la
r guerre, qti'il avait si bien pratiqué. C'est un monu-
ment honorable pour notre 1-angue. Les militaires
doivent lire cet ouvrage avec intérêt ; mais il eut
à-peu-près le sort des autres. On commençait à
croire que le genre didactique n'était point dans
le génie français , et que Boileau resterait sans
imitateurs. Il est même à remarquer que ce genre
est le seul , peut - être , que n'ait point essayé cet
bomme universel , qui fit la Henriade et la Pucelle,
Mahomet et Candide.
Enfin Delille parut. Sa traduction des Géor-
giques de Virgile fut un événement dans la
littérature française. Il prouva que notre poésie
pouvait donner des préceptes sur l'agriculture
avec précision et clarté , et descendre , sans
manquer de noblesse , aux détails les plus
simples de la vie et des travaux champêtres.
Voltaire ne cessa d'admirer cette difficulté vain-
cue , et le roi de Prusse disait que cette tra-
duction était l'ouvrage le plus original du siècle.
Delille , encouragé par ce premier succès , vou-
lut honorer son pays par une production vrai-
jnenc originale dans ce genre : il fit le Poëme
des Jardins. Ce poëore fut accablé de critiques ,
comme l'ont, été dan* tous les tems les ceuvres
du génie , surtout lorsqu'il ose tenter uiie inno-
vation ; i' eut , des détracteurs , des envieux
peut-être, mais il eut aussi des admirateurs dont
l'opinion a triomphé. l.
La gloire de notre premier poète didactique
lui a donné de dignes rivaux. :, 1 un a traduit
1 Essai 'sur l'homme , et marcWe l'égal de son
modèle ; l'autre la Foiêt de "Windsor avec uri
succès également biillant. Le premier a chanté
les vergers et l'astronomie ; le second a, publié
quelques Iragraens d'un poëme sur les pays.iges;
tous deux s'occupent, dit-on , d'ouvrages encore
plus importans , et soutiendront avec Delille
l'honneur de la poésie française. 1:
Telle est en peu de mots l'histoire de la poésie
didactique , jusqu'au moment où paraissent les
Georaiques fiançaises; elles doivent faire époque
dans celte histoire. Il est tems de passer à l'examen
de ce nouveau poëaie.
DeHUe a fait une préface ; elle est presqu'en-
tiéiement consacrée à se justifier du reproche
qui lîii fut adressé par un M. de M... de ne
traiter que des •sujets peu iméressans. La gloire
des Géorgiques et le succès durable du poème
des jardins, répondait assez à ce critique. Delille
en le réfutant semble avoir pris une peine inutile:
mais dans ce discours préliminaire , je me suis
arrêté avec étonnement sur un paradoxe qui
pourrait jeter de la défaveur et même de l'odieux
sur une des plus brillantes parties de notre littéra-
ture. Delille prétend que les ouvrages de théâtre
accoutument lame à des sensations violentes
Delille tenpine celle jpréiace en traçant le pîaa
de son ouvrage. L'examen du premier chant sera
le sujet d'une autre lettre. ■
Le secrétaire- général du, conseil des prises au rédac-
teur du Moniteur. — Paris, te ^Jructidor an o. ,,
L'imprimé de la décision du conseil des prises j
relative au navire le Républicain , insérée , citoyerr
rédacteur, dans le Moniteur du 8 de ce mois ,
a omis de comprendre , parmi les membres qui
ont participé à cette décision , le nom du citoyen
Moreau , quoiqu'il résulte de la véiilicatioQ que
j'ai faite du procès -verbal de la séanos où la
décision aété rendue , qu il y a réellementassistév
Je vous serai obligé de faire ^connaître cette
réclamation qui a pour objet ,'éh réparant une
erreur de copiste , de ne pas laisser croire; q«ç
le cit. Moreau (lit absent de SO/U poste. .ii.>)j!^
Salut et fraternité, . • •'-■'• ■"•• J
Signé, CALMELBïib»;
AVIS.
qui sont opposées
l'heureuse habitude des
(ï) Ce vieux mot signifie ici' les instructions.
(ï) Je n'ai pas cru devoir citer Vaniere , autelir
du Fradium rusticum , et Rapin, premier chaiitre
des jardins : en écrivant leurs poëmes en latin ,
ils semblèrent regarder la langue française comme
incapable de rendre avec noblesse les détails
géûrgiqucs.
sentimens doux et modérés , et il fait entendre
que c'est au besoin d'impressions fortes et de
raouvemens désordonnés , que l'on doit attribuer
les excès de la révolution.
Delille , depuis trop long-tems absent, aurait-il
oublié que les sensations énergiques que nous
font éprouver nos chefs-d'œuvre drainatiques
sont toutes en faveur de la vertu ? Soit qu'ils
nous représentent des forfaits comme dans Br/-
tannicus et Mcihomet , pour nous en inspirer l'hor-
leur ; soit qu'ils no«s retracent des actions géné-
reuses comme dans Cinna et danSi4/zîre, pour
exciter notre admiration ; soit enfin qu'ils pei-
gnent les grandes passions et tous les désordres
qu'elles enfantent comme dans Phèdre et dans
TJïire , il m'est imposssble de cioire que les im-
pressions que nous recevons au théâtre , nous
portent plutpt aux excès du crime qu'à l'amour
de la vertu. Npn , les hommes ne sont point en
général assez pervers pour se modeler sur les
scélérats dont le poëte retrace au théâtre les odieux
portraits, et pour méj>riser la moralité salutaire
des bons ouvrages dramatiques. Je vais plus loin :
je suis persuadé qu'il est peu d hommes qui ne
se sentent meilleurs en sortant de la représenta-
tion des tragédies de nos grands poëtes.
Les tragédies de Sophocle et d Euripide, celles
de Shakespear et d'Addisson , ont elles produit , .
dans la Grèce et en Angleterre, les effets que
Delille attribue à la scène française ? et le poëte
avait-il besoin de recourir à cette imputation
contre un art dont la perfection fait partie de
la gloire nationale, pour relever à nos yeux le
mérite et futilité de la poésie didactique. Ses
ouvrages suffisent pour nûus en (aire sentir tout
le charme.
11 me semble qu'il s'est également trompé ,
lorsqu'il a dit que l'Europe comptait deux cents
bonnes tragédies.. Un littérateur aussi distingué que
Delille sait mieux que personne que la France
elle seule est plus riche que le reste de 1 Europe
en bons ouvrages de ce genre , et qu'elle compte
à peine cinquante ou soixante tragédies qui pas-
seront à la postérité. Mais il n'en est pas moins
vrai , ainsi qu'il l'observe , que, les poëmes di-
dacnqués, comme celui dç Virgile , et les poëmes
philosophiques , comme celui de Lucrèce , sont
beaucoup plus rares en Europe que les bonnes
tragédies.
Le chantre des jardins répond , après quinze
ans de silence, aux critiques qui furent faites de
ce poëme. Il nous eu: promet une édition dans
laquelle il a corrigé quelques défauts qu'il avoue ,
et qu'il a a.ugmenlée de plusieurs morceaux et de
plusieurs épisodes iméressans , qui donneront ,
dit-il ,, un nouveau prix à l'ouvrage.
Il parle aussi=de sa belle traduction des Géor-
giques latines , et nous fait connaître l'origine dé
cet. , ouvrage i'minortel. Rien de plus intéressant
que le récit de son entrevue avec le fils du grand
Racine, qu'il consulta sur cette entreprise; elle fut
d'abord jugée téméraire. Comme Boileau com-
mençant l'Art Poétique , et consultant le célèbre
Patru, Delille porta les premiers vers de sa tra-
duction à l'auteur du poëme de la Religion, et
celui-ci étonné, exhorta le jeune poëte à pour-
suivre.
I . -, ■-■.oi
Le cit. Dufour, fondeur , dein«utant rti«)Tf«*
verse , barrière de Sève , n° 877 . vient de 000»^
truire des puits eucoffre dans deux maisons situées
à Paris , rue Marceau , ci-devant Kohan , a°* 17.
et 19 i l'une de ces maisons est occupée par le
cit. Simoneau , boulanger , el l'autre par le
cit. Séguin.
L'architecte de la préfecture de police a suivi
avec attention les procédés qu'emploie le cit.
Dufour dans la construction des puits tn coffre.,
et il pense qu'ils sont d autant plus avantageux ,
qu'ils offrent la facilité d'établir ces sortes de puits
dans des maisons déjà construites sans craindtedc
nuire à leur solidité. On peut par ce moyen se
procurer abondamment et à peu de frais l'éaa
qui manque dans la plupart des maisons de Paris.
Ces puits seraient d'une grande utilité en cas
d'incendie.
Les procédés du cil. Dufour réunissent en putrç
l'avantage de pouvoir utiliser les puits gâtés, ec
ceux qui ne fournissent pas de 1 eau en quantité
suffisante.
LIVRES DIVERS.
Abrégé d' anthropographie ou description exacte
de toutes les parties extérieures du corps humain ,
avec un dictionnaire des mots techniques et des
noms propres ou d'auteurs qui y sont employés ,
ouvrage élémentaire à la portée de tout le monde.,
destiné à 1 instruction dîs jeunes personnes de
l'un et de l'autre sexe, et renfermant toutes
qu'il faut savoir de cette science dans l'usage
ordinaire de la vie civile , par G. Tarenne. Prix.,
1 fr. 60 cent, broché , pour Paris , et 2 fr. poac
les déparlemens , franc de port.
A Paris, chez Desenne , libraire , au palais diii
Tribunal . n° 2. '■
Le cit. Hennrichs , tenant l'ancienne librairie
de Dupont, rue de la Loi, réimprime en ce
moment les Mères rivales ou la Calomnie , ouvrage
de madame de Genlis , qui a déjà obtenu à Berlin
le plus grand succès , et que son auteur a revs
depuis et considérablement augmenté. Cet ou-
vrage formera quatre volumes , et il en paraîtra
diverses éditions , dont une in- 18 d'un prix très-
modéré. Le même libraire est chargé de l'édition
nouvelle de la collection des œuvres de madame
de Genlis. L'ouvrage qu'il annonce aujo'urd'haî
en sera la première livraison.
COURS DUCHANGE.
Bourse du 11 fructidor. — Cours des effets publics.
Rente provisoire JJ fr. 5o c.
Tiers consolidé........ 3i fr. 63 c-
Bons deux tiers < 1 fr. 60 c.
Bons d'arréragé 84 Ir.
Bons pour l'an 8 86 fr. 75 c.
Coupures. ,64 fr.
Syndicat ' 64 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjje et des Arts.
Auj. (Edipe à Colonne , opéra en 3 actes , suivi
du ballet de Pygmalion.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le faucon ;
Adèle, et les deux 'Veuves.
Théâtre de la Cité-Variétés.— -Pan/omfnwx,
Demain , la i'" représ, du Meunier , général ,
Jenny ou les Ecossais , et l'Epreuve e^tasable.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine-
Auj. relâche.
A Païis, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Monitear , rue des Poitevins , n' i3.
GAZE
ATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 344.
Tridi , i5 fructidor an 8 de la république françaue , une-^lindivisme.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs quà dater du 7 Nivôse 'le Mo NIT'E i^ia ,s; le s.ul journal officiel
Il contint les séances des autorités constituées . les actes du gouv.rncmen, . les nouvelles des arînét. . ainsi que ,.s faits et les notions cant sur^
1 intérieur que sur 1. extérieur, tournis par les correspondances ministérielles^
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux. découvertes nouvelles.
r
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 22 août ( /^fructidor. )
De ConstantinopU , le si juin.
Monsieur ,
La Porle coniiniie à garder le silence le plus
obstiné sur les affiires dEgypte , qui n'offrent
d'ailleurs que la solution de l'impuissance de ses
efforts mililaires , absolument paralysés depuis la
déroute de 1 armée du visir, et ta capiiulaîion des
iroupes qui se trouvaient au Kaire , et qui ont
été renvoyées au camp dejaffa , après avoir au-
tant conliibué que leur ennemi à la ruine et
destruciion de cette capitale. Le capitan pacha
n'a point relâché à llhodts , ainsi qu'on s'y atten-
dait et qu'il se le proposait. Des impulsions éiran
n ont point de prise sur t'indépendance que lui
donrie son poste. Lsouf Aga , maître p:issé dans
école de l'intiigue , s'en est approprié toutes
les ressources et a saisi ardemment le système
innovateur comme le plus suscepiible de seconder
sa morale , de perpétuer son crédit et d'alimenter
sa cupidiié. Sophiari A,^a , lire du serrail comme
le capiian pacha , et aussi couvert que lui
de ta^ faveur de son maître, n'a j.imais ambi-
tionné les pbicts , qui offrent plus de d.ingers
qu'elles ne donnent de ciédit. Assez puissant
par celui tlont il jouit, il s'est, (ail Capi Kiaya
du pacha de Bagdad et de presruie tous les
visirs , dont il est plutôt le protecteur à Cons-
taniinople que l'homme d'affaices. Ses richesses
ont autïnt d'ex:ension que son influence, et
quoique modesicment relégué dans la classe des
pariiculieis , il n'en est moins un des person-
nages les plus marqudos dé l'Empire.
Méhémsi Chelebi Effendi, Tefterdjr du camp.
gères lui ont fait éviter la rencontre de sir Sidney nommé Kussé Kiava . par un sobrinuet nui lu.
Smilh qui s y trouv.iu , et il a ele jeitcr 1 ancre fut donné étàn: K.aya Bey . à cause'd* sh petite
»ur la cote de Caran,ame. barbe de chèvre, est un des.4,ommes de I Empire
Le drogman du camp étant décédé récemment, jt^s plus déliés et les plus ti.Ttil.es en ressouices;
1.1 Porle avait jetlé les yeux sur le sieur Jacovaky '' a passé du ministère de ii g'ierre au cou-
Argirople , frère des deux iiitei prêtes de lambas- i 'l'ôle géiiér. 1 de larmée du visir où son crédit
Sade turque à Londres , dont le méiite et les
connaissances ne pouvaient que contraster évi-
demment avec la nullité complète du défunt ;
mais les habitudes et la vie sédentaire du sieur
Jacovaky lui ont fait refuser ce poste, qui n'est
d'ailleurs que secondaire et vekil du drogman
ta suivi; long-tems à la tête des nouveautés,
c est lui qui les a pour ainsi dire iniroduites au
milieu des orages et de tous le.vobsiacics qu'il a
su surmonter en bravant les préjugés et la haine
publique. Un peu désorienté d'un déplacement
qui l'éloigmit de la capitale pour lepvoyer aux
et de la Porle. Un grec peu connu en a été , *'^'"^^s , il est devenu bieniôt l'homme essentiel
du visir, et a ainsi déjoué adroitement le piegc
dangereux qu'où lui avait tendu.
Voilà, monsieur, les quatri'S chevilles ouvrières
pourvu.
Je vous ai transmis , monsieur , quelques idées
dans ma dernière lettre sur les innovations assez
marquantes qui ont signalé distinctement le
règne de Selira IlL II est conséquent aujour-
d'hui d'en émeitre quelques-unes sur les indivi-
dus qui tiennent le timon du gouvernement.
Hussein, capitlan pacha, fut liié du serrail à
l'avènement du sultan au trône, pour commander
les forces navales de cet empire, dont il n'avait na-
turellement aucune idée , mais la faveur de son
de cet Empire , c'es(-à-dirc , les quaire person-
nages dont le crédii individuel active les ressorts-,
tandis que les autres , à commencer du visir jus-
qu au Rcis Effendi , ne lui iraprimçni de mouve-
ment qu'en raison du pouvoir et de l'autorité
que leur donnent les charges et dignilés dont
ils sont revêt.us. Il n'est pa« moins intéressant
d'ajouter à vos notions actm.lles l'appel nominal
maître suppléa à tout. Son crédit, lesrooyensqu'il des principaux ministres de la Porte, que je
lui procurait et la soif d'une réputation, nourrirent j vous réserve pour le courrier prochain , avec la
et réaliserentpresqu'aussiiôt le projet de relever son ''Sle des' individus qui composentle corps dipio-
dépariement de l'éial de langueur où il se trouvait, maiique de cette résidence.
Tous les chanuers fureta; mis cnaciivilé, tt , M.Alexandre Charters, de Drum-Lane , pa-
la belle corislruction française int.oduite par M. roisse deBalmaghie , en Ecosse , a maintenant un
Brun excellent ingénieur , que la Kussie vient
de recueillir, donna aux turcs une des brillantes
marines de l'Europe. Les grands revenus de l'a-
miral , ses dépenses encore plus excessives et
une générosité illimilée , en échauffant le zèle
dés européans qu'il a employés , ont produit les
métamorphoses qui frappent aujourd'hui dans
l'arsenal de Constanrinople , sous le point de
vue de comparaison de ce qu il était et de ce qu'il
est; mais si l'on veut aller plus loin, et fran-
chir les bornes du coup d'oeil , on se retrouve
au milieu de l'ignorance et de l'indiscipline ,
et on se rend bientôt compte du peu de res-
sources dont les escadres turques ont été à
Corfou , sur la côte dlialie et sur celles de
l'Egypie et de la Syrie , qui ne rappellent que
des insurrections et le retour en Europe de
Bonaparte. Hussein , capitan pacha dont le crédit
fortement appuyé par son mariage avec la fille
du feu Sultan Abdul-Hamed et par la faveur
constante du grand-seigneur , n'a plus cepen-
dant la même influence dans le conseil , et si
celle qu'il conserve encore suffit à le maintenir
avec assez d indépendance à la lêie de son
département , elle ne dépasse point ce cercle.
Le capitan pacha d une irès-pciiie taille et d une
figure abjecte , doit plus aux pérogalives de son
rang , à sa magnificence , à son extrême géné-
rosité et à son goût passionné pour les usages
enropéans , qu'à toute autre transcendance ,
l'espèce de réputation dont il jouit. Sa cam-
pagne contre Passwan Oglou n'a pas prouvé en
faveur de ses lalens mililaires, et sa croisière
actuelle sur la côte dEgypte, dont on peut
ptévoir au moin» d'avance la nullité , ne fera
pas davantage pour sa gloire; ainsi en l'isolant
dan» se» seules ressources individuelles , on ne
retrouvera en lui que l'homme médiocre.
Issouf Aga Siiiian Kyaya , a tout le génie
qui fait profiler des ciiconsiances et de la faveur.
C'est la principale cheville ouvrière de I Empire.
Son influenccéchauffée continuellement du souffle
de la Sultane meré , le rend d autant plus redou-
table àlout Ici jaloux de *a puissance , qu'ds
champ entier de riz qu'il a dû faire couper le
9 de ce mois. C es» le preiiaier exemple du suc-
cès de la culture de ce grain dans la Grande-
Bietagne.
Nos journaux donnent la liste suivante des
articles dont l'imporiation est défe.idue en
Russie , soit par terre , soit par mer :
" Bijoux . tels que tabatières , chaînes de
montre , cachets , anneaux , croix , etc. , verres
de lunette , excepté ceux qui sont montés en
perles , pierres précieuses , or ou argent uni sans
être gravé; toute espèce de dentelles , franges,
glands , bandouhercs d'or ou d'argent; poignées
d épée , sabres , grands couteaux et autres armes ;
bonnets de fourrure, bottes, souliers et pan-
touffles de toute espèce ; ferrures et verroux ,
cadres de miroirs et de tableaux, à moins qu'ils
ne soient en or ou en argent ; voitures et traî-
neaux , etc. chapeaux , noir de souliers ; peaux
et cuirs pour souliers et bottes ; couteaux et
fourchettes ; bronze et inslrumens de cuisine
faits en cuivre ; dentelles et blondes , aiguilles
et épingles ; éventails, fouets et gants; parures
de toutes espèces pour les femmes; manchons ,
meubles d'appartement , miroirs , moulins à café ;
papie.s bleuet autres papiers à l'usage des pein-
tres ; papiers de soie, peignes ,. poudre , pom-
made , poupées , rubans rayés ou mouchetés ;
étoffes de soie , brodées ou a dessin ; velours de
soie , papiers peints et tapisseries, i' '
Etat du change et fonds puhlics , d'après la liste de
Lloyd^du 2 1 août i8oo (Sfructidor.J — Prix des fonds.
Aciions de la banque
3 pour cent Red 64^
3 pour cent Coris 64^
4 pour cent Cons 84-i
5 pour cent. Ann . g8
3 pour cent Imp 53 |
3 pour cent Imp. Ann
Omnium 4
Comp. des Indes s!o3
Traites
Cours des changes.
Hambourg 24 us 355
Altona 2 j us 3a
Livourne.
Gênes
Venise.
Lisbonne ,
Oporto ; .
Dublin ..'.*.'.'
Matières.
Portugaises ol. os.
Or en lingot ol. 5s.
Pièce du Mexique os'.
Argent en lingot os.
(Extraits du Courrier de Londres , n" 2s
5ii
46
49i
61
61
od.
6d.
od.
od.
J
The Times, sS août 1800 , { b fructidor, an 8 ).
Nous ne sommes pas fort habiles en bota-
nique , mai.i nous croyons que ia fleur animale
dont il est parlé dans quelques journaux , n'est
pas une nouvelle découverie. Il nous semble
quil en est question dans quelques-unes des
Flores françaises , sous le nom de lavergogneuse.
Incendie au pays de Galles. — Extrait dune lettre
de Shrcwsburj.
Un accident très-singulier a eu lieu dernière-
ment sur les montagnes qui entourent de tous
cotés la vallée de Llangollen. Les bruyères . fou-
gères à ajoncs , etc. ont pris feu vers h fin de la
semaine dernière; l'incendie durait depuis plus
de huit jours , et les flammes s'éiaieni ponées
en divers directions à une distance effrayante.
Jeudi et vendredi, le feu, dans la pariie .ds
la vallée qui joint la teire de sir W. W. 'Wynne ,
s'étendait de 8 à 10 milles, et du côié opposé
à environ 4. En plein jour, on voit la fumée
monter en vastes tourbillons à une hauteur pro-
digieuse , et lout le pays est comme enveloppé
dans une espèce de brouillard qui dérobe à la
vue tous les objets éloignés. Quand la nuit coni-
mence, le spectacle est encore plus frappant
et plus terrible : une personne placée vers le
milieu des montagnes, découvre une ciiconfé-
rence denvisnn 20 milles, d'où , comme d'un
immense volcan , s'élèvent des flammes dévo-
rantes qui , malheureusement ont déjà atteint
plusieuis champs de bled.
On fait sur cet éttange événement plusieurs
conjectures ; quelques personnes perdent qu'il a
été occasionné par la foudre ou par l'extrême
chaleur des rayons du soleil , concentrés dans
quelque défilé de ces montagnes ; d'autres
croyent quil provi.-nt de bruyères qu'on aiira
brûlées, soit pour écobuer des terreins à défri-
cher, soit uniquement pour faire des cendres.
Q_uelle que snii la cause première de ce terrible'
incendie , à raison de la sécheresse de toutes les
plantes, il s'est .répandu coiunre un feu follet
avec une telle tapidiié , que quelques béies à '
laine , surprises par la flamme, y ont péri. On a
employé sur-le-champ un grand nombre de bras
à faire des tranchées pour arrêter ce fléau ; mais
jusqu'ici on a obtenu peu de succès ; l'air , tant
à Shrevvsbury qu'aux environs , a été fortement
imprégné depuis plusieurs jours d'une odeur de
tourbe brûlée qui s'est fait sentir toutes les. fois
que le vent venait de ce côié ; il peut sembler ex-
traordinaire que cet effet ait lieu à une distance
de 5o milles , mais cela ne semblera nullement
lucroyable aux personnes qui ont lu les relations
authentiques de sir W. Hamilion et d'autres sur
le mont Etna.
— On s'occupe de travaux importans à faire au
pont de Londres. Suivant le projet que l'ou se pro-'
pose, dit-on, de soumeure à la cham. des commu-
nes , les pont de Londres sera rebâti de manière à
permettre en tout tems , et par toutes les marées ,
un libre passage pour des vaisseaux d'un certain
port entre ledit poni et celui de Blackfriars. Ce
pont consistera en trois arches de fer , avec des
pieds droits en pierres, dont le centre ne pourra
pas avoir moins dé 65 pieds au-dessus de la
marque des plus bat tes marées , etc.
Du 25 août ( T fructidor. J - ■■
Cours des 3 pour cent consolidé?, à i^ne faetire..
— 6,( j , 64 , 63 J de l'omnium. — 3 i i.
La Confiance , corsaire français, a rencontré et
pris, le sg frimaire dernfet , à la hauteur de
Cheduba , It tord Clive , vaisseau de Unde ,
revenant ie GaijJQn , _ïvcc une çargaiso». estimé*
80 miHe dollars.
On dit que le même corsaire s!e.st .empaxjéid'ijxi
«utre bâifment nomme le Gloucester.
Lord Whitworth est arrivé le 22 thermidor à'
Eiséncur, et il était le lendemain à Copcnha^^e.
te gouvernement danois, à qui la eapture du
convoi de sa naiipn était connoedés le I9. venait ^^ ^^^ ^^
de donner des ordres pour ^irmer en diligence aw>laudis
Une escadre de six vaisseaux de ligne. — Il avait „f!r,u|- „
t^;, ;„ „_ „i 1 . ° ,>.,,. , repuDtiqu
Mckl^nbourg, pour mettre en éiat de défense
la iorteresse de Cronembourg , qui commande
l'entrée du Sund.
Une flotte ina.r,eiiainde d'envifdn 47 voiles ,
venant des Isles-sous-le-Vent , sous i'ejcor,tç 4e
l'Invincible de 74. ef du' sloop le Fiirt, a été
vue de l'île de Wiglu ,' fesant route pour les
dunes.
1382
^Îim; , ?yec les principales autorités , cha* le
général DuFout commandant la il* division
militaire ; il .est allé , le soir , .aji grand -titéâwe
dans la loge du préfet. I.'orcheure a exécuté
,J',»ir fii ^eiU-.oH itr-e mium. On a chamé 'des cou-
plets en l'honneur de l'umi, du compagnon de
-Bonaparte , du général de la glorieuse armée de
réspr^e ; on lui a priante u.œ ijiauthe de iautier
et une couronne d'imniorielles , au milieu des
ssemens et des cris répétés de vive la
vive Bonapane, vive Berihier. L
fiii na,,;,- .r, w^i™,» ,.™, ]' • °j' -M T M^P"°"9"6 ' ^'"^^ Bonapane, vive Berihier. La
tau pai'ii en même tems le maior d artillerie de „ 11 l^ • r in . •
M^■tMnhr„■ro■ r,r.„r rv,».,r„. ', . j jT ( Salle OC pou vaii Suffire a I a tfluciice dcs citoVeus.
JiicKienDourg , pour mettre en eiat de delcnse i„„„ki;J^„^. ;. i_ .k^A.... ^. ; . .■
Le public occupait le dhéâirc et jusqu'aux avenues.
Le g-énéral B«rt4ier est parti, ce matin à 10
Ijieiufe;! ,, poux l£S|Pftsiiie.
Rouen ,ki\ fructijçr.
H'iF.R vers les 4 heures du soir , les citoyens
Foutenay, maire, Leliévre adjoint, ainsi que les cil.
I Pascal et Frey, chef de brigade, ont honoré de leur
I piésence les obsèques du citoyen Fiênot. Un
I détaihemei/t de l'a garde nationale et tome la
gendarmerie à la résidence de Rouen , ont formé
le cortège funèbre. On est ailé prendre le corjis
rue de la Chaîne. Le cortège est ensuite des-
cendu par la rue Malpaiu , liçu même où le
malheureux Frênot avait été tué la veille. Dc-là
il a filé le long du port , a remonté le cours
de Paris jusqu'à la dtmi-lune , d'où il s'est
rendu au cimetière situé sur le Moin-Gnrgan.
— =-' C est en ce moment que le citoyen Ltlievre
fin de l'esquisse de l'histoire du sucre, par W | f l"»"»"" une courte oraison funèbre., en
Fatconer- 1 I honneur du citoyen Frênot. Cinq décharges
ont eu lieu sur la tombe.
Vedette de Rouen.
Le Havre , le g fructidor.
Des pêcheurs de ce port ont trouvé hier en
mer , à une lieue et demie de la Heve , une
assez grande quantité de barils de genièvre. Jus-
qu'à présent il en a élé déposé 106 dans les
magasins de la douane.
Bulletin du Havre.
^1 n'est resté de nos vaisseaux au-delà du Sund ,
gYR ceux qui étaient engagés avant dans la mer
Baltique.
.^* brtjit s'est répandu qu'une de nos frégates a
été arrêtée , et retenus ânas un port danois du
Catégat.
^Vamjral Dukson a été laissé à la hauteur des
cgips de Norwege , fesant route pourElséneur.
/ Extrait du Merning-Post , du Times et du Star.)
Falconer.
. Albertus Agnensis rapporte que les croisés
trouvèrent , en très-grande quantité , dans les
njaines situées autour dp Tripoly en Syrie , des
Tçseauîc dou^ comme du miel , que l'on appelait
ziiçra. L'armée 'des croisés les suçait , et ne
P0^vsit s'çri rassasier , tant elle Us trouvait
douces._ L'auteur ajoute qu'ils étaient cultivés
avec soin, et qu'ofi çn fesait de grandes plan-
tations tous les ans. Lorsqu'ils étaient mûrs , on
les pilait dans des mortiers , et le jus en était
recueilli dans des vases , où il restait jusqu'à ce
qu'il eût acquis la consistance de la neige ou du
sel blanc. On le réduisait ensuite en poudre
pour le manger avec du pain, ou on le fesait
fpjidie dans de l'eau , et on formait du tout une
espèce de soupe. Il était préféré au miel comme
jtlus doux et plus sain. L'armée engagée aux
sièges d'Albaria Marra et d'Archas , mourant de
faim et de soif, lui dut sa conservation.
Le même auteur, dans sa description du règne
de Baudouin, dit que onze chameaux chargés de
sucre 1 furent pris par les croisés , ce qui indique-
rait quil s'en fabriquait de grandes quantités.
Jacques de Vitri , natif de la commune de ce
nom , près de Paris , et curé d'Argenteuil , qui ,
apnt suiyi les crçisés dans la' terre sainte , obtint
levephç de Ptolémaide , ensuite ie chapeau de
cardinal et l'évéché de Frescati , et qui fut em-
ployé dans diverses légations , où il montra
beaucoup de talent , fait mention , dans son
Histoire orientale et occidentale, de roseaux qui
croissaient dans la Syrie , et qui étaient pleins
de miel , c'est-à-dire , d'un jus doux, que l'on
lecijeillaii à l'aide d'une pressç ou d'un pressoir.
Oe JUS , exposé sur le feu , y acquérait la consis- -r--- - -y n-t^.uui ^
tatice de sucre [zuuara]. — Jacques de Vitri est êf'son et se? é.quipages
le Dremier aiirpur à ma /-nr.mïoo'.^^^ — ; i- 1 IV. F. n nri*»n^int ir.
Paris , /f I 2 fructidor.
Le citoyen Dubois-Thainville , envoyé à Alger
par le premier consul pour y négocier un ac-
commodement, a conclu, le 1" thermidor, un
armistice dont la teneur suit :
Armistice illimité conclu entre son excellence Mus-
tapha pacha , dey d'Alger , et le citoyen Charles -
François Dubon-Thainville , commissaire-général
des relations commerciales , muni des pleins pou-
voirs du premier consul de la république Jranqaise
a l effet de traiter la paix avec cette régence.
, ^î^,';.^''- ^ P'"'"" ''" 3o messidor an 8 , toutes
hostilliies cesseront entre les deux nations.
n. Il sera sur-le-champ, donné , par le dey
des ordres à tous les commandans des corsaires
de cette régence, de respecter le pavillon fran-
çais ; comme le eu. Dubois-Thainville s'engage
a faire défendre par son gouvernement, à tous
les armateurs de la république , de courir sur
ceux d'Alger.
m. Tout bâtiment pris de part ou d'autre I
après le 3p i^icssidor ^ sera, rendu, avec sa car-
le premier auteur, à ma connaissance , qui fasse
une mention précise dç l'emploi du feu dans la
cemposition du sucre.
A peu pj-ès à la même époque , il se fabriquait ,
au rapport de Guillaume de Tyr , dans le voisi-
î\?§? de cette viUç , du sucre qui était envoyé de
ia.dans dautres contrées éloignées.
Marin, Sanuio , vénitien, dit qu'on fesait beau-
CQWP de sucre dans les pays sous la domination
d^ sultatt, ainsi que dans ceux qui appartenaient
au5(. chrétiens , tels que Chypre, Rhodes, la
Moreç , Italie , la Sicile , etc. etc.
Hugues Falcandus , qui vivait vers le tems de
Utnpereur Frédéric Barberousse, et auteur d'une
histoire de Sicile , parle du sucre comme d'une
production très-commune dans la Sicile. Il pa-
rait qu'où y en fabriquait de deux espèces; l'iTne
SQus la forme du miel , et l'autre sous celle d'un
corps solide ; la consistance était réglée par le
degré de cuisson.
Tels sont tous les passages que mes recherche?
ont pu me procurer au sujet du sucre. J ai pensé
^uils pourraient être utiles et éviter de la peine
a ceux qui voudraient écrire l'histoire de cette
précieuse substance.
W, Falconer.
INTÉRIEUR.
Bordeaux , le /j fructidor.
_ Le général Berthier-, attendu depuis plusieurs
jour?, est arrivé hier matin à dix heures dans
ce«e. ville. 'Vingt-quatre coups de canon l'ont
ànnot)cé. Apfès avoir pris quelques momens de
*^PP».» »' est. allé voir le port, les magasins des
Tiyï.c» dç la marine, et visiter le préfet. Il a
IV. En attendant la paix définitive , les. hâii-
mens d Alger seront reçus dans les ports de
trance , comme ceux de la république seront
admis dans les ports de cette régence.
V. Dans le cas de rupture du présent armis-
tice , Il est convenu qu'il sera réciproquement
donne avis de la reprise des hostihtés , trente
jours avant qu'elles recommencent.
A Alger le i" thermidor. S»"» année de la
république française, et le i%. de la lune de
beter, 1 an de 1 He gire I2i5.
Signés. Mi;sTAPHA, pacha, etc., et Dubois-
Thain,vill.e,
A la suite de cette, convention , le dey a écrit
a.u dey de Tunis , en le pressant fortement d'a-
dopter pareille mesure, et de rendre la liberté
aux français qui se trovivent dans ses. états.
Le cil. Dubois-Thainville a, eu même tems
obtenta la mise en liberté d'environ sSo militaires
français qui fesaient partie de la garnison de
l-prtou. et avaient, élé pris par un corsaire al- \
gcnen lors du retoiif de Cette île.
_ Le cit. Dubois-Thainville est allé remercier le
Jey, c|ui lui a dit: le grand seigneur les avait
vainement réclamés par trois firmans ; je les' rends
pour 1 amour de Bonaparte.
lihZ,??. '/'' '**"' '^ J°"'"^' '^^ MilaB, /'^wirfsia
Miette itatieme, un Iragment d'un discours pro-
dlmola. en faveur de la liberté et de l'ég^lùé
républicaines. En voici la traduction littérale^
«' Non , mes très-chers frerçs,la formcdu «ou-
vernement démocratique, adopté^ paV^i nfus
n est poine en opposition\vec^le' rS^x^^s quJ
nous .vous avans jus^u à présçnt expose* , et ^
eepugne poieit à îlcv^igife. la démocratie exigfe
aus..j loutt s les vertus sublimes que l'on n'.apprend
qu'à Wcol-e de j-ésuî-Chirs-t, et ^ vous les p-raii-
q.uez relig.lcusiiîient , elles assureront ,non-ftt>ule-
■ruent -votre fé^iciié , mais encore la ^oirc et la
splendeur de notre republique. Je vous en con^
jure , renonçons donc à tout esprit de (action. Les
passions , les iiïtérêws jianic-uliers , l'ambition , et
toutes les autres couMapiicences , indignes d'un
honnête homme et d'un chrétien , ne vous ren-
dront pas heureeix, rniais au icor/irHire 'Oiiv-Hrofii
la porte à votre ruine, sous le leurre impositur
d iMie gloire mensongère. La venu rjui seule con-
duit [homme à b peifcctioii, qui le dirige vers le
grand objet qui doit occuper ses pensées ; cette
veiiu vivliliÈc par ses 8umi<aes i»aiureSles et ensei-
girécs p,-,T l'évangile ; est le loudemént de notre
démociat^e , «te. etc.
— On a plac« dep.uis quelques jours , dans
I une cks galeries supérienres du muséum d'his-
toire n;!turelJe , une dépouille de giraffe , pré-
parée et montée ; elle est à la'place qu'occupait
le s(jueieiie d'un individu de la même espèce , et
qu'oïl a iiansporté dans une des salles d'anatto-
n)ie , comparée et consacrée à l'étude de los-
léologie.
— Une lettre écrite de Rouen, et citée par le
Cilojen Français , contient les détails suivans :
.e II (iiiCiidor, vers les huit heures du soir, un
assassiiiat a été commis sur la personne d'un bri-
gadier de la gendarmerie, n-jmmé Frénol.
Lassaîsin a dit se nommer François Aîarigni ,
et avoir déserté du 6* régiment de cavalerie , ci-
I pcvant du roi , lorsqu'il s'enu;agea.
D,ins son interrogatoire , il a déclaré avoir élé
arreie par le citoyen F,énoi. Le gendarme lui
ayant demandé ses papiers , il lui dit qu'il né les
avait pas sur lui, et qu'ils étaient dans là
Grand rue. Le gendarme lui annonça qu'il allait
.1 accompagner. Il le suivit en eUet jusqu'à l'en-
trée de la rue Mjlpalu ; mais s'étani apperçu
que ledit Al.irigny avait le dessein de lui échap-
per, il fil ht un mouvement pour le saisir.
Marigni parvient alois à s'enfuir', le gendarme
crie lorce à la loi , court après et le ressaisit.
Mais le brigand se dégage de nouveau; puis ,
lésant a 1 improviste un demi-tour, il revient
sur lÊ gendarme et lui lire à bout ponant un coup
de pistolet dans la poitrine.
Le gendarme , atteint d'un coup mortel , est
tombe devant la maison du citoyen Main-
dorge, qui s est aussitôt mis à la poursuite de
I assassin qu'on est parvenu à saisir.
Le ciioyen Frênot fesait à Rouen les fonction»
de maréchal des-logis. Sun fiere a été tué à la
fameuse bataille de Maringo.
— On annonce comme ouvrages sur le point
de paraître , la relation des deux dernières cam-
pagnes du général Massena enHelvétie, et celle-
du siège de Gênes; ces deux ouvrages seront
dus a deux officiers employés piès lie ce eé-
néral. °
ACTES DU GOUVERNEMENT.
. Arrùé du g fructidor.
Les consuls de la république , en conséquence-
de la décision du conseil-d'état, prise conformé-
ment à l'article LXXV de la constitution , arrêtent
ce qui suit :
Le citoyen Rivail , agent national forestier
de a ci-devant maîtrise de Belly , département
de lAm, prévenu de prévarication dans l'exei-
cice de ses loneiions , sera traduit devant les
tribunaux ordinaires.
II. Le ministre de la justice est chargé. de Vexé
cution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal, signé, H. B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Roche.
Bonaparte , premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la conduite
distinguée et de la bravoure éclatante du citoyen
Pierre Roche , chasseur dans le 8<= régiment de
chasseurs à cheval, à l'affaire du q8 messidor
an 8 , à l'armée du Rhin , où il s'est emparé ,
avec peu de secours , de trois pièces de canon ,
dont il avait déjà éprouvé une décharge à mi-
traille.
Lui décerne , à titre de. récompense nationale»
un mousqueton d'honneur.
Il jomta des prérogatives attachées à ladite-
recompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8;
Donné à Paris , le is fructidor , an 8 de la ré-
publique française.
Le premier consul, Sigw , Bonaparte,.
Le searétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
il ministre de ta guerrt i sigjié; Carno-t,
1^83
Av tih'M'nv p ie'ùVl E F R A N ç A I s.
Brevet d'honneur pour le citvyen Courtdin.
, BotNaI'A'R'tê , prerhiei consul delà république,
B'âul'ès le compte quiliii a éié rendu de la con-
•ntiltÈ d'isriiiguée et de la bravoure éclai.uiie ijU
tftèy'eh je'ah Counaifi , brigadier d:;^^ le S'
fêgiifttnt de clias'séurs à cheval . à r^ilaiie du
tS messidor ah S , à Tarniée du Rhin , oi'i il s'est
emparé seul d'un obusicr prêt à laire Icu ;
■ Lui décerne à ïiue Je récompense nationale ,
tiil iliouiqueton d'honneur.
Il jouira des piérogaiives attachées à, ladite,
fëcômpense par l'arrcic du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 12 fructidor , an 8 de la répu-
blique française.
±v premier consaî , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétane-eCétat , iigiié , H. B. MareT.
Le ministre de la guerre , signé, Carnot.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Bnv et d'honneur pour le citojen Lauriot , grenadier
^ à la 1)5'= demi - brigade de ligne.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'aptes le compte qui lui à été renolu de la con-
dltité disiiiiguée et de la bravoure éclatante du
dtoyen Lauriot . gienadier à la g5' demi-brigade
de ligne, à l'affaiie qui eut lieu au passage du
Rhin , à Rechnan , où ce brave mililairc , et deux
de ses camarades , les citoyens Benoist et Eëli-
saire , s'étant présentés avec audace sur la rive
d\i fleuve que bordait, à là dioite, lintanlerie
éntiemie , parvinrent à construire le pont sous
lin feu continuel de mousqueterie , le passèrent
tous trois les piemiers , suivis des autres grena-
diers ; se précipitèrent sur la redoute de l'ennemi,
et l'enlevèrent d'un coup de main. Le cit. Lauriot
n'a pas un seul instant quitté le pont qu'il n'ait été
construit, et il y a placé toutes les planches ;
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 12 fructidor , an S de la té-
publique française.
Le premiet consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Lt secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Carnot.
Jiorttcz statistique sur l'état Bavaro - Palatin.
Lieues quar- Amef. Rcvcau.
lies, 25 au
I. Le duché de
Bavière , ( 35 ■
vill.,g5 bour.,
86 couvents. 1,600 879,700 J
S. Le Palatinat >6,5oo,ooo fl.
supérieur.... 340 171.7803
3. Les princip.
de Suhbacli
et Neubourg,
avec la seign.
dEhenfels... 200 i3a,ooo 700,000
4. Le Landgra-
viatde Leuch-
tenbetg , le
corat.d'Haag,
les seigneur,
de Sulzburg.,
Py rn bau m ,
Nohen, WaU
deck et Bru-
tetieck 27 3o,oeo 190,000
5. Les sei'gn. de
Mindelheim ,
de Wiescns-
leg et de Sch-
wabeck, dans
la. Souabe... 3o 26,000 200,000
6. Lé :'fS(4«tinat
inférieur 210 ï3o,ooo i,aoo,ooo
7. Les princip.
de Simmern ,
Lauiern , Vel-
flenz, et une
partie du com-
té de Spon-
Iieim .* 90 76,000 700,000
a. Le duché de
Deiix-Fonis ,
avec les pos-
sessions en Af-
«ace * 23o 160,000 1,000,000
(g. Le duché de
Julicrs * «00 200.000 1,200,000
«1927 1,945,480 il,6go,ooo
Ci-coTitre. 8(927 1,945,480 11,690,000 fl.
)o. Le duché de
Btrg iSo «00,000 1,006,000
1 1. La seigneur.
de Kavestein ,
ericlav. Qàns '
la république
Bjtave * 4 io,obb 60,006
3,111 2,115,480 12,750,000
Comme les
pays numéros
7, 8 , 9, II , et
partie du n" 6 ,
sont siiués sur la
rive gaucVie du
Rhin , il faut
défalquer 644 576,000 3,760,000
Reste 2,467 1,539,480 8.990,000 fl.
La ttaute-Baviere et le Palatinat ont des foréis
considérables , des mines riches en argent , fer
et plomb , des cariietes d'un beau marbre, des
salines et des eaux minérales. Les contrées du
milieu produisent abondamment des blés , du
lin , du chanvre et du houblon. Le bétail trouve
d'exceileus pâturages le long des fleuves du
Danube, de User et de 1 Inn. Le gibier et le
poisson y sont en abondance. Dificrenies branches
de l'indusliie bavaroise méritent d'ëire citées. On
fabrique des hautes lisses , des étoff'es de soie ,
de laine et de colon , des bas , des cartes à jouer ;
des pinceaux à Munich , de la porcelaine à Nvra-
phenburg , des montres à Friedbetg , etc. La Ba-
vière n'a presque aucune part à la navigation
du Danube , celle-ci étant monopolisée entre les
mains des ulmois , dés ratisbonnois et des vien-
nois ; pourtant la petite ville de Kelheim gagne
i beaucoup par la construction des vaisseaux.
Le Palatinat inférieur est un des pays les plus
agréables et les plus Itriiles de l'Europe. Les blés,
les vins, les fruits , même lès amandes y viennent
en abondance. On cultive du lin , du tabac , de la
garance; on eut , en 17S3 , quarante-cinq mille
livres de soie avec 35o,ooo mûiiers ; un troupeau
de chèvres d'angora y est naturalisé. On trouve
du ter, du cuivre , du plomb , du vif-argent, de
l'or fluvial , de l'albâire , des améthystes , des
cornalines , ect. etc, etc. Les fabriques et les ma-
irufaciures étaient dans un état florissant , quand
la guerre , pour la troisième fois dans l'espace de
deux siècles , vint dévaster celte intéressante
contrée.
Le duché de Berg a des mines considérables ,
du fer et du plomb , des carrières jde marbre ,
une grande q^lantité de moulons et décochons,
peu de bled , et encore moins de vin ; des
fabriques en fer et en acier à Solingen ; en (oiles
et coionneries à Elverfeld ; en lormerie à Rems-
cheid , etc.
Les sciences n'ont pas été cultivées avec beau-
coup de zçle par les bavaro-palatins ; mais les
beaux ans trouvèrent dé tout tems des prolec
leurs parmi les plinces ds cette maison. L'aca
demie des sciences, la galerie et la bibliothèque
électorale , l'école du dessin , l'école forestière
à Munich , les universilés d'Ingolstadt et de Hei
delberg, l'école d'économie pohtique , etlejar
din botanique dans la dernière ville , lobser
vatoire , le théâtre anatomique , là galerie , le
cabinet d'estampes et des dessins à Manhejm ;
enfin la galerie de Dusseldorf sont les objets
les plus intéressans que trouvent ici Ihomme de.
letires et 1 artiste. Avant la guerre, Manheim eut
une des meilleures sociétés d'acteurs , dout le
célèbre Ifland était et l'ornement et le chef.
Le règlement de 1789 porte la force armée en
teins de paix à 89,000 homme»; mais la position
désavantageuse de ces pays disséminés par tome
l'Adcmagne , et dépourvus de places fortes , in-
terdit au gouvernement bavato-palatin tout es-
poir de grandeur militaire.
On croit conjmunéraent que la dette de l'état
s'élève à 40 millions de florins au moins ; l'éta-
blissement d'une langue de l'ordre de Malte ,
a coûté 6 millions.
Les villes les plus considérables sont Munich
avec 37,000 habitans , Manheim, avec 20,000 ,
Elverfeld avec 12,000, Hcidefberg et Amberg,
f chacune avec »o,ooo , et DusSeidorf avec gooo
habitans.
En général , la solidité et la .beauté des bâti-
mens , ainsi que la propreté dans les rues et sur
les escaliers , donne , même au plus petit village
de la Bavière propre , un air noble et attrayant ;
la Suisse seule offrait autrefois un spectacle sem-
blable. Les beaux chemins et les haies vives qui
charmaient l'œil du voyageur, ont sans doute
beaucoup soufi'ert par les passages réitérés des
armées. M. C. Brun.
JV. B. Dans les pâlatinats et le duché de Berg ,
les protesians et les catholitjues ont des droits
presqu'cgaux ; mais dans la Bavière propre , le
catholicisme liomine exclusivement- l,^ clergé a
l'influente là pluî ,iiAbr(Vi'iee et Un uès''gt^'kk\f^if-
venu ; il 'y avait cri ,1798 environ, booa Im6\vf.i>
Aussi là rnultiiude est exufemenrjciii ,\ui)crsiiiiciJi.,e )
et les personnes mi'euît irislifuiics soi|it ou ç-l^h,^
gées,ou iniéres.'iéés à Sé ihiie, le .Iwil sulvji'iif
suffit pour le prouver: eu 1791 , le'lç'ottcgiuTii nie-
dicum de Munich apprcyuvà .'comme un tûoyen.
sûr contre ia rage îles çhiens_,_^e les brûler avec
la clef de S. /7«i!)er/!Lâ'6jvTcré fut,, dp.nxisjOwp ,)
le Ihéâirc de lu ihaum.iitli'.^re dé ■ Gàj'itièr', et' Jlc
la cruelle persécuiion d^jç^i^^, qu^OH.déai'^oasOU»
ih hùm à* illuminés. . , , w ' i 1. : :,.m).)i:
■ilililli^iilfifii
A C R.i:,ç ij' l'i;,. ti'R.E. . '..
Le 4* volume iie 1* biblioilieciUé liVitanniq.ue
poiie , page 401^ : -i •
)> Rutabaga , Ife plus beau chàrôï» dV turnepâ
de Suéde que j'aie vu, esï chez IbrH 'W. Il y ei*;
avait 14 acres semés le i{) chai'; ils étaient siti^
guliéremeut égaux en volume et tiés-gios.
n Un pesant léienduc d'une perche carrée , je
calculai i|ue le produit de l'acre devait peser ■i')
formes. Je pris une racine semblable à plusieurs
centaines d'autres du même champ éi je la pesai J
elle pesait l3 livres : ces turueps éiaieut par-
faitement cultivés et exempts d herbes. Trois ru-
tabagas , mis en expérience pendaiit tout l'hiveC
dernier sur !e toit d'une maison , se scSnt trouvés
parfaitement sains aU printems. >>
Il y a plus de dix ans que cette plante utile eçt
iniioduiie en France. Le citoyen Boussonnet
m'en remit de la graine en 1790 , sous le mèmê|
nom de rutabaga ou navet de Suéde , et quelques
tems avant j'en avais reçu par l'enireniise d'un
jardinier allemand. Néanmoins elle n'est pas assei
connue ; mais comme l'annonce que je viens de
citer engage les cultivaieurs à s'en piocuter de
la graine ei à s'instruire de la culiUre , je crois
convenable de publier que, dans l'insiruciiou.
sur la culture des navets , lédigée en l'an 2 par'
la ci-devant agence d agriculture , imprimée et
publiée par le gouvernement , on lit , page 2 ^
après avoir dit que le navet iauné résiste au
froid i
)> Le navet de Suéde , nouvellement introduit
en Fiance , y résiste plus encore ; il a supporié
les gelées de 1792, Sa chair fine, serrée, jau-
nâtre tient du chou-rave ; ses feuilles qui ressem-
blent à celles du colsa , sont très-bonnes pour
lanourriture des bestiaux : cuiies et assaisonnées ,
on peut les servir sur table eu hiver. Cette espèce
mérite d'être ctiltivée. i>
J'ajouterai que j'ai constamment cultivé ce na- '
vet depuis que nous le possédons ; il a toujours
supporté les froids les plus rigoureux. En lau 3 4
en l'an 7 et en l'an 8, sur plus de 25 espèces
que je cultivais , celle-ci et le chou frisé du nord
furent les seules plantes de Cette famille qui ré-
sistèrent à l'intensité du fioid.
Le navet de Suéde est plus lent à se former
que toute autre espèce ; il supporte très-bien la
transplantation, avantage qu'on ne tiouve pas
dans les autres navets. Semé etj- place , il réussit
également bien , si on a l'atteniion de le semef.
clair. Cette plante qui tient en eff'et beaucoup
du chou , fdit mieux que tous les navets ordi-.
naires dans une terre substantielle et même uil
peil forte,
Qiioique l'époque la plus reculée, à laquelle
j'aie jusqu'à présent semé le rutabaga, soit en juil-
let (v. st.) , je crois que dans ce moment Ae pluies
favorables on peut encore en confier à la terre <
ainsi que toule aulre espese de navet. Celle-ci est
à la vérité plus lente à se former, mais comme
elle ne redoute pas les gelées, le nav.et grossira
si l'hiver est doux; et au commencemeni du ptin-
tems, époque à laqùêUe la nourriture fraîche pour
les bestiaux est ordinairemeni rare , la racine et
les feuilles pourront être d une grande ressource.
Au surplus dans le cas où on voudrait laisser
monter cette j)lante à graine , on la recollerait
pour en tirer de l'huile. Le pioduii en est aussi
abondant que celui du cols*, et 1 huile n'^ pas
une moindre qualité que celle qu'on tire de toutelJ
les graines de celle famille.
Le citoyen Lasierie, qui a rapporté du nord
beaucoup de graines intéressantes , m'en a reraiï
plusieurs espèces, notamment de celle de r.uia-
baga.J'ai semé comparalivemcnt de cette dernière
el j'ai reconnu que c'était bien la même espèce
que je Cultive depuis. environ douze ans ; j'ai seu-
lement trouvé cette différence que les navets pro-"
venant de la graine arrivant de Suéde , éiaient
plus renflés que ceux de ma récolie, Q^ialiié qtje
les miens possédaient également dans les pre--
mieres années. Heureusement j'ai de quoi renou-
veller celte espèce iniéressanie. On en trouveiAj
de la grairie dans ma maison de commerce ^ qUal
de la Mégisserie , n°. 29. ,
Du 6 fructidor an 8,
Vilmorin-Andrieux , cultivateur el mar-
chand grainier.
La société d'agriculture du département de lit
^«inC) 4ans sa séance du 6 fructidor < a approiditii
cette rote; et eUe a pensé que sa publicité dans
les circonstances aciuelles devait être d'un grand
inférêt pour Icj cultivateurs , le rutabaga pouvant
se semer encore avec succès dans ce moment ,
après la sécheresse extrême qui a fait périr un si
grand nombre dé plantes potagères , dans les en-
virons de Paris, '
j ,, SiLVESTRZ ^.secrétaire de la société.
THÉÂTRE DE L'OPÉR.A- COMI Q_UE.
Ce iFiéâtrenous foutait chaque jour une preuve
nouvelle à l'appui de l'assertion que nous nous
sommes permise à son égard. Ce qui lui est , ou
du moins ce qui paraît lui être le plus dilÈcile ,
c est ûe se mainlenir dans son véritable genre ;
il altère tous ceux auxquels il se livre.
Hier on y donnait une pièce nouvelle , le
double rendez - vous. Çlle était intitulée : Oltéra
comique , mêlé de vaudevilles. Il est résulté de
ce litie double et "presque contradictoire , que
ni l'une ni l'autre des idées qu'il présente, n'ont
été remplies.
Les troubadours ont donné , il y a quelque
tems , une assez jolie pièce intitulée : la leçon
conjugale : elle a beaucoup de ressemblance avec
l'ouvrage nouveau ; c'est aussi une leçon con-
jugale que le le double rendez-vous a pour but de
donner: c'est encore un époux infidèle, surpris,
repentant , et promettant de se corriger.
Mais il est dans le double rendez-vous une idée
très-agréable qu'on ne peut applaudir dans la
pièce jouée aux Troubadours. L'éj'ouse du t>iaii
infidèle lui remet une boëte d'or : il cioit y
trouver le portrait de sa femme; il paraît vou-
loir I ouvrir avec empressement : on l'arièie , on
lui apprend qu'il n'y trouvera pas ce qu'il pense,
mais bien son portrait à lui-même peint de sa
propre rnain. Il s'étonne , il ouvre , et recon-
naît le billet par lequel il demandait un rendez-
vous à une amie de sa femme. C'est dans ce
billet qu'en effet il s'était peint lui-même , très-
ressemblant , c'est-à-dire sous les traits de l'in-
constance. Comme de telles pièces ne peuvent
finir par un mariage , elles doivent se terminer
par une réconciliation. Tel est Ip dénouement du
double rendez-vous. La situation que nous venons
d'indiquer a fait plaisir , mais elle n'est pas
neuve; nous la croyons entièrement imitée d'une
petite pièce donnée sur un de nos théâtres se-
condaires. Il y a fort long-lems qu'on ne l'y a
vue , mais pas assez pour qu'on l'ait tout-à-lait
oubliée. Sou titre nous échappe. i
Le ton général du double rendez-vous'est celui
d un marivaudage fade , précieux, maniéré. Les
premières scènes sont d'une extrême froideur.
Mesdames Phillis et Gavaudan y chantent avec
infiniment de goût; mais si le musicien leur doit
des remercîmens , l'auteur des paroles leur doit
quelques reproches : il est impossible qu'oji ait
apprécié le mérite de ses couplets, et nous nesau-
lions parler de ce nous que n'avons pu entendre.
Nous serions aussi tentés de nous plaindre de
Solier, en nous rappelant quelle est la facture
des petits airs dont il a semé ce prétendi; opéra
comique. Point de chant, ou du moins un
chant peu naturel , de l'uniformité dans la coupe,
de la monotonie dans le mouvement ; partout
l'accent de la complainte , et le ton de la ro-
mance , au lieu de la tournure piquante du vau-
deville ou de la ritournelle ingénieuse et ex-
pressive de l'opéra comique. Cependant on a
applaudi un trio sur un mouvement de valse ,
et un petit duo assez bien dialogué. En admet-
tant ces deux morceaux parmi les productions
de Solier, qu'il nous permette de ne voir dans
le reste que des négligences échappées à son
talent facile. S .
Au Rédacteur.
Liège , le a6 thermidor.
Au nom des sciences , citoyen , et pour l'hon-
ïieur des botanistes , je vous prie d'insérer les
observations suivantes dans votre Journal.
Ce n'est pas sans surprise que j'ai lu dans le
Moniteur du 17 du courant, page taSo, l'annonce
suivante :
»>Un des jours de la même décade, l'herbo-^
»> risation du professeur d'histoire naturelle a
»> fait reconnaître des plantes assez rares ; le plu-
1) meau ( Hettsnia palustris ) trouvé sur la route
i384
)» de Choisi : le Rossolis ( Drosera rotmidifolia] ;
" enfin et surtout la Vanese {Galega officirialis)
>5 trouvée entre Versailles et Joui ; plantes qu'on
" n'avait garde de chercher si près de Versailles,
!' apiès le silence des botanistes des environs de
1. Paris. -.
Il fallait dire , plantes assez rares que l'on
pouvait chercher avec d'autant plus de confiance
près de Versailles, qu'elles ont éié indiquées par
Sébastien Vaillant , par Tournefort , botanistes
des environs de Paris , pai Laraarck.
Preuves— ht Plumeau, (Hottonia palustris. )
Le Bolanicon parisknse de Sébastien Vaillant,
prouve jusqu'à révi'dcnce que cet auteur , loin
d'avoir gardé le silence sur cette plante, l'a. au
contraire, indiqué dans son volume in-12 ,
p.'ige 120 et page 290 dans son in-lolio , sous
le nom de Stratioies ftuviatiiis. Pitton Tourne-
fort dans son histoire des plantes des environs
de Paris , tome II , "page 444 , l'indique aussi
sous le nom de Mille-folium aquaticum , sive Viola
aqùatica caule nudo, .
Parlons du Rossolis [Drosera rotondifolia).
Sébastien Vaillant n'a pas plus gardé le silence
sur cette plante que sur la première ; il en parle
dans son Botanicon Parisiense , il en indique même
les deux espèces , volume in-12 , page iog.
Tournefort n'a pas oublié de l'indiquer dans
le second volume de son histoire des plantes
des environs de Paris, page 499. En parlant
au Rossolis , il dit : Cette plante croit à Meudon ,
autour de. l'étang de la Garenne , et à Versailles
derrière le potager , où MM. Vigueur l'ont dé-
couverte.
Passons à la Vanese (Galega officinalis.) Ouvrez
le second vol urne delà F/or«-/rançaw de Lamarck ,
vous y lirez, page 654 - 3U milieu de la page,
n° 626 : on trouve cette plante aux environs de
Paris où elle croît maintenant sans culture.
J'ai cru , citoyen , devoir ces observations à
des auteurs recomraandables auxquels on doit
non - seulement de la reconnaissance ; mais
dont les travaux et les courses pénibles ont de
plus été suivis des p?us heureux succès.
Vaucher , I). Af .' , ancien médecin des armées
de la république.
Le maire de Saint Germain ., arrondissement com-
munal de Saint Yr'teix , département de la Haute-
Vienne , au rédacteur. — Saint-Germain, le 2
fructidor an 8.
Citoyen, de tous les traits que vous recueillez
pour les offiir à l'estime publique , et pour les
faire servir à l'émulation . je doute qu'il en soit
de plus digne de voue choix que la circonstance
que je vais vous rapporter ; elle est moins rare
par le fait qu'elle embrasse , qu'elle n'est admi-
rable par les sentimens qu'elle a développés dans
de jeunes cceurs, desquels il était assez naturel
d'attendre plutôt une alarme stérile que le dé-
vouement affectueux et héro'ique qui lait le sujet
de ma lettre : No basta la substancia , nequiere
setam bien la eirconstancia.
Dans la 2' décade, de thermidor dernier, six
jeunes élevés de deux écoles particulière se
réunissent pour aller se baigner dans la petite
rivière de la Briansole , qui traverse notre com-
mune, et choisirent l'endroit où les effets de
la sécheresse s'étaient le moins absolument pro-
noncés; ils ignoraient que très-près de là se trouvait
un abîme d'une profondeur inconnue. Jean-
Baptiste Foret, âgé de 16 ans, fut le premier
qui se trouva surpris par le danger, et disparut
à la vue ds ses camarades. Poulon Leyssenne ,
âgé de l3 ans, ne consultant que son cœur et
le désir de sauver son ami , se précipite inopi-
nément du côté ovi il le juge englouti; mais il
le devient aussitôt. Jean Duteil et Antoine Léger,
le premier de lâge de 16 ans , et l'autre de i3 ,
loin de se laisser abattre par la réalité éprouvée
du péril , et le nombre de ceux qui y avaient
succombé , sentent leur générosité s'exalter, et
se dévouent successivement à un secours à-la-
fois instant et si périlleux.
Un meunier dont l'habitation se trouvait
proche , ayant apperçu cet événement , était
accouru chez lui pour se munir d'une perche
avec laquelle il comptait retirer de l'eau le
jeune infortuné. A son arrivée , trois étaient
paivenus , à force de se débattre , à gagner le
rivage; mais Leyssenne était resté , et il fut im-
possible de l'atteindre avec la perche. Alors un
des deux qui n'avajt pris aucune part active
a la scène, Fanfan Brejat , âgé de 10 ans.
jugeant que les momcns étaient extrêmes , et
que toute hésitation ne laisserait rien espérer
d'utile dans cette funeste conjoncture, se <rfé-
cide de se sacrifier à l'amitié , et de hasarder
sa vie pour le salut de son ami. Il fut au fond
de l'eau , avant que sa dispaiition fût remarquée,
et ramené , un instant après , l'objet de sa solli-
citude qui , presque évanoui , ne larda point
à reprendre la vie.
Ici l'amitié et le courage ont donné des preuves
bien précoces du succès dont ils sont capables
dans un grand danger : que ne devaient - ils
pas entreprendre lorsque la raison et la prudence
les secondent !je me flatte que dans cette occasion
vous concourrez', avec moi, à rendre un hom-
mage public aux généreuses qualités dont elle
a donné le spectacle: c'est le moyen de fomentei"
celle-ci , et d'en faire éclore ailleurs de plus d'un
genre.
Recevez l'assurance de ma considération.
Souscription '/iro/iof'ê par le cit. Desmonceaux ,
médecin-oculiste .demeurant rue Louis au marais ,
»" 588. ^
J'ai donné en 1786 un Traité complet des ma-
ladies des yeux et de celles des paupières ; j'y ai
ajouté l'esquisse d'un traité méthodique des mala-
dies des oreilles . le premier qui ail encore paru
en ce genre , ce qui a formé deux volumes grand
in-8° , avecplanches et gravures; mais comme les
premières observations pratiques laissent toujours
un notjveau cadre à remplir , je me suis décidé à
en rédiger de nouvelles , à donner ce que j'ap-
pelle mon ultimatum par un suppiétnent de plus
de 600 pages, ce qui formera un 3""= vo'ume
plus considérable que les premiers, avec une
gravure analogue aux nouveaux cornets acousti-
ques que j'ai éiablis, aux instrumens dont on peut
se servir dans l'examen , et en cas d'accidens.
J'ose dire que ce supplément renferme des obser-
vations plus lumineuses que les premières du côté
des maladies des yeux et de celles des oreilles;
des observations en différens genres qui peuvent
être utiles aux praticiens; mais je ne puis en
entreprendrel'impression qu'avec le sccoufsd'une
souscription.
Cette souscription sera ouverte depuis le i"
vendémiaire an 9 , jusqu'au i«« nivôse même
année; elle sera pour le suppiétnent, formant
le troisième volume du Traité des maladies des
yeux et de celle des oreilles, de 6 fr. 5o cent,
broché, et 1 fr. de plus relié; l'impression sera
en beaux caractères , et le papier carié fin d'An-
goulême. Le délai de la souscription passé ,
l'exemplaire broché sera de 7 fr. 60 cent, et 9 (r.
relié. Sj la souscription était trop inférieure au
I'' nivôse , la somme de 5 fr. prix de l'abonne-
ment, sera exactement rendue aux souscripteurs.
On souscrit chez le cit. Desmonceaux, médecin-
ocuHste , rue Louis au marais , n° 588.
Les lettres et l'argent doivent être adressés franc
de port.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 12 fructidor. — Cours des effets publia.
Rente provisoire '17 fr, ^5 ^^
Tiers consolidé 33 (r. i5 c.
Bons deux tiers j fr. 5q c.
Bons d'arréragé 84 fr.
Bons pour l'an 8 ... . Sg fr. ^5 f.^
Coupures ..'63 fr. 5o c*
Syndicat .-
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBnq_UE et des Arts.
Auj. relâche.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Boursault ;
Susanne , et la Danse.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimex,
Aujourd. la i'"= représ, du Meunier, générât.,
Jenny ou tes Ecossais; rEprtmie efitasable , et ie
Dépit amoureux.
■Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. GabrielU de Vergy , tragédie , suivie des
quatre Signataires.
I
L'abouuemïnt.e fait. Par», r«e d., Poit.via», n» ,8. Le prix est d. ï5 franc, pour trois mai,, 5o fra»» pour .ix moi,, et .00 frauc, pour laanée entie
ft*aboaac qu au cotamencemeot de cbaqae moii.
l'\^!^^.'^T.^"!'T.'V''T''\'''^''\'^^ .8.Ilfautcompr«dr« dan. i« envoi. 1,
serout point retirées de la poste.
pays où l'on ne peut aS'ranchir. Les lettres des départe
Il faut avoir soin, poui plus de sûreté, de charger ce
loitevins , n" i3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cii ^ heures du soir
is non affran
retifer
e poit dei
ntdesTaleurs.etadresseitoutcequicoocerac la rédaction de la feuille, as rédacteur, rue det
A Pstis. de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 344.
Qiiartidi , 1 4 fructidor an 8 de la république française , une et indiviiible
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées . ^insi que J;s faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Constantinople , le le juillet (2 1 messidor.)
Notice SUT Us principaux ministres de la Porte.
Cadgi Feya JusstiF , pacha , grand-visir , doit
moins, à la faveur qu'à son mérite les dignités par
lesquelles il a successivement passé au suprême
%!siHàt ; et si la déroute d Ei-Hanca y porte une
tetrlble atteinte , il faut cependant moins l'im-
toùfbr à son inexpérience qu'à l'indiscipline de
•on armée trop généralisée pour y pouvoir porter
rémede. L'activité , l'énergie et la sagesse qu'il
développa , il y a quelques années , dans son ex-
pédition contre les curdr.s , et dans son gouver-
nement d'Etzerum , sont des titres qui parlent en
sa faveur. Quoique le pouvoir illimité de sa
charge ait été restreint par celui qu'a acquis le
conseil, il ne conserve pas moins encore aujour-
d'hui les plus grandes prérogatives et tout l'ap-
jpareil de la puissance qui relevé de sa dignité.
Les miniàtres de la Porte le suivent, lorsqu'il com-
nlindé en personne les armées ; et ils sont sup-
pléés à Constantinople par d'autres ministres du
rîcbîab , c'est-à-dire , ministre auprès de l'étrier
Impéiial.
Rassik Méhémet reis efiFendi est titulaire au
camp. Il fut envoyé en qualité d'ambassadeur ex-
traordinaire à Saint-Pétersbourg , lors de la der-
piere paix des turcs avec lés russes : c'est un
homme assez niédiocte , et qui a peu d'in-
fluence.
Osman effendi , précédemment chaoux bachi ,
est kjaya bey au camp. Il a des principes , une
très-grande réputation de probité , et aurait joué
tin rôle marquant en Egypte saiià la déroute du
visir qui l'a chassé du Kaire , oti ii était déjà ins-
tallé provisoirement comme gouverneur.
Janib , reis effendi de l'étrier , et successeur
jJ'Atif effendi , n'occupe cette place que depuis
environ trois mois. Originairement commis des
bateaux de la chancellerie d'état , il en a été tiré
pour administrer la dépense du bassin du cons-
tructeur suédois Rodée , sous la qualification de
Binna Emini. A la confection de cet ouvrage , il
a été récompensé par la charge de teftèrdar , et
presque aussitôt élevé par circonstance au posie
qu'il occupe actuellement. L'italien qu'il a appris
dans- son inspection sur les ouvriers européans
de l'arsenal , et qu'il parle assez bien , prouve de
l'intelligence , et il n'est pas sans mérite.
Ncfus attendons ici avec impatience le résultat
He la mission de lord 'Whilworth. La certitude
ttu'aucuh traiié de neutralité maritime n'a été con-
clu entre les quatre grandes cours du Nord , et las
nouvelles dispositions que l'on suppose à Paul I'',
font espérer que cette, querelle avec le Danne-
marck se terminera à l'amiable. Cependant de part
et d'au'lrê On agit coilnnie si l'on était préparé à
la guerre. Il n'est plus douteux que l'ainiral Dick-
son soit allé avec son escadre à Elseneur. Plu-
iiéufs vaisseau-x l'ont rencontré en mer, les uns
à la hauteur de Fleckeren en Norvège , les autres
dans lé Caiégai , près de l'île d'Anholt. De son
côté , ta cour de Dannemarck fait équipper une
flotte de six vaisseaux de ligne . et elle a ordonné
t»ne presse générale dans tous ses états, même dans
te daihé de Holstein. Tous les vaisseaux qui re-
IBontent l'Elbe, pouT aller à Hambourg, sont
àtrêiés et cxnmiiiés au fort d'Altona. Plusieurs
havii'es sKédïiis et danois , ayant é'é tout nou-
x^dletaie^l pris en sortant de celte rivière , un em-
bargo général a été mis sur tous les vaisseaux de
éts d'eux nations qui se trouvaient dans les poris
de Jutland. Lord Wliiiworih est arrivé le lo à
Elseneur , et le 1 1 à Copenhague. Qjjoiqu'il n'ait
point pris publiquement de caracleie officiel , il
te déjà eu plusieurs conférences avec M. le comie
d« Pecnstorf. Ce ministre danois en avait tenu te
fa urne très-longue avec tes chargés d'affaires de
Russie et d'Angleterre. Celle conférence (ut suivie
dç,renvoi de deux courriers à Saint-Pétersbourg ,
lîun par met et l'autre p^r Siockolm. Celui qui
B. pris la route de terri; est le' lieutenant Glals ,
Me l'on croyait devoir être envoyé en Angle-
Ipire. L'autre courrier . parti à bord d'un culler ,
cit le licu:enant de Lilienberg. Le nouveau mi-
ïiisire de Fratice, Bourgoing , était attendu à
C}6^MibgU4 le (7.
Ùa éitii de cette viU* qUb'l^mijsion de lord
■Whitworih se bornera à l'objet du différend sur-
venu entre les deux cours. Le colonel Whitworih
et M. lyynne l'ont accompagné. M. Merry sera
remplacé dans la qualilé de chargé des affaires
par M. Drummond.
Quatre vaisseaux de guerre russes ont ietté
l'ancre dans le port de Copenhague, et vingt-
deux autres doivent Croiser dans la Baltique.
On a découvert récemment que la levure
de bierre était un grand spécitique contre les
fièvres putrides. Il suffit d'en donner au malade
une cuillerée dans un peu de bierre ou d'eau,
de deux heures en deux heures. La cure ne
dure pas plus de 48 heures. (Extrait du Courrier
de Londns du 26 août ^ 8 fructidor. J
INTÉRIEUR,
Paris , le ï3 fructidor.
On lit dans une lettre de Strasbourg, insérée
dans la Clef du Cabinet, le paragraphe suivant :
j) Dans aucun lems de la présente guerre l'ar-
! mée du Rhin n'a été dans un état aussi forrai-
I dable que dans ce moment. Tous les corps sont
au grand complet. La solde arriérée est payée. La
plus exacte discipline est observée. Généraux et
soldats sont irès-contens de Iraceueil que leur
ont fait les allemands ; ils y répondent par une
conduite prévenante et gracieuse. On les regarde
plutôt comme pacificateurs , que comme en-
nemis. ]>
— On écrit de Nancy que la gendarmerie du
département de la Meurthe augmente chaque
jour ses droits à la recoiinafssance publique.
DEpuis trois décades elle a saisi 284 déserieurs ,
un prévenu de viol, un prévenu d'assassinat,
4 vagabonds , et 22 prévenus de délits prévus
par le code de la police correctionnelle.
— Hier matin à neufheurçs, un trou de trois
à quatre pieds de diamètre, et de huit à dix de
profondeur, s'est ouvert soudiin au. milieu de
la rue- du Regard , dans une cive -abandonnée ,
selon toutes les appaiences , long-lems avant que
la rue fut bâiie. Ce n était rien ; mais dans un
instant le bruit s'est répandu qu,e louies les mai-
sons allaient s'enfoncer danî les carrières. Exa-
men fait, chacun a pu facilement se convaincre
que cette excavation n'avait rien de commnn
avec les carrières ; on s'occupe à la combler.
( Publiciste. )
— Plusieurs journaux citent le trait suivant ,
qui a dû d'abord sa publicité au citoyen Shée ,
commissaire du gouvernement dans les quatre
nouveaux départemens de la rive gauche du
Rhin.
1) Le citoyen Louis Guinauth , propriétaire à
Winnweder , djiis le dépariement du Monl-
1 onnerre , a mis à la disposition de ce déj'arte-
menl une somme de 22.523 fr. pour servir, à
l'entretien de la roule de Mayence à Paris. >»
— • Le docteur Léon David, de Rolierdam ,
vient d'arriver à Paris , pour s'instruire de l'ino-
culation par la vaccine.
— Le 20 ihermidor dernier ,1e préfetdu Léman
voyageant avec le citoyen Piciel , rencontra près
des élablissemens de Servoz , à l'endroit même
où les voyageurs commencent à gravir sur les
somraels les' plus élevés de la chaîne des Alpes,
un jeune homme dont la physionomie portait
l'empreinte de la plus vive douleur. Il apprit
bientôt que ce jeune étranger était né lans
l'évêché de Bubeck ; qu'il se nommait Théodore
Ziemssen ; qu'il voyageait pour s'instruire avec
un de ses Compatriotes nommé Frédéric-Auguste
Eschen, j^une ctJmrne lui, et son intime ami ;
que la curiosité les ayant conduits au pied du
glacier du Buei , M- Eschen s'éiait avancé malgré
les avis du guide, et que lout-à-cQÙp la neige
sur laquelle il marchait , et qui ne recouvrait que
faiblement uiie crevasse du glacier , s'étant ou-
verte sous son poids , il était tombé dans un
précipice dont on ignorait la profondeur.
Dans l'espérance qu'il vivait encore, et qu'on
pourrait le sauver , le préfet donna les ordres les
plus pressansde voler à son secours.
Le citoyen Deville , père, l'un des guides les
plus instruits e't les plus sages du pays, se chargea
de celte commission, aidé de ses deux fils,
Jean - Claude et Bernard, et de l'aubergiste dç J
Servoz , nommé Joseph Eule.
Ils ont marché toute la nuit , et ne sont par-
venus qu'au point du jour sur le glacier. Arrivés
sur le plan du Buel , près du lieu qu'on leur
avait indiqué , ils ont apperçu les signes d'une
crevasse recouverte par la neige ; mais ce n est
qu'à deux heures que le citoyen Deville a décou-
vert tin trou carré de 2 pieds de côté , par
lequel il parais'aii qu'avait été englouti M. Eschen.
La sonde , descendue à plus de 100 pieds , a
fait connaître Ja présence d'un corps étranger à la
glace.
Bernard Deville se fil descendre danscet abîme,
et il approchait du cadavre assez pour l'apperce-
voir-, mais la crevasse se rétrécissant jusqu'à huit
pouces , ne lui a pas permis d'aller plus bas.
Ces travaux , ces efforts se sont tellement pro-
longés , que les Deville ne sont rentrés chez eux
qu à 10 heures du soir.
Ils ont eu le courage de recommencer le len-
demain la même entreprise ,. et Deville , père,
s'étant fait descendre à 1 aide d'une corrie , il
fut arrêié , comme l'avait été son fils par le
rapprochement des parois de la crevasse. Il
s était muni d'une hache avec laquelle il a élargi
le passage en façon de cheminée à côté du
lieu où élait le cadavre , pour que les fragmeas
de glace ne le recouvrissent pas. Descendu peu
a peu jusqu'à la hauteur de la ceinture , il essaya
de le lemuer; mais il était trop fortement engagé
entre les parois. Il tût obligé démailler la glace
tout autour ; il parvint, enfin, à le dégager et
à le retirer de ce gouffre, en lui passant une
corde sous les bras.
Cette opération pénible et hazardeuse , a de-
mandé trois jours d'un travail constant , et d'un
courage rare.
Le préfet du Léman en apnblîquement témoigné
sa satisfaction aux citoyens Deville , père , et
à ses deux fils , et à l'aubergiste de Servoz. Ces
hommes intrépides et généreux ont montré ce
qu'on peut faire quand ont est animé de l'amour
du bien.
Il a fait inhumer le corps du jeune Voyageur
sur un raonii;ule également à la vue du sentier
qui conduit au glacier, cl du chemin de Chamonni.
Un monument provisoire indique aux autres
voyageurs les dangers et limprudence de né pas
écouler les avis des. guides ; il leur prouve aussi
les sentiracns hospitaliers quiéprouvent les fran-
çais pour ceux que l'amour de l'élude amené
parmi eux.
Le préfet du Léman, s'est montré digne d'ad-
ministrer une contrée si cèJebre par son goût
pour les lettres ;
Dans d'autres tems, le citoyen Félix Desportes,
alors icsidant à Genève , avait f.iit construire
à ses frais une espèce d'hospice , et pour servit
d'asyle.aux voyageurs, il y avait fait établir quatre
liis , quelques insirumens de physique et lotis
les ustensiles nécessaires a des voyageurs; il
élait placé sous la surveillance de la munici-
palité de Chamonni et sous la sauve garde de
tous les philantTOpes. Ce monument était élevé
sur le Moiiianveri , près de la mer de Glace. Des
barbares l'ont détruit , le citoyen Deymar a
proposé des moyens de le rétablir ; il lui con-
vient plus qu'à un autre de s'occuper dé ces ho-
norables soins.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Du i" Jruclitfbr. — Lé préfet de police , vu le»
lettres du ministre de l'intérieur des 3 floréal et
l5 prairial derniers, desquelles il résulte que sur
la detnande des marchands de bois , le ministre
a décidé qu'attendu la difficulté reconnue de
changer la longueur de la bûche des bois de
chauffage , sans de grands inçonvénrens pour la
formation des trains , le flottage et l'empilage ,,
I excédent qui avait été laissé à la membrure des-
tinée au mesurage , est devenu inutile, et qu'on
peut le supprimer ;
La lettre du minisire de l'intérieur, dtj 5 mes-
sidor , par laquelle , «n adiessant au préfet un'e
noie ou insiruGliou sur le riiode d'opérer lé chan-
gement dessiercs et doubles 'Stères qui sonp dan*
les chantiers, il le charge de la transmettre circu*
lairement à lous les marchands de bois, de leUr
fixer u,n délai pour faire vérifier et poinçonner
leurs 'njes,ures , et l'époqus- à''iaq.ucllc le mesu-
rage ne p<wjrfa se faire; <i%'»Vac Jw tnemlprure»
téduitei j
i386
Considérant qu'en opérant le changement pro-
poié par les marchands de bois , et autorisé par
le ministre de l'intérieur , le mesurage des bois de
chauffage ne continuera pas moins de se faire
dans les dimensions métriques ; ordonne ce qui
suit :
L'instruction adressée nu préfet par le minisire
de l'intérieur sur le changement à faire par les
marchands de bois aux stères et doubles stères qui
sont dans leurs chantiers , sera imprimée ; il en
sera envoyé à tous les marchands de bois un
exemplaire , ainsi que de la présente ordonnance.
Il leur est enjoint de s'y conformer avant le 3o
fructidor prochain', et de faire vérifier et poin-
çonner les membrures avant le l" vendémiaire ;
à l'expiration de ce délai , te mesurage ne pourra
plus se faire que dans les membrures réduites.
Il est enjoint aux marchands d'en avoir un
nombre suffisant pour (e service de leurs chan-
tiers. '
Il sera pris envers les contrevenans telles me-
sures administratives qu'il appartiendra.
Le f rejet de police, Dubois.
Par le préfet ,
Le secrétnire- général, signé. Pus.
'Changement à faire par tes marchands de bois aux
_ stères et doubles stères qui sont dans les chantiers.
En venu de l'arrêté du ministre de l'intérieur ,
qui ordonne que la hauteur qui excédait la tête
des monlans des membrurespour le mesurage du
bois , sera supprimée.
Les marchands de bois seront tenus , i° de faire
démonter la ferrure qui se trouve au sommet des
montans ;
2°. De faire couper ces mêmes montans à fleur
des entailles, en s'assurant toutefois qu'il restera
88 centimètres de hauteur depuis la plate-forme
jusqu'au sommet des montans ;
3". De rétablir une ferrure dans le même sens
qu'elle était ci-devant , sur toute la largeur de la
tête , c'est-à-dire , que ladite ferrure sera incrus-
tée de toute son épaisseur , et en retour sur cha-
que côté , pour être retenue avec deux broches
traversant te bois et rivées d'afBeureraent , ou par
des vis fraisées ;
4°. Enfin , que les têtes des- montans soient
établies bien d équerre à vivc-arrête , et que le
bois n'excède pas la ferrure.
Comme les membrures seront vérifiées de
nouveau , il est essentiel que les fabricans ou
marchands de bois s'assurent si elles ont les
autres dimensions réquisel et développées dans
rinstruction publiée à ce sujet par ordre du mi-
nistre de l'intérieur.
Paris, ce 5 messidor an 7 de la république.
Vu te ministre de l'intérieur, L. BonapaSte.
qui resteraient dans lesdits bateaux , de même
que celles qui auraient été , pendant le cours de
la vente . jugées défectueuses en les sonnant ,
seront jettécs à la rivière , dans la forme indiquée
ci-dessus.
VIT. Il est défendu à tous individus d'aller au-
devant des acheteurs , et de s'entremettre pour
leur procurer dos huîtres ^ainsi que d'entrer dans
les barquts. Les huîires seront portées sur la
berge , et livrées aux acheteurs , après les avoir
sonnées.
VIII. A l'égard de la vente des huîtres amenées
parterre, il est également défendu d'aller au-
devant des voitures , sous prétexte d'acheter ou
retenir des paniers d huîtres , comme aussi de
les acheter , choisir ou marquer sur les voitures ,
avant que la vente en gros soit ouverte , et de
remettre les paniers à ceux qui prétendraient les
avoir marqués ou retenus, soiten route , soit dans
les voilures.
IX. Chaque panier d'huîtres blanches devra
contenir 48 douzaines, et le demi-panier et le
quart à proportion.
X. La vente des huîtres en bateauaura lieu tous
tes jours sans exception , aux heures déterminées
pour la vente des marchandises sur les ports.
Qjiant à la ve'iite des huîtres à la rue Montor-
gueil , elle ne se fera que dans la matinée depuis
sept heures jusqu'à dix.
Pendant les heures de la vente , il ne pourra
être rt ndu ni au regrat , ni au détail , des paniers
d'huîtres , dans les endroits ci-dessus désignés.
Les paniers d'huîtres invendus pourront êtfe
déposés par le marchand chez qui bon lui sem-
blera , pour y être vendus comme les autres
comestibles.
XI. Il est défendu d'exposer en vente , et de
crier des huîtres en public , depuis le 1" floréal
jusqu'au l" vendémiaire.
XII. Il sera plis envers les contrevenans aux
dispositions ci-dessus , telles mesures administra-
tives qu'il appartiendra ; ils seront en outre pour-
suivis conformément à la la loi du ig r= 22 juillet
1791 (v. st.) au code des délits et des peines du
'3 brumaire an 4 , et aux autres lois et réglemens
de police qui leur seront applicables , et notam-
ment aux ordonnances des 12 septembre 1788,
et 23 septembre 1790.
XIII. La présente ordonnance sera imprimée,
publiée et affichée; elle sera envoyée aux auto-
rités qui doivent en connaître , aux officiers de
police , et aux préposés de la préfecture , pour
que chacun , en ce qui le concerne , en assure
la stricte exécution.
Le préfet , signé , Dubois.
Par le préfet, le secrétaire-général , signé. Pus.
Ordonnance concernant ta vente des huîtres. —
Du ï" fructidor , an 8 de la république française ,
une et indivisible.
Le préfet de police ,
Considérant que pour prévenir les abus dans
la vente des huîtres à l'écaillé il importe de
rappeler les dispositions non abrogées , des ré-
{[lemens de police reirdus sur cette matière ;
Ordonne ce qui suit :
Art. I'^. Les huîtres amenées à Paris , conti-
nueront d être vendues aux endroits qui leur
sont affectés , savoir :
Celles venant par eati, à l'endroit du port Ni-
colas , appelé le port aux Huîtres ,-
Et celles venant par terre , dans la rue Montor-
gueil , près la cour Mandar.
II. Les huîtres devront être* exposées en vente
de la mênae manière et dans les mêmes paniers
qu'il est d'usage de les expédier ; et elles devront
être livrées aux acheteurs directement, sans au-
cun intermédiaire , et telles enfin qu'elles auront
été amenées ; c'est-à-dire , bonnes , loyales, mar-
chandes et non mélangées.
III. Les commissaires de police, le commis-
' taire des halles et marchés , et les inspecteurs des
ports , sont autorisés à examiner si les huîtres
sont saines , et à cet effet d'en faire ouvrir quel-
ques-unes qui seront prises au hasard.
IV. Les huîtres gâtées venues par bateau , seront
jtettées à là rivière , aux endroits désignés ; et
celles amenées par terre , qui seraient gâtées , se-
ront conduites à la voierie ; le tout aux frais du
.vendeur, procès- verbal préalablement dressé,
l'expertise , si elle a eu lieu , constatée , et expédi -
tion du procès-verbal remise dans le jour à la
préfecture de police.
V. Il n^ pourra être transpctfté , ni exposé en
.vente à la rue Montorgueil , des huîtres venues
par eau, ni conduit et vendu sur le port, des
.Jiuîtres venues /)ar fêrrç.
VI. Les bateaux d huîtres ne pourront 'rester à
port , ni garder planches pour la vente plus de
finq jours , ^près- lequel- tems'-,- toutes les huîtres
Extrait du registre des arrêtés du préfet de la
Correie , du 1" fructidor an 8.
iCejourd'hui i" fructidor an 8 , huit heures
du matin , les «eize citoyens désignés par l'arrêté
du préfet du 18 thermidor dernier , pour former
le premier noyau d'une société libre d'agricul-
ture au chef-lieu du département, s'étant réunis
dans la salle des séances de la préfecture , le
préfet du département s'y est rendu
Le secrétaire a lait lecture de l'arrêté du 18
thermidor , ensuite le préfet a prononcé le dis-
cours suivant :
)' Je vous ai convoqués, citoyens, pour for-
mer le premier noyau d'une société d'agri-
culture. ^
i) Ces sortes d'institutions conviennent sur-tout
dans les nouvelles circonstances où la révolution
nous a placés. L'instinct de la liberté semble
avoir , en effet , donné une nouvelle, énergie à
l'agriculture. Le cultivateur , fier sans doute de
voir son champ libre comme sa personne , s'y
attache plus fortement , et semble l'arroser plus
volontiers de ses sueurs ; et déjà l'on observe
dans presque toutes les parties de la France que ,
malgré la multitude des bras qu'une guerre de
neuf ans lui a enlevés , l'agriculture a pris gé-
néralement une phisionomie plus riante et plus
animée.
)) D'ailleurs il est peu de départemens dans
la république oiî une société d'agriculture ftit
plus désirable qiiei dans celui de la Correze.
>> Une contrée d'une très-vaste étendue , oti
les terroirs sont aussi variés que la température ,
oii presque tous les climats de la France se trou-
vent réunis , où par conséquent tous les genres
de culture sont applicables , une telle contrée ,
dis-je , était plus susceptible qu'aucune autre de
mériter et d'obtenir une de ces réunions civiques
qui ont pour objet de perfeclionnerje premier ,
comme le plus utile des arts.
1) Vainement on voudrait se le, dissimuler;
tant que les progrès de l'agriculture seront aban-
donnés à la tardive expérience et aux faibles
ressources du cullivateur , ils seront presque
toujours retenus par l"nabitude ou les préjugés ,
I l'ignorance ou la routine.
H II faut donc chercher à vaincre cts obsta-
cles , et l'on ne peut y parvenir que par une
continuité d'études et d'observations commu-
nes sur les meilleurs moyens de fertiliser des
terres si étrangement diversifiées , en leur appli-
quaniles divers genres de culture dont elles sont
susceptibles.
)i II ne faut cependant pas trop donner d'in-
fluence à la théorie et aux abstractions de l'es-
prit. La nature veut qu'on l'épie , qu'on l'ob-
serve de près , et sui-iout qu on la prati(jii«.
C'est principalement en fait d'agriculture qu li
est vrai de dire qu'il vaut mieux agir que
parler.
>) Aussi ne manquerez-vous pas , citoyens , de
vous associer le plus grand norabi'e possible de
ces agriculteurs précieux , qui , vivant au milieu
des champs et placés plus près de la nature ,
sont aussi plus à portée de faire des expériences
utiles et de cultiver avec succès les diverses bran-
ches de l'économie rurale.
" Citoyens , une idée consolante vient ajouter
encore aux espérances que déjà vous faites naître.
Les sociétés d'agriculture , outre leur but direct
d'utilité publique, présentent un autre avantage
moral bien précieux, sur-tout dans les départemens
qui, comme le nôtre, sont plus isolés et plu's
éloignés de la capitale ; j'entends parler -de ce
lien de rapprochement et de civilisation , qui ré-
sulte d'un commerce doux et habituel de con-
naissances et d'obseivaiions communes ; souvent
une société d'agriculture n'a été que la première
pierre d'un établissement de belles-lettres.
Il Quoiqu'il en soit , citoyens , j'abandonne
à vos lumières et à votre sagesse le soin de
vous organiser et de réglementer votre associa-
tion de la manière que vous croirez la plus
propre à produire les heureux effets qu'on doit
en attendre. Le gouvernement , à qui je vais
en rendre compte, apprendra avec intérêt,
j'en suis sûr , la nouvelle de votre formation;
quant à moi, dans la place qu'il m'a confiée,
vous me trouverez toujours disposé à seconder
vos vues bienfesantes de tous les moyens qui
seront en mon pouvoir, ii
Le préfet s'est ensuite retiré, laissant la nou-
velle société à ses délibérations particulières.
Nota. Celte nouvelle société compte parmi
ses membres , le citoyen Delort , membre da
cOrps-législaiif , et les citoyens Penieres et Bar-
thelemi , tribuns ; son nombre est de trente.
VARIETES.
De M. de Sarttnes et de Joseph II,
Aucun prince n'a peut-être été moins heureux
en innovations ei en établissemens politiques dans.
ses états que l'empereur Josep II. Il en essayai!
un très-grand nombre à la fois, et mettait souvent
trop d'importance à des objets dont l'autorité
souveraine ne peut se mêler sans se rendre ridi-
cule ou odieuse ; ce qui est toujours un trèsr
grand mal. Quoi qu'il en soit de sa manière de
voir et de sa conduite en cela , on rapporte que
ce qu'il avait le plus à coeur, était d établir à
Vienne ce qu'il appelait une bonne police. Celle
qu il avait vue à Paris était l'objet particulier de
son admiration ; il ne pariait jamais de M. de
Sartines , sous ce rapport , que comme du pre7
mier homme d'état de son siècle. Il imitait en tout
les établissemens de celui-ci, pour donner à la
police de Vienne la même tenue et le même or-
dre qu'on remarquait dans celle de Paris. Le»
soins qu'il s'était donnés à cet égard , lui parais-
saient être suivis d'un plein succès , et il préten-
dait avoir surpassé son modèle dans l'objet qulJl
s'était proposé. Mais une circonstance particu-
lière lui prouva qu'il s'était trompé encore à cet
égard , qu'il ne suffisait pas d'organiser des bti-
reaux pour avoir une police , et qu'il lui maii-
quait des hommes assez intelligehs et assez déliés
pour la diriger.
Un criminel , né son sujet et qui avait commis
des atrocités dans ses états , s'était retiré à Paris ;
la police de Vienne ayant eu connaissance de sa
fuite etdu lieu de son refuge , en avertitjoseph II
qui ordonna à son ambassadeur près la cour de
France de demander que le coupable fut arrêté
et remis entre les mains de la justice. ;
M. d'Argenteau s'étant en conséquence adressé
à M. de Sartines , le magistrat lui dit que l'em-
reur n'était pas bien instruit ; qu'en effet 1 homme
dont il lui parlait était venu à Paris , et que si cela
lui fesait plaisir, il lui dirait où il avait logé , les
maisons de jeux et autres lieux de débauche qu'il
avait fréquentés pendant son séjour; mais qu'il
était reparti.
L'ambassadeur persuadé , comme son maître,
que la police de 'Vienne était supérieure , ou tout
au moins aussi exacië qiie celle de Paris, assu-^
rait positivement que le criminel êtail'à Paris , qu'il
en était certain , qu'autrement l'empereur ne lui
aurait pas ordonné de faire cette demande.
M. de Sartines se mit à rire de l'incrédwUté^e,
l'ambassadeur , et lu(i'dit^:«',M,oasieur , inforniez ,
f> je vous, prie, l'empereur votre maître, que
»» celui qu'il fait chercher a quitté Paris le lo du
>» mois dernier , et qu'il est maintenant à Vienne
5' même, logé dans une chambre donnant sur un
ï> jardin , au troisième étage , rue de. . . , n". . . ,
u 011 sa majesté peut être sûte de le trouver, n
La chose était comme M. de S.irtincs l'avait
annoncé. Le coupable tut arrêté à Vienne, dans
le lieu précisément tel que la police de Paris en
avait donné la notice ; mais ce ne fut pas sans un
secret dépit de la pan de Joseph II qui voyait,
dans cet événement une preuve évidente de l'im-'
puissance de sa police de Vienne , et de la supé-
riorité de M. de Sanines sur lui en cela.
PlîUCHEÏ.
Histoire du Canal du Midi , connu précédem-
ment sous le nom de Canal de Languedoc ; par
F. S. Andréossy , génér.il de division , et inspec-
teur-général du corps de l'artillerie : un vol. in-
8° de plus de 400 pages , imprimé sur beau carré
fin d Angoulême , avec une belle carte de ce
canal.
Prix , 6 fr. broc. , et 7 fr. aS cent, port franc
par la poste. — En papier vélin , 12 fr. , et l3 fr.
s5 cent, port franc.
A Paris . chez F. Buisson , libraire , tue Haute-
feuille, n° 20.
Sous le titre d'^Histoire du Canal du Midi , l'au-
teur a écrit celle des progrès de la partie la plus
importante de l'architecture hydraulique. Ainsi
le discours préliminaire présente d'abord une
idée générale sur les différentes espèces de
canaiix , et des détails sur ceux d'épuisement et
en terrain élevé. Le général Andréossy fait con-
naître l'emploi que les bataves ont fait des pre-
miers , et comment les italiens perfectionnèrent
les seconds; il combat dans cette partie de son
ouvrage l'opinion de ceux qui contestent aux
habiians de l'Italie l'invention des écluses à
double porte, pour en faire honneur aux
chinois.
L'Histoire du Canal du Midi est divisée en
sept chapitres , dont quelques-uns sont subdi-
visés en sections; elle contient en outre des
pièces justificatives , des tableaux très-iniéressans ,
l'itinéraire du canal, et des notes historiques et
littéraires sur la ci-devant province de Lan-
guedoc.
Le premier chapitre est divisé en trois sec-
tions , oîi se trouve le projet dû canal du midi
déduit de la considération des cours d'eau du
Îiays ; le résumé de la marche des eaux depuis
a Montagne-Noire jusqu'ati point de partage ,
et un àpperçu du canal depuis le point de par-
làgejusqu'à ses deux seuils. On retrouve dans
ce chapitre ces ingénieuses applications dont le
général Andréossy donna le premier l'exemple
dans ses deux mémoires sur les lacs de Natrou
et de Menzaléh,
. Dans le second chapitre , l'auteur expose les
rapports qui existent entre le canal du midi et
les étangs , tant maritimes que de lintérieur , qui
sont dans son voisinage; on y trouve encore
des considérations sur la formation des plages
plates du ci-devant Languedoc , au moyen des
attérissement causés par le courrant littoral et
l'action des vents qui agitent et soulèvent les sables
de la mer.
Le troisième chapitre , subdivisé en quatre
sections , présente l'analyse du tracé et des ou-
vrages d'art du canal. L'examen de ces ouvrages
est celui d'un homme supérieur , qui rectifie en
iraprouvant , et perfectionne quand il approuve.
Il ne borne point ses vues au plus haut degré
de perfectionnement de ce beau monument,
mais les étendant autant que son sujet le permet ,
il propose encore les moyens de parer aux acci-
dens qui menacent de fermer les ports d'Agde et
de Cette. Ce chapitre est terminé par deux ta-
bleaux : le premier indique la quantité d'eau
partie du point de partage dans les années 1784 ,
1785 et 1786, et le nombre des barques qui
voguèrent sur le canal dans celte période de
tems ; le second contient les dimensions de ce
bassin de Saint-Ferriol , que Bélidor appelait
lé plus grand et le plus magnifique ouvrage des
Modernes.
Le générai Andréossy, dans le chapitré qua-
trième , torapare le produit des sources et des
jjriics d'eau a la consommation qui s'en fait ; il
i'occijpe de i'iiiHuence des filtrations et de l'éva-
poraiion sur les eaux qui arrivent au point de
partage , et sur celles qui-se distribuent de ce
jioint .lux deux versans. Il calcule la masse
d'eau nécessaire au remplissage du canal du
Midi , cl fait rematquer l'insumsancc du réser-
voir de Lampy pour alimenter le canal de Nar-
bonne.
Le cinquième chapitre contient des projets
))Our augmenter le volume des eaux , sans ôter
a I agriculture celles qu'elle piend au canal du
Midi i il parait qu'un réieryoi^ coiistri{it^ai3J le
1387
Vallon du Sor procurerait ce double avantage.
L'auteur présente des considérations du plus
grand inléiêt sur la conservation des forêts.
Le chapitre sixiem* est consacré au parallèle
entre l'ancien mode d'admiiiistriHion et le nou-
veau ; on y trouve le tableau progressif des re-
ceiles, dépenses et produits du canal, depuis
I(i86 jusqu'en 1791. L'objet du chapitre suivant
fera ietilir aux aines délicates pourquoi l'auteur
dans celui-ci , s'occupe des droits de la f. mille
de P. Riquet .à la propriété du canal du Midi.
Le général .\ndrcossy coniiiience le chapitre
septième en disant :)> Les liotnmes qui se sont
rendus vraiment utiles par leurs travaux ou par
leurs, découvertes , méritent que leurs noms
soient dérobés à la nuit de l'oubli. Si leurs des-
cendans n'en retirent d autre avantage que celui
de compter un homme de génie parmi leurs
ayeux , ce sentiment flatteur p'roduit , du moins
dans leur ame , cette noble et vertueuse émula-
tion qui nous attache plus fortement à nos de-
voirs , et nous rend dès citoyens dignej de la
patrie.
" C'est le désir de se survivre , si puissant sur
les âmes fortes et sur ceux que la nature a doués
de génie, qui produit les grandes actions, les
belles découvertes , et qui enfante ces projets
dont l'exécution ,' à la fois utile et glorieuse , fait
l'admiration de tous les âges, n
Après ce début qui caractérise l'historien, le
motif de sa dédicace (i) et l'objet de sa réclama-
tion, il se présente au nom de la piété filiale , de
la justice , et demande pour l'un de ses auteurs ,
T. Andréossy , le titre de créateur du canal du
midi.
La nature des pièces qu'il soumet au public , et
leur authenticité, forment une évidence irrésis-
tible. L'âge de P. Riquet , l'aveu de son igno-
rance en architecture hydraulique et eq mathé-
matiques , aveu fait par ceux-là même qui l'ont
présenté aux respects de la postérité (1) , les plans
manuscrits de T. Andréossy, le mémoire de cet
homme de génie , sa dédicace à Louis XIV ,
tout dans cette controverse ne laisse que le
sentiment de létoniiement sur la puissance du
crédit qui , pendant plus d'un siècle , détourna
les rayons de la gloire., er usurpa l'immortalité.
Le bel emploi que P. Riquet fit de sa fortune ,
la confiance qui! montra au jeune Andréossy,
âgé de 27 ans , prouvent qu'il avait ce tact pré-
cieux qui découvre le génie 1 cette élévation
de sentimens qui nous porte.au. grand , et sous
ces rapports l'entrepreneur cïy canal du Midi à
des droits à la reconnaissance ij.^tionale.
Le généra! Andréossy a terminé son ouvrage
par des notes historiques e( littéraires sur la ci-
devant province de Languedoc, dans ce cadre
agréable par lui-même , et p^r la manière dont
il est rempli , on trouve les noms des hommes
illustres qui honorèrent cette partie de la répu-
blique ,, et ceux des savans , hommes, de lettres
et ariiites dont les travaux ou la naissance les
attachent à celte division du territoire français.
Parmi ces derniers , on distingue les citoyens
Darcet et Chaptal auxquels lés sciences doivent'
les plus intéressantes recherches , et des travaux
qui simplifient et perfectionnent les, arts de la
métallurgie , de la verrerie , de la poterie.
Montpellier, dit l'auteur, u se glorifiera d'avoir
donné le jour à ce magistrat qui , dès sa jeu-
nesse se fit un nom dans la législation , t-j en
devint l'oracle à la tribune des assemblées natio-
nales ; une sagesse supérieure , une série crois-
sante de services constamment utiles , l'ont liré
de l'obscurité philosophique où il vivait dans
l'exercice de ses talens, pour l'élever à la seconde
dignité de la république. !)
Les .hommes de l'an trouveront dans fet ou-
vrage des apperçus utiles , des discussions lumi-
mineusés et Celte étendue de connaissances qui
réfléchit sur chaque objet la lumière des sciences
accessoires.
,, , ,^ Ferdinand Bayakd.
-' '-'i''il
régiment des gardes , l'école muiicale qui en
fesait partie sous le nom de dépôt, et que ses
agréables exercices du soir. dailS l-fes beaiix jours
d'été, le long du boulevard d'Anlin. avaient
déjà rendue célèbre, allait subir la même dis-
persion , et les enfans qu'on y instruisait , privés
d'asyle et de ressources , éiaient menacés de la
plus affreuse misère. — Un particulier, que son
état rendait fort éfranger à ce dépôt, puisqu'il
n'est ni musicien, ni militaire; un commerçant
à qui le sort avait fait donner dans son di irict
le conimaiidement de la division où le dépôt
était enclavé, prend sur lui le soin deces^nlans
que sa seule humanité lui recommande ; il les
recueille , leur obtient un logement provisoire,
fait les avances de leur noiirriiure , p.u risqué
de n'en êire jamais remboursé, parvient à force
de demandes et de soins à leur assurer les secours
les plus urgcns . et à persuader à l'autorité mili-
taire qu'il est de son intérêt de conserver unô
institution aussi utile; que la rriusique instru-
mentale flônt l'effet particulier est d'enflamer
le courage , devait entrer pour beaucoup dans
les événemens qui se préparaient. Par la suite ,
et dans des tei^.s encore plus difficiles furent
posées les premières bases du conservatoire ,
sous le titre d'institut national de musique.
Le plan du citoyen Sarrele s'était prodigieuse-
ment agrandi , à mesure que ses succès étendaient
le champ de ses espérances. Ce n'étaient plu»
quelques malheureux enfans qu'il sauçait de
l'abandon , c'était l'art musical même qu'il déro-
bait à la destruction dont tous les autres étaient
menacés; ce n'é:ait plus une petite école de
musique militaire qu'il voulait établir , c'était un
vaste collège où seraient enseignées toutes le»
parties de la science musicale , offrant à la foi»
une ressource et des moyens d'instruction à de
jeunes élevés, que la suppression des chapitres
en avait privés; une occupation honorable à
une foule de professeurs qui commençaient à en
manquer , et un piétexte aux bienfaits du gou-
vernement, en faveur de nos compositeurs le»
plus distingués. Ainsi naquit, se forma , se con-
solida le conservatoire de musique , dont le»
progrès , rendus publics chaque année à la dis-
tribution des pris donnés aux élevés, attestent
assez l'utilité. Ce précieux établissement est dû
aux soins constans , aux courage infatigable , à
la rare habileié d un homme passionné pour les
arts ; qtld cependant ne possède celui de la
musique que comme tous ceux qui reçurent
dans leur jeunesse une éducation soignée mais
ordinaire, et qui probablement , s'il l'eut prati-
quée lui-même , n'aurait pas obtenu les mêmeS~
succès.
Ce n'était pas assez pour les professeurs ,
pour les inspecteurs de l'enseignement, que des
leçons fussent données sur toutes les parties de la
musique, ils ont pensé qu'il leur convenait de n'ea
donner que d'après une méthode qui leur fût
propre, qui fût le résultat de leur réunion.
L'un d'eux , le citoyen Gossec , se chargea dç
préparer le travail ; la rédaction en fut examinée,
disculée , amendée par la commissiori nommée à
Cet effet, composée des citoyens Chérubini, Lan--
glè , Lesueur, Catel , Martini, Mèhul, Gossec,
auxquels le citoyen Lacépède, de l'institut natio-*
nal, voulut bien s'adjoindre. Des noms aussi im-
posans , une réunion de talens aussi distingué»
ne peuvent que donner l'idée d'un excellent ou-
vrage. Il en est résulté la méthode dont nous
annonçons la première partie. La seconde trai-
tera'de l'harmonie , des accoids ; et la troisième,
de la composition , c'est-à-dire de l'art de le»
employer.
Cette première contient, comme toutes les ra'éthp-
des connues, les élémens de la lecture , la forma
des notes , leurs noms , leur durée , leur position
sur les lignes , leur intonÀion , l'ordre graduel
de ces séries nommées échelles, et qu'encore
Principes élémentaires de musique , arrêtés par
les membres du conservatoire , pour servir à l'étude
dans cet établissement , suivis de Solfèges, par. les
citoyens Agus , Catel, Chérubini, Gossec,
Langlé , le Sueur , Mèhul et Rigel : première
parue. , ,
A Paris à l'imprimerie dû conservatoire , fau-
bourg Poissonnière.
L'établissement du conservatoire de musique
s'élevant sans cesse , du sein même de la des-
truction , son existence est une pr^euve de tout
ce que peut l'amour éclairé des arts , soutenu
d'une constance à toute épreuve.
En 1789, parmi le désordre , que le 1,4 juillet
répandait dans Paris; après la dissolution du
(i\ Cet ouvrage est dédié au premier consul de
la république,
(a) Histoire du.canal de Languedoc.
aujourd'hui on appelle gammés , quoique cette
■ dénomination ne leur convienne plus , etc.
I D'après le règlement du couservaloire , et sur-
I tout d'après le désir bien prononcé des mera-
, bres , d'élever l'an qu'ils professent au plus haut
degré auquel il puisse atteindre , à mesure qu'ils
découvriront , soit par eux mêmes , soit par les
I observations qui leur seront présentées , quelque
I perfectionnement à faire à leurs méthodes , ils
I s'empresseront de le saisir et de le rendre public.
Ils en préparent d'autres dans le même esprit,
pour tous les instrumens qui s'enseignent au
conservatoire.
Les auteurs de la méthode que nous annonçons
n'ont cru devoir se permettre aucune innovation
dans la manière d exposer les principes; mai»
c'est sur-tout dans les solfèges qui en suivent ,
l'énoncé, qu'on retrouve tout le mérite de ceux
qui les ont ctmlposés. Les exercices sur toutes
les gammes , sur toutes les difficultés dont l'ex-
pljcalion précède , accortipagnés d'une basse
aussi ingénieuse qu'élégante et correcte , meii'ent
cette méthode fort au-dessus de toutes cellel
qui ont paru jusqu'à cejour.
F R Atif £ R y.
i38S
ffeuvelle déeowertt sur la fabrication de l'acier ,
reconnu égal à celui d Angleterre , d'après le
procès-verbal ci-après.
Aujouid'hui «4 prairial , an 8 de la républi-
que , à Sept heuVes du soir , en vertu de TinviiM-
tion à nous faite par le citoyen François -Louis
Guerin-Sercilly , chef de bataillon , commandant
la place de la Ciotat , de nous trouver à une
expérience qu'il projeiiaii faire dans remplace-
ment de l'ancien Saint-Sauveur, pour la fabrica-
tion de l'acier par cémentation , ainsi que du
procédé qu'il employait relativement aux limes
et tous auires outils et pièces qui ont besoin d'être
acérées pour servir , et auquel il obvie au moyen
de sa cémentation et de sa trempe ; à quoi obtem-
pérant et désirant encourager par tous les moyens
possibles, une découverte qui povvait être utile
aux arts et au besoin public.
Nous Charles Delacroix , préfet du département
des Bouches-du-Rhône , nous y sommes iranspor-
lés conjointement avec le cit. Lecointre-Puyraveau,
commissaire-général de police de celle commune
cle Marseille , et là . en notre présence et celle de
Î)lusieurs artistes qui se trouvaient réunis audit
ocal , le cit. Guerin-Sercilly nous a présenté plu-
sieurs tas des bigornes, petites enclumes, marteaux
de toute espèce et deux cents paquets de lime et
outils de divers échantillons , lesquels après ex-
périence laiie, avons reconnu n'être que de fer ,
et de suite ledit citoyen Guerin-Sercilly a procédé
à la mise en caisse de tous les objets ci-dessus,
garni de son cément , laquelle opération faite ,
ladite caisse a été mise dans un four à réverbère
de sa composition , lequel a été lutté devant
flous, et le feu y a éié mis en notre présence ,
nous ajournant au 26 du courant neuf heures du
malin , d'après la demande du cit. Guerin-Sercilly
pour être présens à l'ouverture dudit four, et à
la trempe desdiis objets qui devait s'ensuivre:
dont du tout avons fait le présent procès-verbal ,
pour servir et valoir ce que de raiion , et avons
signé. Marseille lesdits jours et an que dessus.
Signés, Charles Delacroix, le commissaire-
général Lecojnte-Puyraveau.
Aujourd hui s6 prairial , an 8 de la république,
à rteuf heures du malin , en venu de notre ajour-
nement en date du 94 courant, nous Charles
Delacroix, préfet du département des Bouches-
4u-ilhône, nous sommes transportés dans l'em-
placement de l'anciei) Saint-Sauveur , sis en cette
commune , rue de Nuit , pour assister à l'ou-
verture du four de cémentation du cit. Guérin-
Sercilly, chef de bataillon, commandant la place
de la Ciotat , lequel en notre présence et celle
de divers artistes , a fait ouvrir ledit four qui
avait été lutté devant nous , et de suite en a fait
retirer une caisse , laquelle nous avons reconnue
être celle qui avait éié mise en noire présence ,
e. a procédé ensuite à sa trempe au moyen de
l'immersion qu'il a faite de tout le contenu de
la dite caisse, dans un réservoir préparé par
lui a cet effet : ladite opération faite , ledit
citoyen Guerin-Sercilly, nouî à représenté sortant
de ladite trempe , toutes les pièces qui y avaient
Clé misés et dont nous avons fait mention dans
noire précédent jKOcès-verbal, lesquels éprouvées
devant nous ,*par des ouvpiers et artistes à ce
connaissans, ont été trouvées de la meilleure
<rcmpe et telles que l'étranger rl'en a jamais intro-
duit de meilleure en France , ce dont il nous a
été aisé de nous convaincre, envoyant que des
limes anglaises n'ont pas pu mordre sur aucun
des o'ojets cémentés et trempés par le cit. Guerin
SerctUy , et qu'au contraire ses limes ontj^ris sur les
lijnes anglaises et les ont fortement endommagées;
de plus , il nous a été présenté un outil qui ,
cassé en noire présence, a présenié le gr»in
d'acier égal à celui d'Angleterre , et reconnu
ar les ouvriers pour être d'un aussi bon usage ;
ont du tout avons fait le présent procès-verbal ,
pour servir et valoir ç^ que de raison , et avons
tigné.
Marseille , lesdits jours et an que dessus.
Signés Charles Delacroix , et Cartaurot ,
Bancal, L. F. Jacquinet et Jean Buret,
artistes.
Suite du cours publie du citoyen Aubry , géomètre ,
tur lapplitation du calcul décimal à toutes les
ep>érations d'administration de finance , de banque
4t de commerce de tous les pays de la terre.
Seconde lEçoN.
^. III. De la manière de se servir de la table
■ universelle des fractions pour celles dites dt ia pre-
'miere classe, (r)
Rien de si aisé que d^ is^fAr se servir de
cèttt table pour les fraction* de première classe.
s:
(r) Le lecteur voudra bien se ressouvenir que
cette table Se trouve dans tous les ouvrages du
ciloyen Aubry , dont nous avons donné la note
dans le Moniteur du 3 messidor , et que l'on se
ptocnre chez Moreati , libraire , quai des Augus-
lihs , n^ 48.
C'est de considérer nn pied courant comme
le 6= d'une toise courante , un pied quarré comme
un 36'de toise quarrée, un pied comme un
216' de toise cube, un setier de giain comme
î^ de rauid , un boisseau comme -^ de selier,
un litron comme 17 de boisseau , une vclie
comme ^ de muid , une^inte comme \ de velte,
une once comme yz de livre , un gros comme
un I d once . un grain comme ^ de gros, un
sol comme ^ de livre tournois , un denier
comme -5^ de sol , -etc. etc. , et chercher en
conséquence à chacune de ces fractions les nom-
bres décimaux correspondans.
Avez-vous en eiFet 38 lieues un quart? vous
alTcz à la fraction un quart , et comme vous y
voyez écrit o,25o , qui veulent dire sSo millièmes
(autrement le quari de 1000 millièmes), vous
joignez celle quantité fractionnelle aux 38 lieues ,
comme ceci , 38,25o lieues.
Avez-vous 3 auiies -^ ? vous allez à la frac-
tion ^, et comme \ous y tiouvez 0,437. qui
veulent dire 437 millièmes , vous joignez celle
quanliié fractio.inelle aux trois aunes , comme
ceci. 3,437 aunes.
Avez-vous 7 toises 4 pieds courans ? comme
4 pieds sont les | idè 6 pieds , vous allez à f , et
vous y prenez 0,667 , qui veulent dire 667 mil-
lièmes , que vous joignez au 7 toises , comme
ceci , 7,667 toises.
Avez-vous 8 pieds 5 pouces courans ?Comme
5 pieds sont les -^ du pied , vous allez à -n- d
vous y prenez 0,417 qui veulent dire 417 mil-
lièmes , ijue vous joignez aux 8 pieds , comme
ceci : 8,417 pieds.
Avez-vous \h^ loises quarrées, sa pieds quarrés ,
Comnii' il laul 36 pieds quarrés pour faire une
toise quarrée , vous allez à fj- qui sont la même
chose que ^ (1) , et vous y piencz 0,611 qui veu-
lent dire 611 millièmes , que vous joignez aux
157 toises quarrées , comme ceci : i57,6ii loise»
quarrées.
Avez-vous 19 setiers 7 boisseaux de grains ?
Comme 7 boisseaux sont les -j^ d'un setier de
grains . vous allez à -^ et vous y prenez 0.5S3
qui veulent dire 583 millièmes . que vous joignez
aux 19 setiers , comme ceci: 19, 583 setiers.
Avez-vous 68 livres g onces .•" comme les 9 on-
ces (ont les Yï de la livre , vous allez à ^ et vous
y prenez o,562 qui veulent dire 56i millièmes, que
vous ajoutez aux 68 liv. , comme ceci : 68,562 iiv.
Avez-vous enfin 17 Viv. 19 sous ? comme 19 s.
sont les ig vingtièmes de la livre tournois , vous
allez à ij et vous y prenez o,g5o , c"est-à-djre ,
gâomilliemes.qué vous ajoutez aux 17 liv. comme
ceci: 17,950 liv. tournois.
Comme on voit , il n'est rien de plus facile que
celte transformation des fractions ; sur-tout quand
elles sont naturellement des raoijiés , des quarts des
6", des 8", des ia'%desi6=', des 24*', des 36" etc.
et autres fractions dont on peut prendre la moi-
tié , ou le tiers , ou le quart ; mais comme il en
est qui présenient aussi quelques difficultés, telles
que les mesures agraires et de capacité, qui se
divisent souvent en plusieurs centaines de par-
ties, les mesures quarrées et cubiques qui se di-
visent en bien plus grand nombre , et les frac-
lions de fractions toujours esseniiellement com-
pliquées, ce sera la matière des paragraphes qui
vont suivre.
Au Rédacteur.
Paris, teS fructidor an S.
Citoyen' , je ne suis pas aussi savant que ceux
qui plaident éloquemment dans les journaux ,
pour et contre les projets proposés pous fournir à
Paris des eaux salitbres et abondantes; mais je
vois avec mon gros bon sens , que depuis que
nous nous fions aux machines pour nous en four-
nir, nous en manquons toujours ; que ia su-
perbe machine de Marly a toujours fait plus de
bruit que de besogne , et qu'elle a passablement
coulé....; que Veisailles et Paris sont à sec,
malgré notre grande supériorité sur les grecs
et les romains en hydraulique ; tandis que
l'aqueauc d'Arcueil , par lequel l'eau arrive
tout bêtemenl à la hauteur de l'Estrapade ,
est encore une de nos plus grandes ressources ;
taudis que cette nouvelle rivière de Londres,
creusée sans luxe et sans dépense , coule depuis
deux cens ans , et abreuve , sans interruption , les
habiians de cette grande cité. '
Enfin , j'ai vu avec adrnîration que ces canaux
et ces aqueducs , kL gauchement imaginés par les
romains il y a deux mille ans , fourrtîasent à tous
les coins de Rome, aujourd'hui même encore,
des fontaines jaillissantes qui m'ont paru pré-
férables aux superbes fontaines, sans eau , dé-
laissées par nos savantes mécaniques. D'où je
conclus que nous ne ferions pas mal d'avoir aussi
quelques-uns de ces grands ouvrages qui peu-
vent facilement laver, purifier, abreuver, dé-r
corer une ville comme Paris , et donner ant.
haute idée de ses habilans à la postérité ; le plus
cher dans ce cas serait le meilleur marché.
MAfiCEL , bon habitant de Paris.
AVIS.
La aianufacture nationale des porcelaines de
Sèvres , s'occupant de renouveller les formes ec
modèles de ses marchandises , donne avis qu'elle
fera vendre à l'enchère, à Paris , le 21 courant et
jours suivans , toutes les porcelaines ancienne»,
tant blanches que décorées , qui existent encore
datis ses magasins. Cette venie aura lieu au palai»
national du Louvre , dans une salle qui sera in-
diquée par de nouvelles affiches.
L I V R E S D I V E R S.
Entomologie ou hisioire naturelle des insec-
tes , avec les différences sjjécifiques , la descrip-
tion , la synonymie et ta figure enluminée de tou»
les insectes connus , giaiid in-4°, par le ciioyea
Olivier , membre de l'institut national , 23= U-
vraison.
Cet ouvrage , retardé par un voyage de six
années que 1 auteur a fait , par ordre du gouver-
nement , dans les contrées orientales, sera bien-
tôt terrniné: il contiendra cinq volumes, ou à
peu près 26 livraisons. Celle que nous annonçons
aujourd ui for^e les Irois quarts du 4»^ volume
et comprend le discours de 56 planches.
On peut s adresser à l'auteur, rue Doraininue-
denler, n° 73^. .^ez Carette, à la place Ven-
dôme , n» „. Baz.in , marchand d estampes .
rue Serpente , Tllliard , libraire , rue Pavée^
Andre-des-Arts.
OpuHuleandlyliqueim l'intégration des équation*
à différences finies , in-4'' , en italien.
Calcul intégral des équations linéaires , 1 vol.
in-4» , ital.
Traité de navigation , 8 vol. in-4'', à l'usage de»
marins, avec des planches.
A Paris . chez Bernard , libraire pour les ma-
thématiques, sciences et arts , quai des AugusUnî,
actuellement n° 3i.
Ces trois ouvrages distingués sont du fcélebré
Vincent Brunacci , professeur de mathématiques
et de navigation , à Livourne. On connait le»
taîens de ce matliéraaticien , émule de Masche-
roni et de Caoli.
Il vend aussi les principes du calcul algébrique^
par Caoli , 2 vol in-4", ave^ des planches.
Le pied dt Fanchette , ou le soulier couleur de
rose, par N. E. Resiif-la-Bretone , 5™* édition,
revue , corrigée et augmentée de plusieurs anec-
dotes curieuses et amusantes. L'auteur, en Icsy
ajoutant , n'a rien négligé pour que cette nou-
velle édition fol plus correcte que toutes celles
qui ont paru jusqu'à ce jour. La netteté de l'im-
pression et la beauté du papier, ajouteront encore
au plaisir qu'ont toujours éprouvé les lecteurs de
cet intéressant roman ; 3 volumes in-i8 ,fig. Pr»,
2 fr. S5 cent, pour Paris, et 3 fr. pour les dèparte-
raens.
A Paris ,' chez Cordiér et Lé gras , imprimeurs-
libraires, ïueGalande', n? 5o.
Bourse du i3 fructidor. -~- Cours des effets publict.
Rente provisoire. 18 fr. i3 c.
Tiers consolidé Ss fr. 88 c.
Bons deux tiers i fr. 5g c.
Bons d'arréragé 83 fr. 5o c
Bons po^r l'an 8 . 86 fr. 63 c.
Coupures 63 fr. 75 c.
Syndicat 64 fr.
SPECTACLES.
..d
(i) Ceci est fondé sur le principe qwe; toute
fraction dont les termes Sont en mêrtie rapport ,
doivent toujours exprimer les thèmes valeurs :
en effet , ta seizièmes , 6 huitiethts et , 3 ' quarts ,
sont exactement la mêrhe chose , par la raison
que 12 est à 16 cottirMe 6 est à 8, et cpnime 3
est à 4. Le lecteur voudra bieh s'e'ii ressouvenir
pour l'intelligendi des. deuit' paragraphes qui
suivent.
Théâtre de la Republiq^iJe et des Arts-^
Dem. k6* repr. de PraxiMleoulà Cein'.ure, opeii
' en un acte , suivi du ballet de la Dansemanïe.
y . Thé.*tre de la rue. Feydéau. Aujourditbî
les Fisitandines , opéra en trois actes , suivi- «fe'
Marcelin,
Théâtre du Vaudeville. Auj. Boursault ;
la i^r' repr. de Trois cintre un ou Âh ! que
fêtais bête ! et Ba,
erratum.
Dans le n*' 342 , 4' page , l'' colonne. Sa' lig.
l'aulirur de l'art poétique qui fut dédié àlnuio-
cent ni, dans le i3' siècle , ne se nommaiitpanJ
Gautier, mais Geoffroy de'VVinçpuf, ï! éiaitiaijgl/ç.
A Paris, de l'imptimeiie du cit. Agisse , propri^airË dti MaàttèUl;-, i?ue dôSPoittviaS'i «' iS'-
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 345.
Quintidi , 1.5 fructidor an 8 de la république française, une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripceurs qui dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel. j
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemehr , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 27 etiS août (geti o fructidor. )
Trois pour | coinsolidés 64 } j J i. — Pour
octobre 04 j 65 i. — Omnium 4 { j î.
Le capitaine Duvat de la marine est arrivé hier,
a6 août ou 8 fructidor, avec des dépêches de
lord Withworih. — M. Basilicd , un des messa-
gers de S. M. , en a apporté en même lems de
m. Paget , notre ministre à Florence , qui peu-
vent transmettre des avis encore plus récens que
ceux reçus de Vienne. Toutes ces dépêches ont
donné lieu à la tenue d'un conseil du cabinet .
où étaient présens le duc de Poriiand , les com-
tes de Spencer , Chatam et Liverpool, le lord
Grenville , MM. Pitt et Dundas. A la suite de
ce conseil qui a duré cinq heures , le capitaine
Uuval est reparti pour en porter lerésultal à l'ami-
f^\ Dickson , chargé de le faire parvenir à lord
Withworih. Rien n a encore transpiré de la né-
gociation de ce lord.
On mande d'Elseneur , en date du 16 août
6u s8 thermidor, que le vaisseau de guerre U
Romnef , commandé par sir Ho. ne Popham ,
ainsi que le lougre le Lark et un cutter , sont
arrivés dans ce port; mais que n'ayant point en-
core eu de communication avec la terre , on
ignorait l'objet de leur mission.
Le prix de la farine ayant haussé de 8 sh. 5 d.
par sac , quoique celui du blé ait baissé de 17 sh.
4 d. par quart ( mesure de 8 boisseaux ) , le lord
maire , après avoir entendu la comiia;;nie des
boulangers, s'est trouvé dans la dure nécessité,
coufounémeni à l'acte du parlement , d'augmen-
,»cr de 4 s. la livre le pain, à commencer d'aujour-
d'hui ( 28 août ou 10 fructidor). Le pain de 4 liv,
est fixé à I sh I j d. Si I on ne nous préserve
pas des accapareurs , ndus ne savons ce que
nous deviendrons. (Extrait du M^orning-Chronick.)
Extraits du Times . sg août ( 1 1 fructidor. ) —
Elseiieur , te ig août ( t" fructidor. )
L'amiral Dickson est avec sa flotte à Kulbn;
elle consiste en huit à neuf vaisseaux de ligne ,
deux frégates , plusieurs canonieres , et l'on dit
qu'elle a à bord des troupes de débarquement.
Des cutters croisent sans cesse dans la rade ,
vont et^eviennentauprès des vaisseaux anglais.
Le capitaine Popham a fait prévenir , le 16,
le Commodore danois Lutken qui croise dans
la rade avec quatre vaisseaux et une frégate, qu'il
passerait le Sund avec la 1" division ; mais
aucun vaisseau n'est encore entré dans le détroit.
Hier matin , le régiment Z^eland est arrivé
ici avec 100 hommes d'artillerie. Un escadron
de hussards est campé auprès de la ville. Deux
régimens ont dû marcher vers Friderickwick
et les côtes voisines. Dans la nuit du 17 au 18,
un courrier russe a passé par ici se rendant à
Slockolm.
Le Commodore Luiken ayant reçu hier un
courrier de Copenhague , a envové la nuit der-
nière un officier au capitaine Popham avec
des dépêches. A sept heures du matin le régi-
ment du jirince Fiédéiick est arrivé dans celte
place. Pendjnt ces trois derniers jours, des
détachemens de hussards ont fait des patrouilles
le long des côtes. Nous attendons avec une
extrême inquiétude I issue de celte contestation;
mail nous sommes tous sans exception exttê-
inent attachés à notre pays , à notre gouverne-
ment , et à la conservation des dioiis des na-
tions.
Extrait d'une autre lettre sous la mime date.
Une flotte anglaise de «5 vaisseaux de ligne
ou frégates, et dix transports, a paiu hier au
peoir et ce matin à la hauteur dAnholt.
Un vaisseau anglais et une fiégate ont jette
l'ancre à Kronbutg , avec environ cent bâtimens
marchands venant de la Baltique.
Au moment oi^ nous fermons cette lettre, seize
des vaisseaux de ligne anglais ci-dessus mention-
nés jettent l'ancre à Rronburg.
Des propositions d'une nature toute particu-
lière ont été faites à la cour de Copenhague
de la part du gouvernement anglais ; mais elles
001 été rcjciiées.
quj
I Copenhague , /« ig août.
1 Dimanche dernier, le régimen* Zeeland , .j,,
fait partie de la garnison de cette ville ,> tcçu
l'ordre de se rendre à Elseneur «t à Kronbuiji ,
avec cent hommes d'artillerie. A quatre heures de
l'après-midi ils étaient en marche pour leur des-
tination. ' .
Hieij, à six heures du soir, le régiment du prince
Frederick se mit iiu'<rsi eu marche vers JCronburg.
Les forges d'Elseneur et les fonderies de Fré-
déricksweik sont gardées par \jn détachement de
hussards. *
Les grenadiers et le régiméjit du prince royal
ont reçu l'ordre de se tenir prêts à partir sous peu
d'heures . pour Elsenetrr.
Tous les bâtimens de guerre sont préparés
avec la plus grande ))roraptilude. S.-imedi dernier
l'ordre de sortir fnt donné aux Vaisseatix suivans :
Le Zjelnnd . Justitia , Indigentte et Dencbrock. Avec
les quatre vaisseaux qui croisent acruçilemènt dans
le Sund , il y en aura treize autres dont on a
oidonné la prompte expé iition.
Deux vaisseaux de ligne russes et trois frégates
sont aussi dans la rade.
Indépendamment du vaisseau anglais leRomney,
de 64 , capitaine Popham , qui 'èsr "arrivé à Horn-
beck auprès d'Elseneur, avec tin loiiirre et un
cutter, on a vu croiser dans le Catégat une
escadre anglaise . dans laquelle il' y a trois vais-
seaux de ligne. Celte escadre . composée en tout
de vingt-deux voiles , est arrivée à la hauteur
d'Elseneur.
L'escadre commandée par l'alniral Dickson ,
corapo<ée de six vaisseatix -de ligne et de plu-
sieurs autres bâtimens, a i5té vufe croisant à la
hauteur de Gothenbourg. j
Tous les bâtimens marchanJS anglais , venant
de la Baltique , n'abordent pas', comme aupara-
vant, à Elseneur » mais ils., Vont jeter l'ancre au-
près dTioresbe'ck . dés qu'ils orït- satisfait au droit
rie visite. La frégate anglaise qui a' porté le lotd
Withworih , est dans le même endroit.
Le conseil- privé dii îîanemlirck. a ordonné
hier aux magistrats de Copenhague d'envoyer
tous les ouvriers employés daftsdes chantiers
particuliers à Scahnlm. Chaque régiment de la
garnison est obligé de fournir cent quarante-quatre
ouvriers pour l'armement maritime.
Hambourg , le 2a août.
Les danois mettent beaucoup d'activité à ras-
sembler les matelots. On dit même que le gou-
vernement a donné l'ordre au passage du Sund
de prendre sur les vaisseaux anglais les malelou
sujets du Danncmark.
On donne dans ce moment poiir certain que
la cour de Dannemark , intimidée par l'apparition
dans le Sund d'une force anglaise aussi impo-
sante , a consenti à payer les frais de l'arme-
ment , et que tous les autres points seront arrangés
à l'amiable. (Extrait du Times , 2g août.)
REPUBLIQ^UE HELVÉTIQUE.
Berne , le 5 fructidor.
Les otages des Ligues-Grises , qui avaient été
conduits en France , vont être ramenés à Saint-
Gall , pour être échangés contre ceux qui avaient
été amenés des Gri-ons à Inspiuck.
_ Le 3 de ce mois, une partie de l'armée de
réserve en marche pour le pays des Giisons , a
passé par ici. Deux éscadrofis 'de volontaires se
sont fait remarquer avec plaisir. Nous attendons
encore des troupes pour dernain et les jours
suivans.
Deux membres delà législature , les citoyens
Desioés et Long , ont donné leur démission. Le
conseil de législature a décidé qu'il pourrait
nommer à ces places , sans le secours dih con-
seil exécutif. ■ ( Kronik der Franken. )
INTÉRIEUR.
Bordeaux , le fruciidor.
Le préfet du tlépariement de la Gironde, vu
la lettre du commandant par intérim de la
place de Bordeaux , qui attendu , le départ du
bataillon des Basques, requérait la mise en ac-
tivité de la garde nationale pour remplacer ce
corps dans toutes les parties du service mili-
taire, avait pris, le 4 thermidor, un arrêté d«nl
voici les principales dispositions.
Il sera créé , dans chatun des trois arrondis-
senmus de Bordeaux, ur) corps de cent trente
rernpiaçans choisis par le maire , sur la présen-
laiion des chefs de bataillon.
Nul citoyen ne pourra faire partie de ce corps ,
s'il n'est pourvu d'uue cane de sûreté, d'un f)*sil
et de l'uniforme national.
Les chefs de bataillon feront commander, par
des billets, les citoyens de Service , quatre jours
à l'avance.
Les citoyens qui ne pourront pas faire leur
service, en préviendront deux jours d'avance
l'adjudant soldé, à qui ils paieront la taxe de
reinplaceniervt.
Celle taxe demeure fixée à 4 francs 5o cen-
times pour un service de vingt-quatre heures, et
à 3 francs .pour un service de douze heures.
Les reraplaçans seront désignés à tour de rôles
sur le tableau. Nul d'enir'eux ne sera remis en
activiié qu'après vingi-^juatre heures de repos.
Sur le produit des taxes , il sera compté à
chaque remplaçant 3 fr.incs pour un service de
vingi-quaire heures , et 3 fraii'cs pour un service
de douze heures. .......
Les sommes restantes serviront à acquitter les
frais d'impression, l'indemnité due aux adjudans
et aux tambours , et les autres frais relatifs au
service.
Tout chef de poste constatera par écrit les con-
traventions aux règles du service. Il fera par-
venir, dans le jour, son rapport au commandant
de bataillon , qui le transmettra au conseil de
discipline.
Le chef de poste sera tenu, sous sa respon-
sabiliié , d'avoir en tout tems auprès de lui les
trois quarts de sa garde. En cas de contravendon
à cet égard, il sera cité au .conseil de discipline ,
et condamné à deux jours de détention au
m'oins.....
Toutes exemptions de service demeurent in-
nullées; le prélel seul, d'après l'avis du maire;
prononcera sur les réclamations de ce genre.. ..
Les corps des remplaçans po'rrront être requis
lorsque les circonstances l'exigeront. En consé-
quence , aucun remplaçant ne pourra s'absenter
sans la permission écrite de son adjudant. ... .
Toute réquisition existante des colonnes mobiles
de 1^ ville de Bordeaux est révoquée ; en consé-
quence , et en attendant que le gouvernement
ait statué sur l'organisation de la garde nationale,
tous les citoyens seront tenus d'en faire le
service.......
L'exécution de cet arrê'é ayant éprouvé quel-
ques obstacles et donné lieu a quelques incon-
véniens , le préfet a pris le 4 fructidor l'arrêté
suivant :
Lorsque le corps des chasseurs Basques partit
de Bordeaux pour se rendre à l'armée , il fallut
pourvoir au service des divers postes de la ville.
On ne put obtenir aucun secours de la garde
nationale , en grande partie désorganisée. Le
ministre de 1 intérieur m'écrivait qu'il ne fallait
point la réorganiser , jusqu'à ce que le gou-
vernement eût arrêté un règlement à cet égard.
C est dans ces circonstances que j'établis, par
arrêté du 4 iherrnidor dernier , un corps de
remplaçans , comme on l'avait fait à Paris'. Je
pris toutes les précaudons pour que les citoyens
appelés à ces fonctions fussent capables de les
remplir, ' ,
Mais l'autorité n'avait point d'armes à sa dis- '
position pour les besoins de ce service. Instruit
qu'ils en avaient distribué beaucoup à diverses
époques de la révolution , je chargeai les maires
d'en faire rentrer une quantité suffisante pour
armer les remplaçans, et pour tenir les corps-
de-garde garnis.
La malveillance a dénaturé toutes ces dispo-
sitions, et calomnié les intentions de lautoriié;
elle lui a piêié des projets de désarroemeni
L'exécuiion des mesures prescrites par l'arrêté du
4 thermidor dernier éprouve des difficultés-
Dans cet état de choses , le service est nul ,
les postes les plus imporians soni déserts, les
prisons sans gardes; il p'y a de sécurité que
que pour les voleurs et les assassins.
Les armes distribuées aux cittayens ne so&t
ppini leur propriété ; elles ■ ne leut ;«n» iii
confiées que pour la sûreté publique et la défense
commune.
Cependant elles ne sont point employées à cette
destination ; des citoyens aujtijuels on a distribué
des armes, ne font point leur service, ou ne
les apportent point au corps-de-garde.
Ces abus sont intolérables ; je ne composerai
point avec les murmures hypocrites de quelques
hommes évidemment ennemis de l'ordre ; ils ne
parviendront pas à égarer les bons citoyens. Mon
premier devoir est de répondre au gouvernement
et aux habilans de Bordeaux de la tranquiliiié
de cette ville.
Le préfet du département de la Gironde, vu
l'arrêté du 4 thermidor dernier , arrête :
Art. I". Chaque maire se procurera, dans la
décade, la quantité de i3o fusils pour arrrier les
remplaçans , et pour le service des divers postes
de la ville.
II. Ces fusils seront jemis par les citoyens
auxquels il en a éié distiibué , dans les deux
jours de laverlissement qui leur en sera donné
par le maire de leur arrondissiement.
III. Tout citoyen , dépositaire d'un fusil, qui
ne fera pas son service en personne et avec son
arme , sera tenu de la rendre au maire de, son
arrondissement, sur l'avertissement qui lui en
jera donné.
IV. Tout citoyen qui refusera,de remettre son
fusil , aux termes des articles II et III , sera ,
•sur-le-champ, dénoncé par le maire aux tribu-
naux, pour être poursuivi comme détenteur d'ef-
fets appartenans à la république.
"V. Les maires rendront compte au préfet ,
dans la décade, de l'exécution des mesures ci-
dessus prescrites.
Paris , le 14. fructidor.
On lit la lettre suivante , dans le journal des
.Hommes-Libres.
Qu'il rae soit permis , citoyen rédacteur , de
douter encore de la mort du général Kleber
annoncée presqu'officielleraenl. La remarque ,
.que fait à ce sujet le Moniteur, est très-sensée,
lorsqu'il dit que la mort du général Bonaparte
était aussi parvenue par la même voie. Mais ce
qui doit donner de l'espérance aux vrais amis
de la patrie , c'est l'invraisemblance des dates
qui se fait remarquer dans les deux lettres :
celle du général Menou est du i" messidor,
«t la réponse de Sidney Smith est du 22 juin ,
correspondant au 3 messidor. Or , en calculant
la distance du Kaire , d'oîi le général Menou
écrit , àjaffa , lieu où se trouvait Sidoey Smith,
il est impossible de croire que , soit par mer,
soit par terre , cet espace ait été franchi en
trois jours ou plutôt deuxjour.i et demi, puis-
que la réponse est datée du 3. Il est dit encore
dans cette réponse qu il s'est concerté avec le
grand-visir : ce n'était point en deux heures
de tems que Sidney Smith aurait pu parler au
grand-visir , entrer dans des détails qui deman-
dent des réflexions , et faire au général Menou
la réponse que nous avons vue. ;
Il faut, pour aller du Kaire à JafiFa , traverser
le désert; il faut au moins quatre jours pour
ce trajet , et la moitié du chemin est faite à
peine.
' Faites , si vous le jugez à propos, usage de
mes réflexions , et donnez à la famille de ce
brave général quelques consolations.
Baudillers.
— On écrit de Rouen , que l'assassin du
malheureux Frénot , a déclaré son nom ; il s'ap
pelle Chauleau , et est fils du concierge du
château de la Coumeuve, près Saint-Denis.
— Un incendie terrible à consumé, le 27
thermidor, la plus grande partie de la ville de
Lintz eH Autriche.
iSgo
calculé sur l'excédent des 10 raillions , k raison
d'un dixième sur le îî' million , ci ainsi de suite
en augmentant d'un dixième par chîijue million
juscju'à pailage égal , sans pouvoir jamais dépasser
cette dernière proportion.
Quant à la perception faite el à faire depuis le
20 tljerraidorjusqu'au i" vendémiaire , le citoyen
Dnssap en comptera de clerc à maître, moyen-
nant une avance d'un million .par forme d'à
compte ; cette avance est déjà versée à la caisse
du receveur-général.
Pour ce qui concerne l'administration , rien
n'est innové. Les mêmes lois , les mêmes régle-
mens qui ont été suivis jusqu'à ce jour , doivent
guider la régie intéressée. Des inspecteurs-géné-
raux sont chargés d'exercer sur elle la plus stricte
surveillance. Ainsi la liberté et les droits des ci-
toyens sont à l'abri de tou'e atteinte , et l'acquit
des dépenses de la commune se trouve assuré sur
des rentrées fixes et sufiËsantes
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
'Rapport présenté aux consuls de la république par
te ministre deTiritérieur. — Paris , te i3 fructidor
_,ftn 8.
'.,, Citoyens CONSULS ,
. J'ai l'hqnncur de vous prévenir que , conformé-
ment à votre arrêté qui autorise la mise en régie
intéressée de l'octroi municipal et de bienfesance
de Paris , le préfet de la Seine vient de passer
avec le citoyen Dussap un traité que je crois très-
avantageux à ceKe commune.
En voici les conditions principales.
Le bail doit durer trois années , à cominence;
du I" vendémiaire prochain ; mais l'administra-
tion publique peut le résilier , si elle le juge con-
venable , moyennant une indemnité fixée aux
deux tiers du produit présumé d'un mois.
" Le citoyen Dussap annonce un produit annuel
de 10 millions (c'est à tort que ;les journaux
lO'ont annoncé que. 9 miliions ) , payable par 12'
'.de mois ea mois et d'avance. .Soo bénéfice esi
atl corps-législatif Tors de sa rentrée , au fribunat
et au premier consul de la république , pour leur
notifier le décès du citoyen Dailly , et les inviter
à présenter des candidats pour la place vscante,
conformément à 1 article 16 de la constitution.
Signé , Li.m.RCii!.R , président.
Kellermann et Garât, stcrétuifts.
Par le sénat-conservateur.
Le secrétaire- général , signé , Cauchy.
Distribution des prix des éeo.ies centrales du dépar-
tement de ta Seine.
L'examen qui a, précédé celte disttibuiipjj
solennelle a prouvé que pendant l'année srholai^
qui vient de finir , il y a eu un progrès sen-
sible dans les études des iroi^ écoles centrale»
de Paris.
.0 .«...1.V.VC ",^..0 v.» ..^..^ocx^^a. , Cet examer» a duré deux jours pour chacune
Pour reconnaître l'avantage, que retire de ce ^" "f'' écoles , en présence du jury, des écple.
.;.i 1, ..:ii. j„ D..,:.. ;i „?,u:.\j„i,.. ,.-..^.- „.,« centrales du département de la oeine. Le lUry
traité la ville de Paris , il suffit d'observer que
le produit de l'octroi de l'an 7 , n'a éié que de
7,64,000 francs, et que celui des dix premiers
mois de l'an 8 , malgré le tarif additionnel du
19 vendémiaire dernier , n'a pas atteint 7 millions ;
il est à désirer que les mêmes bases soient suivies
par-tout oti les localités permettront d adopter le
système de la régie intéressée.
Je votas annonce avec plaisir, citoyens con-
suls , que la réussite de cette importante opéra-
lion est due au zèle et aui connaissances du
préfet de la Seine.
Salut et respect.
Le ministre de l'intérieur, L. Bonaparte.
parlement ae ta oeine. L.e jury
a été très-saiislait , non-seulement des réponse*
des élevés , mais en général des questions posées
par les piofesseurs. Ce dernier objet mérite la
plus sérieuse attention ; l'art d'interroger pbilor
sophiquement el analytiquement , est un fruit
des nouvelles méthodes qui s'applique à toute»
les branches de l'enseignement , et qui à mesure
qu'il se perfeciionne dans les maîtres, garantit
dans les élevés les progrès de l'an de répondre.
Une chose encore a paru digne de remarque
dans ces examens ; c'est l'aisance décente el
l'assurance modeste des jeunes gens , la clarté et
la précision de leur langage dans les explication^
qui permettent le moins le soupçon d'un pur
effort de mémoire; enfin, le ton d'une bonne
éducation , qui n'a cependant rien d'afFecté , de
minutieux ni de servile.
De cinq écoles que la loi donnait à Paris ,
il n'y en a encore que trois en activité ; celles
du Panthéon , de Mazarin ou des Quatre-Nations,
et des Jésuites ou de la rue Antoine.
On sait la position de ces trois écoles , et les
quartiers dont chacune est à-peu-près le point
central ; on sait aussi que les deux autres qui
doivent être placées , l'une au Prieuré Martin,
l'autre aux Cipucins de la Chaussée- d'Antin ',
n'étant point ouvertes , les citoyens de ces deux
quartiers très-populeux ne savent où faire inslruirç
leurs ent'ans.
Cette négligence du gouvernement directorial,
sera sans doute promptement réparée par Iç
gouvernement consulaire. Il sait que rinstructiot^
publique n'est pas un bienfait , mais une dettç
du gouvernement d'un peuple libre. Si l'on pou*
vait autrefois cantonner toutes les écoles de Panj
dans un quartier qu'on appelait /ajin, parce qu'eç
effet on n'y enseignait pas autre chose , on doit
les répandre aujourdhui également dans cçtte
immense cité , parce qu'en fréquentant les nou-
velles écoles , on apprend ce qu'il faut savait
pour devenir , dans les diverses professions .
utile à sa patrie.
Les professeurs de ces deux écoles , non encotç
en activité , sotît nommés depuis long-tems.
Plusieurs ont été appelés pour remplacer ceutf
des liois écoles actives , que la mon a enlevés
ou qui ont étç appelés à d'autres fonctions.
Aux écoles du Panthéon et des Quatre-Nations;
les professeurs de langues anciennes ont obtenà
que ceux de la quatrième et de la cinquième
vinssent à leur secours, et formassent deux se»-
condes classes pour l'étude de ces langues. L'étolls
delà rue Antoine a prié le jury de lui procureiç
la même faveur , en fesant donner pour second
à son professeur de langues anciennes , le pro*
fesseur de belles-lettres de l'une des deux écoles
inactives.
Cet arrangement , purement administratif, i»
fera sans doute. Le fruit qu'en ont retiré deux
des écoles de Paris, et le vœu présenté par la
troisième , démontrent de plus en plus ce que
l'on Sjit depuis long-tems ; c'est qne si les langue^
grecque et latine régnaient trop exclusivement
dans les anciennes études , elles sont trop négli+
gées dans les nouvelles , et qu'un second pro»
fesseur chargé de les enseigner est indispensable
dans toutes les écoles. 1
Ouelques-autres changemens encore et quel-
qucT légères modifications y sont nécessaires.
I C'est le désir de tous les bons esprits qui ont porté
sur cette partie si importante de l'adminisiraiti'on
publique des regards atienrifs et non prévenus.
C'est celui mème'^des professeurs qui ont eu peRj
dant long-tems la force de supporter les priva-
tions et les découragemens de toute espèce dont
ces écoles ont, en quelque sorte , été abreuvées^
qui jouissent maintenant de l'état ou florissant,
on du moins supportable où ils les ont fait par-
venir, mais qui n'en voient que mieux ce qiil
manque encore à leur perfectionnement et à leti*
prospérité. ' ■ - ^
Ce ne sont pas ces améliorations , ni ces lég«ii|
_ ._.^:-- :.-- j J — ..:.'**•
SÉNAT-CONSERVATEUR.
Extrait des registres du sénat conservateur ,
fructidor , an 8.
Le sénat-conservateur arrête l'envoi du message
suivant au corps-législatif, lors de sa rentrée,
au tribunat et aux consuls de la république.
La loi du 3 ntvose dernier porte , art. II : u Le
sénat-conservateur déterminera son costume, etc."
Conformément à cette loi , le sénat a réglé le
costume de ses membres, celui de son secrétaire-
général , et de ses messagers et huissiers.
Il vous en transmet ci-joint la description.
COSTUME DES sénateurs.
Grand costume.
H.ibit franç?iis fermé de drap bleu barbeau ,
brodé en or , la broderie au palmelie et au passé ;
boutons biodcs , veste ou gilet de Casimir blanc ,
avec la même broderie réduite ; culotte pareille
à l'habit , avec jarretières et boutons brodés.
Echarpes de soie blanche avec broderie et
frange d'or; gance et boulon d'or au chapeau.
fet'it costume.
Habit ou déshabillé de drap bleu , même
nuance , coUet et parement brodés en or , avec
un lizéré au bord de l'habit; boulon brodés.
Costume du secrétaire- général et de son adjoint.
Habit, veste et culotte même étoife et même
nuance que ceux des sénateurs ; broderie en soie
aurore nuancée.
Echarpe de soie blanche avec broderie et
frange d'argent.
Chapeau pareil à celui des sénateurs.
Costume des messagers d'état.
Habit fermé en drap violet , broderie en soie
aurore nuancée , pareille à celle du secrétaire-
général , sur le collet, les manches et les poches
de l'habit; ceinture en soie aux trois couleurs
avec frange en soie bleue , le chapeau surmonté
de plumes tricolores.
Costume des huissiers.
Habit fermé en drap noir, plumes bleues au
chapeau ; et pour marque de leurs fonctions ,
la baguette en ébène , garnie d ivoire â ses ex-
trémités.
Si$né ,, Lemerçier , président sKti-lSSMAHN et
Garât , secrétaires.
Par le sénat-conservateUr ,
Le secrétaire-général , signé , Gauchy.
Extrait des registres du sériât-conservateur, du 14
fructidor , an S de ta république.
On lit une lettre du citoyen P.etit Desrosiers,
adressée au président du sénat-conservaleur,-sous
la date du 5 de ce mois. Le citoyen Desrosiers
annonce parcelle lettre que le citoyen Dailly ,
son. parent, l'un des membres du sénat-conser-
vateur, est décédé le 2 fructidor à Raucourt,
piès Montargis , où il s'était rendu pour rétablir
sa santé.
Le sénat ordonne l'insertion de la' lettre >au ' changemens que certains esprits demandeat ; c'est
S ptocès-vetbal , et arrêiç l'envoi -diiH fnessage un changement total , une réforme complelte ,'««
il'o^eau, pfan * de nouveaux 'noihs , un ' nouveau
système d'études. Les malheureux prolesseuis que
fesaii trembler autrefois un mot inconsidéré lancé
du haut de la tribune , éprouvent maintenant
d'autres terreuts.
Les partisans de ces grandes réformes . pour
faire adopter ce qui n'est pas , commencent par
calomnier ce qui est. Selon eux , les écoles cen-
trales n'ont de succès nulle part ; elles sont toutes
désertes ; il y a par-;out des professeurs et point
il'éleves ; le petit nombre de celles qui sont fté-
quçniées prouvent , par leur peu de progrès ,
Ua vices de ce nouvel enseignement.
L'état actuel de plusieurs de ces écoles dans les
départemens , répondrait victorieusement à ces'
accusaiions s'il était mieux connu : mais on s'in-
quiète peu de le connaître : on ne cherché même
pas à sinstruire de l'éiat des écoles de Paris. Les
examens y ont été publics. C était pour |es ania-
gonisies du système d insttuclion dont elles font
partie , une belle occasion de s'en démontrer à
»oi-mème les défecluosiics ., et de les prendre
ainsi en flagrani-dé'il. Celle occasion n'a pas éié
sa,i8ie ; nous avons assisté à ces examens , et
nous pouvons affirmer qu'aucun d'eux ne s'est
-donné la peine d'y paraître.
L'intéressante solennité de la distribution des
prix a été célébrée le 29 rhermidor , dans la ci-
devant église de l'Oratoire ; le local convenable-
ment décoré, était rempli de personnes 'de tous
états ; sans doute le plus grand nombre était
composé des parens des élevés couronnés ; mais
on y distinguait aussi plusieurs savans , geus-de-
leltres et amis des sciences , parmi lesquels étaient
queiqu'is membres des premières auiorités cons-
umées de la republique.
Le préfet du département , le citoyen Frochot ,
a prononcé un discours , où ,sans refuser de justes
éloges à ce qu'avaient de bon les anciens collèges,
il a fait sentir les avantages des nouveaux éia-;
blissemens. Il a parlé de ceux-ci en quelque sorte
comme s'ils étaient une des créations du gouver-
nement du 18 brumaire; ce qui est viai dans ^t sauront qu'il vau
ce sens , que ce gouvernement, institué pour tout
irégénérer et tout rétablir , semble créer en effet
ce qu il conserve. Ou a pu tirer du discours du
prétct un heurtux augure pour la stabilité des
écoles centrales , et pour les encouragemens et le
perfectionnement dont elles ont besoin.
Le citoyen Lacroix , professeur de mathéma-
tiques , dans un discours ires-élendu , a répondu
àuxaccusaiions des ennemis du nouvel enseigne-
'ment. Il a rappelé que c'était pour la quattieme
fois que lui et ses collègues voyaient terminer,
par cette, distribution de couronnes , le cours
annuel des études. Il a fait en quelque sorte
l'^iistoire de renseignement en France , et re-
montant jusqu'au tems de la renaissance des
lettres , il a fait voit que l'objet qu'on se
prçposait alors dans les études , ayant été pu-
rement religieux et scolastique , on avait tout
dirigé vers l'apprentissage de la langue dans la-
quelle avaient écrit et écrivaient encore , bien
pu mal, tous les auteurs qui traitaient de ces
matières; qu on y avait seulement joint, sous
le nom de philosophie , l'art de sophistiquer
comme eux ; et sous celui de physique , de
hausses notions et de mauvais raisonnemens sur
• i5gi
de l'émulation, et de l'instinct delà gloire. Jamais
cet intérêt n'avait paru plus vrai , et ne s'était
exprimé par des applaudissèmcns plus vifs et plus
universels. ■ 'G.
( Extrait de la Décade Philotophique , n" 34. )
——*«<■ ■imiIBBHMi^KMIIIIIiiiii
POÉSIE.
Seconde lettre sur tes Ccorgiques franqaisei.
Qui fait aimer les champs , fait aimer la venu.
C'fst un des premiers vers du poème, il en con-
tient totite la moralité. Il était ingénieujt de 1»
placer de la sotte, pour lairc sentir l'impor^
tance d un ouvrage , qu un grand nombre de
lecteurs auraient iieui-êire regardé comme frivole
et de pur agrément. Cette moralité déterminera,
les esprits les plus graves à lire le poème ^ non
seulement pour jouir du charme des' beaux
vers , mais encore pour y puiser des leçons de
sagesse et de bonheur.
Le poète tient parole : il est injpossible de lire
son ouvrage sans être pénéttré des sentimens
doux et vertueux qui respirent dans ses images
comme dans~ ses préceptes. Il peint d'abord
l'ennui qui suit par-tout le riche inilolent et cor-
rompu , et les dégotâts qui attendent 1 ambitieux
aupiès des hommes puissans. Je ne.puis résister
au désir d'enrichir ma lettre de cette peinture;
d'une vérité frappante :
Bien plus à plaindre encor, les jeunes te'méraires
Qui , larsés tout à coup du manoir de leurs pères ,
Vont sur le grand théâtre , ennuyés à grandi frais ,
Transporter leurs champarts -, leurs moulins , leurs forêts ;
Des puissances du jour assiègent la demeure ,
Pour qu'un regard distrait en passant les effleure.
Ou que par l'homme en place , un mot dit de côté ,
D'un faux air de crédit flatte leur vanité.
Malheur
tbcs ,
illir leu
sous leurs humbles lambris ,
Vivre heureux au hameau qu'intrigant à Paris.
Quelle vérité de coloris dans ce regard distrait
qui effleure en 'passant , et dans ce mot dit de côté
par I homme en place !
C'est après ces tableaux que , par une oppo-
sition ingénieuse , le poète appelle aux chainps
l'homme sensible , développe à ses yeux 1 im-
mense et brillant speritacle de la nature , et
chante la douceur et la variété des plaisirs cham-
pêtres. Mais il faut avertir ici ' le lecteur que
l'homme des champs dont la vie et le bonheur
sont célébrés dans ce poème, n'est point le simple
laboureur occupé des travaux de l'agriculture ,
et que les vers de Delille n'ofFrent pas , comiue
ceux de Virgile , un grand nombre de préceptes
sur cet art.' C'est l'homme assez riche pour avoir
des terres et des jardins , pour se livrer à la
chasse , à la pêche, à l'étude des ans , des sciences ,
de la philosophie , et aux plaisirs de la bien-
fesance ; pour avoir dans sa maison rustique un
cabinet d histoire naturelle , et pour y recevoir
une SB'ciété d amis choisis , amateurs cornme lui
des jouissances paisibles que l'on goûte dans
celte douce vie. Enfin, c'est l'homme doué d'un
la nature. C'est à quoi s'étaient réduites pendant ^,^=" '^"1^ génie pour chanter leç objets dont
■ • ^ . . ., r j[ pj[ environne, et le bonheur dont il jouit.
Ou plutôt cet homme des champs , c'est , De' '
Îilusieurs siècles , et même jusqu'à notre tems ,
çs études nommées humanités dans lès univer-
iiiiés et dans les collèges.
. L'école militaire , fondée en faveur d'une classe
à^ privilèges , donna lidée d un meilleur ensei-
gnement , d un enseignement dirigé vers les be-
«jpins de l'éiat , et destiné à meure la jeunesse à
portée d'y satisfaire. La révolution , qui a détruit
les privilèges, a voulu rendre commune à tous
l'instruction réservée jusqu'alors anx privilégiés.
C'est cette instruction solide et variée , dont tous
les citoyens peuvent puiser les éléraens _dans les
écoles centrales , et qui leur est donnée ensuite
avec plus de dcveloppemens et de transcendance
dans des écoles spéciales et de service public,
lorsqu'une vocation particulière les appelle à servir
Ja république dans des fonctions , soit militaires,
soit civiles , où cette instruction est spécialement
Nécessaire.
Le citoyen Lacroix a répondu ensuite avec
beaucoup de talent et de clarté aux objections de
ilélail ; son discours en général bien pensé et bien
écrit , n'en a laissé sans réponse aucune qui ait
yielque importance
Une fanfare militaire a ensuite annoncé la dis-
tribution des prix. Les lauréats des trois écoles
bni été successivement appelés , et ont été présen-
tés par l.eu;s professeurs au préfet , de, ryji ilspflt
reçu des branches de chêne et des livres analogues
lui-même qui s'est peint dans cet ouvrage. Ce
sont les beautés delà nature que chante encore
une fois notre poète; c est de l'art d'en jouir
qu'il donne les préceptes , quoiqu^l ait dit en
commençant que cet art ne s'enseigne point ;
contradi_ciion légère qui lui est échappée; tel
est l'homme des champs , tel est le sujet des Géor-
gigues Françaises.
Plaeez-vous dans la situation que je viens de
tracer; habitez une jolie niaison Je campagne au
milieu d'un riche paysage ; réunissez-y quelques
amis selon votre cceur ; jouissez , au printems , |
des merveilles de la nature renaissante ; dans '
l'été , de la fraîcheur des nuits ; en automne ,
de cette doiicejnélancollc qu'inspire la destruc- ,
lion dé la verdure et des fleurs ; en hiver , de
tous les agiémens d'une société réunie dans des
apparieraens'bien chauds, où Ton' se livre tour-
à-tour au jeu i à la conversation , à la lecture
et aux plaisws-de la table ; que la chasse succède
à la pêche; 4él*i?sez-vous de ces 'exercices salu-
taires en culti-vant les ans ; enfin devenez par vos
bieufails , pour- le hameau que vous habitez ,
une autre providence , et vous serez/* sage dont
Delille célèbre le bonheur.
Le premier chant des nouvelles Géorgiques est
rempli des tableaux que je viens d'indiquer. Je
vais en placer quelques-uns sous vos yeux. Mais
au genre de composition dans lequel chacun commençons par , la critique , pour ayoir le plai
dfUx avait obtenu 1 avantage. Les premieir» prix | sir de finir par des éloges.
on; eu de plii, une médaille en bronze , frappée | Qn pourrajt r.eprocher à ce preîftier chant d'être
à I occasion de la colonne départementale, dont ^^j, 'i^s souvent sur le ton familier de l'épîlre
la première pierre fut posée le aS messidor der- J^^^s le style élevé du poème ;mais l'auteur
lucr, ann.vet.airedii I4jui,llet. répondrait par l'exemple de l'Art poétique , où
On sait quel iniérêt ofire le spectacle de ces | l'on neuve même des traits de satyre, et en di-'
pieinicrj triomphes , de ces pfeSi»iefleijOuiMlt«i*e» sï«t e(ïtcftHe«)^il*>àu"> ' ' /■■i ,rn»t^J\ ■:
MeutiiuX qui datis sesvèrs aâitd'unr! YoUlégere ,
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.
Ce défaut . si c'en est un , a .du moins ^e{
avantage qu'il en résulte une variété de nuances «
nécessaire dans le poème didactique plus qUq
dans tout autre, pour éviter l'ennui des précepte^
et de la monotonie.
Il y a des vers f. ibles dans ce chant. J'en irt-
dicjuerai plusieurs. Les défauts d'un grand poetâ
.'.otu daiigeteux , parce qu'ils servent aux jaune!
gens d'cx(:use , et quelquefois luême d autorilii./
Ce riche' qui , d'avance usanttout) «ej plaisirs ,
Ainsi que son argent lourtncnto bcs désirs.
Qji'entend le poêle par tourmenter son argent f
et (juelle analogie troiive-i-il ici entre l'argent et
les désirs ? Delille fait quelquefois de ces rappro'
chemei^S qui sont plus bizarres qu'ingénieux. ^
Tel est l'homme ; il corrompt lit dénature tout;
Qu'au milieu des cités, soi> superbe, dégoût ,
Ail transpoué les bois , les (leurs et la verdure ,
Je lui pardonne eucor : . . . .
On sent combien la finale, du premier vers çst
ilure , et combien la rime est défectueuse. Voici
un autre exemple cte c;es m'auvaiscs. rimes , qui
heureusement sont tiès-rares dans les poèmes dtf
D.lille.
Tant l'homme se corrompt alors qu'il se déplace!
Laissez donc à Mole , cet acteur plein de grâce. . . * ^ ■
Il lui est échappé quelquefois une autre fauttS
contre les. règles de la versificat.On ; c'est defairô
rimer les hémistiches de deux vers qui se suivent!
Il a trop souvent aussi répété le même mot. Er»
parlant des jeux, dramatiques auxquels se livrenf
les riches à la campagne , il dil :
Cette pompe convient à leurs Châteaux pompeux.
Est-il élégant de répéter ce mot et comme subs-
tantif et -conime adjectif dans le même vers ?
D'ailleurs les jeux dramatiques ont -ils de Ijt
pompe chez des particuliers qui n'en font qu'un
simple amusement? Il m'a semblé que tout câ
que disait, le poè'e du danger de ces jeux aima-"
blés , était ekagéré.
Néron , bourreau de Rome , en était l'histiion.
Certes , il ne peut exister aucun l'apport entré
ce monstre et des jeunes gens qui jouent la co-
médie à la campagne. Delille ajoute :
Puis , quelque fois les moeurs se sentent des ctjelissès,
Et souvent le boudoir y choisit ses actrices.
Cela peut s'appliquer aux théâtres publicSj
Mais comment croire que , dans une société bon"
nête, déjeunes personnes corrompenlleurs moéurS
en se livrant , sous les yeux de-leurs mères , à
un amusement qui est une école d'esprit-et d*
grâces , et qui peut mêiïie en devenir une de mo"
raie ? On me permettra d'ajouter une observa-'
tion grammaticale sur ces vers : je douté que l'ori
puisse dire qu'un boudoir choisit; Celle métaphore
est au moins hasardée. '" ■ J
Je trouve un peu plus bas ces vers :
I Tantôt la nouveauté .
Embellit les objets; tantôt leur déclin même
Aux objets fugitifs prête un charme qu'on aime.
Qjrand on parle d'un charme , n'est-il pas stl-
perllu de dire qu'07i. t'airne ? H me semble qud
c'est affaiblir le spns du mot c/jarme , et qu'il y a
pléonasme.
j'ai dit. que Delillerépétait souvent les mêiiies
expressions. En effot , dans la page qui suit les
vers qu'on vis-'ui de lice, j,e compte neuf foil
l'adjeçtjf ÈMîi ou belle , ei cette page , fi-u'î par
quatre vers très-laibiçs , qui, de plus, ont je. dé-
faut , selon moi , d'exprimer des idées' 'fa'ùssé-s*
Que le lecteur enjuï;e; ' '.- 1 -■
On revoit les beaux jours avec ce vif transport
Qu'inspire un lench'e'' ami dont on pleurait la mort ;
Leur départ , quoique triste , à jouirnous invite î
Ce sont les doux adieux d'un ami jui nous qniUt ;
Chaque instant q\iHl accorde , on aime à le saisir ;
El le regrer lui- roènje augipente le plaisir.
Voilà sans doute de grands dé fa u là ; mais voyez!
comme l'auteur se relève dans le 'morceau quii
suit ces négligences : '
Majestueux été , pardonne à raipiï sileticc !
J'admire too éclat, maif craiijs , ta violence ,' ,, ,
Et je n'aime à té voir qu'en de plus doTix instans ,
Avec l'air de l'automne ou les traits du printerns.-
Qfiq dis-iq ?,Ah ! si tes J9ui&fatiguen.f la nature','
Que tes iiiiits oijt de ,çh^,rtn,e , et quelle fraîctieitjr,.pj)i<j/
■yjéntpçemplacfr de», Çicvît'le brûlant appareil 1!, 1
ÇQtpbJeiJ l'.œil , fatigué de? popi'pes du s,9leil,,
Aime à voir de la n-uit la racrdestecourrierey
Revêtir mo'llemeivt -de «i pile liiroi ère , .
Et le sein des vallons , et le front d.es coteaux,
âe glisser dans les boi» et trembler dans le& 6aux {
Qjielquèï vers faibles servent de tr»ini»ii(f«>fl
• 392
pour chanter aussi l'hiver et ses plaisirs ; mais
bientôt le poète redevient digne de lui-même:
L'hirer a ses beautés. Que j'aime et des frimati
L'éclatante blancheur , et la glace biillante ,
En lustres azuiés i ces roches pendante !
Et quel plaisir cncor , loisqu'échappc dans l'air,
Vn rayon du priiitems vient embellir l'hiver ,
Et ^ tel qu'un doux ^uris qui naît parmi des larmes ,
A la campagne eu deuil rend un moment ses charmes !
Qu'on goûte avec transport cette faveur des cicux'
jQuel beau jour peut valoir ce rayon précieux ,
Qui 1 du moins un moment, console la nature!
Et si mon ccil rencontre un reste de verdure
Dans les champs dépouillés , combien j'aime à le voir!
Aux plus doux souveuirs il mêle un dopx espoir ,
Et je jouis, malgré la froidure cruelle ,
P«s beaux jours qu'ilpratntt, des beaux jsurçqu'iliappeUe.
La description d'une soirée d'hiver, des jeux
et des occupations qui la remplissetit, est un mo-
dèle de p;^écision et de légèreté. Mais ,
Ea tableaux variés , les beaux jours plus fertiles ,
Oat des plaisirs plus vifs , des scènes moins tranquilles.
Le poëte va les décrire. Il commence par la
pêche :
Sotis ces saules toufifus, dont le feuillage sombre
A la fraîcheur de l'eau joint la fraîcheur de l'ombre,
Le pêcheur patient prend son poste sans bruit ,
Tient sa ligne tremblante , et sut l'onde la $uit.
Penché , l'oeil immobile , il observe avec joie
Le liège qui s'enfonce et le roseau qui ptoic.
Quel imprudent , surpris au piège inattendu ,
A l'hameçon fatal demeure suspendu ?
Ë3t<e la truite agile , ou la carpe dorée ,
Ou la perche étalant sa nageoire pourprée ,
Ou l'anguille argentée , enant en longs auneaux ,
Ouïe brochet glouton, qui dépeuple les eaux ?
Delille nous apprend lui-même qu'il a imiié
ces vers du poëme anglnis île la forêt de
Windsor. Ils paraîtraient parlails , s'ils n'avaient
été surpassés. Tous les amaieurs de la poésie ont
lu la belle traduciion de ce poëme., par Boisjostin.
Il me semble que dans ses vers, cette description
de la pêche est beaucoup plus brillante encore:
On en va Juger.
Ab retour du printcms , sous une ombre incertaine ,
Quand de fraîches vapeurs s'exhalent sur la plaine ,
Le pêcheur immobile , attentif et penché ,
Tient sa ligue tremblante j et , sur l'onde attaché ,
Son avide regard sembU espérer sa proie ,
Et du liège qui saute , et du roseau qui ploie.
Windsor offre en ses eaux tout un peuple écaillé.
L'anguille au corps glissant et d'aigent émailté ,
De son vêtement d'oi la carpe enorgueillie,
La perche à l'œil ardent et de pourpre embellie,
La truite que colore uk éclat cnBammé ,
Et le titan des eaux, le brochet aBamé.
Il est inutile de faire observer combien l'ex-
pression de ces derniers vers est plus poétique.
Ce n'est point le seul endroit de ces imitations'
de Pope ta Boisjolin soit supérieur à son maître.
Il me semble qu'il l'empone aussi dans la pein-
ture de I oiseleur. Rapprochons ces deux mor-
ceaux. Ces comparaisons sont souvent plus utiles
aux progiès de l'an, que des critiques vagues
où l'on blâme ce qui est fait, sans pouvoir donner
l'exemple de ce qu'il faudrait faire. Voici les vers
de Delille :
Aux habiians de l'air faut-il livrer la guerre^?
LcchAsseur prend son tube , image du tonnerre (i) ;
Il l'élevé au niveau de l'oeil qui le conduit (2) ;
Le coup part , l'éclair brille , et la foudre le «oit (i).
Quels oiseaux va percer la grêle meurtrière ? (4)
C'est le vanneau plaintif, errant sur la bruyère ;
(i)Le tube d'un fusil ne peut pas être l'image
du tonnerre, quoiqu'il en produise les effets.
{i] Ce vers est prosaïque , eleonduit n'est pas le
mot propre.
(3) Cette image a été trop répétée par Ceiix qui
ont voulu peindre des o'rages ou les effets de l'ar^
tillerie.
(4] Ce tour resseiriBlé trop à celui que l'^iu-
teura employé dans la descriptioii de la j^êche.
C'est toi , jeune alouette , habitante des airs!
Tu meuis en préludant à tes tandies concerts. [5)
Voici les ver* de Boisjoslin :
Le givre a-t-il blanchi les bosquets dépouillés ?
Les colonifaes volant aux rameaux effeuillés ,
Les ombiagcnt en groupe , et la daiiiere humide
Ënfcime datis son sein la bécasse timide.
L'oiseleur au pas lent , au regard empressé ,
Ten^ son tube , le guide , et le coup est lancé )
Il atteint le pluvier errant sur la bruyère.
De la frêle alouette , à la voix printannierc ,
Da^ts l'air qu'elle égayait , souvent le plomli fatal
Frappe le vol léger et le chant matinal.
Ce dernier hémist che serait très-hasardé s'il
ne passait à la faveur de celui qui le précède ;
mais ainsi placé , je le regarde comme une har-
diesse heureuse.
Delille, qui sut toujours encourager et chérir
le talent jusqiies, dans ses rivjux , ne sera pas
fâché, sans doute, qu'un homme quil a aimé,
et auquel il se .plaisait , dii-on , île donner des
conseils suf Târt "des ver», l'ait surpassé une fois
dans ce grand art.
La description de la chasse serait admirable,
si les vingt premiers vers de ce morceau étaient
moins négligés ; mais on y lit :
Le cerf frémit , s'èionne , et balance Ung--tems,
et (juatre vers après :
// héiite lùng-ttmi , la peur enfin l'emporte ;
// part, H court , il vole, etc.
On y trouve des vers dont quatre et même sept
syllabes commencent par une S , sans tiue le
poëie ail eu l'intention de produire de l'harmonie
imiiative , comme dans ce beau vers de Racine:
Pour qui sont ces serpens qui sifflent sur vos têtes?
Je pourrais relever plusieurs autres défauts ,
sur tout dans ces dix vers s! faibles , oiï laulcur
rappelle les exemples de bonté que nous donne
la nature, et dans ceux où U faim vient étaler
sa pâleur iviportune ; mais je crains de m'êire déjà
trop appesanti sur des taches légères qu'effacent
un si grand nombre de beautés ; je crains le
reproche de ne mètre point assez arrêié sur ces
beautés pour les faire connaître, et pour en en-
richir les lettres. Je suis dans l'embarras du choix.
Les vers sur les arts , les vers sur l'amitié , la
peinture des tombeaux, celle du curé de village
et du maaister , des jeux des enfans et des amu-
semens de lâdolescence , sont des morceaux
également séduisans. Ariêions-nous sur celui où
le poète invile les amis de la nature à élever
dans leurs campagnes des stalues'aux poêles qui
lont chantée. .■
Ne pouvcz-vous èrtcore y consacrer les traits.
De ceux par qui Heiitit l'art fècoUAl-^de Cérès ?
Pouvez-vous à Bcrghem, refuser un asylc ,
Un marbre i Theocrite , un bosquet à Virgile ?
Hélas ! je n'ai point droit d'avoir place auprès d'eux ;
Maïs si de l'art des vers quelqu'ami généreux
Daigne un jour m'accorder de modestes hommages.
Ah ! qu'il ne place pas le chantre des bocages
Dans le fracas des cours |ou le bruit des cités,
'Vallons que j'ai chéris , . coteaux que j'ai chantés ,
Soufflez que parmi vous ce monument repose ;
^u'un peuplier le couvre , et qu'un ruisseau l'arrose !
Mes voeux sont exaucés. Du sein de leur repos , .
Un essaim glorieux de belles, de héros ,
Qui , successeurs polis des Sarmates sauvagei ,
De l'antique Vistisle honoie les rivages ,
Auprès de Sain.-Lambert , de Pope , de Thompson ,
Offre dans scsjardins une place à mon nom.
Que dis-je ? tant d'honneur n'est pas fait pour ma mute 9
La gloire de cet noms dn mien s,eraît cooFusc.
Mais si dans un bosquet obscur et retiré ,
Il est un coin désert , un réduit ignore ,
Au-dessous de Gestncr , et bien loin de Virgile ,
Hôtes de ces beaux Ueui, gardez-moi cet asyle ;
Content , je vous verrai ^ dans vos rians vallons.
De l'art que je chantai pratiquer les leçons ,
Enrichir vos hanKâiS',' ^ârer leur solitude »
Des partis turbulens calmer l'inquièludc.'
Heureux si quelquefois , sous Vos ombrages verts ,
L'écho redit mon nom, mon hommage et mes vers.
(5j Wy a trop de T dans ce vers ; ils en détrui-
sent l'harmonie.
Au rédacteur du M&niieur — Du 14 fructidor.
L'administration du Musée central des arts vous
invite, citoyen, à annoncer au public, que ie
sallon d'exposition des productions des peintres
modernes , sera ouvert demain , i5 fructidor, à
dix heures du matin.
A VI S.
Le public est averti que la ville de Haguenau ,
département du Bas-Rhin , cherche un citoyen
de 1 intérieur, qui soit en état d'enseigner la
langue française , les principes du 1aiin , les élé-
mens de la géographie et (les mathématiques , et
qui réunisse aux -connaissances nécessaires à
linstruction des jeunes gaiçons , une moralité
attestée par des certificats authentiques. L'on offre
un sort convenable à celui qui , après avoir subi
l'examen , méritera la préférence.
La mêmevilledemandeégalementui»€citoyenne
qui sache enseigner aux jeunes filles la langue
française, llécciturt: ., l'arithmétique et quelques
ouvrages d'aiguille.
S'adresser au maire de ladite ville , ou ao
cit. Levrauli , quai Malaquais , rue des PetitS-
Augustins , qui fournira des renseignemens.
Albert, maire.
Manufacture d'huile rafinée, rue Neuve~des-
Peiits-Champs , laporie-cochere n° 10 et 47, entre
les rues Gaillon etd'Antin.
On continuera d'y trouver des huiles et bougies
de toutes espèces , dans les qualités de choix , à
la satisfaction des consommateurs les plus délicats.
La distribution s'en fait aux prix ci-après , hxés au
cours le plus bas du commerce ; savoir :
Huiles pour lampes. — Huile de spermacety,
pour quinqueis et veilleuses , 1" (jiialiié , 80 cent,
«'qualité, pour le même usage, yS cent. 3' qua-
lité épurée , pour les illuininations et lampes ordi-
naires , ;o cent. Huile extraite du blanc de ba-
leine , I fianc.
Huiles pour ta bouche. — Huile d'olive surfine ,
avec goût de fruit , la liv. 1 fr. 60 cent, huile
surfine douce, sans fruit, l fr. 40 cent, huile
vierge d'Aix , 1 fr. 80 cent, huile fine , i fr) 25 c.
huile de noix , tirée à froid , l fr. huile de faine ,
pour salade et fiiiure , 7e cent.
Huiles pour la peinture. — Huile de lin, 65 c-
huile d'œillet, 70 cent, huile de npix., 80 cent»
Huiles pour la tannerie et le chamois. — Huile de
baleine , 80 cent, huile de morue, 85 cent.
Bougies. — Bougies de table , la livre de 16
onces, s Ir. 5o cent, bougies du Mans , id. s fr 70 c.
GRAVURES.
Le jugement de Paris , estampe gravée par Blot,
d'après le tableau d Adrien Vanderwerf , tiré de
la ci-devant galerie du palais dOléans. A Paris ,
chez l'auteur, rue des Moulins , butte Sainl-Rocb,
près celle Thérèse, n" 53o. Prix ,. 16 fr.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 14 fructidor. — Cours des effets publia.
Rente provisoire 17 Ir. i3 c.
Tiers consolidé. »... 3 f Ir. 88 c.
Bons deux tiers 1 fr. 60 c.
Bons d'arréragé.. 8î fr. 88 c.
Bons pour l'an 8 86 fr. 63 c.
Coupures 63 fr. 5o c-
Syndicat. 63 fr. 5o c.
Lyon. . .... au p. à vue.
Marseille.. . au p. à i5.
Bordeaux ^ p. à vue.
Montpellier.. { p. à s5 jours.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ie et des Arts.
Auj. la 6' repr. de Fraxitelle ou ta Cein'.ure, opéra
en un acte , suivi du ballet de la Dansomanie.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Comment faire ?
(Entrevue , et les Très Gervais.
Théâtre DE L.*. Cité-Variétés. — Pantomimes,
Le 17 , la i'" repr. du Défi dangereux ; la 2' dit.
Meunier, général ; le Moine , pantomimes .
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
L'abonoemcBt te fait» Paris, ruades Poitevins, n" i». Leptixest de î5 franc» pour trois mois , So franc» pouf «x mois, et 100 francs pour l'année enUere. On ne
s'à1>onn'e qu''.iu commencement de chaque mois. ' ,
Ilfaui adresser le» letHoset l'argent, franc de port, lucit. Agasse, propriétaire de cejournal, rue des Poitevins,' n" t8. Ilfautcompre«dre dans les envoi» le port de»
pays où l'on né peut àffriachir. Les lettres des départemens nou affranchies , ne seroûtpoiot retirée» de la poste.
Il faut avoir sois, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeur», et adresser tout ce quicoacerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, tue de»
Foitcvins , n" iS, depuis neuf heures du matin jusqu'à cii ■^ heures du soir.
A Paùs. de l'intpciiaene di^cit. Agaste , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins < a" i5.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 346.
Sextidi , 1 6 fructidor an 8 de la république françaiic , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater A\x 7 Nivôic le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspond^inces ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.
Augsbourg , le 5 fructidor.
Uepuis quelque lems on remai'que des mou-
vemtns dans differens petits corps de l'armée
française. Quelques-uns viennent de Bavière en
Suabe, d'autres vont de Kcmplen , Memmiti-
gen . etc. , dans la Bavière. Une grande partie
de l'artillerie française se porie vers la Haule-
Suabe et le Voralberg. Huit charriots chargés de'
papiers des archives de Bruchsal , ont été con-
duits à, Manheim sous l'escorte de quelques po-
lonais.
Bambcrg , le S fructidor.
Le gouvernement anglais voulait prendre à sa
solde des troupes de notre ville. Le ministre an-
glais Wickham avait plein-pouvoir pour traiter;
mais il y a renoncé.
( Strasburgn Weltbote.)
ANGLETERRE.
Londres , 2 8 août ( i o fructidor. )
On lit dans les n"'. du Sun , des Qi et 22 août .
le morceau suivant :
Questions faites dans Un comité de la chambre des
communes , sur le commerce de poissons , au
révérend r.erbert Marshal , et réponses de celui-ci.
Demande. Avez-vous résidé long-tems en Alle-
magne , et combien de tems y avez-vous résidé ?
'Réponse. J'y ai résidé environ douze ans , et j'ai
voyagé douze mois dans les autres parties.
D. Ayant résidé si long-tems en Allemagne ,
dites-nous ce que vous avez appris louchant la
quantité de ha reng.s et autres poissons salés qui
se consomment dans ce pays , les places où s'en
fait la vente et la consommation . le prix qu'on
les vend, les espèces qui sont préfétéesv, la roa-
ijiere dont on les transporte dans l'iniérieur du
pays , et celle de les faire cuire et de les manger.
R. L'Allemagne , en y comprenant tous les états
du roi de Prusse , peut avoir consommé peu-
dar.t chacune des deux ou trois années qui
viennent de s écouler , i3o\ooo barrils de harengs
salés -, consommation bien inférieure à celle
qu'elle fesait auparavant. Par-tout on s'y plaint
de la rareté de cette denrée. Voilà sur quoi sont
fondés mes calculs sur la consommation du ha-
Teng en Allemagne pendant ces deux ou trois
dernières anuées. En 179S, le nombre précis
des bartils importés à Hambourg fut de 12,674,
et en 1799. il se monta à 13,067 , ainsi que
le prouvent les éiais imprimés, qui se publient
tous les ans à Hambourg.
Je ne connais pas le montant exact de l'impor-
tation qui a eu lieu à Bremen pendant les deux
dernières années ; mais une lisie imprimée en
1790 porte à io,!o5 le nombre des barils importés
dans celte place , et l'importation à Hambourg
avait été, la même année, de 17,179. En lésant donc
une déduction proportionnelle pourBtenien,nous
ne devons poiterquà environ 8000 barils l'im-
portation actuelle.
Le port d'Ahona . près de Hambourg , est
approvisionné par des busses , petits bâtimcns
frétés à Altona , et qui font la pêche du hareng
au sud des îles Shetland , comme les hollandais
avaient coutume de le faite. Le nombre de ces
busses qui sortirent d Altona en 1799 . montait à
environ 26 , ainsi quejel'ai appris deiniérement
sur ks lieux mêmes ; et comme on peut esiiiiier ,
par un calcul modéié , que chacun de ces bâti-
mcns prend depuis le 24 de juin jusqu'à la fin
de la sjison delà pêche, environ mille barils,
il est certain que 26,000 barils , au moins , ont
éié poriés à Aliona en 1799.
Je ne sais pas précisément le nombre de bu!»es
qui ont mis à la voile d'Embden , l'année der-
nière ; mais comme il en était parti 40 de ce
port les ar;nées précédentes , et qu il n'y a pas
de raison pour supposer que le nombre en ait
diminué depuis que les hollandais ne peuvent
plus sortir , on ne craindra pas de s'écarter de
la vérité en supposant que 40,000 barils , au
moins , ont été conduits à Embden l'année der-
nière.
On peut, d'après ces évaluations, potier à
87,000 barils le hareng salé , im\)Orté dans les
quatre ports de Hambourg , Altona, Bremcn et
Embden. :
Pour déterminer la quantité des harengs impor-
tés dans les ports de l'Allemagne, situés sur-la
Baltique, je n'ai d autre méthode que de cher-
cher d.ins le nombre de vaisseaux chargés de
harengs qui ont passé le Sund , ceux qui étaient
destinés pour ces poris. Or , il paraît pur les élats
publiés à Elseneur, que le nombre exact des
vaisseatjx chargés de harengs salés . qui onr passé
le Sund en 1799, était de 338, dont '^87 étaient
suédois ( de Gdthembonrg , M,irsir;ind , Udde-
v/alla , etc.! , 43 norwr-^kns , 5 d'Enibden , un
dAlitni, un de AaH o g et un de Lcith. Nous
croyons pouvoir assurer, sans bitfsser la vérité,
qu'un tiers de ces bâtimens éi;iii chargé pour les
ports d'A'Iemagne situés sur la B.iIiujut.- , tels que
Lubeck. Ro.>.lock, Siral.sund , Woigas^t , Sietiin ,
Danizick , Pellan , Kouigsbevg , cic. , et que
chaque v,isseau , l'un dans loutre, j>oriait 400
barils. I) a.près ce calctil , les poiis d'All;mj;;iie
sur In Baltique reçoivent p!uii de 45,000 barils-,
qui ajoutés à ceux que reçoiv:.-nt les pOHS d Alle-
magne situés sur la mer du Nord , dont 1 évalua-
tion est portée à 87.000 , font un total de l3o,ooo.
J'ai appris de plusieurs négocians allemands qui
font ce commerce , qu'avant que la guerre retînt
dans leurs ports les bâlimens liollandais , la con-
sommation du hareng, dans lAHeniagne , était
bien supérieure à celle qui s'y lait aujourd'hui.
Qjiant aux autres espèces de poissons .tels que
la morue salée . la morue sèche , etc. qui se con-
somment en Allemagne , je ne peux . en général ,
en donner l'évaluation précise ; mais il paraît
arriva le matin à Mondon , petite ville atJx envi-
rons de Lauzanne. Peu de tems après un violent
incendie s'y manifesta : la troupe avertie du
progrès des flimmes par la gétiérale qu'on batdt
de tous côiés , se précipita à l'instant, officiers
et soldats au milieu du danger. L'acliviié fut
telle . les secours furent si bien dirigés que sept
maisons seulement furent la proye des flammes;
non feulement les soldats républicains sauvèrent
des fureurs de lincendie les propriétés , mais
encore il les firent respecter. Dans ce moment
d'aliarme générale , ovila ville devait être réduite
en cendres . aucun vol , aucun désordre ne fut
commis; des officiers et soldais dont l'incendie
avait dévoré les eflFels ne se plaignirent que de
ne pouvoir soulager les malheureuses victimes
de ce fléau dévastaieur.
C'est ainsi que le même jour les braves com-
posant l'aimée de réserve livalisaient de zèle à
Alondon et au village de Cessey . prés le camp
sous Dijon, pour arrêiei l'incendie violent qui
y avait éclaté , et par le sacrifice d'un jour de
leur paye , en adoucissaient le malheur.
Plein du sentiment qui anime lout soldat fran-
çais , les braves savent et prouver'jnt chaque
jour qu'il est doux d'allier la sensibilité à la
valeur.
Je vous salue ,
G. DUPERRI'UX.
— Aux observations insérées hier . sur le degré
de probàbiliié de la nouvelle relative au général
Kleber , on peut ajouter les remarques suivantes
insérées au journal de Paris.
n II y a 92 lieues , de 2,400 toises , du Kaire
à Gaza, lorsqu'on ne peut passer le pont sur
/ l'exirêmité du lac entre Caitié et Salahié ; lors
I qu'on suit la route sur laquelle le pont se trouve,
par les états imprimés à Hambourg . que l^impor- 1 '' y a 74 lieues,
tation de ces poissons^ dans ce port est ir'ès-con- j^ffa est à moitié chemin entre Gaza à Akka
siderable, et que c est principalement de la ou Acre. Il y a 5o lieues de 2400
Norwcge que maintenant on les lire. 11 est pro- Gaza à Akka. Jafîa est doue distant
bable aussi que la Notwege continuera toujours ' ■ - ■■ -
à fouinir la morue sèche aux marchés de l'Alle-
magne , parce que , dans les parties septenirio
toises , ae
fie Gaza
de 25 heues. En lout, il y a J17 lieues du Kaire
à Jaffa par h route la plus longue , et 9g par
la route la plus courte. Un ar".;be , monié sur
un hidj ou dromadaire ne peut lane cette roule
que dans cinq jours. J. G.
— On écrit de Rouen, en date du i3 fruc-
tidor , que les voleurs de la receue de Neul-
nales de la NoiWegc, où la 'pêche de la morue
dure jusqu'à la fin de Ihiver , le froid est si rude
et l'air est si serein , que l'on conserve la morue ,
en la fesant sécher en plein air . sans qu'il soit
nécessaire de la saller ; avantagé qu'on ne peut se I ,. -, — - -
procurer dans aucun autre lieu. Ajoutez à cela | <^"atel , détenus dans la prison de la Conciergerie,
que les allemands aiment mieux,la morue sèche | °"' '^^f.^.^'^ .'^'^ s enfuir. Douze de ces détenus
de Norwcge , qui n'a point été salée , que la mo- °"' ''^J^ A^ condamnés à la mort et au fers,
rue sèche (jui l'a été. La ijurue salée ou raarinée | '"^^ ^'^ heures du soir , ils grimpèrent par
que les allemands appellent Lflfccrrfan, est moins 1 ""^ '^^erainée, et descendirent dans une des
estimée d'eux que la morue sèche , qu'il appelent l?^'.'*',* '^'^ Palais de Jusiice. Déjà ils en avaient
Stockfisch (merluche, ) En sorte qu'en 1798, il n'y I ''■■'''*^. .'^ porle , quand une décharge à poudre
eut que 48» barrils de morue salée , ou LaiêriiaTi,
importés à Hambourg : et en 1799 , l'importation
fut réduite à 8 barrils seulement , qui furent ap-
portés de Shetland.
Mais la morue sèche et salée paraît avoir mieux
réussi; et il est extrêmement probable que celle d'E-
cosse, particulière ment celle que l'on connaît sous le
nom de Barraling, qui est très-estimée , pourrait
être envoyée avec avantage à Hambourg. Un
essai d'exportation de hing salé , de Leyde à
Hambourg, fut fait en 1798; et il faut que la
spéculation ait eu quelque succès , puisqu'en
17(J9 on exporta de Leyde à Hambourg 140
quiniaux deLing salé, ainsi que le prouvent les
étais impiimés à Hambourg. 11 est vrai que cette
quantité n'est rien en comparaison de ce qui fut
importé à Hambourg la même année , de Bergen ,
Droniheim et Chrisiiana ; mais au moins cela
peut être un motif d'encouragement pour ceux
qui voudront faire des tentatives dans le nord
de l'Angleterre. La suite demain.
IN T E R I E U
Paris , le i5 fructidor.
R.
Lv. Journal de Débats insère aujourd'hui la lettre
suivante , en daie du 10 fructidor , adressée du
quirlier-général à Couternon , par l'adjudant-
général Duperreux, sous-chef provisoire de l'état-
major-général de l'armée de réserve.
Je vous invite, citoyen, à faire connaître par
la voye de votre intéressant jouirnal le trait sui-
vant qui ajoute encore à la gloire du soldat
français.
Le 29 thermidor une colonne de l'avant-garde
de l'aroice de réserve étant en marche en Helvétie,
fut l'aile sur eux. Parmi les fusils, ils s'en trouva
deux qui éiaient chargés à plomb. Un des fuyards
a été atieini à la iê:e. On ignore encore si ce
coup est mortel. Tout ces scélérats ont été repris
et renfermés plus strictement.
— Le citoyen Sancerolte, membre associé de'
l'Institut national , a fait à Luncville le relevé
des naissances et des morts , depuis Tan 1669
jusqu'en l'an 1799. Il s'ensuit que depuis ircuic
ans , la mortalité est beaucoup moins forte parmi
les femmes en couche et les nouveaux nés.
Ce ciioyen attribue celte augmentation de la vie
commune aux progrès de la médecine prést-
vatrice , aux plus grands exercices que preiuieut
les femmes en couche , et à l'allaitement presque
général des enfans par leur raere. Ainsi les
sciences se perfectionnent et la théorie amélio.'c
ia pratique. (Extrait du Citoyen Français. )
Prises et nouvelles de mer,
Le corsaire l Irréprochable . de Cherbourg, a
conduit sur la rade de cette ville , un sloop an-
glais d'environ 40 tonneaux.
Les corsaires le Bien Informé et le Coureur , de
Boulogne, ont cii|)iuré à la côte d'Anglelerie
et fait entre dans le port ci-dessus, un lougre,
anglais , chargé de genièvre , eau-de-vie et
tabac.
Le corsarre la Mouche , de Bordeaux . capi-
taine Plassiard , a pris et envoyé à Îaiuie-Croix
de Téiiéiiffe , le brick poriugais Espirito-:Santo-
e-San-Pedro , allant de Madère à Saint-Michel ,
l'iine des Açores , chargé de diverses marchan-
dises.
Le même coriaiffi a envoyé à Oiarava , île de
Ténériffc , le navire la Lune , de Liverpool , qù.»
s'est rendu à lui après un combat où l'anglais à
eu plusieurs personnes luées et d'autres blessées.
Ge bâtiment était destiné pour la côte de Guinée ,
et il avait à bord des marchandises appropriées
au commerce d'Afrique, f Extrait du journal du
Commerce du Havre , du n fructidor. )
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 14 fructidor.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances ;
Considérant que les intérêts de la république
seraient lésés si le piix commun des grains et
autres denrées s'établissait, pour la liquidation du
rachat des rentes dues en nature à la république,
sur les années pendant lesquelles les dentées ont
été vendues en papier monnaie et au maximum;
Considérant qu'il serait même impossible dans
beaucoup d'endroits de régler le prix d'après les-
dites années , faute de mercuriales du tems du
papier-monnaie ;
Le conseil d'état entendu , arrêtent :
Art. I''. L'article II de l'arrêté des consuls du
18 ventôse dernier, portant que les rentes Sti-
pulées en nature seront liquidées d'après le rnode
éjabli par la loi du 29 déembre 1790 , sera exécuié
de la manière suivante :
Pour former l'année commune du prix des
grains et autres objets en nature, on prendra les
dix-huit dernières années desquelles on retran-
chera, 1° les annés 1793, 1794.. '79^ et 1796
(v. st. ), pendant lesquelles le papier - monnaie
a eu cours ; 2° Les deux plus fortes et les deux
plus faibles des autres i4années, et le prix com-
mun sera établi sur les dix années restantes.
IL Le ministre des finances est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jop,r.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies, le
«onseil-d'état entendu . arrêtent :
Art. I''. Tous marins étrangers résidans sur
le territoire de la république , qui ont épousé une
femme française, et navigué sur les bâtimens de
commerce , sont assujettis à servir sur les vais-
seaux de l'éiat.
II. Lesdils marins sont tenus de se présenter
au bureau de l'inscription maritime du quartier
dans l'étendue iduquel ils résident et à s'y faire
inscrire.
III. Après leur inscription ils seront considérés
comme marins français et participeront, comme
eux , aux avancemens , augmentations de paye ,
paris de prises et pensions accordées par les lois
aux e;ens de mer.
VU. Les préfets feront faire par les sous-préfets ,
1394
PRÉFECTURE DE POLICE.
Taris , le \b fructidçr an 8.
Le préfet de police est parvenu à découvrir
la retraite du nommé Dubosq , l'un des six
assassins du courrier de la malle de L'yoî! , qui fut
massacré avec son posiillon la nuit du 8 au 9
floréal an 4, enùe Licursain et Meliin , et volé
d'une somme de 10 millions mandais, et de 10
à 12 mille francs en numéraire, destinés pour
l'armée d Italie. Dubosq a élé arrêiè hier, et
amené à la préfeciure de police, ainsi que sa
femme déj.i condamnée à 22 ans de réclusion ,
et qui s'éiait échappée .avec lui des prisons de
Versailles. Il était muni d'une infinité dinstrumms
à voleurs , d'une perfecuon dont il n'y a pas
eu encore d'exemple.
court, Parmentier, Cadet de Vaux , Molsrd ^
piésidcnt du conservatoire des arts et raéiiers,
Lasieytie , la sociéié philomaiique , la société
d'agriculture du dépanement de la Seine , la
Ccpède , membre du sénat conservateur, Say ,
membre du liibunat, Delarochc , Lamande ,
Aubeit, Gelin , membres du comité de bienfai-
sance de la division du Mail, Cottart , idem,
M.= Anson . de CandoUe , Brogniard , professeur
d histoire naturelle aux écoles centrales, et di-
recteur de la manufacture nationale de porcebinc
de Sevrés, Thouin, membre de linsiitui, Bi-
dermann , Delessen, Godefroy. chef de bureau
des secours et de l'agent comptable.
Nota. On publiera a mesure le nom des sous-
cripteurs.
Souscription pour former des établisscmens de soupes
économiques dans Paris.
De tout tems , on s'est occupé des moyens les
plus propres à soulager les indigens, et en parti-
culier à leur procurer , àbas prix, une nouriiiure
salubre.
Entre les nombreux essais qui ont été faits , il
n'en est aucuns qui aient atteint le but d'aussi près
P R Y T A N É E FRANÇAIS.
Le i3 de ce mois était le jour fixé pouf la distri-
bmion des prix obtenus par les élevés du Piy-
tanée.
Le ministre de l'intérieur , ■avant de couronner
les vainqueurs , a prononcé le discours suivant :
Il Jeunes citoyens , en présidant à la distribu-
lion des prix que vous avez mérités, je remplis
une tâche d'autant plus agréable pour moi, que
que ceux du comte de Rumford. Les soupes éco- ! j'ai craint d'en être privé. J'e me félicite do
nomiques établies en Allemagne , en Angleterre , i pouvoir mesurer de mes propres yeux l'éien-
en Suisre et en France, ont par-tout servi d'une ; due des espérances que vous donnez à vos fa-
maniere efficace à soulager les pauvres. On a pu, I milles et à l'état. Vos succès ajoutent un nou\^eau
dans Paris, juger de leur utilité pai le succès ' fleuron à la couronne civique des hommes dis-
dont jouit l'établissement fondé à la rue du Mail , luigués qui vous dirigent; et si vos concours
n" 16. liiiéraires ont produit, les années précédentes ,
Léconomiedes sept huitièmes du combustible, | lémulalion la plus udie , combien ne doivent-ils
l'économie de la main-d'œuvre . la .salubrité et la j pas flje plus salislaisans encore aujourd hui que
bonté de la soupe , tels sont, les avant..gcs de la 1 etabhssement de ctnq nouveaux collèges reunis
soupe en elle-même. Ajoutons-y la facililé de au Prylanee , asstire que l instructiori commence
nourrir les pauvres, et en particulier les pauvres | a acquérir cet éclat , signe certain de la prospc-
honteux , la certitude qu'ils ne mésuscront pas I "^"^ des empires .
des dons qu'on leur fait , la possibilité de dimi-
nuer la mendicité , et nous aurons une idée de
l'uiiliié dont sont les soupes à la Rumfoid. Cette
utilité a frappé tous les philanlropes. 1
Le citoyen Parmentier, organe du comité cen-
tral de bienfaisance , l'a développée dans un rap-
port fait au ministre de l'intéiieur, et imprimé par
son ordre. Il n'existe à Paris qu'un seul établisse-
ment en activité ; ce qui est insuffisant pour une
ville aussi peuplée : il nous a paru que le moyen
le plus convenable pour propager ces fondations,
était d'ouvrir une souscription.
Nous en avons communiqué le plan au ministre
de l'intérieur , qui l'a approuvé ; il a fait plus ,
il a bien voulu promettre de fournir les emplace-
mens nécessaires pour établir les fourneaux dans
différens quartiers.
Le citoyen Dubois , préfet de police , toujours
empressé à eacourager ce qui peut être utile , a
annoncé qu'il seconderait cette association et a
été un des premiers à souscrire.
An de donner à cette souscription l'extension
et la stabilité nécessaires, voici le plan qui nous
a paru le plus convenable.
1°. Le prix de la souscription est de 18 francs ,
maires et tous autres dépositaires des registres de j payables en vendenrimre.
J'état civil , le relevé des mariages contractés avec
des femmes françaises depuis 1798 , par des ma-
lins étrangers actuellement résidans sur le terri-
toire de la république.
Ils enverront ces états, dans le mois qui suivra
la publication du présent arrêté , aux officiers 1
d'administration et préposés à l'inscription mari-
time de chaque quartier.
V. A l'avenir lesdits maires et adjoints feront
passer, au commenci^ment de chaque mois, aux
administrateurs chargés de l'inscription maritime
un semblable état desdiis mariages contractés dans
le mois précédent.
VI. Lesdils administrateurs porteront sur les
reeistres de 1 inscription maritime de leur quar
.° . !■._ t-^ 1 J l'i._Ui;.
2". Chaque souscripteur recevra en échange
180 billets de soupe à raison d'un par jour pen-
dant six mois , de manière qu'avec ces 18 francs
on pourra donner journellement, pendant six
mois, à un indigent, une soupe suffisante pour
un repas , et en outre avoir la satisfaction de
contribuer à la formation de ces utiles établis-
semens.
3°. Le 5 vendémiaire an g , les souscripteurs
s'as»cmbleront dans un local désigné dans les
journaux , et nommeront un comité central.
4°. Ce comité sera chargé de se- concerter avec le
ministre sur le chpix des emplacemens, dans les
divers quartiers, de choisir les employés, de pré-
parer les logemens , de faire bâtir les fourneaux ,
d'acheter les provisions , de recevoir les sous
^er les établisseraens de
oupes économiques
«ier les susdits marins étrangers, dont l'étabhs- „ „, ._„ j.
sèment en France sera constaté par les états ci- 1 criptions, et de propag
dessus énoncés , et lorsqu'ils auront le nombre . soupes économiques.
de mois de mer fixé par la loi du 3 brumaire an 4, 50. Qn fondera autant détablissemens qu'il y
concernant linscnpnon maritime. ^^^^ ^^ ^^^^ 3^0 souscriptions.
VII. Le ministre de la marine et des colonies est go Le comité central nommera un comité parti-
chargé de l'exécution dti présent arrête , qui sera culier pour inspecter chaque établissemeni,
inséré au buUeun des lois. . ,- . . , ,
] 7°. Les femmes sontinvitees a concouiir a cette
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
AVIS.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particuUeres, sur tel objet que ce
soit , doivent ' être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen -, çt c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
.est impossible aux consuls de s'occuper de ces
"ebjets.
souscription.
8". On souscrit à l'établissement des soupes à la
Rumford , rue du Mail , n" 16 , depuis 9 jieures
jusqu à 2.
9°. Les personnes qtii n'auraient pas le tems
d'y aller, peiivent envoyer leur nom et leur
Oui , jeunes citoyens , à votre instruction
se rattache la prospérité des empires Dans
un demi siècle tous ceux qui sont aujourd'hui
les dépositaires de la puissance nationale n'exis-
teront plus , et la sûreté de leur lombeau dé-
pendra de l'éducation actuelle de la jeunesse....
L intervalle qui sépare votre âge de l'âge mûr , est
dévoré par le tems, qu'il y aurait de la folie
à ne pjs regarder votre instruction comme aussi^
nécessaire que toutes les lois ; c est-elle qui en
grave l'amour dans les jeunes cœurs , et qui pré-
pare ainsi de siècle en siècle le foyer qui les
nourrit et les conserve.
1) Aussi l'état où l'instruction contrarie les lois
s'approche de sa chute , et cette leçon que
nous donne l'histoiie , sert de réponse à ceux
qui voudraient que les gouvernemens fussent
éirangers à l'instruction des citoyens , et qu'elle
fût abandonnéej[toute entière à des instituteurs
particuhers sans devoirs et sans frein.
)> Cet étrange sophisme a pour adversaires la
raison et la puissance. Tous les instituteurs doi-
vent suivre limpulsion donnée dans les écoles
nationales. Il n'est que trop vrai que quelques-
uijs d'entre eux négligent ce devoir , et que
revenant sans cesse à leurs vieilles habitudes ,
ils oublient que le 18' siècle est pour la France
le siècle de la philosophie , ils abusent de l'iso-
lement momentané on les laissent les occupa-
tions pressantes et journalières du gouverne-
ment.
1) Ces sophistes n'ont pas approché de vous , ■
fils adoptifs de la patrie ; mais quelques-uns de
vos jeunes frères , de vos jeunes amis ont peut-
être ouï leurs leçons flétrissantes : parlez-leur avec
orgueil de celles que vous avez reçues dans ccS
lieux ; dites-leur qulci l'on vous apprit que les
lois gouvernent tous les hommes , ei qu'aucun homme
n'est au-dessus des lois \ qu'il n'y a d'autre distinction
raisonnable que celle des vertus et des lumiere-s , et
que tous les cultes plaisent également à l'Eternel ,
pourvu qu'ils commandent d'être bon Jils , bon père ,
bon époux, bon citoyen.. . .
)i Lorsque vous leur tiendrez ce langage , votre
voix trouvera le chemin de leur cœur ; et lelle
est la toice de la vérité , qu'ils oublieront près
de vous les leçons qu'ils peuvent avoir reçues de
l'ignorance.
)) Mais c'est en vain que l'ignorance voudrait
entourer la génération naissante de son ombre i
cette génération s'élance d'elle-même vers lés
idées libérales qui lui sont offertes.... LéduSa-
tion des choses , plus puissante que celle dés
houuaes , la pousse vers l'héro'isme et la philo-
sophie.... car les troubles politiques qui allii-
méiit toujours le flambeau de la guerre et de
la discorde , allument aussi le flambeau du
adresse , (franco ) par la petite-poste , audit éla- ! génie. . . .
blissement , et ou fera recevoir le montant cher! Çhi'ils cessent donc d'espérer les instituteur»
elles. I de la servitude: dans leurs entretiens solitaires ,
10°. Les souscripteurs actuels sont: les citoyens j je les entends se répéter que la génération nais-
Dubois , préfet de police de Paris. (6 souscrip- j santé , ramenée lentement aux habitudes de la
lions.) Ad. Duquesnoy , rapporteur du ministre j monarchie , finira par se précipiter vers elle... ..
de l'intérieur. ( 2 souscriptions. ) Françris (de j Les insensés ne voient pas que la génération
Neufchâieau. ) membre dé l'Institut national et [nouvelle , vierge des crimes et des fautes de la
du sénat conservateur , Larochcfoucauld - Lian- t révolution , en reCiieilleta to-vK les fruils , en
y3g5
aura toutes les venus , et que nos cnfans seront
meilleurs que nous!...
>> Celle vérité d'observation est consacrée par le
senliinent de (ieiié naùonale que je vois briller
dans le regard de Ccs jeunes élevés , par les
palpitalions , par les nobles élans qui font battre
leur cœur.. . .
)' Jeunes gens , vous sentez votre bien-être ,
vous êtes dignes de vos pères et du gouver-
nement qui vous adopte , vous êtes dignes de
vos instituteurs..,. Q_ue me reste-t-il à vous dire
qu'ils ne vous ayem liiille lois rcpéié ! dans tous
les pays et dans tous les leois l'insiruclion est
la meilleure amie de lliomme : elle diminue
les peines, elle ajoute au plaisirs par elle
les affections douces s'élendeiil et acquièrent
plus de délicatesse , et les sujets de distraction
qui soulagent dans le malheur se muhiplieni
par elle Le malheur! dans tous les
étais même les plus enviés sa mâln de fer sou-
vent brise lame! eh bien croyez moi, il n'en
est pas qui reste long-tems inaccessible aux con-
.solaiions de l'étude. — Voyez cet homme que
la mort vient de frapper dans l'objet de ses
affcciious, toutes les distraciions accourent autour
de lui ; Il est environné des amis du jour ,
la loule des afFaircs et des intérêts le presse ,
que sont les iniéiêis et les affaires pour le mal-
heureux ? à peine formé, leur souvenir se
détruit; il cherche la solitUde Eh bien!
c'est là qu'il trouve le seul ami qu'il peut sup-
porter , c'esl-là que les beaux ans et les lettres
l'aiiendeni ; son imagination se reveille ; il retrace
l'image de ce qui n'est plus et son pinceau qui
devrait redoubler sa peine , la soulage..... Il
conhe au triste papier sa complainte silencieuse
et son cœur est moins oppressé , les larmes
trouvent un passage et la douleur sentie rem-
place le désespoir insensible. — Mais du sein
des villes reportez vos regards loin de vous ;
voyez ce vieillard jette par l'orage dans une
triste solitude ; parens. amis , biens, pairie, toul
a disparu : l'orage a tour emporté ; il est seul ,
seul dans 1 Univers Toul ceux qui ont été'
frappés comme lui sont devenus la proie de la
tcmpêie : ici , quel appui le souiient ? quelle esi
la divinité bienfesanie qui ramené le sourire
sur ses lèvres flétries?.... c'est l'étude Elle
lui rend à la fois ses amis , ses pinceaux, sa
patrie ; il retrouve ses jardins immortels , ses
jardins dont le feuillage hospilalier le met à
l'abri de la douleur. Vous paraissez dans des
jours bien prospères; jeunes gens, livrez vous
donc sans relâche à létude. Dans la carrière
immense où vous allez entrer , si vous avez
acquis des laiens , rien ne s'oppose plus à votre
course.... Tous les obstacles que le despotisme
et Ja vanité opposaient à vos pères , vos pères
les ont renversés au prix de leur sang; et c'est
pour vous applanir la route qu'ils se sont élancés
sans crainte au milieu d'un empire bouliversé :
)i Enfans du grand peuple , il n'est point
dambiiion qui ne vous soit permise : au milieu
de vous , peut-être mes regards voient , sans les
discerner, ceux qui, dans les jours de noire
vieillesse , seront les consuls de la république ,
et ceux à qui dans le sénat sera conhé le dépôt
sacré de la charte nationale Jeunes amis ,
»emez dans ces beaux jours, pour recueillir
dans des plus beaux encore : vous qui n'avez
pas été couronnés , redoublez d'ardeur ; que la
soif d'apprendre , le besoin de parvenir , vous
consument : et vous dont nous célébions le
triomphe, voyez dans ces prix glorieux 1 obli-
gation solennelle que vous contractez d'en ac-
quérir de nouveaux l'année prochaine à pareil
Jour, u
Ce discours a été couvert d'applaudissemens
Unanimes. I.afîluence des ciloyens , la présence
d un grand nombre de membres des premières
autorités de la république , prouvaient le vif in-
-leiêl que mettent aujourd hui loutes les classes
de citoyens à la bonne éducation de la jeu-
nesse. C'est le bienfait de celte bonne éducation
^ue la France attend du gouvernement. On peut
dire que les esprits y sont préparés , et malgré
quelques sourdes oppositions , on peut présager
que bientôt enfin nous aurons une éducation na-
tionale adaptée à nos mœurs et aux principçs de
iTorre gouvernement. Cet appui manque encore
au soutien de la révolution française ; c'est par-là
qu'elle sera enfin affermie et entièrement con-
solidée.
Le citoyen Luce , professeur de liitérature a
prononcé un discours sur l'utilité des langues
anciennes , qui étaient trop exclusivement en-
seignées autrelois , et que peut être on néglige
trop aujourd'hui. Parmi des morceaux très-bril-
lants , cl qui prouvent autant de talent qued'ha-
Liclé dans l'art décrire , on a remarqué celui-ci
qui a été vivcraeni applaudi, u Que ne puis-je ]
>> évoquer ici les ombres de tous ceux de nos
)> écrivains qui joignant le goût au génie , et 1 é-
II lude au talent , ont enlanté les chefs-d'œuvre
!! de iiotic liiicrature ! Copistes sublimes, devenus |
)) modèles à leur tout vous les entandrez, recon- '
>) nai<î5nns et modestes, avouerpour leurs guides,
II pour leurs maître's , pour leurs vainqueurs ,
i> ces grecs et ces laiins aujourd'hui si dédaignés.
" Que l'imagiiialion nous transporie un moment
'I dans cet éivsée , heureux séjour des morts
»i célèbres : là nous verrons tous nos grands
Il hommes assis chacun à côié rlu grand homme
Il qu'il se fit gloire d'imiier; Corneille sourit à
11 Homère , à Sophocle, et niêine à Lucain ;
Il R.icine embrasse Euripide et Virgile ; Bossuet
I' tjL-nd la main à Demosihenes ; Fléthier ca-
II resse I;ocr;iif ; Ijoilcju rcmeicie Horace ,,et
'1 Juvéïial ; iMjisillon écoule Giccron.
51 Le bon Lalontaine s'clonne de voir E'sope
11 et l'^hcdre à ses pieds : Molière cherche Arislo-
11 pli.trie. Plante et Tércnce , qui pâlissent à son
II aspect: Buffon converse avec Pline, qui le
'1 force de s'asseoir au-dessus de lui : Jean-Jacqnes
11 et Montesquieu discutent avec Platon.
11 Voltaire enfin, se promenant seul au milieu de
lices grands hommes , salue chacun <reux en
u passant , et va se perdre dans une forêt de
11 lauriers. i>
Le public a é^ilement entendu avec iniérêt
plusieurs élevés 'de l'âge de quinze à seize ans,
lire des morceaux de poésies de leur composiiion,
dans lesquels on a remarqué des vers tièsheure-ux.
Le jeune Pérée a lu une traduction du discours
de Didon . du quatrième livre de lEne'idc de
Virgile r les vers suivans ont été favorablement
accueillis.
Un étranger me brave avec cette insolence !
Et je ne verrai point au gie de ma vengeance
Tous mes sujets s'armer , s'élancer sur les eaux
Poursuivre , submerger , abîmer ses vaisseaux !
j Partez: qu'attendez-vous? Ou'on saisisse la rame,
I Qu'on prépare et la voile et le fer, et la flainme...
Il Où suis-je? qu'ai-je dit? quel aveugle transporta
Malheureuse Didon, tu gémis sur ton sort!
Son horreu^ en tout lieu te suit et t'environne !
Il fallait le prévoir quand tu donnais un trône !
Voilà donc ce héros , ce sauveur de ses Dieux ,
Du respect filial ce modèle pieux ,
Qui d'un fardeau sacré noble dépositaire ,
Parmi le fer, la flamme, emporta son vieux père I
K'ai-je pu déchirer ses membres p,ilpitans !
N'ai-je pu les semer sur les flots écumans ,
Egorger de ma main le fils de l'Infidèle ,
Et charger d'un tel mets la table paternelle !
Le danger eut trompé mon espoir: Le danger?
Que craindre? je voulais périr, mais me venger.
Le jeune Nicod à lu une descriplign du passage
du Saini-Bernard par Bonaparte , qui a été écoutée
avec intérêt; en voici quelques vers:
Le sombre Saint-Bernard oppose à son ardeur
De ses rochers neigeux l'invincible hauteur.
Quand du sentier étroit qui sur ses flancs serpente ,
Le voyageur tremblant suit la pénible pente ,
D'un coté son œil plonge en des gouffres sans fond :
De l'autre, il voit des pics suspendus sur son front ,
Et quelquefois d'en haut les neiges éboulées
Poulcnt , et dans leur cliûte en bloc amoncelées ,
Au sein du précipice, océan de frimats ,
L'engloutissent vivant sous leurs vastes amas.
Bonaparte commande , et cet afl"reux passage
Seulement assez sûr pour le .chamois sauvage ,
Où d'une mort terrible un faux pas est suivi ,
Par tous nos bataillons , se voit bientôt franchi.
Le coursier s'y confie , et dans- des troncs de chêne
Les bronzes destructeurs descendent vers la plaine....
Qu'il était beau de voit en sueut , haletant
Aux pointes des rochers se pençlre en gravissant ,
Et parmi ses soldats, sur la neige polie.
Glisser le général dont l'attaqne hardie
Devait à Maringo dissiper les germains ,
Et qui maître en virtgt jours dé tous les Appenins ,
Du chef ffartiiaginois Venbuvelle et surpasse
La conquête rapide et la brillante fllidace !
Des dessins fort bien faits , tant d'après les
modèles aniiques que d'après naiure, des cartes
géogiaphiques soigneusement de-ssinées , les dif-
térens genres tl'enseignement et d'instruction,
tous dirigés vers les besoins de la société et l'uli-
lilé des individus , ont attiré l'attention du public.
Et les pères de famille se disaient , avec recon-
naissance pour le gouvernement actuel ; Voilà
comme j'aurais Voulu être jadis instruit dans mon
collège.
Le ministre de l'intérieur a stiivi avec une
extrême attention les divers genres" d'insiruction
qui étaient indiqués par la distribution. Il a cou-
ronné les vainqueurs avec une affabihtè et même
des prévenances qui ont été t)ien scniiea et vive'-
ment applaudies par les pères , et sur-tout les
mères de famille. Il a ajouté au prix une médaille i
qu'il a donnée lui-même à chaque élevé. Il s'est '
retiré satisfait au milieu des félicitaiions et des!
remercîmens unanimes des élevés, des maîtres I
et du public. j
AGRICULTURE.
On lit dans le journal du dépanement de
l'Oise, n" 3. quelques détails sur U manière de'
faire le vin.
On met en question ! Faut-il fgrajiper Us rai-
sins ? Oui et non ; je vais ra'exphquer La fouf-
clittte à trois becs indiquée, remplit au moins
bien longuemeut l'objet que l'on se propose. On
sent que-dans m vignoble considérable, il fau-
drait un teras infini , un grand nombre d'ouvricrj
pour égrapper le raisin iiécessairel pour faire seii-
icmeiit deux pietés de vin , à bien plus lotte
raison pour en faire deux on trois cents pièces.
Voici un procédé simple et facile, au moyen
dutjuel un seul ouvrier peut égrapper autant de
raisins que vingt vendangeurs peuvent en cueillir.
On tait choix d'une petite cuve, pouvant con-
tenir deux ou trois pièces de vin ; on fait faite
un châssis octogone, de petites tringles de bois,
ajustées et solidement clouées les unes aux autres ,
un peu plus large (jue la cuve, afin qu'il puisse
porter sur tous les bords de cette cuve sur laquelle
on le place; on le fait garnir en treillage de fil
de ter, maillé cijirame uu filet de pêcheur, en
riDscrvatit que la maille soit de grandeur conve-
n.ible , pour laisser pas.ier faejlement le plus gros
grain de raisin ; cela sulîii.
On a un double râteau, ou plutôt deux râteaux
de bois croisés l'un sur l'autre , et solidement at-
tachés par le milieu ; mais il faut que les demi
de ce râteau , au lieu d être pointues , soient ob-
tuses, plus grosses pareil bas qu'en haut, cou-
pées unies et égales , afin qu'elles ne puissent pas
entrer dans la maille du treillage , qu'elles aient-
environ deux pouces de longueur.
Lorsque l'on apporte la vendange de la vigne,
on la jette sur le treillage ; en deux ou trois tours
de râteau que l'on promené dessus en tournant,
lout le grain passe , le gros bois de la grappe
reste , et il passe encore assez de petit bois vert
tenant au grain , pour donner au vin un acide
nccessinre; c'est ce qui m'a fait répondre , oui et
non , car le raisin n est pas nettement égrappé :
celui qui est encore en verjus, reste attaché à la
grosse g'rappe.
On jette de côté dans une cuve ce gros boiâ
qui sert encore à faire de la boisson , en y met-
tant de l'eau ; enfin on le brûle , après l'avoir fait
sécher, ou oi\ le donne dans l'hiver aux pigeons
qui aiment beaucoup le pépin.
.Alors le moût de la Vendange ainsi égrappée, se
met avec une pelle ou un sceau dans la grande
cuve où le vin doit fermenter.
Si quelque propriétaire désire adopter cet usage
au moyen duquel j'ai fait égrapper au moins i^ado
pièces de vin, j'offre d'envoyer un modèle en
petit , de la grille et du râteau , ou de les faire
exécuter par un ouvrier, sous mes yeux. On peut
s'adresser au citoyen Bernard , maire du village
d'Auchy, canton de Saint-Germer , dèpartemeiK da
l'Oise , qui se fera un plaisir d'être de quelque
utilité à quelqiies-uns de ses concitoyens. [Journal
du département de l'Oise, ^fructidor. )
Suite du tableau statistique des pays ecctéiSfastiqueit-
Cercle DE Bavière. (ï).
1°. L'.'Vrchevêché de Sâlzboiirg. - — Productions i
dn sel et du bétail , du lin et du chanvre , du marbre
et d'autres minéraux , beaucoup de cuivre et de
fer, quelque peu d'argent, d'or et de plomb,
quantité de poisson et de gibier , mais pas assea
de bled — Etendue : 6oo lieues quarrées (selon
d autres 440 ) -^Population : sSo.ooo âmes. -^
Revenus : i,25o,oooflorins. — Industrie etcoftimerci i
fabrication d'acier et de laiton ; on vend déi
bœufs et des c'hevaux , mais on acheté des bleds.
— Militaire : i,'ooô soldats et 8 à 9,000 miliciens.
a". U'Evêché dé Passau. — Productions : du
bétail, du poisson, des perles, du chanvre,
du bois , de la terre à porcelaiue , de la plomba*
gine. — Etendue : 5o lieues quarrées. — Populationi
25,000 âmes. — Revenus: 198,000 florins. — 7;j-
dustrie : on fait de la porcelaine et des reiortes de
plombagine. -—Commerce : sur le Danube,
3°. L'évêché de Rê^rejftMrg- : ( RatisbOnne ). -^
Population: io,oob âmes su'r'5 lieues quarrées.—"
Revenus.: 60,000 forins au moins; selon, quelqilej»
auteurs , jusqu'au double de cette somme. Lb
prince évêque actuel est eri même tems évêqub
de Freysing , et pirévôt dfe Berielsgaden. (Voyéi
ci-après ). ■ '
4°. L'évêché de Frxysing. — Etendue : 40 lieues
quarrées , avec le comté'de VVerdenfcIs. — Popw
laùon, 24vooo:atrtes. — RiMfenteJ i<5o,ooo florins; Les!
nitnes , dans le 'Wertleofel» , :ne<sontr pia. itis-
productivc.r. ,1
5°. La prévôté prin,ci€r,e de Berchtols'gaden. —^
Productions : du sel et du marbre. — - .£teisdut
et J/o.palatipn : i8,ooo; ^mes^sur s5 lie^jes quarrées.
— Revenus 1 96,000 florins,
6°. Les abbayes princieres de Saint-'Eméfàti'
(\) Voyeï les n.»» 341 et 343,
i3ç)6
de Nider , et Ober-Munster , dans la ville libre
et impériale de Regensburg.
Résultat. -— Environ 700 lieues carrées , 33o,ooo
habitans , et i,Soo,ooo florins de revenus.
Errata. —Les revenus du Barabergsont eslimés
1,000,000 de fl., et non pas 100,000 comme il a
été imprimé dans le précédent tableau.
Par mégarde j'ai employé le terme de vaisseaux
en voulant parler des bateaux et barques que
l'on construit à Kclheim , en bavierc; on par-
donnera cette faute de langue à un étranger.
M. C. Brun.
SPECTACLES.
Lb théâtre français vient de reprendre un ou-
vrage dont le succès avait été prodigieux à
rOdéon. La rentrée de mademoiselle Simon a
domié lieu a cette remise , qui a attiré un con-
cours de spectateurs très-considérable : nous
voulons parler du drame traduit de Koizbue,
sous le titre de Misantropie et repentir : on peut,
sous beaucoupde rapporis , critiquer cet ouvrage,
en proscrirele genre, en faire ressoriirles invraisem-
blances , y ttouver-de l'exagération dans les senti-
mens. peu de liaison dans les situations, des sce;>es
inutiles , des épisodes étrangers au sujet ; on
n'en citera un modèle dans aucun des chefs-
d'œuvre de noire scène : nos grands maîtres n ont
pas vu et dépeint leurs personnaj^es sous de telles
couleurs; ils ne les ont pas placés dans des situa-
tions aussi forcées; il serait dangereux'sans doute
.qu'un tel ouvrage eût de nombreux imitateuis :
mais en laissant Ihomme de goût et le critique
éclairé relever tous ces défauts, et combattre
l'ouvrage au no.m des règles qui y sont violées ,
n'est-il pas permis de demander et de recher-
cher quelle peut êi;e la cause du succès soutenu
qu'obtient une production, pour laquelle il sem-
blait qu'on eût épuisé la curiosité publhjue et
tari la source de toutes les larmes ?
Il n'en faut pas chercher un auue que l'inléiêt
profond qui y règne , et qu'une sili;aiion. fxiraor-
dlnaire sans doute, mais réellement attachante,
cl au fond nullement impossible , inspire à toutes
les classes de spectateurs. Le vrai comique a cet
avantage dêtre saisi par tous les esprits, et de
faire circuler le rire sur toutes les physiono-
mies : une situation vraiment attendrissante a le
r ê ne effet sur les cœu s; il semble même que I2
communication est plus rapide , plus générale ,
et qu'il est plus facile de ne pas rire d'un trait
comique que de n'être pas ému d'une scène
intéressante et pathétique.
Misantropie et Repentir en renferme une qui
attache à ce point que Ihomme le plus prévenu
contre de telles impressions, se sent ému jusqu'aux
larmes , et avoue lui-même sa défaite.
En parodiant le vers de Piron , il faudrait dire
alors :
J'ai pleuré , me voilà désarmé.
Mais il est plus d'un spectateur qui n'a pas celte
bonne-foi , et qui , s'irtiiani de sa faiblesse , accuse
l'auteur qui lui en arrache l'aveu. On oublie
pour un moment qu'on a cédé , et , examinant
ce qui a pu en être la cause, on conclud les lar-
mes aux yeux que , selon tous les principes du
théâtre , on ne devait pas pleurer: rien ne rappelé
mieux ces premières et glorieuses campagnes de la
liberté où un chef ennemi , surpris et accablé dans
ses.formidables retranchemens, soutenait qu'il n'a-
vait pu être battu, et se plaignait qu'on l'eût at-
taqué contre les règles de la tactique.
Qu'on ne croie pas cependant que nous partagions
l'opinion de ceux qui regardent ces règles en lit-
térature , et sur-tout au théâtre.., comme une en-
trave au génie ; elles ne sont un joug que pour la
médiocrité : brisez leur frein salutaire , des pro-
ductions monstrueuses naîtront à l'instant: le goût
les repoussera sans doute ; mais la multitude leur
prodiguera ses suffrages : voilà le danger.
Toutefois les bornes que les grands maîtres
ont posées , ne sont pas à ce point franchies dans
Misantropie et Repentir., que l'on puisse de bonne
foi en redouter un effet bien dangereux pour le
goût. Les écarts qui s'y trouvent, les défauts qu'on
y reconnaît peuvent être imités sans doute: mais
on ne doit pas redouter, disons mieux , on ne
d oit pas espérer qu'on conçoive souvent , et qu'on
dispose une situation aussi dramatique que celle
bui termine ce drame. On ne doit donc voir à sa
représentation que le danger d'être fortement ému
mais à celui-là il n'y a peut-être qu'un remède
c'est de n'y pas aller; car la nouvelle distribution
des rôles ét.-.nt toute à l'avantage du drame , et
ajoutant encore à ton effet théâiral,il est diOicile
qu'on y évite l'impression à laquelle n'a pu
éch.ipper l'homme prévenu dont nous avons
parlé. S
Les maire et adjoints 4u onzième arrondissement ,
au rédacteur duMan\\eui. — ^aris , le i5 fructidor
an S de la républiijue française une et indivisible.
Nous vous adressons , citoyen , une note
que nous vous prions d insérer dans votre plus
prochain numéro.
Vous vous en ferez un plaisir , parce qu'il
s'agii de doriner de la publiciié à des actes de
courage et de dévouement qui honorent le corps
des pompiers.
Nous vous saluons.
Boula RD , maire.
Lemoine et DoLORET , adjoints.
RouTHiiR , secrétaire en chef.
Le feu a pris le 14 de ce mois, à deux
heures et demie du matin , dans une cuisine au
rez-de-chaussée, maison d'un boulanger, rue
de la Huchetie. Les pompiers de garde au
Palais s'y sont rendus de suite , et affroniint le
danger , ont, au milieu des flammes .abaliu la
boiserie ainsi <]u'une cloison , qui allaient porter
l'incendie dans une pièce voisine. Lun deux
a été blessé , et n'en a pas moins voulu con-
tinuer ses utiles secours jusquà la fin. La con-
diiiie de ces braves cilo'icns mciiie les plus
grands éloges, et leurs noms qui suivent, ne
peuvent être trop publiés :
Le citoyen Dtscouy , caporal de la 2' com-
pagnie des pompiers ;
Aitesan . garde de la 2' compagnie ;
Binquet , blessé par excès d'activité;
Gerbaut , 3' pompagnic.
Ceriilié véritable.
RouTHiER, secrétaire en chef de la mairie.
AVIS.
Les citoyens Treutiel et Wûrtz, libraires . quai
Voltaire n" 2 , mettront en vente le 17 de ce mois,
la léiiTipression de l'ouvrage de M. de Geniz ,
intitulé : Essai sur l'état actuel des finances et de la
richesse nationale delà Grande-Bretagne , vol. in-8°
de près de 3oo pages ; prix , 3 fr. et 4 fr. franc de
port.
Les personnes tiui se sont fait inscrire , pour-
ront dès la veille taire retirer leurs exemplaires.
LIVRES DIVERS.
Notice historique sur le sauvage de l'Aveyron , et
sur quelques autres individus qu'on a trouvés
dans les forêts , à différentes époques , par P. J.
Bon nai erre ,professeurdhistoie naturelle à l'école
centrale du département de I Aveyron ; prix i fr.
et t fr.. so c'ïîit. franc de port. A Paris , chez la
veuve Panckoucke , imprimeur-libraire , rue de
Grenelle , n" 321 , faubourg Germain , en face de
la rue des Peies.
(Nous donnerons un extrait de celte brochule
intéressante. )
Idyles et poèmes champêtres de Gesner , avec la tra-
duction interlinéaire . 2 vol. in-8°. Prix 4 fr. 5o c.
et 5 fr. 5o cent, parla poste. AParis , chez Colnel ,
libraire , rue du Bacq , n" 61S , au coin dt celle
de Lille.
Cet ouvrage est nécessaire à totis ceux qui étu-
dient la langue allemande , ainsi que 'CAvis d'une
mère à sa fille . de mad. de Lambert . publié chez
le ciioyen Agasse , imprimeur-libraire. Ces deux
traductions interlinéàires de l'allemand sont du
cit. Boulard, notaire à "aris.
On a joint à ces Idylles quelques maximes en
danois , avec la traduction interlinéaire.
Histoire du temps ou mœurs écossaises , traduite
de l'anglais sur la seconde édition , trois volumes
in-l2 , avec jolies figures , imprimés avec soin ;
prix , 4 fr. 5o cent, et 6 fr. pour les départemens.
AParis , chez Ducauroy, imprimeur-libraire ,
rue et maison Sorbonne , n* 382.
Ce roman offre le tableau des mœurs écossaises
dans la haute noblesse ; après avojr décrit les
vertus très-recommandables de certa'ms person-
nages , leur manière de vivre extrêmementlouable
et édifiante , l'autpur s'amijse à peindre les ridi-
cules et les travers de quelques autres. La variété
des caractères lui fcutnit les occasions de faire
des réflexions Irès-roor.ile.icl très-instructives pour
ses letieurs. L'I.éro'ine de ce roman in.,piie le
pliis gra:id iniéiè! pjr le contraste de son carac-
tère aiigélique avec let reaijlcrts brutales de son
mari. Les jeunes personnes apprendront en lisant
ce livie , à se préinunircontre les effets dune
première impression , et à soumettre à l'txameTi
d'une froide raison l'individu <|ui se présente à
elles revêtu de formes séduisantes pour captiver
leur cœur : ce roman consacre . encore celte im-
portante vériié , que la vertu et la raison peuvent
seules conduite au bonheur.-
Cours complet d'agriculture théorique , pratique.
Economique, et de médecine rurale et vétéri-
naire, ou Dictionnaire universel d'agriculture , par
urie sociéié il agiiculieuis , t; iéi.ligé par l'abbé
Rozier, Tome dixième , rédigé par les citoyens
Cliapial, cnn.'ieiller-d'éial et membre de l'institut
national; Dussieux , Lastevric et Cadet-de-Vaux ,
de la sociéié d'agriculture de Paris, Parmentier,
Gilbert, Rnngier-Labcrgerie , et Chambon de
l'institut naiiori.il.
Rien n'a été épargné pour que ce volume ré-
pondit à I alterne du public. Le citoyen Chaplal
a rédigé l'article vin; le citoyen Dussieux, f.ir-
ùc\i: vigne ; ct\u'' vinaigre l'a été par le cito-j'en
Parmentier ; iicj(M».\ auverd, par Rougicr-Laber-
gerie et par Gilbert, etc. Ce volume est orrié de
3o planches supéiieurcment gravées par Tardieu.
Le buste de Rozier. avec tous les attributs de
l'ag'iculturc , qui indiquent les travaux de cet
homme célèbre , a éié gravé d'après un dessin
d une composition aussi ingénieuse que simple ,
de son ami 1 abbé Diquemaie.
Tous les extmjilaircs qui ne porteraient pas au
bas de la prcmieie page , après le fron'ispice , la
signature du cli. A. J. Dngour , auieur de la Notice,
sur la vie et les écrits de iîozter . seront répuiés
contrt-laçons. Nous inviions, ali nom du respect
qui est du à une des propriétés les plus sacrées,
au nom même de leur propre intérêt , loiis les
ciioyens'qui auiaieni quelques itenseignemens à
cet égard , de nous les faire parvenir sur le
champ.
Le prix de ce volume sera le même que celui
de la souscripiion , c'est-à-dire , ta fr. en feuil-
les , 12 fr. 25 cent, broché, et 16 fr. franc de
port par la poste jusqti'aux fioniieres , 14 fr. relié
en basane . i5 fr. relié en veau , la reliure con-
forme à celle des autres volumes. On ne recevra
aucune leltre qui ne soit afjranchie.
Oi» adressera les demandes au directeur de la
librairie de 1 éducation et des sciences cl arts , rue
du Bacq, n° 264, j>rès la rue de lUniversiré. j
Il ne reste qne quelques exemplaires de 1 ou-
vrage complet en 10 vol.; prix l3o fr. broché,
et i5o fr. relié.
COURS DU C H A N ifi E.
Bourse du i5 fructidor. — Cours des effets publics.
3o jours. à tio .jouTX.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif
Cadix. ... :
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâie.
S7!
187^
Effets publics.
Rente provisoire ; . 17 fr.
Tiers consolidé 3l fr. 5o c.
Bons deux tiers i fr. 5gl c.
Bons d'arréragé Fs fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 86 fr. 63 c.
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBLiq^uE et des Arts.
Auj. relâche. '
Xhéatrk nu Vaudeville. Auj. la bonne Au-
baine; Champagnac , et Trois centre un ou Ah!
que J'étais bete 1
ERRATUM.
Dans le D° d'hier , 2' pag, t'^ col. 3' alinéa , rap-
port présenté aux consuls de la républicjue par
le ministre de l'intérieur sur l'ociroi municipal de
bicnfesance de Paris , au-lieu de le cit. Dussap
annonce , lisez : le cit. Dussap assure.
L'abonnement se fait i Paris, rue de» Poitevins, n° 18. Le prix est de aS francs pour trois mois, 5o francs pour six mois, et »oo francs pour I';
•'abonne qu'ku comraeucement de chaqne mois.
Il faut adresser les lettres et l'argent , franc de port , au cit. AcASSE, propriétaire de ce journal ,rue des Poitevins, n" j8. Il faut comprejidrc dans le
■pavi où l'on ne peut affrancliir. Les lettres des départemens non affranchies , neseroutpoint retirées de la poste.
il faut avoir soin, pont plus de sûreté , de cliarger celles qui reiifermetii des valeuts , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, a
Poitevins , n" t3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cii ^ heure» du soir.
Qvois le port de
A Pavis, de l'imprinaerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
/f 347.
Septidi , 1 7 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dacer du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul Journal officie!.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvevnemenr , les nouvelles des armées , ainsi que 1-s faits et les notions tant sut
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré au)f sciences , aux arts et aux dérouvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 28 août( io fructidor.)
Suilf dés questions faites dajts un comité de la
chambre des communes , sur le commerce de
poisson , au révérend t.erbert Marshal , et des
réponses de celui-ci.
QpANT aux places d'Allemagne oiî se font le
plus grand commerce et la plus grande con-
sommation de hareng , il faut observer qu'indé-
pendamment des ports de mer dont j'ai déjà
parlé, presque toutes les villes d'A'lemagne,
«xposent en vente du hartng salé , soit en gros,
goit en détail, et que les villages sont approvision-
nés par des colporteurs des villes voisines. Le
iiareng se transporte dans l'Allemagne , en partie
par eau , et en partie par terre. Celui qui va à
Leipsick , à Dresde , et dans les autres endroits
de lélçciorat de Saxe , est apporté sur l'Elbe ,
dans des barques , de Hambqurg à Magdebourg ;
et de Magdebourg à Leipsick , etc , il est trans-
porté par terré. Celui qui est destiné pour Ber-
lin , feit toute la toute par terre , soit de Ham-
bourg , soit de Stettin. Le hareng est transporté
à Bremen par le Weser ; autrefois les hollan-
dais en envoyaient beaucoup , par le Rhin , à
Cologne, Mayence , Francfort - sur- le-Mein,
Manheim , etc. , d'où il était distribué par le
Mein et le Necker dans l'intérieur de la Fran-
•conie et de la Souabe. Le hareng destiné pour
la Bohême et l'Autriche , est conduit par mer
à Stettin , et transponé delà sur des barques ,
par roder, aussi loin qu'il est possible, dans la
Silésie , d'oià le transport se continue par terre.
Quant au cas que l'on fait en Allemagne des
différentes espèces de hareng , on montre une
Îjréférence marquée pour le hareng de Hol-
ande, ensorle que , quoique le hareng de Suéde
ait été vendu dernièrement un tiers et même un
quart de moins que celui de Hollande , il n'y
aura que les gens les plus pauvres du peuple qui
achèteront du hareng suédois , tant qu o« pourra
se procurer de celui de Hollande , ou du moins
du hareng préparé à la manière des hollandais.
Les marchands dEmbden ont appris des hollan-
dais leur méthode ; mais ils n'en ont pas encore
éteint la perfection ; et j ai entendu dire à des
personnes qui font ce commerce , que le hareng
préparé à Altona ne se gardait pas aussi bien
que ce'ui de Hollande.
Pour le prix du hareng dHolIande . comme il
se vend par barils dans les ports hollandais , je
m'en suit procuré les états depuis 1788 jusqu'à
1797 , qui est l'année oii les hollandais ont été
forcés de discontinuer leur commerce ; voici
quels ont été les prix pendant ces dix années :
Kixdalcs.
. . i3
. . i3
AoDces,
I7S8. ,
1789.,
»79o- .
J791. .
Jjgs.
Quand le cours du
Anaéeg.
1793. .
IT94- •
1795- .
1797.
K.ix<lii)«t.
. . lo\
• • 17
. . 16
• . 19
. . 25
v"«..v. .w w«-., v..^ change est au pair, six
fixdâles équivalent à une liy. st. et cinq ou six
Îiences ; en sorte qu'en 1797 le hareng de Hol-
andc fut vendu, même dans les po is hollandais,
plus de 4 liv. st. le baril. Depuis ce tems le ha-
reng d Altona et d Embden , le seul qui- remplace
celui de Hollande, a été porté à un prix encore
plus élevé l'année dernière , 179g ; le hareng d'AI-
tona t'y est vendu 3o dollars , ou plus de 5 1. st.
le baril. Un marchand qui revenait de Magde-
bourg m'a dit , au mois de septembre dernier,
que, quoique le transport d'Aliona à Magde-
bourg se fasse par eau , le hareng d'Ahona s'est
vendu à Magdebourg 38 dollars le baril , et que
celui d'Embden s'y est vendu plus cher encore.
Dans le même été , deux cargaisons de hareng
furent expédiées de Leiih à Hambourg ; le négo-
ciant qui avait fait une de c^s cargaT-ont , vn'-t
dit que, quoiquil eût acheté le hareng à Leith
environ 20 liv. 81. le baril, personne à Hambourg
ne voulut lui en donner ce prix. J'ai goiîié depuis
du hareng de Leith, et j.ai reconnu que , bien
loin de ressembler à celui de Hollande , il était
aussi mal préparé qu'il est possible que du hareng
le soit. Néatjmoins, à-peu-ptès vers le même lems
il vint de Siornoway dans Itle de Lewis , à Ham-
bourg, une cargaison de harengs salés , et quoi-
qu'ils ire »c vendisseut pas plus de Oioitié 4» srix
des harengs d'Aliona , ils furent vendus trois fois
cejui du hareng de Leiih , cette cargaison ayant
été vendue environ 33 marcs , ou" à-peu près
î liv. st. le baril.
Le hareng de Suéde s'est 'vendu à Goihem-
bourg , au mois de mars de l'année derpiere ,
c'est-à-dire environ deux t^^ois après que la pêche
de hareng en Suéde est finie, 4^ rixdalcrs de
Suéde, ou environ l liv. s s. sterl ; prix auquel
les harengs du Nord de l'Ecosse se sont vendus
l'été dernier à Greenock? ensoite qu à prix égal ,
)e hareng de Greenock, s'il était d'une cjualité
décidément supérieure , se vendrait avec plus de
rapidité que le hareng de Gothembourg même.
Quant à présent, il est difficile de décider lequel
tles deux obtient la préférence. L-i grande objec-
tion contre le hareng de Greenock, dont j'ai
acheté en octobre dernier quelques barils pour
les envoyer en Saxe . est l'inégalité qui se trouve
entre les harengs d'un même baril; en effet,
quoique dans chacun de ceux-ci il y eût beau-
coup de harengs d'uu bon fUmet, et même de
fort supérieurs aux harengs de Suéde , il s'y en
trouvait aussi de très-inférieurs à ces derniers. Je
donnerai, en répondant à une des questions qui
suivent . mes conjectures sur les causes de cette
inégalité à laquelle on n'est jamais exposé avec la
méihode des hollandais. Le hareng de Norwege ,
apporté de Bergen , Drontheira et Christiana , est
iriféjîeur même à celui de Suéde. Une des prin-
cipales causes de celte infériorité . vient de ce
qu'en Norwege les caques aux harengs sont faites
de bois de sapin, ce qui communique au pois-
son un goût désagréable , et affecte la saumure
dans la totalité du baril. Leï suédois , au con-
traue , qui à la vérité, à cause de la rareté du
chêne, ne font pas leurs caques de ce biis,
comme nous , comme les hollandais , et les habi-
tans d'Altona et d Embden les font en hêtre.
J ignore le prix du hareng de Dannemark ;
mais il doit se vendre meilleur marché que
celui de Suéde ; car sans iela , il ne trouverait
pas de débit. En 1779 i' e»i venu à Hambourg
329r barils de harengs deSaede, et iSgS barils
de harengs de Norwçge^ ■;
Quant à la manière dont 'se consomment en
Allemagne les harengs salés , les allemands le
mangent crû comme les anihois ;''pour cela
même , il faut q,wif soit prépaVé avec plus de
soins et de propreté que s'il devait être mangé
cuit. Mais comme lAllemagne lie reçoit pas
maintenant de harengs de la Hollande , et que
ceux d'Altona coûtent très-cher , ce qui force
le pauvre à faire usage du hareng de Suéde ,
quelques personnes le font griller ou rôilr; mais
cette méthode est encore très-peu usitée ; je n'ai
point entendu dire qu'on le lit bouillir.
( La suite demain.)
Un triste accident vient de prouver cornbien il
est dangereux de chercher en cas d'orage un abri
&OUS les arbres élevés. Le 19 août, entre 5 et 6
heures du soir , beaucoup de personnes s'étaient
rassemblées dans un champ près de Lyme , dans
le Dorset<.hirc , pour voir des exercices d'équi-
taiion. Un orage étant survenu , plusieurs des
spectateurs allèrent se réfugier sous quelque»
ormes voisins. A l'instant une femme , et deux
filles d'environ i5 ans , y furent tués par la
loudre ; un enfant , qu'une femme tenait dans
ses bias, resta comme mon pendant piès d'une
demie - heure , mais il reprit ses sens. Sur
I arbre qu'a frappé le tonnerre , on distingue
facilement sa trace , une partie de l'écorce ayant
été enlevée. Qi/and l'accident arriva , il y avait
a peine une minute que 20 personnes aveities du
danger avaient (juilté la même place.
Singulier pari. — Mardi dernier, un cordonnier
nommé Georges Simmons , qui demeure près de
Easl-Smiihlield,«ntreprii, pour le misérable pari de
deux bouteilles de bierre , de délivrer de mouches
la boutique d un épicier. En conséquence , accom-
pagné d une nombreuse suite de gaiçons tailleurs ,
de cochers de fiacres , etc. , il s est rendu d un
cabaret cù c était faite la gageure , à la boutique
d'un épicier à Tostet - Hell. Ayant informé le
marchand du pari , il se fit donner trois feuilles
de papier frottées de ihériaque , dont il mit une
sur sa iê;e , et une dans chaque main j puis il se
mit à se promener de côté et d'autre dans la bou-
tique, en fesant une espèce de bourdonnement
pareil à celui que ferait en volant une grosse
mouche : en moins de trois minutes , un nuage
de mouches viat se ra»8 e m l>l«r autour d» la
tête , qui en fut comme enveloppée. Il sortit
alors , et alla jusqu'au marches de la Tour, où
il déposa son cortège aîlé dans l'ouverture d une
petite boutique de marchand d'eau-de-vie , ache-
vant ainsi son exploit à la ^rande admiration de
la foule qui l'avait suivi. (Extrait du Sun.)
Du 29 août ( 1 1 fructidor, j
Une lettre de Portsmouth , datée d'hier, an-
nonce que la veille il avait régné une grande
agitation dans cette ville , au sujet d'une aug-
mentaiioii dans le prix du pain, que Ion s'élait
attendu à voir plutôt baisser. Ce mouvement
n'a pas eu de suite sérieuse; mais on craignait
qu'il ne se renouvellât le lendemain. Il a éié'pris
en conséquence des précautions.
On mande du cap de Bonne-Espérance, qu'un
catfre , nommé Cayao . chef d'une borde irè?-
formidable , a fait deux voyages dans cette ville ,
où il a été introduit au conseil. On espérait ,
par son crédit , n'avoir plus rien à craindre de
sa horde.
La flotte poir la Baltique, détenue depuis;
quelque-tems dans le port de Huli , par ordre des
lords de l'amirauté . a reçu permission de mettre
en mer; ce qu'elle a dû faire avant-hier, sous
1 escorte du bâtiment armé le Prince William.
Une somme de 3oo et tant de livres sierling a
été souscrite dernièrement dans une réuniiin d ha-
bitans voisins de 'Woodbridge, pour f.iciliter les
poursuites contre les accapareurs , monopo-
leurs , etc. etc. etc.
Une partie de la flotte de la Jama'fque est arrivée
saine et sauve. Le reste a été vu en bon état le «3
à la hauienr du cap Clear.
Un navire appartenant au port de Surate, et
ayant dix lacks de roupies à bord, a été capturé
par un bàiimeat franc lis.
La Ccm, bâtiment américain, revenant de llsle-
de-France , et chargée principalement en espèces,
a fait naufrage sur l'île d'Auguna. Le capitaine , lé
subrécargue et un passager , s'étant avancés dans
l'intérieur , pour en reconnaître les naturels et se
concilier leur bienveillance, fuient massaeiés par
eux. Le reste de 1 équipage , qui s'était caché dans
les' bois , de retour le soir au b leau qui avait servi
à le sauver du naufrage , ainsi qu'une partie de
I argent du havirc , trouva qu'il n'en avait été rien
distrait. Trop certain, malheureusement , de la
perte de son capitaine et des deux personnes qui
l'accompagnaieni , il se hasarda à faire route pour
Batavia , oii il a eu le bonheur d arriver avec 4 à
5 mille dollars à bord du bateau.
Une polacre allant de la Trinité à Gibraltar, et
la Spéculatla , se rendant de la Martinique à la
Jama'ique , ont été prises et conduites à la Gua-
deloupe.
On dit qu'il a été fait , de l'île de la Triniié où
se sont établies plusieurs maisons de commeice
ariglaises , pour un million sterling de demandes
d'objets de nos manufactures,
Ben-Johnson preriait toujours médecine avant
de composer ses pièces. Il attribuait leurs succès
à celte précaution.
INTÉRIEUR.
Mont-de-Marsan , le S fructidor ati 8.
Le général Alexandre-Berihier ejt arrivp ce
malm à dix heures dans nos murs; il a été ac
cueilli aux acclamations des citoyens qui se pres.-
saient en foule pour voir le compagnon de
Bonaparte, le général de Maringo. 'Jous les
cœurs étaient transportés d'enthousiasme.
Il est descendu chez le préfet. Toutes les au-
toniés sont venues successivement lui rendrp
hommage : les dames de la ville lui ont offett
une couronne de lauriçr, qu il a acceptée au
nom de la brave armée d'Italie. Il a bien voulu
donner des détails sur la bataille de Maripgoi
la simplicité de son récit, la modestie avec ,1a!-
quelle il parlait de cette célèbre victoire à laquelle
il eut tant de part , n'eussent pas permis , à qui-
conque ne l'eût pas connu , de deviner qu'il
avait devant les yeux le général des héros gui
illustreront à jamais cette mémorable journée.
Il a continué sa route pour Madrid après une
heure et demie de repos. Il a pu juger, pendant
ce court espace de temps de la sincérité dé
l'a-ttacbemeot de cette contrée au gouvelnémeni ,
et de Ja toflfiance universelle dan» le itottgisiiîh
1-398
«Itint la fiicsence et Vadminisiralion assurent au 1
ticparicnieiit la tranquilliié ^ apiès laquelle ils
soupiraient depuis si loiig-teins. '
C. Cipit.iine commandant de la3T' compagnie j
aes vétérans nationaux. \
Paris, le id fructidor.
On éciit de Bordeaux, en daie du II fructi-
iloi : " La police s'occufie avec la plus grande
aciivilé de la pour'cuiie des brigands qui ont dé-
jiouillé le counicr, et ses recherches semblent
couioiinécs du plus heureux succès. Des reusci-
gnenitns certains lui sont parvenus , et tout pro- i
n.ei qu'elle léussira bientôt à découvrir les
coupables.
— On a saisi et conduit clans les prisons de
Roanne , le nommé Richard , l'un des chels des
brigands qui ont commis tant de vols et d'ass.^s-
sinats dans la commune de Lyon et ses environs.
(Journal des débats.)
— Le docteur David , médecin de Rotterdam ,
vient d'-arriver à Paiis pour suivre les expériences
de la vaccine. Son intention est, après qu'il se
sera bien convaincu de la supériorité de cette
méthode sur l'inoculation de la petite vérole
ordinaire, d'emporter du virus vaccin , pour être
à même de taire jouir son pays des bienfaits de
celte étonnante découverte,
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du i5 fructidor an 8.
Les consuls de la république , vu la loi du !"■
brumaire an 7 , concernant les patentes ; celle du
Il frimaire suivjnt , rel.ntive aux dépenses dé-
partementales , municipales et locales , et celle
du 28 pluviôse au 8, qui établit un nouveau
régime administratif, sur le rapport du ministre
des finances , le conseil-d'état entendu, arrêtent :
Art. 1^'. A compter de l'an 9, les contrôleurs
des contributions directes sont chargés de for-
mer , avant le \" frimaire au plus tard , chacun
dans son arrondissement , les tableaux des ci-
toyens assujétis à la patente ; d établir la nature
de leur commerce, industrie et profession les
plus imposables , la valeur locative de leurs
maisons d habitation , usines, ateliers . magasins
et boutiques , d après les rèa,les ])rescrites par
les articles 5 et 9 de la loi du i" brumaire an
7 ; lesdits tableaux seront arrêtés par les maires,
qui les viseront, qui pourront y joindre leurs
observations , et qui en conserveront un double
dont les citoyens pourront aussi prendre com-
munication.
IL Les contrôleurs enverront , sans délai , les
tableaux qu'ils auront, formés en exécution de
l'article l"^ , au sous préfet , qui , dans la décade
suivante , les fera passer , avec ses observations,
au préfet . lequel remettra le tout au directeur
des contributions directes.
m. Dans la décade qui suivra la réception
des tableaux, le' directeur, bxera , d'après les
lois, le montant de chaque patente ; il remettra
au préfet les rôles ainsi formés, et il y joindra
"Jes observations qui auront été adressées parle
sous-préfet et par les maires.
IV. Dans la décade suivante , le préfet , après
avoir véiifié les lôles et les avoir rendus exécu-
l«ires , les adressera au directeur de l'enregis-
trement , qui les fera parvenir aux receveurs
chargés d'en suivre le recouvrement.
V. Le receveur de 1 enregistrement délivrera
aux parties intéressées quittance du droit de
patente; il leur remettra en même tems la formule
de patente après l'avoir rédigée au nom du maire
du domicile du requérant patenté. Celte formule
de patente sera signée par le maire , sur la re-
mise de quittance, et revêtue du sceau de la
convinune. La quittance restera déposée au se-
crétariat de la mairie , et il y sera aussi tenu un 1
registre conforme à l'article XXJI de la loi du |
i" brumaire an 7. |
VL II sera statué sur les réclamations formées
par les citoyens compris aux rôles des patentes ,
contre leur taxe , de la manière prescrite par lar-
têtè ■ du 24 floréal .dernier , concernant les dé-
chargée et réductions eti matière de contributions
directes. '
•"VII- Il est alloué pour l'an 9 , aux agens dé V
dileciion des contributions directes , pour leur
travail relatif à la contribution des patentes , y
compris les frais des registres, impressions et
tous autres , 2 décimes par franc du 10' affecté
par les lois aux dépenses locales des communes ,
isur le protluit net des patentes.
' 'Ladisttibuiion ^e cette somrue, sera réglée, ppijr
chaque département, par le uiiiiiyr.e, d§f,&nanc,e^^
sur les états qui lui seront ipiifn^Sfptaf;., jes, djisisft-
teurs des contributions. '.-çr.'' • ,•■■>■■' "i \\i
VlUr Le morriam, des sommes qui sont accor-
dées poui' ces uifferen.s frais , sera.acquitté sur.le's
états dà 'mihtstie ,.pa:" les receveurs de 1 enregis-
irernept'des chefs-iie^i^;r4^s.!Pjrèfeçt)i)r^Aie:Ç AP'jtsp
^ïefectures. , i'v.-.v/r.ii -.lii-i^ut; si tij is
IX. Le 10' du produit net des droits de pa-
tente, déduction faite de 2 décimes par franc ,
continuera à être alFecté et employé aux dépenses
locales de chaque commune pour les dépenses
de lan S et pour celles de l'an 9 , et la délivrance
en sera faite par les receveurs de 1 enregisireuient ,
sur les mandats des piéfets.
X. Le ministre des finances est chargé de l'exé-
cution du présent ariêtc , qui sera inipiimé au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. .Mariît.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , vu la réclama-
tion du citoyen Dupetit Manieux contre une dé-
cision du ministre dès finances , en date du 14
pluviôse an 7 ,' relative à un passage contesté
entre le réclamant, acquéreur du ci-devaiil pres-
bytère de la commune d'Esbly , département de
de Seine et Marne , et .le citoyen Frager , acqué-
reur de la maison d'école de la même com-
mune ;
■Vu aussi la loi du l3 brumaire an 7 &ur le
timbre ;
Considérant qu'aucune des pièces produites
par le citoyen Dupetit Manieux , n'est revêtue
des formes exigées par la loi ; le conseil d'état
entendu , ariêtent :
Art. I". Il ne sera statué sur la pétition du
citoyen Dupetit-Manieux , qu'autant qu'il présen-
tera une nouvelle pétition sur papier timbré.
II. Le ministre des finances est chargé de l'exé-
cution du présentarrêté , qui sera inséréaubuHetin
des lois.
Le premier consul , signé, Bon.\parte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Faris , le /i fructidor , an 8 de la république
française , une et indivisible.
Le ministre de l'intérieur arrête :
An. 1". Les projets de colonnes départemen-
tales seront exposés dans une salle du Louvre ,
dans le courant de vendémiaire.
II. L'exposition durera quatre décades.
III. Le citoyen Raimond , architecte du Louvre ,
est chargé de l'exécution du présent anêié.
Le ministre de l'intérieur, signé L. Bonaparte.
On a lu dans un des précédens numéros des
détails sur la mort tragique d'un jeune voyageur
danois. Le préfet du Léman les a transmis au
ministre de I intérieur, qui s'est empressé d'ap-
prouver les témoignages de satisfaction donnés
aux citoyens D«ville, père et fils, et au citoyen
Deluze,
Le ministre a chargé le préfet du Léman de lui
présenter le projet et l'aperçu de la dépense
d'un monument durable à élever au malheureux
EschetL II lui a aussi demandé des -renseigne-
mens sur les moyens de rétablir l'hospice cous-
truit par le citoyen Félix Desportes.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le i6 fructidor , an 8.
Des filoux continuent dadresser de Paris dans
presque tous les départemens , des lettres dites
dejetusalem. Sous te prétexte de vouloir décou-
vrir des trésors que les persécutions ont fait en-
fouir, ils ne cherchent qu'à escroquer de I argent.
Les lettres et les auteurs ne méritent que le mé-
pris. Le ministre de la police générale en a fait
arrêter plusieurs le mois dernier.au moment oii
ils se présentaient pour recevoir l'argent ; il invile
les citoyens qui eu recevraient , à ne pas même
y attacher assez d'importance pour les lui faire
passer, à moins quils n eussent une connais-
sance personnelle des faussaires.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Ordonnance concernant les chefs des pettsionnats ,
tes maîtres des écoles particulières , et toutes les
institutrices. — Du J'i fructidor cçn 8 de la, répu-
blique française ,'une et indivisible. ^
Le préfet de police, vu la circulaire du ministre
de l'iniérieur, en d^te du 8 de ce mois, portant
:que i'ariêté des consuls du 7 thermidor deinicr,
•relatif à l'observation des (/t'cadî'i par les autorités
constituées et les fonctionauires publics , et appli-
cable aux instituteurs primaires, l'est également
aux chefs des pensionnats, aux maîtres des écoles
particulières . et à toutes les institutrices, enjoint
■aux commissaires de police et aux oHiciers de
paix de veiller à la pleine et entière exécution
de la décision du. ministre de llntérieur , de
constater les contraventions qui pourraient avoir
^ .lieu , et d'envoyé* leurs piocès-verbaux et 'rap-
ports à la préfecture de police ,. pour cire pris
j par le préfet les mesures ordonnées par les loi»
contre les contrevenans.
I La présente ordoirnance sera imprimée , affichée
etenvoyée aux autorités quidoiveut en coimaître,
I aux officiers de police et aux préposés de la pré-
fecture , pour que chaciirr , en ce rpri le concerne,
puisse concourir à en assurer l'exécution.
Le préfet de police, Dubois.
Par le préfet ,
Le secrétaire-général , signé. Pu».
T R I B U N A T.
Présidence d^Andrieux. ■ ■
SÉANCE DU 16 FRUCTIDOR.
■ Le cit. Cornl es Daunou , fait hommage de son
Introduction à la pnilosophie de"Platdn. -.
Le tribunal arrête la mention au procès-verbal. 4
La famille du cil. Dailly , membre du sénat- *
conservateur, annonce la mort de ce citoyen.
Le tribunal procède à la nomination de deux,
membres pour complettet sa commission des
inspecteurs.
Les citoyens Chabot et Thibaut obtiennent la
majorité des suffrages , er sont élus.
Organe d'urle com|nissJon spéciale ,. Pcrre.îa
fait un rapport sur la dénonciation faite par le
citoyen Saladin , d'un arrêté des consuls du 16
prairial an 8 , qui annulle la vente faite au
citoyen Desmareis d'un boiS national , .comme
formellement contraire à la disposition de la loi,
en ce que ce bois n'est pas à la distance otj il
devrait être d un autre bois national noii
aliénable.
A sa dénonciation , le citoyen Saladin a joint
les deux questions suivantes :
u Quelle est/ la manière de mesurer la di.'stance
d'un bois aliénable par contenance , à un aulre
bois inaliénable ?
!) Une aliénation légalement consommée d'un
bois national jugé aliénable . peut-elle être an-
nullée sous le prétexte d'un aulre mode de cal-
culer sa distance d'un autre bois non aliénable ? j>
Sur la première question nous répondrons ,
qu'il n'y a point de dispositions dans les lois qui
détermine le mode de incsuie.
Quant à la seconde question , sans doute qu'un
acte du gouvernement qui annullcrait une vente
de domaines nationaux faite selon toutes les con-
ditions qu'exigent la loi et l'iniétêt public , blesse-
rait la constitution ; mais l'arrêlé dénoncé par le
citoyen Saladin n'est pas dans ce cas , et nous
nous bornerons à faire observer que la venie d un
bois naiional faite au citoyen Desmareis , étant ua
acte purement adminiuraiif , qui ne porte aucun
caractère Q'iiiconstilutionnali,té,nous n'aVonspoint
à nous en occuper.
Votre commission vous propose en conséquence
de passer à l'ordre du jour sur la dénonciation
dont il s'agit.
Le tribunal passe à l'ordre du jour.
L'ordre du jour appelle la discussion sur la
motion d'ordre de Chazal , relative aux succes-
sions lestaraenlaires.
' Avant de discuter celte motion , Andrieux invite
ses collègues à examiner très-scrupuleusement les
propositions qui lui sont faites, à les discuter avec
sagesse et njaturité , mais à éviter avec . soin ;
lorsque ces propositions ontpour objeila réforme
de quelques .points de législation , de les présenter
comme le vçeu formel et unanime du tribunat.
Contentons - nous , dit-il, après ]a discussion ,
d'ajourner. L'ajournement ne sera point une
condamnation de la proposition , et je déclare
quil m'arrivera souvent d'approuver individuel-
lement une proposition , et de m'opposer en
même lems à ce que cette proposilion soit pré-
sentée comme le vœu du tribunat. Je vais en don-
ner l'exemple dans la discussiori actuelle.
J'arrive maintenant à la motion de notre collè-
gue Chazal , et je |e remercie d'abord de lavoir
faite ; car elle aura toujours eu celle utilité de cons-
tater un point important sur lequel notre discus-
sion de la loi du 4 germinal , relative à la faculté
de disposer dé ses biens, avait laissé une incerti-
tude désolante.
Lorsqu'on nous présenta le projet de cette loi ,
ceux qui le combattirent ( et je fus du nombre )
représentaient que c'était retarder , et peut-être
rci)à:e interminable la confecnon du code civil ,
que d'admettre partiellement des dispositions lé-
gislatives qui devaient se rattacher et tenir à beau-
coup d'autres parties corrélatives.
On nous répondit que le code civil ne viendrait
prs sitôt ; l'orateur même du gouvernemeirt , en
présentant ce projet de loi , avait paru traiter d'im-
praticable le projet de faire et de donner enfin à
la France ce code civil après lequel elle soupire
depuis si long-iems ^ et dont elle a un si préjsaat
besoin. , ' '
i3gg
Aujourd'hui on lient un langage diffi'renl; et ' Non, mes collègues , je ne pense pas qu'elle
l'on a cnmbauu certaines parties de la motion de ' sou d'accord ni avec les sentiniens de la nature ,
ChazaI , comme inutiles et intempestives , attendu
qu'il y sera pouivu par ic code civil , dont quel-
ques portions existent eu projet ci nous ont été
distrilucécs.
J'observe que notre argument pris de la né-
cessité d'avoir un code civil , était liès-lbrt contre
une loi p:irticlle , qui scinblait , nial-à-propos ,
détachée de ce code ; au lieu que l'argument in-
verse qu'on tiie de lexiMeiice tl un pïojet de
code civil , ne peut pas laiie taisonnablcmeni de-
sapprouver une niotinu q'.ii y est leladve ; car euftn
de ce qu'une madcie se tiouve classée dans ce ! leur conduiic privée des motils pou"r iacoinbaiir
projet, il ne s eUMirt pas que nous ne puissions Ali ! je le crois sans peine, j'esiime trop c
pas, que nous ne devions pas I examiner, la dib- vertueux collègues pour en douter un rnoineni ;
cuier sur la proposition d uu de nos collègues. J mais je les plains d'avoir étouffé la voix de la
Osons donc parler du code civil , osons l'ap- i nature que leur cœur leur lésait entendre , pour
peler de toutes nos lorces ti de toute 1 énergie j se jeiler dans de laux et froids raisonnemens ,
ni avec les règles de la morale , ni avec les
principes républicains. Je regrette profondément
qu elle ait éié faite , parce qu'elle n'est propre
qu a reculer noire régénération morale , sans
laquelle notre génération politique ne peut se
soutenir. Qjiolqu'on fasse, il n'y aura jamais de
republique ni de véritable liberté que là où il
y aura de la vertu ; et ceux mêmes qui ont dé-
tendu cette loi funeste, ont avoué , en la défeti-
daiit , qu elle lépugnaii à leur coeur; qu'ils avaient
e bonheur de trouver dans leur famille et dans
de nos vœux et de nos désirs !
- J'examine h présenl quelques parties de la mo-
tion de noire collègue; car mon dessein n'est
fiis de la suivre dans toutes ses branches.
Il a proposé d'abord la suppiessiou de la re-
présentation à l'iiij'uii en ligne coUatérute , repié-
sentalicn qui existait dans quelques-unes de nos
anciennes coutumes , et que la loi du 17. nivôse
avait étendu à la France entieie.
Assuiénient on ne peut encore que ienfl.fe
giace à 1 auteur de cette proposiiion , sur la-
quelle il paraît que nous somtiies tous d'accord.
La rcprést-ntaiion à l'jnlini avait pour but la
division des patrimoines, et celte intention éiait
louable ; mais lexcès in tout a ses inconvéniens ;
dictés par l'habitude elles préjugés. ■ Ainsi ils ont
désavoué comme fils et comme jiere 1 opinion
qu ils soutenaient comme magistrats; pour moi
je ne pense pas qu'il existe deux raçrales , et
qu on doive en adopter une dans ses opinions,
dont on rougirait pour sa propre conduite ; je
pense que toutes les lois ne doivent être que le
développement et l'applicaiion des principes de la
morale ; je pense que le législateur , pour faire de
bonnes lois, ne doit , pour ainsi dire , que les
découvrir ; elles existent ; elles sont dans la na-
ture etdans le cœur de l'homme; il y a en morale
comme en mathémaivque des rapports éternels et
ceriams ; il ne s'agit que de les trouver.
Or , je suis persuadé , et l'on ne me le conteste
à force d'appeler des liéritieis qui tous amènent j pas , qu'une des dispositions de la loi du 4 ger-
leurs conseils, leurs hommes de loi, les succès- minai est en opposition avec ces rapports; je
'siens s'évapoient et se volatilisent sous la main (orme donc individuellement le vœu bien sinceie
des gens d'affaires ; le but de la, loi est inancpaé. que celte dispositions disparaisse du code civil;
11 paraît que la. reforme de celte loi sera proposée | mais je ne pioposerai point au tribunal d'émeure
et n'éprouvera pas de uifEculi
Je ne partage pas de même l'avis de ChazaI ,
lorsqu il propose de fixer utt degré de paienié ,
passé lequel la successibiliié cessera , et !a répu-
'bliquc héritera au lieu et place des parens
éloignés.
Je pense que tant qu'il existe un parent qui
peut prouver sa filiation , ce parent doit hériter;
que même, à début de parens, l'époux survivant,
comme le propose le n ,uveau projet de code
civil , doit être préféié à la république; le droit
de déshérence ne saurait être un droit favorable,
ou plutôt ce c'est pas un droit; le fisc ne re-
cueille alors une succession qu'attendu le fait
qu'elle est vacante faute d'bériters connus.
Il n'est pas de l'inléiêt public que l'état soit
si grand propriétaire; les propriétés publiques
sont toujours les plus mal cultivées, les moins
bien administrées. La république , dira-t-on ,
vendrait les propriétés qu'elle aurait ainsi re-
cueillies ; mais elle les vendrait mal ; mais ce
serai-ent des occasions perpétuelles de dilapida--
iions , de malversations, de friponeries ; ce serait
alors les acrjuéreurs qui deviendraient les héri-
t ers ; auiant et mieux vaut laisser les biens aux
hériliers du sang, quoicjue dans un degré éloigné.
Enfin , notre collég^ue a demandé que l'égalité
fût maintenue en ligne directe, et qu'un père,
tine mère , un ayeul , une ayeule , ne pussent
pas avantager un de leurs enlans ou descendans
au i.uéjudice de 1 auiie.
Vous savez à cet égard , mes collègues , quelle
était mon oj/inion avant la loi du 4 germinal ; je
l'ai manifestée alors autantquc le peu de tems laissé
à notre discussion me 1 a permis.
Mon oj.iiiion n'a pas été adoptée par le tribunal;
le corps législati! tn a sanctionné uns contraire;
que faire dans celle posiiion ? jCar je pense que
1 émission d'un vœu oppo é à une loi si récente ,
««rajt encore plus inconvenante iju'inulile.
J ai donc piis mon paru' de croire que cette loi ,
qui met le rtspet de l'or et le désir des richesse* à
la place de l'amour de la gloire et de la vertu , est
jrès-sage et très-morale.
Qui enseigne aux fils que la bénédiction d'un
père blanchi dans une indigente probité, est moins
vénérable et moins douce que celle d'un père opu-
lent , quelqu'impure que soit la source de sa lor-
tune ;
' Qiii leur enseigne que les premiers et les plus
dbux sentirnens delà nature , l'amour paternel,
la piété filiale , les tendresses du sang, se. comptent
el se pèsent , s'achètent et se vendent ;
Que les devoirs les plus saints et les plus douces
jouissances peiivcnt être évalués en aident et esti-
més à ju<lc )irix ;
Qu on doit soigner le père riche et négliger le
père indijjtnl , qui ne peut pas payer une prime
d'encouiagenicni pour les soins' qu on lui dunne •,
J'ai ptis mon parti de croite , et je croirai puis-
qu'il le laul , que l'inégalité autorisée entre les en-
lens sera peu considérable ; je lâcherai , dis-je ,
de le croire, malgré Barêine cl le calcul qui dé-
montrent ijue dans Ions les cas. hors un seul, l'en-
tant lavonsé auia le double des autres , réduits
à Uui portion légitime.
.fiais je quille Inonie que je n'ai employée que
pour cxpiimtr plus lortemcni une pensée sur
tous les maux (jui niv icnibleni devoir résulter
du cette loi.
un vœu solennel sur cet objet.
Pour me résumer, il ré.-ulie , selon moi, de
celle discussion -. 1° que , relativement aux mo-
tions ou propositions à faire par des tribuns, et
aux vœux à ém_p!îie par le tribunal pris collec-
tivenieni . il faut vous en tenir à l'exécution
stricte des su. XLIV et XLVII de votre règle-
ment, ainsi n'y rien ajouter; 2° que la motion
de notre collègue ChazaI a eu cette uiiliié d'ap-
peler de nouveau la confection du code civil ,
et d'en faire Concevoir l'espérance.
Qji'elle a encore rendu ce seivice de fixer
les idées sur la nécessité de supprimer l'a lepié-
senlation à l'infini en ligne collatérale.
Au surplus , je ne crois pas qu'il doive en résul-
ter un vœu à émettre par le tribunal; et je pense
qu il est inutile d'en renvoyé!: l'examien à une
commission.
Je propose d'ajourner celle discussion.
Le tribunal ajourne la discussion,
l.a suite, demain.
Caisse d amortissement en AngletftTi.
Archimede et VaubÀn étaient bien loin d'ima-
giner qu'il cxisierait un jour une machine de
guerre , sous le nom de caisse d'amortissement.
Cette institution financière qui , aujourd'hui ,
dévaste I Europe par des subsides, el feitiiise la
Grande - Bietagne par dts empiunts, y a pris
naissance , vers le commencement du siècle.
L'origine , les progrès et le degré actuel de puis-
sance de la caisse d'amortissement en Angleterre ,
méritent d'être analysés , sou pour apprécier jus-
qu'otà d ingénieuses combinaisons peuvent aug-
menier la force intrinsèque des états, soit pour
jngei des bornes que la nature des choses el les
chances des événemens politiques doivent mettre
au succès moderne chez les anglais, de cette
machine vraimont infernalt pour les peuples pa-
cifiques»
La caisse d'amortissement est née de la crainte
salutaire ou exagérée qu'a conçue, de bonne
heure, le gouvernement britannique sur les pro-
grès de la dette publique. Dans une riotice sur
les financés de l'Angleterre , insérée dans le
Moniteur du 4 fructidor dernier, n° 334, j'''
rappelé historiqueriacnt les diverses époques de
réduction du taux des inièrêls de la <ietle publi-
qire , pour l'allégement de ce fardeau ; et j'ai pro-
mis , dans un second article, d'examiner si l'énor-
mité de la dette anglaise trouve , comme le pré-
tend un anonyme, son remède . dans la caisse
d'amortissement ., telle cju'elle existe depuis J792.(Vûir
aussi le Journal de Paris , n" SaS , le à6 thermidor
an 8). '.'■■■
J'entre en matière. En considérant cet çtablis-
seinent \°diins ses ejfeîs, depuis sacréalion jusqu'en
1786 , époque de sa rénovation a'prês 'la guerre
d'Amérique ; 2" Danr swi my/«en« , depuis 1786 ,
et pendant la première coalition contre la France ;
3° Enfin dans la force extraordinaire qu'elle a
reçue du ministre Pitl , depuis 1798, époque de
la seconde coalition.
i**. Caisse d'amortissement jusqu'en 1786.
Celte création fut faite en 1717 , an commence-
ment du règne de Georges 1" , sous la condition
c^ue les fonds assignés it cettt;caiii«t:.,-serat»nt des'
tinés à pBVef sutctfssivemehl les dcHcs coiltraetéeï
avant 1716; Mais ■, comme il lut ajouté daiis I «(<;*
que ces ionds seraient à la di^f)Ositto\i du parlement i
on n'a pjsfjrdé à en conclure que, siVfiJ-jnt sa pru^
dence , il pouvait les appliquer aux services
ordinaires; ce qui conduisit à. suspendre , en
tenis de guerre, tous remboursemeus ou amor-
lisserrieris.
Oès l'année 17^2, il se fil plusieurs infractions
a celte loi. a Tantôt le fonds d'amortissement fut
" assigné poui hypolheque subsidi.iiie aux pos-
" sesseurs de certains billeis de léchi.juicr; laniùt
" on s'en servit pour couviir les pertes piovcnJut
>' d'une refonte des monnaies; tantôt on 1 cm"
" ploya à payer. les .iiuéi.èis de nouveaux, eiu-
" |irunts. ji
tl Mais en 1/33 le gouvernement détourna harj-
>' dinu-nt un deiiii-millioii de la somme destinée
" à raraonissernent , pour eri côiisacier le mou-
" tant aux besoins ordinaires de l'étal. L'.innéa
" suivante la lotaliié de la leceiie de ce fonds ,
" nioniant à i,'joo,ooa.liv. 5,1. , reçut encore Une
" sçmbLibl» destination ; ou alla niêuie jusqu'A
" l'anticiper et l'engager en 1735 el 1735, — En
" 1742, le ministre se fil accorder un million du
>) Irmds d amonissement , pour .sqbvcnir aux
>' dépenses de l'état; et Tobjet de cet établisse*
" ment fut presque tuiiéfemciit oublié , soit dans
>> les guerres de 175? et de 1777 , soit dans Ici
>' intervalles de paix qui les sépaierent. n ''Dt'i
finances et de la richesse de l Angleterre , par
Geiiiz. )
pans celte première période de 17 17 à 1786,
qui comprend environ 70 ans , toute lu dette qui
fut amortie ou éteinte ne s'élève
pas à plus de 24,63-7,7î9 1. si.
Le montant de la dette pu-
blique était, le 5 février 1786,
de 238,241,248
Ce qui fesait une masse de
deite subsistante ou contractée
dans le cours de 70 ans , de 262,878,977
Le montant de toutes les det-
tes publiques , en 1 7 ig , était de 5t,3o3,556
Donc l'accroissement de la "^
dette, dans celte période, fut de 21 1,575,421 1. st.
Donc aussi , la délie devint 8 fois plus consi^
dèrable que le rooniant d'C la diminution ou de .
l'exiinction qu'on avait voulu opéler par le pro-
cédé de l'amortissement. Ce but ne païul alors ati'
gouvernement anglais que très - secondaire , et
peut-être même impossible à atteindre. Il ne se
servit de cet étabhssement que coiirme d'un paU
liaiifaaf. yeux de lopinion ; mais il sut trouve?,
un secours accidentel dans l'épargne que présen-
tait le fonds destiné à l'amortisscinent ; et cettd
épargne servit tciiiporairemeut, soit à soulager leS
contribuables par la diminution ou remise des
tixes , soit à combler le -déficit de fausses opéra*
lions, soit à devenir un motif de Confiance, en
assignant à celte caisse des intérêts à servir, soit
enfirt à suppléer, en Icms de guerre . la surcharoç
de nouveaux impôts difficiles à obtenir sans dépo"
pularité. On ne parut pas s'appercevoir, dans und
longue période , qu'en suspendant les rembour^
semens en lems de guerre , époques où les im-
pôts se multiplient à raison de la durée des hos-
liliiés , il en résultait une baisse considérable dans
les fonds publics , et par conséquent une au"-- ,
mentation d'intérêts dans les nouveaux emprunts»
Celle théorie va être mise en pratique dans Icâ
époques suivantes. '
a". Caisse d'amortissement en 17SG , et pendant Id
première coalition contre la France.
Dans le cours de cette période , qui comprend
six années de paix el six années de guerre jus-'
qu'à la fin de 1798, trois genres d'améliorationa
turent communiqués par le ministre Pitl à la caisse,
d'amortissement. ,
he premier lui constitua un nouveau fonds de
1,000,000 liv. st. pour acheter autant d'effets pu-
blics que le cours de la bourse le permetttait.
Les iniérêts des effets retirés successivement de lii''
circulation ., aussi bien que les rentes viagères ef
autres annuités à terme , à mesure qu'elles expiJ
rent , sont régulièrement ajoutés au fonds- pri^'
mitif; ce qiji doit avoir lieu jusqu'à ce que te
fonds se soit élevé à 4,000,000 liv.' SI. de revenus
annuels , le parlement se réservant alors les dis^'
positions ultérieures.
Le second point d'amélioration fut en 1792 , l'ad^
diiion au million du fonds d'artiortissement ( dô"
1786 ) de 200,000 liv. st. , lesanl la moitié del'fcx'-''
cèdent à celte époque ( 1792') des revenus sur.'lVs"-
dépenses. ' ' '''t.'t-l
Enfin le troisième genre d'améiioratibit lésxiltfdà'
la clause insérée dans l'article II de renovâliorï'
de la caisse d'aniort.issement en 1792 , clause qtil
portait j> qu'à chaque emprunt f'uiur, on leverai'i;'
n en outre des taxes imposées pour en payer l'èj'
>! iniéiêis , un surplus arniuel égal à un p^uf
" cent de capital nominal créé, surplus .qui ser'aTr
)i spécialement dcsiiné ati rachatMe ce Capi'iali>»
Malgré CCS trois vues législatiVi's d'''aiiiélic*fj'
lion dn régime de cens caisse , en l/SS'ctT;^!»^'
voici quelle a été son influence pour modérer
Vénormiti de la dette publique dans cette période
4e douze années , qui se termine à la fin de
1798 , époque de la seconde coalition contre la
France.
Ji». atcil.
Le capital entier de la dette publi-
que était, le 5 février 1786, de (i) 538,241,248
L'augmentation de ce capital , de-
puis 1786 jusqu'en décembre 1798,
est de -(a) . 170,840,931
Total de la dette publique , exis-
tante ou contractée jusqu'au 3i dé-
cembre 1798 409,082,179
Suivant ïcuvrage de Gentz , les
deux fonds d'amortissement , créés
en 1786 eten 1792 , avaient éteint au
1" février 1799, savoir :
Le ly fonds (1788) | 28,677,689 ? gj^gg,,^^,
Le a= fonds (1792) 5 8,704,0323 " '"
De manière que le capital sub-
sistant au 1" février 1799 , était
encore de 371,700,408
D'où il suit , i" que la progression de la dette
dans ces douze ans, dont six de paix et six de
guerre, a éié dix fois plus considérable que le
montant de l'extinction ; 2° que, dans les six seules
années de guerre , l'augmentation qui est de plus
de 170 millions , comparée aux 8 à <) millions
<iu second fonds d'amoriisscment , se trouve de
vingt fois fois plus considérable que le montant
de lexiinction dans celle dernière période : la
même proportion n'était que de huit fois dans les
70 ans écoulés depuis 1716 jusqu'en 1786 , époque
qui cependant comprend trois grandes guerres.
Le sjstême d'amortissement de 1792 n'est donc pas
plus un remède absolu à l'énormité de la dette
anglaise que le système de 1786 ou celiii de
1716.
L'examen des dispositions ultérieures du mi-
nistre Piit , et les débais entre lui et les chefs de
l'opposition , à l'époque de la seconde coaliiion
( 1798) ,,vont dévoiler , d'une manière palpable,
ce que le gouvernement britannique pensait alors
de la faiblesse de ces mêmes combinaisons de
1786 et de 1792 , comme remède à ténormité de la
dette publique.
i". Caisse d'amortissement depuis la fn de 1798,
I époque de la seconde coalition.
Quelle qu'eût été la conËance du ministre Pitt
dans les digues qu'il avait cherché à opposer dès
1786 et en 1792 , à l'énormité de la dette publique.,
1 expéiience lui avait prouvé que tousses moyens
étaient devenus impuissars pour alléger le far-
deau des capitaux que dévoraient la guerre et la
première coalition à sa solde : plusieurs faits irès-
significatifs avaient marqué le terme oii le gou-
vernement britannique allait voir s'écrouler les
bases de son crédit.
L'embarras du ministre, sur la fin des années
1796 et 1797 , devint extrême , pour trouver les
nouvelles taxes qui devaient servir tant d'hypo-
iheques aux nouveaux emprunts , que de fonds
additionnels d'amortissement. Non-seulement le
choix ou la simple nomenclature de ces taxes
prêtait aux contrariétés de l'opposition , mais la
plupart se trouvaient atteintes du ridicule , et
enfin attaquées plus sérieusement encore , sous
le rapport d'un produit sinon nul , au moins très-
iventuel.
Dans chacune des dernières années de la pre-
mière coalitiorr, on a vu le chancelier de l'échi-
quier venir proposer lui-même la mutation en de
nouvelles taxes de celles adoptées la session pré-
cédente , et s'exposer ainsi (en juillet 1797) aux re-
•proches de Sheridan qui accusait le ministre de
présenter des taxes dont il demandait ensuite l'abo-
lition Le déficit de toutes les taxes établies depuis
aix ans de 1793 à 1798 , était de 2,057,374 liv. st.
(près de 5o millions tournois ) ces taxes auraient
àù produire , d'après le» évaluations primitives ,
8,466,500 1. st.. ( environ [2o3 millions tournois)
et leurs produits réels n'étaient que de 6,409,126
liv. st. (environ i53 miUions tournois) , la livre
tterling seulement à 24 fr.
Le résultat d'une semblable incertitude devait
influer sensiblement sur le crédit de l'Angleterre :
'Car les prêteurs ne pouvaient se dissimuler qu'il
était impossible de compter sur la réahté d'un
gage reposant sur de nouvelles taxes dont on
ridiculisait l'espèce , dont on Contestait le produit ,
et dont bientôt on venait demander , en plein
parlement., la révocation; le génie fiscal le plus
fertile n'aurait fait que multiplier les difficultés,
en présentant toutes les nomenclatures possibles,
pour recevoir successivement le joug de l'impôt.
Cet état des choses fut généralement senti par
tous les capitalistes , lorsqu'en 1797 les 3 pour
100 tombèrent au-dessous de 47 , et que la banque
fut exposée à une crise alarmante.
(i) Voir l'ouvrag^e de Gentz.
(2) Voir les Moniteurs des i8 vendémiaire an 7
et l3 frimaire an 8.
1400
Le ministre , dans cet embaras inexprimable ,
avait tenté le sort des négociations de Lille , qui
échouèrent. Alors une nouvelle coalition se pré-
parait contre la France ; il fallait en soigner les
commencemens , et en diriger les eflFeis. Pitt
entreprend dès -lors de s'affranchir, par une
seule conception, du poids des controverses
périodiques sur le budjet anwiel et sur les voies
et moyens pour assurer tous les services. Il se^
propose de, créer d'un seul jet un nouvel impôt
de guerre de 7,000,000 liv. sterl. ( 168,000,000 liv.
tournois. )
Pour écarter toute divagation sur le choix des
objets soumis au nouvel impôt , il le restreint
d'abord à l'augraeniaiion du double et du triple
de l'impôt déjà existant sous le nom de taxa
assises (assessed taxes] qui comprend notamment
les maisons , les domestiques , les chevaux , les
montres , etc.
Le succès de cette nouvelle mesure fut jugé
d'une telle importance dans l'ordre des débats
de la chambre des communes , que les chefs
de l'opposilioni qui n y venaient plus , résolu-
rent dy faite une apparition en décembre 1797,
pour co,n>,battre les triples taxes assises : elles pas-
sèrent néanmoins , malgré de violentes discus-
sions , à la majorité de 175 membres contre 5o.
Le ministre enhardi par la réussite de ce
projet , entreprit de le perfectionner et de le
consolider dans le budjet de 1799; et, en effet,
en décembre 1798, il présenta, en remplace-
ment des triples taxes assises , un impôt du 10*
sur le revenu ( l'income-tax ) , dont il évalua le
produit annuel à 10,000,000 liv. st. ( 240,000,000
liv. tournois. )
Les bases de ce nouvel impôt furent ainsi
graduées : ii Tout revenu annuel de 200 liv. st.
)> ( 4,800 liv. tournois ) et au-delà , paie 10 pour
5> cent ; tout ce qui est au-dessous de 60 liv. st.
1) 11440 liv. tournois) en est exempt; et tout
>) revenu entre 60 et 200 liv. st. contribue dans
i> une proportion dont le plus bas terme est de
" 4 cinquièmes pour cent , et qui s'élève graduel-
)» Icment jusqu'à 10 pour cent. >i Celle taxe doit,
même après la guerre , continuer encore d'être
payée jusqu'à ce qu'elle ait éteint le capital et
les intérêts de la plus grande patiie de la dette
contractée depuis 1798 pour les dépenses extraor-
dinaires ; but que l'on pense devoir être atteint
en un nombre d'années de paix, égal à-peu-près
au nombre d'années de guerre qui pourront
s'écouler encore. Ce nouvel impôt a produit
en 1799 7,000,000 liv. st. ou i5S millions tour-
nois ; et le ministre persisie à penser qu'il rap-
portera 10 millions st., ou 240 millions tournois.
Il est facile de voir tout ce qu'a de grand et
d'efficace .pour te crédit de l'Angleterre l'entre-
prise audacieuse du ministre Pitt , qui d'un seul
trait a butiné , s'il est permis de le dire , sur
le sol et l'indu trie de la Grande-Bretagne un
impôt de 24b millions tournois.
Par cette conception vigoureuse , tout ce qui
était chancelant a été raffermi , les prêteurs ont
obienu un; gage certain ; les effets publics oiit
repris leur' niveaii , les dépenses extraordinaires
ont été assurées ; le fonds d'amotdssemcnt des
nouveaux emprunts à réaliser , a été consolidé
et séparé de celui qui avait été créé pour les dettes
antérieures à 1798. Les fonds d'amortissement de
1786 et de 1792, ont été dégagés. C'est depuis lors
(1798) que la caisse d'amortissement empoin\>2tt
virtuellement des capitaux par le rouage de l'emprui t
et en les restituant aux prêteurs par le rouage des
remtoursetrens, est devenue dans la seconde co ■»
lition une machine de guerre qui facilite tous Us
services de la Grande-Bretagne , et le payement
des subsides aux nations gratifiées, pour de-
meurer les ennemies de la France.
Rien n'est égal à la confiance que la réussite
de ce plan a, inspirée au ministère anglais ; et
Pitt lui-même , si mesuré dans les débats du
parlement , lors de la première coalition , semble
avoir perdu , depuis ce dernier succès , toute
reserve dans les discussions.
Voici comment il s'exprimait , en fesant l'ex-
position de cette grande innovation dans le
budget de 1799.
Il J'ignore 1 dit-il , quelle pourra encore être
/i) la durée de celte guerre; mais quoique l'on
5) pût , en apparence , douter des moyens de la
>» continuer encore huit années , après les dé-
)) penses considérables qu'elle a entraînées depuis
îi son principe , je puis affirmer que je saurai
'» trouver , san* embarras , dans l'année actuelle ,
>i les ressources qui seraient nécessaires pour
'I ces huit années subséquentes, et même avec
1» plus de facilité que Ion ne trouvait précédem-
)> liient , l'çs voies et les moyens pour une seule
)» année. 1» ,
C'en est 'assez, sans doute, potar prouver
que c'est une opinion irréfléchie que celle du
réducteur anonyme du Journal de Paris , lors qu'il
dit que la éaisse d'amortissement telle qu'elle existe
depuis 1792 est un remède contre l'énormité de la
dette anglaise; son fond créé, soit en 1786, soit
en 1792 se trouvait englouti, vers les années
1796 et 1797 , par l'énormité des besoins, l'in-
certitude et linsuffisance des ressources ; l'équi-
libre était rompu entre la somme graduelle des
remboursemeni , et la masse progressive des
emprunts ; ceux-ci étaient devenus vingt fois
plus considérables que les premiers , au lieH
de huit fois qu'ils avaient été dans les 70 an«
de 1716 à 1786, époque qui comprend aussi
trois grandes guerres.
Mais la nouvelle combinaisson de 1799, par réta-
blissement d'un seul impôt de 240 millions tour-
nois a rétabli cet équilibre et a dégagé 1 ancien
fonds d'amortissement qui , en 1800 , est estimé
de 4,730,000 liv. environ 114 millions tournois;
( seulement à 24 francs, la liv. stetling ) somine
immense qui , retournant, chaqde année, chaquÊ
mois, chaque jour et à chaque instant, même
par partie aliquote , entre les mains de tout
prêteur, et à sa volonté , facilite lanivée pos-
térieure de nouveaux capitaux dans la trésorerie
britannique , mécanisme puissant qui fait monter
le ministre Pitt de la place de grand fnancier
dans la classe des habiles tacticiens; en effet,
par ce changement majeur introduit à dater
de 1799 dans le système des finances de la Grande-
Bretagne et qui ne me paraît pas avoir été assez
remarqué ni de l'homme d'état ni du publiciste ,
le ministre Pitt a triomphé des obstacles toujours
renaissans de l'opposition, a doté une nouvelle
coalition , s'est affranchi , pour huit ans, selon lai
de l'embarras de la guerre, a consolidé ainsi
ses moyeùs de perpétuer le carnage des europeans
pour continuer d enrichir de plus en plus sa
nation , de leurs dépouilles ; enfin Pitt a même
assuré jusqu'après la paix , sa sécurité sur l'énor-
mité de la dette , ayant fait prononcer jusqu'au
] de-lâ de cette époque , l'existence temporaire
de lincom-tax ou de l'impôt sur le reveau.
Cette conception de 1799 renferme diveii points
d'utilité majeure qu'il importe de bien piéciser.
1°. une partie des frais de la guerre se trouve
pour longues années , suiiportée par le nouvel
impôt colossal ; ce' qui diminue d'autant la masse
des emprunis à effectuer , 2°. le gage des nou-
veaux emprunts, à partir de 1798, se trouve
à-peu-près assuré ; 3". les fonds d'amortissemens
de 1786 et de 1792, sont rendus à leur destina-
tion , et continuent de broker les dettes antérieures â
1798; 4° cette abscrbtion des charges publiques par
la caisse d'amortissement , communique au gou-
vernement une force aspirante de nouveaux ca-
pitaux à emprunter ; 5°. l'amortissement de ce*
mêmes capitaux doit s'effectuer à la paix par
la 4nême puissance de Vimpôt qui a créé des
etiiprunts et des ressources pendant la guerre.
Et ce qui est vraiment à remarquer pour la
rénovation du crédit de l'Angleterre à celte der-
nière époque , c'est qtie pendant tout le cours
du siècle , l'impôt n'a fait que suivre les emprunts^
mais aujourd'hui , l'impôt ou le gage à l'avance
précède et appelle les nouveaux capitaux. Enfin,
un autre trait caractéristique consiste à faire con-
tribuer, en partie, les générations présentes à ia
création des sommes nécessaires au soutien de
la guerre , dont le principal poids , dans tout le
cours du 18' siècle , devait retomber sur le$ >'
générations futures. Ce nouvel cewure du ministère
anglais est sans doute Mardi, et sur-tout merveil-^
leusement approprié pour lui aux besoins et aux
circonstances du moment. Mais est-il sans danger
pour l'avenir? Peui-on regarder comme solide
cette prospérité extraordinaire de l'Angleterre qui
y rend aujourd'hui possible l'addition subite aà
revenu de l état de plus du tiers des contribution*
exisianies qui étaient montées à près de 26 million»
sterling (624 millions tournois), avant la taxe de
10 millions sterl. sur le revenu. En n'estimant
même cette taxe qu'à 7 millions , on trouve , en
1800, et avec un terme inconnu, 37 millions 911
mille livres sterling (près de 810 raillions tour-
nois ) pour la masse générale des contributions.
Elles étaient, avant la guerre, seulement de 16
millions 212 mille livres sterl. ( environ 390 mii-
lions tournois), d'après le produit moyeu des 4
années de 1788 à 1791. ^
Déjà , les efforts vigoureux de la Grande-Bre- m
tagne ne sont-ils pas devenus , dans leur aciioa *
perturbatrice du repos de l'Europe et de la liberté
des iners , des germes de défiance auprès des
nations neutres , et notamment d'anciens coalisé^
qui possèdent des moyens d'attaque également
aihléliques ? Le choc des intérêts de tant dfc
nations , intérêts si opposés à ceux de l'Angle-f
terre, ne peut-il pas lui devenir bien plus lata|
que ne doit être efficace tout remède à l'énornâtt
de la dette, résultant soit de la réduction acci-
dentelle du taux des intérêts , soit des rembour-
semens de la caisse d'amortissement, suivant son
régime de 1786 et de 1792 , ou d'après sa puis-
sance magique de 1799. Tout cela mérite réflexion
et fera l'objet de nouvelles recherches lorsque
j'examinerai , ainsi que je lai promis, si Us effets
alàrmans pour l'Angleterre d'une coi^fédératicn
MARITIME , ne sont que la suite de préjugés et de
principes prohibitifs et illtberaux en matière dt
navigation , de commerce et de richesse publique.
Aenould , membre du, tribunal
A Paris , dé 1 imprimerie de H. Agasse ,
propriétaire du Moniteur.
GAZE
ATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 348.
Octidi , 1 8 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous somraes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NIT E U R est le siul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouveniemenz , les nouvelles des armées , ainsi que Us faits et les notions tant s
l'ititérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
U^
Londres , 'igaoûtf 10 fructidor.)
'ne letire de Keho , en date duaidecç mois,
contiem le crue! événement suivant.
Miss Ayres , liile unique , et miss Andersen ,
dont le père se trouve à la Jamaïque , étaient
venues passer quelques jours dans la famille de
M. Scott , près de Selkirk. S.imedi dernier , M. et
mde Scott , ayant été obligés de s'absenter, ces
demoiselles furent se promener dans le jardin
avec les deux demoifelles Scott . après s'être in--
formées de Iheure à laquelle le dîner serait prêt.
Un teras considérable s'était écoulé au-delà de
l'heure indiquée pourle dîner, et ces demoiselles
De paraissaient pas , lorsqu'une des domestiques
de la maison sortit pour aller les prévenir que le
dîner était servi. En entrant dans le jardin, elle
fut frappée de voir leurs habits étendus sur le
fcord de la rivière Eitrick qui passe à travers le
jardin , un peu plus loin , elle découvrit au fond
de l'eau les corps des quatre malheures victimes.
La pauvre fille courutausïitôt chercher du monde;
les corps furent retirés de la rivière ; mais tous les
secours employés ne purent les rappeler à la vie.
Quelle horrible catastrophe ! et quel deuil pour
des parens ! Il paraît que les jeunes personnes
étaient entrées dans la rivière pour se baigner.
L'Eitrick, dans son cours à travers le jardin , est ,
en ^énérnl . très-peu profond . si ce n est dans un
endroit on il l'est beaucoup. On suppose qu'une
des jeunes baigneuses , prob.iblement une des
deux étrangères, comme moins au fait du local ,
sera tombée , par quelque accident , dans ce
trou , et que ses compagnes . en voulant l'en
retirer , auront partagé son sort.
Ces quatre infortunées étaient dans toute la
fleur de 1 âge. On dit même que l'une d'elles
devait se marier incessamment. Leur destinée est
lin terrible e-^emple du peu de siabiliié des
choses humaines, et elle est faite pour inspirer
de salutaires quoique bien tristes réflexions. Puisse-
t-el)e être une leçon pour b jeunesse fie tous les
pays ! ( Extrait du Star. )
INTÉRIEUR.
Paris , le i~ fructidor.
Les citoyens Corvisart , Leroux et Bover , tous
les trois professeurs de médecine de Paris , se
proposent de continuer le Journal rje Médecine ,
lédigé successivement par MM. 'Vandermonde ,
Roux , Baker et Dumangin.
— Le II decemois. vers huit heures du soir,
un loup enragé sortit de la forêt de Chaumont,
rencontre deux enfms qui venaient de glaner ,
laisse passer le premier et déchire le second. Il
Irouve ensuite une femme dont il déchire la
figure et la main ; poursuit sa route, aitrape une
peiite fille qui gardait les vaches . et lui fait des
entailles à la lê'e ; mord un frère de celte petite .
qui était accouru à son secours ; se jctie sur un
cheval, qu'il mord au cou; se dirige vers une
ferme voisine : deux domestiques en sortent aux
cris réitérés fz» secours! la nuit qui commençait à
«'épaissir , les empê"'che de voir la bêie : elle était
déjà sur eux , et en mord un cruellement à la
figure; l'autre lui tire un coup de fusil, et la
renverse sans la tuer ; elle se relevé , et c'est
encore pour mordre ; un second coup de fusil
l'achevé , et termine avec sa vie les effets de sa
rage. Tout cela s'est pas<é dans l'espace d'un
quari-d heure. Trois des blessés sont dans l'étai le
plus déplorable. Le souspréfet a aussiiôi envoyé
à leur» secours un officier de sanié fort habile,
mais on craint bien que ses eflorts ne soient
infructueux. Le pays est dan» la consternation.
( Publiciste. )
— M"' Banii , premice cantatrice de l'opéra
de Londres , s'est embarquée ))nur leloiirncr
dan» sa pairie ; on espère qu'elle fera un voyage
à Paris , où sa haute réputation la fait vivement
désirer.
— Le célèbre professeur Calisson , de Copen-
hague , a lu dernièrement , dans une séance de la
ïotiéié royale de médecine , un irailé où il dé-
montre que l'usj^c extérieur de ^ea^ bouillante
produit dans les inflammations intérieures un effet
beaucoup plus prompt, plus efficace, et sans
doute aussi sûr que les vessicatoires.
— Le Journal des Débats annonce un buste en
marbre du premier consul Bonaparte , i'.x'u à Milan
par Ceracchi , sculpieur romain. La souscriplion
est ouverte chez le citoyen Chambeue , notaire ,
rue Christine , faubourg Germain. ,
— Le 20 fructidor, à ri heures et demie,
il sera célébré dans le temple de la 'Vicloire'
i Sulpice ) , une fêle A la Bknfesance , dirigée vers
l'instruction des enfans. La collecte sera consacrée
à cet objet.
— Une afFaire très-importante a occupé pen-
dant plusieurs audiences la première seciion du
tribunal de première instance. Il s'agissait d'une
somme de quatorze cent mille francs que récla-
ment les nr^mmés Pitiilier et Coen , contre les
frères Cerf-Beres , pour avoir géré pour eux î'en-
treprise des équipages de Lanier Delaïa. Ces der-
niers avaient pour défenseur le ciioven Berrier
qui a moniré un grand talent , ai'nsi que le ciioyeri
Bonnet . défenseur des premiers. Le tribunal a
déclaré les parties du ciioyen Bonnet non-rece-
vables dans leur demande . et a jironnncé la main-
levée des oppositions formées sur toutes les pro-
priélés des frères Cerf-Beres.
— On lit dans la Feuille nantaise la lettre
suivanie :
Ciioycn, vous êtes père de famille, et vous
devrz aimer les belles aciions : je m'empresse
donc de vous informer de celle dont je viens
d'être le lémoin. Publiez-la par votre feuille ; et
puisse-t-elle servir d'exemple à tous ceux qui en
ont besoin :
î) Ces jours derniers, un malheureux vieillard
se désolait dans un lieu où un homme aisé de
cette coinmune était à ponée de le voir. Cet
homme rare aborde avec douceur linforluné,
lui demanda le sujet de sa peine. — Hélas \
monsieur , rép<ind-il , je-suis a la suite d'un pro-
cès , dont mon droit m'assure le succès ; mais je
crains , (auie de fonds , de ne pouvoir le termi-
ner . el l'aumône est ma seule ressource. — Après
quelques informations rapides, l'inconnu rassure
le vieillard. Il m'csi , ce matin, venu consigner
une sonime dont il n a exigé aucun reçu , ei s'est
retiré avec la sérénité de la blenfesance, en me
laissant le cœur plein de respect et d'admiration.
Je vous salue ,
Clavf.l dit Gabriel . professeur d'éloquence
et défenseur officieux.
(Extrait de la Feuille nantaise, du li fructidor.)
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DES FINANCES.
Le ministre des finances au citoyen Fischer , caissier
des articles. — Pans, le se fructidor an 8.
L'administration des postes m'a rendu compte,
citoyen, de voire arrivée d.Aix à Milan avec la
caisse elles papiers impo tans confiés à vos s-iins.
Je vois que , pendant une route d'un mois .vous
avez, par votre exemple, souienu le couiage
des employés et courriers nui vous Bccorapa-
gnaicnt, et toujours heureusement résisté à leur
lê'C aux brigands qui vous oiu souvent attaqués.
Votre conduite en cette occasion ruérite les plus
grands éloges , et je me suis empressé de la
liieilre sous les yeux des consuls de la républi-
que. Recevez et transmettez à vos compagnons
irs témoignages de leur satisfaction. Je recom-
mande à l'adininisitation des posie-s voire avan-
cement. Faiies - lui connaître le nom des em-
ployés et courrier qui vous ont secondé avec le
plus de zelc.
J,e vous salue.
Signé , Gaudin.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le-mini\tre de la police générale de la république.,
au préfet du département d — Paris ,
U Jructidor . an 8 de la république française ,
une el indivisible,
L'AtiRÊTÉ des consuls, du 8 germinal , citoyen
prélei , a réglé les (onclionk de la gendarmerie et
ses rapports avec chaque ministt;re.
Celle force armée , organisée comme toutes
les autres, dans le ministère de la guerre, et
distribuée dans les divers dépanemèns de la
république , est en quelque sorte l'armée de la
police : elle a ses chefs en elle-même ; la police
ne la commande pas. et rie devait pas la com-
mander ; mais elle devait l'avoir loujours à sa
disposition : elle y a été mise ; c'était le vœu
des lois, c'est aujourd hui l'ordre du gouver-
nement.
Celte combinaison d'up corps mjlitaire par sa
nature , mais organisé pour l'intérieur , el mis
en action par des mai;istrais civils , est le résul-
tat d'une sagesse- profonde ; et vous devez en
saisir toutes les vues , pour en bien remplir toutes
les intentions.
Sur un territoire de l'étendue de la France ,
traversé de toute part , jour et nuit , par les
produits de tous les genres d'industrie destinés à
tous les échanges , et portés à toutes les dis-
tances ; chez un peuple où les droits sont
égaux et les fortunes nécessaire,ment inégales ;
où le spectacle delà richesse et ses jouissances
en donne trop souvent la passion et le besoin à
l'indigence même el à la paresse ; où les que-
relles et les combats de parti ont donné au
brigandage une organisation , ont ensei<>'né à
marcher au vol e: à l'assassinat . par des ma-
nœuvres de guerre ; dans un tel pays et à une
telle époque , la sûreté des domiciles , des routes
cl des communications ne peut être garantie et
défendue que par des hommes accoiilurnés au
port et au bruit des armes . aux marches , aux
fatigues el aux combats militaires.
Pour bien garder des toutes , des hameaux et
des fermes . il fallait avoir gardé des camps , des
forêls Cl des lignes ; pour combattre avec succès
des bandes de brigands , il fallait êlrc instruit
à attendre , à surprendre et foudroye'r dis co-
lonnes : la gendarmerie actuelle a tous ces ca-
ractères , et elle est distribuée dans tous les
cantons de la lépublique.
D'une autre part . la présence continuelle dans
l'intérieur de la république, d'une force qui sem-
ble organisée pour la guerre, dont'lavue réveille
les idées dun empire miitaire et absolu . plu-
tôt que les idées de l'empire de la loi et de
la volonté générale, les souvenir confus , mais
terribles , des maux faiis à la liberté par des
ttoupes qni avaient les mêmes formes et por-
taient le même nom ; toutes ces impressions qui
se communiquent et s'exagèrent si tapidemeut
dans une république , pouvaient faire de ces
insirumens . créés pour la sûreié de la nation
les causes de ses plus profondes inquiétudes. En,
un mot , ce qui aurait protégé la sûreté , pouvait
effrayer la liberté; et la sagesse du gouverne-
ment voulait les garantir T'une et l'autre ensemble.
C'esi ce qu'elle a fait, lorsqu'elle a mis, dans
les mains du niiniure de la police , le ressort qui
fait mouvoir la gendarmerie dans tous les acies
qui porient sur les droits des individus et sur
l'ordre social.
Ainsi ,' la gendarmerie par son organisation
et par sa force , lient à l'état militaire ; mais par
son principe d'action , elle tient à l'état civil.
Ainsi, la république aura dans son sein même,
i. Une force armée qui pourra tout pour sa sûieié et
j li-n contre sa liberté.
I Mais pour obtenir cet heureux résultat, il ne
faut p-as permeiire de distraire sans cesse dé ses
vénjables fonctions la gendarmciie nationale ^
de l'employer à servir des correspondances , de
l'occuper fastueuscmeni à des gardes d'honneur,
lorsqu elle devrait éclairer les roules ou louiller
les forêts.
Quel succès la police peut-elle espérer de sa
coiiliuuelle surveillance ? Comment parviendra-1-
elle à arrêter un coupable , si , quand elle veut
disposer de quelques brigades, elle les irouve
dispersées , s'il Liut plusieurs jours pour les
rassembler et les meure en action ? alors , non
seulement il est impossible de prévenitles crimes,
mais il est diflicile de les réprimer, ei les brigands
loujours léunis, toujours actifs réduiseni la force
punliqueà l'impuissance ou à la fuite. '
Réprimez sévèrement, ces abus , citoyen préfet ,
et déuoucez-les moi, si vous vouiez niéaiei la
reconnaissance de vos administrés , et l'estime
du gouvernement.
Li ministre de la police générale ,
Signe, FoucHÉ.
DÉPARTEMENT DE L A S E I N E.
]J préfet du département de la Seine, au vunhtre
de l'intérieur,— Paris , le IT fructidor an S.
Citoyen ministre ,
Je vous remevcic- du compte avantageux que
vous avez bien voulu rendre , dans votre rappoit
du i3, de l'opération relative à l'octroi de bien-
fesante de la comniune de Paris ; mais comme
il ne serait pas juste que la reconnaissance de
cette commune se portât eniiérenienl sur moi ,
je pense qu'il est de mon dcvois de lui avouer
que mon zèle et mes connaissances ont été dirigés,
dans cette importante opération , par vos lumiè-
res et par votre expénence.
Je vous salue avec respect.
Signé, Frochot.
( L'abondance des matières nous a empêché de
publier plutôt le discours suivant, prononcé par
le citoyen Froc'tiot , préfet du département dé
(le la Seine , le jour de la disiiibuiion dus prix
de l école centrale de ce département. )
Ce n'est point' une insignifiante et vaine forma-
lité que je viens r'éitipiir dans cette l'été de la
Jeunesse, en assistant à la distribution des ré-
compenses décernées à ses premiers essais.
J'y viensau nom d'un goiivcrriement.qui, comp-
table envers la république des moyens d'instruc-
tion remis en son pouvoir , veut en assurer la
dii'ection.
J'y viens au nom d'un département, qui , jaloux
de voir les écoles cenirales de Paris continuer la
célébrité que plusieurs siècles avaient acquise aux
anciennes écoles de cette première cité de lEu-
rope , veut en connaître les succès.
J'y viens au nom des chefs de famille , qui ,
s.-chant apprécier les avantages de 1 éducation
républicaine , et bénissant chaque jour le gouver-
nement de la leur avoir procurée , veulent en
suivre les progrès.
J'y viens' enfin pour l'intérêt de ccux-ià même
qui , sacrifiant à d'aveugles préjugés le plus sacré
de leurs devoirs , le bonheur de leurs enfans , les
ont jusqu'à ce jour tenus loin de nos écoles;
majs qui , devenant témoins de la surveillance
exercée par le gouvernement sur l'instruction
publique , des encouragcmens qu'il lui consacre, !
de ses efforts pour en déterminer l'influence , ab-
jureront bientôt , il faut du moins l'espérer , et
leurs injustes préventions contre 1 éducation mo-
derne , et leut: attachement superstitieux pour les
institutions anciennes.
C'est peut-être une chose assez peu observée,
et pouitant vraiment digne d'observation , que
l'éducation ancienne a trouvé ses partisans ex-
clusifs , précisément dans ceux qui en rapportaient
le moins de fruits à la société , et qui par cela
même étaient le plus désintéressés dans cette
apologie ; qu'au contraire elle a trouvé ses plus
Brdens déiracteiirs dans des hommes tellement
dotés de ses bienfaits , que la profondeur de
leurs lumières semblait être la meilleure censuté
de leur opinion.
Etltre ces deux extrêmes , la raison et la sa-
gesse ont décidé depuis long-tems.
Sans doute le fonds d'une instruction , à qui
là France a dû tant d'hommes célèbres dans
tous les genres, ne pouvait être mauvais abso-
Ibment : et comment le prétendre devant des
maîtres habiles qui lui doivent leurs connaissances
et lé talent plus rare encore de les communiquer.
Mais les détails de celte instruction étaient
vicieux. Aux sublimes leçons des orateurs grecs
ou romains se lïiêlaierit Its puéiiles arguties de
lécole.
Ses dogmes et ses pratiques étaient incohé-
rens. L'impassible constance de Mutius était
donnée en exemple ; les formes les plus humi-
liantes étaient infligées en punition.
Elle n'avait point de but , ou bien alors elle
était en contradiction avec elle-même. Enflam-
mant de jeunes cœurs pour le dévouement pa-
triotique de Cafon , elle pliait en même lems
les élevés aux usages serviles d'une société au
sein de laquelle ils auraient' un jour à chercher
vainement une patrie.
Un corps d'instruction , composé d'clémens
aussi étrangers les uns aux autres , pouvait uifa-
cilement produire des résultats constamment
avoués par la raison et par la saine philosophie ;
mais il faut convenir de bonne foi , que la faute
tn était plus particulièrement encore aux insti-
tutions politiques alors existantes., qu'au mode de
l'insiniction. En vain la jeunesse avait été nourrie
de grands exemples et de grartds souvenirs : à
•peine entrée daj'ns le monde, il était de son in-
térêt , souvent même il semblait être de son devoir
de les oublier, ou du moins il lui fallait nVn coïi-
setver la mémoire que commie tfe ces illusions
brillantes , imaginées moins pour former son
tcsûr que pour otnci son esprit.
I 402
Aiosi , les idées généreuses reçues au pi'emicr
â'i,e , et qui , par la manière dont elles nous hap-
pent alors , devraient créer d'inaltérables souve-
nirs , ne laissèrent , pendant long-terns , aucunes
iiaces durables dans l'esprit du plus grand nom-
bre -, mais elles restèrent dans quelques araes
fones , elles y fermeinereiit d'autant plus vive-
ment que la puissance politique prenait plus de
soin de les comprimer ; elles se mûrirent , elles
se lorliherent par une longue méditation .jusquà
ce qu'enfin il leur lût petmis de paraiire au
grand jour, et d'opéier par leur application , la
régénération politique de notre pays.
Vainement s'élevèrent contr'elle et les préjugés
j superstitieux, et l'ignorance farouche qui voulut
un moment s'emparer d'une conquête unique-
ment due aux progi-ès des lumières. L'heure de
la philosophie était arrivée , ellï devait triompher
de tous les obstacles.
Assez long-tems le bonheur public avait été
retardé ; assez long-tei'ns aussi, inquiète de voir
qu'une jeunesse destinée à recueillir l'héritage le
plus précieux , ignorerait peut-être la première
source des droits dont elle devait jouir, la France
réclamait le bienfait d'une éducation vraiment
nationale et dirigée, pour la première fois, vers
un but conforme à son institution.
Enfin ,. l'influence protectrice et puissante qui ,
détruisant tous les partis , a consolidé les vrais
principes de la révolution , assure aujourd'hui à
l'éducation nationale une direction également
sage et éclairée, digne à la fois et de nos insti-
tutions politiques , et de la téputation d'un peuple
distingué dans l'Europe , autant par l'étendue de
ses lumières que par l'éclat de sa valeur.
Organes de l'antiquité , interprêles des sciences ,
propagateurs des arts , quelle carrière s'ouvre
devant vous ! nous ne sommes plus dans ces
tems où la naissance marquait les rangs , oii ,
dans les bornes fixées à son ambition , le jeune
élevé trouvait la mesure qu'il imposait lui-même
à ses études. Aucune branche dinstruclion ne
doit être étrangère à des français appelés désor-
mais à tous les emplois ,' en raison de leurs vertus
et de leurs talens.
C'est le propre des républiques de vouloir et
de former des hommes prêts à les servir , lour-à-
tour, au lycée , au forum ou dans les camps, et
sachant allier à la science des affaires publiques ,
l'amour et la connaissance des lettres.
Périclès , le plus grand homme de son teras ,
fut le créateur de 1 atticisme ; Cicé.on se délas-
sait de l'administration publique , en composant
des traités de litiéraïuie et de philosophie ; César
fut aussi bon orateur qu'excellent gétiéial. Enfin
de tous les hommes animés du deslr de lillus-
tration , quel est celui , s'il fut \éritablenient
grand , qui n'ait pas recherché la .gloire des
sciences et des lettres , soit en leur piêtant son
appui , soit en les cultivant lui-même.
Aggrandissez les âmes de vos disciples par ces
fameux souvenirs ; qia'ils sachent que les con-
naissances dont vous avez à les doter , ne seront
plus comme autrefois , étrangères au bonheur
de la société , et alors les fruits de l'éducation
ne se dessécheront plus dans les cœurs qui les
auront lecueillis. Ces cœurs heureusement vierges
de tous pièjugés , s'embraseront du feu sacré
du patriotisme , et la France fiere de ses écoles
républicaines , en verra sortir des citoyens , des
guerriers , des hommes d'état.
Quant à vous , jeunes élevés , je n'ai sans doute
pas besoin de vous faire un devoir de votre
attachement pour ceux a qui vous devrez cet
heureux développement de vos facultés. La sécu-
rité qui se peint sur vos jeunes fronts , cette facile
assurance de votre maintien , si différente de l'at-
titude servile de nos anciens élevés en présence
de leurs maîtres, m'apprennent assez que dans
les vôtres vous voyez des amis , et que déjà , pour
eux , vos cœurs s'ouvrent à la reconnaissjnce.
Mais c'est surtout dans lâge mûr , c'est au
moment oii la société vous aura distingués par
vos vertus et par vos talens , que vous sentirez
I étendue d'une dette aussi sacrée.
\ '■
La lettre de Philippe à l'instituteur de son fils ,
moitument éternel de l'empire des lumières sur
la puissance des rois même , en vous nior,trant
quelle importance les anciens attachaient aux
sciences et aux lettres , vous dit aussi leur respect
pour ceux qui en étaient les organes.
Mais déjà votre impatience m'accuse de re-
tarder , par mes discours , l'heure de votre gloire ,
et je ne veux pas la différer plus long-tems. Laissez-
moi seulement me complaire dans cette pensée
que le triomphe dont plusieurs d'entre vous vont
jouir, est le prélude des brillans succès qui les
attendent dans diverres carrières. Doux espoir
de la patrie , puisse ce moment si heureux pour
T R I B U N A T.
Frèiidence d^ Andne.ux.
riN DE LA SÉANCE DU 16 FRUCTIDOR.
Le citoyen Gharaoulaud fait hominage au (ri-
bunat d'un plan pour assurer l'existence des
rentiers et pensionnaires de l'état ; la mention
au procès-verbal et 1« renvoi à la- bjblioihequï
sont ordonnés.
L'ordre du jour appelle la discussion sur le
rapport de Savoy -Roilin qui avait proposé de
renvoyer au gouvernement la réclamation du
ci(ùyen Borel , contre un arrêté du conseil-d'éiat
concernant la liquidation des créances sur les
anciennes fermes et régies générales.
Ganilh combat la proposition du rapporteur
l'e iribanai ordonne l'impression du discauis ,
prononce l'ajournement et levé sa séance.
J\'otice sur le citoyen hailly . membre du sénat con-
servateur , mort le 2 de ce mois.
Le citoyen Michel-François Dailly , né à Roc-
quencourt près Versailles , département de Seine
et Oise, le 26 décembre 1724, débuta dans la,
carrière du barreau , oii il forma des relations
d'estime et d'aràiiié avec le vertueux Turgot. La
délicatesse de sa santé et les instances réitérées
de ses amis , purent seules le déterminera renoncer
à une profession qu'il aimait, pour se livrer aux
travaux intéressans de l'administration publique.
Formé pendant plusieurs années aux objets
d'administration , par l'exercice des fonctions de
secrétaire-général et de subdélégué de la ci-devant
généralité de Rouen , il fut fixé à Paris , dans le
département des finances , successivement en qua-
lité de premier commis des finances , de direc-
teur-général des vingtièmes, et enfin de directeur-
général des impositions directes. Il obtint le brevet
de cotiseillet-d'élat en récompense de ses longs et
utiles services.
Il eut un intervalle de repos ; à la fin de 1787 ,
il fut appelé du sein de sa retraite , oià il vivait
en philosophe, environné de ses amis et de la con-
sidération de ses concitoy-ns , pour remplir le»
fonctions de procureur-général-syndic de 1 assem-
blée provinciale de l'Isle-de-France. En 1789, le
vœu du peuple l'appela à l'assemblée consti-
tuante.
Il siéga au directoire du département de la
Seine , en 1792.
L'opinion des amis de l'ordre autant que le
choix éclairé des premiers magistrats de la répu-
blique , le placèrent en frimaire dernier , au rang
des membres dii sénat-conservateur.
Il a concouru constamment pendant le cours
de sa vie administrative , à des travaux utiles en
faveur de l'agriculture , et particulièrement avec
le citoyen Dotmesson , alors conseiller-d'èlat , à
la rédaction des lois qui furent rendues en 1764 ,
1765 et 1766, pour encourager les desséchemens
des marais et les défrîchemens. Il n'eut pas moins
de part à la promulgation de celle sur l'aboli-
tion du droit de /lartroiiî'i.
Les soins qu'il ne cessa de porter à l'améliora-
tion , aux progrès et à l'encouragement de l'agri-
culture , et les nombreuses connaissances qu'il
possédait , le firent recevoir rnembre des sociétés
d'agriculture de Rouen et de Paris, et de l'acadé-
mie littéraire de Châlons sur-Marne.
Né avec une ame généreuse et sensible , il eut
plusieurs fois occasion de développer ce caractère
heureux qui fait un besoin de défendre les inté-
rêts du peuple, soit dans la réduction des impôt»
en faveur des classes industrieuses et indigentes ,
soit dans la répartition générale des mêmes im-
pôts , soit en proposant d'augmenter la masse des
fonds de décharges et modérations , dont l'appli-
cation et l'emploi étaient surveillés avec une sage
sévérité.
C'est aussi avec le citoyen Dormesson qu'il
perfectionna et fit encourager par l'ancien gou-
vernement , l'ouverture et la confection des che-
mins vicinaux qui se multiplièrent à l'infini, et
qui devinrent, comme on le sait, si avantageux
pour les campagnes. Dans l'exécution de ce plan
si heureusement conçu et suivi avec succès pen-
dant une longue suite d'années , les propriétaires
furent intéressés à contribuer à des opérations d'ua
genre aussi utile ; et par ce moyen les pauvres et
les journaliers trouvaient des ateliers nombreux
ouverts , dans les saisons 011 les travaux de la Cam-
pagne ont le moins d'acuvité, et le propriétaire et
le cultivateur un débouché facile et assuré pour
leurs denrées.
Des idées vertueuses et ses principes de justice
distributive , le firent coopérer essendellement à
tous les travaux et projets de lois et réglemens
qui précédèrent et assurèrent l'établissement des
vous , présageî-le tems oh vous ajouterez à l'hon- premières assemblées provinciales dans l'ancie»
neur de vous distinguer par vos talens , 'la gloire ^erry et dans le ci-devaiit Quercy.
;plus rare -eiacore de ks rendre utiles à votre C'est à partir de celte époque mémorable par
pays ! I l'effet des idées libérales qui présidèrent à ces
nouveaux établisscracns , que celle importante
poriion du peuple qu on appelait tiirs-étut . com-
mença à picndie une part notable et influante
dans l'exercice des lonciions publiques et poli-
tiques de l'administration générale.
L'ami des ïurgot, des IVliilesherbes , des Dor-
niessnn , des Fianklin, le principal coopéraltur
sous le ministère de Necker en 1777, 177H, 1779:
17S0, 1781 , i7bS, et pren)iers mois de 1 789 , reçut
.la plus juste ci la plus légitime des récompenses
dans la place de iiiembic du sénat conservateur.
Il y développa ce caiactcrc heureux de modéra-
tion et de sagesse, qui avait distingué à toutes
les époques ses uiiles travaux et les lonciions di-
verses qu'il avait reitjplies pendant: l'espace de
45 ans. Ilcst mort aveccalme et sérénité au bout
lie sa 75^ année, au. milieu d un petit nombie
ti'amis , et de ses cnfans d'adoption qu'il avait
fixés auprès de lui pour consoler sa vieillesse et
en adoucir les derniers inomens.
En lui prodiguant les qualités du cœur , la na-
ture s'était encore plue à le douer de celles qui
contribuent à l'aire resso.rtir, ifuelquelois même à
déceler l'homme peu ordinaire. Un maintien
noble, une hguie expressive, une aftabililé sou-
tenue sans atteteiie, une élocution douce et la-
cile , prévenaient toujours en sa laveur, et sem-
blaient ou comniandei' U; respect , ou, gagner la
confiance.
Un de ses amis , citoyen estimé et connu dans
la république des lettres, et qui n'a plus aujour-
d hui que des larmes à verser sur sa tombe , a
lait l'heuieuse épreuve de l'égalité de son carac-
tère. Unis l'un à l'autre par celte force de sim-
paihic , dont 1 attraction est si puissante dans un
âge oii toutes les impressions restent profondé-
ment gravées, ils ont vécu 60 aub dairs liniimiié
la plus inaltérable ; jamais la plus petite cause
n'est venue atténuer leur affection, et le moins
à* i)laindre n'est sans doute pas celui qui
suivit.
Personne , mieux que le citoyen Dailly , ne
posséda toutes les vertus sociales : bon parent ,
ami tendre et constant , il fut dans son intérieur
ce qu'il était clans l'exercice de ses fonctions pu-
bliques, toujour» occupé du bonheur de ce qui
l'environnait. Généreux , huai^in et sensible à
l'excès , il ne jouissait que du contentement des
autres ; il n'éprouva jamais de véritable plaisir que
celui qu'il partagea, et tous les instans de sa vie
lurent consacrés à la satisfacdon ou au soulage-
ment de ses semblables. F. D. R.
(Extrait de la Gazette de France.)
Distribution de prix qui a eu lieu le 3o thermidor
à iéiole ceutrale du département de Seine-et-Oise.
Le jugement des compétiteurs vaut celui des
meilleurs juges , sur-tout lorsqu'il est question
de décerner au plus-appliqué le prix d'encou-
lagcmenl. Ce mode , adopté par l'assemblée
générale, a procuré à Frédéric Meslier , Jacques-
Joseph Aubri et Charles-Joseph Gauguin, les
prix du dessin , des langues et des mathéma-'
tiques , les trois seules classes assez nombreuses
pour qu'il ait paru convenable d'y en accorder.
11 était nécessaire d'e^^ rétablir l'onaissioii dans
[fi première liste.
Les autres prix et accessit ont été adjugés par
l'école assemblée, avec le jury , pour examiner
soit les concurrens eux-mêmes par la voie de
l'interrogation , soit leurs compositions simul-
tanées sur un sujet donné au concours ,
excepté pour le dessin , où le travail dure plu-
sieurs jours. L'un et l'autre de ces moyens ex-
posent les élevés au danger de succomber à l'effet
de cette indisposition dans les organes, qui ne
permet pas à l'intelligence de produire ce dor^t
finsiruclion précédente et L'application habituelle
l'ont rendue capable. Au reste, cette portion
de hazard est un remède aux deux suites fâ-
cheuses des luttes de ce genre , le décourage-
ment et l'orgueil. L'un peut espérer d'avoir plus
de bonheur ; 1 autre dire comme le militaire :
te jour là , ma bravoure m'a bien servi.
Sous ce point de vue , le partage des piix
pourrait être une nécessité plus fréquente qu'on
ne le croit.
Les classes du dessin , des langues et des
belles-lettres avaient été soumises à un concours
de composition ; les autres à un examen per-
iniinel , avec liberté à chaque professeur de
jcuraujer le.s deux. C est ce qui a eu lieu aux
bciles-leittes. Le même élevé a eu l'avantage
daDS les deux combats : dans ie cas contraire,
les juges auiaient pu être dans l'embarras de
décider entre la production improvisée qui éblouit,
et la productiou méditée qui s'expose à la rigueur
de lanalyse.
Les trois jours d'exercices ont procuré celte
lois à 1 école la satisfaction de trouver parmi
les assi^tans , des interrogateurs qui ont bien
voulu s'assurer à fonds de l'état d'instruction
des élevés.
Dans la journée du 3o, en présence du préfet,
I 4-83
du nKiire , de presque tous les fonctionnaires la rive gauche, 3:20 lien
et de beaucoup de citoyens, quelques élevés | âmes . Hoo, 000 flotins. Sur
ont débité divers moi'ceaux relatifs à leurs
cours. -
Blond et B.irdet ont présenté pour l'histoire
et les bclles-letties , Pierre le Grand et Milton.
Des moiceaux de Lucien et de Virgile ont été
traduits par le même Blond et par Pichaid.
Demairgciii , après avoir indiqué , dans l'immen-
qearrcfs , 100,000
!ve droite : 40 lieues
quarrées , So.ooo amcs . i8i).oi>i)ilorins. Coblence
rivaliseia un jour a.vec iMayence ; si celle-ci
a le Mi.iii pour lui apporter les productions
de la Fiancoiiie. £oblenc^a, , par la Moselle,
une coinuionlcrtion facile avec une partie de la
France.
3".
L'éleciorat et archevêché de Cologne. —
c l.i connaissance de la nature, les objets Etendue et Jwjiulalion : 1 électoral propre , sur la
(jue la brièveté du tems rie jjcrmcttail pas même
<t;j toucher, a préscnié
Jlue.i
rive
les
ificrcuces entte la 1 Sur la rive droite
e,iuiite: 1.10 lieues quaiicts , 95.000 âmes.
(lotit lliomme exerce .^ur la nature liii-
de son génie , .i l'cgaid des minéraux ,
j ou à l'égard des végétaux qui foin paiiie des
■ êtres orgcinisés.
Ensuite , trois expériences de physique , la
I combiisiion augmentée tians l'oxigeiiC sépaié
1 de tout autre ^laz , l'aliraciion éleciive d un nié-
j liingi? de soulrr el de ciyabre en poudre , par les
! états opposés de l'électricilé positive et négative , i
1 communiqués à diverses parties d'un électro- ]
, pliore. Enhn , l'expérience hydrislaiique de la
I pression des liquides , à raison de leur hauteur
jet de la base de leur récipient,, sans égaid à
' l'augmenlalion ou à la diminution de son dia-
I nieiie dans les parties supéiieures , ont donné
rlicuàlluvé d'exposer brièvement les principes
j q^;; y ont rapport.
I Le prélet avait ouvert la séance', en fcsntit
j sentir en peu de paroles limporunce de lins-
I iruction publique sur laqnelle repose la ptos-
' périie nationale. Avant la distiibutiun, le citoyen
, Perriot , yirolesseiir de dessin , dans le discours
I de clôiure dont il avait été chargé par l'école ,
j a lié d'une manière intéressante la cause de,Ver-
' sailles à celle de l'école centrale.
i Société d'agriculture du département de Seine et
Oise.
Les programmes des prix proposés doivent
faire paiiie des mémoires qui seront publiés à
la suite du Journal de Seine et Oise. Mais il y a
urgence à l'égard du prix de pratiqu'e pour le
vin le mieux fabriqué . c'est-à-dire celui qui, à
égalité de terroir , devra sa meilleure qualité
aux soins donnés à la vendange et au cuvag.e.
En conséquence , il sera nécessaire que tout
cultivateur , qui se dispose à concourir , fasse ,
vers la tin de fructidor , constater par le maire
de la commune , en présence de deux ou trois
vignerons , quel est celui de ses voisins dont
le vin a le plus de ressemblance avec le sien ,
lorsqu ils son* fabriqués par la routine de tous
'es ans. Les mêmes témoins surveilleront le vin
araes. Le comté d
rées , 18,000 arn
180 lieues qua ié(
que fera ce voisin sans précautions particulières,- prisonnier pour dettes lui vient à l'esprit ; il se
-. 1. ■ -11-', • /. 1 . ' AÀ,.., 1 1' ..■ [• 1 i u;„„.A.
: '20 lifi.es qunrxts , ii.noo
Rtkliiigliitti : 40 licueS <)M.ii-
. Le duché de Weriphaiie :
, ioo,ouo âmes. Ainsi , sur la
rive droite ., en tout : 129,000 amts sur 540 lieues
quariées. — Productions : quelques vins , du
bled , du bois , du sel , du fer , du ciiiyre , un
peu d'or, de la calamine, etc. Le duché de
VVestphahe nourrit quantité de bétail. — Revenus,
avant la guerre : 1,000.000 florins. Lélectcur
aciiiel est en même tems évêque de Munster :
600 iieues quai rées , 35o,ooo iuiics , i ,200,000 fl. ,
el peut inettre Sooo liQiijmcs sur pied.
Résultai. — Sur la rive gauche : 473 lieues
quatrées , SlS.ooo âmes, 1. 100. 000 lioiius de
levenus. Sur la rive droite : 65; lieues quarrées ,.
422,000 âmes , 2,000,000 liorins.
M. C. Brun.
THEATRE DES TROUBADOURS.
U.M vieux recueil d'anecdotes contient celle qui,
suit: I' Un peintre ayant lait le portrait d'un homme
riche qui refusait de le payer , prit pour se ven-
ger un parti assez singulier : il reprit son tableau ,
couvrit lie barreaux de fer la figure de son débi-
teur, et exposa publiiinemcnt le tableau, avec
celte inscription : Au pauvre, prisonnier.
Tel est le trait que vient d'arranger pour la
scène le citoyen Dubois , auquel le théâtre des '
Troubadours doit depuis quelque temps (es
ouvrages qu'il a donnés avec le plus de succès.
Voici une idée de son plan :
Un jeune peintre fesant le portrait de l'onclç
d'une jeune personne dont il est amoureux , dis-
pose le lieu dé la séance , de manière qu'en pa-
taissani fixer les yeux, de l'oncle , il voit eu effet ,
et dessine les traits de sa jeune amie. L'oncle voit
le stratagème , s'amuse un moment de la situa-
tion , et finit par se fâcher , il enlevé au 'peintre
le poftrait de la jeune personne , et en échange
lui' laisse le sien qu'il ne veut ni prendre ni payer.
L'artiste veut se venger. L'idée du portrait du
et le vin qui doit disputer le prix. Ils pieudtOnt
les mesures nécessjiies pour s assurer de la \érité,
jusqu'au moment de tirer de chacun une boir-
teille . lesquelles seront envoyées cachetées à la
société.
Le prix sera obtenu par celui des essais qui
présentera une plus grande différence d avec le
vin commun.
( Extrait du Journal du département de Seine et Oise
du 10 Ji uctidor . )
Suite du tableau statistique des pays ecclésias-
tiques (I).
Cercle du Bas-Rhin.
1°. L'éleciorat et l'archevêché de May^nce. —
Etendue et population : L'électoral proprement dit ,
avec les jiossessions d.ins la Hesse et une -jiariie
du comté de Rhineck , 280 lieues quarrées ,
216,000 âmes (dont sur la rive gauche du Rhin
i3 lieues quarrées et 43,000 âmes : ) l'Eiclisfeld ,
80 lieues quarrées , 40,000 âmes. Erfort et ses
annexes , 5o,ooo âmes sur cnvirein 3o lieues quar-
rées •, ce qui fait eu défalquant la partie sur la rive
gauche , 377 lieues quarrées et 263,ooo âmes.
— Revenus : en défalquant 289,000 florins pour la
.rive gauche, il reste 1,324,000 florins. — Produc-
tions : pour l'éleciorat seul , le meilleu.r vin de
l'Allemagne , du blé et du bétail , du lin , du
chanvre , du bois , du sel , quelques minéraux ;
pour l'Eichsfeld, du lin , du chanvre, du bois ,
du blé-, pour Erfort, des fruits, du jardinage,
de la garance , du saffran bâtard , etc. — Industrie
et commerce : on fabrique des étoffes de laine , des
rubans , des bas à Erfort et dans 1 Eichsfeld ;
Mayence qui fesait un commerce assez vif , su.r-
tout de fruits, va sans doute, un jour dévenir
l'entrepôt de l'Allemagne et de la France , et une
rivale dangereuse pour Francfort , mais elle est
sur la rive gauche , et même à présent chef-lieu
d'un département de France (27,000 habitans :)
l'électeur avait ordinairement 3ooo soldats sur^
pied.
2°. L'électoral et archevêché de Trêves. — Produc-
tions : d'excellens vins , du gibier, du poisson ,
du charbon de terre, du fer, du cuivre et d'autres
minéraux. — Etendue , population et revenus : sur
(i) Voyez les n."' 841 , 3^3 el 346.
détermine a l'exécuter. L'oncle apprend bientôt
qu'il est au salon l'objet de la risée' publique. Le
peintre ne consent à retirer la figure eràprison-
iiée , qu'en tibtenant la main de la jeune per-
lonne. Après avoir vainement épuisé les offres et
les menaces , l'oncle donne un consentement
lorcé. A l'instant il apprend qu'il peut se rassu-
rer . son portrait n'a point élé au salon ; le peintre'
l'a menacé pour obienir son aveu , et s'en venge
sans devenir tout-à-fait méchant.
Cette dernière idée a un peu raccommodé le
public avec i'ouvrage : on irouvait la conduite
du jeune peintre très-peu décente , celle de la
jeune personne avec son oncle au moins très-
inconven.inie , et son langage très-deplacé, lac-
lion Icnle , Jes scènes vidés, des longueurs dans
toute la pièce. L'oncle n'avait pas eu constam-
ment tort : l'auteur ne l'avait point piésenté sous
des traits ridicules ; 1 acteur même lui avait donna
u-ije phisiononne assez ai.iiablè: qui eût pu par-
tager ,ivec x peiiure un projei de vengeance non
méritée ? Pour que la siiuauon eût élé comique ,
il eût fallu que cet oncle dupé eût été présenté
comme un avare excessif, comme un jaloux ri-
dicule. Ce changement est facile , le succès de
l'ouvrage y est peut-être attaché. On y trouverait
alors un peu plus de mpralité , et plus de respect
pour les coiivcnances.
Quelques traits du dialogue sont piquans : cep
tains couplets sont très-bien tournés ; mais la plu-
part ne tienncnr point à lu situation; ce sont des
pensées détachées , des lieux communs de ga-
lanterie , des madrigaux rebattus. Il est assez sin-
gulier que le rôle de l'oncle eil contienne la plus
grande partie. Jin général cet ouvrage paraît avoir
été fait rapidernent : les scènes sont filées avec
peu cje sojn. C'.est un défaut qui semble au-
jourd'hui d'habitude. N'est -if pas vrai de dire
qu'en fait de productions littéraires, la qualité
est piéférable au nombre ; et ne vaudrait-il pas
mieux réussir complettement une lois , que de
donner à sa réputation l'appui chancelant d'une
foule de demi-succès? S
Du Jacobinisme des Anglais si^r les mers , et des
moyens d'etp triompher , adressé aux pations ue.utriy ,
par un neutre ; brochure in-S". A Paris , impri-
merie du Cercle Social.
L'Angleterre , . di.t l'auteur, anjuse l'Univers
avec les dangeis de ce qu'elle .appelle \ei principes
Jficohins , et cela dans un tems où rien de sem-
Dlable n'existe en France; mais tous les jours sur
l'océan les droits du commerce sont envahis ,
insultés et déliuiis. C'est pour combattre \tt jaco-
binisme des anglais , leur odieuse tyrannie , tjuil
fait dans ce petit écrit un appehà 1 honneur et à
l'intérêt de toutes les nations comnierçjiites ; il
Jeiir démontre la nécessité de faire cause com-
mune avec les français . non que la,- Frai;cc ait
besoin de secours pour elle-même, mais parce
que les dioits du commerce et la liberté des
niers.sont attachés à ses destinées.
Il leur dévoile les véritables jirojets et la poli-
tiq"ne astucieuse de la Grande-Bretagne dans la
gurrre actuelle , qui n'est rien autre chose de la
part de cette puissance qu'une guerre de mono-
pole ; il leur représente le gouvernement anglais
vcu!ant donner sa volonié absolue pour loi uni-
verselle , refusant avec insolence de ratifier le
traité dEl-Arich , cherchant à retenir l'armée fran-
çaise en Egypte, afin d'avoir un prétexte dy
débarquer poirr les en faire sortir , et à la faveur
d'une • capture officieine et condilionnetle , de s y
établir à la tête de la mer Rouge , et d'occuper
ainsi les deux passages aux Indes, à l'exclusion
de toute autre puissance; enfin , il leur expose
les conséquences du succès de ces desseins ambi-
tieux. Elles n ont pas les mêmes dangers à redou-
ter de la part du peuple fiançais. La France, grande
par etle-racme , n'est point dévouée par la nature à
l'esprit de menoyio/e. Un vaste champ d'améliora-
tions et de prospérité intérieure vient de s'ouvrir
pour elle; il demandera tous ses soins, toute
son attention : le monopole ne peut jamais
faîve partie de sa politique. Ses intérêts à l'ex-
térieur sont dans la plus grande étendue des
droits du commerce des nations; elle a mainte-
riant en sa puissance les plus grands moyens d être
utile au monde commercial , que le monde com-
mercial s unisse donc aux meilleurs desseins , au
lieu d aggraver la perle de la marine française , en
favorisant l'accroissement de celle des anglais.
L'auteur offre un moyen de relever l'une et
d^abaisser l'autre , dans les observations suivantes ,
que nous rapportons textuellement.
. u On doit considérer l'Angleterre sous un
double point de vue. D'abord . comme une
gritnde nation commerçanie , et ensuite comme
une grande puissmce raarjlime. Sj m..rine dé-
pend de son commerce , mais son commerce
dépend de la volonié ou du consentement des
nations qui lui permettent de commercer avec
elles. Ce consentement est ^ son tour en la puis-
s:ince des nations , qui peuvent l'accorder ou
le refuser : l'Aiiglctcire est donc en effet -une
nation dépendante des aunes nations, (i) La gtan-
deiu de la France est intérieure et inhérente à
son existence ; celle de l'Angleterre' est dissé-
minée , et toute entière attachée à des choses
extérieures qu'il n'est pas en sa puissance de
diriger à son gré.
»i Si les nations neutres de rEiirope , en-
semble avec les Etats-Unis d'Amérique , entraient
dans une association pour suspendre tout com-
merce avec toute nation belligérante qui moles-
terait quelque vaisseau appartenant à cette asso-
ciation , l'A- gleterre à l'instant perdrait son com-
merce , ou consentirait dès-lors à la liberté des
mers.
55 Pend:int la guerre d'Amérique, une neutralité
armée fut formée dans le Nord, sous la protec-
tion de la Russie : les marines de France et d Es-
pagne étaient alors en pleine activité; et cet heu-
reux état des choses fit respecter la neutralité
aimée. Mais la balance du pouvoir niaritime en-
tre la Fiance et l'Angleterre étant maintenant
rompue , une neutralité armée ne ferait pas sur
l'Angleterre une forte impression. Point de neu-
tralité armée du Nord qui puisse inspirer des al-
larmes , si les flottes de France et d'Espagne ne
balancent pas la marine anglaise, ne retiennent
(i)Nous observerons en passant que l'auteur
partageant ici une erreur trop commune , attache
au commerce étranger une importance bien
plus grande qu'il n'a réellement même en An-
gleterre. Il a été remarqué dernièrement avec
beaucoup de justesse que le commerce étranger
de celte nation , la plus Commerçante du globe ,
ne tient pas dans la masse de ses circulations la
20* partie de celle qu'occupe son commerce
imérieur. Quoiqu'on en dise , c'est celui-là qui
fan sa richesse , et l'autre n'en est qu'un bien
mince accessoire.
1404
pas ses vaisseaux dans la Manche , ou dans quel-
qu'autre mer du Midi. La Prusse , par sa posiiion,
peut fliire respecter son pavillon ; et quoiqu'elle
ne soit jias un grand pouvoir maritime , elle peut
jeter un jioids immense dans une neutralité ar-
mée : Georges sait bien que la Prusse peut s'em-
parer deM'Hanovre.
51 Mais dans l'état présent des affaires , et même
dans tous les terns , c est une neutralité désarmée .
(qui peut se faire tout de suite , et qui ne
coule ni sang , ni argent), c'est une association
commerciale dans le genre de celle dont nous
venons de parler , qui peut seule commander
le respect au gouvernement anglais. C'est par
son commerce qu'elle est vulnéralile ; c'est pour
elle le talon d'Achille.
>) Le commerce des nations septentrionales est
de la plus grande importance pour l'Angleterre ;
elle peut à peine su'isisîer sans ce corainerce:
et les nations du no.d peuvent aisément se passer
d'elle : conséqnçmment les nations ont dans
leurs propres mains la puissance de faire la vé-
ritable loi des nations, et de ne point permettre
à 1 Angleterre de leur dicter , pour loi univer-
selle, s.i volonté. La protection que le commerce
peut se donner à soi-même par le mnven d une
association commerciale ( sur-tout si H.imbourg
y est compris , ce que Hambourg ne peut
refuser ) , est au moins d'un poids égal à
une neutralité armée ; mais les deux moyens
réunis seraient , dès ce moment , capables
de faire la loi , ou du moins de faire pâlir
le despotisme de 1 Angleterre , jusqu à ce que
la marine française soit assez torie pour ré-
tablir la balance du pouvoir naarillmc ; et c'est
alors qu'on peut former une loi générale des
Nations ; oeuvre de bienfcsance et de génie, qui
immorialiseraiil la république franç-aisf; dans le
monde commerçant. 55
En attendant a comme l'Angleterre a saisi le
Cap de Bonne-Etpérance , il serait de la meilleure
politique de garder, du consentement de la Porte,
la lêlc de la mer Rouge, et de pcrmeitre aux
nations du Nord de commercer par ce canal avec
les nations de lOrient. La Hollande , en parti-
culier , serait , p;)r cela seul, indemnisée de la
I perle du cap de Bonne-Espérance.
ssC'cst un des avantages que le monde coramer-
I çnnt peut retirer de la révolution fanç.iise , et
1 par les moyens de sa puissance ; tandis que de
I la part de 1 Angleterre , elles ne peuvent attendre
I que monopole , oppression et insulres. L'Egypte
1 gagnerait beaucoup à cet éublissemenl , et non-
I seulement il esV de son inléiêt d'y consentir , mais
I d'employer tous les moyens en son pouvoir pour
I concourir à le rendre stable. C'est 1 Angleterre
\ seule qui est intéressée à s'y opposer; et quel
1 que soit son intérêt , il est évidemment contraire
à la prospérité des autres nations. 15
pirer : il a donné avis de cet événeroènt aux
préfets des départemens environnans. La plus
grande surveillance est exercée ; des pairouilie»
multipliées parcourent les campagnes et fouillent
les endroits suspects ; il a écrit des lettres de sa-
tisfaction aux fonctionnaires et aux citoyens qui
ont tait preuve, dans cet événement, décou-
rage et de zèle ; et les secours les plus prompts
et les plus louchans ont été administrés à ceux
qui ont reçu des blessures dans .'a poursuite et
l'arrestation des brigands. Celte occasion a fait
connaître le bon esprit qui règne dans le dépar-
tement du Cantal , et les assassins royaux qui
ont pu s'échapper , s'éloigneront sans doute d'un
pays où on les ponrchasse comme des bêles en-
ragées , et oià ils seraient témoins du jurte châ-
timent auquel leurs complices vont être con-
damnés. '
On a recouvré près de la moitié de la somme
enlevée,
Salut et sraternité.
Palis.
Les maire et adjoints de la ville de Saint-Quentin ^
au rédacteur de la Gazette nationale. — Saint-
Quentin , le i^ fructidor , an 8 de la 7'épub-liqra
française.
CiTOYiîN , nous vous prions d'insérer dans un
de vus prochains numéros l'avis à lous les mar-
chands de la république , que notre foire, dont la
durée est de neuf jours francs , aura lieu le 21
vendémiaire prochain ; que les marchands qui
désireront y avoir des loges , devront s'adresser
au citoyen Sarrasin , menuisier , ou à nous, en
affranchissant! eut s lettres: qu'il n'est apporté aucun
changement au prix de ces loges , qui est comme
l'année précédenie de 3 liv. tournois pour 3 cen-
timètres 25 millimètres ; qu'enfin ils trouveront
prcle-iion et sûreté pour leur personne et leurs
marchandises.
Blondel.
Le secrétaire-général de la préfecture du Cantal , au
rédacteur du Moniteur. — Aurillac , U S fructi-
dor an 8.
Citoyen , un événement importarit vient d'a-
voir lieu dans le département du Cantal ; et
comme il a éié dénaturé dans quelques journaux ,
je vous prie d'insérer cette courte notice , dont
je vous garantis l'exactitude et l'authenticité.
Le 23 thermidor , des brigands royaux dont
on ne sait pas précisément le nombre , ont at-
taqué , à neuf heures du matin, une faible es-
corte qui conduisait de Murât à Aurillac une
recette de 8 à gooo fr. Le lieu favorisait leur
entreprise'; c'était dans un passage étroit, en-
touré de montagnes , de bois et de précipices.
De trois gendaimes , l'un a été tué sur la place ,
un autre blessé , un troisième a semé f'allarme et
réclamé des secours. Peu de tems après , 40 ci-
toyens de Murât , dirigés par le citoyen Crolte ,
maréchal des logis de la gendarmerie , et par le
citoyen Treillard-Nozerollrçs , fils , ont volé à la
poursuite des assassins ; les maires des communes
de Dienne et de Saint-Jacques-des-Blats ont fait
sonner le tocsin , ont rassemblé un grand nom-
bre de braves citoyens , se sont emparés des
somrôets et des gorges des montagnes ; et après
quelques heures de battues , quatre brigands ont
été découverts et saisis. Ces scélérats ont fait une
défense désespérée , et nous avons à déplorer le
malheur de quelques citoyens qui ont été blessés.
Le préfet a sur-le-champ pris toutes les me-
sures que le zèle et le patriotisme pouvaient ins-
LIVRES DIVERS.
MÉMOIRES sur les lignes télégraphiques , et s«i
le télégraphe décimal circulaire , établi sur la
tour du temple du Génie ( S. Roch J , qui va
former la première staiion de l:i nouvelle ligne
décimale de Paris au Havre ; par F. G. B. Laval ,
ingénieur de la marine et membre du Lycée des
Arts,' et A. S. Lcblond , professeur de mathé-
matiques.
Prix , l fr. 5o cent, la collection des mémoires ,
planches et tableaux: et 25 centimes la feuille
d'explication.
Cet ouvrage se trouve , chez Baure , libraire ,
sous la tour de S. Roch; Mcurant, aîné . libraire,
rue des Grands-Augustins , n" i3 ; Meurant,
jeune, cour des 'Vétérans, près les Tuileries;
Roussot , portier des Tuileries , côté du Manège.
Les expériences du télégraphe décimal de la
ligne du Havre, qui avaient été annoncées pour
cette décade, auront lieu primidi prochain,
21 Iruciidor .jusqu'au 29 suivant, de cinq heures
du soir à sept.
Les officiers civils et militaires du génie , de
l'artillerie, de la guerre et de la marine, des
ponts et chaussées , et les membres des sociétés
savantes qui désireront assister à ces expériences ,
pourront se faire inscrire chez le libraire qui est
au bas de la tour on le télégraphe est placé. Le
jour suivant il leur sera délivré des billets.
Le local ne pouvant contenir qu'un petit nombre
de personnes , cette précaution est indispensable.
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Bourse du ïT fructidor. — Cours des effets publics.
Effets publics.
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Tiers consolidé 3l fr. 63 c.
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6'abonne qu -au commeiicemcnt de criaqnc mois.
Uf»ni adresseï les leuiesel l'argent , franc de port ,aucit. Agasse, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, n" l8. Il fautcomprejidre dan» les envois le port de
payk ou l'on ne peut aETrinrliir. Les lettres des départemens non atFranchics , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin, poui ^lus de sûreré , de charger celles qui renfcrmenl des valeurs, et adresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, au rédacteur , rue de
Poitevins, n' i3, depuis aeuf heures du matin jusqu'à cil :; heures du soir.
A Patis, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" l3.
GAZE
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
;V^' 349-
Nakidl'', \%, fructidor an 8 de la république française une et indiviilble.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qui , dater du 7 nivôse le Mon iTeuR est le seul journal ojfiaeL ■' ■
. Il contient les séances des autorités constituées ,,Jiçs, actes diigpuverntmenri, Ie«f»ouvelles des armées, ainsi que les faits; et les notions
tantsur l'intérieur qirt sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministénelles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTÉRIEUR.
Paris , /« 1 8 fructidor.
JJC? Un couriier arrivé celle nuit a apporté le»
■pièces suivauics, arrivées cl Egypte par le uavice
l'Osiris.
LIBERTE
EGALITE,
REPLJBLI<iU£ FRANÇAISE.
ARMÉE D'ORIENT.
Mtnou , général en chef provhoire , au citoyen
Bonaparte , premier consul de la république
Jr^nqaise. — Au quartier-général du Kaire , /« 14
messidor . an 8 de la république.
Citoyen Consul,
Un horrible événemeni qui a peu d'exemples
dans les annales de l'histoire , vient de me porter
lu comraandementprovisoire de l'armée d Orient.
Le général Kiéber a été assassiné le 25 du mois
dois avoir rhoiineiir de vous prévenir auparavant
que les papiers du général Kiéber n'étant pas tn^
core en ordre , je ne puis vous instruire des
événemens que p^r la simple date des laits. Dans
des circonsiancfs plus favorables , je vous
enverrai tous les détails ; mais il est si instant
que vous connaissiez notre position que je
me suis déterminé à ne vous adresser qu'un
simple journal,
Dates des événemens arrivés A l'armée d'Egypte ,
depuis le iraiti d'El Ariicki
i". Traité conclu à El A"sch le 3 pluviôse, et
ratifié par le général en chef , le 8 du même
mois , au camp de Salahieh.
a". Conférences de Sebillé Hallem , près Ma-
thariclj. Elles ont eu lieu depuis le sa ventôse
jusqu au 27 du même mois.
3°. Lettre de milord Keith , livrée à l'impres-
sion et annoncée à l'aripée le 27 avec la pro-
clamaiion du général en. clu.f Kiéber,
4". Rupture officiellement signifiée au visir le.
«8 ventôse.
' Les queues de plusieurs pachas ont été prises ,
soit â Matharieh , soit à Belbeys , Salahieh et
le Kaire.
Après la bataille dHéUopolis , des troupes
ont maiché pour reprendre D<«mieitc qui avait
été cédie aux turcs , d'après la capitulation.
Douze cents osmanlis y ont éié tués ; les autres
ont fui par le lac Menziic et le désert.
Position actuelle de t'arniée française.
Dix miUionî ont été imposés sur la ville du
Kaire pour la punir de sa rçvolle. Tout l'arriéré
dti à l'aimée est payé , et dorénavant la solde sera
assurée.
On perfectionne \êa fortifications du Kaire,
Douzs forts eniotjrent actuellement cette yille^
lis seront totalement finis dans i5 jours. Les ar-
cades du grand acqueduc ont été bouchées de
m'aiiieie qu'il n'est plus possible actuellement
de passer , depuis la prise d'eau au bord de là
rivière jusqu'à la citadelle. De l'autre coté, on a
relevé Ic^ remparts de la ville , et on va fermer
par une muraille tout l'espace compris depuis
' le fort Gamin, derrière le quartier-général, jusqu à
5°. Bataille de Matharieh ou d'HéliopoIis , 1 Boulac.
dernier. Un misérable expédié de Gaza , il y ^ Iga-inée \i 29 ventôse coniie l'armée du grand- On augmente beaucoup les fortifications de
aujourd'hui 48 jours , par l'aga des janissaires de ! visir forte, de 60,000 hommes ; prise de 20 pièces j Salahieh; elles seront lera«inécs avant troif
l'armée oîtomane , s percé de quatre coups de ! ^^ canon,
poignards le général en chef, au moment où il
se promenait avec le citoyen Protain , architecte ,
wrla terrasse qui, du jardin du quartier-général,
» vue sur la place Ezbekier.
Le citoyen Pvolain voulant défendre le général,
i élé lui-même percé de 6 coups de poignard. Le
premier coup qu'a reçu Kiéber élsit mortel; il a
été renversé. Protain existe encore. Le général
qui donnait des ordres pour la réparation du
6", L'aide-de-camp Beaudot , envoyé pour par-
lementer pendant l'action , a été raaltr^iié et re-
tenu prisonnier contre le d.oir des gens.
7''. Soulèvement au Kaire le 2û , six heures; r ■ »l 1- -■ • .
ap.èsie dépari de l'aimée. Il éiai, fomente par i ^ l^"^^f,V°'?- ,A^°^H', "' ^'î"'='ement repare,
quelques osmanlis , rpii, depuis la convention d El
Arisch, s'étaient introduits dans le Kaire.
serriaines. . j ;,:■)
Ltîsbé , piès Damieite , est terminé . et on bâtit
des tours sur les différentes passes qui donnent
de la mer dans le lac Menzalé. Le fort de Burlos
va êire bieniôt achevé. Celui de. Rosette est dans
On travaille à force à Alexandrie.,
Not.e artillerie est dans le meilleur état, les
„„..,,„,., , , .„ , .travaux de l'arsenal de Gizeh sont dans la plus
0°. Arrivée de Nasil pacha dans cette ville le j grande activité
„ Tl ^Â.^l. JL^U À .1„ l'„r — J,^ U-.,..„ -. ' o - . . ..
3o. Il S était échappé de l'armée battue , et pre-
quariier- général et du jardin ( i ) , n'avait avec lui , nant un grand détour, il enîra dans le Kaire par |
aucun aide-de-carap , aucun homme du corps ' la porte B.ib-el-Nass , dite des Victoires.
des guides. Il avait voulu être seul ;il a été trouvé
expirant. L'assassin découvert dans un tas de dé-
combres , et amené au quartier-général , a avoué
^n'il avait été sollicité à commettre ce crime par
l'aga des janissaires de l'armée OMomane . com* '
mandée par le grand-visir en personne: Ce visir,
n ayant pu vaincre les français lesarmes à la mair» ,
a employé pour se venger le poignard , celle 1
ïrme qui n'appartient qu'aux lâches. i
g". Arrivée de l'armée française à ^elbeys le
3o. L enrterai est constamment poursuivi , et fuit
devant elle.
de huit pièces de canon
II". Affaire de Core'id , le 2 germinal,
tï". Arrivée de l'armée à Salahieh le 3 ; prise
L'assassin se nommait Souleyman el Alepi , ^l "^^ j,^ P'^"^" '^^ ""°" '•"^ camp du grand-visir
était d'Alep; arrivé au Kaire , aptes avoir traversé •*' "^ ""^ immense quantité de bagages . aban-
le désert sur un dromadaire , il i'élait. logé à la i bonnes par 1 ennemi dans sa tmte précipitée au
grande mo-quée Eléazar ; il eri sortait tous les ""'vers des déserts qu'il a jonchés de cadavres;
jours pour épier le moment de commettre le °" '=^"™'^ a.i»,«>oole nombre des hommes péris
crime. Il avait confié son secret à quatre petits depuis S.lahieh jusqu a G.iza. Déwirt du général
cheiks de la loi , qui ont voulu le détourner de i ^" "^'^^ Kleber Icmême jour pour le Kaire.
son projet , mais qui ne l'ayant pas dénoncé , ont [ i3". Son arrivée au Kaire le 6 germinal.
J établis un dépôt de 5oo chevaux à Gizeh,
ainsi qu un parc de réserve de 5oo chameaux.
Plusieurs milliers de grecs se sont enrôlés à uotre
service , ainsi que 5oo cophtes et syriens.
Soixante-dix vaisseaux turcs ou grecs sont en-
trés après la rupiure qu'ils ignoraient dans les
10". Reddition du fort de Belb-.jy» le l" ger- ppr's d'Alexatidrie et Damiette ; ils venaient pour
inal ; 600 turcs prisonniers dé guérie; , prise 'évacuation ; ils ont été retenus prisonniers ; les
• ■ ■ • ' marchandises qu'ils avaient appônées nous seC-
vent à payer les troupes. ' , •
Une caravane de dix mille esclaves et de quinze
mille charneaux arrivé de Darf'uriii et dû Niger;
elle est à Syoulh que nous avons conservé dans
été arrêtés d'ajirès les dépositions de l'assassin ,
condamnés à mort et exécutés le 28 du mois
dernier.
Pour instruire ce procès , j'avais nommé une
commission ad hoc , composée du général de di-
vision Reynier , du général de brigade Robin,
de l'adjudant-général Morand , de l'adjudant-
général Martinet , du chef de brigade de la 22""
légère , le ciioyeo Goguei ; du chef de brigade de
l'artillerie , Faute ; du chef de brigade du génie ,
Bertrand ; du commissaire des guerres , Régnier,
Total , neuf.
Rapporteur , Sartellon , commissaire-ordonna-
teur.
Commissaire du pouvoir exécutif, le commis-
saire des guerres le Père.
14°. Première capitulation du Kaire , arrêtée le
14 germinal 1 les turcs se refusent à sortir et con-
tinuent à se batire. ^
l5°. Arrivée d'Osman bey el Ascar et d'un
officier de Nasif pacha , le 29 germinal pour
parlementer. Mine pratiquée par les français
fait sauter une très-grande maison dans laquelle
étaient 4 à 5oo osmanlis.
16°. Cap'tulation définitive pour l'évacuation de
la ville du Kaire par lesturcs arrêtée le i" floréal.
17°. Le 2 , l'adjudant-géneral René, et le citoyen
Tioch , officier de l'éiai-majOr , sont envoyés en
otage pour assurer l'exécution de la capitulation ,
et échangés sur la place Esbekier , contre Osman
bey et Ascar , et le Kiiaya de Nasif pacha. Les
turcs et les osmanlis les insultent dans la ville ,
Greffier-secrétaire , le commissaire des guerres , 1 ils sont forcés de se réfugier dans une mosquée
Pintt. I où Elfy bey, qui avait été chargé de leur garde,
, . . ... , , les défendit contre les efforts d'une populace
La commission , après avoir mis toute la solen- g-.' » r
nité possible à 1 instruction du procès, a cru devoir.
dans l'application de la peine , suivre les usages
de l'Egypte ; elle a condamné l'assassin à être em-
palé , aptes avoir eu la main droite brûlée , et
ttois des cheiks coupables , à être décollés et
leurs corps brûlés. Le quatrième n'ayant pas été
arrêté , a été condamné par contumace. Je joins
ici , citoyen consul , tes différentes pièces relatives
au procès.
Actuellement , citoyen consul . il s'agit de
vous faire connaître les événemens presqu'in-
croyablcs qui ont eu lieu en Egypte ; mais je
(I) Le quaitict-général aveit élé criblé de bou-
lets pendant le siège.
18°. Départ des tiircsati nombre de cinq mille
hommes, le 3 floréal.
19*. Assassinat du général Kleber , le s5 prairial.
20". Exécution de l'assassin et de ses complices,
le 28 prairial,
La paix a été conclue avec Mourat bey pen-
dant le siège du Kaire. Les provinces de Girgé
et d'A^suan lui ont été cédées. Il en jouit à litre
de prince-gouverneur pour la république (ran-
çai.ie. Il esta remarquer que pendant la bataille
dHéliopolis, Mourat bey se tint constamment
avec 600 mameluks sur une hauteur à portée du
chaii;p la bataille. Il avait fait dire qu'il ne ferait
aucun mouvement ; il tint parole. '
notre traité avec Mourad-bey.
Une caravane de Tor et une d'Yambo sont
arrivées ici par Suez; je leur donne et donnerai
toute facilité pour le commerce que je voudrais
rétablir , en tâchant de nourrir l'Arabie par Suez.
J'y organise une caravane qui partira d'ici tous les
quinze jours. Une autre caravane venant de
Fczanna , contrée du Beled el Gezid , à cinquante
jours de 1 Egypte , est également arrivée au
Kaire.
L'institut va reprendre ses séances.
Le grand-visir est à Jaffa avec ènviroR sept à
huit mille hommes ; il en a deux mille à Gaza
el mille à El-Arich. Câthieh est détruit. S'il par-
vient à recru:er son aimée et qu'il tente encore
de passer le désert , nous iroi^s le rerevoir à
Salahieh ; les troupes sont déterminées à le
battre.
Le capilan-pacha est avec vingt-quatre voiles de-
vant Alexandrie , Rosette et Damiétte ; ils croi-
sent de l'un à l'autre port. On compte dans celte
escadre huit vaisseaux de ligne turcs et deux '
anglais ; par-tout nous sommes en mesure. L'ar-
mée se battra jusqu'à la mort ; heureux si nous
pouvons conserver à la république une magni-
fique colonie que vous avez fondée.
Je ne puis vous envoyer les noms de ceux
qui se sont' distingués ; je pourrais dire que c'est
toute l'armée. Je n'entrer.ii dans ces détails que
lorsque les papiers du général Kleber serons en
ordre.
Je me bornerai à vous demander en grâce ,
citoyen consul , de confirmer les prorooiions qui
ont été faites. Il y a des généraux de division ,
des généraux de brigade el de tous les autres
grades inlérieurs. Beaucoup de braves Ont été
tués , beaucoup ont été blessés ; tous méritent
votre intéiêt.
Vous connaissez mon respect et mon dévoue-
ment ; l'un et l'aune sont sans bornes,
Abd. j. Menoij,
Md. J. Metiou , ^nérai ic division . commnrditrii
en chef t^rmée d'Ôrieni par intérim , à l'armée.
— Au quartier-général du Kaire . le 26 prairial
. an&4e la répu^Hfite française.
Soldats , un horrible aiienisi vient de voiu
enlever un général que vous chérissiez et respec-
tiez. Un enTiemî quf né mérite que le mépris et
l'indignation du naonde entier , un ennemi qui
n'avait pu vaincre l€S français commandés par le
brave Kleber,' a eu la lâcheté de lui envoyer un
assasin ! Je vous dénonce , je dénonce au monde
eiM'er le grand-visir , chef de cette armée que
vous avez détruite dans les plaines de Maihaijeh
et d Héliopolis. C'est lui qiai , de concert avec son
aga des janissaires , a mis le poignard à la main
du nomméSolejraan el-Alepi, qui, parti de Gsza
depuis 32 jours , nous a enlevé hier , par le plus
noir des assassinats , celui dont la mémoire doit
être chère à tout bon français.
Soldats , Kleber avait dissipé en marchant à
votre tête cette nuée de barbares qui de l'Europe
et de lAsie étaient venus fondre sur l'Egypte.
Kleber en dirigeant vos invincibles cohortes ,
avait reconquis 1 Egypte entière en dix jours de
lems.
Kkaber avait tellement restauré les finances de
l'armé« , que tout l'arriéré était payé , et Ja solde
jmise au caurani,
KIciier . par les réglemei^s les plus sages , avait
réformé une grande partie des abus presqu inévi-
tables dans les grandes administrations.
X.epl>35 bel hommage que vous puissisz rendre
à ht mémoire du brave Kleber , est de conserver
cette attitude fiere el imposante qui fait Trembler
vos ennenais partout otà vchjs portez vos pas ; c'est
de vous astreindre vous-mêmes à celte discipline
, 4jui fait la force des armées.
C'est de vous rappeler sans cesse que vous êtes
des républicains , et que partout vous devez
donner l'exemple de fa moralité et de l'obéissance
i vos, chefs, comme vous donnez partout celui
du courage et de l'audace dans les combats.
Soldats , l'ancienneté de grade m'a porté provi-
soirement au commandement de l'armée. Je n'ai
à vous offrir qu'un attachement sans bornes à la
république , à lu liberté et à la prospérité de la
France.
^'invoquerai les mânes de Kleber ; j'invoquerai
It génie de Bonaparte ; et marchant au milieu de
vous, nous' trjva'llerons tous de concert pour
l'intérêt de !a république.
L'armée connaîtra incessamment tous les détails
de l'horrible assassinat , ainsi que de la procé-
dure qui a lieu pour la recherche et punition
de l'assassin et de ses complices.
Signé, Abd. J. Menou.
1406
P^oje ; ï{ n'JyaÀt J)iusî
a ordonlîê
Jugement rendu par la commission militaire , établie
' par ordre du général Menou , contre Vassasin
du général en chef Kléler , et ses complices.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
L'an 8 de la république française , et le s;
prairial, dans la maison occupée par le général
de division Reynier , se sont assemblés en vertu
de l'ajrrêté du général Menou , commandant l'ar-
mée d'Orient par intérim , du jour d'hier , le
général de division Reynier , le général de bri-
gade Robin , l'ordonnateur de la marine Le Roy ,
l'adjudant général Martinet , l'adjudant général
Morand , le chef de brigade d'infanterie Goguel,
le chef de brigade d'artillerie Faure , le chef de
brigade du génie Bertrand , et le commissaire
des guerres Régnier ; le commissaii^ ordonna-
teur Sartelon , fesant fonction de rapporteur,
le commissaire des guerres Le Père faisant fonc-
tion de commissaire du pouvoir exécutif, écri-
vant le commissaire des guerres Pinet , greflBej
de ladite commission , pour procéder au juge-
ment définitif de l'assassinat commis dans la jour-
née du a5 de ce mois , sur la personne clu gé-
néral en chef Kleber.
La commission assemblée , le général de divi-
sion Reynier, président, a fait déposer devant
lui, sur le bureau , un exemplaire dudit arrêté
du général Menou , dont lecture a e'té faite ; le
rapporteur a ensuite fait lecture du procès-ver-
bal d'information , et celle des pièces à charge et
à décharge envers les prévenu^ Soleyman el Alepi,
Se'id Abdoul Kadir el Gazi,Mohhammed el Gazi,
Abdallah el Gazi , Achmed el Ouali,et Moh-
hammed effendi.
La lecture finie, le président a ordonné que
les prévenus seront amenés devant la commis-
sion , libres et sans fers , accompagnés de leurs
défenseurs , les portes de la salle ouvertes et la
séance publique.
Le président, ainsi que les membres de la com-
mission , ont fait différentes questions aux pré-
ve,nus , par lintermise du citoyen Brachwich ,
interprète , auxquelles ils ont répondu en per-
sistant dans l'aveu de leur crime consigné dans
leurs précédens interrogatoires.
Le président leur a demandé s'ils n'ont rien
à ajouter pour leur " défense ; leur défenseur ,
nommé <f offlce'; a pris
rien à jdîre . le pvéti-iden<t a ofdoniîë qtle lesac-
cusés seront reconduits dans leur prison par leur
escoTt-e. -r -
Le jM^^iyd^nt ■.àiVlirràandé' 'a«iit jnBmixrea dei^J^a ( '
commission s'ils n'avaient jpas d'obs^vaiions _à_
faire ■•^sûr leur réponse négative ,it a ordonné que
tout le inonde te retirât , pour opinera huit clos ;
il a posé la première question ainsi qu'il suit i
a Soléyn^aW el Alcpi , âgé de 24 ans , domicilié
à Alep, accusé d'avoir assas»i,çi|é le généial en
chef Kleber et le citoyen Protaiii , architecte,
dans le jardin du quartier général , le «3 du cou-
rant, est-il coupable?)!
Les voix ojt été recueillies , en commençant
par le grade inférieur •,' la commission a déclaré
à l'unanimité , que ledit Soleyttian el Alepi est
coupable.
Sur la seconde question, «t Seid Abdoul Kadir
el Gazi,,. lecteur du coran à la grande mosquée
dite el Hazar , natif de Gaza , domicilié au Kaire ,
accusé de.<;pinpiicité, d'avoir, été le dépositaire
du projet d'assassiner le général en chef, de ne
l'avoir pas révélé , et d'avoir fui , est-il cou-
pable ? »
La coiAmissi&n a déclaré à l'unanimité qu'il
est coupable.
Il a ^insi posé la iroisierne question . it Moh-
hammed el Gazi , âgé de vingt-cinq ans , lec-
teur de la grande mosquée , natif de Gaza ,
accusé d'avoir été le dépositaire du secret d as-
sassiner le général en cnef, d'en avoir été ins-
truit dans le moment ovi l'assassin se mettait en
route pour l'exécuter, et de l'avoir pas révélé,
est-il coupable ? )>
La v.ommission a déclaré à l'unanimité qu'il
est coupable.
La qualtieiiii« question a élé ainsi posée :
Abd'allah cl Gazi , âgé de trente ans, natif de
Gaza , lecteur à la grande- mosquée , accusé
d'avoir reçu la confidence du projet d'assassiner
le général en chef, et de ne l'avoir pas révélé ,
est-il coupable ? u
La commission a déclaré à l'unanimité qu'il
est coupable.
La cinquième question a été ainsi posée :
n Achmed el Ouali , natif de Gaza, lecteur
du corail à lagrande mosquée , accusé d'avoir
eu connaissance du projet d'assassiner le général
en chef , et de ne l'avoir pas révélé , est-il
coupable ? u
La commission a déclaré à l'unanimité qu il est
coupable.
La sixième question a été ainsi posée : Moh-
hammed efîendi , âgé de quatre-vingt-un ans,
natif de Bourse , prévenu de complicité , est-il
coupable ? »
La commission a déclaré à l'unanimité qu'ii
n'est pas coupable , et a ordonné sa mise en
liberté.
Le commissaire du pouvoir exécutif a requis
l'application de la peine aux accusés ci-dessus
déclarés coupables.
La commission est allée aux voix sur le genre
de supplice à infliger aux coupables; elle a fait
lecture de l'art. V de l'arrêté du général Menou ,
du jour d'hier, conçu en ces termes : <' La
!) commission décernera le genre de supplice
J) qu'elle jugera convenable pour punir l'assassin
>> qui a commis le crime, ainsi que ses cora-
il plices. >> Elle a décidé , à l'unanimité , de
choisir un genre de supplice en usage dans le i
pays pour les plus grands crimes , et propor-
tionné à la grandeur de l'attentat ; et a condamné
Soleyman el Alepi à avoir le poignet droit brûlé ,
être ensuite empalé,. et rester sur le pal jusqu'à
ce que son cadavre soit mangé par les oiseaux
de proie. Ceue exécution aura lieu sur la butte
du fort de l'Institut, aussitôt après l'enterrement
du général en chef Kleber , en présence de
l'armée et des habitans réunis pour ledit enter-
rement. Elle a prononcé la peine de mort contre
Se'id abdoul Kadif el Gazi, contumace; ses biens
seront confisqués et acquis à la république fran-
çaise , son jugement sera affiché au poteau des-
tiné à recevoir sa tête. Elle a condamné Moh-
hammed el Gàzi, Abd'allah cl Gazi et Achmed
el Ouali à avoir la tête tranchée et exposée sur
le lieu de l'e.xécaiion ; leur corps sera brûlé sur
un bûcher dressé dans ledit lieu â cet effet. Les-
ditsooadamaés seront exéciités dans l'ordre sui-
vant , savoir :, Abd'allah el Gazi , Achmed el
Ouali , Mohhammed el Gazi , et Soleyman el
Alepi le dernier. Le présent jugement et les con-
clusions du rapporteur seront imprimés en lan-
gues turke, arabe et française , et seront affichés
au nombre de 5op exemplaires. Le rapporteur
demeure chargé de faire ses diligences pour
que le présent jugement soit misa exécution.
Fait au Kaire , les jour , mois et an que
dessus , et ont les membres de la commission
signé avec le grefiSer.
Signés à l'original , le commissaire des guettes
de première classe Régnier ; le chef de brigide
d'artillerie Faure ; le chef de brigade du génie
Bii!''rlANî) ; lé chei*,âé\à fi* derai-btijad^ d'in'
-kme-fie -iègiré GCt^ET ; l*adj•lrc^x^'t-gé^lérâi Mo-
lîAND; l'adjudani-i'énéral Majitinet ; l'ordorina-
fFui^JéTa"n;iarine Leroy ; lé général de "BrigaiHe
RoBiTJj le général de division Reynieb,^ Pi^et ,
grefEcr.
Pour copie conforme; Pinet.
Le générât en chef Mewou
d'Orient, — - Au. quartier ■
3 messidor an 8.
, à l'armée fVèihqme
géuéral d» ■Knite;^,ii
GÉ-NéftAux , offiders . sous-oflkiers el sotdats ,
la vérité toute entier* doit v&u* être ee-wi-ue. Lit
voici :
Lb gofvenremeiit ffaïiçafs* ayaftf afj^is en
l.'aft 6 , ^uel*s eÂnefflis dé la rép-ubli^iri: for-
maient des projets , pour s'emparer de 1 î!e de
Malte et de lËgypte, nésolut de les prévenir.
Les intérêts du commerce du Levant , dont les
bénéfices sékvsient annuellement à près de
cinquante millions , commandaient impérieuse-
ment cette mesure.
L'expédition de Malte et d'Egy^pte fut ordon-
née ; Bonaparte en lut chargé. Il avait élé arraiigé
qu au même instarvt que partirait l'armée , un
ambassadeur français se rendrait à Constantino- •
pie , pour instruire le grand-seigneur d'as motifs
de l'invasion de l'Egypte : par une fatalité, dont
on ne peut que soupçonner la cause , l'ambas-
iadjar nç fut point envoyé à Constantioople ; le
grand-seigneur ne fut point instruit des motifs
du gouvernement. Nos ennemis , les russes et
les anglais , profitèrent avec adressé de cette
circonstance , et forcèrent le grand-seigneur à
entrer dans la coalition qui depuis plusieurs
années combat contre notre révolution et contre
notre liberté. Des armées turkes , dirigées par
les anglais , vinrent débarquer à Abou-Qyr et à
Daraieite ; vous les renversâtes dans la mer : une
autre, armée, commandée par le grand-visir en
personne , s'achemina par la Syrie ; des négo-
ciations eurent lieu; une capitulation , surlatjueile
je ne me permets aucune réflexion , fut conclue :
vous savez avec quelle perfidie elle fut rompue ;
vous vous rappelez avec quelle indignation vo'ii*
apprîtes que Ion voulait vous faire prisorin'ier*
de guerre ; comme si vous aviez perdu deux
ou trois batailles ; et par-tout vous aviez été
triomphans.
L'armée ottomane s'avança ; vous l'attaquâtes à
Maiharieh et Héliopolis , elle fut dissipée en ur»
insJant. Quelques restes de ceue horde se jetèrent
dans le Kaire; voue fûtes obligés de faire le siégfr-.
de cette ville , elle capitula après tan mois d»
blocus. Vous savez par quel horrible attentat, un
chef dont nous respectons tous la mémoire, votl*
fut enlevé. On n'avait pu vous vaiiivc^i-e en bataille
rangée ; vo:- inlâraeo enne'fn'is ont eu recours au'
poignard , croyant , par ce noir atteniat , désorga-
niser l'armée de la république. lis ne savent pas<jue^
l'as^assirMit de Kleber ne tait que redoubler votre^
audace et votre courage. Tout 1 Orient dût-il sft;
rassembler , vous vengerez dans son sang celui d©
votre général.
Mais qui désormais dirigera notre conduite ?
qui nous dictera ce qlie nous avons à faire ? Celui
qui seul tn a le droit , le gouvernement de la ré-
publique française. C est à lui seul qu'il appartient"
de ratifier ou de rejeter tout ce qui pourrait avoif',
été conclu , tout ce qui pourrait lêtre à l'avetiic -
entre l'armée française et les puissances ennendies.
Tous ceux ( et je suis certain que c'est tous) , tou»
ceux, d'is-je , qui ne voudront entendre que la
voix de l'honneur , celle de l'attachement à l'in-
térêt naiiottal , sentiront qu'il ne peut exister •
d autre vo'C légale et honorable de conclure un '
traité quelconque avec nos ennemis. Si je ne con-
sultais que mon intérêt privé ; si j'oubliais', pour
un instant , que je suis français; 51 je pouvais pré-
férer à la prospérité publique ce qui m'est per-
sonnel , ainsi que vous je ne balancerais pas un
instant à- vouloir retourner dans mon pays.
Mais non , braves républicains , ni vous Bi
moi ne pensons pas ainsi. L'intérêt seul de la répii-
blique nous dirigera ; s'il le faut , nous côrn-
battrons et nous vaincrons. Si j'on veut négocier ,
nous écoulerons les propositions qui nous seront
faites ; mais aucun traité ne pourra être mis à'
exécution , qu'il ne soit ratifié par notre gouver-.
nement.Vous connaissez tous Bonaparte ; il vous
a tant de fois conduits à la victoire ! c'est lui qui .
en sa qualité de premier consul doit diriger notre
conduite , éclairer notre marche ; il saura tout ,
et placé au centre il nous fera connaître la volonté
nationale.
Je viens de vous parler le langage de la vériié ,
je n'en connaîtrai jamais d'autre. En suivant les
exemples de Bonaparte et de Kleber, je tâcherai
de mériter votre confiance et votre estime ; je ne
passerai pas un instant sans m'occupèr de vous ,
sans chercher ce qui petit vous être utile. Klebet
avait commencé à rétablir les finances , j'achèverai
son ouvrage. Désormais votre solde sera journeU
lementassurée , les dettes anciennes seront payées;
je tâcherai de détruire tous les abus : mai» rap-
pelez-vous qu'un instant fait le mal, et qu'il faut
un tems considérable pour le réparer.
-'l'Obéissance aiw xriiefi de tous les" «Vides , dhil-
pliti* eX'RCte ei irrBralliiié'; c'est ce que je Aitmi/nde
à r^rmèe . c'est es' qti'e j« »\iii en dtoit d'exiger
d'elle , c'est ce que ju^'iul répéterai sans cesse :
I pliais nous soranij^s-rcfitblJcaitis , nods' ssatdhs en
avoir les vertus. Q^iiand un jour nous Serons de
retour dans notre"patrie, nous nous glorifierons
Jous d'avoir tait partie d'une expédition qui au-
j.ÇUfd liui devient d un si grand poids dans la
Ëàlance politique de l'univers.
Signé, Abd. J. Menou.
K A I R E.
Obsèques du général Kléber.
Lé canon tirait de demi-heure en demi-heure
depuis l'instant où le général en chef Kléber avait
cessé de vivre. Le 28 prairial au nnaiin , des salves
d'artillerie de )a citadelle , répétées par tous les
forts , annoncèrent que l'armée allait lui vendre
1^ honneurs funèbres.
Le convoi partit du quartier-général Ezbekyer,
au bruit d'une salve de cinq pièces de canon et
4'une décharge générale de mousqueterie , pour
traverser la ville dans l'ordre suivant , et aller
déposer les restes du général dans le camp re-
tranché , désigné sous le nom d'Ibrahim-bey.
Un. détachement de cavalerie formant l'avant-
gaide ;
Cinq pièces d'artillerie de campagne ;
La vingt-deuxième demi-brigade d'infanteiie
]égcte ;
. Le premier régiment de cavalerie de l'armée ;
Les guides à pied ;
Les différentes musiques de la garnison , exé-
cutant tour à tour des morceaux analogues à cette
tfiste cérémonie ;
Le corps du général Kléber , renfermé dans On
cercueil de plomb , était porté sur un chat funé-
raire d'une belle foirme, recouvert d'un lapis
de velours noir , parsemé de larmes d'argent .
entouré de trophées d armes , surmonté du cas-
aque et de l'épée du général, et traîné lentement
par six chevaux drapés en noir et panachés en
blanc ;
. Le général en chef Menou , précédé des gui-
dons du corps des guides , ornés de crêpes , mat-
cbait immédiatement après le char qui était envi-
ronnné des généraux et de l'élat-major-général ,
ei précédé des aides-de-carap du général Kléber.
Venaient ensuite le général commandant de la
place et son état-major;
Le corps du génie ;
Le* nombres de l'institut;
Lt" commissaires des guerres;
Les officiers de santé ;
Les administrations ;
Le corps des guides à cheval ;
îlassein kachef , commissaire de Mourad bey ,
accompagné de sesmamiouks;
Les agas , le kady, les cheyks et u'Iemas;
Les évêques , prêtres et moines grecs;
Les cophtes et catholiques ;
Les différentes corporations de la ville ;
La neuvième demi-brigade ;
La treizième demi-brigade ;
La marine ;
Les sapeurs ;
Les aérostiers ;
Les dromadaires ;
L'artillerie à pied ;
Le bataillon grec ;
Les milices cophtes ;
Les corps de cavalerie ;
Les œamloucks et syriens à cheval.
Un détachement de cavalerie française fermait
la marche.
Le convoi arriva à onze heures sur l'esplanadej
du fort de l'institut : les troupes s'/ développere
en exécutini plusieurs manœuvres qui lurent su'
\ie9 d'une décharge de cinq pièces de canon , et
dff toute la mousqueterie.
• Le char, suivi, environné et précédé comme
<;i-dfc'ssu9, s'avança vers le camp retranché.
; On avait ouvert une brèche sur la face d u bas-
lioii noid de la couronne d Ibrahym-bey , pour
pénétrer plus directement dans la gorge du bastion,
au cçnlrc de laquelle on avait élevé un tertre , dont
le sommet planté de cyprès était entouré de dra-
peties funéraire>.
Ce fut au milieu de cette enceinte que l'on dé-
posa le corps du général, sur un socle entouré de
candélabres de forme antique.
L'étai-major-général mit pied à terre , pour sa-
luer les restes du général. Des militaires de toutes
les armes et de tous les grades s'avancèrent spon-
tanément en foule , et jetèrent suif le tombeau des
couronnes de cypiè« et de lauriers , en acconi-
1407
fiàghfent ce défftîer hbmnlag? des accens vrais
et flatteurs d'e leurs regrets.
Alors. |ç citoyen Fourier , commissaire français
ptès dli' diVJid , chargé par' le général en chef
d'cxprinier' dans ce jour la douleur cpmmune ,
alla se placer; environné de. léiat-niajo'r général
et des grands officiers civils et militaires du
Kaive, sur un bîistion qlii dominait l'armée ran-
gée eu bataille , et, d'une voix érauc par la sen-
sibilité, il prononça le discours suivant :
Français,
i< Au milieu di- ces apprêts funéraires , témoi-
gnages lugilifs , mars sincères , de la douleur
publique, je viens rappeler un nom qui vous est
cher , et que l'histoire a dcj.i placé dans ses
fastes. Trois jours ne se sont poirit encore écoulés
depuis que vous avez perdu KUber . général en
chef de l'armée jraniiaise en Orient. Cet homme
que la mort a tant de lois .îspecté dans les com-
bats , dont les faits militaires ont rclehti sur les,
rives du Rhin , du Jourdain et du Nil , vient de'
périr sans défense sous les coups d'un assassin.
Lorsque vous jetterez dcsormais les yeux sur
cette place dont les flammes ont presque entière-
ment dévoré l'enceinte, et (ju'au milieu de ces
décombres qui attesteront lung-tems les ravages
d'une guerre terrible et nécessaire , vous apper-
cevrez cette maison isolée où cent français ont
soutenu, pendant deux joins entiers, tous les
efforts d'une capitale révoltée , ceux des mam-
lucks et des ottomans , vos regards s'arrêteront ,
malgré vous , sur le lieu fatal où le poignard a
tranché les jours du vainqueur de Maestrick et
d Héliopolis. 'Vous direz : C'est là qu'a succombé
notre chef et notre ami. Sa voix tout - à - coup
anéantie , n'a pu nous appeler à son secours. Oh !
combien de bras , en effet , se seraient levés pour
sa délense , combien de vous eussent aspiré à
l'honneur de se jeter entre lui et son assassin !
Je vous prends à témoin , intrépide cavalerie qui
accourûtes pour le sauver sur les hauteurs de
Kora'im , et dissipâtes en un instant la multitude
d'ennemis qui l'avaient enveîoppé. Cette vie qu'il
devait à votre courage , il vieiit de la perdre par
une confiance excessive qui lé piortait à éloigner
ses gardes , et à déposer ses armes.
Après qu'il eut expulsé de lEgypte les trou-
pes de Yoùs.eph pacha , grand visir de la Porte ,
il vil fuir ou tomber à ses pieds les séditieux ,
les traîtres ou les ingrats. C'est alors que détes-
tant les cruautés qui signalent les victoires de
l'Orient, il jura d honorer par la clémence le
nom français qu'il venait d'illtfstrer par les armes;
il observa religieusertvent cette promesse , et ne
connut noinf de '-'^'.tp^b'^, .^ucun d'eux n'a
péri , le vainqueur seul expire au milieu de ses
trophées. Ni la Hdélitc de ses gardes , ni celte
contenance noble el martiale, ni le zèle sincère
de tant de soldais 'qui le chérissaient , n'ont pu
le garantir de celle mort déplorable : voilà donc
le terme d'une si belle et si honorable carrière !
c'ést-là qu'aboutissent tant de travaux , de dan-
gers et de services éclataris.
Uri homme agité par la sombre fureur du
fanatisme est désigné dans la Syrie par les chefs
de l'armée vaincue , pour commettre l'assassinat
du général français ; il traverse rapidement le
désert , il suit sa victime pendant uri mois ,
l'occasion fatale se préseute ,j:j; le crime; est con-
sommé! '
Négociateurs sans foi , généraux .sans courage
ce crime vous appartient , il sera aussi connu
( que votre défaite. Les français yous ont livré
leurs places sur la foi des traités; vous touchiez
aux portes dé la capitale, lorsque les anglais
ont refusé d'ouvrir la mer. Alors vous avez exigé
des français jju'ils exécutassent uri traité que
vos alliés avaient rompu , vous leur avez offert
le désert pour asyle.
L'honneur, le péril, l'indignaiion, ont enflammé
tous les courages ; en trois jours , vos armées ont
été dissipées ei détruites; vous avez perdu 3 camps
et plus de 60 pièces de canon; vous avez été for-
cés d'abandonner toutes les villes el les forts depuis
"^amiette jusqu'au Saïd : la seule modéralion du
'général français a prolongé le siège du Kaire , ville
malheureuse ou vous avez laissé répandre le sang
des hommes dèsarmés.Vousavezvuse disperser ou
expirer dans les déserts cette multitude de soldats
rassemblés du fond de l'Asie ; alprs vous, avez
confié votre vengeance à un assassin !
JWais quels secours . citoyens , nos entiemis
attendent-ils de ce forfait ? En frappant ce gé-
né'ral victotieux , Oht-ils cru diisiper les' soldats
qui lui obéissaient? Et si un main abjecte suffit-
pour faire verser tant de pleurs , . pourra-t-
elle empêcher que l'airaée française ne soit com-
mandée par un chef digne d'elle ; non , sans
doute; et s'il faut dans ces circonstances plus
que des venus ordinaires , si pour recevoir le
fardeau de cette mémorable entreprise , il fdut
un esprit relevé qu'aucun préjugé ne peut attein-
dre, un déyouetrient tans réserve à la gloire de
sa nation , citoyens, vous trouverez ce» qualités
,..1..' 'if . • . ...l .i Vi .'ÎJÎ ..i ' ,<* ^ i. : .
reunies dans son succesiscur. U possédait I «'slune
de Bonaparte 'et- '(ie"'M.lfcbi!t ; il l>ilr jùrcede
aujourd'hui. Ainsi ,'i!>»y aUra aiicuVie interrup-
rion , ni dans les honttrijjles espérances des fràii'
çais , ni dans le désespoir dp leurs cuoemis,
Amié\ qVii rédnMei les''nbAs de l'IlâKe . du
liliifi et de l'Egypie, le sort vous a placée-dans
des 'circonstances cxiraotoinaires ; il vous dohoe
en spectacle au monde entier, il , ce tjuijcst
plus encore , b patrie! admire v.otre sublime
coufagc. clic 'con»,icri;r|i vos" (rin'rnph'".i pji sa
ifCiliui.iissaiice. fjl onblit z, j,o 41.'. .'t'Jc yc/jie i '■ s
ici mêinL-'sous les yeui tie ce ]',r:incl homme
que 'a fortune de la France a tHoîsi pôilr ïïxcr
la destinée de l'état ébraii'é par les ragjlhdur»,
publics : son i^éni? n'est point borné pir les niers
qui inoùs séparent de, nbire patrie , il subsiste
encore au milieu de vous : il vous aime , il vous
excite à' la valeur, à la confi.iarè iîst^f vbs* cKélSv
sans laquelle la valeur tst inutile , à rouies U»
venus guerrières dont il vçjMS a laissé tant et {le
si glorieux exemples. Puisseiii, les dpuceur» d'un'
2.ouverncn^eril prospère cocironner les effort's dps
français ! C'est alots, gu'erriérs cilirnable.i, qije
voui jouirez dfs honnt;ur5 dus aux vrais citoyens;
vous vôHs rniretiendi-ez de celte contrée loii;-
tai,ac que vous' av.pz dgiix fois conquise , et
des années innorubrabl-s que vous .avez dé-
truites , sOit que la ptévoy.inte audace de Bo-
naparte aille les chercher jusques dans la Syrie,
soit que l'invincible courage d^ Kléber les dis-
sipe oans le cœur même de l'Egypte. Oue de
glorieux et touchans souvenirs vous aurez à re--
por_t(?r dans je sein de vps famille ! Puissent-t-elles
jouir d un bonheur qui adoucisse l'amertume de
vos regrets ! 'Vous mêlerez souvent à vos récits le
nom chéri dé Kléber ; vous ne le prodoacerei
janaais sans éti'e attendris , et vous direz' : il était
l'ami et le compagnon' des soldats , il ménagèàiit
leur sang, il diminuait leurs soufFiances.
Il est vrai qu'il s'entretena;it chaque jour déi'
peines de l'armée , et ne songeait qu'aux jnoyén's'
de les faire cesser. Combien n'a-t-il pasété^ôur-
menté parles retards alors inévitables de la solde
militaire. Indépendamment des contributions éx'
t.'aordinaires , objet- des seuls ordres sévère»'
qu'il ait jamais donnés , il s'est appliqué à régler
les finances , ei vous connaissiez les succès de
ses soins. Il en a confié la gestion à des mains
pures et désignées par l'estime publique. Il' mé-
ditait une organisation générale qui embrassât'
toutes les parties du gouvernement. La mort l'a
interrompu brusquement au milieu de cet uiile
projet. Il laisse une métrioire cheré à toUs les
gens de bien: personne ne desifait plus , et ne
méritait mieux d'être aimé. 11 s'aiiachait de plus
en plus à s«s anciens amis , parce qu'ils' lui
offraient des qualités semblable* aux siennes. Leur
juste douleur irouvera du moins- quelque con-'
solation ^ dans l'estime de 1 année et ''unanimité
de nos regrets.
Réunissez donc tous vos, hommages , car vous
ne composez qu'une se'ul'e famille , guerriers
que voire pays a appelés à sa défense ; vous
tous , Français , qu'un sort commun rassemble
sur cette terre étrangère, vos hommages s'adres-
sent aussi , dans cette journée , aux braves, qui ,
dans les champs' de la Syrie, d'Abou-Q,yr et
d'HéKopolis , ont tourné vers la France jeurs
derniers regards et leur*dernieves pensées.
Soyez honoré aaps CjCS pbséqiie^ , vous au'una
amitié particulière urjissail à Kléber , ô Caffarellî,
modèle de désintéressement et de vertus , si com,-
palissant pour lés autres , si sto'l'que pour vous-
^ mêmes.
Et vous', Klêbïr-, objet illustre et dirà'i'-j;e '
iiilortuné , de cette c^rénàohié qUi aést' siiivie
d'aucune autre , reposes:' en piaix", ombre magna-
nime et. chérie , au milieu dés monumeris clé
la gloire et des arts! Habitez une terre depuis
si long-iems célèbre; que votre nom s''un'isse'i
à ceux de Germanicus, de Tiius , de Porhpéè, '
et de ta,nt de grands capitaines et dé sages qui/
opt laissé, ainsi ^ue vous, dans cette contiétJ' '
d'îmiinortels souvenirs lu ' ■
Un récuillemeiit religieux succéda un instant
aux émotions vives et profondes qu'avait pro-
duites l'orateur.
, ^ Lçs troupes défilèrent çnsuite par peloton , s'ar-
rêtèrenf devant le sarcophage , firent une troisième
décharge de mousqueierie , pendant que l'artil-
lerie de campagne , celle'delà citadelle", dès forts
e^ du ca.rap retranché liront également ; et, en
sortant par la porte de la denii-lune, elles s,e ren-,
dirent sur l'esplanaile, pour y .reprendre Tordre
de m'aîclic et rentrer dans'li ville.
Les plans , les décorations, l'exécution de' ces
funérailles, aussi pprnpeus.es, que lugubres, avaiett«r
été confiés à une commission composée des ci-
toyens Lepere , directeur et ingénieur en chef de»
ponis et ch.iussés ; Gpnté , chef de brigade des
aérostiers , directeur dès aueliers méclVaniqucs ; t.»
Geoffioy , directeur du parc du génie.
1408
MINISTERE DE LA GUERRE.
Nore indicative des déparUmens qui ont exécuté avec
zèle ia loi du ^ vendémiaire an 8 , qui ordonne une
Uvce extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des armées.
J^ 0 M S DES DÉPARTEMEKS.
qvt ONT FOURNI
AU-DELA. Pî
LEUR CONTINGENT.
Lot.
<^UI ONT TERMINE
Forêts.
Alpes. (Basses-)
Gard.
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis le
6 fructidor , jusqu'au l6 dudit. ^i •
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 6 fructidor, était de. . . . 42,65o
Ceux levés depuis , s'élèvent à 410
Total au 16 fructidor.. . 48,060
Le secrétaire général du département de la guerre.
AUG. COLLIGNON.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Notre-Dame , la Satnarilaine, les aqueducs, pom-
pes-à-feu, et les 5o fontaines placées dans les divers
quartiers de la commune.
Ils s'obligent de plus à construire dès-à-présent
sur la Seine , et , saris rien demander au trésor
public : 1° un superbe monument qni ne portera
aucun préjudice à .la navigation , sera un objet
dembellissernerii , él'donnera de l'eau abondam-
ment dans toutes les saisons, même dans les
gelées les plus fortes et les plus coniinues. Il rem-
placera les vieilles pompes Je la cité et de la
Samaritaine, qui menacent ruine ne fournissent
que très-peu deau, et encore momentanérnent ;
2" quatorze belles fontain'çs etréservoirs , indéperi-
damraent de ceux qui existent , afi.T de répartir
en plus grande quantité l'excellente e^u de la
Seine dans tous les quartiers de Paris , ( mêine
sur l'Eslrapade) , dans les jardins , palais , mai-
sons et hospices naiioriaux; les réservoirs four-
niront des jels-d'eau de 8 à 10 mètres de hau-
teur- danï plusieurs de ces jardins et palais , com-
me ils procureiont gratuitement , et autant que le
besoin l'exigerait , de: i'£au paur les incendies.
Les frères Vachette s'engagent aussi à donner
à l'état uue somme aanuelle en numéraire , et
qui, jointe à la masse des économies résultantes
des nouveaux établissemens proposés , procurera
au trésor public un bénéfice d'environ 5oo,ooo fr.
par année.
Pour l'exécution de leur entreprise , ils ne de-
sopt tous présentés souà des poi-nts de vuedîffé-
rens de ceux sous lesquels ils avaient é'é off^ns.
Diîs anecdotes piquantes , des traits caractériques,
des faits ignorés ou peu coÀnus les rajeunissent,
s il est permis de s'exprimer fiinsi^ et leur donnem
une vie nouvelle, . .. ■ ') • v^
Ce sera une superbe -gâterie que celle oià l'on
trouvera les portraits de tous lès écrivains fran-
çais qui ont existé avant et depuis l'invention de
l'ait sublime de l'imprimerie. Aucun esprit de
parti ne se fait sentir dans cet ouvtage. On y rend
justice à l'auteur, sans s inquiéter s il a été d'une
secte ou d'une autre. Ce n'est point le sectaire
dont on s'est proposé d'écrire la vie et de trans-
mettre le portrait ; mais de l'homme de lettces
qui a droit à la reconnaissance publique par ses
talens et ses productions. Si les écrivains morts
sont souraisà laciilique , on juge leurs ouvrages
avec impardaihé. Ce n'est point pour satisfaire
la malignité , qu'on en relevé les défauts , m.iis
pour empêcher qu on les reproduise. Aux détails
biographique! , on trouve joint tout ce qui peut
éclairer sur la partie bibliographique. Cette der-
nière partie est traitée avec t^ne étendue qu'aucun
ouvrage n'a encore offert jusqu ici. Plus de 5ot}
articles d'auteurs vivans se trouvent dans les deux
volumes que nous annonçons , et ce qii ils ren-
ferment est d autant plus précieux , que le ci-
toyen Desessarts prévient q(u il le doit aux auleuis,
mêmes, qui lui ont fourni les matériaux de leurs
i articles. Les nouveaux siècles littéraires de la France
améliorés, et à percevoir, durant cet intervalle.
Copie d'une lettre tcrite le ït fructidor an 8 , par le ^„^ légère rétribution que le gouvernement fixera
préfet de police, auii commissaires de police et aux | ç, ^^ moyen de laquelle le consommateur paie-
offitiers de paix. 1 rait moins cher qu'il n'a payé jusqu'à présent,
une eausalubre, aspiiée du grand courant de
la Seine. A l'expiration de ce terme , tous les éta-
mandent que la jouissance pendant trente ans , | présentent plusieurs diHéiences qui doivent les
de leurs établissemens construits ou réparés et j— ^.^ jisijnguer des''trois siècles de la littérature
J'appelle, citoyens, toute votre surveillance
sur les chanteurs qui parcourent les rues ou
stationnent sur les places publiques. Les aniis des
lois , du gouvernement et des mœurs se plaignent
avec raison que ces chanteurs agitent le peuple ,
en reportant son attention sur des malheurs passés ,
et le démoralisent en l'amusant par des chansons
obscènes. Ce serait envain que le gouveineinent
veillerait à ce qu'il ne fût offert sur les théâtres
rien qui pût ranimer le» haines , et nous empêcher
de jouir du calme intérieur. Ce serait envain que
je ferais purger quelques magaz ns de librairie de
ces brochures obscènes., objet d'une honteuse
spéculation , si sous vos yeux et devant le pu-
blic entier , des chanteurs osaient insulter à
l'honnêteté publique , porter la corruption dans
le cœur de la jeunesse , et faire renaître les dis-
sensiotjs civiles , en rappelant des époques désas-
treuses que les soins du gouvernement tendent
Sans cess« à faire oublier. 'Vous devez donc ,
citoyens, redoubler de zèle et d'activité , pour
rendre vaines ces nouvelles tentatives de la mal-
veillance. Je vous charge en conséquence de sur-
veiller les chanteurs , et de prendre contre ceux
qui manqueraient au respect dû aux lois et aux
mœurs , les mesures de police auxquelles vous
êtes autorisés dat« l'exercice de vos fondions.
Vous me rendrez compte des résultats.
Le préfet de police, iî'ifne, Dubois.
Au Rédacteur.
Citoyen ,
Parmi les différentes 0'{)inions que vous avez
accueillies sur la nécessité d'alimenter Paris d'eau
avec plus d'abondance , tant pour les besoins
journaliers de ses habitans que pour leur sûreté
en cas d'incendies , nous avons remarqué la
lettre du citoyen Poissenel, (ii°. du 5 fructidor)
où il est question de trois projets qui auraient
été soumis au gouvernement et renvoyés à l'exa-
men du déparlement de la Seine ; nous vous
adressons l'apperçu de celui que les frères Vachette
ont présenté au ministre de l'intérieur , le 1 1
vendémiaire an 7, espérant que vous voudrez bien
Itti accorder une place dans votre estimable
feuille.
Les frères Vachette , entrepreneurs et proprié-
taires des premiers étabhssemens hydrauliques
formés, depuis 3o ans, aux quatre principaux
points de Paris , ayant contrôlé les pompes a feu
pendant plus de 10 ans , connaissant partaitement
les vices de tous ces établissemens , et le meilleur
Parti qu'on en peut tirer , s'obligent par soumis-
sion de réparer et améliorer à leurs frais toiis
ceux existans , *els que la machine du Pont-
blissemens reviendront en toute jouissance et
propriété à la commune de Paris.
Le monument construit au-dessous , et éloigné
du Pont-Neuf, près la Samaritaine , qui ne serait
démolie que lorsque la nouvelle machine serait
mise en activité , n'aura pas 1 inconvénient d'ob-
struer les deux arches, sur l'alignement desquelles
il sera établi. Les moyens pris pour diriger l'eau
aux arches coursieres.dans les eaux basses , ser-
viront à la faire refluer dans les arches tnari-
nieres , alors la navigation en serait plus facile.
Placé au centre de Piiis , ce monument offri-
rait l'avantage d'avoir ses branch-s de distribu-
tions , pour s'étendre aux extrémités, bien pjus
courtes , moins sujettes à réparations que si l'on
distribuait l'eau par des établissemens placés à la
circonférence-, en cas d'incendie, 1"S secours
seraient d'ailleurs beaucoup plus prompes.
Cette entreprise a"' été conçue par les frères
Vichotte depuis fort Ion g-iems; il a plus de 12
ans que les bases du' monumcrit hydraulique et
de» restaurations qu'Us proposent , et qui leur
coûteront plus de 3, 000,000 f . , ont été soumises
par eux aux magistrats.
Si leursoumission était acceptée en ce momeiit,
les frères Vachette mettraient de suite en activité
et à leur compte , plus de 600 ouvriers , pour
l'exécution de leurs {itans , et le gouvernement ne
pourrait que voir avfec satisfaction s'ouvrir des
travaux de cette importance.
Vachette , frères ; architectes et ingénieurs.
Les siècles littéraires de la France ou nouveau
dictionnairehislorique, critique elbibliographique
des tous les écrivains français , morts et vivans
jusquà la fin du 18"* siècle; contenant, 1°. les
principaux traits de î*vie des auteurs morts, avec
desjugemens sur leurs ouvrages; 2°. des nou(:es
bibliographiques sur les auteurs vivans ; 3". l'in-
dication des différentes éditions qui ont paru da
par Sabathier. Les premiers eiubrasscpt, en effet ,
tous les siècles , et montrent les progrès des lettres
depuis la barbarie , jusqu'à l'époque la plus écla-
tante des lumières ; tandis que les trois siècles ne
renlermetit qu un espace borné. D ailleurs ceux-
ci ne sont ([ue trop souvent l'ouvrage de la passion
et de 1 esprit de parti , tandis que les autres offrent
un exemple d iiiipartiahtè qui n'est malheureuse-
ment qiie trop raie.
Pour se convaincre de cette vérité , il ne faut
que parcourir quelques-uns des articles traités dans
les deux ouviages ; tels que ceux de d Alembeit ,
de la Beaumelle , de Bossuet, de Boulanger , de.
Buffon , de Chabanoii , de Chamfori , de Collar-
deau , de la Condainiiie , de Condillac , de Con-
doicct , de Couit de Gebelin , de Dubos , d«
Duclos , etc. , qui se trouvent dans les deux pre-
miers volumes des nouveaux siècles litéraires de
la France. En faisant cette comparaison , on sera
àpoitée d'apprécier l'utilité et le mérite des dçux
ouvrages. Le citoyen Desessarts , voulant donner-
à ceiuf qu'il publie le degré de- perfection dont il"
est susceptible , s'est déi>:rmiiié à le faire paraître
par livraisons , afin que les lecteurs puissent lui
adresser leurs obseï vationspour rectifier leserreurs
qui ont pu lui, échapper. Il appelle la cridque la
plus sévère , et loin de la redouter , il en attend
les plus heureux effets ; mais il invite ceux qui lui
adresseront des observations, à les lui faire par-
venir franches de port.
En recevant les deux premiers volumes, on
paie 12 fr. On paiera 9 fr. pour la s' livraison qui
paraîtra dans trois mois , et la même somme pour
la 3' livraison qui sera composée des 5= et 6=
volumes qui compléteront l'ouvrage ; mais pour
jouir de cette modération de prix, il faut se pro-
curer les deux premiers volumes avant le 3o bru-
maire prochain. Après cette époque , qui est de
rigueur, l'ouvrage coûtera 36 francs au lieu de 3o.
Les demandes doivent être adressées , franche*
de port, au cit. Desessarts, homme de lettres,
imprimeur et hbraire , place de lOJéon.
AUX ARTISTES.
CusSAC , imprimeur - libraire - éditeur des
_ . ^. _ , , ^fwres de Plutarqued'Amyot et du Théâtre des grecs ,
tous les livres français, de l'aniiée où ils ont ete | ^jgjirant être utile aux artistes de tout genre, dont
publiés , et du lieu où ils ont été imprimés. Par
N. L. M. Desessarts et plusieurs bibhographes.
Les tomes I*' et II* de cet important ouvrage
viennent d être mis en vente chez l'auteur , place
de t'Odéon. Ces deux volumes , qui contiennent
60 feuilles in-8°. à deux colonnes , sont aussi
curieux qu'intéressans par la variété qui y règne.
Parmi les articles de' biographie , on en trouve
un grand nombrç qui réunissent au mérite de la
nouveauté, celui délire rédigés avec le plus grand
soin. Dans la classe de ceux qui ont déjà été
traités , on remarq,uc>-airec plaisir que ces articles'
les différentes productions n auraient pas été
{ d'après 1 intention du ministre de l'intérieurj de
faire partie de l'exposition du salon du muséum ,
leur offre un \aste emplacement tout prêt a y
exposer leurs ouvrages, sous la dénomination de
Salon central et commercial des arts ; soit qu'ils dé-
sirent que leurs talens soient appréciés du public,
soit enfin qu'ils veuillent en retirer une juste rétri-
bution ; dans l'un et l'autre cas , il ct> sera dressé
une nonce historiqiie , disposée p-ar ordre niiraé-
rique d'enregistrement , dont le cii, Cussac livre
une reconnaissance descriptive aux dépositaire
^L'abonn.m«.«faitàFav», rue d« Poitevins, a» 18. L. prix est de ï5 franc, pour troi, moi. , 5o fraa» pour 6 mois , et .00 fr«cs pour l'année entière. 0« ne. '«b^^nc
qu'au commencement de chaque mois. • 1 j
11 faut adresser le, Utties ert'argent , franc de port , au cit. A c AS s E , propriétaire de ce journal . .« de, Poitevins , n« .?. Il faut comprendre dans les envois le port de.
.«ays Où l'on ne peut affranchir, les lettres des dépattemens non affranchie, , ne «eront point retirée, de la poste. j
Il faut avoir soin , pour plu. de sûreté, de charger celle, qui renferment de. valeur,, et adre..<;r tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , :
Toiievios , R« l3 , depui jneuf heure, du matin jusqu'icinq heure, du.soir.
édacieur , rae d<-,
A Pari S , de l'imprimerie du cit. AgâJse , piopiiétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n° 'î.
gâzettf'Mtionale ou le moniteur universel.
t'Tv
N' ZbiK
Décadi , 20 fructidor an 8 de la république française , une et indivitibie.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NIT£ U R est le seul journal officiel.
U contient les séances des autocités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des années , ainsi que les faits et les notions tant su)
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et . aux découvertes nouvelles.
E X T P: R I E U R.
ANGLETERRE,
Londra , zgaoûtf 11 fructidor.)
lU N ex-officiet d'un régiment de fencibles vient
4'imaginer un procédé au moyen du(iue! un sim-
ple navire marchand, pourvu qu'il ne soit pas
«l'uu port trop au-dessous de 200 tonneaux,
peut . dit-on , couler bas , ou brnlei un vaisseau
de guerre, n importe de quelle force, sans
qu'aucune résistance ou précaution humaine
puisse l'empêcher. Toute lempératuie , ajoule-t-
on , convient à cet agent ; il est représenté
comme aussi efficace dans la tempête que Uans
le calme.
- Un gros bâtiment , qui fesait partie , à ce que
l'on cioit du dernier convi>i arrivé des Indes
occidentales , a été pris pies de Folksione.
On évalue à un million sterling les dcniatidcs
fafles annuellement d'objets de nos manutaciures
par les maisons de comiuei'ce qui se sontétablies
a risie de la Tiiuiié , depuis que nous en sommes
en possession.
Le duc de Portland a chargé M. Ford Je la
surveillance des éiraitaers , à la plate de M. Fiint ,
«jiii a éié i.i5vo)é en Allemagne avec une mission
diplomatique.
La marine vient de perdre l'amiral Barringion.
C'était un des cinq frères de ce nom. qui ont dû
à leur mérite personnel dêire élevés aux plus
hautes dii^inlé?. Laine émit pair : le second (Jean j
aujourd'hui, il fournissait , assaisonné avec queL
ques potjimes de terre , un mets sain et peu
coûteux. Dans la partie catholique de l'Aflemagne
ou la religion prescrit l'abstinence de viande ,
certains jours de l'année , les demandes sont plus
considérables; mais d un autre coté, cetie in-
fluence de la leligion sur la coi)*<vnimaiion est
moins sensible qu'il ne semble qu'elle dût l'être,
patcc (jue la panie catholique de 4 Allemagne ,
éianl située entièrement au midi , la longueur
du transport par lerie , augm,;nie le prix de
la dcniéc , ce qui en diminue la consoiiiiuaiion.
D. Avez vous connaissance que 1 ont ait importé
du hareng d'Angleterre en Allemagne ? les essais
ont-ils été heureux ou mallicutcux ? Quelle a été
la cause du succès, ou delà no.n-iéu:,site ?
R. Je n'ai jamais entendu dire (|u'il se fût
fait aucune importation de hareng d'Ângleierre
en AUemagne avant la hn de iatioée tygS ,
oij il vint de l'île Martin dans le Loch Brom
un vaisseau ehargé de 3oi barils. Vers le même
le-.ns il arriva à Harnbouig un vaisseau parti de
Greneock ; il portait 3o barils. Je n'ai pas su
combien avait éic vendu le iKWpng^ de l'île
Mattiji ; mais comme dans 1 annça suivante il
ne revînt aucun vaisseau de cette i^îltt , on
peut en conclure que le hareng , appotlé'eo' 1798,
n'était pas préparé de manière à être vendu assez
avantageusement pour qu'on entreprît un. secontl
voyage à Hambourg. En 1799 Hambourg reçut
de Leiih G64 barils, 260 de Altoa ; une car-
usison expédiée, de Stornoway . plusieurs de
Shetland, en totalité 1,208 b;iiils. J ai déjà parlé
du succès de la vente du hireng apporté de
géiïéial; le troisième ( Daines Bariingion , mon l Ltiih , de Shedand et de Siouioway , tout ce
■ ■ ■ ■ ■ ■ • " ■ que je peux dire du hareng deAlloa, c est qu'il
n'a pas été du goût des allemands.
Douze barils furent envoyés pour essai , de
Geneockà Hambourg . par un marchand saxon.
Sixéiaicni de la Hauie- Ecosse, et tix duLochfyne.
Celaient tous de tiés-gros hatengsj mais ils
n'éiaient pas aussi gi^s que les bons harengs de
Hollande. Ceux du Lochlyne étaiénunieux pré-
aus'.i depui? peu ) juge ; le quatrième (Samuel,
celui dont il est ici quesdon ) urniial ; et le cin-
quième ( Shulc , le seul qui rene ^lujourd hui de
cette famille illustre-) est évêque de Durham. —
Le premier lord de ce nom , le père de ceux-ci ,
était le fils d un marchand , et lui-même, outre la
célébrité que lui valurent les honneurs auxquels
il paiviiil , a mérité celle d'un grand écrivain.
iT • I u r - • /■ , J r n • pares que ceux de a Hauie-Ecosse , et se ven-
Une pièce de bœuf roti (roasted bccfj , portée K ^ ■ ■ , v ^^ ^ ^ ■ «-•• ^^ \'-'
,.■ ■ . !>, -i J 1 I • ' • -^ ' ', c . uueni mieux : mai» Its uns ei les autres étaient
d ict a rbiladelpliie par un capiiaine américain , ,■ ■ ,■■,• ■ 1. j -u n 1 i
i, ir . .■ i I I ■ ■ A ■ ■ ■'"■i iriterieui.'i aux hareii^rs de Ho ande. Leur
à la solliciiation de quelques anglais qui desiraient
manger un roast beef de leur pays , est arrivée
paifaiiement conservée , et a.été woiïvëe excel-
lenie.
'Voici les précauilons pri-es à cet effet. Le bœuf
availété d abord bien rôii, et onTavait misensuite
dans une forte boîie d éiain. Apiès avoir rempli
de paille lous les intervalles vuides et recouvert
pareillement le dessus de la viande , on avaii
sondé la boîie tout autour , et de manière que
l'air ni l'eau ne pussent y pénéirer.
Suivant des avis récens de la Chine , le pre-
mier ministre de ce pays , le grand ennemi des
anglais , a éié mis à mort par les ordres de l'em
piemier défaut est <iuil s'en faut de beaucoup
que tous aient le même goûi : quelques-uns ont
un fumet assez bon , pendant que les autres ,
tiiés du même baril , ont un goût très-désagréa-
ble. Celle incgaliié vient probablement d'une
cause que je développerai dans la lépo^nse à la
la quesiion qui soit.
]). Savez-vous s'il existe une raison qui doive
faire piélérer le harengde Hollande à celui d'An-
gleterre , et en quoi elle consiste ?
R. Plusieurs circonsiances concourent - à faire
piélérer le hareng de Hollande à celui d'Angle-
terre : la première est que les hollandais niesu-
pereur Ca-Hiug , qui a saisi tous ses t.é.-ois j rent avec plus de précauiion la quantité de sel
snontant à 70 millions de taies , sans compter ses 1 qu ils emploient , de manière que leors harengs ,
Q^0U3( estimés valoir des sommes considérables
Le marquis de Lansdowne , enti'autres qua-
lités personnelles , a celle d'accueillir parfaite-
ment les étrangers. Cette conduite lui fait d au-
tant plus d honneur, que des personnes qui
ont voyagé sur le continent , ont entendu s'y
eirc trop sales ♦ ne. courent cependant pas
le risque de se corrompre et de prendre une
mauvaise odeur à défaut de sel : la seconde cause
est la qualité même du sel , qui contribue autant
(lue la quantité à donner au hareng le goût qui
en fait le prix : la troisième est le choix <iu'on
. J P ! .11 * .-1
plaindre que nous manquions de cetie fleur d'ur- ""^' ."^^"^ l'assortiment du hareng , avant qu'il
■ • ■ •• ■ ■ reçoive son second sel. Cette seconde opéraiion
ne se lait qu'après que les harengs ont éié apportés
sur le port par des hommes chargés de ce tra-
vail , et qu'on appelle fsh wardcns. C est à l'ha-
bileté de ces hommes ijue le hareng de Hollande
doit particulièrement sa supérioiiie.
Une autre grande raison de la supériorité du
hareng de Hollande sur celui d Angleterre,
résulte de la manière dont on les traite au
moment même où on les tire de l'eau ; il est
bien connu que plutôt le hareng est vuidé et
salé au sortir de l'eau , nuillcur il est , et que ,
pour peu qu'il reste quelques heures seulement
en plein air , et pariiculiéreiiieni au soleil , il est
moins susceptible de recevoir un bon fumet.
C'est pour cela que les hollandais n'exposent
jamais leur hareng à découvert en plein air ; mais
aussiiôt qu'il est sorti de l'eau, ils le jettent dans
la saumure , puis ils le vuident el l'emballent ; et
s il en est resté quelques-uns quand on jette le
Hlct une seconde fou , on est obligé , par les lois
du pays , de rejeter ce reste , conime ne pouvant
pas être employé; de là vient cette égalité qu'on
icnaurque dauii les hiirengi> de Holbn<^c,
baijilé et de ceite politesse extérieure , qui ne
nvanquent jamais de prévenir les éirangers en
faveur du pays qu'ils parcourent. ( Extrait du
Morning- Herald ^ du Morning el du Saiut-jatnes-
Chronicles. )
Suite des questions faites dans un comité de la
ihambre des communes , sur le commertce de
poisson, au rCuiiend .i:erbert Marshal , et des
ixiionses de celui-ci.
■^ i_IO>J
Demande. La consommaiion du poissoin salé
en Allemagne, doit-elle être attribuée particu-
lièrement au goût de la naiion , ou bien aux
pfihcipes de la religion catholique romaine, ou
des autics institutions publiques ? cette consom-
mation a-i-elle lieu également dans les états pro-
lettans et catholiques ?
Réponse. Le hareng salé, si j'en crois les notions
que J ai sur ce pays , est également estimé dans
toute l'Allemagne quand il est bon. Il y élail
incherclié , soit parce (jue , préparé à la manière,
des hollandais, il (lauc le goût des allemands,
ioit ^ica qu Ayant qu'il fût austi cher qu'il Ven
■ Mais dans le nord de l'Anclelerre, quand le
hareng a été tiré hors du filet , on le laisse
exposé jusqu'à ce qu il ait éié graduellement
vuidé, salé, et empaqueté; ceux qui sont mis
les premiers en paquet , ont un meilleur fumet
que ceux qui le sont les derniers , et de-là vieut
probablement l'inègaltié qui se trouve entre le»
harengs d'un même baiil dans les pêchoires
où l'on se sert de bateaux , et où le hareng
se piépaie sur le rivage.
Il serait peut - être difficile d'adopter cette
partie de la méihode des Hollandais , à moina
(lu'ii n'y eût sur tous les lacs, ( J ) où se prend le
poisson , des maisons destinées à cette prépa-
raiion , ( comme il y en' a déjà sur le lac Torr
ridou ) auxqitelles les bateaux passent le h--
r;ng à mesure qu'ils le pieonent; mais comroe
on expédie tous les ans de Greenock et de
Campbeltown des busses, il n'y a aucune bonne
raison pour que les harengs qu'elles portent,
ne ioicrit pas en tout point semblabies à ceux
dss hoilariJais ; et si , après la premieie prépara-
tion a bord , ou suivait pour le poisson dc.pes
busses , le.s mêmes léglcmens qu'on suit eu Hol-
lande ; si des fih xvardens (gardes-poissons ';
étaient éiabiis à Greenock , à Campbeltown et
dans les autres places pour recevoir tout le ha-
reng qui y arriverait-, Iç disposer dans les maga-
sins , conime on le' fait à Énckuyscn et à Ular-
dingeii , puis le déballer , l'assortir ,. le resaller ,
eu aysnt égard aux différens marchés pour les-
quels il est destiné , le hareng d'Angleterre pour-
rait atteindre la perfection de celui de Hollande.
li est à observer néanmoins que , même en sui^-
vant la méihode hollandaise, on ne fera rien en
Allemagne , si le hareng , quoique d une forte
taihe , est maigre. Il faut que le hareng soit rond
et gras , ce que les hollandais appellent votchering:
tel que celui qu'on pêche dans la haute-mer après
le 24 de juin , ,au sud des îles Shçiiand. — Les
hollandais envoient aux Indes-occidentales le
hareng maigre , péché dans l'arriei-^e saison.
La suite demain.
INTÉRIEUR.
Parti , le i g fructidor.
Le Puhliciste annonce conime certain le' trait
suivant :
)i Le cit. Derbecq, domicilié à la Chapelle, s'est
rendu adjudicaiaire de la perception de.î contii-
buiions , pour l'an 9 , de sa commune , iianj au-
cuns émolumens ou réiribudons. >7
— Le minisire de l'iotérieur a donné à dîner
à tous ceux des élevés du prytauéé qui ont rem-
porté de» prix.
— Les travaux de la place des Invalides sç
poussent avec aciiviié. Bientôt on jouira des eaux
abondantes que répandra une fontaine placée ai*
centre , et (^ui servira utilement à 1 approvisiorjr
nementde la nombteusepopulationdc ce quartier.
— Les observateurs physiciens sont invités à
faire part de Icurij découvertes au citoyen Rauch ,
ingénieur des ponts et chaussées , à 'Veruaviile
près Dieuze , qui s'occupe d'un ouvrage 'sur la
nouvelle harmonie hydrovégétale à créer en
Fiance, par la nécessité de régénérer, avec lea
forêts , les sources , les rivières et les ruisseaux ,
et de la direction hydrOvègéiale à éiablir au sie^e
du gouvernement , et dans lous les chefs-lieu
de préfecture et de sous-préfecture.
Fin du tableau statistique des paj/s ecclésiastiques (ij.
Cercle du H a u t - R h i m.
1°. L'évêché de Worms. — Productions : du vin ,
du bétail , des fruits. — Etendue , population , reve-
■ms : sur la rive gauche , 10 lieues quarrées ,
10,000 âmes ; sur celle droite , 6 lieues quarrées ,
4,oùo âmes ; en tout 3o.oo6 flo. réuni temporai-
rement à ceux de Mayence et Constance. ^Voytj
1 ariicle d'hier. )
8°. L'évêché de 5.^î7«. — Productions : les même»
que le précédeni , ctu tabac , du bled de Turquie,
abondamment du bois , du sel , etc. — Etendut
tt population .-sur la rive gauche . 90 lieues quar-
lées , 80,000 âmes ; sur la rive droite , 3o lieues
(I) Lochs. Bayes et étangs d'eau de mer qui se
trouvent en grand nombre sur lés côtes de l'Ir-
lande et de lEcosse septentrionale.
(g) Voyez les n." 341 , 343 , 346 et 348.
1410
quarrées , 5o,ooo âmes. — Revenus : g5o,ooo ftb.
( Pcrçiu.en Alsace , tjS.ooo flo. par an. )
3°. L'évêché de Siiaslourg. — Sur la rive droite,
8 lieues quarrées ,5, 000 âmes , 35, 000. flo.
4°, L'évêché de Bâte. — Comme la plus grande
partie du territoire a été réunie au départemcui
^u Moiu-ïeriible , nous ne remarquerons que
les revenus, que l'on portait à 25o. 000 fl.
5°. Le grand -prioraf maltais de Hestersheim ,
cjontla juridiction s'étendait ^ur tout le jiord ;
mais à présent le priorat de Brandebourg et la
lar.çue nouvelle de Bavière en sont indépendans.
6°. L evêché de Vulda. — Productions : du bled ,
des fruits , quelques vins , du bois , du sel , des
caiix minérales, etc. — Etendue et population : 120
li.enes quarrées , 70,000 à 80,000 araes-. Revenus :
350,000 , ou , selon d'autres , 430.000 flo.
Résultat : sur là rive droite 160 à 180 lieues
quarrées , 120,000 am'ès ; sur la rive gauclie , eavi-
ron 6.0 lieues quarrées , et 70 à 80,000 âmes
ACTES DU GOUVERNEMENT.
ÂTUté du jS fructidor an 8.
Les consuls de là république, sur le rapport
du mi)iistr.e de l'intérieur, arrêtent:
Art. I"^'. Le programme présenté par le ministre
de l'iniéiieur , pouf la fête du ]"■ vendémiaire
9 , est adopté.
IL Le ministre de l'iniérieur est chargé de l'exé-
cuiion du présent arrêté , qui sera imprimé ainsi
que le rapport.
Le premier consul ,
Signé , Bonaparte.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
' Brev£t d'honneur.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le cornpie qui lui a été rendu de la con-
Afo;^ 'y.,«;t,^. ^i.,„ ( T.- T) . \ ■ . duiie distinguée et de la bravoure éclatante du
tae^r,t5^,l#'''L /?''•"' r°P'"'"l J<= viens vous présenter le programme de la citoyetf'Hébert , grenadier dans la i" demi-
Sline ^ -'^ "^'"m T'erun"''"' I ^'" '^" '" vendémiaire. | brigade de h^ne : i" à l'affaire du 1 1 floréal an 8 .
' ■ " - ■ [ J'ai d'après vos ordres invité des fonction- | 9",'^''-'"^^'"''''^''^'^' "°"^""^*§'''^"*'^^^"^Vant
naires publics de tous les départemens à s'y 1 ^'^ ''■'°'^°"',y^'* '^■""'."" ''°'.* l'^^"" P°^'^ ^""^'"'«
Rapport présenté aux consuls de la république par le
ministre de l intérieur. — Paris , le iS fructidor
an 8 de la république française , une et indivisible.
Citoyens consuls.
puis la retraite à la manière des autrichiens , et
par-là fit avorter leur projet ;
Lui décerne , à litre de récompense natrônale ,
une trompette d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 18 fructidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul, i
Le sécrétait e-d'état , signé , H. B.^iIaret.
Le ministre' de la guerre , signé ,Ca.k'hqt.
■ ■"■ Hôtel-Dessin, à Calais.
Quillacq et Duplessis , successeurs de feu Pierre
^uillàCq , dit Dessin, ont l'honneur d'annoncer
aux vôyayeurs qu'ils n'^ont rien épargné pour ren-
dre cet bôtèl un des plus agiéables , comme il
•sj.cn des plus vastes «t des plus commodes de
l'Europe.
" Il est tellement connu des voyageurs anglais et
autres qui ont passé par Calais, que Quillacq et eh
Duplessis croyent pouvoir se dispenser de faire | <1"
ici l'énuméraifcTi dçs agrémcns qu'il offre, tels
que Ja salie des spectacles située dans l'en-
■teinte dudii hôtel, un café, billard, jardins,
promenades , etc.
Et alin de ne rien laisser à désirer aux person-
nes-qtii n'aimeraient pas à manger seules , on y a
ajouté une table d'hôte, servie avec autant de
variété que de propreté.
■ On y trouvera , comme ci-devant , des voitures
-de toute espèce , à vendre et à louer , de même
tjue des chevaux et cochers pour conduire les
voyageurs avec autant de célérité ei plus d'éco-
nomie que la poste.
• Quillacq et Duplessis se chargent également de
•ventes, achats, consignations de marchandises ,
■et de toute autre transaction commerciale.
• JVote du rédacteur. Nous avons 'vu nous-mêmes
cet 'établissement destiné pour les voyageurs , et
dont la réputation ne s'est point démentie depuis
plus de tiente, ans. C'est le plus beau , en son
genre , qui existe en France , par l'étendue et la
distribution de ses bâiimcns , et par les secours et
Jes agrément de toute espèce qu'il peut ofirir.
Avant la guerre , le port de Calais était l'e rendez-
vous de presque tous lesnaiionanxcicirangersqui,
de tous fïS points de la- France et de l'Europe, y
_affliii!i«^>i-pour3c 1 cndre en Angleterre. Sans doute
il devait en partie cet avantage à sa position qui
offre le plus court trajet à faire pour aborder à
cette île fameuse ; mais nous avons aussi entendu
dire à nombre de voyageurs qu'ils préféraient ce
passage , parce qu'ils trouvaient dans la maison
Dessin , soit à leur départ , soit à leur retour ,
bien des ressources qu'ils ne pouvaient espérer
«illeurs. En santé , on y joussait de tous les agré-
mens dont la réunion appartient presqu'exclusi-
.vement aux grandes villes , tels que bains , spec-
tacles , concers , bals , nourriture aussi saine que
délicate ; en maladie , on était soigné avec tant
d'attention , qu'on se croyait au sein de sa
famille. On y trouvait également des chevaux
de main et des équipages pour se promener, ainsi
Tjue des voitures de toute grandeur pour se rendre
dans telle ville de l'Europe que l'on voulait.
On pouvait y laisspr en toute sûreté les équi-
pages et les effets qui auraient pu embarrasser
'dans^ les excursions que l'on se proposait de
faire, soit eu Angleterre, soit, dans tout autre
pays. Enfin , cette maison était un entrepôt infi-
niment commode pour toute espèce de marchan-
dises; et nous n'exagérons pas en disant que
l'Anglerre si justement renommée pour ses au-
berges , ne présente pas en ce genre un éta-
blissement aussi complet. Plus d'Un étranger qui
s'est trouvé dans l'embarras , a eu des obliga-
tions essentielles au maître de la maison , qui , par
;çs procédés , avait beaucoiip contribué au succès
dé son entreprise. D'autres voulant jouir du
spectacle de la mer , charmés de la salubrité dé
de l'air de Calais , et de l'urbanité de ses habi-
lacs , e: trouvant réunis dans la maison Dessin
tous les plaisirs qui, pouvaient rendre leur séjour
agréable, y ont passé des mois entiers comme
dans une majson de plaisance. Des voyaoeurs
jqui ont publié des relations en font un éloge
qui n'est point suspect. ( Voyez le Voyage senti-
mental de Sterne et l Itinéraire de Dutems , le plus
exact que >ious ayons avec sa brièveté. )
Les citoyens Quillacq et Duplessis , succes-
seurs de feu Dessin , n'ont rien négligé pour
iouienir cet étabhsscment , malgré la difEcalté
des tems ; et il n'y a point de doute qu'à '
trouver. Ainsi sera représentée la grande fa
mille des français ; ainsi se resserreront les liens
qui unissent les enfans de la patrie.
Je vous propose de rendre , dans celte cir-
constance , un hommage solennel à la mémoire
d'iin grand homme ; il faut honorer tout ce
qui est grand, tout ce qui a servi la patrie ;
eh ! quel citoyen , quel guerrier mérite plus
. s , Tiirenne d'être placé dans un monurncnt
élevé à la gloire des armées françaises ?
Vous avea ordonne que les noms des braves
qui ont obtenu des armes d'honneur , fussent
inscrits sur des tables de marbre; vos intentions
seront remplies.
Le tnême jour , on proclamera dans toute la
I république et dans les armées , conformément à
votre arrêté du 17 ventôse, le nom des dépar-
temens qui ont le mieux payé leurs contribu-
tions , le nom de ceux qui ont fourni le plus de
conscrits , et une place de Paris prendra le nom
du département que vous aurez jugé digne de
cet honneur.
Ainsi tout rappellera la gloire de la nation.
J'ai en conséquence l'honneur de vous proposer
le projet d'arrêté ci-joint.
Salut et respect.'
Le ministre de (intérieur, signé L. Bonaparte.
Programme de la fête du 1" vendémiaire an 9.
Art. P'. Le dernier jonr complémentaire , à
six heures du malin , des salves d'artillerie an-
nonceront 'la-fête ; elles continueront d heure en
heure jusqu'àJa- nuit.
Il en sera tie même le i" vendémiaire.
II. Les envoyés des département , invîlés à la
fête, seront présentés aux consuls parle ministre
de l'intérieur.
III. Le corps de Turenne sera solennellement
transféré au temple de Mars, oij il restera déposé.
Le monument élevé à sa mémoire y sera placé.
IV. A six heures, les spectacles seront ouverts
au public.
V. Le 1^' vendémiaire à midi, toutes les
atitorités se réuniront au temple de Mars pour
célébrer l'anniversaire de la fondation de la répu-
blique.
Les fonctionnaires des déparlemeus y occupe-
ront une place distinguée.
Conformément à l'arrêté des consuls du 17
ventôse , les noms des départemens qui ont le
mieux payé leurs contribuiioms , et qui ont fourni
le plus de conscrits, seront solennellement pro-
clamés. Ils le seront également dans les armées.
VI. A trois heures il y aura des jeux au Champ-
de-Mars : ils consisteront dan» l'exercice du tir
au blanc , à pied et au fusil ; dans le même exer-
cice à cheval et au pistolet; dans. les courses à
cheval et dans les courses de cfîars.
Ils seront terminés par l'enlèvement d'un aéros-
tat et iine descente en parachute.
VI. Le soir il y aura illumination et feu d'ar-
tifice.
Le ministre de l'intérieur ,
Signé , Lucien Bonaparte.
composé d'un officier et de i5 hommes , dit à ses
camarades : Tombons dessus à la bayonnette sans
tirer ; en criant : Grenadiers , en avant! l'officier
tut sommé de se rendre , et la troupe de déposer
les armes , ce qu'ils firent ; 2° à l'aff.tire du 19 ,
même mois, à Riberach, où le citoyen Hébert,
détaché en tirailleur , ayant été chargé par quatre
cavaliers, en ajusta un elle tua, en démonta un
second de très-près, et Et plusieurs pas en arrière
en rechargeant pour rajuster , lorsque les deux
autres cavaliers, prirent la, fuite ;
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 18 frUclidor , an 8 de la
république française.
Lé premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
Le ministre delà guerre , signé , Carnot.
Ft^"^„",'? """'°'' "^ redevienne le rendez-vous lage de Rhincthal , défendu par 600 hussard
ue tous les vovacpiirs df FMrr,r,a ,.,,-„. — J„ ';__. _.•_ i- - . r, """ uuoaaiu
de tous les voyageurs de l'Europe
voir la France et l'Angleterre.
curieux de
Au nom, du peuple français.
Brevet d'honneur pour le citoyen Werck.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Werck, trompette au 6' régiment de
chasseurs, à l'affaire du 7- messidor, à l'armée du
Khm, quand son régiment et deux compagnies
dinlanterie attaquant à 10 heures du soir le vil-
l'instanl oii l'ennemi sonnait la charge , il passa
dans ses rangs , sonna d'abord le ralliement ,
Au nom du peuple français.
Brevet d'honneur' pour le citoyen Steinbach.
Bonaparte, premier consul delà république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Steinbach , chasseur à cheval au 8' régir
ment . à l'affaire du 16 prairial an 8, à l'armée
du Rhin, quand à la prise de Kirchberg il est
arrivé lé premier sur une pièce de canon,
et s'en est emparé. ,.
Lui décerne à litre de récompense nationale,
un mousqueton d'hçnneur. ;
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 18 fructidor, au 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le minisire de l'intérieur, aux préfet des dépar-
temens. — Paris le 1" fructidor an 8.
Le çouveinement désire , citoyen préfet , que
vous invitiez en son nom trois citoyens de votre
département à assister à la fête du i" vendémiaire.
Vous les prendrez parmi les membres du con-
seil général du département , les maires ou autres
fonctionnaires ; et vous aurez soin de choisir
ceux qui ont donné , depuis 1789, les preuve»
les plus conslaiiies de leur attachement à la
patrie. Vous m'enverrez les noms de ceux que
vous aurez désignés ; vous les engagerez à se
rendre à Paris au plus tard le troisième jour
complémentaire ; ils me remettront la lettre d'in-
vitation qu'ils auront reçue de vous , et qui fera
leur litre.
Ils occuperont une place distinguée à la fête;
ils seront présentés aux consuls, ils verront de
près le gouvernement qui s'occupe sans relâche
du bonheur de la France ; ils apporteront à Paris
les sentitaens d'aflèction et d'amour qui animent
toiite la f€pubhque; ils partageront l'enthousiasme
qu inspirent ces augustes solennités ; ils rediront
à leurs .concitoyens ce qu'ils auront vu , ce qu'ils
auront éprouvé. Les français combattent depuig
dix ans pour la gloire nationale ; ils jouiront
maintenant , sans trouble et sans mélange , de
la hberté et de la gloire qu'ils ont conquises.
L'intention du gouvernement n'étant pas d'ac-
cordef des frais de voyage aux citoyens qui assis-
teront à la fête , vous aurez soin de les choisir
parmi les propriétaires aisés et acquéreurs de
domaines nationaux.
Je vous salue, L. Bonaparte.
SUPPLÉMENT AU MONITEUR UNIVERSEL.
N° 35o.
Décadi , 20 fructidor an 8 de la république française une et indivisible.
EGYPTE.
Extrait de diocrs n"^ du Courrier de l'Egypte.
JV° 59. — Le 3o/pluviôse an 8.
K A I R E.
kJn a parlé dans le N° a6 de ce journal, des
ruines qui se trouvent à l'exirèmilé occidentale
du lac connu sous le nom de Birket Keroun. Peu
de tems après , les citoyens Bertre et Jomard ,
ingénieurs géographes , et d'autres membres de
la commission des sciences et arts, les citoyens
Castex , Rozieres et Dupuis firent deux courses
dans cette partie du désert lytric^tie. Les faciliiés
que le général Zayonchek a, ^ien voulu leur
Erocurcr, leur ont permis de reconnaître une
onne partie du lac , et de prendre; les détails
des ruines qui sont à l'ouest. On a dessiné les
plans , les élévations et les orneraens du Kasr
Keroun que Paul Lucas a étrangement défigurés,
et dont Pockoke a donné une description vague
et incomplette. Ce mçnuraent dont le premier
des deux voyageurs a tait le labyrinthe , et où
il a trouve un grand nombre de chambres toutes
revêtues en marbre , n'est autre chose qu'un
temple égyptien bâti en pierre calcaire , et dont
les dimensions sont d'environ 88 pieds sur 58.
Il est précédé d'un portique de deux colonnes ,
et son éiage intérieur n'est composé que de
quinz; pièces dont onze sont fort retrecies , et
dont la plus remaïquable paraît avoir servi
pour les oracles On en publiera une descrip-
tion complette avec les dessins , dans la col-
lection des antiquités de l'Egypte. Quant au
Birket Keroun , son développement est d'envi-
ron 14 lieues , et sa circonférence de 29. Sa
position géogi.rphique coïncide avec celle que
les anciens ont assignée au Mœris , et le citoyen
Jomard se propose de faire voir dans la noiice
sur le lemjie dont on vient de parler , que le
Birkti Keroun est un resie de ce lac fameux
que les voyageurs et les géographes modernes
ont placé d une manière si difiérente.
Les citoyens Rozieres , Rouyere et Regnault
se sont occupés des lechetches qui concernent
les arts chimiques de lEgypte ; ils se sont prin-
cipalement attachés ,à ceux qui ayant été connus
des anciens égyiiens , se sont conservés jusqu'à
présent parmi les égyptiens modernes , tels que
la fabrication du sel ammoniac , l'art de faire
éclore les poulets par le moyen de la chaleur
artificielle , etc.
Ils ont rassemblé et examiné les renseigne-
mens qui existent sur les arts raétallurgîtiues et
inanufacturiels des anciens. La nature des pote-
ries antiques et de leurs diverses] couverles^, les
verres , les émaux , les pâtes dont sont formées
les idoles qui se trouvent dans les ruines égyp-
tiennes , ont éié examinés , et même déjà sou-
mis en partie à une analyse exacte.
. Les ciments , les mortiers , les enduits, les cou-
leurs qui ornent encore les temples et les ou-
vrages égyptiens , seront examinés de la même
manière.
L'embaumement des momies d'hommes et de
différens animaux , qui doit faire maintenant un
des points principaux de nos connaissances sur
les coutumes et les cérémonies religieuses des
égyptiens, a été observé et décrit avec beaucoup
de détails ; la nature- des matières qu'on y a
employées a été constatée par les moyens que
l'analyse peut fournir; enfin, tout ce qui peut
servir à taire connaître l'éiat des connaissances
et de l'industrie des égyptiens sur cette partie ,
a été recueilli soigneusement.
On a également eu pour objet en décrivant
les arts chimiques de lEgypte moderne , de cons-
tater létat actuel de ces arts , et de tracer le
tableau exact de cette partie de l'industrie dans
le pays où elle semble avoir pris naissance.
Cependant, quoique en entreprenant ce tra-
vail , ils aient eu principalement en vue de
recueillir des matériaux iniéressanspour l'histoire
des arts , ils ont rencontré souvent certaines pra-
tiques particulières qui pourraient, si elles étaient
connues dans nos fabriques , en faire modifier
quelques procédés d'une manière avantageuse :
ces divers points ont été examinés avec plus
d'attention ; et les renseignemens ayant été pris
Jépatément , leur comparaison a fourni les
moyens de s'assurer de leur exactitude. Des des-
sins détaillés relatifs à chacun de ces objets ,
ont été pris sur les lieux.
Ils s'empresseront de faire connaître ces di-
vers ifdvaux en y joignant des renseignemens
précis , soit sur l'origine des matières que ces
ans emploient , «oit sur les moyens dont 00 se
les procure.
— Le citoyen Desgenetles se propose de publier
comme partie du travail de la commission des
renseignemens {v. le n". 5i , pag. 2.) le résultat
général des tables nécrologiques duKaire, recueil-
llies avec beaucoup d'exactitude sur les rapports
adressés par les commandans de sections au gé-
néral commandant de la place.
En attendant ce travail , nous pouvons déjà
annoncer au public les résuliats suivans :
Nombre des individus morts au Kaire les 29 et
3o brumaire, et en frimaire an 7 . . 3i8
Nivôse 36r
Pluviôse 4go
Veriiôse 699
Germinal. ........ 5i8
Floréal 57i
Piairial ' . . . SSg
Messidor 604
Thermidor 726
Fructidor et les six jours complé-
mentaires , , . 736
Vendémiaire , an 8. . . . . . 55o
Brumaire. 6zt>
Total de 368 jours.
6439
Extrait de C ordre du jour du 24 pluviôse an 8.
L'armée est préyenue qu'il est expressément
défendu à qui que ce soit , ofliciers ou employés
de l'armée de terre et de mer , d'embarquer au-
cunes ^marchandises ou effets comraerciables ,
étiangers au service du vaisseau ou au besoin
des passagers , sous peine de s'exposer à êire
jiuni conformément auxibis de la marine, et de
confiscation des marchandises au profit de la
caisse des invalides de la marine.
Le n". 60 manque. — JV". 6j. — 18 ventôse.
KAIRE.
Le chef de brigade Latour-Maubourg est arrivé
de France , le 14 du courant, au quartier-général
du Kaire , où il a apporté avec la constitution des
nouvelles des événemens des 18 et tg brumaire.
Extrait de tordre du jour du 17 ventôse an 8.
Le général en chef ayant exigé justice de l'as-
sassinat de deux grenadiers de la 75'deini-brigade
ttiés par des soldats échappés de l'armée du grand-
visir , dans la journée du 12 veniôse , en lésant
pa'rbuille dans le Kaire , ciriq des osmanlis , cou-
pables de ce crime , qui Qnt été arrêtés , viennent
d'être étranglés aujourd'hui par ordre du pacha,
et leurs corps exposés sur la place Ezbékyéh ;
cinq autres ont eu la têie tranchée.
Le général de division , chef de rétat-major-général ,
Signe', Damas.
Pour copie conforme au registre d'ordre.
V adjudant-général , sous-chef de C état-major général.
Signé , René.
Le n' 62 du courrier d'Egypte nous manque,
nous voyons pat le n" 63 qu'il contenait la pièce
officielle suivante que nous plaçons ici pour
suivre l'ordre des événemens.
Le général en chef Kleber , à l'armée. -^ Au quartier-
général du Kaire , le 27 ventôse nn 8 de la
république française, une et indivisible.
Soldats !
Voici la lettre qui vient de m'être adressée
par le commandant en chef de la flotte anglaise
dans là Méditerranée.
A bord du vsisseau de S. M. B. 7a Reine
Charlotte, le 8 janvier 1800..
Monsieur ,
)j Je vous préviens que j'ai reçu des ordres
i> positifs de S. M. de ne consentir à aucune
>» capitulation avec l'armée française que vous
)) commandez en Egypte et en Syrie, à moins
>) qu'elle ne mette bas les armes , qu'elle ne
)j se rende prisonnière de guerre , et n'aban-
i> donne tous les vaisseaux et toutes les muni-
)> tiens des ports) et ville d'Alexandrie aux pui-
)) sances alliées ; qu'en cas de capitulation je
>> ne dois permettre à aucune troupe de retourner
)) en France avant qu'elle n'ait été échangée.
)' je crois également nécessaire de vous informer
)> que tous les vaisseaux ayant des troupes fran-
>> çaises à bord , et fesant voile de ce pays
)> munis de passeports signés par d'autres que
)i ceux qui ont Je droit d'en accorder , seront
M forcés par les officiers des vaisseaux que je
>> commande, de rentrer à Alexandrie; enfin,
11 que les bârimens qui seront rencontrés relour-
)i nant en Europe avec des passeports accordés
ti en conséquence d'une capitulation particulière
)i avec une des puissances alliéei ,. seront ratenut
)) comme prises , et tous les individus à bord
" considérés comme prisonniers de guerre. >»
Signé , Keith.,
Soldats , nous saurons répondre a une
telle insolence par des victoires; préparez-
vous a combattre.
Kleber.
Le général de division , chef de l'état-major
général de l'armée ,
Signé Damas. j|
JV°. 63. — 18 germinal.
KAIRE.
La translation de l'imprimerie nationale à Gyzéh
n'a pas permis d'annoncer pUiiôt Iss événemens
imporians qui ont eu lieu depuis la publication du
n". 62.
L-i proclamation du général en chef , du 27
ventôse ( Voyez le n°. 62 , page 41 ) , circulait dans
l^armée, lorsque le soir du même jour, environ trois
mille hommes descendirent de la haute Egypte ,
et prirent position au dehors du Kaire , près la
Koubéh. Un appareil formidable de guerre se dé-
ployait de tous côtés , et annonçait que le mo-
ment d'en venir aux mains s'.appiochait.
Quelques jours auparavant , Mourad-bey qui ,
conformément à la convention d'el-Arisch, avait
passé à "fhourah , rive orientale du Nil à quel-
ques lieues du Kaire , fit demander au général en
chef un sauf-conduit pour se rendre au camp du
grand-visir à el-Kankah. L adjudant-général Mo-
rand fut chargé de l'aller prendre et de le conduiie
à travers nos avant-posles de la Koubéh. Comme
le cortège de Mourad-bey était composé d'environ
quinze cents chevatix , toute la cavalerie française
était montée achevai. Le général Leclcrc qui la
commandait , fit faire , au moment où Ion up-
percut le bey , des évolutions qui insi>jrerent aux
mamiouks un moment de surprise et d inquiétude,
qui se dissipèrent bientôt lorsque l'on vit le gé-
néral s avancer vers Mourad-bey , et le saluer.
L'adjudant-général Morand reçut , au. moment
où il prit congé de Aiourad , un cheval de race
eiiharnaché , et il fut revêtu d'un; béniche d'écar-
laie. C'est lafaute des français , lui dit le bey d'unç
nianière grjcieuse , si mon présent n'est pas plus
riche. D'apiè-i tous les discours que" les beys de
Mourad tinrent à l'adjudant-général Morand, on
peut'inférer qu'ils étaient incertains sur l'accueil
qu'ils recevraient du grand-visir , et sur leur sort
ultérieur. ■
Le 28 ,, vers les huit heures.jfu soir, ,îe général
en chef fit appeler , et retint piès de lui , au quar-
tier-général , Mustapha pacha qui , de son agré-
ment , avait résidé au Kaire , comme commissaire
ottoman , ainsi que HaSsan aga , lefFiadar ou
ordonnateur en chef de 1 armée , et l'on lit passer
à Gyzéh l'ofiicier anglais , pottcur des dépêches
du lord Keith.
A minuit environ, le géiiéral en chef partit dt»
quariier-^énéral avec une faible escorte , et , dans
le plus grand silence , se rendit à la Koubéh. Les
deux camps à la droite et à la gauche du fort
Shuikousky se mirent aussitôt en mouvement.
Eiiitequatie et cinq heures du matin du 2g , on
entendit au Kaire les premiers coups de canon ;■
mais ce ne fut que le surlendemain , premier
germinal , que I on y apprit , par l'arrivée du
général Lagrange , la victoire completie rem-
portée sur 1 armée ottomane à Héiiopolis.
Sur ces entrefaites , Nassif pacha , battu à Ma-
thariéh, entra au Kaire , avec environ six mille
osmanlis ou mamiouks , et , une quantité prodi-
gieuse d'habitans des villages. Il fut reçu avec
acclamation au delà de la porte des Victoires ,
par une grande partie des habitans du Kaire , qui
avait déjà levé en sa faveur l'étendaid de la ré-
bellion. Nassif proclam~à la victoire aux sien.i , et
secondé par Osman efFendy , Ibrahim et Elfy
beys, il parvint à soulever la ville et à former le
blocus de 1 habitation ordinaire du quartier-gé-
néral , place Ezbékyéh.
Le général de division Priant , envoyé de Bel-
beys , au secours du Kaire , confirma la Nouvelle
de nos succès éclatans , et la fuite précipiiée de
l'ennemi qui était vivement poursuivi! Enfin , le
géiiéial en chef arriva lui-même le 6 au matin ; il
trouva sa maison complettement investie et battue
par cinq pièces d'artillerie. Tous les rajjports con-
firmaient que les rues étaient barricadées par de
fortes murailles crénelées , e'i chaque maison ciait
devenue Uk^c citadelle dont on avait déjà atuqjé
plusieurs avec avantage , et d'autres avec quel-
ques pertes.
La première chose dont le général en chef s'oc-
cupa , (ut d'cnlierenpourpailer avec NiiKsif pacha
et Osman eflendy , par l'entremise de Mustapha
pacha. Le 1 1 germinal , les hostilités ces,>èieh; , et
on éleva une tente au milieu de la place Ezbékyéh
pour les coï»fetencesi On v« s'y i'endre "des 8eux
côiés le général chef de i'état-ma*or-général , plu-
sieurs cnefs de l'armée ouomane , et quelques
Elieykhs du Kaife , chargés de réclamer le pat ion
du vainqueur pour les habitans de cette ville.
Le résultat de celte conférence fut une capitu-
lation d'après laquelle lès troupes oliomaiies
jiev.jiient sortir soùs iroisjours du K.aire a-vec armes
et b.agAges, et remettre le lendemain matin tous
les postes qu'elles occupaient autour de la place
Ezbeky"éh ; mais on fui bien étonné le lendemain
de voir que ces Iroiipes refusèrent de céder leuis
postes. Un parlemeni.Hire de Nassif pacha apporta
au quartier-général une lettre adressée à Mustapha
pacha , dans laquelle il témoignait ses regrets per-
sonnels ?u,r l'ihexécuijon de k capitulation , et il
lui disait que non-seulement les janissaires, les
inamlfpuks et le peuple du Kaire révolté , se
refusaient formellemen.t à exécuter la capitula-
tion , mais qu'ils préféraient plutôt s'ensevelir sous
les ruines embrasées de leur ville , que de la livrer
jamais aux mains des infidèles.
Au moment on nous écrivons ( 18 germinal ) .
il est arrivé de nouvelles troupes de Ssaléhhiéh
«t de là basse Egypte qui resserrent plus étroiie-
nient la ville; il est arrivé des convois de muni-
lions ; Je bombardement est comipencé de la
citadelle, dés forts Dupuis ej Shuikoujky, des
batteries du Quartier-général et de toutes celles
placées siir les hauteurs qui dominent la ville ;
enfin . tout annonce que 1 issiie du siégf nçpourra
manquer d'être funeste aux ennemis.
N" 64. -^ s4 germinal.
KAIRE.
Kleber , général en chef, aux invalides ahotus de
l'armée. — Au quartier-général du Kaire, a ger-
minal an 8.
Braves soldats , j'ai voulu alléger vos souffrances
en vous rendant à votre patrie ; la mauvaise foi de
nos ennemis s'oppose à mes projets.... Qiie votre
courage vous mette au-dessus de leur perfidie,
et bientôt , je vous le promets , vous ne devrez
cette laveur qu'à vos compagnons victorieux.
Soldats, vous êtes toujours l'objet de ma solli-
citude , et c'est afin de pourvoir plus facilement à
vos besoins , que j'ordonne ce qui suit :
Art. I"^. Les invalides absolus seront formés en
une demi-brigade de deux bataillons , et chaque
bataillon sera composé de quatre compagnies.
IL Le plus ancien chef de brigade prendra le
commandement dp ce corps ; les autres seront à
la suite : il en sera de même des chefs de
bataillon.
. Les officiers et sous-officiers seront répartis en
nombre et grades égaux dans les compagnies.
IIL II y aura ua-idjudant major , un adjudant
sous-officier , et un quariier-maîire par bataillon.
Il y aura un conseil d'administration à l'instar
des autres corps.
_ TV. Le premier bataillon sera en garnison à la
citadelle du Kaire , aiinsi- que l'état-raajor. Lés
deux premières compagnies du second bataillon
seront à Alexandrie , les deux autres à Rosette.
V. Ce corps sera assujetti à toutes les règles de
discipline militaire ; mais son service ne sera que
relatif à sa police intérieure , sauf les cas extra-
ordinaires.
VI. Aussitôt que ce corps aura été formé , et
<}ue la revue en aura été passée et arrêtée , les
individus le composant cesseront d'être portés
sur les contrôles des corps auxquels ils auraient 1
appartenu.
VII. Les officiers, sous-officiers et soldats rece-
vront tous la solde accordée à l'infanterie, qiri
sera chaque mois tenue au courant, sans qu'il
puisse y avoir d arriéré.
VIII. Le chef de l'éial-major-général donnera
les ordres des détails nécessaires pour la prompte
exécution des dispositions ci-dessus.
Signé , Kleber.
Ordre du jour du sS germinal an 8.
Le général en chef a été fort content de la con-
duite du détachement dés dromadaires qui a été
employé , dans la nuit dii 21 9u 32, à s'emparer
de la maison ci-devant occupée par la direction
du génie, près celle du général Reytiier, ainsi que
du cléiacheraent de la 88' et des grenadiers de Ta
s5' qui ont travaillé ensemble , avec la plus grande
activité elle plus grand courage à faire , pendant
là nuit et dans la matinée du M , tous les travaux
nécessaires pour la sûreté de ce poste ; Ion s'y est
établi si solidement et si rapidement , que l'ennemi
a eu vingt hommes tués et au moins autant mis
b'ors de combat, tandis que nous n'avons eu que
deux soldats légèrement blessés. Les (5fficiers du
génie et le détachement de sapeurs employés à
cette attaque ont aussi mis le plus grand zele à
fonifier Ce poste : le général en chef leur en té-
moigne à tous sa sàtislaction.
. Le général de division , chef de l'état-major
générdh Sign^',^ Çaji^s.
1414
— Le bombardement du Kaire conjïnue , et les
enncmis'resserrés chaque jour de plus en plus ne
peuvent guère résister davantage.
N° 6j. — 3o geripiti?!.
Le général eh chef fit sommer pour la troisième
fois , le 24 du courant , les liab'iiaiis de Boulaq
de Se soilinettr.e , en leur promettant qu un oubli
.profond du passé et une proicciio.n efficace se-
raient leprix de leur obéissance. Ils ié,iondirenl
qu'ils étaient lésalus à suivi.e ie sort du Kaire, et
qu'ils se d.éfciidiaient j.us(iu'à la dernière exiré-
milé , si on les attaquaii. Tous îles moyens de
conciliation ayaul donc éii vainement épuisés ;
le général de division Fiian-t reçut ordre de se
présenter le lendemain devant CLiif ville a,vec
une partie de sa division , de latiaquer et de la
prendre de vive force , si les habitans ne se sou-
mettaient pas , à la vue des tioujies.
Le 25 , cet ordre fut exécuté; la ville fut bom-
bardée ; il y eut un combat des plus acharnés ; le
feu embrasa une partie des plus beaux éd.fices ;
le sang coulait de tous côtés, et les cris de la
fureur et du désespoir éclataient dans l'intérieur
des murs, lorsque Ion offrit encore aux ennemis
l'olivier de la concorde. Ils rejettent toutes pro-
positions; le combat s'engage de nouveau ; 1 in-
cendie se déploie avec plus d'activité ; on pénetie
de toutes parts , et le pillage dura quelques heures
pour cesser à l'instant même où les principaux
de. la ville vinrent , au nom du peuple , invoquer
trop lard la clémence d'un vainqueur généreux.
Le 26 , on prépara une expédition sur Souès.
L'on avait aussi projette , sur toutes les maisons
qui environnent la place Ezbékyéh , une attaque
dont l'exécution fut retardée par une pluie tiès-
abondante qui se serait opposée au développe-
ment de l'incendie.
. Le 27 ,1e bombardement et ia canonnade con-
tinuèrent , et il y eut quelques fusillades assez
vives.
On exécuta , le 28 , le projet d'attaque du 26.
Le général de division Reynier pénétra fort avant
dans la ville, et incendja une grande quantité de
maisons. La division Priant mit le feu aux mai-
sons qui avoisinent la droite de la place Ezbé-
kyéh. La mine praiiquée sous la maison ci-devant
occupée par le général Reynier , fit un très-grand
effet : les osmanlis perdirent un très-grand nombre
d'hommes. Le même jour , des pour-parleu lou-
chant la reddiiion du Kaire recommencèrent avec
Osman-bey Bardychy et Osman-bey Askar qui
étaient chez le général en chef pendant l'attaque.
Le 29 n'a présenté aucun événement militaire
remaïquable ; on vit seulement aller et venir Ité-
quemment plusieurs kachefs et mamiouks de
Mourad-bey , de leur camp dans la ville, et
chez le général en chef. Il partit aussi pour
Soués un déiachèm^ride troupet commandé par
l'adjudani-général Mïc-Sechy cl le chef de bri-
gade Lambert.
Aujourd'hui 3o , on a attaqué les environs de
la mosquée située derrière la maison du général
Reynier qui avait sauté l' avant-veille , et on a mis
le feu à la maison ci-devant occupée par l'agent
en chef des hôpitaux , et à celle qui est conugue.
On voit que la position des ennemis devient
de jour en jour plus cridque.
JV" 66. ■ — gforéal.
Lp kyaya du visir , qwi était retourné prés de
Nassif pacha, le 29 germinal, après avoir eu une
audience publique du général en chef, revint
le 3o apporter des propositions pour l'évacuation
du Kaire par les osipanlis. Le général en chef
lui remit les articles de la capitulation qu'il
voulait accorder aux assiégés. Avant de les porter
à Nassif pacha et à Ihrahin-bey, le kyaya du
visir, qui n'avait pu obtenir du général en chef
une suspension d'armes , lui demanda qu aumoins
il ne lit pas d'aussi grandes attaques que celle du
sS, parce qu'il était str que l'on s'arrangerait pour
l'évacuation. Le général en chef ne promit rien;
et le soir, il y eut une nouvelle attaque dans le
quartier de la Tannerie , oîi l'on vint mettre le
feu jusqu'aux maisons de la place Ezbékyéh ,
voisine de celle ci-devant occupée par le géné-
ral Reynier .
Letnêmejour,Osman-bey-el-Askqar et le kyaya
du visir furent convaincus que nous édons maîtres
de Damiette , en voyant les officiers lurks qui
commandaient dans cette place, qu'on avait fait
venir de Gyzéh pour leur parler et leur donner
la certitude que nos troupes occupaient la place
de Lesbéh ; ce qu'ils paraissaient ignorer jus-
qu'alors. " '
Le kyaya revint , le premier .floréal , apporter
au généi'ai en chef la capitulation signée par
Nassif pacha qui l'avait acceptée.
Le 2 au matin , l'échange des otages récipro-
qties , en garantie de l'exécution , se fit sur la
place Ezbékyéh. Les otages français furent con-
duits d'abord où se trouvaient les chefs de l'ar-
mée turke , et envoyés , sous la garde d'Elfy bey
et de quelques mamiouks , dans une maison du
qi^artier Gémehf : ils furent assaillis en route par
Iji Pfk{>}i1a«e qv5 îeuf 4i.S9't"lÊS plus gj-andes injii-
fes , au point qu'Éffy-bey les ht entrer dans une
raosqiiée où il 4"ut ofeli.!ié de-faire mettre le sa^K
à la main à ses mamiouks , et barricader les
po,ites . pour les mettre à l'abri des insultes t ils
y resiereiit ju^ques dans la nuit où ils rcjoigniretjt
la maison dElfy-bey.
Les poste§ fie J'eiit^emi futept retirés ce même
jour de lautre côié du canal qui traverse le
Kaice f^^p.ujs la piise d'eau ,de I aqueduc jusV
qu'auprès du fqrt S|ialkouiki , et les postes fran-
çais fur;:nl portes sur la rive gauche de' çu canal
dont ils occupaieiit tpus («s ponts.
Le même jour, le général en chef public In
pcoclàmation suivante.
Kleber, général en chef , à i'ar^ifée.^Âu QuattiffTr
générai du, Kaire , le 2 floréal <?»§.,
Soldats, pour épargner votre sa-ng , j'ai fait
marcher de front les négociations avec les opé-
rations militaires. Le plus grand obstacle que j'ti
rencontré est celui de parvenir à rassurer lei
habitans contrç,^Je pillage et la dévastation :
l'exemple de Boulaq , où je vous ai permis
d'assouvir un instant votre juste vengeance , était
terrible à leurs yeux. Je suis parvenu à dissiper
leurs craintes ; je leur ai promis sûreté, pro-
tection , tant pour leurs personnes que poui:
leurs propriétés , et aussitôt ils ont de.tsé d'appor-
ter des «rapêchemens à la sortie des troupes
ottomanes.
Soldais, quand votre chef prend des ensSee-
I mens au nom de l'armée , c'est à vous a les
remplir. Je compte à cet égard également sur
votre obéissance et sur le sentiment de yotrç
propre intéiêt ; un seul excès pourrait rendrç
illusoire la capitulation qu vient d'être conclue.
Ne vous, bornez donc point à vous abstenir dij
moindre désordre ; mais empêchez encore qu'il
n'en soit commis par cette foule d hommes qui ,
cachés pendant que les dangers vous entourent,
ne sortent de leurs refuges , lorsque le péril est
passé, que pour mettre le comble à leur dés-
honneur. Je défends toute espèce de pillage , et
m'en réfère à ce sujet à mon ordre du 27 ger-
minal dernier. Signé Klebeç.
Les 3 et 4, il sortit de la ville une grande
quantité de m«imlouks qi^i rejoignirent Mourad-r
bcy.
Le 5 , la ville fut entièrement évacuée par le»
osr*ianlis , et les otages réciprO(jue;pe<it jrçndltf à
dix heures du matin.
La division du générai Reynier partit pour es-
corter les turks justju'à Ssalehhyeh ; il régna le
plus grand ordre dans la roule ; et les osmanlis,
qui d'abord avaient été effrayés de se voir suivit
par l'infanterie française , prirent bientôt conr
hance lorsqu ils, virent qu'ils n'avaient rien à eii
craindre. La prise de possession de la ville fui
annoncée lesoirp^r des salyes ^^ttillçriç de (o<us
les forts.
Le 6, on s'occupa à détruire dans l'intérieur
de la ville les barricades et fortifications de
l'ennemi , t.^nt autour de la place Ëiibékyéh ,
que dans les diflèrentes riies.
Le 7 , le général en ctief fit réunir en avant
de la Koubéh la division du général Pliant, îa
cavalerie et l'artillerie qui étaient au Kaire. Après
avoir passé les troupes en revue , leur avoir té-
moigné s,a saiisftiction , et fait exécuter diSerentea
manoeuvres en présence des beys Osman el-
Berdichy et Osinan el-Ac{iqar , qui avîtietïl désiré
l'accompagner , ce corps d armée , dans la plu»,
belle tenue , fit son erirrée trionjphale dans la
ville du Kaire par la porte des VictP'tes. Les
cheyks de la loi , les agas et les chefs des
différentes corporations fesaient partie du cor-
tège ; l'infanterie marchait la première , le général
en chef ensuite , et la cavalerie derrière. L'en-
trée des troupes au Kaire fut annoncée par de*
salves d'artillerie de tous le^ forts.
Le 8 n'a offert aucun événement remarquable.
Aujourd'hui 9 , le général en chef a des con-
férences avec les beys Osman el-Berdichy et
Osman el-Achqar, sur plusieurs affaires, et eii
particuher sur le départ de Mourad-bey pour la
haute Egypte , et il a déterminé avec eux un
rendez-vous pour demain 10 , au yiUage de
Syriéh , près Gyzéh.
Le cit. Gloutier , administrateur - général des
finances , et membre de 1 institut d'Egypte , est
mort à Gyzéh le 6 du courant , regretté de tous
ceux qui l'ont connu , comme réunissant à une
probité austere^'On jugement sain et très-exercé
dansles différentes parttesde l'économie politique.
N"- 67.— i^floréaL
Ordr/e du jour du lo J$réal an 8.
Le 20 floréal , toutes les garnisons de l'Egypte ,
excepté celle du Kaire, célébreront par des salves
d'.irtillerie et des décharges de mousquetetrie , la
victoire d'Héliopolis et la prise du Kaire , c'est-à-
dire , X'Egyptt reconquise.
Des six mille turcs qu! s'étaient jeté,s d^ns li^.
Kaire, sous les ordres de Nassif pacha et' d'Osœaiâ'
Effendi, 3,000 6eul«metit sonit sortis,, le °5flo(éa).
par capiiulation ; les autres ont élé lues ou blessés :
ces derniers sont restés en notre pouvoir.
Il a été pris à l'ennemi 60 bouches à feu, un grand
ijpnibre de caissons, el 11 7 dr»peauxou étendards,
fant à Maiharyeh qu'à Belbcys , Ssalehhyeh , Da-
, miette et au Kaire.
'Àssitôt après que tous les rapports des diffé-
içni_es armes seront parvenus au général en chet,
.î) fera connaître par l'ordre du jour les (niliiwires
' qui ont eu plus parliciilièreiiient occasion de se
d)stingi!er dans les dilfétens combats de cette
glorieuse campagne, ainsi que des récompenses
militaires accordées à leur valeur.
Kléber , général en chef, ordonne :
Art. 1". Tout habitant du Kaire qui donnera
asyle à un osmanlis ou niamlouk , sans en avoir
fait sa déclaration préalablp au commandant mi-
liiaite , vingt-quatre heures après la publication
du présent ordre , sera puni dç mort , sa maison
rasée et ses biens confisqués au. profit du fisc.j.j.^
il. Le géxiéral en chef promet une récompense
de .5oo piastres à celui qui dénoncerait avec fon-
dement un contrevenant à l'ordre ci-dessus.
III. Tout soldat .français qui arrêterait dans
les rues du Kaire ou dans les environs de cette
ville , soit un osraardis , soit un raamlouk , rece-
vra comptant une^gratiHcaiion de 100 liv. ; à rnoins
' que ledit osmanlis ou Hiamlouk ne soit porteur
d'une carte de sûreté , signée par le chef de j'étal-
major général.
IV. Les osmanlis qui durant les 5 jours qui sui-
vront la publication du présent ordre , seraient
arrêtés , seront considérés comme prisonniers de
guerre. Ceux arrêtés après ce terme , seront re-
gardés comme espions , el punis de mort. Les
itiamiou'ks arrêtés en contravention , seront répu-
tés déserteurs , et employés aux travaux des for-
ij^cations , jusqu'à ce qu'ils aient été réclaittés
par Mourad-bey. ■ -
V. Les osmanlis ou mamlouks blessés seront
iransportés dans un des hôpitaux , ou ils seront
traités avec les mêmes soins que les français.
JV°.'^i8. — 27 jl.oréat,
L'armée a léié prévenue par l'ordre du jour
du 17 d-u courant, que le général en chef avait
affccordé la paix à Mourad-bey ,5 au nom de la
république , en lui fesant concession des revenus
de la province de Gyrgéh.
KUber , général en chef., à l'armée. — Au quartier-
léjiéral eu Kaire; le 18 floréal an 8.
Soldats,
Les intérêts de la république ont rendu néces-
«àires l'établissement d'une nouvelle constitution ,
et je suis chargé de la proposer à votre accep-
tation. Je désire que votre adhésion soit unanime ,
(jtque , malgré la distance qui vous sépare de vos
«oncitoyens,vous confondiez vos opinions, vos sen-
t?nnen5 et vos vœux avec ceux de la nation entière.
Le général en chef ordonne :
1^. Des exemplaires delà constitution de l'an
8 seront envoyés à^ tous les corps de l'armée ,
pour qu'elle soit soumise à leur acceptation ,
à la diligence des officiers et généraux , chefs de
corps commandans de place ;
•i". Les réunions des corps ou détachemens,
à ce sujet, auront lieu, sans armes ;
3°. 11 en sera dressé des procès-verbaux ,
lesquels seront envoyés sans délai au' chef de
l'êtat-major général.
Signé , Kleber.
Pour copie conforme ,
Le général de division , chef de tétat-major
général de l'armée ,
Signé , Damas.
Extrait d'une lettre du général de brigade Donxelot
' au, général en chef Kleber. — A Bebéhaudessvs de
Beny-Souef, le ii^ floréal an S.
On me dit hier que Mourad-bey était à Mlnyé ,
Moh,arpraed-bey el-Manfou àMelany, et Derwich
paiiha à Syouih ; pour de-là aller, par Kosseyr ,
rejoindre à M.édine Yousep pacha , son ancien
nj^ttç. '
-Aujourd'hui , l'on dit qu'à l'approche de Moii-
lad , Derwich a abandonné son camp et ses
bagages, et s'est sauvé snr la rive droite avec
quelques hommes. L'on ajoute que des beys
ont aussi passé le Nil , et sont à sa poursuiste, Qn
porte à ^S,OKlO. piastres la caisse de ce pacpa
qui a été prise. D'autres disetjt que ce paçba «(
aciêtc , et qu'on doit vous l'envoyer.
Demain ou après-demain je serai mieux in&-
tniit.
penriant le «iege , ce pacha était descendu
ju^qu'à Bcbéh 011 il ne resta que deux jours.
Ayant appris le résultat du siège , il retourna
de suite. Il fut d'ailleurs abandonné par les
1415
tahoûis.', lie? Zedds', étaient de ce nombre, tls
habstenr dans île premier arrondissement.
La troupe de Derwic'h était de l5o janissaires
et de 5o à 60 'hommes à cheval ; plus un ca-
chef d'Ibrahim-bey avec environ 25 mamlouks.
En descendant , ce pacha devait encore augmen-
ter son armée. Elle a commis as.sez de désordres
dans ce canton pour faire regretter les fran-
çais.
En passant, Qsipan-bey el-Achqar a recom-
mandé ,a.u theykl) ,de Bcbéh de bien recevoir
les fiançais.
Il est au surplus public dans le pays , que
Mourad , salué par les chcykhs de plusieuis vil-
lages et de Miniéh , leur a répondu : Je suis
actuelkjnent un sultan français ; les français et
moi ne sommes qu'un.
Ordre du jour , â'u gjoréal an S. — Au quartier-
général du Kaire. ■
KtÈBER , général en chef, ordonnes
Article I". La commission des subsistances ,
créée par l'ordre du 22 vendémiaire dernier ,
est supprimée.
II. L'ordonnateur en chef et ce'ui .de la ma-
ritre , le payeur-général , le citoyen Beaude et le
citoyen Reynier , ci-devant agent français., for-
meront un comité administratif.
III. Ce comité sera spécialement chargé de
l'administration de', grains que cenaincs provin-
ces de l'Egypte paient en sus de leur contribu-
tion en argent , du mobilier national , des sai-
sies , des prises maritimes et autres , de tomes
les contributions extraordinaires et drorti-. quel-
conques payés .çn nature.
IV. 11 dressera, à fur et mesure des recou-
vremens , l'état estimatif de tous les objets en-
trant en tnagasin , indiquant exactement ,
Les noms des individus qui les auront remis ,
Ceux des experts qui les auront estimés ,
'Et le montant de leur estimation.
V. Lorsqu'il s'agira d'un recouvrement consi-
dérable à opérer hors du Kaire , uji membre de
ce comité se transportera sur les lieux pour
en être plus particulièrement occupé , et éviter
toute dilapidation.
■yi. Les objets pjopres au service de la ma-
rine , de l'ariillcrie , du génie , des subsistances ,
des hôpitaux et des transports , ne pourront ja-
mais changer de destitiation , et ils seront lou-
joui^s livrés à ces services au prix de leur es;i-
malion.
VII. A l'égard des objets non propres aux
services ci-dessus , ils seront toujours vendus à
l'encan , en ^irésence de deux mciphres au moijis
clu comité , et de deux officiers nomrnés par
l'élat-major-général , ou donnés en paiement par
le payeur gétiérai au prix de l'estimation. Les
ventes seront toujours annoncées dix jours d'a-
vance , et ne pourront être faites qu'au Kaire.
VIII. Il ne pourra rien sortir des magasins
djj comité sans un ordre signé de trois de ses
membres au moins.
IX. Le général en chef mettra tous les mois,
à la disposition du comité administratif, les
fonds qui lui seront nécessaires pour le paiement,
tant des appointemens de ses membres et em-
ployés , que des frais quelconques auxquels il
sera assujetti.
X. L'ordonnateur en chef sera le président né
de ce comité , qui tiendra ses séances au moi. s
cinq fois par décade, clans un lieu particulier qui
lui sera désigné.
Signé y Kleper.
Le général de division , chef. de l'état-major-général.
Signé , Damas.
Pour copie conforme au registre d'ordre.
L'adjudant-général, sous-chéf de l'état-major-général.
René.
Ordre du jour des 27 , a8 et 29 prairial. — Au
quaitier-général au Kaire.
Rien de nouveau.
Ordre du jour du 3o prairial an 8. — Copie d'un
arrêté du comité administratif, pris dans sa séance
du 33 floréal an 8.
Le comité administratif arrête :
Art. I". Il sera formé dans tous les ports de
rewionlercim jusqu'à --l'époqtîe de la reprise aeé
hostilfiés cla'ns toilj Tes autres poi'ts , e(i 'é"afc!
aux bâiiniens dont la neutralité ne serait pis fc
connue. 1
IV. En cas- d'absence , les mem'bres de cette
tomniission seront remplacés par ceux qui les
siippléent dans les fonctions de leur place. S'il
ri en existait pas, les présens nommeront d'office
dautres supplcans dont ils répondront.. ■
V. Les conservateurs de santé el astres seront
tenus Je procurer à cette coiniçiission tuu:cs l'.-S.
dcclaïaiions , rapports et reno«igneitli;i;i> qui dé-
pendront d eux. ,
Signés Le Roy, Daure , Esjeve et.REVNfER.
Le général en chef ordonne linserdon à l'ordre
du jour de l'auêié ci-de.ssus, dont les disposition»
seront exécuiécs sans délai. ' '
Signé, Ménou.
Le général de division , t:tc.
Ordre du jo-tr du i". messidor on 8. -^ Au quaf.
tier-général au Kaire. ,
Le général en chef ordrynne i
Il seia accordé un supplément dé' six dc'ni'eh
aux troupes en garnisoïj à la crtaûelle d'u Kai^è ,'
de sorte que chaque horiime aura par jour deux'
sous six deniers , en remplacement des objets
supprimés par l'article IV de l'arrêré du 8 prai-riâl'
an 8. Signé Abu. J.Mekvv.
-—Le service des transports p3r eau qui ,'d*a-='
près I ordre du jour du 8 prairial, devait être
l-it p.ir la marine , à date.- du' l'''. messidor, ne
sera pris par elle qu'au 16 de ce mois. En con-
séquence , le service continueta à ^tre fait par
1 ancienne administration , jusqu'à celte époque.
— On renouvelle la défense aux chefs des dif-
terens corps de l'armée de recevoir aucuns marins
déserteurs , et ils feront conduire aux commkn-;
dans' de marine Ceux qui se présenteraient pour
être enioics. ..
■Le général de division , iti:.
Oidre 'du jour des a , i , ^ , 5 et 6 missidvr. — 4u
quartier-général du Kaire.
Rien de nouveau.
Ordre du. jour du 7 messidor an 8.
Le général en chef . voulant prendre des joe-^
sures ijui assurent d'une manière, invariable la'
bonne tenue des hôpitaux ;
Voulant assurer aux militaires qui tombent
malades , un asyle oij ils puissent trouver dès
consolations , de bons remèdes et des alimens
sains ;
Voulant enfin détruire les abus qui se. sont
introduits dans l'administration des hôpit<|iûk4.
Arrête ce qui suit : ,
Le citoyen Daure; commissaire- ordoiinaieur
en chef; le citoyen Desgenettes , médecin en'
chel ; le citoyen Larrey, chirurgien en chef; le
citoyen Royer , pharmacien en chef; te citoyen
Boudet, directeur de la pharmacie de l'armée }
le général Sanson , commandant l'arme du génie ;
le citoyen Le Roy , corftmissaire-ordonnateur de
la maxine , se rassembleront sur le champ , pour
concerter ensemble les mesures qui tendront à
améliorer dans toutes ses parties l'administratiotl
des hôpitaux.
Ils s'occuperont eh conséquence de tout ce qui.
a- rapport au local , aux alimens , aux remèdes ,
aux fournitures de toute espèce, tels que lits ''
linge de corps , draps , couvertures , etc.
Ils aviseront aux moyens d'é;ablir une polic«
et une surveillance qui empêchent toatfi storts^
d'abus.
Linteniion du général en chef est qu'il ne
manque rien dans les hôpitaux; il sacrifiera tout
pour y parvenir.
La commission s'occupera aussi de tout ce q'uJ
a ra;)pon à 1 .administration sanitaire ; elle rC--
mettra dans le plus couii délai ses observations
au général en chef qui en ordonnera l'exécution."
Signé, Abd. J. Menou. "
— Les' marins qui, après avoir servi dans diver»
corps de larmée , sont rentrés dans la marine ,
et auxquels il est du des mois de solde pendant
lesquels ils ont été employés daiw ces corps , en
seront payés par les conseils d'administration ,
sur la tépréseniaiion des décomptes qui ont dû
être délivrés , et à fur et mesure que le paiemenc
l'Egypte une commission nommée Commission des I j" "j- •" ' " " ""', ^' "'^'",'= ^ihc ic paicmcnc
Neutres ; elle sera composée du commandant de ?," " ™T' ''V^ ordonnance ; car nul ne peut
• ■ ■ • ju I ce paye dans le corps on il a passé la revue.
la place , de l'administration de la iç^xi^e et d
directeur français de la douane. "
II. Celte commission sera chargée de réunir
aux déclarations et rapports faits par les capi-
taines subrécargues ou autres , tous les rensei-
gnjeraens susceptibles de la nrietire à même de
rédiger une preiriiere instruction, qu'elle devra
arabes et les paysans qu'il avait amenés On^àt^'^^x^^xcomni:iàm■mnu^i\ï,om6n<l]o^^K,
en porte le nomVe à 8 ou 10,000 à pied . et 2 I ^ compter de celui des déclarations.
i.3opo à cheval. Le» arabes de Mahamout , Bény- IIL Ces instructions n'auront lieu pour le port
Sou'ef de Korain , les lairons , l«l gênâmes , les | d'Alexandrie, qu'à coirvpter du 1°' prairial , et
Le général de division , etc.
Ordre du jour, du 8 messidor , an 8- — .Au quartier'-
général du Kaire. ,
Rien de nouveau.
Ordre du jour , du 9 messidor an 8.
Le général en chef a été faire là visite des h(> •
pitaux de la citadelle du Kaire et de la ferttM!
dlbraliym-bey , le 7 de ce mois. Il a été mc'con'- '
leul de plusieurs objets rulatifj à la iicH4ri«tor«'
i4i@
des malades , à la négligence des directeurs pour
fournir ce qui est nécessaire à la pharmacie, au
mauvais service de quelques infirmiers. Le géné-
ral en chef à ordonné que le directeur et le
garde-magasin de Ihôpilal dlbrahym-bey fus-
sent emprisonnés à la citadelle , pour leur ap-
prendre à remplir plus exactement ieiii devoir.
Le général en chef s'est fait repiésenter le
registre de l'hôpital d'Ibrahym-bey , sur lequel
l'oliEcier de jour doit apposer sa signature, pour
prouver qu'il a lait sa visite. Depuis douze jcrurs
il ne s'est trouvé qu une seule signature sur le
registre. Le général en chef n'a pas voulu se laire
représenter les rapports de la place , qui lui euç-
sem indiqué le nom des officiers de jour qui ont
manqué à leur devoir; il a voulu leur rappeler ,
avant de se résoudre à les punir , qu'une des
plus honorables de leurs fonctions , est de s'oc-
s'occuper constamment de tout ce qui à rapport
à la santé des soldats.
Le général recommande à tous les comman-
dans de province et de places , à tous les chefs
Eiiiiiaires quelconques , à tous les officiers , à tous
les commissaires des guerres , de suiveiller avec
la plus grande attention tout ce qui a rapport
aux hôpitaux. Les officiers de jour devront ,
dans toutes les villes ovi il existe des hôpitaux
en faire la visite avec la plus grande exactitude
et la plus grande sévérité. Les commandans c'
province rendront un compte direct de cet obj
l'officier de marine ; ils seront visés par l'officier
général ou le commandant en^chef.
XV. Pour éviter aux reys trop de démarches
pour leur jjaiement , l'ordonnateur de la ma-
rine est autorisé à étabhr à Boulaq un caissier
des transports du Nil.
XVI. Il sera fait au commencement de cha-
que mois les fonds nécess lires pour le service.
Le caissier des transports s'entendra avec les
payeurs des autres ports, pour que la compta-
bilité soit aussi exacte que régulière.
XVII. A la fin de chaque mois , il sera remis
au payeur général des ordonnances , en forme ,
pour les dépenses qu'auront occasionnés les
transports par eau de la Basse et Hàuie-Egypte.
X'VIII. L'artillerie et le génie auront un nom-
bre de bâtimens affectés à leur service; s'ils
avaient besoin de l'augmenter , ils s'adresse-
raient à cet effet au général de division , chef
de l'élat-major général.
Les frais de transport d'artillerie et du génie
seront toujours acquittés sur les fonds remis à
ces armes.
XIX. Le présent règlement sera publié , affiché
en français et en arabes dans toutes les provinces,
places et villages de l'Egypte. Signé Menou.
Le général en chef témoigne son niécontente-
, , , ,..,-,- dLuiuui, i^çjjj jg ^ç qyg Ipj Iqjj sanitaires ne sont pas
et la plus grande severite. Les coni.ijandans de 1 ^^^ .^^^^^^^^^ observées. Cependant chacun
province rendront un compte direct de cet objet ! , _ '■ ,;_■_,.. _..: .r .
si essentiel au général en chef, en lui envoyant
le rapport des hôpitaux toutes les décades.
Signé Menou.
Le général de division , ihef de Utat-major général ,
Signé Damas.
Pour copie conforme au registre d'ordre ,
Ladjvid-ant- général , sous-chef de l'étal-major-général.
Signé René.
Ordre du Jour du lo messidor an 8. — Au quar-
tier-général du Kaire.
Rien de nouveau.
Ordre du jour , du il messidor an 8.
Le général en chef s'étant fait repiésenter l'ordre
du 8 prairial , qui prescrit que les transports par
eau seront faits par la marine , ordonne ce qui
suit :
Art. I" Les ordres pour les transports ne pour-
ront être donnés que par le général de division,
chef de l'étai-raajor général de l'armée , et les
ordonnateurs en chef de terre et de mer ; ils
seront adressés au chef de l'état-major de la
marine , qui les communiquera aux officiers et
_ administrateurs employés dans la marine.
II. Dans les ports , autres qne Boulaq , l'offi-
cier général . ou le commandant en chef , don-
neront les ordres relatifs aux transports.
III; L'administration de la maripe est autorisée
des individus qui composent larmée , devrait
bien se persuader que les négligences à cet égard
peuvent entraîner des inconvéniens majeurs.
En conséquence , le général en chef ordonne
que les réglemtns sanitaires seront exactement
observés ;
Qpe tout individu , de quelque grade qu'il
soii , qui voudri:it s y soustraire , sera sévèrement
puni.
Les administrateurs et atitres employés des ad-
ministrations s:initaires , qui seront convaincus
d'avoir mis de la négligence dans l'exercice de
leurs fonctions . se tout destitués , empribonnés à
la citadelle du Kaiie , et employés aux travaux
publics*
Le général en chef a été informé qu'il se com-
mettait aussi de grands abus dansquelques-unes
des administrations sanitaires , où des employés se
fesaient un revenu des vexations qu ils se per-
mettaient d'exercer sur les individus soumis aux
quarantaines , en diminuant ou augmentant , à
prix d'argent, le nombre de jours qu'ils devaient
passer dans les lazarets.
Il a été également informé qu'il se commettait
de grandes dilapidations , sous le prétexte de
considérer ou de ne pas considérer comme con-
tumace , soit les effets appartenans aux individus
soumis à la quarantaine , soit ceux trouvés après
le décès des pestiférés.
Le général en chef recommande aux généraux,
aux commandans de province et de place , aux
commissaires des guerres et à tous autres officiers
a traiter a tant par voyage.
ï_, rr, 1 1 r i cuuiiiiissdiica uca Huciicaci a luus auiica uiiii.icis
ly. Tout reys de barque recevra une facture | ^-^^^^-^^^ „ .i^;,,^ d'apporter tous leur soins à
de ladmimstrationde la manne:.! ne pourra être | ,,,,^^j^^ ,^^^ ^^^ abus et à punir sévèrement
payé qu ensuite du reçu des objets portes dans . i^.. ...
les coupables.
Signé Menou.
ladite facture
V. Toutes marchandises ou effets illicitement Ordre du jour , du 12 messidor an 8. — Au quartier-
embarqués ou non portés sur la facture , seront 1 général du Kaire.
confisqués, à moins d'une autorisation particu- ; Le général en chef, voulant connaître de la \ ■ a r h
•lière , qui ne pourra être donnée que par le chef manière la plus positive , quelles sont les dépenses "^elui de tjysen
de 1 etat-major de la marine , ou par les genera,ux ordinaires de 1 armée , connaissance sans laquelle
et autres commandans de province. i il ne pourrait parvenir à établir un système sage et
VI. Aussitôt que possible , il sera formé des \ économique d'administration ;
listes des bâtimens du Nil ; le nom du village , I Ordonne ce qui suit :
celui du propriétaire et du cheykh , y seront Le commissaire-ordonnateur en chef de l'armée
portés. i remettra , dans le plus court délai possible , un
VII. Il y aura dans chaque port des cheykhs et état circonstancié et détaillé de toutes les admi-
reys qui seront chargés , en suite des instructions nistralions partielles qui sont soumises à son ins-
du chef de l'étal- major commandant les forces pection , en désignant le nombre des individus ,
sur le Nil, de l'exécution des ordres relatifs aux leurs fonctions , leur solde , et le nombre de ra-
gens du pays navigateurs sur le Nil. tions dont ils jouissent.
VIII. Les bâtimens de la Haute-Egypte ne pour- I II remettra également un état de toutes les ra-
ront être employés dans la Basse , et ceux de la ', tions, autres que celles de la marine , qui sont dues
Basse dans la Haute , sans ordres spéciaux. I journellement à l'armée.
IX. Le général de division, chef de lètat-major II remettra également , en se concertant avec le
général , indiquera les postes militaires sur le Nil, ' payeur général . un état détaillé de toute la solde
où il sera indispensable que l'administration de la j de larmée.
marine ait un établissement. Le commissaire ordonnateur de la marine exé-
X. Lorsqu'il ne sera pas possible de se pro- cuiera , quanta la marine , tout ce qui est prescrit
les individus que les circonstances pourraient
forcera ne pas employer dans les administrations
de l'armée. Signé M E N o t;.
Le général de division , etc.
Ordre du jour du i3 messidor an 8. — Au qaarlier-
' général du Kaire.
Le général en chef , vu les circonstances où se
trouve larmée , et prenant en considération les
différentes réclamations qui ont été faites par les
chirurgiens de corps , pour leur avancement , or-
donne au chirurgien en chef de l'armée , de
prendre connaissance par toutes le.-i épreiaves qu'il
croira convenables , en suivant l'intention des
lois du 19 floréal an 4 , il frimaire et 21 pluviôse,
an 6 , des talens , des services et campagnes de
chacun de ces officiers de santé.
Il parcourra à cet effet les pnncipaux postes de
l'armée , où les chirurgiens des corps seront tenus
de se rendre , sur l'invitation qui leur en sera faite
par le chirurgien en chef.
A la fin de sa mission , il rendra compte du
résultat de «es opérations à l'ordonnateur en chef,
qui délivrera des brevets provisoires à ceux qui
auront mérité de l'avancement par leurs réponses,
l'ancienneté de service , le zèle et l'activité qu'ils
auront montrés pendant l'expédition.
Signé, Menou.
Arrêté du comité administratif , du 9 messidor an 8.
Le comité administratif arrête:
Art. I". La ville de Damretle versera tous les
mois , à dater du i'' messidor jusqu'au i" bru-
maire an 9 dans la caisse du payeur de l'arrondis-
sement , la somme qui aura été déboursée pendant
le mois pour le paiement aux troupes des deux
sous accordés par l'ordre du 8 piaitial en rempla-
cement de la viande.
II. La contribution extraorcfinaire en viande,
mise sur cette ville par le général en chef Kleber ,
ne sera plus payée . et celle en riz continuera
d'avoir son exécution.
III. Le général de division commandant le 6=
ariondissement , voudra bien se charger de l'exé-
cution du présent arrêté.
Signés , Estève , Daure , Reynier et Le Roy.
Le général en chefa approuvé et ordonné l'exé-
cution dudii arrêté. Signé, Menou.
— L'armée est prévenue que le conseil de sanié
commencera demain son travail pour les inva-
lides , conlormèrocnt à l'ordre du jour du 25
prairial dernier ; il tiendra ses séances chez le com-
missaire-ordonnateur Sarteloii.
Le général de division , etc.
Ordre du jour du 14 messidor an 8. — Au Q-urtier-
général du Kaire
Le général en chef a visité, le il ,• tous le»
attcllers et le parc d'artillerie à Gyzéh. Il a trouvé
cet établissement dans le plus bel ordre et la plus
grande activité. I s'empresse de rendre aux gé-
néraux Songis et Faulliier toute la justice qui est
due à leurs talens. Il la rend également â tous les
officiers et aux braves soldats qui composent le'
corps d'artillerie. Cette arme, tant au matériel
qu au personnel , est par-tout dans le meilleur
état. Le général en chel sait que le parc d'Alexan-
drie offre la même activité et le même ordre que
curer à l'amiable les bâtimens nécessaires au ser-
vice , ils seront mis en réquisition , et le paie-
ment en seta fait au même prix que ceux traités
è l'amiable.
XI. Dans le cas où les barquei-.employées pour
le service des transports , lesteraient plus de trois
jours dans le port, avant de partir , indépendam-
ment de ceux, d'arrivée et de départ , les reys re-
cevront, pour chaque jour de retard, une indem-
nité qui sera fixée par l'administration de la marine,
d'après la capacité de la barque.
XII. Le chef de l'état-major de la marine , dans
cliaqiw: port, sera chargé de la protection des
convois et de l'exécution des réquisitions.
XIII. Le général en chef réunit aux fonctions
de chef de l'état-major de la marine à Boulaq , le
commandement des forces armées sur tout le Nil ,
aiiisi que sur les lacs de Burlos et Menzaléh.
XW. Dans les ports où il n'y a pas d'adminis-
trateurs de la marine , les marchés seront passés
ci-dessus
Les généraux commandant l'artillerie et le génie,
feront remettre également des états bien détaillés
de ce qui regarde leur arme , quant aux dépenses
ordinaires.
Le directeur général des ponts et chaussées ,
celui des ingénieurs géographes , celui des atte-
liers mécaniques, celui des poudrières , et celui de
l'imprimerie nationale fourniront aussi les mêmes
états.
Le secrétaire perpétuel de l'institut d'Egypte
formera aussi un état de tout ce qui a rapport à cet
établissement , ainsi qu'à la commission des arts.
Le payeur général de l'armée fournira aussi un
état de tout ce qui a rapport à la trésorerie.
C'est par la réunion de tous ces états, que le
général en chef pourra prendre une connaissance
exacte de tout ce qui intéresse l'armée ; il n'a pas
d'autre volonté ni d'autre désir que de fournira
tous ses besoins , de réformer sans secousse les
Le général en chef a également visité tous les
travaux du génie autour de lavilieduKaire.il
offie aussi au général Sanson , commandant le
génie , ainsi qu'aux autres officiers de cette arme,
employés dans toutes les parties de l'Egjpte ,
les témoignages de sa satisfaction. Les travaux
sont tracés avec talent, dirigés avec la plus grande
survaillance, et exécutés avec activité.
Signé , Menou.
Le général de division , etc
Erratum,
Dans quelques exemplaires du numéro du ig
fructidor du Moniteur n° 349 , i" page , s* col.
ligne 24' , au-lieu de ces mots , gagnée le 27 vea-
tôse , lisez : gagnée le 29 ventôse.
4e concert par le commissaire des guerres et i abus , et de pourvoir à l'existence honnête de tous
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du igfructidor.
Les consuls de la république arrêtentce qui suit:
Art. I''. Il sera élevé un monument à la mé-
moire des généraux Desaix et Kléber , morts le'
même jour , dans le même quan-d'heure ; l'uQ
après la bataille deMaringo , qui reconquit l'Italie
aux armes de la république ; l'autre en Afrique
après la bataille d Héliopolis , qui reconquit
l'Egypte aux français.
II. Ce monument sera élevé au» milieu de la
place des Victoires. La première pierre en sera
posée par le premier consul , le 1" vendémiaire
prochain.
Un orateur sera chargé de prononcer une
oraison funèbre de ces deux illustres citoyens.
III. Le ministre de lintérieurest chargé de l'exé-
cution du présent arrêté, qui sera imprimé ai»
Bulledn des lois. Signé, BoVjaparte.
Par le premier consul.
Le seerétairt-d'état , signé, H. B. Marst.
PREMIER TA.BLEÂU.
1411
M I N I S T E R E D E L : I N T E R I E U R.
Gissememens qui exigeraient un long trajet par terre avant que de pouvoir former des emharcdtiens pmr çdriduife,^^ #.
masses moyennes à Paris. ' I '^'C/i'-.;^" -, .inu.-
TRANSPORTS DIFFICILES.
POSITION
relaiivement
à Paris.
DEFARTEMENT
OU cbaine
de montagnes.
OISSEMENS
des
rocliers.
NUMÉROS
de la c,irt<
deCassini,
NOMS ET DESCRIPTIONS
des
ROCHERS.
R V A T I O N s.
(r;
Environs de
Giromagny
Montagne du
Ballon de Giro
|niagny . . .
Au levant Ç Montagnes des
.<. . Vosges . . •
de Paris.
Vallée de Plan-
cher-les -Mines.
Vallée de Saint-
Maurice , et à
Fraise , départe
ment delaHaute
Saône
I Vallée de Saint
Maurice. L'ana-
logue se trouve
aussi à Fraise,
département de
la Haiite-Saône.
Vallée de Saint-
Maurice et Val-
lée de Giroma-
gny. . . .
Isère.
A^u sud-est. . 1, Saône-et-Loire.
Côte-d'Or .
^u midi. .
Allier .
Allier .
Gorreze
Sur les bords
du Drac de la
Romanche et
les environs. .
[Environs d'Au
tun . . .
Environs di
Semur et de
Saulieu .
Environ» de
Moartutxbk. . .
Environs de
Montet4i aux-
Moines. . . .
Environs de
iTulle
Environs de
HaMta-Vi»niie.l Limoges àPierre
rBuUiere. . . .
N° 144.
Hem.
Idem.
idtm.
Idem.
Idem,
Granit à fonds de feldspath rougeâire , et de
grands cristaux blancs ,d'un très-bel cfFet.
Il était travaillé, en grand à la scierie de
Phcningturne , près de Giromagny , ac-
tuellement abandonnée et oii est fixée
I école-pratique des mines.
Granit avec beau feldspath rouge , parsemé
de horne-blende noirâtre , fesant uii l'iès-
bel efFet. C'est de ce granit dont on poui-
rait extraire les plus grandes masses ; il
constitue la montagne du Ballon d'Alsace ;
il est à découvert près de Giromagny ,
dans plusieurs parties , sur une assez
grande étendue ; la route qui communi-
que du département du Haut-Rhin dans
celui des Vosges, a été taillée dans la
^ roche même. Il a été exploité dans la
scierie de Pheningturne , et il l'est en-
core à celle de la Mouline , près le Tillot.
Cette manufacture transporte ses granits
par lerre jusqu'à Paris, ou jusqu'à Sairit-
Dizier-sur-Marne ; elle n'envoie que des
poids de agS kylogrammes , ( environ
6,000 livres, fesant au plus Sa pieds cubes.)
La position de ce granit du côté de Giro-
magny ,donne"rait plus de facilité de con-
duire vers la Saône.
Granit à fonds de feldspath rouge , quel-
quefois très-foncé de horne-blende , et
cristaux de feldspath blanc , d'un assez
bel effet.
Granit à petites parties , fotid rougeâtre
assez agréable.. Il se trouve en grandes,
masses , et s'exploite pour la scierie , près
le Tillot.
PoTpkire à pâte d'un rpiige foncé et cris-
taux de feldspath blanc , se trouve en
grandes masses , ce qui est très-rare ; il
ferait un très-bel effet , mais il est rempli
de petites cavités qui nuisent à la beauté
de son poli.
Torphire à pâle fine , d'un brun foncé , par-
semé d'un grand nombre de cristaux
blancs, légèrement modifiés par une teinte
de la pâte , espèce d'ophite très-rare. — •
II prend un beau poli et' ferait un superbe
effet. Il paraît qu'il se trouve en assez
grandes masses dans la vallée de Saint-
Maurice , et en petites masses dans celle
de Giromagny. •
Il y a des poudingues dans les' Vosges . mais
nous ignorons si le ciment en est assez
compact pour être solide et pour prendre
un beau poli.
Le transport ( «les montagnes des:,)î^os|èâ''^
Paris .est très-dofficile à cause du chemin qu'il
faut faire, dans un pays de montagnes , et da
la distance pendant laquelle il faudrait porter
les masses par terre d'un cô'é , jusqu'à SaTffP'
Dizier-sur-Marne i éloigné d'environ 18 my"^
riametres ; de l'autre, en gagnant Auxone
sur la Saône , éloigné d'environ 14 myria-",
mètres , ce qui' obligerait de descendre )«
Rhône dans la Médiierannée , puis dé suivre!
le canal des detix mers , 1 Océan et la Seine''r
trajet considérsble et sujet à bien des frais ^t
des accidens. ... .1
On pourrait ^agnqr le Rhin par le. canal dô
Ne uf-Brisach, éloigné de 14 myriameires ; mais
il faudrait venir ensuite par la mer du Nord
et le Pas-de-Calais. — Si la Moselle était ren*
due navigable jusqu'au^ dessus d'Epinal v ori-
devrait prendre le canal de Lorraine , ancien-
nement projeté , devant conduire au-dessauj
de Souvelle-sur-Saône ; et mieux . encore la
rivière d'Oignon qui parcourt, toute la Ion'
gueur du département de la Haute-Saône »
si elle était rendue navigable , ainsi que vient
de le projeter le préfet de ce départemenj S
les granits des environs de la montagne dii,
Ballon , ceux de toute la partie méridionald,
des Vosges pourraient facilement être trarts"
portés dans toute la France , en Espagne , erl
Italie , etc.
119. 120.C Granit avec feldspath rose, quartz verd , C Transport difecile à Grenoble sur Ilsère 5
i5o. iSi.i très-beau. i éloigne de deux ou trots myriametres, -.• J '
83. 84.
M
5o.
34,
33.
Granit varié , celui rare nommé graphique ,
aspect rouge clair , a des lignes tra,nsver-
sales de quartz translucide.
Granit rougeâtre agréable , prophire et
autres variétés doiit les masses roulées ,
mais décomposées , sont apportées par'
l'Armanson , le Serain et la Cuve , etc. ,
dans l'Yonne i et delàpar la Seine jus-
qu'à Paris.
Granit abondant en feldspath, d'un très-
beau rouge i qui y existe en grandes
masses. ■ /
Granits et porphires très-beaux sur environ
un demi myriametre de rayon.
Granits extrêmement abondans en horn-
blende noire et verte d'un bel effet.
Granit ordinaîrefflerlt gris , ']()eu apparent <
souvent feuilleté ; ils'y en trouve rjuel-
quefois de rose , d'autres mêlés aVec la
hotn^blènde d'un bel elFçt. A Royers et
à SdiQt-Léonard « granit blztnc-verdâtre «
viiirei .■,.:..".. ..!.....„..:...
Transport par terre de trois ou quatre fllfff
riametres jusqti'au canal de Bourgogne lors-
qu'il sera terminé.
Transport facile lorsque le canal de Ëour-
jogne sera icitftiiné , jusqties - là tiès-dif-'
icile. •' ■' '
_ Transport par terre d'environ, quatre rdy-
riametres jusqu'à l'Ailier. Un canal projeté
pour les mines de Fins et Noyant diminue-
rait de moitié ce transport , ainsi qu'un ûot^
\ lage probable à Montiuçon sur le Cher^
c Transport d'environ trois royritfmetTesjtii"
iqu'à Moulins sur l'Allier/ •
„ ,, . ., Vj ;
Transport par terre d environ qtiatre .ifiy-
rrametres jusqu'à Terrasson de la Dordogne y
'a Gironde et l'Océan; flollage possible à 1 ulU
nême sur la Vezevi
rendue navigable.
(même sur la Vezeve < qui peut faciltment êir«!
rendue navigable.
Transport par terre d'environ quatre niy-
tiamet'res jusqu'à Châlelleraut sur la Vicriii'i
et la Loirç ; flottage probable à Limo'cei
niême , tout bâti en granit. Trïffispoyt j)Ti>»
diiikil* ens'o'iâ.'auii da Liixto'etsj
X4»2
POSITION
relativement
I à Paris.
DEPARTEMENT
OU chaînes
de montagnts.
Au midi.
La chaîne des
[Monts- Pyrénées
Seine-et-Oise,
Eure-et-Loir.
iConËns des dé-
. , partcmens de
*>Û,COuchantA lOrne et d
laSaithe. .
GISSEMENS MiiMÉKOS
des de la
rochers.
NOMS ET DESCRIPTIONS
' des
<l p C H E R ^.
P B S E B V A T I O ÇJ :S,.
Dans beaucoup
d'endroits. . •
Environs d'E-
(anipcs et piès
du moulin
Bogny. . .
de
Environs de
Gallardon près
de Chïrtrcs. . .
Environs d'A-
Iciiçou . . . .
Idem.
63.
Granits très -beaux , très - abondans , en
grandes masses et de toutes les variétés.
On profiterait souvent des voûics taillées
dans les montagnes pour le transport de
la mâture ou pour celui des beaux-mat^
bes qui y existent , et ont été exploités
par l'ancien gouvernement pour oinef
Versailles et Trianon.
Poudingues , employés à décorer un jardin Ç
à I anglaise . formé par Laborde à Mère- J
ville ; Hs sont susceptibles , pai la nature \
compacte du ciment qui lie les cailloux f
roulés, de recevoir un iiès-beau poh. |
Fondingnes à pâle fine siliceuse , susceptible
d'un tiès-beau poli.
Granit abondant en mica et en feldspath
blanc, généralement peu solide et d'un ,
aspect blanchâtre. On annonce pouvoir ^
y tailler des colonnes de 6 à 7 mètres de /
longueur. (
Transport extrêmement difEcile en grandes
masses , en ce qu'il faudrait le faire long;-lems
pfir 4.eirc paur gagner 8,jyoune sur lAdouc
ou sur le canal des deux meis, exiiêmement
éloigné de la chaîne des Pyrénées. Flottage
piobable iu-dessous de Saint-Jean-Pied-de-
Port sur la Nive , à Oléton suri le Gave ,
à Monlrejean sur la Garonne , à Foix sut
lArri^gA , à Mirepaix sur le Lens , à Limoux
sur l'Aude , etc.
Le transport par tene sur la grande route
serait (^ehviion quatre myriamett-es jusqu'à
Cc^rl)fijjmr Seine.
Transport d'environ sept myriametres pat
des grandes routes jus(ju'à Paiis, si la rivière
dEureéiait rendue navigable, ainsi qu'il a
été proposé depuis Mainienon ; le transport
en serait irès-lacile : on assure que les aque-
ducs de Mainienon ont été construits avec
de la chaux de Senonches , que ion a fait
remonter la rivière dEutc.
Transport par terre , au nord, de neuf à
dix myriametres jusqu'à Caën suj lOrne ,
puis la mer et la Seine. Tianspoitau midi,
d'environ cinq myriametres jusqu'au Manu
sur la Sinhe , puis la Mayenne , la Loire ,
Je canal d'OiIéans. Floltage probable à Alen-
çon , même sur la Sarihe.
Du projet dune statistique élimentaire de la France
Lexécution paraît en avoir plusieurs fois éié
tentiée par le gouvernement. On se souvient en-
core que vers 1698, Louis XIV voulant donner
au dauphin une idée jusie du royaume qu'il était
appelé à gouverner, fil demander aux i.nlendans
Ulie nolice exacte de l'état miliiaire , civil, reli-
gieux et économique de leurs généralités lespec-
ti-ifeS. Il résulta de leuis travaux quelques bons
lïiémoires qui sont restés manuscrits , mais dont
llcxiiait , fait par le comte de Boulainvillers , et
iinpritaé sous le litre dEtat de la France ,
forme le meilleur apperçu que l'on eût encore
à celte époque. Depuis , quelques écrivains éco-
nomistes ont donné des notices assez bien faites
des anciennesfjjrovinces ; le Journal Economique
qui les a recueillies, peut offrir des matériaux
yiiles pour l'histoire de la géographie agricole,
Uiciusirielle et politique de la France.
L'aciivité des assemblées provinciales , le zèle
lies sociétés d'agriculture qui s'étaient multipliées,
avait ajouté beaucoup aux moyens déjà existans
de parvenir à l'exécution d'une bonne statistique
de la France, et M. Necker , qui semait l'utiliié
de ce travail, avait créé, ou au moins beaucoup
étendu les attributions d'un bureau destiné à re-
cueillir les faits. Lui-même nous a laissé dans son
Traité de (administration des finances , une très-
bonne notice statistique de la France , et la pre-
mière qui , depuis le travail des intendans , ait eu
un caractère authentique.
•La tenue de l'assemblée des notables et- les
travaux de l'assemblée constituante fournirent de
nombreux matériaux pour cette entreprise. Les
opérations relatives à la division départemen-
laic ont été autant de pas faits pour son exé-
(;.ution. Deux ouvrages parurent ensuite où se
trouva la plus grande partie des données qui
entrent dans un projet de statistique. L'un est
la Balance du commerce du citoyen Arnould ,
dans le second volume duquel l'auteur a con-
signé le dépouillement des états déposés au
bureau dont nous venons de parler ; l'autre ,
intitulée Richesses et ressources de la Francs, par
M. Bonvallet .Desbrosses , serait une excel-
lente statistique de l'ancienne France , si l'exacti-
tude des notions égalait la méthode dans la-
quelle l'ouvrage est conçu et exécuté.
Lé savant Lavoisier a fait pour le comité des
finances de l'assemblée législative un travail im-
nîense, où l'on remarque toute l'exactitude dans
les calculs , et la sagacité dans les estimations ,
qu'on devait attendre d'un esprit aussi juste et
aussi éclairé. C'est sans contredit le meilleur
recueil de bases économiques pour parvenir à
4a connaissance de la richesse nationale.
Les diverses géographies qui parurent pendant
tout le tems de la première et seconde assemblées
nationales ne furent que des répétitions et de
nouvelles combinaisons des anciennes geographies
aiigmcniées à la vérité des résultats dos tableaux
du territoire et de la population qui avaient servi
aux travaux da comice' de division.
Sous la convention nationale, le comité du
salut public tenia d'obtenir un état agricole et
industriel de la France. La commission du
commerce et desaris reçut de très-bons maté-
riaux ijui furent envoyés alors par les adminis-
trations de dristiici, el qui déposés dans un bureau
du ministère de l intérieur , pourraieiK être ttès-
utilement emplpyés à l'histoire de la statisiique
de la France.
Nous ne voyons pas que depuis cette époque
jusqu'au ministère ( du citoyen François de Neu-
châieau) l'on ait repris l'exécution du projet
d'une statiiisque française. L'on trouve vers l'épo-
que de germinal an 8 , une lettre de ce ministre
aux administrations centrales dans laquelle il
leur explique avec beaucoup dé clarté et de
méthode les objets suc lesquels il importe au
gouvernement d avoir des renseignemens sûrs
et des faits authentique;.
Cependant les soins du citoyen François (de
Neulcliâieau) ne furent pas suivis du succès qujl
avait droit d'en attendre. La plupart des adminis-
trations ne répondirent pas ; d'autres le firent
sans méthode, sans exactitude, el se bornèrent à
présenter des plans , plutôt que l'état territorial du
département.
Ce sont sans doute ces inexactitudes , ce man-
que d attention et cet oubli de la pan des anciens
administrateurs , qui déterminèrent le ministre
actuel de lintétieur à recommander de nouveau
aux préfets l'envoi des noies statistiques sur leur
département. Il leur a fait adresser des tableaux
divisés par Lolonnes , et conçus avec une telle
sagacité , quil ne s'agit plus que de les remplir
pour fournir les matéïiaux complets de l'un des
plus beaux monumens du siècle sur cette matière.
Pour appeler toutes les lumières sur cet œuvre
digne de ses vues, il a , par une lettre du mois
de messidor dernier , adressée à la classe des
sciences physiques de l'institut , demandé le con-
cours et la coopération des savans qui la compo-
sent pour parvenir à former un tableau teririto-
rial de la France.
t< Personna plus que vous , dit le ministre , ne
peut seconder mon désir et répondre à mes
vues ;je vous demande donc le concours de vos
moyens , et j'y compte.
5) Une bonne topographie des diverses parties
de la France , coniinue-t-il , est un des plus pré-
cieux ouvrages que l'on puisse donnera la répu-
blique. Aucun des livres que nous avons n'est bon;
et quoiqu.e nous ayons quelques descriptior»
de dépariemens assez soignées et assez bien faites ,
quoique les mémoires de la société de médecine
et ceux de l'ancienne société d'agriculture de Pa-
ris , renferment quelques modèles , je ne crois
pas que nous ayoïis rien d'assez Complet sur
aucune partie. "
Nous ignorons quels moyens la classe de l'ins-
titut a adoptés pour répondre aux iotentioas
éclairées du ministre , ex procurer -à la France
une description physique de chacun de ses déparie-
mens ; mais il nous semble que le seul moyen
efficace à suivre serait de charger up ou deux
hommes de lettres du soin exclusif de la rédac-
tion de cet ouvrage sur les mémoires qu'on leur
adresserait , et sur les notes quils seraient auto-
risés à prendre dans les divers dépôts publics ;
car depuis les sondes des côtes jusqu à l'estima-
tion de la quantité de bled que produit un ar-
pent de terre dans les diffcrens dépariemens ,
tout ce qui tient à la connaissance statitisqoe,
agricole , commerciale de la France , doit entrer
dans sa géographie physi que.
Nous voyons au reste par les tableaux que plu-
sieurs préfets ont déjà envoyés au ministre, que
le travail ^e continue, et que les données posi-
tives sur létal des dépariemens se multipheni , et
formeront à la longue les matériaux d'une statis-
tique cosaplette.
Gn a déjà fait connaître deux apperçus de ce
genre dans ce journal , celui de l'Aube el de
la Seine inférietire ; comme celle connaissance
peut être agréable à beaucoup de lecteurs , et
est très-propre à inspirer le goût de l'étude des
bonnes choses , il sera iniéiessant de continuer
dç les consignera mesure qu'ils seront connus;
mais auparavant il peut paraître utile de pré-
senter ie la'bjpau statistique de la Ffance en
général , c'est-à-dire l'apperçu de 1 étendue de
son territoire comparée à sa population pat
lieues et hectares quatiés , ainsi que le pro-
duit préstamé di.i territoire et de la consomma-
tioii. Ce qui fet^ lobjet d'un article dans un
prochain ^uipéro. Peuchet.
AVIS.
La vente des porcelaines de la manufacture
nationale de Sevrés , annoncée pour le si
fructidor, est remise au aS dudit mois. Il y aura
pendant les deux jours qui la piécéderont ,
exposition publique des principales pièces; les
affiches annonceront précisément le lieu et 1 heure
derpxp.ositioingt de la vente. ,
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Auj. Fraxiteileoyi la Cein:urc, opéra en un acte ,
suivi du ballet de la Dansomanje. _ _ . ;_, , . ,'
Théâtre pij y^ udeville. Auj. le Mur; Adèle i
Trois contre un 011 Ahl que j'étais béte !
Théâtre delà Çité-Variétés.— Pt/iromimer,
Auj, la 1"' tepi. du Défi dangereux'^ la'" de
lafol[e é^r^^i^fi , et la fausse Meu, p.i..iomime.
Théâtre du Marais , rue euliure-Caiherinc»
Aujt Honora ou tEpuux généreux , corn. nouv. ,
suivie du Sourd ou l'Auberge pleine.
A Patis, de l';mpcimeiic du cii. Amasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , 11" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N'^ 35i.
Primedi , 21 fructidor an 8 de la républipe françahe , Une et indivisible. .
!: ''. •■ ■ ' 1 r- ■■ '— " ' ' ' . ^ j
I j ihT jiij I ■ jiBji.iJi»
Nous sommes autorisés à prévenir nos soiiscripceurs .qu'à d«er du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul: journal officiel. ' : .r
il contient les séances des autoriîés CQÇistituéçs!, les actes dtfgôiiv^tnemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les, faits èç )fs pfltioBs CanVîuï
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis pAr'Ies correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
i.'h *ioiTl .'
■jiin.'- ! ■ih ■'..
E X T È R I E y R.
EGYPTE.
Extrait de deux lettres du coyimissaire-ordonnateur
Le Roy , au ministre de la marine , datées du Kaire ,
Us 2 et j messidor.
Citoyen ministre.
Depuis le 6 prairial ce sont les turcs qui b!c-
<juent Alexandrie. Le nombre des bâtimens de-leur
escadie a varié, raremetii au-dessous de 14 ou
i5 ; il s'est élevé jusqu'au double , ei lors du pins
graVid nombre, on a cru reconnaître le, 25 dernier,
i5 vaisseaux de ligne , dont un à trois ponts ,
8 (régates , un pinque , une demi - galère , un
bâtiment dé transport , deux que l'on n'a pu
distinguer, enfin un brick anglais.
Le capitan-pachj qui commande en personne,
3 envoyé deux fois , eh parlementaire , un turc
nommé Isaac Bey , connu pour avoir résidé en
France.
Peu avant l'arrivée de cette escadre, Ips anglais
avaient di-paru : on dit qu'ils o.-» été à Rhodes et
de là àJafFj.
Depuis le 10 du mois dernier, époque à la-
quelle s'arrêtait la dernière leitre que j'ai eu
1 honneur de vous écrire ," il est encore entré à
Alexandrie quelques bâ imens turcs et grecs. Le
nombre total de ceux arrivés est d'environ quatre-
vingt. Les propriétés ennemies qui se soiU trou-
vées sur ces bâtimens , ont été vendues et em-
ployées au paiement de la solde. Celles des
neutres et des grecs ont été rendues.
• La nuit du 3o floréal au i^' prairial, la corvette
anglaise le Cormoran , de 22 caronades de 32 et
deux pièces de 9 en chasse , commandée par sir
Courtenay Boyie , et armée de i5o hommes d'é-
quipage , a fait côte à trois heuès et demie du
bogaz de Rosette et deux lieues et demie du lac
Burlos. Le chef des mouvemens de Rosette ,
l'ingénieur- constructeur Ferand , et le citoyen
Zevaco, commis principal, qui est chargé du
service de ce quartier , s'y rendirent aussitôt avec
des ouvriers. Le coinmissaire principal d'Alexan-
drie y envoya également un sous-ingénieur , un
sou'-chiff des mouve.Tiens et des ouvriers. Malgré
les efforts les plus suivis , on n'a pu sauver que
la mâture ; les voiles , les manœuvres , l'ariillerie ,
tout ce que contenait la coque n'a pu l'être ; le
bâtiment s était ensablé de cinq pieds à son mi-
lieu , et rempli de sable et d'eau jusqu'à la
hauteur du pont. C'est la corvette l'Etna , cons-
truite au Havre-de-Groce en 1 793 ( v. st. ) , et qui
avait été pjise par les anglais.
J'esyiere , citoyen ministre , que vous êtes ins-
truit des événemens qui se sont succédés depuis
le 29 veniôse , époque de la rupture de la con-
vention d'El-Arisch. En voici le résumé.
La victoire d'Héliopdiis a complettement dé-
truit l'armée aux ordres du graod-visir . rt en a
chassé les restes jusqu au désert. L'extinction des
troubles du Kaire et de Boulac , la reprise de
tous les ports ont completté la conquête nouvelle
de l'Egyp-.e.
La pacification avec Mourad-bey.
L'entrée à Alexandrie d'un convoi de près
de 80 voiles turques , escortées par quatre cor-
vcties du grand-seigneur.
L échouement , dans la nuit du i"^ prairial ,
«lire Rosette et le cap Burlos , de la corvette
anglaise te Cormoran : on a heureusement sauvé
l'ciat-major . l'équipage, ainsi qu'une partie des
ïgrè» du bâtiment.
Vous n'apprendrez pas sans horreut le crime
d un ta..aiique , qui , venu exprès de Syrie , est
TjMfveiiu , aptes avoir logé trente jouis dans une
moquée, à asAassinir le général en chef Kléber
<jin >e piomciiait dans son jardin.
Pi ofilant de la convention d'El-Arisch, les an-
g als avaient expédié un oflicier à Bombay , et
aMisitôt le cotitte-amiral John Blankett est venu
fijns la Mcr-Kougc OÙ , ayant mis à lerre 400 hom-
i)ic> de troupes, il était resté à croiser avec un
Vaisseau, deux frégates , quatre bricks et quel-
ques autres bâtimens.
A la nouvelle de l'anivée de no» troupes , les
11.(1^15 es il-, sont rcnibatijiiés , cl à l'époque de la
«ttcisfcxn icn vaisseaux se som «loigités.
Vers le 6 prairia' , les vigies d'Alexandrie ont
vii paraître une escadre turque de quinze vais-
seaux de ligne, dont un à trois ponts, huit
Irégates , une demi-galere et quatre autres bâti-
mens légers, chargés vraisemblablement d'inter-
I dire l'entrée des ports d'Egyp'e aux bâiinieiis de
sa natioti ; elle a remplacé la cré'j'sierc anglaise.
Cette dernière , qui n était cotpposée que de
d.ux vaisseaux et quelques bâtirnens légers ,
s'était éloignée quelques jours avant pour aller ,
dit-on , vers Rhodes et Chypre.
Salut et respect. Signé, Leeoy.
A ces lettres étaient jointes les pièces sui-
vantes : '
Ordre du jour des i, 2, 3, 4, 5, %,t, floréal an 8. —
Au quartier-général au Kaire.
Rien de nouveau.
Ordre du jour du 8 Jloréal an 8.
Kléber, général en chef, ordonne :
Art. I". Il n'y aura plus d'administration des
finances en Egypte.
n. Le payeur général (le citoyen Esteve ) de-
meure spécialement chargé de la direction des
revenus publics. Il réglera et vérifiera les comptes
des recettes de la contribution générale dont il
sera parlé à Fart. IV ci-après , et de celles- des
douanes , du myry des propriétaires, du droit de
l'enregistrement, des domaines nationaux, de la
monnaie du Kaire . et des dlfférens droits connus
sous le nom d'adjudicauons.
III. Les agens français sont supprimés. Le
payeur-général pourra néanmoins les employer,
soit comme payeurs, soit comme douaniers,
selon qu'il le jugera convenable. Ils lui rendront
tous , dans le plus court délai possible , le compte
général et détaillé de leurs opéradons, depuis
leur entrée en fonctions.
IV. Les contributions et droits quelconques en
argent, tels que le myry, le fays , le barany , le
nabarry , le kouchoufié , etc. , des provinces de
l'Egypte , non concédées ,ne seront plus conuus',
à partir de l'an 1214 de l'hégire, que sous la
dénomination générique de contributions générales
en argent.
V. Le général en chef déterminera, chaque
année, en raison de la crue du Nil, de son inon-
dation , et du produit des terres , la somme à
laquelle la contribution générale en argent devra
être portée.
VI. Immédiatement après la fixadon de la con-
tribution générale en argent, l'intendant général
cophte présenteta à l'approbadon du général en
chef, la répartition qu'il conviendra d'adopter
dans«lcs provinces , afin qu'elle soit perçue sans
aucune espèce de déduction , et en raison de la
fertilité de chacune d'elles et des diflérens droits
qu'elles payaient antérieurement.
Vu. Le général en chef arrêtera chaque mois
la somme que l'intendant général devra faire
percevoir et verser dans la caisse de l'armée , à
compte de la contribution générale.
VIII. Les intendans cophtes demeureront seuls
chargés de la perception de la contribution
générale. Les commandans -des provinces , sur
1 ordre du chef de l'état-major général , leur four-
niroui la force armée nécessaire, et veilleront,
ainsi que les préposés du payeur-général , à ce
que tous les fonds perçus soient fidellement ver-
sés dans la caisse de l'armée.
IX. Les intendans cophtei ne pouiront recevoir
aucuns à-co;iiptes de villages , sans en donner
des reçus provisoires aux cheykhs.
Ces reçus seront toujours échangés par ces
intendans à la fiu du paienlent-rde la £ote<part
de chaque vUiagie ^contre un seul reçu général et
définitif.
X. Les préposés du payeur général fourniront
aux intendans cophtes un récépissé provisoire pour
chaque versement effectué dans leurs caisses.
XI. Les versemens auront heu en présence du
commandant de la place et du commissaire des
guerres.
XII. Les payeurs échangeront toutes les dé-
cades comte un seul récépissé comptable , con-
forme à celui qu'ils adressent au payeur géné-
ral, vous les récépis6é«. provisoires, qu'ils autoiit
fournis pendant la décade. ...
Il sera dres.fé procès-vér'bal de tét'édiange
par le commandant de la place et le commis-
saire des guerres. , , , r
XIII. Lorsqu'il n'aura' été fait aucun versernfent
pendant la décade, il sera dressé procès-verbal
de non versement.
Xiy, Le commandant delà place et le com-
missaire des guerres retireront chacun une expé-
dition originale des procès -verbaux désignés
dans Içs deux articles précédens. Le çoram^p-
dam de la place adressera son expédition 3*
général, chef de l'état-major générai , et l« com-
missaire des guerres à l'ordonnateur çn çnef.,, t
. XV. Les récépissés décadaires fourni» aux 'in-
tendans cophtes , conformément à 1 article XII,
ci-dessus , seront leurs seules pièces de dé-
charge , et il ne pourra sous aucun prétexte leur
en être alloué d'autres dans le compte annuel
qu'ils devront rendre au payeur général.
XVI. A la fin de chaque année , et avant que
le payeur général règle le compte annuel de la
contribution générale, les commandans déplaces^
les commissaires des gtierres et les préposés du
payeur général , prendront les mesures convena-
bles pour que le cheykh de chaque village leur
produise le reçu fourni par les intendans cophtes»
conformément à l'article IX ci-dessus, pour' la
côie-part de son village dans la contribution
générale de l'année échue. .,
Ils en feroni le relevé exact, et l'adresseront ,
certifié par eux, chacun , à leur chef respectif.
XVII- Il sera accordé aux intendans cophte»
percepteurs une prime de 8 pour cent; elle sera
indépendante de la contribution générale et le»
cophtes la percevront dans les provinces à leiit
proht : elle figurera cependant dans une colonne
particirherç sur 1 état de répartition dont il est
parle alarncle VI ci-dessus , et les villages qui
devront la payer seront désignés.
XyiII. La prime accordée auxintendans copte*
pari article précèdent deviendra le seul et uni-
que salaire auquel ils pourront prétendre soit
pour les recompenser de leurs travaux dans la
perception de la contribution générale et le re-
couvrenient des grains, soit pour le rembour-
sement des frais quelconques auxquels ils seront
assujeuis ; elle pourra néanmoins être réduite à
la tnoitié , lorsque les versemens à faire chaque
mois , conformément à l'article VII çi-desSus
n'auront pas été effectués en entier. '
XIX. Les recettes que le payeur général a
faites en ce moment sur les contributions de l'aA
1214 seront considérées comme un à-coinpte
perçu sur la contribution générale de cette année.
L'ordonnateur en chef dressera procès-verbai
de ces recettes en présence du payeur général et
de l'intendant général.
XX. A l'égard dps contributions et autre»
droits des provinces perçus sur l'an iai3 il ei»
sera encore dressé p^ocèsrverbgl par l'ordoniiateur
en chef , en présence du payeur général et dé
l'intendant général. Le général en chef , après
la remise qui lui sera faite de ce procès-verbal
abandonnera au projBt des intendans cophtes '
ainsi qu'il l'a fait pour l'an 1212 , tout ce qui
peut rester dû de celte année. Il fixera la som^ne
que les cophtes devront compter extraordinaire.-
ment pour lâchât de cet abandon. ■
XXI. Les douanes , le myYy des propriétaires , /<i
monnaie du Kaire , les adjudications , te droit de
l'enregistrement et /«, domaines nationaux sont in-
dépeudans de la contribution générale.
Le général en chef arrêtera particulièrement Te
mode de perception et d'administration de chacun
de CCS dinérens revenus. 1
XXII. Il ne pourra plus, sous ^ucur; prétexte.,
être passé de balix pour affermages de village».
Signé , Kleber.
Le général de division; chef de létat major général ,
Signé Dama -s.
Pour copie conforme au registre d'ordre ,
L'adjvdfiVt- générai , sous-chef Ht l'étal-major-générai.
Signé René.
•( f^j^d-ans le supplément au Moniteur ^'h\tx
l'ordre du jout des 9 et lo'floiéal. ) ' J
Ordn du jouir, des ii,' i«, W i3 Jlorial, — A^
quartier-génital aur Kaire , U if foréat an 8.
- Rien de nouveau.
Ordre du jour , du 14 Jlorêal an 8.
Kleber, général en chef, ordonne:
Le comité administratif fera une vente pour
six cents mille fran,cs , des objets existans dans
«es magasins hoiï propres au service de l'armée.
Cette somme sera uniquement destinée au paie-
ment des deux mois d'appointemens de l'an 7 ,
dus aux officiers de l'armée.
Signé, Kleber.
Lt général de division , chef de tétat-major-général.
Signé , Damas.' .
Pour copie conforme au registre d'ordre. ' •■
L'adjudant-général , sous-chef de i état-major-général.
René.
Ordre du jour, du 16 Joréal an 8. — Au quartier-
général au Kaire.
Kleber, général en chef, ordonne :
A dater du vingt floréal courant , il sera perçu
un droit de péage au pont de Gyzéh.
Art. I". Tout militaire ou employé français à
la suite de l'armée est exempt du droit de péage.
II. Tout égyptien , sans aucune exception,
payera ;
Pour un homme à pied, 5 quinettes, ou un
demi-parat.
Pour chaque âne , i parât.
Pour chaque cheval, chameau ou boeuf, 2 par.
Pour un djermon ou demi-djermon vide ,10 p.
Pour un djecmon chargé à moitié ou à-peu-
près , 20 parais.
Pour un djermon entièrement chargé, 3o par.
Pour une djerme vide , i5 parats.
Pour une djerme ciiargée à moitié ou à-peu-
près , 3o parats.
Pour une djerme entièrement chargée , 40 par.
Signé, Kleber.
te général de division, chef de l'état-major-général ,
Signé Damas.
Pour copie conforme au registre d'ordre.
L'adjudant-général , sous-chef de l'état-major général.
Signé, René.
Ordre du jour du 17 floréal. — Au quartier - général
au Kaire.
L'armée est prévenue que le général en chef ,
BU nom de la République , a accordé la paix à
Mourad-Bey, en lui faisant concession des revenus
de la province de Gyrgéh.
Désormais le premier arrondissenrient sera com-
posé des provinces de Syoulh et de Minjéh ;
Le deuxième, des provinces de Beny-Souef et
du Fayoum ;
Le troisième , des provinces d'Attfyèhhly et de
Gyzéh ;
Le quatrième , des provinces de Charqyéh et
du Qéleyoubéh ;
Le cinquième, comme ci-devant, des provinces
de Bahhyréh et de Rosette;
Le sixième, comme ci-devant, des provinces de
Damiette et de Manssourah ;
Le septième, comme ci-devant, de la province
de Gharbyéh ;
Le huitième , comme ci-devant , de la province
de Menouf.
Le général de brigade Donzelot commandera
le premier arrondissseraent.
Le général de brigade Zayonchek coinman-
dera le deuxième.
Le général de division Priant commandera le
troisième ;
Le général de division Reynier commandera le
quatrième.
Le général de division Lanusse commandera
le cinquième.
Le général de division Rampon commandera
le sixième.
Le général de division Veidier commandera les
septième et huitième.
Le service des postes reprendra son activité au
prenaier prairial; il y aura des bureaux établis au
KLaire , Boulac , Alexandrie , Rosette , Damiette ,
Menouf , Belbeys , Bény-Souef et Syoulh.
Les couriers partiront tous les jours impairs , à
midi.
Le général de division , chef de i état-major général ,
Signé Dama»
Pour copie conforme au registre d'ordre ,
L'adjudant général , sous-chef de l'état-major général ,
René.
Ordre du jour, du 18 floréal, an8' — Au quartier-
général au Kaire.
L'on a oublié de mettre à l'ordre du jour du l6,
qu'il c'y a lien eu de nouveau le l3.
1418
^ A commencer du l". thessid^r vfes demi - bii.-
gades demeureront chargées de la'confection des
souliers , à raisoji de 4S ious pat-paire , etd'une
paire par trimestte pour chaque homme.
Le payeur gènétal pécomptera de suite 'à"icha-'
cune des demi brigades, une somrne de 2,000 liv. ,
poui les même a même lie faire les emplettes, et
de foi mer les établiSJemens relàt4fs-à cet objet. ■
/ , : 'v ■Sî'g-fie.'K'-E-BKp. ,
Le général de division , chef de l'éiat-'major général ,
. . :^^ V ^Signé Damas.'
L' adjudant-général , sous-chef de l' état-major général.
René.
Ordre du, jour ,■ du g f créai an 8. — Au quarfier-
général du Kaire.
Rien de nouveau.
Ordre du jour , du 20 floréal an 8.
Kleber, général en chef, ordonne :
An. I". Les marchandises et denrées exisi'^t
dans les magasins de la douane à Alexandrie ,
autres que celles propres aux services de l'armée
et de la marine , seront mises en vente le 20
du mois de prairial prochain.
II. Le comité administratif enverra à Alexandrie
l'un de ses membres qui sera chargé de diriger
cette veste , et auquel il donnera des instruc-
tions en conséquence.
III. Le comité fera connaître , par une affiche
imprimée dans les deux langues , la qualité et
les quantités approximatives des marchandises
qui seront à vendie.
IV. Il sera formé une commission chargée de
prononcer détiiiijivemenl sur les réclamations
relatives à la propriété desdites marchandises et
denrées , et qui devront lui être présentées cinq
jours, au .moins , avant l'époque fixée par la
vente.
V. Cette commission sera composée du mem-
bre du comité administratif chargé de la vente ,
du commandant dtf la- place d'Alexandrie , et
du citoyen Maillot , commissaire de marine :
elle sera présidée parle membre du comité.
Signé, Kleber.
Le général de division , chef de l'étal-major-général
de l'armée ,
Signé , Damas.
Pour copie conforma , au registre- d ordre.
L'adjudant-général, sous-chef de l'état-major général,
René.
Supplément à l'ordre du jour du jour du ï5 prairial.
— Au quartier-général au Kaire.
Kleber, général en chef, ordonne :
Art. I''. L'ordre du jour du 6 pluviôse an 7
est lapporté : les dispositions suivantes et celles
du 29 germinal concernant la légion nautique ,
compléteront le mode de comptabilité du per-
sonnel de la marine.
II. Vu l'ordonnance du 3i octobre I784, et
l'arrêté des consuls , du 28 frimaire an 8 , il sera
réservé un tiers sur les appointemens des officiers
civils et militaires de la marine , pour être payé
en France à leur famille.
A l'égard des autres marins, les mois de famille
seront acquittés par l'excédent de leur solde de
mer sur celle d'assimilation avec l'armée de terre.
La paie actuelle des novices et mousses ne
laissant rien pour cet objet , ils seront payés , à
compter du t'' vendémiaire an 8 , les novices à
7 fr. 5o cent, par mois , les mousses à 6 fr.
III. Les rôles d'équipages seront tenus avec
soin à bord de chaque bâtiment. Les doubles
de ces rôles seront déposés dans les bureaux de
la marine du lieu de l'armement ou autres.
IV. Il ne sera fait de paiement aux marins et
autres employés au service de la marine , que sur
les états des commissaires de la marine.
V. L'ordonnateur de la marine prendra les
mesures pour que les décomptes arriérés des
marins passés dans divers corps de l'armée , soient
acquîtes aussitôt que les marins des deux arron-
dissemens auront été soldés des mois désignés
dans les ordres-'dti jour.
Signé , Kleber.
Le général en chef ordonne ce qui suit :
Art. I". Les magasins de la marine à Alexan-
drie , les bâtimens stationnés sur les côtes , seront
pourvus de vivres de campagne.
II. La quantité , la nature et l'époque des dis-
tributions desdits vivres, seront déterminées par
des ordres particuliers.
III. Dans les rades , et dans toutes leiî autres
circonstances , les marins seront nourris en se
centormant aux articles III , IV et V de l'oidre
du S.
IV. Les fonds pour indemnités seront remis
aux aides-'corfimissaircs et employés . à l'instar de
.ce>ix_pt.éçédeaixn&nt dêsiiflis .aux achats de lé-
gumes frais.
^ ■ :. vi\<^\'\ Sîgne, RiiERER'./.
"tE-gétréral- en ctieï,-considéranrque le biocus
des pX(P(ii|S d'Çgypie , également nuisible anx jn-
térêts de la république et à ceux du corumeirce ,
exige des mesures relatives aux ciicousiancés ,
ordonne ? , . ,
Art. I". Tous les ordres relatifs aux bâtimens
de commerce , et notamment ceux des 27 fruc-
tidoran 6 , 23 fri^^ire et i5 pluviôse an 7 , sont
rapportés.
II. L'affrètement passé le i" germinal an 7- pouf
40 bâiiméns, à l'exclusion des autres , est atvnullé*
III. Pour que l'intéiêt des armateurs des bâti-
mens de commerce retenus par force majeure ,
le sort des capitaines , officiers et marins qui y
sont embarqués, soient conveaablemcni stipulés ,-
il sera établi un conseil intitulé des capitaines dt
navire.
IV. Ce conseil , présidé par le chef du bureaiji
de l'insciiplion maritime , sera composé des mem-
bres ci-apiès nommés par tous les capitaines d«
navires et pris ,
Savoir:
Parmi ceux du convoi de Toulon . . t
Parmi ceux du convoi de ^Iarseille. . i
Parmi ceux du convoi de Gênes. . . i
Parmi ceux des convois de Corse ,
Civita-Vccchia , et des bâtimens qui n'ap-
partiennent à aucun convoi t
Total . 4
V. Ce conseil sera chargé de réunir et présenter
chaque décade au commissaire principal de la
marine, un état des demandes relativesaux besoins
des marins du commerce , de tenir la main à l'en-
tretien des navires , et de répartir la somme qui
sera mentionnée ci-apiès.
VI. Le général en chef alloué par mois une
somme de seize mille livres , qui sera consacrée
aux dépenses d'entretien des bâtimens, au pro-
rata du plus ou moins de port ou tonneaux ,
et aux à-compies de solde aux capitaines.
VII. Le conseil des capitaines de navire déter-
minera ce qui devra être réservé par mois pour
l'entretien de chaque navire; l'excédent sera là-
compte de solde du capitaine.
VIII. Au moyen de ce , les capitaines demeu-
reront responsables de la situation des bâtimen»
qui seront inspeciés dans la première décade de
chaque mois , par les chefs du mouvement , de»
constructions et de l'artillerie. Le ptocès-verbal
de cette visite sera remis au commissaire prin-
cipal.
IX. Les officiers des bâtimens de commerce ,
autres que les capitaines , recevront un franc par
jour et la ration , comme à-compte de ce qiii
pourra leur revenir au désarmement.
X. Les officiers mariniers et matelots du com-
merce ef autres , recevront pareillement comme
à-compte , en sus de la ration , la solde . con-
formément à leur grade au rervice de l'état, et
en suivant l'assimilation avec l'armée de terre.
XI. Le paiement de cette solde , tant pour ce
qui est dn de l'an 7 que pour l'an 8, sera divisé
en trois parties. Les marins recevront deux tiers,
et il sera demandé au ministre de la marine et
des colonies , de faire payer l'autre tiers aux
familles.
XII. Les marins restés au service des bâtimens
du commerce seront soldés immédiatement après
ceux de la maiine militaire.
XIII. Le chef du bureau de l'inscription mari-
time est chargé de tenir registre des sommes payées
en Egypte aux capitaines , aux officiers des bâti-
mens du commerce , aux officiers mariniers , ma-
telots , et autres desdits navires. Il remettra à
chacun son décompte au moment oh il aura
ordre de- (Quitter l'Egypte.
XIV. Il sera accordé aux bâtimens qui parti- ■
ront ta quantité de vivres nécessaire relativement
à la diirèe possible de leur navigation et à la
composition des équipages.
XV. Lorsque la situation des magasins le per-
mettra , l'administration de la marine pourra faire
délivrer , sur les demandes des capitaines visée»
par le conseil dénommé dans l'article III , les
matières nécessaires à l'entretien des navires ; mai*
alors le prix en sera retenu sur les fonds d'en-
tretien de l'article VI. *■
XVI. Toute fourniture de vivres (les. râlions
ordinaires exceptées ) feront partie des retenues
à exercer sur le décompte tinul de chaque navire.
XVII. Il sera formé un état définitif des bâti-
mens qui ont été démolis ou achetés pour le
service de la république. Cet état indiquera le
nom des capitaines, celui des propriétaires , et
fera, connaître ceux qiii ont été soldés en lettres-
3e-ehange , et ceux rjui n'ont reçu aucun paie-
ment. , .,^. ' /',■''. .'■
XVIII. Le général en chef prendra à l'égard
des propiiélaires des bâiinitiis exisians aujour-
d'hui dans les ports de lEKypte le parti le plus
favorable aux inléiêls commun» , et tel que la
situation des choses le'JJerraetira.
Signé , K.LEBER.
ALLEMAGNE.
Hambourg , k 2 fructidor,
"Les letties arrivées her de Londres et de Dan-
nemaik , ne permeiteit plus de douter qu'une
«xpédiiion anglaise re soit dirigée comte le Dan-
nemaïk. Les anglais coniitiuent à prendre les vais-
seaux danois. Les capitaines îles bâiiraens anglais
disent unanimement qu'ils ont reçu ordre de cou-
rir sur tous les vaisseaux danois , suédois et
russes. Non contens de cela, ils s'en.parent de
lous les vaisseaux destinés pour AlfOna et pour
notre ville. Un vaiiseau prussien même a éié ,
ces jours derniers , leur proie. On ne veut plus
assurer de vaisseau danois ou suédois ; les as-
surances ont même monlé pour les vaisseaux an-
glais. P.usieurs de ces derniers se trouvent à 1 em-
bouchure de l'Elbe , et prennent tous les navires
inarchjnds : auc un vaisseau n'ose sortir.
Les préparatifs de guerre sont très-considérables
dans tout le Danneraaik. P.usieurs régimens ont
eu ordie de se rendre à Elsetièur et à Kronburg.
Qjiaire vaisseaux de ligne stationnent dans le
Sund ; des ordres ont été donnés poitr le giée-
ment de treize autres , dont deux de 80 canons ,
sans compter les vaisseaux destinés à la défense
des côtes et des ports. Une flotte anglaise de «5
vaisseaux de ligne et frégates , avec dix bâtiraens
de transport, est arrivée à Anholt. Seize de ces
■vaisseaux sont allés à Kronburg. Le capitaine an-
glais Popham a fait signifier au commandant d El-
seneur, qu'il voulait entrer dans le Sund avec sa
division : la menace ceper.da.it n'a pas encore été
réalisée. Il n'y a qu'une voix dans tout le Dm-
nemarck : ') Sacrifions tout à la défense de notre
patrie , de notre gouvernement , de nos droits,
contre les usurpateurs anglais. ;»
La guerre paraît prête à éclatfr dans le nord ;
elle dépend de la décision de Paul I". S'il se
déc are pour le Dancemark et la liberté du com-
merce , l'orgueil anglais sera humilié. Cette fiere
nation ne voudra pas s'engager dans une guerre
qui pouf rail être si avantageuse pour les puissances
mariiimes, et sur-tout pour la France , l'Espagne
et la Batavie.
Slrasb. Weltbote.
ANGLETERRE.
Londres , 2g août ( 11 fructidor.)
Le dernier tremblement de terre qui s'est fait
sentir dune manière si terrible sur la côle de
Sumatra , a élevé à la surface de la mer un écueil
; dangereux et d'une grande éiendu<- , qui n'est
point encore marqué sur la carte. Il a été dé-
couvert, le 20 biumaire' dé cette année, par le
navi:e le Bergen. Le relevé exact qui en a été pris,
va être rendu public pouf l'instruction des na-
vigateurs.
On mande de Bombay que le port de Galles ,
OÙ touchent les vaisstiux dans louits les saisons
de Tannée , a été paifaiiement reconnu par le
master attendant du lieu ( le capitaine du port ) ;
mais comme 1 entrée du havre est difficile, on
n'en publiera le plan qu'à la pa'x.
Le gouve nemtnt suprême du Bengale , vu la
rareté du bois de construction au Cap-de-bonne-
E^pét,ance , a permis d'y en importer de grandes
quantités du Pégu.
Une des voitures de suite de l'ambassadeur turc
s'étant rompue sut- la route d'Yarm.uth où il
allait s'embarquer , son excellence fit aussitôt
arrêter la sienne , et , descendue avec tout son
monde , elle se retira dans un bois voisin , en
attendant que la voilure lût réparée; ce qui de-
manda près de deux heures de tems. Un tapis
fut étendu parterre; les postillons eurent ordre
de faire du feu : on servit ensuite du caffé à l'am-
bassadeur qui le prit assis à la manière turque et
sous un pavillon attaclié à quelques arbres. Son
excellence , loin de paraître sensible à l'accident ,
semblait au contraire heureuse de l'occasion qu'il
lui fournissait , ainsi qu à sa suite . de fumer une
pipe en plein air.
Lord Bridport , comme lieutenant-général des
troupes de la marine , remplace l'amiral Bar-
ringion qui en éiait général. Le comte de Saint-
Vincent a été nommé au gradç cl'' premier.
Du l" septembre ( H fructidor. J
Trois pour cent consolidés 65 ;. — Omniurn 5 i.
Les dernières nouvelles de Copenhague , qui
•ont du 23 août , portent que l'amiral Dickson
continue de mouiller, avec. sa floue, sous la
M19
forteresse t^pa Cronembourc;. Chaque vaisseau
anglais est' en face d'un vaisseau danois , et de
pari et d'auire on est tout prêt au conibai. Cr-
pendant les uflicie s des deux flottes se visitent
mutuelleiiicnt. L'amiral danois est venu à bord
du vaisseau de l'amiral Dickson, qui l'a fait
saluer de g cotrps de canon. Ce dernier a éie
ensuite inyiié à dîner à terre. Notre llan,e reçoit
d'Elseneur toutes les provisions dont elle a
besoin. ui. . , , ■. .,
Les vaisseaux expédiés sous,' f«, 'bVdres du
capitaine Graves pour aller re'iïftii'cél- l'amiral
Dickson , sont ; ,' ' -' ' '
Le Cumherlund , de 74; Le Terrible, de 74; la
Résolution, de 74 ; l'AgameMrtott.-.y' de 64; le
Raisonnable, de 64; et le Mon'moulh , de 64.
On apprend que le Roi-Georges , navire mar-
chand de 700 tonneaux, revenant de la Jamaïque
à Londres, a sauté, et qu'une (grande partie de
son écjuipage a péri. Il y avait 400 pipes de vin
de Madère à bord.
La floue de la Jamaïque , consistant en 40 voiles,
est arrivée à l'île de Wight , soijs l'escorte de
l'Annibal, de 74. Les bâiirnens de Bristol , au
nombre de U , y sont cnttés.
Il existe ici , dans ce moment , un aloës en
fleur qui a plus de sSoo boutons. Le jei de la
fleur est très-droit , et présente la régul.iriié d'un
beau candélabre de trente branches. C'est une
des plus belles producuons de la, nature.
[Extrait du Courrier et du Sun. )
I N T É R I E U R.
Parii , le '20 fructidor.
OuiKEL eiSchreder, associés des brigands qu'on
poursuit à Lyon , et qui ont as's^sslné la femme
Pinel , leat messidor dernier , ont été condamnés
s mort et ont subi leur jugement. Ils ont fait ,
avant de mourir , des révélations qui vont devenir
fort utiles pour la recherche de leurs complices.
— Le 21 de ce mois, le théâtre de 1 Opéra
comicjue donnera un concert, dans lequel seront
entendus quelques-uns des artistes italiens dont
le talent a déjà eu l'occasion dç briller au temple'
de Mars, le jour de l'anniversaire du Qjratorze-
Juillet.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté dm 18 fructidor an 8.
Les consuls de la république -, sui- le rapport
du ministre de la marine et des colonies , le
conseil d'étal entendu , arrêtent :
Art. l'f. Lorsque les colons propriétaires, ou
autres citoyens français, munis de passeports
visés du ministre de la inarine et dés colonies ,
auront éprouvé du retard pour leur embarque-
ment pour les colonies , les préfets maritimes
dans les grands ports , ou les commissaires prin-
cipaux de marine dans les ports de cotnmerce ,
sont autorisés à proroger le terme de ces passe-
ports , pour trois mois ou plus, suivant les cir-
constances, en rendant compte au ministre de
de la maiine et des colonies.
II, Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté , qui sera
imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , arrêtent ce qui suit :
Art. I" Les chefs d'escadron ou de bataillon ,
adjoints aux états-majors-générapx , recevront
la même solde que les aides-de-camp du même'
grade.
II. Les ministres de la guerre et"' des finances
sont chargés , chacun en ce qui le concerne , de
l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, IBonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé., H.-B. ^Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport du
ministre de l'inièrieur , ariêtent :
Art. I". Les habitans du dépariemeht du Fi-
nistère sont autorisés à élever à Carhaix un mo-
nun.ent à la {mémoire de Latour-d'Auyergne.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera imprimé
au Bulletin des lois.
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier ctjn&ul ,
Le Mcrélaire-d'étai, signé, H. StJMarbt.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la répEibliqtié , surn^"?aj>p<jrt
du ministre de la jtistité', le Cotjseil- ci'ètat''fiii"-'
tendu , arrêtent : ' "'' • ' •
An. 1''. Les iriburiàux d'arrondissement et
d appel , aux^juels il est accordé des vacances,
et quisont divisés en sections, remplisseiu Ib'
devoir qui leur est imposé par l'ariicle premiéiP
de l'anêté du 5 de ce mois , soit que chacuni;
des sections en 7)aniculier donn'e au rnoins une
audience par décade pendant le ierns des' vaca-
tions , soit qu'une des sections ou mémo' une
réunion suffisante déjuges , pris sur tout le tri-
bunal, satislasse à 1 obligation 'commune j en-
donnant par décade au moins autant d'audiences'
qu'il y a de sections dans le tribunal. '
U. Le ministre de la justice est chargé de'l'ex.é-
cuiion du présent arrêté, qiii'sera imptime'iu
Bulletin des lois. ■•>,■■•■ . ,
Le premier consul , Signé, BoNA!>ARtE.
Par le premier consul.
Le secrétaire'd'étai , sJLgnè .îi,^. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
présenté par le ministre de lajustice :
Vu la pétition des avoués établis près le tri-
bunal d'appel à Paris.
La loi du 20 mars 1791 , portant :
Art. III. >) Il y aura auprès des districts . des of-
ficiers ministériels ou avoués , dont la fonction
sera exclusivement de représenter les parties.,
d être chaigés et responsables des pièces et tiires
ries parties ; de faire les acies de foime néces-
saires pour la régulariié dé la 'procédure . et
metir.- l'affaire en état: les avoués pouiront rtiême'
défendre les parties , soit verbalement , soit par
écrit. )>
La loi du 6 mars 1791 , portant :
Art. XXXII. Il Par provision, et en attendant
quilnité.é fait un nouveau tarif, les émolutnens
personnels des grefKers sur chaque e.ipédiioa,
des avoués , sur- chaque acte de procédure des
huissiers - audienciers , sur chaque exploii ou
signification , seront des trois quarts des anciens.
Il, Tous ces droiis ne seront perçus sur ce pied,
même dans les affaires d'app .1 , qu'eu égird aux
tarifs établis dans chaque lieu pour les affaires de
première instance.
)' A Paris , le tarif de 1778 qui avait lieu aux
requêtes du Palais , servira de base aux propor-.
tions ci-dessus déterminées , eu ce qm concerne
les droits des greffiers et des avoués , sans qu'il
puisse êfre alloué aux avoués aucun droit de con-
seil ni de consultation , attribué par ce tarif au;i.
ci-devant procureurs. >>
, Et article XXXIV. «Jusqu'à ce que l'assem-.
blée nationale ait statué sur la simphfication de
la procédure , les avoués suivront exactement
celle qui est établie par l'ordonnance de 1667 ,
et réglemens postérieurs. "
Vu la loi du 3 brumaire an g , qui supprime
les avoués et la procédure ;
Vu la loi du 27 ventôse , qui établit des avoués
près les tribunaux , avec le droit de postuler et
de conclure.
Considérant que de la loi du 27 ventôse der-
nier, q.ui rétablit les avoués et leur donne le
droit de postuler et de conclure , il résulte que
la loi qui avait supprimé les avoués et la pro-
cédure est implicitement rapportée ;
Que le droit de postuler est celui d'instruire
les aîFaires et de les présenter aux tribunaux pour
être jugées suivant les formes établies par les lois
et réglemens , le conseil-d'état entendu , arrête ce
qui suit : '
Art. I'^ Jusqu'à ce qu'il ait été statué par une
loi sur la simplification de la procédure , la loi
du 20 mars 1791 relative aux attributions des
avoués , celle du 6 mars 1791 qui fij^e les émo-
lumens des greffiers, avoués et huissiers g,;}
ordonne que par provisions les avoués' suivront
exactement la procédure établie par l'ordon-
nahce de 1667 et réglemens postérieurs , seront
exécutées.
IV. Le ntinistre de la justice est chargé de
l'exécution du ptésent arrêté , qui sera imprinié
au Bulledn des lois. ^ ,
Le premier consul , signé , Bonaparte,
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du même jour. ,
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de l'intérieur, vu les divers arrêtés
des administrations centrales des départemens de
la Lys , de la Dyle , deS/ Deux-Neihcs , de
rO.urihe et de l'Escaut , sur les elablis.scm.ens
nommés Béguignages ;
Vu les actes des diverses autorités locales qv^.
consistent que ces établis|emens ont toujours etc
consacrés au soulagement des pauvres et aux
foiris des malades indigens ;
Vu les lois du i" mai 1793 , 3 fructidor an 3 ,
« brumaire et s« germinal an 4 , r6 vendémiaire
et 90 veniôse an 5 , et S frimaire an 6 , qui eiiçepte
de II vente des domaines n^tonaux les biens
dependans de pareils établissemens , le conseil-
délat entendu, arrêtent:
Art. 1". Tous les biens et revenus des établis-
semens de secours existans dans les déparlemens
réunis à la France et connus sous le nom de
Béguignages , continueront d'être gérés et adnii-
nisirés conformément aux lois , par les commis-
sions des hospices dans arrondissement desquels
ces établissemens sont situés.
II. Le ministre de l'intérieur et des finances sont
chacun en ce qui le concerne chargés de 1 exé-
cHiiion du présent arrêié qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premkx^ consul', rigi» , Bonaparte.
Par le premier'' consul ,
* Le secrtiaire-d'état , signé, H. B. Maret.
AVIS.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ces
objets.
PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT.
Arrêté du 19 fructidor an 8.
Vu le traité de régie intéressée de l'octroi mu-
nicipal et de bienltsance de la commune de
Paris , passé , par le préfet du département ,
au nom de ladite commune, le 16 thermidor
dernier.
Et l'arrêté du ministre de l'intérieur, en date
du 17 du iême mois, portant approbation
dUdit traité.
Considérant que l'intérêt-général de la com-
rfiune de Paris et celui de chaque citoyen en
particulier , exige de la part de l'adminislation
publique une surveillance constante et éclairée
des opérations de la régie intéressée de l'octroi
pour tout ce qui concerne la perception de
ce droit.
Considérant de plus que les actions à intenter
(»H à. suivre devant les tribunaSx dans les cas de
saisie et confiscation , intéressent particulièrement
les établissemens de bienfesance publique de
la ville de Paris, appellée par la loi , au partage
pour moitié , des condamnations prononcées ;
qu ainsi la poursuite des contraventions et déhts
ne peut-êtie abandonnée à l'intérêt particulier
des régisseurs.
' Le préfet du déparlement de la Seine , arrête :
Art. 1='. Il est établi pour la commune de Paris ,
une agence de surveillance près la régie intéressée
de l'octroi.
II. Cette agence est composée d'un commis-
saire-général et de deux agents.
m. Elle est chargée : 1° de vérifier les registres
de déclarations , recette et travail aux barrières
pour s'assurer si la perception se fait entière-
ment , si elle n'est pas exigée au-delà du taux
6xé par la loi , si enfin le service des employés
£6t fait exactement
1420
. • U- • ■ - ''
cemœune de Paris, en première fRStai><:e,. et
en cause d'appel , sous l'approbation du préfet
devant tous tiibunaux coropéiens , les proCes
poor faits de contraventions à l'octroi et de
dénoncer au ministère public tous délits de fraude
accompagnés de rébellion et de violence.
IV. Au moyen des attributions déterminées
dans le dernier paragraphe de l'article précédent,
tous procès-verbaux de saisie seront. j-emis à
l'agence par les régisseurs ; et nul rachat , pei mis
par l'article IV de la loi du 19 frimaire dernier,
ne poilrra être effectué que daprès. le visa de
l'agence.
V. Indépendamment des attributions précisées
par l'article III, l'agence demeure chargée de
la suiveillance générale de la perception et de
la régie de loctroi., ainsi que de l'emploi des
moyens particuliers qu'elle jugera nécessaiies
pour prévenir et découvrir les fraudes , et raettie
les fraudeurs sous la main de la loi.
VLA cet effet, les fonds restans libres du
centime par franc , réservés pour les Irais de
surveillance paj: le traité de régie intéressée ,
déduction, faite du traitement des inspectcuis-
gérréraux nommés par le mniistte dt l'intérieur ,
et des frais de l'agence établie par k présent
arrêté, seront à la disposition de cette agence,
pour être employés , sous l'approbation du pré-
fet du département, aux frais accidentels de
surveillance.
VII. Le préfet nomme , pour composer l'agence
établie par le présent arrêté ,
Commissaire-gémral : le cit. Bergerot , ancien
liquidateur-général de la dette des émigrés;
Agents : le cit. Joiibert , actuellement agent du
contentieux de la régie de l'octroi municipal de
Paris;
Et le cit. Daulmont, ancien secrétaire en
chef de l'administration centrale du département
du Gard.
VIII. L'agence entrera en activité le' premier
vendémiaire prochain ; d ici à cette époque il
sera pourvu , par des dispositions et instructions
particulières, à , son placement, au mode de
son organisation, et à la fixation du traitement
des agens.
Le présent arrêté sera adressé au ministre de
l'intérieur.
Il sera envoyé aux régisseurs de l'octroi.
Il sera imprimé et affiché.
Fait à la préfecture , le 19 fructidor an 8.
Signé, Frochot.
Pat le préfet, le secrétaire-général de la préfecture ,
Signé Et. Méjan.
loiiviage ', invite' les 'iîousctîpleurs de' faire reti,çet ,
chaque livraison, aussitôt après sa publicatifto 1
afin' de faciliter ( par la 'le'ntréë'd'e ses avàiric'eé') ;
les' moyens de terminer promplement ce'li^'lelle
collection.
.;: tiVV K ES D I V E R S.
A Fath'e)'s Legnc} , to hii Dandiner s ; c'est-à-dlce.
Legs d un pert à ses filles, pai Giegory , docttm
en médecine , dEdimboutg ; uaduit ddangiais
par Andté'Morellet. Un vol. in-i'i ,iiouv. éd. ,à
laquelle on a ajouté le texte anglais à côté du fran-
çais.. Q fr. , et 2 fr. 5o c. parla poste. ^
Le succès qu'a eu cet excellent ouvrage d*'
morale en Angleterre, la'téputation du traducteur,
l'utilité dontil e.t pour les personnes de l'un et tJô
l'autre sexe qui désirent apprendre la langue* lan-
glaise , fera sans doute accueillir cette ntiuvellft'
édition.
Le' mime , en français seulement ; i fr^ , et i fr.
25 cent, par la poste.
Le même , en anglais , 1 fr'. , et 1 fr.i25 cent.
par la poste.
On a tiré quelques exemplaires des trois édi-,
tions sur, papier vélin.
A Paris , chez Caillot, imprimeur-libraire , rue
du Cimeliere-Aiidré-des Ans , n° 6 ; et Louis,
libraire, rue Saint-Severin , n" tio.
Supplément 3.\i première édition de la géographie
de Guthrie , tiré de la seconde édition française ,
pour compleltcrli i'' édition , l vol. de 3oo pag.
avec trois tableaux ? Le papier , la justification et
les caractères , sont Les mêmes que ceux de la
1" édition.
Pfix broché 3 fr. Co cent. , et 4 fr. 60 cent, y
franc de port. .
A Paris , chez Hyacinthe Langlois , libraire *
quai des Augustins , n". 46.
On trouve chez le même libraire la 2' édition
française de la géographie de Guthrie , traduit
de 1 anglais , 6 vol. iii-8°. et i d'atlas , in-4°.
Prix, broché 27 fr. avec atlas enluminé; reli^
en belle bazane 35 f r. ; en veau 87 fr. ; il faut
ajouter 7 fr. 5o cent, pour le franc de port.
L'atlas se vend séparément , broché to fr. 5o c,
enluminé et en noir 7 fr. 5o cent. ; la relieure
en sus est de i fr. 5o cent, bazanne. L'abrégé de
de la susdite géographie seule véritable édition
un fort vol. 8° avec 10 cartes enluminées; pris
6 fr. et 7 fr. 75 cent, franc de port par la
poste , et relié 7 fr. Il tient un grand assortiment
d'atlas , de cartes, de globes ,'de sphères , de
livres anglais , etc.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Copie de la lettre écrite par le préfet de police , à la
régie de l'octroi municipal et de bienfaisance. —
Du 18 fructidor an 8. ■
Citoyens, je suis informé que vos employés
à la barrière de la Garre , montrent le plus grand
zèle à secourir les personnes noyées. Déjà, par
des secours administrés avec intelligence et avec
un soin tout particulier ; ils ont rappelé à la vie
plu'ieurs victimes de l'ignorance ou de la témé-
rité. Le citoyen Evrard (Jean ) , contrô'eur î.mbu-
lant , stationcé à cette barrière , s'est spécialement
distingué par des traits d humanité et de courage.
Veuillez bien leur transmettre, et notamment au
citoyen Eviard , letétiioignage de ma satisfaciion.
Vous deyez vous féliciter , citoyens , d'avoir
choisi de pareils préposés ; car il est impossible
que des hommes qui prodiguent avec tant d'em-
pressement et de constance leurs soins aux mal-
De se faire rendre compte par. la régie | heureux , ne remplisse-il pas parfaitement les
COURS DU CHANGE.
Bourse du 19 fructidor. — Cours des effets publics,
i 60 jourf.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes effectif. . . . .
Livourne. ........
Bâle.
56|
1881:
5 fr. toc.
i4fr.35 c
5 fr. 10 c.
14 fr. i5c.
4 fr. 55 c.
4 fr. gr
If p.
des mesures génér.iles par elle prises, pour assurer
la perception et anêter la fraude.
3°. De prendre communication du registre
des délibérations poiir s'assurer si elles sont
conformes aux lois et à l'intérêt de l'étabhs-
sement. . , ,- , l
4°. De se faire représenter a la fin de chaque
mois , les états à la recette générale.
5°. De vérifier aussi . chaque mois , les états
âe nombre et de traitement des employés dont
les salaires entrent en frais de régie.
6". De poursuivre d'office, au nom de la
fonctions que vous teur avez confiées.
G R A VU R E S.
Galerie du ci-devant Talais-Roj/al , gravée. d'après
les différentes écoles qui la composent, avec un
abiéue de la vie des peintres, et une description
historique de chaque tableau ; 38= livraison : prix
12 fr. A Paris, chçz Vilquin , marchand d'es-
tampes , graniïfe cour du Palais-Egalité , n" 20.
Effets publics.
Rente provisoire ., 17 fr. i3
Tiers consolidé 32 fr. 25
Bons deux tiers 1 fr. Sg
Bons d'arréragé 83 fr. 75
Bons pour l'an 8 ... . 77 fr. i3
Syndicat 64 fr. 75
Coupures. . 94 fr. 75
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^je et des Arts,
Auj. relâche.
IHÉATRE DU Vaudeville. Auj. Commentfairei
Trois centre un ou Ah! que fêtais bêle , et /'£n»
Le cit. Couché , graveur et propriétaire de cet I trevue.
t-ab-onôènient se fait à Paris, rue des Poitevins . n' 18. U prix est de 85 franc» pour twis mois, Sofraacs pour 6 mois, et 109 ftiHcs pour l'année entière. Ou ncs'abonDC
au'au cosimeuceoient de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc déport , au cit. ACASS E , propriétaire de ce journal , me des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dans 1er enTois le port des
.pays ba l'on ne peut affranchir. Les lettres de. départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
il faut avoir soin pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment de« valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue des
•roitcvi»i,n« t3, depui fueuf heures du matin jusqu'icinq heures dusoir.
<A. PtrU., de l'imptinierie du' cit. iVgttse, .pr«ptiét»ii«.^«îitoftite»r , rue des ^Poitevins, W" »<.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 352.
Duodi , 22 fructidor an 8 de la république française , Une et indivisible.. .,„„i , / ,
, Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater (iu 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal ojficicl. ' ,■.'/:
Il contient les séances des autorités constituées , lés acres dil gouvernemeni , les nouvelles <les armées , ainsi que les faits er ]ds notions tant sùj
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. •
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
EGYPTE.
§3" Les lettres suivantes ont été écrites anlériexi-
rement aux événemens auxquels a donné lieu en
Egypte l'inexécution du traité dEl-Arisch.
J. Me-nou , général de division , au citoyen Lebrvn ,
consul de la républiqiie française — A Rosette, le g
ventôse nn 8 de la république française une et
indivisible.
Citoyen Consul,
Un soldat , qui ne désire et n'ambitionne que
la prospérilé de son pays , vient d'apprendre , en
Egypte , que les destinées vous avaient appelé
au gouvernement de la république française ;
riendez-la heureuse , citoyen consul ; vous n'avez
que du baume à verser dans ses plaies. Quelle
magnifique mission que celle d être chargé de
rendre la paix à trente millions d'hommes , et
peut-être à l'univers ? Permettez-moi de vous
Jappeller qu'ensemble nous avons combattu pour
la liberté; qu'ensemble nous avons été ses fon-
dateurs , et qu'alors nous n'étions animés que
du désir de faire le bien.
L'Egypte , dont les français , sous les ordres
de Bonaparte . avaient fait si glorieusement la
conquête, pouvait et devait être un magnifique
établissement pour la république française : des
dépêches officielles vous apprendront quel en est
le triste résultat. Je ne puis vous exprimer quelle
est ma douleur.
Salut et profond respect ,
Citoyen Consul ,
Signé , Ab. J. Menou. '
jf*. ^ienou , général de division , au cit. Cambacérès ,
consul de la république française. — A Rosette , le
g ventôse , an 8 aj la république française , uns
et indivisible.
Citoyen consul.
Un petit bâtiment français arrivé hier à Abou-
Quir en Egypte , nous a apporté la nouvelle
officielle que vous veniez d'être appelle au gou-
vernement de la France ; vous la rendrez heu-
leu'îe ; la moralité et les talens vont donc exercer
leur influence ; nous aurons donc enfin une
lépublique et de véritables républicains. Vous
létablirez la paix intérieure ; peut-être la donne-
lez-vous au monde entier : c'est tout ce que désire
■un soldat qui n'a d'autre ambition que de voir
prospérer son pays. Accomplissez vos belles des-
tinées , citoyen consul , et votre nom déjà révéré
ne sera prononcé par la poftériié quavec les
accens de la reconn^ssance et de l'adiniralion.
Salut et profond respect ,
Signé , Ab. J. Menotj.
J.'Menou^général dediViision, au citoyen Bonaparte,
premier consul de la république. — Rosette , 28
ventôse an 8
Citoyen consul , les anglais ne tiennent pas
la capitulation : voici quel est, aujourd'hui 38
ventôse , l'état des choses.
Lord Keith est venu prendre le commandement
de la station anglaise dans la Méditerranée. 11 a
signifié à M. Smith qu'il ne voulait tenir aucun
des articles de la capitulation , et que s il pouvait
en exister une , c'était de faire les français pri-
sonniers de guerre, laissant leurs canons , leurs
fusils , et généralement tout ce qu ils ont apporté.
M. Smith a fait part de cette nouvelle au général
en chef, lui mandant qu'il était au désespoir ,
mais qu on lui avait retiré ses pouvoirs. Qaani à
moi , je crois que M. Smith était de moitié , et
que les anglais ne connaissent que la fides
punica.
Les événemens concourent donc poui^ que nous
n'iibandonnions pas cette belle possessioii. Ci-
ffi^ en consul , j'ose vous assurer quelle est in-
fcniiTicnt plus précieuse qu'on ne le croyait. Des
renseigncmens pris avec soin prouvent que les
beys dépensaient ici plus de 60 millions. Mourad
et Ibrahim-bcy , seuls , en dépenaieni innuel-
lémciit 20. Il y avait 22 autres beys , sSc cachels
et83oo mamelouks , tans compter quelques trou-
pes 9 pred.
Chaque mamelouck , de premier achat et
d'équipement , coûtait 1000 piastres d Espagne ;
son entrelien annuel moulait de i5oo à 2000 fr.
Quand on les mariait, on leur donnait maison ,
esc laves et tout leur ameublement. Jugez de ce que
devaient recevoir les cachefs qui Vivaient plusieurs
villages en propriété , et de ce que pouvaient
dépenser les 22 autres beys.
Il est prouvé que les cophtes nous ont trompés
de la manière la plus affreuse. Ils ont toujours
fait trois portions des revenus de l'Egypte ; un
tiers aux français, un tiers pour eux, et le troi-
sième tiers ils le fesaient passer aux beys , aux
cachefs et aux mararéloucks fugitifs, etc. etc
J'ai puisé ces renseigneraens aux meilleurs sour-
ces. Il est vrai que les douanes qui rapportaient
i5 millions avant la guerre, ne doivent plus être
comptées pour rien. Mais il régnait un revenu
de 45 millions , et nous n'en avons jamais
reçu 20 , sur lesquels ont eu lieu toutes les dé-
prédaiions de nos administrateurs ; car , il faut
le dire , citoyen consul , et vous aimez la vé-
rité , notre administration ici a été détestable. La
soif de l'or a dominé, ainsi <jue l'oubli de tous
principes d'honneur et de moralité. Il faut du
tems pour y porter remède ; mais les circons-
tances vous ont encore mieux placé pour notre
bonheur. Il résulte donc que la colonie d Egypte
était la plus belle acquisition pour la France , que
tous les frais d administration et de garde n'eus-
sent rien coulé à la république , puisque ce pays
a un revenu territorial plus que suffisant pour
couvrir toutes les dépenses , et que tous les pro-
duits du commerce eussent été un bénéfice net
pour la France ; que si nous l'abandonnons, les
anglais s'en rendront maîiies , ce qui détruira
entièrement notre commerce du Levant.
Le général en chef, d'après la conduite des
anglais, a repris une attiiude de guerre; celte
armée du grand-visir est pitoyable ; 6000 français
la mettraient grandement en déroute, et nous
avons plus que le triple à lui opposer. Je crains
bien que les anglaisne reviennent sur leur sottise,
et ne sentent I avantage immense que leur pro-
curait l'évacuation. Que fera le général en chef ?
Le général Galbaud est arrivé à Damiette,
qui était déjà au pouvoir des turcs. Il y a été
pris et conduit à Belbeys , au grand-visir , qui
l'a bien reçu. Paiis l'audience , le général fran-
çais a témoigné au visir son étonnement de la
coalition de la Porte avec la Russie. Le visir
a répondu qu'environ deux mois après l'invasion
de l'Egypte , les anglais et les russes avaient
proposé au grand-seigneur d'entrer dans la coa^
lition. Il répondit qu'il n'avait aucun motif pour
déclarer la guerre à la France ; qu'il était vrai
que l'Egypte était envahie , mais qu'il deman-
dait dertx mois pour envoyer en France. , afin
de s'éclairer sur les motifs qui avaient porté à
s'emparer de 1 Egypte. Les ministres de Russie
et de Londres répondirent alors qu'on ne lui
donnait que 24 heures pour se décider. Guerre
contre la France , ou guerre contre les russes
et les anglais; alors , dit le grand-visir, la Porte
a été obligée de se rendre. Les russes avaient
des forces considérables dans la mer Noire , et
rien à leur opposer à Constantinople. Il a fallu
déclarer la guerre à la France. Je tiens celle
anecdotte importante du général Galbaud lui-
même , qui a élé renvoyé par le grand-visir à
Damiete ,. d'oià par terre à Rosette , et est parti
avanl-hier pour le Kaire.
Signé. Abdallah. J. Menou;
ALLEMAGNE.
Augs bourg , le 12 fructidor.
Les environs de Hanau avaient été jusqu'à pré-
sent occupés par les autrichiens , comme étant
situés sur la rive droite du Mein ; mais comme
cette position leur serait très - désavantageuse ,
dans le cas de la reprise des hostilités , les fran-
çais pouvant les tourner par le pa)S de Wuriz-
bourg et leur ôier tout moyen de retraite , il
se sont retirés à Schweinfurth. Les bagjges qui
étaient à Gelnhauseh en sont partis. Les chasseurs
de Trêves, qui occupaient le Mein au-dessous
d'AschaffenboUrg . se sont retirés ; il en est de
même du milieu de Wurtzbourg.
Qiiantité de familles abandonnenl la Souabe
pour aller çherclier des pay^ plu? tranquilles.
— ■ Le géfléral autiichien Alvinzy est nommé
commandant pénéral de toute la Hongrie ; déjà
il est arrivé à Ofen.
Le 9 au soir, sur les dix heures, le général
en chef Moreau est revetiu ici. Le général
Dessolles était arrivé la veille. Les généraux
Grenier, Richepanse , et quelques autres ont'
aussi reçu l'ordre de se rendre ici , probable-
ment à l'effet de tenir un conseil de guerre.
ANGLETERRE.
l.07idi'es , ^septembre. (IT fructidor..)
Actions de la banque 172 {■. — 3 pour | con-
solidés 65 |-^ i. 64 f Pour octo'bré , 66 i. 65|f>
6> T- — Omnium 5 ^ ? t ?• 4 i- i prime.
Avant-hier , le lord maire, en conséquence dft'
l'énorme augmentation du prix de la farine,»'
élevé celui du pain de 3 assises ; ce qui porte le
prix (les quatre livres à un shelling trois deniers"
anglais.
Le major-général Knox vient d'être nommé gou»"
verneur-général de lajama'ïque, et va partir pour
cette destination. ^ .^
Il est entré à Falmouth quatre nouveaux bâtî-
mens venant de l'Inde : savoir, t Arrow , l'Eliza'
Anne, l'Amiral Rainier et le Tbnmes. Ils ont ap-
pareillé le 26 juin ou 7 messidor de Sainte-Hélène,
où ils ont laissé mouillés le Lusinghton et It Por-
cher , venant aussi de 1 Inde.
Le navire le Rodnty ■ faisant partie de la der-
nière flotte de la Jama'fque et entré à Cowes , a dû
à la vitesse de sa marche d'échapper à un vaisseau;
espagnol de 74 . dans le golfe de la Floride. Il
avait été attaqué à la hauteur de Cuba , p^ir un
corsaire et une felouque de la même nation. .
On croit que le duc de Kent , qui vient d'arriver
d'Hallifax , sera nommé commandant général dei-
forces de l'Irlande. '
Le résultat de la mission de lord 'Wbitworth était
encore incertain parles dernières nouvelles.
I N T É RI EUR.
Nantes , le 1 S fructidor.
Les anglais qui , depuis leur disparution , le 3 ,
avaient reparu sur nos côtes , les ont de nouveau
abandonnées , le 10 au soir, et paraissent avoir
totalement levé leur station. Il resta une grossâ-
corvette jusqu'au lendemain. Ils ont filé la côte;
de Bretagne. Ainsi se termine cette expédition
qui n'a abouti à rien, qu'à leur faire dépenser do
l'argent. Ils ont compté sur des mouvemens qui
ri'ont eu et, n'auront plus lieu. Une insurrec-,
lion ne se fait pas sans chefs ; et s'il s'en mon-
trait quelques-uns , ils seraient bientôt pris qU
tués : tout est disposé de manière à les serrer de
près , et à les arrêter avec certitude. D'ailleurs , les
paysans , qui ont reconnu les douceurs de la paix,
ne veulent plus se faire tuer, et faire dévasterleu'r»,
champs pour les menus plaisirs de M., Put.
[Feuille Nantaise, le li fructidor.) \
Paris , te <2ï fructidor.
Plusieurs artistes , poêles , littérateurs , ayant de-
mandé à l'administration du Musée le plâtre de \à'
tête dHomère apportée de Rome avec les mo-
numensde l'Italie, elle vient de donner désordres
pour qu'on la moulât ; en conséquence , les per-
soiines qui désireraient en obtenir des plâtres,
doivent se faire inscrire au bureau du Musée.'
Une souscription est de même ouverte pour la-
belle tête de Bacchus , connue des artistes sous le'
nom de V Ariane du. Capitale,
- Les journaux démentent la mort du citoyèft'
Cuvelier qu ils avaient annoncée sur la foi d'une'
lettre écrite de Dijon. La Clef du Cabinet affirroa
que ce jeune homme intéressant sous le rapporf'
de ses talens, et de son dévouement volontaire,'
est en ce moment à Lucerne. ■<
ACTES DU GOUVERNEMENt.
Arrêté du 19 fructidor an 8. '
Bonaparte, premier consul de la république,
arrête ce qui suit : "
Le général Menou esl nommé général en chef,
de l'armée d'Orient.
Le ministre de la guerre est chargé de l'aie*
cution du présent arrêté.
Le premier consul. Signé, BonapAr't».
Par le premier consul ,
Le stcrstairc'lélat , $igné, H, £. Markt.
1422
Autre arrêté du mime jour. .
Bonaparte, premier consulde la république ,
arrête ce qui suit :
Les généraux Priant, Lanusse , Verdier , Ram-
pon , Belliard sont confirmes dans le, grade de
général de division.
Le •chef dt- brigade Delorgneîl'adjudant-général
Morand ; le chef de brigade du génie Bertrand
sont nommés généraux de brigade.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'élat , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête que le général Marmontcst nomrnégénéral-
ccmimandanten chef l'ariilleiie del'armée d'iialie.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul , signée Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la police , arrêtent ce qu. suit :
Art. l". Le nom de Ferrand Vaillant, ex-lé-
fiislateur , condamné à la déportation par la loi
du l8 fructidor an 5 , sera ajouté à la_ liste des
individus qui , se trouvant dans le même cas ,
ont été rappelés par larrêlé du 5 nivôse dernier.
IL Le ministre de la police générale est chargé
de l'exécution du présent arrêté qui seia imprimé.
Le premier consul, signé , Bonaparte.
Par 1& premier consul ,
Li secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Du ig fructidor.
BoNAfARTE, premier consul de la république,
arrête ce qui suit :
Le citoyen Collet Descotils, préfet du Calvados,
Est nominé membre du conseil des prises.
Le ministre de la justice est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul, \
Le secrétaire-d'état , signé . H. B. Maret.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR. police de Paris, le bon ofRce rendu à celle de
.. Vernon, le même moyen ne fût employé avec
Le conseiller d'Etat, charge spécialement des ponts jg même succès.
et chaussées , canaux , taxe d'entretien et cadastre ,
aux préfets des départemens. — Parij , le \i^ fruc-
tidor, an 8 de ta republique française , une et indi-
visible.
Citoyen , je suis informé que plusieurs fermiers
percepteurs de la taxe d entretien des routes , s'ap-
puyant sur l'article III de l'arrêté des consuls , du
l"^ floréal an 8 , qui rapporte toutes les franchises
et modérations accordées par arjêiés du ci-devant
directoire exécutif, prétendent assujettir les trains
d'artillerie au paiement de la taxe.
Cette prétention est d'autant moins fondée , qu'il
existe un arrêté des consuls , du i3 nivôse an 8 ,
par lequel les soldats du train d'artillerie sont assi-
milés aux autres soldats de la république. Il est
clair que , d'apiès cette disposition , l'exemption
accordée par lariiele 'V de la loi du 3 nivôseanô,
aux troupes de cavalerie marchant en corps,
devient applicable au train d'artillerie-.
Il ne faut pas le confondre avec les voitures
connues sous le nom d'éqtiipages et convois mili-
taires , et toutes celles cliaigécs d'effectuer les
mouvemens des Mjbsistances : la franchise dont
jouissaient ces difiércntes voilures , se trouve ef-
fectivement rapportée par l'anêié des consuls ,
du i" floréal an 8. Il n'y a donc que le train d'ar-
tillerie qui soit exempt.
Je vous invite à prendre les mesures convena-
bles pour que cède franchise lui soit appliquée
dans toute l'étendue de votre départemcni.
Salut et fraternité. Cretet.
Erratum. — Dans Tarrêié du tg de ce mois ,
ie)atif aux honneurs à rendre à la mémoire des
généraux Desaix et Kleber , au lieu de : u Un
orateur sera chargé de prononcer une oraison
funèbre , etc. lisez, uu orateur sera chargé de
prononcer 1 oraison funèbre , etc.
MINISTERE DE LA MARINE.
Latouche Tréville , contre-amiral, commandant,
l'armée navale au ministre de la marine et des \
colonies. — Brest , le 3 fruclidor an 8.
Citoyen ministre ,
J'ai l'honneur de vous rendre compte que
dans la journée du i^', quatre vaisseaux de ligne
ennemis sont entrés dans la baye de Douarnenez.
Les deux bateaux canonniers 128 et 12g, ainsi
que lachaloupe canonnière /'/nr^ute/e étaient mouil-
lés sous le cap Lachevre. Ces bâtimens ontmis sous
voile pour se réfugier sous les batteries du fond
de la baye ; mais bientôt ils ont été joints par
un des vaisseaux qui a commencé à les canonner.
Ils ont riposté courageusement de leurs canons
de retraite, gouvernant sur Douarnenez. Le ba-
teau canonnier , commandé par l'enseigne de
vaisseau, Lecaplain , ayant éiéapproché à portée
de la voix d un des vaisseaux anglais , celui-ci
lui a crié d'amener ; il lui a répondu par un coup
de canon de 8 à mitraille ; ce brave homme a
essuyé 6 volées de ces 4 vaisseaux , et par un bon-
heur inoui , il n'a pas été coulé ; il a eu son grée-
pient haché , mais il n'a perdu personne.
Lercalme étant survenu , il a fait usage de ses
avirons , à l'aide desquels il s'est éloigné des en-
nemis , et a eu la satisfaction de voir son courage
couronné du succès. Il a gagné le port de Douarne-
nez avec les deux autres bâtimens. Laconduite du
lieutenant Payet , commandant la station , mérite
des éloges ; mais la valeur et le devoûment du
citoyen Lecaplain mérite une récompense. Je vous
demande le grade de lieutenant de vaisseau pour
lui, celui d enseigne entretenu, pour le citoyen
Descbaraps , son second , et un mois de solde ,
payé comptant , en gratification à l'équipage.
Signé Latouche TrIville.
Pour copie conforme ,
Lt rairàitre de la marine et des colonies , Forfait.
Le préfet du département du Rhône , consi-
dérant qu'il importe que la chaire d histoire va-
cante à l'école centrale du département , par la
mort du citoyen Beriholon , soit remplie , au pre-
mier brumaire . époque à laquelle l'école rouvrira
ses cours'; vu l'aitide "V de la loi du 3 brumaire
an 4 , portant que les professeurs des écoles cen-
trales seront examinés et élus par un jury d'ins-
truction , arrête :
Art. I"'. Le jury d'instrciion publique , du dé-
partement du Rhône , présentera et soumettra à
l'approbation Uu piéfet, du 20 au 3o vendémiaire
prcchain , l'élection d'un candidat pour remplir
la chaire d'histoire , vacante à l'école centrale par
la mort du citoyen Bertholon.
II. Les citoyens qui voudront concourir pour
cette chaire , se présenteront au jury d instruction
publique, à l'effet d'être examinés par lui , ou
feront connaître par écrit au dit jury les litres
qu'ils peuvent avoir à ladite chaire.
III. Le présent arrêté sera rendu public.
Fait à Lyon , à la préfecture , le 14 fructidor ,
an 8 de la répubtiqtjie française.
-Sifflé, R. Verninac.
'Pour extrait confo/me ,
Le secrétaire-général de la préfecture.
URBAm JaUME.
VARIETES.
Depuis long-tems toutParisse ressent de l'avan-
tage inappréciable qu'il retire du corps des pom-
piers. Si les édifices publics et les propriétés des
particuliers échappent aux ravages des incendies,
c'est au zèle , à l'activité et à l'intelligence des
citoyens iniéressans qui le composent qu'on est
redevable de ce bienfait.
Tous les jours ils reçoivent des tributs d'éloges
mérités pour les services qu ils rendent à la cité ;
tous les jours ils s'en rendent plus dignes.
Le trait suivant quoiqu'appartenant à un seul
d'entr'eux , donnera une juste idée de l'esprit qui
anime tout le corps ; car on n'y connaît, d'autre
rivalité que celle du bien public.
Leshabitans de la commune de Vernon , jaloux
de se procurer un semblable établissement , se
sont adressés , dans la personne de leur maire ,
au préfet de police de Paris , à l'efiFet de leur pro-
curer un pompier qui fût dans le cas de diriger
leur entreprise. A peine , le citoyen Duperche ,
capitaine dans ce corps , est désigné, qu'il part
sur le champ , el dix-neuf jours lui suffisent pour
mettre les pompes en bon état , et les nouveaux
pompiers au fait de toutes le» opérations. Il est
revenu à son poste après avoir acquis à Vernon,
tant sous le rapport des procédés que sous celui
des talens , des droits certains à l'estime et la gra-
titude de ses habitans. Une lettre du maire de
Vernon au préfet de police en contient l'ex-
pression.
Le maire de Vernon nous semble avoir eu daivs"
cette occasion l'idée la plus juste, el du succès-
que devait avoir dans sa commune un établisse-
ment de pompiers, et trouvé le moyen le plus
sûr de l'y former en peu de tems. Peu de com-
munes ont de tels établissemens. Les incendies
multipliés pendant la sécheresse en ont partout
fait sentir le besoin. Nous ne doutons pas que si
diverses eomiuunes demandaient au préfet de
Les journaux ont tous parlé de l'expédition que
va commander le capitaine Baudin , pour étudier
la navigation de la Nouvelle - Hollande , et les
savans ont vu avec le plus grand intérêt les soins
que le gouvernemenla pris pour rendre ce voyage
utile à 1 histoire naturelle et à la connaissance de»
moeurs des sauvages.
En même-tems le Vaillant . déjà connu par son
voyage dans l'intérieur de l'Afrique . se dispose
à partir pour pénétrer cette fois par d'autres ré-
gions ; tout en cherchant la fameuse cité dont
on annonce l'existence au centre de la zone
lorride , il doit préparer ou établir des reUtion*
utiles avec ces contrées dont trop long-tems on ne
s'est occupé que pour l'abominable traite de»
noirs.
Les fonds de son voyage sont faits par une
compagnie de ncgocians de Marseille , réurii»
sous le titre de' Société de l'Afrique intérieure , -et
qui ont eu la grande idée de chercher les avan-
tages du commerce dans le concours d'efforts que
que les savans peuvent tenter pour augmenter
leurs connaissances.
Cette société a voulu signaler le respect dfi
aux voyageur! de long cours, en donnant le 7
un repas d'adieu au capitaine Baudin, et en
y invitant les membres de l'Institut national et
ceux de la société des observateurs de Ihomme
qui se sont le plus particulièrement occupés de
l'une et de l'autre expédition. Ce banquet auquel
se sont réunis environ cinquante personnes a
eu lieu dans la salle de 1 hôtel de la Roche-
foucault ott siègent les observateurs de l'homme.
Le capitaine Baudin était placé entre le Vail-
lant qui lui lésait les honneurs de la journée,
et l'illustre Bougainville , dont le nom réveille
à la fois le courage et l'espoir de tous ceux
qu'il a précédés dans limmensité des mers.
Tous lesioiSts ont été soutenus par une brillante
harmonie exécutée par la musique de la garde
des consuls.
1". Toast , par le Vaillant : Aux navires le
Naturaliste et le Géographe ; Puissent-ils voguer
sans danger jusqu aux extrémités du monde. —
Musique : La fanfare à bord des bâtimens, suivie
de l'ariette du sorcier, Le Vaisseau, qui a été chanté»
par le citoyen B6elle du théâtre des Aits et
pendant laquelle on a remis sur la table le modèle
du Naturaliste que doit comnaiander le capitaine
Baudin.
s= par Baudin: A Bonaparte , premier consul
de la république Irançaise, protecteur de l'ex- •
péditicJn. — Harmonie : la Victoire est à nous. —
Ariette : les Beaux-arts sont les dieux du temple dt
Mémoire , paroles de la Dixraerie.
3' parMaifredy , agent delà société de l'Afriqu»
intérieuie : A la prospérité du commerce. Puis-
sent les amis de la pairie fixer leur attenliorj
sur cette sourcp importante de la prospérité pu-
blique ! — Harmonie : Où peut-on être mieux quai»
sein de sa famille !
4° par Jussieu ( le plus zélé moteur de l'expédi-
tion confiée à Baudin ] : Au progrès des sciences
physiques et naturelles , à qui contribueront effi-
cacement les voyages de; Baudin et Levaillant. —
Harmonie : Enfant chéri des dames.
5' par Jauffret , secrétaire perpétuel de la so-
ciété des observateurs de l'homme ; Aux progrès
de ranthropologie.*Puisse notre société s'honorer
un jour des recherches utiles de ses illustres cor-
lespondans. — Harmonie : la Musette de Nina.
6*. Par Darquier , agent de la société de l'A-
frique ; A l'amélioration du ^sort des sauvages.
Puisse leur civilisation résulter de la visité que les
Français vont leur faire. — Harmonie : La marche
de Château- Vieux.
7'. Par Fourcroy ; Au voyageur Bougainville.
Paisse son fils , en héritant de son nom , hériter
un jour de sa gloire. ">— Harmonie : La ^a2(et/iï/«
et pure.
8*. Par Maimieux , président des observateurs :
Au retour de Dolomieu, domicilié dans cet hôtel.
— Harmonie : La Victoire en chantant.
g'. Par Bougainville : Au retour du capitaine
Baudin et des observateurs qui font partie de son
expédition. — Harmonie -..Oùpeut-on être mieux
qu'au sein de sa famille , suivie d un couplet de
Jauffret , sur l'air i Vous quittez notre aimable asyie,
ctianté par le citoyen Brielle.
Vous quittrz aujourd'hui la France ,
Mais vous emportez tous nos voeux ,
Et déjà vos succès heureux ,
Par-tout sont applaudis d'avance.
Sur le cœur de tous les mortels.
Votre gloire à Jamais se fonde ,
11 n'est pas de pays au monde
Où le savoir n'ait des autels.
10'. Par Halle et Jussieu : Aux coopérateurs da
l'expédition. Puissent les citoyens Maugé et
Riedlé retrouver dans ce voyage le prix du zcle
qu'ils 5nt maiiifeilé dans celui de l'an 4 aux
Antilles, pendant lequel le capitaine Baudiu a
servi de garde-mahide au citoyen Rié<tlé. —
Harmonie t musique hardie du pas-de-churj^e.
II' LHerminier s'est levé et a ditr^l la Pérouse....
Celte l'ois un silence respectueux, a suspendu toute
harmonie et toute expression extérieure.
IS°. Par Bissy , astionome en chc[ de l'expcdi-
tioii .• A l'institut national.
l3'. Par Leblond , vice-président des obser-
vateurs : A l'institut national de France , et aux
sociétés savantes de 1 Europe. Puisse la réunion de
leurs lumières et de leurs efforts eftacer les moin-
dres traces de dissention , et amener le bonheur
^iversel. — Harmonie de Gossec : QWUm féu
ici s'apprête.
14'. Par Millin : Aux insulaires. Puissent-ils
connaître le prix dts soins que se donnent K-s
français pour les faire participer aux avantages de
la civilisation. — Harmonie : Veillons au salut de
tEmpire.
^ i5°. Ce dernier, par le capitaine Baudiri. Puis-
»ions-nous nous revoir dans cette même salle .
au retour d'une expctlition inspirée par le zèle le
plus pur pour les progrès des sciences et des lu-
mières. L'hainionie a lépé^é de nouveau : Où
f fut-on être mieux ?
Alois le citoyen Baillot , du conservatoire de
rnusique, a exécuté un trio avec les citoyen Tariot
etBaudioi , ilignes , par la précision de leur jeu ,
de seconder l'un de nos premiers violons.
Au moment de quitter la table , on s'en aperçu
que le jeune, frère dejauffcet avait piofité de la
durée du repas pour tixer , par son crayon, les
traits du capitaine Baudin. On l'a déterminé à
les laisser voir dans I état où ils étaient, et tous
Jes convives ont applaudi à son zèle. Ce dessin
va être confié au burin de Gaucher.
Jean Thouin a terminé la fête à la française par
une ronde que lui a demandée le citoyen Dufresne
aussi du jardin des Plantes. C était la gaieté mar-
teillaise , et elle était l'expression naturelle des
Mntiniens de toute l'assemblée pour les négOi;iaris
de Marseille , auxquels était due cette iniéres-
lanle réunion.
POÉSIE.
Troisième lettre sur les Gsorgiques françaises.
D,\NS ma précédente lettre sur les Géorgiques
ftançaises , je vous ai donné l'analyse du premier
ch^iit de ce poëme ; j'ai hasardé quelque» ob-
«ervations critiques , comparé Delille à l'un de
ses plus dignes émules , et, pour justifier l'ad-
Duraiion que m'inspire un aussi beau talent ,
admiration que je voudrais voir partagée par tous
mes compatriote» , j ai cité quelques - uns des
morceaux où brille éminemment , et ^;our ainsi
dire sans nuage , le génie poétique de l'auteur.
Je suivrai la même méihode pour les trois autres
chants. En ïxpiitnant ce que j'ai senti , je n'ai
point , je le répète , la piéieniion de poiter un
Jugement. Perniettez-moi de mappu)er ici de
J'opinion d un homme de lettres tiès distingué ,
qui a bien voulu me communiquer par écrit son
«entiment sur les Géorgiques françaises.
■ »» Dans le premier chant , dit-il , celui de tous
où le poëie a le plus varié le ton , où il a le plus
complètement traité son sujet , quoiqu il m'y pa-
laisse , comme dans les autres, avoir omis bien
des détails iniéressans pour quelques autres dont
l'étendue n est point en proportion avec leur
iDttponance , dans ce premier chant il faut con-
venir qu on croit souvent lire Horace un peu
inoins naturel , mais plus soigné , plutôt que
Virgile dont la majesté simple et le grand sens
poétique me senibleralerit plus dacccid avec le
Style de ce chani. C est , au reste , un assez grand
dédommagement que 1 esprit et ia giace d'Horace.
Aussi, avec "des hommes tels que Delille , il
n'y a gueres moyen de ne pas finit pat convertir
la censure en éloge. "
J'avoue que la conlormitéde cette opinion avec
la mienne, me rassuie et m encourage. Je vais donc
c\3niiuuer 1 examen des Géoigiqucs françaises ,
et je passe au second chant.
Heureux qui dans le 'sthï de ses dieux domestiques
Se dérobe au fracas des tempêtes publiques ,
à Xt dans un doux abri trompant tous les regards ,
Cultive ses jardins, les vertus et les arts!
Tel, quand des triumvirs la main ensanglantée
Disputait les lambeaux de Rome épouvantée ,
Virgile , des partis laissant rouler les flots ,
Dli nom d*Amaryllis enchantait les éclios.
Mul mortel n'eût osé, troublant de si doux charmes ,
Xntourer son réduit du tumulte des armes ;
Zt lorsque Rome, enfin, lasse de tant d'horreuri ,
Sous un regae plus doux oubliait ses fureurs,
6*îl vint redemander au maître de la terre
L< champ de ses aycux que lui ravit la guerre.
Bientôt on le revit , loin du bruit des palais ,
Favori du dieu Pan , coljtliian de Paies ,
Fouler , pris du beau lac où le cygne se joue ,
let prés tlors si beaux dé »a cliere Maxtioue.
1423'
I Là , tranquille au milieu des vergers , des troupeaux ,
Sa boiiclie harmonieuse errait sur ses pineaux ,
Et ranimant le goût des richesses rustiques ,
Chantait aux fiers romains ses douces geoigiques.
Comme lui , je n'eus point un champ de mes ayeux ,
Et le peu que j'avais je l'ab.indonnc aux dieux ;
Mais, comme lui , fuyant les discordes civiles,
J'échappe dans les bois au tumulte des villes ,
Et, content de former quelques rustiques sons,
A nos cultivateurs je dicte des leçons.
Vous donc qui prétendiez, profanant ma retraite,
En intrigant d'état transformer un poète ,
Epargnez à ma Muse un regard indiscret;
De son heureux loisir respectez le secret.
Auguste , triomphant , pour Virgile fut juste ;
J'imitai le poète, imitez donc Auguste, '
Et laissez-moi , sans nom , sans fortune et sans fers ,
Rêver au bruit des eaux , de la lyre et des vers.
Que d'élégance , de noblesse et d'harmonie !
ne vous semble-t-il pas entendre une musique
mélodieuse, ei le poë;e n'a-t-il pas ébranlé, pour
ainsi dire , toutes h:s Cactiltés de votre ame ? C'est
ainsi que 'Virgile et Racine ont fait des vers. Tel
est le commencement du second chant desGéor-
giques Irarçaises , et l'un dçs plus beaux mor-
ceaux de ce poëme.
' C'est dans ce chant que le nom de Géorgiques
est enliéreineni justifié. L'^uleu r annonce qu il ne
vient plus répéter aux français les leçons des ro-
mains ; mais il donne des préceptes généraux
dagricultuie ; il enseigne lart de corriger les
terrains, de fertiliser le sol le plus ingrat, et de
diriger les eaux des torrens , des rivières et des
ruisseaux , pour prévenir leurs ravages et pour
les faire servir, soit à cette f-rtilisa(ion des terres ,
soit au perfectionnement des fabriques auxquelles
les eaux donnent le mouvement , soit à la pros-
péiilé du commerce par le moyen des canaux. Il
invite les cuUivateurs à naturaliser les plantes
étrantieres , à soigner les animaux , à propager
les plus belles races. Enfin , il donne des leçons,
non sur les détails de l'agriculture, comme Vir-
gile , mais sur les moyens de la peirfectionner et
d aggrandir son domaine.
Dans ces vers didactiques, qu'il est si difficile
de rendre inléressans , on reconnaît le rare talent
du traducteur de Virgile et de l'auteur dù-poeme
des Jardins.
Avec quelle grâce il parle des arbres .étrangers
naturalisés dans nos climats !
Ce n est pas un des moindres charmes de la
poésie de savoir nous inspirer un tendre intérêt
pour des êtres inanimés, de leur donner la vie, de
leur prêter des seniimens ; mais elle est sur-tout
admirable lorsque npn contente de la métaphore,
eHc s élevé jusqu'à ces fictions brillantes qui nous
présentent des vérités phisiques ou morales sous
le voile séduisant de l'allégorie. Delille en offre
un excnojde dans le mênje chjnt. Pour peindre
I homme domptant les fleorves et les torrens,
dont il dirige la coufse, iremprunte, à Ovide
la fable suivante : ' '
..... Acheloiis , échappé de son lit ,
Entraînait les troupeaux dans ses eaux orageuses, '
Roulait l'or des moissons dans ses vagues fangeuses,
Emportait les hameaux, dépeuplait les cités ,
Et changeait en déserts les champs épouvantés.
Soudain Hercule arrive et veut dompter sa r.nge:
Dans les (lots écumans il se jette à la nage.
Les fend d'un bras nerveux appaise leurs bouillons ,
Et ramené en leur lit leurs fougueux tourbillons.
Du fleuve subjugué l'onde en couroux murmure :
Aussitôt d'un serpent il revêt la figure ; ;
II siffle , il s'enffle, il roule , il déroule ses nœuds ,
Et de ses vastes plis bat ses bords sablonneux.
A peine il l'apergoit , le vaillant fils d'Alcraeh»
De ses bras vigoureux le saisit et l'enchaine ;
Il le presse ,
Laisse le de:
il l'etouffe , I
Durant
rpli
Oses-ti
Des serpens é
expirant ,
fureur et lui dît : téméraire ,
d'Hercule affronter la coleie ?
tu pas qu'en son berceau fameux," '
touffes furent ses premiers jeux ?
Etonné , furieux de la double victoire ,
Le fleuve de ses flots prétend venger la gloire :
Il fond sur son vainqueur. Ce n'est plus un serpent
En replis onduleux sur le sable rampant ,,
C'est un taureau superbe , au front large et sauvage :
Ses bonds impétueux déchirent son rivage , . '
Sa tête bat les vents , le feu sptt de ses yeux |
11 mugit , et sa VOÏK a fait trembler "les cieux.
Hercule , sans effroi , voit renaître la guerre ,
Fart , vole , le saisit , le combat et l'atterre ,
L'accable de son poids , presse de son genou
Sa gorge haletante et son robuste cou ;
Puis, fier et triomphant de sa rage étouffée,
Arrache un de ses dards et s'en fait un trophée.
Aussitôt les Sylvains, les Nymphes de ces bords ,
Dont il vengea l'empire et sauva les trésors ,
Au vainqueur qui repose apportent leurs offrandes ,
L'entourent de festons . le parent de guirlandes ,
Et dans la corne heureuse épanchant leurs faveurs ,
La rsoaplissent de fruits , U couronnent de Heurs.
L'auteur rejette les projets de ces agriculteur»
systématiques qui font des livre» et ne savent
pas cultiver un champ.
Gardf.-z-vous d'imiter ces docteurs téméraires.
Hardis blasphémateurs des travaux de leurs pères.
Laissez-là ces projets recueillis par Kozier ,
Beaux dans le cabinet, féconds sur le papier,
Des semeurs citadins l'éléiiante méthode.
Leurs modernes semoirs , leur charrue à la mode ,
Leur ferme en miniature , enfin tous ces secrets
(Qu'admire le Mercure et que maudit Gérés,
Néanmoins le poëte nous invite à ne pas suivre
servilement les pas de nos ayeux. Il retrace les
heureuses métamorphoses que la grefl'e et l'art
du jardinage ont opéiées paimi les fleurs elles
arbres à'fruit.
Après avoir donné des préceptes sur l'art de
diriger les eaux , ie poëte célèbre le chef-d'œuvre
de cet art. Sa brillante desciiption sera sui-tout
admirée de ceux qui ont vu le Canal du Midi.
Riquet de ce grand art atteignit la hauteur ,
LorsquVi ce gr/ind travail du peuple monastique
Dont long-tems l'ignorance honora Rome antique ,
Son art joignit encor des prodiges nouveaux ^
Et réunit deux ^ers par ses. hardis travaux.
Non , l'Egypte et son lac , le Nil et ses merveilles ,
Jamais de tels récits n'ont frappé les oreilles.
Là , par un art magique , k vos 7eux sont offerts ,
Des tieuves sur des ponts , des vaisseaux dans les airs ,
H
Des chemins sous des monts , des rocs changés eu voûtai ,
Où vingt fleuves, suivant leurs ténébreuses routes.
Dans de noirs souterrains conduisent les vaisseaux,
Qui du nuit Achéron semblent fendre les eaux ;
Fuis , gagnant lentement l'ouverture opposée,
Découvrent tout-à-coup un riant Elysée,
Des vergers pleins de fruits et des prés pleins de fleurs ,
Et d'uo bel horison les brillantes couleurs.
En contemplant du mont la hauteur menaçante.
Le fleuve quelque tems s'arrête d'épouvante ;
Mais d'espace en espace en tombant retenus ,
Avec art applanis , avec art soutenus ,
Du mont dont la hauteur au vallon dcit les rendre ,
Les flots de chute en chute apprennent à descendre ,
Puis , traversant en -paix l'éniait fleuri des prés.
Conduisent à la mer les vaisseaux rassurés.
Chef-d'œuvre qui vainquit le;s monts , leji champs , les ondes,
Et joignît les deux mers qui joignent les deux Mondes.
Ce chant est terminé par un épisode qui semble
naître de quelques préceptes que donne le puëre
surl'artdeprofiter des terteins mobiles que les eaux
détachent quelquefois de leut base pour en enri-
chir d'autres rivages. Egerie et Dolon habitent
deux îles voisines , situées dans un lac de 1 Ecosse;
ils s'aiment, mais leurs parens s'opposent à letîr
union. L'amour invite Eole à joindre les deux
îles, et lui promet, pour récompense , de retidre'
une des nymphes de Thétis , sensible à la flâme .
dont il brûle pour elle. Eole y consent, excite
une tempête, l'île d'Egerie se détache de sa base
et va joindre celle dé son amant. Dolon restiiue
au père de celle qu'il aime tout le terrein qu'il
I a perdu , et celui-ci consent au bonheur des deux
amans.
Je pourrais critiquer le fond de cet épisode ,
ses accessoires poétiques , et sur-Iout la diction
où l'on rémarque des négligences que pourrait
éviter un écrivain aussi distingué que Delille;
mais j'aime mieux , sur ce point délicat , faire par-
i 1er encore l'homme de lettres dont j'ai déjà rap-
porté quelques observations. Voici ce qu'il dit du
second chant des Géorgiques françaises.
«1 D.ms ce chant dont l'objet, le luxe de l'agri-
culture, se trouve plus en harmonie avec le ta-
lent de l'auteur , j'ai toujours senti , avec un vif
plaisir , le mérite devenu si rare d'un fond de
choses neuves en poésie , la savante distribu-
tion des préceptes et des digressions analogues au
sujet , et sur-tout les nouvelles richesses poéti-
ques que l'auteur a renfermées dans ce cadre ,
comme aussi la sagesse avec larjuelle il l'a fait, ■
et la souplesse facile avec laquelle il a vainju
les difficultés qu'il s'était faites lui-même. Le petit
épisode du Rcuve Acheloiis est très-heuteux , très-
ingénieux et irès-poetKiue. C est ainsi qu'il con-
vient maintenant d'introduire la vieille mitholo-
gie dans la poésie française. Il n'en est pas tout-
à-fait de même de l'épisode un peu dispropor-
tionné qui termine ce chant. J'avoue que je n'aime
pas l'invention de cet épisode-là , et que l'exé-
cution même, quoique bonne sous certains rap-
ports , est inférieure à ce que l'on pouvait attendre
de Delille. D abord je crois que ce n était pas à
cet accident d'une petite , bien petite île détachée
de sa base . etc. qu il était le plus intéressant d'at-
tacher un épisode de cent cinquante vers , épi-
sode dont le résultat ne ramené point , d'ailleurs ,
comme il le faudrait, aux résuliats des préceptes
et de I objet de ce chant. Ensuite, en admettant
1 épisode, je vous répéterai ce que je vous ai tiit ,
qiie le choix de I Ecosse , pour lieu de la scène ,
aurait pu fournir à I imitgination du poète , une
action prise dans les moeurs écossaises du vieux
lems , et des accessoitcs tirés de U naiiLolftgic du
1424
nord , dont le souvenir des poésies erses indique
assez le genre d'iniérél, plus circonscrit saris
doute que dans la miihologie grecque, mais
moins usé, peut-êire, plus romanesque et plus
propre, du moins une lois , à ébranler 1 imagi-
nalion du lecteur rassasié , el à émouvoir le cœur.
Céuit une belle occasion pour DeliUe de laire
voir comment un talent antique et classique peut
un moment trai:er en vers français ce qu on ap-
jielle le genre ossianiqué )>.
Si j'examinais dans ses moindres détails le style
du secondchant des Gèorgiques , je pourrais
relever des expressions trop souvent répétées ,
des hémisiiches qui manquenl d harmonie , et
même des vers entiers qui ne peuvent être avoues
par le goûi ; mais ces remarques minutieuses
m'entraîiieriient trop loin, et deviendraient in-
sipides pour le lecteur éclairé , qui saura les faire
lui-même en lisant l'ouvrage.
Un est pas impossible de trouver dans un long
poëme un petit nombre de défauts; mais ubt
plura nitent in carminé , non ego paucis offendar
maculis. Clierchér parmi de beaux vers de lé-
gères incorrections . des négligences dont le poêle
n'a pas daigné s'appercevoir , c'est troubler vo-
lontairement le charme dont il nous environne ;
c'est ressembler à l'ingrat qui , comblé des bien-
faits du sort , épluche vétilleusement ses propres
jouissances , et de sa main indiscretie flétrit les
fleurs , au lieu de s enivrer de leur parfum. L o-
leille charmée , les yeux en pleurs , conieste-t-on
à Racine ou la rime , ou la pariicule ? Assez
d'autres se livreront au soin pénible de compter
quelques mots répétés , de peser des expressions
inusitées : nulle œuvre sans doute n'est parfaite ,
et nul poëie n'est sans défaut ; mais l'homme de
talent est celui qui les couvre par de grandes
beautés , et qui ne laisse au lecteur ravi ni le
tems , , ni le courage de lui adresser un reproche.
Empressés de faire oublier ceux que-nous nous
nommes permis , nous nous plaisons à transcrire
un des morceaux les plus agréables du qviairieme
chant.
Jadis hcuieux , vainqueur d'une terte ennemie ,
Un vieinar4 avait su de ses champs plus féconds.
Vaincre ringratitude et doubler les moissons;
Il avait , devinant l'art heureux d'Angleteiie ,
Pétri, décomposé , recomposé la terre-,
Cré^ des prés nouveaux ; et les riches sainfoins ,
Et l'herbe à triple feuille , avaient payé ses soins.
Ici , des jeunes fleurs il doublait la couronne ,
Là , de fiants inconnus enricliissait l'autoinne.
Nul repos pour ses champs , et la variété ,
Seule , les délassait de leur fécondité.
Enviant à ses soins un si beau privilège ,
Un voisin accusa son art de sortilège.
Cité devaiîl le juge , il étale à ses yeux
Sa- herse, ses râteaux , ses bras laborieux ,
Baconte par quel soin , son adresse féconde ,
A su changer la terre, a su diriger l'onde:
Voila mon 'sorlilége et mes enchantemens ,
Leur dit- il. Tout éclate en jjpplaudisscmens :
On l'absout; et son art, doux charme de sa vie,
Comme d'un sol ingrat triompha de l'envie.
On ne peut se détendre , après avoir lu les
beaux vers que j'ai cités, dt; cette sorte d enthou-
siasme qui plaçait les poètes des premiers âges
' bien loin au-dessus des autres hommes. De
quelle justesse d'esprit , de quelle tinesse de
tact ne doit pas être doué celui qui sait rendre
de si grandes idées , des sentimens si nobles et
si. vrais en un langage si , séduisant ! Ah ! rie
craignons, pas de trop louer l'homme de génie
qui honore par sfS œuvres la langue que nous
parlons, qui ajoute un nouveau lustre au nom
français , et par un autre genre de triomphe
donne à nos livaux un nouveau sujet d'envie
et, de désespoir. Les muses ont aussi leurs vic-
toireç ; le pcëie qui arrache aux nations étran-
gères un tribut de louanges et d'admiration , a
droit comrnc, le guerrier à l'amour et à la recon-
naissance tie ses concitoyens.
du produit des abonneniens d'un an au lycée; je
m'oblige de soumettre chaque mois à la commis-
sion de bienfaisance le registre des spuscriptions
et de lui remettre le montant dudit huitième.
Lebrun.
Esmonnot, ex -commissaire du gouvernement, au
rédactmr du Moniteur. — Bruges, le b fruc-
tidor an 8.
Citoyen , une partie de votre journal étant
spécialement consacrée à tout ce qui a rapport
aux sciences et aux arts , je crois que vous
.trouverez digne d'être inséré dans votre feuille ,
le détail ci-joint de ce qui s'est passé lors de
la distribution des prix de lecole centï-dle du
département de la Lys à Bruges.
Salut et considération ,
Esmonnot.
La distribution des prix de l'école centrale
du département de la Lys , séant à Bruges ,
s'est faite le 3o thermidor , avec un éclat que
n'avait eu jusqu'à ce jour aucune fête nationale
dans ce département. Dans les quartiers de la
ville , où dem&uraient des élevés couronnés , les
citoyens avaient orné leurs maisons de verdure ,
de fleurs, de tableaux, avec une gaîré qui tenait
de 1 enthousiasme. A trois heures de l'après-midi ,
le préfet et tous les membres des atatorités crins-
iilués en grand-costume , après s'être réunis a
la préfecture , se rendirent à l'école centrale.
Le cortège était composé de plus de trente voi-
tures qui offraient le plus beau spectacle. Une
assemblée brillante était déjà réunie dans la salle,
qui, quoique très-vaste, pouvait à peine conte-
nir le grand nombre de personnes qui étaient
jalouses d'assister à cette fête , et de l'embellir.
La séance fut ouverte jiar un discoiirs que pro-
nonça le citoyen Deconinck , corseiller de pré-
fectiire , et président du jury central.
Le citoyen JuUien , chef de division dans les
bureaux de la préfecture , lut à l'assemblée un
morceau de poésiç , composé à l'occasion de la
fê'e. La lecture de ces vers fut couverte d'ap-
plaudissemens.
Le citoyen J. B. Levée , professeur de belles-
lettres , et membre du jury d'instruction pour
les écoles primaires , prononça, au nom de ses
collègues , un discours dans lequel il traça les
travaux et les progrès des élevés pendant la
durée des leçons en l'an 8.
Ce discours plein d'éloquence et de sentiment ,
a iiispiié le plus vif intérêt.
Ce citoyen a prociamé ensuite les noms de ceux
qui ont obtenu des prix , et mérité la mention
honorable.
Le citoyen Louis Destoop , de Bruges , l'un des
élevés couronnés, prononça avec feu , uii dis-
cours de reraercîmentau nom de ses condisciples.
Le soir, la plus grande partie des maisons de
la commune étaient illuminées.
Plus de deux mille personnes des deux sexes
ont assisté,, dans un verger attenatit à l'école
centrale , à un bal qui a duré jusqu'à 3 heures
après minuit.
rieur de ce triste et cruel événement, et je vous invite
à vouloir bien consigner dansvotre feuille le trait
du citoyen Ltclerc. On ne saurait donner trop de
publicité à cet acte de courage , puisqu'il se
vouait à une mort certaine , pour qu'on eut le
tems de venir tuer jusques sur lui et dans ses bras
un animal qui pouvait causer les plus grands ra-'
vages dans son canton.
Je vous salue.
Pour l'absence du préfet ,
Le secrétaire - général de la f'réfecture ,
D O R I V O T.
Avis.
Le a5 courant et jours suivans , depuis dix
heures du matin jusqu'àquaire heures, on vendra
au Louvre , dans l'ancienne salle des pairs , près
du Jardin dit de VInfanle , une grande quantité de
porcelaines, tant blanches que décorées , appar-
tenant à la manufacture nationale de Sevrés , et
provenant de ses magasins , consistant en toutes
sortes d'objets de service et d ornemens , dont
différentes pièces très-précieuses par leur déco-
ration, et notamment un superbe service , fond
verd et à fleurs ; difFérens lots de porcelaines
profires aux restaurateurs , limonadiers et fayan-
ciers ; plus, divers assortimens de groupes et
figures en porcelaine, biscuit, etc. Il y aura exposi-
tion publique de ces objets , les aS et 24 , dans
la même salle et aux mêmes heures.
Lebrun , directeur du lycée de Para, au propriétaire-
éditeur du Moniteur-universel. — Du l6 fruc-
tidor , an 8 de la république française.
Je viens de lire , citoyen , dans votre intéressant
journal, un article sur l'utilité des soupes à la
Rumfort , et sur la, nécessité d'en multiplier les
éiablissemens ; je suis d'autant plus pénéité des
sentimens d'humanité qui ont donné lieu à cette
institution , qu'ayant été long-tems commissaire
de bienfaisance dans U section très-populeuse tle
Bon-Conseil, j ai été, plusqu'un autre, à portée
de connaître les besoins du pauvre , et l'insufE-
sance des moyens de le secourir d'une manière
constamment efEcace. On ne saurait donc trop
aagmenier ces heureuses ressources : pOur y con:-
courir de tout mon pouvoir, et faire participer
lc5 amis des lettres à ces œuvres vraiment philan-
ttopiq«es , je propose d abandonner le huitième
Nous avons déjà inséré dans ce journal le fait
suivant; mais comme il est raconté avec plus de
détail et d'authenticité , nous croyons devoir le
publier de nouveau.
Le préfet du département des Ardennes , au rédacteur
du Moniteur. — Mezières , le 1 5 fructidor . l'an 8
de la république française , une et indivisible.
Citoyen,
Un événement cruel vient d'avoir lieu dans le
département des Ardennes , le II de ce mois , à
sept heures du soir. Un loup enragé a traversé le
territoire d'Adoo , commune du quatrième ar-
rondissement , s'est jeté avec fureur successive-
ment, et à des distances éloignées , sur six indi-
vidus, les a terrassés, et lésa mis, par ses morsures
et sa férocité , dans un état qui fait craindre pour
leurs jours. Heureusement on est parvenu à le
tuer sans qu'il ait causé d'autres accidens.
Il y a dans cet événement une circonstance par-
ticulière , et qui mérite d'être connue.
Le dernier des infortunés sur lequel ce loup
s'est précipité , est un défenseur de la république,
nommé Nicola» Lecletc . âgé de 24 ans , de la
commune de Chaumont. Ce citoyen , quoi-
qu'ayani le visage déchiré de toutes pans , saisit
cet animal furieux , le serre étroitement dans ses
bras , et le retient de cette manière jusqu'à ce que
le nommé André Lamanant, domestique chez le
citoyen Dimanche , cultivateur â Chaumpqt , soit
arrivé , et que d'un coup de fusil il ail tué ce loup
dans les bras et sur le corps même de Leclerc.
Le courage de ce malheureux militaire et celui
de Lamanant , a sauvé ce canton de nouveaux et
inévitables ravages,
je viens de rendre compte au ministre de l'inté-
LIVRES DIVERS.
Description des pyramides de Djizé , de ta ville du
Kaire et de ses environs , y compris Djizé , le Mékia
et Vile de Rhouda , par J. Grobcrt, chef de brigade
d'ariillere , membre de l'institut de Bologne. Un
volume in-4°. , orné de trois grandes planches et
de plusieurs vignettes.
Cette description offre un tableau lopographi-
que de la surface entière du rocher lybique , oc-
cupée par celles des pyiamides, dont les historiens
et les voyageurs ont parlé d'une manière si incer-
taine. Les circonstances ont fourni à l'auteur de».
facilités dont la plupart des écrivains qui ont traité
cet objet furent privés. — Un vaste modèle , exé-
cuté avec des matériaux apportés des pyramides
mêmes, et dont les échantillons sont déposés au
Muséum du jardin des plantes , a été construit
pour faciliter un travail aussi étendu que soigné.
La réduction des dimensions les plus exactes
aux mesures de plusieurs nations , l'analyse des
matériaux faite par des savans célèbres , et l'édi-
tion presque contemporaine de la traduction d'un
manuscrit arabe qui y est relatif , donneront quel-
que prix à cet ouvrage. — Il est actuellement sou»
presse. — Il paraîtra , au plus lard , depuis le
3o fructidor jusqu'au 10 vendémiaire an 9. Indé-
pendamment des détails neufs et intéressans que
1 on trouvera dans les planches , les vignettes re-
présenteront le palais de Mourat-Bey à Djizé ,
1 aqueduc du vieux Kaire , etc.
En souscrivant à Paris avant le 3o fructidor ,
et avant le 10 vendémiaire prochain dans le»
départemens , l'ouvrage sera vendu 4 fr. 5o
cent, dans celle ville, et 5 fr. 5o cent.' ailleurs,
franc de port.
Après les époques ci-dessus désignées , il serai
vendu 6 fr. à Paris, et 7 fr. dans les départemens,
franc de port. — On tirera cent exmplaires sur
papier vélin.
On souscrit à faris chez les citoyens Girardin,
au cabinet litléraire , palais du Tribunal ; Rémont,
libraire, quai des Augustins, n° 41 ;J Logeroti
imprimeur, dans le jardin des ci-devant Capucines,
vis-à-vis la place Vendôme.
COURS DU CHANGE.
Bourse du il fructidor. — Cours des effets publics.
Effets publics.
Rente provisoire 17 fr. 2 5 c.
Tiers consolidé Sa fr. 38 c.
Bons deux tiers i fr. 5g c.
Bons d'arréragé 84 Fr.
Bons pour l'an 8 8; fr. 88 c.
Syndicat. 64 fr.
Coupures 64 fr,
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjje et des Arts.
Dem. Praxitelle ou la Cein'.ure, opéra en un acte ,
suivi du ballet de la Dansomanie.
Errata.
Dans le n° 55i , si fructidor , aux deux der-
nières lignes de la i" colonne , au-lieu de , et à
l'époque de la moisson , liseï : mouçon.
5° Colonne, 14' ligne, au-lieu du g floréal,
nlisez : ig floréal.
A Pa ti s , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire d^ Moniteur , rue des Foitevias, n* >>?.
GAZEÏTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL!
N" 353.
11±±
Tridi , 23 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscrlprcurs qu'à dater du 7 Nlvose le M o N I T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant suj
l'intérieur que sur l'extérieur, tournis par les correspond-inces ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ESPAGNE.
Saint-Ildephonse , i^ fructidor an 8.
Extrait d'une dépêche du citoyen Al'tpner , ambay
sadeuT de la république française , à Madrid.
Citoyen ministre,
Je m'empresse de vous faire parvenir les dé-
?ails officiels de la victoiie éclatante , remponée
parles troupes espagnoles sur i5 mille anglais
qui ont débarqué entre la Corogne et le Ferrol :
c'est une aiFaire extrêmement brillante ; car il
est de fait que l'on n'a opposé à l'ennemi que
4 mille hommes composés de troupes de terre
et (le mer , qui se trouvaient disponibles , et de
quelques milices du pays. Les chaloupes ca-
nonnières ont fait merveille. Une batterie flot-
tante de 8 pièces de 54 a été commencée et fi-
nie en cinq heures. Les anglais , malgré la grande
supériorité de leurs forces . ont été contraints à
«e rembarquer en désordre , après avoir eu un
grand nombre de tués et beaucoup de blessés ,
et éprouvé en prisonniers une perte considéra-
ble. Ils avaient l'intention de surprendre ei biûler
le Ferrol , de s'emparer de six. vaisseaux armés
prêts à sortir du port , et de détruire ceux qui
ne sont pas encore en état de tenir la mer. La
b«voure espagnole leur a prouvé qu'avec des
forces supérieures, une telle entreprise avait en-
core de la témérité.
Traduction de la Gazette extraordinaire de Madrid.
Par des couriers extraordinaires que le com-
mandant général par intérim du département de
marine du Ferrol , Don Francisco Melgarejo , a
dépêchés en date des 25 , 26 et 27 du courant ,
le roi a éié informé des détails suivans sur le dé-
barquement fait par les anglais à la place de
t>oiiinos , située dans les environs dudit dépat'
tement.
Dans la matinée du 25 , la vigie du Monte-
Venioso apperçut à une distance de 4 à 5 lieues,
«ne escadre et un convoi qui longeaient la
eôte pour doubler le cap de Priolro. Peu après
tes avoir signalés , on pouvait déjà compter
ïoixanie sept bâiimens , sans qu'il fût possible
de déterminer avec certitude quels étaient leur
'^on et leur force, à cause du calme et delà
biune qui couvrait l'horison.
L'escadre et le'convoi cinglaient vers le sud avec
vent faible nord jusqu'à une heure de l'après-
midi , que se trouvant au nord-ouest . à la dis-
tance de deux ou trois milles , ils prirent la di-
leciion vers l'est , et longeant du nord au sud ,
entre la plage de Doninos et celle de Los-Rios ,
ils indiquèrent, par leurs manœuvres , que leur
intention était de taire un débarquement de trou-
pes sur la plage indiquée de Doninos.
L'escadre ennemie fut reconnue aloTS forte
de dix vaisseaux , dont quatre de trois ponts , de
sept frégates, sept balandres et les autres bâtimens
de transpoit.
En effet , à quatre heures du soir l'escadre et
le convoi ennemis jetierent l'ancre dans U baye,
leur première disposition fut de détacher dix cha-
loupes avec des lioupes de débarquement, c'est
en quoi elles réussirent sans opposition , étant
Înoiégées par deux balandres et une frégate , dont
e feu atteignait la bauerie située dans cet endroit ,
•an» qu il fut possible au petit détachement qui
s'y trouvait, de prentire un autre parti que celui de
le retirer à la hâte. Ensuite , ils mirent a terre
deux pièces de campagne , ainsi que le reste de
la troupe qui se mit à l'instant en marche pour
S empâter des hauteurs.
Le commandjnt général du déparlement , in-
formé de ces circonstances par les différens avis
qu'il rcçiu le même jour de la vigie de Monte-
Ventoso , et ne pouvant douter quelle était l'in-
lemion de l'ennemi , en fit aussitôt un rapport au
commandant général du royaume de Galice ,
tonre de Donadio , commandant des camps
volaris , et au gouverneur de la place, afin qu'ils
concourussent tous efficacement à sa défense ei
à celle de l arsenal , qui était évidemment l'objet
contre lequel Icntreprise des ennemis se di-
xit;eaii. ,
£n conséquence le commandant s'empressa
de fournir touslessecours dontil pouvait disposer,
après avoir mis à couvert les postes de la mâ-
tine et fait toutes les dispositions qu'exigeaient
des circonstances si critiques , déjà déterminé
dans le plan de défense adopté par le ministère,
conformément à l'avis du conseil de ggerre ,
présidé en 1797, par le capitaine général du
dit département Don Félix de 'Tejada.
L'escadre commandée par le lieutenant-général,
Don Joachim Moréno débarqua d'abord cinq
cents hommes , en lâchant , en même tems , de
prendre la position la plus favorable.
Après avoir pris toutes ces mesures pour arrêter
l'ennemi , et après avoir donné 1 ordre que tous
les ouvriers, journaliers et autres travailleurs , se
réunissent dans l'arsenal pour y être armés et
prêts à se porter là où leur secours serait né-
cessaire , apiès avoir enfin pris d'autres mesures
convenables de concert avec le commandant-
général de l'escadre , D on Francisco Melgarejo ,
Commandant par intérim du département , dé-
pêcha , à neuf heures du soir, un Courier ex-
traordinaire pour informer sa majesté de tout ce
qui était aitivé jusqu'à ce moment.
Le premier mouvement de l'ennemi fut de
s'emparer des hauteurs de Brion et Balon qui
dominent le port et la place , mais le détache-
ment de cinq cents hommes de l'escadre arriva
assez à tems pour leur disputer le passage ; il
combattit avec acharnement et succès et arrêta la
marche des anglais , nonobstant son petit nombre
et les forces considérables de l'ennemi. li fit en
combattant , sa jonction avec les autres corps de
l'armée et de la marine qui avaient pris position
sur les hauteurs de Brion , sous les ordreS du
maréchal de camp , comte de Donadio , ce point
étant le plus avantageux pour repousser lennemi.
Dans la nuit du 25 , les ouvriers et travailleurs
furent armés , et on leur fit Occuper la côte.
Les manœuvres furent employé» à l'équipement
des chaloupes et autres barques que foiirnit
l'escadre, et dans lesquelles on envoya à tous
les forts les secours les plus urgens , qu'on tira
ï des magazins de la marine et de l'escadre . afin
d'approvisionner tous les postes de terre et les
barques canonnières. Le commandant général
ordonna également qu'on tirât de la Grana autant
de vivres que le permettraient les circonstances ,
pour être transférés à l'arsenal. Ce qui en fut
tiré suffit à la subsistance des troupes de terre
et de marine, et on en envoya ara gouverneur
de la place et au commandant des camps volans,
tout ce qui leur était nécessaire.
La nuit du 25 se passa sans événement remar-
quable jusqu'au malin du jour suivant , oii la
hauteur de Brion occupée par nos troupes fut
attaqtiée par celles de l'ennemi fort supérieures
en nombre. On ne pouvait espérer de. garder
ce poste , mais il importait de le dégoûter de
son entréprise par la nécessité de combattre à
chaque pas. L'engagement fut aussi vif qu obs-
tiné* L'ennemi avait de l'ariillerie , nos troupes
n'en avaient point : l'ennemi accumulait des forces
sur ce point oti il avait déjà huit mille hommes.
On se. battit pied à pied et l'on donna le tems
au général Melgarejo de faite disposer à 1 ar
( senal une batterie flottante de huit jiieces de
vingt-quatre , dont le '
grand mal à l'ennemi,
vingt-quatre , dont le feu inatend
jit pi
u m
le plus
} Le capitaine de frégate. Don Antonio de Pilos ,
j commandait celte batterie , ainsi que le brigantin
I Vivo. De leur côté, les barques canonnières agi-
rent avec le plus grand succès. Tandis que le
commandant de la marine donnait des ordres
aussi propres à faire échouer les projets de len-
nemi, il prenait en même tems d'autres mesures
pour procurer au gouvernement différens secours
d'artillerie tirée du vaisseau te Saint-Ferdinand ,
et pour faire transportera un magasin de la côte
opposée toute la poudre , après en avoir fait
distribuer tout ce qui était nécessaire pour le ser-
vice du moment.
Le commandant-général par inlerim,<ia royaume
de Galicie , Don François de Negreie , renforça
la garnison de la place , d'un bataillon du régi-
ment d'Afrique , et d un autre des volontaires
d'Arragon , au moyen de quoi cette garnison se
trouva portée à trois mille hornmes , et appro-
visionnée de vivres et de cartouches.
ILe même jour , un autre corps ennemi cor)si-
dérable se mit en marche pour attaquer le châ-
I teau Saint-Philippe ; mais celle aune tenialive
I fut eucore $an« succès. L'ennemi, faliijuéds tant
de lésistance , renonça à ses projets , et , ver»
quatre heurts du soir , on le vit se retirer vers .la
place de débarquement. '
Le comte de Donadio passa toute la nuit de-
vant la porte , de Cinido , point sur lequel ou
prouvait présuniL-i l'aiiaquç , quoique tous les avis
confirmassent la retraite des anglais, et leur réu-
nion à la lagune dç Doninos.
Dans ces circonstances , le commandant gé-
néral du département , dépêcha un second cour-
rier éxlraordinaire à nci;l heures du soir , et par
celui dû jour suiviiit , 27 , il confirma en éfFet le
rembarquement de louicsies troupes eiineuiies ,
à une heute de la même nuit.
Ils incendièrent les bois , les maisons de 1^
côte , y compris la vigie de Monie-Ventoso , et
emmenèrent tout le bétail qu ils purent enlever.
Bornant à ce désordre tous Uurs succès , l'escadre
et le convoi mirent .1 la voile.
Par la déclaraiiou d'un matelot français qui se
trouvait prisonnier à bord des bâtimens ennemis,
et qui parvint à se sauver , on a su que l'expé-
dilioa consistait en six vaisseaux de guerre , dont
trois à trois ponts , cinq frégates, plusieurs petits
bâtimens de guerre" et jusqu'à soixante-dix bâti-
mens de transport, (jui avaientà boidriuinze mille
hommes de troupes de débarquement.
Le même prisonnier ajouie (jue le motif de la
reirate inattendue de l'ennemi était la lorie résis-
tance qu'il avait rencontrée contre son aitenle ,
malgré sa grande supétioriié ; qu'on lui avait
tué raille hommes , parmi lesquels un lieutenant-
général et un colonel , et blessé huit cents ; que
son idée était de prendre le château de Saint-
Philippe , pour aitaquet ensuite la place, et y
entrer aussitôt avec son escadre pour s'emparer
de l'escadre espagnole qui éiait dans le port ;
mais que, vu la détense faite par ce fort, et le
feu aussi vif que bien dirigé des barques canon-
nières qui le défendaient , il se détermina aussitôt
à la retraite qu'il commença , dès les deux
heures du soir , dans le plus grand désordre ,
ci-aignant toujours d'être atiaqué. Le même homme
dit encore que , suivant ce qu'il avait entendu ,
l'ennemi atiendait un autre convoi plus consi-
dérable qui se préparait dans les por s d'Angle-
terre pour le même objet.
Dans les actions qui ont eu lieu le soir du îS
et dans la matinée du26 , nous avons eu soixante-
quinze blessés de différens corps, et de la marine,
morts, le lieuienant de vaisseau Don Aug. Matuto
et l'enseigne de frégate , Don Miguel Godo'i , qui
se conduisirent avec valeur.
Le commandant général du département fait un
éloge particulier de l'activité , de l'intelligence et
de la bravoure avec lesquelles le maréchal-de-camp,
comte de Donadio a dirigé loules les opérations de
celte défense dans ta partie qui lui était confiée.
Il se loue de même , de la conduite et des me-
sures prises par le gouverneur de cette place,
de la- prompdlude et du zèle avec lesquels la
commandant-général, par intérim^ du royaume de
Galicie , se porta au secours du déparieraent
avec les troupes qu'à cet effet il détacha de la
Coto^ne ; enfin, il fait le plus grand éloge de l'in-
irépidiié avec laquelle les troupes et les officiers
de terre et de mer , ainsi que les équipages , les
ouvriers et autres travailleurs de larsenal, ont
également concouru à repousser l'ennemi , sans
craindre sa supériorité.
Sa majesté .a appris ces événeraens avec la pluj
vive satisfaction, et a bien voulu faire témoigner
à Don Francisco Melgarejo , combien elle était
satisfaite de sa conduite et des pages disposi-
tions qu'il a prises. S. M. n'est pas moins con-
tente de la conduite du commandant générai
du royaume, de celle de Don Juan Motcno et
autre* officiers-généraux , des troupes et autres
individus des armées navales qui ont concouru
avec un zèle égal à repousser l'ennemi, eu. affron-
tant tous les dangers.
Le roi rend la même justice aux chefs, otEciers
et troupes de l'année, sous les ordres du maré-
chal de camp , comte de Donadio , se réservant
de récompenser les uns et les autres , aussilôt
que des rapports plus circonstancié» lui seront
parvenus.
En attendant, S. M. a bien voulu ordonner
qu il soit accordé , à titre de gratificaiioii , deux
mois de solde , ou appointemeris à chacun de*
individus du corps des troupes, marine, ou-
vriers ei autres de celte clas«e qui ont-coniribué i
repousser f cunemi.
DANNEMARK.
Copenhague , le 8 fructidor.
Lk prince royal est resté toute la nuit sur le
port, ordonnant les dispositions de défense,
président à tous les travaux , et communiquant
a tous son activité.
La manœuvre des a^nglais s'est bornée à ranger
leur escadre sur une ligne qui occupe toute
rétendue de la rade depuis Elseneur jusqu'à
Copenhague.
De petits bâtimens de guerre croisent sans cesse
sur la côte autour du port. On ciaint qu'ils n'aient
l'intention d'arrêter te bâtiment qui apporte une
réponse de Pétersbourg. Ils visitent tous les na-
vires danois qu'ils rencontrent.
M. Withwort et les agens anglais se tien-
nent renfermés. Le prince royal montre autant
d'énergie que d'indignation. H a déclaré qu il ne
céderait jamais.
Du reste , le port se trouve déjà dnns un élal
de défense respectable. Les travaux continuent
jour et nuit.
On dit que M. Withwort part dans deux jours.
ALLEMAGNE.
Hambourg , le 6 friictidor.
Nous avons vu de quelle manière les Anglais
s'étaient comportés envers le Dannemarck. Aussi-
tôt après la prise du vaisseau danois , VAmbcUsa-
■ deur de Dannemarck , fut chargé de demander
satisfaction ; mais il fut fort étonné d'entendre
le ministre anglais taire la même demande. L'en-
voyé Withwort a demandé , non-seulement la
destitution du capitaine de la frégate danoise ,
mais encore celle du commandant du château de
KrUnburg , qui domine le Sund près d Elseneur.
Diris le cas de refus , l'amiral Dikson devait ,
dit- on , s'emparer de^ Kronburg , et tirer sur
Copenhague même.
On attend, avec impatience , les nouvelles du
Sund , qui doivent être fort intéressantes , d'apiès
Içs, préparatifs qu'on avait fait de part et d'autre ,
mais jusqu à présent aucunes nouvelles officielles
ne nous sont parvenues.
La flotte anglaise , arrivée dans la rade d'Else-
npur , s'y comporte amicalement; le gouverne-
ment , cependant , ne discontinue pas-ses prépa-
ratifs de défense. La décision de la cour de
Copenhague semble dépendre de celle de Pé-
tei"sbourg. La flotte anglaise cingle, dit-on, vers
Copenhague.
On a vu , le l''. de ce mois , un cutter anglais
passant par Copenhague , et se dirigeant vers la
Baltique ; on soupçonne qu'il portait un courier
adressé au cabinet de Pétersbourg. Deux jours
avant, un courier russe avait été à Stockholm.
La princesse Marie , fille de l'héritier présomptif
de l'empire de Russie , est morte le 20 thermidor ;
cet événement a été annoncé dans la gazette de
la cour.
ANGLETERRE.
Londrei , i" septembre. ( i2 fructidor.)
fiapport officiel du capitaine Krabbe à ramirauté
de Dannemarck , sur le combat qu'il a eu à sou-
tenir contre une frégate anglaise, le aS du mois
dernier [ 1^ juillet, j
Le capitaine Krabbe , commandant la frégate
la friya mande à l'amirauté ( dans deux rapports
datés des dunes, le 26 et le 28) que , le 25 juillet,
il rencontra à l'embouchure du canal ( la Manche ) ,
à- deux heures après midi, quatre frégates an-
glaises , un brick et un \ougre. A 4 heures , une
des frégates anglaises vint à lui , et ayant pris
station sur le flanc de la Freya , envoya à bord
de ce bâtiment un officier qui , après les ques-
tions ordinaires sur la destination de la frégate
danoise et sur le nombre des bâtimetis qu'elle
convoyait , retourna à bord de la frégate an-
glaise ; celle-ci s'éloigna et alla se ranger en
arrière du reste de l'escadre dont elle fesait partie.
Mais elle revint bientôt après , et envoya à bord
de la freya un officier qui demanda à faire une
visite sur le convoi. Le capitaine Krabbe répondit
que ses instructions ne lui permettaient pas de
hi'ser faire une pareille visite , mais il offrit de
jnctire sous les yeux du commandant des bâti-
toens anglais tous les papiers du vaisseau. L'offi-
cier persista , au nom du commodote anglais ^
dans sa demande. On y répondit par un refus
formel, Il quitta la frégate danoise , et la frégate
anglaise marcha sur le convoi qui reçut le signal
de s'approcher le plus qu'il pourrait de la Freya.
Dans le même tems une autre frégate anglaise
s'avança vers la Freya . et tira sur un bâtiment du
convoi'. On répondit à son feu , mais de manière
' que le boulet passa par-dessus la frégate anglaise.
■Vers les huit heures du soir , le comraodore
anglais amena son vaisseau à côté de la Freya , et
réitéra la demande que le convoi se laissât visiter
saiu aucui»e oppositioa : il se disposait à taire
1426
«ette visite et- à en'CCTierse&.chalotïpef aax vifs-
eaux marchands. Lé capitaine Krabbe protesta ,
ainsi qu'il l'avait déjà fait , que cette mesure était
diamétralement oppCsée aux instructions (]ui lui
avaient été, données , et signifia qu il ferait fiiu
sur les chaloupes.
Le Commodore anglais persistant d^ns ses de-
mandes , ordonne à sa chaloupe d'aller au bâti-
ment du convoi qui se trouvait le plus piès.
Le ciioyen Krabbe commanda qu'on fît feu sur
la chaloupe , mais le canon fit Ipng feu et le
coup ne porta pas.
Le Commodore anglais, dont le vaisseau pre-
nait en flanc la Freya , à la distance d'eriviroi\
un quart de longueur de cable, lui lâcha toute
sa bordée à la(]uelle on risposta sur le champ;
en niênit tems , trois autres frégates environ-
nent la Freya qui avait aussi à se battre contre
les quatre fiégates à-la-lols. Le citoyen Krabbe
après avoir soutenu pendant une heure un com-
bat a lissi inégal , perdant l'espoir de vaincre un
ennemi rjui avait une supériorité si décidée ,
fut obligé d',â.n|cner p.ivillon. Le com^nodore
anglais envoya aux Dunes la frégate et' le convoi ;
mais le ciioyen Kr.ibbe fut cotiduii à bord du
bâtiment d\x commodore , et y resta jusqu'au
26 , qu'on reçut de l'amiral anglais qui com-
mande aux Duues , l'ordre de le renvoyer à
bord de la Freya , pour fjire le rapport de ce
qui éiàil arrivé. Ln Freya mouille dans les Dunes
à côté du vaisseau amiral anglais, et , a par ordre
de lamiral. Hissé flamme et pavillon danois. Elle
a sur son bord deux officiers et treize soldats
anglais, qui ne sont pas armés. Le citoyen Krabbe
a demandé qu'on les fit sortir de son vaisseau
ou que les anglais prissent possession de la fré-
gate danoise. Il n'avait pas encore, reçu de
réponse le 2S. Le citoyen Krabbe a toujours
etj la libetté d'aller à terre , mais les bâtimens
du convoi n'ont pas éprouvé la même indul-
gence.
La Freya a eu deux hommes tués et cinq
blessés , dont deux le sont grièvement. Elle a
reçu trente coups dans le corps du bâtiment.'
Le mât de misaine et le mât d'artimon ont beau-
coup souffert et les haubans ont été détruits en
grande partie. 1
D'après le rapport des officiers anglais , les ;
frégates anglaises étaient la Némisis de aS ; la
Prévoyante de 36 ; la Terpsichore de 32 ; et l' Arrow
de 20, en y comprenant les Caronades , avec!
lesquelles les anglais , au commencement de'
l'action , firent beaucoup de mal aux agrès de I
la Freya , et l'empêchèrent de faire aucune ma- 1
nceuvre rapide.
Le citoyen Krabbe pense que les frégates an-
glaises ont souffert autant que la Freya. On dit '
qu'elles ont eu cinq hommes tués et plusieurs
blessés, parmi lesquels unjofficier de marine.
Notice sur mistriss Montagne.
L'observation de M. Hume sur la reine Elisa-
beth peut s'appliquer à mistriss Montagne. Nuus
devons moins considérer son sexe que ses talens.
C'était une femme savante , douée d un juge-
ment sain et d'un goût exquis. Son Essai sur les
ouvrages et sur le génie de Shakespear, en réponse
aux frivoles reproches de Voltaire , peut être
regardé comme nne des preuves les plus éclatan-
tes du mérite transcendant de notre grand poète.
Cet ouvrage n'est pas un commentaire pénible
sur qiitliiues passages obscurs , mais un examen
général du génie de Shakespear , de sa connais-
sance approfondie du cœur humain , et des res-
sources étonnantes de son imagination. Nous
croyons que cet Essai est le seul ouvrage que
mistriss raontague ait avoué ; mais il est bien
connu qu'elle aida le lord Littleton dans la com-
position de ses Dialogues des morts. Lord Littleton
leconnaissait que quelques-uns de ses meilleurs
dialogues étaient l'ouvrage de cette dame. Il lui
était très-attaché , et , s il ne s'était pas trouvé
engagé dans les liens du mariage , il lui aurait
fait , en I épousant , hommage de son titre et
de sa fortune. On a cru néanmoins que mistriss
Montagne avait aimé Pulteney , le fameux comte
de Bain. Elle accompagna ce seigneur et son
épouse dans leur voyage en Allemagne.
Mistriss Motltague excellait particulièrement
dans le genre épistolaire ; et ses lettres , sous le
rapport de l'érridition , du jugement et de l'élé-
gance , sont très-supérieures à celles de lady Marie.
■Weriley Montagne , connues sous le nom de
Lettres de milady Montagne , si toutefois celle-ci
est véritablement l'auteur de ces lettres , recon-
liues pourêtre , en grande partie, supposées.
Mistriss Montague était proche parente du cé-
lèbre docteur Conyers Middleton , auquel , dans
son enfance elle consacra ses soins , et qui lui-
même veilla sur soi^ éducation avec toute la icn^
dresse d'un père.
On dit qu'elle montra dès ses premières années
un goût SI décidé pour la littérature , qu'avant
huit ans elle avait transcrit tout le spectateur.
Q;icl4U incroyable que paraisse celte anecdote ,
eue eiit ailesiée pat des personnes d'un très-grMid
peidis ,- e» elle^a éii|:iiïifcfifif ê^ Jo^iinjrlleimtnt par
le feu docteur Mou'sey , démohiUJiteur de rûéck>
cine du collège de Chelsea . ami partiruliev du
docteur Middleton et de mistriss Montaguci
La correspondance épistolaire qui s'établit entre
le docteur Mousey et mistrissMontague» pendant
son voyage en Allemagne , et qui subsista pen-
dant 3o ans, est une preuve des talens peu com-
muns , de la gaîté originale ei de l'esprit obser-
vateur de I un et de l'autre. Nous desirons sincè-
rement que ces lettres, ou du moins celles de
mistriss Montague soient données au public. Elles
ne contiennent rien qui ne soit propre à donner
une haute opinion de ses talens , de ses connais-
sances et de ses vertus.
Mistriss Montague était éconojme sans avarice ,
bienfcsantf sans prodigalité; elle avait la main
toujours toujours ouverte pour aider le génie,
et soulager le malheur 5 mais elle était généreuse
avec discernement, et elle n'uimait p'as à dépenser
son revenu sans nécessité. La belle maison de
cette dame était le rendtz-vous des plus beau*
esprit de son tems ; tous s'empressent de donnet
à sa mémoire les témoignages les moins équi-
voques (le leur respect , et de rendre hommage
aux charmes de son esprit et aux qualités ai-
mables de son cœur.
Il est pénible pour nous de finir cet éloge im-
partial , en annonçant au public que mistriss Mon-
tague , parvenue à un âge très-avancé , a terminé
sa vie le 25 juillet , dans sa maison à Portenaa-
Square.
( Ce morceau et le précédent sont extraits du
True-Briton , des 3o août et 1" septembre.
Du 11 fructidor , ("4 septembre).
Il règne à Noltingham et dans les environs,
des troubles que l'on attribue à la cherté du
pain , et qui sont devenus assez sérieux pour
que le maire ait requis un détachement de ca-
valerie et d'infanterie.
On apprend par <les lettres du Bengale que
le navire la Surprise a fait naufrage sur Saad-
Heads. L'équipage est parvenu à laide du petit
canot du bâtiment et d'un radeau , à se sauvex
suri île de Saugur , d'oi'r le capitaine, les offi-
ciers et sept hommes ont gagné Calcutta , lais-
sant sur I île trente-sept de leurs compagnons
d'infortune. Il a été expédié aussitôt à ccux-çi
des secours et des vivres ; mais on craignait
que la plupart ne fussent déjà morts de taim
ou n'eussent été dévores par les tigres ou les
autres animaux féroces qui abondent dans celte
île.
Deux hommes de l'équipage du vaisseau de
S. M. la Raistance . péii dans le détroit de
Banca , sont arrives à Bombay et ont raconté les
particularités suivantes :
La nuit du 24 juillet, ils furent réveillés par
la clarté d'une flamme à laquelle succéda ,
immédiatement après, une explosion terrible, qui
leur fit perdre connai^sa.ice pendant cinq minutes
ou plus. Au moyen de deux barres de bois ,
liées ensemble , ils touchèrent Pénang , oià ils
furent pris par les malays. Douze autres de leurs
camarades échappés aussi à l'explosion , ne pu-
rent jamais aborder la terre. Ils se louent beati-
coup du sultan de Macassar, à l'humanité duquel
ils doivent non-seulement la vie, mais encore
la liberté dont les malays les avaient privés.
Lord Castlereagh est dans cette ville. C'est le
premier membre de la repiésentatioa d'Irlande
arrivé; et l'on ne doit pas s'en étonner, car il
a fait prudemment comme Esope. -'- // s'est
chargé du pain.
(Extrait du Siar et du Saint-James Chronicle. )
Extrait de /'Européan Magazine, août 1800. pag. 85.
— Lettre à l'éditeur de ce journal.
Cl En lisant dernièrement dans un papier public
que le gouverneur Hunier , conjecturant que la
terre appelée Fa» - Diémen ne tenait point à la
Nouvelle-Hollande , mais qu elle devait être un
groupe d'îles séparées de la première par ua
détroit , à son extrémité méridionale , et désirant
vérifier la chose , il avait fait éqyiper un bateau
ponté du port de l5 tonneaux , construit à l'isle
de Norfolk , et l'avait envoyé au sud sous la con-
duite du second lieutenant et du chirurgien du
vaisseau de guerre la Reliancci que ceux-ci , ar-
rivés au degré prescrit , avaient traversé un dé-
troit spacieux et long , et fait le tour de la terre
deVan-Diémen; qu ils y étaient entrés dansdeux ri-
vières qu'ils avaient remontées l'espace de plusieurs
milles avec leur petit sloop ; que l'extrémité sep-
tentrionale de la terre cje Van-Diémen gît pai la
latitude précise de 3g degrés sud; que le détroit
comporte , dans quelques endroits , plus d'un de-
gré et demi de largeur, etc., et: qu'on préparait
Une cane de cette cJécouverte pour l'envoyer en
Angleterre , je me suis rappelé une reconnais-
sance faite antérieurement par deux vaisseaux ex-
pédiés du Bengale. Elle est rapportée en ces
termes dans les Couriers de Madras des si et aS
jai^vier 1795. '
1427
«e le due de Clifrenre , caprtaine tïayes . et la] ■ T). QjiiHe partie de nos côtes est la mieux si
îyiiclàisi, capitaine Couri , pariis pour «ne ex-
pédiiioii tenue secieitc , se sont dirigés , à ce que
indus apprenons, vers cette paitie de là lenc de
■ Van-Diémen , que le capitaine Cook avait irn-
primé devoir être sépatée deJa Nouvelle Galle
tuée pour iransporter le haieng d'Angleterre dans
les marches d'Allemagne ? quelle est la saison la
plus avaniagcufe pour le taire ? quels réijlernens
sont nécessaires pour tn assurer (c succès ?
iî. La partie de nos côtes la plus voisine des lieux
înêridionale. En exploitant ce détroit , Jls ont i où se pèche le haren;) gras , tel qii'd le faut pour
■trouvé que la conjecture du capitaine Cook. était les marchés d'Allemagne , est sans contredit la
%ès-fondée. Le détroit a environ irois lieues de I iiiieux située pour les pêcheries du hareng dcs-
largc. Il est suffisamment profond pour des 1 liné pour ! Allemagne. C est pour cela que , ni
vaisseaux d'une certaine capacité , et affranchi de | le port d"Varmou!h . ni aucun autre port à l'esl-
tout écueil , du moins d'après ce que nous avons I sud de la Grande-Bi et;igne , ne convient à cette
entendu dire. Le pays a'oonde en grands arbres, | espèce d'établissement. Une place qui paraît vrai-
dont un particulier ressemble beaucoup au chêne i ment avantageuse , c est Vick , djns le conité de
d'Angleterre. Le capitaine Hayes a donné au dé- Caithuess , parce que c'est au nord-est , à l'est
iroil te nom de Pruen., en l'honneur du capitaine et au sud-est de cc-tie côte , que les Hollandais
Pruen attaché à la marine de la Compagnie des j ont coutume de pêcher le meilleur hareng. Nous
Indes. De-là les deux capitaines se rendirent à i pouvons même y établir une colonie de marins
la Nouvelle Zélande , et ensuite à la partie, sep- hollandais habiles dans 1 art de préparer le hareng.
téntribriafe de la Nouvelle Guinée , oti ils trou- Nous en avons mainienant i^lusicurs centaines
Verent abondance de noix-muscades , de l'espèce , qui servent en partie à bord de nos Vaisseaux
ronde, qui semblaient n'attendre que la culture de guerre, en partie sijr nos bâtirnens maichands;
pour égaler celles des îles de Banda. mais pour l'aire un éiab^issemctii de cette espèce .
»Ils débarquèrent là quelques-uns de leurs '"!"« '^^"'.P^'i °!^^''^^<^^ " P'-''^"-.e^ d" homme
gens pour y fortner un établissement , et encou
ragèrent les naturels à cultiver leurs noix-tpus-
cades , ainsi qti'à recueillir l'écorce d'un arbre
d'un goût très-aromatique. Nous pensons que
c'est la même dont parle le capitame Thomas
Forest dans la relation de son voyage à la Nou-
velle-Gitinee , et qu'il appelle Masol.
)j Le capitaine Hayes laissa la Duchesse , capi-
taine Court , et l5 européans pour prendre soin
de rétablissement qu'il venait de former , et il fit
roule pour Timor, Batavia et la Chine. !'
Il paraît, par cet extrait , que l'existence du
détroit qui sépare la terre de 'Van-Diémen de la
Nouvelle-Galle méridionale . était déjà connue ,
et que ce détroit avait un nom. Comment je fait-
il cependant que deux navigateurs qui l'ont ex-
dont la profession soit de mettre , comme le lotit
les Fish Wurdens hollaridais , la dernicre mjin
à la préparation du hareng quand les Russes ren-
trent dans le poir. Ces Fish 'WardenS pourraient
être assujettis aux mêmes réglemens que ceux
auxquels son! soumis les Fish 'Wardens hollandais
à Enckuisen et à Ularchngcii. Le teins U plus
favorable pour ces pêcheries, à la côte de Cai-
thuess, est depuis le a de juin jusqu à la fin de
juillet , moment où la pêche du hareng est dans
toure sa force.
On pourrait faire un établissement semblable
sur la côie occidentale de I Ecosse; plac-r , par
exemple , une colonie de [lêcheu-s hollandais
dans le voisinage de léiang Crinan. Aptes la
première préparation faite à la maiiiere des hol-
andais . le poisson serait transporté de là par le
ploré, différent autant sur sa largeur ; l'uii le | canal Crman', qui sera bientôt achevé, tt ven...
représentant comme spacieux et long et lui don- i^^x n,3rchands de Greenock. Ce hareng serait
nant , dans quelques endroits , plii« de 3o lieues
de large ( Un degré et demi ) , tandis que l'autre
ne lui en assigne qu'environ trois?
j'invi '■ ; amis du capitaine Hayes à noiis
'fournir, j^rla voie de votre journal , les ren-
•Seignctrreris qa .Is y-i'uraieni avoir sur la décou-
verte de ce détroil. Je djsire qtj'ils puissent noui
dire en même tems si le capitaine Court , qc'il
iavait laissé à la- Nouvelle-Gu'inée pour prendre
soin de sa petite colonie , a réussi dans la cul-
ture de la noix-muscade , et la civilisadon des
naturels du pays , réputés jusqu'alors pour être
un peuple féroce et intraitable.
ai août 1800 , ou 3 fructidor an 8. C. 'W.
Snile etfn des questionsfnites au R. HerbreMarsh ,
et de ses réponses.
Demande. Pensez vous que l'Angleterre puisse
augmentersoncommercede hareng en Allemagne?
de ' quel degré d'accroissement ce commerce
€st-il susceptible? fjuels sont les moyeris d'en-
couragement à employer ?
Réponse.. Il est sûr que lecoramerce du hareng
d'Angleterre en Allemagne, est susceptible d'un
grand accroissement ; mais , il est jusqu'à pré-
sent impossible de conjecturer avec quelque-
probabilité , combien .de milliers de bctrils nous
pourrions vendre, tous les ans. La consomma-
tion du hareng en Allemagne ne va gueres au-
jourd'hui a plus de i3o,ooo barils par an ; mais
il est évident quelle pouna plus que doubler,
car avec l'iiriportation qui se fait maintenant ,
fous les allemands se plaignent de la rareté de
cette denrée; d ailleurs, les hollandais seuls, quand
leur commerce en hareng était la plus florissante ,
et qu'ils y employaient au-delà de 2,000 busses,
passaient pour fournir à 1 Allemagne plus de
3oo,ooo barils*par an.
Quant au meilleur moyen d'encourager notre
commerce du hareng en Allemagne , le sine qui
iion est d'adopter à l'instant même la méihode
des hollandais : une fois que nous l'aurons adop-
tée , le commerce du hareng, entre le nord de
l'Aiigleterre et 1 Allemagne, s'établira sans aucune
espèce de difficultés , parce que 1 avantage que
notrs avons de pêcher ce poisson sur nos propres
côtes , nous met en état de le donner à meil-
leur .niarché que les hollandais et que les mar-
chands dEmbden et d'Altona , qui ont un grand
trajet à faire pour arriver aux endroits où se
fait leur pêche; et comme le hareng de Suéde ,
<iui était, il y a quelques années a bien meil-
leurs marché que le nôtre, s'est élevé graduel-
Icipent jusqu'au prijt du hareng de Gteenook,
il est évident qu'aussitôt que notre hareng aura
ittcini l'excellence de celui de Hollande ,, l,ei
tuëd'ors ne pourront plus soutenir la concur-
rence avec nous. Q_uand je dis que le hareng
de Suéde a augmenté de priili graduellement,
je ne prétends pas parler de l'année 1800 ; car
•"iv. ^«i» de novxmbte, et de décembre 17^99,
la pêche a manqué en Suéde; mais je paile
de» deux anoées précédentes , oà il n'y eut pas
«liseite.
alors porte au magasan qui y serait établi , et
préparé comme il faut qu il le soit pour les mar-
chés d'Allemagne. Le Clide et le Forth canal ,
présentent des moyens faciles de transport pour
Hambourg.
Je recotnmande qu'on emploie des pêcheurs
hollandais , parce qu'une fois qeie les pêcheurs
et apprêtcurs écos-ais auront vu combien la mé-
thode des hollandais est avantageuse , ils seront
plus portés à la suivre. Ainsi cette méthode sera
adoptée graduellement à Oban , Tobernury ,
Siein , Ullapool , et dans les autres pêcheries.
D. L'Allemagne fait-elle une grande consom-
mation de harengs de Suéde et de Poméranie ?
Si la consommatiofi en est' peu Considérable ,
quelle raison peut-on en donner ?
R. Depuis que le hareng de Hollande a man-
qué en Allemagne à cause de la guerre , on y
consomme une grande quantité de harengs sué-
dois ; car , quoique les allemands n en fassent
pas grand cas , les gens du peuple sont obligés
d'en acheter ou de se priver tout-à-lait de cette
nourriJure_, parce que le hareng de Embden
et d'Altona coûte t.éii-cher aujourd'hui. Mais
l'année dernière , la pêche du hareng ayant
manqué en Suéde (cet'e pêche; se fait en no-
vembre et décembre , tems où une multitude
de harengs sortie de la mer du nord remplissent
toutes les baies et toutes les criques depuis
Gbihembourg jusqu'à Stromstadt) , l'exportation
y a été délenciue jusiju'au mois de novembre 1800;
parce que les suédois n'en avaient pas trop
pour leurpropre proclamation.
La raison pour laquelle 'a pêche avait manqué,
c'estqu'une grande partie du hareng, au lieu de se
diriger vers le Sund , était entrée dans lEIbe , et
une autre partie au lieu de s'arrêter devant le
Supd , était entrée dans la Baltique , et s'était
avancée vers l'île de Ruigen et les autres endroits
de la Poméranie suédoie , on l'on n'avait, pas
vu ce poisson depuis long-terns. Je ne saurais
dire si l'on a salé de ce hareng pris sur les
côtes de la Poméranie suédoise , ni combien il y
en a eu de salé , ni quelle en était la qualité.
Le hareng de Suéde n'est pas du goût des alle-
mands , parce qu'il n'est pas préparé selon la
méthode des hollandais ; ojr , la maniera particu-
lière dont se fait cette pêche sur les côtes de
Suéde, doit rendre la méthode hollandaise ex-
trêmement difficile pour ne pis dire imprati-
cable.
D. La concurrence du hareng de Suéde ou de
Poméranie serait-elle dangereuse pour ies anglais
qui entreprendraient ce genre de commerce ?
R. Si nous adoptons la méihode des hollandais
pour la préparation du hareng , et que nous attei-
giiions leur supériorité en ce genre, nous n'au-
rons point de concurrence à redouter de la part
de la Suéde , ou de tout autre pays.
O. Le hareng préparé à la manière çies hollan-
dais doit-il être préféré pour la consommation
iptérieure de Grande-Bretagne ? Qiiel serait le
meilleur moyen d'en encourager l'ujage dans ce
pays ?
J'
K.J'ai connu chez l'étratiger tant d'Anglais (lui ,
ayant eu occasion de uiauger dti'hareng préparé .
à la manière des liollaiid lis , l'opt .trouvé de leuis
gdû'', que je suis persuadé que si notre hareng
était aussi bien préparé , il s en ferait beaucoup
de demandes , et <ju'il serait recherché à Londres
et dans les autre» parties de l'Angleterre , comnft;
un mets peu coûieux,, sain., et agréable au gofii.
Je ne suis pas étonné que le hareng salé, soit
d Ecosse, soit d Irlande, le hareng de liilc 4e,
Mail , qu on cxj'O.se en vente dans nos marehés ,
ne soit pas recherché; car. quoiqu ils \iOssedent
la première des trois (jualiiés que je viens de
nomirier , c'esi-à-dire, qu ils soient à bon marché ,
ils manquent absolument des deux autres. Ils né
sont ni agréables au gotit , ni sains. Ou ce Irireng
est trop salé , ce qui lui reiid r<3od la chair d.ujje.;
ou il ne 1 est pas assez , ce qui lui donne le gO^t
d'huile rancc.
D. Avez vous d'autres renseignemens à nous
doiînér sur le hareng , otr sur-tout a.uire po.is-
son dont la pêche pourrait être suivie sur les
côies d'Angleterre.
R. Je n'ai pas d'autres observations à 'aire qt,ie
celles qui résultent de ce que j'ai déjà dit ,
j'insiste sur la nécessité de suivre la méthode
hollandaise dans tous ses points , ou du moins
autant qu'il sera possible de le faire ; c'est le
seul moyen d'assurer à noire hareng un gra,nd
débit soit en Allemagne , soit en Angleterre ,
il serait très-à-propos qu'on introduisit le plutôt
possible cette méthode dans quelqires parties
du Nord de la G. B. afin qu'avant que la guerre.
flnisse , et que les hollandais aient pu repiend're
leur commerce , les marchands d Allemagne
soient convaincus que nous pouvons leur
fournir du hareng salé, au si bon .que ce-
lui des hollandais ; au lieu que si npiis
laissons à ceux-ci le tems de reparaître daijij '
l'Allemagne . les hollandais , apiès les essais
malheureux qu'ils ont déjà farts avec nous , ne'se"^
soucieront pas d'en faire de nouveaux. On dit
que la médiode hollandaise qui , certes , est
iuconiiuc en Ecosse , ainsi que le prouve I ex-
périence et que lattestenl les meilleurs ju'jes du
pays en ce genrç , est Connue des pëcheUrs
dYarmouth , ([uoiqu'il y ait une grande distance
d'Yarmouih aux endroiis où se pêche le hareng,
le meilleur et le plus gras, et qu'on nç pêche
dans les environs de ce port que des harengs
maigres , qui ne peuvent «e vendre en Allemagne
que comme hareng soret. C'est au comité à dé-'
terminer s'il ne convient pas d'envoyer des apprê-i*
teurs. d Yarraoutk en Ecosse où la saison de W-
pêche va commencer, ou d'employer tout autre'
moyen , si le premier était insuffisant ,poiir in-
troduire complettement dans ce pays la méthode
hollandaise.
IN TÉ R I E U R. .
Beauvais , 1 2 fructidor.
Le premier comédien de PEurope, dont la ré-
putation égale celle de Roscius, qui nous a fait
passer de si douces heures quand il embellis-
sait la scène française, quand il rendait avec
tant de vivacité, de feu, d'esprit, de -traces
les concepiions de Molière , de Regnard , de le
Sage , de Dancourt et de Marivaux , est en-
terré dans le cimetière de Beauvais , sans que
la moindre inscription, sans qu'une pierre tom-
bale honore la place où reposent ses cendres.
Le piéfet de i Oise a résolu de lui dédier, un
tombeau, sur le bastion de la porte defiresles-
il en a fait faire les dessins par le citoyen Mo-
linos , dont le nom rappelle de si beaux mo-
numens.
On avait le projet de raser le bastion de Bres-
les , en abattant les rempans qui cernent la ville ,
et qui s'opposent à la libre circulation de I air
dans ilri pays bas et coupé de canaux. Le préfet
a désiré qu'il fût conservé , qu'on s'y rendît à
l'aide de deux pentes douces. Il a cru que des.
ouvriers faiigtaés des travaux du jour, avaient
besoin, le soir, de respirer un air plus pur
sur urie hauteur salutaire. Il doit faire couvrir
le bistibn , d'arbres choisis . de gazons , de fleurs
et d'arbustes, et l'entourer d'une balustrade. Il le
destine aux jeux aimables de l'enfance. L'œil ,
de-là, domine la ville, et s'étend sur |e vas.le
et piiroresqué horison qui la renferme et l'em-
bellit.
C'est dans ce lieu que s'élèvera le tombeau
de Préville, orné des attributs de la gaîté , de
la lolie , de la moiale qu'il respectait, et dont
jl a toujours été l'apôtre aimable.
Le conseil général du département de l'Oise
a voulu se placer an tête de la souscription qui
s'ouvre pour l'érection de ce monument.
Les maire et adjoints de la ville de Beau-
vais, auxciuels le plan avait été commuiii(|ué .
le jour de leur installation, se sont joints au
préfet pour en suivre l'exécution.
Tous les amis des arts et des talens , les écri-
vains, tous les acteurs de l'Europe s'empresse-
ront sans doute de contribuer à cet acte de
tej;oiina)s»ance. Ils atiresseront lenrs offrandes au
tiîoyen Mouro, chef du bureau particulier du
yréfet , ei les feront parvenir franches de port.
Paris , /f 22 fructidor.
Le citoyen Barennes (de Bordeaux) membre
du conseil des prises , vient de mourir. Il avait
été ptocureur-génêral-syndic du département de
la Gironde, et membre de deux asssemblées na-
tionales. Les membres du conseil des prises , ses
collègues , ont assisté le 19 à ses obsèques.
— LeJ,eurnaldes Débats annonce la rentrée du^
citoyen Larive au Théâtre-Français pour le mois
de brumaire prochain.
Le citoyen Malhei-be . ci - devant membre
distingué de la Congrégaiioo de Saini-Maur , est
nommé bibiioiliécaire du inbunar.
— Une aventure cruelle fixe en ce mornenl
l'aitention de la ville dç Bruxelles. Un aubergiste
de celle ville, revenant de se promener avec
sa femme , tombe sans connaissance à côté d'elle.
On le croit mort , les gens de 1 art le déclarent
tel. Le Içndemain on le renferme dans un fort
cercueil de chêne , et on le dépose dans une
chapelle qui sert à cet usage , en attendant les
funérailles. Des voisins entendirent un bruit ex-
tcaordinaire dans celte chapelle ; on y court , et
le malheureux aubergiste est trouvé baigné dans
son sang , et réellement mort cette fois , des
efforts qu'il avait faiis pour sortir de son cercueil.
-— Journal de Bruxelles.
— L'avidité des corsaires de la librairie va four-
nir encore une nouvelle occasion au tribunal de
la Seine d'exercer sa justice. Le citoyen Ron-
donneau , propriétaire du dépôt des lois , vient
de faire saisir chez les citoyens Lenormand et
Nicolle , plusieurs exemplaires d'une édition
contrefaite du Manuel des agens et adjoints munici-
paux, déguisé sous le titre de Code des maires et
adjoints.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 18 fructidor an 8.
Les consuls ,de la république arrêient ce qui
suit :
Art. 1'='^. A compter du 1" vendémiaire an 9 ,
Les préfets feront régler , par le commissaire
ordonnateur de la division militaire , les dépenses
en fournitures de denrées . manutention et trans-
po.t , que des cii constances imprévues pourraient
exiger pour le service militaire dans les dépar-
temens.
II. Ce règlement devra être fait dans la décade
qui suivra la fourniture effectuée.
III. Dans la décade suivante , le commissaire
ordonnateur adressera au ministre de la guerre ,
les pièces de services par lui réglés. Le mon-
tant en sera ordonnancé, par le ministre , dans
la forme ordinaire , et payé en numéraire sur les
fonds mis à sa disposition.
IV. Il sera fait déduction par le ministre de
la guerre , du montant de ces dépenses . sur
les premiers payeinens à faire aux compagnies
chargées du service.
V. Au moyens de ces dispositions , il est
de nouveau expressément défendu à toute auto-
rité civile ou militaire , à peine d'en répondre
personnellement , de disposer d'aucune somme
dans les caisses publiques. Les payeurs et rece-
receveurs seront également responsables de tout
ce qu'ils auraient payé sans une ordonnance
régulière.
VI. Les ministres de la guerre et des finances,
sont chargés , de l'exécuiion du présent arrêté
qui sera imprimé au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 19 fructidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la police générale , après avoir
entendu l'avis du conseil-d'ètat , arrêtent ce qui
suit :
Art. \". Tous le» individus condamnés à la
déportation autrement que par des actes du pou-
voir judiciaire , et qui sont actuellement à la
Guyane française , seront transférés dans le plus
1428
court délai possible , dans les îles de Rhe et
d'Olèrori , et mis sous la surveillance du préfet
de la Cliaiente-Inférieure.
II. Ceux d'entr'eux qui , d'après les lois ou les
actes du gouvernement, croiraient avoir droit à
leur mise en libellé , adresseront, des lieux dé-
terminés pour leur transférement par le présent
arrêié , leurs réclamations aux autorités compé-
tenies.
III. Les ministres de la marine et des colo-
nies et celui de la police générale sont chargés
de l'exécution du présent arrêté qui seia imprimé
au bulletin, des lois.
Le premier consul y Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le s eCtéiaire-d'état , signé, H. B. Maret.
l,es consuls de la république , au sénat-conservateur.
Du 22 fructidor , an 8.
Sénateurs ,
Les consuls ne la république invitent le sénat-
conservateur à pourvoir , conformément à l'ar-
ticle ïo de la constitution, au remplacement
des citoyens Dalphonse et Villers , membres du
corps législatif, dont l'un a accepté la place de
préfet du département de l'Indre , et le second a
opté pour la place de directeur des douanes à
Nantes.
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état, signé. H. B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante- du
citoyen Renaud, canoi^niei au t" régiment d'ar-
tillerie à pied , au siège de Bard , oii il a tiré avec
une justesse rare , et à la bataille de Maringo ,
où il s'est fait remarquer les «4 et «5 par son
adresse et sa bravoure;
Lui décerne , à titre de recompense nationale ,
une grenade d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par larrêié du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 22 fructidor, an 8 de la
république française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Leminisire de la guerre , signé , Carno'R
Au NOM bu peuple français.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Sans-Gêne , maréchal-des-logis au 2' régi-
ment d'artillerie légère , à la bataille de Maringo,
oià il s'est comporté d'une manière héroïque , et a
été blessé ;
Lui décerne à titre de récompense nationale,
une grenade d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le S2 fructidor, an 8 de la répu-
blique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B . Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Aunomdupeupleprançais.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Reinal ,' canonnier pointeur au 2^ régi-
ment d'artilllerie légère à la bataille de Maringo ,
où il a détnonté une pièce à l'ennemi , et s'en est
emparé ;
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
une grenade d'honneur.
Il jouira des prèrogaiives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 22 fructidor, an 8 de la
république française.
Le premier consul ^ signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Cakkot.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Copie de la lettre écrite le sa fructidor an 8 , par le
préfet de police , au rédacteur du Journal le
Publiciste.
Dans votre feuille de ce jour , vous publiez
un fait attroce , et en annonçant que vous ne
suspectez pas la véracité de celui qui vous l'a
raconté, vous portez davantage à y ajouter foi.
Il est de toute fausseté qu'un homme qui aurait
éié renfermé dans la partie des prisons de la
force appelée te Bâtiment-Neuf, ait éié pris pour
un mouchard par les antres prisonniers , et que
ceux-ci ayant cru en avoir acquis la preuve , lui
ayent coupé la tête. /
Les détails que vous ajoutez à ce faii ne sont
pas moins faux. Rien de semblable niest arrivé
dans telle prison de Paris que ce soit ; je ne
conçois pas comment vous avez pu l'imprimer,
et compromettre aussi légèrement la tranquillité
dont doivent jouir tous les prisonniers placés
sous la surveillance et la sauve-garde de la police.
Je vous enjoins de réparer cet outrage à la vérité,
par l'insertion de cette lettre dans votre prochaiB
numéro.
Salut et fraternité ,
Le préfet de police, signé Dubois.
LIVRES DIVERS.
Fables choisies mises en vers par le cit. Formage ,
professeur à l'école centrale du département de
la Seine Inférieure , et membre de la société
d'émulation et du lycée de Rouen.
A Paris , chez Barrois , l'aîné , libraire , rue de
Savoie, n" sS ; et à Rouen , chez l'auteur, rue
Orbe , n» 34; et Periaux, imprimeur-libraire, rue
de la Vicomte , n° 3o.
COURS DU CH AN G E.
Bourse du 22 fructidor. — > Cours des effets publics.
à 3o jours. à 60 joun.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
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4 fr. 98 c.
57 i
18^
»TP.
Effets publics.
Rente provisoire 17 fr. yi c.
Tiers consolidé 33 fr. i3 c.
Bons deux tiers. . . . , i fr. Sg c.
Bons d'arréragé 84 fr.
Bons pour l'an 8 88 fr. 2S c.
Syndicat
Coupures 64 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts.
Auj. Praxitelle ou la Ceinture , opéra en un acte ,
suivi du ballet de la Dansomanie.
Théâtre du Vaudeville. Auj. les Avant-postes ;
la Matrone , et Chahpagnac.
Théâtre delà Cité-Variétés.^ — Pantomimes.
' Auj. relâche.
L'abonoemcoi se fait iParis, rue des Poitevin
«'abonne qti uu commencement de chaque mois.
Ilfaul adresser les leuteseil'argeai.francdeport.aucit.AoAssE, propriétaire de cejournal.ruedes Poitevins, n'» 18. Ilfauteomprejidre dans les envoi» le port de
pay. où 1 on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour ^lus de sûreté , de charger celles qui renfermentdes valeurs , et adresser tout ce qui con
Foiievins , n" i3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cii ^ heures du soir.
' iS. Le prix est de 25 francs pour trois mois, 5o francs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
:quiconcerne la rédaction de la feuille, au lédacteur , rue des
A Vaxh, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 354.
Quartidi , ^4. fructidor au 8 4e la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel
Il contient les séances àes aurorirés consrimées , les actes du gouvememeni , les nouvelles des armées , ainsi q,ie les faits ec les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découveices nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres, 5 septembre. ( i] fructidor.)
-Le courrier de Bombay du «S janvier (5"plu-
viôse ) , rapporte que le fameux capitaine Sur-
couff , commandant le corsaire français la Clarisse
de 18 canons , après avoir été vainement chassé
par la frégate ta S)hilU , a attaqué et pris a la vue
du Manship et du Lansdown, , vaisseaux de la
corapagnie , /«jfane , capitaine Stewart. — L'éqoi-
page du capitaine Surcoufî était composé de son
frère , de 5 officiers y compris le chirurgien , de
Soeurbpéans de différentes nations, de lo cafFres ,
ïl lascars, i syrien pris à bord de l'Albion,
lorsque le capitaine Surcouffs'en empara, et de
quelques malays. — Ce capitaine a capturé depuis
un senaut/iariflA , sur lequel , après en avoir fait
passeràson bord les marchandises , il a embarqué
l'équipage du jfane , ainsi que le second officier
àeCAuspicious , bâtiment dont il s'était aussi rendu
maître cinq semaines auparavant et quiétait chargé
de 4 mille balles de riz, de 5oo de sucre et de
375 ballots de marchandises en pièce.
Sir Walter Farguhar a cru devoir publier que
ce n'est pas comme médecin , mais bien comme
ami, qu'il a prescrit l'eau à M. Dundas. lia craint,
sans doute, qu on ne l'appelât le docteur San-
grado.
Les habitans de Newburg ont arrêté entr'eux
qu'ils cesseraient de faire usage débourre, jusqu'à
ce que le prix en fût tombé à i schelling la
livrp.
Un bâtiment portugais , expédié de Goa pour,
Macao , et ayant à bord le nouveau gouverneur
de Timor , Joachim de Souza , avec sa femme et
«es enfans qui l'accompagnaient dans son établisse-
ment a été mis en pièces sur des rochers , en
voulantentrer dans la baie de Lark pour semettre
à l'abri d'une tempête. De l5o personnes qui y
étaient embarqués , 46 , du nombre desquelles
est la femme du gouverneur , ont péri, et ce
n'est qu'avec bien de la peine que celui-ci a
échappé au naufrage. On ri'a pu rien sauver de
la cargaison qui était très-riche.
Les dernières gazettes de l'Amérique , qui sont
d'une date très-fraîche, ne contiennent d'inté-
lessant qu'une proclamation , par laquelle le gou-
vernement nie qu'aucun symptôme de la fièvre
jaune se soit manifesté de tout l'été , qui , heu-
reusement pour ce pays , approchait de sa fin. A
en juger par ces papiers, il régnait une grande
fermentation dans les esprits, qui se sera calmée
après l'élection générale. Rien de plus faux que
la mon de M. Jefferson. On tue ainsi les gens ,
ppiir leur ôter des voix.
L'ambassadeur turc et sa suite ont appareillé
dYarmouth le s6 août (8 fructidor) pour Cux-
haven. Son excellence avait fait embarquer à
bord du paquebot le King Georges où elle a pris
passage , 5oo concombres et 5oo œufs ; et du
moment de son arrivée sur ce bâlimenl , elle s'est
installée dans sa voiture, qui lui servait de chambre
à coucher , de salle à manger , et de salon à
fumer. [Extrait du 'Londonfacket et'du Morning-
Post. )
Voici ce qu'on écrit de Nottingham ; lupdi
I^' septembre , après midi.
La hausse qu'a éprouvé le prix du blé , et qu'il
faut attribuer .non à une disette réelle, mais à ce
que les dernières pluies ont empêché les fermiers
d'amener leur grain au marché , a donné lieu à
des mouvemens séditieux. La nuit dernière la
populace s'est attroupée; elle a débuté par as-
saillir les fenêtres des principaux boulangers .
enfoncer leurs portes, et piller toute la farine
et tout le blé qu'elle a trouijé. C'est à huit heures
que le pillage a comtocnié. Notre premier ma-
gistrat ne croyant pas que les excès dussent aller
plus loin , défendit, jusqu'à onze heures , qu'on
appelât de lu troupe ; pendant ce lems toute la
ville a été dans les plu» grandes alarmes , et les
boulangers, qui cependant étaient tout-à'fait
iniioceos , ont eu beaucoup à souffrir. Les soldats
loiiireiit '<nfin de féurs casérHcs , et arrivèrent
avant le niaiie à leur tête. Les mutins se disper-
irreni a l'instaRi ; mais ce ue fut que pour recom-
rriencer leur pillage dans un autre quartier de la
ville. Ils se pointèrent sur le rivage de la Trent
( rivière ) , oij ils trouvèrent des bateaux remplis
de .blé ; ils prirent plusieurs sacs qu'ils partagè-
rent entre les femmes et les enfans , qui s'en allè-
rent en emportant leur butin. L'attaque se dirigea
ensuite contre un magasin qui appartenait à "un
boulanger, et dans lequel il y avait beaucoup
de blé. Tout, fut pillé et une grande partie du
grain fut entièrement écrasée sous les pieds.
Les dragons parurent alors, et les hostilités
cessèrent encore une fois. Quelques-uns des chefs
de la sédition furent arrêtes et rhis en prison ;
mais la populace ne tarda pas à les en délivrer.
La ville es't dans ce moment dans un état de con-
fusion. La place du marché est entourée de
mutins , que la présence de la troupe peut à peine
contenir. Lrs magistrats . dirinés par des motifs
d'humanité, font tous leurs efforts pour appaiser
la sédition. Les volontaires n'ont pas encore été
appelés. Le pauvre souffre de la faim, et ne T«eut
obtenir de farine ; il faut faire de grands efforts
pour le soulager. Vous concevez que le moyen
le plus efficace serait que le» riches achetassent
tout le grain aux fermiers du voisinage , et le
revendissent au pauvre , à un prix nnodéré, iùs-
qu'^ ce qu'on ait eu le tems de faire venir de loin
des provisions suffisantes.
Des mouvemens semblables ïe sont fait sentir
aussi à Mansliel(is , et dans tout le voisinage autour
de Nottingham. Nous espérons que la stagnation
que cesévénemens ont causée dans les manufac^
tures , ne sera que momentanée. Toute la partie
laborieuse du peuple monie la garde dacs les
rijes.
A dix heures du soir.
L'insurrection paraît vouloir continuer dans les
fauxbourgs. Le maire a été forcé d'appeler le
corps des volontaires , cavalerie et infanterie.
Ils font maintenant patrouille dans la ville; plu-
sieurs piquets ont été placés su» les bords de la
Trent , où ils travaillent à disfwrsçr les révoltés
qui y sont rassemblés en irés-grand nombre. Ltrs
I magistrats craignent d'être obligés d'en venir enfin
à des mesures coercitives , dont les conséquences
alarment leur humanité.
( Extrait du Times , 4 septembre. )
Un pauvre ouvrier , père d'une nombreuse
famille , travaillait-pour un fermier à quelques
milles de Bridgeiiorth. Pendant l'excessive cherté
de toutes les choses nécessaires à la vie. ce
malheureux homme s'adressa à son maître , et le
pria de lui payer une semaine de ses gages, en
bled ou en farine. Comme il était depuis 20 ou 3o
ans à son service, il espérait qu'il la'lui don-
nerait au-dessous du prix du marché. Le fer-
mier rougissant de lui demander le prix courant ,
et n'étant pas dispose à donner son grain à
meilleur marché , se refuse à sa demande. L'ih-
fortiiné fait à l'avide lerniier le tableau touchant
de la misère de sa famille qui mourait de faim.
Le barbare lui réponden plaisantant , que s'il n'a
pas de quoi acheter du bled , il n'a qu'à en
voler. Indigné de l'inhumanité du fermier, et
réduit au déiespoir >à la vue de sa femme et
d« se.« enfans , qui lui demandaient inutilement
du pain, le pauvre homme suit à la lettre le
conseil de son martre , et dérobe dans le gre-
nier de celui-ci environ deux boisseaux de bled
(îcjnq boisseaux de Paris) , à différentes reprises.
Cependant on s'apperçoit du vol , et on en
donne avis dans les journaux , avec promesse
d'une récompense de cinq guinées pour celui
qui découvrirait le voleur. Notre homme effrayé
va trouver volontairement le magistrat voisin ,
et lui avoue le fait , avec toutes ses circons-
tances. Le magijtrat envoie chercher le fermier,
tt lui dit qu'on a eu quelques renseigtiemeus
sur son voleur , mais qu'avant d'en apprendre
davantage , il faut qu'il dépose les cinq guinée»
qu'il a promises. Cette condition étant rehiplie ,
le magistrat révèle au fermier le nom du vo-
leur, qui , lui dit-il, n'avait fait que suivre'le
conseil qu'un maître impitoyable lui avait donné.
Il ajoute que , s'il veut poursuivre le coupable ,
toute laffaire sera portée à une cour de justice;
le fermier redoutant un éclat qui ne pourrait
que le deshonorer , renonça volontiers à toutes
poursuites , et le digne magistrat , apiès un
avis sérieux donné au pauvre ouvrier , dont la
conduite avait été jusques là, toujours irrépro-
chable , et ^ui n'avait été poussé au crime que I
par linhumunilé de son maître, ordonna que
les ciriq guinées seraient employéLS à acTieiet
du pain et des vêtemens à ses enfans qui étaient
nuds , et mourant de faim.
{ Extrait du True Briton. }
On apprend par ta Reliance bâtiment vivrier
de la Nouvelle Galles méridionale que les bâ-
limens ([ui s'occupent de la pêche de la baleine
dans la nier du Sud ,. commencent à incom-
moder lé cftrnmerce des espagnols sur 1» côte
du Pérou. Trois prises sont déjà arrivées au
port Jackson. Le Baleinier, te Betsey venait d'y
enirer , s'étant séparé depuis peu d'une autre
qu'il avait faite , à la faveur d'un coup de vent.'
Le bâtiment capturé passait pour être chargé
rie piastres, il était attendu d heure en heure.
Un petit nombre de cutters et de sloops de
guerre , sur la côte , suffiraient pour prendre
bien des bâtimens espagnols. [Times, 'i septembre.)
INTÉRIEUR.
Taris , le 23 fructidor.
Le chef d'escadre Castagnet , prévenu d'avoir
laissé entrer les anglais dans le port de Dunker-
que, où ils se sont emparés de la frégate la Desiréi^
est aujourd hui , aS., traduit devant le jury njari-
lime , séant rue du Cherche-Midi dans le local
du premier conseil de guerre. Ce jury est com-
posé du citoyen Bruix , vice-amiral ; Dalbarade,
contre r amiral , etc. Le ciloyffn Prieur, de là
Marne, est chargé de la défense du prévenu.
(Journal de Paris. )
— On écrit de Strasbourg que le commissaire
} de guerre Brek qui , depuis l'été passé , était
ariêté à Lindau avec un garde, a été conduit
à Mayence , pour y être jugé par un conseil
de guerre; il est prévenu de dilapidations.
(Clef du Cabinet.)
— On avait appréhendé à Vitré , département
d'Ille et Vilaine , l'éruption d'un volcan. Une
lettre que le citoyen Mathuon , ingénieur de»
mines de la république, écrit, de Saipt-Jean-Pied*.
de-Port , le 6 fructidor , achevé de calmer le»
inquiétudes.
Il Je connais, dit-il, les montagnes de Vitré
et des environs; j'ai examiné attentivement la
montagne Brûlée dePoligny, à deux rayriametreï
de Rennes , sur la route de Nantes, fille est
de même nature que celles de Vitré , qui sont
généralement composées de schiste légulaire oh
la pyrite est assez abondante. La montagne de
Pdligny a brûlé sans explosion , sans éprpuver
de secousses , au moins considérables , puisque
sa masse n'a souffert aucun dérangement. Il est
à espérer qu'il en sera de même de celles des
environs de Vitré. La fumée annonce , suivant
moi, que le foyer n'est pas bien avant dan»
la terre ; d'un autre côié , que la montagne est
ouverte et laisse échapper les vapeurs et les gaz
produits par la combiistion. !>
— On écrit de Bar-sur-Ornain , que la distribu-
tion des prix aux élevés de I école tentrale de la
Meuse, a eu lieu 'avec solennité; elle était pré-
sidée par le préfet : on y a entendu un discours
sur' la tndniere d'enseigner , renfermant d'excellens
principes , et éloquemment écrit. Les élevés ont
eiisuite représenté un drame traduit de Koizbue ,
intitulé : tes Deux-Freres , ouvrage qui a dû Son
succès , à Paris , moins à son mérite comme pro-
duction dramatique, qu'au tonde moralité que
l'auteiirasû y répandre.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté dan fructidor.
Bonaparte, premier consul de la république,
atrête :
Que le citoyen Auguste-Frédéric-Louis-Viesse
Marmont , conieiller-d'état , général de brigade ,
cotiimandanl en chef l'artillerie de l'armée d'Italie,
est promu au grade de général de division dans
cette arme , pour en jouir conformément à la loi ^
du i5 vendémiaire an 4.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Lepremier consul , signe' ,-hotiA?A».a.
Par le premier consul ,
Le secrt'taire-d'étal, sipié , H. B. Masiîi'-
-SECOND TABLEAU Ci;. ^3©
MINISTERE DE L ' I N T E R I E U ïl.
Gissememens qui exigeraient un long trajet par terre ^ avant que de pouvoir former des embarcations pour conduire des
• masses moyennes à Paris.
fc' TRANSPORTS FACILES.
POSITION
relativement
à Paris.
DEPARTEMENT
OU chaine
de montagnes.
Haute-Saône,
Ain et Isère. .
GISSEMENS
des
rochers.
NUMEROS
de la carte
deCassinl.
NOMS ET DESCRIPTIONS
des
ROCHERS.
OBSERVATIONS.
Au sud-est ,
4e Paris.
Drcme. .
Les bord» de
la Saône depuis
Auxonne. . . .
Du Rliôrie ,
depuis Seysel ,
de l'Isère au-
dessousdeGon-
ceiin
A Tain.
Piès la Voulte
[sur les bords de
M'Erien
Allier, Rhône
et la Loire. . .
Allier .
Les bords de
la Loire, depuis
Saint-Ra'mbert..
Les bords de
l'Allier , depuis
Wichy
A Coulandon.
Au midi de
Faris 1
Puy-de-Dôme^ Thierj sur les
iiivesde laDore
. Devareilleprès
Via Clayette.
6. ii6.
117.
118. itg.
120.
89.
S5. 86.87.
5o. 5i.
5o.
Granits et porphircs très-variés , dont , avec
des recherches , on trouverait certaine-
ment des gîtes considérsibles en grandes
masses.
Granits à fond gris blanc d'un bon ton de
couleur et d'une grande solidité , recevant
bien le poli. Il y a deux carrières ouvertes ,
la première -est absolument au bord du
Rhône ; la deuxième qui contient des
granits à plus grands cristaux est un peu
plus élevée , et conviendrait paifaiieiaent
pour de grands monumens ; les belles co-
lonnes de léglise d Ainay à Lyon viennent'
de ce lieu : suivant l'historien Guillot ,
elles lésaient du teras de Caligula , l'orne-
ment de ce terrible autel devant lequel il
fesait comparaître les rhéteurs.
Carritrei de granit gris rougeâtre et couleur
de chair en blocs considérables et sohdes.
Granits porphires exploitables en grandes
masses; plusieurs grandes villes sont bâties
en granit , tel est Moulins.
Carrières de grès granitiques, feld - spath très-
rouge , dont le pont de Moulins sur
l'Allier est construit ainsi que la partie
neuve de celui de Nevers ; elles sont à
environ un myriaraetre de Moulins et
plus rapprochées que celles de granits.
Transport facile par le Rhône jusqu'à la
mer, et de-là la Méditerr;inée., le canal des
deux mers, 1 Océan , la Sîine.
Transport très-facile , Tain étant sur le
Rhône.
Transport facile jusqu'au Rhône par un
beau chemin.
Le transport en serait très-facile.
52- \ Beaux porphires près de la Dore.
Saône-et-Loire.< châteauneuf,
/peu éloigné de
VVareiUe ....
/ Au-dessus de
Y Fontainebleau
^et sur les bords
_ . ,, 'de JaSeineet du
Seine-ct-Marne. ^^^^j ^^ j^^„
Uargis, traversant
le département
du Loiret. .
Ille-et-Vilaine.
86.
Environs de
Rennes. . . . .
Au Couchant.
iLoire-Inférieure ANantesmême.
l
Morbihan. \ Sur les bords
Finistère. <de la côte qui
Côtes du Nord.Jborde l'Océan.
l lUe-et-'Vilaine. ^
( AFermanville
Jprès et au levant
Cherbourg ,
Manche.
ISO. isg.
Superbes granits à grand feld-spatb rouge ,
qui ne le cèdent en rien aux granits
égyptiens , ils sont supérieurs à celui qui
forme la colonne de Pompée à Alexan-
drie.
Beaux poudingues en blanc; on pourrait tirer
de très-grandes masses, ^des colonnes,
des aiguilles entières et sur lesquelles le
conseil attend des renseignemeos plus
pfécis accompagnés d'échantillons.
Poudingues superbes , prenant le plus beau
poli. On en pavé les rues de Rennes ;
la pâte fine , brune ou rouge fait un très-
bel effet qui les distingue des poudingues
ordinaires ; il est à craindre qu'ils ne se
trouvent en masses isolées ; mais c'est un
objet à vérifier.
La Doré , tjui se jette dans l'Allier ,'est na-
vigable depuis Courpierre; plusieurs gisse-
raens que nous avons donnés dans le i" ta-
bleau comme difficiles, pouffaient se prolon-
ger vers les iiivicres de la Loire et de l'Allier ,
et y donner lieu à des exploitations utiles.
Transport par terre , mais facile jusqu'à
Maragny , près de la Loire , et d'au plus deux
myriamètres. Le banc de roche , qui contient
le beau granit, s'étendant de Vareille à Châ-
teauneuf, il est très-probable qu'on le trou-
vera encore plus près de la Loire ; alors, il
faudrait y faire rouler de belles masses co-
lossales qui seraient ensuite amenés facile-
ment à Paris.
Transport extrêmement facile en grande
masse , si , comme il y a lieu de le croire ,' '
on trouve de belles masses près de la rivière
ou du canal.
Transport sur la Vilaine à Rennes , même
de la Méditerranée , de la Loire ou de là
Seine.
I sur les bords de
la mer.
i3o. r Granii à petites parties.
Granits très abondans , très-variés. Plusieurs
villes sont bâties en granit.
Granit gris , dont on a construit plusieurs
124. \ bornes qui se voient à Paris. Exploitable
eu grandes masses.
Transport extrêmement facile par radeaux
jusqu'à la place de la Concordé.
(1) Voyez le 1'"^ dans le Moniteur du ïo , D'ISSU.
i43i
POSITION
relativement
» à Paris.
DEPARTEMENT
OU chaînes
de montagnes.
GISS'F.MENS
des
lochers.
NUMER03
d« U carie
de C^sstgj.
NOMS ET DESCRIPTIONS
des
« O C H E R S.
OBSERVATIONS.
Au couchant. sManche .
Au nord.
;Oise.
."^ Flamanville ,
! auraidideClier-
Ibourg , sur les
\bords de la mer.
Environs de
[Cherbourg. , .
; A la Morlaix ,
\près Luzarches
126.
124.
Granit à plus grandes parties susceptibles
d'un très-bel effet , et qui peut s'exploiler
au niveau de la nier même en très-grandes
masses. Il est coupé à pic sur de grands
espaces , et est d'autant meilleur qu'on
le prend plus près du niveau de la mer.
Granit rougeâire, avec lequel on a bâti les
iotts près de Cherbourg.
Poudingue. On ne le connaît qu'en masses
moyennes; mais il est probable qu'on en
découvriidit de grandes qui s'étendraient
jusques sur les bords de 1 Oise.
Transport exirêmcment facile par radeaux
jusqu'à la place de la Concorde.
Idem.
Transport par terre jusqu'à l'Oise d'environ
un myriametre.
Errata du i" Tableau. — Colonne descriptive , 9' article. — Aprèi le mot tramluMide , lisez .: ne se trouve pas en grandes masses.
14' article. — Au lieu de Royers , /wez ; Rogers.
l5' article. — Au lieu de voûtes , lisez : ïo\hg%.
Observation correspondante à ce demie* article. — Après Oléron sur le Gave , lisez: a Pau sut ie Gave.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le cûntre-amiral Décris au ministre de la marine. —
Au lazaret de Toulon , h 12 fructidor an 8.
Citoyen ministre.
Quelques jouis après la capitulation de Gênes,
le général Abercrombie partit de JNIahon avec un
corps de troupes de 5 ou 6 mille hommes destinés
pour Gênes. Avant son départ il pouvait y avoir
dans Minorque environ 12 mille hommes dont 4
ou 5 mille , arrivés d'Angleterre depuis un mois ,
logeaient sous la tenie.
Abercrombie n'avait pas eu le teras de se
rendre à sa desiinaiion , qu'oi apprit dans Mi-
norque notre rentrée dans Gênes. A l'instant un
brick lut expédié pour aller en pleine mer lui en
porter l'avis. Il renvoya àMahon les troupes sans
avoir vu Gênes , et elles y restèrent en rade -à
hord des transports pendant 7 ou 8 jours , après
lesquels elles repartirent pour Livourne , oii je
crois qu'Abercrombie s'était rendu.
Arrivées devant cette place , eHes restèrent en-
core plusieurs jours en rade , d'où quelques
officiers seulement descendirent à terre ; et ks
projets de lord Keith sur Livourne , ne purent
s exécuter ; on refusa de l'y recevoir pour ne pas
donner aux français le dioit de se porier dans
ce port , de Lucques où ils éiaieni arrivés. Le
convoi et les troupes rentrèrent dans Mahon.
Cette surabondance de consommateurs dans
l'île , y menait toutes les denrées à un prix exhor-
bitant et propoiiionné à leur rareté , lorsijue le 2
thermidor . j eus la saiislaciion d'y voir augmenter
tous les embarras par l'arrivée d'un convoi venant
d Angleterre et chargé d'environ 5ooo hommes.
Il élait le précurseur d'une autre de même
genre , qui devait , disait-on , artiver sous vingl-
cinq jours , mais au-devant duquel je crois que
des bârimens ont été envoyés pour le faire ré-
trograder.
Il est difficile de peindre la confusion géné-
rale , et celle sur-iout de ceux dont l'imagination
croyait déjà occuper toute I Italie , et qui voyaient
tetmincr à Minorque leur expédition.
La difficulté de loger tout ce monde à terre
a obligé de retenir la plupart de ces régimens
à bord de leuis transpors où ils sont encore dans
ce moment: ceux-là seulement ont été débarqués
qui étjient les plus maltraités par les maladies,
qui , au surplus, font journellement des progrès
énormes.
On multiplie lous les jours les hôpitaux sans
julfirc au nombre des malades ; les cloîtres des
couvens en sont remplis ; et quand je suis parti ,
on allait employer incessamment au même usage
l'église des franciscains.
J'ai omis de dire que dans le même teras de
l'expédition de Livourne, 2000 hommes environ
fiirent envoyés à Malihe , où dernièrement
M. Abercrombie a paru quelques jours.
De tout cela il résulte qu ily a à Minorque dans
ce moment l5 ou 16,000 hommts de troupes,
bien vêiui-s , assez bien nourries , mais ayarit au
moins le tiers de malades, résultat de leur entas-
tement à bord des vjissjaux.
De ces troupes, trois régimens sont étrangers ,
savoir : Dillon, éniigré.s^françiis , soldats déses-
Îiérés de leur position , et prêts à abandonner
eut» officiirs à la première occasion où ils pour-
taient lenirer dans h ur pâtre.
Minorque, ayant beaucoup d'émigrés, com-
pote àO surplus U un lamassit du toutes nations ,
français , hollandais , etc. mais sur-tout d'alle-
mands qui ont passé du service d'Espagne à celui
d'Angleterre , qu'ils sont prêts de quitter de la
même manière, à la pieraitre occasion, comme
les anglais eux-mêmes en sont tiès-persuadés.
Rooll , suisses , composé d'officiers et soldats
ci-devant au service de France . que les derniers
au moins regrettent de tout leur cœur.
A cela ajoutez un régiment de fencibles irlan-
dais , qui n'ont jamais entendu tirer un coup
de fusil, mais qui du moins ont à mes yeux le
mérite de nourrir dans leur cœur le ferment
de la plus belle haine contre les anglais.
Ces notices sur le caractère de ces quatre régi-
mens ne sont pas seulement des conjectures ,
elles sont le résultat des renseignemens les moins
équivoques.
Mais i5,qoo hommes à Minorque où une gar-
nison de 5ooo hommes serait suffisante , sont un
poids de consommation dlflicilé à supporter.
Q'i'y attcndeni-ils ? Pourquoi le général Aber-
crombie , qui voit son armée oisive , au lieti
de retourner en Angleterre ou à Gibraltar , a-t-il
établi son quartier-général àMahon? Telles sont
les questions que je fesais assez indiscrètement
à un jeune officier anglais la veille de mon
départ , et voici sa réponse que ses détails peu-
vent mettre le gouvernement à même d'ap-'
précier.
>> Nous fesions passer , nie disait-il , dans la
Médiierrannée 2Ov000 hommes environ , dans des
vues que votre bataille de Maringo a lout à fait
déjouées t il a donc Fallu demander au gouver-
nement des ordres sur la desiinàtion ultérieure
de ces troupes. On ne sait plus depuis ce tems
là où l'on a la lête. u Dans tous les cas, des l5
mille des anglais, 5ooo sont nécessaires à la gar-
nison de Mahon; il ne reste pas 8.000 hommes
disponibles de troupes étrangères, qui ne valent
pas 20oa français. C est bien de la dépense et de
l'embarras pour peu d'ciFei.
Pauvres têtes du ministère anglais ! On jettez-
vous l'argent de votre industrieuse nation ?
Decrès.
Les trois frères Bourbon, soi-disant ducs d'Or-
léans , de Chartres et de Montpensier , sont arrivés
à Mahon sur une frégite anglaise à la fin de prai-
rial. Ils y ont vécu assez obscurément, et avec
infiniment peu de considération, jusque irois
jours avant mon départ, où ils se sont rembar-
ques avec le plus grand mislere sur un bâtiment
de guerre anglais , et oncques depuis n'en avons
entendu parler.
MÉDECINE.
Les membres les plus distingués dans l'art de
guérir, delà ville de Lyon, viennent de se réuni^'
en société , pour se communiquer leurs obser-
vations , leurs lumières , et établir au milieu
d'eux une correspondance active avec les diffé-
rentes réunions de savans , qui s'occupent éga-
lement de la médecine ou des sciences qui
y ont rapport. Trois des membres de cette société,
les citoyens Jacques Piu , Marc Antoine Pitt ,
médecins , et Aimé Martin , ancien chirurgien
en chef des hôpitaux, tous trois recommandables
par leur zèle , leur savoir, et leur expérience,
sont chargés de la lédaclion du journal qui doit
faire connaîue les travaux de la société.
Le journal paraîtra une fois tous les mois , et
deux lois, si le nombre et l'impoi tance des objets
l'exigent. Il se trouve à Lyon et chez les prin-
cipaux libraires des grandes villes.
Déjà le 1'' n° vient d'être publié et l'esprit
dans lequel il est composé , ne doii laisser aucun
doute qu'il ne soit lu avc-c iniéiêt par toutes
les personnes qui s'occupent de l'art de guérir.
Nous nous empresserons de faire connaître suc-
cessivement ceux, des mémoires ou observations
qui nous paraîtront ménier une atteniion par-
ticulière, 'Tel est celui du citoyen Pelelin sur
le traitement d'une fièvre catharrale avec érup-
tion railiaire. Le succès qu il annonce avoir
obtenu de la racine de Ca;iophyllaia contre les-
toux convulsives , et celui qu'il s en promet dans
les hémorragies utérines-, nous engage à prier ce
médecin de muliiplîer ses expériences et d'en,
publier le résuliai. Telles sont encore les obser-
vations du ciloyen "Veimandois relatives à la sus-
pension momentanée du virus inoculé par des
causes de maladies diverses. Ces observations
confirment celles du citoyen Descissaris lues à
la société de médecine de Paris , en l'an 6 , et
sont une nouvelle preuve que si l'inoculaiion
perd un moment ses droits . quand la nature est
occupée à se débarrasser dune ipaladie qui
exige toute son attention , elle ne les exerce
pas moins dans un tems plus éloigné , mais
plus favorable à ce dévelopement. Cette obser-
vation aussi curieuse qu'importante nous paraît
devoir donner un nouveau degré de confiance
à une opération que la nature semble diriger
elle-même avec une prévoyance toute particulière. ,
BOURDOIS.
Sur (annuaire météorologique de Van 8.
Lorsque je publiai cet annuaire , j eus pour
objet dassociet le public à la véiification d'ua
oidre de choses (juc j'ai découvert dans la série
des variations de 1 asmosphere en notre climat. .
Malgré Vexirême irrégularité de ces variations' ,
je m'étais apperçu que chaque déclinaison de
la lune avait sur elles une influence remarquable.
Or, comme cette connaissance a beaucoup d'im-
portance , je pensai que le seul ujoyen de l'éta-
blir était de lui donner laplus grande authenticité ;
en un mot, je pensai qu'il fallait rendre le pu-
blic témoin des faits qui pouvaient la constater.
En conséquence , il me paraissait convenable
de lui offrir un annuaire dont le calendrier pré-
senterait l'année partagée en vingt-six constitu-
tions particulières , conformes aux vingt-six dé-
clinaisons qu'éprouve la lune pendant cette durée.
Et pour eiciter plus fortement l'attention du
public sur cet objet , j'annonçai par une lettre
insérée dans le i3;i:7i-/)!/orme ( feuille du 4 ven-
démiaire an 8) que tous les quinze jours je ren-
drais un compte succinct du tems qui~ aurait
eu lieu à Paris pendant chaque déclinaison ;
que je le comparerais atix probabilités indiquées
dans l'annuaire, et qu'à la fin de l'année, je
récapitulerais tous les résultats ; ce qui mettrait
le public, témoin des faits, à portée de pro-
noncer sur l'utilité de mes observations.
Je vais aujourd'hui rendre le compte général
que j'ai promis : on va voir que quoique celle
année ait été extraordinaire , sous le rapport des
tems qui ont eu lieu , ( Voyez dans le Muiu'leur ,
feuille du 2g thermidor, pag. iSi?', mes obser-
vations sur l'été de l'an 8) , néanmoins , la majo-
rité est encore ea faveur du principe que j'ai
l432
établi. Voici le lésuliat des s6 constitutions 'de
l'an 8 qui va finit.
1. — celle du 7 vend". non d'accord
s. — celle du 21 vend'' d'accord
3. — celle du 5 brum". non d'accord
4. — telle du 18 brum'. d'-atrcoïd
5. — ceHe du 2 friruaire daccord
6. — celle du 1 5 frimai, d'accord
7. — celle du ag frimai, daccord
8. — celle du li mvôse. d'accord
9. — celle du 27 nivôse. non d'accord
jo. — celle du 10 pluv**. non d'accord
n. — celle du «4 pluv. non d'accord
i2. — celle du 7 ventôse noti d'accord
i3. — celledu SI veniôse d'accord
celle du 4 gtrmin. d'accord
celle du iggermin. non d'accord
celle du s floréal, d'accord
celle du iCfloiéal. non d'accord
celle du 29 floréal, d'accord
celle du i5 prair. d'accord
80. — celle du a6 praic. non d'accord
31. — celle du II messid. d'accord
S3. ' — celle du sS messid. non d'accord
a3. — celle du 8 iherm. d'accord
94. — celle du 21 therm. d'accord
95. — celle du 5 fruclid. d'accord
a6. — celle du 18 fruc-
tidor jusqu'à présent, d'accord
Résultat i5 d'accord lonond'ac.
On voit qi'e sur 26 constitutions qui ont partagé
le cours de l'année qui va finir , 16 se sont
trouvées d'accord avec le principe des déclinai-
ions de la lune , et 10 seulement ont été dis-
cordantes.
Je dis qu'une constitution est d'accord avec le
principe des déclinaisons de la luqe , lorsque sa
durée ofiFre une majorité forte ou faible dans le
nombre des jours de cette constitution , pendant
lesquels le teras s'est trouvé conforme aux pro-
babilités indiquées d'après ce principe.
Je conserve les détails de mes observations,
faites trois fois par jour sur l'état de l'atmotpbere.
Ils sont le garant du jugement que j'ai porté sur
chacune des constitutions citées ci-dessus.
J'avoue que les probabilités indiquées dans l'an-
nuaire de l'an 8 , y sont en bien des endroits mal
pfésentéés , et sur- tout très-mal calculées. En
composant rapidement cet opuscule , j'étais pres-
qu'uniquement occupé de l'influence des décli
liaisons d"». la lune , et j'ai donné trop peu d'atten-
tion à la situation des points lunaires qui souvent
modifient cette influence. L'annuaire de l'an g,
jqui va incessamment paraître, n'aura pas, jespere,
les mêmes défauts.
Lamarck. .
Après lui a paru le citoyen.Tempra :ce jeuVïe j
artiste donne de grandes espéfâiicés. Il chetcne
comme l'habile Punto , la difficulté , et l'e-xécui-e,
quelquefois d'unfe 'manière surprenante. ■ Nous
désirerions qu'il donnât plus à la pureté 'et à la
grâce du chant , à la Tondeur . à la beauté du
son. Nous avons, aussi remarque de fréquentes
interruptions ou manque de poitrine dans cer-
tains traits qui auraient eu besoin d'une liaison
plus soutenue . liaison dont Frederick Duvernois
offre un si parlait modèle.
Un second chanteur italien s'est fait entendre.
Ses premiers accens ont produit sur la salle en-
tière un effet qu'il serait dtlEcilc non moins (juin-';,
convenanld'exprimer et qu'il est sans douie suffisant
d'indiquer pour en faire connaître la cause. Nous
nepouvons croire que jamais en France on trouve
du charme là ou naît involontairement le senti-
ment le pliis doulôrureuX , et que l'on soit disposé
à séparer l'idée du taknt qu'on admire , de celle
.du sacrifice barbare qui l'a produit. Si cependant
un talent très-extraordinaire réussissait à clunner
ceux dont un sentîment bien naturel a flétri
l'ame et effrayé l'imagination, peut-être notre
observation recevrait-elle une exception momen-
tanée -, mais cette exception , le chanteur Damiani
ne nous semble pas pouvoir la produire : il n'est
pas sans talent, mais il est loin dêire supérieur.
Ses cordes élevées sont désagréables ; son chant
est dénué d'expression, et a toujours la même cou-
leur : sa méthode n'a rien de brillant, ni d'ori-
ginal. Quelquefoisson intonation dans les passages
difficiles , n'a pas toute la justesse désirable : il a
€U fort peu de succès.
Le jeune Lafond a fait ensuite entendre un
concerto de Rode. On ne saurait exprimer quels
progrès ce jeune élevé a faits depuis une année.
Nous ne remarquons pas en lui des doigts brillans
et une extrême facilité d'exécution ; mais posséder
beaucoup de vigueur et un gont pur , de la force
à la-fois et de la grâce ; donner à l'archet les dé-
ploiemens les plus beaux et les plus faciles ,
attaquer la corde avec une assurance digne d'un
maître , phraser son chant en musicien habile ,
et donner à son exécution , dans toutes ses par-
ties , l'expression et la couleur convenables , voilà
ce qui rend le talent de Lafond très-étonnant ; ce
qui justifie etles hautes espérances qu'il fait naître ,
et les applaudissemens dont il a été comblé.
THÉÂTRE DE L'OPÉRA -COMIQ_UE.
Deux chanteurs italiens étaientannoncéscornm«
devant êlre entendus à un concert donné hier à
ce théâtre. Le goût de leur école est aujourd'hui
tellement répandu , leur langue est 51 familière
à une grande quantité de français, qu'il est
presque inutile de dire que le concours des
spectateurs fut aussi nombreux que brillant
Après une symphonie peu vigoureusement
exécutée , le chanteur Blanchi a paru. Sa voix
est belle, étendue ; il possède un tenore flexible;
sa manière est franche , sa méthode sûre ; il est
sobre d'agrémens. Tout annonce en lui de l'ha-
bitude et un talent distingué. Faut-il cependant
s'exprimer avec franchise? nous devons l'oser :lors-
qu'un chanteur français se fait entendre, à l'instant
pour point de comparaison, c'est un virtuoseitahen
qu'on lui oppose : on nous refuse en général le
goût national : il est même des personnes qui
ne nous croyent pas capables d'entendre , à plus
forte raison , d'exécuter. Lots donc qu'un italien
paraît à son tour , il semble qu'on a le droit de
le juger avec d'autant plus de sévérité , que sa
réputation anticipée a été pour nos artistes l'objet
G. A. Olivier , tfiembre de l'Institut national , au
rédacteur. — Paris, ce lii fructidor.
CiTOVEN , un article inséré dans la Gazette de
France me fofcè à dénoncer un imposteur ma-
ladroit qui ne connaît pas même les principaux
événemens qui viennent de se passer dans les
contrées dont il prétend que son père était roi,
et dans lesquelles il dit avoir joué un très-
grand rôle.
Voici comment s'exprime la Gazette de France.
Cl Ce n'est point sans intérêt que nous annon-
I) çons au public l'arrivée à Paris d'un parti-
)» culier se disant fils légitime de Charok-Chah ,
!) roi de Perse , gouverneur de, Ja province de
>> Guilan , commandant eti chef l'armée de
il Mazendaran et général de la cavalerie de la
*) maison du roi son frère aîné , régnant depuis
)) cinq années à la place du roi son père qui
11 perdit la vue à la suite dune maladie , etc. ))
Charok - Chah n'a jamais été roi de Perse ;
petit-fils de Nadir-Chah , il a régné près de 5o
ans dans le Khorassan [ i ) jusqu'à ce que Aga-
Mehemet-Khan , usurpateur du trône de Perse
se Soit emparé l'an 4 (1796) de sa personne
et de Ses états, pendant le séjoiir que feu Bru-
guiere fet moi avons fait à Téhéran aujourd'hui
capitale de la Perse.
M Héraclius pour l'aider à rentrer dans soa paj^ji-i
5> L'ëriiperevir perSe ChaioTc-Chah , ordonna à
jj son fils de marcher avec son armée contre
i) les russes... Nâdder-'Mirza-Chah (1), fils de
)> 'Charok-Chah, esgagea une «.ffaire oià les rtissés
)> perdirent 6000 hommes; trois jours après,
'1 une second-e baiaillt: eu-t lien , et les russes la'
1) perdirent encore. Le général iBubof se vit
>5 obligé de fuiT avec 4 hommes seulement. . .r
i> Nadder-Mlrzu-Chah commandait llsavant-post-.
Il et dans la nuit il fut surpris et faitiprisonnicr. . .
t',Gn Icnvdya à Pétcrsbourg , •dû huit jours
)! après son arrivée, 1 impératrice mourut, Ur»
>> courrier fut opé'dié en ferse pbur traiter de
11 la paix , qui fut conclue de suite. Lorsque les
') hostilités eurent cesré , Naddet-Mirza-Chah
'1 demanda au roi son père la permission de
i> voyager en Europe pour apprendre Its lan-
'> gués , etc. )!
L'an 3 ( 1795. )
Aga-Mebemet-Khan , après avoir détruit tous
ses éompéiitcuts au trône de PeMe , marcha s«ic-
Tijlis , pour punir Héraclius , prince de Géor-
gie , du refus rjuil venait de faire de fournir de*
crouiies , et de payer le tribut annuel auquel se»
étais étaient soumis envers les rois de Perse.
Méhémct saccagea Tiflis , et iévint à Téhéran
chargé des dépouilles de la Géorgie. ^
I Catherine à laquelle Héracliusis'était lié pariia
traité , envoya l'année suivante une armée qui
s'empara de Derbent et de Bakon sur la Cas-
pienne , et parcourut sans opposition le Guilàn
et le Chirvan (2) ; nous étions alors à Téhéran et
MéhéVnet était dans le Khorassan occupé à dé-
trôner Charok. Le printenis suivant , an 5 , (1797) ,
Méhémet marcha avec toutes ses forces contre les
russes qui se retirèrent sans être attaqués , vers la
Caspienne dont ils étaient les maîtres.
Méhémet fut tué dans sa tente par un de ses-
officiers , et son armée se divisa sans qu'il y eâï
avec les russes aucune bataille ni même aucune^
attaque remarqiiable.
A cette époque Charok n'existait plus depuis
huit mois , et ses fils fugitifs redoutaient avec
raison le féroce Mehemet. Ils n ont pu dans'
aiicun tems commander les armées de cet usur-
pateur qui devait se méfier des descendans légi-
times de Nadir.
Celui qui se présente à Paris , n'a pas pu ,
après la cessation des hostilités , demander à
Charok son père , roi du Khorassan , qui n'exis-
tait plus depuis huit à dix mois , ni à Mehemet,
roi de Perse , qui venait d'être tué, la permbsioa
de voyager en Europe pour y apprendre les
langues ; ce qui d'ailleurs est contraire aux
usages orientaux ; ce que défendent également
la religion et les préjugés.
D'oîi je conclus que celui qui se dit fils de
Charok-Chah, et qui ne connaît point du tout le«
événemens auxquels il prétend avoir eu part, est
un imposteur contre lequel je crois devoir pré-
venir la bienveillance du gouvernement et U
bonne foi du public,
Olivier.
Les citoyens Nicole et le Normand nous adres-
sent une réclamation relative à la saisie qui a
eu lieu chez eux de plusieurs exemplaires du
Code des maires. Ils soutiennent que ce der-
nier ouvrage n'est nullement une contrefaçon
de celui publié par le citoyen Rondonneau. £a
le comparant il est aisé , disent-ils , de s'appçr-
cevoir que les deux ouvrages n'ont de commun
que 'l'analogie qui existe entre les deux utres,
puisque la législation sur les agens municipaux
supprimée par la constitution n'est point appli-
cable aux maires créés par elle , et que les divers
arrêtés relatifs aux prêtres , aux fêtes nationales ,
T Cl J r->L 1 • r • . - U' . • aux iours de repos j ont amené des dlsposl-
Les fils de Charok s enfuirent a Herat et au "."'^ J" .' «.j^vo * ,„„,..
„ . 1 1 ■ . - Rj u j 1 lu ' tions qui se trouvent énoncées dans le nouveau
Candahar , laissant a Mesched leur malheureux ( - . ^ . . - .
père, âgé de plus de 80 ans, entre les ma
de Méhémet qui le fit périr dans les plus cruelles
tortures , afin d'obtenir de lui le teste des trésors
de Nadir.
Aucun des fils de Charok n'a régné ni en
Perse ni dans le Khorassan: aucun n'a été gou-
verneur du Mazendaran , ni commandant mili-
taire d'aucune province ni d'aucune armée. Le
Khorassan a été réuni à la Perse après la mort
de Charok , ainSi qu'il l'était sous Nadir et pen-
d'une concurrence plus redoutable, et d'un pà- dam le règne des Sophis.
rallele plus désavantageux.
Nous croyons donc pouvoir dire <jue quelque
soit le talent de Blanchi , sa réputation nous
en avait fait concevoir encore une plus hante
Idée. Nous lui reprocherons quelques prolon-
gemens de sons d'un effet peu agréable , quel-
<jues raomcns oii son organe a peu de netteté,
mais sur-tout de l'uniformité dans ses àgrémens,
peu de variété et d'idées originales dans ce que
«on goût lui permet d'ajouter à ce que le com-
•positeur a écrit.
Charok n'avait point perdu la vue à la suite
d'une maladie : son gouverneur lui avait fait
crever les yeux pendant les troubles qui eurent
lieu après la mort de Nadir.
Ce prétendu fils de Charok, ne connaît pas
mieux les opérations de la guerre entre la Perce
et la Russie, qu'il n'a connu lés Coup de Perse
et du Khorassan. Il avance cependant hardiment
ijue u Catherine accorda 84,000 hommes à
(i) A l'Est-Sud-Est de la Caspienne.
Code , et n'ont pu faire partie de l'ancien.
Avis.
Le s5 courant et jours suivans , depuis dis
heures du matin jusqu'à quatre heures, on vendra
au Louvre , dans l'ancienne salle des pairs , près
du Jardin dit de l'Infante , une grande quantité de
porcelaines , tant blanches que décorées , appar-
tenant à la manufacture nationale de Sevrés , et
provenant de ses magasins , consistant en toutes
sortes d'objets de service et ddrnemens , dont
difierentes pièces très-précieuses par leur déco-
ration, et notamment un superbe service , fond
verd et à fleurs ; diffétens lots de porcelaine»
propres aux restaurateurs , limonadiers et fayan-
ciers ; plus , divers assortimens de groupes et
figures en porcelaine, biscuit, etc. Il y aura exposi-
tion publique de ces objets , les 23 et 24, dans
la même salle et aux mêmes heures.
(i) Chah veat dire roi. Le fils ne pouvait pa»
prendre ce titre puisqu'il n'était point encore roi.
(2) Provinces à l'ouest de la Caspienne.
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agisse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n' '•3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" Sb5.
Quintidi , 25 fructidor an 8 de -la république françaiie , Ime et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripcears qu'à da:er du 7 Nivôse le MONITEUR esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les' actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant suj
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux ^rcs et aux découvertes nouvelles.
Administration générale des postes aux lettres.
A. V I S.
Le public est prévenu qu'attendu la rencontre
de deux jours impairs consécutifs, par le passage
du 5' jour complémeniaire de l'an 8 au i"
vendémiaire de lan 9 , et pour ne point inter-
Tertir l'ordre du service alternatif, il n'y aura point
de départ de courrier, le i"^' vendémiaire an 9,
ainsi qu'il s'est pratiqué dans les années précédentes
qui n'avaient que cinq jours complémentaires.
L'administration renouvelle à ses concitoyens
l'inviiation de ne pas négliger de faire charger
les lettres et paquets qui renferment des valeurs ;
comme aussi . d'avoir soin d indiquer au bas
de la souscription , le nom du bureau de poste
le plus voisin des lieux oh les lettres sont adres-
sées', lorsqu'il n'y a pas de bureau de poste
dans ces mêmes lieux.
Les administrateurs-généraux des postes ,
Anson , FoRiÉ , AuGuiÊ , FeANçois Sieyes ,
Bernard.
Vu , le commissaire du gouvernement près
l'administrition générale des postes.
La Forest.
Aux Souscripteurs.
A raison de l'avis de l'administration générale
des postes et de la fête du premier vendémiaire
an 9, nous prévenons les souscripteurs que
nous ne donnerons pas de numéro cejour-là.
Nous prions ceux dont la souscription expire
au dernier jour complémentaire de lan 8, de
BOUS faire passer leur renouvellement au plus tôt,
abn qu ils n'éprouvent point d interruption dans
l'expédition de leur abonnement.
EXTERI EUR.
ANGLETERRE.
Londres , 4. septembre. ( i"] fructidor.)
JLiE bruit s'est répandu hier que le dey d'Alger
nous avait déclaré la guerre. Ainsi chaque jour
nous amené un ennemi de plus.
On objecte que si la France nous proposait
une cessation d'hostilités par mer , il y aurait un
désavantage considérable pour nous à l'accepter,
en ce que nous perdrions le fruit des grandes
txpéditions de nos ministres. En vérité , il n'y a
qu'eux qui puissent attacher de l'importance à
tette objection ; car qui de nous peut attendre
quelque succès favorable de semblables expédi-
tions ? Il vaudrait beaucoup mieux que nos
troupes fussent encore campées à Soulhampton ,
que de battre la mer, au risque d'être battues.
Le nombre des voleurs et des filoux s'est accru
dans cette ville et aux environs à un point vrai-
ment scandaleux. Il est impossible de lire ce que
nos gazettes rapportent à ce sujet depuis quel-
que tems , sans en être autant surpris qu'in-
digné.
Une mistriss Lowry s'étant présentée chez un
boucher de Goswellstreel pour avoir de la viande,
celui-ci empressé de servir sa nouvelle pratique ,
lui coupa presque deux doigts de la main , tandis
qu'elle lui indiquait le morceau qu'elle desirait
_^yoir. L'affaire a été portée en justice , et le jury ,
eu égard à l'intention du boucher et à son peu de
fortune , s'est contenté d'adjuger 3o liv. sterl. de
dédonimageraeni à la plaignante.
Il y a long-lems que Ion a fait la remarque
•que ceux qui écrivent sur le mépris de la
.gloire ont toujours bieii soin d'inscrire leur
nom en lête de leur ouvrage. Qui de contemnendâ
ginriâ Uhros scrihunt , nomen suum inscribunt.
Un nouveau traité de subsides passé entre
hotte gouvernement dans llnde et le Nyzam a
'elle ratifié à Golconde , le 8 nivôse , et annoncé
à Ca'cutta au bruit du canon.
Les ânes que le duc de Richemond est par-
venu à se procurer d'Espagne, excitent ici pres-
I qu'autant d'intérêt que les opérations de nos
ministres.
-. Pjirini les productions ingénieuses de ces der-
piers tems est une trompette parlante. Au moyen
que l'ouverture se démonte, on y introduit un
pistolet qui se visse et dont la décharge fait
autant de bruit qu'un canop de 9. On compte
l'employer pour des signaux.
M. Fox passe son tems à herboriser à Sainte-
Anne's hill. (Extrait du MorningChronicle. )
Du jg fructidor.
Actions de la banque 170. — 169. — ■ 171.
3 pour cent consolidés. 64 ■-. |.-j. |. pour octobre
65 i. 64 |. 65 |. i. omnium 4 ;;. 4 i. 4 i prime.
Le capitaine sir Home Popham est ai rivé avant-
hier avec des dépêches de lord 'Wliitworih et
de l'amiral Dickson. Il a apporté une copie de
la convention signée par le lord Whitworih et le
ministre de Dannemark.
Par cette convention , les points en litige entre
ce pays et le Dannemarck , sont ajustés , dit-on ,
d'une manière satisfesante. On a cherché à y pré-
venir tout sujet de rupture , jusqu'à ce qu'un
traité ait été réglé à l'amiable entre les deux
gouvernemens.
En conséquence , des ordres ont été donnés
pour relâcher la frégate danoise et son convoi ,
et nous savons que ces ordres sont parvenus à
Deal.
Nous apprenons dans le moment ( 19 fructidor ,
I heure et demie ) que le gouvernement vient de
recevoir des dépêches de sir James Pulteney ,
écrites en mer le 27 août (9 fructidor ). Il mande
qu'il avait débarqué ses troupes près du Ferrol ,
à l'effet d'essayer , s'il ne pourrait pas se rendre
maître de celte place par un coup de main , mais
que l'ayant trouvée plus forte qu'il ne se l'était
imaginé , il avait rembarqué aussiiot ses troupes
et remis en mer le lendemain pour poursuivre
sa route.
Les troubles , loin d'être appaisés à Nottingam ,
paraissent avoir Redoublé de viol.?iicc, et la force
armée est requise de tous les environs;
( Extrait du Sun. )
On lit , dans le Saint-James's - Chronicle , les
détails suivaus sur l'empire Birman : ils sont ex-
traits des papiers du colonelSyme , ambassadeur
à Ava en 1795 : le colonel entend par Ava lem-
pire Birman , qui comprend non-seulement le
royaume de Ava , mais encore ceux de Pégu et
et de Siam , pays conligus et conquis. Ces tiois
contrées , situées au sud-est du Bengale , ont
environ 1000 milles du nord au midi . et 600 de
l'est à l'ouest. On porte leur population à 17
millions dames ; leur religion a .une grande
ressemblance avec celle des indiens , mais leurs
mœurs et leur langage sont très-différens. Les
birmans sont un peuple guerrier : leur contrée
produit de beaux éléphans qui font leur force
et leur orgueil. Leur gouvernement est le des-
potisme pur. Le roi réside à Ummerapoora ,
ville moderne , située sur la grande rivière d'Ir-
rawaddi , non loin de l'endi oit où était l'ancienne
ville de Ava.
Leurs peintures , leurs sculptures , leurs dan-
seuses, etc. ont beaucoup d'analogie avec celles
qu'on voit dans llndosian. Les maisons des bir-
mans sont construites en bois. Ils ont perdu l'art
de faire des voûtes et des dômes , art qu'ils en-
tendaient très-bien lorsque leurs édifices étaient
en pierres : le thé est la plus importante des
productions de ce pays , il lui est nécessaire
pour ses échanges avec les élabllssemens anghis
dans l'Inde. Il n'y a pas de cour dans le monde
entier, qui aime plus la pompe et les cérémonies
que celle du Birman.
Les gouvernemens de provinces sont donnés
aux princes du sang ; ils sont les premiers sujets
de l'Empire. Chacun d'eux est distingué par
des ornemens particuliers à sa résidence ; après
eux viennent les ministres d'état , les gouver-
neurs de provinces , qui ne sont pas du sang
royal , et les princes tributaires. Chacun d'eux,
aussi bien que les autres courtisans et fonction-
naires au-dessous d'eux; portent des marques
distinctives de leur rang et de leur posie ; mais
malgré cette longue hiérarchie de pouvoirs et
de dignités , le roi est un des plus absolus des-
potes qu'il y ait au monde , -ce qui est en op-
position avec les principes de Montesquieu. Le
colonel. Syme , pour prouver. celte assurtioii cite
le fait suivant qui est assez plaijaai.
Le prince royal avait formé une collection
de bêles sauvages , parmi lesquelles étaieirt beau-^
coup de boucs de toutes les contrées de l'Inde.
Un troupeau de ces animaux vivait auprès de
la maison de l'ambassadeur anglais , qui avait
fait venir du Bençale plusieurs chèvres , à cause
de la douceur de leur laii. Attirés par le bêle-
ment des femelles , les boucs brisèrent , une
nuit , leur palis , et firent une irruption dans
la maison de l'ambassadeur. Le colonel Syme ;
ordonna à ses gardes birmans de les chasser ;
ce que ceux-ci lâchèrent de faire en criant après
eux; mais comme ces cris ne produisaient aucun
effet, le colonel dit à ses gardes de faire usage
du balon ; ils s'y refusèrent, en fesant observer
que les boucs étaient lords, parce qu'ils appar-
tenaient au fils du roi. Le colonel fut obhgé
de donner lui-même, avec le secours des gens
de sa maison , la chasse à ces hôtes incom-
modes. Les birmans pendant ce tems là , tenaient
leurs mains et leurs yeux levés vers le ciel, saisis
d'étonnemeni à la vue d'une senib'able témérité.
Le colonel ajoute que leurs seigneuries lurent
bien baiiues , et quil n'entendit plus parler de
cette affaire.
INTÉRIEUR.
Paris , le 24. fructidor,
CoNFORMJiMENT aux ordres d u ministre de l'inté-
rieur , l'administration du Musée central des Arts
prévient le public que les salles où sont placées
les statues antiques, seront ouvertes le lendemain
de la clôture du salon d'exposition des ouvrages
des artistes vivans.
— Le ministre de l'intérieur a chargé le célèbre
compositeur, Lesueur, inspecteur dç i'ensei<jne-
ment au conservatoire de musique , de composer
et diriger la musique à grands chœurs , et à plu-
sieurs orchestres, qui devra ê;re exéc^^iée dans le
temple de Mars , le jour de la fête du 1'' ven-
démiaire. -^
— Les restes des généraux Dagobert etDugom-
mler , étaient demeurés isolés à Bellegarde et à
Moni-Llbre , dans le déparlement des Pyrénées-
Orientales qu'ils avalent si bien défendu. D'après
l'invitation du ministre de l'intérieur, le conseil
général tle ce département vient d'adopter les
mânes protecteurs de ces deux guerriers , de fairç
transférer leuis resies à Perpignan , et de le»
inhumer sous la colonne départementale , avec
cette inscription : -,
Aux mânes des généraux Dugommier et Dagobert i
adoptés par la reconnaissance du département des
Pyrénées- Orientales.
(Clef du Cabinet.)
— On écrit de Caën que la foire de Guibrai a
été plus active qu'à l'ordinaire , quoique toutes
les affaires s'y soient fiites au comptant. L'ordre et
la tranquillité n'y ont été troublés par aucun
accident.
— On écrit de Nancy , en date du ig fruc-
tidor , que le 17 un incendie a éclaté à Essey ,
village situé près de celle ville. Les habilans de
Nancy se sont empressés à donner des secours.
Le préfet a donné l'exemple du zèle et du dévoû-
meni : on a aussi lemarqué l'empressement et
l'activité de plusieurs officiers russes prisonniers
de guerre , qui étaient entrés avec les citoyeiiâ
dans la rivière , pour aider à remplir les tonneaux
et alimenier les pompes. Les secours ont été ra-
pides et abondans , le village a été sauvé..
— Les musiciens de la garde des consuls ont
donné, le- 21 au soir, une sérénade à l'ambas-
sadeur d'Espagne , en honneur de la victoire
rernpoilée à la Corogne sur les anglais. ^
— -Le citoyen Denise, homme de lettres,, ce
dispose à publier à Bordeaux un Journal officiel
de la- préfecture du département de la Giropde ,
sous la surveillance du , ptét(:( ,dç ^Ç .ljéi'4fle,-
ment.
L'éditeur de ce Journal indiqiîe le 'b'ut 'qi?g se
propose ,■ et que déjà le titre de soh ou'v?!igi-i|,é-
riodique semble annoncer. L'adminisliaiion , dii-
il , se compose d'une foule de décisions particu-
lières , dont la connaissance n'est pas moins uiile
à tous les citoyens (jue celle des actes d'un ipié'
lêt général. C est dans les décisions partltiVhîrej
quelle» citô'ye'iis peuvent apprendre à cdiinaîirs
la juste inicipiéùiion qui doit être donnée auK
1434
y
lois , le sens vrai qu'elles présentent , leur appli-
cation raisonnable ; c'est-là qu'ils trouvent posée
la limite de leurs prétentions respectives , et de
fréquens exemples de la conduite qu'ils ont À
tenir , soit pour ménager leurs inléiêis , soitpçuiç
remplir le vœu de la loi.
Les actes de l'administration ne sont confiés
qu aux fonctionnaires publics. Promulgués , ils
sont peu lus , et disparaissant japidcment, laissent
à peine une trace de leur existence. Leur publi-
cation dans un Journal est le moyeri le plus sûr
de les réunir, de les conserver, de les tenir à la
portée des citoyens ; c'pst en quelque sorte une
seconde promulgation , d'un efiet plus direct ,
plus étendu que la première.
Ce Journal paraîtra , à compter du i" vendé-
miaire : outre les articles dont les journatix sont
ordinairement composés, il en renfermera un
sur le commerce de Bordeaux , qui pourra pa-
raître d un intérêt général. Des détails sur l'agri-
tiiliure et la population du département ; des
renseignemen? propres à en faire connaî're la "Sta-
tistique , trouveront aussi place dans ce Journal
dont la rédaction sera , nous n'en doutons pas ,
aussi soignée que son but est utile.
ACTES pu GOUVERNEMENT,
Arrité du îî fructidor.
C O N S E I L-D' ÉTAT.
Extrait du registre des délibérations. — Séance
du n fructidor , an 8 de la république.
AVIS.
Le conseil-d'état , d'après le renvoi des consuls
et sur le rapport de la section de l'intérieur , a
discuté la question de Siivoir si les traitemais de
retraite ou de réforme peuvent être payés à des mi-
litaires devenus fonctionnaires civils., ians déduction
sur le traitement de leur emploi.
hà loi du 28 ftuclidor , an 7 , art. V , titre I" ,
porte que la solde de retraite n'est point incom-
patible avec les trailemens attachés aux fonctions
civiles.
Les dispositions de cette loi sont d'accord avec
les principes invariables de la justice et de l'in ■
téiêt public ; en efFet , un traitement de retraite
est une dette payée par la nation et acquise à des
conditions convenues et exécutées. C est donc
■un engagement iriévocable , un devoir sacré qui
lie la nation au particulier; or ne peut donc sans
injustice , l'en priver.
Lorsque le militaire, rentré dans les rangs de
l'étal civil , est jugé capable d'y jemplir des fonc-
tions civiles , il a les mêmes droits au traitement
de son emploi que les autres fonctionnaires ; il,
rend à son pays de nouveaux services auxquels
on a attaché des émolumens ; il doit donc en
jouir. C'est le vrai , et peut-être le seul moyen de
conserver le citoyen utile dans une activité con-
venable , et de nourrir cette émulation pour la
chose publique , qui tourne constamment à son
avantage. D ailleurs , le traitement de retiaite peut
être considéré comme une retenue faite sur le
salaire du militaire en activité, pour lui assurer
Une ressource proportionnée à la longueur et à
l'importance de ses services , c'est donc une
dette du gouvernement envers le particulier.
Il ne paraît pas que le militaire qui a obtenir
un traitement de réforme , ait les mêmes droits à
jouir de ce traitement et de celui de sou emploi.
Le gouvernement prononce la réforme d'un
militaire , lorsqu'il n'a plus besoin de ses services.
L'équité veut qu'on assure sa subsistance pendant
tout le tcms que durera sa suspension de service ,
par cela seul que cette suspension est du fait du
gouvernement , et non du militaire. Mais le jour
même que le gouvernement appelle le militaire
réformé à un service civil auquel il y a un trai-
tement attaché , il paraît naturel que le militaire
puisse accumuler son traitement de réforme avec
celui de l'emploi civil , pourvu que la totalité des
ttaitemens réunis ne s'élève pas à une somme
supérieure à celle fixée pour le traitement d'ac-
tivité du CTrade militaire sur lequel la léforme a
été réglée.
D'après cela , le conseil-d'état est d'avis :
1°. Que les traitemens de retraite doivent être
payés aux militaires devenus fonctionnaires civils,
sans déduction sur le traitement de leur emploi
civil.
a". Que les traitemens de réforme doivent être
payés, pourvu que la totalité des traitemens réunis
ne s'élève pas aune somme supérieure à celle
fixée pour le traitement d'activité dii grade mih-
taire sur lequel la réforme a été réglée.
Poui extrait conforme ,
Le secrétaire-général du conseil-d'état .
Signé, J. G. LocRÉ.
Approuvé.
Lf premier consul , signé, Bonapajitk.
tar le premier consul ,'
i.( sterétàiri-d'état , signé , H. B. Marst.
Arrêté du 19 fructidor.
BoNAPARTF. , premier consul de la république ,
ariêie ce qui suit :
Le citoyen Dutiua , i^énéral de diviçton , est
nommé préfet du département du Calvados.
Le^ ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétairi-d'état, signé , H. B. Maret.
Arrêté du a's frnctidor.
Les consuls de la république;, le conseil-d'état
ent'éndu , ariêient : /
Art. I". A compter du i" vendémiaire de
l'an 9 , k-s dépa-itemens de la Roër , de la Sarre ,
du Moni-Tor>nerie , et de Rhin et MoscUe
seront assimilés aux autres dépariemens de la
républi(]ue ; eii, conséquence les lois et régle-
mens concernant la justice , l'intérieur , la po-
lice , les finances , la guerre et la marine , y seront
mis en exécution d'après les ordres successifs du
gouvernement.
II. A compter de la même époque , l'attribu-
tion exclusive de l'adminisiralion des quatre dé-
pariemens au ministère de la jtjstice . cessera
d'avoir lieu. Les préfets correspondront direc-
tement avec le commissaire-général , qui cor-
respondra avec les difiérens ministres chacun
dans ses attributions.
III. Le ministre de la iustice adressera le pré-
sent arrêté aux autorités constituées existant dans
les départemens de la Rnër , la Sarre , du Mont-
Tonnerre , de Rhin et Moselle ; et les minisires
sont chaigés, chacun en ce qui le concerne,
de son exécution ultérieure.
Le présent arrêté sera inséré au bulletin des
lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république,
après avoir entendu le ministre de la marine et
des colonies , arrête :
Art. I''. L'article l" de l'arrêté des consuls ,
du 29 frimaire an 8 , ponant que les femmes des
capitaines, tiçutenans et sous-lieutenans de l'ar-
mée de terre , employés à l'a mée d Orient , rece-
vront un tiers des appointemens de leurs maris ,
est rendu applicable aux femmes des officiers de
marine qui'sont ou seront employés en Egypte.
Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de lexécution du présent arrêté.
Lepremier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état, signé. H. B. Maret.
Arrêté du 23 fructidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la justice , le conseil - d état
entendu , arrêtent :
An. I". Le costume des membres , du com-
missaire du gouvernement, et du secrétaire-
général du conseil des prises , est réglé ainsi qu'il
suit : -
Habit français, non croisé, de drap bleu natio-
nal doublé de même, le collet elles paremens
brodés en soie violet-clair ; la broderie formée
d'ancres entrelacées dans des cables , une ancre
brodée au milieu des boulons ; gilet ou veste
blanche , culotte ou pantalon bleu , ceinture
violet - clair avec franges en or , la frange sera
en argent pour le secrétaire général , le chapeau
franç.iis , ganse et bouton d'or avec une ancre
S'ir le bouton.
II. Le ministre de la justice est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
Arrêté concerrtant les rédamations sur les contri-
butions , dà <ii fructidor an 8 de la république
française , une et ittdivisible.
Le préfet du département de la5eine; consi-
dérant que, des dispositions prises pour effectuer
le recouvrement des diverses cont.ibutions ar-
riérées et de la désignation , suivant l'usage ,
d'un seul bureau d'apport de réclamations pour
la commune de Paris toute entière , il résulte que
les nombreuses réclarnations difiérées par les
contribuables , arrivent en foule dans le même
tems et dans le même lieu ;
Qii'à raison du concours immense des récla-
«naus <}ui se piésentent chaque joui au bureau
de la préfecture , établi rue Neuve du Luxem-
bourg , il est impossible d'y recevoir le public
avec l'ordre et la décence convenables ; qu'il est
sur-tout impossible de l'abriter; que cependant
le laisser ainsi exposé à l'intempérie de la saison ,
c'est manquer aux égards dus aux citoyens , et
aggraver en quelque sorte les motifs de leurs
réclamations ;
Que de-là naissent des scènes tumultueuses ,
des rixes fréquentes ; mais sur-tout une perie de
tems vraiment affligeante et incalculable dans ses
résultats ;
Que cette perte de tems nuit essentielle-
ment à la perception , en ce qu elle atténue les
moyens des contribuables et les produits de l'in-
dustrie ;
Que ces inconvéniens disparaîtraient entière-
ment ' si les contribuables réclamans ne se tioa-
vaient plus rérinis sur un même point et à la
même heure , ce qu'il sera facile d'obtenir en
recevant, par l'entremise des maires ei adjoints
de leur arrondissement respectif, les réclamaiioiw
des contribuables ; arrête ce qui suit :
Art. 1='. A compter du 2 vendémiaire . an 9 ,
les mémoires adressés au préfet du département ,
en réclamation sur les contributions directes et les
patentes dans la ville de Paris , ne seront plus
reçus immédiatement dans les bureaux de la pré-
fecture,
II. Ils seront reçus, à dater du même jour,
dans les chefs-lieux des douze mairies.
III. Les réclanjations sur la contribution fon-
cière et sur celles des portes et fenêires , seront
reçues au chef-lieu de mairie de la situation des
propriétés imposées.
IV. Les réclamations sur la contribution per-
sonnelle , mobiliaire et somptuaire , et sur les
patentes , seront reçues au xhef-lieu de mairie du
domicile du réclamant : les réclamations ne pour-
ront être reçues , qu autant qu'elles seront accom-
pagnées de la quittance des termes échus.
V. Il sera dressé , par chaque jour , une feuille
double , énonciative des noms des réclamans ,
de 1 objet de leurs réclamations et du nombre
des pièces jointes.
VI. Les mémoires seront enliassés et envoyés ^
jour par jour , à la préfecture , avec la double
feuille qui aura été tenue.
VII. Le troisième jour après cet envoi , une de ces
doubles feuilles sera renvoyée à la mairie avec
les bulletins correspondans, pour être remises aux.
contribuables ; et l'autre double sera envoyée aux
percepteurs de l'arrondissement , pour lui faii;e
connaître les réclamans.
VIII. Les renseignemens continueront à êtr*
donnés , exclusivement, ^u bureau de la préfcc-
ture , établi rue Neuve du Luxembourg, n". i38.
IX. Le public sera prévenu des dispositions
du présent arrêté par des placards et des avis
insérés dans les journaux.
Signé, Frochot.
Pour copie conforme :
Le secrétaire-général de la préfecture ,
Et. Mejan.
notice sur la marine danoise. •
Liste des vaisfeaux., qui m'a été communiquée dt
Copenhague , il y a treize à quatorze mois.
Vaisseaux de ligne. Canons. Equipage. '
au moins au grand complet.
1 de 90 ... 562 h. ... 840 ho ruines.
2 de 80 ... 5i7 818.
10 de 74 455 à 486 707 à 740.
4 de ..... 70 410 à 437 625 "à 679^
6 de 64 ... 383 583.
3 de 60 ... 367 ....!, 559.
2 de 5o ... 298 463.
{ Tous ces bâdmens , à de très -petites excep-
tions près , sont en bon état et de bonne cons-
truction. )
Vaisseaux dj^ ligne vieux , en état de servir sut
une rade ou pour un trajet court.
4 à 6 de 70 à 5o canons.
Frégate». Canons. Equipage.
au moins au grand complet.
3 de 42 25 1 ... 389 hommei..
7 de 36 182 ... 274.
7 de ... 32 à 20 ... 100 à 170 . . 170 à ï6o. ^
( Celles de 42 équivalent à un vaisseaa de 56
canons; quelques-unes de 36 peuvent , en vertu
de leur construction , se mesurer avec elles. )
Snows , cutters , yachts , bricks , chebeques j
lougres.
Dix à doi^^ze bâtimens , depuis ao jusqu'à 8
canons.
Dix bâtimens d'escorte et pour croiser parmi les
îlçs et le long des côtes , portant chacun deux
canons et huit obusiers.
Trois galiotes à bombes, portant chacune l6
canons „^o obusiers , 90 matelots et 40 soldats
niariniers.
Dixprames armées et autres bâtimens de même
espèce', portant de 24 à 12 canons.
Quatre sloops de guerre de douze et huit canons.
Seize bâtimens , appelés bateaux de roi , qui
servent pour la plupart comme des avisos, ou
dour garder les cotes , etc. ( quelques-uns vieux. )
.Douze skjerbaaUes, ou chaloupes canonieres ,
doubles et simples. ( pour la plupart vieux et
inutiles. ]
Douze galères, en Norwcge , qui ne sont pas ,
dit-on , dans le meilleur étal.
Quatre batteries flottantes , à 3o et 14 pièces.
Lévement de l'équipage.
On entretient toujours un corps de matelots ,
composé de quatre divisions, chacunre de sept
compagnies de matelots et deux d'artilleurs, le
tout fesant environ 4000 hommes.
Un corps d'ouvriers, composé de 5 compagnies.
Un corps de soldats de marine de 1100 hommes ; ;
le tout est caserne à Copenhague , à l'exception j
de deux compagnies de matelots qui sont en
Norwege.
Tous les hommes qui servent sur des vaisseaux
marchands , ou qui font la pèche , les bâte- J
liers , les caboteurs , etc. , sont enrôlés et j
obligés de servir sur les vaisseaux du roi en cas :
de conscription. Ceux qui veulent servir dans [
l'étranger , en tems de paix , sont obligés de four-
nir une caution de 20 lixdalers, et de donner une '
reversate , qui les oblige de revenir avant deux
ans. Ceux qui, sans avoir satisfait à ces condi- j
lions , «sleiit hors du pays , sont censés déser- 1
leurs. Voici à peu près le nombre des matelots j
que peut avoir le Dannemarck :
Pour les douze limites maritimes
du Dannemarck , de la Norwege
et du Siesvv'ick , enrôlés 36.ooo
Pour le Holsiein 8,000
■ Pour l'Islande , le Feroes , les Co-
lonies i.ooo
Total. 45,000 hom.
Il se trouve chez les autres nations un grand
nombre de matelots danois , sur-tout sur les vais-
seaux des anglais qui les recherchent de préfé-
rence aux marins de leur pays.
( La suite àunprochain numéro. )
Notice historique sur le Sauvage de l'Avevron , et
, sur quelques autres individus qu'on a -trouvés dans
les forets-, à différentes époques; parP. J. Bonna-
terre , professeur d histoire naturelle à 1 école
centrale du département de l'Avevron.
A Paris , chez la veuve Panckoucke , impri-
meur-libraire , rue de Grenelle, n° 321 , faux-
bourg Germain , en face de la rue des Pères.
Du moment oii Ion a appris qu un enfant
abandonné , trouvé dans les bois , ne paraissait
avoir que l'instinct animal, et sous ce rapport
pouvant être considéré comme un vériiab e sau-
vage , avait été remis entre les mains de personnes
en éiatde l'observer; on désira des détails sur sa
conformition , sur ses mœurs , sur ses h ibitudes.
Les journaux le nommèrent leSauvage de l Aveyron,
et ne purent donner à son égard que des rensei-
gnemens plus ou moins infidèles. Il appaitenait à
une personne que l'administration centrale de
l'Avcyron avait engagé à se charger de cet en-
lant, et qui, sur les ordres du ministre de l'inté-
fleur, l'a accompagné à Paris , de publier le ré-
sultat de ses observations journalières et habi-
tuelles, sur cet individu extraordinaire.
Le citoyen P,onnaierre vient de s'acquitter de
ce soin d'une manière qui satisfait pleinement la
curiosité , en même-leins qu'elle commande l'in-
térêt.
Il a jugé nécessaire ^e rapprocher d'une no-
tice sur son élevé, les détails que différens auteurs
ont donnés sur des individus trouvés dans la
situation du sauvage de l'Aveyron , et dont le
célèbre Linné a fait une simple nomenclature
dans son Système de la nature : il résulte de ce
rapprochement qu il ejtisie de nombreux rap-
ports de comparaison entre le sauvage nouvelle-
ment découvert et les autres.
Le jeune enfant dont il est ici question avait
été apperçu il y a trois ans et demi dans un bois
du Tarn : il était nu et fuyait toute approche. On
l'a surpris se nourrissant de glands et de racines.
On parvint à le saisir : extrêmement agile , il ne
tarda pas à s'échapper. Quinze mois après , à
la fin de messidor an 7 , trois chasseurs le ren-
contrèrent , il grimpa sur un arbre , mais on
s'en empara : c est de cette époque que date son
entrée dans la société. On lui donna des vête-
inenj et de» alimens moint cruds que ceux dont
I 435
il avafff contracté l'habitude. La liberté lui parut
préférable , il s'échappa de nouveau ; mais il est
à remarquer qu'il se cacha dès-lors moins cons-
tarnmcnt au fond des bois , qu'il s'approcha
même des lieux habiles , qu'enfin il entra de son
propre mouvement chez un artisni de Sain-Ser-
nin , habitant une maison hors la ville.
Quinze jours après son arrivée à l'hospice de
Snint- Afrique, sa langue paraissait un peu dé-
liée ; il poussait des cris. Il ne pouvait souffrir
de vêlcmens . s'accoutumait difficilement à cou-
cher dans un lit , témoignait de la joie lorsqu'on
changreait ses draps , et quoique son existence
fût douce, reconimenç^iit ses tentatives d'évasion.
Conduit à Rhôdez par ordre de l'administra-
tion centrale , 1 fut examiné par deux, .pères
désolés delà perte d'enfans de son âj;c :' ils dé-
clarent qu'il n'était point leur fils. Des rapports
qui lie sont pas indignes de; foi'.'tt tles rétiis assez
accrédités le donnent aujourd'hui corhtr.e le
fruit d'un mariage légitime , cruellement aban-
donné par des parens inhumains .parce qu'il
était privé du don de la paiole. Toutefois 1 au-
teur de la notice convient que ce n'est encore
là qu'une conjecture. Ce qu'il y a seulement
de certain , c'est qu'il vivait dans lès' bois dans
l'état de pure nature , et à l'instar des animaux.
La conformation extérieure de cet enfant ne
présente rien d'extraordinaire , mais son corps
est couvert de cicatrices ; les unes sont des traces
de brûlure , les autres paraissent dues à des iiis-
trumens tranchans. Sa marche est vacillanie , mal
assurée : son genou droit se porte en-dedans et
sa jambe en-dehors. On croit pouvoir l'attribuer
à quelqu'affcction rhumatismale , occasionnée par
l'humidité et les froids rigourêijx qu'il a éprouvés.
Son système nerveux paraît très-affeciè.
Le sens de l'ouie ne lut est point refusé par la
nature , comme on a l-u !é croire ; mais ceux de
l'odorat et du goût paraissent en lui , avoir ac-
quis par l'exercice plus de développement et de
perfection. Sa vue est excellente ; le toucher
parmi ses sens ne paraît occuper que le dernier
rang.
On ne sait encore s'il est dépouryu du don de
la parrde , par défaut de conformation , ou par
suite d'une blessure reçue sur la glotte , ou s'il
en a perdu l'usag* Il ne connaît encore que
l'iitsiiact de la nature , et n'a d'autres besoins
que ceux qu'elle nous impose. Ses désirs ne dé-
passent point ses besoins physiques , et tous les
desi.*s que la nature nous denne , ne lui sont pas
encore conntis. Son âge paraît être de douze à
treize ans.
«1 Dans tous les cas oià il ne s'agft pas desaiis-
') faire un de ses besoins , il né senible penser et
)) réfléchir sur rien : un état dimbécilliié se ma-
>' nitcste dans ses regards : il païaît n'avoir ni
î) discernement, ni espiit, ni mémoire, ji Ainsi
s'exprime le citoyen Bonnaterre , et cependant il
rapporte que son élevé soignait en rowe le havre-
sac , dépôt de ses alimens , s'en chargeait au moment
de changer de voiture , et n'entrait dans les auberges
qriaprts avoir été précède par l'objet de ses plus
chères affections : Cette conduite , suivie et cons-
tamment observée par le citoyen Bonnaterre , ne
devail-elle pas le conduire à accorder au moins
de la mémoire à son élevé? Et quand il le peint
s'adoucissant par les caresses et s'irritant par la
contrariété , peut-il ajouter que l'erifant ne réflé-
chit sur rien , et que ses sensations ne lui pro-
curent aucune idée qu'il puisse comparer ? Ses
projets d évasion , souvent exécutés, iiepiouvent-
ils pas un discernement quelconque , une prcic-
rence décidée en faveur de l'état qu'il a quitté
contre l'état nouveau qu'on lui a fait prendre ?
L'auteur de la notice craint d'entrer dans de
trop petits détails; nous ne craignons pas de l'y
jiyoii' suivi , certains que , comme il le dit si
bien , a des apperçus vastes et brillans peuvent
>) donner des connaissances vagues eli|mparfaitee.
Il mais que les petits détails . au contraire , four-
)j nissent des idées exactes et précises. )>
L'enfant est aujourd'hui entre les mains du
citoyen Sicard : nul doute qu'il ne lui doive un
jour, ou sa réintégration dans la société, par
l'usage de ses dons naturels , ou une place dis-
tinguée parmi les élevés qui composent cette in-
téressante école : quoiqu'il en soit, il nous semble
qu'il doit déjà beaucoup aux sqins paterneJs du
citoyen Bonnaterre. Nous aimons à croire qu'un
jour le jeune Sauvage lui en témoignera quelque
reconnaissance : il sera doux aktrs au citoyen
Bonnaterre de convenir que son élevé avait au
moins la mémoire du CŒur.
S. .... -
Nouveaux principes de mécanique , par le citoyen
Muraz, ancien ingénieur des mines de Poullaouen
et Huelgoal , pour la partie des machines, i vol.
in-8».
A Paris , chei Fuschs , maison de Cluny , rue
des Mathurins , et chez l'auteur, rue Contres-
carpe Saint-Jacques , n". 5. P^-ix 2 fr. 5o cent.
Cet t'vi n'est point destirio seulement à faire
i connaître les élémens de la mécanique ordinaire ,
mais encore à établir une nouvelle théorie qui,
1 renverse de fond eu comble les bases jusqu'au-
jourd'hui établies dans cette importante partie de»
mathématiques.
Le citoyen Murnz , qui a de profondes coij-
naissances dans la mécanique, et que la pratique
de cet an a mis à même d'en calculer les effets
2yec précision , s'est apperçu' que les mécanicien»
s étaient tous plus ou moins égarés dans la ma-
nière d'estimer la force des corps , soit de per-
cussion , soit de résistance.
n Nous pouvons l'assurer , dit le cit. Muraz ,
la. mécanitjue est encore dans l'enfance , ou pli^tôc
c'est un édifice dont les bases sont mauvaises ,
qui s'écroule , et qui a besoin d'être reconstruit à
neuf.
" Les principes exposés dans la première partie
de mon ouvrage , continue l'auteur , étonneront
sans doute par leur nouveauté ; mai.i , si comme
on ose s'en flatter , les vérités que nous entrepre-
nons d'établir paraissent rigoureusement démon-
trées, nous avons lieu de croire que le lecteur
impartial se rendra à l'évidence. >'
L'auteur commence donc par établir la faus-
seté des deux équations que tous les mécaniciens
prennent pour b.ise ,de tous leurs calculs sur les
mouvemens variés. 11 L'erreur des géomètres
sur cette matière, dit-il, vient de ce qu'ils otic
conclu du particulier au général ; parce que les
deux équations dont nous parloiis sont vraies
dans les mouvemens uniformément accélérés,
ils ont cru qu'elles le sont aussi dans toute espèce
de mouverneut , quelque varié qu'il soit , c'est-
à-dire quelle que soit la variation des forces
accélératrices qui agissent sur les corps. Nous
nous sommes attachés non seulement à prouver
la fausseté de cette conséquence , mais encore à
faire sentir en quoi consiste précisément l'illu-
sion des mécaniciens sur cette maiiere.i)
L'auteur fait ensuite l'examen critique de la
proposition fondamentale de Bezout , sur la lé-
sistance des fluides , et démontre que ce maihé-
maiicien s'est trompé , 1" en enseignant que la
résistance constante , celle qui a lieu à la ren-
contre de chaque tranche de fluide , était propor-
tionnelle à la simple vitesse , tandis qu elle est
comme le quarré de cet e vitesse ; 2° en ensei-
gnant que la résistance qui a lieu pendant une
même unité de tems , était comme le quarré de
la vîtesse , tandis que cette dernière est eotame
le quarré de la vitesse.
Nous ne sommes point assez instruits dans les
hautes connarssances matbéinatiijues pour juger
par nous-mêiioes jusqu'à quel, point le citoyen
Muraz peut avoir raison contre les autres mathé- '
maticiens ; mais ce que nous Sr;nion,s avec tout
le monde , c est qu'il est de la plus haute impor-
tance que l'erreur soit consiaiée , et le citoyen
Muraz aura acquis des droits à la reconnai;:ance
publique, s'il parvient à le faire dune rnaniere
incontestable.
Une autre méprise dans laquelle sont encore
tombés les mécaniciens , suivant le citoyen Muraz,
est la manière d'estimer la force des corps dans
les mouvemens uniformément accélérés. L'auteur
fait voir 1° que la force d'un corps qui tombe
librement, ou le choc qu'il produira sur l'obs-
tacle invincible qu il rencontrera dans sa chute ,
est toujours comme le quarré de fa vîtesse do!i,t
il est animé à l'instant du choc ; 2° que de quel-
que manière qu'un corps se meuve , et quelles
que soient sadiieclion et la nature de la cause qui
le met en mouvemeni , le choc qu'il produira sur
l'obstacle invincible , est toujours comme le
quarré, de la vîtesse qui l'animait avant le choc.
La première de ces vérités a été apperçue par
Leibnitz, la seconde ne paraît l'avoir été par
personne ; elle change la formule fondamentale
de la mécanique, que la force du ch.^c d'un
corps est égale à Ja masse multipliée par la
vîtesse , il laut dire par le quarré de la vîtesse.
Nous le répétons , l'ouvrage du citoyen Muraz
mérite la plus grande attention par les consè-
querices qui résultent des propositions qu'il
établit pour I hidrau'lique , les constructions
marines et les diverses parties rte la balisticpie.
Ou nous assure que le citoyen Muraz va dé-
velopper , dans un cours public qui se tiendra
dans une des salles du Muséum des sciences
et arts, sa nouvelle théorie qui doit opérer ur»
si grand changement dans les principes de l'an-
cienne. Peuchet.
THÉÂTRE DES ARTS.
M. Paul Carrillez . premier violon du grand
théâtre de Madrid , a été entendu avant-hier au
rhéâire des Arts : on est unanimement d accord
sur le talent de cet artiste , et il faut qu'H'en ait
un réel pour qu'il paraisse digne de remarque
dans un pays otà Ion entend Rode , Kreutz,'; ,
leiirs habiles rivaux et leurs brillans élevés.
L^étranger dont nous parlons a une exécution
sûre , de la hafdiesse ; ses écarts même annon^
cent de la ve ve et de l'originalité. U a reçu
d'abord de três-vifs applaudissemens. Mais après
lès morceaux qui couiposent ordinairement un
concerto , et qui presque toujours ont le début
de paraître trop longs , il a désiré faire entendre
des variations, morceaux d'étude souvent peu
agréables pour une grande assemblée. C'est à ce
moment q'u'il a essuyé quelques marques de dé-
faveur. Elles ne prouvent rien contre son talent :
étranger, il est très-pardonnable d'ignorer qu'en
France un virtuose doit, par-dessus tout, con-
ij.iître et presseniir ,_p6ur s'y arrêter , le moment
piécis oiJ il va cesser de plaire.
Nous ne j'ouvons blâmer cette sévéïilé de la
part de nos speclaleurs , loin d'être le signe
d'une vaine liivoliié , elle est l'efTet d'un goiit
épuré, et d'un tact très délicat. Ne pas vouloir
épuiser ,, dès 11 première l'ois , tout le charme
(ja'uD .j!,tai)d talent peut taire naître encore ,
c'est appiécier ce talent , et non le méconnaître.
S. . ..
Le pnjet du département des Landes, au citoyen
rédacteur du Moniteur. — Mont-de-'iAarsan , le
\1 fructidor au 8 de la république franqaise.
J'apprends , citoyen , que l'on répand le bruit
à Paris que les émigrés trouvent un accès fa-
cile dans le département des Landes : veuillez
ptiblier que ce bruit est faux , et donner , de
liia pan un démenti formel à ceux qui le sèment
avec des Internions coupables.
Il convient que le public soit en garde contre
les intrigues de gens qui ont cru avoir quelqu'in-
térêt à représenter sans cesse ce malheureux pays
en état de contre-révolution.
Le département des Landes a excédé son contin-
gent en hommes; au i^"^ venderaiaiie il aura
rempli toutes ses obligations pour l'an 8. C'est
ainsi qu'il répond aux calomnies.
Je vous salue. H. Mechin.
Citoyen , Je n° 346 du Moniteur annonce quel-
ques détails sur la manière, de faire le vin , tirés
dn Journal du, département de (Oise.
On met en question : Faut-il égrapper les rai-
sins ? On répond , oui , et non , sans en donner
de motifs.
Je dis que l'on doit égrapper quand les années
sont sèches; que si Ion n'use pas de cette pré-
caution , le vin acquerrera trop d âcrelé , et finira
par tourner à l'aigre.
Je dis que dans les années pluvieuses , quand
le raisin est chargé de pourri , on ne doit pas
égrapper , parce que la raffle cuvant avec le
moût lui donne du soutien; si on égrappe , le vin
tournera à la graisse.
On jette , ajoute-t-on , ie gros bols pour en
faire de la boisson.
.Propriétaire de vignes dans le département de
l'Yonne, je ne jette pas le gros bois ou ralBe ,
je ie ménage bien au contraire pour l'étendre
sur le marc de ma cuve, car le vin fermentant
attire et pompe toutes les parties vineuses atta-
chées à la niéche ; vingt-quatre heures après je
lève cette raFBe que je mets dans des cuviers ,
qui , avec l'égoût des vins pressurés , me fait un
excellent vinaigre.
A l'égard de la grille proposée , il y a 200 ans
qu'on l'emploie en Bourgogne , couvrant des
cuves de 60 et go pif ces.
. On ne peut que savoir gré au citoyen maire
d'Auchy de chercher à être utile à ses conci-
toyens ; mais il me paraît être encore fort éloigné
de la manière dont il faut s'y prendre pour faire
. du bon vin.
Si j'avais sous leS yeux les détails annoncés ,
je me ferais un plaisir et même un devoir d'y
répondre.
t. G. J. Delisle , de Fontainebleau.
Le citoyen Courcell nous adresse de Crevelt ,
en réponse au rapport secret de Biiilly sur le magné-
tisme animal , qui se trouve dans le Conservateur ,
un mémoire que sa longueur ne nous permet pas
d'insérer , mais dont la singularité mérite que
nous disions quelques mots. •
Le citoyenCourcellyassure que les philosophes
et les médecins méconnaissent ou calomnient le _^
magnétisme. Il poseen faitque le somnambulisme l'anglais; 6 vol. ,in-8° et i d'atlas in-4''
magnétique est un phénomène connu de toute
l'Europe. Il avance , comme une chose attestée
par plus de mille personnes , que certains som-
nambules magnétiques peuvent lire dans la pensée ,
et répondre à une question mentale ; ce qui suffit,
dii-il, pour écarter toute idée , toute possibilité
de jonglerie; — un magnétiseur , ajoute-t-il, peut
endormir une personne sujette au somnambu-
lisme sans la voir, sans la toucher, et même
à la distance de plusieurs lieues à l'heure que
l'on veut et sans l'intervention d'autrui.
Mais comment, se dit-il en terminant son mé-
moire , etc. u comment les élonnans efFels du
somnambulisme n'ont-ils pas fait un plus grand
bruit, et comment les at-on publiés dans les
journaux? C'est parce qu'ils sont étonnans qu'on
n'ose pas les avouer, dans la crainte de passer
pour irabécilles ou pour dupes. C est parce qu'ils
sont si contraires aux opinions accréditées des
savans , qu'on n'ose pas les annoncer saris avoir
une base sur laquelle on puisse asseoir raisonna-
blement leur possibilité. Quand on en a été té-
moin , on dit en soi : les philosophes nous trorti-
pent ; il y a autre chose que ce qu'ils nous di-
sent. Mais ce quelque chose dont on voit l'efTet ,
on l'ignore , et on craint de s'exposer sans armes
au choc d'un adversaire devant qui on ne peut
pas porter avec soi l'évidence. Il faut un certain
Iront, même pour annoncer la vérité. Il y a bien
des personnes qui ont vu , et qui n'oseraient pas
attester les faits en public , crainte du ridicule. Si
le premier élan était donné , on verrait le trou-
peau de moutons suivre les traces du premier
bélier ; il s'agit seulement d'en faire entrer un
par la barrière , pour voir s'élancer tous les
autres. >'
LIVRES DIVERS.
Le Dictionnaire universel de la révolution
française , ou table chronologique et alphabétique
du Moniteur est actuellement sous presse. Cet
ouvrage qui fait le complément du Moniteur pour
ceux qui en possedentla collection , et peut le sup-
pléer pour ceux qui ne l'ontpas, deviendra d'une
nécessité presqu'indispensable pour ceux qui vou-
dront s'adonner à l'histoire, ou suivre les travaux
des différentes assemblées législatives.
La souscription , à raison de 35 francs , sera
irrévocablement fermée le 3o fructidor présent
mois , après quoi le prix en sera de 48 francs.
On s'adresse toujours chez le cit. Girardin ,
seul propriétaire et éditeur de cet ouvra;4e , eri
son cabinet littéraire , Palais-Egalité , n^lSô , qui
possède aussi la collection de tous les journaux.
On s'abùnne également au bureau du Moniteur,
rue des Poitevins.
Cours de mythologie , orné de morceaux de
poésie aualogiics a chaque article , avec cette
épigraphe : '
Point de poésie sans fiction ;
par J. Brunel , un vol. in-12 beau papier ; prix
2 fr. 5o cent, broché.
A Lyon chez V. Barraiid Née Liébaux , rue
Saint-Dominique , n° 74. ,
Ce n'est point ici une compilation lourde et
indigeste ; c'est l'ouvrage d'un homme dégoût.
L'auteur n'a admis dans sa ccillection mytholo-
oique, que des poètes dignes de ce nom,
les Rousseau , les Boileau , les Racine , les Vol-
taire , les Verninac , les Laharpe , les Bourdic ,
les Laurencin , les Laugier , etc. Constammeiit
fidèle à son épigraphe , il n'a présenté aux amis
de la poésie que des morceaux vraiment poéti-
ques , laissant sévèrement de côté ceux qui n'of-
fraient que la mesure et la rime ; il ne s'est
attaché, en un mot, qu'aux grands modèles.
La prose est écrite avec une précision trop rare
aujourd'hui , et avec le coloris , l'éclat et la
chaleur convenables à ce genre d'ouvrage
Supplément à la première édition de la Géogra-
phie de Guthrie , tiré de la seconde édition
française , pour completter la première édition.
I vol. in-8° de 3oo pages avec trois tableaux.
Le papier, la justification et les caractères sont
les mêmes que ceux de la première édition.
Prix , br. , 3 fr. 60 c. , et 4 fr. 60 c. franc de
port par la poste.
A Paris, chez Hyaifinihe Langlois , libr. , quai
des Augustins , n° 45.
Ou trouve chez le rnême libraire la 2' édition
fratijçaise de la Géographie dt Guthrie , trad. de
Prix, broché, ^^ fr. ; avec allas enluminé >
rel. en belle bazane 35 fr. , en veau 3? Ir. 11 faut
ajouter 7 fr. 5o cent, pour le franc de porl. —
L'atlas se vend séparément , broché 10 fr. 5o c,
enluminé et en noir 7 fr. 5o c. la reliure en sus ,
et en bazane de i fr. 5o cent.
L'Abrégé de la susdite géographie , seule véritable
édition, un fort vol. in-S" , avec dix cartes en-
luminées.
Prix , 6 fr. br. , et 7 fr. "5 cent. , franc de port
par la poste ; et 7 fr. , relié.
Il tient un assortiment d'atlas, de cartes, deglo-
bes , de sphères , de livres anglais , ecl.
Nouvelle méthode domestique , tirée principalement
des végétaux de la France; par J'. P. Bue hoz , mé-
decin, 2 vol. in-12, Prix 5 fr. et 6 fr. 5o cent, franc
de port : ouvrase non-seulement utile aux jeunes
médecins, mais aussi aux pères de famille , qui ,
sans avoir souvent recours aux gens de l'art ,
y trouveront là manière de traiter, avec les plantes
les plus communes , au moins 35o maladies ,
classées suivant l'ordre alphabétique de leurs
noms ; et pour ne rien laisser à désirer , on a
joint à cet ouvrage la liste et le système des plantes
parleurs vertus, la nomenclature de celles con-
nues dans les pharmarcies sous le nom d'espèces ;',
et enfin les indigènes qui peuvent remplacer leS'
exotiques , etc. etc.
Cent pensées d'une jeune a^nglnisc anglais-français;
par A. J. Lemierre , i vol. in-18 , avec fig. e(
carte allégorique enluminée. Prix, i fr. , et l fr.
25 c. franc de port. Le même cartonné , pap.'
fin , 1 fr. 25 c. , et l fr. 5o c. aussi franc de
port.
La morale la plus douce et la plus pure , pré- .
sentée à la jeunesse d'une manière infiniment
agréable , doit faire rechercher cet ouvrage par
les pères et mères pour leurs enfans ; par les
instituteurs pour leurs élevés , et par toute per-
sonne de l'un et l'autre sexe qui étudie la langue
anglaise.
A Paiis , chez Lecordier et Legras , imprimeurs-
libraires , rue Galande , n° 5o.
COURS DU
Bourse du 24 fructidor. ■
CHANGE.
- Cours des effets publics.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif......
Cadix
Effectif
Gênes effectif. ...
Livourne
Bâle.
56î
'89I
5 ir. 75c
I4fr.35 c
5fr. 75 c.
14 fr. 10 c.
■4fr. 58 c
4 fr. q8 c
i88t
Effets publics.
Rente provisoire 18 fr. s5 c,
Tiers consolidé 33 fr. 38 c.
Bons deux tiers i fr. 59 c.
Bons d'arréragé 84 fr. i3 c.
Bons pour l'an 8 88 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiç^ue et des Arts.
Auj. Anacréon chez Poljcrate , suiv. du ballet dé
Héro et Léandre.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Arlequin affi-
cheur ; la I'" repr. d'un seul Violon pour tout le
monde , et Comment faire ?
Théatr-e DELA Cité-Variétés. — Pantomimes.
Au], le Moine, avec un spectacle nouveau; ta
folle Epreuve , et Diogene fabuliste.
Errata.
N°. 353 (23 fructidor), 2' page, 2"^ colonne ,
10^ ligne, le citoyen Krabbe ; lisez : le capitaine ,
et de même partout où se trouve le mot citoyen
dans le reste de cet article.
Même n°. , 3' page, 2' colonne, ligne 27°,
les russes rentrent ; lisez : les busses.
rabountcBcnUe fait 1 Paris, iii.; des Poitevins, n° ■ Si Le prix esc de sS francs pour trois moia, 5o fiaacs pour six mois, et 100 francs ponr l'année entière. On ne
s'abonne qu au cooameucemenl de cbaqae mois.
Ilfaui adresser leslettresetl'ar,geat,francdepon,aucit.AGASSE, propriétaire de cejournal.ruedes Poitevins, n" 18. Ufautcompreadre dans. le» envol» le port dt,<
nav« où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemcns non afFranctiics , ne seroutpoint retirées de la poste. ■
^M°ul avoir soin, pou. plus desûrcté , ,1e ctiarger celles qui reafermenides valeurs , et adresser tout ce quiconcerne la rédacuon de la feuille, an rédacteur, rue de.
Poitevine m" i3 depuis neikf li«uïes du matin Jus^û'à'^i'i •) heures du «oi_r, ■
, ■ I . : .1. .---..■ I . ; li.i...jUC u-
VTT
' '; ■ '.'Aiis*rfs.- a&'PiBiBl^aïkrie dWtit. AgkWeîIiifo-^rléVairré "dû ^toaitétir »|ue des Poitevin?,, n».i3.,
si. :■ 5V A- ri -jb ii;-->3 sTtil f .a:>-!::h -nvr- .u :...'0'- :>■■-' ■'• >■>■
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 356.
Sextidi , 26 fructidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constitué'îs , les actes du gouvernemisnt, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les rtoiion
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances minisçérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts it aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
DANNEMARK.
Elseneur , le 23 août ( 5 fructidor. )
X-jA floue anglaise qui mouille dans nos parages,
est composée de sept vaisseaux, de ligne, de dix
petits vaisseaux, de gueire , et de trois frégates. A
son atiivée ici , elle salua la forteresse de Kro-
jienburg. L'amiral Dikson qui commande les an-
glais,et le commandant de laflolle danoise, Luiken,
vivent encore en bonne intelligence. La flotie de
!Ûikson a reçu de noire ville des provisions en
viandes fraiches et autres denrées. L'amiral anglais
a dit qu'il n'avait aucun ordre pour enlever les
Vaisseaux danois et suédois dont les papiers se-
raient en règle.
Aujourd'hui quelques vaisseaux anglais doivent
être arrivés dans la rade de Copenhague. Les dil-
féiends qui existent entre le Dannemaick et
l'Angleterre, pourront êlte terminés par la réponse
de la cour de Pétersbourg , qu'on attend avec
impatience.
Les cinq vaisseaux de ligne russes qui croi-
raient sur nos côtes , sont retournés dans la Mer
Baltique. Plusieurs vaisseaux arrivés ici, nous ont
annoncé qu'une floue tusse de huit vaisseaux de
ligne approchait de Copenhague,
Les préparatifs de guerre continuent toujours
avec activité. ( Strasb. Weltbote j
ANGLETERRE.
Londres , le 4. septembre ( i-] fructidor. )
L'abondance de la récolle avait fait baisser le
prix de la farine et du froment , comme on
devait s'y attendre ; mais depui* une qunizaine
de jours , ces denrées indispensables recommen-
cent à renchérir progiessivement , sur-tout la
fariné , dont le prix est tn proportion plus haut
que celui des bleds. Celte circonsiançe extraor-
dinaire a occasionné du mouvement dans quel-
ques marchés , et mardi dciuier , le lord maire
a tenu une cour daldetnien pour aviser aux
mesures qu'il convenait de prendre. Mais l'acte
du parlement fixant d une manière précise le
tarif du pain sur le prix des farines , sa seig-
neurie a éié obligée d augmenter le prix du pain
de quatre livres, d un sou et demi.
On mande de Bassora qu'un descendant d'Ab-
doel Wahaub occasionne de grands troubles
dans le voisinage de la Mecque par la doctrine
qu'il y prêche. Le sectaiie ne nie point la mis-
sion de Mahomet , mais ne le considère que
comme un envoyé de Dieu , pour lequel on
ne doit avoir jii culle, ni hommage à rendre.
Si doctiine lui a fait beaucoup de prosélites
en Syrie , dans l'Arabie et dans l'Egypte; d'autant
plus qu'il l'appuie par le fer et le feu.
( Extrait du Courrier de Londres. )
INTÉRIEUR.
Gravelines , le 16 fructidor.
1 •'
■-'Encore un de ces incendies qui se propagent
depuis quelques mois avec une rapidiié imjuié-
laute , et dont on ne peut attribuer la cause qu à
la perfide malveillance qui s'attache de Tiouveau
à la destruction des propriétés rurales.
Le citoyen Rivière , membre du corps législatif,
fait valoir prés de la mef , à Gravelines , une
ierme assez étendue : le feu y a élé mis le 14
de'ce mois vers les deux heures et demie delà
nuit, à un des angles du bâiiment qui était sous
le vent qui soufflait de l'est , et assez fort dans
cet instant. La nxarée éiait basse , et la lune venait
de se coucher. Tout fut la proie des flanimes ,
excepié une grange et quelques meules lie grains
récemment recollés -, et sans le courage et le
zèle intrépide du citoyen Pierre Lfgoulon . capi-
taine de la gardé nationale , qu'on voyait jiar-
lout sur les toits et dans les flammes, ce funeste
incendie eût dévoré entièrement une superbe
lécolte en bled froment , engrangée depuis peu
de jouri.
Le citoyen Legoulon a été vigoureusement
secondé par les citoyens Philipin , Magnicç et
autiei de \rf camarades.
Fàris , le ^5 fructidor.
La nouvelle d'un débarquement des anglais
en ZébnJe , publiée par plusieurs journaux est
entièrement desiituée de fondenieni.
-;- Une lettre du quariier-génétal d'Augsbourg,
ciiée par la Clef du CabinH , contient les dciâi'ls
suivans.
On ne vit jamais une arméCjCn aussi bon état
que la nôire. Depuis près de d*px mois , elle n'a
pas fourni un malade sur irenle individus. La
santé , la joie et le courage brillent également
sur le visage de nos militaires. Nos blessés sont
presque tous guéris. On en rencouire beaucoup
dans les rues et aux promenades , fiers de leurs
écharpf:s et de leurs honorables cicatrices. L'autre
jour , il fut présenté à notre général en chef 64
amputés , dont as de la cuisse , qui ont été sauvés
à Augsbourg sur 73 qu'on avait amenés après les
terribles cauonnades des 4 et 8 messidor. On de-
vine bien l'accueil que leur a fait le père , l'ami
des soldats. On peut dire que nos chirurgiens
méritent vèritiblement les égards et l'attachement
que l'armée leur montre dans toutes les circons-
tances. On ne parle d'eux, dans ce pays-ci,
qu'avec les plus grands éloges. La cure réceûte
du prince autrichien de Licotenstein , fait pri-
sonnier de guerre après une blessure répuiée
mortelle , et celles de deux autres officiers supé-
rieurs de l'armée impériale , leur ont fait infini-
ment d'honneur chez l'étranger.
— On mande de Nîmes que le citoyen Larrey
jeune, frère du citoyen Larrey, chirurgien en chef
de 1 ar:née d Egypte , vient de fcire dans celle
ville l opération césarienne sur une femme rachi-
tique , âgée de 82 ans. Le citoyen Larrey , le
jeune , a vaincu tous les obstacles : son opération
a < u le plus gland succès. Il a donné la vie à un
enfant , et a sauvé les jours d'une infortunée qui
était vouée à une mort certaine e cette femme est
non-seulement sans fièvre , mais encore elle al-
laite son enidnt q^ui a élé surnommé César , en
liiémoi.e de sa naissance. La ville de Nîmes se
glorifie de posséder un chirurgicin aussi distingué
que ce ciioyen-i , "
— C'est le. 28 de ce mots que le sénat-conser-
vateur nomme à la place vacante au tribunal de
éassation , sur les listes de présentation qui con-
tiennent le nom de plusieurs candidats.
— Un grand nombre de citoyens des départe-
mens , choisis par leurs préfets pour assister à
la fête du 1'.' vendémiaire , som déjà arrivés à
Paris.
— Le général Berthier est arrivé à Madrid , au
moment oîi l'on y apprenait la nouvelle de la
victoire remportée au Férol.
— Un des plus célèbres violons que la France
ait produits, Gnviniez , est mort le 28 de ce
mois , dans sa 75" année. 11 laisse des manuscrits'
précieux, et enirautres, quatre sonates dont la
dernière , que 1 on assure être d'un très-beau
genre , avait reçu de son auteur le nom de son
tombeau.
' —Le N° 81 à\i Journal des Arts renferme , sous
le titre Variétés , 1 article suivant :
Le public apprit avec iniéiêt , il y a quelques
mois, par la voie des journaux, une décou-
verte importante faite en Ei^ypie par les savans
qui ont accompagné le consul Bonaparte elles
armées françaises danSs l'expédition à jamais cé-
lèbre , qui porta la gloire de la république dans
Ces contrées reculées. Il s'agissait d une colonne
sur laquelle on remarquait trois inscriptions
en trois laneucs différentes , qu'au premier
ord on supposa n être qu une repeiiuon du
même sujet. Cç qui rendait cette découverte
très-précieuse , c'est que 1 une de ces inscrip-
tions éiait en caractères hyéiogliphiques , et que
dès-lors on conçut l'espoir de pouvoir , à l'aide
des deux autres inscriptions , obtenir quelques
lumières sur cette langue sacrée que, jusqu'à
ce jour, les savans ont vainement cherché à
expliquer. En conséquence, les trois inscrip-
iions ont été calquées . en Egypte , avec un soin
et une exactitude extrêmes , sur la colonne
même.
Cette copie a été apportée en France , et
soumise à l'ixamen des hommes versés dans la
connaissance des langues anciennes. Malheureu-
scmcni linscrip iion^nyérogliphique est celle que
I le tenii a le plus outragée. Elle occupait le som-
met de la colonne ; et cette colonne ayant été
tronquée , une partie de l'inscripiion manque',
et cet accident ne fera qu'ajouter à la difficulté
de I étude ijue Ion se propose. Le cit. Laporie-
Dutheil, chargé, à ce qu il paraît, de l'examen
de CCS trois inscriptions , est le premier qui
ait eniretenu l'insiliut national de cet objet.
D après son rippori . on est certain aujourd'hui
que les tros Inscripiioiis ne sorii que la répétition
du même discours. L'une , comme nous lavons
déjà dit, est Cii carjcleres hyéroijliphiques ; la'
seconde en langue cophie ; la iroisitine en grec.
Il paraît que c'est un honim:ige de la recon-
naissance de quelques prêtres égyptiens , pour
quelque bienlaitqu ils avaient reçu d'un Ptolémée
Dionysios , qui daterait de l'an 63 avant l'ère
chrétienne ; et que , pour perpétuer davantage
l'expression de leur gratitude , et lui assurer une
Ijlus grande publicité , ils ont voulu la répéter
en trois langues différentes, jusqu'à présent, le
tems n'a pa% encore permis que l'on fît l'appli-
cation des deux inscriptions vulgaires à l'inscrip-
tion hyérogliphique , et que Ton obtînt, parla
comparaison, les lumières que Von désire; mais
de la date de l'inscription , il résulte un fait déjà
fort important dans les sciencts; c'est qu'elle
prouve t}u'à cette époque , la langue hyèrogli-
que était encoie en usage , landiç qu'il passait
à-peu-près p<5ur constant parmi les savans que ,
dès le tems d Hérodote , c'cst-àdire , près de
cinq cents avant Jesus-Christ , la cctinaissanee de
celle langue était déjà perdue.
Cependant, si l'on ne s'est point trompé sur
la date de l'inrcription , et si en effet elle se
rapporte à Pldiomée Dionysios , cette circons-
tance va jeter quelque incetiitude parmi les chro-
uologistes. D'après notre manière de comptei les
époques , si la djte de 1 inscription remonte à
63 ans avant l'ère chrétienne , elle ne pourrait
se rapporter à Piolomée Dionysios , qui ne com-
mença à régner qu'en l'an 5i avant Jésus-Christ ,
et il faudrait qu'elle fût du icns de Piolamée
Auletes,soii pcre ; et quand ce fait serait écl.iirci,
encore resictait-il quelque inceriiiude ; car tout
le monde sait que C€ piince , Jetrpnê par 6tta
sujets , et remplacé sur le trône par sa fille Béré''
nice , passa la plus grande partie de sa vie . soie
à Rome , pour solliciter la protection de la répu-
blique , soit à Ephese dans la relfaite, et que ce
ne fut que peu de lems avant sa mort , c'est-à-
dire vers l'an 53 avant Jésus-Christ, qu'il fut ré^
tabli sur le trône. De la sorte la manifestatioii
de la reconnaissance des prêtres égyptiens , si
elle a pour objet Piolomée Dionysios, se trou-
verait antidatée suivantnotre manière de compter;
si au contraire elle a trait à son père Piolomée
Auletes, elle se rapporterait à l'époque de son
absence de l'Egypte : ce qui n'est présumable en
aucune façon. Il paraît que jusqu'à présent on ne
s'est attaché à connaître que le sens de l'inscrip^
tion , et que ces obscurités disparaîtront dès que
ta traduction littérale en aura été faite. On doit
s'en reposer, à cet égard, sur Us connaissances
profondes des citoyens Laporte-DutheileiLanglès,
qui continuent as en occuper , et sur les lumières
du citoyen Visconli , que la république a l'avan-
tage de posséder aujourdhui. J. La vallée. 1
— On trouve dans le Journal de Grenoble la
lettre suivante , à laquelle il convient de donner
de la publicité ; probablement elle ne corrigera
pas celui qu elle accuse . mais elle peut le si-
gnaler aux personnes qui l'entourent , et lui faire
craindre , à défaut de remords , l'indignation et
le mépris publics.
Au RÉDACTEUR. — Sur l'ingratitude d'un fils. -ie
suis infirme , accablé d'années , reléguç à,la cam-
pagne , oià l'on a livré ma vieillesse à la dise é-
tioii de deux ou trois domesiiques , sans ég.rd
pour mon âge , sans piiié pour mes infirrriués ,
et qui me laisseraieiit mourir de faim sur un fu-.
mier , si je ne leur arrachais quelques-uns de'
mes besoins par mon importunilé ; et ce qu'il
y a de plus affreux pour moi , c'est que l'auieUr!
de tous ces maux , c'est mon fils ! Il faut être
père pour sentir ce que je souffre.
Lorsque des valets me rejetieni et m'oub!ie.^t ,
ce ne sont que des valets; mais lorsque je suis
abandonné par mon fils , je le suis par la nature
entière.
Tout me garantissait ion amour. Tout dans son
coeur devait me sauvet de cet abandon.
_ Eit-if èfé saDsibotafé , «iiiSluiiifietr cit éatis'ju*-
tice poilr les autres lion)ni«s , «rt smrail-il moins
senli que j'élais son père !
Pour nous trouver sensibles, nos enfans n'ont
pas besoin d'être aimables et boas. Hélas.' que
font -sur nous leurs vices , sinon d'affliger notre
amour-propre , sans le rebuter ? ~
Oui, mon fils, delà misère profonde on je
languis Jiar vos ordres , c'est encore mon amour
qui s'élève contre vous ; c'est lui qui se plaint de
vous : il ne m'est dur de vivre que parce que je
yous aime toujours. Votre cœur ne me connaît
plus ; le mien vous téclame encore. Je n'ai pas
cessé d'éirc votre père , comment avez-vous pu
cesser d être mon fils ? Il n'y a donc plus rien
qui tienne à moi dans la namre. Je vis dans un
•désert ; je suis seul dans l'Univers, et mon -fils,
Jt s ul que j'y regrette, m ignore et m'oublie
comme les auties !
Cependant , qu'ai-je fait pour lui?De six en-
fans que j avais , il me resta seul. ]e n'étais pas
relie, mais je l'aimais. Je lui donnais tous les
maîires ; il répondit à mes soins. J en fis un avocat
de Paris. Il se maiia avec une demoiselle jeune et
riche. Je p.iriageai tout mon bien avec lui. Il
joua et perdit tout. Sa femme, en mourut de
thagrin.Je taillis en perdre la lêie. Je^me jetai
dans les entreprises ; je réussis ; je relevai sa
fortune et la mienne. Je lui donnai tout. Il acheta
lerres et châteaux. Mais il me trouva bon-homme
et radoteur. Il ne m'écoutait plus. Il se lassa
fcieniôl de me voir. Il me relégua dans le fond
d'une campagne , d'oiàje vous écris celle liisie
l«ttre pour dernière temaiive sur son cœur.
§Cr ïl est question dans la lettre du général
Menoii à sir Sydney Smith , d'un secrétaire de
lord liîgin , et de ruses de gueire dont il aurait
donné le conseil. On trouve à co sujet dans le
Confier di Lontlia quelques particularités dont
nous sommes loin de garantir l'exactitude.
(< Le sieur Mortier avait écrit à Kleber. Une
proclamation ide Mtnou , pour Servir de réponse ,
ordonne . quetteutes j'érsonnes venant de lapart d'un
nommé Meii.ir , se disant secrélcure de lord Elgin .
sei ont. cûnsideri es et traitées eomrne espions , et qu un
Jiareil sort est réservé audit Morrier , si jamais il
remet te pied sur le territoire occupé par larviée
Jrun^aise.
>i L'animosilé que respire CH ordre provient
d'une circonstance qui semblerait "indiquer que
M. Morriei était encore un peu novice dans sa
profession. Après la déroute du visir , il se fil
conduire en bateau à Damiettc sur la simple
assertion du Reis , que celte place était occupée
par les turcs. Il ne reconnut son erreur que lors-
'qu engagé dans le Bogaz , il tomba enie les
mains des français. Ainsi , dupe de sa confiance ,
il eut encore le malheur d'en prendre dans un
jirahe , auquel il remit eon portc-icuillc , qu il
j.urah mieux fait de jetier dans leau. L'arabe
devait, pour une modique rétribution , le con-
sciver et le lui faire parvenir au camp , npais pré-
férant un bénéfice plus certain et plvis commode,
il le rernit au commandant de Damieiie , qui
l'envoya aussiiôi à Kleber. Muni d'un passeport
de .parlementaire , M. Moiriet reçut sa liberté,
tes français ont profité de son imprudence, pour
connaître le but réel de sa mission , par les
pièces tombées entre leurs mains. Ils ont débile
que parmi ces papiers se trouvait le plan d'une
ruse de guerre pour détruire l'armée française
çans sa traversée , S) la cpnvenuOn subsistait.
C'est sarvs doute la conespondance de M.. Morrier,
que K.leberse proposait de faire publier en France
pour servir, disait-il , de pendarit à celle de l'ar-
mée d'Eigypte, imprimée en Angleterre. C est sans
•doute aussi cette correspondance qui aura pto-
"voqué la proclamation de Meuou.
. » Si l'on voulait croire un témoin oculaire ,
on rejerterait encore sur ce même M. Morrier,
et sur un officier anglais , Iç capitaine Lacey , la
déroute du visir dont les dispositions militaires
furent réglées d'après leurs conseils. Le visir
rangea son armée eu bataille dans la plaine située
entre Bsikken-el-Hagi ( le lac des PélérinsJ et le
village d'El-Hanca , où les français avaient lav.m-
tage de pouvoir s'avancer dans une ligne éten-
due et se déployé*, soutenus de leur grosse
artillerie , dans tout ordie de bataille à lieur choix.
ISi le vii'n , au cotiTraire . eût assis son camp de-
puis El-H.>nca jnsqu au Nil , occupant des terres
cultivées , tout entrecoiipées de canaux et de
fossés , Kleber âiirait été forcé de déboucher par
des chemins extrêmement difficiles et presqu'im-
praticables. Dans l'hypothèse d'un revers , les
turcs euîSeni au moins conservé la facilité de se
replier $lir le Delta et Dâmiette , on ils auraient
trouvée des vivtes abondatis et ta commutiication
libre de la mer, au "lieu de la désastreuse stéri-
lité du désert. »>
On ne peut riier que la sublime Porte n'ait eu
dsns cette circonstaftce de grandes otligations à
l'AngleterrÉ et à ses agens.ï)'une part , le gou-
vetrjement anglais , par un manque d'égards que
toute autre puissance aurait re.ssenti comme nn
impardonnable outrage , expose son allié à per-
1438
dfà tout te fiuit d'itne négociation- avantageuse;
de l'autre , deux anglais qui se mêlent de profes-
ser lart de la guerre , donnent au visir , qui a la
bô'nté dé lés croire de grands guerriers , de si
bons conseils que son armée est taillée en pièces.
Il sera bientôt permis de douter si les anglais
fonc autant de niai à leurs eanemls qu'à leurs
amis.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 11 fructidor , an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du miizistre de la guerre ,' arrêtent ce qui suit:
Art. I'^ En ouire des officiers mis à la dispo-
silion du minisire de la guerre , en vertu de I ar-
ticle XI de l'arrêié du 3 fructidor an S , il est
au'orisé à appeler près de lui, ou à attacher au
dépôt de la guerre , trois adjudans commandans
ou chefs de brigade , et six autres officiers
d'un grade inférieur à celui de chef de bri-
gade.
II. Ces officiers jouiront du traitement d'acti-
vité de service , ainibué à leurs grades respeciifs,
dans la i;' division militaire, en se conformant ,
à leur é^ard , aux dispositions de l'article VII ,
de l'arréié précité.
III. Les ministres de la guerre et des finances
sont chargés, chacun en ce qui le concerne ,
de l'exécuiion du présent arrêté , qui sera im-
primé au Bulletin des lois.
Le premier, consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétàire-d'état , signé , H. B.Maret.
Arrêté du î3 fructidor an 8.
Les consuls de la république , vu 1°. la pé-
tition présentée le 6 germinal à l'administration
centrale du département de Sambre-ei-Meuse ,
par Charles Joseph Dupuis , fondé des pouvoirs
de Jean Marie Sianissas Dcsandrouiii , se pré-
tendant propriétaire des biens dépendans de
la coustrie de Namur et de l'église collégiale
de Walcouri ;
2". L'arrêté pris par l'administration centrale,
le aS pluviôse an 8 ;
3". L'acte extra-judiciaire signifié à la requête
du dit Desandtouin , le sS ventôse an 8, aux
membres composant l'administration centrale ;
4°. Le nouvel arrêté pris par ladite adminis-
tration ceniirale , le 98 ventôse an 8 , qui établit
le conflit d'auributfon ;
5°. Le jugement rendu le î5 Qoréal an 8 ,
par lequel le tribunal civil du département de
Sambre-et-Meuse s'est déclaré compétent ;
6°. L'appel jnterjeité de ce jugement par le
préfet du département de Sambre-êt-Meuse;
7°. Les lettres-patentes, du 3 mai 1758.
8". L'article XXVIi de la loi du 21 fructi-
dor an 3 , ainsi con^u : 41 en cas dé conflit
•> d'attribution entre les auioriiés judiciaires et
)> administratives, il sera sursis jusqu'à la déci'
n sion du miniélre , confirmée par le directoire
it exécutif; ?i
9°. L\ loi du S novembre 1790 ;
Considérant,:
i". Que , lorsque le conflit d'attribution est
établi , au gouvernement seul appartient le droit
de régler la compétence, que ce droit lui est
solemnellement attribué pat l'art. XXVII de la
loi du 21 truciidôr an 3 ;
2°. Que dans l'espèce particulière , l'admî-
nisiralion centrale du département de Sambre-
et Meuse , a pii prononcer , ayant été volon-
taitemeht saisie par le citoyen Desandrouin qui,
par ses conclusions et par ses déclarations a
annoncé vouloir être jugé administrativement ,
et la question étant moins, d'ailleurs, de pro-
noncer sur la propriété que sur la nature des biens
dont il s'agit ;
3". Que des pièces remises par ledit Desan-
drouin lui - mêttie , il résuhe 1°. que l'of-
fice de la coustrie de Namur et trésorier de
l'église collégiale de Walcour , est un office
la'ic supprimé par ia loi du 5 frimaire an 6.
2". Qù'û ne lui est pèitu fait concession de
biens tonds, mais de l'oiScé et des droits , profits,
émolumens attachés à l'oj^ce , tels -et seniblables
que ses prédécesseurs ont eu et sont accoutumés
d^ avilir ; 1
4^^. ^ue la jouissance des énM>l«»icfl« de
de Sjmbte et Meuse, le aS flcnéal deirnîer ,
et tout ce qui a pu s'ensuivre , est déclaré non
avenu.
II. Sans s'arrêier à l'opposition formée par
Jean-Marie-.Sianislas Desandrouin , l'arrêté du «3
pluviôse an 8 est confirmé , pour être exécuté
selon sa forme et teneur.
m. Les ministres de la justice et des finances
sont , chacun en ce qui le concerne , chargés de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré aa
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal, signé , H. B. Maret. '
Il est ttès-vrai , comme l'ont annoncé plusieuis
journaux , qu'un aventurier s'est présenté au mi-
nistre de l'intérieur, se disant fil? du roi de Perse.
Pressé de dire dans quelle partie de la Perse régnait
son pcre, il a répondu à Ispahan : or , en 179^,
moment où il a quitté la Peise , lipahan était , â
je ne ijie trompe , sous la doniiriation d'un eunu>-
que; Ce n'est que lorsque l'observation lui en «
été faite , qu'il a changé sa table en une autre
non moins absurde , comme la prouvé le citoyen
Olivier,
Ce n'est pas tout ; dans une no"e qu'il a remite
au ministre , il prétendait avoir louché, sur unç
lettre de change du roi son père, 8.4,000 ducatf
du prince Poiemkin en 1796 : or , il est asse%
connu que le prince Potemkin est mort en 1791.
Il faudrait plus de tems pour relever ses cpu-
tradictions et ses absurdités, que pour étudie?
l histoire entière de la Péise.
Il était impossible d être un instant dtrpe de cet
imposteur. D.
Procès-verbal de la translation du corps de Turennt%
au Musée des manumens français, (i)
L'an 7 de la république fjançaise une et indi« .
visible , et le quartidi 24 praicial.
Nous Alexandre Lenoir , administrateur dit
Musée des monumens français , y demeurant,
rue des Petits- Augustins, division de l'Utiité , et
Pierre-Claude Binart, sous - çonjervatçur dudit
Musée , chargéspar le ministre de l'intérieur de
l'exécuiion dp l'arrêté du directoire exécutif, da
27 germinal dernier, qui ordonne la transla^ioi*
du corps de Turenne , déposé au Musée national
des plantes et d histoire Jiaturelle, audit Musée
des monuinens français ; désirant mettre à pxécu'»
tion ledit arrêté , et retirer les restes d'un g.uerci.ef
reconimandable par sa valevr et ses venus ci-
viques , d'un lieu oii ils sont confondus avec des
objets de curiosilépiibli'iue, ayons iayité etapp«lé
auprès de nous les citoyens Ambroise - Hobérc
Lesieur, et Augustin -Jean Lesieur , frères , ci-
toyens de Paris , y demeurant , tué de la Colpipbe ,
division dç la Cité , qui nous avaient accompa-
gnés pour la translation des cendres de Molière «t
de Lafontaine , à l'effet de nous concerter sur
les moyens d'effectuer le transport du corps de
ee héros en nous conformant aux intentions da
ministre de l'intérieur pour qu'il ne soit pas fait
ostensiblement.
Les citoyens susdits et soussignés s'étant rendus
à notre invitation , nous leur fîmes connaître
notre désir de metiro à exécution , sans délai ,
ledit arrêté susdaté ; et nùus étant concertés sut
les moyens de parvenir à ce but , nous con-
vînmes qtae l'un de nous se rendrait auprès du
citoyen Berthier , chef de brigade , directeur
d'artillerie par intérim de l'arsenal de Paris, pour
l'inviter à nous procurer une voiture couverte
attelée de deux chevaux ; en conséquence, Vuji
de nous s'étant transporté audit arsenal de Paris,
il y trouva le citoyen Berthier , auquel il exposa
que r^r+^té du directoire exécuiif^précilé , ordon-
nant la translation du corps de Turenne, déposé
aiA Jardin national des Plantes , audit Musée des
iponumene français, il était invité à aous .procurer
une voiture couverte pour effectuer eeue trans-
lation ; ce que ledit citoyen Berthier acçuçillit avec
empressement, en nous témoignant la satisfaction
qu'il éprouvait de pouvoir contribuer à seconder
nos vues à l'égard d'un guerrierdontil chérissait la
mémoire ; ayant choisi lui-mênie ladite voiture ,
et dponé des ordres pour qu'elle f&t mise à notre
disposition ,i Theure que nous jugerions conve-
nable, nous nous retirâmes pour nous rendre
l'office assujelissait celui qtH en était pourvu à audit Musée des monurnens français , ou nous
des fonctions et ffcs dcvbirs ; que ces devoirs étant réunis, nous indiquâmes Iheiire de 6 heures
et ces fonctiolîir ont cessé p»r la .suppites^ioa du soir.
de cet office , et qu'il nej>eH,l pins létçlain^r
cette ju^iiss4nce ;
5°. -Que le citoyen DosïodrouJa ., .pour «ifete^
^nir le remboursement du prix de son office ,
doit se pourvoir eu liquidation dan» les toïmes
voulues par les lois;
Le conseil - diétat entendu , 'sTi'êretit te qui
suii : .'.!..:•''.
Art, I". Le jugement renflxi '^kt ïà tttbunal
Eu conséqweijce , «ijr Ijçs six bewtej d^ soir,
l'un d.e nous s'ijlf^U;! jr^tk^poçté à l'iarseoftl de
Paris , ppury preodr<e la voiture mise à notre dis-
position , ce rendit de #uite au Jardiii des Plantes ,.
où nons trouvâmes le citoyen Lenoir , q»i iious.
\i] Ce procès-verbal a été déposé chez le ci-
toyen Potier, notaire, par acte du .isg vendé-
miaire an 8.
14^9
(vail devancé», et qui était accompagné <les ci-
toyens Michel-Pierre Sauvé ei Pieire-Louis Sauvé,
frères , employés dudit Musée des monuraens
français , où nous étant encore trouvés réunis ,
^'un. de nous observa que la remise du corps de
Turenne ne pouvait nous être fuite , que préala-
blement nous n'avons obtenu l'auioiisaiion du
conservatoire du Musée d histoi e naturelle el des
plantes , qui en était dépositaire ; qu'en consé-
quence , il convenait que Le citoyen Ltnoir , l'un
4e nous , se rendît auprès de cette adminisliaiion
pour otptenir cette autorisation en vf ttu des pou-
ijoùs dont il était revêtu. Le citoyen Lenoir s'étant
de suite transporté auprès dudit conservatoire,
%<)i].5 attendions son retour qui eut lieu sur les
ijuit heures du soir, oii il nous rejoignit porteur
4)S l'auloris^iion nécessaire , et nous étant fait
dooner connaissance du lieu oîi étaient déposés
les restes de fui'fi""^ •. nous fûmes introduits
diins un local attenant l'araptiithéâtre servan-t de
laboratoire , au milieu duquel était posée sur une
ejtr^de de bois peint en granit, une ca;sse en
forme de cercueil aussi de bois peint, vitrée par-
dessus, de la longueur de 197 millimètres, dans
laquelle on nous a déclaré que le corps de
-Turenne éiart enfermé ; nous remarquâmes , en
effet , au travers du vitrage qui couvrait ce cer-
cueil , un corps étendu enveloppé d'un linceul ,
lequel avait été déchiré, et découvrait la tête jus-
qu'à l'estomac ; ce qui nous ayant porté à le
considérer plus attentivement , il nous parut que
«e corps avait été embaumé avec soin dans toute
ses parties , ce qui en avait conserve toutes les
{ornies ; le crâne avait été coupé et remplacé ou
iecouverl d'une calotte de bois de la même
fo^me , mais excédant dans sa circontérence.
Toutes les formes du visage ne nous parurent pas
tellement altéiées que nous ne pûmes reconnaître
les traits que le marbre nous a laissés de ce grand
homme ; il restait encore des effets du funeste
coup qui l'enleva au milieu de ses triomphes , et
qui lui causa sans doute une violente convulsion
dans la figure , ainsi qu'il nous a paru par l'état
de la bouche extiêmement ouverte; et conti-
nuant à considérer ces respectables restes , nous
apperçûmes que les bras éiaient étendus de cha-
que côté du corps , et que les mains étaient
croisées sur la région du ventre vie reste éiait en-
veloppé du linceul et offrait les formes ordi-
naires. Sur le côté du cercueil était attachée une
iasGription gravée sut; une plaque de cuivre , qui
paraît être celle qui avait été placée sur l'ancien
cercueil où ce corps avait été reiifermé , sur la-
quelle nous lûmes ce qui suit :
«i Ici est le corps de sérénissime prince Henry
j» de I? Tour-d'Auvergne, vicomte de Turenne ,
» maréchal-général des camps et armées du roi ,
1» colonel - général de la cavalerie légère de
t> France , gouverneur du haut et Bas-Limosin ,
ik lequel fut tué d'un coup de canon , le XXVII
-* jtijltetl'an -MDCLXXV. >.
Après avoir encore considéré avec respect les
Testes d'un guerrier célcbre , et le citoyen Lenoir,
l'iin de nous . ayant fait transporter ledit cer-
cueil dans la voituve que nous avioiis amenée à
cet effet , deux d'entre nous , d'après linvita-
lion du citoyen Lenoir , accompagnèrent ces
•vénérables dépouillts audit Musée des monu-
inens franc is , où étant déposées dans une
yiece particulière hors des regards du public ,
jusqu'à ce que le monument où elles doivent
être renfermées fût préparé , nous nous reti-
râmes.
De tout ee que dessus , et pour en conserver
la mérnoirc, nous avons dressé le présent procès-
yerbal , que nous avons signé lesdils jour et au.
Signés , Berthier , chef de brigade d'artillerie ;
LENOtR, BiNART , SaOVE, P. SaUVÉ,
A. J. LEStEUR et A. R. Lesieur.
Et le 82 messidor de l'an 7 de la république ,
sur les il heures du malin , nous administrateur
et sous - conservateur susdits soussignés , ayant
fait ériger le monunjeBt qui doif r);ii(ctmer les
lestes de Turenne, et y 3y3nt à tit eflet fait
pratiquer une concavité , avoijs fait retirer ledit
cercueil du lieu OÙ il était d'aboid déposé,
duquel nous fîmes enlever le vitrage qui y avait
été p)?çé, et dans l'intérieur y fimes poser celte
j^scrjpiion gravée sur i}tie plaque -de cuivre.
i>. Les r««t6S de Henry de la Tour-d'Aijvergne ,
5» vicomte de Turenne , tué d un coup de canon ,
»» le «7 juillet 1675 . à 64 ans , près le village de
»> Salzback, exhumés e.i 1798 de l'abbaye de
j) Saint Denis , oi'i ils avaient éié enterrés , opt été
»i recueillis par les soins d'Alexandre Lenoir ,
?5 fondateur du Musée des monuraens français,
î> el xlépo'éi dans le sarcoj^hage qu'il a Ifait exé-
5> cuter , sur ses dessins , par arrêté du directoire
»! exécutil , 1 a n 7 ,d,e |» réjpjjbliquf fr^iaçfiUp .,
» une et indivisible. >)
Ce qui étant exécuté, nous fîmes à l'instant
ccuivrir ledit cercueil dune pbncbe de chêne,
laquelle étant scellée, et l'inscription , rapportée
au prerriitr procès-verbal , y ayant été replacée ,
nous susdit» administrateur et sous-conscrvatcur
avons Iriii transporter ledit cercueil au lieu où
éuh érigé le moniuocnt, où étant ariivés nous
le fimes en notre présence placer dans le sarco-
phage par Icsdits citoyens Sauvé frcrcs , aiiriucl
dépôt assistaient lesdiis citoyens Arubroisc , Ro-
beri Lesieur, et Jean Pachcz , ouviii.raud. Musée ,
et aussitôt nous soussignés fîmes poser et sceller
le couronnement qui termine le monument.
De tout ce que dessus nous avons dressé le
présent prncès-verbal , lesdits jour et an que
dessus , pour constat'-r l'exécution de l'arrêlé du
directoire exécutif, et pour laisser un riionu-
mcut de notre vénération pour la mémoire de
Turenne.
Signés , LfNOiR . BlitART , >\. R. Lesiçur ,
Pachez , Sauvé, aîné, et P. Sauvé.
Pour coj)ie conforme ,
Lenoir.
FIN DÇ la notice SUR LA MARINE DANOISE.
Etnhlisscmens , ports , etc.
Trois holms ou islots dans l'e-iceinle de Co-
penhague, co.Ttiennent les ateliers, les chan-
tiers , les magasins, les forges , etc.. Différentes
machines dont on y lait usage ont été admiiccs
des connaisseurs étrangers. "
Un swperbe bassin , mais qui ne peut rece-
voir qu'un vaisseau à-la-fois ; une pompe , mue
par vingt-quatre chevaux , peut le vider en vingt
heures.
L'académie de cadets de marine a été fotidée
en 1701 ; elle contient 5o cadets appijijiiés . et
i5o volontaires : on en envoie tons les ans en
certain nombre sur une frégate faire des évolu-
tions en mer.
Lhôpiial de la marine, et la maison de travail
pour les marins indigent . sont fort bien lenus.
L'école de constriiction çt U collection des
modèles méritent aiissi'des éloges.
Les archives des cartes marines sont sous l'admis
nistrniion de M. l'î^djudant-général de Lcevenœ.n.
Cel établissement a obtenu les suffrages du cé-
lèbre Zaçh , de Gotha. On petit sur-tout recom-
maiider aux marins français une carte des îles
de Shetland , la seule exacie qu'on ait.
Les ports et rades fortifiés sont Copenhague,
Elscneur avec Kronborg ; Nvbor^, sur le grand
Belt ; Fridriksort, près de KjViJ ; Fladstrand et
Hais , dans le Jutland ; Gliitsladt , en Holst^in ;
Christiansoer ou Ertholrae . dts rochers vis-à-vis
de CarIscTona , 'en Suéde ; 'B'iekkeroe , Siavein et
Bergen , en Norvège.
Kronborg a des batteries à^ur d'eau que les
grands vaisseaux ne sauraient éviter ; mais avec
un vent de nord-ouest le passflge n'en serait pas
impossible. En tout cas on no, peut jamais passer
le Sund en ligne de bataille , fli, empêcher l'effet
des chaloupes canonieifs et des /batteries flot-
tantes , dont on peut garnir les deux rivages,
distant 1 un de l'autre d'environ 14,706 pieds de
France,
Ayant même forcé le passage du Sund , l'on ne
peut entrer dans la Baltique avec des vaisseaux
de ligne , s ;i;s ôter les canons , à ca^se du peu
de profondeur de l'eau près Amak. Le grand
Belt est semé décueilset de basfonis; la Baltique
même en est tellement embarrassée, que les noa-
rins regardent tout vaisseau au-dessus de 80 ca-
nons comme inutile dans ces parages,
La marine danoise conserve encore cet esprit
d'hcro'isme , qui , dans la guerre dp i6/5 , 167g ,
et dans celle de 1709 à 1720, la Ht triompher
par-tout des braves suédois , avrjpuj'd'hui ses
amis; le corps des ofEciers est un des plus
instruits de l'E.urope ; enfin-, une fjotle danoise
peut, à forces à-pcu-près égales, se mesurer
avec toute autre , aussitôt que le gouvernement
trouvera nécessaire de donner le signal rie dé-
fendre la patrie.
M. C. Bru;m , danois.
THEATRE FEYDEAU.
Par^i Ips réunibiD! de comédii^ns qu un zèle
soutenu et des .efforts çonstans mettent en pos-
session de l'fslime et rie la faveur publique, il
est impossible de ne pas citer celle à la tête de
laquelle se trouve placé Picard, ingénieux comine
auteur , original comme coimédien. Elle est peu
nombreuse , et semble par le travail multiplier
les sujets qui la composent. Gn ne paraît y con-
naître ni emploi ni rivalité , mais seulement le
but d'une utilité commune : aussi des ouvrages
aimés du public y sont- ils donnés souvent,
/n^a^l^é ,d,es |cirppr^star^ces jflaptétj'.ue.s, qui paraî-
iraietit deypir Je? r^tar,dcr ,iiif)d,if ,qije des pron
duçtions nouvelles vitnrient en gritnd nqmbre
sinon enrichir , du moins varier le répertoire.
Hier on a donné à ce théâtre la première
repi:éscniation des Pdxeni , comédie en cinq actes
et en vers. Voici quel en est le sujet.
Franval père est mort en accusant de sa fin
prémaluiée un fils depuis long-lcms absent du
toit paternel , qu'on a peint à ses yeux comme
tenant une conduite détéglée \ et comme ayant
conli^acté un mariage honteux. Les stXMrs du
jeune homme ont éié ses accusatrices . le peie
a cru leurs faux r.ipports , les a comblées de
ses dons , et a chargé son fils de toyte sa malé-
diction.
Quelques motï qu'il écrivait , peu de jours
avant sa mort , contenaient l'expiessioii de son
indignation contre ce fils : à ces mots, et sur le
même billet se trouvaient joints l'aveu d'un dé-
]ioi remis à Franval par son ami Dormeuil , dans
une circonstance difficile , et l'ordre positif de
remetire ce dépôt à son propriétaire ou à son
légitime héritier. Les sœurs de Franval lils n'oht
eu aucune connaissance de cet écrit important.
L action commence au moment où les partages
vont s'ouvrir; un juge-de-paix est chargé de conr
ciiitr les divers intéiêts : déjà les deux soeurs lai
ont sépaiémeni rendu vi^ile: chacune d'elles lui
a expliqué stm but secret. Toutes deux veulent
spolier 1. ur jeune frère. Le juge-dc-|>aix a proHté
de ces aveux pour avenir Franval fils , ijui est
arrivé promptement de Paris , pour fiire valoir
ses droits.
Cependant , un jeune homme di puis peu dins
la ville, connu sous le nom du capitaine Maicé,
s'est introduit chez les soeurs Franval : son ton
honnête , affectueux , prévenant , a plû d.rijs leur
maison ; il est parvenu à être leur confident
intime , à connaître leur projet sur la succession ;
tout savoir à cet égard , était le motif de son
assiduité : bienlôt il parait ch z le magistrat . lui
dctlarc sou vrai nom^, et léclarae son appui.
C'est lui qui . fils de Dormeuil, veut par la
ruie , ou par tout autre moyen , obtenir l'aveu
d'un dépôt rué par It-s sceurs Frarival . et une res-
titution à laquelle sa forturie est attachée.
Le juge-de-paix met aussitôt en présence le fils
du dépositaire et l'héritier de Dormeuil. Franval
parle du dépôt à ses sœurs , d'abord avec réseive ,
bientôt aV'-C chaleur : elles sduti iment que la
restitution a eu lieu ; rieçi ne peut l.ur arracher
une autre réponse.
Quojqije certain de leur mauvaise lot, Franval
veut les ménager encore : il fait entendre la vo x
de l'honneur , celle du sang; il cherche à excitttc
en elles le repentir , à éveiller les remords , à Us
effrayer au nom de l'infamie qui attend le spolia-
teur ; vains efforts : des refus', des menaces , une
odieuse accusation de connivence sont les ré-
ponses de ses soeurs. Alors décidé à un éclat de-
venu inévitable, il fait paraître le fils de Dormeuil :
il mpiitre le billet signé de sou père ; et par hon-
nçur, forcé à déshonorer ses parens , il obtient
une restitiiiion poiir son nouvel ami , en même-
tems qtie ja riîconoaiçsaiice de ses propres droits.
Cet ouyragÂ^qui n'a goi.vt eu de succès , aété
traité dans le genre du drame, beaucoup plus
que dans celui de la comédie , et ce n est pas, là
scm moindre défaut. L'exposition ne manqiUut
point de clarté , elle piquait même la curiosité ;
.la double, yisiie chez le jtjge-de-paix , des deux
soeurs également iptéressées, avait produit de
I effet; le rôle du magistrat semblait promettre
qu'on Verrait enjeu quelques ressorts neufs et at-
lachans ; t'OppOsidon tracée , dès le premier
acte, annonçait de l'action i de fintrigue , de
l'intérêt.
Ces espérances ne se sont point réalisées : l'in-
trigue est d'une graiide faiblesse, I analyse dô
l'ouvrage en a pu colivaincire : l'action e^t lente
et rmbarrasséc ; les scènes sont peu liées ; les
allées et ven'ues y sont sans nombre comme sans
motif; le rôle du fjuy Marcé répand sur l'intrigije
quelqù'obscurité sjns lui donner de la force : on
n'a nullement uré parti de ce rôle et de la liaison
du persounage avec les soeurs Franval. Un seul
motif l'anime , c'est l'intérêt que ne relevé au-
cun sentirticnt plus npbl= ; dès - lors .peut -il
présenter un caractère th.é.âtràl réellemeht atta-
chant ■? ' ■
Le juge-He-paix est d'une nullité presqu'ab-
solue. Ses conseils sont sans uiihté , son minis-
tère superfli; ; le j.eun.ç Frany. 1 troiive en lui-
même tous ses moyens, et seul sait lés employer
et les f^ire réussir. Il n'y a peut-être pas d'exem-
ple au théâtre d'un rôle aussi completiémént
inutile que celui de la jeune ferrime dé ce Frapval,
si ce n'est celui d'une vieille tante dont le carac-
tère est à peine esquissé, et celui d'un valet ,
allant et venant sans cesse , toujours pour en-
tendre une confidence invraisemblable , ou dire
un mot déplacé. Le rôle du inari de l'une del
deux sçeurs jette à peine svr l'ouvrage une
nuance faiblement comique. Ces divers person-
nages sont tellement inutiles , qu'en traçant l'ana-
lyse de la pièce , ils ne se présentent même pas
à l'esprit , et que dans celle que nous venoi.;i
d.'çc.tirp ils, sont coinpjelt.epient omis.
Quels que soient ces défauts , le style par,'ît
encore être la pjrtie de l'ouvrr-ge qui appelle le
plus un examen ciitique. Quctques tiracies ont
été applaudies et méritaient de I être ; elles étaient
en général plus fortes d idées, que purerncnt
écrites ; mais le reste n'offrait quune veisificaiion
peu soignée , de l'exagération dajis les idées , et
de la trivialité dans l'expression.
1440
1 Nou» ne croyons pas avoir ménagé les obser-
.'tions critiques, e« cependant il nous semble que
■iouvvage 3 éié traité avec trop de riçueur: une
pièce en cinq actes et en vers doit coûter tant de
travail , qu'il faut au nt)oins l'écouler avec plus
d'attention , et montrer pour son auteur plus de
justice. De toutes parti les jenx,de mois , les quo-
libets , les calemboutgs interrompaient les acteurs ,
ou suivaient , l'expreîsion hasardée , l'hémistiche
l'aible. la rime douteuse qui s'échappait de leur
bouche.
Qjiellc qu'ait été une «elle défaveur , nous
n'hesilons pas à nommer l'auteur de 1 ouviage :
c'est le citoyen Dorvo , auteur de VEnvieux ,
dont la première et dernière représentation a
été si cruellement marquée par l'incendie de la
BiagniËque salle de l'Odéon. Les Farens sont
annoncés aujourd'hui remis en (rois actes.
S
Au Rédacteur.
Citoyen , l'utilité des paratonnerres est trop
connue pouf qu'on s'occupe à la démontrer ;
l'usage qu'on en fait en France depuis plusieurs
années, prouve les secouts qu'on peùt'cn atten-
dre. Convaincu de cette vérité , le miiiisiie de
la guerre, par sa lettre du 26 prairial , a invité
la classe des sciences phisiqucs et mathématiques
de l'institut national , à faire un rapport sur cet
objet relativement à l'érection d'un paratonnerre
sur quelques édifices publics.
Les commissaires ont pensé qu'il était prudent
d'armer de paratonnerres ces édifices, et ont
observé au ministre de la guerre , qu'il y a dans
le département du ministre de l'intérieur un artiste
chargé de la construction et de la restauration de
tous lest)aratonnerres des édifices publics de Paris.
C'est le citoyen Beyer , rue de Clichy , n° 33.
Les commissaires ajoutent qu'il convient peut-
être de charger le citoyen Beyer de cette opéra-
tion , d'autant moins dispendieuse pour le gou-
vernement , qu'elle sera faite par l'homme le plus
employé et le plus exercé à ces sortes d'ouvrages.
Veuillez bien , citoyen , publier ces faits qui
peuvent devenir utiles à quelques - uns de vos
lecteurs. O.
Suite du cours public du citoyen Aubry , géomètre ,
sur l'application du calcul décimal à toutes Us
Cpérations d'administration de finance , de banque
f ■ et de commerce de tous les pays de la terre.
Seconbe leçon.
^. IV. Manière de se servir de la table universelle
pour les Jractions composées ou de deuxième
. classe.
Il ne faut que du faisonnement, et point de
«cience , pour lever les difficultés dont il va être
question.
Avez-vous, en effet, Sg atpcns 44 perches?
(l'arpent supposé de 96 perches; car s'il l'était
de lop ce serait Sg arpens quarante-quatre 100''
qui ne donneraient aucuue peine pour la transfor-
mation , puisqu'on les écrirait çurement et sim-
plement en millièmes comme ceci 59,440) comme
Cis 44 perches font alors quaraiîte-quatre 96'»
^ous prenez moitié des deux termes composant
cette fraction qui vous donne pour valeur égale
(fondés sur le principe que toute fraction dont
les termes sont es mêmes rapports , doit toujours
exprimer les mêmes valeurs) vingt-deux 48'°'* ;
ensuite moitié de celle de ces deux nouveaux
termes, qui vous donne onze 84"'^; et comme
onze ï4°''' sont la moitié de onze xs"'*, qui
valent , suivant la table , 0,917 , vous prenez
moitié de ces 917 millièmes que vous joignez aux
59 arpens , comme ceci 59,458 arpens. (i)
(I) Ceci est fondé également sur le principe que
plus le dénominateur d'une fraction est grand ,
Je numérateur restant le même , plus la fraction
est petite. En effet, onze 24™'= est moitié de onze
jjmes ^ parce qu'une fraction qui a son dénomi-
nateur double ou quadruple , est la moitié ou le
quart d'une autre.
Votre arpent esl-il maintenant composé d'un
plus grand nombre de per clies ( comme par exem-
ple de 255) et en avez-vous 36 perches à évaluer
en millièmes ? comme les 36 perches font alors
trente-six 256" , vous prenez moitié des deux
termes de cette fraction qui vous donne pour va-
leur égale dix-l)uit 128'^* ; ensuite nioiijé tle cette
nouvelle fraction , qui vous donne pour valeur
égale neuf 64'^ ; et comme neuf 64*' font le
quart de neuf 16'^ qui valent, suivant la table .
562 millièmes , vous pienez le quart de cette quan-
tité que vous exprimez comme ceci 0,140 , en
négligeant le quart de 2 millièmes , ci 0,140.
Avez-vous enfin 5 m'uids de 480 pintes , plus
72 pintes, à expryner en fractions décimales ?
comme ces 72 pintes font alors soixante-douze
480^^ , vous prenez moitié des termes de cette
fraction, qui vous donne pour valeurégale trente-
six 240'^ ; ensuite moitié de ces nouveaux ter-
mes . qui vous donne pour valeur égale dix-huit
120'^* ; ensuite moitié de ces nouveaux termes,
qui vous donne pour valeur égale neuf 60'* , et
enfin le lier» de,, cette dernière , qui vous donne
pour valeur toujours ég:ile trois 20'^ , lesquels
trois %o" ,v;alant , suivant- la table , i5o mil-
lièmes , se joignent , comme il suit, aux 5 muids.
ci. . . ., '.. ,..-., --. . 5 , i5o muids.
A la vérité , ces opérations sont un véritable
tâtonnement ; mais soyons de bonne foi , sont-ce
des propriétaires, des administrateurs, des ju-
ges , des hommes de loi . des médecin? , des
marchands , des artisans, bref, des personnes
qui ne sont point exercées au calcul , qui seront
en état de diviser le numérateur par le dénomi-
nateur ? Combien peu de gens savent ce qui s'ap-
pelle la division ! Combien n'est-il pas même
j ridicule d'en parler dans un cours oii l'on n'en
est pas seulement à l'addition, et oià l'on se
propose de mettre la science à la portée des hom-
mes , et non les hommes à la portée de la science ?
Il est donc bien plus sage de mettre de côté les
difficultés et de se faire entendre de tout le monde,
que de parler un langage inintelligible pour le
plus grand nombre , et n'être compris que de
quelques individus. Loin d'empêcher ceux qui
ont^unjgoût décidé pour les hautes sciences de s'y
liyrer , on peut dire au contraire qu'amorcés par
l'attrait des calculs faciles , ce sera à qui voudra
en faire désormais l'objet de ses méditations.
§,-V. Difficultés plus grandes , mais que les seuls
architectes et maqons ont intérêt de savoir lever ,
et tout au plus les propriétaires qui font bâtir.
On a vu dans le paragraphe qui précède , quel-
ques difficultés ; .pais il en est de plus grandes
encore que l'on peut lever sans efforts et par le
simple raisonnement , telle que celle qui suit et
que l'on croit suftiante pour l'exemple.
Avez-vous un nombre quelcotique de pouces
cubes que vous voulez exprimer en millièmes de
l pieds cubes , teUt, pâr-éiSemple , qUè 1224 pouces
cubes? Comme iljiai728 pouces cubes dans un
pied cube , il est évident que ces 1224 pouces cu-
bes font douze cents vingt-quatre 1728'* qui, ré-
duits à valeurégale par la moitié des deux quan-
tités, donnent six cents douze 864^^ , par nou-
velle moitié trois cents six 432'' , par nouvelle
moitié cent cinquante-trois 2t6", par nouvelle
moitié (en ajoutant un S16') soixante dix-sept
108" , par nouvelle moitié ( en sacrifiant un 108' )
trente -neuf 54", et par.nçuvelle moitié dix-neuf
27'* ; or comme dix-neuf 27'^ font le tiers de
dix-neuf 9'= , autrement de deux uii. 9' , autre-
ment encore de 2 entiers m millièmes, on prend
le tiers de cette quantité qui donne 0,704 . c'est-
à-dire , les 704 millièmes d'un pied cube.
On peut objecter , il est vrai , que l'opération
n'est pas parfaitement exacte , puisque l'on a été
obligé d'ajouter une première fois un 216' au
numérateur et de l.ui retrancher une deuxième
fois un 108'. Mais si on se rappelle ce que j'ai
dit dans le deuxième paragraphe de cette leçon,
on conviendra bientôt que s'il doit être permis de
négliger des décimales quand elles se trouvent
en trop grand nonabre et qu'elles ont naturelle-
ment peu de valeur , on doit par la même raison
ne se faire aucune peine de négliger des 208"=*
et des 108'* , qui sont déjà peu de chose par eux-
mêmes , sur-tout quand il ne s'agit que d'un pied
cube.
On^e pousse par plus loin au surplus ces ob-
servations, parce que comme ces cas se présentent
fort rarement dans le commerce, attendu que les
fractions ( on ne parle que de celles de premier
degré j y sont presque toujours , comme on l'a dit
précédemment , des moitiés , des tiers, des quarts,
des 8'^ , des 1 2'^ , des 16*^^ , etc. et que ceux qui
calculent en toises, pieds et pouces, sont app.i-
remment des hommes qui ont du tems à perdiez
il en résulte qu'il est assez inutile de fatiguer l'es-
prit de reux qui n'ont pas plus de tems qu'il ne faut
pour le consacrera léiude, et qui d ailleurs savent
fort bien que la 1728' pariie d une chose, comme
sa 480» partie, comme sa 216' partie et m*me'
sa 108= partie, sont ce qu'on appelle des abstrac-
tions auxquelles il n'est pas plus permis de taire
attention qu à une ligne d'étoffe sur une aune,
qu'à une vingtaine de grains de bled sur un bois-
seau , qu à une cuillerée de vin sur une pieté , et
qu à une prise de tabac sur une once.
Cependant, co.nme il faut satisfaire tout le
monde autant qu'il est possible , je donne dans
le paragraphe suivant la manière d'exprimer en'
millièmes toutes les fractions de fractions par Idf,
moyen d'une table dressée tout exprès..
LIVRES DIVERS.
Le chevalier Robert ou histoire de Robert le brave ,
dernier ouvrage posthume du comte de Tressan ,
l'un des quarante de l'académie française , vol.
in-8'. pouvant faire suite à la collelion des romjns
de cet auteur ; prix , 3 fr. et 4 fr, par la poste.
Cours élémentaire d'histoire naturelle pharmaceu-
tique , ou description des matières simples que
produisent les trois règnes de la nature , et qui
sont d'usage en pharmacie, en chimie et dans les
différens arts qui en dérivent , notamment dans
c-eux du teinturier et du fabricantdecouleur ,eic.
généralement comprises sous l'acception de ma-
tière médicale , présentée d'abord par règnes, en-
suite par genres , et enfin par espèces ^ avec les*
noms de chacune , leur origine , leuifs choix ,
leurs préparations , leurs principaux usages , leurs
propriétés physiques et médicinales , et considérées
par leur rapportàladoctrinepneumafo-chimique;
par Simon Morelot , ancien professeur de phar-
macie-chimique , professeur d'histoire naturelle à
l'école gratuite de pharmacie, membre de la,
société de médecine , etc. , 2 vol. grand in-8° d«
près de 900 pages , avec sept tableaux. ; prix 9 fr.
et 1 1 fr. par la poste.
A Paris, chez Giguet et comp. , imprimeurs-
libraires, maison des Petits- Pères , près la placd
des Victoires.
Sous presse chez le même imprimeur-libraire.
Conquête du royaume de Tippoo-Saiib par les anglais
ou Relation des opérations de l'armée commandée
par le lieutenant-général Harris , 'et du siège dd
Seringapatam , publiées par le lieutenant-coloa^
Alexandre Beatson , ancien aide - de - camti évt
marquis de 'Wellesley , gouverneur - génértil de
l'Inde , s vol. in-8° , traduits de l'anglais pas
M. Michaud , rédacteur de la Quotidienne ^ ornéa
du portrait de Tippoo , de cartes , etc.
Relation d'une ambassade à la cour du Grand-
Lama , souverain du TAièet, par le capitaine Samuel'
Turner. Ou y a joint des observations botani-
ques , minéralogiques et médicinales , par Robert
Saunders , 3 vol. in-8°, traduits de l'anglais p*t
le même , ornés de.cartes et gravures. \.
Effets publics. — Du iifrnctidor.
Rente provisoire. 17 fr.
Tiers consolidé. 3i fr. ,75 c.
Bons deux tiers. i fr. 58 c.
Bons d'arréragé 84 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8. 87 fr. 65 c.
Syndicat en 5oo. 64 fr.
Coupures. 64 fr.
SPECTACLES.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Arlequin tout
seul , et d'un seul Violon pour tout le monde „
et Bagatelle.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Robert, chef de brigands , -pTéc. de M. de
Millecrac , pièce en un acte , préc. de l'Amitié'
vaincue par l'amour.
L'abonntmentse faità Paiii, rue de» Poit«in», n' 18. Le prix ett de 33 Traocs pour trois moi», Sofranet pour 6 mois, et 100 franc» pour l'année eatiete. On ne j'abonne
flu'au commeucement de chaque moi». -;; ■
Il faut adresser les lettres etl'argent , fraiy de port , au cit. Agass e , propriétaire de ce journal , ine des Poitevins , n° 18. Il faut comprendre dans les envois leport'de»
.f ays o* l'on ne peut affranchir. Les lettres de» départcmens non affranchies , ne «etont point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment de» valeurs , et adresser tout «e qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue de»
f oitevins , n' i3 , depui tneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agisse, propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n» •'î.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UN1¥ERSEL.
N" 357.
SepHdi , i] fnulidor an S de la xèpubHque français i\une] et indivmblei'''' '^^^^^
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MoNITiîjUR et le seul jou'rnal officiel. ' '
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenî , les nouvelles ' dès sjrmées , ainsi qUe Jtîs faits fet, les horions tant sui
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. " , . ,,.^, . j
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux déoouvénos fa<Mifvell|es. 1
EXTERIEUR.
DANNEMARK.
Eiseneur , le S24 août ( 6 fructidor. )
* ous ceux qui avaient reçu des congés , ont
été rappelés et leurs congés révoqués. Les côtes
»ont garnies de troupes et de batteries. La for-
teresse de Glukstadt est misé sur tin pied de dé-
fense très-formidable.
Ua seul vaisseau de ligne anglais mouille dans
la rade de Copenhague. Les négocians de celte
ville ont ouvert une souscription pour la for-
mation d'un corps de volontaires de mille hom-
mes. Les bourgeois ont reçu ordre , chacun, de
se rendre sur la place avec vin^t-qualre cartou-
ches , aux premiers coups de tambour. Le contre-
amiral Wengel commande la floue danoise; elle
consiste en 18 vaisseaux de ligne que 1 on frète
avec beaucoup d'activité.
Lord WJlhworth a insisté pour une réponse dé-
cisive. On attend encore celle de Pétersbourg. La
cour deDaneiharck est bien résolue à défendre ses
droits avec la plus grande énergie.
( Sirasb. WeltboU. )
ALLEMAGNE.
Munich , le 1 5 fructidor.
Le général en chef Krgy a été appelé à la cour
de Vienne , il est sur le point de s'y rendre ,
accompagné de son fils v qui est auprès de lui en
qualité d'aide-de-camp. On assure qu'il prendra
Je commandement de l'armée dlialie. L'armée
autrichienne sur l'Inn , sera provisoirement com-
mandée par le général Kollowrath , ou selon
d'autres par l'archiduc Charles. Ce dernier cepen-
dant est fort tranquille à Prague , où il est très-
aimé. Le général Lauer prend le commandement
de l'armée en attendant l'arrivée de Kollowrath.
L'officier français qui avait accompagné le
citoyen Duroc à Paris, est revenu le 11 à Altot-
tingen. Il porte à Vienne les dépêches dont il
est chargéi l'aide - de -caiiip du général Kray ,
M. Kerlis , l'accompagne.
[Strasb. Weltbote.)
Augshourg , le 1 6 fructidor.
La garde du général Moreau est partie d'ici le
34 pour se rendre dans la Bavière. Plusieurs
corps de troupes très - considérables , ayant la
même destination , ont passé par celte ville , par
Landshut et Donawert. On en attend encore
^'autrfes. L'aîle droite de l'armée française s'avance
vers le Tyrol. Le général Molitor a transporté
son quartier-général de Lindau. à Iramenstadt ;
ie général La^^al a placé le sien à Renti ; Lecourbe
devait venir a Schœngau.
Le général Decaen a envoyé à l'électeur de
Bavière un couricr , pour lui annoncer , au nom
.de son gouvernement , qu'il eût à mettre ses
troupes sur le pied de paix , et à les cantonner
dans les gaMiisons ordinaires; qu'autrement lui ,
Decaen , se verrait forcé d'agir en ennemi dans
la Bavière.
L'argent des subsides anglais destiné pour l'em-
peur , est arrivé à Hambourg ; il est gardé par
les magistrats de la ville.
Le cercle de Franconie est imposé à une con-
tiibuiionen nature de 2000 bœufs , îoo chevaux,
Booo sacs d avoine , et 20,oop quintaux de blé.
Stuttgard, le 1 7 fructidor.
Les routes qui conduisent de la Haute-Souabe
dans la Bavière sont couvertes de troupes fran-
çaises qui se rendent dans ce dernier pays. On
a établi un nouveau magasin à Gœppingen , et
un hôpital à Sletten. gooo hommes avec Un
parc d artillerie très-considérable ont traversé le
l3 de ce mois la ville de GcCppingen. Ils fe-
«Jient des marches de 8 à 12 heures par jour. Le
magasin qui se trouvait dans cette ville , a été
iiansporté sur 5o charriots. Le général Salm ,
qui avait aussi son quartier-général à Gocppiiigi-n,
en est parti. Le général Richepanse y a passé.
Le cercle de Suabc vient d'être soumis à une
léquiiiiion ta nature , doBt les produit! doivent
être versés dans sept magasins (jue l'on va établir.
Elle consiste en 84,000 quintaux de blé, 11,000
de seigle , 5o,ooo de foin , 18,0^ d'avoine et 2400
boeufs.
Le général Kiusky est président du conseil de
guerre de Vienne , Collorédo ayant refusé cette
place.
■Toutes communications sont interrompues entre
Ralisbonne et la rive gauche du Danube.
ANGLETERRE.
Londres, i g fructidor. (6 septembre.)
Des lettres arrivées le dix-sept de Minorque ,
annonçaient que les troupes commandées par le
général Abercrombie , consistant dans environ
9000 hommes , avaient fait voile à l'est , et que
ce général avait laissé des ordres pour que les
4000 hommes , mouillés à l'isle de Houat , fussent
envoyés dans la Méditerianée.',
Le paquebot le Townshend , yarti de Falraouth
le 14 prairial dernier, avec la malle pour la
Jamaïque , est de retour de cette île. Les lettres
qu'il rapporte , datées du 8 thermidor , ne con-
tiennent rien de nouveau. Comme le capitaine ,
le chirurgien , et deux matelots de ce bâtiment
sont morts dans la traversée , il a été mis en
quarantaine.
Le brik l'Union , apparrenai^t à Bristol , et
chargé de charbon , a été cOnsUmé par le feu,
sinsi que toute sa cargaisork , dans lé havre de
Saint-Mavvre.
Les marins et les géographes sont prévenus
qtt'au large de la côté nOrd-oùest de la Nouvelle-
Hollande , par les 12 d. sg tn. de latitude sud ,
et les i«3 d. 55 m; 45 j. de longitudeest, d'après
le garde-tems et des ob8ec-V,anons lunaires . se
trouve Un banc que la nlêt laissé à découvert;
et que dans la latitnde de l3 d. 58 m. sud , et la
longitude de 122 d. 28. m. 46 S. est , gît un rocher
avec 5 brasses d'eau de chaque côté, sur lequel
te Carlier , c:4pitaine Nash , se rendant à Londres ,
et relâché à Sainte-Hélène, le ig prairial dernier ,
toucha dans la nuit. Il avait navigué dans une
mer très-unie pendant l'espace de deux milles
avant de toucher , ce que le capitaine attribue
à des rochers ou hauts-fonds situés au vent ,
comme il suppose que le doivent être ceux dont
parle Dampierre , quoique la position en soit bien
différente.
On répare le S an-Joseph de 112 canons, l'une
des prises espagnoles faite par le comte de Saint-
Vinceni. Il est destiné , dit-oti ^ à recevoir le pa-
villon de cet amiral.
Avant-hier .le peuplé se porta en nombre con-
sidérable sur la place du marché à Pàole , potir
faire baisser lé prix des provisions ; mais plus
particuliéreinent celui du pain qui augmenle de
jour en jour. Les magistrats , l'association arrhée ,
les volontaires de PoOle et l'artillerie de Brovirn
sOrit parvenus à rétablir l'ordre dans le marché.
Botany-Bay doit être une excellente école de
repentir , s'il est vrai , comme on le dit , que ses
habitans aient pris les armes pour la cause de la
religion et de l'ordre social.
Le grand Choulav de la Chine , à son avène-
ment à la place de premier ministre de cet em-
pire , a fait remettre au uoljvërnÈur portugais à
Macao , une tabatière en or, garnie de perles et
de diamans , de la valeur de looO livres stetl.
Aurnoyen d'un méchanisrueirigénieiix , praiiqué
en-dedans , lorsqu'on pousse un petit boulon ,
la tabatière s'ouvre et il en sort un oiseau battant
des aîles , remuant le bec , et <jùr , après avoir
chanté un petit air, rentre dans la boëié en la
fermant après lui. A ce présent, en étaient joints
d'autres du même genre et tout aussi curieux.
Le mois dernier , un liviodindroh tuUpifè'ra
ou tulipier, du parc de Casilésemple , appar-
tenant à M. M'do'lvel de Gaètbiand , était pour
la première fois en pleine fleur : quoiqu'il soit
planté depuis 5o à 60 ans.
( Extrait du Sun et du New-Llo^d's Êvening-Post. )
Il s'est tenu hier chez lord Grenville un conseil
des membres du cabinet , relativement aux dé-
pêches que sir Popham reçut jeudi ati soir de la
courdeDannemitrck. Les membres présens étaient
le duc de Ponland , les comtes de Cathcait , de
Caraden.etde Spencer . lord Grenville. etjMfelPitti
Nous sommes fondés à croire que !e difféieradzqùi
s'est élevé eriirc le Dannemarck et l' Angleterre ite
terminera à l'amiable , et sans qu on ait reconr»
aux armes. Quoiqu'on n'ait rien publié d'officiel
(sur cette affuiie , nous aimons à penser que cet
accouimodemcnt n'aura été précédé par aucui^
acte d'hostilité de -notre -part ni de celle des
danois. Ceux-ci doivent avoir prévu qu'il leur
serait impossibledê résister à un armement aussi
formidable que celui qQ'on 9 destiné à appuyer
la mission de lord WhiûvoriH. On dit que les
dépêches de cet enVoyê eoniiennent la co^ie
d'une convention signée d'elle et du ministre
danois , et qui a pour objet de prévenir doré-
navant toute opposition à l'exercice des droits
dont est , depuis si long-tems , en possession la
marine anglaise. En conséquence de cet arrange-
ment , les ordres ont été donnés p&ur relâcher
ta treya et son convoi. ( Extrait de l'Oracle. )
On arrêta hier dans Bond-Street un mendiant
dont tout l'exiérieur annonçHit l'excès de la pau,-
vreté et de la misère. Conduit chez l'oflScier de
police , il fut fouillé , et l'on trouva sur lui
65o liv. sierl. , reçues de placement dans les trois
pour ceni ; 52 liv. sterl. en argent , outre une
grande quantité de half-pence , monnaie de cuivre
équivalent au sou tournois. Il paraît que depuis
long-tems il couchait sous létal d'une boutique
( balk 1 ) , dans Davies-Street. Son mauvais habit
court et déchiré était lié autour de son corps'
avec une corde ; il était couvert en partie d'utt
morceau de vieux tapis. Dans sa poche était uii
morceau de bufsleak. On l'a conduit comme Va-
gabond au'bridwell de Totbillfields. Le» brlletB
et l'argent ont été remis aux inspecteurs de la
paroisse Saint-Georges.
Dahs les discussions qui ont eu lieu dans
quelques journaux français sur les causes de la
supérioiité de la marine anglaise , aucun écrivain
ne paraît avoir fait attention aune circonstance
qui ne laisse pas que d'être importante , c'est
que les français n'enlèvent leurs morts de des-
, sus le» ponts , qu'après que l'action est terminée.
Chez nous , au contraire , autant par égard pour
1 humanité, que par ce bon esprit de discipline
qui a toujours distingué tiotre marine , les morts
et les blessés sont enlevés au rnomcnt où il»
tombent. On dérobe parrlâ , à la vue des com-
battans, un spectacle qui ne serait propre quià
les affliger inutilement, et à leur cause J des re-
grets capables de paralyser leur courage.
Si Ralph Abercrombie , ne sachant point qiie
Gênes fût retombée au pouvoir des français,
était sur le point d'entrer dans le port. Un schpo-
ner vi:it très-à-ptopos lui apprendre cet événe-
raenl: , ainsi qtte tous les changemens auxquels
avait donné lieu la bataille de Maringo. Il est
probable que sans ce schooner , cet estimable
othcier eût éié lait prisonnier.
On écrivait de Noitingharn , le jeudi 4 ybrp. (17
fructidor) à trois heures .-k Hier matin un militaire
du corps de l'yeomanry de Radcliffe fut assailli
par la populace au moment oii il entrait dans
la ville. Il (ira son épée et voulut faire résis-
tance , mais il fut accablé par le nombre. Qn
lui jetta des pierres; on le força de metir»
pied'à teri-e , et son cheval fut tué sur la place.
Ce malheureux , blessé avec son épée qu'on
avait arrachée dé ses rnàins et tournée contre
lui, fdt laissé pour mort. Il est maintenant dans
une maison dé Nottingham ; On a peu d'pspoir
de le saiivcr. Uii trompette d'un dès corps de
l'yébttianry a été aussi arraché de dessus son
cheval dans la cour de Blackraoorsi-hesd , et
froissé trés-dôulcuretisérricnt dans sa chuté.
Hier vers les deux heures il survint un orage
àflPreiix : \à plmé toinbait par torrens ; l'iir ét^it
eii feu. Lé tOnrietre tbrrtba dans une chémir^ée-
Trois ouvriers occupés à f.iire des bas , dans une
chambré au rez-de-cbausséé , furent retiversés de
leurs métiers, et jettes pai" terre avec; violericé.
La nliaiéoh a été si maltraitée , qu'il faut l'abattre.
Heufeuspn>em tnpersonne n'a éié tué. L'orage a
duiié une heurç. Il en avait imposé, pendant
.quelques tems aux séditieux ; mais ils ne lardèrent
paiS à recommencer leurs excès , avec plus de
fureur : ils ont commencé à attaquer un dépOt
( I ) C'est une partie extéiicure et saillauie de la
boutir^ue mt laquelle sont étai.ép; ic« marcban-
disct.
1442
rit grains ; vers rextrémîjé ^eptenuionalê dg la^
ville , mais la force armée le* a ilispeirsés. ' '■' '
Du pain , nous n avons j^s_ de pain : lel est le
cri général. On ne sait si ce cri n'est pas un pré-
texte qui couvre l'exécution .ti,e projçts pJus'
sérieux,
T~N T É îl 1 E ,U i^.,, j
Amiens , le^'B fructidor ,' '
Le 21 , les corps campés sous Amiens se sont
exercés au tir à la cible.
Les citoyens qui ont le mieux tiré , sont :
Bayerque , sergent de la première compagnie
d'c^liiteurs ', so' demi -brigade légerC'V^'Pàcot i
el^iaSsen»! de la 3'= compagnie d'éclaireurs' , 2° 'ba^
taiUojniiaie la l'" demi-brigade; Malleret , ca»
poral^i, compagnie des grenadiers du a' bataillon
de la 2' doiuie-brigade ; Chapotot , c'aporal de la
3f., cOtppagnie , i'^' bataillon de la i=" demi-bn-
gade^ Peclie , chasseur de la i"^' d'éclaiteurs',
•I" baiai-IJoii de la t' demi-brigade. i' '\ ^^'■'■■^
Paru , le 26 fructidor.
Le 2g fructidor à midi , le cit. Lacépede termi-
nera dans une des galeries supérieures du Muséum
d'histoire jnaturelle , l'exposition des principaux
traits de ll'histoire naiiirelle des oiseaux , par un
discours sur tes avantages que tes naturalistes pew
vent ftnocutei' ait corps soc.iat ^ dans iétat actuel de
ta civilisation et des connaissances humaines.
— (Jne lettre de Vienne , en da^e du 18 août ,
annonce que la ville de Léoben a éprouvé un
teFfiL)4e incendie , qui a réduit en cendres les ca-
serneB «t plusieurs maisons. Les prompts secours
•fjue- lui' arccoftiait e'rt'/Lsiie le traité de .Calbnpo-
Formio , '-un e'iuivftli.tttià la possession de l'ar-
chevêché de Sabzbourg et de la partie du cercle
de- Bavière, située entTe"lîLTchevêché de Sahz-
bourg, les rivières d'Iriji et de Sal*a ,, el le Tycol ,
•y côtîi-piis la viWé ■de''VV'asserboLirg sui là live
4auch.s.d.E liait AVEC JlaimndLss£]TLeiit_dlun rayori
de trois !;ni!le, .toises ,,et du Eiickthai qu il cède à
■^15 république i'rah''çaisé. . ' '' , .11 I
,,•,; ,;VIL Les ralificatipns des présens-, aiiticles préli-
minaires seront échangées à Vienne, avant le
27 diermidor. '''
.Vin. Ifrimédiatement après l'écharige des rati-
ficarions , les négoclaiions pour la paix cléËni-
irvî^toniinuercm". -Ofî~conviendra', de part" et
çlifliiire, du ll|CU^,de la .négocia,tion. Les plénipp-,
teniiaires y seront rendus , au pijis jar^o,-. vingt
jouis après Udli.-échapge. , , , ,-)i)u,,ii . -..'.::, ^ „
iX. Sa majesié l'empereur et roi , et le pr.âmier
consul de .la république française, s'engagent
réciproquerài.n(', sous parole d'iionneur, à tenir
les présens atlicles secrets , jusqu'à l'échange des
i ratifications.
" X! Les pouvoirs aeVM. ,dé Samt-Julien étant
conîenus dans'uhe lettre de I empereur au pre-
mier consul, les pleins • pouvoirs revêtus des
formalilés ordinaires . seront échangés avec les
ratifications des présens préliminaire!, , lesquels
n'engageront 4eS' goavernemens 'lêspïCiifs' 'qu'a-
près la ratification. , . .
Nous soussignés avons arrêté et signé les pré-
sens préliminaires de paix ,.à Paris la-g thermidor,
an 8 de, la république française (28 juillct.i.Soo. ),
Signé , j. 'comte nfe Saint-JuliEN ', gépe^ral ;
Ch. M. 'I'alLeyrand.' '" ; ' " ." ." " '
-., , loditrpfa ■-'.1
Le rrfus de S. M. l'empereur dcj Td^^iasx. les
qui furent apportés arrêtèrent le pogrès des j préliminaires ci-dessus , a nécessité la rupture de |
flammes : les oHiciers français prisonniers à Léoben M'ainiislice. La signihcation en a été faite le 141
montrcretM-, dans cette occasion , un zèle et une fructidor courant , par les généraux en chef Mo
■acliviié dignes des plus grands éloges. Cinq d'en- j reau , Brune , Augereau et Macdonald aux gêné
tr'eux furent grièvement blessés.
■ — PI lisieurs journaux annoncent que des anglais
et nolammcni le chevalier Hamilton , prenneot
près la cour de Naples , le plus vif intérêt à lin-
ifqpluné Dplomieu , et qu'outre les secours qu'ils
lui font passer , ils sollicitent sa liberté avec une
persévératice digng des plus grands éloges.
raux ennemi^.
MINISTERE' DE LA POLICE, GÉNÉRALE.
Le ministre de la police gméraU, de.. -la république,
au préfet du département d ., .■ — ' Farts ,
le 26 fructidor an 8. , .
Nous touchpns , .cîtoyei». prê/jct i. ^à ,i!ép.<Jique
la plu» célèbre de npire tévolutiou , .a,;ç«|lè où
la républiriuc. fut proclamée. ^ :
■ Le T". Vendémiaire va nous réunir tous pour
la célébrer ; il ne peut plu.' y avoir aujourd'hui
parmi les français de divisions d opinions sur
cette roéraprable époque. £h!. q:ui songerait à
relever un trône doat les raines mèoies n exis-
tent plus ? M ' • , li. ' ,' . . • . : .1
Profiiez de celte circonsMnce qui rapproche
près de vous tous vos chnciioyens , pour leur
faire entendre la voix de la patrie ; rendez-leiir
compte de tout ce que le gouvernement a fait
depuis le 18 brumaire, pour ajourer à la gloire
et à la force de la répûblirjue ; et afin que ipus
ses desseins vous soient biens connus ,■ je' dois
vous en faire presseniir le genre et ta nature.
Arrêier les môuvemens el les désordres dans
lescjuels s'égare souvent la liberté ; tracer dans
le code de la nation qu'pn gouverne ,i des lois
civiles qui assurent son repos, et des lois cri-
minelles qui fpn,^ honneur à son humariiié ;
chercher les jouissances du pouvoir dans les
beaux-arts qui adoucissent les mœurs générales ,
et mettent à la place des vertus , la décence
au moins des voluptés; te fut l'art de beau-
coup d'usurpateurs , qui détruisaient la liberté
dont ils se disaient les modérateurs ; et le calme
perfide dont ils ont fait jouir un i slant , aéré
suivi de toutes les horreurs de plusieurs siècles
de tyrannie.
Faire usage d'un grand pouvoir qu'on a reçu
du peuple et de la constitution, pour rendre
ce peuple plus capable d'exercer heureusement
s.e.s droits et sa liberté ; faire de la bonté d'un
cà le Rhin quitte le territoire de la Suisse jusqu'à code civil, non le dédoiuraagement des lois
celui oii il entre dans le territoire de la république 1 consiitulionnelles, qu'on détruit ou qu'on rend
Batave , et s'engage , de plus , à céder à la repu- vaines , mais le lépaoignage perpétuel de la, pe
MINISTERE DES RELATIONS EXTÉRIEURES.,
Articles p}éliminaires de paix. •'-''-'•
Sa majesté l'empereur , roi de Hongrie et de
Bohê.me , etc. etc. et le preniier consul d la
république française , au nom du peuple franc e\A ,
égalemeni animés du désir de mettre fin aux
maux de la guerre par une paix prompte .juste
et solide, sont convenus des articles préîiminaites
suivans.
Art. l". Il y aiira paix . amitié et boniie intelli-
gence entre sa majesié l'empereur et roi et la
république française.
n. Jusqu'à la conclusion d'une paix définitive ,
les armées resteront tant en Allemagne qu en
Italie , respeciivement dans la position où elles
se trouvent^ sans s'élendre . d.ivaniage vers le
midi de l'iialie. De son cQlé , sa majesié impé-
riale s'engage à concentrer tonleS les forces qu'elle
pourrait avoir dans les élats du pape , dans la
forteresse d'An cône, à taire cesser la levée extraor-
dinaire qui se fait en Toscane , et à empêcher
tout débarquement des ennemis de la république
française à Livournç ou sur toure autre point
des côies.
III. Le traité de Campo-Formio sera pris pour
base de la pacification définiuve , sauf les chan--
gemens devenus nécessaires.
IV. Sa majesié irapétiale ne s'oppose pas à ce
que la répubhque française conserve les limites
du Rhin telles qu'on en était convenu àRastadt,
c'est-à-dire la rive gauche du Rhin depuis l'endroit
et (ie la' fdrtutfëï îi|ti6àalê.f 'Sp *pân^re les
grâces .sur. ces eiLfiitAqiA cjiuàii*il.fe 'talent,
la raisoii et la gloire que dans des imiia-dons
timidiS ; qui se'^T'TD.ÎleTTriTïr'devant les modèles
des âges , et qui. restent prosternés •, qyi-ne croient
à aucun progrè.s , parce qu'il n'en* fo'i'if aucun ;
qui .veuleirt faire de tous les siècles les copies
serviles de deux ou trois siècles ; qui veulent que
l'âge mûr du monde ré"pâ'e"eucoré les contes et
les leçons de son enfance : c'est ce qu ont fait
une muliitudc de califes, de ponirfes ei de rois;
et c'est peur cela que d'ans la chronologie diesi
ans et de la raison humaine , ou ni; compte
que trois ou qualre siècles. ' ' '"
M'ônbrêr dans les tale"ns~et~3âtis' lé geriîë", qtd
onv plus .^besoin d honnetirs que 4.e. do/is., ce^
esspr qui jes ,porie vers des, joutes , v^ers de>
beautés et des vériiés nouvelles ; instituer pour
la natiori des solennilés dont )a' liberté ordon-
natrice et bienfaitrice du monde , sera le culte ,
et Liool l'es'- chefs-d œayie.,dos'..3rts .spronlia dé-
coraiion ; répandre (le tou'es parts les grands
i[iiod£l©s de l'anliquiié sous- le.s yeux et dans les
mains d'une jeunesse qui se passionne si facile-
ment pour elle , non pour qu elle apprenne seu-
lement à les imiter, mais pour qu'elle apprenne
d'eux à 'imiter la naiure ; imposer à la poésie et
à' réloijucnce la nécessité de créer de nouvelles
émoiioiis et de nouvelles lumières , en leur don-
nant une grande fflaiion à émouvoir et à éclai-
rer ï profiler des expériences da tous les âges ,
non 'pour :répéter les mêmes folies , mais pouc
les éviter; pour saisir à coié de leurs erreurs
lesvétiiés' qui en étalent voisines ; pour réunti:
à tout ce quils ont possédé de bon et de beau
séparément ., lout Ict; que .nous devons et tout
ce que nous devrons au génie de la lépublique;
c'est ce quu n a fait aucun des magistrats , des
princes, cic. eic. , fjui orii exercé sur le monde
le plus d'influence ou de pouvoir , qui lui ont
commandé au nom du ciel ou au nom de la
raison el de la nature.
Voilâtes pensées qni respirent autour du gou-
vernement : faites-les connaître à tous vos aiimi-
nislrés. ' ",' '■! .1 '
Nos ennemis tenteront encore de. le.» déna-
turer ou de les obscurcir . parce quils se per-
suadent toujours que c'est ici une lulie d'opi-
nions dans laquelle la victoire peut pa&ser d)une
opinion à l'autre; mais qu'ils apprennent que
c'est u'n combat enue le mensonge et la vérité ;
et que la véiité , une fois victorieuse , peut bien
encore rencontrer des' obstacles , mais non pa»
des défaites. ' •
. Qji ils sachent enfin qu'une fois que la lu-
mière est bien répandue sur la terre , il esl
impossible de l.éieindre ,^et que pour la 'perdre
il '|^u^,(jiie;iie globe tourne çi change dçi'^cp. .,
; . Le ministre de la police , Fouchê. -
blique française la souveraineté et propriété du
Frickihal el tout ce qui appartient à 1? .mjjjs.on
d'Autriche entre Zurzach et Bâle.' , ^
V- La république française n'entend pas garder
Cassel , Kelh , Ehrenbreistein et Dusseldorf. Ces
places seront rasées , sous condition qu'il ne
pourra être élevé sur la rive droite du Rhin et
jusqu'à la distance de trois lieiaes , aucune for-
tification , soit en maçonnerie ,, soit en terre.
VI. tes indemnités que sa majesté l'empereur
fection de ces lois . et. de leur protection dans
tous les détails ■ et -dans tous les instans de la
V.ie ; donner une impulsion plus rapide aux
môuvemens qui eqip.ortent les républiques comme
les sphères célestes, et rendre tous ces môu-
vemens réguliers et harmonieux , moins en les
pressant entre des bornes, qu'en leur imprimant
une irnperiurbable direction ; ajouter à la chaleur
de toutes les âmes , et écarter tous les orages ;
faire sortir du comliat des partis divers, cet
esprit universel de lumière et de raison , qui
et roi devait avoir en Allemagne ,-- en verfu des | ^*' '^ veruable arbitre amiable entre les interêis
articles secrets du traité de Campo-FormioV se- i '^'^. '°"'e^ les passions, le seul, vrai juge de
ront prises en Italie; et quoiqu'on se rést^rve , | P.a'x , de la terre: ce sont là des services qu d
lors de la pacification définitive, de convenir de t "^ ^'« "^""oe encore à personne de rendre
la position et de la quotité desdites indemnités i f »" S'^."''^ humain , et que ifc gouverBcmenl
cependant on établit ici pour base que sa ma-'; lançais a entrepris de lui rendre.
jesté l'eiupereur et r&i possédera , outre les pays Quand oa est le dispensaieur de la puissance
.MUNIS-XERE DE LINTÉRIEUR.
La tnalle de.Bordcfiux à Paris fut arréiée le
3 de ce mois , à deux ' lieues de Cavignac , par
cinq bri£;ands ariiiés , I qui prirent envilon vingT-
cinq mille francs apparlenans au commerce. De»
rehs'èigRemenscenains indiquaient que les aute'urs
du vol étaieui de Bordeaux ; aussitôt le com-
missaire .général de police de cette commune les
metlant à profit,, a ordonné la recherche des
coupables avec une activité et un zèle ijui l'ho-
norent infiniment. Deux des btigands' so.Tt déjà
dans les prisons: bientôt les aunes, parmi lesquels
on compieRoubaud . maiire des balleis au théâtre
du Lycée -variétés de Bordeaux , seront à la dis»
position de la justice..
Lés déclarations d'un des voleurs indiquent le
contrôleur des diligences en cetie ville , comme
céliii qui donnait exactement à l'un des com-
plices , avis des envois de fonds , notamineint de
ceux chargés à la diligence du 3 fructidor. Le
comrnissaire général vient de le faire arrêter. Lins-
truction de cette affaire prouvera , sans doute ,
que dans le système d'organisation du pillage des
malles et des diligences, etc. les voleurs comptent
des complices dans les employés de ces établis-
seriieus.
La découverte de ces voleurs et !a remise d'une
pariie des fonds volés, ont produit ici une trèj-
agréa'ole sensaiion. Le commerce notamment s'en
réjouir , parce qu'il espère que cette activité de
la police , secondée d une éclatante puniiion ,
déjouera les complots du brigandage. Ce succès
justifie l'avantage du sysiêroe adopté par le gou-
vernement , de placer à la tête de l'administration
et de la police', dan.s les grandes communes,
des fonctionnaires qui sont étrangers à ces villes.
Ni tes considérations , ni les affections locales ,
n'arrêtent les poursuites du magistrat intègre. Oa
se rappelle que les auteurs du vol de Ta dili-
gence de Bordeaux à Toulouse , qui a eu lieu
dans les premiersjours de ventôse dernier , étaient
presque tous de Bordeaux, qu'ils étaient tous con-
nus, et qu'ils non; point encore paru devant tes
tribunaux.
«44^
RÉFEGTURE DE POLICE.
PiatitU -It-^^ frnr.tidor i,itm ^ de la république fran-
_ r-'i' -^ qaise , ime et indivisible. '
LïP{)téf'e1"cle police a fait arrêter le abfructi^qri
le nommé Veron , fabricateur de faux timbres.
i\ a été saisi avec Ic-s pièces à conviction. On a
trouvé chez lui diverses empreintes , mais no-
tamment un timbre en ciMvre-imitant parfaitement
celui de la régie naiionale, du prix de i franc. Ce
timbre n'était pas entièrement achevé , et le cadre
lestait encore à terminer.
. î.nii. : 3J r,: !. . ji. l - •
■Le préfet de police vient de faire arrêter et
amener à Paris, un nommé Curey , aubergiste ,
ci-devant domicilié en celte commune , et dont il
troupes qu'on pouvait réunir, était dé 4000 à 45oo
hommes. Si l'on en ôie ce qu'il tallaii pour garder
Ic'sloriset ia ville , il restera environ iSoo hommes
de disponi'olcs. .1
' Les anglais débarquaient à 6 heures dii soir, et
l'on achetait encore le papier pour faire de» car-
louches. A 9 heures on cherchait, des pierres à
fusil ; la pl.ice mar^qrtitit de ces, deux objets , et
n'avait pas vn cançn de monté. Les Ip.rjs tj avaient
même pas touie leur artillerie. ,,
Evéuemens des y , H et (j friièiidor.
Le 7 fructidor au niatin, on appcrçut une escadre
et un convoi ennemis se dirigiiani vêts' le port.
A 4 heures du soir un vaisseau et une frégate
étaient déjà mouillés dans la baye d- Domnos ,
environ à deux lieues dans le n. n. o. du Fivrrol; ils
, . , ,, ■ 1 . • < «j- L I avaient pavillon franc:iis , que hissèrent' aussi
ctart parvenu a découvrir la retraite a Mtrauboun 8 ^^i3^g^^^ fré^a.îes , î bricks , i3 cutters ,
près Verdun , département de la Meuse. C est au . ^ bombardes et 63 transports , qui portaient
zeie et à l'activité de la gendarmerie de Verdun
qii'on doit cette arrestation. Cet individu est pré-
Vepu d'avoir assassiné , pendant la nuit du sg au
Sd'brumaire dernier , devant sa demeure , rue
des Martyrs ,1e cit. Caland , dit Courtois ,, garçon
cKapectier , auquel il avait porté six coups de
couteau pi* de poignard , dont il est mort trois
jours après.
iSooo hommes de troupes de débarquement.
Dix mille hommes effectuèrent la descente sans
la moindre opposition , puisque le feu des
vaisseaux força d'abamlonnei le petit fort qui
détend l'entrée de la baye. Austilôt qu'on sut
cet événement au Ferrol , le généial de inaiine
Don juan Moieno se rendit à Monte-Ventoso ,
pour observer k-s rnouvemens de l'ennemi ; d
revint de suite , et passa sur soU'escadre , d'oii il
débarqua le resie des soldats de niaiine et le régi -
1-. ■ Jhu' n j • E -j 1' ment des Asturies , lesiiuels ayant été joints par
DAN^Ié n» du. 25 nrressidor, nous avons parle,, ^^^„„ soldats de mari.e , 600 milicions panie
A tjne cause remarquable , sur laquelle le tnbu- | ^,^„ bataillon du roi , et d'un autre de Guada-
nal de commerce va bientôt avoir a prononcer, 1 , .,^ ,„, _,^ , ,^ ^„, „ ,, ,,„ ,
,, . , -1 . 1 • *^ ,-1 ' laxara , formèrent un corps cle loou liomracs ,
celle qui s est élevée entre les citoyens Castanet , „ ■ „,, j„ .„:.„ a I'„„„„~; aà-^, • j
_ y., -, , '.,.,' qui raarctid de suite a I ennemi oe a maure des
et oariUon. Nous avons plus particulièrement • ~
alors rappelé les assertions du premier ; les
;il^Ç^^ B,t; N A Lï. DE,., COMMERCE.
çioyens de défense du second doivent être rap- ,
portés avec une égale exactitude. !
On a vu qu'il s'agissait d'une répétition de
part de bénéfice formée par le citoyen Castanet
i_ _: T>__:n_" i -_: J'
hauteurs. Cette poignée d hommes attaqua les
anglais, qui-éiaient au nombre de 10,000, avec
la pius grande intrépidité. Après un combat des
plus vits , où le tetrein fut disputé pieu à pied
pendant une heure , les espagnols parvinrent à
'es faire battre en retraite , et prirent poste
cpnttele citoyen Barillon, à taison d'une asso- ,^„^ ^j^^^ . ^j.,;^^ ^^j éternisera les noms de
ciation que le premier soutient existante
&econd dissoute , depuis I7gs. N est pas associé
gui ne veut , est la maxime générale qui sert de
fondement et de base au mémoire de ce dernier.
Il soutient l'application de ce principe à sa cause
particulière,- en" relatant sa correspondat:ce avec
celui qui fut son associé, et qu'il soutient avoir
ceux qui y ont pris part . car elle sauva la place
en donnant le tems de faire quelques préparatifs
de défense. Les anglais, déjà saisis de crainte ,
d.'mandereiit à quelques prisonniers qu'ils tirent,
si parmi eux il ne se trouvait pas des français.
Le 8 , à la pointe du jour , l'eunemi recon-
cessé de l'être , et la correspondance tr,ême de naissant le peu de forces qu'il avait à combattre ,
'■" dernier , où la cessation de l'association corn- , a^laqua avec assez d ardeur ; mais son audace fut
contenue par la bravoure de la compagnie des
grenadiers d'Asturie, et celles dn roi', qui sou-
tinrent pendant très-long-tems le feu terrible des
anglais qui avaient deux obusiers ; enfin les
espagnols , excédés de fatigue , après la résistance
la 1 lus vigoureuse , se replièrent en bon ordre
merciale semble un point avoué et reconnu.
Le mémoire est suivi d'une co.nsultaiion. En
retraçant les faits exposés de part et d'autre ,
nous desirons conserver la plus exacte impar-
tialité. Peut-être esr-ce donner trop de poids
aux faits que le ci'oyen Barilloo établit , et un
Îiréjugé trop favorable à sa cause, que de citer sur la place,
es habiles jurisconsultes qui l'ont jugée digne i Ne trouvant plus d'opposition , les anglais
d'être défendue par eu.x. Cependant nous nous s'emparèrent de la Giâna où sont les magasins
bornons à dire ce frit, en annonçant que les des vivres de la marine; ils les conse»verent jus-
noms des Portails . Simeon , Crassous ( de l'Hé- qu'à deux heures après-midi , et n'y firent aucun
laultj . Bonnieres , Plaque , Bonnet , Bélari ,. Bil- ' mal, parce qu'ils comptaient sur la possession
lecocq . Granier , Delamarre , se trouvent réunis du Ferrol. L'arrivée à Covas des grenadiers et
'au bas d'une consultation dont nous rapporte-] thasseurs du camo volant de Juia , qui, formés
ions les termes principaux. I surdeux.de hauteur, paraissaient être le triple de
Ils estiment que la prétention' du citoyen , leur véritable nombre , fit changer le dessein de
Castanet est à - la - fois injuste et absurde ; que ': l'ennemi. Il regagna lïi hauteur, et chercha à
sans droit et sans prétexte même apparent, ce | s'emparer du fort Saint Philippe, qui défend
citoyen suppose arbitrairement et à son profit l'entrée du Goutel : trois fois il l'attaqua avec
la continuation indéfinie d'une société de com- : impétuosité , trois fois il en fut éloigné par les
merce qui n avait été contractée que pour un tems , forts Palma et Sjint-Martin , situés sur la rive
déterminé. Ils estiment, en considérant le titre | oppoîée, qui , secondés par quatre chaloupes
fondamental qui a constitué la société, et qui, canonnières, firent un feu si vit et si bien dirigé
en fixe le terme au Si décembre 1792, rjue dans , qu ils forcèrent l'ennemi à battre en retraite slir- on
cette cause il n'y a d'étonnant que la solennité | camp retranché de Biion. Il était trois heures lors-
avec laquelle le citoyen Castanet soutient une! qu il commença son rembarquement, et le 9, à
demande que l'espiit condamne , et que le bon j une heure du malin , il était totalement achevé.
sens désavoue. ... L'escadre et le convoi appareillèrent le nlêmç
La prorogation d'une société qui , par son acte
fonilamenlal , a. un terme fixe , ne se suppose pas :
Tine convention nouvelle peut seule 1 opérer.
Le citoyen Castanet ne prouve pas l'existence
de celte convention nouvelle : le consultant
au contraire prouve la volonté formelle de ne pas
continuer la société après son expiration. C est à
ces termes simples que la question se trouve ré-
réduite par la cassation dont il s'agit. Le mémoire
qui la précède , et dont la consultatidn elle-même
comlent une mcndon distinguée, est du citoyen
Leroi fils.
jour , à trois heures apiès-midi , et firent route
au nord-nord-ouest.
"RtlATiON de la tentative faite par les anglais sur les
' ports dn Ferrol, en Espagne , dans la journée, du
7 fructidor an 8 de la république ; donnée par le
commandant dune corvette française , entrée au
_ Ferrol.
Etat de la place à l'instant du débarquement.
La garnison était composée de partie d'un
bataillon du régiment d'Àfticjue et d'un autre
de Zamara , 200 soldais de marine , et un ba-
taillon des milices d Orensé. S) l'on joint à ce
peu de troupes , celles composant le camp-volant
de Suiia , montuni à 1000 hommes , et celui
dAfès . composé d un bataillon du régiment
Immémorial del Rey , et d'un autre de ùuada-
laxara , (ces deux camps sont situés à une lieue
(I demie du Feitol) , on verra que le total des
La perte des anglais est estimée à 1200 hommes,
tant tués que blessés. Parmi les premiers se
trouve un général ; celle des espagnols est de
240.
Les espagnols , tant officiers qiie soldais , se
sont couverts de gloire , et les anglais de honte.
Parmi les traits de bravoure qui distinguent
cette journée , on remarçiue celle-ci :
S=ize soldats ennemis étaient postés derrière un
roc , d où les espagnols inférieurs en nombre
ne pouvaient les débusquer ; un soldat du ré-
giment des Asturies s'avança seul à vingt pas des
ennemis , saisit son arme à deux mains , et se
battant à coups de crosse, les força à sortir de leur
poste.
Le général Moreno a fait connaître cette action
au roi qui , sans doute , récompensera ce brave
soldat.
Si le roi dEspagrie a encore le déparlement
du Ferrol , il le doit aux braves généraux Mo-
reno et Donadicu , ainsi qu'à l'intrépidité des
soldats qui ont combaitu sous ' leurs ordres. Il
leur doit pourcela sa reconnaissance royale qu'ils
ont bien méritée.
Signé Panart , lieutenant de vaiseau.
Pour copie conforme. -
Le conseiUer-d'état , préfet maritime à Brest.
JOSEI'H CAfFAKELLI.
Notice nécrologique.
Le citoyen Mallac viien) de publier un écrit
dans lecjuel il rend hommage a la mémoire du
citoyen Baiennes , l'un. des membres que le con-
seil des prises vient de perdre. C'est à ce conseil
qu'il. s'adresse. v , . . . ; ■■ .
I) Le citoyen Baronnes , votre collègue , dÎMl- ,
est décédé hier, 18 fructidor, à une heure et
demie de relevée. . •
)i II suffirait de connaître ce vertueux citoyen ,
ce bon pcre de famille , pour l'aimer et pour
l'honorer : c'est dire tous les droits qu'ont dû lui
acquérir à votre estime et à vos regrets les fré-
quentes relations iju il a eues avec vous depijis
létablisseme :t du conseil des' prises.
)i Le citoyen Raymond Barennes , né à Agen
en 17319 , tenait , ava^it la tévolution , urte placé
très - disiirtguée parmi Ici avocats du parlement
de Bordeaux , et occupait avec honneur une
chaire de droit frauçais danè l'université de celte
vill^-. Ega ement apprécié dans son cabinet et au
barreau r il possédait stit-loul , à un très-haut,
degré,' l'ait de jeter une vii'e- lumie're ' sur le*
questions les plus compliquées , sur les causes
les p us obscurcies par les ténèbres de l'ancienne
chicane. 11. y joignait une probité sévère. Aussi
chercherait- un vainemect parmi les nombreux
mémoires du icitoyen Barennes u.e défense
qui ue fût point celle des mœurs contre 1j cor-
ruption , de la bonne-toi contre la' duplicité ,
de la faiblesse contre l'oppression.
'I .Il léunissait à beaucoup de justesse d'es-
prit une instruction peu commune. Une sorte
de timidité' qui était chez lui l'efTet d'une ' rare
modestie et d une grande défiance de soi-même ,
1 empêchait dans ses écrits dfc faite ^montre de
son érudition. D'ailleurs , sa franchise et sa sim-
plicité naturelles lut lésaient craindre de jomb.er
d'ans les travers du pédantisme.
M II avait pressenti et désiré la révolution. Plus
d'une fois, dans ses plaidoyers, il s était élevé
avec coulage contre les Iréqucns aiius d'autorité
de l'ancien gouvernement.
)> Pendant la révolution, il a été successivement ■
procureur-général , président et accusateur-public
du département de la Gironde ; deux fois député
aux assemblées législatives , et.deiniéremcat mem-
b't'e du conseil des prises. Toujours, dans ces
diverses magistratures , il a été étranger aux in-
trigues des partis; toujours il s'est montré digne
des fonctions qui lui ont été confiées. La haine
que respirent , contre le royalisme et l'anarchie ,
tous ses actes publicï , et son emprisonnement
pendant la durée du gouvernement révolution-'
naire , indiquent assez qu'il n'a jamais été acces-
sible , dans sa carrière politique , à d'autres sen-
timens qu'à ceux de la raison , de la justice et de
1 humanité. , ■
1) Rendre à sa patrie des services signalés ,
vouloir être à la (ois homme public et homme
de bien , c'est consentir à taire des ingrats , c'est
se susciter des ennemis. Le citoyen Barennes eut
des détracteurs qui essayèrent d abreuver de dé-
goûts , et qui réussirent à semer de chagrins sa
vie politique. Il leur opposa une modération
inaltérable , et continua d'avancer avec sécurité
dans la route 'pie son patriotism ■ lui avait tracée.
Son cœur était exempt de fiel. Ceux qui font
fréquenlé n'ignorent point qu'il parlaitsans aigreur
des hommes qui hai avaient fait le plus de mal;
de ceux qui proffssaient le mépris de ses vertus'
et l'oubli de ses servises , et gu'il manifestait sou-
vent le désir dé n'avoir que des amis. Inutile
souhait d'une belle ame.' c était désirer que, tous
lés hommes fussent justes.
u Sans doute (dit en terminant le cit. Mallac)
le nom de Birennes irait à la postérité, si la
renommée qui publie toutes les actions des
guerriers, ne se montrait plus dédai,2;neuse envers
les citoyens q,ui exercent paisiblernjnt d'hono-
rables fonctions , si elle n'exigeait point d'eux ,
ou l'éclat du génie, ou, au moins les chances les
plus favorablis de la fortune , enfin si elle se
contentait de quelques talens recommandables ,
dune austère probité , et d'une vie entièrement
ic-onsacrée à l'utilité publique. i>
Les administratenrs généraux des poudres et salpê-
tres , au citoyen rédacteur du Moniieur. — Faris ,
le "ib fructidor , an 8 de la, république française ,
une et indivisible.
Nous vous, prions , citoyen ,; d'annoncer au
public , par la voie de votre journal , qu'ayant
appris et reconnu par nous-mêmes que les murs
de Paris Se trouvaient tapissés d'un placard inju-
rieux pour notre administration , ayant pour titre ;
Plaintes au tribun at , au consulat et au sénat-con-
servateur , contre l'impunité et la non répression des
crimes atroces de la régie des poudres et salpêtres ,
dontaucun homme de bien ne pourra lire le récit sans
frémir d'horreur , nous nous sommes adressés au
ministre de la poUce pour en obtenir un exem-
plaire, que nous nous empresserons de dénoncer
a l'accusateur-public. Quoique les faits allégués
dans cette affiche nous soient personnellement
étrangers , notre administration ayant toujours été
dirigée dans les mêmes principes d« droiture «t
<le .loyauté , e! le» chefs étant toujours choisis
dttiw'soii sein , njCiusépousom jjefsonnellemêni
Iqcause du cil. Glo;uet', régisseur , nommément
ÎDCuipé , que aoui poajvotis.bien («nir à lïonoeur
dBjJOUs rendre cdmimune ^ puisqu'elle l'étaij avec
le célèbre et inforiuné Lavoisier , ncute ■«•sHte et
,npife ancien eohqjilre./ .
iNoas^ VtAis s»lu6i¥s i
Ek. BOTTlit ; J., RtFAULT.
Genève , .i4//>jj(^(<iw an 8.,
La sécheresse accompagnée d'une chaleur ex-
traordinaire . ^ûi a eu lieu cette année , a fait
éj)oc|ue en méiéorologie. On a inséré dans les
papierspublics (j.uelrjues observations à celégard;
mais elles perdent presque toutes leur prix par
lomission tics principales circonstances qui au-
laient pu faire apprécier leur exactitude : ce n'est
point une chose aussi facile qu'elle le paraît
d'abord , de bien observer la température de
l'air.
Un article que je viens de lire dans votre N"
fdu g fructidor , extrait de la Vedette du, 5 , me
fait prendre la plume sur cet objet.
On voit , dans l'article que vous avez transcrit,
un tableau des hauteurs du thermomètre , du 34
thermidor au i" fructidor. Deux fois on l'a vu
à 37 degrés , et trois fois au-delà de 35 ! Dans
Jeux expositions , ajoute-t-on , l'une à l'est, l'au-
tre à l'ouest. On dit ensuite, que le thermomètre
était en plein air et en plein soleil. J'ai vaine-
ment cherché à résoudre l'espèce de contradic-
tion que pr$.,cntent les deux circonstances du
thermomètre en plein air , et cependant à l'est
et à l'ouest; de quoi? d'un mur, d'une terrasse,
en un mot d'un corps réfléchissant dont on ne
d'ésiirne ni la nature ni la distance.
On ne dit point non plus à quelle dislance
du sol était suspendu le thermomètre ; ce qui
était pourtant essentiel ; car je l'ai observé , par
exemple , dans ces dernières chaleurs, plus d'une
fois à 5o degrés , à la surface m&me du sol. On
comprend quelle influence doit avoir cette tem-
pérature sur la couche inférieure de l'air.
On ne dit point si le therinometrc est à mer-
cure ou à esprit'de-vio. Or , j'invite l'observateur
à exposer en même tems au soleil deux ihermo-
n^étres , d'ailleurs d'accord , mais faits avec ces
d'eux liquides ; si l'esprit-dç-via est coloré , il
s'élèvera au moins de dix degrés au - dessus du
terme indiqué par le mercure.
Ensuite si , dans un thermomètre à esprit-de-
vin , l'artiste qui l'a divisé n'a pas tenu compte ,
ainsi que le prescrit Deluc , delà dilatabilité cdri-
tinuellenient croissante de ce liquide, à mesure
que sa température s'élève ; si , en un mût , ses
divisions sont égales et non croissantes selorl
tme certaine loi , l'instrument est décidément
trompeur. >
L'expérience sur la température de la; rivière , à
la surface et au fond, ne prouve gueres, tant
qu'on ne dit pas par quel procédé on s'est assuré
que le thermomètre , revenant du fond , 9 bien
rapporté la températîire précise qu'il y avait
reçue.
Le même physicien conclut de cette ôbserva-
tfon , et de ce que la température de la glace a
j^u être l'hiver dernier à dix degrés sous zéro ,
que la différence de chaleur éprouvée par les
poissons a dû être de 29 degrés. Je l'invite à
considérer que les poissons ne vivent pas dans
la glace ; et que l'eau , tant qu'elle conserve la
liquidité , demeure aux environs de zéro , quelle
que soit la température atnbiafue. C'est l'un des
fait*' principaux sur lesquels repose la théorie de
Black sur ceKe modification du feu dans les
liquides , qu'il a appelée chaleur latatite.
Enfin , je l'tnvite aussi à ne pas nous effrayer
outre mesure , en nous disant que le thermo-
mètre étant monté, le 3o thermidor, à 3; degrés,
et la chaleur de la peau humaine étant de 29 à
3o degrés, nous avons, ce jour-là, été pénétré»
ou enveloppés d'une chaleur mesurée par 67 dégrés !
Avec ce singulier principe d'addition on irait
loin ; car il suffirait d'une soupe avalée à 5o çfe-
grés , par l'individu déjà a 67 , pour porter sa
température à 117 degrés, et loi causer sims
1444
doute une inflamanon spontanée qui le réduirait
en charbon. Ce n'est pas ainsi qu'il faut raison-
ner en physique. ,
M. A. VicTZT, professeur de phpiqne.
PermeTtei , citoyen rédacteur , que je dépose
dahs voire estimable feuille les témoignages" de
n'.a rtconnaisiance pour la famille Bault , dont'
le nom réveille de* impressions, si douces dans
le coeur de tous ceux dotit elle a allégé le mal-
heur : et mes félicitations au préfet de policé qui
vient de rendre à ses fonctions de concierge
de la Force , un citoyen respectable que son
humanité envers les détenus fit destituer immé-
diatement après le iS fructidor.
Si l'humanité mérite un châtiment ^ si les
actes d'une séyétité inutile pour s'assurer des
détenus, n'ont point été mis en usage par la
famille Bault , il faut convenir qu'elle était bien
coupable. Si je ne craignais de rappeler une
époque que nous devons nous efforcer d'oublier,
je pourrais nommer plusieurs citoyens précieux
à la république, que le fer des assassins eût
enlevé à la société sans la présence d'esprit et
le courage du citoyen Bault et de son épouse ;
je ne citerai que l'amiral Latouche Tréville ,
qui commande en ce moment une partie de
nos flottes, persuadé qu'il me saura gré d'avoir ,
en son nom , payé ce tribut à la reconnaissance.
Si quelqvie chose égale la sensibilité profonde
et éclairée de cet estimable concierge et de son
épouse, c'est, sans doute, le désintéressement
parfait dont ils .ont donné les preuve» les plus
touchantes; j'en appelle au témoignage du ci-
toyen Dupont de Nemo-urs, à qui la citoyenne
Bault protfigua , pendant sa détention , tous les
soins qu'exigeaient son grand âge et le mauvais
état de sa santé. Dès que celui-ci eut recouvré sa
liberté , il revint chez la citoyenne Bault pour lui
donner des preuves palpables de sa gratitude.
)) Ah ! voulez-vous , lui dit-elle , m'enlever la
>! jouissance entière et pure d'une bonne action ,
5» je n'y consentirai point. »> Et en effet elle re-
jetta l'offre qui Itai était faite.
Vous ne trouverez sûrement pas , citoyen , hors
de propos que je présente à vos lecteurs ces faits
qui ne peuvent être indifférens que pour les âmes
insensibles; la réintégration de l'honnête citoyen
Bault , est un hommage rendu à l'humanité et à
la justice , elle honore le magistral qui en est
l'auteur; elle doit lui concilier l'estime et la
reconnaissaiice de tous les hommes de bien
que la tourmente révolutionnaire avait placés
dans les cac'hols. C'est d'ailleurs un bienfait dont
l'influence rejailli infaiUiblement sur les infortunés
confiés' de notiveau à la garde du citoyen
Bault.
L'un de vos abonnés
LYCÉE DE PARIS,
Rue du Hasard-Richelieu , n" 14 , maison, Séguier. —
Veillée des muses , du i^ fructidor de l'an 8,07
heures du soir.
Le citoyen Girard , auteur de Praxile , lira un
nouveau fragment en prose de l'Amant de col-
lège.
Le cit. Duttembla , le Lendemain , Moralité.
D eux mois sur les vers de Société , par le citoyen
Deguetle.
Morceau extrait d'un essai sut le libre arbitre ,
par le cit. Bouâers.
Épitré deSaini-Auguslin à la comédie italienne,
par le citoyen G***.
Le cit. Despaze lira une seconde satyre.
La séance sera téi'minée par Mes conventions ,
Épître à elle , lue par l'auteur le cit. Vigée.
Cours de Botanique et de Cryptogamit , par le
cit. Sue , médecin.
Ce professeur commencera la première section
de ce çoijrs' le 2 vendémiaire prochain ; elle
comprendra l'histoire completie des mousses , des
fougères et des champignons , ainsi que celle des
des plantes employées en médeciiie , dans les
■ • ^; ;■_-' " ,: • ■ .: ;; '; .:;i
arts et dans l'é'^.onoaiie rurale , et celtes dont le
taractere est vénérietix ', afiti xi^clairer^tV .ieufs^
usages et leurs, vertus , suit cène foule de moyens
seciets que la cupidité débite et qu'achelC' r,is^y*
rance. ' ' . , „|
Sa demeure est rue neuve du Luxemhouig,
n» 160. . iT
''■-'iiïVRES DIVERS. ,! ij
Voyage en Suisse et en Italie , fait avec larméè
de réserve , par V. T. M. , auteur de l'anglais
cosmopolite , employé à l'éiat-major-gétiéfïit fle
ladite armée , avec celle épigrapiié : ^i* siUmv^
turbâ. 1 vol.. in-8° ; prix, 3 liv. et 4 fr. pat lai
poste. A Paris , chez Moutardier , quai deftAur:
guslins , n" 28.
Histoire du sage DatiiscJMtend , fâvori de Scha-
Gebâl et des iiois cafehders, ou l'égo'iste et lé
philosophe , cum notis variorum , traduit dé l'àlle-,
mand de 'Wielând , 2 vol. in-8° , avec 7 figutes;'
prix- 6 fr. et 2 vol. in- 12 , avec les mêmes fièufes,;'
prix 4 fr. 5o cent. A Paris , chez P. D. Barez , rue^
Mêlée, n" 7, et Charles Pougehs , imprimeur-
libraire, quai Voltaire, n° 10.
Cet ouvrage intéressant esi'd'un style aisé. Nout
n'hésitons point à le placer parmi les meilleurs
romans philosophiques , tant parce qu il es» le
fruit de l'imagination , que parce qu'il offre ati,
au moraliste ue foule de taiileaux qu'il est utile;.
de rappeller souvent aux lecteurs.
Les progrès du fanatisme et de la superstitioti ,'
et la promptitude avec laquelle le luxe des jouis»
sances empoisonnées elle goût des faux plalsir'j
parviennent à corrompre les individus , les fi-
miiles , les sociétés les plus nombreuses , des peu-
plades ai des nations entières , y sont peints et
mis en action avec autant de chaleur que de
vérité.
■ I. .... I,... I |.. .r»
COURS DU CHANGE.
Bourse du i6 fruclidot. — Cours des effets publia
Amsterdam banco.
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Bons deux tiers i fr. 58 c.
Bons d'arréragé ' 83 fr.
Bons pour l'an 8 w 88 fr. l3 C
Syndicat 63 t'r, 25 e.
Coupures 63 fr. 75 e,
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts.
Dem. Iphigénie en Tauride , et le ballet de Pân'i.
Théâtre do Vaudeville. Auj. Trois conttt
un ; l'Entrevue , et un seul Violon pour tout te
monde.
Théâtre delà Cité-Variétés, — Pantomimet.
Auj. la i'" Tepr. d'EUonore de Resalba, pièce à
spectacle , et ÏEpreuve excusable.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la 7' repr. des Charlatans littéraires , cota.,
nouv. en 5 actes, et Je Chaudronnier de Sttint-
Flour.
f aboiJBe*«nt le fsit» Paris, rue des Foitevini, n° iS, Le prix est de s5 fraocs pour trois mois, 5o francs pour six mois, et 100 franc» pour l'année entière. On ne
•'abonne qu ;iu commeùcemcat de cbaqae mois. -,
Il faut adresser le» leltroset l'argent , fraoc de port ,auci£. Agasse, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, n"* i^. Ilfautcômpreiadre dans !et eavoii le poit dek
payj-où l'on ne peut affranchir. Les letlret des depariemens non affranchies , neserontpoinc retirée» de la poste.
11 faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger «lies qui renfermentdes valeur», etadrcsser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, an tédutcur , ru* de»
PaUevir)» , n" lî, dçpui» neuf Ueures diimstiii jusqu'à cil !j heures dxjsoir.
À Paws. Ai riroptim«rie du cil. Aga&se , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
w
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 358.
Octidi , 28 fructidor an 8 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autofisés à prévenir nos souscnprt-uis , qu'A dacer du 7 nivose le M O hM T E U H est le s,ul journal ojfiçid.
Il contient les séances des autorités constituées, les acres du gouvernenVent, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'excérieut, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , led septembre ( i g fructidor. )
J_iES assises de Warwick se sont terminées par
le jugement de plusieurs personnes prévenues de
vol de moulons. La giaviié des juges n'a pu tenir
contre le discours suivant, adressé par l'un des
prévenus au président :
uMylord , les témoins viennent de faire à votre
honneur de belles liistoires sur mon compte. Ils
auraient voulu vous faire accroire que c'était
quelque chose d éirange de trouver des pieds de
mouton, tic. chez moi , lorsqu'ils savent tous très-
bien que j exerce le mélier de boucher depuis
plusieurs années, c'est-à-dire, mylord , que
j'achète loutes les vaches et moutons morts ou
maigres que je rencontre. Il n'y a pas un fermier
dans Je pays qui ne puisse l'attester à votre sei-
gneurie. Or , il faut que je vous dise , maintenant ,
mylord , que cet homme que voilà (désignant un
des lemoius) vend , comme moi , de la bête morte ,
Cl qu il envie mes pratiqiies.il a calculé que s il
pouvait parvenir à me taire pendre , cela lui vau-
drait une jolie fortune ; et en effet, mylord , j'ose
dire qu'il y gagnerait plus de i5 liv. st. par an.
Ainsi je laisse à votre grandeur à juger si c'est là
Vin beau témoin. Cet autre que voici (i-ndiquant un
second témoin) a conservé une dent contre moi,
comme vous pouvez bien vous l'imaginer ,
anylord , du procès que vous devez vous rap-
peler que je lui intentai et qui l'a ruiné , ou ,
■cour mieux dire , qui nous a ruinés tous deux ;
tac les gens de loi nous ont mangé jusqu à notre
dernier sou. Vous voyez donc , mylord , que
■voire seigneurie " ne peut pas, en conscience,
îne faire pendre , ri'aprèt le témoignage do c«o
xoesïieurs. >'
Deux de nos poëie3,Peier-Pindar, etM. Giffard,
auteur de la Baviad , d'une querelle de plume
îrèî-scandaleuse , en sont venus à des voies de
fait qui ne le sont pas moins. — Le premier ayant
apperçu ces jours derniers, dans la boutique du
libraire Wright , quelqu'un qu'il crut reconnaître
pour M. Giffard , lui demanda s'il ne portait pas
ce nom ; à sa réponse affirmative , il lui asséna
sut la tête un coup de canne , et AL Giffard ,
tout en chancelani, de lui en riposter un de la
sienne. M. Peltier , qui rédige ici un journal
français , et plusieurs autres gens de leitl-es pré^
lens , s'empressèrent de sépaier et désarmer les
combattans; mais ceux-ci, revenus à la charge,
commencèrent un combat à la mendoza , c'est-à-
dire, à coups de poings , que les spectateurs in-
terrompirent de nouveau, en mettant Petcr-Pindar
hors de la boutique.
Des ordres stricts ont été donfiés pour faire
arrêter tous les étrangers qui se trouveraient, sans
permission particulière, plus près des ports de mer
que l'acte du parlement ne le permet.
Sir Walter Farguhar prétend , à ce que l'on dit,
que la fièvre au cerveau fait beaucoup de progrès
parmi nous. Cette observation serait d autant plus
alarmante , que presque tous les malades du doc-
teur sont du corps diplomatique.
Suivant le rapport du capitaine d'un navire
danois nommé le Castelet d'Ansberg, le brik le
Malartic , de l'Isle de-France , capitaine Dutest ,
a fait plusieurs prises à la hauteur du port de
Rangoon , parmi lesquelles en était une riche-
ment chargée en bois de construction.
Il existe à Thorp , dans Surrey , une ferinc que
l'on dittenue par la famille des 'Wopshots , depuis
le lems d'Alfred.
Un particulier d'Ipswich paiia la semaitie
detnicre ûo guinées qu'il irait à pied de celte
viilt à Sudbuiy ( la distance est de 44 milles )
ei en reviendrait de même dans l'espace de
12 heures. Il perdit son pari. Il offrit alors de
paiiir le double qu'il exécuterait , dans deux lier»
moins de lem» , la même g-agcure sur son chefal.
Le pari tenu , il a gugné avec même de la
marge.
De» expériences faites P'ir le docteur Hargcns ,
à» Kicl 1 lemblcnt recommander un' grand usage
de l'alkali dans les affections convulsivcs des en-
fjns , comme il paraît aussi approprié à d'autres
afleciions spasraodiijues.
(Extrait du Morning-Hérald et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Paris ,' le 2"] fructidor.
Les plans présenlés par différens artistes pour
la construction de la colonne nationale , ainsi
que ceux d'un monument égyptien qui doit être
élevé aux généraux DeSaix et Kleber , vont être
exposés aux regards du publie dans une des
salles, du palais du Muséum. Les altistes ama-
teurs et autres hommes instruits, du suffrage des-
quels se compose lopinion publique qui pro-
nonce sur le mérite des productions des arts, sont
invités à examiner ces projîts. Si quelqu'un d eux
juge à propos de publier son avis , nous nous
ferons un plaisir d'insérer dans ce journal ses
observations.
— Le jury maritime vient de prononcer sur l'accu-
sation intentée contre le chef de division Cas-
tagnet. Njus avons nommé en partie les membres
qui le composaient ; nous devons ajouter les
noms des capit. de vaisseau , Larchet , Adelon ,
et Duplessis Compaire. Le chef de division Lecoat
Saint Havan était rapporteur.
Après les débats, l'audition delà défense dont
le cil. Prieur , de la Marne , était chargé et la dé-
libération du jury , le citoyen Larchet prenant la
parole , a prononcé la déclaration suivante.
(i Nous jurons sur notre conscience et notre
honneur , qu'après avoir délibéré dans les fornles
prescrites par la loi . les jurés ont déclaré que
le citoyen Castaghet accusé ,
t°. De n'avoir pas exécUié les ordres du gou-
vernement ;
Ï-. De ii'avuii pas pris les mesures néces-
saires pour garantir sa division des attaques de
l'ennemi ;
3°. De n'avoir pas été à son poste-, lors de la
prise de la frégate la Désirée , par les anglais.
Sur le premier point n'est pas coupable ;
Sur le second point n'est pas coupable ;
Sur le troisième point n'est pas coupable.
En conséquence , la cour martiale acquitte le
chef de division Castagnet et le renvoie à ses
fonctions. "
— Un petit magasin d'artifices , à i'île d'Aix ,
a éclaté sàtjs tuer personne , par l'imprudence
d'un ouvrier, qui , remplissant un obus , a frappé
sur l'acier doii une étincelle à jailli. L'ouvrier
n'est que blessé. Ou a empêché le feu de se
communiquer à la poudrière. On estime le dom-
mage à 8000 fr.
— Une division des élevés du Prytanée , accom-
pagnée de ses nl'aîires , est partie hier matin pour
se rendre au collège de Saint-Cyr, oii tout est
prêt pour les recevoir.
-^ Le cit. Fontanes vient d'adresser à plusieurs
journaux la lettre suivante :
Il On vient de réimprimer , sans mon aveu ,
et sous le titre de Réfutation de madame Staël ,
deux extraits qui ont déjà paru dans \e Mlrcure :
c'est leur faire trop d'honneur. Si le libraire qui
a eu celle idée, et dont j'ignore le nom, avait
bien voulu me cOhSultt'r , je lui aurais dit qu'un
extrait n'est pas un traité 5 qu'il se compose d'ap-
per^Us lapidés i plus que d id^es approfondies ,
ei que la critique , resserrée dans les bornes d un
journal , ne peut avoir tous ses développemens.
Je n'ai donc point prétendti réfuter en toialiié les
deux volumes de madame de Staël. Il faudrait
pour cela composer un gros livre v que je n'ai
nulle envie de faire i etquelepublic auriiicneore
moins la patietice de lire. 1»
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du «7 frUitidoT an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport du
ministi'e de l'intérieur , arrêtent :
Art. \". Il sera établi dans la ville de Lyon un
collège , qui formera une division du Piytanée
irançiis,
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté qui sera imprimé.
Le premier comul , signé, BonaPaRtE.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Autre arrêté ilu même jour.
BoNAPAR'lE , premier consul de la république ,
le ministre de I intérieur entendu , arrête :
Art. 1". Le jeune Pierre Hemery , fils du ci-
toyen Hemery , caporal au 5' bataillon de Paris ,
tué à l'affaire de Coron, le 18 septembre 1793
(vieux style ), est nommé élevé du collège de
Compiegne.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état ., signé , H. B.Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république ,
le ministre de 1 intérieur entendu , arrête :
Art. I''. Le jeune BrutusTuncq, fils du général
divisionnaire Tuncq , mort le 20 pluviôse der-
nier, des suites d'une chute qu'il fit en se rendant
au poste qui lui avait été assigné , est nommé
élevé du Prytanée français.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul. Signé, Bonaparte.
Par le prelnier consul ,
Le secrétairs'd'état , signé, H. B. MaRet.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR,
Le ministre de l'intérieur aux préfets des départemens .
Paris , le 28 fructidor an 8.
Je vous adresse , ci^toyen préfet, le tableau qui
a été rais sous les yeux des consuls par le mi-
nistre des finances , en exécution de leur arrêté
du 17 ventôse.
Les consuls ont jugé que le département de»
Vosges est celui qui doit être proclamé comme
ayant mérité de la patrie; au 20 germinal' ilne
devait rien sur l'arriéré, il avait payé plus de
moitié sur la contribution foncière de l'an 8 ;
enfin , en six mois il a payé les 41 des contri-
butions d'une année.
Vous voudrez donc bien , citoyen préfet, pro-
clamer solennellement à la fêle di» l" vende-.
miaire , le département des Vosges.
Tous les français sont dévoués à la patrie ; toui
font des efforts pour la servir, mais il est juste
que ceux qui , daUs ce grand concours de Sacri-
fices occupent le premier rang , obtiennent UO
lémsiignage éelmant de la lèconiiaissancé natio-
nale.
Je vous salue ,
Signé .^ Lucien Bonaparte.
Tii s ts AU des départemens qui peuvent concourir
à donner leur nom' à la principale place de Paris.
RISTES
NOMBRE
NOMB RE
à recouvrer sur
de vingtièmes
de vingtièmes
l'arriére anté
recouvres sur
recouvres pen
ÉifAkitiitH».
tièutàl'an 8.
la contribut.
dant les 6 pre
fooc. de 8.
miersmois su
une année de
contribution.
vingtiemel
vingtième».
Arriége. ...
46,000
11
14
Côte-d Or. .
910,000
4
16
Cireuse. 1. . . .
5io,ooo
2
19
Dôubs
i3,ooo
5
g
Eure
200,000
8
i3
Héfault
350.000
8
14
Jura
9,000
i3
18
Landes
28,000
10
12
Marne
2.400,000
4
18
Meurthe.. . .
0
«
9
Meute
160,000
8
18
Morbihan. .
35o,ooo
8
17
Oise
600,000
3
16
Haute-Saône
600,000
10
l3
Somme
2,900,000
3
17
Vosges
0
11
i3
Rapperù préstnîé aux consuh de ta TipulUqxie , pur
h ministrt de lintirieur. — Parii . le <iT fructi-
dor^ an 8 de La lépublique Jrariqaise , uns et
indivisible.
Citoyens consuls ,
je mets sous vos yeux , en exëcuiien de voire
-arièié ciu 17 veniôsc , les noms des dix dcparie-
mcns qui ont iai; rejoindre le plus de jeunes
2ens,€t qui doivent êire proclamés comme les
plus sensibles à l'honneur^national.
J'en ai reçu la note du ministre de la guerre ;
elle s'accorde avec les renseignemens qui me sont
parvenus.
Ces départemens sont ceux de l'Aisne (préfet
1446
le citoyen Dauchy); de i.i Côte-d'Or (préfet, le
cit. Guiraudet); des Forêts (piéfet. le citoyen
Birnbiàim ) ; de la Marne ( prél'et, le cit. Bourgeois-
Gcssain);.dc la Haute-Marne (prélet, le citoyen
Ligniville) -, de la Meuse ( préfet, le cil. Saulnier) ;
de !a Moselle (ptélei , le ciioyen Calchen); du
B,is-Rhin (préfet, le citoyen Laumont); de la
Hauie-Saône ( préfet , le cil Vergnes ) ; des Vosges
(piéfet. Je citoyen Desgoultes).
Ciioyens consuls , beaucoup d'autres dépirte-
mens se sont noblement acquittés de leur dette
envers la patrie ; tous sont habités par des ci-
toyens dipnes de ce nom ; mais il est juste que
vous distinguiez ceux à qui un généieux dévoue-
ment à inspiré les plus grands efForis.
Il faut bien que les ennemis de la Pr+Bce
sachent que cette république qui désire si ardem-
ment la paix , est piête encore à de plu'i grand*
sacrifices , si par l'oubli des plus pressons inérêls
de l'humanité, ils lui rendent l.i guerre nécess«Jic.
Je pense aussi , citoyens consuls , que von*
devez accorder un témoignage de la reconnais-
sance na;ionale aux dépanemenl de l'Aube, de
l'Yonne, de la Meurthe, des Ardennes, de Sein<-
ei-Maine, du Jura, du Doubs, du Haut-Rhin ,
de l Ain , de la Charente-Irilecieure. Leurs succès
différent peu des premiers que j'ai eu 1 honneur,
de vous indiquer.
Salut et respect.
Signé, L.Bonaparte.
Etat des dix départemens gui ont fait rejoindre,
un plus grand nombre
, dipnis 'Us lois sur la conscription
de jeunes geni , comparativement à
(du 3 vendémiaire an 1 , au 25 fructidor an 8 ;
ceux qu'ils devaient fournir.
NOMS
DES
DÉPARTEMENS.
En
l'an 7.
1 R E
PP£I.LÉS.
En
l'an 8.
fournir.
NOMBUE D HOMMES QUI ONT REJOINT.
En
l'an 7.
En l'an 8 ,
pour les
liom. anté-
rieurement
appellé.H.
Sur le
conting.
de l'an 8.
Enrôlés
volon-
taires.
OBSERVATIONS.
Aisne
CÔTE -d'Or. . . .
Forêts
Marne
Marne (Haute-).
Meuse
Moselle
Rhin (Bas- ). . .
Saône (Haute-).
Vosges
5,467
7, 6a 3
5,194
4.754
5,1 84,
6,797
8.067
5,732
6,549
5o7
4SI
S40
372
276
3f9
469
53 1
357
367
5,974
8,044
240
5,556
5,o3o
5,443
7,266
8,598
6,089
5,916
4,665
5,840
4,076
3,789
3,903
5,090
6,963
4,345
5,324
3oo
69
952
647
649
1,758
1,719
1,148
509
507
574
252
444
764
399
37«
553
572
553
72
i35
58
88
33
"9
296
II I
235
60
5,544
6,618
3io
5,56o
5,q33
5,070
7,525
9.346
6,3oo
6,446
(2) Le séjour de V
icorporflrions particulières , dont 1
adressés au miuisue. Il y a lieu de c
[es hommes en retard de rejoindre ,
)n ne peut en indiquer exacteittenl li
(3) Ce département , ainsi
xempt des levées de Tan 7 .
le l'an 8. On a cru égalem
loge.
(1) Ce département a le premie
Jr les conscrits de Tan 8.
cooipletté son contingeat
à Dijon a favorisé Ici
étals n'ont point été
)ire qu'un grand nombre
profité de cette facilité.
que tous ceux de ta Belgique , C€t
Jl a Fourni plus que son contingent
ent juste M utiie de le citer avûe
jV. B. Il se trouve parmi les hommes qui ont
rejoint depuis les lois sur la conscription , un
certain nombre de réquisilionnaires qui ont été
compris dans les mêmes éiaii que lc« conscriti.
i
Certifié par moi ministre de la guerre , i6 fructidor an 8 de la république , C A R M O T.
Le ministre de rintciieur a fait publier deux tableaux ( voyez les n°' 35o et 354 de ce journal ) des granits'qui se trouvent en France. Ils lui ont éll"-^
remis par le conseil des mines qui continue les recherches que le ministre lui a prescrites ; les lésuliats en seront successiveiïient renduspublics.
Ces détails , en fesant connaître nos richesses , éveilleront l*^lteiiiion des artistes, et leur feront voir combien il est peu sage de chercher au loin
des maiieres précieuses que nous possédons en si grande abondance et avec tant de variétés.
Le conseil des mines travaille à une carte minéralogique de la France ; il doit être secondé dans cette utile entreprise par itous ceux qui aiment le '
j'^m' '"'"^"'^^* , ' histoire naturelle , et par tous ceux qui ne sont pas insensibles à la prospéiité nationale. Malheureusement ce travail a éprouvé quelque '
difficultés ; mais on va le reprendre avec une activité nouvelle. n ,
Voici un supplément au 2™= tableau des granits d'un transport facile du département de la Manche : '
TRANSPORT FACILE.
position
relativement
à Paris.
DEPARTEMENS
et chaînes
de montagnes.
Au couchant.
lia Manche.
GISSEMENS
des
rochers.
NUMÉROS
Ac la carte
deCassini.
NOMS £T DESCRIPTIONS
des
ROCHERS.
OBSERVATIONS.
' AFermanville,"
envir. i rayria-t »■ „ • • , ...
mètre au levant ( 'i Granit gris dont on a construit plusieurs
rk^,.,™/" 125. ^ bornes qui se voient à Paris , exploitable en
''[ grandes masses.
de Cherbourg/
sur les bords de '
la mer.
Environ de
[Cherbourg soit
làQuerqueville
là envir. 5 kilo-
mètre» au cou-
I chant, soitàC
Iqueville à près
de 20 kilomet.
au levant.
H
est
:t.'
125.
Les îles Chau-
zey ou Chozé ,
à 2 myriamet.
au couchant de
Granville.
AFlamanville,
au midi d(
Cherbourg, sur
les bords
mer.
rg,surV
delaj
196.
avec lesquels on a bâti
Cherbourg, entr'autre
devant d'Artois.
.. Gx.aptV. :Cf un gris bleuâtre et verdâtre à
grain fin susceptible d'être exploité en gros
blocs étant sans gersures et sans veines. Il
est quelquefois taché de filets d'une couleur
rousse que l'on nomme rouillure, et que
l'on atuibue au passage des eaux.
Granit à plus grandes parties que celui
de Ferraanville , susceptible d'un très -bel
eflèt , et qui peut s'exploiter au niveau de
la mer, même en très-grande masse; il est
coupé à pic sur de grands^ espaces , et est
d'autant meilleur qu'on le prend plus près
du niveau de la mer.
Transport extrêmement facile par radeaux
jusqu'au niveau de la placé de la Concorde.
st
es 1
FÊTE I)E tA RÉPUBLIQ.UE.
Diveloppement du programme arrêté par Us consuls
te 18 jructidor.
5' JOUR COMPLÉMENTAIRE.
Art. I". Le dernierjour complémentaire , à six
heures du matin , une salve d'artillerie annoncera
ia fête.
Elle sera répélée d'heure en heure jusqu'à la
nuit.
II. A onze heures, -le minisire de l'intérieur
présentera aux consuls les fonctionnaires publics
venus des départemens pour assister à la fête.
IH. A deux heures après raidi , le ministre de
l'inlérieur et le minisire de la guerre , escoriés des
hérauts d'armes et précédés d'un détachement de
cavalerie , se rendront au Musée des raonuraens
français, oti le corps de Turenne est déposé.
IV. Le corps de Turenne sera présenté aux
ministres par le citoyen Lenoir , conservateur du
Musée , et p.ir les adnunistrateurs du Musée d'hjs-
loire naturelle , à qui l'on doit la conservation de
CCS restes précieux.
V. Quatre généraux placeront le corps sur un
char élevé , attelé de quatre chevaux blancs.
L'armure que portait Turenne sera placée sur
un cheval pie.
Sur les côtés du char, des inscriptions rappel-
leront les exploits du héros.
'VI. Une musique militaire précédera le char.
Il sera escorté par l'état-major de la 17" division,
et par celui de la place.
Dn groupe de vieux soldats invalides le suivra.
Le ministre de l'intérieur et celui de la guerre
termineront le cortège.
VII. A deux heures et demie , le cortège se
mettra en marche.
Il s'avancera par les quais jusqu'à la place du
Corps-législatif, et ensuite par les rues de Bour-
gogne , de Varennes , le boulevard des Invalides
jusqu'au temple de Mars.
VIII. Les autorités et administrations qui auront
été appelées à la cérémonie , seront placées dans
la partie du temple située %ous le dôme.
Le corlégç entrera par la porte du Sud.
Une symphonie militaire annoncera son ar-
rivée.
Le corps sera posé au milieu de l'enceinte.
IX. Le ministre de la guerre montera sur un
cippe au miheu de l'enceinte , et prononcera un
-discours.
Le corps de Turenne sera ensuite porté par les
quatre généraux , dans son tombeau reconstruit
sous le dôme.
Le ministre de la guerre jettera dans le tom-
beau une couronne de laurier ; et le ministre de
l'intérieur une plaque d'argent , sur laquelle sera
gravée l'époque de la translation.
Un chani militaire terminera la cérémonie.
X. Le préfet de la Seine et les maires de Paris ,
réuniroat dans un banquet les fonctionnaires des
départemens.
XI. A six heures du soir , le théâtre des Arts 1
le théâtre Français , le théâtre de Feydeau et celui de
COpéra-comique , seront ouverts au public.
PREMIER VENDEMIAIRE.
Art. I". A six heures du matin , une salve
d'anilerie.
Elle sera répétée , tout le jour , d'heure çn
heure.
II. A dix heures du matin , les autorités et les
administrations appelées à la fête , se réuniront sur
la place des Victoires , au lieu où doit êir« élevé
un monument à la mémoire des généraux Desaix
et Kleber.
Les fonctionnaires des départemens auront dans
l'enceinte une place distinguée.
III. A dix heures , les consuls , accompagnés des
ininislrcs <t du conseil d'état, se rendront sur la
place des Victoires.
Une musique militaire et le bruit du canon an-
ceront leur arrivée.
IV. Le premier consul posera la première pierre
du monument.
Il y déposera des médailles et des inscriptions ,
gravée» sur le bronze.
Un orateur prononcera l'oraison funèbre des
généraux Kleber et Desaix.
Une salve générale d'artillerie terminera ces
cérémonies.
V. A midi, toutes les autorités et les adminis-
trations seront réunies dans le temple de Mars.
Les fonctionnaires des départemens y occupe-
ront une place distinguée.
VI. A midi, les consuls, précédés de leurs
gardes , et accompagnés des minisires et du con-
seil d'étal , se rendront au temple de Mars , dans
Us salles préparées à cet elFet.
»447
Lf bruit du canon annoncera leur arrivée dan»
le tcraplc , où les sénateurs, les tribuns et les légis-
lalcur.s occuperont les tribunes ordinaires.
VII. Le conservatoire de musique exécutera
une symphonie et un chant à plusieurs «orchestres.
Le ministre de l'inlérieur prononcera un dis-
cours.
Il proclamera le nom des départemens qui ont
le mieux payé leurs coniribulions , et fourni le
plus de conscrits aux armées.
La cérémonie sera terminée par une sym-
phonie.
VIII. A trois heures, commenceront lès jeux
du Champ-de-Mars.
Le premier sera l'exercice du tir-au-blanc , à
pied et au fusil.
Le prix sera deux fusils de chasse.
Le même exercice , à pied et au pistolet.
Le prix sera une paire de pistolets.
Le même exercice , à cheval et au pistolet.
Le prix sera une paire de pislolcis.
Suivront les courses à cheval et les courses de
chars. \
Dans les courses à cheval , les concurrens
feront deux fois le tour du cirque.
Le prix sera une carabine de chasse.
Dans les courses de chars , les concurrens
parcourront à-la-fois la caniere qui leur aura éiè
tracée des deux côîés du cirque, et reviendront
ensuite par le milieu de l'arène au but d'où ils
seront partis.
Le prix sera un nécessaire d'armes.
( Ceux qui voudront concourir dans tous ces
jeux, se feiont inscrire , avant le deuxième jour
complémentaire, au bureau des Beaux- Arts , rue
de Grenelle , n" 38? , en déclarant pour qu»;!
exercice ils se présentent. Ils recevront , le
deuxième jour complémentaii^e , une instruction
particulière. )
IX. Un aèronaule s'élèvera ensuite dans les
aii's ; et , à un signal , il descendra , au moyen
d un parâcLicle , dans l'enceinte même du Champ-
d'e Mars.
X. Le soir, les Champs-Elysées, la place de
la Concorde, les Tuileries et les principaux éta-
blissemens publics seront illuminés.
On tirera un feu d'artifice sur le pont de la
Révolution.
Le ministre de Vintérieur , signé L. Bonaparte.
Dugun , frénr'ral de divisitin , prrjft.àu départchent
du Calviidos , membre de l'institut d'Egypte , au
citoyen réducteur du Moniteur. — Paris , le 3J
Jructidor an 8.
J'ai lu , citoyen . dans le n". 3i6 de votre
journal , un aiticle extrait du 'Journal des Arts
sur la copie apportée d E;;ypte , des trois inscrip-
tions découvertes sur une pierre près de Rosette.
C'est moi qui ait rapporté ces copies , et qui
les ai remises à l'institut, dans la séance du 5 de
ce mois , en y fesant leciure de la notice dont je
joins ici copie. J'y donne des renseigne mens exacis
sur la découverte de ce monument , sur la ma-
nière dont les copies en ont été tirées et sur Ici
artistes à qui on les doii. Ilsinlèrcsseront le public.
Je vous prie de les publier dans un de vos pre-
miersn"^. Je dois avertirquela pierre sur laquelle
sont les inscriptions, n'a jamais fait partie dune-
colonne. C. F. Dugua.
Notice lue à l'institut , dans la séance du 5 fructidor-
Le général Bonaparte , lors de son retour
d'Egvpte , annonça , dans une séance de l'insiilui ,
ia découverte faite dans les fouijjieb du forlEllevé,
près le Bogaz de Rosette et à deux lieues de celle
ville , d un bloc de granit , dont une des faces
est couverte de trois inscriptions ; la première
en hycrogliphes ; la deuxième , en caractères qui
resserabieni beaucoup à ceux de certains rou-
leaijx de Papirus ; et la troisième , en grec.
Ce bloc n'arriva au Kaire qu'après le départ
du général Bonaparte , et fut déposé à l'insiilut
par mon ordre. La découverte en est due au ci-
toyen Bouchard , lieuienanl du génie , chargé de
la rcconsiruciiou du fort.
Si les inscriptions q^ui le couvrent se traduisent
muiuellement , elles seront une de nos décou-
vertes les plus précieuses par les secours qu'elles
fourniront pour trouver L'alphabet hyérogliphi-
que , et peut-être celui de l écriture cursivc del
anciens égyptiens.
Deux membres de la commission des arts
se sont occupés au Kaire des moyens de
tirer des copiis de ce morrumcnt unique . afin
de \£ conserver , tel évanemeiii qui pût arriver.
Le premier est le ciioyen Marcel , dirtcteur
de l imprimerie nationale en Egypte, qui réunit
à beaucoup de connaissances un zèle infa'.igable
pour en acquérir de nouvelles. Il a obienu , par
les simples procédés typographiques , des copies
en sens inverse , mais qui seront facilement lues
au miroir. Le second est le citoyen Conté , chef
de brigade des aèrostiers , qui , par ses connais-
sances dans la mécanique et dans les ans , a été
constamment un des hommes les plus utiles à la
colonie.
Il a employé les procédés de la gravure ; il a
tiré d'abord des empreintes aussi en sens inverse ,
ques sous l^es Piolémées.
Je prie l'insiilut d'agréer que je dépose ces
feuilles dans ses archives , jusqu à ce que les
exemplaires qui lui en sont destinés, ou le mo-
nument lui-même lui soient parvenus.
C. F. DucoJA.
NECROLOGIE.
Le conservatoire de musique vient de perdre
un professeur distingué ; Gaviniés est raon le 22
Iruciidor , âgé de yS ans. Ce célèbre violoii , qui
fut ajuste titre surnommé le Tarlini de la'France, -.-- ^. ^...^.^...^..a >.uao. v.. oi.iia mytiao , ,
a soutenu , pendant soixante ans , l'honneur de I qui lui ont fourni , en les mettant sousla presse ,/
son art , par un ulent d'exécution qui ne trouva des contre-épreuves conformes aux inscriptions,
jamais de supérieur , par une moralité sans tache /-. _■ , r- . .
et par une instruction brillante et philosophique ,." f^T "7".',,'"°'!' fa» Présent chacun
qui l'avaient lié avec les hommes marquans de '^ ""= ^f leurs femlles ; je les a. apportées, et
son siècle , et notamment avec J. J. Rousseau. " '°"'J" ?^"'" ^"' *°'^"' «" E^^ °P^- Je «i.em-
, . presse de les mettre sous les yeux de 1 msuiut ,
Il fut auteur de la bonne école française , pour qu'il puisse, s'il le juge àpropos, en l'aire
qui a produit Cipron, Leraiere , Beriheaume ,] faire des copies et même les faire graver (i>) , dfin
Imbault, Kreutzer, Granet , etc. Les ceuvres j de satisfaire l'impatience que témoignent plu-
quil composa pour le violon ont joui d'une ! sieuis savans de connaître un monument qui
grande réputation en Europe. Le succès qu'ob- peut nous fdire faire un grand pas vers la connois-
lint son opéra du Prétendu prouva qu'il eût dû : sance de 1 antiquité , et qui prouvera peut-être
exercer davantage le talent qu'il possédait pour que l'usage- des hyérogliphes s'est conservé jus-
la scène. , « . , .
En l'an 3 , le fcoiiservatoire de musique l'ap-
pela à remplir une place de professeur de vio-
lon ; ce choix honorable pour le jury qui le fii ,
fut justifié par le zèle et l'aciiviié qu'apporta
Gaviniés dans l'exercice de celle fonction , quoi-
que déjà avancé en âge et atteint par des infir-
mités graves ; il surmonta ces ob tacles par le seul
désir d'êire utile à son art , qu'il aimait passion-
nément ; il reçut la récompense de ses soins par
les succès qu'obtinrent les nouveaux élevés dans
les concours des prix du conservatoire.
Hier aS , les derniers devoirs ont été rendus
à cet artiste célèbre d'une manière honorable ,
et cependant conforme à la simplicité de son
caractère ; ses élevés et ses amis conduisirent son
corps au conservatoire de musique, où il fut
reçu par ses collègues réunis ; les élevés du con-
servatoire exécutèrent une hymne funèbre ; en-
suite un cortège se forma pour l'accompagner ati
lieu de la sépulture.
Les élevés du Conservatoire précédaient le
corps; ceux auxquels ildonna ses soins en étaient
plus rapprochés , quatre inspecteurs de l'ensei-
gnement , les citoyens Gossec , Méhul , Chéru-
bini , Martini poriaieni le drap funèbre ; les mem-
bres du Conservatoire , un crêpe au bras , une
branche de cyprès à la main , fermaient celte
marche dont l'ensemble présentait le caractère
religieux que l'on désire avec tant de raison voir
établir dans les funérailles de ceux qui , pendant
leur vie , ont commandé le respect et lestiioe ,
par leurs talens et leurs venus.
Taris , ce 2& Jructidor an 8.
C'est peut-être avec trop de légèreté , citoyen -,
que Ion a supposé que les trois inscriptions pla-
cées sur unecoionne découverte enEgypie , signi-
fiaient la même chose exprimée en trois langues
différentes. Une seule réflexion pourrait détruire,
ou au moins atiénuer bien fort celle conjecture :
est-il possible que les ministres du culte égyptien ,
aussi jaloux de dérober au vulgaire la connais-
sance de leur langue sacrée . que les brames de la
presqu île occideniale de l'In^te le sont encore
aujourd'hui de cacher au reste des hommes les
secrets de la leur, eussent employé précisément le
moyen le plus propre àjeler surleurs mysleres les
lumières les -plus redoutables? Puisque c'est à
l'aide des deux autres inscriptions que nous pré-
tendons expliquer Celle' (J'ui est écrite en caractères
hyérogliphiques , les égyptiens pouvaient Ijieii en
fane auiant, et on ne reconnaîtrait pas à ceite
étrange imprudence , les hommes qui parvinrent
(1) Le premier consul a ordontié de les faire
graver,
1448
à envelopper d'un voile si épais tons ce que leur
saijè politique croyait dtvoic cacher aux yeux du
peuple.
Salut et estime. Al. Regnàrd.
Nous iniiérons la kttte suivante , sans adopter
..n entier le sentiment de l'auteur. Quelques per-
sonnes de la même opinion que nous ,Jugeront
pcut-èire à propos de nous faire passer à ce siijet
ieuis observations , nous nous ferons un plaisir
de les publier.
De! la Inéjérence quon doit accorder à l'orthographe
de Voltaire.
Beaucoup de savans , des journalistes, l'institut
lui-même, dans ses mémoires, se servent encore
de l'orthographe de l'académie , et semblent y
«enir opiniâtrement ; tandis qu'à leur tour d'autres
écrivains , d'autres journalistes , 1 imprimerie du
■corps législatif, et un grand nombre d n>,prime-
'ies particulières, ont adopté l'onhograplie de
/oltaire. De là naît une bigarrure dans la langue
écrite , qu il est itnpotlant de voir disparaître.
Examinons donc celte question : A laquelle
des deux orthographes faut -il donner la ptélé-
rence ?
Fondé sur ce principe qu'il faut , autant que
pos.sible , rapprocher le langage écrit du langage
parlé ; petsiuilé (ju'une langue est d'autant plus
près de sa peileciion qu'elle exprime en mciris
de caractères les mêmes idées , Voltaire , r.près
avoir supiitné quelques doubles lettres inutiles ,
pensa qu il él.iit inconvenant d'écrire , il dormait ^
il boudait, comme doUoir et boudoir dont la dif-
férence est très-marquée dans la prononciation :
il écrivit les premiers et leurs analogues par ai
qui a toujours , en français , le son de 1' e , et les
seconds par oi , comme on les prononce.
Ainsi on put distinguer français de François ,
anglais de Langlois : ainsi I étranger, en étudiant
la langue , put aprécier les nuances de la pro-
nonciation, Duanccs toujours difficiles à saisir , et
qui semblent l'écueil contre lequel viennent se
briser la patience et l'éiude. L'enfaiitqui prit pour
la première fois un alphabet , n'hésita plus devant
CCS grandes syllabes, ils s'éloignaient , ils jot-
gnaienl. De bonne heure on lui apprit que l'ai
avait toujours le son de Ve , avec des inflexions
diverses , et loi le son fort qui lui est propre : on
n'eut plus besoin de charger sa mémoire d'excep-
tions à cette règle. Il vil noir et prononça noir ; il
vit connaître et ptononçî connaître , ou connètre
puisque cela était convenu.
Cette méthode paraît simple et facile , elle éta-
blit une unifoimitè si commode et si agréable
dans l'écriture , qu'on ne saurait l'abandonner.
Que disent les partisans de la vieille ortho-
gravjhe ? u Puisque tout est de convention, et
51 que vous ne mettez pas Ve où vous le pro-
!) noncez , qu'importe que vous lui substituiez ai
i'> ou oi ; ce sera toujours un équivalent et non
II pas la chose. Vous défigurez les ouvrages de
S) Boileau , de Racine , et l'Europe moderne ne
>i pourra plus les lire. '»
Ce soat-là les propres expressions de quelques
grammairiens instruits que j'ai consultés.
Mais , d'abord , convenons d'un fait : c'est que
la sillabe ai n'a jamais été prononcée clans notre
langue qu'en e : comme dans , haine, haie , plaire ,
faire , j'aime , etc. ce qui déjà lui donne cet avan-
tage sur la sillabe oi, qui , aux tems conditionnels
près , conservait à l'infinitif des verbes eux-mêmes,
le son fort qu'on lui connaît : vouloir pouvoir ,
etc., et, pour le dire en passant; c'est surtout
dans ces verbes qu ou remarquait cette bigarrure
choquante , car il falait écrire également par oi
vouloir et je voulais , pouvoir et je pouvais.
Lai présente donc un avantage réel et incon-
testable , en ce qu'il a invariablement le son de
J(, pendant que loi , de variable qu'il était,
acquiert lui-même une prononciation constante
ei invariable.
On ne verra plus dans la même ligne, /oi et
/aîblesse , noise et con/iaiisance écrits de la même
manière.
Quant à la 2' objection, on sent bien qu'on ne
peut guère s y airêier. En effet , parce que Racine ,
Boileau , Montesquieu , J. J. ne se seront pas
occupés de perfectionner 1 orthographe ; parce
qu'ils auront orthographié comme les hommes de
leur teins , faudra-t-il nous condamner à écrire
les mots avec les lettres dont ils se sont servis ?
autant vaudrait-il dire que , pour conserver intacts
Marot et Montaigne , il eât falu ne pas changer
leur orthographe.
Nous devons toujours tendre au perfectionne-
ment ; c'est là l'ordre naturel des choses; mais au
resie , que les amateurs des élymologics et ceux
de l'onbographe dé l'académie , veuillent bien
considèrer'que l'introduction de la nouvelle mé-
thode ne change rien aux mois , absolument rien,
l.a langue écrite n'y perd pas un seul h, un seul;i ,
lettres si respectées de quelques pcisonnes,et
souvent si inutiles; 1';' sur-tout, qui pourrait tou-
jours être remplacé par l'i simple.
J';iime à croire i]u'un jour , à l'exemple des
Italiens, nous porterons une dernière main à la
réforme de notre Orthographe , et je joins mes
vœux à ceux de tous Us français amis de leur
langue, pour qu'une auiorité dans la république
des lettres, telle que I inaiilut . s'occupe de cet
objet important.: car, tant que la réforme ne sera
solliciiée que par nu' iques voix isolées, quelque
conviction qa'aurjiLnt de son urgence les esprits
éclairés , elle ne s'opérera pas, ,La réputation
colossale'de Voltaire aurait pu peut-être produire
ce cliaiigenient; mais il ne fit, pour ainsi dire,
que l'indiquer. En attendant cette heureuse ré-
volution dans l'écriture, je crois qu'il est utile,
et sur-tout inlininient commode pour nos enlans ,
d'adopter exclusivement l'orthographe du philo-
sophe , et je ne vois pas de mollis raisonna'olcs
den proiciire l'usage.
Déjànouïavons des ouvrages précieux, comme
les Voyages de Lapeyrouse , et beaucoup dauues,
qui joignent la typographie la plus soii^née à
1 avantage de la nouvelle orthographe. J avoue
que j'ai été étonné de voir les traductions récentes
des Voyages de Néarque et de Van ,Couy«r, sorties des
presses de la république, imprimées diférament;
aujourd'hui sur -tout que la nouvelle manière
d écrire est presque d'un usage général , et que les
auteurs dtr Mercure de France , qu'on n'acct-sera
sans doute pas d'être des novateurs , n'ont pas
hésité à s'en servir.
Je ne puis m'empêcher , en finissant , d'observer
aux aniagonisies de la nouvelle orthographe
homme , et comme la pierre de touche pour
juger r»me des lecteurs. Les uns croyent que
la lecture de cet ouvrage n'est propre qu'à en-
courager au vice , et d'autres n'y trouvent que
des leçons des vertus sociales , et en rapportent
même un sentiment d'hoàteur contre tout séduc-
teur de linnocence.
La diversité de jugemens si opposés , ne vient,
selon nous , que de la moraliié ou de U corrup-
tion des personnes qui lisent ce roman. Celles-ci ,
dans les malheurs de la venu , s imaginent y voir
une excuse à leurs vices; taudis que la vertu mal-
heureuse n'inspite à ctlles-là «junn sentiment
d'horreur et d'indignation comte son persécu-
teur et son bourreau.
Piix , 2 fr. pour Paris , et 3 fr. pour les dépat^
lemens, franc de pon.
A Paris, chez Lenormand, rue des Prêtics-
Germain-l'Auxerrois ; et chez le cit. Dujour,
Palais-Egalité.
Spectacle historique , ou Chronologie des princi-
paux evénemens , depuis la fondation de la monar-
chie des assiriens jusqu'à la fin de l'empire d'Oc-
cident ; 2 vol. in-l2.
Prix , 3 fr. pour Paris , et 4 fr. 5q cent, pour les
déparlemens.
Le même in-8° , î vol. Prix , 4 fr. 5o cent. , et
7 fr , franc de port.
A Paris , chez Léger , libraire , quai des Augut-
tiris , n° 44.
Cet ouvrage est sur-tout destiné à la jeunesse ;
mais il convient aussi aux personnes d'un âge
plus avancé. Il est la chaîne immense des faits
dont se compose 1 histoire générale , à mesure
quelle s'éloigne des tems modernes. .•
La réduire à ce qu'elle offre de plus intéres-
sant, la dégager de tout le merveilleux qu'une
saine critique nous fesait rejetier dans les livre»
des anciens , c'est à la fois soulager la mémoirt
et guider le goût ; ajoutons que les gens instruit»
qu'ils ne sont pas toujours d'accord avec eux- | aimeronlà trouver une analyse de leurs première*
mêmes , car ils écrivent au moins comme nous 1 études.
anglais , français , hollandais , etc. . et sur quoi Ainsi l'ouvrage classique que nous annonçons,
fondent-ils cette exception? sur l'usage, qiti sera également recherché des élevés et del
maîtrise jusqu'au grammairien. Mats je pourrais
leur demander cju'est-ce que l'usage , si ce n'est
le concours des volontés sur certains points ?
L'usage n'est donc qu'un être de raison auquel
nous devons plutôt commander qu'obéir.
FtRMiGiER, maison Sulpice.
C O URS DU CHANGE.
Bourse (iu 27 fructidor. — Courj des effets publics
L'individu soi-disant fils du roi de Perse , et
deux citoyens s annonçant comme ses interprètes,
nous ayant présenté la note qu on va lire . et l'ayant
signée ..nous n'avonspas cru pouvoir nous refuser
à son insertion. La voici :
NaderMirracha , filsdeCharoucha , roidePerse,
dénoncé comme imposteur par le cit. Olivier ,
membre de linstilui , ledit Nader demande à
comparaître avec le cit. Olivier, devant telle
autorité que le gouvernement voudra. Il invite
tous ceux qui parlent perse , turc , russe , allemand
et chinois , qui auraient des connaissances sur son
origine , ou sur son pays , d'en faire part au gou-
vernement, espérant prouver évidemment qu'il
n'en n'a pas imposé , et quil est prince du sang
ainsi qu'il l'a annoncé.
Parii , ce 26 fructidor an 8 de la république
française.
Ici se trouve la signature de l'étranger
en caractères orientaux.
Signé à l'interpiétation par nous, Antoine Cortao.
D uBois , capitaine d artillerie.
GEOGRAPHIE.
Mappemonde philosophique et politique où sont
tracés les voyages de Cook et de Lapeytouse, à
laquelle se trouvent jointes des notes exphcatiVes,
des tableaux du nombre présumé des habilans de
la terre , par L. Brion père , ingénieur-géographe ;
prix , 4 fr. coloriée. A Paris , chez I auteur , rue
lies Francs-Bourgeois , n° 127 , et chez Bance ,
rue du Petit-Pont-Jacques , n° 97.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid . .
— — Effectif.
Cadix ■
Effectif
Gelées effectif
Livourne •
Bàle.
à 60 jour*.
Î7i
Lyon... . :;
"Marseille. î
Bordeaux. . ■
Montpellier
a 20 jours.
à 20 jours.
I p. à vue.
i p. à 23 jours.
Effets publics.
LIVKESDIVERS.
La Victime du\Préjugé,.paT Mary Hays, auteur de
Lachapeile Dayioa , 2 vol. in-is, 2« édition,
eûrichie de gravures , traduit de l'anglais.
L'on peut regarder ce roman comme un mo-
nuoieni propre à exercer la bizaricrie de 1 esprit-
Rente provisoire 17 fr. aS c.
Tiers consolidé Sa fr. 25 c.
Bons deux tiers. ,. . I fr. Sg c.
Bons d'arréragé 83 fr.
Bons pour l'an 8 . 88 ft. 63 c.
Syndicat 64 fr. a5 c.
Coupures. . 64 fr.
Acl. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjje et des Arts.
Auj. relâche.
Théâtre du Vaudeville. Auj. les Avant-
postes ; la Matrone d'Ephest , et un seul Violon pour
tout le monde.
Théâtre DE LA Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la i = " repr. d'Etéonore de Rosalba , pièce à
spectacle , et ['Epreuve excusable..
Théâtre du Marais , rue Cotture-Catherine.
Le 3o , la 8"^ repr. des Charlatans littéraires , com.
nouv. en 5 actes , et le Chaudronnier de Saint-
Flour.
^ y^
L'iiboaaei
lent se Fait à PaTÎs lue des Foilevius , n* iS. Le prix eit de 33 francs pour trois mois , 5o fraoct pour 6 moit , et 100 fra
euccmcQi de chaque mois
Il faut adresser leî lettres etl'aigent , franc de poft , au cit. Ag as s e , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins
payi oa l'on ne peûi^ffiaiichir. t.es lettres desdepa,rtemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
^ H faut avoir soin , pour plu» ai sûreté, de ctiSrgei- celles qui renferment des valeurs, et adresser loui
Poiicrini , uS iS, depui tn'eu.f heures du matia jusqu'à cinq Ucares du soir.
/ ■ " . .
LQCs pour l'année entière. Ou ne s'aboûne
S. Il faut comprendre dans les envois le porc dei
qui concerne la rédaction de la feuiîle , au rédacteur, rue des
A Parii , de l'iBigiimeiie dti cit. Agisse , propriétaire du'Moniteut , r"« des Poitevins, n" *5.
\.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
A^° 359.
Monidi , 29 fructidor an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripreurs qu'à dacer du 7 Nivôse le MoNITE UR esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenr , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su :
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I EUR.
ANGLETERRE.
Londres, ig fructidur. (6 septembre.)
Jamais la récotte des pommes de terre n'aura
été aussi abondante en Irlande. Heureux effet
de l'union, s'écrient les partisans de celte mesure !
Feu le nabab Asuph-Ud-Dow!ah dépensa pour
les noces de l'assassin visir Ally , son fils adoplif,
]a somme prodigieuse de sept lacks de roupies.
( 70.000 liv. sterl. , ou 1,600,060 fr. )
On compte 20,000 danois ou suédois em-
ployés sur nos flottes. Bien certainement ils
seraient rappelés dans leurs pays , si nous ve-
nions à nous brouiller avec ceux-ci.
Au retour des courses d Ennisklllen, MM. Wel-
]is et Crawford , servant tous deux l'yeomanTy ,
se prirent de querelle et se battirent. Le dernier
a été tué , et le comte d Enniskillen fait re-
chercher le premier.
Un maître de navire à qui on a trouvé à son'
bord 1 15 liv. de poudre , c'est-à-dire 90 livres de
plus que n'en alloue l'acte du parlement , a été
condamné à payer deux schellings par livre de
trop. Conformément au même acte , il a été
misaussi à l'amende pour avoir plusieurs fusils
chargés à bord.
M. Cooper, mort dernièrement à Leatherhead ,
a laissé une fortune de 80 mille ^. st. ou 1,920,000
francs. Il avait commencé par être cocher ; il se
fit ensuite boulangei , et il a fini par être brasseur.
Il a paru dans la rivière de 'Whampo , près du
comptoir anglais à Canton , une nouvelle espèce
de poissons , qui ont quatre yeux . dont deux
sont toujours hors de l'eau. Ces poissons , de. la
grandeur d'un éperlan , nagent avec une rapidité
incroyable.
Un jeune veau étant entré dernièrement dans
la rivière de Blackwater près Youghall , pour se
désaltérer, fut saisi au nez par un brochet. Aux
cris du veau , et aux efforts qu'il fesait -pour se
débarrasser du poisson , qu'il avait entraîné à
environ 5o verges de la rivière , accourut un
passant qui , d'un coup de pierre , tua le brochet.
On a trouvé dans l'estomac da cet animal vorace
Vn groi rat , une perche toute entière et des
débris de plusieurs autres poissons. Il' pesait 35
livres.
Valeur approximative des terres
de la Grande-Bretagne , 924,000,000 st.
Des maisons, 170,000,000
Des bâtimens , etc. 102,000,000
I>es vaisseaux , etc. 16,000,00,0
De l'argent en circulation , î5,ooo,ooo
Desmarchand. en magasins, etc. l3, 814,000
Des march. de fabr. et en vente , 22,267,000
Des meubles raeublans , etc. 26,026,000
Total 1,298,607,000
(Extrait de l'Albion, dv Morning-Hérald et du
Morning-Post. )
INTÉRIEUR.
Les Sables , le \g fructidor.
LES préposés aux douanes, des brigades du
Cayola et du Perray , à la tête desquels était le
iJeunn.Tnt d'ordre de la division deJard,onl,
le l5 de ce mois, par leur bravoure et leur
bonne manoeuvre, empêché un chasse - marée
breton d'eue pris par la chaloupe et le canot d'un
v-isseau de guerre anglais, qui le poursuivait
depuis sa sortie de Belle-Isle. Deux de ces pré-
posés jugeant par la manœuvre de ce chasse-
marée , de l'embarras où il se trouvait , et le voyant
d'ailleurs poursuivi à forces de rames , par ces
deux embarcations , sont allés à son bord à l'aide
d'un canot , et l'ont piloté dans le havre du
Perray, tandis que leurs confrères, au nombre
de «ept , divisés des deux côtés de l'embouchure
du port, ont soutenu , pendant une demi heure ,
par un feu de mousqueterie , celui des deux em-
barcaiions armées de pierriers et de fusils, et
montées de plus de 20 horfTmes , qu'ils ont for-
çai d'abaudonner le chasse-aiarce.
Cette action montre évidemment le courage de
ces préposés , et leur amour de la patrie.
La frégate ennemie qui a paru le 5 au malin,
a été obligée , par les mauvais lems , de quitter
l'entrée du permis Breton ; elle s'est rendue à
l'Isle-Dieu 1 011 il y a maintenant deux frégates et
un vaisseau anglais , qui empêche le convoi qui
est à Fromentine de se rendre ici et dans les
autres ports du sud.
Le 8 , il est sorti d'ici plusieurs bâtimens sous
l'escorte d'un bateau canonnier.
[Extrait de la Feuille périodique des Sables ,
département de la Vendée ]
Paris , le 2^ fructidor.
Un jeune militaire du département de laMeuse ,
attaché au premier régiment de hussards , et au-
paravant officier de santé de marine, s'est brûlé
la cervelle , le 20 de ce mois dans son auberge
à Dijon. Ce jeune homme , doué de la plus heu-
reuse figure , paraissait avoir r'.cçu une éducation
soignée : un instant de faiblesse , le besoin peut-
être , l'a conduit au crime , et le remords a armé
son bras. Peu de suicides ont offert l'exemple
d'autant de détermination , de. présence d'esprit
et de sang-froid. Dans difierens écrits qu'il a
laissés , et pailiculiéreraent dans deux lettres ,
qui ont un caractère d'originalité , sans annoncer
de dérangement dans le cerveau de celui qui les
a écrites , il n'annonce point la Cause de son sui-
cide. Dans l'un d'eux seulement, il laisse échapper
celte exclamation ; oui , je suis iin grand scélérat !
On ne voit nulle part qu'il ait cherché à combattre
sa résolunon.
■ — Le Citoyen Eranqais annonce que madame
Rheinard , épouse du ministre de la république
auprès du gouvernement helvétique, a reçu d'une
société phiLniropiquedeHambourg, une somme
de 1060 livresdeSuisse. dont là moiiié est destinée
pour les cantons ravagés par la guerre , et l'autre
moitié à l'insliti't établi à Berihoud , sous l'inspec-
tion du cit. Pestalozzi.
— Le 3o fructidor, à 11 heures et demie, il
sera célébré dans le temple de la Victoire ( Sul-
pice ) , une fête à [Instruction.
— Un ancien usage attirait dans les premiers
jours de l'automne les habitans de Paris àSaint-
Cloud , et il faut avouer qu'aucun lieu n'était
plus propre à faire goûter aux gens de la ville
le charme de cette saison si riche et si gracieuse.
Ce n'était pas qu'un grand appareil , ni de pom-
i peux spectacles y fussent ordinairement disposés
pour amuser la foule ; mais un teins serain et
doux qui succède aux ardeurs de la canicule ,
un site enchanteur , des eaux jouant sous niille
formes , des gazons verds et des ombres
épaisses , ont de grands charmes pour des
hommes qui vivent habituellement entourés de
murailles , et marchent sur des pavés sales ou
brûlans.
Beaucoup de gens allaient à Sainl-Cloud pour
s'y réjouir, d'autres y allaient pour voir ceux-ci ,
et par une sorte de contagion, cliacun se pres-
sait de se rendre oii il voyait marcher les autres.
Il y a dans tout pays de ces rendez-vous pério-
diques qu'a consacrés le tems , auxquels de
longs souvenirs prêtent un charme toujours re-
naissant, et qui plaisent aux peuples moins en-
core par les plaisirs qu'ils promettent , que par
ceux qu'ils rappellent.
Lorsque des troubles civils, desmalheurs publics
interrompenl ces innocentes habitudes , an peut
s'étourdir sur cette privation , que des peines plus
sensibles dérobent à l'imagination ; ma'S l'homme
réfléchi voit dans la cessation des paisibles jouis-
sances , le symptôme des communes inquiétudes ;
et lorsque le public , ramené par le repos , aux
idéescaimes, auxémoiions douces , revient goûter
de simples jeux, cherche d innocentes distractions ,
il en conclut avec joie que la confiance et la satis-
faction sont rentrées dans les cœurs.
Quel citoyen , ami de son pays , n'a dû faire
hier celle réflexion en voyant , dès le matin , ces
longues colonnes de gens de tout sexe , de tout âge 1
et de toute proiession qui couvraient les roules ,
les avenues de Suint-Cloud , qui semblaient assié-
ger le parc , et se pressaient à toutes ses issues? 1
La liyicrc était émaiUèe de bat«kis ; les chemins , {
les ponts étaient encombrés de voitures , de char-
rettes et de cabriolets. Tel est parti le matin , qui
est revenu bien avant dans la nuit, sans avoir pu
pénétrer jusques dans le village. Chacun s'égayait
de son embarras et de celui de ses voisins ; on
allait moins pour arriver que pour aller , que
pour voir ceux qui allaient.
Femmes charmantes , bons vieillards , aimables
enfans , où courez- vous si empressés? Ah! le
vrai spectacle qu'offrait celte fête , le coup-d'œil
vraiment touchant , c'était celui que vous pré-
sentiez vous-mêmes. C'était vous qu'il fallait voir
libres d'inquiétudes , vous abandonnant sans
crainte aux riantes sensations , et montrant sur
vos fronts épanouis, et loubli du passé , et une
douce sécurité sur l'avenir. P. V. B.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Par arrêté des consuls , en date du 23 fruc-
tidor, le citoyen Bernard Saffroy , ancien pro-
cureur , a été nommé avoué près le tribunal
de l^^ instance séant à Paris , en remplacement
du citoyen Chappalte , démissionnaire.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul delà république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite disiinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen Louis Launai , caporal des grenadiers
dans la 4^' demie-brigade de ligne , à l'affaire
qui eut heu le 6 prairial an 8 , oii la compagnie de
grenadiers , dont ce militaire fait partie , ayant
essuyé un coup de canon à mitraille , qui lui mit
sept hommes hors de combat, (e citoyen Launai,
à côté duquel ils étaient tombés , chargea aved
impétuosité , et arriva le premier sur l'une des
bouches à feu de l'ennemi , qui restèrent au pou-r
voir des français ;
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d honneur.
Iljouira des prérogatives attachées à ladhe ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 28 fructidor: an 8 de la ré-
publique fançaise.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul , 1
Le secrétaire-d état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , Caknot.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte, premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de'la con-î
diiite disMnguée ev de la bravoure éclatante dii
ciioyen Angedé , fusilliet dans la ^8' demie-
brigade de ligne, à l'affaire qui eut lieu le 16
prairial an 8 , à la prise du village de Kirchberg ,
où ce brave et intrépide militaire s'est emparé le
premier d'une pièce de canon ;
Lui décerne , à titre de recompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Patis , le 28 fructidor, an 8 de la
république, française.
Le premier consul. Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétiiire-d'état , sigrté, H. B. Maret.
Le minisire de la guerre, signé, CarnoI'.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS;
Brevet d'honneur.
Bonaparte, premier consul delà république,»,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con*
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyenjean Bulet, fusillier à la 48° demi brigade
de ligne , à l'affaire qui eut lieu le l6 prairial
an 8 . à la prise du village de Kirchberg , où cet
intrépide militaire , entouré par cinq cuirassier»
autrichiens , parvint seul à s'en débarrasser, aptes
en avoir tué deux , et mis en fuite les troil
autres ;
Lui décerne, à titre de récompense naiiouaU,
un fusil d'hotinsur.
II jouira des prérogatives attachées à kdite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
, Donné à Paris le 28 fructidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
' Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé, Cahnot.
Au NOM DtJ PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet dhonneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a éié rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclaianie du
citoyen Richard, tambour de grenadiers dans
la 48* demi-brigade de li.nne , à l'affaire qui eut
lieu le 16 prairial an 8 , à la prise du village' de
Kirchberg , où ce brave militaire a constam-
ment battu la charge sous le feu de l'ennemi ,
et encouragé avec énergie ses camarades , en
matchant toujours un des premiers.
Lui décerne à tiire de récompense nationale,
des baguettes d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 27 fructidor , an 8 de la
république française.
Le premier consul, sigrié , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
1460
leur tenir liea de notification , et leur servir de
titre pour constater leur qualité.
A Paris , ce sS fructidor an 8.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H., B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
NotE indicative des départemens qui ont exécuté avec
zèle la loi du 4 vendémiaire an 8 , qui ordonne une
levée extraordinaire de 40,000 chevaux pour User-
vice des armées.
Noms DBS DÉPATiTEMENS.
ÇUr ONT FOUltNI
AU-DELA PE
LEUR CONTINGENT.
Aveyron.
Ci^UI ONT TERMINE
Alpes (Hautes)
Lot-et-Garon.
^UI SONT
SUR LE POINT
DE LA TERMINER.
Landes.
Deux-Sêvres.
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis le
16 fructidor , jusqu'au 26 dudit.
Le nombre des chevaux levés à
1 époque du 16 fructidor, était de... 43,060
Ceux levés depuis , s'élèvent à. . . . 868
AU NOM DU PEUP LE français.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république , 1
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen DuÈFot, grenadier, to' de ligne, à
l'affaire du si germinal an 8 , à la prise d assaut
delaredoute deSettepani: Il deini-brig. élaui arri-
vée à soo pas de distance de cette redoute , le cit.
Duffot se lança avec rapidiié sur l'ennemi , et
par celte acdon hardie détermina ses camarades
qiii suivirent son exemple et enfoncèrent la
ligne postée dans la redoute , où cet intrépide
grenadier entra le premier ;
Lui décerne , à dtre de récompense nationale ,
un fusil dhonneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 28 fructidor , an 8 de la
république fançaise.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
SENAT -CONSERVATEUR.
Extrait des registres du sénat-conservateur , du s8
fructidor , an S de la république.
Vu le message des consuls de la république,
du 27 thermidor dernier, annonçant le décès du
citoyen B.iyard , l'un des juges du tribunal de
cassadon.
• Vu pareil message du 5 de ce mois, annon-
çant la non-accepi?.tion du citoyen Buhan ( de la
Gironde), nommé juge au même tribunal, le
J7 germinal dernier.
Le sénat-conservateur , réuni au nombre de
membres prescrit par l'article XC de la consti-
tution , procède , en venu de l'article XX , au
remplacement de ces deux fonctionnaires.
La majoiité absolue des suffrages , recueillis
au scrurin individuel , se fixe sur les citoyens :
Lasaudade, ex -substitut du commissaire du
gouvernement près le tribunal de cassadon ;
Et Seignette (Henry) , ex-président du tribunal
de cassation , président actuel du tribunal de
révision , à Trêves.
Ils sont proclamés., par \e président, membres
du tribunal de cassation.
Le sénat-conservàteur arrête que cïi nomina-
tions seront notifiées par un message au corps-
législatif , lors de sa rentrée , au iribunat , et aux
consuls de la république.
Signé, LEMZKCit.R , président ; Kellermann et
■Garât, secrétaires.
Par le sénat-conservateur ,
Le secrétaire-général , signé , [Cauchy.
Bonaparte , premier consul de la république ,
ordonne que l'acte du sénat-conservateur , qui
précède , sera inséré au bulledn des lois ; le mi-
nistre de la justice enverra à chacun dt
Total au s6 fructidor.
43,928
La tranquilliié publique se rétablit dans les
départemens de l'Ardêche , de Vaucluse et des
Basses-Alpes qui , depuis quelque teras , étaient
le théâtre du désordre et de la rébellion.
Les changemens favorables qu'éprouve la situa-
tion politique de ces contrées sont dus à la solli-
citude du gouvernement, qui a bien voulu accorder
aux hommes égarés et aux réquisilionnaircs et
conscrits , que la séduction ou la crainie rete-
naient parmi les bandes armées , la faculté de
rentrer dans la Wgne du devoir et d'effacer le sou-
venir de leurs erreurs , par l'exemple du dévoû-
ment et de la soumission aux lois de la répu-
blique.
Le général de division Férino , commandant
dans ces départemens , a éié autorisé en consé-
quence , par ariêté des consuls , à accorder am-
nistie à ceux qui se soumettraient sincèrement
aux lois» et à réserver le développement des
forces qui sont à sa- disposition , conire les indi-
vidus qui persisteraient dans la révolte et le bri-
gandage.
Cette mesure' indulgente et sage vient d'être
proclamée par ce général , de concert avec les
préfets. La justice , la prudence , les connais-
sances locales en ont dirigé I applicadon ; les
succès qu elle obtient journellement remplissent
les intentions du gouvernement ; ils présagent la
fin prochaine des troubles , et le retour inva-
riable de l'ordre et de la tranquillité.
Signé, Carnot.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Paris , le 28 fructidor , an 8 de la république fran-
qaise , une et indivisible.
Les poursuites contre les brigands qui ont
volé la diligence de Bordeaux, le 3 de ce mois,
continuent avec succès et activité.
Par les soins du commissaire général de police
de Bordeaux, qui a expédié un courrier à Saintes,
un des voleurs y a été arrêté le 20 de ce mois,
il se nomme Roubaud. On a trouvé sur lui
une partie des quadruples , et autres espèces
volées.
«
La bande était de sept voleurs ; déjà cinq
sont entre les mains de la justice.
NotJ;S avons aiinoncé avec quelle solennité la
distribiition des ,,pri3^ décernés aux élevés de
l'école centrale avait eu lieu dans le département
de la Seine ; nous recevons d'un grand nombre
d'autres départemens des détails non moins inté-
ressans sur ces cérémonies où le travail et l'étude
trouvant une digne récompense , excitent une
émulation qui enfante à son tour une étude plus
utile encore et des travaux plus élevés. Partout
les progrès des élevés paraissent avoir répondu
au zèle, aux soins, aux talens de leurs maîtres.
P.îr-tout l'autorité a mêlé pour les uns et les
autres de justes tncouragemens à d'utiles pré-
ceptes: par-tout les pères de familles ont dû re-
connaître que leur confiance dans les insritutions
républicaines n'avait point été v»ine ; les succès
toyens Lasaudade et Seignette , un exemplaire I des enfans ont été la juste recompense du ci
du bulletin des lois où cet acte sera inséré , pour i visœe éclairé de leurs psvcns.
C'est un pcre de famille qui nous transmet les
témoignages de sa satisfaction et de sa recon-
naissance pour les professeurs de lécole centrale
établie à Laval.
" Cette école, nous dit-il, donnait, dés les
premiers jours de son organisation , Us plus heu-
reuses espérances. Elle les a réalisées : les exa-
mens ont duié quatre jours; leur résultat a été
assez salisfesant pour faire reconnaître que le
nouveau système d'enseignement peut l'emporter
sur l'ancien, en ce qu'il a lavanlage d'embrasser
plus d'objets d'instruction- à la lois, en abrégeant
le terme des éludes et en en facilitant le cours.
Une plume plus exercée que la mienne pourrait
peindre les délicieuses sensations qu un père
éprou'.e, en voyant son fils couronné partes
magistrats , sous les yeux de ses maîii'es ; nul ne
peut mieux sentir et apprécier mieux que moi,
et le zcle des premiers , et les rares talens des
seconds, d
La distribution des .prix de l'école centrale du
département de Lot-et-Garonne , a donné lieu à
un discours du piéfet. Nous le croyons , comme
la peisonne qui nous l'adresse , digne . sous tous
les rapports, de frauihir les limites du départe-
ment où il a été prononcé. Les passages suivans
nous ont paru particulièrement remarquables.
)> Le siècle que termine celle année , sera connu
dans la postérité comme l'époque où les connais-
sances humaines et la philosophie ont imprimé
le mouvement le plus rapide et le plus sûr aux
facultés intellectuelles. La révolution française ,
en donnant un nouvel élan à la tendance des
esprits vers toutes les vérités , a paru quelque
lems faire succéder une sotie de désordre à la
rnarche réglée qui amenait lour-à-tour quelque
découverte intéressante ; le voile de la nature
que les philosophes soulevaient peu à peu , se
déchira , pour ainsi dire tout d un coup ; ua
grand peuple , ébloui de cette vive luipiere dont
1 éclat le frappait , ne pouvait guercs porter d'a-
bord , dans l'exatncn de tous les objets qui par-'
tageaient à la fois ses regatds étonnés , cette
méthode analytique ijui permet d'en apprécier
sûrement les détails. La pteniiere idée raison-
née qui suivit une émotion si vive , se porta sur
la néceSiité de faire tourner à l'avantage de la
société toutes les conquêtes de la p-.-iisée. L'ins-
truction publique fut organisée et graduée j elle
fut dirigée vers tous les objets sur lesquels de-
vait se fixer la méditation pour le perfeclioune-
roent de l'esprit et l'amélioration des institutions
humaines. La réunion des sciences et des beaux-
ans dans les écoles centrales fut le premier fruit
de cet heureux apperçu ; elle constituait seule
une éducation nouvelle.
j' C'est à l'élude de la nature et des sciences
malhémaiiques qu'il appartient de donner de l'é-
tendue à l'esprit , de la rectitude au jugement et
des principes sûrs iu goût.
)> Je me suis empressé de concourir à la no-
mination des chnires vacantes. . . et le champ de
l'instruction , agrandi pour ceux qui sentiront
l'importance des moissons qu'il leur promet ,
verra bientôt une nombreuse jeunesse aspirant
eh foule à les recueillir. Ehl qui pourrait mé-
connaître les avantages d'une éducation qui sem-
ble placer un flambeau sur chacune des routes
des sciences et des arts ! . . .
)) S il fut un tems où !e caprice du hasard pou-
vait tenir lieu de mérite , aujourd'hui chacua
est obligé de se présenter nud dans la lice....
)) Jeunes gens , entreprenJrîez-vous un voyaga
de long cours, sans les provisions nécessaires qui
vous seraient indiquées par un ami déjà parvenu
au but de votre course? Eh bien.' ce voyage
c'est la vie ; cet ami , c'est l homme éclairé par
le tems ; cet provisions , ce sont les trésors de
létude.
)> Pères de famille , l'état a placé à votre portée
des hommes dignes de confiance et capables de
vous suppléer. Puisque les pères ne peuvent pas
tous être instituteurs , les instituteurs doivent
tous être des pères. Les leçons qu'ils donnent à
leurs élevés , ne sont qu'une partie des obliga-
tions qui leur sont imposées ; leur exemple doit
être la leçon la plus constante, comme il sera la
plus efficace.
Dans le département de l'Indre., vingt deux
écoliers ont été couronnés, après avoir subi l'exa-
men le plus severe. Il n'y en a eu que deux
pour l'étude des langues anciennes; ce qui prouve
qu'il est besoin de recommander fortement aux
pères d'y consacrer leurs enfans : s'attacher à
démontrer leur extrême udlité , et faire sentir,
que si elles ne sont pas d'uri usage habituel , elles
sont presqu'indispensables pour la connaissance
exacte de celles qui sont en usage , serait établir
une vérité reconnue , mais qui a besoin d'être
i rappellée.
I Dans le même département , on a eu une
, preuve nouvelle du goût qui porte les éleyes
; vers l'étude des sciences exactes , et de l'apti-
tude qu'on découvre en eux à cet égard. Des
I jeunes gens se sont pré^eniés aux classes de
mathématique «t de phisitjue sans avoir olxchu
»ur d'autres objets, une grande instruction pré-
liminaire , et y ont tait des progrès rapides et
léels.
Les départ.-raens du Lot et de l'Allier, ont
obtenu les mêmes succès , et produit les mêmes
résultats. Nous ne croyons pouvoir mieux ter-
miner ces rapprochemens qu'en citant quelque
passages du discours du citoyen Guiraudet ,
préfet de la Côtt-d Or , en couronnant les éle-
vés d'un département si fertile , et en intiépides
défenseurs de l'état , et en hommes justement
célèbres dans tous les genres, n Mes amis , leur
disait-il , ( en s'excusant de suspendre quelques
instanis les mouvemens de leur impatience),
vous êtes plus ou moins avancés dans la car-
rière de l'étude. Des dispositions plus ou moins
heureuses , une assuidaé plus ou moins sou-
tenue, vous ont fait maicher d'un pas nécessaire-
ment inégal.
5> Mais il est un point auquel vous devez vous
léunir tous; il est un trait auquel on doit vous
leconnaître totis ; un seniimeni qui doit être le
même chez tous , celui de votre reconnaissance
envers vos maîtres.
5> Que de formes différentes ne sont-ils pas obligés
de donner à la même pensée pour la faire em-
brasser , retenir par des enfans d'âge , de carac-
tère et de conception également difFércns ! 'Vous
connaissez et Virgile , et la fable de Protée , et
ce puissant devin qui , tour à lour , devenait
serpent , taureau furieux , flamme dévorante. Eh
bien ! pour faire saisir à chacun de vous telle
mérité , telle leçon , il leur a fallu souvent la re-
vêtir de couleurs aussi diverses , lui donner des
formes aussi va/iécs , que le poëte en a prêté
à cet être fabuleux qui veut échapper au curieux
qui le consulte.
n Ce premier précepte est facile à retenir et plus
facile encore à observer en ce moment. Ce' n'est
pas à votre âge , si près du bienfaiteur et du
bienfait , qu on est tenté d être ingrat. Mais ce
qu'il faut, c'est de conserver ce sentiment au
sortir de vos études , df: le conserver toujours,
de vous en honoici' à jamais , d'en faire le ciiarme
de votre jeunesse , le devoir de votre âge miîr.
5) Une partie de votre tems est consacrée à
letu-de des langues anciennes ; c'est l'emploi le
plus utile , le plus éclairé qu'on puisse faire de
vos jeunes ans. Ces langues vous fourniront le
seul moyen assuré de savoir un jour la vôtre;
c'est par elles que vous voyagerez avec fruit dans
le passé, pour en enrichir le présent; il faut le
dire : presque tous ceux dent les ouvrages vivront
dans l'avenir, ont commencé par faire cette route.
Le but devient plus difficile à atteindre , et semble
s'éloigner tous les jours ; le trajet est si pénible,
la carrière si épineuse ! comment s'exposer à mai-
cherseul, sans guide, sans appui ? comment se
priver de l'avantage de se faire entendre , de con-
sulter en chemin les Homère et les Virgile, et
tous ceux qui l'ont parcourue avec tant de gloire ?
»> Mais ici , l'abus est à côté de l'usage ; il a été
peut-être plus nuisible encore que le défaut :
c'est la ligne qui les sépare , quil importe de
vous indiquer ; c'est au tems , c'est à vos maîtres ,
c'est à vos propres observations , à la renforcer
tous les jours. On a, par un enthousiasme aussi
aveugle , aussi inéfiéchi que le sentiment con-
traire , ou tout vanté , ou tout déprécié chez les
grecs et chez les romains : belles-lettres , sciences ,
arts . institutions politiques ; et la question de
la supériorité des anciens sur les modernes, aussi
insoluble que futile , a été traitée tour à tour par
leurs enthousiastes et leurs détracteurs. Pour tirer
quelque fruit de son examen, il eiit fallu distin-
guer les deux peuples , leurs productions dans
les arts, de celles dans les institutions qui tiennent
au bonheur des nations
»» Voulez-vous mettre à profit et leurs exemples
et ceux de la Grèce? Etablissez, donnez-rious
dans votre patrie , sous un autre ciel , dans d au-
tres climats , et 2000 ans iprès . des institutions ,
t!es chcf-d œvies dans tous les genres , tels , que
dans les mêmes circonstances , les hommes de
génie, grecs ou romains, philosophes, législa-
teurs, pfinires , poètes, il n'importe , nous les
• usseni donnés s'ils eussent vécu nos contempo-
rains. Imiter ainsi , c'est créer , direz-vous ; c'est
peut-être plus diflicile encore
» Sans doute , le succès est difficile : on vous
le peindra peut-être comme impossible; mais
souvenez - vous que le découragement est le
patiage de la médiocrité impuissante , ou de la
Î>aresseuse imbécillité : on vous dira peut-être que
a langue sévère et pauvre ne se prêie ni a la
jroésie ni à l'éloqnence. . . . Souffriticz-vous qu 0:1
calomniât devant vous celle des Bossuet et des
Buffoii ! £b ! depuis quand a-t-elle trompé le
génie ?
I» Et-ce le sujet qui manque ? Mais dans le
genre épique , (juci est le poëte qui peut , comme
vous , être conitmporain de son liéros ?. . . . Mais
dans le ginte bistorirjue , en coiinaisstz-vous de
plus riche , de plus vustc que le récit de nos vic-
loiici , de nos faute» , de nos niiilhcuis et de nos
1451
triomphes ? . . . . Ah ! sans doute , vous ne laisserez
pas échapper cette belle.' occasion de gloire, et
mes vœux , et mes espéiances . et mes souvenirs,
et tant de gages donnés par des ayc-ux célèbres,
tolit me dit que parmi leurs neveux, dont je
vais ceindre le front, j'aurai (e bonheur de ren-
contrer , de couronner , d'embrassr;r ou le Tacite
de la France , ou son Thucydide, ou un Tite-
Live, ou un Apelle, ou un Horaete.
>' Je suis sûr du moins que vous servirez tous ,
et de votre tête , et de votre courage , et de votre
bras , cette patrie qui ,vous donna des soins aussi
tendres. )>
Notice sur la stssion du conseil- général du- dépar-
tement du Cher, assemble du i" au ij^ thermidor ^
jour de sa clôture.
Le préfet, dans son discours d'installation , a
appelé l'attention de ce conseil sur la répartition
des contiibniions , l'ordre adminisiraiif , les dé-
penses , les besoins du déparleincni . lagricul-
tu.'t , 1 industrie, le commerce, les travaux pu-
blics , la navigation iniérieure , l'insiruciion pu-
blrque et les beaux-arts.
Dans l'ordre administratif , la réduction des
justices de paix, la nécessiié de bons gardes
champêtres oui été recommandés par lui d'après
des vues de sagesse et d'économie , dictées par
la Zeie , le besoin des réparations de roules et
l'utilité de la navigation intérieure dont on s'est
tant occupé , ont été sentis par lui , de même
que la néctssiié de ne pas laisser tomber des
manulaciures utiles. Le conseil a voulu essayer
emre les arrondissemens une répartition appuyée
sur des bases justes ; mais chacune de celk-s qu'il
a lenlé de prendre pour rcgle lui présentant un
écueil à craindre , il s'est borné à arrêter après
un mûr exarr^en «i que , d'ici- à sa prochaine réu-
i> nioii , il serait piocédé à la vérification de
!) douze communes ( quatre dans chaque arrou-
1) dissement ) , dans la vue d'arriver à un taux
)) commun , au-dessus duquel le dégrèvement
11 peut être requis et reversé sur les autres com-
1) munes.i'
Il a pris en considération des vues du conseil
d'arrondissement et celles de ses membics , et
a réuni plusieurs cantons sur.primés , à d autres,
soit en totalité , soit partiellement en formant
le voeu que le traiteincnt des juges de paix fût
augmenté et propre à assii-rér les meilleurs
choix.
Il a penséqu'il serait nécessaire , surtout , dans les
campagnes pour assurer l'exactitude des registres
de l'état civil , qu'ils fussent soumis i 1 ins-
pection et au visa des juges-de-paix , et a cherché
en même tems à. pourvoir aux lacuues existantes
pour le passé dans ce; reyisires.
Il a formé le vœu que la nomination des
gardes charnpêues tût confiée à huit propriétaires
de la commune (ou des communes si un garde
exerce sur plusieurs ) dont moitié pris dans le
conseil de la commune et l'autre dans les externes
et qu'il leur soit assuré un sort capable de les
fixer entièrement à leurs fonctions conservatrices.
Il a considéré qu'une bonne culture est une des
principales bases de la prospérité publique, et que
c'est par la réunion de l'instruction et de l'exemple
qu'elleîpeul se perfectionner', et il a formé le vœu
de voir , outre les deux sociétés d'agriculture
existantes déjà dans le département , s'en former
une à Sancerte , et que toutes ces sociétés corres-
pondissent entre elles et surtout avec celle du
département de la Seine , sur tous les objets qui
tendent au perfectionnement île la culture et de
l'industrie , surtout pour la description rurale et
industrielle du sol de la république , et que les
sociétés du département missent tous les ans soys
les yeux du préfet et des conseils d'arrondisse-
ment et de département . le résumé de leurs
travaux ; qu'il fût formé des dépôts de graines
artificielles dans les chefs-lieux d'arrondissement,
et un dépôt d'instrumens agraires au chef-lieu du
département, et que 1 amélinralion des chevaux
et celle des troupeaux fût plus de plus en plus
encouragée.
Il ?. jette les yeux sur. les ipan u factures , a vu
avec peine l'auéantisseraent de la verrerie de
verte blanc établie à Boucard , et formé le vœu
de voir encourager l'imporianle manufacture de
toiles à voiles , de Bourges , du citoyen Butel , et
celle du citoyen Lcmonnier , de toile de colon ,
de siamoise , etc.. etc.; de voir la bonneterie re-
prendre à Bouri;es son ancien' luslre ; des corde-
ries et des labriques de cables s'établir à Sainl-
Amand-sur-Cher . dans le moment oii on va y
former un établissement pour les couvertures de
laine , et où on pense à y introduire des métiers
pour les fabriquer.
Il a demandé, pour les travaux publics, un
secours modéré . m.ais nécessaire , et s est borné ,
en travaux neufs , à proposer ceux absolument
indispensable.'). Deux lieues non achevées rendent
nulle une route imporianie tl artêlc le com-
merce , les communications , etc.
La navigation intérieure est intimement liée
aux chemins d« lerre ; les chemins ^'iimii èh
dlmiriuen' les dél'radalions en même teros qu ds
facilitcni les irans['Ori'i. Le conseil a donc pro-
posé des moyens faciles pour rendre le Cher
navigable, sans oublier le canal désiré des état»
de Blois , désiré depuis si long-tems , toujours
attendu , et dont sétait occupée avec zèle la
prernieic des administrations provinciale» établies
en 1778 dans le ci-devant Berry.
L'instruciion publique et les beaux-arts ne lui
ont pas échappé ; la réunion de la bibliothèque
publique et d'un musée est le but «jae les cir-
constances ne permettent pas d'atteindre encore ;
mais l'établissement d'un jardin de botanique,
le rétablissement d'une pépinière ou même de
] plusieurs , a paru devoir être le premier objet.
Le conseil a vu avec plaidr que la ci devant
adminisiradon centrale avait assuré au mmée et
à 1 école centrale, dix actions ou une double
fondation de la société des amis des arts; ce
qui ne peut que répandre de plus en plus leur
goût et développer les lalens.
Tel est le précis des travaux du conseil-géné-
ral du département.
POESIE.
Tradiiclion en vers des Métamorphoses d'Ovide ,
poëme en quinze livres, avec des commentaires ,
])dr F. de Siiiilange , professeur de belles-lettres
aux écoles centrales de Paris , 2 vol. in-o° d'en-
viron 5oo pnges chacun , ornés de 16 figures ,
imprimés par Cj'apelet , sur beau papier. Prix ,
brochés, 10 Ir. ; sur papier vélin , cartonnés,
Bt fr. , et francs de port par la poste , l3 fr.
papier fin.
A Paris , chez Deterville , libraire, rue du
Battoir, n" 16, ([uariier de 1 Odéon. ,
Chez urie nation éclairée , l'époque de la
gloire des armes est presqiie toujours celle de la
gloire des lettres. Il y a une certaine sympathie
entre tous les hommes supérieurs. Les conquêtes
de Louis XÎV réveillaient les orateurs et les
poëies ; les hauts faits de Coudé fe'^aieni bouil-
lonnei; le vieux sang de Corneille. Ne repoussez
pas les beaux-arts ; ils monteront d eux-mêmes
au niveau de toutes les gratideurs. Tout ce
qui est noble les attire , tout ce qui est élevé
semble de leur famille. Une campagne glorieuse
est souvent la. cause d un poëme illustre. L écri-
vain rougirait de sa-siçriliié , tandis que le héros
entante des prodiges , et pendant que celui-ci
triomphe des ob-tacles qu'opposent les hommes
et les lieux , celui-là surraoute avec une cou-
rageuse peisévérance toutes les difficultés de son
sujet.
Le moment oii paraît l'ouvrage du citoyen
de Suintange , rend ces vérités plus sensibles. Il
a achevé au milieu des trophées , il publie sous
l'auspice de plus d'une victoiie un des grands
ouvrages dont le pâmasse français puisse s'ho-
norer , la traduction complette des Métamor-
phoses d Ovide II fallait, pour l'entreprendre,
plus que du courage ; pour la suivre , plus que
de la constnnce ; pour la fdre bien , plus que
du talent. En eftet , outre l'étendue du poëme
qui ne contient pas moins ' de douze mille vers ,
1 original traite une théologie qui n'est plus la
nôtre, peint des mœurs qui nous sont étratr-
I gères, et dans les ditlérens actes de son poëme,
i fait passer en revue ce que le ciel a de plus
j éclatant, la terre de jrlus aimable, l'enfer de plus
! sombre et de plus, horrible.
Nous ne préviendrons pas le jugement de
public. Il est des ouvrages qui par leur itnpos-
tance et leur exécution surpassent tellement la
mesure ordinaire , que le suffrage d un individu
n'ajoute rien à leur gloire, et quil y aurait de
la présomption à penser même qn'il y pût ajouter
Nous nous bornerons à citer quelrpaes passages,
et nous mettrons d abord le citoyen de Saintan^e
aux prises avec un rival digne de lui , le citoyen
Delille. Ce dernier , dans le second chant de
ses Géorgiques françaises , a traduit une partie
du Combat dHcrcule et d Acheloiis , tiré du livre
IX, fable seconde des Métamorphoses d Ovide.
Ici Acbéloiis raconte lui-même son combat.
Athlète malheureux, en fore*
J'échappe par ta ruse aux mai
De;
rpeii!
inega' ,
de mon rival,
e serpent je pi-ends la forme. immense.
en longs anneaux roule, glisse,, s'élance ;
ac, en si&ant, agite un triple dard,
souriant des ruses de mon art ,
, lire dit- il, les fureurs étouffée^J
Des jeux de mon berceau
Tu les surpasses tous : mai;
A ce dragon qu'à Lerne Her
Ce noir dragon, cette hydi
Pullulait sous le frr, par s
Llne tête , en tombant sous
Enfantait deux vengeurs, d
nt les premiers rophéei.
te compares-tu
:ule a combattu?
; , cporrvante du monde ,
13 pertes féconde.
rocs COULIS iiicurtricrâ ,
: sa gloire hél-itiers.
J'ai dompté ses fureurs sous le fer renaissantes,
Et j'ai vu sous ines pieds ses cent têtes mourantei.
Que te promets-tu donc , quand ta prends contre ntfi
Les atoies d'un ■érpest, qui 3)e lOI^t-pas à toi?
'i'4'52
}I dit, et 3é 9M âoigtî la vivante unaiHe
Serre , écrase mon cou > meurtri aous son écaille*
£nvain d'ongles armé je déchire ses mains ;
Je souffre I9. torture, et mes efforts sont Tains.
Jd cède , et d'un taureau prends la forme nouvelle.
De deux dards menaçans j'arme mon front rebelle.
Hercule , .sans effroi , saisit mon col nerveux ,
Késiste, en leur ct'dant, à mes élans fougueux,
M'entraîne , me subjugue ; et d'une main puissante
Recourbant de mon front la corne menaçante ,
Me renverse à ses pieds sur l'arène étendu.
Ce ne fut pas assez ; son bras ferme et tendu ,
Comme un lévîer terrible appuyé sut ma tête ,
Hompt la corne qu'il tient , gage de sa conquête*
Son usage a depuis consolé mes malheurs :
Par les nymphes remplie et de fruits et de âeurt*
Cette corne devient l'urne de l'abondance.
Il parlait : cependant une nymphe s'avance ,
w robe retroussée, en longs cheveux flottans,
Kt dans l'urne féconde , où les fleurs du printems
Couronnent les trésors entassés par l'automne.
Offre , pour dernier mets , les présens do Pomone*
Desaintange.
Lie second traducteui a mis le combat en
lécit.
Bu fleuve ciibjugué l'onde en courroux marmure :
Aussitôt d'un serpent il revêt la figure ;
11 i\&e , il s'enSe , il roule , il déroule ses noeuds ,
£t de ses vastes plis bat ses bords sablonneux.
 peine il l'apperçoit, le vaillant ÛI3 d'Alcmene
De SCS bras vigourenx le saisit et l'enchaîne ;
n le presse , il l'étouffé , et de son corps moutwt
Laisse le dernier pU sur l'arène expirant ,
Se relevé en fureur et lui dit : Témérafre ,
Oses-tu bien d'Hercule affronter la colère ?
£t ne savais-tu pas qu'en son berceau fameux
Des serpens étouffés furent ses premiers jeux ?
£tonné , furievx as sa double victoire ,
Le fleuve de sei flots prétend venger la gloire »
Il fond sur son vainqueur. Ce n'est plus un serpent,
£}! replis onduleux sur le sable rampant;
C'est nn tauresu superbe, au front large et sauvage;
Ses bonds impétueux déchirent son rivage ,
Sa tête bat les vents , le feu sort de ses yeux j
H mugit , et sa voix a fait trembler les Cieux*
Hercule , sans effroi , voit renaître la guerre ,
Part , vole , le saist , le combat et l'atterre ,
L'accable de son poids , presse de son genou
Sa gorge haletante et mn robuste cou.
Puis , fier et triomphant de sa rage étouffée.
Arrache un de ses dards et s'en fait rm trophée.
Aussitôt lessylvains , les nymphes de ces bords.
Dont il vengea l'empire et sauva les tréjors ,
Au vainqueur qui repose apportent leurs offrandes ,
L'entourent de festons , le parent de guirlandes ,
Et , dans la corne heureuse épanchant leurs faveurs ,
La remplissent de truit, la couronnent de fleurs.
Delille.
Il ne conviendrait pas , en annonçant les Mé-
tanioiph ses. de n en pas rapponci une. Nous
allons citer celle des sœurs de Phaélon changées
eo pcupl eis.
Pour embrasser le marbre inondé de ses pleurs •
Flj.,k-tuse se penrlie , et se plaint à ses soeurs,
Ou'iiiVniobiUs , glaces , ses membres se roidissent ;
Fiiabé veut' accourir , et ses pieds s'engourdissent;
L'une voit ses génome en tronc d'arbre changés;
L'.»utre voit en rnmeaux ses deux bras alongés. ■
1^ maiîi veut arracher ta blonde chevelure,
L?-iiiiJesie ! et ta main se remplit de verdure*
Tanitis que , s' élevant malgré leurs vains efforti ,
L'écurce par degrés emprisonne leurs corps ,
Leur bouche à leur secours appelle encor leur mère ;
Mais que peut-elle , hélas ! que pleurer leur misère ,
Courir de l'une à l'autre, et vingt fois l'embrasser?
Elle fait'plits : sa main, pour les débarrasser.
S'attache aux troncs jaloux , les déchire avec force ;
Mais des gouttes de sang jaillissent de l'écorce.
Elles poussent des cris : Ah ! ma mère , cessez.
En blessant les rameaux, c'est nous que vous blesser;
Vous, nous perdez ; adieu 4 L'écorce qui s'élève ,
Presse leurs derniers mots qu'un long soupir achevé*
Sous leur forme nouvelle , elles pleurent encoi ;
L'ambre , de leurs rameaux distille en Urmef d'ot*
Au feu de ses rayons , le soleil les épure ,
Et la jeune romaine en forme sa parure.
THÉÂTRE DES TROUBADOURS.
Le célèbre peintre et graveur Rembrant était ,
dil-on , UD avare ; semblable à certains auteurs
qui vendent plusieurs fois le même ouvrage , il
usa de toutes sortes de tuses , ou pour vendre
les siens Icwt chers , ou pour eri obtenir une
double rétribution : un jour, il fesait vendre ses
estampes par son fils , comme si elles lui avaient
clé dérobées ; un autre il feignait de quitter la
Hollande ; quelquefois il venuait une épreuve
lorsque la planche n'était qu à moitié terminée ,
puis en retirait un nouveau prix lorsqu elle éiait
achevée : bientôt après , il liji suffisait d'y ^appor-
ler quelques changemens pour la vendre une
troisième fois. Souvent on le vit se glisser dans
un encan , le nez caché dalis son manteau , et
élever lui-même 1 enchère mise sur ses tableaux :
ses élevés s'amusaient à I attraper , en peignaiit
sur des cartes des pièces de monnaie qu'il s em-
pressait de ramasser.
Plusieurs auteurs viennent de se réunir pour
faire paraître cet artiste célèbre sur la scène des
Troubadours. Ils l'ont placé dans une situation
que Rembrant , tout avide qu'il était , n'a peut-
être jamais imaginée ; c'est-à-dire , qu'ils l'ont
peirit se fcsant passer pour mort , afin de donner
plus de prix à ses ouvrages , et pour toucher lui-
même le riche produit d'une vente après décès.
S il y a quelqu'exagération et quelqu invraisem-
blance dans cette situation , du moins n'esl-elle
pas éloignée de l'idée que l'on se forme du
personnage : quoi qu'il en soit, elle est comique
et a fait plaisir.
Rembrant peintre , connu très-avide , l'est en-
core par nos auteurs comme un mari très'jaloux.
Il s'est absenté deux mois de chez lui , après
avoir semé le bruit de sa mort. Il y rentre le
jour oii la vente de ses ouvrages doit avoir lieu.
Il trouve sa femme liée de société avec un jeune
officier français ; il dissimule peu ses soupçons ,
et prépare un stratagème pour s'assurer de leur
réalité ; la femme » de son côté , lui prépare
une leçon pour le corriger de sa jalousie. '
Rembrant , déguisé sous l'habit d'un huissier ,
vient pour diriger la vente de ses tableaux. L'offi-
cier français paie, pour se faire adjuger un por-
trait de madame Rembrant : comme mari , Rem-
brant se désole : comme huissier , il prend la
somme ; sa femme qui l'a reconnu sous son dé-
guisement , affecte pour l'officier , des bontés que
le laux hui'sicr ne remarque pas sans dépit : les
enchères s ouvrent , les maichands qui , du vivant
de Rembrant , dédaignaient ses productions , les
élèvent alors au plus haut prix. Rembrant les
cxciie , de son raiçux , fait monter les enchères ,
et échange son atelier contre des sommes considé-
rables. Arrive l'ailicle du poi trait de Rcmbrahi et de
sa femme réunis sui la même toile. Gérard Dow,
célèbre JUteur de l'hydropique ., élevé dt Rem-
biaiii , iniioduil en scène . de la manieie la plus
ingénieuse, veut tout sacrifier pour i o.iseiver le
portrait de .^on raaîtie , mais loÛicier Iraiiçais qui
veut aussi le tableau , non pour la figure du mari ,
mais poui celle de la femme , déclaie à 1 huissier
quil couvie dor ce portrait.* . . Gérard Dow ne
pouvant 1 obtenir au prix de toute sa fortune ,
veut le disputer à I officier l'épée à la main : la
plaisanterie devenant aussi sérieuse , Rembrant est
obligé de se montrer pour séparer son rival et
son élevé. Il a fait fortune , il a eu la preuve de
l'amitié et de la reconnaissance de Gérard Dow.
Une courte explication le rassure spr le compte
de sa femme ; tout se réunit donc pour qu'il se
félicite de sa vente après décès.
Les auteurs de cet ouvrage ont été unanime-
ment et vivement applaudis; il est fâcheux qu'ils
se soient réunis jurqu'à quatre pour ce portrait,
qui a le mérite de la ressemblance , de la vérité ,
et quelques - uns des traits originaux de son
modèle*
On a trouvé qu'ils avaient placé datls la bouche
de Rembrant trop de jeux de mots; mais la
plupart de ceux qu'ils ont fait entendre appar-
tiennent à Rembrant lui-même : l'histoire assez
singulière du portrait du singe , et la réponse
de Rembrant , voici mes antiques , en montrant
de vieilles armures à quelqu un qui lui repro-
chait de ne pas étudier assez les anciens modèles,
n'ont pas été rappelés par les auteurs* D'autres
traits en ont pris la place , et pour n'être pas
historiques n'en sont pas moins piquans. Au
total la situation principale a paru comique, le
[dialogue spirituel, les couplets bien faits; le
succès a été brillant*
Qiiéiques airs nouveaux sont entendus dans
cet ouvrage. Un duo bouffon d'une facture
agiéable s y est introduit, et nous force à pré-
venir les tioubadours du danger qu'ils courent
s'ils sacrifient le vaudeville aux morceaux d'en-
semble. L ouvrage est bien joué et établi aveC'
soin ; loutcfois facteur chargé du rôle d'offi-
cier , est loin d avoir un costume exact : 1 habit
français du tems de Henri IV, n'était pas celui
des premiers tems de la chevalerie.
Les auteurs de Rembrant sont les citoyen*
Morel , Moras , Etienne et Servieres.
LIVRES DIVERS.
Annuaire météorologique pour tan 9 ; contenant'
de nouvelles recherch.-s sur ce qu'il y a de ré-
gulier et de constant dans les principales varia-
tions de l'atmosphère , etc. Ouvrage périodique ,
dédié aux amateurs de météorologie , aux agri-
culteurs et aux médecins ; par J. B. Lamarck ;
I vol in-8°.
Prix , I fr. 20 cent, pour Paris , et l fr* 40 cent,
pour les départemens.
A Paris , chez Déterville , libraire , rue du
Battoir, n". 16;, et chez l'auteur, au Muséun»
d'histoire natuielle.
Quelque faibles que soient les succès dont
pa:aissent être co. ronnées les recherches du cit.
Lamarck , relativement à la météorologie , on ne
saurait disconvenir qu'à cet égard le moindre de
ces succès n'ait beaucoup dimporiance. Il y aura
en effet beaucoup à gagner pour l'agriculture,'
pour la manne, ainsi que pour l'avantage de
chacun en particulier , si le citoyen Lamarck par-
vient à assigner les circonstances où l'on pourra, '
avec quelque fondement, s'attendre à voir efFecr
tuer les principales variations dé l'atmosphère de
nos climats. Et même si ces déterminations sont.
qvtelquelois fautives , elles n'en auront pas raoin»
un grand intérêt , dès qu'on sera convaincu
qu'une majorité soutenue dans les faits comparés
au principe , en aura montré le fondement*
Tel est, à ce qu'il paraît , l'état oij déjà sç
trouve parvenu le citoyen Lamarck à l'égard de
ses recherches météorologiques. Il en a consigné
le résultat dans l'annuaire météorologique pour
l'an 9 que nous annonçons aujourd hui , afin
de mettre le public à portée d'en juger par lui-
même , et par suite , d'en profiter s'il y a Heu. '
Il faut remarquer que l'ordre qu'il a suivi dans
ses observations , c'est-à-dire , dans la manière
de les noter , est le seulqui puisse faire décot<t'
vrir et constater tout ce qu'il y a de régulier OU'
de périodique parmi lesvariaiions de l'atmosphère
dans nos latitudes ; et qu'en conséquence il est
nécessaire que lès autres physiciens météorolo-'
gistes quittent leur ancienne manière d'inscrire
leurs observations sur des tableaux divisés mois,
par mois , s ils ne veulent pas continuer de s'ex?.
poser à n'en pouvoir obtenir aucun résultat*
On trouve , dans ce petit annuaire , des obser-.
valions sur le beau tems et sur les causes qui 1^
produisent, sur les influences des points lunairef
et sur celles des décUnaisons de la lune; enfia
la citation de quelques faits météorologiques ré;±
cemment observés par d'autres physiciens*
COURSDU CHANGE*
Bourse du 28 fructidor. — Cours des effets publia.
Rente provisoire 17 fr* ïS Ç.
Tiers consolidé Sg fr* s3 c^
Bons deux tiers i fr. 58 ç.
Bons d''arrérage 83 fr. s5 G.
Bons pour l'an 8 . 89 fr* so c.
Syndicat 64 fr.
Coupures 63 fr* 75 ç.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr*
SPECTACLES.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimei.
Dera. la Fille hussard , pantomime ep 3 actes,
à grand spectacle.
Théâtre du Maiîais , rue Culture-Catherine.
Le 3o , la 8' repr. des Charlatans littéraires , com.
Dera, Othello ou le Maure de Venise , tragédie ,
suivie de Jacquinet à Paris.
L'abonnement se fait à Paris, rue des Poitevins, m" 18. Le prix est de s5 francs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. Ounei'abonoe
Qu'au commeucemenl de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent ,- franc de port , au cit. Agas S B, propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n" 18. Il faut comprendre dans 1» envois le port de>
pays ou l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au re'dacteur, rue des
Poitevins , a'* i3 , dcpui sneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit* Agat«e, proptiétaire du Moniteur, rue <jes Poitevins, n" <i.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
A" 36o.
Décadi , 3o fnuHdor an 8 de la république françaiie , une et tndivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à.daçer du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel. .
Il contient les séances dos aurocicés const;ituéès , les actes du gouvernement , les nouvelles, ,des ifrinét's , aUnsi (fjue les fiiits et les notions tant su!;
rintérleur cjue sur l'extéticur, fournis par les correspondances ministérielles. ■ ' '■
Un article sera parnculiérement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
D A N N E M A R K.
De Copenhague , le i3 fructidor,
xl'lEI^, lord Whitworth et le comte de Berns-
dbrf ont conclu une convention tendante à faire
cesser toute espèce de mésintelligence entre les
deux puissances^ Les conditions sont . que la
itégite la. Freya elle convoi qu'elle escortait seront
léparés aux dépens de l'Angleterre et rais en liberté.
Le roi de Dannemarck , de son côié , consent à
ne plus faire escorter ses convois , si ce n'est
contre les puissances barbaresques de la Médi-
terranée. ,
Le droit -que les anglais s'arrogent de visiter
tous les vaisseaux neutres , est un point qui doit
être examiné entre les puissances maritimes du
nord et l'Angleterre, dans des momens plus
tranquilles. La ratification de cette convention
doit se faire dans trois semaines. Il n'est plus
qtjestion de dédommagement , de satisfaction , ni
4'autres choses semblables. Ainsi l'Angleterre
lenonce à toutes les prétentions qu'elle avait
d'abord annoncées. Les vaisseaux dariois n'au-
lont plus à craindre la visite des anglais ; leur
tiavigation sera parfaitement libre , si leurspapiers
jpn; en règle. La suite immédiate de cette con-
vention devait être la cessation des préparatifs de
guerre. — Le ministre français Bourgoin^ est
arrivé ici. ( Straib.Weltbote.)
A N G L E T E R R il.
Londres , 1 g fructidor. (6 septembre.)
Le bill contre l'adultère , proposé dans la der-
nière session du parlement , a été appuyé forte-
ment par tout le banc de nos évêques. Il était
naturel qu'ils s'élevassent contre un vice si nui-
sible à la société. Voltaire , en parlant de notre
clergé , avait remarqué qu'assez communément
■un évêque anglais se contentait de sa propre
femme. Il n'en a pas dit autant de nos pairs
temporels.
Les troubles survenus dans ce pays prouvent
que John Bull ne calcule pas toujours juste. En
effet , comment a-t-i| pu imaginer qu'en brûlant
ces moulins , et en détruisant de la farine , il
ferait tomber le prix du pain ?
Les changemens qui s'opèrent dans lé caractère
^es peuples , ainsi que dans celui des individus ,
portent sur les petites choses comme sur les
grandes. Jadis . pendant le tems de la foire de
)aSt. -Barthélémy, les aldermen et les shérifs dînaient
avec le lord maire, et ils étaient Irès-ernpressés
de sortir de table pour assister aux diveriissemens
du peuple. Qjii supposera à nos aldermen mo-
dernes le même empressement à sortir de table ?
Autre tems , autres mœurs !
La multiplicité des théâtres ne prouve point les
progrès de l'art dramatique ; car il y en avait dix
à Londres , avant que Shakespear parût.
Le duc de Richemond , si zélé autrefois pour
là réforme parlementaire , finit sa carrière poli-
tique par s'occuper de multiplier la race des ânes.
Il tâi tout aussi bien fait de commencer par là, pour
l'uiiliié dont il a été à la cause qu'il avait embrassée.
Si M. Pitt , qui fut l'arc-boutant de cette réforme,
laisse le parlement comme il est , pour s'adonner
gpx occupations du duc de Richemond , qu'il
^isse du moins notre constitution comme elle était.
Ce» jours derniers , un enfant d'environ 9 ans ,
tyant trouvé une bouteille de genièvre sous sa
main , en avala urre si grande quantité , qu'il
mourut peu d'heures après.
On a découvert en creusant un champ près
dcTelbury, des cendres et des ossemens humains,
pi.riant l'erapreinle du feu. Comme la pratique de
brûler les morts a cessé dans celte ilc lors de la
conquête qu'en ont faite les romains , il est pro-
bable que les cendres reposaient là depuis près
de deux mille ans.
( Extrait du Morning-Chronicle. }
INTÉRIEUR.
Strasbourg, le 26 fructidor.
Le citoyen K.ulm , à qui le gouvernement hel-
■véiique avait écrit pour l'inviter à &e rendre à son
poste de législateur , a icfusé.
Sept demi-brigades d'infanterie , environ dix
régimens de cavalerie , et 400 chariots de mu-
nitions , ont passé le 18 et le rg par Aijgsbourg
pour se retidre dans \i Bavière.
Les autrichiens se fortifient beaucoup dans le
Tyrol. ■ ■ [ Slrasi.' Weitbote. )
Angoulérne , /e 21 fructidor.
Le citoyen Delaistre , préfet du département de
la Charente , a commencé sa toutnée dans son
département , par l'arrondissement de Barbezieux.
Malgré le secret dont il avait cherché à envi-
ronner son départ , le bruit de son arrivée pro-
chaine s'était répandu , et les braves habitans de
Barbezieux se sont empressés dé manifester leur
attachement au gouvernement. En conséquence,
le citoyen. Després , sous-préfet, les cit. Bordet,
maire , et Drillon , adjoint, accompagnés du lieu-
tenant de la gendarmerie , à la tête de la garde
nationale à cheval , se sont rendus à Pontabrac ,
à un myriametre de Barbezieux , au-devant du
préfet, et lui ont témoigné de la part des citoyens
de l'arrondissement et du chef-lieu , la confiance
qu'ils portent au gouvernement et à son illustre
chef. Ils ont ensuite escorté la voiture du préfet
jusqu'à Barbezieux , otà toute la garde nationale ,
rangée en bataille . a reçu le cortège et l'a accom-
pagné jusqu'au local destirié à son logement. Ce
magistrat a remercié , au nom du gouvernement,
les habitans de Barbezieux , des preuves de zèle
et de dévoûpaent qu'ils n'ont cessé de donner à
la chose publique , et surtout à la constitution de
l'an 8.
Le préfet a trouvé dans cette commune, loyauté ,
confiance et dévoûment.
Les arrondissemens ruraux rivalisent à l'envi
dans l'expression de ces sentimens ; partout les fonc-
tionnaires publics donnent l'exemple de l'union et
de l'harmonie fraternelle. Le préfet a été extraor-
dinairement satisfait de sa tournée dans les prin-
cipales communes qu'il a visitées ; il a regretté
que le teras et la saison ne lui permissent pas
de les visiter toutes.
Cet heureux état de choses est dû en plus
grande partie à l'excellent esprit des citoyens de
l'arrondissement , au zèle et au patriotisme éclairé
des fonctionnaires publics récemment nommés ,
notamment à ceux de la ville de Barbezieux dont
le maire , ié cit. Bordet , a été choisi par le préfet
pour assister à la fête du i" vendémiaire à Paris ,
et surtout à l'activité, aux lumières et à l'esprit de
justice et de modération qui animent le citoyen
Després, ex-législateur, sous^préfettde l'arron-
dissement.
Le préfet a témoigné hautement sa satisfaction
à tous les fonctionnaires , à tous les citoyens qu'il
a eu occasion de voir; il a promis de transmettre
au ministre l'expression des sentimens de confiance
et de reconnaissance qui lui ont été -manifestés par
les citoyens de cet arrovîdissement.
Lavauzelle , secrétaire-général.
principal desdiies contributions affectées , paf
l,a,lç)i du 25 vçntôse dernier, aux dépenses m,u-
nicipàles , , . ,
Est d'avis que les frais de perception des con-
tributions direcief doivent moins être considérés
comme dépenses mutiicipales que comme dé-,
penses i^éiiérales , dont la loi a voulu que les
communes fussent chargée.^, et qu'ils doivent êlré
compris rlans les rôles , indépendamment des
centimes addiiionnels spécialement destinés aux
dépenses municipales, etdonl le maximum est
limiié pour l'an gà 5 centimes.
Le modèle du procès-vetbal d'adjudication de
la perception des contributions directes , annexé
à la loi du 26 octobre I7gt . porte en-dehors de»
sous additionnels les taxations du percepteur ,
et celte disposition des lois de l'assemblée cons-
tituante devient sur-tout nécessaire pour l'an 9.
En effet , l'arrêté des consuls du 16 thennidor
an 8 sur l'exercice des contraintes en matière des
contributions directes, étend jusqu'à 5 centimes
par franc les taxations des percepteurs ; la loi d*
2S ventôse dernier fi^e à pareille somme le maxi-
mum des centimes addiiionnels , affectés aiix.
{dépenses municipales; si donc les frais deper-,
ceplion devaient être pris sur lesdits centimes
additionnels', ils pourraient , dans beaucoup de
communes , en absorber le montant , et il ne
resterait aucune ressource pour faire fâcè aux
dépenses municipales. Ce serait rendre illusoire'
la loi du 25 veulôse , dont l'objet a été de pour-
voir aux dépenses municipales , par une per-i
ceplion de 5 centimes additionnels , indépendam-
ment des frais de percepiion.
Le conseil est en outre d'avis que , pour éta-
blir une règle uniforme , il est intéressant de
transmettre une copie du présent au ministre delf
finances. "
Pour extrait conforine.
Le secrétaire-général du conseil- d'état ,
Signé , LocRÉ.
Approuvé. '
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état , signé , H. B.Maret.
Paris , le ^g fructidor.
Les plans présentés par différens artistes pour
la construction de la colonne nationale , ainsi
que ceux d'un monument égyptien qui doit être
élevé en l'honneur des généraux Kléber et Desaix,
vont être exposés aux regards du public dans une
des salles du Muséum,
— On annonce la rentrée de Larive au Théâtre
français pour le cinquième jour complémentaire ;
il doit , dit-on , reparaître dans le rôle du Cid.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Extrait des registres des délibérations des consuls de
la république. — Paris , le 2% fructidor ., an 8 de la
république française , une et indivisible.
C O N S E I L-D' ÉTAT.
Extrait du registre des délibérations. — Séance du
26 fructidor , an 8.
avis.
Le conseil-d'état qui , sur le renvoi des con-
suls , a entendu le rapport Ue la section des fi-
nances sur celui du ministre de l'intérieur ,
présentant la question de savoir si les fiais de
perception d^s contributions directes qui sont à
la charge des communes , doivent être acquitiées
sur le produit des cinq centimes additionnels au
AVIS.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particuheres, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper.de ces
objets. . '
PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT.
Copie d'une lettre du préfet du département de la
Seine , en date du n fructidor an 8, au président
du jury des écoles primaires.
Citoyen ,
L'arrêté des consuls , du 7 thermidor dernier ,
ordonne que les jours de décadi seront les seul?
fériés par les autorités constituées et les fonciion-
naires publics.
Cet arrêté , applicable aux instituteurs primaires',
l'est également aux chefs des pensionnats , aux
maîtres d'écoles particuliers , et à toutes les ins-
titutrices.
Comme il serait possible que ces institutrices et
instituteurs particuliers , ayent pu inférer de l'arj-
rêté des consuls, qu'ils étaient libres de faire
vacquer leurs écoles les jours'qui leur convien-
draient le mieux, je vous charge de les prévenir
qu'ils ne doivetit férier que (es décadis et les
quinlidis , et de tenir la main à ce qu'ils ou-vienit
leiirs classes les autres jours , sous les peints
portées par la loi du 17 thermidor an 6.
Le préfet du département , signé, Frochot.»
. Certifié conforme à l'original,
Mentei.le , membre de l'institut jiatiotial , et
président du jury d instruction publique pvur
Us écoles primaires.
POÉSIE.
Quatrième lettre sur les Géorgigues Jranqaists.
Si un grand poète s'emparant des brillantes
hypothèses de Buft'on sur le système du inonde ,
et dégageant cette sublime théorie des détails et
des controverses qui ne conviennent qu'au phi-
losophe , pour la revéïir du charme des fictions,
avait chanté , comme par Tinspiraiion d'un Dieu ,
Ja rrédtion de l'univeis , un tel poète aurait pu
•surpasser Lucrèce , et aurait fait un ouvrage im-
mortel. Delille a conçu celte grande idée ; mais il
a senti que la vie entière d'un homme suffirait à
peine pour remplir une aussi vaste carrière ; il
s'est biirné sagement àlouvrir à ses successeurs,
et à faire les premiers pas pour leur donner |
l'exemple.
En effet, le systêtne du Monde et les merveilles
de l'histoire naturelle pourraient être le sujet
d un grand poème. Delille en a fait celui d'un
chanc de ses Géorgiqucs françùses.
On demandera quel rapport il y a entre une
science aussi vaste , et le poème géorgique qui
scinble n'être consacré qu à l'agriculture. Je con-
viens qu'au premier apperçu , ces objets paiais-
sent étrangers l'un à I autre ; mais si nous con-
senlons à ne point juger l'ouvrage sur le titre,
qni peut-être n'est pas exact , je demanderai à
mon tour à tous les esprits justes , s'ils n'apper-
çoivent pas des rapports très-intiraes entre l'étude
des sciences naturelles et le bonheur d'un SRge
qui habile la campagne ? Or , rappcllons-nous
que ce bonheur de I homme éclairé qui vit aux
champs , est l'objet piincipai du poème que nous
cxamiiions. Voyons si , dès le début de son
troisietae chant , l'auteur nous ramené à celte
idée.
Que J*ai[n« le mortel, noble dans ses pcnchans ,
Qtiî cuUive à la fois son esprit et ses champs !
l.ui seul Jouit de tout. Dans sa triste ignorance
Le vulgaire voit tout avec indifférence :
Des desseins du grand Etre atteignant la hauteur ,
11 ne sait point monter de Tonvrage à Tauteur.
Nan,oç n'est pas pour lui qu'en ses tablraux si vastes
Le grand peintre forma d'harmonieux contrastes.
U ne «ait pas comment dam ses secrets canaux .
Ue la racine au tronc , du tronc Jusqu'aux rameaux ,
Des rameaux au feuillage accourt la scve errante ;
Comoient nait des cristaux la masse transparente^
L'union, les reflets et la jeu des coulsurs ;
Etranger à s«s bois , étranger à ses fleurs ,
li ne sait point leurs noms , leurs vertus , leurs familles.
D*uuc grossière main il prend dans la charmiUe
Ses fils au rojsignol , au printtmt ses concerts.
Le sa^e seul, instruit des lois de l'Univers,
Sait £oûter dans les champs une volupté pure :
C'est pour Tami des ans qu'existe la Nature.
Vous donc , quand des travaux et des soins împortans
1>U bonheur domestique ont rempli les instans ,
Cherchez autour de vous de riches connaissances
Qjii , charmant vos loisirs , doublent vos jouissances.
Il me semble que le poète ne pouvait pas lier
avec plus d'adresse, à son sujet, un accessoire
aussi fécond en descriptions neuves et pom-
peuses Puisq'i'il est bien clair que c'est l'art de
jouir des bienf.iits de la nalure et de ses beautés
que notre poète nous enseigne , il faut con-
venir que l'étude des sciences naturelles est
une de ces jouissances , et qu'il est tout simple
que Delille en ait chanté les merveilles et les
plaisirs. Que devient alors le reproche fait à son j
ouvrage de manquer de liaison dans ses parties,
et pourquoi rejetier sur le poème un défaut qui
Desl que dans le litre ?
Delille , adoptant les conjectures de BufFon sur
les révolutions du globe terrestre , en retrace le
tableau terrible. Mais le poète parle trop souvent
d'aptes le naturaliste. Il aurait dû , ce me semble ,
nous révéler lui-même ces grands mystères ,
comme par l'inspiration de sa muse. Cette har-
diesse convient à la poésie et la caractérise. La
timidité d'un adepte , qui n'ose parler que d'apiés
la parole du maître , est lé contraire de l'enthou-
siasme poétique. Aussi l'on remarquera peut-être
quelque chose de pénible dans 1 exposition que
Delille a faite de ces phénomènes. Cependant ,
ii faut admirer le plus grand nombre de ses vers.
Partout ils offrent des difficultés vaincues , des
expressions pittoresques , et des effets d'harmonie
imitative de la plus rare beauté. Voyez comm'e
un seul accident de la nature devient intéressant
'sous les pinceaux de ce grand peintre; que d'idées i
il fait naître , que de sentimens il réveille !
Mais j'apperçois d'ici les débris d'un village :
H'iin désastre fameux tout annonce l'image.
Qiels malheurs l'ont produit? Avançons , consultons
Les lieux et les vieillards de ces tristes cantons [i).
(l) Ces deux vers offrent un exemple de ces
enjambemens vicieux que Delille s'est souvent
permis dans ce poème. On sait qu'ils deviennent
des beautés loisqu'ils produisent un grand tffet
d'barrconie iaiiiative ; mais il faut en être avare.
1454
D'ans. les troncavîtés de ces roches profondes
Où des fleuves futurs l'air déposait les ondes ,
L'eau patini les rochers se filtrant lentement ,
De ces grands réservoirs mina le fondement.
Les voûtes tout-à-coup ii grand bruit ecrouiees,
Remplirent ces bassins , et les eaux refoulées
Se soulevant eu masse et biîsant leurs remparts ,
Avec les bois , les rocs et leurs débris épars ,
Des hameaux, des cités traînèrent les ruines.
Leur cours se lit encore au creux de ces ravines.
Et rhermîte du lieu, sur un décombre assis,
Aux voyageurs encore en fait de longs récits.
QueUe h:irmonie dans cette phrase poétique :
Les voûtes teut-à-conp . etc. Remarquez comme elle
est prolongée jus-ju'au cinquième vers, pour
peindre non-sçulerDent par les expressions , mais
aussi par te nonnbre. Elle semb'e rouler avec
elle les débris des monts et des cités ; et que
iherraite est bieii placé dans ce site sauvage !
La peipiure de Touragan mériie également
déire ciiée.
Tantôt de Touragan c'est le couts furieux ;
Terrible, il prend son vol, et dans des flots de poudre
Part , conduisant la nuit , la tempête et la foudre ;
Balaye , en se jouant , et foret et cité ;
Befouïe daus son lîl le fleuve épouvanté;
Jusqu'au milieu des monts lance la mer profonde ,
Et tourmente , en courant, les airs , la terre et l'onde.
Del.i sous d'autres ckatnpi ces champs eDsévelis ,
Ces monts ehgnseant de place, et ces fleuves de Hts;
El la terre szns fruitî -, sans fleurs et ^ans verdure ,
Pleure en habits de deuU sa riante parure.
Le poe'e n'a-t-il pas donné à ces vers le mou-
vemeni et ia rapidité du tenible phénomène qu'il
avait à peindre? c'est avec peine que l'on trouve
dans ce morceau deux vers dont les oreilles
délicates seniironl le dél'aut dharmonic; mais les
deux derniers le relèvent par une belK: image.
La découverte des villes jadis englouties par
les volcans . offre un tableau dont l'admirable
perfection enchérit sur toute* les beautés.
Dans c
désastre affr
Quels son
imets ont cro
Les vieux
âges Tont su
Mais de
e grand rléa
Un jour ,
pei\t-êtTe , u
Qiie rhor
rihie volcan i
Heurtant
avec le soc
jcur les peuples de ces lieux
nda de ses feux ,
i restes de murailles ,
Dtcouvriront ce goutTie , et creusant ses entrailles ,
Contempleront au loin avec éionnemçnt
Des hommes et des arts ce profond monument ;
Cet aspect s» nouveau des demeures antiques ;
Ces cirques , ce* pahis , tes temples , ces portiques;
Ces gymnases , du sage Tiufrcfots fréquente's ,
D'hommes qui semblent viv-^s encore tout habite's:
Simulacres légers, prêts à tomber en poudre.
Tous gardant Tattitude où les surprit la foudre :
L'un enlevant son fils , l'auire emportant son or ;
Cet autre ses écrits» son plus riche trésor;
Celui-ci dans ses maias tient son Dieu tulelaire ;
L'autre , non moins pieux , s'est chargé de son père ;
L'autre , paré de rieura et la coupe à la main,
A vu sa dernière heure et son dernier festin.
Il était impossible d'amener, par un mouve-
ment plus heureux un tableau plus parfait et
plus intéressant.
Ces vers rappellent ceux de Virgile : Scilicet et
tempus veniet ^ etc., que Delille a si bien traduits:
Un jour le laboureur dans ces mêmes sillons
Où dorment les débris de tant de bataillons ,
Heurtant avec le soc leur antique dépouille ,
Trouvera sous ses pas des dards ronges de rouille;
Entendra retentir les casques des héros ,
£t d'un ccil eSrayé contemplera leurs os.
On voit que Tidée de Virgile a fait naître celle
de Delille ; mais ici l'imitateur est pour le moins
légal de son modelé , et c'est ainsi que l'homme
de génie en imite un autre.
Notre poëte ne manque pas une seule occasion
de chanter sa patrie , les campagnes délicieuses
de la Limagne ; il legreite que Buffon n'ait
point visité les ; vestiges des volcans dont on y
reconnaît encore les courans et les foyers. C'est
après avoir parlé de ces grandes révolutions du
globe, qu'il fait cette belle réflexion :
:£a voyant 'du passé ces sublimes images.
Ces grands foyers éteints dans des siècles divers ,
j Des mers sur des volcans, des, volcans sur ttea mers,
I Vers l'antique chaos notre ame est repoussée ,
j Et des âges sans fin pèsent sur la pensée.
: Sa philosophie s'élève bien plus haut encore
i lorsqu'il voit dans l'histoire d'un grain de
j sable celle de Tunivers. Ce morceau su-
blime , qui fut publié quelque tems avant le
poëme , est déjà gravé dans la inémoîre de tous
les amateurs des beaux vers. Néanmoins voua
me permettrez d'en embellir celle leiire. Ces vers
sont comme ccUk de Lafontaine-, de Boileau ,
de Racine; on les sait par cœuf i et pourtant
on aime eacorc à les fclire.
Mais satos quitter vos monts et vos vallons chétiB.}
Voyez d'un marbre usé le plus mince débris;
Quel riche monument ! De quelle grande iùstoitc
Ses révolutions couserveut la mémoire!
Composé des dépôts de l'empire animé ,
Par la destruction ce marbre fut foruié
Pour créer les débris dont leî eaux le pétrîieni;
De générations quelles foules périrent!
Combien de tems sur lui l'océan a coulé î
Que de tems dans leur sein les vagues l*ont roulé î
En desc'endant des monts dans ses profonds rfbymis ,
L'océan autrefois le laissa sur leurs cîmes;
L'orage dans les mers de nouveau le porta;
De nouveau sur ses bords la mer le rejeta ,
Le reprit, le rendit: ainsi , rongé par l'âge ,
Il endura les venis et les flots et l'orage.
Enfin, de ces grands monta humble contemporain.
Ce marbre fut un roc, ce roc n'est plus qu'an grain;
Mais , fils du tems, de l'air , de la icrre et de l'ande.
L'histoire de ce graîn est l'iustoire du Monde.
Le morceau sur la rner est aussi neuf qu'il'est
brillant. Il est termine par ces vers où i* on re-
connaît encore la pensée philosophique qui
caractérise l'histoire du grain de sable.
Peïndrai-je ces vieux caps , sur des ondes pendans ;
C-es golfes qu'à leur tour rongent les flots grondaas;
Ces monts ensevelis sous ces voûtes obsCures,
Les Alpes d'autrefois et les Alpes fuitires ,
Tandis que ces vallons , ces monts que voit le jour.
Dans les profondes eaux vont rentrer à leur tour?
Echanges étemels de la terre et de l'onde ,
Qui semblent lentement se disputer le monde !
Ainsi l'ancre s'airaclie où paissaient les troupeaux.
Ainsi roulent des chars où voguaient des vaisseaux ,
Et le monde vieilli, par la mer qui voyage, ,
Daus l'abîme des tems £' eu va cacher son ige.
Il me semble qu'on n'avait point encore ex*
primé en vers de semblables idées.
Les eaux minérales pouvaient peut-être ins-
pirer au poë'e des pensées plus profondes, et
lui offrir dts images plus iniéressantes. Il passe
à la peinture des h.jutes montagnes , et c'est ict
qu'il redevient sublime.
Salut , pompeux Jura ! terrible Monftanvert 3
De neiges , de glaçons entassem ens énormes;
Du temple des frimats colonnades informes;
Prismes éblouissans , dont les pans azurés,
DcGant le soleil dont ils sont colorés ,
Peignent de puurpre et Ti'or leur éclatante masse;
Tandis que triomphant sur son trône déglace.
L'hiver s*enorgueîllît de voir l'astre du jour
Embellir son palais et décorer sa cour !
Non , jamais , aa milieu de ces grands {.h.'nomeœs.
De ces tableaux touchons , de ces terribles acenei ,
L'imagination ne- laisse dans ces lieux
Ou languir la pensée ou repose* les yeux.
Admirons avec quel art le poëte a su anfraei*
ce cite imposant , en y plaçartt l'hiver sur son trône
déglaces.
Dans son poëme du verger , Fontanes a traSté la
même sujet. Je rapprocherai son tableau de celui
de Delille , comme on a placé dans notre mu-
séum deux tableaux semblables (i) , l'un du
Dominiquin et l'autre du Garache , en laissant
aux connaisseurs le soin de décider de la pré-
férence entre ces deux grands peintres ;
J'admire la nature en ses sublimes jeux ;
Mais si je veux jouir de ses grandes images ,
Je m'écarte, je cours au fond des lieux sauvages.
Alpes , et vous, Jura , je reviens vous chetcheri
Sapins du Montanveit puissiez-vous me cacher 1
Dans cet antre azuré que la glace eilvironne,
QLi'entends-je ! l'Atveron Bondit, tombe et bouîHon&c,
Réjaillît et retombe , et menace à jamais
Ceux qui tentent l'abord de tes spres sommets.
Plus haut l'aigle a son nid , Téciair luit , les vents grotident.
Les tonnerres lointains sourdement se répondent.
L^^gueil de ces grands monts , leurs immenses contoors,'
Cent siècles qu'ils ont vu passer comme des jouis ,
De l'homme humilié terrassent l'impuissance ;
C'est là qu'il rêve , adore, ou irémit en silence.
Les deux poètes passent également, par une oppo-
sition savante , de ces tableaux terribles à la pein-
ture des valions , des vergers et des plus frais
paysages. Cependant Delille , avant de produire
cet heureux contraste , a dessiné encore un ta*
bleau sombre , effrayant et d'une ■exécution ad-
mirable ; c'est celui des avalanches.
Malheureux cependant les mortels téméraires
Qui viennent visiter ces horreurs solitaires.
Si, par un bruit prudent, de tous ces noirs frimats
Leurs tubes enflammés n'interrogent l'amas !
Souvent un grand elfet naît d'une faible cause^
Souvent sur ces hauteurs l'oiseau qui se repose
Détache un grain^de neige ; à ce léger fardeau.
Des grains dont il s'accroît se joint le poids nouveau; ;
La neige autour de lui rapidement s'amasse ;
De moment ea moment il augmente sa masse:
i
(j) La communioa de Sainç-Jérôme.
1455
\
V'aJT en tremble , et, soudain, sVcroulant à la. 'fois, " ,,
lîes hivers ent^sséa répouvanlabljj jj9i(i§j; ^, u^^
Bondit de roc en. roc, roulcjdç ^ifl\c en çîi\ic, , _, •/
Et de sa chute immense ébranle au loin Pabîme, j ujvi Jlta'^
Les hameaux sont détruits ,.et les .bois emportés.j m^
On cherche envain la place où furent les cile's ;
Et soùs le vent lointain de ce8»TfTpes qul'tombent >
Av.^nt d'être frappés les voyageurs Succombent, ''i Itirm ivl
Ainsi (^uand des excès suivis dîexcès nouveaux'-' i|^i M\^\
D'un état par degré onr préparé les- mauit, '^ "^ ï^ ?' ""'
De malheur en malheqr. sa ,chtïtç: se consomme::" o" i^.'UiVT
Tyr n'est plus, Thebes meurt, etles yeux cherchent Rome.
, (^elle richesse rd'exprëssion dans ces vers !
Dci ftîbeTS mlaiiU ^ l'e'pqu^vaDtable poids.
Etrsous.le vent lointain 'de eu atpes qui tombent.
• Oa ne sait ce qu'on doit le plus admirer, ou
deJa'beauié de.ces métaphores ou 'ds Iharmonie
des vers , ou du grand sens de la comparaison
qui termine.
C'est immédiatement; ;après cette magnifique
peinture que le poêle redes.cend dans les cam-
pagnes les plus riantes ; qu'il chante les fleurs
et la botanique qui apprend à les connaître ., et
vju'il. décrit une herborisation faiie avec Jussieu
par ses nombreux élevés. .
La description des paysages amené naturelle-
ment l'idée de la botanique , et le go^t de
celte science celui des autres parties de l'histoire
naturelle , et des collections de plantes , de
minéraux , d'animaux et d'insectes. C'est ici que
le poêle , en donnant des conseils snr la for-
mation d'un cabinet d'histoire naturelle -, fait des
descriptions très-savantes de tous ces objets. J'y ad-
mire sur-tout avec quel art il a su vaincre des
difficultés prodigieuses dans ces descriptions qui .,
par leur nature ont le défaut de ressembler
un peu trop à des nomenclatures.
Mais ces détails mêmes sontremplis de beautés,
et, comme on l'a très-judicieuseraenf observé,
il n est presque pas un seul de ces vers qui ne soit
une conquête pour la versification française.
Delille a terminé ce chant dont le sujet est
si magnifique , par des vers sur sa chatte ; ces
vers sont charmans , il est vrai , mais ne seraient-
ils pas mieux placés dans une épîire badine qu'à
la lin d'un riche tableau des révolutions du
globe et des trois règnes de la nature.
Vous allez me demander sans doute quelle a
été sur ce chant l'opinion de l'homme de goût
dont je vous ai rapporté dans une précédente lettre
des observations si judicieuses. •
Je vais transcrire ce qu'il dit du chant que nous
venons d'examiner , et ce morceau terminera ma
làHXfts. beaucoup mieux que je ne pourrais le faire
moi-même.
uDans leiroisieme chant, dont le sujet seul serait
la matière d'un grand poëme , j'ai été et je suis
encore frappé d'un vice secret , couvert par beau-
coup de souplesse dans les vers , et par de l'éclat
dans l'expression , une nomenclature trop suivie
et trop uniforme des productions de la nature.
J'ose encore vous avouer que je regrette de n'y
pas trouver un épisode d'un grand genre, que
mon imagination , toute pat^vre qu'elle est , en-
trevoit vaguement , soit près des volcans , soit
près des mers , soit près dés eaux thermales , soit
dans, les terribles montagnes , soit sur-tout près
des plantes , objets décrits par le poëie , peut-être
avec un peu de monotonie. Je ne puis regarder
le morceau d'uri cabinet d'histoire naturelle
comme un épisûde. J'y vois un moyen heureux
pour le poëie déluder les grandes , mais bien
séduisantes difficultés du sujet de ce chant. C'est
la miniature d'un colosse. Je ne trouve point
l'herborisation traitée avec tout le charme que
l'imagination pressent et devine encore. Les eaux
thermales pouvaient être mieux décrites , et sans
icnoncer aux vers piquans sur les malades , la
poésie pouvait retremper ses pinceaux dans
ces eaux-là , et nous reproduire savamment ces
secrets travaux et ces combinaisons merveilleuses
de la nature. Les eaux thermales sont très-poé-
tiques , et méritaient de l'être davantage en vers.
Dans l'épine de Colardeau à M. Duhamel, on
trouve des vers charmans sur le même sujet , et
qni ne le cèdent point à ceux de Delille. On
S^apperçoit un peu dans ce chant qne le poëte ne
compose ses vers qu'à l'aide des voyages et des
écrits d'histoire naturelle. Il s'en sert ^vec facilité
et avec précision , il est vrai , ce qui n'était pas aisé,
mais il m'a paru manquer d'élan , d'inspiration ,
d'une muse enfin.
))ll y a toutefois dans ce chant deux très-beaux
Îiassages , celui du marbre qui fut un roc : c'esi-
à un morceau d'un genre neuf; et celui sur la
mer rjui , sans être également original, est un
exemple de ce que le poëte aurait pu faire sans
offrir la moindre trace d'aridité ou de déclamation.
Il a craint l'un ou l'autre de ces défauts, et il a été
moins instructif , moins intéressant qu'il eût pu
1 être , dans le chant qui semblait devoir le plus
conduire son beau talent à ce double effet. Je ne
veux pas oublier le morceau sur les fouilles d'une
ville engloutie , dont le mouvement est une irai-
Uiion itès-nalutcUc et très-belle du morceau des
Géorgiques de Virgile sur les débris des ossemens
rftmains dans lescliamps de Philippes. Mais je
suis presque irriié que ce chant -si grave par le
yijel et même si- impoS-ini tel (ju'il est traité,
.naisse ijjar des vers, il est vrai iièsrjolis , sur la
;chaite. (Jii-jpoëie. Delille a tant d'art que cela ne
iparaît point, daborti une disparate ; mais je crois
|t>'être pas le seul, à regretter que ce chant ne
soit pas terminé «ruquelquc sotte par un hymne
à la Natuie ou à son auieur. )i
i Cette critique judicieuse oià l'on trouve des
remarques si Unes et des appetçus si nouveaux et
si intéressans , me paraît quelquefois trop sévère ,
surtout depuis que j'ai analysé le troisième chant
des Géorgiques françaises. L'auteur reproche à
Delille d'avoir décrit les grands phénomènes de
la nature avec itn peu de ?jionolonie.]e nccsuis point
de son avis : il:a parlé des plantes avec grâce:.,
des eaux thermales en vers piquans, des mers ,
des volcans , des montagnes cri Vers sublimes ; et
dans la peinture de ces divers obj.-ti , il a su
employer les couleurs variées et les effets d'har-
monie imiiaiivc qui les caractérisent. On peut cri-
tiquer , sans doute , qudques-i^ns de .ces mor-
ceaux ; mais l'ensernblc ne peut être accusé de
monotonie. S il y en a dan? ce chant , c'e-st à la
fin , dans les nomenclatures : sur ce, point nous
sommes d'accord. Je suis étonné que mon judi-
cieux ami ne compte que trois morceaux très-beaux
dans ce chant. J'en ai cité sept qui me paraissent
tels , et pourtant je n'ai point transcrit la descrip-
tion des iiisectes qui finit par ce vers sublime :
Dont un seul prouve un Dieul, dont un seul vaut un Monde.
Enfin, il reproche à Delille d'avoir été peu
instructif et peu. intéressant. Je conviens qu'il
pouvait lêtre davaniase; mais' dans la nouvelle
production dont nous non* occupons , le poëie
s'est montré grand philosophé, et.il est peu de
Ses vers qui ne jetent dans les" esprits le germe
fécond de pensées fortes et de réflexions pro-
fondes.
Quelles que soient les observations dans les-
quelles cet examen nous a enlr.iinés , nous espé-
rons qu'on appréciera le sentiment qui les dicre.
Le respect vrai n'est point un sentiment aveugle ;
mais sur-tout si le hasard fait tomber ces lettres
sous les yeux de l'homme illusire qu'elles con-
cernent , celui qui les écrit , celui dont les
remarques ont été empruntées pour être fami-
lièrement contredites , se plaisent à croire que
le poëte reconnaîtra en eux- ses plus sincères
admirateurs.
P. S. Permettez-moi dé corriger ici quelques
fautes qui se sont glissées d.ns mes précédentes
lettrés.
i"= Lettre. — L'auteur du noove| Art poétiquelatin
qui fut ûédié à Innocent III dans le i3* siècle ,
se nommait Geoffroy de Vinsauf , et non pas
Gautier.
2= Lettre. — 4"= colonne , pour en enrichir les letr
très, lisez: mes lettres. ;
0' Lettre. — i''' colonne, avec le style de ce
chant , lisez : avec le sujet de ce chant.
AGRICULTURE.
Parmi la grande quantité de végétaux que j'ai
recueillis dans les environs de Beauvais , pour
former le jardin botanique de 1 école centrale du
département de lOise , daprèi la méthode établie
par le cit. Debrun , professeur d histoire naturelle,
j'ai vu avec plaisir difFérentes espèces qui n'iant
pas été apperçués !par, l'œil observateur de nos
infatigables botanistes qui ont fait differens ou-
vrages sur les environs de Paris.
Ces espèces de plantes sont :
Lé loaccinium vitis - idaa .-Airelle ponctuée;
genre de plante de la famille des bruyères , qui
forme une espèce de petit arbrisseau très-agréable
par ses feuilles , qui ressemblent un peu a celles
du buis , et qui persistent pendant tout l'hiver :
ses fleurs sont d'un blanc rougeâtre,et disposées au
sommet des liges en petites grappes penchées. Il
leur succède des bayes qui sont d un beau rouge
dans leur maturité , et qui ont tjne saveur acidulé
assezagiéable. - s, ,
J'ai trouvé cette plante dans les bois au-dessus
de Sainl-Germaiii-là-Pbterie . daf)s des endroits
un peu marécageux , dont elle couvrait une très-
grande partie du terrain. '
LeChrysospleniumaliernifolium,DoT\ne à feuilles
alternes ; genre de plante à fleurs incomplettes
de la famille des saxifrages. Sa racine est com-
posée de très-petites fibres , et pousse des tiges
herbacées , tendres , un peu "anguleuses ; ses
feuilles sont alternes , pétiolées , arrondies , ré-
niformes et crénelées. Les fleurs' sont jaunâtres ,
presque. sessiles au sommet de la plante.
J'ai trouvé cette plante auprès de la fontaine
de Goinco'urt , dite la Fontaine-Vallon, en très-
grande quantité. J'ai trouvé également dans le
même endroit, l'autre espèce à feuilles opposées,
Chrpospleniutn oppositifolium , Dorine à feuilles
opposiÎL-s : ce qui forme ce geors complet. '
Le Saim'ttiandria; Saule à 'Irois-éiAitùnét t
genre de plante -de "» lamiUefdes iWintacé'esV ,
qui forme mi arbre de «ibvenne grandeur^j deSÏ*
les l<;uilles -sont ^ancéojéfs ,'-■ dentées 'cl •j.nâlWè'sr''
les fleurs mâles ont 'trois élamines, dfe(H( cell-e
du. milieu est plus alongée. J'ai iiouié- cet arbre
sur le bord des fossés, qui pnvironn&nt les jardins
de la Poterne. dabqHdailC/e,,, à. Beauvais.
Le ciioyen ThuiUier fait m -nlion de cette
espèce d-iiis sa seconde édition , comnie l'ayajit
trouvée' dans les environs 'Je Paris; mais corumçf
il ' h't'ti a parle aucutiement dans sa py^tr^iire, '■"
Flore des environs de Paris , il est probable ,q,ti,'il
ny^a pas ti'és-long-tems qu'il en- a fait la de-
couverte. ■ '-11 i.i 1..1 11 ,■ .' I "'','■•'•'5^
LEtîRtts .jardinier^ %e}'i'H\%^f cenljdi^ , ■
de Beauvais. . ' ' ^
{Extrait du journal du dFpà}temini"de f'O'we, n,° y.j
Au Pddacteur,
Calmar » .lé i^fructidar an 8.
Citoyen ,
La triste confirmation et les affreux détails de
l'assassinat du brave général Kléber qpe renferme
votre feuille du tg de ce mois , ont sans doute,
profondément affligé et indigné tous les fiançais ;
que dis-je ! tous les amis de l'humanité ; ils ont
I navié le cœur des citoyens des départemens du
. Riiin , qui l'onf vu naître parmi eux. Strasbourg
revendiquera sans doute I honneur d'inscrire son
nom sur la colonne nationale , élevée dans celte
' commune : en effet , il e-st né dans ses murs ;
i mais c'est dans le Haui-Rhin qu il a passé la
m.njeure partie de sa jeunesse ; c est à la tête-
d'un bataillon du Haui-Jlhin quil a comrnencé
Sd carrière militaire au service de la république v-.
j il est peu de communes dap.s le Kaut-Rhiii où-
ne se trouve un ciioyen qui n'ait connu ses yei'tus
sociales, ou un défenseur de là pallie qui n'ait
vaincu sous son commandement/, jugez de notre
douleur.
Jaloux d'en laisser un témoignage .durable ;
jaloux, de mêler son souvenir à cel..ii des braves
de notre dépanement qui sont morts pour la -
piairie , un vœu presqu unanime a été prononcé
dans cette ville pour ériger un monument à sa
mémoire ; une souscription volontaire s'est ou-
verte sur le champ ; en deux heures , 60 habi-
tans de Coimar oilt signé; deia.,.in' ce nombre,
va s'augmenter ; demain la souscripiion s étendra
aux aiîtres communes de ce dépanement ;. pet-
mettez-moi de vous eh a^'resser le pro^pecliis ;
il vous dira ce que nous pensions de Kléber
avant- qu'il 4ût coniiu du resie du monde; il
vous dira toute l'amertume de nos regrets.
Salut et considération.
Vn citoyen de Colmar.
Projet de souscription.
La république vient de perdre un des héros
qui l'illustra le plus par ses vertus , ses taleiis.
et son caractère : Le brave Kléber a succombé^
non ,. aux dangers qu'il affronta cent fois pour',
sa' patrie , mais sous la liaain d'un vil assassin !
Habitais du Haut-Rhin! nous avons perdu
de plus un compatriote , un ami ; nous qui l'es-
tinjions , qui le chérissions avant de l'admirer,
ne lui payerons nous pas. en particulier le juste,
tribut cie notre hommage et de nos regrets ?
Oui , un seul sentiment nous anime â cet égard ; ,
iin monument d'une noble simplicité , dont une
souscripiion volontaire fera les frais , dont le
plan et l exécution seront arrêtés par une com-
mission nonimée par les souscripteurs et présidée;
par le préfet, sur les dessins que lui présentera.,'
un artiste écl.riré , sera érigé à la mémoire de
ce grand homme dans le chef- lieu de noire
département, et éternisera noire douleur et notre
attachement. ''
•;o(
Ceux qui désireront contribuer à l'exécutiiiin!-»
de ce projet, voudront bien souscrire pour, umal)
somme quelconque au baS du présent. . .:.r.% h.
Les cinquante premiers souscripteurs poliraient'
se réunir le jour du déca'i" pour hpmtftè'.i'''
la commission qui sera chargée de t'églér . 't'àm"
le mode de perception et 1 emploi des fonds*,'''
que le plan et l'exécution de ce monument. ' ''; *•
Suivent une fouh, de signatures.
Paris , /e s5 fructidor.
Votre feuille du 20 de ce mois m'a porté un
coup bien sensible , en m'apprenant la mort de
Gloutier , membre de l'institut d Egypte et admi-
nistrateur général des finances de larméed Orient.
Permettez-moi de satisfaire le besoin le plus im-
périeux de mon ame , par une courte notice sur
sa vie.
. Alexis Gloutier, né à Ninvîlle", dèpartemènCtle
la Hauie-Marne , était destiné par sa famille à
l'état ecclésiastique. Il finit ses études à Paris , et
y fit , sous l'abbé Marie , de très-grands progrès
dans les mathématiques , dont il donna lui-raitne
les premières Ictjons à madame Condorcet.
gep^jidanr , pat uort enchaàietnent de cftcoris-
tanc«9 ., qu'il serait inviiil » de rappeler ici , il se
l{()^v-ail en 1787 sans éiat et presque sans res-
«9\i^es, , et ses païens le. pressaieni d'entrer dans
les ordres.
Mais si son anie sensible et naturellement con-
templative le rendait véritablement religieux ,
son cœur aimant et sa moralité sévère lui lésaient
détester l'obligation du célibat.
Tl aima mieux vivre plusieurs mois de deux
leçons qu'il donnait par jour, que de trahir , par
des vœux , ses opinions et sa Ijberié.
. L'kbbè Marie av^it a)o;rs avec mon père quel-
ques relations; il lui fit connaître GlOutier , et
bientôt mon frère et moi fûmes confiés à ses
sbinV.' •■■■■"■''
JL^s qualités de sqn coeur, la justesse de son
esprit et la candeur de son cataciere , en lésant
le bonheur de ses élevés , le rendirent bientôt
l'ami le plus intinie de leurs, parens.
V II, prit auptès de mon père , et des savans dis-
tingués qui comf.osaieiit alors sa société, le goût
des sciences naturelles , et y reçut , d'après les
principes de Turbot, les premières leçons d'éco-
nomie politique.
Patriote ardent., mais sage , dès l'aurore de la
liberté , Glouiier seconda puissamment mon père
dans tout ce qu il entreprit pour l'établir et la con-
solider sur les bords du Rhin.
En 1791 , il fut administrateur du département
du Bas-Rhin. Son intégrité profonde , ses lumières
et la bonté de son cœur , y ont latsssé des sou-
venirs durables,
Ja'mais il ne fut au pouvoir d'aucune circons-
tance , d'aucun individu , de le faire dévier un
moment des opinions politiques , ni des prin-
cipes d'administration qu'il s était d'abord formés.
Un style pur et clair, une diction facile, abon-
dante et sonore , se joignaient à la solidité de
ses idées , à la sensibilité de ,3on ame , à la sûreté
de sa logique, pour le faire entendre avec
charme ,soit qu'il improvisât dans les discussions
publiques , soit qu'il produisît son travail aux
séances du département.
Cependant Gloutier fut enveloppé dans l'arrêté
de suspension arraché au ministère à la fin d'août
179s, contre la majorité des administrations du
Bas-Rhin, dont le plus grand crime était leur
attachement pour mon père , et l'ideniiié de
leurs principes avec les siens.
Mon père , suspendu de ses fonctions contre
l'avis des commissaires envoyés par l'assemblée
législative à Strasbourg, mandé à la barre et dé-
crété d'accusation .,à la sanglante époque du
s septembre , voulait se rendre à Paris.
Gloutier ne craignit que pour son ami la rage
de lèuis communs persécuteurs, et quoiqu'cn-
veloppé dans la même proscription, il exigea
qu'il s'arvê'âl en roule , et lui-même il v'nt seul
à Paris pour s'assurer du degié de sutelé que le
niaire de Sirasbouig aurait pu y trouver. Là il
fut convenu entre lui , Condoxcet , Achilles
Duchâielet et Dufalga , que mon père devait
suspendre son arrivée , et provisoirement se
cacner ou fuir.
Cependant ceux à la fureur desquels ils vou-
laient le soustraire , cherchaient Gloutier lui-
même pour le conduire à l'Abbaye. Il eut le
bonheur d'être averti .• le citoyen Lacuce de-
manda pour lui au citoyen Servan , ministre
alors, un passeport de courrier, qui lui fut
délivré sur-le-champ avec un empressement dont
je me"" plais à rendre ici l'hommage à ces deux
citoyens : il franchit ainsi les barrières pen-
dant le massacre même auquel il venait d'é-
chapper.
Mon pete prévenu par lui , retourna sur ses
■pas , et à travers mille dangers gagna les frontières
de la Suisse ; mais à peine crut-il voir le règne des
lois rétabli , qu'il vint se constituer piisonnier ,
et demander des juges à la convention nationale.
Gloutier vient au-devant de lui , l'accompagne
à Paris , et s'établit son défenseur.
Dès cemotnent, ilii'a cessé de veiller sur lui ,
cl de lui prodiguer avec un zèle infatigable , au
inilieu des dégoûts et des dangers de tout genre ,
de» soins que l'amitié la plus tendre et l'estime
la plus réfléchie peuvent seules imaginer. — Il
s'est oublié lui-même , et n'a plus existé que
pour son ami. Pendant près d'un an , il i cons-
tamment obsédé les comités de la convention , les
1456
ministres, les'représèntanset les tri¥uriauw;ie.o lei»?
demandant justice avec un «touia'ge (('.Vi nniacha }
ces mots au barbare Saint-Juçt i jevOKdf.-ih avoir,
un ami comme vous. Q_uel estidonc ctBiànich ,
s'il inspiie un tel dévouement? Il rocessp ;^<J»»J-
je , de proclamer l'innocence et les ^ervictW de
mon père; et devenu son génie latelaire ., '» "se
reproduisit par-iout où il éi.iu nieuacé. 'Il :iui e-n
t7g3 élu officier municipal à Sirjsbou.'^; à une
grande majorité , mais presqo'aussiiôt dtsiiiué ;
tin'à.n , frappé lui-même d'un mandai d'jnêi , il
alla s'y soustraire dans le village qui 1 av?tt vu
naître.
Cependant la proscription s'étendait aussi sur
mon frcre et sur moi : enlevés malgré nous à nos
drapeaux , nous éiions encore bannis de notre
département. : Glouiier voulut partager avec
nous .son asile ; nou> étions léunis depuis quatre
jours , lorsquon nous arrêta tous trois;
Les autorités constituées du Bas-Rhin , infor-
mées de cet événement , nous dénoncèrent , et
sur-tout Gloutier, de la manière la plus atroce.
Bientôllebruit se répondit qu'un représentant en
mission envoyait Glouiier au tribunal révolution-
naire. Nous piéparâmes son évasion , elle était
sûre : nous embrassâmes Sfs genoux ; on m'ar-
rachera peut-être de vos bras , nous dit il , mais
jamais ce ne sera moi qui me séparerai de vous ,
il resta. Le représentant remit dans la nuit une
dépêche du comité de salut public qui l'envoyait
en Suisse. L'ordre de la translation de Gloutier
à Paris était ^ninuté : elle fut ajournée ; mais
dans l'inlervalle le comité de salut public fut
exclusivement investi du droit d'ordonner de
pareilles mesures , et notre ami fut sauvé.
Cependant mon père avait péri ; toute ma
famille était dans les fers ; nous n'avions plus
rien. — Gloutier. pour nous soutenir , dépensa
tout ce qu'il possédait encore , et sa lamijle même
fut mise à contribution pour nous faire exister. —
Toujours sublime , toujours calme , il avait sou-
tenu jusqu'au 10 thermidor , le courage et l'exis-
tence de ses malheureux élevés. Celte journée
mit fin à tant de misères et de périls.
Gloutier fut attiré à Paris , et entra bientôt
comme chef dans les bureaux du comité de salut
public. Il y donna de nouvelles preuves de ses
talens et de son intacte probiié. Il a continué de-
puis d'être mon appui et celui de tous les miens ,
jusqu'au moment où l'expédilion d'Egypte fut
proposée.
Son esprit philosophique, toujours ardent à s'ins-
truire , et petit-être aussi un excès de délicatesse,
qui lui fil craindre de devenir à charge à une fa-
mille dont il voyait la fortune anéanlie ; Us ins-
tances de Dufalga . son intime ami , son attache-
meni pour K.leber et pour Desaix , la gloire enfin
attachée au nom de celui qui devait diriger l'exé-
cution de cette grande entreprise , se réunirent
pour l'entraîner. Il fut, hélas ! sourd à nos prières,
ei porta dans un autre continent ses lumières et
ses vertus.
Je n'ai pu recueillir des renseignemens assez
précis sur celle dernière partie de sa vie. La ma-
niéré dont s'exprime à son sujet la relation offi-
cielle du'général Mencu , atteste qu'il ne s'y est
pas démenti , et que j'aurai un continuateur.
Et si , à des témoignages aussi flatteurs , il m'est
permis d'ajouter le plus "honorable de tous 4 on
assure que le premier consul l'avait distingué
particulièrement, et lui avait accordé plus dune
fois des marques flatteuses de son estime ; je
sais au surplus qu'il s'était occupé d'une rela-
tion exacte de l'expédition , qu'il avait fait beau-
coup de recherches sur les antiquités , l'histoire,
et létal actuel de lEgypie.
Son journal sera sans doute un des monuraens
les plus intéressans de cette étonnante entre-
prise.
j. A. Frédéric Diétrich.
moi , quai Vohaire , n". lo . ou cher tous les'
libraires et directeur^ deS- pbsles de la république.^
Veuillez, citoyen , trié fliire la fâve.iir de pub her'
celte Jettre, '■ ■<''"- '>^' '■ ' ' ' ' ' ■
PouCBNS , mtinh'ri de' Vinslitui nati^naL
' i>fiwpjj j:. I - •' ■■"(" îX
Les maire et adjoints de Toulon, ' au citoyen HShé-'
leur du Moniteur. •^^■■cnUw ., le- 14 frtietfdor,
an S de la répul^Uqite....: ^-in; ... ■ ' .n ' '.
Nous vous prions, cito^ws', d'insérer Ù'itii'
voi.ir* .prochain N^ l'avia suivant:' • i- :
Le maire et les adjpjnis de :U ville de Xàaldft ,
département du Var , préviennent leurs colleg\ies,
des difFéreiues villes de la république , et ceux
des citoyens qui le» habitfnt, qu'à dater rftl i*^
vepcle,miaire an 9 , lei( lettres qui leur seroAt
adress.^es ^an; être , afiranchies , resteroat 'au
rebut. _^ J,, , ,, ,
Salut et fraternité.
jMARCÎETTt'GHAULARD , maiTt.
Taris , le 3.^ fructidor an 8.
J'apprends , citoyen rédacteur , qu'un particu-
liëi , que je ne connais point , s'est permis d'aller
dans diverses maisons , solliciter de ma part des
souscriptions pour la Bibliothèque française , ou-
vrage périodique dont je suis rédacteur, je déclare
ici que non-seulemeni celte démarche n'est point
autorisée par moi ,. inais qu'elle est même eniié-
lement contraire; à mon intention formelle.
On souscrit chez le cit. Honnert , imprimeur
de ce journal, rue du Colombier, n°. 1160; chez
LIVRES DIVERS.
Abrégé de l'histoire générale des voyages , coRtenant'
ce qu il y a de plus remarquable , de plus Ulile et
de miçux avéré dans les pays où les voyageurs Qnt
pénélié , les mœurs des habitans , la religion , le»i
usages , aris et sciences , commerce et màpufaç-.
lure , enrichi de caries géographiques et figures,;
tome 28. sg et dernier ; prix is fr.. A Paris, che*
Moutardier, libraire, quai des Augustins , n° 28.
Ces deux nouveaux volumes et dernier ne sont
pas moins in éressans et instructifs que les pr«cé-.'
dens; ils coniienneiil l'abrégé des voyages dans
lArchipel , le continent de la Grèce , la Thrace ,
à Constantinople , sur les détroits des Dardanelles ,
la mer de Marniora , etc. , etc.
Le cil. Moutardier désirant donner des facilités
à ceux qui ont les 27 premiers volumes de l'Abrégé
des voyagi;s , prévient le public que ces deux
volumes seront du piix de 9 fr. jusqu'à la fin de>
brumaire an 9 ; passé ce tems, 12 francs , sans
espérance de déduction. Le prix des 27 premierst
volumes avec latlas , est de iSo fr. brochés.
Rapport fait au conseil-général du département
de la Seine , au nom du bureau des améliora-
tions , sur la nécessité morale et politique de fer-
mer les maisons de prêis.
Prix , 3o centimes.
A Paris , chez R. Jacquin , rue Cherche-Midi,.
n°. 293 ; Desenne , libraire , au Palais du Tribunal:;
et Duprat , libraire , quai de la Vallée , n°. 71.
Aurons-nous la paix ? ne t'aurons'nous pas 1 M^
possible de lajaire avec l'Angleterre f
Prix . I fr. , et un fr. 25 cent, franc de port.
A Paris , chez M™' Brigiihe Maihé , cabinet
littéraire , sous les colonnades du passage Rad-
zivil , n" 101 , Palais du Tribunal.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 29 fructidor. — Cours des effets puHict.
Rente provisoire 17 fr. 63 c.
Tiers consolidé 82 fr. 38 c.
Bons deux tiers i fr. 58 c.
Bons d'arréragé 83 fr. s5 c.
Bons pour l'an 8 . 89 ir. 40 c.
Syndicat 63 fr. 75 c.
Coupures 64 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la République et des Arts.
Le 2' jour compl. Praxitelle ou laCeiw.ure , opéra
en un acte , suiv. du ballet de la Dansomanie.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'htti-
Auj. Roméo et Juliette , opéra en trois actes.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Trois contre
un; la Matrone d'Ephese , et un seul Violon pour
tout le monde.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la Fille hussard, pantomime en 3 actes,
à grand spectacle , et ['Epreuve excusable.
Théâtre du Marais , rue Culture-Caiherine.
Auj. Othello ou le Maure de rfntjf ,■ tragédie ,
suivie de Jacquinet à Paris.
Laboooememse fait à Paris, rue de» Poitevins, b« 18. Le prix eu de s5 fraocs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. Ou nes'abonne
qu'au coœmeiicemcnt de cliaque mois.
U faut adresser les lettres «l'argent , franc déport , au cit. A CAS s E , propriétaire de ce journal , ine des Poitevins , n° 18. U faut comprendre dans les envois le port de»
pays oal'on ne peut affiaochir. Les leures des départcmeusnoo affranchies , ne seront 'point retirées de la poste.
il faut avoir soin ,, pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeuri; -et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuilU , au rédacteur, rue d«i
.Dpiuvias , iv". iS , depui «ocnf heures du malin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de riînprinieiie du cil. Amasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n» »3,
l'irifiioï oE îi/ctf «3 stgr.m «îal'
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNI VERSSëL;
N" 36 i.
1 " jo^ir complévientam an 8 ^/î la république française , une et inàiviiible.
Noiissomiiies^aucorrsésd prévenir «os souscripteurs qu'à dater du' 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel. •
n cor.cientles seinces des autorités constituées , les actes du gouvememeni , les nouvelles des armées , ainsi que l^s faits et les notions tantsUj
r'i'mérietir q«è- sur l'extérieur, tournis par les, correspondances ministérielles.
Un article sera paiti.culi.érement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
Administration générale des postes aux lettres.
, ,1e public est préveAii qu'attendu h rencontre
de deux jours impairs conséculifs, par le passage
du 5' jour compiémeniaire de l'an 8 aui'^
vendémiaire de l'an g, et pour ne point inter-
vertir l'ordre du service alternatif, il n'y aura point
'de départ de courrier, le i"^'' vendémiaire an g,
ainsi qu'il s'est pratiqué dans les années précédentes
qui n'ava'enl que cinq jours complémentaires.
L'administration renouvelle à ses concitoyens
l'invitation de ne pas négliger de faire charger
"tes lettres et paquets qui renferment des valeurs ;
comme aussi , d'avoir soin dindiquer au bas
de la souscription , le nom du bureau de poste
le plus voisin/des lieux oih les lettres sont adres-
sées, lorsqu'il n'y a pas de bureau de poste
dans ces mêuits lieux.
Les administrateurs-généraux des postes ,
ANSON, FoRIÉ , AUGIJIiÈ , FR.4NÇ0IS SiEYES ,
Bernard.
Vu , le commissaire du gouvernement près
l'administrilion générale des postes.
La Forest.
Aux Souscripteurs.
A raison de l'avis de l'administration générale
_des postes et de ia fête du premier vendémiaire
.an g, nous prévenons les souscripteurs que
nous ne donnerons pas de numéro ce jour-là.
, Nous prions ceux dont la souscription expira
au dernier jour coniplementaire.de l'an 8, de
nous faire passer leur renouvellement au plus tôt,
ahn qu ils n'éprouvent point d'interruption dans
l'expédidon de leur abonnement.
INTERIEUR.
Paris , le 3o fructidor.
Un duel d'un genre nouveau, et qui, sans doute,
n'aura pas d'imitateurs , a eu lieu le 25 à deux
heures après midi ; les suites ont été funestes de
pan et d'autre. Il y a lieu de croire que les causes
épataient peu honorables et peu décentes à re-
jracer. Deux femmes publiques de la rue Mouf-
fetard , à la suite d'une rixe , ont été se baure à
coup de couteau , dans une rue isolée de la sec-
îion de l'Observpioire ? l'une a reçu onze coups
de couteau , l'autre trois : toutes deux ont été
blesséts mortellement, et transportées l'une à
riiospice St. Jacques , l'autre à celui de l'Hu-
manité.
— Dans la même journée , le feu a pris au
magasin des fourrages des casernes des chasseurs,
aux ci-devant Carmes , place Maubert. La promp-
titude des secours a empêché que le dommage
ne fût considérable.
— Les affiches d'Angers ont inséré le le para-
graphe suivant :
)> Le cit. Noireau , chef de la 3™' division de
gendarmerie nationale , a offert une gratification
de cent francs à quiconque pourrait lui livrer un
iridividu , revêtu de i'uiliforme de la gendarmerie ,
r^ui se serait livré à quelques excès. >>
— L'aeronaute Blanchard est en ce moment à
Tours , oti il se propose de faire sa cinquante-
deuxième ascension dans une flotte aérienne. Il
n'i- 'lemande qu un nombre de souscripteurs qui
puisse couvrir les trais de son expérience ; son
annoncé est si/inée Blanchard, citoyen adoptifdes
principales villes des deux Mondes ^ et pensionnaire
uhien de la république frantiaise.
MINIS.TERE DE LINTÉRIEUR.
Le ministre de I intérieur a fait choisir , pour
les prix du l" vendcnrairc , des armes de la
•plus grande richesse. Si le nombre des concur-
rens est aussi considérable qu'il y a lieu de
le présumer , il sera distribué plusieurs prix.
C O N S E I L-D' É T A T.
Extrait du registre des délibérations. — Séance du
2 2 fructidor , an 8.
Projet d'arrêté concernant les masses.
Les consuls de la république , le conseil-d'étal
entendu , ariêtcnt :
TITRE PREMIER.
Du nombre des masses:
Art. I". Il sera accordé pour l'an g , ainsi qu'il
l'aéié pour l'an 8 , des fonds fixes pour pourvoir
à chacun des objets que r.état fournit aux trou-
pes. Ces fonds continuerorli à être désignés sous
ie nom de masses.
II. Les masses seront au nombre de neuf pour
les troupes à pied , et de douze pour les troupes
à cheval , savoir ;
Pour les troupes à pied : boulangerie , étapes,
I chauffage et ustensiles de campement, logement
jet casernement , campement, hôpitaux, habil-
j lement et équipement militaire , entretien et con-
fection , ei première fourniture de petit équipe-
nient , linge et chaussure ; de 'plus pour les
I troupes à cheval , fourrages , remontes , fer-
rage.
III. Les masses seront divisées en trois classes :
1°. Celles qui sont remises aux corps , et dont
ils auront l'administration sous la surveillance du
ministre de la guerre ;
2°. Celles qui seront administrées par le mi-
nistre , avec ie concours des conseils d'admi-
nisiration ;
3°. Celles qui resteront entre les mains du mi-
nistre , et qu'il administrera seul.
IV. Dans la première classe , seront rangées
les masses de chauffage et d'ustensiles de cam-
pement , d'entretien et de confection , et de pra-
miere fourniture de petit équipement , de linge
et chaussure , de remontes et de ferrages.
Dans la deuxième classe , seront les masses de
boulangerie , des hôpitaux , d'habillement et d'é-
quipement militaire, de fourrages.
Dans la troisième classe, seront les masses
d'étapes , de logement et casernement, de cam-
pement.
V. Les masses seront faites et payées en totalité
pour les corps dont l'effectif s'élèvera aux deux
tiers de leur complet.
Ilri'ensera payé que les| aux corps dont l'effectif
ne s'élèvera pas -au-dessus des deux, tiers du
complet.
VI. Le ministre de la guerre déterminera ,
dans la première décade de chaque trimestre
d après les états de situation des corps ,' la quo-
tité des masses dont chaque corps jouira.
Il fera connaître à chaque conseil d'adminis-
tration la décision qu'il aura prise sur cet objet
à son égard.
La décisioiuptise par le Ministre ne variera
point, pendant le cours du trimestre, quelque
perte que le corps éprouve ; mais elle variera
au commencement de chaque mois , si le corps
a reçu , pendant le mois précédent , un accrois-
sement qui le porte d une classe dans l'autre.
Le ministre de, la guerre fournira , à la même
époque , au ministre des finances , un bordereau
général des dépenses relatives aux masses.
Le ministre de la^ guerre distinguera dans ce
bordereau les sommes qui doivent être payées
aux corps en numéraire et comme la solde, d'avec
celles qui doivent être soldées directement par le
trésor public.
Il lui indiquera aussi les lieux et les époques
oià ces différentes sommes devront être payées.
TITRE II.
4 . £t pendant la guerre , des marmites et ga-
melles , des grands et petits bidons, des barils à
eau ,_des sacs à marmites , des faulx ,:des outils',
sacs a outils et des .couvertures.
VIII. Lij masse des chauffages sera , pour l'an g ,
portée à neuf francs cinquante centimes par
hommes. Elle seia.payée en numéraircen douze
mois, un douzième par mois ,, au complet dé-
terminé par l'aiiitle 5, de la même, manière et
•aux mêmes époques que, la solde. Elle ne sera
payée que pour les sous-ofEciers et soldats. La
masse de chaffauge n'e.'T payée en totalité qu'aux
troupes qui sont sur le territoire de la lépublique:
hors du territoire , les troupes réunies en corps
d armée ne reçoivent que quatre francs par homme
et par an pour ladite masse. , ' ^
IX. Les officiers , excepté lorsqu'ils sont aii
corps-de- garde, ne peuvent rien demander ni
obtenir sur la masse de chauffage. Cette-masse ne
doit rien fournir pour le chaufiage des bureaux
de l.elat-major ou autres. Les sous - officiers e't
soldats recevront sur cette masse un petit bidbh
au moment où ils seront admis dans un corps :
lis devront ensuite s'en entretenir eux-mêmes.
X. Il n'est rien innové aux dispositions dfes
lots et des réglemens qui fixent la quotité des dis-
mbunons en bois et luru^re , qui doivent être
taiies dans les divers lieun et les diverses saisons.
XI. Le conseil d'administration de chaque corps
chargera un capitaine, tin lieutenant, lih sous-
lieutenant^ et quatre sous-officiers , des détails
relatifs à l'achat , conservation et distribution du
bois et lumière.
Le conseil d'administration tracera au capitaine
chargé du bois et lumière , les reglts qu'il devra
suivre dans sa comptabilité tant en argent qu'ea
matière. Il prendra pour base les dispositions des
réglemens des 26 ventôse et 8 floréal an 8.
XII. Nul ne pourra , sous aucun prétexte ré-
c amer de décompte sur le résidu de la masse de
chauttage.
Ce résidu sera conservé dans la caisse du corps
et porté d'une année sur l'autre , ou employé à la
confeçuon ou à l'achat des bidons , marmites
couvertures et autres effets qui doivent être four-^
nis aux soldats pendant la guerre.
XIII. La masse d'entretien et de première four-
niture des effets de petit équipement est chargée
de la dépense de tous les objets désignés dans
1 article IV du titre IV de l'arrêté du 8 floréal
an S. '
)
9fr.
De la destination ..de la force et de l^adjninistration
des masses de la première classe.
Art. VII. La masse de chauffage et d'ustensiles
de campement est destinée à la fourniture.
1°. Du bois et autres combustibles nécessaires
au chauffage des iro upes dans leurs cantonncmens ,
iogemens , quartiers ou casernes , ainsi que sous
la lente ;
2°. A celle des combustibles nécessaires à la
préparation de leurs alimens ;
S"". Du bois pi lumière de» corps de |;ardei ;
XIV. Cette masse est réglée , pour l'an g , ainsi
qu'il suit :
Pour I infanterie de bataille. .
Pour l'artillerie 3 pied. ....
Pour l'inlaïu^rie légère. . .
Pour la cavalerie et drag'oiis 12 "
Pour les chasseurs , husiards et ariil-
lerle légère. jj
Xy. Cette masse est payée au complet déter-
mine par 1 article V, et ainsi, qu',1 est dit article
VfU de la masse de chauffage.
Les officiers n'ont aucun droit à cette masse,
et ne font pas nombre pouv son paiement.
XVI. Cette masse est administrés ainsi qu'il est
prescrit par l'arrêté du 8 fipréal an 8.,
XVII. La masse de linge et chaussure est for-
mée , soldée et administrée ainsi qu'il est dit par
l'arrêté du 8 floréal, an 8. ,,,,, ., ^ ,,,
XVIII. La masse de rvemonte. doit fournir à
l'achat des chevaux de remonte, à leur nourri-
ture , ju'squ'à ce qu'ils soient :arri.vés ' au dépôt
du corps; à tous les frais accessoires audit achat
et à la gratification journalière dont il va être
padé-, et qui sera accordée aux cavaliers qui cdn-
serveroni leurs chevaux au-delà du terme fixp
pour leur durée. çp,miïitine.j;-
XIX. Cette masse est réglée , pour l'an g, ainsi
qu'il a^n : , ;
Pour la garde des consuls. ..... 90 fr.
Pour les carababiniers -cuirassiers. . , 80
Pour la cavalerie, . 70
Pour- les dragons 65
Pour les chasseurs , hgssards et canon-
niets à cheval. . .' . . Co
f
le
XX. Cette masse est payée au complet prescrit
^ar l'article V , ainsi qu'il est du à l'arucle VUl ;
es officiers p.'y ont aucun droit -et leurs chevaux
n« font pas nombre pour son paiement.
' - XXI. Cette masse est âdmànistrée par le conseil
d'administration. Le conseil ne peut traiter de la.
remonte du corps , avec des fournisssurs ou en-
trepreneurs généraux , qu'avec l'autorisation du
ministre : le ministre n'accotde cette auiorisatvon
<jue lorsqu'il a lieu de craindre que des ofliciets
.envoyés eh remonte dans les différentes parties
de là république , ne puissent suffire aux achats
ou ne se nuisent par la concurrence.
XXII. Tout sous-officier et soldat de troupes
31 cheval qui , pendant la paix , aura coriservé
le même cheval pendant six ans, jouira , à titre
de gratification . pendant tout le tems qu'il le
conservera, au-delà de ce terme, d'une somme
de deux francs par mois. Cette somme lui sera
payée chaque mois sur la masse de remonte.
XXIII. Nul ne pourra, sous aucun prétexte,
réclamer de décompte sur lé résidu de la maiise
de remonte. Ce résidu sera conservé dans la
caisse du corps , et porté d'une année sur l'autre.
XXIV. Le ministre de la guerre déterminerai
par des instructions , les formes de la compta-
bilité de la masse des remontes, ainsi que tous
ies objets relatifs à l'achat des chevaux , à leur
réception et à leur réforme.
XXV. La masse de ferrage est destinée à fourr.ir
aux dépenses prévues par l'article LXVII du titre
IV de l'arrêté du 8 floréal an 8.
Cette masse sera, pendant l'an IX, de 12 fr.
par cheval , en garnison ; et l5 fr. pour les che-
vaux , en campagne; elle sera payée au complet
déterminé par l'article V , et ainsi qu'il est dit
i»,lide VIII.
Les officiais n'ont aucun droit à la masse du
ferrage, et leurs chevaux ne comptent point.
Cette masse est administrée ainsi qu'il est pres-
crit par l'ariicle LXV et les suivans du titre iV de
J'arrête du 8 floréal an^S.
TITRE III.
Dç la destination , de la force et de t administration
des masses de ta deuxième classe.
XXVI. Les masses de boulangerie , des hôpi-
taux, d'habillement, d'équipement et de four-
rages sont administrées pat if ministre de la
■guerre : ellei sont payées par l'évit , au complet,
en iS mois, un dtx- huitième chaque mois ; les
fonds qu'elles produisent sont versés dans la
caisse du payeur de la guerre , et ne peuvent en
sortir qu'en vertu des mandais des copps, otdon-
pancés par le ministre de la guerre.
Chacune de ces masses est administrée d'après
les formes qui lui sont propres, et qui seront
détaillées ci-après.
XXVII. La masse de boulangerie doit fournir :
1° A chacun des sous-officiers et soldats pré-
jens , au corps ou détachés pour le service , une
ration de pain conforme à ce qui est fixé par les
lois et les réglemens ;
e° A tous les hommes qui voyagent avec leurs
drapeaux, une ration semblable : cette ration qui
est fournie en nature par la masse des étapes , est
remboursée par la masse de boulangerie, sur le
pied de 14 centimes ;
3° A tous les frais d'administration générale
pour le service du pain militaire.
XXVIII. La masse de boulangerie est fixée à
5l francs pour l'an 9 : elle est payée au com-
plet déterminé par l'article V des sous-officiers
et soldats de chaque corps.
Les officiers n'ont aucun droit à la masse de
boulangerie, et ne font point nombre pour
son paiement. La gendarmerie nationale n'a
point de masse de boulangerie.
XXIX. Le ministre traite avec une association
de citoyens, de la fourniture aux troupes . du
pain militaire dans toute l'étendue de la répu-
blique.
Ce traité est fait par ration fournie , c'est-à-
dire que tous les frais d'administration sont
compiis dans le prix de la ration' fournie.
Le prix que le ministre accorde pour chaque
ration fournie est rendu public par la voie de
l'impression , et communiqué aux corps parle
ministre de la guerre.
Ce prix est divisé en trois parties :
1°. Frais de l'approvisionnement d'avance;
8°. Frais d'administraiifin générale ;
3". Prix de la ration proprement dite.
XXX. Dans la première décade de chaque
mois , le conseil d'administration de chaque
cçrps forme, le bordereau des rations de pain
qu'il a reçues pendant le mois précédent.
Ce bordereau est formé paï compagnie et par
distribution; jl est appuyé des bons des capitaine?
et d«s récépissés d«s lieutcaans.
1458
Au bas dudit bordereau , le conseil d'adminis-
tration lire sur le payeur général de la guerre
un mandat :en faveur des enfreprenéurs des sub-
sistances militaire; : la somme portée par le man-
dat est égale à celle qui est due à l'ejitiepie-
neur pour les râlions qu'il à fournies pendaiii l-.;
riiois. Ce bordereau est envoyé au ministre de
la guerre.
XXXI. L'entrepreneur des subsistances mili-
taires adresse aussi aux mêmes époques , au mi-
nière, un bordereau de ce qu'il a fourni pour
chaque corps militaire ; il joint à l'appui de son
bordereau , les récépissés des quartiers-maîtres.
XXXII. Dès que le minisire a reçu les pièces
exigées par les articles XXX et XXXI ci-dcssus,
il ordonnance le mandai de cliaqu.e corps , lu fait
parvenir à la trésorerie nationale , et en donne avis
à l'entrepreneur-général.
Les paiemens des d>ux premiers mois ne sont
considérés que comme des à-comptes
XXXIII. Dans la première décade de ch.que , P"'"' Pa"i«-\'i" ^"'PS
XXXVII. Les rations de fourrages resteront
fixées ainsi qu'il est prescrit parl'anicle yl <^^ ''*
loi du 26 fruciiclor an 7. • ■-
XXXVIII. Les officiers de tous les grades q«i
ne font pas partie constituante d'un corps de ca-
valerie , lorsqu'ils ne seront pas réunis- en corp*
d'armée , n'auront point droit , dans 1 intérieur
de la république , à la distribution des fourrages
en nature; il leur sera accordé en remplacement,
pour chaque cheval effectif, une indemnité de
85 centimes par ration. ' ,
XXXIX. La masse de fourrages est fixée, poUr
l'an 9, à 3oo fr. par cheval au complet déterminé
par l'article V. Les chevaux des officiers sont
nourris par ladite masse , et font nombre pour
fixer le complet.
Outre la. masse pour les corps , il est mis à la
disposition du mini.'îlre une somme de 3oo francs
pour chacun des chevaux que sont autorisés à
avoir les officiers-généraux ou autres qui ne font
tnmeslie , le conseil d'administration tornie le
bordereau général du trimestre précédent , tou-
jouis par distribution et pur compagnie : ce bor-
dereau est signé par chacjue capitaine , au bas
de l'état des fournitures faites à sa compagnie.
Le conseil d'administration donne , au bas de
ce bordereau , un mandat sur le payeur gé-
néral de la guerre , et l'adresse aii rainistrrê.
L'entrepreneur général adresse aussi au mi-
nistre , le bordereau du trimestre.
Ces pièces sont renvoyées par le ministre, au
comité des inspecteurs en chef aux revues.
Le comité, après avoir comparé les deux borde-
reaux ensemble , et avec la revue et les mouve-
mens du corps , ainsi qu'avec les bons et les ré-
cépissés des capitaines , lieutenans et quariiets-
maîires , détermine les sommes qui doivent êire
définitivenieiu payées à l'entrepreneur pour ledit
corps , et rend , par écrit , comjite au miriistrc
de tous les abus qu il a pu remarquer.
Le ministre ordonnance les mandats définitifs.
XXXIV. Le compte général de la masse de
boulangerie- de chaque corps lui est adressé par
le ministre, i la fin de chaque année. Le résidu
de ladite masse est porté d'une année sur l'autre ;
et il ne peut en êire disposé que. d'après l'auto-
risation des consuls , et pour l'avantage du corps
auquel il appariient.
XXXV. Le ministre de la guerre est de même
■chargé d'assurer , par des traités ou partout autre
voie , la fourniture du pain pour les troupes qui
se trouvent réunies en corps d'armée hois du
territoire de la république : mais, dès ce moment ,
le compte de la masse de chaque corps (jui fait
partie I armée , est arrêté . et sa masse passe en
lotalilé à la disposition du ministre , sans que
néanmoins les conseils d'administration et les en-
trepreneurs des vivres-pain puissent se dispenser
d'exécuter les dispositions des articles XXX et
suivans. Le ministre de la guerre solde , sur les
fonds extraordinaires , l'excédent , s'il y en a ,
entre le produit de la niasse e le montant du
pain fourni à chaque corps.
Les officiers de tous les grades reçoivent , pen-
dant la guerre, s^ils les demandent, les radons de
pain accordées à leurs grades par les réglemens
antérieurs.
Ils les reçoivent sur des bons individuels , signés
d'eux.
lis éprouvent, pour chatJTie ration de pain,
une retenue sur leurs appoiniemens égale au prix
fixé par le ministre de la guerre pour la ration
distribuée.
A la fin de chaque mois, l'entrepreneur adresse
au conseil d'adminislrationducorps ,1e bordereau
du pain fourni à chaque officier , accompagné des
bons qu ils ont donnés.
Le quartier-maître donne de suite au fournis-
seur un récépissé général.
Le conseil d'administration ordonne le paiement
desdits bons, et la retenue de leur montant sur
les appointemens de chacun des officiers qui les
ont signés.
Les bons donnés par les officiers qui ne sont
attachés à aucune troupes, sont présentés avec un
bordereau par le fournisseur à l'ordonnateur , ou
au commissaire des guerres qui en fait les fonc-
tions près de chaque division de l'armée. Le
commissaire garde lesdits bons , en vise le bor-
dereau, ordonne qu'ils soient payés par le payeur
de l'armée , et donnés pour comptant aux offi-
ciers t[ui les ont signés.
XXXVI. La masse des fourrages est destinée à
fournir ,
1°. A la nourriture des chevaux de troupes ;
s". A la nourriture ou à l'indemnité des nour-
ritures des chevaux des officiers de tous les grades,
qui sont obligés ou autorisés à en avoir ;
3". A tous les frais quelconques de manutcn-
ùon et distribution , tant au vert qu'au sec , loyer
de magasins , frais de transport et dadminis-
uaiioa.
XL. Le ministre traite avec une association d^e
citoyens pour la fourniture des fourrages à dis-
tribuer aux troupes qui sont danj l'intérieur de
la république.'
Ce tr.'.iié est fait par ration fournie.
Le prix que le ministre accorde pour chaque
ration fournie', est rendu public par la voie dç
l'impression , et communiqué aux corps par lé
ministie de la guerre.
Ce prix est divisé en deux parties :
i° Frais d'administration générale ;
2° Prix de la ration proprement dite.
XLI. Les articles XXX et suivans , relatifs à
l'administration et à la comptabilité de la masse
de boulangerie sont rendus communs à l'admi-
nisiration et à la comptabilité de la masse des
fourrages.
XLII. Qj-ta'nt aux indemniiés dues aux officiers
qui ne font point partie des corps, elles sont
payées de trois mois en trois mois , à la fin de
chaque trimestre , sur une déclaration donnée par
les parties prenantes , qu'ils ont eu et qu ils ont
encore le nombre de chevaux pour lesquels. ii#
demandent ladite indemnité.
Celte déclaration sera remise à l'inspecteur aujc
revues qui , après s'être fait représenter lesdits
chevaux , les poitera sur la revue particulière
qu'il aura passée auxdils officiers. '
XLIII. La masse d'habillemens restera fixée^
pour l'an g, ainsi qu'elle l'a été pour l'an 8, par
l'article XXIII et les suiyans de la loi du 26 frucr
lidor an 7 : elle est payée au complet détermine
par l'ariicle V. Les officiers n'y ayant point de
droit , leur nombre n influe point sur la déter-
mination du complet.
La comptabilité et l'administration de la masse
d'habillement restent fixées , ainsi qu'il est réglé
par l'arrêté des consuls du 9 thermidor an 8.
XLIV. La masse des hôpitaux est destinée à
fournir:
1'' Aux militaires qui seront reçus dans les hô-
pitaux militaires et civils , ainsi que dans le»
ambulances des armées , tous les secours néces-
saires au rétablissement de leur santé.
2° A toutes les dépenses relatives à ce seryice.
XLV. La masse des hôpitaux est fixée pour
l'an 9 , à 20 francs p:;r officier , sous-officier et
soldat au complet déterminé par l'article V.
Cetie masse est augmentée par la retenue qui
sera faite à chaque sous-olEcier et soldat, des
deux tiers de sa solde pendant le teras qu'il sera
resté à l'hôpital.
Cette retenue sera exercée, ainsi qu'il est pres-
crit par la loi du 26 fructidor an 7 , et par le
règlement du 8 floréal an 8.
XLVI. La masse des hôpitaux est divisée ea
deux parties ; 1° les frais d'administradon géné-
rale , achat, entrelien et renouvellement des bâ-
timens et ustensiles ; 2° journées de malades
proprement dites,
XLVII. Pour subvenir à la première partie,
il est mis à la disposition" du ministre de la
guerre une somme de 12 fr. par an et par homme;
et pour la solde des journées de malades , une
somme de 8 fr. par an et par homme , non com-
pris la retenue à exercer sur la solde des hommes
qui seront entrés dans les hôpitaux.
XLVIII. Le ministre de la guerre administre,
par l'intermédiaire du directoire des hôpitaux %
laportion delà masse consacrée à l'administralipa
générale.
L'administration et la comptabilité de la por-
tion de la masse consacrée aux journées seront
réglées ainsi qu'il suit :
XLIX. Le ministre de la guerre fera . sans nul
délai , avec chaque hôpital civil , un traité pour
la journée des militaires malades pendant l'an g.
Le ministre de la guerre déterminera , d'aprè»
le prix commun des journées dans les hôpitat^x
ctvils , la journée des hôpitaux militaires séden-
taires.
, Le ministre fixera de mêrne , d'après les traités
anciennement faits, ou d'apr.és les bases ijui leur
■se'ron't soumises par le directoire central , le prix
cotoraun des journées des hôpitaux temporaires
et des.ambuhnccs. ■ ' ' ^ ^ ■■
Ces différens traités et ces fixations seront ren-
dus publics par la Voie de i'iinpress'ion , et adres-
sés aux dilTércns corps militairos.
L. Indépendamment des feuilles de retenue ,
qui continueront à être envoyées tt acquittées ,
ainsi qu'il est prescrit par l'article V.l et suivans
de. l'arrêté du 8 floréal an 8 , l'administration de
■ihaqire hôpital civil , S'éUentaiire , temporaire où
d'ambulance, adressera, à la fin de chaque
trimestre, au conseil d'administration de chaque
corps dont elle aura reçu des malades , un bor-
d.ereau désignatif du nom et du signalement de
chaque individu appartenant audit corps.
Ce bordeieau sera visé parle commissaire des
.guerres , chargé de la police dudit hôpital. A
(défaut fJe commissaire des' guerres , le borde-
reau sera visé par le préfet ; si c'est un chef-lieu
de département , par le sous - préfet ; dans les
»c>us-préfeclures , et dans les autres villes par le
maire.
LI. Dès que le conseil d'administration du corps
aura reçu lesdits bordereaux , et qu'il les aura
vérifiés , il tirera au bas desdits bordereaux, un
mandat égal à la somme qu'il redevra à chaque
hôpital , après en avoir défalqué le montant des
feuilles de retenue.
Ce mandat sera adressé au ministre de la guerre,
qui l'ordonnancera et l'adiessera au directoire
des hôpitaux pour en toucher le montant , s'il
s'agit d'un hôpital militaire ; ou à l'administration
de l'hôpital , s'il s'agit d'un hôpital civil.
LU. Le ministre de la guerre jugera définiti-
vement les dilficuliés qui auront pu s'élever entre i voitures aux ,mili(aires malades ou bl
les corps et les administrateurs des hôpitaux, re- j voyagent isolément.
lativement aux feuilles de retenue que les corps
n'auront pas voulu admettre.
Lin. Xe ministre de la guerre arrêtera chaque
année l'état de siiuaiion de la masse des hôpi- j en exceptant louielois le numéro 5 uutlii article ,
auquel il, sera pourvu,par la masse du campement,
r.'.;l4,59
peut délivrer d'ordonnance sur' lesdiw' fonds' ,
pour servipcs çourans , qu'en vatiu d'une auto-
risation spéciale des consuls. l.Iuj: ■-( ■'■■■< i
Le minisne ne peut de même, sans une sem-
blable autorisation , employer les Ipnps, ,d"une
masse à un objet qui l'iii, 'est, étranger,, i
LVIII. La masse des' étapes, doit péutvwir :
1°.' A la fouiniiure du pain et' Jci 'four;-,^gçs des
troupes en i-outc ; , ■ , ,,, , . ,, j
,,2°. Au paiement,,de l'indemrlité de route , fixé
par l'arrêté de,?,copsuls ,du ,p:rlemier j.firoctidor
an 8 ; ,
3°. A celui des i5 centimes parlieue poijr l'es
hommes qui voyagent isolément; ''" ''
4°. Aux 'frais des transports des tagages des
troupes ; ' '
5°. A la fourniture des chevaux et voitures pour
les militaires malades ou bicssé.s.
LIX. Cette masse seia d
par homme , au complet déi
y compris les olficiers et la gcndaimeiie
à pied qu'à cheval.
Cette masse sera accrue par les verseraens que
feront dans sa caisse les masses de boulanueric et
de lourrages, de la somme de quatorze c<.-niimes
par jour pour ctiaque homme en marche par
étape , et de quatre-vingl-ciuq centimes :iussi par
jour et par homme , pour chaque cheval d'ofhcier,
de sous-officier et soldat aussi en marche par
étape.
LX, Le ministre de la guerre déterminera . par
une insiruciion , la quaniiié de bayages dont le
transport sera fait par l'étJt pont chaque corps
militaire , et les moyens de prévenir les abus qui
ont lieu dans la fourniiuie des chevaux et des
es qui
francs par an et
né par i'an. V ,
LXlj La, masse de logement et de casernement
doit pourvoir à l'acquiitement des dépenses pré-
vues par l'an. XX de la loi du, 26 fructidor an 7 ,
taux de chaque corps , et lui en adressera le ré
sultat
Les dispositions des articles relatifs au résidu
de la masse de boulangerie , sont communs au
résidu de la masse des hôpitaux.
LIV. Le directoire des hôpitaux niill+aires ad-
ministrera , sous la surveillance et la direction
dû ministre de la guerre , et d'après les formes • 1 ,
prescrites par l'arrêté des consuls, du 4 germinal ;""'PÇ'^«"' "°" compris dans la masse du
an 8 , la portion de la masse des hôpitaux , mise j t"<"r"age.
LXII. Cette triasse seia de 17 francs par homme
au complet déterminé par l'article V : elle est
payée pour Les officiers , sous-officiers et soldats ,
et pour la getidarmerie nationale.
LXIIL' La masse de campement doit .pourvoir
à la fourniture et entretien de tous les effets de
à la disposition du ministre.
Il rendra compte tant des lommes que le mi-
Cette masse sera d'un franc cinquante centimes
par homme au complet déterminé par l'article V ,
pour les officiers , sous-officiers et soldats de tous
nîstre aura mises à sa disposition sur ladite portion, ,,3 jes , excepté la gendarmerie nationale et
que du produit des teuilles de retenues , et de les vétérans ■
celui'des mandats tirés par les corps sur la portion
deMeyr masse. | LXIV. Les ministres delà guerre et des finances,
, . ' sont chargés , chacun en ce qui le concerne , de
LV. Lorsqite les troupes sont reumes en corps , l'exécution du présent arrêté , qui sera imprimé
d'armée , ou hors du territoire de la république , I ^^ bulletin des lois.
le compte de la masse des hôpitaux est arrêté pour
chaque corps qui fait partie de l'armée , et sa
masse passe en totalité à la disposition du mi-
nistre ; et néanmoins les conseils d'administration
des corps , les directoires des hôpitaux des armées,
les conseils d'administration des hôpiiaux militai-
res , et les économes des hôpitaux civils , n'en
sont pas moins tenus à exécuter les dispositions
des articles L et suivans. Le ministre de la guerre
solde sur les fonds à lui réservés pour les hô-
pitaux , l'excédent, s'il y en a , entre le produit
de la masse des corps et le montant des dépenses
des hôpitaux.
LVI. L'administrateur du trésorpublic ne pourra,
sous aucun prétexte , soit pendant la guerre , soit
pendant la paix , mettre son visa au bas des or-
donnances délivrées par le ministre de la guerre ,
sur les masses de boulangeries et de fourrages ,
ainsi que sur la portion de la masse des hôpi-
taux laissée à la disposition des corps , non plus
que sur la masse d habillement , ainsi qu'il a été
prescrit par l'arrêté du g thermidor an 8 , que
lorsque lesdites ordonnances seront elles-mêmes
mises au bas des mandats des conseils d'adminis-
tration , lesquels mandats doivent eux-même être
placés au bas des bordereaux des fournitures ou
des journées d'hôpital.
T I T R E I V.
De la destination de la force et de l'administration des
masses dt la troisième classe.
LVII. Les masses cTe la troisième classe sont
administrées par le ministre de la guerre.
Le montant desdites masses est versé dans la
caisse du payeur de la guerre , dans l'espace de
dix-huit mois , un dix-huitième par mois.
Les ordonnances du ministre sont spéciales
pour chacune desdites masses.
Le ministre rend , chaque année , une compte
particulier de l'emploi des fonds affectés à cha-
cunes desdites mas!>es.
Lorsqu'un excicice eslicrminé, leministrene
Le conseil d'étal , après avoir , sur le renvoi des
consuls et sur le rapport de la section de la guerre,
discuté le projet ci-dessus , l'approuve , et arrête
qu'il sera présenté aux consuls, dans la forme pres-
crite par le règlement.
Pour extrait conforme.
Le secrétaire- général du cons-eil-d'éiat .,
Signé , J. G. LoCRÉ.
PRÉFECTURE DU DÉPARTEMENT.
Le préfet du département de laSeine, vu l'arrêté
des consuls, du 17 ventôse dernier, portant
art. 1"' )> que le nom du département qui aura
ji payé au ao germinal la plus forte partie de ses
)) contributions, sera donné à la principale place
îi de Pafis ; )J la lettre du ministre de l'intérieur ,
en date du 26 de ce mois, qui annonce que ,
d'après le compte rendu de l'èiai des contribu-
tions perçues audit jour 20 germinal , le dépar-
tement des Vosges est celui qui a rempli l'objet
dudit arrêté, et par laquelle le ministre indique
la place dite ci-devant Royale , pour porter le
nom dudit département , arrête que les inscrip-
tionscontenantladénomination deFlacedes Vosges,
seront , d'ici au i-*' vendémiaire prochain , posées
aux différentes encoignures delà plac^ ci-devant
Royale , située dans le 8""= arrondissement de la
commune de Paris.
Le cit. Molinos , architecte , inspecteur-général
des bâtiraens civils du département delaSeine,
es chargé de l'exécution et de se concerter à cet
effet avec les maire et adjoints dudit arrondisse-
ment. Fait à Paris , le 27 fructidor an 8 de la
république française.
Signé , Frochot.
Pour amplialion , '-
Par le préfet, le secrétaire-général de la préfecture
Signé Et. Mejan.
< 'I " .L.Y C'É E DE PARIS.
■ Lé' lycée 'de 'Paris existç^ depuis" cinq ans. Des
lilléiàteurs C3lini;és y 9^if ,ço,nstament attifé , par
'dtîs fcctures choisies , des, tp.uiiions nombreuse»
d'amis des lettres et des arts agréables. Il s'est
auj^ourd hui lix'é' dans un local plus rapproché
du cehtredc la ville , que celui qu'il occupaiit au-
paravàii't. • Se*- 'séances" bnt le titfe de Veillées' des
Muses. '■' ■ ' ■ • I' , ■
'L'es' deux 'dernières ont été, brillantes ; elles
avaient attiré un nombiepi .cop.cours 4'?u,diieurs.
Ori, 'y^ à entendu des vers , adressés au premier
côrtsul , par madame Fanny Be^atàrnais. Le nom
deleurauteur les caractérise. Il estpresqu'inuiile de
diue ljU\'l''.rtlei'ite ils ôlî'i'iifeiipf.l'qnfe'l'e'ffct leur lec-
ttlte'îat pu' prbduii-e'.--U'n 'fîàgrti'étlt en prose iri-
th\x\é i'I'A'tfiMÏ de Collège', rridtceiù sur lequel le
citoyen Girard , son ^ûieur^','4 'iu'iépandre une
teinte dtjuce eiihéla'rttolitjue , (fUi n'eitclud po'int
quelques dctiils at^éâblcs'.
Un morceau aussi en prose de^Deguerle , ayant
pour sujet, les vers dits de société. .Oa sait que ce
jeune, auteur d'une traduction estimée du pqëme
de la Guerre Civile , de qu,elq,i^es pièces origi-
nales , et dune foule de pièces erotiques jtiès.-;
agréables, a pu sottvent .connaître et apprécieir
les succès dont il entre.tenait le Lycée. Son tpor-^
ceaua paru bien pensé , remarqu^blj;. par la, fi-
nesse , la justesse ,.d?s,, apperçus , et pa.r, 1^
style. ■ ■ ' .■'■■■'■ , , ^
Minona , poème imité d'.Ossian , par le Git0î"eni
Baour Lormian. Où y a retrouvé la leinte' 'iiié-
lancohque , et souvent l'èlè.vaiion de l'origànâl i
et généralement les défauts attachés à ce genre' j
comme les beautés qu'on peut devoir à son imi-
tation. . ,.:; 'i
Une des satyres du citoyen Déspaze : toutes ilei
quatre sont publiées. '" ■'.'
Un fragment d'un ouvrage en vers sur les
femmes ,par le ciroyen Legouvé : ce morceau avait
déjà été couvert d'applaudissemens dans diyers.es
lectures publiques. ' ' '"
Un nouveau fragment d'un déschantsdu poëme
de l'Etude , par le citoyen Corioils : , de tels pas-
sages respirant une saine philosophie , et présen-
tant les richesses d'une poésie élevée , sont faits
pour donner une haute idée de l'ouyrage donc
ils font partie.
Un essai sur le libre arbitre, par le cit. Bouf-
flers , remarquable par le coloris du style et la
force de la pensée.
Le lendemain , moralité du citoyen Tremblay ,
renfermée dans de justes bornes , qui , en fesant
briller l'esprit de son auteur , paraît de natuire à
honorer sçn cœur ; enfin deux épîires du citoyen
'Vigée , l'une adressée à une infidelle , l'autre à
«//e. Ces deux titres annoncent le genre des mor-
ceaux , et le nom de l'anteur fait pressentir qu'oa
y a reconnu de la légèreté, de la finesse , des
néïligences aimables.
THEATRE DU VAUDEVILLE.
Mademoiselle Delille a débuté au Vaudeville ,
dani le joli rôle de Corine , de La Matrone
d'Ephè.se. Cette actrice était connue : déjà elle
avait eu beaucoup de succès au théâtre des Trou-,
badours , oti elle avait rempli une foule de rôles
avec une piquante originalité. Elle a été très-favo-
rablenieni accueillie au Vaudeville : on devaic
s'yaltcndie. Elle dit bien le couplet , c'est une
sorte de talent indispensable au théâtre que nous
nommons ici. Elle a un jeu franc et animé , une
phisionoraie spirituelle , un débit facile , de
l'habituel et de l'aplorrib :, c'est une excellente
àcquision ; mais il dépend du public de rendre
le talent de cette actrice , ou tout-à-fait remar-
quable, par une juste sévérité , ou tout-à-fait nul ,
par une dangereuse condescendance. Nulle co-
médienne peut-être n'est plus disposée à suivre
de mauvaises habitudes , à prendre, un marlvais
ton, à tomber dans la charge, si ses premiers,
écarts , sous ce rapport , ne sont à 1 instant ré-
primés. Il en est peu , d'un autre côté , qui soient
plus qu'elle dans le cas d'apprécier un conseil
sage, d'imiter de bons modèles, et de suivre la
bonne roiate. Son extrême facilité est ainsi poiic
elle et un écueil , et un avantage. Nous le répétons,
le public peut en faire un excellent sujet : de com-
plàisans applaudisseurs peuvent la perdre.
Du plâtre, et de ses usages ch'ex les anciens. — Passage
de Théophraste , 'Traité des Pierres.
<i II y a des carrières de plâtre dans un assez
gratid nombre de lieux, principalernent auprès
de Thurium en Italie, aux environs du Pinde
en Thcssalie , dans l'île de Crète : celui-là est
de la meilleure qualité, et il n'est pa^.prijfou-
démcnt dans la terre.
n On tire le plâtre en masse pierreuse , et sem-
blable à l'albâtre ; on le casse en morceaux
et on le cuiti- On lui trouve par-tout les même»
propriétés , en quelque lieu qu'on l'exploite, on
le pulvérise, on 1« dàirerape ensuite danj l'eau j
II460
on ne le remue qu^avec un bâldii; 'car il est
îtès-chaud alors, il biûlerait les mains î et aussi-
tôt-il se prend. Oïi ne le délaye qu'au montent
•ie s-'eii •servir-: quïnd on le fait auparavaijit , il
■dUUKif et on jié petit plus le ramollir.
■ si' te plàire"seït'^à'bâtir,'à reparer , à recrepir
l'es murs tendus et ,' «iegradés , . à scçljer , à
rapprocher, à fermer hermétiquemept. On peui
iVprfendré le plâtre q'iii a servi, le cuiçe,de:
rechel, et s'en servir encore. Les statuaires en
if'ont un usage et 'siit-foixt les louions! Oe-là
il, est' arri<'é quii'n riaVifé'char'g'é de ballots de
draps prit- feu , 'parc-^'^4"^ ''^^" Y était\ent,r,ée
elles avait iinôù'i'i'res,..-i> /. ,,..,,. ,ii[j'i:
On est étor^çlpI.^uC; ijp.SDons gaulfiisi qi^j , 4U
"rapport de Plme,,,,çopna,issaient si biea irusage
"des difFérenies.'jçàiriiès et dela.chaux.même pour
tértiliser leurs,, Terres'', .ii'aytnt pas fait la n)«ine
kit&lion au plâtre; à peine l'employaien.t-ijs.rpême
Jidur bâtir. Cet édifice antiq^ie,, qui vitut de se
découvrir au Luxembourg sous d'autres vestiges
de générations qui se sont succédées ne présente
aucunemploi du plâtre. ■
L'enduit des murs était un morti<er à la chaux,
épais', 'très-sabl'6'ri'eux' pour les tenir toujours sec;.;
6t-sâ superficie était ensuite peinte à 1 huile. On
voit djns les écrits de l'empereur Julien com-
bien Ton éviiait l'huihidité. Le sol des habila-
tipn's n'était formé atissi que d'un massif de
Hioptier au cim'ent. Le plâtre prend l'humidité,
et les gaulois habitaient le rez-de-chaussée.
- Resserrés dans Tespace étroit de' leur île, les
habitans de Lutece furent obligés d'élever plu-
sieurs étages sur leurs maisons': à cette hauteur
le plâtre ne tire plus l'humidité de la terre,
et l'on profita de son extrême facilité pour ces
bâtisses sans nombre qui se sont multipliées
depuis., pour étendre et refaire sans cesse cette
■ville immense qui n'a pas été moins de quinze
siècles à se former pour la partie des bâtimens,
comme pour enfanter cette progression d'indus-
trie , d'études, d'émulation en tout genre qui
en a fait la capitale des lumières et du goût.
Le plâtre jusqu'ici n'a point encore passé parmi
nous au-delà de l'usage de bâtir et de faire
des figures. Cependant les anciens, comme l'on
vient de le voir, savaient l'employer encore pour
la préparation de leurs laines et de leurs étoiles.
Nos voisins nous montrent aussi les avantages
qu'ils en retirent pour l'agriculture : les cultiva-
teurs de la Savoye en vont chercher jusqu'auprès
de Grenob'e ; ceux des environs du Rhin ne se
contentent pas de le semer en poudre, crud ou
cuit -, ils mettent encore à profit ses déblais même ,
et répandent sur leurs champs les terres de ses
Carrières.
Et fin , sur la fin de 1 hyver dernier , j'ai vu
un part-icu ier faire l'essai de semer du plâtre sur
du tcede dans le parc de Saint-Cloud. ( i ).
Grâces encore à la chymie , l'on commence a
employer le plâtre dans le feutrage, et Ion nous
fait espérer des procédés qui permettront de s'en
se vit pour la less'rve même comœe delà soude.
Que de remetcimens ne devons-nous pas à cette
science merveilleuse qui nous ouvre les yeux sur
Ips principes de la matière ! quels encouragemens
ne méritent pas ces artistes laborieux qui émdieju
et recherchent les combinaisons qui peuvent
devenir utiles aux arts et aux besoins de la vie ?
Aucun pays ne possède autant de carrières de
plâtre' que Paris.: nuUe part on ne l'exploite plus
facilement. Découvrir dans cette matière quel-
qu'utilité nouvelle , c'est nous découvrir une
mine immense et dans laquelle tous pourront
puiser-
p6ur résciôdrë leurs- talculs , et pa'nitulierern'éVùt j
les arbitrages de changes ; Ics' garantir' 'de louies ,
fausses spéculations , en leur- monsrant d'urié (
manière claire et précise la perte pu le bé.n.f^^ce
qui lésùlierait de leurs opéraiion> projetées ; eij-
hnleur'dévbiler , pour airisi dire ,, les seerct.<î dç
la banque : 'tel est'le but que .s'est proposé l'au-
teur de, cet ouvirage. Après avoir mis pour son
propre usage plusieurs méthodes à l'épreuve , il
SÏst'ÂSiiVëqu'irne pbu'voit mieux l'aueindre qu'en
faisant inieivenir dans CCS calciils les logarithiiies ,
q-aisonti.mc<!les-plus belles combinaisons du génie,
et doncla propriété essentielle' cât de transformer
en de simples additions et soustractions de nom-
bres ^enlicis ,;iles multiplicaiidrîS et divi.sions , sui-
vies de fraciions incommodes , ei qui sont si ta-
ligantes pour la mémoire , diiif ,les_^ caiculs sur
les changes , sans que la règle conjointe puisse
y remédier.
Il ne sera peut-être pas inutile de désabuser ici
quelques personnes , à qui des préjugés pour-
roieni faire croire que les logarithrpes ne convien-
nent qu'aux seuls savans. Vu coup-d'œil jeté s-ur
une page de cette raéiliode , suffira pour les tirer
d'erreur. En attendant , il est bon qu'elles sachent
qu'il n'est pas ici question des tables de logarith-
mes destinées aux calculs scientifiques , mais bien
de celles qu'on a appropriées aux calculs de com-
merce , et dont on peut connaître les principaux
usages en moins d'une heure.
Ces tables parurent pour la première fois en
Allemagne en 17S2 , et quatre éditions succes-
sives prouvent assez leur uliliié. Cependant , elles
forment seules lout le volume , et mari(iiieiit
d'explications sulfisantes. L'auteur de la métho'dq
'tes persatines qui voudroiit souscrire ppi\r^^.\p.
Ibtalirë de l'o'uvfa^é ,'qiii aura cinij gios votum,es
fti-'S" , paycrdnt'^'i 5' francs pour Paris, çf.f^.J^
■jjar la posré v'clv'djf'Mou'ta'rdier , quai des Augus;
lins , n" 28. , ,
Avis BU L I B, B, AI
R' El.
que nous annonçons a su arranj
sa table de
.ogarithmes de manière qu'elle ne forme que le
quart de l'ouvrage , et persuadé que les expli-
cations , et sur-tout les exemjfiles , ne peuvent
être trop multipliés , il a employé les trois
autres parties à en montrer l'application , en
combinant, par leur moyen, tous les arbitrages
quelconques de trois places, ou même davantage,
chaque arbitrage pouvant s'enter sur un autre ,
et cela avec une céiérilé étonnante.
Il ne faut pas confondre ce manuel avec' un
Dictionnaire des arbitrages ,\o\. in-4° de iSôopag.,
proposé par souscription dans un prospectus qui
circule maintenant , ni croire qu'il s'agisse ici
d'une nomenclature sèche de comptes faits, qui
sont toujours insutfisans ; au contraire , c'est un
moyen universel, facile autant que siir' et ex-
péditif , qui donne toujours au calculateur la
satisfaction de pouvoir s assurer par soi-même
de l'exactitude de son calcul. Il laisse en
outre le choix de calculer' par l'arithmétique
ordinaire , eta de plus cet avantage sur les autres
méthodes , qu'il dispense de poser la règle con-
jointe , au moyen du nombre fixe , toujours pré-
cédé d'un signe , qui indique , au premier coup-
d'œil , s'il sert pour la mulliplicatioa ou pour la
division.
Enfin cet ouvrage ne renferme pas seulement
des arbitrages, mais offre encore beaucoup d'au-
tres avantages ai-nplement détaillés dans un pros-
pectus qui se distribue gratis aux adresses ci-
dessus.
Cet ouvrage est imprimé avec la plus grande
exactitude et la plus grande netteté.
Manuel générai pour ta prompte solution des
arbitrages de changes , et de beaucoup d'autres
calculs nécessaires chez les négocians , par nom- — - o ■•,■,', ,• ,
bres fixes ou par logarithmes , au choix du cal- seul qui présente tant d objets dans un seul cadre ;
Dictionnaire néologique des hommes et des choses ,
ou notice alphabétique des personnes des deux
sexes , des événemens, des époques , des monu-
mens , des ouvrages de tout genre , des institutions
de toute espèce, des pays, dés découvertes et
des mots qui ont paru le plus remarquables à
l'airteur, dans tout lé cours de la révolution fran-
çaise ; parle Cousin-Jacques.
Cet ouvrage , entrepris depuis dix ans , est le
culateur , sans être obligé de poser la règle con
jointe , etc ; par Félix Reishainmer , un volume
grand in-S" de 528 pages, imprimé sur papier
grand-raisin pzr Didot jeune. Prix , 9. fr. 5o cent.
Broché en carton.
A Paris , chez G. Dufour , libraire , rue Saint-
Sévérin , n° 1 to ; et à Apasterdam , chez le même ,
près la Bourse,
Offrir aux comraer'çans une méthode simple
(r) L'emploi du plât:e , comme amendement,
est beaucoup plus connu que ne le pense l'au-
teur de cet article. Il est d'un usage très-familier
dans- la'Suisse et dans toutes les" coTitrées qui erivl-
loiinent le Jura. On l'a essayer très-souvent et
ordinairement avec succès en diverses panies de
la' France. C'est' peut-êiré àuxi. environs" de Paris
qu'il promettr^dt le" moirîs d'e réui^sir, et cela
ptécisémfent parce que les terres y pjrticiperii pour
la plupart de la nature de ce composé. Voyez à
ce'sujei , dans les annales d'agncuhuic du citoyen
Tessier, les détails d'"unc expérience faite à Pan-
lia-par le citoyen Sainf^ Génies,
il contient plus de vingt-cinq milU notices , et un
très-grand nombre d anecdotes. Ce que tous les
dictionnaires séparés ont dit depuis dix ans , on
le trouve ici dans un seul-, aucun n'est en même
tcms plus étendu et plus concis , plus complet et
plus varié. Ce vocabulaire est absolument neuf et
original ; il offre au lecteur , dans un seul et
même cadre , une foule d'objets disparates , et
dobjetsqui n'ont encoreéié disculéspar personne.
Généraux , députés, magistrats , prêtres , diplo-
maies , philosophes , littérateurs , savans . acteurs ,
musiciens et ardstes de tout genre , époques re-
marquables, monumens , anecdotes, traits de
bravoure et de vertu , plans financiers et poli-
tiqjes , ouvrages littéraires , philosophiques et
dramatiques, etc. enfin , tout ce qu'il a plu à
l'aùieur de rerharquer dans la vaste cathégorie des
hommes et' dés choses , est classé dans ce diction-
naire' par ordre alphabétique.
Cet ouvrage est imprimé sur beau papier,,
caractère petii-roraain , à deux colonnes , grande
justification, et paraît par cahier de 1I2 pages.
Prix , 2 francs 25 cent, et franc déport , 3 fr.
L'abonne-.iient de cet otivt'igf 'a 'éVé fixe à'un
prix, extraorclinaireiT)tnt jiiédiocre , afi'ti ide .fhire
jouir le.s abourié.'i de ,1 avaalage que doit otîrir
'une souscriptio;' ; j,e [préviens, en cont.t\(iuuni:e.,
quej.a-bé le .1,5 frup.ii,i,l,pr,,firi. §;, . la sèuiciiif tuin
sera portée à 21 fr. .ppjjfc Paris , et 2^.,fri.'pa!r 'la
poste. .! „ , ... .',.; ,.: t . ; . '■•!■
. .^,j',S. La juste défiance qu'avait inspirée'âa'pu-
blic l'inexactitude dc' plUsieurS-autéurs^jUt n'oiit
pas.rejn.pli leurs engagemeus envers l'eUrs sous-
cripteuxs , nous a déierniinés à ne publier le
prospectus de ce DictionHidre qu'à l'époque .de la
livraison du 3'= cahier qui vient de paraître. .Nous
convaincrons no.s lecteurs de ïioire loyauiés en
suivant cet ouvirage avec la plu? sHicte exac-
titude,. , . ■ ■
- ■ No'Udel'autmr. — A-piei la'pubFicaliôn âes c^'uç
piemiers cahiers de ce dictionnaire , j'ai reçu.plu-
jidurs leitre's anonimes , renfér-mani' des avis- et
dés .critiques irès-judicieuses'doiit je me. suis fait
un dtjvoir de piofiter sui-lc champ. J'ai lu de's
jugcmens sur mon ouvrage , éciiis pai dr~ -r^Tni
qui ne,, me sont pas éliangete'i'; on n a osé se laite
connoîire ; on a lU grand toit , et on m'a-rendh
bien peu. de justice. , j
Le supplément de la lettre A étoiî près de :pa,-
roître :Je l'ai renvoyé , pour cause , au supplé-
tiiént général, <iui ne paroîira qu'à la fin du dcr-
iiier vblunie , avec les corrections et les suppres-
sions nécessaires.
On pourra juger par là lettré B, de quelle ma-
nière j'ai cru devoir tirer parti des leçons qU'. j'ai re-
çues. Cette lettre contiendra beaucoup plus d ar-
ticles'que la précédente, efserà beaucoup moins
volumineuse; mais en ns disant que ce qîi'iltaut
dire, chaque article en sera plus saillant.
Par ce moyen , l'ouvrage complet n'excédera
pas l'étendue que je m'ét.ds prescrite d'abord ;
les terreurs de ceux qui craignaient une produc-
tion Volumineuse , serorit dissipées. , ^1 .. ,
Je dois néanmoins observer que plusiçursi Jits-
sonnes semblent avoir pris le change sur la nat\ire
■de cet ouvrage , qui n'est pas seulement une col-
lection alphabétique des objeis les plus mémo-
rables de la révolution , mais une nomenclature
exacte et raiçonnêe de toutes lei victimes qu'elle
a faites , de tous les héros qu'elle a produits ,
de tous les pays qu'elle a signalés , de tous leS
négocians qu'elle a laissés vivre , et qui peuvent
servir encore utilement leur patrie , de tous les
ouvrages de liuérature qu'elle a vu éclore , de
toutes les pièces de théâtre qu'elle a tolériécs ,
de tous les savans et artistes qu'elle a épaïgrlés ;
enfin de tous les monumens qu'elle a respectés ,
et de tous les mots qu'elle a lait naîtrre.
Ce Dictionnaire doit être un Mémorialuniversel
pour lEurope , relativement à la révolution fran-
çaise , qui a tant influé sur les destinées des em-,
pires de l'Europe. Il faut qu'on y trouve , au
besoin , un Dictionnaire Néologique de la révo-
lution française , ur) Manuel de géographie mo-
derne , un Etat général des spectacles déutii^^
douze ans, un Calendrier militaire , un Taleau de.
la banque et du commerce , un Almanach des,
gens de lettres , un Répertoire des sciences , arts
et monumens , une espèce d'Annales de médecine
et de chirurgie , un Abrégé des fastes de la juris-
prudence révolutionnaire , et enfin , un Monu-
ment érigé à la mémoire de toutes les victimes de
la terreur.
Si je n'ai pas rempli ce but dans toutes sei'
parties avec une stricte exactitude , je puis dîrV
pour ma justification , 1° qu'aucun dicdonnaire
ne l'a mieux rempli jusqu'ici; 2° qu'on n'écono-
misera pas à beaucoup près autant , en se pro-
curant séparément tous les ouvrages qui sont
renfermés da- s celui-ci , qu'en se le procurant,
puisqu'il supplée au défaut de dix ou douze
collections dont chacune aurait plusieurs volu-
mes , et que , quel que soit leur mérite , on n'y
chercherait en général que ce qu'on est sûr de
trouver dans cet ouvrage.
SPECTACLES.
ThÉATIIE de la REPUBLIQ_t;E ET DES ARTf..
Le 2^ jour compl. Praxitelle ou laCeiniufe . opéra
en un acte , suiv. du ballet 4ê '"^ Dansomanie,, ,
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Le Collatéral ou la Diligence de Joignji , préc.
des Exacieurs.
THEATRE nu Vaudeville. Auj. la Succession;
les Troubadours , et un seul Violon pour tout It
monde. _ _. , ,
Théâtre DELA Cité,-Variétés. — Panlofnimes.
Le 4"= jour compl. la Fille hussard, paatomime
en 3 actes , à grand spectacle.
A. PaTiss-de^rittipTiiiiierife du cit. Agaste, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n» «î.
GAZETTE NATiONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^r'' 362.
2"" jour complémentaire an 8 de la république française , une et indivisible.
. ... JU
TtH*
Nous sommes aucorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à darer du 7 Nivôse le M O N t T E U il esc te. f^i^l Journal offidifiL' •
Il caïuieiii: les séances des autorités constituées , les actes du gouvevnemeni , les nouvelles des armées , ainsi que l'.-s faits et les libtions cârif'su ;
l'intérieur que, sur l'extérieur, fournis par les correspondances mmisférielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR,
ALLEMAGNE.
Munich , le 2'2 fructidor.
JL<'^R.CHIDUC pahtin Joseph, gendre del^mpe-
reur Paul P' , est , à ce qu'on assure , nommé
commandant en clicl'de l'armée autrichienne sur
J Inn ; sous lui commande le feld-raaréchal baron
de Lauer ; le baron de Z,i<ig est en qualité de
chef de l'état-major à cette armée. Le général
Schmidt , dont l'archiduc Charles fesait grand
cas, et les généraux Chateller et Saint-Julien,
celui qui a rapporté de Paris les préliminaires de
paix , ont été remerciés et mis sur létat des
pensions. L'archiduc Ferdinand qnitte l'armée
de llnn. Le prince Jean de Lichtenstein a , pour
raisons de santé , relusé le commandement de
cel/e d'Italie , auquel il avait été nommé , après
que le général Mêlas eût obtenu sa démission ;
ce dernier a reçu l'ordre île continuer provisoi-
ment de commander l'armée.
Le roi de Prusse après avoir voyasé dans la
Silésie , est revenu le l5 fructidor à Charlotten-
bourg.
La reine de Naplcs est avec la famille de l'em-
pereur , à Bade , à peu de distance de 'Vienne.
Le corps de chasseurs du cercle de Fran-
conie , a reçu ordre de se réunir au général
Simbschon. Celui-ci se trouve sur la rive droite
du Mcin dans le pays de Schweinfurth. Albini
a garni AschafFenbourg de quelques troupes ma-
yençaises ; il doit , si les français avancent , se
lelirer sur Fulde et Hamelbourg.
On a remis au citoyen Neveu , commissaire
français en cette ville, un certain nombre de ta-
bleaux provenant de la galerie de l'électeur, des-
tinés à enrichir le Muséum français.
Augs bourg , /e,.2 4 fructidor.
Le quartier-général de Moreau était il y a peu I
de tems à Nymphenbourg. Une partie des troupes
de Sainte-Suzanne a repris le blocus de la cita-
delle d'Ulm. On y a encore des provisionsen pain
et en viande assez abondantes ; mais le bois man-
que , et les maladies augmentent considérable-
ment. ; Strasb. Weltbote. )
REPUBLIQ^UE HELVÉTIQ.UE.
Berne , le 23 fructidor.
Avant - hier , sur les onze heures du soir , le
général en chef de l'armée de réserve, Macdonald,
est Hirivé ici ; il était suivi de plusieurs autres
i^cnéraux , parmi lesquels se trouve aussi Mathieu
Dumas. L'armée de réserve , forte de 3o à 40.000
hommes , s'avance à grandes journées vers IHel-
vétic. Une partie prend la route de Lausanne , une
jmre celle d Yverdun. On attend aujourdhui les
premiers détachemens.
• Le commissaire du gouvernement helvétique
pics I armée du Rhin, annonce cjans une lettre,
du ig , qu'un courier , passant par Augsbourg I
et allant de Vienne à Paris , a apporté au gou-
vernement français- la signature des préliminaires
de paix par la cour de Vienne.
L homme prévenu d'avoir été la cause de l'in-
cendie d'Uzzislorf , s'est étranglé lui-même à
Mingisberg.
Il y a peu de jours , quelques jeunes étourdis
insultèrent en passant un otHcier , adjoint du
général Xaintrailles. Au lieu de lui faire des
excuses , ils répondirent avec impertinence , et
lui d'eux nommé TschifFeli , officier bernois ,
au service du Piémont , s'est battu avec l'olfi-
tier fr.rnçais. et a reçu un coup d'épée au
travers <iu corps.
On reçoit de divers cantons les plus mauvaises
notivellcs sur la rentrée des contributions. Dans
ipitlques cantons on croit faussement que la
i!;\(ilii ion du 19 thetmidor a aboli les lois sur
hs conltibuiicns et annullé rengagement d'y
satisfaire. 'I hurgan , Scuiis , cette ville même
oui leçu des irouyes pour taire payer [arrérage
tics iin|iositions.
Le» membre» du congcd d exécution ont reçu
chacun des attributions punicidieres. Toutes les
divisioiti sont xonliées atix hommes les plus en
ciat de remplir ces places par leurs connais-
sances et leurs talens administratifs.
[Strasburger Weltbote.)
A N G L F. TERRE.
Londres , 19 fructidor. (6 septembre.)
Un ecclésiastique du comté de King , en
Irlande , devant avoir à dîner un évèque tiès-
friand de poisson , s'adressa à un officier d'artil-
lerie du voisinage , fort adioit et fort heureiix à la
pêche. Le lendemain l'oFiicier lui envoya un su-
peibe brochet , avec le billet suivant :'
11 Je vous envoie , mon cher monsieur , un
brochet. Dieu me pardonne , il semble avoir éié
créé tout exprès pour l'estomac de monseigneur !
C'est vraiiTient un morceau fait pour un palais
épiscoptil. i! (lmh:x''ioa d'un caiembourg de leu
M. de Bièvre.)
Un boulanger de Chipplng-Norton , convaincu
d'avoir vendu un pain de deux livres où il man-
quait quatre onces , a été condamné à une amende
de cinq schellings par once.
Lejugement qui devait avoir lieu aux dernières
assises à Stafîord , de la femme qui a mutilé son
mari avec un rasoir , a été ajourné , au grand
mécontentement de toute la ville.
'William Chapman , âgé de 25 ans , a été exé-
cuté à Slamford , pour avoir enlevé Sara , femme
de George Rose , de Roughion, près de Hor'n-
castle. Il a paru très-repentant de son crime.
On a trouvé parmi les journaux de mer de
Thomas Paiker, moit depuis peu en Amérique ,
et qui fut très-employé dans la guerre dernière ,
le journal qui suit, fesant allusion à sa traversée
dans ce monde.
Première partie du voyage.
Beau tems. — Vent en poupe. — Joli frais et
toutes voiles dehors. — Parlé et donné assistance
à plusieurs vaisseaux qui manquaient de vivres.
Milieu de la traversée.
Tems variable. — Disette de provisions. —
Retrouvé plusieurs des bâiimens que nous avions
secourus. — Mis le pavillon en berne et fait des
signaux de détresse. — Pour toute réponse , vite
de bord et gagné le large. .
Dernière partie du voyage.
Vent debout. — Orages .et tempêtes. — En-
traîné sous le vent par les courans de l'adversité.
— Q_uelques éclaircis vers la fin de la traversée,
— Plis hauteur. — Fait quelques corrections n la
route estimée et après un passage de 5o ans ,
entré et mouillé dans la rade de la moTtalilé ,
ayant en vue l'océan uni et calme de l'éierniié.
( Entrmt du Stax. )
INTÉRIEUR.
Paris , le 1 "jour complémentaire.
On- écrit de Philipsbourg ijue le rhingrave de
Salm a été enterré- hier ici au bruit de l'ariillerie
de la place. Il est mort d'une fièvre apoplectique ,
dont il avait essuyé deux attaques quciquesjours
auparavant. Le généra! divisionnaire Dalabordè ,
qui lait le blocus de la place , lui avait envoyé un
habile médecin de Bruscliall , et un tonneau du
meilleur vin ; mais le rhingrave venait d'expirer
subitement.
— Il y a deu.x jours on donnait an Théâtre
français le triple Mariage ; quelques personnes
prenant peut-être cet ouvrage pour une produc-
tion nouvelle , ou ne croyant pas devoir en ap-
plaudir la remise , se mènent à siffler. Dazincourt
s'avance sur le bord de la scène , pjcnd la pièce
des mains du souffleur, et interrompant sou rôle
pour s'adresser au public , profère du ton le plus
décent et le plus respeciueux ce peu de mots :
citoyens , la pièce est de Destouches et Les
applaudis'semens éclatent de toutes pails , et la
pièce a été tranquillement écoulée jusqu'à la fin.
Elle avait toujours eu du succès. Cette lois elle l'a
dii à la présence d'esprit de l'acteur que nous
avons nommé.
— Il paraît un recueil nouveau , intitulé Champ-
fortiana ; ce sont des pensées , des iraiis , des
anecdotes trouvées parmi les papiers de ce célèbre
académicien. Les quarante premières' pages de ce
recueil étaient entièrement inçdiles,
ACTES bu GOUVERNEMENT.
.Arrêté du 1.% fructidor., 1 | '1
BoNAPARTK , premier consul de la république-^
arrête ce qui suit :
An. I". Il sera accordé un sabre d'honneur
au citoyen Dufour , cWci de brigade de la 58*^ ,
pour sa bonne conduite au sie-je du fort de
Bard.
II. Le ministre de la g.iierre est chargé de l'exii-j
cuiion du présent ariêié : -a
Le premier consul , sigri( y B4i^.4tPA.HtB&i.'" 1
Parle premier consul, "• > »! ■'•■■]■ '»!'■' •
U secrétnire-d état , signé' .Xl.'Vl'. ikA^tit^
." .oiji,!.-' r-i.
MINISTERE DE L'I N T'ÉTi I Eûfc"
Le miîiislre de l'intérieur , aux préfets des dépar-
temens. — Paris le nS fructidor «n 8. - •-
Je vous adresse , citoyen préfet ,- Te" prograrhme
de la-fête du i'^-' vendemiriire. j'v joins uîi exenî-
plaire du rapport (l) que j'ai fait aux consuls i
poiir leur indiquer les dix dëpartemens qui ,
en exécution de l'arrêté' du 17 veniôse , doi,-;
vent être proclamés comme les-plps sensibles
à I honneur naiioni
Je n'ai pas besoin . sans doute , citoyen préfet^
de vous engager à célébrer la fê|e du j"^ yehf\
démiaire avec tout l'éclat que, mérite, la mérap^
râblé époque dont elle 1 appelle le souvenir^
Voire patriotisme me garaniit suffisariiment les
soins que vous apporterez à' vous' cbn,lo,rrne!:,
aux intentions du gouvernement^ , .
Votus aurez soin de p,roclamer:splennel!ement
les noms des dix départeraens :quiont été jugés
dignes de la reconnaissance nationale.
Je vous salue ,
Signé , Lucien Bonabarte.
Les créanciers du ministère de l'intérieur son tin vîtes
à poursuivre direclemenl la liquidation et le paie^
nient de leurs créances, et à ne pas salarier des
personnes qui prétendent pouvoir,, par leur dé^
marches ^ influencer le travail des bureaux.
Des ordres ont été donnés pour qu'on n'ait
aucun égard aux demandes de ceux qui ne se
conformeront pas à celle invitation.
ETAT - MAJOR- GÉNÉRAL.
Deux officiers russes ont écrit au premier con-
sul la lettre suivante :
Au premier consul de la république française;,
Bonaparte. '-'Î
Général consul , 1
Les soussignés officiers' russes , prisonniers dé
guerre , sensibles à la manière dont ils sont trai-
tés , jirennent la libené de vous en témoigner
leur gratitude; il vous appartenait, général ,■
d'adoucir leur sort, et d'attacher au char de vos
victoires, le triomphe de l'humaniié.
Daignez recevoir l'expression de la plus sincère
reconnaissance d autant plus just-fiée , qu'ils osent
solliciter et attendre de voire bienveillance le port
d'armes qui doit toujours distinguer des officiers
qui nom jamais dévié des principes de 1 honheui;
dont ils font prclession. '
Salut et profond respect.
Signé, Z.\'lesi<.i , capitaine ,;
KouTOMOKFF , lieutenant.
Voici la réponse du général divisionnaire
Mortier. ■-.',
A messieurs Jaleski, capitaine, et Kontomorff , lHu-
tenant , officiers russes , prisonniers de guelfe. ''
Le premier consul, messieurs, se.plaii à linnor
rcr le courage et la loyauté parmi les militaires
de votre nation, ccinime il aime à f.iire pratiquer
ces vertus clicz les français; et confiant aux scnr
timens dont vous lui donnez l'assurance, il vous
acioide le port d'armes que vous lui demande:.
J'ai I lioii:ieur de vous saluer, '
Sifjic, Ed. Morhi;r. ,, ',,
(i) Bullttin ilsl l^iis
DÉPARTEMENT DE JLASEINE.
te préfit au citay^n Machau , maire de Vitry. —
Farts, le «7 fruclidor an 8.
Citoyen , je vous invile au nom du gouver-
reraent, dont les intentions m'ont été noiifiées
par le ministre de l'intérieur , à assister à la lêie
du i*' vendémiaire.
Les preuves d'attachement que vous avez 'don-
nées à la patrie , me répondent de votre empres-
sement à vous rendre à cette solennité et à y
porter le témoignage de rsconnaissance de vos
conciioyens envers le gouvernement , et l'ex-
pression de leurs vœux pour l'affermissement
de la félicité publique.
Signé, Frochot.
PRÉFECTURE DE POLICE.
fête de U Kipuhtiijne. — Du ig fructidor an 8 de
ta république française , une et indivisible.
Le préfet de police , vu le programme adopté
par les consuls , lé i8 de ce mois , pour la
fête du i*' vendémiaire an g , ensemble Je dé-
veloppement du programme arrêté par le ministre
de J'imérieur, ordonne ce qui suit :
Art. l". Le dernier jour complémentaire , et le
1" vendémiaire , les rues de Paiis , notamment
celles que le conege devra pajcourrr , et la
Place des Victoires, seront, avant huit heures
du matin, nétôyées et débarrassées de joutes
boues et immondices , ainsi que des matériaux
qui pourraient en gêner la libre circulation.
Les mêmes dispositions seront exécutées dans
toutes les rues et chemins aboutissant au Temple
de Mars (?«x Invalides ) , et au Charap-de-Mars.
JI, Le dernier jour complémentaire , le pas-
sade ^ÇS vpiiiires sera interdit , depuis midi ,
dans la rtjç des Petits- Augustin* . sur_ les quais
à partir de I3 r«e Guenégaud jusqu'à la place
du Corps-Léaislalif , et ensuite dans les rues de
Bourgogne , qe Varenne» , la place et le bou-
levard des invalides jusqu'au Temple de Mars,
sur le Pont National et celui de la Révolution,
d'ans les rues des Marais , du Colombier , Jacob ,
rfié 1 Université , ainsi que dans toutes celles
situées entre les rues et les quais ci-dessus , telles
que les rues de Vcrneuil , de Lille , de Beaune ,
fle Poitiers , de Courty et portions de celles des
S.tiriis-Peres , du Bacq et de Belle-Chasse; la cir-
cuU'ion n'y sera rétablie qu'une heure après le
passage da cortège , énoncé en l'article VII du
développement du programme.
m. Aucune voiture ne pourra circuler ni sta-
tionner , le !"■ vendémiaire jusqu'au lendemain ,
sur la Place des Victoifes et dans les rues ad-
jacentes , telles que celles des Petiis-Peres , Notre-
Dame-des-Victoires, du Mail , des Fossés-Mont-
inartre , du petit Reposoir , Pagevin , Verderet,
âsi Vieux-Augustins , Coquéron , Coquilliere ,
du Bouloi , Croix-cJes-Petits-Champs , et ensuite
les rues du Cocq, la petite place de la Liberté,
celle des colonnades du Louvre , les quais jus-
qaes «t compris la place de Grève , ceux des
©rBèvres , de l'Horloge du Palais , et tous les
autres quais et ponts en descendant sur les deux
rives de la Seine ; la grande avenue des Champs-
Elysées , la place de la Concorde , la rue de la
Révolution , la partie du boulevard jusqu'à la
rue Caumariin , celles des Capucines , neuve
d«s Petits-ChaBipS , ainsi que dans toutes les rues
ou portions de rues et places intermédiaires ,
iiolamraent celles Honoré , des Bons-Enfans ,
de la Loi, Traversiere , Helvétius , Saint-Roch,
Nicaise , neuve du Luxembourg , les places
Vendôme , du Tribunat et le Carrousel-, comme
aussi sur la place du Corps-Législatif, dans les
ruçs de Bourgogne , de Varennes , et toutes
celles qui conduisent de U place des Invalides
ià Champ-de-Mars.
c IV. Les voitures qtii, k premier vendémiaire,
arriveront à Paris par la barrieVe de Passy , seront
teovies de suivre l'allée des Veuves et la rue de
^iarigny , pour aboutir à la place Beauveau ,
faubourg Honoré ; celles qui arriveront par la
iiarrieTç de Chaillot seront également jenues de
fuivre la rwe d« Maiigny pour aboutir au même
endroit.
V. Sont exceptées des dispositions ci-dessus .
-les voitures des autorités , des administrations
et des fonctionnaires des départemens appelés" à
concourir à la fête.
VI. Les voitures qui conduiront les membres
des autorités, des administrations et des fonc-
tionnaires des départemens , à la place des Vic-
toires , seront rangées sur une seule file, aussi-
tôt après que les personnes amenées seront
descendues dans les rues des Fossés-Montmartre,
du Mail et Notre - Dame- des -Victoires , sans
qu'elles puissent stationner sur la place des Vic-
toires ou sur aucunes des autres rues adjacentes.
VII. Les voitures des autorités , des àdminir-
traiioBS et des fonctionnaires des départemen
qui se rendront au Champ-de-Mars , devront
arriver par les avenues du 'Jùmc des Invalides
taies ,
chain.
est ouvert jusquau 20 brumaire pro-
II. Chaque concurrent devra, avant cette épo-
que, adresser au jury, sous le couvert du préfet
du département de la Charente , un programme
raisonné du cours (ju'il se propose d'enseigner : il
est de plus invité à joindre à cet envoi la notice
de tous ses titres littéraires.
m. Il justifiera également auprès du jury , de
sa moralité, de son civisme , de ses fonctions ou
occupations antérieures , et de la manière dont
il les a remplies.
iV. Le jury fera , dans la troisième décade de
frimaire , an g , l'examen et l'électipo qui lui sotlt
désignés par la loi.
V. La présente délibération sera de suite adressée
au préfet du département, avec invitation de l'ho-
mologuer , la faire imprimer en nombre suffisant
d'exemplaires pour être publiée , affichée et en-
voyée à tous les départemens de la république , ef
même de la faire insérer dans lesjournaunies plu*
répandus.
Fait à Angoulême , au lieu ordinaire des séances
du jury central d'instruction publique . le 25 lher«
midor, an 8 de la république française.
Signé , P. BuCHEV, F. Trémkau etMuNiER,
Pour expédition conforme,
F. Trémeau.
1462
à la gwllfi de l'Ecole-Militaire ; lesdites voiiu- I places de pr«fes««u«.d'Ustoir« «latufelk et iJebà-
res «e rangeront ensuite datos l'avenue dit« de tanique , et de physique et cbiimiè expéiimen-
Breteuit. '" " "" ' ""
VIII. IJ est ordonflé à teu« cochers de con-
duire doucement leurs chevaux sur une seule
file, et il leur est fait défenses de couper d'autres
voilures ; les propriétaires sont invités à recom-
mander à leurs cochers de se conformer exac-
temem à ces injonctions et défenses.
IX. Le passage de la rivière en bachots ou
baielets , ne pourra avoir lieu , lesdits jours cin-
quième complémentaire et premier vendémiaire ,
depuis le pont de la Révolution jusqu'à la sortie
de Paris , qu'aux trois endroits ordinaires; savoir,
au port des Invalides , à Chaillot et à la barrière
des Bons-Hommes.
Les adjudicataires ou fermiers de ces passages
d'eau sont ténus de se pourvoir de bachots et
mariniers, en nombre suffisant, pour que le (
service de ces passages se fasse avec sûreté et
célérité.
X. il ne pourra être admis, dans chaque bachot,
plus de douze personnes ; il est enjoint , aux pas-
seurs d'eau, d'y tenir la main, et de désigner
aux commissaires de police ou à la garde ,
ceux qui , par imprudence , compromettraient
la sûreté des passagers.
XL Le feu d'artifice devant être tiré sur le pont
de la Révolution , il est défendu à tous mariniers ,
propriétaires ou gardiens de bateaux ou trains .
de stationner au-dessus ni au-dessous dudit poni ,
à une distance de moins Je cent mètres; le bateau
destiné au service de l'anificier pourra seul être
placé près dudit pont.
XII. Pour le maintien des dispositions ci-dessus,
il sera placé dans les endroits désignés , une force
armée suffisante.
Il sera mis Spécialement , le dernier jour com-
plémentaire ,à la disposition des commissaires de
police des divisions de l'Unité, de la Fontaine de
Grenelle et des Invalides , un détachement d'in-
fanteris ; et le i" vendémiaire , à la disposition
des commissaires de police des divisions du Mail,
des Tuileries , des Champs-Elysées et des Inva-
lides , des détachemens d'infanterie et de cava-
lerie , pour les seconder dans l'exécution des me-
sures de police dont ils sont chargés.
XIII. Les Champs-Elysées , les Tuileries et les
élablisseraens publics devant être illuminés la nuit
du I" au 2 vendémiaire , les habilans de cette
commune sont invités à illuminer également li
façade de leurs maisons.
XIV. Aucune voiture ne pourra circuler , dans
Paris , pendàut tout le tems des illuminations.
XV. Les commissaires de police et les officiers
de paix tiendront la main à l'exécution des régle-
mens qui défendent de tirer des fusées , pétaids ,
boîtes et autres pièces d'artifice , dans les rues .
promenades , places publiques v cours , ou parles
fenêtres des maisons.
Ils feront arrÊier et conduire les conttevenans à
la préfecture de police.
XVI. La présente ordonnance sera imprimée ,
affichée et envoyée aux autorités qui doivent en
connaître , aux officiers de police , et aux préposés
de la préfecture.
XVII. Le général-commandant d'armes de la
place de Paris , et le capitaine de la gendarmerie
nationale , sont requis de prendre toutes les me-
sures nécessaires pour la pleine et entière exécu-
tion de la présente ordonnance.
Le préfet , signé , Dubois.
Par le préfet ,
Le secrétaire-général, signé. Pus.
DEPARTEMENT DU VAR,
Concours pour trois places de professeur à f école
centrale.
Le citoyen Faucher , préfet du département dti,
Var a pris le 22 fructidor, un arrête dans lequel
se trouvent les dispositions suivantes.
Les chaires d'histoire naturelle , de chimie et
phisique expérimentale et de législation seront
données au concours.
Les candidats se présenteront à Toulon aux
membres du jury central d'instruction.
Le 2 brumaire an g , à dix heures du matin,
le concours aura lieu dans la salle d'assemblée du
l'école centrale en présence des membres du jury
d'instruction et des autorités constituées.
DEPARTEMENT DE LA CHARENTE.
Concours pour deux places de professeur à f école
centrale.
Le Jury central d'insiructiob publique de la
Charente a pris, le b5 thermidor, la délibération
suivante , qui a été homologuée le sy du même
mois , par arrêté du citoyen Delaitre , préfet de
ce département ;
Vu les lois du 3 brumaire et i'' germinal an 4 ,
sur linstruction p^iblique ;
Délibérant siir les riaoyens d'appeler aux places
de professeursd'hisloire naturelle et de botanique.
Relation d'un accident fatal arrivé à un voyageur
sur le glacier de Buit , et avis aux curieux gui
parcourent les montagnes , et particulièrement les gla^
ciers ; par M. A. Pictet, professeur de philo»
sOphie , l'un des rédacteurs de la Bibliothèque
britannique, extraite du n° 112 de ce recueil.
Un sentiment de curiosité Irês-naturel amena
de toutes les parties de 1 Europe les voyageur»
vers la plus haute cîme de l'ancien monde ,
le Mont-Blanc , et vers les glaciers qui l'avoi-
sinent. Depuis l'ascension mémorable du savant
historien des Alpes , ces lieux ont acquis un
degré nouveau d'intérêt; le géologue , le miné-
ralogiste , le simple amateur s y portent à l'envi ;
les femmes mêmes y sont amplement dédom-
magées des fatigues de la route par le charme
du séjour au milieu d'objets absolument nou-
veaux pour elles , et d'une population aimable
et accueillante. Tout se réunit pour faire de cette
excursion . d'ailleurs sans difficultés réelles , le
but ordinaire de la plupart des çuçieux qui vi-
sitent Genève et ses environs.
Plus ce voyage offre d'attraits , et plus il im-
porte de faire connaître les dangers que l'im-
prudence ou la seule inattention peuvent y faire
courir. Nous avons sur-tout en vue l'utilité ; et
il y en a sans doute à signaler dans tous le»
lieux oiî peut circuler notre recueil, des périls,
grands quand on les ignore ou qu'on lesoublie,
et presque nuls quand on est averti et pré-
cautionné. Peut-êire hélas! si nous eussions
traité ce sujet il y a quelques semaines , aurionj-
nous prévenu un accident funeste dont nom
venons d'être presque les témoins ; cette ré-
flexion ne nous permet plus d hésiter. Quelque
habitude des montagnes acquise, soit en y ac-
compagnant mon illustre collègue de Saussure,
soit dans dix voyages faits aux glaciers de Cha-
mouni en particulier, m'attireront peut-être
quelque confiance de la part de ceux à qui je
"î {.'■ ",.'T --",--.■ -7 J"-' voudrais épargner des inquiétudes ou des danoers
et de physique et ch.m.e expérimentales , vacantes j^ «nvoie à la fin de c ' ' ' °
dans 1 école centrale, des hommes dignes pa- ■* ■ ■
leurs talens , leurs vertus et leur civisme, *de
remplir ces honorables fonctions ;
Considérant qu'une époque trop rapprochée
pour la clôture du concours pourrait priver l'école
centrale de sujets piécieux , en ce que Les ci-
toyens instruits , des divers départemens de la
république , n'auraient pas le tems de remplir les
coidiiions que le jury a cru devoir prescrire pour
ass urer la bonté de son choix ; et que d'ailleurs
l'année class'que étant presque achevée , il ne
peut espérer de complelter le nombre de profes-
seurs , que pour la rentrée de l'école , arrête ,
Art. I*^'. Le concours pour la iiiomta3,ij<oia aiix
cet article les conseils que
l'expéri-.nce m'a suggérés à cet égard , et je me
hâte d'en venir à l'événement qui m'a fait pren-
dre la plume sur ces objets.
Le citoyen d'Eymar , préfet du Léman , ama-
teur éclairé des arts, et admirateur passionné de
la belle nature , s'étant proposé dernièrement ds
visiter les glaciers de Chamouny , canton qui
forme actuellement la limite orientale du dépatT
tement qu'il administre , m'invita à l'y accompa-
gner , ei je profitai avec empressement de ses
dispositions obligeantes. Nous partîmes le 19
thermidor {7 aoûi), et nous couchâmes le pre-
mier jour à Sallenches , ainsi qu'on !« fait sidi-
Aairemeot.
Le lendemain malin, dans la première heure
de route , nous renconlrâines un jeune homme
à pied , accompagné d'un paysan qui poitait sa
valise. L'air triste et ptëoccupé de ce voyajçeur
nous frappa. Arrivés à Servoz , à trois lieues
de Sallencnes , nous y apprîmes du nommé Dé-
Vi'lle , guide fort intelligent et expérimenté qui
nous attendait au passage, que u la veille au
matin , un étranger , compagnon et ami de celui
que nous avions rencontré , se trouvant avec cet
ami et un guide sur le glacier de Buëi , et quelques
pas en avant d'eux , avait disparu tout-à-coup
clans une crevasse du glacier recouverte par la
neii^e qui avait manqué sous ses pieds. Arrivés au
bord de l'ouverture , dont ils ne purent apperce-
voirlefond . les deux surv'ivans appelèrent inuti-
lement un grand nombre. He fois le malheureux,
cngloati dans cet abîme ; et ils ne quittèrent la
place que lorsqu'ils eurent perdu à son égard
toute espérance. Arrivé à Servoz , M. Zimpssen
^(c'était le nom du jeune homme que nous avions
rencofitr€) avait donné à Déville , par écrit , la
fororoission de chercher à retrouver, s'il était
possible, le cadavre de M. Eschen , son ami , e<
de le faire ensevelir. !>
Viïigi-quatre heures étaient à peine écoulées
depuis l'événement : un éclair d'espérance frappe
Tame sensible du citoyen dËymar; il enjoint
suisiiôt , et officiellement , à Déville ( qui avait
paru hésiter, et non sans raison) de se munir de
suite de« objels nécessaires; de partir sans perdre
un instant , accompagné du nombre d hommes
dontii présumerait avoir besoin, et de lui rendre
compte de ce qu'il aurai* pu laite. Il y a au moins
neuf heures de marche de Servoz au glacier en
question, lequel ne fait point partie d- ceux que
nous allions visiter; et nous ne pouvions con-
inaûr« 1 issue de la recUe,fche qui allait être entre-
prif« qu'à notre passage à Si-rvoz, au retour de
Cljamonni , lieu vtfrs lequel nous continuâmes
tristement notre route.
C'est avec regret que j'omets ici les détails
du séjour que nous avons fait dans cette in-
téressante vallée ; ils ont eu un caractère qui
ies grave à jamais dans mon souvenir; mais ils
seraient étrangers à mon objet. Seulement , tandis
que le brave Déville et ses compagnons S'ont ■
occupés de leur entreprise, je me hasarde à
suspendre quelques momens l'impatience de nos
lecteurs, pour leur faire connaître le glacier
deBuët, et les motifs qui peuvent y conduire,
les voyageurs. I
C'est à'MiVi. De Luc, frères, que les physi-
ciens ei les naturalistes doivent la découverte
de la possibilité d'atteindre cette sommité , re-
couverte d'une glace éternelle. C'est une mon-
tagne isolée , située en avant de la chaîne cen-
traU à laquelle appartient le Mont-Blanc et ses
glaciers , et qui en est séparée par une chaîne
plus basse et parallèle. On voit ce glacier
depuis Genève , immédiatement à gauche du
Môle ; il se présente sous la Joime d'un dos-
d'âne peu sjiUant , et qui paraît d'un accès facile.
MM. De Luc y furent trompé> ; et Ihistoire des
(rois teni,iiives qu'ils .tirent pour l'atteindre , et
dont la dernière seule (le 20 septembre 1770}
leur réussit , c.m l'un des épisode^; les plus iinté-
lessans qu'on puisse rencontrer dans les écri,ts
d'auci'P naturalisic. C'était la recherche de la
loi que suit la dimin.o.tion de la chaleur de
J'eaw bouillante à mesure qu'on s élève dans
r»tijjiOipliere , qui les conduisait sur celte mon-
tagne ; élit leur fit braver, i iiois rt-pri-ses , des
ditiicuités et des périls de plus d'un genre , pour
aueindre une sommité qui pût être considérée
comme la limite des observations posbiblts.
Honneur à la science qui inspire ce courage
persévérant , et qui le reproduit dans les géné-
taiions qui se succèdent ! nos hardis compa-
triotes ne se doutaient gueies que dix - sept
ans après cette expédition , de Siiu.ssure répé-
terait leur expérience mr le Mont- Blanclui-mhne ,
c'est-à-dire , environ 85o toises plus haut qu ils
n'étaient parvenus avec tant de fatigues et de
dangers.
On a découvert , depuis quelques années
un chemin beaucoup plus facile pour arriver
sur le Buët ou la Monine (car il porte aussi
ce nom), que celui suivi par MM. De Luc.
C'est celui par lequel j'y suis monté deux lois ,
Sans éprouver de difticulté. On va coucher aux
Chalets de Villy , derniers pâlurag.es de la vallée
qui commence à Servoz et se termine au glacier
de Buct. On atteint , de Villy , le col de Salen-
ton , par un sentier praticable aux mulets ; de-là
on attaque la moniagne par sa face méridio-
nale Cl orientale ; et . en traversant alternative-
ment des pentes de neige et d'ardoise , on
atteint le sommet au bout de deux heures et
demie de marche. La moyenne entre deu;;
observations du baromètre que j'y ai faites , et
dont les résultats difierent peu, me donne 3 107
metrei (i594 loiseï ) pour «a liameur au-dessus
du niveau de la mer .
La montagne elle-même offre peu d'int^r«i
sous le point de vue liihologique ; elle est d'ar-
doise , entremêlée de hlons de cjuariz carié
ou eu façon de Malactiles ; mais il n'existe , je
crois , comme belvédère , ùim qui pui»»* lin
1463
ire comparé. On embrasse d'un coup-d'àil l'es-
pace comprii depuis lejurj, à l'Occident , jus-
qu'aux sources du Rhône à lOricnt ; et celte
considération particulière ma fait designer cette
montagne comme irès-propie à recevoir des
signaux , dans un projet d'une mesure d'un
degré de laliiude et de deux degrés de lon-
gitude dans le parallèle de Genève ; projet con-
signé dans un mémoire inséré dans les Trans.
Phil. de la Soc. R. de Londres , pour 1791 (i).
J'eus, dans mon second voyage au Buët , le
désagrémeni d'être constamment dans les nuages
pendant près de six heures que j'y demeurai.
J'avais très-froid ; et pour nous réchauffer , mes
guides et moi , nous nous mîmes à bâtir une
cabane sur l'arrêle de rochers la plus voisine du
sommet. Nous avions à notre disposition de
grandes dalles d'ardoise; et hoUe çonsiruction
tut si solide , qu'elle subsisie encoVe, et qu'elle
a abrité plus d'un curieux surpris pat le mauvais
temSi
Le glacier qui recouvre celte sommité diffère
de la plupart des amas de glaCes désignés sous
ce nom ; en ce que ceux-ci occupent d ordinnire
des vallées ou des gorges , dans lesquelles les
glaces ne se sont pas originairement lormées ,
mais oii elles sont descendues par leur poids ,
et par l'effet de la pression des jilaces supé-
rieures ; au lieu que la glace du Buët y existe
parce qu'elle s'y est formée; et qu à'ceite hau-
teur, dans notre parallèle, la neige ne fond
pas en été. Cette moniagne peut même servir à
déterminer avec quelque précision la limite in-
térieure des neiges permanentes dans nos cli-
mats;
Ainsi , par exemple , en observant depuis
Gei'êve j avec une iunetie gar-iie d'un micro-
mètre , l'angle verticalement compris entre le
sommet du glacier et la limite inférieure de
la neige, je lai tiouvé de 16' 14"; cet angle ,
à la distance du Buët à Genave := SSlig menés
(29820 toises ) , répond à I41 toises , dont
celte limite est au-dessous du sommet; ce qui
la place à 1453 toises au-dessus delà mer.
On peut se demander quelle est la température
moyenne annuelle., à cette hauteur dans notre lati-
tude ? Nous avons indiqué , quelque part dans
noire recueil , une formule très-simple que de
Saussure avait conclue empiriquement d'un assez
grand nombre d'observations , et qui représenle
assez bien la loi du décroissement de la chaleur
moyenne de bas en haut dans l'atmosphère. Ce
décroisseraent est d'un centime de degré , du Th. en
80 parties., par toise d'élévafionperpendiculaire. Ainsi,
cette formuleappliquée àla lemijératuremoycrtne,
(1) Je ne puis mieux Taire apprécier ce site, qu'en transcris
vantles expressions mêmes de M. de Luc. (Red. lur les thiidifi-
catloiu ds t'atmo:pk!Te , T. il ^ p. gjo et smv. )
" Il est bien difficile, de se faire entendre pr-.r des mots,
lorsqu'ils ne réveillent pas des sensations éprouvètrs. Te ne me
flatte donc pas de produire cliez pies lecteurs celles que nous
cjtrouyions alors. Le silence le plijs proibnd régnait dans ces
lieux : on sentait qu'ils n'étaient pas laits pour des êtres vivans :
ils étaient aussi inconnus à notre juide qu'à nous-mêmes. Les
olianiois n'y viennent point , et par conséquent aucun chasseur
n'y çtait moule.....
„ Ce sentiment de profonde solitude était un de ceux que nous
depiclions le plus aisément ; mais il n'explique paîm notre état.
Nous nous trouvions sur une immense étendue déneige dont rien
n'idLerait la blancheur. Les rayons du soleil, réfléchis par la neige
dans la ligne qui tendait vers cet aslre , nous fesaient appercevoir
combien elle était polie; et l'imagination étfndait ce poli par-
tout. Nous ne voyions absolument que cette neige et le ciel
arrondis , comme ces beaux nuages argentés qu'on voit quel-
queteis se eautenir majestucueenienl dans un air pur. Et voilil
précisément ce qui produiuait cette sendation extraordinaire que
nous éprouvions alors. Il nous semblait réellement que nous étions
suspeniius dans l'air sur un de ces nuages; et quel air .'jamais
nous ne l'avions vu de cette couleur ; il était d'un bleu vif et
loncé en méuie tems, qui piodiûsaLt une sensation d'immensité,
qi|i est inexprimable
„ Il était près de midi lorsque nous y arrivâmes ; et tout-à-
coup , en élevant notre tête an-dessus du rideau qui nous cachait
depuis long-tems la partie orientale de notre hojrizon , nous
due de plus de 5o lieues. De quel côté que nous tournassions
nos regards , tout l'horison était couvert de montagnes. Se»
bornes à l'occident n'étaient sOrement que l'épaisseur de l'air \
car nous dominions assez la chaîne du Jura , distante^de i3 à 14
lieues, pour découvrir au-delà les plaines delà Franche-Comté
et de la Bourgogne , si l'air eût été assez transparent. Au sud-
ouest notre vue s'étendait jusqu'au lHont-Cenis; et au nord-est
probablement jusqu'au Saint-Gothard. Nous dominions de beau-
coup toutes les gorges des Alpes , et i! n'y avait que quelques-uns
de leurs pics qui s'élevassent au-dessus de nous.
„ Dans tout ce vaste espace où les montagnes étaient entas-
sées , nous n'appcrcevions de plaine que dans un petit recoitl il
l'ouest , dont Genève occupait le milieu ; et au nord-est , nous
voyions presque d'un bout à l'autre , la large vallée où coule
le Rhône, depuis sa chute des montagnes jusqu'à Sion, capitale
du Valais, dist:inte du lieu où nous étions de 9 à lu lieues.
Tout le reste était hérissé de montagnes.
M Les détails , autant que l'ensemble , .luraifint excité l'admira-
tion de l'homme le plus indifférent ; un seul coup - d'ail sur
l'inimçnse quantité de glaces et de neiges qui couvrent les
Alpes , suffit pour tranquilliser Ip spectateur sur la durée du
Rhône, du Rhin , du Po et du Danube. On a le sentiment que
C'«« la leur réservoir , et qu'il peut fournir à plusieurs années de
sécheresse. Nous comparions., 8an,s qu'il lut besoin de (Calcul ,
au niveau de la mer dan? le parallèle de 46 dcstesfla^
tiludf du Buët) indiquée dans l'ouvrage ilc ICii-Wan;
sui la leiii|)érature du globe , savoir , 56". 4 F . soit
10, SU, donne pour 1453 toises 14 • "rii degrés à
déduire ,- ce qui porte la température moyenne
annuelle de 1< limiii.' i'ifcrieure de la neige , dans
ce parallèle , à 353 degrés au-dessus de zéro ( 1 ).
Il n'est do. iC pjs surprenant que cette montagne
soit couronné'.- d'un gljcier , puisipie la rieige qui
y tombe dans la saison froidene je fond jamai.s toute
entière en été. Leau cj'ie produit la fusion partielle
de la surface suifilire dans b neige encore po-
reuse , et se congelant dans ses inicrsiices elle la
convertit peu-à-peu en glace. Ainsi, s'est forme
Un enlassement dont M. de Luc cherche à esiiraeï
l'épaisseur d'après l'observation suivante.
11 Nous jugeâmes , dit il , par la position de ce»
petits rochers , plus bas d'environ 200 pieds que
la partie plus élevée de la glace, qui's fesaient
partie du vrai sommet de la montagne. Totil ce
qui s'élevait au-dessus n était qu'un massif de
glace . en forme de cône coupé par fixe , de
200 pieds de haut , sur une base très-large *
posée elle-même sur l'immense étt-ndue dé
glape permanente qui couvre toute la pente du
sommet. >i
Mais ce fut avec une surprise mêlée de fié-
missemenl , que j'appris par I événement dont
je vais achever de rendre compte , que ce
glacier, souvent visité par les voyageurs i et par-
couru deux fois par moi-même avec une sécurité
parfaite , renfeimait de ces crevasses recouvertes
de neige , qui en rendent d autres si dange-
reux , quand on ne prend pas les précautions
convenables.
Pendant nntre séjour à Chamouni le citoyen
DEytnar apprenant que le guide qui avait ac-
compagné le malheureux Eschei; , habitait qtiel-
que part dans la vallée , le Ht demander pour
1 interroger avec détail sur l'accident. 11 arriva :
son visage et Ibate sa conlenance peignaient
encore le désespoir ; mais il ne nous apprit rien
I c[ue nous ne sussions déjà. C'était un guide
j]ins au hasaid , qui paraissait peu connaître les
I montagnes, et qui cependant , nous dit-il ,
I avait invité M. Eschen, en arrivant sur le glacier,
à ne pas se séparer de ses deux compagnons,
j Celui-ci , entraîné par cette sensation indéfinis-
sable qu'on éprouve en atteignant les hautes cîmes^
I et voyant au sommet du glacier, àpeu de distance ,
I deux chasseurs de chamois qui s'y reposaient -,
.'pressait sa marche pour les joindre; c'est alors
; qu'il fut englouti.
1 Ici nous sbmmes ramenés à la suite des éyéne-
imensi
Nous repassâtnes a Servoi le troisième jour au
matin. On venait d'y rapporter le cadavre dii
1 malheureux Eschen, Nous le contemplâmes avei:
! une vive émotion , et en recherchant , avec une .
curiosité inquiète , à nous convaincre qu'il n'avait
pas survécu un instant à sa chute. Nous en de-
meurâmes persuadés par les détails que nous ne
tardâmes p.is à apprendre, et en observant qu'il
avait t-ois des vraies côtes de chaque côté cas-
; sées , et une fone dépression du sternum , symp-
I tomes qui indiquaient qu'il avait éprouvé la com-
ipression la plus subite et la plus violente. Il
n'était d'ailleurs nullement défiguré ; et ses traits \
j en harmonie parfaite, ne préseniaient aucune
jidée de souffrance. Son passeport, trouvé sur
ilui avec avec d'autres effets . nous apprit . qu'il
s'appellail Frédéric-Auguste Eschen, né àEuiineil
I dans I évêché de Lubeck ^ et qu'il était âgé de
I vingt-trois ans. (' hi suite demain- )
unie
(laraiisnient qtte de petits lilcls d'eau , en comparaison des vallées
couiblées déglace d'où elles sortaient. Le Mont-Blanc, qui
s'élevait au-dessus de ces vallées , paraissait capable de fournir
seul pendant, très -long-tems au cours d'une rivière, tant il était
chargé de glace dçpuis son piedjusqvies à son ^ammtl, t'p»t-i-flile i
da;ie une étendue prodigieuse..... „
THÉATRJE DE LOPÉR A- GOMIQ_UE.
I Nous avons si souvent averti les sociétaires
qui composent ce théâtre, que leur succès était
attaché à une scrupuleuse exactitude de leur part ,
à se maintenir dans leur genre , que nous devons
les féliciter aujourd'hui , et d'un choix excellent
et d'un succès mérité. Leur Calife de Bngdad, est un
des plus jolis opéras comiques qu'on an donné de^
puis très-long-tems.
Le sujet est une de ces avantures que la sultana
Scheerazade trouvait avec tant de facilité dans sa
mémoire , et qu'elle racontait toujours si à propos.
(1) J'ai eu occasion, il n'y a pas long-tems, dé discutet
cette formule avec un pliysicien qui me fit observer qu'elle ns
pouvait pas, pat sa nature même, être exacte; parce que la
densité de l'air, élément duquel dépend essentiellement la con-
servation de la chaleur dans les diverses couches de l'atmoï.
phere , décroît en progression géométrique , tandis que les
hauteurs en toises, qui représentent des températures décrois*
santés , marchent en progression arithmétique. Te convins de la
justesse de l'observation, mathématiquemen't parlant. Mais
comme, physiquement, la formule se compose de coêfficiens >
dont quelques-uns sont inconnus , ou inappréciables , qui donnent
en fait , à la température une marche aritbniétiquemçnt dé".
croissante de bas en haut , il n'en est pas moins vrai que cette
formule, toute eropyrique qu'elle fst , r présente asseï bien (es
résultats moyens des observations pour pouvoir être employée
commodément toutes les fois qu'on n'a besoin que d'une (]uan-
tité aiiproximative : et c'étuit i,ti le cas. il «'.igisiait de ta
température moyenne du Mont-S.iint-Bernard. Le physicien était
Bonaparte ; et le heu de li discussion , à i table , et dans l'appar-
tement même du eavant illustre dont Je cUerclijii i défendre la
théorie et le» ca/cult.
1464
Le ji'iinc calife Iscuf. aime éperjiiemeni Zé-
tiilbc , jcuiif cl belle musBhii.un; , tient la merc
Zuliiiéi.lt; est veuve el sans lor:une ; il a eu le
bonhfur de h sauver d'un parti arabe qui allait
i'cnicvcr. Depuis ce lems , Zélulbé a vu dans son
1ibjr:iu:iir i o!v-t de l'amour le l'Un tendre : lou<;
les JOUIS le ciille . sous un habit obscur , parait à
SCS vcin; : elle ne connaii ni son nom ni son ranj;
le iiiduiphe du calilc n'appartient qu'à lui. Un
niO!'.. i'esl écoule depuis le jour ou Zelulbé a vu
sou iutoiiiiu jitiui la pieuiierc lois. Il paraît er fi.i
devant i.i rncre , et sans auiie cérémonie, lui de-
luanilc la main de sa hile. Son habit n'annonçant
que le cliel d'une horde d'arabes, Zulméide re-
jt fie l'on loin ses propositions ; il insiste: elle veut
savoir .•,011 état , sa prol'ession ; point de réponse :
elle demande au moins son nom , ce nom^ est
il BuundoiinU ; voilà tout ce que ceprétcndu d'une
espeee originale, consent à apprendre à sa belle-
iiieru ; et cependant il veut épouser dès le soir
rueuie. Zulmcide le prend pour im brigand ; elle
autaii plus de raison de le prendre pour un fou.
' Il Buondocadi ar.nonce de magniliques présens ;
Zulméide veui nluser des richesses ([n'elle croit
le liutt du vol, lorsqu'un de ses créanciers, le
cadi de Bigd.;d , se présente chezelle, et vient
dLimndef ^de l'argem ; Zéiulbé n'en a point.
1- incoruni jeile la somme aux pieds du cadi;
celui-ci ramasse el compte d'abord ; il veut savoir
ensuite qitel est 1 homme , ou généreux ou sus-
pect.... Le nom AU Buondocadi t%i prononcé.
Le pauvre cadi reste stupéfait, une frayeur mor-
telle s'empare de tous ses sens, il fuit, laissant
la bourse à terre, 1 inconnu riant de l'aventure, et
les deux femmes n'y comprenant rien du tout.
Des esclaves nombreux apportent de riches
présens , Zulméide est au moins forcée de conve-
nir q' e l'inconnu est de parole: elle questionne
les escIavt'S , le nom à'il Buondocadi est leur
seule réponse. La surprise de Zulmé'ide ledouble ;
à 1 insiant on vient annoncer que les caisses de
piésens iju'elle reçoit o^nl été volées chez un
émir . et qu'on cherche le voleur de tous côtés,
j.iticonnu parait à 1 instant; Zulméide le conjure
de luir; mais lui, mollement étendu sur des
coussins , verse quelques flacons de vin de Chy-
pre, chante son amour, et boit à sa maîtresse.
Cepairlant , le dantrer presse , les officiers de
justice [laraissent ; 1 inconnu boit à leur santé.
Ils veulent l'arrêter : Il Buondocadi , dli-il : à
l'instant , officiers et soldais sont prosiernés à ses
pieds cl lui demandent ^râce. Zulméide n'a plus
d'expressions pour son étonnement . si ce n'est
«u voyant l'inconnu passer librement dans une
«aile voisine pour y dresser lui-même les .^.rticles
de son contiat de mariage. Arrive le neveu de
Zulméide : le matin il était simple officier du
calife , à linsanlil vient d'être fait émir, et ne
sait à quoi l'attribuer : bientôt il apprend les
scènes originales riue l'inconnu est venu taire
chez sa tante ; il veut le voir tout-à-l'heure , el
met la main à son sabre pour punir de sa
témérité l'insolent dont la conduite est si inex-
plicable ; sa lante prononce le nom d7/ Buon-
docadi ;à l'instant le nouvel écuyer frémit
à son lour ; son sabre lui tombe des mains ;
il se croit perdu.... L'amant de Zétulbé paraît
alors sous l'habil de calife : le nom à'il Buon-
docadi était celui auquel tous les officiers de
pour conduire les spectateurs en imajinaiion aux
lieux uij il a placé la scène. Le rôle dé, la niere sur-
tout mérite des reproches sous ce rapport; il semble
aussi que, par la manière facile avec laqiaelle
tout le monde entre et sort de citez Zulméide ,
les niceurs orientales sont un peu blessées.
Le citoyen Boyeldieu a donné dans cet ou-
vrage une preuve nouvelle d'un talent distingué.
Celle composition , comme 7j>raima , comme
Brnioziiski , a un caractère original ; on y recon-
naît de la verve , des idées ingénieuses et neuves ,
une facture agréable, un chant gracieux , des
accompagnemens charmans. On ne saurait expri-
mer avec'rjuel art ce compositeur sait se ménager
des effets piquans , des contrastes , des opposi-
tions : l'idée principale en est sans doute due à
l'auteur; mais le talent avec lequel le compositeur
en profite , les ramené , les multiplie et les met en
situation , mérite bien d'être remarqué. Nous
avons , avec le public dont les applaudissemens
ont été unanimes , distingué pardculiérement un
grand air bouffon , imité d'un excellent morceau
d: Planiade , ( dans son Romag-ïif.!! ) où les divers
caractères de la musique française , italienne ,
allemande, écossaise, anglaise el espagnole , se
lient au portrait des femmes de ces divers pays :
ce morceau charmant est exécuté avec un talent
irès-rare par mademoiselle Philis , intéressante
élevé de Garai. On applaudit aussi un trio de
situation bien fait , une bonne romance des
chceurs agréables.
Les rôles sont parfaitement distribués ; celui du
calife est un de ceux dans lesquels EUeviou paraît
avec le plus d'avantage : on a retrouvé tout le
talent comique de madame Dugazon dans celui
de Zulméide. Madame Gavaudan a des traits pro-
pres à celui de Zétulbé. La pièce est montée avec
un soin digne de son succès. S
moyen qu'on doive el riue l'on puisse employer
pour contiaiire le vrai dans un ouvrage de celle
nature. Ceux de ses Iccleurs qui auront donc
quelques obseï valiot.s à lui faire, ou quelques
éclaitcisscmi.ns, à lui demander , sont priés de lui
adresser leurs leitrcs , franches de port , poste res-
tante à Parii. Ce supplémeni par,-dlra dans un au.
Salut et considération , T-iVRENNE.
JV'. B. La Théologie naturelle se trouve chez les
principaux li bran es de Paris. Pi ix , 1 Ir. So c,eni. ,
ei 2 fi. 35 cent. , franc de port.
GRAVURES.
Le passage dn Pô pi»i' l'armée française , corar
mandée par le général Bonaparte , le 18 floréal ,
an 4 , estainpes de 6 décimèires, 5 cenlimèires
de large ; gravé par Mercoli fils , d'après le ta-
bleau peint en Italie , par Bâcler Dalbe , chef du
bureau topographique du général Bonaparlc.
Cette estampe est gravée avec beaucoup de soin
el a un grand effet; le tableau original, dessiné
sur le champ de bataille même , joint le mériteassez
rare d'une exactitude précieuse de site et de dé-
tails , à celui d'une composition riche et savante.
Celte gravure fait pendant à la bataille divLodi;
du même auteur ; elles setrouveni toutes les deux à
Paris l chez Bitcler Dalbe , ingénieur géographe , rue
des Moulins^ n". 542.
Prix, 24 fr. les deux , ou 12 fr. séparément.
11 faut affranchir les lettres et l'argent.
sa g.îrde, et toute la police de Bagdad avaient hi"0"l'^"'^;
V /',_. j. 1- i„:,,. ^,„o .=0 ^;„»r.;=.- pendant le iraiiement
VACCINE.
La mauvaise humeur el l'esprit de prévention
accréditent sur la vaccine des bruits qu'on doit à
la justice et à l'intérêt public de réfuter.
I". On répand que la maison du cit. Colon ,
à Vaugiraid, a été fermée par ordre du gouver-
nement. Il n'y a rien de plus faux. J'atteste ,
pour y avoir été moi-même, que cet établisse-
ment est toujours dans le même étal ; que l'on
continue à y faire des ex[iériences sur la vaccine
avec le même succès et sous les yeux du comité
médical chargé d'en suivre les opérations.
c". Oa dit qu'il est mort beaucoup d'enfans
pendant les expériences ; c'est une calomnie ou
si loti veut une mauvaise ruse pour décrier
une découverte iniéressame. ,
Je me suis de nouveau instruit des faits , et
je peux assurer que sur 80 enfans inoculés de
la vaccine dans l'établissement de Vaugirard ,
aucun n'a eu même une indisposition sensible;
que tout récemment j'en ai vu douze dans la
maison du citoyen Colon, tous bien portans ,
avec leurs vessicules , en nombre égal à celui
des piqûres qu'on leur avait faites, sans aucune
autre éruption.
J'ai vu l'enfant du citoyen Co'on , âgé de 11
mois , inoculé de la vaccine , se portant bien
fit des dents dont cinq sont poussés
l'ordre de le reconnaître dans ses divertis
mens nocturnes , dans ses déguisemens amou-
reux. La belle Zélulbé est élevée sur un palan-
quin : Zulméide sort de son étonnement , ei
irouve son bonh-ur dans celui de sa fille.
Le premier mérite de cet ouvrage agréable
est, d'avoir un ton continuellement gai cl un
dialogue dont les traits piquanis sortent tou-
jours de la situation. Toutes celles dans lesquels
se trouve le calife déguisé sont comiques ; les
«urprises qu il cause sont ménagées , graduées
avec beaucoup d'an; il est sur-tout fort plat-
4ant , ([ue la lante à force d'être étonnée finisse
par ,ne vouloir plus s'étonner de rien. Le sang-
froid du calife , sans cesse opposé à l'impa-
tience , à la curiosité , à la colère de Zulméide
est d un elicl tiès-piijuant ; son amour n'est
pas dévelov>pé dune manière très - intéressante ;
celui de Zélulbé est exprimé plus heureuse-
nient , quoique dans une scène absolument
cslquée sur une de celles du Prisonnier.
On reproche avec quelque rnison à l'auteur de
cet ouvrage, le cil, Sairjt-Just, de n'avoir pas
donné assez souvent à son style la couleur locale
wui lui était propre , et de n'avoir pas assez fait
L I V R E S n I V E U 3.
Mémoires de la société médicale d'émulation, séante
à l'école de médecine de Paris , troisième année,
un vol. in-S°. de 65o pages , avec figures ; prix,
6 fr. , el 8 fr. . fijric de port.
A Paris, chez Richard , Caille et Ravier, li-
braires, rue H.iute-Feuiile , n°. 11.
Ce volume est précédé de lEloge de Spallamani,
parj. L. Alibert. Cet éloge est le cadre très-vaste
d'une analyse raisonnée des nombreuses et pro-
fondes recherches de ce savant naturaliste. , '
Parmi les différens Mémoires conienus dans ce
volume , on y distingue ceux des ciioyens Pinel ,
Barihez, Boyer , Sabaihier, Richerand , et autres
professeurs.
En un mot , cette 3' année , loin de le céder aux
précédentes , peut sous certains rapports leur
paraître supérieure , ei fera désirer vivement la
suile de celle précieuse collection.
M. de Bitvre , ou l'Abus de l'Esprit , calembourg
en un acte et eri vâ.udeville ; par les citoyens G....
seconde édition, suivie de Vercingentoiix , tra-
gédie.
Le Trompeur trompé, opéra comique, en un
acte et en prose , paroles de F. Bernard-Valville ,
musique de P. Gaveau , représenté pour la pre-
mière fois à Paris , au théâtre Faydeau , le 14 ther-
midor , an 8.
A Paris , chaz Huet , libraire, sue Vivienne,
n° 8 ; et Charon , libraire , passage Feydeau.
Suite des éditions stéréotypes en vente à Paris '
qu on ne irouve que chez Pierre Didot l'aîné ,
imprimeur . gallerie du Louvre , rue des Orties ,
et Firmin Didol , libraire, rue cie Thionville ,
Enfin , bien loin que la moindre défaveur
ait été jetée sur la vacciue , par des accidens j n*-^ 1 16 et l85o.
qui l'accompagnetaienl , il est à ma connaissance Poèmes et discours en vers, de Voltaire , i vol.
que le ciioyen'Colon a inoculé et inocule chaque | in-18.
j ' '
,ourde la vaccine beaucoup d'enfans de citoyens
de tous les états avec unsuccès soutenu. Peuchet.
Par'is , le 3o
Au citoyen rédacteur du Moniteur.
fructidor an 8.
Citoyen ,
Si vous vous intéressez au progrès des sciences ,
et particulièrement à tout ce qui peut avoir rap-
port à la propagation des lumiereS où à la re-
cherche de la vérité, vous ne vous refuserez
sûrement pas à insérer cette lettre dans un de vos
prochains numéros.
Les personnes qui ont lu ou qui liront la Théo-
logie naturelle , sont prévenues que l'auteur se
propose de former un Supplément de toutes les
o'ûjections qui lui seront faites sur les tliffi(;ultés
que renferme son ouvrage, et qu'il y joindra
des réponses pour chacune. Il pense que la
discussion, mais un discussion honnête, est le seul
Quinti Horatii Flacci opcra, 1 vol. in-18 , prix en
feuilles , papier ordinaire , 75 cent. : papier fin, I f,
25 cent. ; papier vélin , 3 fr. ; grand papier vélin ,
4 fr. 5o cent.
COURS DU CHANGE.
Bourse du i^' jour complémentaire.
Rente provisoire 18 fr. aS c.
Tiers consolidé 33 fr. aS c,
Bons deux tiers i fr. 55 c.
Bons d'arréragé 85 fr.
Bons pour l'an 8 89 fr. 63 c.
Syndicat 63 fr. 7 5 c.
Coupures 63 fr. 75 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
Lyon .... I p. à 20 jours.
Marseille. 5 p. à 20 jours.
Bordeaux'. ... 1 p. à vue.
Montpellier., i p. à 25 jours.
I abonncmcnisc faitàPaiis, rue des Poîtcvi as , 11° 18. Le prix est de s5 flancs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. On nes'aboime
ii'au commencement de ciiaque mois.
II faut advtssci les Ictiics ell'ars;cnt , franc de port , au cit. Ag ASS F. , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n°,lS. Il faut comprendre dans les envois le port des
nyi où roi\ ne peut affranchir. Les lollves des dépafremens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut .rvoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui conc
'oilevius n* i3 , depui ^neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
la rédaction de la feuille
édacteur ,
A Paris, de rimprirae.iie du cit. Agasse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" "3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
AT' 363.
3"" jour complémentaire an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le snul iournal officie/.
Il contient les séances des aiitorlrés constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des arn-ées , ainsi que les faits et les notions tant su;
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , (6 septembre.) 19 fructidor.
X L y avait une telle abondance de maqueraux
la semaine dernière, le long de la côte deWicklow.
que tous les filets de Leinster n'eussent pas suffi
pour les prendre.
Mahomet Ibrahim , sirciar de distinction ,
a rapporté à son arrivée à Bombay , qu'il avait
appris à Courial qu'un bâtiment anglais venant
du Bengale , et se rendant à Bombay avec une
cargaison de la valeur de 5 lacks de roupies ,
avait été capturé en entrant dans Courial où il
venait de faire de l'eau , par un navire français
qui y était mouillé sous pavillon anglais. Cette
prise a dû être envoyée à l'Isle-de-France , dis-
tante de Courial de 900 coss.
La compagnie des Indes a acquis dans le par-
tage du Mysore un revenu territorial de 6 , 44 ,
641, II star pagodas , qui , avec le subside de
7.000,000 . lui formeraient annuellement la somme
immense de i3 , 47 , 641 , 10 star pagodas , si par
les arrangemens qu'elle a pris pour entrenir d'une
manière convenable la famille de feu Tippoo-
Sulian , cette somme ne se trouvait réduite à
celle de 11,47,641 10 star pagodas. D'après
toutes les circonstances locales , il est probable
que , sous très-peu d'années , la compagnie reti-
rera du Mysore 20 lacks de star pagodas par an.
Lalien law ( la loi contre les étrangers ) en
Amérique , est expirée le 25 juin ( 6 messidor )
;sans avoir reçu une seule application.
Les lettres du Canada annoncent la récolte
du blé dans ce pays pour devoir être plus abon-
dante que celles qui l'ont précédée.
M. Taylor de Koxbury , dans les Etats-Unis ,
enlevé el rejeté à plusieurs reprises par un tau-
reau , était tenu pour mort. Déjà même l'on avait
commencé des préparatifs pour son enterre-
ment, lorsqu'au bout de six heures, il a donné
quelques symptômes de vie , et il jouit aujour-
d'hui d'une parfaite santé.
Au nombre des ministres disgraciés par le
nouvel empereur de la Chine est Van-Tadgin ,
de qui le lord Macartney a eu tant à se louer.
On attribue sa disgrâce à quelque intrigue dans
laquelle il était impliqué. Si les premiers ministres
dans les autres gouvernemens étaient sujets à la
même peine , ils pourraient devenir plus sages ,
mais ils ne vieil: iraient pas dans leursplaces.
Le projet de convenir les otahitiens à la religion
chrétienne , paraît entièrement manqué. On dit
ceux des missionnaires qui étaient restés dans
leur île , revenus par ta Retiance.
Deux nègres , lun appartenant à M. J. Moore ,
et l'autre à M. Cramer , de Philadelphie , s'étaient
donné un rendez-vous hors de cette ville , pour
vuider entr'eux une affaire d'honneur , lorsqu'un
officier de justice , prévenu et les auendant sur
les lieux , les a fait arrêter au nom de la loi. L'un
d'eux est parvenu à s échapper,
( Extrait du Public-Ledger , du True-Briton et de
rOracle )
Du i3 septembre ( 26 fructidor. )
Actions de la banque , fermées. — 3 pour 100
consolidés, 65 { {. pour octobre 66 , 65 i^i.
— Omnium, 5 | { ï î: pr'me.
Les lettres que nous recevons de Nottingham ,
annoncent une augmentation de troubles dans
)a ville et dans les environs. On en redoutait de
(rès-séricuses consérjucnccs au moment du départ
du Courier.
A Birmingham , nià la tranquillité paraît être
rétablie , deux personnes ont perdu la vie dans
■Je» mouvcrntns qui y ont tu lieu.
Les nouvelles de Lisbonne sont d'une nature
très-in'iuiétante pour nous. La plus grande agi-
talion règne dans le ministère portugais.
Sir James Pultency , qui commandait l'expédi-
tion contre le l'crroi , reviendra ici , après avoir
conduit ses troupes à Gibraltar. Tandis qu'il
yaraît attribuer son manque de succès au peu
d'intelligence entre les troupes de terre et celles
de mer . nos ministres , si nous sommes bien ins-
truits , se préparent à le faire retomber unique-
ment sur lui.
Le Cosmopolite ^ de Lisbonne , pour la rivière
de la Plata, a été pris et conduit à TénérifFe par
le corsaire français la Mouche , après un sévère
combat.
(Extrait du Morning-Hérald et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Grenoble , le 26 fructidor.
Le nommé François Vaisse était un de cettx
qui , dans cette commune , s'occupent à délivrer
de fausses feuilles de route aux militaires. Trois
canoniers du i^'. régiment d'artillerie , lors du
départ de leur corps, étaient restés malades à
l'hospice. Ils ont occasion de voir Vaisse , par
l'entremise d'un nommé Gendrin. On parvint
à séduire ces trois militaires qui , depuis huit
ans qu'ils servent, n'avaient pas commis la moindre
faute. Ils sont loin de vouloir déserter, mais
ils ont la faiblesse de recevoir de Vaisse , une
fausse feuille de route pour se rendre au dépôt
de leur corps, et lui donnent, à cet effet neuf
francs. Arrivé àMoirans, et ayant exhibé leurs
papiers, ils sont arrêtes comme porteurs de faux.
Ils ne balancent nullement à déclarer , d'otà ils
tenaient la fausse feuille de route ; ils nomment
Vaisse, donnent son signalement, et le lieu de
son domicile. Vaisse est aussi arrêté ; et dans
la perquisition faite chez lui , on trouve plu-
sieurs modèles de faux , adroitement cachés.
L'affaire est portée devant le premier conseil
de guerre de la septième division militaire ;
elle est instruite , toute affaire cessante , et le 23
de ce mois , jugement est intervenu ; Vaisse a
été condamné à la peine de cinq ans de fers,
comme fabricateur de faux, et les militaires à
un mois de prison.
Ils or>t été défendus par les citoyens Fabre , Du-
boile et Pellet.
Ce jugement , plein de sagesse et de modé-
ration, a mérité l'applaudissement général. Nous
nepouvons nous empêcherdepayerun tribut d'élo-
ges au citoyen jony, capitaine rapporteur; netteté,
précision, douceur , ont caractérisé son rapport.
En rendant compte de ce jugement , nous
avons été vivement affectés , en voyant dans
quel précipice entraîne la débauche et le désœu-
vrement. Une jeunesse oisive employé tous les
moyens pour se procurer de l'argent , afin de
satisfaire à des passionseffrénèes.
( Extrait du Journal de Grenoble. )
Le Havre , le ^S fructidor.
Avant-hier matin , un sloop parti de ce port,
destiné pour Caen , fut chassé sous Tronville
par deux péniches anglaises; mais le feu de
la batterie les a forcées de regagner le large.
On a signalé huit bâtimens ennemis : il n'y
en avait que six sur notre lade ; deux frégates ,
un brick et trois cutters.
L'après-midi , une péniche anglaise , parle-
mentaire , s'est présentée devant le port , un
j canot , expédié par le chef des mouvemens
j maritimes pour aller à bord , en a apporté des
I dépêches.
Ce matin , il n'y a que les deux frégates de
signalées.
La présence de sept à huit voiles ennemies
na rien d'inquiétant. On présume que c'est la
réunion de la station des îles Saint-Marcou avec
celle qui croise sur notre rade. Au reste , notre
station de chaloupes et bateaux canonniers est
sortie du port, pour défendre la rade.
{ Extrait du Journal du Havre. )
de travail , ils parvinrent à arrêter eniiércment les
progrèi du feu. Ils jouissaient de la reconnais-
sance des paysans, lorsque réfléchissant à la perte
que venaient d'éprouver les propriétaires des
chaumières brûlées , et frappés tous trois du
même sentiment, ils tirèrent en même tems leurs
bourses , les remirent entre les mains dà pasteur ,
renoncèrent à leur voyage , et s'applaudirent
d'avoir fait servir au bien de l'humanité un argent
qu'ils destinaient à leurs plaisirs. La somme se
trouva monter à 56oo fr.incs.
— M. Scherer , professeur à Vienne, a décoii-
vert que les betteraves pilées et privées de pres-
que tout leur suc, par la pression, peuvent en-
core servir à préparer de la bierre , lorsqu'on la
fait sécher et griller , et qu'ensuite on les traita
comme les grains dont on prépare du malt ou
de la drêche.
— M. le professeur et docteur Almroth , à
Stockholm , a inventé un moulin , au moyen
duquel il est en état de réduire le quinquina en
poudre . aussi fine que le font les anglais. Le
collège de médecine à Stockholm , a examiné ce
quinquina pulvérisé , et depuis , M. Almroth 3
obtenu un privilège pour ce procédé.
— Le citoyen Cuvier doit prononcer à Tins-»
liiut national , l'éloge du citoyen Lhériiier, bota-
tanisie, célèbre , assassiné en rentrant chez lui ,
le 28 thermidor.
— L'école centrale du département dp la Seine-
Inférieure possède dans sa bibliolh'que un
exemplaire de la Henriade, sur le premier feuillet
blanc duquel on trouve les vers écrits de la main
de Voltaire.
Mon cher confrère en Apollon ,
Censeur exact , ami facile ,
Solide et tendre CideviUe,
Je ne serai pas ton Virgile ,
Mais tu seras mon FoUion.
— Le citoyen Denis Monifort , aide géologue
au Muséum national d'histoire naturelle , pu-
blie par la voie du Journal de Paris , et relaii-
vemerit à l'étranger qui s'annonce comme fils
du roi de Perse . la lettre suivante :
u Justement étonné du ton virulent qui règne
dans ce que le citoyen Olivier a publié sur Nadir
Mirza Shah , je crus que le membre de l'institut
avait eu à se plaindre de cet homme dans son
voyage en Perse. Le hasard m'ayant mis en rela-
tion avec Nadir Mirza Shah, je l'ai vu de près;
ni l'un ni l'autre ne se connaissent. Mon habitude
des voyages , celle de voir , m'ont prouvé que
le citoyen Olivier s'est trompé en dénonçant
comme un imposteui- un individu qui , si le
citoyen Olivier avait daigné répondre à son
invitation , lui aurait donné une touts autre
opinion sut son compte.
Paris , le 2"" jour complémentaire.
Trois particuliers ayant quitté Paris dans le
dessein de voyager quelque tems pour'Ieur amu-
sement, apperçurent à la fin du second jour de
leur marche une flamme considérable ; ils volè-
rent aussitôt à l'endroit d'où elle partait , ils
trouvèrent les malheureux habitans d un village ,
ayant leur pasteur à leur tête , occupés à éteindre
un incendie qui avait déjà consumé trois chau-
mières. Ils, 5« léunitcnt à eux , et «près 3 hcufcs
PRÉFECTURE DE POLICE.
Du -26 fructidor an -8 de la république française ,
une et indivisible.
Le préfet de police ,
Informé que plusieurs individus ont cru que
l'arrêté du bureau central du 19 frimaire de l'an 7 ,
concernant les jours de marchés , ne devait plus
avoir d'exécution; d'après l'arrêté des consuls
du 7 thermidor dernier , relatif à l'observation
des jours fériés, prévient ses concitoyens que
cette opinion est une erreur ;
L'article IV de l'arrêté des consuls porte :
'> Les jours de foire et marché restent fixés con-
formément à l'annuaire républicain , et aux arrê-
tés des administrations centrales et municipales.
n En cas de réclamation pour un changement,
les jours de foire se règlent par les consuls, sur
le rapport du ministre de l'intérieur et sur. l'avis
du préfet. Les jours de marché se règlent par le
ministre de l'intérieur, sur l'avis du préfet, selon
les intétêts du commerce, la commodité des ha'-
bitans , et les jours et dates portés au calcndriA
républicain. >i
En conséquence, le préfet de police ordonne
q'ue ledit artctc du bureau central sera réim-
primé , publié et affiche , pour être exécuté selon
sa forme et teneur, dans toutes les dispositions
ci-après. Le préfet , j/|-)if , Duijois.
Suit la teneur de larrêié du bureau central.
A'ri. I". Vain. La Oen'te'du pain sur les places
et marchés aSectés à ce commerce, aura lieu tous
1466
les tours , depuis la pointe du jour jusqu'au cou- 1 relevée jusqu'à 7 , à dater du i" germinal jusqu'à
Cfeer du soleil. > '^ f'" ^'= ' ^"""■
Elle cessera â midi les jours de décadi et de
fêtes nationales.
II. Viande et tripes. La vente de la viande et
des tripes aura également lieu tous les jours sur
les marchés aflFectés à ces genres de commerce ,
depuis la pointe du jour jusqu'au coucher du
soleil.
Elle cessera à midi les jours de décadi et de
fêpts nationales.
III. Perc frais et salé , lard , jambons , etc. Il
en sera de même pour la vente du porc frais, du
lard, de^jambons , etpoui celle denoules viandes
de cochon salé.
Il y aura en outre, une foire particulière pour
cette espèce de comestibles , qui tiendra sur la
place de la Ciié pendant les cinq piemiers jouis
de floréal de chaque année , depuis le lever jus-
qu'au coucher du soleil.
IV. Volaille , gibier , issues de uolaille et de
veaux. Li; marché de la volaille et du gibier con-
tinuera d'avoir lieu les jours impairs de la dé-
cade , pour les ventes en gros , depuis la pointe
du jouf jusqu'à deux heures de relevée.
La vente en détail aura lieu tous les jours ,
excepté les décadis et les jours de fêles natio-
nales , riepuis le lever jusqu au coucher du
soleil. (Par décision du bureau central du 16 germi^
tial an 7 , les détaillans de volaille sont autorisés à
vendre Us jours de décadi jusqu à midi.
Il en seia de même pour le débit des issues
de volailles , ainsi que des langues , têtes et
pieds de veaux. (Par décision de la mime autorité ,
Vu 3 pluviôse on 7 , les débitons d issues de volailles ,
etc. sont pareillement autorisés à vendre les jours de
décadi jusqu'à midi.)
V. Légumes , fruits et fleurs. La vente en gros
des légumes , des fruits et des fleurs aura lieu tous
lis jours, depuis la pointe du jour jusqu'à dix
heures du malin , à da:er du 1'' vendémiaire jus-
qu'au I" germinal , et jus'qu à neuiheures seule-
ment pendant le reste de Tannée.
Celle en détail tiendra tous 1< s jours, depuis le
l«ver du soleil j usqu'à son coucher
VI. Beurre ., jromtige et aufî-. La vente en gros du
beurre , du fromage et des œufs aura lieu tous
le« joursimpairs de la décade, à l'exception des
fêles nationales , depuis le lever du soleil jusqu'à
ir'.di.
Celle ep détail continuera d'avoir lieu tous les
joursdepais le lever du soleil jusqu à son coucher,
excepté les décadis et les jours de têtes nationales
qu'elle cessera à raidi.
VII. Marée. La vente en gros de la marée aura
ïeu tous les jours à mesure des arrivages.
Elle cessera à midi les jours de décadi et de
fêtes nationales,
Quant à celle en détail , elle se fera également
tous les jours depuis neuf heure« du matin jus-
qu au coucher du soleil.
Huîtres. La vente en gros des huîtres qui ar-
rivent par terre , aura lieu jusqu'à dix heures du
malin.
Vliï. Poissons d'sau rfotire. La vente du poisson
d'eau douce se fera tous les jours, depuis le le-
ver jusqu'au caucher du soleil.
Elle cessera à midi les jours de décadi et de
fêles naii.onales.
IX. Chevaux et porcs vivans. Le marché aux
chevaux et celui des porcs vivans tiendront les 4,
8 , 12., j6 , 21 , 25 et 29 de chaque mois ; sa-
-voir : celui des chevaux , depuis deux heures
aprèi-midi , à compter du f vendémiaire jus-
XIII. Arrivages par eau. La vente de toutes les
m^îchandises qui arrivent par eau , et dont le
commerce se fdii dans les bateaux , sur les ports
ou sur les berges, aura lieu tous les jours et aux
heitres fixées , par l article précédent , pour l'ou-
veiiure des poils.
XÎV. Plantes , fleurs et nrbiutes.. Le marclié aux
planies , fleurs et arbustes , qui se tient sur le quai
de la Mégisserie, aura lieu irois fois par décade ,
savoir, les liidi , sexlidi et nonidi , depuis le
lever du soleil jusqu'à son coucher.
XV, Halle aux grains et farines. Il y aura à la
hjllc aux jjrains et farints trois marchés par dé-
ciide , pour la venie des grains , grenailles et
légumes secs; savoir, les piiraedi , quanidi et
septidi,
La vente de l'avoine aura lieu à 9 heures , celle
des menus grains à 10 heures, et celle des blé ,
seijile et orge . à midi ; le tout jusqu'à 5 heures ,
coiilormémeni à 1 ariêie du directoire exécutif du
2g brumaire an 4.
En exécution du même arrêté, la vente des fa-
rines , lant en gros qu'en détail , aura lieu lous les
jours , à l'exception des décadis et des fêtes natio-
nales , depuis 2 heures jusqu'à 5.
Celle en délail pourra commencer àghcures du
malin les jours ordinaires de marché aux grains.
La halle sera en out'C ouveric tous les jours,
hors les décadis et fêies nationales, pour la lécep-
tion des grains et farines arrivant a Paris.
XVI. Halle aux draps et aux toiles. La halle aux
draps et aux toiles sera ouverte tous les jours ,
excepté les décadis et les fêles nationales , de-
puis 9 heures du matin jusqu'à 4 , hors de ces
heures elle sera fermée au public , et l'on ne
pourra y recevoir que les marchandises qui pour-
raient arriver avant ou aptes
TRIBUNAUX.
Le tribunal criminel du départoment de la
Seine a prononcé, le 2g fructidor, sur une af-
faire d'une, nature assez étrange.
Le citoyen Julliot tenant l'hôtel de Bullloni ,
rue Jean-Jacques Rousseau, avait emprunté, le
tS germinal an 7 , 3o,ooo It. du citoyen Worras ,
banquier, rue de Bondy , n" 18; il lui avait
donné pour sûreté ses propres acceptations et
1 endos du citoyen Schrceder , aussi banquier,
rue des Deux-Portes-Sàint-Sauveur , u" 8. SchioE--
der était garanti de cet endos par un dépôt
d'agates (qu'il tenait de JuUiot), valant environ
100,000 fr.
A l'échéance des leiires-de-change , Julliot n'a
poiai payé. Après le protêt , Worras a poursuivi
Schrœder qui a méconnu sa signature ; il a sou-
tenu qu'elle était fausse , el il a accusé Julliot
et Worras d être auteurs de ce faux.
Le jury a unanimement déclaré qu'il n'y avait
pas de faux , el le tribunal a ordonné que les
lettres-de-change seraient remises à 'Worms pour
continuer ses poursuites contre Schrœder , dont
le remboursement est garanti par le dépôt qu'il
a dans les mains ; il a également ordonné lim-
pression et l'afiBche du jugement.
Le débat a duré deux jours ; la discussion a été
vive de part et d'autre.
Julliot a été défendu par le ciioyen Prignot , ex-
accusaieur public du déparlement de l'Yonne,
qui a publié un mémoire dans cette affaire , et
Schrceder par le citoyen Lebon. Prignot.
Fin de la Relation d'un accident fatal arrivé à un
voyageur sur le glacier de Buët , et avis aux curieux
qui parcourent les montagnes , et particulièrement Us
glaciers ; par M. A. Piciet, elc.
Le citoyen d Eymar, d'après le rapport de deux
XVII. Halle aux cuirs. La halle aux cuis sera 1 officiers de santé sur les inconvéniens qu'il y
également ouverte tous les jours , savoir : depuis j aurait à différer la sépulture d Eschen , donna les
9 heures du malin, jusqu'à midi, et depuis 2 ordres nécessaires pour quil y fût procédé en
heures de relevée jusqu'à 4, à compter du fven- 1 noire présence et d'une manière convenable et
demiairr jusqu'au 1'' germinal; et depuis 8 heures décente.
du matin jusqu'à 1 1 , et l'après-dinée , depuis 2 j^Jq^s choisîmes un emplacement qui fût néces-
heures jusqu'à 5 , pour la réception et la vente Lairement en vue des voyageurs qui vont a Gha-
des marchandises , à dater du i" germinal jus- mouni , et même de ceux qui montent au glacier
qu'au 1" vendémiaire. Néanmoins on y recevra, | ^j^ Q^^^ p^^ \^ ^ç,^^ç jg Servoz et Villy , d'après
à toute heure du jour , les marchandises arrivant , l'intention qui fui manifestée par le préfet, qu un
des départemens. monument élevé sur la tombe de cet infortuné
XVIII. fioun*. La bourse tiendra tous les joars, :jeune homme, en consacrant la mémoire de
excepté les décadis et les lêles nationales , depuis ,1 événement, avertît, par une inscription , les
une heure jusqu'à deux ds l'après-midi , confor- voyageurs , des dangers auxquels ils s'exposent
mément à l'arrêté du directoire exécutif du 2 ven-
tôse an 4.
XIX. Marché aux hardes. Le marché aux hardes
tiendra le primedi de chaque décade , depuis
neuf heures du matin jusqu'à quatre heures,
à compter du 1"^ vendémiaire jusqu'au 1'' ger-
minal , et depuis neuf heures jusqu'à sept , à
dater du 1=' germinal jusqu au l'^ vendémiaire.
Dans le cas où il y aurait une fêle nationale
le jour oii le marché devrait tenir , il sera remis
au septidi.
XX. Foire Germain. La foire Germain , divi-
sion dn Lnxembourg , tiendra pendant quinze
jours consécutifs, depuis le i" jusqu'au l5 ven-
tôse de chaque année , inclusivement.
XXÏ. Défense générale. Il est expressément dé-
\ fendu d'étaler , ni de vendre , soit en gros , soit
en délail , tant dans les marchés que par-tout
ailleurs sur la voie publique , à des jours et
heures autres que ceux fixés pat le piègent
arrêté.
XXII. Explication pour Us marchés qui tombe-
raient des jours de fêtes. Dans le cas où il y aurait des
fîtes nationales les jours oii les marchés devront
qu'au I" germinal, et depuis trois heures jusqu'à ''^/"'' ' ''^ seront remis au lendemain , lorsqu'il
la nuit , à dater du i'^' germinal jusqu'au
vendémiaire ; et celui des porcs , depuis opze
heures du matin jusqu'à trois heures de re-
levée.
n'y aura qu'un , deux ou trois marchés par dé-
cade de la même espèce de marchandise ou de
comestible. Si au contraire les jours de vente
ont lieu quatre ou cinq fois et plus par décade,
les marchés seront remis aux marchés suivans.
Le présent artic'e n'est point applicable à la
fixation du marché aux hardes.
XXIII. Tenue des marchés pendant les jours corn-
X. Veaux. La vente des veaux vivans aun lieu
les 4, 8 , 12 , 16, 19, 23 ,26 et 28 de chaque
ipois , depuis dix heures du matin jusqu'à trois
Jieures, à dater du 1^' vendémiaire jusqu'au i" , _^ - .,- .
germinal ; et pendant le reste de l'année , depuis \pUmsntaires. Quant aiax jours complémentaires ,
neuf heures iusau'à deux. I les marchés auront Keu de la même manière
J ^ i_- : 1 j- 1-
Suifs. Le marché aux suifs tiendra les 8 , 9, 17
et 24 de chaque mois , depuis onze heures du
matin jusqu à deux heures après-midi.
XL Fourrages. Les marchés aux fourrages au-
ront lieu tous les jours , excepté les décadis et les
jours de fêtes nationales, sur les différens empla-
ceméns afFeciés à ce genre de commerce , depuis
tieuf heures du matin jusqu'à trois heures de re-
levée pendant toute Tannée.
XII. Ports et chantiers , étape , halle aux vins.
Xes ports et- chantiers, l'étape el la halle aux vins,
seront ouverts tous les jours , hors Us décadis et
les iêtes nationales , depuis 7 heuies du matin jus-
qu'à midi, el depuis s heures de relevée jusqu'à 5 ,
à compter du i*-'' vendémiaire jusqu'au 3o ven-
tpse. Ils seront également Quveris depi;iis 6 heures
dii matin iuscjuà i^idi , et- depuis s heure» de
que pour les autres jours correpondans de la
décade, et ce, jusqu'à ce qu'il en soit autre-
ment ordonné.
XXIV. Pénalité. Les contrevenans , outre les
mesures qui pourront être prises contre eux par
voie administrative , seront poursuivis confor-
mément à l'article 6o5 du code des délits et des
peines du 3 brumaire an 4 , à la loi du 17
thermidor, et celle du 23 fructidor dernier ,
concernant l'observation de l'anniiaire répu-
blicain,
XXV. Les commissaires de police et les pré-
posés du bureju central , sont chargés de tenir
la main à i'ejiécution du présent arrêié , qui sera
imprimé et affiché.
Pour eopie conforme ,
Le secrétairi-£c lirai , signé, Vui.
en parcourant les glaciers sans précaution , etsans
donner aux avenissemens de leurs guides touie
l'attention qu'i's mérilenl. Tandis qu'on ftsait les
préparatifs de la sépulture, nous interrogeâmes
avec beaucoup- d'intérêt le citoyen Déville et ses
compagnons , sur les circonstances de leur expé-
dition sur le glacier ; et c'est du verba! dressé
sous leur dictée que je tire les détails qui vont
suivre.
Il En conséquence de l'ordre du
citoyen d'Eymar , préfet du Léman . le citoyea
Joseph-Marie Déville , après avoir fait forger un
harpon et s être muni de cordes, est parti, ac-
compagné de ses deux fils , Jean-Claude et Ber-
nard , et de Joseph Ellle, aubergiste à Servez ,
pour aller sur le glacier de Buët à la recherche
de l'étranger englouti dans une crevasse. Ils ont
quitté Servoz à sept heures du soir et ont marché
toute la nuit, d
)î Arrivés au point du jour sur le glacier , ils
se sont rendus immédiatement à une ca-bane d'ar-
doise voisine du sommet , dite le château Pictet ,
rires de laquelle on leur avait dit que l'accident
était arrivé. Ils ont apperçu quelques signes d'une
crevasse recouverte par la neige ; mais il n'y avait
pas d'ouverture. Ils ont continué la recherche ,
et ce n'a été qu'à deux heures après midi que
Déville a trouvé dans la neige un trou prescjue
carré , de deux pieds de côté , dont on ne
voyait pas le fond. Les environs donnaient quel-
ques signes de l'existence d'une crevasse sous la
neige. »
îiUne pierre attachée aune coide, en manière
de sonde , a fait reconnaître dans ce trou, à la,
profondeur de cent et quelques pieds , la présence
d'un corptétranger à la neige ou à la glace. Alors
on a descendu le harpon , qui a bien paru accro-
cher,mais n'a rapporté qu'un seul cheveu. Alors,
le fils Bernard a proposé de se faire descendre
avec une corde ; ce qui a été exécuté. Arrivé jus-
qu'à un terme où il n'y avait plus que 8 pouces
de distance entre les parois de la crevasse , il a pu
toucher avec un bâion de cinq pieds de long la
tête du cadavre au-dessous de lui. Il s'est fait
hisser en haut tout de suite, parce qu'il se trou-
vait dans une position extiêmement gênée , sans
liberté d'aucun de ses membres. "
)> On a harponné de nouveau sans rien rap-
porter que des lambeaux de vêtemens et un cha-
peau. La nuit arrivaitS Te tems était froid , les tra-
vailleurs mouillés. Il a fallu redescendre aux cha-
lets de Vtlly. On y est arrivé vers dix. heures
' ctu toit. >»
" On y a consulté ensemble , et on s'est dé-
cidé à retourner sur le glacier , apiès s'êiie muni ,
aux chaleis , de quelques pièces de bois et d'un
renfort de cordes. Nous sommes partis de Villy
au point du jour. Arrivés à l'ouverture, nous avons
établi , en travers , une espèce de lour , au moyen
duquel Déville le père s'est fait dévaler ; il a été
arrêté par le même obstacle qui avait arrêté son
fils, le rapprochement des parois. Il avait des-
cendu avec lui une hache à nianche court , avec
laquelle il a cherché à élargir le passage à côié
du lieu où gis»ait le cadavre , afin que les frag-.
mens de glace ne le couvrissent pas. Il est des-
cendu peu-à-peu jusqu'à la hauteur de sa cein-
ture ; il a essayé , mais inutilement , de le remuer ;
il était trop fortemeut serré entre les parois. Il a
cherché à tailler la glace autour de lui , et a dé-
gagé la partie supérieure du corps , assez pour
pouvoir lui passer une corde sous les bras. Le
cadavre était debout , les bras élevés à la hauteur
de la tête, la face regardant sur l'épaule gauche.
Il était gelé. >»
>> Dévillc a crié qu'on donnât un tour de corde
pour voir si l'on pourrait soulever le cadavre ,
on n'a pu y réussir. Alois , il a continué à le
dégager; et ce n'a été qu'après trois heures de
travail autour de lui avec la hache , qu'il y est
enfin parvenu. Il s'est fait hisser le premier; en-
suite on a amené le cadavre ; il était einq heures
(lu soir. »>
») On a fouillé de suite dans ses poches pour
trouver et réunir tous ses effets ; et l'inventaire en
est joint au présent Verbal. On a fait un traîneau
avec les pièces de bois et on l'a ainsi emmené
hors du glacier. Les frères Déville l'ont ensuite
porté lour-à-tour sur leurs épaules jusqu'aux cha-
lets de Villy , où l'on est arrivé à dix heures du
«oir. On l'a rais là sur un mulet ; et après une
heure de repos ils sont repartis et arrivés à Servez
entre cinq et six heures du matin. Le Bis cadet
Bertrand, excédé de fatigue, est demeuré en
arrière au chalet de Villy. "
Déville, lui-même , était rendu : et si l'on se
fait une juste idée du genre de travail qu'il avait
eu à soutenir pendant plusieurs heures , dans
l'élrange lieu où il était suspendu, et encore,
«près des marches longues et pénibles , on s'éton-
nera qu'il y ait résisté. I! ne voulut prendre de
repos qu'après avoir assisté, avec nous et une
comptignie assez nombreuse à laquelle nous étions
léunis , aux obsèques du voyageur. Il fut spécia-
kment chargé, par le préfet, de faire élever
provisoirement sur le lieu de la sépulture . une
pyramide conservatrice.
La cornpression qu'avait subie ce malheureux
en arrivant , par une chute accélérée de plus de
cent pieds , dans une crevasse dont les parois se
rapprochaient en forme de coin ; cette compres-
sion , dij-je , avait été si forte , que sa montre
s'élaii applatle. On trouva sur lui "8 francs en nu-
méraire , et le T. m des Voyages dniis les Alpes de
De Saussure. Ceux de ses effets qui pouvaient
avoir quelque valeur furtnt laisiés à Déville ,
Selon l'engagement qu'en avait pris M. Zimpssen ;
et le prélet se chargea dé faire paivenir les au-
tres à sa tamille. Nous crûmes devoir y joindre
Tiiië touffe des cheveux de cet intéressant jeune
homme.
Dans son portefeuille était' Xine lettre com-
mdicée , écrite en allemand , pi destinée à son
père. Noms cédons à la teniatioft d'en publier
quelques fraj^mens ; ils montrtnt un esprit obser-.
vatcur et jusie , -et j'nnoncent une ame sensible.
Que ce père malheureux , que ces parens désolés ,
uuus pardonnent. C est la p;irt même que nous
pre ions à leur douleur qui nous rend peut-être
indiscrets en publiant une lettre de leur fils ;
mais , nous voud''ions associer à leurs regrets tous
nos lecteurs , nous voudrions qu'on apprit, par-
tout où cet écrit parviendra , quel fiU ces parens
ont perdu , quelle espérance leur est à jamais
enlevée .' (i)
(!)■ Xi''"^'"^lit>n .littérale.
a iSco.
Vous rayer. , mon père, parla date de ma lettre , que j'ai en-
trvptis un voyage. Vous voyez aiitfsi que ce voyngc est l'un des
jJus beaux que l'on piusse désirer lorsqu'on est cloigot- des objets
nouveaux qui se développent à cbaqite instant ici sous mes
jeux.
Je suis parti marili de Rumlingen , et mercredi de Berne ; et
ce ne sera que dans nulnze jours nu trois semaines que je reverrai
mon (îomicile actuel , et que j'embrasserai mes clicrs et bien
ïiiiitj cleve», mon Rudy et ma Sopliie. Il est inutile de vous
iliic que je voyage à pied ; el vous devinerez aussi que je voyage
avtc un ami ; car le caur et l'esprit ne jouissent des aspects les
pltis beaux de la natnr« qu'.ivcc Iç sentiment qu'un être vivant
•yinpalhise avec nous. Tout ce qu'il y a de beau et de sublime
«luit, pour pcnÉlrer intimèn>ent tlnns i'ame de l'homme être
uuni avec les jouissance^ de l'amour et de l'amitic..,.
A peine ai-t-oti tWiïcIré le canton de Fribourg , que l'on
ptid de vue l'aisance , In civilisation , la culture, et les beautés
Buturcllesqui distinguent celui de Berne ; et le contraste est dou-
loureux. J'ai trouve fc( 'là connrmation de ce que j'avais pensé
».i l'rnacn fouvern;ment de Berne, il y a long-tenis. Ouelque
défrclucox qu'il (lit a, beaucoup d'égards, il jvail néamnoins,
sur !(• reflte Ur4 'gouvcrncufcns de la 'Suisse une stipérioiîtc
iacontrslable. On y Ituuvait plus d'buniaqit^, plus de liberté
•ivilc, etc,.,.
.. .. Dan» cet herxilJ^e (pris de Fribourg) vit actuellement
u viiiiUici « longue baibj grijç , iju'un appcUe le Jrirt d» tait
1467
Nous quittâmes Servez peu de monaens après
la trisie cérémonie , et nous arrivâmes à Genève à
minuit , la lêle et le cœur remplis des événemens
du voyage.
Déjà l'un des dangers que l'on court dans ces
moniagiies est suffisamment connu de mes lec-
teurs ; mais il n est pas le seul : et le simple énoncé
des accidens qui y sont arrivés depuis peu d'an-
nées , va montrer d'autres risques qu'on y peut
courir.
Uri de nos compatriotes , jeune homme ardent
et agile , s'étant exposé à parcourir sans guide et
sans chaussure convenable , les pentes rapides
et rocailleuses qui lornient la base de l'aiguille
des Charmez du côté du glacier dit des bois, se
précipita dans l'un de ces ravins et y perdit la vie.
Un jeune zuricois , étant monié sur le roc isolé
qui termine la moniagnc de Balme , au nord et à
peu de distance du col ou passage de ce nom,
qui cond'jii de Chamouni eu Valais, perdu la
tête , ou fit un faux pas sur celle sommité , cl
ariiva en lambeaux au bas du précipice.
Une lamille genevoise , qui éiait allée visiter la
voirie de glace de lArvérou et (jui s'y trouva
dans le moment même cù cette voûte s'enfonçait
par fragmeus successifs, à la suite , dit-on, d'un
coup de pistolet tiré mal-à-propus . eut l'impru-.
dence de iie pas s'éloigner irès-promptement ,
tandis que les giaces ace mulées retenaient le tor-
rcni.La débâcle eut lieu loui-à-coup : l'un des fils
fui froissé à niott par les blocs roulans, e; entraîné
par bcs vagues ; un autre lut grièvement blessé ;
le pcre eut les deux jarabcscassées,e; il n'échappa
à la mort que par une espèce de nutacle.
Tels soni pourtant les seuls événemens sinistres
qui soits-ni arrivés depuis long-ttms dans une
contiée où les curieux , ei quelquefois les éiourdis,
abordent tu nombre. Ou peut croire qu aucun
de ces accidens u aurait eu lieu , si ceux qui en
ont été victimes eussent écoulé la prudence la
plus ordinaire. Voici à - peu - près ce qu elle
dicte.
Qu'il y a fort peu de mérite et de gloire à ex-
poser sa vie pour des prouesses , daus lesquelles
le danseur de corde le plus ordinaire l'emportera
toujours sur le voyageur , qui auia prétendu faire
preuve de bonne tête ou dàgiliié dans des tours
de force plus ou moins périlleux.
Qu'il ne f.ut point entreprendre de parcourir
les luoniagnes , sans être conduit par un guide
robuste , prudent et expérimcnié. Rien de plus
trompeur , de plus traître que ces facilités vues
de loin , ces passages apparens , dans lesquels
on s engage peu à peu , s-ms songer que si l'on
est finalement arrêté par la crainte ou par l'im-
possibilité d'aller plus loin , cette même crainte
double la difficulté delà retraite, parce quelle
Ole le sang-froid nécessaire pour se tirer des
mauvais pas. Il est possible , etje l'ai plus d'une
lois éprouvé , de retrouver en partie ce sang-
froid , en se prescrivant de ne regarder que
devant soi , et en cherchant à se ti.;urer , pat
un effort d'imagination , qu'on est siniplement
uans un grand chemin , et qu'on marche de
pierre en pierre, ou le long du talus d'une haie
pour éviter de se mouiller les pieds.
Enfin , il faut donner aux averlissemens du
guide la confiance la plus impliciie. Une grande
responsabilité pesé sur un homme de celle classe ,
quand il s'est chargé d'un voyageur. Un accident
qui arriverait par sa faute , détruirait sa répuialion,
et de cetie répulaiion dépend son éiai. Lés guides
sont donc intéressés par l'un des premiers nioiifs
humains à donner de bons conseils , et le voya
gcut doit y adhérer.
De ces précautions que je pourrais appeler
morales , je passe aux physiques.
La plus essentielle de toutes , est une chaus-
sure convenable. On rencontre dans les Alpes
trois sortes de penles ditliciles. Les rochcis ;
les pentes de glace ; et celles d herbe , qui dé-
viennent plus glissantes que U glace même
quand la semelle du soulier s'est polie , comine
cela arrive toujours en les parcouranl. L'usage
des crampons, soit au lalon , cornme le prescrit
de Saussure , soit en travers sous le pied , comnie
les einploient quelques montagnards , assure
jttsqu'à un certain point la marche dans ces
diverses penies ; mais il faut les mettre et les
oler fréquemment , parce qu'ils gênent plus ou
moins la marche ; el c'est là un assez grand
inconvénient. Je me suis si bien trouvé de l in-
veniion tjue je leur ai substituée que je n'hésite
point à la recommander aux amateurs.
( c'est le
, qu'on do
r dans
fort surpris
lente
aux hermites. ) Ouoique passa-
.ore tres-vert. Il a servi long-tems comme
ent suisse au service d'Autriche. Nous
montant vers lui , de le voir venir nu-
ent au travers de la grande salle, non
te, mais en uniforme de hussard ; son petit 1
t , garni de pellise, et ses culottes blanches,
barbe gtise et longue. Il nous reçut très-
içai» 8c allenumd , se plaignit beau.oup de
la dépravation du monde .actuel , nous dit qu'il ne suffisait
pas de prier, qu'il fallait agir, kc. Il se loua fort d'aillcuis 1
de la tranquillité de sa vie ; sa demeure étant éloignée rie toute
agitation, et ses oreilles n'étant frappées d'aucun bruit, si ce I
n'est de la ckaie du torrent voiiin et du cblBt des oiseaux. I
en habit d'hetn
ntcaii roiige ouvi
itrastaient avec s
1 parla In
On se fera faire de forts souliers dont Ix
semelle ait au moins l3 millimètres (alignes)
d épaisseur, et dont l'empeigne el le quartier
soient doublés à une certaine hauicur auiour
de la jeniclle. Il faut que l'empeigne soit d un
cuir souple , et sur-iout qu'ils ne blessent nulle
part , et qu ils aient été déjà portés par essai
dans de petites courses , loistju'on voudra en
entreprendre une considérable. On fera préparer
des doux d'acier trempé , dont la queue soit à
vis , et dont la lêle , qui ne doit pas avoir moins
d'un centimètre ( 4ligncs et demis ) de diamètre,
soit taillée en une pyramide carrée , qui se
trouve avoir deux pointes par l'effet de l'en-
tdlle pratiquée, à l'ordinaire , à la tête de la
vis. Ou mettia douze de ces doux à chaque
soulier ; savoir , sept autour de la plante du pied ,
répartis , à dislances égales dans la moiiié anié-
rieure de la semelle , el cincj autour du lalon ,
tous aussi près du boid du soulier qii'ii sera pos-
sible ,enl!iissant la prise nécessaire ]iour que fe
cuir n échappe pas. Ou garnira l'inicivalle d un
clou à l aulre , de doux ordinaires en fer , à
lêie large , et assez serves pour que leurs têtes se
touchent toutes.
Celte chaussure donne au voyageur le sen-
timent d'une sûrelé pjrfaile dans ious les lieux
difficiles ; elle mord sur le granit comme sur
1 herbe; elle n'incommode point dans la plaine ,
et elle se conserve long-tems. Qirand les têtes
aciérées se sont éinoussées , on en est quitte pour
en substiiuer d'julre,s qu'on doit avoir en pro-
vision. Les premiers souliers de ce genre , que
j'ai faii faire il y a plus de douze ans , ei employés
assez so jvent dans cet intervalle , se sont trouvés
encore d'un très-bon service cette année.
Un bâion ferré , de 5 à 6 pieds de long , est
utile sur les glaciers , soit pour sonder les neiges
peifides qui recouvrent des creva-ses , «oit pour
assurer la marche sur la glace vive. On trouve
à Chamouni ces bâtons tout préparés par les
guides.
Lorsqu'on est appelé à monter long-tems , c'est
un fort mauvais calcul que de vouloir presser la
rnarche. O i s échauffe , on s'éssoufffe , ei le repos
plus long qu'on es[)ere ainsi se procurer , ne
profile point. Il faut meure le guide devant, et
prendre son pas, qui esi mesuré ei comme cadencé;
s'arrêier de tems en tems , sans s'asseoir et sans
se donner le lems de prendre froid. On monte,
de ce train , environ 200 toises de hauteur per-
pendicul .ire par heure , et c'est assez. Il faut
ôier son habit tlès que la transpiration commence,
et le porter plié sur 1 épaule ; on modère ainsi
la chaleur proi^uiie par la marche , et on retrouve,
quand on s'arrêie , le bénéfice d'un vêlement ad-
diiionnel , sans en avoir eu l'incommodité. Et ,
en parlant de vêtement , il est très essennel , lors-
qu'on part pour les glaciers, quelle que soit lacha-
leur qui règne dans la plaine , de se munir de pré-
cati'ions contre le froid, dont on neprévoit gueres
qu'on pourra être appelé à éprouver l'inconvé-
vient. C'est surtout aux dames à qui je recom-
mande celle attention.
Ces conseils s'adressent plus ou moins dire;-,
teraenl à tous les voyageurs qui veulent parcou-
rir les montagnes : j'ajouterai quelques mois.
pour ceux qui sont physiciens ou naturalistes,
et pour les amaleurs de lithologie en particulier. .
Ceu"x-ci ont fréquemment éprduvé l'inconvénienE,
lie n'avoir que leurs poches pour |recueillir les.
échantillons des roches qu ils détachent au raar-
leau ; elles se remplissent bisniôt, et fatiguent par
leur balancement. Voici comment je les rem-
place avec avantage.
A une ceinture de cuir assez larg» est adapté ,
du côté gauche , un anneau de même mati;re ,
incliné . qui reçoit le mandTe de mon marteau ,
placé à-peu-près comme le poignard dans le co>-
lum; turc. De l'autie ctné est une petite poche
qui renferme un flacon d'acide dans un étui de
bois , un bri(]uct , etc. Celte ceinture forme le
bord siipérieur d'un tablier de cuir mince, rpri ,
déployé, atleindrait le ^enou ; mais qui , relève
comme il lest par un courant de chaque côië , '
(orme devant moi uine grande poche horisonlale
ouverte en-dessus , et soutenue dans sonmilieu"'-
par une courroie en f.çon d Y renversé , dont '
les deux branches sont cousues à la ceinture et'
embrassent le tablier par dessous ; la queue de I Y
remonte devant et vieni se boucler à la bandou-
lière avec laquelle je porte mon baromètre. Les
pierres que je meis dans celle poche , disposée
comme elles sont autour du centre de gravité du
corps, et supportées en partie par les épaules ,
à cause de la courroie qui enveloppe le tablier,
ne m'incommodent point; je les ai toutes sou»
les yeux et sous la main , quand je veux substi-
tuer un échantillon à un autre ; et elles n'éprou-
vent pas les secousses et le froiiemeiit auijuel elles
sont exposées dàqs les poches.
A celte niêiiie, ceinture , et par das croche's
d'acier amovibles ,, S9nl suspendus , d un côté un
aexiani de Ramsden , de (rois pouces de rayon
qui donne ju5(ju'aux minutes de degré; instru-
ment d'.une commodité extrême pour observer
les angles. De l'autre côté , un hofison ani'licisl
avec son niveau à bulle d'air , paur prendre les
hauieurs. J'ai disposé la boîie de cet instrument
fie manière qu'elle me sert de planchelle quand
j'en ai besoin, supportée par une canne qui
s'ouvre en façon de trépied; qui sert aussi de
support à moi) baiometie; et lait en même tems
un excellent bâion de voyage , quand ses trois
branches sont réunies.
••Qjioi<]ue l'ensemble de ces instrumens , joint à
la quantité moycnKie de pierres qu'on ramasse
da-ns une journée , tasse un poids de plus de vingt
livres , je m'en appcrçois peu , à cause de son
'éga e distribution ; et dans le dernier voyage
alpestre que j'ai fait avec mon malheureux ami
iDolomieu , il enviait mon sort ; quoique , loin
d'être harnaché comme je l'étais , il n'eût à porter
que son marteau et ses pierres.
Mais je me perds dans ces détails , qui toia-
chcnt aux jouissances les plus vives que j'aie
éprouvées, et réveillent les plus doux souvenirs. 11
est tems de m'arrêler. Je ne quitterai cependant
pas mes lecteuis disposés àvijiter une fois les gla-
ciers de Chamouni , sans leur donner les noms
des guides qui méritent leur confiance, je crois
avoir parmi ces braves gens de véritables amis ,
et j en fais gloire.
Noms des principaux guides du canton de Chamouni.
Jacques Balmat , dit le Mont-Blanc, demeurant
aux Pèlerins ; Pierre Balmat, aux Barraz -, Jacques
Balmat, dit des Dames , au Chef-lieu; Nicolas
Balmat idem ; J. Michel Cachât , dit le Géant,
aux Plans; J. Pierre Cachât, di< l'Aiguille , aux
Pfaz; Marie Carrier au Chef-lieu ; Joseph-Marie
Charnel; à Valorsine; P. 'Victor Charlet, à Ar-
gentiere ; Victor Charlet , au Chef-lieu ; Germain
Charlet, idem ; Jacques Claret , à Valorsine;
Joseph- Marie Coutct , aux Favrans ; J. Jacques
Coutet, à la Fiasse ; Jacques Cupelin, à Mon-
cuard ; Marie Dévilte , au Mont , près Servez ;
François Pacard, au Chef-lieu ; J. Nicolas Pacard,
idem ; Michel Pacard , idem ; J. Michel Simon .
aux Praz; François Simon, à Moncuard ; Michel
Terraz, au Chef-lieu ; Victor Terraz , idem.
VARIÉTÉS.
On lit l'article suivant dans le dernier n° de
la Décade philosophique.
(t En lisant l'inscription que le citoyen Lenoir
» a fait placer sur le sarcophage de Turenne,
5) au Musée des monumens français , qui ne
)» croirait que ce citoyen conservateur de ce
)> Musée a recueilli lui-même à St. Denis celte
1) vénérable dépouille , ou du moins qu'il l'a
H réclamée lorsqu'elle allait être détruite par
>» la main des barbares ? Or , voici le fait. Le
»! corps dô Turenne existait encore à St. Denis.
J) Un citoyen accourt pour en donner avis à
15 un des professeurs du Muséum d'histoire-na-
ï» turclle. Celui-ci songe aussitôt aux moyens de
M sauver les restes de ce grand-homme , me-
>> nacés d'une prochaine destruction. Une idée
ji heureuse se présente: c'est de les réclamer
>> comme objets de science à la commission des
>i arts dont il était membre. Le corps de Turenne
J» est parfaitement embaumé, dit-il ; je demande
M qu'il soit déposé au Muséum d'histoire naturelle ,
u comme momie moderne , pour le comparer aux
>i momies anciennes.
n Cette demande n'a d'abord aucun succès;
i> le professeur la réitère dans trois séances dif-
it férentes , avec le même courage; enfin quel-
>) ques voix s'élèvent avec la sienne , et la com-
jj mission prend un arrêté pour ordonner que
Il le corps de Turenne soit transporté au Mu-
»» séura d histoire naturelle.
)> C'est-là que les restes de cet homme célèbre
îj ont été leligieusement conservés par l'adroi-
1) nistraiion de cet établissement , jusqu'au 24
)i prairial , époque de sa translaiion au Musée
gj des monumens français , par ordre du ministre
>»' de l'intérieur.
)> L'ariêté de la commission des arts est con-
M signé dans ses registres qui doivent'se trouver
D actuellement dans les archives du ministre de
>) l'intérieur. 11 ,-
De plus , un article inséré dans la Clef du Cabi:
net de ce jour , annonce que nous devons en
partie la conservation des restes de Turenne au
cit. Desfontaines, professeur au Muséum d'his-
toire naturelle, et que l'idée déconsidérer ces
1468
restes comme une momie moderne, afin de les
sauver , appartient à ce savant.
Enfin, nous recevons à l'instant la lettre sui-
vante :
Au rédacteur du Moniteur. — Paris, ce 1" com-
plémentaire , an 8.
Il y a actuellement près de sep« ans que le
corps de Turenne est sorti du tombeau que lui
avait mérité sa valeur ; nous devons la conser-
vation de ses restes précieux , à la bonne compo-
sition de la municipalité de Franciade d'alors ,
ainsi qu'à une commission chargée par le dépar-
tement de Paris d'aller recueillir dans la fouille
des tombeaux de l'abbaye de cette commune ,
des matériaux pour Ihisioire et la physique sou-
terraine : on nomma membres de cette com-
mission deux hommes d'un mérite distingué , le
ci-devant père Poirier, et le docteur Thourcl ,
aujourdhui directeur de l'école de médecine de
Palis , qui , en 1786 , avait été chargé de l'exhu-
mation si célèbre de l'église et du cimetière des
Innocens. Quelques personnes eut été témoins
des précautions prises par ces d<;ux citoyens pour
conserver intacfle corps de Turenne, et reunir
les observations que pouvait offrir cet ensemble
d'antiques sépultures ; on sait les efforts '[u'ils
ont faits et les dangers qu'ils ont courus. Mjlgré
les menaces d'une foule inconsidé ée , et des
émissaires envovés pour inspecter ces travaux ,
lesquels demandaient à grands cris que tout fût jette
indistinctement dans une très-grande fosse creusée
ad hoc , ils sont parvenus à prendre des notes qui ,
sans doute, sont irès-curieuses, et devront occuper
une place distinguée dans les mémoires du tems ;
il serait donc bien à désirer que les détails de
ces opérations fussent rendus publics ; permettez
que j en exprime le désir dans votre feuille.
Signé, DoiissiN-DvaKZViL, docteur en médecine.
Il paraît résulter de ce rapprochement qu'eti
effet ce n'est pas le citoyen Lenoir qui a sauvé
les restes de Turenne , lors de leur exhumation
à Saint-Denis : mais aussi ne paraît-il ni par son
prucès-verbal , ni par l'inscription , qu'il ait eu
l'intention de le donner à entendre. Il ne parle
que de la translation du Muséum d'histoire na-
turelle au Muséum des monumens français.
Ainsi si, d'un côté, la reconnaissance méritée
par les premiers conservateurs leur reste due
toute entière; de d'autre, le reproche adressé
au citoyen Lenoir , dans la Décade philosophique ,
nous semble tomber à faux. Y
ment de l'* instance du tribunal civil du dépar-
tement de la Seine , et dont j'appellerai , lorsqu'if
plaira aux frères Cerf-Berr de me le signifier , a
seulement jugé que le citoyen Péri Hier et moi
étions , quant à présent , non-recev<ibles dans nos
demandes en condamnation de la somme de
1,307,820, attendu que par notre titre, nous
étions obligés d'attendre que les frères Cerf-
Berr eusseni lait apurer leurs comptes avec le
gouvernement, et cependant ce ju;j,eraent fïîiim-
tient nos 1,307.820 /r. d'inscription hypothécaire
faite sur leurs biens.
Je pense , citoyen , qu'après avoir inséré dans
votre journal un fait i;;exact , vous serez jaloux
de réparer le toit qu'il m'a fait , par li publicité
de la lettre que j'ai 1 honneur de vous écrire.
Salut et fraternité , CoEN.
AVIS,
La perte d^ tems occasionnée par ]?i taille des
plumes, la contrariété que fait éprouver la mal-
adresse à cet égard- ou la faiblesse de la vue , la
dépendance 011 l'on se trouve quelijuefois d'une
m:iin i îhabile , pour une chose a.issi lacile et
d'un usage aussi ordinaire ; tels sont les motif»
qui ont engagé le cit. Bonneau à consacrer ses
loisirs à ce genre d'occupation. En conséquence
il prévient les dames , les litlér::tturs et autres
personnes , qu'on trouve chez lui , et qu'il lait
remettre à domicile , des étuis contenant chacun
douze plumes taillées , enfin d'une coupe sûre
et de bonne qualité , à raison de i fr. 5o cent,
par étui. S'adresser verbalement, ou par éciit ,
rue Marguerite, n° 499 , près la rue Taranne ^
faubourg Germain.
LIVRES DIVERS.
F I N T o , ou la journée d'une conspiration ,
comédie historique en cinq actes et en prose ,
par le cit. Lemercier, représentée pour la pre-
mière fois, à Paris, au théâtre français de la
République , le 1" germinal an 8.
Les trois Maris , comédie en cinq actes et en
prose , par L. B. Picard , représentée pour la
première fois sur le théâtre de la rue Feydeau ,
par les comédiens sociétaires de 1 Odéon , le 97
thermidor an 8.
A Paris , chez Hoet , libraire rue Vivîenne ,
n° 8, et Chaton , libraire , passage Feydeau.
Le général Jourdan , ministre extraordinaire de ta
république française en Piémont , au rédacteur du
Moniteur. — Turin , te i3 fructidor on 8.
d'insérer dans votre
Lyon. . . .
i.
P-
à so
jours.
Marseille.
P-
a ïo
jours.
Bordeaux
I p.
a vue.
Montpellier
î P-
à 25 jours.
Je vous prie , citoyen
journal la note suivante :
J'apprends qu'un nommé Blancassagne , qui
s'est souvent servi de mon nom pour intéresser
en sa faveur ceux que sa conduite avait indis-
posés contre lui, vient de couronner son oeuvre
en se livrant à des excès en Souabe.
Il a été arrêté , traduit au conseil de guerre ,
déclaré coupable , et condamné à être destitué ,
chassé de son corps, puni de deux ans de pri-
son , déclaré incapable d'occuper aucun grade
dans les troupes ae la république , et déchu de
tout droit à la pension ou récompense , à raison
de s,on service antérieur.
Comme ce citoyen a trouvé le moyen de se I Act.'de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
soustraire à son jugement en s'échappant de , ^.^^
prison , et qu'il pourrait encore mettre en usage
les ruses dont il s'est servi plusieurs fois potir
obtenir quelqu'emploi , je crois devoir prévenir
le public que cet homme n'est nullement mon
parent, et que même je ne le connais pas du
tout.
Je vous salue , Jourdan.
COURS DU CHANGE.
Bourse du s' jour complémentaire.
Change,
Effets publics.
Rente provisoire 18 fr. 7S c.
Tiers consolidé 33 fr. yS c.
Bons deux tiers i fr. 58 c.
Bons d'arréragé. ^4 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 ... . 89 fr. 63 c.
Syndicat 63 fr. 75 c.
) Coupures. 64 fr.
SPECTACLES.
Paris , le 2° jour complémentaire , an fi de la répu-
blique française , une et indivisible.
Les frères Cerf-Berr , citoyen, ont fait publie
pat la voie de la plupart des journaux , et pariicu-
liérement par celui que vous rédigez , qu'ils ont
gagné leur procès contre les citoyens PeriUier et
Coéu , qui leur demandaient i,3oo,ooo fr.
Si les frères Cerf-Berr n'avaient voulu par ce
mensonge que se donner un moyen de crédit,
je ne ni'cn plaindrais pas , mais je dois à mes
créanciers alarmés, de les prévenir que lejuge-
Théatre de la République et des Arts,
Auj. relâche.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Trois contre
un ; Adèle , et Bagatelle.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes,
Dem la Fille hussard, pantomime en 3 actes i
à grand spectacle , et la Mort de Turenne.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Dem. Roméo et Juliette ou les Tombeaux de
Véronne.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du 1^' jour complémentaire.
5\. 26. 65. 19, 87.
L'abonnement se fait à Paris , rue des Poitevins , n'' 18. Le prix est de î5 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et 100 francs ppur l'année entière. On Des'abomie
qu'au commeucement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres eil'argent , franc de port , au cit. A G A S s E , propriétaire de ce journal , me des Poitevins ; n» 18. Il faut coniprendre dans les envois le port des
pays oal'on ne peut affranchir. Les lettres dcî dépanemeOs non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue det
Poitevii/!',n« t3 , depui jneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'impcimerie du cit. Agisse, propriétaire d« Moniteur, rue des,Poile.vifis„n» '.3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N' 364.
4""" jour complémentaire an 8 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autoiisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il coïKient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenï , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su :
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
DANNEMARK.
De Copenhague , le i5 fructidor.
J_iA réponse que l'on attendait depuis si long-
tems de Petersbourg est enfin arrivée il y a quel-
ques jours. Il y est dit seulement que l'empe-
.reur Paul 1='' ne négligera rien pour concourir
au rétablissement de l'union et de l'amitié entre
les cours de Copenhague et de Londres, et que
le roi de Suéde ne veut se mêler en aucune ma-
nière de celte affaire. On conclut de-là que la
conduite des anglais a causé autant de surprise
à Petersbourg et à Stockholm , que chez nous.
Le capitaine Popham est parti d'ici , le 12 , imT
médiatement après qu'il eût eu connaissance de
l'arrangement conclu entre l'Angleterre et le Dan-
nemark. On n'attend plus que la ratification de
la cour de Londres.
On a annoncé , hier , officiellement à la bourse
que k;s différends survenus entre les deux gou-
vernemens étaient tertninés. Les troupes ont eu
ordre de rester dans leurs garnisons ; neuf vais-
seaux de guerre seulement doivent être équipés.
L'envoyé français Bourgoing aura, le l8, sa
première audience.
ANGLETERRE.
Londres, (g septembre.) Z'2 fructidor.
C'est le 99 du mois passé que lord 'Whiiworth
a signé à Copenhague une convention qui ne
résout pas la grande question du droit des
neutres , mais que l'on peut regarder comme
également satisfesante pour les deux parties. Le
D.nnemarck ne pouvait que redouter une guerre
disproportionnée , et malgré la supériorité de
nos forces , notre exclusion momentanée des
ports septenirionaux de 1 Europe, n'eût point
été sans de graves inconvéniens pour notre
commerce. La cour n'a point encore publié
cette convention , mais les principaux articles
en sont connus. L'Angleterre restitue la fiégate
ia Fre)-a , ainsi que le convoi pris sous son
escorte ; les vaisseaux danois continueront à être
visités comme par le passé jusqu'à ce que le prin-
cipe de la difficulté soit réglé par un traité défi-
nitif à Londres. La négociation , qui roulait sur
des points si dclicarts pour l'amour-propre des
deux nations , fait le plus grand honneur aux mi-
nistres qui l'ont conduite.
Le Morning-Chronicle donne la nouvelle sui-
vante sous ia date de Falmouth le 5 septembre,
tt Deux princes de la lamilie royale de Naples
sont arrivés ici à bord du Wooiwich. Il paraît
que le progrès des français en Italie a déter-
miné ces princes à chercher un asyle en An-
gleterre.
— Le 22 du mois passé , l'amiral sirR.Bickerton,
à bord du Swiftsure , devant Cadix , a prévenu les
consuls neutres résidans dans cette ville , que son
port continuait à être en état de blocus.
Extrait de la Gazette ordinaire de la Cour, du
samedi 9 septembre ( a fructidor ) .
Lettre du général sir 'James Pulteney , au très-hono-
rahle H. Dundas , datée à bord du vaisseau de
S. M. le Rcnown , en mer le 27 août.
La floue à bord de laquelle les troupes sous
mes ordres sont embarquées, est arrivée le 25
de ce mois devant le Ferrol. Je résolus d'effectuer
aussitôt un débarquement , certain qu'il ne pou-
vait avoir de grands dangers, quand même les
forces de l'ennemi ne permettraient point une
a'iaquc contre le Ferrol.
Le débarquement se fit sans éprouver de résis-
tance , dans une petite baye près du cap Prior. La
îéserve suivie par les autres troupes, à mesure
qii elles débarquaient , monta sur la cime d'une
iJURce de colline», et lorsqu elle en eut atteint le
sommet , elle rencontra un parti ennemi qu'elle
poussa. Le lieutenant-colonel Siuari fut bUssc.
Le lendemain , au point du jour , la brigade du
comte de Cavan repoussa un corps ennemi très-
considérable , et nous demeurâmes maîtres des |
hauteurs qui commandent la ville et le" port du 1
Ferrol; mais la. nature escarpée et pierreuse du I
terrein , ne permit point que cette opération
s'achevât sans perte. Le premier bataillon du 52°
régiment a eu la principale part à l'action. Lcn-
nemi a perdu environ 100 hommes tués et blessés
et 3o à 40 prisonniers.
Je fus alors à même d'observer soigneusement
la place , et de me former une idée exacte des
forces de l'ennemi par le capport des prisonniers.
En comparant les difficultés qui se présentaient ,
et le risque d'échouer, aux avantages qui pour-
raient résulter du succès , je me déterminai à
faire rembarquer les troupes pour me rendre à
ma destination ultérieure. L'embarquement s'ef-
fectua le soir dans le plus grand ordre et sans
aucune perte.
Le zèle qu'ont montré les troupes mérite les
plus grands éloges , et si les circonstances les
eussent fait mener à l'ennemi , j'aurais eu tout
lieuvden attendre un plein succès.
j'ai les plus grandes obligations à l'amiral sir
John Borlase 'Warren , et aux officiers delà marine,
pour les judicieuses dispositions faites pour le
débarquement et le rembarqiiemeut des troupes;
elles ont été exécutées avec la plus grande activité.
Ce service a été particulièrement confié à sir
Edward Peilew, qui s en estacquitié d'une manicte
aussi honorable pour lui qu'avantageuse pour les
troupes.
La perle a consisté en 5 officiers blessés , dont
l'un est mort de ses blessures , 16 rangs et files
tués , 58 rangs et files blessés.
Police de la Tamise^
La nombreuse population qui se renouvelle sans
cesse sur la Tamise mérite l'attention particulière
de <a police. Parmi cette foule d'étrangers et de
na ionaux, dont les uns ignorent la langue, les
usages et les lois du pays , dont les autres ne les
connaissent que pour redouter les lenteurs et les
formalités de la justice, et quipresque tous, incer-
tains de la durée de leur séjour veuhnt le mettreà
profit pour leurs spéculations ou leurs plaisirs , la
fraude etl'esc roquerie trouvent unvaste champ pour
s'exercer. Deux classes d'hommes, surtout, s'at-
tachent avec succès à rançonner, souvent même à
' dépouiller de leurs propriétés présentes et futures
les matins que la Tamise porte momentanément
sur ses flots , le rendez-vous général de toutes les
richesses du monde.
La première de ces classes est composée d'en-
viron 100 individus connus sous le nom de crimps
( sorte de lecruteurs ). Ils se chargent de procurer
des matelots aux vaisseaux frétés pour quelques
pays étrangers , et lorsque les vaisseaux sont prêts
à partir , ils exigent des capitaines un dépôt d ar-
gentsouvent considérable. Lecapitaine ,sans autre
ressource pour trouver des hommes , surtout s il
est étranger , est obligé d'en passer par on veut le
recruteur, et le plus souvent , les nvatelots qu'il se
procure par cette voie , décampent avant trois
jours , terme auquel ils sont obligés de signer leur
engagement , sous peine d'être traités comme dé-
serteurs. Si le capitaine redemande l'argent qu il a
déposé, le crimp prétend l'avoir employé, et il
n existe aucun moyen d'obtenir justice. Fréquem-
ment inême le recruteur est d'accord avec les
matelots pour les faire déserter.
La seconde classe est composée de ceux qui
font trafic des gages des matelots et qui achètent
leurs parts de prises. Ces faiseurs d'affaires avan-
cent de l'argent, procurent logement, habits,
I liqueurs et plaisirs de toute espèce aux matelots
I igiiorans et sans expérience, qui consentent à
leur assigner des portions de gages échus et des
parts de prise. Ils sont dans l'nabitude d'aller à
Gravesend et au Nore eniourei de leurs chaloupes
les vaisseaux qui arrivent , et ils emmènent chez
eux les matelots sous prétexte de tes garantir de la
presse. Le trajetjusqu'au rivage est toujours payé
à un taux exorbitant, et le moins que le cWm^ gagne
ordinairement sur les objets qu'il fournit au mate-
lot est 5o pour cent. Ce n'est pas tout ; lorsque
le petit trésor ramassé avec tant de peine et de
périls aux extrémités de la terre est dissipé , le
crimp a de l'argent au service du matelot. Mais
dès que la dette passe quelques guinées , le ma-
telot est mis en prison , et souvent il ne peut se
libérer qu'en abandonnant ses gages et ses parts
dei/rises futures pour un certain nombre d'années.
Alors le crimp lui procure un nouvel engagement
qui lui vaut deux guinées de la part du capitaine,
et quelque argent encore de la part du m .tclot.
Un tort d'une autic nature qu éprouve le com-
merce de la Tamise , consiste dans les vols et
déprédations qtii secommetteni journellement sur
cette rivière. On en a fait l'estimation suivante :
par an.
Commerce des Indes orientales . . . L. 25,ooo
Des Indes occcideniales 282,000
Des colonicsconiinentalesd'Amérique lo^odo
D Afrique et du Capde Bonnt-Espér. 2,000
Pêcheries du Nord et du Midi. . . . 2,000
Des Eiats-Unis d'Amétique 3o,ooo
De Turquie et de la Méditerranée . . 7,000
D'Espagne et des Canaries 10,000
De France et des Paysi-Bas jo,ooo
De Portugal et de Madère 8,ooO
De Hollande io,ooO'
D'Allemagne 23, 000
De Plusse 10.000
De Pologne 5,ooo
De Suéde 3, 000
De Dannemarck 5 000
De Russie 20,000
DIrlande 5, 000
De Guernesey , Jersey , Aldcrney et
lîle de Man 2,000
Des côtes
De charbon.
îo,ooo
20,000
Total ....... 461,00b
Les propriétaires de vaisseaux per-
dent annuellement en cordage , agrès. . 45,000
Total 5o5,ooo
Etat des revenue et des dépenses publiques d'Irlande
pendant les années 1799 ^' 1800.
Revenus de l'année expirant le
a5 mars 1,861,471 18 8
Revenus jusqu'au 25 février
1800. . . . 2,447,529 i3 6|
Recette pro-
bable pour
le reste de
l'année. . . 236,732 o o|
2,684,261 i3 6|
Dépenses depuis le 25 mars
1798 au «5 mars 1799. . . 4,S3o,525 7 oj
Dépenses depuis le 25 mars
1799 au 25 ™ars '.800. . . 5,893,323 II ni
Du 1 2 septembre ( 25 fructidor. ) :
Le gouvernement a reçu par la dernière itialle
de Lisbonne dts nouvelles de Sir J. Pulteney,
Elles étaient datées de la . baye de Vigo , le
1 = ' septembre, et le lendemain l'cbCadrc devaif
faire voile, he Morning-Chronicle 'dit que ce
général s'est déterminé à revenir en Angleterre
après avoir conduit ses troupes à Gibraltar ,
et il prétend que cette résolution tient à ce qu'il
a régné peu d'intelligence entre les troupes de
terre et celles de mer.
Sir R. Aberctombie est en ce moment à Minor-
que. De Livourne , il avait fait voile avec deux
régimens pour Malle , oà le général Giaham
l'avait précédé avec 4,000 hommes. L'état de
cette forteresse ne lui a point permis d'eu tenter
l'attaque. Tandis qu'il était encore dans les
parages de la Sicile , le roi de Naples le fit soU
liciter de débarquer avec ses troupes dans le
royaume de Naples où l'insurrection fesait des
p rogi es L-ffray ans. Il s'y refusa, n'ayant point d'ordre
à cet effet.
Le lord Chancelier d'Irlande a nommé le major
Swan,juge de paix de tous les comtés du royaume}
c est le second exemple qae l'on ail d'un par-
culiei ctéé magistrat pour tout le royaiume'
Le 'comte de Caihsimpion fut le premier qui
reçut celte- marque de distinction ei d'honneur.
Il- y a eu à Livourne un mouvement popu-
laire contre les émigrés français et génois ,
qui se trouvent dans cette ville. Il a été ap-
paisé.
Lincendie des forêts voisines de Grali en
Stitie dure encore ; il a fiil un dommage con-
sidérable.
Dans l'acte portant 1 établissement de Vincomt'
tax pour i'anné^ , on oublia de nomnser la ville
de Berwîck sur la Tweed ; en conséquence , les
habitans se son» trouvés exempts de Timpôi. Cette
inadvertance ne se réitérera ,sans doute, pas.
On a découvert à Gandy , île de Ceylan , une
mine d'or très-riche. Le roi de Candy en eniiiêche
rexploitalion , et y a tait établir un fort détache-
ment de troupes pour la garder.
Le prix des blés et des farines continue à se
soutenir et même à augmenter dans presque tous
les marchés du royaume , malgré l'abondance
de la récolte. Cette circonstance , qui ne peut
provenir que des spéculations avides des fer-
iniers . donne de justes sujets d inquiétude.
Dans plusieurs villes et notamment à Notlin-
gham , (a populace s'est tumultueusement assem-
blée , et sans l'intervention des tioupes , les excès
auxquels elle s'est portée auraient eu des consé-
quences funestes. Le calme s'est rétabli à Not-
tlngham-, mais, lundi, des tumultes , qui avaient
aussi pour cause la cherté des blés , ont eu lieu
â Birmingham et à Lyn. Dans ce dernier lieu , la
maison d'un homme , soupçonné d'avoir beau-
eoug de grains chez lui , a été assaillie à coups
<le pierre ; pas une fenêtre n'est restée entière.
Quelques propriétaires du comté de Leicester ,
cherchant à prévenir les maux inséparables d'une
disette , ont adopté une généreuse résolution dont
il serait à désirer que l'exemple fût suivi dans
les autres comtés. Ils ont pris l'engagement sui-
vant auquel plus de cent fermiers se sont em-
pressés d'adhérer : >) Nous soussignés , déclarons
que nous porterons aujourd'hui au marché tout
le blé que nous possédons à 5 liv. sterl. par me-
sures , et nous nous engageons à ne jamais de-
mander à l'avenir un prix plus considérable. Notas
recommanderons aux autres fermiers de suivre
la même conduite.
Les missionnaires anglais ne sont pas tous re-
venus d'OL,.hiti , ainsi qu'on le croyait: il en I
est resté sept dans cette île. 1
Frécis de ta tonvention entre sa majesté danoise et |
sa majesté britannique , en date du 29 août tSoo. j
Cette conventioa est en cinq articles. I
, 1°. Il est convenu que la question relative à la 1
visite des bâiimens neutres sous convoi , est ren-
,voyée à un» discussion ultérieure.
a°. La frégate la Freya et les autres bâtimens
£ous son convoi sontrendu's à sa majesté danoise,
avec la permission de s« réparer dans les ports
britanniques , ainsi qu'il est d'usage parmi les
puissances anales.
S'O.En attendant la discussion du point de droit,
le Danemarck conseixt à suspendre l'envoi de
flottes sous convoi."
4°. Dans l'intervalle , si des rencontres sem- !
blables de bâtimens sous convoi viennent encore
à avoir lieu, le résultat, quel qu'il puisse être,
«era rapporté à la présente convention , et regardé
sans conséquence.
5". La convention doit élrc ratifiée dans l'es-
pace de trots semaines.
Etat du change (t fonds publics , d'après ta liste de
Lloyd , du II septembre 1800 ( i^ fructidor.) —
trix des fonds.
Actions de la banque
3 pour cent Red..
3 pour cent Cons 65^
4 pour cent Cons
3 pour cent. Ann. gg
3 pour cent Imp 647
3 pour cent Imp. Ann lï 5-i6-|
•pmniura 5 ^
Comp. des Indes ,..«..
Traites.
Cnurs des changes.
Hambourg s î us. . . Sa o
Altona s î us 32 I
Livourne
Gênes.
Venise
Lisbonne
Oporto .
Dublin
Matières.
Portugaises ol.
. Or en lingot ol.
Pièce du Mexique
Argent en lingot
Cochenille est s3 s. s. 6 d. à 25 s. la livre.
( Ces divers articles sont extraits des n°» 21 et
«2 du Courrier de Londres. )
I N T É R
1470
La jourjiée avait été belle ; c'était dimanche , et
en même-tems la fêle à Slykens , village à une
demi-lieue d'Osteiide ; plus de quatre mille ha-
bitans de cette ville y ét.dent allés. — Le com-
mandantd'artillerie Sanionaxy a perdu ses quaire
pelils enfans ; le garde d'artillerie , sa femme et
son fils y oçt péri , ainsi '|ue la femme , le his et
une nièce du capitaine d'artillerie ; celui-ci s'est
jeté à la nage et a eu le bonheur de sauver trois
personnes ; mais il n a pu rencontrer celles qui
lui étaient chères. — Tout Ostende est en pleurs ,
et offre un spectacle cruel: chacun y regrette ou
un parent ou un ami.
Paris , le 3"" jour complémentaire.
Le tribunal de paix de la division Lepellelier ,
s'occupe en ce moment d'une cause qui intéresse
toutes les personnes auxcjueiles le gouvernement
a accordé des breveis d'invention. Le citoyen
Lange , co-inventeur avec le citoyen Argand des
lampes à courant! d'air, avait un brevet; mais
sa propriété avair pfé méconnus , les cnnire. fac-
teurs impunis s'étaient extrêmement multipliés.
Ce citoyen vicrit de demander contre eux , quel-
que soit leur nombre , l'exécution de la loi, qui
assure aux inventeurs une jouissance exclusive
pendant un tems limité. Son défenseur est le
citoyen Thilorier; le citoyen Brass'eux est le dé-
fenseur des nombreux ferblanliers qui se sont
emparés de l'invention. La cause est continuée
au 4 vendémiaire.
— Le Citoyen français annonce que le ministre
de l'intérieur a chargé les citoyens Visconti et
Dufourny, membres de I administration du Musée,
de se transporter à Richelieu, département d'Indre
et Loire , pour examiner si parmi les nombreuses
statues antiques que le cardinal de Richelieu y
avait fait porter , et que les descriptions font
monter à plus de cent , il ne s'en trouverait pas
quelques-unes dignes d'entrer dans la magnifique
galerie des antiques du Musée central , laquelle
doit être ouverte au public le lendemain de la
clôture du salon d'exposition annuelle.
— On a lancé à Amsterdam un vaisseau de
64 canons. L'amirauté a donné une fête à une
partie du corps diplomatique qui s'y était rendu
de la Haye, pour voir ce spectacle.
— Talma et M"" Petit , depuis plus d'un mois
absens de Paris, sont, dit uu journal de Bor-
deaux , attendus dans cette dernière ville avec
impatience.
— On remarqvie que Larive rentre au Théâtre
français un des jours où par ordre du gou-
vernement le spectacle est donné gratis. Le cnnix
du spectacle est lui-même remarquable : le Cid et
te Tartuffe sont annoncés; il est sans exemple,
nous le croyons , dans l'histoire du théâtre ,
qu'on ait ainsi donné le même jour deux pièces
en cinq actes , et sur-tout deux chefs-d œuvre.
52i
46
49
60
60 i
12?
os.
od.
5s.
6d.
os.
od.
os.
od.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le public est prtîvenu que te bureau des. passe-
ports , et tous les autres bu-eaux de !a préfeciure
de police , seront ouverts le 5""juur complé-
mentaire , depuis neuf heures dii (natin jusqu'à
deux heures.
La pn-raiere division est toujours en perma-
nence , conformément à l'airêlé du piéfet de
police , en date du «3 thermidor dernier.
MINISTERE DE LA MARINE.
Extrait d'une lettre du commissaire des relations
commerciales de la république française à la
Corogne , au ministre de la marine et dés colonies.
— Corogne , 12 fructidor an 8.
Sur la nouvelle de l'apparition de la flotte
anglaise , les capitaines de la goélette de la ré-
publique la Découverte , et du corsaire la Mouche ,
de Bordeaux ( les citoyens Passart et Briol ) , leurs
états-majors, partie de leurs équipages, et les
négocians français qui se trouvent ici, formant un
corps d'environ 190 hommes, vinrent me témoi-
gner le désir d'être les premiers à s'opposer aux
tentatives de l'ennemi.
Je me mis à la tête de ces braves citoyens , et
je me présentai avec eux à M. de Negrette ,
capitaine général , pour lui demander des armés
et l'ordre de marcher à l'ennemi. Cet officier
géaéral donna sur-le-champ l'ordre de nous con-
duire au fort de Caramanchon, en nous disant :
11 Je vous donne le poste d'honneur. Si la Co-
)) rogne est attaquée , l'ennemi dirigera ses pre-
., miers efforts sur ce point, /il y trouvera des | j^^ agriculteurs français font usage ? On en
jugera par l extrait de deux articles que nous
Traité des engrais ,par le citoyen Mawite, secrétaire
de la société des arts de Genève , eic.
Le citoyen Maurice , dont les connaissances eii
agriculture sont éti ndues . vient de faire paraître
un traité sur les engrais. Rempli de tout ce q;ue
publie le tlépartemeni d'agriculture d Angleterre ,
établissement capable d honorer leJ bons esprits
qui l'ont créé, il en a extrait ce qui a rapport
aux engrais , pour en former un ouvrage.
Après quelques observations sur les comporl ,
ou mélanges par lits , de diverses substances , sur
les combinaisons de terres , sur les manières de
répandre l'engrais , l'auteur tiaiie de chaque sort»
d'engrais , au nombre de 35 , savoir :
1°. Fumier des quadrupèdes ; 2°. fumier de
pigeons et volailles ;3''. matières tecales ;4°. urine;
5°. os ;6''. substances animales putréfiées; 7°. restes
de boucheries ; 8°. restes de fabriques et manu-
factures ; 9°. gâteaux de colsat ; lo°. huile ;
11°. poissons; 12°. plantes marines Ou varecs;
i3°. herbes de rivières; 14°. vase ou limon;
l5°. boues des rues ; 16°. terres et murs de terre ;
17°. diêche; 18°. tan, 19°. suie; 20°. tourbe ;
21°. parc de bêies à laine ; 22°. récoltes en vert ,
enterrées à la charrue; 23°. substances végétales
décomposées; 24°. arrosèmens ; 25°. eau qui .a
servi à rouir le lin et le chanvie ; 26°. chaux et
autres substancescaicaires;27°. craie; 28°. maine;
2g°. substances tcsiacées ; 3o°. potasse ou alkalï
végétal ; 3 1°. aikali minéral , soude ; 32°. cendres ;
33°. sel marin ; 34°. gyps ou plâtre de Paris ;
35°. glaise brûlée.
Le cit. Maurice rapporte les méthodes usitées ,
leur avantages , leurs inconvéniens , les moyens
de mieux faire. Il cherche à rendre raison ds
chaque chose , et il explique la manière d'agir
des engrais , d'après la physiologie végétale et les
nouvelles connaissances de chimie. Depuis l'im-
pression d'une partie du traité des engrais du ci-
toyen Maurice , Arthur Young a publié danr ses
annales d'agriculture , un essai sur les engrais , que
les savans rédacteurs de la bibliothèque britan-
nique nous ont fait connaître en entier. Le citoyen
Maurice en donne un extrait.
Il a joint au corps de l'ouvrage del notes, donf
plusieurs sont tirées de la bibliothèque britan^-
nique.
On connaît assez le mérite de M. K.itwan , pous
savoir combien doit intéresser son mémoire sut:
les engrais. Le cit. Maurice en donne la traduction,
qu'il place à la fin de son traité.
Comme beaucoup de personnes , livrées à l'agri'
cutuie , ne sont pas familières avec les termes de
la chimie nouvelle , le cit. Maurice a cru devoir ,
en leur faveur , expliquer la plupart de ceux dont
il se sert. Il a également l'attention de donner une
table des rapports des poids , mesures et monnaies
anglaises , employées dans l'ouvrage , avec les
poids , mesures et monnaies françaises , tant an-
ciennes que modernes.
On le trouve, à Paris, chez Fusch, libraire , rue
des Maihurins, hôtel de Cluni ; Meurant, libraire,
rue des grands Augustins , n° i3 , etHenrichs,à
l'ancienne librairie de Dupont , rue de la Loi ,
n° I23i.
Le traité des engrais du citoyen Maurice est
utile pour cette classe d hommes qui reconnaît
que la source de nos richesses est dans la fé-
condité de notre sol. Il nous fait connaître toutes
les substances qu'emploient les anglais pour fer-
tiliser leurs champs. Mais nous apprend-il quel-
que chose de plus que ce que nous savons?
Nous éclaire-il sur les moyens de fertilité dont
I E U R.
Ostende , le si fructidor.
Un événement terrible vient de plonger notre
ville dans la désolation et dans le deuil ; une
barque traversant le chenal à la marée montante ,
hier , à sept heures et demie du soir, avec plus
de deux cents personnes de tout sexe et de tout
âge a été submergée ; une vingtaine de personnes
seulenreni ont été sauvées » tfiul l«t ie«os a péri.
)j français; je suis tranquille. 1
Nous nous rendîmes à notre poste , il était dix
heures du soir. Nos braves officiers prirent les
mesures nécessaires pour en assurer la défense.
A II heures, nous étions prêts à recevoir l'en-
nemi et à lui prouver que les français qu'il ren-
contrerait à la Corogne, ne savaient, comme ceux
dont il a si souvent éprouvé la bravoure sur les
côtes de France et de Hollande , que vaincre ou
mourir au poste de l'honneur.
nous sommes rappelles , et que nous venons
de relire dans l'Encyclopédie méthodique, dic-
tionnaire d'agriculture , tomes II et IV , aux mots
amendement et engrais , le premier imprimé il y a
au moins douze ans. Ils sont l'un et l'autre du
citoyen Tessier, membre de l'institut et du con-
seil d'agriculture.
C'est sur-tout au mot amendement qu'il a dé-
veloppé tout ce qui concerne les moyens de
Mais, citoyen ministre , nous n'avoris pu donner • rendre le sol productif. Les engrais dans cet
en cette occasion à nos braves alliés , qu'une ; article ne sont qu'une partie des araeiidemens.
preuve de notre dévoâment. L'ennemi n'a fait xi donne ce nom seulement aux matières qui
aucune tentative sur cette place. ; fournissent à la terre des molécules onctueuses ;
Le zèle vraiment patriotique des habitans de les autres sont utiles , nécessaires mêmes ; mais!
laCorogne pour la défense de leur rempart mérite elles n'ont pas une semblable manière d'agir,
des éloges. 11 annonce que tous ceux de la pro- , La plupart ont besoin d'être secondées jar les
vince seconderaient vaillamment les efforts des engrais, etc.
troupes de ligne , si l'ennemi osait se montrer. >i Le citoyen Tessier distingue deux sortes d'amen-
Signé , AiLLAUDr i démens , lei. uns naturels » les autres artificiels ;
par ceux-ci il entend les amenderaens dont l'em-
ploi est dû à l'industrie humaine.
Amendemens naturels. — l". Chaleur dn soleil;
s°. ail , comme véhicule de diverses éiuana-
lions , etc. ; 3". pluies, arrosagts , <]ui les imi-
tent; 4°. rosées; 5°. neiges ; 6°. gelées.
Arnendemens artificiels. — i°. Labour à la main
et par les animaux; 2°. hersage , roulage, binage,
etc., dépendances du labour; 3°. écobuage,
brûlis.
§. !='■. Engrais du règne animal.
1". Excrémens de l'horwine , du cheval , du
■lulet , de l'âne , du bceuf , de la vache , du
mouton , soit qu'il parque , soit qu'il couche à
la bergerie; du cochon, des canards, des
oies et autres oiseaux aquatiques , des poules,
dindons, pigeons; 2°. imniondict^s de voiries
et de boucheries , qui comprennent le sang,
les lienies , les intestins , etc. etc. ; 3°. urine
de 1 homme et des bestiaux ; 4° débris de
cornes, d'ongles, de poils; 5° chiffons de laines
et de soie , balayures des ateliers , où on travaille
les os , l'ivoire, la baleine et autres matières
animales ; 6° coquillages ayant leurs insectes , et
poissons.
§. n. Engrais du règne végétal.
1". Lupins , vesces , pois , fèves , branchages et
feuilles de buis , et d^autres arbres , sarrasin ,
trèfle , sainfoin , luzerne , qu'on retourne avec
la charrue ; a" navets coupés ou enfouis sans
être coupés ; 3" chaume de froment , seigle ,
orge, avoine, enfouis ; 4° mélange de gazons et
de jo-marin pourris ; 5° gazons seuls pourris ;
6° drêthe ; 7° sciure de bois , écorces et racines ,
liges d'arbres , réduites en pondre ; 8° marcs de
chenevi , de lin , colsat , navette , olives , réduits
en poudre, marc de raisin entier; 9° varec , ou
sart,ou goesmont.
§. III. Substances du règne minéial, dont quel-
ques-unes seulement sont, en partie, des engrais.
1". Terre qu'on prend d'un endroit pour l4
niettre dans un autre , comme terre de jardin ,
terre qui se ramasse dans des fossés ou au bas
des montagnes , terre des sommiers des champs,
terre prise dans les anciennes habilaiions ; terre
amenée par les rivières et les ruisseaux , etc. Ces
terres peuvent être regardées en pariie comme des
engrais. 2°. Argille ou glaise, marne argilleuse. 3°.
Ciaie, chaux, marne craieuse, recoupes de pierre,
tuf, coquillages marins sans insectes , coquillages
fossiles , falum de Touraine , etc. 4°.|Plâtre. 5°.
Cendres de bois et de plantes , cendres de tour-
be , de houille , charrées. 6°. Sable. 7". Terres
de démolition. 8°' Vase de mer. g", amas de
petits coquillages tEarins. 10°. Suie , eaux sau-
mâtres , sel marin.
§. IV. Fumiers et comport.
1°. Fumier de court de fermes et métairies ,
composé de pailles et excrémens d'animaux ;
2°. fumier de bergerie , qu'on n'en relire que
pour le mener aux champs , composé de paille ,
urine, crotin; 3°. fumier de maisons particu-
lières , composé de pailles et de toutes ordures
des maisons : 4°. comport de fumier d étable , de
terre , de chaux et de sel matin ; 5°. mélange de
cendre et de chaux ; 6". comport de fumier et
d'argiic ou de chaux , suivant les terres ; 7°. cu-
rures o étangs , lacs, marais, mares, vases des
égoûls , boues des rues , qui sont des mélange;!
de di\ erses substances des trois règnes de la
nature.
Le citoyen Tessier ne s'en lient point à une
simple nomenclature et classification ; il explique
les circonstances où doivent être employés les
divers amendemens et les précautions à prendre,
l'article a 14 paies in-4"' , caractère cle lEn-
cyclopédie. Par l'apperçu qu'on en donne ici ,
on voit que les anglais , à en juger par l'ouvrage
du citoyen Maurice , ne sont pas plus avancés
que nous dans la connaissance de ce qui convient
pour rendre un lerrein fertile. Reste à savoir s'ils
ne sont pas plus heureux dans l'application , et
si leurs connaissances sur les engiais sont plus
répandues parmi eux, que les nôites ne le sont
parmi nous.
Au surplus , il est des vérités qu'il faut redire :
et si des idées publiées d'abord en français et
accueillies en pays étranger, sont plus recher-
chées à leur retour en France , qu'elles ne le
furent quand elles y parurent, nous devons sa-
voir gré à ceux qui les y ramènent, d'avoir été
chercher au loin ce que nous avions chez nous.
11 y a d'ailleurs dans le volume que publie le
citoyen Maurice, des choses neuves et curieuses.
Le mémoire de Kiiwan présente des expériences
ioiporlantes. Le traducteur a lu avec soin les ou-
vrages publiés par le bureau d'agriculture sur la
inalicre des engrais : mais nous legretions qu'en
»'appropriant quelques idées du docteur Ingen-
Jiouz , il n'ait pas traduit en entier le mémoire
de ce savant physicien qu'il trouvait dans la
même source que celui de Kirwan , et qui ren-
ferme sur la nutrition des plantes , des apperçus
aust) in|;étjeux que icduisans.
1471
Au Rédacteur.
Cttoyen , pénétré d'amour pour la gloire de
la France ma patrie , je ne puis ré-Mster au plaisir
de Vous faire part de ce que j'ai vu e: entendu, hier
24 (ruciidor . à la séance extraordinaire et pu-
blique , teiuic en la grand'salle de la maison des
sourds-mucf. . par le citoyen Sicard, leur insti-
tuteur , en ptéscnce d'un auditoire nombreux et
du ministre de l'intérieur.
Quatre objctsprincipauxfixerenlmon attention
peiidant toute cette séance mémorable; les spec-
tateurs , l'iusiituieux, les élevés et le ministre.
M^s yeux se promenaient successivement des uns
aux autres, sans savoir ce que je devais le plus
admirer du silence profond des spectateurs, de
la rnéiaphysique aisée et sublime de l'instituteur,
de l'inconcevable sagacité des élevés , ou enfin de
lattennon mêlée de surprise d'un ministre qui,
après avoir parcouru tous les établissemens des
ans pour les vivifier, semblait aussi étonné que
satislait de se trouver au milieu, de l'atielicr de
la pensée, dont linsiituteur démontrait la sim-
plicité , t.in>ns que les élevés en lésaient loucher
au doigt la prodigieuse, l'infinie expansibiliié.
Comme ceci paraîtrait nécessairement le plus su-
blime pathos à tous ceux qui n'ont point été à
1 école des sourds-muets . et que cependant c'est
a cette vérité fondamentale que le célèbre Sicard
doit tous ses succès , et la suvériorité de sa mé-
thode sur celle de tous ses prédécesseurs, il est
important de mettre sous ies yeux des lecteurs,
les gradations au moyen desquelles Sicard dé'
montra d'une manière claire et rapide <jue , tout
dans sa méthode partant d'un point connu, les
vérités les plus sublimes n'étaient pour ses élevés
que des corollaires des vérités les plus simples ,
comme les lois de la plus haute gcométiie sont
les conséquences plus ou moins""éloignées des
axiomes les plus incontestables.
Citoyens, dii-il, tout est objet dans la nature;
mais cette foule innombrable d'objets ser.-'it comme
n étant point , si 'l'homme n'avait en lui la faculté
d avoir les idées de ces objets, et celle de les
vouloir ou de les rejeter. Ce n'est pas tout ; en
vain l'hom.me aurait ces facultés précieuses , si
(^* P^fies par oii ces idées passent de l'extérieur
a l'intérieur étaient obstruées ; ou si , étant ou-
vertes, 1 instruction , comme un briquet salu-
taire, ne venait faire jaillir le feu recelé dans
la pierre , et ne le rendait visible. Ce sont les
mères , les nourrices , les sévreuses qui donnent
ce premier coup de briquet aux enfans ordinai-
res; elles leur apprennent à exprimer par des
sons les idées des objets qui les frappent , elles
différentes opérations de leur volonté sur ces ob-
jets dont ils ont l'idée correspondante. Les en-
fans , au sortir de leur main , possèdent presque
tous l'instrument de la parole.
Les sourds-muets , ciioyens , n'ont pas cet
avantage. Privés du sens de l'ouïe , il leur est
impossible de recevoir de leur mère , de leur
iiourrice , d'autre bienfait que celui de la nutri-
tion corporelle. Celte nutrition les met bien dans
le cas de recevoir, au moyen des quatre sens
qui leur restent, une foule d'idées ; mais ces
idées , faute de signes convenus pour les expri-
mer, demeurent, en quelque sorte, dans un état
de fixité dans leur ame ; de manière que ces
malheureux, bornés aux signes naturels pour
communi(iuer avec les autres hommes , semblent
lormer une espèce à part , et une espèce dé-
gradée.
C'est pour réparer à leur égard les erreurs de
la nature . que de tems en tcms on a vu des
hommes s'occuper plus particulièrement de
celle portion iniéressanie et malheureuse de
l'espèce humaine ; la nomenclature de ces bien-
faiteurs de 1 humanité serait ici déplacée :
qu'il vous suffise de savoir que mon illus-
tre prédécesseur mérita justement le titre d'in-
venteui- , de créateur de la méthode que je
vais soumettre rapidement à votre censure ou
plutôt à votre admiration. Qui mieux que moi ,
citoyens, peut rcndrejustice à cet hommecélebre ?
puisque c'est au feu de son génie que s'est en-
flammé dans mon cœur l'amour pour les infortunés
que vous voyez , amour qui ne finira qu'avec la
vie , et qui me porte depuis quinze ans à chercher
par tous les moyens possibles , l'art de les dédom-
mager de leur perle, enfesanipasserparleursyeux,
au moyen de l'analyse la plus rigoureuse, toute
la science de l'homme civilisé.
Le premier pas à faire dans cette carrière épi-
neuse , est, citoyens, d'imiter à l'égard du signe
vu , ce que font les nourrices et les sévreuses à
l'égard du signe entendu et parlé. Ce pas avait
été fait par mes dehJanciers , et plus piiticuliére-
mcnt par mon prédécesseur immédiat qui l'avait
perfectionné et réduit eu principe. Il consiste à
montier ausoui.l-muei des objets; à leur montrer
ensuite ces mêmes objets dessinés sur la loile ; à
écrire autour de ce dessiula figure des lettres con-
venues qui les représentenl ; a effacer ensuite le
dessin naturel ; il ne reste plus alors que le signe
convenu , qui peu à peu devient pour 1 élevé un
signe de rappel d'idée aussi bien que le signe
naturel de 1 objet. C'est au moyen de cet exercice
plus ou moins répété , et plus ou moins prompte-
iHcni sitiii , selon l'intelligence du sourcl-œuet ,
^u'il parvient en assez peu de lems ordinairement
à distinguer toutes nos kntres , à les lormer et à
sen servir cmnuic les auties iioiniues. L'art a
ajouté en leur faveur , poui compléier cet exer-
cice, un alphibei manuel à laide duquel, figurant
avec les doigts toutes les' lettres , ils se servent ds
leur main comme d'une langue , sinon pour
parler , du moins pour moniret toutes leurs idées.
Gloire imrnoricllt à Celui qui fut le Cadrans des
sourds-muets , et qui s'avisa le premier de trans-
porter au bout des doigts l'an sublime de la
parole ! il réalisa , en quelque sorte , le b au rêve
de ce jésuite fameux , qui passa inuii'emeni un si
grand nombre d'années à faire entrer ihjrmonie
par les yeux, en essayant de construire une espèce
de clavecin dont chaque touche aurait montré
une couleur difTércntc.
Tel était, citoyens , l'é'aî de la science, lors-
que la mort enleva mon illnscc piédéccs.seur à
l'Europe dont il lésait l'admiration , n la France
dont il fesait l'ornement, aux sourds-inueis dont
il était le père , à ses amis dont il fesait le bon-
heur. Choisi par 1 ancien gouvernement pour lui
succéder , je ne manquai pas de m'a;)pcrcevoir
bientôt qu'au milieu de cette richesse apparente
de signes dont j'avais été mis en jiossession , il
me restait encore u.ivuide immense à remplir ,
un espace incommensurable à parcourir pour
achever l'entière civilisation de mes élevés. Ils
savaient lire et écrire , je l'avoue; au moyen
de leur alphabet , on pouvait leur dicter d'une
manière magique toutes sortes de mois en toutes
sortes de langues. En l'allail-il davantage pour
faire crier au miracle, sur-tout par les mcres,
si aisées à séduire jpar des progrès apparens?
Qjiant à moi , citoyens , vous aurez de la peina
à le croire ; c'était i.iéciscinent celle facilité qu'a-
vaient les sourds-muet» d'écrite et de retenir une
foule de mots doni ils n'avaient pas l'idée
correspondante , et l'impossibilité oii j'élais alors
de faire passer par leurs yeux l'idée de ces mots ,
qui me rendait pauvic au milieu de mon ce-'
lebre héritage , et qui me fesait désirer avec ar-
deur d'en étendre les bornes jusqu'aux extré-
mités du monde métaphysique. Grâce aux moyens
dont j'étais en possession, il ne m'était pas diffi-
cile d'exprimer par signes à mes sourds-muets les
différentes opérations de la volonté ; j'avais trouvé
djns les variations de la physionomie humaine
tous les secours nécessaires à cet égard : ils con-
naissaient 1 indifférence , le désir, l'espérance,
la crainte , l'amour ,Ja haine, et en général toutes
les passions de l'ame dont les nuances multi-
pliées se lisent pendant la vie en carjciere de
feu sur la physionomie , comme on lit pendant
la nuit leS' caractères tracés autour d'un trans--
parent quand la bougie est allumée au centre.
C'était beaucoup, sans doute ; mais qu'il y avait
encore loin de ce terme à celui de la parfaite
civilisation , je dis plus, à la connaissance in-
time de la dignité de l'homme, et de sa supé-
riorité sur la brute ?
Le sourd-muet avait une connaissance parfaite
de tous les objets physiques, et de toutes les
nuances des passions humaines; il en savait la
double expression, il étonnait par ses procédés
la foule des spectateurs vulgaires; et cepen-
dant enfermé dans le monde matériel et dans
le monde moral comme dans un cercle , il n'avar»-
çait pas , il ne pouvait franchir l'espace im-
mense qui le séparait du monde intelleciuel , il
n'avait pas la moindre idée des abstractions.
Mais comment sans abstraction avoir l'idée
du verbe , et comment peindre le verbe aux
yeux des sourds-muets ? comment sur-ioutleur
donner une idée des qualités abstraites , qu'on
ne peut considérer ^omme telles qu'au moyen
du verbe ? Hocopus , liic Inborest. J'avoue qu'ici je
lus long-tems sans trouver, mais heureusement
sans me rebuter du peu de succès de mes re-
cherches. Persuadé que les livres à cet égard
ne contenaient tien qui pût me servir de guide ,
obligé par conséquent de me frayer une roule
nouvelle à travers l'obscurité la plus profonde ,
je pris en main le flambeau de l'analyse , je le
posai devant l'ohj.i pour l'examiner dans lous
les S:ns ; ô surprise !. . . je n'y découvris que des
qualiKs , et je fus forcé de convenir que ies qua-
lités inséparables de l'objet , fussent - elles en
nombreJnfini appliquées sur cet objet, ne font
qu'un avec cet objet.
Mais si les qualités sont comme les habits de
l'objet , et si l'objet ne se montre jamais à nud dans
la nature , comment se fait-il , dis-je alors en moi-
même , que pour peindre l'idée d un objet revêtu
de ses qualités , nous employions plusieurs signes ?
comment ces signes composés peuvent-ils nous
donner l'idée de l'unilé de l'objer ? comment
espérer enfin de faire concevoir à un sourd-muet ,
que- vainement une période exprime successive-
ment toutes les qualités d'un objet ; celle période ,
quelque longue qu'elle soil , et quelle que soit la
quaniilé de signes dont on se serve pour la per-
fectionner, exprime toujours l'unilé sous laquelle
toutes les qualités , qui revêtent l'obj''! , se pré-
sentent simultanément à l'ame.
Celle difficulté était plus aisée à sentir qu'
résoudre. Heureu86i««ni l'analyse , qui n est a^tr
1472
and
■cliosc que l'art de décomposer el de recorapo-ser ,
vini à mon stcours. Je choisis plusieurs péiiotlcs ,
j'en fis la dissectioîi, je les léJuisis à leurs pre-
miers élémens, et je m'apperçus que les plus
longues et les plus composées , se réduisaieni
en dernier Itcu , à un plus ou moins gran
nombre de propositions simples , unies par des
conjonct'.ors , dont tout l'emploi était de les lier ,
afin d'en faire ce tout unique aussi simple que la
pensée.
La décomposition de la période me conduisit
naturellement à celle de la proposition ou de la
phrase simple. Je pris un mouchoir, je le con-
sidéraidans tous les sens ; j'eus beau le tourner ,
le tetourniT , appercevoir en lui une foule de
qualités , toutes ces qualités révélant , pour ainsi
dire, le mouchoir , ne fesant qu'un avec le mou-
choir , ne rendaient pas ma pensée multiple ;
je ne voyais qu'un seul mouchoir, tandis que mon
esprit me représentait simultanément une toule de
qualités inhérentes à cette unité. J'essayai alors
d'exprimer à notre manière 1 unité de pensée qui
m'occupait ; j'obtins d'abord cette phrase simple :
mouchoir est blanc ; je continuai, et j'eus successi-
vement, mouchoir est long, mouchoir at large,
mouchoir est quarré. Il est évident, qu'à la faveur
de quelques conjonctions, j'aurais pu de ces
quatre propositions former une assez belle pé-
riode , sans que le mouchoir se fût multiplié dans
mon esprit ; je forçai donc l'analyse , et considé-
rant que la base de ces quatre propositions était
mouchoir^ et que blanc , long, large, quarré, se
trouvaient dans mouchoir sans le multiplier , je
conçus qu'on pouvait présenter aux yeux du
sourd-muet un mot unique exprimant à ta fois
l'objet revêtu de sa qualité. J'écrivis donc sur la
toile le mot mouchoir , de telle sorte que les lettres
dont il était composé , fussent à une distance
les unes des autres suffisante pour me permettre
d'intercaler la qualité dans son sein. Celte opéra-
tion me donna ce mot phrase mfcou/achncoir ,
parfait indicateur de l'unité qu'il exprimait; con-
sidérant ensuite que si j'avais pu intercaler , en
quelque sorte , la qualité dans le sein de l'objet ,
il m'était libre de l'abstraire , et de la transporter à
côté du mot mouchoir , en conservant les traces de
celte translation , je fis cette seconde opération ,
et j obtins par réduction mouchoir ^ blanc , et qui
ftie donna notre manière ordinaire d'exprimer la
qualité séparément de son objet. Réfléchissant
alors sur ces trois idées bien distinctes qui se
présentaient clairement à mon ame, à l'aspect de
Celte figure, savoir : celle du sif|élt, delà qualité, de la
ligne ou du verbe , j'acquis la certitude que cette
trmité d'idées bien distinctes l'une de l'autre, n'ex-
primait cependant que l'unité de ma pensée.
Revenant alors à la période et sachant d'avance
qu'elle était composée d'un plus ou moins grand
nombre de phrases simples , lesquelles expri-
maient successivement les différentes modifica-
tions inhérentes à fobjet , je pensai que je pouvais
représenter aux yeux un mot période , comme
j'avais déjà représemé un mot phrase. Je répétai
donc la première opération , observant seulement
de faire les lettres plus longues , et sous la figure
suivante , qui me représenta sous une fornie uni-
que l'unité de mouchoir avec ses différentes
modifications :
venu à leur donner l'idée la plus juste du sujet,'
de la qualité, du verbe, de la conjugaison , de
toutes les abstractions possibles , et avec laquelle
je leur fais parcourir le vasie océan de la meia-
physique , sans perdre jamais un instant de vue
le point du départ.
Ici l'instituteur présenta au ministre et à l'as-
semblée les résultats de la sublime théorie quil
venait d'exposer. On vit -•iucccssivcrnent les
sourds -muets passer du monde physique au
monde moral, s'élever ensuite au sommet du
monde métaphysique , et en redescendre avec
une facilité , une justesse, une promptitude qui
excitèrent 1 admiration de tous , mais particu-
lièrement d'un ministre observateur et connais-
seur, qui ne perdit pas un mot de cette leçon
importante , et qui voulant ce semble poser lui-
même la dernière pierre â la gloire de Sicard , en
essayant si l'élevé répondrait à une question im-
prévue , demanda l'explication de la paresse a
Massieu. La demande fut écrite sur le tableau
en ces termes :
D. (Qu'est-ce que la paresse ? R. Cest le dégoût ,
le non appétit du travail ; les effets de ce vice sont
la maladie , la faiblesse , la pauvreté , l'ignorance ,
le mépris , le malheur , etc. A la suite de cette
demande le célèbre Fontanes , l'un des conseil-
lers intimes du ministre de l'intérieur, demanda
l'explication du mot bienfesance. Massieu écrivit :
cest l'amour de faire du bien aux autres et de
réparer la misère d'autrui ; la souffrance pour le
malheur d'un autre , le désir de réparer ce malheur
et l'exécution de cette réparation.
La séance fut terminée par une conversation
fort intéressante entre Massieu et un autre sourd-
muet nouvellement arrivé de Bordeaux , ancien
élevé de Sicard. Celui-ci parut n'avoir pas encore
atteint la hauteur de Massieu; mais s il ne se
montra pas aussi savant dans l'explication du
mot bienfesance, il parut au moins le plus
modeste des hommes, en avouant ingénument
qu'on ne le lui avait pas appris.
Ainsi finit la séance la plus salisfesante pos-
sible pour ceux qui aiment véritablement le pro-
grès des lumières analytiques (i). Le ministre
était dans l'admiration , les spectateurs dans l'en-
chantement ; quant à moi, citoyen, qui me suis
amusé à décrire ce que j'en ai retenu , je ne
puis m'empêcher de former dans mon cœur ce
vœu bien sincère: puissent les enfans ordinaires
être un jour élevés comme les sourds-muets !
puissent-ils sur-tout avoir toujours présenta leur
esprit , que les effets d'un vice malheureusement
trop commun parmi les hommes sont : la mala-
die , la faiblesse , la pauvreté , l'ignorance , le mépris,
le malheur , etc.
Je ne finirai pas cette lettre , citoyen , sans vous
prier d'annoncer au public que le ministre, ja-
loux de voir le citoyen Sicard exploiter en paix
les vastes domaines de l'abstraction , vient de
confier le soin temporel de linstitution des
sourds-muets à une administration composée de
trois membres dont le nom seul fait l'éloge , et
à laquelle le ministre a confié le choix et la no
convaincu que les dictionnaires actuels sont loitl
d'offrir au public louies les facilités nécessaires ;
quelques-uns sont très-incomplets , d'autres don-
nent uni; orthographe surannée ou contraire aux
décisions Je l'académie espagnole ; tous enfin , si
l'on en excepte celui de Gattel , sont des traduc-
tions infidèles des deux langues.
Il reconnut aussi que les auteurs avaient négligé
l'une des parties les plus importantes de l'étude
des langues ; c'est-à-dire , la pronoiiciaiiôn. La
différence de la langue parlée à la langue écrite ,
est l'obstacle le plus difiicile à surmonter, cl l'objet
le plus indispensable. Cet oubli est d'atitant plus
grave, que les bons maîtresse rencontrent rare-
ment, et que les élevés sont alors réduits à parler
une langue défigurée, comme un homme qui a
l'oreille fausse, ou qui connaît imparfaitement la
musique , défigure un air.
Le dictionnaire de Sobrino , augmenté et re-
louché par François Cormon; ceux de Séjournant
et de Gattel , conçus sur un plan vaste et étendu,
sont volumineux , peu commodes , sur-tout
pour les voyageurs, et d'un prix qui ne les met
pas à la porlée du plus grand nombre.
C'est d'après ces observations que i>otre auteur
se détermina à travailler à ce dictionnaire , qui a
pout but ;
1°. De faciliterl'élude de la prononciation dans
luoe et l'autre langue , de manière à pouvoir se
dispenser d'un maître , ou tout au moins d'avoir
peu besoin de ses secours dans celle partie.
2". De réunir le pus de choses dans le moins
de volume possible , et d être aussi d'une utilité
beaucoup plus générale.
Puissamment secondé par un littérateur espa-
gnol, homme éclairé et judicieux, qui a fixé
pour quelque lems son séjour en France , il a
exécuté son plan de la manière suivante :
L'ouvrage est renfermé en deuxvolumes in-8';
le premii-r contient l'espagnol expliqué par le
français. On trouvera à côté de chaque mot es-
pagnol la prononciation écriie , représentée par
les signes et les sons correspoirdans et connus de
la langue française. La simplicité de l'ortho-
graphe de la langue espagnole , et les change-
nnens heureux qu'y a faits depuis peu d'années
l'académie royale, en la rendant presque con-
forme à la prononciation auriculaire , ont per-
mis à l'auteur de peindre chjque son par un ou
par plusieurs signes de l'alphabet.
Le second volume contient le français expliqué
par l'espagnol ; on trouvera aussi , suivant ta
même méthode, la prononciation des mots fran-
çais écrite à l'usage d'un espagnol. Malgré l'éten-
ckue de l'ouvrage , le format est portatif; rien n'a
été négligé pour donner à l'exécution typogra-
phique toute la peifection désirable.
rCnî:
r
nutieux n'arrêteront plus l'élan du génie.
Salut et estime , Y.
Une fois l'opération finie , je fis l'abstraction de
toutes ces qualités intercalées ; je tirai toutes les
lignes, j'opérai toutes les réductions nécessaires,
et j'eus le plaisir d'avoir sous les yeux les propo-
sitions bien conditionnées dont je fis une période ,
laquelle sous la forme apparente d'une quadruple
trinité d'idées, n'exprimait en réalité que l'unité,
là simplicité de ma pensée.
Considérant alors la figure que je venais d'ex-
poser aux yeux pour représenter le sujet abstrait,
comme un moule dans lequel je pouvais à vo- i
lonté faire couler toutes les qualités de l'objet I
pour en former ce tout unique et sublime de la
pensée humaine , je me regardai , par rapport
aux sourds-nauets, comme un modeleur en état
de leur montrer successivement toutes les parties
de la statue, sans jamais leur faire perdre de vue
que le front, le nez , les yeux, les membres , le
tronc, toutes les portions, en un mot, qui ser-
vent à la composer , s'en forment à la fois et ne
forment qu'un tout iinique.
Ainsi, m'écriai-je, sortit Minerve toute armée
du cerveau de Jupiter; ainsi, sous le voile d'une
fable allégorique, je me rendis compte à tnoi-
même deYunité de la pensée et des modificauons
infinies qu'elle peut recevoir sans lui faire perdre
son unité. .,,
Tel fut citoyens, le procède merveilleux que
je dus autant au hasard qu'à mes recherches , .et
dont les conséquences immenses applanirent
toutes les difficultés qui s'opposaient a 1 avance-
ment de mes élevés ; telle fut la base de ma nou-
velle méthode à la faveur de laquelle je suis par-
FLEURS DE VANSPAENDONGK.
Nous avons annoncé les deux premières livrai-
sons de cet intéressant recueil. La 3">' vient de
paraître; elle contienlune tige deReine-Marguerite,
une lige de Grande-Capucine, une belle Iris
mination de tous les employés qui n'appar- i bleu-cîair et un superbe épi de Maïs ou blé de
dennent pas à l'instruction ; ainsi les détails mi- | Turquie , à demi enveloppé de larges feuilles de
son calice, et posé sur le devant d'une espèce
de console avec un fond qui le fait ressortir.
Telle est l'influence d'un grand artiste sur tous
ceux qui l'environnent , ou qui ont l'avaiitage de
travailler avec lui , qu'il les élevé pour ainsi dire
jusqu'à lui et qu'il leur fait atteindre la perfection
à laquelle il est arrivé. La gravure des dessins
qui composent cette 3™= livraison, nous a paru plus
parfaite encore que celle des premiers cahiers dont
la beauté semblait ne pouvoir pas être surpassée.
Le prix de chaque livraison est de 6 francs ; il
en paraît une tous les trois mois. On les trouve a
Paris chez l'auteur , au jardin des Plantes , et
chez le cit. Bance , marchand d'estampes , rue du
Petit-Pont , au grand balcon , quartier S. Jacques.
Dictionnaire portatif et de prononciation ,
espagnol-français et français-espagnol , à l'usage
des deux nations , composé et rédigé fidelleraent
d'après la dernière édition du Dictionnaire de
l'académie royale espagnole et les meilleurs diction-
naires français ; enrichi i° de plus de gSoo mots,
trouvent ni dans le dictionnaire de
qui ne se
Sobrino , augmenté et retouché par François
Cormon, ni dans celui de Séjournant; et de
4000 qui ne sont pas dans Gattel ; 2° d'une mé-
i ihode de prononciation facile et sûre . appliquée
à chaque mot de ces deux langues ; 3" d'un voca-
bulaire de certains mots nouveaux introduits de-
puis onze ans dans la langue française.
On y a joint le vocabulaire géographique de la
France et de l'Espagne , et les noms des autres
pays , fleuves , rivières , etc. dont l'orthographe
diffère dans les deux langues; parj. L. Barthé-
lémy Cormon. In-S". . 2 gros vol. de i5oo pages.
Prix i3 fr. 5o cent, broché, i5 fr. relié.
A Lyon , chez B. Cormon et Blanc , libraires ,
rue Saint-Dominique , et chez Reymann et com-
pagnie , libraires , rue Saint-Dominique.
L'auteur de l'ouvrage que nous annonçons sui-
vait à Lyon le commerce de librairie de sesparens.
Un long séjour en Espagne pour leurs affaires ,
et une élude suivie de la langue de ce pays , l'ont
[il Si les amateurs ne trouvent pas asseï claires les figures
que nous avons été obligés d'employer pour représenter les
procédés du citoyen Sicard, ils peuvent consulter son ouvrage
sur les sourds-muets qui se vend chez le portier de son insti_
tution.
Bourse du 3' jour complémentaire.
Rente provisoire 17 fr- 7^ c.
Tiers consolidé 33 fr. 25 c.
Bons deux tiers i fr. 57 c.
Bons d'arréragé 83 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 89 fr. yS c.
Coupures 64 fr.
S P E C T A C L E S.
Théâtre de la Republic^ue et des Arts.
Dernain , par ordre du gouvernement, spectacle
gratis. — Iphigénie en Aulide , et le ballet de Psyché.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Lodoïska , opéra en 3 actes.
Dem. speci. gratis. — Les deux Journées , et le
petit Commissionnaire.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Champagnae ;
Suzane , et un seul Violon pour tout le monde.
Théâtre delà Cni.-'VAMiri.s. — Pantomimes.
Auj. la Fille hussard, pantomime en 3 actes,
à grand spectacle , et la Mort de Turenne.
A Paris»del'iroptimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n°
%3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 365.
5"' jour complémentaire an 8 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NIT E u R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su;
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts e: aux découvertes nouvelles.
EXTERI EUR.
ALLEMAGNE.
Munich , le zb fructidor.
Xj e 21 de ce mois est arrivé ici le courrier Mous-
tache, apportant des dépêches au général Moreau.
Un officier autrichien arriva quelques heures après
lui avec des dépêches adressées au même général.
Il a confirmé la nouvelle de l'arrivée de l'empe-
reur , de l'archiduc Jean et du général Zagg, au
quartier-général autrichien à Ahottingen. Il était
parti de Vienne dan» la nuit du l8 au ig, en
même-lems que le chancelier , comte de Palfy ,
s'apprêtait à partir pour la Hongrie , afin d'y
organiser le» levées en masse. On publie aussi
que l'archiduc Charles, aidé du général Mack ,
sera chargé de la direction des levées dans la
Bohême. L'empereur François veut prendre ,
dit-on , le commandement en chef de l'armée
autrichienne en Bavière. Le général Starray est
remercié ; il èe relire avec une pension.
Le général Bellegarde est nommé général en
chef de l'armée d'Italie , en place de Mêlas ; il est
déjà parti de Vienne pour se rendre à son poste.
Simbschon est parti de Schweinfurth pour For-
chkeim. Il y a 5 jours , trois demi-brigades fran-
çaises , quatre régimens de cavalerie , et beau-
coup d'autres troupes ont passé l'Iser près celte
ville; tous les blessés français qui se trouvaient
encore dans la Bavière , ont été transportés dans
les hôpitaux d'Augsbourg.
L'électeur de Bavière se retire d'Amberg à
Bayreulh ; il y est suivi de sa famille , de toute
sa cour, et des ambassadeurs des puissances
étrangères en résidence auprès de lui. Il est arrivé
à Bayreuth le 22 fructidor.
Les prisonniers d'état autrichiens ont été trans-
portés par Vienne et Ofen , à Munkatsch , en
Hongrie.
Stuttgard, le 26 fructidor.
Nos routes sont couvertes da troupes fran-
çaises. Il nous en arrive chaque jour des fron-
tières de la Franconie , du Bas-Neker et de la
Forêt-Noire, qui se portent vers Ulm etDonawert.
Tous les généraux qui se trouvaient ici sont
partis pour l'armée. Le 21 , le général Ney est
arrivé àRatisbonne, d'ori il est déjà reparti. Les
français fortifient consldérablemeni les hauteurs
d'Abach. Le général Bonnel , qui commande les
troupes françaises du pays de Ratisbonne, a placé
son quartier-général à Abach.
L'armée d'Augereau est dans un mouvement
continuel. Ce général a transporté son quartier-
général de Hochistet à Offenbach. Les troupes
françaises se sont emparées d Aschaffembourg le
»3. Àlbini , général des troupes mayençaises ,
s'étaitretiréàVuttzbourg quelques jours auparavant.
(Strasburger Weltbote. ]
ITALIE.
Bergame , le i5 fructidor.
LtîS persécutions et les vengeances partrculieres
qui ont signalé les derniers tems du gouvernement
autrichien ne se sont point arrêtées aux villes
seules ; mais elles se sont étendues jusqu'aux
confins les plus reculés et les plus tranquilles
de la république , oià elles ont été exercées avec
une injustice révoltante. En voici la preuve.
Le cit. Gio-Batlista Daraioli , honnête négociant
de la vallée Camonica , et patriote très-integre ,
était en relation d'intérêts de commerce avec les
maisons Caivi ( GioBattista ) et Baglioni, de la
même vallée , il préféra l'exil à la servitude , et
émigra au moment de l'invasion des austro-russes,
laissant un frère et une épouse chérie en proie à
la plus vive douleur. Des barbares pillèrent en-
tièrement sa maison ; d'autres encore plus bar-
bares, profitant d'une autorité usurpée , le rédui-
sirent à la dernière misère , en le dépouillant de
son paltimoinc. Les CaIvi et Baglioni , de con-
cert avec un des chefs des brigands de Breno,
capitaine de ladite vallée , firent vendre à l'en-
chère les biens de Damioli ; mais le peuple ,
révolté d'une semblable injustice , refusa d'y con-
courir en ne mettant point a l'enchère. Ce relus
ne servit de rien ;■ les biens furent vendus le tiers
de leur valeur ,.ct achctéi par les auteurs mêmes
de la persécution. Ceux-ci non contens de ces
indignes procédés , firent mettre en prison un
cotnmis de Damioli , ainsi que le frère de cet
infortuné proscrit , et réduisirent son épouse à
la plus affreuse misère. Damioli , en retournant
dans sa patrie , retrouva sa maison nue , sa lemme
dans un état déplorable , et toute sa fortune dans
les mains de ses ennemis , qui en jouissaient en-
core avec impunité.
Il n'y a point de doute que le gouvernement
cisalpin ne regarde comme un devoir sacré , de
rendre justice à ce. généreux citoyen victime de
son patriotisme.
Crémone , le 23 fructidor.
Nous avons vu arriver ici , ces jours derniers ,
plusieurs déserteurs tyroliens, qui assurent que la
plus grande partie des recrues envoyées pour
renforcer l'armée autrichienne , a été escortée
jusqu'au quartier-général. Ces recrues ontpresque
toutes été levées de vive force ; elles sont plus
disposées à déserter qu'à combattre. On assure
aussi que le nombre des malades dans l'armée
autrichienne se monte à plus de lo raille ; on les
transporte à Padoue , oîi l'on prétend qu'est établi
le quartier-général qui était à Vérone.
Quelques personnes disent que le général Bel-
legarde remplace le général Mêlas dans le com-
mandement en chef de l'armée autrichienne. Les
autrichiens en Italie sont généralement persuadés
qu'on les mené de nouveau à la boucherie-
Milan , k 2^ fructidor.
Les 25' et 28= demi-brigades d'infanterie sont
parties d'ici avant-hier ; deux autres demi-bri-
gades partirent hier; et le reste de la division de
réserve, composée de la 2° et de la 78' légère ,
est partie aujourd'hui. Les quatre bataillons po-
lonais qui étaient en France , arrivent du Piémont
aujourd'hui ou demain.
Le_ général en chef Brune nous quitte aujour-
d'hui , pour se rendre au quartier-général à
Crémone. Il passa , hier , en revue la garde na-
tionale , et lui adressa un discours conçu à peu-
près en ces termes :
î5 Les français vont combattre pour la liberté
de 1 Italie; 1 Italie n'aura jamais eu un moment
plus glorieux. En m'éloignant de Milan je suis
tranquille sur le sort de cette cité : je confie ses
destinées au zèle infatigable de la garde nationale.
C'est à vous , citoyens, qu'il appartient d'y main-
tenir la tranquillité. Ne vous faites point oppres-
seurs , de peur qu'on ne se croie sous un gouver-
nernement militaire et despotique.
î> Vous manquez de fusils , ils sont dans les
mains des brigands ; mais ils n'y resteront pas , et
vous les aurez. Les bons citoyens doivent être
armés ; les mauvais citoyens ne le seront pas.
" On ose dire que nous voulons attenter à la
sâreté de la religion et du sacerdoce : ces bruits
partent de nos ennemis qui s'efforcent de com-
promettre le nom français et celui des milanais.
'> On dit tout bas que nous voulons prendre
des otages. La victoire esta nous , nous n'avons
pas besoin d'otages. Les mesures qui ont été prises
n'ont eu pour objet que la tranquillité du pays,
troublée par les alarmes des mauvais citoyens ,
et par des malveillans qui st glissent au milieu de
vous , pour porter atteinte à votre repos.
»' Les bons prêtres sont respectés ; et les ex-
nobles qui aiment sincèrement leur patrie , mé-
ritent que vous les protégiez: c'est à vous, brave
garde nationale , que je confie la tranquillité de
Milan.))
Mardi dernier , l'adjudant-général Hector, au
moment oiiil traversait la placeFontana; fut frappé
d'un coup de couteau , par un traître qui dis-
parut à l'instant même : deux autres français ont
été également blessés par trahison. Depuis quel-
ques jours on voyait roder par la ville des per-
sonnes suspectes : on répandait des bruits alar-
mans ; on parlait de russes , de turcs , etc. qu'on
disait s'avancer en nombre considérable , et déjà
prêts à envahir la Cisalpine. C'est ce qui a déter-
miné la commission de police à. ordonner une
visite générale , et l'arrestation de quelques cen-
taines de citoyens ; elle eut lieu hier pendant la
nuit. La majeure partie des personnes arrêtées a
été relâchée le lendemain.
(Extrait de ta Gazzetta nazionate cisalpina, ovvero
Monitore universalt , des a et i^ijruciider. ] j
REPUBLIQ^UE HELVÉTIQ.UE.
Berne , /e 26 fructidor.
Hier , un détachement de l'armée de réserve
est arrivé ici. Il consistait en trahis bataillons d'in-
fanterie légère et un régiment de cavalerie de la
division de Grouchy. Lé canton de Berne a été
requis de fournir pour le transport des bagages
40 chariots attelés de quatre chevaux. Aujour-
d li"i on attend un détachement fort considé-
rable , dont mille hommes de cavalerie font
partie.
Le général Macdonald a eu une longue con-
férence avec le conseil exécutif. On ignore quel
en a été le sujet. Les uns disent qu'il a remercié
le gouvernement des avances faites pour l'entre-
tien des troupes ; d'autres assurent qu'il y a été
question d'une levée d'hommes.
Strasb. Weltbote.
i ANGLETERRE.
I Londres, ( l3 septembre.) 26 fructidor.
I Le prix du sac de farine ayjnt augmenté de
' dix scheilings li | deniers anglais , le lord mains
a élevé celui du pain de quatre livres à un schel-
ling.4 f d. anglais.
James Napper-Tandy a été dénoncé aux assise»
de LifFord comme étant entré il y a quelques
tems dans Rutland à la tête d'une forte armée
française. On dit que cette dénonciation sera
portée à Dublin au terme prochain.
Le navire le Bombay prêt à faire voile du port
de fce nom pour Madras et le Bengale , a été
consumé par le feu. Il avait à bord, outre une
riche cargaison, cinq chevaux de grand prix,
dont quatre de Mocka avaient coûté trois mille
roupies chaque.
Une cour martiale tenue abord du Gladiateur
dans le havre de Portsmouth a condamné à mort
George Hudson , chirurgien du sloop de guerre
leBeaver, pour avoir frappé le lieutenant de ce
bâtiment; mais sur les rapports avantageux qui
ont été rails à là dite cour du caractère du con-
damne, elle l'a recommandé fortement à la merci
du roi.
On apprend par la Reliance qui arrive de
Botany-Bay, que le navire la Jenny a louché à
Otahiti. et quila été bien accueilli des naturels.
Le chef du district de Maiavaï fesait au roi Oîoo
une guerre très-vive, à laquelle la reine de ces
îles prenait part.
On mande de Poole que les troubles au sujet
de la cherté du pain se sont communiqués dans
les environs. Un rassemblement de près de mille
personnes des environs de Blardfort , est entré
dans cette ville oià il a détruit la maison d un
boulanger, et s est porté de-là vers plusieurs
moulins. Il est a craindre que si on ne met
un frein au monopole présent, les troubles ne
s'étendeni et ne produisent d'aussi fâcheuses
conséquences. (Extrait da Sun.)
JV. B. Nous donnerons dans notre prochain n°.
des détails circonstanciés sur la sédition occa-
sionnée à Birmingham , et dans d'autres places
par la cherté du grain.
INTÉRIEUR.
Paris, le ^^"jour complémentaire.
Le Journal de Taris annonce que le ministre
de l'intérieur a donné des ordres pour que (es
superbes tableaux de Lebrun, représenians le»
batailles d'AJexandre, soient placés dans la gale-
rie des Tuileries ; en conséquence , on continue
de s'occuper de la restauration de ces chefs-
d'œuvre.
— On écrit de Nice , en date du l6 fructidor î
)) Les maires des communes maritimes de ce
)) département ont été piévcnues officiellement
)) qu'un navire venant de la Havane, et arrivé à
)) Cadix d.iiis le courant de messidor dernier,
)) avait annoncé que la fièvre jaune s'était rléclar
)) rée dans cette île , et y exeiçait d'affreux
)) ravages; en eonsé luence , il leur ist enjoint
)) de surveiller les bâilmens qui pourraient venir
)) de cette partie de l'Amérique.
— On écrit de la même ville, en datç du.s» ,
que les signataires de la capitulation d^ for\ de
On trouve dans la Décade du département de
la Somme , un avertissement que nous croyons
utile de publier. Il était impossible d'appuyer des
réflexions plus justes , par des iuioiiiés mieux
choisies.
Avertissement du maire d'Amiens aux pères de famille
et à tous ses concitoyens , sur les dangtrs auxquels
on expose tes jeunes époux, en procédant aux céré-
monies du culte, avant la célébration mile du
mariage.
Il n'est aucun de bous , ciloyens , qui ne soit
persuadé que le mariage est le plus important des
engagemens de la société , et par ses efttts et par
4es suites ; l'on rk peut en donner une idée plus
vraie, qu en se servant des expressions même» de
l'une de nos anciennes lois :
" Les mariages sont le séminaire des états , la
»» source et l'origine de la .«ociéié civile , et le
M fondement des familles qui composent les re-
♦1 publiques , qui servent de principes à former
• ) leurs polices , et dans lesquelles la naturelle
5> révérence des enfans envers leurs païens , est
M le lien de la légitime obéissance envers le gou-
)) vernement.n (Préambule de la déclaration du
ï6 novembre i63g.j
Les lois de toutes les n^iions ont prescrit les
formes les plus solennelles pour rendre cet acte
plus auguste et plus imposant; elles ont cru de-
voir l'environner du respect qu'inspirent les céré-
monies religieuses
Ï474
j.a -..i. 5 Vnnanimilé I ces formcs, quoi qu'observées pat les curés , étaient
Viennent dêtrc acquittes a ) utifn>™ue j ^^^^^j.^^ '^^, ,j, 'j.^issance ciïile , qui distinguait
- ' ministre du culte , et
laient les disoosiiions
ce de Blois ae i579 ,
généraux; de l'art. 16g
de l'ordonnance de 1629 , rendue sur l<- vœu des
états-généraux de 1614; de la déclaration du 26
novembre tôSg, citée ci-dessus ; de l'ordonnance
de 1667 -, de l'édit de mats de 1697 ; de la déclara-
tion du i5 juin de la même année ; et de celle
enfin du mois d'avril 1736.
C'est à toutes ces sages lois que l'art 8 du litre
6 de celle du 20 septembre I7ga , n'entend lien
innover non plus. Qjaand un ministre de culte ,
qui n'a point la mission civile que les lois con-
fiaient aux curés, se permet de s'aiFranchir de
toutes les formes qu'elles prescrivaient, Jie mérite-
t-il pas les reproclies exprimés dans ledit de mars
1697 :iiQuun iniérêi sordide fait trouver trop
Il aisément des témoins et même des prêtres qui
II piosiituenl leur ministère , aussi bien que leur
1) Foi , pour profaner . de concert , ce qu il y a de
)» plus sacré dans la religion et dans la société
î) civile. "
Oue tous les pères dç famille se pénètrent donc
des vérités qui viennent de leur être rappelées :
qu'ils veillent à ce que les mariages de leurs enfans
soient toujours célébrés civilement avant la consé-
cration du culte; et que les minisKes des cultes
respectent eux-mêmes la loi , et ne se pei^meitent
plus de la transgresser , au détriment des familles.
TRIBUNAUX.
celte m^heureu^e famslU , noais noa rassasiés de
crimes , ils se jettent sur les propriétés du cîtoyeti,'
Chapelle , répandent les liqueurs qu ils ne peuvent
boire , détruisent ce qu'ils ne peuvent caas.oramer»
brisent ce qu'ils ne peuvent emporter.
Les brigands sortent du doanîcile du. cù, Clij-
pelle , à 7 heures du soir, et vont renouvelleileS
mêmes scènes d'horreurs chez le cit, Lécaullé.
Les accusés ayant étéconfvonlésavec lacitoyenne
Chapelle ,celle»-ci a parfaitement reconnu Lecomtç
pour être celui qui est entré chez elle le premier j
et a ouvert sa porte aux brigdijids. Lecoivite lui
demandant avec audace si elle ne se trompait pas;
Non , dil-elle , cest bien vous ; c'est vous qui êUi
cause de la mort de mon mari, et les sanglots
étouffèrent sa voix. La nièce de la ciioyenns
Chapelle a également reconnu Lecomte , et 3
fait une déclaration en tout semblable à celle d«
sa tante.
Lécouflé et ses enfans n'ont pu reconnaître per-
sonne , les brigands ayant eu la précaution d«
leur bander les yeux.
De fortes présomptions résultaient seulement
des débats contre Manissier et Lautrel ; quelque»
voyageurs arrêtés à Ville-Juif, ont bien dit que
l'accent du chef de la bande était à peu près celui
de Manissier, qu'ils croyaient l'avoir vu parmi les
voleurs ; cependant aucun n'a affirmé positive-
ment qu'il en fesait partie. Mais des preuves irré-
cusables existaient contre cet accusé, et ces preuve»
ont porté la conviction dans l'ame des jurés.
Manissier , dans un instant où il croyait se sau-
ver par des révélations, avait lui-même contribué
à mettre sous la main de la justice plusieurs
chaulFeurs ; d'autres brigands de la même bande.
,,.,,, . „L„ ,,.„ „,,: Hé- e lu^ement de plusic rs chaiitteurs. bi je ne
La loi actuelle du 80 septembre lyg^ ^q"' 'If ^J.± ., ,, „ 'wiicité des atrocités dont nucl-
terraine le mode de constater l'état civil des ci
teyens , leur laisse aussi celte pieuse liberté.
L'article VIII et der;iier du litre VI et der-
nier dit :
u L'assemblée nîtîonale. après avoir délei;iïiiné
»i le mod£ de constater désormais l'état civil des
II citoyens , déclare qu'elle n'entend ni innover ,
1» ni nuire à la liberté qu'ils ont tous de consacrer
M les nai&sances , oiariages et décès par les céré-
»> monies du culte auquel ils sont att?£hés , et par
>> linlervfnion des ministres de ce culte. >>
Le législaleur laisse à tous 1» liberté de consa-
crer les naissances , les mariages , les décès par les
cérémonies du culte : il n'entend ni Innover , ni
ntiire k cette liberté'; mais il n'a point entendu
non plus que l'usage d'une ^bertesi chère devînt
pour le» citoyens les occasion» des plus cruels
déchiremens de cœur. V^ar consacrer uii acte ,
il faut que cet acte existe ; la conséciaiion re-
ligieuse doit donc suivre l'acte 1 et non le pré-
céder.
Si , au contraire , on se permet de faire pré-
céder l'acte civil par les cérémonies du culte ,
on innove , l'on transgresse la loi , on expose
les époux aux plus grands malheurs qui retoni-
bent sur les enfans nés de ces conjonctions illé-
gales.
Il n'en est déjà que trop d'exemples frappans
dan» cette commune même. Un jeune homrne ,
sans mœurs , sans religion , abusera des céré-
monies d'un culte , pour devenir possesseur de
celle qu'il convoite : le caprice , la satiété le
dégoûteront bientôt : il se refusera ensuite à lé-
gitimer son union par la solemniié civile , et lais-
sera une jeune infortunée en proie aux regrets
et à la défaveur de l'opinion publique ; un autre
aura eu la volonté de légaliser son engagement ;
mais, dans le court intervalle de la consécration
prématurée à l'époque qu'il avait fixée pour ac-
complir l'acte civil qui devait faire la matière de
cette consécration , il est atteint d'une maladie
mortelle; il est enlevé pour jamais à celle qui
Vi'a pas encore re^u légalement le titre de son
épouse : elle devient mer^ sans être veuve ; la
famille de celui qu'elle croyait son mari , ne la
reconnaît pas , lui refuse tous les eflfeis des con-
ventions matrimoniales, et l'enfant infortuné de
cette mère devient orphelin sans avoir eu de
père , et ae jouira pas même des avantages d'un
iils naturel qui aurait été reconnu,
Les ministres d'un culte qui se permettent de
devancer ainsi les actes de) la loi , s'exposent aux
peines graves qu'elle prononce contre eux ; mais ,
quand ils parviendraient à éç-happer à ces peines,
combien leur conscience D<jurrelée ne devrait-
elle pas leur reprocher ceç violations de toutes
lois ? les anciennes voulaient impérieusement
que le mariage fût précédé d'une proclamation
J'ai assisté pendant trois jours aux débats qui jugés par difFérens tribunaux, s'étaient accordé»
ont eu lieu devant le tribunal criminel de la à désigner Manissier pour leur chef. Lautrel a
Seine , depuis le 26 jusqu'au 28 fructidor, pour j été également reconnu par eux; tous se sont
accordés à dire vjue sa m-iison servait au partage
des vols , et que lui - même était de toutes les
expéditions.
La défense des accusés éta-l difficile à enlre-
prcndre ; aussi personne ne s'est présenté pouc
parler en faveur de Lecomte. Le défenseur de
Manissier avait d'.Tbord refusé de prendre la
voyais dans la publicité des atrocités dont quel-
ques-uns de ces niullicureux se sont rendus cou-
pables , un but utile, il me serait impossible de
me décider à retracer les scènes d'horreurs dont
ai entendu le récit ; mais, d'une part , il est bon
de prémunir les ciloyens contre la trop grande
facilité qu'ils ont à donner asyle à des individus
qu'ils ne connaissent pas ; et de l'autre , il faut
avenir les brigands que la police a constamment
les yeux fixés sur eux ; que s'ils échappent un
moment à ses recherches, bientôt ils succombent ■
et payent par une mon ignominieuse (es crimes 1
dont ils se sont couverts. Voici les faits que j'ai
pu recueillir : 1
Les accusés au nombre de cinq étaient pré- |
venus, savoir: Lecomte , Manissier et Lautrel, j
1° d'avoir, le 1" frimaire an 6, arrêté trois dili- 1
gences sur la route deVille-Juif à Paris, et d'avoir ;
dépouillé les voyageurs; 1" de s'être introduits, !
le 3 frimaire, à force ouverte, dans les maisons
des ciloyens Chapelle, auberuisie au petit Bicêtre ,
et Lécouflé , garde-chasse à Châillon , et d avoir
exercé contre les propriétaires de ces habitations
tout ce que la barbarie peut inventer de plus
atroce.
Les auteurs du vol de» diligences étaient diffi-
ciks à reconnaître, ce délit ayant été commis
pendant une nuit très-sombre ; il était impossible
aux voyageurs , qui d'ailleurs craignaient pour
leurs jours, de considérer les traits de ceux qui
les dépouillaient. Cependant un manteau pris à
l'un d'eux , et ensuite volé à Lecomte par les
deux derniers accusés , Valtemarc et Pothier , a
fait découvrir le principal auteur de ce premier
crime. Envain LeComie a-t-il voulu nier que le
manteau lui appartînt ; plusieurs témoins ont dé-
pose le lui avoir vu le lendemain du vol des
diligences ; l'un d'eux a ajouté que parlant devant
l'accusé de ce qui s'était passé sur la roule de
Villejuif, et annonçant que plusieurs voyageurs
avaient été assassinés, Lecomte s'écria que le fait
était faux , qu'ils avaient tiré en l'air.
Les dépositions de la citoyenne Chapelle et de
sa nièce , ont également désigné Lecomte pour
l'un des auteurs du délit. Il est impossible de
peindre la situation pénible de tout l'auditoire
pend nt le récit épouvantable que les citoyennes
ont fait , des cruautés qui oot été excicées oans ;
leur domicile.
Le 3 frimaire an 6 , deux particuliers se disant
marchands forains , se présentent chez le citoyen
Chapelle pour y loger j celui-ci refuse d'abord ;
mais cédant enfin aux instances^ réitérées que lui
font les voyageurs , il consent à leur dormer un
asyle pour la nuit. Qjielques momeris après cette
promesse , un des prétendus marchands prétextant
un besoin , son de la maison et y rentre aussitôt
suivi de t5 à 18 brigands ; le cit. Chapelle , son
épouse et sa nièce sont garottés ; on leur bande
les yeux ; un des brigands mettant les pieds de
Chapelle dans un brasier ardent, veut lui faire
rcvéler le lieu oià il prétend qu'une somme de î5
Manissier avait d'.Tbord refuse de pr
parole ; mais sollicité pir la femme et les enfans
de cet accusé , il a fait valoir I hésitation des
témoins , et a cherché à détruire les déclarations
faites par des hommes piêis à subir le dernier
supplice.
Lecomte se voyant abandonné par son dé-
fenseur, et n'ayant plus aucun espoir de se sau-
ver , s'est déclaré lui-même coupable de tous les
délits dont il était accusé ; mais il a affirmé en
même terni que c'était à tort que Lautrel étai»
accusé d'être son complice ; qu'il ne le connais-
sait pas . et qu'il n'avait participé en aucune ma- .M
niere aux vols mentionnés dans l'acte d'accusa- S
lion. Le défenseur de Lautrel a fait valoir cette ^
déclaration dans son plaidoyer.
Les jurés se sont retirés dans la chambre des
délibérations, et après huit heures d'examen , il»
ont 1 apporté au tribunal une réponse afifirmativ»
sur toutes les questions qui leur ont été pré-
sentées.
En conséquence , la peine de mort ^ été pro-
noncée contre Lecomte , Manissier et Lautrel ;
Vatteraare et Pothier ont été acquittés. B
publique , pendant trois jours de fête : elles vou-
laient que le mariage ne pût être célébré que
■devant le propre curé de la paroisse de l'un des _, . „,_ ^ ^
époux ; qu'il y eût quatre témoins ; qu'il en lût | mille fraiics est cachée ! en vain cet infortuné
rédigé acfe : que cet acte fût signé des époux et | vieillard , assure- t-il qu'il ne possède qu'une
des témoins , qu'il fût gardé registre de cet acte :[ somm
<iu'un double du tegistre restât dans les archive^ I mente
delà paroisse , un autre dans celles du magistrat I, faire à
civil I que cfrf^bfM«fni, v>sta,pt)éjpaï Iwi,; et toutes ! ouHages. Entin., faiigués de niitiiler toutUemenl
omme de 400 francs , ils continuent de le tour
et ne le, quittent un instaul que pour
i femme et sa nièce les plus honteux
Apperçu statistique de la France.
Les grands états de 1 Europe ont été les der-
niers à connaître avec quelque précision l'étendue
de leur territoire. L'Angleterre, un de ceux oii
les connaissances positives sont le plus recher-
chées , ignore encore la juste étendue dii sien.
Et> efi^et , si nous en croyons M. Arthur Young,
l'Angleterre et la principauté de Galles contien-
nent 46,915,933 acres anglais (37,383, 187 arpens
des eauxet forêts de France (i) ) , et, selon le doc-
teur Grew , elles ne contiennent que 46,080,000
acres anglais : voilà donc une difFétence de pin»
de 800,000 acres pour l'Angleterre et le pays de
Galles seulement. L'incertitude est encore plus
grande pour les deux autres parties de l'empira
britannique en Europe , l'Ecosse et l'Irlande-
L'étendue territoriale et la populaion de la Hon-
grie , un des plus riches pays connus par ses
producuons de toute espèce , n'ont point d'esti-
mation fixe dans les tableaux statistiques , tandis
que les plus petits états d'empire connaissent avec
une grande précision les quantités de terre em-
ployées en divers genres de culture dans l'étendue
de leur domination respective. C'est qu'un petit
Îirince , comme un petit particulier , ne peut rieii
aisser perdre , et qu'il a le plus grand intérêt à
connaître toutes ses ressources. Cette nécessité a
fait naître la statistique ; c'est d'Allemagne que
viennent les meilleurs tableaux que l'on en ait.
Cette science y a été perfectionnée , et y fait ,
à juste titre , partie de l'instruction publique.
Nous tâcherons de recueillir ici quelques base»
fixes et déterminées sur celle de la France. Cette
L^acre anglais , qu'il ne faut confondre ni avec Tactc
[ , ni avec l'acre irlandais , contient 1066 toises qilai-
fiai , inaïue de Eiaacï , (»u enviru» 4a ares et demi.
147-5
connaissance , du ptus grand intérêt , est aussi
d'une grande importance pour les hommes ap-
pelés aux fonctions publiques. Nous ne nous
Battons pas d'atteindre à la perfection ; ce n'est
qu'un essai que nous préstnions , et , en ou-
vrant publiquement la carrière sur cette matière,
nous desirons bien sincèrement nous voir surpas-
ser par de plus forts que nous.
Une cause d'erreurs dans les calculs elles rai-
(onnemens sur les diverses branches de la statis-
tique française , est l'habitude de confondre les
données propres à l'ancienne France avec celles
qui conviennent à notre état actuel , et de mar-
cher d'à-peu-près en à-peu-près à de très-grands
écarts dans les résultats. Nous nous efforcerons
d'éviter cet écueil.
L'ancienne France contenait, suivant Paneton,
17,100 lieues quariées; suivant M.Necker, 26,951;
l'une et l'autre estimation , non compris la Corse,
dont l'étendue, au reste, est de 482 lieues quarrées.
Nous prenons la lieue de 25 au degré, par con-
séquent de 2,282 loises et demie.
En comparant cette étendue de territoire à la
population estimée 24 millions 676 mille indi-
vidus , on trouve 916 habitans par lieue quarrée, à
cette époque , en France.
Les îles britanniques ont une étendue territo-
riale , d'après Templeman , suivi par M. Arthur
Young , de i8,3oo lieues quarrées, (Busching ne
les porte qu'à 16,800) et une population portée
par quelques-uns à 12 , par d'autres à 10 millions
d'habiians ; mais qui est, d'après les plus exactes
estimations, de 11 millions effectifs. D'oii l'on^oit
conclure que la Grande-Bretagne a en Europe
une population de 601 habitans par lieue quarrée.
Comparant ce rapport de la population au ter-
ritoire en Angleterre , avec celui que nous venons
d'établir pour la France , il en résulte que sous
cet aspect , la puissance nationale de la Grande-
Bretagne était dans l'ancienne France à la puis-
sance française , domme 601 est à gi6.
Avant la révolution , les états de la maison
d'Autriche effaraient , suivant Busching , une
étendue territoriale de 24,44.0 lieues quarrées, et
tine population de 845 iudividus par lieue
quarrée.
D'où l'on peut conclure que , sous le rapport
composé du territoire et de la population , la
puissance de la maison d'Autriche était alors à
celle de la France comme 845 à 916.
Ces rapports avantageux pour la France ont dû
«'accroître encore par les conquêtes qu'elle a
faites , et qui ont augmenté considérablement ses
richesses territoriales ei de population.
En effet , son étendue , sans y comprendre les
départemens de la Roêr , du Mont-Tonnerre , de
Rhin et Moselle , de la Sarre , non encore réunis,
est aujourd'hui de|29,894 lieues quarrées; suivant
les états présentés par le bureau du cadastre.
D'aptes les derniers recensemens , la population
correspondante à cette étendue de territoire est
d« 29.288,779 individus ; ce qui donne 946 habi-
tans } par lieue quarrée.
On s'est efforcé de connaître , à l'aide d-es états
de population , la quantité respective d'hommes
de guêtre que peuvent lever les diff"érens états.
Montesquieu assure dans son tiaité de la gran-
deur et de la décadence des romains', n qu'un prince
ne saurai! , sans nuire à la population de ses états,
en entretenir plus d'un cenlieiiie sous les armes, ji
Cependant si nous nous reportons aux tableaux
dressés pour les milices dans lancitrne France ,
on trouvé qu'en Alsace, où la population allait
croissant chaque année., la levée des soldais è:ait
habituellement d'un homme sur 61 individus.
La proportion possible des levées militaires à la
population sans nuire d'une manière dangereuse
a celle-ci , résulte de trop de données pour que
nous puissions la traiter ici. On peut dire seule-
ment .d'une manière générale, qu'elles sont moins
nuisibles et plus faciles dans les étals agricoles
que dans les états manufacturiers. Dans la Marche
de Brandebourg , la classe militaire est plus du
dixième de la population. En France, admettant
comme portion miliciable tout mâle non marié
au-dessus de dix-huit ans , l'on aurait l,45i,o63
individus mâles ; c'est à-peu-près les -^ de la
population totale ; sur quoi il faut déduire les
infirmes et les vieillards.
Le nombre des naissances était au nombre des
habitans en France avant la révolution, comme
I est à «5 ^. Nous ne voyons pas que cette propor-
tion ait changé depuis ; et les tableaux de nais-
sances de quelques villes, donnent, à un petit
nombre d'individus près , la même quantité de
uaissances qu'en 1788. Il naissait, vers cette der-
nière époque , 94u,g35 entans dans toute la
France , année moyenne.
L'estimation du territoire d'un état en lieues
quarrées, convient aux recherches sur la popula-
Mon ; mais il laut nécessairement le réduire en
niesuics agraires , pour parvenir à connaître
l'étendue des richesses territoriales.
Il a été fait d'assez grands travaux en France
•lans cette vue depuis quelques années. Le bureau
du cadastre . dirigé par les talens connus du ouvrir aux arts une nouvelle carricre. C'est aa
ciioyen Prony , a publié des tables dont il résulte sysiêine pncumaiiqnc que nous devons la théorie
que la France contient . non compris la Corse I du blanLliimeiit. ScUeclc et Berthollet ont les
et les départemens non réunis, 115,956,787 aj- 1 premiers acquis des droits à la reconnaissance
pens des eaux et forêts de 1844 toise» quatre g""" j des artistes ; mais les essais qu'on fit pour l'ap-
de toises chacun
Celte étendue n'est point toute en culture , et la
partie cultivée ne l'est pas également bien dans
tous les départemens ; la fertilité varie aussi depuis
les terres riches et fécond s de la Belgique et de la
Limagne , jusqu'aux terreins secs d une partie
des départemens de la Marne , du Finistère et
des Landes.
Lavoisier estimait à moins des deux tiers , la
quantité d'arpens de terres en labours , jachères
et pâtuies, et au quart seulement celles qui
étaient cultivées chaque année en grains de
diverses sortes.
Mais les accroissemens qu'a pris la culture
depuis 6 à 8 ans , ont changé ces bases. Des
dénombremins authentiques , et des observa-
tions bien faites , prouvent que sur 115,956,787
arpens ' "■
emi
plicaiion de l'acide muiialique oxigené au blan-
chiment des toiles, renconlreri^ni de nombreux
obstacles. Watt en Ecosse . Henri , Coop et Rupp
à Manchester les levèrent bientôt. Leurs procédé»
sont décrits dans les annales avec un»! fidélité qui
les met à la portée du plus simple otivrrer. Déjà oa
adopte à Jouy et dans la Belgique cet appareil
qui a off^ert une économie considérable.
Le cinquième mémoire traite d'une pompe à
feu très-ingénieuse et portative , inventée par
Cartwringli ; cette matière est continuée dans le
second numéro , où Ion trouve la de.icription ds
deux pompes à feu de Sad'er , et un mémoire
très-intéressant du citoyen Perricr. Nous revien-
drons sur ces objets.
Enfin , le sixième mémoire contient des re-
cherches curieuses sur la peinture à l'encausti-
ei les moyens employés depuis peu pour
ncn» <\e yj,.^.,A..^ ... ;. ■ I que , et les moyens employés depuis peu pour
pens Ge leiendue terriioiiale , un neis est 1 • r . . 1 a ■
niilnvp ann,,.ii„.^«.,. =■ I ■■ . ° la restauration de cet art , avec quelques réflexions
iipiO)e annuellement et exp oite en froment , ' 1 j 1 • ■ i
ioie nr„» ,„«;.,. . ' . . 'i '"""^, ' sur la manière de conservcr la pcintui c a f tcsque.
igie , orge, avoine; et qu au total il y a plus . , . r i- ■ y j.
des deux lieis en valeur, pâtures ttjacheres . non
compris les forêts et bois. PrucHF.T.
(La suite dans un prochain numéro.)
RTS INDUSTRIELS.
Les hommes qui s'iniéressent à la prospérité
nationale suppoitent avec la plus grande im-
patience, le joug qu'impose à notre commerce
et à notre industrie le monopQle de l'Angle-
terre ; ils voyent avec peine la Fiance , tribu-
taire de son çnnemie consommer les produits
de ses manucfactures et imj^orter à grands frais
des objets dont elle peut faire une riche
branche d'exportation.
Tous ceux qui s'efforcent de faire cesser cette
dépendance .méritent des encouragcmens et sont
dignes de l'estime pubhquc , et nous croyons
qu'elle est due à l'auteur d'un ouvrage désiré
depuis long-iems et qui paraît sous le titre
d'un écrit : Annales des arts et manufactures.
Nous en avons annoncé le prospectus dans notre
feuille du 26 floréal. Il offre aux négocians fran-
çais les moyens d'égaler leurs rivaux , de les sur-
passer même. L'auteur décrit, avec la plus sévère
exactitude , les procédés qu'on y emploie , et à
l'aide de planches parfaitement gravées , nous
initie dans des mystères jusqu'ici impénétrables.
Les Annales ont reçu du gouvernement et du
public, l'accueil le plus encourageant; et cet
accueil est justifié par le mérite des quatre nu-
méros qui ont déjà paru. ■
Celui qui a é é publié en germinal' contient six
mémoires.
Le premier traite de l'imporlarce de nos rela-
tions commerciales avec le Levant. Ce n'est point
une froide nomenclature des objets ordinaiies
d'importation et d'exportation. C'est un examen
approfondi et bien raisonné des ressources que
la France peut tirer de ce commerce. L'auieur
guide nos négocians sur toutes les côles de la
Méditerranée , leur ouvre des débouchés incon-
nus , leur indique des productions à créer ou à
perfectionner, compose leur cargaison et pré-
pare leur chargement de retour. Il les anime par
l'exemple des anglais, habiles à éiudicr les goûts
de l'olioman et de l'arabe , et toujours prompts à
leur porter une foule d'objets dont nous ne soup-
çonnons pas même l'existence , et qui procurent
dimmenscs bénéfices.
Le second mémoire est consacré à des détails
tout-à-fait inconnus en France sur la fabrication
de l'acier. On y décrit les moyens de faire de
l'acier aussi parfait que celui d'Angleterre , par
des procédés sûrs , puisque ce sont les procédés
anglais. Une planche bie'n exécutée représente
le fourneau employé dans cette opération. On
peut se former une idée de limporiance de cet
article de l'industrie anglaise , quand on voit
qu'en 1798 , les états publiés ofEciellcment des
importations de fers du nord pour la fabrication
de l'acier s'élevaient au-dessus de 70,000 tonneaux
ou 1,400,000 quintaux , dont le prix moyen était
de t8 livres steiling , ou 482 francs par tonneau ,
fesant ensemble la somme énorme de trente
millions.
Le troisième mémoire contient les nouvelles
manières de préparer le blanc de plomb ou cé-
ruse , avec la description d'une machine propre
à garantir les ouvriers des maladies auxquelles
les exposait l'ancienne méthode. Ainsi fauteur
sert à-la-fois les ans et l'humanité. Quel fabri-
cant de céruse ne s'empressera pas d apprendre
le moyen de conserver la vie des hommes qu'il
emploie ? :
Le quatrième mémoire indique un procédé
pour le blanchiment des toiles avec I acide mu-
riatique oxigène , sans l'addition de potasse , avec
la description d'un appareil nouvellement in-
venté. La révolution qui s'est opérée dans la
chii»ie depuis quelquei années , pouvait seule
Les peintres apprécieront l'utilité d'une décou-
verte qui assure à leurs tableaux une immorialiié
que la peinture à l'huile ne saurait leur donner.
L'encaustique était en usage chez les égyptiens ;
les bandeaux et les enveloppes de leurs momies
peints de cette manière, en sont des preuves in-
contestables. De l'Egypte l'encaustique pa'.sa dans
la Grèce , qui la tcjnsmit à Rome , où elle s est
perdue ; il n'en restait que quelques détails insuf-
fisans dans Pline , Varron et Vittuve. Fabbroni l'a
retrouvée , et madame Morin, artiste distinguée ,
a peint un tableau à l'encaustique , d'apiés les
renseignemens qui lui ont été tournis par l'au-
teur des annales ; il est actuellement devant une
commission nommée par l'institut national , pour
' examiner ce procédé.
Nous regrettons de ne pouvoir entrer dans les-
détails qu'exigerait un article aussi intéressant
pour les beaux - arts ; et nous nous voyons
forcés de renvoyer nos lecteurs au mémoire
même ; ils y trouveront une force de raisonne-
ment , une évidence de preuves, une sagesse de,
réflexions qti il nous serait impossible d'ana-
lyser.
(Nous donnerons incessamment l'analyse des
numéros qu'ils ont publiés en floréal. ^
S P E G T A C L E S.v
Le Théâtre français a remis , le i'' et le 2' jour
complémentaires, deux ouvrages qui n'avaient pas
été donnés depuis long-tems. Le Joueur , de
Regnard , comédie que l'on donne peu . non
qu'elle ne soit le plus incontestable tiire de sou
auteur à un gloire solide . non que son but
moral ne soit d'une utilité constante, mais parce
que plus qu'aucune autre elle a besoin d'une
réunion d'acteurs nombreuse , et qu'elle exige
impérieusement le concours des premiers sujets.
Les excellentes scènes que cet ouvrage renferme
ont produit leur effet accoutumé. On ne peut se
dissimuler cependant que cet effet auiait été plus
sensible si , sans parler des rôles secondaires , le
rôle de Valere eût été rendu avec un peu plus
de nerf, de profondeur et d'énergie , et si celui
d'Hector eût été joué avec un ton comi(jui;
plus franc et plus décidé; la finesse et l'agrément
conviennent peu à ce personnage; il exige sur-
tout une phisionomie prononcée , de l'à-piomb et
du naturel.
Le lendemain on a remis le Roi Léar , l'une des
tragédies imitées de Shakespear, par le cit. Ducis .
dont le succès ait éié le plus brillant. La figure
vénérable de Brizjrd, ses cheveux blancs, sa
diction noble et sirople avaient donné au princi-
pal rôle de cet ouvrage un degré d'intérêt que
peu d'acteurs eussent pu inspirer. Il n'est peut-
être pas hors de propos de citer ici ce que pen-
sait du sujet original l'un des traducteur» de
Shjkespear.
." Le roi Léar , dir-il , est à la fois peut-être la
chef-d'œuvre du génie et de l'extravagance : c'est
un contraste perpétuel de grandeur et de bassesse ,
de pathétique et de frivolité, de sublime et de
ridicule. Le caractère du roi , à n'en juger que
par ses actions , doit paraître peu intéressant. Va
vieillard entêté, injuste envers sa fille, ingrat
envers le plus zélé de ses sujets , victime d'une
prédilection siupide pour deux enfans indignes
de sa tendresse , et rassemblant tous les défauts
de l'enfance avec ceux de la vieillesse la plu»
décrépite, semble devoir être un objet plus digne
de mépris que de pitié fondée. Cependant, ce
mêtne personnage n'arrive presque jamais sur la
scène sans arracher des larnjes au spectateur le
moins sensible. L'excès de son malheur , l'amer-
tume de son repentir , ses transports partant du
sein de la nature, tout, jusquà sa démence,
remue , intérease , attendrit. Les sentimens qu'on
avait d'abord contre lui , se dissipent par dégrés
à proportion que sa misçre augmente : on se
souvient seulement qu'il est homme et joal-
heureux. »
Nous ne pouvions mieux dépeindre Veffel de
ïa Udgédie dont il est quesiion , qu'en rapportant
ce passage. Sa dernière partie est la peinture
frdele de ce que l'on éprouve à la représentation
de l'ouvrage du cit. Ducis , auquel toutelois il
est difficile de ne pas reprocher une assez pro-
fonde obscurité dans l'exposition , de la hoideur
dans les premiers actes, quelques situations in-
vraisemblables dans les derniers , et surtout une
complication de moyens , d'effets scéniques et de
tableaux séloignani beaucoup de la belle sim-
plicité des grands maîiies.
Cette tragédie est remise avec soin ; Monvel a
de très-beaux momens dans le personnage du
roi . mais son organe est d'un effet fatiguant ,
lorsqu'il a besoin de le forcer dans le cours entier
d'un rôle aussi long : le rôle du duc d'Albanie
n'ajoute tien à la réputation de Lafond : on aurait
même pu lui demander plus de noblesse et d a-
plomb : le contraste que ce rôle est destiné à
établir eût é.é plus sensible. Damas a bien saisi
le caractère dEdgard, et a joué ce rôle avan-
tageux, avec une grande énergie. S....
1476
Ne commencerait-on que par poser des pointes
métalliques dans quelques départemens du Midi
plus exposés aux ravages de la giêle , on aurait
fait un grand pas vers le bien , dont les avantages
seront au proHi des générations suivantes. Les
arts s'en féliciteront. 1,'objet de leurs travaux est
le bien public ; c'est pour le bonheur de la société
que tout gouvernement sage les protège et s'en
sert. M L V
Paratonnerres.
Il y a , citoyen rédacteur , des vérités qu'il
faut souvent répéter. Dans le nombre de celles
qu'il importe à la société d'entendre , la physique
en a marqué une en faveur de laquelle je vous
demande l'attention de vos lecteurs.
Onnepeui qu'applaudir aux précautions prises
pour garantir des effets de la foudre les édi&ces
publics. Cet hommage, rendu à la science par le
gouvernement , nous présage qu'il portera son
attemion sur les moyens de préserver du ravage
des orages , les fruits de la terre.
Il fut proposé , il y a deux ans , à un de nos
ministres , de faire élever des paratonnerres sur
les col iiies au sud et à l'ouest de Paris , afin -que
leurs effets fussent un langage , toujours plus con-
vaincant, pour la multitude , que le raisonnement.
On se fondait sur ces principes : les pointes métal-
liques soutirent lejluide électrique des nuages orageux ,
et te rendent à la terre , centre commun. Laformation
de In grêle na de cause que la présence et L'activité de
cejtuide dans les nuages. Ils se résolvent en pluie
lorsqu ilsnelerecelentptus.Ces expériences auraient
pu s étendre particulièrement au profit des con-
trées , que dévaste la grêle. Ce fléau fait chaque
année le désespoir des cultivateurs et des proprié-
taires. Il y a des campagnes dont les habitans
pleurent , presque tous les ans, sur leurs mois-
sons ravagées. J'atteste que dans le départe-
ment du Puy- de -Dôme , les propriétaires du
tenoir de Château-Gai s'engagent, dans un bail
de g années , à dédommager de 7 les fermiers.
La belle contrée connue ci - devant sous le
nom de Limagne , voit fréquemment descendre
des montagnes de la chaîne du Puy-de-Dôme ,
des orages qui n'y porteraient plus la dévasta-
tion , si , en passant sur ces régions élevées, les
nuages transmettaient à la terre le fluide électri-
que , par des pointes placées à différens inter-
valles. Le département du Gers est souvent
grêlé; on croit que la destruction d'une forêt de
sapin , dans une des gorges des Pyrénées , facilite
le passage des orages venant du sud ; leurs
fléaux SL-mblent se multiplier depuis que Ion
se permet inconsidérément d'abattre les bois ,
dont chaque arbre présente au fluide électrique
autant de conducteurs qu'il porte de branches
et même de feuilles. L'histoire des contrées de
la France , ravagées tous les ans par les orages ,
serait effrayante : les particuliers perdent ; le fisc
n'y perd pas moins.
Dans un tems où l'on vient de nous annoncer
une carte rainéralogique de la France, me sera-t-il
permis d'inviter ceux qui s'en occupent à faire
observer par des phisiciens quelles sont les mon-
tagnes positivement ou négativement électriques
de leur niiure , et en raison des minéraux qui les
composent. Celte connaissance acquise nous con-
duirait à la théorie du placement des paraton-
neres , ou ascendans ou descendans.
Je me hâte de répondre à l'objection de la
dépense. Les habitans d'Auch , où , en l'an 7 , je
fesais des observations , lorsque des nuages ora-
oeux s'amoncelaient sur les montagnes voisines
pour venir fondre dans les vallons qui entourent
celte ville , me répétaiem qu'on pouvait leur en-
voyer des gens instruits pour poser des paratoii-
neres ; qu'il était indubitable que les propriétaires
s'empresseraient de payer les frais. Je dois le
même hommage aux personnes instruites de la
ci-devant Limagne. Il peut se piésumer pour
•ousles propriétaires de la France.
infortunés , sur lesquels il répandait ses bienfaits^
douloureuse pour sa famille et pour tous ses
amis , et irréparable pour moi : j'ai perdu en lui
u 1 frère, un père , un ami. Ombre cheic et bien-
tesante , nous stuls connaissions toute l'étendue
de notre affection mutuelle : nos cœurs s'enten-
daient depuis long-tems ; jamais l'indifFérence ni
les soupçons ne vinrent troubler le charme de cette
douce union. Tu sais combien delarmes je répan-
dis sur tes peines, elcombien tu m'en lais verser en
ce raoraeni. Non, elles ne tariront point. Jamais
la douleur ne sortira de mou ame ; la seule
chose qui pourra en partie la modérer, sera de
voir ton jeune fils se rendre digne de loi , en
imitant tes vertus; il me sera cher comme tu
me l'étais toi-même , et en le serrant contre mon
sein , je croirai n'avoir perdu que la moitié d«
l'objet de mon affection. Scrofani.
PHENOMENE.
Dans un desertsablonneux on a vu croître une
plante de rare vertu ; sa tige diaphane a la forme
d'un cône \. Sept jours après avoir été planté,
elle noircit , et.au sommet est une graine seni",
blable au cristal , ce qui fait connaître à l'artiste,
sa bonté.
On invile une personne qui aurait également
vu cette plante , de dire par cette feiiille la forme
et la couleur de sa racine , et la nuance de
sa graine lorsque la tige est bleue, pour l'observer
avec l'auteur de cette note jusqu'en sa maturité.
D. S.
Au Rédacteur.
Le 27 fructidor, à neuf heures trois quarts du
matin , après une longue et cruelle attaque de
nerfs , est mort à Paris , à l'âge de 46 ans , le ci-
toyen Paul Greppi , milanais , députe de la répu-
blique cisalpine près du premier consul. Son
corps , suivi du second député Ferdinand Mares-
calchi , du citoyen Giusliniani , ambassadeur de
Rome , du citoyen Fravega , ministre hgurien , du
citoyen Soleri, député du Piémont, et d'une
foule considérable de cisalpins distingués , d'au-
tres italiens et français , a été conduit , le sig du
même mois, avec des regrets universels , d'abord
à l'église de Saint-Roch, pour y recevoir les der-
niers honneurs de la religion , ensuite au cime-
tière de Montmartre , où il a été inhumé à part ,
afin que sa famille , dans des tems plus calmes,
puisse le faire transporter dans sa patrie.
Mon cœur est navré en écrivant ces détails sur
un ami qui m'était si cher ; mais je crois intéres-
sant pour la société , en publiant sa mort , de
faire connaître en même tems ses vertus rares et
précieuses , et fexcellence de son ame : c'est
dans la perle que je viens de faire , une espèce
d'allégement à ma douleur.
Paul Greppi avait reçij de la nature un cœiar
tendre, une extrême sensibilité, un esprit péné-
trant , et un jugement sûr et exquis. Il lut destiné
de très-bonne heure à la carrière militaire , mais il
préféra de se livrer au commerce. Il avait alors
quinze ans. On l'envoya à Cad;x pour s y faire
un établissement; il s'y conduisit avec tant dr
droiture, de prudence et d'habileté, qu en moins
de vingt ans sa maison devint une des plus riches
de lEspagne , el des plus accréditées de I Europe.
A la tête d'une fortune immense, jeune, 111. ître
de lui-même, quel emploi lit-il de ses richesses?
ave
abuser? Jamais un infortuné ne sortit de chez S'adresser aux citoyens Née , graveurs , rue dea
lui sans bienfait , et jani.iis l'homme honnête ne Francs-Bourgeois-Si. Michel , n° 127 , et Barez ,
demandait en vain son assistance ; il s'estimait | rue Mêlée , n° 7.
doublement heureux , quand ou ignorait la
source du bien qu'il fesait.
S'il se conduisit ainsi envers les indigens et
les étrangeis , que ne devait-il pas êtie envcis ses
païens et ses amis ? A leur égard , sa générosité
ne connaissait pas plus de bornes que le pencliaut
de son cœur : il partagea toujours avec e'X sa for-
tune et ses sentimens. Son père , ses fieres , son
enfant étaient les êtres les plus chers et les plus
GRAVURES.
La XIP livraison du Voyage pittoresque de l'Istrie
et de la Dalmatie vient de paraître. Les éditeurs
avertissent qu'il ne leurresteplus, pourcomplelter
cet intéressant ouvrage , qu'une livraison d'es-
tampes à fournir et la deuxième partie du texte
ou discours qui en contient l'explication ei la.
description. Deux mois après , la souscription sera
fermée. Jusquà cette époque ceux qui n'ont pa»
encore souscrit , pourront ne prendre à-la-foij
qu autant de livraisons qu'ils en voudront payer ,
et s ils prennent la totalité de l'ouvrage, les édi-
teurs accepteront en paiement des effets négocia-
bles bien connus , à difierens termes dont on
c un cœur uaiurellé.iicnl bon pouvait- il en conviendra.
COUR S DU CHANGE.
Bourse du ^' jour complémentaire,
Madrid.
Effectif.. .
Cadix
Effectif. .
Gênes effectif.
Livourne
Bâle.
Amsterdam banco
Courant
sacrés pour lui; il ne vivait que pour eux. Avec le 1 Hambourg
témoignage de ses propres vertus , un bon cœur ,
et de la sensibilité , il ne pouvait mancjuer de
mépriser la vengeance et la calomnie. Obligé de
iraiter entre les cours d Espagne et de Vienne ,
sur des points impovtans d économie , 1 envie se
déchaîna souvent contre lui; mais il n opposa
jamais tien à ses ennemis que la vérité , et les
vainquit toujours et les désarma par U droiture
el la bonne foi.
Avec une ame et des lalens si relevés , il ne
pouvait voir sans enthousiasme le nouvel ordre
de choses. A peine les droits de l'homme furent-
ils proclamés en France, qu'il s'en fit publique-
ment le partisan et le soutien. C'était un spectacle
digne des regards du philosophe , de lui voir
professer l'égalité au sein de la plus haute opu-
lence., et la liberté au milieu des cours de
l'Europe.
Plût à dieu qu'il eût trouvé la justice qui lui
était due dans le paru qu'il soutenait avec au-
tant de bonne-foi , et avec le zèle d un vrai
citoyen ! mais il ne pût l'obtenir de cette classe
d'hommes, qui dans une époque malheureuse ,
avait usurpé exclusivement le litre de patriotes.
I Ici .la plume s échappe de mes mains , car c'est
l'époque et la cause de celte maladie qui vient
de l'enlever à sa patrie.
Tirons un voile sur des manœuvres odieuses ,
et fesons des vœux pour que la mémoire en
soit pour jamais oubliée ; mais lâchons de per-
pétuer les vertus de Ihomme de bien dont nous
pleurons aujourd'hui la perte. Quelle perte '.
elle est immense pour 1 Italie, qui attendait
56|
i88|
4 fr.90 c
i4fr.35 c
4 fr. 90 c
14 fr. loc.
4 fr. 58 c.
4 fr. 98 c.
I 60 jours.
i86i
Effets publics.
Rente provisoire 18 fr. 25 c.
Tiers consolidé 33 fr. i3 c.
Bons deux tiers t fr. 57 c.
Bons d'arréragé 84 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 8g fr. 85 c.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^iie et des Arts.
Aujourd. par ordre du gouvernement, spectacle
gratis. — Iphigénie en Aulide , el le ballet de Psyché'.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui
spectacle gratis. — Les deux Journées , et le petit
Commissionnaire. ' '
Théâtre du Vaudeville. Auj. spect. gratis.
Les Otages ; la Danse interrompue , el les Ven-
dangeurs.
Théâtre delà Cité- Variétés. — Tantomimes.
Auj. la Fille hussard.^ pantomime en 3 actes,
à grand speciacle , et la Mort de. Turenne.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
, . - Aujourd. Roméo et Juliette ou tes Tombeaux de
de lui un appui et des conseils : funeste aux Véronne , sntv. du Chaudronnier de Saint-Flour.
L'abonneoiètitse fait à Paris , rue des Poitevins, n" 18. Le prix est de a5 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et roo francs pour l'année entière. On ne s'abonne
flu'au commeucement de chaque mois. ' ' . w.
Il faut adresser les lettres etl'àrgent , franc déport , au cit. A G As s e , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins ,0° r8. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays ofl l'on ne peut affranchir. Les lettres de» départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
• " il' faat. avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue des
Foitevios , n' i3,depui jueuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A. Paris , de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire da Moniteur, rue'des Poitevins, n" *3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONItEUR UNIVERSEL
J\f° i rf 2.
Primcdi ci duodi, i"tt2 vendémiaire an g de ia république française , une eiiridivmble.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivàse le M o NI T E U H est le s,ul journal officiel
il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées . ainsi que les faiti étales
l'inrétleuï que sut l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aUx sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
notions tant su ,
EXTERIEUR.
ANGLETERRE. '
Londres, ( ï3 septembre.} 26 fructidor.
Insurection à Birmingham.
D
ANS la nuit du 6 septembre , il se forma plu-
sieurs rassernbleràens, la boutique d'un boulanger
fut auaquée à coup de pierres , et Ion brisLi ses
l'enêlres : mais le tumulte lui bientôt apjiaisé , et
loul reprit une apparence de ttanquillité.
DlWs la matinée du 8 , qtlèlques personnes du
peuple attaquèrent un pariiculier , dans Bûll-
Sireet , comme marchand de grains. Il se réfugia
dans une auberge,: la rue fut remplie en un
moment : il y eût même foule pendant plusieurs
heures, saiis que la niuhitudé parût vouloir' se
disperser , quoique l'objet de s'otï ressentiment
eût été enlevé entre deux de ses amis ; mais on
pe s'était permis encore aucun acte direct de
révolte. Le soir , des partis nombreux dé sëdiT
tieux traversèrent les rues , ou se rassemblèrent
dans différens quartiers de la ville , ouvènem'ent
déterininés à quelques démarches violentes. La
troupe , à mesure qu'elle avançait , augmentait
en force et en audace. Les choses prirent alors
un aspect alarmant ; et les séditieux coratiiïn-
cerenl dans différens quartiers à attaquer les bou-
tiques des principaux boulangers. Quelques com-
pagnies du 17^ de diï»gons légers , casernes dans
îa ville , furent appelles au secours de l'autorité
civile , qui , à force d'activité et d'énergie , avait
léussi jusqu'à ce moment à maintenir la paix.
Les séditieux , pendant ce tems , forçaieiit les
boulangers à vendre leur pain. Plusieurs d'en-
tr'eux donnaient pour 8 ou 9 deniers , le pain qui
valait un schelling , et pour 4 , celui de six penny.
Ceux qui refusaient , on auxquels on ne donnait
pas la faculié de l'option , avaient leurs fenêtres
et leurs portes brisées. Plusieurs ont fait des pertes '
considérables en farine, lard , pain , fromaae ,etc.
Les fenêtres de Sieam-Mill , dans Snow-Hill ont
été également mises en pièces;
La matinée du mardi déccnivrit une scerie de
révolte et de destruction d'un côté , de pré-
voyance et de modération de l'autre. Pendant
que les magistrats et les notables délibéraient
sur les moyens de calmer l'effervescence des
esprits , en protégeant les propriétés et en allant
au-devant des besoins lés plus pressans , les sédi-
tieux , patiiculiérement les jeunes garçons , se for-
maient tumuUuairement eu corps, dans l'inten-
tion de détruire toutes les choses nécessaires à la
■vie , et qu'il est du devoir et de l'intérêt de chaque
Ihdividu de conserver. Vers les dix heures , un
grand nombre de jeunes garçons attaquèrent le
Steam-Mill , dans Snow-Hill , en enfoncèrent les
portes , en brisèrent les fenêtres , etc. ; la curio-
sité des spectateurs servait de garantie aux cou-
pables. Cependant , on les assaillit d'abord avec
des pierres ; ensuite on fit feu sur eux avec de
gros mousquetons. Six jeunes gens furent blessés ,
ainsi qu'une petite hlle d'environ un an et demi ,
qu'une femme tenait dans ses bras.
curent iin avis amical d'une vieille connaissance ,
ainst Conçu :
Mes chers frères les ouvriers ,
Mon avis est maintenant, comme il l'a toujours
été en pareille occasion . qu il faut se tenir à
couvert (kecpoUt ùj harnes xoay ): •. vous voyez
que plusieurs personnes ont c'C blessées au Mill
On assure qu'on a fait feu sur elles. — Si cela
est, les lois du pays, qui protègent égalemem le
pauvre et le riche , feront justice des coupables.
Nous savons aussi que la maison du ciioyen est
son château fore , et que tout homme a droit de
se défendre quand il est attaqué.
Néanmoins suspendons notre jugement pendant
quelque lems. Jusqu'à présent, je n'ai point en-
tendu dire qu'aucun des blessés fût mott. S'il y
en a quelqu'un qui le soit , un jury et le coroncr (i)
se transporteront auprès du corps , et nous ver-
rons ce que dira le jury. Prions cependan; le ciel
qu'aucun des blessés ne meure, et sur - tout
que chacun de nous reste tranquille dans sa
maison.
Job. Nott.
'Votre pouf toujours
g septembre 1800.
Dans l'après-midi les rues furent remplies
parnculiéiement à Snow-Hill. —Entre quatre et
cinq heures , loyale-association batiit aux armes ,
et aussitôt après on vit arriver un corps de l'yeo-
m^nrie de 'Warvickshjre , commandé par le ca-
pitaine Arden.
Au déclin du jour, les troupes se formèrent en
pelotons mélangés d'infanterie et de cavalerie , et
se répandirent dans les rues qui furent bientôt
eclaircies : on parvint par-là à maintenir un peu
l'ordre.
Mardi , vers les dix heures du soir , lord Ay-
iesford entra dans la ville avec son Corps de ca-
valerie d'yeomanrie. Le zèle avec lequel il s'est
porte à protéger notre ville dans cette occasion
et dans beaucoup d'autres, mérité toute notre
reconnaissance. ■
Mercredi matin: -— Tout est trànqiiille et aussi
paisible que s'il n'y avait pas eu de troubles. Lord
Aylcsford et nos magistrats se sont léunis plu-
sieurs fois dans lajournée , pour redevoir des len-
seignemens et se concerter sur les mesures les
plus propres à fournir à la ville des subsistances
régulières, et à prévenir des désoidres comme
ceux qui venaient de se passer. L'activité des of-
ficiers de paix de la ville , le zèle des associations
militaires , la prompiitude des secours apportés
par je 17* de dragons légers et par l'yeomanrie
méritent les remercîmens des habitans de cette
grande cité.
L'yeomanrie duHandworth, cavalerie , s'était
rassemblée à la première nouvelle des tioubies ;
elle resta sous les armes pendant toute lajournée
du lundi , et la nuit suivante.
L'association loyale de West-Broniwich se mon-
tra aussi prête à voler , au premier appel , au se-
cours de l'autorité civi e. Ce respeciable corps
doit recevoir, mardi prochain, ses drapeaux des
mains de la comtesse de Darmouih.
Nous avons la douleur d'apprendre que J.
Marston , un des garçons qui avaient été blessés ,
est mort depuis; la balle lui était entrée dans le
Les révoltés brûlèrent ensuite les grandes portes, vén e Deux au re, tnn, i ' " ''"" ''
et pénétrèrent dans le Mill-Yard. Ce lut dans ce Lde e' '" >ro1s ant/°" dangereusement ma
" 1 , 1 j- ' laues , et les trois autres se tireront d affaire I ■
moment que les dragons parurent et les disper- ,,-„•,. fii]. j„„, „„,„ , „ n c'um u aiiaire. l,
¥13- .71' .J un- ^l.l pcuie nue Qont nous avons parle se Dorie bien
serent. Le ftto( act (lacté de rébellion ) fut lu „ , , . i- ^ai.t ai. puuc uicn.
serent. Le Riot act [ l'acte de rébellion ) fut lu
sur la place ; les tambours de loyale-association
de Birmingham battirent le rappel ,et le bulletin
suivant , écrit à la main , fut distribué par ordre
des magistrats.
Birmingham , q septembre 1800.
Les magistrats de Birmingham recotiimandent
instamment à toutes personnes , de quelque qua-
iiié qu'elles soient , de rester dans leurs maisons
jiisqu au parfait rétablissement de la paix, dans
la ville.
Signéf W. VuxèrS , W. HitiiNâ , GEft. S'tMdox
et Théo , Price.
On plaça des gardés dànl le" Stëaiià-Mill ; les
volontaires à cheval de Birmingham se tinrent
tout piêis à agir -, rfelon que les circonstances le
démanderaient: la matinée se teruiina sans qu'il y
•ut d'autres excès.
Sur ces entrclaitei , U> habitana de la ville re-
parte se p
On découvrit mardi , vers les huit heures, un
homme qui voulait mettre le feu au moulin de
M. Picard , avec de l'éioupe enduite de térében-
tinc. Il a été arrêté, et sera jugé.
Segonde Édition.
Birmingham-chronicle-office , septembre- 10 , à ome
heures du soh.
Au moment oh notre journal était mis en presse ,
(à cinq heures après midi) tout était parfaite-
fHent tranquille. Mais vers les sept heures il se
forma divers rassemblemens , dans lesquels on
voyait beaucoup déjeunes garçons; ce qui pro-
voqua la vigilance des magistrats et des consta-
bles. L'yeomanrie , cavalerie , fut aussitôt à cheval.
L'infanterie légère de Birmingham fut mise sous
(.) C'est un officier charge d'examiner avec douze assi.Hm» ,
de la paît de la couronne , c'est-à-dire du roi , ,i un (orn
irouTé mert a étc tué ou ajiatsia^.
es armes , et des détachemens du 17* de dragons,
légers, accoururent au grand galop. Le tumulte
s accrut beaucoup vers les huit heures ; mais la
populace fut chassée sur tous les points. Le feu
éclata alors d une manière effrayante dans l'aué-
her de M. Madely , fabriquant de boutons , dan*
Congrcve- Street. A neuf heures il était éteint,
grâce au zèle de l'association loyale de Birmin-
gham. Toutes les troupes ont continué à faire
patrouille dans les rues , pour prévenir de nou-
veaux malheurs.
Notihingam.
On apprend par des lettres reçues hier, que
de nouveaux troubles viennent d'éclaler dan»
cette ville et dans les environs. On s attendait auîi
résultats les plus fâcheux , au moment du départ
du courrier.
La populace égarée projetiait mercredi au soie
une attaque contre la maison Cliftou , environ
a trois milles de Nottinghaui. Cependant, le.
digne baionet qui y demeure fut un des plus
ardens a faire tous les sacrifices possibles pour
le soulagement des malheureux , et cela à ia
premitrc réquisition qui lui avait été faite. Sir
treryas Clifion avait éié heureusement piévcnu
de l approche des sédiiieux ; il fit venir tous
ses serviteurs , ses t..-nancier.s et l'yeomanrie du
voisinage. Au moment où les mutins se pré-
sentèrent pour commencer leur pillage, ils trou-
vèrent une forte résistance , furent repoussés et
mis en déroule. Cet échec n'arrêta po-nt leur
["f^u;- l's allèrent à Collick , propriété da
M. Musier, menaçant de détruire tout le grain
confie à la garde de son régisseur. M. Muster
est SI bien connu à Nottingham par son hu-
manité et sa bienfesance , qu'il n'y avait pas de
prétexte pour lui faire un pareil outrage. Cepen-
dant les séditieux furent culbutés dans les eaux
dont presque tout le pays était couvert à cause
des grandes plilies qui venaient de tomber.'
Plusieurs d'entre eux ont été pris, et sory , à
ce qu'on croit , rentermés dans les prisoA de
Nottingham. Mercredi l^iopulace a complétiez
ment démoli Leme - MiF, dans les environs de
cette ville.
Le duc de Portlanld a adressé, de la part
du gouvernemenc, leV rerfiercî^nenS les plus
expressifs aux différentes corporations , pour le
zèle avec lequel elles ont prévenu les intentions
du gouvernemeni. L'affaire est encore très-sé-
rieuse. Le manqué du nécessaire est un prétexi'»
pour pousser une populkce hcéntieuse à violer
la propriété d'aulrui.
MM. Davison et Sta\Vkesley se sont distingué'»
par leur empressement à secourir les malheu-
reux. Ils coniinuent à recevoir les petites por-
nons qui ont été recueillies par les glaneurs
et le lendemain ils en rendent la farine, sans
rien retenir pour leur salaire.
Lym.
Mardi dernier il y eut un rassemblement
tumultueux , composé en grande partie de
femmes. La cause de ce mouvement était l'au-
gmentation rapide du prix du blé et delà fa-
rine dans le marché de ce jour. M. Forster
ineûnier de cette ville , a été attaqué. Les sédi-
tieux se portèrent ensuite sur sa maison et
firent itjmber dessus une grêle de pierres , ensorte
quil ny resta pas un carreau de verre entier
11 n y a pa^ encore une heure qu'ils ont été
disperses, étonne leur avait pas encore lu le Riot
act.he. lendemain ils se rassemblèrent sur la place
durnarche, et delà retournèrent chez M. Forster
ou ils recommencèrent leurs excès de la veille'
On eut beaucoup de peine à leur persuader de
se séparer.
(Extrait de l'Oracle ^du i3 septembre. )
Du iS septembre ou i^ jour complémentaire.
Actions de la banque fermées. — Trois poux
100 consolidés, 65 i I i. —Pour octobre, 65
5 g *. Omnium : 5 5 i y
Il a été tenu hier au département de lord Gren-
yille , un conseil où ont assisté le duc dePonland^
les comtes de-Chatara , Spencer , Camden et Li-
vcrpool , lord Grenville , M. Piit et M. Dundas.
Le prix du blé a éprouvé une baisse considéra-
ble dans les deux derniers jours de marché. H
tomba lundi de i5 scbeliings par quartcr (8 bois-
seaux) , et hier de 5 schellings de plus ; mais par
une fatahié inexplicable , le piix de la farine a
haussé dans la même proportion que relui d« blé
a baissé..
Hier au soir, sur les huit heures , le lord i«aire
Tcçul avis qu'un rassemblement de peuple s'élail
formé dans Chiswett-Street et brisait les vûres d un
M.Jones , iiuicliaiid de homage'i. Qiioique ceiie
rue se irotivât hors de la juridiction de la eue,
le lord maire jugeant néanmoins sa piésence né-
cessaire , se rendit sur les lictix et indiqua les
mesures à prendre pour prévenir la suite de cet
aiiioijpe.nt iii^Un détachement de volontaires des
chevaux légeis tut aussitôt requis. A son arrivée,
la lue se vida insensiblement. Plusieurs individus,
iesanl partie du rassemblement , ont été arrêtés ,
U!i entr'autrcs , par ordre du loid maire , au
moment ovt il lançait une pierre. Nous ne croyons
pas que la maison de M. Jones ait éprouvé de
grands dommages ; mais on a craint pendant ce
ttms que le groupe ne se, portât à de violentes
cxirémiiés.
La veille, la maison de MM. Wood Fossick. ,
et Wood, située dans Bishopgate-Street , avait
été de même attaquée par plus de deiix. mille
personnes , qui menaçaient de la démolir , lors-
qu'elles en furent empêchées par la compagnie
d'artillerie , dont l'alderman Lcmesnier est colonel
et par un détachement de volontaires des che-
vaux légers; mais ce ne fut pas sans peine que
cttte force armée et la présence du lord maire ,
parvinrent à contenir et à dissiper cet attroupe-
ment. L'aide-major de la compagnie d'artillerie ;
le capitaine Furvor, fut même blessé d'un coup
de pierre à la figure.
Ainsi , ce n'est point seulement dans les villes
des provinces et dans les campagnes , qu'il existe
de la fermentation parmi le peuple.
Nous sommes fâchés d'apprendre qu'il règne
à la Martinique une mortalité considérable parmi
la garnison de cette île.
Le Royat-Georges , de loo canons , vaisseau ami-
ral de la grande floue , est rentré à Plymouth pour
se réparer. Lord Saint-Vincent a fait transporter
son pavillon à bord de la Ville de Paris , qui a
joint depuis peu celte flotte.
L'amirauté a reçu, il y a deux jours, des dépê-
ches de lord Keith , stationné dans la Méditerra-
née. On dépêcha aussitôt un exprès à lord Spen-
cer, qui se trouvait à Althorpe.
Trois frégates françaises , dont deux de 40 et
l'autre de 36, étaient à l'ancre devant Buenosayres,
d'oii elles devaient aller crojser sur les côtes du
Brésil. Les trois bâiimens appartiennent â l'escadre
française , qui a fait tant de prises sur les côtes
d'Afrique.
L'état des troubles actuels semble être annoncé
par cette ancienne prophétie :
Whcn priests are moïc in wotd than matler ;
When brcwers mar tticii malt with water ;
. . 4, . . . ,
Tkcntishall be realm of Albion
Gome to great confusittt. ^r
(Extrait du Sun et du. Morning-Chronicle. )
INTÉRIEUR.
Paris, le l" vendémiaire an 9
troupes de la république ; et.que M. de Lerbach, muni
des pouvoirs nécessaires de S. M. l'empereur, est au
quartier général d'Altœfng, avec (ordre de sc-r'endre .
à Lunéville.
Les difficultés qu'ont dû présenter naturelle-
ment les conililions d'une tiève maritime , en-
traîneront encore quelques retards ; mais si les
deux gouvernemens ne s'accotden; pas sur les
conditions de ladite trêve , alors la Fiance et sa
majesté l'empereur traiteront séparément poiir
une paix particulière sur les bases des prélimi-
naires ; et si , ce que l'on ne saurait penser , le
parti de l'Angleterre parvient à influencer encore
les ministres de Vienne, les troupes de la répu-
blique ne redouteront ni les neiges , ni la
rigueur des saisons , et pousseront la guerre
pendant I hiver , à toute ouirance , sans laisser
le teras aux ennemis de former de nouvelles
armées.
Ainsi les principes du gouvernement sont :
extrême modéraiion dans les conditions , mais
ferme résolution de pacifier prompiement le Con-
tinent.
Les ràcsures les plus vigoureuses sont prises
pour seconder, dans cet objet essentiel, la vo-
lonté du peuple français.
Tel est tout le secret de la politique de son gou-
vernemeni.
Ce n'est pas au milieu des émotions les plus pro-
fondes et qui , depuis quarante huit heures , se
succèdent avec tant de rapidité , qu'on peut entre-
prendre un récit détaillé des événeraens dont on
a été témoin. Il faut laiiserà l'esprit le tcms de se
recueillir, et de récapituler les faiisel leurs circons-
tances pour piésenter un tableau fidèle d événe-
mens si dignes d'occuper les pairioles. Nous ne
donnerons donc pas aujourd'hui le narré des fêtes
célébrées ces deux jours; notis le réserverons pour
le numéro de demain. Nous présenleions , s'il est
possible , le spectacle de ce peuple immense hono- j
rant Turenne et Kléber , élevant un Monument
égypden aux mânes de deux des plus illustres
guerriers de la république et transportant comme
par magie, dans le court espace de quelques jours
l'antique monument de S. Denis dans le rernple
\ des Invalides. Nous parlerons de ces vieux guer-
riers escortant le corps de Turenne , de ces com-
: pagnons de Desaix et de Kléber, pleurant sur leur
tombe. Que de sentimens se mêlent à de tels sou-
I venirs , et qui peut rester froid à un semblable
' spectacle !
Nous peindrons cette foule immense , réunie
dans le temple de Mars , invoquant lEternel
pour sa patrie et pour son héros ; nous dirons
tout ce qu'elle éprouvait de mouvemens et de
sensations , soit au son d'une musique enchan-
teresse , soit aux accens plus puissans encore
di'une éloquence entraînante ei patriotique.
Mais qui pourra peindre ces élans qui ont
suivi la lecture de la note officielle , publiée par
le ministre de l'intérieur par ordre des consuls ?
qui pourra rendre ces cris de vive la république !
désignés pour assister â la fête du i" vendémiaire,
les consuls atteindront en partie leur but ; et les
renseignemcns que donneront ces citoyens , joints
à ceux qui parviennent de toutes parts au gouver-
nement , leur f.iciliietont les moyens de faire le
bien qu'ils se proposent, u
, .. ,»-■ j. j vive Bonaparte! qui ont retenti de toutes parts?
Le ministre de 'intérieur a donne connaissance '»<,_.,_ .
la note suivante aux citoyens assemblés dans te
temple de Mais , pour célébrer^ la fête de la ré- \
publique. '
Le premier consul aux fonctionnaires publics en- \
voyés des départemens. j
Les préliminaires de paix ont été signés à Paris,
le 9 th4rmidor , entre le citoyen Talleyrand , mi-
nistre des relations extérieures , et le comte de
Saint-Julien ; et ratifiés vingt-quatre heures après
par les consuls.
Le citoyen Duroc a été chargé de les porter
à Vienne. Les intrigues de la faction en-
nemie de la paix , qui paraît encore y jouir de
quelque crédit , ont porté l'empereur à refuser
de les ratifier. Ce refus était motivé sur une note
du roi d'Angleterre, qui demandait qu'on admît
ses envoyés au congrès de Lunéville , conjointe-
ment avec les plénipotentiaires de l'empereur.
Dès lors le gouvernement s'est trouvé obligé de
rompre l'armistice , pour ne pas perdre le reste
de l'automne , en vains pourparlers.
Le général Moreau a eu ordre de communi-
quer au général ennemi , les préliminaires tels
qu'ils ont été imprimés dans le Journal officiel , et
de lui faire connaître que, s'ils la'élaient pas rati-
fiés dans les vingt-quatre heures , ou que si S. M.
l'empereur avait besoin d'explications ulté-
rieures, elle devait remettre à l'armée française
les trois places d'Ulm , d'Ingolstadt et de Philips-
bourg, sinon que les hostihtés recommence-
raient.
Le gouvernement a aussi fait connaître au roi
d'Angleterre , qu il ne verrait aucun inconvénient
il admettre ses envoyés au congrès^ de Lunéville,
s'il consentait à une trêve maritim'e, qui offrît à
la France le même avantage qu'offre à l'empereur
Ja continuation de la trêve continentale.
Le gouvernement reçoit à l'instant même parle
télégraphe, la nouvelle, que 5. M. [empereur,
l'est porté lui-même à son armée sur l'Inn ,
Oui , la France veut la paix ; elle la veut parce
qu'elle est un bien , parce qu'elle assure le bon-
heur du monde ! mais certes , ce n'est pas par le
besoin qu'elle en a, qu'elle la désire. Oui, le
consul la veut , parce qu'il est digne de gouver-
ner en paix comme en guerre : la nation, ses
magistrats, ses guerriers, tous veulent la paix pour
leur patrie , pour l'humanité ; mais tous sont prêts
au combat. Oui pourrait en douter, après la fête
d'aujourd'hui^ Qui pourrait ne pas croire que
la France renferme autant de patriotes que d'ha-
bilans , quand il voit ces fonctionnaires accourus
de tous les points de la république , partager ,
redoubler l'a'légressc commune et montrer par-:
tout , avec le sentiment de la dignité nationale,
celte générosité qui appartient à la force .■'
Demain nous reviendrons sur ces détails ; mais
quelcœurassez froid pourrait lessaisiraiijourd huil
MINISTERE DE L'INTERIEUR.
Le ministre de l'intérieur a reçu hier les fonc-
tionnaires envoyés des départemens ; il leur a
témoigné la satisfaction du gouvernement de
de l'empressement avec lequel ils se sont rendus à
l'invilaiion qui leiit^ a été faite.
Il leur a dit qu'en les appellant à Paris , les
consuls ont désiré les- rendre témoins de ia fête
du i"^ vendémiaire , les associer à l'allégresse
qu'inspirent ces augustes solennités , et rendre
communs à toute ta France les mouvemens d'en-
thousiasme qu'elles excitent , enfin resserrer les
liens qui unissent toutes les parties de la répu-
blique par une ■communication d'opinions et de
sentimens.
"Les consuls , a ajouté le ministre , ont voulu
aussi recevoir des citoyens recommandables par
leur patriotisme et pur leurs lumières , et honorés
de la confiance publique , des notions sur l'état
des départemens. Le temps ne leur a pas encore
d'exécuter le
permis d exécuter le projet qu'ils ont t'orrné
tonsenti à livrer les trois places d'U lm,d Ingolstadt et j d'envoyer des commissaires pour visiter la répu-
4é Philipsbeurg, qui sont aujourd'hui occupées par les \ b\i(iVLe. Eii consultant ces citoyens qui ont été
Liste des fonctionnaires arrivés des départemens
pour assister à la fête du 1" vendcmiaire an 9.
LAisne. Viéville, de Guise , Colùn, Durtubicl
L'Allier. Papon , Darche , Jaladon.
Les Basses-Alpes. Salvator , Marins Ailhaud ,
Raffin.
Les Hautes-Alpes. Disque, Jaubert , Gallin. .
VArdîche. Rouviere , Roultauil , •Lâboissiere.'
Lts Ardennes. Mollet. Bivort , Deliars.
LArùigc. Auzicr , Lafont , Barder, Borrelly.
L'Aube. Rivière , Loiselet , Debossancpur.
L'Aude. Thoron , Dupié, Salomon.
L'Aveyron. Brun, Valadier, Lavergne.
Les Bouches-du-R'iiône. Granet , Daime , Martin.
Le Calvados. Basley , Hainguerlot , Valois-Saint-
Léonard.
Le Cantal. Sistriere , Abadie , Devillas.
La Charente. Bordet , Caminade , GreUief.
La Charente-Inférieure. Joly, Daussy , Àugier.
Le Cher. Baudin , Delamélherie , Bezuve-
Mézieres.
La Corrèxe. Monllouis Laval , Rivet, Juge.
La Côte-d'Or. Lejeas , Hernoux , Villiers.
Les Côtes-du-Nord. Armez , Dénouai, Odis.
La Creuse. Jorrand , Montaudon, Delafond. 1
La Vordogne. Doussault , Godefroy-Lanxade ,
Durand-Nouaillac.
Le Doubs. Jinion , Coste , Rey.
La Drame. Bellier , Jourdan , fils ; Magnan,
LaDyle. Delapuente ,Paul Arconaty,'Williems.
L'Escaut. Bauv^ens , Coppens , Piers.
L'Eure. Browii, Chrétien , Pinsot.
Eure-et-Loir. Chevard , Gallas , Philidor.
Le Finistère. Bois-de Pacé,
Les Forêts. Blockausen , Désert , Dumont.
Le Gard. Froment-Castiile , Dalbenas, Pieyre.
La Haute-Garonne. Picot-Lapeyrouse, Desazars,
Banse.
le Gers. Collas , Mahome , Dralet.
La Gironde. César Faucher , Legrix.
L'Hérault. Granier , Carrion - Nizas , Fabre-
guelles.
Il le-ei -Vilaine. Solier-Latouche , Lorin , fils?
Dolley.
L'Indre. Barbançois , Gastebois.
Indre-et-Loire. Biencourt , Aubri-Patas , Legras.
L'Isère. Baral , Berthier , Saint-Germain.
Jemmapes. Savary , Gendebien , Debagenrieux.
Le Jura. Larnaud , Bouveuot , Clinpiet.
Les Landes. Laurans , Balbedet , Dulandu-
barral.
Le Léman. Gandolle , Fabry , Bastian.
Loir-et-Cher. Devezeaux- Rancogne , Leprince ,
Lecomte-Labadinerie.
La Loire. Michon-Desmarais , Richepanse.
La Haute-Loire. Besquent , Talleyrad , Boulanger.
La Loire-Inférieure. Huet , Pecot , Saget.
Le Loiret. Vinson , le Turcq , Ladureau.
Le Lot. Agard , Naurrissart, Seguy.
Lot-et.Garonne. Termes, Xavier Sevin, DelsoerU
La Lozère. Paradan , Malasson , Renouard.
La L^j.Dougny , Depellaert.
Maine-et-Loire. Farran , Maillé , Merlet.
La Manche. Duhamel , Dutourps , Tesnières-
Bremesnil.
La Marne. Allaire , Jobert , Manton.
La Haute-Marne. Laloi , Raullot , Marquette-
Fleury.
La Mayenne. Locard , Boudet , Chenon.
La Meurthe. Schmitt , Lallemand , Obry.
La Meuse. Saincere.
La Meuse-InférieuJre. Surtet Chokier, d'Arschot,
Beldersbuch.
Le Mont-Blanc. Cretet , Grand , Gagnon.
Le Morbihan. ]oWvei , Laumaillet , Charedivet,
La Moselle. Thomas , Durand , Guillaume.
Les Veux- Nethes. Cayre , Coppens , Vancolen.
La Nièvre. Lebrun , Dard-dEpinay , Chaillon.
■ Le Nord. Emery , Desquellebecq , d'Hauber-
sart.
L'Oise. Lachaise, maire de Beauvais, Girardin ,
Lehoc , ex-ambassadeur.
I^Orne. Levé , Durau de la Malle.
Le Pas-de-Calais. Duval , Vaillant , Blancarc
Le Puy-de-Dôme. Verny , Dangerolles. Tcyras. .
Les Basses-Pyrcnées. Duhart , André.
Les Hautes-Pyrénées. Pegoi , Cyprien Lapenne ,
Pierre Bordenavc.
Les Pyrénées orientales. Crosset , Olivier, Del
cros-Rodor.
Le Bas-Rhïn. Montbrison , Lienhard , Ferai.
Le Haut-Rhin. Bœcklin , Anlonln , Krrol.
Le Rhône. Vouty , Pareni , Pernon.
Samhre-et-Mcuse. Frocrain , Halloy.
La Hautc-Saônne. Chauvier , Veuilley.
Saône-et-Loite. Monieil, Rubat, Moreau.
La Sarlhe.]o\iv!itd. Hardouin, Bucquet,Ducan.
.La Seine. DAvilliers,Brieres-Mondélour, Mack.au.
La Seine - Inférieure. Levieiix , Sery , Fleuriao-
Btllevue.
Seine-et-Marne. Veiliet-dc-Vaux, Dubois d'Hijr-
neuville , FontaincsCramayel.
Scine-H-Oise. Andrieu , Sancé, Oberkampt.
Les Deux- Sèvres. Morissel , Rôbouant , Jard-
■Panvilliers.
La Somme. Massey , Dorval , Prévôt.
Le Tarn. Laborde , Juvey.
Le Var. Ricaud , Serrin , Filhe.
Vaucluse. BiUioly , Olivier-Gérente, Sollier.
La Vendée. Bernard, Labrelonniere, Cougneaud.
La Vienne. Laurence, ConfexLachan)bre,Farjon.
Lu Haute-Vienne. Lachassagne, EtienneLarivierc,
Garebeuf.
Les Vosges. Garnier, Gerardin , Falatien.
L'Yonne. Paultre-Lamolhe , Droin , Robinet-
Pontagny.
Rhin-ct-Moselle. Korn , Eichhoff Himmès aîné.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Discours prononcé par le citoyen Carnet , ministre
de la guerre , dans le temple de Mars , à la
cérémonie de la translation du corps de Turenne ,
le h' jour complémentaire au 8.
Citoyens,
Vos yeux sont fixés sur les restes du grand
Turenne : voilà le corps de ce guerrier si cher
à lout français , à tout ami de la gloire et de
l'humanité : voila celui dont le nom seul ne
manqua jamais de produire la plus vive émotion
sur tout coeur enclin à la vertu; que la renommée
proclama chez tous les peuples , et qu'elle doit
proposer à toutes les générations comme le mo-
dèle des héros.
Demain , nous célébrons la fondation de la
tépublique ; préparons cette fêle par l'apothéose
de ce que nous laissèrent de louable et de jus-
ternwu. illustre les siècles antérieurs. Ce temple
n'est pas réservé à ceux que le hasard fit ou doit
faire exister sous l'ère républicaine , mais à ceux
qui , dans tous les tems , montrèrent des vertus
dignes délie. Désormais, ô Turenne! tes mânes
habiteront cette enceinte ; ils demeureront natu-
ralisés parmi les fondateurs de la république ; ils
embelliront leurs triomphes et participeront à leurs
fêtes nationales.
Elle est sublime sans doute, l'idée de placer
les dépouilles mortelles d'un héros qui n'est plus ,
au milieu des guerriers qui le suivirent dans la
carrière , et que lorma son exemple. C'est l'urne
d'un père rendue à ses enfans , comme leur lé-
gitime , comme la portion la plus précieuse de
ion héritage.
Aux braves appartient la cendre du brave ;
ils en sont les gardiens naturels , ils doivent en
être les dépositaires jaloux. Un droit reste après
la mort au guerrier qui futmoissonné surle champ
des combats ; celui de demeurer sous la sauve-
garde des guerriers qui lui survivent, de partager
avec eux l'asyle consacré à la gloire, caria gloire
esl une propriété que la mort n'enlevé pas.
Honneur au gouvernement qui se fait une étude
d'acquitter la nation envers ses anciens bienfai-
teurs ; qui ne redoute point les lumières que ré-
pandit leur génie -, qui n'a point d'intérêt à étouf-
fer leur souvenir ! Honneur aux chefs d'une nation
fuerriere, qui ne craignent point d'évoquer l'om-
re de Turenne ! La grandeur de tout héros est
attestée par la grandeur des héros qu'il a surpassés;
il rehausse sa propre gloire , en fesant briller de
tout s«n éclat celle des plus grands hommes , sans
craindre d être eflacé par eux.
Turenne vécut dans un tems où le préjugé
plaçait des distinctions imaginaires au-dessus des
tervices les plus signalés. Il sut faire disparaître
réclai de son rang par celui de ses victoires ,
et I on ne vit ])lu5 en lui que le grand-homme.
La Fiance , l'Italie , lAllemagne retentirent de
■fes seuls triomphes , et ce n'est qu'à ses vertus
qu'il dut après sa mort , cet éloge si sublime daïTs
]a bouche d'un rival généreux , grand-homme
lui-même , de Moniécuculli : il est mort un homme
qui Jesait honneur à t homme.
Je ne répéterai point ce que l'histoire apprit
à chacun de nous dès son enfance, les actions
de Turenne , les détails de sa vie miliiaire ,
ni les détails plus iniércssans peut-être encore
de sa vie privée; il est des hommes dont l'éloge
doit se réduire à prononcer leur nom. Le nom
des héros est comme le foyer qui réunit en
un seul point toutes les circonstances de leur
vie; il imprime aux sens une commotion plus
lorie , à l'enthousiasme un élan plus rapide, au
cœur un amour plus touchant pour la vertu , que
le récit même des faits quileur raériierentlapalme
inimoitcile.
Eh ! quel titre plus glorieux pourrais-jc unir au
titre de père (jue les soldats décernèrent à Tu-
renne , pendant sa vie ? quel trait pourrais-je
ajouter à celui de ces mêmes soldats après sa
mort , en voyant l'embarras où elle laissait les
chefs de l'armée, sur le parti à prendre? Lâchez, la
pie . dirent-ils , elle nous conduira (i) ? Que met-
trais-je à côté des paroles de Saint-Hilaire ? Le
même boulet qui renverse Turenne , lui emporte
un bras : son fils jette un cri de douleur : Ce. n'est
pas moi , -mon fils . qu'il faut pleurer , dit Suiiit-
Hilaire, c'est ce grand homme !
Turenne est aux plaines de Saltzbach , com-
mandant à des français , sûr de ces dispositions ,
sûr de la victoire ; il est frappé ; Turenne est
mort. La confiance et l'espoit sont disparus : la
France est en deuil , l'ennemi s'honore lui-même,
en pleurant ce grand homme.
Il Les allemands , pendant plusieurs années ,
" laissèrent en friche Icndioit où il fut tué , et
I) les habiians le muniraient comme un lieu sacré.
)i Ils respectèrent le vieux arbre sous lequel il re-
)> posa peu de tems avant sa mort , et ce voulu-
!' rent point le laisser couper. L'arbre n'a péri ,
Il que parce que les soldais de toutes les nations
1' en délacherenl des morceaux par respect pour
11 sa ménvoire.
Les restes de Turenne furent coriservés jusqu'à
nos jours dans le totpbeau des rois. Les républi-
cains l'ont tiré de ce fastueux oubli. Ils lui décer-
nent aujourd'hui une place dans le temple de
Mars , <iù chaque jour le récit de ses victoires sera
répété par les vieux guerriers qui habitent cette
enceinte.
Qu'importent des trophées sans mouvement et
sans vie ? Ici la gloire est toujours en action. Le
marbre et l'airain disparaissent par le temps ; cet
asyle des guerriers français, que la vieillesse et les
blessures privent de combattre encore , se main-
tiendra d'âge en âge ; et nos derniers neveux vien-
dront avec respect s'y entretenir de ceux qui au-
ront terminé leur carrière au champ de Ihonneur.
C'est sur la tombe de Turenne que le vieillard
versera chaque jour des larmes d'adqaiiaiion , que
le jeune homme viendra éprouver sa vocation pour
le métier des armes. Si après avoir eiîrbrassé son
monument , si après avoir invoqué les mânes de
Turenne . il ne se sem rempli d'un saint enthou-
siasm?; , si son cœur ne s'agrandit et ne s'épure ,
s'il ne se passionne pour toutes les vertus héroï-
ques, il devra se dire à lui-même qu'il n'est pas
né pour la gloire.
De nos jours Turenne eût été lé premier à s'é-
lancer dans la carrière qu'ont parcourue nos pha-
langes républicaines. Cène fut point au maintien
du système politique alors dominant, qu'il consacra
ses travaux, qu'il sacrifia sa vie , mais à la défense
de son pays , indépendante de tout système.
L'amour de la patrie fut son mobile , comme il fut
de nos jours celui des Dampierre , des Dugom-
mier, des Marceau , des Joubçrt , des Desaix , des
Latour-d'Auvergne ; sa gloire ne doit point être
séparée de celle de ces héros républicains ; et c'est
au nom de la république , que ma main doit dé-
poser ces lauriers dans sa tombe. Puisse l'ombre
du grand Turenne être sensible à cet acte de la
reconnaissance nationale, commandé par un gou-
vernement qui sait apprécier les vertus !
Citoyens , n'affaiblissons point l'émotion que
vos coeurs éprouvent à l'aspect de cet apprêt lu-
nebre. Des paroles ne sauraient décrire ce qui
tombe ici sous vos sens. Qu'aurais-je à dire de
Turenne ? Le voilà lui-même ; de ses triomphes ?
Voilà l'épée qui armait son bras victorieux; de sa
mort? Voilà le fatal boulet qui le ravit à la France,
à l'humanité entière.
Chant du premier vendémiaire an g , paroles de
J. Esménard , musique de Lesueur.
Fille auguste de la victoire
Rome antique ! sors des tombeaux ;
La France héiite de ta gloire ,
Les prodiges de ton histoire
Sont égalés par nos travaux.
Tu renais parmi nous , république guerrière !
El l'hydre des partis , du sein de la poussière ,
Attaque vainement ton empire nouveau ;
Les premiers jours de ta carrière
Rappellent Hercule au berceau.
,1) La pie ^itit 1« cbxal qui montait Tuicaïu.
Des murs de Romulus la liberté bannie.
Loin du Tybre avili fuyant la tyrannie ,
S élance à notre voix ;
Et sur les bords heureux que la Seine féconde ,
Elle vient rétablir pour le bonheur du monde ,
Ses autels et ses loix.
Envain mille ennemis de sa grandeur naissante ,
Liguent, pour l'étouffer, leur fureur impuissante.
Et leurs projet» rivaux : '
A ses pas glorieux la victoire fidelle ,
Le front ceint de lauriers, vient s'asseoir avec elle'
Sur leurs sanglans drapeaux.
L'Eiidan consterné , le Danube et le Tybre ,
Dont les fiers défenseurs bravaientun peuple libre,
Les ont vus terrassés.;.
Et l'avare Albion , qui levait des conquêtes ,
Dut souvent implorer la faveur des tempêtes
Pour ses bords menacés.
Jusqu'aux sources du Nil où, d'une main propice.
Nous ramenions les arts , les lois et la justice ,
Elle a porté, le deuil :
Sa haine a soulevé l'Afrique et l'Arabie ,
Et le sang qui rougit les sables de Lybic
-Accuse son orgueil. '
Etvous aussi, frariçais ! yo.WS pleurez sur vos armes;
Vos ennemis vaincus sorit vengés par vos larmes
Et par votre malheur.
Hélas ! Kléber nes.t plus ; la patrie éplorée
Le redemande envain à la ter.e sacrée
Qu'affranchit sa valeur.
Magnanime guerrier ! à qui , sur ce rivage ,
Le héros des français confia l'héritage
De ses nobles desseins ;
Au lieu même où Pompée expira pat un crime ,
Tu tombes , comme lui glorieuse victime
Des plus vils assassins. ''
Ovengeance, ô terreur! ces brigands homicides
Expirent dévorés par les flammes avides ;
Leur complice frémit;
Et le vent qui parcourt l'ardente Ethiopie ,
Porte les tourbillons de leur poussière impie
Au camp qui les vomit.
O toi ! qui d'un regard fixes les destinées ,
Grand Dieu ! les nations à tes pieds prosternée»
Implorent tes bienfaits :
Trop de sang a coulé ; désarme la victoire ;
Et permets aux vainqueurs de couronner la gloire..
' Par les mains de la paix.
Chœur.
Déesse des ans et des fêtes ,
Aimable paix descends des cieux :
La France , aux plus riches conquêtes ,
Préfère tes dons précieux.
Vieillards.
Au sein de nos villes calmées ,
De nos invincibles armées
Ramené les pas triomphans ;
Femmes.
Rends-nous nos époux et nos frères ,
Et sèche les larmes des mères
Par les baisers de leurs enfins.
Mais quoi ! j'entends gémir l'Europe ensanglantée;
L'airain , tonnant au loin sur l'onde épouvantée ,
Répond à ses douleurs.
La France présentait le bonheur à la terre ;
La jalouse Albion du démon de la guerre
Evoque les fureurs.
Ah ! sur les flots envain vous fixez la fortune ;
Un héros brisera le trident de Neptune ,
Insulaires ailiers !
Voyez autour de lui , sous ces voûtes sacrées.
Errer de vos vainqueurs les ombres révérées ,
Et les mânes guerriers.
Au milieu d'eux paraît Turenne , leur modèle.
Qui volt de ce grand jour la pompe solemnelle '
Consacrer ses exploits ; '
Turenne ! dont la condre et la noble mémoire
Appartiennent bien plus au temple de la gloire,
Q,u'à la tombe des rois.
Allons ! braves soutiens de la France outragée,
Soldat! républicains ! que l'Europe vengée
Vous doive son repos :
Sera , loin de s'ts Bords , e'iîlé par vt)S armes
Sut l'abîme diss flotsi
CKœur de gutTriers.
Nous le jurons par la mémoire
De nos frères morts sous nos yeux;
Par ces drapeaux que la victoire
Suspend à ces murs glorieux :
Oui , l'ennemi qui nous offense
'Vciia fermer à sa puissance
Les ports qui lui furent so«mis ;
Et solitaire sur les ondes ,
Ne trouvera danS lès deux mondes
■Qtië des rivages énneniis.
■ÉK
Tribunaux.
Le tribunal criminel du département de IHé-
ïauUadû s'occuper d'un crime qu'un législateur
<;éiébre n'avait pas cm possible de prévoir , d'un
assassinat commis par un fils sur la personne de
«on père.
Voici les fait? qui ont donné lieu à cette pro-
cédure. Dans la soirée du 3o germinal de l'an 8 ,
le citoyen TlHary le père , à là suite de st)ri sou-
per et vers les neuf heures un quart , se rendait
accompagné de Laurens Tabary son fils , dans
sa déiiieiire sise au laubfourg dâ du Courrau ;
parvenu au milieu de la rue dite des Calhéri-
neltes , et à peu de distaijce de son logement ,
Tabary le père est atteint d'un coup d'airae à
jeu; il s'écrie : au secours, on m'assassine. Il
se traîne vers son logement, parvient jusques
dans sa chambre , et metirt dis suites de la bles-
sure qu il a reçue.
Les voisins effrayés de l'explosion de ce coup
d'aime à feu, attifés néanrnoins' par les ciis plaiii-
tifs de Tabary le ptré , Vont à soir secours , mon-
tent dans son logement , le trouvent èlendu sur
Je carreau et sans vie.
Laurens Tabary le fils avait fui , et la nuit s'é-
coula sans qu'il pariât dans sa demeure pour s'in-
forâitr de' Tètât de son père.
Le lendemain f floréal , l'officier de police
jiKliciaire reçut les déclarations des témoins qui
lui furent indiqués. Il appela Laurens Tabary le
fils , qui déclara qu'étant sorti la veille , vers
les neuf heures un quart du soir avec son peré ,
de leur auberge à la suite du souper pour se
retirer dans leur demeure , et parvenus au milieu
de la rue dite des CathéririetieS , ils furent aè-
saillis par trois individus . et que l'un de ces in-
dividus lui avait fracassé plusieurs doigts de la
main gauche.
Les déclarations reçues ne fournissent aucune
présomption lii iridice contre les auteurs du
délit, et tous lés reiiseignemens récueillis ne
donnant pas même lieu à des soupçons , il fut
sursis à la délivrance de tout mandat.
Les choses dans cet état , Laurens Tabary le
fils se reridit à l'hospice civil pour se faire
panser de sa blessure qu'il disait être l'effet d'un
coup de sabre ; il fut visité par les officiers de
santé de cet hospice , qui reconnurent que la
blessure reçue par Laurens Tabary , avait été
produite par l'explosion ou l'éclat d'une arme a
feu , et non par le coup d'une arme tranchante.
Dès -lors l'opinion publique se forma ; de
violens soupçons planefeiïl sur la tête dé Lau-
rens Tabary;" il fut mandé d'amener devant le
directeur du Jury , et prêta son interrogatoire
le 3 dudit mois de floréal.
Dans ses répotiseS , Laurens Tabary dit être
âgé de i6 ans , natif de Dijon , domicile depuis
trois ou quatre dans la commune de Montpellier, j
Il SVôua que datis un moment de vivacité il
avait tiré un' coup de pistolet à son père, qu il
tenait le pistolet avec ses deux mains et que
les éclats du canon qui creva , lui avaient tra-
cassé la niain gauche.
Ce dîrectetir du jury manda d'arrêt Laurens
Tabaly le fils ; il reçut des déclarations des té-
moins de noiuveaU découverts ; il recueillit avec
soin tous les renseignemens qui pouvaient servir
à conviction , il en acquit de très-précieux.
Un petit pistolet caché dans un champ semé
-eii lozérné hors Tehcéinte de la commune , des
morceaux d'un pistolet d'axçon , instrument fatal
avec lequel on avait donné la mort à Laurens
Tabary le père , et qui avait été caché dans
Titi ruisseau longeant la fontaine de Lattes , pla-
cée aussi hors l'enceinie de la comnriune , furent
trouvés et déposés au greffe de la direction.
Sur les nouvelles charges et l'apport de ces
pièces de conviction , Laurens Tabary fut en-
core interrogé. Le petit pistolet et les morceaux
taiirèiii Tabar'y répondit', après l'examen,
iqu'il reconnaissait le petit pistolet pour l'avoir
•à' sa possession par emprunt d uii de ses amis ,
;et qu'il croyait que les morceaux du pistolet
d'arçon fesàient partie du pistolet dont il s'était
servi pour tuer son père.
Et sur l'interpellation à lui faite par le
directeur du jury sur la manière dont il avait
fait usagé de cette arme meurtrière pour ôter
la vie a son père , il répondit froidement : je
lui ai tiré par derrière , et à bout portant
L'acte d'accusation et le jugement à mort sui-
virent de près cette première instruction.
Pendant le cours de ces opérations , LaurenS'
Tabary parut être djns une assiete tranquille ;
il ne témoigna aucune sensibilité , aucun regret ,
aucun rfctiiords ; il . fut ensuite ramené dans la
maison de justice , il ne fit éclater ni plainte , ni
murmure dans sa marche ; on remarqua en lui la
plus grande indifférence sur son sott.
Le lendemain, 1 5 messidor, Laurens Tabary
déclara se poui-voir en cassation contre le juge-
ment rendu contre lui ; il ériiendii froidemenila
lecture de celle déclaration, et la sigoa avec
assurance.
Quelque lems après , le pourvoi de Tabary
avant été rejette , il lui fut fait lecture du juge-
ment du tribunal de cassation ; il lut dit que le
jugement du tribunal criminel du dcpartcmcut
de I Hérault, qui le condamnait à la peine de
mort , allait être cxcécuté ; cette lecture , l'an-
nonce d'une mort prochaine n'altérèrent aucu
nement les traits de sa figure. Il fut revêtu d'une
chemise rouge . sa tête et son visage furent voilés
d'une étoffe noire.
Cet appareil formidable ne l'affecta pas plus , il
parut, résolu, il marcha au heu de l'exéculion d'un
pas ferme et assuré.
Un mortietit avant rexécUlibn , là nature parut
exercer ses droits sur cet enfant dépravé; il se
mit à genoux" pour se recueillir , et resta un ins-
tant dans cette attitude ; c'est-là le seul acte exté-
rieur qui ait manifesté de sa part quelques remords,
quelque repentir.
Laurens Tabary a subi la peine de mort le 5
fructidor an 8, âgé de^i6 ans 6 mois et demi ,
étant né le 6 février 1783 (v. st. )
Le Journal de Paris , du 5' jour complémen-
taire, contient, sous le mie qaeition grammaticale,
l'observation suivante , signée R. P.
Il En lisant le Moniteur du 2 complémentaire ,
)5 j'y vois un article sur V o'péia da Calife de Bagdad.
u L'auteur parlant du mérite de la pioce , a dit
)î qu'on y trouvait une facture agréable. Qu'est-
1) ce que la facture d'une pièce de théâtre ? Le
)î génie de la langue permet-il qu'on se serve
>» d'une, telle expression ? '>
A la lecture de cette observation , j'en ai sur-
le-champ reconnu la justesse , et je me leprochais
vivement qu'une telle erreur me lût échappée : je
me disposais â l'avouer , et à remercier celui qui
m'en avait averti. Cependant je voulus aupara-
vant vérifier comment et dans quel endroit de
l'article cité j'avais pu la commettre. Je cherche
l'endroit, et leparcoiirs avec une certaine inquié-
tude ; je trouve enfin le mot facture agréable : mais ,
fort heureusement , je le trouve employé, non
en parlant de la pièce du citoyen Saint-Just, mais
en cherchant à définir le rhérite delà charmante
musique dé Boy'eldieu. Ôr , je crois inutile de
justifier celte expression lorsqu'elle est appliquée
à une composiiioit musicale, aiirisi que le Diction-
naire de l'académie y autorise formellement. N'est-
ce pas attacher trop d'importance à quelque
chose qiii en mérite fort peu , ç^ue d'inviter le
citoyen R. I* à vouloir bien vérifier laquelle de
nos deiix assertions est la plus exacte.
S
L'histoire du chien dont la fidélité, ratta-
chement , la fureur et le singulier combat à
oyitrance , firent reconnaître l'assassin d'A'ubry ,
de MontdidieT , est connue de tout le monde;
elle u'estpàs'la seule de cette nature dont le
chien présentât l'exemple. Le cHat n'eii offrait
aucun jusqu'à ce jour; un fait rapporté à rathénèè'
dsLyon, par !.e médecin , Martin , peut trouver
une place intéressante dans l'histoire naturelle
de ce dernier animal.
u De tous les animaux utiles qui vivent en
société avec l'homme, ». dit le citoyen Martin ,
le chat est celui dont lés' naturalistes nous don-
nent la plus mauvaise idée; il n'a, disent-ils,
qUe l'apparence de l'attachement , il prend ai-
sément des habitudes , jarbais dé's moé'ùrs. Jeune,
sa gentillesse et ses mouVemen'S gracieux dégui-
sent une malice innée, un caractère faux et
timens se rapportent à la pe^'sonne de soti
maître, il né sent qiic pour soi, il n'aime qiie
sous condition , il né sè piêté ab cotiime'tcc de
la vie que pour en abuser, n Oh ne peut nier
que ce tableau' du moral du chat, fait par l'illustre
Buffon, ne soitd'une vérité frappante; je n'ai poini-
'la prétention d'en altérer la vraissemblance pat
!le fait qiie je vais rapporter; un exemple isolé
et individuel né preuve rien contré iine s'tiile
(d'observations exactes et régulières faites sVir
l'espèce, et confirinées par l'expérience jour-
nalière : mais ce fait nous conduit à penser
qu'au moral cdrnmé au phisique , les individus
d'une même espèce . vivant sOus la même in-
fluence'. peuvent subir des modifications qui
les éloignent où les rapprochent plus ou moms
de la souche primitive. Le génie qui observe
ces modifications rie pourrail-il pas aussi les,
saisir , les diriger . et parvenir , en les fixant
à ciéer des genres nouveaux.
Le 22 messidor, à huit heures dii soii-', j'é"
fus requis par le juge de paix de l'hospice ,
de me transporter avec lui dans la rue Belle-
Cordiere , pour faire le rapport de l'assassinat
commis sur la. personne de la femme Pénit : je
me rendis à son invitation, et je trouvai, dans
une petite chambre , lé cadavre d'une femme
enceinte et jeune encore , étcîidu sur le catreau
et baigné dans son sang. Un chien épâgneul
couché à ses pieds les léchait en poussant de
tems en tems des gémissemens plaintifs ; à notre
aspect il se leva , n'aboya point , vint à nous
et reiburna' à sa* niâîiréss'e. Sa dénhiiche lénle
et pénible , sa tête penchée , tous ses traiis
enfin portaient l'eiripreinle de la trisiessé la p'itis
profondé , et d'une ex'pressioti seniimeritalé- qui
est vraiment l'apanage de ce fidel.-; compngnor»
de l'hoinine. Un gros chat blanc attira aussi mes
regards , il s'était posté , sans doute , au moment
de l'assassinat, sur la corniche d'une armoire au
fond de l'appartement; irnrhobile dans cette
place , il avait l'œil fixé sur le cadavre; son alti-
tude . ses regards exprimaient à la fois l'horreur
et l'effroi. Après un léger examen , je me retirai ,
et je promis au juge-de-paix de revenir lé len-
demain à dix heures du matin avec un de mes
confrères , pour faire , en sa présence ei Sdus les
yeux des prévenus de l'assassinat , l'ouverture du
cadavre : en effet . le lendemain je revins comme
je l'avais promis. Le premier objet qui frappa les
regards du cit. Martin, de Saint-Genis , docteur
en médecine, qui avait bien voulu se joindre à
moi. fut ce raêmie chat que j'avais observé la
veille ; il était datis la même place , dans la même
attitude , et ses regards avaient acquis une expres-
sion d'horreur et de colère si prononcée , que
mon confrère , qui rae les fit observer de nouveau,
craignit qu'il ri'é Itit etiraj;é. Bientôt lé petit appar-
tement se remplit des officiers de justice et de la
force armée ; le bruit des armes qui se froissaient ,
le tumulte produit par la conversation animée des
aSsistans , rien ne put troubler l'attention ou dé-
ranger l'attitude menaçante du chat. Je me dis-
posais à sortir des flancs de la viirlinie , une autrç •
victime que le même assassinat avait privée de la
vie avant qu'elle eilt joui de la lumière, lorsque
leS prévenus fureiit inftoduits : au moment on
l'animal , qiië je né perdais pas de vue , les euf
fixés , ses yeux devinrent encore plus ardens, ses
poils se hérissèrent , il s'élança au milieu de la
chambre , s'arrêta u'ii monient et alla ensuite se
coucher souS le lit à côlé du chien , dont il paria-
géail en ce riiDnent l'indignation pour le nietirtre ,
eth fidélité poiir sa maîtresse. Ces témoins muets,
niais terribles , n'échappèrent point à l'aitention
des coupables ; je ne sais si la voix des rerriords
se fit alors entendre dans leur cœur endtirci :
mais ce que j'ai bien remarqué , c'est qiie leur
figure en fut décomposée, et c'est peut-être la
seule fois dans le cotlrs dé leur pTocédufe , que
leur atroce atidaCe se soit démëîitié.
Gè trait à défruit l'antipathie que j'aVais cônçtl"
cotitré les chats.
Désormais je ne craindrai plus levirs caresses ,
parce qu'il më sera pérniis dé croire à leur recon-
naissante et à léiir attachetiieht.
du pistolet d'arcon lui fiuent représentés , avec pervers, que l'âge développe et augmente : bien
ini^rnelUtion de déclarer s'il les reconnaiisait. ' différent de cet animal fidèle dont totls les sen-
jnl«rpellaiion de déclarer s
LIVRES DIVEBS.
Supplément à là collection du journal militairt ,
cô'nténànt tout ce qui peut avoir été omis dans cet
ouvragé, depuis et y compris le mois de juillet
1789 , jiisiîu-a là fin de l'aii 7 ; première partie.
Prix , 5 francs ; et 6 fr. 5o cent. , franc de port
par la poste.
A Par^s , au bureau du Journal militaire , rue
de 'Tournon, n° 1126; et chez Belin , impri-
meur-libraire , rue Jacques , a" 22.
Ce supplément , qui forme 6 volurnes , est
composé de plus' de quatre mille articles , et
renferme les lois, arrêiés , réglemcns , circu-
laires, messages , proclamations , et tous autres
( actes , concernant les armées de^ terre et
de mer , qui ont été omis dans la collection d«
Journal Militaire.
A Paris, dcllaiptimevie du cit. Aj^asse , propriétaire du Mbîitteùî, tAe- de& Poitevins, n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
f M" 3.
Tridi , 3 vendcmiaire an g de la république françaiie une et bidii/isible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse là MONITEUR esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernertient , les nouvelles des armés s, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles. '
INTÉRIEUR.
Paris , fe-2 vendémiaire.
BULLETIN TÉLÉGRAPHIQ_UE.
Ligne de Strasbourg.
Le général Morcau , commandant en chef l'armée du
Rhin . au général Bonaparte , premier consul de la
république. — Au quartier-général , le 3' jour
complémentaire an 8.
J'ai conclu un nouvel armistice. Les trois places
d'Ingoliadi , Ulm et Philisbourg , seront livrées
dans cinq jours , et évacuées dans dix.
Pour copie, Chappe.
Les dépêches suivantes ont été apportées par
un Courier extraordinaire arrivé le 2 vendémiaire
au matin.
Le général en chef à S. A. R. l'archiduc Jean, com-
mandant l'armée autrichienne. — Au quartier-géné-
ral de Njmphenboiirg , le i" complémentaire an 8
de la république-française , une et indivisible.
Monsieur le général en chef.
Je reçois à l'instant, par le télégraphe , la ré-
ponse du gouvernement aux dépêches dont était
porteur son courier de Vienne. Je ne puis mieux
vous faire connaître les ordres qu'il m'a donnés ,
qu'en les transcrivant littéralement :
<i Annoncez au général coarimandant l'armée
5' autrichienne, que l'empereur ne veut pas rali-
>» tifier les préliminaires de paix , et que vous
j' êtes obligé de recommencer les hostilités. Ce-
5> pendant vous pouvez convenir d'un armistice
" d'un mois , si on vous donne sur le champ des
s» places de sûreié. M. de Lehrbach doit recevoir
»> incessamment des passe-ports. î)
Vous voyez, M. le général en chef , que les
iiitrntioA du premier consul sont irès-pronon-
cées pour la paix, puisque la reprise des hostilités
ne ticm qu'à la raiificanon du traité des prélimi-
naires, fait avec M. de Saint-Julien, et qu'il ne
croit pas devoir s'exposer à d'interminables dis-
cussions diplomatiques, sans desgarans de la sin-
cérité des intentions de nos ennemis.
Je charge le général de brigade Lahorie de se
Tendre aux avant-postes de l'armée que je com-
mande , pour vous faire la demande des places
de sûreté, que de nouvelles conjonctures nous
mettent en droit d'exiger. Si les propositions
qu'il est chargé de vous faire ne sont pas accep-
tées , les hoslililcs recommenceront après-demain
an soleil levant ( 3' jour complémentaire, 20 sep-
tembre. )
Je prie V. A. R. de recevoir l'assurance de la
haute considération avec laquel e je suis
Le général en chef ,
Signé, MoREAU.
Pour copie conforme ,
Le général de division, chef de Célat-major-général ,
DE.SSOLLliS.
PROCLAMAT
Liberté.
Le général en chef.
Soldats!
I O N.
Egalité.
Le gouvernement français , malgré ses succès
en Allemagne et en Italie , avait consenti à un
armistice, pour négocier lapaixavcc ses ennemis.
Le traité du 9 thermidor fait à Paris par le
ministre des relations extérieures et le comte
de Saint-Julien, est la preuve de sa modération
et de son désir de faire la paix.
L'empereur a constamment refusé deles ratifier,
et sur la dénonciation de b reprise des hos-
tililé.s, proposé de renouer une autre négociation.
Notre gouvernement y consent, mais persuadé,
comme toute 1 Europe que nos ennemis n'ont
voulu que gagner du teras pour réparer leurs
pertes , il demande des places de sûreté qui
soient garans de leur bonne foi.
Le premier consul plein de confiance dans
voire dévouement à la république et dans votre
valeur , se regarde comme certain d'une paix
prochaine, puisque c'est vou» qu il charge de
la conquête.
Le général en chef ordonne que cette procla-
mation , le traité des ptélittiinaires de paix signé
à Paris le 9 thermidor , ( s8 juillet ) et sa lettre de
ce jour au général en chef de l armée autri-
chienne , seront mis à l'ordre de l'armée et im-
primés dans les langues française et allemand^ .
Au quartier-général ife Nyrnphenbpurg , le 2'
jour complémentaire an 8 de la république fran-
çaise , une et indivisible.
SigJl^é MoREAU.
Pour copie conforme ,
Le général de division , ch-ef de l état-major-général ,
Signé, Dessolles.
A cette prociaijiation étaient joints les articles
préliminaires signés à Paris le 9 thermidor par
le citoyen Talleyrand et le comte de Saint-
Julien.
Le 2"^ complémentaire an S (19 septembre 1800 )
sa rnajesié l'empereur donnai pouvoir au comte
de Lehrbach et au baron Lauer de traiter avec
le général de brigade Lahorie.
Le lendemain 3 = jour complémentaire fut signé
l'acte qui suit :
Convention d'une prolongation de suspension d'armes
entre (armée française du Rhin et l armée de S. M.
impériale en Allemagne.
Le comte de Lehrbach, ministre plénipotentiaire
de S. M. L et royale apostolique en empire, et à
son armée d'Allemagne, et le baron de Lauer,
feld-zeuchmeistre des armées de S. M. , d'une
part , et le général de brigade de l'armée française
du Rhin , Victor Faneau Lahorie, d'autre part ;'
chargés respectivement des pleins pouvoirs né-
cessaires pour conclure et signer une convention
relative à une prolongation de suspension d'ar-
mes, ont arrêté ce qui suit :
Art. I". S. M. I. et R. , sur la demande du pre-
mier consul de la république française , et dan? la
vue de donner une preuve de son désir d'arrêter
le fléau de la guerre , consent à ce que les places
de Philisboutg, d'Ulm , avec les forts qui en dé-
pendent , et d'Ingolstadt, lesquelles sont compri-
ses dans la ligne de démarca;ion qui a été fixée
parla convention du t5 juillet dernier ( 26 messi-
dor ), soient remises à la disposition de l'année
française comme gage de ses intentions.
IL Les garnisons qui èe trouvent dans les pla-
ces , sortiront librement avec tout ce qui leur
appartient , et se rendront à l'armée impériale
d'Allemagne.
III. L'évacuation de ces places, tant en garni-
sons qu'en niuriilions de toute espèce , devra
avoir lieu dans le délai de dix jours au plus. Il
sera, à cet eflfét , fourni par l'armée françiise
toutes les facilités qui sont en son pouvoir pour
les moyens de transports en tout genre , qui
seront à la charge de sa majesté l'empereur et
toi. Quant à 1 occupation des places , il sera
remis dans le délai de cinq jours . à la disposi-
tion de l'armée française , une des portes sur
les grandes communications. Le choix en sera
dé'.ermjné par des délégués qui seront immédia-
tement envoyés , dans le plus court délai , pour
en constater l'état.
IV. Les munitions de guerre et de bouche ,
elles caisses militaires seront également évacuées.
Il en sera de même de l'artillerie, à l'excep-
tion de celle de l'empire. Cette dernière espèce
sera constatée et certifiée par des délégués nom-
més à cet eflet.
V. Usera déterminé , dans le plus court délai ,
par une convention particulière, les moyens de
transport et d'évacuation de ces places, ainsi que
la subsiiance et l'évacuation des malades qui ne
pourront être transportés avec les garnisons.
VI. Au moyen des dispositions ci-dessus , il
y aura une prolongation d'armistice et de sus-
pension d'hostilités entre l'armée de S. M. I.
et R. et de se» alliés , et l'armée de la république
française du Rhin, de quarante-cinq jours, à
compter de demain , y compris quinze jours
d'avertissement pour la reprise des hostilités ,
si elles doivent avoir lieu.
VII. Le général en chef de l'armée du Bhin
s'engajjc à faire cesser sur le champ les hos-
tilités a l'armée de la république française en
Italie daus le cas ou la reprise en aurait eu lieu.
VIII. La ligne de démarcation fixée par la
convention du iSjailkt dernier (.26 messidor)
est conservée dans tous ses détails sous la mo-
dification comprise dans les articles I , II , IIÏ,
IV , et V ,, ci_-des5us et sous celles ci-après.
IX. L'armée française du Rhin reviendra et
s'arrêtera sur les deux rives de l'Iser , et l'armée
impériale d'Allemagne, sur les deux rives de
l'Inn , chacune à une distance de 3ooo toises,
soit de ces rivières, soit des places sur leur
cours. Il sera seulement placé une chaîne d'avant-
postes sur la lisjne de démarcation fixée par la
convention du i5 juillet dernier (26 messidor.)
X. Les dispositions de bdite convention seront
exécutées en tout ce qui n'est pas contraire à la
présente.
L'article VIII de cette convention du i5 juillet
(26 messidor) est non-seulement applicable aux
habitans des places ci-dessus mentionnées dans
toutes ses dispositions , mais le général en chef
est en même-tems invité à prendre en considé-
i^ation la situation dans laquede ces habitans ont
été mis par les malheurs de la guerre.
XI. La présente convention sera envoyée par
des couriers à tous les commandans de corps des
armées respectives , tant en Allemagne qu'en Italie,
avec la plus grande célérité , afin que non-seule-
ment les hostilités soient et restent suspendues ,
mais pour que la mise à exécuiion puisse êlfre
commencée immédiatement, et finie au terme ab-
solument nécessaire eu égard aux distances.
'KM. Il sera nommé par les généraux en chef
des deux armées , des délégués pour, l'exécution
des articles de la convention ci-dessus, qui pour-
raient exiger cette mesure.
Fait double à Hohenlindem , le 20 septembre
1800 ( 3= jour complémentaire an 8. )
Signé comte de Lehrbach.
Lauer Feld-Zedgmeister et Victor F. Lahorie.
Pour copie conforme ,
Le général en chef , signé , Moreau.
Translation du corpt de Turenne , 5* jour com-
plémentaire an 8.
Fête de la fondation de ta république, i" vendé-
miaire an g.
La translation du corps de Turenne s'est faite
le 5'^ jour complémentaire an 8 , ainsi que l'avait
annoncé le programme. A deux heures le ministre
de 1 intérieur et le ministre de la guerre se sont
rendus au musée des monumens français , rue des
Petits-Augusiins , accompagnés d'un grand nom-
bre d'officiers-généraux.. Là, ils ont trouvé le cit.
Desfoniaines , professeur au jardin des plantes,
au patriotisme et au courage duquel ou doit la
conservation des restes de ce grand homme , et Ij
cit. Lenoir , administrateur du musée , qui le pre-
mier a pu les recueillir honorablement. Le corps
de Turenne avait été placé au milieu de la salie
des monumens du 17' siècle. Devant lui , sur un
brancard couvert d'une riche draperie , on avait
posé l'épée qu'il portait le jour de sa mort et le
boulet qui l'a frappé. (1)
Le citoyen Lenoir , en présentant le corps au
mioistre , a fait un discours auquel le mitlistlie
de l'intérieur a répondu quelques mots impro-
visés , ptjtis le cortège s'est mis en marche. Le
corps était placé sur un char de triomphe, dé-
coré avec beaucoup de soin , de goût et de ma-
gnificence , traîné par quatre chevaux blancs. Un
cheval pie , semblable à celui que montait Tii-
renne , et que connaisait si bien son armée , cou-
vert de harnois semblables , marchait en avant
du char, conduit par un nègre vêtu de la même
inaniere que celui de Turenne. De vieux guer-
riers portaient ses armes, de vieux guerriers en-
touraient son char, les Généraux Berruyer , gé-
néral de divrsion ; Aboville , général de division ;
Vital , général de brigade , Estoutmel , général
de division ( ce dernier , parent de Turenne
par son épouse) marchaient aux quatre coins;
les ministres suivaient; les cilovens Lenoir et
Desfontaines fesaieiu partie du cortège. 11 a
marché dans le plus grand ordre jusqu'au dôme
des Invalides.
Au moment où il est entré dans ce temple ;i
majestueux , si digne de renfermer les cendré»
(i) Ces précieuses reliques appaitiennent au cit. 3ouillon , l'un
des petita-uevcux de Tutenne ; {1 n biea voulu les cociicr p^j^i
.cette céréniottie.
cîcs gtands hommes , une mTOiqneinilitaire , grave
et loiichatiie , s'esi fait eniencire. O, cjui rendra
1 irapressionde ce moment solennel ? qui yjeindra
ces vieux guerriers couverts dhonorablcs bles-
sures, recevant les cendres d'un de leurs plus
!l,Fands maîtres ! qui rendra cette éiïiOiion des
braves généraux , fiers des honneurs rendus à
l'un de leurs plus beaux modèles ? qivi dira com-
bien les français ont tressailli de joie en reconquc-
ranty si on ose ainsi le dire, la gloire de leurs
ancêtres que des barbares avaient voulu leur
ravir, en rattachant le siècle de Turt-nne , et de
tant de grands hommes, au siècle déjà si fécond
en illustres guerriers , en généreux citoyens ; ce
sont des actes de cette nature qui expient les
erreurs et jet crimes de la révolution. C'est ainsi
qu'on en cflFace , qu'on en fait ou\)lier les pages
sanglantes,
Le minisire de la guerre si digne d'apprécier
le mérite militaire , si bon juge de ceux qui
le professent a prononcé un discours noble, décent.
tel qu'il convenait à la circonstance et à son
caractère personnel. Il a fini par un mouve-
ment oratoire.d'un très-grand effet et d'un genre
\ériiablenicnt antique.
Ce discours a plusieurs fois été interrompu
pa.r des, ap,pi,aydissemens ; nous l'avons donné
iiier (i). , ■, . ■,
Le corps do Turenne a ensuite été déposé
'dans le moai^menl qui le renfermait à SainlDenis.
Ce ■monument, a été placé dans une des parties
atérales du dôme par le citoyen Peyre. On ne
f eut assez séionner que ce travail ait été ter- -
miné dans le court espace de lems qui a été
donné à cet artiste , et on doit admirer le goût
avec lequel il a choisi l'emplacement. Ce mo-
nument est beaucoup mieux placé qu'à Sainl-
Denis.
Le ministre de la guerre a posé sur le cercueil
qui renlerme le corps , une couronne de laurier,
et le ministre de l'intérieur y a placé une boîte
d acajou, renfermant des médailles et des ins-
criptions dont nous donnerons le détail.
La cérémonie a été terminée par une symphonie
militaire. On a vu des larmes couler des yeux de
plusieurs vieux soldats a celte solennité auguste.
Le soir lès spect xles ont été ouverts au public.
On donnait aux Français te Cid et le Tartuffe ,
deux des chefs-d'œuvre de notre langue: la
foule y était immense. Le premier consul y a
assisté ; il n'a pu se dérober aux témoignages les
plus sensibles de la reconnaissance publique.
Lariye a joué le Cid avec le talent qu'on lui
connaît. Cette pièce, ainsi que le Taituffe.ont
été jugées avec cet extraordinaire sentiment, ijui
n'abandonne jamais les français quand ils sont
libres de manifester leurs pensées.
C'est une idée véritablement patriotique ,
vraiment honorable pour le gouvernement ,
d'avoir représenté deux de iios plus beaux dra-
mes le jour d'un spectacle gratuit.
L Opéra , les Italiens, Feydeau , le 'Vaudeville
étaient ouverts au public ; par-tout les salles
étaient remplies , et dans cette afBuence , nul
désordre , nul trouble : par-tout la joie, l'union,
par-tout le besoin d'aimer et de jouir.
Ce jour fut beau , le lendemain le fut beau-
coup plus : dès le malin les rues étaient rem-
plies de monde. On a remarqué que le nombre
des étrangers arrivés à Paris pour assister à la
fêle , était presqu'aussi grand qu'à la fédération
de 1790. Les routes étaient couvertes de voitures
depuis huit jours , et il est digne de remarque
qiie le 5' jour complémentaire à midi, il y avait
deja 9^ dépanemens dont les envoyés étaient
arrivés et inscrits dans les bureaux du ministre ;
d autres sont arrivés depuis.
C est une grande puissance que celle d'un gou-
.vetnement , à la voix duquel accourent de toutes
les parties de cet immense empire des citoyens
qui ne sont attirés par aucune vue d intérêt per-
sonnel , et qui ne sont entraînés que par un sen-
timent de patriotisme et d'afFec:ion pour le gou-
vernement. C est une nation puissante que celle
qui renferme dans son sein des propriétaires qui
associent leurs destinées à celles de l'état , et qui
sentent qu'ils ne sont rien que par lui, parce
,qu'ils ne vivent que pour lui. Où sont-ils donc
'ceux qui osent dire qu'il n'y a pas d'esprit public
en France ? quelle preuve en exige:nt-ils ? où 'est
l'élat.qui eût osé hasarder cette invitation, et qui
n eût pas craint de la voir sans succès ? Je ne pense
pas qu à une autre époque de notre histoire, le
gouvernement ait réuni ainsi des citoyens sans
autre objet déterminé que celui de les rapprocher
de lui , et de les associer à des sensations que les
récits ne transmettent jamais.
On avait élevé sur la place des 'Victoires , un
monument en for. ne de temple égyptien , d'une
imitation parfaite , puiMjue le dessin en a été
fourni par le citoyen Denor qui l'a copié sur les
Hcnx. Sous ce temple on avait placé les bustes
de Kléber, par le citoyen Mousson , et de Desaix ,
par le citoyen Dupaty.
L'enceinte qui entoure le temple était garnie
de gradins , occupés par des magistrats et par des
citoyens. Le ministre de lintéiieiir s'est lra.;S-
potré sur la place à II heures; et peu de mo-
tTiens après . le premier consul et les consuls y
sont arrivés achevai, accompagnés des ministres
et des con.u'illers d'éiai. Les consuls seuls sont
descendus , ils furent placés sur des fauteuils ,
en face du monument ; là, le ministre a présenté
au premier consul la boîte qui renferme les mé-
dailles et les inscriptions destinées à conserver le
souvenir de cet événemcni. Nous le décrirons ,
mais nous ne pouvons différer de dire que dans
le nombre des objets qui sont placés sous la pre-
mière pierie, se trouve une table de cristal, sur
laquelle le cit. Orelly a fiit graver , au moyen de
l'acide fluorique , l'arrêté du ig fructidor an 8 .
qui ordonne l'érection du monument à Desaix et
à Kléber, et une courte notice des circoHStances
qui accompagnent cette cérémonie.
Nous reviendrons sur le procédé employé par
le citoyen Orelly , et nous pensons qu'on peut en
faire un usage utile.
Le premier consul ayant posé la première pierre
avec les cérémonies accoutumées, le cit. Garât,
sénateur, a prononcé l'oraison funèbre des géné-
raux: plusieurs traits de son discours ont été sai-
sis par les auditeurs. Malheureusement ce discours
prononcé en plein air n'a pu être entendu que par
cei.x qui entouraient les consuls. Nous le don-
nerons.
Plusieurs des compagnons de Kléber et de De-
saix , plusieurs de ceux qui combattirent près
d'eux en Europe et en Afrique , assistaient à celte
cérémonie ; leurs larmes ont arrosé la tombe de
leu.'S amis , de leurs frères d'armes? et les hon-
neurs rendus à leur mémoire se sont accrus par
les souvenirs de ceux qui peuvent dire avec tant
de r.iison : et nous aussi nous, avons bien servi la pa-
irie , nos noms seront honorés comme nous honorons
ceux de nos amis.
Les croisées ; les balcons , les combles mêmes
des maisons de la place des Victoires , étaient
remplis de spectateurs qui au moment de I anivée
du consul , ont manifesté leur joie par des ap-
plaudissemens et des cris de vive la république ,
vive Bonaparte.
Ceux qui ont vu 1 Egypte , ont paru satisfaits ,
du monument comme imitation , ilimpone main-
tenant (jue les artistes et les gens de goût .
manifestent leur opinion à cet égard. Quoiqu il
en soit, c est une idée qui n'est pas à néi;ligef ,
que celle de pbcer sous un monument égyptien ,
les cendres de deux hommes qui ont acquis
tant de gloire dans cette pirtie du monde, et
de présenter aux artistes ce monument , non
comme modèle, l'eut-éire, mais du moins comme
un objet de curiosité et d'études.
Le consul s'est rendu aux Invalides , où étaient
déjà arrivées les personnes invitées à la lêie ; on
fesait circuler dans plusieurs groupes de citoyens
le bruit de nouvelles saiislesantes arrivées de l'ar-
mée ; on parlait de paix ; on éprouvait une vive
impatience de voir celui à qui on sait quç 1 Europe
la devra ; enfin , ce naoment tant désiré est venu.
Les consuls étant assis, et après une courte
symphont'e , le ministre de l'intérieur a lu, de sa
place, l'arrêté du 17 ventôse, qoi déclare que les
noms des dix départeraens qui ont fourni le plus
de jeunes gens , seront solennellement proclamés;
il les a nommés ensuite comme nous les avons
imprimés dans le n° 358 (28 fructidor an 8 ) de
ce journal, et à l'instant a commencé le chant du
l^' vendémiaire , corapv/sé par le citoyen Lesueur,
pour celte cérémonie. Nous en avons donné hier
les paroles, du citoyen Esmenard.
Le citoyen Lesueur avait placé un orchestre de
plus que le citoyen Mehul au sS messidor. La
musique , d'un caractère religieux , a produit des
sensations profondes , principalement au mo-
ment de l'invocanon au Dieu des JVations , dont
la France implore le secours et 1 appui , pour elle
et pour ses héios.
L'exécaition a été parfaite et l'ensemble éton-
nant . malgré les incalculables difficultés de con-
duire quatre orchestres composés d'un si grand
nombre de musiciens , placés à de si grandes
dislances. La surprise qu'éprouvaient les audi-
teurs a rappelle celle qu'ils ont témoignée le 25
messidor en entendant ces orchestres se répondre
avec une si rigoureuse précision.
Si depuis long-tems on ne savait à quel haut
point de perfection le conservatoire de musique
a porté l'exécution , on aurait pu être étonné
de celle d'hier ; mais il faudrait répéter ce qui
a été dit plusieurs fois.
Après cette musique , le ministre de l'intérieur
est monté à la tribune qu'il a occupée le 25 mes-
sidor. Son discours perdrait trop par une ana-
lyse , il paraîtra demain en entier; mais comment
rendre ces mouvemens si rapides , imprimés à
I ame des auditeurs ! Comment rendie les sen-
sations qa'oa éprouva à ces mots dignes dj
Bossuet ! 11 Le sceptre d'Henri IV et de L^uisXIV
)) brisé , roule dans la poussière ; mais à l'instant
>' le peuple-roi retrouve et ressaisit tous -les
i> les sceptres de Charleniagne. 11 et à ceux-ci, ea
montrant la tombe deTurenne : u, On. dirait qu'en
ce moment ces deux siècles se rencontrent et
)' se donnent la main sur celte tombe auguste. "
Ce ne sont pas des applaudisseinen's , ce
sont des transports qui suivent ces p.iroles si élo-
quentes et si vraies : commant dire ce ■Jju'on
éprouvait à cette peinture du peuple de Mars
rassemblé sous le capitole , en présence de ses
consuls , invoquant les dieux de la patrie à la
fin de chaque siècle ?
En face de l'orateur était le buste de Turehçe,
placé sur un cippe élevé ; sous la même voûte
avaient été déposés la veille , les cendres de ce
grand-homme ; autour de lui se trouvaient les
envoyés des déparieinens , plusieurs de nos f)lus
b.aves guerrier.^, les premiers magistrats de l'état,
et il s'est montré digne de son sujet et de ses
airdiieurs. C est ainsi qu'on ramené l'éloquence
à sa véritable destination.
Nous ne dirons pas combien de fois il a été
interrompu , mais nous remarqueions encore ,
que comme au 25 messidor , le goût le plus
pur , le sentiment le plus délicat , n'ont pas
un instant abandonné les auiliteurs.
Le discours fini, on voyait avec regret descen-
dre le minisire sans qu'il eût parlé de paix : il a
repris la parole , et a lu la note que nous avons
insérée hier ; les applandissemcns l'ont plusieurs
fois interrompu. Mais de quels bruyans éclats ont
retenti ces voûtes , quand la lecture a été terminée.
De quels cris mille fois répétés de vive la républi-
que, vive Bonaparte ! De quels éclals de joie ! tous
les coeurs étaient émus, tous les yeux étiientfix^s
sur le héros! On éprouvait à la fois la reconnais-
sance , 1 amour , l'admiration , le patriotisme , tous
les scniimens nobles , loul ce qui porte les hom-
mes au beau et au grand. Aimante et brave nation !
quel boidieur ! quelle gloire de l'appartenir!
quelle gloire à te servir î quelprix vaut ton estime
ei ton amour !
Le consul s'est retiré accompagné , suivi des
mêmes acclamations. Par-tout il a été reçu de
même. Son coeur a dûjouir : il est si doux d'être
aimé de ses concitoyens !
Les jeux du Champ-de-Mars ont suivi la cé-
rémonie ; et , comme si tout avait dû concourir
à rendre cette fête la plus belle qu on eûl jamais
vue , les courses ont été plus nombreuses et plu»
régulières , mieux dirigées qu'elles n'ont élé
jusqu aujourd hui ; les chars plus brillar« et mieux
décotes ; l'enceinie parlaiiement libre offrait un
immense espace. Les tertres remplis 4brame le
jour du 25 mcs.sidotv un ordre paifait dans toutes
les parties; nul intervalle entre les divers exer-
cices ; l'itiention des spectateurs sans cesse occu-
pée. Nous en donnerons une description dé-
taillée ; mais nous devons parler du citoyen
Garnerin qui a eu le courage de s'enlevermalgré le
vent et la pluie , et de se sépare'i: de son balon
à une hauteur considérable et de redescendre
en parachute assez près du lieu de son départ,
pour que le public pût jouir dans le même quart
d heure du coup-d œil majestueux de son éléva-
tion , et de celui plus effrayant de sa descente ,
qui s'est faite sans accident.
Le soir toute la ville était illuminée, et un très-
beau feu d'artifice , que l'humidité n'avait pas
dérangé, a été liié à neuf heures sur le pont de la
Concorde.,
A 10 heures on a proclamé dans toutes les rues
la note lue au temple de Mars; elle a été reçue
avec les mêmes acclamations.
Ainsi s'est terminée cette belle journée , dont
le souvenir ne s'effacera jamais des cœurs fran-
çais; ainsi se fait aimer et bénir un gouvernement
assez fort de l'estime publique pour relever la
nation à ses propres yeux , lui rendre toute sa
gloire ; entretenir , doubler s'il est posible 1 estime
qu'elle doit avoir pour elle-même; ainsi s'hono-
rent réciproquement et les magistrats et les ci-
toyens ; ainsi les peuples arrivent au bonheur et
à la gloire.
Il est juste de donner aux artistes qui ont con-
couru à celte fête un témoignage d'estime ; il est
dû principalement au citoyen Chalgrin , dont le
zèle elle palrioiisme égalent "les talens et la pro-
bité. i' ^ Y. ^
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrête' du 7 fructidor an 8.
Les consuls de la république arrêtent :
Art. I"^. A compter du i^' vendémiaire pro-
chain , le service des conseillers-d état sera dis-
tingué en service ordinaire ou service du con-
seil-d'étal, et en service extraordinaire, consistant ,
soit en fonction^ permanentes , soit en missions
temporaires.
II. Il ne pourra être employé au service ordi-
naire , ou service du conseil-d'état , plus de
quarante conseillers-d'étal. ,
m. Les conselllcrs-d'éiat chargés d'un service
«xlraordinaire , conserveront /«jur litre.
IV. Lorsqu'un membre du conseil-d'état sera
chargé par le premier consul d'un service extraor-
dinaire, il cessera d'être porté sur la liste des con-
seillers-d'état en service ordinaire.
V. Tous les trois mois le premier consul anêiera
la liste des conseillers-d état en service ordinaire.
VL Lrs conseillers-d'élat en service extraordi-
naire , qui seraient de retour de leur mission ,
ne pourront prendre sénnce au conseil-d'état
qu'au comraencenieui tlu trimestre où ils seront
portés sur la liste des, conseillers-d'élat en service
ordinaire.
Vn. Le présent arrêté ne sera point imprimé.
Le premier comul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélairc-d'état, signé, H. B. Maret.
Arrêté du 5' jour complémentaire.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête que les listes des conseillers-d'état en
service ordinaire et extraordinaire pour le i"^'
trimesire de l'an 9 , sont réglées ainsi qu'il suit ,
savoir :
Service ordinaire. — Section de législation.
Les citoyens Boulayde la Meurthe, président;
JBerlier; Emery ; Real; Portails-, Thibaudeau.
Section de l'intérieur.
Les citoyens Rœderer , président; Benezech ,
Crétet, Chapial , Regnaud , de Sainl-Jean-d'An-
gély , Fourcroy , Joseph Bonaparte , Miot ,
Français , de Nantes , Shée.
Section de la guerre.
Les citoyens Lacuée , président ; Sainl-Cyr.
Section de ta marine.
Les citoyens Flcurieu, président; Champagny,
Redon , Najac , Truguet.
Section des finances.
Les citoyens Défennont , président ; Duchâtel ;
Devaines ; Dufresne ; Régnier; Batbé-Marbois.
Secvice extraordinaire.
Brune , général en chef de l'armée dltalie.
Dejean , ministre extraordinaire, près la répu-
blique ligurienne.
Marmoni , commandant de Fartilletie de l'ar-
mée d'Italie.
Peliet , minisire extraordinaire près la répu-
blique cisalpine.
Bernadotte , général en chef de l'armée de
l'Ouest. ,
Gantheaume , contre-amiral, commandant une
division de la flotte de Brest.
Caffarelli-Dufalga , préfet maritime à Brest.
Lcscallier, préfet maritime à l'Orient.
Dubois , des Vosges , préfet de la Gironde.
Jolivet, préfet dTu Mont-Tonnerre, et cOmmis-
saite-général des dépertemens ds la rive gauche
du Rhin.
Moreau, de St. -Mery , résident de la républi-
que à Parme.
Le premier consul, signe', Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république,
arrête ce qui suit :
Le citoyen Jean-Bapliste Moyse-Jolivet , con-
seiller d'état , est nommé préfet du département du
Mont-Tonnerre , commissaire-général dans les dé-
partemens de la rive gauche du Rhin , en rempla-
«eraent du citoyen Shée.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête ce qui suii :
Le citoyen Dubois, des Vosges , conseiller-
- d'éiat , est nommé préfet de la Gironde.
Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé, H. B. Maret.
Arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république,
arrête ce qui suit :
Sont .nommés conseillers - d'état les citoyens
Saint-Cyr , lieutenant de général en chef , pour
la section de la guerre.
Portalis , commissaire du gouvernement, au-
près dn conseil des prises , pour la section de
législation.
Thibaudeau , préfet de la Gironde , pour
la section de législation.
Miot , membre du tribunal , pour la secùon de
l'intérieur.
Français , de Nantes , préfet de la Charenle-
Inlérieure , pour la section de l'intérieur.
Shée , commissaire-général prés des déparle-
mens de la rive gauche du Rhin , pour la section
de l'intérieur.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélaire-d'élat , jigne , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Le citoyen Moreau de Saint-Mery , conseiller-
d'élat , est nommé résident de la république à
Parme.
II. Le ministre des relations extérieures est
chargé de l'exécution du présent arrêté.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
T R I B U N A T.
Présidence d'Andrieiix.
SÉANCE DU 1" VENDEMIAIRE.
La séance est ouverte à onze heures , par la
lecture du procès-verbal dont la rédaction est
adoptée.
Un corps de musique exécute un morceau
d'harmonie.
Le président prend la parole :
Andrieux. Tribtins, dans quel lieu , dans quelle
assemblée , peut-il être plus convenable et plus
doux de célébrer la fondiition de la républi-
que , qu'au sein d'une autorité essentiellement
populaire , qu'au sein du tribunal ? C'est ici
(je le dirai sans craindre de blesser lei amis
de la liberté qui siègent dans les autres autorités
constitutionnelles,) c'est ici que l'amour de la
patrie, l'horreur de l'oppression, le noble dé-
sintéressement , le dévouement héro'ique ,_touies
les vertus républicaines doivent avoir leur sanc-
tuaire et leur autel ; vous en devez à la France,
tribuns, la conservation et l'exemple.
En vous entretenant de la république , je dois
m'altendre à être écouté favorablement , puisque
je ne ferai que vous rappeller à tous , mes
collègues , vos affections les plus chères ; mais
aussi j'ai à craindre en essayant de rendre vos
sentimens, que vous nem'accusiez de les affaiblir!
quand je songe que le tribunal est la parole
de la représentation nationale , et qu'ainsi c'est
au nom du peuple français, et pour ainsi dire,
en sa présence que je paile aujourd'hui , com-
bien celle cérémonie me semble augusie ? com-
bien la mission que vous m'avez confiée m'im-
pose à moi-même ! puissé-je ne rien dire qui
soit trop indigne d'un si grand sujet ! puisse-
l-il ne méchapper aucune parole susceptible de
ce^ interpréiaiions perfides auxquelles je sens du
moins que je puis opposer la dioiiure de mon
coeur, la pureté de mes internions, et, pour
me rassurer entièrement, permettez moi d'ajouter,
mes collègues , votre bienveillance.
Je devrai peut-être remonter à l'époque où la
république fut fondée , retracer linvasion du
territoire français par les ennemis, la trahison
appellant , conduisant l'étranger et lui promet-
tant une conquête facile , plusieurs places de
guerre rendues ou livrées , et déjà des mesures
prises pour défendre Paris même contre une
attaque qui paraissait inévitable et prochaine ;
dans des circonstances difficiles , extrêmes , un
extrême courage qui triomphe des circonstances;
le trône abatiu , la royauté abolie , la république
proclamée , et soudain d'un bout delà France
à l'autre , une énergie active , un enthousiasme
universel levant comme par miracle, un
million de soldats, forgeant des armes , créant
la foudre , multipliant tous les préparatifs de la
défense et de la victoire
Mais que fais-je ? devant qui parlé-je de ces
fameux événemens ? ne vois-je pas ici un assez
grand nombie des acteurs de ces scènes ter-
ribles et sublimes à la fois ? Le tribunal compte
parmi ses membres, je m honore d'avoir pour
collègues et pour amis, plusieurs fondateurs
de la république.
Jen'imiierai point l'imprudent rhéteur qui par-
lait de guerre devant Alexandre ; je craindrais
trop qu'a chaque circonstance , tel d'entre eux
ne pilt m'interrompre , et me dire ; vous vou«
trompez ; j'y étais ;je l'ai vu ; j'y ai pris une grande
part; le courage de la convcniion nationale a
conquis la liberté et la république ; la monérurion ,
la sagesse et le courage du tribunal tontinueiont
à les conserver.
Vous sentez trop bien , en effet , le prix de ce
dépôt confié aussi à votre surveillance; ce n'est
pas devant vous , tribuns, ce n'est pas au conimcu-
cement de la neuvième année de noire ère nou-
velle , qu'il doit être ncccssaire de défendre la su-
périoriié de la lèpublitjue n\r la monarchie ; aussi
ne dirai-je que peu de moLs d un parallèle déjà
souvent traité ; je demanderai tjiiel pays on doit
être plus fier et plus heureux d'habiter, celui des
citoyens ou celui des sujet»; ? Je demanderai quel
est le principal ressort de la mon ircliie ? N'e;st-ce
pns l'amour des dislinciions et des préférences ?
Ainsi les insliiulions monr.rchiqnes ne_ f..iOnt
qu'exalter l'ègo'Hme , la cupidité , l'arabiiion dfS
honneurs frivoles , l'orgueil et une siupide prcdi-
leciionpoursoi-inême, la basses'.c et la flânerie au-
près des grands , le mépri'i pour ce'ix qnon nom-
me les p'eiiis, une prolondi: indiHérence pour le
bien général; le principe de la république , .'U
contraire , c'estia venu , cl ce principe comprend
tout ce qu'il y a de bon et de grand parmi les
hommes, la bienveill.incc el l'eslimc réciproque,
le desintéressement , la simpliciiè , la modestie,
la loyauté : c'est à force de venu qu on ne placera
l'amour-mêrae de la gloire qu'aptes l'amour de la
patrie, et le zélé pour ses concitoyens ! Dans la/'
monarchie , chacun s'occupe d abord de soi, puis
de sa famille , puis de ses amis, puis de ceux qui
fintèressent ; le bien de i'éiat vient le dernier.
Dans la république ce doit eue tout le contrsire;
il faut commencer par sa patrie, et fiiir par soi-
même. C'est le dévouement généreux que les ins-
titutions républicaines savent inspirer et déve-
lopper.
Non qu'il soit vrai de dire que dans tout gou-
vernement qui s'appelle monarchique, il ne puisse
y avoir ni vertu ni bonheur pour le peuple, ni
même un certain degré de liberté et d'amour du
pays , surtout si ly monarque , lel qu'on en peut
compierquelques-uns placés de loin en loin dans
l'espace des siècles , si , d-.s-je , le monarque est
lui-même l'ami des lumières , et s'il se souvient
qu'il est homme et citoyen , avant de songer qu'il
est roi.
Non qu'il faille croire aussi que toute républi-
que doive être uii.e dé;îiccratie absolue , ou res-
sembler à celles de Sparte , d Athènes elde Rome.
On a trop abusé des mots, trop confondu les idé;;s.
-L'influence (les livres qui avaient servi à notre édu-
cation , l'admiration pour celle belle litlèralure
grecque et latine , la chaleur même et les grands
talens de quelques éciivains de ce siècle, qui ,■
témoins el ennemis courageux des abus et des cri-
mes produits par le dcspoiisme , les avaient corn-'
battus avec tant d éloquence , tout a exalté l'en-
tousiasme , tout nous a jettes dans l'exagéra-'
lion Pourquoi n'avoural-je pas, tribuns,
et nos excès et nos malheurs? que servirait de
vouloir les cacher? lUnivers en est plein.
Vous ne voulez pas sans doule que ce discours
soit de simple apparat; qu'il ne contienne que ces
I phrases sonores , qui n'aient ni but ni utililé ; leL
I n'a point éiè jusqu à ce jour , le! ne saurait être le;
1 langage du tribunal. Dix ans d'une expérience
souvent bien douloureuse , nous ont instruit à
! prélérer les vérités simplement exprimées aux
} erreurs déguisées sous de belles paroles.
I L'enthousiasme avait commencé la révolution ;
à force d'excès il faillit la renverser Oa
I voulut , ou l'on parut vouloir une république
telle qu'elle a pu exister chez des peuples peu
nombreux , dont le territoire avait quinze ou
vingt lieues d étendue , entourés d'associations
à-peu-près semblables ; et l'on fit abstractiori
de toutes les différences essentielles qui se trou-
vaient entre ces anciennes sociétés et une nation
de vingt-cinq à trente millions d'individus ré-
pandus sur une surface de vingi-huil mille lieues
quarrées , environnées d'états monarchiques et
puissans , liés entre eux el avec elle par un
système politique qui embrassait l'Europe entière.
On fit abstraclion el des vieilles habitudes de
celte nation , el de ses préjugés nombreux et
de sa longue corrupiion. . . . Ceux qui préten-
daient transformer loui-à-coup les français en
grecs el en romains , semblaient même ignorer
ou méconnaître les institutions de ces anciens
peuples : ils oubliaient qu'à Sparte et dans Athè-
nes chaque citoyen possédait un troupeau d'es-
claves ; qu'à Rome non - seulement l'horn'ble
esclavage était aussi usilé , mais rpi'il y avait cinq
classes différentes de citoyens. . . . Tels éiaient
les modèles qu on citait hardiment en prêchant
l'égalité , la liberié el l'humanité. . . Aux erreur»
se mêlèrent les passions; les passions enfantt-
rcni les ruines.
Toutefois , tribuns , ne croyez pas que j'imita
ceux qui , dans leurs complainlfiiS é cruelles , dans
leurs diatribes violenies sur ces icms malheureux,
confondant toujours la républiijue même avec le»
i fureurs auxquelles son noirr sacré a servi de pré-
teste , dégui<!aTit en imprécations contrela terreHT
et le régirae décemviral , leur haine sincère pour
les principes qui ont fait la révolution , et leur»
vœux ardens pour le retour de la royauté et de
tous les genres de superstition et de préjugés.
Ces (tétracleurs de leur pays connaissent-ils
«i peu l'hisioire? n'ont-ils jamais parcouru les
annales du Monde? Ils auraient vu , dans leurs
pages sanglantes , que toutes les révolutions se
ressemblent ; que par-tout oti il y a des troubles,
il y a des crimes ; qu'il n'est point de guerres
plus horribles que les guerres civiles , si ce n'est
pourtant les guerres de religion. Qu'ils s'instrui-
fieni et qu'ils avouent que si l'amour de la liberté
peut aller jusqu'au fanatisme, celui-ci , bien moins
cruel que le fanatisme religieux , est bien plus
excusable, plus facile et plus prompt à guérir.
Mais ne rappelons désormais cette époque dé-
sastreuse que pour en tirer des leçons utiles, ou
pour comparer à cette longue et terrible lour-
menle le calme qui nous était devenu si néces-
saire , et dont nous jouissons enfin à l'abii d'un
gouvernement , qui ne veut ni ne peut abuser
de la confiance qu'l inspire.
Aux yeux des hommes éclairés , des amis sin-
cères de la patrie , le plus grand crime de tous
ces partis rivaux qui se sont tour-à-tour dis-
puté , arraché la domination , c'est d'avoir pres-
que fait haïr et mépriser ce qu'il y a de plus
noble et de meilleur au monde , la liberté , les
lumières, la philosophie ; d'avoir rendu la répu-
blique même impopulaire ; enfin, d'avoir exposé
non-seulement la France, mais 1 Europe entière
ià se replonger voloniaiteraent dans l'ignorance ,
à rétrograder avec joie vers toutes les misères
de la servitude et de la barbarie.
Nous avons vu ces dangers , nous en avons
gémi ; la providence de la république a fait
que nous y avons échappé. Concevons pour
l'avenir d'heureuses espéunces , l'esprit du gou-
vernement actuel les justifie.
Je le dirai , tribuns, parce que cela est vrai ; si
l'année dernière, à celte mêine époque, on nous
eût prorois que dans un an seraient exécuiés tous
les charjgenjens avantageux dont nous sommes les
témoins , dontnotisjouissons aujourd'hui , àpeine
Burions-nous pu le croire.
Comme après une longue maladie l'habile mé-
decin réparc , par dis remèdes salutaires , un corps
fatigué que des crises fréquentes ont trop affaibli ,
le gouvernement a adopté un sysiême doux et pa-
cificateur. Il a écarté ce qui pouvait exciter îles
agitations nouvelles; il a répandu dans toutes les
parties du corps politique , non pas l'ardeur de la
{ievre , mais la cha'eur de la santé. Il s'est appli-
qué à effacer jusqu au souvenir des anciennes ais-
Scntioas. Il a voulu fondre ensemble toutes les
Iiuances d'opinions qui n'étaient pas différentes ,
sans être opposées , et réunir , si l'on peut se sei-
vir de cette comparaison, plusieurs sectes rivales,
divisées peut-être sur quelques dogmes , mais
dont la liberté est au fond la croyance de la reli-
gion commune.
La suite demain.
JV. B. Le 2 vendémiaire , le tribunat a renou-
velle son bureau. Le citoyen Crassous a été élu
Î résident ; les secrétaires sont: Malès , Grenier,
mbert et RioufiF.
NÉCROLOGIE.
,Le citoyen Louis, architecte d'une grande ré-
putation , vient de terminer sa carrière. Comme
cet artiste a fait exécuter d'immenses travaux, et
qu'à raison de cet avantage et de la diversité des
opinions qui peuvent exister sur le degré de son
talent, il pourrait être loué outre mesure par
ceux qui n'ont aucune connaissance de 1 art ,
ou trop déprécié par d'autres plus éclairés , mais
peut-être aussi trop sévères , nous hasarderons
quelques réflexions sur le caractère de ses ou-
vrages ,-car ses qualités personnelles ne nous fu-
rent point du tout connues.
Le premier ouvrage qu'il fit à son retour
d'Italie , fut, dit-on, la décoration d'une cha-
pelle exécutée en peinture à Sainte-Marguerite
du faubourg Saint-Antoine. Le parti grand et
Itardi de cette architecture , qui parut colossale
à tous c-eUx qui la traitaient d'une manière mes-
quine , annonçait un homme décidé à suivre ses
idées, et capaole de produite de grandes choses.
Il n'a point trompé cette attente du public. Trois
8
vastes salles de spectacles , l'immensité des bâii-
mens du Palais-Royal, et le projet de la place
de Bordeaux , sur le terrein du Château-Trom-
pette, sont des monumens de la première im-
portance , et où il a donné des preuves de sa
manire large et facile de concevoir des plans
d'architecture. C'est dans cette partie de disposi-
tion générale que son talent est plus marquant ;
on peut lui reprocher de n'avoir pas autant soigné
la décoration, et d'.avoir cru que la richesse,
poussée jusqu'à la profusion , pouvait tenir lieu
de belles proportions.
Le théâtre de Bordeaux, dont la totalité du bâ-
timent, entièrement isolé, est le plus grand des
édifices de ce genre exécutés en Europe , est
aussi , sans cont.edit , le meilleur de ses ouvrages.
La simphcité du plan , et les grandes lignes de la
façade , lui ont justement attiré l'admiration gé-
nérale ; et quoique la richesse du deda:Tis lui ait
valu aussi beaiîctjup d'éloges, la répétition des
mêmes moyens employés à la salle du théâtre de
la République , avant sa restauration , a bien
prouvé encore une fois aux gens de goût , que
richesse et beauté n'étaient pas synonymes; elle
a prouvé aussi que les jugemens du public , sou-
vent séduit pat la grandeur et la magnificence ,
avaient besoin d'être rectifiés par l'opinion des vé-
ritables connaisseurs.
Si le citoyen Louis eût joui de sa réputation
après la construction de ce monument , dans la-
quelle il a su habilement triompher de tous les
obstacles qui retardaient sa marche, il n'eût pas
cru ajoutera cette réputation, alors qu'il la dimi-
nuait, au contraire, en édifiant a la hâte des bâ-
timens , étendus à la vérité , mais où il ne fesait
que répéter les mêmes idées; il eût placé plus
sûrement son nom parmi les grands architectes.
La mauvaise construction des bâtimens du
Palais-Royal , quant à leur solidité et plus en-
core par rapport à l'exécution baibare de l'ar-
chitecture et des ornemens , ont dû nécessaire-
ment mécontenter les artistes dont le goût sait
apprécier les beaux détails des monumens anti-
ques; et la plupart de ces artistes , outrés de voir
exécuter si mal un plan très-beau d'aiNeurs dans
son ensemble , ont été jusqu'à refuser au ci-
toyen Louis un talent dont il avait donné des
preuves.
Il en est de même pour son projet de Bor-
deaux : son plan est vaste , et l'idée générale est
ingénieuse et btlle ; mais les dessins qui en fu-
rent exposés , étaient remplis de si mauvais acces-
soires, et rendus dans des proportions si maigres,
que le génie de l'inventeur disparaissait presque
sous le bisarre accoutrement dont il était revêtu.
Lorsqu'un art fait des progrès par le concours
de mille circonstances , il est difficile à 1 artiste
qui a eu un brillant début , de soutenir cette su-
périorité ; et s'il ne cherche pas à s'élever sans
cesse par l'étude , pour se soutenir au niveau de
ceux qui grandissent par ce moyen, bientôt ce
colosse d autrefois deviendra nain au milieu des
géans. je ne prétends pas faire l'application de
cette vérité çlu» particulièrement au citoyen Louis
qii'à beaucoup d'autr€S ; mais je veux seulement
faire sentir aux artistes combien il leur est impor-
tant de soigner toutes leurs productions.
Bornons ici nos réflexions , et laissons à des
ainis particuliers le soin de faire connaître les
détails de la vie et du caractère de cet artiste.
(Extrait du Journal des Arts. )
Agriculture.
D'après un procédé indiqué dans la biblio-
thèque physico-économique , madame de Monte-
legier , propriétaire à Ecully , a fait l'expérience
suivante.
Elle a fait préparer, l'année dernière, et -fumer
avec soin une très-petite portion de bonne terre ;
et l'on y planta , à neuf pouces de distance , et à
trois pouces de profondeur, cent gr-ains.de.blé
lessivés et préparés à la chaux vive , un seul grain
dans chaque trou.
Les grandes pluies de l'hiver et la stagnation de
l'eau firent pourrir une dixaine de grains , qui ne
parurent pas au printems.
Les quatre-vingt-dix grains qui ont réussi ont
produit trenttt-trois mille et quelques cents.de
grains de blé , très-puM et très nourris.
Au commeUiCement d'avril dernier , on «Ilati
cultiver cette petite portion de terre pour y, placer
des légumes ,, lorsqu'on s'est apperçu qu'à travers
les restes des' chaumes de la plantation de l'année
dernière , il poustaît une nouvelle vetdure , qui
ressemblait parfaitement à celle du blç. Des quatre-
vingt-dix toulfes de l'année dernière , quarante-
cinq seulement ont repoussé avec vigueur , et
sont parvenus à la pleine maturijé. Nous avons
compté depuis dix-huit jusquà vingt-huit tiges
et épis sur chaque touffe ; elles ont été la proie
des moineaux ; mais les liges existent encore ,
ainsi que quelques épis. La terre n'a point été
cultivée ; elle est battue et ferme comme de la
brique ; les épis sont en ligne , à la dislance de
huila neuf pouces, comme ils avaient été plantés
l'année dernière , sauf les hirunes provenant delà
disparition des chaumes de l'année précédente î
ce qui écarte l'idée que quelques grains échappés'
de la récolte de l'année dernière auiaient pu se
ressemer d'eux-mêmes. Mais les nouvelles pousses
ont percé à travers les chaumes de l'année der-
nière , qui ont été visibles jusqu'au conimence-
ment de germinal. On avait invité quelques mem-
bres de la société d'agriculture de venir constater
ce fait , qui peut-être n'est point extraordinaire ,
mais qui l'a paru à la propriétaire , ainsi qu'à
quelques laboureurs qui en ont été témoins.
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GAZETTFNATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
;v°4-
Qjiartidi , 4 vendémiaire an g de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
II contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notion
rantsur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ITALIE.
Liberté.
Egalité.
ARMEE D' ITALIE.
Brune , constilUr-d' état , général en chef, à [armée.
Camarades ,
Il faut encore la guerre à nos ennemis : la
générosité nationale avait suspendu le cours de
vos triomphes. Vous vous reposiez sous les
armes , attendant la paix.
Cette attente est trompée : la patrie indignée
commande de nouveaux combats. J'en atteste
votre gloire et votre courage; ils se repentiront
bientôt , les ennemis , d'avoir rejette les pro-
positions modérées de notre gouvernement. En-
vain nous leur accordions la paix ; c'était la
république et son armée qu'ils voulaient dé-
truire. La prévoyance de Bonaparte a été juste
et rapide ; il a démêlé le but des lenteurs . et
c'est par de nouvelles victoires que la paix doit
être conquise.
A ces idées de triomphes nouveaux, je vois
vos âmes s'élever , vos armes agitées dans vos
mains généreuses : j'entends le cri des combats
retentir de rang en rang. Bientôt l'ennemi ap-
prendra que l'humanité seule avait pu arrêter
vos efforts-, mais cette humanité ordonne de
nouveaux sacrifices , et la gloire doit les couvrir
de palmes immortelles.
Il est inutile , braves guerriers , de vous re-
commander les égards que l'on doit aux peuples
au milieu desquels vous allez pénétrer. Vons
n'oublierez pas que la liberté est leur espérance ,
et que c'est par une conduite vraiment disci-
plinée que vous les porterez à favoriser nos
armes. - Signé , Brune.
Au peuple de la république cisalpine.
Peuple cisalpin,
Leshostilités vont recommencer. L'ennemi exige
de nouvelles victoires pour consentir à ton indé-
pendance et à ta liberté. Tes eivfans sont dans les
rangs des français.
Fiere de ta fidélité et de ton zèle , la grande
nation a lié ton sort à ses destinées ; elle défendra
tes droits ; elle ne te laissera pas outrager. Une
prospérité durable sera le prix de la persévérance
et de tes sacrifices.
Signé , Brunk.
Au peuple ligurien.
Liguriens,
Vos ennemis et les nôtres ont établi des calculs
sur la lenteur de leur poliiique. Auraient-ils cru
à notre lassitude ? ils rejeient la paix. Eh bien !
que le sort des batailles en décide ! malheur à
ceux qui provoquent ces nouvelles calamités !
Génois , placés depuis long-tems sous l'égide
de la gloire , éprouvés tout récemment encore par
les plus terribles fléaux, je compte sur votre
constance et votre dévoûment. Je sais quels pièges
sont dressés dans vos campagnes, quels fer mens de
discorde on voudrait jeter dans vos conseils : mais
vous vous tiendrez fortement unis : vous appren-
drez aux habitans de vos vallées que la religion
condamne tout ce qui se fait en son nom pour les
troubler.
Le rétablissement de votre commerce et devotre
splendeur dépend de la paix : c'est pour une paix
solide et honorable, c'est-à-dire pour la plusjuste
et la plus générale de toutes les causes , que nous
allons combattre de nouveau.
Signé , Brune.
Au peuple du Piémont.
PlÉMONTAlS ,
Ceux qui nagueres avaient envahi votre terri-
toire , voulaient faire à jamaii de votre pays une
province de leur domination. Vos cœurs fiers,
vos âmes indépendantes se soulevaient déjà à l'i-
dée d humiliations nouvelles. La mémorable jour-
née de Marf.ngo a changé tout-à-coup votre des-
tinée. Voire gouvernement est dans vos mains.
La paix devait mettre le sceau à votre liberté :
m<iit nos ennemis la lejetent à ce prix.
Ainsi pour la liberté des peuples de l'Italie, la
scène des combats va se rouvrir. Vos premiers ba-
taillons sont prêts : hâtez-vous d'en former de
nouveaux. Je me persuade qu'ils seront dignes de
VOUE et de l'armée française dont ils doivent par-
tager la gloire.
Piémontais ! anéantissez , je vous en conjure,
cet esprit de faciions intestines, ijui finirait par
dégrader un peuple brave et généreux. Q_ue ces
montagnards égarés . qui croient servir la religion
et leur pays en désolant l'une et l'autre , soient
éclairés par les bons citoyens ! Livrez-les , s'ils
s'obstinent dans le désordre , à toute la rigueur
des lois.
Que l'union , la constance , la justice maîtrisent
toutes vos pensées , toutes vos résoluiions : et
bientôt la victoire vous fera cueillir tous les fruits
de la paix.
Au quartier-général de Milan, le 20 fructidor,
an 8 de la république française une et indivisible.
SigTif, Brune.
ANGLETERRE.
Londres , le 16 septembre ( 2 g fructidor.)
Dans la matinée du 5 septembre , la nouvelle
s'étant répandue que les propositions de l'An-
gleterre étaient rejettées par la France , ce nouvel
événement fut deviné de bonne heure par la
sagacité des français. Ils se hâtèrent de vendre.
Les mêmes courtiers qu'on suppose avoir la con-
fiance de certains bureaux se présentèrent. G était
encore trop tard. Il s'était déjà fait pour 60,000 1.
d'affaires. Les fonds étaient tombés de trois quarts.
C'est alors que la fureur éclata. C'est alors qu'on
écrivit à M. le duc de Poriland ; c'est alors qu'on
invoqua les rigueurs de VAlien-Bitl pour empê-
cher les français de jouir à la bourse des droits
dont la loi du pays les investil. Cette mesure
n'a point manqué son effet. Tous les étrangers
consternés se sont retirés en même-tems. Nous
devons dire , à (a louange des négocians de la
cité , que l'indignation parmi eux a éié générale ,
et à l'honneur du gouvernement qu'il s'est hâ^ié
de réparer cette méprise.
Il ne nous reste plus qu'une réflexion à faire ;
c'est que ces méprises se renouvellent trop sou-
vent. Quelque respect qu'on veuille avoir pour
les actes de l'autorité , on ne peut plus se dis-
simuler que les injustices en ce genfe ne se mul-
tiplient à l'excès. Anglais , vous distribuez à un
grand nombre d'entre nous des sommes consi-
dérables. Vous ne nous les devez pas. Vous
nous devez l'équilé et les égards qu'on accorde
généralement sur la terre à de grandes infor-
tunes. Nous supplioris les personnes qui appar-
tiennent au gouvernement de faire plus d'atten-
tion à cette insouciance de morale , à cette lé-
gèreté de principes qu'on affecte généralement
dans les matières d'état. Nous le supplions de ne
point oublier que Cicéron ne fut pas seulement
un philosophe et un orateur. Il fut à la tête d'un
grand empire ; et il pensait qu'un état ne peut ja-
mais gouverner que par la justice, u Niliil est
quod de rrpublica putem dictum , et quo possim
longiùs progredi , nisi sit confirmatum , non modo
'/falsum esse istud , sine injuria non passe ; sed hoc
verissimum , sine sumrna justitia rempubticam régi
non posse , Cicer. frag. ex. lib. rep. )i
Ce n'est point seulement dans les villes des
provinces et dans les campagnes que la cherté
des vivres "a occasionné de la fermentation ; la
misère est toute aussi grande parmi les pauvres
de la métropole , malgré les ressources que
leur ofFie l'industrie; et si les marchés de la cité
n'ont point présenté hier une scène de désordres,
pareils à ceux qui ont eu lieu à Birmingham
et à Noilingham , c'est à la prudence des ma-
gistrats , à la contenance des volontaires qu'il
laut l'attribuer. Heureusement l'événement qui
se préparait était prévu , et le lord maire avait
eu le tems de prendre toutes les mesures con-
venables. Samedi soir, deux affiches écrites à
ia main parurent sur le monument. (I) L'une con-
lenait en gros caracieres les mots suivans : LE
PAIN sera a six sols LES QUATRE LIVRES si
le peuple veut se rassembler lundi au marché aux
(i' c'est ainsi que l'on nomme la grande colonne élevée
auprès du pont de Londres eu mémoire du .feu de i666* i
i/i;rfj. La seconde affiche, écrite en petits carac-
tères , était ainsi conçue :
Il Concitoyens ,
j) Combien de tems voulez-vous patiemment
n et lâchement souffrir (ju'une bande d'esclaves
)> mercenaires, loués par le gouvernement . vous
)) impose et vous affame ? Pouvez-vous souffrir
j) quils continuent à exercer leur monopole,
)) landis que vos fjinillespleureni, faute de pain?
îi Non ! qu'ils n'cxisieni pas un seul jour de
>' de plus. Nous sommes le souverain. Lcvcz-
!) vous donc de votre léthargie ; soyez lundi
!) au marché aux bleds, i)
D'autres billets semblables avaient été répandus
dans divers quartiers de Southwark et de la cité.
On avait choisi le samedi pour que la lecture,
de ces écrits incendiaires eût le tems de faire
fermenter les esprits pendant le dimanche dans
les cabarets.
Le lundi malin , avant l'ouverture du marché
aux bleds , on remarqua beaucoup d'inconnus ,
qui rôdaient dans Mark-Lane, et ia foule s'aug-
menta sans discontinuer jusqu'à 11 heures du
matin. Tous les passans que la populace pouvait
soupçonner d'avoir quelques rapports avec le
commerce des grains , étaient sifBés , insuhés , et
particulièrement les quakers ; il y en eut plu-
sieurs de mallraiiés. Les vociférations devinrent
si violenles , le tumulte si allarmant , que les fac-
teurs de bleds se virent contraints de renfermer
leurs échantillons ; nécessité d'autant plus fâ-
cheuse , que le marché était fort bien approvi-
sionné , et que, selon toute apparence , le prix
de la mesure de bled aurait diminué de IQ ou iS
schelllngs.
Le lord maire , instiuit de ce qui se passait , sa
rendit au marché, accompagné de l'alderman
Ktibbert, de sir W. Leighion , de M. le shérifï'
FJower , et de tous ses officiers de paix. Sa
présence et ses exhortations , qui finirent par
calm'er la fureur populaire , n'empêchèrent ce-
pendant pas qu'il ne fût sifflé , et que des pierres
ne fusseni lancées contre une maison voisine.
Quand le peuple parut prêt à se disperser , le
lord maire s'éloigna ; mais à peine èiait-il arrivé
à la maison de ville, que l'attioupement recom-
mença. S. S. retourna au marché , où plusieurs
officiers de paix avaient été attaqués et blessés.
Le lord maire fil alors lire le riot act , inviia de
nouveau les mutins à se retirer chez eux , les pré-
vint qu'il emploierait la force armée pour les y
contraindre , et qu'ils ne pourraient en attribuer
les conséquences qu'à leur obstination. Ce dis-
cours produisit autant d'effet que le premier, et
le tumulte cessa une seconde fois ; mais le soir ,
la foule devint beaucoup plus nombreuse qu'elle
ne l'avait encore éié dans la journée, et se ré-
pandant dans les environs , elle enfonçait toutes
les boutiques de boulangers, brisait leurs fenêtres,
et se f'esait livrer des lagots , ce qui indiquait l'in^
tention de mettre le feu quelque part Quinze ou
seize constahUs furent blessés grièvemeni, et leur
chef , M. Canner , saisi par la populace , eût sou
bâiôu , marque disiinctive de son emploi , brisé
entre ses mains. Les mutins s'en servirent pour
le frapper sur la tête , et voulaient le tuer. Il ne
dut son salut qu'au courage de deux officiers de
paix , qui lui firent un rempart de leurs corps.
Alors , le lord maire fut chercher lui-même les
volontaires , commandés par le colonel Cunis et
le major Powcll. S. S. marcha à leur tête , les
distribua dans les rues , qui étaient le théâtre du
désordre , en ferma toutes les avenues , et réussit
par cette marche à disperser completiment la
populace. Des patrouilles se sont promenées pen-
dant la nuit dans la cité , et avant onze heures la
Iranquilliié élait rétablie. Une récompense rie.
100 I. a été offerte à celui qui découvrirait l'au-
teur des affiches incendiaires que l'on avait trou-
vées sur le monument.
Dans une assemblée de la société d'agriculture
tenue à Baih , il a été démontré que la pomme de
terre coupée par tranches avec sa peau, sechèe
après au tour, peut se conserver plusieurs années
sans perdre de sa bonté et de sa qualité nurriiiye.
Un des membres de cette assemblée a fait voir
de la farine de pommes de terre qu'il avait en-
voyée , il y a quatre ans , à la Jamaïque , et qui n a
souffert aucune altération. Il avaitauparavant suivi
le procédé ci-devant indiqué et avait fait passer
après les pommes de terre à la meule.
On vient de découvrir une méthode pour fa-
Tjnquer du papier avec de la paille. A la vérité ce
•n'est que du papier grossier et d'ui.s couleur
jaune , mais il peut servir à l'enveloppe des bal-
lots et autres usages communs.
Thomas Carfou convaincu du meurtre de Char-
les Cassidy à Kilmainham-Wood , fut condamné
à la peine de mort. Le jour de son exécution , son
frerc vint de bonne heure pour le voir , et dit au
geôlier rju'un minisire devait venir et administrer
le sacrement à son malheureux frère. Comme le
juge avait donné permission pour que le prison-
nier pût voir ses parens , le geôlier laissa entrer les
individus dans le cachot du criminel. Quelque
tenis après le geôlier parut et leur dit que, si le
ministre avait à venir , il était tems ; l'heure fatale
approchait, le frère ofFiit d'aller le chercher et
partit. Arriva enfin le ministre qui passa assez de
tems à prier avec le prisonnier ; le g,éolier rentra
avec un oncle du condamné pour l'avenir qu'il
venait le chercher. Le prisonnier se relevé alors
de son lit de paille. Mais quelle fut la surprise du
geôlier qui ne reconnut pas le prisonnier? Ce n'est
J)as rhomas . cria-t-il. Non , répondit 1 autre , c'est
Antoine Cailou. Le ministre ne fut pas moins
étonné ; celui qui avait été le chercher était le con-
damné, qui avait pris la grande redingotte de
son frère.
Commerce du poisson.
Dans l'extrême rareté de grains, qui a porté j
depuis près d un an le prix du pain à un taux
excessif, le parlement a senti qu'en trouvant les
moyens de remplacer cette denrée par d'autres
fruits de la terre ou par une plus grande consom-
mation de viande , ce n'était porter qu'un faible
remède au mal , parce qu'alors tous les légumes
et toutes les viandes de boucherie devaient pro-
portionnellement hausser de prix. La mer qui nous
environne et dont aucun endroit de l'Angleterre
n'est éloigné de plus de i5 lieues paraissait offrir
une ressource avantageuse , et la chambre des
communes a institué un comité pour s occuper
de l'encouragement des pêcheries. Parmi les divers
rapports que le comité a icçus à ce sujet , celui de
M. Saunders , principal pourvoyeur de Harwich ,
est un des plus intéressans par les détails qu'il
contient. Nous en donnerons ici le résumé. j
Les vaisseaux pêcheurs sont ordinairement de
37 jusqu à 67 tonnes ; le plus grand nombre est i
Sa tonnes. Les frais de construction et générale- !
ment tous les accessoires du vaisseau jusqu à ce
qu'il puisse être mis en mer , montent à 1000 liv. !
Sa dépense courante est de 12 liv. par semaine, j
Lorsque les jeunes pêcheurs industrieux devien-
nent patrons de ces bâiimens , s'ils ont quelques '
succès dans leur pêche, ils employent leurs profits
à équiper un vaisseau pour leur compte. M. Saun-
dersDc leur rcfusejamaisde prendre une part d'un
huitième dans leur entreprise ; ils s'adressent de
même au boucher , au cordier , au boulanger et
au voilier, qui prennent ordinairement chacun une
part d'un seizième.
Les deux tiers des pêcheurs se servent de
longues lignes ,* et l'autre tiers de lignes courtes.
Pendant l'hiver la pêche se fait dans la mer
du Nord, et au printems douze vaisseaux sont
uniquement occupés à apporter des homars qu'ils
vont prendre sur la côte de Norwege , depuis le
Naze jusqu'à Berghen. M. Saunders a détaché
quatre vaisseaux à la pêche du turbot. ( Cette
pêche que les hollandais fesaient anciennement
seuls, se fait à présent par les anglaisa Heiigoland
et au golfe de Forih. ) Si elle a du succès, il
est persuadé qu'elle demandera beaucoup de
vaisseaux , qui pourront , lorsqu'elle sera finie ,
faire la pêche de la merluche et du hareng.
Ces pêcheries ont commencé à s'établiren 1714,
et se sont soutenues sans aucun secours dn gou-
vernement , excepté la somme de 400 liv. que
la corporation de Londres accorda en 1795 aux
pêcheurs sur le pied de 5 liv. par tonne de mer-
luche et de hareng vendus à 2 sous la livre. La
guerre d'Amérique porta un coup funeste aux
pêcheurs de Harwich ; ils auraient été ruinés pour
toujours , sans un acte de bonié mémorable de
la part du roi de France Louis XVL Vingt-cinq
vaisseaux avaient été pris dans un seul jour. Ce
monarque ordonna généreusement que les otages
et les billets de rançon fussent restitués; il dé-
fendit en même tems à ses croiseurs de molester
les pêcheurs anglais. Depuis cette époque , la
pêche de Harwich a déchu ; elle employait alors
65 vaisseaux, et 586 hommes, parmi lesquels
ï6o jeunes gens qui devenaient les-meilleurs ma-
rins du monde. La plupart des pilotes de la
floue de lord Duncan avaient été formés à cette
école.
A la fin de la guerre d'Amérique , 20 vaisseaux
neufs furent construiis, et la pêche de Harwich a
fleuri jusqu'à la guerre présente, dont les com-
mencemens lui ont été si funestes , que les pa-
trons avaient de la peine à trouver des assureurs
siar le pied de 40 pour cent. Mais la supériorité
que les croiseurs ..nglais ont pris dans les mers
du Nord, a réduit le prix des assurances à 25 liv.
Il diminuerait encore si la station ordinaire des
pêcheurs n'était au Doggers Bank , qui se trouve
être dans la direction de tous les croiseurs.
M. Saunders est d'avis qu'une prime pendant
la guerre serait d'un grand avantage pour le
soutien de la pêche , pourvu qu'elle fût accordée
en raison des peites que les pêcheurs auraient
éprouvés en mer , et non en raison dix poisson ,
qu'ils auraient amené dans le port.
Si la pêche du turbot réussit , M. Saunders
croit qu'elle fera de grands progrès à la paix.
Les anglais la connaissent déjà mieux que les
hollandais , et pourront les supplanter dans cette
sorte dépêche , comme ils l'ont déjà tait dans
celle de la merluche et dû hareng , qu'ils ven-
daient avant la guerre avec avantage dans les
ports même de fa Hollande et des Pays-Bas,
malgré les droits énormes qu'ils payaient dans
quelques-uns de ces ports , comme Ostende ,
et malgré les inlpôis mis en Angleterre sur toutes
les choses nécessaires à leur commerce.
■Variété.
Il circule un avertissement d'un genre nou-
veau; c'est un oncle âgé , possesseur d'une grande
fortune qui , ayant à se plaindre d'un mauvais
sujet de neveu , son héritier naturel , propose
d'épouser une jeune veuve qui se trouverait
enceinte , dont la réputation serait bonne , sans
considérer la classe à laquelle elle appartiendrait
par son mariage ou même par sa naissance ; il
promet le secret pour les lettres qu'il recevra
de la part des prétendantes et indique l'adresse
qu'elles doivent mettre.
(Ces articles sont extraits du Courrier de Lon-
dres , n". 23.
INTÉRIEUR.
CroiX'de-Vie , le <2^fructidar , an 8.
Citoyen , j'ai l'honneur de vous prévenir que
je suis instruit , par sept différentes maisons de
l'Orient, de l'entière disparution des anglais, de
Quiberon et de Belle-Isle. Hier, la poste de 1 Isle-
Dieu est arrivée; le patron de la poste , et plu-
sieurs personnes de l'îsle , m'ont dit que dans la
nuit du 18 au 19 , un cutter anglais était venu à
bord d'un vaisseau , mouiller dans leur rade, lui
apporter l'ordre de se rendre dans les ports d'An-
gleterre ; ils avaient à terre beaucoup de pièces à
leau pour remplir , ils ont repris leurs pièces
vides et 1rs ont rembarquées; les anglais étaient
tous fort gais , et disaient que nous avions la paix ,
qu'ils ne reviendraient plus dans l'île. Il a passé
au large de lîle , deux autres cutters qui étaient
à la recherche de diverses divisions pour les faire
rentrer. Je viens aussi déparier à 1 équipage d'une
chaloupe de Belle-Isle , qui m'a également assuré
la disparution des anglais; ils m'ont dit de plus ,
que les côtes de Belle-Ile et de Quiberon étaient
jonchées de cadavres ennemis.
Feuille périodique des Sables.
Paris , le 3 vendémiaire.
Le citoyen Cailly , père , connu dans les lettres
par d'agréables poésies erotiques, et sur-tout par
des chansons charmantes , vient de mourir.
— Le journal de la Meurthe annonce que les
prisonniers russes qui étaient à Nancy depuis un
mois , sont partis pour Lille. On s'est autant
attendri sur leur départ , qu'on les avait vus
arriver avec prévention. Ils avaient répondu par
leur excellente conduite aux marques de bien-
veillance et de confiance du gouvernement.
On les a vus embrasser les citoyens à leur dé-
part , et recevoir de ces derniers les expressions
d'un regret sincère.
— Le 3™^ jour complémentaire , on a fait à
Saint-Cyr la cérémonie de 1 installation des élevés
du Prytanée. Les discours du citoyen Salior ,
directeur de ce collège, du citoyen Champagne,
directeur du Prytanée de Paris, et du citoyen
Lefebvre , président de l'administration , ont été
entendus avec un intérêt que commandait la
nature des sujets qu'ils ont traités. Le repas qui
réunissait les professeurs des deux maisons , et
auquel assistait une députation des élevés de
Paris , qui étaient venus revoir leurs camarades,
a été égayé pat d'agréables chansons , faites par
les citoyens Luce et Landry; le refrein de l'une
était :
Enfans , croissez pour la patrie ,
Soyez dignes du nom français.
Des toasts ont exprimé les vœux de cette inté-
ressante réunion pour le perfectionnement et la
prospérité de tous les établissemens du Prytanée ,
et pour la propagation des lumières. Les jeunes
élevés , qui n'avaient pas quitté sans regrets
leurs camarades de Paris , sont aujourd'hui par-
faitement contens de leur sort. 'Tout annonce
que Saint-Cyr sera une seconde fois célèbre sous
le rapport de l'éducation que la jeunesse y pourra
recevoir.
— On écrit d'Augsbourg en date du 26 fructi-
dor , que le duc de Saxe Cobourg est mort le 21
à l'âge de 76 ans.
■ — L'affreux, événement qui a plongé Ostende
dans le deui! , a offert deux événemens aussi irt»-
téressans que curieux. Un enfant emmaillotté a_
surnagé pendant douze heures ; on la trouvé dou-
cement endormi sur un tas de coquillages , et sous
les pilotis. Une femme enceinte est tirée de l'eau,
en la deshabillant on s'apperçoit au mouvement
que le fruit qu elle porte dans son sein est vivant.
Aussitôt on appelle un chirurgien qui lui fait l'o-
pération , et tire du ventre de cette infortunée , un
enfant bien portant et qui promet de vivre.
Le nombre des victimes de ce fatal événement,
est aujourd'hui constaté. Il s'élève à 170 individus
de tout sexe et de tout âge. Cette catastrophe a
donné lieu à des traits de courage et de dévoue-
ment qui méritent d'être cités. Le capitaine d'ar-
tillerie Gerbe , qui a perdu sa femme et sa nièce ».
s'est jette plusieurs fois à la nage , et est parvenu à
sauver trois persoine.s , mais sans avoir le bon-
heur de sauver celles qui naturellement devaient
lui être les plus chères. I
— Le feu s'est manifesté , dans la nuit du 5'
jour complémentaire, dans l'une des chambres de
la maison d un épicier , rue du Petit-Carreau. Deux .
enfans , l'un âgé de 9 ans et l'autre de 4 , s'y trou-
vaient enfermés. Le plus âgé a péri dans les flam-
mes , et l'autre déjà suffoqué , a eu le visage , les
yeux et les mains légèrement endommagés. Il eût
infailliblement subi le sort du premier , si sa mère,
alors absente , ne fut rentrée assez à tems pour
lui sauver la vie. Les secours ont été prompts : le
feu ne s'est point communiqué au-dehors.
■ — Dans les jeux qui ont eu lieu au Champ-
de-Mars , les prix ont été obtenus , celui du tic
au blanc au pistolet par le chef de brigade du
douzième régiment de hussards . Fournier ; celui
de la course de chars par le citoyen Journ on; celui
de la course à cheval par le cit. Jonhson.
Dans la matinée , le cit. Garnerin avait fait pla-
carder une lettre , dans laquelle il représentait au
ministre de lintérieur que l'état de l'atmosphère,
et les vents de léquinoxe soufflant avec violence ,
ne lui permettaient pas de faire l'expérience de son
ascension, avec descente en parachute : cepen-
dant cette ascension que le tems rendait plu»
périlleuse encore , a eu lieu à l'heure indiquée ,
le citoyen Garnerin en donne lui-même les détails
dans la lettre suivante.
AuRÉDACTEUR,
taris , le 2 vendémiaire.
Citoyen ,
Le tems ne fut jamais moins favorable qu'hier
à une descente en parachute. Je regarde celle
que j'ai faite comme la plus périlleuse de toutes ,
à cause des tempêtes qui agitaient l'atmosphère.
Le vent du sud-ouest, qui dirigea le premiec
ballon précurseur, tourna tout d'un coup à
l'ouest, et couvrit le ciel de nuages noirs qui
semblaient annoncer un grand ouragan. Néan-
moins , je fis part au ministre de l'intérieur de
la résolution oîi j'étais de risquer l'expérience ,
malgré la probabilité du danger. Il m engagea ,
avec beaucoup de sensibilité, à retarder moa
départ d'un quart-d'heure , pour laisser calmer
la bourasque qui s'annonçait. Je me suis élevé
enfin avec beaucoup de force d'ascension. Le
vent d'ouest étant très-violent au-dessus de la
terre, me fit traverser le Champ- de - Mars et
l Ecole-Militaire avec rapidité , et agita l'aérostat
et le parachute de manière à leur imprimer un
mouvement de rotation opposé , ensorte que
les cordes se tortillèrent autour du cable prin-
cipal ; ce qui pouvait rendre le développe-
ment du parachute très-difficile. Je combinaii
qu'en m'élevant davantage , j'aurais plus de
tems pour descendre , et par conséquent plus
de probabilité de développement; ce qui arriva,
car ayant tranché la corde de séparation entre qua-
tre et cinq cents toises . je descendis avec beau-
coup de vitesse jusqu'à ce que l'air remplit peu-
à-peu la capacité du parachute. Les cordes se dé-
tortillerent , et je commençai à descendre plus
doucement, en éprouvant des oscillations qui ne
furent pas à beaucoup près aussi grandes que la
violence du vent me lavait fait apj.réhender , ce
qui prouve un grand degré de perfection dans
mon parachute.. Enfin , j'approchai de terre trés-
sensiblement , et je m'apperçus que j'arrivais di- f,
rectement sur les piques d'une grille de jardin, Jfr
oti ma nacelle s'accrocha par le bord , et resta ^
suspendue de la manière la plus miraculeuse pour
moi, les pointes de la grille n'étant pas à deux
pouces de ma poitrine. Je dois remercier la for-'
tune de m'avoir préservé d'une fin aussi doulou-
reuse, L'épouse du président du sénat conserva-
teur et une autre dame eurent la bonté de me re-
cevoir dans leur voiture et de me ramener à
1 Ecole-Militaire. Je me rendis de suite auprès
du ministre de l'intérieur, qui daigna me témoi-
gner beaucoup d'affection.
J'espère que le pubHc verra dans mon dévoû-
ment une nouvelle preuve de mon empressement
à justifier son attente ; car , malgré l'avis que je
donne que mes descentes en parachute n'auraient
pas lieu si le vent était trop vif , il ne m'est pas
encore arrivé d'en différer une seule par ce mo-
tif; j ai toujours mieux aimé m'exposer à tout qu«?
de manquer de parole.
Salut et considération. Garnerin,
"T"!
ACTES DU GOUVERNEMENT.
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'aprè* le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du citoyen Guillaume Conrad , second lieutenant
dans la 4' compagnie du 2^ régiment d artilllerie
Jégere à la bataille de Maringo, où, ayant eu
une jambe emportée par un boulet de canon ,
il tombe, se soulevé pour observer le tir de sa
batterie, refuse d'être transporté, et prie ceux
qui étaient venus pour le faire , d'ordonner de
pointer plus bas ;
Lui décerne , à titre de recompense nationale ,
un sabre d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrête du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 19 fructidor , an 8 de la
•république française.
Le premier consul. Signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé, Carnot.
Au NOM DU PEUPLÉ FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante du
citoyen Charles-Joseph Mourain , lieutenant de
la gendarmerie aux Sables , département de la
Vendée, lorsqu'à la tête des habitans de Beau-
voir et Lacroniere , il a forcé les anglais à se
rembarquer précipitamment, et a sauvé dans la
baie de Bourgneuf un convoi qu'ils tentaient
d'incendier ;
Insjruit que déjà cet officier s'était distingué par
plusieurs actions d'éclat, notamment en 1781 .
que l'on dut à sa bravoure la conservation d'un
bâtiment français poursuivi par un corsaire , et
dans un grand nombre d'affaires de la guerre de
la Vendée ;
Lui décerne à dire de récompense nationale,
le grade de capitaine de gendarmerie, et un sabre
d'honneur.
_ Il jouira des prérogatives attachées à ladite
lécompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris le 26 fructidor, an 8 de la
xépublique française.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Supplément à la liste des fonctionnaires envoyés des
départemens pour assister à la fêle du i" ven-
démiaire.
Département de l'Ain. — Sausset ; Robert ;
Ghausset-Saint-Sulpice.
T R I B U N A T.
Présidence d'Andrieux.
Suite de la séance du i'' vendémiaire.
Suite du discours d' Andrieux.
Cette méthode prudente a produit les meil-
leurs effets ; on s'est rapproché , on s'est rallié au
gouvernement.
La malheureuse guerre de la Vendée prête à
8e rallumer avec fureur , a été prompiement
éteinte; et des citoyens autrefois égarés, désor-
mais fidèles à la république , se sont montrés
bons français par leur loyauté et leur courage
contre l'ennemi.
Partout la confiance a commencé à renaître ;
le crédit public , principal soutien des empires
4ans nos tems modernes, s'est relevé ; la lisie des
émigrés , qui , toujours ouverte , tenait la Fiance
entière dans les alarmes , et comme en éiai d'in-
terdit civil , a été feimée ; quant aux radiaiions ,
le gouvernement a pu être trompé par la cor-
ruption et 1 intrigue ; mais il a pris des mesures
pour ne plus l'êire ; il ne ?e laissera pas sur-
prendre aux insinuations perfides des ennemis'
de la patrie ; il fera sans douie rendre jusMce à
ceux que l'erreur ou quelque passion maltcsanie
a pu inscrire sur la lisie fatale ; mais il ne souffrira
pas que des baniies d émigrés r.nirés , au mépris
d'un ariicle consliluiionntl , fatiguent de leur
présence nos guerriers qui les ont tant de (ois
vaincus, et conspirent au milieu de nous la
perte dus républicains et la ruine de la répu-
blique.
La perception des contributions a été réglée de
manière à en procurer une rentrée plus régulière
el plus sûre; une caisse d'amortissement a été éta-
blie , et elle a reçu les cauiionneniens que les
citoyens pourvus de fonctions publiques, n'ont
pas hésité d'y verser avec conH ince. Une banque
s'est élevée , dont les billets circulent aujourcl hui
comme de l'argent , parce qu'ils sont payés à
biireau ouvert. La foi publique qu'un mauvais
génie avait si long-iems foulée aux pieds , sans
pudeur et sans mesure , a commencé à être res-
pectée. Les rentiers et les pensionnaires de l'état
ont reçu l'assurance d'être bientôt payés en nu-
méraire ; les fonds publics sont remontés à un
taux inconnu depuis long-iems , et avec ces com-
itiencemens de piosj.criié revient aussi insen-
siblement le respect de la morale , la fidélité aux
engagemens. Le gouvernement . en remplissant
les siens , enseigne aux citoyens à tenir les leurs.
Il fait plus , ii leur en fournit les moyens ; c'est
ainsi que la morale des peuples se fonde en
grande partie sur une sage adminislfaiion de leurs
finances, comme la probité des particuliers tient
souvent au bon état de leur fortiine.
La forme de l'administration a éié simplifiée;
les administrés eux-mêmes y concourent par les
conseils de département ; cette forme retrace les
ancipnnesadministràiions provinciales, dont l idée
patriotique est due à Turgot , ce ministre cilO)en
et vraiment ami du peuple.
L'ordre judiciaire a été recréé tout entier . et
l'i'nstitution des juges à vie, en assurant leur par-
faite indépendance , et les mettant à portée d ac-
quérir les lumières que l'expérience seule peut
donner , garantit aux justiciables liraparlialité et
l'équité des jugemens.
De grands élablissemens d'éducation publique
ont été formés ; on s'est occupé d'améliorer l'en-
seignement dans les écoles centrales, et déjà de
toutes pans , les faits prouvent combien le nou-
veau système d instruction qu'on s'est si injuste-
ment empressé de décrire , est préférable à l'an-
cienne routine.
Les beaux-arts vont être consacrés à élever de
nobles et solides monumens , dignes de la répu-
blique et durables comme elle.
Enfin , nous avons goûté le repos après lequel
la France soupirait depuis si long-tems ; nous
n'avons plus été témoins de ce flux et reflux per-
pétuel de lois qui déplaçait à chaque instant toutes
les notions du juste et de l'injuste , de ces oscilla-
tions politiques qui , élevant , abaissant tantôt un
parti , tantôt un autre , menaient toutes les pas-
sions en jeu, et tenaient l'intrigue toujours en
haleine..... Le gouvernement a pris un caractère
de stabilité , chaque citoyen a joui de la sûreté
individuelle , premier bienfait , et but principal
de l'association politique.
Après avoir considéré le bien qui s'est opéré
dans l'iriiérieur , jeltons les yeux sur noire situa-
tion à l'égard de l'étranger; rappelons -nous ce
qu'elle était , il y a un an , et comparons.
Des alliances renouées ou affermies !. . Des lois
sur la course maritime rapportées , parce qu'elles
nous lésaient des ennemis de tous les neutres !
un conseil établi pour juger la validité des prises
inaritimes , non plus selon les subtilités el les
rigueui^s de la procédure, mais conformément
aux prirîcipes du droit des gens et de léquité
riaturelle, gage donné à tous les étrangers de
l'esprit de justice qui anime notre gouverne-
ment !
Avec quelle franchise et quelle aménité ont été
traités les officiers prisonniers de guerre, 'et par-
ticulièrement ceux de la brave naiion russe.' C'est
ainsi que le courage honore le courage , et que
des hommes qui s'estiment , au sortir du champ
de bataille , ne sont plus ennemis.
Vous vous attendez bien , mes collègues , que
dans cet exposé rapide de tous les. avantages que
la république a recueillis pendant ces dix mois ,
je n'omettrai pas les plus grands , les plus irapor-
lans , les plus glorieux de_ tous , les avantages
militaires.
Celte année a ramené et fixé la victoire sous
nos drapeaux. Avec quelle promptitude l'armée
de réserve a été formée el instruite ! avec quelle
rapidité elle a marché I l'ennemi doutait encore de
«on existence , et déjà elle débouchait dans le
Piémont I elle volait à la délivrance de la Li-
gurie .' Cependant quels obstacles elle avait
eus à surmonter ! il avait fallu franchir les neiges
et les glaces du S. Bernard! entre des précipices,
dans détroits passages , oîi le plus déterminé
voyageur ne pose le pied qu'avec défiance , il
avait fallu faire gravir la cavalerie , transporter
les canons dans des troncs d'arbres creusés , faire
monter et descendre les lourds caissons et les
trains bruyans d artillerie.... Ces neiges éternelles ,
ces roches escarpées, s'étonnèrent d être couvertes
d'armes et de combattons ; et l'aigle hardi qui
pose son aîle sur leurs cimes, céda son antique
domaine à des hommes plus intrépides que
lui. Ainsi se renouvella le fameux passage d'An-
nibal Mais celui de l'ancien général
lut moins difficile et moins prompt ; oà les
africains ont descendu, les français ont volé....
Le chef carthaginois , envoyait devant lui la
désolation , le ravage et la terreur ; mais à la
nouvelle de la marche des françnjs , les plaine»
de la Lombardie nnl pris un aspect plus riani;
la belle Italie a tendu ses br?' vers ses libéra-
teurs.... Bientôt une seule balailie nnus â rendu
douze places fortes , et tout le territoire cisalj.iii ,
et a replacé l.i France au rani; qu'elle doit oc-
cuppcr dans 1 Europe. Un mois à peine après
son départ de Paris, le premier consul, vain-
queur, a po^é volontairement les armes, et a
offert la paix.
Dans le même temps , l'armée d'Allemai'^ne ,
conduite par un gcnéial doiu elle adni re et
cliérit , non - seulement la valeur et les griinds
talens mililaires, mais la modestie, mais la pro-
bité , mais la siinpliciié républicaine ,' l'aimée
d'Allemagne avait stagné qu;iiie batailles rangées,
concjuis toute la Souabe , une partie de la Ba-
vière , passé le Danube à la nage et sans pon-
tons, vengé lafliont f.tit aux armées françalres.
dans la plaine d Hochsicdl ; enfin elle se piomei-
tait d'ail r chercher la paix dans les murs de
Vienne , si l'armistice et 1 espoir même de la paix,
n'eussent suspendu sa marche victorieuse.
A côté de ce tableau, ou plutôt de cette es-
quise impai faite de nos succès , pourquoi faut-il
que j'aie à placer l'image douloureuse de plusieurs
pertes bien grandes et bicii sensibles à la républi-
que ? Ici , mes collègues , quelle dette j'ai à payer !
quel devoir vous m avez imposé par votre ariêié
du 2 ihermidor ! (1) quel discouis peut , je ne dis,
pas ofirir eles éloges , mais rendre justice «ux gJicr-
riers franqais morts pour ta défense de la patrie I qui;
pourrait raconter dignement leur magnanimité et
i leur héro'iqiie dévouement ? Les huit années de
guerre de la lévolulion offrent plus de glorieux
faits d'armes, plus de triomphes mililaires , qii au-
cun des siècles les plus brilians de notre histoire !
It faut remonter jusrju'à Charlcinagne pour trou-
ver la France aussi vaste en territoire , aussi puis-
sante par la force des armes I A qui avons-nous.
dÈ cet éclat , ceue piuissancc ? et disons la vérité ;
à qui devons-nous la liberié , la sûreté de l'inic-
rieur, de notre propre existence (car aucun do
nous n'eût voulu ni pu vivre apiès l'asservissemenli
de son pays ) , à qui les devons-nous . si ce n'est,
au patriotisme et à la bravoure des armées'
françaises ?
Recevez l'hommage de la reconnaissance na-
tionale , vou< , bur-tout , qui avez cimenté de votre
sang les fondemens de la république ; vous qui,,
presque tous moissonnés dans la fleur de 1 âge ,
avez assez vécu pour linimonaliié , mais trop peu
pour votre patrie ! Mous illustres , noms célèbres
désormais placés à côlé des grands noms que les
siècles sont accoutumés à révérer . Dampierre ,
Dugommier,Marceau,Chérin, Champion net,
JoL'BERT , Caffarelli , et toi , premier grenadier
de l'armée fiançaise , brave et savant Latour-
D Auvergne; et vous , dignes lieutenans du grand,
général, vous DtSAix , vous IClÉber , qu'une
inconcevable fatalité nous enleva prcsqu'au même
instant , l'un aux champs de Maring:o , par la mort
des braves; l'autre aux rives du Nil , par le fer
d'un vil assassin ! ... . Mais une bouche dus élo-
quente que la mienne 2) doit rendre aujourd hui à
ces deux héros les liouiicurs funèbres, doit leur
dire les dernieis adieux du peuple Mais le,
premier magistrat de h tépubliiiue va peser les
ion emens de ta colonne ttionipjiale qui doit,
transmettre à la posiéiiié leur gloire et nos
regrets.
Eh ! combien tous nos soldats se sont montrés
dignes de tels gc- éiaux !. . . . La pluspart de ces
gétiéraux eux-mêmes avaient eié pr's dans les
rangs des soldats ! Un tems viendra où le souecnir
de tant d'exploits cuni encore rendu plu^ véné-
rable par I ancienneté , nos neveux, cjue dis je?
le monde entier vantera ceil.; incro^LliJle bia-
vou.e des soldats de la liberté. Un tems viendra
où. avec une admiration religienbe , on lira sur
le marbre et l'airain les noms immortalisés par
une mon glorieuse ! Heureuses les lamilles qui y
trouveront les leurs ! Les historiens les conseiye-i
ront dans leurs pages fidelles ; les poètes les cé-<
lébreront dans leu.s chants divins. ...; les mu-
siciens les leiont voler de bouche en bouche....
Aujourd'hui Tèloge de ces guerriers devrait être
prononcé par un compagnon de leurs danger»
et de leuis travaux. Pour les louer dignement ,
ce n'est pas assez que le cœur ail raille fois palpité
aux tou chaos et merveilleux récits de tant d'actions
héro'iques ! Ii faudrait avoir éié le témoin de leur
loyauté , de leur généiosiié , de leur consiancei
dans Jes privations , de leur sang-froid , de leur
gaïeié inaltérable lu milieu des scènes les plui»
terribles- Il faudrait les avoir vus courir au pu^
de charge au-devant des bouches à feu , sauter
dans des redoutes , se précipiter sur les canons, s»;
jeter nuds dans uri fleuve , et le traverser à la
1) séance du 2 tliermidor an 8. , ' .
Le tiibunat sensible à la perte que l'armce frnnçaîse a faite
dans la personne de son premier grenadier , voul.int tion-'i, r
foisle'dévntie" — ' - '•■ ---i- ■ ' '
résident pvo
cfensc de la
(1) Le tito
lient et la „ _
anniversaire de la foiKtatio
onicra l'étoge des gênerai
,1-1.1-
■ Laloiir-.l V 'tr^,-
•- lu rcptlb:!.;' P , snn
ançais liiorts pour Iti
de l'initliut natiunal et du iii-
13:
nage pour aller chercher l'ennemi sur la rive
opposée Et ces tvails appartiennent à tous.
iiOuel estle grenadier, disait Laiour-d' Auvergne ,
qur'ne soit aussi brave que rnoi , qu'on veut
nommer premier grenadier de l'armée? Ce litre
convient à tous et n'en doit distinguer aucun, m
Q_a'ajouterais-je à ce mot sublime d'un héros
tombé sur le champ de baiaille ? mon cœur
o.ppressé sent trop l'insuffisance de mes paroles.. .
Pardonnez mes collègues , ah ! pardonnez à
votre faible inierprête de ne pouvoir ofFiir à
tant de guerriers morts pour la dél'ense de la
patrie , que le désordre du sentiment, que les
larmes de l'adniiration et de la reconnaissance.
Tant de sang n'aura pas été verse inutilement;
tant de travaux et de sacrifices ne seront pas per-
dus ; la république non-seulement subsistera ,
mais va devenir de plus en plus florissante ; Je
vous ai indiqué les améliorations de l'année qui
vient de fin'
niet de no . ,
que le premier consul a offerte avec tant de mo-
dération aussi-tôt après la victoire; la paix qu'il
-faudra bien imposer aux ennemis de la république,
s ils ne veulentpas conseniirqu'on la leur accorde.
•Des fêtes non moins brillantes, non moins solen-
nelles que celle-ci nous attendent, et peut-être
sont prochaines
Les fonctionnaires publics venus des dépar-
tlemens reporteront dans leurs loyers d'heu-
reux présages et de douces espérances
Ils diront qu'après la paix , qui est son^ pre-
mier vœu , le gouvernement , débarrassé des
soins et soulagé des dépenses de la guerre , s'oc-
<upera plus que jamais de ranimer l'agriculture ,
le commerce et l'industrie , de relever notre ma-
rine , de simplifier les lois en les réunissant dbns
un seul code , de maintenir et de favoriser les
institutions et l'éducation républicaines , de rendre
enfin les hançais non pas plus dignes , mais
plus capables de la liberté.
Qu'ils disent en même tems que le tribunal ,
fidèle à son institution . et n'oubliant pas que les
hommes sont toujours ce que la législation les
fait être , s'efforcera de préparer de bonnes lois
par des discussions sages et approfondies ; que ,
chargé de réclamer pour la liberté , pour la pro-
priété, pour la sûreté des citoyens, il joindra,
comme il l'a fait jusqu'ici , le zèle à la prudence ,
et la modération au courage. Heureux tous ses
membres , si leurs travaux et leur conduite poli-
tique leur concilientl'estirae et l'afFeclion de leurs
concitoyens ! plus heureux s'ils peuvent , aucoin-
menceraent de chaque année comme de celle-ci ,
féliciter la république sur des améliorations im-
portantes , et prévoir pour elle de nouvelles
sources de prospérité , d'abondance et de gloire !
Les cris de vive la république ! sont répétés de
toutes pans.
Le corps de musique exécute les airs de la
liberté.
La séance est levée.
L'auteur , après avoir observé que cet état de
faiblesse et de caducité s'étend également sur
tous les animaux , assure que le moyen de rendre
cette vaste contrée plus salubre et plus produc-
tive , serait , non pas de dessécher les étangs , mais
de nettoyer le lit de la Ciaise , et de lui procurer
un cours plus facile.
En citant la fin de ce mémoire , nous fournirons
une preuve irrécusable que la simplicité du style
n'exclut point l'iniérêt.
Il Si , dans ce département, l'œil d'un homme
éclairé ne trouve encore rien qui le flatte dans
les édifices publics -, si l'esprit d'un amateur des
sciences et des arts cherche vainement quelque
motif d'exercice et de salisiaction dans les monu-
mens du département, les plus douces jouissances
y sont préparées à l'homme sensible qui voudra
connaître les mœurs des habitans de ce paisible
pays ; son cœur sera délicieusement ému , lorsque
parcourant les hospices d'Issoudun , de Château-
ir: celle qui commence nous en pro- . Rqu^ , les deux villes principales du déparlement,
luvelles ; la paixjes amènera ; la paix | j| ^, jr^^^gra tout ce qui peut soulager 1 humanité
soulTranie.
n Là seulement , la parcimonie disparaît ; l'hon-
nête aisance la remplace. Des médicamens de
bonne qualité sont réunis; les officiers de santé
les plus éclairés multiplient leurssoinsbientesans;
et les plus fortunés d'entre les habiians se livrent à
une administration active , sage , économe , ai-ec
un zèle égal, et quelquefois supérieur à celui
qu'ils développent pour leurs propres affaires.
j)C'est-là que la bienfesance accorde à ces en-
fans , victimes de la misère ou de la dépravation,
des soins presqu'aussi tendres , aussi aff^eclueux
que ceux qu'ils auraient droit d'attendre de leur
mère. La diminution de revenu que ces établis-
semens ont éprouvée par la venie d'une partie
de leurs propriétés , a diminué leurs moyens ,
sans affecter le zèle des administrateurs ; il n'est
pas même altéré par le retard que le gouverne-
ment apporte dans le paiement des frais de nour-
rices ; retard qui augmente incommensurable-
menl les peines , les embarras de ces hommes
estimables.
)> Ce caractère de bienfesance, d'ordre, d'é-
conomie , de patience , de résignation , que les
administrateurs des hospices déploient, est le
modèle de celui que l'on reconnaît essentielle-
ment chez tous les habitans du déparieraent.
!) L'air de ses vastes plaines], pur , mais moins
vif que celui des pays montueux , ne porte point
dans leur sang cette chaleur bouillante , principe
de l'énergie qui imprime à l'homme le besoin
et le désir du mouvement, et se développe sous
tous les. rapports ; son enfance , vouée à la vie
pastorale , le dispose à chérir la douceur et la
nonchalance du repos. La tranquillité de l'at-
mosphère qui l'enveloppe, règne dans son cœur ,
et cet état de paix sufRt à son bonheur ; possé-
dint l'exact nécessaire , il néglige un superflu
qui n'ajoute rien à ses plaisirs , et dont il ne se
tait pas d'idée , étant éloigné de ces grandes villes
où le spectacle journalier du luxe éveille l'amour
de l'or , aiguillonne l'ambition , et élcctrise toutes
les facultés de l'arae." (Extrait de la Gazette de
France , du 3o fructidor. J
Il paraît un Mémoire sur l'état du département de
VIndre , adopté par le conseil-g;énéral de ce dé-
partement, et fesant partie d'un rapport du
cit. Grétré , l'un de ses membres. Un de nos
journaux en parle ainsi ;
)>I1 serait à désirer qu'on possédât sur chaque
département de la France un mémoire aussi bien
fait , aussi dépouillé de tout ce qui ne lient pas
au sujet: la collection en ferait un ouvrage aussi
mile à l'administration qu'intéressant pour chaque
individu, m
Après avoir décrit les richesses d'une contrée de
■ce. déparlement , le cit. Grétré trace le tableau
suivant ;
)) Il n'en est pas de même d'une contrée plus
vaste qu'on nomme la Brenne , et qui est renfer-
mée entre la Ciaise et la Creuse ; tout ce pays
BofFre qu'un sol sabloneux et aride , couvert
de bois, de bruyères, de roches nues, d'une
multitude innombrable d'étangs vastes et peu
profonds , de marais formés par la Glaise , qui
■coule sur un lerrein plat oti elle est par-tout
encombrée. A peine peut-on cultiver la dixième
partie des terres ; et elles ne produisent que peu
de seigle et d'avoine; ces eaux stagnantes pé
°i . _. : 'i V J„
telles représentations annoncées avec éclat, c)a?-
sées avec méthode , ne seraient pour la comédie
française , ni sans gloire , ni sans profit : elles
recommenceraient la vie de Mole , et perpétue-
raient sa mémoire. "
Cette idée serait uiile à l'art , et sans doute très-
agréable au public , mais l'auteur n'a-t-il pas senti
qu'il imposait ainsi à Moié un travail , que dans
son jeune âge , toute sa facilité lui eut à peine
permis d'entreprendre?
Nous avons eu souvent occasion de parler de
Talma , et de son jeu vraiment tragique. Nous
trouvons dans ['Année théâtrale un portrait de cet
acteur que nous croyons assez lidele.
a Sa taille n'es! pas très-élevée , mais elle est
bien prise ; sa tête est d'an beau dessin ; le carac- ■■
tere en est ferme etiprononcé ; son œil est ex-
pressif, sa phisioiionl'ie mobiles; ses traits sombres
et réfléchis; ceux qu'une passion violente et
concentrée imprime sur le front , s'y gravent plus
facilement que tout autre. Menace-t-il ? son œil
est terrible ; conçoit-il l'espoir de la vengeance?
son ris sinistre est effr;iyant. Epris de l'amour
des ans , et cherchant sans cesse dans l'étude
de l'aniique des leçons , et dans les chefs-d'œuvre
des statuaires des modèles , il a fait au théâtre la
révolution que Vien commença dans notre école
de peinture , et que David et ses élevés terminent
si glorieusement. ))
On a reproché à Talma de ne chercher à
briller que dans les ouvrages modernes, et de
négliger l'ancien répertoire. Ce reproche est
fonde ; m:iis en cherchant à justifier cet acteur ,
l'année théâtrale fait observer que u de tout tems
les auteurs et les comédiens contemporains ont
été en commnnauié de succès. Corneille et Ra-
cine eurent Baron ; Voltaire eut Lekain , Du-
belloy trouva Larive, Ducis a pu s emparer de
Talma. jj II y a au moins de l'adresse dans cette,
excuse.
En général , l'auteur a donné à l'article théâtre
français plus d importance et d'étendue qu au»,
autres. De plus , on trouve .i chaque article une
nuance dans le ton et dans le style , qui a quel-
qu'analogie avec le genre du ibéâire dont il
est question : par exemple, en parlant du Vau-
deville , c'est ainsi que l'auteur prédit à cejoli
spectacle une existence durable.
Il Sa durée semble garantie par le caractère
même des français : il est à l'abri des caprices
de la mode ; car il est le plus prompt à s'y plier.
Il est le plus solide de tous , car l'esprit saiyrique
lui sert d'Apollon. Il se fonde sur la malignité
publique qui l'alimente et qui l'excite : il sub-
sistera donc tant qu il y aura du mal de fait et du
mal à dire , un ridicule à saisir , un auteur à
parodier, uneaventure scandaleuse à chansonner,
enfin tant que durera le chapitre des événemens:
il a des privilèges précieux ; comme l'église galli-
cane , il a ses "libertés. L'esprit peut se permettre
beaucoup de choses dans un couplet; e.st - oa
rnéchant et dangereux , quand on aimable et
gai ? etc. etc."
Ce recueil peut être utile aux comédiens ; il
piquera la curiosité et intéressera tous les amis du
théâtre. Peut-être ne le jugeons-nous aussi favo-
rablement que parce que souvent nous y avons
rencontré des traits déloge ou de critique qui
rentrent dans notre manière devoir, et que plu»
d'une fois nous avons essayé de faire sentir nous-
mêmes; mais c'e:t-là une de ces préventions dont
il est bien difiicile de se défendre , en parlant
d'un ouvrage nouveau.
Celui-ci , petit in-i8 de p'us de 3oo pages ,
imprimé avec soin, se trouve à l'ancienne li-
brairie de Dupont , chez Henrichs , rue de la
LIVRES DIVERS.
L'Année théâtrale. Tel est le titre d'une
petite brochure contenant une notice complette
sur tous les théâtres de Paris , leur organisation ,
les acteurs qui en font partie , les nouveautés qui
y ont paru , les sujets qui y ont débuté pendant le
cours de l'année qui vient de finir. Nous avons
jeté un coup-d'œiî rapide sur ce recueil ; il nous
a paru réunir la justesse dans les jugemens , à la j l^; ^ n" isSi.
— i.- j — i_ :.: .._ — ji,„„. j„ . piix , I franc 80 centimes, et 8 fr. 20 cent.
variété dans la composition ; un ton décent de
critique à une juste partialité ; un style clair et
précis, à des notions exactes , à des détails inté-
ressans. On n'y trouve point cités les nombreux
employés que chaque théâtre occupe : l'Année théâ-
trale offre un coup-d'œil littéraire , plutôt qu'une
aride nomenclature. Son auteur nomme le théâtre
français , le premier de tous. Nous étions accou-
tumés , dans des recueils de cette nature , à voir
donner le pas à l'ancienne académie de musique :
les auteurs de l'Année théâtrale ont prévu l'ob-
jection, et y répondent ainsi:
n Nous nommerons l'Opéra le premier , lors-
qu'il sera d'usage de nommer Quinault et Gentil
Bernard avant Corneille et Racine ; Molines avant
._.j,.- -. , „ . Voltaire ; Guillard avant Ducis; Morel avant
__^trentla terre et corrompent jusqu'à l eau des CoUin d'Harleville ; La'is avant Préville ; Vestris
puits et des fontaines; les vapeurs raéphiuques 1 ^y^^^ jyiol^ ,,
qui s'exhalent de ce sol humide et pourri , oiit, ji^ ^^t raison : le premier théâtre , le théâtre
lur l'espèce animale et sur les productions , les
plus funestes effets.
)) Dans cette malheureuse contrée , l'homme
vraiment national fut toujours celui , où le même
jour on peut donner le Cid et le Tartuffe.
En parlant de Mole , en rendant hommage à
apporte en naissant une fièvre qui ne le quitte | son grand lalent, l'auteur de /'j^nnee Mcâira/e émet
qu'au tomb.-au; son enfance est rachilique , sa j une idée qui serait très-séduisante , si elle était
jeunesse sans développement, son âge viril sans praticable. Il désirerait qu'à des jours indiqués ,
->, • -11 __- :_-ii •_ '_ T :„.-i,= „u;= Ar„ii >■ 1.- .. :„..„.,;.,. ,„„-,o»s.
"force , et sa vieillesse accélérée. La moindre plaie
aux jambes devient souvent incurable ; aussi
la consommation de l'espèce humaine y est
effrayante; et la population , sans cesse alimeniée
aux dépens du surplus du département , y reste
néanmoins constamment fort au-dessous de celle
t»rdi<iaire des pays les moins peuplés. "
Mole, secondé par les premiers sujets, repassât [gj ruines , lisez
tous les grands rôles comiques qui sont au réper-
toire, u Ainsi , dit-il , pour une foule d'ouvrages
abandonnés du public , parce qu'ils le sont des
comédiens, la tradition qui en ce moment s'égare,
serait rendue par Mole, avidement saisie par ses
éUves , et la perte en serait au moins différée. De
franc de port.
Le Cultivateur anglais , ou œuvres choisies d'agri-
culture, d'économie rurale et politique , d'Arthur
Young . traduit de l'anglais par les cit. Lamare ,
Benoist et Billecocq , avec des notes par le cit.
Dclalauze, coopérateur du Cours d'Agriculture de
l'abbé Rozier.
Première livraison , composée des voyages au
sud, à l'ouest delAngleterre et dans la principauté
de Galles , i vol ; du voyage au nord de l'An-
gleterre , 2 vol. ; du voyage à l'est , 3 vol. , en-
semble 6 gros volumes grand in-8° , avec dis
tableaux et quarante-quatre planches gravées en
taille-douce par Tardieu;prix , brochés, 33 fr.
et franc de port par la poste » 42 fr.
A Paris , chez Maradan, libraire , rue Pavée-
André-des-Arts , n° 16.
Nous ferons connaître avec plus de détail cet
important ouvrage.
ERRATA.
Page 7 , 3' colonne , ligne 5 , continueront,
lisez : contribueront; ligne 38, c'est le dévoû-
ment , lisez : c'est ce dévonment ; ligne loi ,
les crimes. — Page 8, pre-
mière colonne , l" ligne , déguisant , lisez :
déguisent; ligne 56 , qui n'étaient pas différentes,
lisez : qui n étaient que différentes ; ligne 60 , de
la religion , Usez : et la religion.
A Paris , de limprimerie de H. Agasse.
"*M^
GAZETTE NATIONALE ou LE MON! LEUR UNIVERSEL
JV° 5.
Qjiinlidi , 5 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible..
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O Nj.T EUR est le seul journal officiel
Il contient les séances des .autorités constituées , les actes du gouvememeni , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant su ■
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérieTles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le\6 septembre ( zgfricctidor.)
On apprend par des dépêches reçues lundi
du général Abercronibie, que le général Graham
a éle détaché avec 4,000 hommes de troupes,
et un train nombreux d'artillerie pour attaquer
Malte. Sir Ralph Abercrombie s'y est transporté
aussi avec deuxrégimens de mille hommes chacun,
tirés de Livourne ; mais après avoir reconnu la
force des ouvrages , et l'état de défense de la
place, il a cru prudent de renoncer à son entre-
prise, et de faire retirer ses troupes qui, selon
4es derniers rapports ont été ramenées à Minorque.
Il paraît que l'édition de la Bible, dont parle
Addisson , comme ayant été publiée sous le règne
de Charles P' avecceue faute dans le decalogue:
.t^t commettras l'adullere , n'est pas la seule à qui
l'on puisse reprocher de pareilles altérations. On
lit parmi les variantes , une aliéraiions faite un
jour, par la veuve d un imprimeur allemand,
dans la sentence qui condamne Eve à être sou-
mise à son mari , et qui est exprimée dans le
jgmc verset du 3""' chapitre de la Genèse.
Celte femme qui , après la mort de son mari ,
s'était mise à la tête de l'imprimerie , eut occa-
sion une nuit d'aller dans l'atelier oii une nou-
velle édit'on de la bible était sous presse : elle
retrancha les deux premières lettres du mot herr ,
dans le passage que nous citons , et y substitua
la syllabe na , mettant ainsi le mot fol à la place
du mot seigneur ; (i) on rapporte que ce trait
de bisarrerie coûta la vie à cette malheureuse.
Elle fut exécutée à Leipsick. Les exemplaires
ainsi falsifiés furent achetés et brûlés par ordre
du magistrat; mais il en échappa quelques uns,
qu'on retrouve de tems en lems dans le com-
merce et qui sont vendus extrêmement cher;
on dit qu'il y en a un exemplaire dans la col-
lection des bibles de Stuttgard.
Le comté de Leicester a adopté un plan pour
faire baisser le prix du blé. Il fait honneur à son
patriotisme, et présente un exemple qui sera ,
sans doute , imité par les autres comtés du
royaume. Quelques habilans de la ville ayant
représenté aux fermiers l'extrême misère où le
pauvre se trouvait réduit par la cherté excessive
du blé , ceux-ci formèrent aussitôt une associa-
tion volontaire, et s'engagèrent à ne vendre jamais
le bled plus de 5 liv. st. le quarter (8 boisseaux
de 55 liv. chacun) , la première qualité. Cet en-
gagement a été souscrit par plus de ceiit fer-
miers ; il était ainsi conçu: ((Nous soussignés ,
déclarons que nous vendrons au marché de ce
jour, le quarter de blé 5 liv. st. , et nous prenons
l'engagement de n'exiger jamais, à l'avenir , im
flus haut prix. 'irions invilon.? les autres fermiers
à nous imiter, n (Cent signatures dans l'espace de
trois heures.)
Pluneurs des signataires ont avoué que dans
le tems le plus malheureux , avec 5 liv. st. le
cultivateur était couvert de tous ses frais et dé- 1
penses. Il faut espérer que le parlement profitera
de cette déclaration pour défendre que le blé
ne soit jatiais vendu plus cher que 5 liv. st. le j
quarter. C'est le moyen d'arrêter le monopole , |
calamité si redoutable pour notre pnys { 2). |
Les propriétaires dans le Detbyshire sont con-
venus de faire porter leurs grains immédiatement
sur le marché ; mesure qui doit avoir les plus
heureux résultats pour le public.
Nous apprenons, par des lettres de Constan-
linople , en date du i5 du mois dernier ( 27 ther-
midor) , que l'escadre russe , sous le comman-
I 1 ) Heur , mot alltmand qui répond à notre mot MliTKE ou
«eioniur; NARR repond au mot frani^ai! Fol, extravagant.
( 2 ) Le journalinte anglais qui s'imagine qu'on peut6xer au prix
du bled un maximum, ne pense pas qu'il faudrait le lendemain
en fixer un pour toutes les valeurs coiuinerciales et que le 3e.
iour il n'y aurait plus ni commerce nî circulation possibles. L'An-
gleterre est le pays du monde où l'on a lait le plus de progrès
dans la science de l'économie politique ) mais il n'y a ponn
d'erreur populaire qui, dans-oe pays comme ailleurs, ne trouve
«le» partisans. Le Journal de Paris observe avec justesse que les
insurrections nui , dans ce moment se manifestent de toutes
IMrls en Angleterre ress'mblcnt beaucoup à celles qui troublèrent
U France dans l'année 1789. L'analogie est d'autant plus com-
plette que les prétextes des insurges , et les raisonnemena des
iomoiiintatcur» peu instruits, «ont précisément les mêmes que
ceux dont on se ««ivaii alors.
dément de l'amiral OutschakofF. a reçu ordre de
rentrer dans les ports de U Crimée.
Birmingham , le i6 septembre.
Des symplômes d'insurrection ;lrès - e'fTrayans
ont éclaté hier au soir dans différetjs quartiers
de_ la ville et dans le voisinage. Dés qu'il fut
nuit, un rassemblement considéraMe . conduit
avec ordre par un chef, se montra dans Sm^l-
brook-Sireei. Ouand la irou]>c fut arrivée devant
la maison de M. Evans , marcbat.d de comesii-
■bles, le chef cria halte, et aussitôt la troupe
s'arrêta. Il cria ensuite marche : à l'instant une
grêle de pierres brisa les fenêtres et les volets
de la maison. Après cela , les séditieux dispa-
rurent. Pendant ce lems la force militaire se
rassemblait dans New-Street.
Un parti de révoltés s'est présenté 3u-.si la nuit
dernière devant les maisons de M. 'VVhaley et
de M. Harrison , dEdgbasion. Ils en ont brisé
les fenêtres , et ils auraient fait plus de mal
encore , sans l'arrivée des ofiiciers de paix.
Une autre bande de sédiiieux de 'Westbrara-
virich arriva ici hier, et s'assembla à 'Walsall. Elle
força les bouchers à vendre leur viande à
quatre pence et quatre pence et demi la livre.
Un boucher s'y étant refusé , on lui donna une
heure pour faire ses réflexions : il finit par
obéir.
Au milieu de la nuit , un gros de séditieux
vint à la m:iison de M. Newby , fermier , â
quelques railles de Birmingham , et demanda à
entier pour voir s'il n'avait pas de blé. Mais
celui-ci s'y opposa , et assura qu'il n'en avait
point. Les séditieux insistèrent : il consentit
enfin à en admettre trois par la porte de derrière,
sur la promesse qu'ils lui firent de ne point
agir en ennemis. Pendant ce lems le reste de la
bande , sans égard pour la promesse qui avait
été faite , enfonça la porte de devant.
Ces furieux n'ayant pas trouvé le bled qu'ils
cherchaient, buçent l'aile de M. Newby , man-
gèrent son lard , et essayèrent d'emmener ses co-
chons.. Pour les en empêcher. M. Newby prit
son fusil et menaça de faire feu sur le premier
qui oserait ouvrir l'érable. Intimidés par sa fer-
meté, deux des chefs lui offrirent de composer
pour cinq guinées. Il déclara qu'il ne les avait
pas i ils en demandèrent trois : la condiiion ne
fut point acceptée. A la fin cependant M. Newby
offrit en particulier à chacun de ces deux chefs
une guinée , s'ils voulaient le débarrasser de leur
bande. Ceux-ci acceptèrent : quelques minutes
après , il n'y avait plus personne dans la maison.
Le lord-maire a tenu hier . à Guidhall , une
assemblée extraordi-'aire d'aldermanns. Il a dé-
claré à la cour assemblée qu'il avait reçu avis
du 1 placard incendiaire , attaché au mon:tment (i)
samedi au soir, et qui avait occasionné -un ras-
semblement de séditieux à Corn-Maiket (marché
aux bleds); qu'il avait usé de tous les moyens
qui sont en son pouvoir pour dissiper ce ras-
semblement ; qu'il avait eu le bonheur d 5 réus-
sir , et qu'il avait promis une récompense de
100 liv. sierl. à quiconque découviirait l'auteur
d'un pareil allentat.
La cour des aldermanns . pleinement satisfaite
de la conduite du lord-maire , a résolu de porter
à 5oo liv. sieil. la récompense qu'il avait pro-
mise. Il a été arrêté aussi que . dans l'état actuel
des choses, il -fallait que tous les aldermanns se
tinssent à leur poste ; des remercîmens ont été
votés au lord-maire pour la vigilance et la sagesse
qu'il a développées dans cette occasion. L'opinion
de la cour a été que , si l'on n'avatt pas défendu,
la veille , les approches du Corn - Market , le
prix de la farine et du bled aurait encore baissé.
La cour a piis en conséquence la détermination
de réprimer par la force , si 1 oa ne pouvait y
parvenir autrement , toutes les tentatives crimi-
nelles qui seraient faites pour interrompre ou
troubler le marche.
La cour , après avoir examiné les mercuriales
et entendu le maître garde de la compagnie des
boulangers (Sur l'assise du pain , reconnaissant
qu'il y avait eu peu de variations dans la farine ,
a oidonné que le prix du pain continuerait à
être le même.
Q_uelques personnes arrêtées hier , vont être
pou. suivies par le solliciteur de la cité , aux frais
de la cité.
( î ) Voye2 le n». d'ilisi.
Il s est tenu lundi ( 20 fructidor) , une assem-
blée deshabitansdeWallingford , dans la maison
commune. Elle avait été convoquée par le maire .
a l'eff'ct d'aviser aux moyens de réduire le prix
énorme du beurre. L'assemblée était nombreuse
et bien composée. Il y fut arrêté, à l'unanimiié ,
qiie personne , pendant un mois , ne consomme-
rait , ou ne laisserait consommer de beurre dans
sa tatniUe , à un plus haut prix, que celui d'un
schelling la livre ; il faut espérer que cet exemple
set^a suivi par les autres villes. La même assem-
blée a arrêté une souscription généreuse pour
poursuivre avec vigueur tous les monopoleurs
et accapareurs qui pouiraient êire découverts.
Bambury. — Lundi, i^ septembre (ao fructidor. )
Notre ville est dans ce moment le théâtre de
1 insurrection et du désordre. La cherté du pain
en est la cause ou le prétexte. La nuit dernière ,
vers minuit, de violcns symptômes de troubles
ayant éclaté , on dépêcha un exprès à Oxford
pour faire venir un déiachement du 14= de dra-
gons légers , qui y sont en quartier. Ils arrivèrent
aussitôt pour maintenir la tranquillité publique.
Jusqu'à présent il n'y a point eu de malheijrs ,
mais nousle devonsévidemment à L'éneraie qu'ont
déployée les troupes et les associations. Les fer-
miers ont pris le jour même la résolution de
■fournir la ville de bié , à un prix modéré. Les
mêmes symptômes se sont fait sentir à Oxford ;
mais les magistrats ont calmé les esprits en taxant
le pain , le beurre, Je fromage et les auiresdenrées
de premierenécessitéà un prix médiocic. Le pain
de 4 livres se vend i3 pence et demi.
Extrait du True Briton . du Star et du Saint-
James-Chronicle.
Du 18 septembre ( i" jour complémentaire.)
Les plans de campagne de nos ministres sont ,
dit-on. très-beaux sur ie papier. Il ne inanque
pour leur réussite, que les fortifications de l'en-
nemi soient aussi en papier.
Si , par un armistice sur mer , le gouverne-
ment français entend l'interruption de nos expé-
ditions . l'issue de celle contre le Ferrol doit le
taire désister de ce préliminaire.
Il paraît qu'en dernier résultat les troupes com-
mandées par sir James Puheney , ont été con-
voyées dans la Méditerranée par le Gilbraltar et
l'Ajax, et que le reste de 1 armement , sous les
ordres de sirjohn Boriase 'VVjrren , a rejoint la
gifande flotte , dont il avait été détaché.
Tout ce que nous entendons dire de cette
expédition , nous confirme dans l'idée qu'une
enquête est devenue nécessaire. Il y a des cou-
' pables dans ceue affaire; mais il est difficile de
les reconnaître , sans une connaissance préalable
des instructions.
En attendant , vô'ici quelques question»
bien simples auxquelles le peuple anglais
dont I honneur, le sang et les tiésors ont été
ignominieusement compromis , semble avoir ac-
quis le droit d'exiger des réponses claires et
précises.
N'a-t-il pas été débarqué au Ferrol , dans le
meilleur éiat de santé et de discipline-, sous les
ordres d'officiers distingués , et la protection
d'une escadre puissante, un corps de 11 mille
hommes pleins d'ardeur et de courao-e ?
Les hauteurs qui commandent la place . n'onl-
elles pas été atteintes par nos troupes avec peu
d'obstacles et de perte ? Y avait-il dans la ville dii
Ferrol plus de 600 , ou dans la citadelle . plus de
200 hommes de troupes espagnoles ? Nexlstc-t-il
pas dans le port beaucoup de vaisseaux de
guerre et de navires marchands espagnols , et
dans la ville d'immenses magasins de vivres , de
munitions et de marchandises ? Et n'était-ce pas
lopinion générale de la flotte qu'il nous était:
facile de nous en emparer ou de les détruire?
( Les braves espagnols ont prouvé que Ja .flotte
se trompait. — Nele du rédacteur.)
D'après une information produite sous serment
par devant jM. Ford au public-office , qu'il devait
y avoir bientôt un combat (à coups de poing)
entre Mendoza le juif, et un autre fameux boxeu,r
nommé Belcher, il a été rendu par ce ma"isiiat
un wanant pour empêcher les deux païues de
se battre en dedans de sa jurisdiction.
Mendoza a dit dans sa défense que c'était
Belcher g^ui l'avait défié au combat, et çjue comme
u
l'affaire, devait se vuider en Ec»8se, il avait cm avait appris enir'autres que la femme Roland avait
ne point outrepasser les lois existantes , en aci
ptant'le cartel.
M. Ford lui répliqua que dans le cas où il
persisterait dans sa lésoluiion , il écrirait aux
magistrats d'Ecosse , et qu'il employerait tous les
moyens en son pouvoir, non-seu|cment pour
pour prévenir ce combat , mais même pour en
Jaire punir les acteurs , s'il avait lieu.
Sur la parole Formelle de Mehdoza, cautionnée
par deux personnes connues, quil ne se bat-
terait point avccBelcher ou tout autre individu , le
warrant a été retiré.
On dit que le comte de Moira aura le com-
mandement des troupes destinées à défendre le
Portugal . en cas qu'il soit attaqué. Nos ministres ,
auraient-ils entin , découvert qu'il faut des géné-
raux à de» armées ?
Le vice amiral Dickson est de retour avrc
son escadre , dans le rade d Yarmouih , de sa
mission sur la côte du Dancmarck.
Il a paru à la hauteur du cap Lézard, une
flotte de vingt navires venant de Qjiébec , chargée
de farines et de bleds. Il en a été vu une autre
devant le cap Clear , arrivant des Indes-Occi-
dentales. l'Extrait du Morning-Chronide. )
Du 20 septembre {^' jour complémentaire. )
Actions de la banque , fermées. — Trois pour
cent consolidés. 64 î. 65. 64 \. j. pour octobre
64 |. 65 ^. \. — Omnium 4 i. 5.
Des rasscmblemens nombreux ont eu encore
lieu hier dans Fleet-Maiket et Bridge-Street. Il
n'a été rien entrepris contre les boutiques ; les
individus qui formaient ces atlrouperaens se sont
bornés à insulter les passans , et à forcer les
cochers de fiacre à ôter leurs chapeaux et à les
agiter en lair , en se joignant à leurs vociféra-
tions. Il paraît qu'ils avaient l'intention de se
porter plus loin et d'attaquer la maison de
M. Cullam , riche marchand de fromage ,
lorsque l'arrivée d'un détachement des chevaux
légers de la cité leur fit prendre le parti de se
retirer. De gros coipî de troupes patrouillent
dans les rues et dispersent chaqtie groupe , à
mesure qu'il s'en forme.
Il vient d'être f.iit un,e proclamation , datée de
Weymouth , lendarile à réprimer l'esprit d'insur-
rection et à faciliter l'arrivage des grains dans les
diflérens marchés.
On est dans l'appréheasion la plus vive à Jersey
d'une descente de la part des français.
(Extrait du Sun.)
INTÉRIEUR.
Paris, le 4 vendémiaire an g.
La France vient de perdre un citoyen recora-
mandable par ses venus et sestalens. C'est Veron-
Forbonnais , auteur de plusieurs ouvrages sur
l'économie politique , et particulièrement les finan-
ces. Il y a piès de cinquante ans qu'il commença
à écrire 5 et quoique la science économique ait
fait de grands progrès depuis cette époque , on
ne trouvera dans ses ouvrages rien que la plus
saine doctrine ne puisse avouer.
Il a été pendant la plus grande partie de sa vie
occupé utilement près de divers contrôleurs-géné-
raux et administrateurs ; sa conduite a toujours
éléirréprochable et désintéressée.
Il laisse après lui une mémoire honorable.
— La gazette de Francfort avait annoncé dans
son n° 248 , que le général Menou était mort en
Egypte . soit de la peste , soit par le poison. Le
citoyen Bâcher , chargé d'affaires de la république
française près la diète générale de ^empire-^, ayant
été invité à prendre des informations sur la source
où le gazettier avait puisé cette nouvelle , s'est
convaincu que , répandu d'abord à Constanti-
nople sans aucune authenticité, ce bruit ne s y
était point confirmé; que des nouvelle dejaffa,
postérieures à l'époque à laquelle on rapportait
cet événement, n'en lésait aucune mention , et
personne à Constantinople n'a ajouté foi à celte
fable imaginée et colportée par les agens de l'An-
gleterre. Il faut faire honneur de cette invention
a ceux qui débitaient en Egypte la nouvelle de la
contre-révolution opérée en France , et en France
celle de 'a mort de Bonaparte. Ces petits moyens
familiers à nos ennemis , s'usent un peu par un
déjà été condamnée , par la police correction
nelle de Paris , à trois années de réclusion dans
une maison de force , pour cause d'escroquerie ;
mais qu'elle s'était échappée. Après de longs dé-
bats, lejury a décl.iré le fait constant, et les
juges leur ont appliqué la loi , qui ordonne l'ex-
position au poteau pend,int six heures , à payer
les frais du procès , et à six années de fers pour
l'homme . et de réclusion dans une maison de
force pour lu femme pendant un même nombre
d'années. Ou a remarqué que , des trois citoyens
de Strasbourg qui ont dénoncé ces escrocs , et
qui sont la cause de leur arrestation , aucun ne
vit plus •, l'un était le banquier Joseph Hotraann ;
l'autre le courtier Reinbold , et le troisième un
juif. On ajoute, mais sans preuve, que chacun
de ces trois citoyens avait reçu , dans le tems ,
des lettres en blanc à leur' adresse , et dans les-
quelles il n'y' avait rien d'écrit : on suppose que
peut-être ces lettres auraient pu être la cause de
leur moit, cequi serait bien difficile à expliquer.
Cs fait n'a pas excité l'attention du tribunal , et il
n'est pas prouvé. ( Journal des UéOats. )
— En annonçant , dans notre numéro du 28
fructidor dernier, h Mappemonde philosophique
et politique du citoyen L. Btion, père, ingé-
nieur-géographe , nous avons omis de dire que
l'objet fondamental de cette carte sur laquelle se
trouvent tracées les lignes itinéraires de Cook et
de Lapeyrouse, était de représenter sous tjne
même couleur les différentes naiii^ns soumises
à une même forme de gouvernement. Sur cette
carte et au premier coup-d'oeil on peut distin-
guer et reconnaître les contrées qui , quoique
séparées par les plus grandes distances, obéissent
à un régime semblable ; les nations soumises à
un gouvernement despotique; celles qui se gou-
vernent démocratiquement ; celles que régit un
monarque; celles où la monarchie est absolue
ou tempérée ; celles où une constitution répu-
blicaine renferme un mélange d'aristocratie ; les
tribus demi sauvages chez lesquelles on trouve
à peine quelques traces de civilisation ; celles
d'entr'elles les plus près de la nature, mais par
fois féroces ; les unes sujettes et tributaires , les
.autres , en plus grand nombre, indépendantes,
y sont marquées par différentes couleurs. On y
trouve des tableaux du nombre présumé des ha-
bilans de la terre, 1° sous le rapport des grandes
divisions ordinaires , 2° sous le rapport des divi-
sions à raison de la nature des gouvernemens.
Une foule de notes explicatives achèvent de
donner à celte carte toute la clarté et tout l'in-
térêt dont elle était susceptible.
Le nom seul du citoyen Brion recommande
cette production dont l'idée nouvelle lui ap-
partient. J
— Il n'est pas inutile de faire remarquer que le
!=' vendémiaire , il ne se trouvait pas à Paris plus
de 25oo hommes de troupes de ligne , y compris
la gendarmerie. Cependant , aucune circonstance
ne pouvait otîrir plus d'aliment à la curiosité pu-
blique , attirer une foule plus nombreuse , ni
donner lieu à de plus grands rassemblemens. Plus
de 200,000 spectateurs se sont réunis sur les am-
phitéâtres du Champ-de-Mars , sans que le moin-
dre tumulte, le plus léger accident aient troublé
IfS jeux ni mêlé quelques larmes à la joie pu-
blique. Le même calme , le même ordre avaient
I régné la veille dans tous les théâtres gratuitement
ouverts. Le premier consul assistait à celui de la
République , où f on croit qu'il n'y avait gueres
moins de i5,ooo personnes rassemblées tant dans
la salle que dans les corridors et sous les por-
tiques. Dans plusieurs autres états de lEurope ,
avec beaucoup plus de précautions et d'efforts ,
on n'obtient pas d'aussi heureux réjullats. A Lon-
dres , où plus de 10,000 hommes sont tenus habi-
tuellement en réserve pour garantir la sûreté pu-
blique , les désordres sont très-fréquens : et tout
récemment , des insurrections très sérieuses ont
donné lieu à de graves inquiétudes.
On sait qu'à Vienne , le général chargé du
commandement de la place a donné sa démis-
sion par ce qu'on avait réduit â moins de 6000
hommes la garnison de cette ville , qui n'équi-
vaut pas au quart de Paris. Il n'est peut-être
pas de puissance en Europe qui n'entretienne,
pour maintenir la police dans l'intérieur de ses
états , un nombre de troupes proportionnelle-
ment double de celui qui est employé en France
pour le même service dans la plupart des grandes
trop fréquent usage ; e^ à force de trouver qu'on | "P."^'^!, , .1 est qu.ntuple de celui qu on a a
,a eu tort de croire ce qu'ils on dit, on finira par ^^"'- <^" farts mentent deire pubhes^ parce
ne pas croire leurs nouvelles , précisément parce
que ce seront eux qui les auront dites.
— Le 3' jour complémentaire , on a jugé à Stras-
bourg une cause qui avait attiré beaucoup de
monde. Une lemme et un homme qui avaient
pris le nom de Beauharnais. avaient été arrêtés
à Strasbourg pour avoir négocié de faux effets de
commerce. On a appiis que le vrai nom de la
femme était Roland , veuve Laioc , et celui de
l'homme , Bournel. Depuis leur arrestation , on
avait recueilli beaucoup d'informations, et oa
qu ris peuvent faire juger de l'état de la France,
et donner une idée juste , tant de sa situation
que de celle de son gouvernement.
Sur l'A ngleterre.
La guerre est ordinairement envisagée comme
destructive de la prospérité des empires.
Les peuples la craignent pour leur bonheur ,
les riches pour leurs fortunes , les pauvres pour
leur industrie , les gouyeruemens pour leur
puisiance.
On assure qu'aujourd'hui c'est la paijt, que
redoute le cabinet de Saint-James <, ou drt qu'il
considère les malheurs de la guerre comme une
mine inépuisable qu il doit continuer à exploi-
ter sans pilié comme sans remords , pour son
seul profit , aux dépens des malheurs du con-
tinent , des colonies , du monde.
Qjie de vérités sévères et terribles pourraient
être opposées à cette politique cruelle! Nous
nous bornerons à quelques réflexions.
Ce n'est point dans son île qu'e-t la source de
la richesse et du crédit de l'Angleterre,
A quelque soinme que les exagéraieurs gagés
élèvent les revenus de son territoire , les produits
de son industrie , les fruits de son commerce , il
n'est pas douteux que c'est au-delà des mers que
sont toutes ses ressources , et que c'est avec l'or
d'un autre hémisphère qu'elle paie les crimes et
les maux de celui-ci.
On convient que , dans la guerre actuelle, l'An-
gleterre est devenue la maîtresse des mers par ses
vaisseaux.
La république française a acquis sur terre une
puissance à laquelles les efforts combinés de
lEurope n'ont pu resisier.
Le seul usage que son gouvernement ait voulu
en faire , le seul avantage qu il ptéiende en tirer
encore , c'est d'obtenir une paix durable. et so-
liste , un traité dont la justice , l'intérêt général de
l'Euiope garantisse l'exécution.
Le cabinet de Saintjames au coniraire ne veut
user de ses succès' que pour consolider sa domi-
nation ; il ne verse un peu d or en Europe , qie
pour s'emparer de tout lor de l'Améiique et de
l'Asie.
La république française combat pour rester
libre.
L'.Angleterre combat pourrester dominatrice.
De cjuelqucs illusions que ses négociateurs en-
tourent les cabinets qu ils assiègent , cette vérité
n'en reste pas moins frappante pour touslesyeux.
Si de nouveaux succès sur terre couronnent ,
comiTie tout le présage , les nouveaux efforts
des armées françaises , l'Angleterre n'a - t - elle
donc pas à craindre que les peuples et les rois
s'indignent enfin de leurs trop longues erreurs ,
et qu'ils ne soient ramenés , par les nouvelles
leçons du malheur , à des idées plus justes , plus
modérées, sur-tout à des résolutions plus utiles ?
Que deviendra alors l'Angleterre isolée ?
Que deyiendra-i-elle si les yeux de l'Europe
s'ouvrent ? si tant de nations outragées , tant de
pavillons avilis, tant de puissances bravées , se
réunissent pour lui reprocher son orgueil et
leurs injures , son ambition et leurs malheurs ?
Quel rempart opposerait-elle à une ligué bien
plus juste, et conséquemment plus redoutable
que celle qu'elle entrelient contre la France ?
Venise était moins superbe , moins opulente,
moins redoutable, quand elle arma contre elle
tous les potentats de I Europe , plus jaloux en-
core d'abaisser son insolence que de partager ses
dépouilles.
L'Angleterre sera-t-elle aussi heureuse que le
fut alors la reine de l'Adriatique ?
Si un véritable politique s'élève , et persuade
enfin aux rois de 1 Europe qu'il est tems de sentir
quelle force destructive 1 Angleterre veut faire
peser sur leurs trônes avilis ; si par l'irrésistible as-
cendant de leur intérêt bien mieux entendu que
celui qu'on présente en ce moment à l'Autriche
comme le plus pressant , on réussissait à former
une ligne contre l'usurpation , lenvahissement ,
le despotisme maritime L'e l'Angleterre ; si on fe-
sait dire à cette ligue , Brisons le sceptre de cette
Rome de la mer , que ferait-elle ?
Ses flottes la rassurent.
Mais les flottes ne sont pas l'arme prépondé-
rante dans les duels d'empire à empire.
Il ne suffit pas d avoir des vaisseaux pour
donner des lois à l'univers.
Que les ports du continent européan se fer-
ment aux ang ais ; Que la terre indignée les
repousse de toutes parts sur lélément où ils
ont voulu dominer ;' '
Qu'on leur refuse de tous cotés les moyens
de réparer les ravages des tempêtes ou du
tems ;
Qu'on n'ait plus l'imprudence de lutter contre
eux sur mer avec des forces inégales ; qu on
les laisse se consumer en stations , en blocus
impuissans ;
Qu'on ne leur donne plus l'occasion de forcer,
par la crainte des châiimens ou des supplices ,
les matelots de leurs ennemis ou de leur alliés
de servir sur leurs flottes , et de faire de leurs
prisonniers des recrues ou des victimes; qu'on
ait quelques mois , ijuelques années s'il le faut,
le courage des privations pour ne pas être tri-
butaire de leur commerce ;
On verra alors que jamais les prospérités ap-
puyées sur des flottes et des vaisseaux n'ont été
durables.
i5
Les succès obtenus sur les mers , participent à
leur insiabiliié.
De tous tems les matelots ont fini par céder
aux soldats.
Alexandrie, Tyr, Cannage ont étonné l'univers
par leur commerce , leur richesse et leur puis-
sance: comme l'Angleterre , elles couvraiertt toutes
les mers de leurs vaisseaux.
Elles ont cédé à des ennemis qui n'en avaient
pas.
Des puissances modernes qui ont eu des jours ,
des années , et même des siècles de gloire , Venise ,
Gênes , le Portugal , l Espagne , ont cédé au pou-
voir des piques et des bataillons , à l'ascendant
des forces continentales.
Le sol et les hommes constituent seuls la vi;aie
richesse et la vraie puissance.
Tout est réel , tout est cfFeclif dans la force des
bras d'un peuple brave et nonibieux , dans les
ressources du produit d'un territoire étendu et
fertile.
L'imagination peut y ajouter , mais on peut les
soumettre au calcul sans qu'elles y perdent.
La puissance maritime se compose de tant de
moyens , elle a tant d'ennemis , saus compier les
hommes , qu'elle est menacée chaque jour de
destruction.
La marine est en guerre avec tous les élémens.
L'esu , l'air , le feu , marient ou secondent réci-
proquernent leurs fuieurs ; mille chances peu-
vent tourner contre un vaisseau les moyens de
destruction et de mort qu'il renferme.
Toutes les manières de périr , toutes les res-
sources des ans meurtriers , sont rassemblées
dans ce petit espace ; la guerre maritime coûte
cent fois plus d'or et de sang que toutes les
autre) ; l'onde dévore en quatre ans de guerre
les deux tiers des matières et des hommes qu'on
y emploie.
Jamais donc , la raison le dit et l'histoire
l'atteste , une puissance maritime n'a triomphé
d'une puissance continentale.
Les anglais , après avoir gagné des batailles
sur le sol fiançais , comme les carihaginois sur
le territoire d'Italie , ont fini par être réduits à
iè servir pour leur fuite , des vaisseaux armés
pour leur triomphe.
Et si les puissances enropéannes, non contentes
de se liguer pour défendre le continent, pour
en interdire l'accès à l'Angleterre , s'entendaient
pour créer une marine qui pût combattre la
sienne avec avantage ; alors sans doute , lés maux
de Ihumanité seraient plus cruels , plus affreux ,
mais leurs auteurs seraient plus rigoureusement
punis.
Que de vaisseaux déjà construits en mer ou
dans les ports , pourraient s'unir contre l'Angle-
terre !
sa femme-, d'empoisonner le citoyen Guillet , primées littéralement parla constitution, il n'y
eur beau-frcre , pour s approprier sa succession
quelques jours plutôt. lis allèrent le voir , et en
lurent reçus avec une cordialité qui aurait dû
les désarmer. Vers la fin du souper , la femme
Bourier met le poison dans un verre de vin que
Guillet bo t avec sécurité. Il en ressent bientôt
les atteintes. Bourier dont il provoque les secours
lui en administre de perfides , et bientôt sa
victime expire dans ses bras. Une mort aussi
prompte et aussi extraordinaire fixe l'attention
publique. Le juge de paix informé fait exhumer
et ouvrir le cadavre : le poison est reconnu.
Des mandats d arrêt sont lancés contre Bourier
et sa femme. Le tribunal criminel les a con-
damnés a mort. Le tribunal de casiaiion a rejeté
leur appel : ils ont subi leur jugement à Château-
roux le 14 fructidor dernier.
T R I B U ;n A T.
Présidence cTAîiclrieux.
SÉANCE DU 2 VENDEMIAIRE.
Un secrétaire faitlecture de la correspondance.
Le citoyen Delambre , président du bureau
des longitudes , fait hommage du volume de la
Connaissance des tems pour t'ait 11.
en aurait point , car la constitution n'en exprime
littéralement aucune. Comment aurait-elle pu
les exprimer ? était-il possible de prévoir tous le»
cas, d'embrasser toutes les combinaisons?
Si dans la conduite ordinaire de la vie le sage
et le juste ont pour maxime , dans le doute abs-
tiens toi; dans la conduite des affaires publiques
le doute impose 1 obligation de s'éclairer; d'oii
je conclus qu'une inconstitutionnalité , fût - elle
même fort douteuse , son existence lût - elle
un problême , le doute imposerait l'obligation
de recourir au sc'nat-conservateur.
Le rapporteur éiablir en outre que l'inconstitu-
tionnaliiéestune mesure extraordinaire qui ne doit
être employée qu en raison inverse de sa loice,
et que plus cette foice est grande, moins il laut
l'opposer à de faibles résistances ; il en prescrit
sur-tout l'économie.
Je pense bien, tribuns, que vous ne devez
pas transformer une mesure salutaire et gr'aVe ,
en une iracasseiie puérile ou opiniâtre , contre
le gouvernement , la sagesse du tiibunat m'est
un sûr garant à cet égard ; mais je ne crois pas
que vous puissiez regaidt-r la dénonciation d'une
inconstitutionnaliié , comme une mesure qui ne
puisse être appliquée t[i] à des cas extraordi-
naires. La poursuite de 1 itieonstitutionnaljié est
une mesure constituiionelle comme toutes les
auires; vous ne pouvez la dénaturer ni la ri-odi-.
Le tribunal accepte l'hommage et ordonne le , fier ; vous n'avez pas même la faculté de l'exer-
cer ou ne l'excrter pas. Toutes vos attributions
sont obligaioirts pour^vous . parce qu'elles sont
un dépôt et non une propriété.
Ainsi , dans le sysiêiTie de votre commission,
la mesure de l'inconslitittionnaliié n'est qu'unvain'
épouventail qu'il faut tenir en réserve , et qui n'est
redoutable qu'autant qu'on en usera rari.-meni ,
Un premier tour de scrutin, pour le renou-
vellement de la commission des inspecteurs, . -. . . . . „
n'ayant donné la majorité absolue des suffrages ' P^'^cipes de notre tnstnut.on. S.
à aucun des candidats, il sera fait un second Paru a 1 un de nos collc-ues un i
dépôt à la bibliothèque.
Le citoyen Miot , nommé conseiller - d'élat , 1
écrit qu'il accepte celle place , et donne sa dé-
mission de membre du tribunal.
Il sera fait mention de cette lettre au procès-
verbal. Le tribunal arrête ensuite qu'il sera fait
un message au sénat-conservateur pour lui an- | et pour ainsi'dire ,"jàm'ais.
noncer la démission du citoyen Miot. t^ -u 1 1 „ „,
* ' \ Tribuns , ne soyiins pas plus sages que la cons-
On procède au renouvellement du bureau:' (iiulion ; n'ayons d'aune volonté que la sienne ;
Crassous est élu président; les secrétaires sont,' remarquons , sur-tout en loi obéissant, en quoi
Imbert , Malès , Riouff et Grenier. [ elle diffère de celle de l'an 3 , sous le rapport de
la force , des prérogatives et des droits accordés
au gouvernement. Pénétrons-nous bien des vrais
'e ttibunat a
essai hardi en
l'expéritnce a déjà fait entievoir. a
scrutin a la première séance. i
On reprend la discussion sur la pétition du
citoyen Borel , par laquelle il dénonce comme
inconstitutioimcl l'arrêté du conseil-d'état relatif
à la liquidation des créances des ci-devant fer- ,
miers-généraux.
pa
pohtique .
tous les hommes éclairés que , dans l'état actuel
de la civilisation , cette institution est une con-
ception adaptée aux tems où nous vivons , aux
habitudes , à l'opinion , aux besoins du peuple
français, aussi nécesaire au gouvernement (|U au
peuple. La poursuite de l'inconstitutionnalité est
pro^^er ,
donlil ne peut
à l'aide desquelles , dans la séance précédente , | indiquer au tribunal la conduite
Ganilh a soutenu la pétition , et combattu l'avis ■ s'écarter.
de la commission qui avait proposé de déclarer L'orateur applique ces principes à la question
qu'il n'y avait lieu à délibérer. pariicuherc qui a motivé le (apport, et il rap-
Le rapporteur , dit Ganilh , a mis en question ! pelle l'acte du gouvemcment dont il y_ est ques-
si l'inconstitutionalité consiste dans la violation de j lion : il établit que cet acte a paralysé ou plutôt
la lettre ou de l'esprit de la constitution , ou dans . infirmé un jugement rendu , et confirmé par un
l'infraction de l'une et de l'autre. La faire con- 1 tribunal d'appel . et nie que ce droit soit com-
sisler dans la violation de l'esprit de la constitu- ! pris dans les attributions constitutionnelles du
tion , lui a paru ouvrir la porte à des inductions , 1 gouvernement , attributions qu'il rappelle et dé-
Romen'avaitpasunvaisseau; unegalere échoue [ à des interprétations toujours difficultueuses ; il j taille article par article.
sur If s côtes d Italie ; elle sert de modèle; trois 1 ^",?,"''^, '^ conséquence . que les inconsiitution- j L'orateur établit ensuite que cette inconstitu
Que de vaisseaux pourraient se construire ,
s'armer contre la nouvelle Carthage!
Les perses ont été vaincuspar les vaisseaux athé-
niens , construits àla hâte par Thémistocle.
cents galères quittent bientôt les rivages romains ,
elles marchent aux carthaginois; et Duillius ,
avec des matelots qui n'avaient jamais vu la mer
que du rivage , rapporte à Rome les éperons des
vaisseaux ennemis , en garnit la tribune , et fait
construire une colonne rostrale.
Philippe II régnait sur lOcéan à l'aide de l'or
du Mexique, comme Georges III commande aux
deux mers au moyen des richesses de l'Inde. —
Philippe arme contre l'Angleterre : quelques fai-
bles bâiimens sont secondés par des tempêtes in-
vincibles, et la flotte espagnole est détruite.
Louis XIV voulut avoir une marine , il la
créa.
Le czar Pierre et venu apprendre l'art de la
construction en Europe , et la Russie est déjà
au rang des puissances maritimes.
Créi"r une marine est un effort plus coûteux
que difficile ; il présente plus de dangers que
d'obstacles.
Que l'Ant^lelerre craigne donc de voir l'Eu-
rope liguée non-seulement l'exiler de ses rivages,
mais encore repousser ou détruire ses flottes par
des flottes plus nombreuses.
L'indignation et l'intérêt sont de puissans mo-
biles ; et si le cabinet de Saint-James ne revient
pa< à d'autres maximes , la sagesse et l'humanité
BTiêrac pouiront lui faire bientôt des ennemis ir-
réconciliables de ses alliés désabusés.
nalités devaient être réduites à celles que l'unique 1 tionnalilé nesi pas la seule qui vicie l'acte dont il
expression Imérale de la consntuuon manifeste. s'agit. La constitution, en effet, chargele gouverne-
Ce système ingénieux ne repose à mon avis sur | ment de faire les réglemens nécessaires pour
aucune réalité, sur lien de positif. Il prend sa | assurer l'exécuiiûn des lois : mais l'acte du 4 ger-
source dans la confusion que le rapporteur a| minai offie un résultat contraire; il enfreint les
faite de la législation civile du pacte social, des j lois , au lieu de leur être conlorme.
devoirs qui lient les premieires autorités de la | Ganilh s'attache à prouver cette assertion par
république et des intérêts qui divisent les indi-
vidus. Mais il est aisé de se convaincre que ces
deux matières n'ont aucun rapport entre elles.
Les lois civiles , quelle que soit leur perfection ,
ne peuvent pas être appliquées par les tribunaux .
sans le secours des analogies , des inductions ,
des interprétations , mais ce secours n'est point
nécessaire dans la poursuite de l'inconstitution-
nalité. Ce sujet présente toujours un fait simple
et authentique , qu'il est impossible de contester
ou de dénaturer, et l'application de la constitu-
tion à ce fait est tout aussi simple et aussi peu
susceptible de controverse.
La constitution, en effet, en créant les divers
pouvoirs publics , a fixé leurs attributions respec-
tives , et cette séparation ne peut être franchie ,
sans que l'infraction n'en soit évidente pour tout
le monde.
Oii serait donc , dans un ordre social aussi
simple que le nôtre , le moyen de se rnéprendre
j sur le caractère des divers actes émanés de cha-
; cun des pouvoirs 't* Telle est la division exacte
! de ces pouvoirs , qu'il ne faut
pouvoirs , qc
que comparer
, r- , -. J «^ J 17 n T/7TT er J 1 lacteprevenu d inconstitutionalite avec la cons
[Extrait du Mercure de France, n° VIII , i" vend.) ]■■ ^ , . .
' ' ' ' : titution ; ce raprochement
le rapprochement de l'acte du gouvernement ,
des disf'Osilions législatives qu'il concerne ; il
trouve que lacté valide une loi du 23 nivôse ,
abrogée par celle du 21 prairial an 3 ; et en se-
cond lieu , abroge des exceptions que la loi du
4 frimaire avait établies.
Enfin il reproche à l'acte de renfermer une ex-
tension de délai que la loi n'accordait point ; il
en conclut que cet acte , sous divers rapports ,
est entaché d'inconstitutionnalité , il propose de
déférer cet acte au sénat-conservateur p,our cause,
d'inconstitutionnalité seulement ; et il propose en
outre de renvoyer à une commission tte cinq
membres l'examen du mode à suivre pour la
poursuite de cette inconstitutionnalité.
Gittet , de Seine et Oise , obtient la parole.
L'inconsiituiiontialité , dit-il , devenant un crime,
doit résulter de la violation textuelle des lois ,
et non d'une interprétation de ces mêmes lois.
Cela posé , j'examinerai si l'arrêté qui vous a été
dénoncé , attaque le pleuvoir législatif , et s'il,
empiète sur le pouvoir judiciaire.
bord la première question ,
J examinerai d
je ferai remarquer qu'il s'est glissé une grande
cette comparaison j erreur dans la discussion qui a eu lieu jusqu'à ce
j donnent à l'instant même un résultat évident et | jour. On a cité la législation qui existait avant
hors de toute controverse. En un mot , c'est par i lygi , et on a oublié qu'à cette époque le bail des
T P. I B u N A u X.
Le tribunal criminel de l'inilre a été saisi de i jj séparation des pouvoirs établis par la consti- I fermiers généraux ayant été résilie, la légis atioii
la connaissance d'un crime dont la gravité et les ' mtion que l'inconstitutionnalité doitêtre jugée, et i existante alors a dû disparaître et faire place à une
circoricance» sont remarquables. I non comme le voit le rapporteur, par 1 uniijue législation nouvelle. La loi du 24 septembre 1 7gi,
Le nommé Bourier, ollicicr de santé à Déols expression littérale de la constitution. S'il n'y' défend aux fermiers généraux de Liire aucune
près Cliâitautoux , avait résolu , de concert avec avait d'autres inconstitutionnalités que celles ex- recette, aucune, dépense , de poursuivre aucuii*
1^
■affairent par conséquent elle interdit toute pour-
suite contre eux. L'arrêté du 4 germinal qui sus-
pend toutes poursuites pour créances des fei^miers
généraux est donc conforme à la loi précitée ; il
î'est encore à celle du 4fiimaire an 2 : car celle-ci
ïi'a levé la surséance que pour les dettes domes-
tiques des ci-devant fermiers généraux . mais elle
1^ maintenue pour celles dépendantes de leur ad-
ministration financière ; ainsi , sous ce rapport ,
l'atrêté n'attaque point le pouvoir législatif.
La seconde question se tiouve également ré-
solue par les lois. La nuSnce à déterminer entre
le pouvoir judiciaire et le pouvoir administratif ,
étant difficile à saisir , le corps-législatif a, par une
loi du 6 fructidor de l'an -6 , fait évanouir louies
les incertitudes. Cette loi p'O'te que lorsqu'il y a
conflit entre les pouvoirs , c'est au ministre a
statuer d'abord , sauf à réclamer l'intervention du
corps-législatif, s'il y a lieu.
Or , tel est l'état de la cause dans l'affaire pré-
sente. Le ministre des finances est d avis d une
part que la liquidation des ciéances des ci-
clevant fermiers généraux appartient au pouvoir
aciministiatif ; de l'autre, les tribunaux saisis de
l'affaire ont prononcé. Les consuls, comme chefs
du pouvoir exécutif, ont statué d'après la loi
de fructidor. Ainsi le tribunal ne doit plus s'occu-
per de cette affaire ; et la déférer au sénat-con-
servateur , ce serait se constituer juge d'appel du
proc'^s.
L'orateur invoque l'ordre du jour.
Challand appuie également l'avis de la com-
mission.
On demande de passer à l'instant à l'ordre du
jour sur la pétition.
Ganilh s'y oppose ; il fait observer qu'aucun des
orateurs n'a répondu aux objections qu il a laites
dans une des dernières séances. Son opinion
n'ayant point encore été imprimée , il demande
l'ajournement jusqu'après sa distribution.
Le tribunat prononce l'ajournement.
La séance est levée.
AU RÉDACTEUR.
Bordeaux , le Zo fructidor de l'an 8.
Depuis six mois les papi-rs anglais nous ont
appris , qu'un capitaine et ingénieur de marine
avaitproposé à son gouvernement le plan d'un
navire à cinq mâts , dont le but était U vitesse ,
et que ce gouvernement l'avait immédiatement
adopté. Nous avons successivement vu dans
ces mêmes papiers les différentes époques de sa
construction , de sa mise à l'eau et de son essai.
La réussite, disent-ils, a été complette , et les
ministres Pitt et Spencer lont exprès descendu la
Tamise iiour être témoins des différentes ma-
nœuvres de ce navire.
Il ne faut pas que nos ennemis se targuent
d'une découverte, dont le travail était fait en
France , long-tems avant qu'il en eût été question
en Angleterre
Cinq années se sont écoulées depuis que mon
ouvrage est fini , sous le titre d'Essai d'architecture
navale consacré à la vitesse. Il y en a quatre qiie je
l'adressai au citoyen Borda , membre de l'institut,
chez qui il resta dix-huit mois , sans que ce savant
estimable eût le tems de s'en occuper. Mon dessein
en le lui soumettant, était d'avoir son avis avant
de l'offiir à l'institut national. Affligé de ce qu'il
en retardait l'examen , je le priai de me reiivoyer
ce travail, ce qu'il fit. (>ielque tems après, je
l'adressai à l'institut , il y fut plis en considération ,
le rapport en fût fait et adopté par cette société
célèbre. Il est daté du 11 fructidor de l'an 7.
Je le joins à ma lettre.
Il est possible que deux hommes se rencontrent
dans leurs idées , et les diligent vers le même
objet. Il est aussi très-possible que pendant le
long espace de tems que mon ouvrage a resté
■chez le cit. Borda, quelqu'un en le transcrivant
.ait cherché à en faire son profit. Ce qui me porte
•à le croire , c'est que peu de tems après , les
anglais s'en sont occupés.
.Satisfait d'avoir contribué par mes faibles lu-
mières à la propagation d'un art aussi utile que
celui de la navigation , je me réservais d'offrir ce
travail à mon gouvernement , lorsque des teios
plus heureux lui auraient permis d'en faire l'essai ;
ou bien, à engager le commerce à l'entreprendre,
et déjà divers negocians estimables ont souscrit à
ce sujet.
C'est dans cet intervalle que les gazettes an-
glaises m'ont appris qu'on s'occupait efficacement
d'un essai de ce genre.
J'ai cru dès-lots que mon insouciance à cet
égard serait blâmable , si je ne donnais de l'au-
thenticité à mon ouvrage : des personnes éclairées
•me conseillent Ja démarche que je fais mainte-
nant, celle de vous prier d insérer dans votre
-ournal m.i lettre et le rapport de l'institut.
Il serait injuste que l'Angleterre p-ût seule se
vanter d'avoir fait une application utile , si ce n'est
une découverte. Ils ont construit un bâiimeni à
cinq mâts verticaux , et quoique celui que j'ai
pris pour exemple n'en ait que quatre , je n'ai
fait en cela qu'une simple application des prin-
cipes que j ai développés , pour les augmen er
encore , lorsqu'on aura pour objet d'augmenter
la vitesse.
Dans des circonstances plus tranquilles , il ne
sera peut-être pas difficile de connaître si les
procédés de ce capitaine - ingénieur sont sem-
blables à ceux que j'ai exposés dans mon ouvrage. |
Ou ilme soit seulement permis de trouver extraor-
dToaire que , dans un aussi court espace de tems ,
deux hommes éloignés et sans rapports aient con-
couru au même but.
je vous salue ,
F. Thibaut , capitaine de marine marchande-
Institut national Jes sciences et des arts. — Extrait
des registres de Iq classe , séance du il fructidor ,
l'an 7 de la république française.
Un membre, 'au nom d'une commission, lit
le rapport suivant :
Nous avons lu , par ordre de la classe , un
ouvrage intitulé : Essai d'architecture navale con-
sacré à la vitesse , par le cil. Thibaut , capitaine
de navire.
Par l'espèce de dédicace qui accompagne le
titre de cet ouvrage , on voit que l'objet prin-
cipal de l'auteur est de procurer toute la vitesse
possible à un vaisseau , sans préjudice néan-
moins des autres propriétés indispensablemenl
nécessaires pout assurer la navigation et le genre
de service auquel le vaisseau est destiné. De
touies ces propriétés , la plus impoilante , ou
plutôt celle d'où dépend essentiellement le salut
de la navigation , est la stabilité du vaisseau ,
c'est-à-dire , comme disent les géomètres , cet
état d'équilibre ferme qui lui fait bien porter la
voile , et qui tend sans cesse à le rappeler à
la flottaison initiale d équilibre , lorsqu'il en a été
détourné par l'agitation des lames ou par les iné-
galités de l'impulsiou du vent. Cette stabilité est
susceptible de plus et, de moins ; elle s obtient
par 1 arrimage en distribuant la charge de telle
manière que le centre de gravité de la masse
totale du vaisseau soit placé plus ou moins bas
au-dessous du fameux pont appelé métacentre ,
qui sépare l'équilibre ferme de l'équilibre ver-
satile.
Mais quoiqu'on doive toujours ainsi donner
une assiete solide au vaisseau , il y a un milieu
à garder. Un vaisseau est une vaste machine
qui , à raison de ses usages et des forces qui
le sollicitent sans cesse à divers mouvemens . ue
gagne presque jamais une bonne quahté qu'aux
dépens d'une autre. Ainsi, par exemple , en
abaissant le centre de gravité de la masse totale,
on augmente la stabilité , mais on rend les
mouvemens de roulis et de tangage plus vifs et
plus faligans pour léquipage et la mâture ; en
rapprochant les poids mobiles de 1 axe ou du
grand mât , on favorise laciion du gouvernail ,
mais on donne lieu aune plus grande dérive ,
et on diminue la vitesse du sillage , etc. Toutes
ces importantes questions sont examinées dans
plusieurs ouvrages.
On nous permettra de rappeler ici , par forme
d'une simple indication qui pourra être utile ,
que l'un de nous IBossut) a traité cette matière
en détail, et qu'il a appliqué ses formules à
des vaisseaux connus , dans deux pièces sur
l'arrimage des vaisseaux, qui partagèrent les prix
de l'académie des sciences , aux années 1761 et
1765.
Le citoyen Thibaut n'ayant pas entrepris de
donner un traité complet d'architecture navale .
I a fixé son attention sur ce genre de bâtiment
dont le but spécial est de marcher vite. Et
même pour mettre plus de clarté dans ses re-
cherches , il se propose un navire particulier
dont la longueur égale cinq fois la largeur. De
plus , la forme de ce navire est telle que le
centre de gravité de la carène , considérée
comme homogène, répond perpendiculairement,
du moins à-peu-près , au milieu de la longueur
prise à la ligne de flottaison , et l'auteur dis-
tribue la charge de manière que le centre de
gravité de la masse totale du navire soit placé
en ce même milieu ; il divise ensuite son sujet
en trois parties.
Dans la première , il détermine suivant les
méthodes connues , en décomposant la carène ,
regardée comme homogène, par tranches ver-
ticales , perpendiculaires à la longueur du navire ,
le poids du volume d'eau déplacée et le centre
de gravité de la carène , d'où , par la disposition
de l'arrimage , résultent la connaissance du méta-
centre et celle du moment de la stabilité , tant
pour les mouvemensde roulis que pour les mou-
vemens de tangage. D'après ces bases , l'auteur
fait un changement à l'ancien système de voilure.
Au lieu de trois mâts que l'on employait, il en
propose quatre dont il assigne la position et les
usages. Par-là il augmente l'étendue des voiles ,
et par conséquent aussi la vitesse du sillage. Il
cherche le moment de l'impulsion du vent contre
les voiles , moment qui tend à incliner le navire ,
et qui doit être balancé par le moment de la
stabilité.
Dans la seconde partie, le citoyen Thibaut
considère le bâtiment voguant en mer. Le na-
vire obligé de marcher en veitu de 1 action
du vent qui frappe les voiles , et i'acastillage
frappe à son tour l'eau quil divise , et oppose
une résistance contraire à l'action du vent. Dans
les premiers insiaris , la vitesse du navire s'ac-
célère par degrés, à-peu-près comme celle d'ua
corps qui tombe par la pesanteur ; mais bientôt
elle parvient à l'uniformité , du moins pour les
intervalles de tems , pendant lesquels la vitesse
du vent peut être censée uniforme. Alors il y
a équilibre à chaque instant entre l'action du
vent et la résistance de l'eau. L'auteur discute
et fait remarquer les avantages de son nouveau
système de voilure. '
La troisième partie traite de l'usage des voiles
et du gouvernail , pour produire les mouvemens
d'évolution et de rotation du navire. L'auteur
commence par tapporter les principaux résultais
de la théorie que les géomètres ont établies sur
ce sujet , ensuite il en fait l'application à son
navire. Mais comme , dans ces sortes d'applica-
tions , le désir ou le besoin de simplifier les cal-
cijls oblige souvent de négliger certains élémens
dont l'omission peut altérer les conséquences phy-
siques qu'on en tire , l'expérience doit prononcer
définitivement , si le navire du citoyen Thibaut est
exempt de cet inconvénient.
Conclusion.
L'ouvrage du cit. Thibaut ne contient aucune
théorie nouvelle , comme il le reconnaît lui-même
avec modestie. Mais il est d'ailleurs écrit avec
beaucoup de c'avté ; il est à la portée d'un grand
nombre de lecteuis ; et nous ne dontons pas qu'il
ne puisse devenirfort utile aux marins, qui munis
des connaissances ordinaires de l'hydraustatique
et de l'hydraulique , n'aaraient pas encore acquis
une grande pratique dans leur art. L'auteur
s'est livré à des calculs numériques très-longs .
très-pénibles , et dont on doit lui savoir d'autant
plus de gré , que ne présentant aucun attrait à
la sagacité du calculateur , ils seraientau contraire
capables de rebuter la patience la plus aguerrie ,
si elle n'était soutenue par l'espoir de contribuer
au bien public.
Nous désirerions qu'on pût soumettre à l'ex-
périence le système de voilure du citoyen Thi-
baut ; mais nous n'osoné pas proposer aujour-
d'hui au gouvernement de faire une telle dé-
pense ; il faut attendre pour cela que la paix
ramené des tems plus heureux et plus favorables
à l'encouragement des sciences et des arts.
Fait à l'institut national, le il fructidor an 7.
Signé , BossuT , Borry , Coulomb.
Laclasse approuve le rapport et en adopte les
conclusions.
Certifié conforme à l'original , à Paris , le 17
fructidor an 7 de la république.
Signé, Lassuc , secrétaire.
L'assemblée générale des souscripteurs pot>r
l'établissement des soupes économiques se tiendra
le 5 vendémiaire an g , chez le cit. Delessert , rue
Coq-Heron , n°, 58 , à 7 heures précises du soir.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 4 vendémiaire.
Rente provisoire 21 fr. 5o c.
Xiets consolidé 34 fr. 88 c.
Bons deux tiers i fr. 60 c.
Bons d'arréragé 83 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 go fr. 10 c.
Syndicat 67 fr. 5o c.
Nous avons nommé le citoyen Journon
comme vainqueur à la course des chars; c'est
une erreur , c'est le nom du citoyen Tournon qui
doit être lu.
Dans le n" 4 , page II' , 2' coj. 40= ligne , de
décrire , lisez: de décrier. Ligne gg et 100, qui
pose son aile , lisez: qui place son aire.
Col. 3' , lig. 3' , a tendu ses bras , lisez : a tendu
les bras.
Dans la note n" i , ligne pénuldeme , des géné-
raux , lisez : des guerriers.
Page 12' , 1"^= col. , ligne 53= . plus heureux ,
otei plus , et lisez : heureux.
' A la fin , ERRATA , lisez : errata du n"» 3.
A Parie, de riBiprimerte du cit. Agasse, propriétaire du Moniteur, lue dés Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIfEUR UNIVERSEL.
J\f° 6.
Scxlidi , 6 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous somm« autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'i dater du 7 Nivôse le M O NI T E U R est le seul journcd « '
«1 contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les fait« étales '
rinrérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. ' notions 1
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ESPAGNE.
Barcelone , le 5 septembre 1800.
Xl vient de se passer ici un événement qui
prouve combien les marins anglais osent violer
les droits les plus sacrés des puissances neutres
pour satisfaire leur rapacité.
Il se trouvait ici à la rade et sous la protection
des batteries deux frégates sous pavillon espagnol,
nommées la Far et la Esmeralda , armées de
vingt-deux pièces de canon chacune , qu'on
disait destinées pour une expédition secrète ,
et qui ayant tous leurs équipages , leurs pro-
visions et quelques officiers étrangers à bord ,
paraissaient n'attendre que le vent favorable pour
mettre à la voile.
Déjà le 20 août, une corvette de guerre napo-
litaine était venue de Mahon sur celte rade , et
paraissait n'y être restée 24 heures que pour exa
miner de près la force et la position desdites fré-
gates. Ses chaloupes firent plusieurs fois le tour
de ces bâtimens pour les observer mieux à leur
ake. Cette cervelle retourna le lendemain à la
mer, et parlementa long-tems avec un bâtiment
«le guerre anglais.
Peu de jours après parurent . à la vue de la
rade, deux vaisseaux et une frégate anglaise qui
depuis ont constamment bloqué ce port.
11 paraît que l'extiême difficulté de passer la
barre du pou , et la nécessité de décharger
toutes les provisions, joint à la protection assurée
que nos deux frégates espagnoles étaient dans le cas
d'attendre des batteries et des xebeques de guerre
On est ici dans la plus grande indignation sur 1 dans une ma^nn n,,; ... • • ■
ce ou. vient de se passer, %i on esp,:re des ordres voisinaëe Z fn? S- °"^5'' ^"^"' ™^'* '«
de la cour pour faire examiner sé'eusemcn, tou jeuer al fumier Les rXr""'^^ ^ =' " ^f "'>
Madrid, \b septembre.
, . , , - Le roi -, sur le compte
qui lui a eie re.,du de l'événement survenu à
la rade de Barcelone , le 4 de ce mois . a ordonné
de desiJtuer de ses fonctions le c^piraine-siénéral
ae la Catalogne Don Doiviinbo I.«;<j_uiekdo'', pour
cause de néi-ligcnce dans ses devoiis , et de
meure aux anêis tous les autres chefs militaires
qui seront iraduus devant un conseil de guerre
dont la formation immédiate a été ordonnée ,
ahn d examiner sévèrement la conduite que
chacun d'eux a lenuc dans cette circonstance.
ANGLETERRE.
Londres, Ui6 septembre ( 2g fructidor.)
Suite des nouvelles du 16 septembre.
Les troubles qui , dans leur principe , avaient ; sir RidiVrd C'\"n™^"n^u
ele 51 heureusement rep.imés lundi i5, par la gnies du nnrd-est' al,,
sagesse et la fermeté du Icd-maire , n étaient ' •■ ■ -
pas cependant entièrement app.-,isès. Les sédi-
tieux traversèrent li.s' ponts , et se porierent sur
le comté de Surrey. La première maison qu'ils
y aitaquerent fut celle de M. Rusby , sur la route
de Black Ffiars. Ce M. Rusby, quelque lems
auparavant . avait été convaincu à la cour du
banc du roi, de monopole sur les bleds. La
manière dont cette bande s'est conduite, piouve
jusqu'à l'évidence qu'elle avait un chef chargé
de diriger ses mouvemens, et que ce chef était
au-dessus de la classe commune. Elle s avançait
avec ordre, et précaution. A la tête marchaient
Hier , lout paraissau tranquille dans la ciie ; mais
le lord maire jugea convenable de placer à la
Bourse ei sur les diffèrenics places, des corns
nombreux de volontaires , qui se portaient avec
"a plus grande promptiiude par-iout où les offi-
ciers de paix requéraient leur assistance. Sa sei-
gneurie déclara en même tems qu'elle était dé-
lerm.nee a maintenir la iranquillité dans la ciié
par la force cviie seule , se reposant d'ailleurs
sur la sagesse et le zèle delà grande majorué
des cjioyens qui coopéreraient avec lui à ren-
inmiles.'"°"" '^^'^ *°'" "'"''^'" lout-à-fait
On annonça le soir, à la Maison-de-ville
quily avaitaesrassemblenicns amour de la tou-
ctiands de fromaae dans Bishops-gate-sireet.
Aussitôt le lord ma'ire envoya 'ord^é lû'Vôlond
iicbard Clynn , '
:s du nnrd-est ,
din deDraper's-hall, de se tenir prêt au premier
1 commande les cor
pa-
embléesalors dans lejar-
insi que des chaloupes canonnières, les empêcha ) ^^."''. hommes qui , tout le long de la route
de rentrer dans le port
Et en effet , on vit sotùt pendant une nuit plu-
sieurs chaloupes canonnières qui entourèrent
nos deux frégaies et les mirent à labri de toute
surprise.
On ignorée pourquoi les nuits suivantes jusqu'à
celle de la catastrophe cette précaution a été
négligée.
Qooi qu'il en soit , les anglais s'emparèrent ,
dans l'après-midi du 4 sep"tw!nbre , de la galiolte
suédoise dit Hoffnung 4 capitaine Rudbart ; et,
après avoir véiifié ses papiers et sa cargaison, ils
forcèrent le capitaine par des menaces de le tuer,
( en lui appliquant même un pistolet sur la poi-
trine) s'il proférait une seule syllabe , à prendre
à son bord un très-grand nombre de marins an-
glais, et à se laisser remorquer à l'entrée de la
nuit, par plusieurs chaloupes anglaises, jusques
sur la rade et sous le canon des batteries.
A peine l'équipage d'une de nos frégates , la
'Esmeralda, s'apperçut- elle que le Suédois éiait
rempli de monde , et qu'il s'approchait nés - près
de son bord, malgié leurs cris de s'éloigner,
qu'elle fit feu , par lequel le malheureux pilote
suédois fut grièvement blessé.
Les anglais se voyant découverts . montèrent
à l'abordage et s'emparèrent , après un combat
assez vif, de la première frégaie avec laquelle
ils aitaquerent ensuite la seconde , qui se dé-
fendit pendant plus de vingt minutes ; mais ne
recevant aucun secours , et les anglais montant
de toutes parts en grand nombre à bord , elle
fut prise , quoiqu'on ait vu encore le combat de
mousquelerie durer à bord. On croit qujl y a eu
plusieurs blessés et tués.
Jusqu'à ce moment les batteries n'avaient pas
fait feu , et ni les xebeques , ni les chaloupes
canonnières n'étaient pas sorties pour protéger
la rade , quoique dès les premiers momens une
chaloupe fût venue des frégates avec deux
officiers pour demander des secours au com-
mandant de la marine.
A l'instant les anglais coupèrent les cables et
firent voile pour s éloigner de la rade. Un vais-
seau de ligne anglais profita habilement d'un
peu de vent pour s'approcher tiès-près des bat-
teries sur le port , et se mettre ainsi entre les
batteries et les frégates qui venaient d'être en-
levées et qui étaient déjà sous voile.
Alors enfin commença une canonnade aussi
avis qu,| recevrait. Il se disposait lui-même à se
transporter sur les lieux, pour essayer de dis-
perser, par sa présence et ses discours, la po-
Vr^l ^S""^ quand ou vint lui annoncer que
le colonel le Mesur.er marchai, , de son prome
mouvement , surja place à la lê.e dune compa-
p.e darnllene. Il voulut se faire accompa-Lr
lui-même par une compagnie de cavalerie léffei'e
des volontaires. En arrivant sur la place , il trouva
le colonel le Mesurier posté dans la rue. Il y
avait beaucoup de peuple assemblé ; des fem-
mes , des petits garçons fesaient beaucoup de
H'uit; mais rien n annonçiit une insurreciioii
brisaient les lanternes à mesure qu'ils passaient ,'
afin de n'être pas reconnus. Les gens du voi-
sinage ne sachant pas ce dont il s'agissait , et
eniendant les cris d'une multitude considérable ,
crurent qu'on leur criait déclairer , et placereni
des chandelles à leurs fenêtres. C'était ptécise-
meni là ce qui pouvait déplaire le piu-s aux sédi-
tieux. Comme ils ne voulaient pas être vu3-, ils
crièrent qu'on retirât les chandelles, ei brisèrent
les fenêtres , où elles avaient été mises. lis ira- le lord ovaire voyant que lou, était VranamlT;.'^ '
pereni ensuite a la porte voisine de celle de fait relever les difié.ens corps '""q"''''-' ^ a
M. Rusby , et demandèrent si c eiait là sa maison. |
On leur répondit que M. Rusby était démena
rieuse. Cependant l'arrivée des troupes ayant'
aune e le-meme beaucoup de curieux , il fallut '
pisser la force armée continuer de faire la ïarde
ac M" 'Wood; FadjuJant Fewor a été assez
gnevr^men, blesse a la lèvre supérieure par un
fçr qi.1 avait ele iarrcc : on n'a p« pu découvrir
d ou le coup eiau pani. Il „'y a pas eu d'autre
malheur que celui-la. A orrze heures et demie
depuis quelque lems , pour aller demeurer dans
le voisinage, et qu'on ne pouvait pas dire où
il demeurait. Les séditieux menacèrent , si on
ne leur donnait pas une réponse plus positive
de s'en venger sur la maison même à laquelle
ils s'éiaieut adressés , et le signal fut do-.iné pour
en briser les fenêtres. Sur ces entrelaites, ils
apprirent que la maison voisine était celle de
M. Rusby; ils frappèrent à la porte; marlame
Rusby ouvrit sa Icnêlre , et leur demanda ce
qu'ils voulaient. Elle les conjura, au nom de Dieu,
de ne pas faire de mal à ses enfans , qui étaient
couch'js. lis lui assurèrent que ce 11 était pas là
leur intention , et lui assignèrent un tems très-
court pour s'habiller elle et ses enfans , parce
quils étaient déterminés à démolir la maison.
Pendant ce teras, M. Rusby se sauvait par la
porte de derrière , et aussitôt que madame Rusby
fut habillée, les brigands lui ouvrirent un pas-
sage au milieu d'eux , pour elle et pour ses
enfans. Ils entrer .nt ensuite dans la maison,
et en brisèrent les fenêtres, et tous les meubles.
Cet attentai causa une si grande allarme , qu'on
en donna avis aussiiôtau bureau de la guerre.
Un détachement des gardes et une compagnie
de cavalerie furent commandés pour aller né-
toyer la route. Cet événement se , passa entre
une et deux heures du malin. L'association de
paroisse se trouva aussi sous les armes vers les
trois heures ; mais le calme était alors rétabli. La
maison de M. 'Weaver, marchand de fromage dans |
le bourg , a été aussi attaquée. On avait fait
courir le bruit qu'il avait gardé une grande quàn-
liie de fromages jusqu'à ce quils fussent entiè-
rement pourris, et qu'il les avait jeiiés sur le
fumier plutôt que de les vendre aux pauvres.
Le fait est que M. Weaver avait reçu une cer-
taine quaniiié de fromages de Hollande, ap-
portés dans un bâtiment chargé de blé, qui' avait
înuliie que bruyante, et nous crimes l'extrênii.- été retenu long-iems sur mer. Ce fromaee s'était
moriificahon de voir enlever par l'ennemi deux échauffe et éiait gâté avant d'être arrivé Ouand
belles Irégaiies au moyen d'une ruse aussi lâche on l'apporta chcï M. 'Weaver , il répaudaTi une
cjue déloyale. .' odeur insuppoilable. On fut obligé de le déposer
Q,uinze personnes ont été arrêtées et conduites
devant le lord maire, comme prévenues d'avoir
pris une part acuve à la sédition.
Du 20 septembre ( 4° jour complément. )
Proclamation à l'effet de répriiner les émeutes et
Us troubles , de protéger et d'encourager le libre
approvisionnement det marchés. '
Geoiges roi ,
Nous ayam été représenié que des émeutes
avaient lieu ,11 diverses parties de notre royaume
relativement a la cherré des subsistances ; que'
dans quelques endrorts, le blé et d'autres obets
de consommation avaient éié enlevés de force à
leurs propriétaiies , et que dans d autres lieux les
prix de ces arucles avaient été réduiis -par l'elFet
des menaces et de la te reur •
I .,,.- "ecessairement'
pour la tranquillrie de notre royaume , et pour
la vie et les prop.iéiés de nos bien aimés sujets
SI ces émeutes u étaient pas réprimées elBcdce'
ment; considérant en même tems qu. le haut
prix actuel du blé et des autres provisions don
ou se plaint également de la cherté , au lieu de
diminuer, angmenierait nécessairement par la
durée de ces troubles; convaincus que le seul
moyen d opérer une réduction permanente dans
le prix des comestibles et l'approvisionnement
régulier des marches , d'où dépend la subsistance
de toutes es classes de nos bien aimés sujets, est
d assurer la plus ample sécurité à tous le» fermiers
e autres marchands ayant licence de vendre du
ble , etc.
Nous , d'après l'avis de notre conseil privé
avons jugé convenable d'émettre noire présente
proclamation royale, pour faire connaiire noue
ferme resoluuoo d employer efEcaccineni notre
auiorite royale, a 1 effet de réprimer ei punir toute
eriireprise tendante a empêcher I apurovision^ie-
ment reguher des marchés, à interrompre ou
troubler U vente des provisions y «xpojecs , soii
par des actes de vîolvence , soit en intimidant jou
en injuriant et molestant les vendeurs de blé , etc.
dans leurs personnes ou leurs propriétés ; et pour
enjoindre expressément à tous les lieutenans de
nos comtés, à tous nos juges-de-paix , sherifls
eî sous-sliérlft's , et à tous nos autres officiers ci-
vils compéu ns de prendre les mesures les plus
propres à réprimer efficacement tous lïs troubles
et émeutes, et pour cet effet de remettre en
vii^ueur un acte du parlement , passé dans la
première année du règne de feu notre royal ayeul
de glorieuse mémoire , le roi Georges 1*^', et
portant pour titre : Acte pour prévenir et empê-
cher les troubles et les émeutes populaires , et
pour la prompte et efficace punition des coupables ;
de faire usage de toutes les autres lois et statuts
promulgués contre les rassemblemens illégaux ,
et d'employer tous leurs efforts pour décou-
vrir , appréhender et traduire en justice les indi-
vidus qui pourraient prendre part à ces dange-
reuses pratiques; et pour que lesdits lieutenans
de nos comtés, les juges de paix , et tous nos
autres officiers civils à qui il appartient , puis-
sent agir efficacement, nous fesons exprès com-
mandement à tous nos officiers civils et militaires ,
ainsi qu'à tous nos bien-aimés sujets de les aider
et assister dans l'exécution de nosdits ordres ,
en arrêtant et saisissant tout individu dans le
cas de la présente proclamation. Nous comman-
dons en outre , que ces individus soient pour-
suivis conformément à la loi , étant résolus d'é-
teindre les troubles par la punition de leurs au-
teurs. Lesdits lieutenans de nos comtés, juges de
paix, et autres magistrats ci-dessus désignés , irans
nieiiront, de tems à autre , à un de nt/S princi
paux secrétaires-d'état , un compte exact des suites
qu'ils auront données à notre présente procla-
mation royale.
Donné en notre cour à 'Weymouth , ce l8'
jour de septembre 1800 , ei dans la 40' année de
notre règne. God save the king.
(Extrait du Sun. )
INTÉRIEUR.
Paris, le ^vendémiaire' an ^.
Une lettre écifue de Madrid , datée du 20 fruc-
tidor , et insérée dans la Gazette de France de ce
jour , contient les détails suivans :
u Le général Alexandre Betthier est arrivé à
Madrid , le l6 fructidor , à dix heures du soir ;
C'est ce que vient de faire le cit. Fournier ,
architecte-adjoint du voyer de cettecoramune. En
me rendant compte de la conduite digne d'éloges
du cit. Beaulieu , il a fait une chose utile ; et je
fais mon devoir , en donnant de la publicité à un
acte aussi recommandable.
Je vous invite à insérer dans votre journal la
lettre que m'adresse le cit. Fouinier.
Je vous salue. Letourneur.
Nantes , le i^ fructidor an 8.
Citoyen PRÉiFET , je dois à la reconnaissance
et à l'amitié , de vous faire connaître les traits
d'humanité qui honorent le citoyen Beaulieu.
Recommandable par ses vertus civiques et ses
lalens , il l'est encore sous le titre le plus pré-
cieux pour un républicain , celui d'homme ver-
tueux. Dans toutes les villes oià il a passé , et
dans les différens séjours qu'il a faits à Nantes , il
a donné des preuves de sa sensibilité pour l'in-
digence ; et dans le court espace qu'il vient de
passer ici, il en a donné plusieurs.
Il lui revenait ; pour ses honoraires de sa der-
nière représentation , la moitié de la recette ; il
eh a disposé en faveur d'un artiste dans la gêne ,
quoiqu'il ait eu beaucoup à se plaindre du peré
de l'ardste.
Il a assuré à une mère chargée de plusieurs en-
fans , le paiement de son loyer et la subsistance
de sa famille pendant un mois.
Il ra'a chargé de remettre , sous l'mcogTii^o , à
un père chargé d'une nombreuse famille , ayant
son épouse depuis quelque mois au lit , une
somme d'argent pour l'arracher au désespoir.
Déposer dans votre sein ces traits , c'est vous
rendre cher ainsi qu'à nous , et les taleiis et les
les vertus de l'artiste qui sait se concilier sous
tous les rapports l'estime publique.
J'ai l'honneur , citoyen préfet , d'être avec
respect ,
Signe, Fournies , arfy'om* du voyer.
Pour ampliaiion. Letourneur.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
— Arrêté du 2 vendémiaire an 9.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Art. I". Le général de division Clarke est
nommé commandant extraordinaire de Lunéville
il a traversé , pour se rendre à l'hôtel oîi il devait gt dg tout le département de la Meurthe.
loger , une foule nombreuse qui obstruait son
passage. Il est descendu de voiture au son d'une
musique militaire. Le lendemain il a quitté
Madrid pour se rendre à Saint-Ildephonse -, en
traversant la ville , il a été couvert d'applaudis-
semens.
)) Arrivé à Saint Ildephonse, il est descendu
chez l'ambassadeur Alquier, qui l'a présenté au
premier secrétaire-d'état , M. d Urquijo , lequel ,
dans toutes les Circonstances , s'est montré àmi
des français.
iiLe général Berlhier a été ensuite présenté au
roi et à la reine , qui l'ont reçti avec la plus
grande distinction. )i
— Une lettré écrite du quartier-général de l'aîle
droite de l'armée du Rhin , et insérée dans le
Citoyen Français , porte que " le 27 frucddor au
soir , est arrivé le lieutenant-général Lecourbe ,
accompagné du citoyen Percy , chirurgien en
chef de l'armée du Rhin ; du citoyen' Foulon ,
«on aide-de-camp , et du citoyen Bottu , son se-
crétaire particulier. Il a été accueilli avec trans-
port par les généraux et, les officiers composant
son éiat-major. Des larmes de joie coulaient de
tous les yeux. La nouvelle de son arrivée a éié
mise à Tordre du jour de son corps d'armée:
aucune autre ne pouvait êtretplus satisfesante
pour les troupes , leur donner plus de confiance ,
leur inspirer plus d'encouragement. )>
— Ou écrit de Bordeaux , en date du 4° jour
complémentaire : ii Nos arrivages par mer qui , un
moment , avaient paru se rallendr , viennent de
reprendre une nouvelle activité. Il est entré dans
notre port vingt-sept bâiimens de plusieurs points
des côtes qui nous avoisinenl, et chargés de
grains , farine , fer , merceries , et autres articles
dont le débouché est d'autant plus prompt et
d'autant plus facile , qu'il est le fruit des be-
soins de la consommation journalière. Il paraît
que les approches de l'équinoxe ont décidément
éloigné les anglais de nos attérages , et que nos
caboteurs peuvent naviguer momentanément sans
crainte d'être inquiétés dans leurs allées et venues
par les croiseurs ennemis. >»
II. Il correspondra directement pour ce com-
mandement avec le gouvernement.
m. Il sera pris des mesures pour que le télé-
graphe puisse correspondre avec Lunéville.
IV. Le général Clarke se rendra sur le champ à
Lunéville, et prendra toutes les mesures qui se-
raient nécessaires à la tenue d'un congrès.
V. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul , Signé, Bonaparte.
Par le premier consul,
■ Le secrétaire-d'état, signe. H. B. Maret.
Arrêté du 3 vendémiaire an g.
Les consuls de fa république , sur le rapport
du ministre de la marine , le Conseil - d'état
entendu , arrêtent :
Art. I''. Le préfet maritime , dans chaque
port, remplira les fonctions qui étaient attribuées
aux ordonnateurs de la marine, pEr la loi du 12
octobie 1791 ( v. st.), sur l'organisation des
cours martiales maritimes.
II. En cas d'absence ou d'empêchemeiit, le
préfet maritime sera remplacé par celui des chefs
du service , qui , en vertu de l'article 84 du règle-
ment du 7 floréal, sur l'organisatioti de la ma-
rine , aura été désigné par le ministre pour
remplir ses fonctions.
Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté, qui se.ra
inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , le conseil - d'état
entendu , arrêtent : ,
Art. l". Les conditions d'admission aux em-
plois de gendarme resteront les mêmes que celles
qui sont fixées par l'article I"^ de l'arrêté du 17
pluviôse an 8. Le mode de remplacement aura
Le Publicateur de Nantes , en date du 1=' jour Heu ainsi qu'il est déterminé ci-après,
complémentaire , coudent les lettres suivantes : tt t -i j' j ■ • . .■ j 1 j '
•^ ■^^' Les conseils d administration de la gendar-
Le jrifet du département de la Loire inférieure , au merie conserveront la faculté de présenter au
rédacteur du Publicateur de Nantes. — l)u 28 ; ministre les militaires retirés qtii aspireront à
fructidor an 8. j remplir un emploi de gendarme , et qui en seront
S'il est permis . citoyen , de violer le secret j"ê^^ susceptibles.
dan. ami , c'est pour publier un acte de bien- ! Quant aux militaires qui seront pris parmi Ceux,
de la guerre les nommera san« qu'ils fui soient
présentés par lesdits conseils.
III. Les conseils d'administration de la gendar"
merie feront , au ministre de la guerre , la de-
mande du nombre d'hommes qui leur sera néces-
saire. Le ministre ordonnera le remplacement.
IV. Les hommes fournis par les réginiens se-
ront reçus , si le corps est à 1 armée , par un
jury' formé de trois officiers de gendarmerie ; et
s il est dans l'intérieur, par le conseil d'adminis-'|
tration de la gendarmerie du département.
Les candidats présentés par les corps , après
avoir été acceptés par le jury ou le conseil d'ad-
ministration, et avoir prouvé qu'ils réunissent les
qualités requises , recevront une feuille de route
pour se rendre à leur destination.
V. Le ministre de la guerre prendra les me-
sures nécessaires , afin que chacun des régimens
de troupes à cheval de la république fournisse
à la gendarmerie un nombre d'homme^ propor-
tionné à sa force.
VI. Il n'est dérogé en rien par le présent ré-
glemerit aux dispositions de celui du 5 messidor
dernier , qui . détermine le remplacement aux
emplois de gendarmes à pied dans les départe-
mens où il en existe.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera imprimé au
bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 4 vendémiaire.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances ,
Vu la loi du 9 vendémiaire an 6 , portant réta-
blissement de la loterie nationale ,
Vu aussi l'arrêté du directoire exécutif du 17 du
même mois , relatif à 1 organisation de cette
loterie ;
Le conseil d'état entendu , arrêtent :
Art. I''. A compter du t"^ brumaire prochain ,
il sera fait trois tirages par mois de la loterie
nationale.
Ces trois tirages auront lieu le cinq de chaque
décade.
II. Il sera étabji dans le plus court délai de»
tirages particuliers dans les villes de Bordeaux,
Bruxelles , Lyon et Strasbourg. lisse feront dan*
la même lorme et avec les mêmes précautions que
celles prescrites par l'arrêté du directoire exécutif <
du 17 vendémiaire an 6 , et aux mêmes jours que
ceux de Paris.
III. Les tirages dans chacune desdites villes , se
feront publiquement dans le lieu qui sera désigné
à cet effet par le préfet du département , en pré^
sence et sous les ordres duquel se feront lesdits
tirages , et en présence aussi , savoir, pour Bor-
deaux et Lyon , du commissaire général de po-
lice ; pour Bruxelles et Strasbourg , du maire
du lien , et en outre, pour chacune des quatre
villes, du commissaire du gouvernement près le
tribunal criminel.
Un inspecteur y' remplacera les administrateurs
de la loterie.
Il n'y sera procédé qu'après avoir mis sous le '
scellé tous les registres des receveurs , lesquels
ne seront retirés qu'après le tirage.
IV. Le ministre de finances fixera les arrondis-
semens de chacune des villes de Paris , Bor-
deaux, Bruxelles, Lyon et Strasbourg , pour les
tirages qui s'y feront.
V. Les receveurs des bureaux de Paris seront
autorisés à recevoir des mises pour les tirages
qui se feront à Bordeaux , Bruxelles , Lyon et
Strasbourg.
Les receveurs des bureaux dans ces quatre
dernières villes , auront indépendamment des
mises qui seront faites pour leurs tirages ,
la faculté d'en recevoir pour Paris seulement.
La même faculté pourra être accordée aux
receveurs des autres villes de la république
lorsque Je ministre des fianances le jugera con-
venable.
VI. -Les ministres des finances et de la police
générale sont chargés , chacun en ce qui le con-
.cerne , de l'exécution du présent arrêté , qui
sera imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
- Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Maret.
Autre- arrêté du même jour.
fes'ance- qu-e sa modestie 'l'engÉigéait à tai^re.
BdNAPARTE, premier consul de laiépublique ,
arrêté ce qui suit :
Le citoyen Durand, envoyé par le département
de 'la Moselle , pour la célébration de l'anniver-
saire de la fondation de la république , est nommé
commissaire du gouyernement auprès du conseil
'-des prises, en remplacement du citoyen Portail*
en activité dans les troupes à clieval , le ministre appelé à d'autres fonctions
19
Le ministre de la justice est chargé de l'exécu- grand peuple , est le spectacle de sa prospérité
lion du présent arrêté , qui sera inséré au Bulletin , toujours croissante. Si cependant le tableau de
des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Discours prononcé clans le temple de Mars . par Lucien
Bonaparte , ministre de l'intérieur , te i" vendé-
miaire an 9 , pour la Fcte de la République.
Citoyens,
Quelques mois sont à peine révolus depuis le
jour oià le 14 juillet lui célébré dans ce temple ,
et déjà l'anniversaire de la république nous y
ramené. Un intervalle bien court sépare ces deux
fêtes : que de grâcEs n'aurions-nous pas à rendre
à lEiernel , si la même année eiit réuni le 14
juillet 89 et le 21 septembre 1792 ! Pourquoi ne
pouvons-nous pas . en déchirant quelques pages ,
rattacher la Jondation de la république à la prisç
de la Bastille, et détruire jusqu'à la moindre trace
de ces jours de septembre qui rappellent le sou-
venir des Vêpres de Sicile , de la Sainl-Banhelemi ,
et de toutes les scènes que l'histoire a transmises
à l'efFroi du monde !
Mais tel est , ciioyens , le danger des chocs po-
pulaires : les élémens les plus opposés s'amal-
gament et semblent se réiconcilier ; les actions
viles , odieuses , criminelles , précèdent et suivent
les mouvemens les plus généreux.
C'est ainsi que les biens et les maux s'enchaînent
dans la vie ; la nature ne nous donne pas ses fa-
veurs , presque toujours elle nous les vend....
N'exigeons pas plus de bienfesance des révolu-
tions humaines ; et puisqu'enfin la nôtre nous a
donné une véritable république , oubhons les
secousses douloureuses au milieu desquelles elle
fut conçue : il n'est plus tems , aujourd'hui qu'elle
prospère , de lui reprocher les malheurs qui ont
enveloppé son berceau.
D'ailleurs, au milieu même des calamités , la
république , dans ses premiers jours , a donné au
monde le plus grand des spectacles ; elle a déplpyé
dans l'entance plus d'héro'isme et d'énergie que
n'en montra la monarchie dans ses périodes les plus
mémorables : son exemple a démenti toutes les
traditions anciennes ; à force de grandeur, elle a,
pour ainsi dire, changé l'expérience dtS peuples.
— En effet, les hommes habitués à lire l'avenir
dans le passé , nous disaient que le principe qui a
londé les étals , peut seul les maintenir, et que
l'époque de leur déclin succède toujours à celle
de leur prospérité. On a vu , pourla première fois
peut-être , un grand corps politique , vieilli par
quatorze siècles , changer de nature et de forme ,
tans que ses parties se soient divisées : renversé
sur ses anciens fondemens , cet empire s'est relevé
tout-à-coup; et avec un accroissement prodigieux
de gloire ; il s'est rassis sur des fondemens nou-
veaux. — La France monarchie n'est plus : et tous
les lianes se liguent pour lui enlever ses pro-
vinces :. . . . A peine née , la France république ,
plus lorie que tous les trônes , s'élance , et à pas
de géant parcourt et reprend les limites des an-
ciennes Gaules. — Le sceptre de Henri IV et de
Louis XIV , brisé , roule dans la pouss'ere ; mais
à I instant , le gouvernement du peuple-toi re-
trouve en son nom et ressaisit tous les sceptres de
Charlemagne.
Ainsi donc huit ans de notre ère ont rempli
nos annales de plus de victoires et de prodiges
que huit cents ans du règne des rois. Ce carac-
tère gigantesque et prodigieux n'appartient qu'à
notre révolution; les maux qui nous ont affligés
appartiennent à toutes.
Mais si les premiers jours de la république,
inarqués du sceau de la grandeur, ont frappé
l'univers d'admiration', combien ce sentiment
n'a-t-il pas dû s'accroître depuis ce jour du (/ix-/w;i,
on la sagesse triompha du délire , et devint la
modératrice de la force ! Combien , depuis ,
l'état de l'empire ne s'est-il pas amélioré ! Quel
spectacle offre-i-il avant cette époque mémorable !
Ce qu avaient décidé six ans de victoires était rede-
venu douteux : 1 Italie était perdue ; déjà com-
mençaient à renaître ces mesures désastreuses
qui épuisent les ressources d'une année pour
les besoins d'un joui , et qui desséchent toutes
nos proigrès depuis dix mois ne vous suiïisait pas,
retracez-vous, citoyens , l'état des autres empires ,
pour le comparer à la siiuarion actuelle de la
France , que des récits mensongers peignent sans
cesse comme épuisée.
Voyez lAUemagne. — Une de ses plus belles
provinces devenue partie intégrante de notre ter-
ritoire ; ses princes fugitifs, ses généraui' divisés ,
ses cercles envahis et nourrissant nos armées vic-
torieuses.
Llialie a changé vingt fois de gouvernement
et dç maîtres. Voyez du haut de ces trônes rétablis ,
descendre sur ses plus belles régions toutes les
vengeances et tous les fléaux du despotisme et de
l'anarchie.
Vous opposera-ton l'état de l'Angleterre ! —
Oui , lAngleterre seule , au milieu des ruines uni-
verselles , s'applaudit d être défendue p;ir I océan
et les orages ; mais souvent la voix de son peuple
a porté le vœu de la paix jusqu'aux portes de son
cabinet. Ce cabin'-t est fier de son or , et le pain
manque à ses sujets; aussi déjà se développe dans
leur cœur le germe des discordes civiles , étouffé
parmi nous. ,
Tel est depuis dix mois l'état de la Fiance , tel
est celui de l'Europe. -^ Est-ce pour nous que
doivent être les alarmes !
Ah ! malheur à ceux qui , après avoir fixé les
yeux sur ces tableaux , peuvent encore être affligés
de notre existence nouvelle ! Insensés ceux qui ,
voyant sans enthousiasme la prospérité de la répu-
blique , pensent encore aux maux de son enfance !
Eh ! oui , sans doute , les enfantemens de la liberté
sont douloureux et terribles ; mais ses produc-
tions , grandes comme elle , méritent l'admiration
de tous les âges : heureux les peuples qui peuvent
en jouir ! heureuse la génération qui voit fnir par
la république la révolution qu'elle a commencée sous
la n anarchie !
La liberté ressemble en quelque sorte à ces
dieux tour-à-tour menaçans et propices, qui ve-
naient , dit-on , promulguer leurs lois sur la cîme
du mont Sina'i , au milieu des foudres et des
tempêtes. Celui qui , sans être préparé à soutenir
leur vue , voulait les trop approcher , était frappé
de mort ou d aveuglement : les sages seuls qui ,
montés à l'heure favorable sur les hauteurs, sa-
vaient interroger la divinité solitaire , en rappor-
taient au peuple les oracles immortels : alors ,
grâces à ces interprètes prudens., les faveurs suc-
cédaient aux menaces , la lumière aux ténèbres ,
et des bienfaits éternels à des maux passagers.
Les mêmes dangers nous ont menacés; les
mêmes avantages nous attenderH. Nous avons
assisté aux spectacles les plus éionnans ; nous
avons pu recueillir dans un court intervalle tou-
tes les leçons semées dans l'étendue des tems ;
quelques années ont suffi pour nous montrer les
vices déshonorans du pouvoir monarchique et
les effroyables excès de la démagogie. Tout ce
que les mouvemens du peuple ont de plus su-
blime lorsqu'il combat pour la liberté , et tout
ce qu'ils ont de plus affreux lorsqu'il jouit sans
frein de sa conquête ; l'erreur et la vérité , la
raison et la folie , le crime et la vertu , tous les
esprits de vertige ont combattu sous nos yeux
pour nous perdre ou pour nous sauver. Oh !
combien ces combats de toutes les passions , ces
jeux si variés de la fortune, ces scènes d'une
longue histoire, réunis quelquefois dans un seul
jour, ont dû hâter notre sagesse et développer
nos lumières ! Les principes conservateurs ont
triomphé de tous les autres : ne les oublions ja-
mais ; transmettons-les sans altération aux races
futures , qui béniront notre mémoire en jouissant
du fruit de nos travaux.
Français, qu'il ne reste donc plus la moindre
trace des ressentimens passés. Votre attitude
depuis dix mois , fait taire les calomnies de vos
ennemis , et réduit leurs projets de discorde à
des bruits vains et ridicules , qui , changeant de
forme tçus les jours, attestent tous les jours leur
impuissance. Vous les avez habitués à trembler
devant vos armes \ ils craignent encore plus
cette modération nationale qui seule affermit
les trophées. Les vainqueurs ont tout fait pour
obtenir la paix des vaincus : ils ont traité avec
loyauté : leur politique, digne du grand peuple.
les sources de 1 industrie ; un emprunt forcé peut être développée à toute heure
menaçait déjà les faibles resics de la loitune | Si cependant les fléaux de la guerre recom-
mençaient , que la malédiction des peuples re-
tombe toute entière sur ceux qui ne voient dans
publique ; enfin , toutes les factions réveillées
étaient prêles à s'élancer dans l'jrêne , et les
craintes de l'avenir étaient encore plus terribles
que les maux piésens.
Le 18 brumaire a lui ! les divisions ont diiîparu ;
tout ce qui est factieux se cache , tout ce qui esi
français se montre ; tout ce qui ne veut que l'in-
tc/ét d'un parti , est écaité ou coiiicnu ; tout ce
qui aime la gloire de la patrie est accuiilli et
ptolécé. L'ordre est rétabli dans l'iniérieur ; la
libelle des cultes n'est plus un vain moi ; et la
Victoire , un mrjmenl infidelle , est ramenée par
le Génie aux pieds de la Libellé.
Il est doux ici de s'ariêter un instant; car le pre-
mier ornement des fêles nationales pour un
es malheurs du monde que l aliment de leur ava
rice I Quand les passions populaires déchaînées
ouvraient au milieu de nous un immense volcan,
qui menaçait d'engloutir les sciences , les arts et
la philosophie , le bruit de cette explosion a dti
al-rmer les naiions voisines , et les tenir dans
léloignement et l'effroi ; mais quand i:es flammes
dévorâmes ont cessé de tout coy - , quand
celte fumée qui obscurcissait la .t'.ic et le ciel
a permis , en se dissipant , de reconnaître des
chemins sûrs , quand la terre ébranlée s'est rafler-
mie , les nations ne peuvent plus prolonger leur
défiance et leur terreur. Aussi les nations veulent-
elles la paix : mais quelques ennemis implacable»
veulent la guerre , parce que la guerre favorise
leurs calculs; ils versant sur le conlinenl tomes
les calamités avec leur or, bien sois que cei or
leur sera bienlôl rapporté par les besoins factices
de ceux dont ils achètent le sang : leur trésor en-
trelient les malheurs des peuples , et les tributs
des peuples renouvellent leur tiésor.
Ces ennemis nourrissent encore l'espoir de ral-
lumer parmi nous les torches delà guerre civile .' ! !
Pourquoi ne peuvent-ils pas. à l'instant même i,
être transportés du palais de Wesiminsier , souj
ces voûtes guerrières? pourquoi ne peuvent-ils pas
assister à cette fête augusie, entendie ces chanta
solennels , voir ces émotions profondes qui ani-
ment les magistrats , les guerriers , les ciioyens ,
et ces envoyés accourus des déparlemens, oîi les
mêmes vœux se forment pourla prospériié de I4
patrie?.... A ce spectacle , ils reconnaîtraient
I impuissance de leurs complots. Le sourire de la
haine était sur leurs lèvres , lorsque da:.s nos
,fureurs nous trouvions de la gloire à briser les
monumens de notre antique gloire. -Que diraient-,
ils aujourd'hui en enleiidani ma voix prononcer
avec un saint respect le iinrn de Turenne , à l'an-
niversaire de la fondation de la République ?. . . .
Oui , j'évoque dans ce jour la mémoire de ce
grand maître de l'art militaire , à qui la monarchie
dut des jours si brillans , et dont les restes reli-
gieux , portés hier en triomphe , reposent en ce
moment sous le dôme le plus majestueux de la
terre. Turenne amendait du peuple français la
justice qu'il vieni d'obtenir. Les fêles et les pom-
pes de la liberté réjouissent ses mânes. Les ora-
teurs immorieis de son siècle le comparèrent plus
d'une fois aux Scipions et aux Fabius , parce
qu'ils sentaient que Rome antique eût mieu!t
convenu à la dignité simple de ses mœurs. Son
tombeau fut long-tems au milieu dès tombeaux
des rois , qu'honorait cette alliance : le voilà dans
le temple de la victoii^e , sous les drapeaux con-
, cjuis par les héritiers de sa renommée.... Ne dirait*
on pas que les deux siècles en ce moment
se rencontrent et se donnent la main sur cette
tombe auguste? Ce qui fut grand autre-
fois . ce qui l'est aujourd hui , les héros vivans ,
les morts illustres, se rassemblent dans le même
lieu pour célébrer le grand jour ovi la France a'
changé de lois sans interrompre le cours de ses*
grandes destinées. Cetie réunion de notre ancienne
gloire et de noire gloire présente , doit redoubler
l'union des citoyens; elle est sur-tout un exemple
pournos descendans... qu'ils respecienllesouvenif
des héros jusqu'à la postérité la plus reculée ! Les
mœurs , les usages et les lois varient sans cesse ;
les empires les plus stables n ont que des formes
passagères ; mais l'héro'israe et la' vertu sont de
lous les siècles.
Cet exemple , sans doute , ne deviendra jamais'
nécessaire aux générations tutures , et'nos grands-
capitaines recueilleront successivement IcUr hom-
m:ige. Le monument érigé ce matin ne sera jamais
déiruit par l'ingratitude de nos enfans ,^(ircë qu'il
n'est point consacré à la puissance et à l'orgueil. Là,
nos enfans s'assembleront d âge en âge : ils se plai-
ront à répéter les paroles de Desaix tombant suc
le champ de bataille , comme Turenne ; I accent de
I imprécation ranimera leur voix au souvenir de
l'assassinat de Kleber ; et des bords du Nil et du'
Pô , ces deux grandes ombres , consolées , revien-
dront avec plaisir a'u milieu de leurs neveux re-
connaissans.
Tels sont les présages sûrs des événemens qui'
reposent dans l'avenir. Qu ils accourent donc les '
éternels artisans de nos discordes, après rious
avoir suivis lour-à-lour au pavillon funèbre et à
l'antique maubolee ; qu'ils pressent ici lafiule,
et, prenant plac^' sous ces colonnes, qu'ils ob- '
servent et qu'ils, écoutent.. .. Ils repousseraient
en vain la vérité qu'ils craignent ; malgré leur
haine , ils se croiraient transportés au itîilieu de
ce peuple de Mars , qui,, rassemblé devant, ses
consuls au pied du Capilole , invoquait , à la fin
et au retour de chaque siècle , les diviniiés pro- .
tectrices de l'empire. Nous touchons aii même,
renouvellement. el_ le sentiment qui nous réunit
n'est pas moins religieux.... II. me semble que , .
debout sur la statue brisée ou sur le .tombeau
détruit d'un des anciens rois de Fiance , le siècle .
qui' va finir prend l'essor, et s'adressant au
siècle qui commence , "Je te lègue, dit-il, un,
grand héiiiage. J'ai accru toutes les connaisscncr s
humaines : .\ . on m'a appelé le siècle de la philo-
sophie Je disparais, et les tempêtes rentrent
avec moi dans la nuit des tems. Ton règne com-
mence dans un jour serein ; conserve bien lé
repos et la liberté, ces fruits pénibles dé mes '
travaux qee tu viens recueillir ; fepousse toujours
avec horreur, de ton sein, les révolutions et les
guerres civiles. Tu dois valoir mieux que moi :
jémporte , il est vrai , beaucoup de bénédictions ,
mais j'entends aussi des gémisseniens! je vois
la trace de bien des malheurs ! Plus heureux , il
suffit que tu saches conserver ce que tu reçois,
pour que des bénédiciions sans mélange se suivent
juscjua ton heure dernière. Ne trompe pas l'es-
péiaiice des sages. >>
Non, c>iie espérance ne sera pas trompée : la
repos, la liberté. Us sciences, le» luinicics , les
30
^Tjeaux-atts, toutes les idées libérales prospéreront
•sous la république. — Le siècle qui commtnce sera le
■criAND SIECLE J'en jure par le peuple dont je
suis aujourd'hui l'organe , par la sagesse de ses
premiers magistrats , par l'union des citoyens....
les grandes destinées de la France ripublicaint seront
accompliis.
MINJSTERE DE LA GUERRE.
Le ministre de la guerre prévient les citoyens
nommés à des conseils d'administration d'hôpitaux
aniiilaires , que le nouveau règlement qui fixe leurs
attributions a été envoyé dans chaque hôpital.
Ceux des membres de ces conseils qui ne
seraient point rendus à leur poste le i" brumaire
an g, seront regardés comme démissionnaires. Ce
dernier délai passé, il sera pourvu à leur rem-
placement. C A R N o T.
fc
THEATRE DU VAUDEVILLE.
En présentaut le tableau de deux ménages , l'un
tombé d'une opulence légitimement acquise ,
dans une détresse absolue, l'autre subitement
élevé du sein de la plus profonde obscurité à
l'état le plus brillant , rauteur du nouvel ouvrage
donné nier à ce théâtre , a eu pour but moral
lintentlon de persuader à la richesse qu'elle n a
rien de mieux à faire que de s'allier à la vertu.
Les deux ménages qu'il met en opposition sont
divisés pour un motif d'intérêt trop léger peut-
être ; l'auteur réconcilie les parens en les détet-
jninanl à l'union de leurs enlans.
En général , un tel sujelétail bien faible, même
pour un vaudeville ; on a trouvé dans l'ou-
VJage trop peu d intrigue , d'action et de déve-
loppemens ; la pièce a sur-tout, non le défaut,
mais le malheur de paraître un peu tard. Les
traits qu'elle renferme , soit sur les nouveaux
riches , soit sur les ridicules de nos élégans ,
s.oit sur les mœurs du jour , portent sur des
objets que dans son vol rapide la mode a
déjà emportés loin de nous , et dont il nous
est à peine resté le souvenir. Malgré cet in-
convénieat, malgré les défauts qu'on remarque
dans la construction de l'ouvrage , malgré
même la défaveur avec laquelle certaines parties
en ont été reçues , on ne peut se refuser à
dire d'abord qu'il y a de l'originalité dans l'ex-
position. On a souvent dit et écrit qu'à Paris une
pai'tii' des habiians tatiguée de plaisirs se mettait
au lit, alors que l'autre se levé pour se mettre
au liavail : c'est ce contraste qui , mis en action ,
sert d'exposi'ion aux deux ménages , et fait con'
naître de suite et naturellement, quels sent les
personnages que l'on voit paraître.
De plus , quelques scènes ont une intention
comique , particulièrement celle oii un certain
procureur gascon , nommé arbitre par les deux
ideurs , teint de s'adjoindre trois hommes de
oi , contrefait leurs voix, et suppose leurs avis
pour toucher leurs honoraires. Cette scène fait
rire , et Carpentier la joue bien; mais elle n'est
pas sans invraisemblance : il est sur-tout incon-
cevable qu un homme tel que Mondor ait choisi
pour arbitre un. égrefin comme M. Gryphon.
Quand on présente de tels personnages au théâ-
tie, il faut bien lâcher qu'ils fassent rire tout le
monde , mais ils ne doivent paraître être en pos-
session de la confiance de personne. On a trouvé
assez inconvenante la scène où une porte de
communication donne aux deux amans un moyen
d entrevue si simple et si naturel , qu'il semble
c+ioqncr la bienséance théâtrale. Deux rôles épi-
sodiques ont aussi paru ne servir qu'à embar-
rasser l'action , en multipliant inutilement les
personnages.
Quoiqu'il en soit , l'auteur montre trop d'ori-
ginalité dans ses idées , et d'esprit dans ses
couplets , pour qu'on ne cherche pas à l'en-
courager après ce coup d'essai. Il nous sem-
ble avoir lait tout ce qu'il fallait pour prouver
qu il peut mieux faire , si dans un autre ouvrage ,
il ne se laisse pas entraîner par l'attrait d'une idée
piquante jusqu'au choix d'un sujet ou insuffisant ,
au impraticable , ou pour lequel une grande in-
telligence de la scène était sur-tout nécessaire. Cet
auteur est le citoyen Nanteuil. S. . .
AU RÉDACTEUR.
Paris , ce 2S fructidor , an 8.
Citoye:n , depuis qu'une loi solennelle a pro-
posé et prescrit l'adoption de nouveaux poids et
de nouvelles mesures , il n'est personne qui ait
plus écrit sur celte nouvelle manière de calculer ,
que le cil. Aubry , géomètre , et personne qui ,
tout en annonçant qu'il veut en simplifier l'instruc-
tion , l'ail plus embrouillée. Vous nous donnez
de lems à autre des extraits d'un cours que ce
citoyen se propose de faire sur celle matière;
j'en ai vu d assez bien rédigés , je lui rends jus-
tice, mais celui qui a paru dans votre n°. d'avani-
hier , me paraît«iériter tous les reproches d'obs-
curité dans laquelle , malheureusement pour ses
lecteurs , il enveloppe quelquefois ses produc-
tions.
Dans ce morceau , le cit. Aubry veut donner
une manière courte et abrégée de convenir les
anciennes fractions en décimales ; cette conversion
est tiès-facile , comme nous allons le démontrer .
le citoyen géomètre l'exécute liès-péniblement et
d'une manière presqu'inintelligible. Il fait des ré-
ductions et des sousdivisions de fractions ; après
cela , il renvoie à une table , pour connaître la
quotité de la fraction : tout cela est inutile, il j
ne faut ni réduction , ni tables , ni livres ; une
simple règle donne sur le champ la solution (1).
Pour convertir une fraction en décimale , Il
sulfii de dire l'eniier d'une Iraction est à sa frac-
lion , comme 100 est à sa décimale , ou 1 entier
de la fraction est à 100 comme la fraction esta la
décimale ; vous multipliez les deux termes moyens
l'un par l'autre , et vous divisez le tout par le
premier extrême ; llnconnu qui arrive , est la
décimale qu'on cherche , il n'est besoin d'aucune
réduction de fractions rii d'aucune table.
Appliquons ces règles aux exemples présentés
par le cit. Aubry. u Vous avez , dll-il , Sg arpens
44 perches ; supposons l'arpent de 96 perches ;
voilà la donnée , en voici la solution.
J'établis cette proportion , 96 est à 100 , comme
44 à X , ou 96 : 44 : : 100 : x.
Multipliez les deux moyens l'un par l'autre vous
avez 4400 , divisez ce nombre par 96 , l'inconnu
est 458 , ainsi posez arpens 59.458.
Autre. Vous voulez connaître ce que 36 perches
sont à 256 , posez ainsi votre proportion , 256 :
100 : : 36 : x. 36oo divisé par 256 , donne la dé-
cimale 0.140.
Autre. Vous avez 5 rouids de 480 pintes , plus
72 pintes de fractions à convertir en décimale ;
posez tout simplement deux zéros au plus petit
nombre , diviscz-le par le grand , 7200 divisé par
480 , donne i5o millièmes.
Enfin , le citoyen Aubry présente son dernier
exemple comme très - compliqué , et effcciive-
menl II le prési^nte très-compliqué ; il est cepen-
dant aussi simple que les autres : comment con-
vertir 1224 pieds cubes en décimale , dont l'entier
est 1728 ?
Posez ainsi votre proportion : 1728 est à 1224
comme 100 à x , ou tout uniment , divisez
122,400 par 1728 , votre quotient : 0.708 est la dé-
cimale cherchée.
Je prie vos lecteurs de rapprocher ce mode
de solution de celui du citoyen Aubry , ils
verront que toute la complication des opéra-
tions du géomçtre peuvent se réduire à ce simple
pécepte : toute fraction se convertit en décimale en
y lijoutant deux zéros au petit nombre , et le divisant
par le grand nombre. Il eût parlé clair même à
ceux qui ne savent pas ce que c'est qu'une
règle de trois , et qui ne connaissent pas ce
que c'est que le numérateur ou le dénomina-
teur d'une fraction.
La loi en établissant les nouveaux poids et les
nouvelles mesures , a créé cinq termes nou-
veaux : le mètre pour les longueurs, (are pour les
surfaces , le litre pour les capacités , le stère
pour les solides , le gramme pour les poids.
Toute la nomenclature aurait dû se borner à
ces cinq leimes; la loi n'aurait pas dû y ajouter
d'autres termes aussi insolites qu'inutiles , tels
que déca . hecto . kilo , myria , déci , centi , milli ,
oui ont fait croire aux jeunes gens , comme
aux personnes peu instruites , que les mesures
exprimées par ces mois, étaient des mesures par-
ticulières , entées sur les mesures primitives. Ne
vaut-Il pas mieux dire dix mètres , cent mètres ,
mille mètres , dix mille mètres , que rfecametre ,
Aeciometre , kilomene , m^nametre ; décrie, hec-
tare, hilare , myriare .^ s'entendent-ils mieux que
dix ares , cent ares , mille ares , dix mille ares ?
Un détaillant auquel on remet quatre mesures
pour mesurer les grains, en lui disant: celle-ci est
un litre , cette autre contient dix litres , cette troi-
sième en contient cent , la quatrième en tiendra
mille, conçoit tout de suite ce que vous voulez
lui dire. Il' resté bouche béante , si vous lui pré-
sentez un (j!«calitre, un hectolitre , un itt/olitre. Aussi
l'ouvrage nouveau que nous venons de citer dans
la note, a-t-il pris le parti de revenir aux mots
français , et d'exclure. ces mots grecs et latins de
son livre élémentaire.
Quand la loi parut, le citoyen Aubry chercha
querelle au comité d'instruction sur les poids et
mesures, sur ce qu'il n'avait imaginé que sept
mots nouveaux ; il en voulait au moins seize ,
et proposa de créer des beclin , des bican , des
meno , des meclin , des mimar , des bimon , des
demis , des douhles , des dedmi , centimi , milliûnl ,
etc. le tout , comme on le voit , pour la plu»
grande clarté des nouveaux calculs.
Heureusement ces ingénieuses innovations ne
furent point adoptées , et si l'on eût rejeiié les
sept mots de la loi , il est certain que les nou-
velles mesures seraient actuellement adoptée»
par toute la France. Quand on assemble tous
les habiians d'une commune pour l'imposition ,
et qu'on leur dit : votre territoire lontient 4
rnyriares, 9 kilares , 9 hectares, 8 décares , 9 ares, 4
déclares, 8 centiares Is ne vous entendront point;
si vous leur dites simplement que leur territoire
contient 49,989 ares , 12 centièmes , comme
l'arpent est à peu-près de 5o ares, ils enten-
dront tout de suite que leur territoire est à peu-
près de mille arpens.
Rien n'est si aisé que l'étude du calcul décimal;
mais les professeurs qui ont voulu jusqu'ici nous
en donner des leçons , les ont noyées dans un
océan de chlfTies , pour saisir une précisloa
idéale (i) ; ils n'ont jamais rapproché l'ancienne
manière de compter de la nouvelle , ce qui eût
démontré jusqu'à l'évidence la supériorité de cette
dernière sur son aînée ) ils ont préféré les opéra-
tions les plus compliquées aux plus simples , el
sur-tout , perdant de vue l'unité primitive de cha-
cune de nos nouvelles mesures , ils en créent
à chaque instant de nouvelles dans leurs mul-
tiples ou leurs sous-multiples , à l'aide de leur
déca, hecto, kilo, myria, déci, centi , milli, ce
qui ne peut être utile que dans les cas on l'on
auiail des nombres immenses , ou des infinimens
petits à calculer ; mais ni les uns ni les autres
ne sont jamais nécessaires dans le commerce
de la vie. Pesons pour les autres mesures comme
on a fait pour le franc : on ne dit point, donnez-
moi déca francs , hecto francs , kilo francs, myria
francs ; mais , et ou l'entend mieux , donnez-moi
dix,, cent , mille , dix mille francs ; on n'adopte
que le décime et le centime, et on ne compte
point jusqu'à des dix millionièmes. Ce change-
ment pour la valeur monétaire , qui a été entendu
tout de suite , l'eûl été également pour les autres
mesures , si on se fût restreint à la dénominalioa
primitive de ciriq nouvelles mesures , sans les sur-
charger de mots héiéroclites et absolument
inutiles.
AVIS.
Un jury nommé par le ministre de l'intérieur
procédera par la voie du concours, aux termes
du règlement du conservatoire , à la nomination
d'un professeur de violon dont la place est va-
cante parle décèsdu cit. Gaviniès.
Le concours sera public , et aura lieu dans le»
salles du conservatoire le premier brumaire an g,
à neuf heures du matin.
Les candidats se feront préalablement inscrire
au secrétariat du conservatoire de musique , rue
Bergère.
CONDITIONS DU CONCOURS.
Extraitdu réglementdu conservatoire demusique.
Titre 1"^, article IV.
Les candidats subissent trois examens : 1" lire
sur toutes les clefs usitées des morceaux présentés
par le jury; 2° exécuter sur l'instrument un mor-
ceau au choix du candidat ; 3" répondre aux
questions posées par le jury sur la marche des
accords.
( I ) Je tire ce mode de solution dans un nouvel olyrage ,
ii»itulé : l'Arithmétique composée, mise à la pmcée des
jeunes gens , par la cit. Frèvot-Satnt-Lucien.
LIVRES DIVERS.
Voyage au Canada pendant les années I7g5, I7g6
et 1797, par Isaac 'Weld , ouvrage traduit de
l'anglais , et enrichi d'une cane générale du pays
et de onze planches , offrant les points de vue les
plus remarquables , et notamment le fameuxsault
de Niagara , 3 vol. in-8° ; prix , 1 5 fr. et 18 fr. pat
la poste.
A Paris , chez Lepetit jeune , libraire. Palais
du Tribunal , galerie de bois , n° 225.
Libro nuevo para aprender à escribir segun los
duoi generos de scriture bastarda , quetta , y spedita.
Para tnstruccion de ta jubeiitad.
Cet ouvrage est parfaitement imité, d'après un des
meilleurs auteurs espagnols , avec l'expllcalion de
la taille et tenue de la plume et la position du
corps en costume , ainsi que les traits d'ornement ;
par Lechard , artiste-écrivain et membre du lycée
des arts. — Prix , 3 fr. , , ,,
A Paris, chez le cit. Jean , marchand d estam-
pes , rueJean-de-Bauvais , n° 32 ; chez l'auteur ,
tue Germain - l'Auxerrois, n° 23o , et chez les
marchands de nouveautés.
On trouve, aux mêmes adresses, ïe Parallèle
entre le genre d'écriture bri c , cursif , français ,
et celui des anglais , par le même auteur. Pnx 3 fr.
( j ) Le pied cube , suivant le citoyen Brisson , dans son
Instruction sur les poids et mesuves , page 20 , contient milli-
meties 34277255, !6o725496673oo;82o8o. Essayez , d'après un
pareil nombre de chiBrcs , de faire quelques ipultiplicalions ou
divisions de plusieurs milliers de pieds cubes.
A Paris , de rimprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poi.tevins, n" i3.
■'%.,'/
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL
JV° 7.
Septidi , 7 vendémiaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenit nos souscripteurs qu'a dater du 7 Nivôse le M O NIT E U R est le s^ul journal officiel
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenr , les nouvelles des armées . ainsi que ,.s faits et les notions tant su
l'intérieur que sur I extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux dérouvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Paris, le 6 vendémiaire an 9.
vJ N a remarqué que , dans le dîner qui a eu
fieu le i^' vendetni.iire cliez le premier consul,
il a été porté un toast aux seize départemeos réunis.
Le i"' vendémiaire , à trois heures après-midi ,
six personnes armées sont entrées dans la maison
de campagne dn citoyen Clément-de-Ris , mem-
bre du sénat, à quatre lieues de Tours, pen-
dant que son fils et ses domestiques étaient à
Tours , chez le préfet , pour la (été de la fonda-
tion de la république ; ces brigands se sont em-
parés de son argent , de son argenterie , et l'ont
forcé de les suivre dans sa propre voilure pour
le mener on ne sait oij. Trois heures après , la
voiture est revenue , et un jeune domestique du
sénateur, obligé par eux à le conduire, a dé-
claré, à son retour, qu'ils ne le rendront qu'à
des conditions. Le sénat a été , à celte occasion ,
convoqué extraordinairement aujourd'hui . et doit
se réunir après-demain. Le minisire de la police
générale a déjà pris toutes les mesures pour at-
teindre les coupables. ( Clef du, Cabinet. )
— Le préfet de la Gironde , le citoyen Thibau-
cleau , qui vient d être nommé censeilier-d'état ,
a pris l'arrêté suivant :
t< Considérant que l'église des ci-devant Feuil-
lans où a été inhumé le corps de Michel Mon-
taigne , a reçu une deslinaiion qui ne permet pas
d'y laisser plus long-tems les cendres de ce phi-
losophe ; qu'il appartient à la république de les
recueillir et d'honorer la mémoire de l'immortel
auteur des Essais, le prêter arrêie : 1° que le
corps et le tombeau de Michel Montaigne , au-
feur des Essais et ancien maire de Bordeaux ,
seront transférés de la ci-devant église des Feuillans
dans la salle des monumens à la ci-devant aca-
démie , le l^' vendémiaire; 2° qu'un professeur
de l'école centrale prononcera , dans le lemple
décadaire de 1 arronaisscineni ou cciiul- , ici^j^v,
de Michel Montaigne; 3° que le corps sera tians-
fÊré sur un char attelé de quatre chevaux : il y
aura sur les côtés du char des inscriptions ex-
traites des Essais -, 4° que le coriege sera composé
des autorité? civiles et militaires., des professeurs
de l'école centrale et instituteurs primaires , de leurs
élevés et des sociétés savantes. i>
— La gazette de France cite un ordre du géné-
ral Moreau , portant que les bâtimens appartenant
aux collèges et aux écoles de la ville d'Augsbourg,
ne fussent plus employés en hôpitaux ou prisons
militaires , afin que l'éducation de la jeunesse
néprouvât point d'obstacles résultans de la pré-
sence des troupes françaises.
Le capitaine Baudin , chef de l'expédition
destinée à faire le tour du globe , est parti le 5
au malin pour se rendre au Havre, où il doit
s'embarquer.
On écrit deChâlons, en date du 5'jour com-
plémentaire , qu'il a été itouvé le 26 fructidor ,
près de Saint-Germain- la-'Ville , à deux lieues de
Châlons . un jeune garçon , sourd-muet , âgé de
10 à 12 ans , taille de i nietre , 244 miliimctres,
cheveux blonds , ayant une légère cicairice au
menlon , et sans aucun papier qui pût le faire
reconnaître. 11 est entre les mains du directeur du
jufy- ,
Nous avons annoncé l'établissement d'un lycée
de jurisprudence , et le but de cette institution.
L'ouverture a eu lieu, le 5 de ce mois; l'as-
semblée était nombreuse, et composée de beau-
coup d'hommes recommandables, pat leurs talens,
et leurs lumières.
Le citoyen Mirbeck , ancien jurisconsulte,
a éié proclamé président : les plus vifs applau-
disscmens l'ont accompagné au lauteuil.
Pendant cette cérémonie , on a entendu l'air
si chéri , du célèbre Grétry : Où peul-on être
mieux , qu au sein de sa lamillu ?
A l'ouverture de la séance , le président a pro-
clamé les noms des membr.-s du lycée , et ceux
des professeurs. Après avoir indirjué l'ordre ,
et les sujets des discours , il a exposé , à l'assem-
blée , le plan de la nouvelle méthode, adoptée
par le lycée, pour faciliter , éieridre , accélérer,
et pcifeciionner l'instruction des élèves.
Voici une analyse de ses réflexions , à cet
égard :
" En rendant les peuples heureux, les bonnes
institutions , bien organisées , concourent à la
prospérité et à la gloire des empires.
>' Le lycée de jurisprudence, institution nou-
velle , et. jusqu à présent unique , doit faire jouir
la trance de cet avantage incipprécinbli-..
" Son évidente uiiliié vous sera démontrée,
par les orateurs que vous allez entendre. Dévoués
tous au soutien de cet éiablissement , ils y for-
meront des élevés dans tous les genres d'instruc-
truction . propres à les diriger avec succès ,
dans la brillante et vaste carrière , qu'ils auront
a parcourir.
Les éléraens du droit romain , qui a mérité
le titre glorieux de raison écriie, et qui sert encore
de code à presque toutes les nations policées ;
^ la science des lois françaises ; la manière d'en
I diriger l'action, par des formules simples , uni-
j formes et invariables ; les principes du dioit
j public , entre les nations; ceux de la diction
et de l'éloquence , qui ont illustré les plus savans
orateurs, tant anciens que nouveaux: ; des exer-
cices, propres à . perfectionner ces difféiens
genres d'msirucuon : tout, eiifin , sera de leur
ressort.
En un mot , rien ne seira négligé pour remplir
efficacement les promesses du fondateur , et
justifier aux yeux du public ce qu'il peut et
doit attendre des eflTorts réunis dû zèle, des talens,
et des lumières dune association si di^ne , à'
to lis égards , de sa confiance et de la protection
spéciale du gouvernement.
Nous nous sommes empressés d'annoncer le
rétablissement de l'ancienne académie de Lvon>
sous le titre d'Athénée. L'intéressant Journal. de
Médecine q') i paraît dans cette ville , nous iraasuiet
les détails suivans sur la première' séance d^
l'Athénée.
La première seansc puuinjue a -niai que ^j
rieusement l'époque de sa. restauraiioti. . Le cTt".
Verninac , président, dont la prose esi poétique
et les vers éloqucns , a prononcé 'un 1 discours
très applaudi sur le bonheur qu'il avait de re-
trouver les membres épars dune des plus belles
statues de l'antiquiié , et de pouyojr les réunir
pour en former un ensemble : allusion qui a
été saisie ei applaudie avec tianspori. Son poème,
sur Chantilly forme des tableaux enchanteurs et
vivans , dont les détails , remplis d'ame et dé
poésie , ont été vivemeni sentis par leS con-
naisseurs.
Une dissertation sur les organes pulmonaires ,
par le cit. Cartier , chirurgien en chef du grand
Hôtel-Dieu , a présenté aux savans des yucs iiiié-
rcssanies de physiologi-r et de pathologie , expri-
mé s dans un siyle aussi rempli de iietteié-que de
précision et d élégance.
Le citoyen Rieussec a célébré , dans un discours
en prose , les Femmes de lettres dont notre ville
s'honore , et a donné de justes éloges à celles qui
dans ces lems désastreux , qu'on voudrait pouvoir
oublier , ont montré le sublime du courage.
Une fable imitée de Gay par le docteur Pitt ,
et remplie d'une philosophie douce et de dé-
tails piquans , a éiè lue par le ciioyen Niël ,
commissaire-général de police. Cet estimable
magistrat qui nous rend Piosi-de-lloyer , et qui
joint à l'érudition de Bouhiet la science gaie de
la Monnoie , a lu aussi un superbe fragment
de Catulle , traduit en prose harmonieuse , poé-
tique et passionnée. On croyait entendre de
beaux vers, et voir Ariane abandonnée sur le
rocher de Naxos.
Le citoyen Berenger , de l'institut, a com-
mandé l'aiteniion par la nature de son sujet. Il
célébrait Maringo ; il présageait la paix , chantait
l'Athénée renaissant des décombres de Lyon , et
donnait au citoyen Verninac, son restaurateur, de
justes éloges.
Des applaudissemens unanimes ont annoncé
le succès de la belle épître du docteur Petit à un
jeune médecin , sur les épines dont la carrière
de la médecine est semée. La facture de ses vers
brillans et animés , son ton de lecture toujours
tnchameuret soigné, la sensibilité et la grâce de
ce morceau , méritaient de terminer celle inlé-
rcssanie séance. On y a admiré une Minerve
d'un Style pur et sévère , due au ciseau du cit.
Chinard , l'un des membres de l'Athénée, et qui
lestaussrdehnsiuui. Cet habile artiste a fait don
de sa Minerve a 1 Aihènée.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Rapport aux consuls de la république. — Paris ,
le ig fructidor , an S.
Citoyens consuls,
FranquHot - Coigny était depuis long - lem.s à
i:'ausl agent principal du comiié anglais. Un
grand nombre de pièces qui ont été saisies, sou
propre aveu , et celui de plusieurs de ses com-
plices ne laissent aucun doute sur ce fait.
Franquetot-Coi^nf est en ce moment au Tem-
ple ; son épouse, dans l'espérance que cet acte
de dévouement le sauverait de l'arrestaiion ,
lavait conduit au général Morand, et celui-ci
au ministère de la police.
/i'r.^"^''^"'''"'''"!^''^'^"'^'«P''savecF.,7z,iî,,,.
tot-Loigny m étaient étrangers. Il lut arrêté ; traduit
devant les tribunaux, il expierait son c.-ime •
mais ,1 serait la victime de la confiance de sa
femme dans la parole qu'elle avait reçue.
Par ces motifs,' ciioyens consuls, ]e pense
que I arresiaaon de Franquctot-Coigny doi êire
considérée comme non-avenue , q^d .si digne
de la layame du gouvernement de U nietire dans
letat ou .1 elait avant que l'on se fut assuré de
sa personne sans néanmoins que cet acte d èouiic
puisse, m 1 affranchir des poursuires jùridinues
m le soustraire à une arrertation régulière s'il'
est trou-ve sur le terriioire de la république. :
Le ministre de la polire-généralc.
Signé, FoucHÉ.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le ministre de l?ma:ineet des colonies recevra
les (onc.ionnaires publics , les membres des au-
dadminfsînifliSnVIic -j'-ei .<:'^a\e't..rftidi;vicc-uv..c-î
depuis dix heures jusqu'à midi.
Il donnera audience publique le 6 de chaque
décade, depuis deux heures jusqu'à quatre.
On ne pourra entrer chez lui que par la rue
St. Florentin , er la porte de communication avec-
ses bureaux ne sera ouverte au public que pendant
l'audience du 6.
Le public sera reçu dans les bureaux de la
marine ,. tous les jours pairs, de trois à quatre-
heures.
Sous aucun prétexte les personnes étrangères à
à l'administration, n!entreront dans les bureaux ,
d'auires jours ei i d'autres heures , à moins de
rendez-vous écrits < qui ne serviront qu'une fois.
La seule entrée sera par la rue de la Concorde.
Supplément à la liste des envoyés des départemens
pour la fête du 1^' vendémiaire.
Département de l 0 a r t h e.
Les citoyens Godin , fils fabriquant à Eurival ;
Beckoz , ex^président de l'adm-nisiration mu-
nicipale ; Dupont, ex - commissaire du gou-
vernement.
Lyon, le i" vendémiaire an g.
Le préfet du départemeni du Rhône a prlg, à
l'occasion du 1=' vendémiaire, un arrêté dont
voici les principales dispositions:
(i Les autorités civiles et militaires partiront à
midi de Ihôiel-dc-ville, et se rendront sur le
quai dit de la Baleine , où le préfet posera la
pieraiere pierre d'un quai de communication
entre le pont de pierre et le susdit quai de la
Baleine.
Il sera déposé sur la première pierre dudit quai
une planche en cuivre , sur laquelle sera gravé'
l'arrêté suivant :
Le préfet du département du Rhône , considé-
rant que le manque de conimunicaiion entre le
pont de pierre et le quai dit de la B.deine , sur la
rive occidentale de la Saône, dans la ville de
Lyon , gêne infiniment la circulation des citoyens;
Considérant que celle communication est d'au-
tant plus importaïue à établir , qu'elle doit être
22
tin jour le point de liaison des routes de l'ouest
et dn nord de la France avec celle du midi ;
Considérant que les fonds affectés à la célé-
bration de la fêie du l" vendémiaire an g , ne
sauraient avoir une application plus agréable à U
ville de Lyon , que celle de concourir à l'éiablis-
Sement de la susdite communication.
Considérant que la somme de sept mille fr. ,
laquelle se trouve à la disposition de l'adminis-
traiion , comme provenant d'anciens dons volon-
taires , ne peut également avoir une applicaiion
plus avantageuse ei plus conlorrae aux sentimens
des donataiies ; arrête :
Art. I". Il sera construit un quai en pierre pour
joindre le pont de pierre et le quai dit de la
Baleine, sur la rive occidentale de la Saône dans
la ville de Lyon.
IL La première pierre de ce quai , sera posée
par le préfet du département, le i" vendémiaire
an 9.
III. Les fonds affectés à la célébration de la fête
du t"^' vendémiaire an 9 , seront appliqués à cette
dépense.
IV. Seront appliqués à la même dépense les
sept mille francs qui se trouvent à la disposition
de l'adrainislration , comme provenant d'anciens
dons volontaires.
'V. Il sera ouvert dans chaque municipalité un
registre oià l'on recevra les souscriptions des ci-
toyens qui voudront concourir à la construction
dudit quai.
Fait à Lyon , sous le consulat de Bonaparte ,
premier consul , de Cambacérès , second con-
sul , de Lebrun , troisième consul , le 5' jour
complémentaire de l'an 8 de la république ( 22
septembre rSoo v. st. ) le soleil entrant dans le
signe de la Balance ,, cent jours après la victoire
de Maringo , remportée par l'armée française ,
sous les ordres du premier consul Bonaparte ,
sur 1 armée autrichienne ; les armées françaises
occupant l'Italie , sous les ordres du général
Brune , depuis les Alpes du nord au midi , jus-
nu à la Toscane ; l'Allemagne , sous les ordres
du général Moreau, du Rhin au Danube ; 1 E-
gypte , sous les ordres du général Menou , de-
puis la mer jusqu'aux Cataractes du Nil; année
marquée pour la ville de Lyon , par Ja pose de
la main du premier consul Bonaparte , de la
première pierre de la réédification de. la place
Bellecour; parla fondation de l'Athénée; par
celle du Prytannée et celle d'une chaire de chi-
mie expérimentale , applicable aux arts et aux
et aux manufactures. Signé, R. Verninac.
Par le préfet ,
Lt secrétaire - général , signé, Urbain jAUUfE.
Le secrétaire-général de la préfecture du département
de la Loire-Inférieure , au rédacteur de la Feuille
Nantaise. — Nantes , U 3o fructidor an 8.
Citoyen,
Je vous prie d'insérer dans un des premiers
niaméros de votre feuille, le fait suivant qui
m'a été transmis par le maire de Legé.
<t Le feu avait pris, le 29 thermidor dernier,
dans un champ voisin de la forêt de Rochescrviere,
par le moyen de brûlots qu'un propriétaire avait
faits dans ce champ nouvellement défriché , et
qu'il n'avait pas surveillés assez exactement. La
flamme, rencontrant sur son passage un grand
nombre de matières combustibles , avait acquis
un degré de violence effrayant; il ne lui restait
plus qu'un faible espace à parcourir pour entrer
dans la forêi et y porter tous ses ravages. Si
e le y fût parvenue , il eût, sans doute,' été impossi-
ble de 1 arrêter, à cause de la chaleur extraordi-
naire qu'on éprouvait alors.
Il Dans cet état de choses, trois dés gendarmes
de Lege, parmi lesquels se trouvait le brigadier ,
revenant de la correspondance du Pont-James
apperçoivent ce funeste accident : ils accourent
avec précipitation sur les lieux embrasés , rani-
merit le courage du petit nombre d'hommes nue
le danger avait réunis, et qui, perdant l'espoir
d etemdre le feu , commençaient déjà à se retirer.
Ils redoublent avec eux d'activité et de forces, et
après au moins quatre heures du travail le p'ius'
pénible , ils ont la consolation d'arracher une pro-
priété importante à une destruction presque inévi-
table. )i ri
Pour U secrétaire-général de la préfecture , le chef
de la 1'^ section du secrétariat , Gouthiere.
Feuille nantaise.
Fin et recapitulation du tableau statistique des pays
ecclésiastiques de l'Allemagne.
. _( Voyez les n°' 341 , 343 , 346 , 348 , 35o. ) '
Cercle de Westphalie. —hes évêch^és de Munster,
020 heues quarfées , 35o,ooo âmes, i.soo^ooo
florins de revenu. — De Paderborn , 140 lieues
quarrees , 100,000 araes-, 5oo,ooo florins.
D.0s7iabruci , 100 lieues quarrees, laS, 000 aines
370,000. florins. Le territoire de ces trois évèthés
consiste pour la plupart en des montagnes cou-
vertes de bruyères, et des plaines ou sablon-
neuses ou marécageuses. La culture a pourtant
amélioré ce lerrein ingrat ; il y vient du lin et du
chanvre en quantité , assez de grains pour la
consommation des habitans , du bois , du sel ,
du fêr , du charbon de terre ; lOsnabruck exporte
une quantité considérable de tourbe ; les manu-
factures de toiles , de draps , de bas , eic. sont
très - actives ; mais le Paderborn est arriéré en
industrie comme en lumières. ( Remarques. —
1°. La ville de Papeberg , située sur les froniieres
de 1 Ostfrise , fait un commerce considérable ,
sur-touL dans la Baltique ; on trouve dans les
listes de passage du Sund quelquefois jusqu'à
140 bâtimens papenbergeois. Cette ville est en-
tièrement inconnue aux géographes français ;
2° le Saterland est une espèce de république dé-
mocratique , le Saint-Marin de la Wetspbalie ,
qui reconnaît l'évêque de Munster pour -pro-
tecteur ; on y conserve la langue et les institu-
tions des frisons.) L'évêché de Liège: 340 lieues
quarr'' , 220.000 âmes ; i,5oo,ooo florins de
rêver., - Productions : bois , vin , grains , cuivre,
fer, p.omb , ardoise, marbre, charbons de
terre , tourbe , eaux minérales , terre de pipes
recherchée par les hollandais. — Industrie et
commerce : des armes , des toiles , des cuirs , des
charbons de terre. — L'évêché de Corbev : 14 lieues
quarrees , 8,5oo âmes , 40,000 florins. — Les ab-
baves de Werden et Hetmstedt ( 3 à 4000 âmes )' — ,
d'Essen : [ 7 lieues quarrees, 3,5oo âmes. 47,000 fl.)
— De Cornelis-Munsler: (3ooo âmes.) — ^ De Stablo
et Malmedy. ( 10 lieues quarrees , 7000 âmes. ) —
De Thorn : (3ooo âmes.) '
Ceicles de' Haute et Basse - Saxe. L'évêché' de
Hildesheim , 140 lieues quarrees , 100,000 âmes,
5oo,ooo thallers de revenu , 2,000,000 thallers de
dettes , un territoire Irès-fertile en grains , lin ,
chanvre , houblon , bois , sel , fer , nourriture
de gros bétail à laine , exportation de toiles et de
fil ; des viltsges entiers emploient l'hiver à faire
des toiles. L'évêché de Lubeck , enclavé dans les
possessions du roi de Danemarck, 20 lieues quar-
rees , 20,000 âmes , pays fertile et riche. L'ab-
baye de Quedlinburg , 6 lieues quarrees , 12,000
âmes.
Le cercle d'Autriche et la Bohême n'ont point
d'états ecclésiastiques immédiats ; l'évêque de
Trent , celui de Biixen et quelques prélats pren-
nent le litre de princes de l Empire ; mais la mai-
son d'Autriche les traite en sujets , et ils n'ont ni
siège , ni voix à la diele.
Récapitulons maintenant les différentes par-
ties de ce tableau, qu'à la vérité je n aurais dû
appeler qu'un extrait.
»1~
. , —
— auitans.
KcveBus.
Bavière ....
700
33o,ooo
1,800,0007?
Souabe ....
25o
247,000
i,35o,ooo
Franconie ( sans
l'prdreteuton.)
Bas-Rhin . . .
Haut-Rhin. . .
Westphalie . .
5io
i,i3o
23o
1,220
5o3,ooo
740,000
200,000
8:3,000
2,35o,ooo
3.200,000
800,000
3,700,000
Les deux Saxes.
Total avant la
170
140,000
800,000
guerrre . .
4,2 10
2,983,000
14,000, 000_/?.
par lieue quacrée 708,55 habitans.
Perdu sur la rive gauche du Rhin.
P' le Haut-Rhin 60 80,000 35o,ooo7?.
Bas-Rhin. 473 3i8,ooo 1,200,000
Westphalie 33o 23o,ooo i,55o,ooo
Donc à défalquer 863 628,000 3, 100,000
Reste . . . 3,347 2,355,000 10,900,000/.
par lieue quarrée 7o3,6i habitans.
Il est évident que les revenus ni sont pas en
proportion avec la population; aussi les imposi-
tions sont très-légères dans ces états, sans parler
d'autres causes qui tiennent à la forme du gou-
vernement et au mode de l'administration.
Le royaume du haut clergé allemand, dans son
intégrité, surpassait ou égalait la plupart des
puissances du second rang, telles que la Hollande,
la Suisse , le Dannemark , la Suéde ; il absorbait
plus qu'un dixième des forces politiques de I Em-
Pire- M. C. Brun.
Nouvelle machine pour arrêter les progrès des in-
cendies et sauver les incendiés.
Extrait^ des registres de la classe des sciences et arts ,
de l'institut national, séance du 21 fructidor
an 8.
Un membre , au nom d'une commission , lit le
rapport suivant :
Le miriistre de la police adressa, le 22 brumaire
dernier à la classe des sciences physiques et ma-
Ihematiques , un mémoire du cit. Audiberi , oà
il proposait un nouveau moyen 'de sfecdii^ir ht
personnes renfermées dans les maisons incentîiées;
il fut fait en conséquence à la classe , par ses
commissaires , le 16 frimaire suivant , un rapport
dont les conclusions adoptées, furent qy'en pro-
portionnant dans la machine que le cit. AudibeU
présentait , le frottement des différons axes des
poulies aux poids à soutenir, elle réussirait dans
la pratique : l'on engagea le cit. Audiberi dans le
même rapport , de faire exécuter celte machine.
D'après ce rapport , le cit. Audibert a exécuté
sa machine ; il a demandé de nouveaux commis-
saires à l'institut, non-seulement pour l'examiner,
mais pour assister aux différentes expériences
qu'il comptait faire ; la classe a no;ximé pour cet
objet les citoyens Charles , Prony et Coulomb qui
vont lui en rendre compte.
La machine qui est sons les yeux de'l'insiitut ,
est composée d'une lige de fer creuse , ayant à
peu-près un mètre de longueur. Au haut de cette
I lige , est une espèce de croix formée de deux
I plans parallelles qui servent de joues à cinq
poulies , dont les axes creux sont très-gros , ce
qui est nécessaire ici pour augmenter leur force
et leur frôlement. Au bas de la tige de fer est
une courbe formée également de deux plans ,
et qui sert en même-lems de joue à une poulie
iiifêiieuie et de selle pour placer le pompier qui
doit manœuvrer.
Le long de la tige , vers le milieu , sont deux
crochets presqu'horisontaux , avec une boucle ,
et une courroie est placée entre les deux cro-
chets.
Cet appareil est accompagné de deux harnois
pour les personnes que l'on veut sauver ; ces
harnois sont composés d'une selle à coulisse J
pour que , dans les différens raouvemens , la
personne se trouve placée commodément. Cette
selle est attachée par devant et par derrière , à
une ceinture qui est elle-même retenue par deuiç
courroies qci passent sur les épaules de la per-
sonne que l'on veut secourir; au milieu de la
ceinture esl attaché , par un mouvcmeni à pivot v
la courroye , qui , à son autre extrémiié , porte
un anneju qui doit s'accrocher au haut de la tige
de ter, et y suspendre , dans une attitude com-:
mode et verticale , la personne qui serait en-
danger. Voici actuellement l'usage de cette
machine.
Le pompier chargé de cet appareil cherche
dans les maisons voisines une issue pour péné-
trer sur la loiiure de la maison incendiée ; ce
qui est presque toujours praticable, dans le»-
grandes villes , pour les ouvriers habitués aux tra--
vaux des toitures. Arrivé sur le toit à peu-près au,
dessus des fenêtres de la maison incendiée où il
veut poner des secours , il attache I exirémilé
A,,.,^ 1„ A ,..-1-,.,. p,„:„ .oi;d<, Jo U toi-
ture : cette corde passe en zigzag, remontant et
descendant entre quatre poulies de la partie su-
périeure de la tige ; elle descend ensuite , enve-
loppe la poulie inférieure et remonte sur la cin-
quième poulie supérieure , d'où elle retombe dan*
la rue. Le pompier se place pour lors sur la selle
et saisit la corde, en s'altachant lui-même à I4
Ugepour plus de sureié , au moyen d'une cour-
roye qui soutient le milieu de son corps.
FesanI ensuite passer la corde qui éprouve
déjà une très-grande résistance , soit par le
frottement des différentes poulies , soit par sa
propre roideur, sous un des crochets qui tient
a la tige , et qui lui sert de retenue, il laisse
Hier la corde peu-à-peu , et descend ainsi jus-
qua la fenêtre où se présentent les personnes
qu il veut sauver. S'il s'en trouve trop éloigné,
II y jette un bout de corde dont l'autre extrêmiié
lient à la tige de fer , et le moindre effort petit-
lui faire joindre cette fenêtre. Il replie ensuite
sa corde autour des deux crochets de latine,
et s y fixe au moyen de la courroie à boucle'
qui_ tient a celte tige : pour lors la machine étant
arrêtée , il peut quitter son appareil , entrer
dans les chambres, et porter tous les secours
dont des femmes ou des enfans peuvent avoir
besoin.
Au moyen du harnois dont nous venons de
parler, il suspend à différens crochets fixés à la
partie supérieure de la tige les personnes qu'il
veut sauver , et se plaçant sur sa selle, il re-
descend avec cette charge jusque dans la rue.'
Il nous a paru que lorsque la machine étant
chargée de trois hommes , et que la corde
après avoir enveloppé toutes les poulies , passait
sous un seul crochet , et était retenue par la
main en contre-bas , une force de trois ou
quatre kiloi;rammes suffisait pour en empêcher
la descente.
Le cit. Audibert , qui a fait son expérience dans
une salle de 18 à 20 pieds de hauteur , s'arrêtait -
accélérait ou rallentissait son mouvemeut à là
demande des spectateurs.
D'après cette expérience et l'examen de la ma-
chine , dont toutes les parties nous ont paru dis-
posées avec inielligence, nous croyons que ce
moyen tres-simple , n'exigeant que très-peu de
dépense , pouvant être transporté par un seul
homme dans tous les points où un incendie exige-
23
«les secours, devant d'ailleurs , dans beaucoup de
«irconslances , donner aux pompiers la faculté de
»e hasarder , sans être victimes de leur courage et
de leur zèle , dans les points de l'incendie où il
est le plus souvent iniéressant dé porter des se-
cours et même d'élever des tuyaux de pompe ; en
un mot , que ce moyen paraissant assuré , d'après
l'expérience , pourvu que les hommes qui l'em-
ployerbnl soient habitués à monter sur les cou-
vertures , et soient d'avance très - exercés à sa
manœuvre, la machine du cit. Audibert , simple
dans son exécuiion , mais irès-imponante dans
son objet , mérite 1 approbation de l'institut et
l'alienlion du gouvernement.
Fait au Palais nntionai des sciences et des arts ,
le SI fructidor an 8.
Signé, Charles , Prony , Coulomb,
La classe approuve le rapport et en adopte les
conclusions.
Pour copie conforme ,
Signé , CuviER , secrétaire.
( Demain , nous donnerons le procès - verbal
d'une nouvelle expérience de la machine du ci-
toyen Audibert , faite à la préfecture du dépar-
lement le i"' jour complémentaire. )
Tous les lexicographes ont distingué trois sortes
départies dans les mots d'une langue , les pré-
pesitions , les radicaux et les désinences. Les diffé-
rens systèmes de lexicologie que l'on a essayé
de faire jusqu'ici ont eu pour base les radicaux.
Le citoyen Butet ( de la Sarihe) , a cru avec raison
qu'il fallait avant tout déterminer la valeur des
prépositions et des désinences , et que ces valeurs
pouvaient se réduire en formules. Dix années de
lecherches l'ont conduit à ce précieux résultat.
L'historique de ses travaux est consigné dans
un mémoire qu'il a lu à la société des Obser-
vateurs de l'Homme , et qui probablement fera
partie de ceux que cette société doit incessam-
ment faire paraître. Par l'union de ces deux
des désinences Celte séance fut encore plus
glorieuse pour le ciioyen Butet que la première.
Les citoyens Daunou , Tracy , Champagne ,
furent nommés commissaires pour examiner son
mémoire , l'un des plus intéressans qui depuis
loiigtems ait élé présenté à la classe. On re-
marqua que le citoyen Laplace éiait venu en
entendre la seconde partie ; il fut prié de s'ad-
joindre à la commission , parce que l'objet du
rapport paraissait renfermer de vues analytiques.
Dans l'intervalle de ce rapport , qui s'est fait
dans la séance du 23 vendémiaire suivant, le
ministre de l'intérieur a répondu au citoyen Butet
qu'il lui annonçait à regret l'impossibilité dans
laquelle il était de lui accorder sa demande ;
mais qu'il l'engageait à se concerter avec le
citoyen Champagne pour faire en grand lessai
de son système sur plusieurs, élevés du Prytan-
née , s'il le juge convenable.
La commission de l'institut a regardé à l'una-
iiimité le travail du citoyen Butet comme un
des ouvrages les plus utiles à l'avancement de la
science. Ces conclusions sont qu'il oftre le meil-
leur plan connu d'après lequel on puisse luire
un dictionnaire philosophique , et de parvenir ,
s'il est possible . par le même travail fait dans
toiites les langues , à la confection d'une langue
universelle.
Q_uant à l'application de ce système à l'en-
seignement scholastique , la commission le cioit
également utile ; mais pour l'affirmer, elle aurait
besoin d'un résultat analogue à celui de 1 en-
seignement des élèves de l'école polymaihique ,
mais en plus grand nombre , afin de pouvoir
juger plus sûrement que ce système est à la
portée de l'intelligence commune des enfans.
Eri conséquence , la classe a converti en propo-
sitions les conclusions delà commission, et a
arrêté à l'unanimité que le ministre de l'intérieur
serait officiellement invité , au nom de l'institut ,
par l'organe de son secrétaire le ciioyen Cham-
pagne , de faire cette expérience dans l'une des
écoles nalionalts de Paris.
systèmes de prépositions et de désinences ap- | Ainsi, d'après l'enchaînement des circonstances,
pbquésaux langiaes française et latine , le ci- 1 il paraît que cette importante expérience sera
faite au Pryiannèe de Paris au commencement
de cette année scholastique. Il serait à désirer
que l'ouvrage du citoyen Butet parût en même
terns , mais son Sysiêine des prépositions ne peut
être livré à limpresiori que dans le courant de
brumaire.
loyen Butet réduit dans l'un et dans l'autre la
formation et l'analyse des mots composés à la
lésoluiion des deux problêmes suivans :
1" Problème. — Etant donné le radical et la
formule d'un mot , construire ce mot en latin
ou en français.
2' Problême. — Etant donné un mot latin ou
français , déterminer la formule de sa composi-
tion qui devient celle de son analyse.
Ces deux systèmes , ou plutôt ce système com-
plet de lexicologie , est immédiatement appli-
cable à toutes langues dérivées du latin, et n'a
besoin que d'une autre nomenclature analogue au
génie des autres langues auxquelles on voudrait
l'appliquer.
A l'aide de ce système, le citoyen Butet est
parvenu , dans l'espace de deux ans , à mettre
deux jeunes gens en état d'interpréter les auteurs
latins les plus difficiles. Il en a fait l'application
à l'enseignement d'un plus grand nombre dans
son cours de lexicologie à l'école polymaihique.
D'après les réglemens de cette école , il a donné
des exercices publics , dans lesquels ses élevés
ont paru avec le plus grand succès. Ces exercices
ont rempli deux séances littéraires du lycée répu-
blicain , où le citoyen Butet professe la physique.
Ces séances ont été formées en très-grande pariie
<les hommes les plus distingués dans tous les
genres de connaissances , et qui sotit générale-
ment convenus que le système du citoyen Butet
ferait une des époques les plus marquantes de
la lexicologie. Ce qui a donné plias d'écUt à
ces exercices , c'est la présence de Massieu , souid-
muet de naissance , qui , après dix leçons que
lui a données le citoyen Butet , à la sollicitation
du citoyen Sicard , a figuré honorablement à
côté des élevés de l'école polymaihique, en
résolvant par écrit , et avec la même élégance ,
les problêmes dont ceux-ci donnaient les solu-
tions verbales. Le citoyen Sicard , persuadé de la
force de son élevé , comme de la justesse du sys-
lêaie , avait répondu du succès de l'expérience
en le publiant d'avance (t).
Désirant faire cette expérience utile sur un
plus grand nombre d'intelligences à-la-fois , et
«ncouragé par ses premiers succès, le citoyen
Butet demanda au ministre de l'intét'eur un local
et une quantité donnée d'élevés. Pendant ce
«ems il se présenta à l'insiitiil , et fut admis par
la seconde classe pour y développer son système
des prépositifs dans la séance du 2 messidor.
Cette exposition inspira le plus vif intérêt à
toute l'assemblée. Le citoyen Laplace qui se trou-
vait accidentellement à celte séance , témoigna à
l'auteur la plus grande satisfaction de ce travail
dpnt l'ordonnance est vraiment mathématique.
L'institut invita le citoyen Butet à venir lui com-
muniquer , dans sa séance du 12, son système
(il Voyez le jupple'ment du Journal du ïmt , du 35 piai-
MEDECINE.
Les élevés du citoyen J. B. Monlinié , membre
correspondant de la sociéié de médecine de
Paris , professeur d'anatomie , phisiologie , eic. ,
à l'école de médecine élémentaire à Bordeaux ,
ont subi les 25 , 26 et 28 fructidor an 8 un
examen public sur l'anatomie , la phisiologie ,
la pathologie , la thérapeutique , la clynique
interne et externe. Ils ont été interrogés par
les citoyens Alary , Lattes , Mesiivié , Gouley-
ron fils, Cazeins, Cailleau , etc etc. , convo-
qués à ce sujet.
Ils ont répondu aux questions avec nettelé,
précision , jirsiesse et facilité ; ils ont enfin donné
des preuves non équivoques des progrès qu'ils
ont faits dans leurs éludes médicales.
Le 28 les prix furent distribués aux élevés.
Le premier fut décerné au citoyen Pierre-Va-
lentin Ducastaing fils, de Bordeaux, départe-
ment de la Gironde.
Le second au citoyen Pierre Canihac , de
Castelnau , près Marmande , département de
Lot et Garonne.
Le troisième fut partagé entre les citoyens
Labarthe , de Saint-Barthelemy , département de
Lot et Garonne, et Adrien Gabard de Saint-
André , de Cubzac , département de la Gironde;
Les citoyens Jean Diifour et .-Antoine Dufour ,
de Plaisance , département du Gers , obtinrent
mention honorable.
A la fin de celte distribution solennelle , le
citoyen Cailleau prononça un discours dans
lequel il donna aux élevés quelques avis sur
''élude de l'anaiomie et les qualités qui doivent
être l'apanage constant de ceux qni se con-
sacrent à l'art de guérir.
Il tertnina son discours en répandant quel-
ques fleurs sur la tombe du citoyen Grossard
dont la perte sera long-tems viveniént sentie
parles amis de l'humanité.
Les élevés demandèrent que ce discours fût
rendu public : il sera en conséquence livré à
l'impression.
Nous ne terminerons pas cet article sans payer
au citoyen Monlinié le tribut d'éloges qui lui
est dû. Ce professeur n'a pas cessé un seul |
instant de se consacrer tout entier à l'instruc- 1
tion publique: son zèle est toujours ardent et;
toujours le même. Il n'a pourtant jamais eu (
d'autre aiguillon que le désir d être utile , cl le I
plaisir de faire le bien.
A V RÉDACTEUR.
LOrienl , le nj fructidor , an 8.
J'ai lu , ciioyen , dans votre feuille du 7 de ce
mois , le précis qu'a donné le ciioyen Jumelin,
d'après le rapport des anglais, du combat des
vaisseaux le Ça ira que je commandais , et le Cen-
seur , capitaine Benoist , dans la Méditerranée.
Ce ciioyen n'ayant pas élé à même de participer
a une action tju'il veut bien préconiser .je crois
devoir vous en donner les déiai/s , ipie je nu;
repiorherais de n'avoir |'as transmis plus loi . si
l'estime de soi-même n'avait pas dû êire pouf
mon équipage une réconipens. au-dessus de tous
éloges.
A la poin'e du jour , 23 ventôse an 3 , les deux
armées stribord amures, celle delà république
au vent , consistant en i5 vaisseaux , 6 frégates et
plusieurs corvcites ; l'ennemi composé de 14
vaisseaux , 4 frégates et plusieurs corvettes à plus
'le deux lieues sous le vent , les vaisseaux le Sans-
Culotte , le Barras •.-t le Ça ira , se trouvaient à prés
d'une lieue du l'armée el louvoyaient afin de la
rejoindre. Il existait une forte brise du S. O. -, le
leiDS nébuleux , la mer dure; à ncul heures un
coup de tangage me priva de mes deux mais de
hune , dont je voulus sauver le gréement et
les vergues. Peu à près cet événement , une fré-
gate ennemie m'ait.iqua : la première bordée mit
cinq hommes hois de combat , et le feu prit dans
mes grands porie-haubans. Je ne pus riposter ,
parce que ma batterie se Irouvait engagée. Le '
teu de la Ivégaie étant liès-vif et prêt à être sou-
tenu par les vaisseaux ennemis qui m'appro- '
chaient , je renonçai au gréement en le lésant
jetei à la mer , ce qui rendit mes batteries libres ; '
aussiiôt la frégate fut réduite à' aller se réparer à
Livourne.
Les meilleurs voiliers ennemis commencèrent
l attaque , mais ne voulurent pas se présenter par
mon travers : ce fut avec mis seuls canons de
retraite que je ralentis leur impé;uosité.
Dans cette pénible situation, la frégate la Ues' .
taie me donna la remorque et ne cessa pas de
combattre l'ennemi C'est ici que je dois
offrir au citoyen Delornie , commandant cette
frégate, et à son équipage , le tribut dû au dé-
vouement incroyable avec lequel ils se condui-
sirent. Notre armée était toujours au vent; cepen-
dant trop éloigné délie p.jur en être protégé,
tout me donnait à craindre d'être bientôt cerné
par toute la ligne ennemie qui m'approchait rapi-
dement. Une manœuvre hardie pouvait me sous-
traire à des forces si supérieures : je virai de bord
vent devant , et cette évolution me réussit , tout
en continuant de faire et recevoir un feu très-
vif à demi portée de canon dé l'ennéiiii que je
prolongeai.
Après trois heures et demie de combat, je me
trouvai sous la protection de notre armée , dont
l'avant-garde me secourut et força l'ennemi à
rejoindre le reste de son armée.' Le vaisseau U '
Censeur , bon voilier, vint me donner la remorque
à la place de la Vestale. Je fis rendre compte au
général de ma situation, et à neuf heures du \
soir il vint raisonner avec moi. Je ne pus au
porte-voix lui faire connaître . exactement mon ■
état, dans la crainte d'occasionner du découra-
gement, tout annonçant une. action pour le len-
demain. Je fis ce qui dépendait de moi, pour me
réparer. , ,.,.,■
Le 24 , aru jour , le Censeur et moi nous nous
trouvions à peu de distance spus le vent et de
l'avant de notre année , la brise étant faible^au
sud-ouest, avec apparence de changement ; l'ar-
mée ennemie courait les mêmes amuies , toujours
près de deux lieues sous Iç yent. Environ six.
heures du matin la brise" vint du nord ; l'ennemi
en profila, si heureusement,- qu'il m'approcha
avant que nous en eussions ressenti l'impulsion.
Nous nous efforçâmes de rallier', mais ayant été
traverses nous ne pûmes y parvenir.
Le combat s'engagea avec une nouvelle cha-»
leur; ce qui donna à notre armée l'avantage dli
vent qui variait toujours. Le vaisseau de tête
venait à toutes voiles sur nous, ainsi que ceux
qui le suivaient. Au moment o\x ils commencèrent
leur fcu , je crus que l'affaire allait devenir gé-
nérale ; rnais ils tinrent le vent , en prolongeant
l'ennemi à bord opposé ; je cessai alors d'obser-
ver les mouvemens de l'armée , ayant à combat- ,
tre sept vaisseaux dont deux à trois ponts. Se- :
condé par le vaisseau le Censeur , les deux pre- ■
miers vaisseaux furent obligés de se retirer, ,
étant presque totalement désempaiés ; les deux,
de l'arriére les remplacèrent de suite , et j'avais
sur les hanches et l'arriére , à portée de fusil ,
les deux aunes à trois ponts et le vaisseau na-? ,
poliiain. l
Le tableau du carnage et delà mort n'ont ja- ■■
mais préseiiié rien d'aussi épouvantable que
l'étail l Intérieur de mon vaisseau ; mais que peu- ■
vait l'aspect rie la mort et du carnage sur des
hommes animés par 1 amour de la gloire ! Plus
le désastre était h son comble, plus il y avait'
d'ordre et de précision dans le aervice des bat-
telles.
»4
L'air étant intercepté par l'explosion, l'ennemi
ne put faire aucun mouvement. Nous démaïames
les deux vaisseaux qui étaient par rrotre travers ,
de leur grand raâi , de celui d'artimon et du
petit mât de hune : un cri universel exprima
la joie que nous causait cet événeinent qui eût
incontestablement fixé la victoire , s'il y avr.it eu
moins de disproportion ; mais l'énorme quan-
tité de boulets qui tombèrent à bord , avait di-
minué sensiblement l'équipage; (il a péri 600
liommes , tant dans l'action que par suite de leurs
blessures ) et détruit tout le vaisseau ; il est même
inconcevable qu'un seul individu ait échappé aux
inillions d'instruraens meurtriers qui se croisaient
à, la minute.
Les sabords de la batterie basse prenaient beau-
coup d'eau. Le vaisseau avait coulé de quatre
pieds dans toute sa longueur , le reste des poudres
était submergé ; il y avait douze pieds d'eau dans
la, cale , et enfin étant menacé d'une submersion
totale , réduit et non vaincu , le vaisseau ras et
absolument démâté, après plus de 7 heures et
demie d'un combat qui ne déparera jamais les
annales de la marine , cessa de faire feu. . . .
Le vaisseau le Censeur que j'appellerai toujours
h Généreux .dont la conduite valeureuse ne peut
être assez honorée , assailli par plusieurs vais-
seaux , et criblé par ceux qui étaient de l'arriére
à moi , et auxquels il ne pouvait riposter, fut
contraint quelque tems aprèsd'amenerson pavillon.
O mes respectables compagnons d'infntlune,
si des circonstances qui nous ont été inconnues ,
et dont il faut cependant respecter le mystère ,
ont empêché que l'armée ne recueillit les fruits de
voire dévoûment, vous ne serczpaspour cela plus
privés du souvenir de vos compatriotes , que vous
ne le fûtes de la considération des ennemis. L his-
torien , dégagé des liens de convenance , placera
vos noms parmi ceux qui ont le plus glorieuse-
ment combattu pour leur patrie , et fera apprécier
les détracteurs de la marine , dont les revers n'ont
jamais appartenu qu à ceux qui l'ont gouvernée,
en privant d'autorité et de confiance ses chefs
naturels , autant disposés que les généraux des
armées du Continent , à verser leur sang pour
l'afiFranchissement des mers.
Les détails que je viens de faire connaître, et le
tableau qui va suivre , sur l'authenticité des-
quels j'invoquerais le témoignage de l'ennemi
même, inspiieront sans doute au citoyen Marec
quelque regret d avoir hazardé dans son rapport
à la convention nationale , du i3 germinal an 3 ,
une opinion que le désintéressement et la justice
réprouvaient également. Je me plais à croire qu'il
n'y a eu de sa part qu'une trop grande confiance
dans les récils de ceux à qui il convenait ddbs-
çurcir léclai de cette action.
RÉSUMÉ.
i'^ Action.
Le Ça ira eut à combattre les meilleurs voiliers,
et une partie du c.orps de bataille.
Seconde action.
Le Capitain, de 74 )
- > désemparés.
Le Bedfort , de 74 5
Le Courageux , de 74) démâtés, et CIl-
> lustrious obligé de
Llllustrious , de 74 3 faire côte.
LaBritannia , de 100 \ Ces 3 souffrirent
f le moins , ayant
La P.rincesse-Ro:fale , de 90 \ choisi les posi-
i lions les plus avan-
Lt Tancrede- , de 74 7 tageuses.
Salut et fraternité ,
CONDÉ.
lA j>néjet du déparlement de la Charente, au rédac-
teur du Moniteur. — Angoulîme , le 3' jour
complémentaire an 8.
Un malheureux ouvrier de cette commune
venait de périr victime de son zèle , en travaillant
à réparer une maison endommagée par l'incendie
récent de la maison coniigue. Il laissait une
veuve et trois enfans en bas âge , réduits à la
taendicité ; une société déjeunes amateurs tou-
ché» de la position cruelle de cette famille in-
fortunée , et encouragée par l'administration mu-
nicipale qui a mis un intérêt vraiment paternel
dans le succès de cette œuvre charitable , a
donné , au profit de celte famille , une représeri-
tation à laquelle les citoyens se sont empressés
de se rendre; et quoique les plus aisés fussent
presque tous à la campagne , la recelte à été assez
abondante pour subvenir aux premiers besoins
de la veuve et de ses enfans , et assurer sa sub-
sistance au moins pour quelques tems , le zèle
charitable des jeunes amateurs a été puissamment
secondé par le citoyen Gillemeteau , homme de
loi ; Sazetac-Moulin , négociant ; Bachelier , hor-
loger ; Bachelier, père, et Thibaud , greffier du
tribunal criiTiinel ; les vétérans , quoique obligés
à un service habituel , ont honorablement signalé'
leur désintéressement en refusant l'indemnité qui
leur revenait pour avoir monté la garde de po-
lice à ce spectacle philaniropique.
Je vous salue , Delaistre.
GÉOGRAPHIE.
Tous les parens et les instituteurs désirent de
bons livres élémentaires. Plus cette tâche est dif-
ficile , plus on doit de reconnaissance à ceux qui
la remplissent avec succès. Le citoyen Menlelle ,
membre de l'institut , est dans une longue pos-
session de cet honneur. Les différentes nations de
lEurope, qui ont traduit ses ouvrages, confir-
ment le suffrage de ses concitoyens , et assurent
à ce savant modeste , une place distinguée parmi
les bienfaiteurs de la jeunesse.
Sa Géographie comparée offre l'exécution d'une
idée vaste et lumineuse , que les circonstances
ne lui ont pas permis d'achever ; le Dictionnaire
de Géographie ancienne , dont il a enrichi 1 Ency-
clopédie , réunit toutes les connaissances sur cet
objet ; sa Cosmographie est regardée comme un
modèle dans le genre des ouvrages classiques ,
destinés à mettre les sciences un peu abstraites à
la portée dos commençans; le Précis de l'Histoire
des Hébreux a répandu la lumière sur les archives
d'une riatiop trop célèbre et trop avilie ; les Eté-
mens d'Histoire Romaine fesaient désirer depuis
long-teras ses ouvrages encore inédits.
De ce nombre était [e Cours élémentaire- et com-
plet djns son ensemble , de Cosmographie . de Géo-
graphie , de Chronologie , et d Histoire ancienne et
■moderne , qu'il professe depuis quelques années
avec tant de succès.
Il a senti que , pour animer le tableau du monde
aux yeux de l'élevé voyageur , il fallait lui mon-
trer dans les révolutions des empires , les causes
des changemens successifs des parties habitées du
globe. Liant ainsi le monde physique à l'univers
politique , il promené son lecteur de climats en
climats , de siècle en siècle, d'événemens en évé-
nemens. L'histoire des tems et celle de la terre
devenaient , en quelque sorte , Ihistcire de
1 homme , et la géographie n'était plus , grâce à
la hardiesse de ce plan , une nomenclature aride
et morcelée , mais une étude instructive et inté-
ressante.
Il fallait présenter aux élevés assez de lumières
pour les instruire , rien de trop pour ne pas
les rebuter ; aux professeurs , des sommaires ca-
pables de fournir au développeiTient de leurs
leçons , selon la portée de leurs élevés ; enfin ,
il fallait que I homme le moins exercé à l'étude ,
pût, avec cet ouvrage, parcourir facilement le
tableau rapide du monde physique ei. politique ,
depuis l'origine des sociétés connues jusqu'à ce
jour.
Tel a été l'objet du citoyen Mentelle dans le
livre que nous annonçons aujourd'hui , et dont
il a fait la cession au citoyen Bernard.
Cet ouvrage est divisé en deux parties. La
première contient la cosmographie .la géographie
et l'histoire ancienne , jusqu'aux croisades.
La seconde offre le développement de la géo-
graphie et de l'histoire moderne jusqu'à l'an 9.
Ces deux parties, qui sont sous presse , forme-
ront deux volumes in-8° , et un atlas in-4° , de
quinze cartes , avec des tableaux.
Les cartes sont tracées avec la plus srupuleuse
exactitude , et gravées avec une perfection digne
des rares talens du citoyen Tardieu. Ce sont des
cartes neuves pour un cadre nouveau. L'ouvrage
est enfin l'atlas le plus moderne et le plus soigné
pour l'histoire élémentaire. L'exécution typogra-
phique ne laisse rien à désirer.
Cet ouvrage , destiné spécialement à l'instruction
publique , paraîtra pour l'ouverture de l'année
classique. Le premier volume sera mis en vente
le 1'' brumaire de l'an 9 ; et pour que les leçons
ne subissent aucune interruption , le second vo-
lume sera publié le i'"^ pluviôse suivant.
On paiera 10 fr. en retirant le premier volume
avec les six cartes delà géographie ancienne, enlu-
minées , et 6 fr. 5o cent. , en retirant le deuxième
volume avec les neuf cartes de la géographie
moderne , enluminées. Le prix de l'ouvrage en-
tier , enluminé ,' sera de 16 fr. 5o cent. , pour
Paris, broché.
Ceux qui désireront le premier volume avec
les cartes non enluminées , paieront 9 fr. , et en
retirant le deuxième volume , 6 ft^. Le prix de
l'ouvrage entier , non enluminé , sera de l5 fr. ,
pour Paris , broché.
On recevra, en prenant le premier volume ,
un bon, signé Bernard, nécessaire pour retirer
le second volume.
L'ouvrage Ênî , on ne Vendra plus séparément
les deux parties. ïl est divisé en iîS leçons.
Il faut s'adresser au citoyen Bernard , libraire,
quai des Augustins , n° 3i. Les lettres doivent
être affranchies.
LIVRES DIVERS.
Œuvres de F. Bacon , chancelier d'Angle-
terre , traduites par Ant. Lasalle , avec des notes
critiques, historiques et littéraires. De l'imprimerie
de L. N. Frantin , de Dijon , et se vendent, à
Paris , chez Ant. Aug. Renouard , libraire, rue
André-des-Arcs , n" 42 ; 3 vol. in-8° , formant
les tomes 4 , 5, 6 ; i3 fr. 5o cent. Les mêmes,
grand papier d'Annonay , satiné,, broché en car-
ton , 27 fr.
Cette 2 = livraison contient le novum organumïivtc
beaucoup de notes ; la suite est sous presse , et
paraîtra très-incessarament. jLes 6 vol. in-8° br, ,
avec le portrait, 27 fr.; les mêmes, en grand
pap., 54 fr.
AVIS.
Cours de Mathématiques , Physique et Chimie , par la
société des anciens élevés de, l'école polytechnique.
Arithmétique , algèbre et, application de l'algè-
bre à la géométrie , les i , 3 et 7 de chaque
décade , par les cit. Hubert , éleve-ingénieiir des
vaisseaux , et Baduel , éleve^ingénieur des ponts
et chaussées.
Géométrie, trigonométrie et statique, les g, 6 et
8, par les cit. Barthelemi , chef de brigade à
l'école polytechnique , et Coic , éleve-ingénieur
des ponts et chaussées.
Le cit. Poisson . répétiteur de mathématiques à
l'école polytechnique , examinera les élevés les
4 et 9.
Géométrie descriptive et ses applica,lions, les 3 ,
4 , 6 et8, par le cit. Baduel. ...!.
Analyse, appliquée à la géométrie, à là méca-
nique et à l'aslrùnùmie , les 1 , 3 et 7 , pat le
cit. Poisson.
Physique et chimie , lés 4 et 9 . par le cit.
Thenard , préparateur de ^chimie à l'école poly-
technique.
Ces cours auront lieu dans la salle d'instruction
du palais national des sciences et des arts , et
s'ouvriront le i"^;brumaire prochain.
Le prix de la souscription pour le cours de
mathématiques, sera de 20 francs par mois ; celui
de géométrie descriptive , iSfrancs ; celui d'ana-
lyse , i5 francs, et ceux de physique en chimie ,
12 francs . .
Pour les souscriptions et pour les renseigne-
mens, on s'adressera au cit. Rigault , agent Oe la
société , cour des Fontaines , n° 11 13 , palais du
Tribunal, qui procurera aux élevés des dépar-
lemens un pensionnai à un prix raisonnable.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 6 vendémiaire.
3o jours. à 60 jouri.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
56i
i88i
4 tr. gn c.
14 fr.5o c.
5 fr. 90 c.
14 fr. 25 c,
4 fr, 60 c.
5fr.
.871
Effets publics.
Rente provisoire si fr. 75 .c
Tiers consolidé 34 fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 60 c.
Bons d'arréragé 84 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 90 fr. 80 c.
Coupures , , . 68 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts-
Dem- Hécube , et le ballet de Psyché.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
les deux Journées , opéra en 3 actes , et l'Auteur
dans son ménage.
Théâtre du Vaudeville. Auj. un seul Violon
pour tout le monde ; les deux Ménages ; Champagnac-
Théâtre delà Cjté-Variétés, — Pantomimes.
Auj. la Mort de Kléber , pantom. à grand spect.;
la Fille hussard , et l'heureuse Découverte.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Ajassc , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n? i3.;
gÀz^te nationale ou le monieeur universel.
J^" 8. Oclidi , ^ vendémiaire an (j dQ la république Jrançaise, une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 i.fivôse le M O NIT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su;
l'kitérieur que sur l'extérieur, founvs p^r les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 20 septembre ( 4' jour compl. )
J-ii; comte de Castelcicalla est arrivé dan,s cette
ville, coQMne envoyé de la coiir de Naples auprès
de wûtrç gouveme^nent.
Chabran , du corps de ballet de noire opéra,
et de celui du théâtre de Margate , a été àriêié
samedi dans ce dernier port , en venu d'un
warrant émané du duc de Portiand , qui interdit
à tout étranger de rester en-deçà de 10 milles
des côtes d Angleterre. Pendant qu'il était examiné
par M. Cobb , un des propriétaires du ihéâire de
Margaie , M. Sham , s'est présenté , et a répondu
par un cautionnement de 5oo liv. sterling , de sa
comparution par-devant un des secrélaires-
d'état.
Une bande d'incendiaires avait commencé à
mettre le feu , vendredi dernier , au magasin de
M.John Brinsdex , de Malborough, le soupçon-
nant rempli de blé et de farine , lorsque la
fumée a attiré du monde assez à tems pour
empêcher le bâtiment d'être brûlé.
On a reçu avis que le Stug, cutter du gouver-
nement a péri sur la côte d'Espagne. Le capitaine
■Winthrop , qui le commandait , a été ramené ici
par le cutter la Rose.
La frégate le Trcnt . est arrivée de la Jamaïque,
ayant à bord l'amiral sir Hyde-Parker.
Trois navires suédois ont été détenus par nos
croiseurs , qui lés ont conduits à Portsmouth.
Il est entré dans ce même port neuf cutters de
la douane , revenans de l'expédition contre le
Ftrrol. Ils ont laissé le 24 fructidor la flotte de
transports à la hauteur d Oporto , fcsant route
pour Gibraltar. Les vaisseaux de ligne le Lo-ndon ,
Timpctueux , l'Ajax , et le Renovin . qui fesaient
pariie de cette expédition , ainsi que plusieurs
frégates, ont rejoint lord Saint-'Vinccnt à la hau-
teur dOuessant.
Le conducteur de la diligence de Twickenham
a été condamné ces jours derniers à un mois
d'emprisonnement par la cour de Hicks-Hall ,
pour avoir rangé de si près le bord de la grande
Toute avec sa voilure, qu un homme qui passait
à cheval fut obligé de se détourner brusquement
du chemin que l'usage lui assignait ; sans quoi il
eût été blessé par les chevaux de la diligence qui
froissèrent celui qu'il montait. Le juge en pro-
nonçant la semence , observa qu'elle était exuê-
mement douce , et que la négligence coupable
des conducteurs de voitures occasionnait de si
fréquens accidens qu'elle devrait être traitée avec
la plus grande sévérité.
Le major Swan a découvert à Dublin une ma-
nufacture considérable de faux billets de banque.
Toutes les planches ont été saisies.
Le colonel Herries qui commande les volon-
taires de ta cavalerie légère , a été autorisé , dit-
on , par le duc de Porlland , à agir de lui-même ,
dans les ciiconstances actuelles de troubles , sanj
être assujelii aux ordres du magistrat civil. La
prudence de cet officier est un garant certain qu il
n'abusera pas du pouvoir qui lui est confié ainsi
à discrétion.
Les atnusemens continuent encore à Margate et
Ramsgate. On y donne des bah plusieurs lois la
semaine.
L'évêque de Rochester a adressé dans une cir-
culaire, lesquestions suivantes auxcurés et vicaires
de son diocèse.
l'. Résidez-vous dans voire cure? sinon, qui
vous en empêche , et où vous lenez-vous ?
a". Avez-vous un vicaire ?
3". Ce vicaire a-t-il une licence ?
4°. Qjiel est le nombrç de$ familles dans votre
paroisse ?
5". Combien y comptez-vous d'ames ?
6". Quel est le nombre des dissidcns, et quelles
«ont leurs dénominations ?
7*. Ayez vous un temple?
8". Quel est le nombre des catholiques ro-
mains ?
9°. Existe-t-il une chapelle catholique romaine
dans votre paroisse ?
10". S'y trouveri-ij quelqu'établisjement de reli-
gieux des deu?t sçxes , eu communion avec l'é-
glise de Rome ?'
11°. Le service divin est-il célébré dans votre
église par vous ou votre vicaire , deux fois le
dirnanche ? Dans le cai contraire , dites"p««ï-
quoi pas ?
12°. Quelles sont les fêtes de l'église observées
pûbliquçmeiit dans votre paroisse ?
13 . Prêchez-vous tous les dimanches ?
14". Corribien de fois et dans quel tems l:\ cène
a-t-efte lieu dans voire église ?
'^°- Q'^el est le nombre ordinaire de vOs com-
munians à Pâques ?
16°. Exisie-t-il quelques annexes ou suceur-
salles dans voire paroisse ? Comment sont-elles
entretenues ? Quel service y fait-on , et par qui
ce service esl-il rempli ?
17". Faites-vous le catéchisme publiquement
dans l'église aux enfans de voire paroisse ?
Quels tems et quels jours de l'armée y con-
sacrez-vous? De quel catéchisme orthodoxe
failes-vous usage ?
18°. Y a-t-il quelque école du dimanche
(sunday school ) dans votre paroisse? Oui l'a
fondée et qui la surveille ? Le maître ou Ta maî-
tresse sont-ils de la religion anglicane ? En con-
duit-on les enfans réguliérement'chaque dimanche
à l'église ? Assistent-ils à votre catéchisme ? Celui
1 qu'on leur enseigne dans leur école y esl-il con-
forme , ou en quoi en dilTere-t-il ?
19°. Quels sont les abus qui peuvent s'être
introduits d.;ns l'état des hôpit^iux , des écoles
ou autres étabiissemens de charité dépendans
de votre paroisse , depuis ma dernière tournée ?
20°. Quelle est la poste la plus voisine de
vous ?
( Extrait du Sun.)
INTÉRIEUR.
Paris, le 7 vendémiaire an g.
Les projets des colonnes départemiinialis qui
sont parvenus au ministre de l'ioiéricur, stront
exporés à la salle de l'institut national après sa
séance publique du i5 de ce mois.
— Le ministre de l'intérieur vient de nommer
inspecteur des hospices civils de Paris , le citoyen
Paroisse , membre du collège et de l'académie de
chirurgie de Paris , et ex-chirurgien en chef des
hôpitaux militaires de la répuolique.
Une sage administration dont les membres
respectables consacrent leurs veilles à l'étude de
la nature . a su retirer des mains des barbares
cette précieuse dépouille. Je lai recueillie avec
un respect religieux, ainsi que le marbre et sa
statue , élevés à sa mémoire , iu milieu des chefs
d'une monarchie qui prolongea son existence
au-dtlà de quatorze sieclis. OSi .' combien il
étaii grand auprès de cette foule de prirrces cou-
chés dans leurs tombeaux !
Je dois vous l'avouer, citoyens ministres , ce
n'est pas sans regret que je quitte ce trésor ;
mes larmes vous l'annoncent , mon cœur y est
attaché ; mais plus le sacilice que jeu fais est
grand , plus je me plais à l'obéissance.
Ministres de la grande nation , çt vous géné-
raux , dignes défenseurs de la pairie , recevez
les cendres d'un des soutiens de ia France ,
de ce grand-horume , ami de 1 hunianite , avare
daas la guerre, du sang Irançais; aussi savant
dans ses retraites . qu'il était grand dans les com-
bats ; enKn , recevez Turenne.
Qui mieux que vous . citoyens ministres , sait
ajjprécier ses hautes vertus !
ACTES DU GOUVERNEMENT.
4rrété du- 5 vendémiaire, an 9.
Les consuls de la république , le Conseil-d'état
entendu , ariêtent ;
Art. 1^'. A compter de ce jour, le certificat de
demande d'un brevet d'invention sera délivré par
le ministre de l'intérieur , et les brevets seront
ensuite délivrés par le premier consul , et pro-
mulgués dans le bulletin des lois. ;
IL Pour prévenir l'abus que |as brevetés peu-
vent faire de leurs titres , il scia inséré par anno-
tation , au bas de chaque expédition , la décla-
ration suivante.
(i Le gouvernement en accordant un brevet
11 d'invention , sans examen préalable , n'entend
51 garantir en aucune manière, ni la prioriié , ni
i 11 le ir.érite , ni le succès d une invention. )i
IlL Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution duprésent arrêté qui sera inséré au bulletin
des lois.
Le premier consul , signé\ Bonaparte.'
Par le prétniér consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Les soins que le citoyen Lenoir , conservateur
du muséum des monumens françjis a apportés
à I érection du monument qui renfermail les cendres
de Turenne , étaient de nature à faire vivement
désirer à cet artiste de conserver sous sa garde un
dépôt aussi précieux. C est en ce sens que le
discours qu'il a prononcé au moment de la
remise du corps de Turenne , nous paraît pré-
senier un certain degré d intérêt. Le voici :
Citoyens ministres, le consul, voulant célébrer
l'anniversaire de la fondation de la république
française , d'une manière éclatante et par un
acte de reconnaissance , a arrêté que l'apothéose
de Turenne s'effectuerait le cinquième jour com.
plémentaire, et que ses cendres seraient déposées,
par vous , dans le temple de Mars. Ce jour sera
célèbre dans l'histoire ; il apprendra aux nations .
présentes et futures .\ que le vainqueur du Ni|
et du Tibre sait distinguer 1 homme d'état , et
qu'il sait honorer les talens ; elles apprendront
aussi qu'il connaît le juste équilibre , qui seul
peut affermir une grande nation ; que ce ne sont
plus les passions qui disposent des récompenses
nationales et qui distribuent les lauriers ; que ce
n'est pas la disiinciion des rangs qu'il veut ré-
compenser , mais l'honneur et la vertu.
Citoyens ministres , recevez de mes mains les
restes d'un héros qui , le 27 juillet 1675 , périt
à Saitzbach , victime d'un assassin. // Jesait hon-
neur à l'homme, s'écria le général ennemi , Mon-
técuculli , lorsqu'il apprit la perte que la France
venait de faire. i
AVIS.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandés particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ces
objets.'
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Du 7 vendémiaire an 9.
La police a fait saisir hier soir , 6 vendémiaire ,
une planche de faux récépissés de la trésorerie na-
tionale . à valoir sur les contributions mobiliairc
et foncière de l'an 8, avec la planche d'avis de la
trésorerie aux receveurs de département.
Le graveur et celui qui l'avait commandée et
payée sont ariêtés ; le premier à tout avoué.
Les pièces de conviction ont été saisies sur eux ,
au moment même de leur arrestation.
DÉPARTEMENT DE LASEINE.
I Procès-verbal d'une nouvelle expérience de la macl^ine
du citoyen Audibert , faite a ia préfecture du dé-
partement. '
L'an 8 de la république , et le premier jour
complémentaire à raidi , le préfet du département
de la Seine , les' dnuze maires de Paris , upe
députation de linstiiut national et plusieurs savuns
et. artistes étant réunis au secrétariat de la orélec-
ture, à l'effet d'assister à une nouvelle expéiience
en grand de la machine imaginée et exécutée par
le citoyen Audibert , pour perler un secours plus
assuré aux maisons incendiées , et sauver les per-
sonnes qui seraient menacées d'être dévorées pac
le» Qjtmmcs :
Le cit. Auciibert s'est rendu aa secrétariat, et a
Jcmandé au préfet de lui indiquer ta partie de la
maison, à laquelle il désirait que l'expériencfi lût
laite. — Le prclet ayant satisfait à cette dernande .
le cit. Audiijert , supposant que le ieu etaii au
premier étage , est monté au plus haut de la mai-
son , a attaché sa corde au-dessus du toit. Il est
descendu seul à l'aide de celle corde et de sa
machine , jusqu'au deuxième étage. Arrivé la , il
;st entré par la croisée , et montre en main , dans
)cpt minutes , il a attaché quatre personnes a sa
machine et lui cinquième , est descendu avec
elles aux applaudissemens des autorités témoins
de son entreprise , et d'un public nombreux qui
s'est rassemblé dans la cour.
Le cit. Audibert est remonté ensuite au secré-
an que dessus.
Le secutahe-géiural de la préfecture ,
Et. Mejai>j.
dant le préfet et plusieurs citoyens lui ayant pre
sente diverses objections , ils les a toutes écartées
avec force et clarté , de manière que cette confé-
rence indispensable a completté la conviction et
l'utilité de sa mathitie et des avantages qu'il y
aurait à 1 employer dans toutes les communes de
la république.
Il résulte de l'expérience elle-même et des expli-
cations données par le citoyen Audibert, que sa
machine présente incontestablement les avantages
suivans :
1°. Célérité et sûreté pour le pompier.
2°. Facilité à hisser et diriger les pompes sur
!è foyer même de l'incendie et sur les lieux voisins
les plus menacés du teu.
3°.' Secoiits infaillible pour les personties qui
habitant au-dessus du lieu oii le feu aurait pris ,
n'ont eu-jusqu'à présent aucun moyen de salut.
4*. Que cette machine dont le poids n'excède
pas quinze livres , peut être facilement transportée
dans tous les lieux attaqués par le feu, et employée
sans qu'il puisse en résulter aucune dégradation
pour la maison.
5°. Enfin , que le cit. Audibert peut descendre
avec la même sûreté au rnoins six personnes et
de la plus grande hauteur , comme il vient de le
faire du deuxième étage de l'btDtel de la pré-
fecture.
Le cit. Audibert a déposé sur notre bureau ,
plusieurs pièces qui attestent à-la-fois son intelli-
gence et son- courage.
1°. Un certificat délivré le 8 thermidor an G
par l'administration municipale de la commune
de Montpellier, dépaitement de l'Hérault;' duquel
il résulte qu'en 1785 , le cit. Audibert donna dts
marques de la piui grande intrépidité , d'un sang-froid
et dune aclivité-sans bornes , soit en oidonnant les
travaux ne.essaiies , soii en portant lui-même des i
secours , lors de l'incendie de la salle de spec- j
tacle de ceite commune , et que ce tut à ses con- |
naissances en charpente et à son courage qu'on
fui redevable de la conservation de la salle de
concert , qui , quoique coniigue à la salle de
spectacle , fut sauvée des flammes.
Les, mêmes faits sont attestés dans une lettre
du consul Cambacérés au ministre de la police
générale , sous la date du 17 thermidor an 7.
2", Un certificat donné par plusieurs citoyens
en présence du cit. Dusser, commissaire de police
de la division du Temple , attestant que le ciioyen
Audibert s'est trouvé l'un des premiers à secourir
la salle de spectacle dite des Elevés de l'Opéra .
26
emporté sur ses épaules et l'a déposé dans un | Une ouverture circulaire et pratiquée dans le
lieu où il a reçu les soins qu'exigeait son éral. " cône de la toHure au pourtour des- parois , donrie
, . , , .f lo v,„r Pt i accès au jour , et en dirige tous les rayons sut le
Fait au secrétariat de la préfecture , le jour et ^^^^^^^ exclusivement.
Un vaste parajour , élevé sur la tète des spec-
' tateurs , vient encore amortir pour leurs yeux
I l'éclat de la lumière , et empêcher que leur om-
I bre ne se porte sur la peinture; son ton gris
j foncé contraste avec les tons lumineux et trans-
parens des ciels ; et en dérobant à la vue l'ouver-
I lure qui laisse pénétrer le jour , il ajouie à l'effet
j du tableau.
Enfin , une toile de la même couleur que le
I parajour , et tendue en pente depuis les bords
I de la plate-forme ju'qu à l'extrémité inférieure
I dii tableau , en dérobe la fin , intercepte la vue de
I lintervalle qui en sépare le spectateur, et de même
que le parajour donne au ciel une étendue sans
bornes , de même cette toile donne l'idée d'une
mathématiques, et dans celle de huéraiure et grande profondeur. ■
beaux-atts , lui ferait un rapport sur le Panorama; C'est ainsi que , par la réunion de ces moyens ,
cette commission, composée des cil. Brisson , | i,jgji j^ jp^^taleur se promenant librement sur un
Monge, Charles , 'Vincent, Regnault et Dufourny, ( (jbleau continu , dont toutes les parties sont en
vient aujourd'hui présenter le résuliatcle ses re- 1 harmonie de couleur et de proportion sans ren-
cherches et rendre compte de l'origine , des contrer un seul objet qui lui serve de comparài-
INSTlTUr NATIONAL
DES SCIENCES ET DES ARTS.
Extrait des registres de la classe de littérature et
beaux-arts , séance du 28 fructidor , l'an 8 de
la république française.
Un membre, au notn d'une commission, lit
le rapport suivant sur le Panorama.
LInstitut national, dans sa^éance générale du
, ., 1-1 -1 „i,:,,;, Por^pn- Linstitut national, udjis sa^caui.'. g>..,v..^.^ "■■
anat , ou lia re,çu les éloges qu d ■"emat'. Cepen -^^^ j^^„i^^ ^ ,„ê.é qu'une commis
sion prise dans la classe des sciences physiques et
effets et des progrès de cette intéressante dé-
couverte.
L'inventeur du Panorama est M. Robert Baiker,
natif d'Edimbourg et peintre de portraits : ce fait
est constaté par ta patente ou brevet d'invention
qui lui fut accordée à ce sujet, le 19 juin 1787.
Cette patente, que l'on peut consulter dans le
son , il éprouve l'illusion la plus completté ; ce
n'est plus un tableau qu'il voit , c'est la nature
même qu'il a sous les yeux.
En entrant dans l'enceinte d'un Panorama , la
première impression qu'on éprouve est celle d'une
vue immense , mais confuse , et dont tous les
pointss'ofFrentà-la-foiset sans ordre à l'œil ébloui ;
4' vol. du recueil intitulé: The Repertory of arts \ ^^^ effet est inévitable ; il est produit par le pas-
and manufactures, London , 1796, contient une
description si claire et si précise àa'Panorama ,
qu'il n'y a pas lieu de douter que dès-lors M.
Barker n'eût pleinement conçu et sa construclioti
et ses effets; cependant, soit qu'il ait rencontré
sage brusque et instantané de l'aspect de la nature
à celui de son image : quelque parfaite que soit
l'imitation , il n'est point donné à l'art de soutenir
la concurrence avec son modèle ; mais à mesure
que l'œil s'habiiuant au jour qui 1 éclaire , oublie
des obstacles à son établissement, soit qu'il ait 1 ^^^ teintes de la nature , le tableau produit in-
employé beaucoup de tems à l'exécution des j^jjjjigjjjçjjf j^^, effet, et plus on le considère ,
tableaux qu'il peignit lui-rnême , cp ne lut que mQJnj on se persuade que ce qu'on voit n'est qu'un
trois ou quatre années après l'obtention du bie-
vet d'invention , que M. Barker fit , à Londres ,
l'ouverture du premier Panorama qui représentait
la ville de Londres. Depuis il a donné la vue de
la ville et du port de Portsmouth; celle de plu-
sieurs autres villes de l'Angleterre, des marines , 1
des actions navales , etc. etc. , et les succès qu'il
a constamment obtenus , ont été la plus juste
récompense de ses talens.
Le nom de Panorama que M. Barker a donné
ù son invennon est composé de deux mots grecs
T«ï et ep*;^« , qui signifie vue de la totalité , vue de
l'ensemble; ce mot seul présente à l'esprit l'idée
de cette découverte.
En effit , le Panorama n'est autre chose que la
manière d'exposer un vaste tableau; en sorte que
lœil du spectateur , embrassant successivement
tout son horison et ne rencontrant partout que
ce tableau , éprouve l illusion la plus completté.
Nos sens sont aisés à tromper , la vue sur-tout ;
cet organe délicat juge les objets avec incerti-
tude; les grandeurs, les dislances ne peuvent
être évaluées par lui sans un moyen secondaire ,
et ce mo»yen c'est la comparaison ; toutes les fois
que ce secours lui manque, il est sujet à errer,
ou pour mieux dire il erre toujours.
C'est donc en ôtant à l'oeil tous les termes de
comparaison., que l'on parvient à le tromper au
point de le faire hésiter entre la nature et l'art.
Les tableaux, quelques grands qu'ils soient,
sont ordinairement renfermés dans un cadre qui
lorsqu'elle fut incendiée le 9 prairial an 6; qu'il 1 dès l'abord avertit qu ils sont un ouvrage de l'art
dirigea et aida les pompiers à garantir les maisons Ils sont placés à côté d'une infinité d'objets étran
voisines de l'incendie , lesquelles auraient été
dévorées par les flammes , sans la direction donnée
aux secours par le cit. Audibert.
3° Enfin , un certificat délivré par plusieurs
citoyens , en présence du citoyen Charles Dau-
banel , commissaire de police de la division du
Luxembourg , duquel il résulte que lors de l'in-
cendie qui se manifesta le 14 brumaire an 7 , dans
la rue des Aveugles , le citoyen Audibert con-
courut udlement à en arrêter les progrès, et
montra dans ce malheureux événement autant
d'intrépidité ejue d'intelligence et d'humanité.
u Ou'à peine arrivé dans le lieu de l'incendie ,
il s'est mis en chemise , s'est mêlé parmi les
pompiers, a partagé leurs travaux et leurs dan-
gers , a disposé et dirigé une pompe vers l'endroit
le plus menacé.
Qu'il est monté sur le toît d'une maison voi-
sine pour calculer l'action du feu, et le moyen
de s'en rendre maître ;
)) Qu'il a encouragé, par son exemple , ceux
qucftiayaient les éclats du mur de la maison
voisine , produits par l'excès de la chaleur , ainsi
que la chute des jalousies enflammées , indépen-
damment de tout ce qu'on lançait de l'intérieur
des chambres pour éviter la communication du
feu ;
J) Qu'on l'a vu bravant tous ces périls , voler
au secours d'un pompier qui était grièvement
blessé , et que la ct"ainle d'un sort pareil à celui
que ce malheureux venait d éprouver laissait sans
SQfours ; que le citoyen Audibert l'a relevé , l'a
oers au sujet; l'œil , en contemplant les tableaux,
reçoit malgré lui l'image de ces objets ; c'est à
leur aide quil juge les grandeurs , les distances
et jusques à la couleur; et comme la nature est
toujours au-dessus de l'art , l'imitation paraît
faible, incomplette , l'illusion ne peut s'établir,
ou bientôt elle s'évanouit.
Mais supposons que l'œil sur quelque point de
l'horison qu'il se porte, soit constamment frappé
d'une série d'images toutes dans des proportions
relatives, toutes avec les tons de la nature-, et
que nulle part il ne puisse saisir l'objet de com-
paraison qui lui est nécessaire pour asseoir son
jugement, alors il sera trompé, il croira voir la
nature ; car elle n'est plus là pour le désabuser.
Telles sont les observations qui paraissent avoir
conduit à la découverte du Panorama; tels sont
les principes sur lesquels reposent el sa cons-
truction et ses effets.
Au centre d'un édifice circulaire s'élève une
plate-forme isolée, dont la hauteur est moitié de
celle de lédificei, environnée d'une balustrade.
Cette plate-forme oblige le spectateur à être dans
tous ses mot^vemens à une certaine distance des
murs de l'enceinte circulaire.
Sur ces murs est tendue la toile du tableau
exposé , de manière que , couvrant la totalité de
la circonférence , ses deux extrémités se confon-
dent en un même point. Les objets y sont re-
présentés d'après les règles ordinaires de la pers-
pective et de la peinture , en prenant le centre
de la plate -forme pour le point de station du
spectateur.
simple prestige.
Pour lever les dessins nécessaires à l'exécution
d'un Panorama , l'artiste doit choisir une émi-
nence assez élevée , pour qu il puisse découvrit
tous les points de l'horison , et appercevoir en
même tems tous les détails qui se trouvent au
pied de l'élévation sur laquelle il est placé. Il est
nécessaire que les objets les plus intéressans. ,
les plus pittoresques de cet horison s'offrent à sa
vue sous un aspect avantageux , et dans la posi-
tion la plus piopre à rendre leur effet piquant ;
il est essentiel sur-tout que le premier plan soit
riche en détails , et qu'il soit animé le plus qu'il
est possible , afin de donner une juste idée et la
phisionomie , pour ainsi dire , de la contrée qu'il
veut représenter.
Paris possède deux Panorama. Le premier qui
ait introduit en France cette ingénieuse manière
de représenter la nature , est Robert Fulton , ci-
toyen des Etats-Unis d'Amérique , et ingénieur
mécanicien , le même qui s'occupe en ce moment
d'un biteau-poisson , dont les premiers essais
viennent d'être faits à Rouen , au mois de nivôse
an 7 ; il obtint du gouvernement un brevet d'im-
portation du Panorama , brevet que , peu de mois
après , il céda au citoyen James son (;ompa-
triote.
C'est sous la direction de Fulton qu'a été exé-
cuté le premier Panorama qu'on ait vu à Paris ;
il représente la vue de cette immense cité ; le
spectateur est censé élevé sur la plate-forme du
pavillon central du palais des Tuileries ; de ce
point , il embrasse un horison immense qui ren-
ferme non - seulement la vue de Paris , mais
encore une partie de la campagne environnante ;
il domine , il plane sur tous ces objets. Il suit
de l'œil les rives de la Seine , se promené sous
les arbres des Tuileries , ou circule dans les
rues et places publiques ; et , sur quelques.points
que s'arrêient ses regards , ils sont frappés de la
vérité avec laquelle sont rendus l'ensemble et les
détails de cette immense perspective.
Encouragé par le succès du premier Panorama,
le citoyen James , propriétaire actuel du brevet
d'importation de Fulton , s'est empressé d'en éle-
ver un second , dans lequel il a exposé la vue
de Toulon et de ses environs. Pour donner plus
d'intérêt à ce tableau , on a saisi le moment où,
les anglais furent contraints , en 1798 , d'évacuer
cette place à l'approche de l'armée française. Le
point de vue est pris de l'intérieur du fort de
la Malgue, à un quart de lieue sud de la ville,
lieu élevé qni commande l'entrée de la grande
rade.
Ce second Panorama a obtenu et méritait le
même succès que le premier : en effet , son exé-
cution laisse fort peu à désirer; le ciel sur-tout
est traité avec une grande supériorité de talent ,
la lumière joue d'une manière admirable parmi
les nuages, dont la transparence et l'éclat font
supposer la réalité; les montagnes qui environnent
Toulon , présentent du côté de la mer l'aspect le
plus vrai et le plus imposant; la mer est- rendue
avec le même talent, et on la voit se perdre à
l'horizon dans un lointain immense. L'aspect de
la ville n'est pas moins pittoresque, et ceux «qui,
27
La classe approuve le rapport et en adopte les
conclusions.
Certifié conforme à l'original.
A Paris, le 5° jour complémentaire an 8 de la
république française.
Sî^iic , ViLLAR , secrétaire.
par la connaissance dfs lieux , sont à portée de
juger de la fidélité de celle vaste peinture , con-
viennent que rien ne manque à la vérité de la
ressemblance.
C est ici le lieu de payer aux artistes qui ont
exécuté ces deux tableaux, le juste tribut d éloges
qu'ils ont mérité. La vue de Paris a été peinte
par les citoyens Jean-MichelDenis Fontaine, né
à Rambouillet, département de Seine-et-Oise;
Pierre Prévôt, de Moiiiigny, département d Eure-
et-Loir , et Constant Bourgeois , de Guiscard ,
département de I Oise II est difficile de mieux
entendre ce genre de peinture, et d'obtenir à la
fois des effets plus vrais et plus brillans. Ce que
ces artistes ont déjà fait de progrès dans cette
carrière , donne pour l'avenir les espérances les
mieux fondées.
Les détails dans lesquels nous sommes entrés
louchant le Panorama , suffisent pour faire sentir
le prix de cette découverte. Quand cette ingé-
nieuse application de principes plus ingénieux
encore , n'offrirait qu'un aliment à la curiosité ,
quand il n'en résulterait d'autre avantage que
celiii de présenter la vue exacte et fidèle des
villes et des siies les plus intéressans du globe,
ce serait déjà pour elle un titre bien réel à l'in-
térêt général , et sous ce rapport seul , elle mérile
les plus grands encouragemens , comme objet , à
la fois, d'instruction et d'utilité.
Mais rîe serait-il pas possible que cette dé-
couverte fit faire à ta peintiire un pas vers la
perfection? n'ouvre-t-el!e pas une nouvelle route
pour parvenir à ce but de tous les essais , de tous
les efforts de l'art ? ne prouve-t-elle pas déjà que
les moyens fournis par les sciences , réunis aux
connaissances pratiques de l'art , et aux raison-
nemens d'un esprit juste et calculateur , peuvent
encore enfanter de nouveaux prodiges ?
Quoi qu'il en soit de l'impulsion qu'elle peut i études
impiiroer à cette partie la plus brillante des j Le citoyen Champagne , directeur du collège du
arts, quel que soit l'élan qu'elle donne un jour Prytanée de Paris , a lu un discours dans lequel
au génie , il semble que déjà elle a indiqué nous avons remarqué des adieux adressés à ses
Inauguralion du collège du Prytanée de Saint-Cyr.
Le 3"" jour complémentaire, cette cérémonie
a eu lieu ; le minisire de 1 intérieur ne l'a fjas
présidée ; il païaîl que les approches de la iête
du i" vendémiaire, et la réception des divers
envoyés des dépariemens , ont privé le collège
de Saint-Cyr , de la satisfaction snr laquelle toute
l'assemblée comptait. Le président de l'adminis-
tration du Prytanée a remplacé le ministre.
Le citoyen Sallior , directeur, a ouvert la séance
par la lecture d un discours , dans lequel , après
avoir retracé quelques souvenirs, sur l'anctcn
établissement de la maison de Saint-Cyr,. i] a
parlé avec éloge et reconnaissance , de madame
de Maintenon, fondatrice de cette maison. Il a
ensuite donné aux élevés, et même à leurs parens,
des conseils qui tendent à leur persuader que
l'éducation , considérée sous le rapport des
bonnes moeurs , est d'une plus grande impor-
tance que lorsqu'on la considère sous le rapport
de l'instruction ; il a insisté pour que la bonne
conduite et l'amabilité du caractère , fût la marque
distinctive de l'éducation donnée aux élevés de
cette maison. Plusieurs fois interrompu par des
applaudissemens , ceux que les élevés ont long-
tems prolongés en ce moment , ont dii être pour
le citoyen Sallior un précieux garant des succès
de cette importante partie de l'éducation , qui
repose principalement sur le directeur des
une manière d'exposer les tableaux , supérieure
à toutes les autres
L'illusion produite par le Panorama , n'ayant
anciens élevés ; la sensibilité d'un bon père s'y
trouvait peinte à chaque mot. Un élevé a lu
ensuite un dialogue en vers , contenant les adieux,
d'autre cause que le rapport exact de propor- j de deiix élevés. Cette jolie idylle a été généra-
tion entre toutes les parties , et l'absence totale I lement sentie et applaudie.
des termes de comparaison qui pourraient détruire
cette illusion , ne peut-on pas obtenir pour tous
les tableaux cet effet magique qui seul peut leur
donner tout leur prix ? serait-il donc difficile
d'isoler un tableau , en sorte que les objets
dont il se trouverait environné , ne servissent
nullement à l'oeil pour lui faciliter les moyens
de reconnaître la petitesse , la proximité . la
Le citoyen Sallior , au nom des élevés , a remis
au président le dessin d'un projet de médaille.
Un des côtés porte celte inscription :
A Lucien Bonaparte,
LA JEUNESSE RECONNAISSANTE.
Le revers offre le Génie de l'instruction , con-
ïaiblesse du coloris des objets représentes ? et j • . • r . . , ' i
1 .]. i„ ■ 1 .^. !•.■ . J 1 duisant un leune entant vers un autel , sur lequel
le procède employé pour la totalité et en grand ; , -' . ■. . \ ~ ■ ■
, '^ \ T3 i. J •. 1 °- M des couronnes sont déposées. Autour est écrit :
dans le Panorama , Jie donnerait-il pas partiel e- i "^
ment le même résultat ? cette idée digne d'être
approfondie, doit fixer l'attention du propriétaire
du Panorama \ des expériences bien faites pour-
ront l'amener à un plein succès.
Mais en supposant même que l'on ne réussît
Inaugui ation du collège du Prytanée à Saint-Cyr, an 8.
Ce dessin sera offert au ministre. ^
Enfin le citoyen Lefevre-Corbiniere, pré.'ùdent ,
a lu un discours dans lequel il a développé les
pas à isoler un tableau de manière à lui faire pro- j ^"^.^ 'l" gouvernement sur les collèges dir Pry-
■•■ ■ •• tanee , destines a devenir les régulateurs de 1 édu-
cation nationale. Il a ensuite prouvé avec quelle
sollicitude et cjuel zèle l'administration, d'après
le voeu du ministre, s'était occupée de tout ce qui
pouvait contribuer à la splendeur et au succès
duire une illusion totale , du moins est-il cons
tant que l'inventeur du Panorama a trouvé 1
meilleure manière d'éclairer les tableaux; la di
rection qu'il a donnée aux rayons de la lumière
est la plus avantageuse, et son résultat est tel ,
qu'il laisse fort peu à désirer. Peut-être serait-il i ''^ '^^ °^' établissement
possible , en le modifiant suivani les circonstances La fête a été célébrée dans une salle imraen«e ,
et les localités, d'employer utilement le procédé 'décorée de festons et de guirlandes. Un théâtre
du PansT-anja, pour éclairer les Musées et toutes les lavait été élevé pour les personnes invitées parti-
galeries destinées à renfermer les productions des | culiérement à formej; le cortège. Une musique
Conclusion.
Nous ne pousserons pas plus loin l'exposé des
diverses applications que peut recevoir cet ingé-
nieux procédé ; nous en avons dit assez pour faire
connaître son utilité présente , et pressentir celle
dont il peut être à l'avenir ; et nous renfermant
dans les bornes que l'objet de ce rapport nous
prescrit , nous concluons de ce qui précède :
1° Que la manière d'exposer les tableaux
connue sous le nom de Panorama , inventée à
Londres par M. Batker , d'E imbourg , introduite
en France par l'américainFulton. et perfectionnée
par son compatriote le citoyen James , à l'aide
des artistes français , Fontaine , Prévôt et Bour-
geois , est une découverte aussi curieuse dans ses
effets, qu'iniéressante pour les arts, aux progrès
desquels elle est essentiellement liée, et qu'à ce
titre elle mérite l'intérêt et 1 approbation de l'ins-
tiiut ;
2" Que la vue de Toulon , nouvellement ex-
posée par le citoyen James , et exécutée par les
citoyens Prévôt et Bourgeois , étant , à bien des
égards , supérieure à la vue de Paris , l'insiiiut
doit témoigner sa satisfaction au citoyen James
et à ces artistes . et les engager à redoubler d'cf-
fons pour nbtenir de nouveaux succès qui leur
méritent de plu» en plus les suffrages des gens
instruits , et la bienveillance du gouvernement.
Fait à l'institut national , le 28 fructidor an 8.
Signé, Vincent, Regnault , Dufourny ,
MuNCE , Brisson st Charles.
militaire a exécuté différens morceaux. Les élevés,
au nombre de lao environ qui étaient entrés
deux à deux, et dans un très-bon ordre, ont
exécuté quelques marches, et sont sortis pour se
rendre au réfectoire.
L'administration , les professeurs des deux col-
constante attention avec laquellele cifoyenTessier
s'occupe de tout ce qui peut améliorer en France
l'un des premiers moyens de prospérité publique ,
méritent la reconnaissance et la considération de
tous ceux pour qui le mot de bien public n'est ni
un cri de parti , ni un mot vide de sens. Les
hommes qui instruisent ainsi leurs semblables ,
sans autre ambition que de leur être utiles, sont
dignes d'une estime bien supérieure à toutes les
vaines louanges qu'ambitionnent la plupart de
ceux qui font profession d éciire. C'est d-ins cette
idée . ijue nous nous empressons de publier la
notice suivante.
Continuation des annales de l'agriculture française.
Il est certain que l'Angleterre doit en grande
partie l'avanccm.nt remarquable de son agiicul-
ture aux publicalions Iréqueniea de toutes les
améliorations qui s'opèrent , latii dans le toyaumc
que daiiS les pays élraniers. De quelque manière
qu'on s'y prenne en France , on n obtiendra de
lonjA-iems des succès aussi prompts , aussi sûrs.
En voici la raison : en Angleterre , les hommes
qui exploitent les terres , scavent lire presque
tous , et sont très-avides d'apprendre. En France,
l'éducation des campagnes n'ayant point encore
été soignée , les cultivateurs n'ont aucun désir
de s'instruire. Ce que nous publions sur l'agri-
culture ne saurait donc aller directement à sa
véritable adresse. Nous avons besoin de l'en-
tremise de cette classe peu nombreuse de ci-
toyens éclairés , qui ont le bon esprit de pré-
férer le séjour paisible des champs au tumulte
des villes. Il importe d'offiir à ces derniers un
moyen de connaître les idées utiles d'autrui , et
de communiquer les leurs à d'autres. Un ou-
vrage qui se distribuerait par parties , s'il était
rédigé convenablement , pourrait atteindre ce
but.
Il y a devx ans , le cit. Labergerie et moi nous
formâmes le projet de publier les Annales dt
i Agriculture française. Des circonstances , inutiles
à rapporter, ont fait interrompre cet ouviage ,
dont beaucoup de personnes paraissent désirer
la continuation , soit qu'elles l'aient jugé propre
à faire faire quelques progrès à notre agriculture ,
soit qu'elles aient été satisfaites du choix des maté-
riaux , de la manière de les présenter et des ré-
flexions |des rédacteurs.
Je me propose de reprendre ce travail et dç
redcfubler de zèle , pour qu'il soit fait avec soin.
J'espère que je serai secondé , comme je le fus
il y a deux ans , par des collègues et par des
amis auxquels les connaissances en économie
rurale sont familières.
Il entre sur-tout dans liion plan de rendre
ces annales utiles à tous les membres des socié-
tés d'agriculture. Dépositaires de leurs décou-
vertes , elles pourront servir à transmettre aux
uns les résultats des recherches des autres.
Les objets contenus dans les 4 volum'.-s déjà
publiés , indiquent assez ceux qui seront traités
dans leur continuation. Rien ne sera étranger
aux annales d'agriculture de ce qui intéressera,
soit directement , soit indirectement, l'art auquel
nous avons tant d'obhgations.
Je ne négligerai pas d'y joindre des planches
quand je les croirai nécessaires.
A compter de vendémiaire il paraîtra , dans
l'espace de chaque mois , un cahier , format in-
8°. La réunion des 12 cahiers donnera , à la fin
de l'année , 4 volumes de 432 pages , y compris
les tables.
La souscriplion , pour les 4 volirmes , est de
24 fr. On pourra ne souscrire que pour deux.
Les cahiers seront envoyés , francs de port ,
aux souscripteurs , par la poste.
On s'adressera , pour souscrire et pour toute
Agriculture.
chez la citoyenne Huzard , libraire , rue dsi
1 Eperon , n° 1 1 ; et dans les départemens , chez
tous les libraires et directeurs des postes auîC'
lettres.
Tessier , membre de {institut , de la société,
d'agriculture de la Seine , et au bureau con-
sultatif d'agriculture.
leges , et diftérens membres de diverses autom autre relation relative à cet ouvrage , à Pari.t i
rites consdtuées , ont diné au réfectoire des élevés. • ■ ■ tt . ,-. ■
Le repas a été fort gai.
Le président a porté pour premier toast : A la
république française , au succès de ses armées , et aux
magistrats qui la gouvernent.
Le directeur de Saint-Cyr a proposé le second ,
à Lucien Bonaparte. Le zèle pour l'éducation de la
jeunesse, assure (immortalité.
Plusieurs autres toast ont été proposés et ap-
plaudis. Des couplets ont été cbaniés par le
citoyen Sallior, directeur, Luce , professeur de
Paris , etjullien , élevé de Saint-Cyr.
Il est difficile de trouver réunis plus d'ordre ,
de décence et de gaieté , que celte fête en a
présentés. La présence seule du ministre pouvait
y ajouter quelque chose.
Nous lâcherons de nous procurer les couplets
qui nous ont paru fort jolis.
instruction publiq_ue.
Le préfet du département aille et Villaine a
arrêté, le i3 fructidor , que la chaire de législatiolt
vacante à l'école centrale , à Rennes , serait rem-
plie par la voie du concours , ainsi qu il est porté
par la délibération du jury central , dont les dis-
positions principales sont : que le concourscom-
menccra le 1 = ' brumaire prochain, à trois heurts
de l'après-midi ; que cliaque candidat répondra
aux questions qui lui seront proposées respecil-
vemenlparchjcun desesconcurrens; que lesijues-
lions seront relatives aux objets énoncés dans Id
programme que chaque candidat aura fourni
Les amateurs d'agriculture et d'économie poli
tique apprendront avec satisfaction , que le savant ) qu'enfin la durée des épreuves sera déterminée ,
auteur des Annales de l'Agriculture française , se' lorsque le nombre des concurrens aura été delii
I propose de conlinuct cet intéressant ouvrage. La nitiyemeoi connu*
AU ïl É ï) A: e T E U R<
Vous avez annoncé, dans votre feuijre du 2-8
ffuctidôr dernier , que vous vous feriez un plaisir
d irtsëref les observations qui vous seraient adres-
sées eri réponse à la lettre du citoyen Firraigier,
sur l'orihographe et sur la nécessité des réformes
à y laiie. Enhardi par cette invitation , je vous
envoie quelques réflexions à ce sujet. Je vous
prié de leur donner place dans votre journal ,
si vous leï croyez justes et utiles.
Loin de regarder une réforme dans l'orihogra-
phe comme nécessaire , j'avoue qu'elle me paraît
dangereuse sous bien des rapports.
11 est permis de douter que celui qui , le pre-
mier , imagina de supprimer les doubles lettres
dans lorthographe , fût très-sensible aux beautés
du style ; qu'il en connût Ihaimonie ; qu'il ai-
mât la poésie iraitative , encore moins qu'il sût
lire la prose et déclamer les vers -, autrement il
aurait remarqué qu'il ne pouvait pas être plus
indilTéieni à l'écrivain , qu'il ne l'est à l'acteur ,
d'employer ou de prononcer des mots plus ou
moins longs , plus ou moins sonores. Il aurait
vu , par exemple , que la Fontaine en écrivant
ces vers :
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Regarde d'oui te vient
tachoppement qui te relient.
n'aurait pu consentir à supprimer une n dans
bourdonnement , et à diminuer par là le son imi-
tatif; un ^ dans achoppement, pour amollir un
mot qui, placé sous une roue, semble devoir
l'arrêter, tant il est dur.
Il aurait vu que Lekain en déclamant ces
mots :
Calmez votre courroux ,
Les flots irrités ,
Le tyran comi oueé,
li'aurait jamais consenti à supprimer les r , qui
lui donnaient le moyen d'appuyer sur le mot, et
de produire une impression plus profonde.
je ne citerai que ces exemples : le lecteur peut
y en ajouter beaucoup d'autres. Je m'arrête au
Efiot latin appelere , qui peint énergiqueraent le
désir. Le mot français appétit le rend très-bien ;
là suppression d'un p lui ôlerait toute sa force.
Ce réformateur ne s'est pas apperçu que le
changertient de l'orthographe nuisait beaucoup à
l'effet du style , parce que les idées se commu-
niquaient par les sens; toutes les fois que les
signes qui représentent ces idées ont quelque
chose d'extraordinaire et contrarient nos habi-
tudes, l'impression qu'elles doivent faire perd de
sa force ; ne fût-ce (ju'à causé de l'espèce d'éion-
rement , d'hésitation que celte bisarrerie occa-
sionne. Eh ! qui ne l'a pas éprouvé à la lecture ,
par exemple-, de Montaigne et de Marol, qu'une
orthographe barbare rend , sinon pénible , aU
moins désagréable ? Cette barbarie se retrotive en
sens contraire dans l'orthographe nouvelle , et
l'esprit à chaque instant arrêté par le sentiment
d'improbation qu'elle excite , s'occupe moins des
pensées. Ainsi , dans ces deux vers :
Ele amène avec èle une troupe infernale,
ïone, frape , il est tems ,rens moi guère pour guère.
la bJsarrçrie de l'orthographe n'occupe-t-elle pas
l'esprit, avant que la pensée ait pu faire impres-
sion sur lui ; et le style né perd-il pas de sa
beauté ?
L'homme n'aime point à renoncer à ses habi-
tudes , à moins que ce ne soit pour éprouver de
nouveaux plaisirs. Pourquoi donc , lorsque la
lecture de nos meilleurs écrivains nous a fait
contracter l'habitude d'écrire, comme eux, les
mots de notre langue , exiger de nous que ,
sans aucun but , pour n'éprouver au contraire
que de l'embarras et des dégoûts , nous renon-
cions à cette manière de les écrire , que nous
surchargions notre mémoire de variations qui la
fatigueirt sans la nourrir?
Il faut , dit-on , une orthographe uniforme ;
d'accord : mais le moyen le plus simple d'ob-
tenir cette uniformité , c'est de là laisser telle
qii''élle était soùs les grands écrivains , du tems
de l'académie ; de ne pas renoncer à un usage
fixé depuis long-tems , pour tomber dans les in-
certitudes de l'arbitraire. Car du moment qu'un
auteur y apporte quelques changeniens sous' un
prétexte spécieux , le système est détruit , et le
désordre est bientôt à son comble.
Il est vrai que l'auteur de la lettre dit qu'il ne
ti
faut pas s'aiïrêler à celle objection : uVous défi-
gurez les ouvrages de Boileau, de Racine. " Il est
vrai qu'il regarde comme un. malheur d'être con-
damné à écrire les mots comme ils les écrivaient.
Nous devons tendre au perfectionnement, ajoute-
t-il ; c'est la marche naturelle des choses.
Mais n'est-ce pas plutôt un malheur que de ne
plus écrire- les mots, eorrtme Racine et Fé-
nélon? N'eit - ce pas plutôt un malheur que
d'être réduit à perfectionner après eux ? en eût-il
coulé beaucoup à ces grands hommes pour opérer
cette réforme, s'ils l'avaient jugée nécessaire ? Non,
sans doute : mais ils n'ont pas voulu l'entre-
prendre , parce qu'ils savaient qu'il est essentiel
de ne point changer les signes de convention : ils
savaient que des changemens dans I onhographe
reçue apporteraient des obstacles à I étude de la
lang'ic française , la ren-draient rebutante pour
l'étranger qui , voyant le même mot écrit diffé-
remment par différens auteurs , se trouverait
arrêté à chaque pas ; que ces changemens enfin ,
feraient perdre à la langue elle-même son privi-
lège de langue universelle de 1 Europe, privilège
qui assure à la nation une supériorité marquée
dans les rappotts politiques et commerciaux. Ces
grands écrivains avaient eux-mêmes éprouvé,
qu'après avoir appris à lire la prose d'une langue
étrangère , ils étaient arrêtés dans la lecture de la
poésie , dont l'orthographe est toute différente ,
à cause des lettres supprimées ou ajoutées dans
tine infinité de mots. Déterminés par ces consi-
dérations puissantes , ils fixèrent l'orthographe
française.
Je crois pouvoir avancer qu'à quelques amé-
liorations près , indiquées par la majorité des
lexicographes (I) , il laut s'en tenir iriévocable-
ment à 1 orthographe de l'académie. La langue
française est assez difficile par elle-même , sans
là rendre plus difficile encore par la versatilité
de l'orthographe.
Une langue est d'autant plus près de sa per-
fection , dit le citoyen Firmigier, quelle exprime
en moins de mots les mêmes idées. Mais ex-
primer en moins de mots les mêmes idées , n'est-
ce pas créer un langage métaphysique ou d'ana-
lyse , qui resserrant trop l'expression , en détruit
toute la force , parce que l'esprit passe trop
rapidement sur ces fdécs pour qu'elles fassent
impression sur nous.
Les grands écrivains , les hommes passionnés
le savent très-bien. Qu'on lise les lettres de Julie ;
les sentimens y sont très-énergiquement , quoi^
que longuement , exprimés. Jamais J. J. n a la
rnaladresse d'employer de ces termes abstraits
qili expriment plus d'idées en peu de mots. Ces
lettres de Julie ne sont que l'extrait affaibli des
lettre? brûlantes que leur auteur avait écrites à
une personne qui lui était chère , et J. J. dit
que ces lettres étaient très - longues. Cepen-
dant ces trois mots je vous aime auraient , sous
la plume d'un analyste , vendu les mêmes idées
par une plus courte expression : mais ce n'était
pas là le compte d'un homme passionné.
Exprimer en moins de mots les mêmes idées ,
c'est donner le trait d une figure ; développer ces
idées avec des mots , des epitheies , des com-
paraisons , c'est y mettre les couleurs. Or , la pein-
ture fera toujours plus dimpression sur les
hommes , que le simple trait ; et si la langtae
doit être pour nous Un instrument pour émou-
voir les âmes , elle ne sera pas parfaite lorsque,
réduite à un plus petit nombre de mots , elle aura
perdu ses coiileurs et sa richesse. E.
verture , qui avait été offerte à la société par un
j-eune citoyen de cette ville, âgé de 17 à 18 ans :
ce morceau de musique a plu généralement à
tous les amateurs.
GÉOGRAPHIE.
Nouvelle carte du détroit de Basse . si(ué entre la
nouvelle Galles méridionale etla terre deDiernpn ,
à la Nouvelle-Hollande , lequel sépare ces deux
parties ; avec la route du vaisseau qui l'a par-
couru et partie delà côle à l'est de la Nouveller
Hollande , levée par Flinders ; dressée au dépâ.t
des caries , plans et journaux de la marine paf
ordre du gouvernement; feuille de giaiid-aigle ;
prix s francs.
A Paris , à l'enlrepôt-général des caries de la
marine, chez Dezauche, géographe , ruç des
Noyers , n° 33.
Au citoyen- rédacteur. — Calais , le 4' Jour compl.
de l'an 8.
La société d'agriculture , de commerce et des
arts de Calais a tenu sa séance pubhque le 2'
jour complémentaire. Elle a.offert, aux amis de
leur pays et à ceux des arts , le tableau touchant
pde la réunion de bons citoyeris , dont les voeux,
dont les efforts tendent toujours au bien public.
Outre, les objets d'agrément qui y ont été lus ,
on a entendu avec un plaisir bien sincère la
lecture d'un procédé au moyen duquel un des.
membres résidans est parvenu à faire d'une ma-
nière certaine le lein des glaces : on a entendu
auasi avec plaisir un poëme sur l'agriculture. L4
séance a été terminée par l'exécution d'une ou-
(i) Il parait depuis quelque tems un ouvrage excellent
fixer toutes les incertitudes sur un objp» <>'"^î '"". — ■
;'est le D
citoyens Bsistc et B
pour
..s ..u. u... — ^j-. -^jo. ..aportant :
'sel de la Langue française , par les
__,_.i. On y trouve les. mots écrits suivant
-elle onhngraphe, avec Iji cttivtjQn des au-
n se vend chez Agasse , tue dés Poitevins
LIVRES DIVERS.
Le parfait Négociant , ou insltuçtion générale
sur le commerce de France et des pays étrangers ;
la banque , le change et rechange ; les sociétés ,
faillites et banqueroutes ; la manière de tenir les
livres, les lettres et les billets de change, con-
tenant .Tussi un nouveau traité des changes étran-
gers, ainsi que les parères ou avis et conseils de
fauteur sur les matières les plus importantes du
commerce , par Jacques Savary ; ouvrage suc-
cessivement augmenté par Savary des Brûlons,
Philemon-Louis Savary , etc.; nouvelle édition,
deux très-gros volumes in-4'' , prix 3o francs ei»
feuilles , et 3i fr. brochés. Se trouve à la librairie
de feu Samson', rue Hyacinthe , n° 683. Les let-
tres et l'argent doivent être affranchis.
Le mérite et l'extrême utilité de cet ouvrage
important , aussi essejitiel pour le commerce que
pour les gens de loi , est trop connu pour qu'il
soit besoin de le rappeller ici. En donnant cette
nouvelle édition du parfait Négociant , on n'a pas
cru devoir s'écarter en rien de l'oidre suivi par
Savary. On a dû respecter l'ouvrage de cet excel-
lent auteur , et le présenter dans toute son in légriié;
autrement, disent les éditeurs , ce n'eût plus été
la production de Savaiy , toujours précieuse ,
même quant au petit nombre de choses que des
usages plus récents peuvent avoir fait tomber en
désuétude. On a cependant corrigé quelques
imperfections de style trop saillantes , et rectifié
plusieurs erreurs graves qui s'étaient glissées dans
les précédentes éditions.
Les changemens amenés parles circonsances,
feront la matière d'un supplément dont les même»
éditeurs s'occupent. Ce supplément qui sera rendji
public aussitôt qu'une législation fixe , premier
résultat de la paix , permettra de ne donner que
des rnaximes assurées sur nos relalions commer-
ciales , sera dû aux soins d'unancien jurisconsulte,
Ch. N. Guillon d'Assas , ci - devant membre
de l'ordre des avocats au parlement de Paris.
Ce citoyen s'est trouvé depuis quelques années à
portée d'approfondir , d une manière spéciale ,
les matières de commerce , et d'y appliquer les
lumières qu'ont pu lui donner , sur la jurispru-
dence , les éludes longues et sérieuses qu'il a eu
le bonheur de commencer à l'école du célèbre
Pothier.
C O U R S DU C H A N CE.
Bourse du 7 vendémiaire.
Rente provisoire si fr. 88 c.
Tiers consolidé 34 fr. 7.5 c.
Bons deux tiers., .................. I fr. 61 c.
Bons d'arréragé 84 fr. s5 c.
Bons pour l'an 8 ... . gi fr. gS c.
Coupures 68 fr.
Syndicat 68 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers, aa fr.
SPECTACLES.
Théâtre de ia République et des Arts-
Auj- Hécube , et le ballet de Psyché.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
tes Amis de collège , com. en 3 actes ; le Divorce ,
et Us Rivales.
THEATRii DU Vaudeville. Aujourd. les Avant-
postes ; Adèle , et les deux Ménages ; Champagnac.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la Mort de Kléber , pantom. à grand spect. ,
Iheureuse Découverte , et la Mort de Turenne.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la Femme jalouse, suiv. à' Adèle et Belfort.
L'aboaneœeDt se fait à Paris, tue des Poitevins, n» 18. Le prix est de s5 francs pour trois mois, 5o(rancs pout 6 mois, etioo francs pour l'aDn^fl entieie. Ouoct'abonne
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port , au cit. A gas s e, proprie'taire dece Jouroal , tue desPoiieWns , u' 18. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut aSTianchir. Les lettres des départemenstren affranïhics^, ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renfermeût des vàleiïrs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de ia feuille , au rédacteur, rue des
Poitevins , n' i3, depui jneuf heures du malin jusqu'à cinq heurut du soir.
A. Paris t de l'iroptimerie du cit. Agasie , propriétaire da Moniteur , tue de* Poitevinî, n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N-" g.
Xonidi , g vendémiaire an g de la république française , une et indivisible.
■ Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dacejc du 7 Nivôse le M O NIT E U R est le seul journal officiel.
H contient les séances des autoricàs constituées , Içs actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant su ;
Jl'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T E R I E U R.
AN Q L E T E R R E.
Lçndres , le, ^4 sepiernbre (3 vendémiaire. )
V ENDREBi 1 samedi et dim^tnche , la tranquillité
netait point encote rétabliç , mais les atifoupe-
mens , -beaucoup moins nombreux , ne se for-
maient plus dans les mêmes quartiers. Clare-
l^arket et NçwpiOrt-Market , ainsi que les rues
adjacen.tçs de Seyen-Dials étaient devenus le lieu
de la scène , et la populace se répandit même
jusque djns Gerard-street. Mais les corps associés
étaient sur pied à Westminster et dans la cité , et
un'détacheaient de gardes- du-corps stationné à
Temple-Bar veillait à la. sur.eié du centre de la
ville.
Samçdisrir, les marchands , et entre autres,
les boucher» étant dans l'inlentiori de (ermcr leurs
boutiques plutôt que de coutume, le lord maire
les fit prier de renoncer à ce de'ssein , en leur
promettant que f ils éprouvaient dans la nuit quel-
gu» dégât , le gouvernement les dédommagerait.
En cqnséqiience les botitiques demeurèrent ou-
vertes ; aucune ne fut attaquée. L'ordie le plus
parfait règne aujourd'hui uans la ville ; le marché
Il été paisible .bjer , ei le pri)^ de jous les grains a
iensit^lement diminué.
Il paraît sûr aujourd'hui que , dans l'expédiiion
à\f Ferrpl , il y a eu des altercations sérieuses entre
|e commandant de la flotte et le commandaut des
froupes de débarquement.
Nous apprenons par les lettres de la Jamaïque ,
que Rigaud définitivement chassé de Saini-Do-
iningue , s'est réfugié à Curaçad. ïoussaint est
Çictuellement seul maître de Tîlè.
Jeudi dernier, aptes beaucoup de dégâts et de
pilbge dans Aldetsgajte - Street , la populace se
porta à la manufacture d'étain e,l dp fer-blanc de ) L'année 1786.
M. Howard , quaker , situé'e'à Old-sireet. Ce M. | L'an
Howard fut sommé de se livrer lui-même s'il ne
voulait qu'on rasât sa maison ; il ne fit aucune
réponse. L'attaque commença alors pat une voJée
çle pierres quj dans le moment ftireni jetées âiiîj
croisées ; alors , le maître quaker fit une sortie
car la grande porte de la manufacture, à la tête de
l3o hommes armés , tous ouvriers à sa paie ,
fepoussa au premier abord cette canaille devant
jcihez lui , fit deux prisonniers , et demeura maître
Hu champ de bataille , sur lequel on trouva plu-
jjevirs gqurJiiîS , dps çhapeaujt . des coëlîes et
.guçlques cotillons. Le premier succès de M. Howard
eut peut-être excité les révoltés supérieurs en nom-
bre à une vengeance prochaine , mais lappariiion
d'une compagnie d'artillerie vol6nt.iire ôta à la
popiilace I espérance de recommencer l'action,
tjeltc compagnie passa la nuit dans la ina'son de
M. Howard. M. Howard jouit d une réputation
distinguée parmi les hommes de sa profession ,
ce ne peut donc être qia'une vengeance parti-
culière que l'on a voulu satisfaire en se servant
paix de 1763, la dette nation^iiç était presque
doublée; ellemontaità 148,00(3,000 I. ; pendant
les douze années qui suivirent cette époque , le
prix moyen des bleds fut de 5 s. 9 d. Lorsque
h guerre d'Amérique se termina , en 17S3 , la
dette nationale montait à 270,000,000 I. , et le prix
moyen du bled s'éleva à 7 s. 3 d. I)«p-ni s Van-
née I7g3 , M. Pii, a emprunté la somme de
147.500,000 I. ; si l'on ajoute l'effet de l'incom..-
t»x qui , en Is supposant permanent , grève le
public à-peu-piès comme aurait pu faire' un em-
prunt additionnel de 140,000.000 I. , on inita uti
total de plus de 280,000,000 1. Ainsi la dette a
eie plus que doublée , et l'on peut firédirt^ qu'à
la paix. Je prix moyen des bleds ne sejrouvera
pas avoir été au-dessous de 10 s. U résulte de
ce tableau comparatif qu'à chaque doublement
delà dette nationale, le prix du bled a aiig
tnenle d'un tiers. L'exactitude de cette coniputa-
tion est remarquable. ■— Le prix moyen dli bled
était, comme on la vu plus haut , de 4s. 3 d.
quand la dette nationale ne montait qu'à 74 mil-
lions Ajoutez-y le tiers de ce piix où i s. 5 d. ,
et vous avez 5 s. 8 d. Le prix moyen du bled à
la seconde époque , c est-à-dire de 1763, fût eri
effet de 5 s. 9 4. ~ .^joutez à 5 s. 9 d. le tie;s de
cette somme ou l s- 11 d. , et vous avez 7 s. 8 d. ;
ce qui ne donne qiie 3 d. de plus par boisseau
au-dessus du prix réel où se trouva le bled , quand
la dette était montée à 270,000,000 1, — A 7 s.
3 d. , .-ijoutcz le tiers de cette somme ot] 2 s. 5 d. ,
et vous aurez 9 s. 8 d. ; ce qui donne à-peu-près
le résultat futur de la dernière époque, sijus-
qucs-là la dette n'a été que doublée.
Commerce de la Grande-Bretngne.
L'état suivant servira à montrer quelle a été
l'augmentation du commerce' et dé la fortuné
publique depuis les quatorze dernières années ; la
valeur des marchandises ' importées dans la
Grande-Bretagne de toutes les parties du monde ,
a été dans
. .-V .. 15.786.072 7 5
"ee 1792 19,659,3.^3 6 7
L'année 1799. ....... 27.857,889 S 8
La valeur des marchandises nationales tirées de
ses manufactures, exportées' a été dans
L'année 17S6 li,83o,372 18 11
L'année 1792 i8,336,B5i 6 11
L'année 1799 24,084,088 i5 10
La valeur des marchandises étrangères exportées
dé la Grande-Bretagne, a été dans
d'une
des ma
Des mouvemens tumultueux ont eu lieu dins
le cours de la semaiiie passée à Birmingharn ,
^ereham , Southampton , Slafford , Woolwich
^t Bristol. Dans cette dernière ville , un magasin
>de bled aéié pillé et la plupart dés grains ont été
jetés dans la Saverne.
On apprend par les dernières nouvelles des
Indes , qu'une nuée de sauterelles de plusieiirs
'milles d'étendue , assez épaisse pour couvrir les
rayons du soleil , a passé au-dessus de Malda ,
Rjjemal et Helebas sans s'y arrêter : les habitans
de ces endroits étaient dans la plus grande cbns-
lernalion; ce fléau volant prit son cours le long
dujcmma près d Agra , ou il s'est arrêté. Tous
les végétaux des environs de cette ville et du
■district , ont été dévotés par ces insectes des-
(ructcuts.
Comparaison de la hausse du prix des grains el de
ta progression de la de'.te nationale. ( Article ex-
trait du Mprning-Chronicic.)
Avant la guerre de 1756, la dette nationale
montait à 74,000,000 I. , et le prix moyen des
bleds était de 4 s. 3 d. par boisseau. Après la
L'année 1786 4,475,493 9 9
L'année 1792 6,568.346 16 6
L'année 1799 . 11,906,608 3 u
Ces états ont été pris sur les déclarations qu'on
appelle valeur officielle. M lis rinspeeleur-icnéral
qui a lait le relevé des marchandises exportées,
comprenant celles qui sont assujetties à des droits
et celles qui n'y sont pas sujettes , porte l'estima-
poriion de peuple aveuglé ci dirigé par 1 ''"" '^'^^ seules marchandises maHufactuiées en
Iveillans. ' i Angleterre , el exportées , dans
L'année 1798 à . . . . 83,148,682 o o
L'année 1799 à . . . . 83,942,498 o o
Le nombre des vaisseaux marchands construits
dans les ports de l'empire britannique , a été
de 827, et le tonnage de 71,090; dans l'année
1798 et dans l'année 1799 < il a été oonsiruit
832 vaisseaux lésant 97,825 tonnes.
Le nombre des vaisseaux marchands de l'An-
gleterre était en 1787 de 14.310. Celui des hom-.
mes et mousses'pour Icurnavigation , de^lo8,962.
En 1796 , le nombre des vaisseaux éi^it de
17,292. Les hommes d équipages étaient au nom-
bre de 129,546.
Le nombre des vaisseaux anglais entrés dans
les ports en 178g a été de 11,907. Celui de ceux
sortis l3,5o8. Celui dés vaisseaux étrangers
entrés 1542. Sortis 8gr.
Le nombre des vaisseaux anglais entrés dans
les ports en 1799 ^ été de 10,55?. Celui des
vaissrHux sortis, de ti,oS5. Celui des vaisseaux
éiraiii!,ers entrés , 3,oi2. Sortis 2,3g2
I N T É R I E U R^
Bordeaux, le i" vendémiaire.
Il est arrivé un parlementaire des Elats-Unis ,
portïrit 73 passagers , parmi lesquels se trouve
le citoyen Collol, général de division el ancien
gouverneur de la (juadeloupe , qui a été prison-
n'er des anglais pendant six ans. Il passe era
France ,d après un arrêté du premier consul. On-
croit qu'il y à aussi sur ce parlementaire deux
envoyés de Toussaint-Louvertuie.
Le 16 fructidor, un jeune homme de Fon-
tenay - [e -Peuple présenta une pétiiion au piér
fet , pour lui demander de l'emploi dans ses
bureaux. Il était sorti de ceux du département
de la 'Vendée iiù. il était employé et en avait
obtenu des certificats favorables. Il paraît que;
ce citoye'n avait éprouvé des màlhcLirs qui , sui-
vantses expressions.' rendaient sa situation affreuse,
etyempêchaient d'habiter un 'lieu qui lui rappelait c^
qu'il devait toujours ontdier.' ' ' ' "
Le 3= jour complémentaire , le préfet lui écrit
de passer chez lui ; pu répond à son hôtel
qu il en était parti. Le prélct reçoit une heure
après une lettre du sons - préfet de Blaye qui
annonce, qu'un jeune- homme a été trouvé le 24
fructidor j à 7 heures du soir , sur un chemirl
dans la commune de Villeneuve, blessé griève-
ment à la bouche duo coup de feu , et p^rté
à l'hospice de Blaye;,quil, s est fait connaître
en éciivant son nom ; qu'il refuse de désigner
l'auteur de cet assassinat , et qu'il est probable
qu'il s'est suicidé.
Le nom contenu dans la lettre du sous-préRC
de Blàyé est le même que celui du jeune homme
qui demandait de l'emploi dans les bureaux du
préfet.
On attend de nouveaux renseignemens sur cet
événetùent. { Journal officiel de Bordeaux, j
> ' .
• Paris , le 8 vendémiaire.
Le tribunal correctionnel va être saisi d'une
escroquerie d'un genre nouveau. Un particulier
est parvenu à s'emparer de l'esprit d'un homme
fort riche , et apparemment fort crédule, et lui
a proposé de lui vendre un secret poer gagner
au jeu des sommes considérables. Le marché a
été. convenu moyennant 24,000 fr. comptant',
une obligation de 80.000 fr. , et la cession d'une
propriété d'environ 5o,odo fr. , Les, conventions
ont été faites', et les actes d'obligation d-; vente
rédigés sous seing-privé , et signés dans le ca-
binet et en présence d un hornme public , dont
nous croyons devoir taire, même la profession.
Le nouveau possesseur du prétendu secret a
d'abord été lancé par son instituteur dans une
maisori de jeu , on , saiin doute , il était attendu ,
et où . par politesse , on lui a permis de "a'>ner
quelques mille francs les premiers jours. Mais
ce bonheur n'a pas été de longue durée • le»
4= et 5= séances ont été funestes à notre joueur ;
il a perdu des sommes considérables , et c'est
alors qu'il a commencé à' se douter qu'il était
dupe d'une escroquerie; honteux lui-même
d^avoir été dupe d'un piège aussi grossier , et
d'av.iir cru qu'un hornnne qui manquait dta
choses les plus nécessair.-s à la vie , avait le
secret de gagner 3,ooo fr. par jour , il a pro-
posé à son vendeur de lui abandonner les 24,000 fr.
payés comptant et la propriété de 5o.ooo fr. *
mais il réclathait la restitution de l'oblinaiiori
de 80,000 fr. , et menaçait de rendre plaiiite en
cas de refus, La proposition a été refusée , et le
juge de paix d't; la division de lOuest instruit ea
ce moment cette étrange affaire.
(Extrait du Journal du Palais de Justice.)
— ^On répète en ce moment à l'Opéra , et il
paraît qu'on va donner incessamment une tra-
gédie lyrique, intitulée les Horaces. Les parole»
sont du citoyen Guillard. Le compositeur est le
citoyen Porta. Déjà cet ouvrage a été représenté ,
mais il ne doit reparaître qu'avec des chmige'
mens considétablos.
— Le 10 vendémiaire , à onze heures el demie
I il sera célébré , dans le temple de la Victoire
(Extrait du Courrier de Londres du 53 septembre.) \ ( Sulpice ) , une fête au Théisme.
3p
— Une lente de Hambourg ,. en date du 16
septembre (2g tVuciictor) , coiiiient ce qui suit :
Dans les différends qui se sont élevés entre
le Daneniarck et lAngleterre , à roccasion du
droit de visite en mer , ou n"a jamais publié les
çféiails de l'.iiFaire dune première fiégate da-
noise , arrêtée par les anglais aux environs -de
Gibraltar. Ces détails sont contenus ( à la ma-
nière angJaise.) .dans une. letjre de M.JVIevry,
chargé ries affaires de S. M. britannique auprès
de S. M. danoise, et adressée à M. le comte
de Bernstorl , secréiaire-d'élat pour les affaires
étrangères. Cette pièce est trop curieuse , elle
développe trop- ingénieusement les principes an-
glajs-et la- modestie de leurs prétentions epvers
les pLuissances neutres , pour que nous ne nous
fassions pas un plaisir de la faire connaître.
A Copenhague , le 10 avril 1800' ('20 germinal.)
u L'importance que le gouvernement britan-
nique doit nécessairement attacher à l'événement
arrivé, au mois de décembre passé , aux envi-
rons de Gibraltar , entre quelques frégates du
roi et la frégate de S. M. danoise , nommée Hau-
jt.xun , commandée par le capitaine van Dockum ,
çi les ordres qui m'ont été envoyés en consé-
quence par ma cour à cet égard , m'impose le
devoir pénible de vous répéter , par écrit , la
plainte sur cfct objet, que j'eus l'honneur de
vous représenter cie bouche, dans l'audience
que vous avez bien voulu m'accorder à cet effet ,
Û y a trois jours.
■ 55 Les laits dont il s'agit dans cette aff"aire ,
sont en e<ux-mêmes fort simples, et je crois que
nous en sommes déjà conver^us ; savoir : les
frégates anglaises rencontrèrent la frégate da-
ttbise en pleine nier, menant un convoi. Le
commandant anglais , jugeant à propos d'user
du droit de visiter ce convoi , envoya à bord de
la frégate danoise demander au capitaine sa des-
dnation. Celui-ci ayant répondu que , pour lors ,
il allait à Gibraltar , on lui répliqua que , puis-
qu'il allait s'arrêier à cette baie , on ne ferait
pas la visite de son convoi ; mais que , s'il ne
devait pas y jeter l'ancre, la visite aurait lieu.
Le capitaine van Dockum informa pour lors
1 officier qui s'était rendu à son bord , "qu'il y
ferait résistance. Sur celte réponse , le comman-
dant anglais fit signal d'examiner le convoi.
Une ch.iloupe de la frégate CEmerald se trou-
vait en marclie pour exécuter cet ordre ; l'on
lira dessus de la mousquelterie de la frégate
•danoise , et un des matelots anglais en fut griè-
vement blessé. Cette frégate prit aussi possession
d'une chaloupe de la fiégale anglaise la'Flora,
et ne la relâcha qu'après que le commandant
anglais eût fait cnteçdre au capitaine van Dockura
que , s il ne la rendait pas sur le champ , il
commencerait les hostilités. La frégate danoise
s'est rendue ensuite , avec son corjvoi , à la
baie de Gibraltar. Là , des discussions ont eu
■lieu sur celte affaire entre le lord Keilh, amiral
et commandant en chef des' forces navales de
S. M. dans la Mé Jiterranée , et le capitaine van
Dockum , que le lord Keith a dû regarder comme
personnellement responsable et coupable de
l'injure faiie à un des sujets du roi , ne pou-
vant pas croire que ce capitaine y pouvait être
autorisé par les instructions de sa cour.
"Pour s'en éclaircir , l'amiral anglais envoya un
officier au capitaine Van Dockum , pour le prier
de faire voir et d'expliquer la nature de ses ins-
tructions. Celui-ci se refusa à les faire voir , allé-
guant que cela lui était défendu ; mais il dit à
1 officier, qu'elles portaient qu'il ne devait pas
permettre la visite de son convoi , et <iu'en fesant
feu sur les chaloupes du roi , il n'avait fait que
remplir ses ordres. Le même capitaine fit ensuite
une réponse pareille , et sur sa parole à honneur .
en parlant avec le lord Keith, en présence du gou-
verneur de Gibraltar ; mais il promit en même
tems de s^ rendre dçvant le juge , et d'y donner
caution de comparaître ; et sur cette promesse lui
a dit qu'il pouvait retourner à son bord. Etant
entré dans sa chaloupe , il envoya une lettre à
l'amiral , dans laquelle il se ref.isa à donner la
caution requise. Ces discussions se sont terminées
par une déclaration que lord K.ei.th fit au capitaine
'Van- Dockum , que s'il manquait de s'y soumettre ,
en voulant par là se soustraire à la justice , l'affaire
serait représentée à sa cour.
51 Voilà , moasieur le comte , l'exposition des
faits qui on; donné lieu à la plainte que je suis
chargé de porter au gouvernement danois. Je
me flatte que vous la trouverez exacte et con-
forme à ce qui est. marqué dans la correspon-
dance entre le lord Keith et le capitaine van
Dockum , que vous possédez , comme vous
m'avez fait 1 honneur de me le dire.
II Le droit de visiter et d'examiner les vais-
Beaux marchands en pleine mer, de quelque
Dation qu'ils soient, et quelles que soient leurs
cargaisons ou destinations, le gouvernement
britannique le regarde comme le droit incons-
tesiable de toute nation en guerre ; droit qui
est fondé sur celui des gens, et qui a été géné-
ralement admis et reconnu. 11 s'en suit par con-
séquent , que la résistance que ferait à' celle
visita le commandatit d'un vaisseau de guerre
d'une puissance amie ; doit nécessairement être
regardée comme un acte d hostilité , tel que le
roi se persuade qu'il ne peut pas êtie enjoint
âu5t commandans des. vaisseaux de guerre de
S. M. danoise par leurs instructions. S. IVl. ne
doute donc pas du déplaisir que S. M. danoise
aura senti en apprenant ce procédé violent et
insoutenable d'un officier à sor; service; el le
roi est persuadé de la promptitude avec laquelle
S. M. danoise.accordera à S. M. le (iàaoeu/orJTie/
et l'excuse auxquelselle a sijusie droit de s'aiiendiC
dans !e cas actuel , avec une réparation propor-
tionnée à la nature de l'off^ense qui s'est com-
mise.
îî Je suis spécialement chargé, monsieur le
comte , de vous faire la demande de ce désaveu,
excuse et réparation. La confiance que je dois avoir
dans la justice connue de S. M. danoise , me fait
espérer que cette représentation simple et amicale
pourra suffire pour l'obtenir avec la promplilude
qu'exige un cà» aussi grave; mais je ne dois pas
vous cacher, ei) même tems , que quelque grand
el sincère que soit le désir du roi mon maîlre
de maintenir et de cultiver l'harmonie et l'amiiié
la plus étroite avec la cour de Daneniarck,
rien n'engagera S. M. à se départir de celte juste
demande. )i '
J'ai Ihonneur d'être , etc.
Signé , Ant. Meiîry. ^
LEurope n'eût pu voir sans surprise que l'em-
pereur de Russie fût resté spectateur iiidifférent
de la coniesiaiion qui vient de s'élever entre le
Daneniarck et l'Angleterre , et des mesurrs que
celle-ci a prises pour la terminer. La pièce sui-
vante prouvera que Paul I" n'a point ctu être
étranger à une question qui intéresse si essentiel-
lement la dignité de toutes les nations neutres.
Riga , le 10 septembre.
On a fait ici la publication suivante , avant
que la nouvelle de l'accord fait entre le Dane-
marck et la Grande-Breiagne , y fût connu.
>i D'après les ordres de son excellence le che-
valier Pepow , (e général-major , commandant de
Riga , en date du 28 août , les magistrats de
c~ette ville l'ont connaître que sa majesté impériale
ayant été instruite de la conduite violente qu'ont
tenue les anglais envers le Danemarck , et ap-
pris qu'une escadre anglaise avait passé le Sund ,
événement qui , en donnant lieii à la clôture de
ce passage , a eu une grande influence surtout
le commerce de la Baltique, a ordonné que,
pour sûreté du dommage qui pourrait en résulter
pour le commerce des russes , les véritables des-
seins de la cour de Londres restant encore in-
connus , le séquestre lût mis sur tous les capitaux
appartenant aux anglais ; que les mesures les plus
rigoureuses fussent prises pour que , sous aucun
prétexte et sans la permission de sa majesié impé-
riale , ces capitaux ne puissent leur être remis ,
sans que cependant ils puissent leur être enlevés,
ni que les anglais soient troublés dans leur com-
merce intérieur.
Publié à la maison-de-ville de Riga , le 2g août
1800.
Ad mandatum.
Signé ScHWAZ , secrétaire en chef )>
N.B. Aujourd'hui 10 septembre, on a mis
l'embargo sur cinq vaisseaux anglais.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 6 vendémiaire an g.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
TITRE PREMIER.
Mesirahce de canonnage.
Art. I^'. La mestrance de cannonage continuera
d'être composée de .trois grades dotficiers ma-
riniers , savoir, aide canonnier, secpnd maîlre,
et maître cannonier.
I y aura trois classes dans chacun de ces
grades , ainsi qu'il est déterminé par la loi rela-
tive à l'avancement des gens de mer sur les
vaisseaux de la «publique , du 3 brumaire
an 4.
II. Aucun ne pourra obtenir le mérite d'aide-
canonnier , s'il n'a reçu' un an d'instruction dans
les éc'oles ihéoriiiues de canonnage , s'il n'a ob-
tenu le certificat de mérite dans la forme qui
sera ci-après déterminée , et s'il n'a rempli les
autres conditions exigées par la loi sur l'avance-
ment des gens de mer.
III. Les matelots à la haute paye , qui auront
fa^t , pendant douze mois , en tems de guerre ,
le service de chargeurs sur les vaisseaux de la
république , pourront être faits aides canonniers,
quoiqu'ils n'ayent pas été aux, écoles ihéoriques
de. canonnage , ou qu'ils n'ayent pas obtenu le
certificat de mérite dont il est question à l'article
précédent,
IV. Les matelots qui obtiendront le mérite
daide-canonnier , oe seiont portés d'abord qu'à
la paie de la troisième classe de ce grade ; leurs
avanceme'ns ultérietirs , celui des seconds m'îtres
et maîtres canonniers , auront lieu d'après les.
règles établies sur l'avancement des gens d«
mer.- - ■ . , .;J ,
V. La moitié du nombre des maîtres ,- seconds
maîtres et aides-canonniers nécessaires pour l'ar-
mement des vaisseatix et autres bâiimens de la
république , sera prise parmi les gens de mer qui
en au:ont obtenu les grades et les mérites.
VI. Les maîtres , seconds maîtres , et les aides-
canonniers de linscripiion maritime , prendront -
rang entre eux et avec les sous-officiers , bom-
bardiers et canonniers des troupes d'artillerie qui
remplirofit_le même service à biird 4es,Vdisseaux,
en raison de leurs grades et raé'fites jà la mer, et
à la date desdits giades et mérites , sans qu'ils
puisse y avoir aucane: disiinoiiot^ ni- préférence
pour ceux de l'un du de l'autre corps.
VIL Les capitaines ou commsndans des bâti.-
mens choisi|onl ccUx des matelots de leurs équi-
pages qa-^rls jugeront les plus propres à être
employés couorne canoûniers chargeursi. et paf-
licu iérement ceux qui auront été aux écoles
lliéoriques de canonnage , ils jouiront alors d'ua
supplément de solde de 3 francs par mois.
VIII. Il sera entretenus , dans les différens ports
de la lépublique , cinquanie-q^taire maîtres canoii-
niers.
Leur paie sera divisée en quatre classes .-
3 de la première , à 1080 fr.
5 de la seconde, à . . . .■ . g6o
23 de la troisième, à ..... 840
23 de la quatrième, à . . .'I ,irjS(,'720
Ils seront répartis ; savoir : ' "";'•'■'■>■■ j
I" Class;.
Il" Idem.
III« Idem.
IV' Idem.
OS
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0
3
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I
5
5
0
I
2
2
0
0
I
I
0
0
I
3
5
23
23
21
12
12
. 5
2
-, 2-
■54'
Total éa
54.
Leur destination pourra être changée si les
besoin du service l'exigent.
IX. Les maîtres canonniers entretenus seront
'attachés au parc d'artillerie, et y seront em-
; ployés , sous l'autorité des chefs du parc , aux
I différens détails de ce service : ils pourront
'néanmoins être embarqués pour remplir les fonc-
tions de premiers maîtres à bord des vaisseaui
I de la république , lorsque le préfet maritime 1&
i jugera conveiiable.
Ils auront rang d'adjudans - sous - officiers. Il
n'est rien changé à l'uniforme des maîtres canon-
niers entretenus.
X. Les places de maîtres canonniers entretenus
ne pourront êire données qu à des maîtres canonr
niers de l'inscription maritime , ayant le mérite de
maître de première classe , sachant lire et écrire,
et qui se seront distingués par lln'çs la'Iens , leur
service et leur bonne conduite.
XL Lorsqu'il vaquera une place de m ître ca-
nonnier enireienu clans un port , le préfet mari-
time en préviendra les officiers d'adrainistratioa
de finsciiption maritime , employés dans l'arron-
dissement de la préfecture : ceux-ci lui adresse-
ront , sous le plus court délai , les états de ser-
vice , 'avec les pièces justificatives , des maîtres
canonniers de leur quartier , qui auront des titres
suffisans pour prétendre à la place vacante ; le
chef du parc lui remettra ceux des maîtreis
canonniers de première classe, domiciliés dans
le port.
Les états de service et les titres de concurren»
seront examinés dans un conseil , présidé par le
préfet maritime du port, et composé du chef mi-
litaire, ou chef du parc d'artillerie , du chef d'ad-
ministration et de deux officiers de marine nonir
mes par le préfet maritime.
Ce c&nseil fera choix , à la pluralife absolue
des suffrages , des trois candidats qui réuniront
le plus de litres en leur laveur : le préfet mari-
lime en adr^sera la liste, avec son avis, au
ministre qui nommera celui des trois qu'il ju-
gera mériter la préférence.
XII. Les maîtres canonniers promus à l'entrc-
tretien , ne seront d'abord admis qu'à la paye
de la fiuatrierae classe, ils parviendront, p^r
le choix, aux payes supérieures de maîtres canon-
niers entretenus , et dans la forme prescrite par
31
rarticle précédent pour lieut admission à llèn-
treden ; mais le clioix ne pourra porter que
»ur les maîtres canonniers compris dans la classe
immédiatement inférieure à celle de la place
vacante.
TITRE II.
■ Dts compagnies d'apprentijs canonniers.
XIII. Il sera entretenu , pour l'inslruciion des
jeunes marins , cjuatre compagnies d'apprentiis
canonniers ; savoir :
Deux à Brest ,
Une à Rochclori ,
Une à Toulon.
Chacune de ces compagnies sera composée
ainsi qu il suit :
1 chef de compagnie , capitaine d'artillerie ;
1 sous-cbef idem , lieutenant d'arlilleiie ;
4 maîires canonniers entretenus ;
4 maîtres canoniers rion-entretenus ;
8 seconds maîtres ;
"l6 apprentis, chefs d'escouade ;
■ 104 apprentifs canonniers.
i38, dont deux officiers et quatre maîtres canon-
niers entrenus, et pour les quatre compagnies, 552
hommes , dont huit officiers , et seize maîtres
canonniers entretenus.
Il ne sera plus reçu à la suite des compagnies
d'apprentifs canonniers , des enfans sous la dé-
n'omination d'en/ans de corps.
XIV. Il ne sera admis dans ces compagnies ,
en qualité d'apprentifs canonniers, que de jeunes
marins de l âge de dix-huit à vingt-quatre ans.
Seront choisis de préférence ceux qui an-
nonceront des dispositions pour le service de
i'àrtillerie , et qui sauront lire et écrire.
XV. Il sera fait choix, parmi les apprentifs
ayant neuf mois d'instruction , de seize d'entre
eux les plus distingués par leur application et
leur bonne conduite , pour être chefs d escouade ;
et il leur sera alloué un supplément de solde
de trois francs par mois.
Les chefs d'escouade pourront être conservés
dix-huit mois dans les compagnies d'apprentiis
canonniers; dans ce cas ils seront susceptible- , du
moment de leur licenciem-ent , d un avancemen!
supérieur à celui de simple apprentif canonniét.
XVI. Les apprentifs canonniers resteiont aux
écoles théoriques de cannonage pendant un an;
ils seront ensuite renvoyés dans le.urs quartiers .
et remplacés par de nouvelles levées, dont les
époques seront déterminées par le ministre de
la marine , de manière qu'aucune compagnie ne
soit enliéiement renouvellée en même lems.
XVII. Les jeunes marins qui , ayant les qua-
lités prescrites par l'article XiV , se présenteront
•vol&ntairement lors des levées pour ce service ,
serons inscrits en tête des listes , et désignés par-
particulléxement.
XVIII. Il sera payé une conduite , conformé-
ment au tarif, aux apprentifs canonniers , pour se j
rendre de leur quartier dans le port de leur desti-
nation , ainsi que pour retourner dans leur quar-
tier à l'époque de leur licenciement.
XIX. Les maîtres et seconds maîtres canonnieiS
attachés aux compagnies d'apprentifs canonniers ,
De pourront être choisis que parmi les officiers
mariniers de ces difFérens grades : le renouvel-
lement s'en fera chaque année par moitié. Il leur
sera payé une conduite conformément au tarif.
XX. Le chef d'administration du port pré-
viendra les administrateurs des difFérens quartiers
maritimes , de l'époque à laquelle devront être
renouvelles les officiers maiiniers attachés aux
compagnies d'apprentifs canonniers ; et ils lui
adresseront, sous le plus court délai, l'état des
maîtres et seconds maîtres canonniers de leurs
quartiers respectifs , qu'ils jugeront propres à ce
«ervice.
XXI. Le chef d'administration du port en pré-
sentera la liste générale ati. préfet maritime , qui I
désignera ceux qui devront être admis en rem-
placement , de manière à ce que les gens de mer
des difFérens quartiers qui concoutreni à la for-
mation de ces compagnies , participent à cet
avantage.
XXII. Les maîtres canonniers entretenus atta-
chés aux compagnies sont nommés , sur la pré-
aentaiion du chef du parc d'artillerie , par le préfet
maiiiime , parmi les maîtres entretenus qui seront
reconnus convenir à ce service.
XXIII. Les emplois de lieutenant . dans les
compagnies d'apprentifs canonniers, serontdonnés
aux maîtres canonniers entretenus.
Lorsqu'il vaquera une place de lieutenant ,
le ministre de la marine présentera au premier
consul la liste des maîtres canonniers entretenus.
Susceptibles de cet avancement par la nature de
leur service : le premier consul fera choix de
celui d entre eux qu'il jugera devoir remplir la
place vacante.
XXIV. Les places vapantes de capitaines daris
le» C(]mpagnies d'apprentifs canonniers, seront
donnés au choix du premier consul , soit aux
lieutenans des dites compagnies, soit aux officiers
des troupes d'artillerie de la marine.
XXV. L'avancement des capitaines des com-
pagnies d'apprentiis canonniers au grade de chef
de bataillon , aura lieu ainfi qn'il sera déterminé
par le règlement sur 1 organisation des troupes
d artillerie de la marine.
XXVI. La solde de chaque compagnie d'ap-
prentiis canonniers sera réglée ainsi qu il suit :
DÉSIGNATION
s 0
L D E
DES GRADES.
Individuel.
Tout.
I Capitaine. .....
%boo fr.
2 5oo fr.
I Lieutenaot
iSoo
i5oo
4 Maîtres canoniers en-
tretenus. .....
4 Idem non entretenus.
576
2304
8 Seconds maîtres. . .
456
3648 ■■
16 Apprentifs canon'ers,
chefs d'escouade ,
supplém. compris.
324
5184
104 Apprentifs canoniers.
288
29,952
Solde totale d'une compagnie 45,088
Et pour les quatre i8o,352
Au moyen de la solde ci-dessus, il ne sera
plus accordé de supplémentaux officiers et maîtres
canonniers employés dans les, compagnies.
XXVII. Les maîtres canonniers non entretenus,
seconds maîtres, apprentifs canonniers, ne-seron,t
plus nourris aux Irais de. la république ; il leur
sera seulement accordé une ration de pain de 7
hectogrammes et demi, (24 onces. )
'La république pourvoira en outre aux frais de
casernement ci^^au chaufFage , ainsi qu'il est établi
par les sous-officiers . bombardiers et canonniers
d artillerie de la marine.
XXVIII. Les apprentifs canonniers porteront
un palteau bleu et un bonnet en cuir , garni
d une plaque de cuivre représentant des "attri-
buts d'artillerie ; ces efF'els leurs seront délivrés
par le magasin général. La valeur dupalteaau
leur sera retenue chaque mois par douzième sur
leur solde , le bonnet leur sera fourni aux frais
de la république. .'
XXIX. Les compagnies d'aprentifs canonniers
seront casernées, sans qu'il puisse être permis,
sous quelque prétexte que ce soit , à aucun des
apprentifs , de loger hors des casernes : la moitié
au moins des maîtres et seconds maîtres serotit
également tenus de coucher à la caserne.
XXX. Ces compagnies n'auronrpoint d'arme-
ment , et elles ne seront point tenues au service
de la garde nationale.
XXXI. Elles seront sous l'autorité du chef du
parc d'artillerie ; chaque capitaine sera chargé ,
sous ses ordres , de la police , discipline et ins-
truction de la compagnie.
XXXII. Elles seront employées concurrem-
ment avec les troupes d'artillerie , à tous. les tra-
vaux et mouvemens dans les parcs et magasins à
poudre, à la confection des artifices, à celle des
mitrailles , au gréement du canon , à l'embarque-
ment , débarquement et emmagasinement des
armes et munitions d'artillerie , et à tout ce qui
concerne le service.
XXXIII. Les compagnies d'apprentifs canon-
nieis pourront également être employées , lors-
que les besoins du service l'exigeront , et sur la
demande du chef des mouvemens , aux travaux
et mouvemens des vaisseaux dans le port. Lors-
qu'elles seront dans le cas de fournir des déta-
chemens pour ce service , ils y seront employés
sous les ordres des officiers du port , et seront
toujours conduits aux travaux par un officier ou
un maître canonnier entretenu , qui tiendra la
main à lexécution des ordres qui leur seront
donnés.
XXXIV. Toutes les instructions établies par les
réglemens sur la théorie et la pratique du canon-
nage iiour les troupes d'artillerie , sont communes
aux compagnies d apprentifs canonniers; le chef
du parc d'artillerie est spécialement chargé de
tenir la main à ce qu'eles soient exactement
suiviis.
XXXV. Il sera fait un examen général des
appiciiiils de chaque compagnie , aux époques
désignées par le» licenciemens et remplacemens.
Cet examen aura lieu en présence du chef
ou du sous-chef et de l'adjudant du parc , des
otKciers et des maîtres canonniers de la compa-
gnie ; il portera sur toutes les parties théoiiques
et pratiques de l'artillerie qui leur auront été
enseignées.
XXXVI. ' Le chef du pafi d'artillerie- rendra
compte du résultat de cet (txanjeo au piéfcl mari- ;
lime, qui fera délivrer .descoriificats de mérite , et :.
accordera un avancement de :payc à ceux qui Se •
seront dioiingués .pjtr, , le,u.^. yifitiuciion , et leur
conduite. ' ' ', ' „
XXXVII. Usera remis un çiat des avancemeni
accordés par le préfet maritime , au bureau des
avancemeiis ; le clicl d administration en enverra
des extraits dans les (]uarlicrs du domicile des
appreniilVqui les auront obtenus.'' '■ '
XXXVIII. Les appieniiii canonniers qui au-
ront obtenu des ceniHca'sde mérite, seront
susceptibles dcire faits aides-can.oniiiets , lors-
qu'ils auront rempli les conditions prescrites par
les règlement concernant l'avapctment des geu»
de mer.
XXXIX. Il pourra également être accordé par
le prêter ni.-niiirae des avancemens aux maîtres .,
et second m.iîires canonniers non entretenus qu il
en jugera susceptibles lors de leur licenciement.
Ces avancemens seio.Tt déterminés conlormé-
me-;t aux principes établis par le léglement sur
I avancement des gens de mer , et en ne comp-
laijt néanmoins le lems de' service dans les coni-
pai^nié» d'apprentifs, qu à raisor^.dc moitié, douze
mois de ce service ncquivajajit (Juâ six mois
de mer.
XXXX. Le ministre de la marine et des colonies
est chargé de l'exécution du présent arrêté , qui
sera imprimé au bulletin des iois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret. ,
Arrêté du 7 vendémiaire , an g.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la maiine , le conseil,- d'état
entendu, arrêtent : \ .. ,.
Àvt. I"^'. Aucun maître pu ipairpn jdeibsateaij 86
sera exempt du service sut ..les vaisseaux- de |a
république, s'il n'est. propriétaire ou condticteur
d'une embarcation , du port au moins de quinze
tonneaux , et il ne seia admis qu un seul proprié-
taire par bateau. . ' ,
IL Le'^Çmption de service ne pourra également
avoir lieu que pour les maîtres ou conducteurs
de bateaux qui , ayant quarante ans révolus,
auront t'ait dix-huit mois de campagne sur lis
vaisseaux de la république. Le service dans lés
arsenaux ne pourra être compté comme cam-
pagne. • '
III. Tous les maîtres et patrons qui n'auront
pas atteint 1 âge de quarante ans , pourront être
comiiiandés pour le service i quelque soit le tems
qu'ils ayent navigué pour l'état;
Les officiers d'administration chargés de l'inscrip-
tion maritime dans ies quartiers , admettront en '
remplacement sur les bateaux de pêche, ou des '
matelots invalides , ou des matelots exempts par '
leur âge ( So.ans ) du service des vaisseaux.
IV. Le ministre de la marine et des colonies est '
chargé de l'exécution du présent arrêté , qui sera
inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , sighé ,' Bonaparte.
Parle pretnier consul , ). .
Le secrétaire-d'état, signe, H. B. Maret.
Autre arrêté du' même- jour.
Bonaparte, premier consul de la république ,
ordonne qu A-Sam, chinois, originaire de Nankin,
soit embarqué sur I une des corvettes comman-
dées par le capitaine de vaisseau Baudin , pour
être conduit , aux fr.ijs de la république , à llsle-
de-France , et de là dans sa patrie. ' '
Il est expressément recommandé au capitaine
Baudin et aux chefs militaires et d'administration
de la marine, d'avoir pour A-Sam les égards
qu'il mérite par sa qualité d'étranger, et par la
bonne conduite qu'il a tenue pendant son séjour
sur le territoire de la république.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul;
Le secréLaire-d'état , ri^e , H. B. Maret, .
Erratum. Qn a omis dans l'article I'' de l'arrêté
du 5 de ce mois , relatif aux brevets dinv.eniion ; ,
après ces mots : n les brevets seront ensuite dé-
livrés )) ceux-ci : tous Us 3 mois.
.1 . . , ;
ACTES ADMINISTRATIFS.''
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE^.
Farts , le 6 vendémiaire , an g de la république
. Jraiiqaise , une et indivisible.
Le préfet de police , vu les articles XXXII tt
XXXIII de l'arrêté des consuls du 12 messidor
dernier , qui lui attribuent l'inspection et la su.t-
veillance des halles et marchés de Paris , aiiiiH
que des marchés de Sceaux et de Poissy ; infonni^
qu'il s'en introduit des abus dans le (omn]«ic«
3à
des veanx , et considérant combien il importe d«
les réprimer en fesant revivre les dispositions non^
abrogées des anciens réglemenjsur celle maiiere ,
ordonne ce qui suif:
ArL 1*'. La halle aUX veaux , division des
Plantes, demeure affectée, comme par le passé',
à la vente des veauic.
II. Le rtiarclié aux veaux tieildi-a les 4,8, 121
16 , ig , 23 , 26 et 28 de chaque' mois.
Quant aux jours complémentaires , le marché
aura lieu de la même manière que pour les autres
jours corresponaans de la décade , jusqu'à ce
qu'il en soit autrement ordonné. ( Arrêté du bu-
reau central , du 19 frimaire au 7 , articles X
et XXIII.)
m. Les marchands forains qui approvisionnent
la ville de Paris en veaux , sont tenus de les
conduire directement à la halle ; ils ne peuvem ,
«ous aucun préiexie , en amener ni en vendre
ailleurs , sous peine de confiscation des bestiaux
ctde 200 francs d'amende. {Lettres patentes du
l"juin 1782 , art. XXIII.)
IV. Ilestdéfenduauxbouchersd'allerau-devant
dés marchands forains qui auraient des veaux à la
hâMe , et d'en acheter ou arrher dans toute autre
lieu , sous les peines portées en l'art, précédent ,
aux termes des mêmes lettres patentes.
V. Pourrontnéanmoins les bouchers , continuer
d'acheter des veaux sur le marché de Poissy, pour
l'arpprovisionnement de Paris , et afin de prévenir
tous abus et difficultés , les bouchers qui auront
acheté des veaux sur ce marché , devront en rap-
porter des certificats de l'inspecteur , lesquels cer-
lificats énonçant les quantités de veaux et les noms
des acheteurs , seront rerais à l'entrée dans Paris,
aux préposés de la régie de l'octioi.
VI. Conformément à la règle établie pour les
boeufs piovenansdu marché de Poissy , les veaux
athelés sur ce marché , qui seront destinés pour
Palis . ne pourront y être introduits que par les
barrières du Roule et de Mousseaux.
VU. A fur et à mesure de leur arrivée à la halle
de Paris, les marchands déclareront au préposé
sur le marché , le nombre de veaux qu'ils auront
amenée , et ils occuperont les places affectées aux
différentes sortes de veaux.
VIII. Outre les places occupées par chaqiie
mtirchand , il sera laissé un espace de soixante-six
centimètres ( deux pieds enviion ) pour faciliter
la circulation des acheteurs.
IX. Chaque marchand aura une marque parti-
culière pour connaître ses veaux, et les empêcher
de se mêler avec d'autres.
X. Les marchands surveilleront leurs veaux , et
ne les abandonneront qu'aptes en avoir effectué la
vente et la livraison.
XI. Il leur est expressément défendu d'exposer
en vente des veaux âgés de moins de quatre dé-
cades , à peine de confiscation et de 3oo francs
d'amende. (Ordonnance de police , du 18 mars
1774, 3rt. V. Lettres patentes du i" juin 1782 ,
art. VU.
XII. L'ouverture et la fermeture de la vente des
veaux sera faite au son d'une cloche ; elle aura
lieu depuis dix heuies du matin jusquà trois
heures , depuis le i"^' vendémiaire jusqu'au 3o
ventôse ; et pendant le reste de l'année , depuis
neuf heures jusqu'à deux;
XIII. Avant l'heure de la vente., le commis-
saire des halles et marchés , ou le préposé com-
mis par lui exatoinera tous les veaux , pour s'as-
surer s'ils sont en état ûêtte livrés à la con-
sommation.
XIV. Il est expressément défendu de vendre ni
d'acheter , comme veaux avant, l'oùveiture , et
après la fermeture du marché, sous peine de
confiscation des veaux , et de 5o francs d'amende
contre chacun des contrevenans. ( Ordonnance
de police du ■21 décembre 1787 , art. 111. )
XV. Les veaux qui n'auront pu être Vendus ,
seront déposés dans les caves de la halle, immé-
diatement après ta fermeture du marché , et ils
seront exposés en vente le lendemain , depuis
OBze heures jusqu'à deux , ainsi qu'il se prati-
quait autrefois.
XVI. Il est défendu d'allumer du feu dans
l'enceinte et aux pourtour de la halle aux veaux,
à peine de loo francs d'amende. [Ordonnance
du l5 novembre 1781 , art. VII.)
'XVÏI-'ÏI sera statué , par une ordonnance par-
ticulière , sur le régime du marché aux suifs ; en
altettdant il tiendra comme:par le passé.
XVIII. Il sera pris envers les contrevenans aux
dispositions ci-desfius , telles mesures de police
administrative qu'il appartiendra ; ils' seront en
outre traduits devant les tribunaux co'mpétens ,
pour être poursuivis conformément aux loisel aux
réglemeus de police.
Xl'X. La présente ordonnance sera imprimée
et aHkhée dans Paris, et aux marchésde Sceaux,
de Pois«y . la Chapelle et Saint-Denis; elle sera
envoyée aux autorités qui doivent en connaître ,
aux officiers de police et aux préposés de la
prélecture , pour que chacun en ce qui le ton-
cerne, en assure la stricte exécution.
Le préfet de' police , Dubois.
Pour copie conforme ,
Le sicrétair^-généfal , signé. Pus.
S U R E T i^ , P U B L r q^ U E.
Le commissaire général de police à Lyori vient
de faiie arrêter dans cette ville le nommé François
Sabin, d\i petit Diable , évadé du bagne de Brest,
et venant de Bordeaux oià il paraît avoir figuré
parmi les brigands qui ont volé le Courier de la
malle.
Avant la révolution , ce François Sabin avait
été condamné à Chambéry à être pendu. Il a été
depuis condamné deux fois auï fers ; la première
par le dibunal criminel de l'Iseie ; la seconde par
celui du Rhône.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Note indicative des départemens qui ont exécuté avec
iele la loi du 4 vendémiaire an 8 , qui ordonne une
levée extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des armées. .
Le département des Forêts a fourni 4 chevaux
en sus du contingent de 935 chevaux qui lui
avait été fixé.
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis te
26 fructidor an 8\ jusqu'au 6 vendémiaire an 9.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 26 fructidor, était de. . . 43,9s8
Ceux levés depuis , s'élèvent à. . . . 436
Total au 6 vendémiaire an 9 44,364
pénibles de la révoluiion- , a fait des sacrifices'
tels qu'on ne pourrait les supposer.
Les personnes qui seront à même de satisfaire
à cette demande , sont invitées à désignei; , seu-^
lement par le journal de, Gféijohle , un notaire
avec lequel on prendra des arrâr.gemens pour
■la pension, de cç v.ieiHard:, quii sera exactement
payée d'avance , de trois en trois mois. D,
Le citoyen Pigeotte , médecin de l'école de
Montpellier, chirurgien adjoint de l'hospice de
Troyes , et membre de la société d'agriculture,
de commerce , etc. établi ei> cette ville, a offert
à celte société d'ouvrir en son nom, et sous ses
auspices , un cours public et gratuit d'accou-
chemens, dans un local désigné par elle. Cette,
dérnarche , accueillie avec reconnaissance par la
société , a été approuvée par le préfet du dépar-
temeot , qui a donné l'autorisation et les moyens
de publicité nécessaires.
Au citoyen rédacteur du Moniteur. — A . , . . ,
le 2 vendémiaire , an 9 de la république.
C I T ,0 Y E N ,
La lettre du vieillard de Grenoble , insérée
dans le Moniteur du fructidor dernier , étant
parvenue jusqu'à la retraite de celui à qui elle
était adressée ; il attend de votre complaisance
que vous voudrez bien aussi insérer dans le
numéro le plus prochain qu'il vous sera possible ,'
la note suivante , afin de tranquilliser le vieillard
qui s'y plaint d'être abandonné de son fils , sur
le? moyen? qu'il va prendre pour le tirer du
séjour d'une campagne , que tout autre que lui
s'estimerait heureux d'habiter , et pour détromper
quelques personnes que cette lettre aurait pu in-
duire en erreur sur la conduite de ce fils envers
son père.
On désire trouver une personne non ecclé-
siastique et non ennemie de la révolution , ré-
sidant à Grenoble , y ayant un domestique , un
logement convenable et un ordinaire réglé , qui
voudrait associer son existence à celle d'un vieil-
lard qui honora autrefois sa vie par quelques
talens , mais sur-tout par sa probité et ses vertus
civique» : on observe qu'il est sans infirmité ;
qu'il jouit d'une bonne santé ; qu'il fut toujours
extrêmement affable et obligeant pour les étran-
gers , bon humain et charitable envers les mal-
heureux , et que le seul reproche qu'il mérita,
fut une grande disposition à ne point pratiquer
ces venus envers le plus grand nombt'e de ses
enfans , et que «a mémoire est devenue telle-
raeni ingrate sOus le poids des années , qu'il
oublie d'un moment à l'autre qu'aucun deux
ne lui donna", pendant le cours de sa longue
carrière, jamais: aucun sujet fondé de mécon-
tentemetH ; qu^ lous remplirent scrupuleusement
envers lui les devoirs pieux qu'ils devaient à
l'auteur de leurs jours ; et que celui qui lui
reste , et pour lequel il eui une prédilection
marquée, bien loin de l'avoir abandonné, ne
cesse d'étendre sa sollicitude jusqu'à lui et à ce
qui l'entoure ; et pour lui faire franchir les tcms
GRAVURES.
Vue du pont d( Westminster , de aS pouces sur l5,
gravée au lavis, en couleur, par P. M. Alix,
d'après un tableau original de la plus grande
vérité.
A Paris , chez M. F. Drotihin , éditeur, rue-
de Vaugirard , n" 1348 , yis-^-vis le garde-meuble.
Nota. L'éditeur se propose.de faire graver aussi ■
(a principale vue de chaque capitale des princi-
paux états de l'Europe, toujo^irs d'après dçs
(ableaux ou dessins originaux; ce qui donnera
(ine collection de douze à quatorze estampes.
La principale vue de Paiis , représentant deux
ponts , y comprislePonl-neuf , partie de la colot}-
1 nade du Louvre, la gaferie des Thuileries . les
pâlimcns du (jiiai opposé où se trouve l'hôtel
des Monnaies, ctles loinÇuins du côté de Cbaillot
et Passy, sera la seconde de celte collection;
çlle sera annoncée par les journaux lorsqu'elle
paraîtra.
Les personnes qui voud:ont jouir de l'avantage
d'avoir des premières épreuyeç , peuvent se faire
inscrire à l'adresse ci-dessijs ; elles les auront
par ordre de dates , et né les payeront qu'en les
fesant retirer.
Pour en faciliter raçquisition aux amateurs,
l'éditeur ne les vendra que le prix frès-modiquc
de 16 fr. aux personnjs qui se feront inscrire ,
et celles qui ne l'auront pas fait , les payeront
84 francs.
LIVRES DIVERS.
Abrégé de la Grammaire usuelle , dédiée aux
^leves duPrytaBee français , par le cit. Caminade,
fnemhre de plusieurs sociétés savantes , seconde
édition revue , corrigée et considérablement
augmentée ,avec cgi épigraphe; )» Quand Virgile
>> eut appris aux romains à faire des vers
tv toujours nobles et élégans , il ne fut plus
)» permis de parler comme Ennius. »> Voltaire.
Prix , I fr. pour ceux qui ne prennent qu'un
exemplaire, et 80 cent, pour ceux qui en prennent
plusieurs.
A Paris , chez l'auteur , rue André-des-Arcs ,
n° 78 , au coin de la rue des grands Augustins ;
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Il faut adresser les lettres etl'argeot , franc de port , au cit. Agass e, ptopriétatte de ce journal , Lue^des Poitevins jHo.iS. .H .faut cçijvnpiendre d^niles envois le port des
■ pays ou l'on ne peut afiFranchir. Les lettres des départemens non affranchies ^ne seront point retirées de la poste.
il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser [dut ce qui concerne larédacti on de la feuille , au rédacleuj, rue des
■J»iteï»ns,n« i3,depui sncof heures du matin jusqu'à cinq heures du soi»,'
A Paris, d« l'impripierie du «il.. Amasse , propriétaire du Moniteut, rue des Poitevins, n" t3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL
JV" 10.
Décadi , i o vendémiaire an g de la républifîie française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse' le Moniteur esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenr , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant su;
l'ifltétleur que sur l'extérieur , fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arcs et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 26 septembre ("4 vendémiaire, )
XicTiONS de la banque , ifermées. — Trois pour
cent consolidés. 65 |. J. pour octobre 65 |. i. >J.
— Omnium 5. 5. ^. prime.
Les parlemens d'Angleterre et d'Irlande vien-
nent d'être prorogés de nouveau ; le premier ,
jusqu'au 11 novembre, et le deri;iier , au ag
octobre.
Il a été tenu hier , à l'arrivée de dépêches
de la cour de Vienne , un conseil du cabinet
au département de lord Grenville.
Il est entré aux Dunes quinze vaisseaux de
la compagnie , dont huit venant de l'Inde et
sept de la Chine. L'un d'eux (le Cartier) est,
dit-on , le plus riche bâtiment qui soit encore
arrivé en Europe. Sa cargaison consistant entiè-
rement en épices, est évaluée à un demi million
sterling.
Il est entré aussi dans la Tamise et dans le.
canal de Bristol une flotte d'environ 85 navires
marchands, venant d«-la'Martinique et des autres
îles anglaises du vent, sous l'escoite de la frégate
lé Lapwing et du TJphir.
Nous avons reçu des gazettes de New-York jus-
qu'au 25 août (7 fructidor) inclusivement. On y voit
que , quoique le tems fût extrêmement chaud
et pluvieux . il ne régnait encore aucune appa-
rence de fièvre jaune dans les Etats-Unis ; ce qui
donnait une grande espérance pour l'avenir , espé-
rance encore accrue par les précautions prises
contre toat ce qui arrivait des Indes occidentales,
oii cette fièvre fesait des ravages. — On y lit aussi
que les succès brillans des armées républicaines
avaient augmenté le nombre des partisans de la
.France ; d'où l'on conjecturait qu'elle aurait une
grande influence sur l'élection prochaine.
D'après les derniers ordres émanés du duc de
Portland, relativement aux étrangers résidans dans
ce pays , en vertu d'une licence de l'alien ojUict ,
un français qui se rendait à Harrowgate , sans
avoir fait attention au contenu de la licence , qui
ne lui permettait de résider qu'à Londres ou dans
le voisinage , reçut injonction du gouvernement ,
avant qu'il eût atteint Harrowgate , de retourner
à Londres.
(Extrait du Morning-Chronicle et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Paris, le 8 vendémiaire an g.
On écrit de Caen que le cit. Dugua , appelle
aux fonctions de préfet du Calvados , est arrivé ;
les maire et adjoints se sont empressés d'aller au
devant de lui , ainsi qu'un détachement de la garde
nationale. Ce témoignage mérité lui a prouve que
le souvenir de ses vertus était encore gravé dans
le cœur des citoyens de cette ville , desquels il
avait emporté les justes regrets lorsqu'il y était en
qualité de général de division.
— Le citoyen Baudin , commandant les deux
frégates qui vont faire le tour du monde , doit
mettre à la voile le i5 vendémiaire , du port du
Havre.
— On vient d'apprendre la mort du cit. Gilbert ,
qui avait été envoyé par le gouvernement en
Espagne , pour y suivre des travaux relatifs à
l'agriculture. (Clef du Cabinet.)
■ — Lesreprésentalions tragiques qui, au Théâtre-
Français, avaient été précédemment fixées aux 2 ,
S , et 8 de chaque décade , le sont à l'avenir aux
i"', 7' et 9* jours.
— Il vient d'arriver des granits sur la place de la
Concorde. On «'occupe sérieusement des prépa-
ratifs nécessaires à l'érection de la colonne natio-
>»aU: , c(.^è» que l'opinion se sera prononcée sur
les nombreux projets adressés au ministre , et
qu'après l'avoir consultée, il aura fait un choix ,
i>cik n'en rciatdeia l'enécuiioD.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le citoyen Bonnaire , préfet du département
des Hautes-Alpes , a remarqué , dans les environs
de Briançon , une espèce d'arbrisseau inconnu
dans les autres fontrèes du département. Le cit.
Villard , dans son histoire des plantes du Dau-
phiné, rappellej!>ru7tu5 ftri^as/Mta, prunier brian-
çonnais.
Cet arbrisseau s'élève rarement au-dessus de
deux à trois mètres ; ses feuilles sont vertes , du-
res , presque rondes, terminées en pointe et avec
des dents inégales'^qui les rendent un peu fran-
gées sur les côtés ; il porte des fruits ronds, lis-
ses , d'un blanc jaunâtre ou de noisette, souvent
un peu rouges du côté du soleil; ses fruits sont
très-abondans.
C'est de leurs noyaux qu'on tire , dans le Brian-
çonnais et dans les vallées cédées , l'huile fine ,
connue sous le nom d'huile de marmotte. Cette
huHe est douce, comme celle d'amandes, mais plus
inflammable. Elle conserve un goût de noyau qui
lui donne un parfum agréable ; elle sert dans la
pharmacie , et supplée très-avantageusement à
l'huile d'olive dans tous les usages domesti-
ques.
Cet arbrisseau ne se plaît que dans les monceaux
de pierres , dans les sables , dans les murailles ,
dans les lieux les plus arides et les plus incultes ;
il pousse dans les débris des rochers , dans les
lits des torrens , aux ravages desquels il peut
opposer une digue puissante; il peut, en un
mot , couvrir les terreins abandonnés , dont le
revenu égalera alors celui des meilleures terres.
Il se reproduit facilement par semis, par bou-
ture , par plantation ; il ne craint que la dent du
bétail, et sur-tôut celle des chèvres. Son fruit ne
peut être sujet aux dégâts ; il n'est pas mangeable
même dans sa maturité.
— Le ministre a ordonné que le monument provi-
soirement élevé sur la place des Victoires , d'après
les dessins du cit. Denon , soit dessiné et exposé
avec les plans de colonne. Les artistes qui auraient
d'aulies projets sont invités à les adresser au
ministre , qui les fera exposer de même.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel pbjet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen f et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible, aux consuls de s'occuper de ces
objets. '
INSTRUCTION P U B L I q_U E.
Le préfet du département de la Charente , en
homologuant la délibération du jury central
d'instriiclion publique, en date du 25 thermi-
dor dernier , a arrêté le 27 l'ouverture d'un
concours pour la nomination aux places de pro-
fesseurs d'histoire naturelle et botanique , et de
physique et chimie expérimentales. Ce concours
sera ouvert jusqu'au 20 brumaire prochain.
Chaque concurrent devra , avant cette époque ,
adresser au jury, sous le couvert du préfet,
un programme raisonné du cours qu'il se pro-
pose d'enseigner , et la notice de ses titres lit-
téraires. L'examen et l'élection auront lieu dans
la troisième décade de frimaire.
POESIE.
Cinquième lettre sur les Géorgiques françaises.
Delille a donné des préceptes au cultivateur,
au naturaliste; dans le 4* chant de «on poème , il
en va donner également au poète géorgique ;
mais il écarte d'abord ,
Ces ccTÎvains dont le veri ennuyeux
Noua dît ce que cent fois on a dit encor mieux.
Il prend un moment le ton enjoué et latitique
de Boilcuu pour les ridiculiser.
Insipides rimeurs, n*avez-voUB pas encore
^uiet, ditea-nioi , tout les rvfunu i* Flot»?
Entendrai-je toujours les bonds de tos troupeaux ?
Fuat-il toujours dormir au bruit de vos ruisseaux ?
Zéphir n'est-il point las de caresser la rose ,
l)e ses jeunes boutons depuis longrtenis âclose ?
Et l'écho de vos vers ne peut-il une fois
Laisser dormir en paix les échos de nos bols ?
Peut-on être si pauvre en chantant la Nature ?
Oh I que plus varie, moins vague en sa peinture,
Horace nous décrit en vers délicieux
te pâle peuplier , ce pin audacieux ,
Ensemble mariiint leurs rameaux frais et sombre^ ,
Et prêtant au buveur l'hospice de leurs ombres ;
Tandis qu'un clair ruisseau se hâtant dans son cours ,
Fuit , roule et de sou lit abrège les détours !
La Nature en ses vers semble toujours nouvelle ,
Et vos vers , en naissant , sont fl^jà vieux comme elle.
Notre poète ridiculise également ces rimeurs
citadins , qui chantant la nature sans la connaître
et sans l'aimer, ne savent peindre ses beautél
qu'en les comparant à l'or , aux diamans , aux
perles, aux rubis, à tout ce que le luxe des
villes offre à leur imagination. Ces vers piquans
et pleins de gr.ices, amènent une digression in-
génieuse , oii l'on reconnaîtra ces poëies de nos
saloris dotés , dont les descriptions sembler*!
avoir été faites à la toilette de nos élégantes,
etn'être que la nomenclature des pierres précieuse»
qui y sont répandues.
Puisque la poésie est soiur de la peinture ,
Ecoutez de Zeuxîs ces mots trop peu connus.
Un artiste novice osait peindre Vénus.
Ce n'étaient point ses traits et ses grâces touchantes.
D'un buste harmonieux les rondeurs élégantes ,
' Ces contours d'un beau sein , ces bras voluptueux ; ':.'
Ce n'était point Vénus. Son pinceau fastueux
Avait prodigué l'or , l'argent , les pierreries ,
Et Cypris se perdait sous d'amples draperies.
Que fais-tu , malheureux? dit Zcuxis iVrité :
Tu nous peins la richesse et non pas ta beauté.
Delille , comme Bpileau , ne veut pas que le
poète descriptif se charge de détails minutieux.
C'est peut-être le de'faut de Thompson, dont la
poésie est d'ailleurs si brillante et si gracieuse 4
c'est celui de presque tous les poètes allemands.
Il faut, selon Delille, qui donné à la fois le
précepte et 1 exemple , ne peindre que la belle
nature, et choisir de préférence ce qu'elle a
de grand et de raajestueuk ou d'intéressant et
d'agréable; mais je me hâle d'arriver au mor-
ceau le plus poëiique dé ce chant , et peut-être
même le plus beau du poème entier : c'est une
hymne à la Nature , et la description de la zone
torride.
Nature , ô séduisante et sublime déesse y. -,■
Que tes traits sont divers ! tu fais nfiître -dans 'moi
Ou les plus doux transports, ou le plus saint «ffroi.
Tantôt , dans nos vallons , jeune , fraiche et brillante ,
TU marches , et des plis de ta robe flottante'
Secouant là rosée et versant les couleurs ,
Tes ïnains sèment les fruits, la, verdure et les fleurs^
Les rayons d'un beau jour naissent de Ton sourire;
De ton souffle léger s'exhale le 'zéphirc ';
Et le doux bruit des eaux , le .doux concert des bois ,
Sont les accens divers de ta brillante v.oix.
Tantôt, dans les déserts , dirinité terrible ,
Sur des sommets glacés plaçant ton trône AorriWe,
Le front ceint de vieux pins â'entrcchoquant dans- l'a^'r , i , i,
Des torrens écumeux battent tes, flancs ; l'éclair
Sort de tes yeux ; ta voix est la foudre qui gronde ,
Et du bruit des volcans -épouvante le :Munde. -'
Il Serait difficile , je crois , de trouver dans
aucun poète upe opposition plus brillante et. des
vers plus harmonieux : ce sont les grâces de
l'Albane , unis à la vigueur de Michel-Ange.
Remarquez comme le rilhme est d'accord avec
les images ; comme les vers du premier taBléaii
tombent mollement ; comme ceux dt»' sétbrfïd
sont brisés avec force , et peignent par Irt IsânS
autant que par les images , les effrayatitlis bi^iiiiés
de là Nature sauvage. ' ••■'■ .''Oitf^
' '.vi'J '. lD
Des -toTrçns éçumeux battent tes, flancs ; rédaîj,
Sort de tes yeux : ta v,pi^ esf la |fouU^e qiy. 5ro;id(îj,,etc,, ,
On ne peut comparer ici Delille qu'à Itii-m^'tne';
ces beaux vers rappellent ceux des Géorgique».
L'Univers ébranlé s'épouvante. ... Le Dieu
Se RhodetK eu 4' Atbes réduit la «taie en feu; tu.
Maïs je continue à transcrire cette sublime
apostrophe à la Nature :
oh î qui pourra saisir dàtiB leur variété
Ce tes riches aspects la changeante beriutç.!
^i peindra d^un ton vrai les ouvrages Bublimes ,
Depuis les monts alticrs Jusqu'aux profonds abîmes;
Depuis ces boia pompeu.x dans les àiis égares >
Jusqu'à la violette , huiuMe amante des près î
Voilà des sntitbeses; mais elles sont d'images
et non de mots, et c'est ainsi qu'il convient de
foire usage de cette fig,iire. Voyons actuellement
une opposition plus aiimirable encore , car elle
se trouve non pas entre des idées , entre des
images rapides , mais entre deux tableaux de la
plus rare beauié.
Quelquerois , oubliant nos simples paysages ,
Cherchez sous d'autres cieux de plus grandes images r
Passez les mers ; volez aux lieux où le soleil
Doune aux quatre saisons un plus riche appareil.
Sous le ciel éclatant de cette ardente zônè ,
Montrez nous TOninoque et l'immense Amazone ,
Qui, fiers enf^ns dès monts , nobles rivaux des mers,
Et baignant la moitié de ce* vaste univers ,
Epuisent , poirr former les trésors de leur onde ,
Les plus vastes sommets qui dominent le Monde ;
Xnignent d'oiseaux larillans un innombrable essaim;
De masses de verdure enrichissent IcUr sein" ;
Tantôt se déployaqt avec magnificence ,
Voyagent lentement, et marchent en silence;
Tantôt avec fracas précipitent leurs flots ,
De leurs mugissemens fali-::uent les échos ^
Et semblent, à leur poids» à leur bruyant ConBarre >
Plutôt tomber des cïeux que rouler sur la terre.
Ici l'harmonie iraiiative est d'autant plus admi- :
rabie « qu*clle ne paraît nullement avoir été j
cherchée dans la coupe des ver« ; elle est toute
entière dans le choix des expressions , et dans
le nombre de la phrase poétique , qui varie à
chaque instant , seio.n les im tges diverses que
le poëie veui rendre sensibles,
peignez de ces beaux lieux tes oiseaux et les fleurs.
Où les ciel prodigua le luxe des couleurs ;
De ces vastes forêts rimmenstté profonde,
Noires comme la nuit , vieilles comme le Monde ;
Cea bois indépendans , ces champs abandonnés ;
Ces vergers, du hasard enfâns desordonnés;
Cet troupeaux sans pasteurs , ces moissons aan» culture ;
Enfin cette imposante et sublime nature ,
Près de qui l'Apennin n'est qu'un humble coteau,
Nos forêts des buissons, le Danube un ruisseau.
Etait-il possible de réunir des expressions plus
riches et plus heureuses, pour peindre la fécon-
dité de celte nature inculte, et la grandeur de
ces fleuves , de ces montagnes et de ces iorêis ,
dont l'Amérique méridionale oft.e seule le ta-
bleau gigantesque ? Mais voyons avec quel art
le poëtc fait ressortir encore cette prodigieuse
leniiiié , par un tableau non moins grand, non
rhoins sublime.
Tantôt de ces beaux lieux , de ces plaines fécondes ,
Portez-nous dans les champs sans verdure , sans ondes i
D'où -s'exile la vie et la fécondité.
Peignez-nous dans leur triste et morne aridité ,
Des ssbles africains l'espace solitaire ,
Qu'un limpide ruisseau jamais ne désaltère :
Que Tardeur du climat, la seif de ces déserts.
Embrase vos tableaux et btûle dans vos vers;
Que r hydre épouvantable à longs plis les siUonac;
Que, goçflé du poison dont tout son eang bouillonne.
L'affreux dragon 8*y dresse , et de sou corps verm«l
Allume les couleurs aux rayons du soleil.
Livrez à: Vouragan cette arène mouvante ;
Que le tigie çt Thyène y portent l'épouvante-.
Et que du fier lion la rugissante voix
Proclame le coù^oux du monarque des bois.
On n'a jamais peint avec des couleurs plus fortes
un tableau plus lerrtble. Je plains Sincèrement
rhomme insensible aux cheïs-d oeuvre de la poésie
qui n'a ci'té de ce morceau qu'un seul vers , pour
y faire remarquer une prétendue faute gramma-
ticale.
Saînt-Lamberta peint aussi la zone tortide dans
sçn ])oëm.e des Saisons. C'était la plus belle des-
cription de ce genre avant celle de Delille. Sou-
fieni-eiiè encore la comparaison ? c'est ce queje
n'ose décider moi-même.
-, On dira peut-être que notre .p ce te. a ernprunté
i^.Xf^qmpsoî» ,1a plupart des bïaux traits qui com-
Eft3l^^ t^Ç ë^:^:'i"^ tableau 1 il est vrai; mais Deiitle
a,,^^ iait de les rapprocher , de les faire valoir
par des oppositions , et de créer des expressions
pittoresques qui Semblent rajeunir Ge^ peintures.
Ce n'est point au poëie anglais quil doit Ihar-
monie imiiiltve de ses vers sur l'Amazone ; ce
nesi pas^^ luf quil a emprunté ces expressions,
si fçnes et si brillantes :
C^fvboîs in<ir>fa(/ûnï.,'jcôtichamps abandonnés ,, ...
Ces vergers, du Aatard, enfans diiordunnéî.
^)e y gonflé du poîsorr dont tout son canf bouillonne ,
34
L^âflfreux dragon s*y dresse , et de sbn corps vermeil
.illutne tes couUuts aux rayons du soleil.
Pcui-ê"ite observera-l-an aussi que le tableau de
la zone loriide est beaucoup plus étendu dans les
deux poëmes des Saisons. Mais remarquez que
Thompson et Sjiht-L»mbert ont dû le taire en
grand , pour remplir leur sujei , ti que Delille
se borne à enseigner lart qu'ils ont exercé. Je ne
sais si l'on partagera mon opinion : mais je trouve
que si cette peinture est plus compleile dans les
deux premiers ouvrages , elle est plus saillante
dans le troisième. /
Pour ajouter encore à l'éclat des contrastes ,
Delille , après avoir je'ié ces traits de (eu dans
ses tableaux , peint la zone glaciale , et donne à
sa poésie la teinte de ces éternels tiimals. Il revient
ensuite à nos climats tempérés , et mêle à ses pré-
ceptes des peintuics plus douces et plus gra-
cieuses.
Mais n*nllez pas «rfn plus toujours peindl-e et décrire ;
D;ins l'art d'intéresser consiste l'art d'écrire.
Souvent dans vos tableaux placez des spectateurs ;
Sur la scène des champs amenez des acteuis ;
Cet art , de l'intérêt est la source féconde.
Oui , l'homme aux yeux de l'homme est l'ornement du monde.
Les lieux les plus riahs sans lui noua touchent peu ;
C'est un temple désert qui demande son dieu.
Avec lui mouvement , plaisir , gaité , culture ,
Tout renaît , tout revit ; ainsi qu'à la nature t
La présence de l'homme est nécessaire aux arts ;
C'est lui dans vos tableaux que cherchent nos regard).
Peuplez donc ces coteaux de jeunes vendangeuses ,
Ces vallons de bergers , et ces eaux de baigneuses ,
Qui, timides t k peine osant aux flots discrets
Confier le trésor de leurs charmes secrets ,
Semblent en tressaillant ,' dans leurs frayeurs extrêmes,
Craindre leurs propres yeux , ^t rougir d'elles-mêmes ;
Tanàis que , les suivant sous le cristal de l'eau ,
Un Faune du feuillage entr'otivre le rideau.
Delille invile aussi le chantre de la nature
champêtre à introduire les animaux dans les scè-
nes lustiques , et à leur poêler les S€ntimtns et
les passions de l'homme. Il peint lui-même les
amours du jeune cheval et le combat de deux
taureaux jaloux. Dans ce dernier morceau, De-
lille me paraît inférieur à lui-même ; il n'a t'ait
qu'imiter laitlement la description du même com-
bat dans son 3' livre des Géorgiques de Virgile.
Les amours du cheval soutiennent mieux la com-
paraison.
Mais voici une imitation plus libre et plus
heureuse : >
Voulez -vous «n tableau d'un plus doux caractère?
Regardez la génisse, inconsolable mère.:
Hélas elle a perdu le /ruit de ses amours !
De la -noire forêt parcourant les détours ,
Ses longs mugissemeus en vain le redemandent.
A ses cris que les monts, que les rochers lui rendent ,
Lui seul ne répond point ; l'ombre , les frais ruisseaux
Roulant sur des cailloux leurs diligentes eaux ,
La saussaie encor fraîche et de pluie arrosée ,
L'herbe où tremblent encor les gouttes de rosée ;
Rien ne la touche plus : elle va mille fois-
Et du bois à l'établc, et de l'étable au bois; .
S'en éloigne plaintive , y revient éplorée ,
Et s'en retourne enfin , seule et désespérée.
t^îel cœur n'est point ému de ses tendres regrets !
Qui ne se rappelle , en lisant ces vers , le pas-
sage si touchant oit Virgile exprime avec tant de
sensibilité la douleur de Philomele à qui le rustre
impitoyable a enlevé ses petits à peine éclos , t'm-
plumesdelrcMitfLe poète fixe cette mère infortunée
sur la branche d'un peuplier, et oppose au silence
des ntiits les accens lamentables de ses regrets ,
dont elle remplit vainement le désert, (i)
Virgile avait emprunté lui-même cette image
attendrissante au père de la poésie. Homère avait
comparé la fureur d'Achille , lorsqu'on lui eut
enlevé Btiséis, au désespoir maternel de l'aigle à
qui on a ravi ses aiglons , ne pouvant faire en-
core usage de leurs aîles'. involucres. C'est ainsi
que les belles conceptions du génie sont fé-
condes en beautés nouvelles.
Delille reprend le cours de ses préceptes. Il
veut que la poésie prête une ame imaginaire,
même aux eaux , même aux Jleurs , même aux ar-
bres muets. Il invile le poète à chanter de pré-
férence les lieux qu'embellissent d'aimab'es sou-
venirs. Celte idée lui donne encore une fois l'oc-
casion de célébrer leS champs de la Limagne ,
et de se rappeler les plaisirs de son enfance.
C'est particuliéiement sur ces morceavtx que sa
sensibilité s'est épanchée , et cette teinte smti-
mentale , répandue sur différentes parties de I ou-
vrage , lui donne ce charme si doux qui captive
l'esprit en s'em'parant du cœur; il recommande
le grand art des contrastes ', et lui-n)êine il .peint
U] Quatii populed marem P/tilemela iub umbrd
Jmhiei querilUT fatus
Voyez le quatrième livre des Gearaifuet,
Delille, dans sa traduction, n'a rendu que. îa moi^e .d« a
tableau touchaiit. " """^ 1 '="■- '•_■•> -.''""iJ-
celui qu'offi'e Pafîs tf( là campagne. On- retroiuv*
avec p'aisir le nom de Rousseau . cl l'une de
ses pensées à la ûa de ce tableau plein d énergie.
Voulez-vous connaître les secrets du style de
noire' poèie ? il vous les révèle lui-même dans
ces vers , où il donne à la fois le précepte et
l'exemple :
Vous, cependant, semez des figures sans nombre;
Mêlez le fort au douît et le riant au sombre.
C>uels qu'ils soient, aux objets conformez votre ton;
Ainï^i que par les mots , exprimez par le son.
Teignez en vers légers l'amant léger de Flore ;
Qu'un doux ruisseau murmure en vers plus doux encore.
Entend-on d'un torrent les ondes bouillonner ?
Le vers tumultueux en roulant doit tonner.
Que d'un pas lent et lourd le bœuf fende la plaine ;
Chaque syllabe pesé , et chaqtie mot se traîne.
Mais si ce daim léger bondit, vole et fend l'air.
Le vers vole et le suit , aussi "prompt que l'éclair.
Ainsi de votre chant la marche cadencée
Imite l'action et note la pensée.
Ces vers . dignes de l'An poëiique de Boileau,
semblent le céder encore à ceux qui suivent,
sur la nécessité des épisodes , morceau charrnant
'et comparable à ce que I antiquité a produit de
plus itigéuieux.
Quelquefois des leçons interrompant la cbaine.
Suspendez votre course ; et, reprenant baleine.
Au lecteur fatigué présentez à propos
D'un épisode heureitx l'agréable repos,
Homère , en décrivant les soins du labourage ,
OiFre de ce précepte une charmante image.
Chaque fpis que du bauf, pressé de l'aiguillon,
Le conducteur , tassé, touche au bout du sillon ,
Chaque fois d'un vin pur abreuvé par son maîtrr ,
Il retourne gaîmenc à son labour champêtre.
Ainsi , par la douceur de vos digressions ,
Faites boire l'oubli des austères leçons;
Fuis , suivez votre course un instant suspendtiie ,
Et de votre sujet parcourez Vélendue.
Les Géorgique'-- françaises sont lerminéci parua
hommage à Viigile , et par Us vers suivans :
Ainsi , seul , à l'abri de mca rochers déserts ,
Tandis que la Discorde ébranlait l'Univers ,
Heureux , je célébrais d'uoe voix libre et pure ,
L'humanité , les champs , les arts et la nature.
Veuillent les Dieux sourire à mes champêtres sons!
Et moi , puissé-jc encor , pour prix de mes leçons'.
Compter quelques printeme , et dans les champs que j'aime ,
Vivre pour mes amis , mes livres et moi-même.
Je vous ai fait connaître \i vaxrcbe- éU' 4*.
chant et ses piincipaux détails. Voulez-vous savoir
quelle est mon opinion sur son ensemble ? Lisez
ce dernier extiait de la lettre dont je vous ai
déjà donné plusieurs fragmens :
Il Le quatrième chant, dont l'objet n'est par
directement intéressant pour tous les lecteurs ,
est peut - être celui où le poète a le plus de
verve , le plus de souplesse , le plus de sensa-
tions champêtres. C'est peut être aussi celui ois
se trouve le morceau le plus fort , le plus poë-
liqu^e , le plus complet de tout i ouvrage : je
veux parler des quarante vers sur les paysages
de la ztine torride. Ce morceau seul répond assez
au jugement de ceux qui réduisant le taleni de
Delille à la vivacité des mouvemens du style,
et à l effet du mécanisme des vers. Ce passage
que je vous rappelle ici , celui du poème des
Jardins sur les ruines de Rome, et quelques autres
me semblent, devoir faire< penser que le talent
de Delille s'élève à ce qui est simple et grand,
quoiqu'il soit très-vrai qu'il fera plus école comme
versificateur dans la grande signitication de ce
mot , que comme poète , tout grand poète qu'if
me semble. Ce quatrierne chant est le plus court
de tous. C'est néanmoins celui qui contient le
plus de préceptes et le plus de détails poétiques,
si je ne me trompe. C'est peut-être aussi celui
où le talent de l'auteur a le moins d inégalité,
c'est-à-dire de ce genre d'inégalité que l'âge
introduit insensiblement dans les compositions
des plus beaux talens. C'est que Delille avait
commencé par ce chant là , il y a bien' vingt
ans au moins , et qu'il était alors .dans la plé-
nitude de sa foice et de sa supériorité. Un mor-
ceau à remarquer,, j^ crois , comme un exemple
de l'inveniion de détails q)ii convient à la poésie
didactique , c'est celui dans lequel le poète donne
à ses piéceptas sur la nécessité des épis,odes ,
l'appui de l'image du laboureur d'Homecc. Tout
cela est neuf dans iioire poésie. Rendons grâce*
aux talens qui l'enrichissent de. beautés i à la foi»
si ingénieuses et si naturelles, u ' , _
Dans une dernière lettre , nouS'<xaminêr(»n<
le poème dans son ensemble ; notis lerOn^i q'ieU
ques observations générales sur le stylé dé Delilléj
i et t'essayerai de répondre à quelqlieV'critique^,
qti? m'ont p»Tu injustes oii du nioiiSà trop rigow^
' reuses, "■' "■'"
S5.
A G R I C U L T C U E.
Il arrive souvent que les agriculteurs croycni
améliorer leurs terres en les nétoyant de petites
pierres et des cailloux que la charrue ramené
sur les sillons ; ils ne savent pas combien cette
manœuvre apporte de détriment à toute espèce
de sol , et particulièrement aux teireins minces,
légers el lie nature serrés.
Exemple.
• I Dans le ci-devant district de***, il existe
un champ contenant deux cent neuf acres. Ce
lerrein était dans l'origine , égal , pour ne pas
dire supérieur à la plupart de ceux qui avoisi-
naient ce district. Par malheur, pour le bien
public et le sien propre , le propriélaii^e de ce
terrein ordonna que les pierres qui couvraient
en grande abondance sa possession , fussent soi-
gneusement enlevées; il donna cet ordre , ima-
ginant que les cailloux empêchaient le bied de
sortir. Or , ces possessions avaient toujours pro-
duit d'excellenics récoltes : surpris de voir qu'à
peine elles rapportaient quelquechose.il s'enquit
des fermiers du voisinage , à quelle cause ils
attribuaient cet événement ; tous furent d'avis
qu'il fallait en accuser la méthode qu'il avait mise
en pratique , et lui conseillèrent de faire rap-
porter les cailloux et de les disperser sur son
lerrein. Il les crut et les dépenses énormes où
cette opération l'engagea, furent amplement ré-
compensées pardes récoltes abondâmes, et pareil-
les à celles qu"il avait avant que ses champs fussent
épluchés, j)
Quelques personnes ont pensé , comme lui ,
que rien ne peut croître sur une pierre ; que
bien loin d'être de quelqu'uiiliié aux graijis ,
les cailloux doivent plutôt leur nuiie , et les
empêcher de croître librement ; mais cetie opi-
nion n'est pas juste , puisque les cailloux pro-
curent des avantages aussi multipliés que sur-
prenans. Par exemple , ils secondent merveil-
leusement le travail de la charrue ; ils empê-
chent aussi les terres dont la nature est serrée,
de se grumeler et de s'endurcir. Ils mettent l'épi
encore tendre à couvert du vent et de la nielle.
En été , ils garantissent la moisson d être dévorée
par la chaleur, en retenant l'humidité de la
terre qui s'évaporerait sans leur secours , etc.
Les cailloux sont donc trèt-favorables à la
végétation.
MEDECINE.
Les auteurs de la Biblic^theque germanique ,
niédicino-chirurgicale, les citoyens Brewer el De-
laroche , se sont proposé de faire connaître en
France les meilleurs ouvrages qui paraissent en
Allemagne sur la médecine el la chirurgie; ils
s'appliquent à en faire des extraits raisonnes , où
les vues générales des auteurs , leurs découvertes .
et toH! les principaux résultats de leurs observa-
tions soient exposés d'une manière claire et im-
-partiale ; dans ce moment où la sience médi-
cale se trouve remplacée en tant d'endroits par
un empyrisme dangereux , ils ont cru que peu
d'entreprises seraient plus utiles que celle qui met
à la portée des personnes professant fart de
guérir , les excellentes productions qui pairaissent
journellement en Allemagne sur ce sujet. De
simples traductions de ces ouvrages , auraient eu
beaucoup d'inconvéniens , et n'auraient pas rem-
pli le but d'instruction que se proposent les
citoyens Brewer et Delaroche ; il fallait rassem-
bler dans un petit espace, et d'une manière
simple et concise , à la portée des rtiédecins et
chirurgiens qui exercent dans les campagnes el
aux armées, le plus grand nombre de principes
élémentaires , en même (cms que les maximes
les plus immédiatement applicablesà la pratique.
Tel paraît être le but des auteurs de la Biblio-
thèque geimanico-médicale ; tels sor^t les termes
dans lesquels ils se font connaître au préfet de
la Seine, en lui annonçant l'entreprise à la-
quelle ils se livrent.
D'ans une lettre rendue publiqu^ par la voie
de l'impression , le préfet de la Seine a remercié
ces citoyens de l'avoir mis à portée de donner
à leur entreprise le témoignage d'eslimé et d'ap-
probation qu elle mérite. Le même préfet a ajouté
à. cette lettre des sousciipiions à la Bibliothèque
4ont il est question pouc touS' les hospices de
Paris , au nombre de dix-.liuit. : ^ j.) ...j:
■ On s'abontie à Paris' chez U.ciiriVel'i Brewer ,
rvfe du faubourg Pois Jonniere, • n° «iB ; chez le
cit. Dclarocbe-, rue Favait, ii° 427 ; Huzard ,
imprimeur - libraire , lue de I Eperon , n° 1 1 ;
Croulkbois , libraire , fue dcsMaihui^iHS ,' tioSgS,
tous les directeurs des postes des départemens ; à
Lyon , thçz'les ciloyi ris Kcynau ; à Strasbouig ,
chez le citoyen Kratiig ; à Genève , poui; la
Suisse et lltalje,,, chez le eitoyçn .Pacipucf. ,
Le Prix est de i5 fr. par an pour Paris , et de
18 fr. pour les départemens : il en jiaralt deux
années formant 4 vol. in-S' j~avec Fig. , qui se
vendent cnieroble , so fr. , jéparétnonc ro t».
Descripiiok des pljnics iioiivellc-s et peu con-
nues, culiivécs djns le jardin de J, M. Cc-ls ;
avec figures . par L. P. Venicnai , de l'inititut
naiional de Fianpe , l'an cies totiscivaicuis de la
bibliothèque du PanlhcDii,
A Paris , de 1 imprinieiie île Crapeict. an 8.
Cet ouviagc est paniculièrcnicnt destiné aux
savans et aux amaieurs , chaque jour plus nom-
breux , d'une des éludes les plus iniérussantcs
que nous oH're le speciatle de la n:.mrf. Il
intéressera de même les hoinuies qui sèment
louie limpotuiice de la culture des arbres.
sous les rapports de leurs uîages économique» ei
de leurs culture», j'cipcrais pouvoir publier quel-
ques ouvrages pour compleller ce que j'aurais
enseigne Vains projets! Je n'ai plus avec ,
moi qu un de mes enfans; j'ai éié obligé de méj
livrera d auires travaux, et la lâche que je tnê
proposais est bien loin d'êire remplie.
>> Ma collection s'est successivement accrue
par une correspondance assez coi.sidérable. Je
me suis ciiiiclii par les secours des citoyens
Thouiii , et ce n'est pas la seule oblig.-ilion que
j aie à cette famille e.<iini;,ble. L Aiiglelcrrr » élk
la source où j'ai le plus abondamment puisé;
Faiigucs d'entendre, «icpuis dix ans, tant de bois | ensuite la Hollande el difl'értns point» dç lAlle-
tornbcr sous la coignée , ils sauront gié au sage | magne. Be:iucoup de voyageu.ts ont secondé
qui a consacré sa vie a réparer autani qu'il éuil I "'es efforts. Je dois citer en ce genre parmi mes
eu lui , tant de dommages, dont nous sommes j coaipairiotcs les citoyens Dtsiontaines , Michaux.,
comptables aux généiations fumres. j Bosc , Biuguicre , Olivier , BrouisOnnct , les na-
Uiie description de ce genre n'est point sus- '"'^''^"^^^'J^'"''''''"" '^'^"■■T«'-l'''Ons de M. d'En-
cepiible d'extrait ; son titre annonce ..ssez son I '/«casteaux , du capitaine Baudin , eic. Parmi
objet. Quelques passages de la picijce du ....
Ventenat , feront connaître combien les savans
attaclunt de prix aux travaux du cit. Cels.
Il Parmi lés établisseniens destinés à 1 élude
des productions végétales, celui de J. M. Cels
mérite cl'êire distingué ; il est placé à 2 kiloniclies
et demi de Pjris , d,.ns la plaine de MoiitTouge.
Lhibile culiivaleur qui le dirige , puissamment
aidé par les soins de son his , a triomphé , nun-
seuleraent des obstacles nés des circoiisiarices
politiques et de la siagnaiioii du commerce ,
mais encore de la mauvaise qualité du sol........ )>
" Les projiriéiaircrs (des jardins d'Ablois , de
Farnese , de Ciiffori , eic. éiaient des princes
ou des hommes tièa-riches qui pouvaient aisé-
ment les créer et les entteicnir. Cels au con-
traire peu favorise par la fortune , cullivjnt sur
le terrein d'aulrui , vivant dans les ciiconsrances
les plus dilficilles n a puisé que dans son amour
pour la science, le courage nécessaire pour sur
leç botanistes étrangers , je ne dois pas omettre
de nommer M. Banks (dont les sentimens gé-
néreux sont SI bien connus de ceux rjui culti-
vent les sciencts naturelles) Siblhorp , Vahl ,
Cavanilles , etc. J'ai aussi des obligaiions à plu-
sieurs piofesseuis et jardiniers en chef de jardins
botaniques de diverses conl'écs de 1 Europe.
Parmi ces dernieis , je (lierai MAL Aitoo , père
et fils , en Aiigicierie , M. Bouteloup , fils aîné, ,
en E'pagae. elc. ,,1
>i Si des botanistes, des voyageurs m'ont fait'
part de leurs richesses, j'a: communiqué de mon
côié tout ce <iue j ai pu des micuncs. Les auteurs
de plusieurs ouvrages pub iés depuis un certain
nombre d années , ont trouvé dans tua collection
dç« secours utiles. Mes correspondans , hommes
et femmes , répartis sur une assez grande quantité
de points difiéretis de la France surtout , sont ■
assez nombreux pour les circonstances actuelles.
J'ai lâché de leur rendre ma coirespondance fruc-
monter les nombreux obstacles qui s opposaient 1 'ue"se, Quelques-uns d'entr'eux ont formé des
à son enirepiise. » ' '"ii— -■■ ..^..i.-i- —-.-. -«.-.;. ii.,M„. lu.. ..,.
On trouve à la suite de cette préface la note
suivante qui prouve que le ciioyen Cels joint
à 1 esprit observateur et ipèiliodique d'un savant
distingué le talent de rendre avec élégance des
idées justes et la sensibilité qui , saisissant les
rappons secrets qu'ont avec nos afieclions les
objets inanimés, répand tant de charme ei d'iu-
lérêl sur l'élude de l'histoire naturelle, et les
occupations de la vie champêtre.
<< Je cultive des végétaux depuis plus dç irenie
ans, dii-jl; je l'ai toujours fait sur le terrain d au-
trui, et successivement dans différens lieux. Alors
je suis aussi peu avancé-^ à certains égards, que
les personnes qui n'ont commencé en ce genre
que depuis un petit nombre d aijnées. Par exem-
ple, je n'ai point, parmi les grand.s arbres, d in-
dividus assez âgés pour fleurir;js suis cotiséquem-
raent dans limpossibiliié de connaître tiès-bien
les parties de leurs f'rucillicalionî , et d'obtenir les
graines néces.<aire5 pour les n-.ulliplier. Il ne m'a
pas été non ]ilus possible de planter une école de
toutes mes espèces ligneuses. Elle eût été plus
compleiie pour cet objet qu'aucune autre. J'y des-
tinais plus de 260 genres , renfermant un . grand
coiiectioii végétales assez consiilérables. Mes tra-
vaux n'ont pas été inutiles à plusieurs écoles
-centrales, j'aiteuds la paix pour réparer mes
pertes.
î' Souvent on me d'-mande le catalogue de
mes plantes. Jusqu'ici je n'en ai point fait impri-
mer, parce que tous les ouvrages de botanique
ou de cultui^e peuvent servir pour correspondre
avec moi , parce que les catalogues qui existent
déjà pour d autres colleciions , peuvent aussi servir
pour la mienne. Ce ne sont pas là les seuls motifs
qui m'en ont empêché. En voici quelques autres :
d'abord un catalogue n'est jamais très-exact, parce
que la colieciion qu'il repiésente, change. En effet,
à chaque instant , on perd ou l'on acquiert des
plantes , et cela est d'auiani plus sensible , que la
collection est plus considérable. Ensuite il y a
toujours beaucoup d'articles très-peu nombreux
en doubles , et ceux-ci ciant plus rates . sont plutôt
demandés. Alors nait une correspondance inutile,
et cpnséquemment très à charge. Plusieurs de ces
correspondanscroient même ciuele catalogue letir
en impose (il est vrai que cela arrive quelquefois) ,
et l'auteur du catalogue perd dans leur opinion
sans l'avoir mérité ; enfin , il n'est plus le maître
de placer comme il le croit udie , ce qu'il peut
nombre d'espèces ou variétés; les arbres fruitiers | avoir de plus piécieux. Je ne renonce cependant
seuls en contiennent près de 700. Ces privations ont
nui à mes travaux, et sans doute aussi à quehiues
parties de la boianique et de l'économie rurale.
)» J'ai éprouvé d'autres obstacles , surtout à cer-
taines époques de la révolution. Je n'en citerai
point à publier un catalogue de ma collection}
mais comme je veux le fajre raisonné , je dois en
prendre le tems , et pour moi les ci, constances ne
sont point encore assez favorables.
)> J adopte dans ma correspondance les noms
qu'un exemple. Une loi qui ne m'était point ap- I cle Linnïus , ensuite ceux de l'Horlus Kewenis.
plicable | si des juges avaient eu le courage <jue | •"'îa raison , pour préférer ce dernier ouvrage k
leurs fonctions devaient supposer, ou si des boni- | plusieurs aat.es , est Ion simple. M'étant enrichi
mes qui dominaient alors, avaient voulu être | principalement avec l'Angleterre, c'était surtout
jtjst,çs ) m'a causé seule des perles que je ne puis 1 l'ouvrage consacré à la plus belle collection de
calculçr. ' ce pays, dont je devais me servir pour corres-
Depuislong-tems , j'avais dessein de borner I Pon^re avec la contrée qui la renfermait. Celait
>.. ,.»jup qu) ne pouvaient pointy ■ ,, , ,, , , , -, -
vivre.Alors mon plan s'est étendu à tous les vè- '-'ep'ecie par-la les ouvrages de quelques bpta-
gétaux ligneux que j'ai pu me procurer. Parmi j f '^'f <^= ™"" P^y» î Jf. " ^i lait que ce qui m était
ceux que j'ai reconnii n être pas de pleine terre , te plus commode ; et I on peut d ailleurs me de-
j'ai cultivé de préférence les es.pc<:es ies plus inté-
ressantes , soit sous les rapports de la physiqu,e
mander des plantes sous tels noms qu'on voudra.
>i J'ai surtout cherché à acquérir des connais-
végétale , soit relativement à ceux dé l'uiiiiié éco- sances sur les arbres , en les considérant sous tous
ncmiqué, cl<; l'agrément, pu de Ihistoire des .lif- ' leurs rapports , sans négliger ceux qui tiennent a
férens peuples anciens ei modernes. Sur ce plan | leurs parties forestière ou législaiive. Dti travaux
j'ai cultivé aussi des plantes herbacées , vivaces et ' fOur le gouvernement m'ont forcé de Ici enwl«
liliacées ; j'en possède surtout des premières , un '. sager sous ce dernier point de vue. j'ai fait aussi
assez grand nombre de pleine-ieirfe. ' j en grand pour le compte du'gduvernement , dcl
"Je voulais former.en ce genre un établissement j tfpéfte'ices sur les arb.es , qui doivent foiuai*
cotnmcrcial , comme il n'en avait peut-être point j *^" résultats utiles.
cpçpre cx.isté.Je croya.is uor^ver dans mes enfjns " , >»Je serai syffis.i.rnment récompensé de mes tra»
toutes les ressources qui m'étaieni nécessaires pour vaux , si je puis auguicnler dans mon pays le desil
l'exécuter; j'avais dirigé leur éducaiion vers ce des planiaiions. La culture des arbres est encore^
but. Un d'eux devait dessinei les plantes; un plus mile , plus intéressaniequ'on ne le croit Com-
auire les aurait décriles. et mis l'ordre nécessaire munéineiii. Elle est plus variée que toutes \gf
datis une vaitc- collection; un.autre m'aurait s«- autres ; elle demande plus de couna : ncips;
condé dans ma correspondance ; enfin , le der- fioubçqucmment elle satisfait davantage l'esjiriu
nier aurait été à la lêtc de tous mes travaux de Quoique Us pioliisque cette culture promet
culture". Je croyais pouvoir faire des cours , dan» soient moins rappvoché» , il» n'en sont pas 9>oin*
leiq|.tclt;.j;»Ui:aia:<tU(loiUli'C«Pfi^^'le> ■H^V-'i^ ,it^\»i- ÇA^^ <3m> j» f lanti des vigti«* , cl«i ma»
riers , des ôlîviers, un verget, etc. n'a pas négKgé
sans cloute ses intérêts. Celui qui maintenant
ferait des plantations de nouveaux arbres frui-
tiers , de nouveaux arbres de construction ou d'un
usage important daJis les arts , qui , par exemple ,
'planterait le lieflflier du Japon , la figue Kaiiuç ,
des chênes, des noyers de l'Amérique Septi-n-
trionaie , dei Eucalyptus de la Noiivelle Hol-
lande , du thé de Chine , de l'érable à sucre , etc.
ne les négligeraient point encore. Pour une ame
saine , aucune jouissance n'est prélérable à celle
des planiaiions que l'on a formées.
}î Les personnes qui répètent qu'elle se fait trop
attendre , ignorent absolument les plaisirs qui
l'accompagnent^ On s'attache égaletiWnt à l'arbre
qu'oh vient de planter : c'est pour ainsi dire une
sorte de paternité. La feuille d« cet arbre n'est-
clie pas la même' à son premier priiiiems comme
à sou centième ? Sans doute , son ombre est
moips protectrice ; il ne donne point encore de
fruits. Mais est-ce sans plaisir que l'on peiise à
l'ombrage , aux récoltes que l'on piépare à ses
erfans ? Quelle immense postérité piomet la
plantation u'un seul chêne ? Est-ce sans émotion
qqe nous envisageons les transports de recon-
naissance de nos successeurs à l'aspect des plan-
tations que nous leur aurons prépaiées ? Nous
ne voudrions pas qu'ils dussent ignorer nos noms ;
qu'ils ne cherchassent point avec un grand inté
rêt , au milieu des bois que nous aurions fait
naître , le tertre sous lequel nous reposerions en'
paix. Quel moyen plus utile , plus durable , de
fajter , clans la mémoire des hommes . le souvenir
de notre passagère existence ? C'est pour de pa-
reils travaux que la mémoire des Jussieu , Du-
hamel, Maies herbes et autres hommes estima-
bles durera long-tems encore chez nos descen-
dans.
M II n'est pas vrai de dire qu'on ne jouit point
de sa plantation , parce qu'elle est jeune en-
core. Mais , au reste, joairait-on mieux en n'ayatit
rien fait ?
>> Si le goût des plantations doit être celui dequi
satt aussi jouir , en étant utile à ses semblables ,
ii devrait cire honteux , j'ose le dire , pour
l'homme qui a pu en projeter quelques-unes , de
n'en avoir point réalisé. )i
Cet ouvrage n'ajoutera rien à la réputation du
tiloyen Ventenat , déjà parfaitement établie par
5<s travaux précédons , et notamment par le Ta-
bleau du système végétal qu'il a publié l'année
dernière ; mais c'est un titre notlveau qu'il
acquiert à la reconnaissance des botanistes. L'é-
dition fait honneur aux presses du cil. Crapelet ,
et les planches dessinées par le cit. Redouté sont
parfaitemetit gravées par le cit. Sellier.
Au rédacteur.
Citoyen , le tribunal de cassation vient de
rejeter le pourvoi qu'avaient formé contre un
jugement du tribunal criminel du département
d Eure et Loir , les brigands dits de la bande
dOrgeres.
Par ce jugement , vingt-trois de ces brigands
étaient condamnés à mort , trente-deux aux fers.
L'acte d'accusation avait été admis contre cent
quinze individus dont quatre-vingt-deux furent
soumis aux débais , les autres étaient contumaces.
Le débat , commencé le «8 ventôse , n'avait été
terminé que le 9 thermidor.
L'origine de cette bande dite d'Orgeres , re-
monie à plus d'un demi - siècle. Elle avait ses
chefs , ses départemens , ses districts , sa disci-
pline , son langage^, ses tribunaux et ses bour-
reaux. Un d'eux, sous le litre de curé , célébrait
leurs mariages.
Rapporteur de cette affaire, je me félicite de
n-avoir point à entretenir le tribunal du détail de
tous les crimes compris en lacie d'accusation et
reconnus constans par les jurés. Quatre-vingt-
"quinzÊ chefs principaux formaient l'acte d'accu-
sation ; c'étaient toujours des vols commis à
.force ouverte , avec violence et armes meur-
trières , tantôt dans l'intérieur de maisons habi-
tées., tantôt sur les grands chemins. Les attaques
à d.essein de tuer, l'emploi des plus affreuses tor-
tures contre les malheureuses victimes de ces
furieux ; les assassinats , les viols , les incendies
rompaient trop souvent d'une manière effrayante
l'uniformité dun tableau dont le brigandage était
toujours le fonds.
Heureusement rien n'était plus futile que les
ipoyens de cassation invoqués par les condam-
36
nés , et je n'eus dans mon rapport que d'écla-
tans icmoignagcs à rendre au zèle , à l'activiié ,
à l'intelligence du directeur du jury de Charires
qui avait conduit cette procédure, aux travaux
prodigieux du président du Iribunal criminel .
ei à leur txacie observation des règles pres-
crites par la loi.
Je témoignai seulement un regret qu'exprima
aussi le citoyen Le substitut du commis-
saire , portant la parole , et que parlassea le
iribunal : qu'on se fût borné à instruire chaque
fait isolément , et à poursuivre chaque accusé
sur les laiis qui lui étaient personnels. Le grand
crime était l'association; tous les associés étaient
conSplices les uns des autres ; les délits étaient
conncKcs , et il eût dâ être posé à l'égard de
chaque accusé la quesuon de savoir s'il lésait
partie de la bande ; si par son association il
n'aidait pas les autres dans les crimes mêmes
auxquels il n'aurait pas pris individuellement
pan.
Je termine ainsi mon rapport.
<t Ce ne sera sans doute , citoyens juges ,
qu'avec une religieuse terreur que vous allez
entrer en délibération. Vous verrez d'un côté
80 individus condamnés aux fers , à la réclu-
sion , à la mort, réclamant votre indulgence,
osant même vous parler de justice.; mais vous
verrez de l'autie , la société entière vous de-
mandant vengeance et sûreté. Vous entendrez
toutes les maximes protectrices des accusés , in-
voquant pour les plus grands criminels la stricte
observation des formes qui ne peuvent être
négligées à leur égard , sans donner de jusies
alarmes même à l'innocence ; mais vous envisa-
gerez l'ordre social ébranlé par l'abus manifeste
qu'on fait trop souvent de ces mêmes maximes ,
par l'indiscrète affectation avec laquelle on les
proclame sans cesse , par la fatale exiension
qu on leur donne.
5> Ne nous le dissimulons pas ; la tempêie ré-
volutionnaire a pénéiré jusqu'au limon de la so-
ciété , et la soulevé jusqu'à la surface qui en est
encore toute souillée ; les passions ont été des
haines ; les fureurs de tous les partis ont évoqué
à leur aide tous les scélérats qu'elles revorais-
sent aujourd'hui de toutes parts ; l'impunité
a décuplé l'audace ; tous les crimes conspi-
rent contre l'ordre social et en sapent les
fondemens ; il est tems que toutes les autorités
conspirent pour les raffermir; il est teras que de
grands exemples attestant le retour de la justice,
inspirent un salutaire effroi à ceux qui seraient
prêts à se jeter dans la route du crime , et rassu-
rent ceux qui , pour prix des nombreux sacrifices
que le gouvernement exige d'eux, ne lui deman-
dent que sa protection pour leurs personnes et
Uurs propriétés, ir
ViEiAARD , président de la section criminelle
du tribunal de cassation.
Citoyen, un trait de bienfesance de M. d'Ap-
chon , archevêque d'Auch , m'a fourni l'idée d'une
comédie qui va être jouée au théâtre français de
la République , sous le titre de Caroline ou le
Tableau.
On "annonce au théâtre Feydeau un opéra ,
intitulé : Une Matinée de Catinat ou le Tableau ,
dans lequel l'auteur attribue à Catinat le trait de
bienfesance de l'archevêque d'Auch , trait histo-
rique et appartenant à qui a voulu le mettre sur
la scène.
11 est inutile d'apprendre au public comment
je suis instruit du sujet de l'opéra de Feydeau.
Mais pour épargner à l'auteur de Catinat ainsi
qu'à moi tout soupçon de plagiat , j'ai cru devoir
prévenir le public, par la voie de votre journal ,
que les deux pièces se sont trouvées faites en
même tems. J'invoque, à cet égard, le témoignage
de l'auteur deCatina/et du compositeur de la mu-
sique.
Salut et considération ,
L'auteur de Caroline ou le Tableau.
8 vendémiaire , an g. .
Conservation des hypotheq_ues.
Le nouveau code hypothécaire , si favorable
au crédit public , laisse encore quelque chose à
désirer pour la sécurité dés prêteurs. Tout créan-
cier est , en effet, obligé d'élever un domicile
dans l'arrondissement du bureau des hypothèques
de son débiteur , et par conséquent d'y avoir un
chargé d'affaires. Or , si ce chargé d'affaires vient
à mourîr , un dTébitenr infidelle peut profiter de
ce moment pour demander et obtenir par défant
un jugement qui ordonne la radiation de ses ins-
criptions. Mais, comme on ne peut plus faire
d'inscriptions qu'en venu d'un titre formel , il
est facile de remédier à cet inconvénient sans
porter aucun préjudice aux débiteurs.
Il ne s'agit que d't-xiger de tout individu qoi
veut obtenir . par défaut , la main levée d'une
inscription , la représentatioii d'un acie notarié
qui constate le remboursement , ou au moins le
dépôt du montant de l'inscription dont il demande
la radiation. Cette mesure n'eût pas élé pratica-
ble autrefois , qu'on pouvait former arbitrairement
des oppositions ; mais aujourd'hui elle n'offre
aucun inconvénient, et elle me paraît d'au tant plu»
urgente , que dans tout autre cas un jugement
par défaut ne peut êire définitif, ni mis à exé-
cution sans que les parties en soient prévenues;
tandis que dans celui-ci , il est irrévocable , puiî-
qu'un autre créancier peut être légalement subs-
titué aux droits du premier , avant que celui-ci
ait eu connaissance de sa condamnation. Si l'on
n'avait plus à craindre cette supercherie .plus de
deux mille personnes dont les propriétés sont
éloignées de Paris , pourraient faire des emprunts
qu'elles ne peuvent réaliser aujourd'hui. Elles y
trouveraient leur intérêt; les revenus du fisc en
seraient augmentés , et les porteurs d'anciennes
inscriptions dans des départemens éloignés n'au-
raient plus aucun motif d'inquiétude pour leurs
créances. Maurice , rue d'Argcnteuil.
livres DI|VERS.
Relation de f ambassade anglaise, envoyée en 179S
dans le royaume d'Ava eu l'empire des biimans %
par le major Michel Symes , chargé de cette
ambassade; suivie d'un voyage lait, en 1798,
à Colombo , dans l'île de Ceylan , et à la
baie de Da Lagoa , sur la côte orientale de
^Afrique. — De la description de 1 île de Carnt-
cobar et des ruines de Mavalipouram ; traduits
de l'anglais avec des notes, par J. Casié^a. Trois
volumes in-8" de itaS pages, imprimés sur carré
tin de Buges , et sur des caractères de cicéro
neuf; avec un volume grand in-4° , cartonné,
contenant trente belles planches , vues marines,
plans , portraits , costumes , monumens , hiéro-
glyphes , plantes , animaux , cartes géographi-
ques , etc. gravées en taille-douce par J. B. P.
Tardieu l'aîné, Niquet , Delignon , Delvaux ;
dessinées sur les lieux sous les yeux de l'ambas-
sadeur , et imprimées sur nom de Jésus.^
Prix , 24 francs broché, et 28 francs parla
poste , port franc. — Le même ouvrage , dont
on a tiré 5o exemplaires des planches avant la
lettre , 3o fr. sans le port. On a tiré aussi «5
exemplaires papier vélin, avec les planches grand
in-4° vélin , avant la lettre, premières épreuves ,
54 francs sans le port.
A Paris , chez F. Buisson , isiprimeur-Iibrairej
rue Hauiefeuille , ii" 20.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 9 vendémiaire.
Effets publics.
Rente provisoire 22 fr. ï5 c-
Tiers consolidé 3,5 fr. 25 c.
Bons deux tiers i fr. 62 c.
Bons d'arréragé .!. . 84 fr. 5o c
Bons pour l'an 8 / . 91 fr, 38 c.
Syndicat '. . . 70 fr. Soc.
Coupures 70 fr. 5o c,
Act. de 5o fr. de la caisse des rent/ets. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqtje et des ArTs^
Auj. Armide , opéra en 5 actes.
Le 12 , la i"' repr. des Horaces,
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la 1^"= repr. d'une Journée de Catinat ou le Ta-
bleau , opéra nouveau.
Théajre du Vaudeville. Aujourd. an seul
Violon pour tout le monde ; les deux Venues, elCo-
lombine mannequin.
.Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimer.
Dem. la Mort de Kléber , pantom. à grand spect. ;
la i'^' repr. ds Cadichon , et la Fille hussard.
Théâtre DU Marais, rue Culture-Catherine,
Auj. les Victimes cloîtrées . ioiv. d'Adèle et Belfort
es'aboQBc
L'abonnement te fait à Paris , rue des Poitevins , n« 18. Le prix est de j5 ftjnes pour trois mois , 5o fianit po'ùrï'lnois j et'tpo francs pour l'année entier
•u'au commencement de chaque mois. .vjî'T. • . ;"
Il faut adresser les lettres ell'argent , franc déport , au cit. Ag As s B, propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , u" 18, il faut comprendre dans les çovoialepott des
«ays où l'on ne peut affianchir. Les lettres des départemens non affrancbics ,■ ne seront point retirées de la poste. ' '' , . "
Ilfaut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, «t adreuer tout xe Lqui concerne la rédiction 'de la feuille , au ledacleUr , riic des
Poitevins ,n« »3 , depui (neuf heures du matin Jusqu'àcinq heures du soir. '■ > '" >•'"■' S''!; ''' J"
A Patiî, do l'impriiBerie Uu. «it. Agisse jçroptiétaUe du Moniteur , rué des Poitevins, n" i3.
JilBUi. .. .•-...- ■
' dmsjnj .lijuu: .
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^"11.
Primedi , 1 1 oendemiaire an g de la république frariçai h , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripreurs qu'à dacer du 7 Nivr.'.e le MONITEUR est le md journal ojjicrcl.
Il contient les séances des auroiités constipées , les actes du goyveTn<:irtehî , leî nouvelles des années , ainsi que 1rs fatfa.aci.ies ftaaonsitaiMjq.;
l'Mitérieut que sur l'extérieur, tournis par les-corresponiiancés ministérielles. .uV.," . ■,-,'
Un article sera particuliérenTent consacré aux «ciehtes , aux arts ef aux découvertes nouvelles. ',' ' .
E X T E R I EU R.
Malte ,le\b fructidor an-^ de la république
française.
X-iii généraux , officiers .supérieurs de terre et rie
mer , les coramissaircs ordonnateurs des i;uerres
et de la marine , les commandans des tons , les
officiels (le tous sjrades qui se trouvent comman-
der les délachemens des différens corijs , ayant
été convoqués par le général de division Vaubois,
commandant en chef dans les îles d'- Malte et du
Goze , pour la tenue d un conseil de guerre , se
sont assemblés au palais nalional de la ciré de
Malte, partie de l'ouest. ■■
Ouï le rapport du gé éral Vaubois , duquel il
résulte que les magasins des subsistances de la
place sont eniièrement épuisés de[iuis plus d'un
mois ; que ceux des liq ides le sont également ;
que le pain , seul aliment qui reste pour la nour-
riture de la garnison et de la pupulaiion , doit
avoir son terme au 22 de ce mois; le conseil ,
Cor.sidérani qnc la garnison de Malte .réduite
au tiers de lation depuis deux ans , a rempli avec
honneur la tâche qui lui était impO'éc de conser-
ver cette place à la république jusqu'à la dernière
extrémité ; qu'après avoir repoussé toutes les atta-
ques de vive force qui ont été teniécs contre elle .
elle a , par sa cantenance et son énergie , réduit
l'ennemi à persévérer d.ms un blocus étroit , qui
ne permet plus d espérer d'obtenir aucun secours
du dehors ;
Que les forces que l'ennemi emploie pour as-
surer ce blocus , et par terre et par mer , ne lais-
sent à la brave garnison de Malte aucun moyen de
s'en procurer par son courage et son dévouement,
dans un jiays stérile par lui-même , et hérissé de
foriiHcalions, que la nature et l'art ont multipliées
pour nous resserrer ilans nos remparts ; que
d'ailleurs toute entreprise à cet égard serait sans
»uccès par la précaution qu'a pris lennemi, d'apiès
Je rapport des transfuges , de tenir ses blés sur
les bâiimcns ;
Q_u on ne saurait , sans corapromeitce l'exis-
tence de douze mille âmes qui composent la popu-
lation , cl la garnison de cette place , difFéier
d'avantage d entrer en pour-parler avec l'ennemi ,
alin d'en obtenir une capitulation honorable et
telle qu'elle est due à de braves nnlilaires , qui ont
aussi long-ieuis souffert pour leur pays ;
Que la marine a partagé avec honneur les tra-
vaux et les privations de la garnison , et qu'elle a
cherché , par le départ des deux frégates, \à Justice
et la Diane , à diminuer les pertes que va laire la
république dans cette partie ;
Que les lois de la guerre enfin et celle de l'hu-
maiiiié , autorisent suffisamment le général com-
maiidaiu en chef, à entamer une négociation
avec 1 ennemi ,
A délibéié , que le général Vaubois enverra , le
17 de ce mois , un parlementaire au commandant
anglais , pour propuser la capitulation , et cjue
le coniie-amiraî Villeneuve s'y réunira , pour sti-
puler en faveur des marins , afin de les laire jouir
Ues mêmes avantages qui pouiront être accordés
à la garnison.
Suivent les signatures.
Pour copie conforme , le commissaire des guerres ,
/./. d'ordonnateur.
Dot.
Articles de la capitulation entre le général de di-
vison Vaubois , commandant en oliej tes lies de
Malte et du Goze , et le contre-amiral Villeneuve ,
commandant la marine à Malte , d'une pan; et
Monsieur le major-général Pigot, commandant tes
troupes de sa majesté britannique et de ses alliés
et le capitaine Martin , commandant les vaisseaux
di sa majesté britannique et de ses alliés, devant
Malte , d autre part.
Art. 1'='. La garnison de -Malte, et forts en
dépeiidans , soriiia pour être embarquée et con-
duue à Maiscille, au jour et heure convenus
avec tous les honneucs de la guerre; c'est-à-dire
tambours battans , drapeaux déployés , mécbe
allumée , ayant en léic deux pièces de c^non
• c quatre avec leur cai.'.son, les artilleurs pour
■es servir et un caisson d'infanterie. Les officiers
Livilil 1.1 milituiie» de la marine, el tout eu qui
appanicni à ce déparlement , seront éga'emenl
conduits au pou de Toulon.
11 La garnison recevra les honneurs de la guerre
'> demandés; mais attendu l'impossibilité qu'elle
" soit embjujuée en entier immédiatement , on
" y snppiéeia paf 1 arr.ingcment suiv.Mil:
>> Aussitôt que la capitulation sera signée , les
>' forts Ricasoli et Tigné seront liv;és aux iioupts
Il de S3 majesté briiannique , et les vaiss-.-anx
I' pourrunt entrer dans le po t. La porte Nalio-
>> nale sera odcupée ,,par une garde composée
'< de fiançais et d'angl.iis , cii nombre eg;il,
" jusqu'à ce que les vaisseaux ""soient pié.sà rec -
>i voir le premier emba.^juement ; alors tonte la
)i garnison défilera avec les honneurs de la gueiie
" jusqu à la marine, où elle déposera ses armes.
" Ceux qui ne pourront faire partie du 'premier
" embarijuenicnt occuperont l'île et le ion Ma-
" nucl , ayani une gaide aimée pour empêcher
" que qui que ce soit se répande à la campaL^ne.
)î La garnison sera considérée comme prison-
" niere de guerre et ne pouria servir contre sa
" majesté briiannique jusqu'à l'échange , de
" quoi ses officiers respectifs donneront leur
Il parole d honneur. Toute l'artillerie , les muni-
II lions et mag.isins publics de toute espèce
Il seront délivrés aux officiers préposés à cet effet,
II ainsi que les inventaires et papiers publics >i.
IL Le général de brigade Chanez, comman-
dant la place et les forts, le général de biiiiade
Dhcnntzêl, commandant l'ariilierie et le génie,
les officies, sous-officiers et soldats de terre,
les officiers , troupes et équipa;;es , et employés
quelconques de la raaiire , le ciioyen Pierre
Alphonse Guys , commissaire général des rela-
tions commerciales de la république française en
Syrie et Palesune, accidentellement à Malle avec
sa famille, les employés civils et miluaires , les
ordonnateurs et commissaires des guerres et de
la marine . les administrations civiles , membres
quelcon(]ues des autoriiés constituées , emporte-
ront leurs armes, leuis effets personnels et leurs
propriétés de quelque nature cju'eHes soient.
ts Accordé à l'exception des armes déposées
Il par les soldats , conlormémnit à ce qui est
Il prévu par le pi;emier article. Les sous-ûtliciers
«1 conserverorK leurs sabres n.
IIL Sont regardés comme frsant partie de la
garnison , tous c. ux , de ijuelque nation que ce
soit, qui ont porté les ai nies au service de la
république pendant le siège. — Accordé.
IV. La division sera embarfjuée aux Irais de
sa majesté britannique. Gh.ique militaire ou em-
ployé recevra, pendant la traversée, les rations
telles (qu'elles sont attribuées à chaque giatle
suivant les lois et réglemens français. Les officiers ,
membres d'administrations civiles qui passent en
France, jouiront du même tr„itcmeni , eux cl
leurs familles , en les assimilant à des grades
militaires correspondans à lélévation de leurs
fonctions.
i< Accordé , conformément aux usages de la
II marine anglaise , qui n'attribue que la même
Il ration à tous les individus de tels srades el
II conaitions qu ils soient. 11
V. Il sera fourni le nombre nécessaire de
charriots et de chaloupes pour transporter et
mettre à bord les effets personnels des généraux ,
de leurs aides-de-carap , des ordonnateurs et
commissaires , des chefs des corps , des officiers ,
du citoyen Guys , des administrateurs civils et
militaires de terre et de mer, ainsi que les pa-
piers des conseils d'administration des corps,
ceux des commissaires des guerres de ttrre et
de mer , du payeur de la division et des autres
employés d'administrations civiles et militaires.
Ces effets et papieis ne pourront être assujéiis à
aucune recherche ni inspection , sous la garantie
que donnent les généraux siipu ans qu'ils ne
contiendront aucune propriété publique ni par-
ticulière. — Accoidc.
VI Les bâtimens quelconques appanenans à
la république , susceptibles de tenir la mer, par-
tiront en niêine-tems que la division, pour se
rendre dans un port de France ,. après leur avoir
fourni les vivre» nécesssaires. — Refusé.
VIL Les malades Iransportables seront embar-
qué.s avec la division etpouivus des vivres, riiédi-
camcns , coffres de chirurgie, effets et officiers I
de santé nécessaires à leiir traitement pendant la
traversée. Ceux qui ne seront point transpor-
labie?, seroni traités comme il convierfi ; le géné'ral
len chef laissant à Maliï un mcdccin ,et un chi-
irurgien au service de France , qui en' prendront
soin; il leur sera fourni des logemens giaiis
s'ils sortent de' rhô)iiial , et ils sctont renvoyés
en France dès que leur état lepermettia, avec
lout ce qui leur api.arlicni , et de [3 inême manière
que la garnison. Les généraux en chef de terre et
de mer , en évacuant Malte , les confient à la
loyauté et à l'humaniié de M. le .géiiéral anglais.
— Accordé. ,
VIII. Tous les individus, de quelque jiafioa
qu'ils soient, habitans de' I île de Malte du
autres, ne pourront être ni troublés, rïi in-
rjuiétés , ni molestés pour leuis opinions poli- 1
tiques , ni pour tous les faits qui ont eu lieu
pendant que Malle a été au pouvoir du gou-
vernement français. Cette disposition, s'aupiiquie ^
principalement dans tout son eniier à ceux qui
I ont pris les armes , ou qui ont rempli des emplois
j civils . administratifs ou militaires'; ils ne pour-
ront être recherchés en rien , encore moins pour-
suivis pour les faits de leur gestion.
" Cet article ne paraît pas devoir faire l'objet
I II d'une capitulaiion. militaire ; mais tous les .ha-
II .bilans qui désireront lester , ou auxquels il sera
11 permis de rester , peuvent être assurés d'être
Il traités avec justice et hnniinité , et jouiront de
I II la pleine protection des lois. 11
IX. Les français qui habitaient Malte, et lotis"
I les maltais, de quelqu'éiat quils soient, qui
voudront suivre lamée française et se rendre
I en France avec leurs propriéiés , en auront la
' liberté : ceux qui ont des meubles ou immeubles .
I dont la vente ne peut se faire tout de suiie , et:.
! qui seront dans I intention de venir habiter la
France , auront six mois à dater du jour de la
\ signatuie de la présente capitulation , pour
vendre leurs propriétés foncières ou mobiliaires.
Ces propriétés seront respectées : ils pourront
j agir par eux-mêmes s'ils restent-, ou par procu-
1 reur fondé s'ils s.uivent la division. Larsqu'ils
auront fini leurs affaires dans le tems con'fcnu,
1 il leur sera fourni des passc-pons pour venir en
France , transport nt ou fcsant passer sur des
bâiim^ns les meubles qui pourr.iient leur rester,
ainsi cjue leurs capitaux en argent ou lettres de
change suivant leur commodité.
Il Accordé . en se référant à la réponse de l'ar-
11 licle précédent. 11
X. Aussitôt la capitulation signée , M. le
général anglais laissera entièrement à la dispo-
sition du général commandant les troupes fran-
çaises, de faire partir une felouque avec l'équi-
page nécessaire et un officier chargé de porter
la capitulaiion au gouvernement français. Il lui
sera donné le sauf- conduit nécessaire. —
Accordé.
XI. Les articles de la capitulation signé.-! , il sera
livré à M. le général «.nglais la porte diie des
Bombes , qui sera occupée par une garde d'égale
force d'anglais et de français. Il sera consigné'
à ces gardes de ne laisser pénétrer dans Ja
ville ni soldats des troupes assiégeantes . ni
habitans de l'île quelconques, jusqu à ce que
les troupes françaises soient embarquées et hors
de vue du poti ; à mesure que l'embaniuement
s'exécutera , les troupes anglaises occupeiont le.s
postes par lesquels on pourrait enirer dans l.es
places. M. le général anglais sentira que ces pré-
cautions sont indispensables pour qu'il ne s'élève
aucun sujet de dispute, et que les articles delà!
capitulation soient religieusement observés.
n Accordé , conformemeiu à ce qui est prévu'
11 par la réponse au premier article , et on pren--
11 dra toutes les précautions pour empêcher les
11 maltais armés , de tout rapptochemffnt de»
11 postes occupés par les troupes françaises. 11
XII. Toutes aliénations ou ventes des meuble» .
et immeubles quelsonques par le gouvernement
français pendant le Icms qu'il a resté en posses-,
sion de Malte , et toutes transactions entre paru-,
entiers seiont maintenues inviolables.
ic Accordé , autant qu'elles Seroni justes et
11 léguiines. Il
XIII. Les agens des puissances alliées qui se
iroiiveront dans la Valette lors de ta reddilioi»
de la place , ne seront inquiétés en rien , et leurs
38
/Q"prié|esïe^nt gîrpijties parla ■pv^-
X-i-V. Tout bâiiment de guerre ou de conimerce
venant de France avec le pavillon de la républi-
que . et qui se présenterait poui: entrer dans le
port , ne sera pas réputé bonne prise , ni son équi-
page fait prisonnier, pendant les vingt premiers
jours qui suivront Cîlui de la date de la présetiie
capitulation , et il sera renvoyé en France avec un
sauf-conduit. — Refusé.
XV. Le général en chef et les autres généraux
seront embarqués avec leurs aides-de-canip , les
officiers attachés à eux , ainsi que les ordonnateurs
et leur suïTe , sans séparauon respective. —
Accordé.
XVI. Les J)risonniers faits pendant le sicge , y
compris l'équipajje du vaisseau le Guillaumc-7 fil ,
dé la fréga'te'Va Diane ^ seront rendus et iraiiés
comme là garnison ; il en serait de même de ,
l'équipajje de" la Justice, si elle était prise en se
cenduiu dans un des ports de la république.
.<(■ L'érjuipage du Guillamne-Tell est déjà échangé,
»5 et celui de la Diane doit être ir.insporté à JVIi-
j) norquc potir être échangé immédiatement.!)
XVn. Tout ce qui est au service de la républi-
que ne sera sujet à aucun acte de représailles de
quelque nature que ce puisse être et sous quel-
que prétexte qoe ce soit. — Accordé.
XVin. S il survient quelque difficulté sur les
lertnes et conditions de la capitulation , elles se-
lont interprétées dans le sens le pltis favorable à
la garnison. — Accordé suivant la justice.
Fait et arrêté à Malte , le l8 fructidor an 8 de la
république française.
Signé , le général de division , Vaubois.
Le fonfre-amira/ , Villeneuve.
PiGOT , ma.j or- général.
Le capitaine Martin , commandant les vaisseaxix
de sa majesté britannique et de ses alliés , detant
Malte.
A N G L E T E R R B..
Londres , /e 24 sepùembre (2 vendémiaire. )
La populace s'étant rassemblée tumultueuse-
ment à Mugaie . le 24, les constables arrache-
réht deux des chefs et les mirent en prison.
L'émeute ne fit qu'augmenter, le peuple menaçant
de démolir là prison si on ne lui rendait les cou-
pables. Le maire du lieu les lit mettre en liberté.
Les habitans de la paroisse de Saint-Clément-
Danois s'élant rassemblés mardi pour y prendre
en considération le haut prix des denrées , ils
ont déclaré qu'il fallait l'attribuer aux accapareurs
et regrattiers ; il a été agité de présenter une péti-
tion àce sujet au parlement.
Mercredi et jeudi dernier la populace s'est as-
semblée tumultueusement à \jIarlow , cofinlé de
Buckinghara ; le premier jour elle a été dispersée
par un détache-ment du 1 1' de dragons légers ; le
lendemain les yeomen ont marché , leur comman-
dant , sir J. Dashwood , a réussi à disperser la
populace par la peisuasion et sans user de moyens
violcns.
-La corporation et les principaux habitans de
Winchester avaient formé la résolution de ne
point acheter de beurre à plus haut prix d'un
sJielling la livre. Le 20 au malin, une grande foule
s'assembla sur la place du marché, et les mar-
ciiands ayant refusé de vendre leur beurre au
prix susdit, ils y furent contraints de force; une
gcanrie quantité de beurre fut même emportée
sans être payée. Le peuple se porta ensuite à la
boucherie et contraignit également les bouchers
à vendre leur viande à 4 d. et 5 d. la livre.
(Extrait du Courier de Londres.]
INTÉRIEUR.
Paris , le 10 vendémiaire.
Une convention d'amitié et de cornmerce entre la
république française et les Etats-Unis de l'Amé-
rique , a été signé hier par les ministres p'énipo-
teniiaires français , Joseph Bonaparte , C.P. Claret
Fleurieu et Rœderer , et les coranaissaires amé-
ricains Oliv. Ellsworth , W. R. Davie , et VV- V,
Murray.
— Le ministre de l'intérieur a réuni aujourd'hui
les envoyés des départemens. Il leur a donné uil
concert oià il avait rassemblé les premiers lalens
qui se trouvent actuellement à Paris. Les citoyens
Blanchi , Martin , Garât , ont tous chanté
des airs italiens et français , et en vérité le citoyen
Garât peut soutenir , pour les oreilles les plus dif-
ficiles , la concurrence avec les chanteurs italiens
les plus justement célèbres. Madame Scio , ma-
dame Grassini , madame Banti , ont chanté des
airs de Didon , de Sémirarais , etc. etc. Toutes se
sont fait entendre avec un égal plaisir.
Les musiciens > u conservatoire ont accompa-
^ gné les chanteurs , et ont exécuté des symphonies
avec une grande s 'périorité; on a smtout dis-
tirïgujé Ws ■citpyées Fr^âérife , Gharlés'btiverhoy f ile rèprésentatis'conSérvfti sa'plat^e ^,*.seAiejit'''«
et^Dilc'ombrl.J»^' ' ^, 1 , .X , ^ . "? t- > ./ effort , \t4ett>VlTt lè^îu?- de- sdn' InllifuSéti^i
ce concert , auquel
es conseillcrs-d état ,
Le.« consuls ont assiste
se trouvaient les ministie:
les s'ënaieurs ,'etc. etc. ' \.
Le ministre qui fait jouir les envoyés des
dépariL-raens , du plaisir d'entendre et de juger
les artistes les plus distingués , sait ainsi tout à
la lois encourager les taleus et accueillir d'une
manière convenable les citoyens qu'il réunit
chez lui.
— Mad.ime Banty , première canialiice de
l'opéra italien à Londies,est depuis quelques
jours- à Paris, otà les amis de l'art musical desiraient
vivement reiiiendre.
— La fête de l'anniversaire de la fondation de
la iépubliq,ue a été Lclébice dans tous les tlépar-
tejnens avec un eiiihousiasme, juste sujet déloges
pour les citoyfns , avec un zcle et une pompe
qiH honorent les magistiais. De toutes parts nous
recevons d-.-s détails sur le spectacle qu'ont pré-
senté Ces réunions imposantes , les sentiniens qui
y ont été exprimés, les vœux qu'on y a formés,
les sermens rju on y a renouvelles , les hommages
qu'on y a rendus aux héros rhoris pour la pairie,
les encouragemens quori y adonnés aux jeunes
français destinés à marcher sur les glorieuses
traces de leurs aines. Il n'est pas étonnant que
là où le même sentiment semble avoir animé
tous les orateiirs , noiis trolivions des expres-
sions presque semblables à retracer. Le patrio-
tisme vrai, n'a qu'un ton, celui d'une sage énergie; i
les magistrats dignes de leur nom , n'ont qu'tin |
langage , celui qui commande par la persuasion j
et qui fait aimer les lois, avant de prescrire l'obéis- ;
sance qui Itur est due. La proclamation des noms j
des départemens de l'Aisne ,de laCôte-d Or, des !
Forêts , de là Marne, de la Haiite-Maine , de la i
Meuse, de la' Moselle , du Bas-Rhin . et de là:
Hautc-S.iône , a été entendue avec un vif intérêt ; !
mais celle 'du département des Vosges nommé i
comme ayant le plus lot rempli l'attente delà patrie, j
et' satisfait aux besoins de 1 état , a par-tout été;
enteridue avec un sentiment Ai. respect et de re- |
connaijssaucc auquel se mêlait celui d une gêné- ;
reuse émulation. Il semblait que dans chaque!
département on résohit d'obtenir à la lin de ,
de Tannée qui commence, le même témoignage
de satisfacliou nationale.
Consacié a rappeller la fondation de la répu-
blique , non moins qu'à honorer la mémoire:
de deux, de ses plus illustres défenseurs , par- j
tout la fêle du 1" vendémiaire a eu l'une de
ses heures marquée par de sincères témoignages !
de la douleur publique : aux noins de Kleber et
de Desaix, les percs ont laissé couler des larmes,
les vieux soldats se sont émus , et les jeunes
français cédant au niouveuient d un généreux
sentiment ont répondu par des c:is belliqueux,
à ces mots funestes , Kleber et Desaix ne sont plus!
Dans plusieurs départemens , on a su très-heu-
reusement employer la matinée du 1^' vendé-
miaire. Les élevés des écoles centrales ont reçu
les piix que leurs succès, dans le cours de l'année,
leur avaient mérités. C'est ainsi que ia lête de la
république est devenue , en mçme-tems , ceilç du
talent et de lémulation.
Cependant , dans cette expression commune
des mêmes sentimens et des mêmes vœux , il est
des traits remarquables qu'orppeut saisir et rappro-
cher , pour donner une idée plus exacte dé l'en-
semble auquel ils appartiennent.
A Nantes , le préfet a dépeint comme un co-
losse aux pieds d'argile , les états qui ne cherchent
à se soutenir queparla violation des droits les plus
sacrés ; il a fait pressentir que la paix assurerait
bientôt , sur une base inébranlable , notre répu-
blique , déjà appuyée sur la force et la sagesse.
En parlant des malheurs qui ont pesé sur les
contrées de I Ouest , il a marqué leur terme au
jour de l'établissement d'un gouvernement juste
et réparateur; ir a annoncé que ses démarches
.pour obtenir des adoucissemens au sort des con-
tribuables n'avaient point été sans succès , mais
que ces adoucissemens devaient être le partjge
de ceux fiui auiont montré le plus d'empres-
sement à faire tout ce qui est en leur pouvoir dans
l'acquit des charges publiques.
Aux encouragemens obtenus par les élevés
des écoles centrales , il en a joint d'atitres
qu'avaient bien rnérités les intéressans élevés
dans l'art de guérir qui sorit réunis dans la ville
de Nantes.
A Maestricht un drapeau remis par le préfet à la
garde nationale sédeniairé a été un témoignage de
reconnaissance pour le service pénible auquel
elle se livre avec uneconslaiice et un dévouement
dignes de remarque.
Le' préfet de la Somme en parlant de notre situa-
tion, et en développant le mécanisriie de notre gou-
vernement a tracé le tableau suivant :
<i Depuis le 18 brumaire le système rcprésen-
taiil , établi par nos lois constitutionnelles,
marche avec un ordre, unesimplicitéadmirables :
le sénat-conservateur, le tribunat , le corps-légis-
latii , 1« conseil-d'état , les consuls , chaque corps
lie; _
effort, ''et-retn'plTi ie"Tîurc!e' son fnstnrunoTr par-
ticulière. Heureuse harmonie qu'on voudrait
eipain détruire I elle s'est communiquée À to^tites
les parties 'dé 'radministration publiqiît! i les 'né-
gociations sont secrètes, actives et franches:
la guerre réforme ses dépenses , sans compro-
mettre la victoire : la marine se répare en silence,
et médite de sages expéditions : la: police ' est
vigilante et tutéiaire : la justice est présente dans
tous les lieux : ses organes ont pour règles , des
lois positives : dans les iiaances , l'ordre s'ac-
croît chaque jour; et 1 ordre est la garantie cer-
taine qu au tenis de la paix , les contributions
seront diminuées : enfin, dans l'intérieur , l'ac-
tion adnuEiistiaiive se répand également su'r lou's
les points de la répuTjii.jue , et sur tous lés objets
qu'elle , etiibrasse : elle piovoque les dévelop-
pemens de lindustrie , du commerce et de l'a-
griculture : elle encourage les ans ; et déjà
s'élèvent des raonurhens publics , consacrés à
l'héroïsme par la reconnaissance nationale. " ^ ^
Le préfet de, Maine - et -Loire venait de rap- -^
peler, dans un discours concis et attachant, ia
nature des divers gouvernemens , les progrès de
la civilisation , les causes de notre révolution,
ses événemens mémorables , et la glorieuse
guerre soutenue pour notre indépendance ; une
invocation à la paix a terminé ce morceau ; elle
nous semble être la juste expression du vœu des
frariçais , et la peinture iidelle de leur caractère :
41 Descends donc du ciel , aimable paix,
viens , l'olivier à la main et la sérénité sur le
front , fermer le temple de Janus ; viens en-
chaîner la discorde cruelle et l'afireux démon
des combats. Parcours rapidement J Europe em-
brasé; , pour y éteindre les torches de la guerre ;
mais reviens te fixer au milieu d'un peuple qui,
t'aime et qui t'aspire , d'un 'peuple rjui t'a achetée
si cher et conquise si glorieuseni£nt ; amené avec
toi ton brillant cortège : ces ails qui se plairont
à décorer nos trophées , ces lettrés qui élcrni-
seront la mémoire de nos exploits , ces plaisirs
délicats que le français aime entre tous les
peuples , le français spnsiblc à toutes les jouis-
sauces comme à toutes les sortes de gloire. Je
rie te dis point d'amener l'abondance à ta
suite; peut-elle manquer dans un état favorisé
des plus doux regards des cieux, avec un sol im-
patient de produire , avec des bras atjssi robustes
qu'industrieux ? !>
Dans le département de Seine et Oise , après la
distribution des prix auxélevesdans l'art du dessin,
on a fait l'ouverture d une exposition publique des
ouvrages de peinture , sculpture , aichitecture
et gravure , remarquable et par le nombre des
productions , et par le mérite de quelques-unes
d'entre elles.
Honneur , a dit le préfet , dans un discours
vivement applaudi , honneur au génie qui a fait
cesser cette dissention si iuneste entre les idées re-
ligieuses et l'union politique ; qui a lait dispa-
raître ces contradictions fâcheuses entre un régime
nouveau et d'antiques habitudes ; qui a su recon-
cilier les préjugés des faibles avec la hardiesse et
l'élévation des âmes fortes , les venus paisibles et
fraternelles de la morale chrétienne avec l'autorité
maie et 6ere des principes républicains ! c'est lui.
qui a véritablement affermi la lépublique fraiiçaise
sur des foiidemeris étemels ; c est lui qui la pour
jamais environnée de l'union invincib'e , de tous
les vœux et de tous les cœurs des français...'.
Le préfet du dépantcment de 1 Outihe , en
rendant hommage au zèle et au dévouement des
braves liégeois , en rappelant le nombre des dé-
fenseurs qu'ils ont lourni , et les saciifices de
tous les genres auxquels ils se sont volontairement
soumis , a trouvé le moyen de reconnaître ces
services en traçant , à ceux qui les 6ht rendus , le
tableau d'une situation qui permettra bientôt d'y
mettre un terme.
Il Dix mois sont à peine écoulés, a-t-il dit^ et la
situation d.ins laquelle nous étions nous paraît un
songe. La guerre civile est éteinte , les factions
Sont détruites ; l'armée française compleitéé , '
soldée , approvisionnée , victorieuse sur le NI ,
le Danube et l'Adige , nous garantit la fin de ia
guerre étrangère.
?) La liberté , la propriété individuelles , ces
deux divinités de l'homme social , violées , Outia-
gées parles apôtres hideux de l'anarchie, sont
aujourd'hui replacées sur leurs autels: la législa-
tion s'épure, le code des lois civiles va paraître ;
une douce fraternité succède aux méfiances poli-
tiques , et le crime intimidé rend à l'innocence ia
sécurité dont il la priva si long-tems.
i> L'agriculture fleurit , le commerce renaît , les.
beaux arts sont encouragés ; les établissemens
d'iiistruction, de bienfesance,et de reconnaissance
publique se multiplient ; les monnaies fictives
sont disparues ; le crédit public et particulier se
prêtent un secours mutuel ; les tributs de l'état
sont perçus , et ses créanciers sont payés en valeur
réelle.. _ '^
I) Oti donc le gouvernement consulaire a-t-il
trouvé assez de bras , assez de trésors pour opérer
tant de prodiges ? Est-ce dans un accroisseaient
%
d'impôts? non , il les a diminués. Est-ce dans dos ; d
réquisitions, des confiscaiions . des emprunts for-
cés , des lois révolutionnaires ? non ; on a trouvé
ces bras , ces trésors où l'ignorance et la cruauté
né lés ti'ouveront jamais ! dans l'ordre, dans léco-
nomie , dans la justice , dans le concours de
toutes les lumières , de tous les tàlens , dans la
confiance et l'estime de la première nation de
l'univers )>.
A Bordeaux , l'idée heureuse de rendre à
Montaigne un hommage public dans un lieu où
vit encore le souvenir de ses venus i, une juste
estime pour le philosophe , une profonde recon-
naissance pour le magistrat dut répandre sur la
fête dii'i'^' vendémiaire un éclat qu'ailleurs elle
né pouvait obtenir: Le ciioycn Laraontagne ,
professeur de belics-letircs à l'école centrale, a pro-
noncé l'éloge de l'auteur des Essais : son discours
était particulièrement le développement de celte
pensée qui s'offrait à tous ks yeux :
.Les honneurs rendus aux grands-hommes en pro-
duisent d'autres.
Il appartenait au préfet de la Gironde de
parler digneraenr de la fondation de la républi-
que , de ses triomphes , et de peindre les oriig'és
dont son berceau fut entouré.
Nous ne pouvons mieux terminer ces rappro-
chemens qu'en citant les principaux passages du
discours du citoyen Thibaudeaù.
Ce discours est un éloquent abrégé de l'his-
toire de la révolution : nous arrivons , en le
suivant , à l'époque où le nouveau gouverne-
ment vint arracher la république à l'empire des
factions.
Il Les hommes qui furent alors placés à la têie
du gouvernement , dit le citoyen Thibaudeaù ,
contractèrent de grandes obligations. La nation
peut juger aujoUrdliui s'ils les ont fidèlement
remplies.
Mais elle ne doit pas oublier qu'il est des
maux irréparables . et qu'il faut beaucoup plus
de tems pour réédifiur que pour détruire.
Néanmoins, que de plaies ont été fermées!
que de bienfaits répandus ! que d'idées géné-
reuses ont repris leur empire !
Un gouvernement dont l'intensité rend l'ac-
tion plus sûre et plus rapide. Une division des
pouvoirs tellement combinée qu ils ne peuvent
plus devenir rivaux , et qu'ils sont retenus par
un moyen légal dans leurs limiies respectives.
L'administration simplifiée , l'action substituée
à la délibération. L'ordre judiciaire reconstitué
d'après des principes consacrés par l'expérience.
Les magistrats environnés de considération. Les
talens appelles àl'exetcice des fonctions publiques.
L'ordre rétabli dans les finances, le crédit public
sorti de ses ruines. Les départemens de lOuest
pacifiés, encore plus par la persuasion et par
la clémence que par les armes. Les divisions
inventées par l'esprit de faction anéanties , la
fusion de tous les partis opéiée par l'impar-
tialité et la justice du gouvernement. Les armées
réorganisées , la victoire rappellée sous nos dia-
peaux , les peuples alliés retidus à la liberté.
Et quelques mois ont suffi pour produire
d'aussi grands événemens ! Il n'appartenait qu'à
la valeur , à la sagesse et au génie d opérer tant
de prodiges.
Si le premier consul écrivait en rendant
compte de la victoiic de Maiingo : j'espère que
le peuple françjis sera satisfait de son armée ;
le peuple répond aujourd'hui tju'il est aussi
satisfait de son gouvernement. A ces mots la
commune de Boideaux a inierrompti par un cri
d'adhésion , un préfet qui par un mouvement
heureux d'éloquence se rendait ainsi l'interprète
de la France entière.
— A la dernière fête de Saint - Cloud , une
famille entière , composée de la merc, du père,
de la fille, du gendre et de quelques amis, s'y rend
pour y passer la journée. Pendant la promenade ,
la mère , déjà âgée , s'arrête , et indique à ses
enfans tel calé où ils pourront la rejoindre. Quel-
que tcms après , ces mêmes jeunes gens se trou-
vent séparés de leur père , non sans inquiétude ,
parce qu'il a plus de soixante-dix ans. La nuit
arrive sans qu ils le rejoignent , et linquiéiude
augmente. Ils se décident alors à se rendre au
café où leur mère devait les attendre. Dansl'obscu-
lilé ils suivent l'allée où ils se trouvent ; et trom-
pés par une lumière qu ils apperçoivent dans une
maison voisine, ils dirigent leurs pas vers elle. Mais
malheureusement c était sur une terrasse qu'ils
marchaient , et toul-à-coup arrivant à l'extrémité ,
sans le voir , le jeune homme et la jeune personne
ee précipitent de dix à douze pieds de haut , et
l'un et lauitc se blessent grièvement , sur-tout la
jeune femme , que l'on trouva évanouie , /lors
<ju on accourut à leur secours de cette même
maison dont la lumière les avait si cruellement
abusés. On leur prodigua les soins les plus em-
prctsés , et quand la jeune femme eu; reprisses
eyait l'attendre. On la ramena bietiiôt, mais elle
j était elle-niôme dans un éiat déplorable, occa-
isioiiné par une ciiûie qu'elle avait laite de ton
côié ; elle avait un bras démis et éiait pleine de
contusions, l.' bstnce du père ajoutait en-
core aux souffrances de ces iiiforiuués. Enfin
les personnes qui les avaient recueillis , Icurpro-
cui^creiu une vyituie pour les reconduire. Erj
Iriivant chez eux, ils trouvèrent Je vieillard que
l'on venait d'y rapporter, et ((ui tn tr.iveisant le
bois de Boulogne, pour regagner Paris , s'était
précipité dans un fossé , et était Couvert de bles-
sures qne son âge rendait plusinquiétantès encore.
Heureusement ces divers actidens n'ont pas eu
de suites plus fâcheuses, et les urrs et les autres
sont maintenant hors de danger. | E\tiait de ta \
Gazelle de France.)
— Dans un moment où tous les espiits s'oc-
cupent du pocme de l Homme des Champs, on
apprend avec plaisir qu une muse ilaiieiiru; a
entrepris de transporter daiis sa langue les beautés
de cette produclioii des iniisi/s l'r;jin;iiisLS. L-
citoyen Pio , traducteur esiinie de plusu-uis ou-
vrages, se livre avec ardeur a ce trjvail difficile
et a déjà bicniôt terminé le premier chant. Il a
choisi le verso sciolto , comme le plus propre au
genre didacliijue , et adopte par tous les poètes
qui ont écrit datis ce genre. En voici les douze
premiers vers , où l'on peut remaïquer une giande
fidélité à rendre les penséci , ei be.juco'up de
facilité à substituer au tour frji:çais le tour parti-
culier à la lanuue italienne.
Giri .
:olll 1
; ^ln di potej d/ir U^^l
Al GalUco Parnasa un Vati iUinlre.
Già il Mantovan Cantor cu^ iMji prscet
Fc pïn%ui i Campi e pago ogili cohnti.
Ma cfii putTà diltax rcgoh atruomo
LelCarle di gotln ? Qjiai sono ? e dnve ?
No , liingi agrii precetto , o versi miel ,
Lungi il sevEro magistral cipigtio ;
Ecco deU'alma amabile Natura
Mo'ard , président du conservatoire des a.-is
et métiers ;
Tliourct , dit ecieur de l'écnle de médecine ;
Lastvyrie , membre de la société d'agriculture;
De Çatuiolle , de la société pLilornatique ;
Delesieti,,, négociant , rue Coqliéron , ii'' SS ,
pour irésoriet. Les membres isuppféans sopl.
Les citoyens J. B. Sny , membre du iribut^al-;
Gelin . membre du bureau de bienfesance de
la division du Mail. i i -
Rousseau , membre du corps-légjsiatif ;
Coliart, membre du bureau de bienfesance
de la division c1u Mail.
L'assemblée a arrêté que lé comité cnnvoqt>e-
rait une nouvelle a;, emblée générale le t'^ fri-
maiic prochain pour rendre compte de ses o,p,<:-
raiions.
Le comité a nommé le citoyen Bethune-Ciiaro.fit
présidetit, et le ciioyen deC^ndollc , rue Copeau ,
11" 33o , secrétaire. ■ '•■ ■ ■ ' . ',^ ■•
Ou continue à recevoir les souscriptions àl'éla-
lablissenieiit des soupes à' Ja Ruraford, rue du
iVhiil, n" 16, où l'on irouvei'a des prospectus
de la souscription avrc la liste des souscripteurs.
L'ir.
sola , etc.
Boldjascino sia di noi morlali ;
C lu fia vederta e amarla un punlo solo , etc.
— Le lycée républicain va rouvrir la seizième an-
née de ses cours. Le citoyen Lah'arpe a pris l'en-
gagement d'y professer la littérature. Les succès
biillans qu'il a obtenus pendant dix ans , en rem-
plissant lamême chaire , promettent que le cours
de cette année jouira d'un succès égal à celui
que les précédeiis ont obtenu à si juste titre.
A1INISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le ministre de l'intérieur , avertit tous les
administrateurs et directeurs des élablisseraens
publics que les caries données aux envoyés des
départemens , pour leur en procurer Iciitrée ,
doivent leur servir jusqu'au 20 de ce mois , (|Uoi-
qu'il y soit dit qu'elles ne youdiont que jusqu'au
dix. — Le ministre a accordé une piolongation
de dix jours.
TRIBUNAL DE C.A.SSATION.
P.\R jugement du 8 vendémiaire an 9 , le tri-
bunal de cassaiion a rejeté le pourvoi de Franqois
Lecomie , Claude Manizier, et Jacques-Thomas
Lautrel , condamnés à mort par jugement du
tribunal criminel du dépariement de la Seine ,
comme convaincus d'avoir, le 1"^ IViiiiaiie an
6, attaqué et pillé, entre Froidmaute.iu et Ville-
juif, les diligences de Moniargis, Sens, Fon-
l.iinebleau et Essone , et d'auires vols comn^ns à
la même époque , dans les environs, avec violence
envers les personnes, ch,iufljgf et attaque à
dessein de tuer. Lecomte , l'un tics condamnés,
avait fait l'aveu de son crime, et décelé ses
complices. --'
Par un autre jugement du 6 du même mois,
le tribunal a rejette le pourvoi des nommés
Etienne Hyvcrt, Laurent Guyol, François Auriet ,
et Antoine Lï.piêtre, condamnés à la peine de
mort par jugement du tribunal criminel du dé-
parlement de lAin, comme convaincus d'avoir,
dans la nuit du aS au 26 ventôse an 8, allaqué,
à dessein de tuer , les voyageurs , le conducteur
et le cocher de la diligence allant de Genève à
Lyon , de les avoir liés et garroiés , apiès les
avoir contraints de sortir de la diligence; et
d'avoir pillé et enlevé les elfeis-, bijoux, or et
argent qu'ils trouvèrent dans cette diligence.
»cn> , on courut , à sa pricrc , au café otl sa mère ' culture
Le cinq vendémiaire an 9, l'assemblée générale
des souscripteurs pour former des établissemens
des soupes économiques, anomraé pourcomposer
son comité central d'administration ,
Les citoyens Beihune-Charost , maire du 10'.
arrondissement ;
François (de Neufchâteau), membte de l'Institut
et du sénat-constrvateur ;
Parmeniier , membre de l'Institut etde la société
d'agriculture ;
Cadet-dc-Vaux , membre de la société d'agri-
THEATRE FEYDEAI).
Il y a peu de jours les restes de Turenne
remis à la garde des défenseurs de la pairie
dans le temple de Mars , étaient accompagnés
a cette glori-ruse demeure du témoignage de la
reconnaissance nationale ; le nom de Caiiiiat
vient d'être prononcé sur l'un de nos théâtres ,
^t ce nom révéré a reçu de jusics et unanimes
hommages ; c'est avec un seniinitni d'iiuciêi bien
vit, qu on a \n retracé sur notre scène, et'
par une main habile et exercée , le portrait de
ce guerrier philosophe, ttraird dans la guerre ,
ami de la paix , le père du soldat dans les
camps, et celui des pauvres à Saint -Gratieii ,
modeste apiès la victoire, et ne connaissant
point la veille du jour du combat , dans (]iil1
grade le caprice de la cour devra le Caiie servir;
de ce grand homme dont l'auteur du siècle rie
Louis XW , empruntant ce mot su duc de la
Feuillade disait , qa'il eût été bon miiuitïc , bon
chancelier, comme bon général.
. Voici dans quelle situation l'auteur , le citoyen
Marsoilier , a placé son principal personnage;
c'est bien ici qu'on peut dire^ le héros de la
picce.
Catinat est retiré dans son château de Saini-
Gratien ; il appietid qu'un de ses voisins, père
de trois enfans esi à la vielle de se voir ruiné
pour avoir mal placé sa confiance ; Sainville, c'tst
le nom de ce voisin du Maréchal , refuse les
oiîies de 1 amitié. Caiiiiat profile de son absence
pour chercher les moyens, sinon de vancre.,
du naoins d'éluder sa résistance ; il visite la
farniHe de S.iinville, iiouve ses enfans pleins
de grâces, ei l'intétieur de sa maison intéressant;
il apprentf que ce SainviUe est le fils d'un homme '
(jui lui a rendu un service important ., lors-
j qu'il quiua le barreau pour l'état militaire. Les
enfans veulent exécuter un petit concert, et le
Maréchal entend presque malgré lui sortir de
leur bouche , sur l'air favori de ses troupes ,
un éloge naif de ses talens , de ses services et
surtout de ses vertus. Il apprend qu'un misérable
tableau relégué dans un cola a été mis inuti-
lement en vente par Sainviiie ; ce trait lui four-
nil un moyen d'obliger son ami ; il sqrt , et un
moment après un de ses domestiques déguisé
en juif , marchand -le tableaux, paraît, nomme
la mauvaise copie qu'on lui présente un oiipinal
du jilus haut prix , et l'enlevé sur le champ
en s'excusant be.iucoup de nEn donner que
5oo louis. Sdinville rentre bientôt suivi des
créanciers qui l'assiègent ; soi vieux domeslique
dont la conversaiion et le ton guerrier avaient
beaucoup amusé Cilinat , renvoie ces importuns
visages en les payant avec les 12 mille fr;,ncs
reçus ; Sainville ne connaît rien à tene siluuiion.
Son valet lui apprend la venle du lablcau. Sain-
ville reconnaît un bienfait de Câlinât^ une luse
innocente l'aide à en surprendre l'aveu de la
part du Maréchal qui reçoit d'une famille entière
les expressions de la reconnaissance la plus vrve.,
et met le comble à ses bienfaits en la fixant'
à Saint-Graticn.
Cette pièce a eu le plus grand succès ; elle
doit beaucoup au nom qu'elle avait piour o'ojel
de rappeler , et au jeu des acteurs : mais on y
reconnaît ce mérite , qui est le caractère disiinclif
des ouvrages de son auteur ; une grande con-
naissance des effets de la scerie , des situations
théâtrales , un intérêt pressant et soutenu., un dia-
logue spirituel , et à coté du personnage prin-
cipal, un rôle d'une originalité et d'une vériié
remarcjuables. Tel est celui du vieux domestique
de Sainville.
Cet ouvrage eût pu se passer du soutien de ta
musique; si même nous devons dire noue
pensée , no^is croyons que le genre et le sujet
n'étaient nullement propres à inspiref un cumpo-
40
sifèur. Cependant quelques mèrceaux ont faii
reconnaître le caraciere aimable cl lacile des
pioduciions du ciioytii Daleyrac; on a ipniarque
le piemiei duo , le irait original qui termine celui
des deux valets, et sur-tout le trio des en tans pour
lesquels se trouve arratit;é l'air si connu sous le
nom de la Matche de Catinat. Les auieurs ont cic
viveraenl demandés. I.e citoyen Daleyiiic a païu.
ïl nous a semblé que les lémoisnages de la suiis-
l'jcdon du public appelaient plus paiiiculiére-
lucniTauteur des paroles. Les acteurs , Uézicourt
dans le rôle de Cuiinal , et Julien dans celui ilu
vieux soldat, méritent une mention particulière.
Le préfet du département de la Seine , au rédacteur
du Moniteur. — Paris , le i\. vendémiaire an 9.
Citoyen, je vous invite à insérer dans votre
journal , la note suivante :
" Le jury cenual d'instruction publique du
département de la Charente , a pris , le 25 ther-
mido- , un artêlé par lequel il éliblil un concours
jjDur les places de professeurs d histoire naturelle
tt de botanique, et de physique et chimie expéri-
aneniales. Ce concours est ouvert jtrsqu'au îo
brumaire prochain , et chaque concurrent doit ,
avan' celte époque , adresser au jury , sous le
couvert du préfet du département de la Charente,
un programme raisonné du cours qu'il se propose
défaire. L examen et les élections seront faits
dans la troisième décade de fiimaire.
Le préfet du département ,
signé, Frochot.
Versailles , le i6 fructidor. j
Ce n'est pas sans étonnement , citoyen , que
jai vu dans le Moniteur du i3 fructidor, page 1884,
le citoyen 'Vaucher , sncien médecin des armées
de la république , s'occuper gravement à relever |
une phrase de la notice insérée dans un de vos i
numéros , sur lindicaiion du lieu natal de quel j
ques plantes rares et intéressantes , qu'on trouve '
dans le voisinage de Versailles. Je ne prétends
pas justifier pleinement le jeune rédacteur de
cette notice : sa phrase n'a pourtant d'autre dé-
faut que de n'être pas assez développée. Avec
un peu plus d'attention et moins de goût pour la
critique , le docteur Vaucher aurait saisi le seul
et véritable sens qu'elle doit avoir , pour tout
Itqmme qui la lit sans prévention. Il ne s'agit
point dans cette phrase , comme paraît le croire
le citoyen Vauchéf , du silence absolu des bo-
tanistes topographiques , mais seulement de leur
silence sur la station de ces plantes dans les
environs de Versailles.
Les estimables auteurs cités par le citoyen Vau-
cher et qui sont entre les mains de tous les
botanistes , ne disent pas précisément que ces
plantes croissent près de Versailles , excepté
ïournefort qui indique le Rossolis (Drosera-rolun-
difolia L{nn.) , diiricre le potager de Versailles;
mais le docteur ignore , sans doute, que le lieu
oii croissait le ciiarmanl Rossolis, fait à présent
partie de Versailles, et que cette indication de
Tournefon ne p< ni plus être d'aucun usage pour
les amateurs de cette ville.
Quant à U Lavanese [Galega o_fficinatis ,h\nn.)
Lamarck cite généralement Ls environs de Paris,
etThuiliiir n'indique que le parc de Saint-Cloud,
et l'un et l'auire gardent le silence sur ce bois
voisin de Versailles , où on la trouve dans une
si grande abondance, occupint au moins , deux
ou trois hectares.
Je proposerai à cette occasion , au citoyen Vau-
cljer comme une chose un peu plus utile que
sa facile censure , de nous apprendre S; la Lavanese
est indigène dans la latitude de Paris, ou si elle
s'y est propagée par suite de la culture. Les
anciens auteurs la font, naturelle à l'Espagne et
â litalie. La voilà cependant qui croît dans
le parc de Saint-Cloud, dans les bois voisins
de Versailles, dans le parc deDampierre, sui-
vant .ce (jue vient d'en écrire le citoyen Albert
Luynes au citoyen Duchesne ; on la trouve aussi
aux environs de Soissons toujours dans les lieux
un peu humides et il a , sans doute , été très-
raisonnable de conclure à engager à la cuUiver.
Salut et fraternité , Caron.
près de 700 patîes : prix 6 fr. broclié et 7 ft. '
relié, et 2 fr. ib cent, en sus, franc de port. !
L'Alman:ich national . ci-devant l'Almariach
royal , a de tout lems été le seul auihenliqne |
avoué par le gouvernement , et oij les attributions |
cl droits des fonctionnaires publics se trouvent j
classés et déterminés d'après des renscignemens-
l^uisés dans les buieaux mêmes des diverses J
adnainisirations. 1
Léililtur de l'Almannch national, le citoven
Tcbtu , jouii , à cet égartl, des mêmes facilités
<iuc ses piédécesseuis. Les matériaux de son 1
ouvrage sont fournis par les difTérentes autorités
constituées, et lui-même est autoilsé à deirinnder
aux secrétariats des divers ministères les notes '
qui doivent le guider dans l'état des personnes
employées.
Il résulte de cette marche que l'Almanach
national a un caractère authentique et d'exactitude
d'autant plus préi-ieux, que l'avidité du gain a
multiplié les Annuaires , les Calendriers de la
république rédigés sur des renseignemens ou
inexacts ou faux , et qui présenti;nl aux yeux de
l'élrangers une image infidèle de 1 organisation
actuelle de notre gouvernement.
L'Almanach national est un véritable Etat de In
France; il ne réunit pas seulement les noms des
personnes en place , mais encore lexirait des
lois sur les instituions et établissemcns publics,
la distribution méthodique des parties du gou-
vcrtiement , de ladministraiion , de la manne,
de l'insiructien publique , etc. , avec 1 indication
des nombreux fonctionnaires publics attachés à
chacune de ces parties.
La division départementale est un des meilleurs
tableaux que l'on ait de la république ; elle est
dégagée des inexactitudes qui se rencontrent dans
les ouvrages les plus modernes où l'on ne tient
pas compte des changemens survenus dans la
circonscription de certains départemens. Le ci-
toyen Testu a placé en tête <ie chacun d'eux
une notice géographique et statistique très-bien
faite. Le tableau des foires , avec l'indication
des objets qui s'y vendent , et des nouvelles
dates de leur tenue, est complet et très-exact.
Enfin , cet almanach est un ouvrage utile sous tous
les rapports ; et 1 pn doit de la reconnaissance
et de l'encouragement à celui qui chaque année
y consacre beaucoup de soins e< de dépenses.
P.
Almanach national de lu république française ,
^our tan g , présenté aux consuls- A Paris , chez
Xeslu , rue H.iuiefeuille , n° 14 ; un vol. in-S" de
La gazette littéraire de lEurope , autrefois rédi-
gée par les citoyens Arnaud et Suard , et dont le
succès fut si bien mérité , n'existe plus : on vient
de concevoir l'idée de la remplacer par un nou-
veau journal presqu'entièremcnt consacré à la
littérature étrangère. Ce journal ne sera pas très-
étendu , et ne renfermera que de courtes mais
suffisantes notices de tous les ouvrages qui parais-
sent chaque jour , soit en Angleterre , soit en Al-
lemagne , dans le nord . etc. Les allemands ont
des écrits périodiques estimés : les auteurs du
nouveau journal se proposent d'en faire un fré-
quent usage , et délayer leurs jngemens de ceux
qu'ils y trouveront développés. Ils trouvent et in-
diquent un avantage certain , résultant de leur
entreprise : elle servira à faire connaître quels ou-
vrages sont dignes ou par leur mérite réel , ou par
leur succès , d être traduits en Iranç.ris , et à re-
lever ainsi quelques presses abandonnées faute
de travail , à occuper des traducteurs habiles ,
que le défaut de relations et de publicité des ou-
vrages étrangers laisse sans matériaux.
En, Allemagne , on public encore aujourd'hui
un grand nombre d'éditions d'auteurs grecs et
latins qui commencent à devenir rares en France ,
oii on les réimprii-^.e peu ; la notice exacte de
ces éditions nouvelles trouvera place au journal
dont il s'agit ici; on y trouvera joint un catha-
logue exact et quelquefois raisonné de tout ce qui
paraîtra en France , soit dans les sciences , soit
dans la littérature. Un article nécrologie , con-
sacré aux gens de lettres , quel que soit le pays
qui les ait vu fleurir, rappellera et les principales
actions de leur vie , et des écrits auxquels ils
auront dû leur répuiation. L'annonce des séances
et la publication des programmes des diverses
sociétés littéraires , ajoutera' encore à ce recueil
un nouveau degré d intérêt.
Les notices littéraires des livres publiés en Eu-
rope sur les sciences , la littérature et les arts ,
paraissent à compter du l" vendémiaire an 9 ;
chique mois il paraîtra deux notices de 32 pag.
in-8° , beau caractère et beau papier. L'abon-
nement, pour Paris et Strasbourg , sera de 16 fr.
pour un an , et de 9 fr. pour six mois; pour
tous les départemens de 19 fr. par an, et de
12 fr. pour six mois.
On soubcrit , à Paris et à Strasbourg, chez
Kcunig. librjire , à Paris, quai di-s Augustins ,
ij". 18 , et à Strasbourg , rue du Dûiue , 11°. 26.
La publication des Annales des nrts et mannfac- .
turcs ,i\u\ ne pjraisseui que depuis quelque» mois,
a déjà ptO'.luit la plus vive seusjtitii) paiini les
négocians , les Inbricans et les artistes.
. L auteur de cet ouvrage périodique corinaîi par-
faitement tous les secrets des ateliers anglais , et
les décrit avec une picciL,ioii et une clarté propres
à en répandie la conii.ii.sancc dans toute la répu-
blique. Déjà des pvopiié:3i:cG de loiges, de blan-
chisseries, de cordeiies, de lannttics, ont suivi les
prorcdés qu'il indique , et ont tiouvé, outre une
éciiiioiriie considérable , une étonnante perfec-
tion ; déjà trois artistes célcbies s occupent à
peindre à Icncaustique, dupièsles idées qu'il a
déveloi'ptes.
Lci trois numéros qui ont déjà paru des Annales,
forment le ])reniler volume d : ce; te collciion.Ge
volume , <jui se vend séparément , contient 22
mémoires sur les objets suivans :
Commerce. 1. Sur l'importance de nos relations
commerciales dans le Levant.
Beaux-arts. 2. Sur la peinture à l'encaustique,
et sur la possibilité d allie; ce genre à la ficscjue.
3. Sur la manière de peindre de l'ancienne école
d; Venise. 4. Sur la prcparaiiou du vernis de
Copal , et sur la manière d extraire le mucilage
de l'huile de lin.
Métallurgie, h. Sur la fabrication del'acier.'B. Sur
la trempe de l'acier. 7. Nouvelle manière de
fabriquer le fer sans aSinerie et au sortir du haut
fourneau. S. Nouvelle manière de fabriquer la
céruse. 9. Sur I emploi d'un alliage de cuivre ,
dont l'usage peut être avantageux aux ans.
Technologie. 10. Appareil peur le blanchiment
à l'acide muriatique oxigêné sans potasse, u. Sur
l'emploi du sulfure calcaire au lieu de potasse
dans le blanchiment à l'acide muriatique oxigéné.
12. Sur la labricaiion du savon de poisson. i3. Sur
la fabrication des cordages plats pour les travaux
des mines , etc. 14. Sut les nouvelles découvertes
dans 1 art de la tannerie. l5. Sur les nouvelles mé-
caniques pour le peignagede la laine.
Hydraulique. 16. Sur la pompe à feu et pistons
métalliques de Cartwright. 17. Pompe à feu atmos-
phérique de S.idler. (8. Machine-à vapeur avec
mouvement de rotation par Sadler. ig. Sur l'ap-
plication des jiompes à feu pour monter le char-
bon des mines , pat Pet rier. 20. Machine à graisser
les roues des moulins, où les dents se trouvent sur
la circonférence.
Télégraphie. 21. Sur un télégraphe portarif à
l'usage des armées.
Marine militaire. 22. Manière de réparer eii
pleine mer les mâts des vaisseaux endommagés
dans les combats ; avec quatre planches doubles
et huit simples.
Il paraît chacjue année douze numéros dt ces
Annales, de sept à huit feuilles d impression ,
format in-8°, caractère cicéro Uidot, papier carré
fin, avec quatre gravures en taille-douce exécutées
par d'habiles artistes.
Le premier numéro a paru le i'' germinal.
Le prix est de 24 f. par an , pour Paris , et de'
29 f. franc de port pour les départemens ; i5 fr.
pour six mois , et 1 7 fr. 5o centimes franc de port.'
On souscrit au bureau des Annales , rue J.-J.
Rousseau , n". 1 1 ; en face de la grande poste ,
où les lettres , avis et tout ce qui concerne ce
Journal, doivent être adressés, et dans les dé-
partemens, chez le directeur de la posteaux
lettres le plus voisin. Les lettres qui ne seront pas
affranchies resteront au rebut.
4
ANNONCES.
Automate qui joue aux échecs et aux dames , rue
des Poulies , vis-à-vis la giande colonnade du
Louvre , n° 21 1.
C est une figure habillée en turc , qui joue
avec le premier venu , arrange les pièces j'our
la première fois ; et si on ne sait pas les règles
du jeu, il se fâche et renverse toutes les pièces.
Ce morceau de méchanique iméressani attira
beaucoup de monde. On peut le voir tous les
jours depuis midi jusqu à quatre heures.
Le prix de 1 entrée est de (rente sous par per-
sonne.
L'abon
fait
;desPoi
qu:
aque
S. I.e prix est de 25 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 mois , et toc francs pour l'a
U fiut adresser les lettres etl' argent , franc de port , au cit. Ag Ass e, propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , u" l8. Il faut comprendre dans le
pays ou l'on ne peut affranchir. I.cs lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plu» de sûreté, de charger ielles qui renferment des valeuts, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au
Poitevini , n° t3 , depui jneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soit.
nes'abonn
lie port de
ur, rue de
A Paris , de l'imprimerie du cit. Ajjasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MON! lEUR UNIVERSEL;
J\f° 12.
Duodi , i^ vendémiaire an g de la république françaiie , une et indivïiible^-
•! p/' îrioi ■■.' !i
LU lUp
iilii;l<iifr.
Nous sommes autorisés à prévwur nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse Ip M O n I T E u R est le s,ul"jou^l"'^id'''
Il contient les séances des autoncés constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des arn,éçs,,,,?.insi:"que I^s fairsefli^otions zkmsA:
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux ahs et aux découvertes nouvelles.
E X T P: R I EUR.
ANGLETERRE.
Londres , le 26 ieptembre f 4 vendémiaire. )
Une cour d'alderraen, tenue au Guildhall de
Ja ciié <;)e Londres, le 83 de ce mois , a passé
à l'unanimiié uu vote de remercîmens au lord
maire , pour sa conduite pendant la semaine
précédente , et quatre autres votes de remercî-
mens pour le régiment de la milice de Londres etc.
La même cour a en outre adopté la résolution
suivante :
u Que les membres de cette cour (regardant
cette résoluion comme un devoir sacré ) sont
déterminés , à tous hasards , à conserver la paix
du toi, la iranijuillité de la cité, le libre et ré-
gulier accès de siS marchés; de protéger les per-
sonnes et les propriétés contre toute violence
et outrage quelconques. Ils considèrent aussi
comme leur devoir d'empêcher , s'il est possible ,
etjde punir lorsqu'on pourra les découvrir,
toutes les pratiques illicites , qui tendraient à sou-
tenir ou à élever le prix excessif où sont à pré-
sent les denrées ; mais lesdits membres travaille-
ront collectivement et individuellement , par tous
les moyens légitimes qui sont en leur pouvoir , à
faire baisser le prix des provisions.!)
(Extrait du Courier de Londres.)
Après la tenue, avant-hier, d'un conseil du
cabinet , un couiier fut expédié à lord Minto , à
Vienne.
On dit que le gouvernement a reçu des dé-
pêches de lord Whitworth . annonçant qu'il est
de retour de Stockholm à Copenhague , et qu'il
a obtenu de la cour de Suéde une réponse satis-
fesanle sur les motifs de ses armeraens.
Suivant quelques rapports , lord Castlereagg
est nommé au commandement de I Inde , à la
place du marquis de Wcllesley. Ainsi , l'or
d'Orient acquittera les services du premier en
Irlande.
Nous craignons que les coups de vent de
] équinoxe , qui se font sentir dans ce moment ,
n'obligent lord Saini-'Vincent de quitter sa croi- \
siere devant Brest et de rentrer dans nos ports.
Déjà niênie U téméraire , de 98, commandé par
le contre-amiral 'Whilshed , et i'£xcei/«7!t , de 74 ,
capitaine StopFord , sont arrivés à Portsmouth.
' L'amiral Duckworth , qui remplace lord Hugh
Seymour. dans la station des îles du Vent , est
arrivé à Toriola , sur le IJviathan , de 74.
Le Bonny , capitaine Hughes , qui se rendait de
la côtes de Guinée à Démérary , chargé de noits,
a été pris par lennemi dans les Indes-occiden-
tales.
La mer a déposé dernièrement sur la côte
près de Saint-Andrews , une caisse très-pesante,
garnie en Icr , et remplie d'articles d'une valeur
considérable. Elle provenait du paquebot le
Speedwell , péri , il y a quelque lems , près de
Monirose. Le nom de lady Anne M'KeiÙ , gravé
Sur une plaque de cuivre, a fait présumer qu'elle
lui appaitenait.
Mardi , entre les dix et onze heures de la nuit,
le docteur Letisom avec M. Reynolds, de Whi-
techepcl, furent attaqués sur la route d'IKord
Î>ar \xo\i footpads (voleurs à pied). Le docteur
eur ayant décliné son nom , ils lui répondirent
qu ils le connaissaient bien , et qu'ils le traiteraient
comme un gentleman { un homme comme il
faut). En conséquence ils ne lui prirent que son
argent et sa montre ; M. Reynolds avait oublié
la sienne chez lui. Le docteur a rapporté que
c était des voleurs très-polis ; car ils ne profé-
rèrent ni injures ni juremcns.
La di unne d'Yarmoiiih a reçu ordre de laisser
passer les b.igages de lord Nelson et de sir
■^Villiam Hamilion sans les visiier. Ces deux
voïagi:urs sont attendus ici incessamment.
Un marin a découvert , dit-on , un moyen plus
sûr et plus exact que le télégraphe pour cor-
respondre à une distance donnée. A I a».de de
ce procédé , qui paraît consister dans le son ,
auquel i inventeur fait paicourir dix milles par
minuie , on pouria recevoir, dans lespace d'un
quart d lieutc , réiionse de Poilsmoulh à une
question faite de Londres.
Comme tous l^s rassemblèrnéns populai-
res, ceux qui ont eu lieu dernièrement ici
étaient inoins formidables par le nombre des
acteurs que par celui des curieux, qui oubliaient
quils fesaient ainsi partie de ratiroupcment et
ajoutaient à sa force par la conliance dans le
grand nombre.
On mande d'AntIgoa, en date du jg thermi-
dor, que 40 bâtiniens étaient arrivés de la Gua-
deloupe à Saint-Barthelemi , chaigés de produits
dt: la première de ces îles, après avoir échappé
. a la vigilance de nos croiseurs.
I Les négocians et marchands intéressés dans le
commerce des Indes occidentales , ont fait pré-
sent à M. Colquhoun d'une pièce d'argcjnictie de
la valeur de 5oo liy. stcri. en reconnaissance de
I attention avec laquelle il administre la police des
quais le long de la Tamise. ( Extrait du London
Packet, de l Observer et du Sun.
I N T E R I E U
Paris , le 11 vendémiaire.
R.
On écrit de Madrid . en date du 18 septembre ,
l'[ complémentaire," l'aflaire de Barcelonne est
prise très au sérieux par notre gouvernement. On
est généralement indigné ici de cet événement, et
on ne sait comment caractériser l'esprit qui a di-
rigé la conduite des anglais dans cette occasion. '
u Notre état de guerre ne permettant pas au mi-
nistère du roi d'en adresser directement des plaintes
à la cour de Londres, il se borne à dénoncer le
fait par une ciiculaire aux ambassadeurs de toutes
les puissances étrangères, qui résident aciuelle-
ment à Madrid, et à en informer plus particuliè-
rement le ministère de S. M. suédoise , que cet
événement intéresse plus que tout autre , en l'ex-
hortant à exiger du gouvernement britannique
une réparation satisfesante de l'outrage fait à son
pavillon, et la punition exetnplaire ''des officiers
: qui ont osé s'en permettre un aussi criminel abus.
Voici ces deux pièces : n
Circulaire aux ambassadeurs et ministres étrangers ,
1 à la cour d'Espagne.
[ (t Monsieur, j'ai l'honneUt d^ vous communi-
' quer copie du mémoire que le toi mon maître
! m'a ordonné de faire passer à son ministre à
Stockholm , pour être remis au ministre de S.
M. suédoise.
)! Les principes qui y sont établis, et l'événe-
ment qui y a donné lieu , sont de nature à inté-
resser toutes les nations commerçantes de lEu-
rope , particulièrement les puissances neutres.
)i S. M. est persuadée d'avance que votre gou-
vernement envisagera l'affaire sous le même point
de vue , et elle se flatte qu'il voudra concourir à
effacer, autant que possible, des annales de cette
guerre , un attentat aussi destructeur de la con-
fiance et de l'hospiiaiité dont jouissent les pavil-
lons neutres et amis.
)> Je vous renouvelle , à cette occasion , les
assurances de ma considération et de mon estime ,
ei je suis, monsieur , votre , etc.
Signé le chevalier d'URQUijo.
I) A Saint-Ildephonse , le 17 septembre 1800. u
Lettre à M. le ministre des affaires étrangères du roi
de Suéde.
u Monsieur, le roi mon maître a vu avec la
plus vive indignation , par un rapport que le con-
sul de S. M. suédoise à Barcelonne a remis au ca-
pitaine-général de la Catalogne , contenant la dé-
claration du capitaine Rudbardt, de la galiote
suédoise la Hojfnund, que , le 4 septembre der-
nier, dans l'après-midi, deux vaisseaux tt une
frégate anglaise ont forcé ledit capitaine , après
avoir examiné et trouvé en règle ses papiers , de
prendre à son bord des officiers anglais et un
nombre considérable de marins, et de se laisser
remorquera l'entrée de la nuit par plusieurs cha-
loupes anglaises jusques sur la rade de Barce-
lonne et sous le canon de ses batteries.
)> Que les anglais , ayant réduit ledit capitaine
et sou équipage au silence , en lui tenant le pis-
tolet sur la poitrine , se sont emparés du gouver-
nail, et ont fait, à neuf heures du soir , moyennant
ledit bâtiment et les chaloupes qui l'enviionnaicni,
une attaque sur deux frégates sous pavillon espa-
gnol qui s'y trouvaient à 1 ancre , lesquelles n'ayant
pas pu soupçonner que ce bâlimenl ami et neutre
/-> ;„':! , jitjT •<; . •: 1 i.r;irt
',' .'-'". «f réfère pour les a,uîrçs parijcularilés
ct-les viblenccs exercées par . les anglais sur le
batimens sticdbis , à la déclaration du capitaine
qui ie trouve ci-joinie.' '
, '.'^'î:''?', '"°" rnaîire n'a pu considéref.,cet
cycnemeu.t que conirne intéressant., les diojU et
blessant les iuiérétf. d,e toutes -les puissancesîda
lEurope, sans en cxcepit-ri'Angletcrie ,, et sur-
tout comme l'insulte la, plu^', 'grave cpuliç le
pavillon de S. M. suédoise,..,,, ;;^ - .'j'i''.. ,
u 'l'i-,'^" *^^«=',' 'I est évident que .les puissa,nçe»
belligérantes , en adraciianj les 'bailrQens"oeji^|}.,e»
sur leurs rades et daiis. leurs ports, ont vouï^
adoucir le fléau de la guerre , et jnénager, le»
relations commerciales de peuple a peuple i,,que
leUrs besoins mutuels exigent. ., , ',, ,
)_' Tout ce qui tend donc à. rendre cette navr-
gaiion suspecte et dangereuse ■, blesse,. également
les droits er. les iniètêls de toutes Ic's'nations. •
" Mais dans le cas actuel , les droits etlhon*
neur du pavillon suédois ont été violés d'une
manière si oi^trageanie , qu'où en trouvera pea
d'exemples dans l'histoire maritime de IEuïjppe\i
" L attentat, s'il restait impuni , tendrait à
brouiller deux nations amies-,- anéantir leufs
relations commerciales . et à faire considérer la
pavillon qui le soufFrjrait CQmme auxiliaire secret
de . la puissance ennemie , -et forcerait ainsi
l'Espagne à prendre des mesures que- l'intérêt
de ses vassaux et la sécurité de ses ports com-
ma.pderaient. . ., , ,
)) Cependant , le roi mon maître aimï encore
à croire que le , capitaine suédois ne s'est paS
rendu coupable de la moindre connivenceaveé
les anglais, et qu'il n'a fait que céder à' leurs
violences et à leur grand nombre.
I !! Dans cette supposition, le roi m'a ordonné
dt porter à la connaiss.snce de S. M. suédoise
cette insulte grave coniraie contre son pavillon;
et ne doutant pas du rcsse.ntiment qu'elle éprou-
vera d'un procédé aussi bas et déloyal de la
part de quelques officiers de marine briianni-
•%"' ■ il s;at:ead à ce que la cour de Sickholm
fera auprès uu ' ministère oJ-:- '— ; ,
les plus sérieuses pour -que les officiers qui se
sont rendus coupables en cette occasion soient
punis sévèrement , et que les deux ftégates espa-
gnoles , surprises et enlevées de la rade de Bar-
celonne par une ruse aussi contraire au droit
des gens et aux règles de la guerre, soient
.immédiateinent restituées avec leurs cargaisons ,
comme étant illégalen^ent prises au moyeu d'.un
vaisseau neutre , qui servait d'instrument aux,as-
saillans. '' ■ j '
)) S. M. C. se croit d'autant ;plus fondée à
regarder le succès de cette réclamation comme
assuré , que le gouvernement anglais même ne
saurait se dissimuler que ses ennemis , en suir
vant un pareil exemple , pourraient se servir
également des bàtiraens neutres pour infester
ses rades et causer dans ses ports tous les
dommages possibles. ; :
)» Mais si , contre toute attente , les démar-
ches de S. M. suédoise aupiès de la cour de
Londres, pour obtenir la réparation de l'injure
faite à son pavillon , ainsi que la rcsliiutiçn des
deux frégates espagnoles , n'avaient pas.le .succès
désiré avant la fin de cette année,' S. M. se
verrait obligée, qupiqu'avecbeaucoup de regret,
de prendre envers le pavillon suédois des mcsuies
de piécaution qui mettraient ses rades et se»
ports à l'abri d un abus aussi dangereux et rér
voilant que celui que les anglais viennent ds
faire. r>
J'ai l'honneur d'être , etc.
Signé le chevalier d'urq_uijo.
A Saint-Ildephonse , le ig septembre 1800.
— On écrit de Bruxelles , en date du 6 ven-t
deniiaire , que l'on va commencer à réparer le
couvent des minimes de celle ville , pour Iq
faire servir d'Iiôtel des invalides ; le nombre de
ceux (]u'on pourra y placer , s élevé à trois mille
et au-delà. , ,
r- Une lettre de Bayonne , en date du 5 com-
plémenlaire porte , que depuis quelques jours,
il s éiait répandu le bruit que la fièvre jaune
s'ciaii uianiiçsice à Cadix. L'espèce d'épidcmia
42
tqm s'est déeh^t i Cadix ert l'^et ^fr^iOi
d'est , et nullement la fièvre jauqe. Oependaiil
les nouvelles de cette ville annoncent qu il y
fcgnt-nnc mortaltlié ejttïaOfdinaire ; mais les pluies
'qai tombent font espérer qu.e l'activité de la
maladie diminuera sensiblement.
(Extrait du Journal de Paris.)
amrfie dupti'ttpropôsé par lasodétéd'â^riÉultiire
du déparlement de la Haute-Garonne.
La société d'agriculture du département de
la Haute-Garonne ayant délibéré de distribuer ,
dans sa séance publique du lo messidor- an g ,
un prix à j'auteu'r dujneiUeuf méjnpir.e iqal lui
s'étà' 'adressé sui: quelques questions relatives à
l'amélioration de l'agriculture dans le. flépane-
naenî , propose celles qui suivent :
'■ 'l'f'Qjjelles sô'ht les diverses qualités des terres
.s» du dépàriément dé la Haute-Garonne ? quels
>') sont les caractères distinciifs qui peuvent les
Ji faire connaître au cultivateur le moins iiis-
I» truit ? quelle est la nature et le itiôdê d'era-
Iv plbi des 'engrais et des labours qui convien-
»> HëHt à chacune? Déterminer lés cours des
s» moissons dont elles sont susceptibles pour
«r supprimer ou diminuer les jathetes, et intro-
>> duiie les assolemens les pTus produclii's. >>
Là société a sètiti de quelle importance était,
poiit Ses travaux futurs , la parfaite connaissance
utes terres d'uti département qui renfirme, dans
son étendue , des iois dont la disposition topo-
gfaphique doit produire des variations sur la na-
ture de leur lerreiri , sur leS' influences qu'ils
reçoivent de l'atmosphère, et sur leur produit.
La partie du département qui s'enfonce dans
les Pyrénées , est couverte de terres élevées ,
dont les qualités et les récoltes doivent différer
considérablement de celles qui occupent les ri-
ches coteaux du ci-devant Lauraguai's, et la plaine
que parcourt la Garonne , depuis l'embouchure
de l'Arriège jusqu'à celle du Tarn. Si ces terreins
sont si difîférens , leur culture et le cours de leurs
moissons doivent l'être également ; ils sont de
même susceptibles plus ou moins de la sup-
pression ou de la diminution des jachères , et
de recevoir des assolemens plus ou moins pro-
ductifs.
C'est à ces connaissances précieuses que la
société croit pouvoir atteindre , à l'aide des mé-
moires qui lui seront adressés. Elle destine une
médaille d'or à l'auteur de celui qui aura le mieux
traité ces questions.
La société exclut du concours ses membres rési-
dans et non résidans , mais non les correspondans ;
elle recevra les mémoires jusqu'au l'' prairial
an 9 ; ce terme est de rigueur.
Les auteurs ne mettront point leur nom à
leur ouvrage , mais seulement une sentehce ou
devise.
Les mémnjrps sern
i. 1» o,ji.iètê, sous
le couvert du citoyen préfet du dépariemeat de
la Haute-Garonne.
Signé, PoNs-Dzvn.R, président , etc.
Traité sur te climat d'Italie , considéré sous ses
rapports physiques , météorologiques et médicinaux ,
par le docteur Thouvenel.
La chaleur ou le froid d'un pays ne dépen-
detit pas toujours de sa latitude. Québec qui est
ffoid comme Pétersbourg, est à la latitude de
Paris. La salubrité d'un pays ne dépend pas da-
vantage de sa température. La Suéde et llnde
sont également salubres. Certains pays de plaine
secs peuvent être mal-sains comme l'a campagne
de Roine. Certaines collines peuvent même n'être
îjas saines , telles que celles qui sont sujettes
à la pellagra sur la pente méridionale des Basses-
Alpes, ou celles qui sont sujettes à des mala-
dies maremmaliques sur certains revers de l'A-
pennin.
TaTidis que des pays manifestement secs sont
mal-sains , certains pays marécageux offrent unel
grande salubrité. On peut citer à cet égard non
seulement des pays marécageux , froids , tels que
tertaines parues de l'Allemagne ou de la Hol-
lande, rusais encore des pays marécageux sous un
soleil ardent , tels que Venise au fond de l'Adria-
tique. Enfin des climats aujourd'hui sains peu^
vent devenir insalubres. Des climats aujourd hui
insalubres peuvent devenir sains. On ne parla
jamais , du teras de la république , de Pinsaiubriié
de la campagne de Roni'^e. Baies et Altina , si
célèbres autrefois par lijur salubrité , sont deve-
nus des lieux infects.
Auctjne partie de la terre n'offrait un plus beau
théâtre à ces observations que l'Italie. On y trouve
tous les extrêmes de salubrité et d'insalubrité.
Cette terre offre , d'un côté , le plus grand exem-
ple de population ; de l'autre , le phénomène le
plus constamment renouvelé de maladie ei de
destruction. On fait monter le nombre des vie- j
times , chaque année , de 5o à 6p mille dans i
l'étendue seule des côtes. maritimes. Il en fallait
fncHïis.-ajsaiérnefit pr>"r exciter raciîviié et lès
^ecîieïcbfes aé ^L le docteur Thouvenel.
Quoiqu'il soit susceptible d'exception, le prin»
cipe le plus général d'insalubrité réside cependant
dans les constitutions marécageuses. On doit re-
garder un marais comme un grand cadavre ex-
halant sans cesse des vapeurs et infectant tout ce
qui l'approche. Ce caractère s'aggrave si , au
limon et à l'eau qui s'y trouvent en quelque sorte
en pourriture, se joignent des débris d'animaux
et de végétaux qui s y accumulent. Ce caractère
s'aggrave encore , si les territoires marécageux
sont tellement renfermés que l'air n'y puisse s'y
renouveler au moyeu de ventilations salubtcs ,
ou qu'ils soient exposés à des constitutions d'air,
tel que les scirocs ou les vents du sud , dont
l'effet est d'accroître la putréfacion. Ce caractère
doit s'aggraver encore , si les territoires maréca-
geux se trouvent dans des plages maritimes et
basses en contact avec les eaux salées de la mer,
dont le mélange avec les eaux douces est reconnu
pour augmenter les dispositions à la putréfac-
tion. Enfin ce caractère doit s'aggraver encore
au cornuier.cemenl de l'auionme, lorsqu'à la
suite des chaleurs de l'été, le soleil touche de
plus près les limons marécageux , et que la
constitution de l'homme étant plus affaiblie , le
rend plus accessible aux influences des causes
morbifiques.
Actuellement ces caractères et leurs effets ne
sont pas seulement propres aux territoires réputés
marécageux ; ils se retrouveront dans des lieux ,
qui n'auront aucune apparence de marécage.
Mais alors ce sera l'air lui-même , qui par sa
stagnation, ou par son mélange avec des cvapo-
rations d'eau douce et muriatique , acquerra cette
qualité. Le sol aura beau être sec; l'air lui-même
sera dans un état marécageux. On aura une c.^pcce
de marais atmosphérique , qui se corrompant et; se
méphitisant dans cet état développera tous les
effets des marais terrestres. On remairiue que la
peste est toujours précédée d'une stagnation de
l'air. C'est ainsi que fauteur explique l'insalubrité
de certaines collines des App?nins qu'il regarde
comme des marais inclinés ou raoniueux. Ail-
leurs les mêmes effets se manifesteront sur des
terreins composés de débris volcaniques ou ma-
rins , ainsi que sur des terreins spongieux et plats ,
qui secs en apparence recèleront dans leurs bases
oes marécages souierreins , dont un soleil ardent
développera l'exhalaison et l'activité avec d'au-
tant plus d'effet , que des ventilations salubres ne
pourront en tempérer la malignité ; c'est ainsi
que l'auteur explique l'insalubrité de la campagne
de Home. Enfin ce seront des territoires non
marécageux , il est vrai , mais surabondamment
humides , tels que la Lorabardie , où l'air se char-
geant sans cesse de parties aqueuses , pourra
donner lieu à des décompositions méphitiques ,
toutes les fois qu'un soleil aident ne sera point
tempéré par des ventilations salubies.
Quelques personnes ne veulent point compren-
dre ijue des maladies , qui semblent appartenir à
des consliiutior>s marécageuses , puissent se re-
trouver dans des lieux d eau courante ou dans
des pajs secs. Nous avons cependant sous nos
yeux le même phénomène dans l'air des prisons
ou des hôpitaux. On y trouve le même caractère
de maladie. On a vu dans des prisons des exem-
ples de putréfaction tels, qu'en peu d'heures, les
hommes qu'on y renfermait périssaient comme
suffoqués et gangrenés. Ceux qui résistaient plus
long-tems succombaient à des fièvres malignes ou
pesiilenlielles , qu'ils communiquaient à ceux qui
les assistaient, aux juges mêmes qui les interro-
geaient. Un homme robuste et bien ponant dans
les marais pontins peut être inoculé au bout de
six heures de voyage d'une fièvre paroxistique ou
susceptible de le devenir.
Plusieurs espèces de fièvre depuis l'intermit-
tente bénigne , jusqu'à la continue , ou synoque
simple , et delà à la fièvre putride comprenant
toutes les nuances de malignité , jusqu'à la fièvre
ditepestilenijelle, telles sont les maladies qui pa-
raissent appartenir de préférence aux constitu-
tions marécageuses ou réputées telles. Le goitre ,
la pellagra, les affections catharrales appartiennent
à des consntutions d'un autre genre.
A l'égard du goitre , l'auteur observe très-bien
qu'il ne peut être dû à l'usage de l'eau de neige.
Eu Ecosse et au Thibet , il n'y a point de goitre ,
et on y boit de l'eau de neiK. A Sumatra , le long
de son rivage , on ne connaît point la neige , et on
voit beaucoup de goitres.
Lapellagra qu'on trouve assez généralementdans
les mêmes circonstances que le goître , a un autre
caractère. Cette maladie qu'on ne connaît en
Italie que depuis environ cent ans, débute par
des éruptions herpétiques , des ardeurs brûlantes
aux extrémités , des douleurs cérébrales et lom-
baires , manifeste bientôt Une prostration crois-
sante de toutes les forces musculaires et vitales ,
produit delà des altérations cutanées et arrive
enfin au paroxisme de la furieuse manie qui la
termine. Ce u est pas seulement dans des vallées
chaudes et engouirées. que se développent,
loit le crétinage , soit les goitres < soit la peN
làg^Ys, 1^ cowcouT» He deaS: tjualî'tés d'air , l'une
êttiuiFée , l'autte refroidie , One intempérie sep-
tentrionale qui refroidit sur place un air déjà
lourd et stagnant, sans le renouveller par une
ventilation convenable , telles sont les conditions
nécessaire» aux créiinages , aux goitres et à la
pellagra. Ces dernières maladies semblent confi-
nées en Italie dans la région sous-alpine ; la
fièvre et les maladies maremmatiques dans la
région sous-appennine , et particulièrement sur
les rives de la Méditerranée.
Ce n'est pas assez de déterminer le rapport
de ces diverses constitutions avec leurs effets.
Quand leur coexistence est connue , on vou-
drait faire un pas de plus et connaître direc-
tement le rapport de ces effets à leur cause.
La chymie avec tout son étalage scientifique ,
n'offre à cet égard aucun moyen sûr. Les ap-
pareils qu'elle a imaginés, ne donnant même
pas toujours l'éiat précis de la situation de l'air.
Les hygromètres et les électrometres nous irom-
Fent souvent sur l'humidité ou l'électricité de
atmosphère.
Les décompositions analytiques ne sont pas
plus sûres que les appareils. On sait que l'air
atmosphérique est composé de 27 parties d'air
vital, ou gas oxigene, de 72 parties d'air méphi-
tique, ou gas azote, auxquels on peut ajouter
environ un centième d'air fixe ou gas acide car-
bonique. On sait que l'eau est composée de 83
parties d'oxigene et de i5 d'hydrogtne : 180 livres
de boue liquide de lagunes marécageuses , s,e
trouvent donner juste 45o pouces cubes d'air ,
partie inflammable , partie respirable. La boue
d'eau douce en donne un tiers de plus; mais
toutes ces observations ne donnent aucune notion
certaine sur la cause directe des maladies. Si
le méphilisrae pernicieux des marais produit du
nitre , le méphiiisme non pernicieux des étables
en produit aussi. Les résultats ne sont pas seule-
ment obscurs, ils paraissent quelquefois contra-
rier tous les principes. L'air mal-sain des marais
contient plus d'oxigene que celui des montagnes.
Qjii fait que les grands animaux ne sont nullement
attaqués des miasmes marécageux ? Qiii lait qu'ils
peuvent manger , respirer et boire impunément
là où l'homme ne peut exister vingt-quatre heures
sans danger ? Pourquoi des maladies d'abord
innocentes prennent-elles\ à mesure qu'elles SB
propagent, un caractère pestilentiel et contagieux?
La physique n'expliquant point la nature précise
des rapports entre\ certains cas et les maladies,
la politique et la médecine, qui, chacune dans
leurs relations , sont dans le cas de s'occuper de
ces maladies, sont obligées, en quelque sorte,
de renoncer à ses lumières et d'avoir recours à
d'autres procédés. Si les armées françaises , dans
les dernières campagnes , ont généralement
échappé en Jtalie à l'influence dangereuse du
climat , une activité perpétuelle , qui les a fait
s'agiter sans cesse d'un lieu à un autre , une
abondante et bonne nourriture , l'usage journa-.
lier du vin et de l'eau-de-vie , celui du vinaigre
et des fruits acidulés , des boissons aromatiques
chaudes et des bains froids , des feux multipliés
dô(ns les nuits fraîches de l'automne , une énorme
consommation de tabac à fumer et d'ail , voilà
ce qui les a piéservés. Ce n'est pas par/la décora^
position de l'air ou par la décomposition de l'eau
que les armées françaises ont trouvé ce régitié.
Mais enfin il est trouvé. C'est aux armées désor-
mais à le suivre.
La politique doit rechercher de plus près les
causes d'insalubrité et les attaquer par tous les
moyens convenables.
Cinq à six cent mille quarrés , fesant près de 200
mille arpens, composent les lagunes adria'tiques.
C'est au milieu de cet immense bourbier que
sont situées 25 ou 3o îles à demi submergées
dont Venise est la c;pitale. Celte viile où les
canaux se dessèchent quelquefois au point d'exha-
ler une odeur fcetide , est pourtant une des
villes les plus saines de l'Italie. Elle le doit
à sa situation particulière. ( On sait que les
marécages d'eau salée sont moins malfesans. )
Elle le doit aussi aux ventilations abondantes
qu'elle reçoit de toutes parts, notamment de l'a-
driatique. Mais il n'en est pas de même de toute
la partie de terte-ferrae qui ne partage pas cette
situation.
Les marais pontins de leur côté contiennent
de i59 à 200 mille quarrés , c'est-à-dire , environ
60 mille arpens. C'est le réservoir et en quel-
que sorte l'entonnoir de tous les fleuves qui
descendent de la chaîne semi - circulaire des
monts Piperno , dont la situation au nord-ouest
les prive de toute ventilation salubre. Cette masse
de fleuves n'a d'ailleurs aucune rapidité. Si les
lagunes vénitiennes sont des marais d'eau salée
ayant à des points de leur circonférence de
l'eau douce , les marais pontins sont d'eau douce
ayant à divers points de leur circonférpnce de
l'eau salée : circonstance qui aggrave leur insa-
lubrité. Dix-huit à vingt pompes à feu à des
distances , l'une dé l'autre de 3 à 4 milles , coùtauç
environ un million et demi de livres tournois
assainiraient toute cette contrée suivant le doc-
teur Thouvenel')!?' et la faciUté d^exploiier de»
itilnes de charbon et de tef couvriiai» même
en bénéfice une partie de ce iapilal. On achè-
verait ainsi de dessécher tout ce qui est encore
aujourd'hui noyé. On noyerait tout ce qui ne
peut être totalement desséché.
Les lagunes de Venise s'assainiraient de même?
Mais par un autre procédé. On n'emploirait point
â cet effet des parapets , des murailles , dés
chaussées, des digues à terre-plein. Tout cela
ne résisierait point à la mer. Des coupures , des
excavations, des élévations en forme de dunes
alternativeiçent allongées , et se prolongeant plus
tou moins dans les terres marécageuses ou sub-
tnergées, formeraient ainsi des espèces de pro-
tnontoires longitudinaux terminés en manière de
cap, et séparés les uns des autres par de larges
canaux en manière de sinus ou d'anse. Si vous
(Db)ectez au docteur Thouvenel Je lems et les
frais, il vous répondra par la Hollande. Toute
sa doctrine est qu'un grand peuple sache taire
pour sa sûreté ce qu'un petit peuple a l'ait pour
la sienne. Tout son procédé consiste, selon lui ,
S kollandiser 1 Italie.
Il ne néglige pas quelques procédés domesti-
ques et diététiques. Mais il traite avec plus d'é-
tendue la partie médicale. Il s'oppose fortement
à la saignée,, sur-tout pour la ville de Rome.
Il ne la trouve indiquée ni par la constitution
des romains , plus pituiteux en général que
sanguins , ni par celle du climat ovi la chaleur
jointe à 1 humidité abattent toutes les forces,
ni par l'espèce des maladies dont la prostration
totale des forces forme le plus constant carac-
tère. Ici il est cfirayé de la saignée, ailleurs de
l'usage du kina. Il n'est point pour un trop grand
affaiblissement. Il n'est pas non plus pour une
trop grande excitation. Il combat à cet égard la
doctrine de M. B.own et de ses sectateurs. Cette
doctrine est en général fondée sur un seul prin-
cipe , l'excitabilité animale. Selon le médecin
écossais , il n'est que deux modes de maladies ,
le fort et le faible. Il n'est de même que deux
moyens de médication, \e faible et le fort; une
seule faculté organique passive , l'excitabilité; une
seule faculté phisique active , la stimulation. Au
«urplus , on peut voir dans l'ouvrage inême
l'exposé de celte doctrine et cette réfutation. Les
bornes de cette feuille ne nous permettent point
d'étendre cette analyse. On ne peut dire déplus
belles choses et des choscsplussavantes avec plus
de désordre. Les quatre volumes qui composent
le traité du docteur Thouvenel sont un véritable
chaos , oii les idées ont été entassées ,1 comme
elles sont venues, et où rien n'est à sa place. En
retranchant dans cet ouvrage une multitude de
dissertations fort savantes, mais qui sont hors
d'oeuvre , en donnant à la marche des idées , sa
direction naturelle , et surtout en le dépouillant
de je ne sais quelles expressions germaines, ita-
liennes, latines et grecques , dont la moitié des
lecteurs ne peuvent connaître ni la signification
ni l'origine , on formerait un des livres les plus
intéressans qui aient encore paru. Mais avec toute
la richesse d'idées et de vues précieuses dont il
abonde , il nous est impossible de ne pas nous
élever de toutes nos forces , soit pour l'intérêt
du public , soit pour lintérêt des auteurs, contre
une semblable mànieie d écrire, On pourra ap-
peler comme on voudra cette cohue indigeste
de dissertations scientifiques ; mais ce ne sera ja-
mais que par une extiême complaisance qu'on
lui donnera le nom d'un ouvrage.
Après cela nous ne nous arrêterons pas même
sur quelques erreurs qui s'y trouvent parsemées.
Comment l'auteur a-t-il pu croire que l'eau douce
qu il a trouvée à Venise y venait du continent
par-dessous la mer ? Où a-t-il fris que les sources
des montagnes proviennent de la mer ? Comment
îgnore-l-il que l'eau se fait dans le sein des mon-
tagnes et dans les entrailles de la terre ? Qj.ie tout
le règne minéral se nourrit d'eau et la rend après
l'avoir recomposée ?
Sur les maladies épidémiques , l'auteur cherche
où est le poison qui lue. A l'entendre, la mort a
l'air de venir de l'atmosphère ou des régions
43
met dans soh écrit ne sont nullement celles qui
ont été adoptées ; nous ne les fcsons point ici
connaître comme les partageant nous-mêmes , et
comme cherchant à étayer notre opinion parti-
culière de celle de l'écrivain que nous citons.
Nous publions ces observations uniquement pour
appeler la discussion sur un objet aussi intéres-
sant, et sur lequel une extrême bonne foi et un
goût également éclairé pour les arts, semblent
pouvoir inspirer des avis difTérens.
En parlant des riches monuinens que la vic-
toire a fait lomber en r)OS mains , le cit. Robert
demande si on en a fait l'eraitloi le plus utile
au progrès des arts. Il ne le croit pas.
>> Ces dépouilles de l'Italie, dit-il , les tableaux
originaux des plus grands maîtres de ces trois
écoles, venus de Bologne, de Florence,
de Rome , apportés de Modene , de Turin ,
de Parme , de Venise , de Milan ; les pro-
ductions envoyées de la Hollande et des diffé-
rentes villes de In Belgique , qui étaient si célè-
bres par ce genre de richesse ; celles enfin des
meilleurs maîtres de l'école fiaiiçjise, tout cela
déposé , entassé . accumulé , concentré dans le
chef^-lieu de la vépubhque , y produit la satiété,
plutôt que ce sentiment vif du beau que doivent
exciter les merveilles de l'art ; la satiété qui en-
gendre le dégoût , ou , du moins , qui émousse
cette finesse de tact , cette sensibilité exquise
que rien ne* supplée dans le jugement des pro-
ductions des grands maîtres.
5) L'ame fatiguée , rassasiée des chefs-d'œu-
vre qu'elle vient de contempler , et reportée
à l'instant sur d'autres , et de ceux-ci sur d'autres
encore en plus grand nombre , ne peut suffire à
la mesure d'admiration qu'ils coiui'nandent. Les
impressions faites par les uns, subsistant encore
lorsqu'elle reçoit celles occasionnées par les au-
tres , il en nait une confusion , un trouble dans
les idées qui mettent hors d'état d'aprécier et ju-
ger sainemen". La rapidité des impressions suc-
cessives , et presque instantanée, afi^ais^e l'ame,
use sonénergie, son irritabilité, et lajettejdans une
une sorte d'apathie funeste à l'amour et au pro-
grès des arts. C est ainsi que l'oreille frappée
de sons bruyans et continus , perd sa délica-
tesse , et finit par en ditinguer à peine les nuances, j minéral; et, en général, tous les objet^d'arts ,
D'un autre côté; la facilité d'avoir ces produc- | dignes d'être conservés pour l'instruction pu-
tiotis sous les yeux, quand on le veut , à l'instant | blique.
qu'on le veut, toutes ensemble si on le VEUt , di- „ Ce que je dis ici pour les départemens en
minuent beaucoup de leur prix réel. Il en était .'général, s'applique d'une manière bien plus par-
bien autrement lorsque, pour en jouir, il fallait ; ticuliçre encore à celui de la Côte-dOr , qui ,
franchir les monts, lorsqu'il fallait franchir l'inter- I par son heureuse et singulière fécondité en sa-
valle du tcms et celui des lieux qui les sépa- | vans du premier ordre , en littérateurs habiles,
raient, et parcourir dans le pays des arts , sous i en hommes de génie dans tous les genres , en
auxPugeti'aux Bouchirdon ? Jouvenel , Calot,
Rcsiout , le Bourdon , ont-ils pris naissance dans
ses murs? Grcuze et Vernet l'ont-ils eu pour
pallie ? Non , les Cousiou virent le j'iur à Lyon ;
les Puget, à Marseille ; Troycs fut le berceau de
Mignatd et de Girardon ; Restout et Jouvenct
naquirent à Rouen; le Poussin, aux Andelys;
le Bourdon, à Montpellier; Calot, à Nanci ;
Bouchardon , à Chaumont; Toutnus et Avignon
se glorifient d'avoir produit Greuze et Vernet;
Valenciennes fut la patrie de Wateau ; Toul vit
naître le Lorrain , le premier des paysagistes qui
aient existé; Hugues Sambin , l'émule et l'ami de
Michel-Ange, vit le jour à Dijon.
,)> Encore ne parlé-je point des maîtres dansl'art,
en si grand nombre, qu'a produit la Belgique ,
aujourd'hui annexée à la France. J'aurais à citer
de grands noms ; j'aurais à citer les Rubens , les
Vandyck, les Teniers , etc.
)) Au milieu des monûmens des arts , dont
regorge le chef-lieu, il est donc inconvenant, ,
sous tous les rapports, de mettre le reste de iu
république dans une privation absolue des chefs-
d'œuvre propres à y exciter l'émulation , à favo-
riser le développement des lalens , à épurer le
goût , et à faire éclater dans la jeunesse
1 étincelle du génie, signe infaillible des grands
succès.
>> Dans cet immense et extraordinaire rassem-
blement d'objets d'arts , il convient de donner
part aux départemens, de les associer aux fruits
de nos victoires . et d'établir des Musées partiels
dans celles de leurs villes où les ans peuvent fruc-
tifier. Avec Palis , il faut qu'Anvers et Bruxelles ,
il faut que Rouen , Bordeaux , Marseille , Lyon et
Dijon aient part à ces dépouilles ; toutes villes
qui , à raison de leur amour pour les ans ,
et du succès avec lequel elles les ont cul-
tivés , avaient des écoles de peinture et de
sculpture.
'î Dans chacune de ces villes , il convient de
former une collection de tableaux , de dessins ,
d'estampes, de médaijies , de statues, de basr
reliefs , de camées , d'antiques , de pierres gra-
vées , dû se trouveraient les instrumens relatifs
aux sciences , des morceaux d'histoire naturelle ,
pris dans les trois règnes animal , vét^élal
le plus beau ciel du monde , les villes de 1 Univers
les plus su[icrbes qr.i s'énorguillissaient de les
avoir créés .' On y apportait un vif désir de les
contempler ; on y apportait une ame vierge qui ,
exemple d'impressions antécédentes , était , en
quelque sorte , une table rase S';r laquelle des
impressions bien distinctes se traçaient nettement , j j
vivement et sans conf ' "' ' ' ' ■
artistes qui ont acquis de la célébrité à leur
nom , semble être la patrie des arts et leur terre
natale. ^
!) <^u'on jette les yeux sur la nomenclature
que j'en ai donnée dans 1 Encyclopédie article
Dijon , tant dans le corps de l'ouvrage que dans
uppléj^aenl , et l'on se convaincra que
. . , ,. ,C«'' ^'"".^"S d^- ville de Florence exceptée, il n'en est aucune,
vaient être vus les prodiges des ans. Voir ces su- ,„ Europe , qui se soit aussi éminemment dis-
b imes prodiactions avec des yeux et un cœur ,i„g„ée dans la carrière des sciences et des arts-,
éteints, c est les prolaner. [jj^^^ ^^ moment encore, c'crst ^vec Paris, la
Toutimmense que soit la collection du Musée j seule ville qui ait un établissement public et
éloigriÀ!. La mort est en nous. Cet état passager
et violent, qu'on appelle la vie, ne fait que la
tenir prisonnière. On recherche avec beaucoup
de peine les choses simples qui nous font mourir;
on devrait chercher les causes extraordinaires et
violentes qui nous font exister.
Le citoyen Robert, géographe, membre de
plusieurs académies étrangères , vient de faire
paraître un écrit dans lequel il examine jusqu'à
quel point peut être favorable au progrès des
ans et du goût, l'institution du Muséum de
Paris , et quels sont les inconvéninnâ d'y concen-
trer les monumcns des arts, recueillis tant en
France que chez les nations voisines. Déjà une
de Paris, elle doit s'accroître encore des tableaux
qui formaient ci-devant le cabinet du roi , et qui
se voyaient au Luxembourg ; elle doit s'accroître
de ceux qui étaient répandus dans les différentes
maisons royales , et de partie de ceux recueillis en
Flandre et en Iialie qui n'y ont pas encore place.
Elle doit recevoir les tableaux tjue possédaient
les maisons les plus opulentes de Paris, ceux
des ci-devant princes , ceux de la haute-noblesse,
du haut-clergé , de la finance ; ceux enfin qui ,
dans le. reste de la France, étaient disséminés dans
les églises, les monastères , les manoirs ci-devant
nobles, et en général dans les établissemens pu-
blics supprimés , lesquels ne se voient pas encore
au Musée.
)» Bien évidemment, il y a excès : excès nui-
sible au progrès de l'art , dans le chef-lieu de
la république , comme je l'ai observé ; nuisible
encore dans le reste de la France, où le dénû-
ment absolu de modèles éteint le génie ,
l'émulation , anéantit le goût et l'amour des arts.
L'égalité de droits si hautement et si solennelle-
ment proclamée , le bien de l'état et l'intérêt des
arts, ne le veulent point ainsi.
Ces monumcns . conquis par nos armes , l'ont
été pour le peuple français , et non pour une
fraction de ce même peuple. Conquis pour tous,
c'est le bien de tous , et non celui d un point ,
d'une ville unique de la république. Pourquoi
donc cette ville , pourquoi la cité de Paris , en
aurait-elle la possession exclusive ? Pourquoi
cette exhérédalion dont seraient frappées toutes
les autres ? Est-ce donc de Paris que sont sortis
ces grands artistes dont la renommée a porté la
célébriié jusqu'aux extrémiiés de la terre? Ces
artistes qui , en s'illustrant , on fait la gloire de
gratuit, de dessin, de peinture, et de sculpture.
j II Les musées des départemens formés , celui
de Paris sera tel encore , il renfermera de telles
(richesses en ce genre, et , par Le nombre et
par le choix des morceaux qui le composeront ,
j qu'il l'emportera de beaucoup sur toutes les
I galeries les plus fameuses , si , pour la partie
Ides antiques , on excepte celle des Médicis à
Florence, ii
Le citoyen Robert examine en terminant , et
l'utilité qu'il y aurait à mettre les étrangers dans
la nécessité de parcourir toute la France, pour
y voir les chefs-d'œuvre qii'"on y aurait disséminés
et le danger épouvantable qui résulte de la
cumulation totale de ces précieux objets dans
un même lieu , où un événement malheureux
ou un crime peuvent les anéantir.
Question de cette nature avait éié traitée sous ces
eux rapports , avec un talent presqu'égal , dans
le moment où nos richesses en chels-d œuvre se j leur pays ! Est-ce de l'enceinte de Paris^que sont
irouveient toutà-coup décuplées par la conquête sortis les Coustou , les Girardon, les Poussin?
de llialie. Les vue» 'lue le citoyen Robert aou-' Est-ce Paris qui a donné le jour aux Mignard,
AU REDACTEUR.
Citoyen, Iheureuse idée d'avoir placé dans le
terpple de 'la Victoire , l'urne d'un père rendue à
ses enlans , comme leur légitime , comme la plus
précieuse de leur héritage ( pour me servir des
belles et touchantes expressions du ministre de
la guerre ) , a convainai tous les français , que la
volonté du gouvernement actuel était de réparer ,
autant qu'il serait en lui , les pertes qu'ont éprou-
vées les sciences et les arts. Plein de cette idée, j'ai
pensé que vous partageriez avec moi le puissant
intérêt et le profond respect qu'inspirent les cen-
dres d'un héros dont a droit de ,se glorifier la
France , je veux parler du trop malheureux
amiral de Coligny. Un descendant des Luxem-
bourg possédait ses précieux reiies dans une de
ses terres ; il enfii présent au général Montesquieu
en 1786. Celui-ci protecteur des arts et gloiieu*
de posséder un pareil trésor , fit construire un
tombeau, revêtu des marbres les plus beaux ,
qu'il plaça d;iiM l'eiuiioit le plus solitaire de sa
lerre de Maupeiluis , el sur le(juel il fit i;raver
les viiigl-quaircveis de la Henriade, qui peignent
si èncrgiqiiemcnirassaisinat decetie noble victime
du faiiaiinnc La teire de Maujiettuis ayant ap-
partenu à i'aniiral de Coligny , son corps se
uouva de nouveau transporté chez lui. La véné-
ration que devait inspirer ce précieux monument ,
paraît n'avuir pas été parugée parcerlains hommes
i.|Ui , il y a peu d'années, voyaient avec peine les
honneurs rendus par nos ancêtres et nos contem-
porains mêmes , aux héros dont les vertus ont
fait l'admiration de toutes les nations, puisquils
ont tenté d'enlever les marbres qui ornent ce
monumcnl. Il appartient à un gouvernement
généreux et réparateur d'indiquer le temple de
gloire que ce tombeau doit illustrer. Rapprocher
les grands hommes; drs differens siècles , pour
mieux s'occuper d'eux et pour mieux admirer
leurs venus, c est montrer aux générations futures
Ce haut degré de respect et de reconnaissance
que ces vertus nous inspirent.
Gerardin , défenseur officieux el avoué au
tribunal de cassation.
Citoyen- , chargé de la défense "du citoyen
Schrader , comme avoué au tribunal criminel
du département de la Seine , dans l'affaire qui a
été instruite le 28 fructidor dernier, contre le ci-
toyen Juliot , je dois rendie compte de quelques
faits qui ont été Omis dans l'analyse que le citoyen
Juliot a jugé à propos d'insérer dans plusieurs
journaux.
En prairial de l'an 7 , le citoyen Schrader a
rendu plainte en faux contre sa prétendue signa-
ture apposée comme endosseur de cinq lettres-
de-change de 6,000 fr. chaque, qui lui ont été ]
présentées par le citoyen Worms , lequel Içs tenait
du citoyen Juliot , aujourd'hui en accusation sur |
une plainte en banqueroute frauduleuse, sans |
parler de quelques plaintes en escroquerie sur 1
lesquelles le tribunal de police correctionnelle !
aura à prononcer.
Sur la plainte du citoyen Schrader, Juliot'
avait été mis en mandat d'arrêt , ensuite en ac- |
cusation sur la déclarauon des citoyens Harger ,
Guillaume , Legros et Oudar , experts écrivains ,
qui avalent déclaré fausse la signature Schra-
der; dans les débats, les mêmes experts ont
fait la même déclaration , ajoutant que la signa-
ture Schrader avait été calquée. Juliot prétendait
au contraire que la signature Schrader n'était pas
pas fausse ; et qu'en nantissement , il lui avait
remis plusieurs objets de curiosité.
Le citoyen Schrader prétendait , au contraire,
que ces objets de curiosité lui avaient été vendus
filusieurs jours avant qu'il fût question de ces
ettres de change ; il le prouvait par une facture
acquittée conforme à ses livres , tenus confor-
mément à la loi et duement paraphés , contre
lesquels Juliot n'opposait que son assertion , sans
la justifier par des livres contraires ; car quoi-
qu'il ait remis un bilan , dont le passif se monte
a plus d'un million , il prétend n'avoir pas de
livres pour le justifier.
Le jury a déclaré qu'il n'y avait pas de faux
et Juliot a été acquitté.
Mais ce que le public ne doit pas ignorer, c'est
que le ciioyenjuliot , a sur le champ , demandé
contre leciloyen Schrader 60000 fr. de dommages
intérêts , pour indemnité de onze mois de souf-
france , dont un mois et quelques jours de
Erison; le tribunal qui connaissait les débats aussi
ien que le jury, l'a débouté de cette demande.
RipPERT , déjenuur- officieux , avoué
au tribunal criminil.
Citoyen, les grands calculateurs dont on ne
saurait trop exalter les lalens ( parce qu'il faut
toujours rendre hommage au savoir quelque part
qu'il se trouve) ont cela de paruculier et même
d'étonnant , qu'ils ont toujours de la peine à se
rappeller que les opérations du commerce appar-
tenant à la multitude entière, il est aussi déplacé
d'exiger d'elle des divisions, des multiplications
et de's règles de trois , c'est-à-dire , des opérations
extrêmement compliquées, que de vouloir qu'elle
connaisse à fond les dérivés , les étymologies ,
les racines des langues qu'elle est appelée à
parler.
Sans doute il n'est rien de plus vrai que de
dire que toute fraction se. convertit en décimale
en ajoutant deux zéros au petit nombre et eu
44
divisant ce petit nombre par le plus grand. Mais
allez donc proposer ces divisions , je ne dis pas ]
à ces hommes des champs , à ces artisans des j
villes , à ces marchands peu éclairés de tous les
pays , qui ont souvent de la peine à laire l'addi- 1
tion et la soustraction , mais à ces hommes ins-
truits , tels qu'admiiiistrateuis , juges, hommes
de loi , notaires, etc. etc. , qui ont les talens de j
leur état sans avo r tous ceux du calcul , et 1
vous verrez si , sur le nombre très-considérable
de ces derniers , vous en aurez beaucoup qui '
sauront diviser le petit nombre par le plus grand,
et présenter le résultat de la manière indiquée
pat mon antagoniste.
A quel sujet aurais-je été me mettre en oppo-
sition la mukitude dont je viens de parler? Mon
critique m'aurait-il cru , par hasard , assez dé-
pourvu de goiit et de bon sens pour avoir pré-
féré un tâtonnement à la formule la plus élégante ?
Mon critique a tout au moins oublié qu'il ue s'a-
gissait ni de sa formule , ni de la mienae , mais
bien de savoir laquelle serait plus facile à com-
prendre par l'immensité des lecteurs qui n'ont
et n'auront peut-être jamais l'idée de la di-
vision.
Passons maintenant à ce qu'il dit de ities ou-
vrages relatifs aux poids el mesures dont je ne
parlais aucunement , et que vos lecteurs auront
sans doute été bien étonnés de voir à la suite de
son article.
Quel rapport peut-il y avoir, je vous le de-
mande, entre le calcul décimal que je propose
d'apphquer à toutes les opérations d'adnnnistra-
tion de finance, de banque , de commerce et
d'arts de tous les pays de la terre, et lanouvtille
nomenclature des mesures de la France qui n'est
qu'une pure localité? Si seulement j'eusse pro-
féré un seul mot de cet objet, il pourrait avoir
raison; mais comment aurais -je pu le faire,
quand en annonçant dernièrement mon cours ,
non-seulement je n'y fis aucune mention des
nouvelles mesures , mais je déclarai expressément
qu'ayant jusqu à piéscnt la réputation de n'avoir
écrit que sur cette parue , je priais instamment
le lecteur de vouloir bien ne pas la confondre
avec celle qui faisait l'objet de mes occiapaiions ?
comme vous voyez, citoyen, mon critique est
donc au moins un inconsidéré d'avoir appelé
l'attention de vos lecteurs sur une matière étran-
gère à la question qu'il traitait, et de leur avoir
peut-être fait prendre le change sur le véritable
but de mes travaux. Comme l'intérêt général
pourrait souffrir de cette méprise , je compte
assez sur votre équité et votre impartialité pour
croire que vous voudrez bien rendre ma lettre
publique.
Salut et cpnsidération , Aubry.
Le citoyen Pulliod dont nous fesorjj connaîtr»
l'ouvrage , en est une preuve. Occupé dans se»
premières années de l'étude des monumens et des
livres d'antiquité , il semblerait qu'il l'eût aban-
donnée au milieu des fonctions administratives et
des soins de culture auxquels il se trouve lié de-
puis long-lems. Le devoir et l'intéiêt paraîtraient
lui commander un autre genre de délassement
plus près de ses occupations; mais les premières
impressions l'empoiicnt , etijous voyons sortir de
la plume d'un agriculteur un ouvrage d'érudition
et d'antiquité nationale.
Nous croyons que le cit. PulhocS aurait pu
donner à son ouvrage le double mérite des dé-
tails historiques et agricoles des corpmunes du
Maçonnais ; il aurait alors été utile à un plus
grand nombre de lecteurs.
Nous engageons le cit. Pulhod à s'occuper de
ce dernier genre de travail , et à le joindre à
celui de l'étude de l'antiquité. Ce mérite lui sera
commun avec plusieurs écrivains distingués qui
ont traité de la géographie physique et politique
de quelques dcpartemens ; nous citons pour
exemple le cit. Noël de Rouen , dont la descrip-
tion du département de la Seine - Inlérieuie
réunit ce qu'on peut désirer sur les monumens
et la culture de cette partie de la Normandie :
nous citons encore le citoyen Cauibry , aujour-
d'hui préfet du département de lOise , qui ,■ dans
son Voyage du Finistère a développé l'histoire des
mœurs et les connaissances économiques relative»
à cette partie intéressante de la France, avec beau-
coup de savoir et d érudition.
Oiioiqu'il en soit de ces observations , nous
regaidons !e petit ouvrage du cii. Pulhod comme
digue del'accueildupublic, etdes gens-de-lettres
qui veulent connaître avec détail l histoire de leur
pays.
Peuchet.
LIVRES DIVERS.
Géographie de nos villages ou Dictionnaire Maçon-
nais , .pour faire suite aux géographies et dic-
tionnaires de la France ; par le citoyen Puthod.
A Mâcon , chtZ l'auteur , place du marché ;
prix 2 fr. broché.
Les habitudes de la vie , ou la tendance vers
certains genres d'étude ne sont souvent que le
résultat d'impression sur nos organes dont nous
ignorons quelquefois l'origine. Vaucanson obligé
d attendre trois heures dans une chambre ou il
était seul , porte son attention sur une horloge
grossière et devient mécanicien. L'aspect d'un
monument antique . ce cachet du tems qui rap-
pelle tant de pensées, a produit plus d'un anti-
quaire , comme le désir de parler le langage dts
Scipions et de Periclés a inspiré à plus d'un hora
me l'amour des lettres et le goût de l'érudition.
Quelle que soit la profession que le hasard
ou le besoin nous fasse embrasser, nous conser-
vons toujours limpression de nos premiers pen-
chans lorsqu'ils tiennent aux opérations de l'esprit
et à 1 idée que nous nous sommes faite des êtres
moraux. Cette manière d'être se remarque dans
tous les animaux qui , soumis pour un tems seu-
lement aux passions qui tiennent aux besoins phy-
siques , le sont pour la vie aux mouvemens des
premières inclinations morales.
Ces considérations expliquent comment , au
milieu des champs, sur un vaisseau, dans un atte-
lier, tant d'hommes conservent le goût de leurs
premières études et y reviennent par une pente
spontanée , lorsque d'autres objets appellent ou
semblent appeler leur attention d'une manière
constante et soutenue.
Histoire naturelle des oiseaux d'Afri/jue , par Fr.
Levaillant , 9', 10^ et 11'^ livraison. A Paris , chez
Fuchs , libraire , rue des Maihurins , maison
Cluny.
Cet ouvrage , composé d'environ 400 planches,
paraît tous les mois par cahier de six planches ,
avec leur description ; savoir : in-folio , sur pa-
pier velin nom de Jésus satiné , avec figures
coloriées et en noir, 3o francs ; in-4° , sur papier
velin nom de Jésus satiné , avec figures coloriées,
l5 francs ; in-4'' , sur beau papier fin nom de
Jéaus . avec figures en noir , 6 francs ; in-12 ,
avec figures en noir, tomes l el 2 , brochés, 7 fr.
20 cent, et g fr. par la poste.
Axis concernant la librairie.
La huitième édition des Elémens de Pharmacie ,
par Baume , 2 vol. in-S" , a paru il y a (juelque
tems. Cet ouvrage est la propriété d'enlans mi-
neurs , placés sous la tutelle du citoyen Guillon
d'Assas , ancien jurisconsulte. On s'est permis de
contrefaire cet ouvrage , et de colporter avec une
impudence que l'on a poussée jusqu'au point
d'imiter le chiffre de l'édition originale , et même
les avis rappellant les lois contre les contrefac-
teurs. Ce brigandage est d'autant plus reptéhen-
sible , que ses résultats peuvi-nt être funestes à
la santé et même à la vie des citoyens. Le citoyen
Guillon d'Assas , au nom de ses mineurs , prévient
donc le public , que tout exemplaire non revêta
de sa signature ma7iuscrite au verso i,du frontispice
du tome premier est une contrefaçon.
Les Elémens de Pharmacie , comme le parfait Né-
gociant , se trouvent à la librairie de feu Samson ,
rue Hyacinthe , n°683. Le prix des deux volumes
brochés , 10 fraucs , et i3 fr. par la poste.
COU H S DU CHANGE.
Bourse du 11 vendémiaire.
Rente provisoire 22 fr. 75 c.
Tiers consolidé 35 fr. 75 c.
Bons deux tiers i f r. 63 c.
Bons d'arréragé S5 fr. 63 c.
Bons pour l'an 8 92 fr.
Syndicat 73 fr. 75 c
Coupures 74 'r.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 22 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ue et des Arts.
Auj. Praxitèle, et le ballet de la Dansomanie.
Le 12 , la l^^= repr. des Horaces,
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui
Médiocre et Rampant , et les Amis de collège.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Succession ;
Champagnac , el Comment faire ?
t. OunCE'abonne
t'abonnement se fait à Paris , rue des Poitevins , n° 18. Le prix esl de 25 francs pour tiois mois , 5o francs pour 6 mois , el 100 francs pour l'anne
ûu'au commcucemcat de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argcnt , franc de port , au cit. A G AS s E , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n» 18. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays ou l'on ne peut affranchir. l,es lettres des dépanemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plu» d
é, de charger celles qui
foilevist .a» l3 , depui saeuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
nt des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur.
A Paris, de l'imprimerie du cil. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL.
M" i3.
Tridi , 1 3 vendémiaire an g de la république française , une et indiviiibk.
il -K
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le ^eul joumui oJficieL i ■ ■ '
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que ks faits et les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
E X T P: R I E U R.
-ANGLETERRE,
Londrei , le S26 septembre ('4 vendémiaire. )
Xja crainte d'une émeute à Colchester avait
engagé le maire de cette ville à requérir du
majoi-générol Lcnox , commandant du district,
la force armée sous ses oïdfcs. Le général lui fit
réponse quelle était a sa disposition ; mais qu'i
imauinait quelque chose de plus efficace pour
maintenir la iranquiUiié dans le marché au
beurre , que toute la brigade des gardes; c'était
ne faire marcher leurs femmes à leur place.
Cette mesure politique , aussitôt adoptée que
présentée , réussit completiement, car, de mé-
moire d'homme , jamais les œufs ni le beurre ne
se vendirent aussi paisiblement que ce jour-là.
Une jument borgne , âgé de 17 ans , et achetée
en dernier lieu 10 liv. sterl. , vient de faire
gagner un pari de 400 guinées , en parcourant
au trot , sur la route dHuntingdon t; milles en
Sa minutes , au lieu de Sfr , tems convenu. Il a
été parié de nouveau qu'elle ferait ses 19 milles
au trot dans l'espace d'une heure.
Deux bâlimens nommés The Brothers and
Flaxton sont arrivés en 14 jours de Pélersbourg
dans le Humber. L'aller et le retour , le char-
gelneut et le déchargement de ce rjavire n'ont
pas excédé sept semaines.
Il vient d'être établi à Norwich un hôpital pour
l'inoculation de la vaccine.
Samedi dernier, la diligence de Londres pour
Chester , arrivant à Litileworih , un pistolet
contenu dans l'une des poches de la voiture,
partit et introduisit deux balles dans la jambe
d'un des voyageurs , et mit le feu aux habits
d'un autre, qui était une femme. On a attribué
l'événement à l'ouverture de la portière. La dame
a été blutée , mais légèrement.
( Extrait de l'Observer et du New Lloyd's Evenine
Tosl.)
I N TER I E U R.
Paris , le 12 vendémiaire.
Deux ouvriers qui travaillaient au quai Desaix ,
sont tombés dans la Seine ; rapidement emportés
par le courant , ils n'ont pu être sauvés , quel-
qu'ait été la promptitude des secours.
— On annonce que sous huit jours , le citoyen
Gérard doit exposer au salon un portrait du gé-
néral M«reau.
— On écrit de Strasbourg que le général au-
trichien Linxen vient de périr par les suites d'un
accident malheureux. Il se promenait à cheval ,
lout-à coup des oies s'envolent devant lui , son
cheval se cabre , tombe dans un fossé , renversé
sur lui et lui casse les côtes. Il a expiré peu
d'heures après dans d'horribles souiFrances.
— Il s'était manifesté dans le département de
l'Eure une épizootie charbonneuse , qui mena-
çait de ses ravages un assez grand nombre de
communes , aptes avoir pris naissance daiis celle
de Houx ; elle parait avoir cédé aux efforts des
artistes vétérinaires , attachés à des dépôts de
cavalerie. ,
— Le Journal des Débals , d'où les deux arti-
cles précédens sont tiiés , annonce la reprise de
YAnnée littéraire^ pour le 10 brumaire prochain.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du g vendémiaire an 9.
Les cons.ils de la république , sur le rapport du
minisire delà marine et des colonies , le conseil
d'état e'itendu , ariêieni :
Art. 1°'. A compter du i" vendémiaire an 9,
et pour tout le courant de celte année , les ap-
jifiintcmcns des oHicicrs du génie maritime , des
c tlicicrt (1 administration , des officiers de santé
des maîtres , artistes , professeurs et de tous
autres entretenus de la marine , seront diminués
dan« les proportions suivantes :
Ceux de deux mille fra.-ics et au-dessus , d'un
quart.
Ceux de douze cents francs à deux mille francs,
d'un cinquième.
El ceux au-dessous de douze cents francs , d'un
sixième.
II. L'effet de celte réduction ne pourra être ,
dans aucun cas , de porter les appointeniens au-
dessous de ce qu'ils étaient en 178g.
III. Ceux des individus ci-dessus désignés , qui
seront embarqués sur des bâlimens de l'éiat , joui-
ront , pendant le tems de cur embarquement ,
I I de la totiilité des apyointemens qui leur étaient
attribués avant la présente réduction.
IV. Ne sont pas compris dans les dispositions
précédentes , i" les officiers de vaisseau dont les
appointemens ont été déierminés par le règlement
du 26 thermidor dernier.
2". Les maîtres canonniers entretenus dont les
appointemens ont été fixés par l'artêlé du 4 ven-
démiaire.
3". Les maîtres des autres états qui , précédem-
ment assimiles par la paie aux inaîires canonniers,
seront soumis à la même réduction que ceux-ci
supportent parl'effet de l'arrête du 4 vendémiaire.
V. Les maîtres entretenus qui seront embar-
qués , jouiront de la totaliié du traitement qui
leur a été assigné jusqu à ce jour.
VI. Le ministre de la marine et des colonies est
chargé de l'exécution du présent arrêté , qui sera
inséié au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secréiane-d'étal , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même Jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances ;
Vu la réclamation des /çndés de pouvoirs des
anciens fermiers-çénérauXi-contre l'entreprise faite
sur l'autoiité administrative par la seconde seciion
du tribunal d'appel séant à Paris, dans son juge-
ment du 14 fiuctidor.an 8 , rendu au profit du
cit. Bor=l Se prétendant créancier des fermiers-
généraux ;
Vu lesjugemens des 8 ventôse et 14 fructidor
an 8 , l'article XXVII de la loi du 21 fructidor
an 3 , l'article LU de la constituuou , et l'aiiicle
XI du règlement du 5 nivôse, sur l'organisation
du conseil-d état ;
Considérani qu'aux termes de l'art. XXVII de la loi
du 21 fructidor an 3 , de l'article LU de la consti-
tution, et de l'article XI du règlement d'organisa-
tion du coaseil-d'état , c'est à l'autorité admi-
nistrative supérieure qu'il appartient de prononcer
en cas de contlil d'attribution entré les autorités
judiciaires et administratives , et que l'arrêté du 4
germinal an 8 , qui déclare l'auiorité admi-
nistrative seule compétente quant à piésent ,
pour tout ce qui iient aux dettes de la ci-devant
ferme-générale, a été dicté par la justice; qu'il
ne prive aucun créancier peisonnel d'un ancien
fermier-général du droit de jioursuivre en pjic- I
ment son débiteur , et que , s'ilprescrit aux ciéan-
ciers de la lerrae-génèrale de faire reconnaître et
et liquider leurs créances contre elle dans les for-
mes administratives , confoimèraent aux lois ,
c'est que tout son actif , bien supérieur à ses
dettes , a été versé dans le trésor public , qui en
a disposé ;
Le conseil-d'état entendu , arrêtent :
Art. I". Le jugement du 8 ventôse , de la qua-
trième section du tribunal civil du département
de la Seine , et celui du 14 fructidor an 8 , de la
seconde section du tribunal d'appel séant à Paris,
1 un et 1 autre au profit du cit. Borel , contre
les fermiers du dernier bail de la ferme-générale,
sont comme non avenus , ainsi que tout ce qui
a pu être fait eh exécution d'iceux.
II. Les ministres de la justice et des finances sont
chargés , chacun en ce qui le concerne , de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Le premier consul , si^é , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé. H. B. M.iret.
MINISTERE DE LA MARINE. :
,,''• ;"' ^""'^ '<= 4 vendémiaire , en rade de
lEguillon , proche la Rochelle , une prise an-
gUise , faite par le corsaire le Brave . de Bor-
deaux. Cette prise., qui se nomme le James , ià
rendait de Sainte-Hélène à Londres , avec uft
chargement consistant , dliou , en huile de ba-
leine , peaux et vins étrangeis. ,
PRÉFECTUKEDE PO.LICg.
Ordonnance concernant la. surveillance et' Je Wavatl
sur la rivière et ..sur .les. ports. -^ Du i' jour
complémentaire, an S de la tépuhlique française ^
une et indivisible.
Le préfet de police , vu l'article XXXII dé
l'arrêté des consuls du 12 messidor dernier , qui
lui attribue la surveillance de la rivière et des
ports ;
Considérant qu'il est nécessaire de rappeler
différentes dispositions des lois et réglemtns sur
la police de la rivière et des poris dans Paris»
afin d'y maintenir le bon ordre et la sureié , et
de garantir la conservation des approvisionne-
mens , ordonne ce qui suit: '
Art. P'. A compter du 1='' vendémiaire jus-
qu au 30 ventôSe , les ports seront ouverts , de-
puis sept heures du matin jusquà cinq heures
du soir.
Et depuis le 1=' germinal jusqu'à la fin de l'ari-
nec , ils seront ouverts depuis six heures du
tnatin jusqu'à midi , et depuis deux heures de
1 après-midi jusqu'à sept heures du soir.
II. Il ne doit être fait aucune vente , ni enlevé
aucunes dentées et marchandises d;s ports, pen-
dant les heures de leur fermeture, à moins d'utt
permis par écrit du préfet de police.
Sont exceptés de la disposition précédente, le
tirage des trains de bois à brûler et de charpente,
et létir enlèvement, qui coniinuetont d'avoir lieu
depuis le point du jour jusqu'au soir, à h fer-
meture des ports.
L'inspeCteur-général de la navigation et des
ports pourra délivrer des permis' dans les cas
d'urgence.
Les jours de décadi et de fêtes nationales, il
ne doit être fait aucun travail sur les ports et
berges, à moins d'urgence , ou d'un .service pu^
blic , et en venu d'un permis par éciii. (Loi du
17 thermidor an 6. )
III. Aucune marchandise rie peut être dé-
chargée du bateau à terre, s'il n'en a été fait la
déclaration aux bureaux établis à cet effet stir
les poits , et si le permis de décharger n'a été
déposé au corps-de-garde le plus voisin du dé-
chargevnent.
ly. Il est défendu aux passeurs d'eau et à tout
marinier, de conduire les personnes ou trans-
porter des marchandises sur la rivière , avant ou
après le jour. ( Ordonnance du mois de i.lécem-
bre 1672 , chap.ll, art. U, cl chap. V , an. VIII.
V. Dans tous les tems , un bachot ou batelet
ne doit contenir que seize personnes , y compiis
les passeurs , et ceux-ci doivent maintenir l'ordre
dans leiirs batelets, et même désignera la garde
ceux qui , par des imprudences , exposeraient là
sureié des passagers. (Loi du 16 brumaiie , an 5
au Tarif.) • '
VI. La pêche sur la rivière , pendant la nuit ,
est défendue. (Ordonnance des eaux et forêts
d'août 1669 , titre XXXI , article V. ) ''
Elle est interdite en tout tems , dans le petit
bras de la rivière , depuis' le terrein jusqu'au-des-
sous du petit-pont. (Ordonnance du bureau de
la Ville, du 20 mai 1785.)
VII. Les poris étant uniquement destinés aux
marchandises venant par, eau , il ne peut y en
être déposé aucunes venant par terre , à moins
que ce ne soit pour les embarquer. (Ordon-
nance de décembre 1672, chapitre III, article
VIU. Un homme ne peut mener aux abreuvoit's
pKis de tiois chevaux à la fois ; on doit em-
pêcher que les chevaux n y soient conduits par
des enfans , et l'on doit veiller à ce qu'ils n'en-
trent dans l'eau et n'en sortent qu'au pas.
La garde doit empêcher que l'on ne se place
dans lenceinie des abreuvoirs pour y ^ver du
linge. ( Ordonnance du ci-devanl bureau de la
ViUc , du 23 décembre 1 763. )
46
ÏX. Ifest expressément rd^fend^ de' ^^écl«rM
ou casser aucuns bateaux et thouei vides'sOT fes"
ports, quais et berges dans Paris, si c^ n'est a
nie des Cignes , sans un permis , par écrit, du
préfet de police.
X. Il est également défendu de les tirer à
terre , pour les raccommoder ou les gou-
dronner , sans avoir obtenu une permission par
écrit. ( Loi du 3 brumaire an 4 , article 685 ,
deuxième alinéa.)
XI. Afin de prévenir les incendies , la garde
doit veiller avec attention à ce qu'il ne soit
porté, ni fait du feu , même dans des chauffe-
rettes et chaudrons grillés , sur la rivière , les
trains et bateaux (excepté les bitenuit. fortc'cts] , sur
les ports , quais et berges , et à ce qu'il ne soit
-tiré des fusées , pétards , boëtes , pistolets , et au-
tres armes à feu. (Ordonnance du ci-devant bu-
reau de la Ville , des a3 Janvier 1781 , et iC mai
1783.)
■ XII. Les commandans de poste veilleront à
ce que les baraques et petits bâiimens placés
sur les ports , soient fermés à la chute du jour,
à ce que personne n'y passe la nuit, et enfin à
ce qu'ils ne soient pas ouvers avant le jour.
XIII. Il ne doit être déposé aucuns matériaux
ni gravois sur les ports , sans un permis du préfet
{le police.
Et quant aux baquets et autres voilures vides
q'il est d'usage d'y placer , il ne pourra en être
déposé que dans les endroits des ports désignés
k cet effet , et de manière à ne pas gêner la libre
circulation. ( Loi du 3 brumaire an 4 , article 6o5,
deuxième alinéa. )
XIV. Il est défendu de déposer et laisser sé-
joufrier sur les ports , berges et sur les bords
<Jela rivière , aucuns matériaux , comme pierres,
moellons, pavés, pièces de charpente, bois , 1ers
et autres , qui , pouvant être submergés par la
crue subite de^ eaux , exposeraient les bateaux
à être endommagés , et à pé.ir avec leurs char-
gemens.
Par les mêmes motifs , il est défendu à toutes
personnes de placer des pierres ou pavés sur
jes bords de la rivière , pour s'en servir à laver
du linge.
Il est également défendu d'embarrasser les
anneaux qui servent à fermer les cordes, et en-
fin de fatiguer ou détacher les anneaux ou les
cordes.
XV. Le raesurage et la vente des bois à Brûler
*ont défend-us sur les ports , quais et berges dans
Paris.
XVI. Il est défendu d'emporter dçs bâches ,
perches , harts et débris de bois de dessus les
ports ; les ouvriers à qui il revient de ces per-
ches et harts , après leur journée finie , ne peu-
vent les sortir qu'à l épaule , et non dans des voi-
tures , et ils sont tenus de se faire reconnaître aux
factionnaires par les marchands de bois ou leurs
préposés.
XVII. Le repêchage des bois à brûler qui
s'échappent des trains , même de ceux qui pro-
viendraient de trains ou bateaux naufragés , est
interdit à touies personnes, excepté aux préposés
commissionnés à cet effet , qui doivent les ra-
masser et les déposer sur les berges , dans des
endroits qui leur sont désignés. ( Ordonnance de
police du ci-devant bureau de la ville , du 18
avril 1758.)
XVIII. Il ne doit être, établi aucune espèce
-de jeux ou spectacles ambulans , ni formé d'at-
troupement sur les ports et berges ; et , dans
;]e cas ovi il s'en formerait, la garde doit dissiper
les rassemblemens , faire cesser les jeux et en éloi-
•gner les. spectacles. (Loi du 3 brumaire an 4,
.article 6o5 , deuxieitie alinéa. )
XIX. Il est défendu de monter et de s'asseoir
sur les sacs de grains et farines , ballots et caisses
de marchandises déposés sur les ports , et de
se promener entre les piles de bois , et enfin de
xnonter sur les bateaux et bachots. ( Ordon-
nance du ci-devant bureau de la ville , du 20
mai 1785. )
Le passage sur les ports et berges , pendant la
nuit, est interdit à toutes personnes , excepté
aux propriétaires et gardiens des bateaux ou-mar-
'thandises , et dans les cas de besoin seulement ;
ils devront alors être munis d'une lanterne.
Il est défendu à tous ouvriers de s'introdui^e
sur les ports et berges avant le jour.
XX. Toute corporation et toute taxe d'ou-
vrages étant abolies par la loi , le travail est li-
bre sur la rivière et sur les ports, et le prix doit
en être réglé de gré à gré entre les propriétaires
et les ouvriers ; la garde doit faire cesser les
jixes , et prévenir les voies de fait qui pourraient
avoir lieu , soit pour empêcher, les propriétaires
de faire travailler qui bon leur semble , soit pour
troubler les ouvriers dans leur travail. ( Loi du
17 juin 1791-)
XXI. Lorsqu'on indiquera à la garde des ports
l'endroit où une personne sera tombée à l'eau ,
€t ùù. elle aura été repêchée , elle s'y rendra à
ISnstant , fera jtpp'"^'^'' ^^ ooyé ïtj corps-de-garde | feïréufs , et la pureté de goût gui dislingue sa lit
(ni dans un li'eù-voisini le plus con^mode', pour J térâturè."Escrien forma Te sien dans cette Athêni
lui faire administrer les secours nécessaires , et,
dans l'intervalle , elle fe:a avertir un officier de
santé, le commissaire de police et l'inSpeCtcur
des ports de l'arrondissement ; elle se conformera
d'ailleurs aux dispositions de l'ariêté du 9 floréal
an 8 , sur les secours aux noyés.
XXII. Le bruit des voitures , l'éloignement des
sentinelles, le besoin d'indiquer que les secours
sont plus ou moins pressans, ont déterminé à
suppléer à l'insuffisance de la voix , par le moyen
des sifflets qui doivent être attachés dans les
guérites. Un coup de sifflet indique l'appel de
la garde du posie. Deux coups annoncent qu'il
y a danger imminent. Trois coups annoncent
\rne personne tombée à l'eau , et en danger de
périr, un bateau coulé à fond ou incendié.
Dans ces deux derniers cas la garde de tous
les postes voisins s'empressera de sortir , pour
donner , avec toute la célérité possible , les
secours qui seront en son pouvoir.
XXIII. La présente sera imprimée et affichée,
notamment dans les corps-de-garde bordant la
la rivière ; elle sera envoyée aux autorités qui
doivent en connaître, aux officiers de police,
et aux préposés de la préfecture , pour que cha-
cun , en ce qui le concerne , en assure la stricte
exécution.
Le général commandant d'atmes de la place
de Paris , est requis de prendre toutes les me-
sures nécessaires pour la pleine et entière exécu-
lion^des dispositions ci-dessus.
Le préfet de police , Dubois.
Par le préfet ,
Le secrétaire-général, signé. Pus
Notice historique surFréderic Auguste Eschen, englouti
dans une des crevasses du glacier du Buet.
Frédéric Auguste Eschen naquit en 1777 à
Euiin , au cercle de la Saxe inférieure. Son père,
qu'un emploi public mettait dans des relations
fréquentes avec l'archevêque de Lubeck , son
souverain , jouissait auprès de lui d'une consi-
dération méritée -, le prince fut le parrain de son
fils aîné, Frédéric Auguste , et l'investit d'un
canonicat.
Comme aîné d'une famille nombreuse , dont
il était le principal espoir , Eschen devait se
vouer à l'étude de la jurisprudence , dans la vue
de remplir un jour quelque charge publique.
Mais son père ne se borna pas à lui donner
simplement les connaissances regardées comme
indispensables à un jurisconsulte. Il était con-
vaincu que tout ce qui peut éclairer l'esprit ,
élever lame et perfectionner le sentiment du beau,
fournit, dans quelque carrière qu'on soit entré,
de nouveaux moyens de la remplir avec succès.
D après cesprincipes,réducaiion dujeune Eschen
fut dirigée sur un plan étendu , qui embras-
sait la plupart des sciences et des beaux arts.
Familia-risé de bonne heure avec les uns et les
autres, il s'y livra avec une ardeur qui ne s'est
jamais démentie et qui fut peut-être l'unique
passion que son amc douce ait connue.
Les e.spérances brillantes que son enfance fesait
concevoir, fixèrent sur lui l'attention de quelques-
uns des hommes célèbres dont l'Allemagne
s'honore. Nous citerons particulièrement dans
ce nombre Henry Voss , qui habitait la même
ville qu Eschen, et qui était uni à son père par
une étroite amitié. Il suffit de prononcer ce nom
distingué , pour donner I idée d'un grand talent
soutenu par des connaissances profondes. Voss ,
si connu par le poëme charmant de Louise et
ses traductions en vers d Homère, de Virgile
et d'Ovide , a ouvert une carrière nouvelle à
la littérature allemande , et y a marché le premier.
Il a su donner à sa langue maternelle la richesse
et la flexibilité du grec ;■ il a su lui imprimer
les formes antiques -, et faire passer dans la
poésie allemande les beautés simples et na'ives
des anciens. Il s'est montré original en les imitant,
et il a enseigné par son exemple, nor->eule-
ment comme on peut traduire. leurs ouvrages,
mais comme on peut s'approprier leur génie.
E'chen n'inspira pas un intérêt moins vif à
Frédéric, comte de Siollberg .dont la réputation
est fondée de même_ sur plusieurs ouvrages de
mérite , parmi lesquels on distingue sa ttaduc-
rion des dialogues de Platon , et ses voyages en
Suisse et en Italie. — Mais, ce fut surnout à
Voss qui , en sa qualité de recteur du gymnaze
d'Eutin , fut le premier maître d'Eschen , que
celui-ci dut la plus grande partie de ses con-
naissances et de ses talens. Voss reconiiut de
bonne heure les dispositions extraordinaires de
son élevé ; il s'attacha dès lors à les développer
avec un zèle soutenu, que son jeune ami re-
compensa par un attachement filial et des progrès
rapides.
A l'âge de vingt ans, Eschen quitta son ins-
tituteur et la maison paternelle , que l'infortune
ne devait plus revoir ! Il se rendit à l'université
de Jena , illustre par les talens éminens de ses pto-
de l'Allemagne : mais les études auxquelles ij
s'attacha plus particulièrement , furent celles de
la philosophie et de la juiisprudence. Il eut
pour maître , dans la première , le célèbre Fichle , ^
disciple et rival du philosophe de Konigsberg, et
qui , en adoptant les principes de celui-ci ,a élevé
sur les mêmes bases un nouveau système , et s'est
acquis une gloire indépendante ; gloire nouvelle
aussi , en ce qu'elle est à la fois celle du méta-
physicien profond et de l'écrivain éloquerit. En
effet , Fichte est le premier qui , sans sortir des
bornes d'un raisonnement vigoureux et d'uni
enchaînement d'idées non interrompu ait su re-
vêtir les formes sévères de la métaphysique . deis
charmes d'une éloquence toujours simple et im-
posante., mais pleine d'énergie , et qui rénit sou-
vent la force qui subjugue à lélèvation qui trans-
porte. C'est le génie de Kant parlant le langage
de' Rousseau, mais de Rousseau sans autre pas-
sion que celle de la vériié et de la vertu.
Dans la jurisprudence , Eschen trpuva dans le
professeur Hufeland (i) , savant profond autant
qu'homme vertueux et aimable , un guide éclairé
capable de le conduire avec sûreté dans cette
importance et difficile carrière , et un ami res-
pectable , non moins capable de lui faire con-
naître les hommes sans éteindre dans son cœur
l'amour de l'humanité , et de lui marquer le»
écueils de "la société en lui apprenant à en chérir
les devoirs.
L'histoire naturelle et la physique occupererit
aussi des momens déjà bien remplis , mai^
quEschen savait multiplier par une activité
infatigable. Ces sciences avaient des attraits infinis
pour un esprit qui s'élançait avec enthousiasme
vers tout ce qui était naltoe et vérité : il s'appli-
qua d'une manière particulière à la chimie et à
la botanique. 11 regardait la première comme
fesant avec les mathématiques la base fondamen-
tale de la Philosophie de la Nature. Dans la
seconde , il trouvait un plaisir pur et simple
comme son cœur, et il y consacrait tous le*
momens qu'il pouvait dérober à ses autre»
études.
Au milieu de ces occupations , il restait fidèle
à la poésie . vers laquelle il était entraîne pai
un goût inné et irrésistible ; il fit plusieurs tra-
duction du grec et du latin (2) , langues qui lui
étaient presqu'aussi familières que la sienne
propre , quoiqu'il leur eût associ£.i'éiude des
langues modernes , et qu'il possédât piesquc
toutes celles de l'Europe. Il ne se borna pas à
traduire. Il se fit connaître par différentes poesiei
pleines de grâces , et empreintes de cette belle
simplicité antique , dont il s'était pénètre , et
qui convenait si bien à la na'ivete et a la pureté
de son caractère. Ce même caractère qui se pei-
gnait dans tout son extérieur , et qui eritrainait
vers lui tous ceux qui avaient occasion de 1 ap-
procher , était celui d'une ingénuité rare , et dtv
naturel le plus heureux et le plus aimable. Il
l'a imprimé à ses écrits, et ils ont reçu de son
ame un charme qui leur est propre , et qui ne
s'eff.icera point.
Plusieurs de ces morceaux , du genre de l'i-
dyle ( 3 ) , ont obtenu l'approbation de deu»
hommes que l'Allemagne met aujourd'hui a a
tête de ses poètes , Schiller et Gothe , et !•
premier en a inséré quelques-uns dans l'Almanacll
des Muses , dont il est le rédacteur. Je me borne-
rai à en citer un inti' aie : Die Lehre der Beschet^
denheit , la leçon de modestie , qui n'est qu'une
bagatelle par son sujet, mais qc
mérite d'être
disungué par le charme des détails et les grâces
naive^ que l'auteur a su répandre sur un sujet si
petit et qui paraissait se prêter si peu aux lormes
poétiques. Eschen a fait paraître aussi dans d au-
tres journaux littéraires, q;ielques dissertauons
sur différens points de littérature ancienne , qui
lui firent un nom parmi les savans , et le mirent
en correspondance avec plusieurs d'entre eux.
Il eut des amis vrais dans cette classe et dans
celle des hommes de lettres ; nommer ici les
Schlegel et les Humboldt c'est faire d un seul
moi 1 éloge de celui qui s'honora de leur amiiie.
Ce fut au printemps dé 1798 qu'Eschen se
détermina à passer en Suisse pour se charger
de l'éducation d un jeune homme , dans la vue
de perfectionner la sienne à lui-même , et d aug-
menter ses' connaissances en apprenant a les
communiquer. Il eut encore , pour embrasser ce
parti , un autre motif digne de son cœur : il
voulait , en laissant à son père la jouissance du
revenu qu'il avait tiré jusqu'alors de son canom-
cat , lui faciliter les moyens de donrier a sa
nombreuse famille une éducauon libérale et
soignée. Il vint se fixer à Berne , ou quelques-
dont le nom et
(1 U est parcut dû médecin Hufeland,
les ouvrages ne sont pas inconnus en France.
(2) Il n'est pas besoin de dire qu'il ne s'agit ici que de tra-
ductions métriques. Les allemands paraissent convaincus qu oa
ne doit traduire les poètes que dans le langage de la poésie.
(3) On a trouvé dans les papiers d'Eschen , après sa mort ,
douze idylles qui n'avaient point encore paru . '<■ V^ prolja-
bleœeot seront publiées j?at Voss.
uns de ses compalriotes l'avaient précédé , et
remplissaient la même carrière. D autres ne lar-
dèrent pas à l'y suivre , et quelques jeunes Ber-
nois , qui presque tous avaient éié ses compa-
gnons d'études à l'université , se joignirent au
cercle de ses amis. C est dans leur sein , sous
l'égide de l'amitié et de l'étude, qu'au milieu des
orages de la tévolution il vil s'écouler deux
années paisibles et marquées" par des travaux
qui pouvaient honorer une plus longue vie ;
mais qui devaient , hélas ! être les derniers de
la sienne. Sa traduciion des odes d'Horace, dont
il eût pu dire comme son modèle , et dans un
autre sens encore : exegi monunientum , venait de
paraître peu de tems avant l'événement funeste
qui l'a enlevé aux lettres et à ses amis.
On peut reprocher, et peut-être avec justice,
àcet ouvrage, trop de latinismes et des hardiesses
trop étrangères au génie de la langue allemande;
mais, avec ces délauts mêmes, il n'en restera
pas moins un ouvrage classique , digne d'être
compté parmi les richesses les plus réelles de la
littérature germanique , et qui devait l'aire con-
cevoir de plus grandes espétances encore d'un
homme qui, à 23 ans, avait eu le courage d'en-
treprendre une lâche si difficile , et le talent de la
remplir. Eschen dédia cet ouvrage à ses amis ;
il en avait déjà soumis plusieurs morceaux à leur
jugement , et il avaittoujours reçu leu.s avis avec
reconnaissance et avec l'aimable modestie , qui
Je caraclérisait : cette modeslie ne lui laissait
ambilionnner d'autre gloire que leur suffrage.
Il me le répétait encore eu m'envoyant un exem-
plaire de, sa traduciion , et ses paroles dans sa
bouche n'étaient pas un vain compliment:
i( Accepte , disait -il, cet ouvrage qud'lque im-
j> parfait qu'il puisse être , car c'est le don d'un
5) ami dont les travaux ont pour premier mo-
5) bile le désir de s'acquérir de nouveaux droits
ji à la tendresse de ses amis n.
La malheureuse catastrophe qui termina la vie
de cet intéressant Jeune homme a été publiée
dans les journaux , et elle est trop connue pour
que je m impose ici la tâche douloureuse d'en
répéter encore les deuils. Je me conienierai de
ïa retracer en peu de mots. A la fin du mois de
juillet de cette année , Eschen entreprit avec
M. Théodore Zierassen , son compatiioie et son
ami , un voyage sur les bords du lac de Genève
et dans la vallée de Chamouny. Ils montèrent
ensemble sur le Buet , moniagne élevée derrière
le village de Servoz, célèbre par les expériences
qui y ont éié faites par Duluc et Saussure , et
d'oià l'on domine toute la contrée voisine du
Mont-Blanc. Déjà ils étaient sur le point d'at-
teindre au sommet; rien n'annonçait un danger
à craindre. Eschen marchait gaiement, en de-
vançant son ami et son guide , loisque tout-à-
coup celui-ci levé les yeux et ne Fappcrçoit plus.
Une croûte mince de neige qui recouvrait une
fente profonde s étail écroulée sous ses pas , et il
venait de tomber dans le précipice qu'elle ca-
chait.Je ne chercherai pas à peindre le désispoir
et l'égarement de son ami à ce coup terrible. Il
esl plus aisé de le concevoir que de le décrire ;
Mais j'acquitterai ici, au nom de tous ceux i-
qui le malheureux Eschen fut cher , le tribut de
leconnaissance qu'ils doivent au citoyen d'Eymar,
' préfet du dépariement du Léman , et au citoyen
Picîet. professeur à Genève, pour l'iniérêt que
leur sensibilité leur a fait prendre à ce triiie évé-
nement, et pour les soins qu'ils ont rais à rendre,
du moins aux regrets de ses ainis, les restes de
cet infortuné : grâces à eux , il obtiendra une sé-
pulture honorable, et il restera encore à tous
ceux qui l'ont aimé , à ses parens dont il était
l'appui et la plus chère espérance , à ses compa-
triotes dont il était l'orgueil , à ses amis pour
qui sa perte ne sera point lépaiée , la triste et
dernière consolation d'aller pleurer sur son
tombeau !
Berne , le 19 septembre iSoo.
Signé, F. May de Chadan.
Pour copie conforme :
Le préfet du département du Limnn ,
Signé . A. Ch. d'Eymar.
toujours atteniive à rendre tous les services qui
élaient en son pouvoir; tels sont les liiies qu'il
avait à l'esiinie publique : icls.sont les principaux
tiaiisqui le caraciérisaient. Les circonstances de sa
mort ajoutent encore à l'inlcrèt que doit inspirer
le souvenir de ses, lalens. Transporté dans une
terre étran;;ere (l), pour une mission importante
qu'un ministre , ami de l'agriculture , et (jue.ses
collègues lui avaient confiée , il s'est vu forcé de
lutter pendant deux ans contre des obstacles
auxquels il ne devait pas saiiendre.
Enlîn c'est à la veillederecueillirlesfruit8.de
ses sacrifices et de reprendre le chemin de .sa
pairie , qu'il a succombé sous le poids de ses fa-
tigues , sans qu'une épouse ciiétiedont il ne
s'eiait séparé qu'avec peine , sans que d'.s amis
fidèles aient pu adoucir et consoler ses dLinieis
momens. Ah ! si les larmes de Ions ceux qui lui
ont des obligaiions pouvaient se lépandre sur son
tombi-au , combien en est-il qui s empresseraient
de lui rendre ce tribut de reconnaissance !
Sous un gouvernement tel que le nôire , sans
doute tous les n-.înres de même seront appré-
ciés. Celui de Gilbert ne rcbicra pas sans récom-
pense. Il a prouvé , par ses travaux , p.ir son
dévoiimeni et par ses qualiiés morales , que les
■sciences et l'amour de l'uiiliié publique oni aussi
■ leurs héros. Tessier , membre de l'institu-i.
faiti.
Renferme tes désire dsni une iloiice aftunccf
S«utîeiit Pînfortiiné , soulage l'indigencfl ,
Et pleurant de tendresse , en vcrsaol aeï bitfi.fjî
Sait, en compunt, ses jaur» , le» lieilv •'•• qu'il :
Assurément Hoiace lésait des vers meilleurs
que Ceux (U- nnire jeune militaire , mais avant
de tenir la plume , il avait cru convenabU de s*
débarrasser de son bouclier. Nous ne pouvous
encore souhaiter de poètes à ce prix
POESIE.
Il n'est pas sans iniérêt d'exam'ner quels soins
occupent les loisirs d'une partie des soldats fran-
] çais , et avec que! talent plu.sleurs d'enire eux
j manient la plume , lorsqu'à tôié d'eux leur cpée
se repose un moment. Nous cilcions (juelques
I vers adressés par le citoyen Emmanuel Jobtz ,
; conscrit du Jura , à son aini auguste Gady , du
I Calvaiios , oHicicr invalide , non .sans doute
comme des modèles , mais comme décélan'. en
I leur auteur un' talent qui mérite d êire encouragé.
' Ils ont du naturel , du sentiment , et quelquefois
i de la grâce,
I L'auteur parle de Rousseau en homme plein
j des ouvrages de ce grand homme, en poëie digne
! d'apprécier l'illustre écrivain dont il va visiter
I la retraite.
Il est un noir vallon, solitude
Qu'autrefois illustra la présenc
Cherche
G toi ! c
]5e la V
les pas de Rouss
tr.insports et i
npêtre asyle , oi
hommage.
Sur la mort de Gilbert.
La France vient de perdre le citoyen Gilbert ,
de l'institut national . du conseil d'agriculture du
ministère de l'intérieur, de la société d'agriculture
ùa département de la Seine , directeur-adjoint et
professeur de l'école vétérinaire d'Alfort, et mem-
bre du corps-législatif. Si la mort de celui qui
s'est livré à l'étude et aux progrès des sciences ,
est un malheur pour le perfeciionnenient de l'es-
prit humain , la mort rie l'homme probe en est
un bien plus grand encore pour l'association ci-
vililisée dans laquelle il vivait. Gilbert réunissait
toutes les qualités capables de le faire regretter des
iavans, de ses concitoyens, du gouvernement fran-
çais.
Des écrits , tous marqués au coin d'une utilité
réelle ; des travaux entrepris sur différentes bran-
ches de 1 économie rurale ; un zèle ardent pour
contribuer au boniiciu de sa patrie ; une ame J
Et que ta
>,Je parle
eut être éloquent doit
Ailleurs , déplorant les malheurs de la guerre ,
il en dépeint le mouvement avec une lorce et
une rapidité assez remarquables :
Un choc tumultueux vient d'ébranler la ture,
C'est le bruit des combats, c'est le cri de ;a guerre ;
Ses terribles accens éclatent dans les airs ,
Font trembler les mortels , étonnent l'Univers.
Des fleuves en courroux, dans leurs grottes profondes,
Sous le poids des guerriers , j'entends frémir les ondes ,.
J'apperçois sur leurs bords les peuples consternés ,
Fuir en désordre au loin leurs cllamps abandonnés ,
Et les enfans de Mars , d'une main louJroyante ,
Semer par-tout la mort , le deuil et l'épouvante.
Tout est en feu, la guerre étend ses bras d'airain.
Du Nil et du Volga, jusqu'aux rives du Khin , etc.
Le peu de vers que nous desirçns citer encore
ne sont qu'une imitation. Notre jeune poëte n'a
pas prétendu ,,sans doute , lutter avec avantage
contre ceux qui déjà ont exprimé la même idée:
en lisant les siens, il faut que l'indulgence écarte
toute idée de comparaison , pour ne voir que
l'âge de l'auteur, et le tumulte qui le distrait et
l'environne au moment oti il écrit.
Heureux qui retiré dans un champ solitaire ,
Loin du mortel perfide et du bruit de la guerre ,
Des vanités du monde abjurant lea erreurs , ■
Méprise des faux biens les appas séducteurs ,
(1 II est mort à l'nge de 40 ans , à ScigneutioUnu , pré»
aint Ildcjphonjc, eu .Espagne , le )j fructidoi-
T H É A T 11 E FRANÇAIS.'
Talma occupe à cethiiâtre les prcmii.rs ewr
plois tiap,i(]ucs ; mais ses moyens physif^ues , el,
; la nature ilicmc de son raie talent , ne lui ] er-
I mettent pas d'en remplir tous les rôks avec un
I égal avantage.
Lalond ravissant, dès son début, des sutlVages
1 faits pour ennivrer l'anisie le pins modeste,
I recevant des titres qu'une lon^^uc siiile de ir.créi
I assiifeiait à peine, et des éloges qu'il est plus
I dillicile de métiier long-icras, ijue d'obieiiir un
jour d une foule enthousiaste , lalond , en s avnn •
i çant dans la carrriere , a justifié une panie ties,
espérances qu'il avait données ; mais n'a pas [lam
pouvoir soutenir .seul le fardeau dont un ztls
mal-cnicndu semblait vouloir le charger.
Larive manquait à la scène française , non-seu-
lement comme membre ir.è>-disiingué de l'an-
cienne réunion , mais même comme sujet d'une
utilité indispensable dans une assez grande quan-
tité de rôles, où il était en efïel à regretter; il
vient dy reparaître et d'y atiirer une affluenct;
considérable; avantage, que peu d'acleurs , quoi-
qu'on e» ait dit , par erreur sans doute , ont plus
conslammcni'oblcnu t^ue lui.
Parler du physique de cet acteur , de sa têie
bien dessinés, de ses yeux brlllaiis et exi'ressils,^
de son organe pur , sonore , mordant et flexible ,
c'est rappeler des dons naturel dont tout le
monde a déjà vanlé la réunion précieuse. Cette
réunion a fait dire que , dans la lêle Je cet acteur
disiingué , l'on devait chercher la partie printi'
paie de son ta:ent, et la cause réelle de ses
succès : peut-être en s'exprimant aii'isi ne voulait-
on pas seulemjnt parler de ses tiaiis , mais laisser
entendre que les mouvemens vigoureux qui lui
éch.ippent appartenaient plus à l'exaltation qu'à
la sensibilité, à l'emporiement de rimaginaiion ,
qu'à lénergie de l'ame.
Le public le revoit avec une extrême satisfac-
tion parmi ses anciens camarades. Malheureuse-
ment il a été irop lông-tems éloigné d eux ; il 3!
été dans sa desiinèe depuis dix ans de ne ad
montrer, pour ainsi dire , à Paris , qu'en passant ;
de ne laisser qu'un souvenir iinpai lait , des traces'
incoraplettcs et une tradiiion fugitive il'un talent
qui , continuellement ob.-ervé , censuré , suivi ,
eiit été peut-êlre encote plus remarquable.
Il est incontestable que ces absences multi-
pliées, si elles ont nui a la comédie irancaise,
ont nui bien davantage encore à Larive lui-
même ; jouant loin de Paris , entouré de comé-
diens médiocres , il a semblé y contracter l'ha-
bitude assez naturelle à un conaédien qui sait
avoir seul attiré le spectateur qui l'éco.ute: il
s'isole , pour ainsi dire, donne tout à soniôic
et pas assez à l'ensemble de la représentation.
A-t-il fini u e tirade dont souvent il sacrifie
des parties iiiicressames et des détails précieux ,
pour faire ressortir un pass'ge dont il connaît
lelfet accoutumé ? il semblé fi'êire plus à son rôle,,
des mouvemens " de distraction lui échappent.
L'inlerlocuicur lui a parlé long-terns sans qu'il
ait paru I écouler. Avant de repondre , il s'est
long-tems promené, ^gité siar la scène, sans la
remplir , si on peut Sï servir de cette expression ,
qui n'est peut-être entendue que là oii elle prit
naissance.
Qu'arrive-t-il lorsque le principal personnage
dans uiie représenialion dramatique laisse re-
marquer un semblable défaut ? les acteurs
joueni , parlent , agissent les uns après les autres ,
mais il n'y a point d'ensemble ; toutes le parties
du tableau n'ont pas à-la-fois le mouvement et
la vie.
Ce défaut est sans .doute, le plus -essentiel de
ceux qu'on p&ut reprocher à Larive ; mais il est
grave , car il conduit naturellement l'observateur
à penser qu'il n'y a pas d'émotion ptolonde , de
sensibilité réelle , là où les mou.vemens les plus
violens Sont .suivis d'un calme assez visible ,, l'em-
portement de la fureur d'une immobilité à
laqbelle l'acteur est parvenu sans gradation . et
presque sans contrainte.
Larive , depuis sa rentrée au ibéâire fraaçajs ,
a deux fois joué dans le €/<•/. Hier , il a paiu d'ans
le rôle de Vendôme d'Adélaïde du Git£Jf/!«, Ven-
dôme est impétueux , fier , irascible , einpoirté
dans son amûur , emporté dans sa lurcur jalouse.
II n'a pas un seul trait où la dissimulation, l'expres-
sion d'un sentiment concentré soit nécessaire : \i
Iranchise chevaleresque est l'ame de ce caractère.
Un tel rôle con^ieni.amiuréaieiit très-bien à Lati'i't ;
ausii y a-t-il eu des momens où il a enlevé les
plus vives itcclaniaiioiis.
Depuis sa reniiée, beaucoup de journaux ont
}jieieiuiu <]u'il n'éiail plus assez jeune pour 1 em-
ploi qu il remplit : il y a sans doute une distinc-
tion à l'aire parmi ces rôles, ei les plus jeunes sont
ceux qui lui conviennent le moins ; mais lui con-
seiller de prendre l'emploi des pères et des rois ,
n'est peut eue pas un avis dicté par une connais-
sance exacte et des talens de cet acteur , et des
rples cjui composent cet emploi.
Larive aurait-il assez de gravité , d'à-plomb ,
un débit assez mesuré , utie déclamation assez
sage? Réunirait-il à sa vigueur, toute la dignité
désirable dans des rôles tels que \Iitridale ,
Joad , Auguste , Agaaieiunon? La seniibililé pa-
ternelle trouveraiî'-elle en lui ces pathétiques
accens de la nature , qu'on attend de Zopire , par
exemple, et des autres rôles du genre de
celui-ci ? Nous ne croyons pas pouvoir l'aifirmcr.
La nature a fait Larive un des plus beatax acteurs
qui aient paru sur la scène : son emploi véritable
est celui où de beaux moyens physiques sont la
première et la plus désirable des qualités.
Quelques tragédies de Corneille , la plupart de
ccUto de Voltaire , et une foule d'ouvrages
modernes , qui lui durent en partie leijr premier
succès : voilà les ouvrages aux représentations
desquels Larive peut tendre encore ijn éclat
liés brillant, sur-tout lorsque plus d habitude du
jeu de ses anciens camarades aura donné au sien
tout ce qu'il laisse encore à désirer.
S....
BIENFAISANCE.
Ce que l'on appelle , en Angleterre , Dispensary,
est un établissement où les malades reçoivent des
consultations et des remèdes gratis ; souvent
même du bouillon et du vin. Un médecin , un
chirurgien et un apothicaire forment la partie
agissante de cet établissement. Cinq fois par
semaine . le médecin écoute et conseille les ma
Dépenses de l'annù.
lîv. st. shetl. pence.
Médicamens 347 16 6
Vm '65 8 ..
Soupe, viande, etc 7° ° ^
Bandages, charpie, etc.. . 3o 16 11
Apothicaires '4-' " "
Frais d impressions , loyer,
chauffage, etc. etc 9°
l3
871
de son exécution , ils auvent bien servi la m»tme'
et l'humanité; mais d'autres tems , d aunes mœurs;
le gouvernement actuel saura , au retour de la
paix, accueillit et protéger toutes les idées grandes
et utiles, et beaucoup d'excellens projets nés en
France , n'iront pas se faire naturaliser chez no»
voisins. Cadet-De-Vaux.
ïades qui viennent se présenter, et il visite, les „^^„ .
deux autres jours, ceux qui ne peuvent pas L-es deux expéditions, de tous les produits pré
La soupe et la viande sont fournies par un
aubergiste de la ville , au prix fait de 3 pences
par ration. La R... L...
AU REDACTEUR.
Citoyen, on citera donc éternellement l'Angle-
terre comme le berceau de découvertes qui ap-
partiennent à la France !
)) Dans une assemblée de la société d'agricul-
ture de Balh, en Angleterre (Journal de Paris,
n° 5), il a été démontré que la pomme de terre
coupée par tranches avec sa peau , séchée au
four , peut se conserver plusieurs années sans
perdre de sa bonté et de sa qualité nutiiiive. >>
Parmentier a indiqué ce procédé dans son Traité
de la Pomme dé terre , publié en 17712 -, et il a pré-
senté, il y a 20 ans, à notre société d'agriculture ,
de la pomtpe de terre séchée au four , et suscep-
tible de se conserver pendant vingt siècles, par
la raison que de la pomme de terre crue , mais
sur-tout préalablement cuite ou blanchie, cou-
pée et séchée. au four , se convertit en une subs-
tance gopmâeuse , transparente , sèche , cassante ;
cette substance est dans un véritable état de
corne , à peu-près insoluble dans l'eau , consé-
quemment à l'abri de l'humidité , enfin inatta-
quable par les insectes.
Malesherbes , quelques années après , retrouva
cette préparation en Suisse. Lapeyrouse en em-
barqua sur ses vaisseaux, et successivenient d'En-
trecasteaux. C'est Parmentier qui approvisionna
Citoyen , je viens de lire , dans le Moniteur
du 10 vendémiaire, qu'un cultivateur du district
de fit ôter les cailloux de son champ ; ses
moissons furent presque nulles. Il y fit reporter
des cailloux, et ses moissons redevinrent égales
à celles de ses voisins ; don l'on tire cette con-
clusion : u les cailloux sont donc irès-favorables
à la végétation. ?>
Peut-être fallait-il nommer le cultivateur , ou
au moins le district , et décrire l'espèce des cail-
loux ; car il y en a qui ne soTt que nuisibles.
Voici un fait analogue. Dans un séjour que je
lis à Sainl-Urbain , piès Joinville (Haute-Maine )
il y a environ 3o ans , je demandai à un vigneron
pourquoi il reportait péuiblemenr dans sa hôte
jusqu'au haut du côteaU , des pierres que la cul-
ture et les pluies avaient entraînées dans le bas.
Sans fcj/)ierr«i, me répondit-il ,nous aurions moin^
et moins bon. Il me parut que la pratique était
générale ; ce vignoble très - considérable était
couvert de ces mêmes pierres ; à peine y appev-
cevaii-on un peu de terre. Un bénédictin m'en
donna une bonne raison ; c'est que ces pierres
plates et blanchâtres étaient de nature marneuse ,
et que la culture , la pluie , le soleil en déta-
chaient des parcelles fécondantes , etc. Il est
possible que la charrue fasse le même effet sur
les pierres qui se trouvent dans une terre à bléds ;
mais sous la condition que leurs élémens les en
rendiont susceptibles. Un abonni.
jrlir de chez eux. Il est secondé et remplacé
par le chirurgien : l'apothicaire distribue les
drogues; c'est communément chez lui qu'est le
centre de l'étabHssement que les souscriptions
alimentent. Elles sont d'une demi-guinée à une
guinée , selon la cherté du lieu où les élablisse-
mens sont placés. A Londres il y en a treize , et
les souscriptions sont d'une guinée. Le souscrip-
teur a le droit de tenir toujours un malade aux
parés de la pomme de terre.
La société d'agriculture de Bath ne peut pas ne
pas connaître les ouvrages de Parmentier , qui a
indiqué ces divers procédés.
Enfin , pendant la longue époque de la disette ,
tranquille dans mon domaine , tandis que Par-
mentier allMt organiser les hôpitaux de la lépu^
blique , n'ai-je pas répété toutes ses expériences
frais de la souscription. Souvent les médecins et n'en ai-je pas modifié quelques-unes, qu. sont
les chirurgiens donnent leurs soins gratis : c'est 1 insérées dans Ja f^f^UJu^ ^t'TZ L "^V
souvent un moyen de se faire connaître.
État d'un bispensary à Londres, établi depuis 18 ans.
Dépenses pour une année.
li
125
Remèdes
A l'apothicaire, pour ses
soins 5oJ
Au médecin Soi
Au chirurgien 5o
Secrétaire
'Collecteur . 25^
Loyer de maison , trais
d'impressions, rôles, etc. 5oJ
Ily a 2»&2i malades
nuellement dans les
fonds publics.
Liv. sterl.
370
A Livcrpool il n'y a qu'un seul dispensary , et
la populaiion y est de 60,000 araes ; les sousciip-
tions sont d'une demi-guinée , et le souscripteur
peut faire traiter plusieurs malades. Voici le
résultat pour l'année 1797 :
Nombre des. malades traités 12,674.
Guéris 12,004
LIVRES DIVERS.
. Histoire complette de la révolution de France , pré-
cédée d'un exposé rapide des administrations,
successives qui ont déterminé cette révolution
mémorable ; par deux amis de la liberté ; tomes
14 et i5 , in- 18. Prix 4 fr. et 5 fr. par la poste.
Prix de l'ouvrage entier , 3o fr. et 36 fr. par la
poste. Chaque volume sépaié , pour les person-
nes qui auraient à se completter , g fr. et 2 fr.
5o cent, par la poste.
A Paris , chez Bidault , libraire , rue et hôtel
Serpente , n° 14. '
COURS DU CHANGE.
Bourse du lî vendémiaire.
à 3o jours.
Soulagés
Envoyés à l'hôpital
Renvoyés pour mauvaise con-
condulte
Idem , comme en éiat de payer
les remèdes
Morts
410
25
29
5
201
12,674
Il en restait sur l'état au 1'' janvier 1798 , •
473.
mentier a itmé , récolté le champ de la pomme
de terre, et on ne peut que glaner sur ses pas.
)) Un des membres de cette assemblée de Bath a
fait voir delà farine de pomme de terre qu'il
avait envoyée il y a quatre ans à la Janiaique ,
qui n'a souffert aucune altération. Il avait avant
suivi le procédé ci-devant indiqué , et avait fait
passer après les pommes de terre à la meule. "
Il y a huii ans que les meules de notre vallée
de Montmorency ont gémi sur cette substance.
Je dis gémi » parce qu'elle est difficile à moudre ,
vu son état corné et demi-élastique. Yen ai fait con-
server partie dans l'état de gruau ; l'autre a été
réduire en farine , et ces deux produits m'ont of-
fert une ressource précieuse en tems de disette ,
et un ahment savoureux par suite d'un peu de
torréfaction. ^
Nous avions fait plus, Parmentier et moi. La
conservation du biscuit de mer, fait de froment ,
devient le désespoir des équipages , il rie peut
pas soutenir les voyages de long cours ; l'humi-
dité dont il est susceptible , la mitte qui s'y en-
gendre le brisent, le pulvérisent. Alors sa savetir
est altérée , et le matelot le refuse cornme un ali-
ment fastidieux et dégoûtant. Nous imaginâmes
donc de convertir la pomme de terre en biscuit
de mer ; et conjointement avec le citoyen Brocq ,
directeur de l'école de boulangerie , nous fîmes
dans les fours de cet établissement dix quintaux
de biscuits de pommes de terre; il fut expédié
pour nos îles, et y retourna, après être revenu
en France, toujours intact; ce biscuit ferait le
tour du monde , parce qu'il est inaltérable comme
la pomme de terre cornée de Parmentier.
Je ne séiais point étonné que les anglais s'em-
parassent, en 1801 ou 2, de cette découverte faite
en France en 1785. Qu'ils s'emparent au moins
Amsterdam banco.
Courant. . . ...
Hambourg
Madrid
Effectif
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
56i
i88i
4 ir. 90 c
i4fr.5o c.
4 fr; go c
14 fr. 25 c
4 fr. 60 c.
5(r.
i P-
57 i
187I
Effets publics.
Rente provisoire 22 fr. 88 c.
Tiers consolidé 35 fr. 75 x.
Bous deux tieis i fr. 68 c.
Bons d'arréragé 87 fr. 5o t..
Bons pour l'an 8 92 fr. 88 c.
Syndicat 77 fr. 5o c.
Coupures 78 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 23 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqije et des Arts.
Le 12, la i"' repr. des Horaces-,
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la 2' repr. d'une Journée de Catinat ou le Ta-
bleau , opéra nouveau ; les trois Maris ; le Voyage
interrompu.
THEATRE DU Vaudeville. Auj. M. Guillaume ;
Dancourt , et les Otages.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la Mort d'Abel , ttag. en 3 actes ; jfatjuinet ,
et le Chaudronnier de Saint-Flour.
"IHÉATRE DELA Cité-Variéïés. — Pantomimes.
Auj. Damoisel et Bergerette , pant. à grand spect. ;
Cadichon , et l'Epreuve excusable.
L'abonnement se fait à Paris , rue des Poitevins , n» .8. Le pri. est de ,5 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 moi. , et .00 francs pour l'année entière. On ne s'abonne
• u'au commencement de chaque mois. , ■ , • 1 . 1
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port , au cit. A G A s s E , propriétaire de ce journal , .ue des Poitevins , u° 18. Il faut comprendre dans le. envois le port de.
„,, ou Ion ne peut affranchir. Les lettres des dépancmens non aEfianchies , ne seront point retirées de la poste. -j j
U faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille . au rédacteur , rue dei
Poitevin., n« l3,depui (neuf heures du matin jusqu'àcinq heures dusoir. . -
A Paris, de l'imprimerie du cil. Ajjissc , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins, n" i3.
GÂ'ZE'fTE'T^ATIQNALE ou LE MONIIEUR-jUnIX
fu.j iy "»
♦ \\ ..(1.
JV° 14.
Quartidi ,14 vaideiniaire an 9 de la république française , une el indivisible:
NbUs sommes autorisés à prévenir nos soiiscnpiieurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O Ni T E U R est le seul journal oj^cit!/.- ""I
11 coïKient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et ïes,n<»Hi>nftca«t'sa
l'intérieur qae sur l'extérieur, fournis par les corresp'ondances ministérielles. '- ''>">• ■•"■'
. , . ,., -, .oijphàfiiAI
Un article sera particulièrement consacre aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles. 25'::;ili,n
E X T E R I EUR.
ANGLETERRE..
Londres , le 3o septembre (S vendémiaire. }
ACTIONS de la banque fermées : 3 pour cent
consolidés. For raoney 65 | i. —7 fof account
66 j , 65 1. Omnium 6^,6."
Les effets sont en baisse. Lesy , les 3 pour cent
consolidés étaient œonlés à 685-^, et l'Omnium
jusqu'à 7.
Sur une pétition signée par 'un nombre consi-
dérable d'habitans de la cité , le lord maire a fixé
au 4 octobre une assemblée de la commune. La
pétition a pour objet de supplier le toi de con-
voquer le plus Itît possible le parlement , ahn qu'il
prenne des mesures propres à réduire le prix
actuel des subsistances.
Un des vaisseaux de la compagnie des Indes ,
dernièrement arrivés , 4 été jeié par la force du
venl contre des rochers à la hauteur de Dunker-
que , oii Ion suppose qu'il aura péri, ainsi
que deux hommes qui avaient voulu rester
à bord , lorsque le reste de l'équipage se
sauva dans les canots. Plusieurs des autres bâli-
niens mouillés dans les dunes ont spuôert con-
sidérablement.
Nous apprenons par une lettre de Calcutta ,
que le capitaine Surcoff a capturé dans la baie
•«.lu Bengale , un bricji portugais ayant à bord
au-delà de deux lacks de dollars , dont quinze
caisse^ ont été envoyées à lIsle-de-France , sur
\ine prise faite antérieurement par ce même
xapitaîiie, qui s'est emparé, dans la baie ci-dessus ,
fli un autre bâtiment que l'on dit aussi trés-ifiche.
Le navire the Pearl , capturé , il y a quelque
tems , dans le golphe persique , est , à ce qu on
assure, une des plus riches prises que les fran-
çais Ment faites dans l'Inde durant celte guerre.
Outre une cargaison de marchandises de trèsgrande
valeur , ce navire portant au - delà de quatorze
lacs de roupies en argent et en cuivre. Il avait
aussi à bord quarante superbes chevaux que les
français oet débarqué àMascate.
Lord Saint-Vincent est rentré avec vingt-trois
vaisseaux de ligne , partie à Plyraouth , partie à
Totbay.
Il est arrivé hier , aux bureaux de lord Gren-
Ville , un officier de marine , avec des dépêches
de Pétersbourg , que l'on croit relatives à la ques-
tion de la neutralité.
Au dernier scrutin pour l'élection d'un nou-
veau lord maire, sur trois candidats , le lord
maire actuel réunissait le plus de voix.
( Extrait du Star. ]
L'édit par lequel l'empereur Paul a ordonné
le séquestre de toutes les propriétés anglaises dans
ses états , a causé ici une sensation qui n'a été
affaiblie que par l'espoir d'apprendre qu'il serait
bientôt levé. Cette mesure , preuve évidente de
l'appui que le roi de Dannemarck avait trouvé
en Russie , ne pouvait subsister a.près notre ré-
coiiciliaiion avec ce souverain. En effet , lami-
lauté a appris hier , par un officier récemment
arrivé dÉlseneur , et porteur de dépêches de
Pétersbourg, que 1 ordre de l'empereur a été
révoqué le i5 de ce mois. M. de Lissakevirich ,
chargé d'affaires de Russie près noire cour , est
'tappelé ; nommé ministre en Dannemarck , il par-
tira incessamment : on ne sait pas encore s il
aura un successeur.
La dernière malle de Hambourg a apporté des
nouvelles de la côte d Egypte , datées <iu 6 juillet.
Sir Sidney-Sraiih continuait à correspondre avec
le général Menou : il avait envoyé au Caire le
heutenant Wright avec des dépêches particuliè-
res , doiii la léponsc éiait attendue avec une
irande impatience. Le grand-visir campait avec
jo.ooo hommes à Jaffa , cl la plus grande intelli-
gence régnait entre les lurcs et les anglais. Le
iipitjn-pacha venait souvent voir Sidney-Smilh à
bord du Tigre.
M. Eskales , banquier de la cour de Vienne ,
est arrivé le 18 à Hambourg pour y recevoir les
subsides fournis à 1 Autriche par l'Angleterre.
On a reçu avis qtie le sloop de guerre le Cor-
morunt , chargé de dépêche» 'pour sir Sidney
Smith, a échoué dans les premiers jours de juil-
let en quittant Rosette. L'équipage en entier s'est
siuvé sur la côte d'Egypte , oii îl a élé fait pri-
sonnier de guerre.
D.ms une cour générale des propriétaires de
la compagnie des Indes tenue le 24, M. jOnes
(membre du parlement pour le comté de Den-
bigh ) . fit une motion pour obtenir la formation
d'un comité , chargé de poui'voir aux moyens de
prévenir les abus du patronsge , observant que
tous les jours on voyait dans les papiers publics
des avis pour acheter des emplois dépendans de
I la compagnie. Sa motion éprouva quelque op-
' position, mais elle finit par passer.
On apprend par des dépêches qui sont venues
de Bombay par terre, que les français ont mis
Suez en eut de défense , sur-tout du côsé de
la mer.
Notre bonne intelligence avec la Chine a été
sur le point de se rompre par un événement
malheureux. Le schooner la Prouidence perdit
I deux cables ; ou découvrit un chinois occupé à
I en couper un troisième. On fit feu sur lui , et
! malheureusement il fut tué. L'alarme fut géné-
rale , on suspendit tout commerce avec nos vais-
I seaux. Le capitaine Dilkes de Madras , qui était
' le premier o^cier commandam , se fit porter à
terre pour clierciaer à concilier les esprits, et
terminer à l'«tni3ble cette affaire II y réussit ,
mais il fui grossièrement insulté et hué par la
populace. Le même fait el les mêmes circons-
tances sont déjà arrivées il y a quelques années. ,
Il y a quelque tems que nous annonçâmes le
débordement des deux rivières de Tgy et Kiang ,
qui ravagea plusieurs districvs de la Chine. De
nouveaux détails nous apprennent les suites fu-
nestes de celle inondation. La grande quantité
de vase et de limon mêlés avec une grande
quantité de cadavres qu'elle a laissés sur les
terres , a occasionné une maladie épidémique ,
qui a fait périr plus de 100,000 personnes.
On écrit de Newcastle , en date du sS sept.,
qu'une émeute de charbonniers et de potiers y
cause les plus grandes alarmes. Les volontaires
I el les yeomen de Newcastle , ainsi qu'un déta-
chement du 17' de dragons légers avaient ordre de
marcher.
Le prix moyen du sucre a été la semaine
j dernière de 20 shellings 8 sous un denier le
cent pesant. Celui du riz de 26 shellings 2 sous
et demi également le cent pesant.
Lettre de M. le consul Matlra à lord Grenville.
— Gibraltar , U 29 juillet 1800.
Selon les derniers rapports qui me sont par-
venus, il meurt à Tanger 20 ou 3o individus
par jour; à Téluan . 100 ou 140. Trois mille
barbaresques sont déjà moris à Tanger , oià je
ne croyais pas que la population entière montât
à ce nombre. Les villages voisins sont infectés
comme la ville; mais il ne paraît pas que la
contagion s'étende au-delà d Arzille au midi.
Mon vice-consul à Mogador nj'a. écrit quel-
ques lignes en date du 3 juin. Comme sa lettre'
était accompagnée de plusieurs lettres de change,
tirées sur moi pour nos matelots naufragés , elle
a passé par l'Espagne. Lorsqu'il m'écrivait , la
peste avait cessé; depuis 45 jours à Mogador,
mais il ne disait rien de Maroc , ni de lintérieur
du pays.
( Extrait du. Courrier de Londres. )
INTÉRIEUR.
Paris , le i3 vendémiaire.
M. le comte de Lehrbach a instruit le citoyen
Talleyrand , ministre des relations extérieures ,
qu'il avait été nommé ministre des affaires étran-
gères , à la place de M. le baron de Thugut
qui avait obtenu sa démission de S. M. l'em-
pereur.
M. le comte de Cobentzel a élé nommé par
S. M. l'empereur pour être chargé des négo-
ciations avec la France.
— Le citoyen Joseph Bonaparte, président de
la commission des ministres plénipotentiaires
chargés de négocier avec les envoyés extraor-
dinaires ministres plénipotentiaires des Etals-
Unis , a donné le 11 à Morfoniaine une fêle
très-brillante à ces ministres pour célébrer le
retour de la bonne intelligence entre les deux
états. L'intention du citoyen Èonàparte dans cette
solennité a éjté de ' donner ailii . nitniistres atnéii-r
cains un témoignage des dispositions/ 1 du igou-
vernement envers les Etats-Unis, et de la. satis-
faction générale que produit - lei rapprochement
qui vierît enfin de s'opérer. Rien, n'était plu*
propre que la composition et l'o^dbnnancc )de
la fête à manifester aux ramèricains ces senti-
men.s.Tput y était disposé à leur intention ,•
et les premières autorités de la république ont
semblé n'y assister que comme, spectatrices , r et
pour mettre le dernier sceau aux égards \et p4ît
attentions de tout genre i|bf" eux ,et leu/, pay,8
étaient l'objet. ; ' ', ^j
Le premier consur s'était rêftdit; à trois he'urei
à Morfoniaine avec sa famille. Les deux consuls -^
tous les- ministres , les membres du corps 'diplo-
matique, plusieurs corlseiliets- d'état s'y. trou-
vaient réunis avec les présidens du sénat , du
corps-législalif çt du tribunal , et différentes
personnes employées autrefois aux Elats-Unii
sous divers titres , el parmi lesquelles on a
remarqué le général Lafayelte. ■■ • -.r
A six heures le ministre des' relations exïSt
rieures a remis au premier consul' ta convenu
lit)n signée le 9 entre les -ministres français et
ministres américains ; el cette remise a été ah*
noncèe par* Une salve d'artillerie. '
Le dîner a été servi sur trois tables "formant
180 couverts, dans trois salles qui communi-
quaient les unes aux autres. La première était
la salle de iimion; là seconde et la troisième;,
qui portaient les noms de Washingtor» et de
Franklin , étaient ornées des bustes de ces grandi
hommes ; leufs nonis étaient- écrits sur dès écus-
sons soutenus par les drapeaux réunis des deux
nations. Ces trois salles , et sur-tout la première,
étaient tapissés de feuillages , élégamment déco-
rées de draperies, et illuminées en verres dé
différentes couleurs. Mais ce qui en formait le
plus bel ornement , c'étaient les emblèmes qui
rapprochaient de l'époque récente de la récon-
ciliation, des événemens passés dont les deux
nations ont en quelque sorte partagé la gloire.
Celait sur-tout la salle de l'union qui offrait ce
genre de décorations touchantes. Dans un pra^-
mier écusson , on voyait un aigle , et Lexington;
ijans un second , 4 juillet 1776, indépendance
américaine : Hancock; dans un iroisienie , le chiffre
l. 'i. , et Warren ; dans un quatrième, Au .Q
■vtndemiaire an 9 , (date de la signature du traité)-;
le cinquième portait , F. A. , Putnqm ; le sixième',
Villefédérate : Trenton ; le septième , Au i] octobre
1777, Sarratoga : Gates ; le huitième, 9 octobre
i]8i , Tcrck-Town; le neuvième, les côtes de
France et d'Amérique, séparées pat la mer , un
vaisseau quittant le Havre , et cinglant vers
Philadelphie, et le nom de Green; le dixième
enfin , présentait un vaisseau français et un vais-
seau américain naviguant de conserve.
A la fin du diner , il a été porté différens toasts.
Le premier , porté par le premier consul , a été î
Il Aux mânes des français es des américains morts
>» sur le champ de bataille pour l'indépen-
>> dance du nouveau monde, j)
Le consul Canibacérès : u Au successeur da
)> 'Washington. >>
Le consul Lebrun : « A l'union de l'Amériqua
)» avec les puissances du nord , pour faire rea-
>> pecier la liberté des mers. >»
Immédiatement après le dîner, on a' tiré un
feu d'artifice sur la rivière en face du château.
Le feu et ses pièces diverses représentaient l'union
de la France et des Etats-Unis ; et au moment
de 1 explosion , des petits bâlimens avec pavil-
lon américain sont partis à la lueur des arti-
fices qui éclairaient Içs allégories, et ont fait
voile entre les bords illuminés de la rivière vers
un obélisque , où ja France et les Etats-Unis se
juraient une éternelle alliance.
Après le feu d'artifice, un concert a été exécuiéi
par les artistes les plus distingués de la capitale.
Au concert succéda le spectacle. On a joiié
pour i"^" pièce, les Jeux de l'Amour et du Hasard,
et pour seconde , Minuit. Les Jeux de l'Amour
et du Hasard ont élé joués par Fleury , Dazin-
couri.Caumont, mesdemoiselles Contât, Devienne
et Lachassaigne , avec une perfection et un ensem'
ble au-dessus de toute expression. Mademoiselle
Contai sur-tout, a étonné les personnes les plus;
habituées aux prodiges de son art. Dansia seco/idfc
mademoiselle Mènerai a joué avec infininoenl do
grâce. Les américain» auront pu remporter, pair
5e
t:é seul speciacle ,, jine idée complette de jiôtre
•comédie. Aij, v^ijdeville des Jwx kle l^triDur et
du Hasnrd, Ità-tHoytnsDespréarix et Barré avaient
substitué pBesqu'impromptu des couplets ingé-
nieux analogues à la circonstance.
Le 12 , à midi , les ministres ainérîcains ont
^ris congé du i" consul à qui ils ont été pré-
«enlés par le ministre des relations exiérieures.
Mr. Ëllsworth , au nom de ses collègues a dit
« ijuNl espérait que la convention signée le 9,
>» serait la base d'une amiiié durable entre la
M France et l'Amérique. " M. Murray a ajoulé
>» que les ministres américains n'omettraient
11 fien pour concourir à ce but. )> Le 1'' consul
a répondti "(f que les différends qui avaient existé
M étant lertninés , il n'en devaitpasplusrester de
5« trace quêde démêlés de Famille-, que lesprincipes
»> libéraux! consacrés dans la convention du 9 ven-
>» demiaireisurrariicle de la navigation .devaient
n être la base du rapprochement des deuS'iiaiions,
51 comme ils l'étaient de leurs intérêts; et qu'il
»>devenaii , dans les circonstances présentes, plus
?> important que jamais pour les deux nations
51 d'y adhérer. Il ' ■ •
Deux dès triiriistres américains , MM. Ellswonh
et D'aVie, sont partis à une heure pour le Havre.
M. Mutray est resté avec son épouse. Plusieurs
personnes l'ont accompagné le soir à Ermenon-
ville , séjour que, révère la jeunesse passionnée ,
et que les amis de la liberté visitent toujours avec
un intérêt mêlé d'une sotte de vénération.
— Une lettre datée de la Corogne lé 23 Frucii-
dor, et adressée à une maison de commerce de
Nantes , nous apprend qu un vaisseau anglais à
trois ponts , un cutter et un bâiiment de Iranspotl,
ont échoué, sui la «ôie de Vigo. Après avoir
vainement rssayé de relever le vaisseau à trois
fronts , les anglais y ont mis le feu , et son explo-
sion même; a causé quelques dommages dans la
ville de Vigo. Il pacaît que les équipages des deux
attires bâtimenj ont péri : on n'a pu sauver que
trois hommes et ung femme. ( Citoyen'Français. )
— Lejournal du Commerce annonce que sept of-
ficiers de la marine batave , employés sur la flotte
qui s'est rendue aux anglais à l'époque de l'inva-
sion de la Nard^Hollande , ont été cassés par un
conseil de guerre tenu à la Haye , et transportés
au delà des froiitieiesde la république.
— Une lettre écrite de l'aîle droite de l'armée
du Rhin , et insérée dans la Clef du Cabinet , porte
le paragraphe suivant.
Les journaux de Paris parlent d'un prétendu
persan Nadder Mirza Cha , fils de Charoca , dé-
trôné par les russes. Il est bien vrai que nous
avons trouvé cet étranger dans les prisons , il y
a trois mois. C'est à ï'adjudant-général Mangiii
qu'il doit sa liberté. On a de suite reconnu en
lui un juif polonais , en qui l'on avait puni quel-
ques traits d'aventurier. Personne , au reste, n'a
été trompé sur le compte de cet Individu.
— Le 99 fructidor^ deux dames se prome-
naient sur le bord de l'eau à Choisy. Leur »1-
tention se fixe sur deux enfans qui jouaient dans
un bateau. Effrayées du danger qu'ils couraient ,
elles les invitent à venir à terre. Les enfans se
rient de leur frayeur, continuent leurs jeux, et
l'un d'eux tombe dans la rivière. Les dam.;s ap-
pellent en vain du secours; personne ne pa-
■■•raissait ; et le peitt malheureux allait disparaître
pour toujours , lorsque la plus âgée des deux fem-
mes , ne consultant que son humanité, s'élance
avec la rapidité de l'éclair , et s'avance moitié
en nageant , moitié soutenue par ses vêlemens.
Elle arrive au moment oii l'enfant plongeait
peut-être pour la dernière fois , le saisit par les
cheveux et le ramené à terre avec autant d'adresse
que de bonheur. L'enfant était évanoui. La même
dame le rappelle au sentiment ; il bégaie des re-
m.erciemens , et lui exprime la crainte qu'il a
d'être châtié par ses patens , lorsqu'ils seront
instruits de son aventure. Sa hbératrice le prend
par la main , le conduit à sa mère , plaide sa
cau^se , obtient sa grâce , jette quelques louis
sur la table et disparaît.
Ce trait est si étonnant, que nous n'avons pu
nous dispenser de le rapporter ; mais 1 auteur
est si modeste que nous devons taire son nom.
(Extrait du Publiciste. )
— Le citoyen Picquenard , secrétaire-général de
la préfecture du département du Pas-de-Calais ,
nous adresse une lettre dans laquelle nous trou-
vons lés détails suivans.
Le ci-devant canton de Marquise , situé dans
l'arrondissement communal de Boulogne-sur-Mer.
«SI en proie , par suite des dernières chaleurs, à
«ne épidémie dont les ravages se sont manifestés
depuis la fin du mois dernier avec un caractère
très-alarmant. La monaHté y a été considérable ;
le pays a été abandonné par tout ce qui a eu le
Je moyen de se sauver. Les indigens seuls , livrés
à toute la fureur de 1 épidémie , dénués de médi-
camens, et privés des ressources de l'art, luttant
vainement contre la maladie , présentaient le plus
douloureux spectacle. Les détails de cette affreuse
situation rapidement transmis par le sous-préfet de
£ouiO£ne,le citoyen Matelot, au préfet du Fas-
de-Çalais , le citoven Poitevin-Maissemy ,.et par ce
deriiier aU minislfe de Tinlérieur^, ont obtenu de
CE riiinistre, Courier "par courier , une somme de
i5oo francs , avec une lelire où l'on ne lisait que
ce peu de mots : secours provisuire ; donner des con-
sot/itions', le goiwernement est instruit, il n'abandon-
nera pas les infortunés habitons de Marquise. . . . .
Le surplus delà lettre du secrétaire-général con-
tient l'annonce du prompt emploi de ce secours .
de sa distribution par le sous-préfet de Boulogne
aux infortunés qui en avaient le plus besoin , et
des résultais heureux qui déj.î sont obtenus : elle
se termine par l'expression de la reconnaissance
des habitans de ce département , pour le gouver-
nement et pour leurs magistrats.
— - Le gouvernement cherche à consoler l'inté-
ressanie commune de 'Versailles, dçs pertes que lui
a causées' la révola:ion. Aux divers établissemens
d instruction publique; qu il y a transporiés , il
vient d'ajouter le bienfait d!un Spectacle français
vraiment digne de ce nom. La salle du peiit
théâtre du château a éié accordée aux comé-
diens français , sous la condition d y jouer deux
fois par décade. Le l5 de ce mois ils en feront
l'ouverture en présence du minisire de l'inlérieur,
par la tragédie de '^aïre. Le citoyen Lative
jouera le tôle dOrosmanq; celui de Zaïre sera
rempli par une élevé de la comédie française,
âgéi: de 14 ans , et qui n'a encore paru sur
aucun thcâire.
Ainsi , le château de Versailles , par sa biblio-
thèque , son musée , son parc , son prytanée
et son théâtre , présentera désormais aux étran-
gers et aux nationaux amis des arts, la précieuse
réunion de tous les plaisirs qu'ils ne trouvaient
jadis qu.i Paris.
Ligtie ou confédération maritime contre l'Angleterre.
Les peuples dominateurs , comme tous les am-
bitieux , trouvent leur humiliation et leur perte
dans l'excès même de leur orgueil , de leur per-
fidie et de leurs rapines.
Ail iiiilieu des succès de l'Angleterre et des
illusions dont elle beiçaii tous les cabinets de
lEuvope, pour former, des débris de la pre-
mière coalition contre la France , une seconde
réunion plus monstrueuse encore, j'ai entrepris,
en l'an 5 , de signaler clairement aux européans
les usurpations du gouvernement anglais , ijui a
combiné sa force et sa prospérité dans la création
de son système maritime et polittijue ^ de manière à
paralyser ou à engloutir tous principes d industrie
chez les autres peuples. .-^ j'ai montré Us forces
navales de l'Angleterre constituées permanentes dans
le \^' siècle, au mojin des béaif ces assurés quelle
s'est procurés par le monopole du commerce de Por-
tugal; par l'.i possession de Gibralt-^r , clef de la
Méditerranée ; par tétendue de sa pèche à Terre-
Neuve; par l'interlope dans les colonies espagnoles;
par l acquisition du commerce des pelleteries au
Canada , et par la cession qui lui fut faite de la
Floride ; enfin , par sa domination dans l'Inde , qui
lui a ouvc't les trésors du Mogoi ; par la nature de
ses nouvelles liaisons avec les anglo-américains ; par
l'exploitation , soit de la navigation propre à chacun
des états de l'Europe , soit de leur commerce inté-
rieur , et au moyen des approvisionnemens de toute
nature quelle verse en France , en Espagne , en
Allemagne, dans le Nord et en Italie , etc. etc. (i)
En repoussant dès -lors toute idée d'opérer
l'abaissement de l'Angleterre uniquement par la
ruine directe de ses finances ou de sa consti-
tution , j'ajouiais : Une ligue ou confédération ma-
ritime serait seule menaçante pour l'Angleterre ,
qui aurait à redouter en même tems l'activité des
courses sur ses bâtimens de commerce , les révoltes
en Irlande , les descentes sur ses côtes , l'abandon
du Portugal , et dès-lors son appauvrissement en
matières métalliques , la défection de ses colonies
en Amérique, là ruine de ses pêcheries à Terre-
Neuve , des révolutions dans l'Inde , le désordre
dans ses finances , et tout-à-la-fois l'ébranlement de
la machine politique dans tous ses élémens constitutifs
comme dans ses parties de prQ%périté factice.
Un écrivain de réputation a cru devoir, dans le
Journal de Paris du 26 thermidor an 8, n° 3^6 ,
contester la réalité de ce dernier résultat, par une
note étendue où il s'est exprimé ainsi :
Le deriiier alinéa du citoyen Arnould, a-t-il dit ,
est une suite du préjugé qui attribue toute la richesse
et la puissance de l'Angleterre à soncommerce extérieur
et à la prépondérance de sa marine militaire; préjugé
qui, pour être aussi.vieux que généralement répandu ,
et en France et <en Angleterre , n'en est pas moins
un préjugé. Nous croyons, dit le rédacteur de cette
noie , avec M. Gentz , ainsi qu'avec Smith , cité
par lui , que ta balance du commerce qui résulte
de cette prépondérance maritime , est une mesure
aussi incomplette qu'incertaine de l'ensemble de
l'industrie nationale.
Le même rédacteur ajoute : qu'on doit être
convaincu . d'après ce que dit Smith sur cette balance
' 1) Système maritime et politique des Européans dans le
dix-huitième siècle. Se rimpômerie du Journal du Commerce,
lue Gran^e-Bauliere , n< 3.
du çon^meue -si-varrii^ -, combien rce^-ehjtt «f inînce
en comparaison de l'ihâusir'ie 'et du commnct^de iin.-
tëricur d'un grand fâyf.'On v'e'rrn que la richesse
relative de -i Angleterre ne vient pas de ce qu'elle
vfnd beaucoup.^e bas , de souliers , de, tfiiks., de
basins , de surre , etc. aux autres natioûs , mais de
ce qu'un anglais en' général consomme chez lui It
double de fous ces objets , comparativement aux
habitans des autres pays. Cette consommation , en
prenant même' 'les évaluations les plus enflées que
M. Pitt donne annuellement des exportations an-
glaises , est plus que vingtuple de tout ce que lei
anglais avaient au, dehors.
Enfin , dit toujours l'auteur de la note du
Journal de Paris , le préjugé sur l'importance de la
balance du,' comriierce", tient à ùn_ autfe préjugé , md
est de croire que le peuple leflus riche'tst ctiui qut s
te plus de monnaie métallique.
Nous- ne poiivons différer , «le rédacteur de
cette note et moi , que de dçux manières :
1° relativement cntx principes dt l'économie pra-
tique ; i" par rapport aux conséquences qui doivent
résulter de l'application de ces principes à une ligue
maritime tûntre l'Angleterre.
Dans les circonstances actuelles, où le NùfiO-
cherche à s'ébranler 'pour assurer la liberté' de
sa navigation , il ne peut être indifférent à tout
bon français -, ni même à tout autre epropéan ,
( l'anglais excepté) , de voir pulvériser le's. arg.u-
mens à l'aide desquels on' veut établir que toute
ligue ou confédération maritime contre l'An-
gleterre, n'aurait aucun résultat contre ce colosse
d'une puissance usurpée. — On s'indigne sur-
tout de voir des écrivains stipendiés ( Gentz ,
d'Yvemois') , conclur^e que les destinées pré-
sentes de l'Angleterre , quoiqu' assises sur un volcan,
doivent être éternelles pour la gloire et l'intérêt de
1 Europe. . lEsTO PF.RPETU.\ ! dit la trompette de
l'allemand M. Geiiti. ] Nous espérons prouver
qu'il y a, dans ce langage véaà\.forfantene ridicule
et trahison de la cause commune aux autres peuples.
Analysons d'abord les argumens du Journal da
Paris sous le rapport économique.
1*. Des vrais principes de l'économie politique, en.
matière de commerce extérieur , ou de balance da
commerce.
Il me semble que pour invoquer à propos un«
autorité savante , et professer , sous son égide , la •
plus pure doctrine, il faut arriver au dernier point
où se trouve parvenue la science. Les vieille»
erreurs', ert matière de balance du commerce , ont
été à la vérité relevées , par Smith , avec cette
sagacité qui lui est, propre ; mais les divagations
sur cette branché de l'économie'publique , encore
subsistantes au tems où cet auteur écrivait ( en
1774) ne lui avaient fait envisager et combattre
que sous le plus faux de ses rapports , toute idée
relative au.mot, balance du commerce.
Depuis- l,a publication de l'ouvrage immortel
de la Richesse des Nations , la théorie du commerce
extérieur a éié de nouveau plus spécialement
approfondie par Herrensciiwand . dans son livre
original qui traite ds l'Economie politique moderne,
ou Discours fondamental sur la Population. Enfin,
aidé moi-même du secours d'aussi grands maîtres,
j'ai entrepris de rendre fixes ces diverses connais-
sances, dans mon ouvrage sur ta Balance du comr
merce , qui a paru en 1791. (I)
Il faut donc se repoiter à ce traité spécial,
pour connaître dans quel sens maintenant il
faut entendre la doctrine relative à la balance
du commerce.
Je demande indulgence au lecteur , si je suis
obligé de ciier mon propre ouvrage^; , mais il
doit être aussi curieux qu utile de voir que je
me suis occupé , il y a près de dix ans , de
réfuter les vieux argumens que l'on reproduit
aujourd'hui en fait de balance du commerce.
<i Le mot balance du commerce, ai-je dit,
I» (tom. 1^' , pag. 59 ) a présenté jusqu'à pré-
>> sent l'idée de connaissance* politiques ap-
>> pHcables au commerce extérieur des nations. Ce
>> mot ayant été connu avant que les matières éco-
15 nomiques eussent été approfondies , il a eu ,
)> dans son origine , une acception aussi vague
1) et aussi bornée que son objet. Mais à mesure
)> que les écrivains politiques ont porté un plus
j) grand jour sur l'étude des véritables source»
5î de la prospérité publique , le mot balance da
)> commerce s'est , pour ainsi dire , aggrandi , et
>) sa signification a été étendue à un plus grand
I) nombre d'apperçus sur le commerce exté-
)i lieur dont on voulait déduire quelques prin-
)) cipes généraux ; et , en analysant les princî-
1' paux ouvrages français ou anglais qui traitent
51 de la balance du commerce , j ai constaté qu«
I) ce mot ( appliqué au commerce extérieur) pour-
i> rait être entendu sous sept acceptions absolu-
)i Kiment distinctes. >>
Quant à la plus ancienne de ces acceptions .
celle qui a eo vue le solde ou h balance en argent
prétendue favorable ou défavorable à telle nation
•i) De la Balance du_commerce , deux volumes in-8° et ul
Toliime de tableaux , «fiez Buisson , rue HautereuUIe , n= so.
3i
qui reçoit OU psye ce solde tn argent, j'ai con-
satié un chapiire eiiiief à son analyse et à sa
réfutation s sous le titre de notion insuffisamment
développée' jusqu'à présent ,■ en matière de balance
du commerce.
il Pour apprécier ce que vaut un préjugé ( ai -je
»i 'dit , page too. tome I" , section II.) (et c'en
j»' est un , sans' doute, que celui qui fait consister
31 la richesse d'une riation, uniquement dans l'ac-
5> cumulation des matières d'or et d'argent), il
3) est indispensable de le considérer sous tous
5> le» aspects , de remonter mêmfe jusqu'à son
j> origine: i afin de mieuK peser toutes les clr-
5» constances qui en ont fait un principe fon-
9> daipental , chez les nations modernes et com-
3> merçantes. >>
Après divers développemens historiques etéco-
romiques trop étendus pour trouver place ici,
mais basés sur la dissemblance de positions des
peuples commerçans à territoire borné, tels que
Gênes, Venise, Hambourg, etc. eic , avec des
nations industrieuses à territoire étendu , comme
[Angleterre et sur-tout la France , j'arrive entre
autres points , à cette déduction, u C'est qu'un
.»> arrêté de compte n'est pas toujours nécessai-
>i- rement soldé : les nations française et anglaise
• >f peuvent bien acquérir, par le résultat des
>»-impor(alions et des exportations comparées, la
SI. disposition d'une semblable masse de matières
j>, d'or et d'argent , et rie pas immédiatement les
j> faire entrer en augmentation de leur richesse
sj nominale intérieure, n
■ Né peut-on pas citer d'abord pour exemple
l'Angleterre qui obtient la plus forte balance en
apgent? L'augmentation progressive de ces capi-
taux ne peut-elle pas servir en partie à grossir
la richesse nominale circulante en Russie , dont
J.es anglais exploitent , dans l'intérieur même de
ce' vaste empire , presque la. totalité de ces dif-
férentes branches de commerce ? Il faut des
capitaux immense& pour l'exploitaiion du com-
merce intérieur de la Russie; car, n l'usage général
est d'y vendre à six mois, un an , dix-huit mois
et deux ans de terme ; et d'acheter comptant à
liarrer; c'est-à-dire, une année, et quelquefois
plus', d'avance, en payant le prix comptant au
itioment du contrat. Ce sont presque tous les
seigneurs russes qui vendent leur récolte aux
négocians étrangers, et qui contractent ^ pour
leur approvisionnement de toutes les marchan-
dises nécessaires à leur consommation. Ce n'est
«jue pat l'étendue de leurs fonds , que les an-
glais sont parvenus à être la nation dominante,
et à prendre dans ce commerce la place qiie
les hollandais y occupaient autrefois. >>
Il y a plus : c'est qu'une partie des bénéfices
du commerce anglais augmente le numéraire
circulant en Portugal- qui est cependant la mine
où puise la Grande-Bretagne. En voici- la rai-
son : it Tous les ctablissemens de quelqu'irapor-
tance dans ce royaume, sont dirigés par des
anglais ou des irlandais : tout s'y fait à l'anglaise.
Les. anglais ont eu l'adresse, pour s'attacher Le
Portugal , de faire faire par la factorerie , ,des
piêts considéi'fibles à la couronne , au Esc et au
commerce, u
j> Le commerce de la France en Espagne n'est
pas tout à fait sur ce pied ; mais les nombreuses
maisons françaises établies soit à. Cadix , Séville ,
Madrid et autres villes commerçantes de l'Espagne,
emploient une grande partie des capitaux, for-
mant la balance en argent du commerce français
avec les nations européannes. Une partie de
ces balances augmente donc le numéraire cir-
culant en Espagne , quoique demeurant toujours
la projjriété de la France. "
5) La Hollande elle-même , n'entasse pas dans
»es coffres tout l'or et l'argent dont elle devient
annuellement propriétaire par le résultat de son
commerce extérieur; une partie est, sans doute,
employée à circuler dans les états du Nord ,
dont elle exploite plus particulièrement l'indus-
trie. Enfin , elle le place à intérêt dans les
fonds publics ou particuliers des nations em-
prunteuses. Dans tous les cas , on peut dire
que la Hollande, l'Angleterre, et la Fiance dis-
posent annuellement de tant de millions, en ob-
tenant la balance en argent dans leur commerce
extérieur , quoique la totalité de cette balance
n'augmente pas chaque année la richesse nominale
circulante dans i intérieur de ces trois états, etc. etc. )i
Nous ne différons doue nullement d'opinion,
l'auteur de la note du Journal de Paris et moi,
dans ce sens que j'ai démontré il y a déjà lo aos ,
dan» un traité spécial, tout ce que la doctrine,
de la balance du commerce avuit d'erroné, de
ipécieu\ , ou même de réel relativement à l'ac-
cumulation ou à la disposition des matières d'or
et d'argent provenant du solde ou de l'arrêté de
tompte du commerce extérieur, en poussant, à
cet égard , l'analyse au-delà des bornes jusques
la généralement connUL-s.
C'est donc gratuitement qu'aujourd'hui , l'au-
teur des notes dont il s'agit, me prêle une fausse
théorie en tirant de la pouas'ere de l'école , des
antiquités économiques , pour en former un phan-
tômc d'argumens contre une dispositioii politi-
que d'un ordre majeur , la ligue contre l'An-
gleterre i disposition dont l'cffitaciié et l'utilité ne
peuvent être appréciées que par des considérations
d'une toute autre nature ; car , nuiintenant ,
quiconque s'adotine tant soit peu à 1 élude de
l'économie , ne croit plus que la prospétité des
nations , réside dans ce qu on appellait autrefois
la balance en argent du commerce. Celle extra-
conception doit être reléguée avec celles de la
quadrature du cercle, du mouvement perpétuel,
de la pierre philosophale; toutes chimères qui ont
exercé l'cfspiit humain , avant qu'il cultivât les
sciences de la manière la plus utile au progrès
et au bonheur de la société.
Dans cet état des connaissances acquises sur
ce point , il est de mon sujet , de relever , en
passant une assertion bien étrange (]ul se trouve
dans un n° suivant (346) du Journal de Paris,
article signé Rœderer. On y suppose que .si l'An-
gleterre recevait , chaque année , de ta fécondité
de ses terres des pioduils deux fois- plus forts que
sa consommation et qu'elle ne trouvât pas à les
i vendre , il faudrait quelle les laissât périr ou qu'elle
les vendît; Et, dans te cas, dit 1 auteur de cet
article , et ceci est curieux, dam le cas où elle
( /'Angleterre ) trouverait à les vendre , sa balance
de commerce serait si considérable qu'en moins de 25
ans , elle, aurait tout l'argent de l'Europe. Ainsi
dans le n° 326 dujournal de Paris, toute idée
de balance du commerce est un préjugé, une chimère,
et dans le n° ^46 , on fait du solde ou arrêté
de compte nécessairement le nec plus ultra de toute
politique mercantile.
Comment ie pas voir que , dans toute sup-
position , l'Angleterre vendrait l'excédent de sa
consommation , quelqu'en fût le montant , pour
p'en recevoir l'équivalent que de la manière qui
serait jugée plus utile pour ses négocians ;
or , qui peut penser que leur plus grand intérêt
fut, pour ainsi dire, de dévaliser I Europe c(i;
tout son numéraire ? tit sait-on pas au contraire
que plus un peuple est industrieux , plus il
éloigne son paiement en argent comme numéraire;
I et quand il recherche les matières d'or et d'argent
I comme marchandise , c'est, qu'il a des demandes
pour leur placement intérieur ou extérieur avec
profit ? ne sait-on pas encore que tout l'excédent
des produits d'une nation sur ses achats , ses
reventes ou sa consommation , forment , soit dans
I sou intérieur, soit dans toutes les parties du
'monde commerçant, ce que Smith a défini des
j des capitaux fines ou circulans accumulés? C'est ce
'que l'Angleterre met en pratique avec un grand
I succès , spécialv'îment depuis un siècle , aidée
! de son gouverni.'ment , de la prodigieuse ac-
I tivité de ses négocians , et sur-tout constara,-
I ment et nierveilleustment servie par l'insouciance,
î par la faiblesse et p.ir l'ignorance presque gè-
[nérale qui ont domiiKe jusqu'à présent dans les
autres pays ; c'est ainsi vque l'Angleterre acquiert
I des délégations sur toute.s les récoltes futures ,
soit du sol, soit de l'inu'usirie des peuples,
depuis Lisbonne jusqu'au Kan.'sch.uka , aux Iron-
lieres de la Chi^ne , et depuis Québec jusqu'à
Botany-Bay.
C'est de cette /e'/Aargic que je voudrais tirer les
européans , pour que chacun entreprît enfin
d'exercer à son plus grand avantage toutes les
branches d'industiie que s.i position sur le globe
lui a particulièrement départies , et qu'il cesse
enfin d être tributaire du peuple dominateur et
envahisseur; ce serait enfin le résult.ît inévi-
, table d'une ligue ou confédération maritime di-'yenue
menaçante contre l'Angleterre, ainsi que je vais
essayer de le démontrer dans ma seconde pifi-
posilion relative aux coiiséqueiices de cette
grande conception politique.
a". Effets menaqans d'une ligue contre l'Angleterre.
Jusqu'à présent l'auteur que fe' combats n'a
taxé de préjugé le résultat d'une confédération ma-
ritime contre la Grande-Bretage qu'en l'envisa-
geant sous un rapport éconoiTiique idéal, en me
prêtant des vues louches dont j'ai dissipé le pres-
tige par-tout ce qui précède ; maintenant , j'ai
à caractériser son éloignement pour une sem-
blable mesure sous le rapport de deux prin-
cipes applicables au commerce extérieur qu'il a
entièrement méconnus pour former son opinion.
L'un de ces principes a été analysé complet-
tement par un auteur que j'ai déjà nommé
Hesrenschw.\nd , qui , dans son livre sur
y économie politique moderne a développé les con-
séquences pour laccroissement de la popula-
tion et de la richesse d'un pays , lorsque dans
l'état actuel des peuples de la terre , telle nation a
préféré à tout autre système de s'adonner à
celui d'une agriculture relative fondée sur un
système de manufactures. C'est évidemment la posi-
tion présente de l'Angleterre , qui , en cherchant
sans cesse , par tout l'Univers , des consommateurs
pour les produits de son sol et de son industrie ,
a reculé les bornes possib es de sa richesse. Une
s'agit pas , dans la question présente , de savoir
si l'Angliterre eût mieux fait d'épuiser tous les
moyens probables de créer , dans son île , des
consommateurs jusqu'au dernier terme , et d^
ne ie livrer au commerce entéruur-, qu'après être I
arrivée ?i\imaximnm du commerce intérieur « ,ainS<-
que l'a pratiqué la Chine ; ni de rechercher hof^
plus si le besoin d'nssurer pour rAngletcrre sa
séi^urité contre les invasions étrangères , n'a pa*
déterminé l'impulsion qu'a reçue . de préférence 1
son système maritime et politique , d'abord déj'en^
sif , et dans ces derniers tcms , outrageusement
offensif enven les nations neutres ; car , il est cons-
tant que ce qu'aurait dû ou pu faire TAngletetre ,
elle ne l'a pas fait , et c'est de la possession ou de
la dépossession de son commerce extérieur , doi)t
il s'agirait dans une ligue ou confédération maritime,
dont le résultat le moins fâcheux pour ells , serait
de restituer à chacun d«s états de l'Europe , la
branche de commerce ou de navigation qui lui .
est départie par sa position. , . ,
Le second point relatif au cOrntn-erce exttrieuT'-\
méconnu par notre auteur et qui dérive du.DjriA-
cipe suivi par l'Angleterre dans !'açioptioiJ,.,rf'«rt
système ri agriculture relative , fondé sur un sptêriie
de manucfactures , ce» qu'en cherchai!t''par toute,
I la terre def consommateurs externes pour les
produits de son sol et de son insdustrie,la Grande
I Bretagne a trouvé moyen , à l'aide du succès
Jie ses premières relations , de se crè.er dciix
nouvelles branches de prolits de commerce extérieur,
soit en se subsiiiuant à cha-iue état, pour lui
vendre et lui acheler les produits du sol et de
l'indiutrie d un autre état, soit en simjpatroni-
sant dans 1 intérieur du pays même . pour y faire,
au moyen d'énpxmcs capitaux accuiiiulés depuis
un siècle , tous les ctablissemens ruraux Ou
industriels à I exclusion dts regnicoles , et c'est
là une branche considérable ', quoique occulte ,
des revenus et iiiêmc du crédit de 1 Angleterre)
car on peut sans exagération évaluer au triple
du commerce intérieur de tous les états de
lEurope ( vu principaleratni , sa position en
Russie , en Portugal , gn Pologne et dans l'Inde)
celui exercé au profit de l'Angleterre dans chaque
état, à l'occasion du commerce extérieur; cet
! emploi de capitaux échappe à tout calcul ; mais
^il est au moins égal à ceux que le conimerce intérieur
occupe en Angleterre.
D'après cela , peut-on concevoir l'auteur que
je combats, lorsqu'il dit dans le journal de
Paris , n'^ 826: u On verra qUe la richesse relative
>' de l Angleterre ne vient pas de ce qu'elle vend
)i beaucoup de souliers, de toiles , debasins, dé
'> sucre aux autres nations ; i> non assurément,
car il fallait dire s de ce qu'elle travaille , de ce
qu'elle produit beaucoup de souliers , de toiles ,
etc , etajouter de ce quelle leur vend encore (aux
autres nations ) leur propre blé , leur propre
industrie , et de ce que même dans, l'inlérieur
des états , on laboure , on manufacture , on com-
merce , et on y consomme même à son profit 's
de ce qu'elle fait tout cela , notamment depuis
un siècle , avec progression de succès et accu*
mulation de capitaux.
Au lieu de cette énumération positive , l'au-
teur en question préfère dogmatiser, en attribuant
cette richesse relative de lAngleierre à ce qu'un
anglais en général consomme chez lui le double de
tous ces objets comparativement aux habitons des
autres pays. Cette consommation , dit-il . en pre-
nant même les évaluations les plus enflées que M.
Pitt donne annuellement des exportations anglaises
est plus que vingtuple de tout ce que les anglais
envoient au-dehors.
Certes , c'est la première fois que l'on a donné
■pour cause première de la richesse d'un état otl
d'un individu , l'étendue de sa consomrnalion !
que l'on consomme comme deux ou comme quatre
c'est seulement ce qw profite oa ce qu'on économise
qui constitue le revenu ou la richesse.
Pour rendre d'une évidence plus palpable la
fausseté de ce jrrincipe avancé par le citoyen
Rcederec, dira-t-on, par exemple, que dans unatte-
lier , ou dans une manufacture , tel ouvrier qui
s'enivre, et qui par conséquent consomme cinq ou
dix fois au-deià de ce qui lui suffirait pour répa-
rer et multiplier ses forces , dira-t-on que sa
grande consornmatiojr contribue à enrichir lui et
l'entreprise ? ce qui arriverait si consommer comme
deux ou comme quatre , était un principe dé
richesse. Au contraire , n'est-il pas d'une exacte
vérité que ce résultat fécond est produit plutôt
par tel autre ouvrier qui ne consomme que le
strict nécessaire pour entretenir sa puissance
industrielle. C'est ainsi que celui-ci , en four-
nissant à l'association la somme de travail la plus
considérable , pour la moindre dépense possible ^
se procure encore, d'abord des épargnes, ensuite
xxnpécule , et qu'il termine par former des capitaux
promoteurs d'un nouveau travail et de nouveaux
profits. Depuis \e journalier , qiai remue paisible-
ment la terre , jusqu'aux cAe/i des nations, qui
doivent suivre de 1 œil intellectuel les divers
mouvemens du njéchanisme social , Voilà toute
la théorie qui , dogme sacré île la propriété *
compose l'aisance et le bonheur des peuples.
Enfin, toute consommation multiple du sritt
besoin , n'est qu'extédeM ; l'application de cette
consommation qui opère le bénéfice ; lai^richesSe
d'une nation , suivant Smith , s effectue au plus
haut degré , toutes Ic^ fois (juà sa consomnaatioa
52
est ajouté «n /txciâent qui consliiue Taccumu-
la'tion successive d'un caijital.
Çkiànl A l'évfilualion donné* par M. Pitl aux
expTitations , anglaises , quelle que soit cette esti-
mation comparée à tous les produits du commerce
intérittiT , il i;e pourrait y avoir , à cet égard , de
contlusioirà'ètabJiv- ^u'iiuiafli qu'on réunirait aux
exportations anglaises le montant des deux, autres
bi^anéhes du comnaerce extérieur, qui se rappor-
tent'au commerce d'état à éiat, ou même au',
coiïimercc Ultérieur de ch.aque nation exercé par
l'iV^Tmédiairc et au prolil de l'Angleterre. Nous
aliôfls prouver d'ailleurs que, dans cette question,
Jet quantités n-e sont rien , si , par une ligue , Ton
frappe au cœur et l'on fait courber ou toniber la
tê»e «le Ihydie britannique.
Je lïe finirai pas cet article sans relever, quant
aux estimations dgs exportations , la ruse de M. Pitt,
pour donner le change sur les bases suivies jus-
qu'à ce jour dans ces évaluations du «Ommerce
extérieur de l'Angleterre , afin de grossir aux yeux
desa'iiglais et de , l'Europe les bénéfices qu'elle
paraît tin retirer aujourd'hui, j'opposerai sur-iout
h l'autorité de M. Rose qui tient la plume sous
M. Pin , i'autoviié de M. 'Whttwortb , membre du
patlemeui qui , dans lavant-propos de ses ta-
bleaux d'importations et d'exportations depuis
1697 jusques vers ^a guerre d Amériqiïe , attribue
positivement les Evaluations exagérées com-
prises daiis ces tableaux,, à la vanité et au desir
qu'ont les négocians de paraître embrasser un
commerce irès-éiendu , ou de posséder de grands
biens (I). Comment se fait-il que, précisément
en 1798, au moment où le ministère a besoin
d'un impôt de sSo millions tournois , on remarque
innocemment que les EVALUATIONS EXAGÉRÉES
dont parle '{V/ji(ai«r/A, relativement au commerce
d'exportation, soient devenues plus faibles de
70 pour cent? Pour rendre probable cette varia-
tion du commerce, extérieur , il faudrait, de la
part de l'Angleterre , xeuàve publiques , Ç3r l'im-
pression , les quantités de chacune des marchan-
dises importées ou exportées avec leurs prix cou-
rans , ainsi qu en a usé la P'rance dans les pre-
mières années de sa révolution. Celte nouvelle
découverte de MM. Pitt et Rose , sur la prétendue
faiblesse des déclarations dans les douanes an-
glaises, déclavaiions dites EXAGÉRÉES par Wlut-
worlh, foi me comme l'on sait lune des bases
principales du livre de M. Gentz , l'allemand , si
dévoué à la cause britannique , contre rintérêl des
commcrçans , des navigateurs et des gouverne-
mens de tous Les autres pays.
Maintenant revenant à la question, on apperçoit
que l'imagination peut à peine sî figurer les
conséquences sur l'état présent de l'Angleterre,
d'une ligue dont le résultat serait la dépossession ,
de droit et de fait , des trois braiichcs lucraiives
de son commerce extérieur. Cet ébranlement,
ce déplacem-ent à la source d'une partie de son
revenu, quelle que soit sa corrélation avec son re-
venu toial, afiecteraii particulièrement au plus haut
point , deux pivots de sa prospérité actuelle, son
crfdit el ta division ou distribution de son revenu
eutre Us classes travaillantes. Car, on le répète , il
ne s'agit pas de liombrer des quantités ou de
mesurer l'étendue dans les catastrophes qu'amènent
les combats sangians d homme à homme, ou
les luttes cruelles des nations : percer le cœur de
son ennemi, c'est le frappera mort, quoiqu'at-
, teint seulement au centième de toute la suture
de lêue humain ou politique.
Et d'abord sur la distribution du revenu de l'An
gltterre entre Us classes travaillantes , j'observerai
que c'est un principe incontesta
rable de mani.tf.ic(uves , ne produit pas seple un ! comment cet impôt de s5o millions sur le reventt
ébranlemeni lunesle au corps politique; mais la
position cl'uu état devient encore inquiétante
par le seul déplacement de l'industrie d un peu-
ple , lorsqu'elle est vacillante ; et cela est d'une
évidence niariifesle ; car la machine humaine fa-
çonnée , dès l'enfance, à tel Iravail manuel , ne
se porte pas, avec le même aiguillon quelle
éprouve dans le besoin de vivre , vers un genre
d'industrie supplémeniûire. d'un autre.
L'Angleterre donne mêmeaujourdhui un exem-
ple frappant de la difficulté de distribuer égale-
ment son revenu annuel entre les classes travail-
lantes , quelque considérable qu'c^n le suppose
depuis la guerre. En eS'et , il n'y a pas de doute
que cel e présente n'ait créé pour les classes
industrieuses , un laboratoire immense ; mais
comme ces combinaisons sont purement acci-
dentelles , si une partie du peuple prcfile dans
çç nouveau genre d'occupation , une plus grande
partie en souffre.
C'est ce déplacement de l'industrie pacifique pzr
l'industrie meurtrière, qai en cause de la progres-
sion effrayante qui , malgré de nouvelles entre-
prises en défrichemens et en construction de
canaux , se fait remarquer dans l'augmentation
du nombre d'individus qui , depuis la guerre ,
se trouve à l'aumône de la Grande-Bretagne. La
taxe des pauvres , année moyenne, de 1783,
17846! 1785 , était d'environ deux raillions sterl.
ou 48 millions tournois ; çisir Morton Eden , sur
des observations réfléchies , croit devoir porter en
1795 à 6 millions sterl., c'est-à-dire, à plus de
144 millions towrn. l'estimationde la taxe des jiauvres
et des fondations et souscriptions annuelles pour les
pauvres dans le seul royaume d'Angleterre; ce qui équi-
vaut à un secours annuel de 100 tiv. tournois pour
plus de quatorze cents mille iridividus sur une
population de sept millions , hommes , femmes et
enfans. (i)
Quelle catastrophe n'amènerait donc pas pour
l'Angleterre l'anéantissement ou seulement la ré-
d' clion et le déplacement des trois branches de
son commerce extérieur. Il y aurait une dislocation
complette des rouages politiques et économiques,
dont la plupart seraient arrêtés , obstrués ou
anéantis faute de salaire , ou à défaut de leur
érjuilibre avec le haut prix des subsistances.
Qitelqu'habile qu'on puisse croire M. Pitt,
le teins lui manquerait pour de nouveaux revire-
mens; il faut assurer toutes les 24 heures la subsis-
tance du peuple, et l'on ne reconqU)ere pas si vite
ces nouveaux moyens de subsistai'.ce qui seraient
dispersés après plusieurs siècles de persévérance
pour les acquérir ; il y aurait donc lutte con-
tinuelle entre l'ouvrier, i'anisa/i, le fabricant et le
manufacturier; il y aurait m ilédiction des uns et des
serait-il productif , lorsque les clas.ses qui n'y soflt
pas sujettes par la quotité actuelle de leurs re-
venus , augmenteraient le nomlare d'individus à .
comprendre dans .l'exemption , et que par là
s'accroîtrait le déficit de la taxe dans une propor- ,
lion allarmantç i" les fonds publics baisseraient ,
et les capitaux fuiersiçnt le tp\ de la Grande-
Bretagne , où ils n'auraient plus ni sureié ni ga-
rantie. Ne sont-ce donc pas, là 'les effets menaf^cins .
d'une ligue contre l' Angleterje ?
Jusqu'à présent je n'ai considéré ces effets que
sous le rapport de l'eitistcnce .de cène çonfidéra-
tion'maril'ime sur un plan défensif et combiné prin^ -
cipalement sur des dispositions diplomatiques et :
législatives; mais combien la position serait, ag-
gravante pour l'Angleierre , si la ligue devenait .
en même tems offensive !
La causa de l'égalité marùime ,, soutenue par
les confédérés et appuyée par la:Russie , pourrait
opposer plus de 3oo vaisseaux de ligne aux 100
vaisseaux aussi de ligne que l'Angleterre est seu-
lenient en état d armer à la fois , vu sa pénurie
de matelots. Oui peut prévoir , par exemple , le
résultatpour elle d une attaque faite par les vaU-^
lans liommes du nord , et dirigée par l'Ecosse , tan-
dis que les intrépides français menaceraient effi-
cacement les côtes d'Irlande.? La Grande-Bretagne,
à force de se fortifier et de se barricader au loin ,
indique elle-même que c'est dans son île qu'elle
doit être attaquée et vaincue. Ne serait ce pas là
encore une fois tes effets allarmans d'une ligue contre
l'Angleterre? .. , ,, ■ ' ,'
Ni la probabilité , ni l'organisation d'une sem-
blable ligue ne sont ici de mon ressort ;. j'obser-
verai seulement que si l'Angleterre avait intérêt
à une semblable mesure, vraisemblablement son
audace accoutumée , et , j'ose le dire à la honte
de plus d'un peuple , son esprit public même ne
l'abandonneraient pas. Dans celte comparaison ,
il serait par trop humiliant pour les couronnes
du nord de se reconnaître vassalles de l'Angle-
terre , en souffrant qu'elle les sommât à main.
armée., sur leur propre domaine , de lui toni-
mr désaveu , excuse et réparation de ses usurpations
propres , comme il vient d arriver. Comment ces
puissances ne s'enflammeraient - elles pas pouc
délivrer tous les navigateurs de l'Europe d'un
joug aussi cruel rjue déshonorant!
Cette ligue d'ailleurs n'est pas sans exemple.
Un traité fut «onclu en lôgS , entre le Danne»
marck et la Suéde , pour faire respçtter leur
neutralité. Celte disposition fédéiative devint le
fondement d'une semblable alliance généralisée
dans le nord pendant la guerre. de la, liberté
américaine : le succès en fut paralysé par /'or
des négociateurs anglais auprès du feu prince.,
autres contre leso!iî;Êrn«m«nC, violences, usurpation Pattmkim. — Avis aux penchans libéraux de Paul.
et despotisme du gouvernement contre toutes les
parties de l'association Souffrante dont il voudrait
comprimer ou recule'r l'explosion. Si ce ne sont
pas là les effets me'naçans d'une ligue contre l'An-
gleterre , il faut rf.nonctr à vaincre une nation qui
serait invulnérable au milieu d'un si grand nombre
de calamités.
prospérilé qui repose spécialement sur l'exploi.-
lation des manufactures ou de toute bran-Lhe
d'industrie quelle qu'elle qu'elle soit, est d au-
tant plus périlleuse dans un état rétrograde, qu'elle
a été brillante et féconde dans son. état pro-
gressif.
En effet , comme ce système tend à augmenter
subitement la population dar.s des proportions
qui excédent les besoins et l,çs progrès ordinaires
du travail requis pour la consommation inlé-
rieure , on apperçoit comment tout équilibre est
bientôt rompu , lor^qu une ou plusieurs branches
de manufa.tmre^ viennent fonuilemenl à man-
quer ^'j<xs l'ciilrcttea, le salaire et la subsistance
de plusieurs millions d individus de tout âge et
Ue tout sexe. Il y a plus, c'est que l'état de para-
lysie ou la ruine absolue d'une branche considé'-
Le contact sur le crédit de l'Angleterre sera en-
core d'un effet plus prompt et plus destructeur.
On vient de voir comment les capitaux circulans
dans rintéii.£ur des états de l'Europe , au profit
de l'Angleterre, pourraient être arrêtés et para-
lysés d,^..ns leur pente vers la bourse de Londres.
Dans ce genre , le mal ou le seul soupçon du
mat ne fait que croître et parcourir , en un clifi-
s, j ODserverai j (Tjjgji ^ jgj distances incommensurables ; le cœur
qtie toute 1 ^^ |^ ^-^^ ^^ colosse britannique seraient frappés
en même tems à Londres , à Plymouth , à Ports-
mouth , à Birmingham et à Manchester ; le gage
de la dette publique qui s'appuie sur une masse
énorme d impôts déplus de 800 miUions tour-
nois , et cette masse qui , elle-même , repose
sur les débouchés intérieurs et extérieurs de lin-
dustrie anglaise , s'affaiblirait sensiblement si les
puissances maritimes liguées , imiiant l'abstinence
américaine de toute consommation de marchandises
anglaises, lors de f insurrection coloniale, ai re-
laient encore , né fût-ce que temporairement ,
les munitions navales et les madères premières
du travail en Angleterre ; que deviendrait l'impôt
colossal de îbo millions , dont j'ai parlé en traitant
de la caisse d amortissement , (n''347 du Moni-
teur) ! la distribution des revenus de la Grande-
Bretagne ne se fesant pas ou se fesant mal ,
I" et à tous les princes qui comme lui , par hon-
neur et par intérêt , veulent la liberté des MEttS.
Arnould , membre du tribunal.
I
COURS DU CHANGE.
Bourse du i3 vendémiaire.
a 30JOU
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâie.
56i
i88i
4 ir. go c.
14 fr.5o c
4fr- 90c.
14 fr. 25 c
4 fr. 60 c.
5fr.
5n
i87i
.|i} ComnicTce delà Grande-Bretagne; par Charles Whit
membre du pailement , traduit de l*»nglais. imprimerie
(■>7 77. )
ïorth,
royale
(i) Etat des pauv
société en Angleterr.
Lianco irt , chez Aga;
traduit de l'a
, rue despoitei
classes travaillantes de la
glajs par Larochefou cault
Effets publics.
Rente provisoire.. 23 fr. 75 c
Tiers consolidé 36 fr. 63 c.
Bons deux tiers i fr. 85 c.
Bons d'arréragé 87 fr, 5o c.
Bons pour l'an 8 92 (r. sS c.
Syndicat... 77 fr, 5o c.
Coupures 78 fr. ■
Act.de 5o fr. de la caisse des rentiers. 23 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la REPtiRûiq^iJE Et Dts Arts.
Le 16, la i"' repr. des Horaces,
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'htii
les trois Maris , et les Amis de collège.
iHÉAYRE DU V AlIbEVILLE. Auj. M. GliîWdUM* ;
Dancourt , et tes Otages.
L'ibonnement se fait à Paris, rue des Poitevins, n= 18. Le prix est de îi fianct pour trois mois, 5o francs pour 6 moii , et» 00 francs pour l'anni-e entière. Onnes'abonoe
qu'au commeucemeat de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argcnt , franc de port , au cit. Ag Ass e, proprie'taiie de ce journal , lue des Poitevins , u" 18. Il faut comprendre dans les envois le pott de»
pays où l'on ne peut aBFranchir. T.es lettres des départemensnon a^anchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin ,. pour plu» de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , an rédacteur, rue des
. Eoitewini , n' i3,(le)>ui foeuf heures du matin jusqu'àcinq heures du soir.
A Pari», de l'imptlmetie'dij cit, Agitse , propriétaire du Moniteur , rue |dei Poitevins, n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR BNIViRSlgL;
m 1) » )iiai«qnit.
jV'if.
Qiiinlidi , i5 vendémiaire an g de la républiqxie française , une et indivisibte. '' ' "" *'"""-°'"« '•''"''' ^"L>
Nous sommes autorisés à prévenir "nos souscripcems, qu'à dater du 7 Nivôpe le.Mo NIT fcu R est le seul journal ojjieieL>. .
Il contient ks.siéances des. autorités constituées, les acces'du gouvernement, 'les riôilVdlèS'dèè' 'armées , ainsi qliè lesfâJtS'eirJiès.npiio^s/ian^
l'intérieur que sur l'uxtérieur, fournis par les|iprrespondances ministérielles. ■ . ■■' i- -' •- -"^
Un article sera particulièrement' consacré aux s'eieiicés , aux. ftirts. et aux découv'ewe^; iipji^X^lleiiV.
l'i\ »nrh sètriie 91101 <«
EXTÉRIEUR.
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQ.UiEi
E'xiraif d'une lettre écrite de Neiu-Yorck par
un français , le i" août 1800.
vj N attend avec impatience le" résultat des né;
gociaiions des plénipotentiaires américains. S ils
l'éussissent à rétablir la bonne intelligence , on \villan , tors même quellei seraient destinées puui' hn
lahonnais , pris avéc'pa^sej^joris anglais, j de Vienne à ' annoncé à s,e3,, otages q,u'il, fàliait.
netiement rtfusée.* ' ' [qu'ils se pré-parassent à une déport.ittion pluj!
éloignée encore ; (es français au contraire avaient.
renvoyé les leurs à Saint-Gatl : il fàudia dpfiç.
qu'ils les raip^^nehl à Salins. \
{.Strasburger Weltbote.)
taitts et m
Elle a été
Le dey a froidement accueilli. M. Falcon et lui
a' fortement témoigné que lès menaces de l'amiral
Keith ne l'avaient pas intimidé.
Ce nouveau consul a fait desprésens d'un grarid
prix etarenouvcUé les traiiès.'Uhe nouvelle clause
y a été ajoutée :
Elle porte expressément que les propriétés algé-
riennes seront respectées , sous toute espèce de pa
verra aussi-tôt se former des liaisons de com-
merce. Faites, si vous le pouvez, qu'on imite les fa-
briques anglaises, non pourlromper les américains,
mais pour salisfaire leurs goiàis pour telles cou-
leurs , telles qualités , telles dimensions. On ne
éraint gueres l'humeur des anglais; il leur est dû
par les Eiats-Urtis iSo millions tournois , et c'est
un frein qu'ils n'oseront secouer. D'ailleurs il y
i place ici pour tout le monde ; et si les anglais
sont sages , ils nous laisseront notre part d un
commerce qu'ils ne peuvent garder exclusive-
ment , que moyennant des dépenses qui ne sont
pas dans la proportion /des prolits.
Vous n'imaginerez pas aisément l'eiFet qu'ont
produit ici les honneurs funèbres , rendus en
France à Washington. Ce deuil , ces panégyri-
ques , ces paroles échappées au premier consul
de France sur le héros du Nouveau - Monde ,
port bloqué.
Les anglais doivent fournit sous; quinze jours
une frégate , pour transporter à Constantinople
le vekilargi avec les présens d'usage.
Le 17 M. Falcon s'est installé dans sa maison ,
et le même jour la frégate la Caroline, nm l'avait
amené , est répartie avec 22 esclaves qu on pré-
tend avoir été rachetés.
Le 19, trois corsaires et une frégate algérienne j
sont sortis pour aller en croisière.
A L L E M A G N E,
ARMÉE G ALL O-B A X,AV. E..
A N::çT't'E T,'E.'R î^ à., ;;
Londres , l( \" o'ctoBfe (g,'vendfîniair,e.X\
- Trois poitr cènir eonsolitiés. 66 i, 65 | S^P-i'
Omniurti 6 i. i. prime." ' ' ' '' ' ' ' !'''
Il a été tenu hier au département de lord-
Gtenville un coijsei.l du cabinet, auquel assis-
tèrent le lord chancelier,, le duc de Portland ^
les comtes de Cbatam, Cambden et Spencer,,
lord Grenville , le chancelier de l'échiquier et
M. Windham. Le résultat eh a été transmis.' à
S. M. à V\^eymouth. .A 1 >,
Un navire de 1000 tonneaux, portant pavillon
danois, a été conduit, comme suspect, au Cap-.
de-Bonne-Espérance. On dit qu'il, était chargé
de plus de loo- pièces d'ariiHërie,'et en'^ôujïe
d'une tris-riche cargaison. "', .1 ■ "
fembourg , le iT fructidor an 8
. , », ■ L ARMISTICE expirait le 23 a six heures du soir ;
ont retenti dans toutes nos gazettes. INos vrais 1 < ■ 1 u r a £. • p-
uiiin-iciin ^a;i, iuun,o "y f, -.^ y. . llc général en chef Aueereau ht a 1 instant oc
patriotes en sont plus satisfaits que je ne puis »....-. a
Extrait d'une lettre du quartier - général d'Asdiaf- , . ^-^ dépouillement du scrutin d'hier pour l'élec-
' ' . _ ^ .■ . o tion d'un nouveau lord-maire de Londres, a donné
237 suffrages pour sir William Staines ; 227 pour
le lord-jnaire actuel , et i37 poiir^i'^lderman
Newijian. ,:,„,,,,
vous l'exprimer Cet empressement à saisir les
premiers tértioignages d'amitié, montre qu'elle sera
très-facilement rétablie.
M. JefFerson a dit que notre pays était perdu ,
s'il ne s y trouvait un homme qui réunît au cou-
rage de César l'austérité de Caton , et qui fût
juste comme Aristide. On Commence à croire
que , de la vice-présidence , M. JefFerson passera
à la présidence. Nous le tenons toujours pour
le tplus habile homme des Etats-Unis dans la
théorie du gouvernement ; mais il faut l'y voir.
Il est irréprochable , et c'est avoir fait les trois
quarts du chemin. M. Marshal est le candidat le
plus généralement porté à la présidence. Voiis
jugez bien que tout cela tient beaucoup à la né-
gociation entamée à Paris.
A F R I Q, U E.
Alger, le ic) fructidor (i).
L' A Ml EAL Keith n'a pointefiFectué la menace qu'il
avait faite de se présenter devant Alger avec une
escadre.
Une simple frégate accompagnée de deux ba-
leaux , y est arrivée le i3 fructidor et a mis à terre i
M. Falcon , consul anglais , qui , trois mois aupa-
ravant , n'avait pas même voulu débarquer , voyant
le dey peu disposé à admettre les demandes dont
il était chargé.
Elles consistaient surtout à obtenir la remise
gratuite d'environ 270 esclaves maltais, napoli-
( i ) Cette pièce ne sera pas lue sans intérêt
par les personnes qui ont donné quelque atten-
tion à la querelle dernièrement élevée entre l'An-
gleterre et les puissances neutres du Nord. La
fermeté du dey d'Alger constraste aussi singuliè-
rement avec la déférence de quelques autres
souverains, que la hauteur des anglais à l'égard
de celle-ci diffère de la condescendance qu'ils
témoiiinent au premier. C'ejt ainsi que par-iout
lassurance en impose à l'audace , et que l'on
fait respecter se» droits par le courage avec lequel
on se raonlte disposé à les soutenir.
Certes, il 'serait étrange que l'empereur de
• Russie qui compte sous sa domination plus de
provinces que l'Angleterre ne peut armer de
vaisseaux; que la Suéde dont les armes fesaient
■ 'n'aguercs l'effroi delAUemagneet l'admiration du
.îiioride ; que le Dannemarck , dont la sagesse- lui
^'tlonnait tant de droits à la considération de l'Eu-
rope , obtinssent de l'Anglelerre moins d'égards
nu'elje n'en a pour Une puissance barbaresque.
On ne peut sans doute croire que ces gouver-
jiemen» prennent moins d'intérêt au commerce de
Jeurs sujets , que n'en prend à l'avantage des
«lensle dey d Alger ;_et il serait absurde de sup-
poser qu'inditlerens aux outrage», de la nation
qui les brave , ils eussent un sentiment moins
élevé de 4)»ur 'dignité ou fussent moins jaloux de
leur indéptfndance-
cuper Aschaffembourgpar la division du général
Barbou. Celle du général Duraoneeau fit en
même tems un mouvement en avant de Hanau.
En deux jours larmée est arrivée sur la Sinn ,
la droite de la division Barbou est à Triffestein.
Werthein est occupé par un poste d'observation.
La gauche s'étend jusqu'à Lohr ; elle a un ba-
taillon à Gemmaden , à l'embouchure de la Saal.
La division de gauche , resserrée par les pays de
Hesse-Cassel , s'est portée dans la vallée de l'a
Sinn et forme une seconde ligne. La réserve de
cavalerie est établie à Salmunster sur IaKinzing.
Celle d'artillerie est en arrière d'Aschaffembourg.
La nouvelle' de la prolongation de l'armistice a
arrêté l'armée dans celte position.
Le général Augereau a ordonné le désarme-
ment général des nabitans de tout le pays occupé
par l'armée. 1
Le corps d'armée opposé s'est retiré jusqu'à
Schweih-Furth. Les mayençais occupent encore
cette position , et les autrichiens sont établis der-
rière la Rcdnitz , entre Bamberg et Nuremberg.
Nulle paît les ennemis n'étaient en mesure : la
rupture momentanée de l'armistice les avait jetés
dans la consternation.
Hambourg , le 2^ jour complémentaire.
Plusieurs gazettesanglaises et Hambourgeoises,
annoncent que Pichegru a reçu du prétendant
le titre de comte , et qu'il a renoncé à son nom.
Le gouverneinent anglais a des entretiens fré-
quens avec lui sur les opérations militaires et
lui a accordé une année de traitement. Wickam ,
pendant sa résidenceà Berne, avaiidéjà commencé
les liaisons de Pichegru avec la cour de Londres ,
et entretenait dans cette vue une correspondance
avec lui , lorsque ce dernier commandait l'armée
française du Rhin, en 1795. [Strasb. Weltbote.
REPUBLIQ.UE HELVÉTIQUE.
Berne , le 4 vendémiaire.
Les dissenlions. fréquentes qui se sont élevées
entre les diverses autorités constituées , les com-
munes et les districts , depuis la révolution du
7 août, ont fait naître îidée de transporter
ailleurs le siège du gouvernement. On parle
.d'une translation prochaine à Arau ou à Lucerne.
— On prétend que la commission chargée de"
rédiger l'acte constitutionnel , est déjà très-avan-
cée dans son travail , el qu'on ne tardera pas
à voir paraître la notivelle constitution. — Les
négociations qui avaient été entamées pour l'é-
change des otages, n'ont paseutoutle succèsqu'on
en attendait', les autrichiens , après avoir dé-
claré à leurs otages qu'ils seraient mis en liberté
aussitôt que ceux que les français avaient con-
duits à Salins seraient élargis , les firent con-
duire à Inspruck. Les états du Tyrol avaient
fait des représentations louchantes en leur faveur
auprès du gouvernement et du comte de Bissing,
Malgré cette recommandation , le gouvernement
Sur la diminution de 6 sh. g d. <}ue le sac' dé-
farine a éprouvée , le lord-maire a ordonné quil'
en fût 'fait une de 3 den: sur le pain. A com-'
mencer' de demain , les 4"livre4 sétoftt vendues
ish. ■3'id, ■ I ■ ' ■••' n-qsl ii'î ' ■ -j- .
Il a éclçité à bçird de tAtalaryfe,, de, i^-canons ^,
une sédition qui a mis pendant trois.jouis la vicL
des officiers en danger. Elle a fini par l'arresta-
tion des trois principaux révoltés'',- d'o'qtf un s'est
jette à!la mer ; mais il ai été repris par un bâti-
ment qui suivait. '
[ Extrait di/t Sun et du Morning-Chronicle. )
I N T É R I E V R.
Strasbou rg, lef ■Uend&iniaire.
On mande d'Augsbourg , en date du 5"= jour
complémentaire , que le quartier-général de Mo-
reau y était attendu. Les deux armées entfeti^
dans leurs quartiers. Le défaut defourage obligt?-
une grande partie de la cavalerie française à se
retirer vers Je Nekre. Le même jour , un couriei
du général Moreâu à l'électeur de Bavière a passé
par Ratisb.Qnne le 5' jour complémeniaire.
La nouvelle de la convention du 3' jour com-^
plèiiientaire n'est pas arÙEée à l'aîle droite de
larmée française assez tôt, p^ur arrêter la reprise
des hosdiités. Le 4' jour cbrnplérhentaire , il s'en-
gagea derrière Rcnti une action qui ne fut paS à
l'avantage des autrichiens. Le lieutenant-gép'érat
Lecourbe , dont le quartier- général s'est déjà
avancé jusqu'à Tolz dans la Haute-Bavière , ■ at-
taqua , ce même jour , le passage de Scharniz. -^
Les troupes françaises avaient iremonté en force
vers Obersdorf dans le Illerthal , parce que le|
autrichiens menaçaient de faire une sortie pat le
Tyrol.
Toutes les nouvelles de Hongrie et de Gallicie
s'accordent à dire que les troupes rilsses qui
avaient élé rassemblées depuis quelque iems sur
les confins de la Gallicie , doivent en partir pour
retourner dans l'intérieur de la Russie.
[StrasbuTger Weltbote. )
— , . Il .- . ' ,
Paris , le i^ vendémiaire.
Les grands prix de peinture et de sculptlJtiç
ont été distribués hier. 'Le citoyen Grandet a;
obtenu le r*' prix de peinture. Les cit. Hingré
et Ducq ont eu chacun un second prix. Le sujet
était l'instant où les ambassadeurs d'Antiochu'î
ramènent à Scipion, malade, son fils qui était
prisonnier de leur roi. Les membres du jury n^f>M
pas jugé à propos qu'il y eût lieu à accorder
cette année de premier prix de sculpiure. jLe
citoyen Norbeling a obtenu un second prix. Le
sujet était Priam redemandant à Achille le corp»
de son fils Hector. Trois concurrens , sur sept';
mécontens de leur propre o^uvrage, avaient bhl'è
leurs bas-reliels quelquesjours avant le jugement '
Nouj tappaj-tons. xe,<ietji>pc wa»t^vec, peine :
hous eussions dçsîré que ces essai» fusSeni con-
serves par leurs auteurs , ne fût-ce que pour juger,
en les comparant à d'autres travaux , les progrès
que semble promettre une si louable modestie.
— Tous les journaux français ont parlé diver-
sement du sort de l'auteur dramatique allemand ,
Kotzbue. Tous ont annoncé son exil en Sibérie.
et son rappel. Une lettre de M"" Mole , publiée
aujourd'hui dans le Journal des Débats , semble
fixer toute incertitude à I égard de cet écrivain :
tt Paul I"^ . dit-elle , a donné à Kotzbue une
J) (erre située dans les environs de Riga , et qui
ïi lili rapportera 2 à 3oop roubles (lo ou iSooo
>> fr. de France). C'est Kotzbue lui-même qui de
9» Pétersbo'iirg T'a mandé à sa meré , habitant ,
:i actuellement tine ville de Saxe. Cette nouvelle
jv agréable m'est parvenue par une letti;e de l'ami
>>' dé Kotzbue , el que , pendant son absence , il
»> a ihargé de sa correspondance avec môi. i'
— Dans la' commune de. Champagne , sur Vin-
geanne , vit une-femme remarquable pat sa lon-
gévité, et qui 'peut-être est la doyenne d'âge
dij département de la Côte-d Or. Cette femme ,
née àPoyen^ , dans le département de la Haute-
Saôij* , habite une barraque dans la forêt d'Âu-
«rey ; elle est âgée de loi ans,, et jouit dune
santé parfaite : sa vue est encore très-bonne , et
sks genoux ne faiblissent pas sous le poids des
années ; tous les jours on la voit mener sa vache
aux champs. Soti mari est mort dernièrement ; il
avait 100 ans ; son nom était Jacques Lorrain.
— La rue Saint-Louis au Marais vient de rece-
voir le nom de rue deTurenne. L'hôtel Turenne
oii ce grand homme logeait dans celte même rue ,
fut vendu , et» 1684 . par le cardinal de Bouillon à
des religieuses qui y établirent leur demeure.
— Deux fameux brigands viennent d'être
arrêtés dans le département de la Mayenne ;
J'un , nommé Raimbaud , était chef d'une bande
cunnue pour avoir souvent attaqué et volé les
voitures publiques ; l'autre , nommé Peschard ,
était l'un de ses principaux complices.
Ce qu'il y'a de plus remarquable dans cette
arrestation, et de plus salutaire pour le repos de
tes contrées, c'est que ces brigands ont été arrêtés
jHtif.un ex - capitaine, de chouans, et d'autres
citoyens également cx^chouans. Le capitaine avait
souvent intimé à Raimbaud de cesser ses brigan-
dages , et sur le peu de cas que ce dernier a fait
de ses menaces , l'a arrêté lui-même avec son
complice. Ils sont t'ouà'deux dans les prisons de
Mayenne, où' leurprocédure s'instruit.
— Non-seulement les habilans.du département
de l'Ardêche se sont séparés des brigands qui les
avaient entraînés à la rébellion .mais encore ils
contribuent eux-mêmes au rétablissement de
l'ordre et à la destruction des brigands. Dans
plusieurs communes , où ces derniers avaient
fait quelques tentatives pour piller les deniers
de la république , loin d'être secondés par les
habitans , ils ont été attaqués, poursuivis, et,
en partie , arrêtés par eux. Les communes de
Saint-Etienne , de Lucdarez , de Chassieres , de
Chandolas , et de Saint-André de Brugieres , se
sont particulièrement distinguées par leur activité
dans ces poursuites, et ont mérité de recevoir à
ce sujet des témoignages de sarisfaciion du gé-
néral Férino , qui commande dans ces départe-
mens , et par qui les détails sont ofEciellemenl
transmis.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le général Ferino s'est empressé de rendre
compte au gouvernement des heureux effets de
l'amnisde accordée au département de l'Ardêche ,
de l'amélioration de l'esprit public, et de lénergie
que développent les habitans depuis qu'ils n'ont
plus que de véritables brigands à combattre. Il
distingue particulièrement les communes de Saint-
Etienne de Lucdarez , Chandolas , Chassieres et
Saint-André de Brugieres. Les citoyens conduits
par leurs magistrats , ont opposé la plus vigou-
reuse résistance à plusieurs bandes de brigands ,
dont une partie est restée sur la place-, d'autres
ont été arrêtés et traduits à k- commission mili-
taire d'Avignon. Le reste a été dispersé.
Le capitaine de la garde nationale de St.-Etienne
tua de sa main le chef d'une de ces bandes, et
d'autres furent fusillés sur le champ de bataille.
Le général de brigade Ruby , qui commande
dans l'Ardêche , ayant transmis ces détails au
général Férino , celui-ci a écrit aux magistrats et
aux citoyens de ces communes , pour les féliciter
de ces actes de zèle et de dévouement.
CONSEIL DES PRISES.
Ganciusiens prises par le citoyen Porlalis, commis-
saire du gouvernement près le conseil des prises ,
dans l'affaire du navire le Caninholm.
Le 7 prairial an 7 , le corsaire français le Scipion ,
de Bordeaux , capitaine Martin, aimateui's Kai-
moad Bonnet et coaipagnie, se trouvant par 48
54
4,egïés 40 minutes de latitude nord et 18 degrés
de longitude à l'ouest d'u méridien de Paris,
découvrit le Caninholrti , commandé par John
Alcock.
Apre.'! lui avoir tiré le coh,P' .de serponce , vtn
officier du Caninlwlln se rendit à bord, avec
quelques papiers.
Le capitaine du corsaire ayant trouvé ces pa-
piers insignifians , il envoya à bord du Caninholm
ses deux lieutenans qui le trouvèrent en étal
de défense. L'audace de lév-)uipage du corsaire
en ayant imposé X celui du Caninholm , le ca-
pitaine en second, muni des papiers de ce navire,
se rendit à bord-du corsaire.
Cas papiers firent mis dans un sac avec un
état écrit de la main du second, énonçant la
[quantité des pièces rennises. Cet état fut fait pour
suppléer au' sceau dont manquait le capitaine en
second dû CâJiirihbtm.
Le capitaine du coijsaire dressa son procès-
verbal de, capturé I fltJe' le second da Caninholm
refusa de signer.
Nous avons puisé ces faits dans le procès-
veibal de capture. .
Le Caninholm tut amariné , et le premier heu-
tenant du corsaire lut chargé de le commander.
Pendant la route, et le 16 prairial, les offi-
ciers conducteurs de la prise trouvèrent , dans
leur reche.'"cbe sur le Caninholm , une quantité
de pafiieis , comme journaux entiers, lettres,, reçus
de bord , signaux , de mcme quun pavillon anglais
que l on a dégradé , ainsi que sa flamme. D'après
cela (dit-on dans le procés-vtrbal . où nous
copions ces faits) , nous avons vu réellement que
le bâtiment se nomme le Rodney de Londres , par
conséquent masqué souf pavillon danois de ta com-
pagnie , qui ne test encore pas d'après ce que le
subrécargùe m'a dit.
Le navire; le Caninholm étant d'une très-grande
capacité , ne put remonter la Gironde , et fut
mouillera l'île du Nord.
Le 19 prairial, le capitaine du corsaire se présenta
au juge de paix de Saint-Ciers-de-Canesse : il
le requit de se transporter à bord avec un inter-
prète , pour y recevoir la déclaration du con-
ducteur , les papiers de la prise , et faire toutes
les opérations relatives à son ministère.
Le juge de paix déclara , à la suite de cette
pétition , qu'il se rendrait à bord le 21 prairial.
Le juge de paix se rendit à bord du Caninholm ,
avec l'assistance d'interprètes compétens. Aptes avoir
reçu la déclaration du conducteur de la prise, il
procéda à l'inventaire des pièces trouvées dans le
sac , relaté dans la déclaration du capitaine de prise.
Il s'y trouva en effet vingt-une pièces ; plus ,
une déclaration du second capitaine dnCaninhotm,
contenant ta remise desdites pièces.
Le juge de paix requit le second du Caninholm
de signer celte première partie de son piocés-
verbal ; à quoi il se refusa.
Sur le requis de l'armateur dn corsaire , le
juge de paix somma le capitaine capturé de l'in-
troduire dans son appartement , où , d'après le
triage des papiers qui s'y trouvaient , il choisit
ceux qui lui parurent utiles , et laissa ceux que
I intèrpiête lui dit être insignifians.
Ces papiers furent remis à l'interprète.
On procéda ensuite à l'apposition des scellés
et à la description de l'armement du navire.
Ces opérations finies , le juge de paix interrogea
les hommes de léquipage.
Il résulte des réponses du capitaine, qu'il se
nomme John Alcock , âgé de 48 ans , marin -,
qu'il est né à Harwich en Angleterre ; qu'il a résidé
en difierens endroits , comme Londres , Copen-
hague eties Indesorientales-, que, depuis environ
quatre ans , il a taitsa résidence tant à Copenhague
qu'en Angleterre , où il prit I état de marin ; qu'il
a navigué sous pavillon danois ; qu'il est parti
de Copenhague , pour son dernier voyage -, qu'il
est allé à Ponsmouth en Angleterre , où il a pris
de l'argent; qu'il a touché au Cap de Bonne-
Espérance poury ;déposer quelques marchandises ;
qu'il a reçu ses expéditions à Copenhague; qu'il
est parti de Canton en Chine , où il a pris ses
expéditions pour retourner en Europe ; qu'il est
venu en droiture , sans s'arrêter nulle part, si ce
n'est à lîle du Nord dans le détroit de Sunda ,
pendant un jour, pour y faire de l'eau ; que ses
marchandises consistent principalement en thé ,
suivant son manifeste , auquel il se réfère ; que.
son navire a été construit en Angleterre ; que c'est
un ancien bâtiment de la compagnie des Indes ,
qui se nommait le Rodney ?
Qu'il est à bord du Caninholm depuis le mois
de juillet 1797 ; qu'il a toujours commandé ce
navire depuis cette époque ; que ses armateurs
sont MM. Dunizfeld et compagnie de Copen-
hague ; qu'il a chargé de sortir à Copenhague ;
qu'il l'i'avait point de consig^iatairc , étant libre de
s adresser à qui il voulait; qu'il a chargé à Copen-
hague , de fer, goudron , brai , charbon, vin,
eau-de-vie , ei na pris à Portsmoiiib que des
piastres ; qu'il a déchargé au Cap de Boone-Espé-
rance diverses marchandises en balles et èit fu*-
tailles dont ilignore le contenu; qu'il avait à bord
un pavillon danois ; qu'il croit qu'il y en avait un
anglais , mais qu il n'en est pas sûr ; que son navire
a dfx canons en batterie ; que depuis qu'il com-
mande des navires danois , il a été dans le cas dé
se battre eonire des pirates sur la côte de Malabar;
que c'est pourquoi le navire se trouve armé ,
suivant l'usage des navires qui vont dans I Inde;
qu'il croit avoir à bord quinze à vingt barils de
poudre avec des boulets ei des balles en propor-
tion, et qu'il a tout pris à Copenhague ; qu'il a
seize canons à fond de cale pour lest : qu'il a tou-
jours navigué sous pavillon danois ; qu'il n'a
jamais hissé pavillon anglais ; que sa femme se
irouve dans le moment dans le nord de l'Angle-
terre , où elle est depuis son départ d'Europe;
quil a le même équipage qu'à son départ de
Copenhague , à la réserve d'un couple de ma-
telots et de deux ou trois déserteurs; qu'il croit
que son second tst natif dEcosse, et que son
premier lieutenant est danois ; qu'il ignore 1 origine
des autres, et qu'à cet égard il se réfère à son
rôle d'équipage ;
Qiril a embarqué des chinois à Cat>ton , çtdes
indiens sur la côte de Coromandel ; qu'il com-
mandait le Caninholm lorsqu'il portait le nom de
Rodney , et q,u'il l'a conduit , sous ce dernier nom ,
de Londres à Copenhague sous pavillon anglais ;
qu il arriva à Copenhague en septembre 1797 ,
année où le navire a éié vendu ; qu'avant que
ce navire appartînt à MM. Duntzfeld et compa-
gnie , qui lui en ont conbé le conimandement ,il
croit qu'il appartenait à M. Hunter , négociant à
Londres.
Il répond que sa destination était poiu le Tcxel
ou quelque port de la Manche où il pourrait eii-
trer facilement , et où il devait tiouver des ordres;
que les propriétaires sont danois ; que tout a été
çhargéàCanion par Becker-Teerling , hollandais,
actuellement à bord en qualité de subrécargùe:
dit qu'il a remis tous les papiers qu'il avait en soi»
pouvoir; mais que le subrécargùe en a d'autres;
qu'il n'a point connaissance qu'il ait été jetié des
papiers à la mer ; que le subrécpvgue n'est pas
porté sur le rôle; qu'il n'a pas obéi au coup de
semonce , parce qu'il n'a pas apperçu de pavillon
au corsaire.
Qu'il s'était disposé à combattre pour sa légitime
défense , n'ayant pas vu de pavillon ; mais que ,
dès que les officiers français avaient paru , il avait
donné ordre â ses canonniers de se retirer; qu'il
n'a point de commission de guerre.
Il se plaint de pillage fait à son bord. Il croit
que le pavillon anglais , trouvé à bord , a été
coupé pour fiire des flammes ; que les journaux
ne sont pas à lui , qu'ils doivent appartenir à
quelque officier.
Ici on suspend linterrogatoire , attendu que les
papiers qui avaient été trouvés à bord . se trouvent
égarés, sauf à les reprend e lorsqu'on les aura
trouvés. La reprise de,l in|errog^toire est insigni-
fiante. '..''•
Le capitaine., interpellé <le signer , refuse de le
faire.
Le subrérargue dit s'.ippeler Becker-Teerling,
natif de Flessingue , doiniciilié à Amsterdam ,
passager ; sêire embarqué à Portsmouth en jan-
vier 1798, pour aller à Trcnquebar , côte de
Coromandel : il déclare que M.M. Deconninck ,
négocians à Copenhague , ont chargé] 46 caisses
de piastres envoyées de Hambourg en Angle-
terre pour être chargées pour leur compte dans
ledit navire à Porismouih, et être délivrées h,
lui déclarant , à son arrivée à Trenquebar ; qu'il
y est allé en droiture , en relâchant au Cap de
Bonne-Espérance , où il croit qu on a relâché
pour ralraîchir , et y laisser un passager; qu'il
est parti de Canton , où le capitaine a pris ses
lettres de passe ; qu il a relâché seulement à l'île
du Nord , aux côtes de Sumatra ; que le char-
gement est pour le comjite d'André - Gabriel
Surbelius , négociant à Calmar en Suéde , à
la consignation de MM. Deconninck et com-
pagnie , négocians à Copenhague , pour en-
trer dans un des ports de la Manche ou du
Texel.
Le reste est conforme aux réponses du ca-
pitaine.
James Archer , cuisinier, se dit natif de Phila-
delphie , et s être embarqué pour Trenquebar.
François Boutelley , de Dunkerque , matelot ,
dit s'être ercbarqué à Copenhague pour Tren-
quebar ; il déclare venir du port de Bambouck,,
en Chine ; avoir entendu dire que le navire
allait à Hambourg ou au Texel ; qu'il y avait à
bord un pavillon anglais ; qu'il a vu charger de
l'argent en caisse tt des j rovisions à Ponsmouth ;
qu il n'a pas connaissance qu'il y ait des mar-
chandises anglaises à bord : que le second capi-
taine se nomme Skeene ; qu'il le croit anglais ,
et qu il croit les premier rt second , lieutenans
danois.
Dominique Dimanche , matelot , se dit natif de
Pondichery , s'être embarqué à Madras pour aller
35
en Chine ; qu'au premier coup de canon de
semonce, le capilaine a laissé un peu arriver ert
forçant de voiles ; que les canons élaienl chargés
avaut que le corsaire lût à portée de l'aiteindre;
que les canonniers prirent leur poste par le com-
mandemccit du second capitaine ; que les mèches
étaient allumées , les canons aniorcés et prêts à
feire leu ; que le second ne se détermina à aller
à. -bord du corsaire, qaesnr la menace que lui
fit ce dernier de faire: ieu; qu'il n'a point vu jeter
de papiers à la mer.
Le- capitaine en second s'appelle George
Skeene : il déclare eue né à Edimbourg , d'où il
est sorti très -jeune-, il n'a point de domicile
fixe-, a été élevé dans le nord de l'Ecosse, a
toujours voyagé, a monté 7i; Caninhoim à Co-
penhague , d'où il est allé à Pottimouth , de-là au
Cap de Bonne-EspérSuce ; que le navire et la
cargaison élaienl adressés à des personnes de
Trenquebar ; qu'il est parti de Chine pour re-
venir en Europe; qu'il a relâché à I île du Nord;
qu'il croit que le navire est de construction an-
glaise ; que sa famille est domiciliée à Aberdeen ,
canot était percé ; qu'il le priait d'envoyer le
sien ; qu'il serait bien reçu , et qu'on lui mOiïtre-
rait ses papiers.
Alexandre Mellin , canonnier , natif de New-
Yoick, domicilié depuis huit ans à Londres ,
(iit avoir entendu dire que les armateurs étaient
Hunter et Walker de Londres, qui étaient les
propriétaires ; que le navire était cotiimandé par
le capitaine Alcock sous pavillon anglais ; qu'il
s'est embarqué le 27 juillet 1797; que le navire
s'appelait le Roilney ; qu'ils ont lait escale pour
Portsmouth , de là au cap de Bonne-Espérance ,
à Trenquebar, à Madras ; qu'ils sont revenus à
Trenquebar. d'où ils se sont rendus à Pulo-
Penang; qu'ils ont déchargé des marchandises et
despassagers au Cap , quelques caisses d'argent à
Trenquebar, et la majeure partie de la cargaison
à Madras ; qu'on a chargé beaucoup de mar-
chandises à Jr'ulo-Penang 1, île cédée à un capitaine
anglais , et par celui-ci à la compagnie anglaise
des Indes ; qu'à l'entréç du navire dans ce port ,
on hissa pavillon anglais et qu'on le salua ; qu'au
départ de Londres , il y avait des marchandises à
en Ecosse. r bord; qu'on n'en a déchargé ' qu'une partie à
James Chreîgibn , charpentier, natif de New- ! Copenhague , partie à Madras, et partie à Tren-
Yorck dans les Etats-Unis de l'Améiique , où il ! quebar.
James Bro-vVn , matelot , dit être iiatif de Wa-
terford en Irlande , où il a son doinicile habituel ;
qu'il s'est embarqué à Londres; qu'il y avait des
marchandises à bord en partant pour Copenhague;
que le navire s'appelait Roi:i)i«;)i , capilaine Alcock;
a son domicile ordinaire, dit s être engage a
X-bndres au mois d'octobre 1796 , dans ledit na-
vire , en qualité de charpentier ; qtjé le navire
S,'appelait ie Rodney , commandé parle capitaine
Maitland, sous pavillon anglais; qu'il est parti
ïous ce pavillon pour Copenhague, où il l'a [ qu'il était sous paViilon anglais ; qi!e les inarchan-
conservé cinq à six jours ; ijuil était alors com- dises ont toutes été déchargées à Madras; que les
mandé par le capitaine John Alcock ; que , de ; armateurs sont MM. Ferry et 'Walker de Londres ;
Copenhague , il est allé à Portsmouth sous pa- ' qu'on avait jeté un pavillon anglais à la mer.
villon danois; qu'ils y ont chaigé 40 à aS caisses ' , .- -, j-. i„-j .in- 1 „ .
,, lui 1 ,., ; Le quarlier-mailre dit résider a Copenhague ;
d argent et le bagage de quelques passagers ; quil; --^ 1 • ii m,-
°-. r '^ ° 1 ^-1*^- ° I- s être embarque a la Chine,
y avait neut passagers , dont il croit six anglais ; 1 '
que le Rodney appartenait à Hunier et compagnie |
de Londres ; qu'il a entendu dire que le capitaine j
avait attaché certains papiers au plomb de la'
Tout l'équipage déclare que le navire a cons-
tamment navigué sous pavillon danois.
D'après le rapport qui vient de vous être fait.
sonde pour être jetés à la mer ; que le capitaine! je crois inutile, ou du moins superflu, d'entrer
résidait en Anglelerre lorsqu'il est parti ; que sa j dans le détail de toutes les procédures qui ont eu
femme et lui habiient habituellement le nord j lieu devant les divers tribunaux auxquels l'affaire
de l'Angleterre; que, d'ordre du second capi- i a été successvement portée ; ces procédures ten-
laine Skeene, il a démoli une ou deux cabanes ^ dent plus à obscurcir la vérité qu'à l'éclaircir. Je
pour fdire place aux canons; qu'on alluma des vais donc lâcher de simplifier cette affaire en la
fanaux , et qu'on fit battre la caisse pour intimider . considérant sous des rapports qui rassurent le con-
le corsaire; que 1 opinion pour la délens» fut' scil sur sa décision.
générale , moins le capitaine qui s'y opposa et fit
éteindre les fanaux.
Peter Diedrichtsen , lieutenant , dit s'être em-
barqué à Copenhague pour Trenquebar ; qu'il a
touché à Portsmouth et au Cap de Bonne-Espé- 1
rance ; quil y avait environ dix passagers , dont |
partie a été débarquée à Madras, et partie à Tren- |
quebar ; que la majeure partie étaient des an- i
gtais ; qu'au Cap , on a déchargé quelques caisses j
et quelques futailles ; qu'ils y ont pris deux ou
trois passagers qu'il croit anglais , et qu'à Madras
Jls ont déchargé le reste de la cargaison venant
-deTrenquebar , où ils avaient pris une partie de
bois d'ébène ; que les chargeurs en Eiiiope sont
Dunizleld et compagnie ; qu'il ne connaît pas
ceux de llnde; qu'ils ont touché à Sumatra pour
y faire de l'eau : que le navire n'a pas cherché à
éviter le corsaire; qu'il a vu le charpentier travailler
aux cabanes, et qu'il ignore pourquoi; qu'il s'était
préparé à la défense , ne connaissant pas l'état
politique de 1 Europe.
George Anihony , second lieutenant , dit être
natif de New-Yorck , résidant en Angleterre de-
puis I âge de quatre ans ; qu'il ne croyait aller
qu'au Cap de Bonne-Espérance , et qu'avant il
est allé à Portsmouth; que de là il a été à Tren-
quebar , et ensuite à Madras ; de Trenquebar à
Pulo-Penang , dans le détroit de M<»laca ; que de
là ils se rendirent à Malaca , et de Malacaà Can-
ton ; qu'ils n ont touché , au retour, qu'à l'île du
Nord , dans I île deSumaira pour y faire de l'eau ;
que le navire s'appelait Rodney à Londres, com-
-mandé parjohn Alcock ; qu'ils ont fait tous les
préparaiifs nécessaires pour ne pas laisser insulter
le pavillon danois.
Le quatriçme officier dit qu'il s'est embarqué.à
Copenhague , 3 lait escale à Portsmouth et au
Cap de Bonne-Espérance ; qu'il a oui dire que
le navire avait été acheté en Angleterre ; que le
capilaine parle anglais ; qu'il ne l'a jamais en-
tendu parler danois.
Le premier aspirant se dit natif d'Angleterre ,
tésidant habituellement à Londres , embarqué à
Portsmouih; a vu un pavillon anglais dégradé ;
vient en droiture de Canton , sans relâcher nulle
part; convient de la disposition à se défendre;
et qu'on n a point démoli de cabanes.
Le second aspirant , Samuel Eschausier, natif
de la Haye , dii qu il y avait à bord un pavillon
anglais dégradé ; ont été à Trenquebar, à Ma-
dras ; qu'ils ont retourné à Trenquebar , de Tren-
quebar à Pulo-Pcnang près Malaca ; qu'ils y ont
pris des marchandises à fret , et d'autres pour
vendre à la Chine; (ju'ils touchèrent à Malaca,
y débarquèrent treize passagers maures ; qu'ils
ont déchargé leurs marchandises à Canton , où
ils ont pris le chargement actuel; dit que le ca-
pilaine l'avait chargé de dire au corsaire que soa
Il est de principe que, de toutes les preuves ,
celle qui se tire *de l'aveu des parties , est la
plus forte, et mérite le plus la confiance de la
justice.
Ce principe , qui est celui de la raison , est con-
sacré par un arrêt du conseil du 26 octobre 1692.
u Veut sa majesté, y est-il dit , que pleine et
)) entière, foi soit ajoutée aux dépositions des ca-
)t pitaines , matelots et officiers d^es vaisseaux pris,
n s'il n'y a contre eux aucun reproche valable
n proposé par les réclamaieurs , ou quelque
)) preuve de subornation ou de séduction, d
Aucun reproche n'ayant été fait de la part des
captuiés contre les hommes de l'équipage , et n'y
ayant dans cette affaire aucune trace de subor-
nation et de séduction à leur égard , leurs ré-
ponses aux interrogatoires doivent être la pre-
mière base de la décision du conseil.
Il conste des propres réponses du capilaine ,
qu'il est originaire anglais; qu'il a sa résidence
tout à la fois à Copenhague et en Angleterre ; que
sa femme est actuellement dans le nord de l'An-
gleterre.
Quoique cet aveu n'ait pas besoiii d'appui , il
est cependant confirmé par plusietirs hommes de
son équipage.
George Skeene , capitaine en second , s'est
dit dEdimbourg ; sa famille est domiciliée en
Ecosse.
George Anthony , second lieutenant, a déclaré
être natif de New-York, et résider en Angleterre
délais l'âge de quatre ans.
Alexandre Mellin , de New-York , a déclaré
être domicilié à Londres depuis huit ans.
James Brown, natif de 'Waterford en Irlande, a
déclaré y avoir son domicile habituel , et s'est de
plus embarqué à Londres.
Voilà cinq anglais, c'est-à-dire, cinq ennemis,
dont trois officiers majors , composant une partie
de l'équipage du Caninhoim.
Or, l'art. IX du règlement de 1778, porte : Seront
de bonne prise tous Oâtimens étrangers sur lesquels
il y aura un subrécargue marchand , commis , ou
officier major d'un pays ennemi. Si un seul officier
major d'un pays ennemi suffit pour opérer la
confiscation d'un bâtiment étranger sur lequel
il se trouve , à combien plus forte raison trois
officiers major doivent-ils l'opérer.
Sous ce premier rapport, le Caninhoim est donc
au cas de la confiscation.
Examinons le rapportde propriété: kCaninholtn
est-il neutre , est-il ennemi ?
Le capitaine John Alcock déclare que /e Ca-
ninhoim a été construit en Angleterre ; que c'est
un ancien bâtiment de la compagttie de» Indes,
qui se nommait le Rodney ; qu'il l'a conduit *'
K)us le nom de Caninhoim. de Lond'res à Copen- '
hdguc , sous pavillon anglais : qu'avant la vente
de ce navire à MM. Dunizfeld et compagnie ,
il croit qu'il appartenait à M. Hunter , négociant
à Londres.
Le capitaine en second croit que le navÏTe est de
construction anglaise.
Le charpentier déclare s'être eïnbarqué à Lon-
dres sur le Rodney , parti de Londres et arrivé
à Copenhague et compagnie , de Londres.
Le second lieutenant déclare que le navire s'ap-
pelait le Rodney , à Londres.
Le quatrième officier déclare avoir ou'i dire que '
le navire avait été acheté en Angleterre.
Alexandre Mellin, canonnier, déclare que le
navire s'appelait le Rodney ; qu'il a ou'i dire que
MM. Hunier et Walker de Londres en étaient
propriétaires ; qu il était commandé par Alcbck.
sous pavillon anglais. - ,,. )■.
James Brown déclare que le navire s'appe-
lait le Rodney , capitaine AlcQck , jous pavillotj
anglais. , ,.,-.' ,
Ce faisceau de preuves constate çlonc , d'une
manière aussi forte que Jégale , que le Rodney
était non-seulement de fabrique, mais de propriété
anglaise , c'est-à-dire ennemie.
Ce navire ne pouvait se laver de cette tache
originelle, qu'en passant, par d^s pièces au-
thehiiques , et avant le commencement des hos-
tiliiés , tiilre les mains d'un propriétaire neutre
ou allié. , . ■ .
Celle transiiion iégâle est presclite par l'ar-
ticle VII du règlement de 1778,' lequel s'ex-
prime en ces terme : 11 Les bâtimens de fabri-
que ennemie , ou qui au) ont eu un propriétaire
)î ennemi , ne pourront eue réputés neutres ou
ïî alliés , s'il n'est trouvé à bord quelques pièces
Il authentiques , passées devant des oHaciers pu-
)j blics , qui puissent en assurer la date, et
'' 1^'-^ justifient que la venje, ou cession en a
1» été faite à quelqu'un des sujets des puissances
)j alliées ou neutres , avant le commenieiitent des
)5 hostilités; etsi ledit acie translatif de pvoprieié
ji de l'eiinémi au sujet neutre ou allié , n'a été
!> dûment enregistré par-devant le principal offi-
)i cier du lieu du départ , et signé du propriétaire
)) ou du porteur de ses pouvoirs, j»
V Le capturé prétend avoir justifié de cette trans-
lation de propriété , et il étaye celte prétention
d'un acte du 16 octobre 1797.
On trouve en effet dans cetacte ^ qUe MM. De-'
conninck et compagnie , bourgeois il négociant
dans la résidence royale et ville de Cqpeiihague ,
vendent et cèdent le Caninhoim à MM. Dunlefeld
et compagnie , négocians à Copenhague ,-mais on ne
voit pas comment la propriété de ce navire avait
été transportée des premiers propriétaires anglais
à MM. Deconninck de Copenhague : et c'est
cependant cette translation iju'il faudrait prouver
par des actes en bonne forme passés devant les officiers
publics à ce préposés , et à une_ date antérieure (fu
commencement des hostilités ;■ faute desquelles pièces ,-
dit l'art. VIII du réglementde 1798, les bâtimens
de fabrique ennemie seront de bonne prise.
Sous ce second rapport , la confiscation me
paraît une conséquence nécessaire et du fait et
des dispositions de la loi.
Je passe à la cargaison; mais ici il est nécessaire
de remonter à son principe , oh , pour mieux
dire , à son origine.
Le capitaine déclare , dans ses réponses , qu'il
a pris des piastres à Portsmouth.
Teerling, ss disant passager . Teerling , -que
le capitaine appelle avec lihon siihrccargue ^puis-
qu'il a signé la charie-pariie du chargement , fe-
sant pour MM. de Conninck), déclare que ces
derniers oet chargé quarante-six caisses depias-»
ires , envoyées de Hambourg en Angleierre, poui;
être chargées, pour leur compte , dans /« Canin-*
holm ., à Portsmouth , et être délivrées à lui dé-
clarant , à son arrivée à Trenquebar.
Cette délivrance lui a sans doute élé faite à
Trenquebar , puisque c'est ^à Trenquebar qu'il
a signé le manifeste , dont je viens de vous parler.
Cette déclaraiion paraît caractériser la neutralité
des piastres , et conséquemment la partie de car-
gaison qu'elles ont servi à acheter à Trenquebar.
Mais je ne puis me dispenser de m'arrêler un
moment sur cet objet , et de faire remarquer au
couseil qu'il est bien étrange que ce Teerling ;
qui se dit passager , que le capitaine appelle
subrécafgué , et qui en effet en remplit les fonc-
tions dans la charte-partie passée à 'Trenquebar,
ait pris à Portsmouth des piastres qu'on aurait
pu facilement embarquer sur /e CflnmAo/m à Cop-"
penhague , au-lieu de faire partir ces piastres
pour Hambourg et Portstnouih , à l'effet de les
charger sur ce navire.
Ce prétendu passager a toute la jahysiohorriie
d'un anglais , chargé de disposer de piastres
venant d'Angleterre et appartenant à des anglais.
On peut ajouter que celte conjecture prend
un caractère de csnitude , lorsqu'on lit , daug
56
•«he lettre de Londres , du 5 janvier 1798 , éctiie
par, le capitaine Alcockau sieur Georges Skeene ,
officier en chef: "Je serai à Pofismomh jeudi
"j^tJ soit ou vendredi p.iochain , et le trésor
j» sera rendu environ dans ce tems-Ià. n.
jDan^ U;f>e adtre leiire. du 9 janvier , adres&ée
par le même au même , te capuaine en lui conhr-
inajit cell.e, du 5 j.lui annonce que /e trésor part
diii [ de Londres') et malin , et qu'z/ sepi-opose de
ijûHter la ville , jeudi matin.
.Or, l'article des piasUes est maintenant par-
failÈmenl éclaiici. Ces piastres sont visiblement
propriété anglaise : elles ont été employées à
TP(fr}qut;'bar , poui l'achat dé la cargaison. La
cargaison est dune propriété ennemie.
Un des matelots déclare qu'il a vu charger de
l'argent à Pôrismouth.
Le charpentier dit qu'on y a chargé quarante
où quarante-cinq caisses d'argent et le bagage
de quelques passagers; qu'il y avait neuf passa-
gers , dout il ci'oit six anglais ; et ceci se lie par
faitcmem et à la qualité de passager prise par
Teerling, et aux lettres écrites de Londres par
le-capiiaine , qui , en annonçant l'envoi du trésor ,
parle aussi de passagers , et annonce une lettre
plus ample sur le compte de ces passagers.
Alexandre Mellin , canonnier , déclare qu'au
dépàit de Londres, il y avait des marchandises
à bord ; qu On n'en a déchargé qu'une partie
à Copenhague -, partie à Madras et partie à
ïrçnquebar.
James Brown déclare aussi qu'il y avait des
marchandises à bord en partant pour Coppenha-
gue ; qu'elles ont toutes été déchargées à Madras.
Ces marchandises étaient donc propriété an-
glaise ; elles ont servi comme les piastres à acheter
à Madras ou àTrenquebar d'autresmarchandises,
et sans aucun doute pour le, compte des anglais.
On ne peut conséquemment se détendre de con-
sidérer la cargaison du Caninholm comme une
propriété vraiihent ennemie , et sujette à con-
fiscation , d'après l'art. VU du liv. III ,lit. IX de
1 Ordonnance de la marine , de 1681 , lequel porte
en termes exprès : Tous navires qui se trouveront
chûTgés 'd effets appartenant à nos ennemis , seront
de bonne prise.
D'après des faits si posttifs et des lois si précises ,
il est inutile d'examiner les pièces ce bord , puis-
que le navire et la cargaison étant démontrés
eiiiiemis , il serait superflu de discuter l'irrégu-
larité de ces pièces de bord.
Par ces considérations , ie conclus la confisca-
lion du naviréJtJf ^de la cargaison. Délibéré le
29 fructidor ah^ 8. Signe, Portalis. (Dans le
numéro de demain nous donnerons la décision
du conseil des prises. )
sin , ni couleur , ni composition , il laisse échapper.
Ce vers :
Vous tônvicndrtz du moins qn'll est avant la lettre.
dette balpûidise, qui excite les éclats de rire
dliniaîtrerle dessin , fait craindre à Caroline dé
pfoliler d'une manière peu délicate de l'erreur
>;rossiere d'une dupe ; elle veut rom|jre le marché ;
Desionais paraît, en soutient la validité; le valet
saisit le moment d'emporter le tableau . à l'instant
il est arrêté par une vieille servante de Desronais;
quiciie au voleur ! et accuse Tacheteui: prétendu
d'avoir volé à son maître l'argent qu'il vient de
donner A ces mots la ruse est découverte;
Caroline reconnaît la manière généreuse dont
Desronais voulait rapprocher sa fortune de la
sienne ; elle lui donne sa main.
T H E A T
EFRANÇAIS.
L'ouvrage annoncé par la lettre inséré dans
notre numéro du 10 de ce mois, et intitulé:
Caiotine ou le Tableau, a été donné avant-hier
avec an succès décidé.
Caroline , jeune artiste , et pauvre orpheline ,
est la voisine d'un jeune hoaame riche , délicat
et généreux , ami des arts qu'elle cultive, admi-
rateur de ses talens , mais encore plus épris de
«es charmes. Elle sait qu'elle est aimée, mais
refuse de s'unir à Desronais , qui l'en presse ,
parce qu'il règne entre la fortune de tous tleux
une dittérence totale. Desronais saisit un moment
d'abstnce pour chercher le moyen de tromper
innoccmmetil ie stntiment qui abuse sa jeune
amie , et de 1 épouser sans paraître généreux,
envers' elle. Un vieux tableau , noirci par le tems
et la fumée , sur le méiite duquel le père de
Caroline disputait souvent, lui fait naître lidée
d enrichir sur le champ l'orpheline ; et cela de
son propre aveu. Un valet se déguise en parvenu,
en prétendu connaisseur ; il pénètre chez Caro-
line sous un prétexte léger , voit le tableau , en
parle avec enthousiasme. Desronais se rend
médiateur du marché. L'acheteur promet 24,000
livres : il est très - piquant de remarquer que
Desronais en voulait 3o,ooo. Pour la première
fois Caroline sourit à l'idée de la fortune.
L'acheteur revient avec sa somme. Ici la scène
devient très-plaisante.
L'argent compté , le maître de dessin de l'or-
pheline demande au prétendu connaisseur ce
qtiil trouve de si beau dans ce qu'il acheté si
cher ; lembarras du valet est iiès-comique. Se
irouvant forcé d'avouer que le tableau n'a ni des-
On voit que ce sujet est le même que celui
d'une Matinée de Catinat. Le trait qui le cornpose
devait être le résultat d'un sentiment délicat ;
chez Catinat ce sentiment est la bienfesance; au-
près de Caroline, c'est l'amour. Les deux ouvrages
n'ont rien à craindre de la concurrence: lun
intéresse beaucoup , l'autre attache et plaît à la
fois ; tous deux se prêteront dans leur succès
également mérité, un mutuel appiii ; tiès-contens
de l'un , ce qu'on désirera le plus , ce sera d'aller
applaudir l'autre. Nous avions ctu pouvoir dire
que ce sujet était celui d'une jolie comédie.
Nous ne saurions exprimer à quel point le cit.
Roger nous a prouvé que nous avions raison.
Quoique son ouvrage soit d'un genre très-
agieable ; que son exposition ait de la grâce , en
même-tems que de la clarté ; que ses scènes
aient la plupart une intention comique ; plus
que tout cela nous aimons à remarquer le style
de ce jeune auteur, parce que ce style, celui
de la véritable comédie , en a le piquant et la fa-
cilité , mais en a surtout la pureté et la correction.
Irons-nous critiquer , après cela , l'indécision
du caractère du maître de dessin, la faiblesse du
rôle de la vieille servante , oii l'invraisemblance
du moyen qui permet à Desronais de rester chez
Caroline en son absence ? Il vautbeaucoup mieux
dire en terminant , que l'ouvrage a été parfaite-
ment joué par Grandmenil, Dugazon et made-
moiselle Mars. Damas est on ne peut mieux placé
dans le rôle de Dtsronaii : il le dit avec intelli-
gence, lejoue avec ame; mais op ne peut jamais
parler de cet acteur intéressant , qu'on ne finisse
par lui dire : " Au nom d'un talent qu'on estime
)) et des succès qui vous attendent , ne cherchez
îj donc pas à tant exprimer, et vous exprimerez g^erce
>) bien davantage. J) 'S....
enlevée avec l'acide rouriatique oxigeneailirsi.qoe
l'écriture à l'encre ordinaire , on ne peut pas faire
la plu» légère altération à i'écritute sans enlever
en même tems le glacis imprimé qui est sous
l'écriture.
Ce glacis est une légère teinte de couleur mise
sur le pjpier, et imprimée en mêroe-lems que le
corps de la lettre de change. Dan& ce glacis sont
une foule d'accideijs qui ne Sont dus qu'au
hasard bien ditigé par le graveur, et qui rendent
S03, o,uyrage inimitable , même par lui-mên)e.
Desorte que , quand une planche paiieili^ ai
sortie dçs mains de l'auteur , il est impossible ^
tout graveur et à l'auteur lui-raêiiie, de la re-
faire une seconde fois. ,
C'est ce qui est dit par le rapport dont je viens
de parler. Il est à ma connaissance que plusieurs
maisons de commerce ont adopté les planches da
cit. Boudier, et qu'elles se félicitent de l'usage d'u»
procédé qui les garantit de toutes contre-façons.
Il n'est pas douteux qu'il serait de l'imér'êt
public qu'un pareil procédé fût employé pour
tous les papiers émanés du gouvernement , tels,
qu'inscriptions , bons , ordonnances , passeports ;
certes , on verrait moins de faux , moins de frip-
pons , moins de victimes.
Je dois avouer que le citoyen Boudier a eu l'in-
dtitgence de nie communiquer quelques idées sur
ses procédés ; mais peut-être ne seiaii-il pas cu-
rieux qu'ils fussent rendus tout-à-falt ptibliques :
c'est sa propriété , et peut-être desite-l-il en re-
cueillir le fruit.
Salut et fraternité ,
Delahaye , avocat, cloître Notre-Dame , »' 41.
i Ip? On a fait en ce genre beaucoup de tenta-
tives plus ou moins ingénieuses , et celle-ci paraît
devoir être mise au rang des plus heureuses ; mais
il importe d'observer 1° que ce n'est pas assez
de rendre l'imitation difficile ; il faut rendre la
comparaison facile , et la découverte du faux ,
palpable : 01 , c'est ce qu'on n'atteint point par
tous ces signes donnés, dit-on, parle hasard, et
dont la confusion ne permet jamais à l'œil de
saisir assez les contours pour distinguer l'original
d'une imitation habile; 2° que toutes ces pré-
cautions ne forment point une garantie légale ; les
lois ne reconnaissant pour signe probant que la
signature proprement dite. Les moyens de sn;eté
fournis par la délébilité de l'encre , paraissent
dans l'invention du citoyen Boudier ceux aux-
quels on doit attacher le plus de conhance , parce
qu'ils empêchent véritablement la contre-façon ,
en la rendant perceptible à l'œil le moins
AU REDACTEUR.
Citoyen , je lis dans votre journal du 3 cou-
rant un article concernant la pose de la i"' pierre
de la colonne de la place 'Vendôme. 'Vous obser-
vez que dans le nombre des objets placés sous
cette pierre, se trouve une table de crystal , sur
laquelle le cit. Oreilly a fait graver, au moyen
de l'acide fluorique , l'arrêté du 19 fiuctidor an 8 ,
qui ordonne l'érection du monument.
Vous ajoutez : «< nour reviendrons sur le pro-
cédé employé par le cit. Oreilly , et nous pen-
sons qu'on petit en faire un usage utile. )>
Permettez-moi , je vous prie, quelques réflexions
à cet égard.
L'auteur du procédé est uil cit. Boudier fils,
qui demeure à Paris , rue Saint-Romain : il a déjà
été parlé plusieurs fois de son secret dans les
journaux , et je me rappelle avoir lu un rapport
fait par un membre du bureau des arts très-favo-
rable au cit. Boudier , et une lettre du ministre de
l'intérieur, qui dit au cit. Boudier que son pro-
cédé peut être l'on utile , tant aux particuliers
qu'au gouvernement.
J'ai vu depuis des exemplaires de modelesfJe
lettres de change tirés sut des planches de verre
du cit. Boudier. Ces lettres de change ont le
mérite inappréciable d'être à l'abri de toute espèce
de contrefaçon, et de pouvoir être tirées peut-
être à l'infini.
Comme la planche est de verre , et que le verre
ne s'altère pas par le frottement de la main , qui
altère si facilement les planches de cuivre , on
conçoit que le nombre des épreuves que peut
produire une pareille planche est incalculable.
A ce premier procédé de graver sur le verre , il
a joint celui d'imprimer avec une encre délébile ,
ce qui fait que l'impression étant susceptible d'être
LIVRES DIVERS.
Cotas d'Arithmétique à l'usage des écoles cen-
trales et du commerce , par le cit. Theveneau ;
prix 4 fr. franc de port. A Paris, chez Gourcier,
libraire , ruePolipée . n°'5.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 14 vendémiaire.
Amsterdam banco.
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Gênes effectif. . . . ,
Livourne
Bâle.
56^
i88i
4 ir. 90 c
14 fr.So c.
4 fr. go c
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4 Ir. 65 c.
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Effets publics.
Rente provisoire sS fr. 25 c.
Tiers consolidé 36 fr. 63 c.
Bons deux tiers i fr. 80 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 91 fr. 75 c.
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SPECTACLES.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la s° repr. dune Journée de Catinat ou te Ta-
bleau, opéra nouveau, et Sophie et Moncars.
Théâtre du Vaudeville, Auj. la i*" repr.
du Mari sans femme ; Arlequin ajffîcheur , et Ba-
gatelle.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. ta Fille hussard , pant. à grand spect. ; la
Mort de Turenne , et l'Epreuve excusable.
L'abooacmcnt se fait à Paris, rue des Poitevins, d° i8. Le prix est de î5 francs pour trois mois, So francs pour 6 mois , et joo francs pour l'année entière. On ne s'abonne
gu'au commencement de chaque moië.
Il faut adresser les Tctti es etl'argent , franc de port , au cit. A g as s e , propriétaire de ce journal , me des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dans les envois le port d««
pays ou l'on ne peut aCTianchir. Les lettres des départcmens non affranchits , ue seiont point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue des
Poitevins , n°i3', depui sneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imptimsrie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
M" 136.
Sextidi , 1 6 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dacet du 7 Nivôse le MONITE U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeiii , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts , et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , le \" octobre (g vendémiaire. )
J-iE capitaine Waterhouse , de la marine, est
arrivé hier à l'amirauté venant de Botany-Bay ,
avec des dépêches du gouverneur Hunter. Il a
rapporté une grande collection de plantes de la
Nouvelle-Hollande.
• Plusieurs des bâtimens de guerre qui compo-
•aient l'armement sorti des dunes , sont retournés
à Deal ; d'où 1 on conjecture que l'expédition à
laquelle ils devaient servir a été contreraandée.
Dimanche dernier , après que le vicaire de la
paroisse de St-Michel eut commencé son sermon ,
un des assistans se glissa dans la chaire et lui
enleva son surplis et son chapeau , avec lesquels
il disparut , sans être remarqué.
La récolte a été si abondante dans les Indes
occidentales , qu'on manquait de bâtimens pour
la transporter ici.
La JVymphe de mer , capitaine Suller , a été prise
par un corsaire français dans sa traversée de l
Lisbonne à Oporio.
On ne saurait assez recommander à chaque
famille riche ou pauvre de ce royaume , de régler
sa consoramaiion de blé ; car il paraît que la
récolte n'en a pas été plus abondante cette année
que la précédente , et la qualité , en outre , du
grain , est médiocre. Mais ce que nous recom-
ma' dons surtout , c'est de ne pas forcer le pro-
priétaire, soit fermier ou marchand, à vendre au-
dessous du prix; autrement ce serait aggraver le
mai au lieu de le soulager ; ce serait appeler la
famine , pour éviter la disette.
Le 22 septembre dernier , anniversaire et cen-
tenaire de la naissance de James Thompson, auteur
àes Saisons , une fêle solennelle ( un jubilé ) a eu
lieu à Edimbourg, en mémoire de ce grand poète.
— Nous ne doutons pas que la centenaire du
Thompson français n'ait aussi son jubilé , et nous
espérons bien qu'il en recevra en personne les
honneurs.
Le Phœnix , capitaine Skinner , allant des Indes 1
occidentales à Livourne , a été pris par le corsaire
français , l'Africain , et conduit à la Guadeloupe.
Un particulier trouva dernièrement un irlandais
qu'il connaissait pour avoir été impliqué dans les
troubles de son pays , et à qui il témoigna sa sur-
prise de le rencontrer. — ii Vous savez , sans
doute, lui répondit l'irlandais , que j'ai été pendu.
— Pendu , s'écria l'autre. Oui , monsieur , pendu ;
•c'est-à-dire, que j'ai été condamné à la mort , et
que je me suis échappé ; ce qui revient au même ,
car je suis mort civilement.
[Extrait du Sun, du Morning- Chronicle et de
rOracle. )
REPUBLIQ,UE HELVÉTIQ.UE.
Berne , le 5 vendémiaire.
On apprend de Zurich , que le général Mac-
donald y est revenu avec son quartier-général. —
On mande du canton de Léman , que les mou-
vemens occasionnés par la loi sur les dîmes, ont
dégénéré en insurrection complette.— Le citoyen
Fmsier , chef du parti pour les dîmes , dans le
corps législatif, a obtenu un congé d'un mois
<t est allé à Zurich : il a emporté avec lui le
travail dont il est chargé. Quelques personnes
croytnt que ce législateur est dans lintention
d'envoyer sa démission. — Le citoyen Glafel ,
nommé à la législature , n'a point accepté.
La société de bienfesance de Zurich a célébré
il y a quelques jours l'anniversaire de sa fon-
dation , sans pompe et avec la simplicité qui
convient à une association qui a pour objet
une bienfesance sans bornes. On n'y a admis
d'étranger que le respectable docteur Hirsel ,
auteur de la Philosoj'hie des campagnes , et de
plusieurs autres ouvrages estimables. Son (ils ,
président de cette société , a prononcé un dis-
cours touchant. Dix jeunes filles, instruites dans
les écoles de bienfesance aux travaux de leur
leXe , ont été présentées par leurs institutrices.
Le professeur Schulthess , qui depuis plusieurs
avec son épouse , rendit compte de leurs dis-
positions et de leurs progrès. Les jeunes filles
désignées par leurs propres compagnes , reçu-
rent le prix dû à leur diligence et a leur doci-
lilé. Afin que les pauvres pussent prendre part
à cette fête de famille , des secours ont été en-
voyés à vingt-cinq pauvres ménages de la ville.
Au quartier- général à Kempten , t" vendémiaire.
Nous sommes entrés hier dans les^quartiers qui
nous, sont assignés en conséquence de l'armistice.
Quelle joie fait naître dans toute 1 Allemagne
I l'espérance de la paix ! Quelle surprise causée
' par la cession d Ulm , qu on regardait comme
imprenable ! Nos colonnes sont déjà en marche
rétrograde pour prendre leurs cantonnemens. Il
est probable que le général Lecourbe fera main-
tenant son voyage en France. — Le prince Liçh-
tenstein n'est pas encore rétabli de ses blessures ,
qu'on regarde comme très-dangereuses. Le chi-
rurgien en chef du il' régiment de dragons ,
le citoyen Lucas , ne le quitte pas , et fait tous
ses efforts pour conserver à ses amis et à ses pa-
rens cet estimable officier. ( Strasb. Weltbote. }
INTÉRIEUR.
Strasbourg , le lo vendémiaire.
QuATR£ mille deux cents flo. destinés à la garni-
son autrichienne de Ulm, ont passé parAugsbourg.
Les garnisons allemandes traversent dans ce
moment la Souabe,,pour se rendre à l'armée
impériale. La garnison d'Ulm a beaucoup souffert
des maladies , ainsi que celle de Phihpsbourg.
Larinaée impériale quitte maintetiant la Bavière
pour reprendre ses cantonnemens dans 1 Autriche
et dans les envirotjs de Saltzbourg.
Le général Zagg s'est reijdu en grande hâte de
Vienne à l'armée d'Italie. — Le général Kinsky a
obtenu une pension de retraite de 14,000 florins;
le général Kray, une de 6,000 ; et le général Smith ,
une de 3,ooo. Les autres n'ont eu que i,5oo ou
ï,ooo florins.
Le général Lecourbe est arrivé le 1'' vendé-
miaire à .Augsbourg. — Les états de Hongrie se
sont assemblés , sous la présidence du comte
Palfi. On y a lu le lescrit de l'empereur, sur la
levée de la noblesse hongroise.
Paris , le i5 vendémiaire.
Suivant le procès-verbal de la cérémonie qui
a eu lieu, le i^' vendémiaire, à la place des
Victoires , le citoyen Decotte , directeur de la
monnaie des médailles , a présenté au premier
consul une boîte d'acajou , dans laquelle se
trouvaient renfermées :
1° Une plaque de bronze sur laquelle était
gravé le portrait du général Kleber, parChoffard ,
d'après le dessin de Guérin. Au revers de ceUe
plaque se trouve l'inscription suivante :
KLEBER,
MORT EN Afrique , le s5 prairial
AN 8,
APRÈS LA BATAILLE d'HeLIOPOLIS ,
qui reconquit
l'Egypte aux Français.
2° Une plaque sur laquelle était placée seu-
lement l'inscription suivante :
D E S A I X,
MORT EN Europe , le s5 prairial ,
AN 8 ,
APRÈS LA BATAILLE DE MaRENGO ,
qui reconquit
l'Italie aux Français.
3" Une grande plaque de bronze sur laquelle
était transcrit l'arrêté des consuls du 19 fructidor
an 8 , qui a ordonné qu'il fût élevé un monu-
ment aux généraux Desaix et Kleber. (Voyez le
Supplément au numéro 35o du Moniteur. , an S')
A la suite de l'arrêté :
EN EXÉCUTION DE CET ARRÊTÉ
LA PREMIERE PIERRE A ÉTÉ POSEE
PAR LE PREMIER CONSUL
BONAPARTE,
LE 1" VENDEMIAIRE AN Q ,
2' ANNÉE DU CONSULAT.
années dirige ces établissemens , de concert ' lucien Bonaparte , ministre de l'intérieur.
4° Une médaille en bronze , sur l'un des cotés
de laquelle on voit le portrait du consul , avec
cette légende :
BONAPARTE I'' consul de la république.
Exergue :
bataille de MARENGO , 25 et 26 PRAIRIAL AN 8.
Au revers :
le premier consul ,
commandant
l'armée de réserve
en personne ,
EnFANS, RAPPELEZ - vous QUE MON HABITUDE
EST DE COUCHER SUR LE CHAMP DE BATAILLE.
5°. Une autre médaille aussi en bronze , sur
l'une des faces de laquelle est le portrait du
général Desaix , avec cette légende :
L. Ch. Ant. Desaix , né a Ayat , en août 1768.
Exergue :
Bataille de Marengo , 25 prairial , an 8.
Au revers :
Le général Desaix est blessé a mort:
Allez dire au premier consul que /emporte le
regret de n'avoir pas fait assez pour vivre dans, la
postérité.
6°. Une médaille aussi en bronze , sur laquelle
est buriné le portrait de Kleber , et au revers est
écrit : Kleber.
Les divers objets contenus en cette boîte ayant
été vérifiés , elle a été renfermée dans une seconde
boîte de plomb , et scellée en présence des con-
suls et du public.
Le citoyen Orelli a présenté au premier consul
une glace d'un demi-pouce d'épaisseur, au haut
de laquelle se lisent le nom de Kleber et celui de
Desaix , inscrits chacun au milieu d'une couronne
civique.
Sur la même plaque est transcrit l'arrêté des
consuls, du 19 fructidor, sus énoncé; et à la
suite :
Le général Bonaparte , premier consul.
Cambacérès , second consul.
Lebrun , troisième consul.
L. Bonaparte étant ministre de l'intérieuR.-
Gravé sur verre par l'action de l'acide Jluorique ,
art naissant et employé en France vers la fin du.
18' siècle.
Le premier consul ayant agréé que cette plaque
fût placée sous la première pierre , elle a été , ainsi
que la boîte ci-dessus décrite , enfermée dans le
creux destiné à la recevoir , et le tout a été recou-
vert d'une pierre de taille, scellée sur le champ
en présence des consuls et du public.
— Les employés du ministère de l'intérieur se sont
réunis hier à la maison d'Orsay, rue de Varennes ,
et y ont célébré, dans un banquet fraternel , les
heureux préliminaires de la paix annoncés au
Temple de Mars par le ministre de l'intérieur ,
le l"' vendémiaire. Le motif consolant de cette
fêle disposait tous les esprits aux doux épancher
mens de l'amitié et de la |aîté ; et tous s'y sont
livrés avec cet abandon qui fait le charme des
grandes réunions , quand 1 ordie et la décence y
président également.
Plusieurs toasts ont été portés aux plus cher»
objets des désirs et des affections de tous les
français : à la république , à la paix , aux consuls ,
aux beaux- arts et aU ministre qui les protège ,
aux armées françaises , aux arts , au commerce et
à l'agriculture , a la bienfesance et à l'humanité ;
à la propagation des lumières , à l'expédition du
capitaine Baudin , aux vertus' républicaines, etc.
Ensuite plusieurs èhansons, composées par des
employés du ministère, ont été chantées. Les ar-
tistes Chéron et Dugazon assistaient à ce bariqueti
et ont concouru par leurs talens à son agrément'.
Ce dernier a improvisé plusieurs couplets marqués
au coin de la bonne et franche gaîté qu'on lui
connaît ; ils ont été couverts d'applaudissemens.'
On lit dans le Journal de Paris le para-
graphe suivant :
11 Pendant le séjour du premier consul à Mor-
foniaine , le citoyen Cambry , préfet du dépai-
58
lement tfe; l'Oise , Itfî a' Stêsêhïè des jn«dailï^s
d'or, q^i ont clé récèmiinèfit «couvées perdes
gens de la campagne dans son déparlement ; elles
étaient renfermées avec beaucoup d'autres dans
un coffret de terre, qui pouvait en contenir p\out
six cent mille francs. Elles sont parfaitemeni con-
servées ; elles sont de diverses époiiues: quel-
ques-unes datent des premiers |tem8 de l'empire
romain ; d'autres même sont du tems de la
république. — Le préfet dit au premier consul
qu'il était assez difficile de se procurer de ces
pièces , parce que ceux qui les avaient trouvées
avaient peur qu'on ne les inquiétât pour cette
trouvaille. Suivant les anciennes lois , ajouia-i-il ,
les trésors trouvés appartiennent au gouveine-
ment .^Aujourd'hui, répondit le premier
consul,le gouvernementne veut pas disputer contre
la bonne fortune d'un citoyen ; d'ailleurs , il faut
éviter que ces médaiiles , qui peuvent être des
înonumens précieux pour l'histoire , soient fop-
dues; faiies-en racheter tant que vous pourrez.,..
Les citoyens de Sedan , où Turenne nâqviit ,
ont voulu aussi lui rendre des honneurs; son
buste , ombragé de lauriers et de branches de
chêne , a été porté dans une prairie , et on a
lu des vers à sa mémoire. Le conseil municipal
a, par une délibération, demandé au gouver-
nement son epee et son armure ;
il a aussi sollicité
des secours pour un hospice , fondé pat Turenne
pendant sa jeunesse.
MINISTERE DE LINTÉRIEUR,
i5 wtndtmaire , an 9.
Le jury d'instruction publique du département
de l'Ain prévient les citoyens qui désireront con-
courir pour là place vacante de professeur de
législation de l'école centrale du même dépar-
tement , que l'examen des candidats aura lieu
à Bo'urg lès ir , 12 , i3 ei 14 bmmaife pro-
chain.
Les concurrens déposeront au secrétariat-gé-
néral de la préfecture les pièces nécessaiies pour
établir leur civisme , leur moralité et leur capa-
cité ; ils s'y feront égalemetH insciire pour l'exa-
men qu'ils doivent subir.
Le secritairt-géniTal de la préfecturt, Guillon.
ralfse par afcceuftaiion de bourgeoise à Copen-
hague V
Vu l'acte d'engagement dudit équipage , daté
de Copenhague le 14 novembre ,i;9.7 , et passé
en présence dudit Jens K-Hirli ;
'Vu la lettre de bourgeoisie accordée à John
Alcock , natif de Harwick en Angleterre , par les
président , bourguemestre et échevins de Copen-
hague, datée à l'hôtel-de-ville le 26 octobre 1795;
Vu un certificat d'enrôlement daris la'maiiue
royale , pour le capitaine John Alcock , daté de
Copenhague le sg octobre 1795, signé Schuttz;
Vu un ceriifitai du bureau des classes à Copen-
hague., du 24 octobre 1795 , relatif à l'examen
i#*rlt|''énHé* d|u CàfinJ^imûantct^oH vie. 3 mai
1-798 f'cHe- séjt)ur't[Tï'il' y a fait jusqu'iaii sg du
même mois ;
Vu la chaMe-partie conclue à TrenqflQbar,le i3
août 1798^, par laquelle John Alcock loue et af-
frète son navire en entier à Becker-Teerling, pour
compte desdits Deçonnink et compagnie , pour
un voyage à la Chine et retour en Europe, s'ea-
gageant à relâcher dans un port de la Manche ou
au Texel , pour y prendre les ordres ultérieurs
relarifs à la cargaison ;
Vu deux certificats délivrés par les membres du
gouvernement , des possessions de S. M. danoise
dans les Indes orientales, contenant la déclaralior»
assermentée des iiégocians danois Duntzteld Qt
qu il a subi pour obtenir d être enrôlé comnae ' compagnie , tendant à prouver la propriété neutre
CONSEIL UES PRISES.
Décision relative à la prise du navire leCaninholm,
annoncée dans le n°. d'hier.
Le conseil des prises , établi par l'arrêté des
consuls du 6 gciminal an 8, en venu de la
loi du s6 ventôse précédent, a rendu la déci-
sion suivante :
Entre John Alcock , capitaine du navire le
Caninholm , soiis pavillon danois , fesant pour les
propriétaires dudit navire et de la cargaison, d'une
part;
Et les citoyens Raîmo'nd Bonnet et compagnie ,
armateurs du corsaire le Scipion français , de Bor-
deaux , ensemble les capitaine , équipage et inté-
iessés dudit corsaire , d autre pan ;
Vu la lettre de jauge délivrée au navire le
'Caninholm par la chambre des finances et des
douanes de Copenhague le lo octobre 1797 ,
portant que ce navire , mesurant 274 last de com-
merce , et commandé par le capitainejohn Alcock,
appartient , suivant relation , à JMM. ûuntzfeld et
Compagnie , de ladite ville ;
Va l'acte passé à Copenhague le 10 octobre
1797, par lequel Deçonnink et compagnie , bour-
geois et négocians de ladite ville , déclarent avoir
vendu et cédé à Duntzfeld et compagnie ledit
lEiavire le Caninholm , pour la somme de soixante
«fiille rixdalers couratis danois ;
Vu le laissez -passer , vtilgairèment passeport
turc , délivré le 17 octobre 1797 par le conseil
royal d'éconoinie et dé commerce , au navire le
'Xaninhotm , destiné pour les Indes :
Vu un passeport en langue française , pour
John Alcock , capitaine du navire le Caninholm ,
.allant atix Indes, orientales , daté de Copenhague
4ê ,21 novembre 1797 , signé de par le roi ,
ÎC. Bernsdorff;
Vu le passeport royal danois , en langue latine ,
'daté au château de Dansborg le i3 août 1798,
lion signé par le roi , contre - signé P. Ânker ,
iLischtensUin el Muhldorf , ad mandaium, expédié
•en faveur du navire le Caninholm . destiné par les
-armateurs , du port de Trenquebar pour la Chine ,
et de là pour le Texel , sous k commandement
âde John Alcock ;
Vu la liste artêiée à Copenhague par l'aldernian
Jens 'Kliim , le 14 novembre 1757 , contenant les
noms , lieux de naissance et emplois des marins
■composant l'équipage du Caninholm , lesquels ,
■inscrits au nomtre de soixante-trois , sont tous
qualiiiés originaires des états danois , de l'Espagrie
ou de l'Amérique , étant dit pour le capitaine
dessus ;
Vu 11 s expéditions de sortie prises par le capi-
taine Alcock au bureau des douanes de Copen-
hague les i5 et 17 novembre 1797 , contenant
l'énuméralipn des diverses marchandises dont
était chaigé le Caninholm, pour Trenquebar et
Frederitk Nagôr dans les Indes ;
Vu les instructions remises à Copenhague, le
3i octobre 1797 , au capitaine Alcock, par Ditnlz-
feld et compagnie , propriétaires et expéditeurs
du Caninholm , dans lesquels il est ordonné audit
capitaine, aptes «voir vendu sa cargaison dans tes
Indes , dw employer le produit à l'achat d'une car-
gaison de retour en sucres et autres marchandises de
défaite ;
Vu les instructions datées de Copenhague , le
25 novembre 1797 , données par Deçonnink et
compagnie à M. Becker Teerling , chargé par eux
de diriger une expédition de Trenquebar pour
la Chiné par le Caninholm, dans lesquelles il est
dit, art. 1", que la sortie de ce navire pour
Trenquebar ne les concernant pas , excepté que le
capitaine Alcock s'est engagé de relâcher à Ports-
mouthpour y charger quarante-six' caisses de piastres
qu'ils y ont fait transporter de Hambourg pour leur
compte , et qu'il doit délivrer à leur ordre à Tren-
quebar , franches de fret, ledit Becker-Teerling ne
commencera ses fonctions qu'à Trenquebar, dont il
fera le voyage comme passager ; art. VI, queBecker-
Teerhng disposera des piastres et marchandises
qui pourraient se trouver à bord pour leur
compte, au mieux possible , pour acheter, du
produit , une cargaison de retour ; art. VIII , que
s'il manque à cet égard des fonds suffisans , il
pourra tirer sur eux , les traites devant être de
préférence payables à Copenhague, et, si cela ne
se peut, a Londres; article XII, que Becker-
Teerling tâchera d'obtenir l'usage de la factorerie
danoise ; et que s'il se trouve à la Chine des subré-
carguis danois , ce qu'ils ne croient pas , il ne
néa'igera rien pour vivre avec eux «» bonne intel-
ligence; art. XVI. que Becker-Teerling emploira
la valeur d'un millier déçus , plus ou moins , à
l'achat de quelques belles étoffes de bon goût ou de
quelque autre curiosité, qu'ils puissent présenter à
cinq ou six individus de la famille royale ; art. XVU ,
que le retour de celle expédition ne pouvant se
faire dans aucun port des étals du roi , à cause
du privilège exclusif de la compagnie , le vaisseau
devra relâcher au Texel ou au Vlie , oii il sera
du navire le Caninholm et de s^ cargaison, desti-
nés pour la Chine , et de là pour le Texel ;
Vu l'acquit de la douane de Trenquebar pour
ladite cargaison du i3 août J7gS;
Vuun connaissement général en langue anglaise,
non. sigi>é, des marchandises chargées pair Jeau
Becker-Teerling , subrécargue dudit navire , pour
le compte d'André-Gabriel Suberlius , négociaiit
de Calmar , en date du 7 janvier I7gg , à Canton
en Chine , lesdiles marchandises devant être te-
nues à la disposition de MM. Deconnijik el com-
pagnie, dont les ordres seront trouvés prêis dan»
un port du Canal britannique OU ati Texel ;
Vu le manifeste de ladite cargaison , laquelle
consistait en thé , rhubarbe , racines de la Chine;
idem gallinga, bambous et nankins, énonçant
le même pour-compte , lé même ordre , et signç
par Becker-Teerling , sous la même date que Iç
connaissement ;
Vu le procès-verbal dressé en mer , le 7 prairial
an 7 , par les officiers - majors et mariniers du
corsaire le Scipion français , de Bordeaux , capiT
taine Arnaud Martin , ponant qu'étant par les 48°
40' de latit. nord et 18° de longit. ouest , méri-
dien de Paris , ledit corsaire appetcut un navirç
à trois mâts auquel il appuya chasse ; que ce na-
vire ayant arboré pavillon danois , n'en avait pas
moins fui à toutes voiles; que cependant, malgré
ses manœuvres pour éviter d'être approché , il
fut atteint le lendemain , semonce sous pavillon
national , et forcé de mettre en panne ; qu'un
officier de ce navire déclara qu'il s'appellait /(
Caninholm , de Copenhague, armé de 78 homme»
d'équipage , tant danois qu'anglais et portugais ,
venant de Canton en Chine , el allant au Texel ,
chargé en grande pattie de thé ; qu'il résulta de
l'examen des papiers que cet officier présenta ,
qu'il n'était porteur d'aucun acte de propriété ni
connaissement , et que l'état de chargement était
écrit en anglais ; que les deux lieutenans dp cor-
saire s'étant transportés sur ledit bâtiment ppuc
en faire la visite, le trouvèrent paré au combat,
les canons chargés et amorcés , et dans le plu»
grand état de défense ; qu'il résulta du rapport
de ces officiers , que ce navire était de construc-
tion ennemie; qu'ils surent par divers hommes
de l'équipage , qu'il se nommait , deux ou
trois ans auparavant , le Rodney , de Londres , et
que le capitaine , le second , un autre officier et
trouvé des ordres positifs pour la destination j partie de l'équipage étaient, anglais de nation] ;
définitive : lesdites instructions suivies d'une apos-
tille dudit Becker-Teerling . datée de Londres le 10
janvier 1798, portant qu'une des copies du présent
acte , signée le 7 décembre 1797 , et l'autre le ^jan-
vier 1798 , et scellée en présence de MM. W.J. Rackes
et compagnie , a été ensuite à eux remise par MM.
Deçonnink et compagnie , à Copenhague ;
Vu une lettre écrite de Londres , le 5 janvier
1798, par le capitaine Alcock, à l'adresse de
Georges Skeene , officier à bord du Caninholm ,
àPortsroouth, par laquelle il lui annonce qui/
sera à Portsmouth le jeudi ou vendredi suivant, et
que le trésor sera rendu environ dans ce iems-là ,
ainsi qu'une quantité considérable de bagages de
passagers , comptant mettre à la voile le i3 ou
le 14;
Vu une autre lettre , du 9 janvier , adressée de
Londres audit Georges Skeene , dans laquelle ie
capitaine Alcock annonce en termes précis que
le trésor part d'ici ce matin, et qu'il se propose de
quitter la ville jeudi ;
Vu deux lettres signées D. Gordon , datées de
Londres les 20 juillet et 12 octobre 1797 , à
l'adresSe de Georges Skeene , dans lesquelles on
lui donne des nouvelles de sa famille , de son
qu en conséquence , ledit navire fut amariné et
confié au lieutenant Dardenne, avec ordre de
le conduire dans un port français ou aUié ;
Vu une déclaration dudit lieutenant et autres
officiers conducteurs de ladite piise , portant que,
le 16 prairial an 7 , étant mouillés en rade du
Vcrdon , rivière de la Garonne , ils découvrirent
sur le Caninholm un pavillon anglais , ainsi que
sa flatnme , et eurent occasion de se convaincre
que c'était un ennemi , masqué sous pavilloi»
danois ;
Vu la déclaraliGn d'arrivée , faite le si prairial ,
par ledit citoyen Dardenne , chef de pri«e , devant
le juge de paix du canton de Saint-Ciers-de-
Canesse , et conforme , dans tous ses détails ,. au
procès-verbal de capture ;
Vu l'interrogatoire subi le 22 prairial par le
capitaine du navire capturé , dont les réponses
portent en substance , qu'il s'appelle jfofoj Alcock,
âgé de 42 ans , né à Harwick en Angleterre ; qu'il
a résidé tantôt. à Londres, tantôt à Copenhague
ou aux Indes - orientales ; que , parti de Copen-
hague, il est allé à Portsmouth en Angleterre,
où il a pris de l'argent ; qu'après son départ de
Portsmouth , il a touché au Gap - de - Bonne-
pere, de sa sueur , de ses amis d'Ecosse , et des- i Espérance pour y déposer quelques marchandises
■ ■• " en balles et en futailles , dont il ignorait le con-
tenu ; qu'il avait reçu ses expéditions à Copen-
hague ; qu'il a fait son retour en Europe , de
Canton en Chine , avec un chargement consistant
principalement en thé ; qu'il croit que son navire
a été construit en Angleterre , et que c'est un
ancien bâtiment de la compagnie des Indes ,
nommé le Rodney ; qu'il est à bord du Caninholm
depuis le mois de juillet 1797 ; que ses armateurs
sont MM. Duntzfeld et compagnie, de Copen-
qnelles il résulte la preuve quç ledit Georges
Skeene est anglais ;
Vu une lettre trouvée à bord du Caninholm ,
datée de la Chine le 4 janvier J799 , adressée à
M™'Waltson, à Londres ,par son mari qui dit lui
donner de ses nouvelles par M. Chreigton , du
navire le Rodruy ;
Vu une lettre de protection de raraiTaulé d'An-
gleterre , datée du i3 juin 1797 , que le capitaine
Alcock a reconnu, dans le cours^de la procédure j hague ; qu'il n'a pris à Portsmouth que des piasr
faite par le juge de paix, appartenir à James j ,^55. q^'ii ^y^jt | bord un pavillon danois , e{
Chreigton, son charpentier; peut-être aussi un pavillon anglais ; que le navire
Vu une expédiiion de la douane anglaise de a dix canons en baiterie, avec quinze ou vingt
John Alcock , qu'il est né en Angleterre , et natu- Simonstown au Cap de Bonne-Espérance , cori»^ barils de poudre et des boulets en proportion j
•5^
ttUe sa rcKime est^ depuis sondcpaft, dans le
nord de TAngleteire -, qu'il cioit que son second
est natif d'Ecosse, se lélérant pour I origine des
autres à son rôle d'équipage; qu'il a embarque les
indiens qui se trouvent à son bx)rd , sur la cote
de- Coromandel; que lui-même a. conduit son
navire à Copenhaguie , lorsqu'il porian ericote le
nom de KoMt); qu'ilaut patti a Cet «ftet de Lon-
dres , sous pavillon anglais , en juilkt 1797 , il
arriva à Copenhague en septembre , ou le navire
fut vendu; que c'était à la demande de MM.
Duntzfeld el compagnie qu il prit ce navke, qui
appartenait alors à' M. Hunter, -négocciant à Lon-
dres • que toflt soncbargeraeni dereioiur a eie pris
à Canton , en Chine , par le subrécargua Bulm-
Teerling, hollandais ; qii'i! estreyenu en droiture,
sans être arrêté ailleurs qu'à l'îlç dy Nord,,daris
le détroit de Sunda, pour faire de l'eau ; que s il
se mit en état de combat au moment de la chasse,
c'ç9t qu'il n.'ava.it pasapperçu le pavillon français.
Vu l'interrogatoire subi le même jour par ledit
Befker-Teerling , lequel s'est dit natif de Fles-
Mogue , domicilié à Amsterdam , et a répondu
qu'il s'était embarqué à Portsmoudi ,&ur le navire
l( CanivJioltn , ,pour aller à 'Tr.enqttebsr ; qq'd
connaît que MM- Deconninl!. çt compagnie , de
Copenhague, ont chargé à bo.rd q'uaxante - six
caisses de piastres , envoyées par eux de Harp-
bourg en Angleterre pour leur compte ; qu'il
ignore le motif de la relâche au Cap-de-Bonne-
Espérance , croyant cependant que celait pour
lafaaîchir et laisser un passager ; que le charge-
ment de retour était pour compte de M. André-
Gabriel Surbehus , négociant d? Calmar- , en
Suéde , à la consignation de MM. de Cpnnincîf:
et cojppagnie , de Copenhague , pour eptrer
dans un des porls de la Manche ou du Tçxel ,
où il devait ttQviv^r des ordres ; qu'il n'a tait çop-
naissance avec le capitaine Alcock qu à son ar-
rivée à Pottsmi^iuih , et ignore son origine ;
Vu l'interrogatoire du capitaine en second du
Cnninholm , lequel ? lépondu s'appeler Georges
Skeene , né à Edimbourg en Ecosse ; ayant été
élevé dans le nord de lEcosse , sans domicile
fixe, ayant sa famille établie à Aberdeen en
Ecosse ; qu'après -avoir navigué iong-tems sous
pavillon anglais , et commandé en dernier lieu
un brik anglais dans l'Inde , il s'est embarqué
à Copenhague en septembre 1797 , sur le navire
le Canitihotm i que de là il alla à Portsmouth ,
où l'on prit de l'argent , ensuite au Cap de
Bonnt-Espérance , où l'on mit à terre des h»-
gages de passagers ; qu'en 17961 Ini répondant
fut pris sous pavillon anglais , et conduit à
l'Isle-de-Françej enfin, quil cioit que le Caninholm
a été construit en Angleterre ;
Vu l'interrogatoire subi par plusieurs hommes
de 1 équipage ,- qui ont répondu en substance :
L'un qu'il s'appelait Dominique Dimanche ,
nègre libre , nalif de Pondîchéry , y demeurant
habituellement, s'élant embarqué à Madras en
qualité de matelot , pour aller ea Chine.;
L'autre, qu'il s'appelait James Chreiglon ,
natif de New-York, embarqué à Londres au
mois d'octobre 1796 , lorsque le navire portait
eucore le nom de Rodnei/ , appartenait à Hunter
çt compagnie , de Londres , et était commandé
par le capitaine Maitland , sous pavillon anglais ;
que ce bâtiment conserva le même pavillon à
Copenhague pendant cjnq à six jours ; que
quaranle-cinq caisses d'argent furent chargées à
son bord pendant la relâche de Ponsmoulh ;
que lorsqu'il est parti , le capitaine A'cock ré-
sidait en Angleterre , et que sa femme et lui
ont leur domicile habituel dans le iiord de ce
ifoyauhne ;
Le troisième , nommé Peter Diedtichtsen ,'natif
d'Aabenrac en Hostinde, ayant la qualiié de lieu-
tenant , qu'il avait été pris dix passiagea à Pons-
moulh , qui furent débarqués' à Pkladras et à
Trenquebar, et lionl la majeure partie étaient
anglais ;
Le quatrième , qtr'il s'appelait Georges An-
thony , de New-York , résidant en Angleterre
depuis 1 âge de quatre ans , second lieutenant ;
que le Caninholm , après sa relâche au Cap de
Bonne Espérance., glia à Trenquebar, à Mad'ïs,
revint à Trenquebar , de là à Pulo -Pcnangi,
dans le détroit de Malaca , se rendit à Malaca
et ensuite à Canion ; et qu'à son retour en Eu-
rope , il ne toucha qu'à 1 île du Nord pour y
faire de l'eau ;
Le cinquième, nommé Frédéric Nagel , de
Copenhague , quatrième officier, que le capitaine
Alcock parlait anglais , et qu'il -ue la jamais
entendu parler danois ;
Le sixième, qu'il s'appelait John Kelly, natif
d'Angleterre , ayant sa lésidcnce habiiuelie à
Londres , s'élant embarqué sur le Caninholm en
qualité d'aspirant-,
Le septième , qu il s'appelait Alexandre Melltn ,
naiil de New-Yoïk , domicilié depuis huit ans
à Londres , s'élant embarqué dans la Tamise
sur le Caninholm en cjualité de maîire-d'hôlel ,
le «7 juillet 1797 ,, lorsque le navire appartenait
â MM. Hunict et Walker de Londies, etpot-
Jatt le nom dé Rodney; qu'en entrant à Pulo-
Penang , île appanenant à la compagnie an-
glaise des Indes , qui y entretient une forte
garnison , on liissa le pavillon anglais , et qu'on
le salua ;
Et le Viuilieme , qu'il se nommait James Brown^
matelot, natif de 'Waierfbrd en Irlande, y
résidant habituellement , s'étant e.mbarqué à
Londres sur le Caninholm , alors connu sous le
nom de Roiney ; ' '
Vu les procès-verbaux d'opposition de scellés ,
de levée et réapposition d'iceux , et d'inventaire
des papiers de la prise, des 21 prairial, 25 et
26 messidor an 7 ;
Vu Iç jugement rendu le 27 fructidor an 7 ,
pa,r le tribunal de commerce séant à Blaye , dé-
parteçneat de la Gironde , lequel considérant
principalement que les danois doivent être régis , ]
cqmme les autres neutres, par les disposiiions j
des réglçmens et notamment de celui de -1778:
qy'il est prouvé par les inteirogaioires, que U'
Caninholm a originairement fait pariie des vais- 1
seaux de la compagnie anglaise des Lidcs , sous
le nç>ni de Rodney , et quil apparteniit à MM.!
Hunter et 'Walker , négocians de Lo.ndies; que |
la vente de ce nav.i-re , co.ns.e-nlje le 10 -oclobre ,
•797 , pat Deconnink et compagnie à Dun'zluld
et compagnie , le désigne sous le nom de Canin- ■
Ao/ra ; que celle vente a eu lieu sous signaiure [
privée , ce qui est contraire à l'ariiele VII du rè-
glement de 1778 , et que d'ailleurs elle esl pos- \
térieure au commencement des ho.stililés , qu au- 1
cuoe pièce ne jusiifie que Deconnink ei compa-
gnie aient acheté ce navire , ni que les pro- ',
p.riétaires anglais leur aient donpé aucun pou- 1
voir pour le vendre en leur nom ; que John
Alcocjs. est convenu de son origine anglaise,'
et que ses lettres de bouigeoisie de Copenha-:
gue , en Içs regardant co.mme des ielires de j
iiaiu,ralisalion , sont nulles, 1°. parce, qu'étant
datées du 26 octobre 1795, elles sont posté-!
rieures .iux ho.sliliiés, 2°. parce que John Alcock'
est ensuite retourné en Angleterre, où il a.]
commandé en 1797, ledit navire , sous pavillon .
anglais ; qu'il s'est trouvé à bord du Caninholm',
au "moment de la prise , plusieurs oiliciers
majors d'un pays ennemi ; savoir , le ca- ]
pitaine John Alcock, Georges Skeene, second
capitaine . Georges Anthony, lieutenant, et
Georges Kelly, aspirant, lequel n'est pas même
porté sur le rôle d'équipage; que U Caninholm
est parti de Trenquebar pour entreprendre le
voyage dans le cours duquel il a été arrêté ;
que c'est à Trenquebar que son passeport danois
lui a été délivré , et que cependant il n'est
représenié aucun rôle déquipage arrêté à Tren-
quebar, lieu du départ; qu'il ne se trouve qu'un
connaissement général non signé , auquel les
réglemens défendent d'avoir égard ; que de tous
les faits ci-dessus, il résuite que la propiiété neutre
du navire et du chargement n'a pas éié légalement
justifiée ; déclare de bonne prise ledii navire
U Caninholm et tout son chargement, et fait
main-levée du tout aux armaieurs . équipage et
intéressés du corsaire le Scipiûn Français , de
Bordeaux, pour en faire et disposer co.-nme
de chose à eux appartenante , en se conformant
aux lois.
Vu le jugement rendu le 18 vendemiaiie an 8 ,
surl'appel interjeté parledit capiiainejohn /\lcock
par letribunal civil audépariement delà Gironde,
et confirmalif des disposilions de confiscation
porlées dans le jugement ci-dessus contre le
Caninholm et son chargement ;
Vu la requête adressée par le capitaine John
Alcock au tribunal de cassation , le 29 brumaire
an 8 , à l'effet de faire casser et annuler le juge-
ment ci-dessi^s du tribunal civil de la Gironde ,
du 18 vendémiaire an 8;
Vu le mémoire présenté au conseil le i'^ prai-
rial an 8 , par les armateurs du corsaire le Sçipion
Français , lesquels se sont altachés à prouver
d'aboid que, de l'aveu même des capturés , le
navire le Caninholm étaÀl de construction anglaise,
et qu'il avait appartenu à des anglais jusque vers
la fin de 1797, sous le nom de Rpdney ; que
pour être réputé neutre , la vente aurait dû en
être faite avant le commencement des hostilités;
que cependant il n'existait point d'acte de trans-
lation de propriété de l'ennemi au sujet neutre
ou allié; que la seule translation opposée par
Alcock était de danois à danois ; que d'ailleurs
cette translation était du mois d'octobre 1797,
par conséquent bien postérieure au commence-
ment de la guerre; et qu ainsi le Caninholm n'avait
point perdu sa qualité ennemie , d'après les
dispositions du règlement de 1778 ; secondement,
que le capitaine de ce navire étant anglais, de
son propre aveu , il ne pouvait couvrir le vice de
son origine par la lettre de bourgeoisie à lui dé-
livrée à Copenhague le 26 oclobre 1795 , 1°. parce
que cette date était postérieure au commencement
des hoslilités;2''.parceqi!e depuis, iléîaitretourné
en Angleterre, et yavau commandé sous pavillon
anglais ; en troisième lieu , que Betker-Tecriing ,
subrécargue , n'avait pas justifié n être pas anglais ,
et qu'il était prouvé qu il s élan ernbarqué à Ports-
rnoulh et qu il avait signé à Londres ses instruc-
tions,; que Georges Skvcne, capitaine en second.,
Georges Anthony et John Kelly, officiers , étaient
également anglais , de leur propre aveu ; en rjua-
trieme lieu , que le chargement était le produit de
quarante- six caisses et six barils de piastres qui ,
envoyés de Londres , avaient été chargés à Ports-
mouth; qu'indépendamment des justes soupçoris
que pouvaien liai renaître sur les véritables proprié-
tairesdc cespiasires, les dépositionscontradictoire»
faites à ce sujet , des pièces authentiques , deux
lettres du capii. trouvées à bord et annexées à la pro-
cédure, constataient que ces piastre» étaitnipailies
deLondresà ladesiination dePorismouth,le9Janv.
1798; 5° que le capitaine Alcock, ayant un
passeport pour aller de Trenquebar à la Chine
et de là au Texel , était contrevenu à ce passe-
port en relâcharii successivement à Mfidras, Pulo-
Penang , Ma.laca , possessions anglaises -, et que
le rôle d'équipage , ariêté à Copenhague , aurait,
dû l'être à Trenquebar , lieu du dépait pour le
voyage de la Chine et du Texel, lieu où fut
dressée la charte-pariie d'afFrétemerit entre Alcock
et Beckcr-Teerliiig , où le passejjoit fut expédié ,
où te n,ivire reçut enfin des nouve-j.ux nffiél.euts
une destinaiion nouvelle ; sixièmement , ijue le
seul connaissement produit était en langue an-
glaise , sans signature , ei par conséquent nul ;
que le manifeste ne contenait qu'une partie du
chargement ; et que le nom de Surberlius ,
suédois , pour le compte de qui les marchan-
dises étaient supposées , n'étant qu'un nom em-
prunté , aucun tare légal ne constatait la pro-
priété neuire ; qu'ainsi le navire , le capitaine , le
subrécargue , pliisieurs officiers majors , ét-int
anglais , la cargaison éingl.iise , le passeport et le
rôle d'équipage nuls , le connaissement sans signa-
ture et ie manifeste supposé , tous ces molils
validaient assez la capture , et devaient nécessai-
rement entraîner la confiscation dudit navire et
de son chargement , à laquelle lesdits armateurs
ont conclu ; ' ,
Vi^ le mémoire présenté., le 14 prairial an 8 ,
par le capiiainejohn Alcock, qui a principale-
ment puisé ses moyens de défense dins le traité
de navigation et de commerce conclu ie 23 août.,
1742 entre la France et le Danemarck, et niainienu_
indéfiniment par convention du 3o octobre 1749-,
L'article XX de ce tiaiié , a-t-il dit , porte que les'
danois oeuvent naviguer librement ei sarss trouble
comme avant la guerre , le seul accès des pons
bloqués leur étant interdit. L'art. XXI leur im-
pose l'obligation de montrer-aux bâtimen.s visi-
teurs un passeport indicatif de leur charge et
deslination ; après la repiésenlalion de ce passe-
port , on ne peut les soumettre à la visite , ni
relarder leur marche. L'ait. XXII leur défend de
porter à l'enne-mi des munitions de guerre :. or ,
le navire le Caninholm n'a enfreint aucune de ces
dispositions. Le règlement de 1778 ne peut régir
les n.ivires danois ; ils ne sont tenus tjue de se
conformer aux cl.'.uses du iraiiè de 1742 : ce traité
n'exige pas les mêmes formalités que le règlement^-;,
elles ont donc pu être omises par U Caninholrà"!
sans lui préjudicisr.
Or il est vrai que ce navire est de coiisiruciionj
anglaise, a été acheté des anglais depuis les hos-t
tiliiés ; niais par le traité de 1742,, ce ne sont
pas là des causes de cpnfjscaiion pour une pio-.
priété danoise : il est vrai que plusieurs officiers
majors sonl nés en Angleterre ; mais le traité de
1742 ne permet pas que le sort d'un navire danois
soit compromis par l'origine de ses officiers : il
est vrai que le Caninholm a relâché dans plusieurs
ports anglais ; mais le traité de 1742 ne lui interdit
que l'accès des pQits assiégés. En vain dirail-on
que ce iraité ne subsiste plus , qu'un arrêté du
directoire la abrogé ; le directoire n'a pu l'ab-
roger sans le concours de la puissance danoise ^
et par la convention de 1749, •' "^'oit subsister,
jusqu'à ce quil en ait été conclu un nouveau. D'uB
autre côié , il a suffi , que le rôle d équipage ait
été ariêié à Copenhague , lieu du départ pour les
Indes; les lettres de bouigeoisie de Copenhague
suffisent pour eftacer dans Alcock la tache de son
origine ; le manifeste est en règle , et il suffit
qu'une pièce de bord just'i^fie la propriété neutie:;
de tout quoi ledit John Alcock a conclu à ce
qu'il piai'je au conseil . sans s'airrêier aux juge-
meas rendus , déclarer la prise du Caninholm''
nulle et illégale ; faire main-levée audit Alcock"..'
tant en son nom que pour les armateurs ei fré-
teurs dudit navire et de sa cargaison; ordonner
qu'aux frais c|es arnaateurs Bpnnciet compagnie,
le Cani^ihçlm spra remis . quant à son chargement,
dans le même état où il était le 7 prairial an
7 , le tout exempi d'avaries et de détérioration .;;
condamner lesdiis armateurs à tels dommages et
intérêts qu'il plaira au conseil arbitrer , résultant
principalement du déchargement prématuré , de
l'indue rétention et des dépenses de tout genre
qui ont été la suite d une arreslation illégale. '
Vu les conclusions du commissaire dut govp
verneraent , déposées cejourd hui par écrit 'et
dont la teneur suii. ( Ce sont celles inrerées dans
le. u° d'hier. )
Ou'i le rapport du cit. Dufaut , membre du
conseil ; tout vu et considéré ,
Le conseil décide que la prise failc par lecor-
Siiire français leSciJiivn Fram^ais , du navire , sous
^«A
6d
pavillon danois , leCaninholm, esl bonne elva-
kble ; en conséquence , adjuge au profit des
armateurs et équipage dudii corsaire , tant ledit
navire, ses agrès , ustensiles , apparaux, circons-
tances et dépendances , que toutes les marchan-
dises et effets composant sa cargaison , pour le
fout être vendu aux formes et de la manière
prescrites par les lois et réglemens sur le fait des
prises, et le produit net remis auxdiis armateurs
et équipage , prélèvement fait des droits attribués ,
en laveur des invalides de la marine et des marins
français prisonniers chez l'ennemi , par les lois
des 9 messidor an 3 et 3 brumaire an 4, et par
l'arrêté des consuls du 7 fructidor an 8 ;
A quoi faire tous gardiens, séquestres et dépo-
sitaires seront contraints par toutes voies dues et
raisonnables , même par corps ; quoi fesant , ils
en seront bien et valablement quittes et déchargés.
Fait le 9 fructidor , an 8 de la république fran-
çaise , une et indivisible. Présens les citoyens
Berlier , présidait ; Nioo . iVIoREAU , Lacoste ,
MoNTiGNY-MoNPLAisrfi , Parseval-Grandmai-
soN et DuFAUT, tous membrtsdu conseil des prises ,.
séant à Paris , maison de l'Oratoire.
Au NOM DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, il CSt
ordonné à tous huissiers sur ce requis , de mettre la
présente décision à exécution ; à tous comman-
dans et officiers de la force publique, de prêter
main-forte lorsqu'ils en seront légalement requis ;
et aux commissaires du gouvernement près les
tribunaux , d'y tenir la main.
En foi de quoi ladite décision a été signée par le
président du conseil cl par le rapporteur.
Par le conseil :
Lt secrétaiTe-généTal , signé Calmelet.
Alexandre Lenoir , administrateur du Musée des
. monumens français , au citoyen Agasse , proprié-
taire du Moniteur.
Citoyen , le tombeau de François I" que j'ai
retiré de l'abbaye de Saint-Denis , etquejai fait
restaurer dans le musée que je dirige, attire de-
puis deux siècles les regards des artistes et des
amateurs. Ce beau monument , construit à l'é-
poque de la renaissance des ans en France , est
resté jusqu'à nos jours sans nom d'auteur, et a
été , je ne sais par quelle raison , attribué à des
ardstes étrangers. ]
Occupé des recherches qui peuvent servir à
l'histoire des arts , relativement à la France, j'ai
pensé qu'il était imponant de découvrir les \eii-
tables auteurs du monument qui fui érigé en l552
à celui qui a rendu les plus grands services auxaris
et aux sciences. Après' avoir cherché en vain dans
rhisioire à quelles mains nous devions les figures
iiiainitiques et les bas-rcliets admirables qui com-
posent l'ensemble de celte chambresépulchrale,j'ai
eu recours aux auhi\es delà chambre des comp-
tes. Le-conscrvaieuf de ce dépôt précieux , aussi
instruit qu'il esi ami des ans , a bien voulu faire
pour moi la recherche des mémoires qui ont été
tournis à cette époque , et j'ai reconnu , grâce à
Ses soins , que le superbe monument de Fran-
çois!" n'est point de la composition de Primatice,
comme l'avancent la plupart des auteurs qui ont
écrit sur les monumens publics , mais qu'il est
de Philibert de l'Orme , et que c'est cet artiste célè-
bre qui en a dirigé tout le travail ; et que les
sculptures des statues et des bas-reiiefs attri-
bués à des artistes italiens , étaient de Pierre Bon-
temps de Paris et de Germain Pilon aussi français.
Comme cette découverte doit intéresser non-seu-
lement les artistes, mais encore les amis des arts ,
je vous pried'insérer cettenoiedansvotrejournal,
ainsi que les pièces justificatives que je joins à
l'appui de ce que je viens d'avancer.
Extrait des registres de la chambre des comptes , con-
cernant les sépultures faites en l'église de Saint-
Denis , pajiées pour la construction de la sépul-
ture du feu Toy François , dernitr décédé.
Sculpteurs ( i ).
Pierre Bontemrs, maître sculpteur, bour-
geois de Paris , confesse avoir fait marché et
( > J'"' P'Mé qu'il était inutile de lapponer ici les pièces
précédentes qui contiennent les comptes entre PliiUbert de
l'Orme et Jacques Cbantrel, Bastien Galles, Pierre Blgoigne
Jean de Bourges , et Ambroise Perret , tous sculpteurs^'
ornemanistes , employés à la décoration du tombeau de Fran-
çois 1er , et que les artistes qu'il importait le plus de con-
naître, étaient ceux qui. avaient exécuté les statues elles
bas-reliefs.
convenant à M. Philibert de l'Orme , abbé
d Yvry , conseiller ordinaire , architecte du roy ,
commissaire ordonné , et député par ledit sieur
sur le fait de Veffigieel tombeau du feu roy Fran-
çois , que Dieu absolve, à ce présent, de faire
et parfaire , bien et duement comme il appar-
tient au dit d'ouvriers et gens connaissans les
ouvrages de basse taille qu'il convient taire en
pierre de marbre blanc au stylobaslre , entre la
corniche et basse d icelle , autant que contient
une face de la moitié de la sépulture dudit feu
roy François , pour élever et ériger les hisioères
de defTaile de la journée de Cerisaies , selon
la tape de l'histoère des annales et chroniques
de France , ladite partie faisant le reste du pour-
tour de ladite face et en suivant le conveneraent
jà par lui fait de ladite sépulture et tombeau
auquel reste dudit pourtour et face seront faits ,
sculptés en tailles, et élevez lesdiies histoères en
basse taille de i3 pouces de hauteur, selon la
longeur de ladite tare et entre les deux moulures
d'icelle , sur un pouce de relief ou environ rem-
plir et garnir de chevalerie , gens de pied, artil-
lerie, enseignes , estandards , trompettes , clérons,
tambours , fifres , munitions , camps , pavillons ,
bagages, villes, châteaux et aulres choses apro-
chans et suivant la vérité hisioriale de ladite
chronique, et pour ce faire, fournir et livrer par
ledit Pierre Bontems les modèles de terre de la
proportion des personnages décrits et portraits ,
sous la conduite de tels qu'il plai.a ordonner
par ledit Philibert de 1 Orme ; faire les profils
qu'il appartiendra ; faire la taille tant du camp de
de ladite face que desdites histoères ; parachever
de blanchir et polir, requérir et fournir tous
outils et généralement toutes choses à ce néces-
saires pour le regard des ouvriers seulement; et
outre ce sera tenu de faire deux prians par
messieurs les feus dauphin et duc d'Orléans ,
enfans dudit feu roi , en la sorte qu'ils ont été
arrêtés par le modèle ; ce marché fait moyennant
le prix et somme de lôSg liv. qui lui sera payée
par le présent trésorier. Fait et passé et multiple
l'an i552 , le jeudi 6 d'octobre. Ainsi signé ,
Payen et rRouvÉ.
Autre:
A M. Pierre Bontems , sculpteur , la somme de
60 liv. pour faire parfaire en marbre , tant les
figures de madame la régente , que celles de feus
messieurs \e dauphin ti d'Orléans-, pour mettre à
la sépulture du feu roy François.
Autre :
Germain Pilon , sculpteur , demeurant à Paris,
confesse avoir fait marché et convenant noble
personne M_''=,> Philibert de l'Orme, abbé d'Yvri ,
conseiller , aumosnier ordinaire et architecte du
roy , commissaire dépuié sur le fait de ses bâti-
raens et de la sépulture du feu roy François , que
Dieu absolve, de faire et parfaire bien et due-
ment pour le roy au dit d'ouvrieis et gens à ce
connaissans huit figures de fortune en bosse ronde
sur marbre blane (ij , pour appliquer à la sépul-
ture et tombeau du feu roy , chacune desdites
figures de trois pieds de hauteur ou environ ,
accompagnées ou armées selon leur ordre , ainsi
qu'il sera avisé et ordonné par ledit sieur Phili-
bert de l'Orme , suivant l'ordonnance et com-
mencement dudit tombeau, et ainsi qu'il sera
avisé pour le mieux , et pour ce faire a promis,
sera tenu , promet et gage ledit Pilon quérir,
fournir et livrer à ses propres cousts et despens ,
peine d'ouvriers et d'aydes , outils de toutes au-
tres choses à ce nécessaires , fors et excepté le
marbre qu'il conviendra , qui lui sera fourni et
livré aux despens du roy , au lieu oîi il fera
lesdits ouvrages , lesquels ouvrages il sera tenu
rendre faits et parfaits et polis et bien duement
ainsi qu'il apartient,le marché fait moyennant
le prix et somme de 1,100 liv. que pour lesd. ou-
vrages , de taille et sculpture desdites huit figures
en sera baillée et payée audit Pilon , par le
trésorier desdits bâtimens et sépulture, ainsi que
ledit Pilon fera fesdits ouvrages , lesquels il sera
tenu faire et parfaire et polir bien et duement
au dit d'ouvriers et gens à ce connaissans, comme
dit est, le plustôt que faire se pourra; car ainsi
et promettant et obligeant ledit Pilon, comme
pour les propres besoignes et affaires du roy,
renonçant. Fait et passé et multiple , le vendredi
10 février i558. Ainsi signé: Delaville et Payen.
I Autre :
A CathcrineBourienne , veuve de feu Ambroise
Perret , la somme de 210 liv. à elle ordonnée par
le roy, pour plusieurs ouvrages de marbre pour,
la sépulture du feu roy François 1" ,'isuivant le
marché qu'il en avait fait au défunt M. Philibert
de 1 Orme , abbé d'Yvry, commis sur ce fait des
bâtimens du roy , pour avoir taillé quatre figures
de basse taille estant es costez des deux grandes,
arcades de ladite sépulture (i) , outre les choses
qu'il estait tenu de faire par ledit marché. . ,
Pour copie conforme , Lenoir. •
N- B. Je ferai imprimer dans mon ouvrage sur
lès Monumens français , la suite des marchés ,
devis et mémoires qui otit été fournis pour l'exé-.
cuiion des principaux monumens c^u 16° siècle ,,
que j'ai recueillis.
CONSERVATOIRE DE M U S I Q_U E.
I" A r l S.
Un jury nommé par le ministre de l'intérieur,'
procédera par la voie du concours , aux termes
du règlement du conservatoire , à la nomination
d'un professeur de Piano , dont la place est
vacante dans le conservatoire de musique.
\,e concours sera public , et aura lieu dans les
salles du conservatoire , le 13 brumaire an 9 ,
oeuf heures précises du matin.
Les candidats se feront inscrire préalabletnent
au secrétariat du conservatoire de musique , rue
Bergère.
Conditions du concours. — Extrait du règlement du
conservatoire de musique.
Tit. 1", art. IV. i> Les candidats subissent tiois
examens.
M Lire sur toutes les clefs usitées des morceaux
présentés par le jury ;
)' Exécutersurl insitumentunmorceauau choix
du candidat ;
>> Répondre aux questions posées par le jury
sur la marche des accords, i'
2' A T I s.
Un jury nommé par le ministre de rinlérieur ,
procédera par la voie du concours , aux ternies
du règlement du conservatoire , à la nominalioa
de deux professeurs de chant , dont les places
sont vacantes dans le conservatoire de musique.
Le concours sera public et aura lieu , dans les
salles du conservatoire , le i3 brumaire an 9 , à
neuf heures précises du matin.
Les candidats se feront préalablement inscrire
au secrétariat duconservatone de musique , tue
Bergère.
Conditions du concours.
Titre l" , art. 111°. Les candidats subiront qua-
tre examens.
L'exécution du chant sur toutes les clefs usitées ;
L'exécution d'un morceau de chant au choix
du candidat ;
L'application des principes élémentaires da
chant, par des exemples donnés en réponses à
des questions faites par le jury ;
Répondre aux questions posées par le jury sut
la connaissance des accords.
( 1 ) Les quatre bas-reliefs de la grande Toilte du mausolée p
eprésentent les quatre évangélistei.
Bourse du i5 vendémiaire.
Rente provisoire sS fr. 38 c.
Tiers consolidé .^. ..... 36 fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 77 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 88 c.
Bons pour l'an 8 9s fr^ 40 c.
Syndicat 78 fr. 5o c.
Coupures •. 78 fr. 5o c.
Act.de 5o fr. de la caisse des rentiers. a3 fr.
(«)
i-relîefs qui ornent la grande
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBLtt^tJE et des Arts,
Auj. Alceste , et le ballet de Héro et Léandre
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
les Rivales , opéra nouveau..
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Matrone
d'Ephese , M. Guillaume , et les deux Ménages.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes.
yAuj. la Fille hussard , pant. à grand spect. ; le
Damoisel et Bergerette , ei Louise.
Théâtre du Marais î rue Cuhure-Caiherine.
Auj. la l''' repr. du Château de Duncam , pièce
à spect. , et le Sourd ou l'Auberge pleine.
L'abonnement se fait à Paris, rue des Foitevint, n« 18. Le prix est de 25 fraùcs pour trois mois, 5o francs pour 6 mois , et 100 francs pour l'année entière. Ounes'abonne
qu'ail commencement de chaque mois.
,11 faut adresser les lettres etl'argent , franc déport , au cit. Ag As s E , proprie'taiie de ce journal , tnc des Poitevins , n° 18. Il faut comprendre dans les envoi» le port des
payi où l'on ne peu l affranchir. Les lettres des déparlemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut #oir soin , pour plu» de siirelé, de charger celles qui renferment des valeurs et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue de»
Foitevint , n" i3 , depui .(neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agisse, propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, a' t3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL.
N' 17.
Septidi , 1 7 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel. '.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tatit sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
A M É R I Q, U E.
Extrait d'une lettre écrite de Cayenne ,
le 26 thermidor an 8.
.... Nous avons appris les succès du premier
consul en Italie , et nous espérons qu'avant l'hi-
ver ils nous procureront la paix continentale. La
paix maritime offrira peut-être plus de difficul-
tés ; elle est sans doute l'objet des vœux de tout
bon français ; mais , de tous les points sur les-
quels s'étend la domination de la république ,
l'endroit où l'on peut attendre le plus tranquil-
lement cet heureux événement , est sans contredit
Cayenne. Nous devons aux anglais et aux por-
tugais l'abondance dans laquelle nous vivons.
On ne cesse de faire sur eux des prises. Depuis
vingt jours , la corvette de la république , U
Berceau , commandée par le citoyen Senès , a
donné dans un convoi portugais sortant du Ma-
ragnon ; elle a obligé les bâtimens armés qui
protégeaient ce convoi , à prendre la fuite , a
enlevé quatre gros navires , et est rentrée ici avec
cinq prise^ , un mois après en être sortie. Celte
capture a procuré un million pesant de riz , .800
milliers de coton et beaucoup d'autres articles.
Nous avons, en outre, en rade plusieurs bix»-
mens français et neutres , qui vendent leurs car-
gaisons à bas prix; mais qui , malgré cela, font
de bons voyages par les retours avantageux que
leur procurent les marchandises qu'ils chargent
ici.
En ce moment le vin , la (arine , l'huile ,
et tous les objets nécessaires ou agréables à la
vie , sont à aussi bon compte à Cayenne qu'en
France. On y jouit d'une tranquillité parlaile.
La plus grande union règne entre les citoyens ,
et tous ont confiance et respect pour 1 homme (i)
qui gouverne la colonie. La liquidation des ancien-
nes dettes est presque terminée. On vient de faire
publier à son de caisse que toute personne à
qui il est dû par la république , ait à se présenter
à l'administration , pour toucher, argent comp-
tant, le montant de sa créance. On commencera
certainement l'an 9 , sans qu il soit dû un centime
à qui que ce soit par le gouvernement. . . . etc.
ANGLETERRE.
IJCr On trouve dans le journal anglais The Observer, du 7 septembre 1800 (20 fructidor an 8 ) ,
les particularités suivantes , qui offrent aux hommes instruits en économie politique , ample matière
à réflexions.
RsLErÉ de la quantité de grains et autres comestibles qui ont été importés de l'étranger en Angleterre
par le port de Londres seul , pendant les quatre mois qui ont précédé le 2g août 1800.
V A L E u.
s ANGLAISES.
EV-^LUATION EN VALEURS FRANÇAISES.
36o,ooo
s6o,ooo
s8,ooo
17,000
10,000
3,000
80,000
i5o,ooo
120,000
42,000
80,000
700
i3,o6o
12,000
quarters de froment
de 440 Hv. avoir du
idem d'avoine
idem de seigle
idem d'orge
idem de pois
idem de fèves
quintaux de farine
de lia liv, avoir du
poids.
idem de riz
idem de beurre
idem de fromage
idem de lard
tonneaux de houblon
de 2s quintaux avoir
du poide.
idem de porc
idem de bœuf
liv. s.
à 5 i3 6
1 12
3 I
2 12
3 i3
3 3
4 i3
I 10
5 7
3 i5
3 12
i5o
40
3a
Total au prix moyen de ces articles I
en gros à Londres 5,296,950 1
2,043,000
416,000
85,400
44,200
36,000
9,45o
340,000
225,000
640,000
i57,5oo
288,000
io5,ooo
522,400
384,800
1670,000
I 484,250
52,i5o
31,6627
18,625
5,5871
83,000
i55,625
124,500
I 43,575
j 83,000
I i4,525i
270,995
249,000
septiers de Paris de
240 livres, poids de
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
quint, poids de marc.
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
idem ....
fr. c.
72 64
0 •^''-
48,705,120
80 48
9-917,440
39 4
2,o35,936
33 28
i,o53,7a8
46 8
858,240
40 32
225,288
97 65
8,io5,6oo
34 46
5,364,000
122 55
i5, 257,600
86 16
3,754,800
82 72
6,865,920
173 I
2,5o3,2oo
4595
12,454,016
36 76
9,154,560
126,255,448
Poids total de ces denrées, i36,9io tonneaux, équivaleiis à la cargaison de 680 bâtimens de 200
tonneaux chacun.
Et comme il est probable que la totalité des importations des mêmes articles , faites dans tous les
autres ports de la Grande-Bretagne, est à-peu-près égale à celle qui s'est faite à Londres , on peut
compter que, dans l'espace de quatre mois , l'Angleterre a reçu pour sa subsistance au-delà des
produits de son sol, l,36o cargaisons de 200 tonneaux chacune de denrées , qui ont valu, aux
prix des marchés d'Angleterre, 10,591,900 liv. st. ( 252,510,896 fr. )
INTERIEUR.
Paris , le 16 vendémiaire.
Nous avons fait connaître , dans le n° du 9 de
ce mois , la note officielle remise au secréiaire-
d'état , comte de Bernstorff, par M. Mcrry , chargé
d'affaires de S. M. britannique en Daunemarck ,
au sujet de la frégate danoise , arrêtée par les
anglais au détroit de Gibraltar ; la réponse mi-
nistérielle ne l'est pas fait attendre. M. le comte
de Bernstorff'y rétablit les faits qui étaient pré-
Hujuei
semés avec inexactitude , et repousse , par les
armes victorieuses de la raison et du droit im-
prescriptible des nations , la doctrine étrange
que l'Angleterre s'efforce d'établir aujourd'hui ,
sans autre motif que sa propre convenance et
une confiance illimitée dans ses propres forces.
■Voici les points essentiels de cette réponse :
I) L'usage et les traités attribuent , sans
doute , aux ptiissances belligérantes le droit
de faire ^isiter , par leurs vaisseaux de guerre ou
leurs corsaires . les navires neutres non convoyés;
mais ce droit n'étant pas naturel , mais seulement
conveniioiinel, l'on ne saurait . sans injustice ou
sans violence , en étendre l'effet arbitrairement
au-delà de ce qui a été convenu ou accordé. Or
aucune des puissances maritimes et indépendantes
de l'Europe n'a japiais , que le soussigné sache ,
reconnu le droit de faire visiter des navires neu-
tres , escortés par un ou plusieurs vaisseaux dé
guerre ; et il est évident qu'elles ne sauraient le
Taire sans dégrader leur pavillon , et sans ix-
noncer à une partie essentielle de leurs propres
droits.
)) Bien loin d'acquiescer à cette prétention, au-
trefois inconnue , la plupart de ces puissances
ont cru , depuis qu'elle a éié mise en question ^
devoir énoncer le principe opposé dans leurs
convetiiions relatives à des objets de cette na-
ture, ainsi qu'un grand nombre de trailés conclus
entre les cours les plus respectables de 1 Europe ,
en offrent les preuves.
55 Cette distinction faite entre les navires con-
voyés et non convoyés , est d'ailleurs aussi juste
que naturelle; caries premiers ne sauraient être
rangés dans la même catégorie où se trouvent les
derniers.
5) La visite , exercée par les corsaires ou vais-
seaux de guerre des puissances belligérantes â
l'égard des bâtimens neutres allant sans convoi ,
est fondée sur le droit d'en reconnaître le pa-
villon et d'en examiner les papiers. Il ne s'agit
que de constater leur neutralité et la régularité
de leurs expéditions. Les papiers de ces bâtimens
étant trouvés en règle, aucune visite ultérieure
ne peut légalement avoir lieu ; et c'est par con-
séquent l'autorité du gouvernement, au nom du-
quel ces docuraens ont été dressés et délivt-s ,
qui procure à la puissance belhgérante la sûreté
requise.'
>> Mais le gouvernement neutre , en fesant
convoyer par des vaisseaux de guerre les navires
de ses sujets commerçans , offre par là même aux
puissances belligérantes une garantie plus authen-
tique , plus jiosilive encore que ne l'est celle qui ,
est fournie par les documens dont ces navires se
trouvent munis ; et il ne saurait , sans se désho-
norer, admeure à cet égard des doutes ou des
soupçons , qui seraient aussi injurieux pout lui
qu'injustes de la part de ceux qui les conserve-
raient ou les manifesteraient.
>> Que si l'on voulait admettre le principe que
le convoi du souverain qiii l'accorde ne garantit
pas les navires de ses sufets de la visite des vais-
seaux de guerre ou armateurs étrangers , il en ré-
sulterait que l'escadre la plus formidable n'aurait
pas le droit de soustraire les bâtimens confiés
à sa protection , au contrôle du plus chétif éor-
saire.
)) Mais on ne saurait raisonnablement supposer
que le gouvernement anglais, qui s'est toujours ^
et aux plus justes titres , montré jaloux de l'hon-j
neur de son pavillon , et qui , dans les guerres'
maritimes auxquelles il n'a pas eu part , a su sou-;
tenir avec vigueur les droits de la nfutralilé , ju-
gerait devoir , si le cas arrivait , souffrir une pa-
reille avanie ; et le roi a trop de confiance dans
l'équité et dans la loyauté de S. M. britannique ,
pour se permettre de croire qu'elle puisse vouloir
s'arrogerun droitqu'elle n'accorderait pas, sous les
mêmes circonstances , à toute autre puissance in-
dépendante.
)) Il paraitsuffire d'appliquer au fait en question
le résultat nécessaire de ces considérations , pour
mettre en évidence que le commandant de la
frégate du roi , en repoussant une violence à
laquelle il ne devait pas s'attendre , n'a fait que
son devoir ; et que c'est de la part des frégates
anglaises , qu'une violation des droits d'un sou-
verain neutre et ami de S. M. britannique a été'
commise.
i)Le roi a hésité d'en porter plainte formelle ,
tant qu'il n'y a vu qu'un mal-entendu susceptible
d'être levé par des explications amicales entre les
chefs respectifs des forces navales que les deux
gouvernemens entretiennent dans la Méditerra-
née ; mais se voyant, à grand regret , frustre
de cette attente , il ne saurait qu'insister sut la
réparation qui lui est due , et que la justice et
l'amitié de S. M. britannique paraissent devoir
lui .garantir. Il Signé, C. Bernstorff.
(Article du Journal des Défenseurs de la Patrie. )
— On écrit de Genève , en date du 6 vendé-
miaire , que le préfet Eymar a témoigné sa recon-
naissance aux rédacteurs de la Bibliothèque Bri-
tannique, qui lui avaient envoyé les numéros de
62
«e jouriyl, 11^ lejL ïyfcjt^»„daps. sa. lettre, de. ce-
jour , de s'être élèvéS â\^-<ïekïus;dû pr^iigé bar-
bare qui voudrait qu'or» repoussai les" cônnaîs-
aances utiles , el que l'on méconnût la vériié,
lorsqu'elle sort de la bouche d'un ennemi. " Sa
lettre estterminée par la phrase suivante: itCômrtie
préfet d'un départemect qui s'honore de cet ou-
vrage , je vous remercie de vos veilles , citoyens
rédacteurs ; comme particulier , je m'afflige que
le tems me manque pour m'insiruire à votre
savante école. Mais je me télicite de vivre aupiès
de vous , dans l'espérance de pouvoir profiler un
jour de vos leçons. )>
— Un ex-conseiller au Châlelet de Paris ayant
perdu par la révolution presque lotite sa fortune ,
s'est retiré dans une petite maison de campagne,
près de la capitale , dans le département de Seine
et Oise.
il a été élu juge de paix du canton de Taverny.
Il en exerce les fonctions depuis plusieurs
années. '
La modicité de' son traitement l'a forcé de re-
courir à la bourse de ses amis : il a contracté des
dettes.
N'ayant pas obtenu dans la nouvelle organi-
sation de la magistrature , une place qu'on avait
Sollicitée pour lui , il s'est résolu à vendre son
bien pour payer ses créanciers et à s'éloigner.
A peine cette résolution a été connue , les
paysans se sont portés chez" lui en foule. Ils l'ont
tolliciié de ne pas les abandonner : ils ont enfin
renouvsllé ou réalisé la scène touchante des Trois
Fermiers. Ils lui ont ofFert d'acquitter ses dettes ,
et de n'en recevoir le remboursement qu'à sa
volonté.
«(Si, vous nous quittez , disaient ces bons cul-
>i tivaieurs , qui arrangera nos affaires, qui réglera
>• nos débats , qui remettra la paix dans nos fa-
)) milles , qui la maintiendra dan« nos cam- j
>j pagnes ? >>
L'acquéreur du domain? , présent à cette hono-
rable démarche , a réuni ses instances à celles
des villageois; il a déclaré ne vouloir pas con-
tribiier à enlever au canton un homme qui lui était
si u'ile et si cher , et l'honnête juge de paix reste
au milieu de ses paysans, heureux de leur amour
et de sa probité , s'honorant de sa pauvreté et
de leur confiance. (Extrait du Journal de Paris. )
— Le convention conclue entre l'Angleterre et le
Da;:iiemaick a été publiée par divers journaux
ft-an^ais et allemands. On a pu remarquer dans
ces verrons dès différences plus ou moins impot-
iariits. Ou a liett de compter sur l'exactitude de
la plcce suivante :
Con-ûmiion préalable entre les cours de Copenhague
et de Londres.
Leurs majestés danoise et britannique animées
d'un désir égal de prévenir par un accord préa-
lable et amical les conséquences du difiTérend
qui s'est élevé entre elles, par le résultat de la
rencontre qui a eu lied entre la frégate la Freya
et quelques vaisseaux de guerre anglais , et de
rétablir dans toute leur étendue les relations
d'amitié et de confiance qui les unissent depuis
long-tems , ont pour cet effet nommé et cons-
titué pour leurs plénipotentiaires : S. M. danoise ,
Je comte de BernstorfF, son chambellan et secré-
taire d'état pour les affaires étrangères ; et S. M.
britannique , le lord Whiiworth , chevalier de
l'ordre du bain; lesquels , après s'être commu-
niqué leurs pleins pouvoirs , sont convenus des
articles suivans :
Art. 1°^. La question de droit relativement à la
visite des' navires neutres allant sans convoi , sera
•renvoyée à une discussion ultérieure.
JI. La frégate danoise la Freya et les navires
/Couvés sous son convoi , seront incessamment
relâchés , et ladite frégate trouvera dans les ports
de S. M. britannique tout ce dont elle aura besoin
Ïiour sa réparation, selon l'usage pratiqué entre
es puissances amies et alliées.
III. Pour empêcher que de pareilles rencontres
ne renouvellent des contestations de la même
■nature , S. M. danoise suspendra ses convois
jusqu'à ce que les explicaiiotis ultérieures sur ce
iihême objet aient pu effectuer une conventioii
■ définitive.
. IV. S'il arrivait cependant que des rencontres
du même genre eussent lieu , avant que les ins-
tructions , destinées à les prévenir , puissent avoir
leur effet , ellts resteraient sans conséquence , et
l'arrangement de ce qui en résulterait , serait
'Censé conipris dans l'objet de la convention
présente.
V. Cetttconvention sera ratifiée en trois se-
«naines , à compter du jour de la signature , ou
{>lutôt,, si faire se peut.
i-En foi de quoi , nous soussignés plénipoten-
tiaires de LL. MM. danoise et britannique , avons
:tigné en leurs noms et en vertu de nos ^pleins
p.ou.voîr« , la présente convention, et y 'avons
apposé le cachet de nos arntes^
Fait à Copenhague , le sg août i8oo.
Signé, Bernstorff. Whitworth
(L. S.) (L. S.)
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du i6 vendémiaire an 9.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Le général Berthier est nommé ministre de la
guerre, en remplacem,ent du citoyen Carnot ,
démissionnaire.
Le premier consul ,, signé, Boistaparte.
Par le premier consul'.
Le secrélaire-d'état , signé , H. B. M.\RET.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
• Lf, jugement rendu par le tribunal criminel du
département dEure et Loire , contre les nom-
breux brigands de la bande d Oirgeres , con-
firmé par le tribunal de cassation , a reçu son
exécution le .12 de ce mois , dans la commune
de Chartres ': vingt-trois d'entr'eux ont subi la [
peine de mort au milieu d'une foule immense
qui y était accourue de tout le département,
pour voir conduire au supplice ces monstres
qui avaient été si long-tems la terreur des cam-
pagnes environnantes. Prêts à perdre la vie ,
ils ont montré tout àlarfois une lésit^nation et
une fermeté surprenantes ; plusieurs ont recom-
mandé leurs femmes et leurs enfans ; presque
tous ont avoué qu'ils méritaient leur sort ; mais
aucun n'a voulu révéler ses complices. Une
force très-imposante accompagnait les coupa-
bles , et malgré leur nombre et la grande affluence
des citoyens , pendant leur transiérement et leur
exécution , l'ordre public n'a pas reçu la plus
légère atteinte.
Cet exemple terrible „ ainsi que l'arrestation
récente de plusieurs chauffeurs de la même
bande, qui seront mis en jugement à la hn de
ce mois , vont achever de rendre la sécurité à
Ce déparlement. SI cette punition prompte et
sévère n'a pas atteint tous les coupables , elle
doit du moins imprimer l'horreur du crime ,
ou ia crainte du supplicci dans le cœur des
hommes égarés qui seraient tentés de marcher
sur leur trace , et concourir d'une manière
efficace avec les mesures que prend le gouver-
nement pour réprimer le brigandage.
]?ao3-la> séance publique, du .i5 germia^an 7 ,
lîtolasse des sciences morales eit politi'qTie^ avait
proposé pour sujet du prix qu'elle devait décer-
ner dans la séance publique du i5 vendémiaire
arj 9 l^ sujet suivant :
Par quelles causes l'esprit de liberté s'estait dé-
veloppé en France , depuis François j" jusqu'en
1789 ?
La classe a décerné le prix au mémoire n" 3 ,
portant pour épigraphe :
Un vrai républicain n'a pour père et pour tîls
Que la vertu, les dieux, les lois et son pays.
( Voltaire. )
L'auteur du mémoire couronné est le citoyea
Nicolas Ponce , gra'weur.
INSTITUT NATIONAL
Ordre des rapports et des lectures de la, séance
publique de l'institut , tenue au Palais National
dei- Sciences et des Arts , le i^ .vendémiaire an ^.
1. Rapport des travaux de la classe de litté-
rature et beaux - arts», par le citoyen Collin-
Harleville.
2. Proclamation du prix sur cette question :
Quelles ont été les causes de la perfection de la
sculpture antique , et quels seraient les moyens d'y
atteindre ?
3. Rapport des mémoires physiques de la classe
des sciences, mathématiques et physiques , par le
citoyen Cuvier.
4. Rapport des mémoires' mathématiques de la
classe des sciences mathématiques et physiques ,
pat le citoyen Delambre.
5. Proclamation du prix proposé par le gou-
vernemeut sur les cérémonies à faire dans les
funérailles , et les réglemens à adopter pour le
lieu de la sépulture.
Exposé des vues principales contenues dans les.
différens mémoires envoyés au concours , par le
citoyen Descssartz.
6. Rapport des travaux de la classe des sciences
morales et polidques , par le citoyen Champagne.
7. Rapport sur le prix proposé sur celte ques-
tion :
Far quelles causes l'esprit de liberté s'est-il déve-
loppé en France, depuis François I" jusqu'en 1789.'
par le citoyen Champagne.
8. Annonce de la distribution des prix depein'
ture , sculpture et architecture , par le président
de l'institut. ;
Proclamation et distribution des prix.
9. Notice sur l'inscription venue d'Egypte , par
le citoyen Aineilhon. .
10. Notice historique sur la vie et les ouvrages
de Louis-Guillaume Lemonnier , par le citoyen
Cuvier.
11. Mémoire ayant pour titre : Voyages d'outre-
mer , et retour de Jérusalem en France par la voie
de terre , pendant les années 1432 , 1433 , par Ber-
trandon de la Brocquicre , par le cit. Legrand.
12. Mémoire relatif au régime diététique à
suivre , et aux observations nauriques à faire par
le capitaine Baudin dans le cours de son voyage,
par le citoyen Bernardin de Saint-Pierre.
Dans, la séance du 1 5 messidor an. 7 , la classe
de littérature et. beaux-ans avait proposé pour
sujet du prix qu'elle devait décerner dans la
séance du i5 vendémiarrei an 8., la~ questiora
suivante :
Quelles ont été les causes de la perfection de la
scidpture antique, et quels- seraient les-, moytns.d'y
atteindre ? .
La classe a décerné Ife prix au mémoire en-
registré sous le n° 6 , portant poui épigraphe:
C'-est au lég'slateur à opérer ce prodige. (Aristote.)
L'auteur ne s'est pas fait connaître.
La classe a déclaré qu'il serait fait mention
honorable du n" 1 , portant pour épigraphe ;
Tune ri«stri tenuem secli misereben sortem ,
Cum spes nutla siet reditura aqualis in œvum.
( Dufresnoi. j '
POÉSIE.
Sixième lettre sur les Géorgiques françaises.
Après avoir examiné ce poërae dans ses détails,
il me reste encore à le considérer dans son en-
semble. 11 a été attaqué sous les différens rapports
de la conception du sujet, de la disposition du
plan , de la liaison des parties , de l'invention
des détails , et même de la correction du style.
Il faut le défendre contre ce que la critique a
d'injuste et d'exagéré , sans néanmoins se refuser,
par une admiration aveugle , à reconnaître lés
défauts réels qp'il peut offrir.
On reproche à Delille d'avoir mal conçu le
sujet de son nouveau poëme , et d'avoir seu-
lement peint le grand propriétaire , en annonçant
l'Homme des Champs. Il est peut-être facile de
prouver que laconception de l'ouvrage est bonne,
et que tout le défaut est dans le litre.
Delille, après avoir traduit les Géorgiques de
Virgile , devait-il recommencer à chanter les
simples travaux de l'agriculture , et la vie paisible
du cultivateur ? Non sans doute , et il n'est pas
un de ses critiques qui ne se fût élevé plus for-
tement encbre , et avec bien plus de raison ,
contre cette espèce de redondance fastidieuse ;
ou plutôt on n'aurait pas même lu son ouvrage.
Au lieu donc d'imiter servilement le poète latin,
et de se copier lui-même, Dehlle est parti du
point oii Virgile s'est arrêté ; et s'ouvrant une
carrière nouvelle , il a chanté le bonheur dont
l'homme instruit et sensible peut jouir à la
campagne. Cette idée est aussi grande qu'elle est
utile , il faut en convenir; et si les critiques les
plus prévenus , veulent se donner la peine de
suivre avec moi la marche de l'ouvrage , jls ver-
ront que 1 objet en est parfaitement rempli.
Il faut d'abord s'entendre et se fixer sur un point
essentiel, c'est que, dans ce poëme, l'homme
des champs n'est pas le simple laboureur , mais
bien le sage, tel que Cicéron dans les bois de
Tusculum, ou tel que d'Aguesseau dans sa retraite
de Fresnes. Ces exemples me sont offerts par
Delille lui-même ; mais j'en trouve un qui peut-
être rend encore mieux sa pensée : c'est Hèlvé-
tius dans sa campagne, Helvétius bienfesant,
philosophe et poëte ; tel est , ce me semble ,
l'homme des champs de Delille.
Remarquez maintenant avec quel soin , avec
quelle adresse l'auteur nous ramené sans cesse
à son véritctble sujet : l'art d'être heureux aux
champs.
La contemplation des beautés de la nature , le»
plaisirs variés qu'offrent les différentes saisons ,
les exercices salutaires , la culture des arts , les
douceurs de la vie champêtre et de l'amitié , les
délices de la bienfesance et le bonheur de tout
ce qui entioute l'homme généreux qui exerce cette
vçrtu ;
Les travaux de l'agriculture , et ses merveilles ,
le plaisir d'augmenter les dons de la nature par
le perfectionnement de ce grand art , d'embellir
son séjour par des productions nouvelles , et de
terminer, selon l'expression du poste, 1 oeuvre
de la création ;
L'attrait puissant qui nous porte à étudier la
nature dans ses moindres productions comme
dans ses plus grands phénomènes , étude qui con-
vient ti bien au calme de la campagne et dont les
68
aqfsultatssOtit'St sattsfesaAS'pour la taison et même
pour l'orgueil dfe l'homme;
Enfin , le cbarme inexprimable de» créal>ons
boéliques et de la brillante imitation de la nature ;
fes jouissances ineffaçable» qui naissent de l'en-
thousiasme même dont le poète est eiiflanumé ,
e< de l'aciiviié du. génie que favorise et perpétue
la vie champêtre.
' Tels sont, il faut en convenir, les élémens du
bonheur pour l'homme instruit qui vit à la cam-
jJagne. En vous les mettant sous les yeux , je vous
ai donné l'analyse succincte du poëme de Delille ,
«ttjecrois avoir démontré qu'il existe une liaison
intime entre les quatre chants dont il estcomposé.
Ce n'est point là , je le sais , l'opinion de l'ano-
nyme qui a fait , dans le Mercure , l'analyse des
Géorgiques françaises. Il prétend que la division
de ces quatre chants n'offre pas un tout très-bien
lié , et il oppose à cette division tracée par De- 1
1111e celle du poëme de Virgile. Il me semble que
le critique , trompé par le litre défectueux de
Géorgiques françaises , s'est laissé égnrer par une '
fausse analogie. Virgile donnait les préceptes de !
liagiiculture ; et en effet il parcourt, dans sesj
quatre livres . tous les objets qui font partie de
ce premier des ans. Delille , comme nous l'avons !
observé, ne préiend point recommencer cet ou-!
vrage ; mais il enseigne l'art dejouir des champs , |
et il peint lour-à-iour les occupations et les plai- i
sirs auxquels on- peut s'y livrer. S il ne s'est poiqt
écarté de cet objet principal , n'est-il pas aussi '
c.onféquent que, le poële latin ? Le critique au-
quel je réponds, a blâmé avec beaucoup de rai- 1
«on 1 exposition du nouveau poëte ; et en homme!
babiie , il en a esquissé un autre en ces termes: '
s» Je chante la. luaison rustique , et le bonheur;
»> du sage qui f habile. Je le peindrai répandant'
tt. autour de son habiiation les bienfaits de l'agri- '
ij culture perfectionnée , et les rnerveilles de l'in- '
9« dusirie ; étudiant près de lui pour orner sa'
s» demeure , tout ce que l'histoire' de la nature ai
>) de plus curieux , de plus doux et de plus su- 1
tt blime , et prenani quelquefois la lyre pour ce-
5> lébreries grands spectacles dont il est entouré >). i
Je le demande au critique lui - même , si cette'
exposition nouvelle était adoptée , n'avouerait-il
pas alors que le plan est d'une belle et grande
conception , q^re toutes les parties tendent au ;
même but , et qu'à h lin du poëme l'idée qu'on
s'en est formée sur cette exposition, est complè-
tement remplie ?
D'autres censeurs reprochent à Delille l'éléva-
Ifon même de son sujet , de ses leçons , de ses
pensées , et c'est toujours d'après le tiire de l'ou-
vrage qu'ils ont formé leur opinion ,. et qu'ils
raisonnent. Ils voudraient que le poëte eût écrit
pour ces tems ou régnaient des moeurs simples et
patriarchales , et oi'i l'homme agreste bornait à la
culture des champs toutes ses occupaiions et tous
ses plaisirs. Telle est lidée, en effet, que l'on
se forme de l'Homme des Champs; mais au lieu de
condamner ce litre d'après 1 ouvrage , pourquoi
s'obstiner à condamner 1 ouvrage d après le titre?
Delille a écrit pour son siècle; il a écrit pour
ceux qui lisent des poëmes , qui peuvent vivre à
la campagne et y faire du bien , au lieu de con-
sumer leurs richesses dans le luxe des villes. S'il
n'avait donné que des leçons d'agriculture , s'il
n'avait chanté que la chaumière du pauvre , il
n'aurait éié lu ni du laboureur qui ne cherche
point dans les livres les préceptes de son art ,
ni de l'homme riche qui ne cultive pas ses
terres.
Au contraire , Delille s'est proposé un objet
utile : il a voulu réveiller le goût de la vie cham-
pêtre , celui des venus qu'elle fait naîtie , des
jouissances qu'elle procure. Mais il a bien senti
que le bonheur dont un homme insituit peut
jouii^ à la campagne , ne consiste pas à être
toujours en contemplation devant les beautés de
la nature , toujours occupé de travaux rustiques ,
toujours mêlé auxjeux du village. L'uniformité
de ces plaisirs produirait bientôt la satiété et
l'ennui , et il y aurait peut-être plus de fadeur
que de sensibilifi dans ç^tie éietneile églogue.
La campagne est aussi l'asyle de l'amour et de
1 amitié , le sanctuaire de l'étude et de l'inspira-
tion. Quel est l'homme qui n'a pas senti qu'aux
champs son ame était plus tendre et plus ex-
pansive , son esprit moins distrait et plus porté
à la méditation? C'est là quel imagination s'élève,
a'exalte , et que l'homme de génie conçoit ses
Îilus sublimes pensées. Le peintre , le musicien ,
e poëtc aiment la campagne ; car c'est au sein
de la nature qu'ils trouvent le modèle des ans.
Pour faire un tableau complet de la vie cham-
pêtre et de la vaiiéié de ses jouissances , il était
doii.c nécessaire de la peindre sous ces différens
aspects, et de prouver que tous -les hommes
cclairés et vertueux , quels que soient leurs
goûts et leurs penchans , peuvent trouver à la
campagne une source inépuisable de bonheur.
Si Delille a rendu cette vérité Sçnsible dans ses
tableaux poétiques ; s'il est parvenu à intéresser
ses contemporains en peignant leurs mœurs ,
leurs goûts , leurs usages , au lieu de la per-
fecti(>n imaginaire des pasieurS de Théocrite cl
(le Virgile; (il oous vante des plaisirs- qui sont
à notre porjée ; enfin , si , par l'attrait de se»
peintures et le charme de ses vers , il se fait
lire de ce que nous appelons les gens du
monde , et iju'il leur inspire le goût de la vie
champêtre, qui influerait si puissamment sur la
Erospériié de l'agricuhure et sur les mœurs pu-
liqiies j on ne peut contester à noire poëte
la gloire d'avoir atleint à-la-fois le but littéraire
jet le but moral qu'il s'était proposés.
Je crois avoir prouvé que la conception du
sujet est heureuse . et que la disposition du plan
est généralement bonne.
Quaiik à la liaison des parties , il faut faire une
distiuctibn : si l'on considère les idées principales
qui dominent dans les quatre phants , on trouvera
sans dotlte qu'il existe enir'elles une liaison iniime,
puisqu'elles ont toutes le mêtne objet, celui de
peindre le bonheur de la vie chamiiêtre , et d'en-
seigner l'art d'en jouir. On trouvera même au
commencemem du 3* et du 4* chants , que l'on
regarde comme les plus étrangers au sujet au
poëme, quelquesversquifont sentirque la science
du naluralisie et l'art du poële peuvent concourir
au bonheur de rhommé.des champs , dans le sonsi
que Delille donne à cette dértorainaiion. Il est
vrai que ces transitions sont moir.s naiurelles et
rnoins heureuses que celles de Virgile. Mais si
l'on examine lés détails du poëraé et la place
qu'ils occupent , on reconnaîtra que ce n'est pas
sans raison qu'on reproche à cei ouvrage de man-
quer de liaison dans ses parties. C'est surtow dans
le premier chant que cette espèce de désordre est
sensible, et le citi G, dans la Dicade philosophique,
a très-bien prouvé que les tableaux dont ce chanl
est composé , pourraient avoir une disiribuiion
plus natuiel'e et plus conforme aux lois de la
logique et du goût. Je ne dirai point comme un
critique beaucoup tiop sévère , que toutes les
transitions de l'ouvrage sont roiiêr et sèches; mais
je conviendrai seulement , pour êire plus juste ,
que les quatre chants et surtout les morceaux
particuliers que renferme le premier et le troi-
sième pourraient être unis d'une manière plus
iniime et se succéder avec plus d'art. C'est la
guirlande des grâces qui manque à cet ouvrage,;
ou plulôt , ce poëme , si riche en beautés , m'offre
l'image des grâces elles-mêmes qui ont cessé de
se tenir par la main.
Cést à l'invention des détails , cette partie si
brillante des Géorgiques françuises , que la cri-
tique s'est particulièrement aitachée. Permetiez-
moi de la suivre un moment dans ses objections ,
et de lui répondre directement pour meure plus
de précision et de clarté dans cette espèce de
controverse.
Vous demandez j! le'jeu de trictrac , le lotto ,
le wigt et le. billard , qu'on trouve à la ville comme
à la campagne , sont les objets te) plus intéressans à
montrer dans un paysage. Non , sans doute ; mais
si le poële vous a peint d'abord les quatre
saisons de 1 année, et leurs plaisirs divers; si
ces plaisirs purement champêtres , et les des-
criptions qu'ils amènent, sont le sujet presque
continuel de ses , chants , pourquoi ne voulez-
vous pas qu'il varie ses tableaux , en vous par-
lant un moment des jeux qui remplissent réel-
lement une partie des soirées d'hiver à la cam-
pagne comme à la ville ? Remarquez donc qu'il
n'a donné qu'une soixantaine de vers à cette
digression ingénieuse , et que tout le reste du
chant, c'est-à-dire cinq ou six cents vers sont
consacrés aux choses agrestes. Pourraii-on , par
exemple , reprocher à Torapson d'av-oir saisi
l'occasion de rappeler dans son chant de I É é ,
les noms des grands hommes de lAngleierre ?
Dans le second chant des Géorgiques fran-
çaises , vous vous arrêtez sur la description du
canal du Midi : combien peu d'hommes des champs .
dites-vous , ont droit de tenter d'aussi grandes
entreprises ! Il faut abandonner de pareilles maisons
rustiques à Riquet et à Louis XIV. Ce reproche
seraii fondé , si Delille n'avait chanté que les
grandes entreprises , telles que ce canal magni-
fique. Mais, non; daits ce même chant il'vous
enseigne l'art de corriger le terrain par la cul-i
ture, de l'améliorer par les engrais , |de planter
la vigne sur les coteaux iiamcui , de perfection-
ner la greffe , de naturaliser des arores et des
jmimatix étrangers , de diriger le cours dés
toirens et des rivières pour faire tourner des
moulins ou pour arroser des prairies , eic. Je
vous demande si ces entreprises sont au-dessus
des moyens les plus ordinaires.
Mais après avoir donné ces préceptes, le poële
invile le cultivateur apercer une montagne pour
amener un ruiseau dans son domaine, à creuser
des canaux pour faciliter- le commerce ; il saisit
celte occasion pour rappeller la gloire de Riquet
et pour faire une description du canal du Midi.
C'est ici , j'en conviens , que les conseils du poëte
ne peuvent être d'aucune utilité au plus grand
nombre des cultivateurs ; mais ce passage est
une digression brillante et non pas le sujet prin-
cipal du chant qu'elle embellit. Vous av.z donc
eu tort d'opposer à Delille le second livre des
Géorgiques latines , où Virgile se délasse par un
^oge touchant et magnifique de m patrie. C'est-tà ,
dites • vous , qu'il nous peint , en passant , Us
aijutdncs , les lacs , et les caniux empreints de la
grandeur romaine. Q_a'a fait Delille? n'esi-rc pHs
aussi £71 passant qu'il nous peint ce grand canal
empreint de la magnificence du siècle de Louis
XIV ? au lieu d'opposer le morceau de Virgile
à celui de notre noëie , je l'en tapprochctais ,
moi , comme une heureuse imitaiion (1).
Je pense , comme vous , que les détails dti
troisième chant seraient mieux placés dans un
poëme sur l'histoire naturelle; mais je ne crois
pas pourtant qu'ils soient étrangers au sujet du
poëuie de Delille, l'art de jouir des champs.
Je ne reviendrai pas sur cette opinion que j'ai
développée dans ma quatrième lettre. Je répon-
drai seulement un mot à voire observation criti-
que sur la formation d'un cabinet d histoire'
naturelle à la campagne. «< Je ne sens pas , dites-'
'>» vous , quelle espèce de plaisir éprouverait
)> l'homme des champs au milieu de celle galciie
)> de squelettes, quand il peut voir lous les
51 oiseaux du ciel errer autour de son loîi de-
>5 chaume s en répétant leur chanson du soir
)i et du matin; quand il entend sous son colom-
»> hier roucouler le pigeon dorheslique , et quand
1» le cerf , le daim , et le chevreuil errent dans
5> la forêt voisine. >> Voilà, sans doute, une op-
position très-ingénieuse ; mais vous avez trop
de bonne loi , pour ne pas convenir quelle ne
prouve tien contre l'idée de notre poëte. Si
vous avouez que fétude des sciences niiurelles
peut charmer les loisirs d'un sage à la campagne ,
vous conviendrez également que ce n'est point
en écoulant la chanson des oiseaux, le roucou-
lement des pigeons , ou en courant après les
daims et les chevreuils i|lans la iotêt , qu'il peut
se livrer à- celle étude. Les observaiiona phy-
siques qu'il fait sur quelques individus du règne
animal , ne- l'empêchent pas de jouir du. spec-
tacle de la vie et de la fécondité ; et peui-êire
même , après avoir éiudié l'histoire naturelle de
lous ces oiseaux du ciel , aura-t^il plus de plaisir à
les voir voltiger librement autour de son toît de
chaume, et à entendre leurs chansons. C eM ainsi
que le botaniste , après avoir Jong-tems effeuillé
les plus belles fleurs pour apprendre à connaiire
les ca'àcieres <iui les distinguent , revoit leurs
semblables avec un plaisir cxiiême que ne peut
goûter le vulgaire, et n'est jamais seul an milieu
de ces brillantes familles , dbm lous les indi-
vidus s'anirncnt à ses yeux.
Vous n'avez fait aucun reproche aux détails du
quatrième chani. Vous pensez sans doute qu'il est
à l'abri de toute critique sous ce rapport, et je
crois que tous les admirateurs de la belle poésie
partageront cetie opinion.
Après avoir essayé de répondre à des critiques
qui m'ont paru trop sévères , je crois devoir, à
mon tour , blâmer ce qui m'a semblé déieclueux ;
car je suis loin de tes eiiihousiastes opiniâtres (jui
trouvent des perfeciions jusques dans les défauts
mêmes d'un ouvrage qu'ils ont adopté.
J'ai dit , dans mes premières letires , que le
morceau sur les jeux dramatiques me paraissait
déplacé et rempli tlexagération. Je crois aussi que
la peinture du maître d'école de village sort du
ton général quicouvientâ ce poëme, et dont l'au-
teur^ ne s'est écarté que celte seule fois. L'épisode
qui termine le second chant a été assez critiqué ; .
c'est un morceau que Delille rciouch---ra sans''
doute. Peut-être sentira-i-il également que ses
jolis vers sur sa chast; son déplacés à h fin du ta-
bleau abrégé de la nature entière. Voilà les seuls
détails dont l'inveniion me paraît susceptible d'une
juste censure.
Si l'on peut critiquer un auteur pour ce qu'il
n'a point fait, je reprocherai à Delille de n'avoir
placé dans le tableau des plaisiis champêtres , ni
les charmes de l'amour innocent ( car je ne compte
point l'épisode dEgerie),ni les jouissances du
père de famille entouré de ses enfans; ni la des-
cription dé l'uqe de ces fêles annuelles que l'on
célèbre aux champs avec tant de gaieté. J'ai cher-
ché vainement , dans ses peintures , des amans ,
des époux ci des pères.
^ Ferai-je quelques observations sut le style de
l'un de nos meilleurs éctivairts ? je vais les ha-
sarder avec défiance.
Cette coupe hardie du vers alexandrin , cet
heureux déplacement de Ihémisliche, qui produit
des effets d harmonie imitaiive quelquefois si ad-
mirables , et dont un avantage no-n moins pré-
( 1 ^ H n'est point vrai, d'ailleurs, que ces grandes entreprise»
me soient propres qu'aux souverains et doivent toujours s*opérer
par les soins et avec les moyens de la puissance publique. On
ne manquerait pas de raisons pour prouver la proposition con-
traire, et quant aux autorités qui peuvent la soutenir, qvi'on se
donne la peine de lire dans l'un des 6 volumes d'Arthur-Young
que l'on vient de publier , Ja description du Canil entrepris
et exe'cuté par le duc de Bridgevvatcr , pour re>ploitation de
ses mines de charbon. Delille nous peint un honwne riche, em-
ployant de grands capHaux a améliorer fiuctueûsemem pour
iui-mëme le pays qu'il hahi.e. Si jusqu'à présent le modèle de
ce tableau a manqué à nos raaurs, il n'en est pas moin» beau
ni plus chimérique. Le poète qui choisit dans les mœurs rira .
gères de si nobles exemples pour les proposer A l'admiration
et il l'émulation de ses compatriotes , ramené son art .à son
plus flublïme usage , comme celle d'Ampliion , sa lyre construit
iei clt^t , civilise lej peuples ; et enrichit lu cnjpiies.
«4
cieux est de sauver la monotonie d'an mètre tou-
jours uniforme , se reirouve , dans les Georgiqucs
françaises , à-peu-inès au même degré de perfec-
tion que dans les deux premiers ouvrages de l'au-
teur. Mais Delille , abusant de ces formes qui lui
sont familières , s'est quelquefois permis des en-
jambemcns vicieux qui n'ont aucun objet d'har-
monie , et qui donnent à ses vers un tour pro-
saïque.
. De plus , Delille a l'art de réunir, s'il m'est
permis de m'expriraer ainsi , plusieurs substan-
tifs sous un même verbe qui les régit également
bien , et de donner ainsi de la concision à
ses idées et de l'harmonie à ses vers. Mais il
me semble qu'il emploie trop souvent cet arti-
fice , et même qu'il n'en fait pas toujours un
usage également heureux.
Delille est celui de nos poètes vivans qui met
le plus d'art et d esprit dans sa versification ; et
c'est pour vouloir y en mettre trop quelque-
fois , qu'il laisse échapper des incorrections ou
des fautes légères; mais il n'est pas donné à tous
les écrivains de s'égarer de la sorte. Qiielle
beauté de coloris ! quelle richesse d'expression !
quelle heureuse variété dans les mouvemens du
style I Comme Virgile et Racine . comme tous
les grands poètes , il sait unir la force à la jus-
tesse des pensées, léclat des images, la pré-
cision du mot propre à l'harmonie des vers.
Toutes les grâces de la langue viennent cacher
sous leurs ornemens l'aridité des détails didac-
tiques ; toute son énergie et toute sa pompe
éclatent dans les grands tableaux de la nature.
On peut dite que Delille a fait faire de nou-
veaux ipas à notre poésie , et qu'il a rapproché
les muses françaises des muses grecques et
latines.
Il ne me reste plus qu'à opposer quelques
ol)servations à l'opinion que notre plus célèbre
littérateur a énoncé sur la nature du talent de
Delille. Il trouve que la manière de St.-Lambert
est plus grande et plus élevée, en un mot ,plus ana-
logue à ce qu'on appelle le style sublime, (i J'entends
>i surtout , ajoute-t-il, celui des images qui tient
î> une si grande place dans le genre descriptif. Je
I' citerai par exemple ces deux vers :
L'Orellane et l'Indus , le Gange et le Zaïre
Repoussent rOcèan qui gronde et se retire.
îi Ces deux vers sont du vrai sublime J'ai
5! entendu vingt fois des morceaux de difFérens
>» ouvrages que le traducteur des Géorgiques
:> achevé actuellement ; ils sont brillans d'élé-
)> gance et piquans de variété ; mais je n'y ai
51 lien vu qui soit du même ordre de beauté que
)i les vers qu'on-vient de lire ; et en général ce
ï) qui fait le caractère de sa composition n'est
îi pas ce qui est simple et grand , c'est la vivacité
î' des mouvemens du style et l'effet du méca-
)> nisrae des vers. >'
Lorsqu'il portait ce jugement, Laharpe avait-
il entendu lire la description du Monlanvert ,
celle des Avalanches , et surtout celle de la Zone
tortide ? on a lieu d'en douter. Je ne sais si je
me trompe , mais il me semble que dans ces
difFérens morceaux le sublime des images n'est
pas moins frappant que dans le poëme de Saint-
Lambert , et se trouve réuni à la vivacité des
mouvemens du style et à l'effet du mécanisme
des vers.
Delille n'est plus seulement un traducteur ha-
bile , un versificateur du premier ordre; c'est un
poëte , et un grand poëte. 11 l'a prouvé par ce
dernier ouvrage. Ce poëme à des imperfections ;
mais elles sont toutes dans les détails et peuvent
être facilement eifacées ; il a des beautés supé-
rieures , et elles tiennent au fond des choses et
à toutes les parties de la composition poétique.
Changez le titre de l'ouvrage , faites une autre
exposition, effacez quelques vers faibles, met-
tez plus d'ordre dans le premier chant , corrigez
l'épisode qui termine le second , et la critique la
plus sévère est obligée de rendre Ihommage à
la beauté du poëme et de leconnaitre la supé-
riorité de l'auteur.
Permettez-moi de finir cette lettre par quelques
vers dont l'objet est de célébrer l'auteur des Géor-
giques françaises et les écrivains qui , marchant
sur ses traces , soutiendront avec lui l'honneur de
la poësie française dans le genre didactique.
Wul n'avait su cueillir la palme géorgiquc ,
Delille vint : bientôt sous son pinceau magique ,
Du chantre d'Aristée empruntant les couleurs ,
il fait naître -à la fois les moissons et les fleurs.
1 goût, tl)
icut sans
Puis , d'une main savante ornant nos paysages ,
Il trace de l'Eden les riantes images.
Enfin ,- plus douce encor , sa ravissante voix
Rappellant les mortels sous de rustiques torts ,
Y cirante les beaux arts , les verttrs leurs compagnes ,
El le bonheur fixé dans la paix des campagnes.
Imitateur , mais libre , et même original ,
Emule de Virgile et souvent son égal,
Il sut, par les accords de sa lyre divine ,
Donner au vers français rélégance latine.
Par lui es noms proscrits de mille objets divers ,
Sans manquer de noblesse enrichirent ses vers.
Si d'un coursier fougueux lancé dans la carrière ,
Il chante les amours ou peint l'ardeur guerrière ,
De l'animal superbe un vers impétueux
Semble avoir la vitesse et respirer les feux.
Un torrent se perd-il dans des grottes profondes?
Son vers roule , bondit , et tombe avec les ondes-
Cette voix qui d'un Dieu fait tonner le courroux ,
Sait prendre pour l'amour le rithme le plus doux.
S'il peint le cours pompeux de l'immense amazone «
Ou les tristes frimats dont l'hiver se couronne ,
Il est toujours sublime i il unit .sans eiForts
L'image et la pensée aux plus heureux accords.
Dans un seul grain de sable , ingénieux emblème ,
De ce Monde éternel il montre le système. '
Tout s'anime en ses vers. Ce cygne harmonieux
Donnant un nouveau charme au langage des Dieux ,
ide encor , brava les vains scrupules,
ivaux , mais non pas sans émules ;
Bohjûiim et Fontane , instruits par ses leçons ,
Du luth Virgîlien tirant de nouveaux sons,
Et mariant ensemble et la Force et les Grâces ,
Rivaux sans jalousie , ont marché sur ses traces.
Aux astres , aux vergers , aux agrestes tombeaux
Fontane tour à tour consacra ses pinceaux (i);
Et bientôt à sa voix , plus grands que dans l'histoire ,
La Grèce et ses héros renaîtront à la gloire (2).
Toi , disciple de Pope , ô ! chantre de Windsor ,
Brillant peintre des fleurs , prends un nouvel essor ;
Minerve et Calliope ont tressé ta couronne (3J ;
11 faut la mériter , Apollon te l'ordonne.
Fonlanc , Boiijoslin , noms chers au Dieu des arts ,
Ingénieux Castel (4) , et toi , jeune Esmenarts (5) ,
Donnez un nouveau lustre à notre poësie ,
Et de Delille absent consolez la patrie.
David.
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Le Mari sans femme, donné hier à ce théâtre,
n'a point eu de succès : on n'y a trouvé aucun
personnage intéressant , aucune situarion atta-
chante , aucune scène ou réellement comique,
ou tout au moins plaisante ; peu de couplets sail-
lans s'échappaient à travers un dialogue souvent
de mauvais goût.
En peu de mots , voici le sujet : un mari
retrouve le jour de sa seconde noce , la femme
qu'il avait abandonnée. Toutes deux le quittent ,
l'une en signant le divorce qu'il avait demandé ,
l'auue en le demandant à l'instant même. Ainsi
dans un moment le mari de deux femmes se
trouve célibataire.
C'est là sans doute uneidée plus bizarre qu'ori-
ginale , le sujet d'une anecdote ou d'un conte
peut-être, mais non celui d'une pièce de
théâtre . oui l'on désire de l'action , de l'intérêt ,
et pardessus tout, un but moral et un dénoue-
ment satisfesant.
Mais celui du Mari sans femme peut-il l'être ?
dans quelle situation les personnages quittent-ils
la scène? que deviendront-ils ? la femme aban-
donnée prendra-t-elle un autre époux ? l'épouse
du jour rompra-t-elle ou couronnera-t-elle son
mariage ? le mari placé au milieu de ses deux
femmes sans en posséder une , en cherchera-t-il
une troisième ?
Quant au but que s'est proposé l'auteur , qirel
est-il ? On ne peut pas seulement demander ici
qu'est-ce qu'un tel ouvrage prouve ? il faut com-
mencer par demander qn'est-ce qu'il veut dire?
Est-ce une leçon pour les maris infidèles ? est-cC
«ne critique du divorce ? est-ce son apologie ?
est-ce la satyre de nos moeurs , est-ce leur éloge ?•
La pièce est-elle une école ouverte aux femmes
ptêtes à se marier, ou aux hommes dont les
épouses sont absentes, ou aux femmes éloignées,
de leurs maris ? Qjiand , de la meilleure foi du
monde , on est otiligé de se faire de telles ques-
tions sur l'ouvragequ on vienide voir représenter,
cet ouvrage peut être Ion singulier , mais à coup
sûr, il n'est ni théâtral ni bien traité.
On serait étonné d'avoir vu une telle pièce
donnée au Vaudeville , si l'on ne savait que.
l'auteur est un de ceux qui sont à ce théâtre le
plus en possession de l'estime publique. Il est,
vrai de dire qiie pour faire connaître les ouvages
où son nom peut s'honorer d'être attaché, il
faut citer particulièrement le grand nombre de
ceux qu'il a composés en société; il paraît trop
confiant dans son imagination , et trop peu sârr
de son goût quand il marche en s'abandonnant
à ses propres forces. S....
sur l'astronomie ;
intitulé : le Jour des
VEisai SUT Vàomme ,
(1) Le citoyen Fontane a fait un
un autre intitulé : le FerS"- .• un trois
morts dans une campagne. Il a traduit
de Pope.
(2) Il fait un poëme sur la Grèce.
(3) Allusion à un grand poëme dont s'occupe le citoy
Boisjoslin.
(4) Auteur du Paëmè des étantes.
(5) Auteur d'un poëme sur la navigation , dont il a d<
publié quelques fragmens.
T R I B U N A T.
Présidence de Crassous.
SÉANCE DU 16 VENDEMIAIRE.
Un secrétaire fait lecture de la correspon-
dance.
Le nommé Blanchet, condamné à 8 années de
fers , tiré du bagne de Brest pour faire partie
de l'expédition contre les anglais, fait prisonnier ,
puis échangé et rendu à sa famille, se plaint de
ce qu il vient d'être arrêté , par ordre du com-
missaire du gouvernement, et conduit au bagne
de Rochefort ; il demande d'être mis en liberté.-
Le tribunal passe à l'ordre du jour.
Deux citoyens dénoncent le nouvel arrêté par
lequel les consuls ont annuUé le jugement du
tribunal d'appel du département de la Seine ,
rendu en faveur du citoyen Borel , contre les
héritiers du citoyen Boulogne , ex - fermier
général.
Le tribunal renvoie cette pétion à la commis-
sion existante.
Le ministre de l'intérieur fait hommage au tri-
bunàt d'une médaille en argent , frappée pour
éterniser le souvenir de la bataille de Maringo.
Le tribunal accepte l'hommage , et ordonne te
dépôt de la médaille à sa bibliothèque.
On procède au scrutin, pour le renouvelle-
ment de trois membres de la commission des
inspecteurs. Les membres qui ont obtenu la
majorité des suflFrages , sont les citoyens Chabot?
Laiour , Labrouste et Legonidec.
La suite demain.
N. B. Le tribunal a terminé la discussion sur
la dénonciation du citoyen Borel contre l'arrêté
des consuls du 4 vendémiaire. Après avoir
entendu Siméon , qui a proposé de passer â
l'ordre du jour sur la dénonciation , etAndrieiix
qui a soutenu un avis contraire , la discussion a
été fermée , et 1 on a été aux voix. 45 membres
ont voté pour l'ordre du joui , et aS pour que
l'arrêté des consuls soit dénoncé au sénat conser-
vateur , comme inconstitutionnel. Le tribunal ne
se trouvant pas composé d'un assez grand nom-
bre de membres pour prendre une délibération,
il y aiira un second scrutin à la prochaine séance.
AVIS AU COMMERCE.
Les canaux du Midi . d'Orléans et de Loing,
depuis le i5 vendémiaire , sont mis en état de
navigation.
GO URS DU CHANGE.
Bourse du 16 vendémiaire.
Effets publics.
Rente provisoire , 28 fr. 38 c.
Tiers consolidé 36 fr. 63 c.
Bons deux tiers i fr. 71 c.
Bons d'arréragé ' 87 fr.
Bons pont l'an 8 92 fr. sS c.
Syndicat 80 fr. 5o c.
^''îk::::™;!:!::":::::; franc dep,rt , au cit. A..^
i„„ „.„-„►, fr.»„rliir t -.lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Z Zl:::::::to:^^ -:;::::, .. Jr,.r cènes ,ui retrferment de. valeurs , et adresser tout ce ,ui concerne la rédaction de U TeuiUe . au rédacteur . rue de.
FoiteviBj.n» i3,depui (neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cil. Agasse. propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n» i3.
~-«sS3!^^_T^
GAZETTE NATIONALE ou LE MOMTEUR UNIVERSEL.
M" 18.
Octidi , 1 8 vendémiaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 1 " octobre. ( 9 vendémiaire. )
iNoTRE récolte de pommes de terre a manqué
généralement cette année.
Le docteur Angelis , médecin américain . at-
tribue la fièvre jaune à un usage excessif de pêches
et de concombres. lia observé que la plupart de
ses malades en avaient mangé avant d'être attaqués
de cette fièvre.
En Angleterre , les droits sur le tabac ont
monté , en 1798 , à 848,498 liv. sterl.
En France , avant la révolution , à 29,000,000
de francs.
En Espagne , ils montent à près de 10,000,000
de rix-dollars.
' En Portugal , à environ 5, 000,000 idem.
En Autriche , à 1,000,000 , idem.
A Naples , à 5oo,ooo , idem.
En Dannemarck, à environ So.ooo idem.
Les dernières lettres de l'Inde annoncent de
nouveaux mouveraens dans difFérentes parties de
notre empire d'Orient , et sur-tout dans celles
qui avoisinent notre territoire de fraîche acqui-
sition , et dont les naturels ont conservé leur in-
dépendance de droit. — n Ces troubles, légers
5' en eux-mêmes , deviennent pour nous autant
)> d'occasions de renforcer ou détendre notre
5> domaine; car notre sûreté demande que nous
j' dépossédions [we deprijue of shelter .nous privions
s> d'asyte ) , ceux qui voudraient ncos nuire. )j
Ainsi , par degrés , imperceptiblement , et peut-
.être même sans que nos journaux '/coopèrent,
noue empire s'étend da.:s ciiaque direction.
On a découvert récemment an manuscrit trés-
curieux dans l'école des Drames à Bénarès. C'est
une description ds ia Grande-Bretagne avant
qu'elle tût conquise par Juies-César. Elle est
appelée dans cet ouvrage l'Isle-Sainte. La Tamise
et l'Isis y conservent leurs noms, et les cercles
àtStonehenge sont décrits comme un grand temple
Indou. La société asiatique de Calcula s'oc-
cupe de traduire cet intéressant ouvrage.
>> Eh! mon brave homme , pourquoi ne criez-
vous plus les papiers, dit en. passant dans l'une
des rues de Londres , un particulier à un crieur
de qui il avait coutume d'en acheter : Monsieur ,
je ne crie plus depuis que ma femme est morte.i'
Un mouton ne profitant pas , on l'a tué pour
en savoir la raisoo. On a découvert que l'un de
ses rognons avait acquis en graisse le poids de
37 liv. et 4 onces ; le reste du corps en entier ne
pesait pas 48 liv. ( Extrait du Morning-Herald et
. du Courier. )
INTÉRIEUR.
Strasbourg , le 12 vendémiaire.
L'archiduc Charles est toujours sérieuse-
ment malade ; on dit même que sa vie est en
danger.
11 s'est tenu un conseil de guerre à Augsbourg
' pour juger les quatre paysans de Poliraess. Le
magistrat avait été invité à leur nommer un dé-
fenseur et un iaterprete. Tout Augsbourg était
accouru pour voir une procédure française :
spectacle tout-à-fait nouveau dans le pays. L'avo-
cat plaida la cause des prévenus avec beaucoup
d'éloquence. Le tribunal a condamné à mort un
des quatre paysans , comme coupable de meui-
,tre , et les trois autres à quatre années de fer ,
comme voleurs. Ceux-ci seront renvoyés à leur
gouvernement pour l'exécution de leur sentence.
Le courrier chargé par l'empereur de porier
;iux troupes autrichiennes l'ordre de se retirer
de Ulm , est arrivé , le 6 vendémiaire; une demi-
britfjde de franc us occupera la place. Les au-
trichiens ont employé 4000 chevaux pour trans-
porter leurs munitions et leur artillerie , qui
Rionte à 3oo pièces de canon.
( Strasburgtr Weltboti.)
Paris, le 1"] vendémiaire an g.
Le ciloyeri Rœderpr fera au Lycée républicain
un cours d'économie politique , qui ajoutera
encore à l'intérêt qu'inspire cet établissement
en possession de réunir des talens distingués dans '
chaque genre.
— Une lettre écrite de Berne'; en date du
10 vendémiaire , et insérée dans le Citoyen
Français , annonce que l'armée française de
réserve en Suisse s'est distinguée de la manière
la plus honorable par son excellente discipline.
11 n'a pas été commis le moindre désordre.
Les habitans n'ont qu'à se louer de la conduite
du soldat , et des bonnes dispositions des
chefs.
— Le jeune homme dont nous avons parlé dans
un numéro précédent , et qui a été trouvé blessé
â la bouche , d'un coup de feu , dans la com-
mune de Villeneuve . arrondissement de Blaye ,
est réellement le même qui avait quelques jours
avant demandé de l'emploi au préfet. Il y a lieu
de croire qu'il a cherché à se tuer.
Voici ce que le sous-préfet de Blaye écrit à ce
sujet au préfet.
<t Citoyen , aussitôt que votre lettre du 4' jour
complémentaire m'est parvenue , j'ai été voir le
citoyen , et lui ai fait connaître l'intérêt que
vous prenez à sa position.
)i lia été extrêmementsensible à ma démarche,
et m'a chargé de vous transmettre les lémoignao-es
de sa reconnaissance.
i> J'ai recommandé à l'officier de santé de
l'hospice , et aux hospitalières , d'avoir pour
' lui tous les égards et tous les soins qu'il mérite.
j) L'état dans lequel il est maintenant , fait es-
pérer qu'il ne mourra pas de sa blessure: cepen-
dant , sa bouche est tellement endommagée,
que l'ofEcier de santé craint qu'il ne puisse jamais
parler. Le nerf optique de l'œil droit ayant été
offensé , il n'e voit pas de cet œil
posante atteste que vous êtes égalemenfavides
et assurés de moissonner de nouveaux laurierï.
j'en ai l'immuable certitude , et je l'annonce avec
orgueil à la France , à l'Italie , et à vos ennemis.
Camarades ! n'oubliez jamais dans les. combats
et hors des combats , que vous êtes les enfans
du 1 = ' peuple de la terre. Soyez dignes, dans
tous les momens, du grand nom de SOLDATS
FRANÇAIS.
Pour copie conforme , Signé , Caenot.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le département de Maine et Loire , qui fut
long-tems l'un des plus malheureux de l'ouest
pendant la guerre civile , commence à présenter
lin tableau satisfesant. Les ravages de' la guerre
s'y réparent avec rapidité. L'agriculteur y a repris
ses travaux accoutumés et en recueille paisible-
ment les fruits. Les villes qui ont les ressource»
du commerce et de l'industrie sont les premières
à se relever de leurs pertes , et déjà plusieurs ,
telles que ChoUet et Chemillé , reviennent rapi-
dernent à l'aisance et au bonheur de leur situation
antérieure aux troubles civils. Les communes
dans lesquelles les mêmes ressources n'existent
pas, ont plus de peine et mettront plus de tems
à se remettre ; il est vrai néanmoins que leur
situation s'améliore progressivement. /
Les dispositions morales et politiques des habi-
tans ofFrent encore plus de motifs de satisfaciJorx
et d'espoir. Les cultivateurs jouissent délicieuse-
ment de la paix , dont le souvenir de leurs maux
passés augmente encore le bonheur et le charme.
Ils poursuivent activement les perturbateurs , et
déjà l'on doit à leur zèle plusieurs arrestations
qui deviennent pour eux de nouveaux garans de
leur tranquillité , telle est celle d'un fameux
brigand , connu sous le nom bizarre et odieux
de Coupe et Tranche.
Les prêtres se conduisent avec sagesse , prêchent
la concorde, publient à leurs prônes les avenis-
. .-1 la concorde, puDlient a leurs prônes les avenis-
>> Uetuitortune jeune homme, qui prévient sin- I semens et les arrêtés de l'autorité civile dont la
llierement en sa faveur. SUDOOrle avpr Ip r»lnc rnnnaÎQÇanrp îm^rpsc^ 1..C /-W^....^- Dl...: 1
gulierement en sa faveur , supporte avec le plus
grand courage toutes les opérations que son état
nécessite. Il ne s'est point encore expliqué sur
la cause et sur l'auteur du coup de feu quil a
reçu; maisje persiste toujours àcroiroque de vives
peine l'ont porté à se suicider.
)' Ne pouvant parler , il m'a écrit que, soudain
après sa guérison, il irait vous voir.
15 J'irai de tems en tems visiter cet intéressant
jeune homme, afin de seriner quelques consola-
tion dans son ame , et lui faire , s'il est possible ,
oublier ses malheurs. Aubert.
( Extrait du Journal officiel de la Gironde. )
connaissance intéresse les citoyens. Plusieurs de
ceux dont on craignait le plus de résistance aux
vœux du gouvernement ; ont fait leur soumission
et contribuent à consolider autour d'eux la tran-
quillité publique.
Le choix dès maires et adjoints est généralement
bon ; plusieurs d'entr'eux qui ont été pris parmi
des citoyens amnistiés, s'acquittent de leurs fonc-
tions avec zèle et intelligence , et provoquent
souvent du préfet des mesures dont lui-même
reconnaît la sagesse et iutilïté.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Bologne, le 3 vendémiaire an 9.
Le heutenant- général Dupont, commandant
l'aîle droite de l'armée d'Italie , a réuni à Guas-
lalla , une partie de son corps d'armée pour
célébrer W fête de la fondation de la républi-
que. La cérémonie a eu lieu près du camp.
L'exercice à feu, de nombreuses salves d'artil-
lerie et une musique guerrière ont animé la lête,
et il a y eu beaucoup d'ordre et d'enthousiasme.
Le général Dupont a harranj^ué les troupes.
Voici quelques traits de son discours :
Soldais , nous célébrons aujourd'hui la fon-
dation de la république. Ce jour est , à la fois
la (ête de la liberté et du courage. C'est dans
les camps, c'est parmi l'appareil des armes que
cet anniversaire auguste doit recevoir des hom-
mages solennels
INSTITUT NATIONAL.
L'institut national , par ordre du gouver-
nement , et conlormément à la lettre du ministre
de l'intérieur, a proposé, dans sa séance du 26
germinal dernier, un, prix de la' valeur de cinq
hectogrammes d'or pour celui qui aurait le mieux
traité ces deux questions :
Quelles sont Us cérémonies à faire pour les fw
nérailles ? Et quel est U règlement à adopter pour U
lieu de la sépulture ?
Quarante mémoires o t été envoyés au con-
cours.
Tous , ou presque tous , contiennent des vuel
utiles et tendantes à rétablir Tordre, la décence
et la justice envers tous , dans les pompes funè-
bres. L'institut en a distingué deux qui , par la
modé'ralion de leurs principes, la sagesse dé
leurs projets, la facilité de leur exécution dans
toute l'étendue de la république , lui ont pari»
avoir le mieux traiié les deux questions énoncées
) dans le programme. Il ajugé que le prix devait
1 ;;•""-"- t">jg,'»'"«"c. XI «ijugc que le prix aevai
Le feu sacre riue la révolution fit éclore , I être partagé également entre ces deux me
s est entretenu toujours ardent et pur, dans le
sein des armées, et l'amour de la patrie sera
toujours placé dans vos cœurs , à côté de l'amour
de la gloire.
Soldats , lEurope s'étonne que la paix n'ait
pas suivi vos derniers triomphes, et que l'obs-
tination de la cour de Vienne l'ait emporté
jusquici sur le vceu des peuples. Son ambition
combat le souvenir terrible de Maringo ; mais
les sombres nuages de sa politique vont se dis-
siper devant !a grandeur et la sagesse du gou-
vernement français ; votre attitude liete et im-
raoires enregistrés sous les n°' 26 et 28 , ponant
pour épigraphe , savoir :
m gardons l'humanité,
li des morts bravez la majesté ,
"lambeaux , ces ornemens , ces prêtre»,
ï à la tombe escortait nos ancêtres :
36. De la religic
, Barbares , qi
Eloignez ces i
Dont le fast(
IVtais appelez du moins autour de nos débiis
. Et la douleur d'un (Vere et les larmes d'un fils.
C'est le juste tribut où nos mânes prétendent;
C'est le culÇi du cœur que sur-tout ils attendent.
( Lega.iv<. Il
66
M" 38. " EitÉofiôr M tiîniùB! anîmas placaie pitetnas .
„ Parvaque in extruc^as munei'a ferre pyraé.
„ Parva petuut mânes : pîctas pro divîte gtata est
„ Muneie : non avidos Slyx habet ima deos.
( Ovid. lib. li failor. )
Les deux auteurs sont , pour le n" î6 , le ci-
toyen F. V. Mulot , ex-législateur;
E( , pp«r le n" «8 , le citoyen Amaury-Duval ,
cîief du bureau des arts dans le ministère de
l'inlérieur.
Parmi les autres mémoires , l'institut a noté ,
comme digne d'une menlinn honorable , spécia-
kment à raison de la prédilection avec laquelle
son auieur s'est occupé des communes rurales,
celui dont la devise est :
Sepelirè mortûvs , <)pus miserkordià. Gènes.
Ensuite ceux qui ont pour épigraphes :
Vnus omniurri exaquahitur cinis. Serfeca.
<c Les premiers principes de la morale , de la
»> rnédecine et de la science sociale , demandent
>j la plus prompte réforme de l'état dans lequel
f> sont les inhiimations. 1) (Discours de Baudin. )
Util! tas ex inhiiicis capienda.
-, . , . A nos regrets sachons prêter des cliarvncs ,
Rendons les fleurs , les bois confidens de nos larmes.
Dans les fleurs , dans les bois , du sort trempant les coups ,
Wos parens reviendront converser avec nous.
L'Insti(ut fera connaître plus en détail , par un
rappoft imprimé , lès idées utiles que l'on peut
tecueillir des mémoires envoyés,au concours.
T R I B U N A T.
Présidence de Crasious.
Suite de la séance du i6 vendémiaire.
'Shnéoti. L'intervention du tribunal est réclamée
contre un acte du gouvernement. L'exercice haiif,
d'bn droit qtte l'on ne pensait pas devoir être
sitôt nécessaire , est digne de toute notre alten-
tion. Ce n'est pas un citoyen seul qu'il faut rassurer
sur ses inquiétudes ; tous auront à apprendre que
le gouvernement ne mérite pas l'imputation d'être
sorti de ses limites , ou qu il a trouvé dans l'action
du tribunal , l'obstacle mis à sa force et à labus i
de ses pouvoirs , par la constitution. I
Il me paraît inutile d'ajouter à une question)
dont i'iniéiêl devient tout d'un coup si important , '
des dissertations qui la comp iqueraient. |
Sans dobte, si le goui'erneraen! arrête la marche;
de la justice dans les matières dont il n'est pas!
comi élftii; s'il (.-nipêche l'exécution fies jugemens ;
lorsqu avant lui les lois ne l'ont que suspendue , |
il commet une inconstiiutionnalité , puisqu'il en- j
Ueprcnd sur le pouvoir judiciaire.
Mais aussi lorsque le pouvoir judiciaire s'in- 1
vestit d'affaires administratives, lorsque , sous pré- !
texié d exécuter des jugemens qu'il a pu rendre , i
on va troubler l'administration à laquelle ils doi- '
vent ê re représentés pour qu'elles les reconnaisse !
et les cUise dans Tordre général dont elle s'oc- j
■cupe , îl y a pareillement un excès de {pouvoir, '
Tine inconslitutiotinalité à prévenir ou à réprimer; .
■ et c'est l'autorité administrative supérieure , en
■autre termes, le gouvernement qui en est chargé.
Il se pourrait donc que , tandis qu'on nous
propose de déférer le gouvernement au sénat- j
conservateur, comme contrevenant à la consiitu- j
tion , le reproche se rétorquât contre le citoyen |
•Boiei , siiu dénonciateur , et contre les tribunaux
qui auraient méconnu les bornes dès long-tt;ras
posées à leur juridiction et à l'exécuuoti de leurs
jugemens.
Pour juger ce procès , car ce n'est au fond que
d'un procès que nous nous occupons aujourd hui ;
il faut se rappeler que la révolution . en se déter-
minant contre les impôts indirects , renversa les
fermes générales. Le torrent qui les entraîna ne
iarda pai à submerger les fermiers généraux eux-
mêmes.
D'abord , on les chargea de la liquidation de
la fermé et dii recouvrement de l'arriéré (i).
Mais le 5 juin 1798 , on mit le scellé sur toutes
leurs caisses et papiers. On se saisit de toiM ce
qu'ils avaient de fonds.
Le î3 août , on leur défendit de faire aucune
recette ni dépense.
L'article III des décrets des 24 et 27 septembre
enchérit sur cette disposition. U porte : " Les
>i membres des anciennes compagnies , ni leurs
>♦ préposés , ne pourront plus faire aucune recette
»i ni dcpehse , ni donner suite à aucune affaire. >>
Ils ne pouvaient donc plus ni payer ni plaider.
Il fallait donc surseoir à toute exécution contre
eux , ainsi qu'à tout procès. C'est ce que lit l'ar-
ticle XIV cfes mêmes décrets des 24 et 37 sep-
tembre.
(1) Loi ii\>'i>iebiin août 1191^
t'artîcle suivant ordotina 1» litjuidatiôn <î«is'
créances passives de là ferme.
Elles ne pouvaient donc plus être poursuivies
ni payées que d'après cette liquidation.
Le 4 himaire an 2 , le même jour où une foule
déchaînée vint commander à la cçnvention na-
tionale l'arresiation des fermiers généraux , une
troupe d'employés , de porteurs de charbon ,
d'ouvriers rapeurs , ficeleurs , hacheurs de tabac ,
fit déclarer que le sursis porté dans le'-décret
du. . . . septembre lygS , ne leur était point appli-
cable , c'est-à-dire, qu'ils pouvaient poursuivre
contre là ferme générale, qui ne pouvait payer,
puisqu'elle ne pouvait faire aucune dépense,
puisque tout était saisi , et que ses dettes étaient
sujettes à liquidation; mais ils savaient que les
fermiers généraux , si grièvement menacés , ne
disputeraient pas , et payeraient sur leurs propres
biens ce que la ferme seule devait.
Une disposition plus extraordinaire encore se
glissa dans cette loi du 4 frimaire iti 2. Non-
seulement le sursis fut déclaré non-applicable
aux employés et ouvriers qui avaient obtenu des
condamnations avant le 27 sepiembre 1798 , mais
à tout citoyen qui a des titres valables. Qiloi de plus
vague ! qu'est-ce qu'un titre valable , avant qu'il
ait été reconnu par un jugement ou une hquidï-
tion ? qui devait juger de la validité du titre ?
celui qui en était muni en étail-il le juge , et devait-
il prononcer dans sa propre cause ?
On n'aurait pas lardé de s'appercevoir des incon-
véniens de cette disposition, si le décret du aS
nivôse n'était venu la rendre inutile.
Alors les biens des fermiers-généraux furent mis
sous la main de la nation , comme l'avaient été
déjà ceux ae la ferme générale ; leurs créanciers
furent tenus de faire leurs déclarations sous un
mois pour tout délai. La régie de l'enregistre-
ment , qui ferait administrer leurs biens comme
ceux des én^igrés , prendrait connaissance de tous
les procès intentés , ainsi que de ceux déjà jugés
contre les fermiers généraux.
Evidemment celte loi révoqua de fait celle du
4 frimaire , et rétablit le sursis prononcé en
septembre I7g3; elle ordonnait à la régie de
l'enregistrement de prendre connaissance de tous
les procès jugés ; les jugemens n'étaient donc
plus exécuioires , et d'ailleurs , contre qui et
sur quoi les exécuter ? les fermiers généraux
étaient regardés comme émigrés, et leurs biens
étaient confisqués.
Le 9 thermidor ayant ramené des principes trop
oubliés, la loi du 21 prairial an 3 fut rendue ,
qui restitua les biens confisqués. Les biens des
fermiers généraux furent compris dans cette res-
titution , sauf les droits de la république. Il faut
lire l'article Vil de cette loi :
Il La disposition de l'article I"^ , en ce qu'elle
ordonne la restitution d|S biens confisqués par
des jugemens rendus revolutionnairement , ne
préjudiciera point aux droits, créances, actions
et indemnités de la république . sur les biens
des régisseurs , fournisseurs, comptables ou dila-
pidateurs , qui auront été condamnés révolulion-
naireiiicni; lesdits droils , créances , actions et
indemnités v sont réservés pour être exercés civi-
lement; à cet effet le~s hypothèques et séquestres
établis avant les condamnations à mort , tiennent
et subsistent.
)> Il en sera de, même pour les biens des fer-
miers généraux , dans tous les cas oîi le comité
des finances n'aurait pas converti ou ne conver-
tirait pas le séquestre eh opposition, u
Cette loi fit-elle cesser le sursis qui s'était néces-
sairement ensuivi de la confiscation ? dispensa-t-
elle les créanciers de faire liquider leurs créances
et examiner leurs titres ? elle est muéfiè à cet
égard.
Mais entretenant le séquestre sur les biens des 1
fermiers-généraux , à moins qu'il ne fût changé
en opposition, elle conserverait toujours à la
nation séquestre ou opposante le droit d'examiner
les prétentions et les titres des créanciers de la
ferme et des fermiers : elle y aurait le même
intérêt.
Tels furent en effet l'interprétation et l'exécu-
tion que la loi du 21 prairial reçut par rapport
à eux. lOn coiltiriua de liqtiidet les créanciers
à leur charge. Et jusqu'à présent, c'est-à-dire
pendant cinq ins , personne n'avait mis à exécu-
tion des jugemèris contre eux ou leurs héritiers.
C est dans cet état que le gouvernement jettant
l'œil sur les nijmbréuses liquidations dont il est
chargé, sur la mulliiiide de citoyens qu'elles inté-
ressent , a pensé qu'il fallait enfin pour leur avan-
tage et le sien , statuer définitivement sur la liqui-
dation de la ferme et des régies générales.
D'abord , il a ordontié que tous les çréariciers
qui n'ont pas encore fourni leVirs titrée, lés four-
niront dans trois mois, /
Il a déclaré , par un second article , c'est celui
qu'on accuse principalement d'inconstitution-
nalitè , que les créanciers qui ne se seraient pas
tait liquider en exécution de l'article XV du dé
fret des 24 et sS septembre i7;93 , seront tenus
tfén ftiiré'Ietirydéchîrat?oiiS>el «îe sursSbir à toutes
pdtîrïiiiités.
Qu'est-ce que le goùvernénnerit à fait sur cette
dispositiôti ? est-il intervenu dans une' affaire par-
ticulière, pour arrêter, comme on le lui reproche,
l'action de la justice ?
Non , il a statué relativement à la masse des
créanciers de la ferme sans s'occuper de l'affaire
du citoyen Borel qui le dénonce. Ce citoyen dit
lui-même, dans les observations qu'il nous a (ait
distribuer, sur le rapport de notre collègue Savoy-
Sollin . que le ministre et les bureaux ne la con-
naissent pas , et que ce sont les héritiers Bou-
logne qui lui ont fait signifier l'arrêté comme ua
arrêt de surséance.
Ce sont donc ces héritiers qui ont appliqiié'à
leur affaire particulière l'arrêté du gouvernement
qui ne la connaissait pas , qui ne la connue et
qui n'y est intervenu postérieurement que quand
il a su que son rég'ement n'était pas ejtécuté ; et
qui ayant dès long-tems dans ses mains les biens
de la ferme générale, ayant un ordre à établir
parmi les créanciers , avait dû , en attendant la
liquidation et l'ordre qu'il allait presser, sus-
pendre toute poursuite.
Il l'a dû , parce qu'en administration comme
en justice réglée , et par-tout, liquidation et sursis
aux pouf suites sont deiix corelatris nécessaires.
La révocation du sursis n'était possible , ainsi
qu'on l'a remarqué dans les considérans de l'artêlé
du 4 germinal, qu'autant que l'on aurait égale-
ment révoqué et la défense faite de payer aucune
dette de la ferme , et l'ordre de les liquider.
Si la justice eût été saisie de la liquidation de la
dette des fermes , elle eût prohibé les exécutions
particulières , comme elle le fait toujours dans
les instances générales d'ordre et de discussion.
Quand celte liquidation est à faire administra-
tivenient, il y a la même raison pour qu'on ne
vienne pas avec des exécutions prématurées dé-
ranger et interverdr l'ordre qu'elle doit établir.
Outre le mal qui en résulterait pour les débi-
teurs et les créanciers , il en naîtrait un conflit
qui nuirait aux travaux de l'administration , et
qui attenterait à son indépendance , laquelle est
égale à celle de l'ordre judiciaire.
Si le tribunal de cassation statue suf les con-
flits entre les tribunaux , c'est au gouvernement
qu'il appartient de décider Ceux qui s'élevetit
entre l'administration et la jus'ice, à pourvoir à
ce que la première n'empiète pas sur celle-ci, et
réciproquement que des titres judiciaires parti-
culiers ne troublent ou ne gênent pas les opé*-
rations générales de l'administration.
A cette observation si décisive, fondée sut la
loi du 21 fructidor an 3 , et si bien développée
par notre collègue Chaland , on répond qu'il aj
avait poiiît ici de conflit.
Qu'est-ce donc qu'un conflit ? n'est-ce pas le .
concours de deux autorités indépendantes , dont
les actes se choquent ou Sont prêts à se choquer ?
Si r'administraiion relient l'actif, liquide le
passif, et que pendant cette liquidation générale
il y ait des exécutions particulières , tout sera
bouleversé. Le gouvernemenl qui a le devoir et la
puissance de garantir l'adminisiralion des inva-
sions judiciaires , peut donc d'office , et lorsqu'il
les voit prêtes à se foimer , les arrêter par une
saisie. Ce n'est pas la fortune d'un particulier
qu'il défend ati préjudice d un autre . ce sont
des opératiori? à fane sons la surveillance qu'il
maintient ; et s'il le pouvait quand le sursis n avait
pas ehcore été ordonné , il le peut à plus forte
raisoti , lorsque ce sursis est déjà fondé sur lie
droit commun et sur des lois expresses qti'ilne fait
que renouveller.
Le citoyen Borel a étayé sa Iréclamatioto de
l'avis d'un jurisconsulte justement célèbre.
Ce jtirisconsulte a pensé que la liquidation à
faire de la dette des fermes-générales , ne saurait
profiter à leurs cautions , qu elles peuvent être
poursuivies sur leurs biens personnels comme
peuvent l'être les cautions des émigrés.
Je crois entrevoir deux différences essentielles.
Première différence : Les fermiers - généraux
étaient cautions du bail à l'égard du gouverne-
ment, ils l'étaient aussi à l'égard des particuliers
pour les faits de la ferme.
Ils étaient soumis par le bail à fournir cliacua
1,560,000 livres ; mais je ne vois nulle part qu'ils
eussent obligé en outre leurs biens-personnels.
Leur avance de i,56o,oob liv. chacun , formant
la soïnrtïe totale de 68,640,000 liv. , était divii
s"ée éti fotlds de càuiîonneine'nt et eti fonds d'ex'-
ploitation (1).
48,640,000 liv. fôraiàiént le fon'ds d'exploitation.
(1) chacun des fermiers-généraux, caution dudit preneur,
«ontribuera , par égale portion , aux fonds nécessaires , tant pour
le cautionnement dudit bail, que pour son exploitation. Les-
quels fonds formeront un total de soixante-huit .millions si!t
cent quaranie mille Hv. , .à raison de quinze cents soixante mUle
liv. par chaque > plate. Art. X du résultat du conseil du 19
oiatâ 1786, portant bail des fcinies générales.
4((S,ooo,ooo devaient êirt déposés au trésor royal
par forme de cautionnement (i).
C'est le fonds d'exploilation qui était le gage
clu public pour les faits de la ferme, comme
les 20 millions déposés au trésor étaient le gage
du gouvernement.
Il n'y avait de solidarité en^tre- l«s fermiers-
généraux que vis-à-vis le gouvernement avec
lequel seul ils trailaienl.
La solidarité étant de droit étroit , on ne peut
ni l'étendre d'un cas ou d'une {)ersonne à l'autre ,
ni l'induire vis-à-vis le public avec lequel la
solidarité n'a été ni entendue ni stipulée.
L'ordonnance des fermes dit , que les juge-
mens qu'elles obtiendront , seront exécutés , non-
obstant l'appel aux cautions du bail , c'est-à-dire
sous le cautionnement porté dans le bail. Or ,
si ce cautionnement ne consiste pour chaque
fermier-général qu'aux l,56o,ooo livres par lui
versées , il n'est ni obligé ni caution sur ses
biens personnels.
Et quand il le serait , n'ayant renoncé nulle
part au bénéfice de discussion , tant que les
fonds de la ferme générale ne seraient pas
épuisés , il ne pourrait pas être personnellement
poursuivi (2 ).
Il existe donc une grande différence entre les
cautions des émigrés , lesquelles se sont obli-
gées sur tous leuis biens , sans division ni dis-
cussion , et les cautions des fermes générales
qui ne se sont obligées que pour les i,56o,ooo
liv. que chacune d'eux a versés.
Seconde différence : les cautions des émigrés
s'étaient soumises à répondre de tous les faits
qui pourraient altérer la solvabilité de ceux
pour qui ils avaient répondu. C'est par leur
faute que les émigrés ont confisqué leurs biens.
On a pensé que cete faute doit retomber sur
leurs cautions plutôt que sur leurs créanciers
qui avaient exigé un cautionnement pour le cas
de confiscation r, comme pour tous ceux qui
étaient prévoyables.
C'est au contraire sans aucune faute que les
biens de la ferme générale sont saisis . c'est par le
fait du prince que'les cautions n'ont pas garanti.
Nul ne répond du fait du prince ; et quand ce
fait intervient , il est équitable que les droits par-
ticuliers soient suspendus.
Si la ferme générale est , après la liquidation ,
reconnue insolvable , ses cautions répondront.
Mais jusqu'à son insolvabilité déclarée , pourquoi
l'autorité administrative soufFiirail-elle qu'on exé-
xute des cautions dont elle retient le gage ?
Quoique l'on puisse penser de ces différences
qut sont évidentes pour moi ; qnelqu'opinion
qu'on ait sur la question qui fut si diversement vue
par les cinq-cents et par les anciens , entre les
conditions des émigrés et les créanciers de ceux-
ci ; une chose qui sera plus décisive pour tout le
monde , parce que c'est un fait hors de toute
contestation , c'est qu'aucune loi n'avait sursis aux
poursuites contre les cautions d'émijirés ; c'est
qu'au contraire les lois de septembre lygS et «3
nivôse an 2, avaient sutsis à toutes poursuites
pour dettes de la ferme.
Le gouvernement n'est donc point sorti de ses
attributions. Chargé de faire exécuter les lois , il
en a rappelé les dispositions. Il y a plus , il en a
omis une qui fait plus que de surseoir aux pour-
suites du genre de celle du \" floréal; elle en
proscrit et anéantit le titre : c'est la loi du 29 mai
jygi , ainsi conçue :
«i Les procès pendans avec contestation en
cause , et ceux suivis de jugcmens sujets à appel
pour frauda ou contraventions relatives aux droits
ci-devant perçus par la régie générale , et les fer-
mes et régies particulières ,'40nt annullés sans que
■(») Lee fcrnrlers-génétau'x , cautions duJit prencuv, dépose.
iront au trésor royal , par foViûe de cautionnemenL , sur la
eomine totale de soixante- tiuit juillism aix c*nt quarante rtillte
lïv. de fonds a'ïfvancê , celle de vingt mitions , qui leur sera
xemboursée par ffâ mjkjesté su^ 4e i^rix dts ai): deVnifirs iiu)is du
présent bail.
(2) Cette distmctîon entre les fontl* d'exploitation et celui
de cautionnement , est consacre'e par la loi du premier août
1791, relative .i la liquidation de la ftrine générale. Le tit. III
«lîvise expressément les deux sortes de fonds. Ceux du cau-
llofmement sont remboursab es en cinq mois , individuellement à
chaque fermier-général. ( Art. IIJ. )
Le fonds d'exploitation n'est remboursable qu'après. (Art. Vï
« VU. )
Le même distinction entre le» blem cdllectifs de la ferme
et les biens pcrsOTînels des fermiers-généraux, a été reconnue
et suivie par les Ibis , qui » fautfe de cette observation , parais-
eent se contrarier.
Les lois des 5 juin et 27 septembre 1793 s'appliquent aux
londs et deniers de la ferme générale.
Celles des 23 et îg nivôse an î , et Ji prairial an 3, sont
lelativea aux brciw et aux créanciers des frmierS'généraux.
La restitution faite aux fermiers-généraux par la loi du
31 prairial de leurs biens personnels , n'a pas rendu aux créflo-
ciers de la ferme les actions et prétentions qu'ils n'avaient que
«ur te fonds social d'cxploitatioH , ce fonds enlevé par te gou-
vernement , et versé par forme de dépôt à la trésorerie , en
exécution de la loi du i juin 1793.
C'est sur ce fonds que les créanciers de la ferme doivent
ff gouttait juiqu'ji épuiaemeDt et diicunion tarait.
67
le! parties puissent rien répéter les unes contre
les autres, m
Mais , dit-o-n , la loi intermédiaire du 4 frimaire
an 2 , avait déclaré que le sursis ne s'appliquait
pas aux dénommés qui avaient obtenu des con-
dattmations , non plus qu'à tout autre citoyen
ayant des titres valables.
Mais, répondrai-je, la loi du 23 nivôse avait dé-
truit celle du 4 frimaire.
Et si l'on objecte que la loi du 21 prairial an 3 ,
ayant rendu aux fermiers généraux leurs biens
personnels , dut les leur rendre avec leurs charges
et faire renaître la loi du 4 frimaire, je répliquerai :
1° Qu'elle ne le dit pas ;
2° Q^Lie les deltes de la ferme n'étaient pas une
charge des biens personnels des fermiers généraux
qui ne les'avaient point obligés , et qui n'étaient
débiteurs et cautions que sur les i-,56o mille liv.
que chacun d'eux avait veibée,s ;
3° Que quand leurs biens personnels seraient
obligés , loin qu'ils leur eussent été restitués avec
la charge de payer de suite les dettes de la ferme ,
la loi de restitution s'opposait littéralement à ce
paiement ; car les biens étaient restitués à la
charge du séquestre ou de l'opposition de la
nation ; mais l'opposition seule est un obstacle
légal à tout paiement , car les biens étaient res-
titués à la charge du séquestre ou de l'opposition
de la nation ; mais l'opposition seule est un obs-
tacle légal à tout payement, par conséquent à toute
exécution.
Où est donc l'inconstitulionnalité ? je la cher-
che ; je ne vois rien autre , si ce n'est qu'au mi-
lieu d'une fliictuation de lois qui se combattent ,
mais dont le dernier état n'est point contraire aux
fermiers généraux, le gouvernement a saisi et ce
dernier état et ce qu'il y avait de plus équitable
dans les lois précédentes ; il a prononcé l'exécu-
tion de l'article XIV du décret des 24 et '27 no-
vembre 1793 , en renouvellant le sursis ordonné
par cet article.
Maintenant il ne me sera pas difficile de réfuter
les objections de celui de nos collègues qui a atta-
qué le rapport de la commission.
Quand les tribunaux , a-t-il dit d'abord , n'au-
raient pas diî connaître d'une prétention contre
les fermiers généraux sujette à liquidation , 1 illé-
galité des jugemens ne peut jamais autoriser le
gouvernement à prendre connaissance de leurs
décisions , ni à les réformer , ni à surseoir à
leur exécution.
La loi du 21 fructidor an 3, faite en exécu-
tion du titre VII de la constitution de l'an III,
relatif aux pouvoirs administratifs, répond en ces
termes art. XXVII , " en cas de conflit d'att'ri-
■>■> bution entre les autorités jtidiciaires et admi-
)) nistrafives , il sera sursis jusqu'à décision du
u ministre, confirmée parle directoire exécutif qui
>) en référera, s'il est besoin, au corps-législatif. >>
Cette disposition est accordée à notre constitution
présente , par l'art. XI du règlement du conseil-
d'élat , on y lit ; u il prononce sur les conflits
1' qui peuvent s'élever entre l'administration et
j> les tribunaux, u
L'arrêté dénoncé, du 4 germinal , avait cherché
à prJéveoir des conflits qui allaient naître entre des
jugemens que l'on voudrait exécuter et le sursis
aux exécutions, qui était nécessaire pour la liquida-
tion dont l'udministration était chargée. Un se-
cond arrêté qui vient d'être pris , a eu pour objet
de faire cesser le conflit formé , et résuitailit de ce
qu'au mépris du premier arrêté , ks tribunaux en
aient connu.
On applique mal un principe très-vrai, lorsqu'on
dit que le gouvernement ne doit point s'immiscer
des jugemens; c'est-à-dire. que jamais il ne peut
les rélormer comnfle injustes , les anéantir comme
nuls ,. lorsqu'ils ne sortent pas des bornes pres-
crites par la constitution sur l'ordre judiciaire.
Tout ce qui se passe dans cet ordre, est hprs
de la dépendance du gouvernement; et s'il y ap-
perçoit quelques vices , il a un commissaire auprès
du tribunal de cassation auquel il peut et doit
donner un mandat d'en requérir l'annullation.
Mais si l'ordre judiciaire sort de ses limites ; s'il
entreprend sur l'administration, alors hors de son
territoire , ce n'est plus le tribunal de cassation qui
est son régulateur. C'est l'ordre admininistradf
sur lequel il cmpiette qui , par l'autorité admi-
nistrative supérieure , repousse et réprime son
usurpation. ^
Le gouvernennent est §on propre défenseur. Il
serait en effet inconvenant qu'il soumît ses actes
ou ses opérations au tribunal de cassation : il
serait contradictoire que l'administration étant sé-
parée de la justice et en étant indépendante , il
fallût aller au tribunal suprême de justice pour
faire réprimer les entreprises sur l'administration.
La même raison qui a fait attribuer au gouver-
nement la décision des conflits entre l'adrainis-
traiion et les tribunaux , donne au gouvernement
le droit de maintenir ses décisions et dç les faire
exécuter.
Ainsi des créanciers voulaient mettre à exé-
Guiiisri de» titres judi'ciauei ; l'admiiùstiation avait
besoin de les voir , de liquider les créances , de
les ranger ; dt là le coiitlit sur lequel le gouver-
nement a statué le 4 germinal en renouvellant le
sursis aux poursuites.
S'il a pu prendre ce premier arrêté , ainsi que
cela me paraît démontré , le second est inatta-
quable : il est la sanction du premier.
Mais , dit notre collègue , si la constitution
autorise le gouvernement à faire des réglemens
pour l'exécution des lois , elle ne lui permet pa»
d'en faire pour les contrarier; or, l'arrêié du 4
germinal contient plusieurs contrariétés aux lois.
Le \" article de l'arrêté rappelle , coniinue-t-il ,
à l'exécution de l'art. III de la loi du 23 nivôse ,
les créanciers des fermiers généraux qui n'avaient
pas fourni leurs litres. Cette loi avait été abrogée
de fait par celle du 21 prairial an 3 , le gouverne-
ment na donc pas dû en faire revivre la dispo-
sition,
La loi du 2 1 prairial n'abrogea celle du 23 ni-
vôse que pour la confiscation ; elle laissa d'ailleurs
les biens des fermiers généraux sous le séquestre
ou sous l'opposition de la nation. La liquidation
de leurs dettes resta donc nécessaire.
Le gouvernement a donc pu statuer que les
créanciers des fermes générales qui , en fxécution
de l'article III du décret du 23 nivôse n'avaient
pas fourni leur déclaration , la fourniront.
Cette déclaration était d'ailleurs prescrite par
le décret du .., septembre 1793. Aucune loi ne
l'avait abrogée ni de fait ni de droit. L'erreur ,
s'il y en avait une dans le premier art. de l'ariêté ,
serait d'avoir cité la dernière loi sur la nécessité
de la déclaration , au lieu de remonter à la plus
ancienne.
Mais , dit notre collègue ^ l'art. Il de l'arrê'é
n'a pas dû imposer aux créanciers des fermes
générales un sursis dont la loi du 4 frimaire an »
les avait dispensés.
Quoi ! si cesursisétaitinconciliable avec la liqui-
dation du passif de la ferme, dont toutes les lois
et la nécessité commandaienr de s'occuper ; si ce
sursis , avait été lui-même forcément ictabli p.tr
le séquestre ou l'opposition postéiieuremeut mis
sur les biens des fermiers généraux , comme au-
paravant on avait saisi ceux de la ferme , il fallait
permettre des exécuuons qui rendraient la liqui-
dation inutile, puisqu'ils la préviendraient, et
, qui exposeraient les héritiers des fermiers géné-
' raux à payer, au préjudice ou de créanciers plus
anciens ou plus légitimes , au pièjudjce de la
nation mênae , des créanciers plus uigens!
L'art. LU de la constitution charge le conseil-
d'état, sous la direction des consuls, de faire des
réglemens d'adrainistrati-on publique , et d'e rè-
soudie les difficultés qui s élèvent en inaiicre admi-
nistrative.
L'art. XI du règlement d'organisation du conseil
le charge de développer le sens des lois.
C'est en vertu de ces deux titres, que le gou-
vernement, le conseil-d'état entendu, a fait un
règlement sur la liquidation de la dette de» fermes ,
matière qui est certainement d'administration pu-,
blique. Il a résolu les diflîcullés qui s'élevaient , il
a déÉ|,loppé le sens des lois.
C'est eii force de la loi du 21 fructidor an 3 ,
qu'il a étendu ce développement jusqu'à régler
le conflit qui s'établissait entre l'administration
et la jijstice , et qu'il a suspendu l'exécution des
titres que celle-ci avait donnés , et qui doivent
i être rangés à leur rang et ordre.
Le collègue que je réfute a fait un troisième
reproche à l'arrêié. Les lois des 246127 seprcmbre
et 23 nivôse an 2 , ordonnaient, a-t-il dit , que la
déclaration des créanciers serait faite devant les
administrateurs de district et de département dans
le délai d'un mois. L'arrêté accorde un nouveau
délai de trois mois , et il ordonne la déclaration
devant le directeur de la régie des domaines :
ce sont, aux yeux de notre collègue, des modifi-
cadons et des usurpations qu'il avoue à la vérité
n'être ni nuisibles, ni bien effrayantes; il veut
cependant l^s délèrer au sénat comme une entre-
prise dont il faut arrêter les premiers ess*is.
Qpand la constitution et les lois ont détruit les
administrations de district et de département , je
ne conçois pas comment le gouvernement , chargé
de faire les réglemens pour leur exécution , ne
peut pas déclarer que telle chose . qui devrait
être faite devant des administrations qui ne sub-
sistent plus, appartiendra à tulle autre qui en a
pris la place.
Que si Ion disait qu'il fallait donner aux préfets
ce qui était attribué aux administrations départe-
mentales , je répoijdrai^ que ceci appartient bien
mieux à la régie des domaines , puisque c est
elle qui a intérêt à l'actif et au passif des fermes
et régies générales ; c'eût été un circuit iiiuiila
que de s'adresser aux préfets.
• Mais de plus , le décret du . . . septembre 1793,
et celui du 23 nivôse an 2 , indiquent, l'un le
directeur général de la liquidation , laulre la
régie de l'enregisireraetrt. L arrêté du 4 germinal,
loin de rien changer à ces lois, b'a àQi\c fait que
sépéter leurs dispositions. Le reproche est donc
sans base. Mais que dire du nouveau délai ac-
cordé aux créanciers ?
D'abord qu'il est juste, çt je crois que nous
serons tous d'accord à cet égird.
Pas un de nous ne pensera qu'un créancier
légiiime doive perdre ses droits , parce qu'au
milieu des orages d'une révolution, qui souvent
a menacé ses biens , sa vie , troublé au moins
sa tranquillité et tourné son attention sur des
obligations p'us impérieuses , ou sur des dan-
gers bien plus graves , il aura omis de repré-
senter des titres qu'il n'était peut-être pas enson
pouvoir de rassembler.
La dispute ne naît ici que de la jalousie du
bien. Nous déférerions le gouvernement au
sénat , parce qu'il se serait hâté de faire , pen-
dant l'ajournement du corps législatif, un acte
de justice dont nous prétendrions qu'il n'aurait
dû avoir que la piopOsition !
Ayons , j'y consens , cette active surveillance ,
lorsque le gouvernement s'afFranchissant des
sages entraves que la constitution lui a données,
même pour le bien, se livrera à des disposi-
tions législatives qu'il n'a pas le droit de faire.
Miis ne nous trompons pas sur la nature des
dispositions , e> avant d'accuser , sachons bien
ce qui appartient à la législation et au gouver-
nement.
De ce que dans de précédentes constitutions
tout était un sujet de loi , il ne s'ensuit pas que
la même confusion des matières et des pouvoirs
subsiste aujourd'hui.
Tout ce qui est d'administration , n'est plus
qu'objet de règlement.
Or, c'est une chose administrative que de
liquider des créances auxquelles la nation a
intciêt , et dont elle a le gage dans les mains.
C'est une disposition administrative que celle
qui règle là manière et le délai dans lesquels
cette liquidation sera fiite ; le gouvernement a
donc naturellement tout pouvoir à cet égard.
Mais , dira-t-on , si une loi avait précédé ses
rcglemens , ouïes avait faits, pourra - t - il y
déroger ?
Il le peut, je pense , si , en réservant au corps
législatif tout ce qui est matière à législation po-
litique et civile , on a franchement abandonné au
gouvernement tout ce qui est administratif. Dès
lovs les lois administratives précédemment ren-
dues ne pourraient eue considérées que comme
des actes de gouvernement faits en un tems ou
tous les pouvoirs étaient cumulés. Comme tous
les autres ac;cs de gouvernement , elles pourraient
donc être à la disposition du gouvernement potrr
les interpréter , les modifier , les changer ; il n'y
aurait au-dessus de ses pouvoirs que ce qui est
législatif.
Mais je me hâte d'écarter cette question qui
peut être controversée et éveiller des jalousies de
pouvoirs , pour m'appuyer d'argumens incon-
testables.
• On a toujours distingué , en matière de délai ,
ceux qu'on appelle comminatoires et ceux qui
sont péremptoires , les délais prescrits par lea lois
ou par les réglemens administratifs pour commu-
niquer des litres , former des demandes , ont tou-
jours été réputés comminatoires , c'est-à-dire qu'ils
n'emportent jamais de déchéance définitive que les
choses ne soient consommées ; tant qu'elles ne
le sont pas , on peut être reçu à produire ces
littes et ses réclamations , à moins que , par une
dernière monition , il n'ait été déclaré qu'après
un tel délai , on sera définitivement déchu.
Par conséquent , accorder un nouveau délai ,
lorsque la loi ne l'a pas défendu , lorsqu'elle
n'.i pas prononcé la déchéance , lorsqu'elle n'a
pas ordonné qu'au préalable oa vérifierait s'il y
a eu réclamation en tems utile ; lorsqu'il n'y a
de droit acquis à aucun tiers ; lorsque la dé-
chéance serait une grande injustice de la nation
envers plusieurs de ses membres , ce n'est point
contrarier la loi , c'est entrer dans son esprit.
Relever de la déchéance acquise , ce. serait dis-
penser de la loi*, mais ajouter un nouveau délai
à des délais susceptibles par leur nature de pvo-
rcation , ce n'est point usuiper , c'est adminis-
trer et gouverner.
Opposera-t-on que dans le fait la loi de sep-,
teœbre itqS portait un délai après lequel on ne
serait plus admis ? la loi du 23 uivôse an 2 , ac-
corda un nouveau délai , sans y joindre celte
rigueur. Elle n'employa que le terme pour tout
délai , expressioti qui n'a jamais ete regardée que
comminatoire , tant que la déchéance n'est pas
eipresséraent prononcée, ou acquise par la con-
sommation de la liquidation.
On sait d'ailleurs que la loi du 24 frimaire ati 6 .
relative à l'arriéré de la dette publique , article
XXXIV , à relevé de toutes déchéances les créan-
ciers de la république , soumis a liquidation. Les
créiinéiers des ci-devant fermes générales sont
créanciers de la république, à raison des biens de
la ferme qu'elle a dans ses mains ; d'ailleurs ils
sont soumis à la liquidation ; pourquoi donc ne
jouiraient-ils *pas du bienfait de la loi du 27 fri-
maire an 6 ?
L'arrêté du 4 germinal en leur accordant un
nouveau délai de trois mois , n'a lait que dé-
clarer et limiter un droit qu'ils avaient déjà.
Cette inquiétude , ce grand mouvement , ce
scandale dune dénonciation du gouvernement
qui , dès ses premiers pas , viole la coustiiuiion ;
tout cela n'est dotic nullement fondé ; tout cela
n'a de cause que limpatience d'un particulier ,
lassé d'attendre le résultat d'une liquidation à
laquelle cent autres ont plus d'intérêt que lui , et
qui veut arracher prématurément son jugement.
L'injustice commise contre les droits d'un seul
particulier est, sans doute, une menace aux droits
de tous. Mais oh est l'injustice ?
C'est le citoyen Borel qui veut poursuivre . sur
les biens personnels des héritiers d'un fermier
général, une dette de la ferme, à laquelle ces
biens ne sont pas assujettis.
Q_uand ils le seraient, ils sont sous la main ,
sous l'opposition de la nation , insusceptibles par
conséquent d'exécutions.
Quand ils en seraient susceptibles nonobstaiil
l'opposition subsistante , des lois encore en vi-
gueur ont ordonné la liquidation des dettes de
la ferme.
Inutilement liquiderait-on , si avant la liquida-
tion on exécute.
Le sursis est donc indispensable.
La main levée qu'en avait fait la loi du 4 fri-
maire an 2 était inconciliable avec la liquidation.
Qu'avait donc à faire le gouvernement ? Ou
renoncer à la liquidation , ou faire observer le
sursis.
L'observance du sursis pouvait retarder le paie-
ment de quelques créanciers ; mais qu'était-ce
que cernai à côié du bien et «de la justice de
terminer enfin la liquidation de l'actif et du passif | P°^f-
des fermes ? Dans cette alternative le choix était
donc forcé par l'utilité publique. Le gouverne-
ment avait le droit de le faire, parce qu'il est
chargé de développer le sens des lois; parce
qn'obligé de les faire exécuter, il doit lorsqu'elles
se contrarient , préférer la disposition favorable ,
juste et utile à celle qui l'est moins.
Mais la disposition à laquelle on lui reproche
de n'avoir pas donné la préférence , n'existe
même plus.
Cette main-levée du sursis dont on fait tant de
bruit, avait été retirée par la loi du 23 nivôse ,
qui , ordonnant que la régie de l'enregistrement
prendrait connaissance de tous les procès intentés
et jugés, rétablit nécessairement le sursis.
La loi du 21 prairial, qui rendit aux fermiers-
généraux leurs biens, laissa subsister le sursis
rétabli par la loi du 28 nivôse, parce qu'elle
laissa subsister la nécessité de la liquidation des
créances et des dettes de la ferme; parce qu'elle
ne rendit les biens personnels des fermiers-
généraux qu'à la charge du séquestre et de
l'opposition : ce qui non-seulement continue le
sursis , mais en aurait eu l'effet , si déjà il n'avait
été prononcé.
Le sursis est donc dans les lois ; il n'en est
que l'exécution.
Ce sont les lois , et non le gouvernement . qui
suspendent les exécutions du citoyen Borel ,
comme de tous les autres créanciers des fermes.
Si la liquidation appartenait aux tribunaux ,
les tribunaux auraient appliqué le sursis aux
créanciers poursuivans.
La liquidation appartenant à l'administration ,
c'est le gouvernement qui a dû faire cette appli-
cation. ... ,
C'est lui qui a dû la maintenir, lorsqu au pré-
judice du conflit qu'il avait voulu prévenir ,
les tribunaux ont continué de connaître.
Celui qui a le droit de juger le conflit a pa-
reillement le droit de faire exécuter ses jugemens.
Il n'y a' donc inconsfitutiônnalîté tii dans l'arrêté
du 4 germinal an 8 , ni dans celui du 9 vendé-
miaire qui n'en est que la suite et la sanction.
Je vote , conformément au rapport, pour passer
à 1 ordre du jour sur la pétition du cit. Borel.
(La suite demain.)
AU REDACTEUR.
Citoyen , les envoyés du département des
Alpes Maritimes , vous prient de joindre ( par
supplément à la liste générale) leur noms à
ceux de leur collègues ; c'est, sans doute, par
oubli qu'il n'a pas été fait menuon de ce dé-
partement , quoique ses trois envoyés ayent
accepté cette honorable invitation et assisté à-
la fête du i^'' vendémiaire.
J'ai l'honneur de vous saluer ,
Pour les envoyés des Alpes Maritimes.
L'un d'eux , : Saint-Pjerre.
Noms des envoyés du département des Alpes Mari-
times , pour assister à la fête du 1^' vendémiaire
an 9.
Les citoyens J. F. Defly , père; P. Defly , fils;
Saint-Pierre.
GRAVURES.
Portrait du premier consul Bonaparte , des-
siné par Bouillon , et gravé, au burin par Pierre
Audouin ; orné d'un bas-relief représentant la
bataille de Maringo, dessiné et gravé par Duplessts
Berteaux.
Prix , épreuves sur papier vélin , 8 francs ;,
épreuves sur papier ordinaire , 4 fr.
A Paris , chez l'auteur , rue Grange-aux-BelIes ,
n° I , divisioi} de Bondy ; Martin , marchand
d'estampes , rue des Fossés Monmartre ; et au
magasin de librairie du citoyen Patris , quai Mala-
quai , près la rue de Seine.
Il faut affranchir les lettres et l'argent , et ajouter
I fr. pour la caisse , qu'on se charge de faire
passer dans les départemens.
Ce portrait est l'un des plus ressemblans qui-
aienl paru ; il est d'un dessin pur et d une belle
exécution. Le bas-relief est remarquable. Le mo-
ment décisif de la bataille de Maringo est celai
que l'artiste a saisi. v
L'Almanach des Phpiciens , par le cit. Lalande ,
astronome. Piix 75 cent. , et i franc , franc de
A Paris , chez Laurens , jeune , libraire , rue
Saint-Jacques.
COURS DU CHANGE.
Bourse du l^ vendémiaire.
à 3o jours.
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Effectif.
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14 fr.5o c
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5fr. 8 c
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Effets publics.
Rente provisoire 23 fr. 5o c.
Tiers consolidé 36 fr. 63 c.
Bons deux tiers 1 fr. 72 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 2 5 c.
Bons pour l'an 8 , 92 fr. 25 c.
Syndicat 81 fr. 5o c.
Coupures 81 fr. 5oc.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. aS fr.
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Auj. la i^"^' repr. des Horaces , opéra en 3 actes
et le ballet de ÏPygmalion. ,
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la i'"^' repr. du Château de Duncam , pièce,
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Tirage du 16 vendémiaire.
I. 77. 9. 41. 82.
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su'au commeiiccmeot de chaque mois. _ , , , " • 1 ' . j
dresser les lettres etVarrcnt , franc déport , au cil. A G AS s E , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n» 18. Il faut comprendra dans les envois le port de.
as où Ion ne peut affranchir, l.cs letlres des départemens non aEfranchies , ne seront point retirées de la poste.
^°''° 1. . d. .ûTrié de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue dei
11 faut avoir soin , pour plus ne surcic, u,; lu B -i
Poitevins , n" l3 , depui «neuf heures du malin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris, de l'imprimerie du cit. Aj-âsse, piroptiétaire du Moniteur, tue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE. oi LE MONILEUR UNIVERSEL.
' '■ t,[. u',.,ri '■•■ -r-T-n ■ ■ '■ -— ^
•^° ^9- jyonidi \ Jg vendémiaire an g de la république française, une ei indivisible. .' ',
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dateidu 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal 'qfflciel. '
Il coticienç les séances des autorités constit.uées , les acc» s du gouvfnement , lés nouvelles des arni'ées, ainsi que Us faits et les notions tant sur
■l'intérieur qn'e sur l'extérieur, fournis par leS Correspondances Hîihiérielles;
-, Un article sera particulièrement consacré' aux sciences', ijux an et aux découvertes nouvelles.
I NT É R I E U^ï^l
Paris , le 18 vendémiaire.. , , ,,„ .«
■Aja société de bienfesance de Zurich a célébré,
il y a quelques jours , l'anOiversaire de sa fonda)-
tien , sans pompe el avec la simplicicé qui con-
■vient à une association qui a pour objet la bien-
fesance. On n y a admis d'étranger que le res-
peciable docteur Hirsel , auteur de la Philosophie
des campagnes et de plusieurs autres ouvrages
estimables. Son fils , président de cette société ,
aprononcé un discours touchant. Dixjeunes filles,
instruites dans les écoles de bienlesance aux tra-
vaux de leur sexe , ont été présentées par leur
insiiiutrice. Le professeur Schulless , qui .depuis
plusieursannées, dirige cetétablissementde concert
avec son épouse , rendit compte de leurs dispo-
sitions, et de leurs progrès. Les jeunesfilles , dé-
signées par leurs propres compagnes , reçurent
le prix dû à leur diligence et à leur docilité.
Afin que les pauvres pussent prendre part à cette
fête de famille, des secours ont été envoyés à
vingt-cinq pauvres ménages de la ville.
( Errait du citoyen Français. ]
— Le préfet du département des Deux-Sevres
vient de soumettre à l'approbation du ministre
de l'intérieur, qu'il 1 bientôt obtenue, un anêté
dont voici l'analyse :
II II sera décerné un prix de vertu , consis-
tant en une médaille d'or de la valeur de 3oo fr.
On ouvrira, à cet eflFct , à la prétcctuie , un
"registie qui aura pour titre : Annales civiques
du département des Deux-Sevres. Les maiico et
sous-préfets feront , tous les ans , connaître au
préfet les traits de venus civiques qui auront
honoré les habitans de leurs arrondissemens r.s-
pectifs : le i" fiuctidor , le conseil de jirétec-
lure piésidé par le préfet, désigneia le citoyen
ou la citoyenne qui aura méri é le piix , et les
deux autics «^ui en auroni **'^ •*=" >tus dignes.
Ils seront tous les trois invités par le piéfel , a
se rendre au chef-lieu du dépane'meni , pour la
fête de la fondation de la tépublique. Ce jour-là
il sera planté avec solennité, en l honneur de
celui ou de celle qui auia icmiioné le prix ,
un arbre à haute tige et de végétation vigou-
reuse , dans le jardin botanique de I école cen-
trali'. Une inscription gravée en maibe , aux
pied de chacun des arbies qui auront été plan-
tés , fera connaître le nom, k vertu récompensée,
et le domicile de ceux qui auront obtenu des
prix. Les Annales civujues seront imprimées et
distribuées à la fête du i" vefidemiaire , en-
voyées au rainisire de l'intérieur et à toutes les
communes di* département.
( Extrait du Journal du Commerce.)
— Le citoyen Feraud , membre du Lycée des
sciences et arts de Marseille , va publier une
grammaire et un glossaire de la langue pro-
vençale dans lesquels il exposera les rapports
qui existent entre cet idiome et les langues ita-
lienne et espagnole, Ce livre manque absolu-
ment. Il existait à la bibliothèque nationale une
seule grammaire provençale , manuscrite , qui
est égarée. {Clef du Cabinet.)
— Hyacinthe Jadin , claveciniste distingué ,
vient d'être enlevé, à 24 ans, à son art et aux
nombreux amis que lui avait faits un talent
distingué, réuni aux plus aimables qualités.
— Les lettres et les arts viennent aussi de
perdre le citoyen Changeux , auteur du Traité
des extrêmes , et de la Bibliothèque grammaticale.
— Le journal du déparlement du Calvados
contient , sur la réception du nouveau préfet ,
les détails suivans :
A l'arrivée du général Dugua à Caen , le conseil
municipal de celte ville étant assemblé , mit au
nombre de ses premiers devoirs d'aller compli-
menter ce nouveau prélet.
Le mail* , après avoir fait au citoyen Dugua un
compliment aussi flatteur que vrai ,puisquil con-
tenait le précis des actions glorieuses de ce guer-
rier , ainsi que le témoignage du souvenir el de
la gratitude des citoyens de Caen , pour l'ordre
et la paix que ce général rétablit il y a quelqu s
années dans ce département, (livré alors en entier
au trouble et dévoré eu partie par la guerre civile),
invita ce préfet à acKcpier un repat , pour ainsi
ïRi^de famille, aunpm du corps municipal et j
de' son conseil.
Les maire et adjojts et le conseil municipal
farerit ensiiitevoir l'ncien préfet ( le cit. Collet-
Descoiils ) ; ils lui téroigncrent , par l'organe du
maire , que la ville d Caen conserverait une re-
! connaissance aussi viyqug durable pour l'homme
I sage , humain , éclai't , qui , pendant toute la
j duiée de son adiiiiniiraiion , a fait régner dans
tout le départernent duCalvados la plus profonde
tranquillité.
Ce iciloyen fut enstlte invité par le maire au
repas donné par le coiseil municipal.
Cette fêle a eu lieu li8 de ce mois. Au nombre
des convives se liouvient le digne général de
division Labarolliere elles principaux chefs mili-
taires , le secréiaire-géiéral et le conseil de pré-
fecture, les présidens (es administrations civiles
et des tribunaux, etc.îtc.
Sur la cheminée du Sîlon d'assemblée de l'an-
cien Hôtel-de-'Ville , état placé le buste de Bona-
parte , entouré de lauriirs.
La grande salle contenait une table de soixante-
dix couverts , ornée d'aibustes rares, dont plu-
sieurs appartenaient à 1 Erypte : leurs caisses étaient
decouleurtricolore,eiauouv de celle dun superbe
laurier , étaient ces vers de Delille":
Le front ceint de lauriers naeillis par les français,
La -victoire , aujourd'hui , îoUicite la paix.
Des toasts ont été ponés à la république , à la
pajx générale , aux années , atix consuls , au ci-
toyen Dugua , préfet du Calvados , à son prédé-
cesseur, le citoyen Collet-Descotils, membre du
conseil des prises.
Voici le discours de ce dernier au citoyen
Dugua.
li Citoyen préfet , le premier consul en vous
nommant à la préfecKire du Calvados , a rendu
jus tic e à vos connaiisances administratives, comme
il l'a fait prétédemment à vos talens militaires. 11
.-„„„pî. ^.. ici-...cu.>. •■-■■- niiachement à la cause
de la liberté , et ce serait en ir,;.. ^„., 1. .„i. ;<,
chercherait à le rendre douteux. En même tems
que vous jouissez ajuste tire de toute sa con-
fiance , vous avez' également celle des habiians
d un département où vous vous êtes déjà fait con-
naître et aimer. Ils vous ont donné leurs suffrages
en l'an 6 pour les représenter au corps-législatif:
ils vous voient revenir parmi eux avec autant de
plaisir , que votre éloignement leur avait causé
de regiets. Je partage sincèrement leur allégresse ,
citoyen préfet , et je vous prie de croire que tien
ne pouvait être plus flatteur pour moi que de
me voir remplacer par un homme tel que vous ,
et de pouvoir remettre en des mains si pures l'au-
torité dont j'étais dépositaire.
Le citoyen Dugua a répondu : a Le premier
consul , en me nommant préfet du Calvados , a
cédé à son amitié et à la demande des habitans
qui ont trop vanté auprès de lui ce que j'ai fait
lorsque j'ai commandé dans ce département ; mais
il n'a pas calculé le fardeau dont il me chargeait,
qui sera d'auiant plus pesant pour moi , qu'en
vous succédant, je remplace un homme consommé
dans l'administration , et qui aVait tout ce qui
pouvait faire le bonheur de ses administrés, s'ils
avaient apprécié ses talens et ses'vèrtus. >>
— On écrit de Rembervillers , département des
Vosges , que le cil. Desgouttes , préfet de ce dé-
partement, vient de commencer sa tournée. Les
scènes intéressantes dont il a été l'objet m'en-
gagent à vous en faire part. Une partie de la garde
nationale à cheval a été recevoir le préfet à une
demi-lieue de la ville. A quelque dislance , la
garde nationale à pied , la musique et les tam-
bours à la tête, ont grossi l'escorte. Le bruit de
l'artillerie a annoncé l'entrée du préfet dans la
ville , à la porte de laquelle il a été reçu par
les maire el adjoints revêtus de leurs marques
distinctives. Le préfet est descendu de voiture et
a éié conduit à la maison commune ,011 il a
reçu les félicitations des autorités civiles el mi-
litaires^ Il y a eu ensuite un grand repas chez
le maire où étaient les autorités , et le soir , bal.
La loule élait immenSe et la joie générale dans
toute -la ville. Il est impossible dé recueillir plus
de témoignages d'estime et de considération ,
lant personnelle que pour le gouvernement ,
que ne l'a faii le digne magistrat qui nous a été
donné. Heureux les départemcns qui ont à leur
tête des hommes comme lui. Ceux-ii ^ont faits
pdiir faire adorer le gouvernement , et de pareil»
choix honorent autant celui qui en est l'objet,
que le héros qui sait disunguer de tels homme»
et les placer de manière à utiHser leurs talens et
leurs venus.
— Le second consul a réuni hier chez lui les
membres du gouvernement , les minisires , les
constillers-d'éiat , plusieuis sénateurs , tribuns et
législateurs , et nombre de ci.oyens recomman-
dables pat leurs services , soit dans les fonctions
civiles , soit dins les fonctions militaires. Cène
fête avait pour objet de célébrer l'anniversairç de
l'arrivée du général Bonaparte, qui, revenaat
d'Egypte , débarqua à Frejus , le 17 vendémiaire
an 8.
En voyant le premier consul environné des
personnes qui furent associées à ses périls et à
son reiout , on se rappelait les circonstances
calamiteuses au milieu desquelles il fut rendu
à la patrie, ei ce souvenir donnait quelque
chose de plus louchant au sentiment du bonheur
présent : Une douce émotion se manifestait sur
tous les visages.
Le citoyen Boufflers , dans des couplets char-
mans , le citoyen Esmenard , dans de beauk
vers , ont exprimé ce que chacnn éprouvait. La
musique des couplets êiait du citoyen Garât ,
qui les a chantés avec l'expression et la grâce
qui appartiennent à son talent.
Le concert , dans lequel on a entendu madama
Grassini , et les citoyens Rode, Frédéric , etc. a été
suivi d'un banquet nombreux et dhiti bal 'fort
brillant. "■' ^
Cette fête , ordonnée avec gont et magni-
ficence , s est prolongée fort avant dans la
nuit. i . .
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 17 vendémiaire an g.
Bonaparte, premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Peuduac y!L]seence du général Berthier, nomma
I ministre de la guerre , le cit. Lacuée , conseiller-
I d état , sera chargé du portfcuille de ce dépar-
I tement.
Le présent arrêté sera inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-détat , signé , H. B.Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Le citoyen Solilhac , de Saint-Paulien , Haute-
Loire , l un des chefs de chouans lors de la pre-
mière guerre de la Vendée , amnistié , et ensuiiô
acquité par jugement du tribunal révolutionnaire
séant à Paris , obligé de se retirer , l'un des der-
iniers jours de la décade passée , dans un chétif
cabaret du lieu et commune de Monlet , canioi»
d'Aligre , parce que la nuit l'avait surpris en
chassant dans cette commune ; instruit à soa
arrivée dans ce cabaret , sur les 9 heures du soir,
I que des brigands armés étaient chez le percepieur
I des conlribmions de cette commune ,-qui habitait
I une maison isolée ,. distante d'environ deux
I kilomètres , après avoir inutilement inviié le maire
i à l'accompagner avec les habitans du village , se
I détermina à y aller seul avec son domesiique ,
et le cabaretier qui lui servit de guide , et fui assez
heureux pour arriver au moment où les biigand»
se disposaient à se retirer.
A peine entré dans la cour , il apperçoit utl
homme armé , s'élance sur lui, enlevé son fusil ;
et voyant qu'il prenait la fuite , lui tire un coup
de fusil el le renverse ; un autre se préseme à la
porte , et est atteint d'un second coup de fusil ,
tiré par le domestique de Solilhac ; l'un et l'autre
parviennent néaninoins à s'échapper à la faveur
de l'obscuriié, parce qu'on ne s'occupa pas à les
suivre , croyant que la bande était nombreuse.
Ne voyant sortir aucun autre brigand, ni aucune
personne de la maison , Solilhac appela le pro-
priétaire de toutes ses forces, fit le tour de la maison,
en l'invitant de nouveau à paraître , et l'assurant qu'il
n'avait plus rien à craindre. Point de réponse ; il
appréhendait une seconde visite ; enfin, ennuyé
d'attendre inutilement , sans voirsortir personne,
Solilhac , ne consultant que son courage , se
hasarde à entrer dans la maison avec son domes-
tique , où il ne trouve que le propriétaire et sa
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famille consternés et fort surpris dç le voir
arriver à leur secours t ils lui annonçertii* que
les <tèU3t autres brigands étaient sortis par une
autre-porte, et avaient emporléiooofrants, dorrt
400 de sa recette des contributions., quelques
proOTsions de bouche , et des' artiies. Durant cet
intervalle, les habitans de Monlet s'assemblerenl ,
et se portèrent sur les chemins et dans les gorges ,
€t se rendirent enfin chez le percepteur, mais
trop tard.
Le sur-lendemain , les chiens des bergers firent
découvrir dans un champ , à quelques pas de la
maison , le premier des brigands , sur lequel lira
«Solilhac. Quoique grièvement blessé, il est, dii-on,
encore vivant; il a tout avoué au juge de paix ,
a reconnu le fusil que le citoyen Solilhac, lui en-
leva , et a indiqué l'endroit on il avait déposé 408
francs'écHus à son lot. L'aui:e , sur qui le domes-
lîqii'e avai( liïé , a été trouvé , dit-on, le lende-
main , grièvement blessé , sur une prairie dans
les environs de Craponne, d'où il a été porté chez
lui , oii il est mort des suites de ses blessures ,
sans avoir rien voulu avouer au juge de paix
de Craponne.
Les deux autres brigands n'ont pu encore être
atteints. De tons ceux qui composaient cette bande,
un seul était mal famé; les autres avaient une
Jionnète existence, et jouissaient d'une bonne
répuiaiion.
^ Au reste , ce trait n'est pas le seul dont puisse
s~'énoTga<eiihr le citoyen Solilhac , depuis sa mise
€n libe-rlé.
Le citoyen Quinette , préfet de la Somitie , en
vertti d'un arrêté des consuls , du 5 prairial an 8 ,
relatif aux digues du marquenierre , et de plu-
sieurs délibérations prises par les habitans des
conimunes y intéressées , et sur le rapport de 1 in-
génieur en chef du département -, considérant :
1°. Que les travaux nécessaires pour la répa-
ration des digues d'enceinte du marquenierre et
des buses d'écoulement sont d'une urgence qui
n'admet aucun retard ;
9°. Qfie l'oii doit entendre par terreins renclos
tous ceux qui seraient exposés à une submer-
sion inévitable , si les digues susdites étaient em-
portées ;
3°. Que depuis la construction de la majeure
partie des digues en avant, les propriétaires de
cejles en arrière en ont abandonné l'entretien et
même les ont détruites , ainsi que les buses
d'écoulement , et que par-là ils ont contracté im-
plicitement l'obligation de concourir aux frais
3e l'entretien des digues à la mer ;
4°. Que la position physique de l'enceinte du
marquenterre admet des distinctions entre les
difiérentes portions de digues Uoui la d-ipense
de^ réparation et d'entretien doit être à la charge
des. terreins qui en sont particulièrement pro-
tégés ;
5°. Que , par un ancien usage consacré par
une ordonnance du ci-devant intendant , du 12
novembre 1744, reconnu et approuvé dans les
trois délibérations susdatées , les terres dernières
rencloses sont assujetties à une double contri-
bution , en raison de ce que les digues sont plus
exposées que celles qui défendaient le pays en
arrière , et qu'ausurplus , les propriétaires , dans
lesditcs délibérations, ayant déclaré s'en rapporter
sûr cette difficulté , ainsi que sur Içs autres qui
les divisaient, à la décision de l'administration
du département , il ne reste plus qu'à régler en
définitif les obHgaiions respectives des proprié-
taires , à raison de l'utilité qui doit leur revenir de
l'exécution desdits travaux ;
6°. Q,ue par les actes susdatés , conclus entre le
;ci-devant comte d'Artois et les propriétaires de la
commune de Favieres , la réparation de l'écluse
■oeuv« de Favieres a cessé d'être aux frais desdits
propriétaires , moyennant une redevance par eux
consentie , et est devenue une charge de l'état ,
-comme ayant succédé aux droits , et partant aux
^obligations dudit d'Artois ;
7". Que , quant à l'entretien des canaux de
•dessèchement et des courses d'eau , pLusieuts
•d'icelles ont' constamment été entretenues à frais
communs , répartis entre les propriétaires des
terreins qui en profitaient , suivant les diverses
■démarcations relatives à l'utilité de chacune
■<i'elles ;
8°. Qu'il convient également pourvoir à l'eh-
"tretien et à la conservaiiot» des ouvrages qui
vont être exécutés en vertu dudit arrêté des con-
suls ; arrête ce qui suit :
Art. I". L'ingénieur en chef remettra incessam-
tnent le devis des ouvrages à faire pour la répa-
ration des difFérentes sections de travaux néces-
saires à la défense des terreins renfermés entre
les rivières de Somme et d'Auihie , en les distin-
guant d'après les diverses portions de travail que
la situation des lieux rend indépendantes les unes
<les autres , pour en être passé une ou plusieurs
adjudications particulières. '
II. Le corps de digues en avant , le long de
la rivière de^onu&e . depuis et compris la digiie
des Essart» jusqjj'auGrotçy sera àrla cliargei-;^es
commirnes dé-Morl;ix, le lai^elef , ieCrotoy et".
Favieres réunies , le,' marais;t maisons exceptées :
ies-dernieres Tenclôures paeioni dans une pro-
p(?.ciip,t<„ doujblçr . , ' . j ■ '
Les bas champs de Rue, 't Mayoc et autres^
intermédiaires, à l'exception à ceux dont les eaux
s'écou ent par. la rivicré de*laye et par l'écluse
de Saint-Firmin , contribueoiit à la réparation
desdites digues.
IIL Les comm,issaires normes par le sous pré-
fet du premier arrondi.'semit , eu vertu de l'ar-
ticle 'VI de l'arrêté des cosuls , termineront ;
sous le délai d'un mois,, U rôles de répartition
de la dépense nécessaire axdiis travaux , entre
les propriétaires qui doivnt être appelés à y
coricourir . d'après les disnctions admises dans
Fanicle précédent. Ils coanenceront par ceux
relaiits aux digues qui corrrent Mqrlaix , le Hj-
melet , Favieres et le Cro»y. Ils pourront s'ad-
joindre , à cet effet , Tes laires ou adjoints des
diverses communes , lesuéls seront tenus dé
leur remetire les cadaslreà ce nécessaires, ainsi
que les évaluations dçs irreins d'après les ma-
trices des rôles de la conribution foncière. Les
uns et les autres seront idés , dans leur travail ,
par le cit. Daniel , comucteur chargé desdits
travaux.
Les frais que cette ojération occasionnera ,
feront partie delà dèpeise , et le montant en
sera fixé par le sous-péfet , et arrêté par le
préfet.
ly. En cas de difficullè élevées par les pro-
priéiaires , il sera pronrncè par le préfet , sur
le rapport de l'ingénietr en chef , si leurs terres
ont été duement comptses dans le rôle d'après
les principes énoncés ei l'article précédent.
V. Le percepteur qu sera chargé du recou-
vrement des différens «les , sera nommé inces-
samment par le sous-irélet , conformément à
l'article VI : il sera» responsable , et il lui
sera alloué une rétribution de trois centimes par
franc.
■VI. Pour faciliter réJtécution de l'article VIII
de l'arrêté des consuls , le percepteur versera le
montant de ses tecouvremens entre les mains
du receveur particuliei du premier arrondisse-
ment, lequel en comptera ati receveur général
du département.
VII. Les dépenses pour la réparation de l'écluse
de Favieres , estimées provisoirement à la somnie
de 2907 fr, seront à la charge de l'état , et payées
sur l^a caisse des domaines ; et pour en faciliier
l'acquit , il sera procédé par le receveiir des do-
rnaines à la liquidation du compte des arrérages
qui peuvent être dus. à la rénuhlique par les
propriétaires ri» la rc>i'^^°"^'^^ laite sur le territoire
de Favieres , conformément à l'article W de tran-
saction , des 6 et 16 juillet 1788 ; et ce qui pour-
rait être dû, sera versé de suite dans la caisse
du receveur des domaines, pour être employé
à ladite destination. Les redevables pourront im-
puter sur leurs arrérages les dépenses légalement
constatées qu'ils ont pu avoir faites pour les ré-
parations de ladite écluse de Favieres.
VIII. Les propriétaires des terreins sujets à
inondation , dans les communes de Noyelles ,
Morlaix , Pontoise , Favieres , Rue , le Croioy ,
Saint-Firmin , Sainl-Quinlin , Quendet Villers-
sur-Authie , sont tenus de se réunir dans la dé-
cade de la notification du présent , à l'effet de
nommer parmi eux un délégué pour chaque
commune , qui se rendra dans la décade suivante
à Abbeville , chez le sous-préfet , au jour in-
diqué , et qui sera chargé des pouvoirs néces-
saires pour délibérer, en présence dudit sous-
préfet et de l'ingénieur en chef, sur les mesures
à prendre pour l'entretien et conservation des
digues , buses et courses d'eau , ainsi que sur
les réglemens de police à observer pour préve-
nir leur dégradation, pour, sur ledit règlement
et l'avis du sous-ptéfet, être statué ce qu'il ap-
partiendra.
IX. Il sera présenté par l'ingénieur en chef un
état des principales courses d'eau qui sont dans
le cas (î'être entretenues par la réunion des
propriétaires des terrains qui profitent de cha-
cune d'elles ; il y joindra un devis et une esti-
mation des dépenses à faire pour leur curement,
ainsi que les autres travaux nécessaires à leur
remise en bon état , pour la dépense en être
acquittée par lesditi propriétaires , conformément
à ce qui a été prescrit ci-dessus. Cette dépense
sera en surplus de celle fixée par l'arrêté des
consuls pour la défense du marquenierre et la
réparation des buses, et formera l'objet de difié-
rens rôles particuliers.
Les courses d'eau qui environnent les pro-
priétés particulières , seront aux frais des rive-
rains , chacun en droit soi.
|C? Le préfet du département de L'Escaut a
pris , dans un cas semblable , un arrêté que ncms
ayons pubhé il y a quelque tems. Les mêmes
circonstances ont déterminé les deux préfets de
ces deuxdèpartemens à prendre des mesures par-
faitement ^alogues les unes au:i autres
-,-:FN-'&',TrI'TT IJtT:' Ni: A^T ■Ï7q/,N'__A,, l.
'Noms- dés artistes qui, au jugement df t'inslilut
■national -des sckn-ces et dés arts , ont ninpotU
les iri:^ dt, peiiUure , sculpture et arch/liiiture dt
'■' t^n^S'ae' (à' république. ' ■• '
P E I N ï u R E.
Le sujet dît concours était :
4( Le roi Antiochus canapait à Thialire; Scipioa
était malade à Elée ; Antiochus , instruit de l'état
de Scipion, lui renvoie son fils quil tenait prison-
nier , et rend en même tems à Scipion la satisfac-
tion et la santé. Après avoir embrassé son fils ,
Scipion s'adressant aux députés d'Antiochus i
Poirtez , leur dit-il, mej actions de grâce au roi;
je ne^puis.pour te présent lui donner d'autre, TAarqiie
de ma reconnaissance que l( conseil de ne point songer
à me combattre avant qii'il soit inshuii que je suie
rendu à mon camp. Peut-être Scipion espérait que-,
pendant un délai de quelques jours, le roi réflé-
chirait , et préférerait' la paix à une baiailJe. n
( Rollin,, Histoire ancienne , t. VIII , p. 436. )
Grand prix. — Jean -Pierre Granger , natif de
Paris , élevé du citoyen David.
Seconds prix. — i. Jean- Augustin Ingre, natif
de Moiitauban , djépartetnent du Lot , élevé dti
citoy.eri David.
3. J.os.epl),.Duçq , natif (ip Bruges , dépatlfiWjeiw
de la, Lys, éilçive du citoyen Suvée.
SCULPTURE.
Le sujet du concours était :
u Priam arrive dans la tente d'Achille , se j.eite
à ses pieds, embrasse ses genoux, et baise les
mains terribles , les mains meurtrières qui ont
versé le sang de la plupart de ses Bis ; d'une voix
entrecoupée de profonds soupirs , il dit : Achille,
égal aux Dieux , en me vMant iouvenez-vous dt votre
père. >> { Iliade , çb^nt XXIV. )
Nota. Il n'a point été donpé de premier prix.
Seconds prix. — i. Frédéric Tieck; , natif de
Berlin , élevé du citoyen David. '
2. Alexandre-jean-Con/taotin Norblin"; natif de
Varsovie, élevé du ci ip^ en Siouf.
ARCHITECTURE.
Le sujet du concours était une Ecole nationalt
des beaux arts.
Grands prix.— i. Simpn Vallot , natif de Dijon ,
('départetnent delà Côte-d'Or , élevé de l'écpl»
polytechnique, et du citoyen Durand.
2. Jean-François Ménager , natif de Paris, élevf
du citoyen Lagardette.
Seconds prix. — Jean -Baptiste Dedeban , natif
de Par'" ' «Icvc Ju> oiioypn Pprrier.
2. Hubert Rohaull, natif dç Paris, élevé de
l'école polytechnique et du citoyen Durand.
Les élevés qui ont remporté les grands prix,
seront envoyés en Italie , pour y continuer leurs
éludes aux frais de la république.
PROGRy«MM£ d'un pris de rinslitut national des
sciences et arts , proposé dans la séance publique
du, ib vendémiaire an 9 de la république.
Conditions générales à remplir par les-aspirans .aux
prix , quel qiie soit le sujet quils traitent.
Aucun ouvrage envoyé au concours ne doit
porter le nom de l'auteur, mais seulement une
sentence ou devise : on pourra , si l'on veut,
y attacher un billet séparé et cacheté , qui ren-
fermera , outre la sentence ou devise , le nom et
l'adresse de l'aspirant : ce billet ne sera ouvert
-par l'Institut que dans le cas où la pièce aurait
remporté le piix.
Les ouvrages destiiiés au concours peuvent être
envoyés à l'Insiitut , en affranchissant le paquet
qui les contiendra; on peut aussi les adresser,
francs de port , à Paris , à l'uti des secrétaires
de la classe qui a proposé le prix , ou bien les liii
faire remettre entre les mains: dans le deroiei
cas , le secrétaire en donnera le récépissé , et il y
marquera la sentence de l'ouvrage et son nu-
j méro , selon l'ordre ou le ums dans lequel il
aura été reçu.
Les concurrens sont avertis que l'Institut ne
peut rendre ni les ménjoires , ni les dessins, n^
les machines qui auront été soumis au concours.
Mais les auteurs seront toujours les maîtres de
tirer des copies des mémoires , des dessins , et de
retirer les modèles des machines , en remettant
des dessins conformes.
C'est la commission des fonds de l'Institut qui
délivrera la médaille d'or au porteur du récé-
pissé ; et dans le cas où il n'y aurait point de récé-
pissé , la médaille ne sera remise qu'à l'auteur
même , ou au porteur de sa procuration.
CLASSE DE LITTÉRATURE ET BEAUX ARTS.
La classe de littérature et beaux arts avait pro-,
posé en l'an 7 , pour spjet du prix de poésie :
La Fondation de la République ; ede , poème , dis-
tours en vers , eu ,épître.
Le prix devait être décerné dans la séance pu- cessîvement la confusion de tous les pouvoi
blique du i5 vendémiaire an 9.
Aucune des pièces envoyées au concours t)'ayan(
mérité le prix, la class^ propose dp nouveau le
hièhie'siijet pour l'an 10,
J^epriH sera une flnédailje d'or, du poids de cinq
Les Ouvrages ne seront reçus que jusqu'au l"
messidor an g : ce terme est dé rigueur. ' ' '" '
de la liberic publique ci jndivi-
la ruine
d-uelle.
Atassi n'est-ce point du tout l'intérêt particulier
du citoyen qui nous a dénoncé l'arrêté que je
^ considère dans cette affaire-ci ; je dirai même en
teciograrnmes : jl sefa 4istribuéi4i'f"s la séance / P?^.^*"' 'IHP t^et i-itérêi ne me paraît pas foi t
publique du i5 vendécojaire de l'an, 10. ! recomrnandabic. Qu'est-ce que le titre de ce
Les membres et associés de l'Institut sont seuls | {^""y" '' "^ jugement par défaut obtenu contre
exceptés du concours. ' ■ ■ 1 ^^ ,.'""^^ générale , lequel lui a acljuj^é tout ce
quil a voulu, des reslilulions de marchandises
confisquées cinq ans auparavant , et 10,000 liv.
de dommages-iiiiérêts, etc. Et de quelle daie est
ce jugement ? du 20 septembre 1792 , c"est-à-
dire d'uiie époque oii la ferme générale n'exisiait
plus depuis dix-huit mois, n'av.iii plus ni agent
xii procureur fondé pour la délendrc ; où le
riom seul de fcjmier - gïiiéral était presque un
titre de proscription .' J'ajouterai que le ton
peu mesuré dont le citoyen Borel a présenté
et soutenu sa dénonciation, lesp-ce de lune
qu il a voulu établir entre lui et ndtre estimable
collègue qui a fait le rapport au nom de notre
commissicn, m'aurai-nt plutôt inspiré une pré-
vention peu favorable pour lui. si c'était par
des préventions , même bien fondées', que nous
pussions nous laisser conduire.
J'examine donc , abstraction faite de Borel et
de son intérêt , l'anêié du 4 germinal an 8.
Dans quelles circonstances esi-ii intervenu?
T R I B U N A T.
J^résidçncf de Çrassous,
Suite de la séance du 16, vendémiaire.
Ar^drieux. Je ne pense pa4 que la question soit
encore réduite à ses véritables termes , et en état
çlg recevoir la décision du tribunal. j
J'ai étudié cette affaire; je vous soumettrai mon
opinion avec défiance , parce qu6 je vois que
plusieurs collègues très-éclairés en adoptent une
cîoniraire ; je renoncerai volontiers à la mienne ,'■
si la suite de la discussion me fait appercevoir !
que je sois dans l'erreur; mais j'avoue que cette'
erreur possible me paraît jusqu'à présent une I
vérité qu'on peut porter prcsqu'à la démonstra- i Je lie dirai du fonds que ce qu'il en faut savoir
"°"' , . ,. . pour juger la question de compétence , de cons-
Je lâcherai d'être clair; cependant, pour être ^ titutionnalité.
«iiHendu .j'aurai besoin d'un peu d'attention i Un créancier , porteur de titre contre l'adju-
sur-tout de la par de ceux de nos collègues qu, dicat.on des fermes générales . dont tous les 1er-
sont le .noms familiarises avec les maneres judi- miers-généraux étaient les cautions solidaires , ce
«aires G est rci une affaire de forme et .1 ap- créa.roer , dis-je , veut fatre déclarer son titre
partientpeul-etreaunanctenmembre du tribunal exécutoire contre des héritiers de ces fe.miers-
de cassanon d opiner dans une discussion pa- généraux ; il les assigne , à cet efi'et , devant
leille ; car il se retrouve, pour ainsi dire, sur un tribunal. o ' "^ 1 ■-.yrtu
son Itrrein et dans le cerclé de connaissantes' t„ 1, ■ ■.■ " j ■ .• • 1 -,
que Ihabitude et l'expérience ont dû lui faire! l^e""--'" ne déclinent point le tribunal, ne
acquérir. contestent pas sa compétence ; ils prennent leur
, " . , , . . „ ' défense dans les termes de difFérenies lois, no-
La quesUon nest pas de savoir si 1 arrête du 4 tarainent de celle du 24 septembre 1793 qui i
germinal est juste , mais s'il est inconstttu- . prononcé un sursis aux poursuites et à 1 exécution
tionnei. ^^ .' ■ ; de tous jugeraens obtenus par les créanciers des
Sans tn'étendre sur la théorie des inconstitu- fermiers généraux, et renvoyé ces créancieis à se
tïonnalités, je m'arrêterai à quelques principes f^'re liquider par le directeur général charcé de
: -;„_!„„ _..'i..:j — , j^ liquidation des dettes nationales ; ils argumen-
tent envers des lois qui ont mis sous le séquestre
sous la main de la nation les biens de
aussi simples qu'evidens
La constitution a établi difFérens grands pou-
voirs ; elle a déclaré ce qu'il appartient à chacun
de faire et d'ordonner; chacun "dé ces pouvoirs
a ses limites à l'égard des aaires , et il ne peut
Jes outrepasser sans violer la constitution. Si le
tpburiat , par exemple , émettait un vœu, pre-
qait un arrêté sur un procès entre des citoyens ;
si le gouvernement , sous prétexte d'ordonner
l'exécuiion d'une loi , en lésait l'applica-
tion dans une contestation paiiiculiere , il y
aurait inconstilutionnaliié , parce que , dans ces
deux cas , le tribunal ou le gouvernement se-
rait soiti des bornes de ses attributions consti-
tutionnelles , et aurait empiété sur le pouvoir ju-
diciaire.
L'un ou l'autre serait contrevenu alors à l'art.
fcniie générale et des fermiers généraux , parti-
culièrement de la loi du 23 nivdse an a , qui a
dépouillé les fermiers généraux de leurs biens
même personnels, a ordonné à la régie de len-
regislremeni ds taire administrer ces biens comme
ceux deséraigrés, de prendre connaissance de tous
les procès imeniés, jtnsi que,de ceux, déjà jugés
par les tribunaux contre les ci-devant feimiers
généraux, et d en dresser un état sommaire.
_ Les héritiers coiicluçnt de toutes ces disposi-
tions des lois , que les dettes des fermiers géné-
raux , relatives à leur bail , sont devenues dettes
nationales, que c'est à la nation seule que le
créancier doit s'adresser; ils lui opposent donc
I,XI de la constitution , qui porte.: iien matière et le sursis prononcé par la loi du 24 septeiribre ,
» civile, il y a des tribunaux de première instance
S) et des tribunaux d'appel. j>
Je pose donc en principe qp'un acte par le-
quel le gouvernement Se seivirait de son autorité
pour arrêter le cours de la justice ordinaire des
tribunaux , serait un acte d'une inconstitutionnalité
évidente. Je ne pense pas que ce principe soit
contesté.
Je n'insisterai pas sur la nécessité de maintenir
l'indépendance des juges à l'égard du pouvoir
et les dispositions des lois , desquelles il lésulte ,
sçlon eux , que la créance doit être liquidée et
acquittée comme dette nationale.
Le créancier repond , 1°. à l'égard du sursis ,
quuiie loi du 4 frimaire a excepté du sursis tout
créaricier porteur d'un titre valable co'ture les
feimiers généraux ; qu'il est porieur de titre , et
par conséquent excepté du sursis. 2°. Q^u aucune
loi n'a déclaré les dettes de la ferme , neiies na-
tionales ; que les dettes et charges antérieures à
exécutif : il est trop évident que si celui-ci peut! l'époque de la suppression delà ferme, sont des dei
se mêler des jugemcns , exercer son influence sur | tes des fermiers qui doivent les acquitter sur leurs
les tribunaux , la propriété , les droits des ci- ' bénéfices antérieurs à lajmême époque ; et que ,
toyens ctssent d'êire assurés ; l'autorité arbitraire — * — i i-j _ _ 1 ■
F eut prendre la place des règles de la justice ;
empire des lois est détruit , si les juges cessent
d'en être les seuls ministres , les seuls applica-
teurs en matière d'intérêts particuliers.
A présent il s'agit de savoir si l'arrêté qui nous
est dénoncé , est vicié oii non de cette inconsti-
tutionnalité que j'ai caractérisée, c'est-à-dire ,
d'tin empiétement sur le pouvoir judiciaire.
Encore une fois , ce n'est pas du fonds même
de l'arrêté qu'il s'agit ; c'est ici une simple ques-
tion de forme ou de compétence. Il s'agit de
savoir si le gouvernement a excédé ou non sa
compétence; s'il a usurpé ou non celle des tri-
bunaux dans cette dispositon de son arrêté : les
crianciers des fermiers gcnéraux seront tenus de sur-
seoir à toutes poursuites.
Celte question ne peut offrir qu'une discussion
siieic aride ; mais elle n'est pas sans importance ;
les formes sont les conservatrices du fonds, et
des intérêts Ici plus sacrés dos citoyens ; le tri-
bunal suprême qui doit servir de régulateur à tous
les autres , le tribunal de cassation est principa-
lement institué pour le maintien des formes. Cluz
tous le» peuples libres , on a poussé jusqu'au
scrupule le respect des formes, parce qu'on sa-
vait que leur violaiiou pouipit entraînai suc-
même à l'égard des dettes postérieures à la sup-
pression, tout cequi résulte des lois est un recours
de garantie contre h nation en laveur des fermiers
généraux, que leslois n'ontpointdéchargés et n ont
pas pu décharger de leurs obligations directes et
personnelles. 3". Enfin , que si la loi révolution-
naire du 23 nivôse an 2 a dépouillé les feiraieis
généraux de leurs biens, celle du 21 prairial de
1 an 3 a révoqué les confiscations prononcées pré-
cédemment , et a restitué les biens aux familles
des coridamnés; de tout cela, le créancier con-
clut qu'il a le droit d'agir contre les héritiers des
fermiers généraux , et que ses poursuites ne sont
ni prohibées ni suspendues par aucune loi.
Tçl est le fond de la contestation ; telles sont les
prétentions des parties respectives. De quoi s'agit-iJ?
de l'application des lois à un intéiêtparticulier ,
d'un jugement à prononcer, d'après leslois que
les parties invoquent respectivement devant tin
tribunal, dont la compétence n'est contestée par
aucune d'elles.
Point d'autre autorité saisie de la contestation ;
nulle apparence de conflit; pas même de réqui-
sitoire de la part du commissaire du gouverne-
ment, pour que le tribunal eût à s'abstenir de la
connaissance de l'affaire ; le tribunal juge, et juge
eu faveur du créancier le 8 ventôse de l'an 8.
C'est alors qu'intervient l'arrêté du 4 germinal ,
lequel adopte leur système et relativement au
suisis. , et relativement à la nature des dettes de
li ferme , qu'il considère comme nationales ; en
conséquence , ordonne des mesures générales
pour la liquidation des créances sur la ferme ,
notamment une prorogaiion de délai de trois
mois aux créanciers, pour faire la déclaiation de
leurs créances; et finalement ordonne à ceux qui
ne se seraient pas laii liquider , et qui auraient
intenté des procès ci obitnu des jugemeiis , de
laire également leur déclaration et de surseoir à
toutes poursuites.
Les héritiers poursuivis en vertu du jugement
de prcmicrp instance , font signifier à leur adver-
saire l'arrêté par un huissier, avec défenses depaiser
outre; comme si un arrêié du gouvernement pou-
vait jamais devenir une pièce ju'.liciaite , un acte
dans un procès-particulier, un jugement !....
D'un autre côté , ils ont interjette appel du ju-
gement de première instance; la coritesiaiion s est
renouvellée^ devant le tribunal d'appel ; et ce tri-
bunal , par son jugement du 14 fructidor , a con-
firmé celui de première instance.
A présent , je demande s'il est possible de ne
pas voir dans la disposition de 1 arrêx qui or-
donne aux créanciers de surseoir aux poursuites ,
son empiétement sur le pouvoir judiciaire , une
entreprise sur l'autorité des tribunaux , une vio-
lation de leur indépendance constitutionnelle.
De quoi s'agissait - il ? de matière civile; de
1 exercice d'une action d'un ciioyen se préten-
dani Ciéancier , contre d'autres citoyen-s qu'il soû-
lerait être ses débiteurs personnels , sauf le re-
cours de ceux-ci contre la nation ; les défendeurs
alléguaient au contraire que les lois avaient ,
d'une part , prononcé un sursis totiire le ciéan-
cier ; de l'autre , avaic-nt mis la d:tte au rang des
dettes nationales ; otà devaient se trouver les
motifs de décision ? dans les lois existantes ; et
q'.i devait en faire lapplicalion ? les tribunaux,
et les tribunaux seuls.
En supposant que le tribunal de première
instance et celui d'appel eussent , porté un juge-
ment contraire aux lois , qu'ils les eussent vio-
lées . qui devait connaître de leur contravention ?
le tribunal de cassation seul. Telle est la hiérar-
chie judiciaire qu'aucune puissance n'a le droit
d'intcrve/nr.
Larrêié l'a fait cependant ; d'otà suit la consé-
quence nécessaire qu'il est inconstitutionnel ; et,
si ce premier arrêté est contraire à la constitu-
tion , que faudra-i-il penser du second pris dans
la même affaire , lequel a déclaré non-avenus les
jugemcns des tribunaux ? Mais ce n'est pas en-
core du second qu'il s agit dans la discussion
actuelle.
Il a bien fallu, sans doute, colorer cette en-
treprise sur le pouvoir judiciaire , la couvrir de
quelque prétexte, trouver un système cjui pût
la rendre plausible. C'est ce système <ju'il me
reste à examiner.
On a recours à l'article XXVII d'une loi du
21 fructidor an 3 , loi organique de la consii-
tution de l'an 3 , loi faite uniquement pour régler
les attiiûutions des administrations départementales
et municipales dalois ; cet article porte , a eti
'» cas de conflit d'attribution entre les autorités
î» administratives et judiciaires, il sera sursis jus-
II qu'à décision du ministre , confirmée par le
Il directoire exécuiif qui en référera, s'il est be-
1) soin , au corps-législatif. Le directoire exécutif
I) est tenu . en ce cas, de prononcer dans le
I' mois. Il On a «fit : larnatiere était adrainistrailve ;
car les créanciers , sur la ferme générale doivent
être litjuidés adroii^isirativement ; cependant un
tribunal était saisi et a jugé nonobstant qu'on lui
eût représenté que c'était une affaire d'adminis-
tration, donc il y avait un conflit d'attribution
entre les deux autorités ; doiic le ministre a pu
décider en en référant au pouvoir exécutif,
ou ce qui est la même chose, il a pu provo-
quer et faire prendre l'arrêlé des consuls , du 4
germinal.
On pourrait répondre d'abord que la loi du 21
fructidor an 3 , est abrogée , puisque la coristi-
titution de l'an 3 n'est plus envigueur, etquecette
loi n'était qu'un appendice , une loi organique
de cette constitution. -Elle est relative aux admi-
nistrations départementales et municipales d'alors;
elle détermine leur mode d existence, leur attri-
bution; la durée des fonctions de leurs membres,
leurs tiaitemens , etc. ; pas une de ses dispositions
ne peut-être aujourd'hui exécutée ni invoquée.
Mais supposons que l'art. XXVII subsiste ,
quand tous les autres articles ne peuvent plus
avoir d'effet. »
Quelle application a-t-il à l'affaire présente ?
«4 En cas de conflit d'attribution , dit cet art» ,
entre les autorités adminisifaiivesétjudiciaires....i»
Il suppose donc le conflit existant , cl quand
y a-t-il conflit? c'est imaiid deux autorités se
sont déclarées compétentes pour connaîtie de
la même contest.iiion ; il y a conflit île juris-
diction , lorsque deux tribunaux ont jugé dans
la in£me affaire, ^et alors oa_a recouis au tribunal
de cassation qui règle et juge , c'est-à-dire qui
renvoyé, au inbunal qui cloii en connailre ; il
y a conflit d'attribution entre les autoiités. admi-
nistratives et judiciaires,- lorsque tes deux auloriics
ont toutes les ddu^ prononcé sur le même Inii .
et pour me faire mieux comiirendre , je ci'eiai
un exemple de ce conflit d attribution , exemple
t)ni s'est rencontré assez fréquemment.
Une administration de dèpatteracnt en fesn.nt
anc venie de biens nationaux, y aura compris
(in lerrein que Pierre préiend lui appartenir et
n être pas un bien iialional ; Pierrt se pourvoit
d'abord par voie de pétition devant l'adminis-
«ratJon ; mais celle-ci n"a point égard à la récla-
mation , et maintient )a vente par un arrête.
Alors Pierre attaque l'acquéreur dans un tribunal
et demande quil soit tenu de se désister de
l'héritage ; le tribunal prononce en faveur de
Pierre; voiià le tribunal en contradiction avec
l'adminisiration de département; voilà le conflit
d'attribution entre l'autorité adminisiraiive , et
l'autorité judiciaire; c'est pour ce c:iS et autres
semblables, qu était fait ! article XXVII de la loi
cTu 21 fructidor ; mais pour l'espèce actuelle ovi
il n'y a pas eu l'ombre de conflit , où une seule
autorité a été saisie et a prononcé , cet ardcle
lia pas la moindre application.
Mais la matière est administrative, dira-t-on;je
répondrai que c'est une question à décider ; et
que le gouvernement ne peut pas la supposer
décidée , pour en induire qu'il a le droit de con-
naîre de laffaire , de l'enlever aux tribunaux,
ei même de déclarer des jugemens non avenus.
Je suppose , quoique cela pût être très-raison-
nablement contesté, et quoique, des tribunaux
éclairés aient prononcé le contraire, je suppose
que la matière fût réellement administrative , et
que le gouvernement pensât que les tribunaux
outrepassaient leur compétence , excédaient leur
72
Il y aurait au5si trop d'affaires civiles où l'on
pourrait trouver un mélange d'administratif, et
où, sous ce prétexte, l'autorité executive inter-
viendrait, se mêlerait des intérêts des citoyens,
piononcer.-îit sur des contestations judiciaires, dé-
pouillerait les tribunaux et les réduirait à la nullité.
C'est ce qu'elle a fait dans l'espèce présente , et
c'est pour cela que je regarde l'arrêté du 4 ger-
minal comme inconstitutionnel, et que je crois
avoir démontré qu'il l'est réellement.
Je ne finirai pas sans répéter ce que j'ai dit
au commencement de mon opinion , que, la
cause particulière du citoyen qui nous a dénonce
cet arrêté , me paraît peu intéressante ; que son
litre même n'est pas tiès-recoramandabic , tandis ^
qu'au contraire les héritiers de ces fermiers géné-
raux , si abstraitement , si violemment dépouillés ,
méritent beaucoup de considération et inspirent
un juste intérêt ; mais , encore une fois , il s'agit ,
non pas de savoir si l'arrêté est fondé sur des
mo-tifs d'humanité , d'équité , mais s'il est cons-
titutionnel. Il s'agit en général , et abstraction
faite de l'afFaire particulière , de décider s'il y a
eu entreprise du pouvoir exécutif sur l'autorité
judiciaire.
La marche et les discussions du iribunat ont
prouvé constamment sa confiance dans le gou-
vernement : nous avons souvent rendu hom-
mage à la sagesse de ses vues , à l'utilité des
grandes mesures qu'il a prises , à tant d'améliora-
Tions qu'il a faites ; nous en avons d'autant plus
de droit à l'avertir d'une erreur dans tine affaire
particulière , dont, après tout , la décision serait
peu importante pour la lépublique , si les con-
séquences de cette décision ne pouvaient de-
venir allarmantes pour la propriété du citoyen ,
pour l'indépendance du tribunat , pour le main-
tien de la division des pouvoirs.
C'est sous ce point de vue q<ie je crois le
pouvoir, en s'immisçant dans. ces sortes d'affaires, I tribunat obligé par devoir et par honneur acte-
quelle était la m.arche réguhere , constitutionnelle | férer au sénat- conservateur l'arrête du 4 ger-
minal an 8 , comme inconsdtuiionnel.
qu'il devait suivre ?
Dès l'origine de l'affaire , le commissaire du
gouvernement devait requérir le tribunal de pre-
mière instance de s'abstenir , attendu la natuie de
laffaire , et de renvoyer devant qui de droit; le
même réquisitoire de ait être réitère devant le tri-
bunal d'appel ; et en cas de refus d'y faire droit, il y
avait lieu à demander la cassation , lant pour con-
travention aux lois que pour excès de pouvoir.
Et même , quoique ces réquisitoires n'aient point
été présentés aux tribunaux de première instance
et d'appel, s'il est vrai que les (ribun:
excédé leur pouvoir, et connu d'une matière
qui leur était interdite , attendu qu'ils ont commis
une nullité de droit public, et qu'une pareille
nullité ne peut se couvrir, le gouvernement doit
faire dénoncer leurs jugemens au tribunal de
cassation par son corumissaire près ce tribunal, j
et en requérir l'annullation pour excès de pouvoir
et intervention de la marche constitutionnelle des
autorités. Il y en avait une disposition expresse
dans la constitution de l'an 3 (art. 26a) et le direc-
toire exécutif en a 'fait usage lorsqu'il l'a cru
nécessaire. Celte disposition se retrouve textuel-
lement dans l'article LXXX de là loi du 28 veti-
lôse dernier; et d.'ailleurs elle est encore impli-
citement dans la constitution de l'an 8 , qui charge
le gouvernement de procurer l'exécution des
lois.
Mais il est chargé aussi , dira-t-on, de faire des
réglemens en matière administrative ; ici la ma-
tière était administrative; donc, etc.. .>.
Mais qui a décidé que la matière est administra-
tive? Le gouvernement lui-même; et contre ijuelle
autorité Va-t-il décidé? contre celle des tribunaux
ordinaires dont il n'est pas le réformateur , et dont
les jugemens , s'ils sont contraires aux lois ou
viciés par un excès de pouvoir , ne peuvent être
annullés que par le tribunal de cassadon.
Le gouvernement a' supposé, l'.que la madère
était administrative , ce <jui est au moins fort
douteux ; 2°' qu'il y avait conflit d'attribution
entre les autorités administrative et judiciaire ,
quoique réellement il n'y eût pas de conflit.
Et après ces .deux suppositions qui lui étaient
nécessaires pour donner une apparence de léga-
lité à sa décision , il a décidé , au préjudice de
l'autorité judiciaire , qui était seule saisie.
C est ainsi à peu-près que les tribunaux ecclé
^Huguet prononce une opinion conforme a
celle émise par Siméon.
On demande la clôture de la discussion.
Andrieu>i.]e m'y oppose; l'ajournement doit
être ;idopté parle tribunat. Dans celte séance
même , une nouvelle dénonciation a été faite.
Girardin. Il est tems de faire cesser la lutte scan-
daleuse qui s'est élevée entre les tribunaux et le
, ., -, couvercement. Il n'y a pas de doute que si le
s.l est vrai que les tribunaux aiem .^^,^^j^, ^^^g,^ q^i ^us a été dénoncé , est in-
constitutionnel , le second qui n'est qtae la con-
séquence du premier , ne le soit aussi. Ainsi je
ne pense pas que la dénonciation qui a été faite
ce matin , doive rien changer à l'état actuel de
la discussion.
Je demande que le tribunat prononce daiis
cette séance même , et fasse cesser celte lutte qui ,
je le répète, pourrait finir par devenir dange-
reuse.
BouttevilU. Le tribunat ne saurait mettre trop
de maturité dans une discussion de cette impor-
tance ; il y a encore des orateurs inscrits, et je
pense qu'on doit entendre toutes les raisons pour
et contre ; je pense sur-tout que l'opinion émise
par l'un des derniers orateurs , ne doit pas restea
sans réfutation. Comme lui , j'ai été membre du
tribunal suprême qu'il a cité , et cependant je
diffère avec lui de sendment. Il me semble que
si je fesais encore partie du tribunal de cassaùori ,
et que laffaire dont il s'agit me fût renvoyée, je
ne balancerais pas à me déclarer incompétent
I pour prononcer.
Quand un iribunaJ s'est en quelque sorte mis en
révolte contre le gouvernement, ce n'est point
au tribunal de cassation qu'il appardent de le
réprimer. , . ■ , ,-
Je demande la conunuation de la discussion ;
j'ai préparé un travail que je désire soumettre au
tribunat.
Riouffe. Point de doute que la question qui nous
occupe ne soit essennellement de notre ressoit ;
quand il s'agit des intérêts de parlicuHers qu'on
prétend êire lézés , c'est l'autorité populaire qui
doit prononcer. Mais s'en suit-il de-là que la
discussion doive êlre interminable ? Non sans
^estarns. a ucu-p.cs .juc .e» .wuuu.u:. c.e..- ■ doute. Tous les prateurs qui ont parlé ont eu
siasdques prétendaient autrefois s'attribuer la con- la plus grande latitude ; envain objecte-t-on a
naissance de toutes les affaires civiles , en corn- dénonciation qm a ete faite récemment sur le
mencant par décider que dans chaque affaire il y second arrêté ; je n aime pomt cette manière de
avait' du spirituel ou du moral , dont ils étaient , discuter : cela ressemble trop a I ancienne chi-
disent-ils, les seuls juges compétens. 'cane, et cela sur-tout a trop lair de vouloir
gagner du lems. Je dirai avecun de mes. ccdr
lègues , que si le premier arrêté est ipeonsti-
tutionnel , le second l'est également; qu'ainf^
rien lie doit nous empêcher de prendre una
détermination. Les difièrens orateuis qui qnt
parlé dans cette affaire , sont tous convenus r\\ic
l'arrêté était juste au fond , mais qu'il péchait
par la forme ; cet aveu précieux vous détermi-'
ner^ sans doute , mes collègues , à sortir de cet
état d anxiété dans lequel les parties intéressées-,»
et nous-mêmes , sommes .depuis que cette d.i*-
cussion a pris naissance. , _ ,,[
Je demande que l'on aille sur le charnp aj}s,
voix.
Ganilh. Ceux qui demandent la clâtureidc la
discussion pensent que que le second ariêté du
gouvernement n'est que la consétjuèrice du pre-
mier : ils se trompent dune manière bien étrange.
Le gouvernement , par son second arrêté , a
décidé une question de la plus haute impor-
tance : il a décidé que lorsque les tribunaux dé-
passeraient les bornes de leurs attributions,
c'était à lui à les redresser. Il s'est ainsi tait juge
de leurs écarts, , a intercepté la hiérarchie ju-.
diciaire , et enlevé au tribunal de cassation la<
principale , je dirai même 1 unique aitributioa,
que la constitution lui donne. Je demande la'
conunuation de la discussion.
Bereng:r. Il n'est nullement question en ce!
moment du second arrêté ; c'est sur le premier
que la discussion a eu lieu et se trouve épuisée ;
c'est -donc sur le preniier seulement que vous
devez délibérer . et que je demande que la
discussion soit fermée.
Le tribunat ferme la discussion.
Ganilh. Ja demande que la délibération ait. lieu
par scrutin secret. •
Cette proposinon est adoptée.
En conséquence, le iribunat délibère ati scrutin,
sur la question de savoir si l'on passera à l'ordre
du jour sur la dénonciation du citoyen Borel ; le
résultat du scrutin donne 45 membles pour
l'ordre du jour et 20 contre ; les votabs n'étant
pas au nombre des deux tiers prescrit par la
constitution pour délibérer, il y aura un second
scrutin à la prochaine séance.
La séance est levée.
AVIS.
Adjudication au rabais à faire enprésencede*
membres de la commission administrative du
sénat-conservateur , des deux grandes parties de
mur de clôture pour le jardin du palais.
Tous les entrepreneurs munis de patentes pour
l'an 9 , seront admis et pourront prendre au conr
trôle des bâtimens tous les renseignemens néces-
saires.
Il sera à la suite de ladite adjudication procédé
à fa vente , au plus offrant et dernier etichéris-
seur , de la démohiion de vieux bâtimens exis-
tant le long de l'aile au levant dans la cour des
Fontaines , et dune parue en retour au midi.
Les entrepreneurs ou autres acquéreurs pren-
dront au même contrôle les renseignmens né-
cessaires.
COUR SDU CHANGE.
Bourse du 18 vendémiaire.
Rente provisoire 23 fr. 5o c.
Tiers consolidé Sy fr. 10 c.
Bons deux tiers i fr. 72 c.
Bons d'arréragé , 86 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 . 92 fr.
Syndicat , §2 fr.
Coupures 82 fr. Soc.
Act. de 5o fr.de la çaiisse des rentiers. aS fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq.ue et des Arts.'
Dem. Praxitelle , opéra en 3 actes , et le ballet de
la Dansomanie,
Théâtre du Vaudeville. Auj. Dufreiny , le
Mari sans femme , et Plus heureux que sage.
Dem. la i"" repr. des Ignaces , parodie des Ho~
races , vaudeville.
L-abonae^en. se fait . Pari, , rue d„ Poitevi.5 , u« z8. Le pri. est de ,5 francs pour trois -noi, . 5o francs pour G mois , et .00 francs pour lann.e entière. On ne .-abonne
au'au commeucetnent de chaque mois. , , i - . . j
n faut adresser les Uttres etV argent , franc déport , au cit. A G AS s e , propriétaire de ce journal . ,ne des Poitevins , n- .8. Il faut comprendre dan. le. envers le port d..
pays Où l'on ne peut aff.anchir. Les lettres des dëpartemens non affranchies, ne seront point retirées de la poste. , , .„ .. , .
H faur avoir soin , pour plu. de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser rout ce qui concerne la rédactron de la feu.Ue , au rédacteur, rue de.
PoiteviB5,n« i3 , depui (neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Fa ri», de l'imprimerie du cit. A&asse , propriétaire du Moniteur, rue dei Poitavins, n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV^ 20.
Décadi , 20 vendémiaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos sousa.pce.r. qu'à dater du 7 N.vôse le M O Ni T E U R est le .../ journal atHc-c'
Il connenr les séances des autorités constiruées , les .ctes dugouvernemenr , les nouvelles des arn^ées , ainsi cjue l.s faits et les notions ranc su,
"intérieuf que sur 1 extérieur, fournis par les corre';pondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR,
ALLEMAGNE.
De Ratisbonne . le 6 vendémiaire.
STï 1ER . le lieutenant-général Grenier est revenu
ici avec son quartier-général ; 800 français for-
ment la garnison de celte place, Ils se sont mis
de nouveau en possession de la moitié du pont
de pierre , et ont placé dessus un corps-de-garde.
Le pont de bois sur Oberwonhest rétabli. Le gé-
néral Klenau est logé dans la ville avec Son
quariiei-général. Il occupe le palais; mais le gros
de ses troupes va prendre ses quaniers dans la
Bohême. Les garnisons dUlm et d'Ingolstadt ont
reçu l'ordre de rejoindre leurs corps. Le £iénéral
Simbschon a reçu àBjraberg l'ordre de reprendre
les lignes de démarcation qui avaient éié désignées
par le premier armistice. Les troupes allemandes
se reiirent sur la rive droite de la Reduiss et du
Mcin , et occupent le pays depuis Hanau jusqu'à
Nuremberg. Le quartier-général de Simbschon
sera reporté à Schwein-Furî. Le corps d'armée ,
aux ordres de ce général, est composé des hus-
sards de Szck'er , d'un escadron de dragons
d'empire de Wuiizbourg , de ceux de Trêves ,
de Mayence et de Franconie , du contingent
d'empire de Mavence , du bataillon de Beau-
l;„ j ■ u... .:!: — j :_r- • . i^ j ta7
et qui a tant souffert depuis rjuclque tems , on a
I recueilli une somme de 600 Ir.
„}r^ général Lecourbe a passé dernièrement par
Baie , d'où il devait se rendre à Paris.
{Strasburger Wellbote.)
A NGLE-TERRii.
Londres , 1='' octobre. ( g vendémiaire.)
La société d'agriculture s'est occupée à faire
des recherches sur l'avantage des clôiurei. Elle a
trouvé qu'il était communément du triple de
ancien produit des fonds : dans certains cantons
lerevenu était de huitfoissa valeurordinaire; dans
d autres,les rentesontaugmentédans laproporlion
de I à 10. Dans le comté de Lincoinshire , on
a depuis trente ans mis en clôture au-delà de
92,033 acres de terre. Les anciennes renies en
étaient portées à la somme de 21,490 liv. 16 s. 5d.
elles se montent aujourd'hui à72,o5oliv. i3s. 11 d'.
L'augmentation du bénéfice de clôture est donc
annuellement de la somme de 5o, 659 liv. 19 s. 6 d.
La main-d'œuvre a dû coûter 173, igr liv. i3 s. 1 1 d.
En déduisant l'intérêt de cette somme déboursée ',
les propriétaires se trouvent avoir quitte un revenu
de_4i,go5 liv. 8 s. 11 d. Dans le voisinage du
château de Bclvoir, une seigneurie affermée , il
y j trente-deux ans passés , pour la somme de
3oo hv. par an , l'est actuellement i5oo livres
_ ire de Mayence, du bataillon de Beau- ^°° "v- par an , lest actuellement i5oo livres,
lieu et d'un baiail'on d infa terie légère de 'Wer- ^- Allington possède un bien , dont le revenu
theimer. Il f.iut y ajouter la garnison.de Philis- j "^ s élevait pas au-delà de gS liv. , il y a soixante
bourg . ainsi que deux escadrons de dragons { ^"^ , qui lui produit actuellement 960 liv. "
d empire de 'Wurizbourg qui étaient à Ingols- Dan.; nnf. z-^,,,- „= i 1 j ■. •
, ' ^ ^ "ne '^0"'^ générale des propriétaires delà
,:, . , ,., , _, I compagnie des Indes , tenue le 24 , M. Joues,
L eveque de Wurtzbourg est revenu dans cette f membre au parlement pour le comté de Denbigh
■^'"e- I fit une motion pour obtenir la formation durî
Un nouveaux traité de subsides vient d'être comité, chargé de pourvoir aux moyens de pré-
conclu entre lélecteur bavaro-palatin et le roi
d'Angleterre. Les anglais preniienl à leur solde
l3,ooo bavarois , que l'électeur doit commander
en personne. Le baion de Drux-Punts reprendra
Je commandement de l'ainre corps. Lélecteur
de Bavière a nommé M. de Getto , son envoyé à
la cour de Hesse-Cassel.
La garnison de Ulm se rend à Nordiingen ,
dans le haut palatinat.
Un courrier d'Angleterre a apporté à la cour
de Uannemarck la raijfication de la convention
conclue entre cette cour et celle d Angleterre.
Le lord 'Witworth est retourné à Hambourg, 1 e mrr^^ \^r„^t„;r a^ n ■ r . ,,
pour se rendre à Londres. Néanmoins \^^ v<^-^ ù^^er^^FÂ. Kt ^°''''^'^''^'''^^''^}'''^^
paratifs de guerre continuent toujours en D .n'îie- 1" Tv^". • ^ '^""°''' ''''"'"
marck. Le commandant Bleugel doit , au pre-
mier jour faire voile , avec huit vaisseaux de
ligne , pour croiser dans le Sund et exercer ses
équipages. ( Slrasburger Wettbote. J
venir les abus de patronage , observant que
tous les jours on voyait dans les papiers publics
des avis pour acheter des emplois dépendans de
la compagnie. Sa motion éprouva quelque op-
position ; mais elle finit par passer.
On rencontre souverit M. de Galonné dans la
eue; mais le lems est passé où l'on pouvait sup-
poser quil dirigeait ses pas vers Stock exchange.
La cour du conseil commun a passé un acte
pour obliger désormais les lords maires , nou-
vellement élus , à accepter la mairie sous peine
de tooo liv. sterl. d'amende.
Le corps-législatif de Connecticuta fixé l'amor-
REPUBLIQUE HELVÉTIQUE.
Berne , le 10 vendémiaire.
La disette de bleds et des autres denrées de
première nécessité , qui se fait sentir dans les
cantons de Bcllinzona et de Lugano , depuis que
les communications avec la Cisalpine ont été
coupées , a dernièrement occasionné un soulè-
vement assez malheureux. Plusieurs personnes
savons encore rien de positif sur ces événemens
on attend des nouvelles ultérieures.
En juillet dernier , le beurre coûtait un dollar
la livre a Saint-Thomas dans les Indes occiden-
tales.
L'Ocra, plante très-abondante dans les terres
basses de l'Amérique septentrionale , et que l'on
dit supérieur à l'ocra qui croît dans les Antilles ,
supplée partaitement le café. Sa préparation est
la même, et on le distingue difficilement par
1 odeur et la couleur. Les cosses de l'ocra , quand
elles sont encore jeunes, s'emploient générale-
ment à faire de la soupe dans les deux Carollnes.
Il s'est élevé des troubles parmi les tartares
orientaux. En conséquence l'empereur d
INTÉRIEUR.
Paris, le 1 9 vendémiaire.
On écrit de Marseille que cinq bâlimens anglais
parlementaires y ont ramené 'une partie de la
garnison de Malte. On a appri, par le général
Vaubois, et les officiers de son état-major, riue
1 intoriune savant Dolomieu est délivré de ses fers,
et qu'il est dans une chambre où il peut se pro-
mener, fire et écrire. [ Clef du Cabinet. J
— La Gazette de France , et beaucoup d'autres
journaux , annoncent que la maladie épidé-
m.que qui règne à Cadix , fait des progrès
ettrayans , que tous ceux auquels leur fortune
permettait de quitter la ville , s'en sont éloignes.
— Le citoyen Paulard , colleur de papiers
trouva , le jour de la Fête de la République, un
sac a ouvrage , de femme. Arrivé chez lui , il
ouvre , y trouve une boîte d or , un couteau à
lame d argent garni en or, et d'autres effets.
IJes la pointe du jour , il écrit lui-même une
irentaine daflËiches , et va les coller aux Thui-
lenes, au Muséum, et dans d'autres lieux publics.
La propriétaire se montre, et veut en vain ré-
compenser l'honnête artisan qui lui remet ses
bijoux : J^on, madame, répondit-il , je suis trop
heureux de vous avoir rendu ce léger service , et il se
sauve. Le Journa/ de Pans, qni cite ce trait de
probité , nous fournit l'occasion de publier que
cet estimable artisan , qui en est l'auteur , loge au
Marche-Neuf , n? 54.
~,Le citoyen Portai donnera cette année, au
Muséum d hi.stoire nalu.elle , la descripiion des
viscères du corps humain. Il indiquera leurs
pnncipaux usages, donnera un piécu de leurs
attccttons morbifiques , reconnues par l'anaio-
mie. Il commencera ses leçons le 21 vendémiaire,
et les commuera tous les jours , excepté les quin-
tidis et decadis , a trois heures et demie piécises.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du i3 vendémiaire an 9.
Les consuls de la république arrêtent :
..'^"•, '"■ L^fniée de Réserve prendra le nont
d armée des Grisons.
II. Le pays des Giisons , l'Helvétie et le dépar-
tement du Léman formeront l'arrondissement de
cette armée.
Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul.
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Arrête du 19 vendémiaire , an 9.
Bonaparte, premier consul de 3a république
après avoir entendu le rapport diï ministre des
relations extérieures , arrête :
Art. I". Le citoyen Joseph Bonaparte , con-
seiller-deiat, est nommé ministre plénipoten-
savons encore rien de^ positif sur ces événemens : | ^^'"^M±°"f °[^'l ^^ '-"P« d" districts | jeteur rd Se BX/mee^drHon^rr"'' """'
IL Le ministre des relations 'extérieures est
charge de l exécution du présent arrêté nui ne
sera point imprimé.
■Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaiTe-d'état,'signé ,îi. B. MarêT,'
Hier le quartier-général de l'armée de réserve /
devait se rendre de Saint-Gall à Zurich. L'armée }
elle-même va prendre ses quartiers en Helvètie.
On ne peut assez se louer de la bonne conduite
et de U discipline du soldat français, qui a su
se concilier l'estime et 1 amitié de ses hôtes; ce
qui honore également le général , les officiers et
les soldais.
Les suisses se distinguent tous les jours par
de nouveaux actes de bicnlesance. A Zurich, il
sera Icyé tne contribution volontaire , pou. venir
au secours des malheureux qui , cett; année
l'année dernière , ont éprouvé des incendies.
' - - w.^.v. auA. iiuupcà ucs uisiricts
de Tayvncn et de Singan, de se porter sur les
frontières du Sotchew.
Le gênerai sir James Duff , qui commande en
Irlande dans le district de Limerirk , a donné
une proclamation , par laquelle il est ordonné
aux habii.ans de cette ville , d afficher leurs noms
sur la porte de leurs maisons, et d être rentrés chez
euxà neuf heuies du soir :ils ne pourront sortir
avant le lever du soleil.
Le traité d'alliance et de commerce entre la
Russie et la Prusse , doit durer huit ans.
Dans l'émeute qui eut lieu à Maïk-Lane , un
qu.ikcr , a tonne athlétique, fut attaqué pat deux
hommes du rassemblement. Après en avoir ren-
La chambre d'administration sera cliaigce de- la ! vtisé un par terre , il lui dtave'c douceur -Arnï
distribution de ces secours. Le ciloyen Buickli ,j l'ai-je fait du mal? ' '
de Zurich, a déjà envoyé cinq cenis florins à la •«■ . c ,
société des secours. — A Berne, on a fait au' f .-^i»i"ss ôydons a reparu, pour la première
profit des inccndiéi de ce canton , une collecte I '^"".''«^ ^Ptic saison, dans le rôle d'Isabelle, et
de 1,780 francs de Suisse; et dans la petiie ville ^ ^'^ couveile d applaudissemens.
de Bicl , qui appartient maintenant à la France , l [Extrait de t Oracle ,de l'Observera du Courier.)
Autre arrêté du même jour.
Bonaparte, pretiiier consul déjà, république,
arrête c^ ^qiji suit :
Le ciloyen Lalorest, commissaire central du
gciuvernement près les postes, est nommé secré-
taire de la légation chargée de négocier la paix
avec l'empereur. ,,, ;
Leministie des relations extérieures est chargé
de l'exécution du présent arrêté. "-'
Le premier consul, signée BoNAP-tSTÏ.! .
Par le premier consul , ■■
Le stcfélaire-d'élat, i<£'iy,.H. B, MAR;^T,a
72
Traduction d'une lettre adressée au premier consul,
J>ar îe\ comité _ du gouvernement de la république
cisalpine.
Au NOM DE LA RÉPUBLIQ_UE CISALPINE.
Le comité du gouvernement au citoyen Bonaparte
premi4r consul de la république française.
Citoyen premier consul ,
Le comité du gouvernement à l'honneur de
vous adresser quelques monnaies d'argent l'rap-
Î)ées à Milan , et qui ont été mises en circu-
aiion le i" vendémiaire..
La république cisalpine régénérée aux champs
de Marin go par le génie de Bonaparte , a voulu
immortaliser cette brillante époque en en lésant
le sujet de l'empreinte de sa première monnaie ,
afin de transmettre de généralion enfgénérationju -
qu'à la postérité la plus reculée, les seniimens invio-
lables de sa reconnaissance.
On a choisi pour la répandre , comme le jour
le plus propice, celui qui rappelle la fondation
<le la république française , pour qu'au moment
où tous les esprits étaient élecirisés par le sou-
venir d'un si grand événement , tous les cœUrs
si dilatés s'ouvrissent aux émotions de la gratitude.
Si 1 hommage rendu en mémoire du plus grand
des bienfaits ne déplait pas à l'ame généreuse
du bienfaiteur, le comité du gouvernement se
flatte, citoyen premier consul, que vous daignerez
agréer un symbole qui est le fidèle interprète
ae ses sentimens.
Milan , le î vendémiaire an g de l'ère répu-
blicaine. Salut et respect,
Le comité du gouvernement.
Signé SoMMARiVA.
l.t siculaire-génirai , Signé Claveno.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Extrait de l'arrêté dei consuls de la république, du
i3 fructidor an 8.
Le ministre ttaiie avec une association de
citoyens pour la fourniture dei fourages à dis-
•ribuer aux troi>pes qui sont dans l'inlérieur de
la république.
Ce traité est fait par ration fournie.
Le prix que le ministre accorde pour chaque
ration fournie, est rendu public ipar la voie de
l'iuiyiression , et communiqué aux corps par le
ministre de la guerre.
Ce prix est divisé en deux parties : i° frais
d'administration générale ; 2* prix de la ration
proprement dite.
Pour l'exécution de l'article précité , le ministre
de ia guerre invite les citoyens qui seraient dans
r.intenuon de se charger , à compter du i"^ fri-
maire prochain, de la fourniture générale des
fourages aux troupes dans l'intérieur de la répu-
blique^, à lui adresser leurs propositions avant le
5 brumaire prochain.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen -, et c'est le faire sans
aucun avantagé pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ces
objets.
Le préfet du département de Seine et Oise
adresse , le 7 vendémiaire , la circulaire suivante
-aui maires et adjoints de ce département.
Citoyens,
La tournée que je viens de faire dans le dé-
partement , m'ayant rais à portée d'en voir de
^lus près la situation et les besoins , j'ai reconnu,
avec sansfaction , qu'en attendant les bienfaits
plus importans que nous prépare la sagesse du
gouvernement, et dont la paix doit être l'époque,
il reste encore beaucoup de bien à faire dès-à-
présent , et pour lequel il ne me faut autre chose
eue d être secondé par votre zèle et vos efforts.
Je dois commencer par vous exprimer com-
bien j'ai été louché de l'accueil honorable que
j'ai reçu dans toutes les communes , et des dé-
monstrations générales d'attachement et de con-
fiance que les citoyens se sont empressés -de
me faire. Il m'est d'autant plus doux de rappeler
ces témoignages , que je les reporte en entier
au gouvernement , auquel ils étaient adressés
en ma personne , et qu'ils sont la marque la plus
sûre du|bon esprit qui règne dans vos communes.
Entretenez ces heureuses dispositions , qui doi-
vent néce^airement amener l'exécutionl prompte
et facile des lois , l'harmonie entre tous les
membres de l'état , la paix intérieure et la pros_
petite publique.
Les bons effets de l'eniiere liberté sur l'exer-
cice du culte, se font appercevoir d'une ma-
nière sensible. £n ttiairitenant cette liberté , sur-
veillez les ministres , et si quelqu'un d'entr'eux ,
sous le voile de la morale paisible qu'il est tenu
de prêcbei", tentait d'insinuer le poison de ses
propres passions , arrêtez de bonne heure ce
dang.-reux abus , en en donnant avis à l'adminis-
traiion , et en interdisant même, à ce ministre per-
turbateur , l'entrée de 1 édifice destiné au culte.
L'instruction de la jeunesse doit être un des
principaux objets de votre sollicitude , car les
eçfans oisifs et ignorans ne peuvent que de-
venir vicieux. En fournissant le logement ou
une indemnité équivalente , chaque commune
peut se procurer un instituteur capable de lionner
aux enfans ces premières connaissances , dont
aucun citoyen ne saurait se passer , et les rétii-
butions qu'il retirera des élevés en état de le
payer , seront plus propres à exciter son zèle
qu'un traitement fixe et invariable.
Vous avez reçu les registres destinés à constater
l'état civil des citoyens. Il ne suffit pas d'y ins-
crire les déclarations qui vous sont faites , il
faut encore veiller à ce que ces déclarations se
fassent avec exactitude et avec fidéliié. Songez
qu'une omission ou une inexactitude de ce genre,
peut devenir un jour , pour plusieurs familles ,
une source de procès et de troubles intermi-
nables.
La police champêtre a été par-tout extrême-
ment négligée , et il est urgent de faite cesser
une foule de petits désordres qui nuisent à la
propriété.
Rappelez auxindigens et aux non-propriétaires
qu'on ne doit pas recueillir oià l'on n'a pas se-
mé . que le champ d autrui doit être sacré ,
et que le patrimoine des pauvres , c'e st le travail.
Du respect des propriétés résultent des récoltes
plus abondantes , et plus de ressources pour ceux
qui vivent de travail.
Le chaumage , le ratelage , le glanage, le gra-
pillage , la libre pâture , etc. sont d'anciens usages
que la bienfesance volontaire des propriétaires a
laissé introduire en faveur des indigens ; ceux-ci
ne doivent point en user comme d'un droit , ni
prétendre exercer une servitude sur les propriétés.
C'est à vous à déterminer , dans votre commune,
l'époque à laquelle les indigens pourront jouir
de ces concessions, et à prescrire toutes les res-
trictions qu'exigent la conservation des propriétés
et la tranquillité des récoltes.
Les délits pour fait de chasse appellent d'au-
tant plus votre sévère surveillance , qu'ils sont
une source de rixes et de violences. Restreignez ,
le plus que vous pourrez , le nombre des chas-
seurs , et vous aurez prévenu une grande partie
des maux qu'entraînent l'oisiveté et la licence.
Veillez sur-tout à ce que les gardes forestiers ,
préposés à la conservation des bois nationaux ,
ne se fassent pas un métier d'un exercice qui leur
est expressément interdit. Désignez-moi ceux qui
se rendront coupables de ce délit , et je deman-
derai à la régie leur destitution.
Les lois ne permettent qu'aux propriétaire»
d'avoir un troupeau , et ce troupeau doit être
en proportion de l'étendue des terres. J'ai vu
que des bouchers, qui, pour leur commerce ,
avaient acheté des moutons, les laissaient paître ,
sans précaution , avec les autres troupeaux du
lieu. Il ne faut qu'une bête malade pour infecter
toutes celles du canton , et c'est quand le mal
a fait ses ravages , qu'on reconnaît la sagesse de
la loi faite pour le prévenir. Si vous laissez aux
bouchers non-propriétaires quelques moulons ,
exigez que ces animaux soient cantonnés. Veillez
aussi sur les autres genres de bestiaux , et crai-
gnez que , si une. epizootie vient à se manifester,
vos concitoyens ne soient fondés à l'imputer à vo-
tre négligence.
Prévenez les incendies , par de fréquentes vi-
sites des fours et cheminées , et en fesant exécu-
ter les réglemens qui défendent d'approcher
des habitations les matières trop aisément com-
busnbles.
Il y a de ces fléaux naturels , dont il faut se
garantir tous le? ans , par une mesure générale :
tel est celui des chenilles. On ne s'est nullement
occupé de leur destruction l'année dernière ; j'y
pourvoirai cette année par un règlement , fait as-
sez à tems , pour que vous puissiez tenir la main
à son exécution.
Une parde des chemins vicinaux ont été dé-
truits ou resserrés pat des usurpations ; faites
l^xtrême , et fertsins propriétairies de moulin
se sont appropriés l'eau . au point d'en faire un
fléau destructeur pour les prairies qui les avoi-
sinent , et de verser , quand il leur plaît , l'inon-
dation dans les campagnes. Je me, propose de
mettre bieniôt un terme à un abus aussi cri.int . et
d'affranchir les propriétés de ce nouveau genre
de tyrannie. Un règlement , fondé sur les lois
existantes , réduira ch.iaque moulin à la quantité
d'eau qu'il peut légitimement conserver, et l'as-
sujettira , au moyen d'un déversoir , à un niveau
quil ne pourra jamais dépasrer.
Le curage des livieres qui devait se faire chaque
année-, est devenu, par la négligence qu'on y a
mise , une réparation difficile et dispendieuse.
Faites ensorte qu'il n'éprouve pas un nouveau
retard , et que , par la suite , il se fasse régulière-
ment au. tems convenable.
Les communications de commune à commune,
si indispensables aux besoins journaliers des habi-
lans , ei si importantes pour faciliter l'approche
des marchés , le transport et le débit des denrées
sont devenues en beaucoup d'endroits presque
impraticables; et cela, faute d'une réparation qui
souvent ne coulerait guère que deux ou trois
journées de travail. J'ai vu quantité de passages
oià il ne s'agirait que de jetter quelques pierres,
que d'ouvrir un écoulement aux eaux pluviales,
ou de faire quelque ouvrage aussi simple, pour
rendre commode uncherain qui se trouve fermé
plusieurs mois de 1 année; pour prévenir un dé-
tour de pllibieurs heures qui se répète tous le»
jours; pour empêcher qu'on ne s ouvre un pas-
sage aux dépens des propriétés; ou enfin , pour
épargner des cahots qui fatiguent continuellement
les chevaux et les voitures. Par vos discours, ou
même par votre exemple , déterminez, vos con-
citoyens à consacrer quclriues jours des Saisons
mortes à ces travaux d utilité générale. Celui (jui
aura Je premier introduit ce mode de travailler
en famille potir 1 avantage commun , ne lardera
pas à faite des imitateurs; on sera étonné de tout
le bien qu'il aura produit avec une légère quan-
tité de travail et de tems , et il sera béni comme
un bienfaiteur des campagnes.
Entretenez avec soin les abreuvoirs , les fon-
taines 1 les halles , et autres objets de service pu-
blic ; ajourner une réparation nécessaire . est le
moyen d'en doubler les frais; mais ne multipliez
pas ces objets sans nécessité.
Dans la plupart des communes, les affaires
municipales peuvent se traiter chez le maire , et.
alors on épargne le loyer, les léparations et les
contributions qu'entraînerait un local particulier.
Dans les communes placées sur les routes de
passage des troupes , il est difficile que vous
n'ayez pas un employé particulièrement occupé
à distribuer les billets de logement; mais veillez
à ce que cette charge soit répartie avec équité.
Si les militaires se permettaient quelques abus
envers les citoyens , ne manquez pas de m'en
adresser des plaintes : le gouvernement sous le-
quel nous vivons n'entend laisser aucune vio-
lence impunie.
Surveillez les percepteurs de l'impôt direct, et
ayez soin qu ils émargent fidellement la somme
qu'ils reçoivent. C'est sur-tout aux contribuables
non lettiès que vous devez plus particulière,
ment le secours de vos lumières , parce qu'ils
sont les plus indigens et les plus exposés à être
trompés.
Un grand nombre de communes sont proprié-
taires de revenus destinés à secourir les indigens.
J'ai vu que le recouvrement de ces revenus se lésait
presque partout avec une extiême lenteur ; il y a
des communes eri les débiteurs , quoique sol-
vables , sont eri arrière de plus de dix années.
Tandis qu'on favorise ainsi la mauvaise foi d'ua
débiteur lélentionnaire , que d'indigens périssent
faute d'alimens et de secours! Mettez cette vérité
sous les yeux des administrateurs coupables de
cette négligence, et si le cri de leur conscience
ne les rappelé pas à leur devoir , cherchez des
mains plus pures à qui l'on puisse confier le patri-
moine des pauvres.
Prenez tous les arrangemens nécessaires pour
que votre correspondance avec le sous -préfet
n'éprouve aucun retard. On est deux fois juste
quand on l'est avec célérité.
Je vous ai dénoncé beaucoup de délits , qu'une
surveillance active ferait bientôt disparaître. Ne
craignez pas de passer pour sévère : celui qui en-
restituer à" la commune ce qui lui appartient ; courage les délits, par son indulgence , se rend
d'abord , pbxit qu'elle en jouisse , et ensuite l coupable de tous les dommages , de toutes les
'' — " — ''""" injustices quil aurait pu prévenir; il prend parti
pour l'itifracteur des lois , contre ceux qui les res»
pecient; et, pour se soustraire à l'inimitié d un
pour ne pas permettre que l'usurparion devienne
un titre.
Les cours d'eau sont une source fréquente de
désordres et de dommages , quand une police | homrne vicieux , il se fait l'ennemi de tous ses
active n'en surveille pas continuellement la jouis-
sance. Les rivières ne peuvent être la propriété
de qui que ce soit. La république permet aux
riverains de construire des moulins et usines
concitoyens.
Le moyen le pins efficace pour la répression
des délits , c'est la punition du délinquant ; et je
sais que ce moyen n'est pas dans vos uttribuiions :
qui empruntent leur mouvement de la force de \ vous ne pouvez que requérir et poursuivre. On
l'eau ; mais cette permission entraîne toujours la i m'a porté des plaintes multipliées contre lindul-
condition nécessaire qu'on ne nuira pas à autrui, ! gence excessive de beaucoup de juges de paix ,
et qu'on n'endommagera pas les propriétés voi- I envers les rlélinquans qui sont traduits devant eux.
sines. Li licence sur cet article a été portée à 'j'ai peine â cro re que des magistrats cherchent à
13
acquérir , aux dépcni de leur devoir , une fausse
Î)opularité , ou que la peur des indeinnités piivées
eur arrache le sacrifice de leur conscience ; mais
si cependant vous vous croyiez fondé à réclamer
contre quelques-uns des dépositaires de l'autorité,
chargés de seconder l'administration, n'hésitez pas
à m'adresser votre réclamation , pour que je la
transmette au gouvernement , dont la ferme vo-
lonté est que tous les pouvoirs, dans leurs diffé-
rentes lignes , dans leurs différens degrés , con-
courent au même but ; l'exécution des lois , le
maintien de l'ordre et de la tranquillité pu-
blique.
Je n'ai pu vous parler que sommairement des
pbjels contenus eu cette lettre ; ceux qui exige-
ront plus de détail seront la matière d'une corres-
pondance particulière. Vous voyez de près les
besoins des administrés ; les maux à réparer , les
abus à prévenir sont sous vos yeux ; ne me laissez
rien ignorer , et je vous seconderai de tous les
moyens que le gouvernement aura mis en mon
pouvoir.
Je vous salue , G. Garnier.
LYCEE DÉ PARIS.
L'avant-dbrniere séance a eu lieu le 7 ven-
démiaire ; elle a été occupée par les lectiKes
suivantes :
Une fable du citoyen Dutremblay , intitulée :
la Tourterelle et le Moineau. De la naïveté , du
sentiment , quelquefois ce mélange de simplicité
et d'esprit que le bon-homme possédait au su-
•prême degré, voilà ce qu'on a remarqué sur-
tout dans sa moralité, intitulée : le mot de Terrasson.
Elle est semée de traits tels que celui-ci , en par-
lant du système de Law :
On afficha que l'on n'avait plus rien ;
En échange de tout son "bien ,
Il fallut prendre patience."
Semble même ignorer les trés»rs qu'il ftit ftaîtrei
C'est Psyché caressant l'Amour sans le connaître.
Le talent éclairé paT ces maîtres fameux ,
S'il aspire à l'honneur de s'illustrer comme' eux ,
Doit cncor s'entourer de conseils salutaires,
El confier sa gloire à des amis sévères.
Qu'il n'appréhende point une inJusK rigueur,
Les vrais enfans des arts n'ont tous qu'un même
On les voit cultiver , loin d'un monde frivole ,
L'amitié qui eomeille ^ et sur-tout qui comole ;
Et dans leurs entretiens , puisant la vérité >
S'applanir le chemin de l'immortalité.
Le sage , loin des yeux d'une foule disrraite -,
Goûte ainsi l^amitié , les arts et la retraite.
Ses momens par l'ennui ne sont point dévorés;
Au plaisir , au travail , il les a consacrés ;
Avec économie il en règle l'usage :
La pensée et le tems sont les trésors du sage ;
Son mérite , toujours soigneux de se cacher ,
Ne cherche point la gloire , elle Vitnt le chercher
11 laisse aux beaux esprits la gloire oio^trc.
Mais que dis-je? elle fuit comme une ombre Icgei
Sur leurs écrits à peine un jour de gloire a lui :
Le tems n'épargne pas ce qu'on a fait sans lui.
L'écrivain par l'étude accroît
Mais la société rinsttuit aux I
Près des femmes sur-tout la
connaissances ,
La feinte et la vérité, dialogue entre une femme
et un observateur , par le citoyen Salverte , offre
des appcrçus fins et judicieux sur le cœur hu-
main , mais qui dégénèrent quelquefois en mari-
vaudage. Quand on parle ou qu'on écrit sur
l'amour , il faut consulter son cœur plus que sa
fête. Un sentiment vrai est préférable à une page ■
de réflexions subtiles et froides. On a beaucoup /
applaudi dans le dialogue du citoyen Salverte , ^' P" '""' enflammes .
les portraits contrastés de l'amant vraiment épris ,
et de celui qui ne cherche que le plaisir.
Le citoyen Despaze a lu avec beaucoup d'art
vn fragment traduit du second livre de Lucrèce , On a dû s'attendre à la discordance qu'a offert
par le citoyen Baour-Lormian. Il serait à souhaiter la constitution australe du commencement de
que la même main nous donnât tous les mor- ce mois ; parce que cette constitution s'est trou-
ceaux poëiiques de Lucrèce ; ce serait le moyen yée au miheu de la saison équinoxiale d'automne ,
de réparer une double perte. Molière avait ira- et qu'on sait que cette saison est sujette à pro-
Heureux l'enfant des arts, dont le cœur enflammé,
Repose tout entier dans uft objet aimé ;
Le flambeau de l'amour éclaire le génie :
Racine à Champmélé dut son Iphigénie;
La Fontaine , toujours enfant par sa candeur ,
Près de Lasabliere allait sentir sorî cœur ;
Et Voltaire , promis au temple de Mémoire ,
Des genoux de Ninon s'éleva vers la gloire.
Femmes , qui sur nos jours versez tant de bienfaits ,
Eh ! comment envers vous nous acquitter jamais ?
A vos longues douleurs nous devons la naissance ;
Votre lait maternel a nourri notre enfance ;
Et lorsque notre coeur s'éveille avec nos sens ,
La volupté nous berce en vos bras caressans.
C'est peu : votre pouvoir s'étend sur le génie ;
Vous nous ouvrez du beau la carrière infinie ;
puisons tour-à-tonr
La gloire dans les arts, et les arts dans l'amour.
MÉTÉOROLOGIE.
duit tout Lucrèce , moitié en vers et moitié en
prose ; on sait l'aventure singulière qui rendit ce
long travail inutile. Depuis, Fontanes, aussi grand
poète que littérateur profond , a traduit entière
ment le même poème ; et nous jouirions aujour
duire un pareil effet pendant sa durée. La même
chose est encore arrivée l'année dernière ; en
sorte qu'à cet égard il est plutôt question de
chercher pourquoi cet effet de la saison équi-
noxiale d'automne n'arrive pas toujours, et qu'elle
d'hui de ce bel ouvrage . si, dans l'incendie de | peut être la réunion de circonsunces qui le fait
Lyon, lous ses papiers n'avaient été brûlés. Sa mé
moire n'en a conservé que deux ou trois frag-
mens, qui font déplorer la perle du reste.
La séance a été terminée par la lecrure d'un
discours , en vers , du citoyen FayoUe , sur ta litté-
rature et les littérateurs.
Des vers heureux on été remarqués dans ce
morceau ; en voici quelques fragmens :
Le génie autrefois n'enfantait ces merveilles,
Qu'après s'être enrichi de ses savantes veilles.
Pour mieux sentir les arts , autour de leur berceau , |
Il cherchait pas à pas , guidé par son flambeau ,
He« traces que le tems avait presqu'effacées ,
Ou des grands écrivains recueillait les pensées.
A notre siècle, épris de beautés fantastiques.
Rappelons un instant les modèles anfîques.
Homère, le premier, vient frapper nos regards:
C'est un soleil levé sur l'horison des arts.
Virgile, d'ornemcns prodigue avec réserve.
Joint au luth d'Apollon le compas de Minerve.
Térence peint les mœurs , et dans chaque portrait ,
Unit la pureté de l'cniemble et du trait.
Horace sait donner le précepte et l'exemple ,
Et, guidé par le goût, nous conduit dans son temple.
Taeite charge encor ses tableaux rembrunis :
Quand il peint tes tyrans , ils sont déjà punis.
le Sophocle français , notre premier grand homme ,
Ileve à «a hauteur Pompée , Auguste et Rome,
Kacine, qu'Euripide eut nommé son vainqueur ,
Seul a su pénétrer tous les secrets du cœur,
la raison et le goût , par le moderne Horace ,
£n vers législateurs sont gravés au Parnasse.
Moli'.'re, sutcoseur du Ménandre romain ,
D'un regard plus profond sonde le Coeur humain.
quelquefois manquer , que de vouloir déter
rainer pourquoi il a si souvent lieu.
Depuis le 10 , le tems s'est trouvé parfaite-
ment d'accord avec les probabiltés indiquées par
la déclinaison boréale de la lune ; et même
l'effet de cette influence a été remarquable le 17 ,
I jour du lunistice, c'est-à-dire le jour du maxi-
mum de la déclinaison. Aujourdhui Ï3 , jour
intermédiaire entre le lunistice et la [seconde
quadrature de ta lune , l'influence de cette
planette est encore plus frappante.
L A M A R c K.
MÉLANGES.
Esquisse d'une nouvelle méthode d'enseignement , sur
la science de la guerre.
Cet ouvrage est intitulé ! Essai sur l'art de la
I guerre (I) , pour srtvir de nianuel aux officiers
de tous grades; par Mellinet aîné, adjudant,
chef de brigade.
(( Dans une étude aussi Vaste , l'essentiel
)) est de suivre un ordre ; alors placé au
>» centre de l'étude que l'on veut con-
>» naître , on en découvre toutes les bornes,
») on y marche d'un pas fecrçe , et où ne
>» s'égare jartais. )> '' .
( Keralio , Encyclopédie méthodique ) Dis-
cours prél. sur l'art de la guerre. Partie
militaire , T. I. page vj. )
L'an de la guerre , qui est l'art d'opposer une
masse d'hommes armés , à une autre masse
Jean le conteur , au icin d'un abandon dit ornant»
(1) Cet ouvrage , qui peut être considéré comme un cours
très-étendu sur cet art , et que je publierai iDcessamment si
2 les circonstances me le permetteiit , est précédé d'un •* faiscours
préliminaire ; sur la composition des armées , aux différefas
.îges militaires de la société , comparativement aux circons-
» tances présentes; sur l'utilité de la force armée dans l'état,
„ct sur l'art d< la guerre en génétal. „
d'hommes armés , de manière à détruire l'action
de celle-ci , est d'autant plus difficile , qu'il exige
un irés-grand nombre de connaissances.
Cet art ji vaste , comprend le talent de former
des soldais , à la marche , au maniemeni des
armes , aux évolutions , et d'opposer ces mêmes
soldats , réunis en corps , entretenus et disci-
plinés , à d'autres troupes ; de délerniiner les
ressources , les rapports et les différences , les
avantages et les inconvéniens du théâtre de la
guerre ; la i^épartiiion qu'on peut faire de l'armée ;
les dispositions qu'on doit prendre , pour asseoie
soii camp avec sûreté , et les manœuvres qu'il faut
exécuter , en raison des diverses positions, de
juger la situation de l'ennemi et ses mouvemens ,
de profiter de ses fautes , et enfin, de pressentir
même sa volonté , en fixant les moyens de le
vaincre sans retour.
J'ai senli plus d'une fois , au milieu des camps ,
le besoin d'un ouvrage analytique et concis suc
une science aussi étendue, et, entraîné par
l'amour de mon métier , cependant convaincu
de mon insuffisance , j'ai essayé , dans le sein
de l'étude , de réduire ceue science à ses plus
simples expressions , afin de la mettre à la ponce
du plus grand nombre , d'aider la méreoire sans
la surcharger, et de laisser ainsi au génie du
militaire toute l'activité dont il a constamment
besoin. Trois mof! m'ont suffi pour classer mes
idées: VOIR, prévoir et AGIR: Le coup-d'œii ,
perfectionné par l'étude , est le génie du militaire ;
c'est par 1 instruction qu'il acquiert In prévoyance,
et son activité peut seule assurer le succès dé
toutes ses opérations.
Le complément des connaissances militaires
est le génie de la guerre ; génie qu'on ne se
donne point ; tous les livres du monde ne
peuvent que nous indiquer les moyens de faire
usage de nos facultés intellectuelles.
Je rnets le coup-d'œil au premirt rang des
qualités qui constituent un bon militaire , parce
qu elle est la plu-; importante , et que nous
naissons avec un œil plus ou moins juste , dé
même qu'avec une oreilie plus ou moins musi-
cale. La nature ne fait ni des militaires, ni des
musiciens, mais elle crée les hommes plus ou
moins habiles à tel ou tel an. Une autre raison
m'a encore déterminé dans l'ordre que j'ai
adopté ; les sciences qui peuvent affiner le coup-
d'œil , formant les élémens de l'art de la guerre 4
j'ai cru devoir en faire l'objet de la première
partie de mon ouvrage.
Cet essai, est ainsi divisé en trois parties, (qui
sont elles-mêmes subdivisées en plusieurs sec=
lions et chapitres ) ; 1° des moyens de perfection-
ner le coup-d'œil , qui embrassent toutes les
connaissances relalives aux élémens de la guerre ;
i" de la prévoyance qui co-ordonne et surveiller
les diverses parties consiilutives d'une armée
et 3° de l'activiié qui , toujours attentive, donne
la vie et le mouvement au corps d'armée.
On doit seniir que l'auteur a dû se borner %
sur-lout quant aux matières qui ne concourent
qu'indirectement à là connaissance de l'art , à
des notions générales , en cherchant toujours à
être aussi clair que précis.
Chaque section contient , 1° L'historique de
la partie qu'on y traite; 2° les meilleurs principes
connus sur cette partie; 3° les conséquences
qu'on en peut tirer; 4" un apperçu des amélio-
rations qu'on y peut taire; 5° une série d'aphû;
rismes , déduits des principes qu'on aura déve-
loppés ; 'et_ 6°^ des tableaux synoptiques , avei;
l'exemple à côté de l'explication, pour les païf^ •
lies qui eia seront susceptibles.
Mon objet , je le répète , est d'indiquer aux
militaires , dans un ouvrage peu volumineux,
une méthode simple , pour s'instruire des prin-
cipales connaissances de l'art de guerre.
Cet ouvrage que je n'ai point encore eu le Ifems
de méditer assez , et dont je ne donne ici qu'une
faible esquisse , est bien loin de la perfection
que son importance exige, je le sens ; mais ce
plan que je crois neuf, quelqu'imparfdt qu'il
soit, peut en faire naître un meilleur , et tel est
le principal motif qui ine détermine à le publier»
de quelque manière que je puisse être utile ,,racnl
ambition sera satisfaite. ;
M. .. i . .t , aînëi 11
journal des opérations militaires du siège et du
blocus de Gênes; précédé d'un coup d'œil sur If
situation de l'armée d'Italie , depuis le moment
oii le général Masjena prit le comiriandemcni »
jusqu'au blocus : par un des officiers généraux
de l'armée , un volume in-S*" de 240 parcs.
A Paris, chez Maginiel , libraire pour l'art
militaire et les sciences et arts . quai des Augustin»
près le Pont-Neuf; prix 2 fr. 5o cent.
Il est difficile qu'un ouvrage historique puisse
répandre un plus vif intérêt sur une Opération
militaire , que celui que nous annonçons. Lé
blocus de Gènes est l'une des époques les plus
remarquables de celte longue guerre. Les déiaili
oii l'auteur est entré sur l'affaiblissement el U
74
besoins de l'armée d'Ilalie , sur les efforts du
gériéiiil Massena pour !a sauver, sur les nom-
breux combais et les prodiges de valeur par
où elle a résiste à l'ennenii , en même lems
que par une aune sorte de courage non moins
étonnant
plus impérieux
aussi admii
résistait aux besoins phisiriues les
offieni pal-tout un tableau
abl- que douloureux. On y voit paît
jue laissent
victimes de
tout , à côié des sujets de regieis
après eux tant de militaires tristes
leur constance et de leur dévouement, le spectacle
consolant et j;lorienx dans ceux qui vivent encore,
d'une constance toujours inaltérable , et d'un
dévouement toujours nouveau. Les contrastes se
multiplient à chaque page , et relèvent toujours
plus la gloire du général , celle des chefs, et
telle des soldats.
Qiiinze mille hommes , Bibles débris de la
piécedeiiic armée dllalie , échappés aux fatigues
les plus cruelles , à la pénurie la plus compleite ,
et à ur'eépidémie effrayante; i|U)nze mille hommes
pâles , langulssans , affamés et nus, résistent à
une année de soixante et dix mille hommes
enhardis p.n- leurs succès antérieurs, et pourvus
de tout. Les premiers , malgré de si grands désa-
vantages , soutiennent contre les seconds, un
blocus de soixante jours , les attaquent souvent,
etlesbaiieni piresque toujours; leur tuent plus
d'hommes qu ils ne sont eux-mêmes de com-
battans ; leur font un plus grand nombre ericore
de prisonniers ; et après quarante deux combats .
pouvant à peine réunir à la fin trois mille hommes
sous les armes , et n'ayant plus aucune sorte
de provisions , en obiiennent des conditions
si honorables, qu'il semble que ce soit leurs
ennemis qui soient réduiis à capituler.
C'est dans l'ouvrage qu'il Faut aller recueillir
disseraent progressif n'a jamais été la mesure
des établissemèns à faire , de l'élargissemeni et de
la commodité de la voie publique. Les rues ne
seraient point engorgées par les approvisionne-
raens qui obstruent le passage. On n aurait pas
redouté d'habiter la rue Tfaversiere.
La loi qui aurait prescrit depuis quat-e ou cinq
ans, le placement , sans délai , d'un marché sur
le lerrein des jacobins, aurait eu la plus prompte
exécution, commandée pliis impérieusement par
la circulation devenue plus grande dans un quar
La 19* livraison contiendra l'Histoire de
l'homme , ornée des figures de Ihorame et de
la femme , deux figures charmantes d'après les
dessins du célèbre Moreau , jeune , dessinateur
de Paris. Les éditeurs ne négligent rien pour
rendre cette édition la plus intéressante possible;
ils nous ont communiqué les deux dessins ci-
dessus , et nous y avons trouvé la pureté et la
correction qu'on trouve dans toutes les pro-
ductions du citoyen Moreau jeune.
Histoire d'Angleterre , depuis la descente de
lier, ovi les autorités appellent nécessairement julej. César jusqu'à la fin de la guerre d'Amé-
tant d'anecdotes infiniment précieuses pour la \ et de l'oppression (i)
au palais du gouvernement un mouvement saris
cesse renaissant. Serait-on obligé à se pourvoir
de comestibles exposés sous des fenêtres, sur
la propreté desquelles on veille trop peu ? Les
bœufs traverseraient-ils Paris? arrivés pour la
vie des habitans . y promeneraient-ils la itiort
ou l'effroi ? Les 222 tueries , les échaudoirs ,
les fonderies de suifs seraient aux extrémités de
la ville. Il aurait fait, ce peuple romain, beau-
coup de choses pour le bien public ! ! !
Les bords de la Seine décorés du levant au
couchant, de quais non interrompus par de dé-
goûtantes constructions , offriraient à l'œil une
des plus belles vues de l'univers. Le terrein des
Augustins serait un marché pour l'exposition
de la volaille. Des échangés de domaines lia-
tionaux avec les propriétaires des maisons du
Pom-Saint-Michel , auraient fait disparaître ces
dernières.
Les romains auraient chéri et exécuté le projet
de donner à cette ville tous les avantages d'une
ville maritime , en ouvrant le canal de Dieppe,
dont le port, marqué par la nature , effacerait
riihement sur les terreins et fossés de la Bastille ,
les idées pénibles de ce monument de l'esclavage
gloire des généraux, officiers et soldats qu'elles
concernent , et pour la consolation de leurs pa- 1
ri:ns , amis et compatriotes. C'est dans l'ouvrage
que l'on verra combien cette défense de Gênes ,
iii brille à tous égards, était importante, et néces-
saire , et combien , par conséquent , la patrie doit
de reconnais.sance à ceux qui y ont coopéré. Les
anecdotes dont nous venons de parler , et qui
jettent à chaque moment un nouvel intérêt sur
tout l'ouvrage , se retrouvent les unes dans le
texte même, et les autres dans les notes nom-
breuses dont l'auteur a enrichi son journal.
Qj^ant au plan et au style de ce morceau , véri-
table monument érigé à la gloire du norn fran-
çais, l'un est simple , naturel et fégulier, et
1 autre est correct et clair-, inais aussi animé qu'il
devait l'être sous la plume d'un officier témoin
et souvent coopérateur des laits qu'il y a con-
signés.
AU RÉDACTEUR.
C'est , pour ainsi dire , multiplier son exis-
tence que de reporter sa pensée à des tems où
des nations célèbres lésaient de grands et utiles
éiablisseuiens , et de 1 étendre à ceux où nos des-
cendons pourront lés imiter. On jouit ainsi du
passé , et un avenir heureux pour les enfans de
nos eafans dit à notre im.iginatiot) : cette manière
de jouir de la pensée a des cb.armes.
je ne fais pas un pas dans celte grande ville ,
sans faire des réflexions sur l'amoncellement pro-
gressif de tant d'habitations , au milieu desquelles
presque tout est fait en petit. Ce qu'y auraient
fait les romains , je le conçois ; ce ^ue feront
nos neveux . ije l'imagine encore. 'Les prtmiers
auraient fait disparaître ces encombremens de
maisons , qui forment des rues où le soleil ne
pénètre jamsis , et où fait sans ressort est un
jiaéphnismc continuel. Ils auraient profilé de
fa position du sol , incliné du nord au sud , ei
du sad aunotd , pour saisir les moyens qu'offre la
nature de laver à volonté le pavé , qu une cir-
cubtron imni.ense rend fangeux et fétide ; et
de lenir toujours pleins de grands bassins , ré-
servoirs et fontaines dont l'eau excédente aurait
habituellement lavé cette grande ville.
Les deux petites riviejes qui peuvent êire ame-
nées à Pans , l'une par le nord , l'autre par le
sud , se seraient .gloiifiées du double honn-ur
de purcouri.- des acqueducs , ou .canaux , or-
donijés par -des .Msrc-Aurele , exécutés par des
citoyens , et de voir leurs eaux devenues plus
unies au milieu duii peuple reconnaissant.
•Le pcu''pie romain , à Paris , aurait eu autant
'de places et de marchés , qu il en faut à la salu-
brité , au besoin dune vaSte cité , où l'aggran-
J'entrevois , citoyen rédacteur, que de beau-
coup à faire nous ferons quelque peu ; et que
nos neveux , à qui une nouvelle et saine édu-
cation donnera un esprit public , auront la gloire
de faire le reste. Nos ayeux se dépouillaient
pour des œuvres pies ; nos neveux souscriront
pour de bonnes œuvres.
M....t-V....
rique , représentée par figures , gravées par
David , accompagnées d'un précis historique ;
Tome 3"= et dernier de cette histoire , format in-4*,
Prix , 32 fr. ; les premières épreuves au bistre
sur papier velin , 48 fr.
A Paris , chez David , rue Pierre - Sarrazin ,
n" 14.
Ce 3° volume contient ce qui s'est passé depuis
1757 , et les événemens mémorables qui ont
amené l'indépendance des colonies anglaises de
l'Amérique. Il est exécuté avec soin , et forme
le 32' de sa collection, et le 10' de la partie de
l'histoire.
Arundel et Henriette , on Us Aventures de deux
Orphetins ^ suivies de Montfort , ou te Danger des
Voyages, traduction de l'anglais de Henriette' Lée ;
par IVIath. Christophe.
Prix , 1 fr. 80 cent. ; et 2 fr. , franc de port.
A Paris , chez Laurens , jeune , libraire , ru«
St. Jacques.
COURS DU CHANG
Bourse du 19 vendémiaire.
i 30 jours
E.
Par» , le 18 vendemaire an 9.
Je vous prie , citoyen . de vouloir bien annon,
cer dans votre journal que le sénal-conservaieU[.
vient de voter une contribution de 1800 franCs
pour l'établissement des marmites à soupes cco.
nomiques dans l'arrondissement du Luxembourg^
Salut et fraternité.
Béthune-Charost , président du comité de
rétablissement des soupes économiques.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif
Cadix
r Effectif ,
Gênes 'effectif. ...
Livourne
Bâle.
i P-
ll'i
Changement d'adresse.
•Le public est averti qu'on ne trouve plus
qu'aux adresses ci-après le vrai rossolis d'Es-
pagne , depuis long-tems accrédité par les bons
effets qu'il produit. Ce ratafial merveilleux , d'un
goût agréable, est balsamique, anti -putride ,
anti-scorbutique; il fortifie l'estomac, fait couler
doucement la bile, chase les vents, tue les
vers , prévient les obstructions , le marasme ,
dissipe les migraines, les cohques , les étouffe-
mens , rétablit promptement les forces , égaie
le cerveau , et prolonge l'existence des vieillards.
Pris dans une tasse de thé ou autre infusion ,
il est aussi salutaire.
On n'en trouve plus que ehez le citoyen Le-
maître , apothicaire , rue Antoine , vis-à-vis celle
de Foutcy , et chez le citoyen Duchesne , rue
de la Loi , n" i3 , près celle de Quiberon à
Paris.
LIVRES DIVERS.
Histoire naturelle <ie fiu^o» , in-S" , i8* livrai-
son , contenant, le tome XIX, des matières
générales , etc. ; tome IX , des quadrupèdes.
Prix, 5 fr, 5o c. , et 8 fr. 5o c. avec les Kguies
enluminées , et franc de port par la poste 6 fr.
40 c. et 9 fr. 40 c.
A Paris , Saugrain , rue du Cimetière André-
des-Arcs , n° 10.
Effets ptibtics-
Rente provisoire 22 fr. 88 c.
Tiers consolidé 36 fr. 5o c.
Bons deux tiers i fr. 72 c.
Bons d'arréragé 87 fr.
Bons pour l'an 8 . 91 Ir. 88 c.
Syndicat
Coupures 82 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 23 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts
Auj. Praxitelle , opéra en 3 actes , et le ballet de
la Dansomanie.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Roméo et Juliette , opéra en 3 actes.
ThIatre du Vaudeville. Auj. le Mur mi-
toyen ; M. Guillaume , et un seul Violon pour tout
le monde.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la 3" repr. du Château de Duncan , pièce
à speci. , préc. de l'honnête Criminel.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la i"' repr. des Ignaces , parodie des Ho-
races , vaudeville ; la fille hussard , et Damoisel
et Bergerette.
(i)- on
parle
dép
lis long-leti
os de
ce canal.
Quand
n parle
I ,
le faire?
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paix, sa
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k-s
genres d
= Rloi
e utile à
la Fr.in
donriera l
tenVs et tes moyens
de'Us
cont^uérir
(Note
E R R A T A.
Dans le n° d hier , page 69 , ï' colonne , lignes
34 et 35 : contre l'adjudication; lisez: contre
l'adjudicataire. — Idem , ligne 5o : envers des
lois ; lisez : encore des lois.
Page 70 , i"= colonne , ligne i"' : qui règle et.
juge ; lisez : qui règle de juges. — Idem , pag. 61 :
et intervention; lisez: et interversion. — Idem,
ligne dernière : disent-ils; lisez: disaient-ils. —
Id. , 2^ colonne, ligne 17: si abstraitement;
lisez : si arbitrairement. — Id. lig. 36 : du. citoyen;
lisez : des citoyens. — Id. , lig. 3? : l'indépendance
du tribunal ; .lisez : des tribunaux.
PT^n
„ ^ . — -j- ' — '—4 ■' - ■
L'»boanem«nlM.fait «yatis;, .tua;df!s5Poiitf«i«s ,An° ih.,he lTOX(B|ii{i):J»5 figues pour l»oi,s -.tiiois ,;;5Difrancs,px)tiT 6 Inoi
I ■ij.ziuii. .:■:.■■: iv:> 1 . ■"■■.'
nli cil.-AjïJ^S-Â.E-^.prqprîétaÎTe- de c£ -jour
.ensnoa affranchies
mmeuceinaot;4C|,cb,itvue,tn.qife .. j' j -^ ,,:;:;
Il faut adresser les letties elfaige^nt^-ftfltic' ie\><iW
pijr^ otrl'on ne peutaffianchir. Les lettres des déparle
■II- faut: avoif sàhi , poui plus de sùrciéVtïe charger
ToTté-viBS-;À.">'i3 ,'^'aeB>ii Mieuf lieures du matin jusqu
ront point 1
1 , ine des Poit
eî de la poste.
elles qui renfer
icirrq heures du
ent de
et adresser
qui
r l'année enti«e. On nes'abonne
prendre dans les
la rédactioivde U fçtijjje , au. rédacteur , rue d«t
A Pa-riïî cJél'i'm{irimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 21.
Primedi , 2 1 vendémiaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autoiisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il coiuient les séances des autorités constituées , les acres du gouvernemi.-nr , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Rouen , le 8 vendémiaire.
Actes de la préfecture.
Le préfet du déparlement de la Seine-Inférieure
a suspendu de ses fonctions le citoyen Orange ,
adjoint de la commune de Fontaine -le - d'Un ,
canton du même nom, airondissenient d'Yvetot ;
comme prévenu, 1°. dêtre l'auteur ou le com-
plice non-seulement d'une fausse lettre parvenue
à la pvéfeciuie le 19 prairial an 8 , mais encore
d'une dénonciation adressée au soùs-tiréfet d'Yve-
tot, sous le nom des habitans de Fontaine , et
souscrite des signatures Le/rfl?içow , David , Blondcl,
Viltecoq, Flahaut . Baiifds , Ridcl , Noël , l'Heujeux
et Dtfresne ; 2°. d'êtie pareillement 1 auteur ou le
complice de plusieurs autres pétillons et lettres
adressées à la préfecture , sous le nom de citoyens
qui les ont depuis désa\'ouées, et qui ont demandé
la punition des coupables qui avaient abusé de
leurs noms d'une manière criminelle.
Paris , le 20 vendémiaire.
On mande ae Gênes, en date du 2 vendé-
miaire , que la veille vers minuit 5o minutes , une
violente secousse de tremblement de terre s'y fit
sentir. Elle ne dura que quelques secondée , mais
on craint qu'elle n'ait été plus forte dans quelques
autres punies de l'Italie plus sujeite à ce fléau.
— On écrit de Nancy , que le i6 vi-ndemiaire ,
le restant des prisonniers qui étaient dans cette
ville , en sont partis. Ils ont gotité pendant leur
séjour la douceur du gouvernement français , et
éprouvé tous les soins qui pouvaient rendre leur
situation moins pénible. Ils y ont paru tous extrê-
mement sensibles. Les officiers, avant de partir,
ont été en corps porter des expressions de recon-
naissance au général commandant la 4' division
militaire , qui a su allier la fermeté avec la justice ,
et la dignité de citoyen français aux égards dus
au couiage malheureux. (Gazette de France.]
— Une lettre du Havre , datée du 16 vendé-
miaire, conlient les détails suivans : M.M. Elsworth
eiDavie, plénipotentiaires des Etats-Unis d'Atné-
rique , qui viennent de signer à Paris , le traité
de réunion entre les deux nations, sont retenus
dans nos murs encore pour 5 ou 6 jours. Le
vais eau qui les attendait ne peut partir , par ce
que nous appelions la morte-eau. Tomes les auto-
rités civiles et militaires leur rendent les hom-
mages dus aux représenlans d'un peuple allié. Il
leur" a été envoyé une garde d'honneur de 5o
hommes qu'ils n'ont point consenti à accepter.
(Extrait du Journal de Paris. J
— Le journal de la Gironde annonce que
Talma ei Mlle 'Vanhove, attendus avec impadence
par tous les amateurs du genre tr;igique et par
ceuxq'ji vont chercher au théâtre des impressions
profondes , ont été accueillis à Bordeaux avec un
enthousiasme que ces deux sujets ont bien justifié,
en remplissant avec un talent que tout Paris re-
connaît et apprécie, les deux principaiixjrôles dans
la tragédie du cit. Ducis , intitulée : Abufar.
— Le citoyen Bouvier employé au secrétariat
de la marine était, le iS , à b heures du matin,
sous le pont de laRévolutioii. A quehiue distance
de lui, deux courriers attachés au inérnc ministère,
jdaccs sur le bord dei bateaux de V/laiichisseuses ,
s'occupaient à lever des hiets , lorstju'une corde
<iui sert au remontage des bateaux , Irappant sur
les jambes de l'un d'eux , le lait tomber dans
le rivière. Le citoyen Bouvier accouru aux cris
du second à qui 1 effroi avait oté tcuies ses
facultés, est pnrvenu à sauver le malheureux
qui se noyait. Déjà 1 année passée, il sauva un
Vinncur des environs de Meaux, que des voleurs,
après l'avoir dévalisé, avaient jette du haut de ce.
même pont.
(Extrait du Journal de Paris.)
— l.e Journal de Paris insère l'extrait suivant
d'une lettre du citoyen Hedcloler , chirurgien
de 1" classe à l'armée d Italie , écrite de Milan
à son ficre à Paiis.
>) Tandis qu'à Paris vous élevez un temple à
la mémoire du f;ciieral Desaix; le célèbre Appiani
à Mdaii , achevé un tableau qui transmettra à
la postérité l'image de te guerrier avec toute la
délicatesse dont son pinceau est susceptible. J'ai
beaucoup à me féliciter d'avoir donné occasion
a cette production, qui ne sera pas contemplée
sans émotion par tous ceux qui aimeront à voir
les traits d'un guerrier, et en même-tems ceux
de ses vertus.
>> Dans le moment où j'étais Occupé à con-
server jusques dans son tombeau les restes pré-
cieux de ce héros , je regrettais qu'un peintre
habile ne vînt point ranimer son visage glacé
par la mort , en le reproduisant vivant sur la toile ;
1 idée ne m'en fut pas plutôt venue, qu'Appiani
■fut envoyé.
" Ce peintre célèbre en a fait un sujet d'his-
toire touchant. Le général Desaix est dans une
altitude intéressante ; il y a sur sa physionomie
un mêlaime admirable de douceur et du carac-
tère guerrier qui rendait cet homme si estimable.
Le peintre fa dessiné dans une atiitude qui lui
était familière. Il tient une m.ain dans sa ceinture ;
tous ceux qui l'ont connu , aiment à le voir ainsi ;
de l'autre main , il tient une lettre ; c'est l'ordre
de se rendre au champ d honneur. Le général
Desaix avait deux jeunes égyptiens qui le suivaient
par-tout; ils n'ont pas échappé à la sagacité de
l'artiste ; il les a placés dans le tableau et les a
rendus frappans. Rien n'est plus touchant que
l'expression qu'ils rendent; ils se pressent au-
devant du tableau ,afin de mieux voir leur maî-
tre , et ils tâchent de démêler sur ses traits ce qui
se passe dans lui; alors il semble que leur figure
ingénue est agitée par une inquiétude profonde ,
et que ces doux enfans pressentent le voir pour
la dernière fois. Dans le lointain se voit une
allégorie propre au sujet. C'est un dieu qui ,
paré des emblèmes de la Victoire , se précipite
au-devant du tableau et vient offrir une couronne
au héros du sujet ; mais plus loin et loutà-fait
dans le fond du tableau se voit la mort avec sa
faulx inexorable ; elle devance la Victoire pour
trancher les jours de ce guerrier. Ce tableau que
le premier consul a demandé , sera selon son
cœur. Le génie du peintre se fait voir à chaque
coup de pinceau.
î) Le citoyen Appiani a fait la connaissance du
général Desaix pendant sa première campagne en
Italie : celui-ci se plaisait dans la famille de cet
artiste aimable ; il allait se délasser des fatigues
de la guerre dans son atelier t ses enfans l'ont
pleuré ; son bias tant de fois vainqueur leur avait
prodigué tant de caresses !. aussi Appiani a-t-il mis
dans ce tableau tout ce que le cœur et l'esprit
peuvent réunir de parfait. Ce peintre philosophe,
comme l'appelle une dame de Milan , a vivement
regretté ce guerrier qui l'avait honoré de son
amitié. J'ai été moi-même témoin combien il lui
en a coûté pour en prendre l'esquisse sur un
visage qui semblait encore après la mort avoir
conservé des traiis animés. Pendant qu'il s'oc-
cupait du grand tableau , souvent-ce traît pénible
a été interrompu ; son pinceau , guidé par son
talent , le retraçait trop bien à son cœur ému.
L'aide-de-camp du général Desaix, le citoyen
Savary , est venu voir le tableau de son aini ; il
amena avec lui les deux petits égyptiens ; l'un ,
en voyant son maître , a pleuré ; et l'auire dit en
en son langage : il esl chez le sultan juste. Quelle
louange pour le maître et l'artiste !
La commune du Puy , département de la
Haute-Loire , possédant un tombeau de Dugues-
clin , le préfet, le citoyen Lamotie , a heureu-
sement imité, à l'égard de ce grand capitaine ,
l'exemple que lui donnaient les honneurs rendus
àTurenne au temple de Mars. Le procès-verbal
de la fête du l'^' vendémiaire célébrée au Puy,
contient à cet égard des faits intéressans que
nous nous empressons de publier.
)' On connaît les détails de la mort , et de
la pompe funèbre de Bertrand Duguesclin, con-
nétable de France. On sait que ce grand homme,
assiégeant Château-Neuf de Randon, dans l'ancien
Gévaudan , mourut devant cette place le I4juil-
lei l3So , et que les assiégés , par respect pour
la mémoire de ce héros , autant que pour leur
parole , déposèrent les ciels de la ville sur son
tombeau.
î) Son corps, porté à Saint-Denis, reçut par-
tout en tribut les larmes de la France. On
voulut épargner à la capitale ce spectacle de
douleur : on fit passer le convoi à Saint-Cloud
pour aller à Saint-Denis ; mais le zèle , et la
reconnaissance rendirent cette précauijon inutile.
Les citoyens coururent en foule au devant des
trisl,.j restes de leur défenseur, et les accom-
pagnèrent avec des sanglots jusqu'au lieu de la
sépulture. Le chemin de Saint-Cloud à Saint-
Denis était rempli de spectaieuis éplorès , et
Paris ce jour-là ne fut qu'un désert. Le corps
du héros lut déposé dans un mausolée que
Charles V Ht élever au pied de la sépuliuie qu'il
s'était choisie pour lui-même.
)i Mais ce monument n'est pas lê seul qui ait
été consacré à la mémoire de ce grand homrtïci
La ville du Puy où le corps de Bertrand lut porté,
avant d'être transféié à Saint-Denis , conserva
une partie de ses précieux restes : les entrailles
de Duguesclin furent inhumées dans l'église des
jacobins, dits de Saint-Laurent ; et la reconnais-
sance des habitans du Vêlai ^ leur éleva dans
la même église, un tombeau qu'on peut y voir
encore.
>' Ce trait historique est as.'iez curieux, et assei
peu connu pour être rappoité ici tel que l'his-
toire générale du Languedoc nous l'a conservé
d'après les chroniques du tems , et les monu-
meris qui en restent.
Extrait de l-tiistoire générale du Languedoc tome 4 i
livre 32i
î) Des bandes nombreuses et aguerries , con-
») nues sous le nom de compagnies de routiers ,
)i désolaient la province du Languedoc ; réunies
i> aux anglais, maîtres encore alors , d'un grande
" partie de la Guyenne, elles étendaient parti-^
i> culiérement leurs ravages dans le Gévaudan
!i et le Vêlai.
î> Bertrand Duguesclin , connétable de France ,
»' fut envoyé contre-elles ; et , à la prière des
" habitans du Puy , il assiégea Château-Neuf
" de Randon, forteresse à frois lieues de Mcnde ^
5' qui éioit comme la place d'armes , et le prin-
jî cipal boulevard des révoltés.
)i Bertran parla au cajiitaine , et lui resquist
') qu'il rendlsit le chastei. Il répondit qpi non^
>> et qui Berteran étoit moult créions et doublés
)) en tous lieux , là ou ils venoit; mais s'il est ossi
j) fors que fu le soi Artus et le roi Charlemaine ,
>i s'iln'avoit, il mis leur chastei.
!) A ! Dieu le veut, et à Sainte Yve , dit Ber-
j) teran , gars , vous mentirez : Lors fut crié à
)) l'assault , et fut moult assailli , et tous sans
)i riens faire , quant gens d'armes furent rentrés
)i de l'assault , Berteran fut moult malade et se
)i fit couchier , et aqueraunier; et gens d'armes
>> moult couchiés , par le doux regret qu'il fai-
)) soit en soulit , et n'i avoit si grand qui ne se lit
)i plourer.
1) Bertrand mourut le neuvième jour du siège.
j> Le lendemain Châteauneuf se rendit : et de
ïj suite le corps du connétable fut apporié au
)! Puy , et mis en dépôt dans féglise des Jacobins ,
î) depuis dite de Saint-Laurent. On l'embauma ,
51 pour être transféré à Saint-Denis ; mais ses in-
)! tesiin"! furent enterrés dans la même église des
)j Jacobins , où la ville du Puy lui fit faire un
1) service solennel le 28 juillet. Les chroniques
!) remarquent rju'on y employa 5o torches de
)i cire, et un drap bordé de noir avec ses
)> armes.
I) On voit encore dan» l'église des Jacobins du
)) Puy , le tombeau où les chairs et les entrailles
>i de Bertrand Duguesclin furent inhumées. Il
)) est représenté en bosse . armé et cuirassé , avec
>> c'etie épitaphe :
)) Cy gist honorable homme et vaillant , messin
)) Bertrand Claikin , comte de Longaeyille , jadis
5> connestable de France , qui trépassa l'an
)j MCCCLXXX , le xiii jour dejuillet.
)> On ne pouvait choisir un moment plus
favorable pour retirer le tombeau et les cendres
de Du?,uesclin de l'oubli dans lequel lignorance
monacale et le vandalisme des derniers lenis les
avaient fait descendre, que celui où le gouver-
nement , jaloux d'honorer tout ce qui est grand ,
tout ce qui a servi la patrie, fesait transférer
solennellement dans le temple de Mais , les restes
précieux de Turenne. Celait faire pariager en
quelque sorte les honneurs de cet apoth.éose au
guerrier proclamé par (a reconnaissance natio-
nale comme le libérateur de la France , et dont
le nom seul était devenu le cri de guerre contre
les anglais, et le signal presque certain de leur
«léfaite. C'était acquitter une dette de la vîHe du
Puy envers le grand homme qui l'avait délivrée
en i38o de la tyrannie des bandes de routiers , et
donner en même tems à la colonne départemen-
tale la base la pluî auguste , et la plus impéris-
sable qu'elle pût recevoir.
n Un arrêté du préfet , du 25 fructidor, avait
ordonné la reconnuissance du tombeau, cl la
recherche des cendres du conné able. Les citoyens
Dugonne, adjoint à la mairie du Puy ; Tardy,
adjoint à la même mairie, et ofîicier de sanlé ;
Offarel , ingénieur en chef , et Barrés , secrétaire-
Hénéral de la .préfecture , eomniissaires nommés
a cetcfFêt', se sorrt' occirpés de celte recherche
avec loùï lés soins que son importance exigeait.
l.e tombeau , masqué par une ancienne boiserie
du chûeur tftj' l'égl-se de Saiïit - Laurent , a été
dtécouVtrt. Oil a confronté avec l'histoire, les
ilf^scriptiôns , lès époques , les coutumes lïiémc.
hufne séimlclirale trouvée' au-dessus de la lête
du buste de Duguesclin , a éié ouverte avec les
plus grandes précautions ; et l'examen des matières
existante.f dans lurne , fait en présence des com-
jniftsaires par dés h'iitnimes de l'art , distingués par
leurs talens et leurs connaissances.
î! Les cendres reconnues pour être celles de
Dugues.clin , ont été recueillies dans une boîte
de plomb, et placée sur le buste même dans le
tombeau , qu'on a recouvert et scellé jusqu'au
jour fixé pour la (ranslation.
)) Cette cérémonie auguste et triomphale a
eu lieu le Séjour cDmplémen(aire , avec toute la
pompe que les localités ont pu permettra.
îi La veille , une proclamation aux habitans du
Puy les avait prévenus de ce grand acte de
reconnaissance de leur viile envers celui qu'ils en
regardaient comme le défenseur.
)> Le ciiiquieme complémentaire , à raidi , une
salve générale d'artiiUcrie annonce la cérémonie,
et la fête anniversaire de la Fondation de la
République. A deux heures toutes les autorités
civiles et militaires , la garde nationale , la gen-
darmerie se réunissent à la préfecture.
Le cortège , précédé de l'institut de musique ,
se rend à Téglise de Saint-Laurent , oii il est
reçu parles coinmissaires chargés de la recherche
des cendres du connétable , et introduit dans
rintérieur du temple.
Le mausolée est décoré de branches de chêne
et de guirlandes de fleurs : toutes les autorités
se rangent autour dans une courbe elliptique.
Le teinple est rempli d'un peuple immense. Le
Conservatoire de musique exécute une simpho-
nie'd'pn caractère grave; un silence profond
et religieux succédé , et les commissaires don-
nent lecture du procès-verbal de reconnaissance
des cendres de Duguesclin et des monumens
historiques qui en établissent l'authenticité.
La boîte de plomb renfermant ces précieux
testes, est retirée du tombeau , et déposée reli-
gieusement dans une urne sépulchrale disposée
à cet effet au milieu d'un trophée militaire.
Une salve d'artillerie et une musique hatmo-
àieuse saluent les cendres du grand homme ,
exposées à la vénération publique.
Une hymne triomphale , paroles du citoyen
Cunipagnac aîné , employé de la préfecture ,
est chantée par l'institut de musique , et ac-
tucillie par les applaudissemens les plus vifs.
Chaque assistant vient déposer respectueuse-
ment devant l'urne une branche de chêne ; une
garde d honneur prise dans les compagnies or-
ganisées de la garde nationale , se place autour
du brancard , et le coriege se met en route pour
ic rendre à la préfecture.
Sur le devant de l'urne , on lit , en gr6s
caractères, l'épitaphe du connétable , telle iju'elle
est conservée dans le mausolée; deux estampes
rortées par des hérauts d'armes représentant ;
une , Duguesclin en costume de connétable ,
Vautre , Duguesclin sur le lit de mort, avec tous
les attributs militaires , sont a la têie du cortège.
Le brancard est porté par quatre invalides ; les
quatre coins de la draperie tiiomphale sont sou-
tenus parle général Barbazan commandant dans
la Haute-Loire , le premier adjoint à la mairie
du Puy , le commandant de la garde nationale ,
et le capitaine des vétérans.
Immédiatement avant l'urne , un garde natio-
nal porte un drapeau avec cette inscripiiori :
À Duguesclin gui , en i38o , délivra le Puy de la
tyrannie des anglais et des bandes noires ,
LA VILLE DU PUY RECONNAISSANTE.
L'an 8 de la république.
Un groupe de vieux soldats invalides est placé
â la suite du brancard.
gnages de sa vénération. On se re'nd à la pré-
fecture , où l'urneest déposée dans la grande
salle des séances.
Dans la séance du i^' vendémiaire l'urne de
Beilrand Duguesclin a été placé tous la première
piti-re de la colonne départementale de la
Haute-Loire.
Le piéfet et le général Barbazan ont prononcé
à celte occasion des discours qui ont fait sur un
concours immense de speciaieuis, l'impression la
plus vive.
M
LANGES.
les autorités constituées
Le préfet et toutes
terminent le cortège.
On traverse ainsi les principales rues de la
ville au bruit d'une simphonie militaire et au
milieu des salves répétées d'artillerie. Par-tout
le peuple donne à ces précieux restes des témoir
Lf. Cultivateur américain ou Œuvres d'Arthur
Young a été anr:oncé dans le ri°. ... du Moniteur.
La totalité des ouvrages publiés par ce_ célèbre
agriculteur se divise naiurellcment en trois parties
distinctes par leur objet et leur forme.
1". Il a fait , à différentes époques , divers
voyages dont il a publié successivement le récit,
et dans lesquels -il a visité l'Angleterre et ILlande
dans le seul but de connaître Féiat de l'agricul-
ture anglaise , d'examiner les méthodes de cha-
que province , d'en comparer les résultais , de
conslater , en un mot, beaucoup de faiis propres
à fournir , soit à lui , soit à d'autres agronomes ,
des bases fixes , sur lesquelles pussent reposer les
calculs de l'économie rurale et politique.
2°. Il a donné au public ']/lusieurs volumes ,
dont quelques-uns , quoiqu'appuyés sur de» faiis
connus , peuvent se regarder comme purement
théoriques. Tels sont les Lettres d'un fermier au
peuple anglais ; l'Arithmétique poHlique . etc. eic.
D'autres contiennent les particularités d'expérie.n-
ces faites pendant plusieurs années avec beau-
coup de soin-ct sur une très-grande échelle dans
une ferme de plus de 3oo acres que l'auteur ex-
ploitait alors.
3°. Il publie , depuis environ vingt ans , un
ouvrage périodique . très-connu sous le nom
d'Annales de l' agriculture , dont la collection qui
se monte aujourdhui à près de 3o volumes,
présente un tableau progressif de toutes les dé-
couvertes , améliorations , essais , etc. qui se sont
faits en Europe dans la dernière t-artie du i8=
siècle. On rencontre , dans ce recueil , beau-
coup de choses qui sont , ou connues depuis
longtems en France, ou tirées des ouvrages,
journaux et mémoires publiés par nos écrivains ;
mais la partie la plus considérable est relative à
l'agriculture anglaise. On y trouve des particu-
larités très-curieuses , des descri [liions d'une foule
de procédés utiles , des calculs précieux sur le
prix des denrées , leur circulation , la consomma-
tion individuelle , etc. etc.
Telle est la riche et vaste mine que les tra-
ducteurs d'Arthur Young ont entrepris d'exploiter
au profit de l'agriculture française. Leur pré-
face en présente Fa division. Elle nous annonce
que l'ouvrage entier composera quinze à dix-huit
volumes français ; nombre qui paraîtra modique
si l'on pense qu il doit renfermer la substance
d'enviion 6o volumes anglais. C'est en rejet-
tant avec soin toui ce qui n était pas précisé-
ment instructif, et en donnant à plusieurs paities
des formes qui en diminuent le volume sans en
altérer le fond , que ces traducteurs ont lâché
d éviter un reproche de prolixité fait quelque-
fois à l'auteur. Au reste , ils ne dissimulent pas
qu'ils ont suivi en cela le conseil qu'Arthur-
■^foung lui-même a bien voulu leur donner.
Les six volumes que l'on vient de publier, et
qui sont en ce moment en vente chez Maradan ,
rue Pavée - Saint - André , contiennent tous les
voyages qu'Arihur-Young a faits en Angleterre
proprement ditei Ils sont partagés en Voyage au
Sud et à l'Ouest , i vol. ; Voyage au Nord , a vol. ;
Voyage à l'Est , 3 vol.
La manière de l'auteur est connue par le récit
de son voyage en France dont il s est déjà vendu
deux éditions. Il se fait suivre par le lecteur dans
sa route , lui nomme les villages qu'il traverse ,
les fermes qu'il visite , les cultivateurs avec les-
quels ilss'entrelicnt.Ilprend soussesyeuxdes nores
ou minutes de tous les détails agricoles. Il ne
néglige pas de lui faire examiner les manuf:;clure£
qu'il rencontre , et prend soin de lui laire re-
marquer , dans l'occasion, la beauté d'un site .
la richesse d'un paysa.ge , la grâce et la magnifi-
cence d'une habitation champêtre. — Pareil au
botaniste" qui , dans ses excursions, admire et
cueille eo marchant les plantes qu il doit ensuite
disposer et classer à loisir , notre agronome ,
de retour dans sa ferme, on on aime à le voir
rentrer chargé d'une riche récolte de faits ins-
tructifs, les discute, les rapproche les uns des
autres , et en tire avec beaucoup de sagacité les
conclusions les plus importantes.
Il convient d observer que ces voyages, les
premiers de ce genre qui ayent été faits , ne
furent ni entrepris pour le plaisir du voyageur ,
ni écrit.» pour celui du lecteur. Le premier voulut
s'instruire; le second doit l'accompagner avec le
piquanS des mœurs étrangères , qui comme l'a
si bien dit 'Volaey, rangent la plu pan des voyages
dans la classe des romans. Ceux-ci . ciminc celui
de cet illusire voyageur , appcriirnncnt à l'histoire.
On peut dire quils en forment en quelque sorte
une branche pariiculieie , dont Vimporiance a
déjà frappé tous les bons esprits. Arihur Y-oung ■
a reculé les bornes de la staiisiique , en lui
fournissant des bases positives ipn donnent à,
ses calculs une précision presque maibémaiique.
Considérés sous ce rapport, et lus dans cet e-spiii,
CCS voyages inspireront le plu? vil iiuérct.' On
s'étonne aux premières pages de la difle-rence qui
existe entre l'agiculture -anglaise el celle de la
France ; et quoique les vaiiéiés de ia nôtre eussent
dû nous préparer .t cetie singularité . la surprise
augmente à mesure que le voyageur parcourt plus
de pays. De irès-lûngs baux , des fonds d'avante
équivaleiis à trois ou (juatre anaées de fermage,
de grandes quantités de bétail , de vastes t^-
reins cultivés exprès pour le nourrir , des terres
soumises à un oidre de (uliures <jui , en variant
habilement 1 urs produits , renouvelle leurs force»
sans jamais les épuiser, des essais dispendieux
t.iiis par de simp'es tçirmiers , un esprit général
d'activité , d'entreprise et de calcul répandu dans
presque toute la classe des cultivateurs ; tels sont
les traits (jui caractérisent en général l agriculture
anglaise. Ce n'est pas ici le lieu de rechercher les
causes de ces heureux effets. Qjiel les qu'elles soient,
il laut en admirer le produit ; mais il l.iut se garde*
de cr?ire qu'en Angleterre toutes terres soient cul-
tivées, ni ijue loiiies celles qui le sont le soient
bien; les lécits d'Aiihur Young prouvent qu'au
tems où il a visité son pays , des districts entiers
de plusieurs lieues quarré-s , étaient en friches,
en marais ou en vaines pâtures; et <|Uoi qu'il ait
été fait depuis cc'te époque d'immenses amélio-
rations , il reste encoie de Ires-grandes quantités
de ces terres incultes, dont 1 aspect indigne une
philaniropie trop hâiivc. Avec un peu plus de
réflexion , on les voit d'un autre ail ; on pensç
[aux accroissem; ns progressif que I industrie com-
binée avec l'agriculiiire promet à la population ,
et l'on voit dans ces terreins aujourd'hui inutiles,
les ressources qui attendent des générations plus
nombreuses; ce sont ces déserts dont la coloni-
sation possible rassurent ia politiqne contre les
inconvéniens d'une population qui , pour ne pas
diminuer , doit toujours saccroiire.
Arthur Young n'intéresse pas moins lorsqu'il
rlécrit de mauvaises méthodes , ou lorsqu'il par-
court les pays infertiles , que lorsqu il nous mon-
tre les plus riches culture^. C est précisément la
comparaison de ces procédés et de leurs résul-
tais qui donne à sa doctrme la force d'une dé-
monstration. C est par ces rapprocbemens qu'il
prouve et l'inconvénient des courts baux , et
l'absurdité du sysiême des jachères proprement
dites, et l'utilité des cultures amélioralrices , etc.
etc. Il raconte , il expose toujours et ne suppose
jamais. Nul auteur n'a rassemblé plus de faits
matériels, et nul n'a mieux acquis le droit d'en
appuyer ses conséquences.
Au reste , son autorité sur ce point n'est pa«
coniesiée en Ani^leterre , et l'on a dû voir avec
<juelque surprise un citoyen, Adams (jui n'a pro-
bablement jamais lu ces voyages , les appeler .
dans le Journal de Paris , des Géorgiques , et
assurer gravement que fauteur, trompé parle»
gentlemen qu'il visiiait dans leurs châteaux, n'a
pas puisé 1 instruction dans ses \ériiables sources.
Si le cit. Adams veut prendre la peine de lire
ces récits dont il parle sur parole , il verra que
l'auteur , fermier luj-mème , et qui depuis trente
ans n'a jamais cultivé moins deSoo acres de terre,
a vécu dans ses voyages, paniculiérement et
constamment, avec des lermiers ; que les don-
nées de chaque terme lui ont été fournies par
celuiqui lafesait valoir, et qu'en générafil prend
toujours de prélérence . pour objet de ses cal-
culs , des terres affermées , comme celles dont
l'exnloitaiion est la plus économique , et ordi-
nairement la mieux entendue. Mais il y a des gens
qui croient qu il est eu tomes choses plus facile
de faiie que d'apprendre; ils ne peuvent se ré-
soudre à convenir que l'agriculture exige quel-
fju'instruciion ; et soutenant sérieusement qu'un
paysan s'instruit mieux eti' exerçant ses bras ,
qu'un homme bien élevé en appliquant à ua
objet toutes les forces d'un esprit juste et réfléchi,
ils regardent un cultivateur comme un gentlemen
et un bel espiit dangereux , du moment où il se
mêle de lire et de calculer.
Quant aux praticiens éclairés , à ceux qui
aiment à faire plutôt ce qui est bien , que ce
que l'on fait , ils peuvent lire avec confiance
cette précieusecolleciion ; ils ne tiouveront nulle
part ailleurs plus de vérités ptaii(iues , plus de
méthodes , justifiées ou condamnées par une
expéiience positive.
Les hommes instruits en économie politique
s'empresseront de connaître en détail les secrets
de cet art agricole qui , plus encore que tous
les arts mécaniques , a contribué à la piospérité
de nos rivaux. Ils désireront qu une heureuse
même projet, et ne peut s'attendre '^à trouver dans {application de ces principes ajoute à nos pro-
cès narrations ce» petites anecdote* , ces tableaux t près ressources ; '^'' *^ réuniront à, nous pour
79
iijviter le^ propriétaires, les fermiers édaiié&s , à [ une hardi
se persiisder cf.Hii tjue l'agiicMiiuic , coinine
la navigalioii , comme la mélallurgie , comme
tous les arts compliqués , a sa ihéorie qui doit
diriger et améliorer la pratique. Le métier existe
depuis long-tems; mais, c'tst notre siccle qui
aura ctée \a. science ; et personne plus qu'Arihui-
Young ne pourra se glorifier d'y avoir contribué.
P. V. B.
A N T I Q_ U 1
(On trouve l'article suivant dans
Ti-lles sont les mçJnilles dont j'ai copié la des-
crii^iioii dans mes iioicî , jiu i l-s livrer à I i(a-
prcssiori. Je pourrai donner la iioi'tce de beau-
Coup d autres : peut-être en taire graver quclqaes-
Favstina avg PII AVG FIL. ayant pour revers ^„^l j^,,^ lejournal de 1 Oise.
Les Anionins et Adriens , les Fausunes sont les
esse de conception , une p,r3nât:ar
jnunaiiinable , quoique le dessin son moins
parfait que celui de quelques autres médailles.
une oic et le mot concordia.
IMP CAES AVREL VERVS AVG. Au revers , deux
princes se donnant la main, et ces mots : con-
cordia AVCSTOR TRI P.
plus multipliées dans ce prodigieux amas de mé-
dailles.
■ 9 de
l'iniéiessant journal du déparleraenl de I Oise. )
Instruit qu'on avait trouvé beaucoup de mé-
dailles d'or dans la comraunede Hornoy , terroir
de Blanche-Maison, département de la Somme',
à 2 lieues du déparlemeni de l'Oise , je priai
le citoyen la M... et le cil. R.... de se transporter
sur ces lieux , le 3o fruciidor.
Ils obtinrent de divers particuliers beaucoup
de médaille* qu'ils apportèrent à Grand^illiers ,
eiquejc pus éiudierpendant une nuit.
Ils en examinèrent eux-mêmes, un grand nom-
bre chez Louis Dezot,eux , laboureur.
Il résuhe de leurs recherches sur lesquelles
on peut compter , que le premier trésor éiait
enloui dans une petiie plaine ayant à l'oiient
Hornoy, Bizancourt à l'ouest, Tronchoy au
sud-ouest, et Boisrault vers le noid.
Celte plate-forme est entourée d'une chaîne
de montagnes qui portent des noms que 1 his-
torien doit remarquer : Camp César , Camp
Vespasicn , Camp Sirt , Camp Martel, et Camp
lAniienois. On y voit encoie des démarcaiions
en pierre, des fossés dont il serait curieux de
faiie le plan,
Le M fruciidor an 8 , un laboureur du citoyen
Betneuil , du village de Tronchoy , trouva sous
le socle de sa churue une grande quantité de
médailles d or. Il se précipita pour les saisir ; des
nieissonneurs voisins , (chez lesquels circulaient
(Ifpuis long-tems des bruiis de trésors cachés ,
confirmés par la découverte de quelques mé-
dailles (i) , accouréut , le frappent , s'emparent
des pièces , et se les ariachent avec violence.
Le propriéiaire du champ réclama le trésor,
cila devani le juge-de-paix ceux qui se l'étaient
partagé. Il obtint une certaine quantité de
médailles.
Le j3 du même mois , sur le conseil du citoyen
Loquet, de la commune d'Hornoy, le noiiiraé
Louis Dczoteux qui possédait le champ voisin,
le retourne , aidé de deux chevaux que Neuf-
germain , son ami , lui prêta , à la charge de
partager, le produit de leur découverte. Au qua-
irieme sillon ils trouvèrent une grande quaniilé
d'or. Ils en firent paisiblement le partage ; rien
ne troubla leur jouissance.
Des amateurs et des orfèvres ont acquis une
petiie pariie de ces médailles. Les laboureurs,
avertis du prix qu'on allachait à quelques pièces
rates; intimidés par la crainte que lï gouver-
nement ne s'en saisisse, les cachent, refusent
de les vendre , ne les montrent qu avec inquié-
flide. On est pourtant certain que plusieurs
paniculiers en possèdent chacun six à sept cents.
On évalue la valeur matérielle trois ou quatre
cenis mille fiancs
IMR L AVREL VERVS .\VG. Au rpvetS, PROFECTIO
AVG TR F U. Au bas, cos II. Pfince à cheval.
L VERVS AVG ARMENIACVS. Au revers , un
Arménien as'is sous un trophée; il est couvert
du bonnet phiygien ; altiiude de douleur et
d'ab,!ndon , le coude appuyé sut le genou , la
main droile soutient sa lêie ; la gauche porte sur
un air. rompu , sur des carquois , des armes
ren-\'ersées. Q^ite de détails dans un champ large
de neuf lignes ! la tunique , les panialons , le
peiit bouclier rond des Parihes, des Arméniens,
des Geies , de la Dacie, de tous les peuples
qui parvinrent à diverses époques . de 1 Europe
en Asie . par la Phfygie ou par le ment Caucase.
La lête de L.Vcrus esi belle et pleine d'expression.
Divvs ANTONiNvs. Au revers , consecratio.
La lête d'Anionin est ici pleine de gravilé , de
bonié ; quatre étages , au sommet desquels est
un char à quatre chevai'.x , formant son im-
mense bûcher.
hadrianus cos lij. Au revers , Hercule nu,
remettanl le globe à l'empereur ; un aigle à leurs
pieds.
Un beau Trajan. Au revers , le Phénix , la
tête environnée d'une auréole ; une palme à ses
pieds.
trajan. Au revers, FORUM trajani.
Favstina AVG. Au revers, diana lucia. Elle
lient un flambeau des deux mains.
Trajan. Au revers , Minerve créant l'olivier; à
ses pieds est un lapin. Elle est casquée ; hasta à la
main.
Traj.\n. Au revers, Jupiter , beau, grand,
sceptre à la main gauche , étend de la main droile
un manteau dont il couvre l'empereur. Le prince
tient une branche d'olivier, cos vi s P Q^ R.
HADRIEN. Au revers, ROMA aeterna; Matrone ,
liasla à la main , assise sur un trophée; elle tient
à la main droite un baieau sur lequel on dislingue
les têtes à.' Apollon et de Diane; très-bon style.
Hadrien. Isis en matrone, assise à terre, ap-
puyée sur une corbeille de fruits , s sire à 1«
droite , en face l'Ibis sur un autel , et ce mot
AEGYPTOS. Très-belle médaille.
VESPASIANUS. Vénus nue , casquée : sceptre à
la main gauche . assise sur un trophée. Deux
pigeons dirigent leur vol vers elle, cos vi.
HADRIEN. Au revers, restitvtori hispaniae.
L'empereur debout , donc^e la main à l'Espagne à
genoux ; elle lient en main une palme, cos m ? P.
IMP CAES NER TRAJAN OPTIM AVG GERM DAC.
Belle têle , pleine de sentiment et -de finesse. Au
revers , parthico p m t r p cos vi pp s p q_r.
Têie du soleil radié , iiès-bellc.
M. ANTONiNvs AVG T P XXVI. Au revers , IMP
VI COS III. L'empereur en habit guerrier, casqué ,
chaussé de coihurnes , tient un foudre à la main
Julia Uomna ,
Le triomphe AeTitus ,
Une Fausiine voilée ,
Beaucoup de temples et
de consécrations ,
Une superbe Malidia -,
Basilica uljilani ,
Forma Trajani ,
M. Antonin, trois lêtes ,
Jitdaea capta , dcVesp.,
Le iriom[jhe de Vesp. ,
Julia Fia ,
Lucilia, ,
se trouvent dans cette collection. On y remarque
surtout une galère de toute élégance , à six rames
de chaque côté, ayant une couronne à l'extrémité
du mât. On l'a vue sans pouvoir l'examiner.
C A M B R Y.
Il est à craindre que les propriétaires d'une droite , un sceptre à la gauche ; une Victoire aux
richesse acquise avec tant de facilité , ne la ren- 3''" grandes, a elrusque , le couronne ; elle
dent à la terre , ou ne la portent à des orlêvres.
Je me hàie de les tranquilliser ; le premier consul
m'a cliaigé de leur annoncer quils peuvent user,
sans la moindre inquiétude , du présent que leur
fait la fortune.
Les médailles découvertes dans la première
fouille sont reoins bien conservées que celles
de la seconde. Il me semble qu'elles ont éié
déposées dans la terre, à deux époques diffe-
lenles. Les premières , sous le troisième consulat
d'Hadrien ; j'appuie celte dernière conjecture
lur l'examen que j'ai fait d un grand nombre de
ces médailles ; tomes celles que j'ai vues d Ha-
drien au nombre de plus de soixante , indiquaient
lOD troisième consulat.
Les secondes ne descendent que jusqu'à Géta
.qui mourut lan 212 de J. C. Un examen plus
détaillé pourra détruire ces assenions.
Une des plus belles médailles que j aie vues,
provenani de celte découverte, (eije connais
louies celles du c. binet national , de Florence,
de Naple» , de Londres et de Rome), est un
Fertinax; il a dans les traits la force d'un soldat ,
la majeiié d'un prince , el la gravilé d'un phi-
losophe ; elle est d'une conservation parfaite.
Rien de fin , de joli , d'élégant , comme une
laustitie la jeune.
XJiiCommode monté sur un coursier qui s'élance
et menace d écraser un léopard , est lait avec
(lie* lifU mên
u Chiatf <hi Tien
, avint U déco
appellait
tient une palme de la main gauche. Tiès-beau
revers.
AVRELivs CAESAR AVG P I I FIL. Au revers .
Pallas , casquée , à lobe de matrone romaine ,
portant un petit bouclier rond, hasta à la main
droite , et ces mois : T R P COS 11.
ANTONINVS AVG Pivs PP T R P XII. Au revers ,
deux lêtes d'enfant dans deux cornes d'abon-
dance. TEMPORVM FELICITAS, aU bas, COS IlII.
Belle médaille.
ANTONINVS PIVS AVG. Au revers , lête radiée,
et PAGATOR ORBis. Parfaite conservation.
HADRIANVS AVGVSTVS P P. Superbe tête , sans
barbe ; au revers , Romulus armé, bras nus , co-
thurnes aux jambes , le corps couvert d'une cui-
rasse et dune tunique légère, dcscendani jusqu'aux
genoux , tête nue ; il lient de la main droiie uiie
lance ; il porte sur l'épaule gauche un trophée
d'armes , de panaches , d'épées courtes , eic. ; un
manieau léger couvre son armure; ces mots :
ROMVLO CONDITORI. Très-belle médaille.
ANTONINVS PIVS AVG. Au revers , Rome assise
sur des trophées, casiiues, armure, bouclier , cic. ;
elle tient une branche d olivier dans la main droite;
elle s'appuie sur un long sceptre qu'elle saisit de
la main gauche; paci aeternae. Bien conservée.
IMP SER GALBA CAESAR AVG. Têle forle , à
caractère ; salvs gen humani. Une Prêtresse ,
un pied sur le globe de la lerre , une enseigne
sur le bras gauche , verse l'encens d'une paiere
sur un auiel ; un peu fruste , mais curieuse.
THEATRE DES ARTS.
Les Horaces , ITigéd'ie lyrique du cit. Guillard,
musique de Salieri , ont éié donnés en 1786 ; le
succès ne fut pas de longue durée ; bieniôi fou-
vragf^ fut relire du répcrioite. Il vient dy repa-
raître avec une musique qui n'est poinl celle de
Salieri ,avec des suppressions considérables , avec
des changemens tels , que nous ne pouvons le
considérer comme une reprise, mais bien plutôt
comme une ijroduclion nouvelle.
Dans une préface qu'il publie à la tête de son
poëme , l'auieur nous semble foit inutilement
chercher à s'excuser d'avoir emj.'runié un sujet
traité par le grand Corneille, pour le transponec
sur la scène lyrique. Personne , nous le croyons ,
n'a paru disposé à lui en faire un reproche. Ses
propres succès ont déjà justifié cette espèce de
concours , ou plutôt celle imitalion , et s'il n'est
pas permis de ne ciier que le citoyen Guillard
dans sa propre cause, du moins on peut rappeler
avec lui que les grands sujets de l'antiquité ont
tous été traités par dilFérens auteurs; É-chyle ,
Sophocle elEuvypide ,oni fait chacun am: Electre;
Longepierre a fait une Médée après celle de Cor-
neille ; Voltaire une Sémiramis ^ un OreUe , uns,
Rome sauvée . apxès la Sèmiramis, l'Electre ei le
Catilina de Crébillon; de nos jours , le citoyen
Legouvé a reproduit à la scène , avec un grand
succès, la tragique Thébàide ^ premier ouvrage
de Racine. Si donc sur la scène française le
même sujet a plus d'une fois été traité par difté-
rens auteurs , à plus forte r.iison la scène lyrique
a-t-elle des droits à la même fibeiié. Oit ne
doit, au lieu de reproches, que des éloges à
l'auteur qui enrichit cette scène des trophées dont
une autre s'enorgueillit à si juste titre.
En reconnaissant un droit que 1 auteur craint à
tort qu'on ne lui coniesie , nous devons examiner
si le sujet qu'il a choisi était l'un de ceux que la
scène lyrique semblait plus particulièrement ap-
peller : nous ne le croyons pas. Voltaire a regardé
ce sujet comme plus propre à l'histoire qa'au
théâtre , et il portait ce jugement , même après
avoir analysé et fait ressortir les beautés sublimes
dont le génie de Corneille avait su l'enrichir. Pour
s'éveiller, pour inspirer au compositeur des acceus
dignes de lui , le génie musical veut un déve-
loppement animé des passions les plus împé'
tueuses et les plus opposées. Ce n'est pas ce
développement que 1 on trouve dans les Horaces.
Le sujet tend à inspirer constamment de l'admi-
ration et à élever l'ame , plutôt qu à causer une
émotion véritable , qu'à inspirer un touchant
intérêt.
Les personnages mis en scène par Corneille
paraissent dans l'opéra du cit. Guillard , à l'excep-
tion de Sabine, de Valere et de iullus , que la
coupe nouvelle de l'ouvrage rend absolument
inutiles. La pièce de Corneille offre trois actions,
celle du combat , celle de l'assassinat de Camille ,
celle du jugement d Horace, condamné par les
décemvirs , et absous par le peuple. Voltaire re->
prochait à l'auteur cette triple action , regardait
ce défaut comme provenant de l'habitude qu'a-
vait prise Corneille d'imiter le théâtre espagnol ,
mais reconnaissait que ce défaut trouvait bien son
excuse dans les beautés qu'il fait naître.
Le citoyen Guillard a dd se borner à la pre-
mière action , au combat et à la victoire de
Rome. Cependant , à la dernière scène Camille
paraît, recommence par ses imprécations une
action nouvelle; et menacée par Horace, elle
prévient sa iureur en se perçant le sein. Nous
voyons ici le double inconvénient et de loruier
une double action, lorsque la première est ter-
minée sans pouvoir donner à la seconde et la
suite et des développemcns nécessaires , et en-
suite de démentir un irait d'histoire que Cor^.
neille avait cru devoir retracer avec fidélité ,
parce que ^ dit-il , il est Irop connu pour être altéré
sur la scène. Il nous semble que la victoire d Ho-
race , et les actions de grâces des romains
triotnphans terminml la pièce, sans le retour
de Camille, offriraient un- dénoueraKUt plu» sa-
8o
tisfi ant et plus d'unité. Si Camille ne meurt
pa,i du h main de son frète; si ce crime ne
mit vas Horace dans un péril nouveau , celte
mon esl inutile à l'action , et ne sert qn à en-
sanglanter une scène qui dans le nouvel opéra
l'-esi peut-être déjà trop. En effet , le fameux
combat des Horaces, a lieu sous les yeux des
spectateurs. Nous croyons n'émettre qu une
opinion générale , en disant que ce combat
trop rapproché de l'avant-scene, quoiqu'il n oUre
pas une illusion parfaite,, en produit cepeii-
dant assez pour qu au premier sentiment qu'il
itispire , succède , après la cbûie de quatre guer-
riers , un mouvement d horreur , lorsque le
cinquième déjà blessé, pâle dl affaibli, vient
tomber sous le glaive con;me une victime dé-
vouée. Sur un plan plus éloigné , ce spectacle
ofinrail sans doute plus d'intéi-êt et d'illusion ;
il seirait moins horrible . et tou^ ce qui est hor-
rible doit être banni de la scène.
L'auteur a évité deux reproches faits à Corneille
par 'Voltaire; c'est la déesse Egérie et non un
grec , prophétisant s«r l'Aveniin (juc Camille
a consulté; en second lieu le vieil Horace ne reste
pas dans sa maison au moment du combat ;
avec Rome entière , il va s'en rendre spectateur.
A cette disposition nouvelle on gagne un coup-
d'œil très-pittoresque , mais on y perd le qu'il
moulût. Il ne serait cependant pas impossible de
lier ce mot sublime au cris de joie des Albains ,
aux cris de douleur de l'armée romaine lors-
que l'aîné des Horaces a pris la fuite. En général
il a trop peu fait usage des idées qu'il pouvait
eiiipTuuier au grand Corneille , en traitant le
rncme sujet. Dans ses piécédens ouvrages et no-
tamment dans Œdipe , il avait été moins scru-
puleux , et nous le blâmons ici de l'avoir été
trop.
Au total , la conduite de l'ouvrage du citoyen
Guillard est sage, naturelle, raisonnable. La coupe
est aussi hcureyse qu'elle pouvait l'être pour
l'Opéra ; et autant qu un sujet aussi scvere pou-
vait le permettre , il a ménagé au compositeur
l'occasion de déployer ses talents. La musique
du citoyen Porta est d un beju genre : ses mot.fs
de chant n'ont pas toute la fraîcheur , loutela
pureté désirable, mais ils sont naturels et conloimes
à la situation ; ils ont en général un ton d'aus-
teri.é irès -convenable au sujet. Le réciiatit est
malheureusement la partie la plus faible, et depuis
Gluck, c'eilune observation presque générale à
faire sur les nouvelles productions lyriques.
Oaaremarqué dansla première scène, l'air d'Ho-
race , à ma Patrie , morceau d'une facture très-
riche , peut-être trop bruyante ; lintroduction du
duo entre Camille ei Curiace , plus que le mor-
ceau d'ensemble , mais surtout le serment du
second acte , finale digne des grands maîtres ,
applaudi avec un juste enthousiasme.
L'opéra des Horaces n.e laisse rien à désirer ,
quant à ce qui appartient au spectacle et aux
accessoires : tout y est établi avec un soin , une
sévérité, une fidélité historique très-remarquables.
Les décorations sont d'un effet neuf au théâtre ;
on y retrouve le goiit de l'architecture des pre-
mieis tcms de Rome ; celle du 3= acte est d'un
effet très-pittoresque ; elle représente le lieu du
combat, et les camps des deux armées. Le crayon
du chorégraphe a suivi avec une tidéli'é parfaite ,
pour le serment des Horaces , le beau tableau de
David ; pour leur combat , le beau tableau de
Tite-Live. S
Le préfet du déparlement, accompagné du
secrétaire-général , du conseil de préfecture .du
maire de la ville , de toutes les autorités civiles
et militaires . étaient allés à leur rencontre. Une
salve d'artillerie annonça qu'ils arrivaient aux
portes. Un arc de triomphe surmonté de quatre
drapeaux, et oiî on lisait ces mots : ?) Aux
v-.inqueurs d'Aboukirct de Martngo n .ivait été
dressé à la hâte. C'est là qu'ils furent harangués;
c'est là que le peuple plus pressé , plus électrisé ,
voulait dételer leur voilure et la traîner lui-niême.
La modestie des deux généraux empêcha cette
nouvelle marque d'affection ; ils se mêlererit
parmi le peuple, et marchèrent avec lui jusqu'à
l'hôtel de la préfecture. On demanda qu'ils se
montrassent aux croisées, Le préfet les y invita ;
ils cédèrent. Un cri universel fut à 1 insianlpou-sé
et répété par tous : vive la République, vive
Bonaparte, vivent les généraux Mural et Bessicres 1
La nuit , il y a eu banquet civique à la com-
mune , bal à la préfecture , musique, illumina-
tion générale et feu d'artifice.
Le lendemain et avant le jour , une foule iiai-
mense était encore réunie poursaluer hur départ.
Salut fraiernel , Brunies.
Licge , le 14 vendémiaire an g.
Citoyen , je viens de lire dans le numéro 7
de votre intéressant journal, un extrai' dutableau
statistique des pays ecclésiastiques d'Allemagne ,
par le cit. Brun. Il y est dit que u la ville de Papc-
berg . située sur les frontières de 1 Ost-Frise , fait
un commerce considérable , sur-tout dans la
Baltique ; on trouve dans les listes de passage
du Sund, quelquefois jusqu'à 140 bâtimenspapen-
bourgeois. Celte ville est entièrement inconnue
aux géographes français. )) 'Voici d'abord un géo-
graphe frjnçais à qui elle n'est pas inconnue. Le
dictionnaire géographique de F. X de Feller ,
imprimé à Bruxelles , en 1794, porte, article
Papenburg , la no'ice suivante : " village situé
sur les frontières du bas-évêché de Zunsicr, dans
le bailliage de Zeppen. Ses habitans ayant formé
une espèce de port sur le Dollart , font partir des
vaisseaux chargés de tourbe pour la Hollande
et l'Angleterre , et même avec d'autres cargaisons
pour la France et pour les Indes. Ils se servent
du pavillon de 'Westphalie , respecté par l'ami-
rauté de Londres , et celle de la France. La
population de ce village , qui a deux paroisses ,
augmente à vue d'œil. Il appartient au baron
de Landsperg. )> Il résulte de ce passage , que
Papenbourg est le vrai nom de cet endroit , qui
mérite mieux le nom de bourg que celui de ville ,
mais qui ne laisse pas de faire un grand commerce
par la rivière d Éms et le Dollart , ou golfe
d'Embden. Il est cependant bon de remarquer ,
que dans les listes annuelles de vaisseaux passés
par le Sund , on comprend ordinairement sous
le nom de papenbourgeois tous les bâ'imens des
petits ports situés sur la mer d Allemagne, vers
l'embouchure du 'VN'^eset jusqu'à celle de lElbe,
en exceptant ceux d Emden et de Bremez.
Salut et considération ,
C. A. J. Hennau , ancien administrateur du
département de iOurthe.
le secrétaire-général ds la préfecture du Loi , au
rédacteur du Moniteur. — ■ Cahors , Un vendé-
miaire an g.
Je dois , citoyen, et à mon département , et aux
scniimens qui me lient aux généraux Murât et
Bessieres , le récit de la joie qui éclata à leur
arrivée dansies lieux qui s honorent de les àvoirvu
naître.
Ce fut une ivresse , un enthousiasme universel.
Le peuple se précipita en foule sur leurs pas. On
n'examniait , dans ce moment , ni avec qui on
marchait , ni quelles étaieat ses opinions , ni quels
avaient été ses écarts et ses erreurs. Tous les
citoyens mêlés et confondus semblaient inspirés
par le même esprit , agités par la même ame ;
on eût dit que la présence des deux guerriers
svait tout réuni , tout réconcihé.
AVIS.
Les administrateurs de la commission des com-
pagnies de la guerre invitent les citoyens , por-
teurs de leurs mandats ou autres valeurs émises
par eux pour le compte des compagnies qu'ils re-
présentent, à les rapporter , dans le délai de cinq
décades , au bureau de ladite commission , rue
de Provence, n° 5 , à l'etTet d'y être échangés
contre des rescriptions admissibles en paiement
de domaines nationaux, conformément à l'arrêté
des consuls du i5 nivôse an 8.
Il est d'autant plus nécessaire pour les porteurs
desdites valeurs d'adhérer à cette invitation ,
qu'outre qu'il est de leur avantage d'utiliser
promptement les rescriptions , auxquelles ils ont
droit , les opérations de la commission étant sur
le point d'être terminées , ion bureau sisra inces-
samment fermé.
LIVRES DIVERS.
Code et Guide des notaires publics , contenant
toutes les lois et résolutions relatives à leur
nouvelle organisation , toutes celles qu'il leur
iftipùrle particulièrement de Connaître, et' dont
ils ont un besoin journalier , avec des instructions
et observations sur ces lois ,,tt des formules de
tous les actes , notamment de ceux d'ans lescpiels
il faut observer des stipulations nouvelles , i.)Our
se conformer aux lois et circonstances présentes;
par A. C. Guichard , défenseur avoué au tribunal
de cassation , 3 vol. in-ia.
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A Paris , chez G.irnery , libraire , rue de Seine,
a.ncicn hôtel Mirabeau.
SviTE des éditions stéréotypes , chez Pierre Didot
l'aîné, imprimeur, rue des Orties, g.illerie du
Louvre , et Firmin Didot , rue de T.hionviUe ,
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by Edward Moore , avec des rroies sur ces deux
auteurs; l vol. in-io. Prix en feuilles. j)apier
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en feuilles, papier ordinaire, 5o c. ; papier fin,
go c. ; papier vélin , 2 fr. ; grand papier vèljn,
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Principes élémentaires de la Grammaire française ,
à l'usage des petites écoles , et mis à la portée des
enfans du premier âge. Prix broché , 75 cent., et
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Première partie-. Prix 5o cent. , ( 10 sols ) et 65
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Varithmétique composée à l'usage de la jeunesse
rapprochant l'ancienne et la nouvelle manière
de contpter et déraonliaut l'usage du calcul
décimal avec tant de clané , iju'on peut faite
aisément toutes les conversions possibles des
ar^ciennes mesures en nouvelles tt des nouvelles
en anciennes. Seconde partie ; prix un franc ,
broché et un fi. 3o cent. , franc de port.
Ces trois ouvrages nouveaux se trouvent à
Paris , chez l'auteur ( le cit. Prévost Sainl-Lucten ) ,
rue Apolline, rr° 34, et chez le cit. Bidault,
libraire , rue. Serpenre , n° 14.
Vart de prolonger la vie humaine , traduit sur
la seconde édition de l'allemand de Châties
Guillaume Hafeland , docteur' en médecine,'
piofesseur à l'université de Jena , 2 vol. in-S"
petit papier.
Prix , 4 francs , et franc de port 5 francs
75 centimes.
A Paris , chez Morin et Lenoir , libraires , rue
de Savoie , n° 4.
L'auteur de cet ouvrage examine d'abord les
propriétés et les lois du principe de la vie , il
tâche d'expliquer la cause du grand âge des pa-
triarches et des premiers habitaiis du monde ; il
parcourt tous les siècles , tous les climats , 'ous
les étals, et marque la difféience qu'y épiouve
la durée de la vie.
Cette durée est-elle absolue ou relative? varie-
t-elle dans les hommes , dans les lemmes ?
quels moyens doit-on employer pour vivre long-
lems ? quels sont les excès qui abrègent la vie?
Telles sont les principales questions traitées par
l'auteur dont l'indicaiiou seule est de nature à
faire rechercher son livre.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ije et des Arts;
Dem. la 2' repr. des Horaces , opéra en 3 actes
et le ballet de Psyché.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
le Collatéral ou la Diligence de Joigny , suiv. du
Voyage interrompu.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Mur mi-
toyen ; M. Guillaume , et un seul Villon pour tout
le monde.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la Mère coupable , drame en 5 actes, suivi
de la Revanche forcée.
Théâtre de LA Cité-'Variétés. — Pantomimes.
Auj. la 2' repr. des Ignaces , parodie des Ho-
races , vaudeville ; et Bamoiselet Bergerette , pant,
à grand spectacle.
L'abonnement «e fait à Paris rue des Poitevin», n« 18. Le prix est de 25 francs pour trois mois , 5o francs pour 6 ni«is , et 100 francs p»ur l'année cniierc. (
qu'au commencement de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl' argent , franc de port , au cit. As AS s E, propriétaire de ce journal , me des Poitevins ^u° 18. Il faut comprendre dans les env
pays où l'on ne peut aEfiauchir. Les lettres des départemens.non affranchies , ne seront point retirées de 11 poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui c
Poitevins , n' i3, depui sneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
la rédaction de la feuille , au rédacteur,
A PariSj de l'imptimeùe du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, r«ie des Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE :ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
N° 22.
Duoâi , 22 vendémiaire an ^ de la république française; une et indivisible.
Nous sommes aucorlsés à pj'évenir nos souscripteurs qu'à dacer du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
îl contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
J^ondres , 1" octobre. ( g vendémiaire. )
A E L LE est en Europe l'ignorance de la poli-
tique et de I histoire des gouvernemens orien-
laux , que quoique l'entreprenant et ambitieux
«ouverain du Cabul ait tenu pendant plusieurs
aimées la moitié de l'Asie en alarmes , félendue
et les ressources de ses domaines nous étaient
encore inconnues il y a peu de mois. Les rcn-
keignemens parvenus depuis, prouvent que l'une
et l'autre sont encore plus grandes que nos craintes
ne nous les avaient faites , et si les heureux évé-
nemens qui ont eu lieu pour nous dans le
Alysore , tendent à nous rassurer , nous ne de-
vons pas cependant nous livrer à trop de
sécuiiié.
Le territoire de ce prince se trouve aujour-
d'hui comprendre tout le pays situé' entre l'Indus
et les bords méridionaux de la mer Caspienne;
il s'étend des frontières orientales de la Perse à
la grande Bucharie , ou le pays des tartares
Usbecks , et renterrae en ouire Lahor; et toute
la vaste province de Cachemire. Sa pçpulation
est proportionnée à sa grandeur, et l'armée
entretenue pour sa défense , laquelle armée dans |
la dernière guerre contre lessheiks, fut divisée
par des dissentions inlesùnes , se monte à plus
de 100,000 hommes, bien disciplinés, et les
plus braves <,omme les plus audacieux sans
contredit de toute l'Asie.
Zemann Shah , le souverain du Cabul est de
la race des Abdallus , et descend directennent
d'Ahmed Shah Durante , qui accompagna Nadir
Shah dans sa première expédition dans l'Inde,
et qui , à la mort de ce prince , établit sa souve-
lainetédans le Candahar et leCabuI. — Zemann a
fait de fréquentes tentatives pour envahir l'Indos-
tun. La chute de Tippoo doit détruire ses espé-
rances , à moins que les divisions interminables
des sheiks, ou la politique équivoque des ma-
rattes , m
entreprises
I N T
porte a former de nouvelles
( Extrait de l'Observer. )
Ê R I E U R.
Paris, le 21 vendémiaire.-
On écrit de Naples : Notre ville vient de
perdre un des plus savans botanistes , le citoyen
Lachenal, mort dune attaque d apoplexie ; il
n'est pas pour en faire un mauvais usage , me dit-
il ! et si vous ne me croyez pas , ma mère est là , à
quelque distance, avec mes deux sœurs; nous
avons encore unfrere; maman est bien souffrante :
nous avons eu le malheur de perdre mon papa,
il y a un mois, et nous sommes bien dans la
peine n. Cet enfant s'exprimait avec fine sensibi-
lité si touchante, que j'en fus élnU. J'avançai <juel-
ques pas vers le milieu de la place Vendôme : je
trouvai effectivement sa mère et ses deux sœurs ,
dont la plus âgée a environ douze ans. Sur quel-
ques questions que je fis à la mère, je parvins à
découvrir sa demeure. Souvent on emprunte la
voix du malheur pour obtenir ce qu'on désire,
souvent aussi ce n'est point une chose factice;
et dans cette circonstance , malheureusement trop
fâcheuse , c'était une réalité. Je desirais prendre
quelques renseignemens sur le compte de ceue
famille; j'y suis parvenu. J'ai eng'agé ce jeune en-
fant à me venir voir. Je l'ai inieirogé ; j'ai su que
souvent leurs courses nocturnes (car le véritable
malheureux se cache et n'ose montrer sa position
au grand jour) étaient infructueuses. Ce jeune
enfant, dont la physionoiliie est douce , l'exté-
rieur intéressant, m'a raconté aujouid huile fait
suivant; c'est lui qui parle:
n Mon papa éiait employé dans lep farines (les
subsistances); quelqu'un lui dorr. r rf paiement
un billet qu'il pjssa ; mais n'ay?r pas c^ l'^'yé . et
celui qui le lui avait donne séi.i.;; abserué , mon
papa a été mis à la Force pc •. Jant , J-jue tems.
Il en est sorti; mais à la suite ;. fst i.ïnbé malade;
sans place et sans moyens, noji.. .'lions à la nuit-
solliciter la bienveillance des pansans , pour lui'
avoir ce qui lui était néces:-a;ie. Un soir, je ren-
contrai un monsieur qui portait des lunettes ; je
lui demandai. Il fouilla dcns s3. |ioche , et me
donna 12 sou« : u Comment vous appelez-vous ,
mon enfant? Etes-vous sans père c:i raere ? ;> —
u Non , mbnsieur , mon vùo? e ,t malade ,,et ma-
man est là-bas avec mes sans, pour lâcher, de
leur côté . d'obtenir quelque c-ioie de la commi-
sération des pasiins, pour pouvoir secourir mon
papa, qui est dans son lit depitis plusieurs jours.))
Ce monsieur me suivit. M?man était -assise sur une
pierre . cl se leva ; ce monsieur U tn~asseoir. Il lui
fit plusieurs questions; il lui demâiida sa de-
meure, son nom , et lui donna une pièce de vin"t-
quatre livres. Maman , en rentrants "ut que ce
monsieur s'était trompé, et aurait desiié avoir sa
demeure, pour lui dire que c éi..it un louis qu'il
lui avait donné. Le lendemain, un ebirurgien,
que nous ne connaissions pas, vint voir mon
papa; il y revint le surlendi.raain , et apporta
cent francs à maman. Nous avons su que c'était
Lucien Bonaparte , qui avait cette bonté pour
sur la topographie deMarseille et de ses environs.
Le ministre de l'intérieur a invité le préfet des
Bouches-du-Rliône à examiner cet écrit , et lut
faire part des observations dont il'lï^croirait sus-
ceptible. , '.
Le ptéfet a fait une réponse très-étendue et
très-soignée , a joint le rapport qui lui 'a été fait
par la société de médecine de Marseille sur le
travail de Raymond"; ce rapport sera publié en
eniier ; on se borne aiijourd hui à donner l'extrait
suivant de la lettre du préfet.
Note SUT la population de Marseille, en l'an 1800,
Tout porte à croire que la population de Mar-
seille et de son lerriioire. à beaucoup augmenté
depuis 1778 (ij. Je n'ai pas encore le lelevé exact
de la population de la municipalité du Midi , on
y travaille.
La population efFective des deux a'ulres muni-
cipalités est de 6o.85i de tout âge , etc.
En 1778, le nombre des maisons Augmenf.
dans la ville était de . , . 7478 > ^
Eu 1800, il est de ioi5o5 ^^^^ .
, En 1778 , le nombre des mai-
sons de campagne était de . 41875 c<i
En 1800, il est de,'. . ; ; . 835o5 ^"'^
Total de l'atigmentalion .
c'est-à-dire , de plus de moitié.
y.
avait rassemble une bibliothèque nombreuse ,, no^s. Maman lui écrivit pour le remercier, et
dont une collection précieuse de livres boiani
*îjues et d histoire naturelle fesait partie. De son
vivant , il lavait déjà donnée à l'université pour
la rendre publique. Les citoyens Hermann , à
Strasbourg, et Lachenal , à Bâie , tous deux bo-
tanistes célèbres , sont morts presque le même
jour.
Hermann était en outre un anatomiste célèbre ;
son ouvrage sur les affinités animales l'a placé
très-près des Perrault, des Daubenlon , des ViCq-
d'Azyr , de ces savans qui , ayant autant de phi-
losophie que de Sicience , ont voulu étudier le
physique de l'homme dans celui des animaux.
La mort d'Hermann laisse un grand vide dans
l'école de santé de Strasbourg. Son caractère lui
était aussi utile que ses lamieres. Et à travers
les dissentions qui existent entre les médecines
française et allemande , personne n était plus pro-
pre que lui à proposer et à faire accueillir ,
sinon l'olivier de la paix, du moins une dis-
•cussion purement scieiuiHque, et qui , quoique
inutile aux combaitans de chaque parti , sert
toujours à éclairer les jeunes gens.
— On a trouvé dans les environs de Nancy
tine mine de charbon de terre , dont on espère
tirer un grand parti.
— L'école de médecine tiendra ^ le 23 de ce
mois , à midi précis , une séance publique , pour
l'ouverture des cours de cette année et la distri-
bution des prix de son école pratii|ue.
— On lit dans le Journal des débats < la lettre
suivante :
«i Le hasard me fit rencontrer, il y a (juelqucs
jours , un enfant de onze ans , qui me sollicita vi-
vement d« lui donner quelquci secours; <( Ce
nous croyions loucher au terme de nos maux,
car il venait de faire avoir uue place de quatre
mille flancs , aux barrières , à mon papa v mais la
joie que lui causa celte nouvelle' le liansporta
au point que , comme il était encore itès-souf-
Irant, il en est mon. Depuis ce lems-là , maman
a rencontré une dame, qui lui donne quelques
secours, et a promis que quand je serais en état
de bien écrire , M. Anson , son mari , me place-
rait à la poste. >)
, Voilà le fait te! que le jeune Fléchelle rrie l'a
raconté. Celte famille , si on peut en juger sur
les apparences , paraît dan.s une posiiiou à mé-
riter l'intérêt que le minisire de linléiiiur est
dans le cas d'y prendre , et celui de tduies les
âmes sensibles. C'est ce motif Seul qui m'a porté
à rendre compte de cet événement , dont le hasard
aussi m'a procuré la découverte. Je n'ajouterai
rien de plus à ces faits ; les voilà , mot pour
mot, tels que je les tiens de la bouche de cet
enfant.
MlCAULt tA VlËlJViLLÈ.
Beaucoup de pesonnes croient que la popu-
latio.i de la France est considérablerhent dirtiinuée
depuis 1789, et celui qui dit qu'elle est augmentée ,
paraît exaL,érer bu croire trop légèrement.
Untiavallqui se fait en ce moment avec quelque
soin, prouvera bieiiiôi que le nombre d'hOmmcs
habitans l'ancien térriloire de la France, est plutôt
augmenté que diminué depuis 1789. Il seraii trop
long d'en rléduirt ici les caiises cpji seront expo-
sées en détail ; je vais seulement citer un fait
assez imporlanl.
Les mémoires de l'ancicnnesociété de raédecihe
renleimenl un travail fort bien fait de Raymond,
ACTES ADMINISTRATIFS;
MINISTERE DE LA GUERRE.'
Le ministre de la guerre , au comité' des revues, ,
aux inspecteurs aux revues ,. aux commissaires'
ordonnateurs et ordinaires des guerres nnployés
dans tes divisions militaires , aux conseils d'ad-
ministration . aux payeurs des troupes de là
républiijue , aux préfets. — Paris .Un vendé-
miaire., an g de la république franqaise , une et
indivisible.
L'arrêté des conslils du i" fruciidor an 8,
citoyens , prèse^stoit plusieurs lacunes , en ce
qui concerne l'allocation des inderrmiiés de
roiite aux militaires marcliani isolément , ou éloi-
gnés de leurs corps, des rtendards et des dra-
piâUk. Les consuls de la république s'éiahi fait
■ représenter l'état de ceux auxquels elles pouvaient
être légitimement accordées , ont décidé que le
supplément d'étape , tel qu'il est stipulé dans lai;-
ticle VII de l'arrêté précité , serait alloué , à titre
d'inderiinité de rbuie,
1°. Aux oSif.iers d'étai-major triarChànt isolé-
ment , ou avec leurs généraux, ou avec ordres ;
a°> Aux officiers désignés dans l'article 5CI d'e
l'arrêté dti directoire exécutif, du 22 messidoic
an 5 ;
3". Aux recriies et volontaires qui se rendent â
ileur destinatibn ;
4°. Aux militaire^ sortaht des prisons dà
l'ennemi ;
b°. A ceux congédiés pour infirmités bii bles-
I sures, et ayant droit à la solde de iretraiie ;
I 6°. A ceux qui , pour la mêrtie cause , se reri-
1 dent aux invalides ;
j 7°. A ceux Congédiés pour infirmités, et reri-
1 voyés chez eux ;
I 8°. Aux vétérans qui vont rejoindre i
9*. Aux militail-es qui paSsent d'un corps àuitt
autre ; , •
10"*. A ceux acquittés par jugernerit ■
11°. A ceiix qui , étant en congé ou en.'pcr-
rhissidn , sont dans l'irhpbssibiliié de rejoindra
sans l'avance de l'indeirinité, sauf la releniie k
en faire dans les Cas prévus par I arrêté du 26 ven-
tôse dernier;
Cette indemnité, citoyens, est la iliême.que',
celle accordée par la loi du 23 floréal an 5 , et
l'arrêté du 22 messidor suivant. Vous deviez donc
suivre, tant pour son allocation que poUr la
comptabilité qu'elle exige, les fofmts prescriiei
par. les lois et règlement préciiés , et par lest
Miit Kl. Raymond ', h pdpilbtioii de Marseille
cje tout âge et de tout sexe.
. (l)En /77S, -_..
était de 9o,o56 iiabi
En 1800 , il y a indép
:hcf3 de famille assujittl à la conl;rib
rit de* prblétîifes et de
gers i8,?oo chefs de famille assujitti à la conl:nbutioii personne:
et mobiliaîre , ce qui suppose iJo.Soo individus de tout kge i( >
toill ttie , a. laiiAta ii ■S'-p»i fànltlli; ,
circulaires de mes iirécieccsseurs , en date des 54
vendémiaire an 7 , ei 22 veniôse ian S.
Je vous recommande , ciioycns , de tenir, en
ce qui vous concerne , la niiiin à I exécution ues
lois et réglemens rclaùfs à celle indemnité ; de
vous opposer aux fansics applications et aux
préieniions de ceux qui ne comptent pour rien
les pertes qui résultent , pour le trésor public , de
•'quelques extensions illégales.
Votre ze!e et votre atiaciiement aux iniciêis
du gowvernenient ^ me sont un ga;j,e certain de
wotrc empressement à vous ronrornitr aux dispo-
sitions de cette lettre , dont vous voudrez bien
jn'aecuser la técepTiOQ.
Je vous salue V. Carnot.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le ministe de l'intérieur invite les architectes
qui ont concouru pour le monument à élever
siir reraphutiTient du Château-Trompette, à en-
voyer leuin. plans ai administration du Muséum
central des aits dans les délais fixés par le pro-
gramme.
Les administrateurs sont chargés de renfermer
ces plans dans une partie de la galerie non
ouvette au public , en attendant l'exposition qui
doit avoir lieu. L. Bonaparte.
RIINISTERE DE LA MARINE.
Il est entré le i5 vendémiaire , dans le port de
C.dais , un Smogleur anglais chargé de genièvre ,
pris par le corsaire le Coureur, de Boulogne,
capitaine Bouchard.
82
de« divisions de la etande l'aiftille du Pryfané^,''; «eî^n-ëe
Là seront aussi élevés des enlans de nos gutiriers
ou des fonctionnaires publics , morts pour servir
leur pajs, et les citoyens auront également la
faculté d'y placer leurs enfans à titre de p^tisiôn-
naires.
L'administration du Prytanée est chargée 'de
pourvoir paternellement aux besoins et au bien-
être de ces établissemens , dont le ministre de
l'intérieur lui-même à l'immédiate surveillance.
Ce ministre , si z;lé pour la propagation île
l'instruction publique , a préparé tous les régle-
mi:ns nécessaires pour rndnunistration , la dis-
cipline , riusttuctioji , les précauiiorfs dé salu-
brité et de santé de ces établibstrnens. Ces tégie-
raens sont le résultat de touteii les expéiieuces et
de toutes les lumières.
Tant d'attentions d'un gouvernement sage in-
diiiuent assez quel genre d'éducation il veui don-
ner , tant à ses enfans adoptlfs qu'à ceux des autres
citoyens. '
Tel est l'esprit général des réglenitns et des
institutions qu'ils prescrivent , que les élèves trou-
veront dans lés collèges du Prytaoée , des lt^;ons
de morale qu'ils mettront sans cesse en piaii-
que : une instruction méthodique et vaiiée : toutes
les précautions et tous les exercices propres a
conserver la santé et à former les bonnes ha-
bitudes du corps. EuHn tous y apprendtont à
remplir, dans toute leur étendue , leurs devoirs
à l'égard de l'être suprême, d'eux-mêmes, de
leurs semblables et de leur patrie.
elles seront sur-trurt utrr^récom pensé
de ij tioiiue conduite et de- i'apjilicaiioii daus
les autres éiurles.
Tous encore seront formés à la gvmnastique,
au maniemeTit des armes, aux exercices mili-
taires, si propres à entretenir la santé , la force
et l'agilité.
La gyianastique , si négligée parmi nous , si'
prisée chez les anciens , aura enfui ses exercices
comr.ie ses récompenses. Le ministre de l'intérieur
pirépaie, sur cet objet iniécessani . l'ii i^-yjenient
qui réimira riigiéablc à luiiie , et (jui sera le type
des exCicices du corps de la jeunesse française.
Le gouvememeni sait que les bo-KBCs habitudes
da .corps contribuent à Fénei.gie de 1 ame , et que
1 éducation ne doit pas moins être un moyen
de sauté et die .force , que d'ilisl-ruçiion et de
moralité.
•Tel est l'api^erçu de linsiructioh que le goùver-
nemetit juge nécessaire pou" former des citoyeas
éclaiïcs et utiles, premier but. de toute boisne
institution sociale.
L'administration du Prytanée n'exposera point
;iux pères de iamille ses droits à leur confiance.
Elle se contentera de leur dire qu'elle remplit ses
fonctions à titre entièrement gratuit; qu'unique-
ment jjjlouse d être utile , et de concourir aux
picigiès de léducation de la jeunesse française,
elle ne néglige rien pour se rendre digne de la
confiance dont le gouvernemetu l'a honorée, et
de celle des pères de famille.
L'administration du Prytanée , d'après les ordres
Les élevés sont répartis dans l'intérieur, par j du minislie de llntérieur, prévient les pères de
divisions de vingt à vingt-cinq au plus. Chaque ; famille que le pensiof.nat est ouvert dès aujouf-
Prytanée fran
Ç A I s.
Les admitiistrateurs du Prytanée français vien-
nent d'adresser aux pères de famille, une notice
intéressante sur cette institution. En voici les
|)assages les plus remarquables.
Un seul établissement 'd'instruction publique
»'est maintenu pendant le cours de la révolution.
C'est l'ancien collège de Louis-le-Grand , sous
le nom de collège de l'Egalité , régénéré depuis
par le bienfait du gouvernement , sous le nom
de Prytanée franç.iis.
Cet établissement a acquis une juste célébrité ,
par la bonne éducation et l'instruction soignée
qu'y reçoit la jeunesse. Rien n,'a été négligé pour
y pettectionner les méthodes d'enseignement ;
l'instruction y est confiée aux plus habiles maî-
tres : les progrès et les succès des élevés ont été ,
pour les pctes de famille , la garantie Iti plus sûre
de la bonté de l'institution.
^ Le gouverneraentsage qui nous dirige , a com-
pris que, de la bonne éducanon de la jeunesse ,
dépendent le bonheur et la stabilité de ia répu-
blique; il s'est fait rendre un compte exact de
l'organisation du Prytanée , où déjà étaient soi-
gneusement élevés un grand nombre d'enfans
envoyés des diverses parties de la France. Il a
constitué cet établissement sur un plan plus
vaste. Il veut que le Prytanée offre le mode e
d'une bonne éducation nationale , et qu il soit
eu même tems un monument de bienfesance élevé
jjar la patrie reconnaissante.
Un arrêté des consuls , du i'^ germinal an 8,
a ordonné que , sous le nom générique de Pry-
tanée français, et sous une même administration
■centrale , seraient établis , dans divers points de
la république, des collèges oti seront admis, à
litre de récompense nationale , les enfans de nos
guerriers morts au champ d honneur , et ceux
des fonctionnaires publics qui auraient perdu la
vie dans lexercicede leurs fonctions. Ces enfans,
nommés par le premier consul , sont élevés gra-
tuitement avec toute i'auention qu'auraient ap-
portée à leur éducation les respectables pères de
famille , dont le gouvernement prend la place.
Afin de propager l'éducation libérale et vriiment
nationale qui est donnée au Prytanée , le gouver-
tiemeni a ordonné qu'à côté de ces précieux éle-
vés , les citoyens pourraient y placer leurs enfans
comme pensionnaires , pour être élevés ensemble
Jivec les mêmes soins , sans autre distinction que
celle de l'émulation et des talens.
Le collège de Paris existe déjà depuis lon<^-
tems , et est connu sous le nom de Prytanée
f.ançais.
Un second collège vient d'être fondé dans la
magnifique maison de Sjint-Cyr , près de Ver-
sailles. Une colonie de i5o élevés y a été en-
voyée de Parts : déjà les études y soat en pleine
activités 1
Un troisième collège a été établi à Compiegne , ;
dans le palais même , qui e^t un des plus beaux 1
et des plus vastes édifices de la république : il j
est déjà en exercice. '.
Un quatrième va être établi à Foiilainebleau , !
dans le château : Versailles ,Brtjxeilei ,:ty 00 mu-
tent iacessammeat leurs collèges , qui formeront
division renferme , sous la raêine clef
salle d'étude et des dortoirs , et forme ainsi une
sorte d'habitation sépaiée , confiée à un institu-
teur expérimenté.
La surveillance active du directeur embrasse
toutes les divisions , et garantit l'exactitude des
instituteurs et des élevés-
Le plan d'instruction est combiné graduellement I tional , connu par ses travaux littéraires, et
pour les âges de l'enfance , de la première ado- expérience dans l'éducation de la jeunesse,
lescence , de la jeunesse , et déjà l'expéticnce en
d'hui , dans trois des collèges dépendans du
Piy'.anée , en attendant nue les' autres soLciit
oiganisés.
Ces collèges sont :
1°. Le collège de P.iris, qui est depuis long-
tenis en exercice, et qui a pour directeur îe
I citoyen Champagne, membre de l institut na-
ton
a démontré les avantages au Prytanée. On y a
substitué., aux anciennes routines , des méthodes
simples et éprouvées , qui économisent le teras
piécieux de la jeunesse. On n'a pas cherché à
faire trop embrasser aux enfans ; c'est une Vaine
piétenlion qui ne sert à former que des hcmiues
superficiels. On a examiné soigneusement a
qu'un enfant, peut apprendre dans l'espace de
six ou sept ans, et cherché les moyens les plus
simples de le lui apprendre bien.
L enfance est sur-tout formée à la connaissance
de la langue française, première et indispensable
élude , qui n'est jamais abandonnée pendant
toute la durée de l'instruction. Les langues giec-
que et latine sont soigneusement enseignées ,
par les méihodes sûres des Duniarsais et des
Contrlillac , qui épargnent et le lens et souvent
le dégoût des élevés. La littérature tant ancienne
que moderne , l'art décrire tant eu prose qu'en
vers, sont l'objet d une étude sérieuse. Une grand
attcniion est donnée
ques , afin que les élevés ne s'en tiennent pas
à des notions éléinentaircs de cette belle science,
et qu'ils soient en état , après leur cours , de se
piésentcr aux examens de lEcoie politechnique ,
de la marine et de tout autre se. vice public.
La géographie est soigr eusemcnt enseignée ,
et les élevés y sont fotmés , tant par 1 ensei-
gnement oral que par l'an pratique de la com-
position et du dessin des cartes.
L'histoire, dont les différente» époques sont
répandues dans le cours des études-, suivant l'âge
et le développement de l'intelligence des clevel,
1 histoire naturelle , la chimie et physi.jue expé-
rimentale , les principales langues vivantes , telles
que l'anglais, l'allemand, 1 italien , complètent
le cours déiude.
Tous apprennent aussi àéctire, an utile dans
toutes les circonstances de la vie ; à dessiner
d'après la bosse, d après l'antique et d après
nature : le dessin d'architecture et d'histoire
naturelle est également cultivé.
Enfin toutes les parties du cours d'étude sont
liées , pour faire un corps unique d'instiuciion ,
dont l'organisation est tellement combinée, que,
sans trop charger la mémoire et l'inte licence
des élevés , tous peuvent apprendre succe-stve-
meiit et bien , tcms les ëlémens des connais-
sances qui constituent l'ensemble d'une bonne
instruction.
Cet enseignement , dans chacun des collèges
du Prytanée, est confiée à douze professeurs
choisis par le ministre. Leurs lalcns et leur expé-
rience sont une garantie assurée des progrès
-et des succès des élevés.
Une belle bibliothèque qui ajoute à tous les
autres moyens de connaissances , est ouverte
tant aux raaî'res qu'aux élevés.
Les arts , qui ornent et embellissent la vie ,
entientaussi dansleplan de l'instruction. Ladansc,
la musique , l'escrime , l'équitation , sciont eu-
2°. Le collège de Saint-Cyr , près de Versailles ,
département de Seine-el-Oi^e , qui a pour direc-
teur le citoyen Sallior , homme de lettres et ancien
magistrat.
3°. Le collège de Compiegne , département de
l'Oi.-e , cjui a pour directeur le citoyen Crouzet , ,
membre associé de l'institut national , ancien pro-
fesseur et directeur de 1 école de Liancourl.
( Ici se trouvent les conditions du pensionnai,
dont le prix est fixé à 900 fr. pour Paris , et à
Soo fr. pour les autres collèges. )
Essai statistique du département du Calvados.
Nous ne lèpétcrons pas ici ce que nous avons
dit de l'utilué des connaissances positives en
matières de statistique et d'économie politique;
I sans elles la théorie des principes et les calculs
i approximatifs ou résultats présumés ne sont sou-
I vent que des causes d'erreurs , et ne peuvent
l'étude des math^maii- iJ^.™*'^.*^"'''^"^ dans la conduite des affaires admi-
I nistratives.
I Nous continuerons donc à recueillir ce qui peut
instruire et éclairer suri état tenitoiial , industriel,
maiitime de la France , et faciliter l'étude de ces
objets imporians d'économie politique.
Le Calvados fait partie de la Normandie ; il tire
son nom d'une suite de ichcrs qui en bordent
la partie septentrionale ; il esi limité au nord par
la mer, au midi par le département de lOrne,
au couchant pr-.r celui de la Manche , au levant
-par celui de l'Eure.
Son'étendue territoriale est de 286 lieues quar-
rées , 1,117,643 arpens ou 570.427 hectares. .
Sa population est de 484,212 individus, c'est
16S1 par lieue quarrée.
Caen , chel-lieu de ce déparlement, est une
ville de 34,8o5 habitans , dont la plus grande
partie est occupée aux fabriques de dentelles, de
bonneterie , etc. Elle communique avec la mer
par la rivière d'Orne , qui lui donne quelques
lacilués pour le commerce et le transport des pro-
ductions du sol.
Ces productions sont nombreuses et de pre-
mière nécessité ; elles consistent en blé , seigle ,
sarrazin ou blé noir, haricots, pois et autres
grains. On y cultive le lin et le chanvre pour les
loilcs et les cordages ; la navette pour en exiraine
l'huile. Les prairies qu'ariosent les rivières de
Vire, d Orne , d'Aurc et Drôme nourrissent de
nombreux troupeaux de bœufs , de moutons. On
y comptait en Tau 4, 2.10.000 bêles à laine, suivant
les états envoyés par les districts à la commission
du commerce et des arts.
Les chevaux du département sont une de sçs
plus belles productions . ils sont connus p.ir ia
beauté de leurs formes , leur force et leur agiliaé ,
et lont l'objet d'un commerce lucratif pour les
propriéiaires.
Les prairies artificielles ont fait des progrès
dans le Calvados, elles y ont très -bien réussi;
elUî donnent souvent de'h nourriture aux \'3cho«
et aux anitiiaux. emj)loyé3 à la cultufe.
La vigne n'y est point cultivée ; elle est rem-
placée par le pommier et le poirier qui fournissent
ie cidre et le poiré dont où extrait de irèu-boiuiç
eau-de-vie.
En tçénëral , dans les années d'abondance , le
déparlement du Calvajos produit plus qu'il ne
faut, de subsistances pour la nourriture de ses
nombreux habitans.
On commence à s'y plaindre des dcfrichemens
et bois, qui en diminuent la quantité au point
de faire craindre les suites fâcheuses du déboi-
sement pour la consommation et la bonté du
climat.
Les terreins déboisés tlonnent , les premières
années , un produit doiible des auires ; cette rai-
son a pu accroître les défiichemens au-delà de
Ja juste mesure; mais peut-être que les mêmes
motifs qui ont déterminé des iegisiaicurs éclairés
à prescrire le mode de coupe des bois pour en
prévenir la destruction , engageront le gouver-
nement à prendre en considération les moyens
qui pourraient , sans détruire les droits de pro-
priéié , diminuer les débotseraens rapides qui
s'opèrent djns le Calv.idos , et généralement en
France.
Ce département n'olTre que peu de mines ex-
ploitées. La mine de ferseulement s'y trouve dans
tous les étals , et donne la teinte aux argiles et
aux grès. Il exi^.ie aussi , dans difiétens endroits ,
des masses considérables de pyrites martiales ,
dont peut-être on pourrait tirer parti pour les
afis : on ne compie''qu'une seule fabrique d'huile
de viiriol , établie près Ronfleur. l! n'y a non
plus qu'une mine de charbon de terre , exploitée
dans le village de Littry , près Baynes. Le char-
bon se transporte par terre , à des distances
coniidérsbles. La mine est en exploitation depuis
1740.
La pêche est une des sources de la richesse
du dépaiiemeni. l,a Touque , la Uive , lOrnc,
la civière de Vire . de D;ôme , d'Aure , qui l'ar-
rosent , abondent en difFétentes espèces de pois-
sons , dont plusieurs, tels que la lamproie et
l'alose , remouierit la mer. On pêche aussi sur la
côte une grande quantité d'huiires , qui sont
l'objet d'un commerce à Rouen et à Paris. Les
pêches maritimes , celles du hareng , du maque-
reau occupent beaucoup de monde , et sont
l'aliment d'une activité avantageuse.
L'industrie du département consiste principa-
lement en fabriques de dentelles, de futaines ,
de bonneterie , de chapellerie , en filature de
coion , eu coutellerie , en quelques draps com-
muns , appelés draps de vire , en frocs , grosses
éioHes de laine , et en flanelle de Lisieux.
Tous ces objets , joints aux bleds, chevaux ,
moulons , bœufs et produits de la pêche , ali-
mentent le commerce du Calvados , qui , quoi-
que d'un; étendue ordinaire , est cependant lu-
cratif.
La conliibution foncière était, pour l'an 8 , de
5,864,700 fr. , et la contribution mobiliaire , de
770.(100. Ces deux sommes , réparties sur la
population , donnent 14 liv. 2 s. par tête d'înr
dlvidu de tout âge et de tout sexe.
Les rivières du Calvados ne sont pas toutes
propres aux transports des marchandises par
baieaux , on pourrait s'occuper d'en étendre et
d en peileciionrter la navigation. En joignant
rOrne à la Sarihr , qui communiquera'ii à la Loire
par la Mayenne , on pouirait établir une naviga-
tion utile eiit;e ces différentes rivières et les lieux
OÙ elles se rendent. Peut-être y auraii-il de l'utilité
aussi à unir la Dive à la Touque , au moyen de
la rivière de Vire , et la Touque avec la Rille ,
dont les sources sont trèâ-ra;iprochées ; mais ces
travaux sont moin;, presses que ceux que semblent
réclamer les ports de Caen et de Hor.flcur , les
seuls piaiicables sur la côie du Cavados.
Le projet pour le nouveau port de C.ien a eu
l'assentiment de l'institut , et consiste' à cieuscr
sons les murs de celle ville un bassin qui serait
alimenté par les eaux de la mer; il serait très-
mile au commerce des dépariemrns envlron-
B'ins, ainsi tju'à celui du Calvados; le projet est
sous les yeux du ministre, et sans doute que la
paix en actéléiera I evécniion. Les f/ivascmens
occaiionnés par le rctoulemmt des eaux de la
Seine, tetuKnt souvent liès-diflîcile l'accès du
pori de Hotiflcur. On a proposé de remédier
à cet iiiconvénieiil en creusant un canal de na-
vigjtion h; long de la livc gauche de la Seine ,
jusqu'au point op[iosé à Villtquier , et d'amener
ainsi les eaux de cette rivière dans le port. Ce
canal ouvriiait une communication de la pleine
mer ;<vec le port de Itouen , en évitant les bancs
chat.geans de .S.ii.nt-Sjuveur et de Q_uillebceul.
Pfuci-ik.'J-.
cleciue
avaniag
je vou
un d
f.iiic jouir enfin mes conciioyens des Si je ne c
oien constatés dô cmie inocnlaiion , donnerais 'la
manière dont ce
, je Vous
potage< élai'eril
s prie d'insercr la Iclire ci-jointe dans préparés; vous y reconiiaîtiiez facilement les
vos prochains numéios. mêmes procédés que l'on emploie aujourd'hui.
Salut et parfaite considération ,
Vous y verriez un mélangé Ûç farine ou de
F. C01.ON , docteur med. , rue du faubourg Pois-
sonnière , n". 2.
K li i) A c
Citoyen , fâché de voir que tandis que l'An-
glcietre tire la plus grande utilité de la vaccine,
la France en connaît à peine le premiers essais,
Depuis plusieurs années on a découvert en
Angleierre , et l'on y pratique avec sucrés , une
nouvelle méthode d'inoculer qui préserve à
jamais de la peiitc vérole. Cette inoculaiion ,
nornmée vaccine , consiste à faire une ou deux
piqûres :iu bras, et à y insérer une matière de petite
veroie , tellement bénigne qu'il ne vient qu'un
seul bouioii aux piijûres faites, et jamais d'autre
IITITa '"■' '"i '°!1''-,'^"'^ nestpas contagieuse; , indigens. 'Honneur donc a I hoinme philantrope
elle ne demande n. préparation , m sotns , r, re- qui a tiré de l'o ,blf cette maime des pauvcs, mais
gime ; de sorte que 1 on peut vaquer a ses affaires I graliiude éiertiellç aux véritables invenieurs d'
en se tesant inoculer, ou abandonner ses enlans
giuau ,d herbes , de racines , de tranches de
pain rôties, etc. ; enfin , absolument Itiut ce qui
entre dans la composition actuelle des soupes
économiques.
M. de Kumfort mérite , sans idot.utç , de gf^^ds
éloges , pour avoir, fait revivre une idée uiilo «,
quoique déjà .mise à cx''; uiion ; m.'iis fa recon-
naissai.ce générale doit d'uboiil se porter sur 1^
nation (jui , la première , avait dccoirvcrt 'le's
moyens d'éteindre la mendicité , en procurant â
piix plus que modique, la nouiriiure aux
à. leurs exercices et à leurs habitudes ordinaires.
Elle se pratique dans toules les saisons , au milieu
de lhlv(i, comine dans' les plus granJes chaleurs,
sur l^cs vieillards comme sur les enfnns du (ilus
bas âge. Tant d'avantages paraîtraient une f.ible,
si les expériences faites dans ma maison n'en
avaient constaté l'authenticité.
Lorsque je n'avais encore que la conviction
morale de la bonié de celte nouvelle méthode,
.1 avais formé à Vaugrrard un établissement pour
cette inocul.aion.
Mais aujourd'hui qu'il m'est démontré par l'é-
i'idence qu'elle n'est accompagnée ni de m.iladie,
procède util
1 Ul|
Citoyen , j'ai l'honneur de vous envoyer la
description d'un nouvel iusirunienl pour trouver
la longitude à la mer.inv nié par des américains.
La publication de cctic rlcicripiion , dans votre
journal, peut stimuler nos artistes , dans les ports
eî à P;ris , à en construire et à faire des essais
poi-r constater s'il réunit les avaiituges que les
inventeurs lui attribuent.
Il est difficile de donner sans planches la des-
cription exacte d'un instrument, mais je pense
que ma description suffira pour le faire concevoir
aux personnes de l'an,
ni de la^ plus légère indisposition , je reviens à I Je doute que l'instrument donne une longjtuds
Jr-aris bien peisuaJe quil est inutile aux pa- exacte pendant un long voyage , surtout , si l'on
rens de se séparer de leurs enlans, et de les éprouve des calmes etque l'on rencontre de forts
envoyer a grands frais dans une maison par- courans. Je suppose le marin surpris par un calme
et entraîne par le courant , il change de place ,
ticuliere.
Je me propose donc d'inoculer la vaccine à ' rïlais sans marcher; il peut faire ainsi beaucoup
Paris. Je l'ai déjà dit : cette inoculation n'est pas I de chemin , mais 1 instrument se trouvant entraîné
contagieuse comme l'autre, et ne peut commun!- ] avec le marin par le même courant , le chemitl
quer aucune malauie.
J'inoculerai gratuitement tous les pauyres, tous
les militaires ou leurs enfans qui n'auront pas
eu la petite vérole , sur une simple lettre dé
recommandation des comités de bienfesance ,
des différentes administrations et corps constitués.
je nourrirai chez moi et soignerai continuelle-
ment trois nourrices indigentes avec leurs enfans
pendant tout le tems que durera leur inoculation.
Jusqu'à II heures je recevrai et inoculerai les
pauvres et les itiilitaires qui me seront adressés.
Les autres personnes qui voudront venir chez
moi et y amener k-urs enfans pour y être inocu
lé ^'
fart ne sera pas marqué par l'instrument , parce
qu'il n'a pas éprouvé !e froiiement de l'eau. Il en
sérail de même du compte-pas , porté par un voya-
geur en voiture. L'i.isirument et celui qui le porte
changent de place -n même tcnis; la voiture fait
dans ce cas l'eflFet du cornant. Il est juste de dire
que dans les cas de calme et de courant , ou
même de conrans , lorsque le vent souffle , la
ligne de lock ne hrooire pas plus que le nouvel
instrument le chemin que le courant a fait faire
au vaisseau , parce que la r.'anche du lock est
entraînée par le courant comme le navire. De
plus, lorsque, par un gros tems , le navire est
mis à la cape , et qu'une mer consitiérablemertt
, seront rcçuej jusqu'à une heure. Lé reste , forte l'enlevé très-haut et plusieurs fois dans une
mon tems .sera consacré à ceux qui voudront ' minute , le navire élèvera de même 1 instrument.
m'appeler auprès d'eux.
La méthode que j'ai l'inlenlion d'employer,
n'est aucunement un secret , puisque plusieurs
médecins de Pans la pratiquent avec succès , et
qu'elle a réussi de même à Boulogne-sur-Mer.
J'invite tous mes confrères à suivre mes ino-
culations , et à se convaincre par leurs propres
yeux de la bénigniié , et des avantages de la
vaccine. ]e correspondrai avec gra.nd plaisir avec 1 ■ ,- 1 ■ 1 , .
tous les médecins des dépariemens qui voudront ™^"'"= °'^ ^ une autre . le résultat est le même
11 y aura frottement d'eau sur la roue à lames,
l'instrument marquera du chemin fait , et cepen-
dant il n'y en aura pas eu de fait. Car les aiguilles
de l'instrument maichent, soit que le navire aille
de l'avant ou qu'il soit enlevé au-dessus de la,
lame , et pendant une terripête , cela peut avoir
lieu des millieis de fois dans un jour. Il suffit
qu'il y ait frottement par le passage de l'eau dans
1 instrument; que ce froiiement se fasse d'une
connaître et propager cette méthode d inoculer.
Je leur enverrai le virus Vaccin qui pourra leur
être nécessaire.
Pour assurer au public une tranquillité suffis-
santt sur la confiance quil voudra bieri m ac-
corder , je do!inerai aux personnes qui le dé-
sireront, (juiltance de ce que je recevrai pour mes
honoraires , avec promesse iic le restituer à vue
à celle» (]ui gagneraient la petite vérole aptes
avoir été inoculées par moi.
Pour garantie de cette promesse, je passerai
même , si bon leur semble , un acte devant
notaiie, avec hypo'heijue sur un immeuble
libre , ponant obligation de remboursement
dans le cas ci-dessus, en tant que je serai appelé
à le véiifier.
F. Colon , D. M. , rue du fuubourg Poisson-
nière , n°. 12.
Citoyen , on citera donc éternellement l'An-
gleterre comme le beiceau des découvertes , qui
appartiennent à U France !Je répéterai cette phrase
du citoyen Cidel D.'îvaux , insérée dans voue
11° du i3 , et je l'apjn'icjuerai aux soupes impro-
prement dites à la Rumjort , que les anglais pré-
tendent avoir inventées , quoiqu'ils ne puissent
pas ignorer que les premiers étjblissemens de ces
soupes économiques aient été faits en France , il
y a jdus il'un siçcle.
J'ai entre les n'iains un recueil de pièces assez
curieuses. impritnées sous le legne de Louis XIV,
rians lequel je trouve la description détaillée
d'un potage très-sain et irès-nouirissant , qui tic
coniail que deux sous , et qui suffisait à U sijb-
sislance d'un homme pendant toute une jouince.
Le même recueil renferme une circulaire du
vice-légat d'Avignon , aux curés du Comtal ,
pour les engager à former dans Icors paroisses
des établissemens de soupes pour les pauvres. j
pour |es cadrans indicateurs.
Si je ne me trompe pas'dàns ces considérations,
qui ne me sont venues en tête que depuis que
j'ai fait la description de linstiument, et que jo
l'ai envoyée au eit. ministre d.î la maiine , le
nouvel instrument ne remédierait pas aux défauts
du lock , mais il présente aux marins des com-
modités que n'a pas le lock ordinaire. Au surplus,
c'est à l'expérienceà prononcer à cetég.ird. Quoi-
que j'aie tait beaucoup de voya,^cs de mer , je ne
suis pas matin , et je ne me fl.itte pas de faite
sentir , comme un homme de 1 art , les âvantagÊ»
et les défauts que le nouvel instrument peut offrir^
Salut et fraierniré ,
MozARD , ex-commissaire des relations commer-
ciales de la république à Boston; de pliaieurs sociétés
savantes de France et d Amérique.
Description d'une nouvelle machina de lork, pour
mesurer le sillage des vaisseaux , et obtenir ta
longitude en mer; inveutci- par MM. Chester et
Calvin Gould , de Philadclplik , et pour laquelle
ils ont reçu du président des Etats - Unis une
patente d'invention.
Cette machine est composée d'un cylindre crenii
de, cuivre jaune , d'environ 9 pouces de long sut
6 et demi de circonférence. Dans ce cylindre en
placé horizontalement un arbre d'environ 5
pouces de long , lournant libiérhent sur deux
sur>ports ; six ailes ou lames soin fixées à cet
aihre, elles sont recourbées sur elles-mêmes
veij l^ur milieu , de façon à ouvrir avec l'arbre
qui les porie un angle d'environ 70 °. l,c
courant deau frappant sut ces lames ou aîles les
fait tourner, et elles entraînent 1 aibre ?vec ell^is.
A l'exltcmilé de cet arbre , et à la partie opposée
a celle par où l'eau entre , est un pignon oui
s'engraine dans une roue de rencontre qui latt
tourner un autre pignon cjui lui est suiiérietir.
Ce pignon s'engraine dans une roue qu'il fait
mouvoir , et celle-ci en met en mouvement
cinq avures. La 4* , !a 5' et la 6' portent des
aiguilles qui tournent sur des cadrans ; lorsque
ia quatrième roue a fait une révolution , elle
Indique que le vaisseau a fait 100 railles; une révo-
luiionde ta 5' roue indiqu* 1,000 milles, et une ré-
volution de la à'^' indique 20Û0 iliilles. Les trois
cadrans qiii surmontent ces trois dernières roues .
sont fixés sur le cylittdre , une coulisse les re-
couvre de laÇon que les aiguilles tournent libre-
ment , et ne soient pas exposées au frottement
de l'eau , ni à rattouchémenat d'aucun autre
corps.
; Le cylindre est duvert a ses deux extrémités ;
â l'upe d'elles et à la partie opposée au pignon
'que porte l'arbre , sont soudées sept ou huit trin-
gles de fer d'environ trois lignes de diamètre et
de trois pouces de long. Elles se réunissent toutes
à un centre , de façon à donner à cette partie
du cylindre la figure d'un cône. Au bout de cette
espèce de grillage , est un anneau fixe ou mo-
bile , auquel on attache la corde qui ser 1 :sus-
pendre la machine dans la mer à l'arriére du
vaisseau : on la lient continuellement <^e cinq
à vingt pieds au-dessous de l'eau . en raison de
l'agitation des vagues , et afin qu'elle ne soit j.;-
tnais exposée à l'effet de leur mouvement : on
ipeut retirer de l'eau la machine aussi souvent
qu'on le veut , pour examiner combien le navire
à fait de milles , et l'on sent qu'on doit faire cet
examen assez fréquemment, pour que l'aiguille
de la roue qui indique 2000 milles , n'ait pas eu
le tems de faire plus d'une révo ution.
Il est aisé de concevoir que l'eau passant par
la partie du cylindre qui est grilllée , frappe la
roue allée , la fait tourner , et celle-ci donne le
mouvement à tout le reste du rouage , qui doit
être gradué de façon qu'une révolution de la
4' roue corresponde à la quantité de tours que
la roue aîlée à dû faire dans un espace de 100
milles ; la 5'^ roue dans un de 1000 milles, et
la 6^ dans un espace de sooo milles.
Les trois cadrans sont divisés en 100 parties.
Une de ces parties du l" cadran représente un
mille , une du 2° 10 milles , une du 3' vingt
milles , etc.
Toute la machine est faite en cuivre jaune et
rouge , et pesé de 7 à 8 livres. Elle ne se remonte
jamais étant bien faite , et elle peut servir plu-
sieurs années sans se déranger. Elle a été essayée
plusieurs fois aux Etats-Unis , et les inventeurs
ont reçu des certificats qui attestent qu'elle répond
parfaiieinent à son objet. Les gazettes de New-
York, de prairial dernier, ont publié l'attestation
suivante , que je traduis mot à moi :
)ï Ceci est pour certifier que nous avons eu
Si à bord de notre navire la nouvelle machine
SI delock, inventée par MM. Gbester et Calvin
J) Gould , que nous noui en sommes servis
S) pour uiesurer le sillage depuis Philadelphie
î) jusqu'à ce port (t) que nous avons observé
») ses mouvemens pendant que la mer était calme
>) et lors qu'elle était agitée, quand le navire
5> marchait très-vite, et lorsqu'il allait lentement ;
S) nous avons reconnu quelle nous a toujours
j» donné avec la plus grande exactitude la dis-
t) tance parcourue dans toutes les circonstances
Ji du voyage. >>
Signé , James Meuble , capitaine et Ephraim
Meuble, capitaine en second.
Je n'ai pas sous les yeux en ce moment des
gazettes des Eiais-Unis , où j'ai lu d'autres attes-
tations semblables , données par des capitaines
qui ont essayé la machine à la mer , mais je
me rappelle parfaitement qu'un capitaine d'une
des frédates du gouvernement américain a essayé
cette n/achine de Philadelphie à Boston , qu'il
l'a trouvée très-juste , et qu'ayant notamment
mesuré la distance de l'Isle-Longue , à je ne me
souviens plus quel point de distance mesurée géo-
métriquement et reconnue être de 180 milles , la
machiBe de lock a indiqué exactement cette dis-
tance , je crois que c'est M. 'White , capitaine
de la frégate la Constitution -, qui a fait cette ex-
périence,
En partant de Boston , je desirais beaucoup
emporter une de ces machinci de lock pour la
temettre au gouvernement de la république , mais
il n'y en avait pas encore à vendre. Le prix devait
être d'environ s?^ francs. J'obtins cependant la
liberté de 1 examiner, et c'est d'après cet examen ,
auquel je n'ai pu donner que quelques minutes ,
que j'en ai conçu l'idée , d'après laquelle j'ai fait
cette description. J'observe que je li'aî pu voir
le rouage qui fjii marcher les aiguilles , elles
étaient recouvertes par les cadrans qui tenaient
à vis aU corps du cylindre.
Arrivé à Paris depuis peu , j'ai eu bccasion de
voir le ci4. Lépine , horloger , justement célèbre ,
demeurant place des Vicioires.Je lui ai parlé de
cette m. chine. Je lui en ai fait une description
très-informe. Il l'a conçue sur le champ , et m'a
dit que c'était une espèce de compte-pas , et qu'il
l'exécutcraU facilement d'après l'idée que je lut
en ai donnée. Je ne s-rrais pas éionné que la ma-
chine en question ne lût qu'une application du
mécanisme du compie-pas à la nouvelle machine
de lock, car les anglais s'attribuent souvent nos
découvertes» s'en font honneur, et demandent
avec hardiesse des brevets d'invention et des pa-
tentes qui s'accordent toujours facilement en
Angleterre , parce qu'ils sont payés au gouver-
nement qui en retire un assez fort revenu-, mais
si la nouvelle machine de lockn'eslqu'un cnmpte-
pas , on doit toujours savoir gré à MM. Chesier
et Gould d'avoir eu l'idée d appliquer ce méca-
nisme à mesurer le chemin qu'un navire lait en
mer. Il n'est pas nécessaire d'inventer enliéreraent
une chose pour mériter la reconnaissance des
hommes , il suffit souvent de découvrir une nou-
velle et grande u;ililé dans un instrument.
Les gazelles de New-York et de Boston ont
publié il a quelques mois , que l'un des inven-
teurs de celle machine de lock, était passé en
Angleterre , pour solliciter la récompense de
20,000 livres sterling promise à celui qui décou-
vrirait un instrument pour connaître exactement
la longitude à la mer. M o z a r d.
J (») New-YorV,
9:0 milles do distance.
L'ancienne Bibliothèque des Romans a cessé la
première année de la révolulion ; neuf ans après ,
il a paru une nouvelle Bibliothèque des Romans ,
imprimée chez Lavillette , et rédigée par des gens
de lettres qui, à peu de chose près , ont suivi le
plan de l'ancienne. Cette collection va êire con-
tir^uée par d'autres rédacteurs , qui annoncent
ainsi et leurs intentions ei la marche qu'ils se pro-
posent de suivre.
») Faire en sorte de ne pas affaiblir , en les ana-
lysant , les ouvrages dont lous les détails méritent
dêtre lus, et lâcher de rendre plus agréables ,
en les resserrant , ceux dont la marche est arrêtée
par des longueurs , voilà , en deux mots , disent
les auteurs , quel sera notre travail.
)» A ces extraits accompagnés de ceux des
romans anglais et allemands que traduiront des
litiéraleurs connus , à ces extraits , disent-ils , noua
joindrons des anecdotes du jour, des hisiorietics
nouvelles, soit en prose, soit en vers , et nous
recevrons avec reconnaissance ceux que l'on vou-
dra bien npus envoyer. Nous leur donnerons la
préférence st^r les nôtres , lorsqu'ils nous paial
tront la mériter; c'est un sacrifice que nous
devons au public . et que jamais notre amout-
propre ne manquera de lui faire.
î) Nous ne connaîtrons que deux espèces de
romans, les bons et les mauvais : dans ces der-
niers , nous comprenons ceux qui blessent les
mœurs , et d'avance nous nous condamnons à
les lire , afin de pouvoir garandr le public de
l'ennui que les uns lui causeraient , et des maxi-
mes dangereuses qu'il rencontrerait dans les au-
tres. Ce ne sera pas la partie la plus briHanse de
notre entreprise , et cependant c'est la seule pour
laquelle on nous devrait quelque reconnaissance.
)> Pour peu que cela continue, écrivailSedaine,
on ne rencontrera pas un jeune homme bien
élevé, qui à vingt ans , n'ait fait sa petite comé-
die , et ce qu'autrefois Sedaine disait du théâtre ,
on peut aujourd'hui le dire des romans : Tout
le monde s'en mêle ; on prend la plume , on
entasse des incidens aussi invraisemblables les uns
que les autres , on trace des caractères d'autant
plus neufs , que la nature n'en fournit pas le
modèle. On parle d'anrour sans le connaîire ,
on peint les posions sans les avoir éprouvées ;
en un mot , on fait des romans parce qu'on a ly
des romans, et presque toujours celui qui croit
avoir invenié , n'a eu que de la mémoire. La
nôtre nous rappellera que la variété est notre de-
vise , et pour tenir ce que nous promettons ,
nous passerons alternativement de l'esprit à la
raison , du sentiment à la gaîté : heureux si nous
avons l'adresse d'en saisir les nuarices dans les
auteurs d'après lesquels nous parlerons. )i
Le cit. Maradan , éditeur de la Nouvelle Biblio-
thèque des Romans , croit devoir nommer les auteurs
qui se sont engagés ù y coopérer. Ce sont lé»
citoyens Vigée, dont les ouvrages sont irop ré-
pandus pour que nous en rappellions les li;res ;
Oeschamps , traducteur de Simple Histoire ; J.
Fievée , auteur de la Dot de Suzette et de Frédéric 'i
Desfontaînes , connu par de nombreux succès
au théâtre ; Blanchard , auteur de Rose et de Félix
et Pauline : Lamare ; traductetir d'Alcibiade et l'un
de ceux du Moine; Pigault-Lebrun .auteur de
l'enfant dit Cariiaval . Baron de Felsheim et autres;
Fabre d'Olivet , Moilin , Mimaut , versés dans la
littérature anglaise , italienne et française.
Il paraîtra régulièrement un volume du 10 an
i5 de chaque mois, et deux à la fin de chaque
trimestre , ce qui fera, par année, 16 volumes
composés chacun d'environ 220 pages.
Le prix de l'abonnement est de 25 francs par
an pour Paris , et , attendu laugmentaiion dei-
droits , de 35 francs pous les départemens, franc
de port par la poste.
Les lettres et I argent doivent être affranchis.
On souscrit à Paris , chez Maradan , libraire ,
rue Pavée André-Jes-Arcs , n" iG ; et chez les
principaux libraires des départemens et des pays
étrangers.
LIVRES DIVERS.
Notions mathématiques de chymie et de médecine ,
ou Théorie du feu , où l'on démontre , par Us
causes , la lumière , les couleurs , le son , la
fièvre , nos maux , la clinique , ect. ; par Antide
Mangin , docteur -médecin du Jura, l volume
in - 8°.
Prix , 3 francs; et 4 francs 25 cent. , franc de,^
port par la poste.
A Paris , chez J. J. Fuchs , libraire , rue de»
Mathurins , n° 334.
Ces notions, dit l'auteur, rédigées selon le mode
des mathématiques, basées sur deux principes sim-
ples et féconds dans leurs conséquences, à la poriée
des deux sexes qu'elles intéressent également ,
supposent néanmoins des connaissances préa-
lables. Pour suppléer à ce qui pourrait manquer
aux lecteurs à cet égard , il propose d'exi)liqucr
son livre dans des entretiens particuliers , et
I alors il y joindra la solution des plus cu-
I rieux problêmes de l'homme, tels que du jeu de»
I poumons, de la chaleur naturelle , de la digestioa
l et de ses suites , du travail de renfànlement ,
î des tourroens de la grossesse , de la circulaiior»
du sang , de sa réintégration dans les. racines
des veines , de sa nulriiion , du fluide nerveux^
fies sensations , des passions , etc.
S'adresser, pour ce dernier objet , au libraire,
ou place aux Veaux , 11". 146.
COURS DU G !i A N G t.
Bourse du 21 vendémiaire^
Amsterdam baneo.
Courant
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Cadix
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Effets publics.
Rente provisoire q3 fr. i5 c.
Tiers consolidé 36 fr. 75 c.
Bons deux tiers 1 fr. 72 c»
Bons d'arréragé 86 fr. 75 c.
Bons pour l'an 8 gi fr. 75 c.
Syndicat. .^ §3 fr. 5o c.
Coupures 81 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 23 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ije et dej Aris.
Auj. la 2^ repr. des Horaces , opéra en 3 actes ,
et le ballet de Psyché.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui.
Le 24 , la 1 = '^ repr. de Tjméo ., opéra en trois
actes.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Rendez^
vous; le Mari sans femme, ei\Dflncaurt.
Théâtre DE LA Cité-Variétés. — Pan/omt'mex.
Dem. la l'" repr. de Canardin ou le Quai de la.
volaille , comédie du gros génie , mêlée de vaud. ,
term. par une ronde grotesque.
L'abonacitiéni 3e fak à Paris, rue des Poitevins, b" 18. Le prix est de sS francs pour tieis mois , 5o francs pour 6 mois , et 100 francs p«ur l'acaée entière. Ou ocs'abonme
qu'au commeucetnenc de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl' argent , franc de potrt , au cit. A G AS s B , propriétaire de ce journaf , me des Poitevins , n" 18. Il faut comprendre dans les envois le port de»
pavi 011 l'on nepeutafftanchir. Les lettres des départemens non affrancliies , ne seront point retirées de la po^te.
Il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui coincerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue ier
B<nl«via5,n^ l3 , depui sncuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
M, Paris, de limprimeùe Au cit. A'gâs«e , propriéia'ira duMonkevr, rue <ies Poitevins,- n« j3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 23.
tridi , 33 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes auçorisés i prévenir nos souscripteurs, qy'i cUtei; du 7 Nivôse le M O N I T E U R est le ^««/ ,.«r„ W « ,
Ti ■ 1 . j • / ■ f I 1 >-.>i. ic ieui journal ottlciel.
Il co.Kient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles à^s armées , ainsi que |»s faits et J
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
notions tant s.-ir
Avi\ aux souscripteurs.
Nous invitons les souscripteurs dontl'abonne-
inent expire à la Rn du mois , à le renouveller
prorapiement pour qu'il n'y ait point d'interrup-
tion dans leur service. Nous profitons de celte
circonstance pour les engager à adresser direc-
tement à notre bureau , rue des Poitevins, n° 18 ,
les fonds et leurs demandes , parce que ce n'est
que sur les quittances qui y sont délivrées que
BOUS sommes responsables des négligrnces ou
des erreurs à leur préjudice. H. Agasse.
E X T E R I EUR,
ALLEMAGNE.
Ratisbonne , le 9 vendemiairt.
Xj'empereur est de retour à Vienne depuis le
5 vendémiaire. Il est impossible de décrire la joie
que cause dans la capitale lespérance d'une paix
prochaine. — Une grande partie des troupes au-
trichiennes est rentrée dans l'Autriche. L'archi-
duc Jean a son quartier-général à Wela , près
Lintz. Les troupes de la droite forment le cordon.
Le corps bavatois et son quartier-général sont à
Muhidorf et dans les environs; celui de Wirtera-
b.erg occupe 'Wassenbourg. Lç général Siugel y a
son quariier-génétal.
Il est faux que le général Dietricbstein ait été
A Loor , dans le canton de Berne , un scé-
lérat a eu l'audace de mettre , en plein jour, le
feu a la maison de son frère. Les paysans qui le
pn.ent sur le fait, voulaient le jeter dans les
Hammes.La maison et une grangç ofll été brûlées.
Un a arrête et conduit en prison le coupable , qui
n a fait aucune difficulté cl'avouer »çn crime.
Lausanne , le i5 vendémiaire.
Malgré les assurances que la loi sur la dîme
n aurait aucune suite, et la proclamation -du
commandant pour tranquilliser les esprits , la
fermentation fait chaque jour de nouveaux pro-
grès parmi le peuple, et donne des inquiétudes
pour la tranquillité publique. On ne voit que
troubles et rassemblemens flans presque tous les
districts. (Strasburger Wélthûte.)
I N T É R I E U
Paris, le 22 vendémiaire.
R.
Dans les premiers jours de la' seconde décade
de vendémiaire , on fut instruit qu'un nommé
Demerville, demeurant rue desMo'ilins , n" 24
avait distribué de l'argent , et que quelques scé-
lérats bien connus fréqueniaienj Sa ma, son.
On sut précisément le 17 , que onze d'entre
eux devaient se ietter sur le premier consul ,
a sa sortie de l'Opéra. Ces individus étant con-
nus , la police avait pris de sévères mesures de
surveillance. Le 18 , deux de ces scélérats ,
romains , dont un nommé Ceracehi , furent arrêtés
dans les couloirs de l'Opéra ; ils éiaient armés de
coutelas. Demerville et quelques-uns de ses com-
plices ont été arrêiés dans la nuit. On
remercié par l'empereur. Il se trouve maintenant ,' poursuite des autres. Demerville et Ceracehi ont
à Hambourg , auprès de l'électeur de Bavière , 1 'on' avoué.
«t y est chargé des affaires militaires qui inté-
ressent les deux cours. — Le ci-devant coiaman-
dant du Tyrol . comte de Reuss , est arrivé à
Gratz. ( Strasb. Weltbote.)
REPUBLIQ,UE HELVÉTIQUE.
Berne , le it vendémiaire.
Le district de Vangeri vient d'çtre le théâtre
d'un assassinat horrible. Une femme enceinte a
çté trouvée môrie dans un marais de la forêt.
Sa lêie avait été écrasée ; elle avait une corde
autour du cou. Le meurtrier de cette infortunée
est connu : c'est son mari. Il l'avait attirée dans
la forêt , et l'avait frappée sur la tête , avec un
bâton , jusqu'à ce qu'il l'eût renversée : il lui
9vait eusuiie passé une corde autour du cou , et
l'avait traînée dans le marais , où elle a été irou-
Î'ée. Le crime consommé , il était revenu chez
ni par un autre chemin ; mais quelques précau-
tions qu'il crût avoir prises pour cacher son for-
fait, il ne t rda pas à se trahir lui-même par des
propos indiscrets. Le bâton qu'on trouva dans
Ces malheureux sont pour la plupart des individus
acccoutumés au crime par les massacres de sep-
tembre et ceux de Versailles.
— Hier vers huit heures et demie du matiri , le
nommé Duval , père de quatft enfans , com-
pagnon bijoutier, demeurant rue Galande , a été
chez la dame Sarron , opticienne , rue desProu-
vaires , n" 569 , pour laquelle il travaillait, et lui
a demandé de l'argent à eropriuiter ; il avait un
air effaré. La dame Sarron l'engage à s'asseoir
et à déjeuner avec elle : elle lui dit , it qu'elle le
I) conduira ensuite rue Saint-Louis , où ii lui
t» est dû quatre louis , et qu'elle lui en prêtera
» volontiers deux, n Elle passe dans sa. cuisine
où elle s'occupe près de son feu à préparer
son déjeuner. Duval va à elle et lui assené sur
la tête un coup d'un marteau du poids de cinq
livres. Ce coup est suivi d'un second. Madame
Sarron se porte à une croisée qu'elle n'a pas
la force d'ouvrir, elle appelle du secotrrs.
Duval entend du bruit au-dehors, il entre dans
un cabinet', et s'y enferme. La force armée ar-
rive , se met en devoir d'enfoncer la porte du
son puits lui ayant été présenté par son pcre I '^^''',"^'- Duval se donne alors n^uf coups d'un
- ■• ^ ... . r outil an trois-quarts . donl il s'était muni. Il est
mort une heure apiès. On l'a questionné sur
le motif qui l'avait porté à ce crime ; il a ré-
pondu que c'était son affreuse misère. On es-
père que la dame Sarron ne mourra pas des
coups qu'elle a reçus. {Extrait dujounialde Paris.}
— Plusieurs journaux annoncent que les ci-
toyens ViscoDii et Dufourny , envoyés par le
ministre de l'intérieur à Piichclicu pour y exa-
miner les statues et les tableaux que le cardinal .
de ce nom avait réunis dans son château , y
ont fait pour le Muséum central une moisson
très-intéressante. Sur soixante statues, il y en a
vingt que l'on tient pour dignes de figurerparrai I
les chefs-d'œuvre antiqijes que la valeur fran- 1
^aise a conquis en Italie ; mais il n'y a , dit-on ,
que peu de tableaux estimables
inéme , il avoua tout. Ce scélérat attend mainte
pant le supplice r|ui lui est dû.
De Bâte , /« 1 4 vendémiaire.
La loi sur la dîme occasionne des troubles vio-
lens. Les habiians des campagnes se refusent à la
payer. On a été obligé de faire marcher contre
eux cent hommes de troupes suisses ; mais ce
détachement était (rop faible. Il rencontra en-
viron raille paysans armés , qui lui firent une
irentaine de prisonniers , qu'ils renvoyèrent le
lendemain. Le magistrat de la ville , le citoyen
Tschokke , alla trouver les mécontens et chercha
à les adoucir. Mais ses exhortations n'eurent pas
d'abord tout le succès qu'il attendait. Cependant
les auroupcmens ont fini par se dissiper. Une
députation s'est présentée hier , et a promis qu'une
partie de l'imposiiionserait payée sur le champ ,
pourvu qu'on accordât du tcms pour payer le
reste. Le citoyen Tschokke s'est engagé à appuyer
leur demande. Il était tems que les gens de la
campagne rentrassent daus le devoir, car on avait
déjà envoyé de Berne , contre eux , un détache-
ment de cavalerie et une compagnie d'infanterie
suisse. Le» troupes qui sont à Soleure avaient
■eçu le même ordre. A Gelterkinden , les paysans
avaient formé un rassemblement irès-tumuliueux
et avaient arrêté entre eux de ne payer ni la dîme
•ù l'impôt foncier. Les plus riches habitans du
«ADioo étaieut à ia tête des séditieux.
— On vient de découvrir sur le ban de Villers*
lès-Nanci de la houille excellente. Ceux qui ont
voyagé en France , avec le désir de connaître
savent combien il y existe de mines de ce genre -
et si on en excepte quelques dépariemens , par-
tout on ne se sert de houille ( charbon de terre )
que pour les forges des serruriers , des maré-
! chaux , descloutiera , des taillandiers. Le moment
est venu peut-être, il approche du moins , d en
faire un autre usage. Dcji nos montagnes dé-
pouillées d'arbres , fiappcnt de sécheresse nos
j ruisseaux et de stérilité nos bas fonds. Déjà les
• vignes dégarnies d'abri- gêlçnt plus ^uveniidéjà
sieurs siec es; et avec elle il „ ""M'ourplu-
de réparer totales nos pênes' lélT '!"?"""?
pos.éri,ép,usderiches';:;'f:;e:.',etq:r;o:;rs
ne nous en ont laissées. e nos pères
— Le ministre de l'intérieur vient d'acheter
^^::Ti^é-e-r'béS-°---
î;^^M?;;-„ScSnSe^'^.ri;
cesse" &ri'-^' '^'"""^ asur-le-cLmpf.
sessenr, de hf '°" ' '■' "' ^ désirer que les Vs-
sesseurs de biens nanonaux aient ati?ez d'amm.r
des ans pour ne pas détruire ce qui ex s'e encore
d édifices gothiques. Si on n'y prend garde "n^
nous restera bientôt plus de trlces dtrchl.ec u?^
de ce genre. "-«-iv"»
I — Le préfet du dépanement des Deux-Sevres
! désirant encour.ger l'agriculture . principe dl
la ncfaesse nationale ; inst.uit des améSionr
, quaprodui.es dans plusieurs départemens deU
république léiabhssement de s'ociétés libres
I composées de cultivateurs instruits , s'occupant
J de laire des expériences utiles, de propager les
bonnes méthodes et de dévoiler à leurs To^r?
toyens les secrets de cet art nourricier a ar^.é
A ^'''■••î"rJ' '."' ^"'■'"^ à Niort , sous le titre
de svaetehbre d^.griculiure des DeulSevres û e
' réunion d hommes éclairés dans les difFé entes
parues de i économie rurale. •'"erenies
II. Le préfet nommera les rremîers membres
de ceue société qui s'adjoindront ensuite d au-
tres membre, residans ott correspondans , au
nombre que fixera la société. > "u
m. La société fera elle-même se, réglemens.
IV. Elle tiendra ses séances dans une salle de
,1a préfecture. Stgvi. , Dupin
1 ~ j^ citoyen Garnier ,- préfet du dénarte-
j meut de Seine-et-Oise , a adressé la lettre s" j-
i m;:ilxsx '^ '^ '''*'^^''^"^^^'«'^"^'^
j J'ai reçu , doyens , le prospectus de ~Ja Biblio-
thèque germanique Médico-chirurgicaie. Un ol
vrage qu, a pour objet de nous l'aire jouir d«
découvertes et des procédés nouveaux des savani
et artistes de l'Allemagne dans l'art de guérit^ est
une des. en .reprises les plus intére.sames pour
I humanité. Vous concourez avec les estim-,hU.
auteurs de la mUotkeque *«^...4t.é à m ?n ci
dans la république des sciences" et des le très
cette bienfesante neutralité quicohsole les peuples'
des malheurs de la guerre. Les hospice, sCt
trop r.ombreiix dans ce département pour que
je puisse et^voyer a chacun d'eux un exemplaire
de votre colec.ion :ans,n,'éc.rter de l'économie
qtie je suis torce de me prescrire ; mais je sous-
cis pour detJX exemplaires, dont u . rest-ra
aux archives du depat.ement, e, l'autre sera remis
a unhomme.dc lart, chargé d extraire les articles
les plus importans et de les faire connaître aux
officiers de santé attachés aux différons hospices!
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arriti du 19 vendémiaire an g.
Le6 consuls de la république, sur le rapport
du mmistre de la ju^dce ,, k conseil - S,
eniefidu , arrêtent; " c.ui,
Art. I". il .,eta pourvu au remplacement dp»
juges et suppleans nommés en exécution de la
01 du «7 ven'ose a„ 8 , qui „e se seront pas fait,
recevoir d ici au i5 brumaire.
H. II en sera de même des juges et sojp.pléans
qu. seront nommés à i'ayenir , et qui ne se fe-
ront pas recevoir dans- le mois, a comoter du jour
ou leur nomination leur au.a été notiJiée.
IL Le ministre de la justice est charge de l'exé-
cution du presentarrêté, qui sera inséré au bulletia
des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
rar le premier consul .
U socrUaire-d'-ttai , signé, H. B. Marjît.
A V I S.
Lis choyens «ont prévenus que toutes le*
demandes paiiitulieres, sur tel objet que ce
soit, doivent êt;e adressées directement aux
mmwtres qu« ces demandes coiKement.
86
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; el c'est le faire sans
aucun avantage pour le pélitionrfiiire, parce quil
est impossible aux consuls de s'occuper de ces
objets.
MINISTERE DE LA GUERRE.
MoTn mdicative. des ■départeniens qui ont exéaité avec
zete la toi du 4 vendémiaire an 8 , qui ordonne une
Uvcf extraordinaire de 40,000 chevaux pour le ser-
vice des armées.
NOMS DES DÉPARTFMENS QIM ONT TERMINÉ
. -:, LA LEVÉE.
Manche La Vienne.
Loiret. Dordogne.
Relevé du nombre des chevaux fournis depuis te
''" 6 vendémiaire an 9 , jusqu'au 16 suivant.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 6 vendémiaire, était de 44,364
Ceux levés depuis , s'élèvent à. . . . 465
Total au 16 vendémiaire an 9..,
44,829
Prytanée français.
Le ministre de l'intérieur a arrêté un règlement
pour le collège de Paris et deSaint-Cyr dépen-
dant du Prytanée . En voici les dispositions prin-
cipales.
Les collèges de Paris el Saini-Cyr sont sous la
surveillance immédiate du ministre de l'intérieur ,
pour l'enseignement et l'instruction générale du
Prytanée.
Le nombre des élevés entretenus dans le collège
de St.-Cyr , aux frais du gouvernement , demeure
fixé à 300.
Indépendamment des élevés aux frais du gou-
vernement , il sera reçu aux, collèges de Paris et
de Saint-Cyr , des pensionnaires aux frais de leurs
parens. Le nombre en est illimité.
Le prix annuel de la pension du collège de
Paris est de neuf cents francs , et de huit cents
francs pour le collège de Saint-Cyr.
Les élevés et les pensionnaires sont logés ,
nourris et habillés d'un habit uniforme. On leur
enseigneraTècriiure , les langues française , latine
et grecque , l'histoire , la géographie, les mathé-
matiques , la physique expérimentale , l'histoire
naturelle , les langues vivantes , le dessin , et tous
les exercices militaires. Ils seront entretenus sains
et malades , sans qu'il puisse être fait , pour leur
entretien ou leur instruction , aucune demande
au-delà de neuf cents francs pour le collège de
Paris , et de huit cents francs pour le collège de
Saint-Cyr.
La première fourniture des effets avec lesquels
les enfaiis doivent arriver au collège , ne devant
'pas être aux frais du Prytanée , il sera réglé , ci-
aprés , en quoi elle consistera , et par qui elle sera
faite.. Il en sera de même des frais d'arrivée et
de ports de lettres adressées aux enfans. Ces trois
objets de dépenses exceptés , tout le reste de
l'entretien , comme livres , papier , etc. seront à
la charge de l'administration qui ne pourra rien
demander au-delà.
Il n'y aura aucune différence pour la nourri-
ture , l'entretien , l'habillement et l'instruction ,
entre les élevés 'aux frais du gouvernement , el
les pensionnaires aux frais dé leurs parens : ils
seront traites avec la plus parfaite égalité.
Admission des élevés et dès pensionnaires.
Aucun enfant ne pourra être admis en qualité
d'élevé du gouvernement , qu'il ne sache lire et
écrire , afin de pouvoir être appliqué de suite à
l'étude des langues. Les enfans subiront à cet
égard un examenle jour de leur arrivée , et ceux
d'entr'eux qui seront reconnus n'être pas assez ins-
truits surlesdeuxpoints ci-dessus ordonnès,seron:,
&u placés dans les écoiesètablies pour cetenseigne-
ment , ou laissés à leurs familles, pour n'être
admis qu'au remplacement prochain. Les parens
ne pourront prétendre toucher le prix de la place
destinée à leurs enfans.
> Il ne sera reçu , comme élevé du gouvernement
et comme pensionnaire , aucun enfant estropié ou
contrefait. Il sera pris , à l'égard de ceux qui
n'auront point eu la petite vérole , les mesures
et les précautions nécessaires pour leur prompte
inoculacion.
Pour l'ordre et la régularité des études , l'ad-
. mission , tant des élevés que des pensionnaires
ne se fera que deux fois par an , au i" vendé-
miaire et au 1'' germinal. 'Toutes les nominations
d'élevés , faites pendant le cours de l'année, n'au-
ront leur effet qu'à partir de ces époques.
Les familles seront obligées de pourvoir à la
première fourniture pour l'équipement et l'éta-
blissement de leurs enfans. Cette fourniture n'est
proprement qu'une avance , l'administration de-
. vant à son tour équiper complètement les élevés
et les.pensionuaires qui ta sortiront , leurs études
finies.
;. / .; \^ ' Des mattr£s en général. .. * ^ .■' .,
Le-ministre de l'intérieur aura toujours le droit
de changer et de remplacer ceux desdits maîtres
qui ne rempliraient pas leur devoir.
Il sera donné chaque année par le gouverne-
ment , des médailles de récompense, à ceux
desdits maîirçs dont les écoliers se seront le plus
distingués par leur conduite et leurs succès. Ces
médailles porteront pour légende ces mots : Prix
de bon instituteur. Le gouvernement se réserve
d'ailleurs d'encourager , par des récompenses
utiles et honorables, les directeurs et les maîtres
qui . par une, conduite soutenue, auront mérité
sa bienveillance.
Du directeur.
Le directeur est le chef du collège : iî veille à la
discipline générale , et maintient l'exécution des
règlemens : il entretiendra la bonne intelligence
entre les maîtres :1I' Veillera à ce que chjcun d'eux
se renferme dans ses fonctions et les remplisse
avec exactitude : il les aidera de ses conseils et
de son expérience , alîn qu'ils dirigent leurs élevés
avec sagesse.
Il inspectera les classes et tous les exercices
littéraires.
Il se concertera avec les professeurs el les con-
voquera pourdéterminerle plan intérieur d'études
dans les différens cours.
Il assurera l'ensemble et l'harmonie dans l'ins-
truction. ,
Il disiribueralesécolîersdans les diflfèrens cours,
de la manière la plus convenable pour assurer
leurs progrès.
Il surveillera l'assiduité des maîtres : il visitera
leurs salles d'étude , et s'assurera de la conduite
et des progrès de leurs écoliers.
Il veillera à la salubrité de l'établissement, à la
nourriture, à la santé des écoliers; il les' fera
soigner à l'infirmerie lorsqu'ils seront malades : il
veillera à ce qu'il ne leur manque ni attentions
ni soins. S'il appercevait des négligences sur ces
objets , il prendra des mesures convenables , et
s'adressera au ministre pour les faire cesser.
Le 9 de chaque décade , le matin , les profes-
seurs et les maîtres lui remettront une note sur
la conduite et le travail de leurs écolieis.
Le même jour , le soir , en présence des pro-
fesseurs , des muîtres et des écoliers rassemblés ,
il lira hautement ces notes , distribuera la louange
ou le blâme à ceux qui l'auront mérité , et , dans
un discours à-la-fois sévère et encourageant, il
retracera leurs devoirs à ceux qui s'en seront
écartés.
Il adressera tous les mois , au ministre de l'in-
térieur , le résumé de ces notes décadaires.
A l'aide de cçs notes, il rendra compte aux
parens , au moins deux fois par an , des progrès
et de la conduite des élevés.
Il adressera chaque année au ministre de l'inté-
rieur , un tableau exact de la situation de son
établissement , et des notes sur la conduite de
chacun des écoliers.
Des professeurs.
, Les professeurs enseigneroiu les sciences de
manière à faire de leurséleves des citoyens instruits
el utiles.
Ils s'appliqueront à faire dans le cours des
classes , toutes les observations morales qui ten-
dront à inspirer aux écoliers l'amour de la vertu ,
de la justice et de la patrie.
Ils exciteront l'émulation de tous ; ils don-
neront à tous des soins égaux ; ils maintiendront
dans leurs classes la discipline , le bon ordre et
le silence.
Ils exerceront les écoliers par des composi-
tions , et l'ordre des places , signé par eux , sera
remis aux directeurs ; ils feront une répétition
tous les mois.
Ils se concetteront avec le directeur qui les
convoquera pour tout ce qui concerne les com-
positions , l'examen et la dislribuiion des prix à
la fin de chaque année.
Des maîtres d'étude.
Les maîtres d'étude seconderont non -seule-
ment le travail littéraire des écoliers , mais ils
seront spécialement chargés , sous la surveil-
lance du directeur , de la moralité , delà con-
duite et de 1 éducation des élevés qui leur seront
confiés.
lis observeront les dispositions et les habitudes
des écoliers, se serviiont de cette connaissance
pour les diriger, et remettronl au directeur , le
9 de chaque décade , des notes sommaires qui
portent sur ces deux poins iruéressans.
Si quelques écoliers se montraient indociles ,
les maîtres en préviendront sur-le-champ le di-
recteur , qui prendra les mesures nécessaires pour
I ramener la subordinarion.
Ils veilleront avec soin à ce que chaque écolier
s'acquitte de tes devoirs. Ils les aideront de leurs
lumières et de leurs conseils , et se concerteront
à cet égard avec les professeurs.
Ils empêcheront que les écoliers ne se livrent à"
des lectures dangereuses ou'frivoles. ■■ . < .
Pendant les récréations qui auront .lieu dans les
cours, plusieurs maîtres seront lour-à-tour dési-
gnés par le directeur, pour concourir à la sur-
veillance des élevés.
Des élevés et des pensionnaires.
Les devoirs, des écoliers s'ont renler;iiés dans
ces mots : confiance , docilité , travail.
Ils n'opposeront jamais de résistance aux re--
présentations et aux ordres, de leurs maiires. Ils
seront exacts à se tendre à leurs' exercices et à
remplir tous leurs; devoirs. rl!s s'abstiendront de
toute dégradation dans .le luobilier et l'édifice de
l'établissement. " ■ ■ ■
Leur tenue sera simple, mais propre et dé-
cente ; ils 'porteront tous l'uniforme suivant i
savoir : habituellement un surtout , une veste et
uire culotte de drap bleu. Pour grand uniformej,
un habit de drap bicu , revers et paremens rou-
ges , doublure blanche , veste blanche de drap
ou de bazin , culotte de drap bleu , et des boutons
bl.incs sur lesquels seront écrits ces mots : tryttmée
franqais. Les élevés porteront les cheveux courts
et sans poudre.
- Il y aura promenade extérieure , lorsque le tems
le permettra , les décadis et les quintidis.
Nul élevé ne pourra sortir sans la permission
du directeur, qui ne l'accordera que sur la de-
mande des parens en personne '," dé leurs cor-
tespondans , ou d'un envoyé nommément de
leur part , qui sera chargé de raincner 1'* nfant.
Ces sorties ne pourront avoir lieu qu'une fois
par mois au plus. Nul élevé ne pourra sortir-,
s'il n'est revêtu de son uniforme. Nul écolier ne
peut découcher.
Des récompenses et punitions.
Il y aura tous les trois mois , dans chaque
classe , une composition particulière . indépen-
damment des autres qui pourront être ordonnée»
par les professeurs.
L'écolier qui se distinguera par sa bonne con-
duite et ses progrès , recevra , le 29 du troisième
mois de chaque trimestre , en présence de ses
camarades , une médaille de récompense.
Les noms de tous les écoliers qui obliendtonr
ces médailles , seront inscrits en grosses lettres ,
et placés dans un cadre , en un lieu apparent
de la classe : ils y resteront pendant tout le tri-
mestre.
Le directeur écrira aux pareils de ces écoliers ,
pour les instruire de leur bonne conduite .et de
leurs succès. '
Il y aura une distribution généraie de prix , à
la fin de chaque année scholastique.
Les noms de ceux qui les auront obtenus ,
seront inscrits en gros caractères et placés dans
un cadre qui sera suspendu toute l'année dans
la salle de distribution des prix el dans le ré-
fectoire.
Il y aura aussi des'prix pourla gymnastique,
pour laquelle il sera fait une instruction parti-
culière.
Indépendamment de ces récompenses annuelles,
le gouvernement se réserve de récompenser à la
fin de leurs' études, ceux des élevés qui , par
leurs succès constans, auront mérité de fixer son
attention.
Les fautes plus ou moins légères , mais pour
ainsi dire journaHeres , seront punies suivant les
circonstances qui les accompagneront , plus ou
moins sévèrement. "'
Les punitions pour ce genre de fautes , consis-
teront dans :
La privation des récréations que remplacera un
travail utile ;
Une place particulière au réfectoire avec pri-
vation ;
La privation des promen3des et des sorties par-
ticulières les jours de congé ;
La retenue les jours de congé , avec travail ex-
traordinaire.
Les punitions pour des fautes plus graves ,.sont
les arrêts.
Le ministre de l'intérieur a aussi arrêté un règle-
ment pour le collège de Compiegne dépendant
du Prytanée. Il diffère peu de celui dont nom
venons d'indiquer les dispositions essentielles. Le
nombre des élevés entretenus dans ce collège
sera de 3oo , mais provisoirement il ne sera que de
cent quarante à cent cinquante, qui seront pris
parmi les enfans composant la ci-devant école
de Liancourt. Le prix de la pension est fixé à
600 francs par an. Aucun enfant ne pourra être
admis au collège de Compiegne qu'il n'ait six
ans accomplis ; il sera attaché à l'établissement
le nombre de femmes qui sera jugé nécessaire
pour donner des "soins aux enfans. Les élevés
pourront être admis -è toutes les époques de
l'année.
Il y aura provisoirement à Compiegne , et
juiqu'.au léglcmeiii définiiif ,suc l'instruclion
l>ublique : ,..:..;' -. , ■
i". Trois maîtres d'école primaire . lesquels
enseigneront aux cnfans , à lire, à écrire,, à
chiffrer , et leur donneront les premières noli'.ins
à la perlée de leur âge et de leur iatcUigence.
Les enfans leur seront confiés en arrivant à
l'école , et ils ne pourront passer à une classe
supérieure, qu'autant qu'ils justiliirront qu'ils ont
acquis cette première insiiucùon.
2°. Trois professeurs de langue latine', fran-
çaise et grecque. Leurs cours dureroYil deux ans :
ils se concerteront, pour donner aux ehlans des
notions d'.irithmétique et de géographie duu
ordre plus relevé que celles qu'ils auront reçues
dans là première école. L'un d'eux pioltssera
alternativement les langues et la liitétalure, •
Le directeur veillera à l'exécution de cette,
tlisposiiiuri , et distribuera les leçons en con-
séquence.
3". L'n professeur de maihémaliques , qui don-
nera des leçons de cosmographie.
Il donnera alteinaiivement dt's leçons de phy-
sique expérimentale si le directeur juge que qiiei-
ques élevés peuvetu en recevoir.
4°. Un professeur de dessin.
Il sera sialué dans là suite sur l'enseignement
des langues vivantes.
Le directeur veillera à ce que les élevés s'exer-
cent à la course , à la natation , et à tons les mou-
vemcns qui peuvent développer leurs forces
physiques. Les élevés qui en auront la force ,
seront enrégimentés et classés par rang de
taille. Ils seront divisés par pelotons qui auront
leurs officiers et sous-officiers pris parmi eux.
Ces grades sont la récompense du travail et de
la bonne conduite.
C^iei tes mortels égaux l'or roinpU rt-quilîbre:
Le luxe, enfant de l'or, aaseivit l'uiiivera i
Mortel , qui que tu sojtk, tu serais encor libre
iSi l'or ne t'eût donné des fers.
Qtie Sert d'un vain métal l'indigente richeBjéf
L'or peut-il assouvir ,ou la soif ou la faim ?
Et vutit-on de Plijttup la brillante largesse
, CUasser les ombres du cliagrin ?
L'Ibcré' qui t'appelle en s'es plaines oisives ,
InHpleht' possesseur de son or vagabond ,
Quand, Ccrès çt Bacclius enriehissent nos riv.ca »
W'étalc qu'un luxe inlécond:
Trop pareil à ce roi c
Obtint de tout changer
De
l'avare imprli'denC*
métal précieux ,
de faim , il maudit l'abondance
trésors fallacieux.
L'or n^ qu'un vil éclat entre des mains avare
L'or n'a qu'un son frivole en de prodigttcs mai
Satisfait d'assouvir des caprices bizarres ,
Fait-il lé bonbcilr des humains ?
Cet or prendrait en vain les formes de Protée;
21 serait moins changeant que nos rapides vœu:
La soif de nos désirs, par lui-même irritée ,
Renait sans cesse de ses feux*.
Il est plus dévorant'que ,1a .triple, Ghim^ere;
Il déchire les cœurs dont il fut caressé ;
I)e3 coupes de FLuïus l'ivresse esc plus amere
(^le les breuvages de Circé.
POÉSIE.
Dans un de ses derniers numéros, ta Décade
Thilosoplàque a lait mention des liaisons que le
poëie Lebrun eut dans sa jeunesse avtc Louis
R;icine , et du bonheur qu'il eut d'être , en quel-
que sorte , élevé par lui dans l'art des vers , avec
son fils , jeune homme d'une grande espérance ,
qui périt dans le tremblement de terre de Lis-
bonne. Ces liaisons avec le fils et avec le père ,
sont consaciécs dans l'ode suivante ; que Lebrun
adressa à "son jeune ami , au moment où celui-ci
pariait pour 1 Espagne, et que la Décade Philoso-
phique vient de publier.
■ La marche neuve et hardie de cette ode, les
grandes et fortes vérités philosophiques dont elle
est remplie, et dont l'application est nïalheureu-
semeni de tous les leras , le cadre ingénieux où
elles sont placées , et les couleurs poétiques
dont elles sont revêtues , en font , selon nous ,
une des plus belles de ce grand poète lyrique.
Ce (jui n'eat pas peu surprenant , c est l'obscurité
constjnle où l'auteur l'a tenue ensevelie si long-
lems.Lamiiié l'avait inspirée, et il ne l'a cédée
qu'aux sollicitations de lamilié.
ODE
A MON AMI LE JEUNE RACINE;
Partant pour Cadix , et quittant les Muses
pour le Commerce.
Qpot ! tu fuis- les neuf sceurs pour l'aveugle fortune !
Tu quittes l'amitié qui pleure en t'embrassant!
Tujcours au bords lointains où Cadix voit Neptune
L'eniichir en la menaçant !
Suc les Ilots , où tu suis t» déesse volage ,
Puissent de longs regretyne point troubler ton cours !
les Muses , l'amitié , ces délices du sage ,
N'ont point d'infidèles retours.
Ton père nous guida tous deux sur le Parnasse :
Mos jeunes pas erraient dans les mêmes sentiers :
Nos jeunes cœurs , épris de TibuUe et d'Horace,
Aspiraient aux mêmes lauriers.
Quel doux soleil nous vit , pleins de tendres alarmes ,
Fleurer avecjunie et Monime , tes sœurs!
Infidèle a ton nom , infidèle à tes larmes ,
Quel bien te vaudra ces io
;'dont l'éclat
Or, poisonràdreù
Tpi senl guidas Ce
Et toi seul as souillé du sang de Montezumc
Le fer , vainqueur des mexicains.
Avant que ta présence eût inspiré ces crimes ,
Plutus , long-tems voisin de l'empire des morts ,
Sous des rochers épais , dans les flancs des abym
Avait recelé ses trésors.
Mais nos avides mains que l'avarice inspire ,
Et ce fer , qui devait n'ouvrir que les sillons,
De Cybele en courroux perçant le* vastç .empire ,
Pénètrent ces gouffres profonds.
Sous ses coups redoublés qui troublent son silence ,
Plutus de ses palais voit crouler les lam'bris :
Il se levé; il menace; il frémit; il s'élance
Du fond de ses riches débris.
Il voit, il voit son or, jadis inaccessessible ,
Tressaillir sous les pas" des avidfâ brigands.
De l'abyme étonné l'echo sombre et' terrible
Répéta ces cris menaçans :
Quoi ! vous osez , motleLi , jusqu'
' Enlever mes tréàors , et troubler mon séjour I
1 Vous osez , du Tartare ouvrant la nuit profc
I Montrer le Styx au dieu du jour !
, Mais que ne tente pas cette audace elTréuée ?
: Elle a percé l'Erebe ; el^e atteindra les' cicux
Ils la verront peut-être à l'Aigle consternée
Ravir les tonnerres des dieux.
Ah ! dans ces gouffres même , et sous vos
Entendez-vous mugfr le courroux des enfers,
Et du 5'tyx indigné tous les monstres livides
Remplir ces abymes ouvetrts ?
centre du .monde
Jedruieure; ettupa.»
î comme un tilleul paisibl
Qui borne «e, destins
\ de tians V illons ,
Qiiand le pin hasarde
ux fend la vajjue tenible
Et »';.bandonne a
ux aquilons.
n ton ayeul frémit au «ombre empire ,
(l'impatient des trésors du Btetis ,
on (liux espoir , sur un tréle navire ,
fte aux fureurs de Tllétis !
qui^eit mers franchit la borne antique,
cs.iltércr dans It» sources de l'or,
sillonner l'Océan Atlantique ,
(l'un Loupablc Uékor 1
les
Voy
La trahis
S'attache
De:
loirs soupçons , l'effroi , la pâle envie
nocturne , et les meurtres, sanglans
: cet or , et menacer la vie
ravisseurs insolens.
Oh .' que , mêlant vos pleurs à ces trésors funestes
Vous expierez un jour vos coupables larcins !
Jamais le feu ravi dans les foyers célestes
Ne fut si fatal .»ux humains.
Recevez dans cet or les dons de ma vengeance ,
Vous , riches des forfaits qu'enfantent les trésors î
Indigens de vertus , de mœurs et d'inaocence ,
Chargés de faste et de remords !
Vous qui dérobez l'or , que l'or soit vptre chaîne ! -
Qu'il soit la coupe affreuse où vous boirez les pleurs I
Tison de la discorde , et .flambeau de la haine,
Qu'il dévotç'ses ravisseurs ï-j : .
Oui, de maux, de forfaits j'inonderai là' terre :
Mes feux vont irriter la soif des conquérans;
J'étoufferai la paix ; j'allumerai la guerre ;
Je couronnerai les tyrans.
Il dit: et les comblant d'une affreuse largess».
Il ésare leurs pas i il aveugle leurs yeux :
Il leur souffle l'orgueil , la discorde et l'ivressç
Qu'exhale un or contagieux.
Les voilà ces bienfaits que Plutus même avoue !
O mortels I de ce dieu craignez les dons vengeurs ;
Et n'enviez jamais l'insensé qu'il dévoue
A ses implacablfs faveurs.
Le BhUN.
A U ; R B D A C T E c R.
' Annonay , 4' jour complémentaire de l'an 8.
CiTOvtN , la lettre sur la préférence qu'on doit
accorder à l orthographe de Voltaire , que vous avez
[ insérée dans le n". 338 du Moniteur , 28 fructidor ,
I an 8 , m'a fait rappeller que j'ai en mon pouvoir
j une lettre de 'Voltaire , écrite de sa main : elle ne
I se trouve dans aucune édition de ses oeuvres , pas
même dans ccHe de Kelh. J'ai cru que c'était le
momentdelatlonner au public. Je vous en envoie
une copie exacte et littéiale , pour que voua
veuilliez bien la faire paraître dans, votre Icuille.
J'y ai joint line courte note sur l'i rigouenient qua
Vohaire conçut pour les anglais , à certaine époque
de sa vie.
Je vous salue ,
Un de vos abonnés. '"
Extrait d'une lettre de Voltaire lorsqu'il était à Berlin.
I Je me sers , madame , des correspondans de»
I negocians de Berlin pour vous remeicier de la
! lettre <jae vous m'avez fait l'honneur de m'écrire.
Il y a long-tems que je compte votre nom et
celui d'un de vos amis p^rmy ceux qui tont
le plus d'honneur à notre siècle. La liberté de
petiscr est la vie de lame. Et il paraît qu'il^ n'y
a pas iaucoup d'ames plus vivantes qUe la vôtre.
C'est un grand malheur qu'il y ait si peu de
gens en France qui' imiient l'exemple des an-
glais vos voisins. On a été obligé d'adopter leur
physique, d'imiler leur sys'.éme de finance , de
construire les vihsaux selon leur méthode. Quand
les imiiera-t-on dans la noble liberté de donner
à l'esprit tout l'essor dont il est capable ( 1 ) ;
quand est-ce que les sots cesseront de pour-
suivre les sages ? On marche continuellement
à Paris entre des insectes littéraires qui bourdon-
nent contre quiconque s'élève, cl des chais-
huants qui voudraient dévorer quiconqiie le»
I éclaire. Heureux qui peut cultiver en paix les
lettres loin des bourdons et des chats-huanis.
Je suis sous la protection d'une aigle , mais
une mauvaise santé pire que tous les chagrins
attachez en France à la littérature, ra'ôte tout
mon bonheur. Ainsi tout est compensé. Je
serais trop heureux si la nature ne s'avisait
'■ pas de me persécuter autant que la lorluiie me
favorise. Si l'état de ma santé , madame , me
permet jamais de revoir la France , tan de mes
baux jours serait celuy où je pourrais vous as-
surer de mon respect , et dire, à votre amy tout
ce que la plus parf-iie estinae m'iuspueratt
pour vous et pour hiy. Petmetiez qu'en phijo-
sofe je, finisse sans, les complimeiis orditiaires et
sans signer, vous me reconnaùtcz assez par ceux
' qui vous feront tenir ma lettre. -, . .
Auxonne ( Côte-d'Or) ., le li vendémiaire.
Citoyen , j ai lu avec intérêt , dans l'une de
vos dernières feuilles , un article propre à vetiget
les chats des jugemens défavorables , portés jus-
ques-là contr'eux, et il faut croire, d après cet
article . qu'ils n'ont été mal jugés que parce
qu'ils n'ont point été soigneusement observés.
Je viens réclamer aussi une place, dans votre
journal , pour un fait propre à entrer dans l'his-
toire naturelle de la vache; fait sur lequel voua
pouvez compter comme s'il se fût passé sous vos
yeux ; je l'ai vérifié sur les lieux.
Daris le mois de pluviôse an 8, plusieurs ha-
biians des campagnes voisines d'Auxonne avaient
été attaquées par une louve affamée; une jeune
fille avait même péri sous sa dent meurtrière ,
lorsqu'un garçon d'cnviion 14 ans , qui devait
aussi être sa vic:ime , a été sauvé d'une manière
bien extraordinaire.
Ce petit garçon . nomttié Tourcault , gardait un
petit troupeau de vaches sur le territoire de Villers-
les-Pots , canton d'Auxonne. On sait que ces
animaux , mus par l'instiuct du rianger commua
dont les menace l'aspect d'un loup , se réunis-
sent et se serrent en une eSpecc de phalange cir-
culaire , de telle manière qu'en présentant à l'en-
nemi les armes que la nature a distribuées sur
leurs fronts , ils mettent à couvert la partie sans
défense qui offre le plus de prise. Cette tactique
naturelle, les vaches que gardait Fourcault , fu-
rent promptes à en faire usage à linyant où elles
apperçuretit la louve; mais ce n était point à elles'
que celte lotive en votilait : c'est sur le jeune
pâtre qu'elle se dirige ; c'est lui que sa gueule
menace ; c'est cet enfant qu'elle saisit , et
qu'elle secoue violeniraent comme pour le mettre
en pièces.
L'une des vaches se détache bientôt de la pha-
lange , court à la louve , et , en l'attaquant , par-
vient à lui faire lâcher sa proie. L'enfant, plein
de courage , profite de la lutte qui s'engage entre
son adversaire et sa libératrice pour se meure
(1 On sait que Voltaire , vers le milieu de sa carrie traire
avait fait quelque séjour à Londres, et qu'aigri des désagié-
mens qu'il avuit reçus à Paris «a patrie, il ne- perdait auctintf
occasion de louer les anglais aux dépens des français ; ce que
ses adversaires et ses délractcun lui reprochèrent souvent , ijvB
Nans quelque rav^ou*
en sûreté , s'il est possible pat la fuite. Cependant
la louve écarte la vache , et va se jeter encore sur
Fourcault qu'elle saisit et secoue comme la pre-
mière t'ois. La vache se pi^cipite de nouveau à
la défense de l'enfant, et harcelle tellement la
Ipuve que celle-ci est forcée delâchtr_ une se-
conde fois sa proie ; mais la vache bientôt re-
poussée , Fourcault était pour la troisième fois
sous la dent de la louve , lorsque deux habitans
de Villers-les-Pots surviennent à propos pour
achever l'œuvre de la vache bienfesante ; ils met-
tent en fuite la louve qu'une mort prochaine
attendait dans la forêt de Longcharap , et ils font
au jeune Fourcault une litière dé leurs bras ,
pour le transporter dans la chaumière de son
père.
Conduit de là au grand hospice civil d'Auxonne,
Eourcault , malgré plus de trente blessures , y
a reçu des secours administrés avec tarjt de
succès , qu'il est aujourd'hui parfaitement guéri.
Chacun ici a fjit son devoir ; mais la vache....
je supprime mes reflexions , citoyen rédacteur ;
ce sont les vôtres que je veux laisser au public
J« plaisir de lire.
Salut et fraternité.
Le premier adjoint au maire d'Auxonne.
Amanton.
Louviers , le 8 vendémiaire , an 9.
Le prix des belles laines d'Espagne , qui sont
la matière première du drap de Louviers , et
eh général tout ce qui entre dans sa fabrication ,
vient de subir une augmentation considérable.
Cette augmentation nous force à en mettre une
proportionnée sur tous les produits de noire ma-
nufacture. Les marchands en détail n'ont pu se ,
refuser à cet égard à l'évidence des faits, mais ils 1
ont paru désirer que nous les attestions nous-
mêmes au public d'une manière qui ne laissât ,
aucun doute sur leur vériié. Nous le fesons avec ■
plaisir. Nous souhaitons quenotre assertion assure j
la confiai^ce et prévienne les soupçons que l'irii- 1
posture et le charlatanisme ont si souvent éveillés.
Veuillez , citoyen , être l'organe de notre dé- I
claration , en insérant cette lettre dan» uu de vos |
prochains nuiiiéros. 1
Suivent dix - huit signatures des fabricans de
Louviers.
Réf exions sur la nécessité du rétablissement des
études de la jurisprudence romaine , par Guillon-
d'Assai , ancien jurisconsulte. Prix , 20 cent. ,
«t «5 cent, franc de port.
A Patis , chez Moutardier , impriitteur-libtaire ,
ouai des Augusiins , n° 28 ; Rondonneau , au
dépôt des lois , pbce du Carrousel ; la veuve
DùfreSne, au Palais de Justice.
L'auteur de cet écrit qui , renferme en ^eu
de mots des vérités nombreuses et utiles , s'est
proposé un but vers lequel il marche rapidement,
qu'il indique avec précision , dont il démontre
la nécessité en homme profondément versé dans
la matière qu'il traite. En rapportant quelques
traits qui servent au développement de son opi-
nion , nous ne le suivrons pas dans les citations
des autorités dont elle est appuyée. Elles sont
nombreuses , et toutes sont respectables.
Après avoir défini la justice, le premier de-
voir eomme le premier besoin de l'homme ,
l'auteur de l'écrit que nous annonçons , parle
•de l'utilité de l'étude des lois.
il Les sages de l'antiquité en ont fait, dit-il ,
leur plus importante occupation. Après avoir
emprunté des grecs les bases de leur législation ,
consignées dans cette fameuse loi des 12 tables ,
chef-d'oeuvre de profondeur et de précision ,
les romains ont peu-à-peu réduit en art les prin-
cipe» de la jurisprudence. Les plus grands hom-
mes de la république romaine y ont consacré
leurs veilles, et nous admirons encore les vestiges
de leurs écrits dans le corps du droit romain,
le plus bel' ouvrage, malgré ses imperfections,
qui »oit jamais sorti de la main des hommes ;
trésor de la raison humaine et du sens com-
mun °; système sublime de morale etdejuris-
ptwdence , sAns la connaissance duquel il est
tlhpsssible de se flatter de Jamais parvenir à
tné. parfaitement initié dam la science des lois,
letfueil sacré dont la consérvatiori- a fait dire
avec raison , que les romains , vaincus , anéantis
par les barbares , ont conservé , par leurs lois ,
un empire immortel sur leurs propres vainqueurs.
55 Ce n'est qu'à l'étude approfondie de ce droit.
n
que les nations modernes ont dfi leurs progrès [
dans la législation et dans la conduite des affaires, t
C'est par une élude constante et assidue de ce f
droit, fondé sur les premires notions de la justice
universelle , que les Grotius ont honoré la Hol-
lande ; les Covarruvias et les Vaaquez , 1 Espagne;
les PulendorEFet les Heineccîus, l'Allemagne ; les
Blackstone , l'Angleterre; que les l'Hôpital , les
Montholon , les Duprat , les Bodin , les Hotinan ,
les Cujas , les Godefroy , les Putn,oulin , les Mon-
tesquieu , les Secousse , lesCochin , les Dagues-
seau , les Domat , les Pothier , ont jeté un si
beau lustre sur notre France. C'est encore à l'éiiidè
du droit romain , que la plupart des hommes
instruits qui nqus resienl , doivent les connais-
sances précieuses qui les rendent capables de se
rendre utiles à la république dans l'ordre judi-
ciaire ou au barreau; nous dirons même dans l'ordre
politique, puisque ce droit renferme éminem-
ment tous les prinî^es du droit pris dans sa plus
grande latitude. 55 .,.
L'auteur examinant ici et les pertes que les
études ont faites. dans le cours orageux de la
révolution , remarque que les académies se réta-
blissent sous les titres d'institut, d'athénée, etc.
que les sociétés savantes , les lycées se reforment
de nouveau ; quç la création des écoles centrales ,
et sur-tout des des pryianées remplacent les uni-
versités ; mais il pense qu'il nous reste encore à
regretter l'enseignement des principes de la juris-
prudence.
A l'appui de celle idée , voici les raitonnemens
qu'il apporte.
u 1° La classe de législation dans l'institut na-
tional , suppose des hommes instruits , des savans
déjà formés; i" la méthode des professeurs de
législation dans les écoles centrales , présente une
instruction trés-philosophique sans doute , très-
savante ; mais çn général , faute de se reporter
directement aux premières bases de la jurispru-
dence dans les principes du droit romain , elle
ne nous paraît pas propre à former des juriscon-
sultes. D ailleurs la jurisprudence romaine exige
une instruction exclusive puisée dans les textes
originaux.
Les anciennes écoles de droit cflPraient des
abus ; mais ces abus , sur- tout depuis un
certain nombre d'années , provenaient beaucoup
plus de la négligence des étudians , et de la
facilité des professeurs, que de la méthode même
de renseignement , et l'on pouvait citer , avec
honneur, des universités où les éludes se fesaient
bien.
55 Quel inconvénienty aurait-il donc de rétablir
à cet égard les études sur le pied oti elles exis-
taient. toutefois avec les modifications que peu-
vent demander nos nouvelles institutions ? Ne
pourrait on pas, par exemple, créer dans les
écoles centrales , urip place de professeur spécia-
lement préposé à l'enseignement de la jurispru-
dence romaine ? El de même que l'on s y exerce
aussi bien sur les langues anciennes que sur les
langues moderiies , nous ne verrions rien qui
répugnât à nos moeurs , dans l'étude des sources
mêmes de ce droit , auquel nous sommes rede-
vables de tout ce qui , jusqu'à nos jours , a existé
de grands hommes dans la magistrature, et la
profession des lois. 15
L'auteur terniine par faire remarquer que l'or-
ganisation heureuse du nouvel ordrç judiciaire
en France semble déjà, avoir préparé les voies
au mode d'enseignement qu'il propose de ré-
tablir.
Nous ne pousserons pas plus loin cette ana-
lyse ; elle deviendrait presqu'égale en volume à
l'ouvrage lui-même. Le but que s'est proposé son
auteur, est dune-utilité réelle; mais pour ap-
précier sainement son système , il faudrait, nous
le croyons , savoir jusqu'à quel point les chaires
de législation dans les écoles centrales , peuvent
répandre la connaissance du droit romain.
La question reste toute entière, et le citoyen
Guillon-d'Assas ne nous semble pas l'avoir assez
approfondie ; il ijous paraît l'avoir tranchée ;
c était la discuter qu'il était nécessaire.
Nons saisissons cette occasion de réunir à
l'annonce d'un écrit estimable celle d'un éta-
blissement utile , aux fondateurs duquel on doit
une véritable reconnaissance.
Le citoyen Guillon d'Assas a constamment ac-
cueilli tians son fàbinet , rue Saint-Hyacinthe,
n° 683 , les citoyens indigens , et leur a donné
gratuitement ses conseils : quelques jurisconsultes
guidés par les mêmes principes de désintéres-
sement, le secondent aujourd'hui dans cette
honorable lâche; leur réunion a lieu les quin-
tidis de chaque décade depuis quatre jusqu'à
huit heures de l'après-midi.
Cette réunion rappelle et fait revivre les con-
sultations gratuites que l'ancien ordre des avocats
donnait à la bibliothèque commune. Ces confé-
rences utiles aux citoyens , peuvent lêire aussi
aux jeunes gens qui se disposent à entrer dans la
carrière du barreau , et sont dignes d'y entrer , à
raison de leurs bonnes mœurs , et de leurs dispo-
sidons naturelles. S
M u s I Q, u E.
Trabuction d'upe chanson provençale; à l'oc-
casion d'un navire entré dans le pprt de Fréjus,
le 17 vendémiaire an 8. Paroles du cit. Bouliers;
air du citoyen Garai, avec accompagnement de
piano.
Cette chansona été chantée, dans la fête donnée
au premier consul par le consul Combacérès, le
17 vendémiaire an 9.
Prix I franc «5 centimes.
A l'imprimerie du Conservatoire de' musique ,
rue du faubourg Poissonnière , n°. iSz.
LIVRES DIVERS.
Géographie élémentaire à l'usage des collèges,
avec des cartes et un précis de la sphère ; par Fr.
Robert, géographe , de l'institut de Bologne ,.
membre de l'académie des sciences et belles-
lettres de Berlin ; nouvelle édition , suivie des
nouvelles divisions de la France en préfectures el
sous-préfectures , etc. 1 vol. in-12.
A Paris , chez Genêts , libraire , rue Tliion-
ville ,n°5 , près le Po.it-Neuf; Charles Pougens ,
impr.-lib. , quai Voltaire , n° 10.
Prix , I fr. §0 c. , et franc de port , î fr. 40 c. ••
relié en parchemin, pour Paris , 2 fr.
On trouve chez les mêmes libraires les Principes
élémentaires d'orthogrttphefraiiçaise , parFréville,
I vol. in-8°. Prix , 3 fr. , franc de port , 4 fr.
Avec le jeu composé de 200 fiches gravées en
taille-douce , 4 fr. pour Paris.
L'ami de- la Nature , ou choix d'observations
sur divers objets de la nature et de l'art , suivi
d'un catalogue de tous les animaux qui se
trouvent actuellement dans la ménagerie; par
G. Toscan , bibliothécaire du Muséum d'histoire
naturelle ; avec deux gravures et cette épigraphe :
«1 Pour moi qui , dans l'état de la nalune ,
)5 n'ai d'autre objet que d'y trouver plus de
55 motifs pour l'aimer, c'est à la faire ai-
55 mer que je veux destiner mes recher-
)5 ches. (Vues générales , pag. i3.) 5>
Prix , 3 francs , et franc de port, 4 francs.
A Paris, de l'imprimerie de Crapelet , chez
l'auteur , rue de Seine , n° 12 , près le Jardin des
Plantes , et chez les principaux libraires de Paris.
COURSDU CHANGE.
Bourse du ^i vendemiairi
Rente provisoire 2s fr. 75 c.
Tiers consolidé 36 fr. 38 c.
Bons deux tiers. 1 fr. 71 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 gi l'r. 3o c.
Syndicat 80 fr.
Coupures'. Si fr. 5o c.
Act.de 5o fr. de la caisse des rentiers. aS fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republk^^ue et des Arts
Le 25, Iphigénie en Aulide , &\ùv. du ballet de
Télémaque.
Théâtre de la rue Feydeau. Demain 24 ,
la i'" repr. de TJméo ., opéra en trois actes.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Honorine, et
Comment faire ?
Théâtre de LA Cité-Variétés. — Pantomimes.
Dem. la 1"=' repr. de Canardin ou k-Quai de ta
volaille , comédie du gros génie , mêlée de vaud. ,
terra, par une ronde grotesque.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Roméo et Juliette , opéra , suivi de la Re-
vanche forcée.
erratum.
Dans le numéro d'hier, article Paris, au-lies
de ces mots , on écrit de Naples , lisez : on écrit
deBâle.
L'abonnement se fait à Paris rue des Poitevins, n' 18. Le prix est de s5 francs pour tr»i5 oioit , 5o fiants pour 6 mois, et 100 francs pour l'année entière. Ounes'abenne
•g'au commcncemeni. de chaque mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port , au cit. Ag AS.S b, propriétaire de « journal , ia« des Poitevins , n* 18. Il faut comprendre dïiDJ les envois le port des
«ays ou l'on ne peut affranchir. Les lettres desdépartemensnon affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valems, et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue de»
F«itevias,a" i3,dcpui jncuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soit.
A Paris, de l'imprimeùe du c'u. A^asM, propriétaire du Moniteur, rue des^Poitevins, n' i3.
GAZETTE NATIONALE où LE MONITEUR UNIVERSEL
M° 24-
(hiaTtidi , 24 vmdetniaire an 9 de la république française , une et indlvisibU.
:iiUf yh .■•..,^
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du ■ 7 Nivôse le MoNiTE u U esc le ie<4i,jou'nai o£ici'e/. ' ' *
Ilcontientlesséancesdes àutoricés consthuées, lès actes du gouyernem,ç9i,,ies'iwi,ivel!es'd^^ armées, ainsi ■tjué l«s faits et les noriofit tant ic
l'intérieur que sur Textérieur, fournis par les correspondances niinistérièlles^
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
Avii aux souscripteurs.
Nous invitons les souscripteurs dont l'abonne-
ment expire à la fin du mois , à le renouveller
proraptement pour qu'il n'y ait point d'interrup-
tion dans leur service. Nous profitons de cette
circonstance pour les engager â adresser direc-
tement à notre bureau , rue des Poitevins, n" 18 ,
les fonds et leufs demandes , parce que ce n'est
que sur les quittances qui y sont délivrées que
nous sommes responsables des négligences ou
des erreurs à leur préjudice. H. Agasse.
N TE R I EU
Paris, le ^3 vendémiaire.
R.
On éerit de Dinan , en date du 'Ï6 vendenjiaire :
Le 14 de ce mois , à !a pointe du jour , tous les
habitans de cette ville ont été rcveillés par un
orage tel , qu'on n'en a pas ressenti depuis long-
tems dans ces contrées, et qui m'a paru aussi fort
que celui qui ravagea les environs de Paris en
rêté du préfet ^uxtnt proclamés artrr^olenniié .
et accueillis avec transport.
Le sous-préfet arrête aussitôt une fête en l'hon-
tieur de la paix ; le 10 vendemifire est le iour
désigne. ■ f .
La veille , el à l'aurore naissante de. ce jeur , le»
boites , le canon retentissent cl annoncent aux
communes enviionnanles . qu'il est un grand évé-
nement. Pous s'en instruire , les citoyens viennent
en toule au chei-iieu ; là , ils trouvent 1 arbre de
E X T E RIE U R.
ARMÉE D'ITALIE.
Copie du rapport des opérations de laile droite
de l'armée d Italie , fait au général m chef
Brune par le lieutenant- général Dupont , le 3 ven-
démiaire , an g.
X-je corps de troupes commandé parle général
Pino , ayant évacué la ligne du Rubicon pour
se réunir à Bologne , les brigands organisés dans
le Ferrarois et la Toscane , ont cru ce moment
favorable pour se jeter dans la Romagne et y
commettre impunément les excès auxquels ils se
livrent par-tout cù ils pénètrent ; ils ont envahi
]a plus grande partie de ce lerriioire , ei se sont
avancés jusqu'à Imola , coupant sur leur passage
les arbres de liberté . renversant les autorités po-
pulaires et exerçant le pillage le plus elFréné.
Pour les surprendre au milieu de leurs incur-
sions , j'ai chargé le général Monnier de faire
porter sur Fotli la 2' demi-brigade cisalpine ,
avec un corps de troupes légères , tiré du 14'
hussards et 4' régiment de chasseurs. Le général
de division Pino , qui a commandé cette expé-
dition , est arrivé le 4 complémentaire à Faenza ,
d'après les instructions du général Monnier, après
svoir chassé devant lui les brigands qui s'étaient
déjà emparés d Imola. ^is se sont alois divisés
en plusieurs bandes; lune s'est repliée sur Fer-
lare , une autre sur Ravenne, et la troisième par
la route d'Arezzo. Le général a formé ses troupes
en trois colonnes pour se mettre à leur pour-
jsuiie. Les brigands, qui se repliaient sur le Fer-
rarois , ont éié atteints du côté de Lugo , par une
de ses colonnes que commandait le ch;;f de bri-
gade Ferrand ; la terreur s'est emparée. d'eux après
un léger combat , ils se sont dispersés , et peu
d'entre eux ont échappé au carnage qu'on a fait
de cette bande.
Le 5' complémentaire , la co'onne française ,
dirigée sur Ravenne , y a trouvé les brigands qui
s'y sont mis en éiat de résister , mais leur défense
n'a pas éié longue. Les chasseurs du 4= régiment ,
commandés parle chef de brigade Yam , s'étant
précipités sur eux , ont emporté la place à la
charge , et tout ce qui a été trouvé les armes à
la main , a été exterminé.
Le même jour un détachement de grenadiers
a enveloppé , dans leur fuite , les brigands qui
se sauvaient du côlé de lAppennin. Celte troi-
sième bande a éprouvé le même sort que les deux
autres , et ses faibles débris se sont jeués dans
les gorges des montagnes.
Les citoyens Pagnon , lieutenant, et Etienne,
marécliai-des-logis au 4' régiment de chasseurs,
ainsi que le ciioyen Come , adjudant-major ,
ont montré une grande bravoure à laffaire de
RaVenne. Au moment où Bologne s'est trouvé
menacé d'une invasion , la garde nationale a
montré une grande fermeté ; elle a sur-le-champ
formé une colonne mobile , pour agir de con-
cert avec les troupes françaises et cisalpines. Je
lui ai lait présent de six pièces de canon , et
sa bravoure répowd du glorieux usage qu'elle
en fera dans 1 occasion contre nos ennemis
C')mmun>.
Je dois di.s éloges aux troupes cisalpines, qui
ont été employées dans cette expédition ; elles ont
rivalisé d'activiié et d'audace avee les troujjes
françaises. Le général Piuo a rendu en cette
occasion des services importans à l'armée fran-
çaise tt à la république cisalpine.
Signé, le lieutenant ■ général , Dupont.
Po.ur copie conlonnc ,
Le ministre de la guerre , ti^né , Lacuée.
quelques coup
de tonnerre fort éloignés , et qu'on entendait fai
blcment , a fait croire que l'orage serait de peu
de conséquence , lorsque vers les cinq heures 45
minutes , un coup affreux a éclaté avec un bruit
épouvantable, dont il est impossible de donner
A dix heures . les autorités civiles et militaires
précédées d'une nombreuse musique , se rendent
à faibre delahberié, et de là au temple déca-
daire, où déjà était un concours nombreux de
citoyens de tout sexe et de tout âge.
didée. La commotion a causé un éb;anlement I La notification de la paix , le discours par lequel
général dans toutes les maisons , où tous les lits ' '^ sous-préfet célébra tour-à-tour, et le bieufai-
onl été balancés d'une manière très-sensibre , qui I ^^"J ' Ç' '^ grandeur du bienfait , les hynui
a même fait craindie que ce fût un tremblement ' ""'" — ' ' ' " '
de lerre. •
du
Huit à dix minutes s'étaient écoulées , et chacun ,
persuadé que le tonnerre était tombé quelque pan,
commençait à revenir de sa surprise , lorsqu'un
second coup, exactement semblable a.u premier ,
a causé les mêmes effets el le même effroi.
Alors, je l'avoue, j'ai craint qu'il lût airivé quel-
que raslheur, et je ne me trompais pas : là foudre
a frappé deux fois le clocher et la nef d'une de
nos églises , causé des dommages'considérables ,
et mis le feu au troisième dôme de ce clocher
( élevé de plus de cent soixante pieds. La conster-
nation a été extrême , et chacun déplorait d'avance
la perte de ce bel édifice , lorsque je courage de
deux hommes seulement a fait cesser toutes les
craintes , et sauvé noue viU* d'un incendie dont
les suites eussent pu êire incalculables. Ces deux
hommes , nommés René Fijud et Gilles Macé ,
couvreurs de profession . ont au moins égulé le
courage des plus hardis pompiers de Paris. Ils
sont parvenus , en grimpant le long des char-
pentes , au lieu de l'incendie , et là , oubliant qu'un
abîme était sous leurs pas , ils sont passés sur le
toit du clocher , où , placés sur une corniche de 1
SIX pouces , e cramponne- d une main aux ar- feu de joie, les chants et la danse prolongés avec
doises , ils ont travaille de lautre aVeciânt dar- décence jusqu'à minuit'.: ■''■' ' '^^ ' ' "
la
paix, irnproviiécs , inspirèrent un nouvel enthou-
siasme qui éclala par ces acclamations plusieurs
f0!S répétées ': Vive la républjquc! vive Bonaparte!
A deux heures ,tous les membres des autorité»
constituées du chef-lieu , plusieurs maires et juçcs
de paix de l'arrondissement , invités' par le sous-
préfet , se réunirent pour un banquet civique ; les
convives , également unis par le sentiment d une
affection respective et i>ar la joie générale , por-
tèrent ces toasts :
Le sous-préfet: A luuicn des œurs ! e\]e seule
peut ajouter au bonheur que promet la pai-x.
Le maire : Au héros de la Franse,, m.pacifctttiUT
monde ! puibse-t-il être tanjoufSjoniagnaaime ,
toujours lui-même. . , ,
Jubié .fils aîné : A la. république! au geu-verne-
ro«n(.' puissent ses principes être la régie du monde
entier.
Chabert : A notre digne sous-préfet !
A huit heures du soir, la ville fut illumin^ç
avec un luxe et une profusion qui annor^ç.iienl
que les «œars étaient au plus haut degré d^'txal-
tation.' ' ■ V '
Enfin , â dix heures du soir , commencèrent un
deur, qu'ils sont parvenus à éteindre entièrement
le feu.
Je meplais, citoyen, â vous raconter cesdétails.
Car le zcle de ces hommes est tel , qu'ils méritent
les plus grands éloges. Je crois même qu'ils auraient
droit à une récompense nationale , si le gouver-
nement était instruit du dévoûment sublime , avec
lequel ils ont bravé d'aussi grands dangers que
ceux qui les menaçaient , pour sauver leur ville
d'un désastre qui eût été irréparable.
Outre le feu allumé au clocher, la foudre a
commis beaucoup d'autres dégâts ; des pierres
jje taille, d un poids énorme . ont éié lancées de
plu.s de cent pieds , à travers la couvertu:e et les
lambris , dans l'église ; d'autres dans des maisons
voisines ; la maçonnerie intérieure et extéiieure
du clocher a été endommagée ; enfin , un superbe
autel , le seul de notre ville qni eût échappé à la
rage des démolisseurs de 179 j, a été aussi dégradé
en plusieurs endroits ; un clirist , qui le surmon-
tait, a été atteint par le tonnerre, et a eu une
jambe emportée.
Ces dégradations nouvelles et inattendues ont
fait d'autant plus de sensation ici , que celte église ,
accordée ily a peu de jours aux catholiques , avait
été déjà réparée en partie , et qu'elle n'était ouverte
que de la veilICr Un grand nombre d'ouvriers a
offert de travailler plusieurs jours g^rai». Déjà on
apperçoit à peine les traces de la tondre.
— On annonce que dans le département delà
Seine-Inférieure on a trouvé une carrière de
marbre couleur orange pâle., et légèrement her-
borisé. On assure que la qualité de ce marbre est
-très-belle. (Gazette de France.}
— La notification des préliminaires de la paix
parvint , par un Courier extraordinaire , au sous-
préfet de Saint-Marcellin , département de 1 Isère,
le 6 vendémiaire , à onze heures du soir.
A l'instant , des salves d'artillerie furent ordon-
nées par ce migisirat , et le lendemain , à sept
heures , la notification du premier consul , et l'ar-
, — Le citoyen Maignant, instituteur , a adressé
la lettre suivante aux citoyens, administrateur»
jde la commune de Rennes.
Citoyen préfet et autorités constitués , en par-
tageant les vifs sentimens d'allégresse qui vous
animent dans ce jour du i^' vendémiaire , le
citoyen Maignant, irjstituteur el chef d'une mai-
son d'éducation à Rennes, ne croit pas mieux
manifester les siens, et célébrer plus dignement
celte fêle à jamais mémorable pour lous les
vrais patriotes . qu'en vous priant d'agéer , et de
vouloir bien faire agréer par le gouvernement,
l'offre de créer des places gratuites dans son
institution, pour huit pauvres enfant , fils de
défenseurs de la patrie, morts au champ d'hon-
neur, en combattant pour la liberté. Ainsi,
citoyen préfet et autorités constituées, si vous en
connaissez dans la détresse ou dans un état peu
aisé , un seul mot de vous ( comme étant l'oroan*
du gouvernement) , lui suffira pour se dévouer
de tout son cœur à les instruire dans les con-
naissances de première nécessité , etc. Il s'effor-
cerade leur inspirer des vertus, des moeurs , et d*
leur faire acquérir des lalens, !ifin de les mettre dan%
le cas démarcher sur les traces de leurs pères ,
en se dévouant entièrement pour la patrie, et
se rendre digne par-là de ses récompt.nses , au-
tant par leursvertus que par leurs connaissances.
Il vous prie, en acceptant l'offie de ses \ œnx
et l'assurance de son respect ,- de vouloir bie4
aussi être auprès du gouvernement l'inierprêle
de son dévouement le plus inviolable à la ré-
publique, à ses concitoyens, et à vous en par^-
ticulier. '
L'administration a arrêté l'inscription de cette
lettre au registre de la commune , cl l'a fait
publier dans le Journal du département du Nord-
Ouest.
— Le CitO)en français rapporte le fait suivant:
a Un .jeune étranger se présente dans un
«ntjlrpii; {)ub;ic avec un chien que l'on refuse
«le laisser entier. L'éuangtr met sjn chien au
corps-tle-garde et passe.' A peinfe -'est- if dans la
pronacnade <jue sa montre lui es: volée. Il
retourne au coiius-cle-gaide pour iaire sa ué-
claraiion , et dit au sergent que s'il veut liii
permettre de. rentrer cvec son cliien , il reiiou-
vera le voleur. On le lui peimei. Le maître in-
dique par ses gestes ce qu'il a perdu. Le chien
se met en quête , et s'attache au voleur ., qui ,
touillé , est bientôt convaincu ; mais il se trou-
vait plusieuis autres montres dans sa poche.
L'irisiinct du chien n'est point pour cela en
défaut ; il choisit parmi les six montres celle
de son maître et la lui rapporte.
MINISTERE DE LA J?OLICE GÉNÉRALE.
La ville de Bordeaux continue à. jouir de la
plus grande tranquillité. Plusieurs circonstances
ont fourni l'occasion d'y reconnaître l'améliora-
tion de l'esprit public. La fête de la république;
celle de la translation des restes de Michel
Montaig'ie; la réception de D. Chesy ., chargé
d'offrir au premier consul les chevaux dont le
roi d'Espagne lui tait présent; la nouvelle de la
prolongation de l'afraislice : les discours adressés
par le premier consul aux envoyés des départe-
mens , ont donné lieu à la manifestation des
bons sentimens qui animent la grande majorité
des habitans de cette intéressante ville : et les
espagnols , nos fidèles alliés , ont pu juger de
l'enihousiasm.e et de l'amour des bordelais pour
le gouvernement.
Les journaux secondent parfaitement les vvies
des magistrats , en prêchant le calme , l'union ,
et l'oubli des erreurs passées.
Les approvisionnemens de toiit genre sont
assurés , et les travaux relatifs à la salubrité , la
propreté , et aux embellissemens que permettent
les ressources de la commune , se poursuivent
avec activité.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris le 23 .vendémiaire an g de. la république
française , une et iîidivisible. ■
0 R D s,E aux Italiens réfugiés.
■y u l'arrêté des consuls en date .du 14 floréal
an 8 , ponarit 1° que tous les italiens réfugiés
en France pour suite de l'invasion de lltalie ,
parles armées impériales, se rendront à Bourg ,
départe-ment de l'Ain ; 2° que les femmes , les
enfans et les hommes , âgés de plus de 60 ans ,
sont exceptés de cette disposition ;
Vu la lettre du ministre de la police générale
au préfet de police de Paris , en date du 4 fruc-
tidor an 8 , portant que tous permis de résider
obtenus par plusieurs italiens réfugiés anlérieu-
remeiit à l'époque du 14 floréal an 8, se trouvent
annullés de droit par la promulgation de l'arrêté
des consuls ;
Il es; enjoint à tous les italiens réfugiés qui
ne sont pas compris dans les exceptions de
l'anicle II dudiiairêté, ou qui n'ont pas obtenu
d exemptions du ministre de la police générale ,
;r.-ii' L-uieraent au 14 floréal an 8 , de se pré-
ie suite à la préfecture de police , où ils
NCia délivré les passeports nécessaires pour se
u idie a Milan.
Ceux qui ne se conformeront pas au présent
ordre , seront arrêtés et conduits de brigade en
bligade hors du territoire de la république
française.
Le préfet de police , signé Dubois.
Dans le raprochement que nous avons pré-
«enlé des diverses circonstances, qui dans plu-
sieurs départemens ont rendu la fête du i^"^ ven-
démiaire particulièrement remarquable , nous
avons eu occasion de dire que par-tout la pr<5-
clamatioti du nom du département des Vosges
avait été entendue avec un sentiment de recon-
naissance joint à l'idée d'une noble émulation ;
i'il est cependant un dépariemcnt oii cette pro-
clamation a dû produire l'effet qu'on deVait
s'en promettre , c'est-à-dire , encourager par une
digne récompense., sans doute ce dût être celui
même qui avait obtenu par son zèle et ses sa-
crifices une si honorable distinction. Le préfet
de ce département , le citoyen Desgouttes , s'est
emparé d'une circonstance si bien faite pour
jetter de l'intérêt sur le discours qu'il devait pro-
noncer ; Voici le passage dans lequel élevant
aux yeux de ses concitoyens la palme qui leur
était décernée ,. il semble leur indiquer qu'il est
de leur honneur de la mériter toujours.
«t Tout nous présage , a-t-il dit, que nous
verrons , à la prochaine fête de la république ,
.ce que tous les répubUcains ont tant de plaisir
à se promettre , et qu'alors nous recueillerons
déjà le fruit de nos efforts et de nos sacrifices
■Les finances sagciiient restaurée
90
I
devenues plus faciles , line foule de bras retidtjl
à 'i'agriculiure , la rVie'ndicité remplacée par \<i
aavail, le commerce rétabli sur ses bases, les
luanufacluiES acliyées, les ans lendus àleui écl^l
Itt les sciences à l'eur utilité tuiélaïre : tels seront
les premiers bienfaits de la paix. ~
1» Pour obtenir un .si heureux résultat v secon-
dons, citoyens, les vues paternelles du gou-
verneraenl. Tous ses vœux ; tous ses soins ten-
dent à assurer le bonheur de la France : con-
courons donc à un si généreux dessein , par
notre union, par notre confiance inaltérable dans
sa sagesse , par notre exactitude à nous sou-
mettre aux lois, et à les. faire exécuter , enfin
par notre zèle et notre empressement à faire
les sacrifices quipeuveni servir à accroître lagloire
et la prospérité de la république , et à affermir la
liberté nationale.
M 'Etqui de vous , citoyens, pourrait trouver
pénibles les sacrifices que la patrie exige , lors-
qu'ils sont récompensés d'une manière aussi
, honorable qu'ils viennent de l'être par le gou-
vernement? qui de vous ne sent redoubler son
dévouement à la cause de la liberié , envoyant
une des principales places de Paris devenir un
monument de la reconnaissance nationale envers
ce département ? qui de vous enfin ne trouve
glorieux dç pouvoir dire : et moi aussi je suis du
déparlement des Fos^w ! et moi aussi fai parti-
cipé à ses généreux efforts pour assurer l'indépendance
de la patrie ! Sans doute , la proclamation que
l'on fait aujouid'hui de votre nom dans toute
l'étendue de la république, va exciter une noble
émulation dans le cœur de tous les français ;
sans doute que les autres départemens , jaloux
du nouvel exemple de patriotisme que vous leur
donnez en acquitant les premiers vos contributions,
et en effectuant avec zèle votre levée de cons-
crits , malgré le peu de richesse de votre sol
et les nombreux haiaillons que vous avez fournis
depuis le commencement de la guerre de la
liberié, vont redoubler d'efforts pour vous sur-
passer à leur tour dans ce grand concours de
sacrifices. Mais , habitans des Vosges , vous ne
le souffrirez pas ; vous saurez mériter de plus
en plus l'honorable distinction que. vous venez
d'obtenir , et l'on dira toujours: cest le départe-
ment des Vosges qui a le plus contribué à l'éia-
blissement de la republique, j)
phalanges qui se répandaient naguère «n totrens
et qui menaçaient d'un facile envahissement les
états voisins , étaient réduites à défrndre nos fron —
tieres contre des étrangers arrivés des bords de la
Neva , dont la présence serait révc.quée en doute ,
si elle n'était attestée par leur défaite.
)> Les puissances ennemies étaient persuadée*
que l'heure de la république avait enfin sonné-
Déjà elles disputaient entr'elles sur la manière
d'élever au milieu de nous un fau'.ôme de roi
qu'elles tiendraient enchaîné, er au nom duquel
elles enchaîneraient la nation elle-même. Leurs
alliés de l'intérieur applaudissaient à ce projet,
impie, et traitaient d'avance avec une. pitié perfide
les amis de la république.
1» Ils demandaient alors à quoi avaient servi à
la France tant de conceptions si décriées , tant de
réputations évanouies . tant de victoires inutiles ,
et comment la république serait défendue av.«c
ses- législateurs , ses directeurs, ses géiréraux qui
savaient encore rn(;uirir , mais qui ne savaient plut
vaincre ?
j) Le 18 brumaire a répondu.
)> La patrie avait jeté un cri d'alarme , et ce cri
avait retenti auJ quatre coins du monde. Ses ami»
accourent, s'entendent , se serrent. Le génie , la
vertu , la valeur s'embrassent et conjurent le salut
de la république. >)....
( Ici l'oratelir trace avec la même rapidité le
tableau des avantages que le peuple français a
déjà reconnu dfevoir à celte journée mémo-
rable. )
!> Mais , ajoute-t-il , il est un genre de bienfait
plus relevé peut-être , qu'il n'a été donné encore
à personne d'exercer envers un peuple sortant
d'une révolution , et que le gouvernement vient
de nous rendre.
51 Les tempêtes que la liberié soulevé ont aussi
leur te rme. Les troubles , les agitations , les guerres
intestines , la fureur des partis , fatiguent à la
longue les peuples qui s'y livrent. Lorsque les
hommes lesplus intrépides ont péri parles combats
ou par les proscriptions, que d'autres ont reculé-
devant le sang qui inondait la carrière , et que
tous soupirent après les douceurs du repos, il
n'est pas rare qu il se présente un homme habile
qui applique à son profit cette disposition des
esprits , qui s'empare insensiblement de tout ,
Le préfet des Basses-Pyrenées, le citoyen Gui- j lorsqu'on ne lui avait rien accordé, et qui place
nebaud , dans un passage remarquable de son
discours , a eu l'art de tracer en véritable répu-
blicain , et le tableau des abus de la monarchie ,
et l'éloge de detix monarques.
'1 Quinze siècles d'une domination hérédiiai'e ,
a-t-il dit, avaient déjà pesé sur les Français..,
Le peuple opprimé par ses rois, écrasé .par les
grands , passart comme un vil héiitage des mains
inhabiles d'un roi sanï mérite -, aux mains d un
prince que le hasard aveugle destinait à régner.
Le caprice, l'insouciance ou l'intrigue s'empa-
raient du timon de l'état et présidaient à ses des-
tinées. Des distinctions barbares , l'odieuse féo-
dalité fesaieni la base du gouvernement; des lois
sans force , l'impuniié accordée à telle ou telle
caste , des coutumes bizarres , formant autant de
codes que de provinces, telle était l'essence du
pouvoir judiciaire.
>> Auguste vérité! tu ne permettras pas que la
postérité confonde avec la foule des monarques ,
le petit nombre de rois qui veillèrent au bonheur
du peuple. L'histoire , en flétrissant ceux-ci , saura
respecter la mémoire des Louis XII et des Henri,
et placer leurs noms parmi ceux des grands hom-
mes qui furent utiles à la patrie. 9)
A Rouen , la fête de la république a été remar-
quable par l'hommage que le préfet , du départe-
ment, le citoyen Beugnot, s'est plû à rendre au
zèle, et au dévouement des habitans et des magis-
trats , par le témoignage de satisfaction , donné à
la garde nationale , par le général commandant
la i5' division militaire ; et suitout par la manière
éloquente- avec laquelle le préfet a entretenu les
citoyens du grand objet pour lequel ils étaient
réunis. Il avait à parler de nos revers passagers ;
c'est dans les termes suivans qu il dépeint l'état
oii la France se trouvait alors.
li Le gouvernement était tombé entre les mains
d'hommes, qui ne savaient ni le garder ni le
quitter, et qui, incertains dans leur marche et
inquiets Sur leur existence, perdaient à calculer
leurs dangers persotinéls , le tems et les moyens
qu'ils avaient de conjurer ceux de la république.
" Une faction audacieuse avait encore une fois
asservi le corps législatif.
Il La victoire ne trouvait plus sa place entrp
cet assemblage monstrueux d'une faction légis-
lative et d'un gouvernement corrompu. Nos sol-
dats n'avaient pas cessé d'être braves , nos géné-
rauxd'être habiles. L'armée était encore elle-même;
mais soumise à des déterminations absurdes ou
coupables, elle ne pouvait plus qu'illustrer ses
,. , .-,„■,, '^ f^"" ^' '«( disgrâces, et étonner par de mémorables retraites
desespoir écartes, de I asile des nombreux créan- j l'Europe qu'elle avait asservie par ses victoires. A
cic» de leiat., les' communicauoas intérieures la bgnte étcrnellg d« ce gouverneraent, ces mêmes
soiL usurpation sous la protection de quelques
lois sages , de quelques actes mémorables de clé-
mence ou de justice . et surtout de ce repoi
public devenu le premier des besoins.
)i Le tyran ne manque pas d'appeiler à soa
secours' les lettres et les arts : les lettres pour
achever de corrompre le peuple par d'ingénieuse»
flatteries , les arts pour consacrer des passion*
honteuses ou amuser la multitude par des inuti-
lités superbes.
il Le gouvernement français donne au monde
l'exemple contraire. Il a fait tourner tout entier
au profit de la liberté , le grand pouvoir qu'il a
reçu du peuple et de la constitution. Il a com-
batiu ceux-là surtout qui osaient se présenter à
l'esclavage , et c'est avec eux seulement qu'il ne
fera jamais la paix. Vous l'avez, eniendu provo-
quer un code civil , non pour offrir une compen-
sation à la perle de la liberié politique , mais pour
que ce code serve d'appui aux lois constitution-
Tielles , et qu'il en fasse descendre la protection
jusques dans les détails destransactionsordinairea.
Loin de chercher à éteindre le sentiment de la
liberté , il l'a réveillé dans toutes les âmes ; loin
d'en diminuer les atiraits , il les a relevés à tous
les yeux , en la montrant avec ses véritables attri-
buts , appuyée sur la jusdce et sur l'humanité ,
environnée de ces vertus mâles et fieres qui sem-
blent élever l'homme au-dessus de lui-même.
)' Le gouvernement a appelé les lettres et les
arts: les lettres pour leur confier le soin d'éclairer
les peuples sur leurs droits et sur leurs devoirs.
Il ne s'en est pas servi pour reproduire d anciennes
images , rappeler d'anciens souvenirs , et pour
provoquer des regrets et des vœux peut-être ,
mais il leur a imprimé l'essor qui les porte vers
des beautés et des vérités nouvelles.
51 S il confie à la sculpture le soin d'immor-
taliser un homme de génie , il ne le choisit pas
parmi ceux qui ont jette sur les fers des peu-
ples un éclat qui semblait en garantir la durée.,
niais il acquitte une dette nationale envers cet
immortel génie qui a révélé à l'homme son
indépendance naturelle , et lui a appris à pré-
férer un désert et la liberié, aux séductions
empoisonnées qu'on trouve dans les palais des
rois. S'il demande à )a musique ses accords ,
c'est pour qu'elle reproduise les chants de Tyr-
tée , et enflamme les cœurs d'une ardeur guer»
riere. S'il s adresse à l'éloquence, c'est pour
qu elle semé des fleurs sur le tombeau du libé-
rateur du nouveau monde ; s'il appelle la pein-
ture , s'est pour qu'elle offre sans cesse à nos
yeux le spectacle sublime des héros raourans
pour la liberté. Ainsi, les sciences , les lettres ,
les arts , les institutions, tout concourt dans
les mains du gouvernement à affermir ceil«
91
constituîîofl dont il est dépositaire , et c'est pour
ce généieux dessein qu'il invoque de lous its
Îioinis de la république , et les vertus, et les
umierts , et les talens , et le courage. '>
Après un tel discours, dont ces trails détachés
peuvent à peine faire iueer l'ensemble,' et que
nous avouons avoir affaibli , puisque nous an-
nonçons l'avoir extrait , il était difficile d'être
entendu sur le même Sujet avec un véritable
intérêt. Une idée heureuse a cependant obtenu
cet avantage sur l'un des adjoints du maire de
Rouen. Celle idée consistait à rapprocher, en
peu de mots , les victoires ou les événeinens lieu-
leux qui , neuf fois , ont signalé les anniversaires
du i'^^ vendémiaire.
suffiraient pour prouver sa profonde érudition,! Or, on n'imposera personne à cet égard,.
SI elle n'tialt pas généraleraent connue. Nou
le suivions point dans teiie dissertation , mais
nou.s croyons devoir donner en entier à nos lec-
teurs le trailé même qui est aiiribué au propliête.
Pactâ et convention que fait Mahomet , envoyé de
. Dieu , avec te Peuple de ta secte clirétienne.
que selon l'étendue de ses (acuités , et se's.
moyens. On ne taxera pas înconsidérémetlt
ceux qui doivent un tribut pour la , terre , l'ha-
bitaiion et le produit du sol. On n'exigera de
personne que ce que tout autre tributaire de
même classe devrait payer.
Ceux qui sont compris dans ce pacte , ne
Mahomet, envoyé de Dieu, l'écrit pour tous ; seront pas contraints de partir avec les musul-
• hoiiiracs , afin de leur annoncer et de leur i mans , pour marcher conire l'ennemi , le com-
laitc connaître le dépôt de Dic-u dans la vériié ;
cl que la cau.sc de Dieu , selon le rit chrciien ,
demetiie décidée tant à l'orient de la terre (ju'l
son occident , dans ses contrées habiices de l'in-
térieur , et chez les baibares, tout proches ou
éloignés, connus ou inconnus.
» Le i" vendémiaire an i°
dit-il
au rao- Il Jcur dépose cel écrit comme un pacte d'une
inent oît'la convention nationale proclamait la j stricte obéissance, et une siipulalion publique-
république , nos armées , naguercs r pousse
jusques dans les plaines de la Champagne, vain-
quaient à Volmy et pénétraient jusqu à Spirf.
î> Le 1"^' vendémiaire an 2 , l'armée des Alpes
fait mordre la poussière à un grand nombre de
j>iémontais , force leur camp et prend leur ar-
tillerie.
>> Le l'r vendémiaire an 3 , l'armée de Sambre
et Meuse entre dans Aix-la-Chapelle , tandis que
celle des Pyrénées orientales, enlevant les redou-
tes et le camp de Corouge , repousse l'ennemi
laissant &ur le champ de bataille tous ses effets de
campement.
II Le i''' vendémiaire an 4 , l'armée d'Italie
battre , espionner quelles sont ses forces , parce
que ce n'est pas à ces gens à se mêler de la
guerre. Or, en leur accordant ce, pacte , c'est
pour leur éviter d y être conuaints ; mais les
musulmans seuls veilleront à leur sûielé , et hâ
garantiront de toute offense. On ne les forcera
donc pas d'accompagner les musulmans qui iront
au-devant de l'ennemi jjou: le combattre.
On n'exigera non plus d'eux aucun subside ,
soit en cavalerie , soit en armes offensives : ce
I qu'ils fourniront sera volontaire : aiii^i on
Ainsi , un homme qui , attaché à l'Islamisme , 1 rie tirera rien d'eux que de leur gré. Alors on
refusera de l'exécuter et violera la teneur de i ''^uf en sera reconnaissant, et on les indem-
ce pacte , pour se comporter comme les infidèles, I nisera,
ment laite; de sorte que la loi résultante devienne
la base de la justice, et un engagement qui soit
exactement rempli.
sera censé en rejeller les conditions , s'opposer au
traité de Dieu , renoncer aux promesses qu'il con-
tient, manquer à sa propre conscience ; qu'il soit
souverain , ou tout autre parmi les croyans cl
musulmans.
C'est pourquoi en accordant aux chrétiens ce
pacte et ces conditions , respectivement obliga-
toires , et qu'ils ont demandées tant de ma part
met en déroute huit mille autrichiens sur la I que de celle de tous les musulmans , désirant que
ligne de Bochetta. | je fisse avec eux un pacte de Dieu , et une stipu-
5) Le 1'' vendémiaire an 5, Killemaine , qUe | lalion ou alliance commune avec les prophètes ,
celte ville se rappellera toujours avec olaisir | 'es envoyés , les élus , les saints croyans el musul-
d'avoir possédé quelque tems , après avoir fait ; mans antérieurs ou futurs ; je , au nom de Dieu ,
1100 prisonniers, poursuit à Govcrnolo l'en- jet avec une résignation aussi sincère que doit _ .„„._.^. , „. .»-
de lui abandonner toute son i l'avoir un prophète envoyé , et un messager ap- 1 cijjtera ce rachat ; on ne l'abandonnera pas ; on
i prochant (cesi-a-dire de la Divinité), statue et „£ le rejettera pas. En eff'et , j'accorde ce paci«
ariête les clauses et conditions suivantes :
:s, ei a travers un pays insurge, ■'j , ^ . ,■ . , ^ , n -' , , "
ennemies, des dangers de ,oute ■ '^^ '^"'^/S''^" v"^^ ^"'^ '^^'^P'^"" ' '^^ '«"",°"-
nemi oblig
artillerie.
î) Le i" vendémiaire an 6 , Bonaparte et j
l'airmée d'Egyple célèbrent dans la capitale de 1 Je protégerai les juges des chrétiens dans mes
cet ancien empire les succès de l'armée fran- | provinces , avec ma cavalerie, mon infanterie,
çaise , et le Nil éionn'é voit flotter sur ses bords ^ mes auxiliaires , mes sectateurs les croyans , et en
les couleurs républicaines. 1 quelque lieu que ce sou , confie l'ennemi, soit
,,Le 1" vendémiaire an 7 , Macdonald sor- ^^'°'S"é , ^oit proche; .oit en paix , soit eri guerre:
lait de Naples. èi à travers un navs insurgé. J= les prendra, sous ma proteci.on ; je 1 éloignerai
des armées
espèce , ramenait à la république une de ses
braves armées.
)) Le 1" vendémiaire an 8 . nous célébrons
à-la-fois la vicioirc de Brune sur les anglais , et
le retour en France du vainqueur de lEgypte. >'
Pourquoi I orateur n'a-i-il pu ajouter : au 1''
vendémiaire an 9, au moment où je parle. Paris
entend proclamer que lespérance de la paix la
plus glorieuse nous est enfin permise. Ce trait
n'eût pas été le moins heùicux de ces rappro-
chemens ; il les eiàt dignement couronnés.
Aucun musulman n'exercera donc contre les
chrédens , ni extorsion , ni vexation quelconque ,
et ne cherchera aucun avantage sur eux que celui
de leur faire du bien. Il déploiera sur eux l'aile
de la miséricorde; en éloignera tout mal , toute
offense , en quelque lieu quils soient' él qu'ils se
trouvent.
S\ un chrétien commel un délit ou fait un tort
quelconque , que le musulman vienne à son
secours , l'empêche (s'il le peut encore), s'inté-
resse pour lui . s'interpose pour ce tort , lâche
d'arranger lafTaire comme médiateur entre lui eC
ce qu exige la réparation du délit.
S'il est dans le cas de se racheter , on lui fa-
toires , de leurs hermiiages , des hospices de leurs
aux chrétiens , afin que tout ce qui est en faveur
des musulmans le soit aussi pour eux , comme
tout ce qui est défavorable aux musulmans doit
lêtre pareillement pour les chiéliens; enfin , pour
que les avantages el les désavantages leur soient
communs.
En venu de ce pacte , dont la concession ne
pouvait être refusée à une juste demande, et
au désir sincère d'en remplir exactement la te-
peleiinages , en quelque endroit qu'ils soient et i neur,^les musulmans sont tenus de garantir les
se trouvent , sur une montagne , dans une vallée, chiétiens de touteiésion , et de leur témoigner
ou dans une groite, ou dans une maison , ou en
plaine , ou dans les sables , ou dans un édifice
quelconque.
Je protégerai leur religion, leurs propriéiés , i
par-tout où ils seront et se trouveront , à l'orient
et à l'occident , sur terre et sur mer , comme
je défends ma personne et mon cachet, et le
peuple des croyans et musulmans.
Je les metltai en sûreté sous ma protection
' ~~ "~" "" [ contre toute peine , violence . oflTense , op-
Pacte fait entre Mahomet et les Chrétiens de toutes pression et tr.ouble. Je serai derrière eux, au-
Us sectes ; par lequel il leur accorde la liberté de ; tour d'eux , les défendant contre l'ennemi cora-
leur culte , et maintient leurs propriétés et leurs tivun avec mes sectateurs, mes auxiliaires, et
hiérarchies. Par L. de Villebrune ; avec cette j mon peuple en général.
épigraphe : Ainsi ayant la souveraineté sur eux , et par
<• Nous u'appartenonià aucune cottetie qu'à la nation entière. „ Cela même étant obligé d'en être comme le pas-
BoNAPARTE. i leur , je les garantirai de toute lésion , et il ne
-, 1 , . leur arrivera rien qui n'arrive auparavant à mes
L auteur commence par donner des notions sur j.o^p3g„ons qui travaillent à consolider mon
cette pièce singulière. | ouvrage. Je les exempterai des charges que sup-
ll'y a environ seize ans , dit-il , qu'on rappella portent même les confédérés , par lès mutations
dins les journaux anglais un pacte fait enire et les coniribuiions ; et i s ne feront à cet égard
Mahomci et les Chiétiens des différentes secies 1 rien que de bonne volonté. Ils ne supporteront
♦le son tems , et en vertu duquel il leur assurait donc aucune charge , ni n'éprouveront aucune
la pioprieté de leurs biens , là liberté de leurs ; contrainte à ce sujet.
cuhes , et la conservation de leurs hiérarchies. | Un évêque ne sera pas expulsé de son siège ,
Un pariiculier, disait-on , arrivant de Constan- | ni un chrétien de son église, ni un moine de
tinople à Londres, y apportait un ouvrage écrit son monastère , ni un pèlerin troublé dans son
en français sur le sérail , et dans lequel il rappe- pèlerinage, ni un soliiaire chassé de la solitude
lait ce pacte comme existant, et conservé dans de sa montagne. On ne prendra aucune partie
les archives du divan qui le cachait aux chrétiens. , des bâiimens de leurs églises ; on n'en emploiera
Le ministère de France ayant eu connaissance de rien pour bâiir un temple ou une habitation de
cette indication, fit chercher ce pacte dans la musulmans. Celui qui le feiait , violerait par cela
biblioiheque royale, sur le soupçon qu il avait , même le pacte de Dieu, outragerait son envoyé ,
éié imprimé le siècle dernier en France : mais ce , et insulterait à la sanction de IDieu.
fut en vain. Le garde des livres me dit : tirez- | Qn n'imposera donc pas les solitaires, ni les
nous d'embarras , nous cher'chons un pacte de Ma-
homet que le ministre nous demande : on nous assure
qu'il a été imprimé à Paris .-Je lui montrai aussitôt
oil il élâil. Une copie de l'imprimé d Paris
m'était déjà tombé dans les mains en Hollande ,
lorsque j'étudiais les langues ori.ntdcs, et je
l'avais tiaduil sur l'original même, ayjnt trouvé
la irjduclion laiint dcleclueuse en plusieurs en-
droits.
Le ciioyen Villebrune raconle commet , étant
bibliothécaire en chef de la bibliothèque natio-
nale, il commença à laiie faire de sa Iradutiion,
une édition ijui lui intenompue. Il indique une
tidducrion laliiie de ce iraiiè , imprimée par Lcjay
en 17^0 , doni deux cxernpiaiies doivent , dit-il,
le trouver à la bibliothèque nationale.
Parcourant ensuite toutes les objections que l'on
puuiraii faire contre I authenticité de ce pacte
eveques , ni en général ceux qui ne sont pas
sujets aux taxis : ils ne donneront que ce qu'ils
voudront bien eux-mêmes à cet égard.
Les riches marchands associés , les pêcheurs
de perles, ceux qui font tirer des inines les
diamans , l'or, 1 argent; ceux qui forit un grand
commerce dé harnois.de chevaux , de garance ;
enfin les chiéliens fortunés ne seront assujettis
qu a la laxe de douze deniers par an , en quel-
ques lieux quils habitent des domiciles fixes et
peimanens. Mais s ils n en ont pas , et qu'ils ne
fassent que passer dans un endroit habité sans
y être domiciliés , ni pouvoir avouer aucune
de neure fixe, ils ne seront sujets à aucune
cont.ibution ni à aucune laxe , à moins qu'ils
ne ieiincnt par leur» mains I hérita/^c de quel-
que portion de terre de celui qui doit une taxe
u légitime souverain: alors ils ne paieront qu^
U ïit. Villebrune y répond par des détails qui ; ce que paierait un autre pour cela
tous les seniiriiens d'huriianité ; desorle que les '
uns et les autres participent nécessairement aux
mêmes avantages et désavantages.
On n'agira pas inconsidérément en ce qui coir- '
cerne le mariage. On. ne maltraitera pas , on
n'outragera pas les parens d'une jeune fille pour
la faire marier avec un musulman. On ne leur
fera donc aucune violence , s'ils s'opposent
aux fiançailles, et ne consentent pas à : union
conjugale , parce que cette union ne doit se faire
que de bonne volonté, et avec le désir biea
prononcé d'approuver et d'y consentir.
Si une chrétienne habite avec un musulman ,
il se conforihera à son désir an sujet de la relio-ion
qu'elle professe , selon le vœu de ses prélats et
de ses supérieurs , afin qu'elle en reçoive, l'ins-
triiction ; bien loin de la contraindre à y renon--
cer , en la menaçant de la renvoyer. Il ne la
forcera donc pas d'abjurer ; s'il le fait et la mal-
traite , dès - lors il viole le pacte de Dieu,
transgresse cette stipula,ion de son Envoyé ,
et se trouve , devant Dieu, du nombre de»
menteurs.
Si les chrétiens , pour réparer leurs églises
ou leurs monastères , ou pour toute autre chose
relative à leur culte , ont besoin d'une contri-
bution de la part des musulmans ou de quelques
secours pour ces réparadons, les musulmans con-
tribueront , mais, non comme pour leur faire
contracter une dette : ce sera seulement à litre
de secours accordé à l'avantage de leur reli-
gion et de leur foi , en vertu du pacte que fait
l'Envoyé de Dieu, et en un pur don qu'ils leur
feront pour remphr ce pacte entr'eux et 1 Envoyé
de Dieu.
Si un chrétien se trouve parmi les musulmaps ,
on ne lui marqueta aucVne inimitié ; on ne lui
dira pas d'un ton d'auloriié : sois mon messager ,
mon guide ; on ne le grèvera d'aucune com-
mission forcée , ni de rien qui puisse donner
lieu à une rixe sanglante. Celui qui se compor-
terait ainsi , serait un impie, un homme rebelle
à la volonté de Dieu , et violateur de son com-
mandement. S. '
Mais les conditions sous lesquelles l'Envoyé
de Dieu engage la religion des chiétiens et leur
conscience à adhérer à ce pacte sous le sceau de
la bonne foi avec laquelle il le leur accorde , sont
celles-ci :
Aucun d'eux ne retirera de militaire dans son
habitation, contre les musulmans, soit s iieti-
meni , soit ouveriemcni , soit sous la foi du ser-
ment. Il n'admettra aucuu de leurs eniicuns ;
ou ne leur donnera l'hospiialiié ni dans les cel-
lu es , ni dans les lieux consacrés au culte des
chrétiens.
Les chrêiiens ne fourniront aucun tniliiaire
aux troupes enHemies , ni armes offensives,
ni cavalerie, ni infanterie, contre les musul-
mans. Ils ne donneront aux ennemis aucun gage ,
n'en recevront aucun d'eux; né leur donneront
aucune parole , ne traiteront pas avec eux p^r
■écrit, ne feront aucune convention avec eux;
et si ces enileniis se retirent dans quelque en-
droit, ils lesabandonnerontàleurpropre délense:
alors ce sera à ces ennemis à détendre leur vie
9«
tion , l'a rendu plus épais , et empêclié la cir-
culation dms les vnisseaux capillaires ; de-là l'en-
gorgement, l'inflammalion , la gangrené, d'où
résultent ces fièvres charbonneuses qui enlèvent
l'animal aussitôt qu'il est frappé.
J ai remarqiié , dit le citoyen Texier , que les
bestiaux, dans les lieux oii ils allaient paître,
arrachaient la racine de la plante, quoiqu'cn-
tourée d'une cerlairie quantité de terre. Us ne
pouvaient , qu'avac beaucoup de difficulté ,
et leur religion au prix de leur sang, par-lout I digérer cet aliment , et lorsqu'ils étaient de relour
où ils seront et se trouveront.
Les chrétiens n'empêcheront pas les musul-
mans de prendre , par-lout où ils se trouveront ,
des vivres pour trois jours , tant pour eux que
pour leurs bêtes de somme , leurs gens et leurs
animaux ; ils leur varieront mêmes les vivres
dont ils se nourriront , et ne leur refuseront rien
à cet égard.
Ils les garantiront de toute lésion et de toute
violence; et s'il leur arrive que l'un bu l'autre
musulman se retire dans leurs habiiatioiis , dans
l'une ou l'autre pariie de' leurs domiciles , ils
les traiteront en amis , fourniront à leurs besoins,
leur marqueront toute sollicitude possible dans
le malheur où ils se trouvent , les dérobant au-
tant qu'ils pourront dans l'endroit où ils se sont
cachés , sans jamais déceler leur retraite à l'en-
nemi ; et ils ne s'écarteront aucunement de leur
devoir à ces difFérens égards.
Quiconque (parmi Us chrétiens) se refuserait
à ces conditions, et s'en écarterait pour agir
autrement, n'aurait plus aucune paît aux artich-s
arrêiés dans ce pacte de Dieu et par son pro-
phète , ni aux promesses que je garantis aux
supérieurs ecclésiastiques, aux moines, et en
général aux chrétiens, de la part du peuple du
livre.
Le prophète , au nom de Dieu , adjure ici
le peuple des fidèles et leur foi à ces divers
égards , en quelque Heu qu'ils soient et se trou-
vent : il interpose aussi la sienne , tant pour lui
que pour les musulmans, dans ce dépôt qu'il
leur laisse ; requérant une entière obéissance ,
dont la récompense est assurée. Puisse ce pacie
être perpétué dans tous les siècles, jusqu'à l'heure
dernière^ ei jusqu'à la fin du monde !
Et ont signé sur cet écrit, fait entre l'envoyé
de Dieu et les chrétiens , les clauses et condi-
tions qu'il a arrêiées avec eux ; enjoignant que
ce pacie soit strictement observé :
■ Abulacre-Assadicq. — Omar Ben-AUhatab. —
Othman Ben-Afan. — Ali-Ben-Abi-Jaleb. — Moavia
Bm-Abi-Sofan. Abu-Abdarda. Abu-Adrin. Abu-
Horain. — Abdalla-Ben-Masud. Abdatta-Ben-Alnb-
bas. Hamza Ben-Abdi-Motalleb. ~ Vodail Xaido
Ben-Thabet. — Abdalla Ben-Zflid. Harjus Ben-
^aid. — Alzobair Bm-Ala'dam. Saad Ben-Mond.
— Tabtt Ben-Cais. Asamet Ben-l^aid. — Othman
Ben-Matun. —Abdalla Ben-Omar- Alans. — Aben-
Riibiaa. Hazan Ben-Thabet — Giafar Ben-Abi-
Taleb. Aben-Alabbas. Talha Beu-Àbdalla. Saad
Ben-Abade. Xaido Ben-Arcam. — Sahal Ben-Baida.
■ — Daud Ben-Giobair. — Abu-Alaalia. Abu Ahrifa
Ben-Ozair. Haschem Ben-Assia. — Omar Ben-lami?i.
— Caab Ben-Malec. — Caab Ben-Caab.
Que les bons plaisirs de Dieu soient sur eux
■tous !
Et l'a écrit , comme secrétaire , Moavia Ben-
Abi-Sqfian , un des soldats de l'envoyé de Dieu ,
le dernier jour de la lune du quatrième mois,
l'an quatre de l'hégire, à Médine.
Que Dieu récompense ceux qui ont signé
conim-.' témoins de ce qui est dans cet écrit ; et
gloire à Dieu , maître du monde !
Agriculture.
Exn.lit d'un mémoire présenté à la société d'agri-
culture , par le citoyen Texier ,jils , artiste vétéri-
naire , chargé d'observer l'épizootiê qui s'est mani-
festée dans l'île de Magne , et quelques communes
du département des Deux-Sévres,
L'épizooiie s'est déclarée dans le courant des
mois de messidor , thermidor et fructidor ; elle a
•frappé non-seulement les bêtes à cornes , mais
encore les chevaux , jumens , mules et mulets ,
et même les bêtes à laine.
L'île de Magne, sur la Sêvre , où elle a coBl-
œencé ses ravages, est remplie de marais, et la
chaleur excessive de l'été a desséché entièrement
une grande quantité de fossés , dont les vases et
les'herbages ont exhalé des miasmes qui ont Sans
doute coopéré au développement de la maladie.
Outre ces causes générales , la sécheresse a dé-
pouillé le sang de sa partie fluide par l'absorp-
à I étable , ils mangeaient avec avidité le foin
nouveau qui leur était donné. Ce foin, très-sec et
plein de feu , si on peut se servir de cette expres-
sion , excitait une fermentation considérable, et
absorbait une grande partie des sucs digestifs.
Les syinpiômes de la maladie, sont, dans les
bêtes à cornes, une fièvre violente , annoncée
par un pouls plein et précipité , la bouche sèche
et quelquefoisune bave sanguinolente ; l'air triste ,
les yeux hagards , éiincelans et quelquefois lar-
moyans ; le poil tané , la peau sèche et tenant
aux côîes ; un engorgement dans les glandes,
particulièrement dans celles maxillaires et ingui-
nales; beaucoup de sensibilité quise manifeste
du côté gauche , vis-à-vis le fond de la vessie
conique gauche de la panse ; les urines très-clai-
res, plus ou moins abondantes; les exciérnens
glaireux et sanguinolens ; le délaut de rumina-
tion ; faiblesse de reins , et quelques niugisse-
mens plaintifs lorsque l'artiste voulait inciser une
partie de la peau. Les animaux attaqués meurent
dans l'espace de quatre, cinq et six heures, s'ils
ne sont pas soulagés; d'autres jpérissent quelque-
fois de suite.
Par l'examen des cadavres des animaux frappés
et les symptômes que nous venons de citer , le
citoyen Texier trouve dans cette épizootie un ca-
ractère charbonneux ; nous nous hâtons dï faire
connaître aux cultivateurs les moyens préservatils
et le traitement qu'il indique.
D'abord , eTifouir très-profondément et dans
des lieux écartés, les cadavres des animaux,
et jeter, s il est possible , de la chaux vive sur
leur fasse. — Blanchir, aérer et parfumer leS
écuries et les établês où il est mort des animaux
frappés de contagion. — Eloigner des lieux où
il en a été enfoui , ceux qiai ont été préservés.
— Ne point les excéder de fatigue dans les cha-
leurs , ni de nourriture dans aucun tems , et leur
donner pour boisson une eau claire et battue.
Traitement.
Il faut saigner l'animal attaqué , à jeun , s'il est
possible. La saignée a pour objet de prévenir
l'inflammation et la gangrené. — On donne ensuite,
aussi à jeun , le breuvage composé ainsi qu'il
suit :
Prenez guimauve , laitue ou chicorée sauvage,
en un mot , quelques plantes rafraîchissanies el
émollientes; laites-en bouillir une forte poignée
dans deux ou trois pintes d'eau naïuielle , et
coulez la décoction, lorsqu'elle est assez refroidie,
dans une bouteille de deux ou trois livres ;
ajoutez un demis gros de camphre , trois gros
de sel de niire , et quelques gouttes de vinaigre.
Celle dose est pour les grands animaux : on
la donne selon la force et l'âge , et 1 on réitère
le breuvage toutes les quatre ou cinq heures.
Aux animaux qui ont communiqué avec les
malades, on peut donner, comme préservatif,
un breuvage seulement; et si ce sont des ani-
maux ruminans , on leur jette api es la dose,
une pincée de sel marin ou muriaié de soude,
dans la gueule : la moitié de la dose suffira
pourles jeunes élevés.
On place ensuite un séton au poitrail ou au
plai de la cuisse , pour produire un point d'irri-
tation , et excitei une suppuration qui est toujours
saluiaire:elle prévient ou détourne l'humeur mor-
bifique des viscères essentiels à la vie.
L'on fait des masticadours d'assa-foetida et d'ail ,
qu'on leur met deux ou trois fois par jour dans
la bouché , ce qui augmente la sécrétion de la
salive et facilite la digestion ; On leur frotte aussi
la bouche aveyc du poivre , dit sel , de l'ail , du
poireau et du vinaigre.
On doit sentir que le régime à (Jbserver doit
être relatif au traitetnént.
Il est un préjugé malheureux qui , dans les
épizooties , décourage iine certaine classe de cul-
tivateurs : ik attribuent la maladie de leurs bes-
tiaux au maléfice de leurs ennemis , et Ifes frip-
pons profitent de leurs craintes supetsitieuses
pour voier leur argent , en leur persuadant
qu'ils ont des secrets efficaces. Le merveilleux
frappe les esprits faibles ; c'est aux esprits sages,
aux magistrats immédiats du peuple à détruire
ces préjugés, aussi nuisibles à l'agriculture que
funesles'pour la fortune des citoyens qui en sont
frappés. Nous invitons les maires des communes
agricoles, où le fléau de l'épizootie s'est mani-
festé , à propager les insiruclions contenues dans
cet article de notre feuille. Eclairer les cultiva-
teurs , c'est bien mériter de la patrie et d«
l'humanité.
P. S. Nous annonçons que , dans les communes
riveraines de la Sevré , l'épizooiie s'est calmée. Ce
changement doit être aliribué aux pluies qui se
sont succédées sur la fin de fructidor, et qui ont
purifié les eaux et l'athraosphere. La même cause
a sans doute produit les mêmes effets dans les
autres communes du département, où le mal s'était
répandu. (Entrait du Journal des Deux-Sevres. )
LIVRES DIVERS.
Itinéraire completde la France., ou tableau général
de toutes les routes et chemins de traverse de
ce pays, auquel on a joint la direction des
routes aux villes capitales des royaumes qui
avoisinent cette république , orné d'une cane
géographique ; par M. L. D. M. , 2' vol. in-S".
brochés ; prix g francs.
A Paris , chez la veuve Cailleau , libraire , rue
André des Arts , b'? a8.
Cet ouvrage est le plus complet qui ait encore
paru en ce genre. Un voyageur peut , ce livre
à la main , traverser en tous sens , soit par les
grandes toutes, soit par les chemins de traverse ,
le territoire aciucl do la république, sans avoir
I besoin d'aucuns rcnseignemens.
I La carte qui accompagne cet itinéraire est de
I la plus belle exécution. Des circonstances par-
ticulières ont jusqu'ici empêché les propriétaires
de cet intéressant ouvrage , imprimé en 1789 , de
le faire connaître au public.
Almanach du Théâtre des Jeunes-Eteves de la rue
de Thionville , contenant des vers , couplets ,
bons-mots et anecdotes.
A Paris , chez Hugelet , imprimeur , rue des
Fossés-Jacques , n° 4.
COURS DU CHANGE,
Bourse du 23 venderiiiain
à 3o jours.
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Rente provisoire 92 fr. 5o c.
Tiers consolidé 35 fr. 75 c.
Bons deux tiers 1 fi. 65 c.
Bons d'arréragé 86 f r.
Bons pour l'an 8 yo Ir. 38 c.
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Coupures . , . ,
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Théâtre de la Republioije et des Arts.
Defti. Iphigénie en Aulide , suiv. du ballet de
Télémàque.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui
la i"' repr. de TJméo , opéra en trois actes.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Mari sans
femme ; M. Guillaume , et Jenesaiki.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la i"^' repr. de Canardin ou le Quai de la
volaille , comédie du gros génie , mêlée de vaud. ,
lerm. par une ronde grotesque et la Pille hussard.
Théâtre du Marais , rue Culture-Caiherine.
Auj. relâche.
L'abonnement se fait à Paris , rue des PoiteVi
raa'an c-ommcucetneni'- de chaque moi?.
Il faut adresser Icj lettics etl'argent , franc déport , au cit. AcA «s e,
1* 18. Le prix est de ï5 franc» pour trois mois, 5o (rancs pour fi moi», cl 100 francs pour 1':
. On ncs'abonne
^_,_^^ ^__ , _ , _ , propriétaire de ce journal , me des PoiKvins.nOiS. Il faut comprendre dans les envois le port dci
■pays 0''i l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies 4 ne seront point retirées de la poste.
Il faut, av-oir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qui tônccrne la rédaction de la feuille ,
P»itevins , n« i3, depui (neuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soit.
rédaclcur
t de4
A Paris, de l'intpriiiietU du cit. AftiMe, propriétaire du Moniteur j rue às.% Poitevins, n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONILEUR UNIVERSEL.
N° 25.
Qjdntidi , 25 vendémiaire an 9 de la république française, une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O N l T E U R est le seul journal ojidcl
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenî , les nouvelles des armées , ainsi que l« faits et les notions
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
Avii aux souscripteurs.
Nous invitons les souscripteurs dont l'abonne-
inent expire à la fin du mois , à le renouveller
promptement pour qu'il n'y ait point d'interrup-
tion dans leur service. Nous profitons de celte
circonstance pour les engager à adresser direc-
tement à notre bureau , rue des Poitevins, n° 18 ,
les fonds et leurs demandes , parce que ce n'est
que sur lès quittances qui y sont délivrées que
nous sommes responsables des négligences ou
des erreurs à leur préjudice. H. Agasse.
E X T E R I E U R.
ANGLETERRE.
Londres , 1 1 octobre. ( i g vendémiaire. )
Actions de la banque fermées. — 3 pour J
consolidés ( for money ) 64 i ;i ( for account ) 64 i
— 5 pour §99 ï — Omnium 3 j.
Il paraît assuré que le parlement , en vertu
d'une proclamation que ion annonce, effectuera
ta rentrée le mardi 11 novembre (ao brumaire.)
Le gouvernement a reçu ce malin des dé-
pèches officielles qui lui apprennent la reprise
de Malle.
Il lui a été apporté en même tems des dépêches
de M. Artliur Paget , notre envoyé à Florence.
Un bâtiment arrivé à Leiih a rapporté qu'une
de nos expéditions navales destinée a agir contre
les côtes de l'ennemi , a été dispersée par la
tempête.
L'anniversaire de l'élection de M. Fox pour
Westminster, a été célébré hier à la taverne de
Shakespeare. M. Fox , après un long et très-
éloquent discours , porta le toast suivant : Â une
missez d'avance , mes amis , aux maux que vous
vous préparez; ouvrez à la fin les yeux: apper-
cevez , je vous en conjure , fabîme creusé sous
vos pas. et tendez vous incontinent; comptez
sur ma loyauté. Alors que vous aurez fait ce
louable efiFort sur voiis-mêmes , le département
du Sud restera l'ntart , et le peuple qui l'habite
jouira d'une parfaite tranquillité après un si
violent orage.
Et vous , chefs insensés et dénaturés, ne res-
sentez-vous pas des remords d'avoir armé le père
contre le fils , le fils contre le père , l'un el l'autre
contre la république ? restcrez-vous spectateurs
sanglans de l'anéantissement du département du
Sud ? votre conscience ne vous dit-elle pas :
Profitons de l'indulgence qui nous est oSèrie ,
et abjurons nos torts, pour ne plus penser qu'à
les faire otrblier, par une conduite digne de la
grande-nation à laquelle nous appartenons. Puis-
je ouvrir mon cœur à l'espérance ? aurez-vous la
force de vous soumettre ? je vous promets sûreté
et protection , jusqu'à ce que le gouvernement
ait décidé sur votre compte ; je suis certain qu'il
approuvera d'ailleurs tour ce que je ferai pour
vous , par la confiance qu'il me témoigne. Réflé-
chissez , citoyens , votre sort est entre vos mains ;
si vous êtes encore sourds à la voix de votre ami ,
vous succomberez, et je n'aurai rien à me
reprocher.
Le général de division Michel , le citoyen
Rai;nond, ex-commissaire, et le citoyen Vin-
cent , directeur des fortifications de Saint - Do-
mingue , arrivent de France ; je les ai pris à
témoins de toutes mes opérations; ils sauront,
n'en doutez pas , que j'aurai fait tout ce qui
aura été en mon pouvoir pour vous ramerter
à l'ordre , et rétablir la tranquillité dans le Sud ,
et que vous vous y serez obstinément refusés.
La présente proclamation sera imprimée, en-
voyée aux généraux Oe l'armée de la république.
pour en répandie dans le département du Sud ,
de manière à ce que les citoyens qu'elle concerne,
ayent a se prononcer , pour ou contre la France,
prompte paix entre la Grande-Bretagne et la Repu- J °'A°^^^ ^" conséquence auxdits généraux de
blique française. .--...—
Sir Ralph Abercrombie et sir James Pulleney
ont fait leur jonction à Gibraltar.
Le choix pour la place de lord maire de Lon-
dres est tombé sur sir William Stayncs.
( Extrait du Star et du Morning-Herald. ]
REPUBLIQ,UE FRANÇAISE.
ISLE SAINT-DOMINGUE.
PsoCL^MATioN adressée par Toussaint- Louverture .
général en chef de l armée de Saint-Domingue ,
o tons les citoyens du dépaitemeat du Sud de
Saint-Domingue.
C I T o Y i; N s ,
L'humanité et la sensibilité qui ont toujours été ' Toussaint Louverture , général en chef de l'arviée de
traiter comme frères tous les citoyens qui se
rentiraient , même ceux d'entre ica ciioycoo ^«1
seraient pris les armes à la rjaain.
Donné au quartier-généraldu Petit-Goave , le
!''■ messidor , an 8 de la république française ,
une et indivisible.
Le général en chef.
Signé , Toussaint Louverture.
Lettre écrite par le général en chef de l'armée de
Saint-Domingue , aux autorités civiles , militaires,
et tous autres cilofens de la ville des Cayes , et
instructions données aux députés qu'il envoya dans
ladite ville pour porter ladite lettre. — Léogane ,
le 20 messidor , l'an 8 de la république française .
une cl indivisible
Saint-Domingue, aux magistrats du peuple, et
tous citoyens français du département du Sud ,
civils et militaires.
la base de ma conduite el de toutes mt-s actions,
m'oblige de vous prévenir encore des malheurs
qui vous menacent , quoique vous ayez tou-
jours été sourds à mes proclamations et adresses, ' i„ t. j i- • ,, ■
par lesquelles je vous invitais à rentrer dans le 1 J c "^ i f 1 occasion dti citoyen Vincent,
devoir , à vous ranger sous les drapeaux da la '■'"-'* ^ 1°, '■ d"«"="':ge""ïl des fonifica-
icpublique , enfin 'dabjurer votre erreur , et i r°"' " '^ «oloiiie , envoyé par le gouvernement
jurer obéissance et soumission aux lois de h 1 ""«"^J, P°"' ^°'f P" '"'-'»f'"e 'es événemens et
les malheurs qu a entraines la guerre civile.
. jiar le lait des méchans et des ennemis de la
lépublique et à vos chefs.
J'ai reçu des ordres du gouvernement fian-
f:ais qui me prescrivent de rétablir la paix et
a tranquillilé dans cette malheureuse colonie ,
de fiire cesser la guêtre intestine qui nous désole
tous , el d'employer -pour cela tous les pouvoirs
dont je suis revêtu ; en conséquence , voulant
vous prouver combien je suis jaloux de vous
être utile , malgré votre persévérance dans votre
tranquillilé publique
Je lui adjoins une députation des deux citoyens,
Arrault et Cézar , le dernier membre du tribunal
civil du Sud , et ce suivant les ordres que j'en
ai reçus du gouvernement, et d'apiès la confiance
4^^ il a en moi , pour ramener la paix et la tran-
quillilé. Ces citoyens vous diront ma façon de
lébellion , je vous accorde à tous . même à ceux I P^"^"',^' 7°"^ assureront que je suis disposé
du nord et de fouest , qui abandonnèrent leurs ' ^'"O"'" 'T 'O"' '«^ ,™0"de amnistie générale , à
familles el leurs propriélés, parce qu'ils furent ^!,\°Z'^L''l.t°v^\'"l°l^''LT'^^^^^^^
rdon de
trompes . le pardon de votre erreur, et amnistie ,
li , aussitôt la promulgation de la [iréserite pro-
clamation , vous mettez bas les armes. Profitez ,
citoyens , de cette dernière tentative ; il ne suffit
que de faire le sacrifice d un peu d'or;^ueil qui
vous retient encore. Vos amis , vos païens , vos
tneres et vos pères . n<- l'empotlerontils pas sur
«ne pareille chimère ? Votre avoir, vo» propriétés
ne «ont-ils plus rien pour vous ? La inerc-pairie
outiagée , qui vous tend encore des bras secou-
Mbles, n'Ksi-clle plus vqiic bienfaitrice? Fré-
moyennant que l'on rentre dans l'ordre, que
lous les hommes égarés ou trompés , se rendent
dans le sein de leurs familles , et que tous les cul-
tivateurs forcés de sortir de chez eux , rejoignent
leurs habitations respectives.
Il est de mon devoir de vous donner connais-
sance de quelques phrases de la lettre du mi-
nistre de la marine et des colonies , dont voici
l'extrait :
n Un gouvernement fort a remplacé un pou-
j> voir exécutif faible et divisé.
"Je compte sur votre zèle et votre fidélité.
.. faites connaître aux troupes qui sont sous vos
.' ordres que le tems des déchiremens est passé;
i> reunissez-vous lous autour du nouveau pacte
>) social du peuple français.
" Le grade de général en chef dont vous a
» honore la république , et que le nouveau gou-
" vernement vous a confirmé , est le premier de
). larnihce militaire. Il demande de la prudence
'> et de la modération. Employez votre crédit ,
" vos lalens à calmer toutes les haines; étouffez
>' tous les ressentimens , et soyez grand par le
I' bien que vous ferez.
"Le premier consul a confiance en vous.
') Vous y répondrez en ramenant la paix dans la
" belle colonie de Saint-Domingue, qui inté-
" resse à tant de titres la nation entière.
î' Le gouvernemerit attend de vous que le pre-
)> mier aviso que vous expédierez , nous annon-
>) cera que par vos soins et voire prudence , la
>' paix est rétablie àSaint-Doniingue."
Signé; Forfait. '
Pour copie conformé ,
Toussaint Louverture.
D'après l'hunnaniié qui est toujours mon guide ^
et la lettre du ministre , je vous proteste que j'ai
tout oubhé et que je pardonne ; je vous tends
les bras ; si vous résistez encore à ma voix ce
n est plus ma faute.
Réponse de suite, oui ou non.
Salut en la république française.
Toussaint Louverture.
Instructions pour les citoyens Vincent, Arrault et
Cezar , députés auprès des autorités constituées , tant
civHes que militaires , de la ville des Cayes . à
l effet de mettre un terme à la guerre civile qui
afflige cette infortunée colonie . conformément aux
ordres du gouvernement franc ns , et sauver le
département du Sud des malheurs qu'entraînerait
après elle une plus longue résistance.
Mon but , en vous envoyant aux Cayes en
qualité de députés, était, vous le savez , d éclairer
U rjJigior, ,r/.mpPP d,, pF,.plp H„. H^p. .,.„,„, d„
Sud, par I organe des autorités constituées de
cette ville, pour lesquelles je me conleniais d»
vous remettre une lettre expositive des inten-
nons du gouvernement français , des miewines
qui tendent au même but. Je pensais qu'elle de-
vait suffire pour terminer une guerre désas-
treuse , avec d'autant plus de raison , que lin-
térêt de chacun , comme le salut de tous, devait
faire soupirer après les douceurs de la paix . des
hommes depuis si long-tems en proie à tous les
fléaux d'une guerre civile. Mais lenvoi de la
depulaiion qui m'a été faite , en me fesant con-
naître que le peuple n'a pu être instruit de mes
intentions , par la nullité oii se trouvent réduits
ses représenians , me ûéterraine à vous faire
passer des instructions particulières , qui puissent
vous servir de base et de rsgle de conduite
dnns la négociation que vous êtes chargés d'en-
tamer , et par lesquelles vous puissiez" être re-
connus , comme revêtus de tous les pouvoirs
nécessaires à cet effet, et qu'en vertu de- l'auto-
risation de l'agent du gouvernement , je vous
accorde par ces présentes.
^ Le seul moyen de rendre au département du
bud sa tranquillité, d'éviter tous les méconten-
temens qui pourraient résulter du parti auquel
s est arrêté le généial Rigaud, c'est de rendre
publique la let:tre dont je vous ai chargés pourles
autontés civiles et militaires du Sud , afin que
bien instruit de U volonté nationale , convaincii
de mes principes de justice et d'humanité , le
peuple de ce département soit persuadé qu'il
assurera son bonheur . et remplira les vœux du
gouvernement .en se soumettant à l'autoiité lé-
gitime. En conséquence , vu la non-aciivité des
autorités civile», vous demanderez à ce que mon
adresse soit sur le champ imprimée , et envoyée
de suite dans tous les lieux du département du
Sud; vous autorisant à faire connaître , par tous
les moyens que vous croirez les plus convena-
bles , mon ardent désir de terminer Ja guerre
qui nous afflige , ma volonté immuable d'oublier
le passé , de pardonner aux coup.ibles , de pro-
téger un chacun dans ses biens et dans ses
affections. Quatre personnes seulement ne pour-
roiït jouir de cette amnistie générale , parce que
s'étant rendues coupables de trahison, je dois
pour le maintien de la subordination et de là
■discipline militaire, faire une différence entre
des hommes qui , ailachés à l'armée du Sud , ont
dû obéir au chef qui les commandait (lui seul
étant chargé de la responsabilité de ses opéra-
tions), et des hommes qui, servant dans les
armées du Nord et de l'Ouest , ont trahi la con-
fiance , l'honneur et la république. Ces quatre
personnes sont Bcllegarde , qui , en raison de sa
qualité d'étranger, sera renvoyé de la colonie ,
Millet, Dupons et Peiion , qui seront punis de
leur trahison, par quelque tems d'arrêt, après
lequel ils seiont rendus à leurs (amilles.
Le paiii auquel le général Rigaud s'est arrêté ,
celui d abandonner le département du Sud , pour
aller rendre compte de sa conduite au gouverne-
menf français, est celui que l'honneur devait
jiii prescijte ; mais les choses sont dans une
josition à exiger de lui qu'il le fasse de suite.
1°. Parce que le général de division Michel ,
eiant sur le point de son départ pour France ,
il est nécessaire qu'il puisse porter au gouverne-
menl français la nouvelle certaine de la pacili a-
lion de Saint-Domingue; parce qu'ensuite le
moindre dél-ai peut porter des entraves à ladite
pacificaiion.
Le départ du général Rigai>d ayant pour objet
<je rendre compte de sa conduite au gouveine-
jnent , il ne saurait se considérer comme s'expa-
Iriant de Saint-Domingue. Pourquoi voudrait-il
donc arracher sa famille à son pays , à ses loyers ,
à ses propriétés ? Qii'il les laisse avec sécurité à
Saint-Domingue ; elles trouveront sûreté et pro-
tection ; il peut en outre les charger de la diicc-
Ijon de ses biens , du soin de ses effets , et il peut
eorapter que tout ce qui lui appartient sera res-
pecté , je lui en donne ma paiole d'honneur ; et
il doit d'autant plus y compter qu'en pareil cas ,
je ne pourrais voir avec plaisir que Ion fît de la
peine à ma famille , et qu'on la forçai à s'expa-
trier. Dans une pareille circonstance, je ferai donc
pour eux , tout ce que je voudrais que l'on fît
pour moi. Celte assurance de ma part devant pour
ses propres intérêts le déterminer à partir seul . il
n'a plus besoin du délai qu'il demande pour faire
ses apprêts. S'il ne trouve pas dans le Sud un
bâtiment prêt à mettre à la voile , offrez-lui de
se rendre au Cap avec vous, auprès de l'agent,
soit par mer, soit^^par terre; je vous ferai fournir
pO'ir le voyage tout ce qu il vous faudra pour
arriver sûrement et à bon port. Si , lorsqu'il sera
renduau Cap, il persiste à vouloir aller en France,
il pourra partir avec le général Michel , qui s'y
rend par la voie des Etats-Unis', sur la frégate de
celte nation , te Boston , sur laquelle le commo-
dore lui a offert un passage ; si , au contraire , il
préfeic rendre à l'agent les comptes que le goij-
vernement exige de lui , il pourra le faire et sera
certain après sa soumission de me voir adhérer
avi-c plaitir à son retour clar»o lo SuJ tra atx v^Lidliic
de général de brigade , commandant sous mes
ordres l'armée dudit département; alors il aura
répondu à l'attente du premier consul qui ne
manquera pas de sanctionner tout ce que son
agent aura fait de concert avec moi , pour paci-
fier la colonie.
En attendant son départ , il est nécessaire qu'il
s'occupe sans délai , du soin de faire retourner
dans leurs quartiers respectifs , et au sein de leurs
familles , tous les habitans , propriétaires , culti-
vateurs et autres personnes des départeraens du
Nord et de fOuest réfugiés dans le Sud ; qu'il
renvoie à Jacmel la légion de l'Ouest , officiers
comme soldats , et dans leurs garnisons respec-
tives les militaires qu'il peut en avoir retirés ; et
comme d'après les avis que je reçois du général
Dessalines, je suis instruit qu'on profite de la
suspension d'armes que j'ai ordonnée , pour for-
tifier Saint-Louis , d'une manière à me faire croire
que l'on n'est pas comme moi , dans l'intention
de se soumettre à la volonté nationale , et qu'on
ne veut faire aucun sacrifice pour sauver le dé-
partement du Sud , assurer le bonheur de ses
habilans , j'exige que la garnison seulement né-
cessaire à la garde de cette ville , soit composée ,
moitié des troupes du Sud, moitié de celles soiw
les ordres du général Dessahnes , qui les fera
rentrer , sitôt que le général Rigaud en aura retiré
le surplus , me plaisant à le croire d'aussi bonne
foi que moi , dans les moyens à employer pour
faire cesser la guerre.
■¥0113 , citoyens , les objets sur lesquels vous
devez baser vos démarches , pour amener la paix
que vous êtes chargés denégocier; mais ne perdez
pas de vue que vous n'avez pas t^n moment à !
perdre. Mettez tout en usage pour parvenir à une
prompte décision, afin que le général Michel qui
l'attend pour partir , puisse en emporter avec lui
Je résultat et le faire connaître au gouvernement I
français. Puissiez-vous au gré de la volonté , que |
lé premier consul a authentiquement manifesiée I
au cit. 'Vincent , l'un de vous , aa gré de mes j
désirs , au gré des vœux dt-s amis de la pros- I
périié de Saint-Domingue , amener la paix après I
laquelle je soupire plus que personne. i
Dites à tous nos frères du Sud , sans distinction
de couleur, qu'alors qu'il ne dépend que, du)
général Rigaud de lauvcr le département , en se •
94
soumettant au gouvernement , et en obéissant à vos yeux , et vous ouvrais des bras paternels ;
leurs chefs , je leur promets de mon co é , de raaigié loutes ses démarches aupiès des gou-
mainlenir le bon, ordre et la plus parfaite iniel!i- vernemens éirargcrs <jui l'avoisiiiaient pour sol-
gence parmi eux , de les garantir de tous dégâts liciier leur appui , et ses instances réuéiées pour
et désordres quelconques , de les faire jouir enfin en obtenir des secours en huinines, en munitions
de la^ paix , de la trauquilliié , dune p .rfaite se- et en armes ; malgré tout ce qu'il a tenté enfin
curiié. Les citoyens Manin-fielfoiid , Laïuiipe et
Chalviere,qui s'en retournent auxCayds, pourront
faire connaître à leuis concitoyens la pureté de
mes inleiitions ; ils lei/r diront de quelle raanicfe
ils ont éié accueillis , et leur apprendroni qu à
leur arrivée ici , ils ont eu la libre faculté d'alUr
de
maisons en maisons s entretenir
pour se mamienir dans sa révolie et aiiiver à
ses fins , le ciel vengeur du crime , l'a réduit à
la fuiic , tandis (juc protecteur de l'innocence,,
il m'a p:êié son appui , et a conduit à une
lieuicuse fin mes entreprises qnl , ctiiiun.inùées
par la nécessité d'une juste aeictis.- . n'oni eu
uis I d autre but , que le bonheur de mes tonciloyens.'
frères du Petit - Goaye ;, puissiez- vous avoir la j- Xellc est la prédiction que je vous avais fahe,
mpmelibeite , pour parvenir a dessiller les yeux^; lorsque, pa. mon adre.se du 3o germinal .je vous
de nos frères des Cayes , qui pourraient douter ■ exposai les désastres qui pouvaient rés'ulier de
encore de ma loyauté, do mon humamte et c^e Ivoire persévérance à souietiir la rébellion de
hnvariabihte de mes principes d attachement a4a j Riggnd , ci qu'après vous avoir tendu une maia
rrance et a la hberte ! ' - . . a r ....
Militaires , cultivateurs et habilans du Sud . pour |
prouver à mou gouvernement et à mes conci- f
loyens que je veux le bien de mon pays ,je vous ;
promets sur ma parole d'honneur un' pardon i
général . un oubli sincère du passé , de ne recher- '
cher aucun coupable parmi vous et vous accorde, |
au nom de la république protection et siitcté.
"Voilà lei dernières paroles de paix que je vous
porterai au nom du gouverneineat français et de
l'humanité.
Q_uartier-général du Petit-GOave . le 3o mes-
sidor , an 8 de la république française , une et
indivisible.
Le gémir ai en chef de l'armée de Saint-Domingue ,
Toussaint- LouvEUTURE.
p R O C L .4 M A T 1 O N.
Toiusainl Louverturi , général en chef de farinée de
Saint-Domingue , à tous Us citoyens du, départe-.
. ment du Sud.
Citoyens frères et amis,
secourable , jj vous y disais qu'envain vous vous
confieriez dans Us toiiiHcaiions qui fesaient fes-
poir de Rigaud; l'événement à justifie ma pré-
diction.
Vous ftîics sourds à ma voix , citoyens , et
à celle de la raison ; alors je me vis obligé
contre mon cœur , d avoir recours à la force des
armes ; je traçai au généial Dessalines , com-
mandant en chef du I année , la marche qu'il
devait tenir : souienu du courage des gépéraujt
Clcrvaux ei L. plume et des efforts de tous ses
oinciers et soldais . U surmonta lous lès obstacles
qtie lui opposait Rigaud. Mriîire d'Aquitl , il ne
dép nd.iit que de lui de poursuivie le cours
de ses conquêtes, mais fiilclc aux ordres de
son chef , il rallcntit. devant S. linl-Louis l'ardeur
de ses troupes, et altendii patiemcnt l'effet qtie
produirait la lettre que je me déterminai alors
d'adresser par une députaiion de trois membres
aux autorités constituées et à tous les citoyens
tant civils .jue miliiaiics de la ville des Cayes. Je
composai cette députaiion , ch.irgée devons faire
connaître mes intentions pacifiques , d'hommes
La vérité vient enfin de percer les nuages du Capables de vous inspirer la j.lus grande con
mensonge qui , depuis si long-lems" I avaient
obscurcie à vos yeux , et malgré les efforts des
ennemis de votre bonheur , la cause de la
justice l'emporte enfin sur celle de l'iniiiuité.
Si ptirmi vous , il en était encore d assez in-
crédules Ou de trop aveuglés pour mettre en
doute la criminalilé de Rigaud et la pureié de
fiance; ce furent le chef de brigade Vincent,
directeur des lonificaiions à Saint-Domingue,
elles citoyens Arrault et Cczir, qui furent chargés
de cette mission. Ils arrivèrent aux Cayes tenant
l'olivier d'une main cl de l'auire mon adresse
qui vous ptomeltait l'oubli du passé. L'espoir
des secours promis à Rigaud par des hommes
mes intentions , il me suffirait de leur rappeler ! 'f^' étaieni ses complices . lut fit rejetler ce dernier
les faits qui se sont passés, pour faire cesser ■ i^^'^V'^" ^^ "'"' 'l"*^ ma générosité lui offrait
leur incrédulité et les faire revenir de leur j '^'^'•O'''^ î '>'^'s v toujours pei fi Je , il me fit espérer ,,
aveuglement. Q_uai-je opposé aux calomnies I ''^"^ l'espoir de gagner du tems , faccomplis-
insensées, aux diatribes virulentes d.oni Rig.ud | sèment des conditions non moins humaines que.
a inondé ce département et les pays éloignés | J"^'^» ''!"'=]'='"' l'foi'osais pour mettre un terme
pour me montrer aux yeux de mes concitoyens j '"^^^ Hcaux destructeurs de la guerre civile . et
du Sud comme |l assassin de mes frères ? à ceux donner la paix à notre pays. Dans cett- iiuen
lion , il léjiond à ma dépuiaii
me fit au Petu--Goavc , compi
de la France, coinme l'ennemi de ma patrie ':*
à ociii» vlca nations étrangères , comme ic vio-
lateur de tous les droits rejpectcs par elles ?
Je n'y ai opposé que la modération ; et si je
pris les armes contre lui , ce ne fut que parce
qu'il déclara la guerre à la république , à la
sûreté de laquelle je devais es»eniiellement
veiller comme chef de la force a mée ; parce
qu il leva l'étendard de la révolte contre 1 auto-
rité nationale et son chef légitime ; ce ne lut
enfin que pour repousser son injuste agression ,
lorsciue ses troupes réunies aux cultivateurs du
Sud , qu'il avait soulevés , envahirent les grand
et petit Goave , et y commirent , par ses or-
dres , les excès qu'il me reproche dans ses
écrits. Les citoyens qui ont échappé à ce car-
nage médité de sang-froid et exécuté avec fu-
reur, rendus aujourd'fiui à leurs foyers désolés,
peuvent vous attester les horreurs de cette af-
freuse journée. Quel a été cependant le résultat
d'une aussi odieuse conduite ? Malgré ses ca-
lomnies et ses productions mensongères aussi
monstrueusement qu'emphatiquement écrites
par un abbé , nommé Bousquet , qui lui avait
vendu sa plume , lesquelles ne furent imprin:ées
et répandues avec profusion que pour égarer
l'opinion des citoyens du déparlement du Sud ;
malgré ses tentatives criminelles pour me laire
perdre dans le Nord et dans 1 Oucsi une in-
flueiîce acquise par des services et une conduite
qui ne.se sont jamais démentis; malgré ses me-
nées sourdes pour ourdir dans ces deux dépar-
temens une conspiration qui devait , dans un
seul jour , les faire passer sous sa domination , , .
et y anéantir tous les paitisans de l'autorité lét'i- i conire la jusiice et la raison , elle a su
lime ; malgré que , par suite de ces menées ,
la place importante du Môle eût été mise en
son pouvoir par'^jâ trahison de Bellegaide qui
la lui livra ; malgré la levée en masse des culti-
vateurs du Sud qu'il ordonna pour se composer
une force armée imposante ; malgré tous ses
efforis pour se créer une marine , laquelle com-
posée d'une centaine de barques , capturaient
tous les bâiimens qu'elles rencontraient , fran-
çais comme étrangers , les pillaient , en égor-
geait ou noyait les équipages ; malgré ses
précautions pour soustraire à votre connais-
sance mes adresses et mes proclamations bien-
fesanles pat lesquelles, sentant trop bien qu'il
ne devait point exister de guerre entre les habi- , ^ ^ j- - . -
tanS/d un mênie pays, je m'attachais à dessiller au nouveau serment que vous allez prêter ea
par celle qu il
: des citoyens
Chaisière , Martin - Bellond et Latulipe ; et tandis
qu'en leur confirmant les promesses que j'avais
laites aux ciioyens du département du Sud , je
leur laissais la libre laculîé de s'entretenir avec
leurs concitoyens du Peiii-Goave , on ne montre
à mes députés qu'une rigueur inflexible, une
haine implacable, la soif de la veirgeance , et
tons les apiirëts d'une lésistance résolue ; leurs
démarches sont épiées , et il leur est défendu
d'élever leur voix au milieu de la désolation
générale. Quelque méfiance que cette conduite
dût m'inspirei , je ne laissais pas que de pour-
suivre le dessein que j'avais conçu de conqué-
rir le reste du déparicment du Sud, par la
voye de la persuasion ; jêciivis à Rigaud et lui
confirmai par. le retour de son envoyé Bonatd"
que j'oubliais le passé , que je n'exigeais autre
chnse de lui , sinon qu'i; fit sa scumission au
gouvernement fiançais, et qu il reconnût son
chef légitima. Mais voyant que, bien loin de
répondre à mon attente , il ne lésait que' se for-
tifier davantage, j ordonnai au géné>'al Dessalines
auquel Sair.t-Louis venait d'ouviir ses portes , uc
s'avancer jusqucs sur les C.iyes. Son approche
détermina R.gaud à une fuite qui fut tiop pré-
cipitée pour lui laisser le tems de marijuct la ville
des Cayes au coin des vengeances qu'il avait
méditées. Il en partit, citoyens, et ce jour fut
celui de votre délivrance ; l'armée de la répu-
blicjue y entre , et sa condulie , dans celle prise
de possession a dû vous prouver que , si elle a
su vous vaincre lorsque vous avez pris les armes
: sitôt
que vous avez eu abjuré voire erreur, ne plus
voir en vous qu'un peuple d'amis et de frères.
Pour moi . invariable dans mes promesses ,
vous pouvez comnier d'autant plus sur celles con-
tenues dans mon amnistie en date du 1"^' messidor,
cjue mes principes d humanité , de religion et
d'amour pour mes frères les ■•vident inviolables.
Mai« alors que je vous jure de jeter le voile de
1 oubli sur le passé, je dois vous prévenir que
je n en serai que plus inexorable sur les fautes
avenir, parce qu'ayant détourné de dessus vos
tête» le glaive de la loi prêt à vous fiappcr ,
comme ayant pris les armes conire la république,
je deviens responsable envers elle , par le pardon
encrai que je vous accorde , de votre fidélité
mes mains de n« plus le irahir , el d'ère cntié-
icment obéissans à l'auloriié uaiioiiale.
Que celte heureuse époque qui , en vous ren-
dant à la société et à vos iamilles , donne la
paix à S lint-Domingue , soit pour nous un mont
de reconnaissance envers l'Etre Supicme !Je n'ai
pas l'orgueil de m'ailribuer la glolie de I licureuse
issue de cette guérie que l'ambition de Uigaud
alluma; elle n'appartient qu'à Dieu; sans son
appui, l'ouvrage des hommes est périssable , et
ses desseins sont plus mobiles que les Hots agiiés
de la mer ; aussi vous avez vu tous les projets
de Rigaud tourner à sa honte et à sa conlusion ,
tandis qu il a couronné mes entreprises du plus
heureux succès. Réunissez- vous tous à moi,
citoyens , ticres et arnis , pour lui en rendre
des actions de grâce , et si vuire retour est véri-
tablement sinceie, jurez on sa présence , fidélité
à la république , aiiachement à voire pays et
obéissance à vos chets.
Donné au (juariier - général des Cayes , le i8
thermidor an 8 de la république trançoise une et
indivisible.
Le générai en chef , Toussaint Louverture.
Paris, k 24 vendémiaire.
Les membres du tribunal se sont rendus au-
jourd'hui au Palais du gouvernement. lis ont éié
intioduits par le conseiller d'étai Benezech ei par
le minisire de la justice d,ans le cabinet des con-
suls , oii se trouvaient rassemblés les ministres ,
les conseilleis d'état et les oHiciers composant les
états-majois de ia garde consulaire et de la dix-
septiemc division.
Le cit. Crassous , de l'Hérault , président du
tribunal , portait la parole, il s'est exprimé en ces
termes :
Citoyen premier consul ,
Chaque membre du iribunat a appris avec la
plus vive eniiitioii et l'indignation la plus pro-
fonde , le complot dirigé principalement contre
votre personne. Si nous ne somines pas venus
sur le chaiup vouj 1 exprimer individuellement ,
c'est parce que nous avons pen>é qu'il était plus
utile à la chose publique de vous porter le vœu
du Iribunat.
Aiienter à la vie du premier magistrat de la
république , c'est nictiie en danger tous les bons
i'ranç.iis et la république elle-même. Défendez-
vous île votre générosité naturelle ; c'esi un crime
public, c'est un crime de lese-naiion qu'il s'agit
de punir.
Ne vous le dissimulez point , citoyen premier
consul; il y a eu tant de conspiraiions à tant d'é-
poques ei sous tant de couleurb diverses , qui n'ont
été suivies ni de preuves , ni de jugement , qu'une
grande p;uiie des bons citoyens est tombée , à
cet égard , dans une inciéduhté funeste : il est
lems de la faire cesser. Un gouvernement aussi
juste , aussi sage que celui dont vous êtes le chef,
n'annoncera jam.iis que des conspirations réelles
et sérieuses ; mais aussi une fois annoncées , il
contracte 1 engagement d'en faire poursuivre les
auteurs avec toute la solennité et la rigueur des
lois. C est ainsi qu'il rassurera enfin tous les amis
de ia république, et leur donnera l'accasion de
inanilcsier les sentimens de confiance et de re-
connaissance qui sont dus au bien que vous avez
fait , et au bien plus grand encore que vous êtes
en état de faire.
Le premier consul a répondu :
ttje remercie le tribunal de celte preuve d'af-
fecnon. — Je n ai point léellemeni couru de dan-
gers.... Ces sept ou huit malheureux, pour
avoir la volonté , n'avaient pas le pouvoir de
commettre les crimes qu ils méditaient. .. . Indé-
pendamment de 1 assistance de tous les citoyens
qui étaient au spectacle , j'avais avec moi un
piquet de cette brave garde.... Les misérables
n'auraient pu supporter ses regards.
i) La police avait piis des mesures plus effi-
caces encore.
)> J'entre dans tous ces détails , parce qu'il est
pcai-être nécessaire que la France sache que la
vie de son premier magistrat n'est exposée dans
auc'ine circonstance. Tant qu'il sera invesii de la
confiance de la nation, il saura remplir la lâche
qui lui a été imposée.
I) Si jamais il était dans sa destinée de perdre
celle confiance , il ne mettrait plus de prix à une
vie (jui 11 inspirerait plus d intérêt aux français.)»
Les oHiciers de la garde ont été présentés au
premier consul, pour lui exprimer , au nom de
la garde, leur indignation contre les scélérats
qui ont osé méditer un si grand crime.
Le premier consul leur a répété ce qu il venait
de dire au iribunat , qu'il n'avait couru aucun
danger réel , puiscju au raonicnt où la police
Jesait snisir ces misérables , il avait avec lui le
piquet de service , et qu'on est à l'abri de toute
atteinte loi«qu'oa est entouré d'aussi braves gens.
9^
— Le beau modèle du rocher lybique sur lequel
, sont figu.écs les pyiamidts de Gliizé , exécuté
sous la direction et d'après les dessins du citoyen
Groberi , chef de brigade d'ariillcrie , a été déposé
par ordre du gouvernement dans la salle de
' minéialogie du Muséum d h'sioire naturelle. La
I savante administration de ce btl élablissement ,
j journellement auumenié et enrichi, a conçu
; le jjrojet d'une salle égyptienne , dont le modèle
! en (jueslion occupera le milieu ; elle sera décorée
] par un de nos plus célèbres architectes dune
i manière analogue au sujet. Les momies , les
• icpiilcs , et tdus les objets relatifs à 1 Egypte ,
que 1 on apporterait au Muséum , seront disposés
dans cette salle.
— On a fait dernièrement aux environs de
Morqueil , pies Ficurcy ( Côie-d Or ) , une dé-
couverte qui intéresse l'histoire et les arts. En
(creusant un champ, on a trouvé ta lêie d'un
I cheval., sculptée en pierre du pays. On croit
1 quelle appartient à un cheval que Ion suppose
j encore enfoui. On sait (jue la plaine <je Ficuicy
a déjà offeri des objets de cette nature.
— Le ciioyen Baradere , professeur à l'école
centrale, à Pau, département des Basses-Pyré-
nées , a donné . dans les exercices publics des
12 , 14 . cl 16 fructidor, des démonstrations de
pasigraphie. Il en fera un couis pour lequel
25 élevés ont éié inscrits. Le 'cit. Deraaimieux ,
invenieur de cet art , qui est aux lang>ues ce que
l'art de noter est à la musique , en donne lui-
même des leçons rue du faubourg Montmartre ,
n" 25. Ce citoyen vient d'être élu membre de
l'académie de Harlem.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du, 16 vendémiaire.
Les consuls de la ré[iubli()ue , sur le rapport
du ministre de ia guerre , le conseil - d'état
entendu , arrêtent :
TITRE PREMIER.
Composition de l'état-major de l armée.
Ail. 1'='. L'état-major général de l'armée de
la république, en tems de guerre comme en
tems de paix , sera composé de
120- généraux de division,
240 généraux de brigade ,
120 adjudans coramandans.
II. Les généraux de division auront trois
aides-de-camp , dont un seulement jiourra êirc
chef d'escadron , et les autres capitaines ou lieu-
tenaiis. Les généraux de brigauc, deux aides-de-
camp , capitaines ou lieutcnans. Ils auront dtoii
aux places vacantes dans les corps à pied et à
cheval de la ligne, à la nomination du gou-
vernement , lorsqu'ils ne seiont plus employés
comme aides-de-camp.
III. Les adjoints ne seront plus' spécialement
atiachés aux adjudans commandans ; ils poite-
roni le titre d'adjoints à l'état-raajor général de
larinée.
Les adjoints actuellement en fonctions seront
attachés aux corps à pied et à cheval de l'armée
sans qu'il puisse y en avoir plus de deux dans
chaque corps.
Lorsqu'une armée est dissoute, les adjoints
rentrent dans leurs corps ; ils prennerit rang
selon leur grade et leur ancienncié ; ils sont
soldés et restent à la suite de l'éiat-major du
corps jusqu'à ce qu'il y ait une place vacante.
IV. Le ministre de la guerre présentera , dans
le coulant de brumaire , au picmier consul , le
tableau de létal-major-général de l'armée. Ceux
qui y seront portés ,' ne pourront plus en êire
rayés qu'en exécution d'un jugement d'un tri-
bunal compétent , ou en leur accordant leur
retraite.
TITRE II.
Division des o_fficiers - généraux en activité et non-
activité.
V. Chaque année le gouvernement mettra en
activité de service, la partie de ces officiers géné-
raux nécessaire ,
1° Pour foririer les étals-majors-généraux des
armées ;
2° Pour l'inspection des troupes de toutes les
armes ;
3°. Pour le commandement des divisions mi-
litaires ;
4° Pour le service de l'artillerie et du génie 5
5° Pour la garde des consuls ;
6° Pour l'inspection des invalides et de la
gendarmerie.
VI. Les officiers-généraux qui ne seront pas
mis en activité de seivice, jouiront, ainsi que
leurs aides-de-camp, d'une partie de leur Irai
tement et des râlions de fourrage attribuées à
leurs grades respectifs, confoimémcni au liuc III
ci-après . afin qu'ils soient prêts à entrer en aclî»
vite toutes les fois que les circoitsiances l'esciT
geroni.
T I T R E I I I.
Des appointemens.
VIL Les apyiointemens des généraux et adju-
dans-commandans en non'activité seront réglés
ainsi qu' 1 suit :
Généraux de division 7,5oo fr. .
Généraux de brigade 5,000
Adjudans-corrimandans 3,ooo
Les aides-de-camp des ofliciefs-généraux en
non-activité , jouiront de la moitié de appoin-
temens de leurs grades respectifs.
VIII. Les généraux de division , les généraux
de brigade et les adjudans-cotnmandans auront
des appointemens doubles , lorsqu'ils seront ins-
crits sur la liste d'activité de service, c'est-à-dire ,
Les généraux de division. .... i5,ooo fr..
Les généraux de brigade 10.000
Les adjudans-commandans 6,000
Les aides de camp jouiront des appointemens
affectés à leurs grades lespectifs.
IX. Les généraux et adjudans-commandans ,
employés aux armées actives , jouiront du mo-
ment où ils seront ariivés à l'arijnée', d'un sup-
plément d'appointement du quart du traitement
d aciiviié , savoir :
Les généraux de division 3,75a fr.
Les généraux de brigade .^ 2,5oo
Les adjudans-commandans i,5oo
X. Les officiers généraux et adjudans comman-
dans en non activité de service, jouiront du
nombre de rations ci-après :
Les généraux de division , 4
Les généraiix de brigade, 3
Les adjudans-commandans , 2
Les aides-de-camp , i
Ces rations leur seront payées conformément
aux articles XXXVIII ei XLII du règlement sur
les masses , du 23 fructidor an 8.
XL Les officiers généraux et adjudans-com-
mandans , placés sur la liste de non-activité ,
n'ont droit ni au logement eu nature ni à 1 indem-
nité qui le représente.
TITRE IV.
Des retraites et traitemens de réforme.
XII. Les officiers généraux et adjudans com-
maridatvs qui. jouissant acruelleméni' d'un trar-
tement de réforme pu étant en activité , ne seront
point placés sur le tableau de l'état- major de
l'arniéï, obtiendront Içur retraite définitive.
Ceux qui , par leur âge , leurs blessures e!
leurs services , se trouveront dans l'un des cas
prévus par la loi du 28 fructidor an 7 .jouiront
de la solde de reiraite déterminée par Ldite loi.
Ceux qui par leurs services , leurs blessures
ou leurs infirmiiés ne seront pas dans le cas
d'obtenir leur solde de retraite , aux termes de
la loi du 28 fructidor , jouiront pour leur tenir
lieu de la dite solde de reiraite , du traitement
déterminé par la susdite loi.
XIII. Les capitaines , lieulenans , sous-lieute-
naris qui recevront leur traitement de réforme
postérieurement au 1=?' vendémiaire an 9, obtien-
dront pour chaque campagne de guerre active
qu'ils auront faite pendant la guerre de la liberie ,
un supplément à leur irailement de réforme,,
égal au 30= de celui qui est attribué à leur grade
par la loi du 28 fructidor an 7.
XIV. Les officiers-généraux et adjudaris-com-
mandans qui auront obtenu unesolde de retraite ,
ou le traitement pour tenir lieu de solde de
retraite . seront payés dans la sous-préfecture où
ils auront fixé leur résidence , aux époques et
suivant le mode déterminé par le ministre de la
guerre.
XV. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté qui sera imprimé.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Li secrétaire-d'état , signé, H. B. Mareï.
Les citoyens sont prévenus que toutes le»
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit, doivent êtie adressées directement aux
ministres que ces demandes concernent.
Les adresser aux consuls, c'est en retardirde
plusieurs jours l'examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls 4^ s'occuper de eut
objets.
§6
ACTES ADMINISTRATIFS.
Al INI s TE RE DE L'INTÉRIEUR.
Traduction de la lettre écrite au premier consul
Bonaparte , par A-Sam , jeune chinois , sur te
point de s'embarquer avec le capitaine Baudin.
A-Sam n'ayant aucun moyen pour prouver sa
plus grande et irès-méraorable reconnaissance au
gouvernement français , et son amour et son alla-
chement inséparable dans son cœur avec la France ,
écrit celte lettre au grand chef du gouverneraeni,
au citoyen Bonaparte , par laquelle seule il peut
lui témoigner ses sentimens sincères et profonds:
il n'oubliera jamais les douceurs qu'ila goûtées
par les bontés et la générosité du cit. Bonaparte ;
il le remercie encore beaucoup pour l'avoir confié
au cit. Girbied; il part avec contentement, et
espère de revenir en France d'ici à quatre ans
avec des marchandises chinoises , il lui rend les
hommages dus à sa grandeur.
A-S A M.
Le préfet du département du Mont - Blanc
prévient tous les citoyens qui, parleurs taleus ,
leurs vertus et leur civisme , sont appelés à l'en-
seignement public , que le concours pour les
places de professeurs d'histoire et de géographie
et de belles-letires, vacantes dans l'école centrale,
est prorogé jusqu'au 20 brumaire prochain.
Ainsi que le porte, le premier avis, les per-
sonnes qui voudront concourir , adresseront au
jury d'instruction , sous le pli de la préfecture , le
programme systématique et raisonné du cours
qu'elles se proposent d'enseigner , ainsi que le
cahier du premier trimestre de ce cours ; elles
sont de plus inviiées à joindre à cet envoi la
notice de tous leurs titres littéraires , et autres ,
jusiifiant de leurs droits à la confiance publique.
Le jury fera définitivement, dans la dernière
décade de brumaire , l'examen et la présentation
qui lui est déléguée par la loi.
Le préfet , de concert avec le jury , s'est dé-
terminé à cette prolongation , vu que le petit
nombre de programmes transmis , a laissé à pré-
sumer que le premier avis n'avait pas obtenu une
assez grande publicité.
En attendant que le compte rendu du résultat
du cours de l'an 8 ait été publié , le préfet saisit
avec empressement cette occasion pour annoncer
que la cérémonie littéraire qui a eu lieu le
1'^ vendémiaire pour la distribution des prix aux
•élevés , a prcseiué les plus brillans succès , et
a jiis:ific d'une manière bien satisfesante et digne
de tout i'iniérét du gouvernement , l'espoir des
amis de la patrie , des sciences et des arts.
MINISTEREDES FINANCES.
Malgré l'article XII de la loi du i3 brumaire
an 7 , qui assujettit au timbre tous mémoires et
pétitions , même en forme de lettres , présentés au
gouvernement, aux ministres, aux autorités cons-
tituées , administrations et établissemens publics ,
le ministre des Hnaoces reçoit tous les jours des
demandes et réclarnations sur papier non timbré.
Il invite ses concitoyens à se conformer aux dispo-
sitions de 1^ loi à cet égard , et les prévient que
les pétitions , mémoires ou lettres qui seraient
adressés , non revêtus de la formalité du timbre ,
ne seront point répondus.
Les ordres sont donnés en conséquence dans
son bureau -des dépèches.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Rapport du, ministre de la police générale au premier
Consul.
Citoyen consul,
J'ail'honneur devous adresser copie de la lettre
que je reçois du sénateur Clément de Ris. Il ne
me donne aucuns renseignemens sur sa captivité.
Détenu dix-neuf jours dans une cave et les yeux
bandés , il ignore ce qu'il est devenu lui-même
pendant ce tems. J'aurai donc peu de chose
à ajouter à ce que vous savez déjà de cet événe-
m.ent.
Ce fut au milieudelanuitduiSau ig de cemois
que les brigands , ne voyant pas revenir l'agent
qu'ils avaient envoyé pour toucher les 5o,ooo fr. ,
craignirent d'être découverts , et se déterminèrent
à transférer leur victime dans un autre cachot.
Favorisés par les ténèbres , ils crurent que deux
de leur bande suffiraient pour l'escorter; en con-
séquence . ils traversaient la foièt de Loches en-
iraînnnt à cheval , et je ne sais où, le citoyen
Clément de Ris : ils étaient suivis de près. A trois
heures du matin , les braves auxquels j'avais
donné mes instructions, les rencontrent et Us atta-
quent à coups de pistolet ; ils y répondent , et
tirent, même en se défendant, plusieurs coups
sur le sénateur , qu'heureusement ils n'ont pas
atteint. Ces biigands ne ro'échapperoni pas ; il y
en a déjà trois d'arrêiés. Mes mesures sont telle-
ment prises, que je suis certain de les saisir tous
avec leurs complices.
Le ministre^ de la police-générale.
Signé, FouCHÉ. '
Copie de la lettre adressée par le citoyen Clément
de Ris , membre du sénat - conservateur , au
ministre de la police générale. — A Beauvaii-
sur-Cher , le 20 vendémiaire an 9.
Il y a vingt-quatre heures que je suis libre ,
citoyen ministre. Les quatre braves que vous
aviez chargé de me rechercher, mont trouvé
hier à trois heures après minuit au milieu de
la forêt de Loches , au moment où deux de mes
bourreaux me traînaient à cheval, les yeux bandés,
je ne sais où. Ils ont attaqué ma maudite escorte,
l'ont mise en fuiie à coups de pistolet , et mont
ramené sain et sauf. Les premiers rayons du
jour d'hier ig m'ont permis de lire, avec des
larmes de reconnaissance , votre lettre du 16.
Il est impossible de faire une commission im-
portante avec plus d'aciiviti; , de courage et
de célérité. Je vais promptement mettre ordre
à mes affaires , et aller vous porter tous les ren-
seignemens que j'ai sur mon arrestation et mes
dix-neuf jours d horrible captiviié. Je vous pré-
viens d'avance qu'ils sont de peu d'importance ,
à cause de la circonstance de mes yeux bandés.
Recevez , citoyen ministre , l'assurance de ma
vive et éternelle gratitude.
Salut , fraternité et reconnaissance éternelle.
Signé , Clément de Ris.
Pour copie conlorme ,
Le ministre de la police générale , Fouché.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le fait inséré dans la Gazette de France d'hier ,
et répété aujourdhui dans la plupart des jour-
naux, relatif à une femme en couche assassinée
en présence même de la sage-femme qui lui avait
donné des secours, est absolument faux et con-
trouvé.
POÉSIE.
LInstitut national a accueilli l'hommage
que lui a fait le citoyen Firrain Didot , des essais
d'un nouveau caractère grec gravé par cet habile
artiste. Sa forme est régulière , et plus agréable
que ceux que l'on a employés jusqu'à ce jour.
L'ardste avait choisi pour cet essai un beau frag-
ment de Tyrtée , et. ce qui ajoute plus de prix
encore à son hommage , il y a joint la traduction
de ce fragment en vers français. Tyrtée a peint la
honte qui s'attache aux pas du malheureux qui
fuit sa patrie , au lieu de combattre pour elle , et
la mort glorieuse du guerrier qui succombe en
défendant son pays. Voici les vers de l'artiste
traducteur ; il semble qu'il ne leur manque qu'une
coupe plus lyrique pour devenir \jn chant
national.
Il est beau qu'un guerrier , à son poste immobile ,
Meure pour sa patrie , et meure aux premiers rangs!
Mais fuir et ses foyers, et sa ville , et ses ehampt;
Mais mendier au loin une pitié stérile ;
Mais avec une épouse , une mère débile ,
Traîner et son vieux père et ses jeunes enfans ;.
Guerriers , de tous les maux , ces naux sont les plus grands !
L'homme qui fuit , par-tout n'obtient que des outrages ;
Les besoins importuns l'assiègent jour et nuit ;
Pe son front suppliant la beauté se détruit ;
En vain de ses^ayeux il montre les images ;
Un sang dégénéré n'attire point d'hommages:
Méprisable en tous lieux , en tous lieux on le fuit.
Le chagrin l'accompagne et l'opprobre le suit.
Combattons mes amis ! mourons avec courage ,
Mourons pour nos enfans et pour notre pays î
Vous , guerriers , vons encore à la fleur de votre âge ,
Ferez-vous de la fuite -un vil apprentissage ?
Non! à nos rangs pressés , que vos rangs soient unis.
Le clairon voui
appelle !
avançons î Totr
vie,
Guerriers , n'est
plus à V
eus , elle est à
la patri
Oh ! qu'il serai
honteux
de voir des vé
érans
Faibles, glacés
par r.îge
et la tête blancl
ie.
Remparts inesp
res de le
ur chère patrie
Seuls combattre
et sans
l'Oiis tomber aux
premic
De voir nuds et couchés
sur la terre sat
glante
fies restes de h
ros défoT
mes par le tems
Mais exhalant e
ncore une
aine indépenda
ne .'
Voyez-vous le vainqueur
insult'îr à leurs ,
manc5,
A leurs pudiqu
s mains
[ui couvrent ces
organe
Honteux d'avœir
produit
de si làehes enfa
ns?
Ah ! le guerrier
n'est beau qu'à la fleur
de SCS
L'œil des femmes l'admire , et chaqu
Mais qu'il est beau sur-tout , quand , prodiguant sa vie ^
Il meutt pour sa patrie, et meurt aux premiers rangs!
LIVRES DIVERS.
Almanach du commerce de Taris pour l'an g de la,,
république française,, contenant les noms et demeu-
res des négocians , banquiers , agens-de-change ,
courtiers , commissionnaires en marchandises ,
officiers de santé , notaires , agens d'affaires ,
maîtres de maisons garnies , pharmacie/is , archi-
tectes , instituteurs tenant maison d'éducation ,
et des marchands en tous genres ; suivis des
adresses des citoyens non coramerçans , des
foires de la république , des divers tribunaux ,
avec la liste des avoués attachés à chaque tri-
bunal ; du consulat ; du conseil d'état ; du sénat-
conservateur ; du corps-législatif; du tribunal;
des bureaux des ministres; des mairies .etc.
Prix 6 fr. , et 8 fr. 5o cent., franc de port.
A Paris , chez Duverneuil et de la Tynua , ré-
dacteurs associés , rue J. J. Rousseau , n°. 386;
Valade , imprimeur , rue J.-J. -Rousseau , n° 35l ;
Gapelle , libraire , rue J. J. Rousseau , n°. 346.
LArt de prolonger la vie humaine , traduit sur
laseconde édition de l'allemand de Ch. Guillaume
Hufeland , docteur en médecine et professeur à
l'université de Jena , divisé en deux parties, avec
cette épigraphe :
Douce lumière me seras-tu ravie? Lafontaine.
Cette édition n'est pas la même que celle an-
noncée dans le n° du 21 vendemiaiie.
A Lausanne , chez Higeron et compagnie ,
imprimeurs-libraires , et à Paris , chez Deroy ,
libraire, rue Hautefeuille , n° 34, I7gg. Prix,
3 fr. 60 c. pour Paris , et 4 fr. 5o c. franc de
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COURS DU CHANGE.
Bourse du 24 vcndemiain
à 3o jours. I à 90 jours.
Amsterdam banco.
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Effets publics.
Rente provisoire 22 fr. 88 c.
Tiers consolidé 36 fr. sS c.
Boas deux tiers i fr. 70 c.
Bons d'arréragé. . 86 fr. 25 c.
Bons pour l'an H go fr. 5o c.
Syndicat 80 fr.
Coupures 80 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 23 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ije et des Arts.
Auj. Iphigénie en Aulide , suiv. du ballet de
Télémaque.
Théâtre delà C[té-Variétés. — Pantomimes.
Auj. la 2° représ, de Canardin ou le Quai de la
volaille , comédie du gros génie , mêlée de vaud. ,
term. par une ronde grotesque ; le Moine , el
l'Epreuve excusable.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. le Déserteur , suiv. du Chaudronnier de Saint-
Flour.
Théâtre desjeunes élevés, rue de Thionville.
Auj. U Petit Mercier; la l'= repr. des Marchés ds-
Phiilis , et la Gàsçonnade.
L'aboanemcnt se fait à Paris , rue de» Poitevins, n** 18. Le- prix est de a5 francs pour trois tnois , 5okaiics pour 6 mois , et loo francs pour l'année entière. On ne s'abonne,
.qu'au commencement dç chaque mois.
Il faut adresser les lettres ctl'argent , franc déport , au cit. Aga sSE, propriétaire de ce journal , me des Poitevins , n" iS. Il faut comprendre dans les cuvois le port des
pays o; . l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point Ktirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adressM tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur, rue des
ïoitevias , n" j3 , depui jneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A. Paris, de l'impritneBe àix cit. Agisse , propriétaire du Moniteur, rue des Poitevins, n" i3.
gazetteTvationale ou le moniteur universel;
JV° 26.
Sextidi , 26 vmdemiam an 9 de la république française , une et indiviiibk.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater ciu 7 Nivôse le
II contient les séances àss autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées ain,; ^ ,^ , f ■
„. , . 1. ' ■ r ■ 1 , ^ ^ '■-■* '^'f* et 1
linténeur que sur 1 extérieur, tournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
es notions tant siif
d'accréditer. Le premier moment où la France
pouvau offrir de l'espoir , devait êire celui où
une bonne et sage opinion établirait enhn que
la révolution a élé un délire. Réparer subite-
ment ce délire en lui substituant d'atiiies dé-
lires; abolir des injures en leur su.bsiiuiani des
ressentimens, remplacer des erreurs par des
passions, une telle conduite n'aurait pu qu'é-
terniser les désordres , et ajouter des cakmilés à
des calamités. Oui, après des années de fureur
et de barbarie, la justice clle-'mime ne pouvait
peut-être se présenter toute entière à la France .
sans occasionner de nouvelles <ifinvul.sions. Il
tallaii auparavant la montrer par degrés , lui pré-
parer les opinions , et refaire en quelque sorte
les consciences. Quelles que soient les vues
ultérieures des cheîs actuels du gouvernement
français , s'ils ont entrevu ceue vérité , ils ont
saisi la seule vue de salut «jui existe encore
pour tous les partis. Nous ne savons ce que
deviendra la France, si la domination s'y con-
solidera au profit des usuip^ieurs actuels, ou
SI elle reviendra à ses souverains lé'ntimes.
Dans tous les cas , la politique dont no°us par-
lons , est la seule qui puisse la sauver pour
tous.
En fesant l'éloge dé ce discours , nous ne
prétendons pas dire qu'il soit exempt détaches ré-
volutionnaires. Q;ie signifie, par exemple, ce
rapprochement établi entre Us jjices déihonorans
du pouvoir monarchique et les effroyables excès de
la démagogie ? On sait parfaitement ce que c'est
que les excès de la démagogie ; mais quatre
volumes de commentaires n expliqueraient pas
, . , - , '^^ ''"'' '^^"' entendre par les vices déshonornns
seigneur qui en était prévenu , s est tenu jusqu'à I du pouvoir monarchique. Nous n'approuverons
ce qu'il ait été tranquillisé sur le résultat de celte | pas davantage quelques injures contre ce pays
espèce de siège.,, ^ ^ . elles nous ont paru déplacées et illibéralcs!
Il vient d'être réglé à Calcula, dans lé Ben- | Vous regardez aujourd'hui la révolution comme
gale , qu'aucune feuille publique ne pourrait plus I ^" fléau. Q_uelle obligation n'avez-vous pas à
y paraître sans avoir été soumise à la censure du ( l'Angleterre , qui , en .délivrant I Europe , vous
E X T E R I EU R.
A N'G L E T E R R E. ,
Londres , 3 octobre. ( 1 1 vendémiaire. )
Extrait de la malle d'Hambourg arrivée le 2. —
Constanlinople , sS août.
X-th. faiblesse de ce gouvernement s'annonce par
»n dépérissement dont les symptômes deviennent
tous les jours si inquiélans , que je ne puis passer
sous silence une mesure de police très-récente
qui vous paraîtra bien extraordinaire. — Un cafe-
tier turc , janissaire , à qui l'indulgence avait par-
donné deux assassinats , et qui venait d'en com-
mettre un troisième , a su intimider par sa déter-
mination et la men:ice de provoquer une rébellion ,
toutes les gardes envoyées pour se saisir de sa
personne -.il les a tenus en échec pendant plusieurs
jours , et a soutenu av'ec avantage un siège où il
a tué quatre hommes , et n'a été blessé que légé-
leraent. Le gouvernement effrayé d'une résistance
dont il craignait les conséquences , n a cru trouver
de résultat meilleur dans 1 occurence , que de faire
miner secrettemcnt la boutique du meurtrier et de
la faire sauter : ce qui a eu lieu le 2 t , à 11 heures
du soir, mais sans une réussite completle , puis-
que l'assassin qui s'était cuirassé avec des linges
mouillés , n'a pu périr sous les débris de la bou-
tique , et serait peut-être échappé , si un coup de
feu ne lavait définiiivemeni étendu sur la place.
Cette scène s'est passée au faubourg de Galata,
sur le port , et en face du Kiosk où le grand-
a préserves vous-raéracs ? Vous vous faites hon-
neur de ii'êire plus révolutionnaires : faites donc
honneur à un grand peuple qui n'a jamais voulu
1 être.
A quelques taches près , on ne peut discon-
venir que ce discours n'élinccle de vérités et de
beautés. On pourra dire'que l'apostrophe du siècle
finissant au siècle qui va commencer .convient j,lus
à'I'art oratoire ou à la poésie, qu'à la oravité d'un
miiiistre de l'intérieur. Ce jugement serrait sévère ;
mais, dans tous les cas, on conviendra qtie peu
de morceaux dans notre langue sont aussi élo-
quens ; et qu'à tout prendre , cette pièce < st une
de. celles qui rappellent le mieux les beaux jours
et les ^grands lalens du siccle de Louis XIV.
(Extrait du courrier de Londres , n
1
»e£rétarlat du gouvernement , qui aura le droit
d'effacer les articles qu'il désapprouvera.
Le haut prix des grains n'ayant fait que servir
de prétexte au renchérissement exiravasçant de
quelques denrées, telles que le lait , le beurre
et le fromage , les habiians de plusieurs villes
de provinces et de divers quartiers de Londres
sont convenus enir'eux de s'abstenir de ces mêmes
denrées , aussi long-tems qu'elles ne baisseront
pas de prix.
Après la nomination des magistrats de Salis-
buty , il fut tenu un conseil où il fut unanime-
ment voté qu il serait fait une péiilion à la cham-
bre des communes . pour la supplier de pren-
dre en considération le prix excessif des denrées ,
et particulièrement du bled , comme aussi de
prendre les mesures les plus propres pour le
soulagement des pauvres.
Birmingham paraît être l'endroit où les esprits
malveillans veulent lever l'étendard de la révolte.
Les murs furent couverts de divers éciits , tous
faits dans le même esprit , quoique dans un style
tiès-difiérent ; ce qui prouve que les auteurs sont
de plusieurs classes : les magistrats ont fait en-
lever ces placards mis à dessein d'cxclier des ré-
bellions, et ont promis une somme de loo liv.
sterling à ceux qui en découvri, aient les auteurs.
La ville de Birmingham est tranrjuillc actuelle-
ment; mais les ennemis du bien public cher-
chent à y provoquer les pauvres par la famine :
le bled et les pommes de terre manquent dans
ses marchés.
I)u 7 octobre 1800 ( li vendémiaire. )
Nous offrons à l'attention des lecteurs un des _
plus beaux discours qui aient été prononcés { teurs du département de la Seine, et muniçi-
N T É R I E U
Paris, le 25 vendémiaire.
29-
R.
L-'V, grande parade du qulniidi avait attiré au-
jourd'hui CCS spectateurs encore plus noir.breux
qu'à l'ordinaire. Le prenaier consul n'était pas
sorti depuis quelques jours. Lorsqu'il a paru , des
acclamations unanimes et spontanées se sont fait
entendre dans l'enceinte où les troupes étaient
rassemblées , et dans les lieux voisins que la foule
des citoyens remplissait.
— Le préfet de ?a Seine, le secrétaire-général de
la prélecture , les maires et adjoints des ta mu-
nicipalités de Paris, ont élé admis à l'audience
du premier consul. Le préfet portant la parole
s'est exprimé en ces termes :
Général con.iul , les fonctionnaires administra-
dans tout le cours de l'ère révolutionnaire. Ce
n'est pas seulement par la pompe du style, par
la beauté des images , par les mouvcmens d'une
grande éloquence que ce discours est remar-
quable ; la politique l'observe plus encore que
le goût. Le mérite d'une belle littérature e.'ii le
moindre d'une i)roduclion de ce genre. La
générosité des seniimcns , la candeur des aveux ,
flionnêteté des vues , voilà ce qu'on trouve
généralement dans celle pièce.
Il ne pouvait appa'tenirqu'à des êtres stupides
de regarder la révoluiioii corfime un bienfait
du ciel , comme l essor magnanime d'un peujde
accablé de maux , et fesant effort pour s'en délivrer.
Les jacobins en France et hors la France av;iient
Unu lonj-icm» Ce langage , qu'ils s'étaient efforcés
paux de la comniune de Paris , viennent au nom
de leurs concitoyens , vous exprimer l'indigna-
tion profonde qu'ils ont ressentie à la nouvelle
de l'attentat médité contre votre personne.
Dès le lendemain de l'arrestation des coupables,
l'opinion publique nous pressait d'être auprès
de vous son organe, et nous l'aurions été si
vous n'eussiez entrepris de vous dérober aux
témoignages de l'intérêt public en commandant
d'ignorer le danger que vous aviez couru.
Mais il n'est pas en votre pouvoir , citoyen
consul , de faiie qu'un tel événement fût long-
tems un secret pour la grande commune , qui,
vous comptant son premier citoyen, est respon-
sable de votre conservation auxauires commune»
de la lépublique.
Trop' d'intérêts se rattachent à votre existence '
citoyen consul pour que de. compTott^û l'oV
menacée , ne devinssent pa, u« sujet de douleur
pubhque, comme les soins qui l'ont garantie
seront un sujet de recor.nais'sance et de , oie
nat.oaale , et en France on ne sait pas dissimiler
long-tems de telles affections.
ramena" d F?" ''"' " '° ^'"'^'"''^^'^^ '"8. vous
ramena dEgyp,e, c, qu, i Marmgo sembla
vous préserver malgré vous, de toul lespé.iU
du sein desquels vous fîies sortir la vic-oire
^qui enEn le J7 vendémiaire an g, vient de
\ vous sauver de la fureur des assassins , est , per-
mett.z nous de vous le dire , la providence de la
Fratice bien plus que la vôtre-, elle n'a pas
voulu quunc année si belle, si pleine d'évé-
nemens glorieux, et destinée à occuper une
aussi grande place dans le souvenir des hommes,
terminée tOui-a-coup par un détestable crime ,
méritât ains, d être retranchée de nos annales.
(^ue les ennemis de la France cessent donc
de conjuier sa perte , et de vouloir la vôtre;
et querihn, ils se soumettent à cette destinée
qui , p us puissante que tous les complots .
assure I .^ttermissemcnt de la lépublique par
votre conservation , « votre conservation par
son attermissement.
Citoyen consul, nous ne vous parlons pas
des coupables, ils ne sont p.is en votre pouvoir,
us appacliennent à laloi.
Le premier consul, apict avoir entcn lu ce dî<^
cour^, s est entretenu long-tems avec les maires
de Fans ; voici différens fragmens de ce gue
nous avons retenu de cette conversation.
Le gt^uvernement, a dit le premier consul
mente 1 aifection du peuple de Paris Il est
vrai de dire que votre cité est responsable à la
France entière de la sûreté du premier magistrat
delarepubhque.... Je dois déclarer que ,■" dans
aucun tems celte immense commune n'a montré
plus d attachement à son gouvernement; jamais
il ny eut besoin de moins de troupes de iione
même pour y maintenir la police. '
Ma coriEatice pardcullere dans toutes les classes
dii peuple delà capitale, n'a point de bornes -
SI jetais absent, que j'éprouvasse le besoin dun
asyle , c est au milieu de Paris que je viendrais le
I trouver.
Je me suis fait remettre sous les yeux tout ce
que 1 on a pu trouver sur les événemens les plus
désastreux qui ont eu lieu dans la ville de Paris
dans ces dix dernières ansées : je dois déclarer
pour la décharge du peuple de Paris , aux veux
des nancins et des siècles à venir, que le noti.bre
d^s médians citoyens a toujours été extrêmement
petit.bur4oo, jemesuis assuré que plus des deux
tiers étaient étr.ngers à la ville de Paiis. 60 ou 89
ont seuls survécu a la révolution.
Vos fonctions voys appellent à communiquer
tous lesjours avec un grand nombre de citoyens •
dites-leur que gouverner la France ap.ès dix ans
difficile""'" ^"'''^'''"<"^'i'"aires, est -une lâche
La pensée de travailler pour le meilleur et Je
plus puissant peuple de la terre, a besoin elle-
même detre associée au tableau du bonheur^
des larailles , de 1 amehoration de la morale pu-
blique et des progrès de l'industrie, je diiais
même aux témoignages de l'affection et du con-
tentement de la nation.
- La société de médecine de Paria, qui a rendu
de si grands seivices avant la révolution , va re-
prendre le cours de ses travaux. L'école de mé-
decine de Pans a formé le noyau de cette inté-
ressatjte association , el l'arrêté du iï fructidor
lu. adjoint k-s citoyens Alibct, Andry , Auvily ^
Bichat , Chaplal , Cuvier , Deschamps , Huzard
Jadelot , Jeanroi Jussieu, Lapone, Lépreux^
fessier et Vauquclm. Cette organisation actuelle
présente un ensem.blc de talens, d intentions et
de vues qui promettent les plus heuieux effets.
— Le ciioyen Bigot Preameneu s'entretenant
avec le premier consul de ce qui fait le sujet de
toutes les conversations, exprimait les regrei* du
tribunal de cassation de ne s'être pas présenté
pour lui témoigner ses sentirocns ; mais ,,ue
comme il serait possible i^ue les coupables fu;sent
poursuivis crimineLIcmcnt, et que celte afiaire
ressortît du tiibunal de cassation , il voulait rester
impassible autant au moins qu'il le pouttait Le
premier cousul 1 épondit ;» Ciwj*» Preamsrtfit
)> flùt au ciel qui, depuis dix ans nos irihunaux
5> enisent toujours eu ces principes , que dé victimes
î' de moins .'.'.'
ACTES DU GOUVERNEMENT.
ArrlU du -îi vendémiaire.
Lf.s consuls de la république arrêtent ce qui
suit : ■
Art. I'^'. Le dépnrlemenl des Alpes-Maritimes
fera paitie de la S^ division militaire.
II. Le général Garnier en cotiseivera le com-
mandement.
» in. Le ministre de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Arrêté du 23 vendémiaire.
Les consuls de la république , vu l'art. XVIII
de l'arrêté du i"' pluviôse an 8 , portant que les
b ireaUK chargés des opérations de la liquidation
de la dette publique , seront transférés hurs de
l'enceinte de la trésorerie ;
L'arrêté du 12 veniôse , qui supprime le bu-
reau central de ladite liésorerie , et réunit les opé-
rations du remboursement dont il éiait chargé ,
aux fonctions du liquidaleur-génér.il de la dette
publique ;
L'article II du même arrêté , qui enjoint audit
liquidateur de présenter le plan de l'organisation
des bureaux nécessaires pour cette opération;
Sur le rapport du ministre des finances, le cou-
seil-d'état entendu , arrêtent :
98
cliaïge , que pour la sûreté des créancieTs et
débiteurs.
X. Il ne sera point formé d'état sépaié des
liquidations faites par la commission en exécution
du présent arrêté ; elles seront comprises iodis-
tinctement djns son état décadaire , qui sera dressé
dans la forme prescrite par l'article XIV de là loi
du ':4 frimaire an 6. , , '
XI. La régie de l'enregistrement restera char-
gée des diverses parties de liquidations qui lui
ont eié confiées, attendu leur conncxiié avec la
partie administrative des domaines nationaux.
XII. Les résultats des travaux de la liquida-
tion générale seront présentés , tous les trois
mois , par le liquidateur général , au rhinlstre des
finances, et soumis pat. lui aux consuls.
XIII. Les bureaux de la liquidation générale
de la dette publique demeurent organises , à
compter du i" vendémiaire an g , conlornicment
lyrarrcié des consuls du 12 ventôse an S , cl à
l'étal joint au présent arrêté.
Les traiteraens et autres dépenses qui y sont
portées , ne pourront excéder 35o imille francs ,
qui feront partie du crédit du ministre des firian-
ces , et seront payés de la même manière que
cetlx de la trésorerie.
XIV. Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
bulletin des lois.
Suit le tableau.
Etat des dépenses de la liquidation générale de ta
dette publique.
Le liquidateur général. Son uahement. i2,ooofr.
Conseil contentieux. Quatre princi-
paux commis - réviseurs formant le
conseil contentieux de la liquidation
générale 32,ooo
Chefs et sous - chefs. Cinq chefs de
Art. I". Le liquidateur-général de la dette pu-
blique demeure exclusivement chargé des opé-
rations de lîqiiidation primitive, déférées au liqui- . division ; dix sous - chefs , y compris
dateur particulier de la trésorerie , par les lois 1 le secrétaire-général,
des 9 vendémiaire et 94 frimaire an 6,eH2 bru- | Vingt-deux hquidateurs de.i" classe ;
'■ Idouzedea'classe; douze de 3' classe;
IL II continuera d'opérer définitivement , sous I ^°^^^ '^^ 4^ classe.
ia responsabilité , la liquidation de toutes les! Deux teiteuis de livres de 1"^= classe ;
créarices et réclamations soumises à sa vérification •' deux de 2' classe ; trois de 3"= classe ;
par l'article précédent, sauf le recours au minis-
tre des finances , contormément aux lois des 3
brumaire an 4 et 24 frimaire au 6.
III. La liquidation des restes de dépenses , ainsi
que celle des avances faites par le gouverne-
ment dans les divers ministères , pour service de
quatre de 4' classe.
Cinq commis d'ordre ; quatre idem
j aux écritures; trois idem.
Total , cent employés.
I Q^jatrc - vingt - seize employés, à
2,700 fr. l'un dans lautre , d'après
, , c ^ ' „. — .'• 2,700 tr. i un aans lautre, ri ai)res
toute nature des années 5 et 6 , sera fa.te par le 1 la répartition qui en sera faite par le
liquidateur gênerai de la dette pub , que , sous sa l.quidateur général.
responsabilité, comme les autres objets de liqui-
dation de son attribution.
IV. En conséquence , les ministres . ainsi que i j, p.-^ , à 600 fr,
quiciateur ge
Dix gardiens de bureau à 800 fr. ;
Un portier , à 800 fr. ; un homme
les parties intéressées à cette liquidation, re
tront au liquidateur général de la dette publique
tous les litres et pièces relatifs auxdites créances
ou avances à liquider.
V. Les créances résultant de ladite liquidation-
continuerontàêtre ordonnancéespar lesministres,
chacun dans son département , en la forme ordi-
naire , sur la remise qui leur sera faite par les
parties , de la reconnaissance du liquidateur gé-
néral , qui, préalablement, en aura fait passer
un état au ministre compétent.
VI. Quant aux parties qui, ayant reçu dts
avances, se trouveraient reliquataires envers le
trésor public, le hquidateur-général en fera passer
l'état au ministre des finances , accompagné des
pièces établissant 'e débet pour , par lui , les faire
contraindre , s'il y a lieu , conformément à l'arrêté
des consuls du 18 ventôse an 8.
VII. Les restes de dépenses dues en papier-
monnaie , ainsi que les comptes des avances faites
en cette même valeur par le gouvernement , pour
les divers services de la guerre , de la marine ,
de l'intérieur, ou autres qui auraient commencé
en l'an 4 ou antérieurement, et qui se seraient
prolongés dans cet_ exercice ou au-delà , jusqu'à
l'extinctiba du papier-monnaie , seront à l'avenir
liquidés par la commission de la comptabilité
intermédiaire , sous sa responsabilité , comme les
attires objets de son altribuiion , ei conformé-
ment aux lois et arrêtés existans.
VIII. Celte commission sera de même chargée
de liquider ceux des créanciers, pour service de
l'an 5 , qui , usant de la faculté que leur donne là
loi du 24 frimaire an 6 , préféreraient être liquidés
et remboursés conformément au mode qu'elle
prescrit.
IX. En conséquence , Tes ministres et autres
ordonnateurs , chacun dans son attribution , feront
pa',ser sans délai , à la commission de la compta-
bilité intermédiaire , tous les titres , pièces et ren-
geignemens relatifs à cetie partie de l'arriéré.
Ils se concerteront, chacun pour ce qui le con-
cerne , avec ladite commission sur les mesures
à prendre à cet effet , tant pour leur propre dé-
Frai r de bureaux.
Chauffage , impression , papiers, etc.
Loyer de la maison occupée par le
liquidateur général , en commun avec
le ministre de la justice , depuis le t".
germinal
Dépenses imprévues , traduction de
litres éciits en langues ét.angeres , etc.
26,500
3,5oo
3,000
Bonaparte.
extrait par l'élection étant de dog^e cents , il
s'agit, comme on voit, de f.ire opérer une
énorme masse de voians pour la formation d'une
énorme massé de notables. De là les difficullés :
car si 1 on s'attache scrupuleusement à ce qui pa-
rnîl être le vœu de la constitution , le mécanisme
de.î éitctions se complique ; et si l'on s'attache à
simplifier le mécanisme , on court risque de
blesser ou la lettre ou l'esptit de la conslilulion.
Le problème est dune en général d r.ccorder
la légalité ou constitutionnaliié des opérations
avec [a facilité de leur tnécanisirre.
Mais dans la discussion, ce problê^me s'est
décomposé en un grand nombre de questions
diveirses , dont les unes regardant les condition^
politiques des éliictions , les autres les conditions
mécaniques.
Nous allons en reproduire sommairement la
discussion. Le résultat de leUr eSiamen sera de
fixer l(.s prirjcipes qui doivent servir à l'apprécia-
tion des divt.-is projets qui ont été propos ;s; et
ensuite il suHira presque de lire ces projets,
pour les juger en connaissance de cause.
La première question sur laquelle il s'agit de
prononcer , est de savoir si la constitution obligo
a faire des élections communes à tout l'arrondis-
seinent communal, tel qu'il a été déterminé pat
la loi du 28 pluviôse pour l'administration, ou
de les faire p.ir section d'arroniiissemenl.
Observons d abord qu'il ne faut pas confondre
les élections sef.tionnaires avec les scrutins section-
naires : dans les' deux systêpnes ontre lesquels il
s'agit rie prononcer , les scrutins ?e feraient éga-
lement par sections. Mais dans le premier , les
sciutins sectionnaires seraient dépouillés ensem-
ble; les siiftiagcs donnés dans diverses sections
aux mêmes citoyens , seraient réunis , et l'élec-
tion serait produite par la majorité absolue ou
comparative des suffrages portés par les listes
réunies des sections de l'arrondissement. Dans
le second, au contraire, la majorité de la sec-
tion produirait l'élection du dixième de ses
citoyens, indépendamii:ent du suffrage de toute
autre section , et la liste communale serait la '
réunion des listes sectionnaires.
Les d'eux proposiiions opposées peuvent donc
être énoncées ainsi :
Ou faire des élections communes par des scru-
■ tins sectionnaires ;
( Ou faire des élections sectionnaires par des
sciutins sectionnaires.
- On a proposé deux rnanieres différentes de
rendre les éleclions sectionnaires : la première est
de diviser simplement en sections les divisions
administratives d'arrondissement , telles qu'elles
ont été établies par la loi du 28 pluviôse ; la se-
conde , de tracer dans les divisions administra-
tives d'autres divisions plus petites pour l'exer-
cice des droits politiques , lesquelles s'appelle-
raient comme les premières , arrondissemens com-
munaux.
Il est évident que ces deux opérations seraient
les mêmes , et auraient les mêmes résultats sous
des noms dififérens : puisque , relativement aux
I divisions administratives , toute division en plu
I petite partie serait sectionnaire,
j Maisvenonsàla question. La conslilulion exige-
it-elle des élections communales , ou permet-elle
des élections sectionnaires ?
L'article I'^' de la constitution porte ; 11 Le ler-
I )) ritoire européan (de la république françrise)
>> est distribué en départemeus et arrondissemen
)> fommt/natix.i) L'article LIX suppose u des admi-
ji nisirations locales établies pour chaque arron-
j> dissement communal, >> L'art. VII porte que 41 les
" les choyeas de chaque arrondissement communal
51 désignent, par Irurssuffrages, ceux qu'ils croient
)) les plus propres à gérer les affaires publiques :.
J' il en résulte une liste de confiance , dans la-
!> quelle doivent être pris les fonctionnaires publics
î> de i arrondissement, ii
Le rapprochement de ces trois dispositions de
l'acte consiitulionnel suflSt pour éclaircir la ques-
tion.
Une première vérité résulte de ces dispositions
c'est que les arrondissemens commuaaux prescrit»
par l'article I^' , devant , en vertu de l'art. LIX ,
avoir chacun une administration locale , et , en
vertu de l'art. VII , les iunciionnaires prépo.sés aux
administrations locales devant être pris sur des
listes formées , dans chaque arrondissement com-
munal , des citoyens qui ont le plus la confiance
des autres , chaque arrondissement communal
doit avoir son adminis:ration communale et son
élection communale : en d'autres mois , La division
Le premier consul , signé
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret. x
C O N S E I L - D' É T A T.
Résumé de la discussion qui a eu lieu au conseil-
d'état, au sujet des moyens à employer pour la
formation des listes de notabilité ou éligibilité
commaiiAe , prescrites par la constitution.
L'objet de la discussion est de déterminer les j
moyens d'exécuter l'article VII de la constitution.
Il est ainsi conçu : n Les citoyens de chaque arron- 1
i> dissement communal désignent par leurs suffrages, !
)) ceiix d'entre eux qu'ils croient les plus propres a, !
M gérer les affaires publiques. Il en résultp une"
ji liste de confiance conienant un nombre de
n noms égal au dixième du nombre des citoyens
>> ayant droit d'y coopérer. C'est dans cette pre-
u miere liste communale que doivent être pris
)) les fonctionnaires publics de l'arrondissement. 11
Trouver une méihode d'élection , au moyen
de laquelle les citoyens d'un arrondissem.ent com-
munal puissent nommer facilement le dixième de
ceux qui ont droit de voter; tel est donc l'obiet 1 -i . 1 i-.- j • «. 1 - 1
J ^1 1 , 11'. "uin. iuujci , elec orale ou politique doit être la même que la
des recherches du conseil-d étal. 1 j- • • j ■■.,.■ v |. u- ,"
divisron administtauve ; I une es; I objet , et 1 autre
Ces recherches ne sont pas sans <'ifficultés. 1 le moyen. Ce point établi , il s'ensuit que ce qui
L'objet spéci il de I article VII de la constitution , aura été décidé par la loi pour déterminer une
étant détablir une représentaiion communale pour des divisions prescrites par la conslilulion , eit
la gestion des affaires communales , elle semble décidé pour l'autts. Si une loi eût dit , les divi-
deraander une élection communale. Mais le nom- sions d'arrondisseraens politiques seront au nom-.
bre moyen des citoyens d'un arrondissement bre de quatre ceins deux : les divisions d'arron-
communal ayant droit de voter , étant de douze dissemcns administratifs auraient été, par cela.
mille, et le nombre de noiables qui doit en être seul , au nombre de quatre cents deux; et Ici
99
lignes qui auraient m'iiqué le« unes , auraient été
communes à tomes. De même , si la loi a marqué
les divisions administratives , elle a marqué ; par
cela seyl , les divisions électorales ou politiques.
Quel est donc le fait, et qu'a dit la loi? Le 28
pluviôse, la loi a déterminé les divisions admi-
nistratives : donc le 28 pluviôse la loi a déterminé
les divisions politiques ; donc les iirrondissemetïs
communaux déterminés ipbur lexercice de l'ad-
miiiistralion communale , le. sont pour .l'exepcice
des dfoits politiques , c'esi-àidii:e ,.'pour les élec-
tions communales.
Ainsi s'évanouissent d'ibord toutes les appa-
rences qui avaient pu faire croire qu'il était possible
de former des arrondisscmens communaux pour
les élections , dans les arrnndissemens commu-
naux marcjués pour l'administration.
Les doutes étant levés à cet égard , voyons
l'autre opération proposée.
Une seconde vérité résulte des dispositions de
l'acte constitutionnel que nousavons rapprochées:
c'est que , suiv.int l'art. VII , les citoyens de chaque
arrondissement devant déi'\'i,ner , par leurs suffrages ,
ceux d'entre eux qui ont /« ^/«f leur confiance , ouj,
eu 'autres mots, (h.iquc citoyen devant désigner
ceux d entre tous les citoyens de chaque arron-
dissem nt qui auront le plus sa confiance , il est
i)éctssjire que chaque citoyen de chaque arron-
disscm'-iii puisiC voter sur les citoyens de lout
l'ii ..:iidi<>crneiit. Les élections ne peuvent donc
être lenfermées dans des sections darrondisse-
Tenons donc que la lettre de la constitution
n'admet point d'élection sectionnaire. Voyons
maintenant son esprit.
L'esprit de là constitution est évident. Elle
institue un ^gouvernement représentatif , c'est-à-
dire quelle veut que les ciioyens soient jugés ,
administrés , par des hommes en qui ils aient
autan: et plus de confiance qu'en eux-mêmes.
Elle doii donc avoir voulu que les administra-
teurs dun intérêt communal tussent présentés par
tme élection communale; qu'il y eût communauté
de confiance entre ceux qui , unis par la coramu-
nauié des intérêts , ilevaient être l'objet de fonc-
tions communes à tous, et les administrés d admi-
nistrateurs communs : en un mot , elle a dit
vouloir des listes communales pour des tondions
communales , et un caractère de représentation
communale dans le fonctionnaire chaigédelin-
lérét communal.
On tire quelques objections de l'article IX de
la c...nsiUution. On dit : en vertu de l'article IX,
les notables de la troisième liste , ou du troisième
degré, entre lesquels doivent être pris les ionction-
naires naiionaux, sont nommés par des élections
séparées de département. Si donc la lis:e de la
plus iraporiante éligibilité peut être tormée par des
élections partielles et non commurtes , on doit
en conclure qu'il est permis de composer de
méme-les listes communales d'éle'clions section-
naires.
On peut répondre qu'il n'est permis d'inter-
préter h constitution que dans les cas où elle ne
s'explique pas elle-même : or, l'article LIX de la
constitution supposant les administrations localis
pour les arrondissemens communaux , établit
l'identité entre cette première division adminis-
trative et la première division politique, quoiqu'il
ne l'établisse pas pour les autres divisions admi-
nistratives ; ainsi le texte résiste à la conséquence
qu'on voudrait tirer d'un ordre de choses pour
un différent.
Quand le texe de la constitution laisserait la
libellé de régler par analogie la lorme des élec-
tions communales , il serait dilhcilc de porter sur
les élections communales le principe établi pour
les élections nationales.
En effet, il y a de grandes différences à consi-
dérer entre la notabilité communale et li nota-
bilité nationale ; entre les intciêt» communaux,
auxquels est appelée la première , et les intérêts
nationaux , auxquels est appelée la seconde.
1». L'intérêt communal touche moins l'autorité
nationale que lautre ; et , par cette rai on , e
gouvernement regarde de plus prés l'administra-
tion centrale : il convient donc que le citoyen ail
le driit d'élire directement tous ceux qui peu-
vent participer à I admiiiistrjiion communale.
2°. Il y a plus de ressemblance entre les inteièts
communs de deux arrondissemt ns différens ,
qu'entre les iiiléiê'S coniinunu'ix de deux munici-
fadtés. 3". Lélu du depailemen; est aussi I élu de
arrondissement , même de plusieurs arrondisse-
mens ; au lieu que l'élu d'une section d arrondia-
semcnt n'est pas celui de l'autre. L'élu nation.»! est
bien plus représentant que lélu immédiat dune
section ; il a éié élu deux lois ; il I a été jiar une
plus glande masse de ciioyens. Il est bien plus
natur. I que les habitans d'un départemetii recon-
naissent pour représentant l'homme qui est élu
par les électeurs d'un arrondissement, lesquels sont
élus immédiatement par le peuple , qiiil ne 1 est
de rcconnaî'te , dans l'administration d'une com-
mune , l'élu d une attire. ,
Nous venons' de voir que l'esprit et la toltre
de la toristitulion s'opposent égtiiement aux élec-
tions seciionnaires ; voyous ce quedemande l'in-
térêt public.
Ce que demande l'intérêt public peut être
réduit à deux choses distinctes : la première , c'est
que les listes soient composées des hommes du
plus gr,.nd mérite de la nation ; la seconde est
que ces hommes de niériîe aient la confiance des
citoyens. Des hommes de mérite , sans considé-
ration , ne fiourraicnt .])as faiie le 'bien , ou le
bien qu'ils leiaient serait mal senti; des hommes
qui auitiient une considéraiion usur|'ée, po/rr-
raieni s eu servir pour faire impunément bj^p-
coui) de nul. ' '
Les élections communales peraiellepl la nomi-
nation d hommes qui réunissent les. -deux con-
ditions dont il s'agit; les élections, sectionnaires
contlamnent à beaucoup de mauvais choix ,'en
empêchent beaucoup de bons , .et n assurent pas
aux élus la confiance de la majorité des ci-
toyens.
D'abord, elles empêcheraient beaucoup de
bons choix , et forceraient à en faire beaucoup
de mauvais. En effet, les citoyens capables et j
connus pour tels , sont ordinairement rassemblés
dans les plus grandes villes, et même dans des
quartier» rapprochés les uns des autres dans
chaque ville. Ainsi , le système des élections sec-
tionnaires , en divisant les citoyens p.ir sections
d habitation , en bornant chaque division à une
même quotité d'élus , et en les obligeant à choisir
exclusivement entre les citoyens de la section ,
condamnerait les citoyens des sections peuplées
de beaucoup d hommes capables et considérés ,
à en laisser beaucoup à l'éc.iri et dans l'inutilité ;
tandis que , d'un autre côté , il condamnerait les
citoyens des sections ignorantes . et qui sauraient
l'être , à ne choisir que des ignorans qu'elles
connaîtraient pour incapables de remplir leur
destination ; tandis que leurs regards s'attache- i
raient avec regret sur des hommes à qui se serait
déjà attachée leur confiance , dans d auires sec- I
lions du territoire oîi ces hommes se trouveraient 1
être d'inutiles surnuméraires.
Ainsi I les villages, qui comprennent deux tiers 1
ou trois cinquièmes de la population française . '
les taubourgs des grandes villes , les quartiers du |
négoce , et les aitisans qui en sont aussi les deux \
tiers ou les trois cinquièmes , et ijui ne comptent |
pas dans leur population le inillienpf d'hommes I
distingués , élitaient entre eux un dixième qui
se trouverait être les trois quarts au moins de |
la hste communale ; tandis que les villes , et , !
dans les villes , les quartiers les plus peuples 1
d hommes distingués, qui peut-être en offriraient
un sur quatre ou cinq aunes , bornés, comme /
les campagnes et les faubourgs , à choisir le
dixierne Je leurs citoyens , verraient l'accès de I
la notabilité communale fermée à la moitié de
ses hommes délite que réclamaient envain les
sections pauvres ; et en résultat elles n'auraient
contribué qu à un quart de la liste , pouvant four-
nir la moitié , les^ trois quarts ,, peut-être le tout.
Ainsi , en résultat , les élections seciionnaires
donneraient trois quarts d'ineptes, en rebutant
un quart , moitié , peut-être trois quarts dé ca-
pables. Trois quarts des choix auraient lété faits
sans confiance , et , à proprement parler , ne se-
raient que des nominations laites sans choix , et
auraient étouffe la confiance qui aurait trouvé
I ailleurs des objets capables de la justifier. Les
trois quarts des élus n'ayant pas la confiance
de leurs propres sections , comment auraient-ils
celle des autres? Il faut bien prendre g-arde que
dans le système de représentation constitution-
nelle , aucune condition d éligibdité n'est impo-
sée. La constitution ne demande au candidat. ni
propriété . ni âge , ni service; en un mot, elle
ne lui impos; aucune de ces conditions que les
hommes sont convenus généralement de regarder
comrtie de premiers titres de coiifirnce auxquels
il suffit que le personnel ne déroge point. La
confiance immédiate des citoyens est donc un
litre nécessaire ; elle est donc le seul témoignage
qu un candidat puisse offrir en sa laveur à la to-
talité d'un arrondissement. La confiance d'une
section , c'fst-à-'.lire , de quelques voisins et de
quelques amis , ne peut donc pas être un titre
prés de beaucoup d'autres ; à plus forte raison
une nomination de section , manilestement laite
sans confiance , ou du moins avec une confiance
iiioindie que celle dont ses membres h(.)norent
d autres ciioyens fjue la surabondance de leur
propre section a obligé d'écarter.
On doit ajouter aux probabilités qui lonl crain-
dre de mauvaises élections dans le système sec-
tioniiaiic , les facilités qu'il offre aux itiirigans
Cl aux factieux pour faire tomber sur eux les
nominations.
Quelle différence entre ces résultats et ceux
des élections cotnmunales ! Les citoyens pou-
vant choisir sur une masse de plusieurs milliers
il individus , sur les villes , sur les campagrrcs ,
ont la libellé de choisir le inéiitc pai-toul oti )
il se lait remarquer , et ne sont pas condamnés
à le laisner à l'écart (juelijue patl qu'il existe !
Les hommes médiocres ou peu connuf, s'il est""
inévitable d'en admettre rie tels , ne seront notti-
niés qu après l'iépuiaetrient de la liste des. autres !
et il est possible au moins de constater que la
majorité ne connaît au,cun motif de 'l'écarteri
Ainsi , au moins , une grande partie, dés élu»
pourra avoir le suffrage immédiat de la maj'o-
rité , et il ne pourra pas arriver qu'aucun l'ait
contre lui. Tous les élus auront pour eux ,
sinon une estime sentie,. au moins une es'ime
suri parole qui suffira .pour. laisîscr-rau peuph: le
sentiment de sa libcr^té . let ^ux-l fonctionnaiic».
lautorité nécessaire poiiir la .gapantic ou .pouï
l'exécution des lois. ,...■.--, -:.•.. ■'')
On oppose au système des élections cOrti-'
munales , 'des dilficuliés d'exécution, de.-i piin-
cipes de libeité . des principes d'égtiliic , dcJ
craintes de découragement pour les lalcns tt'K'S
venus. ' ■
Laissons un moment de côté les objections.,
tirées des difficultés d exécution , et prop.MSoirs-',' jj
nous les objections tirées des grands intéiêis de^j ^
la république ; la libené , l'égalité ,, 'a morale.
On croit , la liberté comprapiise par un syS'
tême q.ui rendrait la noVibiliié très-laçile à ac-
quérir , prc.s-quc iinpossible à révoquer,
On croit l'égalité coraproitliSe par l'avantage
que des élections communales donneraient aux
villes de chct-lieu surles campagnes , puur l'élec-
tion à la notabilité communale. ' :
Enfin , on croit la morale compromise par le
privilège décourageant qu'acquerraient queirjues ■
citoyens distingués par la nature de leurs occu-
pations autant que par leur mérite.
Reprenons ces objections dans Tordre où elles
sont présentées.
On oppose aux élections communales l'art, XII
ainsi conçu : <i Nul n'est retiré d'une liste que.
" par les votes de la majotité absolue des
)' citoyens ayant droit de coopérer à sa for- '
!' mation. n
On dit : si vous faites des élections commu- .
nales , et que vous exigiez la majorité absolue ij
vous multiplie^ et compiiquiz les opérations d&i '
manière à dégoûter les citoyens ; si vous vous >
contentez de la majorité comparative , un ci'
toyen pourra être élu par un petit nombre de
suffrages ; dans ce cas , il peut, arriver qu'un
homme devenu notable par le vœu de quehjues
centaines ou dixaines' de suffrages , devenu en-
suite odieux à dix fois plujî de citoyens , ne puisse
cependant être retiré de la hste , parce qu'il aura
tallu peut-être la totalité des votans pour ''ex-
clure.
Sans rien préjuger sur la question de savoir
si les élections se Icront à une majorité ab-
solue ou seulement comparative , et , dans le
deTnier cis , si l'on fixera un minimum à la
majorité comparative , on peut observer dès-à-'
présent que rien ne choquerait la raison et le
bon sens dans un système qui exigerait la
majorité absolue du nombre des citoyens ayant
droit de voter , peut-être l'unanimité des votans,,
pour révoquer un notable . et qui n'exigerait
qu'une majorité comparative pour le no-ifnmer.
D'abord il doit être plus facile d'honorer un
citoyen que de le déshonorer. Secondement ,
il y a peu d'inconvéniens à ce qu'un mauvais .
citoyen demeure sur la liste des notables de!
commune , le gouvernement n'ayant jamais
d'intérêt à en employer de tels , et le nombre
des emplois communaux étant si borné , qu il y
aura toujours cent notables pour un emploi-
Troisièmement , si l'on sie contente d'une petite
majorité pour lélection , c'est par 1 impossibilité *
de trouver un nombre suffisant de citoyens
connus. Mais qu-md un homme est élu, tous
ses'-concitoyens ont intérêt à l'observer , aie côn»
naître : par celte raison .il est bientôt connue
et dès-lors on peut exiger une grande majoiitè
pour le jugement qui doit être porté sur se»
mœurs et ses talens. Elu par une majorité com-'
parative , minorité de fait , parce qu'il était un
citoyen obscur , il n'est pas moins Ihomme de
l'arro.Tdissement ijui a le plus la confianci ; désti-'
tué parla minorité quand il est devenu homme
public , il le serait contre le vœu public.
Venons à l'abjection tirée de l'nitérêt de l'é-
galité. On croit qu'elle exige que les notable*
soient pris dans une proportion uniforme sur'
toutes les parties de la population ; de manière
que chaque village , chaque rue de cent à deu»
cents citoyens dans une grande ville , et peut-
être chaque groupe , chaque niuison habitée par
dix citoyens , ait le dixième de son nombre dan*
la liste communale. C'est une erreur qui confontJ
l'égalité de droit avec l'égalité de fait. L'égaliic
de droits politiijues ne consiste pas en ce que
chacun ail droit à une place , puisqu'il faudrait
ou qu'il y eût autant de places semblables qutS
d individus , ou que chacun les occujiât à son
tour; elle consiste en ce que <i\vACan puisse éti<
élu poui:. la dutée de t."ra.( la plUs convenable ùl
l'iiitéiêt public ; en ce qu'aucune inMitutior»
ij exclue aucunt cLsse àe tiitoyeni; dt» dltois é'iu*
100
ilu , ni d« droii d'élire , soil à une fonction , soit
à une noiabilité.
Dans l'ordre civil , l'égalité de droits ne de-
mande paï qu'il n'y ait point d'hommes qui puis-
sent avoir des serviteurs , mais que nul ne serve
que volontairement , et que tous puissent se taire
servir quiand ils ont le moyen de payer le ser-
vice : 1 égalité civile ne demande pas que les biens
soient également partagés , les fortunes nive-
lées; elle demande, au contraire , que chacun
puisse acquérir et posséder tranquillement soii
domaine , quelle qu'en soit l'étendue. L'égalité
politique de fait serait l'oppression de la proprie e
et de toute liberté civile ou politique ; car don-
ner à l'ineptie , à la corruption , à la bassesse ,
à la méchanceté , le droit de gouverner , ce se-
rait donner le droit de tout subvenir , de tout
envahir , de tout oser. L'égaliié politique de fait
serait le renversement de l'égalité civile elle-
même ; car il se trouverait des sectioris de citoyens
gouvernées par des hommes éclairés et probes ,
lundis que d'autres léseraient par des hommes
féroces et stupides.
La crainte de décourager l'émulation des ci-
toyens par des élections communales , est évidem-
ment mal fondée , puisque , dans ce système, on
accorde la notabilité, non au mérite , mais a la
position des habitans.
La crainte de décourager par des élections
sectionnaires devrait occuper bien davantage ,
puisqu'elles écarteraient , dans certaines sections
riches' en hommes de mérite , tout ce qui excé-
derait 1-Ê contingent de chaque section , et
qu'elles appelleraient à leur place une foule d'hom-
mes non-seulement inférieurs , mais même ab-
solument incapables.
Tout concourt donc à solliciter la préférence
pour les élections communales.
Nous terminons sur ce sujet par une dernière
observation : c'est que , dans la discussion qui a
eu lieu au tribunat sur la loi du 28 pluviôse ;
dans celle qui a eu lieu ensuite devant le corps-
législatif pour l'adoption de cette même loi, il
a été établi ou supposé de toutes parts , que les
premières divisions administratives seraient aussi
les premières divisions politiques. Le rapporteur
du tribunat établit dans son rapport que la ioiç-
niation des listes d'éllgibles et les services admi-
nistratifs doivent être adaptés à la rnême division
territoriale. Il a répété cette proposition dans la
discussion devant le corps-législatif ; et le con-
seiller-détat qui lui a répondu le premier . a
admis cette proposition. Ainsi on pourrait dire
qu'il y a , sinon une espèce d'engagement pris a
cet c^ard par le gouvernement , du moins un
aveu authentique du principe de l'identité entre
la division politique et la division administrative ,
et il est généralement entendu aujourd'hui que
les divisions administratives doivent être com-
munes aux divisions politiques.
Nous concluons donc pour les élections com-
munales. La suite demain.
Saint-Bernard , sut les vestiges des monuméiîs
que l'on y a découverts , sur l'institution de 1 hos-
pice par Saint-Bernard de Menthon vers 1 an 962 ,
et sur les règles observées dans cette maison par
les bienfaiteurs de l humanité qui l'habitent. Lats-
sons parler l'auteur.
)> Au Mont- Bernard, le fils de la guerre,
l'ami de la paix , les messagers de l'industrie ,
les nourrissons des arts, les amans (ie la nature,
jusqu'à ceux qui n'ont plus de patrie, tous iii-
disiinctement, reçoivent de ces vénérables soli-
taires ou le baiser fraternel , ou l'embrassement
consolateur. Loin des imposteurs , ils ne parlent
pas d'humanité; ils ne bénissent pas , et ils sont
béilis': ils ne menacent pas de l'enfer ils
montrent le ciel. — Et s'ils vous voyent partir,
ils ne se consolent que par la pensée qu'ils
appartiennent à tous les hommes. Comme au
Greipsel , leur charité, leur intjuiétude ne se
bornent pas à des cris ils agitent les échos ,
ils combattent les tempêtes, ils iondent les gla-
çons , ils s'élancent dans les neiges , ils péné-
trent jusques dans les entrailles des avalanches
pour en attacher les infortunés qu'elles viennent
d'engloutir. — Leurs hivers sont de neuf mots ;
ils ne vivent gueres au-delà de dix ans Mais
ils meurent satisfaits si , dans ces dix ans de ma-
ladies cruelles et de vie céleste , ils ont eu le
bonheur de sauverun homme. >»
Il serait peut-être difficile de rendre le por-
trait de ces bons religieux plus intéressant. Après
avoir peint ces héros de 1 humanité , l'auteur
parle des animaux domestiques , qui les aident
dans leurs travaux et qu'ils ont élevés , pour ainsi
dire , jusqu'à l'intelligence humauie.
15 Depuis brumaire jusqu'en floréal , chaque
jour , l'un des domestiques du couvent , nommé
Maronnier ou Hospitalier . va à une lieue en
quelques voisins. Ils voient le terrain couvert
d'une monstrueuse avalanche. Il ne doute plus
de son malheur, il croit son fils et son mulet
engloutis. Mais en se retournant il appeiçnit dans
les buissons un objet noir contrastant avec U
blancheur de la neige : il approche , il reconnaît
son fils ; il était sans connaissance. On l'emporte ,
on lui prodigue tous les soins^ on le rappelle a
l'existence. Revenu, il raconte n'avoir entendu
qu'un bruit étonnant , et en même-tems un vent
impétueux qui l'a emporté et la privé de toute
sensation.
'I Cette même année 1774 , il tomba des neiges
très-abondantes dans nos montagnes , au poin«
qu'on remarcjua qu'il s'était formé des avalanches
clans des endroits où on n'en avait presque jamais
vu. Il en tomba une en mars, à peu de dislance
du bourg de St. Rémi , au pied du Mont-Bernard,
si grande et si terrible, qu'à plus de soixante
toises au-dessus du terrain qu elle occupa , les
sapins et les mélèzes , dont quelques-uns étaient
de la grosseur d'homme , furent renversés et cou-
pés au côté opposé , comme s'ils l'avaient été par
des boulets de canon. J'ai été témoin oculaire
de ce fait.)'
La lettre de M. Murith est remplie de faits éga-
lement intéressans sur différei.les particulaiités re-
latives à ces montagnes.
Cette brochure est terminée par le récit des
dangers que coururent , pendant 27 jours , une
quarantaine de français à Viterbe , petite ville
d Italie, après l'évacuation de Rome par les troupes
de la république , le 6 frimaire an 7. Une populac»
fanatique et cruelle . excitée par des prêtres et
payée par un agent du roi de Naples , demandait
chaque jour la tête de ces infortunés. La mort
leur fut toujours présente pendant ces 27 jour* ,
et pour comble de lioulcur et d'angoisses la piu-
dehors à la rencontre des voyageurs. Dans les j ^^^^^ d'eniteux voyaient leuis femmes et leii
grandei neiges et les touimentcs, des religieux I ^„(^„^ exposés au même sort. L'auteur a peint
Le Menl-Jouxou le Mont-Bernard, discours his-
torique , lu à la séance publique de la société
philoiechnique du 20 messidor an 8; suivi d'une
letiie de M. Murith, religieux de l'hospice du
-Mont-Bernard , sur son origine , son institution ,
les fonctions pénibles auxquelles se vouent les
religieux , et la manière ingénieuse avec laquelle
•ils élèvent les chiens destinés à découvrir les
voyageurs égarés ou engloutis sous les neiges ;
avecune belle gravure , représentant le Grand-
•StBernard , et l'hospice , près de la vallée d'Aost.
se joignent à lut ; toujours un gros dogiae les
précède. — Rencontrent - ils quelqu'un ? ils lui
donnent un peu de pain et de vin pour rani-
mer SCS forces ; bientôt le chien marche en tête ,
et mérite bien le pas qu'on lui cède. Sans lui . le
vovageur le plus expérimenté se perdrait inlail-
libiement la <iuit et même le jour , par un
brouillard épais; mais en quelque tems que ce
soil, le chien ne perd jamais le sentier , quand
même il n'en paraîirait aucun vestige ; lorsque
des avalanches ont enseveli des voyageurs , ou
lorsqu'ils ont fait une chute périlleuse , le chien
les évente et les indique, n
Qui croirait qu'il y a des hommes assez pervers
pour porter le crime jusques dans ces déserts
où l homme sent si bien le néant des choses hu-
maines , jusques dans le sanctuaire de la vertu et
de l'hospitalité? Mais on verra, par le trait sui-
vant , que par-tout aussi les scélérats trouvent
leur châtiment.
Il En Z787 , trente brigands se rendirent à l'hos-
pice. Les religieux les reçurent de leur mieux ,
mais bientôt ces bandits sommèrent le prévôt d«
leur remettre l'argent de la maison. Celui-ci ne
perd point la tête ; il leur répond que l'honnêteté
avec laquelle on les avait accueillis ne méritait
pas une telle conduite : que cependant , puisqu'ils
l'exigeaient, ils n'avaient qu à le suivre , et qu'il
allait leur remettre la caisse du monastère. — Ils
le suivirent ; il ouvre une porte ; à sa voix les
dogues s'élancent sur ces scélérats , déchirent les
uns , étranglent les autres, mettent le reste in
faite , et sauvent la masse par la présence d'esprit
du supérieur. >»
L'auteur termine ce discours comme il l'a com-
mencé , par une hymne à la valeur de nos guer-
riers. Son style a quelquefois emprunté des objets
qu il décrit une sorte de couleur originale et j
pittoresque. Le goût pourrait lui faire des re
A Paris, au cabinet et salon de lecture, boule
vait Cérutti , n° 21 , et chez' les marchands de j proches ; mais dans une production de cette na
nouveautés
-Ce discours fut composé à l'occasion du pas--
■sage du Mont-Saint-Bernard par l'armée de ré-
serve , et pour célébrer la victoire de Marengo.
Aussi quelques-unes de ses parties sont-elles dans
le. style du poërae ou de l'ode. En voici le
début :
M Aux noms de Bellavèze , de Brennus et
<l'Annibal , les Alpes sourcillent encore. Ceux
qui portèrent ces noms , ne furent que des dé-
vastateurs.
I) A celui de Bonaparte, ces géans enchaînent
leurs tourmentes, compriment leurs neiges , étouf-
fent leurs tonneres , comblent leurs abîmes , et
ceignent leurs pyraunides éternelles des rayons
du soleil et des trophées de sa gloire, x
On conviendra que c'est le preiidre sur un
ton bien haut pour un simple discours historique.
L'auteur avait oublié apparemment ce précepte :
le début soit simple et n'ait rien d'affecté -
ture , ne vaut-il pas mieux intéresser avec une
physionomie irréguliere , mais bleu caractérisée ,
que de ne faire aucune impression avec des traits
corrects , mais oïdinaires ?
LaJ^etire de M. Mutith , prieur de Mirtigni et
religieux du Mont-Bernard , donne la plus haute
opinion.de ses lumières et de son esprit. On voit
que l histoire et les sciences naturelles lui sont éga-
lement familières.
Ce que dit M. Murith des avalanches , est trop
intéressant pour n'être pas cité. Je choisis deux
exemples parmi ceux qu'il rappone.
it Voici , dit-il, un autre événement qui prouve
les effets surprenans de l'action de l'air dans les
avalanches. Le joue du mardi-gras de la même
année ( 1774) ,à Saint-Didier, duché d'Aoste , un
jeune homme invité par son père à s'aller divertir
avec ses camarades , lui demanda la permission
d'aller plutôt traîner du bois pour le service de
1 hospice , craignant qu'il ne survînt quelqu'ava-
[ lanche du premier côté. Le père y consent-.
11 que le aeout sou simpic ci u au iicu >j au,.,-i,,. .- ■ lauui _
Ne serable-t-il pas qu'il entonne l'hymne de la jeune homme paft avec un mulet , va au déva-
victoire ? On pourrait présumer au moins que j loir , fixe le bois au trait et conduit le mulet
son discouis n offrira que des images poétiques
et les exclamations du sentiment et de 1 admi-
ration. On se tromperait : il remplit réellement
son titre ; il contient des détails précieux sur
l'étimologie de l'aniique dénomination des Alpes,
»ur les différens cultes qui ont eu des autels au
sommet du Mont-de-Jupiter , aujourd'hui Mont-
Une avalanche part, emporte pat son souffle le
jeune homme dans des buissons , à une portée
de carabine.... Il reste sans connaissance; le
mulet, retenu par le bois qu'il traînait, est en-
glouti. J»
iy Le père , alarmé de ne point voir revenir son
fils malgré la nuit , se met à sa. lecheich» avec
celte situation affreuse en homme qui a fortement
senti ces vives et poignantes émotions de lame.
Sa narration peut être comparée au drame le plu»
intéressant. C'est un noble (le comte Zelli , et un
piètre, (le cardinal Gallo , évêque de Viterbe ) ,
qui y font les plus beaux rôles ; tant il est vrai
que la venu est de tous les pays et de toios ls«
états.
Un des acteurs les plus remarquables de celte
scène est un simple garçon menuisier. C était l'uit
des chefs de l'insurrection ; cet autre Maïaniellô
exerçait sur les révoltés une influence presqu'in-
compréhensible. Voici le trait tel que le raconte
l'auteur (i).
Il Aux dix heures du matin çlu 3 nivôse , la
comte appella les citoyens Mechin , Artaud et
moi. "Je ne sais ce qu'on vous veut , le chef le
Il plus violent de l'insurrection est à la porte de
11 îévêché et demande impérieusement à parler
11 aux agens français. 11
11 Dans un accès révolutionnaire , on est perdu
si l'on délibère, il faut statuer. Nous fûmes
d avis de recevoir le chef. C'était un fort bel
homme. Sa physionomie n'avait lien de féroce,
elle était superbe : un vieillard l'accompagnait,
celait son père. — n Je ne suis, dit-il, qu'ua
11 garçon menuisier , mais je suis chrétien , et
1) je commande 5oo hommes aussi déterminés
1» que moi. Je ne sais qui va l'emporter ou de
1) moi ou de Kellermjnn. ... Si c'est lui , je me
11 tuerai ; mais ce père , une épouse , des enfans
11 resteront pour ma vengeance. Si je suis heu-
1) reux , de par le christ ! vous paierez tous de
11 vos têtes. (A ces mots son visage se couvrit
1) de sang ) Ecoutez ..... assurez-moi les jours
11 de ma famille , et dans 1 instant je châsse de la
11 ville les paysans , je désarme les entêtés ,
I) j'ouvre Viterbe aux français. — Touchez là ,
11 m'écriai-je ! nous allons vous donner un écrit,
ji — Un écrit ! reprit-il, en nous fixant avec
Il dignité et nous serrant les mains : entre mili-
n" taires il ny a pas besoin d'écrit, u
1) Il sortit, il tint parole. — Un quarl-d'heure
n'était pas encore écoulé que.les cloches te taisent ,
les paysans sontchassés . lesnapoHtains éconduits ,
les portes ouvertes et les députés partis pour Tos-
canelle. . , . . On abat les armes du roi de Naples
et du pape ; un arbre vert s'élève sur les cendres
de l'ancien ; les français détenus dans les prisons
accourent nous embrasser ; nous allons au-devant
du général Kellermann et de nos braves libérale ursa
un regard oédaigneux nous fait justice du marquis
de Spéco ( 2 ) , assez vil encore pour s'approchec
de nous. Les fra,.çris arrivent, beaux de poussière
et de lauriers :nous serrons dans nos btas le
sauveur de nos familles: Kellermann donne quel-
ques larmes à sa jouissance et veille , par des
ordres , à la sûreté des habitans ; il honore la
sublime vertu de la famille Zelli , il joint sa re-
connaissance à la nôtre envers le cardinal , il porte
la grandeur française jusqu'à récompenser le chef
de la révolte, VicenzoDomenione, de son heureux
repentir. D...
(i) Il faut noter ici que le général KeUerman
n était à Tosca-
nelle , prés Viterbe avec une colonne française^
préta k donner
l'aesaut à cette dernière place.
fa) C'était l'agent du roi de Naples.
À Paris , de 1 imprimerie de H. Agasse.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
J\fo
27.
Seplidi, zroendemiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aurorisés i prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 N>vôse le M O N r T E U R esc le seul journal offidcl """
il cont.enc les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles dès armées ainsi oue les f,irc.r 1 " •
I" i • . 1' j! ■ r • 1 . """SI ijue les raits et les notions tanr «nr
I inréneur que silr 1 extérieur, fournis par les cocrespondanccs ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelle!
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londici , 3 octobre. ( 1 1 vendémiaire.)
JEtilrait d'une lettre de Canton , U i5 mars 1800.
( Correspondance particulière. J
Vous entendrez peut-être parler en Europe
d'une affaire doiit les conséquences auraient pu
être funestes , et que ni 1 humanité , ni la pru- ;
dence ne peuvent justifier. Je vous en donnerai
les détails , qui , sans doute , ne seront pas par-
venus à votre connaissance.
Pendant qu'un des schooners du roi mouillait
à Whampoa , deux ou trois fois ses cables furent
coupés dans la nuit. Le commandant du schoo-
ner , lieutenant de la marine royale, irrité de
ces vols répétés, donna ordre à son contre-maître
de faire feu sur le premier bateau qui s'appro-
cherait avec l'inttntion de couper les cables.
L'ordre fut malheureusement exécuté le il fé-
vrier. Un jeune chinois , de 17 ans , qui se trou-
vait dans le bateau , reçut une balle dans le côté
droit du thorax ; elle ressortit par le dos à un
pouce de distance de l'épine.
Le Tson-iow, vice-roi des provinces de Can-
ton et de Qujng-Si , ordonna au Ho-pow , col-
lecteur des douanes , de promulguer , le 14, un
cdit par lequel les anglais étaient accusés d avoir
noyé un homme et blessé un autre : il était en-
joint au doyen des cohongisis (la compagnie des
négocians ) , d'en communiquer le contenu à M.
Hall , chef de la factorerie anglaise , en lui de-
mandant de faire livrer le coupable à la justice. »
Le comité choisi fit de vive voix de vaines
remontrances. Le capitaine Dîlkes du vaisseau
de S. M. , le Madras , étant arrivé de Macao
hommes des bateaux chinois eussent été attaqués
dans l'action du vol. Les chinois prétendent
encore qu'un de ces hommes a été noyé ; cepen-
dant comme ils n'ont pu retrouver son corps,
ils sont sans preuve. Ils ont souffert que le
contremaître sortît de Canton sans être molesté.
Le jeune homme blessé nous a été remis Je 18
pour être soigné, et nous avons lieu d'espérer sa
guerison,
Le 21 , le vice-roi envoya dire à M. Hall , par
un mandarin ,_ qu'il avait imposé silence aux lois
^ de la Chine , à raison de l'amitié qu'il portr,it aux
( anglais ; mais qu'à l'avenir il ne pourrait plus en
modifier la rigueur; on prétend aussi que le
nouvel empereur est bien disposé en notre fa-
veur; mais jusqu'ici le privilège de décharger
nos vaisseaux avant que les cargaisons ayent été
mesurées, etune considérable augmentation dans
l'importation de nos laines, sont fes seuls avan-
tages que nous ayions retirés de l'ambassade.
L'empereur Ka-Hing, qui règne aujourd'hui,
n était que le i5= fils de Kien-Long. On le dit
savant. Il a permis aux missionnaires de Pékin
de rouvrir leurs églises. Ce prince n'a. encore
pu ternainer la malheureuse guerre dans laquelle
, son pjrédécesseur était engagé contre les pro-
I viifces rebelles de Se-chuaii et de Cham-si. Ces
provinces n'ont jamais porté patiemment le joug
tartare. L'armée de 100,000 hommes envoyée il y
~^ ^. .... . ..,.„..»,>.. , „.....> -....^ ^w .,x^^a^ , . cnose nouvelle, et q'
obtint des negocians de la factorerie, quils por- | plus j^^^i^ ^ I3 chine
tassent une lettre au vice roi. Cette démarche ,
sans exemple à Canton , était contraire à tous
les usages ordinaires. La lettre fut reçue favora-
blement. Le capitaine Dilkes se plaignait du vol
qui avait été commis , sollicitait un examen im-
partial . et priait son excellence de considérer la
chose comme une affaire nationale et n ayant
P
vivre a sa dëtaite , se poignaraa lui-meme. Cette
guerre a jetio les finances de l'empire dans un
SI grand épuisement que Ka-Hing s'est vu forcé
de recouri.r à la vente des dignués. Ce moyen
itii a procuré de grandes sommes. Les né>'o-
cians de sa factorerie (iecurfty merchants ) ont
tous acheté des litres qui leur ont coûté à cha-
cun la somme de 60 mille piastres. C'était une
chose nouvelle, et qui ne se verra peut-être
Quarante fermiers des environs de 'Worcester .
au nombre desquels se trouve lord Coventry
ont signe lengagement suivant : — u Nous pro-
mettons solennellement de faire battre , porter
et vendre .^u marché dans l'espace dun mois ,
la 10-= parue des bleds que nous avons récoltés
cette année 5 nous nous engageons en outre à
continuer une vente semblable , de mois en mois,
pendant 1 espace de dix mois , à compter du pré-
sent jour et nous recommandons à nos voisins
de taire de même, o
Un savant irlandais prétend que la mesure d'une
union incorporative avec l'Angleterre était au
nombre des conditions sous lesquelles les chefs
irlandais se rendirent à Henri II , lorsqu'il fit la
conquête de leur île.
On écrit d'Halifax , en date du og août -
"Cette saison a été très-mal-saine; dçpui, deux
mbis noiis n'avons point eu de pluie , et tous
les bois des environs sont brûlés ; la fumée qui
seneleve nous empêche de voirie soleil. „
On écrit d'Irlande que des forets sont si fort
enilamii:]ees,que la fumée obscurcit l'atmo^ohera
et empêche de voir le soleil.
A^^' ' "" ^"'- '""'''', " ^"'"'^ '^^"^ >^ quartier
de Wapping , situe au-dessous de la Tour sur le
bord de la Tamise. De vains efforts ont été faits
pendant tine partie de la nuit pour l'éteindre
La perte nest point encore exactement connue
_ _,-._, „.. ,.,,,ujcc 11 y î , <--■•- -y ■'• iju.t |juui icieinare.
a deux ans pour les réduire, fut taillée en -^^ .P"/,^ " ^'' P°'n< encore exactement connue
pièces, et le général , ne voulant point sur- ™^'^^"'^ ''s"">">ense. Plus de cinquante bâtimens
vivre a sa défaite , se poignarda lui-même. Cette °."f ^'^ '^ V\o^- «^^s flammes , entre autres une
P"llerre a iptjp If.c fimr./-«u A,, v^ ;__ j_ riche hras?pri/a *.i un ^K„_.;__ j
Les tiésors confisqués du mftiistre Ho-tchino--
ton n'ont point été appliqué» aux besoins de
I état. L'empereur avait ordonné qu'ils fussent
distribués parmi les plus pauvres mandarins, ce
qui n'a été exécuté qu'en partie , les femmes et
les concubines de l'empereur s'en étant appro-
aucun rapport quelconque avec la compagnie i ï'"^ •'' .P°^"°" '^ P'"s considérable. Ces iré-
des Indes. Le vice-roi ne consentit point à cette I ^°" étaient immenses. Les eaiis publiés à Pékin
dernière demande; mais il envoya un mandarin ^" P°'"^"' '' somme a 900 millions de taëls ,
dernière demande ; mais il envoya un mandarin
de confiance pourconférer avec le capitaine Dil-
kes et M. Hall. Les parties consternées des deux
côtés se trouvèrent piésentes à l'entrevue. Le
vice-roi décida ensuite , conformément à l'usage
chinois , que l'affaire serait d'abord portée devant
un tribunal inférieur , . pour être évoquée en der-
nier ressort devant une cour supérieure.
Le capitaine Dilkes, le coupable, un témoin
et M. "Staunton , en qualité d'interprète, se ren-
dirent dans la ville où le peuple les traita avec
beaucoupd'indignité. Loisqu'ils eurent attendu
pendant piusieirs heures le juge criminel de la
province , ils furent introduits dans la cour. Le
capitaine Dilkes insista pour faiie examiner le
contre-maître. Le juge s'y opposa, disant que
des matelots anglais ne pouvaient être crus sur
leur parole. Il ajouta que si le blessé suivivait
41 jours , les lois de la Chine ne prescrivaient
que le bannissement, et que les magistrats passe-
raient par-dessus cette disposiiion, considérant
que le coupable était un étranger, er regardait
sans doute le séjour de sa pairie comme plus
fâcheux que le séjour ovi la Chine reléguait ses
bannis.
Le capitaine Dilkes persistant à demander l'exa-
men des matelots , haussa malheureusement la
voix au-delà des bornes permises par les règles
de la cour. Aussitôt le juge fit signe à ses offi-
ciers qui prirent le capitaine Dilkes par les
épaules et le poussèrent violemment hors de l'en-
ceinte ; M. Staunton le suivit. Les deux matelots
lurent retenus près d un quart d'heure et inter-
rogés sur divers •. oints ; mais leur frayeur était si
grande qu ils ne se souviennent ni des questions
flu'on leur fit, ni de leuis réponses.
Le capitaine Dilkes écrivit une seconde lettre
au vice-roi pour se plaindre de sa conduite;
mais cette fois il ne put engager les négqcians
de la factorerie à s'en charger , et il est peut-être
heureux pour les anglais que les chinois aient
décline l'enquête ; car ni le coui.able , ni le té-
moin n'auraient pu jurer sous serment que les
. ' - ^- -- _„ ^ ., y^-" liiiinv^ua uc lacis ,
ajoutant que 2000 coffres à thé étaient employés
a les contenir. Cette version ministérielle est ce
, "'■, ■-■■""'' "■■iiisicucue csice- ■çiu picscns a J assemblée , et la nroDo<;;iir.r. .^.
pendant soupçonnée d exagération, et l'on assure lord maire ayant été exposée M Thorn^
que les trésors de Ho-tchin.r.,nn „. „,„.,;.„. Ui^r .„ c^;„ „.:. 1, /_.-,' ^^^- , ''"'^^"^ ' ">^r
que les trésors de Ho-tching-ton ne passaient
pas quatre-vingt millions de taëls en numéraire
(I. sierl. 26,666,666 i3 4 ) auxquels il faut
joindre ce qu'il possédait en terres, maisons,
perles, diamans et pierres précieuses, dont la
valeur pouvait doubler cette somme. C
• I , * . — ^-^ 1 »-iJiic duires une
riche brasserie , et un chantier de consiructioa
ou se trouvait pour 20,000 liv. sterl. de bois.
Pendaiit que deux pauvres familles s'occupaient
a déménager leurs maisons, l'édifice voisin qui
contenait un dépôt de poudres sauta , et fit sauwr
en même tenas ces deux maisons. Les cris de leurs
malheureux habitans enfouis sous les décombres
se fesar;t entendre au-dehors , on travailla aussitôt ■
aies déblayer, et quelques individus en furent
retires vivans ; mais le plus grand nombre avait
Gommon-Hall.
Vendredi dernier le lord maire avait convo-
que a 1 hoiel-de-ville de la eue , une assemblée
commune. Son intention était de proposer une
adresse a. S. M. pour la supplier très-humble! '
ment de rassembler le parlement , et de l'inviter
a s occuper des moyens de faire baisser le prix
des denrées. Environ mille livérym^n se trouvè-
rent presens a 1 assemblée , et la proposition du
menses:propriétés étaient le fruit dr.o ^^ né^; riJ^^^lT n'^^.^l^ris'^Z^eri'^-^T^
de ministère, pendant lesquelles Ho-ichln..-,on ,\.„Ar..: A„„. a^ ._ . ^Tn' P'"^'^"-. Je m abs-
de ministère, pendant lesquelles Ho-tching-ion
avait vendu tous les emplois de l'empire.' L'em-
pereur l'avait condamné à périr par le supplice
des dix mille pièces; mais l'ordre fut révoqué en
conridération de ce qu'il avait épousé une fille
de Kien-Long, et i! s'est pendu lui-même avec
un cordon de soie que le souverain lui a envoyé.
Douze vaisseaux chargés de pierres, que l'on
dit avoir été destinés à combler l'entrée de quel-
que port hollandais , ont éprouvé un violent
orage à la hauteur de l'île de Gorée : il en a péri
onze , le douzième est revenu à Sheerness.
{ Morning-Tost. }
Pendant le cours de la semaine passée, tous
les grairis ont haussé de prix. Cette circonstance
extraordinaire, après une si belle récolte, ne
peut que donner de justes inquiétudes. Mais ce
n'est pas seulement le bled que la cupidité tient
en réserve. Le charbon, le lait , Je beurre, le
fromage, er jusqu'aux légumes , sont devenus
des objets de monopole.
Divers habitans de Lewishara se sont engagés
a fournir , en faveur des pauvres de leur pa-
roisse , du bled à 4 liv. sterl. le quarler (mesure
de huii boisseaux de 55 liv. chacun ) dans la
proportion suivante: M. J. Cator , la totalité de
tier en soie , prit la parole , et s'expHqua dans"
les termes suivans : . ^
"Ce n'est point pour discuter une question
pohtique que le digne chef des magistrats de
la cite nous a rassemblés ; c'est pour prendre
en considération les moyens d'apporter queiaue
sou atrempnt a a micor» A„„ -...' , ^ . 4 '^
Uendrai donc de toute réflexion qui pourrait
avoir rapport a la politique , et je m'arrêterai
uniqtjement sur un sujet qui me touche pro-
fondément , le haut prix des denrées. Ceux nui
m entendent jouissent, ainsi que moi, des ai-
sances de la vie; mais j'espère que cet avantaee
ne nous empêchera point de sympathiser aux
maux de nos concitoyens.
_ .. Il n'est personne qui ne déplore le renché-
rissement des denrées; mais on l'attribue à di.
verses causes sans pouvoir s'accorder sur la vé-
ritable. Les uns croient que le vrai moyen de le
aire cesser est de mettre fin aux horreurs de
la guerre ;d autres pensent que le mal ne pro- '
vient que du monopole ; d'autres , que les ard-
faces des meuniers et des marchand! de farine
en sont la cause; d'autres , qu'd faut l'attribuer
aux specu ations avides des fermiers opulens
ou enfin a la multiphcation des banques de cam'
pagne et du papier mis en circulation. Ces poims
peuvent être plus ou moins vrais ; je n'en tou-
cherai aucun en parliculier;je désire seulement
quils soient tous soumis à la considéf^tion du
parlernent , dont la sagesse saura les peser con-
venablement et mon but est de proposer une
adresse a S. M. , pour la supplier de le convo-
quer a cet effet.
^ _ J. , . . J, — «..u. , ta luiaïKC I
sa récolte; M. J. Fotster, la totalité de sa récolte ,, T» ■,,;« «„» ,...
20 quarters; A. Constable, 20 irfm ; W. Phillips ' m Ilirr, H I IhW^n." J" métropole renferme de».
20 tdevi; J. Trehearn , la totalité de sh ré nfâ ' ' ' i '*''?bitans indus neux réduits à 1 exiré-
Ed. Owen, idem; jihu Clarke , 20 , "w '' T' 'l,'^" désespoir, et j apprend, par diverses
Jacques Robinson ,5 t'rfm ,• W SiuiuieT lï iV« Vf ^^ ''"".""'"'"" ^^ familles , char-
tot^ité de sa récolte , T. Bu^net . J.^"^'^ ' H ^« t^Ti^Z:. ":^Ci^!'Î^Zi^
102
«{ue conliennent ces lettres , rappellent à ma mé-
moire un lugubre événement. — Unpete et une
mère qui ne jiouvaieni nourrir leurs trois enfans,
résolurent d'ensacrificruaà leurs besoins mutuels.
Ils délibérèrent sur le choix. Le plus âgé fut
épargné, parce qu il était le premier né; le
second ressemblait trop à sa mère pour être sa-
crifié ; le iroisicme était le dernier gage de l'affec-
tion conjugale ; le perc et la mère prirent pour
dernière ré.soluiion de périr ensemble.
)) Parmi beaucoup d'exemples lécens tout atissi
épouvantables, (M. Thoriie en hi une longue
énuméraiion) il en est sur-tout un qui mérite d'êire
remarqué. — • La femme d'un soloat , dans les
enviions de Cambridge , après avoir vainement
sollicité les secours des ofbciers de sa paroisse ,
s'est pendue avec ses deux enfans pour éviter les
agonies d'une mort languissitnie. >'
M. Thorne termina son discours par la mo-
tion qu'il av.iil annoncée ; elle fut .iriopiée aux
acchraa!ioi(S de l'assemblée. Il proposa ensuite
l'adresse , ijue M. Durand seconda avec chaleur.
C'est , dit ce dernier , la cause des veuves et
des orphelins , la cause de malheureux sans nom-
bre que les livcr/mcn sont appelles à défendre.
£l'est à eux qu'appartient ce noble devoir , puis-
qu'il n'y a point de corps dans le royaum-e , qui
ait plut de poids et d'importance.
>i Je pourrais ajouter au triste récit que nous
venons d'entendre , d'autres faits qui feraient
également verser dés larmes à tout homme sen-
sible ; mais je m'arrêterai au sujet immédiat qui
nous occupe , à la cherté des denrées. Mon opi-
liion n'a point changé depuis 1799, époque à
laquelle je l'ai publiquement énoncée. Je ne
crois point que la disette de grains que nous
avons éprouvée eût naturellement pu porter le
prix du qitartern /«a/( pain de quatre livres) à plus
d'un shclling. Une rareté partielle a pu exister ,
mais elle a été bien moins grande que le public
ne l'a imaginé. J'ai près de soixante ans , et dans
le cours de ma longue vie , j'ai eu souvent lieu
d'observer que lorsqne les récoltes manquaient ,
le prix des grains haussait en proportion ; mais
je n'ai jamais vu encore qu'une récolte abon-
dante , telle que nous venons d'en avoir une , fît
augmenter le prix du pain. Ce qui arrive cetie
année est la chose du monde la plus exiraordi-
naire , et il faut que la source du mal existe quel-
que part. C est à vous à la chercher. Je crois que
vous ne la trouverez qu'en découvrant les ma-
nceuvres des accapareurs. S'il y a en effet des
hommes qui méritent ce titre odieux , la dam-
nation la plus terrible leur est sans doute réservée
par Dieu dans l'autre monde. ( Grands applaudis-
semens. ) J'espcre que leur châtiment sera digne
de leur crime , et je n en connais point de plus
grand. Ils sont plus coupables que l'assassin. Si
un meurtrier me brûle la cervelle , il finit mes
peines ; mais ce.ui qui me retient les denrées né-
cessaires à mon existence , me détruit en détail.
Si Je vous menais à Spitalfields , je vous ferais
voir des milliers de lualheureux périssans de faim.
M. Durand lit l'éloge de l'humanité de ceux qui
■ avaieiit fondé des établissemens pour distribuer
des soupes de charité , mais qui , à son avis,
ront insufEsans , et peuvent entraîner des con-
séquences iâcheuses. lijai souvent lu, ajou'a-
t-il , dans des auieurs célebrts, que la force d'un
empire dépendait de sa population , mais je
demanderais au très-honorable Guillaume Pitt ,
pour qui j'ai un grand respect , si l'état peut être
fortifié par une augmentation de population ,
quand la famine l'accompagne. L'accroissement
de la population exige celui de l'agriculture,
lirais il y a dans le royaume 3 millions d'acres de
terres en friche ; et si l'on veut un remède au
Boal présent , je dirai qu'il ne peut se trouver que
dans un bill de clôture générale d'une paît (t);
dans la commutation des dixmes de l'autre. Je fais
vœu d'employer tous mes moyens physiques et
looraux , ce que Dieu m'a accordé de fortune ,
ce (Ju'il m'accordera encore d'années , à obtenir
l'accomplissement de ces deux grands objets.
( Applaudissemens. ) Je n'ignoie point les diffi-
cultés contre lesquelles les ministres ont à lutter
jpour soulager les pauvres ; mais quand les
«î/êr/men de Londres seront à la tête d'une grande
et utile entreprise , il est impossible qu'elle ne
toit pas suivie du succès. J'espérais que les
liverymen se rassembleraient à l'effet de présenter
une pétition; j'espère que les autres corporations
■du royaume imiteront leur exemple , et je suis
persuadé que la voix réunie du peuple anglais ne
se sera point fait entendre en vain. Je terminerai
en observant que les liverymen ont aujourd'hui
commencé une grande oeuvre ; j'espère qu il ne
rallentitont point leurs eflForts qu'ils ne l'aient
achevée. Mais ce n'est point une assemblée qui
suffira, et fussent-ils convoqués dix fois dans
l'année, je prévois que leur zèle ne s'affaiblira
point dans 1 exercice d'un devoir qui leur méritera
de longues bénédictions. ( Des acclamations
réjlérées. |
M. Kemble voulant alors prendre la parole ,
l'assemblée lui donna quelques marques de dé-
faveur-; mais le lord maiie obtint qu il fût en-
tendu , et il annonça l'avis qu'il serait plus con-
venable de ne passer de résolution que quai^d le
parlement serait assemblé.
L'adresse er la pétition passereni définitivement
sur la motion de M. Thorne ; apiès quoi ce der-
nier proposa qu'elles fussent piéseniécs à S. M.
par le lotd maire et par les shérifs. Alors S^ S.
observa que , dans, une circonstance précédente ,
le roi avait refusé de recevoir une pétition des
liverymen , parce qu'ils n'avaient point agi en
leur capacité de membres composart la corpo-
ration de la cité de Londres. S. S. fut en consé-
quence d'avis que la pétition devait être revêtue
d'une autre forme.
M. Waithman prétend que les liverymen. ras-
semblés en Common-Hall aVec le Itjrd maire et
les shérifs , formant la corporation de la cité r.-
Londres , avaient toujours eu le privilège de pié-
senler des adresses au roi sur son trône , et que
ce droit fut négligé pour la première fois en
1789 , les mots sur bon tiône ayant été omis dans
la pétition. Elle fut présentée au lever de S. M. ;
et depuis cette époque , ajouta M. Waithman ,
les ministres ont cherché à établir l'exception en
principe.
L'observation de M. Waithman donna lieu à
une conve'jation entre M. Thorne, Icsaldermen
Curtis et Newman , et le lord maire. Plusieurs
voix s'écrièrent: si nous avons des privilèges , con-
servons-les.
La motion amendée dans le sens de M. Waith-
man . c'esi-à-dire , par l'addiiion des mois sur
le trône , fut définitivement adoptée et la salle
retentit d'acclamations.
I N T E R I E U
Paris, le ^6 vendémiaire.
R.
On écrit de Bruxelles , en date du 21 vendé-
miaire, qu'une partie de la ménagerie de Tippoo-
Saïb , achetée en Angleterre, est parvenue ici
par la Hollande. On y remaniue un tigre et
sa femelle, un onauderon , sorti de singe . le
premier de son espèce que Ion ait vu vivant
en Fiance , etc. Ces animaux doivent être coti-
duits à Paris.
première; donc -le- sens de ta prfm'iere est !é
même que celui de la seconde. Enfin, le mot
également ,, qu'y est dans l'art. VIII fonr seiujilabk-
ment; pro'uvÈ surabondamment ic vœu' d^unc opé-
ration pareille pour les élections communales et
pour les élections départemeniales.
L'esprit de là constiiulion est d'accord avec
sa lettre. Elle veui trois degrés d'élection et trois
grade,< de notabilité. Dans le système des élec-
tions indirectes, il y en auraii quatre. Elle veut
que le degré le plus élevé porte sur un plus
nombreux , et celui-ci sur un plus nombreux
encore ; ainsi elle enicnd (jué le premier degié
posera immédiatemeni sur le corps du peuple.'
Or , s il y avait une élection intermédiaire enfré
lu nol.bilité communale et le peuple , la grada-
tion n'existerait plus ; et tout l'édifice , au lieu
de s'élargir à rnesuie qu'il est plus près de sa
base . et de poser sur la masse eAtiere du
peuple , poserait sur un noyau inieiuiédiaire ,
qui serait comme ictraiiglenieni de la rppiésen-
laiion.
L'inléiêl public demande aussi l'élection directe,
parce que les inirigues ont moins d'influence sur
la- niasse des ciioytns que sur un corps d'élec-,
teurs rapprochés dans un petit espace.
Enfin , ou les éiccieurs seraient en plus granrl
nombre que les notables demandés , ou ils se-
raient en nombre égal , ou enfin ils seraient en
nombre moindre. Soii qu'ils fussent en plus grand
nombre, ou en nombre égal, leurs choix tom-
beraient sur eux-mêmes; et alors l'élection se
résoudrait en élection directe , après avoir passé
par une formalité embarrassante et dérisoite. Si
le nombre des élecieurs était moindre que celui
des notables à élire, ils commenceraient par se
nommer eux-mêmes , ce qui convertirait leur
éleciion en élection directe , et ils nommeraient
ensuite le nombre riédssaire pour compiciter je
dixième du déj-artemeni : d'oti il résulterait qu'une
partie de?s notables pourrait se consirléier comme
étant choisie parie vœu du peuple, tandis que
les autres ne le seraient que par la grâce des
premiers ; diflerence contraire à l'égalité qui
doit caracléiiser l'insiilurion fondamentale du
nouveau système représenia if.
Une troisième question s'est élevée : c'est de
.savoir si les élections doivent être faiies à la.
majorité absolue ou à la rnajoriié comparative
— La jeune personne de t4ans, quia débuié ^ L article VII porte que )> les citoyens de cha-
au Théâtre-Français à Versail es , par le rôle 1 "' ' ' '^"
de Zaïre , et qui y a obtenu beaucoup ic succès
n'est point la même que l'élevé du même âge,
dont le citoyen Dugazon est le maître , et qui j
doit débuter incessamment au Théâtre-Français /
de la république. ;
— Le citoyen Mithias , pharmacien à Marseille ,
a offert à la société de médecine la somme de
120 liv. , pour servir de prix en faveur du mé-
moire qui résoudra le mieihi , au jugement de
la société , la question suivante :
" Déterminer, d'après l'expérience, quel est
le traitement qui convient le mieux dans les
fièvres malignes , oii le cerveau est brusquement
affecté, n
La société acceptant cette offre avec recon-
naissance , proposé cette question pour le sujet
du prix qu'elle décernera dans sa séance pu-
bhque du 1" germinal an 9. Les membres seuls
sont exclus du concours.
CONSEIL- D' ÉTAT.
que arrondissement communal désignent ceux'
I) d'entre eux qu'ils croient les plus propres à
n gérer les affaires publiques ; doit il résulte
)i une liste de confiance coulenani un nombre
j> de noms égal au dixième du nombre des citoyens
ayant droit dy coopcrer, >>
Il est d'abord manifeste que ce texte n'exige
pas de majoriié .'bsolue ; cl le mot d'absolu ne
peut cire sous entendu là oii il n'existe pas ;
parce que le sens propre du mot majorité offre
uniquement une idée de coraparaiîon. Majorité
veut dire nombre plus grand que tout autre , et
non pas nombre composé de la plus forte partie
du tout.
Secondement, on peut établir que l'art. VU
se refuse à lidéc d'une majorité absolue. En ef-
fet , remarquons que le nombre des votans n'est
pas déterminé , qu'il peut n être pas même égal
au nombre des citoyens qui doivent être élus : il
est donc évident fjue même des élections faites à
l'unanimité des votans, pourraient être for< loin
de la majorité des ciioyens ayaiit droit de voter :
donc l'arucle VII exclud loute idée de majorii^
absolue.
Tioisiémement , l'article XII exigeant positi-
vement la majoriié absolue des citoyens ayant
Suite du résumé de la discussion qui a eu lieu au conseil-
d'état, au sujet des moyens à employer pour la
formation des listes de notabiliié ou éligibilité | droit de voler pour opérer la révocation d'un nO'
comraun2i\e , prescrites par la constitution. | table inscrit sur la liste , on peut en conclure
I, . ,^ ^„ j„ „.,„,,:„„ „ . - j que la loi ne la pas voulue .absolue dans tous
Une seconde question se presenie : c est de 1 > m ' ■ . . 1
„. 1 ,'■ ,■ ^ , ,, . , es cas ou elle namute p.'.s ce mot : par ce a
savoir si la constiiulion exige des élections di- , • '^ ■ ' ■
I '1 - ■ f seul au e
rectes , ou permet les elecuons indirectes. j - ^
L'article VII de l'acte constiiutionnel porte j
que les citoyens de chaque arrondissement
ent ceux d'entre eux qu ils croient les ]jIms 1
propres à gérer les affaires publiques ; il en I
résulte une liste de confiance.... C'est dans I
celle première liste communale que doivent être |
pris les fonctionnaiies de 1 arrondissemeni.
Ces mots , les citoyens désignent ceux d'entre eux ,
supposent l'élection directe. S il eût été dans
l'inieniion du législateur de pcrmetttel'éleciion
lédiate , la loi , au lieu de dire que 1
l'a ajouté une fois au mot majorité ,
il est clair qu'elle n'a pas entenHu que le mot
ma/on/e emportât avec lui l'idée de moitié plus un.
Quatrièmement , on ne peut nier toutefois que
la majoiitè absolue ne soit préférable à une ma-
joiiic simple , et qu'elle ne constitue plus cer-
laiiiemcnl le vœu public ; mais au fond , et celte
dernière observation est péreniptoire , la majorité
absolue est moralement impossible ; et par ceJte
raison, l'exiger sei ait funeste. Elle n'est pas pos-
sible , parce que , dans un airondissemeiu com-
munal de douze mille citoyens ayant droit de
meaiaie . la 101 , au iieu ue aire nue tes ci- 1 1 -i r i ■ ■
toyens désignent ceux d'entre eux qu'ils croient 1 ^""^'''.e' "'"^ '"l"^!' '' <^" faut cho.sii 1200 ,
les plus capables , aurait dit , nomment des clec- < '' "^ ^ ^" ''""'^ P^"' cinquante qu. puissent t-on-
"^ ner leur suffrage a cent personne.^ a\e-"
(i Ces clôtures ont pout objpt le défrichement de* com-
KiKBes t Tiiîaes {laiures » etc.
plus cap
teurs qui désignent , ou bien . désignent ou chargent
de désigner , etc.
Noire interprétation est confirmée par le texte
de l'article VIII , ainsi conçu :
'( Les citoyens compris dsns les listes com-
n munales d'un département , désignent é^ale-
" ment un dixième d'entre eux. n II ne peut être
douteux que les notables de commune n'éli°ent probilé ;,ct de la c.apaciié de trenie auires ! A
eux-mêmes directement les notables de déparle- rjuoi servirait donc d'exiger pour les élections
ment; or, l'article VIII emploie pour cette se- communales une majorité absolue ? à donner aux
conde cieclion la même locution que pour la hommes publics âgés, aux hommes très-iiches
lais-
sancc de cause. Excepte quelques hommes âgés,
établis par la nature de leurs tonctions uans de
perpétuelles relations avec le public , lels i^uc les
anciens notaires , les anciens avocais , ou les
gens t.ès-riches don! la naaison es; ouverte à tout
le monde, ou les iningans de professions, il
n'est pas un citoyen (jui osât répondre de la
io3
et aux Iniiig^ii? , le nikih-.^e >.!>; .lictcr fcurs llî-
,.tes à l:i giaiulï piiualii,: Jci voaii.-. , à dire
leurs amis et leiiis créaiuics par la voix ou la
plume dociles dv- h raultiiudc , doiu k- dioil se
Bcrait borné à seivir d insiriiuicnt aveugle à des
ambiiious ilont elle n'aurjit pu eue ju^e.
Ou peut se proposer une (ju^iUfieme question :
sivoir si la tousiiiUi.i6n diéi'cnd i'Airfjon
lipliciicdas opér.îiions mécanique?. I,a paresse,
la dissipation , les afFaires , , 1rs voyage», les
maladies, dislraitui toujours d'un second scrutin
une parue de ceux qui sont venus au premier. Il
est donc désirable de consommer les élecn'ons en
un seul scrutin : ei c'est, un nioiiCpour se conten-
ter de la rnajoriié comparaiive.
.ij.;,^. M„„, I j ,, ■ ' Efifin, on peut demander ce qui convient le
npau. Nous appelons de ce nom celle qm cou- , mieux , dt-s scuti.is à liste simple , à liste double
siste en ucux opeiaiions successives , iloni lune ! ou à liste liiple.
s'exerce sur I autre : savoir , la lorraaiioii d'une !
celle
liste de caudid.iis , et ensuite l'éleciiou faite entre
les candidats iiiêines.
La constitution n'oppose rien à ce système,
dans lequel l'élection n est p s moins direcie que
si elle se lésait par une seule opération , puisqu'elle
se borne à réduir.- la lisie des citoyens élus direc-
tement par les volans.
Cette méthode , au reste , a
Ses inconvéniens.
t". En la suivant , on aura le nom de tous
les citoyens qui aiiachtroni du prix à la nota
biiiié , puisque chacun pourra se nommer soi
même.
ï". On aura tous
xile , puisqu'il suffi
citoyen soit inscrit.
3". La liste des candidats étant publiée Un mois
avant l'élection ,. beaucoup de. gens ia.'uorés pour-
ront être lobjct d'informatioiis qui les leront
connaître ; beaucoup d'oubliés seront rappelé
ses avantages et
nom d
Le
de janvier . avant thon départ', et qni ilait en
ayant d'Aix-la-Cliapelle , ; et derrière la peiite
rivière de 'Worms ; ces iroupe's d'observaiioti
venaient d'être mises sous les ordres du lieutcnâqt
général Lanone , qui commandait l'armée dp.
Dumouriez, proprement dite , en son abse'tic'ei
Le général Miranda m'assura que Kennemi r'ai.'SJf "*
que très-peu de forces derrière l'EUTi , et même '
sur la rive gauche du Rhin. Il fut impossible 'de
concerter un plan .pour qu'il njarchât Sur Verito'o
et sur Nimeguc. ,' ' , ' '^'
^ .^__ î D'après les onlres dl-i ac-ncral 'Diamouriez ,^et
p de voix peuvent se réunir sur un petit I '^* promesses , i! aurai» déjà dû se lr()uver devant
■' ■■' ■ celle dernière place , après avoir pris la ville tlc^
'Venloo , qu'il nu jamais aildqijée (l),
Je devais ,.avec mes lalbïea ressources , taire Je
siège de Maestritht , aussuoi que le général. Rli*
raiida serait prêt à se meure en mouvement. ^ i •
Celle conférence eut lieu en' présence du liétï- '
tenani-généial liouchel , commandant dir.gcniti,
recpmmaiidable par de grands laiens , d.e^b«:l^?s 9
qu
La liste simple a l'inconvénient de ne pas donner
, sûremrni le nombie d'élus demandé , pirce
i beaucoup de voix peuvent se réunir sur
I nombre de personnes connues et considéiéc
j Li hsle double ou triple fournit plus probable-
j ment, le nombre demandé ; mais elle ne le fournit
I pas non plus cenaineinern , et elle présente de
[ grandes difficultés de dépouillement,
j La suite demain.
riyX J, f ■''"•. S" f']^ '^' dwinon'C général en ' actions de j^uerre, et paujcui^reMcj.t y,, ia-dé
chej de larmce des Ardennes, aux «ïnfifM .1792 | ten.se de Belle-Isie , . -. f. .
s hommes de quelque mé-
d'uu suffi âge pour qu'un
en 1761 , et par la directium '
du si.ege,.dc Naniar , en I7y|2. ,-(.,^. ■,. >
Les rensci};i)eniens donnés sur l'entiewi par le
chef de l'élai- major du gériéral •'Wuniouuez »
resté a Liège, étaient plus 'ca^vurans tncore ; ce-
pendant, deux jours après', les' aoçïic^hie^is aita-'-
quereni le général Liinoue. forcç^rSui ses posi*'
lions , marchercni sur Maestriclu el.sur Liège. ' - -
, , , -., .. • / Mvip ir.nrni^ . " i , -^^ reçusl'avis de cet événement, dans la riuJt
beaucoup de calomnies seront luves-; beaucoup P"^^ ""■""« • • j du i" Ue mars ; j écrivis aussitôt au général Mi- T
de mauvais sujets, demasijues: un plus gafid nom- Histoire des principaux tvénemens du règne de "nda de se porter a Fauquenujnl , pour disputer
bre ae citoyens sera en état .-le voier ; tous pour- | t. Guillnume 11 , rui de Prusse, et Tableau éoti- ■ au prince de Cobourg le passa..*' de ia Gueule ,
TOnt voter sur un plus grand nombre de candi- I tique de l'Europe. ^ [ ou de. réunir ses lioupes- et de blvoiiacquer sur
dais; tous seront autres par 1 idée de lami à ser- je n'at pu ,ire encore cet ouvra-e dont les' '^s hauteuis , en face de Maesuicht, pour emp«v
vif , de ] ennemi a éviter ; ke vœu public en sera I talons de . o ' "'■"" "^i» v ■ >^ '^
et 1793J , au citoyen rédacteur du Moniteur. —
Paris . ce q5 vendémiaire an 9 de\la république ,
franç.iise. \
Je vous prie de vouloir bien insérer ma lettre '
dans un de vos prochains numéros : elle est'
utile pour empêcher qu'une erreur sur un fait!
hisiotique ne soit accréditée.
Le
ciiov
en Ségur , aîné, vient de publier un
mieux expiime.
4°. Si les choix préparés dans quelques com-
munes annonçaient des influences redoutables,
le gouvernement aurait le tems d'écliirer l'opi-
nion i te serait un mi'ven de l'essayer.
Vodà les avantages ; voici les inconvéniens.
1°. Il serait à craindre que l'envie ne s'éveilJât
comte les gcna de bien et de talcns , et que la
calomnie ne les poursuivît.
2°. Il serait à craindre que les intrigans ne se
missent en avant.
3°. Il serait à craindre que les f ictieux ne s'agi-
tassent.
On peut aussi discuter la question de savoir si
les scrutins devraient ê're scctionnaires ou com-
munaux. Les deex méthodes sont également
légales , p lisque le mode du scrutin ne change
rien à-la nature de l'éieciion.
Les avantages du scrutin sectionnaire sont irès-
-sensibles. Le citoyen rjeut y émettie son suffrage
sans s éloigner de son domicile , sans quitter ses
affaires . sans faire de dépenses. Par "ies raisons les
voians sont plus nombreux , et le concours du
peuple est plus complet.
Les inconvéniens sont nuls. Les suffrages sont
aussi libres, si ce n'est plus . dans chaque com-
mune qu au centre ; et le dépôt n'en est pas
moins assuré.
jusqu'ici nous n'avons parlé que de la légalité
et de la moralité des élections: disons quelques
inpis de leur niécaiiisrac.
Le mécanisme des élections à une très-grande
influence sur leuis lésultats. S il est compliqué ,
pénible, seulement difficile , s'il exige des répé-
titions fasiidifuses, des déplacemens multipliés, un
grand nombre' de voiaiis s éloignent, laissent
3 Ojiéraiion incompleiie . et le vœu du peuple
deipeure véiitablcment inconnu.
La constitution laisse à cet égard toute liberté.
Ainsi il n'y a point de mode de scrutin qui
»oit légal ou illégal ; et à cet égard on peut se
décider jjar la plus grande commodité. Prop.o-
ton-5-nous donc qu Iques ql»esiions sur ce sujet.
Et d'abord , convient-il de former des assem-
blées pour procéder aux élections , ou de suivie
des lormcs qui en dispensent ?
La constitution ne prescrivant rien à cet égard ,
la loi peut é ablir ce qui seia jugé le plus utile.
Qu'est-ce qui csi donc le plus utile ?
Il n'y a aucun iaconyénient à ne pas former
d'assemblées ; il y a beaucoup d'inconvéniens à
rn convoquer.
1°. Elles ne s'arrordent pas avec les affaires
pariirulieves , et tous les citoyens ne peuvent
pas êtic tàrs d'avoir la liberté d'y assister. Les
absens , les uialadcs , les inlirraes , se trouvent
privés rie leurs droits , parce (juMIs n'ont qu'un
lemj et un lieu oii ils puissenl les exercer.
2". r.'Ies favori.eiit les intrigues et les factions.
3". \-..\vi sont des occasions d'agitations tt de
troubles.
On jicut se demander , en second lieu , s'il
convient de faire des élections par un ou plu-
sieuis scrutins.
Autant qu'il est possible , il faut éviter la mul-
aiiieur garantissent la juste célébrité;
j mais J ai parcouru la table dts inaiierts , et j'ai!
j trouvé ce qui suit : j
j " Valence. Ce général prend Namur; tome III,'
j " P^îic 19. Il se distingue et est blessé à la ba-
" taille de Nervi^inde ; il est battu à Licge , et peid
i> 4008 hommes ; pag. 33 , 34. Apiès la défection '
, î) de Dumouriez il se réfugie en pavs neutre;
i !> pag. 42. ). ' \
I J'ai ouvert le troisième volume aux pages S3 et
I 34.. indiquées ci-dessus, et j'ai lu .1 la pa^^e 33.
I 'I Maestrlcht, assiégé par Miranda se déf ndit
j !> avec opiniâtreté DAuiichamp es plusieurs
I " émigrés sy disiinguetent par de vigoureuses
! " sorties. Le prince de Cobourg et Clairrail arri-
1 " vant à limprovlsie à !a lêie d une forte armée , ;
'' " surprirent les canionnemens françjis dispersc.s ,
" ef s'emparèrent de Licge, rjuc uélcndii en vain
" le général Valence; lui lucrent 4000 Lommes
" et prirent 20 pièces de canon. Mifan('a 3 vit
'> forcé de lever le siège de Maeslriciii. Dumou- ■
>' riez, contraint de quitter la Hollande , par- I
)i vint avec peine à rallier dans le.s P^ys - fias i
" ses troupes que poursuivaient les autii-
)) chiens. j> . i
Voici le» (ails . j
Le conseil exécutif, au moment où je paraissais '
des'iné à partir, avec une armée navale et i5,ooo •
hommes de troupes de débarquement , pour
attaquer le cap de Bonne-Espérance et les établis- '
semcns hollandais dans les Indes orientales , '■.
me proposa de commander momeiiianémeni les !
armées de la Belgique ;i). j
Le plan de campagne éiait contraire à mon '.
opinion ; le conseil exécutif, qui m'appelait sou- ;
vent à ses séances , ne l'ignorait pas; il approuva i
nies deux premiers relus ; mais, sur les demandes !
réitérées du général Dumouriez , le conseil-
exécutif iiibijta pour que je partisse le 19 de |
février, et me promit que je serais de retour; . - _ - --
le i5 de mars. Je donnai la preuve de dévoti- I P*^^ ^ cheval de repasser la Meuse , et au général
que l'enBemi ne débouchât pai celte ville, d'ap-
peler à lui le corps du gé.aé.al Ghampmorio ,
qu'il avait envoyé jusqu'à. Grave , et roelui.dù
général Lamarliete , qui éiaft-à Ruremonde , (jt de
les f.dre venir par échelons, en passant pan. la.
route de Maseych ; j'ajouuis que je couvrirais
Liège et défendr..is la rive dioite de la Meuse.
Loin d'exéou:er ces ordres , qui Sont cft-nstgné s
dans l'acte d'accusation du général Mîr.ind.: . il
leva aussitôt et précipitai-n.m, m le siège de h\it%-
tricht, dispeisa ses troupes, occupa Tongies et
v nt de sa personne à Liège.
Je fus atiaijué par les ennemis à la barrière de
Coupé, où j avais pris position ; ils furent re-
poiassésavec beaucoup de perle , et nous resiâmc»
maîtres du champ de bata'ille.
Le len'deixiain matin, les troupes dugéiiéral
Miranda furent chassés de Tongres (2) ; quatre
mille hommes seulement de son corps darméa
d'environ 24,000 hommes , se réfugièrent près
de ia citadelle de Liège : le reste était dis-
persé.
Oiiatre mille hommes, avec le général Champ»
morin, se retiraient de Grave sur'^Diest.-
Otratre mlllf; hommes , avec le général Lamar-
liere , sur Louvain , venant de Ruœmondc.
Cinq mille hommes , avec le général Blotefière ,
sur Saiiu-Tron.
S X raille hommes environ , avec le général
Ihler , restèrent près àe. Viset , sans recevoir au*
cun ordre.
Quand je revins à Liège dans la nuit, le gé'
néral Miranda me confirma les tristes nouvelles
que j'avais reçues des troupes qu'il comman-
dait.
J'avais senti , avant de quitter l'armée, que,
d'après ce désastre que je venais d apprendre ,
il fallait resserrer mes positions, et seulement
couvrir Liège ; j'avais ordonné à toutes les trou-
ment que les ministres réunis, et celui de la
guerre en particulier , exigèrent de moi. j
J'allai à Anvers , pour demander les iiisiruc- !
lions du général Dumouriez ; il me renvoya à
celles qu'il avait données au général Miranrla , i
Je partis pour Liège ; j'y étais le 24 ; je lus obligé ;
de me rendre devant Maestricht. j
Le général Miranda bloquait cette ville, etj
commença à la borpbarder 1.- jour de mon arrivée,'
il lésait cette espèce de siège étant dans tles can-
ionnemens , et le couvrait p.ir des troupes placées
en cantonnement ; ce qui est une rare disposition
miliraiie dans les circonsunces où il se trouvait.
Le général Miranda me refusa copie des Instruc-
tions , et se prélendit indépendant : il m assura
qu il avait ordonné le rassemblement des troupes
qui devaient louvrir le siéue dans la position
que j'avais moi-même indiquée , dès le mois
(1) tes troupes qui occupaient alors les Pays-Bas, étaient
divisées en trois corps : l'un, appelé l'Armée je la Bclgii|rie ,
dont le gcncial Dumouriez était général en clicf, et qui était
en 8on abscpco coiiiiiiaiiclé par le général Lanoue; l'autre,
appelé armée du Nord; i la tète duqnel le général Mirand»
avait succédé au général Labourdonnaye ; et le troisième ,
appelé Aimcc des Ardcnnes , dont j'étais le général er» chef.
Le général Dumouriez, à la tête d'un cprps de trorlpcs desriné
à conquérir U Hollande , dirigeait par ses instructions générales
les armé a désignées cr-de»U3 qui devaient coucotiiir a l'exé-
cution de SCS irlaus.
Lanirue d'occuper les hauteurs de Robermont .,
et de s'y retrancher avec toute son infanterie ; le
général Chancel couvrait sa dioite jusqu'à lOar-
the ; le général Sietenhof sa gauche jusqu'à la
Meuse : cette position , on le général Lanoue de-
vait recevoir le lendemain des pièces de seize ,
est presque inattaquable.
Vers neuf heures du sort, le général Miranda
prescrivit, par écrit , au général Lanoue de re-
passer la Meuse , de traverser Liège , et de se
porter dans la nuit sur les hauteurs de Ans, Le
(1) "La prise de 'Venioo est
I vous-.prie d'envoyer un courrî
entre avant que les prussiens
pas lieu , la campagne est m:
lias bien hasardée ; je n'ai
que dans l'extrême célérité de
(Voyez la lettre du S lévrier
u général Miranda , et publiée
i'iine telle, importance, qrïc jV
ï à Champmorin pour qu'il y.
lUisseHt y arriver ; si cela »'*
iquée , et Ll défense des J^ays-,
il'espoir , mon clicr Miranda,
l'opération de Venloo.... ,^
1793 , du général Duii
par ce dernier, j
ouriezî
irqrrof
(*) Pour sentir l'iitiportan'ce de ce revers, il faut
re les ennemis étant martres de Tongies , in'avaien
ent tourné, jmisqii'ils avaient pu occtrper les ponts dtr jars ,^
itre isaint-Tron et Liège, et qu'ils occupaient par cjijséijuent,
lurcs mes comniuilitations aveci ,Saint-Tron , Tiitiu.ont ,
, enfin avec le gênerai Dumouriez, et dtf
lie , par conséquent avec la France, eritcpl*
oral Miranda, la veille, tn eoijcertant noi
lies corniriivsarres de la convention natioiwle ,
r sa |téte, de ccnreeiSveJ ïonji'ss prtdte»»
Louva
n ,
Bruxel
plus a
la Belg
par ,N
jtiî
r. Le g
rnesiir
s e
n préscn
avSiV'
iv
ohdu,
quinze
JO
us».
général tanoue exécuta cet ordre , contraire à
celui qu'il avait reçu de moi, et j'appris que la
position de Robermont était abandonnée vers
deux heures du matin.
Elleéiait déjà occupée par les ennemis.
je réanis les troupes à la pointe du jour ; elle?
étaient pleines de cqurage et de confiance :j'étais
egcore maître de Liège , les ennemis ne m'at-
faqiaaient pas ; et j'aurais repris la position de
Bobernioni; mais les autrichiens, ayant pu
déboucher par Maestricht, et s'étant rendus
maîtres de la ville de Tongres , dès la veille au
matin , interceptaient mes communications avec
laBelgique , et occupaient les ponts du Jars sur
le- grand chemin de Bruxelles : je fus obligé de
marcher sur Saint-Tron , pour prendre position
entre l'armée autrichienne et les villes de Saint-
Tron , Tirlemont et Louv.iin , où étaient nos ma-
gasins et les parcs d'artillerie des trois armées ;
enfin pour couvrir la Belgique.
JLes ennemis me disputèrent les passages du Jars,
el.pîriiculiérement le pont d'Orey : ils lurent mis
en fuite , et je.bivouacquai en avant de Saiut-
Tron.
Le lendemain je remarchai sur l'ennemi , qui
était revenu en force à Orey , pour délivrer le
corps du général Ihler fesant partie de l'armée
de Miranda , qui avait été oublié entre Viseï
et Liège , et qui était entouré : je réussis com-
plfeliement . et je chassai les autrichiens jusques
derrière Tongres.
11 faillit se rapprocher encore de Louvain
pour garder mes communications avec le
général Duiiiouriez , peut-être déjà embarqué
pqur la Hollande , et pour faciliter la réunion
des corps de Lamarliere et de Champmorin.
Je plaçai les généraux Lamarche , Miaczinsky ,
Neuilly et Dampierre . pour défendre la Cette,
et proléger l'évacuation des magasins à fioudre de
Tirlemont ; le corps de l'armée futplacé derrière
Louvain. Dans celle position j'achevai de ras-
sembler tous les corps éjiarpillés , tous les
fuyards, toutes les adniinistiations ; les ennemis
a'avfiient pas osé m'ailaquer une seule fois depuis
la barrière de Coupé. Je réorganisai 1 armée ; et
dès le 10 de mars , j'aurais repris l'offensive ,
si je n^avais pas cru que le général Dumouricz
venant reprendre le commandement après des
succès éclatans , son arrivée donnerait à l'armée
Une impulsion dont il fallait profiter.
Le général Dumouriez avait jusqu'alors , et
par une correspondance injuste et déplacée ,
donné toute raison au général Miranda , sur les
comptes qu il lui rendait. Il arriva le I2 , au soir;
les trois armées étaient réunies , tous les états-
majors et quatre commissaire»! de la convention
nationale, les citoyens Camus, Merlin , Treilhard,
Gossuin , se trouvaient à Louvain.
Je rendis compte le l3 , par écrit au général
Dumouriez : je demandai un désaveu formel de
ce que ses lelires avaient pu contenir d'in-
juste et d'offensant pour moi , ou un jugement
public.
Voici ce qu'il m'écrivit le lendemain.
Le général Dumouriez augénéral Valence. — Louvairi,
le 14 mars I7g3 , l'an 2 de la république.
J'aime trop la vérité , mon cher Valence ,
indépendamment même du tendre intérêt, que
votre caractère , voire civisme et vos talens mi-
litaires , m'ont inspiré pour vous , pour ne pas
me croire obligé de vous donner par écrit le
témoignage que vous méritez par votre conduite
dans le cours des disgrâces , que vient d'es-
suyer l'armée de la Belgique.
N'étant pas sur les lieux , ne jugeant pas le
mal aussi grand , parce que la confusion ne
peut pas se soumettre au calcul ; j'ai pu croire
un moment, que vous exagériez le mal, et la
nécessité que je me rendisse à l'armée , (l) par ce
que vos relations , qui ne contenaient cependant
que l'exacte vérité, différaient trop de celles du
général Miranda , qui , avec les mêmes vues
que vous et des intentions tout aussi bonnes ,
appercevait dans les événemens plus de ressources,
n'ayant peut-être pas approfondi , autant que
vous , la perte énorme que l'on a faite , en
équipages et en subsistances -, parce que le corps
qu'il commandait personnellement , avait beau-
coup moins souffert que celui que vous avez
sauvé. (2)
J'ai déjà mandé au ministre de la guerre , mon
(l) Il fallait que le géne'ral Dumouriez vint concerter \in
nouveau plan, puisqu'il jugeait le sien inexécutable dans le
cas où Maestricht, Nimegue, et sur -tout Venloo , n'auraient
pas été conquis par les français avant son embarquement.
Non-seul4ment ces villes n'étaitnt pas prises , mais Venloo
n'avait jamais été attaqué ; ce qui est. digne de quelque
attention.
[i\ L*ant}ee du Nord avait , je crois , perdu tout autant qu^
f armée de la Belgique , et peut-être davantage ; la seule armée
i,si Ardeunes n'avait rien perdu.
ÏO4
opinion sur votre conduite dans cette crise, mal-
heureuse ; c^est à vous qu'on doit le salut de
vingt-sept bataillons , que le généial Ihler a ra-
menés avec Lutaiit de prudence que de courage :
(1) la vigueur , que vous avez déployée , pour
couvrir l.i retraite de ce corps , en vous portant
sur Ton.t^re^ , et chargeant et repoussant l'en-
I nerni , montre autant de génie que d'audace ;
et je vous regarde , plus que jamais , comme un
1 des meilleurs soutiens militaires de la république,
j Vous avez eu raison pareillement , en m'en-
• voyant plusieurs couriers pour m'engager à venir
! me mettre à la tête de l'armée : et quelque humeur
que m'ait donnée ce retour et l'abandon de mon
plan de campagne favori , c'est cependant sur
vns lettres instantes que je me suis décidé à
abandonner l'attaque delà Hollande , pour venir
joindre l'armée. Si dans ma correspondance , soit
avec le ministre , soit avec le général Miranda ,
soii avec vous, il m'est échappé quelques ex-
pressions d'humeur, je Us désavoue , et je vous
prie de ne les attribuer qu'à la distance qui nous
séparait, qui ne m'a pas permis de juger des
faits comme je les juge sur les lieux.
Il me reste , d'aptes tout ce qui s'est passé ,
beaucoup d'estirne pour vos talens militaires,
beaucoup d espoir en vous pour réparer le début
funeste de cette campagne : quant à mou amitié ,
vous la connaissez.
Signé, le général en chef, «Dumouriez.
Prévoyant une attaque et une bataille prochaine,
je ne réclamai, pas la promesse qui m'avait été
laite , que je serais rendu à Paris , le 1 5 de mars.
Ledit jour i5 , les ennemis attaquirent nos
avaiit-jiostes près de Tirlemont ; et le général
Lamarche évacua Cette ville et prit position à
Curapiich.
Dans la journée , l'armée se porta sur les hau-
teurs de Cumpiich,
Le ]6 , à midi, j'avais repris Tirlemont à la
tête des grenadiers : le soir, j'avais pris avec
l'armée des .\rdennes , qui formait la droite, la
po.sition de Goizen-Hoven , et chassé les ennemis
au-delà de la seconde Cette ; mes troupes légères
occupaient Neer-Eiysscn.
Le 17 , nous reçûmes des munitions et des
subsistances.
Le 18 , se donna la bataille de Nerwinde.
On lit encore , page 34 de l'ouvrage
du cit. Ségur.
)! Dumouriez , voulant enfin tenter un derniej
M effort pour arrêter l'ennemi qui s était avancé
!! jusqu'à S.-.int-Tron , livra et perdit la bataille de
)i Nerwinde. Les français , dan.s cette action . dis-
>i pulereni avec acharneme.l la victoire à leurs
51 ennemis. Leuraîle droite eut long-tems lavan-
i> tage ; mais l'aîle gauche ne la second.i roint.
" Le fils du duc d Orléans combattit avec intré-
!' pidiié ; le général Valence qui commandait la
)i cavalerie , après plusieurs charges , se précipita
)> au milieu des rangs ennemis , et se retira cou-
" vert de blessures. >'
Voici les faits.
Les autrichiens s'étaient avancés jusqu'à Tirle-
mont ; le village 'de Nerwinde n'est pas à une
lieue de cette ville.
La bataille a dû se dpnner pour repousser
les ennemis au-delà de la Meuse et du Rhin :
elle était inutile pour arrêter l'ennemi et conser
ver la Belgique.
Je commandais l'aîle droite , et non la cava-
lerie de l'armée : cette aîle droite a eu l'avan-
tage non-seulement long-tems , mais elle a allumé
ses feux sur le champ de bataille , et elle a
conservé les villages qu'elle avait pris le matin ;
qu'elle a perdus ensuite , mais qu'elle a enfin
repris et gardés. Les avantages du soir n'ont
servi qu'à empêcher l'ennemi de profiter de la
déroute de notre gauche ; mais les succès ob-
tenus le malin forçaient les autrichiens à la
retraite : leur aîle gauche était tirarnée ; et la
bataille était gagnée , si le corps du général
Miranda avait seulement tenu quelques heures,
et avait dirigé son ariillerie de manière à la rendre
utile , et à ne pas l'engager dans des passages
impraticables , où une grande partie a été prise
sans svoir élé mise en batterie.
Les troupes à cheval , à la tête desquelles je
combattis, n'étaient point toute la cavalerie de
l'armée , mais seulement la cavalerie attachée à
l'aîle droite que je commandais.
Il résulte de ces détails que je n'ai point été
battu à Liège par les généraux Cobourg et Clair-
fait ; que j'ai au contraire volé au secours du
corps d'armée , placé par le général Miranda
(i) C'est le corps oubli.é entre Viset et Liège , et fesant
partie de l'armée du Nord.
pour couvrir le siège de Maestricht ; que j'a
lallié cette armée d'obseivatîon , arrêté et bjitu
l'ennemi près de la barrière de Coupé ; et que
non-seulement la perte de la ville de Liège n'a
pas élé l'occasion de h levée du siège de Maes-
tricht , comme on pourrait l'induire de la cita-
tion faite plus haut , mais même que ce siège
a été levé au premier avis de la marche des
autrichiens , et qu'il a élé levé , non pour pren-
dre une position , comme je lavais ordonné ,
ou pour marcher au-devant de l'ennemi . mais
parce que l'on crut convenable de disperser tes
troupes françaises. J'occupais encore Liège quand
le général Miranda , après avoir abandonné
Maestricht , avait ensuite abandonné Tongres ,
et qu'il se réfugia 4000 hommes de son armée
près de la citadelle de Liège.
Il en résulte enfin que le général Dumouriez ,
loin d'avoir eu de la peine à rallier -, dans les
Pats-Bas , les troupes que poursuivaient les autri-
chiens , a trouvé au contraire une belle armée ,
avec laquelle il a pu marcher en avani et com-
i battre avec succès, druxjours après son arrivée ;
armée que j'avais réorganisée pendant que les
ennemis la suivaient d.Tns son changement de
position , sans pouvoir I atlàqu'er , et qui les avait
elle-même, deux fois attaqués avec beaucoup de
succès.
Sans doute je ne rougirais point d'avoir éprouvé
des revers et d'avoir cédé la victoire à des
troupes nombreuses et aguerries , et à des capi-
taines expérimentés et célèbres ; mais aussi si j'ai
dû à la confiance ,et à la valeur de mes braves
camarades et à d heureux efforls d'avoir eu l'avan-
tage dans toutes les actions de guerre où je
me suis trouvé, je dois jouir de ces souvenirs:
et six années de malheurs et la perte d'une
grande partie de ma fortune, ne balancent pas
la satisfaction que j'éprouve , en me rappelant
que les premières batteries prises par les .fran-
çais , ont été empoitces à la bayonnette par les
grenadiers que je commandais ; que Kellcrraana
m'avait confié son aîle gauche à cette célèbre,
journée deWalmy(i) , où dix-huit mille soldats cte
la liberté repoussèrent victorieusement les ifforis
de quatre-vingt mille hommes armés pour attenter
à leur indépendance ; que les premiers cinq mille
prisonniers et les 8 premiers diapeaux ont été en-
voyés par l'armée des Ardennes ; et qu'aprèg
une attaque heureuse , j'ai fait une cotivenlion
pour la reprise de Longwy ; premier acte signé:
au nom du peuple français.
Il me semblerait trop pénible de parler de
moi , si je ne trouvais condamnable d'accré-
diter par mon silence l'erreur historique que j&
viens d indiquer. Je ne puis laisser mon non»
attaché au récit d'un combat malheureux qui
n'a jamais existé , quand je crois fermement que ,
par ce que j'ai fait et par ce que j'ai empêché,
j'ai préservé . au mois de mars lygS , nos armées
d'une ruine certaine. Au reste , s'il est des cir-
constances où il soit moins embarrassant de par-
ler de quelques preuves d'un dévouement absolu
à son pays , c'esi sans doute dans un lems où
tant de prodiges héroïques se sont sucs.édés rapi-
dement, et ont dû effacer assez entièrement de
l'esprit de mes concitoyens mes faibles services,
pour qu'il soit utile de rappeler les faits afin
de les opposer aux notions inexactes , qu'ua
estimable historien a peut-être , faute de mé-
moires particuliers , été obligé de puiser dans des
sources étrangères, dans» des écrits perfides ou.
dans des lettres désavouées.
Je m'aperçois tous les jours davantage com-
bien il est indispensable de faire connaître avec
détail les événemens militaires de la campagne
de 1792 , et du commencement de celle de 1793 ;
si d'ici à la paix personne ne se charge de cette
tâche , j'essayerai de remplir cette lacune de
notre histoire militaire. C. V.
il) La bataille de Walmy. est la première où l'artnierie légère
se soit disringuée ; la compagnie du citoyen Soibier ( aujourd'hui
gênerai de de division ) , que j'avais fait attacher aux carabipiezft
en 1791 , s'y couvrit de gloire.
LIVRES DIVERS.
Manuel des conseils de guerre, contenant toutes
les lois pénales militaires , toutes celles relatives
à l'organisation des justices militaires elles princi-
paux codes des délits et des peines , depuis l'as-
semblée constituante jusqu'à présent, rédigé sui-
vant 1 ordre alphabétique des matières, l vol,
in-ii de 600 pages, petit caractère. Prix, 3 fr.
et par la poste 4 fr.
A Paris , chez Carnery, libraire, rue de Seine,
ancien hôtel Mirabeau.
Erratum du n°S2. — Dans la lettre ducit. Mozard,
lignes 16 et 20 , aa-lieu de marin , lisez : navire.
A Paris, de rimptimetie d» cit. Agaste, ptopiiétaire dir Moniteur, rue des Poitevins, n° i3.
GAZElnW^NATIONALE ou LE MONIFEUR UNIVERSEL.
M° 28.
Odidi , 26 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Npus sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivpse le MONITEUR est le Siul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que i^s faits et les noiions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministériellesi^
Un articl:; sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux Recouvertes nouvelles.
£XTÊRI EU R.
T U R Q, U I E.
Constantinoplc, 10 septembre (^3 fructidor.)
V% o u s. avons reçu d Egypte et des côtes de
Syrie , les nouvelles suivantes :
L'armée du giand-visir , désorganisée et peu
ncmWeuse , est c.mpée à JafFa. Les français,
maîtres absolus de 1 Egypte, jouiss-nt paisiblement
de lapossession de ce beau pays. Cette iranquillilé
n'est troublée ni par la proximité de l'armée , ni
par les croisières des alliés. L'escadre ottomane
vient de perdre un vaisseau de 80 canons ; il a
touché sur un bas-fond près d'Aboukir. Une
grande partie de l'éijuipage etIndga-Bey, général
des galères , qui commandait le vaisseau , se sont
lendus prisonniers aux français.
ANGLETERRE.
Londres , 1 0 octobre. ( 1 8 vendémiaire. )
On s attendait à des difficultés sur la présenta-
tion de la pétition des liverymen rapportée dans
Dpire dernier numéro. On ne se trompait pas.
Cette pétition , dictée par les rnoiifs les plus loua-
bles n'avait aucun objet politique. Cependant ses
formes av.iictu une grande importance en ce
qu'elles tendaient à établir un droit contesté.
L'asserablée-commune vient de tenir à peu-
près la même conduite qu'elle tint déjà en 1775,
lorsque S. M. refusa de recevoir sur son trône
Une péiiiion des Iroerymm. L'affaire à cette époque
devint le sujet de débats très-vils au parlement,
et l'on se souvient encore que le célèbre comte
Chnam énonça, avec son énergie Ordinaire, une
opinion favorable aux liverymen.
La semaine passée , ^4^1. les shérifs Periing et
Cadell se rendirent à Wcymouih pour demander
à S. M- qutljour elle daignerait recevoir la péti-
tion ; et ils ont fait hier le raflport de leur mission
dans une assemblée commune ( common-hali) ,
convoquée à cet effet par le lord maire.
Lorsque les shérifs eurent fait connaître au roi
Ves résolutions des liverymen , S. M. leur répondit :
j) Veuillez informer le lord maire , les aldermeu
») et la livrée de la cité de Londres que je rece-
j> vrai leur adresse et leur pétition mercredi i5
55 du mois courant à mon lever au palais de
55 Saint-James. >> Les scherifs demandèrent alors
qu il fût permis au remembrancer (oHicier de la
cité) de lire les résolutions. S. M. leur dit : >> Je
55 serai toujours prêt à recevoir les adresses de
»5 mes loyaux sujeis , mais il doit m'être permis
55 de déterminer quand el OU. 15
- Le lord maire observa , d'après ce rapport ,
que de nouvelles instructions devenaient néces-
saires , ei M. Thorne proposa une suite de ré-
solutions.
La première passa à une grande majorité ; les
trois autres à l'unanimité.
(c La manière de présenter une pétition , dit
M. Thorne, est plus importante qu'elle ne le
parait au premier abord. Une pétiiion , présentée
à S. M. sur son trône , est lue à hauic voix eft sa
présence , et l'impression qu'elle produit est con-
nae par la réponse non préméditée du roi.
Picsemée au lever, elle est remise en silence au lord
d,e service , sans que l'on puisse savoir si jamais
elle parvient jusqu à S. M. 11
M. Waithman qui seconda M, Thorne, fit la
remarque suivante : ii Lord Hcreford écrivit en
1775 au ro^ire Wilkes , pour lui refuser, de la
pan du roi, de recevoir la pétition de la livrée,
sut le trône ; mais depuis cette époque , des
arJresses des doyens el chapitre de S. Paul el de
la cour de lieiuenance ont été reçues sur le trône:
sa. 15 doute . ces corps n'ont pas des droits supé-
rit'urs à ceux de la liviée. )i
" M. Dixon voulut s'opposer aux r'isolulions ;
tnais les succès de l'assemblée l'obligèrent de se
retirer.
Extrait des résolutions arrêtées.
(t Qi'.c II- lord maire , les aldermen et la livrée
de Loutre . Idfrncs en assemblée commune ,
ont, nf uuiis immémorial, exercé le droit de
ptéscnK dis pctiiions au roi sur son trône , et
que ce < jii d'à été contesté que sous l'adniinis-
iralion infâme et corrompue des auteurs de la
guerre injuste et cruelle , faite à nos frères d'A-
mérique ; que, quand une péiition est présentée
à S. M. sur le trône, les pétitionnaires ont la
satisfaction desavoir quç leurs griefs sont con-
nus, et' de recevoir une ti-ponse 1^ tandis qu'ils ne
peuvent_ être sûrs qu'une pétition présentée au
lever soit jamais lue par S. M. ; que la seule rai-
son assignée pour ne pas recevoir leurs pétitions
sur le trône, se trouve énoncée dans ces termes
par une lettre de lord Hcreford : icS. M. ne
recevra a l'avenir sur le trône aucune pétition ,
etc. qu'elles ne soient de la corporation de la
citéij; que cependant, depuis cette époque,
S. M. a reçu sur Ig trône deux adresses de la
cour de lieuienance-, qui n'est pas la corpora-
tion dp la ciré ; que le lord njaire , les aldermen
et la liviée dérogeraient à leur dignité , s'ils ne
présentaient pas leur pétilimi au riji sur le trône;
quequiconque conseille à S. M; de persister dans
son refus , à ceite époque désastreuse , est in-
digne de sa confî.incç , et se montre ennemi des
droits et privilèges îles ciio.yens de Londres
que le remembrancer et les shenfs porteront les
susdites résolutions à S. M. , et qu'elles seront
publiées dans tous les journaux du maiin et du
soir. 15
Les shérifs, de la cité de Londres ont pré-
senté dans une assemblée, tenue mardi à 1 hôtel-de-
ville , sir William Siaines et le lord maire,
comme candidats élus par les liverymen, pour
remplir les fonctions de maire 1 année pro-
chaine. Les aldermen procédèrent au scrutin et
déclarèrent que le choix était tombé sur sir
William Siaines.
Les causes de la disgrâce du premier ministre
de la Chine sont, dit-on, d avoir divuli^ué les
secrets de son ancien maître , sur le cho^x qu'il
avait fait d'un successeur ; d'avoir intrigué avec
les femmes de l'empereur défunt, d'avoir passé
par la porte consacrée aux seuls empereurs, et
d'être propriétai'e d'une perle d'une valeur plus
forte qu'il n'apparden't I un sujer.
Il y a eu pendant le cours de la semaine passée
une grande foule au dépôt des bagages de la
compagnie des Indes , pour voir diverses dé-
pouilles de Tippoo sultan , enire autres la tête
de tigre toute revêtue de lames d'or pur, qui
fesait partie de son trône ; le tigre musical qui
représentait un européan dévore , tandis que les
sons intérieurs rendus par cet animal initiaient
en même-lems les cris d'un tigre et ceux d'un
homme. On voyait dans la même salle le lit et
les habits de guerre de Tippoo.' Le lit était orné
de deux casques verds . trempés à la Mecque
dans les eaux du Zum-Zura , qui avaient dti les
rendre impénétrables. Le lurban , garni de sen-
tences de l'alcôran en lettres d'or , est desiiné
pour S. .\. R. le duc d Yoïk. Le prince de Galles
aura l'habit de guerre rouge que Tippoo portait
dans sa campagne de 17S6 conlre les adqni.
Depuis quelque lems , de grands poissons
voraces qui paraissent sur les côtes d'Etosse , y
font un ravage leriible parmi l;s harengs qu'ils
dévorent après avoir rompu les filets. Jacques
Macdov/all , serrurier de prolession , ;j)ant ap-
perçu dans une rivière un de ces poissons , se
déshabilla et sejeita dans l'eau, armé d'une four-
che avec laquelle il voulait faire échouer le pois-
son sur le rivage. Il lui porta un coup ti'une
grande violence , mais sans qu'il lui iûl possible
de le pousser au bord , soit que le poisson fît
une trop forte résistance , soit que l'eau fût trop
profonde. Cependant il s'approchait lui-même du
rivage , poussant toujours devant lui le poisson
enfourché , lorsqu'épuisé de fatigue , il renonça
à son entreprise , et reura sa fourche du corps
de l'animal. Mais alors le poisson venant à lui
la gueule ouverte pour le dévorer , Macdowâll
lui porta un second coup de fourche dans le
gosier. Le poisson jetta un cri épouvantable ,
agita l'eau et se renversa sur le dos avec une
telle violence que Macdowâll , qui tenait encore
la fourche par son manche , fut lancé en l'air à
quelques toises de distance. La fourche s'était
brisée dans sa main , mais son ironçon et le cou-
rant de l'eau lui suHirent pour pousserau rivagele
monstre affaibli parlapertedesonsang. Celaniraal
horrible avait treize pieds et demi de long . neuf
de circonférence. Sa queue avait trois pieds de
large , la nageoire de son dos vingt pouces de
hauteur et cinq rangées de dents garnissaient sa
gueule. Il pesait neuf quintaux et trois quarts ; on
en a tiré 29, galons d'huile pure. )
Commerce du charbon dans le port de Londres.
Le conîm,erce du charbon emploie 418 vaisseaux
qui font environ367G voyages par an. Les barques
qui servent à décharger ces vaisseaux , sont de
33 tonneaux ; leur nombre s'élève à 2 196 . ce qui
faii un total de 7i.go3. Chaque collier [ vaisseau
charbonnier) exige trente barques. Il est fréquent
que 1 170 de ces barques soient employées à la
fois en chargement , tandis qu'un nombre à-peu-
près pareil de barques chargées se tient au-de-sus
et au-dessous du pont , servant de magasins flot-
lans , où se pourvoient les cotisomma'ieurs , dont
les demandes s'élèvent chaque mois à 3oo car-
gaisons de 320 fAa/^^rtiTîi. L'approvisionnement total
fait ainsi 66:060 chaldrons par mois. Il en resle
environ 5o,ooo toujours exposés sur la rivière ,
et la dcprédaiion habituelle que tous les em-
ployés subalternes n'ont que irop de facilité à
commettre , ne fait pas moins de ion au revenu
public qu'aux propriétaires charbonniers.
Ce sont les porteurs de charbons (coal-heavfrs)
qui sont dans l'usage d'en déiourncr le plus à
leur profil. Cependant ces poneurs , au nombre
. ;, g^.-i^ent ordinairement de leur travail de
7 Jusqu'à j8 s. par jour; il est quelquefois ar-
rivé qu'ils ont gagné 27 s. Ce. gain considéra-
ble n'empêche point que leurs familles ne soient
souvent dans la misère, Rarenienî ils portent chez
eux plus de i5 s. par semaine , et plus du i.eis
de leurs profils est employé en Lierre et en
eau-de-vie. Mais ce n'est pas loujouis leur in-
tempérance qui règle ainsi la proportion de leurs
dépenses ; elle provient plus souvem de la né-
cessité. Les grands entrepreneurs qui les em-
ploient, au nombre de 24, sont en même tems
cabaretiers sur le port , et n'accordent leur fa-
veur qu'aux poneurs qui dépensent le plus au
cabaret. Lorsqu'une banjue doit être chargée ,
ces entrepreneurs envoient à bord de la liqueur.
Chaque porteur est tenu d'en preadre pour
12 s. Il esi en ouire obligé de donner à l'en-
trepreneur undioit de 16 s. pour chaque barque
déchargée , et de laisser entre ses mains 5 s. par
semaïue pour argent des subsistances avancées.
C Extrait du Courrier.)
Du 1 1 octobre, f i g vendémiaire. )
Discours prononcé par RI. Fox , le 10 octobre
OS vendémiaire), anniversaire de son élection
pov'r représentant de Westminster.
Messieurs,
«' Il y a aujourd'hui vingt ans que j'feus l'hon-
neur d'être élu pour la première fois l'un des
repfésentans de la cité de Westminster. Ces vingt
années , messieurs , ont été remplies d'événemens
importans , passés, soit, au .dehors , srit au dedans
de ce pays. Dans plusieurs des circonstances qui
ont distingué cet intervalle , le rôie qu'un hon-
nêle homme avait à jouer était si difficile à choi-
sir et à soutenir , qu'à moins de se conduire
par des principes généraux, applicables à tous
les tems et à tous les événcmens , il lui etît cié
impossible d'agir d'une manière à mériter l'ap-
probation de sa conscience et celle de son pays ,
comme de remplir fidèlement ses devoirs public/
pendant une suite d'années aussi fendes en évé-
nemens , sans un plan d'indépendance person-
nelle , de justi,ce et de modération. C'est d'après
un pareil plan que j'ai réglé la conduite que
j avais a tenir. Durantle cours de ces vingt années
messieurs , je me suis tenu constamment aitaché'
aux principes qui servireht de bases à la léwo-
lunon de 168S, ainsi qu'à ceux reconnus pour
être les principes des vieux Whigs d'Angleterre. )'ji
eu le bonheur, au milieu de loutes les diHi-
cullés , de loules les séductions, en un mot de
toutes les circonstances critiques oiî je me suis
tro.uvé , de conserver ces principes , qui m'ont
valu votre approbation, et d'agir constamment
avec celle de la majorité de mes constiiuans.
Dans ces trois dernières années mêmes , où j'ai
adopté et suivi un plan de retraite des alfaiies
publiques , plan qui a paru à quelques personnes
susceptible d'objecdon, et que je n'ai embrassé
moi-même qu'avec répugnance; dans ces trois
dernières années, dis-je , j'ai eu encore le bon-
heur d'obtenir l'assenument des électeurs de
Westminster et de reconnaître que mon isole-
ment , quelque blâme qu'il eiit pu m'aiurer ,
n'avait jamais du moins, été attribué à uii
abandon de mes principes. ( Longs applaudis-
io6
semeiis.) S'il m'est permis, messieurs, de le
diie sans trop de vanité, ce bonheur dont j ai
joui , est une 'eçon pour les hommes publics,-
de ne pas confier' leuf répuiaiion au lémoignage
irompeur de l'opinion d'un jour, ni à la déci-
sion dune Dolilique floiianic. I! n'y a d'éloges
flatteurs . il n'y a de réputation solide , que ceux
qu'on obtient par une adbéicnce mlime aux
vrais principes. C'est sur une pareille conduite,
messieurs, (jue reposent ceux de la liberté et
des droits de 1 homme. —Oui , niebsieurs , des
droits de l'homme ; car quelqu'abus qu'on au
pu taire de ce mot pour masquer de fausses ou dan-
gereuses doctrines, les iiommts ont des dioils.
et quiconque établit sa croyance et sa régie de
conduite , sur tout autre principe que celui qui
reconnaît qu'en France, en Russie, en Alle-
magne , en un mol dans chaque contiée sous
le ciel, ces droits naissent avec nous, et sont
antérieurs à la formation de tout gouvernement,
cet houiuie, dis-jc, est dans l'erreur et court
à sa perte.
Ce fui d'après ces principes , messieurs , que
nous agîmes , nous qui pensions qxie la guerre
d'Amériq-ue était iniu.le et impolitique. Avant; II. Ils veilleront, cincun en ce qui le concerna ,
délie honoré de la marque de conh.mce que au mainnen des dispositions de lar.êi rlu conseil
me donnèrent les électeurs de Westminster , en | du 26 février lySa lelatives a la conservation des
me choisissant pour un de leurs représenlans , ji
professais ces sentimens et je les avais pris poir
règle de ma conduite pubUque. J'avais déjà ré
clamé dans le parlement pour l'Amérique op-
piimée par la raere-pait^ie ; j'y avais énoncé mes
vœux pour le succès de ce peuple, qu'on flétrissait
du nom de rebelle. Je ne doutais pas que cet
exposé de mes principes n'eût contribué a me
lecommander à l'estime et a la conliance des
eaux de ladite rivière ;
En conséquence , ils donneront des ordres pour
qu'il soit Lilt un curage général et annuel de
ladite rivière ; savoir , pour la partie supérieure , ,
dans le courant de messidor , et pour la partie
inférieure , dans le courant de fructidor ;
Ils feront tenir libre le cours des eaux de la
ri\'!L-re depuis la fontaine Bouvière jusquàleur
chûie dans la Seine . ensemble celui des souices
électeurs de 'Weslrainster. Cette guerre , comme j ^^ ruisseaux y afHuani , même dans les canaux où
nie , fut aussi meurtrière et dispen ..._..
celle près
dieuse quinjusie dans son principe. Ce n'étai
pas une guerre entreprise par orgueil ou par
ambition, pour l'honneur ou la sûreté nationale ,
elle n'av,au pour objet que de satisfaire ce parti
qui existait alors et qui existe encore dans ce
pays ; parti qui hait la liberté et voudrait se
servir de nos bras pour l'étouffer par-tout où elle
répand et s'efforce d'étendre ses bienfaits. (£.'C(jYiU
du Star.) La suite demain.
Table de la stalislique des Etals-Unis , pendant, mie suite d années , rédigée sur des
documens ojfficieh.
Longueur des Etats-Unis isSo milles | Milles carrés 1 million
Largeur 1040 milles | Acres de terres .....'.... 640 millions
POPUL.^TION.
1774
3,4.86,000
I7«4
3,25o,ooo
'79°
.3,930.000
1791
4,047,900
1792
4,169,337
1793
4,294-4'7
1794
4,423,249
1795
4,555,946
1796
4,692,624
1797
4,833.402
1798
4,978,404
'799
5,i27,756
Terres en
valeur , fesant
partie des 640
raillions d'acres.
MARINE MILITAI.
Nombre de
tonneaux \
des bâiimens
marchands.
20,S6o,000
421,300
_
—
198,000
2i,5oo,ooo
541,666
—
. —
25o,ooo
3o, 000,000
634,000
—
—
486,890
3 1,000, 000
677,650
—
—
502,698
32.000,000
694,889
—
—
567,698
33,500,000
715,736
—
—
627.570
34,000,000
737,208
—
—
62S.617
34,550,000
759,324
—
—
747,964
35,ioo;ooo
782,104
—
—
83 1 .goo
35.600.000
8o5,567
3
124
876,912
36,100.000
829,734
i3
36o
898,329
36,3ûo,ooo
854,626
42
g5o
920,000
G F. N- s
D E
)5,000
lS,000
25,000
28,000
3o,ooo
33,000
39,900
45,000
5i,5oo
6o,3oo
62,200
63,5oo
E X P 0 R T
A T 1 0 N S.
Recettes
DÉPENSES
Numéraire
ANNÉES.
'■^«<|,Jf.J6.«.-
-"•"""■"■*"
Produc. du pavs.
Total exporté.
p U B L I q_u E s,
P U B L I qV E S.
CIRCULANT.
1774
1784
6,100,000 dol.
6,100.009 dol.
— dDl.
— dol.
4,000,000 dol.
9,000,000
io,t5o,ooo
—
— :
10.000,000
1790
I79I
1792
14,200,900
16,000,000
—
—
8,000,000
14,600,000
18,399,202
4,771,342
3,797,436
12,000,000
i5,o6o,5oo
2i,oo5.568
8,772,438
8,962,920
17,000,000
1793
1794
i5 420,000
26,01 1,788
6,450.195
6.479,977
20,000,000
16,200,100
33,043,725
9,439,855
9,041,593
2 1,000,000
1795
1796
1797
18,064,050
47,855,556
9,5 15,758 ••
10,151,240
ig.ooo.ouo
20,024,02 1
67,064,097
8,740,329
8,367,776
ig,5oo",ooo
24,052.671
51,294,710
8,758,780 -
8,625,877
1 4,000,000
«798
27,991,413
61,327,411
10,161,097
9,02i,3i3
l3,ooo,ooo
1799
33,142,187
78,665,522
12,777,4*^7
10,554,703
16,000,000
Dette puBLiQ_it'E
NOMINALE.
Fonds d'amortissement.
Fonds actifs.
Fonds actifs et stagnans.
1774
^784
1790
1791
1792
1793
«794
1795
1796
1797
1798
Ï799
».,^^' f 200.000,000 dol.
Mon. 3
Partie de la dette
a été consolidée avant
1790.
Le
dans
vantes
de 1794-
surplus l'a été
les années sui-
juscju'a la tin
84,989,438
83,404,139
■8i,324,i3g
79,io5,ioo
84,185,400
Nota.
Nota. Le fonds d'a-
mortissement déduit de
la dete nominale de
cbaque année , laisse le
montant net de la dette
publique.
Le dollar vaut
E U R. ~
3.258,669
3.901.403
4.549.592
6,690,000
8,002,104
francs 5o
Espèces appropriées par la
loi d'aorit 1790 , 2 millions
de dollars.
Plus, l'excédent du reve-
nu, toutes dépenses payées.
Id. Loi de mai 1792.
■ Idem. Provenant de la
vente des terres du lac
Erié , 406,941 dol.
Terres du territoire oc-
cidental , contenant 235
millions d'acres , à deux
dollars l'acre , prix fixé
dont
elles ].>assent ; à l'effet de quoi les saignées et
ouvertures qui ont été laites sans titre légal aux
berges dé ladite rivière, sources et ruisseaux, seront
supprimées étions autres enapêchemens quelcon-
cjues , m.êuies les arbres cjui se trouveront plantés
dans leur lit et le long de ladite rivière , dans la
distance d'un melre quatre décimètres de berge,
aux frais et dépens de ceux qui auront causé les-
dus empêchemens et planté Icsdils arbres , et ce-,
quinzaine après la sommation qui leur en aura été
iaue au domicile de leurs fermiers ou mcûniefs ,
en sorte que des canaux établis par titres , il en
sorte autant d'eau qu il en aura entré ; ce qui sera
justifié par les propriétaires desdits canaux ou
passages; sinon il sera donné des ordres pour la
suppression desdils canaux et passages.
Ils feront entretenir et fortifier les berges de la
rivière par les meuniers , chacun dans son éten-
due , en remontant d un moulin à l'autre , de
manière que les eaux ne puissent sortir dî leut
lii ni passer au travers desdiies berges , pour se
rejoindre tians les prés ou ailleurs.
Ils renouvelleront les défenses faites à tous les
pr.ipriélaires riverains de la Bievre d'ouvrir de
nouveaux can.'iux , de laite aucune saignée ou
batardeaux , soit au lit de ladiie rivière, loit aux
sources ou canaux y refluant , et d'établir une
blanchisserie dans les prairii s adjacentes , confor-
mément aux dispositions de l'arrêt du 26 février
1732.
Enfin ils raaintîetidront l'exécution dudit arrêt ,
en to.ut ce qui n'cit pas contraire aux disposition»
du présent ai tête.
m. La dépense du curage de la livicre, de
I l'entretien el de la conservation des eaux, con-
I linuera d'être , comme piar le_passé , à la charge
des habilans du faubourg Marceau , occupant
l les maisons sises le long de ladite ri\iere, et des
meuniers des moulins désignés dans les arrêts
du conseil, sous la dénomination commune des
intéressés à la conservation des eaux.
IV. Le rôle de répartition sera fait par trois
commissaires pris patmi les intéressés et nommés ,
iun par le préfet du département de la Seine , un
par celui du département de Seine et Oise , el un
par le prélei de police de Paris. La municipalité
! du douzième arrondissement, et celles des com-
munes où passe la rivière , remetttonl à cet effet
un état des intéressés qui résident dans leur
éteridui.
Ce rôle ne sera exécutoire qu'après l'approba-
I lion des préfets , chacun pour le territoire cjépen-
1 dant du département dont l'administiation lui est
I confiée.
1 V. Ces trois commissaires détermineront le
i contingent de chaque propriétaire d'après la con-
sommation des eaux que la profession qu'il exerce,
entraîne, le nombre d'ouvriers ciu'il emjpioie ,
l'étendue des terrains qu'il occupe , et autres
I données de même nature.
VI. Le contingent de chaque propiiétaire ou
manufacturier sera payé dans le délai de six mois,
à compter du 1'^' nivôse de fan 9 , et ainsi de
suite pour chaque année , savoir :
Un tiers, deux mois après la mise du rôle en
rccouvremerit ;
Un tiers , deux mois après l'échéance du pre-
mier paiement;
Le dernier tiers , deux mois après l'échéance
du second paiement ;
De manière que la totalité du recouvrement
soit opérée avant le t" messidor de chaque
année , première époque du curage annuel.
VII. Le préfet du département de la Seine
nommera parmi les intéressés un percepteur qui
I N T E R I
Paris, le '2'] vendémiaire.
Le général Moreau est arrivé à Paris.
Le général Vaubois, qui commandait àMalte ,
et aujourd'hui mei-nbre du sénat-conservateur ,
est arrivé à Paris.
— Le cit. Clément de Ris est aussi arrivé dans
cette ville.
■ — Le général Bénhier élaitle i5 vetidemiaire à
Barcelonne.
— ' On annonce comme très-prochaine h repré-
sentation , au théâtre français , d'une nouvelle
comédie du citoyen Andrieux.
par la loi , dont une pa
'"à rendu plus de j sera chargé du recouvrement du rôle.
VIII. Les propriétés nationales seront soumises
à la répartition ; la cotte qui leur sera appliquée
sera acquittée par la régie de l'enregistrement
sur" le produit desdites piopriétés.
IX. Les fonds provenant de la cottisaiion main-
j 470,000,000 de dol.
centimes.
ACTES DU GOUVERNEMENT
Arrêté du 25 vendémiaire.
Les consuls de la répubhque, sur le rapport du tenue par le présent arrêté, seront uniquement
minist.-e de l'intérieur ; I '^"'Pio)" a 1 acquit des^ dépenses qu eniraineot la
, -, J" J K f • I pouce et la conservation des eaux. La aucun
Vu les arrêtes du conseil d état des 26 tevrier | ^^^ ^ .^ „^ „^ ^^.^ 1^^,^ ^„^ somme plus con-
1732 et 5 décembre 1741 relal>/s a la iiviere de 1 ^-j.^^y^ ' ^,^1,^ nécessite cet objet.
Bievre , le conseil-d elat entendu , arrêtent : I ,,, , ^ . . , „. , . . . ,
Art. I<^'. A commencer de ce jour, ta police; X. Le ministre de 1 inteneur est charge de
de la rivière de Bievre fera partie des attiibutions l'I'execuuon du présent arrête.
des préfets des déparîemens de la Seine , de Seine , ^Lé premier consul , signé , Bonaparte.
et Oise et du préfet de police de Par,,, chacun | p^^ ,^ .^^^ ^^^^^^
suivant la compétence qui lui est réglée par les '
lois et arrêtés du gouvernement. ' ~U secrétaire- d'état , signé , H. B. Maret_
Autre arrcté du mime jour. ]
Les consuls de la république , sur le rapport ;
du ministre de linlérieur , le conseil - d étal |
entendu , arrêtent : i
Art. !"■. La tenue des foires de la ville de j
Saint-Amour, département du Jura, est lixée au 1
premier jour de chaque mois, excepté celle de
vendémiaire qui n'aura lieu que le second jour.
IL Le ministre de l'iniérieur est chargé de l'exé-
cuiion du présent ariêié , qui sera imprimé au
bulletin des lois-
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , le conseil-d'éiat
entendu , arrêtent :
Art. 1'^'. Les propriétaires forains pourront
exercer les fonctions de membres des conseils
municipaux des communes.
IL Les membres des conseils municipaux ne
seront pas nécessairement portés au nombre fixé
par la loi ; il suffira qu'il y ait le nombre néces-
saire pour la délibération , c'est-à-dire ', les deux
lier».
UL Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le^premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B.Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de l'intérieur ;
'Vu l'article XV de la loi du 20 septembre lyg-j
relative à l'état civil , qui fixait à i'année i8oo la
confection de la première des tables décennales
des regisires de l'état civil ;
Considérant que la loi postérieure qui a fixé
l'cre républicaine , a voulu que tous les registres
publics fu.ssent en rapport avec la nouvelle divi-
sion du teros qu'elle a déterminé, le conseil-
d'état entendu , arrêtent ce qui suit :
Art. P''. La confection de la premiei>e des tables
décennales des registres de l'éiat civil aura Heu
pour les dix premières années de 1 ère répu-
blicaine , dans le cours de l'an 11 , la seconde en
l'an 21 , et ainsi de suite , de dix en dix ans.
IL Le ministre de l'intérieur est chargé de lexé-
cution du présent arrête qui sera inséré au bul-
letin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé. H. B. Maret.
107
Il jouira des prérogatives • attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 26 vendémiaire , an 9 de la
république française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
AUNOMDUPEUPLEPRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Colin , fusilier au
!"■ bataillon de la i6' demi-brigade de ligne.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a été rendu de la con-
daite distinguée et de la bravoure éclatantg du
citoyen Claude Colin , fusilier au i'' bataillon
de la 16' demi-brigade de ligne , à l'affaire qui
eut lieu à Ickenhausen le 27 prairial an 8, oià
ce brave militaire étant le premier de sa com-
pagnie envoyé en tirailleur , fut successivement
chaigé par deux hussards autrichiens du régi-
ment de Ferdinand , les couche en joue lun
et lauire , et sans se déconcerter , quoique son
fiâsil manquât de faire feu deux fois de suite ,
parvint avec le secours de sa bayonnclte seule-
ment , à mettre ses deux ennemis hors de
combst ,
Lui décerne , à litre de récompense nationale ,
un fusil d'honneui.
Il jouira des piérogatives attachées à ladite
récompense par 1 arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le i5 vondemiaire , an 9 de la
république française.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul .
Le secrétaire-d' état , signé, H. B. Maret.
Le ministre de la guerre , signé , Carnot.
Au NOM DU peuple FRANÇAIS.
1 Srevet d'honneur pour le citoyen Derrieux.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'aptes le compte qui lui a été ren«lu de la con-
<luiic disiinguce et de la bravoure éclatante du.
citoyen Claude Dcrritux , maréchal - des - logis
dans le 1" régiment de chasseurs à cheval , à
1 affaire d Ober-Baizheim , le 16 prairial an 8 , à
l'ariiiéc du Eliin ;
Lui décerne , à tiire de récompense ualionale,
uoe laiïbine d honneur.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur pour le citoyen Garrick.
Bonaparte , premier consul de la république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante
du Citoyen Garrick , caporal dans la 4'^ compa-
gnie du premier bataillon des pontonniers , au
passage du Rhin à Reichlingen , où , quoique
chargé d'un autre travail et à peine guéri d'une
blessure au genou , reçue à la consiruciion d'un
pont sur laReuss , il s'élança sur un des premiers
bateaux qui fut jeté à l'eau en criant : en avant .
en avant ; activa et encouragea par son exemple
l'embarquement de l'infanterie, continua à tra-
vailler avec activlié au passage des barques jus-
qu'à l'arrivée de l'équipage des ponis , revint
alors reprendre les fonctions qui lui avaient été
assignées, et concourut autant à la célérité avec
laquelle le pont fut établi , qu'il avait contribué
par son ardeur et sa bravoure au succès du pre-
mier débarquement ,
Lui décerne . à titre de récompense nationale ,
une grenade d'or.
U jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris, le 26 vendémiaire , an g de la
république française.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d' état , signé, H. B. Maret.
CONSEIL- D' ETA T.
Finrfu résumé de la discussion qui a eu lieu au conseil-
d'état, au sujet des moyens à employer pour la
formation des listes de notabilité ou éligibilité
communale , prescrites par la constitution.
Après avoir discuté les principales questions
de principes , voyons les projets qui ont été pré-
sentés au conseil-d'état , pour la formation des
lisies de notabilité communale.
Le premier consiste à établir un scrutin com-
mun pour tous les ci'oyens de l'arrondissement ;
à les faire voter dans leur municipalité. Dans les
municipalités considérables , il admet la division
en sections : chaque votant pourrait voter sur
le dixième des citoyens de 1 arrondissement , et
choisirait ce dixième sur la totalité de sa popu-
lation ; les divers scrutins seraient rassemblés
par un questeur , et dépouillés ensemble au
chef-lien de la sous - préfecture. Ce projet est
celui que la section de l'intérieur a présenté dans
son premier travail.
Le second projet a été proposé dans le cours
de la discussion au conseil. Voici en quoi il
consiste. Les citoyens voteraient par section ,
pour une élection commune ; ils éliraient un
nombre double du dixième de la section ; en
d'autres mots , le cinquième des citoyens ayant
droit de voter , les votans pourraient choisir ce
cinquième dans leur section 'ou dehors. Le
scrutin demeurerait ouvert pendant un tems in-
défini. A la fin de chaque décade . on ferait
le relevé des scrutins : on proclamerait les choix
faits à une majorité quelconque ; et le scrutin
serait fermé lorsque le dixième de l'arrondisse-
ment serait nommé à la majoiiié déterminée.
Un troisième , proposé aussi pendant la dis-
cussion , peut être ainsi résume.
L'élection serait commune ; le scrutin serait
divisé. Les sections voleraient sur un nombre
égal au cinquième de leurs habitans , et les
prendraient à volonté dans leur section ou de-
hors. Le dépouillement du scrutin se ferait à la
sous-préfecture ; les candidats qui auraient la
majorité absolue , seraient nommés. Si le pre-
mier dépouillement ne fournissait pas une liste
du dixième des citoyens ayant droit de voter ,
on feratt an autre scrutin pareil au preiiiier ,
et le dépouillement s'en ferait au chef-lieu ; les
candidats qui auraient la majorité absolue à ce
second scrutin, seraient élus. Si , apiès ce second
scrutin , le dixieihe des citoyens de l'arrondisse-
nrient n'était pas complet , on ferait une listé
des catididais qui auraient le plus de voix dans
ces deux scrutins: celte liste serait égale au
double du nombre des places à remplir : lessec-
lion» feraient un tioisiemc scrutin sur cette liste ;
e' cette fois, au dépouillement commun , la
majorilé compaïaiive suffirait.
'Un quatrième piojet êstsorii comme le pré-
cédcnl de la discussion , mais a été remis à la
aeciion sans eue présenté au conseil. En voici
!a substance.
l)*ns^ chique municipalité, uA rej^isirè 'de cai*i-
didals ieraii ouvert chez le lUciirc pendant quinze
Jours : chaque citoyen pourrait s'y inscrire?
chaque citoyen pourrait en inscrire autant d'au-
tres qu'il le jugerait à-propos , pourvu qu'il
n'excédât pas le dixième de l'arrondisseinent.
Ces listes municipales seraient envoyées au sous-
préfet, et le dépouillement en serait fait à la •
sous - prélecture. Si le nombre des candidats
excédait le cinquième des citoyens de l'arrondis-
semenl ayant droit de voter , il serait réduit au
cinquième par la radiation de tous les noms
qui réuniraient le moins de suffrages : la liste
strnit ensiiiie fermée ei publiée. Ce sciait sur
celte liste que les citoyens picndraicnt les no-
tables. Si le nombre des candidats ne montait,
pas au cinquième , la. liste ne sérail point fer-
mée : elle serait publiée, elles registres seraient,
ouverts encore trois jours , afin que le nombre
pût être poité au cinquième. Les nouvelles listes
produites par cette inscription supplémentaire ,
seraient dépouillées , et les voix additionnées'
avec les autres; le nombre loial en setaii ré-
duit au cinquième par le retranchement des
noms qui auraient le ■ moins de suflrages. Les'
scrutins d éieciion se feraient sut ces lisies , qiji ,
pour cet elfet , seraient envoyées à toutes les mu-
nicipaliiés de l'arrondissernent : les élections
n'auraient lieu qu'un mois apiès la publication'
de la liste définitive des ciiididats : chaque vo-
tant réduirait la liste à moitié.
Le cinquième projet , présenté au conseil par
un de ses membres , est lait dans le système
des élections seciionnaires. L'arrondissement
communal serait divisé en sections de quatre
cent cinquante à neuf cents vCHans. Chacun
nommerait son dixième dans son sein , à la
majorité absolue; la réunion des lisies forme-
rait la liste communale.
Le sixième projet ne diffère du précédent que
par le nom qui serait donné aux sections. Les
élections et les scrutins seraient seciionnaires
seulement les se- lions seraient nommées arron-
dissement communal : les élections auraient lieu
à la majoiiié absolue.
Le septième projet. est celui que la section de-
l'intérieur a présenté dans son second travail. Il
propose une élection mixte, c'est-à-dire ,-essen-
lieilement communale , accidentellement seciion-
naire. L'opéraiion du scrutin serait divisée en
sections de cent à deux cents citoyens. Les votons
ne pourraient voler que sur un nombre de citoyens
égal au cinquième de la division dont.d-, feraient
partie ; ils seraient obligés de choisii moiiié de
ce cinquième hors de leur division , et pourraient
la prendre dans toute la population de l'arron-
dissement, et l'autre moitié dans leur division.
Les divers scrutins , réunis d'abord chez les maires ,
recueillis ensuiie par un questeur, seraient portés
au chef-lieu de 1 arrondissement , et dépouillés
en commun ; et la majorité comparative ferait les
notables.
Le huitième projet, proposé dans le conseil,
présente des élections communes , dont les scru-
tins , divisés en sections de deux cents citoyens ,
seraient dépouillés au chci-lieu. Chaque seciion
nomraeraitdansson sein le cinquieuie des citoyens
ayant droit de voter ; et ce cinrjuieme , rassemblé
toujours par section , mais volant sur toutes les
lisies , se réduirait au dixième par un second
scrutin : les résultats de lous ces scruiins parti-
culiers , réunis au chef-lieu , formeraient la liste
communale.
Le neuvième projet présenté . consiste dans les
opérations suivantes :
On divisera l'arrondissement. en sections; cha-
cune élira le dixième de ses .citoyens ayant droit
de voter , et enverra sa lisie au sous-piéfei. Le
sous-préfet enverra toutes les lisies à chaque sec-
tion; chaque seciion voleta sur la liste des autres.
Les listes qui auront la sanction de la majorité de»
sections, serviront à composer la liste nationale.
Enfin, un dixième' et dernier projet ofi're les
idées suivantes :
L'arrondisserifteWt cotwmuiiàl Serait divisé en
sections. Ghàque''!!'ecli'6n ëliraii ^é viiigiieme de
ses projpi'es citoj'éhs': ce vînê'tièlne deviendrait
corps électoralpour l'autre vingtième. Il choisirait
cet autre vingiieme sur le reste de larrondisse-
meni ; tiials pour s.uver ■ lillégatite de lélection'
indirecte qui attrait lieu pour le second vingtième ,
le premier vingtième élu opérerait en deux fois ,
c'est- j-dire , rie nomineraii qu'u'i qilaramieme des
notables' par une première élection ; et avant dé
procéder à l'élection du second qùaraiitiernc , il
soumetirait lelecticin du premiei' au>t assemblées
sectionnaiieS , qui admettraient ou rejetieiaient à
la majorité absolue. Le nombre des lufusés scraïf
ajouté au second quaianiieme qui resterait à élire ;
l'élection se ferait comme pour le premier, et le
résultat du scrutin serait de mêiiie' présenté à la
sanction des sections. Le nombre des ndins rcjeicS
serait remplacé par une iroisietirie clcciion , (juii
serait , comme les précéderites , soumise au vctB
des sections. '
ïcUe est la substance des projets soumis à lal-
tenliOii du eon:>eil. On pouria les apprécier. rH
j leur appliquant les principes qui ont été d£>c-
io8
loppés plus haut. Pour faciliter cette application ,
nous observerons d'abord qu'on peut les partager
en trois classes , suivant les différences qui les
caractérisent. Les quatre premiers sont le système
des élections communales; les cinquième et sixième
sont dans le système des élections sectionnaires ;
les quatre derniers sont mixtes.
Ce qui distingue les projets d'élections purement
communales , c'est qu'ils iont les plus exactement
conloriiies à la constitution , mais en même tems
les plus compliqués et les plus difficiles. Ce qui
caractérise les projets sectionnaires , c'est qu ils
sont d une pratique simple et facile , mais lout-à-
fait opposés aux principes constitutionnels. Le
caractère des projets mixtes , c'est-à-dire , qui
offrent des élections communales au fond et s^c-
'donnaires par accident , sont ceux qui réunissent
le mieux les deux conditions nécessaires , savoir ,
la facilité d'eKécution , et la conformité avec les
principes constitutionnels.
Le conseil pensera , sans doute , qu'il suffit que
lès modes d'élection , d'accord avec la lettre et I
l'esprit de la constitution , ainsi qu'avec les prin-
cipes de la représentation , ne soient pas impos-
sibles à exécuter . pour qu'il faille écarter d'abord
de la discussion ceux qui y sont opposés. L'im-
possibilité absolue et démontrée de faire des listes
de notabilité sans sortir des principes , pourrait
seule autoriser à en sortir. Ainsi , d'après les
Freuves que nous avons données plus haut de
illégalité des élections sectionnaires , nous nous
croyons autorisés à penserque le conseil éliminera
de la discussion les cinquième et sixième projets ,
et nous n'en parlerons pas davantage.
Le premier projet paraît être exactement calqué
sur la consiiiution. Chaque votant , comme on a
vu , pourrait voter sur le dixième des citoyens de
l'arrondissement. Rien de plus régulier en appa-
rie ne e ; m.is rien qui le soit moins en effet , rien
»uriout de plus difficile dans l'exécution.
Sur douze mille votans qui auraient à voter ,
chacun pour douze cents noms , il y en aurait à
peine cent qui , par leur âge , leurs fonctions
habituelle» , pi;sseni voter en conscience sur deux
cents ; et le grand nombre , surtout des habitans
de la campagne , pourraient à peine en désigner
dix. Cette forme donnerait donc un privilège
d'influence à une petite minorité , au préjudice
de la presqu'universalité ; et dans cette minorité
se trouveraient les intrigans et les hommes de
paiti : voilà le résultat politique.
Voyons les difficultés mécaniques.
Les voix pourraient se disséminer sur douze
rtllle noms différens qu'il faudrait enregistrer ,
et pour chacun desquels il faudrait ouvrir un
compte de suffrages. Ainsi le dépouillement se-
rait un travail immense , çur-tout si tous ceux qui
ont droit de voter, exeiçaient leur droit, puts-
qualors il y aurait douze mille suffrages à
compter.
Mais quel que fiit le nombre des votans et celui
des citoyens désignés , il arriverait inévitablement
qu'un très-petit nombre d hommes très-connus
réuriiraient seuls une majorité raisonnable , et
que la plupart dés voix seraient éparpillées une
à une sur des têtes obscures , ou sur des hommes
mal-famés. Ainsi un premier scrutin pourrait
fournir une petite portion du nombre de nota-
bles requis, et il faudrait procéder à un nombre
indéfini de scrutins, tous aussi nombreux, tous
aussi difficiles que le premier , pour compléter
le dixième des citoyens de l'arrondissement.
Q^aand le législateur pourrait passer sur les diffi-
cultés d'un scrutin uniijue , il ne pourrait passer
sur leur répétition. Une année pourrait ne pas
suffire à l'opération , et par cette raison il serait
douteux qu'elle parvînt à son accomplissement ;
car on ne peut concevoir qu'une nation , telle
que la nation française , puisse et veuille passer
lane année à faire une élection.
Le second projet, tendant à faire voter par
sections pour une élection commiane, et sur un
nombre double du dixième de la section , qui
serait pris surtout l'arrondissement, est exempt
des inconvéniens politiques du premier. A la
vérité, il laisse le scrutin ouvert pendant un tems
illimité ; mais comme il prescrit de faire, à la
fin de chaque décade , le relevé du scrutin . et
de proclamer les choix qui ont obtenu une ma-
jorité raisonnable , les votans des seconde, troi-
sième et quatrième décades étant avertis succes-
sivement de voter sur des citoyens autres que
ceux qui ont été élus dans la décade précédente ,
les voix ne s'accumuleraient pas iriutilement sur
quelques hommes , et seraient obhgées de se ré-
Dandre ; dcsorte qu'en quatre ou cinq décades ,
l'opération pourraitêtre consommée , et l'être par
in seul scrutin. Il est bien entendu, dans ce sys-
Le troisième projet , en proposant de f^ire vo-
ter par sections sur un nombre égal au cinquième
des habitans de l'arrondissement, mérite bien
plus ([ue le premier le reproche de donner aux
intri>j;jns ou ?ux hommes d'un certain â.;e et d uuc
Certjine profession, un avantage inimense sur U\
majorité des citoyens. En effet , le premier pro-
jet ne donne à ces hommes que le droit de nom-
mer le dixième du département; et celui-ci
doublant le nombre, double par conséquent le
privilège.
D'ailleurs ce projet exigeant pour l'élection une
majorité absolue , et ne présentant aucun moyen
d'assurer qu'un seul scrutin étendra l'élection au
dixième des citoyens de l'arrondissement ayant
d:oit de voter , il admet la possibilité de trois
scrutins successifs ; et il paraît géiiéralement re-
connuquetroisscrutins rendraient l'opération trop
pénible ou trop contrariante , pour qii'on pût
espérer, de la pitience ou des occupations po-
pulaires , un concours soutenu jusqu à la fin de
l'opération. ■
Le quatrième projet est établi sur l'idée d'une
liste de candidats qui se sontpréseniés eux-mêmes
comme chez les romains, ou l'ont été par d'autres
citoyens , et dont le nombre , étant double de
celui des notables demandés , n'a besoin que
d'être réduitàmoitié parles suffrages des citoyens
divisés en sections : ce projet aurait sans doute
l'avantage de procurer l'indication de tous les
hommes de quelque mérite , entre beaucoup
d'autres ; il donneiuit aux votans la faculté de
prendre d'utiles inlorraaiions , et le moyen d'é-
tendre leur choix au nombre de citoyens demandé
par la loi. Suivant ce plan , la liste dj dixième de
l'arrondissement serait sûrementcomplettée ; et les
notables seraient nommés en venu d'un vœu plus
éclairé et plus général.
Mais ne serait-il pas à craindre que ce système ,
très-convenable et très-moral dans des tems ordi-
naires, ne tût dangereux, perturbateur et cor-
rupteur , venant immédiatement à la suite de tems
orageux? n'ouvrirait-il pas la porte aux haines ,
aux lessentimens, à la calomnie , à la persécution?
Dans les tems ordinaires, les esprits s'échauffent
au moment des élections, par le désir d'avancer;
apiés des tems de trouble , ils éprouvent peut-être
moins le désir de faire son propre bien que celui
de faire le mal d'autrui , et l'on songe moins à
devancer un concurrent, qu à détruire tout ce
qui se montre dans la carrière.
Nous voici parvenus aux quatre formes d'élec-
tions que nous avons appelées mixtes , c'est-à-dire,
partie communales, et partie sectionnaires. Ce sont
les septième , huitième , neuvième et dixième
projets résumés plus haut.
Le septième est celui qu'a proposé la section de
l'Intérieur dans son second travail.
On a vu qu'il ccnsistait à diviser les votans ert
sériions de cent' à deux cents citoyens; à les
faire voter hors de Irur section, sur un iiombre
de citoyens égal au dixième de cette section , et
en mème-iems, par une liste distincte, sur un
nombre semblable de citoyens piis dans leurs sec-
tions. Les listes de citoyens pris hors des sec-
tions , seraient dépouillées les premières ; et ce
serait seulement dans le cas où elles ne produi-
raient pas le dixième des citoyens de l'arrondis-
sement , qu'on procéderait au dépouillement des
secondes.
Il est clair que , dans ce système , les élections
seraient essentiellement communales , et qu'elles
ne deviendraient sectionnaires que par accident:
ce ne serait qu'après l'épuisement des noms aux-
quels aurait été attachée une majorité commu-
nale , qu'on arriverait , en cas de déficit , à ceux
qui nauraient qu'une majorité sectionnaire ;
même, à proprement parler , les élections faites
sur les listes de noms pris par les votans dans
leurs sections , seraient elles-mêmes communales,
puisque , n'étant faites que pour suppléer à l'in-
suffisance des listes de noms pris sur tout l'arron-
dissement , elles seraient autorisées par l'arron-
dissement entier , qui, n'ayant pu trouver par
une votation communale le nombre de notables
requis , s'en serait , en quelque sorte , remis à
chacune de ses sections pour la nomination du
nombre complémentaire.
On peut considère* comme un avantage propre
à ce système, de donner au mérite généralement
distingué tous ses avantages, et cependant de
laisser aussi à un grand nombre de sections
l'espérance devoir sortir de leur sein un notable
moins connu que digne de l'être. Il concilie les
droits de la célébrité avec ceux du mérite mo-
deste et ignoré.
Quant au mécanisme; des opérations qu'il exige,
il est simple; un seul scrutin donne souvent la
majorité , et dans un tems déterminé.
citoyens pour en former une liste de candidats ,
proiduirait des élections purement sectionnaires ;
mais il les rend communales , en fesant crisuile
voter ces sections sur toutes les listes section-
naires réanie^ . pour les réduire au dixième. Ce
projet paraît donc constitutionnel. Mais une diffi-
culté d'exécution se présente : c'est que rien
n'assure assez positivement qu'un seul scrutin
terminât l'élection , les suffrages pouvant opérer
la réduction des listes d'une manière si diverse,
qu'il ne se trouve pas , pour un dixième des
citoyens de l'arrondissement, une majorité raisonr
nable , c'est-à-dire , au moins égale au no^hbre
des citoyens composant une section.
Le neuvième projet , consistant à faire voler
chaque section sur la liste de tous les autres , en-
traînerait nécessairement plusieurs scrutins.
Le système du huitième projet n'établit que la
possibilité d'une double opération. ; dans celui-
ci , on ne pourrait absolumeut en éviter deux , et
même trois.
Enfin le dixième et dernier projet présente
la nécessité de trois élections successives , et la
possibilité de plusieurs autres encore; ainsi la
difficulté et la longueur île son mécanisme
semblent ne pas permettre de s arrêter à sa
substance.
Conclusion^ La section de l'intérieur estime ,
d'après ce qui précède , que la discussion du
conseil doit maintenant se borner aux second ,
septième et huitième projets.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Levée des 40,000 chevaux.
Le département de l'Aude a terminé.
Relevé du nombre des chevaux Journis défauts le
16 vendémiaire an g ., jusqu'au 26 suivant.
Le nombre des chevaux levés à
l'époque du 16 vendémiaire, était de 44,829
Ceux levés depuis , s élèvent à. . . . ibij
Total au 26 vendémiaire an g.
45,088
têrae, aue les sections de l'arrondissement au- .,,,.,.
raien toute leur décade marquée pour l'émission ^ La section de finieneur pense que ce projet
de leur suffrage. Ce projet est un de ceux qui demande encore d erre pr.s en considération,
peuvent mériter une nouvelle discussion dans le Le huitième projet , en se bornant à faire nom-
conseil. \ ^^'' P^'' chaque section le cinquième de ses
MINISTERE DE LA MARINE,
Le ministre reçoit tous les jours des pétitions
qui lui sont adressées par des sous-officieis ei
soldats d'artillerie ûe la marine , ou par leurs,
patens , pour obtenir des congés limités ou abso-
lus. Comme il ne peut statuer sur les demande*
de cette nature que d'après l'avis des corps aux-
qi'els ces militaires sont attachés , il les prévient
que c'est à leurs chefs qu ils doivent remellfç
leurs réclamations , et qu'il ne sera répondu à
aucune pétition qui n'aura pas été envoyée au
ministre par les corps ou les conseils d'adminis-
tration.
PRÉFECTUREDE POLICE.
La société , et particulièrement la classe de»
commeiçjns ou négocians , ne sauraient être
trop en garde contre la ruse de certains indi-
vidus auxquels on confie des marchandises , et
qui , lor-iqu ils les ont vendues , ccJuvrent la
plus insigne escroquerie, des apparences d'un
vol à la suite d'un assassinat dont ils disent
avoir été les victimes.
Le 6 de ce mois , un particulier de retour des
comiïiissions dont plusieurs maichauds l'avaient
chargé pour diftérenies foires , rentre chez lui ,
la tête ensanglantée , et dit avoir été volé d'une
somme assez considérable , à huit heures du soir ,
dans 1-s Champs-Elisées après avoir reçu un
coup de sabre sur la tète.
Il aété reconnu que la prétendue blessure de
ce particulier n'était qu'une légère incision à la
peau , ou une égraiignure qui . le lendemain ^
était presque fermée. Un enfant de douze ans qui
l'accompagnait , ne s'était pas appevçu que son
père eût été attaqué ; en un mot , des indice»
irrécusables ont prouvé que cet homtne n'avait
été ni volé ni assassiné.
GOUKS DUC M ANGE.
Bourse du 27 vendemiain
Rente provi&oirc aS fr.
■fiers consolidé 36 ir. 20 c.
Bons deux tiers 1 . fr. 6g c.
Bons d'arréragé 86 ir. 40 c.
Bons rn,ur ! au 8 ■■• - 9' '■'■73 c
~ S P E G T A C L E S.
Théâtre de la REPUBLtq^uE et des Arts.
Auj. les Horaces, ei le bàWet de Télémaq.ue.
l'HÉATRE Dti la RUE Feydeau. Aujourd'hui
la 3^ repr. de Tjméo ^ opéra en trois actes.
Théâtre du V audevillf.. Auj. Pour tl Co^n ;
la 3" repr. de Téniers , et les Otages.
Théâtre DESJEUNES élevés, rue deTbionville.
Aui. l'Ecole de l'adolescence; tes Marchés de Philis ,
et hicaise.
A Paris , de l'imprimeris du cil. Agasse , propriétaire du Moniteur, tue 4es Poijevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N"
29-
No
mnidi , 29 vendémiaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Jous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T E U R est le seul journal oficieL
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemen: , les nouvelles des armées ainsi n.ie le. Ç,\r. ^r \'
, . • ' • r • ' " '" laits et les notions tant i
1 intérieur que sur 1 extérieur, rournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 1 1 octobre. ( 19 vendémiaire.)
Suite du discours de M. Fox.
jLi'OPlNloN de ce parli liberticide prévalut pen-
dant un tems. Aptes avoir épuisé noire or , pro-
digué notre sang et démembré l'empire, elle fut
à-la-fin obligée de se plonger dans l'ombre et
de faire place à des opinions libérales. La liberté
rentra d.Tns ses droits , et les principes , bases de
notre révolution , reprirent leur ascendant.
Malheureusement pour l'empire germanique ce
triomphe ne fut pas de longue durée. Bientôt
la doctrine pernicieuse rjui nous fit perdre l'Amé-
rique se remontra au grand jour , et la liberté
fut comprimée de nouveau. Bien aveugle est
celui qui ne voit pas que si les motifs de la
guerre actuelle contre la France différent en
quelqtics points de ceux de la guerre contre
l'Amérique , ils partent néanmoins du même
principe, de ce principe qui veut asseoir le des-
potisme sur les ruines de la liberté. J'ai dû donc,
messieurs , m'opposer à la guerre présente , par
les mêmes raisons qui m'avaient (ait me déclarer
contre la guerre américaine. Si celle-ci a été
très-dispendieuse, certes on ne niera pas que
l'autre l'est encore plus. Mais quel a été , en der-
nière analyse , le résultat de notre argent dé-
pensé pour soumettre l'Amérique ? D'avoir con-
tribué à aggrandir c? pays 'et à fonder son indé-
pendance. Si telle a été la finale de cette guerre,
que ne devra pas opérer celle-ci ? Déjà elle a
procuré à la France une plus grande occasion
d'étendre son territoire et d augmenter sa gloire.
Plus la perfidie et la rage de ses ennemis se sont
accrues , plus elle a acquis de puissance et de
célébrité. Les résultais de cesdeux guerres doivent
avoir cependant des difFétences pour nous.
L'aggrandissement de l'Amériijue ne saurait de
quelques siècles menacer le repos ou la sûreté
de I Angleterre. Il n'en est pas ainsi de cette
guerre contre la France ; nos procédés nous en
ont fait une ennemie ulcérée, et une rivale plus
formidable.
{La suite dans les feuilles prochaines.)
L'extrait suivant , tiré du second volume des
recherches asiatiques, fournit une preuve assez
frappante du degré de perfection otj les science*
ont été portées dans 1 Orient.
u Qijant au théorème du binôme , binomial
theorem , sori application aux signes fraction-
naires resta-ra peut-être toujours la propriété
exclusive de Newton ; mais U question suivante
et sa solution montre évidemment que les indiens
l'ont aussi bien compris pour les nombres entijrs
que Briggs , et beaucoup mieux que Pascal. Le
docteur Stution , dans son excellente édition des
tables de Sheiwins , a dernièrement rendu jus-
tice à Briggs ; mais M. Whitchell . qui présenta
il y a quelques années Briggs comme étant in-
contestablement l'inventeur de la méiliode diffé-
rentielle , dit qu'il a trouvé dans beaucoup d'au-
teurs anciens des traces du théorème du binôme ;
néanmoins la méthode par laquelle ce grand
homme chercha les puissances indépendantes
l'une de l'autre , est exactement la même que
celle que nous voyons dans l'extrait suivant ,
tiré du sanscrit.
5) Un palais de rajah a huit portes : ces portes
sont ouvertes chacune par un seul homme , dans
un icms donné, ou par deux hommes , ou par
trois , et ainsi de suite , jusqu'à ce qu'elles soient
toutes ouvertes ensemble. On demande quel est
le nombre de tems qui sera nécessaire? Rangez,
comme ci-dessous , le nombre des portes , allant
de gauche à droite , toujours en diminuant d'une
unité , jusquà un, dans le rang suj.éiieur, et
suivant tin ordre contraire dans le rang inférieur :
87654321
12345678
divisez le premier nombre 8 par le i placé des-
sous , le quotient 8 vous donne le nombre d'ins-
tans nécessaire à un homme pour ouvrir les huit
Îiortes dans un tems: multipliez ce nombre 8 par
e terme suivant 7 , et divisez le produitpar le 2
qui est au-dessous , le résultat 28 sera le nombre
d'instans nécessaires pour que deux portes diffé-
rentes soient ouvertes : multipliez 28 par le 6 ,
et divisez le produit par le 3 qui est au-dessous,
vous aurez pour quotient 56 , nombre des ins-
tans nécessaires pour ouvrir trois portes : multi-
pliez ces 56 par le 5 , que vous diviserez par le 4
placé au-dessous , 70 sera le nombre d'instans
mis à ouvrir quatre ponds. Eu procédant aimi ,
vous aurez 56 pour les cinq portes à ouvrir;
28 pour les six; 8 pour' les sept; cl enfin i
pour les huit portes ouvertes en même-iems.
La somme de tous ces difFi^rens instans est 255.
( Extrait du Sun. }
I NT É R I E U R.
Le Havre , le 21 vendémiaire.
Les vents contraires en retenant dans notre
port les corvettes le Géographe et le Naturaliste,
destinées à l'expédition de découvertes, comman-
dée par le capitaine Baudin , ont donné le tems
I aux savans et aux marins de se connaître, et les
I amis des sciences voient avec une vive satisfac-
tion que l'union la plus parfaite règne enir'eux.
Confiance méritée dans le talent des chefs , satis-
faction mutuelle du choix qu'a fait le gouverne-
ment, voilà ce qui doit tout faire espérer de
cette réunion intéressante d'hommes qui , par
leurs travaux et leurs observations vont ajouter
aux connaissances humaines.
Les officiers se sont réunis aujourd'hui pour
donner un grand repas aux savans de l'expédi-
tiori. Les deux vaisseaux le Géographe et le Natu-
raliste étaient représentés, l'un par un sphinx et
une boussole, l'autre par une ancre environnée
, de fleurs; des guirlandes de laurier et d olivier
les unissaient. Autour de ces emblèmes étaient
entrelacés les chiffres des deux capitaines , les
citoyens Baudin et Hamelin. La gaîté , l'union la
plus franche ont présidé à ce banquet amical.
Sur la fin on a porté plusieurs toasts , parmi les-
quels on a remarqué les suivans : -• ^i^a-ic yicmier consul ae 1
Hamelin, capitaine du JVfl/!(ra/wf« : A l'union 1 ^"j""'''^/^"' comptable envers les" français de
entre les savans et les ina-rins de l'expédition ! | toutes les démarches qui pourraient compro-
Lebas de Sain;e-Croix , capitaine de frégate , 1 T"'*". Y"^ ""'r échappée à tant de hazards , si
lieutenant sur le Géographe : Au protecteur de ' '^"'^''^ ^ '^ P^"''^ ^' si nécessaire à son bonheur, m
l'expédition! Puisse-l-il pacifier le globe ! | " ^«^^ '^"''^5 récentes de Conslantinople don
Bory-Saint-Vincent, zoologiste: A nos femmes "^"' *?" détails saiisfesans sur la situation des
et aux' amis que nous laissons en France. français que la Porte reuent prisonniers dans ses
A-Sam, chinois : Aux français bons amis d'A- d'amitié lëur'attrcïlen, ni" "^''""V^" *'^""'"^ °"
am ! P ^.^ '^"'^ attachent plus paruculiereraent. doi-
loin de lui les hommes pervers que l'impunité a
faraiharises avec tous les genres de crimes ..
— Le conseil des prises aétéadn,is à l'audience
du premier consul. Le citoyen Berlier, président,
a prononce le discours suivant :
u Citoyen consul ; organe du conseil des
prises mariimus , je ne saurais trouver des ex-
pressions assez fories pour vous peindre l'indi-
gnaiion profonde, dont ses membres ont été
saisis a^la nouvelle du complot affreux tramé
contre le premier magistrat de la répubiifjuc.
" <^u: la vengeance des lois , qu'une piompte
justice atteigne les coupables! tel est le cri oui
seleve de tous les points de la France; tel
est aussi notre vœu ; mais nous en avons un autre
a exprimer encore.
" Citoyen consul , l'amour d'une grande et
puissante naiion vous environne ; sans doute et
au premier signal, des millions de bra'i s'élè-
veraient pour vous défendre ; puissent-ils ne
s élever jamais pour vous venger!
" Oui, citoyen consul , les vœux de ia multitude
vous précèdent, et la reconnaissancenationale vous
accompagne ; mais à cnié de cette masse innom-
brable de citoyens 'qui applaudissent à vos tra-
vaux , une triste expérience atteste qu il existe
encore une poignée d'hommes incorrigibles,
mi.erables restes des deux partis extrêmes qui
divisèrent SI long-tems la France, et qui flé-
mtssant de voir s'accomplir les grandes des-
tinées de la lepublique , voudraient en arrêter le
cours en s aimant du fer parricide.
" Je m'arrête , citoyen consul ; car malgié cette
assertion trop vrate , nous ne venons pas invo-
quer, d un gouvernement qui unit la lorce à
ta sagesse, des applications arbitraires qui furent
presque toujours pires que le mal même quelles
voulaient arrêter; mais la nation entière Vous
conQmande de veiller à votre conservation.
-.Bonaparte général a mille fois affronté la mort
dans les champs de la gloire.
- Bonaparte premier consul de la république , est
nnrdniii rnmr,f,kl. j ■' • -
Sam !
Michaux, botaniste : Au succès de l'expédition !
Péron , anthropologisie : Aux lettres , aux scien-
ces ! Puissent-elles avoir à s'applaudir de nos ef-
forts , de nos travaux !
Bernier, astronome : A ceux qui nous ont
guidé dans la cariiere des sciences !
Faure , ingénieur-géographe : Aux hommes de
. -, -, — r — i-'""^""cicroent. ûoi-
vent être tranquilles. Les fonds que les divers
departemens du ministère consacraient à leur
soulagement sont arrivés à leur destination, et
les distributions premières ont recommencé
Si nos infbrtuncs concitoyens n'ont pas éprou-
ve immédiatement les effets de la sollicitude du
gouvernement, c est que les circonstances en-
chaînaient sa volonje et qu'il a fallu du tems
pour vaincre les obstacles que lui opposai,
-.-,...3 .. =,-v^c,.af,..v. . i^u.,. iii.iiiiiics ue ])our vaincre les obstacles nup In! r, • 1
tous les tems et de tous les pays qui ont couru 1 cessation absolue de toute re'at^nn °^,V°^^'"- '*
ou courront la même carrière que nous ! commerciale avec l'empire ottoman Ma' ""^ "
Busche . minéralogiste : A l'an is qui doit nous d'hui le service des secours est assuré <-. f "J"""
reunir en Fiance ! | mission qui les administre à Constaminople°ë"t
en mesure dp pur Anr, ._ . , . i-'>- >=ji
UM.. .„ ..au^c : mission qui es administre à Constantinople ejt
Mysius, lieutenant de vaisseau : Puissent lest ^" mesure de leur donner toute la rén^ulaiité
vans de l'expédition trouver en nous des colla- | î°"'^ '^ latitude nécessaires. Aux cha>rrins d'im^
orateurs ! longue et dure captivité ne se joindra plus la
lé , jardinier en chef : A l'introduction des t dor'i ef nos Tl ' '■ '"'''f^"-" ou de i'aban
les dans les pays non civilisés .' j t^n^::! ^:::Z:trIt::'l:^TV-
■■III iLiutua»—». ' fluen--» "■■'■I' - '^ P'"' "n-
savans de l'exp
borateurs
RiedI
arts util
Paris, /f 28 vendémiaire.
Ceux des envoyés des departemens à la fête du
1"^ vendeiniaire , qui se trouvent encore à Paris,
s'étaient réunis , et avaient demandé à être
admis à l'audience du premier consul. Ils ont
été reçus aujourd hui. Le citoyen Pernon , envoyé
par le département du Rhône , a porté la parole ,
en leur nom ; il s'est exprimé en ces termes : I ^ f^"-
qu'ils auront eu sur leur sort. "
- Le sénateur Clément de Ris est arrivé à Paris
Il s est rendu a son arrivée chez le premier cOnsul!
- Le premier consul passera, le 3o, à Roquen-
cour, près Versailles, route de Versailles à Saim-
Germ.m h. revue des troupes qu, compost
le camp d Amiens , aux ordres dti général Mura"
Cette revue sera suivie de manœuvres etVxerc ice
quels vous vous livrez dep
lems , avaient et ont pour but la gloire et Ta
piospériié fiançaise.
n Le danger que vous avez couru leur ont fait
appercevoir les grandes calamités qui en eussent
été la suite.
)) Ils vous invitent, comme premier consul
au nom du peuple français , de veiller sur les'
jours du général Bonaparte, et de faire rejetter
'^ "■ ,"X^".i""'/= "'"'^;"" oe lamirauté anglaise
dans I affaire du convoi suédois , par M. SchlegeL
— Il paraît à Copenhague une vingtaine dé
journaux htieiaires , nombre qui surpasse de beau-
coup celui de plusieurs villes de la niême popu-
lation , comme lurin, Mdan , Naples. On noue-
rait remarquerqiTà Paris même il u en paraît pou^t
fin tel nombte. Outre ces feuilles consacréenTa
littérature , . paraît à Copenhague cinq ^Lnll
[Extrait de la CUJ iu QabiL.)
no
— L'académie des arts qui avait été tupprimée
à Rome pendant les troubles , a repris ses
séances. Elle a proposé les deux prix suivans :
Prix de peinture : Athimas , roi de Thebes, inspiré
par Us furies , arrachant son fis Laïrtes du sein de
la mère , et le lançant contre un rocher. Prix de
sculpture; Atàde s emparant de son épouse future
après avoir blessé morteliement le Centaure Nessus.
— S. M. le toi d Espagne, par une lettre du
secréiairc-d état le chevalier d'Urquijo , en date
du sa ihertnidor , a témoigné sa satisfaction 'à
M. Eloi de Careno , exerçant la médecine à
Vienne, pour la naduclion qu'il a faite en laiiu
d^ l'ouvrage anglais de Jcnner , intitulé : Recherches
sur l'inoculation de la vaccine , et qu'il a enrichi de
ses propres observations et expériences. Le roi lui
a donué l'assurance eh même lems , qu'il ferait
introduire cette nouvelle inoculation dans ses états.
(Journal des Débats.)
— La maladie épidémique qui règne à Cadix
jr continue ses ravages.
— Le préfet du département de Vaucluse vient
de former aux ci-devant Ignorantins , un établisT
sèment provisoire d'ateliers de plusieurs espèces
de travaux ; on a fourni aux premiers fonds par
des souscriptions volontaires. La direction en est
confiée à un bureau de bienfesance de travail et de
secours. Tous les pauvres valides , même les estro-
piés sont appelles à des travaux qui leur con-
viennent. Ceux des autres communes ont été
renvoyés chez eux. Le gouvernement romain avait
tellement favorisé la paresse dans cette commune ,
qu'on y comptait plus de 400 individus nourris
par les monastères. C'était une espèce de pro-
fession héréditaire depuis plusieurs générations.
On distribue par jour plus de 100 portions de
soupes à la Ruraford. (Journal de Paris.)
— Le 3o vendémiaire à midi très-précis , il sera
célébré dans le temple de la Victoire , (Sulpice )
une fête aux vertus de Marc-Aurele.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Rapport du ministre de la police générale.
Citoyens consuls ,
La liste générale des émigrés, telle qu'elle est
imprimée , présente une nomenclature de cent
quarante-cinq mille individus ou collections d'in-
dividus, et la répétition d'une multitude de noms.
Elle a été formée de listes partielles , dressées
par des autorités locales , que la convention na-
tionale avait chargées de celte opération.
Il reste iin supplément qui n'a point été imprimé,
et qui doit lêire pour former le tableau complet
des prévenus d'érpigration.
L'assemblée législative, la convention nationale,
le comité de législation de la convention , et
depuis, le corps-législatif, ont rayé définitivement I
un grand nombre d'individus inscrits; treize mille
ont été rayés par le directoire exécutif ; environ
douze cents l'ont été par vous.
Ces individus doivent donc jouir des droits qui
leur ont été rendus. C'est sur la stabilité des déci-
sions du gouvernement que reposent la confiance
publique , la foi des transactions particulières , la
sûreté des propriétés.
Beaucoup d'inscriptions sont collectives , et
frappent des individus sous les dénominations
générales ^héritiers , de représentans , à'enjans.
Les inscriptions collective* d'héritiers , de re-
présentans , peuventembrasser dans leur généralité
une foule de familles inconnues à celui-mSme
dont elles sont appellées à partager l'hérédité ,
Fuisque les lois ont établi la réprésentation à
infini ; inconnues , par conséquent aux autorités
locales , ju&qu'au moment où les individus qui
composent les fjmiUes ont produit leurs titres
et fait constater leurs droits. On ne peut, donc,
«ur une pareille inscription , constituer aucun
/citoyen en prévention d'émigration.
Linscription des enfans en niasse n'est pas
plus régulière. Le délit d'émigration doit être
appliqué à un individu déterminé , comme la
peine sera individuellement appliquée.
D'autres inscriptions présentent les qualités de
cultivateurs , d'artisans , de gens à gages , leurs
femmes et leurs enfans. Ces qualités sont cons-
tantes , puisqu'elles ont été données par les
autorités chargées de l'inscription , par des au-
torités présentes dans les lieux où les individus
qu'elles inscrivaient, avaient leur véritable do-
micile. De cette classe d'individus , il n'en est
presque point qui aient réclamé. Presque tous
Ignorent et l'inscription qui les a frappés . et les
lois qui les poursuivent , et la peine qui les me-
oace.
La pluspart, sans propriété, n'ont été ni pu être
avertis, par tm séquestre, de la prévention d'émi-
gration qui planait sur eux.
De pareils hommes ne peuvent être de véri-
tables émigrés. Tous les bienfaits de la révoluiion
étaient pour eux ; par elle ils élaient affranchis
des fers et de l'opprobre de la féodalité , et de-
venaient les égaux de ceux qui avaient été leurs
oppresseurs ou leurs maîtres.
Si ces hommes ont quitté le sol de leur patrie 1
ce ne fut jamais dans l'iruention de l'abandonner ,
ni dans l'intention absurde de s'armer contre leurs
propres intérêts. Ils auront été un moment entraînés
par la séduction; mais j imais ni dans les dissentions
civiles , ni dans les guerres étrangères, on ne con-
fondit avec les véritables coupables , ces hommes
abusés qui ne peuvent être rjue des instruraens
aveugles , toujours absous par l'ignorance et sur-
tout par l'intérêt de la société qui réclame leurs
travaux.
D'autres inscriptions portent sur des femmes
en puissance de mari, sur des enfans encore
soumis à l'autorité paternelle, ou qui n'étaient
sortis de France que pour perfectionner leur
éducation.
Ce n'est point encore là que peut être le crime
d'émigration.
Une femme obéit à l'impulsion de son mari ;
elle quitte avec lui sa patrie sans calculer la de-
marche à laquelle il l'entraîne, et sans connaître
les lois qui la menaizent.
6". Les individus' qui élaient mineurs de seiie
ans au 4 nivôse dernier.
7°. Les chevaliers de Malte préseus à Malte, lor»
de fa capitulkiion de cette île.
S°. Les individus sortis de France avant le 14
juillet 1789.
9°. Les noms des individus exécutés à mort
par suite de jugemens des tribunaux révolu-
tionnaires.
10°, Les ecclésiastiques qui, étant assujettis à
la déportation , sont sortis du tetfrtoire français
pour obéir à la loi.
II". Les individus rayés d'apiès le travail de la
commission créée par l'arrêié du 7 ventôse an 8 ,
et qui n'ont pas été écartés lors de la révision de
ce travail.
n. Les éliminations qui seront faites en verlti
de rarlicle précédent . sont dès-à-présent , décla-
rées nulles et non avenues , si elles avaient eu
lieu par une fausse application de cet article.
Les agens uu gouvernement en poursuivront
la nullité devant les tribunaux civils ; et si elle
est prononcée , le nom Je l'individu condamné
sera rétabli sur la liste , sans que crpendaut la
Des ecclésiastiques que les lois révolutionnaires I ,■■ . , . .,■ ■ ■ • •. „. ,i_
(:„,.-,;„„. A .. a2 „,.i . ■ ■ ■ 1 nu ite de son eiiminaiion puisse etie opposée
forçaient a se déporter, ont encore ee inscrits, , ■ ur • i , ,,.,;^.,i;„r«
..,/î, 1;..» A^.iX,\„,i. 1 ni par la lepubhque , m par des paiticuliers ,
sur la liste des émigrés.
Des malheureux , victimes des tribunaux ré-
volutionnaires , ont été inscrits , quoiqu'ils n'eus-
sent jamais émigré. Le gouvernement doit à leurs
familles de restituer à leur mémoire le tiire de
citoyen , et â leurs héritiers les droits qui en dé-
rivent.
Les français présens à Mille à l'époque de '
par la lepuDIique , m pa
aux actes et contracis faits avec lui pendant
le tems intermédiaire.
TITRE II.
Des maintenues.
III. Sont maintenus sur la liste des émigrés :
1°. Ceux qui ont porté les armes contre la
la capitulation sont absous par cette capitulation \ France.
même, dont la foi publique exige l'exéculion. ; 2°. Ceux qui, depuis le départ des ci-devant
Un grand nombre des individus inscrits ont princes français , ont continué de faire partie de
été provisoirement rayés par des administrations leur maison civile ou miliiaire.
centrales , à des époques où elles étaient armées | 30. Ceux qui ont accepté des ci-devant princes
de toute la rigueur des lois sur I émigration. | f.ançais , ou des puissances en guerre avec la
Beaucoup encore ont été préjugés innocens F.ance , des places de ministres , d ambassadeurs,
parla commission établie , en vertu de votre arrêté de néi^ociateurs et d'agens.
du 7 ventôse an 8.
Après ces difiérentes classes d'individus inscrits
sur la liste générale, ou sur le supplément, res-
teror.t des hommes qui avaient des préjugés de
naissance et des titres à défendre ; d autres qui
sont connus pour avoir porié les armes contre
leur patrie , ou servi des puissances étrangères;
d'autres enfin qui n'ont point réclamé dans les
délais fixés par vos arrêiés.
' 4°. Ceux qui ont été maintenus par le goover-
n'rraent , d apiès le traviil de la commissioa
établie en exécution de l'arrêté du " ventôse
an S.
5°. Ceux qui n'ont pas réclamé avant le 4 nivôse
an 8 , ainsi qu'il est prescrit par la loi du 12 ven-
tôse an S , et par l'arrêté du 7 du même mois , à
moins quils ne se trouvent dans les cas énoncés
I au titre précédent.
Tels sont , citoyens consuls, les classes d'indi- \ jy. La nullité prononcée par l'article II , est
,vidus qui forment la liste générale des émigrés. | applicable aux radiations qui seraient faites en
Pour réduire cette liste aux vrais émigrés , je contravention de l'article précédent.
vais vous proposer dans le projet d'arrêté ci- 1
joint , les vues et les moyens que m'a suggérés le i T 1 T R E I I I.
travail delà comtriission du coriseil-d'état char- : ])u mode d exécution des dispositions portées auH
gée par vous de s'occuper de cette matière.
Signé , FoucHÉ.
Extrait des registres des consuls de In république.
— • Séance du 28 vendémiaire an 9.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la police générale , le conseil-
d'état entendu , arrêtent ce qui suit :
TITRE PREMIER.
Des inscriptions gui doivent être retranchées d» la
liste des émigrés.
Art. I"^. seront éliminées de la liste des émigrés
les inscriptions concernant les individus ci-après
désignés; savoir :
1°. Ceux qui sont définivement rayés par le
conseil exécutif, le comité de législation de la
convention nationale , la convention, le corps-
législatif et le directoire exécutif.
i°. Les individus rayés provisoirement par les
administrations locales , à qui la loi en donnait
le droit, depuis le mois d'avril 1792 jusqnau 1"
germinal an 3 ; depuis le 1°' brumaire an 4 jus-
qu'au t" prairial an 5 , et depuis le 1°' vendé-
miaire an ô.jusqu'au 4 nivôse an 8.
3°. Les individus qui ont éié ponés sous les
qualifications de laboureurs, journaliers, ouvriers,
artisans , et tous autres exerçant une profession
mécanique , domestiques et gens à gages , femmes
et enfans de tous les individus ci-dessus dénom-
més , sans qu'on puisse avoir égard pour opérer
ce retranchement , aux qualifications énoncées
dans des certificats et actes autres que l'ins-
cription.
4°. Les individus insirits collectivement et sans
déiiominatioiiindividuellc ,tels (jue ceux indiqués
en général comme AeV!ii«r5 Ou enfans d'\in individu
dénommé : néanmoins la présente disposition
n'aura pas l'effet d'effacer l'inscription indivi-
duelle qui aurait pu être faite séparément de
l'inscription collective.
5". Les femmes autres , premièrement , que
celles dont les maris ou les enfans sont dans
le cas des paragraphes i'' 2= et 3' de l'art. III
àeux titres précédens.
!V. Le supplément de la liste des émigrés , qui
est encore manuscrit , sera imprimé.
; VI. Le ministre de la police fera préparer trois
j exemplaires de la liste générale et du supplément,
qui seront divisés en neuf volumes à-peu-près
égaux. I! retiendra l'un de ces exemplaires , en
transmettra un. autre au ministre de la justice,
et déposera le troisième aux archives du cons$il-
d'éiat.
VII. Le ministre de la police fera dresser ua
état divisé en neuf listes , comprenant les noms
des individus rayés par le conseil exécutif, le
comité de législation de la convention nationale,
la convention nadonale, le directoire exécutif on
le corps-législatif , les administrations locales, et
les noms des chevaliers de Malte présens à la
capitulation de celte île. Chacune des listes
contiendra les noms dont l'inscription se trouve
dans l'un des volumes de la liste des émigrés.
Cet état , en neuf listes , sera fait triple ; le mi-
nistre en retiendra un, enverra le second au
ministre de la justice , et le troisième au secré-
tariat du conseil-d'élat.
VIII. Le ministre de la justice fera dresser , de la
même manière , l'état en neuf listes des personnes
condamnées à mort par jugement de tribunaux ré-
volutionnaires , et de celles dont la radiation a été
arrêtée par le gouvernement d'apiès le travail
de la commission placée sous sa surveillance. U
transmettra un exemplaire de cet état au ministre
de la police , et un autre au conseil-d'état.
IX. Les ministres de la justice et de la police
feront choix chacun de neuf citoyer^s ; le premier
consul désignera neuf conseillers - d'état. Les
citoyens feront ppérer , chacun sur leur exem-
plaire , les éliminations presciites par les dispo-
siiions du titre l".
X. Les trois exemplaires seront coufron|és dans
la dernière décade de brumaire , pour ce qui
regarde les élimiraiions qui doivent' être faites 'éii
exécution des paragraphes 4 et 5 du titre I^'v ''
La même confroniaiion sera faite dans la der<%
niere décade de fiimaire , pour les élïmiriatiotis'
secondement, que celles qni ti-ùl éiïiigré en aban--! prescrites par l'art. 1='.
donnant Leurs inaiisi j XI. S'il survient quelques dilEcultés dans l'uno
111
ttu l'autre des confrontalions , elles seront sou-
mises iMX. consuU.
Xil. Les trois exemplaires des listes signées
■ .«af les ministres de la justice et de la j.)olice., et
fei coaseilleis-d'él.il . scioiit remises, pour être
eollaiionnées , aux secrétaires-généraux du con-
seil d'ét.it , des ministres de la justice ef de la
police , qui en resteront dépositaires.
XIII. I! sera exuédié par le ministre de Ja
police un arrêié particulier de radiation à cha-
cun des individus dont les noms auront éié éli-
jDinés,
Cesarrêljés seront ainsi conçus :
Extrait de rcxemphire de la liste des émigrés déposée au
^u Bctrëtarîac du conseil-d'ctat et signée par le» iniaistrns de la
' j'istîce et de la police et les consfillers-d'état nommés en exé-
'■' cutipn de rartîcle IX du règlement du jG vendémiaire an g ,
le dit extrait , signé : Lt iHritairs-gittèral du cùnieii'd'ètat t
T. G. LocȎ.
N.... Inscrit sur le volume.. •• de la liste des émigrés a été
>Hïuiiné de li dite li^>e en exèeutton île l'art. IX du règlement
ci.dessus cite.
VU l'extrait à-dessus , le ministre de 1« po.lce, ^écialemeut
autorisé par l'art. XJIf du règlement , arrête ^ue N.... fst
dc6nitivsment rayé de la liste des émigrés 60U& la condition
exprimée dans l'art. XVI , lequel porte —
Qu'en conséquence , etc. etc.
XIV. Il sera placé à côté de chacun des noms
qui resteront sur la liste une note qui indiquera si
la personne s'est pourvue avant le 4 nivôse an 8 ,
et si sa réclamation a élé ajournée.
XV. La liste générale ainsi réduite sera iropri-
Biée , et il sera statué ultérieurement sur chacun
des individus qui y resteront inscrits.
TITRE IV.
De la garantie à exiger des français rayés de ta liste
des émigrés , et de la surveillance à laquelle ils
sont soumis.
.irtjT T-v 1 j j' j ■ • .1 ^°' A me donner, sur les moyens de commu
XVI. Dans les deux décades qui suivront la ( „•,,•„ j , ' u 1 ■
Li- ■ J • . ■ I _ . 1 • r -J nication de chaque commune au chcl-ucu acme
Cette réduction , pour s'opérer avec fruii , doit
êire tfteciuée de telle sorte que les justiciables
n'en éprouvent aucun dommage, et que l'admi-
nistration de la justice ne perde rien de son acr
tivilé.
Le» bases de ce grand travail me paraissent
devoir êire , l". l'étendue teriiioiiale , 2". la popu-
lation , 3°. la lacililé plus ou moins grande dans
les communications.
C est en combinant ces trois élémens , qu'il
deviendra possible de lépanir, avec moins d iné-
galité qu elles ne le sont aujourd tiui , les justices
de paix daui chacun des arrondisseinens com-
mur^aux.
Après avoir demandé aux préfets et sous-préfets
leuis vues iur la manière d'opéicr convenable-
ment la réduction doi.t il s agit , il me reste un
moysn de plus pour obtenir , sur l'étendue , sur
la populaljou çt sur les communitatioiis inié-
rieures de chaque- canion , des rcnsei^nemcns
aus-si certains que déta'llés.
Personne plus que vous , citoyens , n'est en état
de les lou.nir ; et c est de vot e zèle pour le bien
public que je les aiteuds. Je vous inyile donc,
1°. A me donner l'élat des communes qui com-
posent i arroftdissement aciuel de votic justice de
paix ;
8". A joindre à cet état les noms des hameaux ,
fermes, maisons isolées ou autres établissemens
exisians sur le territoire de chaque commune ,
et fesant dès-iors partie de ce lerritoite ;
3°. A indirjuer , autant qu'il vous sera possible ,
les limites du territoire de chaque commune ,
pour qu'on connaisse léiendue actaelie du reasoit
de chaque justice de paix ;
4°. A me donner l'état de la population de
chaque commune , en distinguant celle des ha-
meaux ou etablissemens isolés qui en dépendeni ;
publication du présent règlement , les individus
déjà rayés de la liste des émigrés , feront la pro-
messe de fidélité à la constitution , devant le
préfet du département, ou devant le sous-préfet
de l'arrondissement communal où ils résideront.
XVII Les individus qui seront rayés à l'avenir
ne icccvront leur arrêté de radiation qu'après
avoir fait la promesse de fidélité.
..rr.TTi Ti J . J ' nom en tout ou en partie ; a quelle époque ce
XVm. Il sera dresse acte de ces Promesses ^angemeni a été opéré ; quehe en a é.é la cause,
s.jr un registre spécialement aiF.cle a cet usage. ( ,^ ^^^^^ ^ ^^ ^, j^ ,,^,^ ^„^,^„ ^ .,^ ^^p.;^
Pour que l'ensemble de ces renseignemens me
parvienne d'une manière uniforme, je joins à ma
lettre deux tableaux destinés à les recevoir. Vous
chaqu
de la justice de paix, et de ce chef-lieu à celui
du tribunal de piemicre insiance auquel cette
justice de paix ressortir , tous les renseignemens
qu'il dépendra de vous, de présenter;
6°. EnBa, à m indiquer quelles sont , parmi les
communes de votre justice de paix, celles qui
ont momentanément eu définitivement changé de
du peuple , n'admettent ici qu'une seule règle :
liberté illimitée de circulation dans l'intérieisr.
Rien ne doit donc entraver la circulation des
grains , farines , légumes , et de toutes les pro-
duciions comprises sous le mot générique de
subsistances.
Le transport qui , dans ce département , s'opère
par là voie du cabotage , eit nécessairement com-
pris dans cette règle , a les mêmes caractères , le
même but d'utilité , le même droit à la proiectioa
que les transports par charrois.
Le prix de& grains est fort bas dans les dépar-
temcns de l'Est, du centre et plusieurs dépaite-
mens du Nord; je le dénonce au commerce.
Je déclare aux négocians qu'ils peuvent em-
ployer , avec la plus grande confiance , la voie du
cabotage , tant dé mer que de rivières . pour \é
transport des grains de ces dépattemens ; I auio'-
risation dont ils auraient besoin , conformément
à l'arrêté des consuls du 19 ventôse , leur sera
citlivi'ée avec célérité.
C'est essentiellement dans la panie des sub-
sistances que la liberié proiiuit l'abondance. La
loi prononce des peines sévères contre ceux
qui osci^aiein gêner, retarder , arrêter les circu-
lations : la loi n'aura pas parlé en vain , et ses dis-
j|)t><ittions rigoureuses seront rigoureusement exé-
cutées.
J'ai l'honneur de vous saluer. Beugnot.
sgistre spécialement altccle a cet usag
Ces actes seront signés par ceux qui feront la
promesse. S ils ne savent ou ne peuvent signer,
il en sera fait rm;aiion.
XIX. Le» sous-préfets enverront aux préfets
de leurs départemens , et ceux-ci au ministre de
I2 police . copie des actes inscrits aux registres
mentionnés ci-dessus.
XX. Le séquestre ne pourra être levé qu'en
vertu d une attestation du préfet ou soUs-préfet ,
constatant que l'individu rayé a fait la promesse de
fidélité à la constitution.
XXI. Les individus qui seront rayés de la liste
des émij:,rés , en exécution du présent règlement ,
demeureront sous la surveillance du gouverne-
ment pendant la durée de la guerre, et un an
après la paix générale.
XXII. La surveillance établie par/l'article pré-
cédent , a pour objet spécial , la tranquillité inté-
rieure et la jouissance paisible , garanties par la
constitution aux acquéreurs de domaines na-
tionaux.
A tous autres égards , les individus sur lesquels
elle porte , demeureront sous la surveillance
commune que la police exerce sur les autres
citoyens.
XXIII. Les femmes dont les noms , en consé-
quence du paragraphe VI du titre I"^, auraient
élé éliminés, quoique leurs maris ou leurs enfans
soii-nt maintenus sur la liste des émigrés , pour-
ront , si elles troublent la tranquillité publique ,
être expulsées du territoire français par arrêté du
gouvernement.
XXIV. Les ministres de la justice, des finan-
ces et de la police générale sont chargés de
l'exécution du présent arrêté , qui sera imprimé
au bulleiin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état , signé , H. B.Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA JUSTICE'.
Le. ministre de la justice , aux juges de paix de la
aurez égard aux observations mises en lêie de ces
tableaux , et vous me renvLnez l'un d eux qiiand
vous en aurez rempli les colonnes.
J'attends de vous , citoyens , autant de célérité
que d'exactitude dans ces détails , qui lienneiM
essentiellement à la perfection du travail que je
m'occupe de préparer.
Salut et fraternité , Abrial.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Taris , le 28 vendémiaire an 9.-
Les projets de colonnes nationales et départe-
mentales envoyées au concours, seront exposés
publiquement , à dater du 1^" brumaire prochain,
dans la salle des séances de 1 Institut.
Lettre du préfet du département de la Seine-Inférieure,
aux négocians du département.
Citoyens], le moment est arrivé où le commerce
doit reprendre une active confiance , en attendant
que la paix générale , qui n'est pas éloignée , lui
ait rendu tout son essor.
Il faut rappeler des principes trop long-tems
méconnus; il faut les publier, et que le com-
merce trouve aussi sa place dans le plan ma-
gnifique de restauration qui occupe le gouverne-
ment.
Protection , honneur . liberté illimitée ; voilà
ce dont le commerce a besoin : il l'aura.
Laisser faire et laisser passer , n'admettre d'ex-
ceptions qu'alors que le salut publjc les a posées
lui-même ; voilà ce que le commerce a droit de
demander : il l obtiendra.
Si quelques décrets , enfantés par l'ignorance ,
l'intérêt pariiculier ou la manie réglementaire ,
entravent vos spéculations , paralysent vos de-
bouchés, gênent vos correspondances, dénoncez-
.. , „ ^ les au gouvernement, et ménagez-moi l'honneur
répuhlirjue. — Paris , le 3 vendémiaire , an 9 de'la ^ d'être l'organe de vOS réclamations et le délenseur
république Jrançaiie , une et indivisible. de vos inlérêis.
1.K nombre de, justices de paix , citoyens . con- Mais dès-à-prcsent osez tout ce qui est bien .
Sidérablcmen. accru dans certains d<;parteraens vengez le commerce et ...vez la patrie,
depuis l'époque de leur institution , a paru beau- Parmi les objets que je me propose de dé-
coup trop grand pour ne pas subir une réduction ■ noncer successivement à votre utile sollicitude ,
qui procurera tout à-la-fois une amélioration dans je place en première ligne celui des subsis-
fordre judiciaire , et une économie dans les fi- , tances.
J
nances de la tépublique.
1 Les lois , d'accord avec le véritable intérêt
Apperqu statistique du département des' Hautes-
Alpes.
Ce départenierit , Vun d'es plus méridionaux de
la Fiance, est formé des parties du Dauijhiné ,
connues sous le nom de Gipeoçais , dEmbru- •
nais , d«f Briançonnais et de Serrois.
Il est entouré au nord , des départemens de
I Isère , du Mont-Blanc ,. et par les valiées cédées
à la France e' dépendantes du Piémont; «u levant
par le Piémont , au couchjjit par le dépiiriement
de la Drôme , et au midi par celui des Basses-
Alpes.
Il fut d'abord divisé en quaire districts; savoir,
d'Enibvuj) , de Briaiiçon , de Gap et de Serres ;
ensuite en quarante cantons ; enfin il l'est aujour-
d hui en trois a.-rondissemens communaux , Gap ,
Biiançon , Embrun.
Son étendue territoriale est de 1,084,615 arpens
OU553, 56g hectares, qui font à-peu-prèsaSi lieues
quarrées.
Sa population est de 1 16,754; c'est465 individu»
plus à-peu près |- par lieue quarrée.
Les deux tiers du territoire des Hautes-Alpes
soni occupés par les grandes routes , les rochers ,
(es ravins , les montagnes dont une portion de la
chaîne des Alpes qui donnent son nom au dé-
partement, lait partie.
Les rivières qui l'arrosent sont la Durance ,' le
Drac , le Guil , la Severaisse , les deux Buechs ,
et beaucoup de petits torrens qui se précipitéat
des moîitagi.es , dans les vallons.
Gap , ville de 6014 habitans , en est le. chef-
lieu.
Le territoire des Hautes-Alpes est. assez fertile
en grains de bonne qualité , et on en cultive de
plusieurs espèces ; à moins d'une récolte mé-
diocre , leur produit est suffisantà la consomma-
tion des habitans. On y recueille encore' du vin ,
des huiles de noix ; les vins y sont d'une bonne
qualité daus les parties méridionales du départe-
meni : il ne leur manquerait qu'une meilleure
préparation pour être recherchés des provinces
voisines. On y cultive le chanvre , mais point le
lin. Il y a des bois en assez grande quantité
sur-tout sur les montagnes ; ils pourraient servir
pour la marine s'ils étaient moins éloignés des
ports.
On élevé peu de gros bétail dans le départe-
ment desHauies-Alpes; mais beaucoup de chèvres
et de moutons. On y a compté jusqu'à l6o mille
de ces derniers.
On y trouve diflPérens minéraux, tels que des
cristaux, des mines d'argent, mais de peu de
produit ; on y rencontre des indices de charborj
de terre T mais jusqu'à présent il n'y en a point
en exploitation.
L'industrie y est assez bornée. Elle consiste
en quelques fabriques de chapeaux , de toiles
de colon , de mouchoirs , de borjneierie. Il y
a une aciérie et fabrique de cristaux à Biiançon;
il en est sorti des raotctaux travaillés avec beau-
coup d'art , et ce genre d'industrie peut prendre
de l'accroissement à la paîx.
Le commerce consiste dans celui des produc-
tions du sol et des fabriques ; c'est-à-dire dans
la Vente des laines non ouvrées , des toiics
grossières fabriquées dans les campagnes , des
toiles de colon , mouchoirs, des peaux passées
en mégie , des minéraux et ouvrages en ciistal.
Pour faciliter le transport des dentées et mar-
chjiidises du département , on avait voulu treusrf
un canal entre le Buech et l'Aiguc ; mais ce projet
112
paraît impraticabre à cause des montagnes escar-
pées qui séparent les deux rivières. On ne voit
point d'ailleurs quel en serait l'objet , puisque le
cet officier un époux de retour , au lieu d'un
amant attendu , il y aura dans l'acte entier , et
dans la conduiie de la jeune espagnole Amélie ,
flottage des bois des Hautes-Alpes peut avoir lieu beaucoup plus de vraisemblance , et par conse-
par le Buesch jusqu'à la Durance , de la Durance
jusqu'au Rhône, et du Rhône dans l'intérieur de
Ja France, jusqu'à la mer.
Les avantages qu'« procurés le canal du Harbés
à la contrée qu'il arrose , prouvent combien le
sol des Hautes-Alpes acquerrait de valeirr , si
les canaux d'irrigation y étaient plus multipliés.
Il n'y a presque pas de canton qui , à l'aide des
ruisseaux et lorrens qui descendent des mon-
tagnes], n'en puisse avoir un.
Peuchet.
BANQ.UE DE France.
Les deux cents actionnaires appelés par le
nombre de leurs actions à constituer I assemblée
générale de la banque de France ( aux letmes
de ses statuts ) , ont été convoqués tt se sont
réunis, hier 25 dû courant, maison Massiac ,
place des Victoires.
L'assemblée a témoigné sasads faction du compte
que lui a rendu , au nom de la régence , le
citoyen Lecouteulx-Canteleu , président.
L'un des censeurs , au nom de ses collègues,
a prononcé un discours dans lequel il a reconnu
l'exactitude des résultats présentés par la régence.
Le citoyen Journu Aiibett, censeur, sorti par
le soit, a été réélu à une très-grande majorité.
Les trois régens sortis par la même voie sonit
les citoyens Demauiort , Ferrée, et Recamier.
La nomination des trois membres qui doi-
vent les remplacer a été ajournée au 27 de ce
mois.
Le résultat des bénéfices acquis est de 749,013
francs 1 1 cent.
Le dividende fixé à cinq pour cent sur 7590
actions, employant une ^mme île 379,500 Ir. ;
Atjx quinze actions dont la jouissance a été
accordée aux trois commandites de la 'caisse
des compWS-courans , sur la totalité des béné-
fices , 98 francs 68 cent, par action , 1480 francs
so cent.
Pour actes de bienfesance et gratifications aux
employés, 26,482 fr. 91 cent.
Total, 407,663 fr. II cent.
Reste en réserve en raison de 45 fiancs par
action , 341, 55o fr.
quent plus dnitérët
On pourrait désirer que le rôle du sauvage qui
répond à celui de Mortieze, càt une phisionoraie
moins équivoque, moins incertaine; quil ne
commençât pas par cire un traître , pour fiim
par être généreux ; que l'ouvrage fiit conduit
avec plus de mesure ; que les scènes eussent un
développement plus satislesant , et sur-toui que
le style eût une couleur poétique plus sou-
tenue , principalement dans les passages dia-
logues.
De bruyants sifBcls se mêlaient aux applau-
dissemens lesplusviFs , lorsque la toile est tombée.
Cette opposition duriit encore au moment otà
l'on a nommé l'auteur des paroles ; mais elle
n'existait plus lorsqu'on a proclamé le nom> du
compositeur , le ciioyen Martini.
Celte composition date d'un certain nombre
d'années; il est aisé de le reconnaître ; elle n'a
pas la couleur moderne , où plutôt le vernis à
la mode ; mais elle a le style des grands maîtres .
et ce qui est beau dans tous les tems , elle a
l'accent de la nature et de la vérité. Aussi est-
elle d'un grand effet ; onel que soit son succès
au théâtre , la partition en sera toujours un excel-
lent sujet d'étude. Nous aimons à dire que le
chant en est la partie principale. Les accompa-
gncmeiis sont rarement trop bruyants; ils sont
lour-à-tour, vigoureux, riches, harmonieux, ou
simples , ingénieux et agiéables. La conforniité
de cette composition , soit à la situation donnée,
soit aux paroles , soit au caractère particulier
de chaque peisonnage, est en général son prin-
cipal mérite. L'auteur du poëme a. sans doute, | ^ug , je lai recommandé à l'attention particulière
à se reprocher d'avoir donné à tous ses rôles, | clu ministre de l'intérieur.
augmentée. Prix i franc , ou 80 cent, pour ceux
((ui prennent plusieurs exemplaires. A Paris ,
chez i'au'eur , rue Andîé-des-Arcs , n° 78 , et
chez les libraires Deterville, rue du B;itlolr, n" 16;
.'Vg.Tsse, rue des Poitevins , n" 18; Moutardier,
quai des Augustins , n° 18 , et Desenne , palais du
Tribunat.
En annonçant avec éloge , ainsi que nous
l'avons déjà fait , la Grammaire usuelle du citoyen
Caminade , nous avons voulu rendre justice à
à l'estimable auteur de cet ouvrage . et servir ua
mênne-iems nos lecteurs en leur indiquant nn
guide propre à diriger dans l'étude pénible
de la l.ingue , ceux qui voudront le suivre. C'est
dans les mêmes vues que nous annonçons au-
jourd'hui l'abiégé de la grammaire usuelle. L'auteur
en a fait un ouvrage classique des plus utiles.
Nous desirons qu'il s oit généralement a il opté, parce
que nous y trouvons la clarté et la concision
nécessaires pour instruire sans fatiguer; deuK
qualités qui font le principal mérite des écritscon-
sacrés à la jeunesse.
L'insertion de la lettre suivante dira plus encore
en faveur de cet ouvrage , que les éloges qu'il
nous serait possible d'ajouter. ^ ■
Paris , le aS vendémiaire , an g de la république,
DÉPARTEMENT DE LA SEINE.
Au citoyen Cnminade ,
J'ai reçu , citoyen , avec votre lettre du i-5 de ce
mois , l'ouvrage élémentaire , intitulé) Grammaire
usuelle. Honoré du suffrage de I Institut, ce livre
n'a pas besoin des éloges que je pourrais lui
donner ; je me borne donc à dejirer qu'il soit
mis à l'usage des écoles n.itionales comme livre
élémentaire propre à contribuer au perfectlon-
nenienî de l'insirucfion publique , et dans cette
THEATRE FEYDEAU.
On a donné le 24 de ce mois à ce théâtre la
première représentation de TJméo , ouvrage du
citoyen Lourdet de Santerre , auteur à'Agaihine,
ou la Fille naturelle^ pièce jouée sans succès ati
théâtre Français en l'an 3 . et de plus ayant , à
ce que l'on assure , des droits à revendiquer une
partie des suffrages décernés à l'auteur d'Armette
tt Luhin. Il a trouvé dans un conte imprimé à la
suite des Saisons de Saint-Lambert , le nom et le
caractère de son principal personpage : le reste
lui appartient.
Ziméo , dans l'ouvrage original , est un nègre
révolté au Canada contre ses oppresseurs ; le
citoyen Lourdet de Santerre a placé le sien au
Mexique , conjurant la perte des espagnols spo-
liateurs de ses biens , et ravisseurs de son épouse.
Ziméo ressemble donc beaucoup à Zamore ; mais
on ne lui a point opposé de Gus'man, et ce
n'est point pour une Alzire qu'il veut combattre :
le rôle de sa femme est insignifiant et secondaire :
dpux rôles imités de Monteze et d'Alvarès , sont
placés près de lui. L'intérêt qu'il pourrait inspirer
est partagé avec les entans du gouverneur espa-
gnol , dont Ziméo menace les jours. Après une
capture mutuelle des deux chefs ennemis, et
un échange réciproque , Ziméo se réconcilie
avec les espagnols , qui lui promettent la paix
et l'indépendance.
Tel est le fond de cet ouvrage, qui était évi-
demment du domaine du grand opéra; sa coupe
1 indique ; la distribution des scènes , l'enchaîne-
ment des situations , les dispositions d'une foule
de tableaux le prouvent. Quoiqu'il en soit,
beaucoup trop d'événemens sont accumulés au
premier acte. Une suppres.»ion nécessaire est
celle du mariage si prompt, si invraisemblable
et si peu intéressant, de l'officier français avec
un ton , et un langage trop égal. Il était ditli-
cile de dissimuler ce défaut essentiel , avec plus
d'art et de sentiment que ne l'a fait le citoyen
Martini. "' "
Détachés , presque tous ses morceaux sont
bien faits : réunis , ils forment une composition
savante à la (ois , et agréable , dont toutes les
parties sont bien en hjimon:c: entre-elles , dont I
les beautés se prêtent ufJ inntuel appui , se suc-
cèdent sans se nuire, et reçoivent des plus heu-
reux contrastes un éciai.;quuii t.ilent consommé
pouvait seul leur ménagejr. Nous citerons tous
les chants de femmes pour ieurciiant simple, |
mélodieux et pur , ceux des saiivagcs pour leur |
teinte originale et leur iiarmonie vigoureuse , |
la finale du l'' acte , l'invocation au soleil , i
j l'opposition touchante enue les accens plaintifs |
de l'officier piêt à être sacrifié, et les cris b.nbares |
des sacrificateurs, la finale du 2'' acte . un bc:iu 1
duo de basses tailles , celui entre Ks jeunes
époux , le rôle presqu'eniier de Zimco , et le
f/in<aii/« pathétique qui ouvre le troisième acie :
Cemorceau appartient à la belle école de Sacchini,
comme les morceaux vigoureux répandus dans
l'ouvrage , sont dignes de nos plus grands har-
monistes.
On doit beaucoup regretter que cette riche
composition n'ait pas été exécutée sur un ihéâire,
où tous les arts réunis eussent donné pour voile
à ses nombreux défauts leur pompe enchante-
resse, et leur charme inexprimable. C'est aussi
ce qui manquait à Sapho ; composition très -bel le,
du citoyen Martini , que les théâtres lyriques
serùbleraient devoir se disputer , et qu'ils ou-
blient , tandis que le public en garde le souvenir.
On doit cependant des éloges aux acteurs
du théâtre Feydeau, pour leur zèle et leurs efforts;
Dessaules est bien placé dans Ziméo. Peut-être
nul chanteur à Paris , n'eût produit une aussi
vive sensation que Fay dans ce beau choeur que
nous avons cité ; tant il est vrai que pour ap-
précier le talent, il faut le voir dans l'emploi
qui lui est le plus propre ; peut-être Valliere
et Rézicourt devraient-ils changer de rôle. Mlle.
Lesage a déployé de très-beaux moyens. Il est
essentiel de parler, de l'intelligence et de l'habi-
leté de l'orchestre. Quant aux costumes et aux
décorations , ils rappellent le tems , où le théâtre
Feydeau fondait sur leur richesse une partie de
ses succès. S. . . .
Le préfet du départtment , signé , Frochot,
Manuel pratique et élémentaire des poids et mesures
et du calcul décimal , contenant les insiructions les
plus propres à se familiariser avec la connaissance
du nouveau système, et un grand nombre de
tables de comparaison , basées sur le mètre et le
kilogramme définitifs ; ouvrage utile à tous les
banquiers , marchands , entrepreneurs , arpen-
teurs , notaires , propriétaires et particulièrement
aux instituteurs et élevés des écoles nationales ;
seconde édition , augmentée de pilusieurs tables
et insiruciio.ns . et du prix comparatif des ancien-
nes et nouvelles mesures ; parSeb. André Tarbé.
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merie de l'auteur , et se trouve à Paris , chez
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du Prytanée français , par le cit. Caminade ,
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Il faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout
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A Paris , de limprioierie du cit. Agisse , propriétaire du Moniteur , rue dss Poitevins, n° i3.
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^■"30.
Décadi , 3o vendémiaire an g de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à dater du 7 nivôse lé MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement, les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les corespondances ministérielles. ^
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découveres nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 1 1 octobre ( 1 9 vendémiaire. )
Fin du discours de M. Fox.
Xje vœu de ce pays s'est posiiivement manifesté
pour la paix , mais celévénement désiré s'ofFie-l-il
même en perspective ? En arrivant ce malin de
la campagne , j'ai appris que les ministres se
disposaient à prouver par la voie dede l'impres-
»ion , que ce n'est point leur fuulesi la der-
nière ncgociaiioii a échoué. Je pourrais alléguer
plus d'un fait pour montrer qu'ils ne désirent pas
la paix ; insinuer qu'ils préfèrent la continuation
de la guerre. Mais pourquoi insinuer ? Je n'ai
qu'à raconter. N ai-je pas entendu dire . dans la
seule séance de la session dernière oiije me sois
trouvé , que la réussite de la négociation de Lille
n'eût pas été à dcsirer , et qu'elle avait été suffi-
samment avantageuse , en ce qu'elle avait con-
tribué à nous procurer un solide système de
finances. D'après cela , j'avoue que j'apprends
avec effroi et douleur la nouvelle d'une autre
négociation manquce ; car les minisires y voient
peut-être l'heureux avant-coureur d un nouveau
système de finance encore plus solide. Personne
n'a douté de la sincérité des offres faiies par
la France au mois de janvier dernier. Une si
belle occasion de faire la paix^ ne se présentera
sans doute pas de long-tems , et je crois que .
li elle se présentait , les ministres la perdraient
encore. Il n'y a point de sacrilices que les anglais
re fissent de bon cœur pour la défense de leurs
droits ; mais il est cruel de voir que toutes les
lessources dont noi-.s aurions pu nous prévaloir
Tin jour dans une cause juste , soient maintenant
hazardées dans une guerre sans espoir , sans objet
que l'on puisse définir et uniquement pour réta-
blir la maison de Bourbon , f irréconiiliable en-
nemie du nom Britannique. Ces ressources ont
été plus étendues , plus faciles à mettre en action
qu'on pe pouvait l'espérer. De tels avantages se
perdent aussitôt qu'ils ne sont pas employés avec
<liscernenient et précaution. Nous en voyons
ï'exen-ple frappant dans nos affaires privées. La
facilité d'emprunter est un grand bien , mais ,
quelques-uns de nous n'en ont que trop fait l'ex-
périence ; cette ressource même est funeste quand
elle excite à la prodigalité.
Ce n'est pas seulement une diminution de
levenu que chaque homme éprouve aujourd'hui ;
il est privé de jou I ances qui lui étaient acces-
sibles. Le haut prix des denrées affecte toutes les
classes de la société. Je n'en rechercherai point ici
minutieusement la cause. Mais il est évident que
l'énorme augmentation de notre dette, en multi-
pliant à l'excè» les moyens de circulation , a dé-
précié la valeur de l'argent , et que la guerre
est ainsi la principale source du renchérissement
des denrées. Des causes accidentelles ont pu s'y
joindre, cependant je doute que làiir effet ait
été tiès-sensible. Q^ioique je voye peu de proba-
bilité de porter remède au mal, je saisirai cette
occasion de déclarer que des moyens viblens
et tuniuliueux ne feraient que laggraver. Je
déplore les rassemhitmens désordonnés dont la
ci)é de Londres a éé le théâtre; ils ne pouvaient
faire aucun bien ; les conséi]uences les plus
funestes pouvaient en résulter. J admire en même
tenis la manière dont ils ont été dissipés. Mon
Irès-honoiabie ami (le lord maire) s'est acquis
dans cette circonstance un honneur immortel;
il a heureusement réprimé sans violence une
populace lormidable , excitée par les |.irovoca-
tions les plus propres à rendre les hommes in-
traitables; il a prouvé au monde ce que le sang
froid et la fermelé peuvent faire dans les momcns
les plus difficiles. Les événemcns qui ont eu lieu
n'ont point eié ceux qu'il aurait pu désirer ; il
eût été plus salislesanl pour lui de n'avoir point
été dans le cas d appeler , p ndant sa mairie,
une force miliiaiie pour maintenir l'ordre dans
la cité; mais il a eu la gloire de le rétablir sans
faire verser de sang, sans qu'un innocent, ni même
un coupable ait souffert.
Ces calamités sont au nombre de celles que
nom devons à la guerre , mais ce ne sont pas
encore les plus grandes. La constitution , le sujet
de notre orgueil , la source de notre ancienne
prospérité, de noire ancien bonheijr, }a consti-
tution a été lésée. Comparez les choses , telles
qu'elles sont aujourd'hui ,, à ce qu'elles étaient
quand j'eus l'honneur d'être choisi la première
fois pour vous représenter. Ce tems néiait pas
très-favorable à la liberté de la presse . mais
c'était le règne de la liberté même à côté du tems
actuel. Pensez aux effrayantes atteintes que la
liberté de la piesse a reçues , à la manière- dont
les libelles se jugeaient alors , et à la manière
dont ils se jugtni à présent; voqs verrez que si
alors un homme n'avait pas la liberté de publier
ses sentimens cornme il aurait dû l'avoir , à pré-
sent le plus servile , le plus intolérable silence
lui est imposé. Les changemens qui ont eu lieu
par rapport à la liberté persotinellc , sont encore
plus déplorables. Il y a vin'^t ans , des hommes
innocens ne languissaient pas sans espoir , renfer-
més pour des rebellions et des insurrections , quj
n'existèrent jamais qu'en imaginatioiv, et je puis
dire que dans i'iuiagination ci'une classe d hommes
qui font naître à dessein ces sortes de bruits ,
afin de pouvoir comprimer plus aisément la
cause de la liberté. Toutes les fois (jue les plaintes
ont été portées et légalemettt examinées devant
un jury, les alarmes se sont trouvées n'avoir
aucun fondement.
On dit que la société ne souffre point, que je me
plains d un léger inconvénient. Quoi donc! est-ce un
légerinconvénient que tant d'anglais innocens (car
je les croirai tels jusqu'à ce que leur crime ait été
prouvé ) soient privés , sans nécessité , de leur
iiberié et soumis à de cruelles souffrances ? Le
gouvernement prétend qu'ils éprouvent toute
l'indulgence dont leur position est susceptible ;
je veux bien supposer qu'ils soient traités avec
douceur ; cela nempêcherail point que leurs pri-
vations ne fussent cruelles et leur état extrême-
raentdouloureux.Toute communication avec leurs
amis leur est interdite. Ils sont étrangers aux
agréraens de la société; ils «ont voués à la plus
triste solitude.
Je ne sais pas qîiel estie^^pmfare de «es hom-
mes infortunés ; mais il n'y en aurait pas eu un
seul quand les anglais étaient encore anglais ,
quand la constitution était encore intacte , quand
les principes de la liberté étaient connus , suivis
et respectés. Si le pouvoir de renfermer l'in-
nocent existe , le nombre de ceux qui sont
renfermés a peu d'importance. Ce pouvoir , la
nécessité des tems n'a jamais demandé son
exercice , et s'il a été accorde , c'est la preuve que
notre liberté n'est plus. Les plus dignes membres
de la société , nos plus chers parens , nous-
mêmes , nous pouvons au premier jour par-
tager le sort da-'ces infortunés que nous plaignons.
Ce qui s'est passé dans un pays voisin décelé
encore plus clairement l'existence d'un plan sys-
tématique pour jetter le peuple dans l'esclavage.
Des tumultes ont été excités par d-s moyens
impardonnables, et ensuite réprinaés par des
atrocités odieuses. Des villages ont éié mis en
fcu ; la torture , dans ses formes les plus hor-
ribles , a été employée pour obtenir des dé-
couvertes ; le pouvoir militaire a été entièrement
dégagé du frein de l'autorité civile. Cependant
dans ce pays le gouvernement a reçu des com-
plimens pour avoir réprimé une rébellion qu il
a étouffée par des moyens plus repréhensibles
encore que ceux qui l'avaient fomeniée. La ty-
rannie a forcé ce malheureux pays à ce qu'on
appelle une union, et l'a ainsi privée de tout
ce qui lui était cher comme état indépendant.
Je ne prononcerai point sur la mesure en elle-
mènne , mais je condamne hautement la marche
suivie pour la mettre en exécution. \Jn peuple
libre s'est vu forcé de livrer son indépendance ,
et cela au moyen d'un parlement qui ne le re-
présentait quimparfaiiemem , et qui ne pouvait
le gouverner.
La politique de la France est devenue le sujet
constant des déclamations ministérielles , vous en
voyez dans cette circonstance l'imitation repré-
hensible. Je parle ici de l'usage d unir à la répu-
blique d autres pays , sous prétexte que ces pays
désirent fraterniser avec elle.
Enfin , messieurs , ils ont disparu . tous ces
principes qui distinguaient encore l'Angleterre
quand je lis l'honneur devons représenter jiour la
première lois. Mais ces grands changemens ont
été giaducls. Ils peuvent n'avoir pas aussi puis-
samment (rappé ceux qui se mêlent sans cesse
dans les scène» actives de la vits , que celui qui ,
vivant loin du monde , ne sort que par circons-
tance de sa retraite. Le système de l'oppression
est parvenu à un point vraiment alarmant , et tout
esprit philosophique doit prévoir la destruction
de la liberté, je n'ai pu me plier à ce système. Je
suis trop vieux , et j'ai résolu d'adhérer aux prin -
cipes de ma jeunesse. Si les électeurs de "West-
minster pensent que leurs intéiêts seraient mieux
défendus en mettant un autre à Id place de leur
représentant nominal ( car, je conviens fjue je
les représente seulement de nom ) je suis piêt à
m'éloigner de cette même place. Mais temporiser ,
marchander les principes de la constitution,
prendre un ton inférieur à celui que j'ai toujours
soutenu , renoncer à la conduite qui m'a valu
votre faveur , voilà ce que je ne ferai point.
Si je parle, ce sera pour proclamer ces prin-
cipes , qui , pendant tant de siècles , ont fait
la gloire de I Angleterre. Je dirai que , dans tout
pays . en Autriche , en Russie , en Prusse , en
France , le seul souverain légitime est le peuple,
et que les gouvernemens sont légitimés et cal-
culés pour le bonheur du public , suivant la pro-
portion dans laque lie ils représentent ce souverain.
Je regarderai toujours comme un devoir de pren-
dre la défense des piincipes de la liberté , des
principes Wighs qni amenèrent la révolution de
1688, et qui seuls pouv?,ient la justifier. D'ajirès ces
principes , c'était aux français et non aux anglais
à determiuer si les Bourbons devaient régnci en
France. N'importe qu'ils aient dicidé cette ques-
tion convenablement ou non; ils l'ont déci'Iée.
Dès lors l'Autriche , la Prusse et la Grande-Bre-
tagne , en cherchant à les contraindre , ont agi
d'une manière qui ne se peut justifier. La guerre ,
injuste dans son origine , fut encore injuste dans
sa prolongation , puisque la Fiance a plusieurs
fois témoigné le désir sincère de faire la paix
avec nous. Nous avons répandu notre sang , dis-
sipé nos trésors , contracté une dette dont nous
ne pouvons plus porter le fardeau , non pour le
soutien de notre indépendance . de notre cotii-
raercé et de nos possessions coloniales , pasn>ênie
pour ajouter à notre gloire militaire , mais uni-
quement pour comprimer la liberté et pour servir
la cause du despotisme. Je soupçonne que ces
vérités ont vieilli pour les oreilles vulgaires ,
quoique je puisse encore , sans être blâmé , les
proférer en piésence de mes constituans. La seule
alternative qui me re.ne^.st donc de garder le
silence , excepté parmi eux , et d'attendre ainsi
le tems favorable oiî je pourrai , d'une voix vigou-
reuse , appuyer la constitution de ma patrie. A
mon âge , je n'adopterai pas des systèmes sui-
vant la mode du jour. Je sais que la vicissitude
des événemens peut prescrire dans no^re con-
duite un changement qui leur corresponde. La
consistance peut être poussée trop loin et devenir
hors de saison , quand l'état de la société et de
l'opinion publique a changé. Mais c'est aux jeunes
gens qui commencent leur carrière, et dont la
réputation est encore à faire , à régler leur con-
duite sur la mode du jour : ce n'est point une
telle conduite que doivent suivre ceux qui ont
obtenu l'estime de leurs compatriotes , en passant
leur vie à soutenir avec fermeté un système par-
ticulier d'opinion.
J'éprouve la plus profonde reconnaissance en-
vers vous , envers le peuple qui m'honore de son
approbation; mais je dois vous informer que je
compte encore demeurer éloigné des affaires pu-
bliques. Le tems d'agir fut passé pour moi , lors-
que les principes sur lesquels j'agissais , s'éteigni-
rent. Je n'ai plus , messieurs , qu à vous assurer
de ma constante adhésion à ces principes qui ont
guidéma conduitepassée. Ils exigent que je m'ab-
sente du parlement ; mais je maintiendrai toujours
que la base de toute politique est la justice ; que
la base de toutes les constitutions est la souve-
raineté du peuple, et que du peuple seul les
rois , les parlemens , les juges et les magistrats
tiennent toute leur ai«torité. '»
M. Fox , après avoir terminé son discours ,
porta successivement la santé ,
4< Du lord-maire et des électeurs indépendans,
de Londres.
Il Une prompte paix entre la Grande-Bretagnç
et la république française. t>
i( Lord Guillaume Russell.
(t. M. Erskine et le jugement par jury, n
M. Erskine prenant alors la parole, dit qu'il
se serait borné à remercier l'assemblée , si ta sauté
114
simple eût éié porlée ; mais elle nvait éié jointe
avec lin sujet dont il n'enlentiait jrim<ii« faire
!T\itition sans être profondément touclTe. Il su)i-
)ifisail cj)i tn joignant ainsi à sa simié un vœu en
iiveur (in jui^emenl pjr jury , c'était une distinc-
tion pariiciiiicre qu'on (bi;Jnait lui icconler , à
raison de ce qu'il jviiit éié plusieurs fois dans
le c.is de défendre des personnes accusées de
libelles et de haute - tralùson , notamment crr
I7y4. Il 5v;iit quelquefois heureusement lutté
tonne lescHoris de ceux qui cherchaient à faire
des lois du pays , les instuimens de la tyrannie,
nuis il ne pouvait se fl.uter qu'il en eût ré-
siilié pour le public l'avantage qu'il auraitdtsiié.
L histoire du déclin de nos libertés , ajouia-l-il ,
vient d'être tracée par mon honorable ami ; il
ne me reste qu à lui reiidre une justice qu'il a
néniigé de se rendre à lui-mcnie. JVI. Erskine fit
alors l'éloge de lu conduite polltiiiue île M. Fox,
et lorsqu'il eut fini de parler, le président porta
les toasts suivans :
" La liberté dans tout l'univers.
)' Le souvenir de la libeité de la presse.
ti M. Gialt'in et les amis de la liberté en Iilande.
Parmi les convives se trouvaient le lord-maire ,
lorJ William Russell , le comte de Bes'boiough,
M. Courienay , etc.
Du 17 octobre. (25 vendémiaire.)
Actions de la banque , fermées. — 3 pour cent
consolidés , 64). |. j. |. Novembre , 645. }. j. y.
— Omnium. 3^. 4. 3^. 5. prime.
Le parlement qui était prorogé au mardi 11
novembre prochain , a ordre de s'assembler ce
jour-kî. La pioclamation par laquelle il est con-
voqué , et qui est datée du i5 du courant ( 23
vendémiaire ) , porte : pour expédition d'affaires
graves et importantes.
S. M. a reçu hier l'adresse de la cité de Lon-
dres, qui lui a été présentée par le lord maire ,
accompagné des alJerraen et des meurbres de
la commune. Le roi a dit en réponse , que c était
toujours avec plaisir qu'il avait recours à l'avis
du parlement . et qu'il avait déjà prévenu les
souhaits de la cité , en le convoquant pour le 11
novembre prochain.
L'adresse présentée à S. M. était celle de la
cité en sa qualité de corporation, et non celle
de la livcry qm S. M. refuse de recevoir sur son
•irôae.
La corporation de Notlingham a volé une pé-
tition au roi , pour le suppliei d'assembler le par-
lement relaiivement à la cherté des vivres. Le duc
de Porlland , en (jualiié de recotder de la ville de
Nottinghain et le lord lieutenant du comté sont
chargés de la présenter. -
On dit le généialRigaud arrivé de St-Domingue
à Saint-Thomas.
L'amiral lord Sainl-Vincent a remis en mer avec
vingt-cinq vaisseaux de ligne.
On] parle du reiour ici de M. Liston , notrç
ministre à Philadelphie : sa position dans cette
riite était devenue (*És-cmbarrassanie , depuis
les plaintes portées contre nos croiseurs.
( Extrait du Sun et du Courier. )
INTERIEUR.
Parii , le '2g vendémiaire.
Le général Moreau est arrivé à Paris le 26 à dix
heures du matin. I! s'est sur le champ rendu chez
le premier consul , qui était au conseil-d'état. Il
était accompagné du général Lahorie.
Le général Moreau était encore dans le sallon
du premier consul , lorsque le ministre de l'inté-
rieur a apporté une tupcrbe paiie de pistolets
d un très-beau travail , et enrichis de diamans;le
directoire les avait fait faire pour être donnés en
présent à un prince étranger , et depuis ils étaient
testés chez le ministre de l'intérieur. Ces pistolets
furent trouvés, très - beaux. Ils viennent bien à
propos , dit le premier consul en les présentijnt au
général Moreau ; et se reiou ruant vers le ministre
de l'intérieur: Citoyen ministre, faites - y graver
quelques-unes des batailles qu'a gagnées le général
Moreau ; ne les mettez pas toutes , il faudrait ôier
trop de diamans ; et quoique le général Moreau n'y
attache pas un grand prix , il ne faut pas trop
déranger le dessin de C-artiste.
., — Le citoyen Clément de Ris s'est présenié le
sS au soir chez le premier consul. Sa santé i^araîi
un peu altérée. Les brigands- t'ont tenu to-joius
enfermé dans une grange, aU rniHeu d'une torét.
plusieurs fois !a gendarmerie et des pairouillcs
sont venues à la vue de la maison , ce qui a mis
ta vie en danger.
Dans cette afTaire , le ministre de la police a
montré suiant de sagacité que de zèle. C'est
un bel emploi de talent de la pjrt d'un magisir^t ,
que celui qui a pour but de déjouer les brigands ,
et de sauver les jours d'un cimyen aussi précieux
à la république que le sénateur Clément deRis. Des
six brigitn'ds ,' trois sont arrêtés) ils éprouveront
toute la rigueur des lois.
— Tandis que nos ennemis (-'écrient nos res-
sources , et tjue des esprits inipaiieiis doutent
de notre reiour à la [irospéilté , le gouveriie-
mtn' marche avec confiance , mais sans bruit , à
1 amélioration des hnances.
Il laisse à d'autres lems les projets vas'es, et
ces conceptions hardies que la confinnce ])U-
bliquc lu- seconderait pas II ne veut, et ne peut
devoir ses succès qu'à ia puiss.-ince de l'ordre , et
l'ordre n'est que le produit lent et succeisif des
mesures combinées avec sagesse , et suivies avec
une constaijie ténacité.
0.1 demandait ce que fesait Sulli , ce que
fesait Colbert. Leurs détracteurs calomniaient leur
silence et accusaient la f.ribl'^sse de leur génie.
Ce n'élalt qu'après des aiinéeî qu on mesurait le
chemin qu'ils avaient' parcouiu , et ce que la
France leur devait de piogiès et de bonheur.
Il en sera de même de noiie tems. Ce sera un
phénomène assez singulier que cette activité dé-
vorante à la guerre, et celte marche si mesuiée
dans l'administration. Les observateurs aiieniils
auront bien apper,çu rju'un système plus légu-
lier , plus éconcimique a été introduit dans
presque toutes les parties ; que pur-tout il y a
eu plus d'énergie et plus de surveillance ; que
plus de 5o millions de délégations qui appar-
tenaient à l'an 7 , ont été absorbes dans l'an 8;
que l'inlérêt de l'argent qui éiaii à 5 pour cent
par mois , est déjà tombé à 2 pour cent . et tend
chaque jour à une bdlsse plus aiarquée; qu un
mouvement progressif se fait remarquer dans
le commerce et dans les manufactures. Mais
(|u'est-ce que cela pour des esprits supeificiels ?
il leur faut des résultats qui les étonnent. Sans
cela il n est point pour eux d'administration qui
mérite des éloges.
Si , au milieu de ces principes d'ordre et de
prospétité , ils croient voir'quelque ombre d'irré-
gulariié , leur critique s'en saisit et ils nous ra-
mènent toutes les craintes du passé. Ainsi , paice
qu'on a séparé l'nn 8 de 1 an i) , des hommes in-
quiets ont crié à l'arriéré.
Mais ils ont voulu îgnoter qu'en séparant la dé-
pense de l'an 8 et des années qui l'ont précédé , de
la dépense de l'an 9 , on en avait aussi sépaté les
ressources, et que loutes les receites qui appar-
tenaient à ces années , leur seront hdcllement
réservées.
Dès les premiers jours de brumaire des som-
mes considérables soriiiont du trésor public pour
payer la solde et les dépenses arnérées del'anS
et des années antérieures; et ces paie mens se,
continueront chaque mois avec une constante
régularité, sans rien prendre sur les fonds desr
linés à la dépense courante. Ainsi ce qui n'avait
été que fiction dans les années précédentes . de-
viendra une réalité. Il n'y aura pas d emprunt de
fonds d'une année sur l'autre, et le passé, ne
sera plus dévoie par l'avenir.
— On écrit d'Amsterdam f^u'il y a schisme parmi
les juifs de cette ville : l'un d'eux a réforme les
usages rabbiniqucs dont on a , selon lui , sur-
chargé la loi de Mo'ise. Plus de cent familles ont
adopté sa réforme et composent une synagogue à
part. Les magistrats ne se sont nullement mêlés de
cette queielle.
— Le collège de Pharmacie tiendra sa séance
publique , pour la rlislribution des [itijc d'émula-
tion , décadi 3o , à midi piécis , au colhge de
Pharmacie , rue de l'Arbalète , faubouig Marcel.
— Les cit. Viscixnti et Rcy , dépuiés romains
à la commission des secours pour les italiens ré-
fugiés en France, se sont rendus , le 26 ven-
démiaire, à l'audiçrnce du ministre des relations
eyiérieu.cs , pour lui témoigner, tant en leur
nom particulier qu'en celui de tous leurs conci-
toyens , la juste et vive indignaiion dont ils ont été
j>énélrés , loisquils ont connu l'odieux projet
formé contre la personne du premier consul. Ils
ont prié le ministre de vouloir bien lalre agréer
au premier magistrat de la république celte uc-
marche de lapaitdcs romains comme une marque
de leur respectueux,attàcliemenipoursapeisoiiiie,
etile leur retoijnaissa.ice pour le gouvernemeni
français. Le ministre a très-bien accueilli ces dé-
puiés , et il les a assuiés (jue dans la journée il
rendrait compte de leur démaiche au premier
consul , qui y seiaii sûienient sensible.
ACTES DU GOUVtRNEMENT.
Art été àû 21 vendémiaire.
Les consuls de lairé|)ul)!iquc , sur le rapport
du niinisire de l'intérieur : le conseil-d état en-
tendu , arrêtent :
Art. I". Il se tiendra chaque année deux foires
à Chantilly , l'une le t"- messidor , lautre le 1'^'
jour coiiipiémentaire. ,
II. Chacune de ces foires ne durera qu'un
jour.
III. Le ministre de l'intérieur est chargé del'exé-
cuiion du présent arrêté , qui sera imprimé au
bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonap.^rte.
Par le premier consul ,
L&secrétaUt-d état , sifflé; H. B, Maret.
M TNT STERE. DE LA MARINE.
l.e ministre de la marine et des colonies , au premier
consul Bonaparte-
Citoyen consul , j'ai l'honneur de vous prévenir
que les corvettes le Géographe et le Naturaliste ,
sont sorlies du Havre le 27 vendémiaire au maliri,
avec un vent favorable. La tiuveite américaine
qui porte les ministres américains . a éjtalement
pris la mer , en même lems que ies deux bâii-
niens de découveries.
Je vous salue avec respect.
Signé , Forfait.
Convention entre la République Fra'iiqaise' et hs
■ Etats-Unis d'Amérique. ■
Le premier consul de la république française ,
au nom du peuple français , et le président des
Eiais-Unis d'Aiiu'-riijuc , cg.iltuient animes du
désir de meitie hn aux dilléientls nul sont'sur-
venus entre les deux états , ont re!.[)eC;iivement
nommé leurs pl'énipotentl.iircs , et leur ont donné
pleins pouvoiis pour négocier sur ces dilTéreinis
et les teimiiier ; c'est-à-diie , le piemier tunsiil
de lu république française , an nom du peuple
françiis . a nomme jjour pléiilj'otentlaircs de
ladite républiiiue , les citoyens Joseph Bona-
parte, ex-anibussndeur de la république fran-
çaise à Rome, et couseilier-d éiat , Cliatles-Pierre
Claret - FIruiieu , membre de riiisiilut. national
e.t du bureau des longitudes de Fiance, et
consciller-d'éiat , président de la section de ia
niailne, et Pierre Louis Rcedeier , ruembre de
l'institut nation.il , et conselllei-d'étal, piésident
de la seciion de l'ir. érieur ; et le président des
Etats-Unii d'Amcrirjiie , par et avec l'avis et le
consentement du sénat desdits étais , a nommé
pour leur plénipoientlaires Oiivei Elltworih , chef
de la justice des Etats-Unis i 'William Richardson
Davie , ci-devant. gouverneur de la Caroline sep-
tentrionale , et 'William Vans-Murray, minislte
résident des Etats-Unis à l.i Hjye.
Lesquels, aptes avoir fait l'échange de leurs
pleins pouvoirs , longuement et miirement dis-
cuté les iiitéiéts respectifs , sont convenus des
aiticles suivans :
Art. I"^'. Il y aura une paix ferme , inviola'ble
et universelle , et une amitié vru:ie ci sincère ,
entre la république française et les E ais-Unis
d'Améri(jue , ainsi qu'eniie leurs pays, iciriioires ,
villes et places, et entre leurs citoyens et habi-
tans , sans exception de persunnes ni de lieux.
II. Les ministies plénipoieniiaires des deux.
parties ne pouvant pour le piéscnt s'accorder
relaiivement au itaiié d'alliance du 6 février 1778,
au traité d'amiiié et cU commerce de la même
date , et à la convention en daie du 14 novcAibre
17SS ; non plus que relativement aux iiioiemniié»
mutueileraent dues ou réclamées ; les parties
négocieiont 'ultérieurement sur ces objets, dans
un tems conveuable , et jusqu'à ce qu'elles se
soient accordées sur ces points , lesdiis traités et
convention n'auront point d'effet , et les relatiotis
des deux nations seront réglées ainsi qu'il suit : •
III. Les bâtiraens d'état qui ont éié pris de part
et d'autre , ou qui pourraient êlie pris avant
I échange des ratifications , seront rendus.
IV. Les propriétés capt',irées et non encore
Condamnées définitivement ou qui pourront être
capturées avant I échange des ratifications, ex-
cepté les marchandises de contrebande destinée»
pour un port ennemi, seront rendues mutuel-
lement sur les preuves suivantes de propriété ,
savoir :
De pan et (l'autre les preuves de propriété
relativement aux navires marchands , armés ou
non armés , seront un passeport dans la forme
suivante.
il A tous ceux qui ies présentes, verront soit
II 'notoire que faculté et permission a été accordée
î' à maîire ou commandant du navire ap-
>> pelé de la ville de de la capa-
)i ciié de tonneaux ou environ , se itou-
u vant présentement dans le port et havre i!e.. . .
j) et destiné pour chargé de qu après
!j que son navire a été visité et avant son dé-
j) part , il prêtera serment entre les mains des
!! officiers autorisés à cet efTct que le dit n.ivire
!> appartient à un ou plusieuis sujets de
n dont l'acte sera mis à la fin des présentes
.1; de même qti'il gardera et fera garder par son'
îj équipage, ies oidonnauccs et réglerueus' ma-
)i riiimes , et remeitra une liste signée et cbn-
!» firmée par témoins , contenant les noms , et
II surnoms, les lieux de naissance , et la demeure
11 des peisonnes composant l'équipage de son
II navire, et de tous ceux qui s'y embarqueront,
.11 lesquels il ne recevra pas à bord sans la
j) connaissance et permission des ofliciê.s uuio-
91 torisés à ce ; et djns chaque port ou havre
Il oti il entrera avec, son navire . il montrera
>i la piésenie permission aux otiiciers a ce au-
it toiises , et leur teru un rapport lidcle de ce
Il qui s est passé durant son voyage : et il por-
51 tera les couleurs armes et enseignes (de la
1» république française ou des Etats-Unis ) du.;
x\b
■>■> rant San dit voyn^e , en (éinoiu de quoi rjous j
» avons signé les- présentes , les avons f'jit con- i
>i iiesigner par et y avons fuit apposer j
5' le sceau de nos armes. j
Donné à .... . de l'an de grâce , le et |
ce passeport suffira sans autre pièce . nonobstant !
tout règlement contraire. Il ne sera pas exigé ijue j
ce passeport ait été renouvelle ou révoqué , quel- (
que nombre de voy.iges que ledit navire ait pu |
faire, à moins qu'il ne soil revenu chez lui dans
l'espace d'une année. I
Par rapport à la cargciison , les preuves seront
des ccitlBcais conlenaiii le détail du lieu d'où le
bâtiment est parti et celui otJ il va, de manière
que les marchandises défendues et de contre-
bande puissent être distinguées par les certilicats ,
lesquels certificats auront été faits par les oUîciers
del'endrnii d'oii le navire sera pani , dans la
Joime usitée dans le pays ; et si ces passeports ou
certificats , ou les uns et les auties , ont été dé-
truits pai accident , ou enlevés de force , leur
délfiut pourra êt;e suppléé par toutes les autres
preuves de propriété admissibles d'après l'usage
général des nations.
Pour les bâiimtns autres que les navires mar-
chands, les pr. uvcs seront la commission dont ils
sont porteurs. Cet article aura son effet, à dater de
la signature de la présente convendon; et ^i , à
dater de ladite signa-.ure , des propriétés sont con-
damnées coniraiiement à l'esprit de ladite con-
vention avant qu'on n'ait conn.iissance de cette
stipulation, la propriété ainsi condamnée sera , I
sans délai , rendue ou payée. I
V. Les dettes contractées par l'une des deux j
nations envers tes particuliers de l'autre , ou p;-r |
des particuliers de l'une envers des particuliers
de l'autre, seront acquittées ou le paiement en sera
jjcursuivi comme s U n'y avait eu aucune mésin-
telligence entre les deux états ; mais cette clause
ne s'étendra point aux indemnités réelaoïées pour
des captures ou pour des condamnations.
VI. Le commerce entre les deux parties sera
libre : les vaisseaux des deux nations et leurs
corsaiies ainsi que leurs prises, seront traités dans
les ports respectifs comme ceux de la nation la
plus favorisée ; et en général les deux parties
joui'Ontd.ms Us ports 1 une de l'autre , par rapport
.au commerce et à la navigation, des privilèges de
la nation la plus favorisée.
VII. Les ciio\cns et habitans des Etats-Unis
pourront disposer par testament, donation ou
autrtmcrrt, de leurs biens , meubles et immeubles
possédés dans le territoire européan de la répu-
blique française , et les citoyens de la république
française auront la ir.ême faculté à légard des
biens , meubles et immeubles possédés dans le
territoire des Etats-Unis , en faveur de telles per-
sonnes que bon leur semblera. Les citoyens et
-habitans d'un des deux états qui seront héritiers
4es biens , meubles ou immeubles situés dans
l'autre , pourront succéder ab intestat , sans qu'il
aient beboin de lettres de naturalilé , et sans que
l'efiTet de cette stipulation , leur puisse être con-
testé ou empêché , sous (juelque prétexte que ce
soit , et seront lesdiis héritiers , soit à titre par;i-
culier , soit ab intestat , exempts de tout droit
quelcontjue chez les deux nations. Il est convenu
ijue cet article ne dérogera en aucune manière
aux lois qui sont à présent en vigueur chez les
deux nations , ou qui pourraient être p'omulguées
a la suite contre 1 éniigratif:n , et aussi que dans
le cas où les lois de l'un des deux états limite-
raient pour IfS étrangers l'exercice des droits de
la propriété sur les immeubles , on pourrait
vendre ces immeubles ou en disposer autrement
en faveur d'habitans ou de citoyens du pays
où ils seraient situés . et il sera libre à l'autre
nat CM d'établir de semblables lois.
VIII. Pour favoriser de pari et d'autre le com-
nieicc , il C5t convinu que si , ce qu à Dieu ne
plaise , la guerre éclatait entre les deux nations ,
on allouera, départ et d'autte , aux marchands
et autres citoyens ou habitans lespectil's, six
jnois après la déclaration de guerre , pendant
lequel Icras ils auront la faculté de se retirer
avec IcuiS effets et meubles qu'ils pourront
emmciier, envoyer ou vendre, comme ils le
voudra nt, sans le moindre empêchement. Leurs
effets , et encore moins leurs personnes . ne
pourioiii point , pendant ce lems de six mois, être
saisis ; au contiaire , on leur donnera des pas-
«ejoris qui .teiont valables pour le lems né-
cessaire il leur retour chez eux , et ces passe-
Îioris Seront doiiiiés pour eux , ainsi que pour
euis hâiin'.-nset effets qu'ils désireront emmener
ou rriuoyer. Ces pmscports serviront de sauf-
condujts coKiie toute insulte et conlie toute
capture de la part des corsaires , tant contre
«ux que contre leurs effets ; et si dans le treme
ci-de^3us désigne , il leur était fait par l'une
"des partie» . se.s citoyens ou ses habitans , (]uel"
que ton dans leurs personnes où dans leurs
tffels , on leur en donnera satislation coraplette.
IX. Les dettes dues par des individus de
l'une des deux naiionn aux individus de l'autre
lie pouiroiil, dans aucun ca.t de guerre ou de
dcm/^lés nationaux , être séquestrées ou con-
fisijuccs , non plus que les actiona ou fonds
()f.i sp trouveraient d.Tt»s les fond* p'îlvli's ou
dans lies 'banques publiques ou particulières.
X. Les deux parties contractantes poniiont
noinmor , jiour protéger le négoce , des agens
commerciaux qui résideront en Fiance et dans
les Etats-Unis ; chacune des parties pourra ex-
cepter lelie place (juclle jugera à-propos des
lieux où la résidence de ces ag'ens jjourra être
fixée. Avant qu'aucun agent puisse exercer ses
lonclions , il devra être accepté dans les formes
reçues par la partie chez l.iqtlelle il est en-
voyé ; et <iuand il aura éié accepté et pourvu
de son exe.quatur , il jouira des droits et préro-
gatives dont_ jouiront les agenS' semblables des
nations les plus favorisées.
XI. Les citoyens de la république française ne
paieront dans les ports , havres , rades , contrées,
îles, cités, et lieux des Etats-Unis, dairtres'ni
de plus grands droits, impôts de quelque njture
qu'ils puissent être , quelques noms qu'ils puissent
avoir que ceux que les nations, les pliis favorisét.'S
sont ou seront tenues de payer , et ils jouiront de
tous les droits , liberté , privilèges , inimunités et
exemptions en fait de négoce , navigation et
commerce , soit en passant d un port de^dils états
à un autre, soit en y allant ou en revenant de
quelque partie , ou pour quelque partie du
monde que ce soit , dont les nations susditesjouis-
sent ou jouiront. ï
Et réciproquement les citoyens des Elats-
Unis jouiront , dans le territoire de la république
française , en Europe , des mêmes privilèges , im-
muniiés , tant pour leurs biens et leurs peisoni:^es ,
que pour ce qui concerne le négoce , la navigation
et le commerce.
XII. Les citoyens des deux nations pourront
conduire leurs vaisseaux et iDarchandises ( en
exceptant toujours la contrebande) de tout port
quelconque, dans un autre port appartenant à
l'ennemi de l'autre nation; ils pourront naviguer
et cominercer en toute liberté et sécurité , avec
leurs njvires et marchandises , dans les pays ,
poris et places dts ennemis des deux parties , ou
de l'une ou de l'autre parde , sans obstacles et
sans 'entraves , et non-seulement passer directe-
ment des places et ports de l'enn'emi , sus-raen-
tionnés , dans tes ports et places neutres , mais
encore de toute place appartenant à un ennemi ,
dans toute autre place appartenant à un ennemi ,
qu'elle soit ou ne soit p. s soumise à la même
juridiction , ià moins que ces places ou ports ne
soient réellement bloqués, assiégés ou investis.
Et dans le cas, comme il arrive souvent, où
les vaisseaux feraient voile pour une place ou port
appartenant à un ennemi, ignorarii qu'ils sont blo-
qués , assiégés ou investis, il est .convenu que
tout navire qui se trouvera dans une pareille
circonstance, sera détourné de cène place ou
port , sans qu'on puisse le retenir ni confisquer
aucune partie de sa cargaiion ( à moins qu'elle ne
soit de contrebande , ou qu il ne soit prouvé
que ledit navire , après avoir été averti du blocus
ou investissement , a voulu rentrer dans ce même
; port ); mais il lui sera permis d'aller dans tout
i autre port ou place qu'il jugera convenable. Aucun
I navice de l'une ou de l'autre nation, entré dans
'. un port ou place avant (ju ils aient été réellement
1 bloqués , assiégés ou invesus par l'autre , ne
j pourra êire empêché de sortir avec sa cargaison :
; s'il s y trouve lorsque ladite place sera rendue , le
I navire et sa cargaison ne pourront éite confisqués,
I mais seront remis aux piopriélaires.
I XÎII. Pour régler ce qu'on entendra par con-
: trebaiide de guerre , seront compiis sous cette
dénominalifjn la poudre . le sal))êire -, les pétards ,
mêchcS , balles , boulets , bombes , grenades ,
carcasses, piques, hallebardes , épéês ,cei murons ,
pistolets , fourreaux, selles de cavalerie , hainais,
canons, mortiers avec leuis alfûis , et généiale-
meiil toutes armes et mujiiiions de- gneire ei
ustensiles à l'usage des tioupes. Tous les ariicles
ci-dessus , toutes les fois qu'ils seront destinés
pour le port d'un ennemi , sont déclarés de con-
trebande et justement soumis à la confiscation.
Mais le bâtiment sur lequel ils étaient chargés ,
ainsi que le reste de la cargaison , seront regardés
comme libres, et ne pourront <n aucune manière
être viciés par les marchandises de contrebande ,
soil qu'ils appartiennent à un même ou à différens
propriétaires.
XIV. Il est stipulé par le présent irajiè , que les
bâtimens libres assureront égaleinenl Ij liberté' des
marchandises, et qu on jugera libres toutes les
choses qui se trouveront à bord des navires ap-
paricnans aux citoyens d'une des parties contrac-
tantes , quand même le chargement ou partie
d'icelui , appartiendraient aux ennemis de l'une
des deux-, bien entendu néanmoins que lacoii-
trebande sera toujours exceptée. Il est égale-
ment convenu que cette même liberté s'étendra
aux personnes qui pourraient se trouver à bord
du bâtiment libre, quand même elles seraient
ennemies de l'une des deux parties conlraclanles ,
et elle» ne pourront être enlevées desdits navires
libres , à moins quelles ne soient militaires et
actuellement au service de I ennemi.
XV. On est convenu au contraire que tout
ce (jui se itouvera chargé par les citoyens res-
pectifs siir' dei rtnvtres apparlenatil a«* êfiniiml
de l'autre panie ou i lelirs sujets i sera conlie-
qué sans disMtlciion des marchandises proli|bèé»
ou non prohibées, ainsi et de mênle qtle si elle
appartenaient à l'ennemi, à l'exception touiesfoi» i
des effets et marchandises qui auront été miscB
à bord dcsdi;s navires avatit la déclaration de
guerre ou même après la dite déclaration , si
au moment du chargement on â pu lignorer}
de manière que les marchandises des citoyen»
des deux parties, soit qu'elles se trouvent du
nombre de celles de contrebande ou autrement,
lesquelles comme il vient d'être dit .iurorit éié
mises à bord d'un vaisseau appartenant à l'en'
nemi avant la guerre . où même après ladite dé-
claration lorsqu on l'ignorait , ne seront en aucune
manière sujettes à confiscation , mais seront fidc-'
lement et de bonne-foi rendues sans délai à leurs
prtipriétaires qui les réclameront ^ bien etiiei'du
néanmoins qu'il ne soit pas permis de porter
dans les ports ennemis les marchandises qui
seront de contrebande. Les deux paities con-
tractantes conviennent <;ue le ternie de deux mois
passé depuis la déclaration de guerre , leur*
citoyens respectifs, de quelque paitie du monde
qu'ils viennent, ne pouironi plus alléguer I ig-
norance dont il est question dans le présent
article.
' XVI. Les navires marchands appartetians â
des citoyens de l'une ou l'autre des deuîi
parties contractantes , lorsqu'ils votidront pa,sscr
dans le port de l'ennemi de l'une des deux
parties , et que leur voyage ainsi que les effets
de leur cargaison pouriont donner de juste soup-
çons , lesdiis navirjes seront obligés d'exhiber
en pleine mer comme dans les poris ou rades,
non-seulement leurs passeports, mais encore Icuià
certificats prouvant que ces efleis ne sont point
de la même espèce q'ie ceux de contrebande
.spécifiés en l'article XIII de la présente con-'
vention.
XVII. Et : fin d'éviter des captures sur det
soupçons frivoles , et de prévenir les dommagi'*?
qui en résultent , il est convenu que , qu nd une
des deux parties ser. eu guerre et l'autre neutre ,
les. navires de la partie neutre seiont pourvus de
passerons sembl.ibles à ceux spécifiés dans l'ar-
ticle IV, de manicie qu'il p'J.-sc par là apparaître
que les parties appartiennent véniablcmcnt à la
pa,rtie neutre. Ces passeports seront valides pouf
un nombre quelconque de > oyages ; triais ilï
seront renouvelles chaque année , si le nrvirs
retourne chez lui dans I espace dune année.
Si ces navires sont chargés , ils seront pourvus
non seulement des passeports sus - men lonués ,
mais aussi de cer-t;fic3ts scuiblab es à ceux men!r
lionnes au même article , de manière qUe loa
puisse connalire s'il y a à bord des marchandises
de contrebande. Il ne sera exigé aucune autre
pièce, nonobstant tous usages et régiemens con->
traites ; et s'il n'apparaît par ces certificats qu il y
ait des marchandises de contrebande à bnrd,
les navires seront laissés à leur destin'tiou. Si au'
contraire il apparaît , par ces certificats , qud
lesdiis navifcs aient des marchandises de contic
bande à bord , et que le commandant offre de
les dél; ler , l'offje sera acceptée et le navire
sera mis en liberté de poursuivre son voyage ,
à moins que la quantité de marchandises de con-
contrebande ne soit trop grande pour pouvoir être,
prise convenableraenlti bord du vaisseau de guerre
ou corsaire: dans ce cas , le navire pourra être
amené dans le port pour y délivrer ladite mar-
chandise.
Si un navire est trouvé sans avoir le passeport
ou lee cerdhcats ci-desius exigés , l'affaire sera
examinée par les juges ou tribunaux compétens ;
et s'il conste par d'auires docuraens , ou preuve»
admissibles par l'usage des nations , que le navire
appartient à des citoyens de la partie neutie , il
ne sera pas condamné , et il sera lemis en liberté
avec son chargement, la contrebande exceptée,
et aura la liberté de poursuivre sa route.
Si lé capitaine nommé dans le passeport du
navire venait à mourirou à être ôlé par toute autre
cause , et qu'un autre fût nommé à sa place , Itf
navire et sa cargaison n'en seront pas moins en
sûreté , et le passeport demeurera dans toute sa
force.
XVIII. Si les bâtiniens des citoyens de l'une
ou l'âtitre nation sont rencontrés le long de.s
côtes , .ou eri pleine mer, par quelque vaisseau
de guerre Ou .corsaire de 1 autie ; pour prévenir
tout désordre, lesdiis vaisseaux 'ou corsaires se
lieiidrcfnt hors de la portée du canon , et en-
verront leur canot à bord du navire marchand
qu ils auront rencontré : il ne pourront y etitref
qu'au nombre de deux ou trois hommes , et de-
mander aU patron ou capitaine du dit navire, exhi-
bition du passeport concernant la propriété dudit
navire , fait d'après ht foriTiulc prescrite dauâ
l'article IV, ainsi que les certificats sus-ineniionnés
rclalils à la eaigaison. ll'est exprcssémenl convenu
que le neutre ne pt>tiTm-êirt;--c(mrrairil daller à
bord du vaisseau visitant , pour y faire Icxhi-
bitioi) dem.hdce despapiers , ou pour toute auii*
information quelconque.
ii6
XIX. Il est expressément convenu par les par-
lies que les stipulations ci-dessus relatives à la
conduite qui sera tenue à la mer par les croiseurs
de la panie belligérante envers les bâtimens de la
partie neutre , ne s'appliqueront qu'aux bâiimcns
naviguans sans convoi : ci dans le cas oii lesdiis
bâtimens seraient convoyés , lintenlion des par-
ties étant d'observer tous les égards dûs à la pro-
tection du pavillon arboré sur les vaisseaux pu-
blics , on ne pourra point en faire la visite. Mais
la déclaration verbale du commandant de l'escorte,
que les navires de son convoi appartiennent à la
nation dont il porte le pavillon , et qu'ils n'ont
aucune contrebande à bord , sera regardée par
les croiseurs respectifs comme pleinement suffi-
sante ; les deux parties s'engageant réciproque-
ment à ne point admettre sous la protection de
Jeurs convois des bâtimens qui porteraient des
marchandises prohibées à une destination en-
nemie.
XX. Dans le cas oià les bâtimens seront pris
ou arrêtés , sous prétexte de ponef à l'ennemi
qilelqu'aiticle de contrebande , le capteur donnera
un reçu des papiers du bâtiment qu'il retiendra ,
lequel reçu sera joint à une liste énonciative des-
dits papiers; il ne sera point permis de forcer ni
d'ouvrir les écoutilles , coffres , caisses , caissons ,
balles ou vases trouvés à bord dudit navire , ni
d'enlever la moindre chose des effets avant que la
cargaison ait été débarquée en présence des offi-
riers compéljns qui feront un inventaire desdiis
effets ; ils ne pourront , en aucune manière , être
vendus , échangés ou aliénés , à moins qu'apiès
une procédure légale , le juge ou les juges com-
pétcns n'aient porté contre lesdits effets sentence
de confiscation (en exceptant toujours le naviie
et les autres objets qu'il contient.)
XXI. Poiir que le bâtiment et la cargaison
I toieut surveillés avec soin, et pour empêcher
les dégâts . il est arrêté que le patron, capitaine
ou subrécatgue du navire capturé , ne pourront
être éloignés du bord , soit pendant que le na-
vire sera eu mer , après avoir été pris , soit pen-
dant les procédures qui pourront avoir lieu
'\. contre lui , sa cargaiiou , ou quelque chose y
'■'• irelative.
Dans le cas ou le navire appartenant à des
citoyens de l'une ou l'autre partie serait pris ,
saisi ei retenu pour être jugé , ses officiers pas-
sages et équipages seront traités avec humani'é,
ils ne pourront être emprisonnés , ni dépouillés
de leurs vêiemens , ni de l'argent à leur usage,
qui ne pourra excéder pour le capitaine , le
sub_récargue et le second , cinq cents dollars
chacun , et pour les matelots et passagers , cent
dollars chacun.
XXII. Il est de plus convenu que dans tous
les cas , les tribunaux établis pour les causes de
crises dans les pays où les prises seront con-
duites, pourront seuls en prendre connaissance;
et quelque jugement que le tribunal de l'une ou
de l'autre partie prononce contre quelque navire
ou marchandises ou propriétés réclamées par des
citoyens de i autre partie , la sentence ou décret
fera mention des raisons ou motifs qui ont dé-
terminé ce jugement, dont copie authentique,
ainsi que de toute la procédure y relative , sera ,
à leur réquisition , délivrée , sans délai , au
capitaine ou agent dudit navire , moyennant le
paiement des frais.
XXIII. Et afin de pourvoir plus efficacement
à la sûreté respective des citoyens des deux
parties contractantes , et prévenir les torts qu'ils
auraient à craindre des vaisseaux de guerre ou
corsaires de l'une ou l'autre partie , tous com-
uiandans des vaisseaux de guerre ou de cor-
saires , et tous autres citoyens de l'une des deux
parties s'abstiendront de tout dommage envers
les citoyens de l'autre, et de toute insulte envers
leurs personnes. S'ils fesaient le contraire ils se-
ront punis et tenus à donner, dans leurs per-
sonnes et propriétés , satisfaction et réparation
pour les dommages avec intérêt , de quelque
espèce que^soient lesdits dommages.
A cet efFet, tous capitaines de corsaires , avant
de recevoir leurs commissions , s'obligeront de-
vant un juge compétent à donner une garantie ,
au moins par deux cautions responsables , les-
quelles n'auront aucun intérêt sur ledit corsaire ,
et dont chacune , ainsi que le capitaine , s'enga-
gera particulièrement et solidairement pour la
somme de 7000 dollars , ou 36,820 francs; et si
lesdits vaisseaux portent plus de i5o matelots- ou
Soldats , pour la somme de 14,000 dollars ou
73,640 fr. qui serviront à réparer les loHs ou
dommages que lesdits corsaires, leurs officiers ,
équipages ou quelqu'un d'eux , auraient faits ou
\ cômrnis pendant leur croisière , ée contraire aux
dispositions de la présente convention , ou aux
lois et instructions qui devront être la règle de
eur conduite : en outre , lesdites commissions
jeront révoquées et anîiullées dans tous les cas
^ù il y aura eu aggression.
XXW. Lorsque les vaisseaux de guerre des
deux pallies contractantes , ou, ceux que leurs
citoyens auraient ar.-nés en guerre , seront admis
à relâcher avec leurs prises , dans les ports de
l'une des deux parties , lesdits v.visscaux publics
ou particulieis , de même que leurs prises , ne
seront obligés à payer aucuns droits, soit aux
officiers du lieu , soit aux juges ou à tous
autres ; lesdites prises entrant dans les havres ou
ports de l'une des deux parties, ne pourront
être ariêtées Qu saisies , et les officiers des lieux
ne pourront prendre connaissance de la validité
desdites prises , lesquelles pourront sortir et
être conduites en toute francliise et liberté aux
lieux portés par les commissions dont les capi-
taines desdits vaisseaux seront obligés de fjire
app.iroir. Il est toujours entendu que les stipu-
lations de cet article ne s'étendront pas au-delà
des privilèges des nations les plus favorisées.
XXV. Tous corsaires étrangers ayant des com-
missions d'un état ou prince en guerre avec
run,e ou l'aiitre nation , ne pourront armer leuis
vaisseaux dans les ports de l'une ou l'autre
nation , non plus qu'y vendre leurs prises . ni
les échanger en aucune manière : il ne leur sera
permis d'acheter de provisions que la quantité
nécessaire pour gagner le port le plus voisin de
l'état ou prince duquel ils ont reçu leurs
commissions.
XXVI. Il est de plus convenu qu'aucune des
deux parties contraciantcs non-seulement ne re-
cevra point de piraits dans ses ports , rades , ou
villes , et ne permettra pas qu'aucuns de ses habi-
tans , les reçoive , protège , accueille ou recelé ,
en aucune manière , mais encore livrera à un
juste diâiiment ceux de ses habilans qui seraient
coupables de partils faits ou délits. Les vaisseaux
de ces pirates , ainsi que les effets et marchan-
dises par eux pris et amenés dans les ports de
l'une ou l'autre nation , seront saisis partout oii
ils seront découverts et restitués à leurs proprié-
taires , agens ou facteurs duement autorisés par
eux , après toutefois <ju'ils auront prouvé devant
les juges compéiens le droit de propriété.
Que si lesdits effets avaient passé par vente en
d'autres mains, et que les acquéreur» fussent ou
pussent être instruits , ou soupçonnaient que les-
dits effets avaient été enlevés par des pirates , ils
seiont également restitués.
XXVII. Aucune des deux nations ne viendra
participer aux pêcheries de l'autre sur ses côtes ,
ni la troubler dans l'exercice des droits qu'elle a
maintenant , ou pourrait acquérir S'ir les côies de
Terre'Neuve , dans le goipue de Saint-Laurent ,
ou par tout ailleurs , sur les co ^.s d'Amcriqne au
nord des Etats-Unis. M.ds la pêche de la baleine
et du veau marin sera libre pour les deux nations
dans toutes les parties du Monde.
Cette convention sera ratifiée de part et d'astre
en bonne et due forme , et les ratifications seront
échangées dans l'espace de six mois , ou plutôt
s il est possible.
En foi de quoi , les plénipotentiaires respec-
tifs ont signé les articles ci-dessus , tant en
langue française qu'en langue anglaise , et ils y
ont apposé leur sceau , déclarant néanmoins
que la signature en deux langues ne sera point
citée comme exemple , et ne prèjudiciera à au-
cune des deux parties.
Fait à Paris le 8' jour de vendémiaire de l'an 9
de la république française , et le 3° jour de
septembre iSoo.
Signé Joseph Bonaparte , C. P. Fleurieu ,
Rœderer , Oliv. Ellsworth, W. R. Davie ,
W. V. Murray.
Pour copie conforme ,
C. M. Talleyrand.
AnTIQ_UITÉS. — ARTS.
Le cit. Conté , membre de la commission des
ans, de l'armée d'Egypte, s'était rendu à Alexandrie
pour concourir aux préparatifs de l'embarque-
ment qui devait se faire en vertu de la con-
vention du 10 pluviôse dernier. On lira avec
intérêt l'extrait suivant d'une lettre qu'il a écrite ,
à cette époque , au conservatoire des arts et
métiers , et qui prouve , de plus en plus , l'ac-
tivité et l'intelligence avec lesquelles nos com-
patriotes orjt' profité de ieur séjour en Egypte,
pour y recueillir de nouvelles lumières , et nous
les rapporter , lorsque les dispositions du gou-
vernement anglais seront devenues plus pacifiques.
Alexandrie , le i3 floréal an 8.
)) Je vous ai écrit plusieurs fois, mes chers
collègues , et peut-être n'aurez-vous reçu aucune
de mes lettres. Vous m'aviez. fait espérer que je
pourrais jouir de l'avantage de m'entretenir avec
vous quelquefois , j'en ai été totalement privé ; je
n'ai pas même la satisfaction de savoir si le con-
servatoire des arts est établi. Lorsque je suis parti
de France , on était dans les meilleures disposi-
tions ; mais les événcmens qui ont suivi , ont peut-
être encore retardé tout. Q;]oi qu ilen soit, l'aminé
qui nous lie , l'attachement que je vous ai voué ,
n'ont éprouvé aucun changement.
îi Les travaux considérables dont j'ai été chargé,
ne m'ont pas empêché de ra'occaper des ans et
de l'industrie du pays. J'ai une collection mons-
trueuse de dessins et de notes relatives à ces
mêmes arts. Je ne puis vous dire les difficultés ds
tout genre qu'il a fallu surmonter , celles de la
langue , celles de s'introduire dans les maisons et
dans les ateliers , pour arracher aux ouvriers leurs
procédés qu'ils croient les meilleurs du monde.
Henreusement que je portais sur tout cela un
œil assez exercé, ce qui m'aidait beaucoup dans
la recherche des connaissances que je voulais
acquérir.
)> Les ans égyptiens sont réduits , par l'ignor
rance , et par la pénurie des moyens , à uns
simplicité' qui ne laisse pas d'avoir , dans quel-
ques circonstances , bien des avantages ; je les
emporte presque tous , décrits et dessinés. Le»
ouvriers s'y trouvent dans les attitudes et dans
le costume qui leur est naturel. Les dessins sont
coloriés et offrent non-seulement les formes ,
mais les effets de lumière très-singuliers et irès-
brillans qui ne se rencontrent qu'enEgypte.
<i J'ai pris , en outre, une collection aussi nom-
breuse et aussi corhpleite que je l'ai pu, des échan-
tillons de tout ce que produisent les ans et même
le sol.
1) La commission des sciences et arts , a fait un
voyage dans la Hauté-Egypie , où elle a recueilli
tout ce qui se trouve d'intéressant. On a fait de
très-beaux dessins des anciens monuraens, que
Ion emporte à Paris et que voui y verrez. Le
général en chef ne me pe rriiit pas , dans le tems ,
de faire ce voyage agréable.
)) J'ai été aux pyramides , à celles de Gizeh et à
celles de Saccahova ; j'ai monté sur toutes , et je
suis entré dans l'intérieur de la grande; j en ai
mesuré toutes les dimensions.
I) Mon instrument a donné , pour sa hauteur
totale,,, 427 pieds; et, depuis, les astronomes
l'ont mesurée et ont trouvé 425 pieds seulement;
cette différence vient peut-être de ce qu'on n'est
pas parti du même lieu.
"J'ai été aussi dans les grottes des momies à
Saccahova ; ce sont des villes souterraines où re-
posent les corps des anciens égyptiens , ou plu-
tôt ils sont remués chaque jour pour satisfaire
notre curiosité et la cupidité des arabes.
!) Nous avons trouvé l'emplacement de Mem-
phis ; j'en ai dessiné une vue.
>' Adieu , mes chers collègues , je vous prie
de recevoir l'assurance de mon sincère attache-
ment. >> Conté.
Bourse du 29 vendémiaire.
Rente provisoire 23 fr. 25 c.
Tiers consolidé 36 fr. 35 c.
Bons deux tiers , 1 fr. 6g c.
Bons d'arréragé 86 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8 9F fr. 63 C.
Coupures 78 fr.
S P E C 1 A C L E S.
Théâtre df ia REPUBLit^uE et des Arts,
Auj. Œdipe à Colonne et le ballet de la Danto-
manie.
Théâtre de la rue Fevoeau. Aujourd'hui
les trois Maris , cora. en 3 actes , suiv. du Voyage
interrompu.
THEATRE DU VAUDEVILLE. Auj. le Mari sanf
femme ; M. Guillaume , et le Moulin de Sans-Souci.
Théâtre DES JEU NE.S élevés, ruedeThionville.
Auj. le petit Figara . et les Déguisemens villageois.
Entré les deux pièces , lariette de Monilaur.
Théâtre delà Cité-Variétés. — Pantomimes.
AuJ. la i"' repr. de l'Enfant de C Amour , pant.
à grand spectacle , et Canardin ou le Quai de la
volaille , comédie du gros génie , mêlée de vaud.
Théâtre du Marais , rue CuUure-Caiherine.
Auj. la 4' repr. du Château de Duncan , pièce
à spect. , dt le Barbier de Sésille.
errata.
Dans le n" d'hier, l'^page, fin de la 2° col.
discours du cil. Pernon au premier consul , lisez
ainsi le 3' alinéa : i> Les dangers que vous avea
î) courus ont fait appercevon avec effroi aux
)> envoyés des départemens , les grandes calamités
)» qui eussent été la suite de leur accomplisse-
)î ment. >>
3' col. , ligne 14' : discours du cit. Berlîer ,
président du conseil des piises , au premier
consul : des millions de bras s'élèveraient-, etc ,
lisez : des millions de brasse lèveraient.
Ligne l5' et 16'': puissent-ils ne s'élever ja-
mais , etc, lisez: puissent-ils ne se lever jamais.
A Pavis, de l'imprimerie du cit. Amasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" ^3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIFEUR UNIVERSEL.
N' 3i.
Primedi , i". brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'i dater du 7 Nivôse le Mo N.IT E U R est le s<:ul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , tes nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que «ut l'extérieur, fournis par les corrfjsppnJances ministérielles.
Un airide sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE*
Londres , 14 octobre. (22 vendémiaire, )
JLiA cour desaldermen se rassemble aujourd'hui
pour prendre en considéialion l'état de la pétition
des liverymen (Us corporations]. On croit que
les aldermen arrèieront de présenter eux-mêmes
une pétition semblable , afin qu'elle soit reçue sur
le trône sans difficulté.
Il y * eu mercredi passé huit jours , J. Farns-
wortli fut condamné aux sessions de Derby à sept
-années de déportation pour avoir pris part aux
derniers tumultes. Trois autres séditieux furent
condamnés aune année de déportation , et 5 à six
mois de travail dans une maison de correction.
W. Elliot, marchand de cochons , condamné à
10 liv. d'amende comme accapareur.
Deux individus ont été jugés aux sessions de
Surry. Convaincus d'avoir participé aux dernières
lévolles (l'un élait au piilatie de la maison de
"fil. Weaver, marchand de fromages ; l'autre dans
ni révolte de la ville de Kingston) , ils ont été
condamnés l'un et l'autre à six mois d'emprison-
nement. Le juge en prononçant leurs jiigemeus ,
leur dit qu ils étaient traités avec indulgence , dans
l'espérance qu'ils ne recommettraient plus de
■ semblables fautes, qu'ils n'avaient sansdoute com-
mises que parce qu'ils n'en avaient pas connu
la conséquence.
Hadfieid depuis son jugement était demeuré en
éiat d'arrestation à Nevvfgate. Samedi passé M. le
duc de Portland envoya un ordre pour qu'il fût
transféré à Bedlam , où on avait préparé un appar-
tement pour le recevoir. Hadfieid arrivé à Bedlam
fit quelque objection sur le lieu oii on le plaçait ,
mais après il ajouta : n II y a beaucoup de gens
>) qui valent mieux que moi dans cette maison ,
»» mais il en est beaucoup plus qui jouissent de
•>) leur liberté, qui œériieraieutplus que moi dêire
i> renfermés, u Hadfieid est beaucoup plus pâle
el plus maigre qu'il ne lélail lors de son jugement.
11 est lait défense de le laisser voir aux personnes
que la curiosité seule amené à Bedlam.
Ces jours passés deux femmes irlandaises s'élaivt
prises de querelle au sujet d'un tablier prêté ,
l'une des deux a tué l'autre à coup de couteau et
à coups de pot d'élain. C est dans un grenier de
Drury-L»ne que ce meurtre a été commis. Plu-
sieurs personnes ont été attelées dans la maison.
La coupable, fruitière de profession , s'esr évadée.
Le bourreau de Winchester est dans les prisons
de cette ville , pour avoir donné des armes aux
mutins dans les tumultes occasionriés par la cherté
des provisions.
Des voleurs ont attaqué dernièrement M. Nes-
bilt, capitaine du vaisseau le True Briton , appar-
tenant à la compagnie des Indes. Il leur donna
sa montre et son argent et voulut retenir la boëte
dans laquelle étaient les papiers du vaisseau. Un
des brigands furieux de la résistance tira à bout
portant avec un pistolet dans la bouche du capi-
taine. Soit que la poudre fût de mauvaise qualité
OU qu'elle se lût affaiblie par l'humidité, M. Nes-
bitt , l'instant d'après, cracha la balle avec quel-
ques dents. La blessure que la balle a faite au
palais ne sera pas dangeicuse.
On estime la perte des objets consumés par' ie
feu à Wapping , à 80,000 liv. st.
On a récemment importé une espèce de saule
' du Brésil flans lîle de SainieHélene. Cet arbre
y a parfaitement réussi , et pourra , avec le tems ,
procurer à celte île lus combustibles qui lui man-
quent. '
Un fermier de la province de Surry , a tiré
de son jardin, la semaine passée, une carotte
qui avaU quatre pieds huit pouces de long.
Le roi Edouard II donna , en i3i5 , l'édit sui-
vant :
Il Edouard , par la grâce de Dieu , roi d'An-
plelcrre , etc. comme il nous a été porté par les
archevêques , évcques , prélats et barons , des
plaintes sur la cherté des vivres dans noire
loyautne , nous fixons les prix suivann , qui ne
pourront éi«( outre-pustés ^ — Un bœuf nourri
de grains et tenu à l'étable , 23 s.; un bœuf nourri
de tourrage , 16 s.; une vache grasse à l'érable ,
12 s. ; une vache médiocre , 10 s. ; un mouton
gras . nourri de grain , ou bien couvert de laine ,
2od.;un mouton gras , mais tondu , 14 s.; un
cochon gras , de deux ans , 3 s. 4 d. ; une oye
grasse , 2 d. ; une oye grasse , dans la cité , 4 d. ;
un chapon gras, s d.-, une poule grajje , 1 d. ;
deux poulets, t d. ; quatre pigeons,* 1 d. ; et
daiis la cité, trois pour le même prix; vingt-quatre
œufs , t d. ; et dans la cité , vingt pour le même
prix. )) ° ' ..
Les nriessieurs et les dames de Lincoln don-
neront incessamment un bal pour l'encourage-
ment du commerce des laines. Le» dames n'y
seront admises qu'avec des robes et drs juppons
d'éiofFes de laine filées . lissues et fabriquées dans
le pays. Les messieurs ne pourront se présenter
qu'avec de la laine, aux bas près qui sont ex-
ceptés. La soie et le coton sont proscrits.
Depuis l'année tySo jusqu'en 1770 , la quantité
moyenne de bleds importés en Angleterre , coûta
annuellement la somme de 600,000 l'v. st. ; de-
puis 1770 juscju'en 1790, la somme de 3oo,ooo l.s.;
«depuis 1790 jusqu'à présent la balance a toujours
été croissant au désavantage de l'Angleterre, et
elle est à présent double'de ce quelle fut entre
1770 ei 1790- (True Briton. j
INTÉRIEUR.
Paris, le 3o vendémiaire.
Le premier consul a passé , aujourd'hui à
cleux heures, au village de Roquencourt, la revue
de douze bataillons de grenadiers et autant d'é-
claireurs, et d'un train de trente pièces d'artillerie.
Ce corps 'd'élite était dans la meilleure tenue.
DiflFérentes manoeuvres qui ont eu lieu pour atta-
quer le village de Roquencourt ont été exécutées
avec la pltrs grande précision; vingt-cinq com-
pagnies de grenadiers de la marine ont parfai-
tement manœuvré. Le premier consul avait avec
lui , le ministre de la marine , le général Ber-
nadotte et le .sénateur Lelêvre. Le gèncralMurat
a fait mettre aux arrêts un chef de baiai lion .
parce que trois éclaireurs de ce bataillon n'avaient
point de bayonneitej.
.Le 24'. de chasseurs a exécuté avec précision
les différentes manœuvres qui lui ont èié com-
mandées. Le premier consul, pour marque de
satisfaction a fait présent aux grenadiers des dif-
férens bataillons, d'un bonnet de grenadier, et
aux éclaireurs des difTérens bataillons d éclaireurs,
d'un chakot. L'on croit que ce corps tie -tardera
pas à se meure en marche pour former le noyau
de la 3' armée de réserve , la seconde lotmanr
aujourd'hui l'armée des Grisons.
-- On écrit de Bruxelles, en date du 21 vende-
niiaire , que le goût de la marine miluaire .de-
vient très-actif dans les neuf départemcns de la
ci-devant Belgique; un grand nombre de jeunes
gens se sont engagés voloniairemcnt pour ce
service : on les exerce à Anvers et à Dunkcrque.
, ( Exirait du Journal de Paris.)
— On mande de Granville que,., dans les
mauvais tems qui ont eu lieu derniérera -nt , il
s'est perdu une corvette anglaise ou brick de 18
canons et d'un obus de 36 livres de balle , com-
posé de MO hommes déquipage, travers de l'île
de Raz. Lécjuipage a é;é sauvé par la corvette
Irançaise le Granville.
( Extrait du Journal du Commerce. ) .
CONSEIL- D' ÉTAT.
Second résumé de la discussion qui a eu lieu auconseil-
détat, au sujet des moyens à employer pour la
formation des listes de notabilité ou éligibilité
communale ,/rfjcrito /(ar la constitulioii.
Dans la derniire séance du conseil-d'état , le
conseil ayant estimé convenable d'éliminer de la
discussion les projets rédigés dans le système
sectionudire , la section de l'intérieur va repro-
duire avec quelques développemens et de nou-
velles réflexions, deux projets rédigés dans le Sys-
tem., mixte, auxquels le conseil a donné la^prio-
riié (de discussion; projets dont l'un n'est qu'une
modifîcaiion de l'autre.
Et, comme il est possible qi^e le conseil trouve
de grandes difliculiés à tous deux, pour y stjppléer,
s'il est nécessaire, la section représentera avec
quelque détail le projet puiement communal , qui
a etc esquissé sous le n" 2.
Voici les projets mixtes.
Le premier est celui qu'a proposé la section d»
1 intérieur dans son second travail. Il est tenleimë
dans les articles suivans :
X. Les citoyens voteront par divisions de cent
au moins, de deux cents au p'us. Les com-
munes de moins de cent citoyens seront réunies
avec la commune ou les communes voisines : les
•communes, ou réunions de coramuiie.s de plus
de deux cents ciioy ens et de moins de quatre
ccnis , voleront par divisions égales , autant qu'il
sera possible , de cent à deux cents citoyens. Les
communes de plus de ()ualre cents citovens
voteront par divisions de cent à deux cents ,
lesj plus égales et les moins nombreuses qu'il sera
possible.
XI. Ces réunions et divisions seront déiermi-
néts par le conseil d'arrondissement , et exécu-
tées, par les ordres du sou.s-piéfei,
XII. Le conseil d'arrondissement nommera deux
scrutateurs pour chaque division.
XIII. Le scrudn sera ouvert pendant cinq
jours.
XIV. Toute personne qui se présentera pour
voter, exhibera son diplôme de citoyen aux
scrutateurs, lesquels en feiont la vérificaiion.
XV. Avant qu'un votant puisse .donner son
suffrage , son nom sera inscrit sur un registre
tenu à tet effet par un des vérificateurs.
XVI. Chaque votant formera une liste com-
posée de dix noms au plus, pris hois de sa
division, ei tine autre de dix noms au plus,
pris dans sa division.
Deux urnes distincies seront destinées à rece-
voir , la première , toutes les listes formées de
noms pris hors de la division des volans ; la
seconde , toutes les listes prises dans leur»
divisions. ;
XVII. Le sixième jour qui suivra l'ouverture
du scrutin, à midipiécis, les urnes seront ou-
vertes dans toutes les divisions par les scruia-
"teurs , et les scrutins seront dépouillés : les suf-
frages reçus dans la première et seconde urne
seront relevés séparément sur des feuilles inti,-
tulées : l'une ; Dépouillement de la première urne',
suffrages donnés hors de la division des votans,;
y àun-ç ; Dépouillement de la seconde urne ,sujjrctges
donnés dans la division des volans^
XVIII. A la fin du sixième jour qui suivra
l'ouverture du scrutin , les scrutateurs remettront
leurs feiiilles et leur procès-verbal de dépouille-
ni.nt au maire de la commune. '
XIX. A compter du septième jour qui suivra
l'ouverture du scrutin , un questeur nommé par
le préfet, sur la préieniation du conseil d'arron-
dissement communal , parcourra l'arrondisser
ment , ira recevoir du maire de chaque muni-
cipalité les feuilles de déiiouilleraent du scrutin ,
les rapportera le neuvietne jour au chef-liéu d'ai-
rondissemeirt , et en fera le dépôt entre les maitrs
du sous-préf'ei.
XX. Le questenr , le sous-préfet et deux scru-
taicurs liommés par le conseil général de dé-
partement, feront ensemble en public, àjoure't
heure indiqués , le dépouillemei,it des scrutins
municipaux.
XXI. Le dépouillement des feuilles de scru-
tins commencera parcelles de première urne,
conlenant les suffrages donnés par les votans hors
de leurs divisions.
Tous les citoyens àqui elles donneront deux
cents voix au plus , seront élus notables de l'ar-
rondissement communal.
Si le dépouillement des feuilles de premier»
urne donne deux cents suffiages ou plus au
dixième des citoyens de rarrondisscinent , les
feuilles de seconde urne iie seront point dér
pouillées. .
Si les feuilles de première urne ne donnent
pas deux cents suffrages à un nombre de can-f
didats suffi ant pour compléter le dixième do»
citoyens de l'arrondissement , les feuilles de se-»
conde urne , contenant les suffrages donnés par
les votans dans leur division , seront dépouillées
pour rem))lir le nombre manquant ; et les citoyens
qui réuniiont le plus de suffrages tant dans les
feuilles de leurs divisions que daus telles de la
première uri^e , seront élu.s,
iiS
y ,vll. Le sous-]>réïrt publi«ra dans les vîngt-
<î, ,ue heures le procès-verbal de dépouillement ,
;pi'oçlame(a les citoyens élus à la notabilité com-
munale , ei enverra le procès- verbal d'élection
au préfet. (Extrait du projet 4e loi ou rigltment
ptésenté par la section.)
La substance de ce projet peut être résumée
ainsi :
« L'opération du scrutin sera diviséeen sections
M de cent à deux cents citoyen». Les votans ne
jj pourront voter que sur un nombre de citoyens
5> égal au cinquième delà division dont ils feront
>< partie ; ils seront obligés de choisir moitié de
»> ce cinquième hors de leur division, et pourront
f» la prendre dans toute la population de l'arron-
» dissemement , et l'autre moitié, dans leur divi-
»î sion. Les divers scrutins , réunis d'abord chez
ai les maires , recueillis ensuite par un questeur ,
>» seront portés au chef-lieu de l'arrondissement ,
»« et dépouillés en commun ; et la majorité com-
» patative fera les notables.)) [Extrait du i°^
résumé.
Le projet qui est présenté comme une rnodifi-
cation de celui qu'on vient de voir, est du citoyen
Cretet. En, voici les dispositions essentielles.
Art. II. (lit. II.T Les citoyens de l'arrondisse-
rietit communal sont divisés par séries ; chaque
«éfie est composée de cent citoyens.
, III. te sous-préfet nomme par chaque série
de cent citoyens et parmi eux , un cenienier com-
munal , un suppléant , deux scrutateurs commu-
naux , deux suppléans , etc.
An. !■='. (lit. III. ) Les citoyens de chaque cen-
•tutie voient au domicile du centenier communal,
«t , à son défaut , à celui de son suppléant,
II. Le scrutin reste ouvert pendaru d'x jours
consécutifs , et seulement jusqu'à midi de chaque
journée.
III. Deux boîtes cotées A elB , fermant à clef ,
sont préparées pour recevoir les votes de la cen-
turie. La clef est remise au plus âgé des scruta-
teurs.
IV. Le nom de chaque citoyen qui se présente
potir voter , est inscrit sut une liste tenue par le
centenier.
V. Le votant fait deux bulletiiis cotés ^4 et B ,
de dix noms chacun : t^ut bulletin qui conli«nt
plus de dix noms , est rejeté ; ceux qui en con-
tiennent moins , sont adipis.
VI. Le bulletin coté A rie peut comprendre que
des noms de citoyens appartenant à l'arrondisse-
ment communal , et qui ne sont point membres
de la centurie ; le bulletin coié B ne peut com-
Î)rendre que des noms de citoyens membres de
a centurie.
Le bulletin .d est déposé dans la bèîte /4 , et i l'électàon , c'est par l'impossibilité de trouver un
le bulletin B dans la boîie B
VII. Le lendemain de la clôture du scrutin , les
deux scrutateurs se rendent chez le centenier : il
est procédé au dépouillement. I
VIII. La boîte A est ouverte la première. Il est
fait une liste du dépouillement; et les dix citoyens
qui ont obtenu la majorité absolue , sont membres
delà liste cammunate d'arrondissement.
Il est ensuite procédé au dépouillement du
scrutin B, Les dix citoyens qui ont obtenu des
majorités relative» , sont habiles à remplacer des
membres de la liste coinmunale.
IX. Aussitôt après le dépouillement des deux
scrutins , le centenier en adresse le procès-verbal
au sous-préfet de l'arrondissement.
X. Le sOus-préfet appelle auprès de lui deux
conseillers depréfeciure, avec lesquels il procède
au dépouillement des procès-verbaux des centu-
ries , et à /a formation définitive de la liste com-
munale y>g*i! la réunion des noms des citoyens
nommés p^r le scrutin A.
XI. Si le» voles de plusieurs centuries portent
sur un ;même individu , sa nomination appartient
à la centurie dont 1 e procès-verbal a été dépouillé
le premier.
Dans les autres centuries par lesquelles le même
citoyen auraitélé nommé , il est remplacé par celui
des citoyens compris dans le scrutin B qui aura-
obtenu le plus de voix.
XII. La liste communale d'arrondissement est
imprimée; un exemplaire pour chacun des citoyens
compris dans la lisiç , lui est transrais par le cen-
tenier de sa centurie , à qui il est adressé par le
sous-préfet. (Extrait du projet de loi du citoyen
Cretet. )
Obsçr\$<(|ns ce qui est commun aux deux projets,
et ensuite et qui les distingue. '
L'un et l'autre fait nommer par les citoyens di-
visés en sections, i° un dixième de leur nombre
choisi dans touie l'étendue de l'arrondissement
communal , la section exceptée ; 2° un autre
dixième de leur nombre choisi exclusivement
dans la section.
L'un et l'autre attache à la notnination du
dixième cTioisi par les sections hors de leur sein ,
une préférence marquée sur l'autre ; la nomi-
naiion du dixième pris par les sections dans leur
sein , n'est considérée dans les deux projets que
comme un moyen de suppléer à l'insuffisance
de la première liste , pour completter le dixième
requis par la constitution , et de remplir le
déficit que les suffrages de première liste peuvent
laisser. ''
Voilà ce qu'il y a de commun entre les deux
projets. Voici mainienanl leuis différences;
• Projet de la section. Projet du citoyen Cretet.
Suivant le projet de la section de l'intérieur. Suivant le projet du citoyen Cretet , les suf-
ics suffrages donnés ' par les votans , hors de fragcs donnés pai les votans hors de leurs sec-
leurs sections ne produisent pas d'élections im- tions, produisent des élections immédiates; et
médiates; ils sont réunis à ceux que d'autres les candidats qui on; obtenu la majorité absolue
sections ont pu donner ; et c'est de la coUec- d'une seule section , sont élus par cela seul ;
lion de tous les suffrages donnés dans toute leur litre est dan^ la majorité de cette unique
l'étendue de l'arrondissement , que se compose section , et les suffrages qu'ils peuvent avoir ob- communale,
l'élection. tenus d'une ou de plusieurs autres , sont nuls ^j T=„r<, ,
pour eus. I
nombre suffisant de citoyens renommés. Mais
quand un homme est élu , tous ses Concitoyen»
ont iotérêl à l'observer , à le corinàliré : par
cette raison il est bientôt connu ; et des'lors où
peut exiger une grande m-ajorité pour le juge-
ment qui doit eue porté sur ses mœurs et ses
talens. Elu par une majotiié comparative , mi-
norité absolue , parce qu'il était un citoyen
obscur , il n'est pas moins l'homme de l'attort-
dissement qui a le plus la conliance ; destitué
par la minorité quand il est devenu homme
public , il le serait contre le vœu public, jr
On peut ajouter à ces réflexions , que tous
les élus , dans le s'ystême de la section de l'in-
térieur , ne le seraient pas par un faible nombre
de suffrages ; que plusieurs réuniraient probable-
ment ht'- majorité absolue de l'arrondissement ;
et qu'ainsi le nombre des vbians qui auraient
produit leur noriiination , ne serait pas en con-
traste avec le nombre nécessaire pour la dé-^
truire.
Voilà ce qu'on peut répondre à l'objection ;
mais outre que cette réponse ne la résout pas
compleltemenl , il suffirait que la critiqne tôt
plus saillante que ne peut être la défense , pour
qu'il fût désirable dé rencontrer un mode d'é|e<}-
tion irréprochable sous le rapport dont il s'agit.
C'est ce qui a sur-tout déterminé la section
de l'intérieur à représenter avec quelque déve-
loppement , le projet exposé sous le n" 2 du pre-
mier résumé , et qu'elle avait estimé digne
d'être pris en considération pat le conseil. Le
voici :
Projet présenté sous le n" î.
Art. ï^'. Les citoyens de chaque atrondisse-
ment seront classés en sections égales de deux
cent cinquante , non pas suivant des divisiôtis
territoriales , mais au gré du sort dans chaciM
municipalité ; de manière qu'il pourra y atnR
des citoyens de plusieurs municipalités dans la
même section , ou plusieurs sections de ciioyefis
dans toutes les pariies de la même municipalité.
II. Les sections seront distinguées par numé-
ros . en commençant par le n° i , et divisées par
tiers. ■
Chaque division sera distinguée par les n»* [ ,
s et 3.
III. Pour former les divisions , on mettra dans
un vase les numéros des sections , et l'on tireta
au sort. Les numéros jonant les premiers jus-
qu'au tiers, formeront la division n" i ; ceux
sortant ensuite jusqu'au second tiers , la division
n° 2; et ceux restant datis 1« vase après les
deux tirages , la division n" 3.
IV. La division n° i volera la première.
A cet effet , chaque ci'oyert remettra un scrutin
contenant au plus ving-cinq noms. Les scrutins
recueillis dans la division seront portés au chef- '
lieu d'arrondissement communal. Le sous-préfet
les recevra et les dépouillera en présence de deiix
membres du conseil communal nommés par le
préfet. Les citoyens ayant obtenu la majorité
absolue des votans , seront inscrits tut la liste
Dans ce système , il se trouvera un certain Dans te système du citoyen Cretet , «ucun
xiombre de notables qui réuniront des milliers notable de l'arrondissement communal ne le
de suffrages , et auront pour eux le veeu de la sera en venu de plus de cent suffrages,
très-grande majorité des citoyens ayant droit de
voter dans l'arrondissement communal
Dans ce système , nul ne parviendra à la no-
labilité en vertu de moins de deiix cents suf-
frages donnés hors de sa section.
Dans ce système , il ne pourra jamais arriver
Dans ce système , 5i suffrages suffiront pour
élever à là notabilité communale.
Dans ce système , il pourra arriver qu'un ci-
q.u'un candidat élu en vertu des listes composées toyen qui aura obtenu cinquante-un suffrages
de noms pris hors des sections , ait réuni moins dans une 'section dont il ne fait point partie , soit
de suffrages qu'un candidat élu sub^diairement élu notable , tandis que son voisin , qui aura ob-
en vertu des listes de noms pris par les votans tenu les cent suffrages de sa propre section , ne
■diai leur section. le sera pas, si les hstes formées de noms piis hors
des sectiotiî ont fourni le dixième requis pour la
notabilité de l'arrondissement. Ce citoyen lui-
même peut avoir obtenu l'unanimité de sa sec-
tion , composée de cent votans; pourtant elle ne
lui servira à rien , et il sera élu en vertu des
suffrages de cinquante-un d'une autre.
par ce parallèle des deux projeu , 1 ment , et même de beaucoup moins ? une sorte
deux est due la préférence ; et la sec- de décence polinque ne defend-t-elle pas qu *n
- ■ citoyen puisse parvenir a la notabilité par la con
On voit
■auquel des
tion de l'intérieur n'ajoute aucune réflexion
Cependant elle ne peut se dissimuler que celui
des deux qui prête le moins à la critique , n'est
pas entièrement au-dessus de l'objection que le
premier consul a reproduite avec une nouvelle
force dans la séance du conseil-d'état du 24 ven-
démiaire , et qu'il a déduite de l'article XII de
ia constitution , lequel est ainsi conçu : " Nul n'est
») retiré d'une hste que par les votes cle la ma-
1) joriié absolue des citoyens ayant droit de co-
»» opérer, à sa formation. )> Le premier consul a
fait cet argument : la constitution exigeant six
mille eiune voix, sur un arrondissement de douze
mille citoyens , pour faire sortir un notable de la
liste communale , n'ési-i! pas choquant de l'y ad-
Mstite sur, le vau de deux cents citoyens seule-
fiance d'un si' petit nombre de votans , la défiance
d'un si grand nombre étant nécessaire pour l'en
faire décheçit?
Les réponses que la section a_ faites à cette !
objection dans son précédent résuiné , se ré-
duisent aux suivantes : «' D'abord il doit ê're !
plus facile d'honorer un citoyen que de le désho- 1
noter. Secondement , il y a peu d'inconvéniens à j
cejjue quelques mauvais citoyens soient inscrits |
sur la liste des notables de commune , le gou
V. Leurs noms seront imprimés et envoyés à ,
toutes les municipalités de l'arrondissement , et
affichés. Les noms de tous les citoyens qui auront
obtenu des voix seront portés sur uri tableau,
qui sera conservé à la sous-préfecture > et o^is
sous le scellé.
VI. Un mois après le tems fixé pour la fia
du dépouillement du scrutin de la division n'
I , la division n<» 2 sera appeliée à voler.
Son vote sera émis , et le résultat en sera pro-
clamé de la même manière que celui de la pte-
miere division.
VU. Le tableau des citoyens non - élus , mais
ayant obtenu des voix , sera également conseivc
et mis sous le scellé comme le premier.
VIII. Un mois après , la troisième division sera
appelée à voter. Son vote sera dépouillé de )a
même manière ; et ceux qui auront obtenu la
majorité absolue , seront aussi^asccits sur la lille
communale.
IX. Le tableau des cittryens qui aofOin obtenu
des voix , sera aussi conservé et scellé.
X. Si le total des citoyens élus à la majorité:
absoltie aux trois scrutins des trois divisions >
ne forme pas le dixième des citoyçns ayant le
droit de cité dans l'arrondissement , il sera com-
plété de la manière suivante.
■ Le sous-préfèt lèvera , en présence des deux
conseillers de sous-préfecture, le sceau apposé
sur les tableaux des noms des citoyens ayant
obtenu des voix, mais non la majorité , aux trois
scrutins divisionnaires.
Ils ferpnt le dépouillement de ces trois tableaux
réunis.
vernement n'ayant jamais d'intérêt à en employer , Le dixième des citoyens qui doivent composer
de tels, el le nombre des emplois communaux ' la liste communale , sera complète a la majonte
étant si borné , quil y aura toujours cent ' «'^''^^ ^^ " fermer depouillemeni.
notables pour un emploi. Troisièmement, si) On voit que, suivant ce projet , les élections
l'on se contente d'une petite majorité pour ■ seraient absolument exemptes du teproche qui a
ité fait aux deux précédcns. Les noiàblet ne
jetaient élus qu'à une majorité considérable , et
assez preponionnée à celle qui sera nécessaire
pour leur radiation.
Secondement , ce système , purement com-
munal , est plus exactement conforme que les
précédens au vœu de la constitution.
Troisièmement , il donne à tous les citoyens
dignes d'être inscrits sur les listes, les moyens
d'échapper à l'injustice, aux passions, à l'oubli
à'une portion du département. Les élections étant
divisées en trois tem» successifs , l'iDJusiice faite
par la première section des votans pourra être
lépaiée par l'autre ; et probablement l'omission
d'aucun homme de mérite ne déshonorera la
liste générale des notables de l'arrondissement.
La section de l'intérieur doniiiera , dans la dis-
cussion , les explications néeessaires pour mettre
le conseil en élat d'apprécier ce projet , qui , par
les amendemens qu'il a subis , est devenu à ses
yeux le plus digne de l'approbation du légis-
lateur. . - /
Le s8 vendémiaire an g.
PRÉFECTURE DE POLICE.
1 1 vendémiaire , an g.
iig
saire pour la sûreté des personnes qui s'en
servent , et attelés de bons chevaux ; le tout à
peine de confiscation des carrosses. [Art. I" de
l'ordonnance de police précitée )
IX. Pour assurer l'exécution de l'article pré-
cédent , il sera fait de fréquentes visites de
tous les carrosses de place en activité de rou-
lage, par des experts nommés à cet effet par
le préfet de police , et assistés des commissaires
de polies.
X. Toutes les fois qu'un loueur de carrosses
de place changera de domicile , il fera préala-
blement sa déclaration à la préfecture de police ,
à peine d'être rayé de la liste des loueurs de
carrosses de place. ■
Des cochers déplace.
XI. II est défendu aux loueurs de confier
la conduite de leurs carrosses à des cochers
qui n'auraient pas atteint l'âge de dix-huit ans ,
et. qui n'auraient pas la fotce et l'expérience né-
cessaires , à peine' de Sûo-fr. d'amende, -et d'être
civilement responsable des faits desdits cochers.
(Article 8 de l ordonnance précitée. -
XII. Tout loueur de carrosses de place , en
prenant un cocher à son service < devra lui re-
mettre la permission de stationnement spéciale
au carrosse dont il lui confiera la conduite , la-
quelle permission sera annexée à un exemplaire
de la présente ordonnance. Le cocher lui remet-
Le préfet de police , vu l'article XXXU de j ,jg e„ échange le livret dont il devra être por
Farrête des consuls de la république , du 12 mes- , ,g„r , aux termes de l'art. XIII ci-après.
sidor an 8. qui charge le préfet de polrce de la '
surveillance des places et lieux publics ;
Informé que les loueurs de carosses de place
et leurs cochers contreviennent journellement
aux lois et régleraens de police ; considérant que
de leur exécution dépend la sûreté publique ,
ordonne ce qui suit :
Des loueurs de carrosses de places.
Art. I". "Toutes permissions délivrées jusqu'à
ée jour, pour le stationnement des carrosses de
louage , sur les places à ce affectées dans Paris ,
sont annullées. En conséquence , roui loueur de
carrosses de place est tenu de fournir , à la pré-
fecture de police , dans un mois , à compter du
jour de la publication de la présente ordonnance,
la déclaration de ses carrosses . à l'effet d'obtenir
TJne nouvelle permission de stationnement.
II. Tout loueur de carrosses de place , coa
XIII. Tout cocher dé place est tenu de se
pourvoir d'un livret qui lui sera délivré par le
préfet de police , sur 1 attestation d'un loueur de
carrosses.
Ce livret restera entre hss' mains du loueur ,
pendant tout le tems que îktocher demeurera à
son service.
Le loueur y inscrira la date de l'entrée du co-
cher chez lui , et celle de la sortie.
XIV. Les loueurs de carrosses seront tenus de
représenter à toute réquisition, aiitant de livrets
qu'ils auront de cochers en ville à leur service.
Ils seront en outre tenus d'indiquer les noms et
domiciles des cochers, etle numéro du carrosse
confié , chaque jour , à chacun d'eux.
XV. Lorsqu'un cocher sortira de chez un
loueur , celui-ci remettra son livret , et le co-
cher lui rendra la permission de stationnement
que le loueur aura du lui confier pour conduire
vaincu d'avoir, omis de faire la déclaration de ses le carrosse désigné en ladite permission , aux
carrosses , ou d'en avoir fait une fausse , sera puni termes de l'art. XII ci-dessus ''
de la confiscation desdits carroses et harnois , et
d'une amende de 100 fr. au moins , et de I.ooo '
fr. au plus, i Art. Ti de la loi du g vendémiaire :
on 6;.
III. Les carrosses de place , déclarés ainsi qu'il
est dit en l'article 1". ci-dessus , seront , en vertu
de la loi du g vendémiaire an 6 précitée , estam- :
pillés d'un numéro indiqué par le préfet de po- !
lice , et qui sera peint en noir et à Ihuile en haut^
du panneau de derrière attenant l'impériale , ainsi
qu'au milieu des deux petits panneaux du bas,
à côté de la portière et attenant le derrière de
la voilure.
Le numéro sera aussi placé en dedans du car-
ïosse , sur un ruban de fil blanc , attaché sur le
devant , au-dessous de l'impériale.
IV. Il est défendu aux loueurs de s'immiscer
en lien dans le numérotage de leurs carosses :
cette opération sera faite à leurs frais , par un pré-
posé de la préfecture de police.
V. Il est fait expresses défenses à tout loueur
de voilures , de faire stationner sur la voie pu-
blique , et à tous cochers de conduire aucuns
carosses de place qui ne seraient pas numérotés ,
ainsi qu'il est dit en l'article III ci-dessus , à peine
de confiscation desdiis carosses , et de loofraecs
d'amende , tant contre les propriélairesque contre
les cochers solidairement. ( Art., l3 de f ordonnance
éepolice du i" juillet 1774. )
Vi. Lorsqu'un loueur de carosses de place vou-
dra vendre ou faire cesser de rouler un ou plu-
sieurs de ses carosses , il en fera préalablement sa
déclaration à la préfecture de police , 01» il rap-
yortera , en roêmetems, sa permission de sta-
tionnement; les'lltt carosses serpnt à l'instant déses-
Umpillés , et certificat en sera délivré au dé-
clarant.
Tout loueur qui , sans avoir renvpli ces forma-
lités , vendrait un carosse , et toute personne qui
1 aurait acheté, seront punit de 5o francs d'amende.
( Art. iS de l'ordonnance de police précitée. )
VU. Pour a-isurer d'autant mieux l'exécution
de laiiicle VI ci-de*)us , et pour éviter tout
double numéro , les carosses de place qui
tcroni trouvés chez les selliers , carrossiers ,
déprçeurs , déchireurs de voitures , férailleùrs
ou tous autres , sans déclaration préalable , ou
sans avoir été désestampillés , seront saisis. [Art.
XVI de lu même ordonnance de police. )
VUl. Il ne pourra être exposé sur les places
que des cairosses bien conditionnés, garnis de
bonnes soupenlet et de tout ce qui est néces-
XVI. Chaque fois qu'un cocher changera de
loueur, il sera tenu , avant d'entrer chez le nou-
veau loueur , de faire viser son livret à la pré-
fecture de police.
XVII. Il est expressément défendu aux loueurs
de prendre . à leur service , aucun cocher qui
ne serait pas porteur du livret'.mentionné en l'ar-
ticle XIII ci-dessus, on doiit le Kvrct ne serait
pas visé à la préfecture de police , dans le cas
prévu en l'article précédent.
XVIII. Tout cocher de place est tenu d'ex-
hiber , à toute réquistion , ioit aux personnes
qu'il conduira , soit aux préposés du préfet de
police ou de la régie de l'enregistrement , la per-
mission de stationnement du carrosse qu'il con-
duira , à laquelle sera annexé un exemplaire
de la présente ordonnance.
XIX. Il est expressément défendu aux cochers
de place , de laisser conduire leur carrosse
par quelque personne que ce soit , à peine de
5o fr. d'amende. [Art. Vil de [ordonnance précitée.)
XX! Il est enjoint aux cochers de visiter , im-
médiatement après chaque course, l'intérieur de
leur carrosse , et de remettre de suite , à la per-
sonne qu'ils auront conduite , les effets qu'elle
aurait pu y laisser.
XXI. A défaut de possibilité de la remise
prescrite en l'article précédent , il est enjoint
aux cochers de faire , dans le jour , à la pré-
fecture de police, la déclaration et la remise des
effets qu'ils auront trouvés dans leurs carrosses,
à peine , contre lesdits cochers , de 3oo fr.
d'amende , et d'être poursuivis comme receleurs.
(Art. XX. de l'ordonnance de police du i" juillet
1774 , déjà citée.)
XXII. Il est enjoint arni cochers de ne faire
stationner leurs carrosses que sur les places à
ce affectées , de t'y tenir bien rangés'^ eh état
de marcher à la première réquisifion ; comme
aussi de laisser un passage libre entre les
maisons et la file des carrosses , ainsi qu'entre
chacun desdits carrosses ; de laisser également
libre le débouché de toutes les rues, culs-de-sac,
issues et portes cochères , et de prendre toujours
la queue de la file en arrivant sur la place.
XXIII. Tous coahers , dont le carrosse sera
stationné sur une des places à ce affectées , et
ceux qui viendront se ranger sur les endroits de
la voie publique oi!t il leur est permis de se placer
pour la sortie des spectacles et fêtes publiques ,
ne pourront sous aucun prétexte , refuser de
marcher à toute téquisition-
XXIV. Il est expressément défendu aux co-
cheis d'exiger , dans aucun cas , et sous quel'
que prétexte que ce soit , même lorsqu'ils
seront pris dans les rues , d'autres ni plus torts
salaires que ceux fixés par l'article XXVlII et les
suivans.
XXV- Aucun cocher ne pourra faire stationner
son carrosse sur les places à ce affectées , depuis
minuit jusqu'à six heures du matin.
X5CVI. Sont exceptées des dispositions de
l'article précédent , les places :
1°. De la rue de la Révolution.
g». De la rue Montmartre, côté de la rue du
Croissant.
3». De la rue Denis.
4". Delà rue Culture-Catherine.
5°. Du quai de la Grève,
6°. De la rue de Sève ,■ prèsîa Croix-Rouge.
7°. Du quai des Augustins.
8°. De la place Maubert.
Les cochers pourront y faire stationner leurs
carrosses d-epuis minuit jusqu'à six heures du ma-
tin. Pour jouir des exceptions ci-dessus, les co-
chers seront ténus , avant de stationner sur Ics-
dites places, de faire inscrire leurs noms et les nu-
méros de leurs carrosses , sur la Jeuille de rai port
du commandante poste le plus voisin de la place
où ils stationneront.
XXVII. Les personnes qui auront à se plaindre
d'un cocher, sont invitées à en donner connais-
sance , soit au préfet de police , soit aux com-
missaires de police , en indiquant le numéro du
carrosse , ainsi que le jour, le lieu et l'heure aux-
quels il aura été pris et quitté; sans préjudice
des poursuites qu'elles seront dans le cas d'exeJ-
cer pour la réparation du tort qu'elles auront
éprouvé.
farif du salaire des cochers de place.
XXVIII. Les cochers seront payés soit à la
course, soit à l'heure , pendant le jour , depuis
six heures du matin jusqu'à minuit, ainsi qu'il
soit :
Pour chaque course dans
l'intérieur de Paris , ..... i fr. Soc. (3os. )
Pour la première heure , . 2 o
Pour chacune des suivantes, l 5o (3o )
Pour aller à Bicêlre , . . 4 .0
Pour y aller , y rester une
heure et en revenir, .... 6 o
Dans les deux derniers cas ci-dessus , le droit
de passe sera à la charge du cocher.
XXIX. Les cochers pris avant minuit , et gardés
passé ladite heiire , recevront, à cémpter de
minuit , 5o cent. (10 s.) en sus des prix ci-
dessus fixés. Ceux qui , après minuit, seront
pris sur une des huit places indiquées par l'ar-
ticle XXVI ci-dessus , seront payés à raison du
double desdits prix fixés en l'art. XXVIII.
XXX. Ttjutes les fois que, pendant une course
un cocher aura été détourné de, son chemin , il sera
censé pris à 1 heure , et payé sur ce taux , sans
qu'il puisse lui être payé moins d'une heure.
XXXI. Lorsqu'un cocher, qu'on aura fait venit
de la place . sera renvoyé sans être employé , il
lui sera payé une demi-course.
Dispositions générales.
XXXIL Dans tous les cas de contraventions aux
dispositions de la présente ordonnance, les car-
rosses seront conduits à la préfecture de police.
Il sera pris contre las loueurs et contre les
cochers, telle mesure administrative qu'il appar-
tiendra , sans préjudice des poursuites à exercer
contre eux , pardeyant les tribunaux, conformé-
ment aux lois , notamment aux articles XXVI
des titres I et II de la loi du 19 — 82 juillet 1791 ,
qui prononcent l'amende et la prison contre ceux
qui , par imprudence ou par la rapidité de leurs
chevaux , auront blessé quelqu'un.
XXXIII. La présente ordonnance sera impri-
mée , affichée et envoyée aux autorités qui en
doivent connaî/re . aux tribunaux compétens , ati
générai commandant d'armes de la place , ati
capitaine commandant la gendarmerie nationale,
aux commissaires de police , aux officiels de paix
et aux préposés de la préfectiire , pour que cha-
cun , en ce qui le concerné , en assure la stricte
exécution.
Le pré/el , ligné, Dubois.
Par le préfet, . ■ • "■ • •
Le secrétaire-général , signé., Pus.
AU R E J»'. A C T E i; R.
Citoyen , vous avez recueilli avec attention ,
et j'ai retenu avec inléiêt les circonstances qui
avaient rendu remarqijables les distributions des
prix , décernés dans plusieurs départemens aux
élevés des écoles centrales : vous avez peint le
gouvernement n'ajoutant pas au mal d'une inno-
vation totale , le mal plus grand encore d une
autre innovati9(i , conservant pour rectifier , au-
li-eu d afeatlrepoûr reconstruire, empruntant à di-
verses insliiuiions l'.es élémens en apparence op-
posés , pour en obtenir un iésuli<il utile cl saiisle-
sant dans son ensemble. Permeiti-'z à un vieillard
qui s'est toujours vivement iniéressé aux progrès
de l'insiruclion et au mode-ï'^ivi pour 1 cnseigrie-
nient, d'appeler votre aiitniiwn , et j'oserais dire
les ièmoign;ig^-s de la reconnaissance publique ,
en laveur de l'un de ces établissemens que l'auto-
riié n'a point créés, rnais qu'elle doit protéger de
1130
Les évencmens se pressent aii^tout de nous
avec une telle rajiidiié , que plusieurs ne laissent
dans noire imaginaiion que des traces lu<;ilivet ,
bieniôl effacées par d'autres taiti que font oublier
à luur tour des circonstances nouvelles. Les évé-
nemeus qui ont l'ait époque, ceux auxquels Se
lient les cli3:^.gemens impoitans , restent dans
la mémoiie , p'ace que des détails présens nous
les rappelieni; mais tous les t'.iits du second ordre,
toutes les particularités qui n'ont pa;
din-
ont indépendans de son ac- ' fluence , tout ce qui na eie m el
sa surveillap.ee ; qui s
lion, et cependant soumis aux règles qu elle im-
pose; ne sont point au nombre des ressonsqu'elle
a organisés, mais peuvent concourir avec elle au
grand but de l'instruction générale. Je veux par-
ler, de la maison d'éducation , irès-bien nommée
par son diiccteur, le citoyen Lemoine Descou-
lils , institution polytechnique.
J'ai assisté à la distribution des prix, décernés
aux élevés de cette maison , pour le cours d'études
de l'an g. Mille autres personnes pourront vous
entretenir de la convenance du site , de la beauté
du local , de l'élégance et du goût qui présidaient
!fux détails de l,i cérémonie , de léclat des femmes
réunies pour l'embellir. Moi , je n'ai vu que le
maître de ces préceptes , les élevés et leurs pro-
ductions ; je ne vous entretiendrai que.d'eux.
Le citoyen "Lemoine a ouvert la cérémonie par
un discours prononcé d'un ton paternel^gt affec-
tueux. Si l'éloquence est l'art de persuader . et si
l'orateur est l'homme probe parlant bien, le dis-
cours que j'ai entendu était éloquent , et celui qui
i'a prononcé était orateur. Il a parlé aux élevés
couronnés , de la modestie , compagne du mé- |
.rite ; aux élevés moins heureux , de celte émula-
lion noble, toujours exempte de jalousie; aux
prulesseurs , ses collègues , de sa reconnaissance ;
à sa digne épouse , de ses vertus modestes; aux
parens des ékves.dc la résolution qu'il a prise de ne
point abandonner encore la culture intéressante ,
confiée à ses soins ; enfin à ses amis , de quelques
ennemis , obscurs sans doute, dont je lui repro-
cherais presque de nous avoir fait soupçonner
lexistence.
La distribution a eu lieu avec solemniié; le nom
des examinateurs était (ait pour ajouter une haute
valeur aux prix décernés. Beaucoup de noms d'é-
levés étrangers ont été remarqués avec intérêt , et
plus d'une fois les succès des enfans , en rappelant
des noms célèbres dans la politique, les sciences
ou les arts , ont aussi rappelé la gloire et les ser-
Tices des pères.
En quittant cette réunion intéressante, je m'at-
tachais à cette idée. Mes petits fils servent la
république depuis 1792 ; ils sont du nombre
de ceux qiii dans leur porte-mariteau , gardent
précieusement un Horace ; c'est assez dire
qu»; leur éducation à l'ancienne université était
avancée , lorsquils ont pris le parti des ar-
m.s ; mais m^ disais-je s'ils eussent passé
leurs premières années dans la maison d'où je
sors , leur éducation eût été plus variée , et plus
conipletie ; près de leur Horace se trouverait
le compas du mathématicien , le crayon du pay-
sagiste . un Pope où un Gessner origin.il ; ils uni-
raient plus qu'ils ne le peuvent , sans doute , le
savoir utile aux arts agréables , l'instruction aux
f;races , les formes républicaines à l'urbanité,
e ne puis profiter de cette idéq:je vous la
transmets pour que d'autres en profitent.
Je vous salue.
M. , votre abonni.
lOyable
merveilleux , a laissé peu de souvenirs. Témoins
de tant de révolutions qui ont changé la face du
monde, nout ne savo.ns guetes de leur histoire
que ce qui nous a, ou vivement émus, ou persou-
nelleraent concernés ; mais le récit de toutes les
choses qui se sont passées sous nos yeux a pour
ne crussions qu'elle en fut souillée, et que nous
ne fissions aux vérités qu'ils proclame) cn'i , les
reproches que méritent ceux qui les ont tiéfigu-'
rées pour en abuser.
On reconnaît l'homme sensé au soin avec le-
quel il se détend de loutcs ces opinions popu-
laires : on reconnaît l'écrivain coui.igcux à la.
fermeté avec laquelle il blâme ou loue ce qui
lui paraît digne' de reproche ou d estime , sans
flatter ni la tourbe <pji menace , ni celle qui
déclame et peisitle. C'est aiîisi qu'échappant à la
laveur passagère rju ambitionne' l'écrivain de
parti, on devance ses contemporains, et l'on
s'assuie le suHrage de la postérité.
(Ja article , inséré il y a quelques jours dans
ce journal , donne lieu de croire ([ue le ciloyen
nous un iniéiêt bien plus vifquecelm des lems | Segur n a pas^ toujours eu le bonheur de se pro-
éloignés. C'est notre histoire qu'on nous raconte. "--
des renseigiiemeiis parfaitement exacts :
C'esTnousquel'bistorienjuge.etnousnousvqyoïis 1 cet inconvénient auquel sont exposés tous ceux
dans son œuvre tels que la postérité doit nous qui écrivent Ihisloire.de leur tcms , dev..il ap-
voir un jour. Chaque circonstance qu'il décrit pattenir plus pavliculitrement à une époqu- où
nous rappelle celle où nous nous trouvions à la les passions les plus exaUees ont dehgvué les fjiis
même époque. Nos émotions , ou douces ou aux yeux mêmes de ceux qui en éiaient lériToin^.
pénibles , nos liaisons avec tant d'hommes que ; L'historien qui cherche , uans des dépositions
la faulx du tenis ou celle de l'injustice ont rtiois- ! éontradicloires , à démêler une vériié qu'ont obs-
soii'nés ; nos aHections rtial reconnues , nos espé- j curcie tant d'intérêts opposés , est nécessairement
rances trompées , mille idées , mille sentiraens se } exposé à quelques erreurs. Mais il a cet avantage
réveillent dans notre imagination, et prêtent à | qu'jyant manqué à U découvrir e( non "cherché
tous les tableaux de l'écrivain un charme que ne ] à la voiler, il l'accueille avec saii.sfaciion lors-
peuvent avoir les annales de ces peuples anciens j qu'elle se présente à lui accompagnée de la sim-
dont les mœurs nous sont si étrangères. Mais , j plicué qui en fait le caractère,
pour que nous suivions avec satistaction celui qui | ^^^.^ ^^,^j^ parcouru avec succès une carrière
nous ramené ainsi dans les sentiers fl^e nous , ^^j^^^,^^^^ ^ ^.^^^^^^^^j. ^^^^ |^ ^.^^^^j^^ ^ ^^^^^^^^ ^^^
avons si récemment parcourus, il faut qu u soit j |^ jjos,étité le tableau des erreurs et des mer-
narrateur fidèle; car, notre mémoire, prompte- | ^^.^^^^ ^^ ^^^^^ .^^ ^ ^^^^ employer dignement'
ment rafraîchie ,_serait 'o^^Jf^J^ J^^^'f ^„i,!c nû ' ses loisirs et mériter de nouveaux droits à la
ment
moir
un contra'dicieur , et ne consent à écoKter qu un |
juoe;insiruit,c3rnous aimonssurtouià appreiidie |
les°cau=es secreltes , les ressorts cachps qui pro-
duisirent ces grands mouvemens qui nous éton-
nèrent. S'il joint à ces quahlés la correctiori du
style , une élégance exempte également d'eni-
phase et d'aflTéterie , nous le lisons avec un plaisir
qui s'accroît à chaque page , et nous n'arrivons
qu'à regret à la fin de son livre.
iiai^^y .*— ^ — w, — . — ■* ' 1 1 ' ' veines uc tiuLic dgc , c est ciupiuyci uigueiuenc
;nt rafraîchie , serait toujours prête a le ue- | ^^^ j^j^j^^ ^^ mériter de nouveaux droits à la
:ntir; impartial, car chacun ayant, plus ou, considération qu'accorde par-iout l'opinion pu-
rins , épousé les intérêts d un parti repousserait 1 ^y ^ ^^^^^- ■ ^ ^^^ ,; ^^ ^;^ j^ travaux utiles
et de fonctions honorables.
P. V. B.
Nouvelle Voilure proposée pour les vaisseaux,
de toutes grandeurs , et pariiculiéremcni pouc
ceux qui seront employés au commerce , piétédéei
de lettres à Franklin sur la marine , par David
Leroi , membre de l'institut national, de celui de
Bologne , de la société des antiquaires de Lon-
dres, et de la société philosophique de Phila-
C'est ce que nous fait éprouver la lecture de ' delphie , écrit servant de suite et de complément
L I V R lî,'^,, DIVERS.
. tfisteire des principaux événemens du règne de
fréderic-Guillaume II , roi de Prusse , et Tableau
politique de l'Europe, depuis I786jusquen 1796,
ou 1 an 4 de la république ; coiitenani un précis
4es lévoluiions de Brabant, de Hollande, de
Pologne et de France ; par L. P. Ségur , aîné , tx-
*Habassadsur , avec cette épigraphe :
i^uid verum , atque decens euro et
TO^go , et omnis in hoc sum.
HORAT.
3 vol. in-S" de l'iao pag. , imprimés sur carré
■tin , et caractères de citéio neuf , avec le poriraii
de Frédérie-Guiilaumc 11 . gravé par Alexandre
-rardiéu.
Prix, 13 fr. broché, et j5 fr. 5o cent, franc
de port par la poste ; en pap. vélin 24 fr.
A Paris , chez Buisson , libraire , rue Haute-
Içuille , n" 20. — An 9,. (1800).
ITiisloire de Frédéric - Guillaume IL II semble
inutile d'extraire cet ouvrage , dont le titre in-
dique assez l'objet et le contenu. Le nom du
prince n'est ici qu'indicatif d'une des périodes
les plus remarquables de l'hisioire moderne.
L'auteur esl conduit , par son sujet , à nous par-
ler de presque toutes les révolutions qui , depuis
dix ans , ont agité l'Europe. Il en recherche avec
soin les causes, en raconte avec intérêt les dé-
tails. Il apprécie les événemens avec sagacité ,
et juge les hommes avec modération. Plus oc-
cupé du désir d'instruire que de celui de s'attirer
tous les éloges , lo'citoyen Ségur a inséré dans
son premier volume un excellent mémoife sur
la révolution de Hollande de 1789, écrit par le
citoyen Gaillard , homme également recomman-
dable parles longs services qu il a rendus à la j
France dans la carrière diplomatique, et parles
connaissances , par les talens littéraires dont il a
fait preuve en plusieurs occasions. Ce morceau,
plein de détails absolument neufs pour la plupart
des lecteurs , est extrêmement curieux ; le style
en est ferme et simple, et forme urie légère
nuance avec la manière un peu plus brillante du
citoyen Ségur.
Ce dont on doit particulièrement louer ces
deux écrivains, c'est d être restés constamment
fidcks aux principes, sur lesquels reposent la li-
berté individuelle.* la dignité des nations, leur
considération'extérieure , leur prospérité et leur
indépendance. Il y a , dans la fortune des opi-
nions comme dans celle des hommes , bien des
vicissitudes; ellesontleuriems.de faveur et leurs
joars de discrédit ,. et elles ont cela encore de
commun avec nous que c'est dans leurs revers
qu'on connaît leurs véritables amis. Quand des
hommes qu'il est à présent du bon ton de
décrier, attaquèrent la double superstition de
l'autel et du trône , le public éclairé hçnora leurs
talens et admira leur courage. Lorsque figno-
rance et la scélératesse , abusant de leurs doc-
trines , subsikuerentla persécution philosophique
à l'intolérance veiigi<;use , on se fit des idoles d,-
ces mêmes hommes qui les avaient renversées.
Ces vils honneurs insultaient à leur mémoire ;
mais il ne nendrait pas à certaines gens que nous
à ceux que l'auteur a pub iés sur la marine amé-
ricaine, I vol. in-S" , avec tles planchés; imprime
sur très-beau papier. Piix 3 francs.
A Paris , chez l'auteur , .au Palais national de»
sciences et des arts.
An introduction to the reading and spelling of tke
english longue , by 'William Scott, 'la whichare
addcr the economy of human Life , iranslated
from and indjan manuscripi, and a classical vo-
cabulary french and engli»h, by A. G. Maillet.
Prix , 3 tr. broch. et 3 fr. 20 cent, par la poste.
A Paris , chez Delalain , libraire , quai des
Augustins , n" 29.
Traité des pertes de sang chez les femmes enceiulet',
et des accidens relatifs aux flux de l'utérus qui
succèdent à l'accouchement du docteur A. Pasta ,
de Bergame , traduit de l'italien avec des notes ,
par J. L. Alibert , 2 vol in-S". Prix 6 fr. et 8 fr.
pour les départemens. A Paris , chez Richard ,
Caille et Ravier, libraires , rue Hauttfeuille, n" II.
GÉOGRAPHIE.
Nouvelle carte itinéraire de la Bretagne, con-
tenaniles depaiiemens du Moibihan, du Finistère,
des Côtes - du - Nord , d lile-ei- Vilaine et de la
Loire-Inlérieure , dans laquelle sont indiqués les
chefs - lieu de départemens , les préfectures ,
sous-préfectures , les chefs-lieu de cantons, etc,
donnant en outre avec la plus grande exaj;-
litude , les routes de portes , lieux de relais,!^
quantité de postés d'un heu à un autre , ainsi que
les toutes de communication.
Cette carte d'une belle exécution , est dressée
par Dczduche , géographe , successeur de Guil.
Delisle '., et Buache , géographe. Prix, 2 francs.
A Paris , chez l'auteur , rue des Noyeis , n' 33.
Un des premrerssouscripteurs de la' carte de la
France , par Cassini , desireraii se défaire de cette
même carte , composée de 184 feuilles, bien
complexes etpremicr-s épreuves ; le tout en feuil-
les. S adresser chez, le fit. Goujon , marchand de
cartes géographiques, à lentrée de, la; rue du
Bacq , au coin de celle de Lille.
l-'abonne
rue des Pohcv'ins, n° 18. Le prix est de s5 fianc! pour troil 1
5o tr^an
pour 6 mais , et 100 fiarcs pour l'atinée enliere. Ou nes'abonac
HU!
eucemeot de chaque
- n f,ut adresser te. lettre, etl'argent , franc de port , au eu. A c. .s . , proprldlahe de ce journal', ,ue des Poiuvin. , u= .S. 1. faut comprendie dans les en.oh le porr de.
pays 0 . l'on ne priut affranchir. les leures de. déparlemeas nou affranchies , ne seront point .etirdes de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment de, valeurs , et adresser tout ce qui c
",''ï«Ucvias , n' .3 , d.epui foeuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
U rédaction de la feuille , au rédacteur , rue de
A Paris , de l'imprimerie du cit. Agasiq , ptopriétaire -du Moniteur, liié d«s Poitevins, n* ii.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL..
JV° 32.
Duodi , 2 brumaire an g de la république française une et indivisible.
Nous so'.nnies aucoua.j'i ;; prévtnii: nos souscnpteiii-s , qu'à dater du 7 nivôse le J\I O N I T EU R est le seul journal ojfidd.
I) contient les séancfs d.-; autorités constituées, les actes du tçouvernemenc, le^ nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant i'jr ri'.uérieur que sur l'extérieur, fournis par les corespondances ministérielles.
Ui; arcicie iera psi ncuiiérL-men: consacré aux sciences , aux arts et aux découvettes nouvelles.
INTERIEUR.
Faris , le 1" brumaire.
M.,
mener des résultais lunesies pour ceux qui en
t'L-iaient usage. Le préfet , signé , Dubois.
Le secrclaire-général-adjoint , signé , Bauve.
le comte de Cobenizol vient d'instruire , par
un Courier exiraordinaire , le ministre des rela-
tions extérieures, qu'il a piû à S. M. impériale de
conférer à M. le comte de Lchrback (e rjiiiiislcte
d= l'intérieur , cl que lui , comte de Cobenizel ,
a été nonnmé ministre des affaires étrangères,
avec le litre de ministre des conlérences et
de vice-chancelier de cour e( d'état; ce qui ne
l'erapêcherait pas de se rendre à Lunéville. Il a
dû partir de 'Vienne le j5 octobre.' Ce sera un
litre bien gloiicux pour M. le comte de Co- j
bentzel , d'avoir deux fois profilé de son in-
fluence pour pacifi;;r les deux plus puissantes
nations de 1 Europe. Il est fort à désirer qu'il
arrive promptcment pour faire cesser toutes les
i certitudes. Déjà plusieurs événemens militaires
ont eu lieu sur différentes frontières de l'ai-méc
d Italie.
La levée en masse Toscane dirigée par des
officiers autrichiens , et commandée par M.
de Sommariva , sé'ait emparée de Luques et
d'une j.arue du bolonais ; le général Brune ayani
concentré ses forces sur la rive gauche du Pô.
Le général Dupont est parti de Bologne avec
une division , a dissipé la levée en masse , et a
signifié, à M. de Sommariva, que si les paysans armés
lie rentraient pas chez eux , il entrerait en Tos-
cane pour les désarmer et les punir des inso-
lences qu'ils se permettaient tous les jours sur
le te'tiioirc occupé par l'armée.
La réponse n'ayant pas été satisfesanle , le gê-
ner .1 Dupont est entré en Toscane ; il était le îS
vendemidire à une maiche de Florence.
Dupont, lieutenant-général commandant t aile droite,
à monsieur le général commandant en Toscane
pour son altesse royale le Grand-Duc. — Au quar-
tier-général de Pianoro, le ao vendémiaire an 9
de ta république. ♦
Monsieur le général ,
Le débi qui vous a clé fixé par le général en
chef Biunc pour le licenciement et le désarme-
ment des levées extraordinaires toscanes estexpiré,
et vous n'avez point obiempéré à sa demande. Les
levées ne sont point dissoutes : elles occupent
niêine encore S niit-Léo , Casiiglione et plusieurs
autres poiiils du territoire cisalpin.
Les horreun commises dans la Romagne par les
insurgés toscans, ont é;é suivies par des agressions
aussitôt rcnouvellées que réprimées. Ilsontengagé
récemment les combats de Saint-Pélégrino et de
Casiel-Nuovo , et levé des contributions dans
1 afrondisseraent dC l'armée.
Cet état de choses est devenu à la fois trop
allarmani et trop outrageant pour l'armée fran-
çaise; une mesure décisive est nécessaire. Liniérêt
même de la paix y est attaché. Le général en
chef m'a ordonné d'opérer le désarmement de
cette multitude égarée et d'occuper la Toscane.
Je vous déclare en conséquence , monsieur le
général , que je marche pour exécuter celte
disposition.
Signé . Dupont.
SÉNAT-CONSERVATEUR.
SÉANCE DU 28 VENHEMIAIRE.
Le sénat-conservateur procède à la nomination
d'un membre di- sa commission administrative ,
*n lemplaccinent du sénateur Serrurier, sorti
par le son. Le sénateur Lespinasse est élu à sa
place.
Le reste de la séance est occupé à la discussion
de» candidats proposés pour remplir les places
■facanlei au corps législ.itif et au tribunal.
PRÉFECTURE DE POLICE.
1,1; prcfVt de police, instruit qu'un citoyen a
piCbcnié à liiistitut national des sciences et arts,
une composition au moyen de laquelle on peut
-«e r^ser sans rasoir , piévicni ses concitoyens ,
qu ils doivein se prémunir contre toutes personnes
qui chcrcheiaient à vendre cette composiuon ,
laquelle, auivant lavis de l'institut, pourrait
Discours adressé par le citoyen Ameilhon , président
de iinstitut national , aux jeunes artistes qui ont
obtenu des prix dans la séance publique dii x'j ven-
démiaire an. 9.
Jeunes citoyens ,
Qu'il me soit permis d'emprunter ici quelques-
unes des idées , et même des expressions du
plus bel ouvrage qui ait été composé pour l'ins-
truction des poètes , et dont les principes peuvent
vous être également appliqués , puisque vous êtes
presque de la raêm.: famille ! qu'il me soit permis
de vous répéter en prose , ce que Boileau a dit si
bien aux poètes , en vers.
Oui , jeunes citoyens , c'est en vain que vous
prétendriez parvenir à la perfection des arts su-
blimes auxquels vous vous êtes consacrés , si
vous ne sentiez du ciel les heureuses influences ;
si la nature, en vous donnant la naissance, ne
vous cùi créés peintres et sculpteurs , Minerve
n'aurait po ir vous ni crayons , ni pinceau , ni
ciseau ; mais les talens que vous venez de dé-
velopper PU tiaitant les beaux sujets qui vous
ont éié proposés pour le concours . ne laissent
aucun lieu de douter que le dieu des arts n'ait secoué
sur vous son fl.imbcau. C'est sans doute beau-
coup; mais ce n'est pas tout : le feu céleste
qui vous anime, peut, sinon s'éteindre , au moins
s'affaiblir et languir dans certains momens; il
faut donc alors avoir des moyens pour le ranimer;
il faut aussi savoir en diriger l'action e; quelque
fois en tempérer l'ardeiir cl la fougue. Qui pourra
vous procurer ce double avantage? I étude des
lettres. Aimez dons les lettres , culiivez-lcs , non
pour devenir des littérateurs consommés, mais
assez pour être en état de profiter des services
qu'elles petavent vous rendre ; assez pour lire
avec fruit les ouvrages profonds qui ont éié écrits
sur les arts que vous professez , et dans lesquels
vous trouverez tracées ces règles de goût si néces-
saires ponr diriger le vol du génie ,et en prévenir
les éc.jrts et les chûtes; assez pour sentir les
beautés qui brillent dans les poètes , et pour
les laire passer dans vos compositions : car les
poètes peuvent fournir à vos talens une multitude
de sujets iheureux. N'est-ce pas dans l'Iliade que
Phidias avait pris l'idée de son Jupiter olympien ,
qui fut regardé comme une des merveilles du
monde? c est du Dame que Michel-Anj;e a
emprunté ces images terribles qui jettent l'effroi
dans l'ame de ceux dont les regards osent se
porter sur son tableau du jugement Universel.
Lisez donc les poètes , entretenez avec .eux un
commerce assidu ; que le divin Hômere sur-tout
reçoive vos premiers hommages , et faites de ses
poèmes votre lecture favorite. C'est dans ces
momens de langueur où vous sentirez votre
verve s'engourdir , que vous pourrez la téchauffer
au feu poétique , à la flamme de ce génie
immortel.
A la lecture des poètes , joignez l'étude de la
fable et de l'histoire. Connaissez les mœurs ,
les usages des nations diverses , et sur-tout leur
costume. C'est faute d'avoir connu et observé
le costume , que de grands artistes ont dans des
compositions, d'ailleurs pleines de chaleur et élin-
ccliantes de beautés , mis à coté du sublime le
ridicule , et quelquefois même le burlesque. Si
se l'osais , je vous dirais encore : étudiez cette
partie de la morale qui nous apprend à bien
connaître le cœur de l'homme , à pénétrer dans
les replis les plus secrets, et à développer tous
les tessons qui le mettent en action. Ceiic étude
ne vous est pas'moins néces.'aire pour peindre
avec succès les passions , que celle de la struc-
ture du corps humain , pour en cxpriiner avec
grâce et corieciion les mouvcmens et l'attitude.
Jetnz, jeunes citoyens, vos regards sur les
ouvrages de.» grands maîtres qui ont allié 1 étude
des lettres à celle de leur art , vous y reconnaîtrez
que tes ouvrages portent l'emprcinie du goût
et du vrai beau , qu'ils ont un caractère par-
ticulier de perfection ([ui n'échappe point à un œil
connaisseur et qu'on sent mieux (ju'on ne peut l'ex-
primer. A l'exemple de ces grands ariistts, aimez,
je ne cesserai de vous le redire, aimez , jeunes
citoyens, les lettres, cultivez-les, de manieie ,
sans doute , que le teins que vous leur consa-
crerez , ne lotitne pas au piéjudice de votre art ;
mais si les lettres ne doivent pas faire votre
occupation capitale , qu'elles soient au tnoiçs
le plus doux amusement de vos loisirs 1 Si jus-
qu'à ce rnoment vous les aviez trop négligées,
le mal ne serait pas sacs remède. La saisOjn
favorable pour les cultiver n'est pas tout à fait
passée pour vous; vous êtes encore dans (e
printcms de 1 âge.
Quoiqu'il ne me soit donné que quelques
instans pour m'entretenir avec vous dans cette
séance , je ne puis cependant vous quitter, San»
vous faire part d'une observation qui ne devra
point vous déplaire.
Jusqu'à présent on n'a gueres regardé les arts
auxquels vous vous êtes voués que comme (.les
arts de pur agrément , f.dts seulement pouf
amuser une cuiiosiié oisive , flatter !a vanité
des riches et des grands, oiner les lambris dorés
de leurs palais, et ranimer les désirs de nos
voluptueux sybarites. Il est lems de taire cesser
une pareille profanation . de rendre à la peinture
et à la sculpture leur première dignité ; il est
tems qu'elles redeviennent parmi nous ce qu'elle
étaient jadis dans ces climats fortunes où elles
ont brillé avec tant d'éclat. Dans la Grèce , elles
servaient à former les mœurs publiques ; il entiait
dans le plan d une belle éducation , de laijc
admirer aux jeunes gens les chefs-d'œuvre des
grands maîtres. Un célèbre philosophe , le pré-
cepteur d Alexandre, applaudissait à cet usage ;
mais en mêirie tems, il recommandait d éloigner
les regards de la jeunesse , non-sculerneni de
ces images qui allarment l'innocence , mais même
de celles qui , n'ayant d'autre mérite qu'urte imi-
tation servile des objets les plus communs ,
ne parlent ni à l'esprit ni au cœur.
Et vous , jeunes citoyens , qui avez eu aussi des
succès disdngués dans la carrière de l'^rchiicc»
ture , faites de nouveaux efforts pour en obtenir
encore de plus grands. Vous possédez le germe
du vrai talent. Voulez-vous répondre au bienfait
de la nature et faire fructifier ses dons? étudiez,
sans jamais vous lasser, les restes précieui et les
augustes débris de ces antiques édifices, échappes
aux ravages du tems et des barbares ; transporicz-
vous souvent sur les riiines de Palmyre et d Athè-
nes; contemplez ces chefs-d'œuvre qui, de toutes
pans , s'offrent à vous dans cette grande ville , et
sur-tout celui cjui décore si superbement rentrée
de ce palais (i). Ce sont-là des maîtres qui, raieujs
encore que Viiruve et Palladio , fortitierciii vos
heureijses. dispositions , vous dévoileront les
grands jecrets de V-AXi , et achèveront de vous for-
mer le goût.
Ces leçons que je viens de vous tracer si rapi-
dement , sont .simples et communes , J'en con-
viens ; mais malgré leur simplicité , il n'en est
pas moins important et pour le progrès ries arts
et pour votre propre gloire , que vous les reteniez.
C'est pour vous meure dans 1 impossibilité de le»
oublier , que j'ai cru devoir vous les rappeler
dans un moment où viennent se réunir tant de
circonstances si frappantes pour vous. Ces leçons,
ou plutôt ces conseils , pourront-ils jamais s'é-
chapper de votre esprit, lorsqu'ils vous auront
été répétés dans celte enceinte , et au nom de
l'institut national de Frjnce; au milieu de ceiio
nombreuse assemblée, composée de citoyens qui
aiment les arts , les sciences et les lettres , puis-
qu'ils sont ici , et qui tous ont maintenant Ip»
yeux fixés sur vous? Pourront-ils vous échapper
enfin , lorsqu'ils vous auront été répétés en ce
jour mémorable qui doit être un des plus beaiix
de votie jeunesse. Ce même jour , je unes citoyens ,
sera aussi ,n'en doutez pas, le plus beau uc nies
dernières années , puisqu'il ma procuié 1 hon-
neur d'applaudir le premier à vos succès , et de
préparer les prnemens de votre triomphe.
Vous venez , jeunes favoris du génie des arts ,
de recevoir la couronne qui vous était destinée ;
mais sachez qu'en la recevant < vous avez pris l'en-
gagement d'y ajouter chaque jour quelque nou-
veau laurier. Songez que vous n'êtes qu'à leutrée
de la carrière ; qu^il vous reste cncote un espace
immense à parcourir, et qu'il ne vous sera per-
mis de vous arrêter que lorsque vous aurez atteint ,
s'il est po^isible , les maîtres dont vous avez le
bonheur d'être les élevés.
(1 ] La colonoade dû Lo
IM
BIOGRAPHIE»
Le préfet du département de l'Ardeche a
adressé aux rédacteurs de ta Décade philosophique
une lettre et une notice biographique que nous
croyons devoir transcrire.
Depuis long-teras , ciioyens , on se plaint que
le mérite modeste est ignoré, et que les hommes
les plus uiiles à leur pays y sont très-souvent
inconnus. Le sort d'Olivier de Serres confirme
cette vérité. A peine sofi nom éiait-il connu à
Villeneuve-de-Berg , sa patrie < oti Ion voit en-
core sa maison ; et il î^ fallu qu'Anhur Youngy
vînt du fond de l'Angleterre, pour apprendre
aux habitans de celle commune l'étendue de la
réputation de leur compatriote , dont il fait un
si grand éloge dans son voyage en France.
Lhisioiie d'Olivier de Serres étant presque in-
connue , le citoyen la Boissiere , ancien avocat-
généul -.ta ci-devant parlement de Grenoble
et couipaiiiole de cet auteur , a bien voulu re-
-cheiLlitr dans les écrivains du tems ce qui poi-
^'Vait V être relatif : il m'a communiqué une no-
■lice ijne je voi^s fais passer, avec invitation de
la |iublit-i dans votre journal, qui, depuis sa
créjtion , a fourni tant d'articles curieux ou
Utiles.
■ Sans doute le gouvernement , juste apprécia-
teur du vrai mérite , s'empressera d'ériger à la
mémoire d'Olivier de Serres , ( et l'auteur de la
notice suivante en forme le vœu) un monument
qui atteste la reconnaissance nationale.
Salut, Charles Caffarelli.
Notice SUT Olivier de Serres , sieur du Pradcl.
millions d'or , que tous les ans il en fallait sortir.
Voilà le commencement de l'introduction de la
soie au cœur de la France. >i
■Voilà les bienfaits de l'auteur du Théâtre d'A-
griculture. On lui doit encore l'inveiition de faire
rouir et treiller les gaules sèches du meurier,
pour en extraire du fil (6).
CoTtice çutn itiam ex morî filamina ducis
Bombicina , iagax ignota in^Uitrhs arte 7'.
Ses préceptes, éprouvés par la pratique cons-
tante qu'il en fit , et par celle que les agriculteurs
en font chaque jour, ont déterminé les écrivains
encyclopédistes à prononcer u que le Théâtre d'A-
griculture qu Olivier dé Serres présenta au roi,
en 1600, est encore le meilleur livre et le plus
complet qù on ait fait sur ce sujet, depuis qu'il a
paru(8). ,>
Indépendamment de ce mérite , qui sera tou-
jours réel, les amateurs de l'ancienne littérature
peuvent admirer la noble simplicité de son style,
son érudition. 1 élévation de ses pensées, et
cette douce philosophie , qui sépare l'homme
vertueux de l'agitation du monde , pour l'atta-
cher à la contemplation de la nature et à la
recherche de. ses vrais trésors.
C'est dans ce sens que le scvere Scaliger disait :
tadour et de Monréal ,' cpmmandans des catho-
liques à Villeneuve - de - Berg , résolurent de
l'assiéger en 1628, après U retraite de M. de
Rohan (i3).
Du Pradel , fils d'Olivier de Serres , en défendit
les approches avec trente hommes , et lûa ou
blessa quinze des assaillans ; mais Marsillac ayant
conduit au siège deux canons , eut emporté en
deux jours les guérites et les défenses. On allait
ordonner la sappe , lorsqu'au quatrième jo'ir le
château se rendit, et fut peu de tems après démoli
jusqu'aux fondemens. "Les arbres et les vergers
furent coupés, dit 1 historien , avec moins de dé-
penses et de labeur que l'auteur du Théâtre (.l'Agii-
culture n'en avait mis pour les élever. >>
S'il faut en croire les versificateurs qui ont cé-
lébré à la tête de cet ouvrage la belle ordon-
nance de cette maison de campagne , le Pradel
était un endroit délicieux ; ses fontaines étaient
aussi pures et aussi ht lies que celles de Fontaine-
bleau; des vergers plantés en- quinquonces , dss
vignes bien alignées , des jardins fertiles , des
parterres émaillés dt fleurs , des labyrinthes enfin,
réjouissaient le bon vieillard revenant de la cour
d Henri IV, dans le sein de sa Limille.
Lorsqu'on médite les préceptes de cef écrivain-
pratique , et qu'on considère sa longévité , ses
Agriculture d'Olivier de Serres estfort belle ; j descriptions ne paraissent pas trop exagérées , et
e est dédiée au roi, lequel trois ou quatre elles ne doivent éprouver d'autre déchet que celui
Olivier de Serres , fils de Jean de Serres , sieur
du Pradel, et de Louise Leyris , naquit en Vi-
varais Vers l'an iSjg (i).
Au chapitre I"„ liv. III de son Théâtre d'Agri-
culture , il appelle Villeneuve-de-Berg , sa pa-
trie. Au chapitre XXVI du livre VI, il donne
ce nom au botirg Sainl-Ajidéol.
Les probabilités se réunissent tellement en
faveur de Villeneuve-de-Berg , que l'on peut
assurer que s'il possédait (juelqua's biens au
bourg Saiut-Andéol , Villeneuve était le lieu de
sa naissance. 1° Sa maison était encadastrée dans
le compoix de cette ville, fait en iSyg; 2" il
cultivait le- hcf du Pradel , qui n'en est éloigné
que de demi-lieue ; 3° sa femme , Marguerite
d Arçons , en était originnire , et sa famille
existe encore ; 4* son fils , Daniel du Pradel , y
exerçait en 1611 la profession d'avocat.
u Ce vrai Columelle français , bien supérieur à
celur de la république romaine , dit l'abbé
Rozier ( 2 ) , traça d'une main savante les pré-
ceptes de l'agriculture , pendant les horreurs de
la plus désastreuse guerre civile ; c'est le seul
de nos écrivains agronomes , qui ait été véri-
tableft)ent praticien ; je dois cet hommage à mon
maître. "
Cet élan d'un disciple aussi distingué, les soins
que se donna en 178g , le premier agriculteur de
ion siècle, l'anglais Arthur Young, pour dé-
couvrir la patrie d'Ohvier de Serres, (3); la
joie que lui causa celte découverte , la génu-
flexion dont son enthousiasme salua la terre
classique du Pradel . la confiance d'Henri IV ,
1rs éditions multipliées dans toutes les langues ,
. de son Ouvrage , l'estime dont il jouit plus en
Europe qu'en France, plus en France que dans
sa patrie , le témoignage de deux siècles enfin,
me dispense d'ajouter un éloge à tant d'éloges.
Parmi les grandes améliorations dont son génie
bienfesant enrichit l'agriculture , on compte par-
ticulièrement la culture du meurier et l'éducation
des vers à soie.
Quelques français avaient rapporté de la con-
quête de Naples , " l'affection de pourvoir leurs
maisons de telles commodités ; ils se procurè-
rent du plant de meurier, qu'ils logèrent en
Provence et à Alan en Dauphiné (4)"; mais
il paraît que cette précieuse culture n'avait pas
l'ait les progrès que la France devait en attendre.
Olivier de Serres, à la voix d'Henri IV , éveilla
l'émulation de ses compatriotes, en publiant,
en iSgg , l'art de la cueillette de la soie.
Un an après (5) , invité par une lettre , tt que
le roi allant en Savoie lui envoya par le baron
de Colonces , il y apporta tant de diligence
qu'il fut conduit à Paris jusqu'à i5 ou 20 ;mille
de
mois duiant se la fesolt apporter apiès dîner ,
apiès qu'on la lui eut présentée. Il est Ion impa-
tient , et si, il lisoit une demi-heure (g) i>.
O'ivier de Serres prit cependant rjuelque pan
aux troubles qui agitèrent sa patrie , et cctie par-
ticularité de sa vie est la seule que les écrivains
du tems nous aient conservée. li était de la re-
ligion réformée. Lei protestans ayant été chassés'
de Villeneuve-dt-Berg , par Logieres ei Mirabe:,
vers la fin de i57«, se téfugicrent au Pradel et
de là à Mirabel. A l'aspect de la place rjuils
venaient de perdre, ils foimerent le projet de
la reprendre. Un serrurier de la ville en sug-
géra le moyen à Olivier de Séries , et lui offrit
de rompre, au jour donné, le treillis d un
égoût, par lequel les troupes pourraient péné-
trer dans la ville , de la mime sorte qu'on avait
fait à Nîmes, aux derniers troubles ( \o j.
Le plan rejeté par Baron , mais accueilli par
de Serres , fut fixé au commencement de mais
iSyS. En conséquence , les noupes protestantes
filèrent de Privas à Mirabel. Leur concours et les
relations des espions., donnèrent des soupçons
à Logieres. Le 1" mars il fit taire des rondes ,
garnir les remparts et illuminer pendant toute
la tiuit la ville oii il commandait. Les protestans
voyant du sommet du Criron luire sur Villeneuve
des leux allumés , se crurent trahis , et délibé-
rèrent loiig-tems eoJxe la fougue de du Pradel ,
qui voulait loui tenter , elle sang-fioid de.Baron
qui voulait renoncer à tout. Le tems rjui s.-; perdit
dans ces irrésolutions , fit croire à Logieres qu on
lui avait donné une cassnde , et comme te point du
jour approchait . ses soldats s'écoulèrent gà et là , et
il se retira en sa maison pour prendre du repos.
Les protestans profilant de son erreur et de
sa lassilude , s'avantcrent à travers les coteaux
et les vallons qui séparent Mirabel de Ville-
neuve-de-Berg , entrèrent à la file par l'égoût ,
dont le treillis avait été brisé , s'emparèrent des
portes de la ville. Tout y fut mis à feu et à sang ,
et les prêtres qui s'étaient assemblés /lOHr tenir leur
synode, furent jetés dans un puits. (11)
De Thou a copié ces détails dans les Mémoires i auteur conlernpo
de l'Etat de la France sous Charles IX , impri-
més à Midiebourg, et Daubigné , dans son
Histoire Universelle , dit notamment que du
Pradel étoit l'auteur ,du Tliéâtre d'Agriculture.
Oublions l'erreur qui lui fit porter sa vengeance
dans sa patrie , et retournons avec lui aux champs
du Pradel.
de la poésie sur la prose.
Il ne reste de ses labeurs que le canal de la
Petite eau Perenne , qu'il conduisit de la mon-
tagne du Coiron autour de sa maison (14) , dont
il arrosait ses jardins, etdontie superllu se rendait
dans les canaux de ses moulins, qui existent.
Deux vers Litins , gravés sur la porte d'une
chambre , échappés à la fureur des démolitions ,
sont le seul témoignage local du séjour d'O'ivief
de Serres dans la terre iiat.ile (]'j'i1 cultiva , qu'il
embellit, qu'il îmmotialisa. je les recueille avec
la vénération que l'on doit à sa mémoire.
Ruf , dùmui , undajluem , vindaila , zfjnjra, h'/va ,
Pradelli duminum , poicua , rura juvant.
Il mourut le 2 juillet 16 ig.
Olivier de Serres eut un frère puîné , bien
plus connu que lui dans les fastes de I histoite et
a littérature. Ce fut Jean de Scr'es , ministre
Cette maison de campagne appartenant aujour-
d'hui à M. Darlempde de Mirabel , par le mariage
de François de Serres avec Louise de Darlempde,
en 1624 , est située dans la plaine où se terminent
au midi les coteaux qui descendent graduelle-
ment de la montagne volcanique du Coiron , sur
laquelle Mirabel est assis. La petite rivière de
Claduegue la sépare du territoire de Villeneuve-
de-Berg.
. Celait jadis un château fortifié de hautes tours ,
i de murailles hors de l'échelle , de bonnes guérites
plants de meuriers , lesquels furent plantés dans 1 et d'un large fossé rempli d'eau
les jardins des Tuileries. En 1602, des. lettres- /-> 1 - ti., ;
les jardins des Tuileries. En 1602, des. lettres-
patentes ordonnèrent la fourniture de tels plants
dans les quatre généralités de Paris, Tours,
Orléans et Lyon, de façon qu'il ne faut pas
douter, que dans peu de tems , par la conti-
nuation de ces beaux commencemens , la France
ne se voie rédimée de la valeur de plus de quatre
(1) Pièces Fugitives de Daubais , tome II , page 334.
{i Lettre de Rozier à M, Laboissiere. Lyon , ij mai 178!^
^ 3 ) Voyage d* Arthur Young en France , tome II , page
(4) Tl.éàtre u'-lgriculturc , Ut. V, cbap. X'V-
(5) imem.
Comme le^froupes firbtestantés s'y renfermaient
et incommodaient la communication des Cévenes
à Privas , à cause de la proximité du grand che-
min qui passait alors à Mirabel. MM. de Ven-
(6) Théâtre d'Agriculture, lir. V , chap. XVI.
(7) Vers de Chalendar au Théâtre d'.Agriculture.
8} Encyclopédie , mot agriculture,
9) Scaligeriana , page 321.
(lo Mémoires de l'étal de France sous Charles IX, tome II,
page i35.
(il) Histoire des guerres du comtat Venaissin , par PerruUis.
(la) Manuscrit du Commentaire du Roldat dii Vivarais.
à Orange, auteur de ï Inventaire de l Histoire de
Irance. des Mémoires sur In iroiiieme Guerre Civile,dii
Recueil des Choses mémorables , appelé le Recueil
des Cinq Rois , de ta Vie de Coligni , et des Comment
taires de Statu Reipuhlicœ etKeligionis ; il futencoie
l'annotateur et l'éditeur du beau Platon , roonji
sous !e nom de Seranus , imprimé en li^S , pat
Henri Etienne, et dont les exempldires soni rares.
Historiographe du roi et courtisan dHenri IV , il
tut un des quatre n^uisttcs qu'il consulta quand
il embrassa ia religion catholique. Jean de Serres
appaisa ses scrupules , et proposa dans la suite
un plan de réunion des deux religions , trop long-r
tems divisées. Dupeiron "assure qu'il lui a vu tau*
l'abjuration (i 5). et Cay et attribue sa mort aupoisoo
qui l'en punit (i6). Il mourut en mai t5g8 , et fut
enterré le même jour que sa femme (17).
Leséditeurs de la généalogie d'Olivier de Serres ,
imprimée au deuxième volume des pièces lugi-
tives de Diubaïs, se trompent en lui donnant
pour fils Je.in de Serres. Le P. Leiong , dans la
Bibliothèque Historique de la Fiance (18), dit
que Jean était le frer? d O ivier , et cette asseriioa
prend une entière certitude dans les vers qu'un
Denis Lt-boy de Batiili ,
lieutenant de la jusiice à Mi^tz , a mis à la tête du.
Théâtre d'Agiiculiui:&.
Pendant que ton puîné sur le premier modèle
Des choses du passé où son vol le portoit ,
De l'état des François l'histoire retraçoit ,'etc.
Jean de Serres est célébré dans tous les diction-
naires et dans toutes les biographies , Olivier y;,
est entièrement oublié. Il faut qu« le hasard offre
au lecteur quelques passages disséminés dans divers
ouvrages , pour en composer quelques traits de la
vie d'un homme bien au-dessus dt; son siècle ,
et qui a fixé la fortune des siècles à venir. Etiange
prévention , toujoiiis condamnée et toujours re-
naissante , qui accorde tout à la célébrité , de
quelque manière qu'elle vienne , et si peu de
chose à l'utilité , son seul et véritable piincipc.
S'il eût dévasté son pays par des conquêtes, dit l'abbé
llozier , son num serait consigné dans nos annales; .
il a fait le bien et on n'en parle plus (ig).
Espérons plus que jamais que la France n'aban-
donnera plus les soins de la reconnaissance na-
tionale aux anglais , qui ont naturalisé Olivier de
Serres parmi eux , et qu'un monument éiigé dans
(iS) Histoire de Montmorenci , par Ducros, page 2o3.
(14 Thé.itre d'Agriculture, liv. VII , ehap. premier.
(15) Perroniana. ,.
(16) Cronol. Novenaire , tom. III ,pag. 54?.
(17) Sponde. Histoire de Genève.
(18) Tom. II.
(ig) Lettre à M. Laboissiere.
123
sa patrie le rendra à la"vcnéfa(lon de ses conci-
toyens , richeî de sts bienfaits , sans en connaître
le dispensateur.
VACCINE.
Le pubtit adendait avec impatience le rapport
du comité médical Bominc pour suivre les pro-
- grès de limportante découverte de la vaccine.
Voici ce rapport en date du 28 vendémiaire an 9.
>» Depuis le 3 thermidor , le comité n'a point
entretenu le public de ses opérations. Ce long
espace de tems n'a point été perdu. Le comité
croit l'avoir employé utilement.
>» Les premiers essais , comme on le sait ,
avaient été laits avec de la matière de la vaccine
envoyée de Londres. Mais soit à raison de la
longue durée du transport, soit par l'inexpérience
du comité, encore peu éclaié sur ce genre d ino-
culation , cette matière , après quelques succès
obtenus, s était perdue enlin entre ses mains.
L'arrivée du docteur Woodwille , médecin de
l'hôpital d'inoculation de Londres , mit bientôt
le comité en état de reprendre la suite de ses ex-
périences.
j> Ce célèbre inoculateur , retenu à Boulogne-
Sur-Mer, par les for:i>;iliiés nécessaires pour I ob-
tention de son passeport, avait iLOCulé quelques
enfans dans cette commune. Cette occasion pro-
cura au comité le moyen d avoir , en vingt-quatre
heures , de la malieie de l.i vaccine , aussi lécenic
qu'il fût possible de l'obtenir. De nouveaux en-
fans furent inoculés en piésence du docteur
■Woodwille , et d'autres l'ont été depuis succes-
sivement.
)> Ces inoculations , pratiquées avec la matière
de Boulo^ane , ont généralement oiferi une marche
plus tégulicre, un caractère mieux prononcé que
celles qui avaient eu lieu précédemment , et le
comité regarde ses esiais , depuis cette époque ,
comme méritant une plus grande confiance. Chez
tous les sujets , comme sur les premiers , la ma-
ladie a éié des plus bcuiiines ; aucun accident ne
s'est nianilcSié. En ce moment , le nombre des
inoculations du comité s'eleve à plus de cent
cinqu.uite.
51 Le comité s'est également occupé du soin de
soumettre à l'inccubiion oe la petiic-vérole plu-
sieurs des sujets (juil avait inoc;.lés précédem-
ment de la vaccine , et qu'il regardait comme
en ayant été plus ou moins réellement atteints.
55 Quatre de ces enfans furent inoculés d'abord,
le 3 tiuciidor, trois mois après l'insertion de la
vaccine ; quatre l'oiu été , dans une seconde
épreuve , vers le i5 ; et sept autres ensuite , le
3o du même mois , deux mois environ après
leur première inoculation; enfin, le II vendé-
miaire , quatre autres enfans font été après le
même intervalle.
15 Des quatre premiers enfans , trois n'ont
éprouvé absolument aucun effet de leur inocu-
i lation. Les quatre de la s' épreuve n'en ont
ressenti aussi aucune suite. Il en a été de même
«les sept enfans inoculés en troisième lieu. Sur
cinq autres, savoir sur les quatre derniers inoculés,
et sur l'un des quatre premiers , on a remarqué
quelques effets aux piqûres; c'est-à-dire, que
que'ques unes se sont enflammées, et qu'il s'y
est formé un travail local , qui a été suivi de
suppuraiion. Sur un seul de ces cinq enfans
\le nommé Bloideau , l'un des sujets inoculés
avant l'arrivée du docteur 'Woodville ) ce travail
local aéié accompagné d un mouvement fébrile;
les autres n en ont point éprouvé, et sur aucun
il ne s'est manifesté le moindre indice d'étup-
lion générale.
15 Pour s'assurer de la nature de Ihumeur qui
s'est produite dans cette iiiflamatioti des piqûres ,
le comité a eu soin d'en prendre sur un de ces
sujets , et de remployer pour inoculer deux
eofans qui n'eussent point eu la petite vérole. L
eti est résulté sur ces derniers une infection va-
ïioleuse telle qu'on 1 observe dans linocula-
tion ordinaire, avec fièvre manifeste et éruption
générale. On tepeie en ce moment , la même
épreuve pour les quatre autres enfans , dont les
piqâics ont offert quelque travail . et elle sera
a renouvellée par le comité toutes les fois qu il
y aura la nrême apparence.
11 Tels sont les faits que le comité a observés
depuis le dernier compte qu'il a rendu au public.
Il est bien éloigné de les regarder comme suffi-
sans pour donner lieu à dei résultats décisifs,
/ Il sent trop 1 importance de la question soumise
à son examen , pour n'y pas apporter toute la
' maturité, toute la circonspection qu'elle exige ,
et «on projet est rncore de continuer ses expé-
lienccs; mais de fortes inductions sortent natu-
rellement des laits qu il a recueillis , et il ne
croit point manquer au caractère dont il est
tevêtu , en se peimetlant de les indiquer ici.
11 i". La vaccine lui paraît être une affection
particulière , disiincie de tous les autres genres
d'érupiion* connus , et différente sur-tout de la
petite vérole ordinaire.
'5 S». La vaccine lui paraît en même tems une
affection des plus bénit^nes. et qu mérite à peine
le nom de maladie. Sur t5o sujets inoculés, il
n'est survenu aucun accident.
"3"'. Cette affection ne lui paraît point être con-
tagieuse par lair, par l'attouchement , etc. Des
enlans réunis pendant un long espace de temS ,
ont été inoculés successivement; et dans aucun
elle ne s'est manifestée avant leur inoculation.
_ " 4 • Cette maladie ne donne lieu à aucune
éruption générale. Il n'a jamais paru de boutons ,
dans les essais ,, qu'aux seules incisions ou pi-
qûres faites pour l'inoculation , et il n'en est ja-
mais survenu qu'un à chaque piqûre.
î'S". L'inoculation de la vaccine est également
praticable et exempte d'accidcns. quel que soit
l'âge du sujet que l'on y soumette. Des enfans ont
été inoculés au sein même de leur nourrice ;
d autres à l'âge de un , deux , trois aris , et jusiju'à
quinze; des personnes de quarante , et même de
cinquante ans, l'ont été également et toujours
avçc le rcême avantage. ' ' '
55 6°. Enfin, le comité pense qu'un effet préser-
vatif s'est lait remarquer dans les réinoculation^
qui ont eu lieu avec la petite véioie. Les dix-neuf
sujets qui y ont été soumis , ont été inoculés avec
du pus frais , pris chaque fois sur un enfant
varioleux présent. Le comité, pour rendre son
épreuve plus certaine , avait , sur plusieurs de
ces individus, fait usage des piqûres très-pro-
fondes , c'est-à-(lire , de celles qui , suivant les
inoculateurs , occasionnent nécessairement d'a-
bondantes éruptions de boutons. Oii avoiimême
porté 1 attention jusqu'à introduire à plusieurs
reprises une grande quantité de pus variolique
dans ces piqûres. Cependant, des , 19 sujets,
aucun n'a eu le moindre indice d'étupiion géné-
rale; sur 14 , les piqûres se sont effacées piomp-
tement sans aucune apparence de travail. Sur les
cinq autres , rinûammaiion peut n'être regardée
que comme l'effet de l'irritation locale , produite
par la lésion de la peau. Cette inflammatioil a
commencé dès le jour même de l'insenion ; la
marche en a été beaucoup plus rapide et moins
léguliere que celle de l'inoculation ordinaire. On
connaît d ailleurs des exemples d'un pareil travail
sur des personnes qui , ayant eu la petite vérole ,
se sont fait ensuite fortement inoculer., Enfin ,
si un effet quelconque de préservation ne s'était
pas opéré par l'inoculation de la vaccine , dans
les sujets qui y ont été soumis , comment la
madère vatioleuse portée dans leurs piqûres
pour I inoculation de la petite vérole , n'y aurait-
elle excité ( et encore sur quelques sujets seule-
ment) qu'une affection locale et partielle , tandis
que , reprise dans ce foyer , pour être trans-
raise.à des enfans non vaccinés, èll-e a occasionné
à ces derniers tous les signes ordinaires de l'in-
fection géneiale ?
)5 Ces premiers apperçus , que , sans rien dé-
cider encore , le cornue croit pouvoir présenter à
la méditation des savans , s'accordent entièrement
avec les tésul'als obtenus à Genève, par le doc-
teur Odier, et dont il vient de rendre compte
dans un rapport, publié par les soins du préfet de
ce département. Sur six cents enfans inoculés de
la vaccine , la bénigniié de la maladie , sa marche
régulière, son caractère non contagieux, l'ab-
sence de toute maladie conséctitive se sont cons-
tamment manifestés. Une circonstance très-remar-
quable a donné lieu en même tems d'éprouver
son action pjéservative. Une épidémie de petite
véiole très-meurtriere s'étant déclarée à Genève ,
oià plus de 1 5o enfans en ont été les victimes, où 76
encore ont péri dans le mois dernier, on a observé
rjue les enfans vaccinés sont testés , sans en être
atteints, au milieu de la contagion générale , à
l'exception de septàhuit seulement , qui en avaient
pris le germe avant leur inoculation, et chez les-
riuels la peiiie vérole s'est manifestée au quatrième
ou cinquième jour de l'inoculation de la vaccine ,
qui par cet accident est devenue inutile si.
Au nom du comité ,
Thouret, directeur de f école de médecine.
P. S. 51 Le comité , pour conserver le caractère
d'impartialité qui convient à ses fonctions, avait
arrêté , dès les premiers raomens de sa forma-
tion , qu'aucun de ses membres n'émettrait d'opi-
nion particulière avant la rédaction du compte
qu'il se propose de rendre au public. Fidèle à
cet engagement , le comité désavoue tout ce
qui a été ou pourrait être publié sans son attache,
par quelqu'un des commissaires, pour ou contre la
nouvelle inoculation dontil s'occupe. 55
La lettre suivante nous semble trouvernatvtrelle-
ment sa place après ce rapport.
Paris , 89 vertdemiairt an g.
Le 20 vendémiaire j'ai inoculé de la vaccine le
second enfant du citoyen Desgranges , demeu-
rant à Paris, rue de Chabanais , n" 13. Son pre-
mier enfant , inoculé dix jours auparavant , m'a
fourni la matière nécessaire à cette inoculation.
Madame Desgranges ne sachant pas si elle avait
eu la petite^vérole , et TouUut se débarrasser de
toute crainte à cet égard , lorsque je l'eus q-.iittée
et à l'insu de son mnri , trempa la pointe d'un
canif dans la matière 'jui coulait encore sur le-
bras de son enfant , et se fit une petite pn-
taille à la peau. Ce n'a été que six jours après ,
et lorsque la vésicule a été dévelopée , que son
mari et moi avons été instruits de la chose.
Son inoculation a parfaitement réussi , et si elle
n'a point acquis la preuve qu'elle n'avaiijamais eu
la petite vérole , au moins !*esl-elle mise à l'abri
de cette maladie en ayant le courage de s'ino-
culer elle-même. J'ai cru devoir, avec son aveu,
publier ce fait que l'on peut vérifier.
Je vous aurai obligation d'insérer ma lettre
dans un de vos prochaine numéros.
Salut et parfaite considération.
F. Colon,
J). médecin , membre du comité médical
de la vaccine.
M
ETEOROLÔGIE.
La perturbation que la nouvelle lune du 26 de
ce mois devait opérer sur l'influence de la décli-
naison australe de cette planettc , n'a pas été aussi
forte que je le craignais ( voyez-en l'annonce dflns
l'annuaire météorologique , pag. 75.) NJanmoins
l'influence de ce point lunaire s'est l'an ressentir
d'une manière assez distincte. En effet , elle a
opéré dans le baromètre un abaissement d'en-
viron 3 millimètres ( une ligne et demie ) . du sS
au 26 à midi, et d'un millimètre, de plus, du midi
au soir de ce même jour. Enfin , le clej, pendant
la journée du 26 et celle du 27 fut enliéremcnî
couvert, et même offrit pendant ces deux jours
un tems ttès-sombre, quoique ie vînt. ait soufflé
du nord et ensuite du nord-est.
Aujourd hui 28 , le ciel est clair ; le vent souffle
faiblement de lest, et tout l'ait piésumer que
cette constitution ausiialc sera concordante avec
le principe établi sur rinflucnce des déclinaisons
de la lune. Il paraît même qu'on n'aura pas à
craindre pendant b plus grande partie de sa
duiée, les vents tempétueux que j ai indiqués pro-
bables pendant la déclinaison précédente , et qui
ne se sont que trop réalisés dans la Manche , selot»
ce que j'en ai oui dite.
Lamarck.
THEATRE DU VAUDEVILLE.
Depuis le sS de ce mois , une pièce nouvelle
jouit à ce théâtre , d'une sorte de privilège assei
rare que la faveur publique lui accorde , celui
d'être donnée tous les jours. C'est un nouveau
portrait à ajouter à la nombreuse collection que
le Vaudeville possède . et ce portrait est celui
d'un homme qui en savait faire , celui du célè-
bre David Terùtïi. Olei-moi ces magots ., disait ea
parlant des ouvrages de ce peintre, le chef d'une
cour brillante , oià l'on voulait que tout objet
imité fût embelli , soumis à, un choix judicieux
et sévère , et que le goût imposât des bornes
même à la vérité. Malgré cet arrêt , Teniers ,
mieux apprécié de nos jours , Teniers , dont les
productions originales ou multipliées par la gra-
vure , enrichissent nos musées et ornent nos salons ,
artiste original , gai convive , et franc buveur ,
était un personnage que le Vaudeville semblait
attendre pour le placer au milieu d'une noce
flamande , comme Piron avec ses amis , comme
Vadé parmi les dames de la Halle.
Le fond de l'ouvrage est le même que celui
de Rembrant , représenté avec beaucoup de
succès aux Troubadours , avec cette différence ,
qu'un accès de gaîié inspire à feniers l'idée bouf-
fonne , que l'avarice seule suggère à Rembrant ,
celle de se faire passer pour mort , afin de donner
plus de prix à ses ouvrages.
Teniers s'est caché dans une campagne voisine
d'Anvers , pendant que sa -vente après décès assure
sa fortune, et que l'archiducLéopold qu'il connaît
fort bien , mais qui ne le connaît pas , met un prix
très-élevé à ses ouvrages. On se doute bien que
Teniers a pris pour hôte un cabaretier : pour lui.
donner de la vogue , il s'est amusé a lui peindre"
une enseigne dont le titre est Au Grand Léopold.
Ce titre amené la foule ; une noce airive , Teniers
qui n'en a jamais manqué une de sa vie , est bientôt
prié , et fait des frais de gaîté pour tout le
monde.
Survient ràrchiduc égaré de sa chasse , cher-
chant un moment de solitude et les plaisirs de
Vincognito. Teniers et l'archiduc se trouvent bien-
tôt en présence, l'artiste sous le nom de Do-
minique , le prince sous le titre d'un simple
officier. Dans cette scène le peintre apprend
combien l'archiduc l'estime , combien il a donné
de regrets à sa mort. L'archiduc apprend lie
Son coté combien il est chéri du peuple. L'en-
tretien se porte sur Teniers qui profitant de
Vincognito , avoué que Teniers est mort désespéré
' de n'avoir pas obtenu de l'archiduc la moindre
preuve d'estime ; le retour de la noce interrompt
I cet entretien; Tenieis ne veut pas quitter le
I village sans y marquer son séjour par un bien-
fait i il veut doter, U fille de ton hôte et la
marier à l'amant t^u'clle prtfere; mais celui-ci a
«n vival , peisoiiiiuse ridicule , barbouilleur
l'enseignes , qui jctic beaucoup de gaîié sur quel-
ques scènes, Une dispuie s'élève , bieniôt elle
devient une rixe, les champions se gourmcnt ,
des gfluppes .grotesques se forment autour d'eux ,•
Tcniers saisi:l ses crayons et dessine Lav-
(.liidiic le surprend : il admire la hardiesse de la
touche , la A'érité-, lé naturel du trait Dans'
son enthousiasme » le! peintre s'écrie : .i4A, Teniers
qui'l viaiiiiiH '..... 11 cs't reconniJ ; 1 archiduc l'ap-
jielle à Anvers , et le nomme diiiecteUr de l'aca-
démie. . i.
Cet ouvrage est uW d'es plus agréables qu'on
ait depuis long-tems donnés au Vaudeville. La
scène (jui offre un tableau d'après Teniers, est
l,icureiise , quoiqu'elle ail cessé d'être originale.
Nous ne savons si dans l'Intrigue épistolairi, l'idée
du peintre Fougères dessinant ses taux manne-
quins , appartient à Fabre dEglantine ou àDu-
gazon ; n^jis cette idée est ici très-bien adap-
tée. Utie l'oule d'autres très-ingénieuses sontnaïu-
rellement placées ; des tableaux, charmans y sont
rnis sous un jour propice et dans un cadre fa-
vorable. Le rôle de Teniers est animé par une
gaîié franche , celtii de l'archiduc a beaucoup
noblesse ; ce rôle est dans l'ouvrage un bon
contraste , et nullement une disparate. Le dia-
logue est gai , les couplets ne visent point à l'es-
prit , et n'en décèlent que davantage. L'ouvrage
est l'un des mieux joués à ce théâtre.
Les auteurs sont lesciloyensjoseph Pain, auteur
des Connaisseurs , et Bouilly , cherchant alter-
nativement des succès sur nos divers théâtres ,
les obtenant et les méritant par-tout. S....
Observations sur Us écoles centrales ; par A. J. Del-
lard , professeur de physique et chimie, à celle
de Seine et Oise.
A Paris , chez Charles Pougens , quai Voltaire ,
h". 10 , an 9 — i8oo.
L'auteur de cette brochure s'est proposé de
ïechercher jusqu'à quel point sont tondes les
reproches qu'on a faits à l'institution des écoles
centrales, d'examiner s'il convient d'y laire des
charigemens , ou de les remplacer par un autre
mode d'instruction publique.
Il commence par indiquer le but dans lequel
elles furent établies-, ti Disséminer , dit-il , sur le
)) sol de la république le nombre de berceaux
)) qu'il fallait , afin de recueillir , sans exception ,
?) les oénies que la nature produit dans tous les
>i lieux pour la gloire et l'avancement des sciences
i> et des arts ; ouvrir des sources d'instruction
1) commodes pour tous les citoyens aspirant à
>» remplir un jour les fonctions de société que
Il demandent des hommes éclairés. Telle est , à
II mon avis , la double fin que le législateur s,
Il dû se proposer lorsqu'il a créé les écoles cen-
11 traies, n
Se demandant ensuite si ces établissemens ont
tous les moyens qui leur sont nécessaires poiar
atteindre leur objet , il ne peut se dissimuler qu'il
leur en manque plusieurs.
Il faudrait d'abord qu'un asyle public , établi
auprès de chaque école , pût recevoir en pension
des élevés qui , dispersés dans la grande popu-
lation des villes , y sont exposés à tous les genres
de corruption.
Il observe que , nées dans un tems de factions ,
les écoles centrales ont dû participer aux haines
des partis; la malveillance a exagéré des reproches
faits à quelques-uns des instituteurs choisis pour
les remplir : et il est juste d'ajouter que l'incon-
vénient de quelques nominations détectueuses ,
serait rûoins un vice inhérent à l'institution , qu'ufi
mal passager que le lems et la surveillance
pourront réparer.
Les écoles , suivant le citoyen Dellard, devraient
s'ouvrir aux élevés plutôt que ne l'a fixé la loi du
3 brumaire. Les événemens ont précipité le déve-
loppement des facultés de la jeunesse. Il faut de
l'aliment à une activité précoce; et il est bon que
l'instruction publique enlevé de bonne heure les
adolescens à tous les dangers des institutions
particulières. Il serait sur-tout à désirer que les di-
vers cours dont se compose linstruction fussent
ordonnés de maniereà se seconder mutuellement.
Le choix et la suite de ces études ne doivent
point être abandonnés au caprice , à l'insouciance.
124
à la légèreté d'un âge avide de nouveautés. Cette
sorte de surveillance s'étendrait jusiju'aux maîtres,
introduirait dans les cours du même genre une
uniformlié qui leur manque, et empêcherait qu'au
objets dont le législateur a voulu qu'on entretînt
lt'5 élevés , on substituât des leçons auxquelles il
r>'a jamais pensé.
Dans celle vue , et pour parvenir à une disiri-
b.ution méthodique des différentes branches d't-
tiides . l'auteur parcourt successivement celles qui
s'enseignent aux écoles centrales.
Il remarque , relativement au dessin , que les
leçons de ce genre doivent beaucoup inoins avoir
pour objet de former des ariiites, que d habi-
tuer les jeunes gens à voir la nature, de les
familiariser avpc ses formes , et de leur donner
quelque facilité à les tracer. Peul-êire même ne
réduii-il pas assez ce qu il convient d'en montrer
à tous. Les arts ont leur utilité , sans doute ,
leur digniié même; mais leur emploi a ses bornes;
et si quelque nsBgede leurs procédés inlre avan-
tageusement dans l'éducation de toutes les classes
de la société , il se ait puéril , et dangereux
peut-être, de vouloir que chaque citoyen en lîi
une connaissance approfondie.
L'étude des langues a fait long-tems l'objei
principal de l'instruciion publique. Le citoyen
Dellard convient Hé son imporiance , mais il vou-
drait qu'on la fil précéder par celle de la gram-
maire générale. Il cite à ce sujet ce passage si
na'if et si vrai du citoyen Lamy , qui dit , en
parlant de la manière dont on montrait le latin
dans les collèges : " Il me semble qu'on me mel-
11 tait la tête dans un sac et qu'on me fesait
11 marcher à coups de fouet, toutes les fois que,
!» ne voyant pas., j'allais de travers: je n- com-
II prenais rien à toutes ces règles qu'on me
11 forçait d'apprendre par cœur.
L'auteur pense que les principes de la gram-
maire générale sont beaucoup plus à la portée de
l'enfance , que les règles positives des lan;iucs
convenues , qui n'exercent que sa mémoire sans
parlrr à sa raison. La première de ces études
faciliterait la seconde qui lui partît , au reste , si
essentielle, qu il veut qu'on montre dans les écoles
centrales le grec aussi bien que le latin.
Il croit que les professeurs d histoire naturelle ,
au lieu d'entretenir leurs jeunes élevés des cla>si-
ficaiions etde toull attirail de subdivisions quelles
entraînent , devraient leur f-ire voir les objets
dans ce qu'ils ont de plus séduisant et de plus
propre à amuser I imagination. Il développe avec
beaucoup de sens cette idée très -juste, quil
appuie de l'opinion du célèbre Jussieu.
Nous ne le suivrons pas dans la distinction
qu'iT établit entre létude de la grammaire, celle
des belles - lettres et l'exercice des ans qui en
dépendent. Un passage de cette discussion nous
a paru remarquable, n II s'en faut, à mon avis,
11 que tout ce qu'on prétend appartenir à la ihéo-
11 rie de la pensée , soit principe ou véiiié. .....
11 On réduirait à un assez petit volume ce que
11 Loke cl Condillac ont établi de clair et de
11 précis sur ce chapitre des sciences humaines ;
11 et quoitjue persorrne ne rende un hommage
Il plus sincère que le mien à la sagacité de nos
11 métaphysiciens actuels . je doute que leurs dé-
II couvertes pussent se grossir beaucoup. 11
Ses réflexions sur Ihistoire som courtes et ju-
dicieuses ; il veut qu'on en fasse précéder l'élude
par des notions de géographie et de chronologie.
Des lectures faites par les élevés , sous les yeux
d'un maître instruit , qui leur en faciliterait l'in-
telligence el leur apprendrait à juger les hommes
et les événemens, remp iraieni, selon lui , tout
l'objet qu'on peut se proposer dans celle partie de
l'enseignement public.
En désirant que les écoles centrales soient les
pépinières de l'école polytechnique , le citoyen
Dellard voudrait cependant , avec raison . qu'on
mît quelque soin à enseigner aux jeunes gens les
pratiques usuelles de certaines parties des mathé-
matiques. Ce genre de connaissances devenu .
dans nos sociétés complexes , si nécessaire , ne
peut être rendu trop familier. Il ne suffit pas d'en
inspirer le goût , il faut en pousser l'usage jus-
qu à la roudne.
• La' physiquie et la chimie ont fait de nos jours
une alliance qui a reculé les bornes de leur do-
maine. Rien désormais ne peut les désunir. Le
citoyen Dellard trace, en homme versé dans ces
matières, la ligne que doit suivre kpo ressent
qui doit guider les élevés dans le vaste et Curieiiîê
labyrinte de la nature. Nous partageons les vœux,
qu'il fait pour que les livres élémentaires , tels que
celui dont l'estimable Parci. uï avait conçu le
projet, offrent aux insiiiuteurs an lil propre', à
assurer leur marche. 'i
On a peii'é rju'ilserait co-^vennole lie réunit
à la classe d'histoire natitrelie ceiie île ph'^'siqiie ,
et <le remplaotr celiie-ci par un' cours, de iiraiJié-
ruatiques appliquéesv L'auteur! combat i,c jMOjej
par des motifs pui.ssaris: il léclaiiie sni-iout avec
un rntérêt touchant les Itçoii.s d'hisloirfc natutella
pour l'erilance. à qui elle ol'rie un tout auue
charme que la lecture de la syiiiaxe et des diction-
naires.
En convenant q^ii'il eût fallu préciser plus clai-
rement qu'en ne la laii ce iiu on devait cnscignei'
dans un cours de législ.iiion . le citoyen Dcilai'd
n'en croit pas moins qu'il l.iui conserver cette
branche d'inslruciion aux écoles centrales : ellô
auraii pour objet de dénionirer les principes
généraux des lois sociales , civiles et pénales.
D'upiés la manière dont il conçoit celle émde ,
il voudrait qu'on lui donnât le nom de philoso-
phie morale ei législji'-ion.
Il ne suffisait pas d'assigner à chaque scicnc»
les limiiés d.inb lesquelle.i on doit en rcnléunet
l'enseignement, il (allait indiquer l'ordre dans
lequel il convient do faire paicourir à la jeunesse
celte longue carrière. Le citoyen- Dellard la
partage en trois sections , dont l'étude emr
ploieia huit années. Il fait entrer dans la pre-
mière, les langues, le dessin ei l'histoire naiurellet
La seconde embrass-.; les belles - lettres , l'his-
toire , lidéologie , l.r grammaire générale et l'art
oratoire : les mathématiriues , un cours ( proba?
bicmerii plus s.-ivani que le premier ) , d'histoire
naïuielle , la physique , la. chimie , la philosophie
inorale et la législation composeraient la troisième..
Il faut voir dans l'ouviage même la disnibutioii
du tems des élevés, el le paiiage (jue leur lait
l'auteur, des soins des professeurs.
Des réflexions supplémentaires suivent cet
détails ; le ciioyen Dellard y ictuic l'opinion de
quelques pcisonnes qui , pour epaigner au gou-
vernement le soin de répandre l'iiisiruciion , le
prieraient volontiers d'en ariêler les progrès. L'au-
torité publique doit, selon lui, faciliter aux ad-
ministrés I acquisition de cjuelqries connaissances
élémentaires . telles que la leciure et le calcul ,
sans lesquelles un ciioyen , libre de irora , est
de fait presque aussi dépendant tle ce qui l'entouré
que l'est u;i aveugle de rho:f:.-iie (jui le conduit.
Il fonde sur ce principe l'utiliié des éc-les pri'
maires. Insistant, en conséquence, sur leur con-
servation, il prouve avec autant d'éloquence que de
vériiable philcosnphie , qu'on pourrait sans in-
convéniens confier ceit; paiiie de l'cnscigneineru
aux ministres du culte. '
Le cil. Dellard , en terminani son ouvrage, se
félicite de ce que dans une circulaire du minis-
tie de l'intérieur : 41 Les inslituteurs patiioiesqui,
11 pendant les trois ou quatre premières année»
M de leuis fonctions , ont mieux aimé servir la
II république malgré sa détresse cjue de trafiquer
Il de leu.-s lalens avec de riches particuliers
II reçoivent cet honorable témoignage que,
11 sans leur zèle et leur dévoûmcnt , l'amour de
II l'étude , le désir de la science eussent pu
Il dispaïaître totalement du cœur de la jeunesse, n
Nous avons analysé avec quelque étendue
l'ouvrage dû citoyen Dellard , parce que nous
l'avons lu avc-C beaucoup d'iriiérêi. Il est rempli
d'idées saines généralt-menl présentées avec clarié
et élégance. On voit que l'auteur îirW/iui inverbu
addictus jurare mngiuri , n énonce que les opi-
nions dont il est convaincu ; au lieu de se ren-
fermer dans le sliici exercice de ses fonctions,
il a porté ses regards sur le domaine entier de
l'instruction publirjue , et montre qu'aucune de
ses branches ne, lui est étrangère. Il écrit ea
homme de lettres.; il pense en philosophe et
en vrai citoyen. P. V. B.
COUKS DU CHANGE.
Bourse du i" brumaire.
Rente provisoire 23 fr. i3 c.
Tiers consolidé 36 fr. 38 e.
Bons deux tiers " fr. 69 c.
Bons d'arréragé SC fr. 40 c.
Bons pour l'an 8 . 9'i fr-
Coupures 79 ^^■
L'aboiroemcat «e fait a Paris, rue des Poitevins , n" 18. Le prix est de 25 franci pour trois jnois , 5o fraocs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
t'abonne qu -*u cbmmeucewcnt de cliaqne mbis.
Ilfaul adresaerles Icurcset l'argent , franc de port ,àncit^AcASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poirevins, n« 18. Il faut comprendre dans les envoi» le por
tys où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départeinens non affranchies , ne seroucpoint retirées de la poste.
1 1 r... .......>;-.• .»;« T,n.it ilns a^ «rirt^rr. . He charrer 'celles nui renff^rtni>nt af.« v:]lf.iir« ^r adr^ii.<i(.T rnitt ce auiconceme la rédaction de la feuille. a« rédacteur, ri
Ls non anrancnies , ne seroutpoint retirées de la pouic.
_ .__ _ „ ; qui renfermentdes valeurs, et adresser tout ce quitonceme la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue dç»
Poitevins m° 1 3, depuis neuf heures du malin jusqu'à tii -j heures du soir.
il faut avoir soin, poui ^lus de sûreté, de ch
A Paris, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
J
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIEEUR UNIVERSEL.
N" 33.
Tridi , 3 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nom sommes autorisés à prévenir nos sousccpteurs qu'à dater du 7 N:v'à=c le M O NI T E u n est le seul journal ojficcl
Il.SOiUient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et 1
l'iiirérieur que sur l'extérieur, i-ournis par les correspondances ministériell
Un artjcle sera particulièrement consacré aux sciences aux
es notions rant sur
arts et aux découvertes nouvelles.
EX T E R I E U R.
, AN GLETERRE.
Londres , 16 oc'tobre (' «24 vendémiaire. }
'OaMEDI dernier des ordres sont partis, des
bureaux du duc de Pordand, pour les comman-
dans des difFéreris corps de volonlaires , tant de
l'Intérieur de la capitale que dans les environs. Il
leur était enjoint de se rendre à leurs postes ,
^parce qu'on appréhendait le retour des troubles
qui avaient déjà éclaté. Il est fâcheux que le gou-
Vi-rnement soit autorisé à avoir de pareilles in-
quiétudes , dans un tems sur-tout où le parlement
ya se rassembler pour s'occuper des moyens de
souUger les maux présens.
On assure que les meuniers ont arrêté entre
-eux de ne pas augmenter le prix de la farine ,
quelle que soit l'augmentation que subisse celui du
bled.
La peste continue toujours à Cadix. Le nombre
des morts qui ont pa?sé par puerta de tierra
(la porte de jerre ) , depuis le 24 août jusqu'au
17 scpiembre , est de 6.100; celui des morts en-
terrés auparavant dans les différentes églises de
Ja ville, était de 1,000 environ ; veis le l3 du
même mois , on portait à 3oo le nombre de ceux
qui mouraient dans un jour; le 17 on n'en comp-
tait plus que 200.
La cherté excessive des denrées de toute espèce,
t donné Heu dans presque toutes les villes et
paroisses à des assemblées où l'on a discuté
Tes causes de ce fléau, et les moyens d y remédier.
L'opinion de la ville de Worcesier est pour un
.-maximum sur le prix du bled, qui probable-
ment ne tarderait pas à s'éieodre aux autres
denrées de premltre nécessité. On doit s'attendre
à une grande dlversiié de jugemens sur une
mesure aussi arbitraire ; mais nous pensons que
ce serait le moyen le plus sûr de soulager le
consommateur. On sait que ce n'est pas la cherté
d'un article qui le rend plus abondant. Les dis-
tillateurs Ont laii preuve de patriotisme , en fer-
mant leurs distilleries , dès I instant que le gou-
vernement les eut avertis qu'en continuant leurs
travaux , ils causaient un préjudice considérable
au public dans un moment où le grain était si
jare et si cher. Mais il y a eu partage d'opi-
nions sur ce point , et plusieuis maisons ont
résolu de commuer leurs opérations, jusqu'à ce
qu il y eât une loi précise à ce sujet.
Un ordre du conseil a été envoyé au contrôleur
des douanes , pour qu'il eût à préparer un tableau
circonstancié de toutes les denrées importées dans
la Grande-Bretagne depuis douze mois. La loi
pour empêcher l'exportation du tiz a expiré
hier. Mais le gouvernement a donné ordre aux
commissaires des douanes de ne faire aucun en-
registrement pour le riz à exporter , jusqu'à ce
que le parlement ait pu s occuper de cet objet ,
Cl adopter les mesures qu'iljugera nécessaires.
( Extrait du True-Briton et du Times. )
I
R.
N T E R I E U
Paris , le 2 brumaire.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQ^UE.
Le préfet du département du Bas-Rhin , au premier
consul. — Strasbourg, s brumaire an 8.
Le plénipotentiaire autrichien est arrivé à Stras-
bourg hier à 3 heures après-midi.
Pour copie , Signé , Chappe.
ralSoramariva et le corps d'autrichiens qui étaient
en Toscane . se sont retirés à /.ncône.
Toutes les marchandises anglaises qui se trou-
vaient en Toscane et spécialement à Livourne ,
ont été- eorifisquées au profit de la république.
Le désarmement de tous ces brigands ne nous
a occasionné aucune perte. Nos troupes ont
observé la plus grande discipline.
Dupont , lieutenant-général , au général en chej
Brime. — Au quartier - général -de Florence , te
23 vendémiaire , an q de la république française.
Je m'empresse de vous rendre compte, citoyen
général , que je viens d'entrer à Florence. L'armée
des insurgés toscans, forte d'environ vingt cinq
raille hommes , d'après l'aveu même des autri-
chiens , se trouve dissoute. Il ne me reste plus
qu'à en poursuivre les corps épars , qui se sont
réfugiés de plusieurs côtés dans les gorges de
I Appcnnin , et à châiier les brigands d'Àrezzo. Ils
sotit les plus audacieux, et ils sont les mêmes
qui C3nt osé insulter l'armée de Naples dans la
dernière campagne. C'est dans cette ville que
s'est opéré le fameux miracle de la Sainie-'Vierge
donnant le signal de l'insurrection par un coup
de fusil que M. 'Windham , l'un des premiers
artisans de ce ridicule miracle , lui a fait tirer sur
les français. Ces prestiges n'auraient pas suffi pour-
arnaer celte multitude de paysans , et on y a
joint la force.
Le quartier-général des insurgés , commandés
par le général Spanocchi , éiaità Barberino , d'où
ils ont éié chassés hier. Comme ils étaient menacés
sur trois points, ils ont été obligés tie se diviser,
et dans la crainte d être enveloppés , ils ont aban-
donné les ouvrages on ils commenç.iient à placer
de l'artillerie, etles positions lesplus avantageuses.
Le général Sommariva m'a prévenu de son départ
de Florence , par U lettre dont je joins ici copie.
Il se retire sur Ancône.
Le général Monnier se portera demain sur
Arezzo . avec la brigade du général Saint-Cyr. Le
général Pino marchera sur Piaio et Pisloja , et Je
général Malher , sur Liv'ourne. J'ignore si le gére-
rai Clément est entré dans cette place.J'espère que,
par ces dispositions, le désarmement sera promp-
tement effectué dans toute la Toscane.
La régence a établi , à son départ , un gouver-
nement provisoire. Le général Sonimaiiva a vidé
les caisses.
Signé , Dupont.
Pour copie conforme ,
Le général en chef. Signé , Brune.
Dupont , lieutenant-général commandant en Toscane.
— Au quartier-général de Florence , le 23 vendé-
miaire an 9 de la république française.
Arrête :
Art. I". Tous les fonctionnaires publics qui
sont actuellement en fonctions les continueront
provisoirement jusqu'à ce qu'il en soit auirement
ordonné.
II. Tous les individus qui sont détenus pour
cause d'opinions politiques seront mis sur le
champ en liberté et le séquestre mis sur leurs
b;ens sera levé. Les fonctionnaires publics que
cet ordre concerne , sont responsables de son
exécution.
fran
Le général Brune, par la dépêche du 27 ven-
démiaire instruit le ' gouvernement qu'en consé-
quence de larticle II des préliminaires et de
la convention particulière de Casiiglione , il a
sommé le général commandant en Toscane
pour le grand-duc , de désarmer la levée en niasse :
«(n'ayant refusé de le faire , le licuu-nani-général
Dupont est entré, le 23 . à Florence, et le gé-
tjI de bugadc Clément à Livourne, le 24. Toute
la Toscane est occupée par l'armée française.
Plus de vingt-cinq mille liomtncs de levée en
masse ont cié dispersés , désarmés et renvoyés
chez eux. Les troupes françaises n'ont eu besoin
your les vaincre que de leur icpuialion. Le gcné-
III. Les impositions actuelles seront maintenues
jusqu'à no ivel ordre.
IV. Le magistrale supremo est chargé de faire
publier , afficher et exécuter le présent arrêté qui
sera imprimé dans les deux langues.
Dupont.
Clément , général de brigade, commandant les troupes
françaises dans la république de Lucques et dans
la ville de Livourne , au peuple toscan. — Au
quartier-général de Livourne , le 24 vendémiaire
an 9 de la république française , une et indivisible.
En conformité des ordres qui m'ont été donnés,
je me rends à Livourne avec la colonne que je
commande.
Ne connaissant que les lois de l'honneur , de la I
justice, le respect dû aux personnes, aux pro-
priétés , au culte , usages, opinions politiques et
religieuses, je viens, inierprêie de ces senii-
meiis , en ami , et en général jalouj! du bon
oidrc, et de la discipline.
L harmonie qui règne entre les troupes fra'rr-,
.çaises et celles de sa majesté impériale, sei^
conservée; je sévirai avec force conire qui vou-
drait la dissoudre , ou y meure obstacle.
Peiaple loscan , soyez paisibPe dans vos foyers •
que 1 arrivée des français ne vous inspire aucune
cramie; que k^s personnes qui à notre apnroche
auraient appréhendé , ou se seraient éloignées
reviennent; je leur promets sur mon honneur
secours et protection.
La ville de Livourne jouira du repos et de la
tranquillité , j'en suis ceitain d'avance; l'ordre
I union et la discipline que je maintiendrai
parmi les troupes que je commande, me font
espérer que ses habiians n'ayant aucun sujet d'e
plainte a porter , verront avec plaisir les français
dans leur sein. ' ,
Les troupes de ligne de la Toscane resteront
sous la protecuon des troupes de sa majesté l'em-
pereur. ■"
Les réfugiés rentrés à la suite de la colonne
inçaise qui se permettront la moindre voie de
tau ou insulte quelconque , envers qui que ce soit,
seront sur-le-champ ariêiés , traduits au tribunal
miitaire, et punis comme perturbateurs du repos
public. ^
ClÉiwent.
Rapport du lieutenant-général Dupont , au général
en chef Brune. — Quartier-général de Florence ,' 2 5
vendémiaire an 9.
Aussi-tôt que le major autrichien envoyé à Mi-
lan a été de retour à Florence , le général Som-
mariva a mis tout en usage pour exciter une in-
surrecuon générale ; il a fait marcher en avant
tous ses légionnaires . et fait sonner le tocsin à
tlorence et dans les campagnes. 'Voilà le gage
des promesses qui nous ont été faites , et qui
ii'avaient évidemment pour objet que de canner
du tems. A défaut de fusils , on distribua'it°des
piques dans les villages. Il y en avait un dépôt
a Barbenuo , que je fais conduire à Bologne.
La moindre hésitation dans ma marche aurait
amené de graves inconvéniens. La présence des
lrança:s en Toscane avait paru nécessaire à plu-
sieurs partisans mêmes du grind-duc, qui semait
que l'armée française devait à sa sûreié et à son
honneur les mesures que vous avez ordonnées.
J ai trouvé ici cette opinion fort accréditée. Les
levées extraordinaires irispiraient d'ailleurs une
crainte très-vive pour l'intérieur de la Toscane,
et leur solde était un poids énorme que cet état
ne pouvait supporter.
J'ai observé les plus grands égards envers les
troupes autrichiennes : celles qui s'étaient trouvées
dans le poste loscan qui a rendu ses armes et
celles qui avaient été laissées à Florence , partent
aujourdhui pour Ancône. Il ne s'est rien pa-sé
qui puisse porter la plus légère alteinie à l'armis-
nce, et tous les officiers ont reconnu à ces pro-
cédés que l'occupation de la Toscane était une
mesure particulière qui ne devait point altérer la
bonne harmonie qui règne entre les deux armées.
La ville de Florence est calme. Ma proclamation
a rassuré sur-le-champ les esprits.
Je vous adresse un exemplaire d'un arrêté que
j'ai été obhgé de prendre à mon arrivée , pour em-
pêcher que l'administration publique ne tombât
en dissolunon : il a été sollicité par le gouverne-
ment provisoire que la régence de Florence a ins-
titué en parlant. Les membres de ce gouverne-
ment demandent à se démettre, aitendu qu ils
occupaient déjà d'autres emplois auxquels ils don-
nent la préférence. Je n'ai pas consenti à les rem-
placer et j'attends votre décision a cet égard.
J'ai ordonné la mise en liberté des personnes
qui sont détenue» ])our cause d opinion. Le Gou-
vernement provisoire , quoique partisju déclaré
de l'Autriche , a jugé lui-même celte mesure
nécessaire. Les rigueurs exercées parla réj^cnce
se sont étendues à plus de 20 inillc familles Tellei
ont élé une véritable tyrannie , et nous ont donné
des amis. Si nous devons occuper quelque tems
la Toscane , il me paraît nécessaire de confier Icï
différentes branches de l'administration à ries
hommes qui soient moins dévoués à nos enne-;
rais. .La iraiiquilliié publique et le service des
troupes l'exigL-nt.
Signé^ DuppNT.
Pour copie conforme ,
Signé , U général en chef. Brune.
126
— Le a brumaire , a une- heure, du matin ^ Ae
comte de Cobentzel est parti de Strasbourg , pour
se rendre à Lunéville , où il a dô arriver à de»'
beures après-midi. Le plénipotentiaire frança.s est
parti aujourd hui de Paris pour se rendre à Lu-
néville.
— Le citoyen Devoize, commissaire-général des
relations commerciales et chargé d'affaires de la
.léjjubtique à Tunis, à qui le gouvernement avait
adressé des instructions pour négocier un accom-
inoderaent avec le bey , a conclu , le 9 fructidor
dernier , un armisdce dont la teneur suit :
Armistice conclu entre son excellence Ha-
monda , pacha , bey de Tunis , et le'cit.TSevoize,
chargé d'affaires et commissaire général des rela-
tions commerciales de la république française,
muni dts pleinspouvoirs du premier consul pour
traiter de la paix avec cette régence . voulant fa-
ciliter les négociations qui vont s'ouvrir , con-
viennent : .
Art. 1". A commencer du 9 fructidor, toutes
les hostiliiés seront suspendues entre les deux
nations.
IL Le bey donnera immédiatement aux com*
mandans de ses corsaires et à ceux armés par sts
sujets, des ordres de respecter le pavillon fran-
çais ; et s'ils venaient à s'emparer de bâlimens en-
f nemis de la régence , sur lesquels se trouveraient
des marchandises dont la propriété française se-
rait constatée par les manifestes et polices de
chargement , elles seront rendues sur-le-champ à
«Jui el'es appartiendront.
Le citoyen Devoize s'engage , de son côlé , de
l'aire défendre par le gouvernement de la ré-
publique à tous commandans de ses armemens ,
et notamment de ceux de la Corse , de courir
sur le paTillon tunisien ; et quant aux marchan-
dises trouvées à bord des bàtimens ennemis de
la république chargés par des sujets du bey . il
sera usé de réciprocité comme dessus.
IIL Tout bâiiment pris de paît et d'autre ,
après le 9 fructidor, sera rendu avec ses équi-
pages et sa cargaison.
IV. En attendant la paix définitive , 1^ bâlimens
de Tunis seront reçus dans les ports de France ,
comme ceux de la république seront admis
dans les ports de la régence.
■V. Dans le cas de rupture du présent armistice
il est convenu qu'il sera réciproquement donné
iavis de la reprise des hostilités deux mois avant
qu'elles recornmcncent.
A Tunis , le 9 fructidor an 8 de la république
française , ou le 9 de la lune du Rebiel aher ,
de l'hégire mille deux cent quinze.
S-i^nés , Hamonda Pacha et Devoize,
Le citoyen Devoize a en même tems obtenu
la mise en liberté de tous les français qui étaient
détenus dans les états du bey. i85 d'entre eux ,
pour la plupart marins, ont été embarqués sur
Un navire ragusain , et sont arrivés à Toulon.
Ce commissaire a remis au bey sa nouvelle
lettre de créance , et ce prince s'est empressé
d'adresser au premier consul une réponse dans
laquelle il lui marque que " pour se conformer
n à ses désirs , il vient de mettre fin à la froi-
5) deur qui était survenue entre eux , qu'il l'a
5) anéantie entièrement, et l'a changée en une
»î amitié sincère et indicible. "
Le bey a donné pendant le cours de cette né-
gociation préliminaire des preuves non équi
roques de son ancien attachement pour la na-
tion française ,et de son désir sincère de conclure
une paix définitive et solide avec la' république.
— Par.ufl arrêté du 25- vendemiai
de la Gironde a fait stJrseoir à la
palais Gallien , monument antique , jusqu'à ce
que le gouvernement "err ait concilié la conserva-
tion avec l'intérêt des acquéreurs.
— Ua comédien auquel tout le monde s'accor-
dait à reconnaître un_ talent très -distingué ,
Lecouvreur , est mort dernièrement à Bordeaux ,
regretté du public , dont il était très-aimé , et de
ses camarades, qui le regardaient comme un père.
Ils ontious assisté à son enterrement, et , ce qu'il
y a de particulièrement remarquable , c'est que
son éloge a été prononcé par Mole , aujouid hui
le plus ancien , et sans contredit le premier des
comédiens français , qui en ce:moment se trouve
à Bordeaux , et y a joi;è le rôle de Pormont dans
la nouvelle pièce du citoyen Collin d'Harieville ,
les Mœurs (itt joiir. Talma , et M"' 'Vanhove , sont
aussi à Bordeaux en ce moment , et les feuilles
publiques de cette ville sont remplies des éloges
qu'on leur adresse, parliculiéiémeni à Ta'lma ,
(ians le.<! rôles de Vendôme , de Pharan et de
Mjcbeth.
— On écrit de Genève , en date du 34 vendé-
miaire : Notre commune vient de perdre le ci-
toyen Samuel Constant . auteur du Mari senti-
mental, de Camille, ou Lettres de deux filles de ce
siècle , des Lettres de Laure , de plusieurs comé-
dies , et de quelques ouvrages de morale. Il s était
allié , par son premier mariage , à une famille de-
puis long-teras distinguée dans les sciei>ces, et
dont la gloire littéraire s'accroît chaque jour par
les travaux de deux de ses membres , lis citoyens
Pictet, rédacteurs de la Bibliothèque britannigue.
Samuel Constant est mon à 71 ans , estimé de
ses concitoyens , regretté de ses amis , et laissant
après lui la réputation méritée d'avoir réuni à un
éminent degré les vertus sociales , l'élévation de
lame et l'étendue de l'esprit. Il était l'oncle du
citoyen Benjamin Constant , membre du tri-
bunal.
— Les projets de colonnes nationales et dé-
partementales, sont exposés publiquement, d'hier,
dans la salle des séances de l'institut.
— Presque tous les journaux des dèpartemens
annoncent que , cette année , la récolte des vins
sera peu considérable , mais d'une qualité su-
périeure.
— Il est naturel que le grand succès d'un ou-
vrage nouveau reporte les idées vers ceux qui ont
antérieurement paru sur le même sujet. Les Géor-
giques françaises ont fait de nouveau rechercher
le poëme des Jardins , les Saisons de Saint-Lam-
,1 bert, les Mois de Roucher. Cette occasion était I
, favorable pour annoncer au public une iroi- I
sieme édition du poëme de l'Agriculture par
Rosset . précédée de son excellent discours sur |
la poésie géorgique- Plusieurs littérateurs ont paru |
ne considérer ce poème sur l'agriculture que )
comme un traité en vers. Le sévère et judicieux
Clément s'en était formé une plus haute idée ,
et plus d'une fois , dans S'*s observations sur les
premières Gèorgiques de Delille , il opposa des
morceaux de Rosset à quelques passages du tra-
ducteur de Virgile. Palissot lui rend hommage
en ce sens , qu'il le considère comme ayant
ouvert dans notre langue une carrière nouvelle
à la muse didactique. Cet ouvrage se trouve chez
Deroy , libraire ,' rue Hautefeuille ; l'édition
qu'il annonce , est ornée d'une belle gravure.
taire, lepréfet, GlyngetRutt^er, no.ljJî^B'onîd-^^reV ,^st^u^
démolition du setji|s chargés par l'invemetix délia commissn
— Un officier du génie , nommé Bouk , a pré-
senté à l'académie royale de Copenhague une
machine à copier , de son invention , par laquelle
on peut copier à-la-fois plusieurs exemplaires
d'un manuscrit et dans difiérens formats.
— On a fait à Brunswick un excellent café de
plantes indigènes , qui ne coûte que le quart du
café des Indes. La manière de le fabriquer est
encore un secret que le fabricant n'a pas dévoilé.
( Journal du Commerce. )
— On prépare en Allemagne un ouvrage qui fera
époque. M. Sonnenleilhner va faire paraître , à
l'aide des célèbres Adam Serger , Haydn et Sa-
lieri , une Histoire de la musique en monumens en
5o volumes in-folio, de 5o feuilles chacun. Cet
ouvrage coiitera 450 florins ( isoo fr. ) M. Son-
nenleithner voyage à présent pour recueillir les
matériaux nécessaires : le nombre des souscrip-
teurs est déjà assez considérable pour que , l'an-
née prochaine , on puisse commencer le premier
volume. Il contiendra les plus anciens chants de
l'égUse , ceux des troubadours , etc. etc.
— Une lettre de Cadix , en date du 3 octobre ,
mentionnée dans une autre lettre écrite de Bor-
deaux le 26 vendémiaire , annonce que l'èpidé-
mie , connue sous le nom de vomito prieto ( vo-
missement noirâtre), diminue sensiblement, et
q^ue les eraiates soDt entiérenient c&ssées.
Nous trouvons les paragraphes suiyans dans le
journal de la littérature étrangère. ■
— M. le comte de Mussin-Puschkin vient d'in-
venter une nouvelle méthode de forger la pla-
tine , supérieure aux anciens procédés. Il en a fait
faire des essais assez satisfcsans , en présence des
commissaires de l'académie de Pétersbonrg , et
s'offre de communiquer son secret pour i5o livres
de platine.
— M. Calissen , professeur à Copenhague , a
lu , dans une séance de la société royale de mé-
decine , un mémoire , dans lequel il cherche à
prouver que l'usage extérieur de l'eau bouillante ,
produit dans les inflammations intérieures un ef-
fet beaucoup plus prompt , plus efficace , et peut-
être aussi sûr que les vésicatoires.
— Aussitôt que l'invention du télégraphe fut
connue , on en adopta l'usage en Suède , pour
indiquer l'état du passage de Stockholm en Fin-
lande , à travers leS îles. On vient d'en construire
un nouveau à l'entrée de Marstrand , qui sera d'un
grand avantage pour la pêche et le commerce.
— Le docteur J. Barton, à Londres , a inventé
une méthode démêler l'air vital avec le vin, en
assez grande quantité pour en faire un remède
très-efficace dans toutes espèces de fièvres, d af-
fections nerveuses et de grossesse. Il a obtenu
une patente pour le débit de ce remède , qu il ap-
pelle vin vital ( vital wine) et le vend en bouteilles
ordinaires , à raison dé 5 schellings 9 deniers cha-
cune. Le pr. spectus, qui explique les effets de ce
nouveau remède , se distribue gratis chez MM.
13 sont
fiar linve&teur deUa ^om'mlssron du
débit des bouteilles.
— L. Désormeaux , à Londres , a inventé une
poudre d'encre, qu'il apptWe poudre d encre chimi-
que du Japon ■,[ch.em\cz\ british Jâp-àh ink and ifik,
powder ). Une petite dose de ççde poudre i, mê-
lée avec de l'eau, donne une pipte de la meil-
leure encre noire. Un petit paquet, contenant
la quantité suffisante pour une bouteille , coûte un
schelling , ou en bouteilles déjà préparées , S sous
chaque. S'adresser entr autres à Joseph Barfoot ,
High-Street, Norton-Falgale.
4GTES DU tGOUVERNEHENJ.
Rapport du ministre de la police générale , aux
consuls. — Paris , le i" bUitmaire .'an 9.
Citoyens consuls, - ., , '■■,,:■,
L'œil vigilant de la police vous avertissait, il,y
a quelques mois, qu'une poignée de misérables
tramait quelqu'atientat. Ils étaient poussés par les
I ennemis de la France. Bientôt après les papiers
du comité anglais , mis sous vos yeux . vous don-
nèrent la preuve de ces trames criminelles.
Les agens de ce comité ont été arrêtés et mis
en fuite.
Le gouvernement n'a pas jusqu'ici fait juger
l'afFaire du comité anglais. Ce délai a été com-
mandé par l'intérêt de l'état.
Un nouvel attentat s'est ourdi. On a pensé
qu en frappant le premier consul ,;on frappait de
mort la république, ou du moins qu'on la re»
plongeait dans le chjos.
Seulement ici on ne retrouve plus la tête qui
a dirigé le bras des assassins. Elle s'est cachée
dans le nuage. La police a saisi de vrais coupa-
bles ; il avouent leur crime ; mais' ce ne sont
que des agcns obscurs qui s'agitaient sous la
poussière.
Comment croire que ce fait ne se rattache pas
à une cause plus puissante , lorsqu'on réfléchit
que dans le même tems son horrible succès a
été calculé dans certaines contrées de l'Eu.'ope ?
Cependant je me garderai d aucunes accusations
indéfinies et illimitées ; quand on n'aime que la
vérité, quand on veut ne lépandre que la lumière,
on doitaccuser avec précision, et seulement lors-
que les preuves convainquent.
Jusqu'à ce moment les seuls individus arrêtés
sont, Ceracchi , Deraerville , et Aréna. Les deux
premiers ont révélé tout ce complot ; ils accusent
Aréna d'en être auprès d eux le fauteur et le chef.
Je vous propose de faire traduire au tribunal
criminel de la Seine , Aréna, Ceracchi et Demer^
ville , et d'y renvoyer tous les interrogatoires avec
toutes les pièces de conviction.
Tout a des bornes. Les affections géiiéreuse,»
ont les leurs aussi ; au-delà de ce sentiment des
grandes âmes , est la faiblesse et l'imprévoyance ,
comme au-delà de la nature . est le chaos.
Le ministre de la police générale. Signé , Foochç.
Renvoyé au ministre de la justice pour pourr
suivre l'exécution des lois de la république , à
l'égard des individus dèkiommés dans le rapport
du ministre de la police générale , et de leur»
fauteurs et complices.
Ce s brumaire an 9 de la république fran-
çaise.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélatre-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Le 2 brumaire an 9.
Le ministre de la guerre est informé que dans
le nombre des commissaires des guerres main-
tenus en activité , et dont la destination a été
changée par le travail fait en exécution de
l'arrêté du 3 fructidor dernier, il en est plu-
sieurs qui , au lieu de s'empresser de se rendit
à leur poste , comme ils auraient dû le faire ,
perdent du tems à solliciter d'autres résidetices
que celles qui leur ont été données.
Comme ce défaut de zèle , de la part des
commissaires qui différent de se conformer aux
ordres qu'ils ont reçus , est préjudiciable au
service et contraire aux lois et à la discipline
militaire , le ministre prévient les commissaires
en activité dans l'intérieur , que ceux d'entre
eux qui ne seront pas rendus à leur destina-
tion , le l5 du présent mois de brumaire . seront
censés avoir refusé de servir, et qu'il sera nommé
de suite à leuj emploi.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le ministre de la police générale , en exécution
des arncles VI. VU et IX , du titre III , de l'ar-
rêté des consuls du 28 veridemiaire dernier.
relatif aijx prévenus dëmigraiion , a nommé
pour opérer les élirainaiions prescrites par les
dispositions du titre i"^' du rnême arrêié , les
citoyens Deperrey , Devilliers-du-Terrage , Du-
cho^al . Maurice , Turgan l'aîné', Turgan jeune,
Viard , Fallet et Lejay. -
Oes citoyens se sont rendus au ministère de la
police générale , iramédiaicmenl après la nod-
fication de leur nomination , pour se concerter
avec le secrétaire^i^néral sur le mode d'exécution
de l'arrêté du ï8 vendémiaire. Ils présenteront
incessamment au ministre le résultat de leur
travail.
T
RI B UN A T.
Présidence de Crassous.
SÉANCE DU 2 BRUMAIRE.
Après la lecture du procès-verbal , le tribunal
entend celle d'une pétition de plusieurs citoyens,
par laquelle ils demandent que tous les rera-
PDursemens faits en assignats , soient déclarés
nuls. Le tribunat passe à l'ordre du jour.
Le président de l'institut national écrft au tri-
bunal, pour lui demander quel jour , il désire
entendre le compte des travaux de cette société
pendant l'an 8.
Plusieurs membres : le t6.
. JV' Il est nécessaire avant de fixer le jour
auquel la députation de l'institut sera admise,
de déterminer d'abord la forme, d'après laquelle
la communication qu'elle à à vous faire, sera reçue.
La commission des inspecteurs ayant plusieurs
îapports à faire du comité secret, le tribunat
arrête qu'il traitera en même lems la question qui
vient dêire élevée, relativement à ses communi-
cations constitutionnelles avec l'institut.
L'ordre du jour appelle un second scrutin sur
la question de savoir s'il y a lieu à admettre la
dénonciation faite par le citoyen Borel.
• Il y a 80 votans , 5? membres rejettent la dé-
nonciation, 23 l'admettent ; en conséquence , le
tribunal passe à l'ordre du jour.
On procède ensuite au renouvellement du
bureau. Siméon est élu président. Les secrétaires
sont : Guinard , Caillemer , Garry et Mongès.
Le tribunat se forme en comité secret.
^ -Il y n'y a pas encore vingt ans que le goût
â la mode était dans la littérature, comme dans !
le monde , de vouloir traiter et réunir toutes les '
connaissances dans deux ou trois petits 'volumes '
qui n'exigeaient qu'une semaine de lectures. î
Oii s'imaginait pouvoir apprendre les sciences,!
l'histoire, la philosophie à l'aide de ces Encv'
. clopédies de poche , qui s'étaient multipliées soijs '
tous les titres, et dans tous les formais. On croyait!
que parce que l'entreprise de 1 Encyclopédie avait
contribué aux progrès des ^eItres et des études '
solides, ces esquisses élémentaires , ces abrégés!
en quelques feuilles , pouvaient la suppléer et !
instruire suffisamment dans la connaissance des !
arts , des sciences physiques etïnorales ; ils n'ont
répandu que des erreurs et de faux apperçus,
semblables à ces innombrables traités de poli-
tique, que l'esprit de parti ou l'ignorance ont
enfantés, et qui n'ont servi qu'à égarer le juge- ^
ment des lecteurs, et entraîner des désordres
«dans les familles ou dans la société. G est à cette
manie de vouloir tout savoir , ou un peu de
tout , qu'est due cette médiocrité de talent qui
caractérisent tant d'ouvrages élémentaires qui ont
paru depuis quelques années.
Un médecin fait un traité de législation oij il
offre gravement pour modèle à "un empire de
3o,ooo lieues quarrées, les formes de gouverne-
metit d'une république grecque ou de sauvages che-
Tokées ; un juri^consulte disserte sur U géogra-
Îihie-physique, et dans l'impuissance de juger par
ui-même des faits dont il parle, entasse erreurs
iur erreurs, et donne à un lecteur iriattentif ou
peu instruit , comme découvertes nouvelles ou
vérités reconnues , des inexactitudes , des chi-
njeres vingt fois réfutées et désavouées de ceux
qui connaissent la science pour l'avoir étudiée.
Cette prétention à l'universalité des connaissances
nuit aux progrès de chacune d elles en particu-
lier , et ne donne que de médiocres sujets dans
l'exercice des fonctions qui supposent des éludes
approfondies. Il en est des sciences comme des
arts niaiiulacluriers ; c'est à la division du travail
qu'elles doivent leur perfection.
Celle vériié semble prendre faveur depuis qucl-
<jue itms. Lamélior..tion politique semble avoir
influé sur les travaux de» gens de lettres. Un
grand nombic parait s'attacher à bien savoir
plutôt qii a Sivoir beaucoup ; on veut êire mile
a son payj , coiicouiir à son bonheur , et on ne
le petit comme savant ou écrivain , qù'rn possé-
<lant à lond une coHuaijsance -(luelconquc.
127
, C'est à cette manière de voir que nous devons
les traités particuliers qui paraissent, de lems à
autre , sur diverses parties de l'économie poli-
tique , des arts utiles ou des sciences exactes. Ce
ne |sont point des compilations rédigées sur
d autres compilations , mais des recueils de faits
instructifs, d'observations, de résultats obtenus
a l'aide du calcul , de l'expérience ou des voyages.
La géographie du territoire semble , en parti-
culier, avoir fixé l'attention de plusieurs hommes
instruits , depuis que le ministre de l'inléiieur a
engagé les savans de toutes les classes à l'éclairer
sur cette importante partie des connaissances a4-
ministratives.
Parmi les ouvrages peu nombreux qui peu-
^^"' '"^y'iplir ce but , outre ceux que nous avons
déjà fait connaître dans ce journal , nous cite-
rons encore avec éloge l'Annuaire du déportement
du Bas -Rhin ^ par le citoyen Boitin , ancien se-
crétaire de l'administration centrale , et aujour-
d'hui sous-préfet dans le même département , et
la Topographie rurale de ta partie méridionale 'des
depariemens de la Manche et du Calvados , connue
j sous le nom de Bocage, parle cit. -Roussel (i).
I Le premier de ces écrits est une excellente
I et corpplette statistique du département du
Bas-Rhin, un des plus fertiles et des plus inté-
1 ressans de la France. Etendue territoriale , po-
pulation , culture , prix des terres , productions ,
industrie , avec détail de chaque espèce en par-
i ticnlier , nombre de bestiaux , mines, travaux et
I exploitation des mines , commerce , navigation
j intérieure , tout ce qui peut instruire et éclairer
I sur chacun de cesobjeis, le citoyen Bottin l'a
[ traité d'une manière simple et positive. Il nous
' semble qu'on ne peut pas écrire avec tant de
. connaissance sur des objets de cette nature , sans
avoir des qualités essentielles d'administrateur.
L'ouvrage du citoyen Roussel a un mérite du
I même genre , exactitude , détails , faits positifs
; dont l'auteur s'est assuré pair l'observation sur
1 les lieux mêmes.
Le Bocage est un joli petit pays de la Nor-
I mandie , situé aux confins des départ«mçns de
' l'Orne à l'est , de la Mayenne et de lllle et Vi-
laine au midi , de la mer au couchant, de la
I Manche et du Calvados dont il fait partie , au
nord. On y trouve les villes de Vire , de Condé-
sur-Noireau, de Tinchebray , de Mortain , de
j Granville, de Coutances , de Saini-Lô ec autres
communes jolies , mais moins importantes. Il
contient environ 5oo,ooo âmes sur une étendue
quadrangulaire d'environ doiiie lieties en un
sens, et seize dans l'autre.
Les hommes de l'espèce robuste et blanche y
vivent jusques dans un âge très- avancé ; les fem-
mes y ont une belle carnation , le maintien aisé ,
la phisionomie spirituelle; elles sont inlelligen-
tes , attachées à leur famille ; elles ont en général
la douceur et la facilité de caractère des belles
femmes. En elles . celte dernière qualité n'ex-
clud nullement l'eSprit ; ce qui ne laisse pas d être*
assez remarquable.
Le terrein du Bocage contient diverses subs-
tances min'érales; des granits, beaucoup de mi-
nes de fer; on le travaille à Xinchebray et aux
environs en ouvrages de clouterie , de taillan-
derie , de grosse serrurerie. A Ger on fond du
verre , on fabrique de la poterie , des tuiles ,
des briques; plus de cent moulins à papier sont
en pleine activité dans la vallée de Spurdeval ; les
villes de Mortain ei d'Avranches occupent les
jeunes filles à faire de la dentelle ; Vire tient une
fabrique de draperie , qui vivifie la ville et les
environs ; à 'Ville-Dieu , l'on fait des poêles , des
alembics , des casseroles , et toutes sortes d'us-
tensiles en cuivte et en étain ; l'on y fond des
canons , des obusiers ; l'on y fabrique des mon-
tures de sabres, des boucles. Il y a de bonnes
tanneries à Condé-sur-Noirtau et à Saint-Lô. A
Gavrai , l'on fait des t^mis de crin et l'on blanchit
les toiles. Coutances et les environs de Canisi
fournissent des siamoises et des coutils de bonne
qualité.
Le» travaux de la culture, dont nous aurions
dû parler avant ceux de l'industrie , sont pénibles
dans ce pays. Il y faut trois mois pour y défricher
la terre, pleine de joncs , de tiihimales, de fou-
gères , de geneis , avant de recevoir la semence
du sarrazin. Cette graine dotine dpuze pour un ;
mais les frais de culture absorbent le bénéfice.
La seconde année on semé du seigle sur la terre
qui a produit le sarrazin , et la troisième du fro-
ment. Ces dernières semences donnent en produit
quatre, quatre et demi pour un. Les jachères ont
lieu dans le Bocage. Ce sont de véritables fri-
ches qui , pendant trois ans qu'elles durent ,
couvrent la terre de joncs , de fougères , de
g'.nets , qui rendent ensuite le labour très-pé-
nible.
Les prairies ne donnent qu'une coupe par
année; elle se fait vers la fin de messidor; la
terre dit Bocage est froide et lente à produire.
Les cultivateurs entendus sèment du trèfle et de
la vesce dans les bonnes terres , au lieu de les
laisser dans une jachère absolue. Les fruits sont
pour te Bocage la partie la plus importante ; le
poiré et le cidre Sont un objet de commerce
utile ; Saini-Malo et Granville en tirent beaucoup
en tems de paix ; on y l'ait aussi de l'huile de
faine , de chenevi , de lin ; le miel y est roux
et d'une bonne qualité ; les hollandais viennent
en cherchera Saint-Malo , où des marchands le
vendent:; on en fait un excellent hydromel qui
devient vineux par la fermentation ; la cire va au
Mans, où elle est blanchie et convertie en bougie.
On ne lait point de fromages dans ce pays ; inais
d'excellent beurre.
Le citoyen Roussel entre dans des détails
fort iniéressans sur la réparation, l'entretien et
la confection des routes, des communicaiions
par eau et par terre dans le Bocage ; ce qu'il
en dit mérite toute l'aliention des auioriiés pu-
bliques des départemens dont le Bocage fait
parue. On ne saurait trop recommander aux
adminisirations locales , et aux préfets des dé-
partemens, de semblables, ouvtages ; ils 'ne
peuvent qiie leur donner des lumières sur -une
multitude de faiis qui leur éch:.ppent , et les
mettre par-là à même de seconder les vues blen-
fesantes du ministre et du gouvernement.
Peuchet.
Voyage en Grèce de Scrofani , sicilien , fait en
1794 et 1795 ;tradu,t de l'italien parj. C. Blanvil-
lain;avec une car'e générale de laGrece ancien^ne
et m(>derne , et dix tableaux du commerce des
îles dites vénitiennes . de la Morée et de la Romélie
j méridionale , 3 vol. in-S".
A Paris et Strasbourg , chez Treuttel et Wurlz ,
libraires , quai de VolTaire , n" 2.
Une foule d'excellens écrivains nous ont déjà
fait voyager dans la Grèce an'ique et moderne ,
et toujours on lésa suivis avec un nouveau plai-
sir , quoique tout parût avoir été dit et vu avant
eux. Anacharsis , Anténor . P5 ihagore , etc. ont
été lus avec la même avidité , après Choiseul ,
Leroy , Stuard , etc. et nous avons cru voir pour
la première fois les objets qu'ils nous ont préseniés.
Voici un nouveau guide à qui les âmes sensibles
au sentiment du beau et du grand , vont devoir
de nouvelles jouissances- M. Sctofani , sicilien ,
a voyagé dans toutes les parties de laGrece avec ■
des commissions du sénat de Venise , qui voulait
connaître l'état du commerce et de l'a^iriculture
du Levant. Ce voyage dura cinq années , et M.
Scrofarii vit tout en homme déjà familiarisé
avec l'antiquité et avec lout ce qui iniére.ise les
art» : il rendait compte de ses découvertes et de
ses sensations aux amis éclairés et nombreux de
l'un et l'autre sexe qu'il avait dans les différentes
parties de l'Italie , ei le recueil de ces lettres
publié dans ce p-ays , eut le plus grand succès.
Le citoyen Blanvillain, avantageusement connu
par d'autres tracluctions , vient 'aujourd hui d'eu
enrichir notre littérature.
La Sicile, si riche en d'autres genres, a pTe.u
de voyageurs : nous n'en connaissons pas avapt
M. Scrofani , qui aient visité la Grèce , et ce-
pendant les siciliens semblent , plus que les
atitres peuples , devoir en apprécier les beautés :
nés dans un climat plus analogue à celui de ce
beau pays : élevés au milieu des reste, imposans
de ces monumens antiques: doués d'une , ima-
gination vive et brûlante , ils auraient dû précé-
der tous les peuples dans ces courses sa-
vantes.
M. Scrofani vient d'acquitter cette dette natio-
nale , et il le fait d'une manière à nous dédom-
mager du silence de ses compatriotes. Ses lettres
sont aussi intéressantes qu'instructives ; il peint
l'état actuel de la Grèce; il décrit tout ce qui
reste des monumens de son ancienne splendeur ;
il n'omet rien de ce qui peut instruire et piquer
la curiosité ; quand on a lu ses lettres, on recon-
naîtra la Grèce ancienne et moderne , comme si
on y avait voyagé soi-même.
M. Scrofani montre dans cet ouvrage Une éru-
dition profonde , mais embellie par une sensi-
bilité exquise ; tout est chez lui image et senti-
ment. C'est le Sterne de 1 Italie , travaillant sur
un fond plus riche; cet ouvrage sera du pait
nombre de ceux que le savant consulte, que les
femmes admettent dans leur bibliot'heque choi-
sie, que le père lit à ses enfans et l'instituteur
à ses disciples , pour exciter en eux l'enthoii7'
siasme delà vertu, de la gloire et des arts. Le,
style varie comme les sentimens que l'auteur
exprime , comme les tableaux qu'il présente,
^u'on lise les lettres sur les rhermopyles, sur les
jeux olympiques , celles sur le Parnasse, sur Hé-
lice , sur Athènes, etc. on verra que l'auicur
se plie à tous les tons s et sait allier, si l'on veut
se servir de cette comparaison , la vigueur de
Michel-Ange aux grâces de I Albaiie.
Il est dillicile de faire passer dans une autre
langue certaines beauiés de style , et cette déli-
catesse de sendment et d'expression qui sont
(1) Cet excellent petit iait ne ironvc à Paris , cheï Huzaïd , I pour ainsi dire nationales ; les auteurs qui se sont
m« de l'Epcr«n, .juariic» André-dts-Avcs. Prix,» f. b» ceiu./ ' distingués parce genre de mérite , sont ceux qui
ïoiis le moin* à portée d'être appréciés par les
étrangers. Sierne , si pifjuant en anglais , perd une
facile de sî.n prix dans iiotie langue : les éiran-
i'.crs ne siisisseru pas une foule de beautés de
,4iol\e Laloniaine.
>Novis devons avouer que les lettres de Scrofani
. approchant' du genre du sentimental Jouriiey , ne
seront paiFaiicmcnt connu .s que de ceux qui
lisent l'iuMen : on en retrouvera les traits princi-
paux, diius sa traduction -, mais il a été impossible
<au traducteur de rendre sa physionomie et son
coloris. Cepétldat^i', telles qu'elles sont , ces lettres
Seront .toujours un ouvrage original qui place
'auteL;r au rang des meilleurs écrivains italiens.
• Le troisième volume ne perdra rien de son
mérite en passant dans notre langue : il est enlié-,
rement consacré à ce qui regardi.- le commerc« et
l'agriculture des échelles Vénitiennes , de la
Morée et de l.iRomplic méridionale. Rien de ce
que ces objeis offrent d'intéressant n'est omis par
l'auteur; U;s mémoires sur la culture des oliviers
de Corfou , sur le raisin de Corinthe , sur le tabac,
ne laissent rien à désirer. On trouvera , dans ce
volume, des tableaux sur le commerce ,que toutes
les nations de l'Europe regarderont comme pré-
cieux dans celte parue de 1 économie politique ;
ils supposent dons lauteur un travail et des re-
cherches immenses. Cet auteur fait espérer de
pareils tableaux sur tout le commerce du Levatit.
Ceux qu'il nous offre dans sonS'^ volume, le ren-
dent Un ouvrage classique qui doit eue recherché
par tous ceux qui s'occupent de commerce et
d'écoucmie politique. F. . . .
Théâtre de lOpéra comiq_ue.
Pour avoir l'argent dont ils ont besoin , Tcniers
et Kembraut annoncent une vente après décès , et
les Etourdis d'Andrieux imaginent de mettre en
ligne de compte Us frais de sépulture et ceux du
luminaire.
Pour obtenir un accueil favorable à la maison
paicinelle , /eî Voyageurs d'Armand Gharlemagne,
mentent comme des gens venant de loin , et em-
pruntent sur la route un carosse , auquel ils
doivent les reœercîmens que Sedaine adressait à
son habit.
Une passion subite arrête à Auxerre les voya-
geurs que Picard mettait en route pour Rome ,
et les force à exercer leur imagination et leur
adresse.
L'auteur du Vrisonnier , le citoyen Dilval , dont
on a l'habitude devoir les ouvrages reposer sur
un fond agréable et comique , vient aussi de nous
tracer le portrait de deux jeunes voyageurs qui se
trouvant au dépourvu , emploient , pour trouver
à. dîner , autant d'esprit qu'il en faudrait pour
lier la plus forte intrigue.
L'oncle de l'un d'eux , riche négociant à Bor-
deaux, les appelle en cette ville : il désire attii^er près
de lui son neveu qui se fait poëte, et l'ami de ce
dernier qui est musicien : il veut les arracher au
commerce des artistes, et leur inspirer le goût
des affaires.
Jouir des plaisirs d'un voyage entrepris sous
les auspices de la gaîté , déclamer ses vers, fre-
donner ses romances, et s'enrichir en idée des
recettes futures qu'on attend de l'opéra qui est
encore en portefeuille . tout cela est agréable ,
sans douie-, mais ress'enlir un vif appétit est natu-
re! , et alors , se trouver sans argent et triste ,
telle est la position des nouveaux étourdis , Versac
et Dermont.
Sur une maison d'assez belle apparence ils
apperçoivent une affiche , et ces mots à vendre;
sonner, appeller du monde, se présentera la
maîtresse du logis , se donner du crédit en
déclinant le nom d'un oncle qui en a beau-
coup, s'introduire dans la maison, la visiter,
l'acheter , passer le contrat, et recevoir un goûter
champêtre , tout cela est pour le jeune 'Versac
l'affaire d'un moment.
Rencontrer un propriétaire, voisin de la maison,
juif de son pays, usurier de son état, et très-
jaloux de l'acquisition qui vient d'être faite ; le
menacer de lui masquer sa vue par des peu-
pliers , de détourner les eaux que ses prés reçoi-
vent , le déterminer à payer 80 mille francs ce
que Versac a promis de payer 60 mille ,, em-
ployer les vingt raille francs de pot de^ vin,
à doier son ami , qui dans la nièce et la maîiresse
de la maison a retrouvé l'amante qu'il cherchait,
tout cela est encore pour 1 adroit voyageur l'af-
faire d« peu d'instants.
IS28
Tel est le fond de ce léger, mais tièj-:igréa_bl«
ouvrage ; on voit que le ciioytu Duval a dû être
plus heureux en annonçant sa maison à vendre que
sa maison du marais. Celle-ci n'a pas démenti
son tiire , elle est testée assez déserte; mais
la première a paru plaire à tout le monde. Ce
n'est pas que 1 idée principale soit décidément
originale , et qu'elle appartienne en propre à
l'aineur; ce n'est pas que beaucoup de jeux de
scène ne soient imités , même quant au dialcigue;
ce n'est pas que toutes les situations soient vrai-
semblables, et sur-tout dans les convenances;
ce n'est pas encore qu'trn grand, fond de moraliié
règne dans l'ouvrage : un trait fort commun a la
bourse peut n'être pas d'un très-bon exemple au
théâtre : mais il faudrait affecter un rigorisme bien
sévère , et se décidera proscrire bien des ouvrages
tiès-comiques , si oi;i ne fermait les yeux sur de
tels défauts , en faveur de l'agrément répandu sur
le principal rôle, de la vivacité, du naturel et du
ton piquant qui règne dans le dialogue. Toutefois
l'auteur a peut-être abusé d'un moyen plaisant, mais
qui cesse de l'être si on ne le ménage avec art,
celui qui consiste à rendre son dialogue comique
par des contre-vérités que la situation permet
aux divers personnages i les premières excitent
le rire; prodiguées , elles fatiguent par leur mo-
notonie. Quelques jeax de mots sont aussi, dans
l'ouvrage , des taches qu'il est aisé de faire dis-
paraître, si toutefois ils sont déplacés dans la po-
sition , et vu le caractère des personnages.
La musique est du citoyen Daleyrac dont l'ex-
trême fécondité est toujours un nouveau sujet
d'étonnemenl. Cet ouvrage est tout entier com-
posé à la manière italienne. On reconnaît que
l'auieur a sacrifié partout au désir d'i'-'iiti le
caractère et l'origînaliié des opéras bouffons.
Peut-être a-t-on à regretter que ce procédé ait
altéré en lui cette fraîcheur , cette pureté de
chant et cette vérité d'expression qui ont fait
le charme de tant d'ouvrages dûs à son agréable
talent. Nous ne l'avons pas reconnu dans la
romance chantée par Dermont : le duo entre
les jeunes amans ïie sera pas non plus placé
parmi ses meilleurs productions ; mais on citera
long-tems , comme dignes des maîtres de l'Italie ,
la dernière partie de sa finale , et sur-tout le
beau duo entre les vovageurs , chef-d'oeuvre dans
le genre bouffon , qu Elleviou et Martin exécuteni
avec une précision et une méthode qu'on croyait
jusqu'ici le partage exclusif des chanteurs
it.tliens. S. . . .
Guillon d'Assas , ahcien jurisconsulte ^ au rédacteur
du Moniteur. — Faris , le 26 vendémiaire an 9.
Citoyen , en reh'dant compte dans votre n° du
s3 vendémiaire, gg 9, de mes réflexions sur l'étude
de la jurisprudence romaine , vous avez sans
doute attaché à cette faible production , et à la
personne de son auteur , plus d'importance qu ils
ne le méritent. Cependant , l'intérêt que vous
avez eu la bonté d'y mettre m'engage à vous
faire part d'une observation sur une sorte de
reproche que vous me faites de n'avoir pas dis-
cuté la question de savoir jusqu'à quel point
les chaires actuelles de législation peuvent ré-
pandre la connaissance du droit romain. J'avais
à prouver la nécesité de rétablir l'enseignement
spécial et «x^rç/'êiio de ce droit dans ses sources.
Il m'a suffi , à ce qu'il me semble , pour dé-
montrer cette nécessité , que d'une part il fût
notoire et constant qu'aucun des professeurs de
législation n'est chargé de cet ensignement spé-
cial , et que d'un autre côté il demeurât avéré
que cet enseignement spécial est la clef de toute
jurisprudence; que sans cet enseignement spé-
cial , sans les études sérieuses et opiniâtres
même qui doivent l'accompagner et en être le
la suite , il est impossible d'acquérir celte pers-
picacité . cet esprit d'ordre et d'analyse, ce coup-
d'œjl philosophique , cette familiarité qui naît
de la difficulé vaincue ; de voir en un mot
se former le vrai jurisconsulte , homme d'état .
dont j'ai tâché d'esquisser le portrait. La juris-
prudence romaine exige une instruction exclu-
sive puisée dans les texies originaux. Ce sont
ces textes qu'il faut ,
Nocturnâ versare manu ,versare diurnâ;
Ce sont ces textes que le grand d'Aguesseau ,
au milieu même de ses plus iinporlantes occu-
pations , avait sans cesse à la main. Sans se
jeter dans la dhcussion de la méthode de cha-
cun des professeurs de législation ,_ aux talens
desquels je me suis d'ailleurs plu à rendre un
hommage public , on peut bien être coijvîinci»
(jue jusqu'à présent tel n'a poirit, été'le but de
leurs leçons . ' ' '" ,
Permeitcz encoie ,. cjtoy'pn ,. que j'îje ,l'hon-
rieur de vous faire remarq.uieç . que;, les; cô,ri,-
férences et consullaiions gratuites offre.nt deux
objets disiincts. Les conférences, doivent pré?
senter aux jeunes gens une instruct on métho;
dique, qu'ils ne irouveraient pas duos la sirnpje
assistance aux consuliations.
Salut et fraternité., ; ,,,. ,., (,,,.ii. •,:
GtJiLLON d'Assas, rvie Saint-Hyacinthe, tf^ôSS,
P. S. Je vous prie de vouloir bî éïr'îtrsBfï'î^'n a
lettre dans votre journal , si vous jygez'jc^u'elle
puisse mériter d'y trouver place.
A V 1 S>
Quatre milliers d'ormes d'échantillon , de 7 à
8 pouces de tour , de toute beauié , propres à
faire avenue ; à i fr. 25 c. pied. — Mêmes
arbres, de 6 pouces de tour ; à i fr. — Trois
milliersde beaux châtaigniers, haute lige , propres
à foire avenue ou verger; à i fr. q5 c. pied. — ■
Trois milliers de pommiers à cidre ou égrin , de
7 pifds de lige très-droite ; à i fr. 25 c. pied. —
Tiois milliers de peupliers d Italie ou de. Suisse,
depuis iSjusqu'à trente pieds de haut ; de 75 c.
à I fr. 5o c. — Assortiment d'arbres à fruii pour
les potagers, vergers et espalliers ; à difïérens
prix. — Aibres à fleurs , arbrisseaux à fleurs ,
arbres toujours verts, comme pins, sapins,
épines; de 10 à 12 fr. le mille. — Saule pleureur ,
( ou de Babilonne ) , plantes de chêne pou: le*
bois , plantes de vigne de Fontainebleau, fram-
boisiers , groseilliers de plusieurs espèces et
saisons.
S'adresser au citoyen Alfroy . artiste-pépinie-
riste , à Lieursaint , département de Seine eÇ
Marne.
LIVRES DIVERS.
Orphanis , tragédie en cinq actes et en vers ,
représeniée pour la i'^ fois sur le Théâtre des
Tuileries . par les comédiens français, le samedi,
25 septembre 1778; par Blin de Sainmore., Nouv.
édition revue, corrigée, et conforme aux deux
dernières représentations ; prix i fr. 5o cent.
A Paris , chez l'auteur , rue des Francs-Bour-
geois St.-Michel , n° i33, et Bernard, libraire,
quai des Augusiins.
COURS DU CHANGU.
'^Bourse du 2 brumaire.
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Tiers consolidé 36 fr. 5o
Bons deux tiers , 1 fr. 68
Bons d'arréragé 86 fr. 5o
Bons pour l'an 8 92 fr.
Syndicat 79 fr- 5o
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Théâtre de la Republkjue et des Arts.
Auj. relâche.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'htii
la 6' repr. d'une Journée de Câlinât ou le Ta-
bleau , opéra nouveau, et Sophie et Moncars.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Mur mi-
toyen , et Honorine.
Théâtre des JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. U petit Mercier; le Marché de Philis , et le
Bosquet.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. l'Enfant du mystère , pant. grand spectacle ;
la Mort de Turenne , et l'heureux (Quiproquo.
L'abounsmcni !C fait» Paris, rue des Poiievins , n» iS. Le prix cit de 45 ftaocs pour trois moU, 5o friBc» pour six mois, et 100 francs pour l'amiée entière. On ne
('abonne qu »u comraeucement de cbaqnc mois.
llfailladresserlestcuiesctl'argenl, franc déport, aucit. ACASSE, propriéiaite de cejournal,.ruedes Poitevins, n« 18. Ilfautcomprendre dans les envois le port dei
pav. où l'on ne peut affrancliir. Les lettres des ùepartemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
iUaul avoir soin, pour plus de sûreté , de charger celles qui venfermentdes valeurs , et adresser tout ce qui d
Poitevins n° i3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cii j heures du soit:
tie la rédaction de la feuille , aii rédacteur ,
A Paus, de l'imprimerie du cit. Agisse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , u" i3.
\Li
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV" 34.
Qiiartidi , 4 brumaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à préve::ir nos souscripreurs qu'à dater du 7 Nivôse !e Mo ni T EU a es: le seul journal ojjiael.
11 contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemetii ^ les nouvelles des armées . ainsi que hs faits et les notion
-.^'inrérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles,
/ Un arùcle sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
s tant si.r
EXTERIEUR.
ESPAGNE.
Du port Réale ^ fc 1 5 vendémiaire.
XjA flotte du général Keilh a mouillé quelques
jours entre le ïeuian et Ceuta. Le n, elle a levé
l'ancre et s'est portée en ordre de balaiUc entre
C^dix et Saini-Pieiri.
Le 12 , elle est entrée dans la baie de Cadixjus-
qu'à la pointe de Rotia.
Cette floue est composée de 14 vaisseaux ,
18 frégates et 90 transports. On juge qu'elle peut
porter 18,000 hommes.
Le i3 et le 14 , la flotte a tenu la même position
et paraissait se préparer à un débarquement entre
Rotia et le port Ssint-Mars.
Les espagnols sont prêts , leurs troupes sont en
mouvenieni et tout est dans la plus grande acii-
viié. Le gouverneur ne dort pas et fait toutes ses
dispositions. Le fort Saint-Sébastien est confié à
un homme expérimenté.
Les anglais ont envoyé deux parlementaires
pour (iemander de l'argent et les vaisseaux
mouillés dans la baie ; ils n'auront point d'argent ,
point de vaisseaux , et ils ne débarqueront pas
plus qu ils ne font fait à Livourne , à Belle-
Isle , Etc. ; et s'ils débarquent, ils seront reçus
comme Bernadoite les a reçus cette année à
Çtuibeton , et comme Brune les a reçus l'année
dernière en Baiavie.
Le ministère anglais paraît avoir adopté une
nouvelle tactique de guerre continentale. Ses
armées embarquées sont par-tout, hormis oti
elles pourraient être utiles à son allié. Il menace
à-la-fois de faire diversion en débarquant en
Batavie , en Bretagne , en Provence , en Espagne ,
et par-là il ne donne aucune inquiétude.
L'empereur peut se flatter d'avoir un allié bien
utile.
Au reste , s'ils ont voulu accoutumer leur
armée de terr* à la mer, ils y ont bien réussi;
car depuis un an ces malheureux fantassins entassés
sur des bâtimens , convoyent et courrent des
bordées dans I Océan et dans la Méditerranée ;
cela peut s'appeller l'art de jetter son argent
à la mer, et de manger quatorze cent millions
noblement.
ANGLETERRE.
Londres , 1 7 octobre ( 25 vendémiaire. )
Adresse et pétition présentée au roi par le tord maire ,
etc. au nom de la cité de Londres. .
Très-gracieux souverain ,
Nous , les très-soumis et fidèles sujets de votre
majesté , les lord-maire , aldermen , et membres
de la comriune de Londres , assem'olés en conseil
général , approchons de votre trône humblement
tt consternés , pour représenter que chaque classe
tles sujets de V. M. , et plus spécialeiîient celle
du pauvre laborieux et industrieux, éuroiiivent
dans ce moment une extiérae détresse , occa-
sionnée par le prix excessif du pain et des autres
articles nécessaires à la vie.
Dans ces circonstances si alarmantes , votre
siajcsié peut demeurer assurée que vos fidèles
citoyens de Londres , constans dans leur attache-
ment à la personne et au gouvernement de votre
majesté . et dans leur confiance en cette heureuse
constitution sous laquelle nous vivons , ont dé-
joné ti conti/iuiront à déjouer toute entreprise
tendante à exciter des troubles que rien non-
seulement ne sautait justifier , mais qui ne feraient
qu'accroître et prolonger la calamité présente ; et
qu ils encourageront de tous les efforts de leur
ïele , et par leur exemple, l'obéissance générale
et passive aux loi-, s en renictiani unicjuement
à la législature , assistée de la divine providence,
du som de soulager leurs maux , et espérant en
même icms des sentimens paternels de votre
majesté pour votre peuple, qu'elle concourra de
lou! son pouvoir à opérer cette fin.
Nous supplions donc irés-humbhment votre
majctlé de vouloir bien convoquer le plutôt
possible voire patUment , à l'effet par lui de
prendic les mesure» cjue sa sagesse lui suggé-
leia , comme les plus propres à terminer les
jouiîliances , et à pourvoit aux besoins de votre
peuple , et par-là , à lui conserver la possession
des biens dont il a joui long-tems sous lé gou-
vernement gracieux et doux de votre majesté.
( Extrait du Sun. )
L'empereur de Russie a rendu un ukase , qui
ordonne rétablissement d'une Colonie de dix
rnille hommes, dans la Sibérie, vers les fron-
tières de la Chine. Elle doit êire composée de
soldats licentiés et de personnes condamnées au
bannissement. Le gouvernement s'engage à bâtir
d'abord deux mille maisons , et à fournir tous
les grains nécessaires pour 18 mois. Chaque colon
sera exempt de taxe pendant dix ans. Un des
objets avoués de cet éiablissement est d'augmen-
ter les communications commerciales entre la
Russie et la Chine.
De nouveaux troubles ont éclaté, il y a quel-
ques jours , à Oxford. Les séditieux parcourent
les principales rues en se livrant à tous les excès
de la révolte ; brisant les lanternes et les fenêtres
des maisons de différens particuliers. Un des
membres les plus respectables de l'université , le
révérend docteur Cooke fut atteint d'une pierre
à la tête. Le maire , accompagné de MM. 'Westôn
et Parsons , mai.;istrats de cette ville , et suivi
d'un nombre considérable de citoyens , se trans-
porta , à la première nouvelle du tumulte , sur le
lieu de la scène ; on parvint, à force d'exhor-
tations , à appaiser les esprits. Deux des plus
mutins ont été arrêtés. et conduits en prison. Le
lendemain , la communauté a offert une récom-
pense de vingt gainées à quiconque arrêterait
quelques chefs de la sédition.
Il a été reconnu , dans un rapport du comité
des subsistances à' la maison commune, que la
cherté excessive des denrées de première néces-
sité devait être ailiibuée en grande partie au
système que les gros fermiers ont adopté de
vendre en masse le prodi^it de leurs laiteries. Il
résulte de là que les marchands ne mettent sur
le marché qu'autant de beurre , de fromage, etc. ,
que leur imérêt personnel l'exige. Les consom-
mateurs , dégoûtés par le prix des denrées, au-
quel ils ne peuvent atteindre , sont forcés de
se condamner a.ux privations les plus pénibles.
Le comiié des . subsistances a déclaré que si le
gouvernement ne se hâtait pas d'employer quel-
ques mesures énergiques pour réprimer un pa-
reil désordre, il était impossible de calculer oii
s'arrêterait la cherté toujours croissante des den-
tées les plus nécessaires à la vie.
Avant cette déclaration du comité , le lord
maire avait exposé , qu'après les troubles qui
avaient eu lieu un mois auparavant, il était
assez naturel d'être jlarmé au . plus léger symp-
tôme de désordres : que depuis le moment oii
il avait présidé la dernière assemblée , il n'avait
rien appris qui pût lui causer de l'inquiétude ,
qu'il se serait abstenu d'entretenir l'assemblée
dun sujet aussi trisie , si une agitation consi-
.dérable ne s'était manifestée la veille dans la
cité. Plusieurs officiers de police de son voi-
sinage avaient donné ordre aux corporaiions
militaires d'assister l'autorité civile. Ils avaient
été déterminés à cette mesure par un avis que leur
avait fait parvenir le secrétaire-d'etat , qui les
prévenait que des troubles étaient sur le point
d'éclatter. Le lord maire fit observer à l'assemblée
que cet avis atlressé aux officiers de police ne
lui avait pas été envoyé.
( Extrait du Sun et du Times. ]
INTÉRIEUR.
Paris , le 3 brumaire.
Le général Clarke annonce que M. de Cobentzel
est arrivé à Lunéville, le 2 , à quatre heures et
demie, aptes midi. — Il a été reçu au bruit de
vingt-un coups de canon.
— Le général Lahorie conversant avec M. de
Lehrbach et M. le feld-maréchal Lauer, aux
avant-postes de l'armée française , pendant que
l'on rédigeait la cot>vention de Hohenlindeu ,
parlait du peu de dignilé qu'il y avait pour
une grande nation de se mettre , pour faite la
guerre , à la solde d'une puissance étrangère.
Comment reprit un autrichien , S. M. I. n'est à
la solde de personne. — Mais vous recevez des
subsides de f Angleterre. — Non , reprit vivement
M. de Lehrbach , c'est un enjprunt. — Oui ,
repliejua froidein«.nt le général Lafiorie , vous
eu payez l'inléiêt avec des jambes et des brjs.
—[Nous sommes auiorisés à publier les picccs
suivantes :
Le citoyen Lagarde , secrétaire-général des consuls y
nu citoyen Bonaparte . premier consul. Varis ,
le 1 brumaire, an 9 de la république.
CiTOVE.N PREMIILE. CONSUL,
Un procès suscité au ciioytn Groslevin mon
beaii-frere , par les citoyens Périez et G.a!iot,a
servi de préicxic à ces dernieis pour portée
une pljinte contre moi, et inonder le public
de libelles et de placards calomnieux. Je
n'ai par ciu devoir entrer en discussion avec
des hommes à qui toute idée de décence pa-
raissait étrangère : j'ai osé penser que quarante-
cinq annties d'une vie probe me garantiraient
dans l'esprit des hommes sages, des aiteintis
qu'on voulait me porter.
Aujourd'hui desjugemens ont répondu pour moi
en prononçant sur les difficultés de tout génie
auxquelles j'ai été en butte.
La plainte des citoyens Péries et Graliot a été
réprouvée par une ortlonn.ince du juge de paix ,
par les conclusions du commitsaire du gou-
vernement près le directeur du jury , par l'ordon-
nance définitive de ce directeur de jury ,parunrap-
du ministre de la justice , par un avis de la
section de législation du conseil-d'éial , par une
décision de ce conseil, enfin par un ariêié des
consuls.
L'affaire civile qui ne me concernait pas , hiais
seulement mon beau-frere. et dans laquelle la pas-
sion seule des cit. Peries ei Graliot fesaii intervenir
mon nom, cette affaires, après avoiréié solennelle-
ment plaidée dans trois audiences successives, vient
aussi d'être jugée par le tribunal de commerce, et
le ciloyen Giattot qui restait seul en cause par
la mort du citoyen Péries , a été condamné sur
tous les points.
Daignez permettre , citoyen consul, qu'après
avoir rais sous vos yeux ces divers jugemens et
décisions , ainsi que les oûservaiions que j'ai
réiligées dans le tems pour le conseil-d'éiat , j'en
fasse le dépôt dans les archives du gouverne-
ment , pour attester, dans, tous les tems, l'in-
justice des calomnies dont j'ai éié l'objet.
Salut et respect. Signé, Lagarde. ■
Ordonnance du juge de paix.
Nous Frédéric Marie-Michel Fariau , juge de
paix, officier de police judiciaiie de la division
de l'Homme-Armé , à Paris , dépariement delà
Seine ;
Vu l'information faite par nous , les 2 , 3 et 6
messidor , présent mois , sur les faits portés aux
plainte et addition de plainte rendues pardevant
nous les l5 , 16 et 17 floréal dernier, par les
) cit. Graliot et Péries , propriétaires en partie du
Journal des Défenseurs de la Patrie , contre le
cit. Lagarde , secrétaire-général des consuls de la
république ;
Considérant que sur la première partie de la
plainte relative à la suspension Au Journal des
Défenseurs de la patrie . arrivée le 16 germinal
dernier, cette suspension a été l'effet d'une me-
sure du gouvernement , commune audit journal
et 3 d'autres journaux , tels que le Bien-Informé
et celui des Hommes-Libres; quil ny a pas de
fondement à accuser le cit. Lagarde d'avoir provoqué
ou sollicité cette suspension; que si en raison'de
l'intérêt que son beau-frere , le cit. Groslevin ,
avait dans ce journal , le gouvernement a con-
senti qu'il reparût, mais soLis la responsabiliié du cit.
Lagarde, ce dernier a pu faire , avec les co-in-
léressés audit journal , tels arrangemens qu'il a
cru convenables aux intéiêis de son l)eau-frere',
sans que ces arrangemens puissent donner lieu à
aucune action extraordinaiie contre is citoyen
Lagarde ; .■ .
Que sur la seconde partie de la plainte relative
aux faits qui se sontpassésie i5 flotéal dernier, ces
faits sont matériellement étrangers au cit. Lagarde ,
et ne pourraient donner lieu à poursuites contre
lui , comme ayant sollicité et obtenu les ordres
mentionnés aux dites plaintes , qu autant que ces
mêmes ordres reconnus illégaux (i) auraient été
déclarés tels et annullés , et qu'il aurait été décidé
qu'il y a lieu à poursuite contre leurs auteurs.
Nous disons quil ny a pas lieu à suivie contre
ledit citoyen Lagarde sur les charges lésultantes des
dites plaintes et information.
( 1 ) Ce considérant hypMiliqitc et la p;irtie île rurilonn.lncc
y relative ont ilé iufirinès par le directeur du jury. Voyez ccj
deux piccc!» ci-apres. Voyez encore le rapport du ministre de Ja
justice, et la dccisioll du coaticil-d*CL.it iili cet objet.
iSo
Considérant, »n ouWe, que, quoique les Kellés,
dont il est question dans l'instruction , ayeiit
«lé apposés sur un cabinet qui paraît avoir
îei-vi plus particulièrement à serrer le bois destiné
à la consommation du citoyen Gratiot , néan-
moins ce cabinet fait partie de la location géné-
rale de l'imprimerie Gratiot et compagnie; que
ce cabinet a été désigné au commissaire de po-
lice par les citoyens Gratiot et Flament , pour y
renfermer lesdits papiers lors de l'apposition des
scellés;
Nous disons que t opération faite dans lannit du i5
foréal dernier n'est point dans la circonstance une
violation de domicile.
Mais attendu que les ordres dont il s'agit , et
tout ce qui s'est ensuivi , ont eu pour objet
d'enlever et de faire passer dans les mains du
citoyen Lavallée , acquéreur des treize seizièmes
dudil journal , les papiers , adresses et repsires
en dépendans; que quelque juste que pût être le
droit du citoyen Lavallée ,
Les plaignans prétendent :
Que les difficultés qui pouvaient s'élever entre
lui et ceux desco-iniéressés audit journal . déten-
teurs desdils registres, adresses et papiers, ne
devaient être réglées qu'à l'amiable . ou devant
les juges ordinaires ;
Que l'enlèvement des objets composant la pro-
priété dudit journal , fait de hauie lutte , en \ eriu
d'uiH ordre du préfet de police d'entre les mains
de telui qui en était le dépositaire et le conser-
vateur, en conséquence de la transac'ion du i8
germinal an 8 , est une atteinte aux droits de
propriété; que sous ce point de vue l'ordre du
préfet de police, signé Dubois, en date du i5
floréal an 8, et transciit dans la plainte , ainsi que
ceux dont il pourrait être la suite , sont incons-
titutionnels et dans le cas d'être annullés , con-
formément à l'article XXI , et d'après les disposi-
tions des articles LXXII et LXXV de la consti-
tution de l'an 8 ;
Nous disons que la procédure , au nombre de
s3 pièces . y compris l'information et la présent?
ordonnance de nous cotées et paraphées, seri
transmise au citoyen ministre de la justice, poui
en être par lui référé au gouvernement, et être
par les consuls de la république , le conseil-
d'état ou le tribunat , statué ce qu'il appartiendra
sur les ordres dont il s'agit.
Fait à Paris , en notre bureau , ce g messidor
an 8 de la république frança se une et indivisible.
Signé, Fariau.
Conclusions du commissaire du gouvernement pris
le directeur du jury.
Vu les pièces du procès , et notamment la déci-
sion provisoire du juge de paix des autres pans ,
attendu quil n existe contre le citoyen Lagarde au-
cune inculpation de délit prévu par les lois ;
Je requiers que la décision du juge de paix , en
ce qu'elle porte : qu'il ny a pas lieu à suivre contre
ledit citoyen Lagarde , sur les charges résultantes des
plaintes et informations , soit déclarée définitive.
En ce qui touche la deuxième partie de ladite
décision provisoire , attendu qu'elle a pour objet
l'examen et la discussion ci'ordres administratifs
émanés d'agens du gouvernement , et relatils à la
surveillance générale dont ils sont chargés , et
que les pièces du procès ne présentent à cet égard
aucune prévention de délit déterminée contre
lesdits agens :
Je requiers que ladite décision provisoire soit
infirmée dans sa deuxième partie.
Fait au parquet , le l'^ fructidor , an 8 de la
république française une et indivisible.
Signé , Petit.
Ordonnance définitive du directeur du jury.
Vu par nous Jean-Baptiste Legras , juge du
tribunal de première instance et l'un des direc-
teurs du jury d'accusation du département de la
Seine , les plaintes et déclarations des citoyens
Gratiot et Péries , contre le citoyen Lagarde , en-
semble les informations et pièces d'instruction
subséquente . notamment la décision provisoire
rendue par le juge de paix de la division de
l'Homme-Armé , sur cette affaire , le g messidor
dernier ;
Vu aussi les conclusions du commissaire du
gouvernement , dont nous adoptons les motifs ,
lious confirmons la première partie de cette décision
provisoire , relative au citoyen Lagarde, et portant
qu'il n'y a pas lieu à suivre contre lui sur les charges
résultantes des plaintes et informations ; en consé-
quence , nous disons qu'en cette partie ladite
décision provisoire sera définitive ; à l'égard de la
seconde partie , relative aux ordres émanés des
agens du gouvernement , dont le juge de paix a
induement discuté et caractérisé la nature et les
effets , nous infirmons ladite décision provisoire
dans la seconde partie qui concerne les agens du
gouvernement.
Fait à Paris, en notre cabinet , au palais de
justice , ce i"^ fructidor , an 8 de la république
française une et indivisible.
Signé, Legras.
Extrait du rapport fait aux consuls de la républi-
que , par le ministre de la justice , le... thermidor
an 8.
Citoyens consuls , le juge de paix de la section i
de I Homme-.'Vrmé , ma transrais une plainte '
faite devant lui par les citoyens Gratiot et Péries,
propriétaires en partie à\i Journal dis défenseurs
de la Patrie, et dirigée contre le cit. Lagarde, secré-
taire-général des consuls. L'objet de' celte plainte
•sont des ordres donnés par le préfet de police,
en vertu desquels les livres d'abonncmens . les
adresses et autres papiers concernant ce journal,
ont été enlevés et transportés nuitamment ch; z
le préfet de police. Le juge de paix m a transmis
les pièces , pour en être par moi référé au gou-
vernement , tt être par les consuls de la républi-
que . le conseil-détat ou le tribunat , statué ce quil
appartiendra sur les ordres dont il s'agit.
Il paraît
On ne voit donc dans la plainte de Gratiot
et Péries que l'effet du ressentiment et de l'hu-
meur ; la conduite du préfet et du ministre de
Il police ne -présente que les opérations qui
devaient accompagner la suspension d'un journal
suspect, on n'y trouve ni vexation ni acte illégal.
Je pense donc que c'est le cas , pat les consuls,
de déclarer qu'il n'y a lieu à statuer sur le renvoi
fait devant eux par le juge-de-paix de la section
de l'Homme-Armé.
Salut et respect ,
Le ministre de la justice ,
Signé , Abrial.
Extrait des registres des délibérations des consuls
de ta république.
Paris , le i8 thermidor, l'an 8 de la république
française.
CoN seil-d'état;
pxtrait du registre des délibérations. — Séance du
i8 thermidor an S de la république.
Décision(i).
Le conteil-d'éiat ,
Vu le rapport du ministre de la justice sur
le renvoi à lui l'ait par le juge de paix de la section
de l'Homme-Armé , à Paris , département de la
Seine, deson ordonnance du g messidor dernier ,
sur une plainte des citoyens Gratiot et Péries
contre le citoyen Lagarde, seciéiaire-général
des consuls :
Dit qu'il n'y a lieu à délibérer sur le référé
du juge de paix.
Pour extrait conforme ,
Le secrétaire-général du conseil-d'état.
Signé , J. G. LocRÉ.
Approuvé.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-aétat , signé , H. B. Maret.
Jugement du tribunal de commerce.
.\V NOM DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE ,
UNE ET INDIVISIBLE.
Le tribunal de commerce du département de
la Seine , séant à Paris , a rendu le jugement
dont la teneur suit ;
Considérant i" qu'il résulte de l'article XIV de
l'acte de société du 28 du mois de pluviôse an 4,
que lors de la dissolution de la société , ledit
citoyen Groslevin a ' droit de reprendre non-
seulement les deux tiers à lui appartenans dans
les presses et caractères mentionnés en l'article VI
dudit acte , et en l'article IX de l'inventaire qui
en a été fait, sans en payer aucune valeur , comme
lui appartenant , mais encore toutes les augmen-
tations qui auraient été faites depuis en presses ,
caracierei et autres ustensiles , dans le cours de
la société , et enfin tout l'établissement , en fesant
valoir à chacun de ses co-associés le prix desdites
augmentations, d'après une évaluation à l'amiable
ou par expert;
2°. Que l'acte de vente fait le 21 du mois de
frimaire an S , audit citoyen Péries , par ledit
citoyen Groslevin, de ses quatre- septièmes dans
l'entreprise , et celui de vente fait le 9 germinal
suivant , audit citoyen Gratiot, par ledit citoyen
Péries , de son septième , et des quatre septièmes
du citoyen Groslevin , se trouve anéanti et absolu-
ment annullé par la contre-lettre dudit citoyen Perics
audit citoyen Groslevin, par la procédure qui
a précédé la dernière vente ; mais sur-tout par
l'acte signé par quatre associés le 18 du même
mois , par lequel les citoyens Gratiot et Péries
se sont désistés purement et simplement, sans
aucune restriction , de l'acte de vente fait , le 9 , par
Péries à Gratiot , et enfin que toutes les parties
ont consenti à ce que l'acte de société du 28
du/mois de pluviôse an 4 , reçût son exécution
et son entier effet.
3°. Que l'oft'ie faite le 17 du mois de germinal
par la lettre du citoyen Lagarde audi{^ citoyen
Gratiot , de s'en rapporter a des arbitres , n'ayant
pas été acceptée dans les 24 heures de la récep-
(i) Cette décision est conforme à TaTis de la section de
lésiilatioD du con|geil.d*ctatr qui a présenté la rédaction adoptée.
tion de lailite lettre {condition e'xpresse «oui
laquelle était faite cette offre ) il s'en est suivi
que ledit citoyen Gratiot a préféré s'en tenir à
son désistement, par l'option qu'il en avait,
d'après le contenu de ladite lettre.
4°. Que le citoyen Çratiot est -mal fondé à
venir opposer aujourd'hui à l'acte sous seing pripé ,
par lui souscrit le 18 du mois de germinal avec ses
trois co-associés , des protestations qu'il a faites le
même jour contre ledit acte , en l'étude du
citoyen Rameau , notaire , et de prétendre s'en
faire relever , comme s'il était mineur , ou qu'il
eût été tenu en charte privée et violenté pour le
signer , ce que dans ce dernier cas il n'aurait pas
manqué de manifester aussitôt en signifiant à sps
associés lesdites protestations, quil a au coti-
traire gardées dans le silence le plus profond ,
en exécutant depuis , comme il l'a fait , cet acte
contre lequel il avait protesté ; que d'ailleurs , si
la justice admettait une pareille prétention d'un
majeur qui a signé et consenti librement un
acte relatif à- un objet mobilier , il s'ensuivrait
qu'il n'y aurait rien de certain ef aussi d'invariable
dans les transactions ;
5°. Que la so'iété se trouve dissoute défait
entre lesdites parties p^r le décès du citoyen
Feriez , l'un de ses membres , arrivé en fruclidpt
dernier , et qu'il en résulte que le citoyen
Groslevin est fondé de réclamer l'exécution de l'ar-
ticle XIV de l acte de société.
6°. Enfin , que le jugement en référé du tribu-
nal civil n'a fjit autre chose que maintenir pro-
visoirement ledit citoyen Gratiot dans la posses/-
sion de l'imprimeiie jusqu'à ce que ledit tribu-
nal de commerce ait jugé le fond de la contes-
tition qui lui est soumise ;
Le tribunal , sans s'arrêier au déclinatoire pro-
, posé par le citoyen Giatioi . et stituant sur l'op-
position dudit citoyen Gratiot aujugtment rendu
par défaut contre lui le 14 du présent mois,
ordonne qu'il sera exécuté , mais seulement en
I ce qui n'y est pus contraire dans le présent juge-
ment. En conféqucnce , déclaré définitivement nuls
et de nul effet les actes de vente du 2 1 du mois dejri,-
! maire an 8 , et du ^ germinal suivant , met les
I parties au même et semblable état où elles étaient
avant lesdits actes ;
Ordonne que l'article XIV de l'acte de société
du 28 pluviôse an 4, sera exécuté selon sa forme
et teneur ; en conséquence , autorise le citoyen
Groslevin à se mettre en possession de tous les
objets qui composent l établissement de ladite société ,
aux charges et conditions imposées par ledit ar-
ticle , d'après une estimation à l'amiable , ou par
experts , et ordonne que les parties procéderont
I de suite à ladiie évaluation à l'amiable, sinon
par experts qu'elles nommeront, et, à défaut,
qui seront nommés d'office par ledit tribunal ,
lesquels ne procéderont point à l'estimation de
ceux desdiis objets qui , aux termes de l'ait. VI
dudit acte de société , appartiennent pour les deux,
tiers audit citoyen Groslevin, et pour l'autre liei;s
au citoyen Flament , qui ne sont pas tenus deji
fournir aucune valeur à leurs co-associés ; àjair.t
la remise de la totalité desdits objets dudit établis-
sement , sera ledit citoyen Gratiot et tous autres
dépositaires contraints , quoi fesant , il en seront
bien et valablement déchargés.
Et à l'égard du compte demandé au citoyen
Gratiot , en sa qualité de gérant ledit établisse-
ment , ordonne qu'il sera tenu de , rendre ledit
compte , et de procéder à la liquidation générale et
définitive de la société , devant les arbitres que
les parties seront tenues de nommer dans trois
jours de la signification du présent jugement , si-
I non nommés d'office ; à 1 effet de quoi toutes les
pièces nécessaires à l'appui dudit compte seront ,
pour celles qui sont en sa possession , par lui
représentées auxdits arbitres . auxquels les dépo-
sitaires des papiers enlevés de chez lui par ordre
du gouvernement , seront tenus , en vertu du
présent jugement , de représenter ceux desdil»
papiers nécessaires à rétablissement dud. compte.,
lesquels arbitres concilieront les parties , sinon
en feront leur rapport au tribunal , pour êtr/s
ensuite statué ce qu'il appartiendra.
En fesant droit sur la demande en garantie
dudit citoyen Gratiot contre la v»uve et héritiess
Péries, et considérant que feu le citoyen Perias
ayant signé avec le citoyen Gratiot l'acte 9ons
seing privé du 18 germinal dernier , tous deux se
sont désistés de celui du 9 du même mois qu'ils
ont par ce moyen anéanti.
Le tribunal déclare qu'il n'y a pas lieu à ladite
demande , dans laquelle ledit tribunal déclare le cit.
Gratiot non-recevabie.
Fesant droit sur celles en dommages et intérêts
formées respectivement par les difes parties , le
tribunal les met hors de cause , ainsi que sur tous
les autres chefs, de leurs conclusions respectives-
Et enfin , fesant droit sur la demande dudit cit.
Gratiot en main-levée des oppositions faites à la
requête dudit cit. Groslevin entre les mains de
l'administration des postes sur les sommes qu'elle
doit à la sociéié.
Le tribunal . sans égard à ladite demande dans
laquelle il déclare pareillement le citoyen Gratiot,
%on • recevable ) déclare, tesditts opfiosilions bonnes
'tt valables ; en conséquence autorise ladite ad-
ministration à payer et vider les mains de ce
qu'elle doit , entre les mains dudit Groslevin
'qui sera tenu d'en compter à la société ; quoi
lésant , elle en sera bien et valablement quitte
^t déchargée envers et contre tous , ainsi que
le tribunal l'en décharge par le présent jugement ;
et enfin déclare le piésent jugement commun
avec le citoyen Flament , et condamne le cit.
Gratiot aux dépens envers toutes les par-
ties , lesdits dépens taxés et liquidés à la somme
de io5 fr. 4 cent. ,y compris lesdits jugemens,
le coût du papier , de minutes de plumitifs , d'ex-
pédition , le coût des rôles du présent jugement,
et non compris le droit de reiiregistrement
d'icelui , au paiement desquels dépens il sera
contraint par toutes les voies de droit.
Et sera !e présent jugement exécuté selon sa
iforme et teneur.
Ainsi jugé par ledit tribunal oi!i étaient présens
les citoyens Vignon , président; Ghagot , Aube,
BufFault , juges ; et Sloupe , juge suppléant, v
A Palis , le 28 de ce mois de vendémiaire , an 9
de la république française.
Au nom de la république française , il est
erdonné à tous huissiers sur ce requis , de mettre
le présent jugement à exécution ; aux commis-
saires du gouvernement près les tribunaux , d'y
tenir la main ; à tous commandans et à tous offi-
ciers de la force publique de prêter raain-forle
lorsqu'ils en seront légalement requis.
En foi de quoi le présent jugement a été signé
par le président dudit tribunal et par le greffier.
Signé , Thomas.
— Un membre du parlement d'Angleterre ,
sir John Sainclair , avait adressé à 1 Institut natio-
nal, par l'entremise du cit. Otto , le projet d'un
plan pour établir des fermes expérimentales , et
pour fixer les progrès de l'agriculture.
LInsiitut national a fait traduire et imprimer
cet ouvrage ; et , sur le rapport du cit. Gels , l'a
approuvé dans toutes ses parties.
— Un Lycée de jurisprudence s'était formé à
Paris , et avait fait distribuer le prospectus de
son établissement : il paraît qu'il vient d être
i3i
Les chefs elles officiers doivent la maintenir, et
toujours en donner l'exemple.
Instruisez les soldats et lesmatclo's, excitez
entre eux l'émulation et le courage , occupez tout
leur tems par l'exercice continuel de la pratique ,
passionnez les pour la gloire , qu'ils apprennent
par vous à chérir leur état et jusqu'auk' dangers
qui l'accompagnent.
Préparez-vous à marcher enfin sur les traces des
braves à qui nous allons devoir la p.iix du con-
tinetit , et que bientôt vous alliez aussi la con-
quérir sur les mers , où depuis trop long-
tems l'audacieux anglais s'accoutume à vous
braver.
Etudiez la tactique navale, dans les ports ,
dans les rades , apprenez à suppléer au nombre
par l'habileté de vos manœuvres. Le couiage et
l'audace feront le reste. -i ,
xT u.- . , , "^ '■! "i^f
N oubliez pas que c est au pas de charge que | Donnez
nos armées ont vaincu tant de fois les ennemis.
Marins , votre pas de charge , c'est t abordage. Rii-n
ne résiste à lintrépidiie fiançaist. Paimi les
nombreux combats en ce genre qui oui illustré
votre gloire , je me borne à vous rappeler celui
tout récent , et à jamais mémorable , de la cor-
vette la Bajonnaise.
Que toutes nos dispositions militaires soient
aussi favorables au commerce. Source de la pros-
périté des empires . créateur et soutien de la
marine, il exige toute notre sollicitude , comme
il excite celle du gouvernement. Redoublons de
précautions et de vigilance poiir proléger les
opérations commerciales et les faire réussir. Em-
ployons tous les "moyens d'assurer la libellé du
cabotage et de la j-îche.
Que la prévoyance et la sagesse dictent les ins-
tructions des chefs militaires aux commandans
des bâtimens de guerre , soit pour la défense
delà côte, soit pour la protection des convois,
j Que la moindre négligence sur ce point mérite
à l'officier qui s'en rendrait coupable , toute
l'animadversion du gouvernement'; qu'il soit
puni par la rigueur des lois et par l'opinion pu-
blique.
Les obligations et les devoirs des marins , à
ce sujet , leur sont retracés de la manière la plus
forte dans une lettre ministérielle du mois de
qui appartenaieilt à ces anciennes côinpagrtiej
de bombardiers, à ces corps de maîtres-canon-
niers . l'orgueil de la marine française. Imitez
leur exemple , écoulez leurs avis : ils vous diront
que, destinés à tous les genres de travaux et de
gloire, vous devez réunir tous les genres d'ins-
truction et de talens : ceux nécessaires à l'infan-
terie , à l'artillerie de terre et de mer , aux ma-
noeuvres surles vaisseaux, etc. Dans les occasions
difficiles , et par-tout oii il faut du courage , du
sang-froid et de la constance , le poste d honneur
vous est toujours dévolu.
Vous devez être désormais le noyau d'une
marine nouvelle. C'est à vous qu'il appartient de
Suppléer par l'instriicnon et votre exemple , à
l'expérience - pratique que ne peuvent acquérir
pendant l'inactivité du commerce et de la navi-
gation , les citoyens qui se destinent au métier
aux novices et aux jeunes matelots des
leçons de canonnage , apprenez aux canonniers ,.
qui l'ignorent, l'art des manœuvre». Qu'ils vous
suivent aux batteries, sur les ponts , dans les
hunes, surles vergues; qu'ils aient votre intré-
pidité , votre adresse.
Par ces exercices utiles, vous multiplierez Ici
moyens du gouvernement , et bientôt la France
aura reconquis un des meilleurs élémens de sa
marine.
Ingénieurs des construction- hidrauliques , c'esj
à l'activité et à la constance de vos travaux , soit
dans le cabinet , soit sur les ouvrjges , que sont
entièrement confiés à la conservation des poris
militaires et de commercé , là sécurité tle leurs
habitans et les premiers moyens de préparer des
opérations mariiitnes.
Sans cesse vous avez a contenir et à combattre
un élément redoutable et toujours dévastateur.
d'agence et non l'institution d'intérêt général que
l'on avaitannoncée
MINISTERE DE LA MARINE.
Le 17 vendémiaire , un chasse-marée de Ba-
yonne se rendant à Rochefort , toucha sur la côte
O.de l'îled 01éron,etde suite se remplitd'eau. Les
gens de l'équipage désespérantde le sauver, l'aban-
donnèrent. Un malheureux mousse ne put les
suivre, et resta même étourdi pendant long-tems
d'une chute qu'il avait faite au moment où le
siavire toucha. Ge ne fut qu'après un intervalle
d'environ douze heures qu'on put entendre
les cris d'un mousse. Aussitôt quatre pêcheurs ,
^jjns consulter le danger presque certain qu'ils
avaient à courir , se jetterent dans un canot.
La mer était affreuse, et par de longs intervalles
on ne voyait ni le canot , ni ceux qui le mon-
taient ; pendant même une heure ou deux, on
les crut perdus. Cependant ils parvinrent au
chasse-marée . en retirèrent avec les plus grandes
peines le malheureux mousse , et le transpor-
tèrent sur le rivage , où il arriva à demi-mort ,
et fut accueilli par un habitant qui s'empressa
de le faire panser de ses contusions, et de le vêtir.
X)e pareils traits de dé*ouemeni et d humanité
sont habituels aux insulaires d Oléron. Le mousse
a avoué n'avoir jamais été' aussi riche que depuis
son naufrage.
désorganise. Le journal du Palais de Justice floréal an 4. Elle existe dans tous les ports mili-
annonce qu'il a eie abandonné par ses membres laires; je vous invite à vous pénétrer de nouveau
les plus distingues , qui n'y orit vu qu'un bureau (' des sages principes qu'elle contient.
*" '"' "" ■""■"""—" -"- Ingénieiirs , vous qui , dans le silence du ca-
binet , méditez sur les moyens de consiruiie de
bons vaisseaux , et qui avez à cet égard consacré
la supériorité de la marine française sur celle des
autres peuples , voire tâche n'est pas endérement
remplie par ce brillant succès.
L'économie , le meilleur emploi des matières ,
celui du tems et des talens de chaque ouvrier ,
l'instruction théorique et pratique de cette pré-
cieuse classe d'hommes, la surveillance conti-
nuelle sur les travaux doivent sans cesse vous
occuper.
La carrière militaire vient de vous être ouverte ;
ce sera pour vous un nouveau moyen comme
un nouveau devoir de perfeciionner encore les
constructions navales.
Votis y parviendrez en étudiant tous les effets
des divers élémens que vous aurez l'occasion
d'observer , en combinant leurs rapports en-
tre eux , leur puissance et l'influence particulière
de chacun sur le vaisseau qui doit les maîtriser
tous.
Combien vous allez étendre le domaine de
voiieart, auquel plus que jamais votre vie en-
tière doit être exclusivement consacrée ! Com-
bien vous 1 enrichirez par les nombreuses con-
naissances que vous saurez acquérir dans la navi-
gation !
Telles sorit, n'en doutez pas, les intentions
et Its espérances du gouvernement , lorsqu'il
vous associe à la gloire et aux travaux des offi-
ciers de marine , ei qu'il vous appelle à partager
les dignités et les récompenses décernées à la va-
leur et aux talens militaires
Chefs, officiers d'artillerie, canonniers, une
grande obligation vous est imposée , celle de
soutenir çt de mériter aujourd'hui votre antique
réputation.
L'Europe entière , et sur-tout les ennemis de la
France , se rappellent encore la sévérité de dis-
cipline et de mœurs , la valeur héroïque et les
talens , qui vous placèrent au premier rang
Le préfet maritime du deuxième arrondissement ,
aux officiers militaires et d'administration de la
marine dudit arrondissement. — Le Havre , «4
vendemaire an g.
Appelé par le gouvernement à la préfecture
maritime du second arrondissement , je ne me
suis pas dissimulé , citoyens , limportance et
l'étendue de mes fonctions. Si je ne les ai pas
jugées au-dessus de mes forces , c'est par la
confiance que m'ont inspirée les talens et le zèle
de ceux qui doivent m'aider à les remplir.
La volonté bien prononcée du gouvernement • , - • • o
e»t de porter l'économie et la rapidité d'exé- | E""'- " '°''^' "°"^ marine alors vraiment
cution dans l'administration générale de la marine
et dan» l'emploi de cette partie essentielle de la
force publique.
Je vais vous indiquer les moyens d'atteindre ce
double but.
Militaires et marins , le travail , la surveillance ,
l'instruction , la subordination et l'obéissance sont
vos premiers devoirs.
La promptitude et la régularité du service se-
lOqt les piemiiett effets d'une sévère discipline.
illustre.
On n'a pas oublié que ces vertus guerrières
méritèrent à vos anciens Ihonneur d'être appelés
dans des circonstances périlleuses aux armées de
terre commandées par Saxe et Richelieu -, et que
les canonniers de la marine soutinrent alors la
gloire de ces grands capitaines . comiile aupa-
ravant ils aidèrent à celle des Duquesne, des
Touiville, et depuis à celle des Suffren et des
dEstaing.
Vous avez parmi vous encore des homme»
Opposez votre génie à sa puissance , imitez surr
tout la constance de ses efforts. Qu aucunes de
ses dégradations ne vous échappeni , afin de le»
réparer aussitôt qu'elles sont âpperçues.
Embrassez, à la fois tous les points de votre
direction , et portez les secours de votre art stir
le mal qui présentera les dangers les plus
pressans.
Vous avez beaucoup à faire dans tous les ports
de cet arrondissement; ils sont dans un délabre-
ment total.
Hâtons-nous d'effacer ces ravages dont l'exis-
tence compromettrait les plus grands intérêts.
Nous serions coupables de ne pas fixer l'atten-
tion du gouvernement sur les malheurs qui
peuvent naître d'un pareil état de choses ; mais
en lesluiJesant connaître, il Faut lui indiquer
aussi les moyens de les faire cesser.
Lorsque les travaux réparateurs n'occuperont
pas tous vos instans , consacrei ceux dont vous
pourrez disposer, à former des projets utiles à il
marine militaire et commerçante.
. Préparez à l'avance des améliorations, afin qu'orii
puisse les entreprendre aussitôt tjue le permettra
la situation du trésor national.
N'appliquez jamais vos talens qu'à des objets
de grande utilité publique. Que la hardiesse de
vos conceptions, la simplicité, la durée de vos
ouvrages assurent voire gloire et vous méritent,
avec la bienveillance du gouvernement, la re-
connaissance de vos contemporains , et celle
aussi de la postérité.
Administrateurs , pénétrez-vous bien de l'im-
portance de vos fonctions. Elles ont pour but
les intérêts les plus précieux.
La comptabilité des fonds , celle des matières,
leur conservation et leur choix , léconomie et
la surveillance dans leur distribution , l'inspec-
tion des hôpitaux et des vivres , celle des chiour-
mes , les rapports de notre manne avec !e com-
merce , et ceux de la républicjue avec les au-
tres nations , la police de la n.ivigation , l'amé-
lioration des pêches , la défense des droits du
gouvernement, de ceux des marins et des in-.
Valides , enfin la population maritime , s'ont vos
attributions principales.
La science de quelques formalités ne peut,
donc suffire à vos devoirs.
De grandes connaissances vous sont néces-
saires.
A l'étude approfondie des matières premières
utiles à la marine, joignez celle de toutes les
branches d'industrie et de fabrication ; parcou^
let les manufactures , les forges , les fonde-
ries , les usines ; pénétrez jusques dans l'inté-
rieur des mines et des forêts; connaissez-eft
les diverses exploitations , pour mettre à profit
les richesses territoriales de la France et l'indus-
trieuse attivité de ses habitans.
Etudiez nos lois tharilimSS , nos rapports pr
litiques et commerciaux avec les nations é»'""
gères , afin de trouver les ihoyensvd'écl-|"S^''
avec le plus d'avaritages possibles, celles "^ 'sUis
productions nécessaires à nos arsenau"
La pêche , cette btanche fertile " industrie et
i3i
tk commerce, ce ninyen de vie pour les nom-
bieux habiian» «les ci^ics .et de rccrulemenl pour
1 iiibcription inatiiinie , doit cxciitr loule voire
atiennor. : ne cesicz d'encourager Its citoyens
qui s'y livrent.
Dites aux pccbe-urs que je travaille à fonder
dans retendue de mon arrondissement la pré-
cieuse institution des tiibunaux de piud'bomrncs.
Clux qui existent diins les jjons do la Médiler-
rtincc, depuis plus de aooo ans , ont religieusc-
rnent conservé les droits des pêcheuis , en maiu-
tenant enive eux la, police la plus sévère et la
plus sage. Ces tribunaux composés de marins
élus par Iluis camarades . n'o'it cessé de mériter
par liur gratuite et patervclU justice . le respect et
l'amour de leurs concitoyens. Ils rendront les
mêmes services sur les côtes de la Mancbe.
■ De toutes les parties d'administration confiées
à votre zèle, Vinscription maritime est sans doute
la plus impoilante p.îr ses résultats. C'est sur elle
que repose la marine militaire et commerçante.
Son accroissement doit donc être l'objet cons-
tant de votre ambition. . ; ■
Attaclitz-volis à connaître les mœuirs , le carac-
tère et les goûts des marins , afia de les diriger
veis l'amour du service.
Distiuguez-lts du soldat (Jui ne consacre à
1 état militaire qu'un Itès-petit nombre d'années ,
tandis que les premiers sont utiles à la république
durant leur vie entier:- ; sur les vaisseaux , dans
les ports , à la course , au grand ou au petit ca-
botage , à la navigation intérieure ou à la pêche ;
tels sont les travaux du marin depuis sa plus
tendre enfance jusqu'à son extrême vieillesse.
Des hommes aussi précieux méritent tous vos
soins et tous vos égards. Soyez justes et biertfe-
sans pour eux , que la plus grande impartialité
préside aux levées ; réglez leurs contestations ,
consolez leurs familles. Engagez les plus aisés à
soulager les plus pauvres ; appelez même sur
eux la bienlesance des habitans de votre quar-
tier, coramerçans ou agricoles, dont les marins
ont défendu ou enrichi les propriétés. Ces moyens
ont eu des succès heureux dans les ariondis-
semens de Toulon et Bordeaux.
Portez sur-tout vos espérances sur la jeune po-
pulation des communes maritimes. Accoutumez
les enfans à l'exercice de la natation , à celui du
canon et de la rame ; je vous en fournirai les
tnoyens. Instituez de légères récompenses pour
les plus adroits et les plus courageux. Quils
soient jugés tous les six mois en exeicice
public , par les plus anciens canonniers et
marias.
Il faut aussi décerner des honneurs et des ré-
compenses au chef de la famille qui comptera le
plus grand nombre d'enfans inscrits ; au maître
ou patron qui aura formé le plus de mousses ou
de novices.
Enfin , éludiez toutes les convenances des
hommes propres au métier de la mer , et sachez
les attacher à l'inscription maritime. Alors seule-
ment vous aurez remph le but de vitre sage ins-
(itutiou.
Officiers militaires et d'administration , chacun
de vous doit aussi diriger par lui-même la partie
du service confiée à ses soins , exercer une sur-
veillance bien entendue sur les individus qui lui
sont subordonnés , exciter leur émulation et
leur zelc , me désigner ceux qui , par leurs ta-
lens et la pureté de leurs mœurs , mériletout la
confiance du gouvernement et ceux qui s'en ren-
draient indignes'par leur impéritie ou leur immo-
ralité.
Méditez constamment star des moyens d ins-
truction, d'amélioration et d'économie , et faiies-
ir.oi part de vos vues à ce sujet, soit pour le
lervice particulier dont vous êtes chargés , soit
en général pour toutes les parties du service
maritime.
N'oubliez jamais que toutes les fonctions qu
ont pour but l'intérêt et la gloire de la nation ,
»ont également . honorables. L'union, la cordia-
lité , l'absence de toute piéiention , le seul amour
du bien public doivent diriger tous les rapports
çntre les chefs des divers services , comme
tous ceux quils peuvent .ivoir avec les difFé-
renles autoriiés civiles ott militaires , étrangères à
la n^arine.
Après vous avoir retracé , citoyens , vos prin-
tipaies obligations , je dois vous entretenir aussi
d'c celles qui me sont imposées.
Diriger et seconder vos efforts , dégager le ser-
vice de toutes les entraves qui pounaient ariêtef
sa marche; lecherchet et détruire les abus ,éclai-
Ver le gouvernement sur «es vrais intérêts, faire
exécuter ponciuelement ses ordres, éveiller sa
sollicitude sur les malheureux du département de
la marine , qui peuvent avoir besoin de ses se-
cours , prévenir sa gratitude et sa justice envers
ceux qui l'auront bien servi ;
Protéger les ails et le commerce , appeler et
recueillir les lumières de tous ceux qui ont de
vraies connaissances sur ces moteurs de la pros-
périté nationale ;
Travaill&r sans cesse au bonheur de mes conci-
toyens et à la gloire de la république .main-
tenir et faire respecter ses lois et ses institu-
tions ;
Ce sont-là mes devoirs , je saurai les remplir.
Comptez à cet égard sur la persévérance de
mes efforts , sur ma justice et ma fermeté , comme
sur mon entier dévouement. Bertin.
•AU R E D A GT E U R.
Département des Vosges. — Epinal , le 26 vendé-
miaire an g.
Ce département s'est distingué par son assiduité
à payer les contributions , et son zèle à satisfaire
aux réquisitions que les besoins de la patrie ont
exigées. Il vient de recevoirdu gouvernement, une
récompense, bien honorable et bien satisfesante
pour lui et le préfet qui l'administre , daris la pro-
clamation qui a été faite, le 1=' vendémiaire , dans
toutes les communes de la république , et par le
nom qu'il vient de donner à l'une des principales
places de Paris.
Le préfet , instruit toutefois qu'un certain nom-
bre de conscrits et de réquisitionnaires était par-
venu à se soustraire aux recherches de la gendar-
merie , à la faveur des montagnes , a pris , le 26
fructidor , un arrêté pour organiser et mettre en
mouvement les colonnes mobiles. L'effet de ces
mesures à été tel , que près de 800 fuyards ont
été. déjà arrêtés et conduits à Scheleslat. Ily a tout
lieu de cmire que , dans peu de jours , ce dépar-
lement en sera totalement purgé.
Salut et estime.
N. N.***
Le citoyen Bertrand , employé à la préfecture du
déparlement des Forêts. — Luxembourg , le 26 ven-
démiaire , an g de la république française , une
et indivisible. ;
Il importe de publier les bonnes actions qui ,
en honorant les personnes auxquelles on les doit ,
tendent à exciter l'émulation des hommes sen-
sibles , assez heureux pour être à même de laisser
ainsi des preuves de leur amour à faire le bien.
C'est pourquoi je m'empresse de vous informer,
citoyen . que le préfet , me connaissant quelque
talent pour le dessin , vient de me donner un
ouvrage dont je m'occupe avec un vrai plaisir.
Cet ouvrage est le plan de la belle maison de
Marienihal . avec ses dépendances , que le tribun
Légier avait acquises dans le département des
Forêts , et dont il a fait à ce département un
don perpétuel, pour en former un établissement
d'humanité.
La maison de Marienihal était autrefois la re-
traite dune compagnie de filles végétant dans
une sainte inutilité.
Aujourdhui elle va devenir un asyle pour les
êtres malheureux que mettent au monde les vic-
times de l'erreur ou de la séduction. Elle sera en
même tems une école d'accouchement , où vien-
dront s'instruire les femmes qui se destinent à
exercer cet ari si intéressant et si utile.
Le citoyen Légier n'a pas borné là sa bienfe-
sance ; il a fourni encore des fonds pour sub-
venir aux premiers besoins de ce précieux éta-
blissement: par un premier bienfait , il avait déjà
laissé aux religieuses de l'abbaye une partie de
la maison, avec des moyens assurés d'y finir pai-
siblement leur vie ; en applaudissant au dona-
teur. on est flairé de remarquer que la maison
de Marienihal était destinée a présenter un jour
deux exemples de générosité dus à la mênae per-
sonne.
J'ai l'honneur de vous saluer,
Bertrand.
LIVRES DIVERS.
Cours d'études encyclopédiques , rédigé sur ua
plan neuf , contenant i" l'histoire de loti-
gine et des progiès de toutes les sciences , belles-
lettres . beaux-arts et arts mécaniques -, 2° l'ana-
lyse de leurs principes ; 3° tous ces mêmes objets
traités en détail : le tout d après les meilleurs
auteurs et les découvertes les plus récentes.
Six forts vol. in-S" avec un fiontispice gravé
et un atlas in-4° de 64 planches ou tableaux:;
prix , broché 36 pour Paris et 48 fr. franc de'
port par la posie pour les départemens -.Seconde
édition revue, corrigée et augmentée duue table
raisoniiée des matières ; par Fr. Pages. Le même
ouvrage sur papier vélin . atlas grand-raisiii-vélin ,
premières épreuves , prix broché 82 fr. , et 84 fr.
pour les départemens.
A Paris, chez Artaud , libraire , quai des Augus-
tins , n° So.
On doit remercier l'écrivain sage qui a su res-
seuer dans un cadre étroit le plus vaste tableau
des connaissances hum,iiut9 ; qui a mis pour
ainsi dire, la scimce universelle à la portée de
tout le monde , et reraplîi de cette manjere un
but d'utilité générale. 1
Le cil. Pages n'a cependant, copié , ni même
analysé aucune des deux Encyclopédies :. ce tra-
vail eût été au-dessus des lorces d'un seul hom-
me ; son but unique a éié de prendre lesprit
de leurs auteurs ; il commence p.ir tracer I his-
toire des sciences et des ans : ce tableau aurait
pu êire plus rapi'le , et nnus avions sur ce sujet
deux excellents modèles , le di cours préliminaire
de d'Alembert et l'esquiise de Coridoicet ; mais,
(juoiqu'il forme près d'un quart de !(/a--iagc,
il se fait lire avec plaisir, sur-tout par les hunimes
qui, n'étant ni des Bacon , ni des Diderot, ne
veulent pas parcourir une vaste carrière, en fran-
chissant d un saut de grands espaces.
Après le tableau, vient l'analyse des connais-
sances humaines , -que l'auteur suit dans leur»
divisions ordinaires , et le tableau des sciences et
des ans dans leurs principaux détails. Cet ouvrage
devient donc une petite Encyclopédie qui nous
paraît faite pour acrjuérir des prosélytes à la science,
et des amis à son auteur; la partie typographi-
que est parfaitement soignée : l'atLis composé
de 64 planches ou tableaux, a été divisé avec
goût, et la modicité du prix auquel le libraire
se restreint, doit ajouter encore au succès de
l'ouvrage, dont le plan est déjà justifié par le
prompt débit de la première édition. \
Commerce.
Il est du devoir du cit. Orry, du Mans , seul
de son nom , de prévenir ses concitoyens , qu au
mépris du droit des gens , il se vend à son ancien
dépôt , lue des Prouvaires, n" 571 (otà demeurait
le cit. Bricogne, qui a quitté depuis le I'' mes-
sidor ) des bougies portant son empreinte contre-
faite , qui ne sont pas de sa fabrication -, il le»
prie de se prémunir contre cette Vtolatien , en ne
s'adressant qu'à son seul el unique dépôt , rue des
Prouvaires, près St. Eustache, maison du citoyen
Fjmin, n° 525,où le public trouvera toutes les sor-
tes de belles bougies qu'il pourra désirer. FAmin.
COURS DU CHA NG K
Bourse du 3 brumaire.
Rente provisoire aS fr. 3o c.
Tiers consolidé 36 fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 6g c.
Bons d'arréragé 87 fr. 38 c.
Bons pour l'an 8 92 fr. 38 c.
Syndicat 80 fr.
Coupures 80 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^iie et des Arts,
Dem. les Horaces-, et le ballet du Berger Paris.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui,
la 5' repr. de TJméo , opéra en trois actes ,
préc. du Trompeur trompé.
Théâtre nti 'Vaudeville. Auj. Chaulieu ; le
Moulin de Sans-Souci , et Teniers.
Théâtre DES' JEU NES élevés, rue deThionville.
Auj. le Mariage du capucin , Contrainte et Caprice ,
et la Gasconade.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. l'Enfant de l'Amour, pani. grand spectacle ;
la i''^ repr. de Iv Romance , et Louise.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Robert, chef des brigands , préc. d& l Abbé
chansonnier.
L'abouaemcot se fait iPiiia, rue des îoiievins , n" i8. Le prix est de si frjocs pour trois'moia , 5o fraact pour six mois, et loo francs pour l'année entière. On 01
s'abonne qu a)i«ommeucemeni de ctiaqae mois.
ilfaut adresser les leureset l'argent , franc de port ,aucit. ACASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, a' iS. Ilfautcomprendre dans les envois le pou de
l'on ne. peut afFi-aoclùr. Les leures des départemens non aiîrancliies , ne seront point retirée» Je la poste. ^
au-t avoir, soin, pom plus de sûrcie , He charger celles qui reiiFermenidcs valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue de
s, n* i3, depuis neuf heures dumiiinjusqu'à cil -j heures du soir.
A Pavis.'de l'ieiprimerte du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur^, rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL. .
JV° 35.
Qriintidi , 5 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel. -.<•■'
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gotivernement , les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERI EU R.
ESPAGNE,
Extrait d'une lettre de fîle de Léon , du
7 octobre iS-Oin
x\vA(jT-HlER parut devant Cadix une -flotte
eontmie venant de la Médil«rranée , et compo-
lée de
22 vaisseaux ,
27 frégates ,
4 Cofveiies ,
1 Brigantin ,
2 Transports,
2 Chaloupés canonnières ,
. I Flâle à boiiibardes.
5g Bâiimens de guerre.
74 G^barres ,' ■? . ■ j .
' ^ Tj • ? charges de troupes.
10 ûnganlins ,3 o - r
Total 143.
Sans doute l'affreuse épidémie qui ravage
Cadix et ses environs depuis le commencement
du mois d'août , a suggéré à l'humanité des an-
glais le dfsir de nous visiter , supposant qu'il
leur serait facile de s'emparer des vaisseaux de
la rade , et de pénétrer jusqu'au vieil arsenal pour
]'incendier. Car, il n'est pas probable que de
semblables préparatifs aient eu lieu uniquement
pour bombaider la ville de Cadix, puisque
même sans rencontrer d'obstacles , ils n'auraient
pu réussir à s'en emparer.
Le général Don Thomas de Mariai, nouveau
COUveineiir de la plar» , '..'i -l-»'— •?•>;<•" (Jlua
iort de l'épidémie, a jugé convenable d'en-
voyer à l'amiral anglais une note (n? 1 ) , pour
lui exposer la situation des habitanS , et com-
bien le nom des anglais deviendrait odieux à
toutes les nations , s'ils commettaient quelqu acte
d'hostilité contre cette ville. Le général Aber-
ctombie et l'amiral Keith ont répondu ( n° 2 )
au gouverneur, sans le regarder comme gouver-
neur de Cadix , mais seulement comme capitaine
génifA de l'armée et province d'Andalousie ,
et capitaine général du département de la ma-
a:ine , en lui proposant de leur livrer les vais-
seaux armés et en armement dont les équipages
«t oflîciers seraient mis en liberté ; qu'à cette
condition la flotte se retirerait.
Lé iiouverneur de Cadix (n° 3) a répliqué aux
dits généraux en leur fesant connaître l'erreur
dans laquelle sa lettre les avait fait toinbei.
Hier toute l'expédition mouilla devant la place;
aiais aujourd'hui le vent ayant tourné au sud-est,
elle a déployé les voiles de misaine , courant
des bordées jusque vers le milieu de 1 après-
dinée ; ensuite , vers le soir elle était à six lieues
de distance.
Les patrons de barques de pêcheurs arrêtés
hier par l'escadre , et qui viennent d'arriver ce
soir de lîle , déclarent que l'intention de l'en-
nemi est de débarquer ce matin entre Candon
et Régla ; ils en ont été empêchés par le vent
du sud.
On ne sait pas au juste le nombre des troupes
de débarquement. On les yorteà 20,000, ce qucle
nombre de 84 bâiimens de transports , le nombre
des vaisseaux et frégates rendent probable.
A la vérité , cet événement ne pouvait arriver
dans des circonstances plus critiques : car , par
«uite des effets de l'épidémie , nos forces suffisent
à peine pour défendre la raHe. Il faut croire
louttlois (jue l'ennemi les croit imposantes ,
puisqu'il n'ose pas nous attaquer. Du côté de
terre , on a pris toutes les mesures convenables
pour déjouer leurs projets. Il n'est pas naturel
qu'ils y renoncent . si le vtnl de sud cesse. Il ne
paiaii pas devoir durer.
Voilà tous les rcnseignemens queje puis donner
rapidement. Il est déjà tard. Je suis chargé d'af-
faires , et encore dan» l'affaiblisseraen) d'une con-
valescence.
On trouve ci-aprèj copie des lettres précitées.
(1 Monsieur l'amiral anglais , lorsque le cruel
fléau qui enlève dans cette ville et ses environs ,
des milliers de victimes , et qui semble ne de-
voir suspendre ses ravages qu'après avoir mois-
sonné tous ceux qui lui ont encorecchappé , suffit
pour exciter lacompassion, je vfiis avec surprise
que l'escadre sous les ordres de V. E. , vient a-
jouter à la consternation de ce peuple. J'ai trop
bonne opinion de 1 humanité du peuple anglais,
et de la vôtre en particulier , pour croire que vous
cherchiez à rendre notre situation plus déplo-
rable. Cependant , si , d'après les ordres qu'a
reçus V. E. , elle consent à s'attirer l'ejjécration
de tous les peuples , à se couvrir d'opprc^bre aux
yeux de tout l'Univers , en opprimant i'infot^tuné,
en attaquant celui qu'elle croit sans défense , je
lui déclare que la garnison sous mes ordres, ac-
coutumée à voir la mort d'un front serein , ainsi
qu'à braver des périls plus grands que tous les
périls de la guerre , saura faire une résistance
qui n'aura d,e terme que son entier anéantisse-
ment. J'espère que la réponse de V. E. m'appren-
dra si je dois consoler le malheureux habitant ,
ou l'exciter à la vengeance et à la colère >'.
Dieu garde 'V. E. Cadix, 5 octobre 1800.
Thomas de Morla.
"Jusqu'à présent les croisières du blocus n'a-
vaient point empêché les pêcheurs d'exercer leur
innocente industrie. Il faut s'étonner que V. E.
nous prive de ce faible soulagement, n
N". I I.
Lef commandans en chef des forces de terre- et de
mer de S'. M. B. formant l'expédition devant
Cadix. — Vaisseau de S.M.B., le Foudroyant ,
sous Cadix, 5 octobre 1800.
Il Nous avons eu l'honneur de recevoir la
lettre de V. E. de ce jour , dans laquelle elle nous
peint 1 état deplo,»u,- ^ ont^ville.No..= --,-- = <,
profondement atniges de ces c.iumucs , quoique
nous 'ayons de fortes taisons de croire que les
effets en sont beaucoup moins désastreux.
>' Nous n'ignorons pas qu'un grand nombre
des vaisseaux de S. M. C. sont armés pour s'unir
aux forces navales des français et doivent être
employés à prolonger les troubles qui désolent
toutes les nations de TEurope , nuire à l'ordre
public , et détruire le bonheur des individus.
Nous avons reçu de notre souverain l'ordre de
faire tous nos efforts pour déjouer les projets de
l'ennemi commun , en essayant de prendre ou
détruire les vaisseaux de guerre qui se trouvent
dans le port et arsenal de Cadix.
)> Le nombre des forces dont le commande-
ment nous est confié, laisse peu de. doute' sur le
succès de l'entreprise. Nous sommes peu disposés
à multiplier , sans nécessité , les maux insépara-
bles de la guerre. Si V. E. consent à nous Lisser
les vaisseaux armés ou en armement , pour agir
contre notre roi , et prolonger les malheurs des
nations voisines , vos équipages et leurs ofliciers
seront libres , et notre flotte se retirera. Autre-
ment nous devons agir conformément aux ordres
qui nous ont été donnés , et vous ne pourrez
attribuer qu à V.E. le surcroit de malheurs qu'elle
redoute.
)) Nous avons l'honneur d'être avec respect, etc.
R. Abercrombie , Keith.
)i Une frégate restera dans le port , pour atten-
dre la réponse de V. E. , afin qu'il n'y ait aucun
retard,);.
N° m.
)) MM. les généraux de terre et de mer de
S. M. B. , quand j'ai représenté à 'VV. EE. la
triste bjiuaiion de cette cité , afin d'engager leur
humanité à ne pas I aggraver par des actes d'hos-
tilité , je n ai pas dû croire que ma demande fut
regatdéc comme l'effet de la crainte ou de la
faiblesse. Malheureusement je vois que 'VV. EE.
ont mal inierprêté rass expressions, ^puisqu'elles
m'attirent une proposition aussi outrageante pour
celui à qui elle s'adresse , que peu honorable
pour ceux qui la font. VV. ÉE. doivent se tenir
I our avcriies de me faire des propositions plus
convenables , si c est leur intention qu'elles soient
acceptées.
J'ai l'honneur , etc.
Thomas db Morla.
6 octobre 1800,
I N T E R I E U R.
Paris , le 4 brumaire. -,
On a appris à Gênes .le 20 vendémiaire'?
par des Iciires de Livourne , «pie les autorités'
impériales qui administraient cette' ville avaient
autorisé de nouveau la course sous pavillon
autrichien contre les bâtimens français et ligu-
riens. L'entrée des français aura heureusement
jirévenu l'exécution de cène détermination hos-.
tile qui eût éié trè'i-nuisible aux intérêts de"la'
Liguiie et de l'armée. Déjà les entrées deve-
naient nombreuses dans le port de Gênes ; douze
bâiimens grecs - ottomans , dont quatre à cinrf
chargés d'une quantité considérable de grains,:
de comestibles et autres denrées ayant relâché à
Livourne . avaient été obligés d'en partir furti-
vement en coupant leurs cables , et en laissant
leurs expéditions. Leur cargaison va concourir
à rétablir l'abondance , à vivifier l'industrie et à
alimenter le commerce des génois.
• — La fête de l'anniversaire du ï8 octobre, jour
de la capitulation des anglais à Alkmaër , a été
célébrée à la Haye et dans toutes les villes de la
république batave avec beaucoup d'éclat.
— Dans la décade dernière un orage terrible
a causé des dégâts considérables dans les envi-»
roUs de la commune de Sens. Une grêle abon-
dante et très-grosse a saccagé plusieurs villages
oià la vendange n'était point achevée. Les ven-
dangeurs ont été obligés de se coucher visage
contre terre pour n'être point blessés. C'est la
seconde catastrophe de ce genre qui désole, cette
année, ces communes.
— Talma est de retour à Paris , et doit repa-
raître le 7 au Théâtre-Français, dans le rôle
d'Oreste , d'Andromaque.
— Un trait de bravoure du citoyen Claude-
René, postillonde Courviile , département d'Eure
et L.oir , ...i.ue d être tac. j^..: K,;o^nHs mi
attaqué la diligence qu il conduisait , il a su , pat
sa bonne conlenance , la garantir du pillage dont
elle était menacée. ^Le général Mortier, com-
mandant en chef les i5' et 17' divisions mili-'
laites , lui a adressé la lettre suivante :
«1 Brave homme , le premier consul a été ins"
truit de la conduite courageuse que vous 3.vei
tenue le 19 vendémiaire , lorsqu'attaqué à onze
heures du soir , près de Champrond , par dix
brigands armés de fusils , vous parvîntes à sous-
traire à leur rapacité la voiture et les voyageurs
qu'elle conduisait , sans d'autre secours que votre
résolution et votre sang-fioid, dont trois blessures
graves sont les honorables témoignages. Ce trait
qui vous distingue , a fixé l'attention du premier
consul, à qui rien de ce qui porte lempreinte
du vrai courage ne peut échapper ; et pour vous
donner des preuves de la satisfaciion qu'il
éprouve , il vous accorde une graiification de
400 francs que je vous envoie par le courier de
ce jour. >) ^
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 2 brumaire.
Les consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
Art. I^''. Le préfet de police de Paris exercera
son autorité dans toute l'étendue du département
de la Seine et dans les communes de Saint-Cloud,
Meudon et Sèvres du département de Seine et
Oise , en ce qui touche les fonctions qui lui sont
attribuées par l'arrêté des con.suls du 12 messidor
an 8 , article V sur la mendicité et le vagabon-
dage.
§ I , II , III. Article VI , sur la police des
prisons.
Art. VII , VIII et IX , sur les maisons pu-
bliques.
Art. X, sur les aitroupemens.
Art. XI , sur la librairie et l'imprimerie. ;
Art. XIII , sur les poudres et salpêtres.
Att. XIV , sur les émigrés.
Art. XIX, sur la recherche des militaires »J
matins , déserteurs , prisonniers de guerre , mai»
par droit de suite, lorsqu'ils se seront réfugiés d«
Paris dans les autres communes du département.i
An. XXIII , sur la salubrité.
\ IV , Art. XXIV , sur les débordemeo» «I
débâcles.
i34
Art. XXVI , sur la sûreté du coftimerte.
Art. XXXII , sur la surveillance des places ,
lieux publics.
J I, II et m. Art. XXXIII, surjes approvi-
sionnemens.
II. Le préfet de police aura à cet efFet sous ses
ordres , pour cette partie de ses attributions seu-
lement, les maires et adjoints des Communes , et
les commissaires de police dans les lieux où il y
en a d établis ; il conesponjdra avec eux directe-
ment , ou par l'intermédiaire des ofliciers publics
sous ses ordres, et il pourra requérir irannédia-
tement ou par ses agens , l'assistance de la garde
nationale desdites communes.
III. Le préfet de police remplacera le préfet du
département de la Seine pour la délivrance des
passeports à l'étranger.
IV. Les ministres de l'intérieur et de la police
sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui
sera imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul, iijnc, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Extrait des registres du sénat-conservateur. — Da 4
brumaire lan 9 de la république.
Vu le message des consuls de la république ,
du 22 fructidor an 8 , par lequel ils iiiviient le
sénat-conservateur à pourvoir .conformément à
l'article XX de la constitution , au reraplace-
sienl des citoyens Dalphonse et Viilers , membres
du corps-législatif, dont l'un a accepté la place
de préfet du département de 1 Indre, et l'autre
a opté pour la place de directeur des douanes
à Nantes ;
Vu pareillement un second message des consuls
de la république , du 7 vendémiaire dernier ,
annonçant la vacance dune troisième place au
corps-législatif , par la nomination du citoyen
Frégeville , un de ses membres , aux fonctions
qu'il a acceptées , de général de division en
activité :
Le sénat-conservateur , réuni au nombre de
membres prescrit par l'article XC de la constitu-
tion , procède , en exécution de l'article XX , à
la nomination de trois membres du corps-légis-
lauf, en remplacement des citoyens Dalphonse ,
Villers et Frégeville.
La majorité absolue des suËFrages , recueillis au
scrutin individuel , se fixe sur les citoyens :
Saget ( Loire-Inférieure) , ex-président de l'ad-
ministration municipale de Nantes ;
Despalieres ( de la Vendée ) , ex-membre de
l'assemblée coloniale de 1791-
T,,, 11-, -i-»c , ex-législateur j ae Seine-et-
Oise.)
Ils sont proclamés par le président , membres
du corps-législatif.
Le sénat arrête que ces nominations seront
notifiées par un message au corps-législatif ,
lors de sa rentrée, au tribunal et aux consuls
de la république.
Signé , Lemercier , président ; Kellermann
et Garât , secrétraires-
Par le sénat conservateur ,
Le secrétaire-général , signé , Cauchy.
B0N.A.PARTE, premier consul de la république .
Ordonne que l'acte du sénat-conservateur , qui
précède , sera inséré au bulletin des lois. Le mi-
mistre de la justice enverra à chacun des citoyens
Saget , Despalieres et Lacretelle aîné, un exem-
plaire du bulletin des lois , où cet acte sera in-
séré , pour leur tenir lieu de notification , et
leur servir de titre pour constater leur qualité.
Paris, ce 4 brumaire an 9 de la république
irançaise.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
MINISTERE DE LA MARINE.
'Le ministre de la marine et des colonies au citoyen
Bouvier .employé au secrétariat de la marine.
Taris , /e 27 vendémiaire an 9.
Les actions qui honorent l'humanité vous sont
familières depuis long-tems. Elles vous ont acquis
des droits à l'estime de vos concitoyens. Votre
modestie y ajoute un nouveau mérite, et devient
pour moi un motif de vous donner un témoi-
gnage authentique de la satisfaction que j'ai
«prouvée en apprenant la manière courageuse
Avec laquelle vous avez encore récemment sauvé
la vie à un militaire attaché à la marine , qu'un
accident avait fait tomber dans la Seine , oià il eût
péri sans votre secours.
Lorsqu'un employé , déjà recommandable par
son assiduité et son zèle , consacre ses heures de
lepos à de pareils loisirs , il ne doit pas seule-
ment en trouver le prix dans la conscience du
bienfait; il acquiert des titres à la reconnaissance
publique, etje me félicite d'en être l'organe dans
celte occasion. Signé , Forfait.
MINISTERE DELA GUERRE.
M°
5.
fJCFLes inspecteurs de cavalerie , les chefs de brigade, commandans
d'à
rtillciie et conseils d administration des corps de cavalerie qui
aient des observations à faire , soit sur le nombre des chevaux
au
BUREAU DES REMONTES. soit sur la qualité des livraisons qui ne cadreraient pas avec le présent
. état, sont invites a les laire passer dans le olus court délai au ministrt-
AN 8.
Remis le i*' brumaire
de
la guerre.
3„ g ^ Etat-général par chaque nature de service drs chevaux livrés
au premier consul
aux troupes à cheval , et auxdifférens services des équipages
des armées de la république , pendant le cours de Tan 8.
NOMBRE des che-
Totaux
NOS
vaux livrés , et
des chevaux
Armes
des
provenans
livrés
OBSERVATIONS.
1
corps.
de la
des
par par
levée.
matchés.
corps. armes.
1
Carabiniers. % '„
123
i
1
•24 \ 3i6
.1 "*
(
2-
2
3
4
5
6
192
258
78
Au commencement de l'an 8 , pres-
que tous les corps se trouvaient ré-
duits au moins de moitié par suite
294
343
257
167
3o6
20
i
3i4
343
258
167
321
des pertes^ éprouvées dans la cam-
pagne de l'an 7 ; mais ceux qui se
trouvaient réduits à une nullité ab-
i5
solue , et pour lesquels il a fallu faire
7
des efforts considérables , sont :
8
5o
76
126
9
145
«43
les3<', 7=, II', 14=, 18= et il'
de cavâleiie ;
IQ
.39
'39
II
229
5i
280
7"=, II'' et 19= de dragons;
1 ^ . ■ /
12
5o
5o \
> 4,"i
339 /
52
118
6^,9', 14', i5=, ig« , 24» et-25'
Cavalerie. \
13
de chasseurs :
1
15
16
339
4«
118
10
'•■■ i"^ , .3« , 9», 10', II' et 12' de
hussards.
17
179
«79
Enfin les légions italique et po-
18
212
i
2l3
lonaise , corps de nouvelle forma-
'9
273
273
tion , et conséquemment sans un
«0
io3
I
ô"* 1
seul cheval , en ont reçu, iioo des
2[
3o6
I
3o7 1
dépôts, et il a été pourvu à la re-
22
40
40 \
monte des sept escadrons complé-
23
139
II
i5o ]
mentaires des corps employés à l'ar-
24
222
222 /-
mée d'Orient , lesquels étaient en-
25
75
75
tièrement démontés , excepté le 3'
f j"
362
36« X
de dragons qui avait encore ni
2
3i
3i
chevaux disponibles.
3
III
I II
4
25l
28
279
^
5
499
52
55i
6
262
9
264.
7
t-i
414
a
74
74
1
9
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12
584
Dragons. (
lo
92
67
36i ) ^'^93
\
.11
356
12
•-
12
5i7
3
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i3
295
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\
14
12
212
224
.
i5
114
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226
16
277
35
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17
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I
323
18
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28
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207 J
20
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3.9
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100
100 ^
3
77
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4
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192
5
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i5
201
6
486
486
7
116
71
187
8
94
62
i56
9
549
i3
562
10
25o
25o
II
346
346
12
368
116
484 \ 8,841
Chasseurs. \
' i3
368
25
393 /
14
423
423
i5
693
146
839
16
74
74
Les numéros 17 et 18 jont licen-
»9 ,
593
593
tiés depuis long-tems.
20
463
463
21
22
143
66
S09
23
188
16
S04
733 }
818 ^
84
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418
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3
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489
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122
6
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2
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Hussards^ ^
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146
78 ;
196 \ 4,524
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436 1 ;
10
341 :
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■
«
Son
5oo j
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i35
Arme».
NOMBRE des che-
vaux livrés , cl
provenans
de la
levée.
Artillerie lég.
Légions.
Garde des
consuls.
Généraux.
Guides des
généraux.
(Polon.
■) Ital.
^Cisal.
{—
î
Equipages de
tous les ser-
Ariil.
char.
I trains
\etartil
de la
garde
Services diversx
ï34
=97
214
847
98
264
3io
53a
465
io5
295
8293
4043
i5i
164
4
3
i384
igSo
i374
TOTAUX
des chevaux
livrés
par
corps.
par
armes.
276
297
114
247
146
392
ï68
3i3
532
465
io5
295
2,o53
295
i5,66o
0 B SERVATIO KS.
Exercice an 8.
SltvATtON des marchés de chevaux
en deniers et en nature , pendant
le cours de l'an S et à Cépoque du
dit i'^^ vendémiaire an 9.
N O M. S
CES E N T R C P R C M S U R 5
qui ont fourni.
Constant
Fidiere
Hussenet
171
Sous la dénomination de charois ,
on comprend tous les chevaux four-
nis aux W et à l'ambulance.
On comprend, dans cet article ,
les chevaux livrés pour le service
des postes des armées , à la gendar-
merie , aux volontaires de l'armée
de réserve , à la manufacture d'ar-
mes de Versailles , etc.
RÉCAPITULATION GÉNÉRALE.
Certifié le présent état général par chaque nature
de service , des chevaux livrés aux troupes à
cheval et aux difîérens services d'équipages des
armées de la république pendant le cours de l'anS,
conforme au relevé qui a été fait des procès-
verbaux et autres pièces qui ont servi à justifier
I les quantités portées audit état.
Le chef du i5^ bureau, du ministère de la guerre,
MiOT.
Vu par le ministre de la guerre, par \n\etifa ,
Signé , LaCUÉE.
Cavalerie
Dragons
Chasseurs
Hussards
Artillerie légère . .
Légions
Garde des consuls
Généraux
Guides des généraux. .
Equip.milit. et d'artillerie
Services divers . . . .
Totaux
Observations. — i"' Sur les produits de la levée.
La levée des 40,000 chevaux à l'époque du i" vendémiaire an 9, offrait unprocTuit de 43,928
chevaux.
Par cet état elle n'offre qu'une livraison de 37,014.
Différence en plus de 6,914 chevaux.
Mais on remarquira qu'outre , que beaucoup de contrôles de livraisons ne sont pas parvenus au
ministère de la guerre , le compte de la levée a été établi sur les simples rapports des généraux
et des préfets , et qu'il faut admettre des pertes en chevaux qui ne sont pOiht encore connues,
ce qui donne l'explication de la différence qui existe entre les produits de la levée et la liviaison
effectuée. '
On observe que le relevé du nombre des chevaux de la levée fournis à chaque corps ou
jervice , a été fait avec la plus scrupuleuse exactitude , sur les contrôles et autres pièces adressées
au minisirede la guerre par les officiers-généraux chargés des répartitions dans les points de
réunion qui avaient été établis près les armées.
a". Sur les produits des traités.
Il est à remarquer que les traités passés par le ministre Carnot , n'ayant été mis à exécution
en grande partie que vers la fin de l'an 8, etc. particulièrement dans le mois de fructidor, et
jours complémentaires , il existe un nombre assez considérable de chevaux dans les divers dépôts
(e qui établit la différence entre les livraisons aux corps «t services pcadam l'an 8, avec les
fournitures effectuées.
VACCINE.
Quatriemt réflexion sur la vaccine ,■ par le citoyen
Vaume, médecin de l université, de Louvain , etc. (i)
Ce n'est qu'en attendant le rapport du comité
établi en cette capitale , pour vérifier les effets de
la vaccine , et pour satisf-ire les amateurs de cette
innovation , que je vais faire connaître avec la
plus scrupuleuse vérité des faits que j'ai vus ,
d'autres qui m'ont été communiqués par des
membres du comité , en m'invitant à suivrç leurs
opérations.
D'après ces faits , je pourrai , sans crainte de
divaguer , ajouter quelques réflexions , qui prou-
veront combien nous devons nous méfier de ces
écrivains , qui donnent pour certain , ce qui de-
vient plus douteux, à mesure que nous sommes
plus éclairés par l'expérience.
Exposé succinct des épreuves faites à Paris.
Le comité de Paris inocula trente enfans, il
y a environ cinq mois , avec du viius venant
d'Angleterre , qui avait déjà servi dans ce pays
à l'inoctilation successive de cent individus envi-
ron , suivant l'avis du commissionnaire; le virus
devait tirer son origine du Cowpox , maladie
réservée aux vaches anglaises.
Quelle que soit cette mati re, elle ne fit d'effets
réels que sur six ou sept individus , qui eurcht
à chaque piqûre un bouton blanc, entouré d'un
cercle inflaramaioiic plus ou moins considérable.
Les piqûres du nommé Blondeau ayant le mieux
réussi , on fit graver la figure des beutons qui eii
résultèrent.
Trois mois après l'insertion de ce viras , on
a reinoculé trors de ces individus avec le virus
variolique : de ce nombre fut Blondeau ; deux
n'eurent que des boutons légèrement inflamma-
toires i mais Blondeau eut des boulons vario-
leux caractérisés, avec fièvre le huitième jour , etc.
Pour ne laisser aucun doute sur la nature de
cette petite vérole , le comité fit prendre de I2
(j) Ocite letti
comité médical :
que le rapport
ia/a» »> lettre. ( ISote du tcdacteuc- )
t écrite irvant la publication du rapport du
Litcur Houa presse de l'insérer , en annonçant
peut lien chanj^cc aux xéSexion» contenues
i36
nviMieieric Bloni-iBBii , '«ninocula deux enfans ,
djiiit. un noraraé ÇJia'.Jes Layalelie eut une petite
vérole {les, plus compiciies avec cent boulons en-
viiôn ■;, 'on en inocula son f'rerc df lait , qui de
même prit la jjélile véVole ; ce qui forma le com-
}i)é3iierii de la preuve que Blondeau avait bien
réelleujeni pris la peiile vérole ; le tout se trouve
consigné dans les procès - verbaux du comité.
Avant CCS réinocùlatiipns , le snédecin Wood-
viile étant arrivé de Lo'iidres , apportant de la
matière qui devîit 'aussi venir originairement
d'une vache anglaise , mais qui avait servi â l'mo-
cHlalio'n successive de peut-être cinq ou six cerrts
individus de l'espèce humaine , le comité^ livra
au médecin Woudville six enfans ; mais , à soti
grand élonnemeni, ce virns qu'il avait apporté
^avec tant de soin, ne produisit aucun effet. Pen-
dant cet intervalle, le premiervirusque le comité
avait reçu , s'était affaibli, et finalement s'était
toui-à-fait amorti , de manière que le' comité et
linoculateur anglais se' trouvei;,erit l'éduits à
linaction.
Mais celui-ci , en débarquant à Boulogne , y
avait envachiné quelques, individus ; on, apprit
que celle épreuve avait réussi ; on fit venir en
poste de celte matière , et le citoyen Colon ,
partisan très-prononcé de cette innovation , sou-
mit son propre fils à l'éptieuve de ce yirus; il
produisit, ainsi que laulre virus, un bouton
blanc'par piqûre , avec un auréole- jnflafnraaioire
assez considérable : la matière de ces boutons
a servi de germe à tous cegx qu'on a enyachi-
nés ,' et qu'on continue encore à envachiner ;
son effet , quand elle en a produit , a élé cons-
taminent le même , sans autre altération à la
santé qu'un léger mo.uvemept.de .fièvre .dépen-
dant peut-être de l'inflammation locale.
Le comité avait encore fait ^ne seconde
épreuve de la première matière , en réinoculant
avec la variole sept individus , etivachinés en-
viron deux mois auparavant : cinq n'eui-ent que
des boutons légèrement inflammatoires qui se des-
séchèrent avant le 9' jour ; deux eurent à chaque
piqûre des boutons plus marqués avec inflam-
mation ; ils existaient encore du 11° au lî"^ jour.
'Le 11 vendémiaire, trois enfans, reconnus
bien envachinés avec la matière apportée par le
médecin Woodeville . furent réinoculés avec le
viTus vaiiolique. Dès le lendemain à chaque pi-
qûre parurent des boutons qui ne tardèrent pas à
grossir et à s'emplir d'un pus jaunâtre ; le cin-
qttieme jour, le citoyen Salmate qui avait réi-
noculé ces individus , leur trouva de la fièvre. Le
septième jour, je me suis rendu au comité pour
examiner ces réinoculés ; j'apperçus presqu'à
toutes les piqûres des boutons varioleux dont
qvielques-uns avec de la matière; enfin les bras
pfésentaicnt l'aspect d'une inoculation variolique
pariaiie, lorsqu'elle est à son 7' ou 8= jour. Les
deux sœurs Ducrocq étaient encore remarquables
par la rougeur des pommettes, et par leurs yeux
élincelans •,' j'ai senti dans leur pouls de la pléni-
tude et de l'élévation , avec cette vibration fébrille
dans l'anere qu'un médecin-praticien reconnait au
premier abord, en lui indiquant que_ la nature
est en travail. J'ai demandé qu'on essayât de cette
matière , comme on avait essayé de celle de Blon-
deau ; le comité s'y est refusé.
'Voilà le précis véridique des effets obtenus par
les épreuves faites jusqu'à ce jour , avec les deux
matières purulentes reçues de l'Angleterre.
Le comité a opéré , comme on vient de le voir,
avec une matière dont l'origine lui est inconnue ;
en perpétuant même ses épreuves, il ne pourra
jamais prononcer avec certitude î s'il ne fait
prendre directement et avec toutes les formalités
pour prévenir les fraudes , la matière sur le pis
d'une vache , infectée de la maladie nommée
cowpox. Par les effets que j'ai vus du virus envoyé
d'An^^teterre , je me suis bien convainiiu que ce
n'est point du virus variolique ordinaire ; mais je
crois y reconnaître un mélange 4'une matière
provenante peut-être de vache , avec celle de
petite vérole -, ce mélange aura produit une espèce
de virus mixte , qui insensiblement samortira
comme il est déjà arrivé.
J'ai prouvé dans mes réflexions antérieures ,
que pour savoir si la vaccine préserve de la petite
vérole, il fallait laisser au moins un intervalle
d'une année entre l'inoculation vaccine et la réino-
culation variolique : les retours périodiques des
fièvres . des règles, des hémoro'ides , des coliques ,
les et d'autres maladies ne laissentaucun doute sur
révolulionsde jours, de mois, d'années, et même de
sept années, connues sous le nom d'années cli-
matériques aux(iuelles le corps hum.ain est assu-
jetti. Les effets du virus variolique peuvent donc
être suspendus sur un sujet envachiné pendant
une de ces révolutions ; la rougeole qui suit ou
précède assez souvent la petite vérole, peut faire une
exception , mais ne détruit point mon argument.
Le comité a cependant voulu faire trois tenta-
tives; Iri première après un intervalle de trois
mois, les deux auti'es après un inlervalle de
deux mois environ : dains la première sur trois,
un prit la petite vérole ,,et ce fut Blondeau , sur
qui la vaccine avait produit le plus d'effet;- dans
la seconde deux sur sept eurent des boutons
inflammaioires qui subsistèrent au-delà du dou-
zième jour. Dans la troisième , tous prirent aux
pi'qûres des boutons varioleux bien caractérisés ,
accompagnés des autres symptômes ordinaires
aux inoculations bénignes.
Il est donc naturel d'arguer de tous ces faits ,
que si l'on avait attendu la révolution d'une année
pour fa,ire ces réinoculalions, tous cesenvachinés
auraient pris la petite vérole , à l'exception de ceux
qui n'auraient pas eu la disposition momentanée de
la prendre , et de ceux qui peuvent l'avoir eue ;
car le comité a reconnu avoir opéré avec la
vaccine sur des sujets qui avaient eu la petite
vérole. \
Le peu de rapport qu'on voit entre les épreuves
qui ont été faites à Paris , à Londres et à Genève,
prouvent encore que tout ce qui a été tenlé
jusqu'aujourd'hui, n'offre ni ensemble ni stabi-
lité , ni motif quelconque de conviction , que
la vaccine puisse être le préservatif de la pe-
tite vérole. Une lettre de Genève en me confir-
mant les ravages que ce fléau y exerc^ , ajoute
que les envachinés n'en sont pas plus à l'abri,
que les autres individus.
D'après cet exposé franc et véridique de ce
qui a élé fait sur la vaccine sous nos yeux , et
d'après ce que nous pouvons savoir de positif
sur ce qui s'est passé dans d autres pays , on peut
se- convaincre combien ces apologistes outrés
en imposent au public en mettant leurs préju-
gés , ou des spéculations d'un avide intérêt , à
la place de la vérité. Je vois d'un autre côté un
médecin anglais , nommé Thornton , dans ses
annonces joindre l'imposture à l'astuce.
J'exhorte donc les amateurs de la vaccine à
attendre le rapport et les résultats des épreuves
dirigées avec prudence et impartialité par ceux
des membre? composant le comité de Paris qui
méritent la confiance du public ; et si contre
toute apparence la vaccine pouvait offrir un
moyen de plus de diminuer nos maux , avec
quelle satisfaction je joindrais ma prolession de
foi et mon aveu, au rapport du comité qui an-
noncerait ce bienfait ! J'exhorte aussi le public et
les gens de l'art de se méfier jusqu'à ce mo-
ment de toute annonce sut la vaccine et de ses
succès qui, malgré nos veux , et d'après les
preuves évidentes que je viens de donner , sont
plus que jamais problématiques.
Paris, ce aS vendémiaire an 9. "Vaume ,
Rue Montmartre , vis-à-vis lafontaine.
LIVRES DIVERS.
Nella ou la Carinthienne ; par madame S. M. L.
Trois volumes in-ii2 ; prix, 5 francs.
A Paris , chez l'auteur , rue du Théâtre-Fran-
çais , n° 7.
L'auteur de ce roman est une femme. Cette
femme est étrangère , et lorsque l'adressant aux
critiques , elle remarque que les plus habiles
sont aussi les plus indulgents , lorsqu'offrant son
premier ouvrage au public, aulieu d'un éloge
anticipé, elle ne croit devoir parler que de sa
faiblesse , elle acquiert bien des droits à l'in-
dulgence qu'elle réclame.
Le début de son roman est heureux ; il inspire
de l'intérêt. Les personnages qui devront paraître
en scène , y sont bien peints, et bien opposés.
Celui de Nella a de la fraîcheur, et il acquiert
plus de charme à mesure qu'il est mis en action.
Nous distinguerons cependant la première partie
de l'ouvrage , où des événemens naturels , une
peinture hdele des mœurs et des localités, des
scènes agréables , des traits délicats et fins , se
Succédetit avec rapidité.
Cette partie nous paraît bien supérieure à celle
où l'auteur, cessant de prendre la sociele pout
modèle , cherche l'extraordinaire ei trouve l'in-
vraisemblable ; quitte la route fleurie qu'il avait
parcourue pour se lancer dans un sentier déj.à
irop battu , otà il se perd dans la foule des roman-
ciers imitateurs les uns drs autres. Dans cette
dernière partie , on trouve bien des enlevemens ,
des catastrophes , des surprises , des reconnais-
sances , mais l'intérêt a cessé d'exister. L'auteur
laisse des doutes sur la destinée d'un de ses pirin-
cipaux personnages , et ne donne aucune lumicic
sur un incident du roman qu'on désirerait voir
éclairci. Il annonce une continuation de I histoire
de Nella. On l'accueillera sans dou:e avec em-
pressement : la première partie n'étant pas entiè-
rement complettée , laisse désirer la seconde.
Méthode abrégée , simple et facile , pour apprendre
en trois mois les vrais principes de la langue fran-
çaise ; par Galimard , fils aine ; ouvrage reçu par
le jury d'instruction pour les écoles centrales;
suivi d'un traité d'ariihrnéiique décimale.
Piix, I fr. 25 cent. , relié en parchemin.
A Paris, chez l'auteur , rue de l'Echiquier,
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membres composant ta première classe de l'institut ; ■
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Coupures 80 fr.
SPECTACLES.
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Auj. les Horaces , et le ballet du Berger Paris.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la i''^ repr. de l'Honim£ à sentimens ou le MorO'
liseur., suiv. du Jaloux malgré lui.
Théaire d(i Vaudeville. Auj. la i"= repr.
de Scène première ou la Pièce interrompue , et les
Métamorphoses. . _ .
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Auj. le faux Billet doux; la Fête d'amour, et
Nicaise.
Théâtre DE la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. l'Enfant de l'Amour, pani. grand spectacle ;
la i^'"^ repr. de la Romance , et Louise.
Erratum. Dans le n° d'hier, 1^"= colonne, art.
Espagne , ligne 39 , au-lieu du mot convoient ,
lisez celui louvoient.
L-abounemcm se fait. Paris, rue des Poitevins , u° .8. Le priit est d= 25 francs pour trois mois , 5o francs pour sis mois, et .00 francs pour l'année entière. On n
s'abonne du -iU commencement de cbaqne mois.
Iltaui adresseras letlreseil'argent,fraocde port, aucit.AcASSE, propriétaire de cejournal,ruedes Poitevins, n« 18. Ilfautcomprendre dans les envo.6 le port de
■ r„., „, neiu ifFraacliir Les lettres des déparlemens non aEfranchies , ne seront point reti recs de la poste. )
''^^^■Llavoi"soin%o" "lus de sûreté, de cbarg» celles qui reutermen.des valeurs ,%t adresser toui ce quicotrcerne la rédaction de la feuille , au rédacteur . rue de
Foiievins, k" i3, depuis neuf heures du matin jusqu'à cil -j heures du soir.
A Patis, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
gazettOStionale ou le moniteur universel.
N" 36.
iexlidi , 6 brumaire an g de la république françahe , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'A dater du 7 Nivôse le Mo NIT E U R est le seul journal officiel
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les fah^çf les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. '^i'r>^n "' •^' " "
Un article seia particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles. '
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 22 octobre ( 3o vendémiaire. )
Actions de la banque 167 •. — 3 pour |. con-
solidés 64 I 5 1. Pour novembre 64-5 j |. Omnium
3 i I •;. Prime.
Le prix du blé et de la farine ayant éprouvé
une hausse considérable depuis la dernière taxe,
le lord maire a fixé celui du pain de 4 livres à
I schell. 4 pences {.
Le roi a noraméJohnHookham, écuyer , son
envoyé extraordinaire et son ministre pléni-
potentiaire à la cour de son altesse le prince
légent de Portugal.
M. Merry , notre dernier chargé d'afiFaires à la
cour de Copenhague , remplace M. Liston ,
comme ministie plénipotentiaire de S. M. auprès
des Etats-Unis de l'Amérique.
Les commissaires anglais revenus d'Amérique
ont été présentés à S- M. Leurs négociations n'ont
point eu de succès.
Le gouvernement se propose , dit-on , de faire
passer des constructeur; de vaisseaux et des ou-
vriers à Malte.
Presque tous les bâtimens doublés en cuivre
qui se trouvaient sur la Tamise , ont été frétés
pour le compte du gouvernement.
Il a été Fait des demandes considérables de tiz
en Amérique , pour lesquelles i! sera réglé de
fortes primes à la rentrée du parlement. On nous
annonce de ce pays pour le commencement du
prinlems procham , un envoi de blé et de farine ,
égal à la consommation de tout le royaume pen-
dant un mois
Le docteur Millman vient d'être créé baronet ,
pour avoir rendu la santé à la princesse Sophie ,
lors de son séjour à Weymouth.
Selon det lettres reçues hier en ville, les troupes
sous les ordres de sir Ralph Abercrorabie et de
»ir T. Pulieney , ne sont allées que dans la baie
deTéiuan , pour y attendre des ordres ultérieurs ;
cette station étant plus commode sous tous les
rapports que celle de Gibraltar.
Un ambassadeur du dey d'Alger est débarqué
àRamesgate. Le gouverneraenta envoyé au-devant
^ de lui. Il paraît que notre querelle avec le dey a
pris un caractère assez sérieux.
Charles Benning , élevé de procureur, et un
Walchmann , ont été traduits à Guildhall pour
cause d'imprécations contre le roi et le par-
lement.
Un bâtiment de la compagnie nommé The
Queen , se rendant dans l'Inde , a été consumé
par le feu sur la côte du Brésil.
Nous apprenons que la révolution , finie en
France , menaçait d'y recommencer , si quelques
obscurs scélérats n'eussent été découverts à tems
par le ministre de la police.
( Extrait du Morning-Chronicle , du Sun et du
Courier. )
Du î brumaire { 4 octobre ].
On lit dans un de nos journaux ( le Sun) les
réflexions suivantes sur la cherté des subsistances :
«• Il n'y a pas de sujet qui mérite dette traité
»vec plus de calme que la cherté des subsistances,
et particulièrement du blé. Il n'en est pas un
»ur lequel le peuple ait jamais persisté avec
plus de violence et d'opiniâirelé dans ses opi-
nions erronnées. Les uns assurent que la di-
sette est la seule cause de la cherié , sans avoir
éj^ard aux auircs circonstances qui peuvent y
concourir ; pendant que d'autres , par une erreur
plus grossière, et peut-être même avec perfidie ,
nient 1 existence d'une disette réelle , et impu-
tent le mal à la cupidité et au monopole.
Depuis lySo jusqu'à l'année 1770, l'exporta-
lion du blé produisit , terme moyen , environ
600.000 liv. st. par an. L'importation , depuis
1770 jusqu à J790 , a coulé aniiullement envi-
ron 3oo,ooo 1. s. , et depuis 1790 jusqu'à présent
la balance a été constamment à notre préjudice.
Le mal est maintenant plus que doublé. Ce
qui ptouye clairement que la coniommation du
blé , qu'elle provienne d'un accroissement de po-
pulation , ou de toute autre cause, a augmenté
beaucoup plus que les moyens de production.
Ajoutez à cela que cette année la récolte a
rendu beaucoup moins qu'elle ne promettait.
Ainsi ( la cherté peut être attribuée à ces deux
causes : une consoramaiion plus forte que le
produit de la terre , et la mauvaise récolte de
cette année. Nous croyons bien que les manœu-
vres dumoiiopole contribuent eftcbre à aggraver
le mal , mais on exagère leur influence. Assurer ,
comme l'a fait un de nos journalistes , qu il n'y
a pas disette , c'est ignorance grossière ou mal-
veillance.
Un grand cri a été poussé contre les mono-
poleurs , accapareurs , etc. et l'autorité a donné
trop de crédit à ces clameurs. Il suffit , pour s'en
convaincre , d'examiner combien il y a eu peu
de personnes punies pour ce crime ; car assu-
rément on ne peut pas soupçonner les juges de
faiblesse ou de partialité. Leur horreur contre
ces sangsues publiques est trop bien connue.
Un grand nombre de ceux qui crient si haut
contre les monopoleurs , imputent , en grande
partie ,._la cherté du blé et de la farine aux
spéculations du fermier et du meunier. Nous
avons déjà dit que , dans un tems de disette ,
ceux qui récoltent du grain , ne manquent pas
d'en garder : c'est un article dont il n'est pas
si essentiel pour le bien du peuple , qu'on fixe
le prix dans une proportion exacte avec les four-
nitures à faire. Si la taxe est trop haute , le
peuple est menacé d'être privé de sa subsistance:
si elle est trop basse , la consommation devient
trop forte et la famine est à craindre, Jamais les
fermiers n'ont été plus accusé» de spéculer que
l'année dernière , et cependant le grain ancien
ne fut jamais si proraptement épuisé qu'il l'a
été cette année , siir la simple apparence d'une
belle récolle.
Ceux qui accusent les meuniers, disent qu'un
jour le prix de la farine a été beaucoup plus
haut qu'il n'aurait dû l'être , en comparaison du
prix du bled. Ils oublient que le jnennier est
par état obligé de spéculer ; que le bled qu il
moud aujourd'hui , il ne le vendxa. p.eut-êue pas
avant six mois ; et par conséquent , quoique le
prix du blé doive en général servir de com-.
paraison à celui de la farine, ilne peul le régler
à la rigueur.
pira-t-on que l'état du meunier n'est pas un
naétièr de spéculation? qu'on doit l'empêcher
d'acheter, et qu'on ne doit le paypr qu'à un
taux fixé pour sa mouture ? sa réponse est
facile ; il est impossible de déterminer ce taux,
en essayant de le faire -, l'on ruinerait lun ,
pendant que l'autre ferait des gains énormes.
Les frais de main-d'oeuvrei, varient considéra-
blement à raison de la supériorité des machines
qu'on emploie , et de différentes circonstances
locales.
Il est probable que les meuniers gagnent
beaucoup sur certains marchés et peu sur d'autres,
et qu'ils perdent sur quelques-uns. La question
considérée , sous le rappoit du commerce, est
de savoir, si en général les gains ne sont pas
exorbitans. Il est certain que le meunier gagne
davantage, quand le grain est plus cher : dans
un tems d'abondance, il y a concurrence parmi
les vendeurs , parce que chacun veut gagner
sa vie. Dans un tems de disette , chacun cache
son grain , parce qu'on veut de gros profits.
Telle est la nature de toute espèce de commerce ;
celui du blé a cet avantage que dans un tems
de disette , si le grain monte à un prix élevé ,
ce qui est un mal , la consommation devient
moins forte , ce qui est un avantage réel.
Quelle que soit la cause de la cherté du blé ,
quand elle existe , le pauvre a droit à des secours
extraordinaires. Il est certaiti que les gages et
salaires doivent alors être augmentés , momen-
tanément ; quand le peuple ne peut atteindre
aux prix des subsistances de première nécessité,
il est disposé à s'insurger ; la malveillance en
profite et échauffe les esprits en donnant comme
cause de la cherté, ce qui lui est étranger. Nous
serons heureux si le parlement peut trouver un
remède proportionné à la grandeur du mal. 11
faut accorder des primes , etc. ; mais si la con-
sommation ne diminue point , si l'on n'étend
pas la culture du blé , le mal ne sera que pallié ;
au reste, les besoins présens réclament toute l'at-
tention du parlcraeni. Tous les efforts se réur
niront pour soulager le peuple , sans irriiei les
esprits. ( Extrait du True Brilon et du Sun. )
INTÉRIEUR.
Parii , le 5 brumaire,
La foire de Bordeaux est commencée depuis
quelquesjours : l'ordre y règne , grâces à la sur-
veillance de la police ; les espérances d'une paix
prochaine donnent quelqu'aciivité aux opération»
commerciales.
Le prix des eaux-de-vie se maintient toujours ,
et celle faveur qui s'étendra sans doute aux vins,
est duc au traité que la France vient de con-
clure avec les Etats-Unis.
(Journal de la Gironde , du 27 vendémiaire.)
— La foire du i" brumaire a été belle à Rouen,
et I on y a vu un concours prodigieux des habi-
t.ins de la campagne , amenés tant pour les be-
soins du commerce qu'attirés par la curiosité.
Quoiqu'il y eût beaucoup de chevaux , ils out
cependant été maintenus à un prix très- haut. On
na pourtant point remarqué qu'il ait été fait au-
cuns achats pouT le gouvernement. Les bêtes à
cornes s y sont aussi vendues à un prix eicessif :
ceci surprend d'autant plus que les fourrages"
n ont pas été abondans dans plusieurs canions.
Quant aux marchandises , les forains se plai-
gnent généralement du peu de vente. Il paraît
qu il n y a véritablement de débit que dans la par-
tie des étoffes en laine. Les approchas de Ihiver
ont impérieusement commandé des achats dans
cette parue. { Extrait de la Vedette de Rouen. )
— On écrit de Draguignan . en date du 24 ven-
démiaire , que la nouvelle de la prolongation de
1 armistice a été célébrée à Grasse, à St-Maxime
et a S.-.int-Tropès par des fêles, des danses et
dt:s Jeux de joie. Les paroles de paix , de con-
cihqition et d'espérance que le préfet a portées
a tous les citoyens dans les visites qu'il a faites
de ces arrondissemens , ont été par-tout accueil-
bes avec des marques de la plus grande sin-
cérité.
-^ Le citoyen Alphonse Leroi , professeur à
1 école de médecine de Paris, commencera un
cours particulier de médecine des femm'ej , des
enfans et de maiiere médicale , le 6 brumaire
an 9 , à six heures du soir, dans son labora-
toire , rue Pavée-André-des-Arcs , n°. 7 et 8 , et
le continuera tous les jours pairs à la même
heure , excepté le décadi. Le citoyen Vauché ,
son prévôt , fera les répétitions nécessaires.
— On lit l'article suivant dans le Publiciste du
5 vendémiaire :
u On a beaucoup exalté dans quelques jour-
naux les profits que relire l'Angleterre des diverses
branches de commerce qu'elle es; parvenue à
s'approprier exclusivement pendant cetie guerre,
dont la prolongation est, avec raison, attribuée
aux calculs ambitieux de ses minisires ; et quel-
ques politiques qui croient encore à la justesse
du vieux adage: Qui est maître de la mer, es/
maître de la terre , ainsi que de cet autre adage :
Entre deux puissances en guerre , la victoire reste à
celle qui aura le dernier écu , tirent de ces tableaux
mercantiles les conséquences les plus brillantes
pour lAngleterre : d'autres conséquences seraient
plus exactes.
>iLe gouvernement anglais paraît être de cet
avis. Il suffit de se rappeler quels efforts et quels
sacrifices il fait pour entretenir la guerre conti-
nentale ; avec quel empressement il consent et
sollicite encore d'être compris dans les négocia-
tions de paix , aussitôt que ses alliés sont con-
traints de les entamer; enfin , avec quelle rési-
gnation le ministère britannique se soumit , après
les préhminaites de Léoben et le traité de Campo-
Formio , au rôle humiliant de detnander la paix
aux rogues directeurs , dont les dédairts auraient
dû rebuter iin gouvernement aussi enorgueilli
de ses victoires navales et de ses riches con-
quêtes.
>i Aux yeux même de ceux qui font consister
dans les richesses pécuniaires la force d'un état
l'Angleterre ne doit point être dans une situation
Ion bfillanie à cet égard. Ce pays où ils suppo-
sent que s'est englouti tout le numéraire de
1 Europe , est obligé d'envoyer à I étranger ,
contre une de ces lois formelles , des sonjmis
énoiines pour acquitter les subsides de ses alliés.
Personne n'ignore que le gouvernement anglais
vend sur le coniinent , à des prix très-bas ,^di»
quantités prodigieuses de marchandises qui! reçoit
comptant d'une partie de ses emprunts publics ,
et qu'il a dans plusieurs occasions leliement forcé
la vente de ces marchandises , en tentant les né-
gocians étrangers par la baisse successive des prix,
que c'est à cela qu'on attribue lé grand nombre
de banqueroiites qui ont eu lieu à Hambourg
et ailleurs.
n Hé bien ! malgré ces ventes forcées , malgré
ce monopole, qu'exerce l'Angleterre pour les mar-
chandises des deux Indes, il se trouve que,
même à présent , dans lej circonstances les plus
favorables , la balance du commerce n'est pas
en faveur de l'Angleterre; et la preuve est, i°
dans l'immense quantité d'importations , qui ont
eu lieu dernièrement dans respa,ce de quatre
mflis , et que l'on a évaluées à sSo millions de
francs; dans l'envoi fait en dernier lieu de 2
millions de liv. sterling à Hambourg, en espèces
effectives, pour les subsides de I Autriche. 3°
Tout le monde sait qu'outre les 18 millions de
livres sterling , que la banque de Londres a mis
dans la circulation en billets de banque , qu'outre
une somme équivalente de billets , émis par les
banques de divers comtés, il existe en Angle-
terre plus de 400 millions de livres sterling ,
d'autres papiers de diverses origines et de valeurs
différentes , qui se négocient journellement sur
la place ; et que celte immense quantité de pa-
piers , équivalente à plus de moitié de la valeur
intrinsèque de toutes les propriétés foncières ,
mobiliaires et commerciales de la Grande-Bre-
•lagne , perd en ce moment a5 à 3o pour 100.
On sait que la banque de Londres , dont la sol-
vabilité a été démontrée en public par des pièces
irrécusables , est néanmoins en état de faillite
oiiverte sous h protection du gouvernement,
son débiteur, qt des deux chambres du parle-
ment. Enfin , on sait que l'élat, obligé de payer
ses dépenses en papier, au lieu de numéraire,
voit, depuis trois ans, la quotité de ses dépenses
s'accroître dans la progression la plus effrayante ;
•et que le peuple anglais dépense cette année
environ 60 milliorrs de livres sterling, dont un
tiers est employé en intérêts de sa dette , et le
reste en entretien de ses armées , de Ses flottes ,
en subsides, etc. Croira-t-on , d'après cela, que
l-Angleterre regorge de numéraire , comme on
affecte de le publier ?
>) Les vastes conquêtes des anglais dans des
pays lointains , dans des climats OÙ ils sont obli-
gés de renouveller sans cesse leurs garnisons, sont
aussi onéreuses aux finances de l'état qu'à sa po-
pulation. ( On n'a qu'a lire le budjet de (Inde ) On
ne saurait calculer . avec précision , les pertes
qu'éprouve la nation britannique dans les croi-
sières continuelles de ses escadres, et sur-tout dans
les nombreux transports de troupes qu'elle envoie j
dans toutes les parties du globe ; mais à coup sur ,
elle paie bien cher la gloire de promener fiere- j
ment, dans toutes les mers, ses brillantes escadres |
et ses troupes de débarquement. La voilà main- I
tenant obligée de soudoyer un nombre infini de
milices sur ses rives , lors même que notre gou- |
vernement ne songe point , et ne peut songer à
les menacer. Que sera-ce , lorsqu'après avoir con-
quis la paix continentale , il pourra transporter
sur nos côtes de l'Océan l5o mille de nos braves
guerriers ! Alot.s l'Angleterre , menacée dans ses
propres foyers , sera dans des allarmes conti-
nuelles ; alors cet amas immense de papiers dont
le crédit repose moins encore sur l'heureux et
savant artifice qui a su créer et conserver tant de
richesses fictives , que sur l'opinion forcée que
doit concevoir en leur faveur tout anglais dévoué
à l'honneur national , par la crainte de voir crou-
ler les fortunes particulières sous les débris de la
fortune publique ; cette masse énorme de biens
qui n'existe que par l'opinion , sera ébranlée
dans tous ses fondemens, et s'affaissera subitement
sous le poids des terreurs générales ; alors les dix
milliards d'assignats anglais éprouveront le même
sort que les quarante-cinq milliards d'assignats du
comité de salut public. Bientôt l'état n'aura plus
aucun moyen de soudoyer son armée navale , ses
troupes de ligne, ses milices ; et dans le boule-
versement général de la fortune publique et par-
ticulière, les anglais seront trop heureux de préve-
nir l'invasion de leur territoire par le sacrifice des
richesses comnterciales que notre gouvernement
mettra en réquisition dans ses ports.
)j Deux ans tout au plus de démonstrations hos-
tiles de la part de la France , amèneront inévita-
blement ^e résultat. C'est alors que l'on verra
quel immense intervalle sépare la fortune terri-
toriale de la France et la fortune commerciale de
l'Angleterre : l'une attaquée réellement et à l'im-
provisle par les forces réunies d'une grande partie
de l'Europe , aura repoussé ses ennemis et reculé
ses frontières ^ l'autre succombera sous ses prépa-
ratifs de défense , à la vue seule des préparatifs
menaçan-s de la France.
H Un étal si voisin d'une situation aussi désas-
treuse , est-il dans le cas de prendre avec nous
le ton impérieux qu'on lui prête dans les gazettes?
5) On ne saurait nier que la Grande-Bretagne ne
S"ii en ce moment dans un état de choses telle-
i:-.;n: jorcé, tellement disproportionné avec ses
i38
moyens, qu'il lui serait irnpossible de s'y riiainfe-'
nir plus de trois ou quatre ans , sans éprouver
quelque terrible Catastrophe ; et la jjaix continen-
tale abrégera ce tenue de moitié. 1»
SÉN AT-CONSERVATEUR.
Exlrait des registres du sénat-conservateur. — Du 4
brumaire l'an 9 de la république.
Vu le message des consuls de la république.,,
du 7 vendémiaire dernier, par lequel ils invitent
le sénat-conservateur à pourvoir , conformément
à l'art. XX de la constitution: au remplacement
du cit. Miot , un des membres du tribunat ,
nommé aux fonctions dé conseiller-d état qu'il a
acceptées ; •
Le sénat - conservateur , réuni au nombre
prescrit par l'article XC. de la consuiution , pro-
cède , en exécutiort de l'art. XX , à la nomina-
tion d'un membre du tribunat , en remplacement
du cit. Miot : le dépouillement des votes donne
la majorité absolue au citoyen Villot-Frévillé, de
la Seine , ex-secrétaire de légation en Espagne.
Il est proclamé par le président , membre du
tribunat.
Le sénat arrête que cette nomination sera
notifiée par un message au corps-législatif ,
lors de sa rentrée , au tribunat et aux consuls
de la république.
Signé , Lkmiîrcier , président ; KellerMann
et Garât , secrétaires.
Par le sénat-conservateur ,
Le secrétaire-général , signé , Caijchy.
Bonaparte, premier consul de la république,
ordonne que l'acle du sénat-conservateur , qui
précède , sera inséré au bulletin des lois. Le mi-
nistre de la justice enverra au cit. Villot-Fréville ,
un exemplaue du bulletin des lois où cet acte
sera inséré , pour lui tenir lieu de notification ,'
et lui servir de titre pour constater sa qualité.
Paris , le 4 brumaire an g de la république
française.
Le premier consul ^ signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
administration des monnaies.
AVIS.
Les citoyens sont prévenus que , conformément
à l'article LVIII de la loi du 22 vendémiaire an
4 , le concours pour la place d'essayeur , vacante
par la nomination du cit. I.ecour à la place de
vérificateur des essais , sera ouvert le i^' nivôse
prochain à l'hôtel des Monnaies, à Paris , au la-
boratoire dé l'inspecteur-général.
Les citoyens qui voudront concourir, sont in-
vités à se faire inscrire au secrétariat de l'admi-,
nistration , d ici au 20 frimaire prochain.
Les administrateurs des monnaies .
Signé, DlBARRART, GuiTON , SiVARD.
Lycée de Paris.
Le lycée de Paris a ouvert ses cours de l'an g ;
voici la distribution qui vient d'être publiée par
son fondateur et directeur, le -citoyen Lebrun.
Le primedi , un professeur distingué dirige des
concerts dits defamille , institués pour développer
les progrès des jeunes personnes qui cultivent la
musique vocale ou instrumentale. Le même jour
se tient la séance particulière des gens de
lettres.
Le duodi , le citoyen Cadet fait un cours de
phisiologie et d'hygiène. -'
Le iridi est consacré à l'étude de la langue an-
glaise. M. Baldwin , de Londres, est chargé de la
professer.
Le quartidi , le citoyen Cadet, membi^e dû col-
lège de pharmacie et de la société inédicale de
Paris , professe Une partie de la chimie qu'il
nomme domestique , en ce qu'elle n'a pour but
que d'examiner les substances qui servent aux
besoins journaliirs de l'homme , et à lui indiquer
les ressources que peuvent lui offrir les produc-
tions naturelles ou industrielles , qu'il possède..
Le citoyen Gabriel Leblanc , auteur du Coup-
d'œil politique ''sur l'Europe , fait , lequintidi , un
cours d'économie politique et statistique.
Le sextidi , une seconde séance est consacrée à
la phisiologie et à l'hygiène.
Le septidi est occupé par la séance littéraire ou
veillée des muses. Les annoncés dés lectures en-
tendues à ces séances , et divers extraits ont fait
connaître la plupart des littérateurs qui sont mem-
bres du lycée.
L'ociidi est employé à des lectures dramati-
ques , par une réunion de personnes des deux
sexes. Ces lectures sont dirigées par le citoyen
Daix.
te nonidi est réservé aux séances littéraires
extraordinaires qui pourront avoir lieu , et pour
quelques fêtes d'hiver.
Le décadi il n'y a point de séande ; le lycée
est ouvert pour la lecture des journaux et des
livres rjui composent sa bibliothèque.
Les conditions de l'admission sont une pré-
sentation par deux membres de la société , et la
reception par les commissaires ; pour les étran-
gers 1 l'aveu de leurs ministres respectifs ou de
correspondans connus. Le prix de l'abonnement
est de 48 francs pour l'année, de 36 pour six
mois , de 24 pour trois mois , de 12 pour un
mois. Le prix de l'abonnement est de moitié pour
les' -damesi
Le conservatoire dé musique s'est assemblé le
l" brumaire, pour remplacer le cil. Gaviniés ,
l'un de ses membres décédé : sur quatre con-
currens , le cit. Grasset a mérité et obtenu la
préférence ; il a joué un trio de sa composition
qui peut être considéré comme uti des ouvrages
excellensdans ce genre. Cet artiste paraît joindre
à la pureté et à l'élégance du jeu , un goût fin ,
délicat et sur-tout un sentiment exquis. Dans ses
dehors, il est peut-être moins brillant que d'autres;
mais dans son accent il affecte l'ame à un tel
point , qu'il ne peut appartenir qu'à un talent
supérieur de faire éprouver d'aussi délicieuses
sensations.
Au moment où il a été proclamé professeur
de l'école , un public éclairé qui a assisté au
concours , lui a témoigné sa satisfaction par des
applaudissemens unanimes.
Les élevés du conservatoire, dans la partie du
violon , ont ensuite concouru pour le prix qui
doit publiquement leur être décerné. Les citoyeri»
Gasse et Krénker jeune, élevés lun et l'autre du
frère déce dernier, ont remporté les deux prix. On
peut dire à leur avantage qu'ils sont dignes d'être
comptés parmi les taiens les plus distingués ;
mais il sera plus particulièrement parlé d'eux,
lorsqu'on fera connaître le résultat du concours
dans toutes les autres parties de la musique.
médecine.
Il y a lorrg-tems qu'on a dit , et avec raison,
que l'on ne pouvait traiter heureusement utie
maladie , que lorsqu'on en connaissait le siège
et les causes; les médecins ont été persuadés de
cette vérité , et cependant ils n'ont point dirigé
leurs études vers ces importans objets; ce n'est
que dans ce siècle , que les célèbres Morgagni ,
Senac , Hallcr , Lieutaud , et très-peu d'autres ,
s'en- sont sérieusement occupés.
Le citoyen Portai , qui a marché sur les traces de
ces grands hommes dans l'étude du corps humaih,
considéré daiis l'état de santé , les a également
suivis dans ses recherches sur la nature et sur les
causes de nos maux, en fesant habituellement ,
ou fesant faire sous ses yeux , l'ouverture de»
corps des malades qu'il n'avait pas guéris ; et
comme ce médecin est un de ceux qui aient
joui d'une confiance plus générale dans la pra-
tique de la médecine . et qu'il a habituellement
réuni l'étude de l'anatomie à la clinique , àa
peut s'assurer qu'il n'y en a pas qui ayent pâ
plus heureusement cultiver l'art de connaître
les maladies , et celui de les traiter.
Les ouvrages qu'il a publiés d'abord avec I6s
célèbres Senac et Lieutaud , et ceux qui lui sont
propres , tels que celui sur la phthisie pulm^>-
naire, sur le rachitisme , sur les asphixiés, qui
orit été si souvent imprimés et traduits en larigues
étrangères , sorit une preuve bien démontrée de
l'avantage que la pratique de la médecine peut
retirer de la véritable anatomie ; mais les mé-
moires du citoyen Portai , qui sont insérés dans
les collections académiques, et principalement
dans celle de l'académie des sciences , et qui ne
sont pas également connus du public , le prou-
veront pareillement.
C'est le recueil de ces divers mémoires que
le citoyen Bertrand , libraire, rue Montmartre,
n° Il3 , vient de faire imprimer; ces mémoires
étaient depuis long-teras demandés , et sur-tout,
par les disciples du citoyen Portai , qui forment
aujourdhui la majeure partie des médeciris et
des chirurgiens de la république , et dont un
très-grand nombre est répandu dans les pays
étrangers.
Ces mémoires sont présentés daus l'ordre chro-
nologique où ils ont été imprimés dans les recueils
dont ils sont extraits , recueils que si peu d»
personnes et sur-tout les médecins, répandus dans
les campagnes , sont en état de consulter , ces
vastes et précieux dépôts des connaissances hu-
maines ne se trouvant-que dans les riches biblio-
thèques des grandes villes.
On voit en suivant l'ordre des travaux du
citoyen Portai , qu'il s'est d'abord occupé de
quelques objets chirurgicaux ; faut-il employer
des machines pour la réducdon des membres
luxés , ou ne faut-il que de l'adresse, et l'usage
des mains pour y réussir ?
De son tems, les machines étalent très-etnpioyées,
jnaais sans succès \ le citoyen Portai en proposa
une, en lyôS , plus commode et plus torle que
celle dont on se servait ordinairement , et que
la société ci-devant royale de Moriipellier reçut
av«c éloge, ainsi que d'autres sociétés savantes.
Cependant le citoyen Portai, n'ayant pu retirer
dans quelques occasions les heureux avan-
tages qu'il en avait espéré , crut non devoir
s'obstiner à la perlectionner , mais en proscrire
l'iisage , ainsi que des autres machines qui
étaient employées non-seulement sans succès,
mais encore avec de grands dangers.
Il lut à son arrivée à Paris ^ en 1765 , alors âgé
de 23 ans , un mémoire sur 1 abus des machines
dans le traitement des luxations , et dsns lequel
il prouva que les chirurgiens et les rhabilleurs ,
qui ne se servent que de leurs mains pour la
réduction des membres , avaient des succès plus
cohslans et plus réels que les chirurgiens les plus
experts qui s'obstinaient à rechercher dans la
toécanique le moyen de replacer les membres
luxés. Ce mémoire mérita au jeune anaiomiste
des éloges , et les plus célèbres chirurgiens aban-
donnèrent l'usage des machines pour la réduc-
tion des membres luxés ; on ne s'en sert plus
aujourd'hui.
A son entrée à l'académie des sciences , le
citoyen Portai y lut un mémoire sur la structure
êf sur les maladies de l'ouraque , partie du corps
humain dont la structure et les affections morbi-
fiques sont si peu connues.
Le mémoire dans lequel il prouve que l'enfant
respire plutôt par le poumon droit que par le
poumon gauche , est du plus grand intérêt ,
non-seulement pour la phisiologie , mais encore
pour la médecine légale ; c'est dans ce mémoire
que ce médecin anaiomiste fait diverses obser-
vations curieuses sur la nature du pouls dans
quelques affections de poitrine ; observations
dont le célèbre Bordeu a étayé son système.
Des observations sur les jschuries , ou suppres-
sions d'urine , qui sont l'effet du racornissement
de la vessie chez les vieillards , sur le spina
bifida , sur les hernies de la moelle épiniere
que les enfans apportent en naissant , et dont ilj
périssent bientôt après ;
Sur les maladies de l'épiploon très-communes i
«cependant très-peu connues ;
Sur les changeraens de situation que les vis-
cères abdominaux éprouvent par une suite de
rage , ou différentes positions du corps et par
Feffet de diverses maladies, sont l'objet d'autant
de mémoires imporlans.
Les bosses qui surviennent dans un âge avancé
ont Kxé l'aliention du citoyen Portai ; on avait
déjà beaucoup écrit sur le» dérahgemens de la
taille des enfans , dérangemens qui sont si com-
muns ; mais on n'avait pas obser.vé qu'il s'en
fait de bien remarquables dans la vieillesse :
ee médecin en a cité plusieurs exemples et
•*n a indiqué les véritables causes... Il propose
/ aux vieillards de porter des corps , et les pros-
crit pour les enfans .... ce mémoire mérite aussi
une attention particulière.
Ce fut en 1774 que le citoyen Portai fit à
la ci-devant académie des sciences son rapport
«ur l'asphixiê par le charbon , rapport que le
ministre Turgnt, fit alors répandre en France,
d'après l'invilaiion de cette savante académie ,
et qui a été depuis si souvent imprimé ; c'est
depuis sa publication qu'on ne conlond plus
la mort des asphxiés avec celle des noyés , et
des apoplectiques , comme on le fesait précé-
demment , et que l'on traite les asphixiés d'une
manière aussi sûre que simple.
S'il n'y a point de maladies plus communes
que celles du foie , il n'y en a pas qu on con-
naisse moins, et qu on traite plus mal; le citoyen
Portai a donné deux mémoires sur cet objet :
dans un il fait voir qu'on attribue à ce viscère des
maladies qui n'y résident pas , et dans l'autre ,
il prouve qu'il est le siège de plusieurs maladies
qu'on croit exister ailleurs : ces mémoires, fondés
(ur le résultat des ouvertures des corps, sont du
premier intérêt; le citoyen Portai instruit souvent
par ses propres erreurs , est parvenu à guérir
plusietirs maladies du foie, même trèS-gravcs.
Son mémoire sur une maladie de la rate , qui
avait occasionné des vomissemens pendant plu-
sieurs années , et que ce médecin célèbrea heu-
Teuscmcnt traitée , prouve jusqu'à quel point les
connaissances anaiomiquet sont utiles dans l'art
de guérir.
On confond assez souvent les maladies de poi-
trine , et sur-tout les espèces de phihisic pul-
monaire ; le cil. Poital a cru devoir les distinguer
plu» exactement qu'on n'avait fait , d'après les
ouvertures des corps , et d'apiès ses observations
cliniques : il a sur-tout remarqué (jue celle qui
vient d'origine , est scrophuleuse ; il a conseillé
de la traiter avec les anti-scorbuii(|ues mêlés aux
mercuriaux ; les exemple» de guérliran qu il ap-
porte , sont généralement connus. Cet auteur a
aétrujt un préjug.é bien généndeit'ettt tépitida ;
i3g
c'est que la phthisie pulmonaire n'est pas conta-
gieuse , du moins en France , cotnme on le
croyait généralement ; car il ne fiui pas conclure
de ce que la plithisie scrophuleuse se transmet
ordinairement dans les familles , que l'on puisse
la contracter en habitant ou en portant les yête-
mens de ceux qui en sont atteints.
Le citoyen Portai a prouvé , dans un de ces
mémoires , que la pleurésie n'est point différente
de la péripneumonie , et qu'il n y a qu une seule
maladie, au lieu de deux que les médecins ad-
mettent.
Le mémoire sur l'apoplexie , et dans lequel le
citoyen Portai prouve qu on prend pour apo-
plexie séreuse celle qui est sanguine , tt celui
dans lequel il r.ipporte plusieurs exemples de
saignées faites dans d.essujels atteints d.ipoplexie,
après avciir copieusement mangé , saignées (jui
ont eu les plus heureux succès , doivent être
connus de tous les médecins , puisque lameur
y détruit des préjugés funestes , et qu'il v trace
une marjiere plus assurée de traiter ta maladie la
plus affreuse. ■
Qu'on lise aussi le mémoire du citoyen Portai
sur les affections de la voix , et l'on y trouvera
le récit fidèle de plusieurs exemples de guétison,
d'autant plus imporlans , que les moyens que ce
médecin a employés pour les obtenir, sont peu
connus, etquila fallu beaucoup d'habileté et
art pour les prescrire si à piopos.
La rnaladie noire ou le melena , a fait aussi
l'objet des méditations et des recherches de ce
médecin ; il a prouvé que les inaiicres noires que
les malades renderlt sont du vrai sang et non de la
bile , et que cette maladie est toujours l'efTet de
quelque gêne dans la circulation du sang de la
veine-porte ; une pareille connaissance sur la
nature et le' siège de cette maladie , a donné lieu
à des traitcmens heureux , dont le citoyen Portai
a rendu compte.
A la suite de ces mémoires , on trouve des
remarques précieuses sur la nature et le traite-
ment de l'épilepsie , qui ont été recueillies des
leçons du cit. Portai , par un de ses di-ciples; on
y reconnaît ranalomiste et le médecin , en trou-
vant la distinction établie entre les diverses é)<i-
l^psies qui ont donné lieu à des traiiciTiens,d,i.ffé-
rens. Plusieurs guérisons importantes y sont an-
noncées avec la modestie (jui caractérise un vrai
médecin.
Il Ces succès , dij-i1 ; dans une très-longue et
li très-grande pratique se comptent ; car combien
)) d autres épil.piiques n'ai-je pas traités sansau-
)> cune espèce de succès ? Le nombre en est
)> prodigieux; peut-être que lorsqu'on se sera
)> habitué à mieux rechercher les causes et le siège
>i de lépiiepsie , on parviendra à U mieux
)) traiter. i>
Cet intéressant recueil est terminé par le ptécis
des expériences sur les animaux vivans , d un
cours de phisiologie pathologique que le citoyen
Portai a fait plusieuis années au collège de
France , et dent un de ses disciples avait déjà
fait imprimer les principaux résultats.
Ces expéliencês Ont mis sous les yeux des
élevés du citoyen Potial les causes peu connues
des principales fondions de divers organes , et
celles de leurs maladies. Combien ce genre d'é-
tude est utile , et combien il serait avantageux
qu il fût plus généralement adopté !
Ces mémoires forment 2 vol. in-8*'. Prix 6 fr.
et 8 Ir. franc de port.
A Paris , chez Arthur Bertrand , libraire , rue
Montmartre , près les diligences ; et Moutardier ,
quai des Augusiins.
H
P H Y s I Q^ u I
Expériences nautiques , et observations diététiques
et morales , proposées pour l'utiiité et la santé
des marins dans les voyages de long cours. (\)
Il me semble que dans les voyages de long
cours, il serait iniéressant de tenter quelques
expériences pour parvenir à connaître les divers
courans de lOcéan. Celles que j'ai à proposer
sont simples et peu coûteuses. Il ne s'agirait que
d'abandonner de tems en tems aux flots, des
bouteilles vides , où l'on renfermerait une note
de la date dujout , de la latitude et la longitude
oti elles auraient été jetées à la mer. Dans le
nombre , plusieurs viendraient aborder à quel-
ques rivages. J'en ai hasardé la première idée en
1784, dans mes Eludes de la Na(ure. Trois de
ces expériences , à ma connaissance , ont déjà
réussi.
La première bouteille fut jetée dans la baye
de Biscaye, le 17 août 1786, par un anglais qui
allait aux Indes. Elle lut recueille par des pê-
cheurs , le 9 mai 1787 , à deilx lieues en mer
d'Avranchcs , sur les côtes de Normandie. Le
citoyen Philippe Delleville . alors juge de l'ami-
fl I Cet article , inséré dans la î)ecade Philosophique , eitt été
lu , »! le tenu l'ciU permis , dan» la deinitrc séanc» publiciue
d« i'Iii^tltiU natioiial.
rautc d'Avranchcs, depuis représentantdu peuple,
en fil un procès-ve.hal , qu'il publia dans le
Mercute. Il envoya à Londies , à son adresse,
une lettre que celte bouteille renfermait.
Une seconde bouteille fui jcitée à la mer le
l5 juin 1797 , vers It; 44'"' degré 22 minutes de
latitude nord , et le 4"^^ degré 52 minutes de
longiiude , méridien de Ténériffe, par le citoyen
Brard , peintre correspondant du Mtjséiiin d'his-
toire naturelle, allant de Hà'rabourg à Surinaru.
J'avais prié cet artiste distingué, de m adresser
quelques lettres par cette poste marine. Celle-ci
vint altérer parmi les roches du cap Prier. Elle
y fut trouvée le 6 juillet de la même année,
par un soldat de la garnison du Ferrol. Le citoyen
Beaujardin , notre vice-consul dans cette ville ,
me la fii parvenir ; et je lai lait imprimer dans
les papiers publics.
Une troisième bouteille , jelée aii nord de
l'Isle-de-France , par un capitaine frariç-iis , a-
éié poriée , par les courans , jusqu'au Cap de
Bonne-Espérance ; elle parcourut ainsi plus dé
raille lieues. Un billet huilé qu'elle conleuail ,
fut renvoyé par le commandant du Cap au
gouverneur de l'Isle-de-Fiance :. qui l'a déposé
dans les archives de I intendance de celte île.
Voilà tous les renseignemcns que put m'en
donner, il y a environ deux ans-, le secréiaire-
général de ceue intendance', chez le cit. Ducis ,
noire conteie.
Il n'est pas douteux que les routes parcourue*
par ces trois bouteilles , ne déterminent', en
grande pariie , la vitesse et la direction des
courans qui oni régné pendant' qtt'elles étaient
à la mer. Il n'est pas moins certain , rjoe si à leurs
trois poinis de projection il, se fût trouvé quel-
tjue.écueil , les vaisseaux qui s'y seraieni brisés
auraient pu , au moyen de ces irajcctiles, donner
avis de leur désasiie sur des côtes habitées , et cri
recevoir des s'ecouts. Il y a plus-: les trois routes
I de ces bouieilles eussent oflert , dans tous leurs
I points , les mêmes ressources, aux naufragés. La
j lettre du cit. Brard ht au moins 80 lieues en at
I jours , au plus , car il y en avait pe'u:-êue plusieurs
I qu'elle était sur le rivage lorsqu elle y ft;t trouvée.
Il est donc évident que ces expériences si simples
I peuvent Servir àlathéorie des courans de iOcéan
I et au salut des naufragés; deux considérations
dignes de toute l'attention de l'in"îiitùtet des nàvi-
I gateurs.
I J'ajouterai id quelques réflexions sûr le régime
j diétéiicjuê et moral des marins , quoique l'expé-
I rience de nos confrères, les citoyens Bougainville
1 et Fleurieu , semble ne nous avoir laisse rien à
! désirer sur un objet aussi important. Mais si les
juccès servent d'exemples à la plupart des homrn es,
, pour se conduire sur mer et sur terre , les mal-
I heurs leur en donnent qui ne sorH pas moins
profitables. Le ciioyen Bougainville nous a dit,
que par ses soins paiernels , il n'avait perdu, que
7 hommes sur 807 , dans, une navigation autour
du Monde , qui avait duré trois'ans. Dans celle
que j'ai faite , Comme passager Sur ' l'i Càstries , ' à
l'Isle-de-France , qui ne fut que de quatre mois
et onze jours , nous perdîmes 10 hommes sur
IQO, et quand nous arrivâmes dans cette île, nous
en avions 90 alités, et le reste potjvaii à peine
se soutenir.
Plusieurs causes physiques et morales concou-
rurent à là destruction de noire équipage. D'abord
nous n'avions pas encore atteint la zone torride,
,que nous manquâmes d'eau. On n'en donna plus
alors qu'une pinte par jour à chaque matelot,
pour soupe et boisson. Cette disette vint de la
malversaiion de quelques officiers, qui a\aient fait
embarquer , à la place des bairiques d'eau de
provision, plusieurs barriques de vin , pour les
vendre à leur profil , aux Indes ; les salaison»
étaient de si mauvaise qualité , qu'on y trouva un
pied de cheval avec son fer. Une patiie du biscuit
avdit déjà fait une campagne sur mer ^ il était
rempli de vers. Noire chargement était de mâts
qui avaient séjourné à IQjient,' lians la vase où
on les conserve de celte manière. Il s'en exhalait;
une odeur infecie qui pénétrait tout le vaisseau:;
aussi le scorbut ne tarda pas à se manifester pai'tni
nous , et y fit les plus cruels rav.rges.
Des causes morales contribuèrent encore 'beau-
coup au progrès de celle terrible maladie, dont
la guérison deiiiande de l'exercice et de la dissi-
pation. Notre capitaine, quoique très-bon marin,
se communiquait si peu , qu'il parlait raieinent ,
même à ses officiers. Ceux-ci ne songeaient qu:â
l'argent qu'ils avaient emprunté à la grosse, dont
les intérêts augmentaient chaque jour par le peu
de vitesse de notre vaisseau , mauvais voilier. Nos
matcloiséiaient aiirisiés par les événemens fâcheux
de notre navigaiion. D abord par un coup de mef
qui , trois jours après notre départ , enleva de
dessus le pont le maître et deux niaielois , qu'o'if
ne revit plus; ensuite par un coup de lonneri'e ,
qui brisa noire grand mât , vers le Cap-de Boiiue-
j Espérance. Nos matelots , déjà lualades- pour la
plupart, s'épuisèrent de fatigues pour le rétablir.
Jamais , dans les travaux extraordinaires , on ne
leur distiibua le moindre rafraichissenienl ; ou ne
lèiiic parlait c^u avec dureté. Ils ^ asseyaient triste-
ment sur l'avant du vaisseau ^ le long de la cha-
loupe , les uns à côté des autres , dan» un pro-
fond silence. L'aumônier, tout occupé , comme
les oflicicrs,de ses pacotilles, ne leur donnait
jamais la moindre parole de consolation. Un
simple bignou aurait suiE pour tes tirer de leur
lé'.hargie.
Le bignou est une espèce de cornemuse que
!es bas-bretons aiment passionnément. J'ai vu ,
à rOrient , les ouvriers et les servantes , quitter,
leurs ouvrages dès qu'ils entendaient le son de cet
instrument dans la rue , et se mettre tousà danser
devant leurs portes.
Un capitaine de vaisseau de la compagnie ,
appelé M. de Marmere , parti de l'Orient trois
semaines après nous , ai riva à l'Isle-de-France
trois semaines avant nous , sans avoir eu un seul
malade ; il avait maintenn ses matelots en gaîlé
et en santé , en les fesant danser tout du long
de la route au son du bignou.
Il importe donc qu'il y ait des jouevirs d'insUu-
tnens à bord des équipages destinés aux voyages
de long cours.
Les anciens connaissaient toute l'influence de
la musique sur leurs nautonniers. Sous le voile
des fables , on voit que la lyre animait leurs vais-
seaux. Orphée charmait avec elle les soucis des
argonautes , en chantant les louanges des héros
et des dieux , et leurs plus grands périls . dans
leurs courts voyages , étaient les chants des Sy-
irenes.Arion suspendit avec la sienne la fureur de
ses meurtriers, et rendit sensibles jusqu'aux mons-
tres marins. La musique et les danses n'ont pas
moins de pouvoir sur nos mélancoliques matelots.
Elles leurrappellent, en pleine mer, les aniusemen»
de leurs villages , et dans ses vastes solitudes les
doux ressouvenirs de la patrie. A l'ombre des
mâts et de leurs noirs cordages , ils se croient
encore sous le feuillage des ormeaux , et tou-
jojirs entourés de leurs femmes et de leurs en-
fans.
II y a sans doute beaucoup d'autres observa-
tions à faire pour améliorer le sort des marins ;
mais le lieu et le tems me les interdisent. Je les
abandonnée la sensibilité de mes auditeurs. lis
ne peuvent être indifférens au bonheur de ces
infortunés qui , souvent privés du nécessaire ,
vont leur chercher du superflu jusqu'aux extré-
mités du Monde. Ne nous séparons point de
ceux que les mers séparent de nous. Nous devons
tout notre luxe à leurs dangers. Hommes , ani-
maux . végétaux , élémeiis, tout est lié sur le globe
par les chaînes de l'harmonie Les gens de mer en
sont les derniers anneaux.Par eux le genre humain
est une famille donltous les membres se correspon-
dent, et l'Océan un grand fleuve dont les sources
tont aux pôles. de Saint Pierre.
Joseph Chrron , au rédacteur du Moniteur. — A l hô-
pital national de Blayé , le 20 vendémiaire , an 9.
CiTOVEN , vous avez inséré dans votre journal
du ., un extrait de celui officiel de Bordeaux
portant que le 24 fructidor , à 7 heures du soir , un
jeune homme de Fontenay-le-Peuple a été trouvé
sur un chemin , dans la commune de Villeneuve ,
grièvement blessé d'un coup de feu , et porté à
l'hospice de Blaye; qu'il refusa de désigner l'au-
teur de cet assassinat, et qu il est probable qu'il
s'est suicidé. C'est moi , citoyen , qui ai éié trouvé
mourant sur le chemin dont il s agit. — Je n'ai
point refusé de désigner mon assassin ; j'ai dit que
je ne le connaissais pas.
Quant au suicide qu'on veut m'imputer, ma
i'usiiticanon est claire et incontestable , puisque
'on ma trouvé sans armes et baigné dans mon
«ang.
J ai lieu d'espérer, citoyen, que vous insérerez
pua lettre dans votre prochain numéro.
Salut et fraternité. Signé, Chiron.
Deux bibliothèques de livres d'histoire naturelle
et sur-tout de botanique , ont été formées en Eu-
rope; l'une à Londres, par le respectable Bancks,
ami et compagnon de voyage du célèbre Cook;
l'autre, par notre compatrioie Lhéritier , qu'tan
événement affreux vient d'enlever à la société et
à la science , qu'il servait et honorait également.
Moins complette peut-être que celle du naturaHste
anglais, parce quelle fut commencée quelques
années plus lard , la bibliothèque de Lhéritier est
extrêmement précieuse, parlimportance des livres
qu'elle contient, et plus encore par leur réunion.
Dans une grande vi:le , à Paris , à Londres ,
il n'est pas très-difficile de former une nombreuse
bibliothèque , et même de la rendre riche en livres
rares et précieux. Jusqu'à un certain point , il
ne faut pour cela que de l'opulence et quel-
qu'instructîon ; on a vu même des gens assez peu
instruits, former de magnihques bibliothèques,
à l'aide de conseillers qui dirigeaient le cboix.
Mais trop souvent ces amas de livres ne sont
t4«
que des cabinets de curiosités; au moins ils
sont sans intérêt , comme sans utilité pour le
public. Ce qui est au contraire d'une extiême
importance et tl'un intérêt vraiment général ,
ce sont les bibliothèques formées par des hom-
mes que dirige un goût positif et dominant,
sur-tout lorsquils léunisseni les connaissances
aux moyens d'acquérir. Aussi les bibliothèques
botaniques de Banks , à Londies , et de Lhéritier,
à Paris , sont-elles deux trésors pour les nations
qui les possèdent. Les anglais sont bien pénétrés
de cette vérité , et celle de leur naturaliste ne
sera jamais démembrée. Il est bien à souhaiter
que notre gouvernenient s'empresse aussi de
prévenir la dispersion de celle que laisse le
savant que nous regrettons. Ce que des con-
servateurs de dépôts publics ne pourraient ras-
sembler , même avec de longues années , se
trouve tout réuni ; et ces livres , placés au
muséum du Jaidin des Plantes , y feraient sur-
le-champ une bibhotbeque qu'il serait désormais
bien plus facile d'augmenter qu'il ne l'a été de
la former. C'est sur-tout pour une science qui
consiste presque entièrement en connaissances
acquises, qu!une ample réunion de livres, est
nécessaire. Un poète n'a pas besoin , pour faire
de bons vers , d avoir à sa disposition une bi-
bliothèque complette des poètes anciens et mo-
dernes. Une imagination heureuse , dirigée par
1 élude du petit nombre des grands modèles,
voilà ce qui enfante les chefs-d'œuvre. Mais
il faut qu un botaniste connaisse tout ce qui
a été dit sur le sujet qu'il traite. Veut-il parler
d'une plante , d'un arbre ? il tombera peut-être
dans quelque erreur nuisible, il fera une omis-
sion préjudiciable, dont il eût été préservé,
s'il eût eu sous la main telle brochure , telle
pièce volante , négligée , dédaignée par tout autre
que par celui qui l'a recueillie pour s'exercer
à ses études , pour flatter ses goûts particuliers.
Ne nous préparons pas des reg ets inutiles , et
et évitons la dispersion d'une bibliothèque qui
est perdue si elle est démembrée. Les grands
livres iront s'etisévelir dans les cabinets des ama-
teurs , et les pièces volantes , les écrits parti-
culiers , ceux qui représentent peu d écus , mais
qui n'en sont pas moins la portion la plus pré-
cieuse de cette collection , seront éparpillés , et
peut-être détruits en partie. Sans doute, ce serait
une dépense , car le gouvernement doit payer
cette collection tout ce qu'elle vaut , et il est
même de l'honneur de la nation française de
la payer magnifiquement. Mais il est des dépenses
utiles , que la plus sévère économie sait ne
point réprouver. Espérons que le gouvernement
qui a su rendre la Fiance heureuse et paisible ,
qui désire la rendre heureuse et florissante ,
accueillera mon idée , qui est sans doute celle
de tous les amis des sciences , et qu'il ne né-
gligera point celte précieuse occasion de faire
un présent aussi utile aux botanistes de la France,
du Monde entier.
Salut et considération ,
Ant.-Aug. Renouard, libraire.
Journal général de la littérature étrangère , oa
annonce périodique des livres nouveaux , cartes
géographiques, gravures , objets d'arts, inven-
tions et découvertes nouvelles , qui paraissent
en Allemagne , dans les pays du Nord , en
Batavie , en Angleterre , en Espagne , en Italie,
et en Helvéde , etc. ; classée par ordre métho-
dique , et accompagnés d'extraits et de remar-
ques analytiques.
Première année.
Un cahier par mois ; prix dç la souscription ,
3 [ francs pour l'année , et 1 1 fr. pour six mois,
franc de port, chez Treuttel etW^urtz, à Paris ,
quai Voltaire, n" « , et à Strasbourg, grande
rue , n" i5.
Long-tems la littérature français^ , riche de ses
propres productions, s'est suffi à elle-même;
accoutumée , par sa supériorité consentie , et
par 1 universalité de son idiome , à tenir lieu
des productions étrangères, elle a pu vivre de
ses propres fonds ; soit insouciance , soit sura-
bondance , peut-être même par ignorance des
richesses étrangères, on a long-tems oublié,
dédaigné , ou refusé d'en faire usage.
Aujourd'hui mieux avertis et plus justes , nous
allons au loin chercher à établir des échanges de
noslumieres contre celles des autres peuples, et ce
commerce bien dirigé peut avoir aussi son utilité,
ses profits et tes retours avantageux. Les pro-
duits de l'esprit et du savoir peuvent être nn objet
de spéculation et de calcul ; la pensée a aussi
ses variétés, selpnle terroir et les climats; chaque
sol produit des plantes qui sont communes à
tous, et aussi des plantes qui lui sont particulières;
il y a de même des idées indigènes et des idées
exotiques , et dans cette nombreuse classification
des productions de l'intelligence humaine , le
philosophe comme le naturaliite doirdesirer tes
moyens d'augmenter et d'enrichir sa coliectioa'
Jadis , chaque contrée s'était approprié uii
genre de travaux et d'études , et s'était réservé,
pour ainsi dire , une mine à exploiter avec
piivilége. L'Allemagne était féconde en ouvrages
de sciences exactes ou même occultes ; la
chimie , l'astronomie et l'algèbre , avaient
eu leur Kepler , leur Euler , letrr Margraff.
L'Angleterre avait ses philosophes, ses politiques^
ses romans ; l'Espagne ses auteurs dramatiques;
I Italie ses poètes ; aujourd'hui tout s'étudie, tout
se traite en tout pays ; l'Italie a ses journalistes ,
et l'Allemagne ses poètes lyriques.
C'est donc une entreprise louable et utile àiou»
les pays de réunir leurs productions diverses , et
de leur présenter le tableau périodique de leurs
progrès. Tel est l'objet du Journal général de là
littérature étrangère. On y a joint ce qui est re-
latif à la géog.aphie figurée, à la gravure , aux
ans , aux inventions et découveries nouve'Ies.
Le premier cahier qui vient de paraître com^
prend 107 articles, dont37 anglais, 5i allemands
et latins, is italiens , 3 espagnols , et 3 danois
et suédois ; chaque article y est traité ei clasjé
par ordre méthodique , et accompagné d'extrait»
et de noies analytiques , à l'instar du Journal Gé--
néral de la littérature de France , que les édiieuri
publient depuis trois ans. Des nouvelles littéraires
se trouvent à la suite ; elles offrent une notice sur
les académies et sociétés littéraires de lltalie , d»
l'Angleterre, de l'Allemagne, de la Hollande,
du Dannemarck , de la Russie , etc. ; les prix pro-
posés , etc. , etc.
Il paraît de ce journal , le 20 de chaque mois ,
un tahier de six demi-feuilles, grand éîj-8° en
petit caractère , à doubles colonnes ; le prix de
la souscription est de 21 fr. pour l'année, etde
II fr. pour six mois , liane de port.
On souscrit à Paris chez treutel et Wurtz , quai
Voltaire , n° 2 , et à Strasbourg , chez les mêmes ,
grande Rue, n" i5.
On s'abonne dans les mêmes bureaux pour le
Journal Général de la littérature de France , dont
il paraît à ta fin de ch,>que mois un cahier de
quatre demi-feuilles à doubles colonnes. Le prin
de ce dernier journal est de 14 Ir. pour l'année 1
franc de port.
En réunissant le Journal de la littérature de
France au Journal de la littérature étrangère , oa
aura une bibliographie complette des ouvrages les
plus recommandables de la littérature delEurope.
Ceux qui souscriront à la fois pour les deux
Journaux , ne payeront pour les deux que 33 fr.
l'année , franc de port.
On peut aussi souscrire dans toutes les bonnes
librairies de la France et de l'étranger, et chez les
directeurs des postes.
L'exposition publique des travauxdes aveugles ,
suspendue pendant les vacances , reprendra son,
cours sextidi prochain , à raidi précis , en la salle
d'exercices de l'établissementnational , rue Denis,
n° 34.
Les billets d'entrée se délivrent gr<ttuitement
d'avance.
Bourse du 5 brumaire.
Rente provisoire ". ï3 fr. 20 c.
Tiers consolidé 36 fr. 5o c.
Bons deux tiers 1 fr. 68 c.
Bons d'arréragé 87 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8. 92 fr. 38 c.
Syndicat
Coupures 80 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts;
Auj. relâche.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la 6' repr. d'une Journée de Catinat ou le Ta-
bleau , opéra nouveau , préc. de la Caverne.
Théâtre des JEUNES élevés, rue deThionville;
Auj. Us trois Jumeaux vénitiens , et le Roman.
Théâtre du Vaudeville. Auj. ta «' repr.
dt Scène première oa la Pièce interrompue ; le Mari
sans femme , et Teniers.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes^
Dem. l'Enfant de t Amour , pant. grand spettacle"
la 2° repr. de la Romance , et Louise.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du i brumaire.
81. 87. 64. 12. 75.
A Patis, de l'imprimerie du cit. Agisse , propriéuire du Moniteur , rue des Poitevin^ , n" '3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 3t.
Septidi , 7 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
^o'js sommes autonscs a ptQvsnn nos souscripteurs qui dacet ciu 7 Nivôse le M O NI T E U R est le s,ul journal officiel
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les
l'intérieur que sur i'fxtt'r;ear, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
es notions tant sur
EXTERIEUR.
T u R Q,U I E.
Extrait d'une lettre de Constantinopte ,
D,
du 10 septembre ( s3 fruciid&r. )
'epuis la mort de Kléber et le commandement
do Menou , l'Egypte n'a essuyé aucune sorte de
trouble ; les français y jouissent d'une existence
lianquille . et prêis à repousser par la force tout
ce qui viendra les inquiéter. Le grand-visir , bien
loin de penser à les attaquer , continue à rester
dans son camp deJafFa, et attend du bénéfice
du tems et des circonstances , quelque biais ppur
entrer en Egypte. Ce n'est certainement pas qu'il
ijSomple sur son armée , composée de très-peu
de monde et de gens de mauvaise volonté.. . .
L'ambassadeuran^lais a beau se donnerioute sorte
de mouvemens pour activer les efiorts des turcs
contre les français d'Egypte ; il ne peut les faire
jortirde l'apathie dans laquelle ils sont tombés. Je
nesaisquiaimaginéianouvellerépandue à Smyrne
et ici , qu'une flotte anglaise de neuf vaisseaux
de ligne avec dix mille hommes de débarque-
tnent allait en Egypte ; de là l'échafaudage de
toute Sorte de combinaisons. La Porte en a été
allarmée au point d'en demander des explica-
tions à l'ambassadeur d'Angleterre , qui a re-
fondu n'en avoir ni avis , ni nouvelle. D'un au-
tre côté , M. Smith , le ministre , l'affirme ; je
n'en crois rien , et , dans tous les cas , soyez sûr
que les turcs n'y étant pour rien , ce sera encore
une expédition de manquée. Je crois que la vue
de la grande floue russe -, qui revient de Corfou
pour rentrer dans la Mer-Noire , aura fait croire
i une flotte anglaise. Cette flotte russe est aux
environs de Consiantinople , toute délabrée. Les
lusses sont très-mécontens du dénouement de
toute ceue histoire ; ils espéraient beaucoup de
)a connivence des insulaires , qui ne se sont pas
montrés ardens à les seconder.
Le gouvernement turc se trouve plus embarrassé
que jamais avec Passwan Ogiu , qui méprise toute
sorte de moyens de réconciliation, et je vois la
guerre civile , dans la Romélie , prête à se rallu-
mer, lia déjà mis à contribution toutes les pro-
vinces voisines. Il a un grand parti ici , et mal-
heureusement nous en voyons les effets par de
fiéquens incendies depuis huit jours.
■Le plus beau vaisseau de l'armée navale du
grand-seigneur a échoué sur Damiette et s'est
perdu. Les 800 hommes de l'équipage ont été faits
prisonniers par les français.
ESPAGNE.
' Extrait d\me lettre de fîle de Léon , en date
du 10 octoore 1 800.
Les patrons pécheurs dont il a été question
dans la lettre du 7 , étaient au nombre de quatre.
Leur déclaration porte que le 4 , à la pointe
du jour , ils étaient sortis du port de Sainte-
Marie pour aller à la pêche ; que deux d'entre
eux furent atteints dans l'aprés-midi , par un
tirick de l'expédition anglaise, et retenus à son
bord jusqu'au lendemain qu'ils furent conduits
au vaisseau amiral : que les deux autres furent
Jiris , le 5 au matin , et amenés , l'un à un
Vaisseau , l'aulie à une frégate , et ensuite tous
les deux au vaisseau amiral, qu on leur proposa
en les bien payant , de servir de pilotes pour
meure l'armée navale dans la baie de Cadix :
«lais qu'ils s'y refusèrent : qu'alors on les menaça
■dt les pendre au bout des vergues , tout en leur
laissant le choix ; qu'ils ne balancèrent pas ,
cl déclarèrent qu'ils préferaient la mon des mains
des ennemis, à l'opprobre d'être traîtres à leur
souverain et à leur patrie : qu'après beaucoup
de qutsti.ons et de menaces inutiles, ils furent
•conduits au i"^'. entrepont, et gardés par une stn-
linelle jusqu'à l'aprèii-midi du 7 , oir on les
•congédia, après avoir payé à l'un d'eux quatre
'jiiasues fortes pour douze livres de poisson qu'il
(iv.iit dans sa Laïque , lorsqu'il fut arrêté. Les
ordre» étaient donnés pour que le débarque-
incnl i'cliectuât dans la maiirïéc du 7 à trois
heures , entre la pointe de Candon et Régla.
On avait distribué des armes dans le vaisseau
amiral à ceux qui devaient en débarquer. Tous
le» v^iiiseaux et fiégaics de- guerre , ont à leur
bord un transport conjidéiablo de troupes. Après i
avoir mit à la voile , 00 retira les arme*. I
Le vent du sud-ouest diminua dans la matinée
du 8 ; il s'en suivit un presque calme toute la
journée ainsi que hier, avec un temps brunieux,
et la mer houleuse du sud-ouest; d'où .il est
•résulté fjue l'expédition n'a pas pu se tenir ral-
liée pendant ces deux jours. Les bâtimeijis les
plus proches se sont tenus à cinq lieues ; il y
en avait plusieurs à neuf, et à dilférens airs de'
^f"'' Aujourd'hui le sud-ouest veut reprendre.
L'expédition a suivi la bordée de la mer, et
vers le soir, on n'en découvre qu'une frégate
et un brick.
On a formé les lignes convenables pour empê-
cher que la baie puisse être forcée. Au surplus ,
dans lecas , ( ce qui n'est pas à craindre j qu'on
teniât de débarquer au sud de Cadix , on a placé
au Puntal deux frégates quiflanqueraient lappiocbe
à la pf^rte de terre , et les chaloupes canonnières
balayeraient toute la langue de terre qui divise
les deux mers.
Le lieu de débarquement eût été , sans doute,
celui que les patrons-pêcheurs ont déclaré avoir
été désigné. Les mesures étaient prises pour les
bien recevoir. Certes , ils ne s'attendaient pas aux
forces que nous avons. Malgré l'affreuse calamité
qiai nous afflige , on regrette qu ils n'aient pas
débarqué: ce serait autant d'ennemis de moins.
Jamais punition n'eût été mieux appliquée à un
opprobre tel que celui de leur entreprise.
ANGLETERRî!,.
Londres , 22 octobre. ( 3o vendémiaire. )
QlJATRE hommes ont été conduits K- semaine
dernière à la prison à Nottingham ; deux d'entre
eux, sont accusés d'avoir dit qu'ils se transpor-
teraient de maison en maison, et que sur le
refus du propriétaire de les suivre , ils regor-
geraient.
M. Smith, l'un des passagers sur te -bâtiment
de la compagnie, k Queen , qui a J>- ùlé dans
a rade de San-Salvador . en se rendant dans'
l'Inde , a éprouvé la mort la plus horrible. En
cherchant à se sauver du vaisseau , un de ses
bfas se rrouva pris entre le canoi et te navire;
après d'inutiles efforts pour le dégager, et voyant
que le feu le gagnait , il implora l'assistance de
quelques personnes qui comme lui cherchaient
à luir dans un autre canot; mais ne pouvant
en être secouru, il tirarjn canil qu'il avait dans
sa poche , et mit iîn à son existence , en se
l'enfonçant dans la gorge.
Le prix du charbon a haussé hier d'un schel-
ling par chaldron ( 36 boisseaux) ; nous sommes
menacés aussi d'une augmentation dans le prix
du porter. En i553 , sous le règne de Marie,
un baril de bierre , ne coûtait que 6 pence (60
centimes) y compris le baril.
Un particulier qui s'est marié dernièrement à
Yoïk. av.-iit fait 8736. milles à pied, en allant
voir la fernme qu'il a épousée. Elle ne demeurait
qu'à 2 milles de chez lui; mais il, la visita
trojs fois pa'/ semaine pendant 14 ans.
Une lettre du docteur Marshall , écrite de Gi-
braltar, le 23 août dernier , annonce qu'il a
inoculé la vaccine avec le plus grand succès,
aux soldats de la garnison, et à leurs enfans qui
■n'avaient point eu la petite vérole. Le docteur
observe que malgré la différence du climat, les
•sympiôines dans l'inoculaion de la vaccine
«nt été les mêmes qu'en Angleterre. Il pariait
le lendemain pour Minorque, à l'effet d'y inoculer
l'armée. Il espérait qu'à son retour il obtiendrait
la permission de se rendre à Madrid pour y
professer momentanément son art.
( Extrait du Morning-ChronicU et du Sun. ) ■
Les revenus de l'état, en y comprenant l'in-
come-taxel les taxes votées chaque année en rem-
;placement de celle sur les terres , se montent à
37,000,000 liv. slerl.
On employait autrefois , dans la comptabilité à
l'échiquier , un caractère particulier : une sin-
gularité assez remarquable , c'est que , dans cette
arithmétique obscure , il n'y avait pas de carac-
tères pour exprimer les sommes de millions :
ce qui prouve combien les inventeurs de ce
système grossier étaient éloignés de soupçonner
.même jusqu'où devait aller un jour le revenu
public.
Il paraît , par les tableaux de la douane, que
l'on a cxpoiic de Bombay pour rAngleienc 9000
tonneaux de coton , depuis le mois de décembre
• 798 jusqu'au mois d'octobre 1 79g. — Il paraît aussi
que nos bâlimcns ont exporté pour l'Inde , de-
puis novembre 1799 jusqu au mois de juillet 1800,
15,552 loniieaux de marchandises d'Europe .•
cesi-à-dire , pour la valeur d'enviion 438 raille
65 1 liv. sterl.
Ou espère qu'à Ik rentrée du parlethenl , les
lionoiables membres rapporteront, chacun de
leur phys , des renseignemens positifs sur la
dernicie récolte. Q_uoiqu'clle ait été assez avan-
tageuse dans quelques ciidroils , commi: dans les
piovuices du Midi , il est certain qu'en général
elle n a pas été bonne : cet objet dune si haute
importance , est au.ssi celui qui occupe le plus les
esprits dans ce mom.ent.
On prétend que l'empereur Paul 1" se pro-
pose de résider quelques mois à Moscow , pour
rendre , par sa présence , la vie à cette ancienne
capitale de la Russie : l'empereur , dans cette
occasion, sacrificia à des raisons de bier» public
son goiit particuher ; car il est certain que ce
prince aime beaucoup le séjour de Pétersbourg,
Un événement singulier a eu lieu dernièrement
dans les environs de' Bayswaler. Une pauvre
femme retournait chez elle , a la chute du jour.
Un gros chien , qui paraissait avoir perdu son
maître, la suivit. Comme elle approchait d'une
hauteur couvene de h.iics , un jeune homme ,
assez bien vêtu , s'approcha d'elle , et lui dit :
" 'Vous avez un bon manteau , il faut que. vpus
me le donniez 11. En parlant ainsi, il se niii en
devoir d'enlever de force ,- ce qu'il croyait qu'oa
ne lui aurait pas donné de bon gré. Le chien ,
qui avait suivi la pauvre femme , sauta sur Iq
voleur , et le saisit de manière que lé coquin eut
beaucoup de peine à se sauver , en grimpant der-
rière une haie qui se trouvait là fort heureusement
pour lui.
Le fait suivant prouve que la cherté du graia
ne doit pas être attribuée seulement à la disette,'
e^ que les manœuvres des monopoleurs y contri-
buent aussi pour quelque chose. Il y a quelquetems,'
lorsque le blé coulait 12 sch. k boisseau , un icr-
rnier s'adresia à uu: banqu'-é.r iu pays, pour lui
empruiiter une somme d'argent dont it avait be-
soin pour payer son fermage. Le banquier conr
1 sentit à lui prêter la somme , mais à condition que.
si le blé allait à plus de 12 sch. le boisseau
depuis le moment où se lésait le prêi , jusqu'à
celui oti le fermier vendrait son grain, lui prêteur,
aurait la moitié du bénéfice.
Q,uoiqu'il en soit de l'abondance ou de la ra-
reté de la récolle de cette année , il n'y a pas, de
doute que la cherté de la viande de boucherie
de la volaille , des œufs , du beurre , etc. ne con-
tribue beaucoup à augmenter la consommatioti
du pain. Les familles pauvres qui , dans des tems
meilleurs , consommaicn>neul livres de pain par
semaine, en consomment maiiuenant jusqu à onze
et douze livres ; ce (jui fjit un tiers ou un quart
de plus. Celle augipefliation est imme.nse en pre-
nant les choses en masse , et petit être regardée
comme une vraie calamiié. . °
On doit être surpris d'entendre proposer sérieu-
sement un maximum pour le blé , comme un des
moyens propres à soulager la misère du peuple.
Ce lemedefut employé pour différentes espèces de
denrées sous le règne malheureux d Edouard If.
La neuvième année de ce règne, il y eut une
grande disette ; et le parlement fixa le prix de
plusieurs denrées de première nccessiié. Le ré-
suliat de ceue mesure fut une famine horrible qui
sefitseiitir l'année suivante. La loi .fut aussitôt
rappoitée. L'expérience n'a pas éié renouvelléc
depuis ce tems en Angleterre , et nous espérons
qu'elle ne le sera jamais. Elle fut faiie eu Franco
dans .l'année 1793 , et elle y produisit le
même effet, quoique la loi ne, \)ùt y être exécutée
à la rigueur,, malgré les moyens violerïi
dont on l'appuyait. Il y a, eu depuis Edouard il
des tems de disette en Angleietre , et diflétente»
mesures furent prises pour remédier au maU
Cliarlcs I" . pendant la vacance du parlement , fit
iine proclamation pour diminuer la consomma^
lion chez les riches. Des arrêtés semblables ont été
pris de nos jouis, et on s'y est soumis. Des loi»
ont été laites suivant les circonstances , pour em-r
pêcher l'usage du bled dans les choses qui ne sôi^t
pas de nécessiié absolue pour la vie , ei pour en-
courager l'iniportaiion. Les importations delà Hof-
lande se sont montées , la seuiainc dernière, mai-
llé les délenses du tu"vcrucmcni buiavt , à 95)4
quarteti de bled ; i,36o d'orge; 65a d'avoine et!
44'.lonnes de beurre: nous avons reçu i,86o quar- |
ters de bled de Pétersbourg; 1,198 d'Archangel ; 1
56o de Stetiin; ce qui , joint au bled de la Hol- j
lande , fait un total de 5,342 quarters. |
l Entrait de l'Observer, du trae-Brit<yn et du Times.)
INTÉRIEUR.
Ch atelier aull , le 3 brumaire^
One maladie de quinze jours vient d'enlever le
cit. Cieusé-Laiouche , membre du sénat-conscr-
vateuretdei'insliiut. Il a été singulièrement frappé
en apprenant la mort du cit. Gilbert, son ami de
vinçtans. L'enlèvement de son collègue Clément
de Ris lui avait fait aussi une grande impression ;
tout cela a beaucoup contribué à accélérer !a fin
de sa carrière , que rien n'annonçait devoir eire
ai courte. 11 est mort à 45 ans , laissant une veuve
et deux &lles inconsolables.
Parii , le 6 brumaire.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 4 brumaire.
Bonaparte, premier consul de la république,
arrête ce qui suit :
Art. I". Le citoyen Pichon est nommé com-
missaire général des relations commerciales de
la république , à Philadelphie.
n. Il réunira à ces fonctions celles de chargé 1
d'affaires rie la république près le gouvernement
des Etats-Unis , jusqu'au moment où le premier
consul y enverra un ministre plénipoientiaire. |
Le minisire des relations extérieures est chargé |
de 1 exécution du présent anété qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Faris , le 6 brumaire.
En exécution de l'article IX de l'arrêté des
consuls , du 38 vendémiaire dernier , relatif à la
formation de la liste des émigrés , le minisire de
la justice nomme les neuf citoyens , dont les noms
Suivent , membres de la commission des émigrés.
Leyris , Benhotio , Jouenne , Tiron , Oerché , 1
Paré , Rohaut-Fleury , Lidonne , Roucber. '
Les citoyens ci-devant. dénommés , se rendront,
sans délai , au ministère de la justice , pour re-
cevoir les.déterminations ultérieures du minisire.
Sigrié , Abrial.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le tribunal de police du 4' arrondissement , a
condamné, le l3 vendémiaire dernier , à l'amende
et aux frais , y compris ceux d'affiche , trois fem-
mes de la commune d'Aubervilliers , convaincues
d'avoir acheté , sur le marché des Innocens ,
duxplaces affectées aux cultivateurs et forains , une
quantité considérable de fruits et légumes , et de
les avoir vendus , au regrat . sur le même carreau.
Il est bien à désirer que cet exemple puisse en
imposer à la multitude d'individus qui s'adonnent
à ce commerce illicite, dont le principal inconvé-
nient est de causer le renchérissement de toutes
les denrées.
BANQ.UE DE FRANCE.
i)iscovss prononcés par le président de la banque
de France , et par l'un des censeurs , à l'assimblée
générale des actionnaires , le sS vendémiaire an 9.
Discours prononcé par le président de la
BANQUE DE France ,
/u nom de la régence de la banque , à l'assemblée
générale des actionnaires , tenue le zS vendémiaire
an 9 , dont l'impression a été votée par l'assemblée.
Citoyens actionnaires ,
La première réunjon du;çorps'qui représente
les intérêts et la volonté des actionnaires de la
'banque de France , est une époque qui doit in-
fluer sur ses futures destinées. A la sagesse de
vos premières délibérations sont attachées les
espérances d'accroissement et de stabilité de cet
important établissement.
La régence de la banque , dont je suis l'organe ,
à cru qu'avant de vous soumettre les résultats de
ses opéiations depuis le i"^ ventôse dernier jus-
qu'au! «4 de ce mois , elle devait vous retracer
rapidement , et l'historique de rétablissement de
la banque de France er les grandes bases de
CDn intiiiuttoa. Elle s'était en partie acqiiitée de
»4«
«
ce devoir lors de la première assemblée générale
des actionnaires, tenue le 34 pluviôse dernier;
raaiJ cette assertiblée , peu nombreuse , n'était
point investie du caractère représentatif que vous
tenez de l'article VU des slaïuis de la banque;
ainsi vos nouvelles fonctions imposent de nou-
velles obligations à la légence.
Les régens delà banque de France , qui furent
chargés de préparer son établissement, convain-
cus que , dans l'état de dispersion oii se trouvent
les capitaux , on se serait vainement flatté que les
trente millions qui doivent servir de fonds à la
banque de France ^ pussent se former dune ma-
nière prompte par une simple réunion d'action-
naires , leur premier snin fut d'indiquer au gou-
vernement les points généraux de protection et
d'adhésion propres à assurer le succès de l'éta-
b issement proposé.
En CiMsëquence , et le jour même de leur no-
mination , les régens adressèrent au ministre des
financés , une pétition tendante à obtenir des con^
suis que la moitié des fonds provenans des cau-
tionnemens à fournir par les receveurs généraux j
des déparieroens , et destinés par la loi du 6 fri-
rhaire dernier, à ramollissement de la dette pu-
blique et à la garantie du paiement des obligations
des mêmes receveiïrs généraux , fussent versés à
la banque de France ; un arrêté du ï8 nivôse
dernier", accueillit cette demande , et cinq mil-
lions ont été versés à la banque pour le prix de
cinq mille actions inscrites au nom de la caisse
d'amortissement.
La banque recevant par là une première exis-
tence , elle pouvoit commencer ses opérations en
concurrence avec la caisse des comptes coutans
qui existait alors : mais la crainte de troubler le
crédit de la place , en divisant ainsi ses ressources,
détermina les régens à faire tous leurs efforts pour
réunir deux élablissemens dont la rivalité pouvait
être dangereuse.
Les avantages de la réunion furent sentis par
les actionnaires de la caisse dés Comptes couraiis;
ils la délibérèrent le 28 nivôse.
Les travaux de la banque s'ouvrirent le pre-
mier ventôse dernier : dès le l5 du même mois , '.
les consuls de la république avaient donné à cet
établissement un nouveau témoignage de con- i
fiance , en ordonnant , par un arrêté du même '
jour , le versement à la banque des fonds déposés j
à lac isse des réserves de la loterie nationale ; le
conseil. général de régence s'empressa d'adresser
des remercîmens au minisire des finances , et au
citoyen Cretet , conseiller d'état , l'un des action- 1
naires , dont les soins répétés et la sollicitude J
continuelle en faveur de la banque ne laissent
échapper aucun des moyens propres à assurer le
succès de Cet établissement.
Nous ne pouvons nommer ici le citoyen Cretet
sans faire un vœu : c'est celui de voir nos succes-
seurs recevoir de ce magistrat la continuation de
ses conseils et la constante assistance de ses lu-
mières. Nous les invitons d'y avoir recours avec
autant d empressement et de confiance que la
régence actuelle.
Les statuts de la banque n'avaient point fixé
l'échéance des effets à admettre à l'escompte. La
caisse des comptes courans paraissait n'avoir pas
excédé quarante-cinq jours ; la régence . d'après
l'accroissement de ses moyens , crut devoir ad-
mettre les échéances à soixante jours , avec l'espé-
rance de les prolonger jusqu'à quatre-vingt-dix
jours , lorsque les facultés de la banque pourront
le 4ui permettre.
Depuis l'ouverture des travaux de la banque ,
la régence s'est occupée des moyens d'organiser
son régime par des réglemens dont plusieurs
exemplaires qui vous sont destinés sont déposés
sur le bureau. Je vous invite à les examiner , et je
vous rappelle que , conformément anx statuts , ils
sont £Oumis à la sanction de l'assemblée.
Les opérations de la banque pouvant s'étendre
dans les départemens , la régence a dû s'occuper
de choisir des correspondans dans les principales
places étrangères avec lesquelles la France a con-
tinué des relations d'amitié , et dans chacun des
départemens de la république. La régence a pris
les précautions convenables pour n'accorder sa
confiance qu'aux maisons les plus accréditées; et
dès les 1'" jours de germinal sa correspondance
s'était déjà tellement multipliée, qu'elle n'a pu
se dispenser d'établir un bureau particuher pour
cet objet. Les cçrrespondans de la banque ont été
invités à se rendre actionnaires proportionaelle-
ment à l'importance des recouvremehs qui leur
seraient confiés.
D'après l'arrêté du iS ventôse dernier, qui a
ordonné le versement à la banque des fonds en
réserve de la loterie nationale , pour la garantie
des lots en cas d'insuffisance du produit ordi-
naire des recettes, l'administralion de celle loterie
a pensé qu'il éiait également convenable que la
banque fût chargée du recouvrement de la loterie
dans les départemens. Elle a en conséquence , et
sous l'approbation du ministre des finances , fait
et signé avec la banque de France un traité qui ,
à f anii du 16 germinal dernier ^ la charge du te
couvretnent de toutes les sommes à verser- par
les receveurs de la loterie dans tous les dépar-
temens de la république , pays réunis et con-
quis , non-compris le dépanemetit de la Seine,
et quelques communes du département de beine-
et-Oise.
Les opérations de la banque pouvant faire naî-
tre des affaires conientieuses , la régence a re-
gardé comme indispensable de se former un
conseil composé de jurisconsultes éclairés ; ils
ont choisi les citoyens Pérlgnon , Berryer e*
Armey.
Un grand nombre d'agens de change s'étant
successivement présentés pour être accrédilés au-
près de la banque , la régence a admis jusqu à
présent les citoyens Pillot , le Dhuj , Bcaumont ,
Dufresne , Lefebvre , Nicolas Caron . Frotfaent,
Petit , Rochat, Luce le jeune, Torras , Mallet.
Ils sont tenus de se conformer à l'article 17 des
statuts de la banque , et aux articles 39 , 60 , &l
et 63 du règlement intérieu,r.
La caisse des comptes courans avait en émission
ou en réserve une somme de 20,780, Î27 francs
20 cent. (!) de billets de 1000 fr. et de 5oo fr.
Ces billets , destinés à faire le service de la
banque jusqu'à ce qu'elle puisse émettre les siens
propres, ont été frappésd'une légende qui indique
qu'ils sont payables à ta banque.
La régence s'est depuis occupée de la fabrica-
tion des billets de la banque.
Rien n'ii été négligé pour écarter la possibilité
de la contrefaction , en s'attachant à peifection-
ner la gravure , le papier , les caractères et le
tirage : les asiistes les plus habiles ont été em-
ployés. Déjà le type du billet de 1000 francs est
Jait ; il a servi à tirer pour 6 millions de flancs
de billets , dont une partie est en émission. On
s'occupe de terminer les billets de 5oo fr.
Le ministre des finances a , sur la demande de
la régence , affranchi des droits de timbre les
billets destinés au remplacement de ceux de la
caisse des comptes courans qui doivent être an-
nuités , et qui avaient acquitté le droit de timbre.
Cet acte d'étroite justice devraiiêtte , selon nous •.
indéfiniment étendu aux billets de la banque , à
raison de ce qu'ils ne contiennent aucune tran-
saction ni transmission , et qu'ils ne sont réelle-
ment que la représentaiion d'espèces déposées ,
contre lesquelles ils sont échangeables à volonic.
La banque a reçu une nouvelle preuve de la
confiance , tout à-la-fois du public et du gou-
vernement , par l'arrêté des consuls , du 23" ther-
midor dernier , qui la charge du paiement en
ntiméraire des rentes et pensions , deuxième se-
mestre de l'an 8 , à compter du premier nivôse
prochuin.
Cet arrêté a été suivi d'un traité fait entre le mi-
nistre des finances et les régens de la banqiie,
duquel il résulte que les fonds seront faits par
le trésor public en obligations , dent les échéan-
ces commenceront le 3o brumaire an 9 , pous
finir au 3o prairial suivant; et que les paiemenl,
par la banque s'ouvriront le premier nivôse pro»
chain, pour n'être, terminés qu'à la fin du mois
de messidor suivant. Les recouvremens des obli-
gations et les paiemens à faire par la banque, sont
combinés de manière à assurer parfaitement cç
service.
Le «8 nivôse dernier, les régens de la banque
avaient obtenu , par un arrêté des consuls da
même jour , la maison dite l'Oratoire , pour y
former leur établissement ; mais la réunion de
là caisse des comptes courans à la banque »
s'étant opérée vers la fin du mois de pluviôse
suivant , la régence crut devoir préférer la maison
Massiac , dont la propriété venait de lui être
transmise , et qui se trouvait disposée de manière
à pouvoir suffire au service de la banque tant
que ses opérations ne s'accroîtraient pas d'une ma-
nière trop sensible. Aujourd'hui qu'elles sont con-
sidérablement augmentées , notamment par le
paiement des rentes , elle a dii demander un
local qui répondît à l'importance de ses opéra- ,
tions , qui offrît l'emplacement nécessaire pour
placer les caisses de paiement , et la possibilité
d'établir en même - tems une bourse- digne de
l'accroissement auquel le commerce de Paris est
appelé.
La régence n'a pas trouvé de maison qui lui
parût plus convenable par sa forme et sa situan
tion que l'hôtel de Toulouse : elle en a fait 1^ «le-
mande formelle ; elle pouvait espérer un jjrompt
succès ; elle avait» été même autorisée à allef
prendre connaissance du local : mais te déplaça»
ment de l'imprimerie nationale qui s'y trouve éta-
blie , ainsi que d'autres objets qui y ont été réu-
nis , paraît en ce moment présenter des obsta^
des qui d'abord n'avaient pas été prévus ; aa
surplus , la régence s'occupe avec activité d'avoir
très-incessamment sur cet objet une décision por
sitive.
Si le gouvernement, citoyens actionnaires , à
favorisé votre établissement , s'il n'a cessé de s'in-
(1) tes fnctfons proviennent de la tedaclioa en fnscs dsf(
: liTtes taumoii exprimées p»r les billets^
téresser à ses succès , de son côté la banque s'est
occupée des moyens de soutenir le crédit des
obligations des receveurs , en arrêtant qu'elle en
aurait toujours dans son porte feuille pour au
moins trois millions , et en les prenant directe-
ment de l'agent du trésor public , et toujours au-
dessous du cours.
Ici se termine le récit des principaux faits qui
ont eu lieu depuis rétablissement de la banque
jusqu'à ce jour. Je dois actuellement, conformé-
ment au voeu de la régence , vous retracer les
grandes bases de son institution.
Je vous observerai d abord , que cet -établisse-
\ineht , qui semble avoir un but commun avec
d'autres banques ^ablies en Europe, ne doit ce-
'pendant être rigoureusement comparé à aucune
d'elles : les banques établies ont des caractères
très-distincts ; elles sont ou essentiellement com-
merciales, ou essentiellement gouvernementales
ou mixtes.
Les banques essentiellement commerciales sont
communément la propriété des négocians , ou
d'une seule ville, ou d'un petit état; leurs ac-
tionnaires peu nombjeux , mais liés à la chose
par des intérêts étendus , ont dû conservfer dans
leur administration la part la plus directe : telle
fut en France la caisse d'escompte , avant que
ses relations imprudentes avec le gouvernement
l'eussent écartée de son véritable but ; telle fut la
caisse des comptes courans , et telle est encore la
caisse de commerce établie à Paris.
Les banques essentiellement gouvernementales,
telles que celles d'Espagne, d'Autriche, de Naples,
de' Turin , etc., soumises à une action extérieure
et entraînante', n'ont pu conserver à leurs aC-'
tidnnaires qu'une inutile intetveuiion dans leur
administration.
Dans les banques mixtes , les deux parts d'in-
. fluence qui devraient naturellement se diviser
avec quelqu'égalité entre le gouvernement et
les actionnaires , 'sont ordinairement le lot du
plus fort ; la banque d'Angleterre paraît en four-
nir l'exemple.
La bsnque de France n'a aucun des carac-
tères limités que nous venons de définir : ses
lapporis avec le commerce forment, à la vériié ,
son principal caractère ; mais comme elle n'ex-
cllJt de ses relations aucun des genres de pro-
priété , et qu'elle pourrait même escompter des
effets souscriis par des propriétaires fonciers
dont la solvabiliié lui paraîtrait constante, elle
est essentiellement générale.
Il est sur-tout à remarquer que la banque
de France ,• par le fait seul du caractère de
généralité sur laquelle elle s'est établie , n'est
nullement gouvernementale ! libre par sa créa-
tion qui n'appartient qu'à des individus, indé-
pendante, par ses statuts, affranchie des condi-
lions qu aurait pu lui imposer un contrat privé
avec le gouvernement, ou un acte législatif,
elle existe sous la pfoieclion des lois générales,
«t par la seule volonté collective de ses action-
naires. Lorsqu'elle traite avec le gouvernement,
jes transactions prennent le caractère qu'elles
doivent avoir avec un gouvernement libre : elle
ne négocie avec lui que lorsqu'elle rencontre
ses convenances et le complément de ses sûretés;
enfin , elle est absolument hors de lui.
A la vérité, les relations entre le gouverne-
ïn'ent et la banque sont suscepiibles de pren-
dre une grande éiendue ; c est un résultat naturel
des transactions du gouvernement , cotjsidérées
sous le rapport de leur masses et ce résultat
ne dérive d aucune ir)terpositioa de faveur ni de
préférence.
D'ailleurs , le crédit du commerce et celui du
gouvernement ne sont-ils pas aujourd'hui; pour
ainsi dire , identifiés ? Ne rouleni-ils pas sur le
même pivot? (celui sur lequel doit s'affermir le
gouvernement actuel. )
Pour appuyer nos observations par des exem-
ples , nous déclarons que si la banque a jusqu'à
présent escompté quelques obligations des, rece-
veurs de départemeiis , elle n'a agi en vertu d'au-
cun traité direct avec le gouvernement ; elle ne les
a pris que dans des propqrlions combinées avec la
•ituation de ses caisses ; elle ne s'est déterminée
que par des motifs de sécurité; et elle s'est guidée
par l'opinion générale , et par la'confiance méri-
tée dans la loyauté du gouvernement et dans la
■ajgesse de son administration. Enfin la banque ,
considérée comme capitaliste, n'a fait, à cetégard,
que ce que faisaient en même tems la classe des
particuliers capitalistes.
D'un autre côté, la banque qui lient les comptes
courans de tous les individus, en a ouvert un au
gotivemement pour le paiement des renies dues
Î)ar l'état ; elle recevra rie lui des effets à recouvrer :
es produits de ces effets scrvironi à acquitter des
mancfels du trésor public ; et celle transaction ne
diffère de ce qu'elle fait pour des particulier», que
relativement à une provision qui lui est allouée en
indemnité des dépenses qu'entraînera une manu-
tention aussi éiendue.
Ou ae oiépiendrait cependaot li l'on supposait j
143
que la banque , dans ses relations avec le gauver-
nemeni , doit le resircindVe à-iîne s'implf as's'imi-
lation avec les personnes ptivceS:'les principes de
son inslilulion se lient à des vues d'iin ordre plus
élevé. ■• . ■ •
Il n'est possible de concevoir ni d espérer au-
cune stabilité , aucune prospérité poui une naliori
dans laquelle s'établirait, par une fatale habitude
ou par de funestes défiances , l'isolement du gou-
vernement et une sépjraiioo précise cnire ses in-
lérêls et ceux des citoyens qu'il régit : cette absurde
division d'un tout inséparable, eStun résultat mal-
heureusement inévitable des erreurs ou des abus
des gouvernemens absolus ; rîiais elle est en même
tems la cause de leur faibleise , et souvent celle
de leur destruction.
Les gouvernemens libres doivent éloigner ce
divorce entre les membres et la lête du corps po-
lilique ; leur siabilité , lei)r gloire , et leur pros-
périié en dépendent. Le seijliincrw- profond de
celle, vérité a créé , dès sa naissance, une sage
alliance de principes entre la banque et le gou-
vernement; alliance qui , en cnnknidant le crédii
public et le crédit particulier , les fait se fortifier
1 un par 1 autre , et se correspondre par des
échanges dune mutuelle confiance ; ce qui ex-
plique comment le gouyeriiemenl s est déter-
miné à faire convertir en aciions un capital de
cinq millions au raomentmême de ses plus grands
besoinset du plus grand embairas de ses finances.
C'est encore dans le sens de cette honorable
alliance que la banque est esseniitiUeraeni générale.
Tels sont , citoyens actionnaires . les principes
qui guidaient les fondateurs de la banque de
France lorsqu'ils en ont corrcerté les statuts.
Pour rendre générale la banque , ils ont dû
réduire à une faible sommele prix de ses actions,
afin d'obtenir le plus grand nombie d'actionnaires
possible : ce but sera atteint si 1 on considère que
depuis sept mois elle a déjà acquis trois cent
soixanie-un actionnaires , répandus sur toute la
république. La formation de son fonds est lente ,
à la vérité , ma^is elle n éprouve aucune inter-
ruption : ainsi elle est plus riche en confiance
qu'en capiiaux : lun est préférable à l'autre ; ses
nombreux amis lui seront fidèles : il est permis
de le présaiJer , puisqucaucun d'eux ne l'a en-
core abandonnée.
Ou ne pouvait prévoir la multiplication des
actionnaires au point de 's'élever à plusieurs mil-
liers d'individus et leur gtàtidé dispersion , sans
concevoir l'impossibiliré dé les i-éuni'r et de lés
appeler à délibérerdirecYpriien'i sur leurs intérêts :
il a donc été nécessaire de''créer pour eux un système
représenlaùf , et de le c<>ita'biner de manière à ce
qu'un corps de repiésentan!; pût se former spon-
tanément. Les mêmes circonstances tendant pres-
que impossible léleciioii âe te même corps , et la
volonté des actionnaires, ne pouvant être con-
sultée , il a été constitué sur la base d'une certaine
mesure de propriété. *
Le corps re(iiésenlant rie devait être ni assez
nombreux pour entraîner îa confusion, ni res-
treint au point d'écarter lés lumières et la sur-
veillance : il a été par ces considérations fixé à
( deux cents membres. Ses réunions devaient être
réduites aux termes de la simple utilité; elles ont
été fixées à une fois par an , sauf les cas exti-a-
ordinaires.
Enfin , comme il n'txisie en administration
qu'une garantie solide , celle d'un coot-rôle éclairé
ei permanent , les staïut.'i ont constitué trois cen-
seurs , qui oirt une action générale de. surveil-
lance et de discussion sur toutes les opérations.
Je passe à l'exposition des opérations de la
banque depuis le 1"=' ventôse dernier jusqu'au
24 de ce mois.
Pour juger par la forme naissante de la ban-
que de ce qu'on peut espprer de l'accroissement
successif de ses moyens , nous comparerons la
situation des bases principales de ses affaires à
l'époque du yrerjiier ver)iôse et à celledu 24 ven-
démiaire; ce qui renfermé un espace de 7 mois
«4 jours.
Les comptes courans n'étant au 1" ventôse que
de 2,300,000 fr. , ils sélevCnt aujourd hui de S à
6 millions.
Le numéraire UdLXistnh par la caisse des comptes
courans ét^tit dev5,Soo,0;PO fr. , il s'est élevé de-
puis jusqu'à 11,900,000; et, dans, certaines cir-
constances , les besoins de la place l'ont réduit
à 7,000,000.
Le portefeuille des effets acquis par l'escompte
était de 6,000,000 au i*' ventôse; il s'élève au-
jourd'hui à.l5, 901,436 fr. 27 c, indépendamment:
l' De 2,Sog,24i fr. 74 c. en effets envoyés par
les correspondans de
la banque;
8° De 3,328,000 fr. en effets sur les dé-
, pariemens.
5,837,241 ft. 74 c.
L'escompte , ce véritable signe de la prospérité ^
d'une banque et de son utilité , a été porté, dans
certaines décades , jusqu à 7,000,000 francs. Son
i total est II 1,820,226 fr. 41 cetil. Cette sonims a
produit en bénéfice 1,253,841 fr. «5 c.
Les recettes de la loterie , dont le délail est îrès-
considérable , ont donné naissance à la corres-
pondance avec les départemens ; le droit do
commission accordé à la banque a produit 47,54'S
francs 77 centimes.
Au nombre des affaires transmises à la banque
par la caisse des comptes courans, se trouvaient
deux créances ; l'une sur les citoyens Amelin ,
Van-Raubais et compagnie est tentiée à un faible
solde près, qui sera payé dans quelques jours ;
l'autre »ur les citoyens Girardot et compaj^nie ,
qui s'élève à 246,871 fr. 78 c. , eSt entravé par
quelqnes circonstances litigieuses. Il est permis
de compter sur soo remboursement intégral , à
raison de plusieurs cautionnemens et d'action»
hypothécaires utilement colloquées. /
Les billets de la caisse des comptes courans conti-
nuent à faire le service de la banque , après
avoir été frappés d'un timbre qui indique leur
paiement à la banque.
La banque a déjà fait fabriquer le type d'un billet
de lOoo francs : il a fourni à une émission de
6.000,000. On s'occupe du type d'un billet de
Soo fr. : et lorsque la banque aura fabriqué en
quantité suffisante de ses propres billets , ceux
de la caisse des comptes courans seront aussi-tôt
retirés et annulés.
Les frais ou dépenses générales de l'administra-
tion de la' banque, ceux de la fabrication des
billets , le port des espèces reçues des départe-
mens, et les autres dépenses généralement quel-
conques , s'élèvent à 218,718 fr. 14 c.
Pour les huit mois écoulés depuis l'établisse-
ment de la banque de France, on trouvera que
ces frais sont proportionnément moindres que
ceux de la caisse des comptes courans , si 'l'on
considère que la correspondance et les affaires
extérieures ont nécessité une augmentaiion d'em-
ployés à cause des détails qu'entraînent les retours
si divisés des somnies considérables à recouvrer
dans les départemens. Cette économie est due ,
tant à la composition des bureaux qu'à h distri-
bution des travaux , qui sont bien plus considé-
rables que ne l'étaient cetix delà caisse des comptes
courans.
Si nous devons à la composition de nos bu-
reaux , c'est-à-dire, à la réunion des sujets distin-
gués qui y sont placés, une sage éconornie dans
notre administration , nous lui devons aussi cette
I célérité d'exécution dans nos opérations, cette
précision , ceitç exactitude , cette vigilance de
tous les jours , de tous les instans j dont lé public
doit être frappé, et qui doit lui- douner l'assu-
rance du resp et quona ici pour sa confiance.
Nous ne doutons pas de votre disposition à vous
réunir en ce moment à la régence pour donner
à ces employés un témoignage honorable de sa-
tisfaction et de reconnaissance.
Avant de vous présenter le compte final des
opéraiions de la banque pendant sept mois viugt-
quatre jours, avant aussi ae vous .exposer 'es
motifs qui ont dirigé la régence dins la fixation
du dividende , il est nécessaire dé vous retracer
quelques résultats du traité fait en nivôse der-
nier, avec les actionnaires de la caisse des comptes
courans.
Il a été payé aux actionnaires de cette
caisse , tant à ceux qui se sorit réunis à la banque,
/ qu'à ceux qui ont exigé leur remboursement
effectif. . , . . I,5o6,g9of. i3 c.
Cependant les capitaux cédés
à la b.inque
ne s'élevaient
en réalité
qu'à
Les bénéfi-
ces acquis à
cette époque,
à Sg.ssS 96
Différence. . . .
34S 39
202,644 f. 74 c.
Cette différence de soï,644 fr. 74.C. est le prix
de la cession d'un éiablissement tout organisé,
dans lequel la b.inque a trouvé les moyens d'en-
treren activité le lendemain de la cession qui lui
a été faite.
Cet avantage très-réeJ est une valeur ajoutée k'
son caçital : ainsi Ion pourrait, à la rigueur , en
coiisidérer le prix comme augmentant son actif ;
mais attendu que cette valeur n'en est une qu'au-
tant que la banque ne se liquidera pas , attendtj
qrie dans ce dernier cas elle s évanouirait sans
laisser aucune réalité, attendu que les principes
d'ordre exigent que le capital de la banque ne se
forme de rien d'éventuel, la régence a pensé qu'il
était prudent de restituer graduellement à ce ca-
pital une somme égale de «02,644 *''• 74 c. ; mais
comme ce remboursement qu'elle se fait à elle
nxême n'est aucunement utggatr et q^ti'il doit
s'apérer par des économies sur ses dividendes ,
eUj; s est imposé de ne le faire que par cinquième
dans le couis de cinq années. En conséquence
il a éié l'ait une déduction de 40,000 fr. sur les bé-
né&ces de l'an 8 ; par là celte somme se trouve
consolidée à son capital ; et l'espèce de sacrifice
qu'elle a l'ait pour acquérir son établissement, est
déjà atténué d'un cinquième.
Résitttat des opérations de la banque de France , du
premier ventôse ani Où 24' vendémiaire an 9' , ex-
trait du compte de' plofits et pertes.
RECETTE.
BénéRce par l'escompte. . . . 1,253,841 fr. «5 c"
Agio sur des remises des corres-
pondans. • . sa, 753 58
Commission ou indemnités sur
les recettes faites pour la lo-
terie 47,543 77
Droits sur des dépôts 2,542 69
1,326,681 fr. 29 c.
D É p E ri s E.
Cortimissions payées aux cor-
respondaus , et pertes sur la
monnaie de cuivre 72,5i8fi. 24c.
Pour le bénéfice non acquis sur
les effets en porte-feuille non
échus, lequel bénéfice appar-
tient au premier semestre de
l'an 9 544,195 5o
Frais et dépenses générales. . . 818,718 14
Résultat du compte d'intérêts à
la charge de la banque. . . . 2,236 3o
Application de la somme de
40,000 fr. déduite des bénéfi-
ces pour être réunie au capi-
tal , et pour atténuer les
«02,644 fr. 74 c. alloués aux
actionnaires de la caisse de<
comptes courans 40,000
Total 577,668 fr. 18 c.
C0MPAS.AISON.
Recette 1,326,681 fr. 29 c.
Dépense . 577,668 18.
Bénéfice 749,oi3 n
A déduire de ce bénéfice:
l" pour gratifications à distri-
bueraux eraplpyésde la banque
et pour des actes de bienfai-
sance 26,482 fr. 91 c
2°. Pour les
dividendes ac-
cordés aux an- -, V, 27,963
ciens comman-
ditaires » de la
caisse des comp-
tes coufans. . . 1,480 20
Reste un bénéfice net de . . . 72i,o5ofr. oc.
Fixation du dividende.
ta régence , en s'occupant de la fixation du di-
vidende à répartir aux actionnaires , a bientôt
apperçu que leur véritable intérêt était bien moins
attaché à une répartition de tous les bénéfices ac-
quis, qu'au partage qui ei> serait fait entre une
jouissance actuelle et une prudente réserve pour
l'avenir.
Les actionnaires, en plaçant leurs capitaux dans
\abanque de France , ne cherchent point les béné-
fices étendus qui ne se rencontrent que dans les
afiaires hasardeuses: ils échangent la modération
du produit de leurs fonds contre une grande sécu-
rité ; mais il faut aussi qu'ils puissent compter
avec certitude sur un produit annuel. ■ ■ ■
Or ce produit pouvant être compromis dans
des occasions rares , mais possibles , il est né-
cessaire de l'assurer par l'économie , c'est-à-dire
par un fonds d.e réserve formé dans les époques
de prospétiié.
Le fonds de réserve arrêté par la régence n'est
point incprporéau capital de l'action ; il cesserait
dès-lors d'être disponible ; ce qui éloignerait le
but économique que l'on se propose : «insi l'ac-
tionnaire a deux genres de propriété ; l'une im-
144
muable , le capital de faction ; l'autre disponitte
à son profit à raison des circonstances , le jonds
de réserve.
Guidés par tes principes d'ordre et de pru-
dence , les régens de la banque , réunis aux
censeurs , ont arrêté qu'il serait distribué aux
actionnaires un dividende de cinq pour cent
ou 5o fr, par acdon , et que quatre et demi
pour cent ou 45 fr. seraient mis en réserve.
Ainsi il sera p-iyé , à raison
de 5o Ir. par action, et pour 7590
actions actuellement levées à la
banque, 379, 5oo fr.
Il sera mis en réserve à raison
de 45 Ir. pat acdon. 341, 55o
Total égal au bénéfice acquis
pour l'an 8. 72l,o5o fr.
Les actionnaires futtirs devant entrer dans
l'association avec desdroits rigoureusement égaux
à ceux des actionnaires actuels, ils auront à
payer 1,000 fr. pour cha(iue action ; plus, 45
îr. pour leur inléiêt dans le fonds de réserve.
La régence a aussi arrêté que les actions qui
seront prises dans te prochain semestre devront
être payées :
Un tiers de l'action comptant ; plus . 45 fr.
pour la part au fonds de réserve ;
Un tiers à la fin de frimaire de l'an g ;
Un tiers à la fin de pluviôse suivant.
11 sera accordé un escompte de demi pour
cent par mois , pour les paiemens anticipés.
N. h. Nous donnerons., demain , le discours pro-
noncé par le cit. Journu-Aubert , Cun des censeurs
de la banque de France.
Au citoyen Agasse , piopriétaire du Moniteur. —
Du 3 brumaire an 9.
Par quelle fatalité, citoyen , l'immortel ouvrage
de Smith , sur la richesse des Nations , ne peut-il
passer dans notre langue que défiguré par une
foule de contresens qui le rendent inintelligible ?
Après deux essais fort malheureux , trois nou-
velles traductions nous sont annoncées dans le
n" IX du Mercure de France. Sur deux pages de
citations faites par l'auteur de l'extrait , je re-
marque deux énormes contresens. Le premier est
à la page 169 de ce numéro du Mercure, jj Re-
51 marquez , dit le nouveau traducteur , de com-
)i bien de choses jouit le plus simple artisan ou
I) le journalier laboureur, dans un pays riche
II et Civilisé ; et vous avouerez que le nombre
>> des hommes à qui leur industrie , quelque faible
u quelle soit.: a procuré cette foule de jouissances ,
)i est inaccessible au CaIcvl. >>
L'auteur a dit toute autre chose ; il a observé
que le nombre d'hommes qui ont plus ou moins
concouru, par leur indqstrie , à procurer cette
foule de jouissances , est incalculable. Le raison-
nement seul suffit pou,' indiquer ce dernier sens.
Le r ombre des homme:s qui recueillent le fruit
de l'industrie générale de la société n'est pas in-
calculable ; car c'est la société toute entière sans
exception , et les états de population en donnent
le montant ; mais ce qui n«: peut vraiment se cal-
culer , est la quantité d'hommes , tant nationaux
qu'étrangers , qui ont conli'ibué , plus ou moins ,
à produire les divers objer.s de jouissance intro-
duits dans une société très-civilisée , et mis à la
portée de la classe même la moins aisée.
Il y a un autre contresens . page 176 , u Tout
1) homme , tant qu'il ne viole pas les droits de
11 là justice , doit être parfaitement libre de tra-
)> vaillet à ses intérêts, comme il lui plaît, et
" d'associer son industrie et son capital au capital
>> et à l'industrie de tout autre individu , ou de
)j toute classe d'individus. )i
Que fait là cemof, associer ? Il ne s'agit nul-
lement dans l'original de société , ce qui ne
donnerait aucun sens , mais bien de concurrence.
Par opposition au système de monopole que l'au-
teur ne cesse de combattre, tout homme doit
être libre d'exercer son industrie ou de faire
valoir son capital , comme bon lui semble ,
en concurrence avec tout autre individu , ou
toute classe d'hommes que ce soit. Voilà ce qu'a
dit l'auteur.
Le livre de Smith est un ouvragé purement di-
dactique ; le seul mérilé-'d'un traducteur est ici
la fidélité et l'exactitude; le plus grand écueil
a éviter, c'est la recherche et la prétention à
l'élégance. On ne peut intéresser le lecteur qu'en
s'adjessiint à son jugement; ainsi c'est à l'àvao-
toge d'être clair qu'il faut tout sacrifier.
Vous avez commencé à impiimer une traduc-
tion que j'ai faite autrefois de l'ouvrage de Smith,
et que vous avez entre les mains depuis quatre
ans. Eu la donnant au public , je ne crains pas
de répondre que du moins on y trouvera par-tout
la pensée de l'auteur', et j'avertis d'avance que
si j'ai soigné le style , c'est sous le seul rapport
delexactiiude et de la clarté.
Je vous salue avec estime et amitié .
G, G. , membre de l'institut.
LIVRES DIVERS.
Lettre du citoyen Mallet d'Hyeres , aux citoyens
membres composant la première classe de l'institut ;
à Paris , le 26 prairial an 8 ; une feuille in-S".
A Paris, chez la citoyenne veuve Bernier, place
Sotbonne , n" ^33.
Prix , 3o cent. ; et 35 c. , franc de port.
L'auteur présente dans celte lettre la doctrine
qu'on suit en physique comme une source d'er-
reurs ; il relevé 1° l'importance qu'on attache à
l'électricité dont il donne un apperçu ; 2" la théorie
de l'eau qui a été publiée , et qu'il réfute : 3" le
ridicule des agens qudn a introduits sur la scène
physique ; 4° l'abus que l'on l'ait des tertmes af-
finiié et combinaison ; 5° divers effets que l'on
désigne comme causes majeures.
Cette lettre est terminée par une table de cha-
pitres qui présentent en quelque sorte le pro-
gramme du bystêiue que fauteur se propose de
publier incessamment.
RÉFUTATION de quelques calomnies contre les
prévenus d'étTiigration , injustement portés sur la
liste des émigrés , ou de l'influence directe et
positive des radiations défin'tives sur le crédit
national , les fortunes particulières et la tran-
quillité publique , pour faire suite à deux Opus-
cules sur la nriême matière , par le cit. Baiaillard,
homme de loi . rue de lUniversiié , n" 920. Chez
l'auteur, et chez le cit. Lenornrand , imprimeur-
libraire , rue des Prètres-Saint-Germain , n" 42.
COURS DU CHANGt
. Bourse du 6 brumaire.
à 3o jours. à goj0ur$.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif.......
Cadix
Effectif.
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
1894
4 fr. 90 c.
14 fr.70 c.
4 Ir. 9u.c
14 Ir. 40 c.
4 Ir. 70 c.
5 Ir. 12 c,
Effets' publics.
Rente provisoire sS fr. «5 c.
Tiers consolidé 36 fr. 60 c.
Bons deux tiers i fr. 69 -c.
Bons d'arréragé 87 fr.
Bons pour l'an 8 92 fr. 38 c.
Syndicat .
Coupures 80 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ue et des Arts.
Dem. les Prétendus , et le ballet de Télémaque.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la 1^ repr. de ÏHomme à sentimens ou le Mora-
liseur . com. nouv.
Théâtre des jeunes ÉLÈVES, rue deThibnvrlIe;
Auj. l'Ecole de l'adolescence ; la jeune Indienne ,
etl'Abbé coquet.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la 3" repr,
de Scène première ou ta Pièce interrompue ; Pauline,
et Arlequin Pygmalion.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. la i"* repr. du Roi Léar , suiv. du Dépit
amoureux.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Auj. relâche.
En attend, la 1'" repr. de l'Anloùr aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée de
chants.
ïpriiétt de 25 fraocs pour trois moii, 5o franca pour liz mois, et 100 fianct pour l'a
L'abonaeiBcnt se fait aParis, rue des F'oite'vras, n^ i8. Lefp
c'abonlfe qu ku cdmmeuce'menc de chaque mois.
Il faur adresser les leiues et l'argent , fran c de port , aucit. ACA'SSE , propriétaire de ce journal .rue des Poitevins, ." 18. Ilfautcompr
pays où l'on ne p<=ut affranchir Les lettres des déparlemeris non affranctlies , ne seroutpoint retirées de la poste.
Ilfautavorrso.n,i.ou, plus de sûreté, de charger celles qui renfermeatdes valeur. . et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rt.e de.
Foiievias, b° 1 3, depuis neuf heures du iqaLia jusqu'à cii ^ heures du soir. * »
vois le
A Paris, de ï:
imprimerie du cit. Agassc , propriéuiic du Moniteur , rue des Poitevins , n*» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MOMTEUR UNIVERSEL.
N° 38.
Odidi , 8 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés i prévenir nos souscripteurs qu'à d.iter du 7 Nivôse le M O Ni T E U R est !e seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les nor
i'iiitérleur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. '
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
ions tant sut
I N T E R I E U R.
Paris , le 7 brumaire.
JLiA levée en masse cjui vjent d'êire dissoute en
Toscane par l'armée française , était soldée, par
l'Angleterre. Lex-général Willot était le prin-
cipal agent; le misérable Willot, qui s'est si
lâchement vendu aux implacables ennemis du
nom français, fomentait de Florence les assassi-
nats du Midi.
— M. le comte de Cobentzel ei M. le mar^
quis de Lucchisini. sont arrivés à Paris le même
jour.
— Le citoyen Béihune-Charost , membre de
l'assemblée constituante , maire du 10' arrondis-
sement de la commune de Paris , est mort de la
petite vérole, le 5 de ce mois. En lui les malheu-
reux perdent un père , une foule de familles un
généreux appui , les grands propriétaires un mo-
dèle . et 1 humanité un de ses plus zélés bien-
faiteurs.
— On écrit de Beauvais qu'une amélioration
sensible se fait remarquer dans le commerce ,
les manufactures , et les fabriques. A la foire de
Saint-Just-en-Chassée , il s'est fait pour plus de
deux millions d'affaires, fait qui n'avait pas eu
lieu depuis fort long-tems.
— L'administration des monnaies prévient que
le concours pour la place à'essayeur sera ouvert
le l" nivôse prochain , à Ihôtcl des monnaies , à
Paris , au laboratoire de l'inspecteur- général. Les
citoyens qui voudront concourir se feront ins-
crire an secrétariat de l'administration , d'ici au 20
■frimaire.
: — Il vient de sortir des presses de Didot,
f^aîné,. un recueil italien , intitulé : Versi eslem-
JioTanei , etc.; Vers improvisés de François Gianni ,
av4c la traduction en vers latins , improvisés par
Faustin GagliufE.
Ces impromptus ont été faits chez le citoyen
Fravega , ministre plénipotentiaire de la répu-
blique ligurienne , en présence d'une nombreuse
et brillante assemblée. Les sujets des deux poëmes
contenus dans ce recueil sont : la bataille de
Marengo et ie siège de Gênes. On y trouve de
l'élévation , de l'énergie , des images fortes et
des pensées ingénieuses. La traduction latine
improvisée est remarquable pat son exactitude
et son élégance.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Les consuls de la république au citoyen ,
. envoyé du déjiartement de potir assister à
In fête du i" vendémiaire an 9. — Paris , le 11
vendémiaire an 9 de la république française une
et indivisible.
Les consuls ont vu avec satisfaction votre em-
pressement à vous rendre à la fête du i'^' ven-
démiaire; il est pourleux la preuve de l'intérêt qui
vous attache au gouvernement , le gage de celui
qu'ils doivent attendre de vos concitoyens ;
mais il est aussi pour vous un nouvel engagement
de les seconder.
Rentircz dans voire département ; vous direz
ce que vous avez vu , ce que vous avez éprouvé ,
ï heureux accord des sentimens et des vœux , et
une confiance générale dans les magistrats que
la nation a choisis pour la gouverner ; vous direz
qlue lunique ainbition , l'unique étude de ses
knagistrats est de fermer toutes les plaies de la
Frai'Ce , d assurer son repos et sa gloire , de
rendre à l'agriculture , à l'industrie et au coid-
nierce leur éclat et leur prospérité.
Qu'ils ne connaissent entre les citoyens d'autres
disiiuctions que celles qu'y mettent les vertus et
lis talcns.
Qj)t pour ciix les mauvais citoyens sont ceux
qui veulent avancer à la fortune par d'autres
moyens que ceux du travail et d'une honnête
industrie.
Qu'en administration , leurs maximes sont
jnvjriabl's; stabilité dans les principes , et point
*1 autres principes que ceux qui sont avoués par
la sagesse des tems , ceux que leur propre ex-
fiéiiencc a vériliés , et que dix années de révo-
ulions cl de malheurs leur ont appiis à respecter.
Quand on supposera au gouvernement des
})ioj<;t» diniiovaiiûQ , répétçz bien à vos conci-
toyens que ce sont de vains bruits , dernière
ressource dune malveillance impuissante.
La politique. du gouvernement est connue de
toute la France : obtenir la paix par des condi-
tions modérées et des mesures vigoureuses. Il
n'en veut point d'autres; mais c'est aux fran-
çais à soutenir ces mesufes^iar une attitude digne
a eux.
Au-dedans comme "au-dehors, les succès ne
peuvent être l'ouvrage d'un jour. Ce que quel-
ques inslans ont détruit, il faut toujours des
années entières de travail et d'énergie pour le
reparer. ^
Mais ces succès seront le résultat infaillible de la
constance du gouvernement dans ses principes et
dans ses vues , et de la confiance des citoyens
dans leurs premiers magistrats.'
. Les premiers magistrats ont déjà obtenu de cette
confiance , des preuves qui sont bien chères à
leur coeur, et ils lui doivent bien plus qu'à leurs
efforts les événemens prospères qui ont couronné
leur entreprise. Que cette heureuse expérience
encourage et développe encore ce sentiment; que
les citoyens se serrent tous autour de ce gouver-
nement que la haine des ennemis extérieurs re^
commande aux véritables amis de la patrie ; qu'ils
s'unissent avec lui pour vaincre les derniers obs-
ticles qui retardent encore les triomphes de la
France et de la liberté.
Pour vous, citoyens, vous n'oublierez point
les liens d'affection qui vous unissent désormais
aux membres du gouvernement; en accourant
avec autant d'empressement à leur voix, vous
leur avez donné le droit de compter toujours sur
le même zèle , et de vous demander de nouvelles
preuves de votre dévouement.
Le ministre de l'intérieur.
Signé, L. Bonaparte.
Arrêté du 5 brumaire an 9.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la police , le conseil-d'état en-
tendu , arrêtent ;
Section première.
Dispositions générales.
Art. !"■. Les commissaires généraux de po-
lice exerceront leurs fonctions sous l'autorité du
préfet de département.
Ils exécuteront les ordres qu'ils recevront im-
médiatement du ministre de la police générale ,
et pourront correspondre avec lui directement.
IL Les commissaires .généraux pourront pu-
blier de nouveau les lois et réglemens de police ;
les ordonnances qu'ils rendront pour en assurer
l'exécution seront soumises à l'appcobatioa du
préfet de département.
SectionII.
Volice générale. — Passeports
III. Ils délivreront les passeports pour voyager
dans 1 intérieur, et les attestations pour obtenir
du préfet du département les passeports poui
voyaycr à létranger.
• Ils viseront les passeports des voyageurs et
en délivreront à ceux qui auraient besoin de les
faire renouveller;
Les militaires ou marins qui ont obtenu des
congés limités , et qui voudront résider oU séjour-
ner dan* une ville où existe un commissaire
général de police, seront tenus, indépendam-
ment des formalités prescrites par les réglemens
militaires, de faire viser leurs permissions ou
congés par le commissaire général.-
Mendicité , vagabondage.
ly. Ils feront exécuter les lois sur la men-
dicité et le vagabondage.
En conséquence ils pourront envoyer les aien-
dians , vagabonds et gens sans aveu , aux maisous
de détention.
Les individus détenus par leur ordre , ne
pourront être mis en liberté que d'après leiir au-
torisation.
Ils feront délivrer , s'il y a lieu, aux indigens
sans travail, qui veulent retourner dans leur do-
micile , les secours autorisés par la loi.
Police des prisonsj
V. Les conimissaires généraux de police auront
la police des priaons , maisons d'arrêts, de jus-
tice .de force et de correction , existantes dans
la ville ou ils exercent leurs fonctions.
Ils auront la nomination des concierges , sàr-
diens et guichetiers de ces maisons. ■
Ils délivreront les permissions de communiquet
avec les détenus pour fait de police.
Ils feront délivrer aux détenus indigens, à l'ex-
piration du tems de détection porté en leurs ju-
gemens, les recours pour se rendre à leur domi-
cile , suivant l'arrêté du s3 vendémiaire a'n 5.
Maisons publiques.
VI. Ils feront exécuter les lois et réglemens de
police concernant les hôtels garnis , et les logeurs.
VIL Ils se conformeront, pour ce qui regarde la
police des maisons de jeu , à ce qui est prescrit
par la loi du 22 juillet 1791.
Vin. En conformité de la même loi du 2a juillet'
1791 , ils feront surveiller les maisons de débau-
che , ceux qui y lésideront ou s'y trouveront.
Attroupcmens.
IX. Ilï prendront les mesures propres à pré-
venir ou dissiper les attroupemens , les coalisa"-
iions d'ouvriers pour cesser leur travail ou en-
chérir le prix des journée? . les réunions tumul-
tueuses ou menaçant la tranquillité publique.
Police de la librairie et imprimerie.
X. Ils feront exécuter les lois de police sur
1 imprimerie et la librairie , en tout ce qui con-
cerne les offenses faites aux mceurs et à l'honnê-
tetépublique.
Police des théâtres.
XL Ils auront la police des théâtres en ce quï
touche la sûreté des personnes, les précaution»
à prendre pour prévenir les accidens , et ajsurej?
le maintien de la tranquillité et du bon ordre
tant au dedans qu'au dehors.
Vent-e de poudres et salpêtres,
XII. Ils surveilleront la distribution et la venta
des poudres et salpêtres.
Emigrés.
Xm. Ils feront exécuter, en ce qui concerné
la .police , les lois relatives aux émigrés.
Cultes.
XIV. Ils recevront les déclarations des minis-
tres des cultes et leur promesse de fidélité à la
constitution de l'an 8, ordonnées parlaloi^
même lorsqu'ils n'auraient, pas prêté les sermen»
prescrits par les lois antérieures.
Ils surveilleront les lieux où on se réunit pout
l'exercice des cultes.
Recherche des déserteurs.
XV. Ils feront faire la recherche ^esjpiliiaires
01a marins déserteurs , et les, pri^jaiyçfc?' *}«
guerre évadés.
".(• - ■ ;fi .1'
Section 1 1 1. l j , . . j
Police municipale. — Petite voirie.
XVI. Les commissaires généf^u* de iifiijcé
seront chargés de tout ce qui a rapport à la
peuie vouie, sauf le recotirs au iprélet du dé»
parlement contre leurs décisions.
Ils désigneront à cet effet ûh des Offitiéfâ'îfiu,
nicipaux ou commissaires dé po'licej fhktiû ék
surveiller , permettre ou défendre : ■ 3 . -
L'ouverture des boutiques , étaUx dê'bouclié'
ne et de charcuterie, -, ,,i,'
L'établissement dés auvens ou eonstrujctipns
du même genre qui pfehhfc'rit sti'P'la vDii^ûa-
blique. .3
L'établissement des échoppe*' ou étalages in«' '
ille's. '• '''' •■)
biles,
f'I
D'ordonner la démolition ou rép^raliqiu, „„,
batimens menaçant ruine. , .
Ces permissions seront sujettes aa. ttisa fd«i
commissaires-généraux de police. - i» nohst
Liberté et sûreté delà bù'ie pubiiqti^^' '"^
XVII. Ils procureront la liberté et la sûreté ifl
la voie publique , et seront chargés à cet «fletî
D empêcher que personne n'y commeite d« M*
gradation;
De la faire éclairer ;
D* fai,o sttivsillef le balayaj,« auqUal tas babi»
tan! sont tenus devant leurs maisons , et de le
^ faire faire aux frais de la ville dans les places et la
circonférence des jardins et édifices publics ;
De faire sabler, s'il survient du verglas , et de
déblayer au dégel les ponts et lieux glissans des
rues ;
D'empêcher qu'on n'expose rien sur les toîts
ou fenêtres , qui puisse blesser les passans en
tombant ;
Ils feront observer les réglemens sur l'établis-
sement des conduits pour les eaux de pluie et les
gouttières ;
Ils empêcheront qu'on n'y laisse vaguer des
furieux, des insensés, des animaux malfesans ou
dangereux ;
Qu'on ne blesse les citoyens par la marche trop
rapide des chevaux ou des voilures ;
Qu'on n'obstrue la libre circulation , en arrê-
tant ou déchargeant des voitures et marchandises
devant les maisons , dans les rues étroites , oa de
toute aute manière ;
Les commissaires - généraux de police feront
effectuer l'enlevemeni des boues , matières mal-
saines , neiges , glaces , décombres , vases sur les
bords des rivières après les crues des eaux ;
Ils feront faire les arrosemens dans la ville ,
dans les lieux et dans la saison convenables.
Salubrité de la cité.
XVIII. Ils assureront la salubrité de la ville ,
En prenant des mesures pour prévenir et arrêier
les épidémies, les épizooties , les maladies con-
tagieuses ;
En fesant observer les réglemens de police sur
les inhumations ;
En fesant enfouir les cadavres d'animaux morts,
Surveiller les fosses v.étérinaires , la conslructiqn ,
entrelien et vidange des fosses d'aisance ;
En fêtant arrêter , visiter les animaux suspects
de mal contagieux, et mettre à mort ceux qui en
seront atteints ;
En surveillant les échaudoirs , fondoirs , salles
de dissection ;
En empêchant d'établir , dans l'intérieur de la
lyille , des ateliers, manufactures, laboratoires ou
maisons de santé , qui doivent être hors de 1 en-
ceinte des villes , selon les lois et réglemens ;
En empêchant qu'on ne jette ou dépose dans
les rues aucune substance mal saine ;
En fesant saisir ou détruire dans les halles ,
marchés et boutiques , chez les bouchers , bou-
langers , marchands de vin , brasseurs , limona-
diers , épiciers-droguistes , apothicaires ou tous
autres , les comesiibles ou "médicamens gâtés ,
corrompus ou nuisibles.
- Incendies , débardemens , accidens sur hs rivières.
XIX, lisseront chargés de prendre les mesures
propres à prévenir ou arrêter les incendies ;
Ils donneront des ordres aux pompiers , re-
querront les ouvriers charpentiers, couvreurs ;
requerront la force publique , et en détermine-
ront l'emploi.
Ils auront la surveillance du corps des pom-
piers , le placement et la distribution des corps-
de-gardes et magasins des pompes , réservoirs ,
tonneaux, sceaux à incendie , machines et usten-
siles de tout genre destinés à les arrêter.
En cas de débordemens et débâcles , ils ordon-
neront les mesures de précaution , telles que
déménagement des maisons menacées , rupture
de glacés, garage de bateaux; ils seront chargés
de faire administrer les secours aux noyés.
Ils détermineront à cet effet le placement des
boîtes fumigatoires et autres moyens de secours.
Ils accorderont et feront payer les gratifica-
tions et récompenses promises par les lois et
réglemens à ceux qui retirent les noyés de l'eau.
Police de la bourse et du change.
XX, Ils auront la police de la bourse et des
lieux publics où se réunissent les agens de
change , courtiers , changeurs et ceux qui né-
gocient et trafiquent sur les effets publics.
Sûreté du commerce.
XXI. Ils procureront la sûreté du commerce ,
en fesant faire des visites chez leS fabricans et
les marchands pour vérifier les balances , poids
et mesures, et faire saisir ceux qui ne seront
pas exacts en étalonnés ;
En tesartt inspecter les magasins, boutiques
et ateliers des orfèvres et bijoutiers pour assurer
la marque des matières d'or et d'argent , et l'exé-
cution des lois sur la garantie.
Indépendamment de leurs fonctions ordinaires
sur les poids et mesures , les commissaires
généraux de police feront exécuter les lois qui
prescrivent l'emploi des nouveaux poids et me-
sures.
146
Patentes.
XXII. Ils exigeront la représentation des pa-
tentes de marchands forains.
Ils pourront se faire représenter les patentes des
marchands domiciliés.
Taxes et mercuriales.
XXIII. Ils feront observer les taxes légalement
faites et publiées.
XXIV. Ils feront tenir les mercuriales et cons-
tater le cours des denrées de première nécessité.
XXV. Ils assureront la libre circulation des
subsistances , suivant les lois.
Marchandises prohibées.
XXVI. Ils feront saisir les marchandises pro-
hibées par les lois.
Surveillance des places et lieuxpublics.
XXVII. Ils fsront surveiller spécialement les
foires . marchés , halles , places publiques , et
les marchands forains, colporteurs , revendeurs,
portefaix , commissionnaires ;
Les rivières , les chemins de hahige , chan-
tiers , quais, berges, gares, esiacades ; les co-
ches , galiotes ; les éiablissemens qui sont sur les
rivières , pour les blanchisseries ; le laminage
ou autres travaux ; les magasins de charbon; les
passages d'eau , bacs , bateleis, les bains publics,
les écoles de natation et les mariniers , ouvi'iers,
arrimeurs, chargeurs, déchargeurs, tireurs de
bois , pêcheurs et blanchisseurs ;
Les abreuvoirs , puisoirs , fontaines , pompes ,
elles porteurs d'eau ;
Les places où se tiennent les voitures publiques
pour la ville et pour la campagne , et les cochers,
posiillons , charretiers , bioueteurs et porteurs
de chaise , porte-fallols ;
Les encans et maisons de prêt ou Mont-de-
Piélé , et les fripiers , brocanteurs , prêteurs sur
gage-
Visite des navires neutralisés.
XXVIII. Les mesures de sûreté prescrites par
l'arrêté du 3 frimaire an 5 , ( concernant les navires
neutralisés et les individus venant d'Angleterre) et
qui avaient été confiées aux commissaires près les
administrations municipales, font partie des attri-
butions des commissaires-généraux de police.
Approvisionnemens .
XXIX. Ils feront inspecter les marchés , ports
et lieux d'arrivage des comestibles , boissons et
denrées dans l'intérieur de la ville.
Ils rendront compte au préfet du département
des connaissances rju'ils auront recueillies sur l'état
des approvisionnemens de la ville où ils exercent
ieuis toncnons.
Protection et préservution des monumens et édifices
publics.
XXX. Ils feront veiller à ce que personne n'al-
tère ou dégrade les monumens et édifices publics
appartenant à la nation ou à la cité.
Ils indiqueront au préfet du département et au
maire , et requerront de l'un ou. de l'autre, sui-
vant l'objet de leur demande , les réparations ,
changemens ou constructions qu'ils croiront né-
cessaires à la sûreté ou salubrité des prisons et
maisons dç détention qui seront sous leur sur-
veillance ; •
Ils requerront de même , quand il y aura lieu .
les réparations et l'entretien des corps-de-garde
de la force armée sédentai.re ;
Des corps-de garde des pompiers , des pom-
pes , machines et ustenciles ;
Des halles et marchés ;
Des voiries et égouts ;
Des fontaines , regards , aqueducs , conduits,
pompes à feu et autres ;
Des murs de clôture, s'ils ne sont pas à la charge
du département de la guerre ;
Des ports , quais , abreuvgirs , bords , francs-
bords , puisoirs , gares , estacades et des éiablis-
semens et machines placés près des rivières pour
porter secours aux noyés;
De la bourse ;
Des temples ou églises destinés aux culte«.
Section IV.
Des agens qui sont subordonnés aux commissaires-
généraux ; de ceux qu'ils peuvent requérir ou
employer.
XXXI. Les commissaires-généraux auront sous
leurs ordres les commissaires de police de la
ville qu'ils habitent.
XXXII. Ils auront à leur disposition, pour
l'exercice de la police , la garde nationale et la
gendarmerie.
Ils pourront requérir la force armée en activité.
Fonctions des commissaires de police sous leurs
ordres.
XXXIII. Les commissaires de police exer-
ceront , aux termes de la loi , le droit de dé-
cerner des mandats d'amener , et auront au sur-
plus tous les droiu qui leur sont attribués par
la loi du 3 brumaire an 4 , et par les disposition»
de celle du 28 juillet 1791 , qui ne sont paS
abrogées.
Ils exerceront la police judiciaire pour tous
les délits dont la peine n'excède pas trois jours
de prison , et une amende de trois journées de
travail.
Ils seront chargés de rechercher les délits de
cette nature;
D'en recevoir la dénoncialion ou la plainte ;
D'en dresser procès-verbal ;
D'en recueillir les preuves ;
De poursuivre les prévenus au tribunal d*
police municipale.
Ils rempliront à cet égard les fonctions précé-
demment attribuées aux commissaires du gou-
vernement.
Le commissaire qui aura dressé le proces-
verbal , reçu la dénonciation ou la plainte, sera
chargé , selon la loi du ï/ ventôse , des fonctions
de la partie publique.
Eli cas d'empêchement , il sera remplacé par
l'un de ses collègues désignés par le commissaire
général.
XXXIV. Les commissaire-générauxdepolice et
leurs agens pourront faire saisir et traduire aux
tribunaux de police correciionnelle les per-
sonnes prévenues de délits du ressort de ces
tribunaux.
XXXV. Ils pourront faire saisir et remettra
aux officiers chargés de l'administration de la jus-
tice criminelle . les individus surpris en flagrant-
délit , arrêtés à la clameur publique , ou préve-
nus de délits qui sont du ressort de la justice
criminelle.
Section V.
Recette , dépense , comptabilité.
XXXVI. Les commissaires-généraux de police
ordonneront, sous l'auioiité du préfet de dépar-
tement et sauf l'approbaiion du ministre de l'in-
térieur, les dépenses de répaiaticn et entrelieu
à faire à l'hôtel du commissariat général.
XXXVII. Ils seront chargés , sous les mêmes
conditions, de faire les niaichés, baux, adju-
dications et dépenses nécessaires pourlebalayage,
l'enlèvement des boues , l'arrosage et l'illumina-
tion de la ville.
XXXVIII. Ils seront chargés de mêtne de régler
et arrêter les dépenses pour les visites d officier
de santé et artistes vétérinaires , transports des
malades et blessés , transport de cadavres" , retrait
des norers et frais de fourrière.
XXXIX. Ils ordonneront les dépenses extraor-
dinaires en cas d'incendies , débordemens et dé-
bâcles.
XL. Ils régleront , sous l'autorité du préfet de
département, et sauf la confirmation du ministre
de la police générale, le nombre et le traitement
des employés , de leurs bureaux , et de ceux des
agens sous leurs ordres, qui ne sont pas ins-
titués , et dont le nombre n'est pas déterminé par
les lois.
XLI. Les dépenses des commissariats gépé-
raux institués par la loi du 28 pluviôse , ainsi
fixées , seront acquittées sur les centimes addi-
tionnels aux contributions et sur les autres re-
venus de la commune.
Le conseil municipal en emploiera, a cet
effet , le montant dans l'état deî dépenses com-
munales.
XLII. Il sera ouvert en conséquence k chaque
commissaire général un crédit annuel du mon-
tant de ses dépenses sur la caisse du receveur
des contributions de la commune.
XLIII. Le préfet du département mettra chaque
mois à la disposition du commissaire général ,
sur ce crédit, les fonds nécessaires pour l'acquit
de ses ordonnances.
XLIV. Chaque commissaire général aura entrée
au conseil municipal , pour y présenter ses états
de dépenses de l'année , tels qu'ils auront été
réglés par les ministres de l'intérieur et dé la po-
lice , d'après l'avis du préfet du déparlement.
XLV. Il y présentera aussi le compte des dé-
penses de l'année précédente , conformément
aux dispositions de là loi du 28 pluviôse dernier,
sur les dépenses communales et départementales.
SectionVI.
XLVI. Les commissaires généraux , leurs secré-
taires et les commissaires de police , porteront le
costume qui a été réglé par les arrêtés des consuls,
du 17 ventôse.
Les ministres de l'intérieur et delà police générale
sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui
sera imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte. ■
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H,^ B. Marçt
J47
Arrêté du 6 brumaire.
BoïlAPARTE , premier consul de la république ,
sur la présentation du minisire de l'iiitéiieur ,
arrête :
Le citoyen Guillemardet , ex-ambassadeur de
la république en EsT-agne , est nommé préfet du
département de la Clr.iienie-InfétieuMe , en rem-
placement du citoyen Fiançais, de Nantes, appelé
au conseil d'éiat.
Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêié qui sera inséré au bulletin
des lois.
Le premier consul , Signé,' Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de l'intérieur, et d'après le vœu
manifesté par un grand nombre d'habiians du
département du Haut-Rhin , arrêtent :
Art. !"■. Les habitans du déparlement du Haut-
Rhin sont autorisés à élever , au moyen rf'une
souscription volontaire, un monument au général
Kleber , leur compatriote.
IL Le fminisire de l'iniérieur est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera imprimé au
bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal, signé , H. B. Maret.
E C 0 t E
CENTRALE
MINISTERE DE LA MARINE.
' Extrait d'une lettre du sous-commissaire des relations
commerciales de la république française à Rotter-
dafti , écrite au ministre de la marine et des colo-
nies, le 1^' brumaire.
La gazette ofHcielle batave annonce aujourd'hui
cjjue la galère l^Trévofance , capiiaine Nooy , et la
barque canonnière la Vipère , sont sorties de Uel-
Iryl , et ont éié à la rencontre d'un culler anglais
de i8 pièces de canon, dont elles se sont emparées
à l'abordage , après un combat de trois quarts-
d'heure. Cette action a eu lieu le si vendémiaire.
Quelques jours auparavant , un petit corsaire fran-
çais avait conduit dans le même port un cutier
anglais de lo pièces de canon . qu'il avait surpris
et enlevé pareillement à l'abordage. Ces deux
cutters fesaient partie de l'escadie de l'amiral
Dickson.
PREFECTURE
Port d' i
DE POLICE.
R M e s.
Du 7 brumaire, an g de la république française,
une et indivisible.
_Le préfet de police , vu les arrêtés des consuls
des 1 2 messidor an 8 , et 2 brumaire , présent mois,
ordonne ce qui suii :
An. P^ Tous les permis de port d'armes , ac-
cordés jusqu'à ce jour parles sous-préfets ou les
maires du département de la Seine , et les maires
des communes de Saint-Cloud, Sèvres eiMcudon,
et même ceux accordés à la préfecture de police ,
sont et demeurent annullés.
II. Tout ciioyen désirant jouir ou conlinuer de
jouir du port d'armes , même de fusils de chaSse,
devra se présenter à la préfeciure de police pour
en obtenir l'auiorisalion , qui ne sera accordée
que sur les certificats des maires ou commissaires
de police, et jur leur resj onsabililé.
m. Toutes personnes ponant des armes , et qui
ne se seront pas conformées aux dispositions des
deux articles précédens , seront arrêtées et con-
duites à la préfecture de police. : ■ ,
IV. Le général-commandant les quinzième et
dix-septieme divisions mililaites , le général-com-
mandant d'armes de la place de Paris , les capi-
taines de la gendarmerie nationale dans les dépar-
femens de la Seine et de Scine-et-Olse , sont re-
quis de donner tous les ordres nécessaires pour la
stricte exécution de la présente ordonnance , qui
sera imprimée et affichée dans louie 1 étendue du
dépanemeni de la Seine et dans les communes de
Saint-Cloud , Sèvres etMeudon.
Fait à Paris , le 7 brumaire an 9.
Le préfet de police , signé Dubois.
Par le préfet , le secrétaire-général , signé , P i i s.
Le tribunal de police du 4' arrondissement a
rendu, le i3 vendémiaire dernier, un jugement
qui condamne à une amende de trois journées
de travail, aux frais" d'instance , et à l'affiche au
nombre de 3oo exemplaires , un marchand de
viande de la Halle , convaincu d'avoir vendu de
la viande provenant d'animaux morts naiurellt-
ment.
On ne peut exercer une surveillance trop
sévère sur la viande exposée en vente, et sui-
loui à la Halle, afin d'empêcher (jue la santé des
consommateutii ne soit compromise.
Le l'' brumaire an g , le préfet du dépanemeni
de la Seine, accompagné du secrélairc-généra*!
de la préfecture, du conseil de prér;;ciurc , des
douze maires ei adjoints de la commune de Paris ,
se rendit dans I ègli.se de l'Oiatoire , pour procé-
der à l'ouverture des écoles cenlralcs. Tous les
éltves , les professeurs , les membres du jury
d insiruclion , et un concours nomineux de
citoyens , assisleient à celle cérémonie. Le préfet
prononça le discours suivant :
>) S'il est un spcciacle vraiment digne d'inté-
resser l'homme public , c'est sans tjoute la réunion
des élèves des écoles cenirales , dans cet édifice
stjuyenl honoré par les séances de plusieurs so-
ciétés savantes , et relenlivant encore des aj>plau-
dissemens reçus par ceux d'entre ces élevés ,
auxquels la palme des succès a été décernée.
!» Quelques instans de repos ont succédé à une
année d'éludé; une autre année commence : f>lus
d'une lice est ouverte aux conciirrtns ; plus d'un
prix est offert à leur émulation , et c'est à les mé-
riter tous , que tous doivent prétendre.
^ >> Atlenlive à forrner des citoyens , la république
n a pas voulu que l'instruction de ceux à qui elle
promet ce titre honorable fût renf< rmée dans
une seule science. Elle les appelle à toutes,
parce que toutes se piêient de mutuels secours ,
et qu'elles contribuant également à la prospérité
individuelle et à la prospérité pubjique , désor-
mais inséparables.
" Oui , jeunes élevés des sciences et des ans ,
telle est I étendue de I enseignement actuel , et
tels sont ses avantages inestimables . que de toutes
les branches qu'il vous présente , il n'en est au-
cune dont vous ne deviez un jour recueillir des
fruits précieux, quelque carrière que vous soyez
destinés à parcourir.
Est-ce à cet art autrefois chanté par Hésiode
et par Virgile , et depuis dans une autie langue ,
par leur brillant émule , que vous desirez consa-
crer vos jours? L'histoire naturelle, la physique
et la chimie vous apprendiont à connaître la
nature du cliinat que vous habirez et l influence
des saisons qui le régissent ; la qualité du sol que
vous aurez à cultiver, celle de l'air qui l'envi-
ronne et des eaux qui l'arroséni ; quels
engrais ce sol demande; quelles semences il
veut qu'on lui confie ; de quels arbres il aime à
s'ombrager; quels soins attendent de vous les
robustes animaux chargés de vos labours : et
bientôt instruits pai votre exemple, les habitans
delà contrée où vous aurez fixé votre séjour,
abandonnant leurs méthodes siériles et trom-
peuses , vous devront des récoltes plus abon-
dantes, des fruits plus salubres. des vins plus
purs, des troupeaux plus féconds, et la terre
alors devenue constamment libérale par votre in-
telligence et i^ar vos soins , ne sera plus accusée
de ce tems calamiteux , que l'insconsiance des
saisons amené moins souvent que l'imprévoyance
ou plutôt l'ignorance ce 1 homme.
"Sans dédaigner les richesses des chanaps, mais
plus épris de l'opulence des villes , rechercherez
vous les faveurs de la fortune dans les chances
brillantes du commerce ? du commerce, ce
lien des nations civilisées* voudrez vous établir
des manufactures rivales de celles de nos voisins?
C'est encore la, chimie qui vous dévoilera ces
secrets , comme la mécanique vous offrira ses
secours. L'une vouS enseigne à choisir , à pré-
parer , à perfectionner les matières-; l'autre vous
aide à les mettre en oeuvre avec économie et
de tems et de bras. La première vous donne
des couleurs vives, riantes et durables : la seconde
votas procure un tiavail prompt, égal el facile;
déjà coniraiiits d'avouer la supériorité de nos
armes , les étrangers reconnaîtront encore en
visitant vos atteliers , la supériorité de notre in-
dustrie ; et l'agriculture n'accusera plus le com-
merce , de lui enlever ses bras les plu» utiles.
»» Le désir d'étendre vos relations , de former
au loin des élablissemens ou plutôt de multiplier
vos connaissances et de vérifier les récits des
voyageurs , vous emporteront-ils au-delà des
rners ? les mathématiques vous sauveront des
écueils et des périls du voyage. Vous calculerez
la puissance des flots , la force des vents, la
résistance à leur opposer, la direction des voiles,
la vitesse du navire , le changement d'aspect
des astres, et dans leur position vous lirei la
route^ que vous devez suivre. Compagnons et
bientôt conseils du pilote, vous dirigerez! avec
lui le gouvernail, el les passagers trouveront
dans votre expérience , une garantie de plus
contre les écueils et les tempêtes.
iiMais en quels lieux aurez-vous résolu d'aborder?
sera-ce chez les descendans de ce peuple, dont
Homère a loué la piété et la justice? sera-ce
sur les rives de l'Indus oii les disciples de
Zoroastre pleurent leur dispersion , crime de
l'avarice européanne ? s.race dans cet antique
et vaste empire , qui plusieurs fois a changé de
maîtres ? sera-ce enfin dans celte contrée sep-
tentrionale , otj les français ont essayé les armes,
qu'ils ont employées depuis à Conquérir leur ^
liberié ? Ah ! vous pouvez pàriout également
aborder : nulle part vous ne serez étrangers ;
la grammaire générale vous a ouvert une entrée
facile à l'étude de toutes les langues. L'histoire
civile ei politique , vous a raconté l'oiigine, les
progrès, les révolutions, les mœurs, les usages
des nations que vous venez visiter : la géographie
vous a fair-connaîtrc la position de leuis villes,
de leurs ports , de leurs fleuves , l'état de leur agri-
culiuie, de leur commerce , de leur industrie : l'his-
toire naiurellcvousadéctil les aiiimauxquenourrit
le sol qu'ils habitent , les minéraux que ce sol ren-
ferme , les végétaux dont il se pare. Surpris de
se voir si bien connus de vous , les homme»
parmi lescjuels vous aurez pris un asylc passager ,
vous croiront un de leurs frères qui leur est
rendu après une longue absence ; mais le sou-
venir de votre patrie ne sera pas alors banni
de votre cœur; sa voix déterminera votre retour ,
et vous lui serez lideles. Oui, vous reviendicz dans
son sein , mais vous y revicmlrcz chargé des tiésors
irièprochablcsque vnin au. ont accjuis votre expé-
rience et vosluinieies.Vous descendrez du vaisseau
tenant entre vos mains les pioduciioiis loint.iines
dont vous aurez à faire hommage 3 voue pays ;
semblables à ce guerrier ijui renuanl dans Rome,
charmée de ses expions , poriaii en triomphe ,
1 arbre de Ccrasonic ; ou plutôt , car pourquoi
chercher dans Rome des exempf s , stmbhibies
a ce iTiarin intrépide qui , non content d avoir
enrichi la France du fruit de ses premières dé-
couvertes dans un monde prcsqu'inconnu , tente
en ce moment même de nouveaux hazaids,
affronte de nouveaux péiils , pour l'éclairer et
lenrichir encore.
La suite demain.
BANQUE DE FRANCE (i).
Discours prononcé par le CnJournu-Adeert,
l'un des censeurs de la banque de Irance, au nom
de ses collègues , à l assemblée générale des action-
na'ires , tenue le aS vendémiaire an 9.
Citoyens,'
Depuis la catastrophe trop mémorable du sys-
tème de Law , une prévention contre tout projet
de banque générale en Fiaace éiaii si foncment
prononcée, que les meilleurs esprits nosaicnt ni
en reproduire l'idée , ni en concevoir 1 espérance.
On n'ignorait pas combien les banques de
Hollande et d'Angleterre ont concouiu à la
prospérité de ces étals; mais on se bornait à des
regrets de ne pouvoir iransçlanter sur le sol de
la monarchie une plante qui ne s'acclimate que
I sur celui de la liberté.
Cependant, avant la révolution, la caisse d'es-
coppie (sorte de banque dont les billets étaient
restreints à la circulation de Paris), eut des succès
réels. Qioique établie dans un tems d'aisance ,
dans ce i-jms où un commerce florissant ajoutait
à nos richesses un nouveau capiial chaque année
l'émission de cent millions de ses billets . circu-
lani comme espèces . eut vraiment la plus grande
influence sur le crédit et sur le développement
de lindustrie.
Il ne fallut,, pjts moins que l'abus de l'auloritë
arbitraire , pnuc cbianler cet édifice précieux; ce
fui_ ensuite par l'effet d'une force impérieuse et
irrésistible que, les, billets de cette caisse devenus
assignats , s'éieignlVent dans le déluge de papier-
monnaie qui submergea la France entière.
Celui-ci .disparut à son tour, après avoir dé-
voré, à l'aide du ; maw/mitm et 'des réquisitions ,
tout ce qu'il avait représenté. L'industrie qui fuit
toujours l'oppression, semblait anéantie pour
jamais ; un long-tems s'écoula dans cette pro-
fonde inertie , avant que le numéraire , quoi-
qu'attiré par l'appât d'un intérêt inouï, osât re-
paraître. , ,.,
Alors des: citoyens industrieux, ranimés par
respéranced^uifre meilleure organisation politique ,
lenierent dé reprendre'Ieurs travaux ; _mais les
ressources n'étaient plus lesniêmcs ; les avances
de fonds pour; de courts 'lé-rmes à des prix ex-
cessifs , ne promettaient aucun bénéfice à I hon-
nête emprunteur qui n'aspirait qu à des profits
modérés ; aussi le plus grand nombre des anciens
négocians s'éloigna d'une carrière encombrée par
de nouveaux venus , la plupait sans expéiiencc ,
sans notions du commerce , sans respect pour la
franchise et la drsiiuie qui en sont l'essence ,
osant se dire négocians , et prendre un titre qu'ils
auraient dégradé , si l'opinion n'en eût fait jus-
tice, en mettant chacun à sa véritable place.
C'est dans cet état de confusion des choses et
des principes , sans moyens de relever le com-
merce, sans possibilité de faire des emprunts
dans l'étranger , par l'effet d'une méfiance qui
n'était que trop justifiée , qu'on entendit proposer
à la tribune nationale le recours à un nouveau
papier-monnaie : celte moiion eut le sort qu'elle
méritait; mais elle reten.tj.i._ilajis iQute la FjtjUicfi ;
( I ) Voy<i 1« n" d'hier.
çt ccmrr.f on ne la cnil point hasardçe ssns
cfts' projels concenés pour l'appuyer , elle ré-
veilla touies les crainies , ei prolongea les eôets
de la mèfimce.
. Xe crédit f}B parut renaîire qu'avec l'espoir
lie ,lap^i,\ . déjà sigijj Ciayt-c l'Autriche à CamiiOr
Fonifia : ji ne po.ijvjiU se uouteuir long-lems. Les
cli^/'s du goifvernem^nl étsiciU trop au-dessous
de l'iiiiponance, de leurs fondions ; divisés en-
ir'p.Ujç , ils Ijip^snient lopinioo flotlçr à la inerci
4,t: iquies les ^giiaiiops. L'idée d'une ban/jue
iialipnale , soaveni mise en avant et toujours
écartée, fm encore reproduite ; mais, sous de
tels auspices , elle ne pouvait prévaloir sur la
répugnance générale contre tout numéraire fictif.
Ce n'est pas que l'utilité de la banque ne fiît
généralement sentie ; mais comme tous ses avan-
tages sont subordonnés à la stabilité du corps
politique , à la moralité des gouvernans , à lin-
dépendance sur-fooi de ses ad_ministratcurs , des-
quels aucune autorité ne doit pouvoir exiger ce
qui leur est inteidil par ses statuts; ce projet
était inexécutable à une époque qui n'ofFrait
aucun de cm motifs de confiance et de sâielé.
Quelle garantie , en effet , pouvait promettre
une constitution si souvent violée , qu'elle n'était
plus qu'un instrument d'oppression dans les
maim des plus forts ou des plus audacieux?
L'borison obscurci fesait préiiager une crise :
de grands ch^iqgemens étaient devenus néces-
saires ; il fallait une comrnotion pour rçtremper
les ressorts relâchés du pacte social. Le i8 bru-
maire arriva ; et l'heureuse censlituiion qu'il a
produite a remis la France républicaine à son
jang de la première puissance de l'Europe.
C'est sous ce régime réparateur , sous des chefs
vraiment dignes de la grande nation , que des
citoyens amis de leur pays, et ce dévouant à sa
prospérité , ont conçu et exécuté le projet,
d'établir une banque nationale eu France.
Voici la première séance où les membres char-
gés de son administration et de sa surveillance
réunissent les actionnaires pour leur donner con-
naissance des opérations du premier semestre ,
et de leur résultat.
La banque a eu des ennemis dès sori berceau ,
et cela devait être ; la diversité d'opinions
étant de l'essence de l'esprit humain , rien ne
(loit plaire à tous , nui ne peut obtenir tous les
suffrages ; elle n'a répondu à ses détracteurs que
parisa conduite.
Dans ses relations avec le gouvernement la
banque a conservé sa dignité et sa liberté entière.
Là perception des produits de la loterie et les
dispositions pour le paiement des rentes en
numéraire ont été l'objet de traités librement
discutés £«0 souscrits , comme de particulier à
pariiculier.
Le gouvernement , éclairé sur ses vrais intérêts ,
( qui ne se séparent pas comme autrefois de ceux
dé la nation), reconnaît que le contact seul de
son autorité altérerait l'opinion d'une parfaite in-
dépcndjnce ; aussi , jaloux de la prospérité et de
la renommée de la banque , loin de lui être à
charue , il y a versé des fonds considérables; et
quoiqu'incomparablement le plus fort dés action-
naires , il n'a rien exigé dans ses felàlions de crédit
avec Ja banque.
Les régens viennent de vous rendre compte de
leurs opérations , et de vous présenter le tableau
iatisfesant de la situation de la banque. Les cen-
seurs ont fait de leur côté tout ce qui a été en leur
pouvoir pour coopérer à ses succès : assistance
aux séances du conseil général , présence à touteb
les délibérations, vérification des caisses et des
porte-feuilles , inspection et contrôle des dépenses
annuelles de l'ét^blisisemenl , surveillance générale
de toutes ses parties; telle est leur tâche , et ils
l'ont templie.
Lorsque , dans les examens qu'ils ont fait de la
nature et de la solidité des effets pris à l'escompte ,
ils ont pepsé qii'on donnait trop d'extension à des
crédits particuliers , ils en ont prévenu les régens,
tant en conjité central qij'en conseil général , et ils
ont fait insciiie Içuics çbscrv^ttons aupraçès-yerhal
de.s séances.
On ne saurait porter assez d'attention au choix
des régens ei du censeur qui remplaceront ceux
dont la sortie va être désignée par le sort; ils
s'ipiposent , en se dévouant à cette administrà-
lion , une tâche qui , dans les circonstances pré-
sentes , exige des mesure^ combinées avec la plus
grande sagesse.
11 serait à souhaiter qu'iati pût appeler à ces
fonctions des ci fo^éiis consommés dans les affai-
res , et cependant .en dehors du tdurbillon des
opérations actuelles.
Le c/édit public, le succès de tout ce qui est
lié aux opér.itions du gouvernement , peut dé-
pendre de la prudence et de la circonspection des
régens. Nous ne doutons pas que , frappés de cette
vérité, ils ne s'erapVessent de donner l'exemple
d'un hot)Orabl,e désintéressement , en restreignant
le volume de leurs escomptes personnels dans de
telles limites que lajalousie soit forcée de se taire ,
et que loates les classes du commerce puissent
toujours paiiiciper aux faveurs de I escompte , ce
qui est le but principal de l'institution.
En succédant à la caisse des comptes courans ,
la banque l'Ut obligée de se charger de tout l'jctif
i:,e celle association. Une partie consistait en
créances considérables et arriérées, que le courant
des affaires journalières aurait pu laisser languir;
mais les instances des censeurs pour presser les
débiteurs ou leurs répondans ont activé ces re-
couvremens au point qu'ils sont très-avancés.
Aux.' témoignages de .satisfaction rendus par
les régens en faveur des coopérateurs de nos
travaux , nous devons joindre les nôtres ; on ne
saurait donner trop d'éloges ?ux qualités essen-
tielles qui caractérisent les chefs ; leur assiduité ,
leur prévoyance , leur facilité de travail déjà
connues, auraient été insuffisantes pour iJes oc-
cupations aussi considérables . s'ils ne s'étaient
multipliés , pour ainsi dire , eux-mêmes à mesure
que les travaux se sont accumulés. C'est un avan-
tage inappréciable pour l'établissement , d'avoir
rencontré des hommes d'une capacité aussi re-
rtjarquable.
Le compte général , rendu par la régence , a été
soumis à notre vérification. Nous en avons re-
connu l'exactitude.
Les éclaircissemens qui viennent de vous être
donnés par le président de la banque sur louti-s
ses opérations sont assez développés pour noiis
dispenser d'y revenir. Le résultat offrant un béné-
fice net de neuf et demi pour cent dans les huit
mois écoulés depuis la fondation, les régen.s et
les censeurs réunis , ont arrête de fixer le divi-
dende actuel à cinq pour cent , et de mettre l'ex-
cédent en réserve ; c'est-à-dire, que pour chaque
action, on recevra présentement cinquante francs,
et on aura droit à quarante-cinq fr. dans les fonds
de réserve, dont la répartition ou l'emploi pour-
ront êtie laits ulérieurement , selon les circons-
tances.
Il est d'autant plus saiisfesant pour les régens
et les censeurs d'avoir à produire un compte aussi
avantageux des résultats du premier semestre ,
que c'est du plus heureux augure pour l'avenir.
Il suffit de se reporter à I époque de la création
de la banque de France : si , fondée dans des
momcns de gêne et de grands embarras , elleja
aussitôt pris une marche ferme et assurée , une
consistance imposante , cîi ne parviendrj-t elle
pas , quand la paix universelle r'ouvrani la car-
rière à tous les genres d'industrie , rappellera la
confiance générale et l'émulation des vastes
entrepcises ?
La banque a déjà des correspondans dans
tous les départemens ; ce sont des pierres d'at-
ttenie pour le projet d'étendre aux grandes villes
les avantages que la circulation de son papier
procure au commerce de Paris ; si , par des
motifs de prudence , ces dispositions sont ajour-
nées , elles ne formeront pas moins une des
branches de cet établissement qui doit justifier
son nom de Banque de France , en étendant suc
faire payer les rentes à jour nommé , rendra a
des capitaux , jusqu'à présent très-pré' lires , une
valeur fixe tt disponible. Le créancier passera
donc de l'incertitude d'une renie fugitive, en
papiers quelconques , à la possession réelle d'un
capital réguiiéreiuent productif comme unimmeu-
ble , et aliénable sans frais à sa volonté.
Il est facile de juger quelle influence cette
disposition aura sur le crédit public.
Si les puissances dont le crédit illimité n'a
souffert aucune altération (malgré des dépense»
colossales) sont les seules qui fondées sur le
commerce , n'ont cessé de le favoriser par un
sysiéme suivi , peut-on douter que notre gou-
yernemer.t , habile à prcfiier d'un exemple si
frappant, ne s'occupe essentiellement de rendre
à la France toutes les branches d'industrie dont
■elle est susceptible ? Et en est- il quelqu'une que;
le génie français ne puisse porter à la perfection?
Déjà l'agriculture soulagée de la dîme et des
droits féodaux s'est améliorée. La liberté indé-
finie de la circulation des grains entre tous le»
départemens , rassurera pleinement ceux mêmeS
dont les récoltes auraient le plus souffert.
Mais c'est sur-tout le commerce maritime ,
tombé au dernier, degré de faiblesse , vers lequel
doit se porter l'étnulation françtise , et quimérite
toute l'attention du gouvernement. L'océan qui
nous offre , par les différentes pêches, des mois-
sons abondantes que la main de l'homme n'a
point semées , sera le vaste champ où nos marins
puiseront des trésors et de l'expérience.
La restauration si nécessaire de nos colonies,
sous un régime qui saura concilier le travail
régulier avec les droits imprescriptibles de l'hu-
manité , relèvera nos villes maritimes _, et avec
elles toutes les manulaciutes de l'intérieur, dont
les produits prenaient celte direction.
On ne peut pas oublier quelle influence l'im-
mense produit de ses denrées coloniales a don-
né à la France dans le commerce universel ;
il n'est que trop évident que si Saint-Domingue
ne se rétablissait pas , notre commerce exté-
rieur tomberait ( comme celui des étals qui
dégénèrent ) dans la dépendance des étrangers,
pour ces mêmes objets qui les ont si iong-tem»
rindus tributaires de notre industrie.
Ce n'est pas ici , sans doute , le lieu d'énuir.érer
les améliorations à faire; mais il n'est point indif-
férent de rappeler que toutes celles qui tendent
à la restauration du commerce exigeant des capi-
taux , du crédit , des avances , sont essentiellement
liées aux opérations de la banque , et en quelque
sorte dépendantes de sa prospérité. ^
On peut , à cet égard , tout aitendre de la st)llt-
citude paternelle du gouvernement : son activité,
sa force, les lumières qu'il est avide de recueilht.
sont ses garans. La confiance réciproque des gou-
vernans et des gouvernés est telle aujourdhm,
qu il n'y a point à citer d'exemple semblable dans
l'histoire. En faut-il davantage pour présager que
le nouveau siècle qui va s'ouvrir sera celui |de la
prospérité et de la véritable gloire de la répw-
bhque française? heureux l'établissement de la
- ... 1 - j 1 1 bandue de France , s'il peut contribuer à l'acconi-
çessivement son service a toutes les parues de la . uanque "= '']■' r"!; , ^ .is.nnéps '
■ '^ plissement de SI grandes Uesnnees .
république.
Combien les actionnajres n'auront-Ms pas à
s'applaudir d'avoir concouru à une révolution
graduelle dans le crédit général .'.
Quel français pourrait considérer avec indiffé-
rence combien la situation de la république
s'est améliorée , sous tous les rapports , en moins
d'une apnée ?
Quels succès ne doit-on pas attendre des prin-
cipes sages et des vues profondes du gouverne-
ment ? C'est aujourd'hui qu'électrisé par le vrai
patriotisme , chacun peut se livrer à toutes les
espérances.
Quel état , quelle nation aura à la paix une
detie mçins à charge , eu égard à l'immensité de
ses ressourcés ?
Q_Uoique nos ennemis aient annoncé, et qu'on
ait repété légèrement en France , que nous de-
vons périr par l'épuisemeni des finances , c'est
cependant ?ous ce rapport qu'on peut dire que
la ^rançe réorganisée est s.ur la voie de tout ac-
quérir , quand d'autres étais , parvenus à un
écUt éblouissarjt par des moyens factices , touchent
pei^t-être à I époque de leur décadence.
La dette publique , qui depuis long-tems , sous
Les commissaires liquidateurs des subsistances
des troupes , étapes et convois dans toutes les di-
visions militaires de la France et à l'armée de
Mayence . dont l'exercice a commencé le i'' mes-
sidor an 6 , et fini le i*^' nivôse an 7 , sous la
raison Ferdinand , ayant jusqu'à ce jour employé
tous leurs soins à faire acquitter les dépenses de
ces différens services , et désirant mettre uri terme
à leur liquidation, et en même lems satisfaire aux
différens ordres qu'ils ont reçus du ministre ds
la guerre , ils invitent tous le? comptables et autres
personnes qui auraient encore des réclamations on
des pièces de dépenses à leur produire , de les
leur adresser d'ici au 3o frimaire prochain inclu-
sivement , à leur bureau , rue de Lille , n° 552.
Ils les préviennent que , passé ce terme , ils ne
pourront plus recevoir ni reconnaître aucunes
pièces ou réclamations, attendu qu'ils aurPtitalots
fini leur comptabilité et remis leurs comptes au
gouvernement.
Lesdits commissaires déclarent en outre qu ils
se verront avec peine forcés à poursuivre les
to:t;s"i;7 ^Aa;;rdu' g'o"'u;e"rn'ement°,'a"'cionné comptables et autres persojes ^"' ' f J '^"
heu à tant dinfidéhtél , et a plongé tant de ^^"'^ ' ^"°"J. 9" '«'^^^ P^"^ 't,l^'! .,t' „ ' '
créanciers dans la misère , peut être facilement
consolidée. Ainsi , ce qui était une calamité sous
un gouvernement dégradé , sera , dès le mo-
ment de la paix , une ressource précieuse , une
cause d'aisance et de bien-être.
Ceci n'est point un paradoxe ; car il est in-
contestable que la résolution des consuls , de
tant en reddidon de leurs comptes que pour le
remboursement des sommes qui leur ont ete
remises, ainsi que pour le montant de la valeur
des denrées, effets et ustensiles confiés à leur
garde , dont, à défaut desdils comptes , l'emploi
ne se trouverait pas justifié.
Signé , Laufrey , l'aîné ; Patinot.
A Pans, de l'iniprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
N"" 3q.
Konidi , 9 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
-■■ .'t
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le seul journal officiel.
II contient les séances des autorités constituées , les actes du gouveniement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits ,et les notions tant su
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministéùelles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts.*'t aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 22 octobre ( 3o vendémiaire. )
A L parait , d'après des relevés des douanes,
3ue le coton exporté de Bombay pour ce payi ,
epuis le commencement de décembre 1798
jusqu'en octobre 1799, s'est monté à 9 mille
tonpeaux.
Il paraît aussi . d'après un relevé général , que
les bâlimens expédiés d ici , pour I Inde , depuis
novembre nggjiisqu'en juillet 1800 , y ontimporté
en marchandistîs d Europe , enregistrées , i5,552
tonneaux , ce qui donne pour la valeur des car-
gaisons une somme dont le montant ne peut être
tnoindte de 483,65 1 liv. st.
M. J. Freeraan , fermier d'Apple - House fit
annoncer dernièrement par un crieur public ,
dans le marché de Marlow, qu'il vendrait son
blé l5 liv. steil. la charge , si les fermiers voisins
consentaient à vendre le leur au même prix.
Un nommé Hines , homme d'une extrême pau-
vreté , et qui trouvait à peine à subsister en ven-
dant de la tourbe , s'est ptndu ces jours derniers
à Ipswich.
( Extr-ait de l'Observer «< du Morning-Chronicle. J
INTÉRIEUR.
Bourg, le 34. vendémiaire.
Le jugement du tribunal de cassation du 6
vendémiaire , qui rejeue le pourvoi des nommés
Hyvett, Lepiêire , Guyot et Amiet, voleurs de
diligences , condamnés à mort par jugement du
tribunal criminel de l'Ain, du 21 thermidor
précédent, n'arriva à Bourg que dans la nuit
du 32 au 23 vendémiaire ; le commissaire du
gouvernement près le tribunal criminel , informé
qu'il s était rendu à Bourg des partisans de ces
condamnés , mit le plus giand sccrel dans I ex-
pédition des ordres relatifs à l'exécution qui
devait avoir lieu le lendemain; à oaze heures
du soif , ses réqaisiiions étaient remises ; entre
deux et trois heures du matin , les condamnés
lurent prévenus de l'arrivée de leur jugement
par trois pierres lancées du dehors, dans la cour
intérieure des prisons; le faciionnaire placé dans
ladite cour a déposé de ce fait.
Le «3 vendemiaiie, sur les septheures du matin,
le concierge des prisons se présenta à la porte
du cachot où étaient enfermés les quatre con-
damnés, pour faire sortir un criminel placé dans
le même cachot : aussitôt îlyvert , Leprêtre et
Guyot s élancèrent à la porte, armè'i de coutelas ,
cl entièrement dégagés de leurs chaines , quoi-
que leurs fers eussent été visités trois fois pen-
dant la nuit ei trouvés intacts, le geôlier se sauva,
lelVrma ses portes , et les trois criminels, après
avoir limé Us fers du nommé Amiet leur com-
plice , entrèrent , nuds jusqu à la ceinture , dans
la cour du préau.
Depuis ce moment jusqu'à celui de l'exécu-
tion , il n'y eut plus qu'une sceiie d horieur et
de sang ; les (juatre condamnés , après une in-
finité de bravades et d'imprécations ^e poignar-
dèrent ; Lcprêirc, après avoir palpé l'endroit où
palpitait son cœur se donna le coup mortel et
succomba de suite , Guyot survécut aux coups
qu'il se donna , et péril dans le cachot d un
coup de carabine. Amiet et Hyvert furent seuls
«onduiis vivans au supplice ; le dernier s'était
donné six à sept coups de couteau , s'était scié
les ancres, et avait eu l'épaule cassée d un coup
de feu; il s était plongé entièrement le couteau
dans lesiomap et I agiiant en tout sens , il s'écriait:
• i Vous le vojei , je ne puis pas mourir , jai lame
(hevilUe dans le (orps. u I ! ! Hyvert avait
*o ans !
Le caractère audacieux et féroce qu'ont montré
ces quatre condamnes , prouve que les jugemcns
du tribunal criminel de l'Ain, tl du tiibunal de
cassation des 'H ilurmidoi , an î> , et 6 vendé-
miaire, an 9, sont de vrais bienfaits pour la
lociété.
Paris , le 8 brumaire.
HiFR , 7 lirumliire, le cit. Beihunc-Charost ,
Kiaiic du 10'"' ariondisscrncnt , a été inhumé.
Le piéfel du dépaftement de la Seine , le secré-
taire-général de la 'préfecture du département ,
celui de la préfecture de police , les maires , leurs
adjoints , et les secrétaires de mairie, une dépu-
ration de la société cljrijriculiure et du lycée des
arts se sont rendus' à -5 heures à la mairie du
Kjme arrondisseiéent. Ils ont été reçus par les
adjoints du j^agislirat fcspectable , dont tous les
boiis citoyens' déploi.'nt la perte. La cour de la
mairie . et toutes ks salles étaient tendues en
noir. Le cortège précé'dé d'un piquet de cavalerie
et de la garde nauouale sous les armes , est parti
de la mairie, pour aller recevoir les restes de
Béihune-Charost , à la porte de la maison qu'il
habitait , rue de Lille. — Deux huissiers , couverts
de manteaux noirs , portaient sur deux coussins
drapés également en noir , 1 épée et i'écharpe du
maire. — Les parens suivaient iniraédiateraeiU le
cercueil , les autorités administratives de Paris
venaient ensuite , la marche était ouverte et fermée
par une compagnie de ta garde nationale , armes
basses, et par deux piquets de cavalerie. — Le
cortège s'est rendu dans cet ordre , à la mairie du
10™"= arrondissement..!^ Le cercueil a été placé
dans une grande salle tendue en noir ; les parens ,
les amis dudécédé,(et ceux-ci éiaientnombreux,)
la dépuiation du lycée des ans , celle de la société
d'agriculture , une dépuiation de linstitut des
sourds et raucis, présidée par l'abbé Sicard , les
autorités administratives^ de Paris , ont pris les
places qui leur étaient assignées.
Le ciioyen Piault , adjoint à la mairie du io"=
arrondissemetit , a prononcé l'éloge du vertueux
citoyen que la France vient de perdre , ou plutôt
il a raconté simplement l'histoire de sa vie, et il a
fait couler des pleur»,
Le cit. Moreau de Saint-Méry , lui a succédé à
la tribune , et au nom d^ lycée des ans et de la
société d'agriculture , it a déploré la perte que
viennent de faire l'agriculture , les ans et l'indi-
gence.—Son discours écrit avec l'accent de la
sensibilité, prononcé avec une profonde émotion,
a souvent a»raché des larmes. — Il l'a terminé par
ce trait : u Osibrc du giSinCl Sully , accueilles les
mânes d'un He tes plus dignes rejetions ; tu le
reconnaîtras à ses vertus. i>
Le cit. Drujon , secrétaire de la mairie, ajeiié,
comme il l'a dit lui-même , les Jlturs de la recon-
naissance sur la tombe du chef del'administraiion
à laqttcUe il est attaché.
Enfin, l'abbé Sicard a raconté sapropre douleur
et celle de ses élevés , à la nouvelle de la mort de
celui , qu'un ministre éclairé , venait d'appeller à
l'administration de l'école des sourds et muets.
Cette cérémonie funèbre terminée , le cercueil
a repris le chemin de sa dernière demeure ; les
parens et amis l'ont suivi. Le préfet du départe-
ment et les autorités administratives , ont accom-
pagné le cercueil et les parens, jusqu'à la porte
d entrée de la mairie.
Il est impossible de raconter tous les éloges de
Béthune-Charost, que le cortège a recueillis , sur
son passage , de la bouche de tous les citoyens
rasserriblés en fuule , pour assister en quelque
sorte à cette ,triste cérémonie.
- Plusieurs journaux ont dit que le général
Servan devait avoir le portefeuille de la guerre.
Cette nouvelle est entièrement dénuée de fon-
dement.
— Des nouvelles de Constantiiiople ont dit
qu'une flotte anglaise avait été vue fesant voile
vers l'Egypte. On a pris pour une escadre an-
glaise , I escadre russe qui , de Corfou , retourne
dans la Mer-Noire.
^- Le comodore Sidney-Smith a été relevé
de sa croisière par lamiril Brikton.
— Nous ne continuerons pas à désavouerions
les faux bruits due l'oisiveté ou la malveillance
se plaisent à rëpiindre dans Ife public.
— M. de Colloredo qui , assure-l-on , a un
izrand crédit .sur l'esprit de l'empereur, a le porte-
feuille des affaires étrangères pendant l'absence
ûe M. de Cobeutzel.
— Le journal de la Gironde annonce l'arrivée
du cit. Dubois - des - 'Vosges , préfet de ce dépar-
tement , à Bordeaux , le 9 de ce mois.
— Les bâtimeiis qui entourent la cour du palais
du corps-législatif , dite de Montesquieu, sont
consacrés aux archives nationales; elles sonidans
le plus bel ordre, et on ne se douterait pas, en
voyant cet établissement , qu'il n a pas un an
d'existence,
— Le 10 brumaire , à midi très-précis , il sera
célébré dans le temple de la Victoire ( Sulpice)
une lê(e a la mémoire de ifos ayeux , de nos parmi
(t de nos amis décédés. ,,. ,
LARivitsriCE conclu le '3o thermidor 3yéc''i|i
régence d'Alger , par le' c1t. Dubois-Thainville ,
vient d être suivi d'un traité de paix définitif, dont
voici les bases principales.
«< Les relations politiques et commerciales de.la
" république française sont rétablies avec la
.. régence d'Alger , telles qu'elles existaient avant
11 la rupture.
.»» En conséquence , —
>' 1°. Les anciens traités, conventions , stipu-
i,> lations seront nouvellement revêtus des signa"-
»> tures du dey et de l'agent de la république.
" 2». La régence d'Alger restitue à la tépu-
■" blique française les concessions d'Afrique de
>' la même manière et auxmémes conoiiions, que
»' la France en jouissait en vertu des anciens
>> traités et conformément à celui de 1790.
" 3°. L'argent, les effets et marchandises dont
" es agens de la régence se sonl emparés dans
" les comptoirs, seront restitués , déduction faite
" des sommes qui ont servi àpayer les redevance»
>' dues.
>) 4°. Les lismes ne seront exigibles que du
'> jour otà les français seront rétablis dans les
J) comptoirs.
II 5°. Les français ne pourront être retenus à
Il Alger Comme esclaves , sous quelque prétexte
i> que ce soit.
i> 6". Le commissaire-général de la république
Il continuera à jouir de la prééminence sur tous
11 les agens des autres nations. )i
L- 8 vendémiaire , la paix a été proclamée dan»
le divan assemblé.
Le mêm-e jour , le citoyen Dubois-ThainviH»
s'est pré.iienté chez le dey et lui a ternis ses lettres
de créance.
Ce prince l'a accueilli avec foutes les démons-
trations de lamitiéiil a paru fort sensible à ce
que le ciioyen ïliainvillelui a dit d'obligeant au.
nom du premier consul , et lai a répondu : Ou-
blions te passé ; je veux que nous soyons plus amis ■
que jamais.
Les grands de la régence lui ont donné dest é-
moignagei d'affection non moius satislesans , eC
les consuls étrangers se sont empressés de le féli-
citer sur le succès de sa mission.
Les français ont de suite repris les coialeurs na-
tionales. Le pavillon tricolor flotte sur la maison
du commissaire général de la tépublique.
Le premier consul a ordonné que cette nou-
velle lûtaunoncée dans tous les ports de la Médi-
terranée par une décharge d artillerie.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 4 brumaire, an 9.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre , vu la loi du 14 fructi-
dor an 6 , relative aux secours à accorder aux
veuves et ehfans des militaires et employés com-
posant les armées de terre et de mer , le conseil-
d'éiat entendu , arrêtent :
Art. P^ Le ministre des finances fera payer,
sur les crédits généraux ouvens pour le paicmene
des rentes et pensions , à titre' de pensions oii se-'
cours, la somme de 25,411 fr. 20 cent, aux veuves
et enlans infirmes ou orphelin» compris dans les
deux états présentés par le ministre de la guerre
et annexés au présent arrêté.
IL Ces secours et pensions seront payés à do-
micile , par douzième chaque mois , à compter
de la publication du présent arrêté :•
Les ministres de la guerre et des finances sont
chargés , chacun en ce qui le concerne , de l'exé-
cution du présent ariêié , qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
it! premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul , .
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
Arrêté du 7 brumaire.
Les consuls de la république, sur le rapport du
ministre de la guerre ;
Voulant prévenir les difficultés que pourr.iji
occasionner l'exécution de leur arrêté du 23 fruc-
tidor an 8 , qui assiuiile les dépariemcns du Moui-
Tonnerre , delà Saar, de Rhîn-et-Mo5en«-et de
îaRoerguK autres dépatlemens de la république ,
et faire , en inêiine tems , cesser celles qui se sont
élevées dans les départemens dont se composaient
la ci-devant Belgique et le pays de Liège, au sujet
d« l'application de la loi du lo juillet 1791 , con-
cernant le classenaent et la conservation des places
de guerre , ceux des forts , villes , postes et châ-
teaux situés dans ces divers départemens, qui
doivent être provisoirement considérés comme
places ou postes de guerre ; le conseil-d'état en-
tendu , arrêtent :
Art. 1='. Les villes , forts , postes et châteaux
occupés militairement pour la défense générale
du territoire français dans les neuf département
réunis par la loi du 9 vendémiaire an 4 , et dans
ceux du Monl-Tonnerié , de la Saar, de Rhin et
Moselle, et de la Roër , seront provisoirement
considérés comme places ou postes de guerre,
et en tout point assimilés à ceux portés sur l'état
annexé à la loi du 10 juillet 179'' jusqu'à la
fixation définitive des nouvelles frontières de la
république.
Le tableau supplétif de ces places ou postes
demeure en conséquence arrêté ainsi qu'il suit :
DiPARTEMENS.
PLACES ou POSTES.
Là Dyle
Ôurtjie
Meuse -iinfétieure.
L'Escaut.
Li Lys
j«mmappes
Les Forêts. '. , .
Sambre et Meuse.
Les Deux-Nethes.
Mont-Tonnerre
i5o
II. Le ministre de la guerre , 'en ?xétufi«fe
de l'article piéTcédent, appliquera, lit 16i du-.'io
,X; Il y a tfn minimum et un maximum pour
la solde de retraite de chaque grade ; ils sont
juillet 1791 aux places et postes de fçuerre com- j fixés parle tableau annexé au présent règlement
La Siiir
Rhin et Moselle . .
L» Roër
Bruxelles.
Louvain.
Diest.
Tirlemorit.
Liège.
Huy.
Maëstrich.
Maseick.
'Venloo.
Rurcmonde.
Stephenvvert.
Hasselt.
Gand.
S is-de-Gaad.
Huist
Axel.-
Terneuse.
Philippine.
Damme.
L'Ecluse.
Dandermonde.
Alost.
Oudenarde.
Bruges.
Ypres.
Lakenoke.
Courtray. •
M. nin.
Warneton.
Nieuport.
Furnes.
Osiende.
Mons.
Atb.
Tournay.
Libre-sur-Sarabre.
Luxembourg.
Namur.
Anvers.
Lillo.
Lickensoeck.
Sandvlied.
Malines.
Lierre.
Mayence et forts en
dépendans.
Spire.
Guermersheira.
Pirmasens.
Deux-Ponts.
Franckental.
Neustadt.
Worms.
Oppenbeim.
AIzey.
Bingen.
Trêves.
Saarbruck.
Traarback.
Messenheim.
Kirn.
Coblentz.
Andernack,
Bonn.
Bacharach.
RhinfeldsurS. Goard
Boppart.
Aix-la-Chapelle.
Cologne.
Juliers.
Duten.
Neuss.
Creveldt.
Meurs.
Ordingen.
Burich.
Rhinberg.
Gqeidret.
Cleves.
pris dans le tableau ci-dessus. Il prendra su
le champ toutes les rhesuresuliérjeiùresque pourra
nécessiter l'exécu'lion dès diverses dispositions de
celte loi , et donnera des ordres pour qire loù<
ces lerreins , bâtimens et éiablissemens miliiajref
dépendans de ces places et pè'ètes , ainsi que
les effets et ustensiles existans dans lesdits bâr
timens et éiablissemens , ou en magasin, soient
immédiatement placés so^s la surveillance directe
et exclusive des agens mirijaires supéiieurs , aux-
quels les auiorilés civiles, qui en auraient con-
servé la jouissance , seront tenues d'en faire
la remise , de même, que celle des plans et mres
de propriéié dont elles pourraient être déposi-
taires , conlormérnent à 1 article Xllt du litre P''.
et à l'arlicle 1"^^ du litre IV de la même loi.
III. Dans ceux desdiis postes et places où
l'étendue du leriein militaire national, extérieur
et iniérieiar n'.autait poit>l-été fixée , il sera pro-
cédé à la délimiiationNàe ce terrein dan', les
proportions déterminées par les articles XV, XVI,
XIX, XX et XXI, du tiire l"'. de la susdite
loi ; sauf la réserve des droits des particuliers
qui seraient jjropriétaires. d'immeubles situés en
deçà des limites assignées au terrein militaire,
s'ils justifient de titres valables ou d'une pos-
session paisible et publique depuis quarante
années dont la dernière aura dû expiier au pre-
mier vendémiaire , 3119.
IV. Le ministre de la guerre est chargé dç l'exé-
cution du présent arrêté , qui sera imprimé et
inséré aubulieiin des lois. '' ' ' ,
Le premier consul , signé, Bonaparte.'
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies
conseil-d'état entendu , arrêtent : .
XI. PouraS ans de service , la solde de retraite
est fixée au minimum \nd\que dans le tableau pour
chaque grade ;
Elle augmente d'un vingtième pour chaque
année qui excede'le nombre de 25; elle ne peut
s'élever au-delà du maximum fixé pour chaque
grade.
XII. La solde de retraite est fixée sur le grade
de lofilcierqui se retire. Celui qui n'a pas occupé
son grade pendant 2 ans , ne peut prétendre qu'à
la retraite du grade immédiatement inférieur.
XIII. Les marins non entretenus ne peuvent
compter que le tems de leur service réel , soit
sur les vaisseaux , soit dans les ports de la ré-
publique.
XIV. Les officiers du génie maritime; les .offi-
ciers d'administration , les officiers de sanie ayanC
rempli un service continu ont droit à une sol<*e
de retraite après 3o ans de service effectifs.
Les articles III , IV, V , VI , VII , VIII et IX
leur sont applicables.
XM. A 3o ans de service ils ne peuvent obtenir
que le minimum de la solde de retraite qui aug-
mente d un 20' pour chaque année en sus , sans
pouvoir excéder le maximum de celte somme.
>vVI Ceux d'entre eux qui compteront i5ans
efftciils de navigation sur les vaisseaux de U
.république , en quelque qualité que ce soil , seront
traités comme les marins militaires , et auront
droit après sS ans de service au minimum de la
'è'olde de retraiie de leur grade.
XVII. Le minimum et le maximum des soldes d*
retraite sont , pour les officiels du géniç mariiimev.
les mêmes que ceux qui sont fixés pour les grades
militaires dont ils ont le dire ou le rang ; et pour
TITRE PREMIER,
Dispositions gair. ,!.:■: .
Art. I". La loi du 2S I
7 , sur la
. t appli-
solde de retraite pour lai;'i
cab'e à larmée navale saui
après énoncées.
II. Il est accordé des soldas de. iciraite aux
individus appartenans à la marine ; ,
1°. Lorsqu'ils se retirent apiès 25 ans effectifs
de service ;
2". Lorsque des blessures ou des infirmités les
forcent de quitt&r le service. . .
Dans tous ces cas , leur service est évalué de la
manière suivante :
III. Le service à terre , soil en activité , soit en
non-activité , est compté pour tems de sa duiée.
IV. Les camipagnes en tems de guerre seront
comptées pour un tems double de leur durée;
en tems de paix pour une moitié en sus.
V. Le service militaire dans les coloriies est
compté pour un tems double de sa durée pen-
dant la guerre, et pour une moitié en sus pendant
la paix.
Le service administratif dans les colonies est
toujours compté pour une moitié en sus.
VI. Le tf-ms de navigation sur les bâdmens de
commerce est compté pour moitié de sa durée
en tems de guerre comme en tems de paix.
Le service sur les bâtimens particuliers armés en
course est compté pour le tems simple de sa durée.
VII. Le service sur les corsaires et sur les
bâtimens de commerce ne sera compté que du
jour du départ du bâliment pour sa destination.
On n'y comprendra point le tems de son équi-
pement , i^i celui des relâches dans les ports
de France , dont la durée aura excédé de quinze
jours. Ce service sur les bâtimens particufiers
de commerce ou^ armé en course, évalué comme
il est dis à l'article précédent , ne peut entrer
pour plus d'un tiers dans l'évaluation totale des
services de l'individu à quf la solde de retraite
est accordée , les deux autres tiers devant être ,
en service pubfic, fait sur les vaisseaux ou dans
les ports de l'état.
VIII. Le tems de service dans le militaire de
terre ou dans une fonction administrative, don-
nant droit à une solde de retraite , doit être cu-
mulé avec le service dans la marine ; mais ics
années de ce service non maridme ne peuvent
être comptées aux marins militaires qu'a raison
de 6 pour à.
T I T R E I L
Solde de retraite d'ancienneté.
IX. Tout individu qui quitte le service de la
marine , sans être blessé ni infirme, ne peut pré-
tendre à, une solde de retraite qu'autant qu il
à 25 ans effeciifs de service.
Le mode d'évaluation énoncé dans le Utre I"^.
n'est employé que pour déterminer le montant
de la retraite.
les officiers d'adminisiraiion . ceux qui sont fixés
£ I pour les officiers militaires avec lesquels ils pren-
laénl rang. _ . , , j
Le minimum e:\. \e maximum des soldes de retraite
des ofhcrers de santé sonf déterminés parle tableau
annexe au présent règlement.
JCVllL Les disposiiions pour les soldes de re-
trarle des- troupes de terre , sont applicables aux
troupes de marine ou d'artillerie de marine, tant
pour la quotité de la solde que pour l'époque oà
elle peut être obtenue.
Néanmoins tout individu appartenant à ces
coips,lequel aura i5 ans effectifs de navigation
sur les vaisseaux de l'état , sera traité cortime
marin-militaire , seulement pour l'éiioque à la-
quelle il acquiert droit à une solde de retraiie.
XIX. Le tems de service exigé pour l'obtention
et la fixaiion de la solde de retraite doit êire
prouvé suivant le corps auquel l'individu appar-
tient, par les dates des brevets , le contrôle des
troupes ou les étais du bureau des armemens ou
du bureau des revues.
TITRE III.
De la solde de retraite , pour blessures et infirmités.
XX. La solde de retraite pour cause de bles-
sures ou infirmités ne sera accordée qu'autant
qu'il sera constaté 1° que les blessures ou infir-
mités résultent des événemens de la guerre ou
des fatigues du service mariyme ; 2" qu'elles, ren-
dent l'infirme ou blessé absolument hors d'état de
continuer son service.
XXI. Les fractures ou infirmités provenant de
chûtes ou accidens occasionnés par le service sur
les vaisseaux ou dans les ports , seront réputées
blessures et donneront le même droit.
XXII. La solde de retraite pour cause de bles-
sures ou d'infirmités provenant de blessures , est
celle attachée au grade ou à la fonction exercée
par l'individu qui se relire-, pour les infirmités
non provenant de blessures, la solde de retraite
est celle du grade exercé depuis deux ans , et, à
défaut de deux ans , du grade imniédiatement
inférieur.
XXIII. Si les blessures ou infirmités provenant
de blessures . sont telles qu'elles ôient l'usage
absolu d'un membre sans espoir de guérison,
elles donneront lieu à la solde de retraite fixée
d,ins le tableau pour la perte d'un membre:
si elles ôtent la perte absolue de plusieurs mem-.
bres ou de la vue , elles donneront lieu au
maximum de la solde de retraite du grade.
XXIV. Les infirmités résultant de blessures ,
qui ne seront point jugées équivalentes à la
perte d'un membre , et qui cependant rendront
ble de service, ne donnent droit qu'au
r infirmités non résultantes de
iticapac
minimum fixé pc
bics urcs. .
XXV' Dans le cas de la perte de plusieurs mem-
bre» ou de la vue, le maximum delà solde de re-
traite sera élevé ; savoir , pour les maîtres, seconds
maîtres et contre-maîtres de tous genres cie 50
francs par an ; pour
de 60 francs , pour
au-dessus du double du minimum , conformé-
ment au;t tableaux.
les aides et quartiers-maîtres'
maielois de 65 Irancs
i5i
XXVI. Les infirmités non résultant 4e bles- ' mande^ y être appelé : le tenu passé dans la iouîs-
«ures ne donnent droit a une solde de retraite, \ sance de la solde de retraite l»i sera comi>ié
quapr^s ib ans effectifs de service, et lo ans ' comme tems de servire à terre
v-vv^T^'S" ^" '"°'"'- . , .. •■ .1 A défaut de r,,ppel au service 'il lui sera al'oi.é
XXVJl. !>orit exceptées de la disposition pre- un traitement de léforme proportionné à son
eedente . celles qui auraient entraîné la perte ; grade et à son ancienneté.
de la vue ou la perte de lusage de deux mem- , XXXVI. Dès qu'un individu attaché à lamarlne
bres , lesquelles donnent lieu à une solde de et entretenu par l'étal , sera reconnu dans les
retraite, a quelqu'époque du service qu'elles , formes presciiies et suivant les causes énoncées
surviennerit, pourvu qu elles soient le résultat i par le piésent ié>.lenient , incapable de servir le
de ce service ou du climat dans lequel ce service | ministre de li marine lui expédiera un ordre de
'vvImVi t -r -, . . „ .. ! ^'^'?sisiance ou solde provisoire égale au mmtmim
, j ^" infirmités énoncées en 1 article lixe dans le tableau pour les infirmités non pro-
précedeiit donnent lieu à la même indemnité, venant de blessures. Il en jouira ju^qu'à ce que les
lorsqu elles proviennent, soit de blessures , soit l consuls aient prononcé sur l'élat de solde de le-
*'^vvtT? ^ service maritime. traite dans lequel il aura été compris. En aiien-
XXIX. La solde de retraite de tout marin bleisé | dant que cet ordre lui ait été adressé , il conscr-
OU inhrrne est déterminée de la manière suivante : i vera le traitement dont il jouissait au moment de
Four les blessures et les infirmités résultant de sa demande,
blessures, le mm/rmira fixé pour elles est augmenté XXXVII. Les subtistances ou solde provisoire
dun vingtième par chaque année de service, sans s'il en a été accordé jusqu'à ce jour seront ré-
cxceder le rnuKimum du grade de l'officier blessé, duiies au taux fixé par le précédent article dans le
Pour les infirmités non résultant de blessures , [cas où elles excéderaient ce taux. '
XXXVIII. Les pensions militaire» , solde ou
demi-soldes, accordées pour cause de blessuifs
ou d'infirmités, conformément aux lois précé-
dentes , et postérieurement à la déclaration qui
a précédé la guerre actuelle , seront converties
en soldes de retraite, réduites ou élevées, s'il
y a lieu , aux proportions fixées par le tableau
annexé au présent règlement , et payées sur le
pied, à^ compter du l'^Wendemiaiie . an g.
XXXIX. A l'égard des pensions , soldes ou
demi-soldes quiauraient été accordées antérieure-
le minimum fixé pour ces infirmités est augmenté
«'un vingt - cinquième par chaque année de
service.
Cette somme ne peut excéder le maximum du
grade exercé depuis deux ans.
XXX. Les blessures qui donnent droit à la
ïôlde de retraite , seront constatées de la manière
suivante :
Fonr les individus embarqués.
1°. Par un rapport détaillé sur la natuie de la
blessure, fait et signé par l'officier de santé en ,
chef du bâtiment sur lequel l'individu aura été ( rn^n' à la déclaration de guerre de la liberté , pour
blessé. quelque cause que ce soit , ou postérieurement à
2°. Par un certificat constatant la blessure , '^^"^ époque pour toute autre cause que celle
l'époriue , la circonstance et le paràge où elle I "^^ ^'^^s^ires et infirmités , elles seront également
a eu lieu , signé par l'officier chargé du détail, et converties en solde de retraite, et payées de la
le capitaine du vaisseau. ■ même manière, à compter du i'' vendémiaire
Si le capitaine a été blessé, le certificat sera signé ' ^". 9 i ™ais elles demeureront invariablement
par les deux plus anciens officiers de l'état-major. fixées au taux auquel elles auront été accordé
Et si l'officier chargé du détail a été blessé, le
certificat sera signé par le capitaine et l'officier ,
qui suivra immédiatement l'officier blessé.
Mention doit être faite de la blessure et du
certificat, sur le rôle d'équipage.
3°. Par un extrait du rôle d'équipage , délivré
par le commissaire du bureau des armemens.
Toutes ces pièces doivent être visées par le
préfet maritime , pour légalisation seulement.
Pour les individus employés da»s l'arsenal , le
rapport détaillé , indiquant le jour et le lieu de
]? blessure , sera fait et signé par l'ofiicier de santé
de service dans l'arsenal , appelle pour donner
les premiers secours , et par 1 officier de santé en
chef de l'hôpital où le blessé aura été traité. Il sera ]
certifié par le commissaire préposé au chantier ,
attelier ou magasin où l'individu aura été blessé,
e« par le commissaire de l'hôpital , et sera ap-
prouvé par le chef du détail auquel l'individu
appartient.
XXXI. Les infirmités non résultant de blessures
qui donnent droit à la solde de retraite seront
constatées ,
1°. Par un rapport détaillé du conseil de salu-
brité du port où se trouve l'individu réclamant :
et dans les ports où il n y a pas de conseil de
•alubrité, par l'officier de santé en chef de la
marine , résidant dans le port.
t^". Par un extrait détaillé des campagnes et
autres services de l'individu réclamant, duement
constatés
3°. Par un certificat motivé du chef du détail
auquel l'individu appartient , attestant que les in-
firmités qu'il éprouve doivent êire attribuées à
la durée et à la nature de ses services.
XXXII. Les pièces indiquées par les articles
précédens , seront délivrées en double original;
l'un sera adressé au ministre de la marine , avec
l'indication du lieu où le réclamant entend fixer
«on domicile ; l'autre restera entre les mains
de l'individu qu'elles coricernent, pour y avoir
Tecours au besoin.
XXXIII. Sur l'examen des pièces adressées ,
le ministre, après avoir reconnu que 1 individu
réclamant est dans le cas d obtenir une solde de
retraite, en déterminera le montant, et le com-
prendra dans les états qu'il doit proposer aux
consuls.
XXXIV. Tout individu qui n'aura obtenu une
lolde de retraite qu'à titre d infirmité qui l'a mis
hors de service , sera tenu de produire , chaque
année , au mois de vendémiaire , un certificat de
deux officiers de santé , nommés à cet effet par lé
préfet maritime, s'ilhabite un desquatre principaux
ports; par le commissaire à 1 inscription mari-
lime, s'il habile un port secondaire; par-tout
ailleurs par le sous-piéfet de l'arrondissement où
il réside ; certificat attestant que I infirmité qui a
occasionné sa retraite , exista toujours.
A défaut de ce cerdficat , il cessera de jouir de
la solde de retraite.
XXXV. Tout marin militaire , ou individu
attaché à la marine , qui , après avoir obtenu sa
solde de retraite, se trouverait, par I effet des
forces de la nature ou des secours de I art , en
état <le repjfendtg du service , pourra , sur sa dé-
pourvu qu'elles n'excèdent pas celui qui est réglé
par le présent règlement ; dans le cas où elles
l'excéderaient, elles seraient réduitas aux pro-
portions qu'il détermine.
TITRE IV.
Traitement de réforme.
XL. Il sera accordé à tous les officiers de vais-
seau , depuis le grade de vice-amiral jusqu'à
l'enseigne de vaisseau inclusivement, qui ont
TABLEAU des soldes de retraite pour les officiers de vaisstan , officiers du eénïe maritimeT'et dti
m"ers d administration suivant la correspondance des grades^
cessé ou qui cesseront d'être eottapris danà lé
tableau de leur grade , uiie solde de retraite ,
s'ils ont 25 ans ou plus de service; et à défaut
de 25 ans de service , uti i^aiiement de réforme
égal au minimum de la solde de retraite de leur
grade. > ■
XLI. A l'avenir ce traitement n'aura liett que
pour les officiers militaires que trois ans de noa-
activité auront fait rayer du tableau de leut
grade.
XLII. Les traitemens de réforme précédem-
ment accordés , seront tous réduits au taux dé-
terminé par le présent règlement, dans le cas où
ils excéderaient ce taux.
XLIII. Les entretenus de la marine non mi-
litaires, réfdruués en vertu des derniers règle-'
mens sur les marins , auront un traitement qui
sera fixé à raison d'un trentième du minimun de
la retraite de 'leur emploi pour chaque année
de service. ' '■ '
Néanmoins ceux qui n'auront pas plus dé dix'
ans d'un service continu , ne pourront obtenir ce
traitement; ir leur sera seulement alloué une
gratification une fois payée , qui sera d'une an-
née d'appointernens pour dix ans de service ,
d une demi-anriée pour cinq ans , et proportion-
nellement pour les nombres d'années inieimé-
diaiies ou inférieurs à cinq ans.
XLiy. Toute disposition tendante 'â donneif
un traitement 'de réforme autre que celui ci-
dessusdèterminé , est révoquée.
^LV. Les iraitemens de réforme seront payé»
de la même 'manière que les soldes et subsis-'
tances provisoi.es.
XLVI. La solde de retraite et le traitement,
de réforme seront déterminés par le premier
consul , sur la proposition du ministre de la ma-
nne et dei colonies , qui devra, sou.s ' sa res-
ponsabiliié , se conformer aux lois et réglemens
rendus à ce sujet. ■
XL VIL Là'dënianJe de fonds de chaque année
pour cet objet , sera faite à raison de Ja fixaiipa"
projettée ou approuvée.
XLVIII. Toutes dispositions contraires à cellei»
ci-dessus énoncées sont abrogées.
XLIX. Le rninistre de la marine et des colonies»
et celui des finances sont chargés , chacun en ce
qui les concerne , de l'exécution du présent ré^
glement qui sera inséré au bulletin des lois.
ie premier consul ^ ■fjg'ne , Bonapartib.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- détat ., signé , H. B. Marèt.
Solde
GRADES.
DE RETRAITE
ANCIENNETE.
Minimum
d'ancienelé.
Maximum
d'ancieneté.
Solde de retraite
potir infirmitgs ou blessures.
Infirmités
non
provenant
de
blessures.
Minimum.
Vice-Amiral
Contre - amiral. ...
Capitaines de vaisseau .
Capitaines de frégate. ,
Lieutenans de vaisseau
Enseignes de vaisseau ,
Aspirans
Maîtres entretenus de tout genre ,
I'" maîtres non-entretenus de
manœuvres ou de cordages. .
Premiers maîtres de timonerie ,
charpentiers , caltats , voiliers,
seconds maîtres de tout genre ,
contre - maîtres de manœuvres
ou de ports
Aides-maîtres , ouvriers, quartiersr
maîtres , timoniers , gabiers. ..
Matelots, novices et mousses. .
Sooo
8oo
6oo
3oo
170.
i5o
6000
4000
3ooo
600
4^0
.340
3oo
i35o
1000
670
55o
400
340
i35
ii5
Blessures , ou infirmités
provenant de blessures.
blessures
équivalentes.
Minimum.
3ooo
2000
i5oo
1000.
800
600
5eo
3oo
170
iSo
Perte de deuJt
membres ^ oii
de la vue.
Maximura
des infirmité»
ou blessures.
6000
4000
3ooo
2000
lÊoa
600
45»
400
36S
Tableau des soldes de retraite pour les officiers de santé employés dans l'armée navale.
Officiers de santé ven chef , pro-
fesseurs , . . . .
Officiers de santé de première
classe
Idem , de seconde classe. .
Idenf , de troisième classe,
1800
900
600
3oo
36oo
1800
600
600
400
1800
900
600
5oo
36o«
tSoo
1209
6o»
BÉPARTEMENT DE LA S E I N E.
En exécution, de l'aiiêlé des consuls, du ï8
veudciuiuiie an 9 , relalif aux individus inscrits
«ùr la liste des émigiés , le préfet du dépaticment
de la Seine , ^rrêle :
Art. 1*"^. Il sera ouvett un registre au secrétariat
de la prélecture , pour recevoir les promesses
de fidélité à la constitution, qui seront faites par
Jès citoyens rayés détiniitvement de la liste des
émigrés; et un autre registre pour les individus
non encore raves , et , qui sollicitent leur ta-
cfiàtion. ' ' ' / .
'II. A parlir. d'aujourd'hui 7 brumaire , jour de
là promulgation de l'ariêié des consuls , jusqu'au
ï? présent mois inclusivement , les citoyens rayés
déftimivement de la liste des émigrés pat le conseil
cxécuiif, le comité de législation de la conven-
tion nationale , la convention nationale , le corps-
lê^isiaiit, le directoire exécutif et le premier
consul , seront reçus au secrétariat de la pré-
fecture, tous les jours , depuis deux heures jus-
qu'à quatre, pour prêter, f'ans les mains da
secréiaire-géuéral , la promesse de fidélité à la
constitution.
III Avant de faire cette promesse , ils serotit
tenus de présenter au secrétaire-généial une expé-
dition en forme de l'arrêté qui prononce leur
radiation.
IV. Les cilpyens , rayés provisoirement par les
idministraiidns locales , et ceux non encore rayés
qui sollicitent leur radiation, et qui voudront
se conformer aux dispositions de l'article XVIi de
l'arrêté des consuls , seront reçus tous les jours
indistinctement et à la même heure.
j V, Les individus ci-dessus désignés , signeront
individuellement sur le registre qui leur sera
propre , la promesse de fidélité à le constitution ,
et il leur en sera délivré de suite une- expédition
signée par le secrétaire-général.
' VI. Le présent arrêté sera imprimé et afliché
dans toute l'étendue du département de la
Seine.
'Fait à Paris, le 7 brumaire, an 9 delà répu-
blique française.
■ Le préfet du département , signé , Frochot.
Par le préfet, le j«crftaire-g'«'neVai,signé, Et. Mejan.
Ecoles centrales.
Suite -du discours dnpréfet du département de la Seine.
>» Cependant d aussi vastes entreprises pourront
n'être pas l'objet de votre inclination ; moins-har-
dis dans votre choix, peut-être préférerez-vous
les arts ou les métiers ; les métiers , ressource as-
«tirée dans le malheur!, les métiers , autrefois
avilis , maintenant respetiîés ! Hé bien ! soit que
vos mains s'exercent sur le marbre ou sur la pierre,
soit qu'elles façonnent le bois ou les métaux , c'est
le- dessin qui doit toujours les guider; lui seul
fera la beauté de vos ouvrages , quelle qu'en
puisse être la nature. L humble potier qui donne
u'ii heureux contour à l'argile, l'emporte sur l'ar-
tisan orgueilleux qui dégrade l'or , en le sou-
mettant à des formes bisarres.
1) Vous nous rendrez donc ces ortiiemens , ces
meubles , ces vases dont les anciens habitans de
là Grèce et de l'Etrurie nous ont laissé tant de
modèles. Voire goût se formera sur le leur. Chez
eîïx , le goût piésidail à tout , à tout , jusqu'à
leurs vêlcmens même ; chez eux , le manteau
avait sa dignité, l'agraiffe son éc'al, la ceinture sa
gracç , le brodequin ta souplesse , le cothurne
sa niajeslé.
>i En prononçant les noms de la Grèce et de
lEtrurie , j'ai cru vous entendre répéter les noms
de Phydias de Lysippe et d'Appelles. Est-ce à
courir leur carrière que vous aspirez ? Jeunes
élevés,, elle est semée d'obstacles que le vrai talent
a souvent eu peine à vaincre. Beaucoup ambition-
nent le prix , bien peu l'obtiennent ; loin de moi
la pensée d'affaiblir ici la noble émulation qui
vous, anime ; mais je dois vous rappeler que la
médiocrité est défendue au peintre comme au
poëte , et que dans l'art de la peinture , de même
que dans la poésie , qui n'est pas inspiré . rampe,
languit et meurt sans renommée; que si -vous
êtes remplis de ces hautes conceptions , de cet
enthousiasme brûlant qui caractérisent les grands
peintres et les grands statuaires , saisissez le pin-:
teau , armez-vous du ciseau , faites parler la toile
et palpiter le marbre : vos contemporains et la
postérité vous associeront aux Michel Ange , aux
Raphaël, aux Corrége Pourquoi n'ajou-
teraije pas , à tant d'artistes français qui se sont
rendus célèbres ; et pourquoi, m'absuendrais-je
de nommer parmi vos maîtres, Goujon , Lesueur,
Çirardon , Lepoussin , ce peintre de la raison et
de la philosophie ? Q.noi ! dans les arts d'imiia-
li«ri , l'homrac ii'a-i-u donc pu exceller seule-
ment qu'en Q:èze ou qu'en Italie ? Ah ! recoii-
naissoiis la supénorité di-s artistes de l'antiquité ,
mais-honorotis ceux auxquels il- ji'a;maaqué pour
les égaler , que de paraître en des cems plus
heureux.
îiCestems sont arrivés. La possession desmonU-
mer.s présentés à l'admiration des siècles ne sera
pas sans doute infructueuse. De nouveaux cbefs-
dceuvre vont tclore. Les français les attendent ;
Us sont dus à leur conquête; mais les faits des
laatioat étatogieres nous saront- ils toujours le^
!i52
tracés ? N'esl-ce que dans l'antiquité qiie toujours
les peintre.s et le^ statuaires iront puiser des sujets ?
La beauté n'a-t-tilé existé que dans la patrie
d Hélène ? N'est-il mort de braves que sur les
remparts de Thebes et de Troye ? N y a -l-il eu
qu'un Théraistocle qui ait sauvé sa pairie des fu-
reurs d'un Xsfcès ? Qjj'un Alexandre qui ait con-
duit une armée victorieuse en Egypte ? Q_u'un
Anniba! qui ait franchi les Alpes et porté la ter-
reur jusquau pied du Capiiole ? Non , la France
offre des scènes aussi imposantes , des hommes
aussi éionnans , des vertus aussi sublimes. Artistes,
représentez-nous des objets chers à nos < œurs :
peignez les marches , les sièges , les combats , le»
triomphes de nos soldais : peignez nos généraux
dans l'attitude qu'ils eurent au monieht oti ils com-
mandèrent la victoire: multipliez les images de
ceux qui sont morts pour la patrie et de ceux qui
respirent encore pour elle : alors no» applaudis-
semens encourageront votre essor; alois nous
nous disputerons vos ouvrages , et nous regrette-
rons de n'avoir pas assez de couronnes à vous
partager.
M Ce que jç viens d'adresser aux artistes , je le
dis aux poètes ainsi qu'aux orateurs. A quels
succès rapides , à quelle solide gloire ne par-
vienneotrils pas, lorsqu'ils consacrent leur verve et
leur éloquence à la patrie .'
I) Homère chantait les héros vainqueurs de
Troye et leurs mille vaisseaux ; et les grecs , dans
leurs fêtes , répétaient ses vers immortels. Virgile
célébrait Enée , et les destins de Rome et de l'Em-
pire ; et les romains se levaient devant lui. Dé-
moslhenes dévoilait les projets d'un homme de
Macédoine ; et, les a'héniens armaient contre cet
hoiTime ambitieux. Cicéron foudroyait les cons-
piia'eurs; et le peuple le proclamait père de la
patrie
II Mais , pour s'approprier à la fois l'esprit et le
caractère de ces hommes incomparables , c'est
peu de les lire dans de nombreuses traductions
dont les nuances différentes démontrent assez
l'insuffisance ; il faut les étudier dans leurs lan-
gues aussi expressives qu'harmonieuses; ces lan-
gues que parlait la liberté long-tems avant de
parler la nôtre. Les progrès des sciences et des
arts dépendent de cette étu'de autant que ceux
des lettres même. Elle est aussi nécessaire aux
disciples dHyppocrate et d'Arisiole, d'Euclide et
de Vitruve, qu'aux disciples de Sophocle et de
Théocrite , de Térence et d Horace; Mais que
dis-je ! elle est nécessaire à tous les hommes ,
parce que tous les hommes ont un besoin égal
des lettres , et qu'ils ne peuvent en éprouver Tes
bienfaits, s'ils ne connaissent les langues qu'elles
ont le plus favorisées. Et tjuel tst liugrat qui
pourrait dédaigner les bienfaits des' lettres ! en
amusant l'enfance, elles l'édairent ; en occupant
la jeunesse , elles la préservent des pièges dont
on l'environne ; en procurant d'heureux délas-
semens à l'âge inâr , elles le rendent plus propre
aux grands travaux ; en consolant la vieillesse ,
elles lui fonf oublier le terme fatal auquel seules
elles survivent. Qu'on n'allègue plus que l'étude
des langues savantes est hérissée de difficultés.
Duraarsais a paru et les a dissipées. D habiles
professeurs ont, adopté sa méthode simple et
facile , et ont démontré , par de nombreux suc-
cès , la vérité de ses principes. Jeunes élevés ,
suivez leurs leçons ; qu'iin froid dégoût , né de
la paresse , n'éteigne pas votre ardeur , et con-
courez à donnef à la langue française déjà claire ,
exacte et piécise , l'énergie , la richesse et la
grâce des langues de Rome et d Athènes.
Il Parmi tant d'objets , importans proposés à
votre application , il en est un plus noble encore
et plus digne de 1 homme , c'est l'étude des lois.
Elle est pour vous un devoir de chaque jour,
un devoir auguste et sac;é. Les lois sont unies à
la morale, ou plutôt elles ne sont que la morale
elle-même, mais active ,. mais. agissante ; les lois
épurent les senlimens , perfectionnent les af-
fections , rectifient les penchans , dirigent les ac-
tions : les lois enseignent à I homme ce qu'il est,
ce qu'.il doit être, ce qu'il se doit à lui-même ,
ce qu il doit à ses seriablables. Que la chaire de
législation trouve donc en vous des auditeurs as-
sidus et attentifs à ses oracles. Celui qui étudie
les lois, apprend à les aimer; celui qui les aime
s'empresse à leurobéif; celui qui leur obéit est
vraiment citoyen. Soyez citoyens, et vous aurez
rempli le grand but de l'instruction nationale.
Représentez-vous en un seul trait l'histoire des
peuples famcuj4ç,ç q.ui nous ont précédés. Ils ont
régnf par les Idii, ils sont tombés par le mépris
des Jois. Respectez do.ic les lois. Combattez,
mourez, s'il le faut, pour les défendre, et la
répu'plique est iqamonelie.
II Et vous , dispensateurs des tré,«f)rs de 1 ins-
truction , vous en qui tes vertus civiques ajou-
tent à l'éclat du .Savoie , je .n'ai| pas. besoin de
recommander à votre zèle ces jeunes plants que
la patrie vous a chaigés de cultiver. Ils se sont
accrus et multipliés autour de vous : quelle preuve
plus éclatante de vos soins , et quel garant plus
sûr de ceux que vous allez prendre encore I
De nombreux succès ont couronné vos pre-
miers travaux; des succès plus, grands sont at-
tendus , et c'en à l'émulation de lef préparer :
seule elle donné à l'enseignement et la fores
et la vie. Il est tems que les élèves de chaque
gymnase , ne se bornant plus à lutter entre'
eux dans son enceinte , se rendent tous au
stade , et qu'ils y combattent en présence de
nombreux spectateurs. Pour eux et pour les'
maîtres , la victoire en sera plus honorable , et
les lécompenses plus belles : rempli de celle
idée , j en ai désiré l'exécution ; et , fort de
l'approbation d'un ministre aussi éclairé qite pa-
triote , j'institue dè-i ce moment ces nobles
jeux , si propres à développer toutes, les res-
sources de l'esprit, et tous les seijtitni.ns du
cœur. Sans doute, depuis long-tems vous atten-
diez avec impatience la renaissance de cette
institution ; et , en votre nom , je puis pro-
iseiire au gouvernement que voiis vo\x^ em-
presserez de concourir avec moi à en accroître
fa pompe et la solemiiité.
1» Le secrétaire-général de la préfecture va voui
donner l'ecture de l'ariêté d'organisation de cette
insiitution , revêtu de l'approbation du ministre
de l'inlcrieur. d ^
Le secrétaire-général de la préfecture lit l'âr-'
rêlé suivant :
Considérant , en général , que l'émulation elt
lame de l'instruction ; qu'excitée enire les pro-
fesseurs , elle produit le peifcctionnement de»
moyens, comme elle assure , parmi les élev^j le
développement et l'uiiliié des résultats ;
Que le moyen le plus sûr de mettre en jeu ce
ressort puissant , et de sûtciter , entre diverses
écoles , une heureuse rivalité , par l'établissement
d un concours général , où les succès des élevés ,
attestant le mérite des piolesseurs , puissent créer
pour le disciple , une gloire insépaiable de celle
du maître ; .'.'
Considérant , particulièrement, pour la' com-
mune de Paris , que seule , entre toutes les com-
munes de la république , elle réunit plusieurs
écoles centrales , et se trouve ainsi appelée à pro-
filer de l'avantage qui doit résulter de leur con-'
'currence ;
Qu'il sera d'autant plus utile de faire revivre
cette ancienne institution , qu'elle lend à diriger
vers le même but. les travaux des professeurs et
ceux des élevés ;
' Qii'un concours général, entre les trois école»
centrales , en activité à Paris . peut doubler leurs,
succès , et répandre sur elles un r.ouvel éclat ;
Que cependant , ce concours ne peut avoir
lieu cette année ,(jue pour les parties d instruction
qui , iinifoimes dans leur but , telles que le
dessin , les langues anciennes , les maihématiques,
la physique et les belles-lettres , doivi nt produire,
pour tous , des rés-ultats déterminés, absoiument
indépendans du mode d'enstignemeiiÉ ,
Le préfet du départeinient de la Sciile arrête ce
qui suit :
An. I". Indépendamment du concours parti-
culier , établi dans chacune des écoles centrales
de Paris , il y aura un concours général de ces
trois écoles , entre les classes de dessin , de lan-
gues anciennes, de mathématiques , de physique,
et de belles-lclires.
II. Le sujet du concours de dessin sera ur>e
imitation, d'après la bosse , d'après nature, 04
d après l'ornement.
III. Ceux des langues anciennes , seront une
traduction du grec , et une traduction du Ijtin.
IV. Celui des maihématiques sera la solutibr»
d'un problème , précédée d'un examen.
V. Celui de physique , une démonstration
théorique ou expérimentale , également précédé»
d un examen.
VI. Celui de belles-lettres , une description ,
un discours ou une narration.
VII. Chacune des classes enverra huit élevée
au concours général.
VIII. Le jury d'instruction publique, pour les
écoles centrales , proposera les sujets du con-
cours , présidera aux travaux des concurrens , et
sera leur juge.
IX. L'époque du concours et la foi me de la
disiiibuiion des prix, seront fixées par un arrête
particulier.
Fait à Paris , le 21 vendémiaire an 9.
Signé-, Frochot.
JEt. Meja.m.
Approuvé par le ministre de liniérieur ,
Signé, L. Bonaparte.
Le présent arrêté, approuvé par le ministre de
l'intérieur, sera lu à l'ouverture des écoles cen-
trales , imprimé au nombre de 400 exemplaires ^
affiché dans lérendue de Paris , et principalement
aux portes et dans l'intérieur des écoles centrales.
Fait à Paris , Je 1" brumaire an 9.
Signé , Frochot.
Lt secrétaire-général de la prejecturi ,
Signé Et. MÉjAfS» ^
ERRATA.
Dans le n° d'hier , 8 biuniaire , dernière ligne
de la seconde colonne de la page 147. — Sera-ce
dans ceiantique et vaste empire qui plusieurs fois
a changé de maîtres ? lisez : qui plusieurs fois 3
changé de maîtres sans changer de lois ?
A Paris , de 1 imprimerie de H. Agasse.
GAZETTÏmTlONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL:
N° 40.
Décadi , i o brumaire an 9 de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivùse le Moniteur esc le s,u! journal oJuUl.
Il contient les séances des autorités constituées , ks actes du gouvcrnemenr, les nouvelles des armée« , ainsi que k-s faits et 1
l'intérieur c|ue sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un aiticle sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvdles.
es notions tant sut
I N T E R I E U R.
Paris , le 9 brumaire.
U^
'n fait rapporté par le journal de Dijon, doit
servir à éclairer les individus qui ne sèment pas
assez de quelle imporiance il est pour leurs in-
térêis de recourir à la sanction de la loi pour légi-
timer leur union, et qui se croient aussi légale-
ment mariés qu'autrefois , parce qu'ils se sont
soumis aux formalités particulières que leur pres-
crit leur culte :
itjeune encore , une veuve décidée à épouser
un militaire qui lui avait inspiré une vive pas-
sion , se contente rie demander à un ptêire la
bénédiction nuptiale, et ne reitip'it du reste au-
cune des formalités voulues par U loi. Ainsi ma-
liés , t30S époux vivent ensemble , passent des
marchés dans lesquels on établit la solidaiité des
contractons. La femme devient enceinte ; le pré-
tendu mari qui , dans un lien religieux , ne voit
aucun frein qui le retienne, se piésente à l'ofE-
cier public pour former , avec une auiTe épouse ,
un nœud plus légal. Le magistrat ne peut lui re-
fuser son mini.Ttere. Ainsi , pour n'avoir pas obéi
à la loi , cette femme voit sa fortune , et l'état
de son enfant compromis, d
— On écrit de Montpellier , que le citoyen
Chrétien , médecin distingué de celle commune,
vient d'employer avec le plus heureux succès la
teinture de kina en frictions dans le traitement
des fièvres intermittentes , et que ce praticien se
propose de publier incessamment un recueil
d'observations sur les eflFets des substan':es médi-
camenteuses , apT'Iiquées extérieurement dans le
traitement des différentes maladies internes.
— Le journal du Palais avait annoncé , et sur sa
foi , toutes les autres feuilles publiques avaient
répété que le Lycée de jurisprudence était près de se'
dissoudre. Une lettre de l'adminisiiaiion générale
de cet établissement atteste , au contraire , que
'.' et lycée est en pleine activité , que la salle d'as-
'', semblée que l'administration fait construire , est
- près d'être achevée , et enfin que les cours ou-
vriront le 16 de ce mois. Deux membres seule-
ment ont quitté cet établissement.
— On réduit à trois cents , c'est-à-dire au nom-
bre précis des membres du corps-législatif , celui
des places qu'ils doivent occuper dans la salle
des délibérations. On dispose des tribunes par-
ticulières pour les membres des premières auto-
rités de la république. [Journal des débats. )
— Les administrateurs du Monl-de-Piété nous
engagent à rendre publique la lettre suivante :
Le préfet du département de la Seine , aux admi-
nistrateurs du Mont-de-Piété. — Paris , ce 3 bru-
maire , an 9.
Citoyens , il m'a été rendu compte que quel-
ques actionnaires de maisons de prêts sur nantisse-
mens ont fait distribuer dans Paris des mémoires
imprimés , dans lesquels on affecte de révoquer
en doute la légalité de votre établissement , et de
vous aîtribuerlasupposiiion d'un acte du con.seil-
général du département de la Seine , portant ,
que le conseil u émet le vœu de la clôture des
s> maisons de prêts dans le département de la
9) Seine; que le rapport du troisième bureau,
)» qu'il adopte, sera inséré en entier dans le procès-
» verbal , comme expression des nintifs de son
11 vœu , et qu'extrait du procès-verbal en sera
)i adressé au ministre de lintérieur. 57
On ne peut se dissimuler que les insinuations
calomnieuses , que les auteurs de ces mémoires
se sont permis de répandre , n'aient pour objet
de nuire essentiellement au crédit d'un établisse-
ment national , et , par suite , aux intérêts des
i.'idigens , dont les revenus se composent, en
partie des bénéfices du Mont-de-Piélé , créé par
letlres-pitientes du 9 décembre 1777 , dont l'exé-
cution est remise en activité , tant par le décret de
la convention nationale , du 17 thermidor an 3 ,
que par les ariêtés du directoire exécutif, des
9 floréal ei 3 prairial an 5. .
D'aprèt celte considération , je crois devoir
votu autoriser à taiie connaître, en donnant à
cette lettre foute la publicité que vous jugerei!
convenable . que 1 acte du conseil-général , du i3
therroidot dernier , dont Ifs dispositions sont
ci-de»sus transcrites , fait rcellerneni partie du
proccs-vcrbal descs séances , déposé aux archives
de la préfecture , et qu'extrait en a été envoyé au
ministre d'è l'intérieur.
Le préfet du département , Signé., Fkochot.
Pour copie conforme ,
Le secrétaire-grejjîer de l'administration du Mont-
de-Piété , Signé , Hi.'^Mw
MINISTERE DE LA MARINE.
Le ministre de la marine et des colonies ., au contre-
amiral Décris, à Paris. — Paris , le 4 brumaire
an 9.
Je me fais un plaisir, citoyen général , de vous
anrioncer qu'en considération de la glorieuse
résistance du vaisseau le Guillaume Tell , le pre-
mier consul a. par un arrêté du 1" de ce mois ,
nomtné capitaine de frégate , le cit. Donnadieu ,
premier lieutenant de ce vaisseau.
Le citoyen Joseph Debergue , premier enseigne
du même vaisseau, a été promu au grade de lieute-
nant de vaisseau , et les enseignes non entretenus ,
Figannieie, Ganivet , Roque , Anne Riche Elmain ,
Lagreze et Blanc, ont été nommés enseignes de
vaisseau.
Le même arrêté me charge en outre de témoi-
gner aux autres officiers de l'état-major et à
l'équipage du Guillaume Tell, la sadsfaction du
gouvernement pour le zèle qu'ils ont mis à vous
seconder et à soutenir la gloire du pavillon
I national.
I Bien persuadé du plaisir que vous aurez à
I annoncer vous-même cet avancement, je m'em-
' près e de vous en donner connaissance.
Que les braves qui se sont couverts de gloire
en combattant avec vous, apprennent que le
gouvernement veut régénérer la manne française,
et la rendre respectable à ses ennemis ,^quil
saura toujours récompenser le courage , qu il
tiendra compte aux marins de leur dévouement ,
qu'il n'a point oublié les privations tju'ils ont
soulFertes , et que ses soins tendent conjtammcnt
à les en dédommager.
Je vous salue. Signé , Forfait.
CONSEIL- D' ÉTAT.
Troisième résumé de la discussion qui a eu lieu au con-
seil-d'état, au sujet des moyens à employer pour la
formation des listes de notabihté ou éligibilité
comanin-i\t , prescrites par la constitution.
Le conseil-d'élat , en éliminant de la discus-
sion , dans sa séance du 26, les projets rédigés
selon le système sectionnaire , comme présentant
un aspect moins constitutionnel que les proj^-ts
communaux ou mixtes , s'est néanmoins réservé
d'y revenir, si l'examen de ces dertiiers y- fesaii
rencoiatrer de g aves incotivéniens ou de grandes
difficultés. Dans la séance du 12 , le conseil s'est
occupé de cet examen; et après la discussion des
deux projets mixtes présentés , l'un parla section
de l'intérieur, lautrc p.ir le citoyen Cretct, ainsi
que d un projet purement communal , subsidiai-
remeni présenté par la section de lintérieur dans
son second résumé , le conseil a estimé qu'au-
cun des trois projets ne pouvait être admis.
Le projet -purement communal , présenté sous
le n° 2, a été écarté sur cette observation du
premier consul , que le scrutin proposé n'assu-
rait pas l'élection du dixième des citoyens de l'ar-
rondisseineni , exigé par la constitution. En effet,
comme l'a dit le piemier consul , si tous les ci-
toyens de l'arrondissement donnaient unanime-
ment aux mêmesindividus lesvingt-cinq voix que
leuratinbue l'ariiclelV, le scrutin d'unarrondisse-
meni de douze mil l,e citoyens, qui doit produire
douze cents noiables , n'en donnerait que vingt-
<:inq. D un autre côié, si chaque votant nommait
vingt-cinq personnes différentes , ( ce qui est pos-
siDle , vu quelc nombiedes voians sera sûrement
de beaucoup moindre que celui des citoyens
ayant droit d élection et d'éligibilié ) , aucun
candidat n aurait plus d une voix en sa faveur.
Les deux projets mixtes ont été écartés , d'après
l'obseivaiir n qu ils retombaient l'un et l'autre dans
le systêmi- sectionnaire , sans en avoir les avan-
tages et f.ui-iout la commodité.
Le conseil s'est donc vu ramené j par la dis-
cussion , au s^s triiv sectionnair- qu'il avait da-
bord éliminé. Aptes «n avoir de nouveau examiné
les principes , il a ci u qu il éiuit moins difficile
quilnavaud abord paru de les accorder hvee
la coiistttuiion; après en avoir exairinc de non^
veau les mconvénicns , il a eu possible de les
taire disparaître , ou du moins de les afldblir
consideiabkment.
Relativement à la légalité ou cnmtituli.mnaliti
du scrutin sectionnaire . on peut dire que le vϝ
c^el article \ II de la constitution sera rempli par
des élections secnonnaires . c'est-à-dire , laitet
dans des sections de l'arrondissement, comme
par des élections communales, c'est-à-dire, faites
hors des sections sur des citoyens de tout l'ar-
londissemeni. En effet, 1, s citoyens de I arron-
dissement ayant choisi , chacun dans leur section,
le dixième qui a le plus leur confiance , la liste
générale de l'arioudissement qui sera formée de
ces listes particulières, sera formée complètement
des personnes qui auiom éié jugées les plus pro-
pres a gérer ks affaires publiques , et la constitua
non n en demande pas davantage.
Daris ce sysiême , chaque seciion pourra être
considérée comme corps électoral de toutes les
autres ^ c'est^a-dire , comme chargée d'élire pour
toutes les autres ses meilleurs citovens , comme
es autres seciions sont chargées d'élire leurs meil-
leurs citoyens pour elle.
Dans tous les systèmes d'élections établis soît
en Amérique , soit en Angleterre, soit en France
depuis 1789 jusqu'en \ i^n 8, nul n'était repré-
sentant de la nation , nul n'avait acquis ce carac-
tère que par l'élection dlune très-petite fraction
de la nation. Le corps électoral de Dunkcrquc
reg..rdait le corps électoral de Bayonne comme
un corps chargé de ses pouvoirs , et vice versa. ■
Dans la constitulion même de l'an 8 . les liste»
départementales ne se foimcnt que des élu»
nommés dans chaque afiotîdissemcnt communal
séparément d'un autre ; et les listes nationales ne
se forment que des élus nommés dans chaque
département isolé de tout autre département i
donc le vœu d'un arrondissement est considéré
comme le vœu de tous ceux du même départe'
ment ; donc le vœu d'un département est regardé
comme le vœu de la nation toute èrîiiere.
Ce qu'il y a de déf.-ctueux dans ce systênie 't
est réparé par l'institution du sénat-conservateur^
qui , représentant de la nation entière , choisit
dans la hsle nationale les grands fonctionnaireà
de l'état.
Quant à l'uiilité du système, sectionnaire < r
elle est devenue très-sensible par l'analyse de
tous les autres systèmes et leur comparaison.
_ D'abord il se prête seul à des opéraiions
simples, faciles , et propres à donner des résul-
tats certains.
5econdernent , il donne à toutes les petite»
municipalités (et elles forment la grande masse
de la nation j l'avantage d'avoir quelques-uns
de leurs habi'aiis revêtus du caractère de notables^
avantage qui constitue une sorte d honneur mu-
ncipal, qui offre de plus à chaijue individu <
dans ses alï;iires de famille un conseil , dans
ses relations au dehors un répondant , un pro-
tecteur , enfin , qui .offre à la jeunesse l'exemple
du rnérite--récompensé et au gouv crneroent deS
conservateurs de l'ordre et de mceu,rs.
Troisi.etrietrient, la nature des choses ayant
exigé l'insliiution d'adminisiiaiions municipaleSj
ces fonctions pourront être réservées à des no--
tables Communaux, avantage qui n'avait pu se*
concilier avec les élections communales , pifce
qu'elles n'auraient pas toujours fourni un no't'abfè'
par municipalité. , ' . .; ■.>
EtiHn l'inconvénient principal que l'on A prê'i
sente comme une objection décisive controMe
système sectionnaire , celui de condamner lei
sections de cent citoyens qui se trouveraient
très-riches en hommes disiingués , à en laisse?
p!usie'..rs hors de la notabilité, ne pouvant erii
nommer plus de dix; cet inconvénient sera en^^
tléremcnt éCarié, si l'on ordonne simplemcuâ
que dans les communes oih se trouveront p iii
de cinq cents citoyens ayant droit de voter j
les divisions éicciorales ne pourront en coi'n-
prendie moins de cinq cents : par ce nïoyerf
chaque votant aura cinquante notables à nomirt. j,'
au lieu de dix seulement, et poutra les prendre
sur cinq cents citoyens, au lieu dêire uorne *
les preiidie sur cent; et ainsi , sll se tiouvtfi
une centaine tjui leiiletme ciuquante bomnicsi.
dignes d être diMiiigués, ils. pourront êire uammésy
au heu qu'en (esaiit exactement toutes les élec-
lions pat centurie, celle qui aurait posié'dé' k*
claquante hommes d'éliiê, n'en pouvant nommer
t]ue dix, en aurait eu quarante de trop, les-
quels auraient éié perdus , et les quatre autres
sections auraient nommé à leur place chacune
dix hommes notoirement inférieurs.
Plusieurs personnes ont pensé, dans la dernière
séance , que la loi , en établissant les élections sec-
lionnaires, pourrait éiablir aussi dcs réjëciions
seclionnaires , pour l'exécution de l'art. XI de la
constituiion qui autorise les citoyens à retirer tous
les trois ans , de la liste des inscrits, ceux qu'ils ne
jugent pas à propos d'y maintenir; et l'on a espéré
de sauver ainsi la disparité qui se trouverait
entre le petit nombre des suffrages qui auraient
concouru à une élection , avec le grand nombre
de ceux qui paraissent nécessaires , en vertu de
Tafticle Xil , pour la révocation.
Mais plusieurs membres du conseil , et la sec-
tion de l'intérieur toute entière , ont pensé que
l'article XIl de la constitution était absolumerit
inconciliable avec l'idée de réjëciions sectionnai-
res. L'article XII est ainsi conçu : n Nul n est
retiré d une liste que par les votes de la majo-
» rite absolue des citoyens ayant droit de coopérer
3) à sa formation, n
. Ge que la constitution appelle une liste , est
ou la liste nationale , ou la liste départementale ,
ou la liste ds fnrrondisseinent communal; elle ne
connaît pas de liste au-dessous de cette dermicre :
ainsi, d'abord il ne peut être quesuon de rejeter
d'une liste élémentaire , d'une liste sectionnaire
ou/rac<!onnfli>e d'arrondissement: en second lieu.
la consiilulion exigeant les votes de la majorité
absolue des citoyens ayant droit de coopérer
à la formation de la liste de l'arrondissement,
il n'est pas possible de se contenter , pour la
réjection , d'une majorité quelconque de citoyens
ayant droit de voter dans une section ou fraction
de l'arrondissement.
Au fond , ce serait uo très-grand mal que les
citoyens élevés au rang" de notables , n'eussent
pas une grande sécurité sur la possession de
cette honorable distinction. Si un fonction-
naire pouvait êire destitué par sa section , il
serait toujours dans l'aitetnative ou de la mé-
nager au préjudice des autres , ou de se résigner a
^on ressentiment.
D'ailleurs , quel inconvénient à ce qu'un
citoyen élu notable ne puisse être dégradé sans
un grand concours de suffrages? De deux choses
l'une :- ou il aura été appelé à des fonctions
publiques , ou il sera resté simple citoyen. S il
a été appelé à des fonctions , et qu'il ait pié-
variqué , son élévation même l'aura fait assez
remarquer pour que la majorité de l'arrondis-
sement s'accorde à le retirer de la liste : s'il est
lesté simple citoyen . il ne peut avoir démérité
que par un crime privé; en ce cas, la loi le
punit, le dégrade, le prive de son titre de citoyen,
et , par cela même , le fait descendre de la
tootabiliié.
Enfin la section répète qu'il doit être plus fa-
cile d'honorer un clioyen que de le déshoiiorer ;
et que rien n'offense la raison dans le principe
qui fait élever un citoyen obscur à la notabilité
i54
PRÉFECTURE DE POLlGE.
taris , le 8 brumaire an 9.
Le préfet de police prévient ses concitoyens ,
pot»r lès mettre à même de reconnaître plus faci-
lement et plus proinptement, en cas de besoin , les
préposés au niesurage et recensement des bois et
charbons, qu'ils porteront, à dater du II du
courant , une canne de deux mètres de longueur,
et seront vêtus d'un habit bleu national , collet
rouge et veste de la même couleur, avec des
boutons de métal blancs , ayant pour légende :
bois et charbons.
Il les prévient en outre qu'ils ont le droit d'exi-
ger que le mesurage du bois soit fait dans des
doubles stères. Les plaintes fondées à porter ,
tant conire les marchands que contre les préposés ,
doivent être adressées au contrôleur général en
son bureau à risle-Lou\(ier. qui en rendra compte
au. préfet. Le préfet , iigne , Dubois.
Pour copie conforme ,
Le secrétaire-génériil adjoint , sigrié , Bauve.
NotJS avons annoncé dans notre feuille du 9
vendémiaire , que le tribunal de police correc-
lionnelle allait être saisi d'une escroquerie d'un
secohiie queHÏon , le commissaire a développé
les moyens propres à démontrer que si Barbaut
était fou , c'était au moins un /ou trù-raisannable,
puisqu'il était parvenu à vendre t3o,ooo Ir. une
véritable chimère ; il a conclu contre Barbaui à
un eraprisoiuiement de deux ans et à une amende
de 20,00 fr. en réservant aux parties plaignantes
la répétition civile de leurs droits.
Le citoyen Boutroue , parlant pour le plaignant,
à appuyé les conclusions du commissaire du
gouvernement , il a cherché à prouver que l'in-
lention bien évidente de Barbaut avait été de
profiter de la crédulité du cit. Heycr pour lui
escroquer une somme considérable, qu'il y avait
réussi en lui vendant une chose qu'il savait n être
qu'une chimère, qii'ainsi c'était un Iripon.
Le cit. Chauveau-Lagarde , défenseur du pré-
venu, à discuté les reproches faits à son client;
il s'est priiicipalement attaché à démontrer que
les caractères consdiutifs du dol , ne se trouvaient
point réunis dans la cause qu'il défendait. Rien
ne prouve , a-t-il dit , que Barbaut ait employé
la ruse pour tromper le cit. Heyer , tout prouve
au contraire, que la conviction dont était pénétré
Barbaut pour l'excellence de son procédé , a
passé dans l'ame du cit. Heyer, et que c'est cetife
conviction seule qui a tout fait. Barbaut , a ajouté
le citoyen Chauveau-Lagarde , n'est pas le premieir
„, H- ■■ • ■• ' qui ait prétendu fixer les chances incertaines du
genre nouveau. C est sur celte affaire , jusqu a ,1^,^,^.^ ^e soit une chimère qu'il caresse ,
présent sans exemple dans les annales de la ju- | ^.^^^ ^^ ^^^ j^ ^^jj. j^j^^ ,g,„. rfe croire , mais je
risprudence , que vient d intervenir un jugement
dans lequel il a fallu toute la sagacité des juges
pour ne point dépasser les bornes d'une justice
vraiment dirtributivc. Avant de faire connaître
n en suis pas moins convaincu , qu'il est de
bonne-foi, et qu'il croit avoir vendu une chose
réelle au cit. Heyer , qui , de son côté , ne doutait
, , ., , I, j 1 pas alors qu'il ne fît un excellent marché. Au
le prononce du inburial, nous allons entrer dans | ^^,, ,„ g!*,.;! jj, £,„ .etminaut , je Suis d'avis que
quelques détails sur les laits qui ont donne lieu ;ies actes, objets du procès Sont nuls, puisque
à cette procédure. ^ ^ | gj^b^m ^'^ (ourni aucune valeur réelle , mais
Heyer, possesseur d'une fortune considérable, cette affaire devient alors du ressort des tribunaux
fa't la connaissance de Barbaut, par l'entieinise civils , devant lesquels je suis convaincu , qu au,-
du général Polian. Celui-ci entendant parler j can défenseur honnêie n'en soutiendra la validité,
chez Heyer de jeux et de loterie , dit qu'il avait
connu autrefois un particulier qui disait avoir
un secret infaillible pour gagner au trente Éi
quarante. Heyer, séduit par l'appât d'un bénéfice
iiumense,va chez Barbaut (inventeur du prétendu
secret) qu'il trouva dans la misère la plus af-
freuse , l'attira chez lui après lui avoir donné une
cinquantaine de louis pour le mettre en état de
paraître dans I? société. Heyer demanda alors à
Barbaut dés explications sur le secret qu'on lui
Le citoyen Dommangei , second conseil du
citoyen Heyer , a profilé de l'aveu fait par le
citoyen Ghaveau-Lagarde pour demander à Bar-
baut s'il consentait à ce que les différens actes
passés entre lui et Heyer fussent déclarés nuls.
Si vous y consentez , a-t-il dit , à l'instant même
le citoyen Heyer se désiste de sa plainte.
Barbaut a fait une réponse évasive.
Le citoyen Chauveau-Lagarde à pris la parole.
moins surprendre. Il avoue avoir vendu au citoyen
Heye.' , non pas le secret infaillible de toujours
^„. — , -- - , . gagner aujeu, mais le meilleur moyen possible
par le petit nombre de suffrages que son obscu- j^ jougr ^^^.^ uj,e espèce de certitude; moyen
rite lui permet de recueilhr , et qui en exige un .^ ^^^ ~^^^ ^^ résultat de vingt années d'obser-
très-grand nombre pour le faire déchoir d un ^^ij^^j g, jg calculs. Et la preuve , ajoute-t-il
avait dit qu'il possédait. Barbaut les lui donna : ' et a prouvé qu'une pareille transaction ne sau-
il fait en sa présence plusieurs expériences , qui i j^jj avoir lieu dans le sanctuaire de la justice ;
toutes réussissent, le mené dans diftérenies mai- ; que ce serait involontairement faire tomber
tons de jeux où il gagna constamment , et il finit i 1 accusé dans un piège; mais que si Barbaiit
par vendre son prétendu secret au crédule ! était acquiité , si le tribunal ne reconnaissait
Heyer. _ I point un délit , s'il ne voyait que des actes dt»
Les débats auxquels a donné lieu cette affaire . ressort' des tribunaux civils , prdbablement Bar-
off'rent les circonstances les pluS extraordinaires, baut satisferait le demalideur en se désistant de
Si, d'un côté , l'on est étonné de lextrême crédu- I de ses diùilS. Il a faik observer en outre que
lité , pour ne pas dire plus, du citoyen Htytr , cette obstination antérieurement manifestée pir
qui consent à payer i35,ooo fr. , le secreiinlaidible i l'accusé à s'oppoâér à tout accommodement,
de faite des dupes ; de l'autre côté, l'assurance [était une preuve irrécusable de son énthousiasm*
constamment soutenue de B.irbaut ne doit pas et de sa conviction qu il avait vendu nue chose
d'une valeur réelle.
Après avoir entendu lesiépliques de» différens
défenseurs , le tribunal a prononcé le jugement
que nous allons rapporter.
Ce jugement est précédé de longs considé-
^•iJ I rans dans lesquels il est établi que le prévenu-
ratio qui, rayant présente a tous tes regaras, a , ^^ ^j^ .^^^ jj 53^3,;, parfaitement ce qu'il ""^ °^^' lesquels u cm ei^uw que ic p.cvcriu-
liiis, toute la contrée en état de prononcer sut ^^^^^^^; '• ^.^j ;„j ^^^^hé à le tromper, ne s est point-rendu coupable d;e dol, ou du
' c'est que j'ai répéié devant lui mes expériences ^°'"^ 9"= ""^ imputation est affaiblie parlem-
autanf de fois qu'il l'a désiré ; c'est que , lors- pressentent dn citoyen Heyer pla.gnarit , a ae-
quil a joué d'après mes procédés , il a gagné qu*"' '^ prétendu secret de gagner au jeu. Mais
des sommes immenses. Ce n'est pas ma fauTe s'H '^ 'o- «e déterminant pas le dol comme 1 unique
n'a pas toujours suivi mes instructions, ou s'il a caractère de 1 escroquerie , vu quelle prévoit
fini par les oublier entiéremem. également les espérances ou les «raimes chimc-
*^ . ,,. , , . . , , I rfques , et que rien n est plus chimérique que
Le citoyen Heyer et les témoins qui ont cte | ('espoir de fixer les chances incertaines du hasard;
entendus, sont tous convenus que les experien- g*^ malgré la persuasion même où Barbaut
ces faites particulièrement par Barbaut avaient en • . t. ^ ... ...
ses mœurs et ses talens
La section de l'intérieur estime donc que l'ar-
ticle XII de la constitution doit être littérale-
ment exécuté , et que son exécutiqn peut très-
bien saccorder avec le système sect^ontiaire
■dont elle va présenter les principales conditions.
Arlicles proposés tn conséquence de la discussion du
s brumaire.
Art. 1''. Dans toutes les municipalités où le
nombre des citoyens ayant droit de voter n'at-
teindra pas cinq cents , ils voteront partenturie ;
et les centuries seront formées' sOit par la réu-
nion de plusieurs, municipalités ensemble , soit
par leur division.
IL Dans celles où le nombre des citoyens
ayant dtoit de' voter sera de cinq cents et au-
dessus , ii» voteront pat sections de cinq cen-
turies.
ni. Chaque centurie volant séparément , élira
dix de ses ciioyens ayant droit de voter.
IV. Chaque section de cinq centuries élira' cin-
quante membres sur toute l'éiendue de la section.
V. Le scrutateur de chaque centurie ou sec-
tion fera passer la liste de ses notables au sous-
préfet , qui composera . par la réunion de leurs
ïioms , la liste des notables de l'arrondissement.
VI. Les maires et adjoints et commissaires de
police seront pris sur la liste de l'arrondissement
communal.
VII. Nul n'«sl retiré d'une liste d'arroiidisse-
ment communal que par les votes de la ma-
joriié absolue des citoyens de l'arrondissenjent
le plus heureux succès ; mais qu'il n'en avait pas
été de même lorsqu'il s'est agi de mettre ses pro-
cédés à exécution dans des maisons de jeux.
Heyer se plaignant un jour à Barbaut de ce que
son infaillible lui avait déjà fait perdre plus de
4ï,ocb fr. Celui-ci lui répondit que cela ne l'é-
lonnait point, parce qu'il s'obstinait à jouer les
jours que Sa/omo» avait désignés pour être malheu-
ireux. Hever a ajouté qu'avant de lui vendre son
secret , Barbaut lui ayait demandé s'il croyait à
la Sainte-Trinité , et que c'est sur sa réponse af-
firmative qu'il consentit à le rendre possesseur
d'un si rare trésor. — Ces faits on été niés par
Barbaut.
Les débats terminéi, le tribunal a entendu le cil.
RouUois , commissaire diu gouvernement , qui a
résumé d'une manière claire et succinte les faits
de la procédure. A la présentation de la plainte ,
a-t-il dit , on s'est demandé quel était le plus
fripon de celui qui avait vendu , on de celui qui
avait acheté , parce qu'on présumait que ce secret
infaillible consistait cians quelque subterfuge,
dans quelques signaux , dans quelques coimi-
vances ; mais dejiui» les débats , on a vu qu'il
s'agit simplement de calculs, de combinaisons ,
communal , ayant droit de coopérer à sa for- jet on s'est dit : lun est un fou, et l'autre un
œatioD, ' imbécile. Après s'être dispensé de pipuvei la
pouvait être de î'efEcacîté dé sa combinaison ,
la justice ne doit point admettre un pareil
secret comme valeur équivalente de biens-îonqji
ou de sommes métalliques ; que s'approprier dés
valeurs réelles au moyen de Sj^éculations aussi
imaginaires , c est se rendre coupable d'es-
croquerie.
Le tribunal a cependant cru que cette escro-
querie , caractérisée par la loi, était atténuée par
la confiance que Barbaut pouvait avoir dans son
Secret, et d'ailleurs par les épreuves avantageuse»
qui en avaient été faites par le plaignant , et qui
lavaient déterminé â en faire l'acquisition.
Il n'a pas regardé comme exemple de blâme la
conduite de ce dernier', qui , au moyen d'uii
Erocédé sûr, prétendait lui-même escroquer les
inques de jeu et se meure à l'abri de l'incons-
tance du sort.
En conséquence , le tribunal voulant être juste
envers fous et satisfaire la morale publique , A
condamné Barbaut en 3oo fr. d'amende et dii
jouis de prison ; annuUé les actes et les diverses
obligaiions souscrites à son profit par Heyer; ex
en ce qui regarde la somme de gooo fr. humé»
; raire , reçue par Barbaut, et celle de Sooo franc»
payée pour les frais des deux acies qui viennent
: d'être auauUés; aiteada les motifs précédemment
énoncés à l'égird du cit. Heyer , met les parties
hors de cause , compense les trais de l'insiiuction
i'usqu a l'expédition du présent jugement exclusi-
'êmèht , qui, avec les frais que son exécution
)t)urrait entraîner , restent à la charge de ijarbaui
iitisi que l'impression et laffiche du présent juge-
ment au nombre de 5oo exemplaires ; invitant le
£il. Heyer à faire à la caisse des hospices civils
de la commune de Paris , sUr ia somme de 4(ioo fr.
Eortée au billet à ordre annuité, tel don que son
umanité lui suggérera. B
Banq,ue de France.
Les actionnaires de la banque de France , sont
prévenus que le dividende qui vient d'êirc fixé ,
aéra payé à bureau ouvert , depuis dix heures
du matin jusqu'à une heure aptès-midi , et sur
l'émargement de cliacunes des parties prenantes.
Ceux des actionnaires qui ne pourront pas venir
eux-mêmes , sont inviiés à envoyer quelqu'un
muni d'une procuration spéciale pour cet objet ,
laquelle restera déposée à la banque.
Ils sont également invités à rapporter , soit par
eux-mêmes , soit par leurs procureurs fondes ,
lètirs quittances d'à-c:omptes d'actions, pour être
échangées contre linscription de propriété.
Li directeur-général , Garât.
T H E A T R
FRANÇAIS.
Talma a réparu, hier, dans le rôle d'Oresie
^4-ndrgmaque. Un S]iectaieu[ très-nombreux l'a
accueilli avec un véritable enthousiasme. Dans
le cot4rs du rôle difiicile qu'il remplissait , il a
souvent excité de nouveaux apphiudisseraens.
Ses propres rivaux excitaient eux-inêmis les ac-
claniations du public. Cependant il étau loin de
remplir ebcore la haute idée que souvent nous
nous sorarties plu à donner de sotl rdte talent :
sa déclamation était uniforme et traîrlante , sans
but évident et sans nécessité réelle i il pes it
avec aiFtcialiou sur ces j)asiages qu'un débit plus
simple , plus rapide , et sur-tout plus varié , tût
fait ressortir davantage.
Mais au quatrième , et Suf-toiil au cinquième
acte , il a retrouvé cette énergie éxT;raordinaire ,
ce jeu profond , cette phistoriomiè terrible , ce
frémissement comrnunicàlif, Cettedouleur muette,
ce calme effrayant , cet anéantissement abbolu ,
celte stupeur à laquelle l'expression manque et
qui laisse à peine à Oreste le moyen de proférer
ces mots :
Quoi ! ne ai*avez-vons pas
Vous-même » ici , tantôt, ordonné son trépas?
Enfin , et sur-tout , ce ris sinistre qui accompagne
CCS vers si beaux'en eux-mêmes , et si admirables
dans la situation d Oreste :
i35
de louchans et inutiles efforts poitr rappeler
Elcocle à des sehtimens plus hu.-nains et plus
justes.
Acte second. — Polynice introduit secrettement
dans Tliébcs, revoit enfin sa patrie conire la-
quelle il est obligé de combattre, embrasse
Jocaste , Antigone , et à leurs prières consent
à fjire demander une entrevue à Etéocle.
Acte troisième. — Entrevue dvs deux frer« î
scène raagnitiinie où leur haine mutuelle et leurs
catacierts différens offrent les déveloupcracns
les plus vrais et les plus énergiques. lis se sé-
parent pour livrer une bataille générale.
Acte quatrième. — Hemon vient apprendre à
Jocasic et à Aniigone que la foudre a (Vappé
Capauée et Euspe!'du la bataille ; qn Eiéocle a
envoyé un hérauh a son frère prur lui dernander
un entretien. Eiéocle vient lui-mêrne conhaner
cette nouvelle , eijocaste et Aniigone croient les
deux frères téconciliss ; quelle est leur suprise
quand ils entendent Eiébcli.- proposer le combat
singulier à Polynice ! Poiynfce la cepie en fré-
missant , mais sous la coudiiion (ju Eieocle rendra
à leur père Œdipe , la libellé q:i iK lui ont autre-
fois ravie d un commun accoid. Eiéocle y con-
sent. Le vieil CEdipe paraît, et ijans une scme
déchirante nidudit ses deux fils ingrats qui mar-
chent au comb.it sous ces épouvantables auspices.
Acte cinr^uieme. — Aniigone parvient à intéresser
Œdipe pOur ics deux-fi's , pour Polynice suriouî.
Il forme des>ceux pourleursjours, quandjocasie
vient lui apprendre quEieocle tst blessé moriel-
lemeni par Polynice. Celui-ci paraît bientôt en
cherchant à se réconcilier avec son f:tre expi- , cite pour les applaudir:
rani ; mais au moment où il veut le presser dans
ses bras . Etéocle ranimant ses toi ces , le perce
d un poigiiàid , et meurt après lui , satisfait de
régner encore. -,
L auteur voitlant éviter de faire un récit de
combat après celui de Racine , qui est en erfet
toit beau, he pouvait imaginer un dénouement
plus heureux , ei je nèsais pas comment on aurait
pu se tirer inieuxd'un pas plus d fficile.
Malheureusement , le sujet à un défaut que le
talent d'aucun auteur ne pourrait pallier eniiére-
ment. La terreur y est sur le devant du tableau,
la pitié et lintérêt ne s'y voient que sur le second
plan. On s'intéresse à Œdip'e, àjocasie. On aime J
et on respecte AntigOnc. Mais la h.iine , l'ingra- ; l
Et htigiiei <n treiiiblant la faveur d'un coup-d'œil ?
Voila ce qu'un rival à in'cntcvcr aspire ;
l'iutôt inouni- cent fois que de quitter l'empite.
Me sicrait-il , instruit dans fart de gouverner ,
De recevoir des lois où l'on m* en vit donner P
11 entre ; son aspect re^oubjc cacor ma rage.
Une énergie d'un autre genre se fait remar-
quer dans la scène d'Œdipe, au 4' acte. Un litté-
rateur distingué , qui a analysé le même ouvrage ,
aurait désiré qu'Œdipc , au lieu de maudire se»
ehfans , leur eût pardonné ; mais , si on ose le
dire, le regret de ce qui poviVait être l'a rendu
trop peu sensible à la beauté de ce qui est. Celui
qui croyait voir un louchant tableau du Poussin ,
peut se trouver dédommagé , «i on lui piésente
une terrible production de Michel-An'^e. D'ail-
leurs , la manière dont le citoyen Legouvé a traité
cette scène , esi beaucoup plus conlorme au ca-
ractère violent et impéiueux . que tous les poètes
ont donné à Œdipe dans touics les circon.si3nces.
De plus , après celte première explosion d une
ame irirérée à très-juste titre , la clémence a sbr»
tour; Œdipe forme des vœux pour ses en fan 5 ,
et il doit ce retour à cette noble et pieuse Anii-
gone, le plus beau , le plus louchant caractère
que nous ail transmis l'antiquité fabuleuse: aussi
avec quel charmé on entend Œdipe dans la
pièce dorit il s'agit , Itii adresser celte pensée
admirable !
Aimable rejetton d'une triste famille ,
Qu'il m'est doux de pouvd^T, sur ton sein vertueux.
Me reposer des coupâ que m'o^t porté les Dieux !
On a ciié pour les critiquer , ces vers que je
Polynice, depuis qoe tu quittas ces lieux,
La paix fuit de nos c*urs , le sommeil de nos yeux:
La nuit , dans ce palais , plaintives , languissantes ,
Nous prolongions les cris de nos voix géinissantes.
Le jour prenant du dcUil les vêtemens oljscurs ,
Nous volions te chercher, dans les murs, hors des mu
Aux sources où risméne épanche son eâu pure ,
Nous te redemandions à toute la nature.
Nous t'appelliffjis longtema
Nous accusions les lieux 1
Hélas ! combien de fois la nuit
Aux bords où ton adieu , trop 1
contempler dans un a
que tu mis entre ta
dion« les bïa? ,
tes pas.
int me surprendre
t Se fît entendre î
de effroi.
titude et l'ambitiori des deux Ireres inspirent plus La hauteur d'où ma vue à te suivre réduite,
d'indifférence sur leur sort. Q_uand on létiechiisur : j,j„j ^^ i^ng horison accompagna ta fuite,
ce défautinhérent au sujet-, on s étonne du talent ^.,^10 qui me soutint quand je ne te vis plus,
avec lequel le cit. Legnuve est presque parvenu a.
u ciel , mon inalbéur passe n
te loue , ô Ciel , de ta pen
m espérance ,
vérance !
L'effet que Talraa a produit dans ces deux
momens et daris la dernière scène , est inexpri-
s&able. U a été redemandé à grands cris , et a
Tèparu au milieu des plus vives acclamations.
S....
Eté-ode et Polynice , tragédie en cinq actes , par
G. Legouvé, de l'instiiu't naticiial.
Chez Surosne , libraire, palais du tribunal,
deuxième cour , Tt° îo'.
Parmi les préjuges nombreux qial infestent la
littérature , un des plus pernicieux et des plus
déraisonnables sans douie , est celui qui voudi'ait
respecter les plus faibles ouvrages d'un grand
écrivain , et traite de sacrilège tout auteur qui ,
sans s'arrêter aux noms , a le courage de faire
bien ce qui a été mal fait avant lui. D'après
la manière dont le citoyen Legouvé a été traité
dans les journaux pour avoir donné une Thébaïtie,
il y a lieu de croire que les mêmes critiques
trouveraient très-mauvais que quelque tragique
moderne s avisât de rcisite AgesHas. La Thébaïde
de Racine est son premier pt son plus mauvais
Ouvrage. Son talent ni sort style n'étaient for-
iriés alors , et sans parler des autres défautîs cfe
cène tragédie , lamoui' déplaté de Créoft , celui
d'Hémon , et sur-tout celui d Antigone , au milieu
de taftf de scènes d'horreurs, frappent tout l'ou-
vrage de médiocrité et de réprobation. Ce Sen-
liiWint n'a rien de commun avfc celui qui me
fjit admirer presque toutes les autres productions
dé Racine. Ce sont même ces productions qui
aident à condamner la premieie , cl on ose dire
qu Andiomaquc est l'acte d'accusation de la Thé-
baïde.
Le plan de celle du citoyen LegOuvé est d'ijne
clarté remarquable et d'une simplicité vraiment
aniir^uè. ' L'acliôn , conmne tfn «a le voir , tst
ménagée avec beaucoup d'art.
Ant-fimmitr. — Polynice vi«nt d'arriver avec
M>n armée devant les murs de Tljcbes. Jocalstc
CI Antigone rcnfciniécs dans cette viHc , font
le taire disparaitrc. Une tradition consiani
uniforme lui défendait de dissimuler la haine et
l'ambition de Polynice ; mais il a diminué cette
ahibiiion; , it a affaibli ses torts; il a, d'aiUeuirs ,
jette sur son caractère des leintes si aimables et
loi a donné de si nobles dévcloppemens , qu'il
est parvenu à faire là chose la plus difficile , à
créer un intérêt qui n'exisiaifpotnt.
Tous les autres caractères de sa pièce sont
nuancés avec ce talent et cetie connaissance du
théâtre que personne ne lui dispute. Si on désire
un peu plus de développement dans celui d'An-
tigorie . c'est qu'il l'a peinte si aimable , qu'on
voudrait toujours la voir sur la scène.
Un sujet simole comme celui-là, que l'auteur
a traité sans conRdens, sans épisodes , sans amour ,
avait éminemment besoin du mérite du style ;
aussi le cit. Legouvé n'a rien laissé à désirer à cet
égard. On pourrait citer ia scène entière des deux
frères au 3' acte, une des plus belles qui aient
I été entendues sur le ihéâtre. Mais , comme elle
f St trop étendue . je me bornerai ici au monologue
d'Etéocle . doTti la citation est l'éloge tout fait.
Pourquoi m'of&ir , Jocasle , un frère que j'abhorre?
Depuis que je l'auends , je le hais plus encore !
Je rends grâce au destin; ce cœur avec ennui
Sentirait s'alfablir l'horreur que j'ai pour llû.
OUI , si le reçois , c'est qu*en cette entrevue
Ma haîne jouira d'éclater à sa vue !
Que veut-il? du pouvoir à son tour disposera
Que i'aur,ai de plaisir 1 le lui refuser !
11 croît qu'il fléchira moii altier caractère
Par l'effroi d'une armée , ou les pleurs d'une mère :
Je voudrais qu'à mes pieds ma cour pleurât pour lui,
Et qu'un camp plus nombreux lui prêtât son appui.
Pour qu'il me vit encor sans pitié , sans alarmes ,
Braver plus de dansera, repousser plus de btrmés.
Les Dieux nous orit toujours l'un contre Tautre armés :
.\u milieu des forfaits en même tems formés ,
On sait qu'avant de naître une précoce haîne
Fit du flanc maternel noue première arène.
pour moi , des le* berceau pTonipt à le dc6cr ,
A nos futurs couibats j'aimais à m'essayer.
Il seilitylait que ce Cœur préVît , dès notre e^fsati,
(^'il m'oserait urt jtîur disputer ia puissance,
La puissance ! combien mou ame en a joui 1
Oui peui voir i ses pieds, sans en être eTjlouî,
Des milliers de sujets , prodiguant leurs sçivices ,
Deviner ses désira, adorer ses caprices,
D'uA encens éternel enivrer son orgueil , i
On a trouvé que ces vers charmans n'avaient
pas asèez la couleur du sujet . comme s'il y avait
un sujet, qui fût condamné à n avoir qu'une seule
couleur. If est raaiheurruît de ne pas sentir ce
doux contraste de 1 anrfitié fraternelle d'Aniigone
avec la bâine féroce de ses deux frères. Ces vers
sont très-simples : donc, ils ont trop d'abandon,
a-t-ou dit. On aime si peu ia nature sur notre
ihéâire , qu'on pardonne rrtremeni à un écrivain
de la présenser un. peu ressenablante.
Au total, cet ouvrage, sans être parfait, ne
peut qu'ajouter à la réputation de son auteur. Il
a cet avantage rare qu'il gagne à la let;tiue , et on
sait comme il a réussi au théâtre. Il a été inter-
rompu trop tôt:; et l'auteur de cet article , qui
assistait à la dernière représentation , a été à
portée de juger que ni les spectateurs , ni les
applaudissemens ne lui ont manqué. On a paru,
trouver qne cette tragédie avait été trop louée
dans quelques journaux : cela vient peut-être de
ce qu elle l'aVuit éié trop peu dans quelques-
autres. Au résie . s'il est Un tems oiJ les contem-
porains doivent rendre une justice éclatante aux
écrivains qui les honorent , c est dans celui où
une faction sourde voudrait fairr entendre qu il
n'y a plus ni talent lii goût que dans le reste des
écrivains de la génération passée, et dans les écri-
vains modern.es qui l'adulent. Certes, cesi le lieu
pour tous les autres de faire valoir leurs droits à
l'estime-, et les ouvr-ges du citoyen Legouvé, eà
général . et son Etéocle en particulier , seront ^?ns
doute un de |eurs meill'curï argumcns. A. C.
I — 1— «a— — — .
J^otice d'un tcril récent , ayant pour titre ■; Au
premier consul de la république française , sut
les receUes et les dépenses publiques poxir le
service de l'aii 9. — 3o vendémiaire an 9
(octobre 1800. )
Le but principal de l'auteur est de démontrer
que l'«rdfVei la fidélité senties fondemens essen-
tiels de touie bonne administration , et que les
mesures d'exactitude et de honne foi , en matière
de finances , sont aussi imporiantes que celles
qui tendent à des r-ecouvremcns positifi.
C'est en supposant l'application de ces prin-
cipes à I adtninistr.iiion des finances de France,
que l'auteur examine et discute , 'avec autant de
clarté que de précivon , lés quitte question»
suivante».
PREMIERE Q,lJESTIOBI.
La France a-t-elle dans les revenus qui appar-
lisouent a. l'étal, et dans lu impôis composant
la majeure partie de ces revenus , de quoi faire
face :
1°. Ases dépenses ordinaires-,
2". Au service des intérêis , et à l'amorlisse-
ment graduel de sa deite publique ;
3°. A sa dépende exiraordiaaire en cas de
guerre ?
SECONDE Q^UESTION.
Le sysiême d'impôts qui existe aujourd'hui en
France , peut-il être modifié , de manière à le
rendre plus doux aux contribuables , plus urile
au trésor public , ei plus favorable à la repro-
duction ?
TROISIEME .Q_U
E S T I O N.
Convient-il au gouvernement français de pour-
voir à la liquidation et acquittement de tous
les engageraensde l'état qui restent en souffrance ?
Q_UATB,IEME (QUESTION.
Quel est , pour se mettre à jour , 1« mode de
lîBération le plus louable, le plus sûr dans son
exécution , le plus désintéressant pour les créan-
ciers de l'état , et le plus propre à accélérer le
retour de l'aisance et du crédit ?
L'examen de la première question embrasse le
tableau-des dépenses ordinaires et extraordinaires
de la France . et celui des ressources qu'elle a
pour y faire fdce.
Dans l'examen de la deuxième question , l'au-
teur s'est attaché à rendre sensible et manifeste
la préférence due aux impôts qui se perçoivent
à mesure de consommation , de, commerce et
d'usage ( et qu'on appelle indirects , parce que
c'e»t aux choses et non aux personnes que le
fisc en demande le paiement) , sur 'es imposi-
tions qu'on appelle directes , et qui se perçoi-
vent , soit sur les biens-fonds à raison de leur
produit supposé , soit sur les personnes mêmes
a raison de leur fortune présumée.
L'auteur termine cette partie de sa discussion
par indiquer les difierentes espèces d'impositions
par lesquelles on peut remplacer avec avantage
les dégréveinens considérables qu'il demande
sur les contributions foncière et personnelle. i
La troisième question est traitée sous un rap-
poi;i plus général que les deux précédentes : c'est
là que l'auteur met en évidence , d'une manière
attachante et persuasive , la nécessité de rattacher
à la morale et à la probité' toutes les opérations
d'un bon gouvernement; il fait connaître 1 in-
fluence que doit avoir sur les mœurs d'une na-
tion toute entière, la loyauté des chefs di- l'état;
c'est dans le respect ou le mépris des engagemens
firis au nom de l'état., qu'il trouve le priiicipe de
a bonne ou de la mauvaise foi des gouvernés
entre eux , la cause du travail ou du désceuvre-
ruent, la source de la richesse ou de la misère.
L'auteur résout la quatrième question en con-
seillant une mesure uniforme pour la liquidation
de toutes les dettes de l'étal restées en souf-
france ; son avis est que tout soit incorporé à la
dette publique consolidée ; et il fait , à cette
occasion , ressortir la solidité d'une dette publi-
que , dont le volume est à peine égal au quart
du revenu de l'él. t.
Le tableau démonstratif ou budjet des res-
sources du gouvernement français pour le ser-
vice ordinaire, et extraordinaire de l'an g, est
placé à la suite des discussions des quatre ques-
tions établies par l'auteur.
L'ouvrage est terminé par un état comparatif de
là -position de la France avec la position de l'Angle-
terre; tous les é!émen<i et les détails de cette com-
paraison offrent un grand intérêt et reposent sur
des fans et des vérités incontestables.
A l'aspect de ce tableau des ressources et des
charges de l'une et de l'autre puissance , on est
heureux d'avoir pu douter un instant de l'avan-
tage imrnense que la France, à égalité de sagesse
dans l'administration, doit avoir sur l'Angleterre.
L'auteur a mis dans le rapprochement des deux
états beaucoup de dignité et de noblesse ;il s'est
abstenu de ces vaines déclamations qui, presque
toujours, blessent beaucoup plus la vérité que
les adversaires, qui en sont l'objet; il a rendu
justice à l'industrie de la nation anglaise, à l'ha-
bileté de, sej administrateurs, et sur-tout au res-
pect religieux que son gouvernement portera la
foi publique.
Mais à côté de ce tribut d'hommages rendus à
i56
la bonne conduite, il n'a pas négligé de faire
ressortir b différence à remarquer entre la puis-
sance artificielle de l'Angleterre qui doit presque
tout à la navigation et à son commerce , et la
puissance téelïe de la France , essentiellement
fondée sur l'ét'.ndue et l'excellence de son terri-
toire, sur la contiguïté de toutes ses parties , et
sur son active et nombreuse population.
Cet ouvrage se vend chez Desenne, et chez
BaiUy , libraires.
AH R É D A CTEU R. (l)
Depuis plusieursjours, les journaux répèteiit
avec affectation léloge de la vaccine , parle ci-
toyen Colon , et lui-même , dans un petit ou-
vrage qu il vient de publier sous le titre à Essai sur
finoculation delavaccine , sans aitendie des résul-
tats plus favorables à ce qu'il avance , proclame ,
avec assurance , les avantages de cette nouvelle
méthode . et l'offre à ses concitoyens comme un
préservatif certain de la petite vérole. En aiteri-
dani , comme l'aurait dû faire l'au'.eur , la dé-
cision du comité médical , ainsi que de ceux
qui ont assisté à ses opérations , comme, il serait
dangereux de laisser égarer l'opinion publiqiie
sur cet objet , je vais faire connaître des faits
qui pourront servir à la fixer.
Sur quarante enfaps pris au hasarda la Pitié ,
sans savoir s'ils avaient eu ou non la petite vé-
role , et qui furent vaccinés , dix seulement d'en-
tr'eux qui prirent la vaccine , furent soumis en
ma présence à l'inoculation ; des trois premiers ,
un nommé Blondeau ( inoculé par le citoyen Saf-
made) eut une petite vérole locale bien caracté-
risée , dont le viriis inséré sur un autre enfant,
nommé Lavalette , produisit une éruption vario-
leuse générale , comme le prouve cette lettre que
le citoyen Colon m'a écrite. ( n Au cit. Goëlz ,
médecin inoculateur , rue de Bienfesance , à la
Petite-Pologne , a Paris. — Citoyen , j ai l'honneur
de vous prévenir que , sur un des enfans ino-
culés avec la matière de Blondeatr , la petite
vérole se iroiivant bien caiaciérisée , s'est
manifestée aux piqûres et sur l'habitude ducorps.
J'ai fait transférer ledit enfant à l'hospice de
l'Ouest, où vous pourrez le voir. Nous devons
nous y rendre le!5= jour complémaire à midi pré-
cis où les sept enfans inocules hier se trouveront.
J'ai l'honneur de vous saluer et d'être bien par-
fiitement votre serviteur. Signé, Colon )n. En-
fin pour completter l'épreuve,, le Itère de ce
oeruier fut inoculé par le citoyen Colon lui-
même , avec la matière prise sur ledit Lavalette,
et eut aussi une petite vérole non équivoque,'
D'après cela , on peut juger jusqu'à quel point
on doit compter sur l'inoculation vaccine, et quel
degré de confiance on doit accorder à ses par-
tisans.
Pour moi , je le répète , rien ne pourra m'en-
gager à me servir d'un virus inconnu en France ,
même aux médecins vétérinaires ; et tant que je
ne verrai pas faire les expériences avec le cowpax
pris directement sur le pis des vaclies , et quil
ne me sera pas démontré que cette maladie est le
préservatif assuré de la petite-vérole , je cood-
nuerai d'inoculer avec la matière variolique hu-
maine.
Paris , le S7 vendémiaire , à ma maison d'ino-
culation , rue de Bienfesance , à la Petite-
Pologne.
GoETZ , médecin.
MUSÉE CENTRAL DES ARTS,
En exécution des arrêtés du ministre de l'inté-
rieur,le musée sera fermé le i5 brumaire présent
mois , à quatre heures du soir.
Lei8, les salles qui contiennent les statues,
bas-reliefs et bustes antiques , seront ouvertes au
public.
L'ouverture de ces salles aura lieu les 8 , 9 et
10 de chaque décade aux heures accoutumées.
L'ouvertue du salon , des galeries des tableaux
et des dessins est momentanément suspendue
pour des travaux particuliers , et pour donner aux
artistes le leras d'emporter leurs ouvrages.
La notice explicative des marbres antiques se
débitera dans l'intérieur des salles.
l) CeUe lettre, comme celle du citoyen Vaume, était ante"-
rieure au rapport du comité médical ; son auteur déclare que
:e de ce rapport ne change l'cu aux dispositions
( Note du rédacteur. )
CONSERVATOIRE DE MUS I DUE.
/I V I S.
Les concours aux places de professeurs de
chaut et de piano , qui ont été iiidiqués pour les
12 et i3 bl'um^ire an g, sont remis au ai du
même mois.
Le concours de piano se fera à 9 heures drv
matin , et celui de chant à midi.
Les citoyens sont prévenus que toutes les
demandes particulières, sur tel objet que ce
soit , doivent être adressées directement auK
ministres que ces demandes concernenti
Les adresser aux consuls, c'est en retarder de
plusieurs jours l'examen ; et c'est le faire sans
aucun avantage pour le pétitionnaire, parce qu'il
est impossible aux consuls de s'occuper de ce»
objets.
LIVRESDIVERS.
Baudouin , imprimeur du corps-législatif, dut,
tribunal et de l'Institut national des sciences et de»
arts , demeurant actuellement rue de Grenelle-,
Germain , n° 1 i3i , mettra en vente , du îo au aS
brumaire, un ouvrage du cit. Fourcroy , ayant
pour litre : Système des connaissances chimiques , et
de leurs applications aux phénomènes de la nature et
de l'art , 10 vol. in-S".
Le même ouvrage ,5 vol. in-4''.
COU H S DU CHANGE.
Bourse du 9 brumaire.
Amsterdam banco.
Courant. ....
Hambourg.
Madrid ; . .
-Effectif
Cadix
Effectif.
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
561
190
4 fr. go c.
14 fr.70 c.
4 fr. 90 c-
14 fr. 40 c.
4 fr. 70 c.
5 fr. 12 c.
57i
188
Effets publics.
Rente provisoire.
Tiers consolidé
Bons deux tiers
Bons d'arréragé j-,
Bons pour l'an 8
Syndicat
Coupures
Act. de 3o fr. de la caisse des rentiers.
Matières.
Or fin l'once
Argent le marc. .
Portugaise l'once.
Piastre
Quadruple
Ducat
Guinée
Souverain
s3 fr.
35 fr.
88 c.
I fr.
69 c.
86 tr.
75 c.
92 fr.
55 c.
79 fr-
5o c.
80 fr.
28 fr.
io5 fr
5o fr.
40 c.
q5 fr.
58 c.
5 fr.
3o c.
79 fr.
5o c
II fr.
60 c.
s 6 fr.
34 fr.
60 c.
VEILLÉES AMUSANTES DE LA CITÉ.
Fête et bal , le 10 brumaire an 9, depuis 7 ireures
jusquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfan»
donneront une représentation de l'Orpheline de
village , suivie de la première de 1 Héritage ,
comédie - vaudeville.
Le billet d'entrée est de deux francs , et d'un
franc pour les enfans au-dessus dehmt ans.'
) L'administration reçoit des abonnemens pour
les bals de chaque mois.
ERRATUM.
Dans le n° d'avant-hier , art. .A VIS des commis-
saires liquidateurs des subsistances dans toutes les
divisions militaires , annonçant qu'ils ne recevroiit ,
plus de pièces de la part des comptablesle 3g fri-
maire prochain, au-lieu de la signature Laufrejr
l'aîné et Patinot , /ùez : Lanfrev l'ainé etPATiNOT.
aur trois mois, 5,o frapcs pour six
1 , et
100 francs pour l'annéa entière. On oc
L'aboivnement se fait a Pari», rue des Poitevins, n" 18. Le prix est de a5 fi
s'abonne qa'^u commencement de cliaquc mois.
Ilfauladresserle8lettresetrargent,francde port, aucît.AcASSE, propriétaire de cejoarnal,ruedesPoitevias,«' tS. Ilfautcomprendre dans les envois le port
i Ton ne peut affranchir. Les lettres des départemens nou affranchies
it avoir soin, pour plus de sûreté , rie cliarger celle* qui renferment
Poitevins n" i3, depuis neuf heures du malin jusqu'à cii ^j lieurés du soit.
navs où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens nou affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste. ,.,.,, .. j
■^ [1 faut avoir soin, pou, plus de sûreté , rie charger celle* qu. renferment des valeurs , et adresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille , a» rédacteur , ru. d.
A Payis, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 41,
Primedi * 1 1 brumaire an 9 dé la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M o ^f i T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions taht sur
l'intérieur que sut l'extérieur , fournis par les correspondances ministériellei.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTÉRIEUR.
Paris , le \6 brumaire.
X-t E jury central d'instruction publique du
département de l'Yonne propose pour sujet
du prix d'éloquence : Le 'respect dû au mat-
heur ; et pour sujet du prix de poésie , l'ac-
tion héroïque du brave Aubry , proclaipée par
le préfet du département dans la fête du l"^.
vendémiaire de l'an g , et consignée dans une
lettre du maire d'Accolay , laquelle sera annexée
au programme.
■ Le morceau de prose devra n'occuper qu'une
demi-heure de lecture , et celui de poésie ne
pas excéder cent cinquante vers.
Le prix d'éloquence sera une médaille d'or
de la valeur de cent francs. Le prix de poésie
sera double, et consistera en deux médailles
de même valeur. L'une sera décernée à l'auteur
du poëtne couronné , qui recevra la seconde
des mains du préfet , pour la remeure à l'au-
teur de l'action. Un membre du jury d'instruction,
en cas d'absence de l'auteur du poërae , rem-
plira cette fonction.
Voici la lettre dont il est parlé dans le pro-
gramme :
Le permis de Vcrmenton, où passent les trains
de bois flotté , vient d'être refait à neuf, et est
bien plus dangereux qu'il n'était ci-devant.
Pendant et après la confection , on a fabriqué
plusieurs trains. Décadi la première ouverture
de ce permis , pour y descendre les trains , attira
un grand concours de monde des communes
voisines.
Le citoyen Etienne Aubry , de cette commune ,
•pprend de son fils, âgé de lî à i3 ans , que
le train dont il conduit le bout de derrière ,
doit passer le premier. Ce bon père, d'une famille
nombreuse , prévoyant le danger que pouvait
courir son fils en passant son train dans un pertuis
neuf , se rend sur le lieu . et monte sur le
train avec lui , pour le surveiller.
En effet , à peine le train est-il écoulé à inoi-
tîé , que l'autre mom,é est submergée de quatre
à cinq pieds de profradeur, et violemment tour-
mentée par les flots qui font un saut de cinq
i six pieds de haut.
Le père Aubry voyant le danger qui le mena-
çait, s'arme décourage, prend son enfant d'un
Dras , et de l'autre il s'affermit au train. Mais
la violence des flots , jointe au bûches éparses
et détachées du train , le sépare de son fils. Le
tourbillon les combattait l'un et l'autre. Ils dis-
paraissaient et reparaissaient successivement , aux
yeux d'une quantité de spectateurs très-aiarmés.
Le fils aîné Aubry , miliiaire , privé entièrement
• du bras gauche qu'il a perdu à l'armée , aussi
témoin d'un tableau si affreux , ne pouvait non
plus que les autres , secourir d'abord ni l'un
ni l'autre.
Le danger était trop certain ; mais le hazard
voulut qu il se trouvâl-ià une perche de 12 à
|5 pieds, appcllée, en terme de flottage , chantier.
On la tendit au père qui en saisit a propos le
bout, et il s écria aussitôt :/ene2/e?-me,;« ne lâcherai
pas ; et on le ramena à bord. La première parole
qu'il articula fut de dire : Sauvez mon fils. On
reprit la perche, on la présenta au bis à plu-
sieurs reprises , lorsqu'il reparaissatt ; maisil ne
put la saisir. Son frère aîné voyant qu'il n'y avait
vas moyen de le sauver autrement , s'élance à
fa nage dans les flois , l'atteint en nageant de
«on bras , et lui dit : mon.te sur mon dos ; ce
que fit son frère qu'il amena avec beaucoup de
peine à bord , à la grande satisfaction de tous
les spectateurs qui furent ravis de joie de voir
deux personnes si chères rendues à la vie. Aussi-
tôt que [enfant fut revenu à lui , il demanda
ti son père était sauvé, on lui dit que oui, et
il parut oublier le danger qu'il venait de courir.
—Depuis quatre ans que le nouveau système des
poid» et mesures est consacré par la loi , le gou-
vernemcni n'a pu encore établir que les mesures
de longueur et de solidiié , et dans douze dé-
partemens seulement ; encore comment y sont-
elles établie» ? Le sont-elles dans les habitudes
de la gran'lc ma-se des ciloyeni)? Non , elles ne
le 90: i que chez les lonciionnaires et pour les
actes publics.
Cependant ce 8i»tcme et excellent; s'il est une
iosiitution nouvelle qui ait 'été provoquée par le
vœu général, qui ait été sollicitée depuis long-
tems , qui soit favorable au commerçant, com-
rnode au consommateur, c'est sans contredit
1 uniformité des poids et mesures, qui depuis
plusieurs siècles était demandée par les éiais-
généraux, et leur formation suivant le sysiêjne
décimal qui facilite toutes les opérations du
commerce et tous les calculs de l'économie do-
mestique.-
A quoi donc tient la résistance qu'aujourd'hui
la routine oppose à un changement si uùle et si
désiré ?
Elle tient à plusieurs causes :
1°. Au lieu de donner les valeurs nouvelles
qu'indiquait le système décimal, aux anciennes
dénominations de nos poids et mesures , on a
changé tout-à-la-fois les noms et les valeurs. Or,
l'expérience aurait dû apprendre qu'autant il est
facile pour le peuple d'attacher à des mois an'
ciens l'idée d'une valeur nouvelle , auiant il lui
est difficile de substituer loui-à-ia-foi, un système
nouveau de choses et de mois , à un système de
choses et de mots dont il a l'habitude et dont
aucune force ne peut arrêter brusquement l'usage.
Depuis quelques siècles , mille fois peut-ê're la
valeur réelle de la monnaie a changé , sa déno-
mination demeurant la même; par exemple , une
livre tournois , qui dans l'origine a représenié
une livre d'argent fin , a fini par ne plus repré-
senter qu'une demi livre de mauvais cuivre ; un
écu dit , il y a deux ans, de six francs , vaut un
peu moins aujourd hut , et un écu dit, il y a deux
ans, de cmj/rancj, vaut aujourd'hui un peu plus.
Le peuple sait très-bien tous ces cbangemens , et
règle ses marchés en conséquence. La raison en
est simple ; le mot ou signe étant fixe dsns sa tête ,
il sert à y attacher la nouvelle convention qui en
détermine la valeur, et la mémoire réveillée par
le signe représente cette convention.
Au contraire , lorsqu'on donne à apprendre
une chose nouvelle sous des mots nouveaux ,
on charge l'esprit d'un double travail , on exige
de lui une double étude, on impose à la mé-
moire un double fardeau ; en un mot, on crée
une science, et par là on éloigne le peuple qui
ne demande que des usages mesurés sur ses be-
soins , ePqui n'a ni l'habitude de U contention
d'esprit , ni le loisir de s'appliquer à leiude.
2". Les savans qui ont composé la nomencla-
ture des nouveaux poids et mesure» onf aggravé
les difficultés en prenant leurs dénominations
non-seulement hors de la langue de nos mesures
connues , mais même hors de la langue française ,
et en les empruntant à la langue grecque ; de
sorte qu elles ne rappellent au peuple aucune
idée ; qu'elles ne sont pour lui signe ou mémorial
de rien, et qu'elles- sont pour sa mémoire ce
que serait pour les savans l'assemblage le plus
bizarre de syllabes prises au hasard dans les lan-
gues , telles que abracadabra, etc. Pourquoi oni-ils
adopté les mots myria ei ktlo? c'est qu'ils y trou-
vaient un sens. S'ils n'avaient pas connu ce sens ,
ils auraient rejeté ces mois : donc le peuple , qui
ne connaissait pas le sens des mots, devait les
rejetter , pour être aussi raisonnable que les sa-
vans. Quelques-uns (ce ne sont pas ceux qui ont
travaillé au système métrique) affectent de mé-
priser ce qu'ils appellent la métaphysique , ou
science del'enlendement. Un peu de celle science
leur eût fait remarquer que la mémoire d'une
masse d'hommes incapables d'une longue et forte
contention d'esprit, se refusait à leur nouvelle
nomenclature.
3°. La longueur des mots employés dans la
nouvelle nomenclature a été un autre obstacle à
leur usage dans le peuple. Des kylometres , des
myriameires , des millimètres, des kiloliircs , en
un mot une foule de mois de 4 ou 5 syllabes
ont éié substitués à des mots d une seule , telle
que mille, lieue, ligne , muid; un peu de méta-
physique aurait encore fait remarquer que tous
les mois d'un usage fréquent dans la langue, tels
que ceux qui servent à l'expression des besoins
journaliers , sont d'une syllabe , parce que le
besoin tend toujours à l'épargne du tems , et à
l'abbréviation des signes.
4°. Enfin, les gens du monde que la dissipation
rend à-peu-ptès aussi incapables d'étude que le
peuple , ont mieux aimé jeter du ridicule sur
les mots grecs de noire nouveau système métrique,
que l'apprendre; en conséquence, le négoce s'est
bien gardé de présenter à ses acheleurs des mé-
moires comptés en poids et mesures du nouveau
système , ne voulant pas donner un prétexte de
plus pour reiivoyer leur paiement à l'époque
on le progrès des lumières aurait permis d'en-
tendije leur compte.
Voilà les causes principales qui ont empêché
l'établissement du nouveau système en France ^
tout célébré qu'il était par les savans de toutes
les naiions de l'Europe.
Ces causes vont enfin cesser. Les cit. Laplace,
Berihollet , Dclambre et Guiiion , convoqués par
le ministre de l'intérieur , et consultés ensuite
par la section de l'iniéiieUr du conseil-d'étai ,
viennent de proposer de^ dénominations connues
pour jes nouvelles niesures qu'il s agit de faire
connaître. Ainsi , dans peu nous pourro.rls Voir
le nouveau sysiême entrer en possession' de se»
droits , et faire jouir de, ses avanijges.
( Extrait du Journal de Paris. )
— Les élevés de David donnent aujourd'hui
uii dîner au mjiire de leur maître , le respectable
Vien i, que les artistes reconnaissent et nomment
le restaurateur de l'école française.
— La citoyenne Jacob , portières rue Domi-
nique , fadxbourg Germain , n° 1026 , a mis a't»
monde avanr-hier , apès Un accouchement très-
laborieux , trois filles bien portâmes. Ces trois
filles completteni le nombre de vingt-cinq .nfans
qu'a eus celte femme ; il lui en reste dix : elle
n'est âgée qtie de 3; ans. La lettre qui contient
ces déiails , annonce que celte mère , exemple
d'une si rare fécondité -, a besoin de secours.
— Parmi les discours pronoticés à la fête du
l^' vendémiaire , que nous avons cilés , il n'en
est aucun qui ne renfermât un juste hommage
aux mânes des généraux Kléber et Desaix. Parler
de ces guerriers dans un discours destiné à célé-
brer la fondation de la république et ses triom- '
phes , n'était pas sortir de son sujet; mais dans
quelquesvilles , des orateurs ont prononcé par^
ticuhérement des éloges funèbres en l'honneur'
de ces guerriers. Parmi ceux qui nous sont
parvenus , nous remarquons celui du général
Kléber , prononcé à Gand par le citoyen Couret-
Villeneuve , professeur de grammaire générale
dans le départemesît de 1 Escaut.
Son début est simple*, mais grave et solennel 5
il prépare à la grandeur des événemens qui vont
être retracés , à l'élévation du sentiment que
l'orateur va peindre. L'éloge du héros est précédé
de celui des braves qui , parcourant sa glorieuse
carrière, sont tombés comme lui sous le fer
erinemi , inais plus heureusement que lui , dans
le hasard des batailles : les noms de Joubert, de
Dufalga, deLatour-d'Auvergne , de Dagobert,
de Dugotiimi''er , de Marceau , de Desaix, sont
prononcés pour qqe la patrie compte ses perles ,
et les enfans de la patrie leurs modèles. Après
eux , Kléber esi nommé : il semble marcher eavi»
ronné'de ce glorieux cortège , dans les rarigs
duquel l'égaliié règne sans doute ; car qui pour-
rait vouloir apprécier U valeur du Sang que
chacun de ces hoharaes célèbres a versé potrf-
la patrie?
Cependant, la parité des destinées de Desaix
et de Kléber, ne permet pas à l'orateur de le»'
séparer: leurs cendres doivent être déposées dans
le même monument; l'orateur les réunit dans
l'hommage qu il rend à leur mémoire. Après'
les avoir suivis dans le cours de leurs exploiis'
sur le Rhin , et avoir ennobli le nom des lieux'
qu'il cite , par le souvenir de leurs victoires»
l'grateur s'exprime ainsi c
<< La scène change , et nos deux héros vont ètrêk'
mis en parallèle. Une expédition , dont les motifs
paraissent au-dessus des conceptions humaines ,
se prépare par un génie vaste et profond. Sur
uii appel fait aux braves par le hércs déposi-
taire de nos desiinées , à qui la gloire ne peut
donner un plus beau nom que le sien , Desaix
se rend le premier sous ses drapeaux.
'1 Bientôt la France apprend que ses guerrier»
ont pénétré eh Egypte. Rhamanié cède à l'effort
de nos armes , et les mamelouks surpris sont
forcés de se rendre. L'armée de Mourat-Bey ,
sous les murs de Chebriss et de Sédiman cède
à noire valeur ; même succès par-totlt , et les
déserts jusqu'à présent inhospitaliers , èlonnéi
de se voir habiter , sont forcés d'abriier leurs
nouveaux hôtes. Celle expédition de la Haute-
Egypte , secondée par la valeur de Desaix , lui
mérita par la sagesse de l'exécution m la nlg.'
niere dont elle lut dirigée , une sorte d'ado»
ration que les enneoùs mêmes exprimèrent p/f
j58
îe titre Vénéi'able qu'ils ajoutèrent à son nom ,
celui de Sultan . juste. La conquête de ces vastes
«oiiirées ne suHii pas à sa glone ; il quitte l'O-
rient et s'embarque en venu d'une capitulation
soiennelie ; il va courir des périls nouveaux. Ici
je me replace au point où j ai commencé à
vous enitctenir de ce jeune héros , et K'éber
se représente à ma pensée.
" LEgypie était libre par lui , et les troupes
d 'ifousep-Pacha , grand visir de la Porte , avaient
fui sous l'efFort de ses coups. La victoire lui
vit répandre des larmes, la clémence s'en honora
en les recueillant ; et l'oubli des trames odieuses,
desinl'âmes trahisons, de l'ingratitude, plus infâme
encore, et l'oubli de touies ces horreurs , l'oubli ,
cet effort des giandes arnes , illustra les armées
françaises dans sa personne : le crime seul triom-
phe et des trophées de mort sont la récompense
du vainqueur; et c'est sur celte froide tombe
que nous déposons nos larmes, les expressions
de nos douleurs : elle devient donc pour nous
i autel de l'amitié et de la reconnaissance.
" Un de ces monstres à forme humaine que
le crime soudoie; un de ces monstres, agent
du fanatisme, est signalé par des chefs, infâmes
violateurs de tous l«s droits du pacte social,
pour commettre l'assassinat du général français;
ce monstre traverse rapidement le désert ; il suit
dans la méditation de la scélératesse sa victime
pendant un mois; la distance entre-elle et lui
est le moindre de ses obstacles; il l'atteint ^ la
frappe , et Kléber n'est plus ! n
»> Français, vous avez perdu un grand homme,
et son successeur pleure en lui un ami. Ne
versons point des larmes sur sa tombe, déoo-
sons y au contraite nos espérances : il nous
laisse un grand exemple; tremblez, ennemis
de la patrie. Le marbre et l'airain périront,
mais ta gloire , ô Kléber ! sera éternelle comme
l'empire de la liberté.
»5 Qu'un concert d'acclamatipns s'élève dans
ce moment pour honorer et célébrer la mémoire
des braves, qui dans les champs de la Syrie,
d'Abou-Kir et d Héliopolis ont péri pour la cause
de la liberié : leurs dernières pensées ont été
pour notre bonheur.
)> Et loi , Kléber ! jette un regard de bonté
sur celui qui s'est montré assez téméraire pour
«e charger de répandre quelques fleurs sur ta
tombe , d honorer ta cendre par le récit de tes
aciions. Tu as forcé l'envie au silence , par la
pratique des vertus privées , par le dévouement
le plus pur et le plus héroïque. En osant pro-
noncer ton nom devant une assemblée pleine
de Ion souvenir , je sens mon insuffisance ; mais
J'ai cédé à la vive impulsion qui m'a été donnée
par la douleur générale, par le respect religieux
que je porterai toujours à la vertu , à la valeur,
à la magnanimité, i»
En citant ces passages, nous\e croyons devoir
nous justifier que d'une chose , c'est de les
iniérer un peu tard ; mais l'éloge des grands
hommes est de tous les jours, et leur souvenir
appartient à sous les momens.
— Le citoyen Dubois est arrivé le 2 brumaire
à Bordeaux. Le commissaire-général de police
avait fenvoyéun courierà sa rencoiitre : Vincognito
rigoureux que le conseiller-d'état a gardé , a em-
pêché que l'envoyé ait rencontré le nouveau
préfet.
Le btigantin de la ville avait été préparé pour
le recevoir au passage de la Bastide.
Un détachement de gendarmerie a escorté le
conseiller-d'état jusqu'au palais de. la préfecture.
Ce matin , les conseillers de préfecture , le
commissaire -général de police , les maires et
adjoints des municipalités de Bordeaux , le gé-
néral commandant la division et son état-major,
le commandant de la place et ses adjudans ,
le commandant et les officiers de la Sg' demi-
brigade de ligne , les différens chefs militaires ,
les commissaires ordonnateurs et ordinaires des
guerres . le commissaire principal de la marine ,
et les officiers et administrateurs de cette arme ,
les chefs du génie miluaire , l'ingénieur enchel
des ponts et chaussées , se sont rendus à la
préfecture. Ils ont été présentés au cit. Dubois ,
revêtu de son costume de conseiller-d'éiat. Lt-
citoyen Duclaux, secrétaite-général delà préfec
lure , a adressé au nouveau préfet un discours
ainsi terminé :
<i Le premier choix du gouvernement fut pour
nous un gage précieux de ses intenrions ; nous
lui adressons nos remercîmens , nous lui portons
nos regrets : le gouvernement a voulu les affai-
blir ces regrets , en vous choisissant parmi son
conseil ; c'est une nouvelle faveur dont le dé-
partement s'-honore , et dont il saura êire recon-
naissant. Il
Après avoir réjiondu en peu de mots , le
n.ouveau préfet a conféré sur différens objets
d'administration publique avec les fi^nctionnaires
publics dont il étiiii entouré. Il a témoigné le désir
de connaître la siiuaiion du département sous
le rapport ue ses ressources et de ses besoins.
et de donner suite aux vues éclairées de son pré-
décesseur. (Extrait du bulletin de la Gironde.)
INSTITUT NATIONAL.
Dans la dernière séance publique , le citoyen
Colin-Harleville a donné la notice suivante des
travaux de la classe de la littérature et beaux-arts
pendant le dernier trim.;stre de l'an S.
Il est difficile de parcourir , en peu de minutes ,
l'ouvrage de trois mois ; et celui qui a une paieille
lâche à remplir, court le risque de ne donner au
public qu'une idée bien superficielle de chaque
mémoire , et d'en satisfaire très-peu les auteurs,
Et d'abord j'aurais de la peine à rendre un
compte aussi fidelle d'une noie savante du cit.
Domergue , qu il l'a fait lui-même d'une nouvelle
grammaire , imprimée après une analyse rapide,
mais exacte de cet ouvrage. Il observe judicieu-
sement )i Qjte ces grammaires, qui surchargent
>' noire liliérature , ne sont presque toutes que
>» des copies dangereuses; que la plupart des
>» auteurs de ces grammaires ignorent même le
)> nom de Lahcelot, de Girard, de Dumarsais ,
)> de Condillac : que tous les grammairiens phi-
1) losophes leur sont étrangers , comme ils le
)) sont eux-mêmes à toute idée philosophique.
11 Cependant (ajoute le citoyen Domergue) les
11 journaux publient les éloges magnifiques que
>i chaque grammairien a -faits lui-mê-me de sa
Il grammaire; et l'instituteur, le père de famille ,
11 l'étranger, sont trompés par le désir même
II qu'ils ont d'une meilleure méihode d'instruc-
i> non. 11
La science, l'érudition proprement dite, est
moins sujette à usurper des réputations. Ses con-
jectures supposent de longues recherches , ses
erreurs même instruisent , et ses doutes sont bien
propres à nous rendre modestes.
Après un mûr examen de l'une des plus belles
statues apportées d Italie , déteriée en 1767 auprès
de Frascati , connue long-iems sous le nom de
Sardanapale, et aujourd'hui sous celui de Bacchus
barLu , ou l'ancien , noire collègue Mongez pit-
senie une conjecture nouvelle.
Où l'on vit d'abord une statue de Platon; où
le docte 'Winkelman , qui réfuta cette opinion ,
trompé à son tour par le nom de Sardanapale ,
voulut voir un roi d'Assyrie, celui qui fut tm
prince juste et tempérant ; où M. Visconti crut
retroiiver un Bacchus vieux et barbu , et deviner ,
d'après une main droite , qui n'existe plus , le
geste d'insouciance qui caractérise , à Anchiale ,
la statue de Sardanapale ; en cet ouvrage enfin ,
si diversement jugé , le citoyen Mongez propose
de reconnaître Icmpereur Elogabale ou Helio-
gabale. Tout rend son opinion très-plausible.
L'affectation de cet tmpertiir de s'habiller
comme les princes d Assyrie; les attributs du
dieu Bacchus, qu'il aimait à emprunter; le nom
même de Sardanapale , inscription en effet digne
de lui , et jusqu à la barbe épaisse de celte figure,
qui s'accorde bien avec l'habitude où étaient les
artistes , de peindre avec de longues barbes les
successeurs des Antonins , qui imitaient en cela les
philosophes.
Au reste, (et c'est une réflexion du cit. Mongez
lui-même) <iSi la conjecture paraît moins vraisem-
11 blable que d'autres , elle aura le sort de l'opi-
)i nion de Winkelman , et il trouvera dans cette
)» conformité un motif de consolation. 1»
La classe de littérature ei beaux arts peut natu-
rellemefit faire succéder l'examen d'une pro-
duction nouvelle des ans, à un point d'anti-
tiquité.
Le C. Camus , au nom d'une commission ,
a fait un rapport sur les nouveaux procédés du
cit. Heihan , relativement à la stéréotypie.
On connaît le mérite et rulili:é de cette in-
ventiori moderne, qui tire son nom. des carac-
tères fixes dont est composée chaque page des
plaaches qui servent à l'impression , découverte
qui fait tant d'honneur au cil. Didot. Le travail
du cit. Herhan est bien propre à la perfectionner.
Pour en donner une idée , je ne sais pas assez
bien m'exprimer dans celle langue , et j'aime
mieux laisser parler le rapporteur lui-même,
chargé d'examiner ce mécanisme nouveau!
<« Le cit. Herhan (dit notre collègue Camus)
II découpe des tables de cuivre choisi, en bandes
11 égales à la largeur des parallépydes qui for-
II ment les types de l'imprimerie ; il les réunit
II et les élire , au moyen d'une filière , de ma-
iiniere qu'ils sont parfaitement dressés sur toutes
11 leurs faces. On les coupe de 2ongueur,on les jus-
11 lifie : apiès quoi , on les emboîte dans une
II machine qui les porte perpendiculai:ement
11 sous un poinçon d'acier , ponant une lettre
II de l'alphabet. Le poinçon descend au moyen
11 de quelques coups de marteau ; mais un
'1 tampon , dont il est garni , l'empêche de se
Il porter au-delà d'un certain terme ; d'où il ré-
11 suite que le caractère creux est enfoncé à une
II profondeur parfaiiement égale, dans chacun
II des parallépyde» qui sont présentés à son
II action.
. I) Les types creux sont mis ep casse , distti-
II hués comme le seraient des types saillans.
11 On compose la planche; elle se tiouve dans
" le sens direct pour la lecture, de gauche à
Il à droite; on corrige, tu remplaçant le type
II défectueux par un autre. La pbnche creuse
II ou matrice est cllchee à l'ordinaire ; après
11 celle opération , on désassemble , et les types
" servent à former d'autres planches sembla-
II blcs. Il
Ce procédé , décrit avec tant de précisioa
et <^e clarté par notre collég;ue Camus, pro-
cédé qui épargne plus d'une opération, permet
le choix du méial , facilite la correction et ne
laisse point oisifs les caractères, paraît aussi
ingénieux qu'utile , sur-tout quand l'auieur aura
remédié à quelques inconvéniens qu'on y a
temartiués ; il fait faire, un grand pas à la sté-
réotypie, et suppose de longues recherches ,
des essais multipliés. Il .est déjà reçu en divers
lieux de /Eurppe. Londres en lait usage. Pcui-on
douter de lîoae empressement à acctieillir les
productions de nos artistes, quand les étrangers
les honorent et les adoptent.
On ne supposera pas que le vain désir de
délasser l'attention de nos auditeurs, et d'aller,
comme le dit Boileau.
Du grave au doux , du plaisant au scvere ,
soit le seul motifs qui nous engage à passer
de 1 analyse de mémoires savans et sévères , à
l'examen du Panoiama. Où- plus d'un curieux
n'a vu (ju'une iinitaiion charmante de Paris ,
de Toulon , un spectacle enfin , le cit. Dufourny ,
au nom d'une commission , dont j'analyse le
rapport , a reconnu un procédé savant , l'art
profond de la perspective , celui de fondre ha-.
bilcmenl les couleurs , de ménager les jours ,
enfin de tromper par un aitifice aimable les yeux
les plus exercés. .
C'est ici sur-tout que nous regrettons de ne
pouvoir , par une analyse détaillée, mettre ceux
qui nous écoulent à potiée d'apprécier le mérite
de l'invention de M Robe' t Parker, d'Edimbourg,
premier inventeur du Panorama ,■ ( ainsi nommé
de deux mots grecs n«» et o^ir^x, vue de la
totalité ) invention introduite en France par
l'américain Fulion , et perfectionnée par son
compatriote James , à l'aide des ariisles français
Fontaine, Piévôi et Bourgeois. ' ;
Mais nous devons saisir une idée lumineuse
qu'un examen approfondi a fait naître au rap-
porteur ; c'est qu'on entrevoit dans cette heu-
reuse exécution la possibrliié de tirer un grand
parti de cette découverte., pour ajouter encore
à l'illusion , à cet effet magique , ciiii donne tam
de prix à la peinture. Le secret serait dJsolci
le tableau , qui dès-lors , n'offrant plus à 1 ceil nul
terme de comparaison, trpmperait le specta-
teur , au point de le faire hésiter entre la nature
et iai't. Et même , en sitpposant que cel isole-
ment abso lu fût impossibla*, toujours est-il cons-
tant que 1 inventeur du Panoranïa , et ceux qui
l'ont si bien secondé , ont avancé dans l'art
d'éclairer les tableaux , de diriger les rayons de
la lumière ; procédé qui pourrait s'employer uti-
lement à éclairer les Musées et foutes les Galeries
destinées à renfermer les productions des ans.
Maintenant , pour suivre , même de loin , h;
citoyen Leblond , dans ses Recherches sur Ephese,
il faudrait presque être tour à tour géographe ,
architecte , historien antiquaire , et sut - tout
moraliste , car il semble être tout cela.
D'abord il nous montre le berceau de l'anlique
Ephese, sortie pour ainsi dire du sein des mers ;
aidé de notre collègue Buache , il en trace le
dessin , et rétablit dans leur juste place la ville
ancienne et la nouvelle.
Il n'a pas oublié ce temple si célèbre , mis ait
rang des sept merveilles du monde , que. la fable ,
(bien avant celle de Loretie ) fil descendre di»
ciel . avec la statue de Diane ; que d'autres aliri-
buenl à ces héro'înes imaginaires , connues sous
le nom d'Amazênes , et qu une tradition , malheu-
reusement plus fidelle , atteste avoir éié consumé
par ce fou , cet ambitieux , figure de laat
dErostrales modernes.
■ Le citoyen Leblond sort avec plaisir de cette
nuit fabuleuse, pour entrer dans les jours de
l'histoire. Il nous montre un jeune conquérant,
un héros invincible , con sacrant ses victoires
par des travaux plus paisibles et sublimes, et de
la même main dont il fondait des villes , réta-
blissant Ephese , ainsi que tant d'autres cités ,
dans ses droits primitifs.
Il discute sur-tout avec sagacité un point long--
tems débattu parmi les savans , l'origine et la date
des monnaies d'argent , appelées cistophores.
Après avoir réfuté diverses opinions , le ciioyea
Leblond leur assigne leur véritable .cause , leur
époque précise. Entre ces cistophores , frappées
en six villes de l'Asie mineure , il distingue celles
d Ephese , parles letites numéraires qui se lisent
dans le chornp , et qui sont des dates d années,
Il prouve que celles-ci étaient frappées à chaque
entrée d'un proconsul romain dans l'Asie , par
Ephese , droit précieux, auquel les éphésiens
i58
mirent un si' haut prix , tant les grecs éiaient
passionnés pour toute espèce de gloire. Ce
seniimeni, plus facile à admirer qu'à expliquer ,
était pour eux le prennier besoin , et fii de la Giece
"le premier peuple de la terre.
Mais à la tèle de ces titres d honneurque réclame
Ephese , notre collègue Leblond raei avec raison
celui d'avoir donné le jour à une foule d'hommes
célèbres. I! commence cette belle liste par Appelles,
que Ces lui dispute en vain. Mais nous parlons
d Epbese , et elle n'existe plus! elle a disparu
de dessus la (erre avec A'henes , Rhodes , et la
Grèce entière. Qjie dis-je ? Appelles presque seul
survit à sa patrie-, que clis-je , il ne nous reste
d'Appclles que le nom.
• Pour effacer l'iraprcssionraélancolique que celle
létlexion laisse dans lame , la poésie nous offre
"Ses douces hciions. Une scène de comédie du
citoyen Andrieux viendrait ici bien à propcis. Ce
n'est qu'une scène , étendue il est vrai , expo-
sant dans un beau jour le contraste si frappant
'de la soil de I or , avec l'amour de la raédio-
ciilé, et piorattiant avec le comique étourdi un
but moral plus prononcé encore , si des occu-
palions plus sérieuses permettaient à l'auteur de
i'achcver. Cette scène , qui a été entendue avec
iniétêt dans nos assemblées pariiculierés , dex'ait
être lue en cette séance ; mais le cit. Andrieux
a jugé lui-même qu'une scène détachée de l'ou-
vrage pioduirait moins d'effet , et ferait perdre ,
en quelque sorte , sa fleur à cette comédie.
Je ne puis même en dédommager le public ,
en disant ce que j'en sais, ce que j'en pense;
si l'on doit sinterdire la satisfaction de louer
ses collègues , à plus forte raison ses plui chers
amis.
Tels sont les principaux travaux qui ont rem-
pli nos séances pendant le dernier trimestre ; je
dis les séances , car il s'en faut bien que ce
soient là toutes les occupations de la classe. C'est
souvent dans le cabinet , dans l'attelier que ses
membres travaillent le plus. C'est ailleurs qu'on
peut juger les études , les talens de nos artistes ,
dont aimons pouitant à nous honorer. Nous ré-
clamons aussi le droit d'annoncer , quoiqu'ils
soient imptimés , les ouvrages publiés par nos
collègues pendant ce taéiae trimestre , ou-
vrages préparés souvent dans le sein de no*- as-
semblées.
L'un des plus. inléressans est la nouvelle édi-
tion du Commentaire grec de Simplicius , sur le
Manuel d Epictete , par Schweighoeuser , asspcié ;
morceau précieux par la pureté , la vérité du. texte,
et par des notes savantes , dignes , en tin mot ,
des ouvrages de l'éditeur.
Une note détaillée de riotre collègue Langlès ,
contenant les ouvrages élémentaires, manuscrits,
sur la langue chinoise , que possède la biblio-
thèque nationale , rassure les savans sur l'exis-
tence et l'ordre dans lequel ont éié conservés
5o raille caracieres chinois , typographie unique
en Europe.
A ces richesses que le citoyen Langlès, en
gardien fidèle , conserve religieusement et vante
avec amour,' il ajoute la ressource des carac-
tères lanareS manchoux , qui peuvent conduire
à l'intelligence de la langue chinoise , et même
y suppléer.
Nous ne disons rien de deux copies figurées
des inscripiions du bloc de marbre trouvé à
Alexandrie, l une faite par le cit. Conti , et l'autre
par le cit. Marcel , présentée par le général Dugua;
le cit. Ameilhon devant en rendre compte dans
cette séance.
Nous ne ferons non plus qu'annoncer un rap-
port fait par le cit. Chaptal, au nom d'une
commission , sur le nettoiement des statues de
marbre , objet bien intéressant pour les artistes
et pour les amis des ans.
Enfin , et il est doux de se reposer sur un
pareil ouvrage , notre collègue Bltaubé vient
de mettre au jour la traduction française d'un
poëme allemand , en neuf chants , intitulé :
Htrmann et Dorothée , nouveau même en Alle-
magne , et dont l'auteur, est le célèbre Goethe.
• Cette production littéraire du sol presque vierge
encore de la Germanie , est digne de la langue
<le Gessner , digne de son auteur , de celui
•qni nous a attendris si délicieusement sur les pei-
nes de Werther , et qui partage la scène avec
Jes Schiller, les Klopstock , les Kotsebue.
■ G «st une-peinture nu'ive et fidelle de là vie do-
meitique , des epanchemens d'une famille , de
1.1 confiance d'un voisinage ; enfin des événetricns
les plus simples et non moins touchans, sur-iout
d'un premier amour oii Ion croit voir les mœurs
de lâge d'or , le» longvies arpours de Jacob et
<lc Rachel , enfin la riatuie même.
La traduction est simple , fraîche , pure ; le
Km en eut parlailemeut d'accord avec le sujet si
doux , si naturel. On y reconnaît le traducteur
d I lomcre et l'écrivain modeste envers qui Goethe
peut aisément s'acquitter , en traduisant à son
lour , dans sa langue , l'ouvrage qui approche
le plus de la Mod d Abel , i« poëme touchant
dejoiepb.
THEATRE PEVDEAtJ.
Vhomme à grands senlimerm o\i' le moratiseur : tel
est le tiire d'un ouvrage en cinq actes et en
vers , joué avec succès par les sociétaires de
l'Odéon , réunis au théâtre Fcydcaii. Voici quel
en est le sujet.
Lisimon , après avoir fait au Bengale une for-
tune considérable , revient en France dans l'in-
tention de disposer de ses biens en faveur de
Ses neveux, mais décidé à reconnaître avant tout
s'ils sont également dignes de ses bienfaits. L'un
d'eux, Valsain , .affecte les grands ientimens,
garde dans ses dém-arches la plus scrupuleuse
décence , et dans ses discours la plus rigou-
reuse moralité. Le Tartuffe de Molière est un
hypocrile de religion , Valsain est un hypo-
criie de mœurs. L'un affecte la cliariié , 1 autre
la bienle'ance ; comme Tartuffe , sous le man-
teau de l.r religion , Valsain , sous le voile de
l'amiiié ,-veut séduire la femme de son protec-
teur et de son •ami.
L'auire neveu, de Lisimon se noni^e Flor-
villê. C'est un de ces jeunes gens , déjà si sou-
vent dépeints au théâtre, «jui à la plus mauvaise
tête joignent un cœur excellent , qui livrés aux,
égaremens d'une jeunesse impétueuse , dissip-
pent et perdent tout ce qu'ils possèdent , tout ,
hors les senlirnens d'honneur , et les affections
généreuses qu'une bonne éducation ajoute à un
, bon naturel.
I Pour éprouver ses neveux , Lisimon se pré-
sente successivement chez eux sous dis habits
différens ; et d'abord chez Florville , sous le
I costume d'un usurier. Florville veut de l'argent,
I mais il n'a plus de gages à donner. Sa maison
I est vendue ; son mobilier a disparu ; il ne reste
. sur les murs que de vieux poctraiis de famille
dont Florville n'a jamais vu ni connu les origi-
naux. Le faux juif propose d'acheter cette ga-
lerie, la destinant , dit-il , irès-plaisammeni à un
parvenu qui désire une collection d'ayeux dis-
tingués dans la magisiiaiure et le militaire. Flor-
ville vend les siens pour 10,000 francs-, mais en
les livrant , il en met un à l'écart -, Lisimon fixe
le tableau , il reconnaît son portrait, et apprend
que celle exception est un tiibut payé par Flor-
ville à la reconnaissance. Lisimon met bientôt
son neveu à une rude épreuve : il donne du
portrait un prix fou , et ne reçoit qu'un refus -,
il menace inutilement de rompre le maiché.
Florville est inébranlable , et son oncle wjrt en-
^ chanté.
I Sous le nom d'un parent et sous la livrée de
; la misère , Lisimon se rend chez Valsain et ré-
clame .des secours. Beaucoup de politesses , des
j phrases mielleuses, des promesses de service î
■■ st jamais l'occasion se piésenlf^ : voilà ce qu'il re-
• çoit de son neveu ; il son courroucé en dési-
I gnant clairement celui des deux jeunes gens qui
doit compter sur ses bienfaits.
j Telle est 1 action principale. L'action secon-
! daire est I intrigue que noue Valsain pour séduire
^ la femme de son ami.
I Sous le prétexte d'entrelieps littéraires et de
, lectures instructives , Valsain a trouvé le moyen
! de faire consentir madame Gercourt à passer
j dans sa bibliothèque ; elle est à peine ariivée
que Valsain change de discours et fait succéder ,
au ton du philosophe et du sage , celui de l'amant
passionné et de séducteur audacieux ; une situa-
' lion forte , dramatique et comique à-la-fois suit
celte scène.
L'époux se fait entendre; madame Gercourt
est obligée de se cacher derrière un paraveni ,
I et Valsain d'avouer qu'il a reçu chez lui tâne
jeune ouvrière dont les parens ont besoin de ses
j secours. Gercourt lui annonce des soupçons sur
la fidélité de sa femme ; Valsain cherche à les
détourner de lui en les fesant tourner sur son
! frère. Florville paraît , et se justifie avec l'accent
de la franchise. Gercourt répond à cetle justifi-
cation par un badinage ; il veut que Florville
connaisse l'ouvrière cachée.. .. Florville court au
paravent, apperçoit madame Gercourt. et la
dérobe avec adresse aux regards de son mari.
Bientôt il entraîne ce dernier loin de l'apparte-
ment de son frère , ménageant à-la-lbis un époux
que Valsain trahissait, Thonneur d'une femme
imprudente , et celui même d'un frère qui ve
naît de le desservir.
Malheureusement , à cette scène dont la silua-
tion est neuve , l'instruction très-forte et l'effet
théâtral, succède un cin(juieme acte Iroid, où
l'aveu de madame Gercourt à son mari pouvait
être amené dune manière plus adioiie , et sur-
tout moins larmoyante. En effet, otî l'on ne doit
entendre que l'aveu sincère et le langage franc
d'une femme sûre de sa venu , on n'aime point
à trouver les gèmissemens du remoT-ds et les lar-
mes du repentir. Cetle scène appariicni au genre
du drame : ce n'est pas à ce ton que devait se
livrer l'auteur d'une comédie , qui, dans les 2"
3' et 4' actes , remplit si bien son titre. La
reconnaissance de l'oucU est aussi fa.iblerncnl
^mcnèc.
Le vers qui termine ainsi l'ouvrage : on petit
£tre un moralisetir sans être un raoraltirte ,
n'offre pas une expression parfaitement juste
Sans doute , l'auteur desirait dire qu'on peu
être moraliseur sans avoir de la moralité ; mai»,
il ne le dit pas; car on peut être moraliseur ,
oapeut même être moraliste sans être un homme
moral.
On voit que le sujet de cette pie.ce est au fond
celui de l Habitant de la Guadeloupe , et que la
plupart do.s situaiions , celle de la vente des ta-
bleaux , celle de la femme obligée de se cacher ,
se trouvent dans quelques ouvrages modernes ,
ceux paniculiérenient des citoyens Mercier et
Duval. Il parait que ces derniers dans quelque»
parties , et fauteur nouveau dans l'ensemble de
son ouvrage , ont piis pour modèle la pic-ce an-
glaise , iiiiuulée CFcole du scandale , de M. Shé-
ridan. Malgré le délaut d'unité , malgré 1 embar-
ras de (iucl()ues scènes, 1 invraisemblance de
ijuelijues moyens , il ne fsudrait peut-être quô
quelques cou eulions habiles , et sur-tout un cin-
(juierne acte plus plein, pour placer le Morali-
seur paimi les ouvr..ges <jue Ion distingue le
jilus au théâtre. Déjà quelques changcmens l'ont
l.îii . réusiir complètement à la seconde repré-
seniaiion.
Indép; ndamment du niériie de situation , oa
doit remarquer celui du style à-la-fois naturel ,
coulant , coriect el comique. Le lôle de Valsain
est ce iju'il devait être : la période y est étendue ,
mesurée; les èpiihctes y .sont nombicuscs, les
piécautions fréquentes. On tec0;naîl à ce lan-
gage l'homme qui tics-peu pénétré de ce qu'il
dit , a besoin de préparer, ce qu'il va dire.
Florville a un tout au're ton. Son sty'e est bref,
sa phrase concise , le lour en est piquant , la
saillie y domine , quand la mauvaise têle du per-
sonnage l'entraîne et le fait agir : quand c'csc
son cœur qui le fait parler , son vers est toujours
concis, mais il. est nerveux , fort de pensée et
juste d expression. Le lôle de Lisimon a un
mélange de finesse et de bonhommie qui est
d'un effet piquant.
La pièce est jouée d'une manière t.rès-satis-
fesanie. Dorsan rend avec beaucoup d'art le
tôle difEcile de Vahain \ Barbier dans le rôle de
Florville, mérite d autant plus d'élo;.;es , qu'il est
moins accoutumé à en recevoir. Gaîié franche ,
débit juste , intelligence exacte du lôle , voilà
ce qu on a justement applaudi en lui. 11 doit
veiller cependant sur son geste qui est toujours
un peu "gauche , sut son atiltucîe encore trop
roide ; mais ce sont là des obstacles qu'une
longue habitude et un travail infatigable peu-
vent à peine surmonter. L'art peut ajouter aux
grâces , mais la nature seule les donne.
S . . . .
AU REDACTEUR.
Sur l'embaumement des grands hommes en France <
à l'imitation des égyptiens.
Je sors, ci:oyen , de la bibliothèque naiio-.
nali , et parmi les antiiiuités rares apportée^
dEgypte, j'ai sur - tout remarqué la momio
qu'on voit à gauche en entrant dans la salle des
médailles. J'ai long-tems fixé les yeux sur cettet
figure rembrunie , et dont l'existence .remont®
peut-être à plus de trois mille ans. Cette, tête,
sans doute , me suis-jedit, a apparteuti à riuel-
que roi , à quelque conquérant , et. ses liails
en sont conservés à la posiéiiié la plus reculée..
Que les égyptiens éiaient grands lorsquils con,-'
çuit-nt ain.si la sublime id.e.e de traiismeitre aux
siècles à venir l'image pour ainsi dire toujours
vivante de leurs héros! Ce:peuple philosopha
avait voulu en quelque sorte créer riuuri.qrialiié
des corps , ou du moins retracer l'effet des
lois de la nature qui \-eulent que tout soit détruit.
En effet , les fameuses pyramides et les autre»
raonumens publics^, restes de la grandeur des.
Piolomée et' des Sesostiis , peuvent bien attcsitr
, la gloire et la puissance des rois et des peuples
I de l'ancienne Egypte ; mais ce qui justifie le
j plus à mes yeux leur antique renommée , c'est
, la magnificence de leurs tombeaux , et leurS'
' soins religieux pour les morts. Cet acte seul de
I politique annonce une giundeur réelle dans les
idées de, leur .gouvernement. Cei..x qui savent
jassiz apprécier le, talent et le génie d'un grand
I homme pour dîsiier de le rendre en quelque
! sorte immortel , ne sont pas éloignes de dcivenir
des grands hommes eux-mêmts. '
' De tant de héros qui ont illustré le monde .
il ne reste plus que quelques cendres épatses çà
et là dans leurs tombeaux. Il est vrai que les
Appelles et les Phidias moilerncs peuvent bieri
transmettre leurs traiis à la postérité; mais ra
toile et le marbre n'ont qu'une éloquence froide
et inanimée ; on n'éprouve jamais en voyant
leurs productions le liessaillemcnt de joie et
d'admiiatioii dont on est s.iisi en présence d'un
héros bienl'ailcur de lliumanité. En vnyant au-
jouidbui à la ■ bibliothèque nationale laimuic
de Inaiiç.iis 1", je tn.e suis bien rappelé qu il
fut le icaïaurateui en Fiance dai leities et des
i6o
beaux-ails ; mais combien n'autais-je pas élé plus
^mu , si sous ce casque, sous ce bouclier , sous
celte cuirasse j'avais pu voir encore débout ce
même roi prisonnier de Charles V à Pavie ? ? ?
Ah,.' que j'aurais admiré sur-tout cette main
écrivant , après sa défaite : tout est perdu .madame,
fors l'honneur.
Pourquoi donc aujourd'hui que sous le nou-
veau gouvernement , encouragement et protec-
îion sont donnés aux aMs et au génie , ri'adop-
terail-on pas, en la perfectionnant encore, la
pratique si ancienne en Egypte d'embaumer nos
grands hommes après leur mort? Si nous vou-
lons devenir grands , et servir de modèle aux
aux autres peuples , commençons dès aujour-
d hui à former la galerie des héros qui se sOnt
immortalisés par leurs travaux ou leurs bien-
faits. Là, l'homme de lettres , le philosophe et le
guerrier viendraient pour ainsi dire étudier la
physionomie du savant et du héros qu'ils veu-
lent pre,ndre pour modelé. Peut-on douter de
l'effet que produirait sur un jeune homme en-
flammé du noble désir de la gloire ou de l'amour
des sciences,la figure naturelle et vraie d'un Desaix
ou d'un Buffon , d'un Latour - d'Auvergne ou
d'un Rousseau.
Cette idée que j'émets à la hâte ne peut être
perdue pour t(n gouvernement qui a déjà tant lait
pour la gloire et la prospérité nationale. En consé-
quence je désirerais que l'on nommât un conser-
vatoire d'embeaumement pour les héros et les
?ages que la ,mort enlèverait à leur siècle.
Le temple de Mars pourrait servir de galerie,
pour les illustres guerriers que le gouvernement
jugerait dignes de cet honneur.
Cette galerie ne serait ouverte au public que
le i'' vendémiaire , époque de la translation et
de linauguration du héros qui serait mort dans
l'année. Cependant tant que la guerre serait dé-
clarée avec l'étranger, on exposerait aux regards
des enfans de la patrie , et de tous les citoyens
français , la galerie des héros.
Le Panthéon français serait la demeure des
sages et des philosophes qui auraient illustré leur
»iecie par leurs écrits. Le gouvernement jugerait
ceux qui , après leur mort , seraient dignes de cet
honneur. Le !"■ germinal serait l'époque de leur
translation et de leur inauguration au Panthéon.
Tous les jours les jeunes gens seraient admis à
les visiter.
• Le conservatoire d'embeaumement pourrait se
servir de la méthode de Ruich, pour conserver
au naturel les traits et la figure des grands hom-
mes qfi'il embeaumerait , et ce serait à ses soins
et à ses travaux que la Fraoce républicaine de-
vrait un de ses plus beaux monumens, et 1 un
de ses plus précieux trésors en histoire naturelle.
Robert , le jeune , de Sainte-Tulle .
étudiant en médecine.
Le voyageur, ami des arts, qui, dans \e Journal
«i« Paru , a parlé en homme parfaitement éclairé
des difFérens ateliers du faubourg Antoine , a
rendu notamment justice à la qualité des rasoirs
du cit. le Petit-Walle, enclos des Quinze-Vingts;
H aurait pu ajouter encore quelques déijils sur le
goût et le talent de cet artiste dans la composition
de ses nécessaires. 11 est impossible d'imaginer
comment, dans un très-petit volume , l'artiste a
fait entrer une quantité étonnante d'objets d'utilité
et d'agrément, que le choix des matières, rend
de toute solidité. Tout se trouve placé si ariiste-
ment et avec un tel ordre , que sans soin , sans
embarras , le possesseur trouve sous la main , et
pour ainsi dire à lâions , tout ce qui lui est utile.
L'étui , en bois les plus rares et les mieux choisis,
qui renferme tous ces petits meubles , exécutés
dans la perfection , est aussi de la forme la plus
agréable. Ceux du moindre prix , comme ceux
lès plus garnis sont tous du fini le plus précieux.
Celle lettre , en même-tems qu'elle est une
justice, est encore un encouragement que je saisis
l'occasion de rendre à cet artiste laborieux.
Salut et fraternité ,
Signé, Lesrun.
Le 7 brumaire an g.
Citoyen, c'est pat erreur que, dans votre feuille
du 6 de ce mois , vous m'annoncez comme auteur
du Coup-d'ail politique de l'Europe.'Le seul ouvrage
pohlique , imprimé sous mon nova , a\ la Tribune
publique ou Journal des élections , pour leqiiel
j'ai été prosctu en fructidorde l'an 5.
Veuillez insérer ma réclamation.
Salut et fraternité ,
Votre concitoyen, Gabriel Leblanc.
LIVRES DIVERS.
L'Ami de la Js'alure ou choix d'observations
sur divers objets de la nature et de l'art ; par
G. Toscan , biblioihécaire du Muséum d'histoire
naturelle, et traducteur des voyages de Spallanzani
(i) , un vol. in-S" avec deux gravures.
A Paris, chez l'auteur, rue de Seine , d° 12 ,
près le Jardin des Plantes ; chez Merlin , libraire ,
quai des Augustins, et chez les principaux librai-
res ; prix 3 fr. et 4 fr. franc de port.
L'épigraphe indique le but de l'ouvrage -.Pour
moi qui dans l'étude de la nature , n'ai d'autre
objet que dy trouver plus 4e motifs de l'aimer , ,c est
à la Jaire aimer que je veux destiner mes recherches.
Pour y réussir, il fallait la laisser aimable, et
ne point effacer par de lrO,p scientifiques des-
criptions ses biilhntes couleurs. L'auteur a su
éviter ce défaut. Les trois régnes de la nature
paraissent tour-à-lour dans son livre , non sous
les images de la destruction et de la mort ,
mais suus les formes du mouvement et de la
vie. Se promene-i-il dans les champs de la bota-
nique , c'est Flore qu il peint , toujours fraîche ,
toujours jeune , toujours riante ; et en touchant
à ses bouquets, il se garde de les fanner. Il
n'oublie jamais I homme dans ses tableaux. Qu'on
lise ses DuÉi générales et ses essais de botanique
morale , et l'on sentira l'attrait qui suit celte
science, quand on l'envisage dans ses rapports
avec nos affections instinctives . quand on re-
cherche ce qu'elle doit aux leçons de la nature ,
ei jusiju'à quel point elle peut se lier à la morale ,
à I éducation publique et à l'amour de la Patrie.
Dans son ariicle sur \s Sommeil, des plantes , avant
d'en venir à l'exposition de ce singulier phéno-
mène, il rassemble les divers rapports et les j
qualités semblables qui rapprochent les anima^ix
et les végétaux. Son histoire naturelle ei écono-
mique de l'arbrisseau qui porte la cire . offre une
parure de plus pour les campagnes , et une
nouvelle richesse pour la pattie.
Mais si l'on veut connaître |le vrai caractère du '
talent de l'écrivain , on le verra dans \tfragment
trouvé dans la bibliothèque du Muséum dhistoire
naturelle. C'est une scène pleine de grâce , et
sur laquelle une aimable et douce mélancolie
répand un charme inexprimable. Les préceptes y
succèdent aux images , sans détruire ni affaiblir
l'iniéiêi. Les artistes, amis de la nature, y trou-
veront plus d'un sujet de tableau.
, Après avoir parcouru quelques scènes du règne
végétal , l'auteur passe aux animiiux. On remar-
que d'abord l'histoire du lion de la ménagerie et
de son chien. C e<t la peinture fidellc de l'en-
fance , des jeux, de l'iiilortune et de 1 attache-
ment mutuel de ce fier animal et du chien , son
compagnon de captivité. Qiielque peu important
que puisse paraître ce sujet à la plupart des
hommes, il ne tiendrait qu'à eux d en tirer plus
d'une leçon.
Ce morceau est suivi de Nouvelles découvertes
sur les abeilles, ce peuple industrieux à qui un
aveugle , par des expériences multipliées , vient
d'arracher le secret jusqu'alors inconnu de leur
réproduction. Ces détails amènent des réjexions
judicieuses sur l'instinct des animaux..
Nous ne nous arrêterons pas au projet que
propose le citoyen Toscan d'un Calendrier de la
nature, à la notice sur la vie de Linné, à celle
où il rétablit l histoire dUlisse Aldrovande, si
défigurée par les biographes. Ces deux notices
qui méritent d'être lues , sont précédées d'une
lettre où l'auteur itàhe àvi pouvoir de lamusique sur
les animaux. Elle roule principalemeitt sur le
concert donné aux deux éléphans de la ména-
gerie par les meilleurs musiciens de la capitale.
« N'en déplaise au savant Haller , et à tous
les phisiologisies qui ont travaillé comme lui ,
je crois, dit l'auteur, qu'il est plus raisonnable
et surtout plus humain, d'étudier les ressorts et les
fonctions de ia vie dans la vie même , que de
les aller chercher dans la mort ou dans les con-
vulsions d'un animal expirant.
s> Qjioiqu'il en soit-, je rends grâces aux artistes
qui , armes , non de scapels et d'insrumens de
torture , mais de hautbois , de flûtes et de vio-
lons , font venus exercer le charme de leur
art sur deux êtres doués de seniimens , délier
leurs facultés naturelles que l'esclavage tient en-
chaînées , réveiller dans leur esprit forestier
l'instinct de leur première patrie , et les conduire
{1 Cec ouvrage en six volumes in-8° avec figures se trouve
chez le ttaducteur.
enfin par les accetis de la joie et de la tendresàé
jusqu'aux illusions' de l'amour; jouissance trom-
peuse à la vérité , mais qui du moins a laissé
entrevoir la manière dont ces animaux remplis-
sent les fonctions auxquelles la nature les ap-
pelle pour la multiplication de leur espèce. )»
Les détails curieux que donne l'auteur sur ce
concert, ainsi que son hymne à la mémoire du
musicien de Phèdre et de Nephté . annoncent
qu'il a fait une étude approfondie des effets
de l'art musical , et que son goûl bien épuré
distingue la véritable musique de ces imitations
fausses etbisarres, qui étonnent les oreilles et
ne disent rien à l'esprit ni au cœur.
Cet ouvrage est terminé par un catalogue rai-
sonné des animaux qui se trouvent actuellement dans
la ménagerie du Muséum. En présentant dans un
même lableau leurs habitudes les plus remarqua-
bles , en rassemblant quelques trai;s de leur ca-
ractère , le cit. Toscan avertit qu il a voulu seu-
lement montrer dans le lointain les divers genre»
d utilité et d'agiément qui résulteront un jour
de pareilles études , lorsque placés dans de»
sites plus appropriés à leur nature , et jouissant
déplus de liberté, ces animaux pourront donner
plus d'essor à leur instinct et favoriser davan-
tage les observations du philosophe.
A. D I N G É.
LES commissaires liquidateurs des subsistances
des troupes , étapes et convois dans toutes le»
divisions militaires de la France , et à l'armée de
Mayence , dont l'exercice a commencé le l**
messidor an 6 , et fini le i"" nivôse an 7 , sous la
raison Ferdinand, ayant jusqu'à cejour employé
tous leurs soins à faire acquitter les dépenses die
ces différens services , et désirant meure un terme
à leur liquidation , et en même-tems satisfaire
aux différens ordres qu'ils ont reçu du ministre
de la guerre , ils invitent tous les comptables et
autres personnes qui auraient encore des récla-
mations ou des pièces de dépenses à leur pro-
duire , de les leur adresser , d'ici au 3o frimaire
prochain inclusivement, à leur bureau , rue de
Lille. n° 552. Ils les préviennent que , passé ce
terme , ils ne pourront plus recevoir ni recon-
naître aucunes pièces ou réclamations , attendu
qu'ils auront alors fini leur comptabilité et remis
leurs comptes au gouvernement.
Lesdits commissaires déclarent en outre qu'ils
se verront avec peine forcés à poursuivre le*
comptables et autres personnes qui , par leur
faute , seront en retard , passé le délai ci- dessus ,
tant en reddition de leurs comptes que pour le
remboursement des sommes qui leur ont été rer
mises, ainsi que pour le montant de la valeur
des denrées , effets et ustenciles confiés à leur
garde ,dont, à défaut desdits comptes , l'emploi
ne se trouverait pas justifié.
Signé, Lanfrey l'aîné , Patinqt.
VEILLEES AMUSANTES DE LA CITE.
Fête et bal , le 1 1 brumaire an 9 , depuis 7 heures
j.usquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfans
donneront une représentation de VOrpheline da
village , suivie de ia première de 1 Héritage ,
comédie - vaudeville.
Le billet d'entrée est de deux francs , et d'un
franc pour les enfans au-dessus de huit ans.
L'adrairiislration reçoit des abonnemens pour
les bals de chaque mois.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq.we et des Arts
Auj. par ordre , (Edipe à Colonne , opéra eti trois
actes , suivi du ballet du Berger Pârii.
Le 19 , Bal masqué.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
la 6* repr. de "Zjméo , opéra en trois actes «
préc. du Trompeur trompé.
THÉATREDESjEUNESÉLEVES.rue deThionville;
Auj. la jeune Indienne ; les trois Jumeaux véni-
tiens . et les Marchés de Philis-
Théâtre du Vaudeville. Auj. pour la clô-
tura , l'Ecole des mères ; Teniers , et Scène premiertt
ou la Pièce interrompue.
Théâtre de la 'Cité-Variétés. — Pantomimes.,
Auj. Louise . com. nouv. ; le Moine ; le Sergent
suédois , pani. grand spectacle.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Xfiue , trag. de Voltaire , suiv. de Gilles>
toujours Gilles , opéra comique.
t'abouneoicnt «e fait » Paris, rue des Poitevins, n? 18. Le prix est de a5 francs pour trois m^is , 5o fraacs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On n.
s'abonne qu -au comnieuceraent de chaque mois.
Ilfaur adresser les leuteset l'argent , franc de port ,aucit. AcASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, a"> 18. Ilfautcomprendre dans Us envois le port de
•pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées delà poste.
elle
iifer
Il faut avoir soin, paui plus de sûreté, de charge
Poitevins, n° i3, depuis ueuf heures du matin jusqu'à cinq oeures du soir
tde
aleurs ,Vtadre&seT tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, au rédacteur.
A Patis, de l'imptinKiie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n^ t3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MOMTEUR UNIVERSEL.
JV" 42.
Duodi , 1 2 brumaire an g de l'a république française , une et indivisible.
Nous
sommes autorises a prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O Ni T E U R est le stul journaL offichl.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que l=s faits et les notions
l'intérieur que suir l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 29 octobre ( 7 brumaire. )
JLiA flotte , commandée par l'amiral comte de
Saint-Vincent, est arrivée le 4brumaire àTorbay.
après avoir laissé une torte division en croisière
sous les ordres de sirjaraes Saumarez. Le Royal
Georges s'est rendu à Porisraouth , à l'effet d'y
lecevoir le pavillon de sir Hyde Parker , qui doit
être chargé cet hiver du commandement général
de la flotte , dans l'absence du comte de Saint-
■Vinceni , dont le projet est d'aller résider à Tor-
Abbey.
Il y a eu des affiches incendiaires placées sur
les murs à Doncester , Poniefract , Halifax , Wal-
lefield et Huddersfield , invitant le peuple à se
rassembler à jour désigné à Ackwonhmoor, où
on lui ferait part des motifs de l'assemblée et des
opérations qu'il aurait à faire d'après une con-
vention organisée et établie à Huddersfield. Les
magistrats de ces différents endroits ont fait en-
lever les placards , promis une somme de 5o livres
sterl. à ceux qui déclareraient les auteurs de ces
affiches, et ont pris les mesures les plus sûres pour
le maintien de la tranquillité publique.
Dans la journée dii 28 vendémiaire il y a eu
quelques désordres à Glasgow. La populace jetia
dans a rivière des grains qu'un fermier conduisait
au marché ; des fenêtres furent cassées dans plu-
sieurs boutiques. Les magistrais publièrent une
proclamation , promettant 20 gulnées de récom-
pense par chaque coupable qui serait dénoncé.
Le 29 , environ 3ooo charbonniers de Temsburg
et des paroisses voisines vinrent à Baih pour de-
mander au inaire commeniils pourraient faire pour
donner du pain à leurs familles. Le maire leur ayant
répondu que rien ne pouvait être fait pour eux
avant la rentrée du parlement , ils refusèrent de
se disperser. Les dragons d'Enniskillen furent
appelles aiiMt -que les voiontaites de Bath , et la
tranquillité se rétablit.
Dans les derniers jours de la semaine passée ,
le cours des fonds publics a sensiblement baissé.
On a ailribué cette baisse à deux causes : 1°. le
jirojet supposé de M. Pitt de fonder pour sept
millions de billets flolians de 1 échiquier ; 2". la
proposition faite au très-honotable Isaac Corry,
de prêter au gouvernement irlandais la somme de
deux raillions et demi , nécessaire pour indem-
niser les bourgs irlandais qui perdront les droits
d'élection.
Sir George Yorge revient du cap de Bonne-
Espérance. On dit ce gouvernemcni destiné à
M. Sylvestre Douglas.
Vendredi dernier, le lord charcelier, le duc
de Ponland , le comte de Spencer , les lords
■Walsenghim . Hawkesbury , Eldon , sir 'W.
Scott et M. 'Windham , tous membres du conseil
privé , s'assemblèrent au bureau du commerce
pour délibérer sur la somme des primes à ac-
corder pour l'exportation des blés en Angleterre,
et en présenter le tableau à la législature. La dé-
cision de la délibération de ce conseil n'est pas
encore connue ; mais la somme fixée pour les
primes a été arrêtée pour être présentée au
parlement.
Le gouvernement a fait faire dans l'Inde , par
les dernières dépêches de terre , des demandes
considérables en liz.
On dit qut sir Home Popham doit partir sous
peu pour une expédition secrette.
Le prix moyen du sucre pendant la semaine'
dernière , a été de trois liv. st. io shellins lo s.
et demi le cent pesant.
Il est ariivé vendredi matin une malle de la
Jarn.i'ique : cinq personnes éiant mofies pen-
dant la traversée à bord du paquebot , il a éié
mis sous (jùaràntaine à Falmouth , et 'es lettres
ent été fumigées avant leur distribution.
La floue sous les ordres du lord Keilh est
revenue à Teluan , après avoir échoué dans son
tntieptise contre Cadix. On croit que de Tctuan
elle a dû faire voile pour Livourne.
Un libraire vient de faire annoncer un demi
Toillion de romans à vendre.
(Entrait du Sun et du Courier.)
i N T É R î E U R.
Paris , le II brumaire.
L'exposition des productions modernes sera
terminée au Muséum ceniral des ans. le 16 de
ce mois. Le 18 . les salles qui conli nneni les sta-
tues, bas-reliefs et bustes antiques ,' seront ou-
vertes au public. On y entrera les 8, 9 et 10 de
chaque décade aux heures accoutumées.
La beauté des salles , le grand nombre &e chefs-
d'œuvre qu'elles renferment, la richesse des mar-
bres précieux qui y sont exposés , atiireiont la
foule des cuiieux, des amateurs et des étrangers,
à cette exposition, l'une de celles qui doivent le
plus intéresser les vrais amis des aits et de là
patrie.
Oii écrit de Morges , en date du 23 octobre.
)) Dès le printems dernier un ours aussi redou-
table par lénormité de sa taille , que par sa léro-
cité, errait sur les montagnes de lajoux, ponant
la terreur parmi les bergers, et le carnage au
sein des troupeaux; tous les chasseurs dts^com-
mirnes voisines le poursuivaient vainement. En-
vainétaient-ils retournés vers la mi-septembre, sur
l'invitation du préfet national, à cette chasse dan-
gereuse; ils n'avaient pas été plus heureux. Nous
apprenons que deux ou trois paysans ayant enfin
apeiçu les traces de ce monstre dans une mon-
tagne au-dessus de Gimel, prirent la courageuse
resolution de tenter seuls au péril de leur vie,
d'en purger la contrée. En con.'iéquence , ils l'ont
j attendu à son passage, mardi dtrrlier au soir.
I A peine l'animal a-t-il paru qu'ils font étendu
mon , percé de deux coups de fusil. Il pesait au-
delà de 400 livres de 18 onces. Le lendemain les
chasseurs l'ont transporté ici , et en ont. tiré beau-
coup d'argent; c'est ainsi qu'avec de la persévé-
rance et du courage ces montagnards ont eu la
satisfaction, tout en fesant un profit considé-
rabe, de délivrer la contrée des ravages d'un
animal cruel et dangereux. °
Programme du monument à ériger en l'honneur du
gméral Dèsatx.
Dès que la renommée eut publié la mémorable
victoire de Maringo, et la "perte de ce général,
aussi habi e que modeste, aussi juste que val lant',
dont le nom est honorablement lié aux brillans
succès de cette journée, des regrets universels et
profondément sentis se mêlèrent à- l'allégre.'se
commune , on éprouva le besoin d'arrêter et de
reposer »a pensée sur l'éclat et l'étendue de ce
triomphe-, pour qu'il ne paiût pas chèrement
acheté, et U douleur, dans les premiers ins-
tans, sembla dérober quelque chose à l'admi-
ration publique.
Mais les regrets et la douleur qu'inspire la perte
d'un guerrier cher à la patrie, et recommandable
par ses talens et par ses venus, ne sont pas des
sentimens éphémères ni stériles ; ou diiatt qu'ils
participent Ue la nature de ceux qui animent les
hé os eux-mêmes et s'agrandi~scnt avec leur
objet ; ils aiment à s'étendre et a se propager
dans la durée comme dans t espace , ils s'adressent
à tout ce qui peut leur correspondre , à la posté-
rité qui peut les entendre; ils trouvent un adou-
cissement consolateur à se perpétuer par des
monumens durables ; c'est la génération présente
qui s'empresse de iraiismetiie un grand nom aux
générations futures.
Tels sont les sentimens qui ont donné l'idée
d'une souscripiion pour cousacier un monument
à la gloire du brave et vertueux Desaiit : hom-
mtge inlércssant et libre , par lequel i^es citoyens ^
en grand nombre , ont voulu signaler leurs alTec-
lions civiques et leur reconnaissance pour les
services éclaianS qu'il a rendus à la république.
Le zèle qui croit toujours aVôir ut) devoir à rem-
plir (juand i! lui reste un désir à satisfaire , ne
s'est point c'ru dispensé de payer sa dette indi-
viduelle pir les sages dispositions que le gouver-
nement prenait en même-tems pour acquitter la
dcMe de la patrie. Il a trouvé une jouissance
de plus , dans cet accord de l'opinion et de
l'auturiié.
Les souscripteurs dans leur assemblée générale
du 7 iliciiiiidor ayant nommé un comité , le pre-
mier soin de ce comité a dû être d'aviser aux
moyens d'accomplir le vœu énoncé dans la sous-
cription même, en se réservant les soins et les
détails administratifs que celte tâche compone*
ïl a pense que la voie d'un concours pour la partie
d art était la plus juste , la plus favorable à 1 ému-
lât on et la plus propre à donner d'heureux ré-
staliau 11 lait , en conséquence , un appel au
génie des artistes , et les invite à lui transmettre
leurs projets, plans, dessins, modèles ou es-
quisses d un monument destiné à honorer li
mémoire du général Desaix. C'est à l'idée d'un
monumentd'uiilitépublique.quele comité a cru
devoir s arrêter; celte désign..tion précise a paru
plias convenable pour fixer la pensée des artistes
et leur indiquer le but du concours. L'objet en
étant mieux déterminé sera plus heureusement
rempli. Tel est I espoir du comité, dont le désir,
comme le devoir, est de concourir en ce qui
dépend de lUi à ^'accomplissement du vœu de la
souscription.
Le sujet proposé est une fontaine publique des-
tinée , par son ensemble et par ses ornemens à
rappeler les circonstances les plus mémorables ie
la vie du héros que la France regrette. Ge monu-
ment sera élevé sut la plaee Thionville , (ci-devant
i:iauphrne), conformément à la permission nui a
eie accordée par le gouverment. L'échelle pour
les dessins sera de 5 centimètres pour un mètre ■
et celle pour leS modèles d'un deCimette par
mètre. "^
Les concurrens joindront à leurs projets un
appeiçu de la dépense qui ne pourra excéder la
sommede vingt-cinq milkjrana; celte condition
est de rigueur. Les auteurs mettront une devise à
leur ouvrage, et y attacheront un billet cacheté •
contenant la même devise et leurhom , ainsi que
eur demeure ; ce biilet ne sera ouvert que dans
le cas ou 1 ouvrage obtiendrait la préférence.
tes ouvrages destinés au concouis seront en-
voyés , franc de port . au cit. Delessen , banquier 4
secrétaire du comité, rue Coq-Héron , n°.igi;
il donnera de chaque pièce un récépissé dans
lequel il relatera la devise ou l'épigraphe en y
ajoutant tan numéro qui constatera l'ordre de
réception. Le concours sera ouvert jusqu'au I"
pluviôse prochain.
Les projets et modèles seront exposés au public
avant le jugement qui sera prononcé sur le mérite
des ouvrages. Ces ouvrages seront juaés par url ,
jury d artistes , adjoints au comité , et'désignés ^
a cet effet , par les concurrens eux-mêmes. Ceux-
ci sont , enconséquence , invités à joindre à leurs
projets et mémoires , une liste des artistes qu ils
désirent avoir pour juges au nombre de treize.
Il sera formé ; sur le relevé de ces listes parti-
culières el à la majorité , urie liste défîniiive des
artistes qui composeront le jury conjointement
avec les membres du comité. L auteur du projet
qui obtiendra le prix sera cha,rgé de l'exécuiiont
sous la surveillance du comité , et il sera décerné
deux accessit : le piemier , d'une médaille d'or de
la valeur de 5oo Ir.-; le second , d une dite de la
valeur de 3od fr, aux auteurs dés déu.x projets
qui approcheront le pltis dii but ; et qui en Seront
jugés dignes par lejury;
Arrêté dans la séance du 12 vendémiaire an 9;
Signé , PastoreT , président.
Delessert, secréiaire.
ACTES DU GOUVERNEMENT-
Arrêté du 3 brumait-e an 9.
Lés consuls de la république , arrêtent ce
qtli suit :
Art. l". Le ministre de la guerre fera imprimer
avant le u brumairi? l'état des objets d habille-
fflens qui ont été distribués aux différens corps
de la république jpehdatu le Cours de l'an 8.
II. Cet état 'sera divisé en autant de colonnes
(Jia'il y a eu de marchés dlH'érciis , et contien-
dra le pri* que coûte chaque objet à là répu-
blique.
III. Cet état sefd envdyé à tous les généraux
en aciivité , à toiis les inspecteurs et sous-irispec-
teurs aux revues, et à tous les chefs de bri-
gade . d'escadrbn et de bàlaillOii de tous les corps
de la république.
IV. Il sera réuni dans chaque armée iin coii-i
seil d administration ^ préiidé par l'inspecteur de
l'infanterie; el Un dans thaque division mili-
taire i présidé par le généiral commandant là
division. Ce coiiseil sera composé ; Savoir :
Aux armées : de l'inspecteur d'infanterie , pré-
sident, d'un inspecteur ou sous-inspecteur aux
1(
Tcvues, nommé par le ministre de la guerre ; et
d'un capiiaine choisi par le conseil d'adminislra-
tion- de- cliaqor corps , autre que ceux qui auront
été thargcs de la réception desdits habillemens.
Dans les divisions militaires, du général com-
mandant la division, piésideat, d'un inspecteur
ou sous inspecieui aux revues, nommé par le
ministre de la guerre ; et d'un capitaine choisi
pat le conseil d'adnniiistraiion de chaque cotp^ ,
autres que ceux qui auioiit été chargés de la ré-
ception desdiis, effets d'habilieniens ; dans Tun
et dans l'autre, l'adjoint de l'inspecteur aux re-
vues lera les fonctions de secrétaire.
S'il arrivait qu'il ne s« trouvât qu'un seul corp»
dans la division , le général commandant la divi-
«iûn nommerai parmi les officiers de ce corps ,
o'x autres emploj'és sous ses ordre» , ceux qui
devfoftf composer le conseil , de manière que
dâtts cb-âque division , le conseil extraordinaire
d*adm'nistration soit composé de cinqinembres ,
an moins , compris le président.
V. Ce conseil d'administration dressera un
proeés-verbal qui spécifiera ,
1°. Si les effets portés dans l'état imprimé ont
ité livrés ;
s°. S'iTs étaient de bonne qualité.
VI. Les procès- verbaux seront rédigés par
l'inspecteur ou sous-inspecietir aux revues , et
envoyés par le constil extraordinaire d'adrainis»
tfjtion au ministre de la guer;-e , qui en fera son
rapport au conseil d'administration des consuls.
IV. Le ministre delà guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le stcrétaite-d'état, signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république arrêtent ce qui
•uit :
Art. P^. Le ministre de la guerre fera imprimer,
avant le li brumaire, l'état des chevaux don-
nés pendant l'an 8 à chaque régiment de cava-
lerie et à chaque train d'artillerie d'armée. Il dis-
tinguera , dans une colonne , les chevaux pro-
venant de la levée de 40,000 , et dans d autres
colonnes , les chevaux provenant de différens
marchés ; il y aura autant de colonnes qu'il a
été passé de marchés ; le prix des chevaux y sera
mentionné.
IL Cet état sera envayé à tous les généraux
de division employés , aux inspecteurs et sous-
inspecteurs aux revues, aux commissaires-ordon-
nateurs , aux chefs de brigade et d'escadron de
tous les régimens d'artillerie à cheval, à tous les
chefs de brigade et de bataillon d'artillerie.
. IIL II sera tenu dans chaque armée et dans
chaque division militaire un conseil extraordinaire
d'administration , présidé par l'inspecteur général
de la cavalerie et par le général de division com
M. Cet état sera divisé en autan-t de coloane»
qu'il y a eu de marchés ditférens: le prix de chaque
ok>ier sera mentionné.
III. Cet état sera envoyé aux généraux de divi-
sion employés, aux inspecteurs et sous-inspec-
icurs aux revues , aux chefs de brigade et d'esca-
dron et aux différens conseils d'administration
des divers corps de l'armée.
IV. Il sera dressé par le- conseil d'adminis-
tration qui devra se tenir , çn- conséquence de
l'arrêté du même jour , un procès-verbal parti-
culier qui constatera si ces objets ont été reçus
par les corps , et s ils étaient de bonne qualité.
V. Ces procès-verbaux seront rédigés par les
inspecteurs' et sous-iospecteurs aux revues , et
envoyés par le conseil extraordinaire d'adminis-
tration au ministre de la* guerre , qui en fera son
rapport au conseil d'administraltoti des consuls.
VI. Le minisire de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté.
Le preirfier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier cons\il ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Les pensions des militaires avaient été con-
verties en vertu de la loi du 48 frimaire an 7 , en
solde de retraite.
Mais jusqu'à cette heure ils n'avaient pu obtenir
qu'un traitement provisoire , jusqu'à ce que
I Le miRÏsiitfc «ecomtnande au thol do at' bu-
reau l'exécution littérale et prompte des deux
derniers paragraphes de tordre du premier con-
sul , en date du g de ce mois.
Le ministre de la guerre , signé , Lâchée.
Le ministre de la guerre , au général
commandant la division militnire. — Paris,
ce 10. brumaire , an g de ta république franqaise.
Je vous ai annoncé, citoyen général, par ma
lettre du 3o vendémiaire . le résultat des efforts
qiie le gouvernement venait de faire pour metifc
au courant la solde de l'an 8 , et qu il se prépa-
rait à en faiie incessimment dç rrouvcaux.
La p:om.esse d'un go.uvernemetni juste et sage
n'est jamais vaine; en voici la pTeuve>
Quatre millions viennent d'être mis à ma dis-
position ,. pri% sur les fonds de t'$n 8, et pour
subvenir à la solde arriérée de l'an _8. Vous en
trouverez cL-join» la répartition.
Les consuls veulent que je donne les ordres-
nécessaires pour que ces sommes; 3oiet>t Spécia-
lement destinées à payer ce tjui ast-dii. aux sol-
dats et officiers des corps, en ne p.yanl les états-
majors , commissaires des guerres , que dans I*
cas oîi ils seraient plus arriérés que les soldats.
C'est sur vous spécialement que je compte
pour que leurs ordres soient ponc/uellemeni
exécutés.
Dès l'instant oii vous aurez^ reçu celte lettre ,
vous appellerez piès de vous le commissaire
ordonnateur de votre divisloir, et vous lui pres-
l'on ait pu les hquider , et leuT donner leur trai- crirez de vous présenter , sous trois jtsurs , un état
tement définitif conformément aux lois.
Il aurait fallu trois ans au 21' bureau du
ministère de la guerre , pour opérer ladite
liquidation. Ainsi , pendant ces trois ans , les
militaires ayant droit à des pensions de retraite ,
n'auraient eu que le minimum, de cette pension.
Le ministre de la guerre , en conséquence des
ordres du gouvernement , vient d'ordonner
l'établissement d'un bureau temporaire , qui sera
chargé de liquider toutes les pensions de re-
traite , et d'achever ce travail en trois mois.
Le 21' bureau du ministère de la guerre reste
chaigé des liquidations courantes , à commencer
du 1"^ vendémiaire an 9 , et par ce moyen il se
trouvera toujours au courant du travail.
Pour l'exécution des disposition ci-dessus , le
ministre de la guerre a arrêté ce qui suit : '
Liquidation des soldes de retraite.
Ce bureau aura pour chef l'inspecteur en chef
Villemanzy.
Il sera partagé en deux divisions , une chargée
de la liquidation des soldes de retraite , en exé-
cution de la loi du 28 fiuctidor an 7 , et une
des soldes de retraite , en exécuTion de l'arrêté
des consuls du 11 prairial an 8.
de répartition faite d'après les principes énoncé»
dans l'ordre des consuls , et vous m'enverrez de
suite la copie du tableau de répartition que vou»
aurez lait de concert.
Afin de mettre le goiivernement à portée de
solder de suite tout ce qui peut être dû pour
1 an 8 aux militaires en activité ou pensionnés
dans l'étendue de votre division . vous m'enverrez
en même tems un tableau qui contiendra l'état de
la solde arriéiée. Cet état , dressé par l'inspecteur
aux revues elle coramissaire-ordonnaleur , devra
être divisé par département. Le nombre des co-
lonnes sera déterminé comme il suit :
1°. La gendarmerie ;
2°. Les vétérans nationaux ;
3°. Les prisonniers de guerre ;
4°. Les officiers-généraux et états-majors ;
5°. Les corps ou détachemens des corps ;
6°. Les dépôts;
7°. I-es soldes de retraites provisoires et défi-
nitives. *
L'importance de l'objet dont je vous entretiens ,
ne me permet pas de douter du zele «jue vous
apporterez à son exécution.
Afin que le gouvernement puisse être assuré à
l'avenir que , conformément à ses intentions , la
Chacune de ces divisions aura pour chef un solde de l'an 9 , est constamment au courant , ets
mandant dans les divisions militaires. Ce conseil des inspecteurs ou sous-inspecteurs aux revues afin qu'il puisse faire à tems les fonds nécessaire»»
lera composé d'un inspecteur ou sous-inspecteur ! employés à Paris ou dans la 17"^ division : ils | pour son acquittement , vous vous ferez remettre-
aux revues nommé par le ministre de la guerre, et I s^foot désignés par le comité des inspecteurs,
d'un capitaine choisi par le conseil d'administration '
le i5 de chaque mois un état des sommes payéet'
de chaque régiment de cavalerie et des bataillons
du train d'artillerie.
Ces capitaines ne pourront pas être pris parmi
ceux qui auraient été chargés de la réception des
chevaux; l'adjoint de l'inspecteur aux revues fera
lei fonctions de secrétaire.
S'il arrivait qu'il ne se trouvât dans une division
^u'un seul corps de cavalerie ou un bataillon du
train d'artillerie , le général commandant la di-
vision nommera parmi les officiers de ces corps
pu autres employés souj ses ordres , ceux qui
devront entrer dans le conseil , de manière que ,
dans chaque division , le conseil d'administration
toit au moins composé de cinq membres , le
président compris.
IV. Le conseil d'administration vérifiera si
effectivement les différens régimens de cavalerie
ont reçu les chevaux , conformément à l'état
imprimé. Des observations seront faites sur la
qualité desdits chevaux , en distinguant les mar-
-chés d'oti ils proviennent.
V. Les procès-verbaux seront rédigés par les
inspecteurs ou sous-inspecteurs aux revues , et
le conseil extraordinaire d'administration les en-
verra au ipinistre de la guerre , qui en- fera
■on rapport au coo^eil d'administration des
eontuli.
Le premier corisul , signé, Bow aparté.
Par le premier consul ,
It itcrétaire-détat , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république arrêtent ce qui
«uit :
An. I". Le mitiisipe de la guerre fera imprimer ,
avant le 11 brumaire , un état des diffét-ens effets
d'harnache-ment fournis aux différens régimens
de ta républiquÉ peud'Uni l'an 8.
„, , ,. - . . dans voue division pour la solde des troupes?
Chacune de ces divisions sera partagée en | p^^j^„, ,g ^^-^ précédent, et un état apperç».
tiacune pour chet j^^ sommes qui seront nécessaires pour le paie-
qualre secuons , qui auront cnacune p
un des adjoints aux inspecteurs en chef, ins-
pecteurs ou sous-inspecteurs employés à Paris ou
dans la 17' division.
Il y auia pour chaque section trois liquida-
teurs et un expéditionnaire.
Ces vingt-quatre liquidateurs seront choisis
parmi les employés dans les bureaux , jouis-
sant d'un truiiement de 2100 fr. et au-dessus.
Le secrétaire-général s'entendra avec les chefs
des différens bureaux pour désigner ces liqui-
dateurs : il devra les prendre dans les bureaux
où leur abience momentanée deviendra moins
sensible.
Les expéditionnaires seront choisis de la même
manière.
Les membres de ce bureau temporaire entre-
ront à huit heures du matin et sortiront à deux ,
rentreront à six et sortiront à dix.
Il sera accordé à la fin du travail une gratifi-
cation extraordinaire à chaque section ; cette
gratification sera proportionnée à là quantité des
liquidations qui auront été faites par chacune
d'elles.
Les employés au bureau temporaire , qui au-
ront développé le plus de talent et de ze|e ,
auroiit acquis des droits à un prompt avance-
ment et à la reconnaissance du gouvernement
et du minisirel
L'inspecteur en chef Villemanzy aura le tra-
vail avec le ministre ; à son défaut , il sera rem-
placé pour cet objet par l'un des inspecteurs ,
chefs des divisions.
Le 21' bureau n'étant plus chargé que du tra-
vail courant, les auxiliaires passeront au bureau
temporaire pour l'expédition des brevets , et
cependant n'y seront successivement attachés
qm'à mesure des besoins.
ment du mois suivant.
Le premier de ces états vous £era fourni par te
payeur de votre division. Il sera signé dç lui eft
visé par le commissaire ordonnateur. Le seciond'
sera fait par le commissaire lui-même.
Dès l'instant où la solde arriérée de votre d^
parlement sera soldée ; le gouvernement s'occu-
pera à payer ce qui peut être dû pour les loyers
de caserne , les étapes et convois , et enfin toute*
les différentes parties du service qui peuvent avoir
éprouvé des retards.
Vous voudrez bien , citoyen général, faire dan»
les vingt-quatre heures, mettre à l'ordre de chaque
corps , en garnison dans le lieu de votre rési-
dence , un extrait de cette lettre , en adresser ut*
aussi dans les vingt-quatre heures aux corps qui
sont en garnison dans les autres places de votre
commandement.
Vous voudrez bien m'accuser réception de cette
lettre dans les vingt-quatre heures , du moment
oii vous l'aurez reçue.
Je vous salue ,
Signé , Laguse-.
PRÉFECTURE DE POLICE. '
Instruction pour l'inspecteur-général de la navigation
et des ports , les inspecteurs particuliers , U^
préposés aux arrivages par eau , et les dégus-
tateurs.
Les approvisionnemens de cette grande conr* .
mune dépendent essentiellement du maintien dtJT
bon ordre sur la rivicre et sur les ports , et dç
la conservation des denrées et marchandises qui
y sont déposées. Il est donc extrêmement im-
I ponanr d'étaibl'ir à cei égard une surveillance
exacte ; et. le meilleur naoyen d'y parvenir- est
de déterminer-, dune manière précise , les
fonctions des divers préposés auxquels elle
est confiée ; c'est le but de la présente ins-
truction.
Art. 1°'. Les fonctions de Kinàpecteur-général
e^ des inspecteurs particuliers de la navigaiion
et des ports, consistent principalement à veiller
à l'exécution des lois et régleniens de police qui
concernent la rivière , les ports , qujis et ber-
ges ; à requérir les commissaires de police de
constater li-s contraveniioiis ; à faire d-es rap-
poilS de tout ce qui vient à leur c-onn;iissance
relativement au service dont ils sont chargés ;
à. maint-enir l'ordie sur la rivière et les pons ; à
faire exécuter les décisions et ordres du pré-
fet , qui Ic-ur sont adressés , et à en rendre
Compte.
Leur surveillance s'étend sur la rivière, les
puits et berges; elle s étend aussi sur les ponts ,
les iioioits <:i les quais , depuis le parapet jus-
qu'au ruisseau , qui fait la .séparation d'avec la
chaussée ou le pavé principal.
■Elle est divisée en quatre arrondissemeris ,
savoir :
Celui des ports du haut , rive droite.
.11 s'étend depuis la batrieqe de la Râpée jus-
qu'au Poni-au-change mcliisivement. Il com-
prend lîle - Louvicr , la grande estacade , lîlc
de- la Fraternité , en descendant le long des quais
de l'Union et de la République jusqu à l'cmipla,-
cerncnt dii ci-devant Pont-Rouge , et la pa,rtje
dVoite de lilc de la Cité.
Le- bureau scrît placé au port de la Grevée. ,
le plus près du corps-de-garde que fajre se
pourra.
Celui des ports du haut , rive gauche.
Il commence à la barrière de la Garre et finit
au Pont-Michel. Il comprend la p^rii.e gauche
de lîle de la Ffaiernité , depuis l'estacade jus-
qu'à i emplacement du ci-devant Pont-Rouge ,
là partie gauche de lîle de la Cité jusqu'au
Poni-Michcl inclusivement , et la Halle - aux -
Vins.
■ Le bureau est plaeé sur le Port-Bernard , vi^s-à-
vis de la halle.
L'arrondissement des ports du bas , rive droite.
Il s'é:end depuis le Ponl-au-Change , jusqu'à
]a barrière des Bons-Hommes. Il comprend la
partie droite de 1 Isle-du-Palais jusqu'au massif
du Pont-Neuf.
Le bureau est au Port-Nicolas , près le corps-
de-garde.
Eidiii l'arvondissement des ports du bas , rive
gauche.
Il s'étend depuis le Pont-Michel jusqu'à la bar-
ïiere de la Cunette , et comprend la partie gau
chc de l Isle-du-Palais jusqu'au massif du Pont-
'^euf inclusivenient.
Le bureau est placé au port de la Grenouil-
lère, prés du corps-de-garde.
L inspecteur-général a son bureau en sa de-
meure.
II. Les inspecteurs particuliers alterneront pour
leur service.
L'alternat aura lieu tous les six mois , à comp-
».ei du i=' vendémiaire dernier; il s'opérera cir-
lulairemciit dans l'ordre ci-après.
Linspecteur du haut, rive droite, passera le
l'^' germinal prochain , dans l'arrondissement du
bas , même rive.
L'inspecteur de l'arrondissement du bai , rive
droite , passera dans celui du bas , rive gauche.
L'inspecteur de l'arrondissement du bas , rive
gauche , passera dans celui du haut , même rive.
L'inspecteur de l'arrondissement du haut, rive
gauche , passera danS celui du haut , rive droite ;
et ainsi successivement.
UI. L'inspecteur-général , les inspecteurs parti-
culiers et les autres préposés se rendront tous
l«s jours ; à l'excepiiori des décadis et des jours
de fèies nationales, dans leurs bureaux, avant
l'ouverture des ports. Chaque inspecteur parti-
culier fera sonner , par les préposés aux arri-
vages , dans son arrondissement , la cloche dés-
ignée à mar(jucr les heures de travail sur les
ports.
Il devra y avoir quelqu'un dans les bureaux
pendant tout le tem» que les ports seront ouverts,
à l'exception cependant du bureau de linspej:-
leur particulier de l'arrondissemeat du bas, rive
giucl.t.
IV. En cas de maladie , ou de tout autre em-
pêchement, l'inspecteur -général sera remplacé
par celui des inspecteurs particuliers qui sera
dcsijiné par le prclet ; et quant aux autres pré-
posés , I inspecteur-général prendra les mesures
Convenables jiour que le service ne soufire pas
tic leur absence , cl il en rendra compte .
V. Lot><|u'unc iiupeciionse trouvera surchar-
fte , liiijpecieur - général pourra y faire passer
mipc'Cttur le moins occupé, i la charge -d'ca
reiiJic luinpié luiiiicdiatetuciii.
i63
Il pourra également , lorsque les circonstances
l'exigeront, donnée l'ordre aux inspecteurs par-
ticuliers , Cl aux autres préposés de se porter , les
jours de décailis et de lêtts nationales , sur les
parties des ports et de la rivière , oii leur pré-
sence serait nécessaire.
VI. Chaque inspecteur particulier fera des
tournées dans toute l'étendue de son arrondis-
sement, le plus souvent qu'il lui sera possible,
en observant de se tenir plus particulièrement sur
les ports otà les travaux sont le plus en activité.
VII. L'inspecleur-général fera de son côté des.
tournées dans les
XVII. Les préposés aux arrivages, tanr du haut
que du bas , veilleront à ce qu il ne sorte de P^iiis
aucun bateau chargé de boij ou de charbon de
bois , ni atacun train de, bo^s de chauffage , saiis
1 un ordre du préfet.
Dans le cas oii ils n'auraient pu empêcher la
sortie de tr.iins ou de bateaux chargé de ces com-
bustibles, ils les suivront, autant que faire se pour-
ra ; et s'ils les voyaient garrer, ils inviteront le
maire du lieu ou son adjoint à constater le fait ,
et à consigner provisoirumen.t les trains ou. les
bateaux , aux frais et r;s«ue» de la inarchandise ,
divers "arrondissemens , et "^''="' remettre la, coptç des proces-veiba
visera les registres des inspecteurs e) des autres
préposés.
VIII. Les inspecteurs particuliers et les autres
préposés recueilleront tout ce qui viendra à leur
connaissance relativement au service qui leur est
confié, ainsi que tous les (ails qui peuvent inté-
resser l'administration. Ils en rendront compte
par écrit à l'inspecteur-général , qui en fera rap-
port au préfet.
IX. L'inspecteuir-gènéral -sera en outre tenu de
faire des rapports des éyènemens importans <jui
parviendraient à sa connaissance par toute auire
voie que celle des préposés , et de transmettre
les observations qu'il jugera nécessaires , relati-
vement aux réparations des ports , aux entraves
que la navigation éprouverait , aux facilités qu'il
conviendrait de lui donner, à toutes les causes
présentes ou éventuelles de disette ou d'abon-
dance , de. trouble ou de tranquilliié , et enfin sur
toi^s les objets confiés à sa surveillance.
X. S'il arrivait quelqu'événement extraordinaire
sur la rivière ou sur les poits. comme naufiage
ou incendie . il en sera sur-le-champ donné con-
naissance à l'inspecteur-général, au commissaire
de police et au préfet.
L'inspecteur-général prendra provisoirement les
mesures iiéces&aites , et en tendra ctHiipte de suite
au préfet.
XI. L'inspecteur-général tiendra la main à ce
que les décisions et les ordres qu'il recevra du
préfet, soient exécutés avec exactitude et célérité;
il peut , à cet effet , en cas de besoin , requérir la
force armée de lui prêter main-forte.
Il pourra même dans les cas urgens , et seu-
lement en ce qui concerne le service de la
rivière , des ports et de la halle aux vins , donner
provisoirement des ordres sous le litre de
consiane.
Il pourra aussi , en cas d'urgence ou de péril
imminent , accorder les permissions nécessaires,
mais il en rendra compte sur le champ au préfet
pour avoir son approbation.
XII. L'inspecteur-général tiendra deux registres;
sur lun il fera enregistrer sommairement toutes
les' pièces qu'il' reCevi'a ou qu'il visitera ; et sur
l'autre il fera transcrire tous Ses rapports et sa cor-
respondance.
XIII. L-es, inspecteurs particuliers doivent se
faire représenter, par les conducteurs des bateaux
les passavants qu'ils ont du. obtenir à leur passage
à la Râpée. -
Ils donneront les pertnis de mettre eij décharge.
Ils tiendront un seul registre, sur lequel ils en-
registreront leuri rapp.pri5;et leur correspondance.
XIV. Les préposés aux arrivages par eau , éta-
blis à la barrière de la Râpée et a celle de la
Cunette , sont sous la surveillance immédiate de
l'inspecteur-général. Ils sont chargés de recevoir
la déclaration de tous les bateaux et trains qui ar-
rivent pour l'approvisionnement de Paris , ou qui
sont destinés à passer debout ; de viser les lettres de
voitures,, de et délivrer des passavants aux conduc-
teurs , pour qu'ils puissent lâcher ou garrer leiirs
bateaux ou trains, dans les ports qui leur seront
désignés, suiyant leijir toiir d'en registremetit ou
d'arrivage. ' ~ ' ,
XV. Le préposé eti chef , aux arrivages rie 1?
Râpée , do4l distribuer son service de m^n.ere ■ ^^^^ ,^^ vins qui irrivent et se déchargent sur le»
qu il y. ait toujour^ deux préposes et deux mari- | ^ ^^ , i;;'^^^^^ ^^^ ^.^^
mers en exercice, depuis le point du jour jusqu a I •^ , .
la nuit , savoir : un des- proposés dans le bureau . Us doivent aussi déguster les vins qui se trou
quils enveriorjt de suite a linspectcui-géricral ,
qui les transmettra au préfet.
J^VIII. Ils auront un registre sur Icipiel ils
transciirotit leurs rapports et leurcorrespondancc.
XIX. Le préposé en chef aux arrivages du
haut , dressera, chaque jour-, l'état des arrivage»
de la veille ; il 1 enverra à l'inspecteur-généial ,
qui le fera parvenir au préfrt.
Un double de cet état sera aussi remis à
l'inspecteur-général, qui en fera laire des ex-
traits pour les inspecteurs particuliers , afin que
chacun d'eux connaisse les bareaux et les trains,
destinés pour son axroudissement.
Le préposé en chef aux arrivages du haut,
adressera aussi au contrôleur-général du recen-
sement et du mesûrage des bois et charbons ,
un extrait de 1 ciat des. bois de chaulfuge et de»
charbons de toute espèce arrivés à Paris.
Le préposé aux anivages du bis dressera les
mêmes états et exiraiis , mais il est autorisé à,
ne les remettre tpre deux fois par 4écade , le
primedi et le sextidi.
XX. Les préposés aux arrivages sur les ports
n'éiant qu'au nombre de trois , dont un pour
larrondissement du haut , live droite ; un pour
l'arrondissement du haut , rive gauche , et l'autre
pour l'arrondissement du bas, rive droite , l'ins-
pecteur particulier de l'arrondissenient du bas ,
rive gauche , est tenu d'y en remplir les fonctions.
XXI. Chacun de ces préposés est sous la
surveillance imméd!:ate de 1 inspecteur particiilier
de son arrondissement, et le supplée en cas de
besoin.
XXII. Il doit se rendre tous les jours au bu-
reau de l'inspecteur particuier, avant .J ouver-
ture des ports , et n'en sortir qu après la fer-
meture.
XXIII. Les préposés aux arrivages sur les ports
sont chargés de recevoir la déclariiiou des raar-
chindises et denrées qui doivent être déchargées
sur les ports , de vérifier les lettres de voilures ,
et d'enregistrer toutes les denrées et marcharv-
dises par quantité et espèces, sur un registre
qu'ils sont obligés de teriir.
XXIV. Ils dresseront, chaque jour, d'aprè^
ce registre , l'état des marchandises ^t denrées
déchargées la veille ; cet état sera visé par l'ins-
pecteur particulier , et envoyé à l'inspecteur-
général qui le transmettra au préfet.
XXV. Les inspecteurs particuliers et les pré-
posés aux arrivages sur les ports , sont chargés
de prendre des renseignemens nécessaires p.our
connaître les prix des drflFétentes denrées ou mar-
chandises vendues sur les ports , et notamment
de celles sujettes aux droits d'octrois , à l'exçep.-
tion cependant du vin , du bois d; chauffage et
des charbons. Ils doivent en tenir note , et en
former état par chaque décade ; ils l'enverront
le primedi à nnspèciéuf-gériéral , qui le trans-
mettra au préfets
( JV. B. Ces étajs étant destinés à con.coutir à li^
formation du registre des rnercurjalçs , lirisp.ec-^
leur-général, les inspecieurs partit uljers et Iç^
préposés aux arrivages sur les port? ne s^^ur^ictiç
prendjre trop de précautiotis pqar parvenir à sç;
procurer des ceuseignetpens certains. )
XXVI. Les dégustateurs sont chargés de goâter
pour y recevoir les déclar. lions des conducteurs
pu propriétaire? de bateaux ou trains arrivans ,
les enregistrer , viser les lettres de voitures , et dé-
liv'er les passavants ou les p?sse-de-bout néces-
Sjtires ; et l'autre préposé eçt un marinier , pris al-
ternativençxeril , pour aller au-devant des bateaux
et des ir3in3,qiii entrent , obliger les condijcteurs
à en taire la déclaration , ou constater^ leur iié-
gligcnce ou léir'r refus; "et enfin veiller à ce qu'ils
garreiit aux lici<x indiqués.
XVI. Le préposé en chef aux arrivages à la bar-
rière de la Cunette, réglera son service de ma-
nière qu'il y ait, pendant tout le jour , un pré-
vent dans les pijgpijps et chez |e^ tjjtatcbaijds de
l'intérieur.
XXVII. Leur seryitie 'star \^i ports et à la halle,
sera réglé, tous les rtibis par TinspectCur-général
de la navigation et des ports , qui devra en
rendre compte au préfet.
XXVIII. Sur les ordres de l'inspecteur-général,
les dégustateurs pourront requérir les commi;t-
saires de police des divisions qui leur seront
désignées , de les assister dans les visite.» qu'il»
devront faire chez les marchands de viiii et 4*"»
les magasins de l'inlétieur.
Les dégustateurs remettront à l'itispectcur-gé-
po.é et marinier prêts à aller au-devant des ba- P.éf?! - àe^. rapports de leurs operauons , imrpc-
feaux qui mor.tent ou descendent, recevoir les diatttuer.t aj^M qu eUf s seront terminées, et
déclaradotrs , viser les lettres de voitures et déli- l'inspecteur - général eu rendra com,.ie au
vrer des passavants, et à ce qu'il y ait, pendant prç"'^'-
la nuit , un préposé et un marinier en exercice XXIX. Les dégustateurs tiendront deux regis-
pour empêcher 1? sortie des bateaux ftde> trains], "ea ; dans l'un , ils transcri. ont leurs rappojrts ,
ou const»ler les contravenlioiis. ■ "' «i dansTautre ils porteront le» prix cou.aus et
journaliers des vins; ils y inséreront aussi la
noie des quanlités de vins entrées chaque jour
à la halle.
XXX. Les primcdi et sextidi de chaque décade,
■ils dresseront , d'après leur registre , l'état des pnx
qu'auront valu les vins, pendant les cinq jours
précédens, en distinguant les crus des vins , leurs
e.'ipeces et leurs qualités , et en indiquant de quelle
recolle ils proviennent.
Chaque primedi ils donneront l'état des vins qui
seront entrés dans la halle , ou qui en seront sortis
pendant la décade précédente , en ayant soin de
distinguer les vins venant des ports , de ceux
arrivés par terre. Ils remettront ces étals à I ins-
pecteur-général , qui les visera, et les ttansmeira
au préfet. L'inspecteur-général lera, relativement
à ces états , les observations qu'il croira conve-
nables ; mais il ne pourra rien y changer.
XXXL Le bureau des dégustateu-s est placé
auprès du corps de garde de la halle aux vins.
Ils sont tenus de s'y rendre tous les jours avant
l'ouverture des poils , et de ne quitter qu après la
fermeture.
Ils s'arrangeront de manière qu'il y ait toujours
quelqu'un au bureau ou à proximité du bureau ,
soit pour répondre au public , soit pour recevoir
les ordres qui leur seront transmis.
Ils s'entendront également pour que les décadis
et les jours de fêtes nationales, il y ait un den-
tr'eux au bureau pour surveiller l'arrivage à la
halle.
XXXII: L'inspecteut-général , les inspecteurs
particuliers et les autres préposés ne petrvcnt
s'absenter sans un congé par écrit du prélet.
XXXIII. Il leur est expressément défendu de
faire le commerce des denrées ou marchandises
qu'ils sont chargés d'inspecter.
Ils ne doivent pas perdre de vue qu'une des
plus importantes de. leurs fonctions esi de régler
les différends qui s'élèvent sur les ports , ou à la
halle aux vins , entre les maiinieis, Icsmarchands ,
les acheteurs,, les charretiers et les autres ouvriers
des ports , et qu ils doivent laire tout ce qui peut
dépendre d'eux pour les concilier.
XXXIV. Ils auront soin , chacun en ce qui le
concerne , d'enliasser , pour les représeiiier , lors-
qu'ils en seront requis par le préfet , les réglemens ,
décisioiis, ordres et généralcmenltoutes les pièces
qui leur seront transmises.
XXXV. Ils tiendront la main à l'exécution des
lois et réglemens qui concernent le service dont
ils sont chargés.
Les inspecteurs'paniculierset lesautres préposés
sur les poris ou à la halle aux vins , rendront
compte régulièrement à I inspecteur-général de ce
qu'ils auront fait pour l'exécution des ordres
quils auront reçus.
XXXVI. La présente instruction sera imprimée
au nombre de irois-cents exemplaires in-4°.
L'inspecteur-général en remettra un exemplaire
à chacun des inspecteurs particuliers et desaulres
préposés qui sont sous ses ordres. Il les préviendra
que le préfet se fera rendre un compte rigoureux
de l'exécution.
Fait à la préfecture de police , le 4 brumaire
an 9 de la république française , une et indi-
visible.
Le préfet de police, signé Dubois.
Des observations curieuses sur la formation de
l'eau dans les corps animés ;
Des conjectures et des faiis surles rapports que
les plantes ont avec les insectes en général , et
les polypes en particulier ;
Un fait singulier et bien observé par le citoyen
Dupont lui-même , sur la lorce des courans dans
le Golfe du Mexique , ont élé l'objet d'auiaiil tic
mémoiies importans , composés dans le cours
même de sa navigation
quatorzierne sietle , par Carpin , Rubruquts ,
Hayton , Mandeville , sont soumis à l'examen
dune sage critique. Une notice sur lintéressant
voyage inédit , sera lue dans le cours de cette
séance.
Le cit. Toulongeon a traité l'importante ques-
tion du dioit naïuic-.l dans les iiist tuiiotis poli-
tiques. L'auteur lait déiiver du droit i;aturel ,
l'établissement du corps po'.iiiciue , qui 11 cbi p;ii> ,
I dit-il , une réunion d'individus, (car une année
mais une léunioa
° j sefa,t; aussi un cotpspoliiique) , mais une reunif;
Descendu à terre , il a voulu reconnatire la ^^ familles. Il définit le droit nature! , la lib
nature du sol qu il venait de loucher . .. » .v.
cherché en même tems par quelles cause I Océan,
après avoir creusé le golfe du Mexique , et res-
pecté les Archipels dileséparses au, milieu de
SCS flots , vient se biiser conire les cotes de
l'Amérique septentrionale, qui lui opposent utic
insurmontable bariieie.
lia observé qu'à Rhode-Island et àNevit-Yorck,
la mer est bordée de superbes granits : il a con-
sullé les savans naïufalislcs de la sociélé philoso-
phique de Philadelphie-, M.Jeflerson, etsui-lout
M. Guillemrrd qui a vc)yat;é en habile observa-
teur dans 1 Amérique septentrionale.
Il en résulte que depuis la pointe de l'Acadie
jusqu'au cp Fcar , le, long des rivages noyés
des Carolines , de la Géorgie , de l.i Floride ;
enlin , dans tout le prolongement de la côte
orientale de l'Amérique du nord , les terres sont
posées sur un immense banc de granit, qui leur
sert de base.
Le cit. Dupont pense qu'un effroyable déchi-
rement , semblable à celui qui sépara Calpé
d .\byla , et peut-êire arrivé à la même époque ,
est tracé en caractères ineffaçables sur la côte de
1 Amérique.
Il va la parcourir, et'observera , dit-il , jusqu'à
quel point ce premier aspect peut lavoir insliuit,
ébloui ou tfoiypé.
Ces recherdies ne sont , comme il l'annonce
lui-même , que les prémices de ses travaux. Nous-
devons tout attendre du zèle de ce savant , qui
pense (jue l'homme ne doit pas cesser d'étudier ,
! tant iju il lui reste à apprendre.
Le cit. Anrjuelil continue ses recherches sur les
raéinoiresqui ont concouru pour les prix de l'aca-
démie des inscriptions et belles-lettres. Il résulte
de Icxamen des mémoires qui ont tr^iié celte
question :Qjiel fut l'état des sciences en Frnnce ,
depuis le roi Robert jusqu'à Philippe-le-Bel ? que
disposition de soi et de ce qui est à soi. Il déduit
de ce principe . l'étendue et les limites de la
liberté personnelle , qui consiste , dii-U , dans la
libre disposiiion de nos facultés physiques , et
surtout i.iteileciuelles , dont I usage est d'autant
plus sacré, que s'alléraiit par l'incnie , l'horanie .
alors se trouve dégradé, tandis (jne leur exercice
le constitue éminemment au premier rang parmi
les êtres animés. Mais si l'homme ne peut être
exproprié de ce dii^it sacré, il suit donc qu'il ne
peut être réduit en esclavage que par l'abus de
la force et l'injustice. Puissent ces principes être
universellement reconnus , afi'.i que le droit poli-
tique deviennent en même teins le code de 1 hu-
manité !
Le cit. Bnache a lu des observations astrono-
miques et géographiques , pour servir au "voyage
du capiiaineBaudin. Il en sera rendu compte par U
commission qui a été chargée de rédiger des ins-
tructions pour ce brave navigateur.
Le cit. Bernardin de Saint-Pierre , a lu un mé-
moire sur le régime diéiétique , et sur les obser-
vations nautiques à suivre dans les voyages mari-
times de long cours.
( Voyez ce mémoire au n°. du Moniteur da
6 brumaire.)
LIVRES DIVE
Le tribun^al de police du 4"" arrondissement a
rendu , le a3 vendémiaire dernier , un jugement
qui condamne à une amende de trois journées de
travail , aux frais d'instance , et à l'afRche au
nombre de cent exemplaires, un marchand de
de viande à la Halle , dans la voiture duquel
ks préposés de la préfecture de police ont trouvé
et saisi un quartier de vache, provenant rf'Mn arii-
mal tué pour cause forcée, et incapable d entrer dans
la consommation , comme insalubre et même dan-
gereux.
INSTITUT NATIONAL.
J^otice des travaux de la classe des sciences morales
et politiques , pendant le dernier triniestre", par
le citoyen Champagne.
Le désir d'étendre le domaine de nos connais^
sances a engagé le citoyen Dupont, raalgréson
â^e , malgré tant de travaux qui l'ont rendu cher
aux sciences , à aller visiter l'Amérique septen-
trionale , où il voyage au nom de l'institut.
Son esprit actif s'est exercé , même pendant
■une pénible traversée , sur une ioule de sujets
d'un grand intérêt.
Une description de la Doris , animal jusqu'à
"^-'èsent peu observé, accompagnée de dessins
acts ;
es sciences ne firent aucun progrès depuis Char
lemanne jusqu'à Robert ; qu'elles furent négligées
sous Henri et Philippe I"; qu'elles jetèrent à peine
de laibles lueurs dans le douzième siècle ; que
dans le treizième , les voyages d'outre-mer, les
riva li lés ent:e les corps qu'on appelait alors savans ,
excitèrent quelqu émulation.
Mais jusqu'à Philippe le Bel , la science , envi-
ronnée d'ertsurs et de préjugés , n avait pas de
principes certains , et quelques hommes seule-
ment cherchèrent, dans le silence , la route de
la nature et de la vérité.
Un sujet digne de méditations politiques, a été
traité par le citoyen Daunou . dans un mémoire
sur les élections au scrutin. En quoi consiste le
vœu général ? Quelles sont les conditions qu'une
forme de scruîTn doit remplir pour vériher ce
vœu avec exactitude ? Jusqu'à quel point ces con-
ditions ont-elles été remplies par les diverses
formes de scrutin employées ou proposées jus-
qu à nos jours ? Telles sont les questions que le | le 16 au matin
citoyen Daunou s'est proposé de résoudre , pour
établir une théorie positive sur cette importante
matière. Il a examiné et discuté particulièrement
1er modes proposés par Condorcet et Borda. Il a
prouvé qu'aux calculs mathématiques devait se
joindre un calcul plus difficile encore, celui des
passions , des intérêts, des opinions. Il a combirié
toutes ces données , pour en former une théorie
qui exigeait la science des calculs, la connais-
sance du cœulr humain , et l'habileté de l'homme
exercé à traiter des matières politiques.
Un voyage d'outre-mer . et retour en France
par la voie de terre en 1432 et 1483 , inédit jus-
qu'à nos jours , fait par un homme sage et ins-
truit , plein de faits curienx sur les mœurs ^ les
usages, les intérêts pohtiques de différens peuples
de 1 Asie et de l'Europe , et entièrement inconnu ,
a été mis en état d'être publié par le cil. Legrand
Daussy , qui a joint une introduction à ce pré-
cieux voyage. C'est un mémoire sur les voyageurs
français , antérieurs au i5= siècle, qui ont publié
des relations de leurs voyages , et sur les étran-
gers qui , avant cette époque , ont écrit leurs
voyages en langue française. Des voyages au
cinquième siècle , de Gaule à Rome , par
Numatianus ; en Terre-Sainte , en 5o5 , par l'é-
vêque Arculfe ; à Constantinople , en 811 , par
Hulion , envoyé de Charlemagne ; en Terre-
Sainte , en 870 , par le moine Bernard; enfin
des voyages plus connus dans le treizième et
Elémens de Géométrie avec des notes , par A. M.
Legendre, membre de l'institut national, troisième
édition , 1 vol. in-S" avec treize planches.
A Pari» , chez Firmin Didot . libraire , rue de
Thionville , n° Il5 et i85o. Prix 6 fr. broché , et
7 fr 80 cent, franc de port.
Vues sur les négociations que le gouverne-
ment français peut employer pour forcer l'Au-
triche à la paix, et hâter l'abaissement du gou-
vernement anglais;par P. D. Hérici (du Calvados.)
A Paris , chez Desenne. Prix, 60 cent.
DUS PRESSE.
sdi-
Cours de morille religieuse , par M. Necker .
tion revue et corrl'aée. A Paris , chez Genêts, rue
de Thionville , 11° 5 , et Charles Pou«ens, quai-
Voltaire , n° 10 , 3 vol in-S" de 1000 pages, sur
caractères de Firmin Didot , n" 12 , ci sur carré
fin ; prix, 9 francs.
Cet ouvrage , le chef-d'œuvre de son auteur,
renferme les vérités les plus importantes au bon-
heur des hommes. L'édition qu on annonce ici,
a été imprimée sous 1 autorisation de M. Necker,
qui a fourni successivement aux éditeurs de Paris,
les feuilles revues et corrigées de sa main. Elle est
exécutée avec une correction peu commune , et
quoique moins chère que l'édition de Suisse,
elle l'emporte par l'exactitude et la pureté. On
en délivrera des exemplaires le 18 courant ; et les
personnes qui se feiont inscrire de suite chez les-
libraires ci-dessus indiqués , pourront en avoir
Bourse du n brumaire.
Rente provisoire stS fr. l3 c.
Tiers consolidé 35 fr. 63 c.
Bons deux tiers. , 1 tr. 68 c.
Bons d'arréragé 86 le. 88 c.
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Syndicat 80 fr.
Coupures 80 fr. 25 c.
Act. de 5o fr. de la caisse des reniiers. ï8 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republii^ije et des Arts
Dem. Praxitelle , et le ballet de la Dansemanie.
Le 19 , Bal masqué.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
les trois Maris, corn, en cinq actes , préc. de
Claudine.
Théâtre DES jeunes élevés, rue de Thionville.
Auj. la Confiance mal placée ; la Lanterne magique ,
et le Doyen de Killerine.
Théâtre du Vaudeville. Auj. relâche pour
la restauration de la salle.
rnÈATRE DE LA Cité-Variétés. — Pantomimes.
Aujourd'hui la i"' repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée de
chants; Louise, ei le Troubadour , pant. nouv.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
A Pavi s. de l'iropfimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" j3.
V— _i=3/
GAZETTE NATIONALE ou LE MOMfEUR Ui>..ERSEL.
^f" 43.
tridî , 1 3 brumaire au 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M o N i T E U R est le seul journal officiel
I consent les séances des autorités constituées . le. actes da gouvernement . les nouvelles des armées , ainsi <,ue ,« faits et les notions tant .ut
rinténeur que sur l extérieur, fournis par les correspondahces ministériel!ea|
Un article sera particulièrement consacré aux sciehces , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ESPAGNE.
De Cadix , le 4 brumaire.
i« 'amiral Keith .s'étant apperçu que nous
étions disposés à le recevoir , et que , s'il était
jnaitre de débarquer , il ne le serait peut - être
pas de se rembarquer avec tout son monde ,
a pris le parti de renoncer à son ejipédition.
Sur douze pêcheurs de Cadix qu'il avait em-
barqués à bord de son escadre pour s'en servir
comme de pilotes , six sont morts en arrivant à
Cadix. Nous avons su par les autres que la ma-
ladie contagieuse se manifestait d/une manière
effrayante à bord des vaisseaux anglais.
On croit savoir que l'amiral Kelih se rend à
Livourne , afin d'y être au moment de la rupture
des hosttlilés, et de pouvoir aider le général Som-
mariva à détendre la Toscane.
ANGLETERRE.
Londres , 24 octobre ( 2 brumaire. )
Les personnes les mieux instruites croient gé-
feéralement que les communications entre l'An-
gleterre et la France n'ont été suspendues qu'à
cause des délais qu'a éprouvés à Vienne la con-
clusion des préliminaires de la paix avec la ré-
publique française. Maintenant que cette affaire
est terminée , et que le premier consul est assuré
de la paix sur le continent , on croit qu'il invitera
notre gouvernement à envoyer un ministre au
congrès de Lunéville , sans insister sur un armis-
tice maritime , dont, ainsi que nous l'avons ob-
servé depuis long-tems, il n'a plus été question
depuis le moment oà la convention de Hohen-
linden a été signée. On sait que dans la corres-
pondance qui s'était établie derujérenieDt à ce
iujet , la France reconnaissait que cette demande
avait entieTement pour objet son propre avan-
tage , et elle regardait cette satisfaction comme
Une condition de laquelle elle fesait elle-même
dépendre une suspension d'armes sur le conti-
»ent. I! n'y a pas d'apparence que dans l'état
actuel des choses , le gouvernement français in-
siste encore sur cet armistice et en fasse le
préliminaire de notre admission au congrès de
Lunéville. Toutes les démarches du premier
consul sont tellement prononcées en France pour
la paix , qu'il est impossible qu'il cesse de se
montrer dispo'é à la faire. L'expression de ces
dispositions pacifiques sera , on peut aujourd'hui
en être sûr, accueillie avec cordialité dans notre
, pays-
Un messager arrivé parle panuebnt de Lisbonne,'
a apporté des dépêches de sir Ralph Abercrombie
datées de Gibraltar , le 7 de ce mois : elles an-
noncent que l'expédition dirigée contre Cadix n'a
pas réussi. Notre flotte , après avoir paru devant
cette place , s'est retirée , sans avoir pu effectuer
lin débarquement. Cette expédition aurait dû se
faire plutôt : c'est aux retards qu'elle a éprouvés
qu'il faut attribuer sa non-réussite. Elle aurait eu
des conséquences de la plus grande importance ,
dans un moment où l'ennemi annonçait le projet
d'une invasion dans le Portugal. Sir Ralph Aber-
crombie est rentré le 5 à Gibraltar.
Les lettres de Cadix et de Lisbonne portent que
la maladie , qu'on s'accorde à regarder comme
une véritable peste , continue ses ravages en
Espagne. Elle est répandue dans presque toute
l'Andalousie. Un cordon a été établi le long des
frontières du Portugal , et l'on fait subir une
espèce de quarantaine auxpersonnesqui viennent
d'Espagne. La mortalité est un peu diminuée à
Cadix . où 8noo personnes ont déjà perdu la vie.
lians lîle de Léon , département de la marine , à
environ g milles de Cadix , on compte cent vic-
times par jour. La mortalité est très-erande aussi
à CWclana , Port-Real . Port Sainte-Marie , Xerez
et San-Lucar. Les chaleurs y sont encore exces-
«ive». [Extrait du Times.)
Du a8 octobre (^ brumaire. )
Lï, duc de Marlboroug , l'université d'Oxford
et le» principaux habitaiis du comté de ce nom
ont ouvert une souscription pour l'importation
de grains de bonne qualité.
Il est question de présenter à la première session
du parlement , le plan déjà offert d'une taxe sur
les paroisses , pour la distribution des soupes
pour les pauvres. Cette taxe doit être , dit-on ,
dtjn schelling par livre pour les personnes qui
paient une certaine somme en vertu de l'incûmè-
tax , et doit porter aussi sur les jocataires. La
somme qui en proviendra sei; régie et employée
par un certain nombre fixé de commissaires.
_ On écrit de la Haye , qu'une frégate anglaise a
eie brûlée par le tonnerre , aupiès du Texel.
Des lettres de Constantinople disent que quoi-
que la Porte n'ait rien publié de l'Egypte , depuis
la mort du général Kléber, il est certain néan-
moins que les hostilités ont recommencé ^ que
le» français ont passé le désert et se sont rendus
maîtres de Gaza , de manière que la Syrie est ex-
posée à une seconde invasion. Il paraît que difFé-
rens beys .jugeant par la conduite du grand-visir
pendant l'armistice , qu'il voulait soumettre
l'Egypte sous l'autorité immédiate du grand-sei-
gneur ,^ se sont réunis aux fran.-ajs , dont ils ont
grossi l'armée.
La semaine passée , une députation de la ville
de Liverpool , s'est rendue chez S. A. R. le duc
de Clarence, pour lui présenter dans une superbe
boite de cœtir de chêne , incrustée et doublée
en or, des lettres de bourgeoisie en reconnais-
sance de la conduite que S. A. R. avait tenue
au parlement, lorsque la question de la traite des
nègres y fut agitée. Le duc de Clarence repondit
au dtscours que le recorder de la ville de Liver-
pool lui adressa à cette occasion a qu'il était
)> extrêmement sensible aux marques d'appro-
" banon de la ville de Liverpool ; quif espé-
» rait que la question de la traite des netrres
5> avait été si bien éclaircie qu'elle ne serait plus
" agitée ; mats que dans le cas où contre son
J. attente, ce sujet reparaîtrait au parlement il
" s engageait à ne rien négligerpotit faire iriom-
>» pher les jpnncipes qu:a avait soutenus, 1.
Le vaisseau français la Magicienne , venant du
àenegal a été récemment amené dans le port de
Plymouth. Trois énormes serpens , de la grosseur
du bras d un homme et long d'environ sept pieds
se sont introduits dans ce bâtiment sans que l'on
sache comment; (vraisemblablement pendant
quil mouillait dans le Sénégal. ) Tous les jours
ils paraissent sur le pont, au grand effroi des pas-
sagers ; mais dès qu'ils se voient observés , ils se
retirent et ils n'ont encore fait de mal à per-
sonne. Ces jours passés, l'un d'eux est entré dans
le hamac d'un homme de l'équipage pen-
dant qu il dormait. On craint que ces animaux
ne trouvant point de refuge quand le vaiïseau
sera déchargé , ne soient fort dangereux.
Le comte d Urvoy et sa femme , émigrés fran- un citoyen rappelle dans le Ivurnat dt 1
ça^ étaient accuses par trois officiers de police, un paragraphe ek.rait du kJaZrda,, ven ■
d obtenir argent du publtc sous de faux prétextes, Ldemiaire^n 6 , de la république ,X„rT'**r"
:"„.l'r"11.^r_".!.^:^='r ?• ^^ officiers , que la paragraphe fatt naître l'idée À'uV r fpirnenD
aussitôt les troupes espagntoles se rehdirént fers
tous les points menacés. Le ,8 au soir , kR
Bickerton qui avait effectivement bloqué le porl
J. Fulteney avec i5,ooo hommes. Il le sollicita de
rester mais les ordres du géné.al étaient positif. :
7-^r K^"^'' ''"°"'"'>- à Gibraltar le 9. Le roih-eç
de t,ibraltar ne pouvant fournir assez d'feauà'
toute 1 armée, ,70 vaisseaux chargés de troupes'
furent envoyés à Tetuan ; on assure que la .fa"
nison de Ceuia était si faible quelle n attendait '
qu une sommation pour .se rendre. Le Vent d ouest '
Chassa la plupart des vaisseaux dans la Mcditjsr-
ranee, et nous ne lûmes pas avant le 6 en état'
d entteprendre I expédition destinée contre Cadix.
Un devait débarquer entre Rota et San-LUcar4
emporter ces postes , prendre ensuite le poste de"
Saime-Caiherine , et pénétreraa N. O. de la baie. '
:(ooo hommes turent mis en bateaux ; mais lé'
gênerai voyant qu'il n'y avait pas assez de cha- '
loupes pour pi-endre un plus grand nornbre dé
soldats et que I entreprise ne pouvait s'txécuter,
ht donner le signal de se rembarquer ^ e. houS '
sommes revenus à Tetuan, doà l'on croit que
nous irons a Livourne. ^ .
Du 2g octobre ( 8 brumaire. )
Le parlement s'assemblera le 20 brumaire,
La mauvaise tournure rju^oni prises les opé-
rations militaires sur le contiriehi ëi en Eg, pie ;
les sommes immenses «jUont coûté le-, uois ar-'
mees que l'on a tenues constamment embarquées
et qui se trouvaient pat-tout , hormis où frétait
nécessaire qu elles se trouvassent pour secourir
les al les; la cherté excessive du pain (qui vaut
10 s. la livre) et de plusieurs autres démets de
première nécessité , rendront très - iniéressaniô
cette session du parlement.
Toijs les rapports des comtés représentent les
privations du peuple et ses souffrances sous le»
couleurs les plus effrayantes. Les econotnistes
évaluent a 3oo millions tournois la déi»nse de
I année dernière pour l'importation des gains-
ce qui cepetidant ne suffit pas pour garantir ce
pays des malheurs d'une disette.
Les campagnes, proprement dites i, ne renfer-
ment plus que désjournaliers mourans de faim;
toutes les pentes propriétés sont détruites • les
grandes se sont, depuis dix ans, atcrues d'une
manière effrayante. On croit que , dans le cou-
rant de janvier, le pain coûtera i5 à 16 s la
livre , et une révolte de la masse du peuplé.
contre les ministres paraît inévitable.
I
N T E R I E U
Paris , le 12 brumaire^
R.
Un citoyen rappelle dans \ejvurnal d'e Paris »
police avait envoyés à dessein chez le cumte
d Urvoy, motivaient leurs plaintes sur des pré-
dictions de mariages , etc., qui leur avaient été
faites pour la somme d'un scheling par question.
Le comte et sa femme menés en prison , ont éitè
poursuivis devant les tribunaux; mais leur con-
seil ayant plaidé une irrégularité de forme dans le
décret de prise de corps lancé contre eux , la pro-
cédure se trouva de droit annullée , et les pri-
sonniers furent acquittés. A peine eurent-ils quitté
la cour qu'un autre officier de police les arrêta
sur un ordre de M. le duc de Poriland , signé en
vertu de Valien-act. Remis entre les mains d'un
messager d état , il ont été conduis à Gravesend,
pour être déportés. M. Ford avait dit . lors de
leur arrestation , qu'il exercerait toute son in-
fluence pour les faire renvoyer d.u royaume.
( Courier de Londres )
Les anglais ne rougissent pas d'avouer la tenta-
tive qu'ils viennent de faire contre Cadix. Voici
une lettre de Gibraltar , publiée par leurs jour-
naux. Cette expédition ne serait que ridicule , si
elle ne méritait une autre qualification aussi juste,
mais plus sévère.
Extrait d'une lettre de Gibraltar.
Lf, i3 septembre . lord Keith et sir Ralph Aber-
crombie avec 10,000 hommes sous ses ordres
arrivèrent ici de Minorque. Ce retour était inat-
tendu et la côte d Espagne «ans défense , mais
r .o-r--- — -.«,.„ u un «approcnemenC
curieux entre la conduite actuelle des anolais
devant Cadix , et celle qu'ils tinrent en 1780»
» Après le terrible ouragan du (i octobre 1780.
qui ravagea les Antilles , les généraux français-
'!",?' °%'-f"^ 1"^ ^^ """- oubliant tous projets
d hostilités contre les anglais , ne s'occupèrent
qu a donner les plus prompts secours aux lia-
bitans des îles qui avaient le plus souffert, ainsi-
qu'atjx vaisseaux, d'une flotte march .nde qui
venaient d'arriver dans ce malheureux moriient».
Le commandant des troupes à la Martinique*
eut même la générosité de recueillir les équipages
de plusieurs vaisseaux anglais, échoués sUrles
cotes del'île, de pourvoira leurs besoins ,.et de le»"
renvoyer ensuite à Sainte - Lucie , au lieu de
les garder prisonniers , comme il était en droit
de le faire. Il pouvait aussi , avec une Seule
frégate, s'emparer de la Barbâde , une des île»
anglaises , que l'ouragan avait le plus maltraitée»
Mais il sentit qu'il y avait plUs que de l'inhu-»
manité à profiter d'un désastre aussi cruel pour
les malheureux babitans , dont une partie avait
péri, et l'autre se trouvait dans le plus misé-
rable étati
)t C'est cependant ce moment de détresse gé^
hérale, que les anglais choisirent pour venii-
attaquer l'île de Saint-Vincent , avec 4000 hom-
mes de troupes, et 10 vaisseaux de ligne , com-
mandés par l'amiral Rodney. Il est vrai que
cette entreprise barbare eut le sort qu'elle mé-
ritait , et qu« le» abglai», repousses avec peue
i66
furent obligés de se rerûtarquer. Mais elle n'est
paY jfioins uiiê~àTs'~iïiTrte et mille preuves de
1 odieux caraciere de celle naiion orgueilleuse ,
qui ne ciaiut pas de violer les droits les plus
sat[£s,^iotu_caiii(;tu£r ceux- qu'elle -ne doitqu'à
ses tasuriidiions et à sa tyrannie.
îl est nêcessafrc , pourrinlelligence de la dis-
cussion , ique je rappelle les pfincipes que j'ai
établis dans mon mémoire.
J'ai dit 1° que je Nil coulant sur le revers
des tnp-.nagnes du côié de lAirique , ses eaux
avaient une tendance à se porter vers l'ouest ;
Q_ue le Bahhar-bélâ-mé , ou la vallée du
-- Les lettres de Çayonne parlent delà mor- j^^^,^ sans eau. ^ recevait, dans des tems très-rc
iiéiqaî, legne àtjéville ; elles' ë'IeVeht à un , cules , un
lal . ^
non]bre prodigieux celui des matelots que' cette
ville renferme. On retient à Vittoria les marchan-
dises destinées pour l'Andalousie.
— On écrit de Rouen, q.ue les étoEFes de laine
s'y "soni vendues, à la foire de brumaire, avec
une-^gciivité égale à eëWé de 'la vente des mêmes
éttSïFasià Bordeaux-, qu à Elbeuf les draps sont
veitdps- avant que la fabHdation en soit achevée ,
ecifueles manufactures de toiles dites indiennes,
se.soQtiennent aussi dans une grande activité.
' -- On se rappelle qu'il y a à peu près deux ans,
^I.Reich ", célèbre. par son érudition , t'annoliça ,
en Allemagne , comme ayant découvert un re-
méde contre toutes les -Ficvres sans exception ,
ppvjrvu toutefois qu'il n'y eût pas lésio.n dans les
drgan.çs . tels que le poumon , etc. : U demandait
en,"rriême-teras qu'on lui assignât une récom-
pense, confornie à l'imporlance de sa découverte,
dô.rn.il se réservait la connaissance secrète jus-
qlre là. Le roi de Prusse , toujours empressé
d'accueillir tout ce qui peut être ulileàlhuma-
nîté .'appela W. Reich à Berlin , et soumit sa dé-
couverte à l'examen des médecins de celle capi-
tale. Xeur rapport, fondé sur de^ nombreuses
expériences , lui fut favorable , et ils déclarèrent
Jl'ue l'auieur était un homme d'un mérite dis-
lihgué. Dès-lais , le roi le nomma protesseur ,
'ayec des appoiritemens considérables , et il joignit
à'cet acte de justice une pension de 1200 Ir. ré-
versible à sa faniille , mais à condition que , pour
e branche du Nil ;
3°. Que la iraditiorî- rous apprend que les eaux
qui coulaient dans le Bahhar-b/ilâ-mé , furent re-
jeiées dans la vallée actuelle ;
4°. Qu'il fallut par conséquent barrer la
vallée ; . ■■.■''.
5°. Que les eaux n'en conserveront pas Hiojns'
leur tendance à s'y poiter ;
6°. Qjie , d'après la direction''de la vallée du
fleuve sans eau , l'on voit qu'elle doit aller aboutir
au Fayoum , à l'endroit de l'emplacement du lac
Mœiis.
7°. J'ai ajouté que , pour que le lac Mœris eût
pu remplir la destination q ue les anciens auteurs
lui avaient assignée , il fallait qu il eût été digue
et non creuié.
8". Je crois avoir également prouvé, dans, ce
mémoire , que la direction constante des sables
de la Lybie étant de l'ouest à l'est , ces sables
tendaient à combl-er entièrement la vallée ilu
fleuve sans eau , comme elle se trouve déjà l'êire
considérablement.
Le passage--ciié des Voyages d'Anlenor , con-
firme , à quelques inexactitudes près , l'opinion et
les principes que je viens d'énoncer.
Il est évident , d'après ces deux opinions , que
le lac Mœris eoloaré àe digues.et de monlagnes{\) ,
était formé par la tîte de la vallée des lacs de
Natron et dujieuve sans eau , et pat des digues (a).
a , sans doute , puisé dans quelqu'auteur nncieri-.
41 -H-est donc plus permis de douter dr ■tcxts*'
(.ence primitive et de l'emplacement du Jac
Mbris , de la manière dont il avait été.-foritié ,
et de sa destination comme réserve d eau , pour
suppléer aux ciues peu abondantes du Nil:
1 ouvrage ag,réablement instruciil du cit. Laniier,
en fournissait les preuves avant que j'y eusse été
amené par des considéralions générales . et par
l'examen du pays. \
Le général Anduéossy.
I E T E
'■ "^OICI c|e qu'on lit dans' an (])ûvr'a|;* itfti<
Histoire de 'Nader Qhhh , 'connu sour le iio
l'avantage général , il i)ubliera son remède gratis. < Les 75 lieues de circonférence , que l'on suppose
à ce bassin artificiel , sont une étendue trop con-
sidérable. Les vallées qne je viens de nommer
ont , tout au plus , quatre lieues de largeur ; ce
qui donnerait environ douze lieues de circonlé
rence, et c'est , je crois . tout le développement
qu'on peut attribuer au lac Mœris ; c.ir , à cause
de la pente du Bahhar-bcla-mé vers la Lybie ,
on ne pouvait pas rejetter trop en arrière la digue
intérieure de barrage. Dans le tems de la crue du
JVt/, tes eaux s'amoncelent dans cette vaste enceinte...
S'amoncelent ne me paraît pas le mot propre ,
M. Reich vient de satisfaire à ce devoir , par un
tra-lté de lOi pages d impression, divisé en 88
aphorismes. Cet ouvrage inléressani fait une vive
sensation , par l'exposé d'un nouveau système sur
les fièvres. La base principale du remède consiste
en de fortes doses d'acides minéraux , tels que le
soufre, le nitre , et surtout le sel commun. Ces
acides doivent être fortement délayés , et par leur
usage, ce savant guérit des personnes dont léiat
«tait désespéré.
Observations sur le lac Mœris.
Je ne connaissais pas les Voyages d'Anlenor en
ftrlé M'
Dm de
Tkamds Kouli kJiau., miperruv Je.yPerse , traduite
d'un manuscrit persan . par^ordrt dn roi de Danne-
marck. linprime à Londres, chei F. Elrmly, (ihrairi,
dans lé Strtind en *^^o.
Nader Chah eut . de sa première femine , le
prinCé Riza Kouli Ml.zà , né eh tJjB. '
ïl'eut d'une secondé 'feninie , Nazrallà M^rza et
Iman Kouli Miiza. ;
En i/So, Riza Kouli Mirza épousa la sultane
Fdlirae Begum . fille dt Chah Hu-^sein , et il eut
pour fils Charok Mirza , né en 1733.
En 1731 , Nader déposa Thamas Chah , et fit
proclamer roi Abbas Mirza , fils de 'ï'hamas ,■ âgé
de huit mois.
Nader se fit proclamer lui-même en 1735.
En 1737 , Nader, après avoir pris ICandahar ,
résolut de pousser ses conquêtes jusque dans
l'Inde. Il établit Kouli Mirza , son fils aîné , régçht ,
pendant son absence. Cette expédition dura deux
ans. " '' ■
En 1747 , Nader fit arracher les yeux à son fils
Riza Koali Mirza. Depuis lors, la drUatiié de Nader
augmenta au point (jue les chefs de l'armée ^so-
lurent de le faire péiir.
Ali Kouli Khan , son neveu , était à la tête dti
complot. Trois des principaux officiers , Mohamedf
Khan , Erivani (1) , Mousti Beg , Taremi (i) , et
Koutche Bcg , Gondozla'i (i) entrèrent la nuit
dans sa lente et le tuèrent, en 1747. Le lenaemain
Ahmed Khan , Abdali (i) , à la tête des avgouans
et des ousbeks voulut venger la mor: du loi. Les
persans prirent le parti des assassins. Ahmed se
voyant le plus faible se relira avec ses troupes aa
Kandahar , où il fut ensuite proclamé roi, Ses,
j'aimerais mien^ s élèvent. L'auteur aurait indiqué jescendans régnent aujourd'hui ïur l'indus, suc
par-la une masse d eau supérieure au sol tle kahor , Cachemire , etc.
lEaypte, ce qui est nécessaire pour un arrose- .,• t/ , i/l, j m a^. r^v.,r. .,«. C»
... ■ 1^ 1 I • . c „„ r 1 Alt Kouli Khan , neveu de Nader Lihati , se Ht
ment artificiel ; a phrase suivan e confirme d ail- ' '^" "■'^^" '■>-""■■ , '■v-v-
JE ne connaissais pas les Voyages a, Amenor en meni artinciei ; la puiasc suivau.c Lonu....<; u a..- , tu Khnrassan et orit le nonu
Grèce ,t.en Asie , par E. F. Latrlier (l) , lorsque,! leurs ce léger changement; car l'auietrr ajoute ^î" ,T^', . "'nf " Koul Xz^ l.s deux autr^
j-aiépit*mon laLire sur la valléïdes iacs^ de que , pendam le^ six mois que le Nil b..isse , | ^ Ad^l U al R,za Koul. ^ v- , 1- d-- -uue«
J^atran, et celle dujieuve sans eau [3]. D'içtès des on ouvre les écluses , et une circonférence deiivzron 1'"''°'' '^^^^^^ ». av. 1 ^ ,
considérations fondées sur la topographie du
terrein , j'avais été conduit à insinuer dans ce
mémoire qae te lac -Mœris avait dû être formé et
non creusé (3). Il paraissait, d'aptes l opinion
générale, que ce lac avait été creusé de mains
d hommes. Je trouve , dans l'ouvrage cité ci-
dessus , un passage extrêmement curieux , bien
80 lieues , plus élevée d ev.mron 3o pieds qui le i
niveau du Nil , forme une seconde inondation que
l'on dirige à volonté. Ce qu'il est important d'ob-
server ici , c'est que , d'après cette version , les
eaux n'étaient point élevées avec des machines ,
mais qu'on les fournissait par écoulement : le lac
Maris avait donc été formé et non creusé (3;. J
un , grand jotjr sur ce que l'histoire nous a
transmis du fameux lac Mœris.
Voiei comment le citoyen Lantier s'expritae ,
tome l^f , page 277 :
4t Un des travaux les plus glorieux de l'Egypte ,
c'est le lac Mœris : c'est un large bassin d en-
viron 75 lieues de circonférence , creusé entre
deux montagnes ; ce lerrein était autrefois cou-
vert d'urî sable stérde. Un Pharaon , nommé
Rireris , conçut un des plus beanx projets que
l'esprit humain ait enfanté Des milliers
d'hommes creusèrent ce sol aride : il fit nter
vin canal de 40 lieues de long et de 3oo pieds de
large , pour y conduire les eaux du Nil. Ces
eaux , portées par le canal dans le tems de sa
crue , s'ammoncelent dans cette vaste enceinte ,'
entourée de digues et de montagnes; pendant les
»ix moi» que le Nil baisse , on ouvie les écluses ,
et unt; circonfértnce d environ 80 lieues , plus
élevée de 3o pieds que le niveau du Nil, forme une
«econde moadation, que l'on dirige à volonté.
>> Une partie retourne au fleuve et sert à la
navigation ; l'autre partie, divisée eu tudsseaux ,
porte la fécondité jusques suc les collines sa-
ploneusts ; de peut que ceite mer artificielle ne
ïompe ses barrières , on a percé un canal de
décharge à travers la montagne , par lequel on
verse dans la Lybie les eaux surabondantes. Ce
lac a cent pieds dans sa, plus grande profondeur.
Cet ouvta,ge SLipploe aux années d'une crue mé-
diocre', en retenant des eaux précieuses qui se
seraient perdues da.ns la mer. >i ,
(i Voyages d'Antenor
iur l'Egypte , etc. par E.
chez Buisson , libraire , rue Hautefcuille, an 8.
publiés pendant les campagnes dti
nnées 6 et ;. Paris , Didot aine ,
propre à concilier les deux opinions, et àjeiterl trouve en outre l'existence du Bahhar-bela-mé,
et je remarque la tendance des eaux du Nil à s'y
porter, dans cette phrase du passage que nous
avons cité : De peur que cette mer artificielle ne
rompe ses barrières , on a percé à travers la mon-
tagne un canal de décharge ,par lequel onverse dans
la Lybie les eaux surabondantes A travers la
montagne n'est point exact , le Bahhai-bela-mé
ayant été barré du côié de la Lybie , pour former
le bassin du lac , c'est dans la digue même
qu on avait dû creuser le canal de décharge, et'
établir l,s écluses pour la manœuvre des eaux:
ces écluses devaient être des portes busquées avec
enipêlemens , ou seulement des empèlemens à
diverses hauteurs.
Enfin, il reste à expliquer le mot creuser, qni
se trouve dans cette phrase du citoyen Lantier
Le lac Mœris est un large basiln creusé entre des
montagnes; mot, qui transmis parla tradiiion .
a jette dans 1 erreur les écrivains les plus accré-
diiés ; nous avons observé que , par la direc-
tion de la marche des sables , la vallée du fleuve
sans eau tendait à être entièrement comblée;
elle l'est à présent en grande partie ', et elle devait
avoir reçu beaucoup de sables à l'époque où
Mœris voulut foriper le lao qui a conservé son
Qo.m : ce stmt ces sables qu U lallait déblayer,
pour que le fond de ce bassin se trouvât au
niveau du sol de lEgypie ; delà . sans doute ,
l'opinion que le lac Alœris avait été creusé-
I II n'est gueres possible de trouver une plus
parf.iiie correspondance entre le passage des
voyages dAntenoT, que je viens d'analyser , çi
le mémoire où j'ai tait mention du lac Mœris.
Ce que j'ai présenté comme une conséquetice
nécessaire des principes de topographie sur les-
quels je m'étais fondé , devient une certitude ,
d'après le récit d'Anienor , que le cit. Lamier
(2' Mémoires sur l'Ejyple
général Bonaparte , dans les
tu 8 , pige !i4i.
(ÎJ MéiBOiret «uç les lacs i( Natrsn , etc., puge 343.
{i( Voyages dWntenor, pag. 277.
U.) Mémoires sur la vallée des lacs de Katcan , etc. jag. 24Ï.
^â). Mémoire «ur r, ¥' t R^£- f*^
Charok , .alors âgé de 14 ans , fut sccretemeillf
enfermé dans le château de Mesched , et l'on fit
répandre k- bruit qu'il avait péri avec ses trere».
Le dessein d'Ali Kouli Khan était de ie défaiie
de ce prince , s'il pouvait garder l'empire sans
danger, ou de l'élever au irons s'il voyait que le*
persans s'obstinassent à avoir pour roi un fils dd
Nader Chah.
Ibrahim , frère d'Ali , mil dans ses intérêts lei
avgouans et les ous-beks. Il gagna quelques gou-; ^
verneurs de provinces , et marcha sur Kermanchat
à la tête d une armée. Emir Khan , gouverneuif
de cette ville , s'éiant opposé à IbraKirn , fuC
vaincu et fait piisonnier. La ville fut prise et
pillée. Ali maicha conire son frère , mais il
fut vaincu et pris à ïebeian. Ibrahim lui fit
crever les yeux.
Peu de lenis après , Ibrahim voulant attire»
ailleurs les trésors de Nader, qui Se trouvaient
à Mcsched , fit proposer dinstaller au trône d«
Perse, Charok. Les seigneurs Kurdes ei les chef*
du Khorassan répondirent que rii«'allaiion dô
Chaiok pouvait se faire à Mesched comme
ailleurs , et en effet Charok fut élevé ai» ttôn*
en 1748. Alors, Ibrahim leva ie masque de la
dissiarulalion; il attaqua Khom, qu'il réduisit Cl
saccagea. 11 voulut ensuite attaquer Kel»; mais il
fut pris et conduit à Charok Cnah. Il fut lue ea
chemin , et Ali fut bientôt mis à mort.
Charok parut alors tranquille possesseur de I4
couroEine. Cependant Mirza Seid Mohamed vpelià
fils, par sa mete , de Chah Soliman , gouvcnieui'
alois du Khofassan , iiouva le moyen de f"i'4
crever les yeux au jeune roi. Ce gouverneur tut
pris deux mois après et privé lui-même de la
vue pat Youssef .^li Khan , Gela'ir. Charok fùj
replacé , quoiqu'aveugie , sur le trône du Kho»
rassan , qu'il a conservé tranquillement (2) . à ce
quil paraît, jusqu'en 1796, éj-oquc à laquell^
Aga Mehcmet Khan s'est emparé du Khorassaii
et a fait périr Charok. '
Mais tandis que Charok , aveugle , régnait slrf
1} Ces quatre mots' sont, les ncnis des cribuff-auxquel <
persc^nn^efi appartenaient.
2) Ce qui suit n'est plus extrait de
de lit correspondance du citoyen Roiissea
comaieiciatesj à Bagdat-, et de celles der
l'ouvrage cité , mai*
u , agent des relatïorfl
T'ovïseuxs' modbriiw» '
i'67
lu! ; ic XUttihl innre 'éh t'fret » («"que rtrlO-^l'llk"
lion d& la vVccirife ■csr'^S"'-"*''^"'.?'^'''^^^ ., ^',
exempte d'acciden's .(|utl.,ij.uc 5nit I ^i^e des'Slijr'*
que i'oi) y souriiet ; 2" iiii'uh "efFct préiervijtil' s'est
fait seniir dans lés rélnoculaiiiMis avec le virU»
vv.rioli(jiie;';ue sur dix-iicul sujets aucun n'a eu le
plus légeiindiced'énipuoi» générale. Lc3 accidcOS
se soin bornés sur cinci snjets à une indaniinaliou
])roduilc-.par la lésion de la peau , i.rtlammaiion
, ,. , . . ,. , . , , , • (iiii a comnieiicé le iour inênie de I inseiiioil dii
Lmdustne cr>ns,ste en labriques de bas de so.c, ;^^^ vatioli.jv.e ; tju'on peut assimile, ccue cspee*.
= rubans, H étoffes de la n,eme nnutere; en 1^^ ^^^^^,^_, i, ^^^K ^^ :,e„.anne quel-iueloi»,
nnenes chamo.senes; en tabnque^ de ^ha-^j^^^ ^^^ per-onnes qui-s,. som dcji lait inoculef.
Son fils Euts. Ali Khan aurait régné après lui , j I'"'-;'^ ' d etofics de lame , d insi.umei.s ""*- Up, es avoir eu déjà la petite vénole/ ^t
"eunuque Aça Mehemet Khan n'avait trouvé: loues , etc.. 1 ^ . , , ■ , • ■ j u' .,,»■
'--"-- • ■ 'On voit ilans la nonce historique donnée jpar
éiée dans le pieniiet'
tirié province fronlJere ile ta Perse, l'êmpitc a
successivement p^ssé enlte Its mains de divers
usurpateurs. Les uns n'ont eu qu'un moment
d'existence , tandis que les autres ont su con-
server le trône qu'ils avaient acqUis par la force
des armes. Dans la série de ces rois . on compte
»ur-lout Kerim Khan. Il a régné paisiblement de-
puis i7-'58 jusqu'en 177g.
■ Après divers (roubles et les succè« éphémères 1
de divers préîendans . Nouràd Ali Khan a régné
•jusqu'en 1784. Jatiar tlhan lili succéda , et régna ;
éiieux ans. 1
On y trouve aussi d'autres {irodlictions animales
qui entrent dans le coniiuciC'e i, telles que le
kermès, la cire, le miel; il y a des loutres
recherchées pour leurs peaux ; des catitharides
qu'on recueille sur le frêne , etc.
Le département du Gard possède quelques
mines d'ar;j,cnt, de enivre , peu iniporiantes ; rnuis
dé considérables de plomb . de ier . de houille,
de couperose telles sont faiblement exploitées.
1-e moyen de le faire périr et de s'emparer du t
H'ôlie de Perse, qu il a conseivé jusqu'en 1797 ,'
qu'il fut tué lul-niêr.ie dans sa tente.
Cet Aga Mehemet Khan était' fils de Hassan
Khan , gouverneur de Mjzandaran. Ilfut uh des
piétcndans au trône , avec Kerim Khan. Gelui- cl
le tua dans une bataille.
Baba KU.in , neveu dç Aga Mehemet Khan ,
Eaïaît être danî ce m-ihent mahre du nord de
i Perse , et peut-être de tout l'empire.
Le commerce se compose de la vente de
qui
Apperqu statistique du département du Gard.
Le département du Gard , un des plus méri-
âionaux , est situé par le 44"^ degré de latitude ,
et ennre le i^' et le 3^ degrés 3o minutes de lon-
gitude du méridien de Paris. Il comprend une
partie du Languedoc , et les anciens diocèses
dé Nîmes , d'Alais et d Usez. .
Il est borné au nord par les départemens de
i'Ardéche et de la Lozère , à l'est par les dé-
pariemens de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, | ^ autres canaux
au sud par ce dernier . par la Méditerranée et i '^f'^uses , nettoies
le département de l'Hérault qui le borne à
l'ouest avec partie de l'Aveyron.
Son étendue en superficie eSt estimée de
1,175,044 arpens quarrés , ou Sgg.TsB hectares ,
ce iiui donne environ 291 lieues quarrées.
Sa population s'élève â Sog.Soo individus. Ce
qui donne une population de lo63 individus
par lieue quartée.
Nîmes , ville principale du département , et
chef-lieu de la préfecture , est une ville de
40,000 habitans , célèbre par ses restes d'anti-
quités et ses manufactures de soie.
m,,.u:.c u. ,avw... -.... fiorteii- Aubcrt, et insérée dans le piemteC
objets de l-abnqufs a Nrsmes , a Guissac , a,- "^ . \ \, , , , ,/,:,,■, ,i,t;„i „r,, IpW
o ■ u 1-. ' ' Al j I ^ii„k..„ r„;r.. I iiiiniero du li.nrnal di: Medenne, retltge par tes
Oaini-Hipp»lite , a Anduse , a la célèbre toirc , . j V , , /^u..^:,.; ;i„ d..,;. „.," <,,,r i,,-,U
de BeauCdire sur-tout , o-ù il se fait un très-grand
trafic de soie dans le courant de thermidor.
Un objet de commerce beaucoup plus Impor^
tint, parce qu il dépend mo'ins des variations de
ta mode, est celui des vL^s , des eaux-de-vie
dont l'exportatiaît «st conçidérable en leins de
paix ; celui des graines oléi^acées et lé.^uraitieuses !
est encore de quelqu avantage , et à l'abri des j A Ger.êve oti tcgiiait depuis plusieuis niois
accideiis du commerce d'objets de fabrique ; i une épidémie i'aiio.iiquc ijui a lart y.éf'n ea
enfin le sel des marais de Pïccais est une source très-peu de icin; , enviro:. ibu enfuis, 600 indt-i
constante de produit et de cotnructre pour ce j vidus soumis a l'opcrjnGii de la vECcine en ont
département. j éié préservée, à l'cuceijii ..n Je 7 ou 8 , qui nés-'.
On peut les favoriser tous , en petfectionhant ! ""■"■■'^'"-•'" •'^■•''^■"' '>'" ' i-'M''"*'"" d.u virus,
les moyens de transport, et *unout la navigation vanpl.qa;: nvimt que la v.iccne eut pu produite,
médecins de la Charité de Paris . que sur tioîi
mille qu'on av.iit d'abord vaccinés à Londres <
dans 1 hospice d'inoculation , et sur un nombre'
beaucoup' plus considérable, pris dans touies
les clitïs't-s du pettplé', nn n':i encore pu citer
aiicTiii individu ijui ;<it pris la petite vérole ,
ailles avoir eu la varcilie.
intérieure
On désirerait que le canal, de Beaucaire à
y a de fait , demande à être soigne , repaie
ont égalemetit besoin d'être
varioliqac nv.mt que la v.iccir
sur eux Ion effet piéseivaiii'.
Secondement , d-^ns l'eiposiiiqn des eitpériehCeï
j temenl , et peuvent être rendus unies pour la
Près delà moitié du territoire du département ■ navigation intérieure. Mais il faut un lems de
du Gard est occupée par des montagnes stériles,! paix long-tems prolongé., pour pouvoir s'occu.
tles bois que l'on détruit chaque jour peut-être '• per utilement de ces deux grands objets ; il faut
avec trop de facilité , des marais et des garrigues donc attendre. Peuchet.
Ou landes où paissent les troupeaux. j
On y récolte peu de grains , mais il ,est d'une i
bonne qualité. On y cultive le seigle .l'avoine , '. Tourlet . médecin de ta ci-devant faculté de Mont-
l'orge . des légumes, et particulièrement des j
pommes-de-terre.
Le vin est le principal revenu des propriétaires.
La vigne y réussit très-bien , si l'on en excepté
les cantons des monngnes les plus élevées du côté
de Vigan et de Saint-Jean-du-Gard. On brûle une
partie de ees vins pour les convertir en eaux-
cle-vie , qui ont beaucoup de débit.
Les vers-à-soie font, après les vins, le plus 1 tentent de tirer de fortes intlucnotis d
considérable produit du sol; les habitans n'ont; qui paraissent ' devoir opérei une conviction eu-
rien négligé pour y simplifier et perfectionner! tiere.
leur éducaiion et la culture du mûrier. La guerre i j^ „g pense pas qu'on accocde la même fa-
ayant diminué prodigieusement la consommation! ^^^^f ^ j^ quatrième réflexion du cuo)ciV y duiue ^
des ouvrages de soie , celte branche d'industrie j jnédecin de iuniversité de Louvain , que j ai lue
joufiFre beaucoup. j hier dans le 11° 5 de votre Journal. Onyrenli
Aigues-Mortes fût continué jusqu'au Rhône. Ce faites p.irle comiié. Le ciloyen Vaume veut faire;
liaîue dès doutes sur lit qualité de la matière de
la \accirie apporiée d'Angleterre parle docteur
'Vv'oodeville : il devait donc se borner à desTre^
qu'on pi'ii en trouver en France de plus lècenié
pour obuuir des vesiiliais plus certains. Il a pré-»
iéré de diva.nuer , et d embiouiller la question ou
au moins riiis!oiii|ue des faits; il les raconte
d'une manieie |ilU fideiie , puisqu'elle est coti^
traire au rap|>oit annoni-é par le comité. Son
reci'. était daiiieurs piéiiniuié; el teiiani à des
circoiisldnccs dont il est important de saisir l'en*
semble , je crois inuiiie de le suivre dans de3
détaîk uhétieurs.
Je ne parlerai que d'un fait qUi m'est parfais
lement connu: le cii. Vaumc^ rapporte que le it
vcridemiaiic , trois ^nlans rrconnus diànient vac-
cinés , lurent réino,':n;es avec le virus varioiique i
que le seomd jour qui suivit lojé.ation ; le ci.»
toyen S Malade leur uoiiva de I.1 fievie ; que les
sepiieme jour où plus cl iirvc'aiii que le comité
même, le cil. 'Vaume 5'.i.p.nc.i;;ni que Icu/s braë
piéseniaient l'aspect d'une inoculation vaiioliquS
partaiic , ciiie leur pouls élait tébrile ; sans douté
Ledépattement a plusieurs rivlcresimponantes ; |
I le Rhône, dont la navigation uscenùantc est très- j
■ difficile ; on regarde , en conséquence , un canal ;
latéral d'.'^rlcs jusqu'à Lyon comme très-utile ; j
I le Gard ou Gardon , divisé trt.cleux branches , I
! terrible par ses subiies ingad^flions , mais riui
' pourrait être contenu par. des digues , des ;
chaussées ; la Cezè , présqu'inuiile au corn- \
' merce ; la Vidouric qui a besoin aussi 'le ira- i
vaux pour régulariser son cours et faire servir sCS ;
déborderacns à l'agriculture ; enfin la Visne ,
I l'Hérault , laDourie sont également de ce dépar-
pdlitr ., au rédacteur du Mqniieur.
il ajouteraii que les trois sujets sont ou seront
Le public a paru accueillir avec intérêt unar- i marqués de la petite véioie , si à l'insi'eci'on seule
on ne vo\ai:
comiié qui
ticle inséré dans len" de votre journal du 2
brumaire , au nom du comité , pour linoculaiion
de la vacciiie.
On ne peut qu'appiaudir à la modestie avec
laquelle des hommes d'un. mérite reconnu, ol-
frant le résultat de leurs expériences , se con-
tai is
le contraire. Mais au témoignage dtl
ienicni ces circonstances et coiii'oat
l'assertion du cit. Vaume , je puis en ajouter Uii
de ijQelijue poids. On peut même , dans le fait
rappoilé par le Jocii ur Vauind , trouver une réti'
ceirc- qu il esi cliiiiciic de ne pas faite remarque*
au lecteur.
Le docteur Vaume
u Heu de irois sujets ♦
en citer i|uatre : car ce rnêrne jour,là
néiJeci ! D. ussin-Bùbreail . membre dii
cornl.é, lut rcinoculoe avec ie virus vartoliqtiC
dans la maison du médecin Guillotin , égalemeni
membre, ilu comné ; on fii niême à l'enlant quatre*
pou
fclle
Le châtaignier est cultivé par toutes les clasSes que sans doute, 1° plusieurs expressions cho j ]..i:jûre.s , rieux sur chaque bras: L'enfant n'eut
de citoyens pauvres. Il fournit une nourriture
médiocre , mais qui supplée au pain de blé dans
le besoin-.
Les pâturages y sont assez nombreux ; dans
les parties sèches on sctiie de la luzerne, du trèfle,
du sain-foin qui vient très bien.
Les bords de la mer ptoduisent du kali ou
plante qui p:.r sa combustion donne une sorte de
soude. Ce végétal maritime pouirait fournir aux
habiians des côtes un objet d'industrie ; ils ne s'tn
occupent que peu.
Les salines de Peccais leur offrent plus de
de resso-urces. Elles sont au nombre de dix-sept.
On en retire annuellement un produit de 800,000
quintaux ou 4,000,000 de mytiagratamès.
On y compte environ 20 lieues quarrées pn
bois et forêts dont la destruction rapide doit être
prise en considération.
Les routes ne sont point plantées d'arbres ; on
piétend que dans ce département ils nuiraient
a leur conservation ; on en doit d'autant plus
de reconnaissance aux administrateurs d'avoir fait
planter de saules et de peupliers le bord dès
canaux.
Les animaux domestiques , tels que chevaux,
bocul! , mulets , sont assez nombreux ; les mou-
tons y dépassent 540.000.
Les rivières sont irès-poissonneuses , les élan
quantes , et même des démentis loimels donnés ■ cependant aucuii sympiôm
aux membres du cumiié , respectables par leuis ' '
talens , par la juste confiance qu'ils inspirent ,
et par la franchise avec laquelle ils prumetient
de résoudre une questiom déjà traitée en grand
chez une nation rivale de la notre. 2°. Des laits
mal exposés , tronqués ou mal liés ensemble.
3". Des conséquences fausses el dèris.oiies.
Je laisse au public à faire justice du ridicule
tjue le citoyen Viurtie essaie de répandre sur une
question majeure, et sur ceux qui s'occupent
de la lésoudte. Que signifie cette expression d'en-
vâch'nef ? que signifie ce ton de pL-rsiflage ijui
règne dans cette quatrième réflexion du citoyen
Vaume ? supposera-t-on au docteur Vaume le
desseirl de ridiculiser ou décourager cétix qui
consacrent leur science et leurs momens à des
expériences longues , difficiles , et dont le lèsul-
tat est de la plus haute importance ? croira-t-on
que pour faire parler de lui , le docteur Vaumi; .
zo'ile nouveau , s'attache principalement à dé-
crier des personnages d'un mérite distingué ? ou
doit-on présumer enfin qu'inoculateui exclusif du
virus variolique en France, il craigne que le
succès de la vaccine ne le frustre] de ses droits ?
Qu'il me soit permis d'abord de demander au
docteur Vaume , cortiment il a osé assurer dans
son préambule que les faits Sur la vaccine de-
viennent plus douteux à mesure i\ue nous somme:
fournissent une très-grande iiuantité de poissons plus instruits par l'cxpéritince, landis que suivant
qui viennent cle la mer, et qui sont d'une gr»nda 1 le rapport du comité médical , de fortes induc-
lettouicc pour le dépaiteraent. j rions soncnluuaiurellciueni dus faits tecucillis pa^
d'éruption variolique; 1 i.'iftaramàtion qui s'aii-
nonça dés le Itiideniain aux endroits' ùicisés ^
ne lesserablait eh rien à la marche de rinocula-»
lion ordinaire, et st boi'na k Un travail purement
local. Le docteur Vaume peut se rappeler _cé'8
faits dont il a été témoin, d'après 1 inviiaiioni
du père rfaême de l'enfant; et s'il ne s'en rap--
portait pas à ses yeux, je dirais qu'à la séance êe
la société académique des sciences du la yen^
démiairé, où se trouvaient plusieurs médecins ,■
l'enfarit a été examiné- par cuit en présence de
lous leè me.Tibres ,- et léexaminé dans la séanct
suivanie ; que ees médecins et autres membres
ayant suivi le travail iJe eene réinoculaiion , l'orit
trouvé se.mbliible à celui exposé par le couriié?
cjff'erifin l'enfant- n'a eu ni fièvre' ni symi'tbmfc
d éruption géhéfale ; je puis certifier ces fati.l ^
et comme médecin , cl comme secl-éiairé de la
société académique des sciences, qui leS i
coiisiaiés dans sea procès-verbaux , cOmihe (aii»
lirécieux dans l'histoire de la vaccine, jû né
suivrai point le docteur Vauiiie dans les consé-
quences qu'il tire de faits rajiportés avec peil
d'exactitude. Je ne parierai pas nori plus, tia ias
lettre anonime de G.iiêve, qu'il fait valoir san»
la ciier.
Moins olficieux, mais avec plus de liaiith^è
le ciloyen Vaume ,j attendrai sur la quasitf^
mpoiianie de la va^iine, !é iappott et la déS»-
ioii du liomiié médical.
Xo-uR-LET 1 D/ U>
qu
Fastes miiiiairf.s de la r^ubVtq\ie française ; par
«ne société d'ariistes , de militaires et de gens
de kttres.
Prospectus.
L'exemple de dévoûm«nt ; l'émt)latiort des ta-
Icns , et 1 enthousiasme d* la gloire que n'ont
cessé d inspirer les armées de la république fratî-
çaise et les chefs qui ont guidé leurs pas à
la victoire; l'amour des arts et ce noble orgueil
de fixer par leui sçcouts sous les yeux des
français , de conserver chez l'étranger et trans-
mettre à la postérité le grand caractère de la
nation française dans ses opérations de guerre ,
un concours enfin d'ariistes, de militaires et
àe gen's de lettres profondément émus de ce
vaste tebleau de patriotisme désintéressé . de
valeur immuable et d'héroïsme constant ont fourni
tous les moyens créateurs de l'ouvrage.
Les collaborateurs de ce travail , fiers de leur
existence dans des époques qui ont enfante des
prodiges , attentifs à en saisir l'ensemble impo-
»ant , appliqueront tous leurs soins à coticenlier
dans le cadre historique et pittoresque de quel-
ques années , ce que l'on chercherait envain
dans des siècles entiers; et jaloux d'acquitter leur
tribut d'admiration , ils se font un devoir d'élever
: ce monument aux verdis militaires de tant de
héros morts et vivans.
Cet exposé des motifs et du but de l'ouvrage
rend inutile une digression plus étendue sur l'in-
térêt qu'il pourra inspirer à la nation française ,
au gouvernement , aux fonctionnaires publics ,
anx généraux , enfin à tous les individus que
leurs seniimcns , leurs places, ou même Iî^ poli-
tique , engagent à sourire à la gloire nationale ;
la curiosiié se charge également de le faire va-
loir dans l'étranger , pour le rendre digne de son
objet et de tous les amateurs ; il sera exécuté
avec tous les soins possibles , ainsi qu'on pourra
«n juger par l'analyse ci-après.
Le but de l'ouvrage étant d'exposer aux yeux,
par les moyens de l'art , la vérité des détails
locaux . moraux et militaires , tous les dessins
sont faits sur les lieux illustrés par les victoires ,
tous les renseigneniens pris chez les habitans des
environs ,' tous les détails tracés sous la dictée
des officiers présens aux actions. Le trait ineffa-
çable de la nature , le choix le plus avatitageux
«des positions pour leffeide l'ensemble pittoresque
et du coup - d'œil militaire , sont sévèrement
observés. Les premiers plans rassemblent tout ce
<)u'il y aura de plus intéressant dans les détails
du- costume, du portrait et des épisodes.
On a conservé dans la composition des tableaux
et fixé l'attention sur le moment décisif et carac-
téristique des faits d'armes et des bstailles , pour
détruire le préjugé commun qu'ils se ressemblent
tous , tandis que cette ressemblance ne provient
que de la manière uniforme et systématique dont
ces compositions ont été faites jusqu'à présent.
Enfin , on a adopté le genre de gravure le plus
convenable pour produire et rendre les effets des
dessins originaux dans leur ensemble : lavis pour
les fonds , eau forte pour les devants , burin pour
les détails ; enfin aucun genre exclusivement ,
mais tous emp'oyés à leur place pour produire
l'harthonie naturelle.
Une carte topographique contiendra tout ce
qui se sera trouvé ou passé d'important dans la
marche et les opérations de l'armée, depv'S son
premier jusqu'à son dernier mouvement ; elle
Sera d'une étendue assez grande pour que les
détails linéaires des actions et batailles puissent
y être tracés , et les points d'oiî les vues
seront prises , indiqués. Un texte historique ,
exact et précis accompagnera ce travail , ainsi
<jue les pièces justificatives. Il sera enrichi de
vignettes allégoriques et qui rassembleront en
même tems les portraits, les monumens et les
ïrmures.
Les artistes qui osent entreprendre là publica-
tion des fastes militaires de la répubHque française
ne se dissimulent pas , et ont commencé par cal-
culer et approfondir toutes les entraves ; il a fallu
monter leurs facultés à la grandeur de leur objet ;
la distance était immense. Mais ce courage qui
enfante les actions héroïques, n'est pas étranger
aux beaux- arts , lorsquils sont chargés de les
transmettre à la postérité , et qu'ils n'agissent que
par l'impulsion de leur noble indépendance.
Forts de ces sentimens , fondan^ leur espoir sur
lesjluroières de ceux qui ont joué les principaux
rôles dans le champ de la gloire, désirant offrir à
la paix Khoramage des trophées qui l'ont accélérée,
et ayant fondé l'exécution sur la réunion des
talens des artistes célèbres , tout concourt heu-
reusement au succès de cette entreprise.
L'ouvrage paraîtra par livraisons successives
contenant une campagne ou une époque de
campagne; chacune sera eomposée de quatre
ableaux pittoresques de 28 sur S3 pouces de hau-
* ur. L'eau forte eii sera faite par l'artiste qui
a exécuté les dessins d'après nature. Les planches
seront achevées par les meilleurs graveurs du
teras : la livraison contiendra , en outre , une
carte topographique de la même grandeur 1, gra-
vée par "Tardieu , et d'un texte de 12 feuilles,
caractère de Didot , grand in-folio avec des
vignettes.
La campagne de l'armée de réserve sous le
commandement du premier consul , vu l'impor-
tance dont elle a éié sur les destinées de 1 Europe,
servira de frontispice à cet ouvrage , et sera en-
tièrenaent comprise dans la première livraison
qui paraîtra dans le courant de yeniôse an 9. Les
sujets des dessins dont s'occupe dans ce momt;nt
le citoyen Muller , artiste distingué qui a été de-
puis nombre d'années à Rome , Naples et autres
contrées de I Iialie , et se trouve actuellement à
Milan, sont: 1°. Le passage du Mont-Saini-Ber-
nard, 2° le passage du Tésin , 3° la bataille de
Montebello , 4° la bataille de Marengd.
Il y aura une souscription pour les personnes
qui désirent avoir, les premières épreuves , et
qui doivent par coilséquent êire itiscrites dans
le tableau des souscripteurs , qiii sera publié à
la suite de chaque livraison; à cet effet , celte
souscription ne durera que jusqu'à la fin de
frimaire prochain pour Paris , les départeraens
et les lieux occupés par les armées françaises ; un
mois de plus pour l'étranger.
Pour Paris , les départemens et pays occupés
par les armées françaises , chez le citoyen Gide ,
rue Dominique , à Paris.
Pour l'Italie , chez le citoyen Giegler , libraire ,
à Milan.
Pour l'Allemagne, chez M. Metra , libraire, à
Berlin ;
Pour le Nord, et l'Angleterre, chez M. Foche ,
à Hambourg.
Toul ce qui est relatif à cet ouvrage doit être
envoyé , franc de port , aux mêmes adresses.
Pour ec^pie conforme ,
Signé , Laroche.
Lycéerépublicain.
Le Lycée républicain , en rendant compte
l'année dernière des travaux de sa l5' session ■,
promettait de nouveaux efforts pour cette année ,
et laissait entrevoir des espérances brillantes. La
session qui va commencer , paraît devoir les
réaliser. Des hommes dont les leçons ont puis-
samment contribué à établir la réputation de cet
établissement , reparaîtront cette année réunis à
leurs anciens collègues, et aux savans qui ont
réceniment adopté le lycée. Jamais , même à
l'époque de sa fondation , cet établissement
n'aura présenté Un plan d'études plus complet et
plus varié.
Les travaux de l'an 9 formeront 14 divisions
remplies par des cours complets , ou par des
leçons suivies sur des objets distincts. Les séan-
ces purement littéraires seront co.jtinuées le plus
possible. Quelques t unes auront pour objet la
grammaire générale , et le citoyen Sicard a bien
voulu promettre de prendre part à ces der-
nières.
La physique expérirnentale sera professée par
le citoyen Buiet , qui , aijx généralités de la phy-
sique , joindra de* notions sur la théorie de
Rumford et des expériences Etectrico-Gatvanigues ,
de Volta.
Le citoyen Fourcroy , membre de l'institut ,
professera ce que ce savant a nommé philosophie
chimique. Son ouvrage publié sous ce titre , lui
servira de résum'è.
-L'histoire naturelle sera traitée par le citoyen
Cuvier, membre de l'institut; l'anatomie par le
citoyen Sue (1) ; l'hygiène par le cit. Moreau ; la
technologie ou l'application des Sciences aux
arts et métiers, par le citoyen Hassenfratz; le
citoyen Alphonse Leroi traitera de l'éducation et
des facultés physiques et morales de l'homme ;
le citoyen Laharpe professera la littérature , par-
ticulièrement sous le rapport de l'éloquence et
de la philosophie du 18° siècle. Le cit. Garât
professera 1 histoire , et particulièrement celle de
l'Egypte.
Le citoyen Rœderet traitera de l'économie po-
litique. Le citoyen Degerando, la philosophie mo-
rale. Le citoyen Legrftnd exposera les principes
généraux de l'art du dessin , tracera l'histoire
de l'architecture chez les différens peuples : il
rendra «es démonstrations plus sensibles par l'ex-
position de modèles en relief. Le citoyen Robertz
consacrera particulièrement son cours de langue
anglaise à l'étude des poëies de cette nation.
(1) Ce citoyen se propose d*ouv
n muséoin j classe pour Tétude ae toutes les parties au sys-
jarain de- botanique où les plantes sont
De de Linné.
tême ^organique , et s
rangées suivant lesys
ouscriptcurs du lycée
s les parties du sys-
Le citoyen Boldoni , dans son cours de langue
italienne s'attachera à en faire connaîire le ca-
ractère distinctif, à fair<" serflir la douceur-et
l'harmonie de sa versification , en même teras
que les règles qu'elle impose.
La seizième année du lycée commencera le
1*' frimaire aii 9,
Indépendamment du cours que l'on peut y
suivre, le lycée est tous les "jours un sallon
littéraire où les abonnés ont à leur disposiiiori
une bibliothèque nombrtjuse et choisie , les
journaux français et les principaux paraissant
chez 1 étranger.
Le prix de la souscription est de 96 liv. pour
les hommes , de 48 pour les femmes. Les nou-
veaux souscripteurs doivent être présentés par
un fondateur ou un abonné.
L'on reçoit les abonnemens au bureau dti
seciétariat , rue du Lycée , au coin des tuie
Honoré , et place du Tribunal, n° ^og5.
AVIS., ^
Bulletin universel des sciences , des lettres et des arts.
Tel est le. titre d'un Journal qui paraîtra toui
les cinq jours , à commencer du i5 brumaire
prochain.
On y rendra un compte succinct et analytique
de tous les ouvrages français qui mériteront d'êirî
connus , et des productions étrangères qui attein-
dront à un degré supérieur.
Les travaux des artistes y seront appréciés avec
une impartialité scrupuleuse ; il renfermera l'an-
nonce de toutes les inventions utiles.
On y suivra la marche de l'instruction publique
dans les écoles centrales et spéciales, dans le$
divers collèges du Prytanée français ,_ dans le»
Sociéiés littéraires , etc.
Chaque numéro sera composé d'une demi?
feuille in-S". , imprimée à deux colonnes., suc
papier grand-raisin. " •
Le prix de l'abonnement , franc de port , pout
Paris et les départemens , est de 18 francs pour
l'année , 10 francs pour six mois , et 6 francs pour
trois mois.
Ou s'abonne à Paris , chez le cit. Manuel , rtje
du Cherche - Midi , n°. 784 ; et chez Debray ,
libraire , au Palais du Tribunal , galeries de bois ,
n°. 235.
LIVRES DIVERS.
Guerre de Troye , depuis Jla mort d'Hector jus-
qu'à la ruine de celle ville , poème en quatorze
chants , par Quintus de Smyrne , fesant suite à
1 Iliade , et traduit pour la -ï" foisdu grec en fran-
par R. Tourlet, médecin et membre de la société
académique des sciences de Pari;s ; 2 foris vtA.
in-8° ; prix 7 fr. 5o cent. ,' et 9 par la poste.
A Paris , chez Lesguillez , frères, imprimeurs,
rue de la Harpe , n° i5i.
COURS DU CHANGE.
. Bourse du 12 brumaire.
) jours. a gojotin.
Amsterdam banco.
Courant.
Hambourg.
Bâie.
57;-
Effets publics.
Rente provisoire sS fr. i3 c.
Tiers consolidé 34 fr. 65 c.
Bons deux tiers t fr. 68 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 88 c.
Bons pour l'an 8 92 fr. 88 c.
Syndicat 80 fr. 2 5 c.
SPECTACLES.
Théâtre de la Repubuo^ije et des Arts.
Auj. Praxitelle , et le ballet de la Dansomanie.
Le 19 , Bal masqué.
■Théatredesjeunes ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. la i^'' repr. de Cassandre comédien ; iafausse
Apparence, et Nicaise.
Ihéatre de la Cité-Variétés. — Pantomimes f
Aujourd'hui la 1'" repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée de
chants ; Louise , et l'Epreuve.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
A Patis, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire d'u Moniteur , rue des Poitevins , n* ^3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 44.
Quartidi , i 4 brumaire an g de la république française , me et indivisible^
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dacet du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux artis et >u* découvertes nouvelles.
E X T È R I E U R.
ANGLETERRE.
Londres , 29 octobre ( 7 brumaire. )
'JLaXNS la nuit du 5 au 6 brumaire, un corsaire
français à rame a eu Vaudace de poursuivre un
de nos bateaux jusques sous le feu de Souih-
Foicland.
Il se trouve à bord de la frégate l'Oiseau , à
Portsmouth , un mousse âgé de sept ans , dont
la mère accoucha à côlé d'un des canons de ce
bâtiment. Cet enfant n'est pas encore descendu
à terre.
La pêche du hareng a commencé , il y a eu
4undi huit jours, dans le pertuis de Forih. Cha-
que bateau est revenu avec une charge de 3 à
4 mille beaux harengs ; ce qui iait espérer que la
pêche sera plus abondante cette année que la
précédente.
Le peuple s'étant attroupé il y a quelque tems
à SHeffield , le magistrat se rendit sur les lieux
pour en connaître la cause. Le peuple lui repré-
senta qu'au prix où se vendaient le pain et la
viande, un travail de 14 heures par jour ne lui
procuraient pas même de quoi se nourrir. Le
magistrat répondit qu'il devait alors vivre de
pommes de terre et de choux. Il lui l'ut objecté
qu'outre que ces vivres étaient également chers ,
ils ne pouvaient substanter l'homme de peine —
Réflexion faite , le peuple se transporta , le jour
suivant , dans le champ de pommes de terre du
magistrat , et après en avoir enlevé sa suffisance,
il attacha à un arbre l'écriteau suivant:
<i Nous avons suivi le conseil de votre sei-
î> gneuiie ; et si nous trouvons les pommes de
31 terre bonnes , nous y reviendrons. >)
( Extrait du Star , et du Sun. )
On reçoit tous les jours beaucoup de lettres
de diîFére'ns officiers qui ont été employés à la der-
nière expédition contre Cadix ; mais il en est
peu qui s'accordent parfaitement sur les causes
qui ont fait échouer cette expédition. Lord
Keiih était présent en personne , ou se tenait sur
Ja côte avec la plus grande partie de sa flotte.
— On dit que le commandant espagnol avait
.envoyé un parlementaire pour conjurer les an-
glais de ne pas attaquer une malheureuse ville
déjà aux prises avec un ennemi terrible. Le len-
demain malin trois ou quatre mille hommes
étaient dans les bateaux tout prêts à effectuer
une descente ; mais ils furent bientôt contre-
mandéï, et remontèrent à bo/d des vaisseaux.
La raison de ce changement n'est pas exactement
connue. On dit qu'il n'y avait pas assez de ba-
teaux pour mettre à terre , au même instant , un
nombre suffisant d hommes. D'autres prétendent
qu'il y avait de la mésintelligence entre les com-
mandans. Il faut attendre, pour prononcer,
des renseignemens plus précis et plus authen-
tiques.
On croit lord Nelson maintenant en mer sur
le paquebot de Hambourg qui apporte la malle
qui nous a manqué , et qu'on attend avec tant
d'impatience et d inquiétude.
Parmi les malheureuses victimes qui ontpéiià
bord de Iç Reine, était le, jeune Edw. Mayne ,
écuyer, éçVivain au service de la compagnie des
Indes orientales. Au moment oii il allait mettre
le pied oans la chaloupe qui devait 1 éloigner de
cette scène d'horreur , il se rappelle qu'un mal-
heureux passager est retenu dans sa chambre par
la maladie : il y vole pour l'arracher à la mort
înévitaàle qui le menaçait, et bientôt il reparaît
portaài le malade sur ses épaules. Hélas ! il était
trop lard, la chaloupe était éloignée, el quel-
qu<s minutes après le bâtiment sauta.
La communauté de Bath a jugé convenable
dans les circonstances fâcheuses oti la disette ré-
duit les malheureux , de supprimer le dîner
d'élection. Il faut espérer que les autres com-
munes du royaume suivront cet exemple. C'est un
devoir pour les premières classes de la société de
iaire , dai)S l'intérieur deslamilles, tous les re-
tranchtmens possibles dans la consommation du
grain. Il ne devrait être accordé qu un quarteron
de pain pat tête. On devrait renoncer aux pâlis-
«ciies, ne faire que deux seivices dans les mai-
sons oi!i il y en avait trois , et un dans celles oii il
y en avait deux. Avec de pareils retranchemens,
on s'appercevrait bientôt d'une grande diminution
dans le prix des dentées.
Les sociétés à'Amiti-é de Dumfiies, composées
d'environ deux mille personnes , ont arrêté une
importation dé grains pour faire baisser le prix
exhorbitant de toutes les denrées de première
nécessité. On a déjà recueilli 'S-.ooo liv. ster. pour
l'exécution de cette généreuse entreprise.
On écrit de Margate , en date du 22 octobre ,
que vers les trois heures du matin , on y a ressenti
j un ouragan des plus épouvantables. Le soleil , en
se levant, a éclaité une scène de dévastation,
telle que les gens du pays les plus âgés ne se
rappellent pas d'en avoir vu une pareille. La
jetlée , dans une longueur de trente verges , et
toutes les boutiques des marchands de pois-
sons , etc. avaient été renversées par un bâtiment
charbonnier , qui se trouvait amarré dans le port ,
et dont l'amarre avait été brisée. Une trombe fut
portée jusqu'à l'extrémité de la rade , qui fut
couverte à six pieds au-dessus de li plus haute
marée. Les habitans qui demeurent de 1 autre côié
de la païade avaient d'abord été alarn:és par les
cris des pêcheurs. Quand ils virent qu il n'y avait
plus de barrière entre eux et la mer , ils fuient
saisis d'horreur, et leur frayeur dura jusqu'à ce
que le calme fût revenu.
( Extrait du Sun et du True-Briton. )
INTÉRIEUR.
Paris , le i3 brumaire.
Le Publicisle de ce jour, assure qu'au moment où
il écrit , la Toscane est évacuée. Il dit plus : il
prétend que l'invasion de cette contrée n a jamais
été autorisée par le gouvernement. On pourrait
demander compte au Piiblicisle de la source oià
il a puisé une nouvelle fausse, et des assertions
mensongères ; et s'il se bornait à répondre qu'un
autre journal ( I« Citojen Français) 3 avancé les
mêmes faits avant lui , on demanderait aux
rédacteurs de l'une et de l'autre de ces feuilles
périodiques, d après quelle combinaison ils ont
pu croire vraisemblable que des généraux se
permissent des opérations militaires d'une aussi
grande importance , sans l'ordre du gouverne-
ment. Les motifs qui ont déterminé et autorisé
1 occupation de la Toscane , se trouvent dans
des actes et dans des faits assez publics.
1°. Dans les préliminaires sigués par M. de
Saint-Julien , l'empereur s'était engagé à faire
désarmer la levée en masse de la Toscane.
2°. Par la convention additionnelle , faite à
Castiglione entre le général Marmont et le général
Hohenzollern , le général Brune avait consenti à
attendre la réponse de Vienne sur l'évacu-ition du
terrarois par les autrichiens . qui devaient évacuer
le pays en exécution de la convention de Ma-
rengo : mais pour prix de cette condescendance ,
il n'avait point été question de la Toscane dans la
convention de Castiglione.
3°. Les autrichiens avaient.essentiellement man-
que à la convention de Marengo, puisqu'elle
spécifiait qu ils ne devaient occuper que la ville
et la citadelle de Ferrare , ce qui ne veut pas dire
40 lieuesde pays ;cettc conveniion fondamentale,
base de toutes les autres , et ratifiée par les deux
gouvernemens ne pouvant être modifiée par une
convention faite par des officiers généraux , le
gouvernement avait sur le champ désavoué toute
modification.
4°. hs levée en masse était soldée par les an-
glais et dirigée en partie par 'Willot. Un corps
napolitain était venu le renforcer. Or , l'armée
française n'avait pas conclu d'armistice avec les
troupes napolitaines.
5°. Peudejouts après l'occupationde Livourne
par les français , une flotte anglaise s'est pré-
sentée devant le port avec 12,000 hommes de
débarquemint : la république n'a point conclu
d armistice avec les anglais. La prévoyance est
le premier devoir à la guerre : lorsqu'une fois
un gouvernement en a manqué , la victoire
chancelle et I -s défaites surviennent.
6°. M. de Sommariva , commandant les trovi-
pes autrichiennes en Toscane , s'est retiré sans
donner aucune assistance à la levée en masse
qui a. dii êire désarmée. Ces 20,000 brigands se
portaient à tous les excès, et ne respectaient
aucune convention.
Pendant que le général Dupont fesait canon-
ner et prendre d'assaut la ville ci'Arczzo , lés
troupes autrichierines n'ont dû prendre et n'ont
pris aucune part à l'action.
Le génétal Sommariva a obtenu la permissiotl
de traverser, avec le Corps de troupes à se»
ordres, l'armée française, et de rejoindre la
corps de l'armée autrichienne à Ferrare.
Si dans toute cette expédition on peut faire
un reproche aux troupes françaises , c'est de
n'avoir pas puni assez vivement la ville d Arezzo
qui était le foyer de linsiirrcction , et qui s est
laissée prendre d'asvauî. On se souvient de la
conduite criminelle de celte cité lors de la
retraite de l'armée de Naples. La gloire nationale
ne permettait pas que de tels excès, aujourd'hui
renouvelles , restassent impunis.
Il est évident que le général autrichien n'a
pas pen'é qu une invasion commandée par lant
de motifs fût une rupture de I .irniisiicc . puis-
que rien ne l'empêchait de se porter sur Brcscia
(pu sur Boulogne , pendant que le général Dupont
était en Toscane.
La levée en itiasse Opprimait tellement la Tos-
cane,que lespersonnes les plus aliachéés au grand-
dufc ont VU avec plaisir l'arrivée des français ,
dont la conduite 0 été celle de troupes réglées
qui viennent délivrer un pays du joug de
hordes indisciplinées. •
On a d ailleurs conservé le gouvernement tel
qu'il avait été établi par l'autorité du grand-duc.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le corsaire l'im/irom/im , de Boulogne , cap.
le cit. Robert Cornu, a pris sur la côte d An-
gleterre et conduit dans ce port deux bricks
anglais , dont 1 un chargé de fer en barre et de
quelques caisses de fusils", et l'autre sur son lest-.
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le préfet de police a fait, hier 12, saisir une fabri-
que de fauxiouis avec tout l'attelier , le balancier ,
etc. Environ cent pièces d'or fabriquées , et cintj
cents environ près d'être frappées. Trois des
coupables sont arrêtés.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Ordonnance concernant la police extérieure e( ilité'
rieure des spectacles. Du 8 brumaire an 9 de la
république Jrançaise , une et indivisible.
ht préfet de police, vu l'article 12 de l'arrêté
des consuls du 12 messidor an 8 , qui lui*attribue
la police des théâtres , en ce qui touche la sûreté
des personnes, et le charge des précautions à
prendre pour prévenir les accidens , et assurer le
maintien de la tranquillité et du bon ordre , tant
au dedans qu'au dehors ; vu pareillement l'article
2 du même arrêté , ordonne ce qui suit':
Art. l". Nul théâtre public ne peut être ou-
vert dans la cora.-nune de Paris , sans que les en- '
trepretieUrs en aient fait préalablement leur décla-
ration à la préfecture de police. ( Loi du tqjanvicr
1791 , art. I. )
II. L'ouverture n'en sera permise qu'après qu'il
aura éié constaté qUe la salle est solidement cons-
truite , que les précautions relatives aux incendies
et ordonnées par l'arrêté du l'"'. germinal an 7 ,
ont été prises , et qu'il ne se trouve rien sous les
péristyles et vestibules , qui puisse en aucune ma-
nière gêner l-i circulation.
III. Tout spectacle actuellement ouvert , ou qu,
pourrait l'être par la suite, sera fermé à 1 instant i
si les entrepreneurs, au mépris de l'arrêté préci-
té, négligeaient un seul jour d'entretenir les ré^
servoirs pleins d'eau, les pompes en état, et de
surveiller IfS personnes qui doivent constamment
être prêtes à porter des secours.
IV. Les entrepreneurs de spectacles ne pour-
ront faire distribuer un nombre de billets excé-
dant celui des individus que leurs salles peuvent
contenir.
V. Les entrepreneurs feront fermer exactement
pendant toute la durée du spect;icle , les portis de
communication des salles aux loyers particuliers
et loges des artistes, où il ne doit être admis au»
cune personne étrangère au service ;du théâtre.
VI. A la lin du spectacle , les entrepreneurs
feront ouvrir toutes les portes pour faciliter la
prompte sortie des citoyens.
VIL II ne pourra être annoncé , dans l'intérieUf
des salles de spectacle , par les libraires ou col«
porteurs, d'autres ouvrages que des pièces de
théâtre.
17»
VIII. Il esl défendu jle s'arrêter dans les péris-
tyles et vesiibiiles servant d'entrée aux théâtres.
; Orcionnance du 24 décembre 1769-)
IX. Il est expresséraeni défendu à quelque
En rendant compte dans un de nos derniers
numéros de la comédie nouvelle , intitulée ;
l'Homme à grands sentimens , nous avons omis
personne que ce soit, d'acheier des billets aux j d'annoncer que le public avait témoigné le désir
le plus vif d'en connaître l'auteur. On vint lui
annoncer que ce dernier gardait l'anonyme. Lors-
bureaux, ou ailleurs, pour les revendre au public.
X. Il est défendu à tous ceux qui assistent aux
spectacles, d'y commettre aucun désordre, dy
laire du bruit, d'interrompre les acteurs pendaiit
la représcmaiion , et de circuler dans les corri-
dors , de manit-re à troubler l'ordre. { Ordon-
nance précitée. )
XI. Nul ne peut avoir le chapeau sur la lêie ,
lorsq--e la toile est levée. ( Ordonnance précitée.)
XII. Il y aura , pour le service du public , des
cximmissionnaires reconnus par le prtiet de po-
lice. Ils pourront seuls stationner à l'entrée des
ihéâires.
XIII. Les voitures ne pourront arriver aux
dilférens lliéâires que pir les rues désignées dans
les consignes.
Il est expressément défendu aux cochers de
quitter, sous quelque prétexie que ce soit . les
rênes de leurs chevaux , pendant que descen-
dront ou remonteront les personnes qu'ils auront
amenées.
- XIV. Les voitures destinées à attendre jusqu'à
la fin du spectacle , iront se placer dans les lieux
destinés à cet effet.
XV. A la sortie du spectacle, les voitures qui
auront attendu , ne pourront fe mettre en mou-
vement que quand la première foule sera écoulée.
Le commandant du détachement de service dé-
terminera l'instant oii les voitures pourront être
appellées.
XVI. Les voitures de place qui, pendant le
spectacle , ne se seront pas rangées avec les voi-
tures qui auront attendu , ne pourront charger
qu'après le défilé.
XVII. Aucune voiture ne pourra aller plus vite
qu'au pas , et sur une seule file , jusqu'à ce qu'elle
soit sortie des rues environnant le spectacle.
XVIII. Les conducteurs de voiture qui ne se
conformeront pas aux dispositions de la présente
ordonnance, seront traduits au (tibunal de police
pour y être punis comme embarrassant la voie
publique ; et s'il en était résulté des accidens , ils
seront traduits au tribunal de police correction-
nelle , pour y être purris conformément à l'ar-
ticle X'VI du titre I" de la loi du 22 juillet 1791.
Dans l'un et l'autre cas , leurs voitures et che-
vaux pouiront être sa'sis pour sûreté de l'amende
encourue. S'il est résulté des accidens, les con-
ducteurs pourront être arrêtés et retenus jusqu'au
jugement , en vertu de l'ailicle XXVUIdu même
litre de la loi précitée.
XIX. Il y aura près de tous les théâtres une
garde extérieure. (Loi du 19 janvier 1791 , ar-
ticle 7. )
XX. Les jours de première représentation ,
de reprise , de début ou de représentation ex-
traordinaire , la garde sera augmentée dans les
proportions jugées nécessaires pour le service.
XXI. Il sera établi dans chaque théâtre un
corps-de-garde.
Il y sera pareillement établi un bureau pour
les officiers de police.
XXII. Une heure avant le lever de la toile ,
il sera placé des factionnaires , en nombre suffi
qu une production dramatique a peu de succès
et que I auteur reste inconnu, il est d'ordinaire
que dans leurs conjectures , les spectateurs attri-
buent l'ouvrage à ceux des hommes de lettres
qu ils reconnaissent pour les moins heureux ,
sinon pour les moins habiles. L'hoitime à grands
sentimens jouissant d'un succès d'estime réel , il
est naturel qu'on cherche à deviner quel est
l'anonyme auquel on la doit , mais il doit être
agréable pour cet auteur, quel qu'il soit , d'en-
tendre lui-même attribuer son ouvrage à nos
hommes de lettres les plus distingués. C'est en
ce moment ce qui arrive à l'anonyme dont il est
ici question ; de sorte que si , il y a huit jours ,
sa modestie l'engageait^à se taire, aujourd'hui,
peut - être , sa modestie doit l'engager à se
nommer.
On a remarqué dans V Annie théâtrale , qu'au
théâtre des Arts , l'école de danse était si brillante
et les sujets si nombreux , qu'on s'appercevait à
peine de la perte deDidelol,Laborie .jDesh.iyps ,
et de mesdames Sauli i r , Rose , Duchemin , elc
Il est vrai que ces danseurs ont été rapidement , _ , . _
et heureusement remplacés ; mais ils n'étaient ! pro-.ès de I an ; encore n'v vuit-on que 1
le résultat exact d'une expérience rigoureuse »,
fruit d'une observation impartiale des faits et
de leur judicieux rapprochement.
Telle est la méthode à suivre en traitant delà
plupart des sciences en général , et de la médecine
en particulier; car elle est toute entière une
science de faits bien observés, bien analysés.
Hyppocrate l'avait bien senti lorsqu'il pratiqua
l'art si difficile de guérir , et entreprit déciire
sur celle impoitante matière. Aussi sa mémoire
à jamais durable a-t-eile traversé les biecies en
imprimant toujours le seiuiment du respect et
de l'admiration. Cependant, alors les connais-
sances anatomiques étaient bornées , parce que
l'étude en était difficile. Il est de plus à obser^
ver que l'ouverture des cadavres , moyen préç
cieux et si nécessaire pour parvenir à la connais-
sance du siège et souvent des causés des ma-
ladies , fut long-tems interdite , au grand regret
des hommes sincétement dévoués au soulage-
ment de leurs semblables; tant ils étaient pert
suadés que pour traiter heureusement une mala-
die il faut en bien fixer le sicge , en découvrir.
la cause , en déterminer la nature. Telle fut
en tout lems la pensée et la conduite des bons
esprits qui cultivèrent la médecine.
Cependant , disons-le (lanchcmciit et .i 1 hon-
neur de noiie siècle, ce n'est (jue depuis environ'
une centaine dannéts quoii s est véritablement"
livré à ce genre d étude si intéressant pour les
vuit-on que les ce»
point oubliés. L'un d'eux , Deshayes , de retour ■ l'^brss Morgani , Scnac , Hdier, Lieutaudet
en France , dans l'âge où l'on donne encore des j 'luel'r'es «'""'s qui s en soitat sérieusement:
espérances , vient de reparaître dans le plus en- ! o'^<^"l'«'' Aus«i le citOMn Portai dont les tra-
chanteur des ballets que Gardel ait dessinés; c'est' ^'au" et les rm, naissances médic.iles ont assuré-
nommer celui de Télémaque. Nous n'affirmerons! 'a répuu -i' , les iiii il constamment poui mo.'
pas que Deshayes ait fait des progrès pendant ! deles. Atarclijnt sur les traces de ces grands
son absence ; qui pourrait croire qu'un danseur hommes dans l'étude du corps humain considéré
ait été loin de Paris chercher des leçons de goût , sous le lappori de la santé, il les a également
et des modèles de grâces ? Mais on peut hardi- j suivis dans leurs>echercbes sur la naïuieetla
ment prédire que, se retrouvant sous les yeux de I "^^use des diverses maladies , en procédant lui-
ses anciens maîtres et de ses jeunes émules , Des
bayes se placera bientôt parmi les premiers.
Ily a quelques jours on jouait teCercte3.\i Théâtre
français : l'indisposition de Fleury força le jeune
Armand à se charger du rôle brillant du marquis ;
même à l'ouverture des cadavres des personnes
confiées à ses soins, et dont ]e traitement n'avait
point été heureux.
Les ouvrages qu'il a d'abord publiés avec Senac
et Lieutaud , ces anatomistes distingués , et ceux
qui lui sont particuliers , tels que divers traités de
il y fut t.ès-faible et l'on croit l'excuser en disant, 1^^ phtysie pulmonaire , du lichiiisme , de l'as-
quilnesavaitpaslerole.Ilesttres-vraïqu.lne le • p^y^ie, traités rédigés d'après les principes ci-
dessus établis , plusieurs fois réimprimes , et
traduits en langue étrangeie ; tous ces ouvrages ,
disons nous , sont une preuve tfou équivoque
des succès que l'on peut se promettre dans le
traitement des maladies , lorsqu'on apporte dins
l'exercice de la médecine une étude approfondie
de ran;,toraic.
L'avantage de ces connaissances n'est pas moins
démontré par lalecture des mémoires du citoyen
assez I éloge quand on établit que Mehul s'y est ' Portai , insérés dans diverses colleciions acadé-
raontré digne de la réputation justement acquise miques et principalement dans celle de l'académie
à l'auteur de Stratonice. Mde Philis chante au- ' des sciences. Ces mémoiies ne sont pas tous éga-
jourd'hui la romance du Bsrde : elle prétend | lement connus du public . puisqu'on ne peut les
peut-être lui rendre un peu de fraîcheur en cher- ; ifouver que dans les riches bibliothèques des
chant à orner quelques passages : on doit lui ' grandes villes, seules dépositaires de ces pré-
rappeler qu elle dénature ainsi un morceau qui cieuses collections des connaissances humaines ,
est beau , parce qu'il a le caractère de simpli- ' et cependant il lui importait de les avoir sous les
cité qui lui est propre : c'est parce qu'il est beau '■ yeux. Aus"si étaient-ils demandés depuis long-tems ,
quil a volé de bouche en bouche. Tout le et surtout par le plus grand nombre de ses élevés
monde le sait à la ville , il est vrai ; mais ce répandus dans l'uiiiversalité du territoire de ïa.
pas
savait pas; mais assurément c était là un sujet
réel de reproche au-lieu d'un motif d'excuse. Si
l'acteur dont nous parlons ne sait pas un des
rôles les plus marquans de son emploi, s'il n'est
pas prêt à le jouer au moment où il en sera
chargé , on peut lui demander sur quels sujets
il exerce sa mémoire. '
Au théâtre de de l'Opéra-comique national ,
on a repris Ariodant , composition dont on fait
n'est pas une raison pour l'altérer au théâtre.
Le Vaudeville vient de fermer pour quelques
jours. Sa salle était dans un délabrement absolu
acia piai.^ uto >■> " -A. „i.-oc.,;,Bc On Va soccupet de réparations qui étaient indis-
sant dans les lieux ou ils seront juges necessaiies 1 nsables «^ «^ ^
pour faciliter la circulation des voitures et exé- ^^
cuter les consignes. Ces factionnaires ne pour-
ront se retirer qu'après l'entière évacuation de
la salle.
XXIII. La garde ne pénétrera dans l'intérieur
des salles , que dans le cas où la siireté publi-
que serait compromise , et sur la réquisition
expresse de l'officier de police. (Loi du 19 jan-
vier 17.91 , art. 7. )
XXIV. Tout citoyen sera tenu d'obéir pro-
visoirement à l'officier de poHce. (Loi précitée. )
■XXV. Tout citoyen invité par l'officier de
police ou sommé par lui de sortir de linté- 1 Dossion
rieur de la salle , se rendra sur le champ au
bureau de police , pour y donner les explica-
tions qui pourront lui être demandées.
XXVI. Les citoyens composant la garde de
service , ne pourront circuler , ni s'arrêter dans
les corridors des théâtres ; ils devront rester cons-
tamment au lieu qui leur sera désigné par le
commandant du détachement.
De piquans refreins devaient être les adieux
du Vaudeville au public : c'est en couplets qu'il
a fait son compliment de clôture ; mais le public
a trouvé le compliment si joli , qu'il a voulu 1 en-
tendre le lendemain , puis les jours suivans , de
sorte que le Compliment de clôture a eu l'effet
singulier de retarder long - tems la clôture du
théâtre. Les auteurs de cette joHe blueile , dont
l'idée la plus saillante était imitée d'une pièce
jouée avec beaucoup de succès sur un petit
théâtre , et intitulée /a Cacophonie , sont les citoyens
Armand Gouffé , Georges Duval , et Auguste
MEDECINE.
XXVII. La présente ordonnance sera imprimée,
affichée danstou'ela commune de Paris, et particu-
lièrement à l'extérieur et dans l'intérieur des théâ-
tres , et envoyée aux tribunaux compétens , au
général commandant d'armes de la place , aux
commissaires de police , aux officiers de paix
et aux préposés de la préfecture, pour que chacun,
en ce qui le concerne , en assure l'exécution.
Le préfet , sipié , Dubois.
Votre numéro du 6 brumaire , cit. rédatteur ,
contient un extrait des mémoires sur la nature
et le iraiiement de plusieurs maladies , par le
citoyen Portai , . professeur de médecine. Per-
mettez-ntjus d'ajouter quelques développemens
à ceux que cet extrait renferme.
Parmi les nombreux ouvrages que chaque siècle
a vu riaître , le plus grand nombre a subi la
commune desnnée attachée à l'espèce humaine
et à la plupait de ses productions. Ils ont passé ,
ainsi que leurs auteurs . et le lems qui mesure
avec impartialité et les hommes et les choses , en
a fait une justice aussisévere que méritée. Ceux-là
république , et même dans les pays étrangers où
plusieurs exercent avec non moins de distinction
que de reconnaissance l'art si utile de guérir. C'est
pour satisfaire à ce louable empressement que le
cil. Bertrand , libraire , vient depublier la collec-
tion des mémoires dont il est ici quesiion , et
dans la disposition desijuels il a suivi l'ordre chro-
nologique. Tous roulent sur les diverses parties
les plus essentielles de la médecine , l'analomie ,
la phjsiologie . la chirurgie , la nosologie , et la
ihérapeuiique des principales maladies organiques.
1°. Dans l'ordre des connaissances et décou-
vertes anatomiques , nous comptons au pioins
six mémoires , parmi lesquels on distinguera
certainement celui que le citoyen Portai lut à
son entrée à l'académie des sciences sur la struc-
ture et les maladies de l'ouraque , ce'te partie du
corps humain alors si peu connue , et sur laquelle
les opinions sont encore partagées. Un autre
renferme des observations importantes sur le
racornissement de la vessie chez les vieilards , etc.
On lira avec plaisir celui qui expose ^£s divers
changemens de situation que les viscçres ab-
dominaux éprouvent selon I âge , les positions
variées du corps , et les diverses maladiet orga-
niques -, ce qui ne peut être que très-utile poiir
faciliter le diagnostic et déterminer le traiteiient
de plusieurs maladies.
2°. Si nous passons aux mémoires qui ont là
■physioloaie pour objet, nous en distinguons^
deux duplus grand intérêt pour les savans. Le
premier a pour but de prouver que l'enfant com-
mence à respirer par le poumon dfoit , avant de •
le faire par le gauche , ce que démontre suffisam- .
ment la disposition anatoraique de la bronche
gauche ,,enlacée en quelque sorte dans la crosse
de l'aorte pulmonaire , observa-tion d'une grande
seuls ont échappé au naufrage commun qui son . ... - .
Parle préfet , ;«i««i«ir<-g^e'ne'ra/, 5Z£a£, Pi is. -marqués au coin du génie, ou qui nous offrent j conséquence pour la médecine légale , et qa«
est due au citoyen Portai. Ce Lit anatomique
lui a iourni le sujet de plusieurs remarques assez
curieuses sur la nature du pouls dans quelques
afleciions de poitrine , et dont le célèbre Bordcu
a éiavé son système. Le deuxième oflVe un précis
fidèle et raisonné d'un cours de physiologie
expérimentale tait par ce même médecin au
Collège de France , commencé en 177[, et con-
tinué ensuite pendaia plusieurs années. C'est par
îe moyen de ces expériences cruelles sans doute ,/
mais utiles , que ce professeur judicieux a déve-
loppé enjqiielque sorte les causes peu connues
des principales lonciioiis de~ divers organes , et
celles de leurs maladies.
3°. Quatre autre-, mémoires sont relatifs à la
chirurgie , l'un en forme de leitre , a pour
but de faire connaître l'abus des machines dans
la réduction des luxations ; le second fait con-
naître les diflFormités que la taille est suscep-
tible de contracter non-seulement chez les enfans ,
mais encore chez les vieillards, et la diiFérence
de traitement artificiel qui doit leur être assigné ;
un autre renfermé l'exposé d'un procédé nou-
veau qu'il propose de substituer à l'ancienne
méthode d'opérer dans l'amputation des extré-
mités , à l'effet de corriger ou de prévenir la dif-
formité du moignon.
On voit par l'ordre chronologique des travaux
du citoyen Portai, qu'il avait commencé l'exer-
cice de son art par la pratique de la chirurgie,
partie de l'art cle guérir, qui, ofFrant une série
de faits d'autant plus faciles à saisir qu'ils sont
plus évidens et moins sujets à être contestés par
voie de raisonnement, devait diriger ses premiers
pas dans sa médecine pratique.
Alors l'usage des machines pour réduire les
membres luxés était devenu général. Le citoyen
Portai crut devoir les sirnpliher ; il en offrit une
de son invention à la société ci-devant royale
de Montpellier, qui l'accueillit avec éloge,
ainsi que plusieurs autres sociétés savantes; mais
il ne tarda pas à reconnaître l'inutilité de la plu-
part des machines en général , et de la science
tn particulier , leur action ne pouvant être en
rapport constant et uniforme avec les divers
degrés de la rétraction musculaire , et le jeu varié
résultant de la diverse situation des muscles.
ïl eut donc le courage et la bonne-foi d'y renon-
cer . et à son arrivée à Paris , étant alors âgé
de 23 ans , il publia le premier mémoire dont
nous avons rendu compte.
4°. Avant lui , les auteurs de nosologie avaient
-cru devoir distinguer la pleurésie de ia péryp-
neumonie. Une suite d'ouvertures de cadavres lui
démontra combien cette distinction était peu
fondée; c'est ce qui fait l'objet d'un mémoire
particulier.
5°. La partie de ce recueil qui a trait aux
maladies proprement dites , et dont il nous reste
à parler , est sans contredit la plus intéressante
de celte collection : c'est par elle en effet qu'on
peut se former une juste idée du discernement et
de la méthode pratique de ce professeur distin-
gué ; on y trouvera le rapport qu'il fit en 1774
à la ci-devant académie des sciences sur l'às-
phixie causée parles vapeurs du charbon , rap-
port répandu en France par les ordres du mi-
nistre Turgot , et souvent réimprimé. Depuis ,
on ne confondit plus la mort des asphyxiés avec
celle des noyés et des apoplectiques , et le
traitement des premiers devint aussi simple
qu'efficace.
Son mémoire sur la nature et le traitement des
.Bevres automnales, très-meurtrieres dans la 'Ven-
.dée, est une nouvelle preuve de l'utilité qu'on
retire de l'ouverture des cadavres pour le iraite-
, nient des maladies.
Dans l'ordre des maladies nerveuses , on pla-
cera son mémoire sur la rage et celui sur l'épi-
lepsie. Ce dernier renferme la distinction depiu-
.siears espèces de celte miladic, et le récit de
diverses guérisons iiTiportanies (jui y sont an-
noncées avec une modestie telle que nous ne
potivons nous reluser ici au plaisir d'entendre
î'auteur les raconter lui-même, u Ces succès ,
'ait-il , dans une longue et très-grande pratique ,
ae comptent ; car coiiibien d'autres épilepliqucs
•n'aije pas traités sans aucune espèce de succès !
"Le nombre en est prodigieux ; peut - être que
•lorsquon se sera habitué à mieux rechercher les
causes et le sic.^e de l'épilepsie , on parviendra
.à la mieux traiter, x .
L'apoplexie , cette maladie si meurliiere et si
.fréquente , sur-ioui dans les grandes villes; fait
le sujet de ticux aulrts mémoires, dans l'un des-
«juels le ciloycn Poiial prouve qu'on doit cons-
tamment faire usage de la saignée dans l'espèce
d apoplexie , appelée séreuse par les auteurs ,
comme dans celle qu'on nomme sanguine. Il
rapporte plusieurs exemples q^ii méritent d'être
connus , de saignées faites alors sur des sujets
après avoir copieusement mangé , et qui ont eu
^le plus heureux succès. L'auteur y détruit des
préjugés et assigne une méthode de traitement
plus exacte et mieux raisonnéc.
in '
Lé mémoire sur diverses affections de la voix
est d'autant plus piquant qu'on y trouve le récit
hdele de plusieurs exemples de guérijon obte-
nus par des moyens peu connus , et maniés avec
beaucoup d'art et d'habileté.
On lira sans doute volontiers ses deux mé-
moires sur la plhysic pulmonaire , dont les es-
pèces sont déterminées avec précision , d'apiès
les ouvertures des corps et les observations cli-
niques.
L'auteur y prouve , 1^ que la plhysic d'origine
est scrophuleuse . et doit eue traitée avec les
anii-scorbuiiqu s unis aux mercurijux ; 2° que
cette maladie n'est pas contagieuse , au moins en
France.
Un organe voisin du poumon , le cœur, est
souvent atteint de maladies difificilcs à recon*
naître. On accueillera donc avec plaisir tout ce
qui intéresse un organe aussi essentiel à la vie ,
et par conséquent le mémoire qui traite des
morts subites, occasionnées, pat la rupture du
ventricule gauche du cœur. Nous croyons pou-
voir en dite autant de ceux qui traitent des rni-
ladies de I épiploon très-communes, et cependant
trop peu connues. On distinguera encore celui
qui a pour objet la maladie noire ou le Mélena.
Le cifoyen Portai prouve que les matières rioires
que les malades rendent , sont du vrai sang et
non de la bile , et que cette maladie est toujours
l'effet de quelque gêne dans la circulation du sang
dans la veine-pone. Cette connaissance de la na-
ture et du siège de la maladie a donné lieu à des
traileme'ns heureux.
Nous aimons enfin à rappeler ici les mémoires
publiés sur certaines maladies du foie , dont le
diagnostic^ est si difficile 'a bien saisir, à raison
de sa connexion immédiate avec le diaphragme
et de sa situation en rapport avec les poumons et
l'estomac , ci.'constances qui méritent une atten-
tion d autant plus sérieuse que souvent on a erré
dans le traitement , en prenant Une maladie du
poumon pour une affection du foie , et réci-
proquement.
Nous terminerons ici le compte rendu des tra-
vaux de ce praticien célèbre , qu'on appréciera
avec d'autant plus d'iniétèt , qu'il est le résultat
de la pratique étendue d'un homme justement
estimé.
En payant ce tribut d'éloges à son ouvrage et à
sapersonne , deux de ses anciens élevés ont tâché
d'être justes et reconnaissatis.
Paris , ce 28 vendémiaire , an 9.
Catte't et Gardet , l'aîné ; membres de la ci-
devant université de Paris , et cultivant l'art de
guérir.
VACCINE.
Citoyen rédacteur , si lorsqu'il s'agit de dé-
couvertes utiles , on n'avait à répondre qu'aux
doutes qui naissent de 1 esprit rJ examen et d'un
sage pyrrhonisme , rien ne serait plus favorable
aux succèï même que l'on aurait en vue. Mais
souvent la passion s en mêle ; et comme on ne
peut la démasquer que par une longue suite de
raisonnemens et de faits étrangers au public , il
en résulte souvent que les meilleures choses sont
dénaturées à ses yeux , et que, ne sachant plus
de quel côté est l'erreur ou la vérité , il sacrifie
ses propres intérêts à lobstination calculée de la
cupidité et de la jalousie , deux passions qui
ne dormentjamais, et s'accroissent par les obs-
tacles.
Je ne ferai point l'application de ces maximes
générales aux détracteurs de la va'ccine. Quel-
que suspects que prit les rendre en pareille ma-
tière , l'intérêt qu'ils ont à conservet l'usage de
l'ancienne inoculation , nous ne redirons pas
tout ce qu'on a dit sur la vaccine. Sa pratique
constante £t soutenue depuis quatre ans eu An-
gleterre , oii dernièrement un second hôpital
vient d'être établi à Norwich pour cette inocu-
lation : les ordres donnés par son gouvernement
pour inoculer , suivant cette méthode , les sol-
dais et leurs enfans qui n'auraient pas eu la petite
vérole ; ce qui se passe à Genève , à Vienne
otj l'on inocule la vaccine avec le plus grand
succès ; son introduction récente dans les Etats-
Unis d'Améiique et dans I Espagne ; tout doit
servir à nous éclairer aujourd'hui. Il n'est pas
besoin de preuves pour démontrer aux hommes
désintéressés les bienfaits d'une pareille décou-
verte.
Quelle que soit la cause d'un semblable phé-
nomène , qui semble nous en présager d'autres,
je me bornerai à rectifier quelques faits , sur-tout
pour empêcher les médecins des départem.ens,
peu au courant des motifs de certaines alléga-
tions , de se laisser égarer par des assertations
peu exactes ou même mensongères.
Une lettre a paru le 5 brumaire dans le Moni-
teur; l'auteur, quoiqu'ayani connaissance des
faits attestés par le comité de U vaccine , per-
siste à soutenir le contraire de ce qui a clé
observé et constaté pendant six mois d'expé-
(icQCcs. Cette guette de cliicane est petite , j'en
coriviens; maïs obligé i'f ptetidfe pârl < je fêle»
verai des erreurs qu'il est bon de ne pas liisseli*
subsister , en y opposant ce qu'a publié le comité-
dans son rapport deux jours avant que celte
lettre ne parût. ;
1°. L'auteur rend un compte inexact des tra-
vaux qu'il n'a pas suivis, et qu'il n'a pu par
conséquent apprécier.- S il aété appelle en dernier
lieu à constater l'effet des contre-épreuves qui
ont clé faites , à coup sûr , il a dii ne voir
dans cette conduite que de la loyauté et da
la franchise.
i°. Dans un cas , il piéteild avoir trouvé de
la fièvre à un des enfans spurais à l'inoculation,
de la petite vérole. Le comité est d'un avis
contraire.
3°. Il dit : j'ai demandé qu'on essayât de cette
maliete , le comité s'y est refusé. On lit dans le
rapport, u On répète en ce moment l'expériencô
1) en inoculant avec la matière des 4 piqûres
)) qui ont offert quelque travail ; ceci ne peut
5> s'appeller un refus. >>
4°. L'auteur apostrophe d'une manière indé-
cente un médecin anglais recommandable par
son savoir, et pourquoi? par ce qii'il a eu le
malheur de publier il y a quelque tenis un état
comparatif des effets de la petite véiole inoculée
et de ceux de la vaccine ; d'où il concluait
que la nouvelle méthode d'inoculer, méritait à
tous les égards la préférence sur l'ancienne.
5°. Enfin , l'auteur de la lettre semble juger
sans appel, que tel enfant a eu la petite vérole, eici .
Le rapport (iu comité répond vicioticirsement s(
toutes ces allégations.
Nombre de faits attestent qu'en inoculant la
petite vérole à une personne qui a déjà été at-
teinte de celte maladie , on peut produire sur
elle une irritation locale plus ou moins ccrnsi»
dérable ; le pus variolique inséré ainsi sous la
I peau, s'y conseive comme dans un foyer d'oii
i on peut le tirer pour comrnuniquer la petite
I vérole à -un autre sujet.
Le passage sviivant, copié dans le traité his*
! torique et pratique d'inoculation, des- citoyen»
! Desoteux et Valentin , page 2/5, ne peut qu'é-»
' claircir la question.
I u Le citoyen Chrétien , me'decin en chef de
i l'hôpital militaire de Montpellier, m'apprit ea
passant dans cette commune , en iruciidor an 6 i
.qu'il avait eu la petite vérole étant enfant , qta'il
en avait été légèrement marqué , ciu'ayant été
I confiéauxsoins des docteurs DelamuieetTendoni
: il ne pouvait rester a-ucun doute sur la nature
I de l'éruption variolcuse ; mais que depuis qu il
'était médecin et qu'il inoculaU , il avait essayé
I de répéter cette opération sur lui-mêtue , à di-'
verses reprises, et à peu d'intervalles. A ia ving-
tième expérience; il se ht quatre piqûres qui
■ s'enflammèrent progressivement de manière à
; faire croire qu'il aurait la variole. A l'époqua
ordinaire, il éprouva un mal-aise généial, et
tous les simptômes de la fièvre , mais il n'as'
I sure pas quelle fût bien développée.)!
.)) Cependant il eut quarante , cinquante pus-
()» tules semées sur le corps, et ses piqûres supuf
j) rerent pendant près d'un mois. Il eu coneliJ}
)i que c'était une seconde petite vérole très-^
1) légère, d
S'il a été possible d'obtenir de semblables effets
sur des personnes ayant eu'la petite vérole , pe'tit?
od raisonnablement conclure quelque chose contre
la vaccine , de ce que sur 19 enfans vaccinés <
soumis à l'inoculation de la petite vérole , cintj
seulement ont eu une irritation locale à 1 endroit
des piqûres sans aucune espèce déruption sur
le corps ?
Quant aux craintes que l'on voudrait inspirejî
sur la possibilité de voir s'atlénUer au bout d'ua
an la préservation opérée par la vaccine , il suliiÉ
de savoir que depuis 1770 le docteur Jenncr à
constamment observé ses effets piéseivatifs sur
les personnes qui , en Angleterre , gagnaient la
maladie sur les vaches , et que ce n'est qu après
s'être convaincu que pendant plusde vingl-cinqanâ
ces mêmes persourjes n'avaient pas été susccp-=
tibles de gagner la petite vérole , qu'il prtjposa
aijl public de substituer la vaccine à l'ancienne
inoculation.
En écrivant au citoyen Goëtz , -que la matière
prise sur le bras de Blondeau a communiqua
la petite-vérole au noiitimé Lavalette , je n'ai ja-
mais prétendit en faire un secret ; et le comité'',
dans son rapport , en a fait une mention publi-
que. Mais ce fait, au lieu de piouver quelqub
chose contre la vaccine, donne au coniiairc ja
'meilleure preuve de son effet préservatif ; cars»
le pus variolique < inséré-sur le bras de Blolideaa
précédemment vacciné ., n'a pu lui conununiqt^er
la petite-vérole avec les symptôntes qui raccom-
pagnent et l'éruption qui en est la suite , et qUâ
le même pus lepris et porlé sur le bras d'un
enfant non vacciné , ait piotluit une pciilc-véïoltS
abondante, à couj) sûr il ne faut pas 'être 'iuc'dec'iu^
mais seulement de bonne foi . poui conclure quei
Bloadeau a été préservé par l'clfctde la vaceinù»
t. Colon j doçttur-insUecini
Société d'agriculture.
}(iort , département des Deux-Sevres , lo brumaire.
Le préfet, dans sa première tournée, a entendu
beaucoup de plaintes contre les dégâts commis
par les chtv r-es. Plusieurs cultivateurs lui ont même
demandé la proscription de ces animaux. Mais
comment proscrire un animal qui est souvent
l'unique ressource du pauvre ? Est-il démontré
qu'on ne puisse l'utilisCr ? Le préfet vient de
soum'ettre à la société d'agriculture , la question
suivante :
Quel en le meilleur moyen de tirer parti des
chèvres , «rs les empêchant de nuire à (agriculture ?
Les cultivateurs sont invités à présenter des
mémoires sur cette question.
(Extrait du Journal des Deux-Sevres.)
O M O M I E
RURALE.
Au,rùlu<
179
chez Levrault frères , quai Malaquais , coin de la
rue des Petits - Augusiins ; à Bordeaux, chez
madame Lawal , place Puy-Paulin.
Cet ouvrage a l'avantage de donner, 1° des
formultrs de comptes, d armement et de cargaison ;
a" de livres de numéros ; 3° de comptes courans
et d'intérêt , suivant divers usages , notamment
suivant ceux introduits tn France par les ban-
quiers depuis trois ou quatre ans ; 4° des bases
certaines pour la tenue des comptes en participa-
tion et des balances à parties simples et doubles ;
5° des formules très-détaillées de comptes et
liquidations d'assurance , ainsi que les lois et
usages relatifs à ce genre de commerce et aux
contrats à la grosse ; 6° de donner des tormuies
de compromis , pétition , sentence arbitrale , et
aussi de faire connaîue les lois et usages qui
doivent diriger 1 arbitre dans son honorable mis-
sion; 7° les formules de bilan et concordat ,
qui fonf partie de l'aiticle failliie : l'auteur s^est
toujours attaché dans cet article à laire connaître
les cas privilégiés et. ceux à observer^ pour pié-
venir les fraudes , irrégularités et illégalités : S"
des instructions sur la course mariiimu , etc. ,
corrigées et augmentées sur la première édition
qu'a déjà publiée l'auteur. 9° Cet ouvrage donne
aussi dans le plus grand déiail , soit sous les rap-
ports politiques , soit sous les rapports com-
merciaux , tout ce qui peut inlére^ser• les étrari-
gers et les consuls, ou ceux qui peuvent avoir
affaire avec eux. Le tribunal de coinmevce Je
Bordeaux, ville natale de l'auieur , l'a félicité sur
l'utilité de son travail, par une délibéraiiori con-
çue dans les termes les plus honorables. Ce mbunal
a délibéré que l ouvrage serait déposé dans ses
archives , et serait placé au rang des ouvrages
qui font partie de sa bibliothèque. En anrion<;.iiu
un ouvrage destiné aux négocians . ajou er
une mention avaniageuse a une déclaiaiiori du
tribunal de commerce de Bordeaux, serait au
moins inutile ; nous ne pouvons que citer 1 exé-
cution typographique de I ouvrage, comme lésant
honneur aux presses d'où il est sorti. L exactitude
et la netteté sont sous ce rapport un mérite essen-
tiel dans les ouvrages de cette nature.
Hiitoirl naturelle du genre humain, ou recher-
ches sur ses principaux fondemens physiques et
moraux , précédées d'un discours sur la nature
, ,, , des êtres organiques , et sur l'ensemble de leur
a entièrement puigé sa m,a>son par un procède 1 physiologie. On y a joint une dissertation sur le
facile a exécuter. Au mois de juin , ses greniers j^uva^^e de l'Aveyron, parj.i. Virey, 2 vol. in-S",
et ses granges étaient vides, il lit ramasser dans ^^^^ h'.ures. Prix, 12 Irancs pour Paris , et i5 fr.
des sacs , des fourmillieres de la grosse espèce , ^^^ i'^ départemens et léiraug-r.
et les fit répandre dans les pièces infectées : | "^ ..
■anssiiôt, les fourmis se jetserent sur les charan- I
sons , et les dévorèrent jusqu'au dernier , puis |
■elles disparurent. Depuis, celle personne n'a plus |
vu de ces insectes destructeurs dans sa maison. I
A l'égard du troisième secret : dès qu'il n'y aura
vr ilu Bulletin de la Gironde. — A.... ,
pi es T'onncins , l'^ brumaire an 9. ..
Je lis dans un journal très-répandu dans mon
canton, l annonce de secrets pour enlever la
carie aux bleds , pour les préserver des cha-
ransons , et laire avec les grains charbonnés , un
pain aussi blanc et aussi salutaire qu'avec le grain
de la meilleure espèce.
Comme laboureur, je prends la liberté de
vous adresser ce que je pense de cette dé-
couverte.
Je puis vous certifier avec vérité , que la
méthode de Ttianon , qui consiste à laver les
grains dans une eau infusée de soude , a cons-
tamment préservé mes bleds de la carie , et que je
n'en ai point eu de cariés depuis que j'en tais
usage -, il me paraît trés-dilficile d en trouver
une moins dispendieuse ; d'ailleurs , je ne (ais
usage de cette méihode que sur la cinquième
partie du bled que je semé ch.ique année : celui
qui en provient , est employé aux semences de
J année suivante , et ainli de suite -, mais je me
|;arde bien cU faire sécher ce bled préparé, ni
au four, ni dans une étuve , de crainte d'en
altérer le germe; il ne faut pas même qu'il soit
sec lorsqu'on le serae . parce que la chaux
s'en détacherait , et incommoderait le semeur.
Quant aux charaiisons . un de mes voisins en
Jacques ; Balilliot jeune , tue Hautefeuille , n" 8 5
Lepetit, jeune, galerie sde bois, Palais du Tribunal.
Almanach des spectacles ds Paris , ou calendrier
historique et chronologiijue des théâtres. 46' an-
née ; 2 vol. in-24. Prix , 2 fr. ; et par la poste
2 fr. 5o c.
Les soins que s'est donnés cette année l'édi-
teur de l'almanach que nous annonçons , pour
lui rendre son ancienne physionomie méritent
des éloges. Toutes les fautes commises dansquel-
ques-unes des dernières éditions , ont été répa-
rées. L'ancien ordre a été rétabli , et cet ouvragé
offre à piésent un répertoire utile des piecej
de théâtre et des noms des auteurs et compo-
siteurs de musique vivaus , d'articles nécro-
logiques , etc.
Cet almanach se vend chez Duchesne , rue des
Augustins , n° 3o ; Moutardier , quai des Augus-
l tins , n° 28 , et chez les marchands de nouveautés.
On peut le regard r tomme une bonne continua-
tion de l'ancien ; il en.completie bien la col-
lection.
Suite des éditions stéréotypes , d'après le pro-
cédé de Fiimin Didoi , en vente à Paris , et qu'on
lie trouve que chez Pierre Didot 1 aîné , impri-
meur, rue des Orties, gallcrie du Louvre; et
Firmin Didot , libraire , rue de ThionviUe ,
qos 116 et i85o.
Epities , stances et odes de 'Voltaire , I vol.
in-18. Prix en feuilles . pap. ordin. , yS cent ;
papier fin, i fr. 25 cent.; papier vélin, 3 fr. ;
grand papier vélin , 4 fr. 5o cent.
JV. B. Pierre et Firmin Didot se soot détermines
à stéféoiyper les œuvres compleites de Voltaire
du format in-18 que le public, d'après les de-
mandes muhipliées qui leur en ont été faites ,
parait préférer au format in-12 qu'ils avaiîçnl
annoncé.
COUBS DU CHANGli.
Bourse du i3 brumaire.
à 3o jours- I à (
plus de bled carié , ce prétendu secret sera inutile ;
il est , au reste , très-simple : il consiste à laver les
grains charbonnés dans de l'eau claire , jusqu'à
ce qu'ilsne lanoiicissent plus;à|les tremper ensuite
dans de l'eau bouillante , et les faire sécher jus-
qu'à ce qu'on les puisse moudre ; par ce procédé
on obtient un pain pour le moins aussi bon qu'avec
les grains non charbonnés.
Antoine R , cultivateur.
GRAVURES.
■ furtmit du général Macdenald , en pied , des-
siné d'après nature par Ursule Boze,et gravé par
Maradan. Prix , 6 fr.
Cette gravure offre un effet piquant et l'attitude
agréable , et d'une parfaite ressemblance , se
trouve à Paris chez Ursule Boze , femm» Lejean,
au -Palais national des sciences et des arts; et
chez l'auteur , rue Jean-de-Beauvais , n° 3. Les
citoyens des départemens qui désireront s'en pro-
curer , voudront bien ajouter un franc pour la
boite.
LIVRES DIVERS. .
La science des Négocians et Teneurs de livres ,par
feu Delaporte , nouvelle édition entièrement re-
fondue et considérablement augmentée , ornée
de planches et de tableaux , suivie d'un com-
mentaire nouveau de ledit de 1673 , appelé vul-
eairenient Code marchand , et d'un Diction-
naire très - instructif , par Boucher , teneur
de livres , auteur de divers ouvrages sur le
commerce , l vol. grand in-4° de plus dé 600
pages i prix , la fr. pour Paris , et l3 fr. 5 déc.
franc de port pour les départemens. A Paris,
Cet ouvrage , de Virsy , est U'ie suite naturelle,
une sorte de supplémtni à I h Mdire de l'homme
donnée par B. ifon. Ou ne peui nier que la con-
naissance du physique de notre espèce au fait
beaucoup de progrès : il est donc important de la
ramener à l'état actuel des déLOUvf it -s modernes.
A Paris, choz Dufart, imprimeur-librairti , rue
des Noyers , n" 22 , éditeur de I Histoire naturelle
compleite de'*' Buffon , rédigée par Soniiini ;
Bertrand , libraire , rue Montmaitre , à côté des
diligences; Dcbray et Petit, libraires au palais
du Tribunal, galeries de bois.
Dictionnaire néologique des hommes et des choses ,
ou notice alphabétique <Jes personnes des deux
sexes , des événemens , des époques ,'des monu-
mens de tout genre , des institutions de toute
espèce , des pays , des découvertes , et des mots
qui ont paru le plus remarquables à l'auteur dans
tout le cours de la révolution ; par le Cousin-
Jacques , 5™' cahier compk'ttant le 1°' volume.
Ce cahier coniienl73o articles; le suivant paraîtra
bientôt.
Prix du cahier, 2 fr. 25 cent. , et franc de port,
3 francs.
Prix de la collection pour les personnes qui
voudront souscrire 21 fr. pour Paris , et 24 francs
par la poste.
Chez Moutardier , quai des Augustins , n°. 28.
Le Cannevas à la diable , ou journée d'un
amateur.
Se vend à Paris , chez les marchands de nou-
veautés ; et à Chartres , chez Durand. Prix ,
I franc.
Choix d'anecdotes anciennes et modernes , recueil-
lies des meilleurs auteurs ; trois forts vol. in-18,
nouv. édit.'. beau papier, caraciereres neufs.
Prix , 3 fr. , et 4 fr. 5o cent, franc de port.
A Paris, chez Batilliot père, rue du Cime-
nere-André-des-Arcs; Batilliot fils , rue du Foin-
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif
Cadix
Effectif
Gênes effectif- . . .
Livourne
Bâie.
561
190
4 fr. 90 c
14 fr.70 c.
4 fr. 90 c
14 fr. 40 c
4 fr. 70 c.
5 fr. 12 c
5?;.
Effets publics.
Rente provisoire 24 fr. 38 c.
Tiers consolidé 35 fr.
Bons deux tiers i fr. 67 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 88 c.
Boas pour l'an 8 92 fr. 80 c.
Syndicat 80 fr. 5o c.
Coupures 80 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
Matières.
Or fin l'once -^ i"5 fr.
Argent le marc 5o fr. 4-0 c.
Portugaise l'once ^ 95 fr. 58 c.
Piastre. 5 fr. 3o î.
Quadruple 7g fr. 5o c.
Ducat.. u tr. #0 c.
Guinée 26 fr.
Souverain 34 fr. 60 c.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq.ue et des Arts.
Dem. Armide , opéra en 5 actes.
Le 19 , Bal masqué.
Théâtre des JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj, l'Epreuve nouvelle ; le Doyen de KiUeriru ,
l'Abbé coquet.
Théâtre de la Cité- Variétés. — PanfomÏTOa. ,
Aujourd'hui la 2' repr. de l'Amour aux Pelitef
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée da
chants ; Louise^ et la Romance,
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
t'aboantaitane fait. Pari», rue des Poitevins, n« 18. Le prix est de îS fr*n<:. pour trois mois , 5o francs pour six mois, et 100 francs pour Tannée entière. On r«
sabonne qu inu commeucemeoi de cbaqac mois.
Ilfaur adresae.lesleltrestt l'argent, fraucde port ,aucit.AGASSE, propriétaire de cejournal, rue des Poitevins, a« 18. Ilfautcomprtadre dans les envois le port des
pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
a faut avoir soin, pour plus de sûreté, de charger celles qui reufermenides valeurs , etadresser tout ce qui concerne la rédaction de la feu. Ile , au rédacteur, rue de»
Poitevins 11° i3, depuis neuf heures dumatin jusqu'à cinq neures da soir.
A Pa ri S, de l'imprimerie ilu cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZini^NATIONALE ou LE MONIfEUR UNIVERSEL.
N° 45.
Qtiinddi , 1 3 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aurorlsés à prévenir nos souscripteurs qu'à ciater du 7 Nivôse le Mo NITE V R est le seul journal officiel
il contient les séances des autorités constituées , les actes du goavernemenî , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et 'Ls not
l'intéri&ur que sut l'Èxtétielir, fournis par les correspondances ministérielles.
Un' article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
ions tant sur
INTÉRIEUR.
Menâe , le i" bhimaire.
Xj E préfet du département de la Lozère vient
de terminer sa lournéc dans l'étendue de son
ressort. Il y a été accueilli rtvec les égards dus
' au caractère dont il est revêtu et aux principes
qu'il professe. II a été à portée de recueillir à
chaque pas des preuves ceflàinès de l'améliofation
dé l'esprit public dans ces contréei.
L!adminisiration avait donné tous ses soins à la
destruction des bandes éparses de brigands qui
refluant du département de l'Ardêche , ont infesté
à diverses époques les communes qiri le confinent,
et peut s'applaudir de Ses succès. Nous rappele-
Tons ici le désintéressement que montra un dé-
tachement ne la 106'^ demi-brigade stationné dans
la commune de Lud , à la suite d'une rencontre
avec seize brigands.
Le préfet ayant rais en mouvement les gardes
nationales et la troupe de ligne, un détachement
de douze hommes de celle-ci rencontra près
Saint-Etienne de Ludarèsl6 brigands qui venaient
de mettre à contribution le percepteur dé celle
commune. Les soldat! républicains se précipi-
tèrent sur ces scélérsls , un d'eux fut tué dans
l'action , trois pris les armes à là main furent
fusifté? sur le champ , et trois autres blessés à
liiori ; le reste chercha son Salut dans la fuite et
abandonna ses armes. Lé chef de celte bande
ayant péri clans celt'- rencontre , on trouva sur
lui une somme de 3oo fr. , que les braves de la
io'6* demi - brigade s'emprcSsereht de déposer
entre les m.n'ns du maire , ainsi que les armes
qu'ils trouvèrent sur le champ de bataille.
Paris , /ff 1 4 brumaire.
L'ai>JUDANT commandant Eomieu , écrit du
quartier-général de Vannes , en date du 7 bru-
maire , au général en chef Bernadotte . que la
situation de l'esprit public dans le Morbihan
ï'amélioi'e tous les jours. Georges est tonibé da'ns
le plus grand mépris , et sa vie même né serait
pas en sureié s'il débarquait dans Ce dépai'ieïhent.
Le 4 , une division anglaise forte de 4 vaisseaux
de guerre et de 6 bâiimens légers , a chassé toute
la journée un convoi venant de Bordeaux , qui
l'est réfugié dans la Vilaine sans avoir rien
souffert.
Une trè's-béné fréga'^é ariglaise' qoi a deda'ig'né
le gros lems et s'est obstinée â poursuivre le con-
voi , a touché et a péri corps et BienS.
EJans la baie de Douarnenès , une division
anglaise a voulu aitaq^ier un convoi français.
Une frégate a encore failli se perdre ; mais elle
a eu le bonheur de virer à lems.
— L'adraii istralion de la I oterie nationale prévient,'
par un avis, rendu public que depuis le 5 bru-
maire présent mois , les tirages ont lieu tous- les'
5 , i5 et 25 de ch.iq,ue mois.
Un citoyen a fait une misfé à Borde^a\ax d'e la
ïAaniere suiva'nle : il a'place 48 fr. sur le f . pre-
mière soriie ; 9 , seconde , tioi'sietiitf , quatrième
ft cinquième sorties à 12 fr. par ambe déterrniiié.
i.p n". I étant sorti le premier , el; le n". 9 le Iroi-
iieme , il en est résulté i ambe déterminé à 12 fr.
qui a produit un lot de 61,200 fr.
Un autre citoyen a fait à Marseille une mi^ë
dont voici le calcul' et le résultat. 11 a miï 2 fr.
so cent, sur les n°' i , 9 , 41 , 77 , savoir 6 ambes
à ïo cent. , 4 ternes à 20 cent. , l quaierne à 20 c.
Les n"" I, 9, 41', 77' étant sortis, il en éjt-
lésulté un lot de 19,724 ff- ; savoir, 824 fr. pour
6 ambes à aoc. , 4400 fr. pour 4terne9 à ïo cent. ,
*t 1 booo fr. pour i quaieTne à' îo cent.
Le» administrateurs de la l'ot'érie' cértifienVVéri-
latil'js cds résultats du tirage du ifî vendeihiaite'
an g.
Le général" Moreau , en allant à Raiisbonne ,
le l3 vendcmiaire , se détourna de sa roule pour
visiter le nionument élevé à la mémoire de Laiour-
à'Anvet^tie , hors du village d'Oberhausén près
àe Ncubourg. Ce monument lut consacré , le
3 fructidor an 8. au brilit' d'une musique lu-
tfubfe , avec les cérémonirs usitées dans l'église
caiholiqiie par le curé de ce village , en présence
du commandant de Ncubourg , de trois com- |
pagnici d'iiilaiilerie . de l'état-major, du général
Souham , de la municipalité de Neuboui'g , èf
d'uri grand nombre de personnes accourues des
environs. Il consiste en un grand sarcophage dé
pierre, élevé sur trois lits de gazon, de dix-huit
pieds de haut, et entouré de pierres-bornes , liées
entr'elles par des chaînes de fer. gnr le côté droit
du sarcophage , on iii cette inscription : A 'la
mémoire de Latour-d' Auvergne , pinnicr greriadiet
de France , tué le 8 messidor ati 8 de V ère répu-
blicaine , ("28 juin 1800). Au côfé opposé se
trouve une inscription semblable *n l'honneur
du chef de brigade Forty , tué \ coiè de Latour-
d'Auvergne. ( Extrait du journal de Paris.)
— Les atiimaux qui ont appartenu à Tippoo-
Sa'ib, et qui sont desiiiiés pour la riiénager'ie du
Jardin-des-Plarttes, sOnt partis de Bruxelles le 7
brumaire pour se rendre à Paria.
— On vient de découvrir à Lyon un attelier
de fausse - monnaie. Les pièces qui ont été
répandiaes avec le plus de profuMon, portent
l'empreinte de la république helvétiijue , et pas-
saient pour des pièces de six iiards de notre
ancienne monnaie.
— Le citoyen Lefebvre-Gineau , professeur de
physique-au collège de France , est nommé admi-
nistrateur de ce collège.
--- Le tribunal de cassation a terminé le 12 de ce
mois, la longue querelle qui avait divisé depuis
quelques années les plus célèbres jurisconsultes ,
au sujet de la représentation à l'infini en succes-
sions collatérales. Voici le système qui a prévalu.
Il est décidé que la succession se divise d'abord
aZ^ ^ l " ""«'S' David et ses élèves ont
•1 V""'i '^ au citoyen Vien. leur maître
qu Ils honorent comme le restaurateur de l'école
française. La sociéié était composée de 120 per-
hT7' fi ^°""'-, '^r" '''°y^" Vien était placé
dans le sallon ou il fut reçu; sa place à table
etatt distinguée par des guirlandes en forme de
dais, iine courotine de laurier était suspendue
sur sa lete ; on y lisait ces mots : A Vien ! les arts
reconnaissons.
A ^^À'^ \,?°'^^ '^ santé dé son Maître, et celle
de M =_Vien, en ces termes : u Au citoyen
" Vien , notre maure. Ptiis^è - i - il , nouveau
"Uiagoras, voir briller au sallon d'exposition
" A Aim^^T' '^f '^ cinquième génération. —
). A M» Vien. dont les soins, les grâces et les'
" vertus nous ont conservé jusqu'ici , et nous
" conserveront encore , le père de la peinture. „
La circonstance avait inspiré de jolis vers au
his aine de David, au jeune l'Ecluse, et au
citoyen Gauthcrot. Aux lectures a succédé un
concrt Italien ; mais rien n'a pu donner un
caractère plus touchant et plus aimable à la fête
que la modestie, la sensibilité du vieillard res-
pectable qui en était I objet.
Il était flatié , sans doute , de l'hommage qu'on
rendait a ses grands lalens ; mais se croyant plutôt
au miheu de ses enfansViue de ses élevés il a
paru plus touché des marques vives et frat^ches
de leur affection , que des lémoi.^naaes constant
deleuradmiraiion et de leur respect. Ses réponses
vives et pleines de yigueur se peignent au su,, .lus
beaucoup mieux que to'ut le resie. Dans son
M uceiuc que id succession se divise d abord "^^"^-""p mieux que to'ut le resie. Dans son
deux parts , lune pour la ligne paternelle , discours, le cit. Gautherot rappeliait les services
tre pour la liene maierrielfp pt r,,>„ J,r,c rendus par Vien à Wri rtc .liJr,,!,^. .. r>. ■ _ . •.
l'autre pour la ligne maierrielie , et que «lans
chaque ligne les collatérauxdescendans des auieurs
les plus proches du défunt . ou ceux qui les
représentent, excluent les collatéraux descendans
d'auteurspluséloignés.('£A://-aùrfa3fourna/(;ePanV.;
— La Clef du Cabipet fait observer que darts
presque tous les almanachs imprimés en Alle-
magne , le calendrier républicain se trouve placé
à côté du calendrier grégorieii.
— On lit l'artirfe suivant Ja-ns le Journal de
Paris , sur le portrait du général Moieau par
Gérard.
i! L'auteur de Bélisairt- et de Psyché vient d'a-
jouter à sa réputation p,r ce nou-\^èl ouvi'à're',.
dont on parlait depuis longtems et que le
public atreri'd'a'if ai^ec im'prftientè. E' est exposé
au Salon depuis peu de jours. Il' fillait le talent
de Gérardpo'ur dol'inerau porli'ait du général IVio-
reau l'expresvion et le caractère convenables Le
peintre a eu le bon esprit de'sentir qu'un homitie
aussi célèbre par ses talens militaires et ses vic-
toires , que par ça briivoure, ^a lïio'desiie et la
simplicité de ses manières, ne devait pas être
transmis à la posièrité avec la prét'éniion et le
luxe de la peintuie ; il ne lui a point donné un
regard menaçaint , lahe awfiudé bcl'liqueiisé , qui
dénaturent les lraii<s et la l'esSemfelance ; il ne
l'a point saisi dans un de ces moraens (déjà si
nombreux dans la vie miliiaiié de Moreau ) ,
oij , en présence de l'ennemi , il anime le sol-
dat et décide la victoire. Géraid a cru avec
i:aison qu'il suffisait qu'on pût ie réconnaître et
le nommer, pour doiiner de giandes idées et
rappeller de grands souvenirs : aussi le poni'aîV
est-il frappant de ressemblance. Le général est
représeniè dans une attitude tranquille et réflé-
chie. D'une main il tient son chapeau, et de
1 l'autre il s'appuie sur son sabre. Sop haOii bon-
; tonné n'est ori^é d'aucune brôdeiie, lecharpe dé-
1 signti seulèin-énison grade de général d'armée. Tout
! est parfait dans cet ouvrage; la vérité de la posi-
tion , la correction du dessin , le ton des chairs ,
.la vigueur du coloris, l'opposition des teintes
font reconnaître le talent d'un artiste aussi exercé
que savant dans son art. La rèpuialion de Gérard
est assez avancée , pour présumer ce qu il pour-
rait laire , s'il enticprenait quelques tableaux
d'hisiôi're. Plus il mérite d'éloges, pl'iis il est
malheureux de le voir se borner par nécessité
à un genre qui rie donne point d'essor au
génie , et conduit rarement à la postérité. Avec
autant d'imagination , son pinceau devrait être
employé à nous iransmetiie les grands traits
de l'histoire ancienne et moderne. Mailenant que
lès beaux-arts ont tecouviè tout leur lustre , il
est à désirer que quelque amaieur le mette à
même d'exercer s^es talens dans le genre qui
convient le mieux à sa réputation et à ta
8'o'fe. JDisinoNCï.
^-- '"i^t^i-tiaii ica services
rendus par Vien a l art de peindre. <c Oui . a-t-il
» du, mes enfans , quand j'embrassai cet ait, je
» VIS qu d s égarait dans de faux svs.êmes. Je dis '
" Il faut que cela change . et cela sera : j'ai com-
î' batiu , j ai persévéré , et cela a été. >>
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 7 brumaire ait 9.
Les corisuls de la république , vu l'article XXI
delaloidti 28 mars 1790, et l'arrêté du directoire
executif dt>_ 97 brumaire an 7 ; sur le rapport du
mmisire de linieiieur,etleconseil-'d'état entendu
anetent : '. '
Art. I". Dans toutes les villes où le besoin du
conimerce 1 exigera . il sera établi par le préfet
sui la demande des maires et adjoiriis , approuvée
par le sous-prefet , des bureaux de pesage me
surage et jaugeage publics, où tous les citoyens
pourront faire peser, mesurer et jauger leurs ^ar-
charidises, moyennant une resiribution iuste et
modérée qui , en exécution de l'article XXI <'e la
loi du 28 mars 1790 , sei-a proposée par les con-
se; s-gene.aux des municipalités , et fixée au con-
seil-d eiat , sur l'avis des s6us-prèféts et préfets.
II. Nul ne pourra exercer les fonctions de pè-
seur, mesureur etjaugeur, sans prêter le serment?
de bien et hdelemeni remplir ses devoirs : ce sei'-
ment Sera reçu par le président du tribunal de-
commerce , ou devant le jUge d« police du Jieu.
..i'"^ù,°^"^'i' '''"". °"" ''^ ''*■■'* P" nécessaire
detablirdeS bureauii publics, les lonciions de
peseur , mesureur et jaugeur seront confiées , par-
le préfet , a des citoyens de probité et d'une capa-
cité reconnues , lesquels prêteront serment.
, IV. Aucune autre personne que lesdil's em-
ployés ou préposés', ne pourra exercer , dans l'en-
ceinte des marchés- , halles et ports , la profession'
de peseur, mesureur et jaugeur, à peine decoH-
tiscauondes instrumens deslinés au mesuraV.
y. L'enceinte desdi'ts.marché's , halles et ports
I sera déterminée et désignée dune manière appaJJ
I renie par l adminislraiion municipale, sbusi'ap-
probation du sous-préfet.
( VI. Les citoyens i quilles bureaux ouïes fonc^ '
'lions de peseurs ou mesureurs publias seront
jconhés, seront obligés de tenir les mnrchés ■
ihalles et ports, garnis d'iristrumen« nécessaires'
a i exercice de leur éial , et d'employés en nom-
bre suflisant ; faute de quoi il y sera pourvu à
leurs frais par la police , et ils seront de&iit-ûés.
Ils ne pourront employer que des poids et
mesures dûment étalonnés , certifiés , et poasnt
l'inscripiioa de leur valeur.
Vif. Il sera délivré aux citoyens qui le de-
manderont , par les peseurs et mesureurs pu-
blics , un bulletin qui constatera le résultat de
l«ur opéiaiion.
VIII. L'Infidélité dans los poids employés au
pes.ige public, sera punie, par voie de police
correciionaelle , des peines prononcées p.ir les
les lois conlre les marchands qui vendent à faux
poids ou fausses-mesures.
IX Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exéculion du présent arrêté , qui sera inséré au
Bulletin des lois. Il rédigera et fera publier toutes
les instructions nécessaires.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-dCétat , signé , H. B. Maret.
Arrêté du i3 brumaire an g.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre des finances, arrêtent:
Le bureau des douanes établi à la Cibourg ,
est substitué à celui de Renans , pour les for-
malités relatives au transit de l'Helvétie sur le
département du Mont-Terrible.
1/4
Le ministre des finances est chargé de l'exécu-
tion du présent arrêté, qui sera inséré au Bulletin
des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H- B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, sur le ripport
du ministre de l'intérieur , le conseil - d'état
entendu, arrêtent:
Art. !■='. Conformément à la loi du i"^' vendé-
miaire an 4 , le sysiême décimal des poids et
mesures sera définitivement mis à exécution
pour toute la république , à compter du i" ven-
démiaire an 10.
II. Pour faciliter cette exécution , les dénomi-
nations données aux mesures et aux poids,
pourront, dans les actes publics, comme dans
les usages habituels , être traduites par les noms
français qui suivent :
Mesures
itinéraires.
Noms •SYSTÉWATiQUES. Traduction.
Myriameire, pourra être traduit par Lieue
Kilomètre ,
Décamètre,
Mètre .
Décimètre ,
Centimètre ,
Millimètre ,
Hectare ,
Are .
, Centiare ,
Décalitre ,
Litre ,
, Décilitre ,
^ Kilolitre ,
Mesures k
de capacité ) Hectolitre ,
Mille
Perche
Valeur.
io,ooo metresi,
1000 mètres.
10 mètres.
Mesures
de
longueur.
Mesures
agraires-
Mesures
de capacité
pour les
liquides.
unité fondamentale dtfi poids et tnesuresi di>
■lionnieme partie du quart du méridien tcrresti
de meire.
pour les ma-^
tieres sèches^
Mesures
de solidité.
Poids.
Décalitre ,
Litre ,
Stère ,
Décistere ,
Kilogramme ,
Hectogramme
Décagramme ,
Gramme ,
Décigramme ,
Palme (le) ip
Doigt loo™' de mètre.
Trait looo™' de mètre.
Arpent io,ooo mètres carrés
Perche carrée loo mètres carrés.
Mètre carré
Velte 10 décimètres cubes.
Pinte Décimètre cube.
Verre lo""' de décimètre
Muid I mètre cube ou looodécimet. ci^})es.
Setier loo décimètres cubes.
Boisseau lo décimètres cubes.
Pinte Décinietr^cube.
Mètre cube.
lomc jg mètre cube.
1000 livres (poids du tonneau de mer).
100 livres-
Solive
Millier
Quintal
Livre
Once
Gros
"Denier
Grain
Poids de l'eau sous le volume du décimètre cube ,
contient lo onces.
lo"" de la livre , cootient lo gros.
10™° de l'once, contient lo deniers.
ion>< du gros , contient lo grains.
10°" du denier.
III La dénomination mçtre n'aura potnt de
îynonime dans la désignation de l'unité fonda-
W,pnrale des poids et mesures. Aucune mesurt
Le surplus sera vendu , et toute fabri-
pour le compte du gouvernement ces-
ne pourra recevoir de dénomination publique
qu'elle ne soit un multiple ou un dividende dé-
cimal de cette unité.
IV. Le mesurage des étoiFes sera fait par mè-
tre , dixième et centième de meire.
V La dénomination stère continuerai d'être
employée dans le mesurage du bois de chauf-
fage et dans la désignation des mesures de so-
lidité ; dans les mesures des bois de charpente ,
on pourra diviser le stère en dix parties qui seront j
nommées solives. . I
VI- Les dénominations énoncées dans l'art. Il,
pourront être écrites à côté des noms systémati-
tiques sur les mesures et les poids déjà fabriqués ;
elles pourront être inscrites ou seules , ou à coté
des premiers noms , sur les poids et mesures
qui seront fabtiqués par suite.
VU. Dans tout acte public d'achat ou de vente ,
de pesage ou de mesurage , on pourra , suivant
les dispositions précédentes , se servir de l'une
ou de l'autre nomenclature.
VIII. Le ministre de l'intérieur adressera , dans
le plus court délai , à tous les préfets et sous-
préleis des mesures-matrices , pour servir de
modèles-, elles seront déposées au secrétariat.
Ces mesures-modèles seront prises dans les poids
et mesures , aujourd'hui appartenant à la répu-
blique
cation
sera.
IX. Le ministre de l'intérieur présentera aux.
consuls , dans le plus court délai , d'après l'avis
des préfets , le tableau des communes dans les-
quelles il doit être établi des vérificateurs , en
exécution de l'article XIII de la loi du i" ven-
démiaire an 4.
Il fera rédiger et publier les tableaux et ins-
tructions nécessaires à l'exécution des articles
précédens.
X. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Arrêté 'du 14 fructidor an 8.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances ,
Vu les articles XVIlï cl XXI de l'atrêié du
i"^ pluviôse dernier sur l'organisation du trésor
public ;
Vu pareillement la loi du 2 messidor an 6 ,
et l'arrêté du 18 ventôse dernier, le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
Art. I"- Les différentes comptabilités dont J i'^' vendémiaire an 3.
étaient chargés à la trésorerie nationale les bu-
reaux mentionnés en l'article XVIII de l'aiiêié
du i''' pluviôse , seront continuées de la manière
suivante :
II. Le troisième administrateur du trésor public,
nommé par arrêté du 4 de ce mois, surveillera
le bureau qui sera formé pour les comptabilités
arriérées , et l'agence judiciaire.
m. 11 sera déplus chargé de surveiller la caisse
générale . la confection du grand-livre de la
dette publique , le contentieux qui en dérive ,•
la comptabilité centrale , la conservation des
oppositions , dépôts et consignations , même
les parties qui n'appartiennent ni à la recette
ni à la dépense.
IV. Les comptes non encore rendus des an-
ciens gardes du trésor ci-devant royal , et des
anciens administrateurs ; le compte des restes de
l'exercice 1790, ordonné par l'article XXVI de
la loi du aS août lygS, et généralement tous les
comptes des anciens comptables faillis , émigrés
ou condamnés qui se formaient ci-devant à la tré-
sorerie nationale , seront achevés dans le plus
bref délai par le bureau des comptabilités ar-
riérées.
V. Ce bureau dressera , dans trois mois au plu»,
tard , un état de situation desdiis comptes,
avec indication du tems présumé nécessaire pour
l'achèvement de chacun d eux. Il remettra dans
le courant de nivôse prochain un double de
cet état au ministre des finances et aux commis-
saifes de la comptabilité nationale.
VI. Ces comptes seront certifiés par le direc-
teur des comptabilités arriérées qui les aura for-
més , et visés par le troisième administrateur du
trésor public-
VII. Tous les comptes à rendre depuis le
I"' juillet 1791 jusques au l'' germinal an 8 par
les comptables directs de la trésorerie nationale ,
ainsi que ceux des dépenses de l'administration
faites par la trésorerie , seront formés par le
bureau des comptabilités arriérées, désignées en
l'article l" ci-dessus-
VIII. Le bureau des comptabilités arriérées se
bornera à une vérification sommaire des acquits ;
mais de manière à reconnaître les parties pre-
nantes qui auront touché par avances ou par
à-comptes , sur les fournitures qu'elles devaient
faire , sans justification préalable de la livraison
desdits fournitures ; et il sera formé un état no-
minatif desdites parties prenantes qui paraîtraient
redevables au trésor public.
IX. Cet état sera adressé au ministre des
finances et à la commission de la comptabilité
intermédiaire , pour être par elle , de concert
avec les ministères qui auraient ordonné les paic-
mens , procédé à la confection des comptes des-"
dites parties prenantes.
X. Les régies et adrfiinisirations nationales qui
n'auraient pas déposé leurs comptes à la trésorerie
les formeront elles-mêmes , et les remettront avec
les pièces justificatives directement à la commis-
sion de comptabilité nationale , dans le délai que
celle-ci déterminera, d'après l'état que, chaque
administration lui fournira , dans le mois , de la
situation de ses comptes.
XI. Le bureau des comptabilités arriérées du
trésor public , dans le premier mois de la mise
en activité , remettra à la commission de la comp-
tabilité nationale un double de l'état nominatif
des comptables directs de la trésorerie na-
tionale.
XII. Les comptables qui n'auraient pas remis à
la trésorerie nationale les acquits et pièces justifi-
catives de leurs divers exercices , seront tenus
de les adresser, avec leurs comptes ou borde-
reaux , au bureau des comptabilités arriéiées du
trésor publ'C , dans les deux mois de la demande
qui leur en sera faite , par lettre chargée , et sous
les peines portées par les lois des 28 pluviôse an 3,
et 2 messidor an 6.
XIII. Les receveurs des impositions entre les
mains desquels il serait resté des ordonnances de
dégrèvement, décharges ou modérations , seront
tenus seulement d'en dresser un bordereau , par
chaque année.
■ XIV. Ils remettront ce bordereau avec ces
ordonnances au préfet ou sous-prétet de leur dé-
partement, pour être soumis à l'examen du con-
seil de préfecture , qui , d'après vérification ,
arrêtera le bordereau .y joindra ses observations,
et en fera passer une expédition au troisième ad-
ministrat-eur du trésor public , qui fera créditer
chaque receveur du montant des sommes recon-
nues, employées en décharge , et en fera expédier
récépissé provisoire au receveur.
XV. Les conseils de préfecture garderont dans
leurs archives lesdites pièces.
XVI. Les comptes ou bordereaux à former se-
ront , conformément au décret du ig fructidor
an 3, et aux écritures de la trésorerie nationale,
divisés en divers exercices.
Le premier exercice, du 1'' juillet 1791 au
Le second, du i" vendémiaire an 3 ,a.u i"" ven-
démiaire an 4.
El pour le surplus , d'année en année jusqu'au
i" germinal an 8.
^XVII. Il sera fourni aux compiables (jui auront
adressé leurs acquits , des récépissés provisoires
du montant des envois reconnus.
XVIII. Chaque récépissé provisoire , délivré à
un comptable , opérera un crédit, à son compte ,
du montant de la somme y exprimée.
XIX. Les pièces de chaque gestion après avoir
été vériliées demeureront classées p;ir compta-
bles , de manière à présenter une masse égale
ail montant des récépissés provisoires délivrés à'
chacun.
XX- La recette de chaque comptable sera pro-
visoirement fixée par une attestation signée par
le chef de la comptabilité centrale , et visée par
le troi.sieme administrateur.
XXI. En conséquence des dispositions de la
Foi du 2 messidor an 6 sur les comptabilités et
liquidations du tems intermédiaire , le bureau
établi par cette loi suivra et activera par tous les
moyens mis à sa disposition ;
1". Les reddition , formation , vérification et
arrêté provisoire des comptes en deniers et en
matières dépendans des diverses parties de comp-
tabilité qui leur ont été attribuées.
2°. La liquidation de tout l'arriéré des minis-
tères, commissions executives , agences , adminis-
trations , et parties non-comptables du même tems
■inierroédiaire et de toutes les parties prenantes
dont les états lui seront adressés par le bureau
des comptabilités arriérées de la trésorerie.
XXII. Tous les comptes , soit particuliers , soit
généraux déjà fournis et adressés à la trésorerie
par ses préposés et comptables directs pour tout
ou partie de leurs exercices seront réunis avec
les pièces justificatives à la commission de la
comptabilité nationale.
Dispositions générales.
XXIII. A mesure que les comptes seront formés
par le bureau des comptabilités aniéfées .tisseront
ceriifiéspar le directeur des comptabilités arriérées
qui les aura iormés . et visés par le troisième admi-
nistrateur , pour être ensuite adresses par lui avec
les pièces justificatives à la commis^ion de conin-
labililé nationale pour y être vérifies et réglés dé-
finitivement.
En même tems il donnera aux comptables avis
de cette remise et du résultat de leurs comptes
qui resteraient à fournir à la comptabilité natio-
nale.
XXIV. La formation des comptes et leur trans-
mission à la comptabilité nationale , soit de la
part des comptables , soit de la part du bureau
des comptabilités arriérées , ne pourront êtie em-
pêchées ni retardées sous prétexte quil y man-
querait quelques pièces , qu'elles ne seraient pas
légulieres , eu que les acquits ne seraient que
ptovisoires , à cotupte , ou par urgence.
XXV. Il pourra être suppléé aux pièces et
acquits manquans ou irréguliers , soit par les
livres, journaux et registres des comptables, soit
par des duplicata , bordereaux , certificats de
paiemens et d'emploi , extrait de pièces pro-
bantes , certifiées par des autorités constituées ou
des fonctionnaires publics , soit par des motifs
valables , conformément aux lois des zS août 1798
et 2 thermidor an 6.
XXVI. En i;as d'incendie , vol , pillage et au-
tres événemens de force majeure qui auraient
privé les comptables de tout ou partie des pièces
justificatives de leurs recettes et dépenses , la
comptabilité nationale , avant de les allouer ou
rejeter , en référera et donnera son avis motivé
au gouvernement qui statuera , s'il y a lieu,
ou pioposera une loi d'exception de dispense.
XXVII. Si de la balance des comptes formés
par les comptables , il résulte des débets , la
commission de comptabilité nationale en adres-
sera létat déclaratif à l'agent du trésor public ,
pour en poursuivre le recouvrement sans pré-
judice de la vérification définitive.
A l'égard des comptes -formés par le bureau
des comptabilités arriérées , et dont la balance
présenterait également des débets, la commission
de comptabilité nationale , aussitôt la réception
desdits comptes , en donnera avis à l'agent du
trésor public , qui fera tous actes conservatoires
sur Its biens des comptables.
XXVIII. Si les débets sont contractés en pa-
pier-monnaie , la réduction en espèces métalli-
ques en sera laite dans les étals déclaratifs de la
comptabilité nationale , suivant le tableau de dé-
préciation annexé à la loi du 5 messidor an 5,
tt au cours du tems oii le versement desd. débets
aurait dn être effectué.
XXIX. Les formes prescrites par les lois des
ï8 pluviôse an 3 et 18 Iriroaire an 4 , et 2 messi-
dor an 6 pour les arrêtés de comptes , ainsi que
pour Ifcs poursuites et tecouvremens des débets ,
sctorii observées à l'égard des comptes de la
comptabilité arriérée.
175
XX-X I^a consistance du nouveau bureau de
comptabilité et celui de l'agence , scia de cent
quaire employés et de six gardiens de bureaux ;
et la dépense tant pour traitemens que pour
Irais de bureaux, chautage , fourniture de pa-
pier d inipresMon et autres frais, sera imputée
sirr le crédit législatif de l'an 8 , accordé à la
trésorerie nationale , et ne pourra excéder
3oo,ooo fr. Ld répartition en sera faite de manière
que le traitement des directeurs ne pourra excéder
8000 fi. ; celui des premiers commis , 4000 fr. ;
celui des commis principaux, 3ooo fr. ; celui
des commis ordinaires , 2000 fr. ; celui des com-
mis cxpédiiionnaires , i5oo fr. ; et celui des gar-
çons de bureau , goo fr.
XXXI. Le dépôt général des bordereaux et
acquits restera dans la ci-devant église de Pan-
tbeniont ; on en extraira successivement les pièces
nécessaires pour la forrnation des comptes ou
bordereaux généraux. Une partie des bureaux qui
devroni les faire sera éiab i dans les bâiimens
de la ci-devant caisse de l'extraordinaire , et le
surplus dans ceux qui l^estent libres dans la mai-
son des ci-devant Petits-Peres. Les fiais de cet
établissement ne pourront pas excéder la somme
de 25.000 franirs une fois payée.
XXXII. Le troisième administrateur remettra
au ministre des finances , et au directeur-général
du irésor-piiblic , au commencement de chaque
mois , l'état de» rentrées de deniers opérées , ainsi
que létat de situation des travaux faits pendant
le mois précédent, sur les acquifs des comp-
tables , en exécution des dispositions des aiticles
qui précèdent. Il leur soumettra les difficultés
d'exécution qui ralentiront l'activité de ces
trava.ux.-
XXXIII. Le ministre des finances est chargé
de l'exécuiion du présent arrêté, qui sera imprimé
et inséré au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, BoN.iPARTE.
Par le premier consul , ■
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Arrêté pris par le ministre , le 7 brumaire an g,
et approuvé le même jour par les consuls.
Le ministre de la guerre désirant entretenir et
exciter l'émula'ion parmi les citoyens ernployés
dans les bureaux de la guerre , et les attacher à
leurs fonctions . en leur assurant un avancement
progressif et proportionné à leur zèle et à leurs
talens ; voulant aussi apporter dans ton adminis-
tration les principes d'ordre et d'économie dont
les intérêts de la république et la volonté des con-
suls lui font un devoir, arrête :
Jusqu'au moment oià les employés dans les bu-
reaux de la guerre seront réduits au- nombre
déterminé par la loi du 26 fructidor an 7 , il ne
sera point pourvu par de nouvelles admissions
aux emplois qui viendront à vacquer par mort,
démission au autrement. Lesdits emplois seront
donnés à des individus pris parmi les employés
actuels. Sont exceptés de cette disposition les
empfois de chef de bureau qui pourront être
indifféremmeut donnés , soit dans les bureaux,
sôit au dehors.
II. L'avancement aur^ lieu parrrii les citoyens
actuellement employés daVis les bureaux; l'an-
cienneté des services , le talent et l'assiduité seront
les seuls titres pour obtenir de l'avancement.
III. Lorstju'il y aura un emploi- vacant , les
■ chefs de tous les bureaux présenteront au sccré-
I taire-général la note de ceux des employés de
leurs bureaux qu'ils jugeront dignes et capables
d'occuper ledit emploi. Le secrétdire-général for-
mera un état desdites présentations et les soumettra
au ministre qui prononcera.
IV. Si la diminution du travail ou des attribu-
tions permettait de faire des reformes dans les
bureaux . les employés actuels qui seront ré-
formés , seront pour la nomination aux emplois
vacans et pour l'avancement conservés sur la liste
des employés des bureaux.
Signé , Lacuée.
Pour copie conforme .
Le secrétaire général , AuG. Gollignon.
; . M JE LAN G ES.
I
' La Décade PhilosophiqunpxihVie un extrait' du
rappoil lait au ministre ae l'intérieur par le comité
général de bieiif-. iauce sur les soupes écono-
miques , dit'.s à la Ruraford. Ce travail est du
citoyen Cadet de Vaux.
Le ministre de l'intéiieur , y est-il dit , s'est
rendu l'organe des amis de l'humanité pour l'ex-
tension d éiablissemens de soupes à la Rumford ;
il informe le comité général de bienfesance de ce
vœu , et I invite à provoquer de semblables insti-
tutions dans tous les ariondissemens de la ca-
pitale.
r La réd-aclion du rapport a été confiée à Par-
meniier , ministre aussi de l'économie rurale et
de la bienfesance publique , vers laquelle il a .
dirigé la majeure partie de ses travaux.
Pendant nombre de siècles , l'homme s'est con-
tenté de nourritures simples et grossières, ds blé ,
du millet rôti , qu'il mâchait et avalait, de farine
qu'il délayait avec un peu d'eau dans le creux de
sa main : enfin , l'homme employa le feu à la pré-
paration des alimi^ns : et que fit-il alors ? de»
soupes composées de grains . de légumes , d'herbes
Cl de racines potagères , mêlées d assaisonnein';nt.
Elles ont précédé, de idusieurs siècles, I usage,
du pain , dont les romains ne connurent la pré-
paration qu'à la suite dune expéd tioii en Egypte.
La soupe est donc le premier aliraent.dc l'huinme ,
elle est celui de tous les âges ; tous les peuples'
admettent ce mets ; la table du riche même offre
des potages variés.
La soupe est l'aliment le plus nourrissant , parce
que l'eau y devient nourrissante, paice qu on la
mange chaude , et rjue , pénctiées de calorique ,
i les substances alimentaires sont plus nutritives ;
! la soupe est aussi l'aliment le plus économique..
C'est pour cela que Vauban , ce guerrier phi-,
lanirope , proposait pour le soldat une -soupe dont
. la recette se trouve dans ses nrànuscriis. ^
I Vauban avait apperçu q'je l'orge mondé méri-
, tait la préférence sur le froment eu nature. ■
I En effet , le froment n'est devenu la p«ncipa!c'
'nourriture de l'homme, que du moment où il-
a été soumis à la torréfaction et à la panifica-
I tion ; s-ans le concours de la fermentation panai le,-
' il ne serait pas un aliment exempt de repioches.
Quant à l'orge , son pain est grossier , tandis
I que son- gruau est bon et salutaire ; c'est dans ce
dernier état seul qu''on devrait 1 employer ; la na-'
ture l'a destiné à être aliment sans le concours'
d'aucune autre piépiaralion que de'l'écorcer.
Soupes à la Rumford ! Changeons cette déno-.
mination : Rumford a acquis rrop de droits à,
j la reconnaissance de l'humariiié , pour préten-
i dre à l'invention de ce genre d'aliment. Nos-
otivrages d'économie domestique sont remplis de
i ces recettes, sous le nom de soupes économiques.
I Un missionnaire a publié en i6So , dans ua
petit écrit de 3i pages d impression , enir'autres.
■ recettes , celles de deux soupes économiques ;
l'une pour les pauvres , et l'autre pour les riches..
Les curés de Saint-Roch et rie Samie-M.itgueriie
distribuaient de ces Suupes da;is leur paioisse ;
beaucoup de gens riches , aux époques des
disettes, en distribuaient également dans leurs'
terres.
I S'il n'y a rien de nouveau sous le soleil, c'est
à coup sûr la préparation des 'soupes composées,
j de légumes et d'herbages -, donnons-leur dotic le
■ nom de soupes potagères économiques.
[ Mais ce qu'on doit à Rumford , c'est l'heureUse
idée de la permanence de ces ciablisseriiens ,
qui n'étaient que des secours momentanés , erj.
France , et qui deviendront désormais un secours
habituel pour l'indigent , et une ressouice pour
les classes de la société , qui, en participant
'volontairement à cette institution, y trouveront
économie de tems et de combustibleà.
En effet , le peuple acheté beaucoup d'ali -
! mens cuits ; le salé , Ijes châtaignes , les pommes^
j de-terre , les épinards . les herbes , les pâtisseries ,'
j enfin le pain j et quelle consommation ne serait-ce
i pas de combustible, si chaque ménage cuisait le
sien ! tandis qu'un seul ouvrier -, en une seule
: matinée , cuit le pain de 12 à i5 cents individus.
Pourquoi n'irait-il pas également acheter les
1 soupes potagères économiques? Elles sont infi-
niment meilleures que celles qui se préparent sou5
I le toît de l'indigent , avec de l'eau cbaude , un
peu de graisse et du sel. \,
J'écarte de cet excellent rapport tout ce que
comporte d intéressant la partie chimique , pour
ne le considérer que so^is les rapports de bien-
fesance publique et d économie.
Cette idée de préparer en grand un aliment
bon au goût, sain' et -d'un prix aussi modique )
idée réalisée en Allemagne , en Suisse . en Aii- ■
gleterre : tous les genres d économie satisfaits par
cette institution ; l'économie animale , lécono-
mie domestique , ce qui embrasse celle de la
main-d œuvre , du paiu et du tems ; l'économie
politique enfin , qui sollicite la diminution du
combusiijjle ; tout paraissait devoir concilier
l'opinion de tous à cette heureuse institution.
Cependant elle a eu des détracteurs ; c'est la
moralité de la bienfesance qu'on a intéressée pour
n'être pas bienfesant ; et vraiment , pour l'hon--'
neur de la philantropie , ne la montrons pas
s'attachant aux petits argumens qu'elle a mis c-n
avant; l'amour de l'ordre est l'apmage de li
philatitropie , et l'ordre n aime pas les innova-
tions; aussi, de toutes les branches d'éeonomis
politique , la moins avancée parmi nous est la
bienfesance publique.
On a dit que l'indigence, alors , ne pouvait^
pas se dérobur ; mais ne peut-on pas i'honottt •
aujourd'hui deTindigence ?Le pauvre , d'ailleurs,
n achefe-t-il pas , au coin des rues , des débris
dcgoûlans à l'œil , de la desserte des tables ? Il y a
)>lus , ce genre de secours n'exclut pas les
autres , fjui sont à la disposition des comités de
bienfesance , viande , pain , etc. etc.
EnSn , cette instiiulion dérobera au supplice
d'enlen,dre un malheureux vous arrêter , et d'une
voix sépulcrale vous dire : mes en/ans et moi nous
moutons de faim. Ce dénuement absolu peut
ne pas exister ; mais s'il existe en effet , cornment
alimenier une famille ? Dans ce cas , on tire de
sa poche quelques cartes , et on est soulagé delà
douleur que des êtres souffrans inspirent.
Mais il faudrait à cet effet que le nombre de
ces établissemens se multipliât ; car il n'existe
encore en activité que celui qu'a formé , rue du
Mail , le citoyen Delesseri , dont le nom de-
meure désoiiTiais allié au nom deRumford. Aussi
dans ce moment , les philaniropes éclairés pro-
voquent-ils des souscriptions pour établir des
soupes potagères économiques , c^lX c'est le nom qui
leur convient et qu'il faudrait fixer.
Le prix de la souscription est de 24 francs, et
pour cette somme , le souscripteur aura cent
quatre-vingt billets de soupes , dont il pourra
disposer ; il pourra, pendant les six mois d hiver,
alimenter u« individu avec unesomme modique.
Quel est donc l'homme riche , 1 homme ayant
seulemcEl de l'aisance , qui se refuserait au bon-
heur de concourir à une pareille institution ?
Plaçons ici ce trait par lequel Parmcnlier ter-
mine son ra'pport. Il s'adresse à ses collègues les
membres du comité de bienfesance , et leur dit :
>) Peut-être n'est-il pas loin de nous , le tems où
5) nos collègues auront la consolation de pou-
f) voir dire comme le ci-devant curé de Saint-
u Etienne-du-Mont , à la fin de 1 hiver de 1 année
S) 17S7. S'il est un pauvre qui ait souffert et que je
») naie pas soulagé , qu'il m accuse ; car mes parois-
»> siens ne mont pas laissé manquer de moyens pour
>» les secourir. i>
Une demi-douzaine de caries ne tiennent pas
beaucoup de place dans un sac à ouvrage , et
nous venons les femmes en distribuer aux indi-
gens. Le sexe, plus fait pour exercer la bienfe-
sance , donne un tout autre prix à cette venu. La
sensibilité qui se peint sur le visage d'une femme ,
l'accent de sa voix , la grâce avec laquelle elle
donne ! On est mieux soulagé par une femme.
Aussi combien ne regrette-t-on pas aujourd'hui,
sur-tout dans les hôpitaux, ces Ëilles respectables
de îa charité , que la tourmente révolutionnaire
a dispersées? à cette époque où le crime seul
régnait, il lui a bien fallu bannir la vertu qui
résidait parmi elles. L'humanité souffrante et mal
soulagée jjar d'autres mains , ne redemandera
point en vain ces anges lutélaires que la provi-
dence et la religion semblaient avoir placés là
pour soulager la maladie et consoler le malheur ;
le moment est arrivé où les institutions bienle-
santcs honoreront notre gouvernement ; et le ré-
lablisseraenl de ces filles consacrées au soulage-
ment de l'humanité, est sans cloute prochain.
THÉÂTRE FEYDEAW.
Tout le monde conaît cette intéressante nota-
velle que Datnaud a consacrée aux âmes sensi-
V)les , sous le titre de Sargines ou l'Elevé de
l'amour. Dans ce conte , tout amuse , tout 3 du
charme. Le cœur est heureux , la fiction ingé-
nieuse ,. les détails naturels et altachans. Sophie
étonne encore , même après avoir su plaire.
Sargines, instruit par elle , armé par elle, par
elle amant et vainqueur, intéresse l'ame et l'élevé
à-la-fois. Le vieux père de Sargines offre un ex-
cellent portrait; le caractère chevaleresque y est
vivement empreint ; celui du roi est tracé de ma-
lyve-eànous reporter rapidement vers ces tems
d'héro'isme et de courtoisie où l'amour fesait
naître les premiers sentimens de l'honneur , où
l'honneur garantissait la durée de l'amour et sa
délicatesse.
Le succès de Sargines fut général ; il s;'est sou-
tenu : cela devait être. Le théâtre ne tarda pas à
s'emparer d'un sujet si intéressant dans son en-
semble, si brillant dans ses dispositions , si géné-
reux dans ses détails. Sous la plume de Damaud
il était senlim-ental ; Monvel le rendit lyrique , et
Dalayrac , dont Grétry vante à si juste titre les
inspirations heureuses, doit peut-être à ce s^ijet
ses idées les plus gracieuses et ses' chants le^^plus
naturels.
17^
Nous parlons beaucoup de l'ancien Sargines ,
sans doute parce que nous avons peu de chose a
dire du nouveau. On y trouve le litre et le sujet
du premier rapetisses par une sorte de travesiis-
seraeni et une espèce de parodie. C est dire assez
que le Sargines de village reçoit d'une jeune pay-
s;inne des leçons de lecture , et prend des leçons
d'amour , connaît par elle le but et le prix d une
bonne action , en commet une pour elle , et
reçoit d'elle sa récompense. Le caractère de ce
nouveau Sargines ne manquait ni de na'iveté , ni
de grâces; mais le défaut absolu d'intrigue, de
développemens , d'action , d'opposition et d'in-
térêt, a été trop généralement remarqué pour
ne pas exciter la sévérité du public. Si cette
sévérité est permise , si l'on peut sans scru-
pule en rapporter les traits , sans doute , c'est
quand elle s'est exercée sur tin ouvrage qui a | pe,i,s.Auaus,ins.
coiité si peu de frais d'imagination a ses auteurs : ° '
les sînus des multiples d'un même «tigle : on fai
parvenir, d'une manière irès-simple , aux princi-
paux théorèmes de la méthode directe tt inverse
des différences ( finies); ci on se sert encore des
dérivations pour trouver, par une voie facile ,
des formules générales lelaiives à la transforma-
tion, la sommation et l'interpolation des suites.
Clinique des plaies récentes où la suture est utile ,
et de celles où elle est abusive ; par Lombard ,
membre de l'institut national, chirurgien en
chef et professeur de l'hôpiial militaire d'instruc-
tion de Strasbourg; in-S" , avec des planches.
Prix, 4 fr. , et 4 fr. 83 cent, franc de port par
la poste.
A Strasbourg , chez LeVrault , frères , impri-
meurs-libraires; et se trouve à Paris, chez les
mêmes , quai Malaquais , au coin de la rue des
de vives'acclàmations ont cependant accueilli
noms des cit. Eugène Hus et Bernard Valvilile ,
beaucoup plus heureux dans ses piécédens ou-
vrages.
Le compositeur est le citoyen Bruni -.le carac-
tère de sa musique est ici le seul qui lût propre
au sujet. C'est l'ingénulié unie à la grâce , la sim-
plicité jointe à la mélodie, la délicatesse et la
franchise de l'accompagnement soutenant un
chant d'une expression juste. Un journal (1) a dit
avant nous: «' Parler d'un compositeur doux et
11 correct , c'est nommer le citoyen Bruni, u C est
comme si Ion disait à un poète qu'il réunit
l'utile dulci; quand on rencontre quelque part un
éloge mérité donné avec cette justesse , il fjut se
borner à le répéter. S....
GRAVURES.
Portrait de jV. Baudin , capitaine de vaisseau ,
commandant en chef l'expédition entreprise en
l'an 9 , pour des recherches relatives aux sciences
et aux arts, et l'un des correspondans de la Société
des Observateurs de l'Homme. Prix , i fr.
Au bas de ce portrait , qui fait honneur au talent
distingué du dessinateur et du graveur, on lit
ces vers , faits par un des zoologistes de l'ex-
pédilion :
De Coob , de Bougaînville éiAule généreux ,
Sur leurs traces Baudin va marcher à là gloire ,
X'.l dans les fastes de l'histoire ,
Clio marque déjà sa place à côté d'eux.
Cpurs de morale religieuse', par M. Necker , 3 v.
in-8° , édition originale , sur beau papier et beaux
caractères. A Genève , de limpriraerie de Bon-
nant , et se vend chez Paschoud , libraire.
A Paris , chez Maradan , libraire , rue Pavée
André-des-arcs , n" 16.
Prix , 10 fr. et l3 fr. port franc par la poste.
' Morlaix ,
A Paris , chez Depeuille , marchand d'estampes ,
rue des Maihuiins.
Manufacture de tabac de Morlaix. -
le 23 vendémiaire an 9.
Nous prévenons nos concitoyens , qu'ayant
abandonné depuis le 18 courant le local national
où nous manufacturions , nous avons porté notre
établissement dans une propriété à nous, où nous
fabriquerons , avec les mêmes ouvriers , toutes
espèces de tabacs supérieurs comme par le passé ,
et écoulerons celles que nous avons en fortes
parties fabriquées depuis S à 9 ans , en poudre et
carottes , Virginie.
Veuillez en conséquence adresser directement
à nous.
LanniIx , v' DuBERNARD et fils , administrateurs.
COUKS DU CHANGt.
Bourse du 14 brumaire.
i 3a jours. I i gojoun.
Amsterdam banco
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif
Portraits des Moralistes anciens , au fiombre de I Cadix
dix-huH , destinés à omet l'édition de Didot | Effectif
l'aîné , ainsi que les ouvrages des différens Gênes effectif
auteurs que ces portraits représentent; première
livraison, contenant les portraits du Christ,
Confucius, Théophraste, Démocrite , Socrate
et Arisiote. Prix , 4 francs. Il y a un petit
nombre d'épreuves sur papier vélin. La 2'°"=
livraison paraîtra à la fin de frimaire.
AParis, chez Fuchs, rue des Mathurins ; Aubry,
quai des Augustins , n" 42; Boiiériart , relieur,
quai des Augustins, n° 33. A Belkville, chez
Dupréal , graveur , rue de Franciade . n" 146.
Ces portraits ont une ressemblance frappante
avec l'antique , le dessin en est d'une extrême
pureté , et la gravure du meilleur effet.
Livourne.
Éâiè.'.*.'.".'
P-
57 i
LIVRES DIVERS.
Du Calcul des dérivations , par L. F. A. Arbo-
gast . de l'institut national de France, professeur
de mathématiques à Strasbourg ; un vol. grand
in-4°. Prix, 18 fr. , et, franc de port par la poste,
21 fr. 2 5 cent.
On offre dans cet ouvrage Un genre de calcul
qui eiTibrasse la théorie des suites , et dont- le
calcul différentiel est un cas pariiculier: on y em-
ploie ce calcul à développer en séries des fonc-
tions quelconques de polynômes ordonnés sui-
vant les dimensions d'une ou de plusieurs lettres ,
et à trouver un terme quelconque du dévelop-
pement, indépendamment des autres termes : on
l'applique ensuite à l'expression du terme général
des séries récurrentes , tarit simples que doubles ;
au retour général- d^s- séries; au calcul différen-
tiel, dont il abrège les opérations compliquées;
aux suites qui proced'érit suivant les cosinus ou
Effets publics.
Rente provisoire «6 fr.
Tiers? consolidé 36 fr.
BotiS' deux tiers i fr. 68 c.
Bous d'arréragé 86 fr. 75 c.
Bonsi pour l'an 8 gs fr. 85 c.
Coupures 81 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse dès rentiers. 28 fr.
Matières.
Or fin l'once io5 fr.
Argent le marc. 5o fr. 40 c.
Portugaise l'once-. 95 fr. 58 c.-
Piastre 5 fr. 3o c^
Quadmple. 79 fr. 5o c>
Ducat 11 fr. 60 Ci
Guinée- s6 fr.
Souverain 34- fr. 60 c.
1} Lé Gourriec des spectadesv
SPECTACLE S.
Thïatre de la République et des Arts.
Auj'. Armide , opéra en 5" actes.
Lé 19, Bal' masqué.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deThiotiville.
Auj. Cassandre comédien ; l''E<e>k de- 1' ad&les^enc-e ,
et- Us IVéguisemens villagens-.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes^:
Aujourd'hui 1» 3' repr. de l'Amum aux Petitet-'
Maisons ou ks Fo-us hollandais- , Mie- o-rnée d-^
chant*; Louise, ei Cadithon:
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj, la 6^ repr. d'Hchnora , suiv. de GiUes tofu-
jours Gilles.
t'abouaeaitnt te fait iParis, rue des Poitevins-, n' 18, Lepriïestde ï5 franc» poUrtiBiSmoi» , 5b ftaocs'p&uf li* iioî*,'«t' ibo fAncs' pq'uT l'adtiéï' Matière. On nt
('abonne qu îau commeucemcnt de chaque mois.
Ufaui adressr, l«s lettres et l'argent , franc de port ,aucit. AoASSE, propriétaire drceJTjurdal, rue des Pbitevini, ni* 18. Ufautcompreadre dans lei envois le poit de»
pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départcmens non affranchies , ne seront point retirée» de la poste.
Ilfaut avoir soin, pour plus de lûreté , de charger celles qui rcnfermentderwâleur», etadresjertoat cd qùicclnterne la réda'clion *e la feuille, as rédacteur, rue dei
Poitevins n". i3, depuis neuf heures dumatinjusqu'à cin^ oeures du soir.
A Pati s, de l'imprimerie du cit. Agisse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevinji , a" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 46.
SexUdi , J 6 brumaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés 4 prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo NIT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux dérouvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
A M É R I Q. u E.
Extrait d'une lettre de Cayenne , le 25
thermidor an 8.
Xj'agent Victor Hugues , froid . mais sage et
inaccessible aux peliies intrigues, û'a rien lait
pour alourdir nos chaînes , et beaucoup pour les
rendre moins importunes. Ce n'est pas ici le cas
de vous donner des détails sur la manière d'ad-
ministrer ; mais faites savoir à M , qui me
l'a prédii , que la colonie reprend vie ; que des
croisières dirigées avec sagesse , des courses mul-
tipliées , ont porté ici l'aisance en tout point. Les
dettes ( i.5oo,ooo f'r. ) ort été payées , et tout est
soldé pour la fin de |'an 8. Si le gouvernemeni aide
l'agent par des lois qui animent les cuUivaleurs
â l'avenir , et qui u'ilisent efficacement ceux qui
restent , celte colonie peut devenir , avant peu ,
bien inléressante. Je dois êire ciru pour plus d'un
moiif. Un seciél.iire-génétal très-bon , un ordon-
nateur adoré et d'une conduite aussi noble qu'elle
est simple et sage, sont les conseils de Victor
Hugues ; heureux en tout , ferme sur tout et très-
ïurveillant. C'est la vérité , et je suis l'organe de
foute la colonie qui toutefois n'imagine pas qu'un
pauvre et humble déporté ose ainsi donner son
avis ; mais je parle à mes amis : cet article leur
fera quelque plaisir
PORTUGAL.
Lisbonne , ^e 27 vendémiaire.
La frégate anglaise , la Constance , venant de la
Méditerranée , est entrée dans ce port le 24 du
courant.
Le même jour sont pareillement entrés, treize
j)avires marchands portugais , Venant ^e Fer-
<'• narabue , chargés de coton , café et autres objets.
Ils étalent escortés par une frégate de leur
nation.
On continue toujours icî les levées forcées et
des envois de canon de campagne , avec leurs
caissons de munition. Toute! les voilures de
roule, charriois , charrettes , etc. sont arrêtées
pour ce service , par ordre du gouvernement.
On travaille aussi avec beaucoup d'activité à
Cascaes,à construire des casernemens . ce qui
indir]ue l'atiente d'une arrivée prochaine de
troupet anglaises.
ANGLETERRE.
Londres , 5i octobre (g brumaire. )
Exlrait d'une lettre de M. le duc de Portland ait
lord lieutenant du comté d'Oxford. — Whitehall ,
le 19 septembre 1800,
M I L G R D ,
Je suis très-saiisfait de voir que les dispos-lions
au tumulte se soient appaisées à Witney , et que
fout y soit m;iinlenant tranquille. Je partage ce-
Fendant les craintes de votre grâce , et je puis
assurer que les troupes envoyées d.ms le cnmié
d'Oxford n'en seront point retivéts avant que
vous ne jugiez la ville et le comlé d Oxford à
l'abri de tout désordre populaire. Ces précau-
tions miliiaires et l'auioiité civile pourraient ne
pas suffire. Je recommanderai encore à voire
grandeur de ne négliger aucun moyen de détruire
les préjugés qui onl éié fivorisés à dessein par des
hommes artificieux, pour faire croire que la rareté
des grains est artificielle.
La mauvai-e recolle de l'année passée et l'ciat
où se trouvait la terre à l'époque des semailles ,
expliquent assez ce qui a fait renchérir les grains,
et en général 10 -les les denrées. La quantité de
grains imporiés depuis lors a surpassé ce qu'on
pouvait espérer , cependant il est impossible
qu'elle suffise pour remplir le vide qui a été et
qui sera encore éprouvé à raison d'une aussi
mauvaise récolte que celle de l'année passée. Si
fous les grains tirés ries pays étrangers étaient
apportés au marché sans aucune réserve, ils_ se-
raient encore insuffisans. D'après les informations
le plus exactes, loui ce que ion peut espérer esl
que les bled» de celle année rendent les trois
quarts d'une récolte moyenne ; beaucoup de
p«r»onnes croient qu'ils ne rendront pas au de-là
des trois cinquièmes. Qiioiqu'il en ton , je ctaiut
qu'il ne soil prouvé que , dans les meilleures
années, le produit suit inférieur à la con-
sommation.
Je n'ai pas besoin de rappeler à \. G. combien
il est itrgent de faire paraître dans tout leur jour
la folie ei l'injustice de celle doctrine, qui tend
à fixer le prix des denrées au nparché . et à établir
la loi du maximum. Les accords parliculifis qui
se font pour ne pas payer telle nu telle denrée
au-delà d'un certain prix, leposent en effet sur
ce principe dangereux. Qjiant à ceux qui auraient
pris quelque part à ces 1 jssembitmcns qui par-
courent les campagnes pour intimider les fer-
miers, V. G. doit les poursuivre sans distinction
de personnes . et les faire punir de la manière la
plus exemplaiie.
Ces moyens violens réussiraient, si cela était
possible , à réaliser l'ab.surde notion qup les pro-
priétaires déiruisenl leur blé pour en faire hausser
le prix et tendraient en dernier ressort à décou-
rager l'agiiculiuie, à faire renfermer les capitaux,
ou à les détourner vers d'autres canaux. La fa-
mine serait alors le résultai inévitable de la rareté
actuelle des denrées, et il faudrait s'ailendre à
des désordres , à une confusion dont les siècles
passés et les annales de Ihistoire ne nous offrent
que peu d'exemples. Si la disposiiion des pro-
priétés n est point assurée pour le. propriétaire ,
si chacun ne sent point qu'ri ait la liberté de
conserver ce qu il veut aussi long-iems que bon
lui semble , et d'en disposer au lieu, de la manière
et au prix qui lui convient, il n'y a plus de con-
fijnce , plus d'industrie, plus d'tffon verueux
en aucun genre, car il n'y a poin-; de raison pour
ne pas fixer le pifix du travail mécani<iue et du
travail d'un ariisie , comme celui du tiavail d'un
lermier , d'un berger ou. d'un jardinier : l'ordre
(les choses serait ainsi eniiéreme.it bouleversé.
Signé. Portland.
On voit par les deux letlres que M. le duc de
Portland a écriies, l'une à M. W.^etield à Not-
lingham , l'autre au lord - lieutenant du comté
d'Oxford, qu'il ne croit poini la rareté des grains
artificielle. Ou ne peut "supposer qu'un minisire
de l'intérieur ait r".anqué de renseignemens pour
se former une idée correcte à cet égard. Non-
seulement M. le duc de Ponland pose en fait
que la récolte de cette année n'a rendu que les
trois quarts d'une récolte ordinaire , m is il doute
que les importations étrangt-res suffisent pour
ramener l'abondance . ei il ne veut souscrire
avec les habiians de Noinngham pour faire venir
des bleds des pays étrangers , que sous la condi-
tion qu'ils ne seront vendus' ni au-dessous du
prix d'achat , ni au-dessous du prix du marché,
C est annoncer clairement au public qu'il ne doit
compter de long-tems sur une grande diminution
dans le prix du pain , ni par conséquent des autres
objets nécessaires à la vie. Ainsi ces accords pour
s'abslenir de telle ou telle denrée ,ces pétitions
adressées au toi , ou aux premiers corps du
royaume pour faire diminuer le piix des vivres ,
ne peuvent avoir que peu d'elfet. Le parlement
sans doute portera une grande lumière ci fixera
les opinions sur cette malure , mais il netéiablira
point les anciens prix que nous ne reverrons plus.
Nous l'avons déjà dit dans un de nos numéros ,
et nous le répétons , le vrai remède , c'est la hausse
du prix de la main-d œuvre , le renchérissement
général ei proportionnel de loutcs choses , pourvu
toutefois que nos manufactures n'en soient pas
aflectécs , de manière à perdre leur faveur sur
le continent. C'est-là le point quil faut se garder
d atteindre ; on ne pourrait le dépasser impu-
nément.
Ce même remède est indiqué dans les réso-
soluiions passées avant-hier par le comté de
Middlesex : u la continuation, du haut prix des den-
rées doit augmenter le prix du travail ou là taxedes
pauvres, n Le comté de Middlesex est le plus
petit du royaume , mais son influence se mesure
sur celle de sa métropole , la ville de Londres.
Les sheriffs de ce comté , ayant convoqué les
francs-lenancicrs , sur la demande de plusieurs
d'entre eux , l'assemblée se tint ,'e 29 d: ce mois
à Hackney. L objet du rassemblement était d ar-
lêter une pétition, pour supplier le parlement de
rechercher les causes du haut prix des vivres , et
et de s'occuper des moyens de le diminuer. Lors-
que l'assemb ée commença , personne ne se pré-
sentant pour ouvrir le sujet, il fut un moment
question de s'ajourner. M. 'VViikes , procureur
de Hoxlon-Place , piil enfin la parole. Il lepré-
senu d'un ton tiès-pathétique ce qu'il appclla
la misère du peuple , la ruine prochaine dont
toutes les classes mitoyennes , si utiles à lélat ,
elaient menacées. «Je ne préiendspoint, dit-il , dé-
)> cider quelle esl l'origine du mal, s'il faut l'altri-
)> huera la régligeucc de l'agriculture, à l'aug-
)» menlaijon prodigieuse du papier , ou à la cou'
" tinuation de la guet^re. Je crois que loutes
" ces causes peuvent avoir agi, et je crains que
'' les accaparemens n'aient aussi contribué à la
" Çaiaraiié publique Tous les grands poli-
" Inique ont été d'avis que le pays oii les classes
i> mitoyennes disparaissent par degré , tend rapi-
)) dément à sa décadence. L'histoire prouve que
J> la plupart des révolutions ont été précédée»
" de disettes réelles ou artificielles.
M. 'Wilkes termina son discours par la lecture
d une série de résolu:ibns. 'îoules passèrent.
Une pétition au parlement rédigée dans le même
sens , passa également.
M. Clifford en appuyant M. 'Wilkes , se pl.M-
gnit de ce qu'il n'avait poit représenté la guerre
comme la véritable cause de la cherté gé érale,
et sur sa mpiion , l'assemblée adopta une-clause
pour recommander aux représentans du comlé
de voter toujours au parlement contie la guerre:
l'un d'eux , M. Mainwaring , interpellé par
M. Clifford sur le silence qu il gardait . répon-
dit quil se conformerait toujours avec le plus
grand empressement au vceu de ses consliiuans 5
que non-seulemefti il approuvait et la pétition
i et les résolutions qui veràicnt d'être présentées ,
j mais que parfjiiemenl d'accord avec le jiréopi-
I nant , s'il n eât pas été prévenu , il n'aurait pas
I laissé terminer l'assemblée sans parler dans le
; même St-ns.
Celte réponse de M> Mainwaring lui valut une
proposition de remercîment de la part de M.
Macnemara.Elle passa. L'alderman Skinner fit 3.
son tour passer un vote de refflercîment pour ia
conduite générale qu'-avait tenue au parlement
1 autre représentant du comté de Middlesex ,
M. G. Byng , qui se trouvait absent à raison d'in-
disposition. Alors M. Macnemara craignant <)ua
la distinction qui reposait sur le mot conduite gé^
nE>ï7/e , ne parut établir une différence au désa^
j vanlage de M. Mainwaring , Voulut faire insérer
I en sa faveur une phrase semblable , par voie
j d'amendement. La proposition devint le sujet
d'une- altercation très -vive» dahs laquelle Mi
Moore reprocha à M. Mainwaring d'avoir subite-
I ment changé , et prétendit que , comme il avait
j toujours soutenu au parlement les mesures guer-
j rieres , on ne pouvait , sans inconséquence , le
, remercier en même tems de sa conduite générait
ei de sa conduite nouvelle. L'amendement fut
I rejeté. Noui nous serions mcrins étendus sur
. celte querelle , peu essentielle en elle-même , si
' elle n'acquérait de l'imporianGe par sùn rapport '
I avec la p;oximité des élections.
I Legouvernementn'arien publié sur l'expédition
j (Je Cadix ; les papiers ministériels supposent que
l'apparition de nos ti-Oupes devant celle place
I n était qu'une feinte. C'est ce qu'il est difficile de
I croire , lorsqu'on lit le journal d un officier qui
j éi.iii à bord de la flotte'. On y voit toutes les dis-
j posicions d'une attaque imiiïédiale — les conté
I rences et les Iréquens messages des amii^aux ; les
I stations particulières des petits bâtimens et du
i Thiiëton , qui devait les proiéger; enfin une suite
; d ordres et de contre-ordres, tarjlô/ pour exécuter
l'entreprise, i.aniôi pour la suspendre. Mais ce qui
. paraît suttoui dans ce journal, c'est le Zele de
l'armée , son impatience pour débarquer, et ses
regrets à chaque retard. De leur côté, les eSpa-'
gnols croyaient les démonstralions de nos troupes
1 sérieuses ; des coups de canon étaient répétés le
I long de la côie à une minute d'inicryalle. Toutes -
les mesures avaient été prises poUr une vigoureuse
défense , et 8000 hommes campaient sur le mont
I Médina.
Lelongretard des dernières malles deHambourg
était dû à des vents contraires , qui avaient empê-
ché les paquebots de sortir de Guxhaven. Il en est
arrivé deux hier et avant-hier ; les autres étaient
à la vue d YarmoUih.
Nous avons parlé , la semaine dernière , d'une
assemblée de différens membres du conscil'privé
pour délibérer sur les moyens de donner à
rimporiation des blés la plus grande activité
par l'espoir des primes que le gouvernement
accorde aux marchands qui s'occupent de ceiio
branche de commerce. Mardi, il a été tenu pa-
reillement une assemblée du conaeil-privé au
bureau du commerce", à laquelle ont assisté le
Inrd chancelier , l^^ <^^<^ '^^ Poriland , lortl
VValsingliam . lord Hawkesbury , M. Dudley Ry-
der , el sir W. Wyune. — Le raolif de l'assem-
blée a Clé de s'occuper de l'imponaiion du riz ;
le 'conseil A entendu l'opinion de plusieurs res-
pectables riégncians ; le conseil a en consé-
<iuence résolu d'accorder des primes pour l'im-
portaiion du riz. Sa majesté , satisfaite de cette
œcsuie , a signé après son lever une proclamation
à ce sujet.
Dans l'année 1796 , leparlement détermina que
quand le bled serait aux prix de 46 s. le quarter ,
l'importation de grains étransjers serait permise ,
ce prix étaijt plus que suffisant pour l'encou-
ragement de l'agricûltufé. L s d
Le prixmoycildubled'a étéen 1797 de a 12 o
en 1798 292
Dej)uisle i" oct. t799 au3o sept. 1800 597
Si l'on admet la population de l'Angleterre
à 10 mi'lions dames, la consommation annuelle
du blé , selon les calculs reçus , devrait être
de 10 millions de quarters , qui, au prix énorme
de 3 1. par qualter de plus que dans l'année
1798. aurait valu aux eu tivateurs et marchands
de blé un surplus de prolit de 3o -niillions
sterling.
Les relations commerciales s'augraentant tous
les jours davantage entre le Danemarck et les
Etats-Unis , la cour de Copenhague qui n'avait
point encore eu de ministre en Amérique , vient
de nommer M. de Buscherbissen ministre rési-
dent à Washington.
La société des quakers à Dumfries , composée
de deux mille membres, a souscrit la somme de
8,000 liv. sterl. pour extraire des bleds , et con-
tribuer par là à taire tomber le prix de cette
denrée.
La frégate américaine , ayant à bord les pléni-
potentiaires des Etats-Unis , a touché à Ports-
mouih , et M. EUsworth , dont la santé ne lui
permet pas de continuer son voyage pendant
Ihyver, est arrivé à Londres.
L'honorable membre 'Windham est parti par le
liernier paquebot d'Yarmoulh , pour retourner à
Florence.
Un certain nombre de marchands d'Altiwick
se sont associés pour importer pour eux et leur
famille les blés qui leur seraient nécessaires-
Le 12 de ce mois , les habitans de Gasdens-
ton , comte de Bamf , virent arriver avec une
grande rapidité deux baleines , qui venaient à
eux sur le bord de la mer ; quelques pêcheurs
intrépides, convaincus que ces bêles prendraient
Une autre direction , dès qu'elles sentiraient la
terre et quelles leur échapperaient , s'armèrent
aussitôt de coutelas et de cordes et furent les
attaquer à la nage , après avoir plongé dans la
mer; ils furent assez heureux pour s'en rendie
maître. Ces ba.leines sont de vingt-quatre pieds
de long.
On écrit de la nouvelle Genève , qu'on vient
de découvrir à Faithlegg, en Irlande, une riche
mine de plomb. dans les terre de M. C. Bolton.
M. Koizbuhe était , il y a trois ans , directeur
du théâtre de la cour à Vienne. Il fut destitué
de sa place avec une pension de 1000 florins
qu'il pouvait dépenser hors des états hérédi-
taires. Aujourd'hui M. Koizbuhe est directeur du
théâtre impérial de Saint-Péterbourg avec appoin-
tement de 12,000 roubles , outre le logement, une
voiture de la cour à «es ordres , le rang de
colonel et diveis autres avantages. En sus de tout
présent pour S. M. deux beaux lions, deux ! (ion , moyennant un modique droit de patente ^
chevaux barbes, et une selle richement brodée. | à tous les empiriques et charlatans de piatiquef
la médecine , la chirurgie, l'accouchement, sans
aucun oxarnen préalable; l'oubli de toute sur-
Les tygrcs transportés de l'Inde poar S. M
sont nommés che.ctas. Feu Tippoo sultan s'en
servait pour chasser.
Parmi les curiosités que sir 'William Hamilton,
a apportées de ses voyages à 1 Est , sont six
colonnes de marbre , qui fesnient partie du
temple de Jérusalem.
Une leure du Port-Républicain ( île Saint-Do-
mingue ) en date du 3 octobre ( 1 1 vendémiaire ) ,
annonce que depuis le départ de Rigaud un
corps de troupes a été envoyé par le général en
chef Toussaint Louverture , à la requête de la
municipalité des Cayes. pour prendre possion
de cette ville.
[Extrait du Sun et du Morning - Chrdnicie. )
l NT E R I EU
Paris , l£ ï5 brumaire.
R.
La gazette nationale de France contient le paragra-
phe suivant :
Il paraît à Copenhague un journal qui prêche
I4 religion naturelle. La chancellerie royale a
fait demander à la f.iculté théologique de l'uni-
versité , si Ion pouvait , sans inconvénient ,
permettre la libre circulation d'un tel journal.
Les théologiens ont répondu que »' la vérité ne
M pouvait que gagner à des discussions , et qu'il
i> était de la dignité de la religion de ne point
î> employer d'autres moyens de défense que ceux
>j de la persuasion, n
— Nous avons inséré dans notre n". du.. . . des
détails sur la population des Bouches-du-Rhône ;
en voici quelques-uns sur celle du Bas-Rhin ; ils
sont tirés des renseignemens que recueille le mi-
nistre de l'intérieur sur la population de la répu-
blique. Le soin particulier qu'il apporte à tout ce
qui peut donner une connaissance exacte et par-
faite de laFrance, est pour les préfets un grand
encouragement, comme l'estime qu'il témoigne
à ceux qui le secondent est une douce récompense.
La population de la ci-devant Al.vace qui cotn-
prend les deux départemens du Haut et dû
Bas - Rhin , était , il y a 20 ans , d'environ 626
mille âmes ; elle est atijourd'hui , d'après les nou-
veaux états, de 768 mille; ce qui donne une
différence en plus de 142 mille âmes.
Il faut déduire sur cetf; augmentation de 142
mille le montant de la population du département
du Mont-Terrible , et des autres parties Uu terri-
toire réunies aux départemens du Haut et du Bas-
Rhin, qui e.'l d'environ 70 mille : ce qui donnerait
encore un excédent sur la population existante
en 1780 de près de 72 mille araes.
Les administrations militaires venues à la suite
des armées ont dû augmenter encore accidentel-
lement les cadres de la population . et il est juste
d'y avoir égard dans un apperçu général.
Ainsi on peut , en ne négligeant aucune des
considérations propres à garantir l'exactitude des
calculs , affirmer que la population du Bas-Rhin
est aussi forte qu elle l'était il y a vingt ans.
Cependant la guerre , l'émigration , un gou-
vernement vicieux ( trois causes dont une seule
peut dépeupler lempire le plus florissant) ont
dii occasionner un vide effrayant dans la masse
I des hommes.
En 1793 , après la retraite des armées , des
villages entiers , situés entre Brumath et Landau ,
étaient déserts , et cette partie était l'une des
plus populeuses du département.
cela, il est possesseur d'un bien delà couronne i La moitié de la population de Hasuenau ,
_.,: . a„ ui_. I ... r ■ j_ j- ! .11 °
veillance à l'égard des pharmaciens, chez qui les
plus grands abus ont eu lieu , tant pour le prix
que pour la qualité des drogues; 1 indifférence
pour le procédé bienfesant de l'inoculation de
la petite vérole.
Comment donc est-il possible qu'avec tant de'
causes destructives , la population en masse du
département soit la même qu'elle était en 1780;
qu'elle ait même éprouvé un accroissement réel,
démoiitré par le nombre considéiable de nou-
velles habitations construites depûi's quelques
aùnées.
C'est une espèce de problème que je n'ai pu
encofé résoirdre d'une manière Saiis'fesante; mais
il est raisonnable de pcnstr que la division des
j domaines nationaux , l'augmentation du nombre:
des propriétaires , le mariage des piètres , reli-
gieux et religieuses , celui des jeunes gens qui
ont voulu échapper aux réquisitions militaires ,
l'établissement des étrangers que la révolution a
attirés en France , sont autant de causes de repro-
duction qui ont pu compenser les pertes que
d'autres causes ont occasionnées.
Je terminerai cet article en observant que le*
étals de popiilation sont le résultat des dénombre-
mcns faits dans les communes; les mesures révo-
lutionnaires ont favorisé cette méthode , qui
n'était employée autrefois que partiellement et
comme pouvant fournir un terme de proportion
avec le nornbre des naissances , des morts oa
des mariages : aujourd'hui qu'elle a eu lieu sur
tous les points de la république , il deviendra
peut-être intéressant pour l'adminisiration de s'as-
surer si le rapport du nombre des naissances à
celui des habitans, qui était de i à 26 pour la
majeure partie de la France monarchique , est
d'accord avec le résultat des dénombremens qui
servent actuellement de base aux calculs de po-
pulation.
Mais ce travail ne pourra avoir lieu que lors-
que tous les états auront été formés avec exac-
titude pendant uae année entière.
Au moment où j'écris ces observations, les
ptipiers publics m'apprennent que le préfet des
Bouche-s-du-Rbône a également fait un travail
comparatif sur la population actuelle . rappro-
chée de celle de 1780 , et que le résultat de ses
recherches donne une augmentation considérable:
mes calculs ne -sont pas si favorables , mais il
faut considérer 1° que pour éviter toute exagé-
ration %je me suis tenu au-dessous de la réalité ",
en annoriçant une égalité de population , tan-
dis qiiil'y a effectiveiuent une augmentation,
que l'on doit évaluer au moins à 25 mille âmes;
i". que malgré les calamités lévolutionnaites qui
ont affligé le territoire de Marseille , il est dou-
teux que l'émigration s'y soit élevée , comme
dans le Bas-Rhin , à plus de 40 mille amt s , pour
les campagnes seules , et non compris les autres
fugitifs ou véritables émigrés , qui ne peuvent
être compris dans la classe des cultivateurs , arti-
sans ek ouvriers.
qui vaut 3ooo roubles par an
Un jeune homme de 17 ans a été condamné
aux sessions de la cité à six mois de prison
cOiTime convaincu d'avoir pris part aux derniers
troubles. ( Extrait du courier de Londres n° 35. )
Bu i^' novernbre ( 10 brumaire. )
Actions de la banque i65 ;. — Trois pour |
consolidés 63 | 5 f |. — Omnium i ^ ^ ^■
La grande flotte, prêle à appareiller , au nom~
bre de 23 vaisseaux de ligne , sous les ordres de
l'amiral Harvey , est retenue à Torbay par les
vents contraires.
Nous apprenons que M. Dundas est très-gtave-
ment malade à Chettenham. ,
Le vaisseau te Thésée, avnvé de la "côte d'Egypte,
a été relevé de quarantaine à Motherbanck , et est
venu mouiller à Spithead.
Le prix du bled a commencé hier malin à
éprouver une diminution sensible.
Il a été affiché mardi dernier dans la cité
qu'il serait ouvert un magasin oii les harengs
salés et les pommes de terre seraient vendus
aux pauvres au prix de premier achat
qui était autrefois de dix à onze mille âmes , est
aujourd'hui composée d'individus nouvellement
établis dans cette ville.
L'agriciilture était presqu'entiérement abandon-
née dans ces malheureuses contrées.
La loi du 22 nivôse an 3 lui rendit quelques
bras. Mais le 18 fructidor a de nouveau tout
paralysé.
Des corps de biens de 60 arpens ont trouvé
difficilement des cultivateurs ; souvent on a refuse
de prendre des baux à i franc l'arpent , et le fisc
fut obligé de' céder, au plus vil prix , lajouissance
de ces terrains devenus domaniaux.
Cette modération du fisc (pour le dire en
passant) n'a pas peu contribué à diminuer les
effets désastreux de l'émigration : ses agcns ont eu
ici le bon esprit de sentir que ,'pour l'état , le pre-
mier avantage était dans la culture , et si les loca-
tions ont fait rentrer peu de recettes pécuniaires
au trésor public', au moins la terre , privée de ses
vrais propfiétaires , n'est pas restée entièrement
oisive : la masse des productions n'a pas été con-
sidérablement diminuée.
Indépecidamment des causes qui ont altéré par-
tiellement la population , il en est une qui a dû
arrêter ses progrès: c'est le défaut de police dans
L'envoyé du dey d'Alger a remonte laTamîse les diflérentes branches de l'art de guérir, la faci
MINISTERE DE LA GUERRE.
Décision du ministre de la guerre , sur les adjoints
aux commissaires des guerres.
En exécution de l'arrêté des consuls du 9 plu-
viôse an 8 , et de leur autorisation du i'^' brumaire
dernier , le ministre arrête les dispositions sui-
vantes :
Art. P'. ïl y aura un examen pour la nomi-
nation aux places d'adjoints aux commissaires
des guerres , créées par l'article XXII de l'arrêté
du g pluviôse an 8.
II. Cet examen sera fait publiquement au jour
et dans le lieu qui seront indiqués par le ministre
de la guerre , en présence de trois administra-
teurs militaires supérieurs. Il roulera sur léï
réglemens d'administration mihtaire , sur les lois
relatives à la romposition , à l'administration ,
à la comptabilité , ainsi qu'à la police des corps ,
et sur les calculs arithmétiques.
III. Seront admis à cet exarnen:
1°. Les adjoints provisoires ;
2°. Les élevés cotmmissaires des guerres;
3°. Les officiers qui , ayant trois ans de services
militaires , se destineront à la partie adminis-
trative ; . '
4°. Les employés des bureaux de la guerre , qui
sont en activité depuis plus de trois ans , e; rem-
plissent , depuis un an au moins , les fonctions de
rédacteur.
IV. Nul ne pourra être examiné sans avoir
obtenu du ministre des lettres d'examen , qui ne
seront délivrées qu'à ceux qui auront les titres
ci - dessus exigés . et justifieront de l'âge de
vingt-un ans accomplis, ainsi que de leur mo-
ralité.
Les individus qui justifieront avoir fait une
dans, son vaisseaujusqu'à la Tour. Il a amené en liié avec laquelle on a permis depuis la révolu- f campagne dans une armée active , pourront êtiie
179
admis au concours à l'âge de dix-neuf ans , et
teux qui justifieront avoir fait deux campagnes
dès l'âge de dix-huit ans.
V. Les examens commenceront le i" nivôse
prochain : ils auront lieu à Paris , au quartier-
général de l'armée du Rhin , et au quartier-
général de l'armée d Italie.
VI. En fesant la demande de lettres d'examen ,
les candidats indiqueront le lieu où ils désirent
être examinés.
VII. Le miriisire fera connaître , par une ins-
truction , la marche que les examinateurs de-
vront suivre , tant pour s assurer de linstruciion
des candidats , que pour lui faire connaître les
droits de chacun d'eux à une place d'adjoint.
VIII. Le ministre indiquera , tous les ans , lépo-
que et le lieu dans lequel se fera l'examen , pour
lobîention des places d'adjoints devenues va-
cantes pendant le cours de l'année.
Paris, ce 14 brumaire an 9, ~
Signé , LacuÉ.E.
PRÉFECTURE DE LASEINE.
Le préfet du département informé que dans la
plupart des communes du département l'ordre
de numéro des maisons est interverti ; que sou-
vent une iBaison porte deux ou trois numéros
différens , et quelques-uns même n'en ont point ;
Informé aussi que les noms de plusieurs rues
et places desdites communes ont été changés sans
autorisation légale ;
Corisidérant que cette double confusion occa-
sionne nécessairement de l'inexactitude dans la
désignation des maisons, rues et places ovi elles
sont situées , et que souvent des réclamations ont
été faites à ce sujet par les propriétaires ;
Considérant que le numérotage des maisons ,
et la dénomination des rues et places doivent
être rectifiés et régularisés, autant pour assurer
l'exécution des lois sur la contribution foncière
et des lois relatives au logement des gens de
guerre . que- pour faciliter le commerce et les
rapports journaliers qu ont entr'eux les citoyens ;
Considérant enfin que les opérations dont il
s'agit étant dépendantes delà voierie, elles doi-
vent, notamment dans Paris, être dirigées sur un
plan raisonné et conforme à la topographie de
cette ville , arrête :
Art. I". Il sera procédé à un nouveau numé-
roiige des maisons , dans la ville de Paris et
autres communes du département où cette opé-
ration sera jugée nécessaire.
II. L'architecte du département est chargé de
faire un prompt rapport sur les moyens d'effec-
tuer le nouveau numérotage dans le plus bref
délai , et de proposer ses vues sur les dimension
et disposition des numéros. Il est aussi chargé de
dresser un état des rues et places dont les noms
ont été changés depuis 1789, et de celles dont
les noms ont été conservés.
Il se concertera pour l'un et pour l'autre objet
avec tes inspecteurs de la voierie.
III. Les numéros et noms actuels ne pourront
être changés dans aucune commune du dépar-
tement .jusqu'à ce que le préfet ait déterminé le
mode du nouveau numérotage , et désigné les
lues et places auxquelles il conviendra de don-
ner de nouveaux noms.
IV. Le présent arrêté sera envoyé aux sous-
préfets et maires du département.
Expédition en sera remise à l'architecte du dé-
partement , pour qu'il puisse s'y conformer en ce
qui le concerne.
Paris, le 12 brumaire an g.
Le.préfet du département , Signé , Frochot.
Lt secrétaire-général de ta préfecture ,
Signé Et. Méjan.
Le conseil municipal de la commune de Paris ,
convoqué par le préfct,$'est assemblé aujourd'hui 5.
Le préfet lui a annoncé que pendant le c«urs
de la session , il présenterait à son examen un plan
d'organisation de l'administration des hospices ,
un plan d'amélioration dç l'instructipn primaire ,
et un prpjet sur lès formes décentes à restituer
aux inhumations.
MELANGES.
Dans une de ses dernières séances, la société
philoi'echni'que de Paris a èriietidu l'un de Ses
inembiys , le citoyen Joseph Lavallée , prononcer
I éloge du général Desaix.
Il n y avait qu'un moyen de louer dignement
te guerrier , c'était de raconter sa'vie; le citoyen
Joseph Lavallée en lormant son plan paraît s'être
pénétré de cette idée.
Allez dire au premier consul que je meurs avec le
regret de n'avoir pas assez fait pour vivre dans la
postérité.
Telles furent les dernières paroles de Desàix ;
ce sont les ptemietei que l'orateur emploie, itou-
vani ainsi un moyen ingénieux de compleller
l'élogq de son hétos même avant de l'avoir com-
mencé. Il n ignore pas que quelques personnes
affectent de les révoquer en doute; mais à l'exem-
dcs anciens orateurs ou des historiens les plus
tienomraés , il use du droit de recueillir dans des
sources respectables , et de propager les bruits
même qui tournent à la gloire de son héros, et.
qui ne sont démentis ni par son caractère ni par
sa conduite.
En parlant des premières années de Desaix il
n'est qu'un moyen d'intéresser, c'est de suivre
avec exactitude l'orateur qui les retrace.
>; Desaix, dit-il , vit le jour en 1769 à Veys;oux ,
village de la ci-devant Auvergne. C'est encore un
ami de la liberté que les montagnes se gloiilient
d'avoir nourri. Le destin qui le réservait à de
grandes choses , entoura son berceau des grands
spectacles de la nature , et des grands souvenirs
de Ihisloire.
)i II ne faut pas croire que les objets dont l'as-
pect frappe les regards de l'enfance soient sans
importance sur le reste de la vie. L'ame reçoit
sa première éducation des objets extérieurs.'
Ainsi Caion enfant dut à la vue du Capilole
la première leçon de liberté ; Arminius , sa sau-
vage indépendance aux forêts de la Germanie ;
et' Desaix son auguste simplicité à ces monts
de I Auvergne , asile fortuné des pastorales ha-
bitudes.
)> Simplicité de cœur, fierté de courage, phi-
losophie de sentiment , voilà donc ce qu il dut à
la localité de son berceau.
n Desaix trouva dans Effiat la richesse de
l'éducation nationale. Efïiat , fondée par le père
de ce malheureux Cinq Mars , dont le nom ,
d'âge en âge , attend des cœurs sensibles le
tribut d'un soupir. Effiat rivalisait , dans notre
siècle , avec celte Ecole militaire de Paris , oih
l'éducation a forrrié de si grands hommes pour
la France.
j) En 1784, il sortit d'Effiat et entra sous-lieu-
tenant au régiment d'infanterie de Bretagne. Il
avait alors quinze ans..
L'orateur retrace les premiers progrès de son
héros dans la carrière militaire : tous ses pas
sont marqués par des succès : tous ses succès
par des traits de courage extraordinaire ou d'ha-
bileté. Le passage oià se trouve dépeinte la nou-
velle tactique de guerre que la révolution a
subitement fait succéder à l'ancienne , mérite
d'être rapporté.
1) Un nouveau système de bataille s'introdui-
sait insenriblement parmi les troupes. Desaix
voyait dans les rangs moins de discipline , mais
plus d'ardeur pour la mêlée ; moins d'aptitude
pour la manœuvre , mais plus de véhémence
dans la charge ; moins d'à-plomb dans les ba-
taillons , mais plus d'impulsion vers la gloire ;
enfinjusques-là moins de victoires générales, mais
plus de dévouement , plus d'exploits individuels.
Desaix ne fut pas le dernier à s'apppercevoir de
ce phénomène ; et pour en découvrir plus sû-
rement la cause , il reporta ses regards sur les
études militaires qu'il avait faites jusqu'alors .
et il reconnut bientôt que la guerre s'identifiait,
en quelque sorte , aux opinions des peuples.
En effet, sous les rlîonatchies , la guerre parti-
cipe de l'esprit de cette espèce de gouverne-
ment ; elle contracte quelque chose de la poli-
tique astucieuse des cours ; la casframétaiion de-
vient , à la longue, un art décevant d'impos-
tures combinées ; la lactique n'est plus qu'un
talent d'observation. Dans I esprit des généraux ,
elle donne le pas à la ru«e sur le ( ourage ; elle
ploie les bataillons à ne se mesurer que de
l'œil , à ne se battre que de contre-marches , à
à ne se vaincre que de fatigues.
)j Enfin, il faut le dire , et l'expérience l'a
prouvé , si l'infernal génie de la destniction in-
venta quelque arme meurtrière , capable , dans
les mains du lâche , de franchir les espaces pour
atteindre le brave , ces sortes de découvertes se
datent toutes des époques où les gouvernemens
se disputent de perfidie , de corruption et de dé-
loyauté. Qiiarrive- t - il , au contraire, parmi les
peuples qui secouent l'esclavage ? Comme la
liberté rapproche I homme de la nature , la guerre
remonte de même vers son origine première. Elle
brise ses liens , comme le peuple ; elle se dé-
pouille de la contrainte qui la flétrissait , et re-
tourne à sa générosité féroce mais antique ;
l'homme revient à combattre corps à corps ,
comme aux premiers âges où l'oppression irrita
sa fierté. C'es^ ainsi que , tout-à-coup . nous
avons vu, parmi nous, la guerre résister au joug
de la science ; joindre, dans le cœur de chaque
soldat , à la bravoure naturelle aux français , une
ardeur de dangers qui ressemble presque à la
soif de la vengeance ; une sorte d'autorité de
victoire , une opiniâtre volonté de triomphe , une
généreuse effronterie de succès inconnus à tous
les peuples; et lancer sur les années rivales,
non-seulement les armées en masse , mais encore
la masse de chaque courage.
il Ce nouveau genre de gUerre , ërifahi de la
liberté , plut à la lémétité de Desaix; il vit qu'u-
vec de tels soldats un général pouvait tout en*
treprendre, et que la science iii'iitJire consistai,!
désorraaiiS à savoir Jiiiger Celle aideui.n
Après un coup-d'œil sur les campagnes de
l'an 2 , de l'an 3 et de l'an 4 . 1 orateur peint la
fortune inconstante léduisant son héros à passer
par tous les genres de gloire. j
" Comme la Grèce , dit-il- , la républiqiae va
connaître sa retraite des dix mille. '
II L'armée deS.iinbrc et Meuse, non moins b ave,
mais plus mal servie par les c'véïiemcns , toice
l'armée de Moreau à suspl-ndfc 'sa marche triora'-
phale. Le soit le veut, il (àni ri-vcuir sur ses
pas. Ce n'est poini la tiriie àtsassiiie du Pai'lhe,
c'est le lion qui rétrograder, qui tugii dès Iju on
l'approche, qui déchire dès qu'on J'aiieint , cju'i
dévore dés qu'on I ariêie. Tel est Moieau, tel:est
Desaix dans cette retraite , chcl-d œuvre du génie
militaire.
)' Il fallait, dans cette retraite, traverser utl
pajs iinmenbc ; il falfdl contenir un ennemi
i]ue la circonstance enorgueillissait , I tmpêcbfet
d entamer l'arriere-garde , de dépasser les flancs,
do se glisser entre la république ei ses défen-
seurs ; il fallait eu imposer à un général autri-
chien , fier de sa jeuiies'se, supcibe de sa nais-
sance , instruit dans les camps , et do^it Tac*
tivité dangeieuse s'appuyait sur lamoui du soi./
dat , sur cet amour qui, chez tant de généraux,
a si souvent tenu lieu de taletis. Dans une
semblable lutte, tout ciait obsia'cle , écueil,
danger. Le pasié n'offrait que regrets , le pré-
sent qu'alarmes , l'avenir qu incertitudes ; enfin,
il fallait vaincre pour céder , comme on triom-
phe pour conquérir. Eh bien ! le succès le plus
inespéré couronna cette admiiable retraite ; tous
lesjours de Desaix, tous les jours de Moreavj
furent pleins pour la gloire. L'armée arriva toute
entière sur le Rhin ; elle ne perdit pas un seul
homme , c'eût été perdre un lauiicr. Mais c'était
peu. Bonaparte suivait sa destinée . il triomphait
en Italie. Il fallait empêcher tjuc l'aimée de
l'empereur , libre de crainte ]>our le Danube ,
ne traversât les monts; il fallait l'occuper par
des périls présens ; et Desaix se place dans
KehI.
, >> Un misérable fort , ouvert de toutes parts,
que , peu de lenis avanl , il avait pris en quel»
ques heures , devient un boulevard impénélrabl»
contre lequel se brisent toutes les forces im:«
périales. Les mois s écoulent , les tranchées
s'ouvrent, quarante bataillons sont au pied
des remparts; les assauts se mukipiieiu ; tout
est cendre, tout est décombre , tout est ruine
dans le fort; rien n'est intact, que le génie,
le courage et la persévérance de Desaix. II
cède enfin : mais quand ? Lorsque son étonnante
résistance a coûté quinze mille homiTies au prince
Charles ; lorsque Strasbourg est devenu inex-
pugnable ; lorsque l'armée est recrutée ; lorsqup
la saison a rendu les approches du Rhin im-
possibles; lorsque limmorielle jouriiée d Arcole
a assuré la conquête de 1 Italie et la chute pro-*
chaîne de Manloue ; lorsqu'enFin la possessioa
de Kehl n'ajoute rien à la réputation du prince
Charles , et lui a coûté l'irréparable perte du
tems. >'
Ce lécit est suivi d'un tableau tracé de maia
de maître , et que nous ne pouvons louer au'en
le transcrivant : c'est celui du passage du Rhin<
" Une armée française méditant de fianchir
le plus grand fleuve de l'Europe ; défiant une
armée de quatre-vingt mille hommes et cent
pièces de canon qui défendent le passage ; les
bataillons apportant à la conrseMes bateaux,
les cables et les rames ; deux,pon(s «e formant
malgié l'éruption des volcans autrichiens ; leâ
coursiers, irrités par I impatience des g,uerricrs ,
se précipitant dans les flots , et traînant après
eux des groupes de héros dont la ihain aviie
se suspend à leurs crins ; le fleuve qui mugh
sous le poids des combattans ; le sifflement des
rames ; les cris précurseur^ de la victoirc'5
le bronze giondaut avec furie ;' Ife ciel , com-
plice de Ce spectacle formidable , unissant leS
orages de l'air aux orages dés passions; les caH-
reaux' de la foudre Se heurtant confre les- fou'-
dres de la guerre : par- tout le ffacas, pâr'-
lout la rage , par-tout le sang , par-tout larriorlf
mais vains efforts et du fleuve , et des Crsars ,
et des élëraens ; l'armée passe ) leile est passée.
Cent bataillons sont enfoncés , la terreur sert
empare, la fuite les disperse ; la liberté triomphe*,
et la fortune de lan 5 s'assied sur 1 immortalité; i
Par une -transition heureuse- ,— Inarateur suit
ici le général Desaix parcourant, sous les aus-
pices de la paix , les lieux où l'arhnée ditolie
avait remporté ses immortelles victoires , et. y
fesant des reconnaissances annoncées- à l'ordic
de l'armée comme un homijiage. digi'e , d'elle.
Bientôt le cours des événemcns le conduit au
moment où Bonaparte pesait-déjà -1 Egypte dan»
la balance de l'avenir; il suit son hétos dans ce pay»
oii tout, dit-if , estpliénonicne : n-pliéno«:i-eHc-d,ui«
I invention des diçux ; phénomène dans le» fa-
bles , 'phcnomeVic dans les sciences , dans le
commerce, dans les ans; phénomeni; dan» la
grandeur de Sésosiris , dans la tyrann'te des
pharaon , dans la puissance des Ploioraée ; c'est
encore un phénomène que les voluptés des ca-
lifes , que l'ignorance dont elle devint la proie ,
que le fanatisme (jui l'a rendue le cercueil de
J'Earope. Colossale dans les tombeaux, gigan-
lesque dans les vices , sublime dans les lumières ,
éionnanie d^ns l'abjection; ruines, mensonges,
préjugés , fertilité , poussière . paresse même ,
tout y porre une grandeur héréditaire , tout y
reçoit le caractère d'une indigène majesté. >»
Tandis que l'Orient retentissait du bruit de nos
victoires sur le Nil , les français , déshérités en
Europe par la fortune, voyaient chaque jour
tomber en lambeaux l'empire de la libertéi
»» Les traités rompus , la paix fugitive , les am-
bassadeurs égorgés , ritalie perdue , la Suisse
démembrée , la mort au-dehors , la discorde
au-dedans , et Massena , debout au milieu de
ces vastes débris, seul fanal offert à la victoire
égarée-, tel élaii notre sort. Mais tout espoir n'est
pas perdu , le Midi nous estlidelie, c'est l'ai^lièr
de la foudre , et Bonaparte arrive.
» Tout change alors , et les lois , et les hommes
et les choses »>
Le génie de la république rappelait aussi le
général Desaix. A peine a-i-il touché le. rivage
français qu'il écrit ;
f> J'ai bien vu des pays , j'ai vu tous les endroits
S) célèbres par les religions , ei la fable et l'his-
t) toirc : lEgypte. la Syrie , U Grèce, la S:cile ,
»> Rome. Que de raonumens , que de ruines,
5> que de souvenirs! Je les ai achetés par des
5> peines excessives , des fatigues prodigieuses ,
Il des inquiéiudes sans nombre ; mais j'ai revu
Il la patrie , tous est effucé. Les jouissances rcs-
♦1 lent , et elles sont délicieuses. >)
i> Mais il apprend que l'on combat ; dès-lors
plus de repos , plus de sommeil , plus de pa-
tience. Il Ordonnez-moi de vous rejoindre, écti-
îit vait-il à Bonaparte; général ou soldat, que
:)i m'impone, pourvu que je combatte avec vous
»> ei sous vous. Un jour sans servir la patrie est
11, un jour retranché de ma vie. n II part , il court,
il arrive
n Quel jour , dit l'orateur ? C'est celui de
Marengo. — Il sera grand. — Entendez-vous
le bronze? Dans l'épouvantable inêlée qui
a reconquis U victoire , qu'est devenu Desaix ?
vous le demandez ! vous ne voyez donc pas le
temple de l'immonaliié qui s'est tout-à coup
élevé sur cetie plaine ! suivez les traces de son
généreux sang : c'est là que vous le trouverez;
il s'est emparé de l'immortelle paix : sa mort va
le donner au monde. >'
Telle est la marche suivie par le citoyen Joseph
Lavalléc dans cet écrit qui porte l'empreinte d'une
«me élevée et d'un talent distingué.
Des notes très-intéressantes sont placées à la
«uite de ce discours : nous avo:is souvent saisi
l'occasion de faire connaître , par nos citations ,
le style de l'orateur. Il a de la pompe, de, la
chaleur , de l'énergie ; quelques écarts , cer-
taines disparates , quelques ligures , plus recher-
chées que naturelles, y sont des taches légères;
tribut que le citoyen Joseph Lavallée ne semble
pas pouvoir se dispenser de payer à sa vive
imagination.
L'effet que ce discours a nécessairement pro-
duit devant une assemblée pénétrée de la gran-
deur du sujet, et des regrets qu'inspire le héros
B dû être bien honorable pour l'orateur , si l'on
en juge parlintéiêt que donne sa lecture.
Programme d'un cours d'histoire naturelle des corps
vivaus , considérés comparativement depuis la plante
jusqu'à l'homme.
Depuis quelques années l'histoire naturelle a fait
des progrès rapides : quoiqu'elle offre une étude
aussi vaste qu'intéressante , il n'est peut-être pas
impossible de lier la classification des corps orga-
nisés , d une manière assez intime pour en suivre
dans une année le magnifique ensemble. Le ci-
toyen Sue , toujours pénétré de cette idée , ei
désirant la réaliser , n'a cessé d'employer toui
les momens que lui a laissés sa pratique * a
recueillir la série d'objets nécessaires à »on eSé»
cution.
Il a formé un établissement dans lequel il a
tâché d'associer la nature elle-mêaje à ses leçons ,
pour diriger plus sûrement ses auditeurs daiis cejte
belle étude.
189
On voit dans cet établissement, d'un côté un
jardin de botanique où sont rassemblées et ranr
gées , suivant le système de Linné , des plantes
indigènes , exotiques et vivaces ; de l'autre un
muséum où les corps organisés sont préparés
selon leur» formes extérieuies ou intérieures ,
et classés d'après les naturalistes les plus mo-
dernes. Le citoyen Sue a réuni en outre plus
de neuf cents planches coloriées avec la plus
grande exactitude. Les systèmes végétal et animal
y sont représentés avec tant de fidélité . que leur
aspect suffit pour donner une idée précise des ca-
ractères les plustranchans de chacun des êtres qui
les composent.
Ainsi , la vue de ce local retracera à la mé-
moire des personnes qui ont peu de loisir , quel-
ques-unes des grandes impressions qu'elles ont
reçues en visitant le superbe muséum du jardin
national des plantes , et leur rappellera les excel-
lentes leçons des plus célèbres professeurs.
Yo'C' Ifi plan de ce coyrs annuel.
Le citoyen Sue consacrera six mois à chacune
des deux grandes classes de la nature vivante. Ces
classes seront divisées en sections . qui lotmeront
autant de cours, dont la durée particulière sera de
deux mois.
Cette division a paru avantageuse en ce que ,
d'un côté . elle met les gens du monde à poitée
d'observer dans une même année les lois du
système organique' sous tous leurs rapports , cl
que , d'un autre, elle offre aux étrangers et aux
artistes qui ont d'autres occupations, les moyens
de suivre isolément et pendant quelques mois ,
différentes branches de cette science , de ma-
nière qu'en y employant, chaque année , quatre
mois , ils pourront étudier en trois ans les plan-
tes , les zoophyies , les vers , les insectes , les
mollusques , les reptiles . les quadrupèdes ovi-
pares , les oiseaux ," les cétacés , les quadrupèdes
vivipares et Ihomme ; ce qui les mei:tra à même
de (aire l'application de ces connaissances , et
de jouir ducnarme qu'elles répandent sur le reste
de la vie. Lorsqu'on est iniruit des formes , des
couleurs, des habitudes, des mœurs, de lin-
dustrie , des maladies , des usages el du rapport
respectif de tousies êtres qui se partagent la vie
répandue dans l'univers , on n'esi jamais seul; ou
vit , on lie une espèce de conversation , l'élé avec
lel végétaux , et l'hiver avec les animaux ; entouré
d'une immense société qui jamais ne peut oc-
occasionner de peines , encore moins de re-
pentir , on n'est pénétré que d'admiration , et
par elle on se prépare pour tous les momens ,
des jouissances incalculables qui centuplent l'exis-
tence.
Le cit. Sue vient de suivre celte inarche pour
pour l'élude des plantes, qu'il a divisée en trois
cours ou sections.
Ils ont pour objet ,
Le i'^, la physique végétale ;
Les', l'analyse comparative des systèmes de bo-
tanique les plus ingénieux et les plus répandus
en Europe , avec la description de chaque plante
de l'école ;
Le 3^, la cryptogamie, elles principes généraux
de la matière médicale.
L'étude des anirtiaux sera également distribuée
en trois sections ou cours.
Dans le 1", qui commencera le 22 brumaire ,
à sept heures moins un quart du soir , le citoyen
Sue traitera des zoophytes, des vêts, des insectes,
des mollusques et des poissons.
Dans le 2' , qui aura lieu le 92 nivôs_e . à la
même heure , il fera l'histoire des amphibies et
des oiseaux.
Le 3' , qui terminera l'année du cours complet
d'histoire naturelle , s'ouvrira le 22 ventôse , à la
même heure , et aura pour objet les^cétacèi , les
quadrupèdes vivipares , et l'homme.
Au mois de floréal , le cit. Sue recommencera
par les plantes l'étude de la nature vivante , et
analysera les observations faites sur les êtres ani-
més , depuis la plante jusqu'à l'homme , en
marchant du simple au composé. Ceux qui pour-
ront consacrer l'année endere à cette théorie des
corps organisés , jouiront de l'avantage inappré-
ciable dembrasser les rapports compatatifs que
les races vivantes offrent enir'elles , et que l'esprit
ne peut jamais saisir aussi bien quand ils sont
présentés en diffélens tems , et par plusieurs pro-
fesseurs. Cette toéthode est l'inverse de celle qu'on
suit ordinairernettt ; mais on la trouvera préférable
si , considérant le plus grand phénomène de la
nature, l'ariimalisalion , comme tous les autres,
on sent qu'il f.iut commencer à l'observer dans
ses élémens , afin de saisir les points de division
des divers chapitres du grand livre de la nature ,
et de leconnaître en même teras les points de
contact qu'il est plus aisé de découvrir dans cette
manière de procéder.
Le citoyen Sue consacrera , pendant les quatre
derniers mois de ce cours , un jour par décade à
l'élude de l'anaiomie et de la physiologie ; et
comme il possède une superbe collection dans
ce genre, les souscripteurs auront l'avauiage de
réunir dans le même lieu les connaissances sut
la physique animale à celles sur l'histoire natu-
relle. En parcourant comparativement les phéno-
mènes de la nutrition , de la digestion , ,de la
circulation , de la respiratiori , des séciélions ,
de l'ossification , de la génération , de l'irritabi-
lité, de la sensibililé; il les considérera, dans l'état
de santé et de maladie. . ,
Chaque souscripteur pourra observer dans le
muséum du cil. Sue toutes jes parties du système
organique .suivant 1 ordre qui vient d èire décrit.
Le cit. Sue demeure rue Neuve-Luxembourg ,
section de la place Vendôme , n" i6i>.
J^ota. Chaque souscripteur aura la facilité de faire entrer grï»
luîtement à ce cours une personne de l'un ou de l'autre sexe ,
qui maliieureus-- par les circonstances , aurait un ardent de»ic
d'étudier l'histoire naturelle.
LIVRES DIVERS.
Choix des meilleurs morceaux de la littérature
russe , à dater de sa naissance jusqu'au règne del
Catherine II, traduit en français par M. L. Pappa
do Poulo , et par le cil. Gallet. Chez Lefort , rue
des Remparts-Honoré , n" 961. Prix, 4 fr. pour
Paris, et 5 fr. 5o cent, pour les dépanemens.
COURS DU C HA N G E.
Bourse 'du li brumaire.
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Tiers consolidé 34 fr. 75 c.
Bons deux tiers ,1 fr. 68 c.
Bons d'arréragé 85 fr. 25 c.
Bons pour l'aa 8 92 Ir. 85 c.
Syndicat 82 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 28 fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts.
ILe 19, Bal masqué.
Théâtre de la rue Fevdeau. AujouWThui
, la 7' repr. de Tjtnéo , suiv. de la 2° à' Augustine.
et Benjamin.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deThionville.
Auj. les trois Jumeaux vénitiens,; les Marchés de
Philis , et le Bosquet.
Théâtre DE la Gité-'Variétés.— Pfzn^omtmer.
Aujourd'hui la 4' repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée d«
chants; Louise, ei l'Epreuve.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du i5 brumaire.
5i. 24. 35. 75. 17.
Erratum. Dans le n* d'hier , article Spectacles ,
au-heu de ces mots , le cœur est heureux élisez:
le cadre est heureux.
L'abounetBcntiefaitaPari», me des Poitevîm, m' 18. Le ptixest de ai franci pour troii moii, 5o fraac» pour six mois, et 100 francs pour laonée entière. On oc
l'abonne qu au con>mcucemcnt de chaque mois.
n faut adresse, tes lettres et l'argent, franc de port .aucit.AOASSE, propriétaire de ce journal, rue des Poitevins, a« 18. Hfautcomprendre dans les envois le port de.
pay» où l'on ne peut jffranchir. Les lettres des dépanemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Ilfaut avoir soiu, poui plus de sûreté, de charger celles qui tenfermentdes valeurs, et adres
?oitevins n°. i3, depuis »euf heures duœatinjusqu'à cim neutes du soir.
At ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , l'ue de
A Eavi s, de l'iœptimerie du eit, Àgasse , propriétaire du Moniteur , rue des Paitevini , n" i3.
GAZÈaœi/NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^° 47.
SepHdi , 1 7 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater <iu 7 Nivôse le Mo NIT E U R esc le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenî , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sut l'extérieur, fournis par les correspondances ministéiielles.
Un article sera patticuliérement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTÉRIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 3o octobre ( 8 brumaire. )
Le mécontentement est général parmi les offi-
ciers employés à l'expédition contre Cadix , à
cause de la manière dont elle a été abandonnée.
Ce qui suit est un extrait du journal d'un
officier à bord de la floue de sir Richard Bic-
kenon.
Du 18 septembre. Un convoi de 80 voiles vient
de passer. Ce sont les transports qui amènent
les troupes du Ferrol. Elles vont à Gibraltar. Il
y a 12,000 hommes. La jonction faite, Tarrnée
sera de 26,000 hommes. Ils s'attendent à être
employés pour un grand coup.
Du 21. Aujourd'hui le Greyhound . avec huit
vivriers , venant d'Angleterre , a passé à Gibraltar.
L'escadre s'est approchée de Cadix pour l'aire
une reconnaissance. Quoiqu'elle en fût très-près,
les espagnols n''ont pas tiré un seul coup. Nos
gens ont apperçu une explosion terrible à
quelques milles dans l'intéiieur des terres. On
suppose que c'est un magasin à poudre qui a
-sa.nlé.
Du ï5. Les vaisseaux de guerre elles bâtimens
marchands à Cadix sont rentrés dans fe port
intérieur, de peur d'une attaque, et dans lin-
lention d'incommoder davantage nos troupes au
moment du débarquement, en couvrant la pé-
ninsule. Ils s'auendent à chaque instant à voir
paraître la floiiille du lord Keith. Cadix est très-
fortifié. L'ennemi, instruit de nos desseins, à
tout préparé pour nous recevoir. On croit que
c'est aux vaisseaux et aux chantiers que nous
en voulons.
Du ag. Nous sommes toujours en suspens :
nous n'entendons point parler du lord Keiih ,
«t le vent empêche maintenant Ja flotte qui se
trouve dansMe déitoii , d'en sortir.
Du Z octobre. Un bâtiment américain , arrivant
de Cadix , rapporte que les espagnols font les
plus grands préparatifs pour repcmsser lattaque
dont ils sont menacés. Ils ont un camp de 8000
hommes sut le mont Medine.
Du 4. Le jour qui. se levé nous découvre la
flotte que nous attendions avec tant d'impatience.
Spectaclejmposant! il%st probable que les opé-
rations commenceront demain.
Onze heurss du soir. L'amiral (sir R. Bickerton)
arrive d'auprès du lord Keilli. Il a apporté avec
lui les plans pour l'alfa.iue. Demain à la pointe
du jour, la première brigade composée de 5ooo
hommes , opérera une descente près de Roia. —
La floue est composée de i58 voiles environ :
tous les bâtimens sont à l'ancre; les espagnols
tirent le canon daliarme , toutes les minutes , le
long de la côie.
Du 6. La journée d'hier s'est passée en délibé-
rations. Il n'y a point eu de débarquement.
Du 7 au matin. Le signal pour lever l'ancre a
été donné. Nous sommes en station par le N. O.
pour proléger la descente entre San-Lucar et
Cadix. Le Phaëton doit couvrir le débarquement.
Du 1 1 o midi. La flotte est à l'ancre ; les bateaux
sont en mouvement; le débarquement va proba-
blement s'efFecluet,
Du même jour, une heure après-midi. Trois mille
hommes de troupes sont dons les bateaux; les
matelots sont piêis pour le débarquement. Des
ordres viennent d'être donné» pour ne pas dé-
■faarquer. La flotte est à l'ancre.
Du 17. Hier à 4 heures après-midi l'amiral en
chef a donné une seconde lois le signal pour
qu on se prépaiâi à débaniuer le lendemain à la
pointe du jour. A minuit on est venu dire à sir
Richard que le débarquement ne se ferait pas ; la
flotte se dispose à mettre à la voile.
Haller , qui a recueilli le plus grand nombre
ou'il a pu d'exemples de longévité , dit qu'il a
ompté plus de 1000 personnes qui ont vécu de
'^ent à cent dix ans; soixante, de 1 10 à 120; vingt-
"^ f Je 120 à l3o ; quinze , de i3o à 140 ; six ,
de 140 à 160 , et une qui a vécu 169 ans. On a
remarqué que l'Angleterre , la Suéde et le Danne-
marck sont les pays qui oifrent le plus grand
nombre de phénomènes en ce genre.
C'est au comité du conseil de la commune de
la cité de Londres qu'on est redevable du projet ,
d ouvrir des magasins pour la veine des pommes
de terre an prix de 3 scheH. par livre ; pour celles
de la meilleure qualité,, on les vendait le double
la semaine dernière. Celait un essai pour les
aunes denrées : il a si bien réussi, qu'on est
déterininé à leiendre à la viande de boucherie ,
au pain à la livre , et aux autres objets de pre-
mieie néccfiié. Les marchands de pommes, de
terre onl déjà baissé leur prix au taux de celui
qu'a adopte it' comiié: il n'v a pas de doute que les
bouchers ne seiuent .lussi la nécessité de réduire
le leur. Un fait qui méii'e d être ciié , c'est que
quelques numbres du comiié ont acheté au
marché de SmiiiiHeld , lundi dernier , 12 moutons
gras dans liiuenlion de s assurer du piix auquel
cette viande peut se vendre. Elle ne leur revient
qu'à quatre penny et demi la livre.
( Extrait du Times et du True Briten.)
INTÉRIEUR.
Paris , le 16 brumaire.
Une malle contenant des mariyscrits précieux
avait été enlevée au citoyen Lacépeile; elle vient
de lui être rendue : il y a retrouvé la totalité de
ses papiers.
— Un trait de déloyauté de la part des anglais a
été dernièrement ciié dans celle feuille : Icjôurna/
de Pans nous donne l'occasion d'y opposer un
trait de générosité des espagnols. Le premier était
tiré de l'histoire de la dernière guerre ; celui-ci
est cité par Raynal:
u Un Vaisseau anglais , battu par la tempête, et
sur le point de périr , aima mieux enirer cbns la
Havane. C'était un port ennemi ; c'était en 1746; ,
dans le feu de la guerre. <t Je viens , dit le capi-
n laine anglais au gouverneur de la place , je viens
1) vous livrer mon navire , mes matelots , mes
Tï soldais ei moi-même ; je ne vous demande que
j) la vie piiur mon équipage. "
t< Je ne commettrai point , dit le commandant
" espagnol, une action déshonorante. Si nous
)) vous avions pris dans le combat, en pleine
>> mer , ou sur nos côtes , votre vaisseau s lait à
i> nous , et vous seriez nos prisonniers. Mais ,
>) battu par la tempête , et poussé dans ce port
)> par la crainie du naufrage , j'oublie et je dois
<) oublier que ma nation est en guerre avec la
5» vôtre. Vous êtes hommes , et nous le sommes aussi ;
n vous êtes malheureux, nous vous devons de la pitié.
)) Déchargez donc avec assurance , et radoubez
!) votre vaisseau. Traûquez , s'il le faut, dans ce
)» port , pour les frais que vous devez payer. Vous
)» partirez ensuite , et vous anrez un passeport jus-
1) qu'au-delà des Bermudes. Si vousêies pris apiès
)> ce icrme , le dioii de la guerre vous aura mis
M enire nos mains; mais en ce moment je ne vois
)) dans des anglais que des étrangers pour qui l'hu-
it manité réclame des secours. >>
Qui peut lire sans être vivement ému , sans la
plus grande admiration , ce trait de grandeur ,
d'humanité et dp générosité qui caractérise si bien
la nation espagnole ? L histoire moderne n ofFie
gueres que des français capables de semblables
procédés envers leurs ennemis , comme , en effet,
ils en ont donné une infinité d'exemples en pa-
reilles circonstances. Qu'ils restent donc éternelle-
tnenl amis ces deux peuples fiers et généreux , que
les mêmes qualités unissent autant que leurs in-
térêts politiques ; et peut-être, un jour , les autres
nations de 1 Europe , les anglais même , forcés
d'admirer leur loyauté , leur franchise , et sur-
tout les principes d'humanité qui les dirigent, fini-
ront par leur rendre justice , et par les imiter.
— Le i5 du présent mois brumaire, les membres
composant le conscil-géniral du dépaltement de
1.1 Sei.ne , conformément à la loi du 28 pluviôse
an 8, se sont formés en conseil municipal sur
linviiaiion du prélci. Ils ont nommé pour prési-
dent le citoyen Anson , et pour secrétaire le
citoyen Bellart.
— Le 20 brumaire , à midi très-précis , il sera
célébré daus le temple de la Victoire , ^ Sulpice )
une fête à h Morale universelle.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 14 brumaire an g.
Bonaparte , premier consul de la république ,
sur la proposition du ministre de la guerre
arrête :
Art. l^'. Les aides-de-camp qui doivent être
nommés en exécution de l'an. II de l'anêté du
16 vendémiaire an g , ne pourront être pris que
parmi les militaires qui auront fait au moins
deux campagnes, en quahté d'aide-de-camp ou
adjoints.
Après cette première nomination les aides-de-
camp ne pourront être choisis que parmi les mili-
taires qui auront servi au moins deux ans en
qualité d'officier titulaire dans un corps de
troupes de ligne.
II. Les aides-de-camp ne pourront à l'avenir
êire proposés pour passer d'un grade à l'autre ,
que lorsqu'ils auront servi pendant deux an»
dans le grade immédiatement inférieur à celui
qu'ils demanderont.
III. Les adjoints à l'étal-major-général de l'ar-
rnée qui doivent être nommés en exécution de
I an. II de l'arrêté du 16 vendémiaire an 9 , seront
nommés par le minisire de la guerre ; ils seronX
pris parmi les militaires qui , ayant obtenu le
grade de capitaine , auront fait au moins deux
campagnes en qualité d'aides-de-camp ou d'ad-
joints.
Après cette première nomination , les adjoint»
ne pourront être piis que parmi les capitaines
qui auront servi au moins un an en ladite qua-
hté dans l'un des corps de troupes de ligne.
IV. Les adjoints ne pourront être proposés
pour être promus à un grade plus élevé que celui
qu ils auront obtenu , qu après deux ans de ser-
vice dans le grade inférieur à celui qu'ils de-
mandeiont.
V. Le nombre des adjoints à rél4t«>major-géné-
ral sera porîé à 3oo , savoir :
Armée du Rhin 80
Armée d'Italie 80
Armée de Réserve 3o
Armée de lOuest le
Armée Galîo-Batave 3o
Camp sous Amiens 10
Intérieur. go
Total 3,0
VI. Les généraux en chef désigneront provisoi-
rement, et jusqu'au nombre ci-dessus déterminé,
les individus qui doivent , dans leurs armées res-
pectives , remplir les emplois d'adjoints à l'état-
inaj or-général de l'armée^ Leur nomination défi-
nitive sera faite par le ministre de la guerre.
Le général en chef assignera à chacun desdit»
adjoints la division à laquelle il sera attaché.
VU. Le ministre de la guerre nommera les
soixante adjoints destinés pour l'intérieur , et as-
signera à chacun d'eux la division mihiaire terri-
toriale dans laquelle il sera employé.
VIII. Les adjoints qui ne seront point compris
dans le nombre déterminé par l'art. V ci-des»us ,
obtiendront leur ualn-ment de réforme ; ils con-
serveront le droit dêtre nommés aux emplois
vacants dan', le corps des adjoints, et à être placés
dans l'armée aux emplois ,à la nomination du
gouvernemenl.
IX. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire' d'état., signé, H. B. Maret.
Arrêté du 16 brumaire an 8.
Bonaparte , premier consul de la république ,
sur le rapport du ministre de l'intérieur , arrête
ce qui suit :
Pendant l'absence du ministre de l'intérieur,
le cit. Chapial, conseiller d'état, sera chargé,
par intérim , du portefeuille de ce département.
Le présent arrêté sera inséré au bulletin de»
lois.
Lepremier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'étal , signé , H. B. Marbt.
iSs
ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE L A G U E R R E.
Décision du minisln de la guerre.
Le ministre de la guerre ne voulant préscnler
au premier consul , pour remplir les emplois
de commissaires des guerres qui viendront à
vacquer, que des candidats qui, par leur ex-
périence, leurs talens , leurs services eileurs
venus , soient vraiment dignes des emplois im-
porians qui leur sont confiés , arrête;
Art. I''. Il sera incessamment t'ait une liste des
commissaires des guerres , qui, n'étant pas ac-
tuellement employés , seront reconnus pour avoir
le plus de droits à l'être lorsqu'il y aura des em-
plois vacans.
II. Cette liste sera composée de douze noms,
pour les commissaires ordinaires, et de six pour
les ordorrr.aieurs.
III. Nul ne pourra être mis sur ladite liste , s'il
ne réunit les conditions voulues par l'article
XXIX de 1 arrêté du 9 pluviôse an 8 , et s'il n'a
servi pendant trois ans au moins dans une armée
active pendant la présente guerre.
IV. La liste ci-dessus sera formée par un jury
composé de sept membres , savoir ;
Deux officiers-généraux ;
Deux inspecteurs en chef aux revues -,
Deux commissaires-ordonnateurs ;
Le chef du bureau des états - majors , qui y
remplira les fonctions de rapporteur et de secré-
taire ; il y aura voix délibératiVe.
Ce jury opérera au scrutin secret , en présence
du ministre delà guerre.
Les articles V , VI , VII , VIII, IX et X indi-
quent les formes à suivre par le jury.
XL Dès que la liste des candidats aura été ré-
duite à trois sujets pour les cornraissaires-ordon-
nateurs , et àsix pour les commissaires ordinaires,
ilsera formé un nouveau jury qui procédera ainsi
qu'il vient d'être dit.
XII. Le procès-verbal de chaque séance du
jury sera mis sous cachet, et remis au ministre
d la guerre pour y avoir recours.
Paris , le 14 brumaire an 9 delà république.
Signé, Lacuée.
En conséquence de cet arrêté, le tribunal pro-
cède au scrutin pour la nomination d'un membre,
en remplacement du cit. Chabaud-Latour.
Le président annonce que la commission des
inspecteurs demande à faire un rapport en comité - - .
secret: il prévient ensuite les membres du tribunal, ^,^J„''„^;'''^;1'„V,-,'',!»'^;'!.! /„"','[!!,
qu'ils devront se réunir le l^'' fiimaire , jour de la
rentrée du corps législatif.
M E^L A N G ES.
L'institut national avait éié invité par le mi-
nistre de l'intérieur, au nom du gouvernement ,
à proposer un prix pour celui qui traiterait le
mieux cette question : Quelles sont les cérémonies à
fane pour les funérailles . et le règlement à adopter
pour le lieu de la sépulture? Dans son programme ,
l'institut rappellant les points compris dans la
question proposée , fesait remarquer que le sujet
devait être traité d'une manière génér;ile qui pût
s'appliquer sur tous les points de la république :
déplus, les cérémonies funéraires ne pouvant
être considérées que relativement à un acte civil ,
et sans qu'aucune forme , rappelant ou apparte-
tenaiit à un culte quelconque, puisse y être intro-
duite , les auteurs du discours devaient écarter
toute idée qui eût eu dans son application une
liaison même éloignée avec celle d'une cérémonie
religieuse.
Trente-huit personnes ont concouru ; le prix a
été partagé entre les citoyens F. V. Mulot, ex- '
législaieur , et Amaury Duval. En publiant son 1
discours , le premier déclare qu'il eut pu y ap-
porter de légers changemens : n Mais ayant par- |
tagé le prix , dit-il . j'ai cru qu'il était d'un devoir |
rigoureux d offrir mon travail tel que je lai jué-
sente à mes juges. >i , |
L'épigraphe que le citoyen Mulot a placée à la
lêle de son discours , est heureuse. Il a choisi ces
beaux vers du cit. Legouvé , dans son excellent
morceau sur les sépultures :
" De la religion gardons rlmnirtnité ;
morts br;
tombe
Barbares , qui
Eloignez ces fl
Dont le faste î
, Mais appeliez au moins autour de
, Et la douleur d'un père , et les 1
, C'est le juste tribut où nos mines
, C'est le culte du cœuï que
is , ces prêtres
3S ancêtres ;
)s débris
nés d'un fils ;
:s prétendent ,
ut ils attendent. „
puisse pas être trompé , il demande que'à l'instant
où l'on croira un malade expiié, le rapport en soit
fait à 1 officier public , dont les fonctions com-
prçnnenl celte partie ; que ce rapport soii signé
par deux témoins qui certifient le !j,iiiic ei la durée
soit point
nseveli , sans que ies épreuves nécessaires aient
cic faites pour acquérir li critilucle de la mort ;
ce qu il veut être atesié , >ar le même lapc^ort ,
par un homme de latt chargé, d.us I arrondis-
sement , de celle véiificaiion spécijle.
j) Le désir de procurer à 1 homme , censé mort,
un tenrs suffisant pour revenir à la vie, n'a pas
fait oublier à nos auteurs i'iniérê't des vivns. Ils .
ont pensé que beaucoup de personnes , surtout
dans la classe des pauvies , ne pourraient pas
conserver si long-lems leurs raons dans leurs
demeures, et dès-lois ils oui contiu le plan de
ce qu'ils jppcUeni loges d'attente et dépôts , où les
pareils qui n'auraient pas la possibiliié de coii-
seiver leuis morts, pourraient les faire porter,
et oià leur seraient administrés les secours qu'ils
licsignent.
>) Ces loges d'attente pourraient se borner à
uije pour les communes , soit jreiiies , soit de
médiocre'éieiidue ; elles se muhiplieraient suivant
la population des grarjdes villes ,d après le nombre
des cimeiitres cjui y seraient ouverts , et , à Paris,
les arrondisscmens des commissaires de police
pourraient déterminer leur qujntiié. )i .
Le citoyen Mulot suit les cciivains qu'il cité',
dans leurs avis sur les sccdurs à aditiinislrer , sut
la lotion , sur la concliYmalion des anciens , sur
yinsuljlation à subsiiiuer à l'aspiration du deiniec'
soupir , en usage dans l antique Ilalie , sur les
coups applKjués à la plante des pieds , la scarifi-
cation de la même partie , lapphcalion d un
cautère ou d'un 1er chaud, enfin 1 ouverture
du mon.
Le citoyen Mulot prévoit l'objection ordinaire
contre les établissemtns et les insiituiions phi-
lantiopiqucs les plus nécessaires, celle de la
dépense : il la combat , comme éuni au fond de
peu de valeur , et d ailleurs cùiume ne pouvant
être raisonnablement oppoiées à la giunde con-
sidéraiion de 1 humanité. Il propose au surplus
réiablisseraent d'une taxe légère imposée à cetix
qui , n étant pas ranges dans^a classe des pauvres ,
voudraient user de ces dépôis communaux.
Il ne termine pas celte pariie essenliclle de son
discours, sans rappeler combien de déftnseurs
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Le préfet de police vient de faire arrêter deux
des biigands qui ont pillé la diligence de Bot-
c(eaux , le 3 fructidor dernier.
Cinq ont déjà été arrêtés par le commissaire
général de police. Ainsi toute celte bande, 'qui
était composée de sept, est sous la main de la
justice.
T R I B U N A T.
Présidence de Crassoui.
SÉANCE DU 16 BRUMAIRE.
le lecteur au sujet qui va l'occuper ; sujet que
déjà plus d'une fois , soit à la tribune de nos so-
ciétés libres, soit dans des écrits particuliers, le
j citoyen Mulot avait traité avec succès.
Il commence par rendre hommage au gou-
vernement qui a entendu la voix publique et le
vœu de la nature demandant que Ion rende enfin
aux morts ces honneurs funèbres qu'un ancien
appellait leur légitime : il semble promettre avec
assurance qu'il traitera bien le sujet qui lui est
proposé , en avouant la vive sensation que la
seule annonce de ce sujet a faite sur son
ame.
Il se décide à concourir , non pour ajouter
quelqu'éclat à sou nom s'il triomphe , mais pour
payer à sa patrie le tribut d'une idée utile ;
pour contribuer à faire oublier les tems affreux
où la destruction des tombeaux semblait s'ac-
croître en proportion du nombre des victimes
qu'une rage aveugle y fesait descendre ; pour
Après la lecture du procès-verbal , tin secre- ^^^^ i^j 3^,5 puissent seconder la piété des hu-
aire communique deux messages drj sénat-con- nrains ; enfin pour qu'une bonne législalion sur
„„,. ,. j^^ funérailles fasse succéder des
Il était difficile , sans doute , de mieux préparer 1 ^^ [^ pj,^^ q„, ■.^^ [^^ victimes d'une inhumation
servaient ; le premier est relatif à la mort du
citoyen Creusé-Latouche ; par le second le sénat
annonce qu'il a nommé aux places vacantes , tant
dans le corps-législatif qu'au tribunat.
Le citoyen Mulot, ex-législateur, fait hom-
mage de son discours sur les sépultures, discours
qui a été couronné par l'Instilut.
Le tribunat accepte l'hommage , et ordonne
le dépôt à sa bibliothèque.
Le président de l'Institut écrit que la dépu-
tation de cette société qui devait être admise
aujourd'hui à la séance du tribunat , pour y
présenter le compte de ses travaux pendant l'an 8,
ne pourra pas jouir de cette faveur, attendu
qu'elle vient d'apprendre que le conseil-d'état ,
s'occupait d'un projet pour régler le mode, d'après
lequel , l'Institut cievait correspondre officielle-
ment avec les autorités constituées.
Il sera fait mention de cette lettre au procès-
verbal.
Plusieurs marchands , établis dans l'enceinte
du Palais du Tribunal, réclament contrç l'ariêté
qui les exclut.
nslitutions
décentes , morales et salutaires , aux usages
trop peu convenables qui se sont introduites
parmi nous depuis quelques années.
Avant de parler des honneurs à rendre aux
morts, il était naturel que le citoyen Mulot
rappelât des idées trop oubliées sur le danger
des inhumations précipitées : il cite les écrits des
Bruhier , des Navier , des Pineau, des Tenon,
et récemment le discours du citoyen Desessarts
sur cette matière , et trouve les bases d une
législation à cet égard , dans les ouvrages des
anciens et les écrits de nos savans.
Les écrivains qu'il cite désirent d'abord a qu'on
retarde l'enlèvement d'un mort suivant le genre
et la durée de la maladie qu'il a essuyée , et ils
demandent 48 heures au moins pour tous les
morts , ceux-là seuls exceptés chez qui les organes
de la vie auraient été visiblement détruits , comme
chez celui , par exemple , dont la tête aurait été
séparée du tronc , et dont le cœur aurait été atteint
d'un fer ou d'un plomb, homicide.
51 Ainsi , quarante-huit heures après les maladies
ordinaires qui auraient été de longue durée ,
Le tribunat discutera celte pétition en comité soixante heures après les maladies aiguës , et trois
secret. fois vingt-quatre heures après les maladies qui
Avant de procéder à la nomina'ion d'un mem- ] n'auraient pas duré plus de sept jours , tels sont
bre de la commission des inspecteurs, Ludot , j les lermes auxquels ils souhaitent voir rejeter l'in-
faii lecture d'un arrêté pris dans le dernier comité | liumation des corps. L'un d'eux voudrait même
tecret. Cet arrêté porte qu'à l'avenir la commis- 1 qu'après les maladies toporeuses ou convulsivcs ,
siou des inspecteurs ne sera plus renouvellée j l'intervalle lût plus long et ne cessât qu'à la puiré-
quc par 5' , chaque mois. j faction noloire du cadavre; et, afin qu'on ne
précipitée : il indique la nécessité d'une loi par-
ticulière à cet égarti , et Ijii en passant un tableaii
des nouveaux procédés inventés pour donner des
secours aux soldais blessés ; tableau qui trouve
parlaitcment sa place à la suite de ces consi-
dérations.
Cl Un médecin des armées, que les anciens
eussent divinisé, dit-il, nuis qui , cirez nous,
aura le seul culte qui puisse lui plaire, celui
de la reconnMssancc , a senti que les rnêmes
machines qui portaient la mort chez lennerai,
pouvaient porter aux camps des secours à nos
blessés. Ces voilures longues ei suspendues ,
que noire artillerie légère emploie si utilement
pour le iranipoit des artilleuis et de leurs ic.uni-
lions , ne sont plus destinées simplement à ren-
fermer la loudre qui doit détruire des hommes:
elles cachent dans leurs flancs les inslrumenS
et tout ce qui est nécessaire au traitement de nos
blessés et a la conservation de nos braves; suc
leurs dos elles poiient ceux qui en doivent faire
usage; elles bras dEsculape, ainsi muliipliés ,
semblent disputer à ceux de Mars leurs, victimes.
Qu il soit béni le nom de cet homme bienfe-
saiit ! Que son nom soit inscrit par la gratitude
sur une colonne de souvenir consacrée à 1 immor-
talité des hommes utiles ! Qu'on y associe le
nom du ministre cjui a goûté , qui a fait exécuter
ses projets ! Ils ont meriié cet honneur ; ils ont
diminué les barbaries de la guerre. ><
La mort étant constatée , l'identité de la per-
sonne morte I étant également par un officier
public , le citoyen Mulot propose d'adapter
à notre langue et à nos usriges la proclamation'
du convoi qui avait heu chez les lomains et
aux funérailles de nos rois. L'officier présidant à
I enlèvement du mort , pourrait en être chargé.
Elle pourrait être ainsi faite : ^
Tel fils d'un tel est mort : que ceux qui veulent
assister à ses obsèques , approcheiit et le suivent !
Il examine ici quels moyens doivent eue choi-
sis pour les sépultures. Entre le feu et la terre
(juelle idée pourra déterminer un choix ? Le
plus ancien des modes paraît être linhumation ,
et l'auteur s'y ariête.
)i Linhumation , il faut l'avouer, dit - il ,
ajoute encore à l'avantage de la prioriié , celui,
de paraître plus conforme au \'œu de la nature
que l'ustion des coips. Quoi de pilus fieuieux ,'
disait Cvrus à ses eulans , que d être rendu à
la terre qui engendre , qui nourrit ic/ut ce qu'il
y a de bon, tout ce quil va de bea'u. Donner
un corps à la terre , dis.iit Cicéron , c'est ren-
dre un enfant à sa mère qui le couvre et le
Il
tache dans son sein, La mort, dans tous les
tems , a éié coiisidérée comme un sommeil (jui
venait terminer les fatigues de la vie ; couchés
dans le tombeau , nos corps semblent y doiniir
sein de la paix. : toute autre sépultur
vaux, partant à une heure indiquée , pour une
tournée combinée , qui servirait aux enierremens
des corps de tel ou tel cjuartier.
j! Q_ii(;l que soit , au surplus , dit •• il , le mode
1 • I dont on voudra faire usage , le mort une lois
rappelle point ceiie idée consolanie ; et quoique arrivé au lieu de la sépullure , on placera le corps
nous ne puissions en séparer celle de la cleslruc- sur un niarbre ou sur une pierre élevée , formant
tion , elle nous la rend moins dure que l'ap-
pareil des bûchers ; elle a des dehors moins re-
poussans , moins rebutans que l'ustion des corps ;
elle nous attache au pays que nous rendons dé-
positaire des Liépouilics mortelles de nos pères ,
dont nous ne saurions alors qu'av.'c peine nous
séparer; et certes! ce nest pas une Insiilulion
méprisable ou indiff'érente, celle qui nous apprend
tout à-la-fois à révérer l'homme jusques dans ses
restes fragiles , et cjui présente . en outre , un
aiguillon puissant à l'amour de la pairie, n
Le cit. Mulot admet toutesfois la liberté de la
estrade ; et les parens et amis étant réunis en cer-
cle auiour de lui , un orateur pouria prononcer
son éloge . ou laire l'hisioriciue de sa vie , si elle
a éié embellie par des laleni ou des aciions d'é-
clai,ou si son cœur a servi de sanciuairé aux
vertus sociales et domesiiiiues : le dioit d'êiri
de nos négociateurs qu! vont établir une nou-
velle balance parmi les puissances de la terre , et
nous donner une paix durable. Cessons d'ad-
mirer un instant le héros qui préside aux deslins
de la république , pour verser quelques pleurs
sur la tombe d'un ami de 1 humanité. Guerriers,
vous avez moissonné bien des lauriers , mais il
en reste encore pour célébrer les vertus civiles.
Le citoyen Armand Joseph Béihune-Charost ,
né à Versailles le i" juillet 173S, (vieux siyle),
maire de cet arrondissement , vient de succomber
sous les coups d'une maladie cruelle ci désas-
ireusc , ( la pctitç-vérolc) au neuvième jour de sa
honoré de celle, manière appariient maintenant ' durée; il semble que ceiie terrible maladie ait
également à lous les hommes célèbres et veriueux, ! voulu se venger sur lui des ifForts ([u'il lésait pour
i;lle qu'aitété la classe dans laquelle le sou les a
il iiaîire et vivre. Cet éloge prononcé , on des-
indra le mort dans sa dernière demeure , et l'of-
ficier public des funérailles prononcera cette for-
biôlure des corps , et surtout celle des inhuma- mule: La mort t'a séparé de nous; bientôt nous te
lions particulières. Il les décrit avec éloquence , j rejoindrons , suivant que l'ordonnera la nature ;
et en revendique le droit pour les parens ou pour \ gue la paix environne tes cendres ! Aojeu ! Adiku I
les amis avec laccent de la sensibilité. En s'ap
puyani sur nos lois relaiives aux cultes , i! croit
que celle iiberié des inhumations particulières
peut s'étendie jusqu'à consacrer des lieux difiFé-
rens , suivant la disparité des croyances et des
cultes.
la bannir de la société , en engageant les citoyens
à s'en garantir par l'inoculation de la vaccine, dont
on lui entendait raconter avec plaisir les heureux
succès.
Ciioyens , ce serait à sa famille . à ceux qui l'ont
vu consiaramenl , plutôt qu'à nous , à vous laire
le récit de ses vertus privées. Chaque jour de sa
vie était remarquable par de nouveaux iraiis de
bienfesance ; il serait impossible de vous les faire
épéleiont les assistans . qui jetleront dans la
tombe les fleurs quils porteront.
Le citoyen Mulot pense que l'heure convenable ' connaître tous ; nous lavons plus connu comme
aux inhumations doit èire une de celles de la homme public que comme particulier ; sa vie nié-
nuit. 11 appelle toute l'aitenlion des magisirais ' "'«= cependant d êire examinée sous ces deux as-
sur le choix des lieux deslinés aux sépuïtures ,' V^cts : on peut le meure au nombre de ces hom-
surjeur isolement des grandes cités , sur l'ét'jndue '™£S rares , dont l'existence ,sanspiésenier de hauts
de leur enceinte, sur leur position aéiée,sur faits , est néanmoins Un bienfait pour 1 humanité î
leur proporiion avec le nombre des habiians des si l'on ne peut l'off.ir à la postérité comme un
communes prés desquelles ils sont ouverts; héros , on peut loHrir comme le modèle des hom-
enfin , sur les monumens que l'autoriié ptut , ™^sj'^s^'^* '^'' '-'''^"'^5^"^'
permettre d'élever, sur les ornemens qui con- | Pardonnez , citoyens , si je ne suis pas dans ce
Distribuons d'abord aux assistans , dit-il , des! ^"^"^'^"' ^ '^^' irisies g^iges de la tendresse ,! discours les règles de l'art ; ce ne sont pas les
fleurs , des branches d'arbres : les diverses saisons | '^^ l'amour ou de I amiiié : la nation seule doit | élans d'un orateur que vous entendez , mais l'efï'u-
iious en fourniront de tristes et d'allégoriques. 1 ^^ réserver de proclamer et de perpétuel le ' sion naturelle d'un cœur pénéiré d'une grande
T) I ..,■■, • 1 '•! souvenir des grandes actions; m .is un fils, con- Inerte. Le citoyen Béthune-Chaiost,, né dans un
Pendant celte disiribulion , le corps , s il a I ^^^^ ^^^^- ,,^ ^^^^^^ ^^^ j^ ^^^^e de l'auteur de | rang distingué, ne regarda jamais ses titres que
ses jours, ces mots : Il fut bon père. _ I comme l'obligation qui lui était imposée , de
Q^uant aux ornemens qui doivent orner le lieu donner au public l'exemple d'une conduite ver-
du repos, c'est le cœur de l'homme qu'il faut tueuse ; né dans l'opulence , il ne regarda jamais
consulter, dit l'auteur du discours : j ses richesses que comme le patrimoine de l'in-
u Les ornemens en doivem être graves et sim- , «^"''"^ ' '^'^ "^^^"'' ""^ '^'^ l'indigence,
pies ; ils peuvent nous offrir des signes qui nous 1 Habile dans l'art d'employer utilement une
rappellent le terme de la vie; mais que ce ne soit ' grande fortune , •' fut le protecteur des arts, de
de mon que nous'y voyons soutenues quelquefois point des o-semens. des lêies de morts et des , l'agriculture , le tuteur des orphelins , le conso-
pardc rebuiansosseraens, serve de voile aux corps squelettes qui nous le retracent! l lateur des affligés , le père des pauvres. Rien ne
d.-.ns les cérémonies funèbres. Le blanc pourrait, „ Un corps étendu sur un ht de pavots , et dor- ' P'°"^^ "''"". 'l'^^ '^ libéralité, com'bien sont
comme autrefois , annoricer que ceux qu'il disnn- mant profondément , serait une image simple du
gueraii étaient encore à la Heur de cet âge qui sommeil éternel,
lient à celui de l'innocence , ou qu'ils ne comp
Après avoir établi que le lieu de la sépulture ,
approuvé par le magistrat , devait être libre , soit
pour les individus , soit pour les sectaires de telle
ou telle religion , le cit. Mulot/décïil les honneurs
funèbres dont il pense que le convoi doive être
accompagné
été exposé la lêie nue , sera couvert avec le dessus
du ceicueil, que des clous n'aiiacheiont point,
mais que lixeronl des chevilles corrspondanies à
des trous préparés. Un drap funèbre sera jette
sur ce cercueil: ne ridiculisons point les couleurs
naiionalcs ; qu'un drap noir ou violet , semé de
quelques larmes , ou si l'on veut, brodé de cyprès ,
jn;iis jamais ne représentant de ces hideuses têtes
Uieni point parmi les pères ou mcres de famille
lî Ces préparatifs terminés , la marche s'ouvri-
rait par un crieur , vêtu décemment en noir, lai
tète couverte d'un chapeau à larges bords rabattus !
et entouré d'un crêpe, dont les extrémités retom- j
beraient librement ; il agiterait une sonnette , J
non pour éloigner les spectres, comme on le'
croyait autrefois ; et d'espace en espace pro- j
noncerait , à hauic voix, ces vaon : Respect aux]
morts. I
)i Une jeune femme versant de l'eau d'un vase,
annoncerait que, les années s écoulent irrévoca-
blement.
" Un enfant éteignant une torche qu'il renver-
serait , semblerait nous dire : c'est ainsi que
s'éteint le flambeau de la Vie. "Voilà de ces
symboles que nous pouvons emprunter des
anciens.
)î Des VJiites surbaissées pourraient former
l'entrée du monument. Les portes n'en devraient
jamais être pleines , et encore moins couvertes de
faux les principes des niveleurs qui en voulant ,
même avec de bonnes intentions , rendre les
hommes plus heureux , les auraient couduiis tous
à l'inaction et à' la pauvreté, si on les eiit laissé
faire : on ne peut plus en douter ; il faut de*
hommes fortunés dans un grand état , pour faire
fleurir les talens , pour faire éclore le génie des
hommes extraordinaires.
Citoyens membres de la société des arts, voua
avez éié témoins de la sollicitude du cit. Béthune-
Charost , pour l'encouragement des artistes , de
son zèle à seconder vos vues pour la conser-
vation des arts ; dans le lerns où la jalouse igno-
r:ii?,!;e et la barbarie déchaînées , détruisaient par-
.... U". -ir. ! jaiuai» eue rnciucs , t:i ciiLui c iiiuiris couvertes ae 1 '-*"-'- *-*■ '".''.■'-'"• *^ "^^"". '.•-»-' , ^'.-v. V..J-....... ^«.
)> Apres lui marcneraient , si la fortune du ■ „.. i - , , ■ i . .r,,,. ' - r-U^U ,\ rcn-,,-f. Ar- in„t n,= nro L-c mr.nn-
, .r "^1 ■ _, • • • . ' celte couleur noire qui semblait annoncer nlutoi tout ic^ cnets-u œuv'ie ae tout genre , les monu-
derunt le permettait, des musiciens qui execu- r r . ■ j c ii j ■■ i . ■ . rv,or,c r,iihi:,-c lilcmripn» v.ii,BtB rUc T.rr,,iri» ^t ri»»
*^ , I . J . ^1 , ; 1 entrée des enfers que celle du seiour de la i;aix mens puûiu.s , nisioiiens muets ces progrès et ae
teraient , sur leurs instrumens , des airs lugubres , , j' ii -i r\ \ n !•> <-hr,iP Af.<: r,f.i,rd<.= m.; ai-,r,-.rt;f.nMPr,t à Vt
,. . . 1.1 I J- , ^' "'-'" tranquille somrueil. Que des grilles '-^ cnuie aes peuples, qui appartiennent a la
ige taïae et mensong
mais qui nous retraçissent la brièveté de la vie ,
la p ,ix des tombeaux , et pussent remplir nos
ames de leçons utiles et d'idées consolantes ; nous
avons notre chant du départ , notre chant des
combats, pourquoi n'aurions-nous pas notre chant
des funérailles ?
)' Viendra ensuite , à pas graves , l'officier funé-
raire : son vêtement et lout son costume doit être ,
à mes yeux , symbolique et parlant ; et j'adopte-
rais volontiers celui que donnait à son officier
infiumateur , le député de Paris, qui a pubhé des
vues sur tes sépultures. Le chapeau ombragé de
plumes noires ; la médaille suspendue visiljlement
au cou , entourée d un serpent mordant sa queue,
symbole de l'immorialilé ; le bâton de deux me- , „,,„ „„ . , •
,' , , .,'... i mais on sent aussi qu il est encore mieux inspire
ires de bauieur , avec linscnption vraie: JSos „_..„„„ o„„,-i,i\' i j a uT
r I '^.,, ,,. I par une sensibilne prolonde , une douce philan-
jours sont me.îurci ; enfin , le papillon , emblème i „ ■ ■ . .'^ . . ,■ ■ -^ ,
•', ,, 1 . "^ '^ ■ ,, , tropie, et une vénération religieuse pour des
de 1 ame qui survit; le vêtement noir , et I ample „i,„,„ „„• j . i . u .
? ~ I . . • I objets qui , dans tous les tems , et chez tous
manteau de même couleur , lout annoncerait les i„, „„.,„i r ■ ■ . i" .■ I i
r . rc • ■ - r • les peuples polices , inspirèrent I émotion et le re-
ionctions que cet ofhcier aurait a remplir et ins- ,, 5h . j . i nt
,^ , . . - «^ , cueiilement , en commandant le respect. Nous
pirerait plus de respect que cette mince uoupe ' "^
iioire et cette capote bleue que les anciens ad-
mintstraleurs du département de la Seine ont
données à celui qu'ils ont désigné sous le nom
d Inspecteur des convois.
" Derrière cet officier funéraire , se placeront,
sur deux rangs , les députés des corps, les mem-
bre» des sociétés savantes ou littéraires . auxquels
le mort aura appartenu, les amis invités , tous
vêtus de noir , ou portant un crêpe au bras.
" Entre ces deux haies , se placera le mort , et
les plus proches parens le suivront.
Quant au mode de transport , aptes avoir com
ne parlerons pas de son style , nos citations
l'ont fait connaître , et l'insiitut national l'a
jugé.
Discours prononcé à la mairie du dixième arron-
dissement du canton de Paris , le 7 brumaire an g,
aux obsèques du cit. Bétkune-Charost , en présence
du cit. Nic.-Thérese-Ben. Frochot , préfet du dé-
partement de la Sème , par le cit. l'iauit , adjoint
dttdit arrondissement.
ClTOVENS,
... Suspendons un moment notre allenlion sur
parecl raproché les modes suivis par les anciens , les grands (ails qui occupent lEurope, sur les
il adinei.l emploi de chars , lires par qylltie cbc- aciions glorieujcs de nos hétos , sur lUabilcié
Q." — o ■- ... - . - . - --
postérité , il travaillait de concert avec vous pout
arrêter leurs fureurs.
Citoyens membres de la société d'agriculture ,
vous savez combien l'étude de la nature lui était
chère; combien il attachait de piix à tous les
lait un si grand pas . le goût pur de l'antiquité a objets d'économie rurale. Son œil attenlif ne
tellement redressé le nôtre, que nous devons j négligeait rien de ce qui pouvait augmenter l'ai-
attendre de nos architectes les compositions les sancè^ de l'homme des champs,
plus intéressantes en ce genre. .. Toutes les découvertes qui pouvaient tendre à
L'auteur de cet intéressant travail leimine en j une amélioration , donnaient lieu à des tenla-
parlan» de la nécessiié d'une loi sévère contre j laiives de sa part ; il s occupait dans ses terres ,
les violateurs des tombeaux. Nous devons croire i lorsque des raomens de loisir lui perm.eitaienC
qu'une loi pareille devient chaque jour moins | de s'y fixer quelque tems , à mettre à l'éjireuve
nécessaire, et que peut-être même elle tendrait j les découvertes des savans. 11 ne négligeait au-
à punir un crime que nous ne devons plus j cun genre de culture , et aucun ne lui était
prévoir. Dans ses vues , dans les plans qu'il trace , j étranger. L'amélioration des laines éiait une des
dans les moyens qu'il indirjue , il est aisé de ! principales richesses du dépanenient du Cher ,
reconnaître que le citoyen Mulot s'appuie sou- 1 dans lequel il avait de grandes propriétés ; i!
vent sur l'exemple des anciens , sur l'autorité j suivit avec le plus grand soin le parti qu'oa
de ceux qui avant lui , ont traité le mêtpe sujet; pouvait lirer de l'importation des troupeaus
étrangers , • et principalem-nt des inouions es-
pagnols ; il étudia la manière de les nourrir,
de les conserver, de soigner leur laine. Nous
le vîmes , il y a peu de tems , aussi triom-
phant qu'un guerrier au retour de la victoire ,
revenir de votre société , dairs laquelle on lui
avait montré du drap fabriqué avpc des laines
de moulons esp.ignols , élevés en France , aussi
beau, et peut-être , disait-il , supérieurs celui
qu'on fait ordinairement avec les laines que
I on tire d'Espagne.
Les forges , autre richesse du même dépar-
tement , furent également l'objet de son aiten-
teniion. Il consulta souvent les savans en miné-
ralogie et en chimie , pour parvenir à la meil-
leure fabrication du fer. Il obtint , par se»
recherches , les meilleures qualités qili se tirent
de ce département.
Appelé il y a peu de tems à l'asssemblée dtal
dcparieiTieni du Cher , il crut (jnc , )).ir s8*
ioins , par ses consisils , et fiw la considératio'»»
dont il jouissait , il pourrait faire réparer les
louies, eiureprendre de nouveaux canaux de
navigation , pour augmenter le commerce du
déjiaitemenl; il y tiavaltla de toutes ses forces.
Scij espoir ne se bornait pas même à la cons-
truclioii des canaux ijui l'avoisinaient: il espérait
en'^agcr le gnuveinement à mettre àexécution des
plains plus vasics en ce genre, et d'une utilité géné-
rale pour la république ; plans qu'il avait conçus
lui-même.
Célèbre instituteur , qui faites entendre^ les
sourds, qui faites parler les muets; qui, d êtres
sortis imparfaits de la nature , faites des êtres
sensibles, reconnaissans, des citoyens utiles à la
patrie , combien votre art était précieux pour lui ,
avec quelle sensibilité il allait entendre vos leçons!
nommé depuis peu administrateur des sourds et
muets pat un ministre habile 'et clairvoyaiit, qui
sait donner l'essor à tous les talens , mettre à profit
toutes les facultés , en les plaçant oii elles petrvent
retrouverons
mémoire. Con-
venez avec nous , citoyens , que la mort n'a rien
d'affreux pour l'homme qui sait d avance qu il ne
cessera jamais de vivre dans les cœurs de ceux
qui lui survivront.
Mânes du citoyen Belhune-Charost , appaisez-vous ,
sa mémoire ne périra jamais.
veaux droits; le gouvernement, obligé de s'étayer ,| en suivant ses trace! , nous nous i
vis-à-vîs du peuple, d'une autorité supérieure, potir [ placés à ses côtés au temple de mé
accroître les revenus de l'état et combler le dé-
ficit , convoqua l'assemblée des notables , qui
n'osa lien prendre sur elle , ni rien déterminer ;
qui convint même de l'insuffisance de ses pou-
voirs , pour entrer dans les vues des ministres.
Par suite de cette déclaration qui laissait les
finances dans le même état de délabrement qui
ne fesait qu'accroître , le gouvernement con-
voqua les états-généraux. Le citoyen Bethune-
Charost reparut dans cette assemblée comme
député de la noblesse ; dans les débals qui
eurent lieu parmi les trois ordres , la justice
seule le guida ; il fut constamment du nombre
de ceux , d'entre les nobles , qui voulurent
ftanchement faire au peuple le sacrifice de leurs
privilèges pécuniaires; il aurait fait auSM volon-
tiers celui de ses privilèges honorifiques , per-
suadé que les seuls nobles sont ceux qui son
pouvons priser
vous, nous pouvons, sans craindre de nous
tromper , priser ce qu'il devait faite.
Pour vous , infortunés ! vous perdez un père
toujours prêt à soulager votre misère. En célé-
brant sa mémoire, nous fesons malheureusement
couler vos larmes , mais nous cédons , malgré
nous , au sentiment qui nous entraîne. Craignant
déjà les rigueurs de l'hyver , il s'occupait de
vous en piéserver; il sollicitait les cœurs bien-
fe.sans à s'unir à lui pour vous secourir ; il allait
profiter des heureux effets de l'établissement des
soupes économiques, pour obtenir du comité
de cette institution bienfesante dont il était mem-
bre, un fourneati pour cet arrondissement. L'esprit
de cette utile société vit toujours ; et ses co-asso-
Belhune-Charost du rang qu'il avait acquis dans
l'estime publique.
COURS DE COSMOGRAPHIE.
Dans un moment oià l'instruction publique
semble fixer d'une manière plus particulière l'at-
tention du gouvernement ; lorsque des hommes
éclairés différent encore d'opinions sur le choix
des chaires qu'il convient d'admettre ou de sup-
primer dans les écoles centrales , le cit. Mentelle
a cru pouvoir concourir à la solution de cet in-
téressant problême , en fesant publi.-juement deux
cours , l'un de Cosmographie , en six leçons; l'autre
de Géographie , en vingt-quatre.
Il espère y démontier que la Géographie est
une étude fondamentale quand elle est bien en-
seignée ; et que , liée par son objet et ses détails
avvc l'Histoire , la Guérie , la Marme , le Com-
merce .IHistoire naturelle , les Arts , et même
les relations de la société , elle entre indispen-
sablement dans le plan d'instruction que doit
Les désordres de la révolution arrivèrent; je adopter le gouverneme
ne vous les retracerai pomt ; je voudrais les Le cours de Cosmographie sera du prix de 9 fr.'
plonger à jamais dans l'oubli , et qu'un voile | p^yj^j^i^j ^^ j(j„5|.,.j^j,„, Lg £0^.5 jg Q^Qg|.3p(jjg^
impénétrable pût les dérober à la comiaissatice j ^^ vingi-quatre leçons, de 18 fr. payés moitié en
de nos neveux ; qu'ils puissent au moins , en I souscrivant , et moitié après les douze premières
excitant leur indignation, les en préserver ; 'e i leçons.
On souscrit chez le cit. Mentelle . rue des Orties ,
galeries du Palais national , n° 19.
citoyen Bethune-Charost fut traîné dans les pri-
sons ; il était criminel: sa conduite était un re-
proche continuel pour tous ceux qui ne voulaient
point l'imiter : le vice pouvait-il pardonner à la
venu ? C'est en le suivant dans ceiie .ilfieuse
demeure , qu'on se convaincra aisément de
AVIS.
Collection de l'Almanach royal et national ,
depuis 1702 jusqu'en l'an 9 de la république , à
l'avantase dune vie juste, vertueuse et sans | vendre chez Testu , imprimeur, rue Haute-
cTés"ut '^::::^Z 7:^;::Ù:;o^':Z;^ -mordr. TranquiUe à milieu des victimes de | fg,,„e , „o ,4. '
j ^ T . '^ la fureur révolutionnaire , il eiatt le consolateur Celte collection est d autant plus préciet4se ,
secon er s . 1 de tous ceuxqui avaientlc même son. Rien n'altéra ! qu'il n'en existe que très-peu de completies , et
Tels étaient en abrège les erremens de la vie résignation; et lorsque le destin ouvrit les que cet ouvrage, par son caractère ofîîci
-même eie temom du plaisir qu avaient que - .^^^-^^^^ i^, gijjr „^ ^ j^jj, étendu sur la France ;
s-uns d'entr'eux, a faire remarquer quils , |^ citoyen BéthnneCharost ne pouvant ré-
sisler a son penchailt naturel , levint a rans ,
privée de ce citoyen philanirope. Pleurez , âmes
sensibles! pleurez, cœurs bienfesans ! c'est à vous
qu'il appartient, par iculicrement de l'appiécier.
C'est à vous, citoyens, que ses vertus ont atti-
rés à ses funérailles , à sentir combien est grande
la perte que la société vient de faire.
Gomme homme public , le cit. Bethune-Cha-
rost , destiné par état à la carrière inilitaire , pa-
raît s'y être fait autrefois une réputation , et avoir
acquis la considération du soldat français J'ai
moi ' -—^----.-1-:.:. ...•,..,:.^. ^.,.1.
ques . _
avaient servi sous lui. Il s'était élevé au grade
de maréchal-de-carap , et les occasions ont peut-
être seules manqué à ses talens pour les faire
éclore. Soit , au surplus , que son goût le portât
plutôt aux vertus civiles qu'aux venus militaires ;
soit qu'une longue paix ait étouffé ses dispositions
à cet égard, il paraît s'être attaché à piendre pour
modèle , au lieu du grand Tutenne , le vertueux
Sully , le chef de sa famille , et à préférer les
affaires d'administration aux opérations militaires.
Le citoyen Béthune-Charost , nommé président
de l'administration provinciale de la ci-devant
province du Berry , seconda alors les vues du
gouvernement ; il fit entrevoir les heureux effets
de la division des pouvoirs. Cette administration,
chargée de la répartidon des impositions, sans
l'être de la levée , soulagea beaucoup les contri-
bu.' blés, en augmentant les revenus du trésor
public ; elle s'occupa , avec lui , des moyens
d'aggrandir le commerce stagnant de la province,
de "procurer des débouchés à ses productions ;
d ériger des manufactures ; elle parvint à donner
du ressort et de l'activité aux habitans , et devint
d'une utihté reconnue :si le gouvernement, agis-
sant malheureusement au jour le jour , sans plan
et sans mesure , eût donné de la consistance à
cette assemblée , qu'il en eût créé de semblables
dans les diverses provinces de la France , et les
eût composées d'hommes animés d'aussi bonnes
intentions que le citoyen Béthune-ChatOst, on ne
peut douter qu'elles eussent produit les meilleurs
effets, qu'elles eussent amélioré le gouvernement,
en traçant une ligne de démarcation entre les I
différens pouvoirs exécutif , judiciaire , et admi-
nistratif.
Le désordre dans les finances s'étant accru avant
d'avoir réalisé aucun plan , il fallut avoir recours
è des impôts extraordinaires. Les parlemens, soit
par des vues d'ambition , soit réellement pour
arrêter la dilapidation des finances , parvenue au
comble, s'opposèrent à la création de tous nou-
portes de son cachot , il sortit en pardonnant à offre une réunion de renseignemens , depuis
ceux qui l'y avaient plongé ; sans la peite de son près d'un siècle , sur les personnes eft place ,
fils unique , qu'il n'a cessé de pleuier depuis , | et la filiation des études de notaires, procureurs ,
jamais ses malheurs personnels n'auraient pu jeic, ce qui le rend infiniment utile pour la
troubler son repos. recherche d'actes et de dépôts. Cette colleciioa
Le citoyen Béibune-Charost , pendant la lutte ttouverait naturellement sa place dans un dépôt
de la république contre l anarchie, se relira dans ' littéraire , dans un cabinet de lecture et dans la
son département poiir y consommer le chagrin
qui le minait. Utile par-iout à ses concitoyens , à
ses voisins , il y eût peui-êue fixé sa retraite , si un
bibliothèque d'un homme de loL
j C O U K S DU G H A NG E.
1 Bourse du li brumaire,
I i 3o jours. I i s
dans l'espérance dy répandre de nouveaux ,
bienfaits au sein de ses anciens amis et de sa ! Amsterdambanco.
famtl- ' C°"'^"'
Li jourcée du 18 h^rumaire ranima son amour
pour sa patrie; il conçnt , avec tous ses conci-
toyens, l'espoir du bonheur public.
La constitution de l'an 8 ayant nécessité de
grands changemens dans les places , il fut nommé,
avec l'assentiment public , maire de cet arrondis-
sement, yar le pretnier consul. Sans dauie , il
pouvait occuper une place plus éminente ; mais
toujours ami du peuple , celle qui convenait le
mieux à son caractère , était celle qui l'en rap-
prochait davantage ; modeste et philosophe , elle
suffisait à son ambition; tout son désir était de se
faire aimer: il l'était , il était satisfait.
Pourquoi donc , citoyens , l'impitoyable mort
est-elle venue l'en'ever au milieu de nous? La
cruelle se joue des mortels ; elle se plaît à leur
faire verser des larniBS ! A peine étions-nous ras-
surés sur ses menaces contre le héros qui l'a tant
de fois bravée , qu'elle nous arrache celui que
nous croyons le plus éloigné de ses regards.
Mais , citoyens , et vous parens désolés , cessez
de pleurer; cessons de nous affliger sur le sort du
citoyen Béthune-Charost que nous venons de
perdre ; il a vécu en homme de bien. La mort
de l'homme juste est une mort glorieuse ; les
mânes des amis de l'humanité ne doivent jamais
cesser de présider aux bonnes actions des mortels.
Les méchans , les pervers, les scélérats re-
doutent la célébrité de la mémoire ignomi-
nieuse qui leur "survit; le néant est le meilleur
sort qu'ils puissent attendre , celui de la nécessité
duquel ils voudraient convaincre tout le monde.
Mais des hommes tels que le citoyen Béthune-
Charost , qui orSt acquis, pendant leur vie,
des droits à ta reconnaissance publique , passent
à l'immortalité. N'en doutons pas ; en l'imitant ,
Hambourg. . . .
Madrid ;
Effectif...
Cadix
Effectif..
Gênes effectif.
Livourne
Bâle.
561
190
4.fr. 90 c.
14 fr.70 c.
4 fr. 90 c.
14 fr. 40 c.
4 fr. 70 c.
5 fr. 12 c
57 i
i88i.
Effets publics.
Rente provisoire «4 fr. sS c.
Tiers consolidé 34 fr. 40 c.
Bons deux tiers i fr. 68 c.
Bons d'arréragé 85 fr.
Bons pour l'an 8 , . 92 fr. 75 c.
Syndicat
Act.de 5o fr.de la caisse dés rentiers. 28 fr.
VEILLEES AMUSANTES DE LA CITÉ.
Fête et bal, le 18 brumaire an 9, depuis 7 heures
jusquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfan»
doiineront une représentation de VOrpheline de
village , suivie de la première de XHéritagt ,
comédie - vaudeville.
Le billet d'entrée est de deux francs , et d'u»
franc pour les enfans au-dessus de huit ans.
L'administration reçoit des abonnemens poui
les bals de chaque mois.
I, .1 .■"■a«srasr
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts.
Hécube et le Ballet de Pigmalian.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deThionville.
Auj Cassandre comédien , vaudeville; le petit
Figaro et la jeune Indienne.
L'abonacmcnt >e fait iPaiis, rue du Poitevins, 0° 18. Lïprixestde.sS francs pour trois mois, 5o FiaBCi pour liz mois, et loa francs pour l'annëe entière. On m
s^abonae qu'ku commeucemeac d4«ti«IY]e mois.
Ufaui adressr^. tes lettres et l'argent , franc déport ,aucit. AcAssE, propriétaire de ce journal , rue des Foitevios, n* 18. Ilfautcompreadre dans les enrois le pott de
pays où l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemcas nou affranchies , ne seroutpoint retirées de la-poste.
Il faut avoir soin, poui plus de lâreté , de charger celles qui cenfermeaides valeurs , etadrcsser tout ce qui cooceroe la rédaction de la feuille, an rédacteur, me de
Foitevini, n" i3, depuis acuf heures dumatinjusqu'à cinq, neures du soir.
A Paùs, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , tue des Poitevins , t^" iS.
NATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL.
N" 48.
Octidi , 1 % brumaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés i prévenir nos souscripteurs qui dater du 7 Nivôse le M O NIT E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées . les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que Its faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministétielles.
Un article sera particulièrement consacré aqx sciences , aux arts et aux découvertes houvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 1 " novembre ( 1 o brumaire. )
JLjES lords commissaires de la trésorerie ont
donné ordre , dans chaque district do royaume ,
de constater le montant des bleds en magasin ,
et de leur en transmettre le relevé pour le 5 no-
vembre , s'il est possible.
Hier , MM. Fisher et Wagstaffe , deux mes-
sagers du roi et un de l'empereur, sont arrivés
en cette ville avec des dépêches de Vienne.
Les ministres se sont réunis le même jour en
conseil chez lord Liverpool , pour affaire relative
au commerce des grains. '
Lord Malraesbury et sir Alan Gardner ont été
créés, le premier, comte de la Grande-Bretagne,
et le second , pair d'Irlande.
On mande de Dublin le fait suivant :
Lundi dernier , un bâtiment de Liverpool , en
te rendant ict , a recuei'li , à quatre lieues de la
côte septentrionale du pays de Galle» , un bateau
en dérive. Quel fut l'éionnemenl de l'équipage-
d'y trouver un beau petit garçon de onze à
douze ans, à demi-mort de froid, de faim et
de peur !
Transporté à bord du navire , la joie d'avoir
échappé aux dangers qu'il venait de courir , la
réflexion d'êlre séparé , peut-être pour toujours
de son pays, la surprise de se trouver au milieu
d étrangers dont il n'entendait pas la langue , ces
divers sentimens réunis paraissaient avoir anéanti
les facultés de ce pauvre enfant, car il fut quelque
tems sans pouvoir parler , ni même manger. A
la fin . encouragé par les caresses et les instances
du capitaine , auquel un homme de l'équipage
parlant le gallois ,, servait de truchement, il se
détermina à'prendre quelque nourriture , et on
en obtint les détails suivans , relatifE à son aven-
ture.
Son père établi dans le comté de C^rnavon ,
l'avait eu avant d'être marié avec sa mère. Sen-
sible à la honte qui ^rait résultée pour Itii et sa
femme , si la naissance de ce fils avait été connue
avant leur mariage, il prit le parti de l'éloigner
de chez lui , etLeviris ( c'est le nom de l'enfant] fut
envoyé en nourrice aux environs de Dunvillyn.
'Une querelle étant survenue entre le père et la
nourrice , querelle qui fut occasionnée , dit l'en-
fant , parle refus que fit son père de payer ce que
lui demandait la nourrice , celle-ci se décida à le
leur renvoyer.
Lewis n'éprouvant point dans la maison pa-
ternelle ces soins affectueux auxquels il avait été
habitué si long-tems chez sa nourrice , s'enfuit de
chez son père , et prenant la première route qui
s'ofl^rit a lui , il parcourut trente milles avant
d'arriver à Bangor-Ferry , où il se présenta de
maison en maison pour avoir du pain et un gîte.
Rebuté de toutes pans, il entra dans uo bateau
qui était à sec sur le rivage , pour y prendre du
repos. Il ne tarda pas à s'endormir de fatigue;
mais au bout de quelques-heures il fut réveillé
fiar le mouvement du bateau , occasionné par
a marée montante , et bientôt après il se trouva
en pleine mer.
La faim et la fatigue cédèrent dés-Iors chez lui
à un besoin plus pressant, celui de Ss délivrer
de sa périlleuse situation. Il lutta pendant quelque
lems contre elle avec espoir ; mais après 3o heures
d'efforts continuels et vains , les forces et le cou-
rage l'abandonnèrent totalement. U était presque
dans un état d'anéantissement , lorsqu'il fut ren-
contré par le navire de Liverpool.
Le capitaine de ce bâtiment , par un sentiment
d humanité qui l'honore , a adopté cet enfant , et
a joint son nom au sien.
( Extrait du Times et du Saint-James-ChronitU. )
INTÉRIEUR.
Paris , /« 1 7 brumaire.
Une feuille allemande dit que la ville de Paris
rentre dans ses droiis de dicter des modes à
toute I Europe. A la dernière foire de Leipsick,
les marclianils de France eurent la préférence sur
ceux d Angleterre. Il y eu ayuii un grand nom-
dre , et tous se distinguaient par l'élégance de
leur tnarchandises ; ce qui engageait aussi à leur
donner la préférence sur les marchands anglais,
cest que ces derniers comptaient par iivrcb sler-
l'n'g , et ceux-là par livres tournois. Cepen.dant
les marchands anglais n'ont pas laissé de faire
de bonnes affaires ; et il n'y a pas eu jusiju aux
fabricans de la Saxe qui n'aient tait une bonne
foire. La foule des acheteur^ était très-grande.
On comptait jusqu'à 6 rtiille . juife , >a plupart
russes ou polonais.
— La sctciété d'agriculture de Strasbourg s'oc-
cuppe du' soin de faire prospérer dans cette
commune réiibrissement des soupes à la Rumfort.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le corsaire le Poiss07i volant a pris et conduit au
Texel les navires anglais le Thomas et Maii et la
Suzanna.
(Le corsaire le Cigne , de Boulogne , cap. Pottel ,
a amené dans ce port deux, bricks de la même
nation, chargés de bois de construction , qu'il a
capturés à la côte d'Angleterre.
Le même corsaire a forcé un sloop, pareillement
anglais , à faire côte.
T R I B U N A T.
Présidence de Crassous.
FIN DE LA SÉANCE DU l6 BRI' M A IRE.
A trois heures la séance est rendue publique.
Desmeuniers lit la rédaction des ariicles adoptés
en séance secrète, et apportant quelques chan-
gemens au règlement.
Ces articles portent eu substance :
'"■ Q,"^ '^ commission des inspecteurs s'ap-
pellera désormais commis'it^t administrative du
tribunal.
2°. Que le dépouillement du scrutin poiir là
formation du bureau, sera fait désormais hors du
sein de l'assemblée.
Une autre disposition ratifie l'article du réwle-
raent relatif au mode de dénonciation contre les
ministres.
L'article XLIII du règlement est ainsi conçu :
u Art. XLIII. Si le tribunat adopte l'avis de la
commission concernant l'adoption ou le rejet d'un
projet de loi . le rapporteur est un des orateurs
du tribunal auprès du corps -législatif : les deux
autres sont choisis au scrutin, jj
te rapporteur propose d'ajouter à cet article la
disposition suivante :
i< Les orateurs ne pourront être pris parmi ceux
qui auront émis une opinion contraire au vœu de
la majorité. >»
La discussion s'engage sur cette addiiion.
Duchesne , Chabaut , Huguel , Benjamin Constant,
Gaudin , demandent la question préalable.
Ils établissent qu'elle tend à gêner la liberté du
tribunat, à restreindre ses moyens, à limiter sa
confiance , à séparer le tribunat en deux partis.
Qu'elle aurait pour résultat de placer un tribun
entre son amour propre qui peu', lui faite désirer
d'aller comme orateur, défendre une loi, et sa
conscience qui lui prescrit de la rejeiter.
Ils allèguent que la constitution prescrivant aux
orateurs d'aller émettre et défendre le vœu du
tribunal, il est inutile de chercher à fortifier un
article constitutionnel par un arrêté réglementaire.
Boutevilte , Chauvelin , Desmeuniers répondent
que l'exemple du passé doit être une leçon pour
1 avenir ; qu'il est inconstitutionnel de voir un
membre attaquer à la tribune législative un projet
qu'il a été chargé d'y défendre par |e vœu de la
majorité ; et qu'on ne doit pas placer un orateur
entre son opinion particulière et son mandat ; que
régler l'exercice ue sa force , n'est pas la di-
minuer.
Girardin , pour mettre un terme à la discus-
sion , propose que les orateurs soient nommés à
la pluralité absolue.
Quelques membres font observer que celte no-
minatioa ferait perdre souvent un tems utile.
vffiT*"''""?' va aux voix, et adopte l'article
XLIII avec l'addition proposée.
Ghabot, de l'Allier , fait adopter , au nom de la
commission adminisiraiive , un arrêté ponant
qu'elle est chargée de se concerter avec le gou-
vernement pour la prompte évacuation des loge-
mens destinés aux employés du tribunal, et
que qu.int aux boutiques et dépendances dont
elle peut pour I instant se passer, elle invitera
le gouvernement à donner un nouveau délai
aux locataires, qui seront strictement tenus d'éva-
cuer au tems prescrit.
La séance est levée.
Académie de marine.
On lira peut-être avec intérêt quelques détails
sur cet ancien établissement dont la marine fran-
çaise a retiré de nombreux avantages, soit pour
perfectionner les connaissancs nautiques , offrir
un point central de lumières aux officiers de la
marine, ou recueillir et classer les cartes et ins-
truniens dont on fiii usage à la mer ; pfut-êire
aussi troùverrr-i-on quelque chose d'utile à réta-
blir aujourd'hui , de touies les attributions qui
composaient l'académie de marine.
C'était à Brest qu'était, son siège principal ; et
certes il ne pouvait être mieux placé : car outre
que le port et la rade sont parfaitement bien
disposés pour le service des flottes de l'Océan , il
est très-vrai de dire que peu d'hommes ont jdus
d'aptitude et de lalens que les b etons pour le
service de mer , si même il s'en trouve qui en
aient autant.
L'origine de cet établissement est due à ua
esprit de véritable patiiotisnie. Lorsque le pros-
pectus de la première Encyclopédie aniva à Brest ,
qiielques jeunes officiers conçurent le projet d'ua
Dictionnaire de marine , tel que celui dont ils
recevaient le plan.
Pour l'exécuter plus parfaitement , ils se par-
tagèrent enlr'eux les difféientes branches dont
l'art de la marine est composé.
L'un eut pour son lot la constTuction , un autre
le grément^ et la garniture des vaisseauv , un
autre la mâture , un autre lariillerie , un autre
la manœuvre, un autre le pilotage et l'astronomie
nautique; ensuite ils dressèrent un vocabulaire-
de marine le plus complet qu'ils purent, pour
se distribuer les mots selon l'ordre des matières.
Leur travail commençait à prendre une cer-
taine forme , quand le célèbre Duhamel vint à
Brest. On lui fit part du projet, qu il foua et ap-,
prouva ; mais il crut que pour le faire plus sure-
rnent réussir et en augmenter l'utilité, il fallait
établir la petite société en académie de marine -
on prit pour modèle Its réglemens de l'académie
des sciences de Paris ; et le mirtistre qui crut
voir dans cette institution un moyen d'encoura-
gement , de lumières et de correspondance utile
pour le service de la marine , s'empressa de l'ap-
prouver, et d'y faire entrer des hommes qui,
par leur grade et par leur importance person-
nelle , ne pouvaient que donner de la solidité à
lajeune académie.
La guerre de sept ans qui survint qiaelque temg
après, suspendit les travaux des nouveaux acadé-
miciens ; mais en 1769, le gouvernement leur
donna des encourage-mens , et fit les fonds né-
cessaires pour les dépenses que leurs travaux
pouvaient occasionner. Depuis ce moment, jus-
qu'à l'époque de la destruction des établissemens
savans en France , l'académie de marine a sub-
sisté avec utilité, et à l'avantage des connais-
sances nombreuses et très-compliquées qui com-
posent la science de la mer.
Elle n'a point fait de dictionnaire universeî
de marine , mais elle a publié plusieurs mém-oires
imporians sur quelques-unes des branches qui ea
font partie; elle a offert aux jeunes élevés de la
rnarine à Brest , de nombreux moyens d'instruc-
tion ; elle a régularisé les études , et formé no«
jeunes officiers au goût des connaissances solides.
J'ai vu, pendant la dernière guerre même, les
officiers du premier rang , ceux qui , par leur
courage et leurs grands talens, lésaient iiiompher
notre pavillon , honorer de leurs suffijges les
travaux de l'académie , s'intéresser à sa corres-
pondance , et assister dans les courts intervalles
de relâche aux séances de ce corp.s esti.-nable.
Si l'on jugeait à propos de rétablir l'académie
de marine , peut-être ferait- on bien de l'engager
iS6
à proposer des prix sur divers sujets de navigation
ei de ihéorie que par sa correspondance elle
saurait êire moins connus on moins bien entendus
que d'auues par les navigateurs et les marins.
Un aulre objet dont il paraîirait bon qu'elle
fùi chargée, et dont efFectiveraenl elle paraissait
devoir s'occuper à 1 époque de la révolution ,
serait la confection ou révision des cartes hy-
drographiques et de marine. Qui mieux qu'une
réunion d officiers , de navigateurs et de marins
de profession pourrait s'occuper d'un pareil
travail?
filous devons à plusieurs officiers de la ma-
rine française d'excellentes cartes marines. Sous
le ministère du cotnte de Maurepas , on établit
à Paris un bureau pour servir de dépôt aux
cartes, aux plans , aux journaux que les naviga-
teurs seraieni tenus d'y envoyer : la garde en
fut coniiée à un officier de marine et à un hy-
drographe instruit; Belin , nommé à cette place,
a fait un grand nombre de cartes marines ; toutes
imparfaites qu'elles sont , elles servent encore
de guide aux navigateurs ; et j'ai vu dans la
dernière guerre des officiers anglais les citer
comme des ouvrages d'un grand prix.
Le dépôt des cartes depuis l'époque de sa
création a reçu un grand nombre de matériaux ;
"il doit être un des plus riches de l'Europe , sans
en excepter peut-être celui de la Grande-
Bretagne.
Si l'on réiablissait l'académie de marine , peut-
être conviendrait-il de mettre à sa disposition le
dépôt des cartes, qui resterait toujours dans les
attributions du ministre de la marine , puisque
l'académie elle-même en ferait partie.
Un grand service que pourrait rendre ce corps
à' la navigation française serait , après avoir rec-
tifié les cartes qui en auraient besoin , de les faire
graver de manière à ce qcie les capitaines mar-
chands pussent s'en procurer de bonnes et à bon
marché. Il me semble avoir entendu quelquefois
des plaintes sur le prix excessif des bonnes cartes
hydrographiques , ou la difficulté de s'en pro-
curer d'exactes.
Peut-être aussi serait-il utile que l'académie de
marine rélajjlie , fît emploi des relations de com-
bats , expéditions , entreprises de mer , qui sont
déposées dans un autre bureau. En rendant pu-
blique certe multitude d'actions brillantes et cou-
rageuses qui illustrent la marine française , les
membres chargés de ce travail , les accompa-
gneraient d'explications,, tableaux, gravures,
cartes et plans nécessaires. De pareils travaux ,
ves de son amour pour ce qui est grand., pour
ce qui est marque au coin de l'intérêt pubUc.
Mais la passion dominante dans ce cœur oii les
sentimens les plus estimables semblaient se
presser , c'était cette philantropie qui rendait U
classe des pauvres , des indigens , l'objet conti-
nuel de sa sollicitude. Le tableau de la miscre
attirait toujours ses regards , parce qir'il savait
II J'ai suivi en tout le système des anciens ,
persuadé qu'il est encore le plus nouveau. >>
A la suite de celte note, qui ne fait que dé-
velopper le sens de l'épigraphe choisie par
l'auteur : JVec rans juval auribus placere, le citoyen
Lemercier annonce que quaJre autres poèmes
suivront les deux qu'il offre à ses lecteurs , et que
réunis sous le même titre , ils feront un ouvrage
en faire disparaître les traits les plus hideux, et! complet, mais qu'avant d'arriver au bout de
que la fortune, qui est si rarement la compagne 'cette carrière , il désire faire quelques pas dans
de la générosité , multipliait des actes où la piété ^ " ' '■-
prenait la figure de la plus touchante bonté.
Ah ! combien un être tel que le citoyen Bé-
thune - Charost a dû faire d'actions estimables ,
dont le sonvenir n'existe que dans la reconnais-
sance de ceux qui en ont éié les objets ! Com-
bien de fois , et j'en appelle même à plusieurs de
ceux qui m'écoutent , ne l'a^t-on pas entendu
gémir de ce qu'il fallait parler à raniout--propre
des hommes, pour qu'il se chargeât d'éveiller
leur sensibilité.
A l'époque du changement politique auquel
nous devonî le gouvernement actuel, le citoyen
Béihune-Charost sentit, comme tous les coeurs
vraiment français , que le règne des verttjs allait
commencer. Sa conscience l'avertit que l'instant
était venu où les hommes qui aiment leur pays ,
doivent désirer de lui être utiles dans les em-
plois publics; et lorsque le premier consul jeta
les yeux sur lui , pour être l'un des douze maires
de cette ville immense , son acceptation con-
somma le pacte par lequel on vit une magistra-
ture paternelle honorer l'homme vertueux , et
l'homme vertueux honorer la magistrature.
Mais ces devoirs ne suffisaient point au zèle
du citoyen Charost; les pauvres , les infortunés
lui en avaient toujours imposé un trop doux ,
pour qu'il pût s'en afifranchir. On le vit donc
devenir l'administrateur de divers hospices ou
établissemens ; et lorsque l'idée des souçes éco-.
nomiques a, récemment encore, excité quel-
ques hommes dignes d'éloges à se réunir , le
philantrope que nous pleurons s'est trouvé au
milieu d'eux.
Et pourquoi faut-il que nous ayons à imputer
sa perte à l'excès même de son respect pour ses
devoirs ! Redoutant, depuis sa jeunesse , l'at-
freuse maladie qui nous l'a enlevé , il hésita un
instant à pénétrer dans l'hospice des sourds et
mtieis : mais il avait du bien à y faire ; il en-
tre , l'afFreuse contagion a passé dans ses veines ;
ce cercueil nous dit assez le veste.
Ah! si nos mœurs comportaient , comme celles
comme les voyages de long cours , sont au-dessus ( des romains, l'usage de ces urnes lacrimatoires ,
des lumières et des forces des particuliers. La | oii la douleur venait déposer ses larmes , ce der-
Russie , l'Angleterre, Louis XI'V nous en ont i nier tribut qu'un objet cher a le droit d'attendre ,
donné des exemples ; le lems des choses grandes ! avec qu'elle profusion nous verrions tomber
et utiles semble renaître , et l'on croit pouvoir
tneltre celles-ci au rang des objets dont un gou-
vernement conservateur et grand doit avoir à
cœur de s'occuper. Peuchet.
Discours prononci par le citoyen Moreau-Saint-
Mery , conseiller-d'état , au nom de la société libre
- d'agriculture du département de la Seine , au mo-
ment de l'exposition du corps du citoyen Béthune-
Charosl ., maire du lo° arrondissement de la ville
de Paris, dans la grande salle de cette municipa-
lité, le 7 brumaire an 9.
Citoyens,
Dans ce jour de deuil , oti l'on pourrait dire
que la perte d'un seul homme est un malheur
dans celle que l'on aurait posée sur ce tom-
beau, les pleurs d'une famille désolée, et je
prends ce mot de famille dans le sens le plus
étendu; les pleurs des amis que ce titre doit enor-
gueillir ; les pleurs de tous les hommes de bien,
dont le citoyen Béthune-Charost mérita d'être le
modèle ; et les pleurs de tous les malheureux aux-
quels sa mort ravit un père. . . .
Ombre de Sully , accueillez l'un de vos des-
cendans les plus dignes de vous. A ses vertus ,
vous ne sauriez le méconnaître.
LITTÉRATURE.
Un nouvel ouvrage va fixer l'attention et
l'intérêt des amis de la poésie. L'auieur d'^^a-
_ memnon , d'Ophis , des quatre Métamorphoses, le
public , je viens , au nom d'une société consacrée j citoyen Louis Lemercier ,_ vient de taire.paraître
à l'auriculture , et au nom du lycée des arts dont deux nouveaux poëmes. L'un est intitulé Homère,
° .... l'autre .4 /«xaniir«. Au bas de leurs bustes dessinés
trait , il a placé des vers extraits de deux
j'ai l'honneur d'être le président, mêler l'accent
de leur douleur , à- l'expression de la douleur
dont tout porte ici l'empreinte.
L'agriculture , que son utilité fait appeler le
premier des arts ; l'agriculture dont les travaux
font Je charme des âmes vertueuses , recevait
depuis long-tems des hommages assidus de la
part du citoyen dont nous déplorons la perte en
ce moment.
C'est , n'en doutons pas , en recherchant les
douceurs de la vie champêtre ; c'est en étudiant
l'homme dans l'état qui le défend le mieux de
tous les genres de corruption ; c'est en le voyant
dans le malheur et aux prises avec le besoin ,
que le citoyen Charost , sentit se développer le
penchant heureux que la nature lui avait dpnné
à ta bienfesance.
El quel être éprouva jamais mieux que lui le
bonheur que l'on goûte à faire des heureux !
Par-tout où le bien s'est offert à lui dans le cours
de sa vie , il a su le saisir avec empressement, ou
du moins y coopérer , lorsque ce bien ne pou-
vait être l'ouvrage d'un seul homme.
En effet , que l'on recherche tout ce qtai a
été présenté , depuis quarante ans , d'actions
bonnes et utiles , aux êtres sensibles et généreux,
et il n'en est pas une seule de réalisée sans qtie
le nom de Béthune - Charost n'y soit inscrit.
Science , arts , inventions , tout a reçu des preu-
poëmes qui portent les noms du héros et du
poëte. Au bas du portrait d'Homère on lit les
vers suivans.
" Le peuple et le sénat contemple ivec iurpris»
„ Ce vieillard indigent qu'Apollon favorise ,
„ Ce voile que la parque a jette sur ses yeux ,
„ Sa vaste tête , olympe ouvert à tous les dieux. «
Au-dessous du buste d'Alexandre se trouvent
ceux-ci :
« Qui sait mieux aiFronter ces hasards redoutables
„ Où les instans
I \mémorables ?
eureux font des j(
„ Son cœur dans le repos se croirait avili ,
„ Et les prospérités ne l'ont point aïiolli. „
Le citoyen Lemercier ne donne point de pré-
face à ses nouveaux poëmes. «Si mes vers sont
mauvais, dit-il, mes discours ne les sauveront
pas de l'oubli ; s'ils sont bons , les satires ne les
détruiront pas.
j) Il est un petit nombre de vrais savans ,
amis de la vieille littérature , qui seuls font les
réputations ; c'est pour eux que je travaille , et
c'est à leur jugement que je me soumets.
>i Si je parviens à leur plaire par la méthode
de mes narrations, et par mes fictions allégoriques,
alors je croirai ne ru'être pas traîné sur des routes
communes.
celle du théâtre.
i> On peut reconnaître, dit - il encore dans
une autre note , qu'ici comme dans mes deux tra-
gédies , je me suis permis plusieurs imiiaiion» '
mêlées aux fables que j ai inventées. Nos maîtres
puisaient dans les langues anciennes et moder-
nes pour enrichir la leur. Corneille , Molière et
Racine ont même traduit des scènes entières; j«
continuerai à. suivre cet exemple. Des littérateurs
novices peuvent seuls ignorer que l'art consiste
à mettre en ordre les parties du tout,, à s'ap-
proprier les expressions et les toiirs dont on
s'empare. L Enéide est à demi composée d'imi-
tations de l'Iliade et de l'Odyssée. >>,
En attendant que nous puissions donner wne
idée exacte et complette des nouveaux poëmes
dont il est ici question , et dans lesquels un coup-
d œil rapide nous a déjà fait distinguer des traits
d'une beauté supérieure et soutenue , nous
croyons devoir faire connaître comment l'auteur
qui ne fait point de préface en prose , sait s'a-
dresser au siècle qui jugera ses écrits préludant
en vers légers au ton épique que bientôt sa
muse va prendre.
Si l'on en croit tous les bruits du Parnasse ,
A ses enfans il faut des protecteurs.
Le grand Auguste était l'appui d'Horace ;
Et son exemple instruisant les aHteurs ,
Des plus altiers a fait d'humbles Hatteut^t.
Je puis saris honte , en une dédicace ,
De tes vertus 1 parler à mes lecteurs.
Toi seul chargé d'un pouvoir sans limite ,
Vas gouverner les choses d'ici bas ,
Frapper les Bots , élever le mérite ,
De nos savans juger tous les débats ,
Et renverser et bâtir les murailles ,
Et consacrer par tes arrêts divers ,
Le bien , le mal, les grands noms , les beaux vers,
tes bonnes lois et les sages batailles.
Tes jugemens à ma muse font peur; ^
Elle t'implore , ô siècle qui vas naître î 1
Car elle craint ton vieux prédécesseur !
Il a tué bien des gens , et peut-être
La ferait-il périr avec noirceur ,
Avant le jour où tu dois le conn'aître. ^
Siècles , ,vou8 seuls rdistribuez les prix.
Qjrî mieux que vous sait venger les victimes
Du mauvais goût, plein de fausses maximes?
Ce ne sont pas ces poètes contriu
D'avoir noyé le bon sens dans les rimes ,
Et d'un noir ûel depuis long-tems aigrie ;
Ce ne sont pas ces enfans beaux-esprits ,
Très-innocens dans leurs vers satyrique» ,
Et qui devraient , aimant plus leurs Iris ,
Les moins chanter en stances prosaïques;
Ni ces pédans minutieux critiques ,
Défigurant en lettres italiques
Les meilleurs vers condamnés sans pudeur
Et des journaux surprenant la cand«ur.
Serait-ce donc la populace immense
De Vaugelas , d'Arîstarquos dilTus ,
Qui , s'entêtant de leur savoir confus-;
En longs traités professent l'ignorance ?
Un corps entier de ces docteurs élus
Osa du Cid prononcer la sentence.
Les corps n'ont pas autant d'esprit qu'on petu«;
Leurs grands procès font rire , ou sont peu liu.
On rit surtout quand, selon leur coutume.
Vont s'escrimant ces champions lettrés , ''
Qui , tour à tour , déchirant , déchirés ,
Rendent publics les duels de
Ah ! qu'il vaut mieux , franc
Sans folle brigue et sans malignes ruses
Sans jalousie , être un amant des muses ,
Et disputer le prix par
On s'en écarte en querellant po
Craignons toujours qu'
En quelque bois ne nous suppla:
Et moins que nous ne les trouv
plume.
ses riviux ,
elles ,
plus fia
cruelles.
L'aETieux scandale épouvante les beiles ;
On n'en obtient tous les trésors secrets
Qu'à la faveur de l'ombré et de la paix ,
Nos chastes sœurs sont fîUes infidelles ;
Si bien le sais, qu*épris de leurs appa» ,
Je m^en méfie et ne les quitte pas.
Bientôt je touche à mon sixième lustre.
Et tout mon soiu fut de m'en faire aimer ; ■
Non que Tespoir de leur salaire illustre
Plus qu'aucun prix eût de quoi m'enflammer ,
l'eusse envié quelqu'konneur plus atîle;
Mais que pouvait m^ jepues^e débile ?
Ce n'est pas tout que la tête et le cœur ;
En mille emplois où leur force est slerile
Il faut du corps la robuste vigueur.
.!<=
l'ai point eu les dons du fils d'Alcm
Ma
droite infirm
e,' et qui n
e sert à pei
A
non pays n'a
pu se cono
acrer ,
Sn
cavalier , os
•je figurer
?
L'étrier manque
a ma jambe
incertaine
Et
m'échappant
le coursie
r fugitif
Se
lit bientôt d
conducte
r qu'il me
Sur
une rosse,
e'cuyer iiors
d'haleine ,
1=
croîs monter
un Pégase
rétif.
De fendre Tonde
îrai-je fai
e gloire ?
Pauvre poisaon qui n'a qu'une nageoire ,
Des flots roulans le cours m'ensevelit ;
La Seine alors dans le fond de son lit,
' -Pn se moquant m'aveugle et me fait boire.
^*Ali seul Permesse osant me confier ,
J*7 puis nager sans craim^re Tonde noire.
Heureux du moins si j'échappe au bourbiet
Où des Pradons s'engloutit la mémoire !
■i'aimable fleuve a daigné me porter ,
Et 3ur ses bords muses de me sourire.
Fier d'un accueil qu'il me faut mériter ,
Sur leurs autels je leur fis vœu de dire
Le sort divers et les honneurs égaux
De Méonide et du vainqueur de Plnde ,
De comparer les genres de héros ,
Et d'être ainsi le Plutarque du Pinde.
Ce projet neuf m*a long-tems attiré ;
J'aime à tenter un chemin ignoré.
Siècle naissant qui déjà rh'épouvantes ,
Ma seule idole et mon unique espoir ,
Accorde-moi tes faveurs indulgentes ;
Mon faible esprit craint de se décevoir.
Souviens-toi bien que celui qui t'implore
Fut le premier de tous tes courtisans.
De ton crédit j'ai prévenu Taurore.
O siècle enfant, puissent mes vers encore
Te recréer alors qu'en cheveux blancs
Tu verras fuir le dernier de tes ans.
Nous ajouterons à cette citfliion celle de quel-
ques fragraens du poëtne d Homère :
Homère vint à Gume étpnner les oreilles ,
Par ses récits féconds en naïves merveilles ;
Il vint , triste jouet de l'homme et des destins ,
Mendier l'aliment de ses jours incertains.
Pauvre , il *ne lui restait que son noble délire ,
Pour appui que son nom , pour tout bien que sa lyre.
Il chantait Tlion : et les peuples surpris ,
Attirés à ses clianis , à sa vue attendris ,
Se leur nombreux concours inondaient
Ses yeux de la lumière avaient perdu l'usage :
Seul et fidèle ami de ses adversités ,
Vn chien guidait ses pas , veillait à ses côtés.
la foule muette
lUx accens du poète ,
L ses divins concerts ,
'arrête dans les airs.
; il chante les querelles ,
ux peuples sî mortelles ,
Il prend sa lyre d'or , e
Tient l'oreille attentive
Xes Muses , accourant
l'écoutenc , et Pbébus
Des vainqueurs d'Ilio
Ces discordes des rois
D'Achille humilié , rhomicide repos,
TçuB les Dieux partagés veillant sur des héios.
La mort de PatTocle arrache le fils de Pelée à
cette oisiveté funeste.
Le bruit , signal affreux de ses -promptes douleurs ,
ïsùt rugir l'amitié de ce lîon en pleurs.
La muse d'Horaere le met. aux prises avec
le Simoïs et le Xante.
Fleuves dont le courroux veut rarrétcr encor.
Et dont les flots grondans le séparent d'Hector ;
Zi lutt^ , il les franchit , s'élance sur la rive ,
Court, immole , et fîéjà toute Ilion plaintive
Voit les chevaux fumana du vainqueur irrité.
Traîner dans la poussière Hector ensanglanté.
Désormais les douleurs de sa veuve éplorée
Vont des jours et des nuits occuper la durée ,
Hécube emplit les airs de hurlemens affreux ;
Tout gémit Mais quel est ce vieillard malheureux
Qui , dans l'ombre , ose entrer sous la tente d'Achille ?
C*est Prîam , c'est ce roi d'une superbe ville
Dont l'Asie admira les destins fortunés ,
Qui , pour Bon chrr Hector troublé de soins funestes ,
Vient k son meurtrier en demander les restes.
A cea mots du vieux roi blanchi dans les douleurs,
. Songe k ton père , Achille , et respecte mes pleurs »
Ces deux grands ennemie qu'un «ort fatal assemble t
Tristement embraBfts , pleurent soudain ensemble ;
L'un regrettant son fiU devant lui massacré ,
L'auire «an pcrc absent i et Pairocle expiré.
Ttli furent let accen« de la lyre immonolle ,
Phëbus la couronna d'une palme nouvelle;
£t l'on dit que, charmé de «es divine accords»
PiimtM« Ici apprit aux Uturiem de ses borda,
187
Nous puiserons dans le second chant une der-
nière ciiaiion.
Un songe , sous les traits de Saturne , apparaît
a Homère pendant son sommeil , et lui monire ,
jusques dans l'avenir le plus éloigné , tous les
poètes , enlans de son génie , qui doivent mar-
cher sur ses traces ,
Ces sublimes esprits qu'instruiront ses travaux ,
Et sa gloire toujours éclipsant ses rivaux.
Voici sous quels traiis il lui peint l'illustre
Racine : ô Salurne ! dit Homère :
• ■ • • ^ De quels tristes soucis
Est ombragé ce front qu'une palme couronne.
Vois-je un mortel , un Dieu ? Qiiel éclat l'environne !
La foule qui le suit adore ses attraits,
Mais les sombres chagrins ont obscurci ses traits.
Hélas ! répond le Tems , tu gémirai d'apprendre
Les pleurs qu'en le perdant sa muse doit répandre.
Cet astre sur la terre élevé peu d'instans ,
Dérobera trop tôt ses rayons éclatans; ■
La noire inimitié cent fois sur son passage ,
S'efforcera d'étendre un envieux nuage.
Racine , ah ! que la scène eût acquis de trésors,
Si l'on n'eijt pas quinze ans étouffé tes accords,
Si , de tes vers brulans , l'audace encor nouvelle
M'eût blessé l'ignorance à leurs beautés rebelle l
j Quels regrets , quels honneurs te suivront au cercueil I
Quels seront les sanglots de Melpomene en Jeuil I
Qui sut mieux l'embraser des flammes du génie?
Charme heureux ! art suprême ! éloqueijte harmonie !
Soit que Phèdre s'égare en ses folles amours ,
Qu'Andromaque d'un fils n'ose acheter les jours ;
Soit qu'une niere en pleurs, lionne rugissante,
Ecarte un fer levé sur sa fille innocente ;
Que Néron déchaîné marche au crime à grands pas ;
Qu'Athalie en fureur tremble devant Joas :
Toujours sublime et tendre , on t'adore , on t'admira ,
O Racine ! après toi, qui touchera ta lyre?
CONSERVATOIRE DE M U S I Q_U E.
Les élevés du conservatoire ont exécuté , le i5
de ce mois , un concert très-brillant dans leur
salle ordinaire dont la forme, les dispositions
et les ornemens sont également agréables. Parmi
ces ornemens, ceux que l'œil distingue avec le
plus de plaisir sont les noms des musiciens
célèbres des différentes écoles , dont les chefs-
d'œuvre servent encore aujoiird'hui de pré-
ceptes et de modèles à leurs successeurs.
Le premier et le second consul , la famille
du premier , beaucoup de membres des pre-
mières autorités, et une foule d'artistes distingués
et d'amateurs choisis assistaient à ce concert qui
a été entendu a.vec le plut vif intérêt. Les deux
principaux conducteurs de l'orchestre étaient les
jeunes citoyens Gasse et Kreutzer jeune. Toutes
les parties ont été exécutées , à quelques excep-
tions près , par des élev^.
Une svmphonie d'Haydn , et la belle ouver-
ture de Timoléon , par Méhul , ont servi d'intro-
duction aux deux parties du concert. Le citoyen
Henry a chanté un air d'Œdipe , avec une sûreté,
une justesse, une exactiiu
marquées. Une symphonie dEler , très-difficile , a
été exécutée par les citoyens Franco , Mondru ,
Judas et Blangy ; les parties de clarinette et de
basson ont élé sur-tout applaudies. M™,' Rebou
a chanté avec un goût pur , beaucoup de grâce ,
et une expression juste , un air charmant de
Ciraarosa. Les citoyens Guénée et -Marcel ont
ensuite fait entendre une symphonie concertante
de Violii , qui demandait peut-être une exécu-
tion plus sure , plus brillante , mais quil était
difficile de rendre avec une intelligence plus
exacte du morceau , et un talent musical plus
décidé. Cette qualité si rare , si nécessaire , pa
i< La musique expressive , y e«t-il dit, de \i'-
quelle est née la musique drnnriuiique , pata'tt êtra
d'invçiiiion lout-à-fait moderne , et date à peine
du commencement de ce siècle. Justjues-là, tout*
la mélodie , même celle des chansons , n'ayaj.t
qii'un caractère local , mais vague , et que dcier»
minaient les paroles qu on y appliqu;-.it.Toutair vif
rendait les divers accens de la gaîté ; tout air lent
servait également aux plaintes de l'arnour et de
la irislesse. On distinguait ces deux niouvemens,
on n'en connaissait pas les nuances.
11 L'art musical , que nous devons, comme preS'
que tous les. autres, aux recherches des moines ,
tut presque exclusivement cons.icré an culte jus*
ques dans le siècle derniei : mais les compositeurs
ne songeaient nullement à expriiner les paroles
qu'ils ornaient de leur raélod e. L art se bornait
à chercher Iharmonie la plus correcte ; et les
accompagneraens , indlîléremment exécutés par
des voix ou par des instrumens , n étaient que de
simples combinaisons de sons habilement dis-
posés , à-peu-près comme ces petites phque»
triangulaires dont nos dames s'amusent à formée
des parquets , en assonijsant et variant les cou-
Icuis avec plus ou moins d'art.
" Quand la musique embcUit les représenta-
tions théâtrales , elle ne s'y montra pas d'abord
très-expressive -, elle ne Ht que donner aux pa-
roles une déclamation mélodie^rse et obligée ,
dont la poésie , et la sensibilité des chatitcurs
fesaient toute l'expression. Tel est encore notre
récitatif. Dég.gée d'ailh-urs de tout, le travail
mécanique des morceaux de chapelle, elle en
demeure très-distincte.
!' Léo est un des premiers qui sentit que la
musique d'église , sans rien perdre de la gravité
de son style , et sans renoncer entièrement à ses
laborieuses combinaisons , pouvait y ajouter le
mérite de l'expression.
, " Leonardo Léo , maitre de chapelle napoli-
!i tain , fut un des plus célèbres compositeurs
II qui aient paju dans le commencemem du iS""
II siècle. Il était maître du conservatoire et de la
M chapelle royale de Naples. C'est lui qui . le
Il premier, débarrassa la mélodie du luxe des
Il modulations , et qui lui donna une marche
11 simple , expressive , quoiqne savante. Il est
11 regardé comme le fondateur de I école mo-
11 derne napolitaine (i). Son célèbre Miserere à
Il deux chœurs fut comioosé à l'occasion de'
11 la mon jl^p Victor Aniédée , roi de Sardaigne^
11 Ce. Miserere est exi^^uié tous les ans à N^tpleï
II par les élevés du to .^ervaioire de la Fietà (2) ,
Il les trois jours de ténèbres , avec h- plus granct
11 soin et la plu? "^granuc solennité. L église du
II conservatoire, quoique grande . ne suffit pas
11 pour contenir les amateurs et les musicien»'
Il qui accourent en foule pour entendre ce
Il chef-d œnvre. ii
( Essai sur la musique. )
i> On a dit qu'à l'époque oià ce morceau fut
compoié , l'idée d'attacher de I expression à des
paroles sacrées était encore nouvelle. Léo la
réserva aux seuls passages qu'il en crut suscep-
^^ ^ .,„.v^^ libles. Il donna le reste à l'harmonie, et en
de dignes d'être "re- ' abandonna même plusieurs versets au seul plain-
-■ — ■ ' chant. Ce fonds obscur ne fait que raieux'ressoriit
les parties éclairées de son tableau , et l'on n'avait
(i) Q_uelques-uns de ses contemporains , tels,
que Durante , Pergolese , etc. allèrent plus loin
que lui dans la même Carrière , mais il eut tou"
jours le mérite de lavoir ouverte. L'école da
Durante et celle de Léo étaient et sont encore en
rivalité parmi les italiens.
(2) C'est un acte de reconnaissance, Léo ayant
été maître de ce conservatoire.
. , On a fait dernièrement , dans un journal , un
raît en général celle vers laquelle les professeurs reproche bien injuste au conservatoire français,
du conservatoire ont particulièrement dirigé les ' celui d'admettre les enfans des riches de préfé-
études de leurs élevés : ils ont senti a.ec infini- ! rence à ceux des pauvres , et l'on opposait la
ment de raison, que l'exécution pouvait s'ac- conservatoire de Naples, qui, disait-on, par
quérir avec le tems, mais que , sans la connais- î son seul titre de la Pietà , prouvait que c est un
sance de lart musical , et sut-tout sans le senti- ' asile consacré aux indigens.
ment des beautés de cet art, l'exécuteur le plus! Qn peut répondre :
brillant ne pouvait prétendre qu'au mérite de la | „ ^ j /' n •
difficultévaincue, et nonautitredevinuose habile. I . ', ' »<."«<:« ""e de la Pieta ne prouve pas pré-
Le conservatoire de musique se propose de! ctsenient que ce soit ijn hôpital; car si ce iriot
frire entendre périodiquement ses élevés da.iS dis ' p'?"'*!* '« P"'^ ' 'I signifie égal ment lapteté. Les
Italiens, par une confusion d'idées tiès-morale ,
n'ont pas cru devoir distinguer la dévotion envers
q
exercices publics , ain»i que l'annoncent son
règlement. Cette idée est bonne , elle fera naitre
1 émulation , en même-tems qu'elle inspirera aux
jeunes artistes ce sentiment de leurs propres
forces, nécessaire pour le déploiement de leurs
lalens. Une autre idée du conseivaloire mérite
lËlre ciéaleur, de la compassion, eijvers la créa-
ture infortunée.
, 2°. Que l'on convient cependant que ce con»
servatoire , ainsi que les quatre auties de Naples ,
d'être remarquée : il se propose de faire entendre ^' ceux des filles qui existaient , à Venise , sont ,
à chaque concert un morceau choisi dans l'an- à propreittent parler , des hospices ; mais qu il y
ciinne musique, et particulièrement de lécole ^ ^'^ f-"'' des fondations dont les enfans d'ar->
italienne. Ceci nous conduit moyis à parler nous 'is'es peuvent profiter sans l'espèce de honte que
mêmes du Miserere de Léo , qui a été exécuté au '^ pr^j"SÉ attache à ees sortes d établissemens.
dernier concert, qu'adonner de la publicité aux 3°. Que, s'il était vrai que les riches briguas-
passages relatifs à ce morceau , contenus dans ' sent pour leurs enfans les places de notre con-
un excellent programrne que nous avons sous les servatoire, ce serait faite le plus bdl éloge dé
yeux, programme distribué par le conserva- l'enseignement qu'on y reçoit , ainsi que ne la
loire . et sans doute rédigé d'après ses ins- noblesse et de U bonne tenue de «et éiabii««-
truciions. ment
pas alors , comme de nos jours, la prétention
de tout peindre. — Le Miserere de Léo dénué
de tous les ornemens dont on enrichit maintenant
les compositions musicales , exécuté par des voix
que l'orgue soutient à peine , et que ne couvre
pas le bruit mélodieux des autres instrumens ,
aurait besoin de l'exécution la plus pure , la plus
parfaite, pour faire valoir cetle simplicité ma-
jestueuse qu'on est tenté de prendre pour de
la nudiié : on ne doit pas l'attendre des jeunes
élevés à qui cette exécution est confiée. Leurs
organes , encore incertains , peu familiarisés avec
ce style sévère , n'ont pu, n'ont pas dû acquérir
encore cet ensemble qui , dans le conservatoire
d'Iialie , en fait le plus grand mérite , et qu'une
longue habitude peut seule donner. Formés pour
une louie autre destination , comment les élevés
du conservatoire se seraient-ils perfectionnés dans
un génie aussi nouveau pour eux que pour la
•plupait de ceux qui les écoulent ? i>
Celte dernière précaution de l'auteur du pro-
gramme nétait point nécessaire : les élevés du
xosscrvaioire ont exécuté ce morceau avec ta-
lent : Chérubini les conduisait avec cet enthou-
siasme , celte chaleur qui s'empare toujours d'un
grand compositeur , quand il sent sous ses doigts
tetentir les accens créés par un grand maître.
i8S
Gail , professeur de littérature grecqiK au Collège de
France , au rédacteur.
On vient de ms communiquer deux brochures
(Journal de l'opposition ) où l'on parle de deux
faiis auxquels je crois devoir répondre,
Dans le premier numéro (an 7) mon censeur
s'éionne de ma nomination au Prytanée. " O
!5 Villoison , où étiez-vous lorsqu'tm nommait à
)> cette chaire ! n
Où était Villoison? Cet érudit célèbre résidait
à Paris. Dès que je sus qu'il accepterait des (onc-
tions publiques dans l'enseignement , j'allai lui
proposer la chaire du Prytanée que je professais
depuis peu. Villoison refusa. J'insistai , il tint bon.
A la suite d'un combat où nous agissions, moi
en bon confrère , lui en homme désintéressé ,
je le quiliai , non sans lui dire que je lui laissais
le tems de la réflexion , et que dans trois jours
je reviendrais lui renouveller ma proposition. Je
LIVRES DIVERS.
Histoire naturelle de Buffon, in- 18, 19' livraison ^
composée du tome 2o« deS matières générales,
et du tome 9' des oiSéaux ; prix , 5 francs 5
décimes , et 8 francs 5 décimes, enluminés.
A Paris , rue du Cimetière- André-des-Arcs,
n" 10.
Cette livraison comprend dix-sept planches
représentant vingt-cinq figures , dont celles de
l'homme et de la femme , d'après, les dessins du
célèbre Moreau le jeune , supérieurement exécu-
tées par le cit. Pauquet , chargé i de la gravure
de toutes les figures de dé l'histoire naturelle.
Il est difficile de mettre plus de soin que n'en
mettent les éditeurs dans toutes les parties de cet
important ouvrage , rais en ordre par le citoyen
Lacepede , membre de l'institut national, conti-
nuateur de Buffon.
De importance des opinions relîgieusis , par
Je revins en effet -, mais la deuxième tentative M. Necker ; un vol. in-S" de ptès de 600 p?ges ;
Chirurgie.
Ls C'i. Demours , membre de l'ancienne faculté
âe médecine de Paris , et oculiste , a lu à l'institut
national , le 26 prairial dernier , et à la société de
médecine, le 2 messidor, un mémoire sur un pro-
cédé nouveau , pour rendre la vue perdue par des
cicatrices blanches et des abcès qui ont crevé les
yeux à plusieurs reprises , dans des cas qui ,jusqu à
cejour , avaient été unanimement regardés comme
incurables. Cepiocédé consiste à faire une pru-
nelle artificielle tout auprès du blanc de 1 oeil ,
pour remplacer la prunelle naturelle , déiruite
par des suppurations répétées. Il a rendu la,\iue,
parcelle opération, au ciioycn Sauvages, de
H.im , département de la Somme , qui avait éié
jugé aveugle sans ressource parlecit, Demours
lui-même , et par tous ceux qu'il avait consultés.
Ce citoyen qui est resté complètement privé de la
lumière pendant quatre ans , avait perdu la vue
à.lage de 22 ans, par l'effet d'inflammations
violentes et répétées, accompagnées d'abcès qui \}i;ii^ger ' Leroi , professeur d'éloquence dont
lui ont laissé les yeux presque tout blancs. Les \ j'adopte la petite syntaxe , jusqu'à ce que j'aye
taches qui les couvrent, sont les cicatrices des 1 Je loisir de terminer la mienne.
crevasses qui se sont fa'tes à plusieurs reprises , , r, i- • 1 > • j- . j« i „i,„,
■ . 1 .. ,.. ■'^, 11*^ Ti Dans larticle on ic dis un mot de la neces-
et qui ont eniierement détruit les prunelles. Il a . , , . - r • ■ j 1 ^ 1
, ,^ . , , ,,. . . .■ 1 .'; 1 ;■.• j site de remontera 1 origine du langage , de la
eie ptesenie a 1 institut national et a la socic e de . ■■ .• ■ ■. uv 1 u \:„-,;f„
A distinction a établir enire Jes verbes pnmiuts
roeclecine. | ^^ |gurs nombreux dérivés , si je n'ai point cité
feu Leroi , cet instituteur savant et vertueux ;
c'est que la gloire de ces observations ne lui
appartient nullement. J'en appelle à ceux qui
ont lu les ouvrages des W^alkener , des Lennep
et autres érudits , conus de l'Europe savante.
prix 6 fr- broché.
Morale de Jesus-Christ et des apôtres , tirée du
I nouveau testament , un vol. in-4° , belle édition^
prix 6 fr. broché.
A Paris , chez Plassan , imprimeur - libraire ,
rue du Cimetiere-André-des-Arts. . n" 10,
Rapport sur la vaccine , ou réponse aux ques-
tions rédigées par les commissaires dé I école de
médecine de Paris , sur la pratique et les résultats
de cette nouvelle inoculation, en Angleterre et
dans les hospices de Londres , où on l'a adop-
tée , par le cit. A. Aubert , docteur en méde-
cine; brochure in-S". Prix, i fr. et l fr. sS c.
par la poste. A Paris , chez Richard, Caille et
Ravier, rueHauttleuille , n° 11.
Dictionnaire portatif , allemand et français, con-
tenant les mots techniques relatifs aux fonderies,
] aux bocards , aux laveries , aux différens procé-
celte édition seulement , la petite syntaxe de ^ dés métallurgiques et docima'stiques , où se trou-
Leroi , qui occupe les huit dernières pages de | vent les noms en allemand et en français , des
ma grammaire. Si je n'en ai point averti , j'ai 1 fournaux , machines , outils et ustensiles à Vv{-
manqué au devoir d'un honnête homme. Mais si I sage des travaux des mines , ainsi que ceux de»
j'ai saiisfait à ce devoir , combien mon accusateur j veines ou filons, des substances métalliques et
a de reproches à se faire ! Que 1 on ouvre ma j minérales . par le cit. Duhamel , membre de
grammaire pag. I , je m'y exprime ainsi : Clenard , 1 l'institut national, et inspecteur des mines de
Furcault , etc. , enraient, par l'appareil formi- | la république française. In-8°. Prix, 3 fr. p^r la
ne fut pas plus heureuse que la première
L'anonyme qui n'approuve point ma nomina-
tion au Prytannée , l'aurait-il désirée pour lui-
même , et me croirait - il par hasard un de ses
compétiteurs ? s'il était dans cette persuasion ,
je lui dirais qu'il se trompe. Je n'ai éié le com-
pétiteur de personne . je n'ai point brigué la
place , elle m'a été off:rte. Peu auparavant on
m'en avait proposé' une autre, (i) qui valait
alors 1800 francs, et ne demandait que tiois
après-midi par mois : je l'avais refusée parce
qu'elle m'était offerte en remplacement d'un con-
frère et qui se retirait croyant sa place avidement
et tyranniquement convoitée. Je ne suis donc
pas un envahisseur comme le donne à entendre
I anonyme.
Je ne mérite pas davantage d'être comparé au
Geai de Lafontaine ( même journal, anSj. Dans
ma nouvelle grammaire grecque j'ai adopté , pour
dable de treize et même de vingt-quatre conjugai-
sons. Nous, nous n'en reconnaissons qu'une. Et
en note: parmi les grammairiens raodcrnes.j'e dois ,
poste.
A Paris , chez Courcier , imprimeur-libraire,
rue Poupée-André-des-Arts , n° 5.
Le citoyen Demours annonce , dans son mé-
moire , que le citoyen Sauvages , qui est logé
chez lui , rue Mazarine , n° iSyS, se prête vo-
lontiers à satisfaire la curiosité de ceux qui desi-
T£nt le voie lisant aisément avec des yeux tout
blancs et déformés.
On pourra dorénavant , au moyen de celte
importante invention , qui fera époque dans les
annales de l'art de guérir , rendre la vue à la
plupart de ceux qui font perdue par de larges
tai hes blanches ou cicatrices , que Ion avait re-
gardées jusqu à présent comme incurales.
Le citoyen Sabatier , chirurgien-major de la
■maison nationale des invalides , termine ainsi son
rapport fait à l'institut national, le II messidor
dernier, au nom d'une commission.
11 Nous jugeons, en conséquence, que l'ins-
titut doit accueillir , conserver et publier l'ob-
servation que le citoyen Demours lui a présen-
tée , comme renfermant une découverte impor-
tante , et qui recule en ce point les limites de
l'art de guérir, u
Le cit. Roussille - Champseru , médecin - ocu-
liste, dit dans son rapport fait à la société de
médecine , '< que l'opération imaginée par le
citoyen Demours est nouvelle en ce qu'elle con-
siste à procurer une prunelle artificielle dans un
point de l'œil où l'on n'avait jamais songé à ob-
tenir de la vue. »>
Le mémoire avec l'extrait des rapports des
commissaires nommés par l'institut national et
la sociéié de médecine , et une gravure repré-
sentant l'œil du citoyen Sauvages , se distribue
gratuitement chez l'auteur , rue Mazarine
n» 1578.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 11 brumaire.
â 3o joars.
Supposons un instant que Leroi , eût dins
plusieurs endroits suivi la doctrine de Lennep ,
du célèbre Vauvilliers mon maître ; pourrait-on
raisonnablement me roprocher d'avoir passé sous
silence le nom de Leroi ? crierait-on à l'injus-
tice contre le géomeitre qui oublierait ou le
zélé Rivard ou le modeste Mazeas, lorsqu'il aurait
cité Archimede ou Ncuton.
Je viens de prouver à l'anonyme qu'il s'est
trompé sur mes principes et sur ma conduite
morale. Qjiant à son opinion sur mes écrits ,
elle est libre , qu'elle lui reste toute entière. C'est
à moi de faire mieux , si je puis. Au reste , je
ne suis point réduit à croire mes travaux entiè-
rement inutiles , en me rappelant qu'ils m'ont
obtenu les encouragemens des Rœderer , des
Garât , des Cabanis , des Ginguené , des Sélis ,
des Laharpe ; en voyant mes trois fabulistes ,
Esope , Phèdre et Lafontaine , obtenir un succès
flatteur; n, es éditions d'Anacréon , de Théocrite,
de ma mythologie , etc. se multiplier , et des sa-
vans éirangers , joindre leurs suffrages à ceux de
mes compatriotes.
Je prohte de l'insertion de ma réponse dans
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg.. ......
Madrid...
Effectif.
Cadix
Effectif. . . . . .
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
190
4 fr. go c.
14 fr.70 c
4 fr. 90 c.
I4fr. 4oc^
4 fr. 70 c
5 If. 12 c.
57 i
fi
Effets publics.
Rente provisoire 54 fr.
Tiers consolidé 34 fr. 35 c.
Bons deux tiers 1 fr. 67 c.
Bons d'arréragé 85 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 92 fr. 60 c.
Syndicat 83 fr.
Coupures 83 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 3o fr.
SPECTACLES. ^
Théâtre de la Republique et des Artë.
Le 19 , Bal masqué.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui^
Roméo et 'Juliette , opéra , suiv. A'Augustint tt
Benjamin.
Théatredes JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionvilIe,
les journaux, pour annoncer que , iZiYfr'imairë I ^"J- '« ^"^^ ^ Kiikrine ; la Bergère des Alptt
prochain , je reprendrai au collège de France le
cours gratuit élémentaire de la langue grecque que
je donné , depuis douze ans , en faveur de ceux
qui ne sont pas en état de suivre mon cours de
littérature grecque. Gail.
et l'Amant muet.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Aujourd'hui la 5' repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , fohe ornée de
chants ; l'Enfant de l amour , et Diogene.
Théâtre dd Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. le Roi Léar , trag. en 5 actes, suiv. de Gilles
toujours Gilles.
L'abonnement se fait 1 Pari J, rue des Poitevins , n" 18. Le prix est de s5 francs pour trois moi> , 5o fraacs pouT six mois , et *-oo francs pour l'année eatiere. On oc
s'abonuc qu -au cooimeucemcat de chaqnc mois.
Ilfauiadtessc^.ieslctiiesttlargent.francdeport.aacit.AcASSE, propriétaire de cejournal,ruedes Poitevins, n"< 18, Ilfautcomprendre dan» tes envois le port des
fsy» où l'on ne peut iffranchir. Les lettres des départemeas non affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste.
Il faut avoir soin, poui filus de lùrcté, de cliarger celles qui renferment des valeurs, et adresser tout ce qniconcerne la rédaction de la feuille , aii rédacteur, rue du
Poitevins, n*'. t3, depuis neuf heures dumatiujusqu'à cia^ aeures dusoir.
A Pati s. de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" i3.
v_!kLMf
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
M" 49.
JVonidi , I g brumam m 9 de la république françaUe ,lme et indivisible.
:,Nou$ somihes autorisés à prévenir nos sotfscripreuts qu'à dater du 7 Nivôse le Mo nit E u R est le seul journal officUt
■ ïl contient les séances dès autorités constituées , les actes du gouvernement . les nouvelles des armées , ainsi que lesTaitl et"les n "
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles. ' es notions tant sur
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTÉRIEUR.
Faris , le 18 brumaire.
^^JuELQims journalistes étrangers ont prétendu
qH!" la démoInioQ des trois places cédées par
iempereur était une contravention à l'armis-
tice ; ce qu'ils motivent sur ce que les places
ont été données en dépôt et non pas en propriété.
Cette distinction métaphysique est dénuée de
fondement ; les places ont été remises à l'armée
française par l'évacuation qui en a été faite des
troupes et de ranillerie de sa M. I. La France est
donc maîtresse de faire ce qu'elle jugera à
propos.
— Les hostilités étaient sur le point de recom-
mencer en Italie , lorsque le général Brune a été
iiîstruit de l'arrivée de M. le comte de Cobenzl
à Lunéville. Il s'est sur-le-champ empressé de
faire connaître au général Bellegarde que jusqu'à
ce qu'il eni reçu des ordres ultérieurs de son gou-
vernement , il suspendait les hostilités. Après
plusieurs pourparlers , ils sont convenus de
s'avertir dix jours davance ; que l'armée autri-
chienne continuerai là occuper la partie duFerarrois
qu'elle occupe , quoique cela fût contraire à la
convention de Marengo , et que l'armée française
continuerait à occuper la Toscane.
On a trouvé à Livoutne cinq cents mille quin-
taux de froment , cent cinquante mille quintaux
de seigle , et quatre-vingt-dix mille quintaux de
légumes secs. Ce secours est extrêmement pré-
cieux pour l'armée française et pour toute l'Ita-
lie , la récolte ayant été mauvaise.
Il y avait dans le porl de Livourne 2o5 bâti-
menS , dont 46 appartenaient aux ennemis de
la république , et sont dès-lors de bonne prise.
, — -Le nommé Pierre Colin, natif ds Drambam,
département de laCôie-d'Or . capitaine à la suite
du 15° réi^iment de chasseurs , et les nommés
Boppelel Barreau , natifs de Saini-Oenis, ci-devant
«omté de Namur, ont été condamnés a mort
par le conseil militaire à Milan. Ces misérables
^voyaient aux ennemis l'état de situation de
l'urinée française.
- — On écrit de Nantes , en date du 1 1 brumaire :
»» Le 9 et 10 de ce mois_ on a lancé à l'eau , à
fiasse-Indre , à deux lieues d'ici , deux frégates
de cinquante canons, lUranie et ta Clorinde.
L'opéraiiou a complettement réussi. Elle a eu
pour spectateurs les membres de radmiiiistratioa
de la marine, le préfet, les fonctionnaires publics,
et une foule immense qui a fait entendre de
toutes parts l'acclamation de vive la République 1
La fête s'est terminée par un repas de cent
couverts et un bal.
— Le collège de France tiendra une séance
publique , le 19 à sept heures précises , et le
«I il recommencera ses exercices sur toutes
les parties des sciences et de la littérature , l'as-
tronomie , la physique , la médecine , l'analomie,
la chimie , l'histoire naturelle , le droit de la
nature et des gens , l'histoire et la philosophie
morale, les langues hébra'ique , arabe , turque ,
persane et grecque , 1 éloquence latine , la poésie
latine et la littérature française.
Le citoyen Lalande , professeur d'astronomie ,
commencera son cours le 21, à une heure et demie.
Ses trois premières séances seront employées à don-
ner un tableau abrégé de toutes les branches de
ceue belle science.
— L'administration du Vaudeville fait réparer
la salle de ce spectacle. Il y a quelques jours ,
neuf ouvriers travaillant au point le plus élevé
de la salle , ont senii l'échaffaud trop taible qui
les soutenait s'écrouler sous leurs pieds. Aucun
d'eux n'est mort de sa chute ; quatre seulement
sont giiévemeni blessés. On espère les sauver
tous. L'un d'eux a eu le bonheur de n'éprouver
que de légères contusions. L'administration s'est
empre.'sée de faire donner à ces ouvriers tous
les sf:couiS pécuniaires dont ils pouvaient avoir
besoin; en outre leurs journées leur seront ac-
quittées jusqu à leur entière guérison.
— Un principal locataire, rue Maubué,a
poussé l'extiavan^iice jusqu'à s opposer à ce
qu un de ses locdtuires , qui venait de décéder,
reçût la sépulture , en alléguant qu il avait droit
de retenir le tailavre tant qu'il ne lui serait pas
payé deux années de loyer qui lui étaient ducs
par le défunt , et en prétendant que les personnes
chargées de l'inhumation devaient lui , en tenir
compte. Il persista dans cet étrange raisonne-
meiit malgré les représentations des autorités
Celles-ci furent forcées de mander la force
armée , et ce ne fut que le troisième jour qu'on
«nleva le cadavre. ( Extrait du journal de Paris. J
— Plusieurs journaux om inséré la notice sui-
vante : il suffit de la lue pour reconnaître quel
motif peut engager à ajouter à sa publicité.
«t Dougados, connu sous le nom de Venance ,
capucin , poëte estimable , mort victime de
laniitié , soiasle fer du tribun^jl révolutionnaire,
a été inscrit honorablement çur la liste des
membres qui composent le nouvel Athénée de
Lyon; mais il lui survit une mère âgée et dans
I indigence. Une personne lui ayant demandé
quelqu ouvrage de cet infortuné : u Hélas ! ré-
" pondit-elle , en m'enlevant mon fils, ils mont
" tout enlevé ; on a confisqué toutes ses produc-
" lions; j'ai perdu mon mari, un autre fils de
" 18 ans , ma santé, et presque la vue : je n'ai
)> d'autre ressource que dans Ja mort, qui termi-
>> nëra mes chagrins, u ^
Ceux qui seraient détenteurs des ouvrages de
Dougados , notamment de celui qui a pour titre :
Qutte du blé , sont priés de les faire parvenir à
quelqu'un qui les communiquât à sa triste mère
et à ses amis : on pourrait les adresser au préfet
ou au maire de Caicassoniie , département de
lAudc.
_— On annonce , comme devant bientôt pa-
raître, un ouvrage d histoire naturelle très-curieux
Description des quadru,pedes du Paraguay , par le
chevalier Azzara, ancien sninistre d Espagne en
rrance.
— Il vient de paraître à Berlin une brochure
sur 1 usage des postiches et des perruques chez les
anciens et chez les modernes . par Fréderich
Nicolai , avec 66 gravures. Il est possible de
disputer a cet autenr U tnéfite de la priorité dans
e choix singulier de ce sujet.- Un de nos jeunes
littérateurs les plus distingués , le cit. Deguerle ,
aujourd hui professeur de grammaire générale, à
Anvers, a publié , il y a plus d'iln an , un Eloge
des perruques , qu'il eût pu- intituler leur Histoire
universelle; plaisanterie piquante, souà le voile
léger de laquelle il était aisé de reconnaître et
d apprécier beaucoup dérudidon.
— Le cit. Fonianes doit suivre incessâinment
le ministre de l'intérieur , Lucien Bonaparte.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du i5 brumaire an g.
Les consuls de la république, sur les rapports
des ministres de la guerre ,, de la justice et des
anances, le conseil-d état entendu, arrêtent :
i". Ministère, de la guerre.
Art. I". Les chefs de division , les chefs d'esca-
dron , les capitaines] et commandans de brigade
de gendarmerie , et les commissaires-ordouna-
teijrs de divisions militaires jouiront de la fran-
chise et du contre-seing indéfinis , mais seulement
vis-a-vis des fonctionnaires dénommés dans l'état
annexe au règlement du 27 prairial dernier.
IL Jouirontde la franchise et contre-seine, con-
formément aux articles VI et VII du même règle-
ment les directeurs des fortifications, et seront
considères comme compris dans l'état annexé à
art. XXII les oflSciers du génie en chef dans
les places deleur résidence.
IIL Lesinspecteursenchef aux revues jouiront
de la franchise accordée par l'article III de la
section II du même règlement , et les inspecteurs
et sous-inspecteurs aux revues jouirontde la même
Iranchise accordée par l'article VHI, section V;
ils jouiront de même du contre-seing illimité mais'
sous-bandes.
2°. Ministère de la justice^
IV. Le commissaire près le tribunal de cassa-
tion jouira de la Iranchise illimitée sous-bandes
sans contre-seing.
3". Comptabilité nationale.
V. L'administraiion des postes remettra aux
commissaires de la comptatiliié nationale une
griUe pour le contre-seing.
A"- Payeurs et receveurs.
yi. Les payeurs de division, ceux des norts
et es payeurs particuliers jouirent entre eux de
la franchise soUs bandes, comme les receveur!
généraux et particuliers. 'eceveurs
5°. Préfecture de police.
Vn. Le préfet de police jouira de la fran-
chise et contre-seing pour les lettres et paquets
c^l^l '"°"' ^f'f"" P" '" fonctionnaire»
ci-apres , ou qu'il leur adressera :
Les commissaires de police 8
Les officiers de paix;
Les concierges des maisons d'arrêt, de force
et de détention , placées sous la surveillance du
prelet de police ;
L'inspecteur - général de l'illumination et da
neioyement;
Le commandant en chef des pompiers •
L ingénieur hydraulique; '
L'architecte de la préfecture de' police'
L inspecteur de la peiite voierie •
Le coniiôleUr en chef des halles "et marchés
Xiiispecteur des marchés de Sceaux, Poissv
et la lahapelle ? ■'
Le contrôleur de la balle aux grains et farines'.
Le contrôleur de la halle aux cuirs •
Le contrôleur de la halle aux draps et aux
toiles ;
Les vérificateurs des poids et mesures ;
Les inspecteurs de la na-igatioa et des ports ;
Les dégustateurs de? boissons ;
Le contrôleur des bois et chantiers ;
Le commissaire de la bourse ;
Les membre» des bureaux de bienfesance.
Vm. Le ministre des fina ,ces est charsé
de 1 exécution du présent arrêté, qui sera inséré
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état ^ signé . H. B.JilAaET.
AtUre arrïté du même jour. ,
Les consuls de la république, leconseild'étal
entendu . arrêtent i
Art. I". Les sommes qui restent dues aux hos-
pices civils par les départemens de la guerre de
la marine et de l'intérieur, pour services des
atinees 5, 6, 7 et 8, leur sefont payées, sans
?ép«bliq«e"^"'" "" ''"'"^ appartenantes à la,
IL Gespaiemens seront faits à chaque hospice
en rentes dues dans le département où il est ■
situe.
III. Les administrateurs des hospices ne pour-
ront aliéner lesdites renies qu'à Concurrence de
leurs dettes , et apfès en avoir obtenu l'autorisâ-
lion du gouvernement , donné sur l'avis du pré*
fet du depanement constatant la nécessité et les '
avantages de laliéDation.
^\" ^°i.i^' '^^ reinboursement desdites rentes
par les débiteurs , les administrations des hos-
pices seront tenues d en faite de suite le rem*
placement et l'emploi en acquisition de rentes
sur la répubhque, sauf les cas où 1 hospice serait
grève de rentes consutuées , le produit du rem-
boursement des rentes foncières pourra alors,
sous 1 autorisation du préfet , être employé à
lexttncuon desdites dettes de l'hospice.
V. Toutes rentes appartenant à la république.
dont la reconnaissance et le paiement se trou'
veraient interrompus , sont Spécialement affectées
aux hospices. >-^-";c»
Les administrations des hospices recevront lès
avis que leur en donneront les préfets , .sous-
prefets , maires , notaires et autres fonctionnaires
et citoyens qui auront connaissance de renies de
cette espèce ; et à leur première requête , les
commissaires du gouvernementprès les tribunaux
seront tenus d'en poursuivre la resuiutton au
proht desdits hospices.
VL II en sera de même pour les domaines na-
tioiiaux qui auraient été usurpés par des oarti-
culiers. i ' r
VIL Une somme de quatre millions de reve-
nus en domaines nationaux sera de plus em-
ployée au profit des différens hospices civils en
retnplacemeiit des biens qu'ils possédaient ' et '
qui ont été aliétiès, d'après l'état qui en 'sera'
fourni parleminmrc de liutérictu.
igo
l
autels , , ,
la dUcussion , laissaient pénétrer dans ces écoles
le doute et rincenicudc , et préparaient la chÛLe
Vm. La somme: en capitaux de. rentes fon: l.pep-^-peu ; çtquo.qujls ne fomWBt , dan*
cieres pour fes^e^es publiques . autres que | le pr.ncpe , que quelques sem.na.res ou Ion
ceUe^ des hospice^ , ne pourra excéder vingt ; éleva.t les jeunes gens de ânes au service des
millions ; e. pour ce qui reste à disposer sur celte I autels , Thabuude de la reflcx.on , le résulta, de
somme , on n'emploiera que les rentes dues dans
les départemens , dans lesquels on n'a pas aliéné
les biens des hospices , ou qui en ont reçu le
remplacement.
IX. Les ministres des finances et de riijlérieur
sont chargés de l'exécution du présent arrêté qui
seia imprimé au bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secritaiTe-d'état , signé , H. B. Maret.
maS(^é>le'{anatisime«^é4bltle>pettfiVe<(»)0»4iaù&
ses droits.
L'instruction publique , qui jusque-là avait été
confiée à des çoTporations religieuses, n'apuque
Se ressentir de ce mouvement général : les cor-
porations ont cessé d'exister ; la liberté des cultei-
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république , le conseil-d''état
entendu , arrêtent :
Art. I*'. L'arrêté du 17 thermidor dernier con-
cernant le droit d'octroi de la ville deDunkerque
est rapporté.
II, La perception du droit d'octroi sur les
bietres fabriquées dans l'intérieur de la ville de
Dunkerque , aura lieu d'après les formes déter-
minées par Un règlement , en conformité de la
loi du 17 fructidor an 7.
III. Le ministre de .l'intérieur est chargé da
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Le ministre de la guerre au général de brigade
Wirron , chargé de rorganisation de la gendar-
merie dans rOuest. — Paris , le 7 brumaire an 9.
Le premier consul , citoyen général , sur le
compte qui lui a été rendu par le général en
chef de l'armée de 1 Ouest , de l'organisation de
la gendarmerie dans les 12' , i3' , 14' et 22'
divisions militaires, m'a chargé de vous témoigner
sa satisfaction du zèle que vous avez mis dans ce
travail important , et du succès que vos efforts
ont obtifnu.
de tous ces monuinens élevés par l'ignorance à ,„'^ p^j p^ jg concilier avec l'enseignement et. la
la superstition. ' 1 pratique exclusive du culte catholique : le goù-
Les prmiers germes de la vérité , jetés dans vernement , fondé sur les principes de la raison ,
s écoles , devaient bientôt sy développer : n'a plus eu d;mtérêi à écarter les vérités philo-
sophiques qUi lavaient établi. 11 a donc falla
régénérer l'instruction publique.
quelques traits de lumière sortis , par intervalles ,
dii sein des ténèbres, éclairaient depuis loug-
lems sur des erreurs grossières ; et les guerres
civiles sur-tout , moniiant au peuple sa iorce ,
au clergé et à la noblesse leur dépendance réelle ,
rendaient nécessaires les progrès des véritables
connaissances. Le clergé se vit donc forcé d'ad-
mettrre la bourgeoisie à participer aux études
publiques : il se réserva néanmoins le droit
exclusif de l'enseignement et du choix des
études.
Ces faibles traces d'instruction, ces légers pro-
grès de l'esprit humain , ces premières conquêtes
de la raison sur les préjugés , préparaient peu-
à-peu les élémens d'un véritable système d'édu-
cation publique ; et ce fut vers le milieu dii
quinzième siècle , qu'il fut permis de donner à
l'insiruclion cet ensemble , cette stabilité , cette
étendue, j'ose dire cette liberté, qu'elle n'avait
pas eus jusqu'alors.
Le code réformateur du cardinal d'Estouteville
parut en 1452 : ce monument, concerté ■ entre
le cardinal et des commissaires royaux du par-
lement et du clergé , a été l'époque la plus mé-
morable que nous .présentent les fastes de l'ins-
truction publique. Il organisa l'élude des quatre
facultés ; créa une espèce de magistrature pour
veiller aux progrès de l'éducation ; autorisa la
formation des pensionnats ; établit la graduation
nécessaire à l'instruction ; ordonna les examens
publics; détermina la hiérarchie des pouvoirs
1 parmi les instituteurs ; abrogea les statuts qui
' excluaient les médecins mariés de la régence ,
etc. ; et quelque incomplet que sôil ce système ,
! on pourra en apprécier tout le mérite , si l'on
' se repoite au moment oîi il a été conçu et
1 exécuté.
C'est peu de tems après qu'on vit s'établir en
L'assemblée constituante s'occupa de poser les
bases d'un nouveau système d éducation natiçnale:
leplan qu'elle|npus a laisséejt encore le plus beau
monument que le génie ait élevé à l'instructioa
publique (i) : mais ce plan , tracé sous la mo'har-
çhie dans un moment oîi le clergé était organisé
par la constitution , ne saurait s'adapter dans toute
son intégrité à notre état actuel- De grands chap-i^
gèraens survenus dans notre organisaliori p<yi-i*
tique , ont rendu nécessaires de plus grands chan- '
gemens encore daiis le système de l'instruction '
publique. '
L'assemblée législative eut aussi son plan d'édin-
cation nauonale. L'auteur (1 ) , poursuivant avec ■
persévérance le système qu'il s'était formé di» .
perfectionnement itidéfini de l'espèce humaine,
crut trouver dans la révolution l'époque la plu».
favorable à l'exécution de ses idées, et regarda» ;
l'instruction publique comme le moyen le plus
propre à l'accélérer. Ce plan , conçu par un.
homme de génie, établissait cinq degrés d'instruc-
tion publique , un de plus que celtii de l'assem-
blée constituante : il admettait des écoles primaires f
des écoles secondaires , des instituts , des lycées y et
enfin une société nationale des sciences et des arts , .
destinée à surveiller et diriger les établissement
d'instruction.
Ce plan vaste, coordonné avec génie dan« .
toutes ses parties, peut être plutôt considéra
comme une belle conception théorique, que.
comme un système susceptible d'exécution. L'au-
teur a trop bien auguré de son siècle , lorsqu'il
a cru qu'il suffirait de créer de nombreuses écoles .
pour avoir des élevés et des proiesseurs -, il a trop
sacrifié à sa théorie sur le perfectionnement indé-
fini de l'espèce humaine, lorsqu'il a voulu sous-
traire l'instruction et les professeurs à la surveil-
J'éprouve un véritable plaisir à être , dans cette France cette corporation rehgieuse , toujours tur- ' lance du gouvernement, afin de défendre . contre
circonstance l'organe du gouvernement, et à bulente , toujours conspiratrice, mais instruite ,: toute atteinte du pouvoir, cette indépendance de
vous offrir l'assurance de mon estime pàrticu- 1 amie des arts , avide de gloire , et assez forien;e- 1 ' l'instruction , qui f»it, selon lui , une partie de» '
]jgfg_ organisée dans son intérieur pour suivre une , droits de l'espèce humaine.
Je vous salue ,
Signé , Laquée.
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Le ministre de la justice prévient les fonction-
naires publics , qu'à compter du 21 du courant ,
l'entrée du secrétariat pour les renseignemens à
prendre , ne sera ouverte que les jours impairs ,
depuis s heures jusqu'à 4.
organisée dans son intérieur pour suivre une
marche uniforme dans ses phms d'enseignement
comme dans ses projets d'ambition. L'établis-
sement de celte société donna aux sciences et
aux lettres un appui dont elles avaient manqué
jusqu'alors: les méthodes d'enseignement se per-
fectionnaient par les leçons d une expériencejoui-
naliere : les collèges, que cette société ir, jitiplia
sur tous les points de la France , présentaient
partout des moyens faciles à tous ceux qui vou-
laient s'instruire ; et de tous ces foyers d'étude et
de lumière , on vit sortir cette étonnante gêné-
droits de l'espèce humaine.
Ce système d'instruction a éprouvé le sort du
premier: on .c'est borné â oidonner l'impression'
des profondes .ir.édîiatior.s des deux philosophes,
qui ont travaillé sur ente importante matière.
Au milieu des agitations , des haines , des pas-
sions auxquelles la convention nationale fut en
proie , on l'a vue néanmoins s'occuper constam-
ment d'instruction publique. Les crises politiques
qui ont marqué ses périodes d'une manière si
effrayante , ont fait successivement prédomiiter
CONSEIL- D' ETA T.
Rapport et projet de loi sur l'instruction publique ,
présentés au conseil-d'étal , section de l'intérieur ,
par j. A. Chaptal (i).
Progrès de l'instruction p,ubliq_oe truire' la jeunesse , ils voulurent gouvern^er l'état;
ration d'hommes éclairés qui a mérité à son siècle tous les partis; et la postérité croira avec peine
[le nom du siècle des talens et des lumières. que la même assemblée qui paraissait avoir orga-
.... ... . 1 . . ' nisé la destruction en système , ait produit ce»
I Les résultes ne sentirent que trop alors tout ce ; , , • , . ■ ii . j
Tt, J . j^ 1. •. 1 I I nombreuses lois salutaires auxquelles nous de-
qu us pouvaient entreprendre sur 1 esprit de leurs ■
contemporains ; au lieu de se borner à les éclairer,
'ils .aspirèrent à les asservir : peu satisfaits d'ins-
^N France.
Les premiers tems de la monarchie ne pré-
sentent aucune trace de l'éducation nationale.
•Le clergé, seul dépositaire d'un petit nombre
de connaissances , ne le transmettait qu'à ceux
qu'il initiait dans ses mystères.
La noblesse , uniquement occupée du métier
des armes , semblait dédaigner l'instruction. Son
ignorance fut tellement prolongée , que , même
du tems de Charlemagoe , on trouvait peu de
nobles qui sussent écrire.
Ce n'est qu'au onzième siècle qu'on commença
à cultiver les arts libéraux : mais leur étude
fut exclusivement réservée à la noblesse et au,
clergé.
Vers la fin de ce même siècle , parurent en
France les ouvrages d'Aristote : ils ftirentsuc-,
cessivement étudiés , proscrits et brûlés.
Alors furent jetés le» premiers fondemens de cette
fameuse Université, qtj'on a vue tour-à-tour pro-
tectrice ou tyran des, arts , selon ses craintes ,
son ambition ou ses intérêts. Ce ne fut, jusqu'au
quatorzième siècle, qu'un corps de, maîtres am-
bulans , dévoués av)x volontés du grand pon-
tife, et toujours prêts à lui sacrifier leurs opinions
et leur patrie.
La théologie , |e droit civil et la médecine fu-
rent long-tems les seuls objets des études pu-
bliques. Cependant les collèges s'établissaient
(i) L'impatience aycc laquelle ce rapport est attendu, et le
désir de prévenir les fausses idées que poufraici^t en .donner
des extraits infidèles , nous engagent à publier ce rapport en
entier. — ( Note dm rédacteur. )
et leur empire s'établissait insensiblemerit sur deux
bases qui paraissaient inébranlables : d'un côté,
sur le pouvoir que donne le privilège de l'en-
seigtïement ; de l'autre , sur le respect magique
qu inspirent aux familles les prêtres dépositaires
de leurs secrets. Celle ambition démesurée pré-
parait de loin une chute qui ne fut retardée que
par le sentiment qu'on avait encore de leur utilité
réelle , et par l'inQuence qu'ils exerçaient sur
l'opinion publique.
Néanmoins , leur destruction devenait , de jour
en jour , moins dangereuse pour l'éducation , par
rapport à la concurrence que venaient d'établir
d'autres corps enseignans ; exelle arriva en 1761.
Cet événement n'amena pas de grands chan-
gémens dans le système de l'instruction publique ,
parce que déjà le sort des lumières était décidé :
outre l'existence de plusieurs sociétés savantes ,
vouées par état à l'enseignement , il sétait établi
de nombreuses écoles particulières qui rivalisaient
avec les éiablissemenS publics ; et les académies ,
formées de toutes parts., propageaient les coii-
naissanccs et publiaient les découvertes. L'esprit
philosophique , étranger dans les écoles publiques,
""se développait avec courage dans ces réunions
d'hommes libres ; de manière que les prêtres et
le gouvernement n'avaient plus que la ressource
des persécutions pour étouffer les vérités terribles
qui menaçaient d'une ruine prochaine le vieil
édifice de la superstition et de la monarchie.
Pendant un demi-siecle , on a donc vu la phi-
losophie aux prises avec la superstition , la raison
avec les préjugés , la vérité avec l'erreur : le ré-
sultat de cette lutte mémorable a été la révolution ,
cette crise politique qui a renversé le tiône , de-
vons ou la conservation ou la création de pres-
que tous nos éiablisseraens d'instruction pu-
blique.
Un tel rapprochement mérite louie l'attention
de l'homme sage : et je crois qu'on peut trouver
la raison rie cet étonnant contraste , dans la com-
position de cette as>.emblée , extraordinaire jus-
que dans ses élémens. A côté de quelques hom-
mes de sang , qui ne respiraient que ruine et
destruction , siégaient des philosophes (2) dont
la pensée se fixait toute entière sur les arts , et
qui profilaient avec adresse , souvent avec cou-
rage , des intervalles que laissaient les discussions
orageuses , pour proposer ou la conservadon de
quelques monumervs des arts ou rétablissement
(le quelque école d'instruction. C'est ainsi qu'on
a conservé le dépôt précieux des arts et métiers ;
qu'on a formé le plus bel établissement de mu-
sique qui existe en' Europe; qu'on a établi les
écoles de médecine ; créé une école normale, conçii'
et exécuié le vaste plan de l'école polytechnique ;
accordé un asile et les secours de 1 instruction
aux sourds-muets ; ouvert des leçons publiques à
la bibliothèque nationale pour l'enseignement
des langues orientales ; établi deux écoles d'écono-
mie rurale ; organisé sous le titre d'écoles de services
publics , un enseignement complet pour \'artille-
rie , le génie, les ponts et chaussées , les mines, la.,
géographie et la navigation ; etc. C'est en un mot ,
osons le dire , la convention nationale qui a
posé , sans restriction , les bases de l'instruc-
tion telle qu'elle existe encore aujourd'hui :
mais , non-seulement elle s'est occupée d'ins-
truire, elle a voulu conserver; elle a fait plus.
(l) Rapport sur l'instraction publiqi
( 1 ) Condorcet.
{ 3 ) Cambacérès , Grégoire , Daunou , Sieyes
Guyton , etc.
par Talteyrand-Périgord».
Fourcroy »
elle 3 voulli perfectionner'; et', à cet fffet , elle
a réuni dans un même lieu , et comme dans le
tnême icniple , sous le nom .d'Institut , les scien-
ces , les arts et ja liitérature.
Cependant , li convention nationale ne cou-
ronna pa$ l'édifice de linsiruciion publique :
elle légua au corps législatif le soin dele leriuiner
par l'organisation des écoles spéciales. C est pour
remplir ce but qu'il a été présenté , en l'an 5 ,
un plan d'organisation de ces écoles, cjui , quoi-
que simple et fortement conçu,, a partagé le sort,
de tous les projets émane» des deux premières
assicinblées nationales. (l)
Depuis cette époque , le conseil des cinq-cents
s'est constamment occupé d'instruction publique :
teauCoup de projets ont été pioposés , discutés;
aucun n'a été arrêté; et l'instruction est encore
aujourd'hui ce que la convention nationale l'a
laissée.
Quelques^ écales pritnaires dans les villes ,
presque aucune dans les campagnes ; une école
centrale par département ; plusieurs écoles spé-
ciales en activité , telles que celles de médecine ,
de musique , des ponts et chaussées , des mines ,
d'histoire naturelle -, l'école polilechnique , etc. :
tels sont , à peu de chose près , les établissemens
actuellement ouverts à l'instruction publique.
Quelqiies.-uns de ces établissemens existaient
sous l'ancien régime : on a cru remplacer les
collèges par les autres ; mais on est loin d'avoir
atteint le but qu'on s'était proposé. Presque par-
tout les écoles centrales sont désertes ; et lors-
qu'on recherche la cause du peu de succès qu'a
obtenus cette nouvelle institution , on croit la
trouver dans les vices de l'organisation de l'en-
seignement qui y est établi. Il me suffira peut-
être de rapprocher l'enseignement ancien du
nouveau , pour faire sentir cette vérité.
L'enseignement , sous l'ancien régime , était
confiéj à des corporations ; ces corporations pré-
sentaient quelques avantages qui n'appartiennent
q'u à elles.
1°. La manière d'enseigner était la première
étude de ceux qui se vouaient à l'enseigne-
ment ; et personne n'a pu réfléchir sur les
difficultés que présente l'art de transmettre ses
idéts avec ordre, clarté, méthode, précision,
sans sentir la nécessite de s'instruire de la mé-
thode d enseignement avant de s'y livrer.
î°. Il existait dans les corporations un sys-
tème d'organisation intérieure qui , marquant à
chacun ses devoirs . établissait par-tout l'ordre
et rharnoonie , et assurait une entière exécu-
tion dans tous les détails.
3°. L'enseignement y était gradué de telle ma-
nière , que le professeur acquérait de nouveaux
moyens à mesure que les facultés de l'élevé se
développaient.
4°, Ce système était tout économique en
ce que la. réunion de tous les professeurs à
\iné même table et sous le même toît , formait
de tous une seule famille.
A côté de ces avantages , sans doute incon-
testables , l'éducation confiée aux corporations
nous paraît présenter plusieurs vices.
Le premier , c'est que , sî ces corporations
possédaient l'art de transmettre les connaissances
açqijises , rarement elles s'élevaient au mérite de
l'invention. Les corporations conservent, mais
«lies ne perfectionnent ni n'itiventenl.
Le second vice qu'on peut reprocher aux
Çflrporations , c'est celui d'enseigner , comme
vérités , les opinions consacrées par upe longue
ftadixton dans l'école.
Le troisième , et peut-être le plus grand de
tous , c'est celui de commander despotique-
mi-nt à la croyance des élevés dans les sciences
comme dans la morale ; de ne jamais proposer le
doviie- , qui setil excite et développe les facul-
tés de l'entendement. Ce système de contrainte
et de tyrannid dérivait naturellement de l'usage
consacré p^r plusieurs siècles , qui avait fait de
l'enseignement l'apanage exclusif des prêtres.
Ainsi , au lieu de laisser à l'entendement humain
cette extension de liberté qui porte sans cesse
vers le perfectionnement et le rend capable des
plus grands efforts , les instituteurs éteignaient
avec soin , ou condamnaient avec humeur les
élans de l'imagination , les inquiétudes du gé-
nie , qui cherchent l'appui de» vérités jusque
dans le vague des préjugés ou des erreurs.
Cependant, le système de l'enseignement , le
mécanisme de linsiruciion , étaient si bien orga-
nisés dans CCS écoles , qu'on y contractait l'ha-
bitude du travail , et que le vrai talent en sortait
impatient de se porter à l'étude des vélrités qu'on
lui avait soigneusement cachée» : sa marche en
devenait d'autant plus hardie , que l'état de con-
tramie dans lequel on l'avait retenu , avait irrité
la curiosité : dès-lors , rien ne pouvttit arrêter son
élan ; il redoublait par les peisécutions. Telle fut
{)) Rapport lur l'oiganiialion rtei écoles ep^cUles , par P. C. F.
OiuDdu.
■ J9I
] la; conduite de Rousseau . de Diderot , de Vol-
l 'taire, de d'Alembert, de Condorcel ; telle fut la
j rnarche de tous les hommes de génie qui se sont
I réunis en assemblée nationale en 8g.
I On peut donc poser comrrie base fondanien-
! talc , que diiris les tems qui ont précédé la révo-
lution , la nature de l'instruction publique exigeait
quelques léformes; mais on ne peut pas nier
que la méthode d'enseignement ne fût admi-
rabje,
Les vices de l'ancienne insti-ta'ction n'ont pas
tardé à être sentis , et on a cherché à les corriger.
Ne pouvant plus conserver de corporations ,
incompatibles , par leurs principes , avec la forme
et l'esprit du gouvernement, il a fallu les sup-
1 pitmer ; de fdçon que l'instruction , en changeant
d'objet , a dii changer de mains.
Des hommes instruits ont été réunis pour don-
ner une éducation publique : les plus grands
talens se sont consacrés aux péuibles fonctions
du professorat. Jamais plus de lumières , on peut
le dire, n'ont été appliquées à l'enseignement.
Cependant , l'éducation publique est presque
nulle par-tout; la génération qui vient de toucher
a sa vingtième année, est irrévocablement sacri-
fiée à l'ignorance; et nos tribunaux, nos ma-
gistiatures , ne nous offrent que des élevés de
nos anciennes universités.
Le système d'instruction publique qui existe
aujourdhui , est donc essentiellement mauvais,
mais beaucoup moins par la nature de l'ins-
truction elle-même , que par l'organisation vi-
cieuse qu'on a donnée à l'enseignement. En
effet,
1°. Les écoles primaires n'existent presque nulle
part; de manière que la masse de la nation
croît sans aucune instruction ; et , par consé-
quent, les écoles centrales , qui supposent des
connaissances premières , ne peuvent servir qu'à
un très-petit nombre d individus.
2*. Le passage des écoles primaires aux écoles
centrales, n'est pas rempli par des études inter-
médiaires, de manière que le jeune homme qui
sait Itie et écrire,, ne peut pas profiler de
1 instruction qu'on donne dans les écoles cen-
trales.
3°. La graduation des éludes , si nécessaire
pour développer par degrés les facultés de l'en-
tendement, n'est point organisée dans les écoles
centiales : car on ne peut pas appeler organi-
sation les dispositions bizarres de la loi qui
distribue l'enseignement d'après la seule consi-
dération de l'âge.
4°. L'instruction s'y (Jonne sans surveillance,
de sorte que le tems consacré à l'enseignement
n'est point tracé ; les élevés n'y sont point sou-
mis à une discipline assez sévère ; et , dans un
âge oii le besoin du mouvement et l'attTait presque
irrésistible des jeux maîtrisent la jeunesse , cette
discipline , cette contention forcée , sont la pre-
mière condition qu'on doit lui imposer pour
assurer de bonnes études.
5°. Les cours des écoles centrales ne spnt pas
distribués par-tout d'une manière avantageuse à
l'élevé. Trop souvent l'heure des leçons et l'époque
des cours sont commandées pat la seule commo-
dité des professeurs. Il en résulte que l'instruction
se donne sans ordre et sans suite ; que , dans
certaines époques de l'année , les cours sont si
nombreux , que les élevés ne peuvent pas y suffire ,
tandis que dans d'autres tems l'école ne présente
i aucune trace d'enseignement.
6°. L'instruction , telle qu'on la donne en gé-
néral , n est point proportionnée à la faiblesse de
l'élevé , pour qui essentiellement elle est faite.
Aussi ne voit-on dans les départemens que quel-
ques hommes déjà instruits qui suivent ces cours
des écoles centrales , de manière que ces écoles
sont plutôt des écoles de perfectionnement que
des écoles d'instruction première pour les sciences.
7°. Toutes les parties de l'enseignement n'y
reçoivent pas d'assez grands développemens. Un
seul professeur est destiné à enseigner les langues
anciennes , de manière que ses leçons ne peuvent
être profitables ni aux personnes iastruiies , qui
désirent se perfectionner dans leurs études , ni à
ceux qui commencent.
Pour présenter aujourd'hui un bon système
d'instruction publique , il faut donc se placer
entre ce qui existe et ce qui était avant la révo-
lution : il faut étudier dans ie passé comme dans
le présent , les leçons de l'expérience pour
former , de tous les faits qu'elle nous fournira ,
les élémens de notre éducation nationale. C'est
la marche que j'ai constamment suivie dans le
projet que je soumets au conseil.
( La suite demain. ]
cile des citoyens qu'ils apprennent être en.dispO-;
sillon de se maiier; que lesims st disenitamboiars '
Je la garde nationale de notre anondissemont ,
spécialement autorisés par nou.t , pour donne*
quelque célébrité aux mariagci à prononcer ; les
autres comme plus particulièrement chiirgés par'
nous de la mise au tableau des affiches prescrites
et devant précéder les mariages , etc. etc.
Nous nous empressons de prévenir de nouveau,,
nos concitoyens , contre celte fraude nujsililé £
leuis intérêts, et scandaleuseiireni conltjiité liUf,,
seniimens qui nous ^niinent. ,
Nous déclaronsi' que ni les uns ni les autres,
n'ont aucune mission , aucune autorisation de
nous ; que toutes les fondions pénibles et jour-
nalières de nos bureaux, sont remplies en ce'
moment par un seul , dit garçon de'bureau , quil
est salarié par la république.
Nous invitons les citoyens qui aiment le bon
ordre, à se pourvoir coiure tous individOs, quels
qu'ils soient , qui oseraient se présenter comme'
de nous autorisés , et sous quelque prétexte que
ce puisse être , par-devant les commissaires dç'
police que nous en avons déjà pi-évenus , et par.
toutes les voies établies pour la sûreté et invio-
labillié des domiciles. ■ : :
Signé , Delafiien^ye , maire; Maijvage §t)'
Ohy Hayem Woriws , adjoints. ' ■ -, ,
F. Ricou , secrétaire en chef.
Le préfet du département du Rhône , considé-
rant que la saison actuelle peut enhardir et favo-»
riser,pat la longueur et la rigueur des ' nuits ,'
les entreprises des mal-intentionnés coittreïa'
sûreté des courriers ;
Considérant qu'il importe d'assurer la marche
desdits courriers par tous les moyens de précau-
tion et de protection possibles , ariête : '
Art. 1=1". Il sera établi des postes suffisatis d'in-'
fanterie et de cavalerie dans chiçun des lieux de,
la Tour, de l'Arbrêle, de Saint -Romain - de-
Popey , de Pontcharta , de Tarare , de Limonest ,
d'Anse, de Viilefranche, de Saint-Georges-de-
Renains et de Saint-Jean-d'Ardiere.
II. Chaque jour un détachement de ces postes
lequel s'adjoindra des hommes pris dans le^
gardes nationale environnâmes, se rendra en
nombre suffisant, de chacun de ces lieux , sur un
point de la route qui sera indiqué , et y bivoue-
quera en attendant le passage du courrier de la
malle , et jusqu'après son arrivée présumée au-
( poste prochain.
I III. Tout citoyen qui tenu , aux terrries de la
loi , du service de la garde nationale , et rtqui» ,
pour le service ci-dessus spécifié , ne se rendra'
point , ou ne fera point agréer un homme pour,
le représenter , sera remplacé d'office , et paiera;
deux francs applicables , à titre d'indemnité, à'
celui qui l'aura suppléé.
IV. Les mesures seront prises pour qu'il y ait
des feux allumés sur les points qui auront été'
désignés pour, les bivouacs.
V. Les maires se concerteront avec les chef*
des détachemens pour l'exécution la plus exacte
des présentes dispositions.
VI. Dans le cas d'entreprises contre la malle ,
tout individu qui de sa propre main aura arrêté
un des assaillans , recevra une récompense.
VII. Les citoyens Fera , maire , et Devernoillé «
adjoint , de la commune de Saint-Loup , el
Siraonet , a^^joint de celle de Tarare , qui, lori
de l'arrestation du courrier, le 17 fructidor dei--
nier , réunirent avec succès , contre les voleurs .
les gardes nationales , et le citoyen Peraud-
Verdal , qui , au risque de sa vie , courut donner
l'alarme , recevront du préfet , au nom du dé-
partement , savoir : les citoyens Fera, Dever-
noillé et Simonel, une écharpe dans les formes
et les couleurs déterminées pour leurs fonctions
et le citoyen Peraud Verdat , une somme eii .
argent égale à U totalité de ses contribution» •
de l'an 8, à prendre sur les fonds mis à la dispo-
sition du préfet pour dépenses imprévues.
Vin. Le présent arrêté sera adressé au général
divisionnaire , et au commissaire-ordonnateur ,
avec invitation de concourir à son exécution
chacun en ce qui le concerne.
Fait à Lyon , en là préfecture , le 6 brumaire t
an 9 de la répiil^lique française.
Signé , R. Verninac.
Pour expédition coUadonnée ,
Le secrétaire-général de la préfecture ,
Urbain Jaume.
Les maire el adjoints du 5"^ arrondissement , aux
citoyens de Paris.
Aussitôt que nous sommes instruits de l'im-
pudence avec Laquelle des individus , absolument
inconnus , se permettent de se piéseiiier au dumi-
MÉDECINE.
Lecamus , ancien chirurgien de marine de première
classe, chirurgien accoucheur à J^oisi-le-Sec ,ciu
citoyen Archidet , rue JVeuve-Sairtt-Eustache , »" j^
Citoyen , quelqu'accrédiié que puisse être voir*
trailesnent , il ne le»! pas en raison du bien nuitl
192
pourrait faire, c« il ne devrait être ignoré d'au- ' Huent sur la population, sur la mortalité d'un
cun goutteux. Souffrez donc qu'un officier de
aanté, moins encore par reconnaissance que par
un sentiment d'humanité , annonce au public les
bons effets qn'il en a éprouvés lui-même , et ceux
qu'il en obtient dans sa pratique.
Je suis d'un tempcramment sanguin , et attaqué 1
de la goutte depuis dix ans , ayant tous les
automnes un paroxisme de six semaines ; les
premiers jours elle est ambulante ; elle attaque
toutes les articulations des extrémités inférieures;
elle les parcourt ainsi pendant cinq à six jours,
ensuite elle se fixe au genou , où elle se termine
au bout d'un mois ou quatre décades. En l'an 7 ,
elle devint anomale , et j'eus des accès dans
toutes les saisons. Aij mois de brumaire an 8 .
l'attaque se fit sentir généralement dans toutes les
articulations , et ne se fixa au genou droit qu'au
bout de 25 jours, et avec des douleurs tiès-
aigues ; la jambe était fléchie sur la cuisse sans
pouvoir l'étendre : c'est- alors qu'on me parla
de votre remède ; et il y avait cinquante jours
que j'élaij dans cette cruelle position, lorsque
j'en fis usage. Dans la. nuit même de la première
friction , je dormis quatre heures , ce que je
n'avait pas fait depuis un mois. Le lendemain
je fis une seconde frictior> , et je pris une cuillerée
de sirop; dans l'après-midi moins de douleurs et
un peu de mouvement ; enfin , le cinquième
jour , je marchais presque sans douleur ; le
sixième jour . cessation totale de douleur , et
extension complette de la jambe. Depuis un
an , plus d'attaque. En vendémiaire dernier, je
ressentis dans l'articulation du pied gauche une
douleur assez vive ; je fis sur le champ usage
de votre remède , et le lendeoiain je n'avais plus
de douleur.
D'après les heureux effets que j'ai retirés de
votre traitement, je l'ai conseillé à plusieurs de
mes malades, qui tous en ont retiré les mêmes
avantages,
I Je vous prie donc de vouloir bien rendre ma
lettre publique. Puisse mon témoignage convain-
cre les goutteux et les gens de l'art, qu'il existe
enfin contre cette cruelle maladie un remède qui
soulage proiiiptement , sans jamaii avoir de ré-
sultats fâcheux.
Je vous salue très-fraternellement, et vous prie
de croire à ma juste reconnaissance.
Signé, Lecamus.
étal : les effets du climat sur ses habilans ne peu-
vent êtrp indiffétens à ceux qui se sont destinés à
nous préserver des maux qui nous environnent ,
et encore moins àxeux qui , par leur position po-
litique , sont chargés d'encourager les recherches
utiles à la Conservation de l'espèce humaine.
L'exactitude des observations , la précision des
détails, la clarté des résultats distinguent cet ou-
vrage, et le rendent digne d'être comparé à ceux
que l'Angleterre , l'Allemagne , la Russie, la
Suéde, possèdent sur la statistique de ces con-
trées. L'institut national en a jugé ainsi, lorsque
sur le rapport des citoyens Laplace et Halle , il a
dit que f cet ouvrage dans lequel on trouve le
>» développement de faits aussi intéressans , de-
>j vait être accueilli par l'institut , imprimé dans
j> ses mémoires, et 1 auteur encouragé à conti-
u nuer sa correspondance.!'
Les.obseriratians.qui pnt servi de baie aux cal-
culs et aux résultats très-curieux , présenté par le
citoyen Mourgue , ont été faites à Montpellier,
pendant vingt-une années consécutives.
Ces 21 années ont présenté «5,064 naissances,
5926 mariages .: 23.366 morts , parmi les habitans
domiciliés à Montpellier : 5276 morts à l'hôpital
deSaint-Eloi de la même ville.
Des tables très-bien faites, d'une division,
d'une exactitude rares, relatives aux sexes , aux
âges, aux différenteis époques de la vie, ne lais-
sent rien à désirer sur la population , ses pertes,
ses accroisscmens, si^r la durée , sur les proba-
bilités de la vie , et ne nous permettent pas de
faire connaître , dans ce cour extrait , tout l'avan-
tage qu'on peut retirer des observations faites ,
d'après le plan de l'auteur , sur les divers climats
que l'étendue de la France présente.
Le citoyen Mourgue a considéré avec beaucoup
de sagacité, rinfluence des saisons, sur les nais-
sances et sur la mortalité, Jl en déduit des faits ,
des rapprochemens du plus grand intérêt pour
toias les hommes. Nous ne saurions trop recom-
mander la lecture d'un ouvrage . dans lequel
chacun trouvera quelque vue qui le touche par-
ticulièrement.
Nous engageons les lecteurs de cet ouvrage,
et surtout les physiciens et ceux qui se sont dé-
voués à l'art de guérir , à prendre en mûre consi-
dération l'article intitulé : Vuci \ur les causes du
1 plus ou du moins grand nombre de mortalités , pen-
— 1 dant les diverses saisons.
Traitement méthodique des maladies qui proviennent \ ^^^ calculs des prohnhiliié^ de la vie mériterit
des humeurs scrophuleuses , telles que les dartres , "ne attention pairicuiicr.- : Is • 'i des ré-
écrouelles, humeurs froides.
Jusqu'à présent , on 3 toujours traité ces ma-
ladies avec le mercure, seule ressource bien
faible et bien dangereuse ; cir loin de remédier
au mal , il le prolonge , détruit les forces du
malade , sur-tout dans l'enfance , où il arrête la
croissance, contrarie la nature, et donne au
jeune sujet toutes les infirmités attachées à la
décrépitude.
On est parvenu à éloigner cet ennemi dan-
gereux de la médecine , et à traiter la teigne sans
le secours de la calotte , traitement tyrannique
qui répugne à l'homme instruit , par les douleurs
et les maux qui en résultent.
Lé nouveau procédé mis en usage est, on ne
sultats bien plus pvécjs (j-.'r r^nx. , : vquels on
était parvenu jusqu ici , ei àui-imiiMM !• d'fie-
rence quil y a entre la viabilité des Iioniroes et
celle des femmes. On observera comme une
chose bien favorable potir le climat de Mont-
pellier , que sur sept et demi individus qui nais-
sent , il y en aura Un qui parviendra à la période
de 70 à 80 ans ; que sur quinze et demi individus ,
il y en aura un qui vivra au-delà de 80 ans. Nulle
contrée dans laquelle on a fait de pareilles ob-
servations jusqu'ici, ne présente de tels exem-
ples de longévité générale.
En lisant cet article sur les probabilités de la
vie , on ne peut qu'être surpris du travail , des
calculs du citoyen Mourgue et des résultats
qu'il en fait sortir d'une manière aussi lumineuse
dans une édition générale qui les classât àvcc>
méthode.
C'est ce que vient d'entreprendre le citoyen
Henrichs , libraire , rue de la Loi , n'''l23i , à
l'ancienne librairie de Dupont.
Le roman dont il est ici question , et sur le-
quel nous reviendrons, en nous b'ofnàrit' aujour-
d'hui à annoncer sommaireméht qu'il y Vegne
un intérêt touchant et soutenu , en même-tems
qu'une moralité attachante , a été imprimé . il y
a cinq mois , à Berlin ; il a eu deux éditions
successives.
Les mères rivales forment 4 vol. in-8°. Prix, 12 fr*
sur papier fin ; g fr. sur papier de Limoges. Il y a
une édition in-12 , sur papier ordinaire: prix,
6 francs.
L'éditeur garantit ces deux éditions en y ap-
posant sa signature. Les autres livraisoris suivront
de près teile-ci.
Lycée de Paris.
Séance du 7 hramaire.
Parmi Içs ouvrages qui qnt été lus à cette
séance , on a remarqué :
Une Epître aux Artistes , du citoyen Raboteau «
pleine de verve et de détails poétiques ;
De jolis vers du citoyen Creusé , sur la mytho-
logie d'Ossian. On a vivement applaudi le po^ic
et son intention allégorique ;
Un fragment du citoyen Girard , SUT les Sépul-
tures particulières , a offert un style pur , élégant, .
harmonieux , une heureuse alliance de l'imagi-
nation et du sentiment , et sur-tout quand il a
demandé, dans un morceau dont la forme est
très-poétique , que les cendres et les statues de»
grands hommes fussent placées aux lieux où ils
pourraient encore instruire aux vertus par leur
exemple.
Des Apologues du citoyen Lachabaussiere ont
été entendus avec beaucoup de plaisir : celui
surtout du fleuriste et de la fleur des champs.
Un entretien au Salon des tableaux , par le citoyea
Salvertc, offrait des apeiçus heureux sur la liai-
son des beaux-arts. Il a rappelé l'essai de Diderot
dont le citoyen Salverte a composé l'éloge ;
Iju trait, un coloris gracieux ont fait disrin-
guer un conte ingénieux et plein de sentiment,
iniilulé : le recouvrement de la vue , et adressé au
citoyen Saint-Marcel;
La lecture de deuxfables du ci^toyen Dtitrerablay
a terminé la séance. Elles ont cette naïveté.»,
cet aimable abandon que ce genre difficile exige,
et que leur auteur réussit souvent adonner à ses
productions. _____^___^_____
Le cit. Beauvarlet - Charpentier , demeurant
hôtel Bretonvilliers , île Saint-Louis , seul fils, du
célèbre organiste et maître de piano de ce nom.
exerçant la même profession, prévient le public
qu'un citoyen , portant aussi le nom de Charpen-»
lier, s'introduit , sous le même titre , dans diffe*'
rentes maisons
peut plus facile , le malade peut se panser lui- ■ „„€ prêcr«e.
même , et en cinq décades ou deux mois au plus, 1 ^ . . . . , . .
il se trouve parfauement rétabli, sans que les or- „<t" ""•' "' .**.™"?^ P" quelques résultats
ganes essentiels en souffrent. ' ^. observations météorologiques faites a Montpel-
^ , . 11 . .. . i lier Bar 1 auteur: il les a crues nécessaires pour
Q,uant aux dartres , ecrtjuelles , humeurs froi- fi^gr les idées des observateurs sur la nature du
des , elc. on tait a-peu-pres le même traitement ;
il n'excède jamais le terme indiqué ci-dessus, sans
que la cure soit opérée.
Les indigens seront traités gratuitement. Il leur
sera délivré tout ce qui est nécessaire au traite-
ment sans en tirer aucun produit.-.
S'adresser , les jours pairs , depuis dix heures
jusqu'à midi , chez le cit. Sautray, rue Planche-
Mibray , n° ao , à Paris.
LIVRES DIVERS.
climat des cieux on il a observé.
Ce petit volume qui contient des recherches si
avantageuses à notre existence , doit être connu
des sociétés savantes , et obtenir même l'atten-
tion du gouvernement.
COURS DU C H A k G fc.
Bourse du 18 brumaixe.
Rente provisoire. «3 fr. 65 c.
Tiers consolidé ....•.•• 84 fr. i5 €»'.
Bons deux tiers i fr. 67 c'
Bons d'arréragé 85 fr. s5 c.
Bons pour l'an 8 . 92 fr. 90 Cr'
Syndicat. 83 fr.
Coupures '■ 82 fr. 5ù c.
Aci. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 3o fr.
Les Mères rivales ou la Calomnie , par- madame
Genlis. Ce roman peut être considéré comme
la première livraison de la nouvelle édition de
ses œuvres; mais, .cependant ne fait pas partie
indispensable de la collection complette. Il est
peu de personnes qui ne connaissent les ouvra-
- ^«o'^r K M H î»^^" ^°«'?r' ges de Mde de (Genlis : la variété des sujets
in-8°. Cchez Maradan , libraire , rue Pavée-An- ^„vii„ , .,,1,^, i, k,„ „„„i „„vii. .'.„ Jr,..
dré-des-Ans , n". 16,
Cet essai est un ouvrage nouveau pour la
•France, et doit devenir un modèle pour ceux
qui voudront se livrer à l'élude d'une science ,
encore au berceau parmi nous. Les causes qui in-
qu'elle a traités , le. but moral qu elle s'est pro-
posé dans tous , l'art avec lequel elle y a placé
l'instruction de tous les genres , sous les formes
les plu» séduis.juites , les ont rendus précieux aux
amis de la saine littérature. On pouvait s'éton-
ner avec raison qu'ils n'eussent pas été réunis
SPECTACLES.
Théâtre de la Republii^oe et des Arts.
Auj. Bal masqué. — Il commencera à minuit.
L'ouverture des bureaux' se fera à il heures.
Prix du billet d'entrée , 6- fr.
Théâtre de la rue Fetdeau. Aujourd'hui
la 7* repr. de l'Homme à sentimens ou le Moror
liseur . cora. nouv.
THEATREDESjEUNESÉLEf ES,raedeThJonville.
Auj. la Fête d'amour; la Gouvernante paV amour ,,
et Cassandre comédien.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes. '
Aujourd'hui la 6' repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée de
chants; U Moine , pantomime magique, et la
Romance.
L'abonaeinent lefaitaParii, rue des Poitevini, »» 18. Leprixert de si franc» po.nr tioii moi», 5o fraac» pour »ix mois, et 100 ftanc» pour l'année entière. On ne
«'abonne qu ku commeuceinent 4e chaqnc moi».
Ilfaut adresse. le»Uureiti l'argent, franc déport ,aucit. Agasse, propriétaire de cejourBal,ruede5 Poitevin», n"> i3. Ufaut'comprendre dans le» envoi» le port dct
pajr» «ù l'on ne peut t ffranchir. Le» lettre» des départemens non affranchies , neseroutpoint retirée» de la poste.
Il faut avoir soin, poui plu» de sûreté, de charger «lies qui renferment des valeur», et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , an rédacteur , rue de»
Poitevin», a*t i3, depuis neuf heure» du matin jusqu'à cin^ oeures du soir.
A Patri, de ritti|iriaierie du cit. A|as»e , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n' ih
GAZ
ATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
-¥^**.l
J^" 5o.
Décadi , eo •brummu an g de la république française^ une ei indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à datet du 7 Nivôse le M o Ni t E U R est le seul journal officiel. '
II concienc les séances tks autorités constirué.ss , les actes du gouvernement , les nouvelles des années . ainsi que ies faits «t les notions tant sur
rinrérieut que sur l'extérieur , fournis pat les cotrespondances ministérielles. . >
Un article séta particulièrement consacré aux sciences , aux arts et jiux décôiiverteiS nouvelles.
INTÉRIEUR.
ACTES"DU GOUVERNEMENT.
^■apport présenté au ministre de l'intérieur ., par le
citoyen Crelet. ronseiller-d'élat . chargé des ponts
et chausi-ées ., canaux, taxe d'entretien, etc. rr-
Tarïs , le 4 jrrumaire an 9 de la république , une
et indivisible.
Je vous soumeis le rapport que vous rti'avez l
demandé sur l'éiat actuel de la taxe des Boutes.
L'ouverture et la perl'ection des grandes routes
en France remonient au dernier siècle ; les im-
menses travaux qu'elles ont exigé furent exécutés
par des corvées sur les cultivateurs. Ce fardeau
devhjt intolérable ; il fut supprimé et remplacé
par le paienient des travaux en argent fourni par
des additions aux contributions.
La destination de ce fonds était respectée et les
routes étaient entretenues, lorsque la révolution
survint. A cette ép0(iue . toute l'économie du
système des routes fui détruite , le fonds spécial
disparut avec les contributions , les routes furent
mises sur le compte des fonds généraux , les en-
trepreneurs ne furent plus payés , leis travaux
cessèrent et la confusion était extrênae , lorsque
Je corps-législatif chercha à y remédier en Tan 5
par l'établissement d'une contribution spéciale.
La loi du 24 fructidor an 5 statua en principe ,
qu'il serait établi une taxe d'entretien des routes dont
le produit serait spécialement et uniquement affecté
atx dépenses de leur entretien , r/faration , confection
et administration.
Ce principe fut développé par la loi du g ven-
démiaire an 6 : il est utile d'observer que l'ar-
ticle LXXXIII de ceUe loi n'auiorisalt le placement
des barrières que sur les routes préalablement mises
■tnhon état de réparation.
•La loi du 3 nivôse suivant a complelté l'organisa-
-lîon de la taxe, mais l'art. LXXXIII dont nous
■«enonsde parler, fut rapporté.
Une troisième loi du 1='' thermidor de la même
année, étendit les attributions du directoire, et
rendit plus facile J'éiablisseflient de la taxe d'en-
tretien.
Une quatrième loi du 4 brumaire an 7 , a mo-
difié la première organisation.
Enfin, la dernière loi du 7 germinal an 8 , a
réduit le tarif de la taxe, affranchi lé transport
des grains et farines , et autorisé les fermiers à
lésilier leurs baux.
Du moment oii , par la loi du 3 nivôse an 6 ,
toute restriction à I établissement des barrières fut
supprimée , le gouvernement ordonna leur pla-
cement sur toutes ies routes de la république,
«ans dis'inction de celles qui étaient devenues
impraticables ; \e reste de l'année tut consumé par
te préalable , et les produits se réduisirent à des
gommes ttès-faibles.
Dans le courant de l'an 7 , les barrières furent
affermées en partie ; on j continué à s'occuper
de leur location jusques au mois de germinal de
l'an 8, époque oii la loi du 7 germinal à intro-
duit un nouveau système.
Vous demandez . citoyen ministre , un compte
par exercice pour les années 6,7 et 8 des recettes
provenant de la taxe d'entretien ei de l'emploi
qui en a été fait ; les moyens d'établir ce compte
ne sont point encore réunis; il faudrait avoir
terminé la licjuidation de deux mi!le régisseurs
partiels et des fermiers qui leur ont succédé; il
faudrait que tous les receveurs généraux de dé-
partement eussent compté ; il faudrait que les
administrations ttnirales n'eussent pas souvent
troublé la coniptabiliic, par une multitude de
dispositions contraires à ce qui leur était pres-
crit. Ces vastes détails ne peuvent êire classés et
liquidés que par de longs travaux; je les suis
avec attention ; ils font des progrès journaliers ,
mais ils exigent encore beaucoup de tems.
Cependant, à défaut d'un compte ligoureux ,
j'ai pu faire uri compte approximatif au moyen
de» pièces et des rcnsei;;neniens qui existent dans
les bureaux des poni? et chaussées ; je pense i\na
ce compte n'épiouvera pas de grandes diflé-
rences , lorsque i"U5 ses élémeui auront été régu-
larisés par les liquidntions qui restent à opérer.
Une antre dilficulié s'oppose à ce qu un compte
rigourfux puisse être actuellement établi ; je
m'explique :
Le» Ituniers qui ont succédé .'i la régie de la
taxe . étaient soumis à une double nature de paie-
men» ; ils s'obligeaient à faite sur les routes des
travaux d'entretien , en quaniiics déterminées
par l<ur> baux , et en outre à payer tu ai jjiiii jc
sommes réglées par les enctieres. Ouelques-uns ,
loin d'avoir rien à payer en aigeni, devaient au
contraire en recevoir poUrcompIéter le prix des
travaux auxquels ils étaient soUmis. Ainsi les fer-
miers étaient en mêine tems percepteurs et en-
trepreneurs ; ils confondaiient la recette et la
dépense.
L'iïne et l'autre ne pourront être liquidées qu'à
la •suite des vérifications dont les ingénieurs sont
occupes relativement aux travaux dont les f'er-
Tniers étaient chargés.
<2-"elques-uns de ces fermiers se sont consti-
tués en avance par des travaux qui excédent
leurs obligations ; d'autres se sont renfermés dans
les limites de leurs baux ; mais en plus grand
nombre , ils sont débiteurs à raison de travaux
qu ils n'ont point exécutés; tout intiique que
les sommes dont ceux-ci seront définitivement
reconnus reliquataires , seront très - difficiles à
recouvrer.
Entouré de ces complications , j'ai dâ adopter
une méthode sirriple ; en voici les bases.
La recette du compte que je vous présente ,
se compose :
1°. Des sommes en argent versées par les régis-
seurs de la taxe.
2°. Des sommes versées par les fermiers , et
de celle* qu'ils doivent verser.
.3°. De la valeur des travaux que les fermiers
s'étaient obligés d'exécuter.
La dépensé comprend :
1°. La cort.sfruction des barrières et les frais
de régie de la perception de la taxe.
2°. Les frjis de l'administraii. n générale des
pouls et chaussées , les appointemens des ingé-
nieurs , etc.
3°. La valeur des travaux exécutés sur les rou-
tes par les entrépreneu's et les fermiers.
Les comptés de chaque département ont été
faits séparément , et ensuite réunis au résultat par
le tableau joint à mon rapport , oà l'on voit en
masse ce qui a été perçu et dépensé par dépar-
tement dans chacun des exercices des années 6 ,
7 'et S. Les résultats définitifs de ce tableau exi-
gent quelques explications.
Exercice , an 6.
.Les barrières. furent établies graduellement dais
l'an. 6. La recette en régie commence au mois
de prairial ; elle a produit 3,317,043 — 27.
Les dépenses ordonnancées ou à ordonnan-
cer sur les produits de la taxe
s élèvent à 3,223,117—54.
DifFéience. .... 93.925—73.
La recette paraît avoir excédé la dépense de
93,925 fr. 73 cent.; ce qui s'accorde de très-près
avec les déclarations de tonds resians en caisse ,
fournies par les receveurs de dépariemens et ap-
paiienaiis ^ l'exercice de Tan 6.
Cet excédent sera incessamment appliqué aux
dépenses arriérées de l'an 6, faites avant I établis-
sement de la taxe , dépe-n;es qui auraient dû être
acquiilées sut" le crédit ouvert par le corps légis-
latif pour les dépenses des routes , mais qui n'ont
point éié soldées, faute de fonds.
Cet arriéré antérieur à la taxe , sera assez consi-
dérable ; il pourra excéder deux millions ; la liqui-
dation en sera compleite dans deux ou 3 mois.
Exercice , an t.
Les recettes et», argent et travaux faits ou à faire
s'élèvent à 14,946,914 f. 70 c.
Les dépenses ordonnancées
ou à ordonnancer , montent
à 14,873,203 23
Difîerence. . . . 73,7 il f. 48 c.
Ainsi la recette paraîtexcéder de 76,722' F. 25 c;
mais la situation réelle de cet exercice n'est ce-
pendant pas telle.
Les sommes encore dues par les fermiers font
partie de la recelte.
Le dcfani de rentrée de ces sommes occasionne
un arriéré qui sera rempli ji.ir les recouvremens ,
s'il s'ei) réalise , et par 423, «63 f. qui existent ac-
turlltvneni dans les caisses des receveurs-généraux
de dépariemens.
Les sommes ducs sur l'exercice de l'an 7 s'élè-
vent , par appciçu , à 8,400,000 f.
A déduire pour les fonds en
caisse 423,068
vremcns à faire , et à défaut de leur rentrée par le
trésor public. —
Exercice . an 8.
Les recettes faites ou à faire en argent et en
travaux , s'élèvent à. . . . 14,659,647 jfr. 99 c.
Les dépensés ordonnan-
cées , à. ........ . 6,368-052 38 c.
Différence.
8',29 1,595 fr. 61 c.
Il restera dû 1,976,927 f.
s Laquelle iomme sera couverte par les recou*
La recette paraît excéder la dépense de
8,291,595 fr. iBi cent. ; mais il faut observer que.
le moniant des travaux exécutés par les fermiers
et par quelques entrepreneurs dans le courant de
l'an S , n'est point encore ordonnancé , et qu'il
ne peut l'être que sur les états de vérification ,
que les ingénieurs fourniront dans les trois pre-
miers mois de l'an 9. Lorsque ces états seront
parvenus , on reconnaîtra probibiement que le
montant de ces travaux aura absnrbé la difFérence,
qui paraît exister entre la recette et la dépense.
En dernier résultat, si toutes les sommes dues
sur l'an 8 sont recouvrées , il y aura équilibre
entre la recette et la dépense; le défaut de ce
recouvrement ferait tomber une somme équiva*
lente à la charge du trésor public.
RÉSUMÉ.'
Les recettes de la taxe montent pour les trois
exercices à 32.923,,6o5 fr. 96 c.
Lesdépenses ordonnan- "\
cées à 24,464,373 fr. i5 c. f
Plus pour celles à or- S 32,964,373, fr. l5 c.
donnaneer sur l'an 8 , i
ci..... 8,5oD.ooo fr 0 c. /
Ce qui présente en dernier résultai tin équilibre
présumé, entre les recettes et les dépensés; néan-
moins il restera dû à la charge du trésor pubhc ,
1° Environ deux millions sur l'an 6 i
2° Une somme égale aa déficit qù'ép'-ouvera
le recouvr-raenl des sommes due<^ à là taxe suf
les années 7 et 8.
On conçoit que l'emploi de trente-trois millionsi,
pour dépenses qui en auraient exigé plus de 100 ,
a du laisser dans les travaux des routes un vuide
d'autant plus considérable que sur ces trenie-trois
millions la construction des barrières, les frais de
régie , les dépens d'administraiion générale et des
ingénieurs a absorbé douze à treize millions , et
qu'alors euviron vingt millions seulerrtent ont été
dépensés en travaux pendant trois ans.
Ces dépenses d'ailleurs ont éié faites d'une
manière tiès-inégale î quelques départemens ont
éié très -bien téparés , quelques-uns l'ont éié
dune manière insufiisante , et le plus grand
nombre a éié laissé dans ijn désastreux abandon
jusquà la fin de messidor an 8 , époque à la-
quelle il a été fait une répartition proportion-
nelle à tous les départemens , de tous les produits
des barrières nouvellement réaif rmécs en argent.
Cette répartition a permis de taire les travaux les
plus urgens sur toutes les roules de premiers
ligne ; mais au milieu de besoins immenses , ces
faibles ressources s'évanouissent sans laisser de
traces sensibles. Celle situation est 1 objet de
toute la sollicitude du gouvernement ; le produit
d.-s barrières , affaibli par les modérations pto^
noncées par la loi du 7 germinal an S, se réduit
aujourd'hui à 10,580,91a fr. 18 cent, par an 4
sauf encore des non valeurs inévitables.
Au surplus je dois vous déclarer, citoyen
ministre , que vos prédécessseurs ont , comme
vous, respecté l'affectation du produit des bar^
rieres depuis leur établissement , et que ce pro-
duit a été appliqué , sans distraction, auxiravaux
des rouies et aux dépenses de leur adminisirn^
tion ; les pièces de comptabilité des ponts e(
chaussées ne laissent aucun doute sur ce fait.
Q_uani au compie provisoire que je vous sou-
mets ,je dois vous répéter qu'il n'est que la réu^
ni on des plus gMndcsprobabiliiés. Dans (juelques
mois je ser.n en élai de faire dresser le compte dé'
finiiif , basé sur ies liquidations doni je m'occupe.
PROPOSITIONS.
Le premier consul ayant décidé le 5 de ce
mois , 1° que le rapport et le tableau que je voua
présente seraient imprimé.4 et adressés aux preteis,
et par ceux-ci au.t sous-préfets , pour larré lems
observations; 8° qu il lui seraii, par 'ous, proposé
un projet d'arrêté, pour organncr cet envol, je
me suis occupé de la rédaciion de ce projet
d'arrêié que vous trouverez joint à ce piéscuc
rapport. Signé , G r E t K t.
194
PONTS ET CttÂUSSÉES. — TAXE D'ENTRETIEN.
E'fAt des recettes de la taxe d^'eiïtntîên , et des dépenses générales des roules , pelidànl les . armées 6 , 7 (;/__8 , et après les
pièces et renseignemens existo^hs OctueUement au ministère de f intérieur^ bureau des ponts- et chaussées , et sauf les
changemens que la liquidation définitive de ces trois exercices apportera aux résultats du présent état.
RECETTE comprenant,
1". Le produit en argent versé par la régie de la taxe ;
2°. Les produits versés oU restant à verser par les fermiers des
barrières ;
30. _Le. moulant des travaux à la charge des fermiers, suivant leurs
baux. ,
DÉPENSE comiitenant ,
1°. Let.blissemerifâei birri'ersi , le's frais de régie, cCe p'èVceJuion de
la taxe ; ,- ,
i°. Les trais généraux de l'admiuisiration des ponts et chaussées,
apfiointeniens d'ingénieurs , eic. - - •
3°. Les travaux fails sur les jrouLes. par les entrepreneurs et lermieis.
DEPARTElVIÈNfS.
Ain .........
Aisne .
Allier .,...,..
AlpÈs! { Basses ) . . . .
Alpes (Hautes- ). . . .
Alpes-Maritimes . . .
Ardêche
Ardennes ....;.
Airriege
.Aube i .
Aude
Aveyroi)
Bouches-du-Rhône . .
Calvados,
Cantal
Charente
Charente-Inférieure. .
Cher
Correze
Côte-d.Or
Côtes-du-Nord
Creuze
Dordogne ......
Doubs
Diôme
Dyle
Escaut
Eute .
Eure-et-Loir . . . . .
Finistère
Forêts
Gard ,
Garonne (Haute-) . .
Gsrs.
Gironde
Golo . .,
Hérault ......
lUe-et-Vilaine . . .
Indre
Indte-et-Loire ...
Isère
Jemmappes. ....
Jura
Landes
Léman
Liamone
Loir-et-Cher ....
Loire (la)
Loire (Haute-) . . .
Loire-Infériètire. . .
Loiret
Lot
Lot-et-Garontie. . .
Lozère
Lys
Maine-et-Loire ...
Manche
Marne
Marne (Haute-) . .
Mayenne
Meurihe
Meuse. ......
Meuse-Inférieure . .
Mont-Blanc
Mont-Terrible . . .
Morbihan .....
Moselle
Neihes (DeùSi-) . .
Nièvre. ...'..•
Nord
Oise
Orne
Ourihe
Pas-de-Calais. . . .
Puy-de-Dôme ... .
Pyrénées ('Basses-'). .
Pyrénées (HaUies-) .
Pyrénées-Orientales .
Rhin (fias-)
Rhin (Haut-). . . .
Rhône
Sarabre-et-Meuse. .
Saône (Haute-). . •
$aône-et-Loire , . .
Saiihe
Seine ........
Seine^Inférieure . ■
An 6.
AM 7-
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D Ë P A R t È M £ N S. ■ ' • An 6;
fr. c
5,944 78
46,o'6o 60
7,253 32
6,924 81
4,574 34
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3,644 6l
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*6,779 '^1
5,194 8)
6S,949 62
66,o52 o
1,643 o
13,918 23
34,600 83
4,342 46
5,972 85
51,879 74
40,745 5
2,409 92
3,812 32
18,904 o
34,5o5 o
68,33 1 86
21,729 71
57,8ot 38
20,004 75
49,2o3 55
8,56o 83
34,395 41
3 1,432 '32
2,173 3
19,564 35
o o
4i,537 ag
41,061 82
10,887 19
28,o38 80
28,309 94
43,952 88
12,887 34
7,621 26
16,467 4
9,070 68
2,632 3o
18,461 75
85,532 12
14.872 43
9,439 40
9-797 72
17,9'5 i3
11,188 98
36,012 57
66,747 20
37,449 16
3,025 45
64,312 73
21,484 64
20,677 2
5,265 7
778 38
14,602 i3
29,110 53
11,269 59
12,960 0
96,869 63
69,876 5
9,859 38
12,074 ^6
42,749 42
5,137 97
9,436 9
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1,22? 29
52,274 '4
7,% 12 96
3o,225 I
io,68g 3g
21,043 14
22,090 8g
15,906 94
634,849 72
43,7^6 19
/,.■ c.
295,909 i5
472,099 77
ii3,685 54
22.821 61
17,953 3
io,o33 67
41,520 17
238,392 . o
7g,959 67
412,148 82
85,239 i5
30,624 17
543.994 2
546,637 o
20.354 o
58.85.4 73
i3o,556 99
3 1,836 48
29,566 95
264,895 93
120,244 1 5
13.278 84
29,673 61
71,764 84
128,118 42
208,000 o
89,783 82
283,270 56
i5o,3o4 29
128,993 42
36,344 8'
186,362 91
105,167 83
32,621 92
111,855 42
o 0
112,721 90
lgg,iSl 48
46,264 46
l3o,ooo o
75,oi5 25
297,784 62
59,816 54
5 1,602 2 5
20,944 86
o o
51,354 71
52,000 o
34,679 5
85,3 II 49
2'66,448 74
73,463 59
54,863 77
39.986 99
86,955 37
65.398 32
i3o,238 87
258,198 33
140,980 16
39,828 94
283,125 28
133,627 44
62,478 81
23,3ii 38
14,826 24
85,887 .79
102,927 98
8i,goi 79
57,343 54
504,210 34
276,846. 46
84,534 1
79,421 2
240,762 90
34,202 45
43,493 27
36,85? 58
78,o32 81
223,71s 89
148,877 28
192,898 5i
58.935 26
II2.S07 gg
107,018 10
88.053 80
1,571.375 32
363,520 21
fr. _ c. ,
197,780 54
257,141 96
74,i56 65
io,3i9 72
12,621 66
7,370 o
io,i33 33
lio,568 66
51,847 78
2o3,igS 78
69,646 33
27,5oo 66
372,216 66
356,i66 66
23,54g 38
42,125 81
148,866 66
22,591 7 1
27,163 32
324,192 64
105,767 54
20,843 32
35,253 34
124,462 17
1 3 1,894 98
307,62g 17
gi,446 22
287,868 98
152,021 66
120, o33 3
43,587 I
226,467 gg
23g, 470 66
60,866 7g
164,049 99
o o
'239,007 34
163,833 75
61,356 2
i 49,447 3S
133,670 49
308.974 95
64,451 66
67,272 10
62,124 33
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194.113 33
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54,207 52
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112,099 o
37,587 72
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232,157 55
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37, 659 80
333,358 10
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78,225 54
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5,200 0
107,191 22
237,40g 69
92,843 73
45,727 24
796.498 7
341,172 J6
106,772 68
164,011 65
253, 75o iïg
35,086 5o
37.370 0
38,222 22
66,492 5
240,284 O
287,954. O
171,200 0
I 10,790 72
108.3-8 33
206,620 81
52,28g o
72 7,858 69
485,815 i6
.'^in
Aisne ,
Allier
Alpes ( Basses-). . .
Alpes (Hautes- ) . .
Alpes-Maritimes . ,
Ardeche
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Artiege ......
Aube""
Aude
Aveyron
Bouches-du-RUône .
Calvadoi
Çania!
Chaienie
Charcnte-Iuférieuie.
Cher
Correze
Côie-dOr
Côte-du-Nord . . .
Creuze ,
Dordogne
Doubs
Drôme
Dyle
Escaut
Eure
Eure ei-Loir ....
Finistère
Forêis
Gard
Garonne ( Haute- ) .
Gers
Gironde
Golo
Hérault
lUe-ei-Vilaine . . .
Indre
Indre-et-Loire . . .
Iscte
Jemmappes
Jura
Landes
Léman
Liamone
Loir-et-Cher . . . •
Loire ( la )
Loire (Haute- ) . . .
Loire-Iciférieute . .
Loiret
Lot
Loi-et-Garonne. . .
Lozère
Lys
Maine-et-Loire. . .
Manche
Marne
Marne (Haute-). . .
Mayenne
Meurihe
Meuse
Meuse-Inlétieure . .
Mom-Blanc ....
Moni- ierrible . . .
Morbihan
Moselle
Nethes (Deux-) . .
Nièvre
Nord
Oise
Orne
Ourthe
Pas-deCalais. - . . .
Puy-de-Dôme . . .
Pyrénées (Basses- ; .
Pyrénées ( Hautes- ).
Pyrénées-Orientales.
Rhin (Bas-) ....
Rhin (Haut-). . . .
Rhône
Sambic-et-Meuse . .
Snône (Haute-). . .
Siione-ei-Ldite . . .
Sarthc
Seine .......
Seine-intérieure. . .
An 7.
fr- c,
28,083 5
21,-017 ^'6
2 2,3jg 21
12,2 i g 65
4.354 27
5,950 58
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11,735 i5
39,626 43
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2.2,662 58
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49,361 gg
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76,584 ig
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86,537 18
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97.218 98
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145,635 68
90,780 23
66,776 83
25,34g 84
61,292 42
112,628 52
49,281 35
93,076 21
360.170 5o
374,777 66
100,997 71
94.751 28
220,558 54
63,748 6
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46,066 90
36,465 I ;
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83,7'67 2
123,756 10
76.635 35
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DEPAllTEMENS.
An 6.
An 7.
An 8.
DEPAK TEMENS.
An G^
An 7.
An s.
Seine-et-Marne.
Scine-El-Oise. .
£êvro3 (Deux- ).
Somme ....
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Var, . . . .
Viucluse. . . .
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Vienne (Haulc-)
Vosges , . . .
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Seine-ei-Oisc;. . .
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Somme . . ; . .
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Vienne ( Hante- )
Vosges
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34,109 42
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704,360 5j
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67,769 78
40,33o 80
61,020 64
44.867 o
45.836 67'
: 35,Bi5! 401
28,073 5
94,9Jo II-
III ij! jl ^m^m^'^'—^mfrmm\i liiiil III r[
3,223,fi7..:54 1 14,873,203 2^ t, 43*8,95^ â^i
fr. c.
3,317.043 27
Jr. c.
r4,946,9i4 70
fr. c.
14,659,647 gg
■a
**r»
RECEtTE TOTALE , 32,g23,6o5 /r. q6 c.
DÉPENSE TOTALE , 24,464,37 â.>. -' i-B'^c.
Annexé au rapport du conseiller-d''état , de ce jour 4 brumaire an g , Signé ,
Projet d'àrrilé.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre tle l'iniérieuc , arrêtent.
An. l""^. Le rapport soumis au ministre de
l'iniéfietir, pat 4c conseilter-d-état , chargé dss
ponts et chaussées , canaux , etc. approuvé par
le ministre, et par lui présenté au premier consul,
sera in)primé.
U. des exemplaires de ce rapport seront adressés
à chaque prélet,ien nombre sutHsant pour être
transmis aux sous-préfets et à chaojue membre des
conseils généraux de déparlement.
IlL Les sous-prétcis et les membres des conseils
généraux , examineront en ce qui concerne leur
arrondissement communal, les recettes et dé-
penses annoncées par le tableau annexé au rap-
port, ils adresseront leurs observaiions aux préfets
qui les transtr.etliont au uiinistre de l'iniérieur.
Les in'^énieurs des ponts et tiiaussées , four-
niront à cet eSèt les. lenseignemens qui leur
seiont demandés. ■ - ' .
Le premier consul , signé. Bonaparte;
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé., H. B. Maret.
Rapport présenté aux consuls de la république , .par
le cit. Ckaplal, ministre de l'intérienr.
Les eiifans de rillusire auteur de la science
de la législaiiorr , Gaetnno Filangieri , coupables
aux yeux du gouvernement napoliiain , de la
célébrité et des prmcipes de leur père , ont élé
cornpris dans la proscription qui , jusfju'à ce
jour,afrappé de si nombreuses victimes.
Ils sont jeunes luri et l'autre ; ils ànnoncenf
des dispositions heureuses; mais ils ont besoin
tjue leur éducation intcrtompue s'achève. Ils ne
peuvent, citoyens consuls, compier sur un tel
bientait s'il ne leur est accordé par vous.
Je vous propose d'ordonner qu'ils seront admis
au Ptjianée.
Celte école doit être préférée à toute autre.
II n'en est aucune où l'on donne de meilleures
leçons ei de meilleurs exemples. Les jeunes Filan-
;4ieri . placés au milieu des enfans de l'état s'y
tendroirt bieniGt dignes du nom qu ils portent
CI de la protection qu'ils reçoivent.
aigué , Chaptal.
TiONAPARTE , premier consul de la république ,
sut le rapport du ministre de l'iniérieur* arrêle
ce qui suit :
Les deux fils de GaetanoFilangierie, napolitain.,
sontnomméi élèves du Ptytanéc français.
Le minisiic de I intérieur est chargé de l'êxé-
culion du présent arrêté.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 17 brumaire an 9.
Les consuls de loiépublique , sur le rappot du
Ministre de la guerre , le conseil-d'éiat entendu,
arrêtent ce qui suit :
An. I". Il ne sera payé que la moitié des
masires aux corps dont l'eftéciif ne s'élèvera pas
à la moitié du complet.
Il ne srra payé que le tiers aux corps dont
l'effectif n'aiteinilra pas le tiers du complet.
Il ne sera pa>é que le quart aux dépôts des
corps qui sont hors de l'Europe , ou de ceux
doni la solde est payée par une puissance alliée.
IL Le m.nisire de la guerre est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté, qui sera imprimé au
bulletin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
■par le premier consul ,
Le iecrélaite-d'étut , ;igW , H. li. Maret.
Arrêté du 19 brumaire an 8.
B0N.1PARTE , premier consul de la république ,
SUT le rapport du ministre de l'intérieur, arrêle :
Art. I"^. Les enfans dont les noms suivent sont
admis au Pryianée français.
Verdier. Son père , procureur-général-syiidic du
département de l'Aude , fut assassiné en 1792 ,
dans une émeute populaire en exerçant «es fonc-
tions.
Aîidré Vilet. Son père , maire de la commune
de Nuyel , arrondissement de Saumur , a été tué
à la tête de la garde nationale dans une invasion
des rebelles en l'an 2.
François Cousin. Son père , garde général de la
forêt de Brotome, est mort en 1792, victime d'une
émeute populaire.
Raynauld. Son père , capitaine au 13"^ régiment
de chasseurs à cheval, a été tué à l'aflaire de Turin ,
le 7 prairial an 7.
Philippe. Son père , chef de la 45= demi brigade
d'infanterie , a été tué à l'aflaire de Novi , ic 28
thermidor an 7. ^
Antoine Dnportal. Son père , capitaine au 40'
d'infanterie, est mort en combattunt. les rebelles
de la Vendée , le 3o brumaire an 2.
Wendeling. Son père , adjuJant-général , a été
tué à Arcole le 25 brumaire an 5.
Pierre Gillet. Son père , officier de la garde
nationale nantaise , a été tué par les lebellcs de
la Vendée.
Nicolas Semestre. Son père , adjudam-major au
1" bataillon de , la Meurlhe , est mort de sej
blessures.
Louis Chair. Son père , sous-lieutenant dans le
neuvième bataillon de la lorœalion d'Orléans ,
est mort en combattant les rebelles de la Vendée.
Alexandre Boulevilain -Grand- Pré. Son père ,
lieutenant au bataillon de Craon , a éié tué en
1793 dans un combat contre les rebelles de la
Vendée.
Antoine Viatey. Son père , capitaine au premier
baiaillon de Rhône et Loire , a été tué à l'aliaire
de Kaisersiauthern en l'an 2.
François Cl-ermomt. Son père , sous-lieutenant à
La 11' demi brigade , a été tué sous Mantoue en
1 an 4.
François Audrieux. Son peie , adjudant-major
au I" bataillon de la Correze , a été tué à l'affaire
de Nedenerbach en 1793.
Jean-Baptiste Mouraux. Son ,p,ere , capitaine au
i^' bataillou de Fianciade , a été lue au tiége de
Landtecy en t7g3.
Ca/en. Son |>.ene , agent municipal , a élé assas-
siné dans l'exercice de ses foncions.
Duguere. Son père , secrétaire du district de
Rochelort , a été tué par les rebelles de la
Vendée .
Joseph-Marie Guérin. Son père , sergent dans
le bataillon de 1j garde nationale de Pontrieux ,
a élé tué le 19 pluviôse dernier , en combattant
les rebelles de la Vendée.
Antoine- Alexandre-Chéri Dubédat. Son père , lieu-
tenant de vaisseau , a été tué dans un combat.
II. Le ministre de l'intérieur est chargé de
l'exécution du présent artêié.
Le premier co7nul , signé, Bonaparte.
Par le premier cousul ,
Le secréihit'e- U'Ûat ., tign/é , H. B. Maret.
ACTES A D M ï H I %,f thtXt%.
MINISTERE DE LA j'tJ'S fl C tf "■''
Lt ministre de la justice , auft commùscmes ixTgqtt-
vernement pris les tribn^naux criminels ,■ t les dir-
recteurs de juiy. — Paris , te is' brumaire , an 9
de la République française.
En vous confiant ,,çjto.yeas,, 'les fondrons iiii'-
portantes que vous avez à Jcra-plvr , le premiiit
consul a compté autant sur voSue vigilaiAeet
votre activiié , que sur vosiuniieres c^ . \ otre
intégrité. ■..,■.;._■ _
Tout cime, cafaciérisé tel, par la loi, doit
être puni. Le gouvernement vput que l'action ide
la justice crimioelle s'éieadé rapidement sur tous
les coupables. - —
Vous répondrez , citoyens , à cette volonté pak
tous les moyens qui sont en votre pouvoir. Des
crimes qui intéressent plus directement l'ordre
public . semblent se re.nouveler ■ dans plusieurs
départtmens. Les grandes routes ne préséntfcnc
plus de sûreté , les brigands attaqueut les voya-
geurs , les courriers, les voitules publiques. Les
deniers nationaux, si nécessaires pour 1 entretiea
de la guerre et le service iatéfieur , sont pilléà
journellement ; les comrauniVatioiiS commeiciales
sont interceptées. Ces .atteîitâls ■sonl'dc naiure à
lixer plus particulièrement la soilieitudc des con-
suls ; ils exigent de votre part ia j'ius grande acti-
vité dans les pouisuiies ; cl sous ce rapport, je
dois surveiller consiammeut''VOtre marche et les
1 r grés de l'instruction
pour y •parv^Q.ir ave'c succ\ès, j'exige de vous,
citoyens , que vous toc lassiez' connaître tout
délit intéressant l'ordre public', commis dans la
ressort de votre arrondissenTt-iit , aussitôt que
vous en aurez eu connaissance, et ce qui aura
été lait pour en punir les auteurs.
Pénétrez vous bien de tout l'intérêt queje nieta
dans cette correspondance , et de l'exactitude;
qu'elle exige. Vos relations habituelles avec les
directeurs de jury et les officiers de police
judiciaire, vous mettent dans la position de n'y
manquer jamais ; c'est à vous , au surplus . à sur-
veiller les uns et à stimuler les autres. Par eux
vous devez tout savoir ; par vous je iiois étra
instruit de tout. S'il survient quelque obstacle
qui anête le cours dé la justice, vous m'erx
donnerez connaissance , pour que je pui.sse
concourir à le faire lever. Vous m'apprendrez
sur quel tribunal s'est portée l'option des accusés-
Si quelque coupable avéïé , par une indulgence
plus coupable en-core , échappait à la vengeance
des lois , vous recourrez aussitôt at,i tribunal
suprême ; il y va du repos et de la tranquillité
pubhque.
Telle est , citoyens , la volonté du gouverne^
ment. Vous conformer à ce qu'il prescrit pour-
l'utilité générale., est un devoir sacré pour vous:
je n'aurai donc jamais à vous y rappeler ; et
j'espère que dans les rajipoits que vous iivs
mettrez à portée de faire journellement au gour
vernenient sur l'état de la justice criminelle , le
premier consul ne trouvera jamais que des
motifs nouveaux pour vous conserver la con-
fiance dont il vous a investis.
Salut et fraternité ,
Signé , Abrial.
MINISTERE DE LA MARINE.
Le 6 brumaire, les mousses de ITnvincible^mouiÛé
en rade de Brest , étant à taire lexcicice , CbacW»
Moussant, tomba de la hune de mizaiiie à la
mer , après s être lait une forte contusion à un
œil, sur la cariure d'uA aianlclei de sabord de
195
la batterie de 54. Le cit. Yves Morvant, contrç-
niaîire à bord de l Invincible se ttouvaru à portée,
s'élance à la mer tout habillé pour sauver ledit
Cliailes Houssant, qui était près de périr. Il eut
le bonheur de l'atteii)dre , et le prenant dans
ses bras, il le conduisit à bord de la chaloupe,
descendue sur l'un des eôtés du vaisseau.
Nous avons annoncé hier; que le collég-e de
France reprenait ses cours le 21 de ce mois.
Les professeurs sontcLalande, doyen ; Cousin,
Portai , Mauduit , Bouchaud ,Darcet,Bosquillon .
Caussin , Cournand , Lefêvre-Gineau , Dupuis ,
Gail , Levesque, Perille , Selis , Corvisart , Au-
dran , Cuvier , et Deiametherie , adjoint du ci-
toyen ^uvier.
— Hier pendant la nuit , et presque toute la
journée , un vpnt d'ouest très-violent a régné.
Vers les 1 1 heures du matin . 1 ouragan est devenu
furieux : il a renversé beaucoup de cheminées.
Beaucoup de personnes ont été blessées par la
chnie des pierres ou des tujîes qui tombaient de
foules parts dans les rues. ;
— On écrit de Colmar que le citoyen Kerpf ,
professeur de dessin , a présenté aux commis-
saires chargés de l'exécution d'un projet de mo-
tiument à la mémoire de Kleber , un morceau
parfaitement composé et du meilleur style. On
ne doute pas qu'il ne soit accepté , et qu'on ne
commence à l'exécuter dès que les souscriptions
seront remplies.
— Un capitaine suédois vient de faire l'essai ,
en présence de l'académie des sciences de Sioc-
kt)lm . d'une machine à l'aide de laquelle on
fait deux copies à la fois d'un ouvrage , et . si
l'on veut , en formats différens : cela n'exige
que l'espace de lems qu'on emploie ordinaire-
ment à faire une seule copie. L'épreuve a mérité
les éloges de l'académie.
par lui-même , et qui ne les connaît que pour lés
améliorer , conçoit le projet de se faii'e repré-
senter auprès des sourds-muets parde» admtnistra-
teurs dignes de transmettre à ces enlans infor-
tunés sa surveillance et sa tendresse paternelle ;
aussitôt le nom de Béihune-Charost vient hono-
rer cette administration. Déjà cette institution
I ressentait la douce influence d'un choix si hono-
rable ; et je voyais se réaliser toutes les espé-
rances que donnait partout la présence de ce
soleil vivifiant, quand la mort est venue répandre
le deuil autour de moi , et jeter dans une afflic-
tion profonde des enlans déjà si malheureux , et
iqu'une perte si difficile à réparer rend orphelins
une seconde fois. C'est donc avec eux que je
devais ici mêler au deuil universel le juste tribut
de mes larmes.
Ce citoyen recommandable , dont la perte est
si digne de nos pleurs éternels , laisse au milieu
de nous un nom qui sera à jamais respecté . sans
doute ; et le «ouvenir consolaieur de ses lou-
chantes venus demeurera gravé dans nos cœurs.
La renommée les publiera , si l'on veut , jusque
dans la postérjié la plus reculée; mais est-ce à
cette récompense si fragile , que doit être borné
le prix de tant de vertu ? Est-ce pour ce faible
dédommagement que pouvait agir cet homme si
solidement éclairé ? Non , sans doute. Il éiait
inlimement convaincu qu'il y a une antre v,ie ,
et un dieu rénumérateur dont les yeux sont
ouverts sur le juste, qui compte ses œuvres,
et qui leur destine une récompense éternelle. Les
vœux et les larmes de tous les infortunés qu il
avait soulagés l'auront précédé devant le trône de
lEiernel , et lui auront servi de cortège. Il y aura
paru avec la confiance qu'inspirentdcs jours pleins ,
et une vie entieie consacrée au bonheur de Ihu-
manité.
LIVRES D
éloges que lui méritent la pureté d'intention qu'o^
voit partout animer sa morale et ses réflexions , et
la chaleur avec laquelle il a traité quelques pas-
sages bien difficiles a rendre dans nos mœurs ,
je ne dois point déguiser qu'il m'a paru que
cette harmonie même de style Ta jette quelque ioié
dans une abondance d'images et de descriptions;
également nuisible à la variété de la diction, et à
l'intérêt de faction principale.
Ces taches qu'un peu plus de correction efTacerait
aisément , notent point à l'auteur le mérite qrn
dans mille autres cndroitsdéceleson talent d'écrircj
et il serait à souhaiter qu'en l'exerçant sur de senj-
blables sujets, les écrivains de nos jours travaillas-
sent comme celui-ci à perfectionner la morale pat
les efforts de la sensibilité. A. A.
GRAVURES.
Henri Lalour d'Auvergne de Turenne , maréchal
de France , portrait en pied , gravé au burin ,
présenté au premier consul Bonaparte , qui en a
accepté la dédicace.
Celte estampe , de dix-huit pouces de hauteur
sur quinze de largeur , a été dessinée et gravée ,
d'apiés le modèle de Dardel , sculpteur , par
Boutelou , sourd et muet ; elle est parfaitement
belle. Il nous semble difficile d'obtenir du burin
un effet plus vrai et un ensemble plus harmo-
nieux. L attitude du héros a de la dignité et du
naturel ; ses traits sont saisis avec fidélité. ; le cos-
tume a toute l'exactitude désirable. Cette estanipe
se trouve chez l'auteur , rue Hyacinthe, piés>|a
porte St. Jacques , n'' 536.
COURS DU CKANGh.
Bourse du 19 brumaire.
à 3o jours. I à ço jouis.
Les Nuits Eljiséennes ; par J. A. G. ; avec cette
Un remarque que l'académie des belles- épigraphe :
° '"" ' '" ' ' " Per arnica silentia lunœ.
lettres de Stockolm a éié obligée de renouveler
la proposition d'un prix pour la meilleure ins
cnption à faire sur la Bourse de cette ville.
Discours prononcé à la cérémonie des Tunérnilles
du citoyen Bethunc-Chnrost , (un des adminis
'ViRG.
De l'imprimerie de P. Didot , l'aîné.
Je n'entreprendrai point de donner ici une
analyse détaillée de l'ouvrage qui vient de paraître
sous ce titre ; il rae suffira de faire connaître le
une nature à n'être
irateurs de l institution nationale des sourds-muets I genre de cette composition , d'
de naissance ; par te eitoyen Sicard, directeur de I bien jugée que par les lecteurs.
telte mstituttiin. i / '^
p ; L'auteur des I^uits élpéennes paraît avoir eu en
«-•ITOYENS, I vue bien moins de composer un roman frivole ,
Au milieu de ce concert de louanges si jus- I 1^^ ^^ j^'^'' <J3ns un cadre assez étendu ses idées
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg.
Madrid
Effectif.
Cadix
Effectif......
Gênes effectif
Livourne w .
Bàle.
561
■57
190
18S
4tr.9n c.
14 fr.70 c.
4 (r. goc-
14 fr. 40c.
4 (r. 70c.
5 Ir. IQ c.
au p.
temeni méritées , qui viennent de retentir dans
cette lugubre enceinte . en faveur de cet homme
SI Ciiiinsn ment verit)«ux , q. i emporte dans la
tombe les regrets de tous les infortunés dont il
e:ait le père, de tous les amis de l'humanité
dont il était le modèle, qu'il me soit permis,
a moi qu'il honora d'une amitié particulière , qui
fus, SI long-tems, le témoin de l'effusion de sa
bitnfcsance , de faire .entendre aussi ma faible
VOIX , et de payer à sa_ mémoire le tribut de
reconnaissance que je lui dois , et en mon nom ,
et au nom de cette classe si intéressante quil
venait d'adopter.
Le bien pubhc était le but unique des pensées
habituelles de celui que nous regrettons ; il rem
sur la vie solitaire , telle qu'ont pu la goûler
d'abord une petite fjmille séparée de toute société,
et puis un seul membre de cette famille que ses
malheurs ont'encore isolé sur la terre. Suivons-le
dans la division qu'il s'est lui-même tracée dans ces
cinq Nuits. '
Nous voyotis dansia première, un jeune homme
habitant les environs des montagnes de lOccitanie
qui , en les visitant, rencontre un étranger, facile
à reconnaître pour tel par la singularité de son
habillement et de ses manières. Cet homme l'ac-
cueille , lui parle , et c'est dans ces conversations
qui ont lieu chaque nuit qu'est renfermée l'his-
toire du solitaire.
... - „ . Il nous transporte dans un désert de la Syrie
plissait soii ame toute entière. Il ne voyait que 1 où les événemens de sa vie et la description de
cet objet dans toutes les conceptions de son es- ces climats font !a matière de la seconde et de la
pru ; auc^un obstacle ne 1 arrêiau ; aucune diffi- troisième Nuit. Dans la quatrième, il exprime ses
n zèle ; il se multipliait en . regrets et donne à son jeune ami des leçons de
affaibli:
quelque sorte ; son nom était à la tête tie toutes
les listes des bienfaiteurs de l'humanité ; on eût
dit qu'aucun genre de bien ne devait se faire dans
cent grande cité . sans l'influence, sans le con-
cours de cette ame expansive et brûlante; aussi
toutes les voix le nommaient toujours , d un ac-
cord unanime et comme par inspiration , à la
présidence de toutes les sociétés de bienfesance ,
des arts et de littérature. Les artistes de tous les
étits . les infortunés de toutes les classes se grou-
paient autour de lui comme des enfans Sensibles
e^ reconnaissans se groupent autour de leur mère.
Tous le connaissaient, tous répétaient son nom
avec attendrissement. La mère infortunée , dont
la retraite obscure et pauvre n'avait pu échapper
à son active bienfesance , le redisait à sa famille ,
comme celui d une divinité tutélaire.
Le ministre de l'inlérieur, dont les yeux sont
«ans cesse ouverts sur tous les établissemens uti-
les de son dépatieraent, qui. veut les connaître
sagesse , à la vue de la dévastation et des ruines
d'une ancienne ville. Ces réflexions sont suivies
d'un /rafmên/ contenant l'abrégé d'un système sur
la formation et la durée du monde. Sans entamer
une discussion sur les principes qu'il renferme,
principes que je suis très-loin d'adopter dans leur
entier. Je dirai que le but de ce système, tendant
à inspirer de l'amour et de la bienveillance pour
tous les êtres créés , est présenté avec des déve-
loppemens ingénieux.
La cinquième Nuit qui termine cet ouvrage
contient un rêve dans lequel le narrateur croit
entendre de la bouche de l'asiatique lui-même ,
le récit de la fin de sa vie , et des peines qu'il
souffre dans un lieu d'expiation.
Cette partie de l'ouvrage est traitée d'une ma-
nière neuve ,- et la teinte sombre qui y règne ,
porte un caractère de mélancolie qui toucfie et
élevé tout à-la-fois.
En donnant. à l'auteur de celte brochure les
Effets publics.
Rente provisoire s3 fr. 75 c.
Tiers consolidé 34 fr. 3o c.
Bons deux tiers i fr. 66 c.
Bons d'arréragé. 85 fr. 5o c.
Bons pour I an 8 92 fr. gS c.
Syndicat. 83 fr. 5o c.
Coupures. 83 fr. 5o c.
Act. de'5o fr. de la caisse des rentiers. 3o fr. 5o c.
SPECTACLES.
Théâtre de la RepuBLiqpE et des Arts.
Aujourd. Fraxitelle, oféii en un acte, et le ballet
de ta Dansomnnie.
Théâtre de là rue Feydeau. Aujourd'hui
la 7' repr. de TJméo , opéra en trois actes .
suiv. A'Augustine et Benjamin.
Théatredes JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. la Gouvernante ; la fausse Apparence , et
Cassandre comédien.
Théâtre du Vaudeville. Le ï2 , l'ouverture
de la salle restaurée.
Théatrede la Gité-'Variétés. — P<7ni07nim«v'
Aujourd'hui la 6" repr. de l'Amour aux Petites-
Maisons ou Us Fous hollandais , folie ornée de
chants ; Louise , et la Fille hussard.
•Théâtre DU Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. Robert, chef de brigands, pièce à grand
spect. , préc. de ^Enrôlement supposé.
VEILLEES AMUSANTES DE LA CITÉ.
Auj; 20 brumaire. Fête et bal depuis 7 heures
jusquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfans
donheront la 2' représentation de l'Avocat et le
Ltrari , comédie-proverbe , préc. de l Orpheline
de village.
Le billet d'entrée est de deux francs , et d'un
franc pour les enfans au-dessus de huit ans.
L'administration reçoit de? abonnemens pour
les bals de chaque mois.
L'abonnement se fait» Paris, me des Poitevins, u» .8. Le prix est de î5 franc, pour trois moi., 5o fraeci pour six mois, et 100 franc, pour l'année entière. On nt
s'abonne qu;,v commencement de cliaque moi..
llfau, adresse. iesleuresttrarg=n.,francdeport,aueit.AcASSE, propriétaire de cejournal, rue des Poitevin,, a« .8.f Ifau.tomprendre dan. le. envoi, le port de.
pay» ou 1 on ne p'utaffr, ichir Lr , leUres -^es dépanemens non affr.inct,ies , ne seront point retirée, de la poste.
lltautavo.rsom pou,,, lus de. ûrele, décharger celle, qui reufe.menLdes valeurs, .(adresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, aH rédacteur, rue de.
Foitevini, n i3, depuis ^enf heure, dumatinjusqu'à cinq neurcs du soir.
A Pa ti s, d(. l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" j3.
GAZETTE NATIONAL^ ou LE MONITEUR UNIVERSEL,
N" 5i.
Primedi , 2 1 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous soTOtaes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à datet d'ù' '7*. 'NiVôsé lié, _'M^ le seul journal ojficieL '!" „ ''"^ "'■'■.''
n cpntienc les séances des autorités constituées ,, les accès du gouvernement , les nouvelles des années , ainsi' que les faits et' lés hotidns tAntàùr' '
l'intérieur que stir l'extérieur, fournis par les correspondances miniscériçiles. , .^1 .1: . ,»,.;.,.: ,/<, ,. ;
Un article sera particulièrement consacré aux sciences ;aaJc art*S et aux détouvertes nôuV^elles.
I
Ë X TE R I E U R.
ANGLETERRE.
Londres , i" novembre Mo brumaire.)
JJans les »ept premières années qui précéderfnt
la guerre de 17S6, c'est-à-dire de 1749 ^ '755.,
jl fut vendu Sob.GsS lêtes de gros bétail à 5miih:
field, ce qui lait , lerme moyen , 72,374 par an.
Dans les sept années de guerre , c'est-à-dire de
1756 à 1762 , il er! tut vendu au même marché
604,499, — c'est 86,357 pour une année.
Dans les sept années suivantes , c'est— dire de
1763, à 1769 , la consommation fut de 552,298,
dont la moyenne proportionnelle est de 78,895
pour un an.
Il est donc prouvé, par rapprochement , que
la consommation est plus grande en tems de
guerre qu'en tems de paix , et nous devons en
conclure que la disette que nous éprouvons est
due piincipalement à la prolongaiion de celle
guerre. Il est de fait que les 3oo mille hommes
employés dans nos années de terre et de mer,
consomment quatre fois plus de nourriture qu ils
n'eussent fait . s ils étaient restés dans leurs atté-
liers et à la charrue. Combien ensuite de pro-
visions perdues par nos vaines expéditions ]
Notre dette nationale s'est accrue dans ce siècle
de 492 millions sterling.
Elle était en 170e de 16 millions.
1715 de 55.
1740 de 78.
- 1763 de 146.
1783 de 239.
Elle est aujourd'hui de 5 10 millions.
Ou 12 milliards 240 millions de francs.
( Extrait du M/irning-Chrortictt et du
M orning- Herald. )
INTÉRIEUR.
Paris , le 20 brumaire.
Le génétal Beithier est de retour à Paris. ;
— Le Journal de Farit , donne les détails siii-
rans sur les accidens produits par le violent
ouragan du 18.
Près de l'ancienne église dite de Saini-Gervais ,
un homme a eu la Jambe cassée par un morceau
de. plomb qui s'est détaché des toits de cette
église.
Un ouvrier est monté sur le champ sur les
combles pourretenir un autre morceau de plomb
qui menaçait également do se détacher ; il a été
cniraîiié par son poids . et est tombé lui-même
dans la rue ; il a plusieurs fractures , et on l'a
perlé de suite au grand hospice de l'Humanité.
Dans la rue Neuve -des -Bons - Enfans , une
femme a eu la icic ouverte par une tuile ; elle est
blessée irès-grievement.
Dans la rue de la Fraiernité, une autre femme
2.élé tuée par la chute de plusieurs plâtras qui se
sont détachés du haut dune maison.
— Les douze membres qui forment le noyau de
la société libre des arts , ont procédé , il y a deux
jours, à la nomiiiaiion de douze autres membres.
voici les n. ins desartistes sur lesquels sont tombé»
les sufffa'^es : les citoyen* Vien , David , Leihiers ,
Girodel , peintres; Mniite, julien, Chaudet ,
Rolland, sculpeurs ; David - Leroi , Durand ,
architectes ; Bervvick et Blol , graveurs.
— Dans la décade dern'ere , un citoyen , chargé
de reiirer des effets engagés dans la maison de
prêt du citoyen Peltier , laisse tomber en sortant
deux billets de la caisse des comptes courans , de
5oo fr. chacun , roulés dans quatre reconnais-
sances de la maison de prêt. L'enlant du ciioyen
Aubert, marchand de cannes au bout de la galerie
dn théâtre de la République , trouve le paquet
dans celte même galerie , et le porie à son père ,
malade dans son lit.
Le perdant revient à la maison de prêt ; il y
fesaii entendre ses gémisscmen» , lorsque I on voit
lou-à-coup enitir l'épouse du ciioyen Aubert,
rappotlani la trouvaille de son enfuii. Le perdant
t'est acquitté, pat une récompense pécuniaite
donnée à I|'êhfant,et'én témoignant au citoyen
et à la citoyenne Aubert l'estime que ip^rilje
leur probité. ^ ' ,
— Une affaire d'autant plus importante qu'elle'
intéresse , en premier ordre , le commerce et
l'industrie dont elle sappait la, base , enidétriiir
s^ni, U confia,pce. qui jes alimente , yieni d'être
soumise 4 un jtçjy spécial. Il s'y agissait .dçJaux
en biillets de commerce. Divers effets avaientiété
en circulation dès J'ari 7 ; trois seulement d'entre
eux motivaient l'acte d'accusation . el Anne
Détot éuit accusée d'êire auteur ^n.fabricateur,
ou connpiice de la fabrication de ce^r.effets , et de
les avpjr mis en circulation. Le juty ..en écartant,
l'idée que, l'accusée fût elle - niêm.e, 1 auteur des.
faux,, l'en a déclarée complice ,, a- vu;, dans, leur
ùnise en circulation, rinÇeniion du ctime., et le
tribi^nal a proiioncé contre Anne Déîot , la peine
desijcans de réçlusipn. .,..^
' ~" .'^^^ professeurs du cqllége, naiioiial dp
Branc'e , ont tenu le 19 brumaire tai séance pu-
bhqùe de leur rentrée; voici les lectures qui
y ont été faites :
T°. Sur la sanction proprem.enl: dite, de-la Loi
Naturelle; parle cit. Bouchau^, , .,-
2°. LHistpire.de l'Astronomie dansl'an 8 s- par
le cit., Lalande. - i .; .■ ^ ■.. 1; , , j ,
3°. Un Mémoire sur les osSetMeWs'd'eâpéces
quadrupèdes perdues ; parle cit. Guvier.
4°. Des Réflexions sur- Ovide; par lè'cïioyén
Se lis. ■■ ■"
5°. Des Observations sur le Traiié de la Chasse,
de Xénophon ; par le cil. iGail.
6". La Méiamorphose dé Daphné en laurier ,
imtlée d Ovide ; par lé cil. Cournand.
C O N S E I L - D' E T A T.
i(,- ' y-Ac: ,1 IVJ 1!
Suite du rapport et projet de loi sur ftnstf-uction
publique , présentés^ au canuil- d'état , section de
l'intérieur , par J., A. Ckaptai.
% P R ÉrM I E fi.
Vne instruction première est-elle nécessaire à tous ?
[ „I1 n'est aucun peuple d'Europe qui ne soit
iaùjourd hul bien é|oigné de ces formes primi-
tives oti les besoins , presque nuls , peut-être
imaginaires, pouvaient être saiistails sani efforts.
Les ans , le commerce , l'agriculture , tout est
chez nous l'ouvrage des lumières; et l'instruc-
tioo doit placer la génération qui s'avance , au
moins au niveau des connaissances de ceHe qui
finit. ■
On peut donc regarder l'insiruciion comme
l'effet ei le besoin de la civilisation : elle doit
donc être proportionnée à son état ef à ses
progrès.
L'instruction doit être encore rnodifiée selon
la nature du gouvernement qui régit le peuple:
les lumières créent et soutiennent les gouverne-
raens représenlalifs : elles les préservent des at-
teintes du fanatisme et des Secousses de 1 igno-
rance ; elles les entourent de force , de con-
&<tnce , de soumission. Mais on doit cacher la
lumière à un peuple esclave .- elle serait poiar
lui le signal de l'insurreclion , ou le sentiment
douloureux de son oppression.
En descendant jusqu'aux derniers degrés de
l'ordre social dans un gouvernement représen-
tatif, on éprouve par-lout le besoin de linsiruc-
lion , puisque tous sont appelés à voter pour
le choix de leurs magistrats : celui qui ne sait ni
lire ni écrire , est déjà dans la dépendance de
celui qui possède cet art.
§ I I.
Tous demandent-ils le même degré d'instruction ?
L'insiruction publique doit avoir pour but prin-
cipal , de donner à chacun les connaissances
nécessairespour remplir convenablement les fonc-
tions auxquelles il est appelé dans la société.
Parmi ces fonctions il en est de communes
à tous ; et il en est de particulières aux diverses
classes d'individus.
Les fonctions communes sont celles sur l'exer-
cice desijuelles reposent les droiis de cité : elles
demandcnl , dans l'état , une éducation générale,
commune à lous, et qui se borne A l'an </'^rn'r( ,
lire, chiffrer, el aux prertiieres notions' batotfi'"
natssancesidu pacte social. '" ■•■■'■' "
Lesifoiictions particulières sont celles qui , dis- '
Iribuânf les hommes par i:lasses dans la société', '
les appliçi'dent à divefs emplois '," et subviennent, '
^ux besoins de tous p(àr tmé'sa.ge distribuiiqn'
des facullés de chacun. Il faut donc à chaque
individu des' études ' ou une insiruclion parti-
duliere ^seloni'l'état qu'il embrasse v'^le 'méiièk"'
(|u'il pratique' Ou la profession qu'il exerce. ' ' •
I Dév'elqppoiis ces. îtlèes -en' les appliquant p'ia '
société; ■' '■'-^ '■ ■ .ji os El .»... . -, . , M!'
i. .S' iio.HS; jefons un coup.jd'œjl, surla compo- \
S|ition d'une riombreuse,flatio^j,. dont tpus les
ijnembr^s. sont liçs par un pacte, pomraun,. nous. ,,
en verrons tous les individus' placés à des po.Sii,eifc
d'utilité publique : el le gouvernement leroieust,,
organisé, le peuple le plus, heureux , est celui
où chaque individu est à 'sa .place; oti nul
ri'a été laissé hors des rangs; "où lés professions ,'
sont honorées dans lotis les degrés ; et ofl le
gouvernement, qui veille à lotit , maintient rhat- '
monie'.'idàris toutes les parlies, el garantit à cha- :
que élerneiil du corps social tous les'droiis que lui
donne lé'cdnirat' d'association. ' '
En„pariant de ces principes , Klnsrruction dpit,'
être très-iijégale ; car tous les élats de la soçifie,,'
n'en, ont pas un égal besoin : il çn est , et c'est
le pltis gra.nd nombre , oti la société ne ,réclaniç:
que l'ernploi des forces, physiques,^. Le -gouver-,,
nement ne dpit donc, dans ce cas-ci , 1 que
l'insiruction cominune ou générale :^et,^ au,,,
sortir des premières écoles, les jeunes gêna:
qui se destinent à des professions mécaniques ,
doivent rentrer dans la maison ; ou dans les
ateliers de leurs pères, fiour s'y former de bonne
heure à la pratique des métiers qui drivent ^
assurer leur subsistance. Il est à la fois de l'inléi-^t'^f
de l'état et de celui de l'individu de bofiier
là son éducatioh : ce principe ti'a pas |}esciin
de développement.
Mais, comine le corps humain n'est pas totit.,
composé de bras, le cprps social ne saurait être
uniquemeiit formé d'artisans ou de laboureurs.
II y existe plusieurs professions qu'on ne peut
bien exercer qu'à l'airie de connaissances plus
ou ihoins j^éndues' : il serait tout aussi irripo-
liiique de°''ne pas s'occuper de fournir à ces
derniers des moyens d'instruction cbnvepables ,
que d'appeler à une éducation soignée les in-
dividus qui sont consacrés par élal aux plu»
rudes travaux de la société.
Celte seconde classe comprend non-seuleiaeti^j
tous les hommes qui aspirent à se placer honor .
.rableraent dans les, premiers rangs de la socié,té .
pour y payer un tribut de, service public dans
une profession quelconque , mais elle embras,se >
encore tous les indiyitlus qui , nés dans l'ai-
sance ou placés à la iête, ci\in' grand éublisse-;,
ment , ou d'une liche exploitation rurale ,veuV
lent diriger leur conduite par des connaissances,
et travailler à perfectionner leur art ou à sim-
plifier les procédés d'exécution.
Mais toutes ceS professions ont encore des '
bases communes , puisqu'il est des connaissances
générales applicables à toutes; et c'est pour les
acquérir , qu'on doit placer , au-dessus des pre-
mières écoles, des écoles préparatoires à l'élude
des arts libéraux, dans lesquelles on enseigne
les principes communs à toutes lés sciences. Ces >'
écoles peuvent être considérées comme les écoles
primaires de toutes les professions qui suppo-
sent de l'itisiruction , el de celle classe nombreuse
de la société qui cultive les ans ou les sciences
plutôt par goût que par intérêt ou devoir.
En sortant de ces écoles, chaque individu fait
choix d'un état, et cherche à s'établir au poste
où il croit être le plus utile ou le mieux placé.
Ici commence essentiellement l'organisalion ^0- '
ciale dans la partie qui' lient de plus près à
l'intelligence : ici résident les principes de vie
qui vont animer loules les parties du corps social; '
et c'est de la distribution qui se f:iit en ce mo-
ment , que dépendent la bonté des services
publics, la force du gouvernement , la pros-
périté publique , la gloire de la nation.
Le gouvernement doit ouvrir el préparer à cha-
cun la carrière qu'il veut parcourir ; ri doit lui
procurer les moyens nécessaires pour acquérir
l'instruction convenable; et il ne peut s'acquit-
ter enverslui qu'en établissant des écoles spéciale»
où chaque profession toit enseignée avec détail.
Les dlvért^ " degtéî' âe ' rinstruction publique
doivenl donc correspondre aux grandes divisions
qui s'oBservent dans îe corps social'; el s'il nous
était permis de suivre une comparaisgii g^ui peul-
êire n'est pas étrangère au su)et, nous dirions
que— Ae-cor^ps- *<*Giai-,-6en>H»e le-eoips humain ,
a des bras , des organes , et un^ princip^e d,ç
vie qui en anime téitiïT*'^ l'è^sottiiVi'rafdfè tWil",
po^)ji5j.],a ^^p;ç^j,ié.'^lt«^Vd« ('liaf nippiei^iii; tejjne
entre toutes les parues.
^ I I I.
Le gouvernement doil-il salarier l instruction ?
Da rî s 1 oTi t gouvernement fepiésëniâtTr, Te pre-
'"i-fi'f^Êgf^eittiS.ftStf^ÇWn^ esf nécessajre A\}ii>us :■
c'est donc une dette puljiUque qtril: nàppaftietit
qu'alla sociéjé cl'açauuierf, Saj^s,, c^(a,-;^, Sç^'iprei-
mîèi avaiTlase ?era)t,,.Pp'^')''ç,f J*^ J;?V'?*rî" ^î Ç?>F''4r:
si^e d'un.Détif nomDrâ,^ et nnég'alii'e , îa dépen-
da''feé", , 's efab'i iraient sur les pr^.ie.res n^atdhes
dejl édifice social, // ,, ,, ,
Le secqnçijdfgré d',l«siruction: n'çst plus,,;, à la.
véfjté , le.,besQiu, d«,.mus, ;, mai? cjaniine.rinléiêl
public est étr.oii^mept.i.ijé :^'SOn eiisteace , puis-
qu'il doit fournir des lirunmes distipgués pour
tous 'les séi'vVc^s , ïa soi'ietè doi't 'a'isurér et rnulti-
plier ces moyens d'instruction. On peut rigoti-
reuseriïéiît cbrtSi'dérer'téiecûièS cdiilttia uHe'édu-
cai*i<in-i^épà'i'àtbiti(î"lk5'ur-'les sciences , eôrnme
lei'-'WhiabJèS'éeâlcîà'^ftStliaire's dël'pr'éTèssîotis li-'
bài^to't 'et ,:sdà%''Wnfi!''teâi'ii)î^"<irtà', là' Société
diJi<Jlé^saiatier'.>'"^Vuo.. Ai; : 9up,.M..rj y... .
uv ,». . ,.: •,-.:iM[ i'.-'.'i , :,.>qU3'i - .jjin.v,;
T.experience. a, prouve que la. SQrpme modique
dé 24 francs , 'exigée' de chaque é.lçve pat, la ioi
du'3'biumai're an''4' , n'a pas pu être pe,rçi,e ., ,i_,t
à "rendu les écoles désertts. D'ailleurs , jà^ où
.se trouvent le premier intérêt de l'éiat , doivent
dis'p'ârattiè tQu,tcs les petites considérations dune
cc'ono'rïîie deprécratdce. Tàiir (es sources de l'ins-
truction, ou , ce qui revient au même . nepas
l'ôÉfn'r a t'ous', c'est coiiper les veirjes.du corps
po'lîliq'ue ; c'est éteindre tout principe d'action ,
loiit moyen' de perfectiontiement. Ne pas rendre
l'iïiytiuctiori" première gratuite, c'est inSposer le
pgre de' famille"'à la déchargé dit célibataiie ; 1'
c'est frapper la population jusqties dans" son '
germe ; c'esll 'doiiner le scandale dé la' dé.rriora- f
liîà'fiDn. ■ ' " ' '"' ■ " ■ ■ ' " ' '■ I
Eh ! qu on ne' dise pas 'qu'en rendant. cçs se- !
cô'rides étfides„ faciles ', on peut enlever à.l'agri- '
ctîl't'iire et "aux aieliers les bras dont ils ont besoin, j
Min , ouiie que ces instiwtions sont toutes. dans )
It's"' villes , les dépenses' ci'entretien , insépnrables '
d une telle éducaiion ^ en éloigneront toujours
les''enfaiis des âitisans dont les forces s'appliqirent
de bonne heure , avec avantage, aux travaux du
nMiiér dé leafs Jliei'ès. D'ailleors nous avons pour
nous Tc-xpérieiice des collèges où , quelque pu-
blique qu'y fût l'éducation , on d'à jjtmais vu
déserter les ateliers pour y courir.
K'fais le salaire des instituteurs .consacrés à
l'ètistignemeut dans ces deux premiU.s degrés
d'instruction , doit-il être pris immédiatement
. dàùSle. trésor public ? Cette question cessera de
présenier aucune difficulté , si l'oncpnsidere que
rmipot V dont le contribuable vote la levée et
dont il surveille le bon emploi , ne porte plus avec
iùi" brtfeun caractère qui lé rende odieux. Il de-
vient' une tha'rgé lotalc , librement consentie ,
d^rit le produit passe tout entier et presque sans
intermédiaire , du contribuable à l'instituteur.
Il-n'eSt pas douteux , d'après toutes ces considé-
rafions , que les frais de 1 instruction dans les
deux preiÀiers degrés , ne doivent être payés par
les seuls contribuables de l'arrondissement ; mais
pour concilier l'intérêt public qui veut une
instrtiction assurée , avec ce mode de fournir â
ses frais , il faut prévoir et écarter avec soin tout
c Ce que rintrigtie et quelques considérations
dintérêt de localité pourraient présenter d'obs-
tacles à l'exécution de cette mesure ; nous cro-
yons qu'on y parviendra en prenant partie des
frais des écoles primaires ou municipales sur les
sentimes additionnels de l'arrondissement , et
partie sur, les revenus ou sur une rétribution de
la municipalité elle-même. Une semblable con-
sidération nous a arnenés à faire concourir l'ar-
" rondissement et le département à supporter les
dépenses des écoles communales. . :;jo,;
Par ce moyen ', li demande fdtmëe'''plaif l'es
conieils municipaux , pour l'établissement des
écoles municipales , est soumise au conseil d'ar-
rondissement, qui l'approuve ou la rejette, selon
qu'elle est plus pu moins fondée. Ainsi la dis-
tribution de ces écoles se tait de manière à assurer
rinstruction sur tous, les points , Sans que le far-
dçau de la dépense soit inégalement réparti. On
suit la même rn^rclie pour les écoles communa-
les , dont la degaaode ». f9fmé:€.paè les conseils
d^îrrondissemjSflJ,j,iSSMPUp»iseau conseil général
de département:, ,,1 :,o j. ;'-.,::. t:
Nous avons distingué un troisième degré d'ins-
truction, consacré à l'enseignement spécial des
cpauaissances néc.essaires à quelques prolessions :
ici , les, études prépairent à l'individu des moyeiiu
dp subsistance } et la société ue doit pas plus
198
'fonrrffr'aux frais de cet èriTèlgnënient;, qu'à l'à'p'- ; ne 's'ens'ëig'ne'n't :' uxi''maître cTuoIT municfpaJe sit
preiitissage d'un mé.tj.er. Néanmoins , comme il . donc un ami que le.-per.e de. faniilk;...admel î.
laut des élablissemens qui offrent la réunion de partager avec lui le doux towi de l'éducatioa
tous Iç^. moyens néCQ's63^re,S;.pp,^r , pouvoir 2.ST't de 'spn hls : il 'doit donc avoir tou;e;sa do'ti*
querii' une bonne instruction , le gouvernement fiance , mériter toute son estime,
doit préparer, surveitler-er-assureT l'enseigne- j f,e maître d'école ne peut donc opérer quel-
iT'?V;^^'^°" ?.^^"g"" ^«'.^'"iVr^-fJ™,. ':;"'. '^°f.-l'qa«' bien que par la confinée qu'on lui porie ;
Vendable , garantir au professeur et a I eleve la : ^i nulle autorité ne peut commander à ce
ihberife riecessaire , écarter:. tous les. çbstacles ; ne,, .senfi^nent . et sihterposer , cnmmel fffse';-è'fitfe
permettre 1 exercice ues pr,ofessions dehcaies ,- sur jiç père et l'instituteur : la force du Go^uverj;^
neiucnt ne serait pas , d'ailleurs , suffisante
pour contraindre un chef de famille à tfoilfiir
son fils à l'homme qu',1 méscst'me ; ce sac.ri-
ficlT'iî'est pas de ceux qu'on petit" exiger. Uni '
gouvernement sage doit resserrer , ^de lo.u.t son^
pou^tfir , le nœtid dés familles , IJitn lojÇ d&[
Vç briser ; il doit les considérer comme les
jlremiers éiléaiens_ du bonheur social ./et ne
|)as perdre" de vue ciué la où il n y a p'as de
lesquelles le public ne peut prononce'r que par
si|.i,iç. d une t;xpérience ,louj,oui:s dangereuse à
acquérir, qu'après avoir obtenu certitude de ca-
pacité. Le gouvernement doit faii-e- plus encore-;
il assurera à chaque professeur un, salaire niO;,
dibiiè'^'. t^ai's néàni-ndins sufljs:yii .piâ'ùr l.e 'rendre
i^a'^JFéfidâîit' dé"ies 'élevés . et lé iiietir'e,, (lacs
tbus les cas , au-dessus des besoins et dé' là cor-
ê,ap\ipnf., Tîfij.no.i.i i -Iq iii^ici.'ii aiifille snU - -
Ce traiiewierM mixte nous pâ'falP 'l'é Or'ai nfô'yeii'
lamjlle .
que
tae trauemem mixte nous paraît^ ïe vrar m-oy.en ram]jie , 11 ri y a pas
a'allitt'^l'intérêt'de l'élevé à' l'iriiéVét dtl'jjfofésst'u'f.'l' il n'y" a' pas dé cité.
En <;tfêt ,' nous- voyons dans toùiéi fcs' classes dé 1 publique , ni esprit publ
la soeiéTé','ét-dan-s lîous Ics' genres'Bèlproressi'àft's','
que la plupart 'de ceux qui'l'es oîercenl lie fô'nl
des fiffons qu'autant que leur propre inlëtêt lésy
contraint 1 ainsi , lé professeiii>'qUi ' a un 's'^taire
invariable asSu'rè par le gouveprféto'ent , tt 'q'.ii
n'ailend auBuii^ rétribution deTa';^art de ses élt-
de ciié ;,&% que 1^ oà
jlè'iit exisieV' iJi 'ié-*
fcAl
Ainsi , respédier le pouvoir des pères ,' fc^
touîer d'une protection presque illimitée cé(tC"|
première màgi,straiure , poser les bases dû ^dtt- ■'
veriieméfit patefiitl dans le sein n/êilifr' dtiï '
familles: ! voilà , je pense , les vrgis' princiip^s
d'utie, bonne. ;ct sage administration. . •'; , 1 :i : i
ves ,jne s'iritéres'se plus égalértlén'l'ni à'ieur norn^pi' ; Le gouvérnremenl doit .donc protéget-et.rauJ- j,
bre ni àltfUrs progrès : il esf'en' cela bien diffé-' jj tipiier, les lapporis .du père à l'eufani.; iJ i^bit..
rent de celui dont les émoKimens doiVeni êfi'é
fournis par lés élevés ; car' dès-lors il n a de-ies|
s,outCe que ddns- letir nombre ," 'cjU'H sait devoir
èire proportionné à la bonié-de ses IcçonS' é't''â^'
l'exactitude qu'il met à remplir ses devoiis. D ail-
leurs ,'ré')ipétience nous fi appifs , et Smith rap-
porté d'après élie, "que les rrieillcures écoles spé-
ciales de l'Euiopé sont celles'dù 1e professeur re-
çoit, par la contribution des élevés, l'a' majeure
partie de son traitetaent.; -'"^ •"•""""•' ■' ■ -"i
par conséquent , intéresser les pèrçs £yi , choix
des instituteurs primaires , et laisser à chaque
ville , bourg ou vili.ige , le droit de confier
l'éducation de Icuis eniàns aux seuls irisiiîii- '
teuri' qu? 'olit' leur estime. . , , .
Les écoles sÈiiondairés ou cbinrmmaUs sdnt
déjà mofns domestiques , pour ainsi dire , qtiC
les ifititiicipàlés ; lés jeunes gensqui s'y présentent ,
n ins'piretit plti^ aux paréus les aif^-ctions ré-
Seîvéés à la lUîble.sse du p'remiér âge' : leur
Nous croj-ons ce^é'ùddii?4lè'*?)i?* f)%}n'er''ceVte 'j'^;'^^'' '■'-r!^ mo'"s nêèéssaires ; l'eil-
mRi»iejê de ifaire salarie-r tès-'-pro'l'eSsenrs 'jfiar Tés
élevés , à celles des écoles spéciales qui ehseignérit'
une grofessioalucrative , et., donnent lé pouvoir
exclusif de la pratiquer : tellessani; cellesjde légis-
lation e-t d.e mé.dççiije. Qjiant aux autres ,>les unes
ne fendent qu'à perfeciioiiner les sciences dont
lies s'occupent, ou à former ce qu'on appelle des I ''°™'"'=s probes , éclairés , vertueux , et s
màfe'i^j/yfes -n offrent 'iucùné perspective de , ".PP°"e -' ^ ce' sujet . au choix que peuvt
ortune-, elles ne présenteiltliF'él'èVequ'uneoccu- ""■^. '^'^u" de s-èS coticiioyens que 1 opini
fo .
patioh.digne d'iin philosophe, et cajjabfe de
porter quelques rayonS de ttwiïieredans les a-fts"-,'
sans se borner àaucun : telles sont Lécole d'his-
foire naturelle , celle des hm^ues , etc.
,T /■ ■'., ; -i. ■■ ' A '
Il est d'autres écoles spéciales qui ne sont géné-
ralera(;nl, destinées que poù.r.une classe peu for--)
tunée de la socjété 5 celles de, imusiq'ue et déliés '
des arts mécaiiiqucsi.sonlde :ce. .honvbre.. L'artiste
dont le fils a méri:é d'être reçu dans ces écoles ,
sacrifie volont'^ri aa.'foriune modiiivje pour 1') en-
tretenir: mais il serait au-dessus de ses forces de
payer uno tétiibution pour le'ptdfesséur. *
Nous pouvons distingué!' Une troisième classe
d'écoles spéciales , donrle but est" dé former des
élevés pour les divers services publics : ici , I in-
téiêt bien connu du gouvernement veut que non-
seulement les professeurs salariés par le trésor pu-
blic, mais que les élevés en reçoivent une légère
indernnité.; car l'élevé n, est admis dans ces écoles
qu'après uu examen préalable , se'ule manière
d attacher aux services publics tout ce qu'une gé-
néi;ji,^,OA,p^çsente de talerjs distingués.
■ ob sli-j ; ;•' § I V-
, • ,■ ,:B !5 .h 1 •
Quelle part le gouvernement doit-il prendre daits
V instruction publique? 1
L'effet de l'éducation sur l'esprit public-est si
gép.éralement senti . que chaque gouvernement
s'efibfce de l'organiser à son gré; presque par-
tout ils nomment les professeuis i prescrivent
le mode et la, nature de l'enseignement , . dési^
gnént les seuls ouvrages -(jui doivent êtremls
eatW les mains de -la jeunesse , et s'emparent
avec soin de .toutes les voies par où pourrait
pénétrer quelque principe subversif de l'autorité
p.ablique. Cet état habituel de vigila.oce et de |
contrainte est la plus sûre sauve-garde de tous I
les vieux gouverneçnens de 1 Europe. Blâmer en j
eux cette active prévoyance qui écarte tout ce
qui peut éclairer un peuple soumis , serait leur ;
taire un Cfime du soin de leur propre conser-
vation. Les gouvernemens représentatifs , qui
n'ont plus les mêmes craintes, ne sauraient suivre
la même marche : loin de fuir les lumières, ils
doivent les provoquer; elleç sont à la fois leur
force etleurgloire. -
Mais jusqu'à quel point peut s'étendre le pou-
voir du gouvernement sans gêner la liberté publi-
que ? Cette grandeqnes ion ne peut être éclaircie
qu'en suivant progressivement les degrés d'ins-
truction que nous avons déjà établis, et nous
i^rlemént doiit ils ont -besoin en ce momem , •
neptiit plus' être jtigé ott dirigé par le pl(ïS'-|
grâftd nOinbt'é des pères de famille. Sous tottï'
les rapports , -l^'-pèrt- 'abandonne T sans peine *'■'
à djes' personnes : instruites , le soin dé donner
à son fils un instituteur capable; il désire des.
et s'en
ent
publique désigné^ ,'coa»«i«j. .bons juges en ce
'' Les instituteurs des écoles communales doivcn
donc être choisis pat' un Jury : mais il faut garantit
te choix dé l'in'fluence des préventions ,' de la né-
fccssité. de le lixer sur des hommes médiocres ;
etj'ai tâché _ d'écarter- tous ces inconvéniens
dans l'organisation d-u mode que je pro-
pose.
A mesure q(«e nbus^pous élevons danj la
carrière de l'insTrucliou pubJÎViue , la nomina-
tion des professeurs devient,, de pKtj en plus
imponanie , et beaucoup plus difficile , en ce
que la concurrence des hommes capables ée
resserre sur un très-petit nombre. Ici la répu-
tation désigne à l'autorité les personnes qui
ont des droits à occuper des places de pro-,
fesseurs ; mais les meilleuis juges dans cette
matière, sont' les professeurs de l'école èll'e-
même ; tir , dhtre les connaissances plus 6\x
moins parfaites tju'ils ont de l'individu , il»
sont tou,s intéressés à appeler dans leur sein
les seuls hommes qui peuvent donner à
leur école le plus de Considération et de cé-
lébrité.
Dans tous les cas , le gouvernement doit cori-'
fîrmer les présentations, et investir le candidat
du titre nécessaire pour exercer des fonction»
publiques.
Mais, comme tous les professeurs d'une école
publique doivent , non-seulemeut à leurs élevés,
raais à la société , l'exemple de toutes les verïus
ci.yiles . il faut trouver le moyen de mainienis.-''
dans tout le système de linstrueiion publiqaev'
ce caractère de décence , cette conduite de
probité, ceue pratique constante de vertus
domestiques et civiles , qui forment pour l'élevé
la véritable éducation morale; et nous penson*.
qu'une surveillance active de la part du gou-'
vernemertt, le droit de destituer les professeurs
d'après l'avis motivé d'un jury, peuvent seuls pro-
duire l'effet qu'on désire.
Une autre sorte de pouvoir çfue le gdùver-
nem^ent peut exercer sur toutes les écoles de
1a republique , c'est le droit incontestable quliii
a de faire des réglemens pour assurer une bonne,
orgaiiisation dans toutes les branches du système
de l'instruction publique. Il doit sans doute
laisser à l'administration intérieure de chaque
école,, le soin de graduer l'instruction de manière
à la rendre la plus profitable possible; il doit
laisser à chaciue individu le droit de présenter
luciion que nous avons ûeia etauiis , el nous . i-s Tir>ri;^r. a'\,. ;„„ ■ 1 ■ r---'^-
: .„;. , -1 1 ■ J '^ portion a cnseiunement qui lut est confiée
a traiterons principalement sous le rapport du Hanq l'orHr- „,,, 1„, ^,. ;, 1 7 «-"nnee ,
choix des instituteuis -'■ - dans ordre qui lu parait le plus avantageux
s nsntuieuis. pour 1 eleve : mais il s'aàsurera que chaque pro-
Une école municipale n est que le supplément tesseur est à son poste ; qu'aucune branche d ins-
de cette premieire éducation aorae;lique où les tructiou n'est en arrière ; que les époques des
mœurs el les .affections s'inspirent plutôt qu'elles ' cours , les jours et l'hetire des leçons sont marqué»'
et observas; que la décètice l'Ègne dans l'école;
que les élevées y conservent ce respect religieux
qu'on doit' aux persorines investies du droit d'en-
seigner. Le gouvernement fera, à ce sujet, tous
les réglêmens qu'llcroira convenables, et il en
surveilitita l'exécuiion.
( La suite demain. ]
Discours par le citoyen Dritjon , secrétaire de t»
Mairie du dixième arrondissement de Paris . It
7 brumaire an g , jolir de- la célébration' d'é
la pompe funèbre' du citoyen Bethune-Ch.aro^t\
décédé Maire dei ^çet /fr^pn4issement , le 5 dit
môme mois., .j,._,3 ^yp
C I T O Y E N S' ^i- ■■.:.•:. :^
Je n'entreprendrai pas de peindre les verlu^
qui , toujours , ont caractérisé l'homme de bieti
qiie clia'cun dé nous pleure ici , et que la sô-
ciélé, é'nl.iére regrette : la lâche serait aisée, il
est vi'ai , si je pouvois ajouter quelque chose
à cV que la commune renoAlmée en publie
chaifue' jour , et à ce quT vient d être si bien
expiimé i^ar les divers oialeurs qui m'ont pré-
céi?è'-Mai« cela mest-il possible ? Il n'appar-
lèhoit qu'à l'éloquenie amitié de taire le pané-'
gVriqtie d'un mortel si précieux; la timide re-'
connaissance veut seulement jettec quelques
fleurs sur sa tombe.
0 souvenir doux et cruel ! Qjielques mois
se sont à peine écoulés après la journée à
jamais mémorable du l8 brumaire , Cjue le
gouvernement protecteur , sous lequel nous
corhraençons à jouir des' douceurs de la paix
intérieure , institue , pour la maintenir , un
nouvel ordre administratif , composé de tout
ce qu'il y a de plus pur et de plus vertueux
dans la -grande Nation. Beihune-Gharost , ce
zélé partisan de la paix , en quelque lieu qtje
sa modestie le cache , ne; peut échapper à i œil
observaieur et perçant du premier magistrat de
la république ; les vertus civiques et morales
de son admirateur, ont élé jusqu'à lui. Amant
de son pays, il doit être utile à l'état, à ses
ctincitoyens ; il est élu maire de cet arrondis-
sèmehi.
Le ig germinal suivant , il siège dans cette
salle , oià tant de fois , depuis , nous fûmes té-
moins oculaires de sa générosité , de son extiême
bienfesance , qui parfaitement secondées par le
zèle infatigable de ses deux estimables colla-
borateurs animés comme lui du désir de soulager
l'humanité souffrante , diminuaient chaque jour
la somme des indigens ; dans cette salle oii , pat
ses écrits , ses utiles travaux , il sut prouver à
.^tous qu'il était l'héritier des vertus du grand Sully,
dont le généreux sang coulait dans ses veines , et
notamment de cette maxime auguste : Que i'agri-
(Hlturê et le commerce sent les deux mamelles de l'état:,
dans cette salle enfin , où nous entendîmes si sou-
vent et avec tant de plaisir , bénir son nom de
louies parts.
Ah ! pourquoi n'avoir pu conserver que six
mois , sous nos yeux , un modèle si rare de toutes
its vertus politiques et sociales ! que dis-je , six
mois ? Ils ont passé comme un jour ! Il nous
semblait être encore au premier qui l'avait amené
dans noire sein , comme un ange tutélaire et con-
solateur. Par sa tendre sollicitude , chacun de
jioai (rouvoit en lui son appui , son père et son
meilleur ami ; aussi chacun de nous se fesaii-il
un plaisir bien plus qu'un devoir, d'écouler ses
•onseils et d exécuter ses volontés : la chose était
facile : i! ne conseillait et ne voulait jamais que le
bien. Il elait sur-tout, d'une telle délicatesse dans
les obligations qu'il contractait, qu'il serait, si-
non impossible , au moins bien difficile de citer
son semblable sous ce rapport ; et à ce sujet , je
ne puis laisser plus long-tems ignoré un fait qui
ajoute à la gloire de sa vie privée.
Armand-Joseph Bethune-Charost , cet incom-
parable philantrope dont on ne peut proférer le
n'ôm qu'avec une profonde vénération, avait
souscrit , au profit de quelqu'un que le malheur
des lems obligea de s'expatrier ensuite , un effet
de 6o,ooo fr. en numéraire : les biens de son
créancier lurent bientôt séquestrés ; et lors du
oiiscrédit du papier-monnaie , lui Bélhune fut
contraint envers la nation, au remboursement
de cette somme en assignats : des tems plus
hjeurcu,x permirent depuis au créancier en question
de rentrer dans ses loyers ; et ce généreux et
loyal débiteur , dont nous honorons les mânes
aiijo(ir<l'hui , n'écoulant que le cri de sa cons-
cience qui lui disiiit : tu n'es pas quitte de cette
dtiie sacrée , eiiettua de nouveau ce rembour-
sement en numéraire à son créancier plus re-
connaissant que surpris; car ces actes lui étaient
familiers , ei je ne sais pourquoi j'ai cité ce trait
i»olé , lorsque sa vie entière nous ea offre, tapi
d autres aussi dignes d'admiration.
Par de telles actions , il faut l'avouer, celui
dont nous déplorons la perle , celui dont l ombre
févétée repose en paix dans cellf enceinie , s cji
iN«»-ac({ui> f» cou-Fottne de l'iimnorialité ! Don-
nons-la lui donc , en transmettant à nos neveux
la nomcnclaïuic iairnense des traits de générosité
I _ ■
qui honorerofif à jamais sa mémoire; èl puisque
1 illusion dans la(]ueUe nous cherchôiis ' encore
quelque consolation en ce jour de 'deuil , est
déliuite par les malheureux dont les pleurs et
les gémisscmens aiiesient que sa belle ame , en
s'élev.int vers le ciel , ne nous a laissé de lui que
ces restes inanimés , que son exemple au moins
serve à consoler lès bons, à corriger les mé-
chans , à faire' chérir à lous les vertus qu'il
ineualt en praiique , et qui nous obligent à dire
de lui , puisqù'hêUs il n'est plus :
Hic citiis , uhiqiie [d'MÛt-
, L I. T T E R A T U II E.
■ Au Rédacteur ,
■ Le traducteur de l'Iliade èr de l'Odysée n'a
pas dédaigné d'exercer son ,béau talent sur une
espèce de miniaiure poétique ; il y a été dé-
terminé non-seulement par le mérite de ce
petit tableau ,..mais aussi par la dillici4l'é même ;
;ce qui honorg à la fois etsoti goût et son
[zèle pour les lettres.
Herman et Dorothée , (i) tel est le litf.p de
ce poërae , qui passe en Allemagne pour l'un'
ides chefs-d'œuvre de l'illustre auteur de
"Weriher. C'est un petit roman poétique dont
le mariage d'un jeune hotnaie est le àujet , et
dont les délaits'-nàïts de la vie ordinaire forment
tous les orncmens. Ce genre d'épopée , abso-
lument inconnu dans notre litiéraiure , aura
sans doute à vaincre bien des préventions , et
doit nécessairement s'attirer un gr^nd nombre
'de critiques. On le blâmera d'abord , pavce
qu il est étrange ; on s'y plaira ensuite par ce
qu'il est inléressant ; puis il fera peul-êlre une
foule de mauvais imitateurs , comme Shakes-
peare , comme Ossian , comme tous les grands
poètes dont le génie doit être admiré, parce
qu'il est grand et sublime , mais non pas servit
de modèle , parce que les tems , les lieux ,
les mœurs ne sont plus les mêmes.
J'ai déjà entendu des personnes d'un goût
très-délicat blâmer H«rman et Dorothée; elles
trouvent l'action trop peu iniéressanie , les
détails trop minutieux , le siyle trop relevé
pour de si petits objets. Leurs objections
seraient sans réplique si l'ouvrage était français ;
mais encore une fois il est étranger , il peint
des mœurs qui n'ont aucune analogie avec les
nôtres , et surtout avec celles de Paris où l'on
porte ces jûgemens littéraires. Ce qui paraît
vulgaire ici , n'est pas sans noblesse au fond
de l'Allemagne , et tel personnage que vous
placez en France dans les dernières classes de
la société , est un être important dans une
petite ville de la Germanie. Il en est de même
de telles pensées, de tels détails domestiques ,
de telles moralités.
Pour bien juger un poëie , i! faut se placer
en imagination dans son siècle ou dans son
pays. S; j'habitais une petite ville d'Allemagne ,
je sens bien que le poëme de Gœihe aurait pour
moi cent fois plus de charmes. J'y retrouverais
la peinture de ma vie, de rnes mœurs , demes
sensations les plus ordinaires; j'y reconnaîtrais le
portrait de mes amis , de mes voisins ; et ces
peintures , quand elles sont embellies par les
richesses de l'imagination eipar les grâces du style
sans cesser d'être fidèles, sont peut-être le plus
sûr moyen d'intéresser les hommes et de leur
plaire. Voyez les romans anglais : les plus esti-
més , chez la nation pour laquelle ils sont-f.its ,
ne sont-ils pas ceux qui peignent avec le plus
d'exactitude et d'élégance à, la fois,, tous les détails
de la vie ordinaire , et les passions les plus corn-
munes au cœur humain ? Soyez-en persuadé , la
peinture des choses telles qu'elles sont, de
I homme tel qu'il est, eu égard au siècle et au
pays, a toujours été l'an des grands écrivains.
Rien déplus allachant que leurs ouvrages. Pour-
quoi ? C'est que nous nous y reconnaissons nous-
mêmes.
Tout fraiiçais qui a vècti en Allemagtie , con-
viendra qu'alors les poésies légères des Grasset ,
des 'Voltaire et de tant d'autres auteurs charmans ,
qui peignent avec autant de vivacité que de grâce
les mœurs, les plaisirs et les iravers brillans de
notre capitale , lui plaisaient beaucoup moins
que les Idylles de Gessner , ou que tel ouvrage
indigène qui lui offrait la peinlure na'ive, de
cette simplicité de mœurs qui caractérise- les ha
bilans de la Germanie.
L'exemple des personnes avec lesquelles on
se trouve , leur conversation habituelle , les
usages , le climat même exercent sur nos affec-
tions et sur le goût littéraire . je ne sais quelle
influence à laquelle on cède sans s'en apper-
cevoir.
C'est dans cette disposîtiori d'esprit qu'il con-
vient déjuger Herinan et Dorothée.
(1) Cet ouvrage , en un volume in-i8, de 25o pages, de
l'imprimerie de Didot jeune , avec une jolie gravure, se trouve
,1 Pari», chez Ircuttel el Wuttz , libraires, quai Voltaire,
u'',2. --- Prix, 2 frj pour Paris, et 2 .fr. 40 cent, franc ds
purt ; pap. vclin , grand format , S fr. , et &■ iir. 5o cent.
<5,aaiit â la tfàductidti , il fâdt'at^Ssi , pa/utfl?
sorié' de fiction, oublier q'iie Cd sont dés HirAi'
I français qui composent les phrases (ju'ou aVoifl"
I les yeux. Certes , un ouvrage original qui serait''
écrit dans le style de cette traduction , serait
I souver.iinement ridicule, et l'on en peut dire,
I auiaiit de celles d'Homère , d"young, d'Ossiai'i ,
de toutes les traductions célèbres ; mais c ejj;
précisément cet air étranger qui fait leur pl^W
grand mérite. Il y a mes yeux, entre un irV-,.
ducicur comme Bitaubé et celui qui (ait p.'rrler'
un grec ou un allemand en stylé purement I7àu'-.
ça's , la niémc difféieiice qu'ciitie un dcssinuieui''
el un peintre : l'un ne m'oft're que le liait , 'ci ua^.
tableau, l'aLiire m'en dôiihe le coloris! VoiiSi'
sentez bien que je n hésite pas sur la préfé-
rence. . , , , , ■.,; • . : ' U
Mars, dira'-t-on , potirçiuoi^rclidTe fe' 'ity'lë'
d'Homcre pOiirpeindri'fc'e qiiiise passe dân^une'
j petite ville parmi quelques bourgeois? et po'ut-
()uoi faire pruler un curé et un aubcrgiste'^''^'
i comme Nestor et Agameninon ?' Ce reproché'
1 est spécieux , j'en xOaMk'n's ; mais si Vous vo'ùléz'
i vous donner la peine de l'examiner avec moi',"
! j'aime à'Cp-oire' que vous vous appercevrez qu'il
est exagéré.
Le style no se corapoàe pas seulement d'un
! choix d'expressions plus ou moins élevées II
I se forme' aussi d'imagiis-, de figures et dè"}i(e-
taphores plus ou moins hardies. Or , pour'rju'it
y eût identité enite le style du poète gréc'-e'f
celui du poêle allemand , il faudrait que leurs
images '■ fussent égalemerrt pompeuses i leurs-
comparaisons également fréquentes et sublimes ^'
; et (jue leurs figures et leurs métaphores eussent'
' la même hardiesse; c'esi-là préciïémenl ce quf
i n'est pas , et s'il y a de la ressemblance dans'
les descriptions de détail, c'est que dans cês'
! petites choses, la naiure est partout la mêrtie'<'
el qu'elle n'a pas été différente pour les fiéros'.
[grecs, que pour les bourgeois allemands;-^ '■'
Ce qui caractérise le plus cette ressfemblehtJtf'
I de style, ce sont les locutions parlieulières , çjEr.
les 'épitheie's dont se servent les personnages,
de Gœihe dans leurs discours familiers ; rnats
on sait que la poésie s'élève toujours àu-dés^us' '
du langage ordinaire , et que ce n'est paS
cesser d être naturel, d'être noble. Il faut observet
dailleurs que là l.ingue allemande a des mots'
composés comme la langue grecque., et q,u,c
ce n'est pas le seul avantage qui le,vir soit;
commun. Si nous ne pouvons rendre ces mots-
qui disent tant de choses si rapidement , que
par des épilhetes et des circonlocutions ,, c'est
la faute de notre langue ei non celle" du tra-
ducteur,
! Je finirai cette première lettre en trariscrivànl
ce que le citoyen Biiaubé dit liii-mêrne dans S'a'
préface, du genre et du mérite dèi'diivfaSè i dciht'
il a er^richi ntire littérature: ' ■ -
I <t Le poëme dont je présent^ la traduction au
pubHc , peut être considéré comme une épopée-
d'un genre nouveau : l'auteur sans recnuri.- au
merveilleux, ni prendre ses personnages dans
; les classes brillantes de la société , les rend inté-
I ressans par les siiUaiiOris où il les place , et paf
; la peinture de leurs caractères.
I " La durée de l'action , très-courte , est d'une
! demi-journée. L'intérêt , excité dès l'entrée , va
' toujours en croissant. Le poëte parle peu en son
I propre nom ; son poëme est souvent dramatique,
I ainsi que ceui d'Homère. Il offre riième une sin-
' gularilé en ce qu'il l'esl ÙH le'début ; l'expositioiï
' du sujet £91 mise en action , et se fait par le.f pet'
sonnages , co.rairie dans un drame. Il enchérit sur
; l'exemple mis en piécepte par Horace : in mediaf-
■ res , non secus ac notas , audilorem rapit. En gêné-» '
Irai, l'auteur a imité le poète grec, en ce .qu'il néi
i prépare les événemens qu autant J-q'ue le sujçt
I l'exige ; la ' surprise ajoute à 1 intérêt de là, si"
i tuation.
I >i Entre plusieurs autres traits de ressemblanc^-i
l.avec Homère , il transporte ses lecteurs au li.cH
j de la scène par le lableau fidèle des mœurs ef
; des usages , ce qui cohitibue à l'Illusion.' Ce^
; tableau i^st souvent local , et doit I être. CeUS
j qui veulent retrouver par-tout leurs habitudes,':
pourront en être blessés ; il aura , au contraire^
quelqu'intérêt pour un observaieur et pour ud
ami de la nature.
»> A la simplicilé du stvle , à la peinture na'i'vî
I des passions , on prendrait cet ouvrage pour un
! des monumens d'une antiquité reculée. Le sujett
! est très-simple , mais le génie de l'auteur sait
I le féconder el l'agrandir; il y déploie quelijuefoïff
, les plu.s grands raouvemens de 1 élorjuence. Avec
(quelle énergie il peint les beautés de la nature!
son poëme doit plaire aux âmes sensibles. Cffi
est touché de l'ingénuité des caractères de Do-
rothée , d Herman et de sa mère : ingénuité ijui
nait de la sagesse et de la siinpliciié de leur»
mœurs , et dont on voit un exemple remarquajbtt^
dans l'aveu que Dorothée fait de son atnour cri
picsence de la famille et des amis , an rrrtimsTrf
qu'une lorte émot:on l'a troublée. Ce poënSO est!
jiiorat; la jeuniSSie', 1 âge avancé y uoavuin ê<si
aeo
leçons. Jamais on n'a mieux dépeinl un arno«r
vertueux et délicat , térnoin plusieurs situations
où les deux aniuns sont placés , et sui-tout la
scène si intéressante du berceau , au 8'. chant.
I» L'auteur a l'art tour à tour d'aitendrir ses
lecteurs et de les égayer , sans qu'un de ces
effets nuise à l'autre, Il y a même dans son
ouvrage plusieurs récits qui produisent ces deux
effets presqu'en même temr. enir'autres celui
du pharmacien au i" chant; récit qui est
pathétique par le fond , et qui a une teinte
de comique par le caractère et le ton du per-
sonnage. Pour me servir de l'expression d Ho-
mère , ces endroits font naître un sourire entremêlé
et larmes. >»
Il y a peut-être dans ces derniers éloges ùti
peu d'exagération ; mais elle est bien excusable :
elle a son principe dans l'emhousia'me dont
un traducteur de génie doit être animé pour son
modèle. Je vous donnerai , dans une autre Icuie ,
l'analyse du poëme , et j aurai soin de citer
les morceaux dont le citoyen Biiaubé lait l'éloge
dajjs sa préiace.
Nous avons fait connaître quelqiies fragmens
du premier des deux poèmes du citoyen Louis
le Mercier. Celui d'Alexandre renferme des (.as-
»ages qu< nous nous empressons également
de citer. Le poète cond\jit son héros dans un
temple où Vulcain a gravé les traits et les aciions
des guerriers du vieil âge , et de ceux qui
doivent paraître successivement sur la scène eu
Monde. En suivant le cours des éyéneraens, et
en retraçant rapidement ceux ijui ont illusiré
le siècle qui les a vus naître , le poèie pai vient
Jusquaux jours de notre révolution -,11 déciil
ei) ces vers les travaux guerrieis qui l'oat k
atnais illustrée.
Sombres fiBes du tems , »dans son sein «nfanlée» ,
Les révolutions naissent ensanglantées ;
C'est alors que de Mars , le cirque va s'ouvrir. . . ..
Dieux î quels torrens de sang font aussitôt fleurir
Les 4aurier« de Jemniappe , et ceux que la vaillanto
Cueille à Fleurus .deux fois célèbre pour la France.
Clio ! dis quelle voîx , du Sein de leurs foyers ,
Fut soudain évoquer six cents mille gueitieis?
Terrible , et devancé de l'arme de Bayonne ,
Bans les langs ennemis que la Parque moissonne ,
Mars guide un char traîné par des lions ftansaiS.
Ali •' que de longs périls achètent les auccct ;
Souvent dix jours, levés sur la même contrée,
D'une seule bataille éclairaient la durée ,
Et des monts de Pyreuc aux bords liguriens.
Des campagnes du belge aux monts Helvétiens , ,
Une année étendant ses bras â deux armées ,
Be leur chaîne ceignait nos frontières fermée».
Diiai-je l'union de tous leur» chocs divers ,
Le batave trahi par le dieu des hyver» ,
Qiii durcissa-nt le» taux de ses souffles perfides.
Affermissait nos pas sur le» routes liquides.
Tant de faits iiiouis , prodiges de nos jours ,
Xe Rhin épouvanté nous livrant tout son cour» ,
Xa Moselle illustrée , et la Sainbre et la Meuso ,
Nommant avec orgueil leur légion fameuse ;
Et ce réparateur savant et respecté ,
Dont brille en tous les rangs la modeste fierté ,
Q;ii de l'aBiont d'Hochtett a su venger la France.
Ce» tiagcurs nud^ armés , sur le Danube immense ,
Et tant d'habiles chefs eux-mêmes se créant ,
Et ma chère patrie , et son peuple géant ,
Qui de ses fiers voisins méprise les injures,
Et de qui la vigueur s'accroît par les blessure»?
O grand peuple, jadis triomphant sous tes roi»,
Et constamment vainqueur sous d'inconstantes loi» ;
Inépuisable Antée , et vrais fils de la Terre ,
Pfjur vaincre en tous les tiéux , ne quitte point 'ta mère }
1,'Europe n'aura point d'Hercules redoutés
rgui surmontent l'effort de te» bras indomptés.
Au rang de tes vengeur» , sur les lambris du temple,
S» vance un nouveau Mars , et ses pas, îon exemple ,
Entraînent des soldats pleins d'un zèle joyeux ,
Qui semblent en chantant escalader les cicux ;
• L'olympe entend sa voix ; dans les airs il assiège
La tête At rochers éblouissans de neige ,
Son vol précipité tombe sur l'ennemi ,
Et l'Adda , l'Etidan , la Bormide ont frémi.
Ses ctetidarts flottaient,... En leurs voiles Eole
•Déploie aux yeux les noms de Rivoli, d'Arcole;
Le Teu luit , le sang fume , et la victoire encore
Vient d'y graver Marlnguc en traits de pourpre et d'ol.
Dans un autre chant le poëie peini les macédo-
niens célébrant par des cris d'allégresse , le mo-
ment où Alexandre leur promet de. les ramener
au sein de leur pairie , et dirige leur marche sur
Babylone.
Babylone ! lés cris de bouche en bouche erran»
Du nom de Babylone ont rempli tous les rangs ;
A Babylone ! au loin la plage encore résonne ,
Que plus loin d'autres voix répètent Babylone !
Et des mont» dans la plaine un long bruit répando
Revole au haut des monts dont il est descendu.
Chacun voit la patrie à ses souvenirs chère ,
tes vieux soldats leurs fils, les jeunes un vieux père.
Et le lit d'une épouse , et les Bieux des foyers ,
Ils s'embrassent l'un l'autre , et de leurs yeux guerrier»
Tombent de larges pleurs répandiis par la joie ,
que leur visage humide en tous se» trait» déploie.
Oh ! que d'apprêts tardifs suivront ces doux transports ,
Çu'ils brûlent de quitter l'Hyphasè et tous ses bord».
Douze autels sont dressés , monumens des conquête»
Qu'Alexandre consacre en Je pompeuses fête».
0 Muses Couvres-le» d'éternels attributs ,
Disciples de» beaux-arts, offrez-lui vos tribut»;
Mais redoutes UB prince élève de la Grèce
Qu'aux merveille» du Pinde a bercé la sagesse ,
Qui , si la mélodie espère le charmer ,
veut qu'un hymne à Pallas le contraigne à s'armer:
ApeUe en fit unlieu prêt à lancer la flamme ;
Ne peignez plus ses taits : l'artiste a peint son ame,
D'une servile muse , il dédaigne l'encens ,
Qu'infecte nn art flatteur , et l'espoir des ptésens.
■ Ami» libres , et fiers , les sublimes génies
^•abaissent point l'orgueil de leurs palmes unie»,
i te béros , le poète , égauxdans l'avenir ,
Poursuivent des honneurs qu'un affront peut ternir.
Leur nom toujours d'eux seuls tient un éclat durable.
Alexandre fonda son trône mémorable ;
Pe la lyre d'Horacre il n'a peint eu l'appui t
Homère est immortel , et brillait avant lui.
Ah ! si l'or o»l un prix pour les talens vulgaires ,
Un noble chantre attend de plus nobles salaire».
' Que ne peut-il , vainqueur des esprits ignorans ,
i Jetter le prompt éclat qui suit les conquérans !
) Leur gloire I par la foudre , aux peuples annoncée ,
1 N'est point , par un Zoïle , en naissant éclipsée ;
' Leurs rivaux consternés pâlissent à ses traits ,
j Et sur de» champs de mort le fer les tend muet».
I Alexandre à grand bruit roule un char de victoire ,
' Lorsqu'à pas sourds et lents marche vers la mémoiro
Aristote son maître , hôte des sombies bois,
Qiii , fouillant la nature , étudiant ses lois ,
Caché sous les berceaux des jardins de Stagire',
Rêve , ecde la science envahit tout l'empire.
publia. Depuis , quelles richesse» nous avons
acquises en siatisiitjue ! de combien de chan-
gemens poliiiques n'avons nous pas été le»
témoins ! il était donc nécessaire tie travailler
à une nouvelle édition d'un livre si utile. C'est
ce que vient de faite le citoyen Coraciras , qui ,
pour ne rien' oublier.de ce qui pouvait en aug-
menter linlétêt , l'a enrichi d'une notice de»
mesures itinéraires de tous les pays , du cours .
de tous les grand5 fleuves , des chiiînes de toutes'^
les hautes montagnes , d'une table des iroutes
et distances de Paris aux principales villes du
monde.
La géojrraphie est une étude indispensable,
sur-ioui aujourd'hui que cette science s'est em-
parée de toutes les connaissances qui l'avoisinen:
et qui lui conviennent , telles que l'histoire na-
turelle, le commerce , l'agriculture , la siaiislique,
etc. Il est peu de circonstances dans la vie civile
où il ne soit pas nécessaire d'avoir des noiicn»
exactes sur le caractère des diftérens peuples,
leurs relations politiques et commerciales , leur»
productions , leurs mœurs , leurs lois , et leurs
possessions respectives.
Les éditeurs croyeni pouvoir regarder comme
une preuve du mérite de cette nouvelle édi-
tion , le choix qu en ont fait les principales
maisons d'éducation de Paris , et principale-
ment les directeurs du collège des scietices et
arts ci-devant St=. Barbe , qui en ont pris ioo
exemplaires pour leurs élevés.
LIVRES DIVERS.
Romances historiques et poésies diverses , sui-
vies de notices snr les troubadours , la lontaine
de Vaucluse, Ih.rmilage de J. J. Rousseau , et
de pensées détachées . par le cit. Labiée , « vol.
petit in-12 , avec une gravure.
! Les airs gravés des romances se trouvent chez
' Devienne . rue Notre-Dame des Victoiies ; chcî
[ les frères Gaveaux , et chez Cochel , marchands
1 de musique, passage Feydeau.
Manuel des contribuables , ou Recueil des lois
fondamentales sur les contributions foncière,
mobiliaire. personnelle et somptuaire , des porte»
et fenêtres, et des patentes , avec les ariêtés des
consuls ei les insiruciions ministéiielles qui les
ont adaptées au régira^ administratif, un vol.
in-8°. Prix 2 il. , et î fr. 5o cent, franc de port.
A Paris , chez Rondonneau , au dépôt des lois ,
place du Carousel.
Le ministre des finances , dans une lettre
écrite à l'auteur de ce manuel , applaudit à ,
ses vues el à l'exécution de son plan , à l'ordre
et à la méthode qui règne dans ce travail ; il le
regarde comme très-uiile aux employés de la
direction , aux agcns du gouvernement et à
tous les citoyens qu'intéresse la eoanaissanc»
des lois sur les connibutlons.
GÉOGRAPHIE.
Géographie moderne et universelle , précédée d'un
traité de la sphère, et d'un précis d'astronomie;
avec un abrégé de la géographie ancienne ,
sacrée et ecclésiastique , pour servir à l'intelli-
gence de l'histoire; par Nicolle de la Croix;
nonvelte édition , entièrement refondue , et con-
sidérablement augmentée , d'après les relations
lés plus exactes des voyageurs , les découvertes
les plus récentes des célèbres navigateurs , les
partaseï et les divisions modernes des états
et des territoires; par Victor Comeiras, deux
vol. in-S". d'environ 8oo pages chacun, (de
l'imprimerie de Ctapelet); prix. lî francs. Le
même , avec 8 cartes enluminées l5 fr. , et avec
l'atlas , composé de ss caries aussi enluminées,
so francs. En ajoutant 5 fr. à chacun de ces
prix, on le recevra franc de port.
" A Paris, chez'Waréel, libraire, quai des AugUs-
tins , n" 20 ; et Picquet , géographe , palais du
Tribunal , galerie de bois , n" 254.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republii^ue et des Arts.
Dem. les Prétendus , opéra en 3 actrs, et le ballet
de Téiémaque.
Théâtre de la roe Fëydeau. Aujourd'hui
les Coméd ens ambulans , opéra en deux actes
suiv. de Lise et Colin.
Théâtre des JEU NFS ÉLEVÉS, rue deThionville.
Aujourd. Jeannot et Colin ; fEpreuve , et l'Abbé
coquet.
Théâtre du Vaudeville. Le 42 , l'ouverture
de la salle restaurée.
Théâtre de la Cité-Variétés: -.-PanWmiWêt.
Aujourd'hui la 7' repr. de l'Amour aux Fetites-
Maisons ou les Fous hollandais , folie ornée de
chants ; la Romance , et l'Enfant de l'amour.
Le 23 , la i'" repr. de (Elevé de la Nature
pantom. nouv. avec les mystères d Isis.
Théâtre dc Marais, rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
veillées amusantes de la CITE.
)) La destinée de ces sortes d'ouvrages, dit j Auj. 21 brumaire, Fêle et bal depuis 7 heure»
!> le ci^ Comeiras , est de solliciter sans cesse
M de nouvelles corrections ; et semblables à
ji l'esprit humain, de tendre toujours à la pér-
ir fection sans pouvoir J' atteindre. »
Parmi' les livres élémentaires qui traitent de la
géographie ; celui de Nicole de la Croix a jus-
qu'ici obtenu la préférence , et l'a méritée ; mais
jusquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfans
donneront la 2* représentalibn de l'Avocat et le
Lièvre , comédie-proverbe , préc. de i Orpheline
de village.
Le billet d'entrée est de deux fraiics , et d un
franc pour les enfans au-dessus de huit ans.
L'administration reçoit des abonnemens pour
il y a plus de 5o ans que cet estimable auteur le ' les bals de chaque moi».
L'abouoement ic fait a Paris, rue des Poiievins , n" 18, Le prix est de s5 francs pou
fabonoe qu »./ commencement de chaque mois.
llfaui adresse. les leures tl l'argent ; franc déport , au cit. AcASSE, propri
r trois moi», 5o frïBC» pour tix mois, et 100 fisnci poui l'anode entière. On ne
de ce journal , rue des Poitevin», s» 18. Iirautïoraprendrt dam le» envois le port di>
''it^t::::û:r:^:;^u:.^^r::r:i:^:!::':^ .arédacti».. ., ..«>««, a« rédacteur, ,„ed.
Poitevins, «■> i3, depuis >cuf heures du matinjusqu'à cinq ntures du soir.
A Pâtis, du l'imprimerie du cit. Agasse-, propriétaire du Moniteur , rue de» Poitevin» , a" i5.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N' 52.
Duodi , 2 2 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés â prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo ni t E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles dos armées , ainsi que |« fair« ^r ul •
','. i ■',,,■ r ■ , ' i^i 1411» Cl les notions tant sut
I intérieur que sur l exteneur, f-oiirnis par les correspondances ministérielles.
Un anic!e sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Paris , le 2 1 brumaire.
jLjE citoyen Fousenberte , commissaire - général
des relations commerciales à Cadix , est mort à
Port-Réal , près de celte ville, de ta maladie
contagieuse.
— Dominique Chaix , curé des Baux, près de
Gap . vient de mourir âgé de 69 ans. Cet esti-
mable savant, né sur le Mont - Auroux , entre
Veguer et Gap , d'un pauvre fermier des Char-
treux , .s était élevé par lui-même à force de cons-
lance et de zèle; il avait acquis les plus pro-
fondes connaissances en botanique. Ami et com-
pagnon du célèbre naiuraliste Villart . celui-ci a
. publié sa F/or« gapenqnise dans l'Histoire des plantes
du Uauj'kiné ; il donnera également dans le sup-
plément qu'il prépare pour cet ouvrage , son
Eloge historique , lu au lycée de Grenoble , le 21
germinal dernier. Les herbiers de Chaix ont passé
au citoyeu Picol-Lapeyrouse , professeur d'his-
toire naturelle à Toulouse, et les manuscrits au
citoyenVillari. Ils ne pouvaient rester en de meil-
Jemesmains. Monumens de ses connaissances , ils
transmetiront son nom aux amateurs de la science;
ses parens , ses amis , ses concitoyens n'en ont
pas besoin pour conserver le souvenir de ses
vertus.
— Le citoyen Calvel d'Avignon , médecin sa-
vant, distingué par son érudition et ses connais-
sances dans les antiquités , vient d'enrichir le
cabinet des antiques de deux monumens qu'on
legarde comme importans.
Le premier est un marbre sur lequel on lit
en grec l'inscription suivante :
a Les mègarie:!S , pour obéir à l'oracle de
î) Delphes , ont élevé ici un monument distingué
i> au magnanime Orippe. qui étendit au loin
>5 par ses conquêtes les limites de sa patrie , et
5) qui le premier des grecs courut tout nud , et
>) fut couronné aux jeux olympiques , tandis qu'a-
5) vant lui , ceux qui disputaient le prix de la
>> couise avaient toujours été couverts d'une
)> ceinture dans le siade. îj
Ce marbre fut trouvé en 1769 dans la ville de
Mégare , en Acha'ie, entre Athènes et Corinthe
près du golphe Sjronique : il servait à tenir
ouverie la porte de la cabane d un pauvre
grec. Ce fut M. Bassinet d'Augard , lieutenant
de vaisseiiu , qui en fit la découverte, et l'ap-
porta au citoyen Calvet.
L'autre raonuaient est une tessere de bronze
ayant d'un ctjté une outre , de l'autre cette ins-
cripiiou :
COLLEGIVM
U TRICULARI anVM C. A. B. ELEICUSIVM
L U C 1 V S V A LER l V S
S V C C E S 'S V S.
— On annonce comme prochaine la première-
représentation au Théâtre Français d'une tra-
gédie intitulée ; Thésée.
— La société philolechnique a tenu , hier 20
brumaire , sa séance publique , dans la salle du
Louvre qui lui est aflFcciée.
Tous les morceaux qui ont été lus ont ob-
tenu et avaient mérité les applaudissemens d'une
assemblée autant nombreuse que le comportait
son local.
La séance , présidée par le citoyen Cuvier 1
a été ouverte par le rapport du citoyen Hecquet 1
sur les nouvelles communiquées à la soci'élé ,
depuis le 20 ihetmidor dernier.
Il a été lu par le citoyen Houel , correspon-
dant de la sotiéié , la description d'une Grotte
ou Galerie naturelle de plus de cent mètres
de lorjgucur , découverte dans une des carrières
de Câurannt , à cinq lieues de Kouen , oii
ion a trouvé un ruisseau, une rivière, des
Malactiir.s , des stalagmites , etc.
■ Par I citoyen I.andon : Dls Stances.
l'ai le ciioycn Hecquet : Une Notice historique
«ur Arroaud-Jostph Béthune-Charost, qui a at-
(endii toute 1 assemblée.
Par le citoyen Josi ph Lavallée : Episode d'un
Roman iiié'lil. Il 10 île sur une ciif.;nt de cinq
ajM , abandonnée en une îlu déserte , et adoptée
par une lionne. {
Par le c'iioyen Guichard : ■ Cinq Fables en
vers , courtes , mais d'une texture et d'une morale
charmantes.
Par le citoyen Mangourit : une Notice sur
Latour-d'Auvergne-Corret.
Par le citoyen Masson : Le Fragment d'un
Roman historique inédit , ayant pour titre la
Nouvelle Astrée. Au milieu de ce' Fragment ,
était une Romance , qui a été cllanlée par le
citoyen Adrien l'aîné, musique de i^ composition,
paroles du citoyen Misson. ,
. Par le ciioyen Rotrou : Démonstration d'un
i 'Trigonometre sphérique inventé par lui , pour
l'usage de la marine.
Le citoyen Adrien l'aîné a chanté , pour ter-
miner la séance , les Adieux de Chirnène et du
Cid , paroles de Florian , musique de sa com-
position.
CONSEIL- D' ÉTAT.
Suite du rapport et projet de loi sur l'instruction
publique .présentés au conseil-d'état, section de
l'intérieur , par J. A. Chaptal.
S V.
L'enseignement ..les_ méthodes de l'enseignement, et
la nature de l'instruction doivent-ils être libres ?
L'iNSTRtiCTiON étant le besoin de fous , le
gouvernement ne doit pas laisser au hasard le
soin d y pourvoir.
Mais, par une suite de ce principe , chacun a
le droit de concourir à la répandre.
Tout privilège est odieux par sa nature ; il
serait absurde en matière d'instruction ; l'auto-
rité n'a que le droit d'exiger de celui qui exerce
la profession d'instituteur, les obligations quelle
impose à tous les citoyens dévoués à une pro-
fession quelconque ; elle a sur lui une surveil-
lancequi doit être d'autant plus active, nue l'exer-
cice de cette profession intéresse plus essentiel-
lement la morale publique: là se bornent tous
les pouvoirs du gouvernement ; et d'après ces
principes incontestables, l'enseignement doit être
libre.
Ainsi , il dérive de la nécessité d'assurer l'ins-
truction et de la rendre générale et accessible à
tous , que le gouvernement doit créer par-tout
des écoles publiques ; mais il appartient aux droits
d'un chacun d'ouvrir aussi des écoles, et d'y ad-
metne les enfans de tous ceux qui n'auront pas
pour l'instituteur public le degré de confiance
nécessaire.
De la liberté de l'enseignement doit naître cette
rivalité précieuse entre les instituteurs , qui tourne
toujours au profit de la morale et de l'instruction.
Gloire , iniérêi , amour-propre , cette rivalité met
en jeu tous les ressorts qui peuvent produire de
grandes actions.
La liberté dans les méthodes d'enseignement
n'est ni moins naturelle , ni moins utile que la
liberté de l'enseignement lui-même. Astreindre
l'enseigiieraent à des méthodes générales , le cir-
conscrire dans des lignes tracées par le pouvoir ,
serait-en effacer le plus beau caractère , l'indé-
pendance. Lorsqu'on veut tout prévoir . tout
prescrire par des réglemens , l'on étouffe ces
développemens heureux , ces ressources inépui-
sables qui sont le fruit de l'imagination et du
génie débarrassés de toute entrave : en un mot,
croire tout faire est la plus absurde vanité ; vou-
loir loui régler , est la plus funeste manie.
Dans l'art si difficile de cultiver les facultés de
l'homme, il existe un nombre infini de détails
secrets qui sont tout-à-faii inaccessibles à h loi et
aux réglemens ; c'est ce qui fait que l'art d'ensei-
gner n est pas toujours eu rapport avec le savoir.
La méthode d'enseigner doit varier , non-seu-
lement par une suite de la différence qui existe
dans les laculiés des professeurs , mais même par
suite des dispositions qu'apporte l'élevé.
Mais , peut-être , le plus grave inconvénient des
méihocles uniformes et prescrites , serait celui de
n'exciter aucun effort de la part du professeur , de
borner ses idées dans le cercle étroit qui lui est
tracé; de refroidir l'enthousiasme iiccessaiie pour
vaincre Us dégoûls de l'enseignement , et de ne
plus présenter de dédommagement à tel amour
de la nouveauté, (^ui seul peut produire de
très-grands effets.^
Designer^ chacun le genre de science qu'il doit
e.>seigner, lu. marquer le lems quil doit donner
a 1 instrucuon ; c est le devoir du gouvernement :
mais tracer la marche des idées , donner des
bornes a la pensée et aux moyens de la déve-
lopper; cest le genre de tyrannie le plus in-
supponable par cela seul qu'il s'attache à ce que
1 Homme a de plus indépendant.
, On n'a peut-être pas assez réfléchi sur ces prin-
ç pes , lorsqu on a propose de composer des livres
élémentaires pour l'iusirucuon , à ren.seignement
desquels tous les professeurs seiaient astreints,
«-est, sans y songer, t.acer le cerde d„ni nous
venons de parler , et arrêter la marche de i'insrruc-
fjon , sous prétexte de la régulariser. Sans doute
>l faut composer des livres élémentaires ; mais il
^ut se garder de faire une loi de leur enseigne-
ment exclu.sif. L eleve et le professeur ne tarde-
raient pas a tourner autour de quelques idées tri-
viales sans se douter que les bornes de la science
sont indéfinies et que sa carrière est sans
limites.
Ici se présente une question du plus grand in-
térêt. Le gouvernement peut-il déterminer la na-
ture de 1 instruction ? peut-il astreindre un insti-
tuteur a n enseigner que ce qui! juge conve-
nable r ' J a
Pour résoudre vne question de cette impor-
tance , nous devons distinguer l'enseignement
public ou salarié , d'avec l'enseignement donné
par des particuliers.
Le gouvernement peut sur le premier ce qu'il
ne peut pas sur le second. En effet , dans le pre-
mier cas , les instituteurs sont fonctionnaires pu-
blics ; leur créaiion est faite en vertu de la loi ; la
science qu'ils enseignent est désignée par elle ; les
réglemens concernant l'école puijlique sont arrê-
tes par le gouvernement : c'est ici une véritable
institution nationale ouverte à tout le monde ,
irïais qui n'est lorcée pour peisonne. La loi peut
donc prescrire le seul genre d'instruction qui y
sera donné , et le gouvernement peut y oro^a-
niser l'enseignement comme il le trouve con-
venable.
Il n'en est pas de même à l'égard de l'insti-
tuteur privé. Ici c'est un simple "citoyen qui se-
dévoue à l'enseignement , et qui couuacte des
engagemens avec le père de famille qui lui confie
ses enfans : le gouvernement n'a de pouvoir sur
sa personne et dans sa maison, que sous le doii-
ble rapport des mœurs publiques et de la tran-
quillité ei.siireté de létal ; hors de là , tout serait
de sa'part^véxàtiôn'ef tyrannie. Le gouvernement
peut donc exiger que nul ne puisse exercer la
profession d'instituteur s'il n'est citoyen français ,
s il n'a prêté serment d6 fidélité à la constitution ]
s'il n'a déclaré à l'autorité locale qu'il ouvre une
école d'instruction: mais cela fait , il n'a plus qu'une
surveillance de police à exercer : la nature de
l'instruction est pleinement au choix de l'insiiiu-
leur; El s il- en était autrement , quelles affreuses
conséquences ne verrions-nous pas en découler î
Le gouvernement , maître, absolu de 1 instruc-
tion , pourrait tôt ou lard la diriger au o-ré de
son. ambition ; ce levier , le plus puissent de
tçu.s, deviendrait, peut-être , dans ses mains, le
premier mobile de la servitude ; toute émulation
serait éteinte , toute pensée libre serait un crime j
et peu-a-peu l'instruction qui , par sa nature , doit
éclairer , bientôt dégénérée dans la main de quel-
ques instituteurs timides , façonnerait toute une
génération à l'esclavage.
Oii ne doit cas perdre de vue (et le plus grand
éloge qij'çn puisse faire du gouvernement actuel,
c'est de pouvoir énoncer cette vérité) que tout
gouvernement tend à une domination arbitraire :
1 instruction seule remet continuellement sous Je»
yeux du peuple ses droits et ses devoirs : elle esti
donc le vrai et le seul correctif ou régulateur de
la tendance naturelle d;V gouvernement vers le.
poijvoir absolu : mais ,1e jyur où le gouverne-
ment pourra la diriger, elle perd son principal
caractère ; elle devient , dans ses majns , un moyen
puissant de servitude ; et, loin de contre-balancer
la propension trop p:ononcée du,.gouverneraen«
vers la tyrannie , elle 1 y précipité.
Conservons donc l'indépéAdîmce de l'instruc-
tion : elle sera la sauve-girde de là liberté ■ et
avec les dispositions et lc;s intentions doiil le
gouvernement actuel est animé , elle en fera toute
la force.
2oa
i VI.
(Quelles sont tes bases que le gouvernement doit
adhpter peur diviser et distribuer l'instruction sur
le sol de la république.
Un bon système d'enseignement doit off.ir les
ressources de l'instiuction ^ar-lout où elle esi
riécessaiie ; mais comme la même école peui ad-
meure , sans confusion et sans danger , uii cer-
tain nombre d'individus , il faut d'abord calculer
le nomlare des écoles sur la population.
Celle base , qui a été constamment prise pour
règle de conduite , doit néanmoins recevoir quel-
ques restrictions. En effet , les habitations sont
éparses sur une grande partie du sol de la répu-
blique , les communications sont plus ou moins
faciles -, de sorte qu'en exigeant, à la rigueur, un
«•ombre déterminé d'habitans , et fixant léiabiis-
sement d'instruction au centre , les distances ou
les difficultés de chemin pouiraient êire telles,
q.ue les élevés de la circonlérence nepussent jias
constamment se rendre à l'école. Déjà cette diffi-
culté avait été applauie par l'établisiement des
paroisses ; e\. , comme nous sommes convaincus
que la source de toules nos erreurs dans les insiitu-
trons politiques provient de ce que nous n'avons
pas assez tenu compte du résultat de l'expérience
des siècles que nous avons constamment con-
fondu avec fa marche éphémère des opinions ,
nous croyons qu'il faut en revenir à ces démaica-
ifons traiéàs par les convenances , à ces divisions ,
à ces circonscripliotjs qui , depuis long-lems éta-
blies et pratiquées, pfésentent des moyens laciles
de communication, et ofFi-ent une telle suitedc
lelalioiis, d'habitudes entre les habilans . qu'on
peut les considérer comme forniani des associa-
tions pariiculieres. C'est donc en partant de ces
anciennes divisions , heureusement rétablies et
CDusactécs, presque loutcs par la loi crganiijue de
l'.idminisuaiion «ivile , qu'on peut établir les
les écoles municipales
conSiBce pufcSque ; c'est une vérité malheureu- '
sèment acquise par une trop longue expérience.
On peut donc réduire à environ cent jnille
les jeunes gens qui léclament une seconde ins-
truction publique pour se préparer à remplir les
diverses fonctiotis delà société. Ces jeunes gens
soni p:esqiie tous habilans des villes : là se trou-
vent les besoins multipliés de la société ; et là ,
par conséquent , doivent se préparer et être; en-
seignés les moyens d'y salislaire. C'est donc dans
les villes qu'on doit établir les écoles eommu-
naies.
Ici , sur-tout , on doit consulter la popula-
tion ; car les besoins de la société . et consé-
quemment les moyeps d'ins-iruciion , doivent va-
rier selon qu'elle est plus ou moins considé-
rable.
En partant des calculs a-pproximatifs de la
probabilité de la vie , une ville de huit mille
habiraris n'a que quatre cent (juarante jeunes
ge. s de douze à dix-sept ans : or il est Gonslant.
que le sixième au plus se desiirie à suivre la
carrière des études libérales : ainsi une ville de
huii mille habilans ne compte que soixante-ireize
enfans qui puissent entrer dans l'école com-
munale;
Une ville de lo.ooo en a 88.
20,000. ... 176.
«5,000. . . . 220.
i 100,000. . . . 880.
Ce nombre s'accroît à pei^-piès du double
par les enfans de la catnpaij;ne ; mais comme les
ctablisstraens particuliers d'éducation en prennent
la moitié , il ne reste pour l'instruction publique
que le nombre porié ci-dessus.
Il serait donc aussi ridicule qu'inconvenant de
placer dans chaque chef-lieu d'arrondissement
les mêmes ressources pour linstruction : le gou-
vernement doit par-tout les prop.orlioiintr au
besoin. Sous l'ancien régime, on avait si bien
^fais comme , d'un côté, il existe des munici- j .'enli cette vérité, qu il n'existait , par exemple ,
qu uii seul collège dans toute 1 étendue du dé-
paiient de fa Lozère, tandis que dans celui de
l'Hérault , dont la population toiale n'excède pas
de moitié celle de la Lozère . il eu existait cinq;
et que l'Aveyron , où la population est supé-
rieure à celle de 1 Héiault ,^ n'en possédait que
trois.
Au reste , il est impossible , sans s'exposer à
de graves erreurs , de distribuer à priori les éta-
blissemens d insiruction communale : on ne peut
pallies trop piu peuplées pour fournir à une
écoK' municipale, et qu il en est un Irès-grand
îioiiihrc doni la population en exige plusieurs,
les cx)aseils municipaux doivent en exprimer la
cfemande , pour que les conseils d'arrondisse-
ment prononcent sur le besoin et en fixent le
nombre.
En partant des considérations que nous venons
d-élabiir , et combinant les résultats du sol avec
ceux de la population , nous pouvons , dès-à-
piésent, fixer par approximation le nombre déco- ( jamais avoir des données suffisantes à ce sujet;
les municipales nécessaire à linstruction.
Supposant que les écoles municipales soient on-
veries à tous les eiifans depuis 1 âge de sept jusqu'à
«elui de douze ans, et calculant sur une popu-
lation toiale de trente millions d'individus en
France, Condorcet estime que le diKieme en est
desiiné à ce* écoles , ce qui ferait irbis njillions.
Le calcul des probabilités de la vie nous rtiene à
des résultais semblables; car 3o millions de po-
puljiion supposent
■ 571,908 enfansdes deux sexes de l'âge de 7 ans, | P°."^ 1"^ quatre-vingt-treize
. ' -" j o ( soixante-six.
550,700 de 8, )
553,713 de 9,
548,192 de 10,
54.4,419 •^^ "'
et il faut s'en ripporter à la sagesse , à l'intérèl
et auK connaissances des conseils d'arrondis^
sèment.
C'est pour avoir voulu tout prévoir, tout/ ar-
rêter , tout symétriser , que le département du
Nord , dont la population s cleve à huit cent,
huit mille cetii quarante-sept hubitans , et qui
possède cinq à i^ix villes considérables , r'a que
son école centrale , comme le dépariement des
Alpes - Maritimes , dont la popuUtion ne se
ille trois cent
t pou
faut
2,)78ï932.
Si à présent nous supprimons de ce calcul ,
1'°. les personnes du sexe qui en forment la
nioilié ; 2". un sixième qui sera élevé dans la
maison paternelle ou ch.z des instituteurs privés,
i[ ne restera plus pour les écoles primaires que
],i57,889, cesi-à-diie , à peu-près le trentième
delà population.
Admettant ensuite , pour tetme moyen , cin-
quante élevés par école , il faudrait pour toute la
république environ î3,t55 écoles municip.'.les.
A mesure qu'on s'éloigne de cette première
in?ttuciion publique , le nombre des élevés di-
mintie avec une progression rapide.
Au sortir des écoles municipales , un sixième
au plus se consacre à des études plus relevées ;
tout le reste rentre clans les ateliers , ou se livre
aux travaux de 1 agriculture.
On peut donc borner à deux cent trente-un
■mille cinq cent soixante-dix-sept tous lesjeunes
oens qui se destinent à entrer dans une nou-
velle .carrière d'instruction ; mais cette portion
de jeunesse appariieiit, pour moine, à cette
classe fortunée de la Société qui préfère cons-
tamment 1 éducation des pensioiinats à celle des
étabiissemens publics : d'«n côté , la surveil-
lance plus directe que les parens conservent
sur leurs enfuns^ de 1 autre, la faculié qui leur
€St laissée de ■ëiriger leurs études d'apiès leurs
opinions on leur but, maintiendront toujours
ces étabiissemens particuliers à côté des étabiis-
semens publics-: ils seront même plus fréquen-
tés , tant que «« derniers n obtiendront pas .
pour leur régime intérieur ou la nature des
études-, rasseutiment des parens. Il est pl'is fa-
cile d'ouvrir de* école* que d'y faire entrer la
écoles spéciales qu'il faut consulter les locali- ,
tés , pour trouver les ressources nécessaites à j
l'instruction. j
Il est des points marqués sur la France , où
l'enseigiienieni de certaines sciences et de quel-
ques ans s'est établi par un concours de cir-
constances, qu Iquefois fortuites, plus spuvent
locales , mais que nous devons respecter pour
ne pas perdre le fruit de ces heureuses institu-
tions.
C est sur-tout dans le choix de l'emplace-
ment des écoles spéciales , qu'il serait dangereux
de tracer sur le sol de la France , le compas
à la main , les lieux où l'on doit les établir. Je
ne connais que deux principes qui puissent gui-
der dans ce choix : d'un côié , l'exemple du
passé qui a vu prospérer pendant d<;s siècles ,
sur un point déterminé , tel art ou telle science ;
de 1 autre , une réunion bien établie d'hoijinaes
capabl'-s_ de bun enseigner.
D après cela , nous proposerons de conserver
les trois écoles de médecine créées par la loi du
14 tnmairc an 3; elles suffisent à l'in&truciion ;
elles prospèrent : craignons ci'ébranler leur or-
ganisaiion . et bornons-nous a y porter quelques
modifications demandées par l'expérience de six
années.
L'élablissemcnt,des vingt-neuf tribunaux d'ap-
pel paraît avoir déterminé d'avance le siège cl^es
écoles (ie dmii : ià , la réunion de presque
lous les degrés de la hiérarchie judiciaire , et les
Uçons des premiers talens dans la science de la
législation , t ffrent des ressources que l'élevé ne
saurait rencontrer ailleurs.
Lan véiérinaiie , dont une nation agricole
peur retirer Je si grand, avantages , possède déjà
deux grands eiabhsveniens qui méritent une pro-
leclion s[)eciale de la part du gouvernement : les
écoles dA.loii et de Lyon seront donc conser-
i vétis «t aniéliorées.
L'éc^e des mines; le con9e*v»folfc de mu-
sique , celui des ans et métiers ; lécole de pein-
ture , sculpture , architecture ; celle d'histoire
naturelle, établie au jardin des Plantes ; lécole
polytechnique , celledes ponts et chausséts ; tous
ces utiles étabiissemens ne peuvent prospéier
qu'à Paris , parce qu indépendammt-iii de la léu-
nion des savans et des artistes les plus distingués
de l'Europe qui s'y dévouent à l'enseignement ,
on ne peut pas se flatter de trouver ailleurs ,
au même degré , ce goût exquis , cet esprit
philosophique , cette émulation que donnent
de grands exemples et qu'inspirent les talens
supérieurs.
S- VU.
Des pensions 4e retraite.
Levrai moyen d'attacher à linstruction publique
les hommes qui se dévouent à suivre cette car-
rière difficile , se borne :
1°. A acijorder à leurs honorables fonction»
cette considération sans laquelle leur profcssioit
n'est bientôt qu'une servitiade.
2*^. A leur assurer un traitement suffisant
pour éloigner tout prétexte de cultiver con-
curremment une autre profession ; et pour
écarter loin de leurs occupations, jourualièt.es ,
le sentiment pénible ou la crjinle fondée d'ut*
manque de subsistaiice.
3°. A présenter à l'instituteur , pour terme
d.'une longue et honorabh carrière , une re-
traite suffisante pour mettre ses vieux jours ài
l'abri de linquiétude ou des besoins.
Cette retraite est un devoir du gouvernement
vis-à-vis de 1 instituteur ; et si elle n est assurée ,
si elle n'est suffisante , loui le système de
l'instruction publique pèche par la base , la
justice.
Il faut donc que la ipunificçnce nationale
suive l'instituteur jusque ■ dans sa retraite ; et
qu'au moins la certitude de jouir d la moitié
de ses appoinlemens , lui présente l'avenir , noa
comme un terme où la misère 1 attend , mai».
comme le repos mérité de scS longues cl im-
portantes langues.
Le maître d'école doit donc jouir de la
thoitié de son traitement , ajirès vingt an»
de service effectif dani, le même arrondisse-
ment.
L'instituteur communal jouira pareillement
d'une moidé de son traitement après vingt années
d exercice.
Les professeurs des écoles spéciales de mé-
decine et législation .jouiront de tout leur
traitement fixe ; ceux des écoles spéciales où il
n'y a qu'un traitement fixe, jouiiont de là
moitié.
Lorsqu'uti professeur aura atteint Iç tetijs dç
service fixé pour sa retraite , H jouira , en su),
de son traitement , d'un quart de sa pensi"^oç,
de retraite pendant les dix premières années,,
s'il continue ses fonctions ; de la moitié , pen-^
dant les dix années subséquentes ; des trot»
quarts , pendant les dix qui suivront ; et de }»'
totalité après ce terme.
Néanmoiiis , le bien de l'enseignement par^
exiger que le professeur qui a d'oît à la petir.
sion de retraite , soit tenu de renoncer k
l'insiruciion publique , si l'autorité qui doit
pouivoir à son remplacement le juge incapable'
de continuer à en remplir les fonctions:
[La suite demain.]
MINISTERE DE LA GUERRE.
Rapport du lieulenant-générai Dupont , commahdant
-Jnîlt drille de l'armée d'Italie , sur ïexpedition dt
Toscane ^aumois de vendémiaire an g. -^JJvournt,
le i brumaire an g.
'Votre lettre du 14 vendémiaire, citoyen
I général , relative à la Toscane , m'est parvenue-
j le l6 à Boulogne.
, J'ai adressé sur-le-champ au général Sommiii'
riva voite notification sur le licenciement et lé-
I désarmement des levées extraorcinaires , pdur
I être en mesure , d'après vos ordres , d entrer rapi-
I dément en Toscane dans le cas où ce générml
I refuserait d'obtempérer à votre demande 3 lefc
j brigades des généraux Malber et Carra Saiot».
Cyr appartenant aux divisions Watrin et Monnier,
I ont été rassemblées, la première à Imola , et la
I seconde à Forli. La division cisalpine du général,
] Pino , et la brigade des chasseurs à cheval du
j général JablonQuski , ont reçu l'ordre de se
I tenir prêtes à marcher.
Le général Sommariva , au lieu de me répondr*
sur l'objet de U notification , se borne a mac-
1 cuser réception de ma lettre , et il me piéviept
j qu'il dépêche près de vpus un officitr de soa
! éiat-major. J'aurais dû renvoyer cet officier à •
Florence, et ne pas lui accorder le passage V
puisque dans le même jour , le citoyen MetlTs,
l'un de mes aides-de-camp , chargé d'une niiS'-
I jion prés Le géoéfal - comnaandaut à Ferra-reV'
S!03
ti'avait pu être admis dans celteplace.J'aitotitcfois,
oubliant le droit de représailles , permis au
(thevalier de Saint-Atiibroisc de se rende à Milan,
où il vous a éié préseiué par le généial Gobetl ;
chef de l'éiat- major de l'aîie droile.
Les délais fixés dans votre lettre pour le désai^
memeiit allaient être écoulés, et je ne recevais
point du gi-nèral Sommativa sa réponse ulié-
lieure que j'en nltcndais ; i! était néanmoins pré-
venu que j ciais exclusivement chargé de vos
instructions. Ce silence me jettait dans un grand
étonnement. Mais ce qui redoubla ma surprise ,
fut le rapport du général Pino , daté de Pianoro ,
qui m'éccivaii (ju'un mouvement général s'opérait
dans les insurgés toscans; que leurs postes occu-
paient etjcoie plusieurs poinis du teriiioire cisal-
pin , et que l'on traînait de l'artillerie pour armer
les ouvrages élevés sur les passages ile l'Appen-
nin. J'ai dirigé alors sur Bologne lc« troupes
destinées à l'expédition, et qui se trouvaient dans
la Romagne. Lavant-garde s'est poriée à Logano
pour observer de plus près la Toscane.
De nouveaux rapports confirment les premiers;
ils ne me laissent plus le moindre doute sur les
intentions hostiles du généra! Sommariva , et sur
son refus de dé'îasmer les insurgés. Cette con-
viction , partagée par tous les gétiéraux , me dé-
termine à marther.
Le terme était expiré, et j'aurais éic , par un
plus long retard , co.upable de l'inexécution de
vos ordies et de ceux du gouvernement. En
rfonnarrt, d'ailleurs, à l'ennemi le tems de se
fortifier davantage et d'occuper les gorges des
montagnes , c'était provoquer une effusion de
sang inuiile; toutes les considérations militaires
et politiques rae dictaient le parti que j ai pris.
Avant de pénétrer en Toscanç , j'éctis au gé-
néral Sommariva la lettre suivante : elle expose
les griefs qui rendent celte opération aussi iégi-
mc que nécessaire ; ils fixeront l'opinion de
1 jîurope 1 comme ils ont déjà fixé celle de l'Italie.
LA.naementdç la Toscane porté à 25,ooo hom-
mes et les incursions dévastatrices de ces levées
exiraordinairts. sur le teriiioire cisalpin; les ca-
lomnies et les insulies les plus outrage mies pour
la naiion française ; la sûreté de nos canionnc--
tnens, sans cesse compromise, et un état réel
d hosulités au sein raérae de l'armisiice , tout
exigeait ladoption d une mesure analogue à la
. dignité du plus grand des peuples et à la gloire
de l'armée d'Italie. J adresse en même lerns une
proclamaiion au peuple toscan , que je ne devais
pas (onfondie avec les légions de M. Somma-
riva. Cette armée insurgée a coûté pré;; de trente
millions à ce pays que son beau climat a rendu
si florissant et le gouvernement de U régence
si infortuné. Les moyens les plus ridicules et les
plus violens ont été lour-à-tour çinployés pour
exciter un soulèvement général. A Arez^o , on a
vu la madone lirçr , de sa niche , des coups de
fusil sur 1 effigie des français. G étaient le mi-
nistre anglais Windam , un moine et la coqrii-
»anne Mdr)i , célèbre en Toscane , qui {'esïienf
opérer ce miracle , auteur de la perte des trop
crédules et ardens Arétins.
A Lucques , le général Sommariva pressait
Févêque de prêcher une espèce de croisade
contre nous ; mais la piété éclairée de l'évéque
» rejette jon projet de guerre de religion. A
l-ivourne , I) rcme de Naples égarée par sa
iiiine et par sa douleur , après la bataille de
Matengo , n'a pas craint de répondre aux vo-
ciléradons du peuple , au milieu du ihéâirc ,
par ces cris : Mort aux français , mort à B.07ia-
parte. Il y a railie iraits de ce genre qu'il est
supciflu de rappeler ; ils tembl«nl ,■ par leur
extravagance , être éirangers à ce siiecle.
Les 2o et îI , les corps des généraux Malher ,
Monuier et Jablonowsky se dirigent de Bologne
&ur Log^no ; la division Pino s'éiiiit avancée sur
Scaric.a Lasino. Un bataillon roarclie pat la route
4^ 'Vçrgatû , et la 84'. demi-brigade légère ,
Commandée par le citoyen Fercy , irèi-bon
chef de çorpj , reçoit l'ordre de se porter de
Ferly sur la route de Fioremuota.
Le 22 tout le corps d'expédition se met en
mouvement ; la division Pino forme lavant-
garde sous les ordres du général de division Pino,
et des généraux de brigade , Julien et Trivulcy.
Lo premier poste ennemi que l'on rencontre était
placé en avant de Pielra-Mala , et coiapoié d'au-
trichiens et de toscans ; il fait feu sur nos troupes,
elles y répondent, et elles l'enveloppent rapide-
snenl. 11 met bas les armes. Je témoigne aux au- ■
Irichiens , commandés par un major du régiment
ide jordis , ma surpiise de les voir mêlés avec les
lôstans qui se sont mis en état de guerre avec
1 armée française , et que j'ai ordre de désarqaer ;
je les préviens au surplus que je ne les consi-
dère point comme piisonniers de guerre , altcndu
l'armistice que mon opération n'altère en rien , et
.qu'ils vont rejoindre leurs corps avec leurs armes
*t If urs effet». Le po^ie établi à Pietra-Mala , com-
posé de cuirassiers , demande , et obtient tans dif-
iiriilié , la faculté de se lelirtr sans eue in-
quiété.
A mctute qii'on avance , «d appctçoit lur le
flanc de< colonnes, des bandes d'insurgés qui messes et tous Ici prestiges du fanati
gagnent l'épaisseur des bois et les gorges écar-
tées , pour .se .'iousiraire à noire pouisuitc. Nous
trouvons à Sinla des ouvrages dt- campagne fort
eiendus. Ils couvraient un camp où nous pension!,
éprouver quelque rési^Iance ; mais il avait élé
abandonné peu d'heures avant notre arrivée . el
quelques hommes seulement qui sélaieiit cachés
dans les redoutes y ont été piis; des aimes et
beaucoup d'ouiils y oni clé enlevés. Les ennemis
se repliant sur Barbeiino où était leur quartier-
généial , nous inarchoris vers ce point avec rapi-
dité. Le général Sparmocliy , qui les commandait
dan» cette partie , évacue précipitammeiii la ville ,
el nous y entrons le soir après une marche de
3o milles.
J'apprends en arrivant que les insurgés trompés,
comme je l'avait espéré , par le mouvcmeni de la
S4? légère , et par celui du corps (]ui m.ncliait
par Vergalo et Granoglioue sur Pist' 'ia , s'étaient
portés en graml n'ombre de ce côié. Il dirvivm
alors évidc-nt (]u'ils ne peuvent plus se léunir cl
de ■
ismc , pont
exciter les aréùns à une" défense opiniâ're. Un
bataillon gardait les approcncs d^ la ville; il
est aliaqijii le ii6 sur I,- canal de la Ghiana ,
où il avait pris posiiiori : il fait un feu assez vif
mais il est bieniôt culbulé et taillé en pièces par.
un escadron du 1 1 ' de hussards, commandé par le
cil. Berruyer. Le cit. Briche , capitaine au même
régiment, en poursuit les débris juiqiies sous
les remparts. Les aides-de-camp Démoli et Ca-
mille ont chargé avec valeur. Les troupes air;.
vent prés des retrancheraens hauts de vingt
pieds , et qui semblent à labri d'un coup tîe
main ; l'artillerie dont ils sont garnis tire avec
une grande vivacflé. Le général Carra Saint-Cyr
se porie , avec deux bataillons de la 29° de
ligne, sur une hauteur voisine de la citadelle ; un
autre bitaillon de la même demi-brigade se
porte sur la rouie de Peiugia ; pliisieni's pièce»
de canon souienues par un baiaillon de la SS' ,
sont mis en batterie devant la porte de Floiencc
pour labaiirc ; d'auires pièces battent en biêçbe
opérer de loislance. l'on, es lej difficiilrés, du | '«^ basiions à droite,
passage de l'Appennin ^e trouvaient vaii,ciics. Je 1 Le général Monnier qui Sait prolonger les sièges
fus également instruit à Barberino , que le gênerai ■ lorsqu d les soutient, comme à Ancône, et les
Sommariva avait redoublé d'activi'é dans ses abréger lorsqu'il les fait, ordonne qu'on garnisse
dispo.siiions militaires, au retour de l'oHicier qui la poiie de fascines et qu'on y mette le ieu. Les
avait été expédié à Milan , malgré les promesses grenadiers courent Içs placer , dirigés par laidc-
qu'il y avait données ^ et qu'il lésait sonner le de-camp Démoli , et le capitaine du génie , Bois-
tocsin de tous côiés. Ccue circonstance est re-
marquable. Jç réponds à la lettre qu'il m'écii't
par la lettre ci-jointe.
On découvre à Barberino des magasins d'elTeis
d'équipement , >;i un grand noiubie du piques
desiinées à armer les p.av.sans . au ucf.iii de
fusils; elles seroni transféréts à Bo O.^inc. Il éclate
pendant. la nuit un inct-nJic tiè;-vio)cni qui me-
naçait d'embraser touie la vdle; ma:s la pniximiié
du camp arrête les ravages qu'il aurait nu taire :
les travailleurs s'y porient avec céléiitc. j'ai rempli
purement vos internions, en pro me tant des in-
chevalier.
Le général SainirGyr fai,t la «nême opération à
la porte qui se trouve dans son côié -d'atiaijue.
Une pluie de mitiaiiie , méiée de grenades et de
pierres , lombe sur Ls braves qui po.;eiit les
lascines poui embraser les poiii;*. Mais ce moyen
audacieux ne peut ré<jssir, les portes étant dou-
blées en fer et terrassées.
L'e.^^eml qui touchait à sa perle se rassure et
se croit vainqueur. La ville est soudain illuminée,
elle retentit tic vociférations fiénéiiqucs ; le tocsin
sonne avec tureur, et accompagne les cris ic
emnites aux individus qui ont essuyé des pertes, doublés de mort aux français.
Les lioupes reprennent leur marche le =3 , £,3^, ,i"s'ruit de cet éiaî de "choses , je fais
sur
en avançant vers Florence ; j'étais a cUaquc passer de' l'anilleiie , et des mupuior
instant plus impatient de savoir le pam que Arezzo ; le gênerai T.ivulcy marche avec une
demi-brigade cisalpine de lenfort, ainsi rjue \et
prendrait M. Sommariva qui était à-la-lois gé-
néral autrichien , général toscan , membre et
président de- la régence. Comme chtf des insur-
gés , il avait employé tous ses moyens de défense ;
mais l'armisiice régnant toujours entre les deux
armées française et autrichiene , il sentait qu il j
ne pouvait , sans se compromettre gravement
général Polombini , avec Je bataillon d'officiers ,
cis.alpin qu if commande ; un bataillon de 1»
28"^. reç£)it la même destination.
Pendant la nuit , ou prépare des échelles ; le
soldat , impatient de vaincre , deiuaudatt l'as-
saut. C est sur les rempaiis de la ville , emponéi
m'opposer les tioupes autrichiennes qui é.aient ; Je vive foice , qu'il veut altendre les renions,
sou.s ses ordres, je reçois ennn , a quelques miUçs -
de Florence , une lettre où ce général m'annonce
qu'il évacue la Toscane , et ou il recommande à
la générosité française les intérêts des malades et
des détachemens autrichiens qu'il laisse derrière
lui; son. vœu a , été fidèlement rempli; j'ai eu
pour eux tous les procédés convenables , et les
officiers que j'ai vus ont reconnu la légilinjité
' )n qui
ral'So
général et gouvernement toscan
Le tocsin sonnait encore à Florence peu
d'heures avant noire atrikée ; mais ceiie ma
d'une opération qui ne concerne point l'Autriche ,
et que le "énéral/Sommarivs a provoquée comme
Le 27 , à neuf heures , iput est disposé pour
donner l'assaut. La 58° demi-brigade , coniman-
dée par le chef de bataillon Lusignan , s'y pié-
senie , conduite par le général Monnier et lad-
judant-ccmmandant Géiard. Plusieuis braves de
ce corps sont trappes ; mais rien ne peut ébranler
son auctace. Dans le même instant, la porte de
Pérugia et celle -dé-ia Montagne soiii enlevées
par la 2g« de ligne ; les français se précipiten;
alors dans la place.
Les aiétins sons poursuivis et jnàssac.és sur les
remparts , dans les rues el sur les batteries. Les
uns sç dérobent à la mon en fuyant de tous
nœuvre était trop tardive ; le plus grand calme j Us côiés , ,d autres se déiendeiu encore dans les
a légné dans la ville, au momçni de l'arrivée j maisons tient les murs sont crénelés; des sou-
des troupes ; ma proclamation a rassuré et j letiains qui conduisent dans les camjiagnes tr»
éclairé les habitaiis sur leur situation , que les j oni sauvé plusieurs. La citadelle demande 4
excès de la légence auraient ponés au dernier capituler ; et sur la réponse que les français né
degré d'infortune , si un nouvel ordre ce choses | capitulent pas avec des brigands, elle st rend
n'avait pas renversé sa dominaiion. Les mc-m- ! à discrétion. . ' < ' '
bres qui composaicni ceiie auionié, on't quille
la ville après avoir lormé un gouv. rncment
piovisoire qutj'ai niain
autorités que j ai tiouvées e.ablies." | campagne, et elle n'a cessé depuis de méri.er I,
La capitale de la Toscane étant entre noj vengeance que la générosité française a dédaioné
d'exercer suf elle.
Je vous ferai passer sept drapeaux qui ont élé
j Tel 3 é'é le sort d'Arezzo , de celte coupable
. .- I .ville, qtion a toutes fois épargnée; elje avait
ainsi que les autres „, ■ ^iraver l'armée de Naples dans la demi,
eiant entre
mains , j ai dirigé la division Pino sur Prato ;
Pislo'ji. cl Pescia ; la division. Monnier , sur
Arrczo , et la brigade Maihcr , sur Livourne ,
afin de prendre possession, à |i) fois, de tout
le territoire Toscan , et de le ptitger des in-
surgés auxquels il ne falUit pas doiirjer ft tems
de rassembler leurs corps sur difféiens points.
Le général Pino a trouvé à Pisio'ia le ba-
taillon cisalpin qui éiaii paiii de Vergalo. Le
commandant du baiaillon avait frit un arran-
gement avec le commandant autrichien. II5 ont
réuni leurs moyens «pendant quelques inslans
pour calmer l'eflctv>-scerice' qui se manifestait
dans cette ville . pendant que le gépéial Malher
marchait sur Livourne. Le général Clémtiit
Coretmandant à Lucfjues , auquel j'avais envoyé
un courrier, le 20', pour se'poriér' sur' cette
place , m'a apppris qu il y éiait heureusement
cniiré; il a eu beaucoup à se louer du co-
lonel autrichien, Si.egeiH^I « ^|li y comman-
dait , et qui la lui a cédée sans d fficulié. Le
général Clément a justifié votre confiance , et
il a patf'aiteincnt conduit son opéiaiion.
Le gros des insurgés s'était replié sur Arrezzo ,
et le général Monnier les y a trouvés décidés à
le défendre. Celte place bien fermée et favora-
blement située, pouvait se miiinltiiir quelque
tems. Le général Sommariva l'a traversée dans
enlevés ,?qx insurgés. La place renfermait beau'
coup d'armes et de muniiioiis. Il esi inuiile de
vous faire l'éloge des troupes. Le succès de cène
expédition, et l'assaut brillant d'Ac^zo le fonf
assez , ainsi que celui des officiers-généraux,
des officiers supérieurs et d'éiat-inajoi employés
dans le corps d'arrtiée que je commandé.
L observation de la discipline militaire , I«
proteclion accordée aux habiians paisibles, ci le
respeci pour l'armistice , traraçiéiisenl parijculié-
rement cette opération; elle répare des griefs
tjue l'armée f anç^ise ne pouvait tolérer sans
faiblesse cl sans danger; elle rétablit le piincipe
dt» lois de la guerre, trop longiems violccs à
notre égard. Je ne doute pas qu'elle n'accélère les
négociations de la paix.
Signé Dupont.
Pour copie conforme ,
Le ministre de la guerre , sie»é , J. G. I,AevÉs^
sa retraite sur Ancône , el y 3 prodigué le>pro- j Koltieidani,
MINISTERE DE LA MARINC:.
Lv corsaire U Çhass^eifr,. dt Dunkeique , capi»
laliic Nauckman . .1 pus uu sloop anglais chai«ç
d'avoine , de fromages et de toiles a vojJc, C«
bâiimeni , arrivé » la Brille , 11 dd êire cçnduil i
IMINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Ordre du 19 brumaire.
Tous les officiers et sous officiers du corps de
la gendaimerie naiionale . en acliviié de service
ou reformés . qui soui à Paris ou y viendront ,
soit pour objet de service, soit pour afFiiires
pcisontielles , sont tenus de se présenter dans
irO'S jouis , pour ceux qui s y trouvent , et
'pour 1 avenir d^ins les 24 heures de leur arrivée,
au buicau de l'insprctian générale de la gen-
darmerie, rue de i Université, n° 908, à l'effet
de l'aire connaîfie et viser leurs ordres , per-
missions ou passeports. Ils se présenteront entre
neuf heures et midi.
Cv.'ux desdiis officiers réformés, domiciliés à
P.ins , ou qui voudront s'y fixer à l'avenir , sont
éjj,aleniei!t astreints à cette formalité , sans êtie
dispensés de celles voulues par les lois mi-
litaires et de police , et les ordres particuliers
des ministres.
Vinipnleur-générai delà gendarmerie nationale ,
Signé , Radet.
PRÉFECTURE DE POLICÉ.
farii , le 19 brumaire ., an g de la république fran-
çaise , une et indivisible.
Le préfet de police a fait faire le relevé des
viandes qui, à raison de leur insalubrité , ont
été saisies pendant le- cours de l'an 8 , par les
agens de la police , et principalement à la Halle.
La quantité s'élève à 7,683 kilogrammes, c'est-
à-dire , environ i5,366 livres , qui ont été trans-
portées à la ménagerie du Jardin-des-Plantes ,
pour la nourriture des animaux carnivores.
204
des Bons-Hommes; il y blanchit deux ou trois
mille aunes de toiles en un jour , avec trente livres
de soude et un seul homme. On va l'établir éga-
lement àRouen et dans la Belgique.
Une cotiimissinn , dont le citoyen Halle a
été 1 organe , a vérifié les expériences nouvelles
de Volta sur le galvanisnye. Elles reviennent en
général à ceci : qu'une séiie quelconque, com-
posée d'argent, d eau et de zinc, répétée plu-
sieurs fois dans le même ordre , se trouve sur le
champ et demeure constamment posiiivemenl
électrique à l'extrémité où est l'argent, et négative-
ment à celle oii est le zmc; que celui ou ceux
qui louchent à là fois ces deux extrémités ,
éprouvent une espèce de commotion électrique
qui dtire autant que le contact . et que si cette
communication se fait par deux fils de métal
qui entrent tous deux dans un tube plein d'eau;
celui qui touche au côié électrisé posiiiveinent .
s'oxidc . pendant que 1 autre paraît produite d'un
airqui provient de la décomposition de l'eau, et
qui est du gaz hydrogène.
Le citoyen Cwt/ier a décrit un pied d'oiseau,
trouvé dans Ife gypse de Montmartre.
Le citoyen Gérard a décrit une espèce de
vesce , dont une partie des fleurs demeure tou-
jours clans la terre , et y produit des fruits qui
s y développent. Le citoyen Ventenat a vérifié
ces observations.
Le même citoyen Ventenat , a présenté le
premier cahier de sa description des plantes
rares ou curieuses du jardin du citoyen Cels.
Ce cahier contient dix espèces représentées dans
de superbes planches.
Le citoyen Beauvois a décrit un nouveau
genre de plante qu'il a découvert en Afrique,
et nommé omphalocarpon. C est un arbre qui
tinuée. Les cit. Monsaldy et Dcvisme vi^nnet>t
de la reprendre sur le même plan ; à l'exceptioa
que la disposition actuelle du sallon sur quatre
faces , les a obligés de faire dt ux planches
au lieu d'une. — La première paraîtra le i5 fri-
maire prochain. Ceux qui . desiieront des pre-
mières épreuves , sont invi'és à se laire inscrire
chez les citoyens Monsaldy et Dcvisme , rue
de Molière , n° 2 , piès lOdéon.
Le prix de chaque estampe est de 3 fr. — On
prie de vouloir bien afFraucbir ks Iciiics.
LIVRES DIVERS.
Traité des rentes foncières ; principes sur
la nature de ces contrats , moyen de distin-
guer les rentes foncières à rétablir d'avec les
droits féodaux abolis; ouvrage également utile
aux propriétaires qui ont des rentes foncières
à percevoir , et à ceux qui devaient des presta-
tions annuelles détruites par la nouvelle légis-
lation ; par A. G. G. Boudet , jurisconsulte ;
brochure in-12 , prix, l fr. ; pour les dépar-
teraens , l fr. 5o cent.
Chez Baudouin , imprimeur du Coips-légis-
laiil et du Tribunal , rue de Grenelle Saint-
Germain , 11°. I l3i.
On trouve toujours chez le même , la collec-
tion générale des lois depuis 1.789 ; • les rap-
ports , les discours des assemblées nationales
depuis la même époque , et pendant la session
du Corps -législatif les projets de loi qui lui
sont présentés par le conseil- d'état ; le tout
format in 8°.
INSTITUT NATIONAL.
h'otice des travaux de la classe des sciences physiques
et mathématiques de l'Institut national., du i5
messidor an 8, jusqu'au i5 vendémiaire an g.
— Partie physique.
Le citoyen Berthotlet , qui avait prouvé précé-
demment que la force de cohésion, lorsqu'elle est
considérable , détermine dans les mélanges des
différens sels la précipitation et la séparation des
combinaisons salines dans lesquelles elle a lieu ,
s'est occupé , dans ce trimestre , des cas oii
cette force difFere peu dajis les substances salines
mises en action. Il a montré que les propor-
tions déterminent alors le résultat, au point qu'en
les variant on peut obtenir des combitiaisons
opposées.
Les citoyens Fourcroy tt Vauquelin, ont prouvé
que les acides obtenus de la distillation dçs
végétaux , et que l'on a nommés pyro-muqueux,
pyio-ligneux , pyro-tartareux , sont absolument
de la même nature que le vinaigre , et qu'ils
ne différent entre eux que par la combinaison
d'une huile particulière à chacune des substances
qui les produit.
Le citoyen Vauquclin a confirmé l'existence d'une
terie nouvelle , trouvée par M. Gadolin , dans
irne pierre noire qui se trouve à Sterby , en
Suéde. C est la neuvième : elle forme, comme
la glucine , des sels très-sucrés avec les acides ,
taais elle en difiTere , parce que sa combinai-
son avec l'acide sulfurique est peu soluble , et
parce que l'acide oxalique et le prussiate de
potasse la précipitent de ses dissolutions.
Le citoyen Hauy a trouvé que le soufre pos-
sédait àun très-haut degré la propriété de doubler
les images des objets, même lorsque les deux faces
au travers desquelles on les regarde , sont paral-
lèles : il a mesuré la force réfringente du souffre ,
et montré qu'étant très-supérieure à ce que sa
densité indiquait , le résultat de ^Newton sur les
substances combustibles se trouve encore con-
firmé dans ce cas-ci.
Le citoyen Chaptal fit connaître , dans cette en-
ceinte , l'année dernière , à pareil jour , un nou-
veau procédé pour blanchir le coton par la vapeur
de l'alcali fixe ; il fesait espérer que ce pro-
cédé s'appliquerait avec avantage au blanchiment
du lin.
Les anglais n'ont pas manqué de faire usage
de celte découverte ; ils l'ont même apphquée
aux toiles en L-s dévidant dans l'appareil , et
l'ont rendue si économique que l'aune ne coûte
pas un liard à blanchir. Le citoyen Bawens ,
vient d'établir le même procédé , à la fabrique
Ans aux négocions et voyageurs.
A dater du 25 brumaire , l'établissement dei
berlines Saint-Victor , qui est tue Neuve-Egaliié ,
a cela de singulier , que ses fleurs et ses fruits n° 3o6 , sera transporté rue du Mail, ci-devant
sont attachés à son tronc , et qu'il n'en vient , hôtel des Chiens, n° 43 , d'où il partira de cette
point sur ses branches. ; époque , tous les jours pairs , à 7 heures du
., . . _ . • j i matin, une berline conduite en poste, qui se
Le même CJtoyen Beauvois , a "pporte de , ^^^^^^ ^„ ,^^-^ -^^^^ ^ Bruxelles , et couchant
nouvelles observations sur différentes espèces -, yn^ Les bureaux sont , à Arras , chez Franger
de mousses, pour confirmer 1 opinion quil a . ^ . „ , , . . =
émise autrefois que l'urne de ces petits végé-
taux est une fleur hermaphrodite , qui contient
à la fois le pollen fécondant et les germes des
semences.
Le citoyen Sabatier a cherché une nouvelle
explication des changcmens qui arrivent à l'en-
fant nouveau né par rapport à la circulation du
sang. La gêne qui résulte dans le système vas-
culaire de l'enlèvement du. placenta , force
l'enfant à se donner divers mouvemens qui oc-
casionnent la première respiration. La poitrine
se dilatant , repousse le diaphragme et avec
lui le cœur vers le bas , avec d'autant plus de
force que le foie venant à diminuer . ne les
soulevé plus. Le cœur changeant de situation ,
tous les vaisseaux changent de rapports ; par
u.ie combinaison d'actions assez compliquées ,
le trou ovale se ferme. L'angle que le canal
artériel forme avec les deux grandes artères
change , et ce canal ne pouvant plus recevoir
de sang ne tarde pas à s'obstruer.
Le citoyen Ha//e' a cherché à établir la théorie
du tempérament sur des bases prises 'dans l'or-
ganisation et faciles à déterminer par l'observa-
tion. Les premiers fondemens de cette analyse
sont lej piépondérances respectives des sys-
tèmes vasculaii-es sanguin et lymphatique , et
surtout du système nerveux., soit coinrae siège
de la sensibilité , soit comme cause du mou-
vement volontaire.
Le citoyen Lombard a publié un ouvrage sur
l'usage de la suture dans les différentes espèces
de plaies.
Enfin le citoyen Saucerotte a fait passer le ta-
bleau des naissances et des morts de la com-
mune de Luiiéville pendant un siècle , les a
considérées dans tous leurs rapports et en a
obtenu des résultats très-curieux.
et au petit Saint-Paul; à Lille, chez le citoyen
Petry ; à Bruxelles ', hôtel du duc de Brabant.
On tiouvera au bureau de Paiis la voilure de
Pont-Sainte-Maxence , et celle de Senlis.
\ COURS DU CHANGE
Bourse du <ii brumaire.
à 3a Jours. I à gojoursr
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif..
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâie.
561
190
4 fr. 90 c.
14 lr.70 c.
4 fr. 90 c,
14 fr. 40 c.
4 fr. 70 c.
5 fr. 12 c.
au p.
GRAVURES.
Le graveur Martini a publié , en 1785 et 1787 ,
deux estampes représetWant l'exposition du salon.
Ces estampes , qui servaient à donner une idée
de ces expositions aux étrangers qui n'avaient
pu en être les témoins , et à rappeler à ceux
qui les avaient yues , les objets qui les avaient
frappés , ont été irès-accueillies , et on a vivement
regretté que cette entreprise n'ait pas été con-
Effets ptiblics.
Rente provisoire sS fr. 5o c.
Tiers consolidé ....34 fr. 65 c.
Bons deux tiers i fr. 66 c.
Bons d'arréragé. 85 fr. 38 c.
Bons pour l'an 8....,..; 92 fr. gj c.
Syndicat 84 fr.
Coupures 84 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des. rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiojje et des Arts.
Auj. les Prétendus , opéra en 3 actes, et le balle»
de Héro et Léandre.
Théâtre de i.a rue Feydeau. Aujourd'hui
Claudine , suiv. du Conteur.
Théatredes jeunes ELEVES, tue deThionville.
Auj. le Doyen de Killerine ; la Gouvernante par
amour , et les Marchés de Philis.
Théâtre du Vaudeville. Le 24 ,pourrouver-
ture de la salle restaurée , la 1^'^' représent, du
Retour d'Arlequin dans sou ménage , suite d'Arle-
quin afficheur , suivie'd'une scène fesant compli.^
ment d'ouverture ; Jean Monnet , et Piron avec
ses amis. 1 . • ,-.
Ihéatre de la Cité-'Variétés. — Pantomimes.
Demain, la 1='' repr. de CEleve de la Nature y
pantom. nouv. avec les mystères d Lis.
L'abonnement le fait 1 Paris, rue des Poitevins , n' 18. Le prix est de «5 franc» pottr trois mois , 5o francs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
s'abonne qu'^&i; commencement de cbaqoc mois.
Ilfaul adresse-, tes leurcsct l'argent, ftancde port ,aucit. Agasse, propriétaire de cejourual.rucdes Poitevinî,n« iS. Il faufconiprendrc dans les envois le port dci
pays où l'on ne p'utjffri dctisr. Lr î lettres «^es départemens non affranctiies , ne seront point retirées delà poste.
Hlaulavoir soiu, poui ;>lus de sûreté , dt charger celles qui renfermeni des valeurs , ccadressel tout ce qiiiconcerne la rédaciion de la feuille, au rédacteur, rue dei
Poiievins^ n° i3, depuis jicuf heures du inatinjusqu'à cinq neures du soir.
A Patis, dt l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZE
TONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N' 53.
ridi , 23 brumaire an g de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes ai.irotisés à prévenir nos souscripteurs qii'à^dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal ojficiel.
Il contient les sé:vnçes des aiirorirés constirué^-s , les actes du gouvernement , les nouvelles dcjs armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministériellL-s.
Un article sera particulié'ement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
I N T É R I E U R.
Paris , h 29 brumaire.
J\ Majesté Catholique a fait présent au
premier consul de seize chevaux andaloux ,
«Je la plus rare beauié ; arrivés le 20 à Paris ,
ils seroni préstniés , le 25 , à la grande pa-
rade.
— On écrit du Havre en date du 19 bru-
maire : hier malin . nous avons éprouvé un
cQup de ve-.t terrible ; presque louies les
couvertures des -maisons et les cheminées ont
été enrtornmagées.
• Le venl a commencé à souffler de la partie
d-u S. S. O. et dans le fort de la lempêie , il
était O. S. O.
Heureusement aucun pécheur n'était à la mer,
car nous auriorss à regretter une grande quan-
tité de pevcs de famille qui auraient été engloutis ;
la mer en fureur ne I ur aurait pas permis de
regagner le port ; jusqu'à ce moment nous
n'avons connaissance d aucun accident maritime;
mais il est à craindre qu il n'en soit arrivé.
L'ouragan a commencé à se manifester sur les
huit heures , et n'a cessé qu'à midi.
D'autres détails sur les suites du même ou-
ragan , parviennent de Rouen souS la date
du 20.
ti L'on n'entend parler à la ville comme à la
campagne que des dommages causés par l'o^ura-
gau du 18. On le compare , pour la violence,
à celui qu'on éprouva il y a 22 ans. Ce ne
sont dans l'étendue de deux myriaraetres, depuis
Deville jusqu'à Darnetal , que cheminées dé-
truites , que combles emportés , que toitures
endommagées. Le vent n'a pas soufflé seule-
ment dans la direction des vallées de l'ouest
et du sud , la tempête a dévasté la plaine ; la
plupart dcsr bâiimens des fermes , qui tous sont
couverts de chaume , présentent sur la route |
d'Amiens des traces de la fureur du vent. A.
chaque pas dans la campagne , on rencontre des
liêires et de chênes déracinés , des pommiers
culbutés , des poiriers d'une grosseur prodigieuse
^ éclatés. "
On mande dElbeuf, que l'ouragan y a occa-
sionné les mêmes ravages.
Dés détails de la même nature sont contenus
tlans une lettre de Bruxelles et de Valenciennes
en date du ig.
— Le citoyen Faujas , professeur au Muséum
d'histoire naurelle , fait tous les ans des voyages
pour enrichir ce bel établissement. Ses courses
de l'an 8 ont duré six mois de plus que les
précédentes , parce qu'il les a étendues dans
les dépariemens des Hautes-Alpes , du Gard,
de Vaucluse . de l'Hérault , de la Drôme , du
Rhône , de la Côte-d Or , et que pour se rendre
à linvitation du ministre de la marine, il est
allé à la recherche d'une terre propre à faire
des briques qui surnagent sur l'eau , et dont
l'usage peut être de la plus grande utilité pour
garantir la sainie-bôrbc des vaisseaux desaccidens
du feu. Le citoyen Faujas a découvert cette terre
qu'il a mise sous les yeux des professeurs du
Muséum , ainsi que les briques légères qui en
sont parvenues. Il a aussi apporté une rare et pré-
cieuse collection de plantes fossiles , trouvées à
plus de douze cents pieds de profondeur , dans
un 8chi»:e argilleux , recouvert par des laves ,
dans le dép.iriemeiH de l'Ardêche , à une lieue
de Privas. Il en a fait hommage au Muséum ;
et il y a ajouté une Suite de granits et autres miné-
raux de France.
ACTES- DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du ig brumaire an g.
Lf.S consuls de la république , le conseil-d'état
entendu , arrêtent :
Art. 1". Le ministre de l'intérieur fera pré-
fater , sans délai , la salle du corps-législatif pour
ouverture de sa session.
II. La salle de la bibliothèque sera ouverte à
midi le 1" frimaire , pour recevoir les membres
du corps législatif.
m. Le même jour et à la même heure plu-
iieurs salves darlilleric annonceront l'ouveriure
de la ictiion.
IV. Le minisire de l'intérieur se rendra , ac-
compiiuné de deux messagers d'état ,., dans la
salle ordinaire des séances , pour recevoir les
membres du corps législatif.
V. Trois conseilters-d'état se rendront aussi
au corps-législatif.
VI. Lorsque les membres du corps-législatif
auront pris séance sous la présidence du doyen
d â!;e , l'offiiier commandant de la garde d hon-
neur du corps-législatif prendra les ordres du
président.
VII. Un des conseillers-d'état portera la parole |
au nom du gouvernement.
VIII. Le ministre de l'intérieur est chargé
de l'exécution du présent arrêté , qui sera imprimé
au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état-, signé, H. B. Maret.
PROCLAMATION.
Bonaparte, premier consul de la répu-
blique, proclame l'acte du gouyernement
dont la teneur suit : ''
Les consuls de la république , vu l'article
XXXIII de la constitution ainsi conçu ;
i! La^ session du corps-législatif commence ,
)) chaque année , le i"^' frimaire , etc. )i
j Déclarent qne la réiinion des membres du
corps-législatif , pour la session de l'an g, aura
j lieu le i'' frimaire, à" midi , à Paris , dans le
palais du corps-législatif.
Soit le présent acte revêtu du sceau de
l'état, inséré au Bulletin des lois, inscrit
dans les registres des autorités judiciaiies
et administratives , et le rainistre de la
justice chargé d'en surveiller la publication.
Le premier consul , signi . Bonaparte.
Pat le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
CONSEIL- D' ÉTAT.
Suite du rapport et projet de loi sur l'instruction
publique , présentés au conseil- d'état , section de
l'intérieur , par J. A. Chaptal.
ORGANISATION DE L'INSTRUCTION rUBLIQ_UE
EN FRANCE. "*"
Nous croyons pouvoir réduire à trois degrés
tout le système d'instruction publique nécessaire
à l'état actuel de la France.
Le premier comprend les écoles municipales ;
Le second , les écoles communales ;
Le troisième , les écoles spéciales.
Les écoles municipales sont communes à tous ,
et destinées à enseigner à chacun ce qu'il est
presque nécessaire de savoir dans un gouverne-
ment représentatif, lire , écrire , chiffrer et con-
naître les élémens du pacte social.
Les écoles communales ont pour objet d'en-
seigner les connaissances générales rjuil n'est pas
pernus d'ignorer dans la société , et qui forment
la base de toutes les professions libérales.
Les écoles spéciales sont destinées à l'ensei-
gnement particulier d'une seule science ou d'un
art.
Nous plaçons au - dessus de ces écoles un
institut des sciences et des arts, destiné par son
organisation à conserver , à publier , à perfec-
tionner. C'est, pour ainsi dire, le faîte de l'édi-
fice consacié à 1 instruction.
Nous allons nous occuper séparément de l'or-
ganisation de chacune de ces écoles.
TITRE PREMIER.
ORGANISATION DES ECOLES MUNICIPALES.
i". Répartition des écoles municipales.
Le conseil municipal de chaque ville, boutg
ou village , est chargé . par la loi du 28 plu-
viôse an 8 , de délibérer sur les besoins parti-
culiers et locaux de la municipalité.
C'est donc entrer dans l'esprit de la loi , et
donner à ces institutions paternelles ce caractère
de confiance qui en assure le succès , que de '
laisseraux conseils municipaux le soin de former
la demande d'une ou plusieurs écoles munici-
pales , selon le besoin. Et qui , mieux que les
hommes qui forment ces conseils , peut connaître
les besoins de la commune ? qui , p/us rju'eux ,
a intérêt à donnera leurs enfans une éducation
convenable ?
Mais on ne peut pas se dissimuler que si le
vœu des conseils municipaux recevait son ac-
complissement sans être préalablement soumis à
l'examen du conseil d'arrondissement, qui , par
la nature de son institution , doit délibé'er sur
toutes les dépenses communales , il pourrait en
tésnher de très-grands abus. La plus petite mu-
nicipalité , celle dont la population n'est com-
posée que de quelques familles, aurait aussi
son éctîle municipale, et dès-lors on les verrait
se multiplier à l'infini. Il .faut donc Ijalancer l'in-
térêt municipal par l'intérêt communal , et sou-
mettre le vœu du premier à la .sanction àa
second ; sans cette sage mesure, la fortune pu-
blique serait toute à l'arbitraire des inunici-
palités. '
Ainsi , les conseils municipaux exprimeront
leur vœu et motiveront leur demande d une école
municipale . tant sur la population qije sur les
circonstances des localités. Le conseil d arron- •
dissemenl fournira son avis au sous-préfet ; qui-
prononcera d'une manière définitive.
Cette marche paraît concilier ce qu'on doit
a l'instruction , avec cette sage prévoyance qui
doit tenir également en garde contre les intérêts
particuliers et le mauvais emploi de la fortune
publique.
2°. Nomination des maîtres d'écoles municipales.
Nul ne pourra être élu maître d'école muni-,
cipale , s'il n'est citoyen français.
! Le choix du maître d'école sera fait par le
conseil raunicip^J réuni à un norabre égal de'
pères de famille. Ce choix sera transmis au
sous-préfet de l'arrondissement, qui confltmera
ou rejettera la nomination : dans ce dernier cas,
il sera tenu de motiver son refus ; et le conseil
présentera un second citoyen , en observant la
même maiche.
Nous pensons que ce mode de nomiiTfltioïi
concilie le degré de déférence qu'on doit aux
conseils municipaux , avec les considéiations
puissantes de l'intérêt public , qui , da;'>s beau-
coup de cas , pourrait être compromis si les'
choix des conseils étaient définitifs. '
3°. Salaire des maîtres d'écoles. '
Il n'est pas naturel que le salaire des maîtres
d'école soit exclusivement perçu sur la munici-
palité ; car il s'ensuivrait que les plus pauvres/ et
les moins peuplées seraient taxées à l'égal de;
toutes les autres.
Le salaire de tous !;•? maîtres d'école doit être
pris , en partie , sur la totalité de l'arrondisse-
ment : c'est pour cette raison que nous avons'
pensé que la création d'une école devait être
délibérée par le conseil de l'arrondissement , et'
prononcée par le sous-préfet, pour éviter les
combinaisons d'un inléiêi sordide qui quelque-
fois pourrait entraîner la détermination du conseil.
Pour alléger le fardeau de cette nouvelle im-
position , on croira sans doute avantageux de
pouvoir confier au maître d'école , sous la direc-
tion du maire , la tenue du registre de l'état civil , ■
et la correspondance municipale. Celte fonction,
tiès-compatible avec celle d'instituteur , assurera'
à la tenue du registre de l'état civil , l'ordre
que réclame cet objet de haute importance ;
elle aura, en outre, l'avantage de remplacer le
commis ou secrétaire que les quatre - cinquiè-
mes de nos municipalités sont tenues de sala-
rier , par suite de l'impossibilité où sont les
maires et adjoints de remplir leurs obligations
à cet égard ; mais cette fonction ne sera exercée
par l'instituteur,' que dans les seuls cas on la
municipalité ne pourrait pas la remplir par elle-
même. ^
Le traitement d'un maître d'école ne saurait être
moindre de 40e fr. dans les villes au-dessous de
cinqiTiille habitans ; de 5oo fr. dans celles de cinq
mille à dix mille ; de 600 fr. , lorsque la popula-.
tion s'élève de dix raille à trente mille; de 80a fr, ,
de trente à cinquante mille , et de 1,000 fruncs au-
dessus.
sfo6
Outre le salaire fixé d-dessus , il doit être assi-
gné un logement au maître d'école ; les presby-
tères rais à la disposition des municipalités, par ta
loi du 7 brumaire an 3 , pour y loger l'instituteur ,
et réservés de la vente par ceDe du 26 fructidor
ai) 5 , seront -employés à cet usage , ^i la disposi-
lion en est encore libre ; et dans le cas contiaire ,
Je conseil municipal y suppléera nux trais de la
commune.
4». Nalure de l'instruction qui sera donnée dans les
écoles municipales.
L'instruction doit être bornée , dans ces écoles,
aux seules connaissances qu'il n'est plus permis à
un citoyen irariçais d'ignorer ; ces connaissances
»e réduisent à savoir lire, écrire, chiffrer, et à
quelques notions précises de la constitution que
le peuple français s'est donnée.
'Quoiqn'aucun de ces objets n'exige une atten-
tion bien suivie ni des combinaisons profondes,
•les enians ne doivent être reçus dans ces écoles
qvà 1 âge de six à sept ans : jusque-là les soins
maternels lorraent la véritable éducadon. Les
élevés doivent sortir de ces écoles à onze ou douze
ans , pour passer à d'autres études ou rentrer dans
ia maison paternelle.
TITRE IL
ORGANISATION DES ÉCOLES COMMUNALES.
1°. Répartition des écoles communales.
Les écoles communales ne peuvent être placées
que dans les villes : là se trouvent réunis les élevés
et les moyens d'inlruction.
Ce serait rendre ces écoles trop nombreuses ,
que d'en former une par arrondissement , puisque,
6OUS l'ancien régime , l'étendue actuelle de qwel-
qiies-uns de nos dépanemens n'avait qu'un seul
collège qui suffisait à l'enseignement.
Ce serait peut-être encore se déclarer contre les
convenances de quelques localités , que d'arrêter
en principe que l'établissement des écoles cotn-
munales se fera dans le chef-lieu de l'arrondis-
publics et particuliers seront invités à présenter
quelques-uns de leurs élevés pour être exa-
minés , par un jury, sur les matières qui auront
été annoncées trois mois d'avance. Là, l'élevé
et l'instituteur recevront le tribut d'éloges qu'ils
méritent; et les magistrats leur remeiiront, au
nom du gouvernement , les récompenses na-
tionales. Les noms des élevés et des professeurs
qui auront été distingués , seront proclamés
dans tout te département.,
C'est parmi les jeunes gens qui auront été cou-
ronnés , qu'on choisira pour compléter le
nombre des élevés salariés de l'école du dé-
partement.
Ces élevés salariés , après avoir terminé leurs
études , pourront servir dans le pensionnat en
qualité de' répétiteurs , et s'exercer peu-à-peu
dans l'art de l'enseignement , de manière à
fournir au gouvernement une pépinière inépui-
sable de bons professeurs.
Cependant, il faut en convenir , si les écoles
En effet , l'expérience des plus habiles profes-'
seurs des écoles centrales, a, depuis plusieurs
années , justifié la méthode de commencer l'ins-
truction par l'enseignement de la grammaire
f:ançaise. Les raisonnemens qui s'appliquent à
des choses connues, nous font contracter insen-
siblement et sans effort l'habitude de la réflexion ,
eu nouï donnant le sentiment de l'utilité de cei
connaissances. C'est en partant de ce principe,
que nous plaçons l'histoire naturelle sur les pre-
I miers pas de l'élevé ; dans cette science tout l'in-
' téresse ; et ceux qui ont étudié 1 élevé dans le
'premier développement de ses lac-ultés , l'oiit
j vu constamment se livrer avec ardeur à l'éliidc
de l'histoire naturelle , et contracter presque tou-
I jours de la passion pour celte science.
Mais ce sarait étrangemear s'abuser , que de
I prétendre porter l'iuieniion d'un jeune homme
I sur toutes les branches de cette science infinie.
I II s'agit moins de lui enseigner l'histoire natu-
I relie proprement dite , que de présenter à l'œil
tout ce qui a un rapport direct avec les besoins
de département peuvent présenter des ressources , j^ ^^ société. Il n est pas question de décrirç
suffisantes pour former des professeurs dans ■ ,^,^,^5 j^ 12^,55.^ j'^^pliquer tous les systèmes,
quelques parties, il s en faut de beaucoup j j^ j^j^^ j.Q„„3j,re tous les animaux; il faut borner
qu'elles offrent les mêmes moyens pour quel
ques autres , telles que le dessin , les belles-
lettres , l'histoire naturelle , la physii]ue et la
chimie. On n'aura de bons maîtres pour ces
dernières sciences, qu'en les prenant à Paris:
là , outre qu'elles y sont enseignées par les
piemiers professeurs de lEurope , il existe
auprès de ces écoles , des hommes du plus
grand mérite , voués par passion à leur élude ,
et qui désirent ardemment de se consacrer à
leur enseignement. Ainsi , nous devons regarder
l'école d'histoire naturelle au Jardin des plantes,
l'enseignement au collège de France, et l'école
de peiniure , sculpture , architecture , comme
trois écoles noiûiales destinées à fournir des
professeurs pour les parties dont nous venons
de paiL-r. Du moment que l'enseignement de
étude à ce qui a un rapport direct avec les arts ,
I l'agriculture , le commerce ; par-tout sacrilier:
; le curieux à l'ulile , et ne voir , dans tobt l'en-
seignement, que les applications à la société.
; L'étude des mathématiques n'est pas moins utife
que les précédentes. Cette science peut être con-
sidérée comme une langtie abrégée qui s'appli-
que à tout , et nous présente des résultats rigou-
reux qui deviennent pour nous des axiomes de
conduite dans presque toutes les opérations des
arts et des sciences. La géométrie sur-tout paraît
être d'une utilité plus générale ; et linstituieur ne
peut pas négliger d'en faire l'application à tous
les arts dont les principes dérivent de cette
science.
L'étude des langues anciennes est beaucoup
l'une de ces sciences viendra à vaquer dans un trop négligée de nos jours. Peut-être , sous lan-
département , le préfet en préviendra le mi- cien régime, leur donnait-on trop d'importance
'sëment- parce nue, outre que le chef-lieu n'en I ni.ire de l'intérieur qui ouvrira un concours , en rendant leur enseignement presque exclusif j-
seiiieiii , [j 4 _, ^ j ^ ^^ ., ja„s l'unç o;j 1 autre de ces écoles , pour nommer mais aujourdhui nous sommes desceridus dans
est pas toujours la ville la plus peuplée, il
peut ne pas offrir un local convenable à î'empla--
cément de l'école.
D'après cela , nous croyons très-sage d'en référer
au conseil d'arrondissement, et , sur son avis , à
celui du département , tant pour juger de l'avan-
tage que de l'emplacement de l'école.
Il suffit d'arrêter en principe que chaque dé-
à la place vacante.
Le jury départemental nommera à toutes
les autres places , d'après le résultat d un
examen ou concours ■ dont il sera parlé
ci-ajSrès.
3°. Salaire des Instituteurs.
Le salaire des instituteurs doit être pris partie
parlement ne pourra pas avoir moins d'une école | sur l'arrondissement et partie sur le département,
communale , et que celles qui existent sous le titre j Là où il existe encore des revenus provenant
d'êVo/ci cenira/ci , conîerveronti'emplacement qui ; de fondations ou de bourses , et réservés à
leur est afiecié.
s°. Nomination des instituteurs.
Mais les écoles communales étant établies dans
une des villes de l'arrondissement , il serait im-
possible aux habitans des campagnes ou des
villes voisines de profiter de l'instruclion publi-
que , si la nation n'ouvrait pas à leurs en-
fans les ressources d'un pensionnat près de chaque
école.
Outre l'avantage inappréciable que présentent
ces maisons pour l'instruction publique , le gou-
vernement peut les rendre plus utiles encore , en
leur destination par la loi du 25 messidor an 5 ,
la jouissance en sera donnée aux écoles com-
munales , ainsi (jue les maisons des collèges que
la loi du 25 messidor an 4 affecte à l'ensei-
8;nement public.
Le salaire des instituteurs doit nécessairement
varier selon la population de la ville où 1 école
se trouve étabhe.
4°. Instructions dans Us Ecoles communales. ■
L'instruclion , dans les écoles communales ,
doit se borner à l'enseignement de ce qui est
strictement nécessaire pour se livrer , avec quel-
■y entretenant , à ses frais , quelques élevés peu | que probabilité de succès , à l'étude des sciences
fortunés , qui auraient déjà manifesté des dispo- qui forment une profession libérale , ou pour
suions pour les arts ou les sciences. Ces élevés , ! occuper un rang distingué dans la société,
salariés par le gouvernement , pourraient être I q^ ^^ perdra pas de vue que l'enseignement,
réunis au nombre de huit dans chaque école de | ^^^^ ^^^ écoles communales , ne doit se fixer
lairondissement de la préfecmre : leur entreuen
peut-être regardé comme un bien faible dédom-
magement des sacrifices qu'ont faiis les départe-
mous à la révolution , par l'abandon ou la sup-
pression des bourses des collèges ; et il est peut-
être d'une saine politique de faire refluer vers
les départemens , une portion de cette libéralité
qu'on a voulu réserver toute entière pour la ca-
pitale.
Mais comment , et par quels moyens . se
mettre à couvert de l'inirigue dans la distri-
bution de ces places ? comment se flatter d'ap-
peler à ces pensions gratuites les plus capables
et les plus dignes parmi tant de concurrens ?
je ne vois qu un moyen pour y parveni
que sur les parties que l'élevé ne peut pas ap-
prendre sans secours étranger. Ce serait embar-
rasser les écoles de professeurs inutiles , que de
confier à des hommes le genre d'instruction qui
peut être fourni' par un bon livre.
Ainsi les seules sciences expérimentales , et
celles dont l'analyse est tellement compliquée
que les facultés de l'élevé ne sauraient la saisir ,
doivent avoir un enseignement public dans les
écoles communales.
L'instruclion n'est profitable qu'autant qu'elle
est graduée; et on peut établir cette graduation
de la manière suivante :
En supposant que le cours d'études , dans les
ce moyen , je vais le puiser dans le résultat écoles communales , soit de quatre années , on
de l'expérience. \ peut employer la première à l'étude de la gram-
II n'est aucun de nous qui ne se rappelle i m^ire française et des premiers élémens de la
avec émotion ces premiers tems de notre- en- i langue latine. On continuera, dans la seconde
fance où de longs et pénibles travaux n'avaient jannée , 1 étude des langues, et on apprendra les
pour but que d'obtenir une honorable disiinc- élémens de l'histoire naturelle et de la géo-
tion parmi nos concurrens , à la fin de chaque graphie. ^
année de scolarité. L'homme n'est jamais plus <■ Dans la troisième année , on poursuivra les
sensible à la louaige que dans la première j mêmes études en leur associant celle des élémens
ieunejse ; et le plus puissant mobile de l'édu- | de mathématiques et de physique ; et la quatrième
cadon publique , c est peut-être l'art d'exciter et j année sera entièrement consacrée à la littérature
de nourrir celte sainte émulation qui produit ancienne et moderne , et à la continuation des
de si grands effets. j premières études.
Ainsi , nous n'irons pas organiser la dissimu- | Chaque jour , et pendant tout le teras de sco-
lation ou imprimer la terreur dans les écoles j lariié , on s'occupera du dessin,
par des visites inquisitoriales ; mais chaque | Cette marche paraît présenter les sciences dans
«nnée , à des époques marquées , et en pre- 1 ]e rapport qu'elles ont ou avec nos facultés , ou
-eence des autorités constituées , les instituteurs 1 ayeic nos besoins.
lexcès contraire. C'est cependant par l'élude des '
langues anciennes que nous apprenons l'histoire
des peuples les plus célèbres ; que nous y 'pui^
sons cet esprit de philosophie , ce sentiment de
liberté , ces exemples de courage , de dévoue-
ment , de magnanimité , qui nouS' rendent ca-
pables des plus grand-es choses. C'était sur-toùt
cette étude des langues anciennes , qui , éta-
blissant des rapports presque directs avec tous
les grands hommes de l'antiquiié , fesait germer
dans lame des élevés , les principes du plus pur
républicanisme.
L'étude des belles-lettres est encore nécessaire
à lajeunessc', et intéresse de très-près la gloire
de la nalion : révoquer en doute ce double avati- .
tage, Ce serait méconnaître ce que nous devons
aux littérateurs distingués qu'a produits la France.
Notre langue n'est devenue presque universelle
que parce qu'elle a fourni dés modèles dans tous
les genres de littérature ; et il serait impoliiique
de ne pas conserver et multiplier par l'enseigne-
ment les titres glorieux de cette illustration.
On pourra encore établir auprès de plusieurs
écoles l'enseignement de quelques-unes de nos
langues vivantes. Les rapports commerciaux , les
communications avec les peuples voisins , rendent
souvent ces études nécessaires ; mais nous devons
laisser aux conseils généraux de département , le
soin d'apprécier l'avantage de telle ou telle
langue.
Nous pensons aussi qn'il est avantageux da
conserver , dans les grandes communes , les cours
de physique et de chimie. On ne saurait trop ré-
pandre ces connaissances ; et notre système d'ins-
truction serait incomplet, s'il n'en piésentait pas
l'enseignement dans quelques - unes des villes
principales de la république.
Indépendamment de ces connaissances, qui
font la base de l'instruction communale , il im-
porte de diriger les affections de la jeunesse vers
la vertu; de créer de bonnes mœurs par l'exemple
et la pratique de tous les actes d'humanité , de
justice , de reconnaissance, de respect, d'amour
filial , de soumission aux lois ; ce sont - là les
élémens de la morale ' publique ; elle s'inspire
plutôt qu'elle ne s'enseigne ; et nous croyons
devoir confier ce soin important au directeur de
l'école, qu'une réputation de vertu et dé con-
sidération personnelle , doit seule élever à celte
place. C'est pour cette raison que nous en con-
fions le choix . non aux résultats d'un concours , '
mais à la sagesse du conseil d'arrondissement,
qui seul peut juger la moralité de l'individu.
Mais l'enseignement des écoles communales
ne produira l'effet qu'on doit en attendre , qu'au-
tant qu'on y établira un bon système d'organisa-
tion , et qu'on y graduera l'instruction de manière
à l'élever, par degrés, des notions les plus
simples jusqu'aux connaissances les plus diffi-
ciles : il faut que l'étude du jour prépare et
dispose à celle du lendemain. Rien ne mérile
une plus sérieuse attention de la part du
^OTivernement ; et c'est par des régleraens «âges,
exécutés rigouieusemtnt sous la surveillaiict du
directeur de i'ecole , qu'il s'acquittera de ses
devoirs à cet égard. Il faut que l'enseignement
soii continu presque touie l'aiiiiée ; que la durée
et l'heure de chaque leçon soient iracécs et
observées; quf la gradusiioii la plus exacte règle
la marche des éludes ; que l'ordie , l'obéissance.
soient absidus de la part fli: l'élevé ; que l'assi-
duité soit exigée ; que des [iciucs soient établies
- et appliquées ; que chaque élevé subisse des
examens en entrant el en sortant d'une classe ;
que le professeur commande à l'élevé ; que le
directeur surveille le professeur , et le dénonce à
l'aiitorité dans le cas d insoumission à ses avis:
sans -cela , nous avons beau créer l'instruction ,
nous continuerons de manquer d'enseignement;
car c'est sui-toui ceiit: abs-nce de louie organi-
sation qui rend les écoles centrales désertes. Et
comment pourr;ni-..'U se ll.îUer qu'un père enverra
son his à l'école , saiis (ju'on lui donne la cer-
titude qu'on y surveiileia sa conduite , qu'on
dirigera ses études , et qu'on I y oc'cupera toute
l'année ?
"■ ( La suite demain. \
LITTÉRATURE.
Au rédacteur.
Dans ma première lelire sur Herman e/Doro-
thie , je vous ai promis l'analyse de ce roman
jioéiique. S il élju rempli d'aventures merveil-
leuses , celle analyse serait plus courte et plus
attachauie ; mais les scènes na'tves qui se suc-
cèdent dans Cet ouvrage , empruntent loul leur
chaime d'un ceriain coloris qui est propre à
lauieur, de ses réflexions sentimentales et de ses
expressions piiloie.'.ques. Il faut donc me per-
ineltre de tianscrire plusieurs morceaux assez
étendus pour vous donner une idée de l'ensem-
ble , du ton général et du style de ce poërue.
Il est .divisé en neuf chants. Chacun d'eux
porte le nom d'une muse , et , de plus, un titre
pariiculier q'ii en annonce le sujet. Le tiaducleur
nous a prévenus que la durée de l'action n'éiait
que d'une demi-journée. C'est à la gène qu'un
espace aussi court a imposée au poète qu'il faut
attribuer les défauts et les invraisemblances de
de son ouvrage. La singularité l'a séduit et il a
eu tort. Le lecteur judicieux ne tient nul compie
de ces tours de force , ni des diflicuhés vaincues
quand elles nuisent à la vériié.
Chant 1". — Le malheur partage.
Tout un peuple proscrit et fugitif a quitté la
livc gauche du Rhin el cherche un asyle dans
l'inlérieur de l'Allemagne. Les habiians d'une
jittiie ville soni accoures sur le passage de ces
infortunés pour leur offrir des secours. L hôie du
Lion d'or , brave homme , sensible au malheur
d'auirui , mais qui n'-ime pas à en voir 1 image,
parce (ju'elle l'aïuisie , est à la porte de sa maison
où causant avec sa femme , il nilend le retour
des cu.ieux. Son fils Herman est allé porter quel-
ques dons aux fugitifs. Le pasteur et le phaima-
cien reviennent avec la foule. Lhôie et 1 hôtesse
les inletrogent.
il Après ce doni j'ai été le témoin , répond le
pharmacien d'un ton expressif, il sera bien diffi-
cile que je me livre de siiôt à la joie. El qui pour-
rait raconter la plus grande vaiiéié d'infortunes
réunies en une seule? Déjà , avant d'être des-
rendus dans la prairie , nous avons apperçû de
loin un nuage de poussière , et , sans que nous
ayons pu discerner les objets , la muliiiude qi.d se
portait de côieaux en coteaux à perie de vue :
inais après avoir gagné le chemin qui traverse
obliquement la vallée , hélas ! malgré la presse et
la confusion des piétons et des charriots , nous
n'avons vu que irop encore de ces malheureux à
leur passage. L'asptct de chacun d eux nous a
fait connaîire à la (ois , combien la luiie a de
peines et d'amertumes , et quel doux scniim.nt
on éprouve d avoir saisi l'unique et r.ipide ins-
tant de sauver sa vie. Les effets nombreux qu'une
maison peut mettre à couvert , et auxquels le judi-
cieux économe assigne auiour de lui la place la
plus convenable, pour les trouver toujours au
besoin , parce qu il ny a rien qui ne puisse êlie
Ulilc ; tout cela, trisie spectacle ! était char>jé pêle-
mêle sur différcnies voilures et charreties , et
coidtle avec précipitation ; le crible ei li cou-
veriure de laine étaient sur l'aimoire , les bois
de lit dans la huche , les mjielais sur le miroir.
Et , comme nous le vîmes , il y a vingt ans , dans
le teriible incendie, le péril iio ible si (on la
laison , qu'on sauve les meubles les plus vils et
qu on laisse les plus précieux. De même ici , (a-
tiguani les bœul> ci les chcvaiix , on voiiurail
■vec une p.é^o^ance peu rcllcehie , dei clîels
d'une mince valeur , lels que de vieilles pljiichcs ,
de vieux lonncaux, la poussinniere et le loit aux.
oies ; de même de» femmes et des enfans s'es-
«ouUlaient à se iraiiici avec des paqueis , à porter
des hottes el des corbeilles chargées de choses
inutiles : lant l'homme abandonne à regiei la
jxioiodtc de ses possessions 1 Et de même encore
207
1.1 multitude se foulant en désordre et en tumulte,
s'avançait dans le chemin poudreux. L''in , mené
par des animaux taibics , voulait aller lentement;
l'auire voulait couiir. Là s'élevaicnl confusément
les clamcurS'des (eiiimes et des enfans froissés ,
les mugissemcns des anim.iux , le vacarme des
chiens aboyaris , et les voix lamentables clés vieil-
lards , des malades , assis sur des lits ei vacillans
au haut d un charioi lourd et surchatgé. Mais , au
bord d'un monticule , la roue pie.'-sée par la
foule s'égare de l'ornière el crie : le chariot verse ,
se précipiie dans le (ossé , et par la violenie im-
pulsion , les hommes jeitanl des cris effroyables ,
sont lancés au loin dans les champs : la chute
est cependant heureuse ; les caisses lombcnt plus
lard , et à une mointlte distance du cbarrioi : le
témoin de ce désastre s attendait certainemeiii à
voir le spectacle de ces hommes écrases d un
poids énorme. Le charriot resie là brisé , ei ips
hommes dénuésde secours ; car les autres passent
devant eux et-avcc rapidiié , ne s occupa'H que
de leur propre son , el entraînés par le lorrent de
la foule. Nous cotirons aux premiers ; ci ces
malades et ces vieillards, qui , d.iii:, leurs domi-
ciles el sur leui;s lits , pouvaient à peine sup-
porter leurs longues souffrances , nous les trou-
vons étendus à terre, couverts de blessures',
poussant des.gémissemens et des plaintes , brûlés
des feux du soleil , étouffés par les flo.s de la
poussière, u
Je ne chercherai point à fiire partager le s'fenli-
raent que j'éprouve ; le goùl particulier d'un
individu se communique rarement à un autre ;
mais je vois daii,i ce récit un tableau plein de
vérité. On n'a pas oublié que c'est l'un des
morceaux dont le citoyen Bitaubé lait l'éloge
dans sa piéface.
Quant au personnage dti pharmacien , j'avoue
qu'il ne me plait pas. C i!st une figure grotesque
qui dépare tous les tableaux oùelle se trouve :
plus il veut faire d'esprit , pkjs il esi gauche et
lourd. L'auteur a voulu répand^e quelque variété
dans son ouvrage , en y pilaçnnt un personnage
comique ; il n'a fait , ce me semble , qu'une
caricature.
Je reviens au poème , çl je continue mon
analyse.
Ainsi , le pharmacien raconte ce qu'il .a vu , et
le pasieur en tire des moralités. Dignes :;ll!emands
el fidèles aux usages du pays , ils se font seivir
dans un salon (rais , un flacon de vin du Rhin ,
pour dissiper la mélancolie. ïoui en choquant
leurs coupes verdâtres consacrées à cette liqueur lim-
pide et luerveilleuse , ils (ont cies vœux pour la
f>aix , e; 1 bôie y joint celui de voit bientôt son
fils lormer les nœuds du mariage.
Chant II. — Herman.
Cependant Herman est de retour; il est plus
vif qu'à l'ordinaiie ; il à' lés yeux plus ani-
més. Il aienconlré une jeune fille, distinguée
j>ar la beauté de sa taille , auiant que par la
douceur de ses traiis et de son langage : elle
conduisait un chaiiot, et prensit soin d'une
femme accouchée et de son enfaiit : Elle a
iraploié pour eux les secours d Herinan. Il lui
a donné tout ce qu'il avait apporté pour les
fugitifs; elle en a fait la distribulion. Au sein
de rinfonune , celle jeune fille exerce la bien-
fesance , et brille de toutes les vertus d'une ame
noble et g'énéreuse.
I) Dès qu Herman se lail , le voisin , toujours
prêt à discourir , s écrie : O combien est hèu/'eux
celui qui , dans cts jours de (uite et de iroubfçs ,
vit isolé dans sa maison, et ne voit pas une
femme et des enlans collés à lui , trembler daas
tes bras .'Je sens à présent tout mon bonheur 5
je ne voudrais pas en ce tems-ci , pour tous les
trésors ,porier le noiudépoax m de père:...
un célibataire a des aîles ! il veut prendre la
fuiie. ))
Herman combat ces principes : son pare l'ap-
plaudil ; il l'invite à prendre une épouje , et à
choisir l'une des flilcs d'un riche marchand du
voisinage. Herman av.jue qu'il y avait pensé ;
mais il a éié 1 objet des railleries de ces trois
demoiselles , el il a juré de ne plus remettre le
pied sur le seuil de celle maison. Le père insiste
sur la nécessité de la foitune , et se met en
coleie. Herman est constant dans son refus ,
el son du salon.
Le récit de son aventure avec les trois jeunes
filles est plein de naïveté. Ce tableau assez gai
est en opposition avec celui de l'incendie de
la pelile ville, événement que la mère d Herman
raconte à son fils , pour lui apprendre que ce
fut l'époque de son mariage avec son pete , et
que c'est souvent au milieu des grandes cala-
mités que se forment les unions les plus heu-
reuses.
Chant III. — Les bourgeois.
Ce chani, très-court, est une espèce de digres-
sion dans laquelle noire bon bourgeois parle
ries seiviccs qu'il a rendus à sa pelile ville , comme
membre- de la magistrature. 11 regrette que son
fils n'aiinonce pas les niême; dispositions.
Chant IV. .— La mère et le fis.
Herman, au désespoir d'avoir lâché son père,
et agité par un autre senlimeni', élait sorti de
la maison , rêvçur et mélancoliriue. Sa mère le
cherche pour le consoler. Elle parcourt inuti-
lement les granges , le jardin ,, les champs et
les vignobles d alentour; enfin, elle apperçoit
son fils assis sous nn grand poirier , qui sert de
limite aux possessions de cette famille heureuse.
Elle le trouve, les yeux remplis de larmes ; elle
I interroge, el parvient par ses tendres caresses,
a obtenir l'aveu qu'elle désire : . . , . u Voyez, lui
dit-il , l'étendue cl la richesse de ces champs; au
dessous, le vignoble et le jardin ; plus loin , les
granges et les éiubles : quelle série agréable de
biens ! mais lorscju'au delà, je regarde I arrière-
maison , le loîl sous leijuelje découvre la fenêtre
de ma petite chambre ; lorsque , me rcjeiiant
dans le passé , je songe couiijien de nulls en
ce lieu j'ai déjà attendu lalune, el combien
de malins le soleil , quand le sommeil salniaire
ne m'avail accordé que peu d'heures de repos;
ah! non moins ijuc ma chambre, la cour c(
le jardin , ce beau champ qui s éiend sur la
colline , me paraisscni si solitaires ! toul à mes
yeux e.st si déseil! il me manque une compagne.
" O mon fils I dit la tendre mère, quand tu
souhaites de conduire dans ta chambre 1 épousa
qui t'aura été accoiriée , afin que la nuit soit
pour loi une heureuse moitié de la vie , et
que le jour tu te livres plus gairaent à des tra-
vaux dont lu posséderas les fiui;s. tu ne peux
former ce souhait avec pius d ardeur que Ion
père et la mère. Nous l'avons toujours cxhoné ,
pressé même de te choisir une compagne ; mais
je le sais , el mon cœur me le dit en ce moment:
quand I heure n'est pas venue , i heure véniaUle ,
et qu'elle n amené pas la vérilabie compagne ,
le choix est reculé , et ce qui agit le plus est la
crainte de prendre la fausse. Te le dirai-je, mon
fils ? Je crois que le tien est faii ; Ion cœur esr
alteint .il est plus sensible qu'il ne l'a jamais
élé. Parle ouvciiement ; car je me le suis déjà
dii : cetle jeune fille , cxpattije, est celle que lu
as choisie.
Il Mère chérie, vous l'avez dit, répond - il
avec feu , oui , c'est elle ; et si je ne la con-
duis pas ce jot;ir même dans noire maison ,
comme mon épouse, si elle s'éloigne , et, ce
que peuvent causer les troubles de la guerre
et tant de funestes migrations , si elle disparait
toujours à mes yeux , ô ma mère ! en vain ,
dans tout le cours de ma vie, ces champs se
couvriront pour moi des plus richei fr:ui,ts , en
vain chaque année m'apportera les dons de
l'abondance. Oui , la maison où je suis né , le
jardin , oni perdu pour moi tout leur aitraiî :
et même , helas ! la tendresse d'une mère ne
consoie,point cet infortuné. Je sens que lamonr
relâche lous les autres nœuds en formant les
siens ; si la jeune fille s'éloigni!: de son père et
de sa meré , pour suivre son mari , le jeune
homme qui voit partir sa seule bien-aimée ,
oublie qn'il a une mcre et un père. Laissez
moi donc m'abandonner à la rouie 01a me
pousse le désespoir ; car mon père a prononcé
la sentence décisive , et sa maison n est plus la
mienni- , quand il la ferme à celle que seule je
desirais dy conduire. )>
_ La mère d Herman lui rend l'espoir, et veut
parler à son époux eu faveur de la jeune étran-
gère. Il Viens , dit-elle à son fils , fesons sur-
le-champ la leniauve ; risquer avec courage ,
amène le succès >»
Est-il rien de pius louchant que ce lableau
si simple et si v.ai de la tendresse maternelle ?
celte conversation , la bonté de la niere , la
confiance et l'ingénuiié du fils, tour itispire le
plus vif intérêt; de lels moiceaux doivent, ce
me' semble , faire excuser ce qui , dans ce
poème , est coniraiie à noire goûi . en liiiéra-
ture , el le faiie placer au nombre des pro-
ductions les plus agréables du génie étranger.
Chant V. — Le cosmopolite.
Le pasteur, le pharmacien , et Ihôte, pour-
suivaient leur enireiien , lorsque la mère entre ,
tenant son fils par la main ; elle le conduit et
le place devant son mari. Elle lui répète l'aveu
d Herman , concernant la jeune exilée,
" Q_ue je l'obtienne de vous , man père,
dit le fils; mon cœur a fait un .choix snr ,
exempt de blâme , vous aurez en' elle ttne fille
incomparable. )>
On ne conçoit guères , j'en conviens , comment
un homme raisonnable peut parler avec cette
assutance dune fille qu'il na vue qu'un mo-
ment; mais la passion fait due lani de choses
hasardées ! d'ailleurs l'ouvrage que j'examine
est loin d'être sans délauls.
(( Mais Iç père gardait le silence ; aussiiôt le
pasteur se lève , et prenant la parole : c'esl
toujours d'un moment que la vie et la destinée
de 1 homme dépendeul ; car même après de'
longues (iélibétatioDs , la décision est l'ouvras»
2o8
d lin moment, et l'hoThme sensé prend seul la
rat^lleure ; c'est un lact du seniinieut , qu'on
riscjue d é m o lisser en se livrant alors à des con-
sidéraiions acce^uircs. L'ame U'Herman est saine;
je le connais depuis son cnLincei, il ne tendait
pas indifféremment les mains vers tous les
objets ; ce qu'il demandait pouvait lui con--
venir ; alors aussi il né lâchait pas prise : ne
soyez donc point surpris, efFarouché , de voir
arriver soudaio ce que vous souhaitiez depuis
si long-'ems. Il est vrai que voire voeu , tel que
vous laviez conçu peul-êlre, n'est pas rempli ;
«■Os désirs aveugles nous déguisent quelquefois
l'objei désiré ; les dons nous viennent d en haut
sous leur (orme véiiiable; ne méconnoissez donc
point la jeune personne qui , la première , a
louché laine de ce his bon et judicieux que
vous adorez. Heureux celui à qui la première
qu il aime donne aussiiôi sa main , et dont le
-VOEU le plus cher ne languit pas secrètement
au fond de son cœuf ! Oui , tout en lui me
lannonce , le sort de voire fils est décidé : un
penchant vrai fait subitement de l'adolescent un
homme. Herman esj inébranbbk ; si vous lui 'près d'un rocher ; partout où il dirige ses regards
refusez votre coristniement , je crains que les il la voit à l'instant même se reproduire . et ,
plus bclifs anuées de sa vie ne s écoulent dans | vacillante , rayonner de riches couleurs: ainsi
ia tristesse. >> Herman voit l'image de la jeune fille passer légé-
I épée dont il était ceint, et lui porte un coup
terrible qui l'abat sanglant à ses pieds ; et déli-
vrant ses compagnes par sa mâle intrépidité , elle
l.rijipe q'iaire autres de ses brigands qui échappent
à la mort par U fuite. Elle ferme en>uite la porte
de fa cour , et dans son asyle aiiend qu'on vienne
la secourir.
Ctpendaut le p'harmacien a reconnu la jeune
personne ; le pasteur s'empresse d'aller la voir. Il
demande au juge des rcnscignemens sur elle.
Celui-ci lui répond que c est d'elle quil vient de
lui parler. Les deux amis enchantés retournent
vers Herman , le félicitent de son choix, lui lais-
sent le soin de faire lui-même sa demande à
l'étrangère , et retournent à la ville pour disposer
en sa faveur le père de 1î jeune exilée.
Chant VII. — Dorothée.
" Comme le voyageur , au couchef du soleil ,
fixe une fois encore les yeux sur cet astre , qui
descend de l'hoiison et disparaît ; son œil éblpui
en voit flotter l'image dans vin sombre bosquet et
Le pharmacien propose d'aller prendre des
)nfo^mations sur la jeune personne ; Herman
Je désire ; le père y consent , ils se disposent
à partir ; mais avant de passer outre , et de
suivre le fil de cette histoire , il faut que je
vous cite un des jnorceaux où l'on reconnaît
trop peut-être le siyle de l'Iliade et de l'Odyssée.
Il se trouve précisemcni à cet endroit du
poé'me.
H-erman volé vers l'écurie , où les ardens
evaux se reposaient , et consommaient rapi-
dement l'avoine pure et le foin sec , fauché
dans 1-1 meilleure prairie. Aussitôt il leur met
le frein luisant . fait passer les couroies dans
ks boucles argeniées , attache les longues et
larges giiides , et conduit les chevaux dans la
cour , où le zélé valet , tirant la voitiire par le
linion , l'a fait avancer ; donnant aux traits
lenf exacte longueur, ils attelent les coursiers
dont la vigueur emporte légèrement un char
dan ' . ., ....
cb
rement devant lui , et suivre le sentier qui mené
à sa demeure, u
Cette comparaison si fraîche ft si ingénieuse ,
n'est-elle pas digne de 'Virgile ou de Gesner ?
C'est à ces traits charmans que 1 on reconnaît une
imagination vraiment poétique.
Herman retrouve Dorothée. Elle allait puiser de
l'eanàunesourceéloignée. Elletémoigne duplaisic
en revoyant celui qu'elle nomme son bieiifaileur.
Ils arrivent à la fontaine, et le poëte profite de ce site
agréable*~pourtracerun tableau digne de l'Albane.
Ecoutez-le : k en disant ces mots , elle a des-
cendu les larges degrés , accompagnée d'Her
man ; ils s'asseyent sur le petit mur de la source
fuguive yacifiaii à travers le beiceay , jette sut eux
ses derniers regards , ei bieniôt environnée de
nuages orageux, elle laisse ce couple dans les
tentbres. Herman , plein Ce lorce , est aiteniit à
soutenir ia jeune fille , penchée sur lui pour
jssurer s.-i marche ; mais , comme elle ne connaît
pas te sentier et ces pierres de masses inégales , le
jpied lui manque, il éprouve "un craquement
léger , elle est près de s'abattre ; soudain le jeune
homme inielligent , se tournant vers elle . a éiendu
le bras tt soutenu sa bien-aimée ; elle lombe dou-
cemc/it sur son épaule ; leurs seins , leurs joues
se touchent. Immobile comme le marbre , con-
tenu par les ordres sévères de sa volonté . il'
ne la presse pas sur son sein d'une plus forte'
élreinie, et se borne à ne pas céder au poids.'
Chargé de ce précieux fardeau , i) éprouve un!
sentiment plein de cliarme ; i! sent les batte-'
mens et l.i chaleur du cœuf de son amante , il
recueille l'haleine embaumée qu'elle éf^anchait
sur ses lèvres, et il porte , en homme sensible ,'
la jeune personne , i ornement de son sexe pat '
sa beauté et par la richesse de sa taille, u
Chant IX. — I,a persf/eciive heureuse.
Les trois amis s'entretenaient encore ensemble,
et la mère attendait avec impatience le retour
de son fils. Il enire avec sa tien - aimée , la
présenie à se's parens , et prie le pasteur dap-
prtïndre son véritable dessein à la jeune fille,
qui et toujours dans l'erreur. Une plaisanterie'
échappée au père , affecte douleureusement le
cœur de Dorothée; elie croit qu'on veut l'humi-
her, é\ dans l'accès de son chagrjn , elle avoue
l'autre cruche, et se baisse sur la même eau. Ils
y voient leurs images flottantes sur un, ciel azuré ;
ils s° parlent par un léger mouvement de tête , et
se saluenii tendrement dans ce miroir. Je veux
m'abreuvi^r de cette eau, dit aussitôt le jeune
a carrière. Herman a saili le fouet , il est I homme satisfait; elle lui présente la cruche. Ils
assis , et la voilure étant aiTivée sous la voûte restent asiûs sur le mur avec une confiance ingé
de la grande porte, et les deux aaiis ayant
pris aussiiôt leurs places , elle roule avec ra
pidité , laisse en arrière le pavé , les murs et
les tours éclatantes ; il dirige vers la célèbre
chaussée sa course toujours également impé-
tueuse, soit qu'il monte les côt'éaux , soit quil
descende dans les plaines; raaislorsqu'il aperçoit la
tour du village et les chaumières entourées de
jardins , il se dit qu'il est lems d'arrêter ses
chevaux. i>
Le lecteur judicieux remarquera dans ce mor-
ceau l'art avec lequel le poëte et son habile tra-
ducteur ont su donner de I iniéiêt et une cou-
leur poétique aux détails les plus communs ; mais
il pensera sans doute que ce ton est trop élevé
re'laiiveraeut au sujet et aux personnages, et qu'il
valait peui-êire mieux omettre ces descriptions ,
qiic de leur donner ce caractère épique.
Je reprend» le récit : Herman s'arrête sous un
arbre , tandis que le pasteur et le phai^macien se
rendent au village où sont tous les réfugiés. Ils
remarquent un vieillard qui paraissait exercer
les fonctions de juge parmi ces infortunés. Le
pasteur l'interroge. Le pharmacien cherche par-
tout la jeune fille , dont Herman n'avait pas ou-
blié de lui faire le portrait.
Chant V l. — Le siècle.
Ce chant commence par une digression qui
ma paru très-belle. Elle roule sur la révolution
française , et prouve que l'illustre Goethe l'a
aimée tant qu'elle ne s'est pas écartée des princi-
pes de la vraie lib'Srté. Je regrette que l'étendue de
ce morceau ne tri'e permette pas de le transcrire
ici ; c'est un des plus beaux de l'ouvrage. îl
est curietjx de voir ce qu'un étranger si jus-
tement célèbre a pensé de ces grands événemens.
Le juge, e,-n terminant ce récit , appread au
fiasteur qu'au, milieu de nos plus grands désastres
e sexe que/ l'on nomme faible , s'est montré
animé de courage, de force, et de la présence
d'esprit la -plus vive. "Et souflFtez, ajoute
quelle aime Herman , et qu'elle avait conçu le
desir de lui plaire et l'espoir de devenir un
jour son épouse; 'i mais , dit-elle , mon secret
est échappé de mon sein, lorsque le mal a'est
pas sans remède; que tout soit révélé, tienne
doit me retenir plus long-tems ici , où je me
^'°'s confuse, agitée, où j'ai fait le sincère aveu
Elle se baisse sur l'eau pour y puiser ; il prend I ^f ""^^ sentimens et de ma folle espérance, u
" Malgré la nuit et l'orage elle veut partir. La
mère la retient et la nomme sa iilie. Tout
s'explique et s'éclaircil. Doroihce apprend qu'eii
effet , Herman l'a choisie pour épouse , elle se
j«^,"e anx pieds du bon pcre pour recevoir sa
bénédiciion , la mère l'embrasse tendrement , le
pasteur unit les deux amans. Heiman en ior-
mant ce nœud au milieu des troubles de la
guerre et des révoluiions .annonce qu il se sent
plus de zèle que jamais pour défendre sa patrie,
et termine le poème en formant un vœu pour
nue, appuyés sur les vases. Cependant elle dit
a son am:i : parle , comment te rencontrai-je en
ce lieu? et cela sans ta voilure rt tes chevaux .
loin de celui où je l'ai vu pour la première fois ;
pourquoi es-tu v«h*u ici ? >>
«( HerrEian pensif baissait la paupière. Il levé
ensuite u(i regard -paisible vers Dorothée , l'at-
tache avei: tendresse sur les yeux de son amante,
et il sent qjue son cœur se calme et se rassure. Ce-
pendant, lui parler de son amour, il ne l'aurait pu;
le regard delà jeiine personne n'annonçaitpoint
d'amour . mais de rintelligen(:e et de la sagesse ,
et commandait une réponse dictée par la rai-
son. ... Il II lui fait entendre qu'il vient la
chercher pour la conduire chez ses parens qui
ont besoin _ d'être aidés dans les soins du mé-
nage ; elle imaginé que c'est à titre de servante ,
et dans sa position malheureuse , elle se déter-
mine à le suivre. Elle va faire ses adieux à ses
compagnons d'infortune, et part avec Herman ,
qui n'osR encore la désabuser.
C w. A N T VIII. — Herman et Dorothée.
En cheminant, elle s'informe du caractère du
pere et de la mère de ce bon jeune homme. Il
la Siatisfait; a mais, ajoute-t-elle , qui me dira
ce qui me reste à saVoir, comment je dois me
ccKiduire avec toi-même , toi , leur fils unique ,
et à l'avenir mort supérieur?))
" Comme elle parlait ainsi , ils étaient arrivés
sous le poirier. La lune , dans toute sa rondeur,
répandait sa clarté majestueuse du haut de 'la
voûte céleste; la nuit était venue , avait jeté son
voile sur les dernières lueurs du soleil; à leurs
yeux s'étendaient, en de grandes masses qui
se touchent, une lumière aussi claire que relie
du jour, et les ombres de la nuit. Herman
entend avec plaisir ceite question am,icale, sous
le bel arbre qui l'ombrageait , au lieu qu'il aime,
et qui ce jour même a été le témoiri des pleurs
qu'il a répandus pour sa chère exilée. Tandis
qu'ils s'asseyaient pour se reposer un moment.
que. je vo.iis raconte en particulier l'aciion dcint ' 'e jeune homme, transporté d'amour, sa
s'ennobhi , par un subhme essor de l'ame, une
jeune til.le?, l'honneur de son sexe. Elle était
lestée s fuie avec d'autres jeunes filles dans une
grande ferme ', les. hommes étaient partis pour
repousser les étrangers. La cour fut assaillie
d'une troupe de vils fuyards qui se livrèrent au
pillage , et Dieniôl pénétrèrent dans l'appartement
des 1 crames. A l'aspect de la beauté , de la taille
beui.euse de la jeune personne, de ces filles ornées
da glaces, et qu'on pourrait nommer encore des
er'ifdns , un desir féroce s'empare de ces monstres ;
i'.s se précipitent avec une fureur barbare vers ces
la main de la jeune fille: Q^iie ttsn cœur te le
dise, lui répond-il, et suis librement ce qu'il
te dira.... )) Il n'ose en dire davantage ; Doro-
thée , modeste et troublée , parle de I admirable
clarté de la lune ; ils se remellent en chemin ,
car un orage s'avance en lançant des éclairs ,
et c est ICI que nait celte scène charmante que
le citoyen Biiaubé a ciiée comme un modèle.
'< Prenant plaisir à la clarté nocturne, ils sont
arrives au vignoble , et commencent à marcher
dans l'obscurité. Il la conduit sur les pierres
1. s se précipitent avec une fureur barbare vers ces nombreuses et informes, degrés du berceau
colombes tremblantes, vers la fille généreuse;' Elle descend à pas lents, les mlins appuyées sur
mai» aussitôt elle arrache a 1 un des scélçrau l'épaule de son guide ! La lune , dont la lumière
la paix.
Je regrette que la muliiplicité de me^ cilationj
ne m'ait point permis de transcrire ce dernier dis-
cours de Dorothée. Maison a vu dansccite analyse
assez de.morceaux de ce poème pour se former
une idée du style, et de i agrément des détails
Il y a des lecteurs qui les irouveront minu-
tieux et trop au-dessous de la poésie ; d'auires
reconnaîtront ce naturel charmant , et cet intérêt
de description qui caractérisent Homère et notre
bon Lafontaine.
Je le répète , il ne faut pas juger ce poème
en littérateur^ parisien. On le trouverait trop sou-
vent conltaire au goût français. 11 faut se trans-
porter en idée sur le lieu de la scène , en con-
riaiire les mœurs, et supposer un moment que
1 on est aussi un bourgeois allemand ; alors il
prend un caractère bien différent : il intéresse .
il parle au cœur autant qu'a l'imagination ; il
atteint un but moral de la plus haute importance,
celui' d'inspirer le goût des mœnrs simples ,
d'éloigner l'esprit des idées révolntionnaires , de
porter les hommes au mariage et à l'exercice de
toutes venus sociales.
Ce poème est dans noire langue un monu-
ment singulier auiant qu utile et précieux. On
doit de la reconnaissance au savant traducteur
qui nous fait jouir de cette richesse nouvelle ;
mais inalheur à. ceux qni trop facilement dis-
posés à l'imitation , voudraient marcher sur le»
traces de Gœihe et de Bitaubé, Ce que nou»
)olérons dans cet ouvage en faveur de son ori-
gine étrangère et des des morceaux de génie dont,
il est rempli , serait peut-être insuppDriable dan»
les imitateurs français. D. . .
Erratum de ma première lettre.
II' paragraghe, comme tous les grands poètes ,
lisez : comme lOus ces grands poètes.
XI= Paragraphe , ce n'est pas cesser d'être
naturel, d'être noble , Usez : que d'être noble.
Le discours du citoyen Mulot sur les sépul-
tures , dont nous avons inséré un extrait dans
notre N° du 7 brumaire dernier, se vend à
lirnpriraerie et librairie de la rue des Prêtre»
Saint-Girmain-l'Auxerrois , n° 44, 1 fr. so c.
et I fr. 5o cent par la poste.
A Paris , de l'imprimerie de H. Agasse.
GAZETTFNATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 34.
Qiiarlidi , 24 brumaire an g de la république française ,7me et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul iournal f '■■! ■
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemenï , les nou)«l!es des armées ainsi mil i.c fo;.e „. 1 "
: 11 ; ■ f • 1 ' .' > »' >-i"c ics .ajis et les notions tant sur
l'intérieur que sur 1 extérieur, f-ournis par les correspondances ministérielles. ""-"
Un article sera' particulièrement consarré aux science'; , aux arts et aux .lécouvertcs nouvelles. /
INTERIEUR.
Paris , le 23 brumaire.
u
JE ffénéral Berthier a pris aujourd'hui le porte-
feuille du ministère de la guerre.,
— Plusieurs jeunes citoyens qui ont obtenu des
prix de peinture et de sculpture , ont reçu des
laieiiiptions de service militaire.
— Les cinq militaires qui , à la fête du 14
juillet , ont obtenu des médailles , et ceux qui en
^^obtiendront à l'avenir , toucheront la haute paie
accordée aux militaires qui obtiendront des bre-
vets d'honneur.
— Les français attachés au commissariat-général
à Cadix , ont été , comme le commissaire-général,
victimes de l'épidémie qui ravage cette contrée.
Les dernières lettres de ce pays donnent les dé-
MÏls les plus afBigeans des effets cruels de ce
fléau. Les hommes , les femmes et les enfans ex-
pirent au milieu des rues et des places publi-
ques. Leurs cadavres restent long-tems sans sé-
pulture. Beaucoup périssent en proie aux hor-
reurs de la famine , et d'un abandon total.
Pendant que la cour cherchait les moyens d'é-
viter la contagion , les habilans qui fuyaieni Cadix
la portaient dans les villes voisin.es , et bientôt
elle commença à se manifester à Séville, au pott
Sainte-Marie , à Sin-Lucar , à Chciez. an Port-
Royal . à l'île de Léon et à Chiclam. Elle exerce
maintenant ses ravages (Jans ces piovitices et
sur-tout à Séville , où , chaque jour , il périt deux
à trois cents personnes.
D'après un calcul très-mridéré, on peut appré-
cier à vingt mille le nombre des personnes vic-
times de la contagion depuis deux mois dans
toute cette coniiée.
Le journal officiel de Bordeaux, en date du 14,
■publie une lettre de Bayonne , qui donne quel-
ques espérances de la cessation dj ce fléau.
>i Nous recevons dans ce moment , y est-il dit ,
>> sv\% du commissaire du gouvernement français
)' à Séville , sous la date du 3 brumaire , que de-
" puis trois jours l'épidémie avait beaucoup di-
" minué. je tn empresse de vous transmettre cet
'> avis qui vous sera certainement agréable, n
— Les journaux des déparlemens , principa-
lement ceux du Nord et du Nord-Ouest de la
république , sont remplis des affligeants détails
des ravages produits par l'ouragan du 18.
— On écrit du Havre : L'ouragan commença
vers les huit fieures du malin. Un cercle violet,
qui enveloppait le disque du soleil à son lever ,
Tavalt annoncé. En peu d'instans , la mer ne
ressembla plus qu'à un bassin d'écumes , et les
vagues, élevées jusque dans les nues, se ré-
solvaient en pluie à deux lieues dans les cam-
pagnes. En moins de deux heures , la plupart
des toits des maisons furent découverts , les
cheminées renversées , quelques personnes
blessées. Les rues étaient pavées de dénombres.
On évalue les dommages de cette matinée à
plus de cent mille fr.
Heureusement la mer était basse; autrement
les communes de Leure et de Sainte-Adresse
auraient couru les plus grands dangers.
Les campagnes des environs du Havre ont
aussi' ressenti les effets de cette bouriasque. On
ne voit qu'arbres renversés et que ch.iumieres
découvertes. A Bleville , la femme d'un beri'er,
mère de sept enfans, a été écrasée sous^les
débris d'une bergerie.
De Diinkerque. La tempête commença à dix
fleures du matin ; le vent soufflait S S O. , et
passait de moment en moment à l'O. un quart
N. O. Là , comme au Havre , les cheminées ont
été renversées , et les toits découverts , etc. Des
magasins entiers, près du port , ont été abattus.
Un navire américain, chargé de 700 boucauds
de tabac . et un bâiiaiem iitulre , chargé d'en-
viron trois milles tasietes de sel . ont déradé. |
On ne savait pas encoie , le 19 , oii l'impétuosité
du vcni les avait jetés ; mjis on avait des rai- 1
«on» de craindre que ces deux navires , et deux
bateaux pêcheurs sortis le malin , avaient péri ;
car des débris de navires et du tabac venaient
à la côie. — Une des deux canonnières siailon-
Baircj a été jetée à la côie ; deux hommes et '
le seiond capitaine ont péri. — L'ouragan n'a
cessé qu'à cinq heures du soir , le iS. On croyait
dans celte ville que cette tcinpêle éiait occa-
sionnée par un tremblement de terre. Tonnerre ,
veni , pluie, secousses, tout :Se confondait;
plus de 3o moulins des environs de la ville ont
été renversés. Maisons de campa^Kne , granges ,
étables , arbres, on éié ou abattue ou endom-
magés. — La flèche de la ci-devant paroisse de
Gravehne a été renversée , et a lue dix pers,.i.nes
dans sa chute. Le barometie'était u8o au-dessous
de tempête.
De Calais. La violence de l'ouragan a duré
depijis onze heures du matin jusqu'à'trois heures
de l'après-midi; on ne se rappelle pas d'avoir
jamais vu d'exemple de la dévastation qu il a
occasionnée dans cette ville ; la plus grande
partie des maisons ont éié découvertes , et il n'en
est aucune qui n'ait éprouvé des dégâts plus
ou moins grands.
Des cheminées abattues , des toits enlevés et
écrasés , des murs écroulés , des arbres cassés
ou déracinés, des moulins renversés, des bâ-
timens, en partie ou eniiéremetit détruits, des
individus jetés à terre et roulés sur le pavé,
sans pouvoir s'arrêter , sont les tristes effets de'
cette scène dévastatrice. Personne heiireusement
na péri, mais plusieurs ont éié blessées, soit
en tombant, soit par la châle des décombres.
Cet événement terrible a fait tant d'imorcssion
pendant sa durée , que les animaux eiî étaient
eux-mêmes afiFcctés.
La campagne a éprouvé une destruction non
i moins affligeante. Les grains et les fourages en
, meules ont été enlevés et jetés cà et là. Des
granges , maisons . étables , bergeries œnt été
I abjiiues , et ont écrasé ou étouffé , par leur
I chute , les bestiaux qu'elles renfermaient. La
j pluie , qui tombait en abondance, semblait
menacer d'engloutir toutes les habitations ru-
rales , et empêchait , avec la violence du vent ,
de porter aucun§ secours.
Les rapports de ce cruel événement qui ar-
rivent de tous !es environs , n'annoncent que
des désastres. Cet ouragan a , selon les appa
rences , pareouiu une giande étendue de ter-
rein.
La mer n'a présenté aucune naarque fâcheuse
de ce coup de vent : il est à présumer qu'il
aura eu des effets terribles à la côte d Angle-
terre , sur laquelle il soufflait avec violence.
De Lille. L'ouragan a commencé à 7 heures
du matin, sa violence a progessivement aug-
menlé jusqu'à 4 heures du soir ; mais c'est pii'n-
Cipalemcnt depuis midi jusqu'à 3 heures, quelle
s est exercée avec les mêmes ravages que dans
les autres viljes ; la tempête y a découvert les
. principaux édifices ,■ a renversé le télégraphe,
dont la chute na heureusement ■ occasionné
aucun accident. Les dommages de la ville
seulement , sont évalués à un million. Les cjm-
gncs environnantes n'ont pas été moins mal-
i:aiiées , plus de 200 moulins ont éié ren-
versés.
De V'ilendennes. Outre les désastres communs
aux auirts villes, on a ressenti plusieurs secousses
de iicmblemeui de terre.
— Une lettre particulière , insérée au Cilojcn-
Frrt7jç,,3(i , -et eciitc.de Lille par un voyageur ,
est ainsi conçue :
A peiife éiions-nous sortis de Péronne , le 18
à dix heures, qu un vent s'éleva tellement fu-
rieux que la diligence dans laquelle nous étions,
rcsseniblaii à un vaisseau prêt à faire naufrau-e.
Nous étions sur le point d arriver à Cambrai ;°le
vent a renversé la voi ure et les six. chevaux da.TS
une marre de boue. Culbutés les ups sur les
auties , mais sans blessures, nous lûmes con-
traiiiis de sortir par les fenêtres de la poniere.
Une femme s étant empressée de sortir la pre-
mière, elle a cié enlevée à plus de 200 pas dans
la plaine : ou lui a porté de prompts secours ;
elle était presque suffoquée. Pour éviter d être
emporiés , tous les voyageurs s'agenouillèrent au
pied (i un très-gros arbre , et s'y garotterent avec
une lorie corde. Ainsi amarrés, nous avons vu
des nuisons s'écrouler, les tuiles , les ardoises ,
les (ihcminées volet' en l'air , les clochers lodi-^
ber , les arbie» se déraciner et bairer la route ,
et les besiia.ix chercher iiiuiilement un abri. Dans
ce momcni alf.cux, un incendie éclata da:is un
village , et a ruiné plus de 3(jo habilans. Les
moulins, les télégraphes du côié de Lille sont
ou détruits, ou t,ès-.ndomm.(.és. La ..ouïe de
Dunkerque sera pendant q,u^i„e lems imiirati.
cable , tani .1 y a d arbres qui b.nent le.cl.emin.
— Une des lionnes duj.ndin des plames vient
demeure bas trois peiiis , vivans et à Icime.
Cei événenient est intéressant pour 1rs naïu-
ralistes , qui ignoraient jusqu'ici les pariiculaiités
r^l.itives à la propagation de ce^ie espèce.
' Ce n'est cependa'nt pas la première fois que
désirons ont produit en Europe; nn en cite des
exemples arrivés à Florence , à Londres et à
Naples ; mais ils n'ont point été observés avec
soin. On n'en avdit pas eu en France jusqu'à ce
jour.
Le père et la tnere ont été pris ensemble entre
Bonne et Constaniine , par des aiabes; ils avaient
environ six mois ; on les croit de la même portée.
Ils ont été acliéiés à Constaniine , et amenés en
France par le ciioyen Félix , l'un des gardes de
la ménagerie. C'est à ses sons qu'ils doivent le
bon état dans lequel ils se trouvent, sur-tout le
mâle, qui est pcui-êire le plus beau , de son es-
pèce, quiexisje aujourd hui en Europe.
Ils ont à présent six ans et demi. La f raelle a
déjà porté une fois; mais quelques personnes
imprudentes l'ayant iniiée dans sa loge , elle se
blessa et avorta. Les l'œius qui avaient "deux mois
de conception , n'avaient point encore de poils.
On les conserve dans la collection d anaiomie du
Muséum.
Quinze jours après son avortement elle rentra
en Chaleur. Dès lors le mâle la couvrit plusieurs
fois par jour. Elle fut couverte cinq lois le 4
thermidor dernier, et ne la pl'ùs été depuis. Il
est donc probable que c'est de celte époque que
date sa conception.
Le tems de s^a gestation est donc de cent jours ;
Buffon croyait, d'après Philostrate et "VV'icd, qui!
était de six mois.
L'accouplement du lion est le même que celuî
du chat : .même hneur' de la part de la femelle, '
même doule-ur, même cris pendant le coi'i. Le
mâle mord également la nuque de la ietnelle.
Le jour de l'accouchement , la lionne a paru
languissante ; elle a traîné la viande qu'on lui
donne chaque jour dans l'iniérieur de sa lotje ,
sans en manger. Du resjc elle n'a jette aucun'"cri
et n'a pas été moins douce envers son gardien
qu a 1 ordinaire.
Elle a mis bas son premier petit , la nuit du 18
au 19 brumaire, à lo heures; le second à il
heures iiioins un quart; le troisième à 2 heures
apiès minuit.
Ces lionceaux sont aussi grands que des chats
adultes ( On a dit jusqu'à présent que les lions
nouveaux-nés n'avaient que 6 à 7 pouces de lon-
gueur ): mais ils oni la létc plus grosse , ils dif-
férent assez des lions adultes: leur pelade est d'un
brun roux, tacheté par-tout de points et de
bandes nonâtics; leur queue est marquée d'an- .
neaux noirs sur un fond jaune.
Les mâles n'ont point de crinière.
Ils ont les yeux oiiveris et marchent en se traî-
nant ; en quoi ils diiïé.ent b.'ançoup des autres
animaux carnassiers, qui sont quelque tems-
aveugles ; leurs cris ressemblent ri de tiè.-forts
mijulemens. comme Ceux d un dut en colère.
La raere en a le plus giand soin : lorsqu'elle veut
les cbanger de place , elle les porte dans sa
gueule ; elle les lèche continuellement, et elle
a une grande attention à ne les point blesser
dans ses mouvemens.
[Mte communiquée par l'administration du
Muséum d'histoire nalurelle.j
Extrait du Journal du siège de Malte
Le général Bonaparte ava'it saisi la 'manière
dont il fallait se concluire à l'égard d'un peuple'
intéressant sous beaucoup de jappons, mais doit
lignorance et les piéjngés eAigcafènt beaucoup.'
de ménagemens. ..; .,
Une commission exlraordinâii'e de gouverne-
ment avait été établie parlui,'et avniteu pour"
instiuctions de se rapprocher le plus, possible c|e
la constitution française , sans néanmoins rien .
changer aux lois du pays.
Mais quelques erreurs dams l'adiiiinistralion , 1
les revers d Aboukir . et plus encore learnanœu-i
yres des ag^jis, <^« ] ,d,i'ëkKinn .^f ,dn roi de '
N.iples , réveillèrent bientôt Tes disposiiiarrt pm
favorables d'\inc T>atr!e des habitarts; les prêlres ,
les nobles conipiuent que de long-tems li faible
-garnison française ne pourrait être ravitaillée ; un
complot se forma, l'incident qui devait en Ualer
} explosion le fit échouer par le défaut d en-
semble.
Le commandant , dès le mois de frijclidor ,
fait toutes les dispositions pour assurer l'évacua-
tion des points les plus exposés aux entreprises
des insurgés , et pour les éloigner de la ville. Ua
rebelle pris les armes à la ttiain est fusillé.
Le 17 fructidor. Les insurgés de la campagne
entre dans laCatouer et àBourmolet. La8o« demi
où les rebelles avaient du canon , (fes comraes- Des français remplacent les boulangers maltais
tibles et des munitions de guerre,
On trouve les avenues de CazaI . tellement
que la mauvaise qualité du pain fait soupçonner
d'intentions ennemies. On prend des mesures
que les troupes débarquées en Egypte ont été
trois fois battues par les mameluks, que Bonaparte
, . entouré n'a plus de retraite, etc. etc. Il a soin
brigade se rend à la cité de l'est pour y réduire \ d'annoncer l'accession à la coalition de Tutiis,
es lebelles. Le général Biouard , qui la com- | y\.|ger gt Tripoly. Le parlementaire portugais te
retranchée! qu'on ne peut y pénétrer. Le déta- PO"'' (^"^ «^u'.'iveT les terreins appartenant à des
chement rentre. 1- ' * absens , et qui se trouvent enclos dans les tor-
I tificalions.
Le i5 frimaire. L'argent devient rare de plus ^^ brumaire. Le cit. Doublet est nommé pour
en plus , il est déjà sextuple de prix. remplacer le cit. Regnaud , de Saint-Jean-d'An-
L'arairal portugais adresse une seconde som- ! gely , dans l'emploi de commissaire près le gou-
mation , il cherche par un exposé inhdelle à | vernement.
abattre le courage de la garnison; il prétend
mande , les menace de détruire la ville par l'ar
tilierie du vaisseau le Vego , s'ils ne déposent les
armes : il donne , en cas de refus , vingt minutes
aivï. femmes et enfans pour sortir.
Depuis ce moment , des rissemblemens se for-
ment sur toutes les avenues. Les insurgés se n-
tranchest dans les points principaux , et la gar-
nison française est à peu près resserrée dans ses
muis.
Une escadre portugaise est signalée presqu'au
même moment ; elle commence le blocus du
port.
Le roi de Naples venoit de fermer les ports de
la Sicile aux embarcations françaises. Malte était
dépourvu de tous approvisionnemens de bouche ;
on n'y avait que du blé ; la place n'était pas même
suffisamment garnie de plomb , de boulets et de
cartouches; les fortifications avaient besoin de
réparations sur plusieurs points ; c'est dans cette
situation que Malte est déclarée en état de siège.
Les deux contre-amiraux , Villeneuve et Decrez
tourne à son bord avec une réponse du com-
mandant français , aussi négative que la prerniere ;
cependant peu de jours après, une troisième
sommation est annoncée à la garnison. Elle est
envoyée par Nelson lui-même. La voici ainsi
que la réponse du général 'Vaubois.
Sommation' de l'amiral anglais Nthon.
25 octobre 179S.
Messieurs,
En vous adressant cette lettre contenant ma
détermination concernant les français actuelle-
ment à Malte , je me flatte que vous n'attribuerez
pas cette démarche à une curiosité impertinente,
mais au désir de vous exprimer clairement mes
intentions.
La situation de Malle est telle que les habitans
sont en possession de toute lîle, excepté >le la
cité Valette qui est entre vos mains. Les insulaires
sont sous les aimes con':evous, i;t le j.iOrt est
s'y trouvent renfermés avec les vaisseaux le bloqué par une escadre appartenant à sa majesté
Guillaume-Tell et le Dego . les fréga»es /a Diane, | britannique.
la Jus'tue et la Carthaginoise. Le général Ville-
neuve conserve le commandement de la marine ;
Decrez prend le commandement en chef de trois
forts. Les équipages sont employés au service de
terre ; sans eux , il eiît été impossible de penser à
la- défense de tous les postes. La trop faible gar-
nison n'était que de 2,200 hommes, déduction
faite des malades.
■ïoutes les disposilions nécessaires pour assurer
la défense sont prises ; on fait évacuer les per-
sonnes qui habitent dans l'enceinte des fortifica-
tions ; des chaloupes sont envoyées le long des
côtes et à Goze , pour communiquer avec la gar-
nison française et leur faite passer des secours.
Un conseil de guerre est assemblé. Chacun ,
mû par son patri'odsme et sa bravoure , émet
son opinion sur les mesures à prendre: des
avisos sont expédiés ou en France , en Italie ,
en Corse, sur les côtes Barbaresques . pour
faire connaître la situadon de la garnison , et
létilamer les munitions de guerre et de bouche
qui lui sont nécessaires. Tout le plomb est en-
levé pour faire des balles ; une pohce sévère
s'exerce dans l'intérieur ; un emprunt est fait
aux habitans les plus aisés , pour Subvenir à la
solde; tous les effets propres à l'habillement de
là garnison , sont mis en réquisition , les habi-
tans .suspects sont expulsés , etc. , etc.
Dans les premiers jours du blocus , la garni-
son reçoit sommation de se rendre , de la part
du marquis de JVizza , amiral portugais et de
Sonnaire , chef de division anglaise. Cette som-
mation est faite en apparence pour le compte
des maUais révoltés ; elle porte que les français
avcnt à se rendre et à livrer aux Maltais les
f", " "^ r • :„ „, i„- „,;ct(.a.iv INOUS avons reçu la icuic que vous nous
hî^rimfns de suerre tranc-us et les vaisseaux ,- . ,.1 ^ . • ■ 1.1 ,
(janmens uc gucuc ' "'J^ j. avez fait 1 honneur de nous écrire. Jaloux de
rUi ci-aevant ordre de Malttie. jille oiire ue l_ ', . 1, • 1 . .-
(i-a Cl acvai i uiuiç ^y, »t,„.,:ii. mériter lesume de notre nation, comme vous
reconduire la garnison a Marseille.
Cette sommation est accompagnée d'une
lettre écrite par deux chefs de la rebellicin de
l'isle , tous deux ex-membres de la commission
' du «gouvernement , et se disant mandataires du
a6 brumaire. Nouvelle circulaire aux consul»
de Cagliari , Gênes et Livourne. On les presse
de subvenir aux besoins de la garnison.
Mêmes démarches auprès du commandant en
Corse et du vice-roi de Sardaigne. Les citoyens
Second et Goste sont chargés de cette mission»
Le général Vaubois envoie en outre réclamer
des secours sur la côte barbaresque. Le cit. Conseil
se rend de sa part à Pouz.~. et à Tripoly. Le
général offre en présent au pacha de Tripoly , un
cutter que le consul Baussier esit chargé de pré-
senter.
29 brumaire. Les mendians sont mis hors la
ville.
A cette époque plus de dix mille habitans
avaient été déjà renyoyés. Il est fait défenses à
ceux qui restent de monter sur les rempails.
Le lofrimaire.Ds cinq avisos expédiés ricTouIon,
I depuis le commencement du blocus , un seul
arrive à sa destination ; il informe la garnison des
entreprises commencées par le gouvernement
français pour opérer le ravitaillement.
La suite demain.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 22 brumaire an 9.
Les consuls de la république, sur le rapport du
ministre de la guerre , arrêtent :
Art. I''. Les 1" . 2' et 4= bataillons francs .
levés dans les 12', l3° et 22' divisions militaires ,
seront completlés.
II. Le I*' bataillon du Finistère , la légion nan-
Mon objet est d'aider le bon peuple de Malte
à vous forcer d'abandonner l'île , pour qu'elle
puisse être remise entre les mains de son légitime
souverain , et de prendre possession du Guillaume
Tell , de la Diane et de la Justice.
Pour arriver à ce but aussi promptement qu'il
est possible , j'offre que, sur la délivrance qui ■ taise , les compagnies franches à pied et à cheval-
me sera faite des vaisseaux français , toutes les ' '^
troupes et tous les marins actuellement à Malte
et au Goze, seront débarqués en France, sans
même qu'ils soient regardés comme prisonniers
de guerre. Je prendrai soin que la vie de ceux
d entre les maltais qui se sont réunis à vous , soit
épargnée, et j'offrema médiation auprès de leur
souverain pour la restitution de leurs propriétés.
Que si ces offres étaient rejettées . ou si
quelques uns des vaisseaux venaient à .s'échapper
malgré ma vigilance , je déclare que je n'en-
tendrai à aucune capitulation que le général
pourroîi-être obliaé de proposer par la suite
aux habitans de Malle ; et que, bien moins, je
ne m'intéresserai d'aucune manière pour le
pardon de ceux qui ont trahi leur devoir envers
leurs^ pays.
Je vous prie de croire que telle est la déter-
mination d'un amiral anglais , et j'ai l'hoiineur
d'être , Messieurs , votre très-humble et très-
obéissant serviteur.
Signé HoRATio Nelson.
Réponse du général Vaubois et dw commandant la
marine , à la sommation de l'amiral anglais.
4 brumaire.
Monsieur l' amiral.
Nous avons reçu la lettre que vous nous
peuple.
Le général Vaubois répond à l'anglais et au
portugais : <i Vous avez oublié , sans doute , que
») des français sont dans la place ; le stjrt des
)i habitans ne vous regarde pas. Quant à votre
ji sommation,les français n'entendent pas ce style. ))
Le général ne fait aucune réponse à la lettre
des deux rebelles ;
Deuxième jour complémentaire. Ge"pendant_ la
révolte des campagnes continue.- Le général
Vaubois est forcé de renfermer absolument dans
lés murs sa faible garnison.
Il est arrêté que le citoyen Regnault , de St.-
Jean-d'Angely , commissaire près le gouverne-
ment à Malte , se rendra auprès du directoire,
pour activer l'envoi des secours. Des vents con-
traires suspendent quelques jours son départ.
Le 4 vendémiaire. La garnisori du fort Chambray
répousse plusieurs assauts. Le manque de vivres
lui lait prendre le parti de s'emparer des barques
du port du Mygiero el de se rendre à la Valette
le même jour.
Le 12. On tente une sottie sur Cazalzabban
recherchez celle de la vôtre , nous sommes ré-
solus de déffendre cette forteresse jusqu'à l'ex-
trémité.
Quant à l'intérêt que vous prenez aux rebelles
de la campagne , leur conduite parjure les mené
à leur perte; e'est tout ce qu'ils peuvent retirer
de leur entreprise insensée. Nous les plaignons
sincèrement ti'être la dupe des conseils de quel-
ques ambitieux , et nous sommes disposés à re-
pousser leurs efforts avec tout le courage dont
des gens d'honneur peuvent être susceptibles.
Nous avons l'honneur d'être , M. l'amiral.
Signé , le général Vaubois et le
contre-amiral Villeneuve.
Reprenons la suite des dispositions intérieures
de police et de défense.
22 vendémiaire. Un nombre choisi de maltais
est réuni pour être organisé en compagnies de
canonniers. Les fr; nçais , attachés aux aadminis-
tratLons en qualité de secrétaires, ont ordre de se
faire inscrire pour servir en cas d'attaque.
28 vendémiaire. On distribue des cartes de sû-
reté aux maltais dont le séjour dans la place est
autorisé.
12 brumaire. Pour prévenir les abus qui se
glissent dans la distribution de la viande , le
commandant de la place a ordre d'assister à cha-
que distribution, et du constater la quantité né-
cessaire de viande par jour.
des Deux-Sêvres , et les suites compagnies iso-
lées , formées en exécution de l'art. XXI de la
loi du 14 messidor an 7 , qui se trouvent em-
ployées daas les 12', iS*^ et 22° divisions mili-
taires , seront réunies et formeront une légion
sous la dénomination de légion de la Loire.
III. Cette légion sera composée de deux ba-
taillons d'infanterie légère, divisés chacun en
huit compagnies dont une de carabiniers, un»
de sapeurs et six de fusiliers , et d'un escadron-
de cavalerie légère formé de deux compagnies
de 124 hommes, montés le tout conformément
à la loi du 3' jour complémentaire an 7.
IV. L'état-major de cette légion sera composé
ainsi qu'il suit :
1 chef de brigade.
Pour l'infanterie :
2 chefs de bataillon , l quartier-maître-trésorier,
2 adjudans- majors , 2 adjudans sous - officiers ,
2 porte - drapeaux , i chiiuigien-major , i tam-
bour-maître , I armurier, l maître tailleur , i maî-
tre cordonnier.
Tour la cavalerie
1 chef d'escadron, i quartier - maître adjoint,
I adjudant-major, i adjudant sous-ofEcier , r
porte-étendard , l aide ^ chirurgien , l armurier-
épéronier , i maître tailleur , i maître bottier , i
I maître sellier , l maréchal-ferrant.
V. Les bataillons francs mentionnés à l'art. I"'
et la légion de la Loire seront exceptés de l'arrêté
du 9 fructidor dernier, qui ordonne l'incorpora-
tion dans les demi-brigades de ligne de tous Ifp
corps isolés.
VI. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétatre-d'état , signé , H. B. Maret.
CONSEIL- D' ETA T.
Suite du rapport et projet de loi sur Cinstructioit
publique , présentés au conseil-d'état , section de
l'intérieur , par J. A. Chaptal.
TITRE II L
Organisation des écoles spéciales^
L'école spéciale est celle dont l'enseignement
est borné aux connaissances nécessaires pour
exercer un art ou une profession.
On ne peut créer d'école spéciale que pour
l'enseignement des arts et des sciences difficiles,
et fondés sur des principes dont la connaissance
doit précéder la pratique. On doit sur-tout orga-
niser des écoles spéciales pour ceux des arts ou
sciences qui o.' : un pouvoir plus marqué sur la
prospéjrîlè du peuple , la gloire nationale , la
sureic Je l'état , l'extension du commerce.
C'est en partant de ces principes que nous
eonsacierons des écoles spéciales à l'enseigne-
ment delà médecine, de la législation , des ans
mécaniques et chimiques , de l'hisloive natuielle ,
de l'agriculture et économie rurale . d<^ l'an vété-
rinaire , de l'art du dessin et de la musique.
Ces écoles ne peuvent pas être symétrique-
ment distribuées sur le soi de la république ! il
faut , poijr les établir convenablement, une réu-
nion d'hommes habiles, et des circonstances de
localité qui , si elles sont négligées , peuvent faire
échouer les projets les plus utiles.
Nous ne parlerons pas ici des écoles spéciales
de service public i elles sont organisées par la loi
du 3o vendémiaire an 4, ou par des lois posté-
rieuies , telles que celle du 25 frimaire an 8 con-
cernant la réorganisation de Técole polytech-
nique. Le plus grand nombre de ces écoles est
en activité , et les atitres n attendent que des cir-
constances plus heureuses qui leur imprirnent le
mouvement nécessaire.
Comme les écoles spéciales ne doivent comp-
ter dans le nombre des p,rofesseurs que les hom-
mes les plus célèbres et les plus instruits, il est
évident que le choix ne peut en être confié qu'à
ceux qui doivent les associer à leur gloire et à
leurs travaux. C'est donc dans le sein même de
l'école-que doit s'ouvrir le concours , et c'est aux
professeurs à prononcer entre les concurrens ;
mais , pour éloigner jusqu'au soupçon de la par-
tialité ou de la piévention , le gouvernement
aura le droit de déterminer le mode du con-
cours , d'en assigner lépoque ; et seul il pourra
Investir le candidat présenté par les juges , du
diplôme de professeur.
Tous les professeurs d'écoles spéciales n'ont
pas droit à un égal traitement.
Il en est qui peuvent concilier leur devoir de
professeur avec l'exercice de leur profession ;
tels sont les peintres, sculpteurs, architectes,
musiciens : les progrès de l'an exigent même ce
partage entre l'enseignement et la pratique. Il en
est d'autres qui , voués par état à l'enseignement,
lui consacrent tous leurs momens, et ne trouvent
de ressources que dans le traitement attaché à
leurs fonctions ; les professeurs d'histoire natu-
relle , agriculture, art vétérinaire , arts mécàni-
. ques et chimiques , sont tous dans cette classe ;
et il serait injuste de ne pas leur assurer un traite-
ment qui , en éciriant le pénible sentiment du
besoin , conserve toutes leurs forces pour les
progrès de leur art.
C'est en partant de ces principes que nous pro-
posons d'accorder aux premiers 2,5oo francs , et
5ooo francs aux derniers.
Dans le nombre des écoles spéciales dont
nous proposons l'établissement ; il en est deux
qui sont destinées à enseigner des professions
lucratives; la médecine et la législation. Ici nous
n'avons pas pu croire que la nation dût fournir
renseignement gratuit : car . quoique les écoles
consacrées à l'enseignement des arts oià nous
avons déclaré l'enseignement gratuit, fournis-
sent également des moyens de subsistance , les
élevés qui s'y présentent sortent presque tous
de la classé la moins fortunée de la société ,
et les ressources de ces professions ne sauraient
erre comparées à celles de la médecine ou du
dioit.
§ PREMIER.
Ecoles spéciales de médecine.
La loi du 14 frimaire an 3 , tf'créé trois écoles
de médecine , une à Paris , l'autre à Montpellier,
et une troisième à Strasbourg.
Ces trois écoles destinées, par la nature de leur
première institution , à former des officiers de
santé pour le service des hôpitaux militaires, ont
pleinement répondu aux vues du gouvernement ;
et aujourd'hui l'enstigneraenty eslsi bicn|organisé,
que ces trois établissemens offrent , sur toutes les
parties de la médecine , des éludes bien plus
parfaites que celles qu'on trouvait dans les pré-
cédentes universités. Les élevés affluent à ces
étales de tous les points de la F;ance , et celle
de Montpellier s'est rétablie dans la possession
presque exclusive de former des médecins pour
tomes les parties du luliil^i.
Ilfc'agit donc moins de détruire que de perfec-
tionner. Une expérience de six années nous a
prouvé que ces troisécoles suffisaient aux besoins
du gouvernement et de la société : bornons-nous
acorriger quelques légères imperfections que le
tems a découvertes dans le système de leur or-
ganisation : et donnons la stabilité à trois établis-
semens qui prospèrent.
Nous proposer-ons d'abord de supprimer la
distinction que la lii a établie entre les profes-
•eurs et leurs adjoints, et nous réduirons à un
plus petit nombre de professeurs ceux qu'elle a
donnés à chacune de ces trois écoles. Seize pro-
feiseurs paraissent devoir sufhre à Paris , douze
à Montpellier , neuf à Strasbourg. Cette réduc-
tion devra s opérer inicnsiblcméiA , et seulement
21 t
parla démission ou parla mort des titulaires.
L'idée de dépouiller, sans motif, des hommes
qui ont rendu d'iraporians services à l'état, ré-
pugn»; aux principes d'un gouvernement juste cl
éclairé.
Nous ne droyons pas qu'on puisse tracer d'une
manière invariable la ligne qu'on doit suivre dans
le système de l'enseignement de la médecine :
celte science est tellement compliquée ; elle se
' compose de tant d'élémens , que son étude Sera
toujours très-imparfaiie lorsqu on croira pouvoir
1 tout régler, tout disposer par des arrêtés. Il n'y
j a de fixe que la chimie , 1 anaiomie et la bota-
nique î il convient d'attacher un seul homme à
cliacune de ces parties , et de laisser le soin aux
professeurs de rédiger chaque année le pro-
i gramme des autres cours qui se feront dans
I l'école.
Mais ce qu'il importe le plus d'établir et d'or-
' ganiser dans les écoles de médecine , ce sorvt les
j examens des élevés. Une trop longue expérience
(nous a appris que vainement on piétendrait à
Ides succès dans l'étude de la médecine . si l'on
j n arrivait pas à lécole avec des connaissances
j préliminaires : du moment que les portes en ont
éié ouvertes à tout le raondt; , on a vu y affluer
, des hommes qui , n'y apportant aucune connais-
, sance posilive , ont été incpables d'y profiter
i des leçons qu'on y donne ; dès-lors, ou ils se
; sont retirés après Une perte de tems irrépâr..ble
■ pour se j.eter dans une autre carrière , ou ils
se sotu ré]iandus dans la société pour en de-
! venir les fléaux , sous le titre usurpé de mé-
, decins.
; Il fjut donc que nul ne puisse s'inscrire pour
étudier en médi-cine , sans avoir subi un examen
; préalable sut toutes les parties qu'on enseigne
1 dans les écoles communales.
On ne cesse de réclamer , depuis dix année.' ,
I contre une foule d'imposteurs qui ponentimpu-
; néraent la mort dans tous les rangs de la société :
\ on n'a pas cessé d'appeler l'attention du gouver-
' nement et d implorer la sévérité d'une loi , pour
réprimer ce désordre. Et le gouvernement ne
s'acquittera envers la société, qu en la purgeant
de ces assassins qui l'infestent, et en prenant
de sages précautions pour prévenir la reproduc-
; lion de pareils abus.
Il remplira le premier but en appelant à un
examen solennel tous ceux qui pratiquent sans
une autorisation légale.
Il remplira le second en s'assurant , à diverses
époques , des progrès des élevés , et en les as-
I Ireignant à ne pouvoir exsrcer la profession de
médecin riu'en vertu d'un diplôme qui atteste
leur capacité.
) . Ces examens doivent être sévères; ils doivent
être publics ; ils doivent embrasser la totalité des
connaissances nécessaires à un médecin.
Pour régulariser les examens et les rendre
très-profitables , chaque professeur commencera
par s'assurer chaque année des progrès de ses
élevés , par un examen qui aura lieu à la fin de
son cours ; il prendra des notes sur chaque
élevé , et les déposera au secrétariat de l'école.
; Dans les six derniers mois du terme de sco-
larité , les examens devront embrasser toutes les
parties de l'art de guérir : on peut néanmoins les
borner .i trois ; l'un sur la théorie . le second sur
la pratique , le troisième sur un sujet imprimé ,
du choix de l'élevé.
Le gouvernement réglerais formé du diplôme
qui sera délivré à 1 élevé pour constater sa capa-
cité , et fera tous les réglemens qu'il croira néces-
saires pour petfectionner I ensegnement dans les
j écoles.
I La médecine devenant un état lucratif, et for-
I mant une prolession à la fois honorable et avan-
■ tageuse , d n'y a pas de doute que les professeurs
ne doivent être salariés par les élevés , sur-tout à
raison des examens qu'ils font et des grades qu'ils
confèrent : il serait d'ailleurs facile de prouver
qu'en cela l'iniérêi des professeurs est inséparable
de celui de l'élevé. Mais , si indépendamment de
cette rétribution éventuelle , le gouvernement
j n assurait pas i chaque prosesseur un modique
• sjlaire qui puisse le mettre au-dessus du besoin ,
il serait à craindre que les professeurs ne se
r missent dans la dépendance des élevés , et que
j peut -être ils ne trafiquassent honteusement de leuxs
grades.
I La nomination aux places de professeurs en
! médecine , mérite fa plus sérieuse attention. Il
serait peut-être dangereux de s'écarter du mcfde
' qui a été suivi de succès pendant plusieurs siècles
I oii 1 on'a vu se succéder , dans les mêmes écoles ,
I les hommes les plus célèbres dans l'art de guérir.
Ce mode consiste à ouvrir un concours public en
j présence des professeurs de l'école , pour sou-
( mettre les candidats à des leçoas et à des exa-
i mens pendant un lems assez considérable pour
pouvoir prononcer sur le mérite des concurrens ,
non-seulement par raj»porf à leurs connaissances ,
[mais cncor^ par rapport à l'art d'enseigner. Ce
[jugement est constamment sévère et impartial ; le
I gouvernement peut le conlirmer sans craindre
qu'aucun motif étranger au bien de l'instruction -
ait pu le dicter.
S II.
Ecoles spéciales de législation.
L'étude des lois , aussi nécessaire que négligée
de nos jours , demande une prompte et sévera
organisation.
11 n'existe plus de connaissances réelles que
chez les jurisconsultes formésaux anciennes écoles.
La plus profonde immoralité a flétri presque tous
les hommes nouveaux qui entourent les tribunaux;
et la fortune privée , d'accord avec la morale pu-
blique, réclame des institutions qni , en offrant
les moyen s d'acquérir les connaissances nécessaires,
rendent à la justice les formes et la dignité qui lui
conviennent.
Le seul moyen d'atteindre ce but, c'est de créer
des écoles publiques où l'enseignement soit donné
par des maîtres habiles , sous les yeux e! la surveil-
lance de magistrats intègres. L'organisation ac-
tuelle des tribunaux d appel , fournit un moyen
facile d'- xéctitcr ce piojct : car c est là que tous
les degrés de la hiérarchie judiciaire sont réunis ;
c'est là que , par état comme par intérêt , doivent
s'établir les jurisconsultes les plus habiles; c'est
donc là que l'instruciion sera la plus p rfaite.
Nous croyons que trois piofesseurs peu-
vent embrasser l'enseignement de tout ce qu il
impoite de savoir en législation:
Le premier traiterait du droit public ;
Le second ferait connaître le droit civil ;
Le Iroisieme enseignerait le droit ciiminel.
Pour que l'étude des lois ne dégénérai, pas dans
Certaines écoles , en une vaine formalité , l'ensei-
gnement pourrait être mis sous la surveillance du
commissaire du gouvernement près le tribunal
d'appel, et le cours d'étude durerait trois ans.
Les élevés ne seraient reçus à l'école qu'après un
examen préalable sur les objets qu'on enseigne
dans les écoles communales ; ils n'obtiendraient
un diplôme de capacité qu'après avoir fourni des
preuves de connaissances à deux examens pu-
blics ; et nul ne pourait prétendre à devenir juge
ou avoué , sans être muni d'un diplôme délivré-
par l'une des écoles.
§ I I I.
Ecole spéciale d'agriculture et économie rurale.
La France est à la fois commerçante et agri-
cole ; aucune nanon voisine ne réunit les res-
sources que lui donnent sa position, la variété
de son sol , la facilité des débouchés , et l'in-
dustrie de ses habitans.
Mais son agriculture , base fondamentale de
sa richesse et la garantie piincipale de son
indépendance , est encore susceptible de ^ands
perfeciionnemens. Nous devons d'autant plus
nous flatter d obtenir des succès dans ce genre ,
qtae depuis vingt-cinq ans que nous appliquons
les sciences à 1 agriculture , on y fait des amé-
lloraiions précieuses. Il nous suffit de citer . à
l'appui de cette assertion , la multiplicité des
prairies artificielles , le perfectionnement de
nos bêtes à laine , l'abolition presqiie géné-
rale des jachères , et l'art d'alterner les ré-
coltes.
L'agriculture a ses principes comrhe toutes
les sciences ; elle peut s'enrichir de l'expé-
rience de tous les peuples de notre globe i et
vainement attendrait-on du tems ce que les
connaissances peuvent nous procurer; car l'ha";
bitude dans les travaux des champs, la pra-
liijue des procédés transmis de génération en
génération , écartent jusqu'à l'idée qu'il soit pos-
sible de perfectionner, "
Il faut donc que des hommes instruits dis-
cutent sans préjugés , essaient sans passion et
proposent sans enihousiame tout ce que l'agri-
culture peut présenter de découvertes ou d'aiiié-
liorations ; il faut, pour convaincre 1 agricul-
teur méfiant ou prévenu , lui faire préscnteï
pai de véritables agriculteurs , les résultats de
leurs expériences : il n'est peut-être que ce
moyen de propager des méthodes utiles.
Déjà nous trouvons parmi nous des réunions
d'agriculteurs formées d.^ns chaque déparlement
soirs le titre de Sociétés librts d'agriculture. Elit»
doivent leur existence au sentiment profond
de leur utrliié ; et on peut s'en promettre des
effets d'autant plus heureux, qu elles ne reçoivent
l'impulsion que du désir de voir s'améliorer.,
se perfectionner , un art que chacun de cciix
qui les composent exerce par goût et pat
intérêt.
Mais ces associations ne produiraient qu'une
partie de l'effet qu'on est en droit d'en atten-
dre , si elles testaient isolées et réduites à leur»
propres efforts. Le gouvernement doit les rap-
procher, les lare concourfr à un but commun ,
la prospériié ue lagricu'iure en France : et je
pense que le plu- sûi moyen se borne à éta-
blir une société ccntiale où tous les fils viennent
se réunir, où paivienneni tous les renseigne-
mens , où I on coordonne en système et lallache
aux principes londamentaux de la science , es
qui n'est qu'un fait isolé et presque perdu cliu»s
21 2
une icunion départementale. C'est dans ce foyer
tonirautj (jn'oo povuia véritii-r iDus les laits
n )iivc..ux , essayer les niédlodes- et les cultures
qui nous parvifup.cnt de Jé'iranger , choisir d.ins
1 ciCTidue de ia république le sol, et le climat
les piirs pro['n-.s à nainraiistr des idanies éiran-
geies ; c est là , en un mot , qu en rapptocliar.t
tous les lenseignemens qui seront loumis par
les sociéfës dcpartemeniales , on pourra tonner
le sysicme complet de l'âgriculluie en France.
Au reste , nous pensons que l'organisation de
Cette école doit être simple comme l'objet dont
elle s'occupe.
Quatre jirofesseurs me paraissent pouvoir suf-
fiie k reuscigiicuient :
Un de mccanique rurale ;
Un de la nature et de la culture des terres;
Un de ta culture des arbres ;
Un de mouture , boulangerie , et nourriture des
hommes et des animaux.
Indépendamment de ces quatre professeurs ,
il y aurait un directeur chargé de surveiller
rensci_i;nement . et de correspondre pour tous
les objets d'utilité publique.
Le premier de ces professeurs s'occuperait
de la construction des bâtimens ruraux , de
celle des outils , usines , etc.
Le second, de la nature des terres et engrais;
de la conservation des grains ; du travail des
plaints naturelles et artificielles ; des desséche-
niens et défrichemens; de l éducation et améliora-
tion des bestiaux.
Le troisième s'occupera des semis , plantations,
éducation, taille et usage des arbres; de ia
conservation des fruits ; de la fabrication des
vins , etc.
Le quatrième lera connaître les diverses natures
et usages de grains , leurs préparations, et les
divers alimens dont l'homme et les animaux
peuvent se servir.
Celte école ne peut être placée avantageusement
qu'aux environs de Paris; parce que lï seulement
viennent aboutir les relations de tous les pays ,
et que là siège le gouvernement qui seul peut
fournir à cet établissement tous les encourage-
mtns 'et les moyens d'exécution nécessaires.
, ' § I V.
Ecoles spéciales de l'ail vctéi inaire.
Une loi du 29 germinal an 3 , a établi deux
écoles décononiie rurale vétérinaire , l'une à
Lyon, l'autre à Versailles.
Chacune de ces écoles devait avoir six pro-
fesseurs et un directeur : les districts avaient le
droit d'envoyer à lune ou à l'autre , selon la
proximité, un élevé âgé de seize à vingt-cinq
ans.
Le trésor public était chargé de fournir une
somme de 1,200 francs pour l'entretien de chacun
des élevés.
La translation de l'école d'Alfort à Versailles
n'a pas eu lieu , sous divers prétextes qu'il est
inutile de rappeler ici.
Quoique bien des causes se soient réunies
pour contrarier le but et les succès de ces deux
écoles , nous avons vu néanmoins en sortir de
nombreux élevés pour se répandre sur le sol
de la république et y porter des connaissances
très-utiles.
Il suffit aujourd'hui de donner à ce qui existe
une organisation plus convenable pour obtenir
des résultais heureux.
Cinq professeurs et un directeur nous parais-
sent suffire à chacune des deux écoles. Len-
seigiiement pourrait y être distribué de la manieie
qui suit :
1°. Un professeur d'anatomie des animaux do-
mestiques ;
i°. Un professeur de ta connnaissance et de ta
santé de ces mêmes animaux ;
3°. Un professeur de botanique , matière mé-
dicale et ctiimie pharmaceutique ;
4°. Un professeur dé Jorge et de ferrure;
5°. Un professeur des maladies des animaux.
Ces écoles doivent eue ouvertes à tout le
monde ; mais elles sont essentiellement destinées
à ceux qui se proposent d'exercer l'art vétérinaire
ou quelque-une de ses parties.
Pour répandre ces.coiinaissances avec la promp-
titude que demandent les besoins des campagnes,
il nous paraît indispensable que chaque arron. lui est nécessaire , la tournure et les mariieres
dissement communal entretienne un élevé à l'école distinguées qu'il exige , la méthode de chant qui
la plus voisine. Le choix en sera fait par le 1 lui est propre. Ce rôle est, à proprement parler,
sous-préfci , qui s'assurera de 1 intelligence et celui de la Fausse Agnès ; il faut pour l'occuper
de la moralité de léleve : il prendra de pré- à I Opéra , être une comédienne exercée et une
férence les enlans des artistes qui exercent une I cantatrice habile. Mademoiselle Scllmcr, jeune
profession véiérinaiie; son choix de'
iirmé par le préfet.
Chaque élevé recevra 25 francs par mois sur
les centimes additionnels de 1 arrondissement ;
et le directeur de l'école fera connaître sa con-
duite et ses progrès au sous-prétct , au moins
tous les trois mois : celui-ci pourra le remplacer
au besoin , d'après les plaintes poriées par le
directeur.
[La suite demain.]
PRÉFECTURE DE POLICE.
personne , qui parait avoir déjà quelque habitude
du théâtre, mais à laquelle la vue et l'élude des
bons modèles que Paris lentérme. est encore
très-nécessaire, a eu des momens heureux et
d'autres assez faibles.'
Sa taille n'est point élevée , sa figure est peu
régulière , et le caractère de sa phisionortiie
semblerait lui indiquer plutôt l'emploi des
soubrettes que celui auquel elle paiait s auonntr.
Sa voix est pure , et d'un timbre assez bril-
lant , mais quelques éclats élancés avec effort
ne suffisent pas pour prouver que cette jeuae
cantatrice possède des moyens irès-étendus ;
elle en a manqué dans plusieurs passages , se»
Du 16 brumaire an g.
Le préfet de police, informé que beaucoup [finales sont peu soutenues , et pour peu que
de femmes se travestissent, et persuadé (ju'aucune les tons deviennent graves, sa voix ne pro-
d'elles ne quitte les habits de son sexe que pour I duit plus l'effet nécessaire. Ses moyens 1 ont
cause de sanlé \ souvent trahie^ dans l'air de bravoure du second
Considérant que les femmes travesties sont
exposées à une infinité de desagrémeriS , et même
aux méprises des agens de la police , si elles
ne sont pas munies d'une autorisation spéciale
qu'elles puissent représenter au besoin ;
Considérant que cette autorisation doit être
uniforme, et que, jusqu'à ce jour, des per-
missions différentes ont été accordées par diverses
autorités ;
Considérant enfin , que toute femme qui, après
la publication de la présente ordonnance, s ha-
billerait en homme , sans avoir rempli les tor-
maliiés prescrites, donnerait lieu de croire qu'elle
aurait l'intention coupable d'abuser de son tra-
vestissement , ordonne ce qui suit :
Art. I'^. Toutes les permissions de travestis-
sement accordées jusqu'à ce jour, par les sous-
préfets ou les maires du déparlement de la
Seine , et les maires des communes de Saint-
Cloud , Sevrés et Meudon , et même celles ac-
cordées à la préfecture de police , sont et demeu-
rent annullées.
II. Toute femme désirant s'habiller en'homme
devra se présenter à la préfecture de police ,
pour en obtenir lautoiisalion.
ni. Cette autorisation ne sera donnée que sur ' malheureux,
le certificat d'un officier de sanlé , dont la signa- q^,^^ j^ j^^h^, j-^^y^ ^^ Lèandre. donné après
acte.
Nous ne parlerons pas de la manière dont
elle chante le récilaiif; cette partie est la plus
difficile peut-être , quoiqu'en apparence la plus
aisée ; c'est du moins à coup-siàr celle qui
exige le plus d habitude de la scène, en mêrae-
lenns qu'une oreille très - lamiliarisée avtc les
modulations musicales les plus imprévues et
quelquefois les plus bisarres ; touieslois la pro-
nonciation de la jeune demoiselle Sellmer est
pure , nette et trés-distincie . et si son débit
manque encore d'aplomb , d'aisance et de va-
riété , il est difficile de ne pas leconnaître que
le sens en est exact . et 1 intonation juste.
Son attitude à la scène , son geste , sa démar-
che' laissent beaucoup à' désirer ; il était presque
inutile de le dire : ce qui ne s'acquiert que pat
un long usage , peut-il êire le partage d'une dé-
butante :' Celle cloiit nous parlons ici , a reçu
des applaudissemens très-vifs ; qu'elle les regarde,
comme des encourageinens , et les momens de
fFoitle-ar du public comme dés leçons ■, qu'elle,
ne s'ûit ni éblouie par les premiers , ni découra-
gée par les secorids , et elle doit espérer de par-
courir un jour avec avantage une carrière où le
premier pas est si difficile , et où le sien n'estpas
ture sera duement légalisée , et en outre sur
I l'attestation des maires ou commissaires de police,
I portant les noms, prénoms, profession et demeure
de ia requérante.
- IV. Toute femme trouvée travestie , et qui ne
se sera pas conformée aux dispositions des articles
précédens , sera arrêtée et conduite à la préfec-
ture de police.
V. La présente ordonnance sera imprimée ,
affichée dans toute l'étendue du département de
la Seine et dans les communes de Saint Cloud,
Sevrés et Meudon , et envoyée au général-
commandant les i5^ et 17"^ divisions militaiies ,
au général - commandant d'armes de la place
de Paris, aux capitaines de la gendarmerie dans
les départemens de la Seine et de Seine-et-Oise ,
aux maires, aux commissaires de police et aux
officiers de paix, pour que chacun, en ce qui
le concerne en assure 1 exécution.
Le préfet de police, iigne, Dubois.
Fer le préfet.
Le secrétaire-général , signé , Pus.
THE.ATRE DES ARTS.
Mciie Sellmer a paru , hier , pour la première
fois à ce théâtre , dans un rôle très-agréable , mais
aussi très-difficile : celui de Julie dans l'opéia
véritablement bouffon des Prétendus, composition
charmante qu'on croirait soriie de l'école ita-
lienne , et par laquelle Lemoine , trop tôt enlevé
à l'art musical , semblait se délasser de l étude
nécessaire à des productions telles que Phèdre et
Mephté.
Ce rôle de Julie a été établi d'une manière très-
brillante par mademoiselle Gavaudan , plus con-
nue sous le nom du personnage qu' elle avait
joué avec beaucoup de finesse et d'esprit dans le
fameux opéra de Tarare. Aujourdhui il est rem-
pli par mademoiselle Henty, qui nous semble en
avoir saisi la véritable nuance, et y apporter à la
les Prétendus , les progiès rapides, du jeune Saint-
Amand ont été vivement sentis. Il n'est peut-être
pas déplacé de remarquer aussi que madame
Gardel semble apporter une attention délicate à
ne pas quitter le rôle d'Héro , dans un ballet que
nous devons aux ingénieux dessins du citoyen
Milon. S....
Le 25 du présent mois de brumaire , le cît,
Boze, peintre, exposeia au Louvre, pavilloa
des archives , grande cour nationale des arts ,
son tableau repiésentant le premier consul
Bonaparte , en pied , de grandeur naturelle ,
accompagné du général Bertllier , au moment du.
gain de la bataille de Maringo.
Le prix de l'entrée de la salle d'exposition,
qui sera ouvene tous les jours pendant un mois ,
depuis dix heures du matin jusqu'à quatre heures
après-midi , est de 1 fr. 80 cent.
J^ota. L'intention de cet artiste étant de cqn-
sacrer à la gravure de ce tableau, qui intéresse
tous les Itançais ; le produit de l'exposition qu'il
annonce , il sera en conséquence ouvert dans
la salle même de l'exposition , une liste de
souscripteurs pour cette gravure , moyennant
24 fr. à payer lors de la livraison.
COURS DU CHANGL.
Bourse du 23 brumaire.
Rente provisoire 23 fr. 3o c.
Tiers copsoiidé 33 fr. 88 c-
Bons deux tiers 1 fr. 64 c.
Bons d'arréragé 85 fr.
Bons pour lan 8 ... . 9» •>■' 9^ c.
Syndicat 85 f r.
_._ ^ _. ^ ^^^ _ Coupures 84 Ir. 5o c.
fois le mélange de coqueiterie et âe décence qiii. ( Act. de 5o fr. de la caisse des renners.
L'aboaoetHcnt se fait i Paris, rue des Poitevins , q» 18. Le prix est de !5 francs pouf trois mois , 5o frases pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. Oi
s'abonne qu ki/ coaameuccmcnl de ctiaquc mois.
', J(lfautadres!.e. iesieiueset l'argcnl, franc de port ,aucit. Agasse, propriétaire de cejouroal , rue des Poitevins, H» i3. Il faufcomprcndre dans les envois lepoit
payi où l'on ne p-uta ffn iichir. Lr i lettres 4cs départemens non aSfranchies , ne seront point retirées de la poste.
U faut avoirsoiii, pom plus de -.ûrcté, rft charger celles qui reufcrment des valcuis et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille.
Poitevins, n° i3, depuis ieufheures-du mïtiùjusqu'à cinq neures du soir.
pou de
dacteur , rue de
A Paris, dt, l'impruiierie du cit. Agasse , propriéjiiie du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZE'
fATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 55.
Qinntidi , 25 ùrumaire an g de la république française , une et indivisible.
INous sommes autorises a prévenir nos souscripteurs qu'à d«er du 7 Nivôse le M o N i T E u R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les acres du gouvernemen! , les nouvelles des armées , ai.ivi c^ue |c-s faits et le;
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacre nnx sciences , aux arrs et ai;x découvertes nouvelles.
s notions tant sut
EXTERIEUR.
I T A X I E.
Milan , le i2 brumaire an g.
Juge'rncnt rendu par la commission militaire extra-
ordinaire établie par ordre du général en chef
Brune..
V^E jourd'hui 12 brumaire an 9 de la répu-
blique française une et indivisible.
La commission militaire extraordinaire établie
à Milan en venu de l'ordre du général en chef,
en date du 7 du courant , composée des citoyens
Vignolles, général de Ijirrgade , président; Dau-
vergne , adjudani-coramandant ; Demanjeot et
.- Saiel , chefs d'escadron; Daucourt ,chef de ba-
taillon ; Paitru , lieutenant: Dutailly , lieutenant;
Wauiré, capitaine rapporteur; assistés du citoyen
Semin , greffier ;
Lesquels , aux termes de la loi , ne sont parens ,
ri alliés, ni entr'eux, ni des prévenus au degré
prohibé par la constitution.
La commission installée par le général Vignolle ,
commandant la division de la Lombardie . s'est
réunie dans une des salles de l'archevêché , à
l'effet de juger les nommés Pierre Collier, capi-
taine à la suite du i5' régiment de chasseurs à
cheval , adjoint à r.état-major-général de l'armée
, dijralie , âgé de 46 ans , natif de Drarabon , dé-
parlement de la Côte-d Or ; François RipI , capi-
taine , chel d'escadron , au service de sa majesté
l'empereur , chargé de la surveillance de I hô-
pital militaire de S^ini-Luc , pour les autrichiens
à Milan , âgé de 46 , nat'if de Crems en Autriche ;
» et Nicolas-Joseph Baraux , sergent-major , fesant
ilf' les fonctions d'adjudant , sous-officier dans le ba-
taillon léger de Louis Rohan , au service de sa
majesté l'empereur , âgé de 48 ans , natif de
Saint-Denis , cemté de Namur , employé à l'hô-
pital désigné ci - dessus , tous accusés d'es-
^ pionage.
La séance ayant été ouverte , l^président a fait
apporter 'par le arefKer , et déposer devant lui
sur le burea\i , un^xemplaire de l'ordre du gé-
néral en chef, en date du 7 du présent mois de
brumaire , et a demandé ensuite au rapporteur la
lecture du procès-verbal d'information et de toutes
les pièces tant à charge qu'à décharge des accusés
8;u nombre de neuf.
Cette lecture terminée , le président a ordonné
à. la garde d'amener les accusés , lesquels ont été
introduits libres et sans fers devant la commis-
sion , accompagnés de leurs défenseurs officieux,
à 3 heures de relevée.
Interrogés de leurs noms , prénoms , âges ,
professions , lieux de naissance et de domicile ,
ont répondu . le premier se nommer Pierre Col-
lier , âgé de 45 ans , capitaine à la suite du li'
régiment de chasseurs à cheval , adjoint à l'état-
jn jor-général de larmée d'Italie, natif de Dram-
bon , département de la Côte-d Or, à présent à
Milan ; le second a répondu se nommer Fran-
çois Ripl , âgé de 45 ans , natif de Crems en
Autriche , capitaine-chef d'escadron , chargé de
la surveillance de l'hôpital militaire autrichien ;
et le troisième se nommer Nicolas-Joseph Baraux,
âgé de 48 ans, sergent-major, fesant les fonc-
tions d'adjudant dans le bataillon léger de Louis
Rohan au servicede l'empereur, nalif de Saint-De-
nis , comté (le Namur , employé à l'hôpital mi-
litaire autrichien à Milan.
Après avoir donné connaissance 9ux accusés
des faits à leur charge , leur avoir fait prêter in-
lerrogaioire par l'organe du ptésideoi , et repré-
senter les pièces de conviction.
Oui le rapporteur dans son rapport et ses
co clusions , et les accusés dans leurs moyens,
de déiense tant par eux que par leur défenseurs
officieux , le président a demandé aux membres
de la commission s'ils avaient des observations
à laire ; sur leur réponse négative et avant d aller
aux opinions , il a ordonné aux défenseurs el aux
;iLCu'..ésdi; te retirer.
La commission délibérant à huit clos , le pic-
»ideat a poié la question ainsi fiu'il suit ;
Le nommé Pierre Collier , capitaine à la suite
du li"" rc'^imeiit de chasseurs à cheval , adjoint
à léiai-mijor-géiiécal de larmée d'Italie accusé
d espionnage , vst-il coupable ?
Les voix recueillies , la commission militaire
extraordinaire a déclaré à l'unanimité qu'il était
coupable.
Le nommé François Ripl , capitaine chef d'es-
cadron au service de l'empereur chargé de la
surveillance de l'hôpital militaire autrichien à
Milan accusé d'espionage est-il coupable ?
Les voix recueillies , la commission militaire
extraordinaire à déclaré qu'il était coupable.
Le nommé Nicolas Joseph Baraux , sergent-
major, fesant fonctions d'adjudant sous-officier
au service de l'empereur employé à l'hôpiial mi-
litaire autrichien de Saint-Luc , accusé d'espio-
nage est-il coupable ?
Les voix reeueillies, la commission militaire
extraordinaire a déclaré qu'il était coupable.
En conséquence , la commission militaire extra-
ordinaire , a condamné et condamne à la peine
de mort les nommés Collier , Ripi et Baraux ,
convaincus de leur propre aveu , conformément
à l'article I^' de la loi relative aux français ou
étrangers convaincus d'espionage dans les places
de guerre ou dans les armées , aiiisi conçu :
( ladite loi en date du 16 juin 1798 { v. s. )
II Art. pr. Les français ou étrangers convaincus
!i d'espionage dans les places de guerre ou dans
>' les armées . seront punis de mort. >>
Ordonne l'impression , l'affiche et la distri-
biition du présent jugement , enjoint au capi-
taine-rapporteur d'en donner de suite connais-
sance aux condamnés en présence de la "arde
assemblée sous les armes , et de faire exécuter
ledit jugement dans tout son contenu dans les 24
heures ; coiîformément à la loi. Ordonne qu'il
sera envoyé une expédition du présent jugement
au général en chef, aux lieutenans du général
en chef , au commandant de la Lombardie , et
au commandant de la place.
Fait , clos , et jugé sans désemparer en séance
publique à l'Archevêché à Milan, les jour,
mois et an ci-dessus , à neuf heures de relevée,
ei avons signé avec le capitaine-rapporteur et le
greffier.
Signé , Dutailly , lieutenant ; Paitru , lieutenant ;
Daucourt , chef de bataillon ; Salel et Déman-
geât., chefs d'escadron; Dauvergne , adjudant
commandant; Vignolle, général de brigade,
président ; Waufrc , capitaine-iapporteiïr; et
Semin , greffier.
Pour copie conforme ,
Le capitaine-rapporteur , 'Wautré.
Le présent jugement a été lu aux condamnés
à 9 heures et demie de relevée , la garde assem-
blée sous les armes.
■WAnTRÉ , capitaine-rapporteur.
REPUBLIQ.UE BATAYE.
pie d'une lettre écrite de RoHsrdam.
le 1 9 brumaire.
Nous avons éprouvé hier au soir un des plus
terribles ouragans qu on ait vus depuis long-tems
dans le .pays ; on ignore encore tous les maux
qu'il a pu causer. 11 a renversé dans la ville une
partie des cheminées et des clochers, et a décou-
vert les toits d'une quantité de maisons; il a
même , chose inconcevable , décloué les plaques
de cuivre qui couvraient l'église luthérienne , et
les a roulées comme des feuilles de papier. Plu-
sieurs barques et bâtimens ont été jettes à terre
sur la Meusa et dans les canaux voisins. Il a
occasionné une matée tellement haute, que la
partie la plus élevée de la ville a été inondée; et
si le vent n'eût pas varié , l'eau aurait surpassé
les digues, el la basse ville aurait été entièrement
submergée.
L'ouragan a duré depuis cinq heures du malin
jusqu'à six heures du soir, les vents ont varié
de la partie de l'ouest sud-ouest , au nord-
nord-ouest.
L'eau croissant toujours et ayaiit déjà inondé
le bas des maisons , les tuiles , les débiis des
cheminées écrasant les malheureux , que la peur
d être englnutis dans leurs souteraines demeures
forçait de chercher un abri, un vent furieux
arrêtant les voilures malgré les efforts des che-
vaux et précipitant dans les canaux ceux que
la rafale surprenait dans un endroit un peu
découvert , ajoutez à cela la rruit la plus obscure,
les cris du désespoir el des travailleurs , et vous
vous formerez une idée du tableau désaslrctiit
que nous avions sous les yeux.
On attend en tremblant les nouvcl'es de là
mer ; elles ne peuvent être que bien affli-
geantes sur une côie aussi mauvaise
que
I
N T E RIE U R,
Parii , /« 24 brumaire.
L'ouragan du iS n'a pas borné ses ravage»
a notre territoire ; prvsquc toutes les maisons dâ
la Haye ont été ciidomniagées. Les eaux sont
sorties de leurs canauxci se sont répandues dans
la ville.
— Des lettres de Bruxelles annoncetit que deuJt
secousses de tremblement de terre' se sont fait
sentir au plus fort de la tempête.
Plus de deux mille arbres ont été déracinés
dans la forêt de Soignes.
— Il se trouve en ce moment à Paris un jeune:
homme de six pieds huit pouces six lignes ; sa
taille extraordinaire est au reste d'une belle pro^
portion dans toutes ses parties,
— Les officiers de la garde des consuls ayant
eu connaissance de l'étabHssement des soupes
économiques, et jaloux devenir au secours des
malheureux, ont pris quatre-vingt-quatre sous=
criptions audit établissement.
Suite de l'extrait du Juamnl
Copi
Dît l^ frimaire. Q_uatrieme sommation de la
part du co:nmandant de la station anglaise. Ce
commandant insère inpudemment dans sa som-
mation , que l'escadre française ayant six mille'
hoirimes à bord, rencont.ée par 1 escadre an-'
glaise, a été prise ou coulée b^s , excepté trois
frégates. Il prévient officieusement qu'il vient de'
recevoir raillrail nécessaire de sies:e , raoriiets ,
canons , bombes , e-c. Le général Vaubois, dattj
o« répnn.,e-, tV-u .if.v. an-x ^i^^o-jacs p,^„i.
dentés.
On prend néanmoins toutes les précâulionà
d'usage pour mettre la place à l'abri du bom-
bardement. On met un soin tout particulier à pré-
server lescadte. Les bâtimens sont bastingués à
six pieds de hauteur , en colon, en bois^'^ eic*
Du 8 nivôse. On n'a plus de blé que pour
six mois.
11^ arrive un petit navire français et un autre
expédié de Marseille par Bakri , qui apportent à
l'hôpital pour six mois de vin.
On reçoit par le dernier de ces bâtimens un peu
de viande salée dont on manquait.
Les magasins contiennent de l'eau-de-vie en-'
core pour quelques mois , et très-peu de lé=
gumes secs.
Il n'e rcs.te qu'une vingtaine' de bœufs pouf
l'hôpital.
Enfind'état des approvisionnemens est tel , qu'il
réduit la garnison à redouter ia hn de la révolte
de lîle , puisqu'il éH 'faudrait alors nourrir les,
hahitans. ■ ■'' ' ' '
Le roi de Naples qui nous avait tout refusé,
fournissait aux rebelles maltais vivres et muni-
tions de guerre. Deux frégates avec pavillon
napolitain étaient venues se joindre à l'escadre-
anglaise ; ce même pavillon napolitain flottait sur
la cité vieille, chef-lieu des rebelles, et sur les'
batteries qui tiraient sur la place. Le gétiétal
Vaubois ne pouvant correspondre avec son goU=
vernemens^ s'en rapporte à l'évidence des faits j
et considère comme ennemi le consul de Naples
à Malle. Il lui ordonne de se tenir renfermé et
de s'abstenir de toute communicatioa avec lesi
malintentionnés.
23 nivôse. Malgré la surveillance du comman=
dant , une conjuration se tramait dans i'iniéneur
de la place. Le plus grand nombre' des habitanS
y participait ; le projet était concerté avec l'in-
térieur.
Les conjurés devaient égtïrger l'état-niajor dans
le palais, de là se porter à la porte de Marsa»
mucet , égorger le poste, ouvrir la porte, se porter
ensuite à la porte Nationale < autrefois porté
Rédle., prendre un des cav(iUcrs ei tinir par m.ij''
sacrer les français dans la ville aprè* leur àvoi»
coupé toute communication avec U Floiiart ëi
ei4
de l'Est. Un grand nombre de rebelles [ trémité de la sengle où com
...:._. ,,.,i^„,. A.. h,r„MP» à la la Bourmola ; mais ils sont
ks vuiesde riist. ung"n° nombre uc..u.... , j^-~^^-^^^^^ .^^ ^^^^ reçus républicaine
de Me avaient passe P" ,f" Marques a M ^^nt , ils sont m,s en lune ou se sauven, à la
ll^Lr,"^!". aV.^uL à 1, .nrvpillance des ! r>âge , beaucoup se noyenl. La 19= aem.-buaade
ence Tenceinte de Du. 19 ventôse. La garde nationale est chargée
nuit qui les avait dérobés à la surveillance des
sentinelles; ils étaient venus se cacher dans des
magasins extérieurs, qu'un nommé Pulis , par-
f imtui de laSanlé , et I un des chefs de la coriju-
lation leur avait ouverts. Ces conjurés devaient
agir en même leœs que leurs complices de l'in-
térieur, et entrer dans la ville par la porte de
Marsamucet. Pendant le trouble intérieur , les
insurgés de la compagne devaient par leurs atta-
ques ouvertes , occuper encore la garnison sur
les remparts.
La révélation d'un grec , et le courage du
lieutenant Roussel sauvent la garnison.
L'avis donné le matin même par le grec , avait
bien instruit le général Vaubois de ce qui se
qui leur a ^il cet accueil, s'empare des échelles
et des barques.
Les anglais bloquent le port avec beaucoup
plus de piécauiion , depuis que ia Boudeuse et la
Goélette sont entrés.
Les maladies augmentent par suite des fatigues.
Sommation du eommnndant les forces anglaises
navales devant Malte.
Du 19 fevier 1799.
Monsieur,
' Les dernières nouvelles que vous avez reçues
avec le peu d'app ovisionnement qui vous est
arrivé pour voire garnison, doivent vous avoir con-
de faire un service journalier qui doit soulager
la troupe.
Germinal. Dans les premiers jours de ce mois,
le capiiaiiie Gavazza , génoii , arrive pour la
seconde fois. L argent qu'il tire de sa pàcoiille
récompiense son aLiiviié.
Mais la viande fiaîche manque toujours, et
les malades auumenleni; le scorbut, le flux de
sang , la cécié , lont une guerre cruelle à la
1 garnison; elle est diminuée d'un quart depuis le
blocus.
On fait , en travaux défensifs , tout ce qui peut
suppléer au nombre.
L'enceinic est d'une étendue effrayante , le
soldat est nuit et jour sur pied.
Le service militaire est simplifié. On le monte
de manière que personne ne redouble. Aucune
négligée.
Du 20 Jloréal. Nouvel emprunt aux habitans
aisés , pour subvenir à la solde et aux besoins des
hôpitaux. Ainsi , sans avoir reçu un écu de
France , la solde est toujours au courant
billement est entretenu.
( La suite demain.\
et Iha-
passait dans lintérieur. Cet avertissement avait vaincu à piésent que vous ne pouvez avcir aucune ' mesure qui peut ménager les hommes nest
mis la garnison sur ses gardes. Mais on igno- espérance de secours de Fiance ni de I E^spagne.
raie encore le rassemblement caché en dehors j^ j^^j^ donc induit d obéir à la voix de I hu-
près la porte de Marsamucet. : nianité , en vous offrant les mêm es termes de
Roussel , à neuf heures du soir , passant de capitulation qui ont déjà été offerts à votre brave
la ville au fort M4nuel, voit de sa barque remuer gai nison.
quelque chose contre le rerapaa. Cela l'inquieie. \ Vous avez déjà prouve que vous étiez digne
Arrivé au fort, il demande quelques hommes de la confiance que Ion a placée en vous, en
'de la o-arde ■ il en prend sept avec lui et se rend fesant usage de cloute espèce de slratagême pour
droit au magasin de la Santé. Il se trouve au entretenir le courage de vos soldais, et e» dis-
milieu des rebelles; il fait feu; il en blesse ,ir poser à persevcier dans leu.s devoirs dans la
en tue : les uns se rembarquent, d'autres se jettetil plus dure siiuaiion.
à la mer Enfin les huit braves font dix pii- Mais, monsieur, cela ne peut durer plus
ïonniers. Le général fait courir après le reste , et Jong-iems. Ils connaissent à présent leur si^u3-
on en prend encore une trentaine. j lion , et , si vous êtes encore déterminé à iraîner
Un autre événement concourt au succès de ce ^ en longueur plus loug-tems, cela ne peut tendre
jour. Il apporte une cargaison intéressante en qu'à les convaincre , ainsi que le monde entier
approvisionneraens , et en outre la nouvelle de , que vous saciifiei la vie de nombre de personnes
l'expulsion du roi de Sardaigne et de la déroute pour enrichir quelque peu d individus; ce qui
des napolitains. Le général 'Vaubois met cette ne p<
;ut qu'ajouter à la haine implacable des désemparé.
MINISTERE DE LA MARINE.
Extrait de lettres offuieths écrites au ministre de
ia marine et des colonies. — L'Orient, U i5
I brumaire an 9.
' Hier matin , des avis particuliers du Port-
Liberté nous ont apjais qu'un des vaisseaux
anglais croisant dans ces parages était à I ancre
entie Groix elBelle-Isle , et qu'il. paiaissaii être
nouvelle à l'ordre, et ordonne en réjouissance maltais qui ne cesseront jamais de l<iiie tous
«ne salve générale de toutes nos batteries sur les efforts qu'on peut attendre d'un brave peuple
celles des ennemis. Les rebelles de la campagne pour recouvrer leur île. Ils se sont rais sous la
prennent sans doute cette canonnade pour un protection de sa majesté britannique.
signe de succès de la part des conjurés delà ville: j^j l'honneur dêire, etc.
ils approchent en colonne, et la mitraille des i ^ Alexandre Ball.
remparts en fait raison.
Le principal chef de la conjuration était un' Réponse du général Vaubois, à ta sommation du de lui donner des secours. Epouvaniés sans doute
ancien forban ; on le saisit , et le 26 il était déjà commandant anglais. par les coups de tangage de cette machine sans
, -11. , soutien , ds n'osaient trop s'en approcher, tandis
Dn 1" ventôse. qu'un autre gros vaisseau , craignant probable-
J'ai eu l'honneur de vous prévenir , monsieur , rneni le sort de son camarade , mettait dehors au-
lui est dans Malte éiait cécidée ! tant de voiles qu'il pouvait en mettre pour s'éle-
Nous avons en effet apperçu très-distinctement,
de la Tour des signaux , à 5 ^lieues ou environ ,
un gros vaisseau de 74, nmiuel il ne restait
qu'un ironçon du mât de misaine , et la toialilé
du beaupie; le grand mât et le mât d'artimon
étaient absolument à bas. Deux cutters semblaient
tenter les moyens que le mauvais lems leur relusait
Les interrogatoires des autres conjurés saisis,
fournissent des renseignemens qu'on met à profit ,
soit pour la punition des coupables, soit pour', que la garnison qt.. . __„ . . . _.. fuir la baie d'Eiel
^ ■ • "^ •• • ■ ! ue penr plutôt que de rendre la ville. Je n ai ver, et luir la oaie a niei.
A 5 heures du soir, le vaisseau démâté
Au surplus l'état des approvisionnemens s ame- attaquer.
du vin , de la viande salée , un peu d haricots et
de l'eau-de-vie. On a encore quelques bœufs
pour Ihôpital.
Du i5 pluviôse. Entrée dans le port de la lar
J'ai l'honneur d'être , etc.
Signé , le général Vaubois.
Du 8 ventôse. On économise de plus en plus sur
les consommations. A compter de la 2° dé^de
tane le Saint-Esprit , expédiée de la côte d Afri- i de veniôse on ne fait plus de distribution de vin
" .1 1 n _ • . I gj d eau-de-vie que deux fois par décade.
Orr ne donne plus de riz à la troupe ; il est
réservé pour 1 hôpiial ; il en est de même des
haricots. On remplace le riz par des distributions
de porc frais et de fèves.
que par le cit. Ccnseil et le consul Beaussier,
Du 17. Entrée de la frégate la Boudeuse , qui ,
apporte des nouvelles de France, La garnison
apprend la prise de Naples , et le voisinage pro- ;
chain de l'armée d Italie ranime ses espérances, j
Tous les vœux se portent vers la Sicile.
Une goélette partie d'Ancône arrive encore et :
vient augmenter les ressources.
Cependantces envois n'apportent aucuns adou- 1
cissemens à la pénurie des habiians de la place. ]
Le commandant eût compromis le salut de l'ar- '
mée , s'il eût permis aux habitans de puiser dans
les magasins militaires, et le commerce n'amène-
rait aucun bâtiment dont on pût disposer pour la
ville.
Les besoins de la'gamison ne lui font pas fermer
l'oreille aux cris de 1 humanité.
Les malades de l'hospice civil sont traités
comiToe ceux de l'hospice militaire.
Des distributions de blé sont faites aux pau-
vres. Les familles des maltais qui ont suivi l'ex-
pédition d'Egypte reçoivent de préférence tous
les soulagemens qu'il est possible de procurer
aux habitans.
Les rebelles persistent dans leur entreprise.
Cette insurrection était devenue par la suite des
circonstances un événement très-heureux. Les
anglais bloquant étroitement j'île , la garnison
française aurait eu à nourrir une population de
près de 100 mille âmes , qui aurait , en bien peu
de tems , épuise les greniers.
La position des rebelles les mettait à la merci-
des anglais, ceux-ci les menaçant de les bloquer
et de les faire mourir de faim , s'ils se découra-
gent. Les têtes s'échauffent , et les insurgés se
déterminent à tenter un assaut.
Du s8. Ils viennent du fond de la Marse avec
des embarcations : ils approchen* des murs et
appliquent les échelles. Leur principale attaque a
iie« siu le point le plus faible à la vérité (à l'ex-
elait
dans la même position que le matin. Le lems,
sans être calme , n'a pas éié orageux depuis 6
heures jusqu'à II heures ou minuit ; mais depuis
lors . les mêiues vents de S. O. qui avaient mis
l'ennemi dans la position où il était hier
matin , se sont* déchaîaés avec une nouvelle
fureur, '•
Du 17 brumaire. — Le vaisseau anglais dont je
vous ai parlé dans ma lettre du i5 , élait le
Marlborough , de 74, capitaine Soiheby. D'après
tous les rapports, il parait qu'au moment où je
vous rendais compte de tous ses désastres, il
n'était déjà plus.
Suivant toute apparence , les anglaisent profité
de la cessation momentanée des venis dans la
Du 9. La garnison a le désagrément de voir | nuil du 14 au l5 , pour sauver les équipages
un lâche bâtiment génois se renJre à l'entrée j du Marlborough , el incendier le vaisseau. A 2
même du port , et au moment où il n'avait plus ! heures , une forte explosion a été entendue du
ïicn à craindre. [fort Penihievre et du fort de Knès. Celui-ci
Du i5 Un parlementaire se présente de la parT^ ^ême prétend avoir éprouvé la commoàon pro-
de 1 oBicier anglais , commandant le poste Rebell j duite par le feu des poudres.
" ■ '^ ' « ■ . .... . . Cependant , quelques habitans des environs de
l'erabouchure de la rivière d Eiel , préiendent
que le Marlborough a'a brû.é que jusquà li
floitaison , et que la carcasse est toujoais air
même endroit , aniarrée , et ienantsur les ancres.
Au premier embelli , je lerai vérifier ce fait , et
reconnaître s'il y a quelque chose à sauver.
Des débris du vaisseau que les vagues ont
portés à lerre , la chaloupe seule est parvenue
en assez bon état. Elle a été mise en sûreté ,
autant qu'ont pu le permettre les circonstances.
Le bruit se répand depuis ce matin qu'un autre
vaisseau anglais, mouillé sous les glénans , a*
chassé avant - hier» jusque vers ia rivière de
Poniaven.
Le tems est si mauvais , que nous n'avons
point reçu de courier aujourd'hui. If est présu-
mable que le passage de la Roche-Bernard n'est
pas pi<aiicable.
Dunktrque , 18 brumaire. — Aujourd'hui à
midi, il s'est élevé un coup de vent affreux de
la partie du sud - ouest variant à l'ouest.
A 2 heures et demie , plusieurs bateaux canon-
mers et péniches ont été en dérive dans le
bassin; d'où il résulte que quelques-unes de»
péniches ont beaucoup souffert.
A 4 heures , le ciel s'éiant un peu éclairci ,
on a reconnu qu'il ne restait plus sur la rade
qu'une des batteries flottantes , qui avait dérivé
jusqu'au j,tort Blanc. La batterie la République ,
rie Cazal-Zeitou. Sa mission n avait d'autre but
que de comiTiunitjuer une lettre particulière de
Naples , contenant des nouvelles défavorables à
la république. Le général Vaubois adresse à ce
sujet la lettre suivante au commandant en chef
des forces navales devant Malte. '
Au commandant des forces anglaises devant Malte.
Malle , du i5 ventôse.
J'ai eu lieu d être étonné , monsieur , de l'ar-
rivée hier par terre de soi-disant parlementaires
chargés dune letire insignifiante.
Je ne puis et ne dois en recevoir que de vous,
pendant que vous commandez une escadre bri-
tannique devant Malte. Je ne communique pas
avec des officiers particuliers, sur-tout quand ils
se disent commandans des troupes maltaises. Les
troupes maltaises ne sont qu'un rassemblement
de rebelles , et celui qui les commande n'est
plus considéré par moi que comme un officier
ennemi d'une puissance avec laquelle nous som-
mes en guerre.
La curiosité seule a sûrement occasionné cette
démarche. Il était de mon devoir de traiter ces
parlementaires comme des espions, et vous con-
naissez leur sort ; mais , par humanité et par
générosité , je vous renvoie l'anglais , et je garde
les tiois maltais.
J'ai l'honneur , etc.
Signé, le général Vaubois,
21 5.
deux bâiimens du commerce, dont l'un amé-
ricain et l'autre sous pavillon danois , avaient dis-
paru , ainsi que le bateau des pilotes. On pen-
sait que ces bâtimens avaient pu gagner Osiende;
mais à environ 5 heures , le gardien de la tour
m'a rappoité que la baileiie la République
avait fait côte à la hauteur de Zudcoote , à envi-
ron deux lieues d'ici , et que la mer passait par-
dessus. J ai envoyé du monde par terre pour
porter du secours. On ignore le sort des deux
autres bâiiraens et du bateau des pilotes,
Le coup de vent a aussi occasionné des dégâts
considérables dans les maisons, magasins et éia-
blissemens dépendans du parc. Des toits sont
presqu'entiéumenl découverts , des cheminées
renversées, des croisées enfoncées, des palissa-
des abattues , des leverberes enlevés. L'ingénieur
des bâtimens civils évalue à plus de i5,ooo fr. la
réparation du dommage.
Du 19 biumaWe. Lf batierie flottante la Répu-
blique , qui a échoué à la hauteur de Zudcooie ,
est ensablée ; mais on espère que ce bâtiment
n'est pai crevé , et qu'on pourra le relever s'il
ne survient pas de mauvais tems à la mer basse.
On a sauvé tout l'équipage , à l'exception d'un
soldat d'artillerie de marine , d'un matelot ei
d'un mousse qui s'étaient jetés à la mer pour
gagner le rivage. Il a été retiré de ce bâtiment
beaucoup d'ctîets de gréémcnt et arnit-ment qui
ont été transportés aujouid hui par terre ici. On
continuera demain le sauvetage.
Le bâtiment sous pavillon danois a péri corps
et biens.
On n'a point de nouvelles- du bâtiment amé-
ricain', qui est chargé de tabac.
Le bateau des pilotes est entré aujourd'hui en
rade.
Plusieurs bâiimens canonnieis , des péniches
et des canots ont coulé dans le bassin. On va
s'occuper sans relâche de remédier à ces avaries ,
ainsi qu'aux dommages considérables qu'ont
éprouvés les élablissemens de la marine ; mais
les maisons de la ville ayant aussi beaucoup
souffert , on a de la peine à trouver des ou-
vriers.
Anvers , 18 brumaire. Nous avons été livrés
pendant cette journée à un des plus affreux ou-
ragans qui se soient jamais fait ressentir dans
ces contrées. Les malheurs arrivés sur l'Escaut
seront très-grands. La corvette \ Alerte ^ mouillée
devant le port de celte ville , n'a pu parvenir à
se sauver qu'en coupant une partie de sa mâ-
ture. Les dégâts qu'ont éprouvés les quartiers si-
tués sur les quais , sont considérables.
Havre , 19 brumaire. On coup de vent extrê-
mement violent , qui a commencé hier matin et
a duré presque toute la journée , a causé beau-
coup de dégâts.
Tous les toîis des bâtimens civils de la marine
ont considérablement souffert , ainsi que quel-
ques corps-de-garde , et particulièrement le poste
des signaux de la Hêve. Le magasin du Hoc qui
renferme des poudres , a une partie de sa cou-
verture enlevée. Je viens d'ordonner que la ré-
paration en soit faite sans retard , et je l'ai pro-
visoirement fait couvrir de prélarts pour empêcher
que la poudre ne soit exposée à la pluie.
Jusqu'à présent il ne m'a été annoncé aucun
naufrage. Les pêcheurs d'Honfleur et du Havre
n'étaient heureusement pas à la mer pendant ce
coup de vent,
Fleisingue , 19 brumaire. Hier 18 , sur les neuf
_ heures et demie du matin , un ouragan affreux
s'est déclaré.
La frégate la Carmagnole ayant été abordée par
l'Incorruptible , dont le cable avait cassé, a filé
les siens pour l'éviter ; mais empêchée par la
violence du vent et du courant de taire léte ,
elle tomba en travers , cassa ses cables et/fut
jetée à la côte , à une lieue de la rade , sur un
banc de sable, oii courant les risques d'ouvrir ,
le capitaine s'est vu forcé de faire couper ses
mâts. Un aspirant de 2^ classe a été tué dans le
démâtage.
. Les Irégates l'Incorruptible et la Poursuivante
eni eu des cables rompus et des vergues cassées.
La corvette la Foudroyante , mouillée en rade
-de Ramkins a été jetée à la côte à deux lieues
de là, ayant rompu successivement quatre cables.
Je m'occupe à secourir ces bâtimens, et j'es-
père parvenir à les conserver à la république.
La marine baiave n'a pas été plus heureuse. Le
Ptuto , mouillé en cette rade , a aussi tau côte.
La violince de 1 ouragan , qui a duié environ
tept heures, a été telle que plusieurs bâtimens
ont coulé >ur leursancres.
Le désastre a été général. A terre , des moulins ,
de» maisons entières ont été renversés. Les équi-
pages des vaisseaux . occupés de leur sûreté per-
aoiinellc , et dans limpossibiliié de mettre leurs
canots à la mer , voyaient passer des hommes le
long de leurs bords sans pouvoir les sauver.
Signé , FoufAiT,
Nous publions l'extrait suivant de la corres-
pondance du ministère de l'intérieur , sur l'état
de la France.
La population du département de la Meuse
n'est pas diminuée depuis la lévolution. J'en ai
la preuve ac(]iiise par les renseigmmcns que je
me suis procurés près des sous-préfets et des
maires du i''. arrondissement , pour former
l'état demandé par votre circulaire du 26 tloiéal ;
cet état présente un total de Q6y522 individus.
Or , le recensement opéié , en exécution
de la loi du 10 vendémiaire an 4, ne portait
ce total qu'à 254,840.
Il y a donc une augmentation de j5,j82 in-
dividus.
Je conçois que la formé de cet état a pu
entraîner des erreurs dans quelques communes,
où les maires peu éclairés , malgré les instruc-
tions qui leur ont été données , auront com]>ié ,
par double emploi , les jeunes gens non m, niés
et les militaires vivans ; mais comme dans des
opérations semblables , où Ion a besoin du
concours des fonctionnaires qui sont placés im-
médiatement auprès du peuple , on ne peut ,
quelques précautions que l'on prenne , atteindre
à une exactitude rigoureuse , je crois qu'il faut
s'en tenir à un terme moyen , et regarder la
population actuelle du département de la Meuse ,
comme s'élevarit à 260000 âmes. Cela posé , il
y a de 817 a 81S habiians , par \ieat quarrèe.
. Lorsque j'aurai obtenu les états supplétifs que
j'ai demandés , pour connaître précisément le
nombre des naissances , mariages et décès qui
ont eu lieu dans mon arrondissement pendant
l'an S, j'appuierai ces réflexions de nouvelles
preuves.
Maintenant je crois avoir suBîsamment dé-
montré la vérité de l'assertion que j'.d faiie au
commencement de cet article. J ai indiqué dans
ma correspondance précédenie quelques-unes
des causes auxquelles j'attribue l'augmentation
de la population , malgré tant de circonstances
qui semblaient devoir produire des effets con-
traires.
Il est de la justice de compter parmi ces
causes :
1°. Les progrès qu'ont fait la médecine , la
chirurgie et l'art de l'accouchement , art pré-
cieux qui fera cesser dans ce département , les
maux que l'irapériiie des sages-femmes fait peser
sur les campagnes , si mon arrêté du aS fruc-
tidor, qui a obtenu votre approbation , reçoit,
comme je l'espe.re „ une entière exécution.
2°. L'obligation que s'imposent les mères de
suivre les conseils de Rousseau en allaitant leurs
enfans.
3°. Les victoires que le tems obtient sur les
piéjugés qui s'opposaient à l'inoculation. Il est
d'autant plus à désirer que ce triomphe soit
général , que la petite vérole qui s'est manifestée
sur plusieuis points de ce département a pris,
depuis environ deux mois , un caractère de
malignité , tel que beaucoup d enfans en ont
été victimes.
CONSEIL- D' ETA T.
Suite du rapport et projet de loi sur l'instruction
publique , présentés au conseil-d'élat , section de
I inteneur , par J. A. Chaptal.
§ V.
Ecole spéciale des arts mécaniques et. chimiques.
I Le peuple dont les arts manufacturiers sont les
plus parfaits , tient les autres dans sa dépendance
et établit sa prospérité sur la consommation qu'ils
font de ses produits. C'est donc à perfectionner
nos arts que doivent tendre tous nos efforts.
Le moyen le plus sûr de parvenir à ce but,
consiste à porter la lumière dans les ateliers ,
à y diriger tous les pas de I artiste , et à rendre
sa marche aussi sûre que facile. Dans l'état où
sont aujourd'hui les arts en Europe , celui-là
a le plus d'avantage qui einploie dans ses opé-
rations des procédés plus parfaits et des moyens
plus économiques : or , la mécanique et la chimie
nous amènent à ces perfectionnemens ; la pre-
mière , en organisant une main-d'œuvre plus
facile ; la seconde , en fournissant des méthodes
d'opérer plus simples ou plus exactes.
La mécanique centuple les forces de l'homme ,
et donne des produits plus réguliers , plus par-
faits que tous ceux que peut produire fa main
de l'homme. La chimie dirige les opérations ,
varie les procédés, maîtrise les résultats , et pré-
senie des effets constans , toujours prévus, tou-
jours calculés , là où l'aveugle routine ne voit
que hasard. C est donc sur ces deux bases , mé-
canique et chimie , qu'il faut élever la gloire et
la piospérité des arts en France.
II paraîtra très-extraordinaire à la postérité que,
dans un tems où un système de destruction cou-
vrait la Fiance des débris de tous nos ans, on
ait pu soustraire à la main des Vandales
les plus précieux monumeas du génie et de
l'induslïie française : c'est cependant ce qui a
été lait par un décret de la conv ntion , du
19 vendémiaire an 3 , qui a ini^titué le conser-
vatoire des arts et métiers. Au même moment,
d' s hommes aussi zélés qu habiles se sont em-
pressés de couvrir de l'égide de cette loi sa-
lutaire , la C'iUeciion du Louvre, formée de»
machines de Pajol-d'Uiembraf ; celle drs arts mé-
caniques du palais d Orléans, et le dépôt de
Vaucanson , légué au gouvernement en 1783.
Ces précieuses collections ont été réparées et
enrichies jusques en l'an 3 , oi\ une nouvelle
loi , du 17 floréal , a consacré la ci-devant abbaye
de Saint-Martin-des-Charaps pour les y réunir.
Déjà ce superbe local est préparé pour recueillir
celte collection , la plus riche et la plus belle
de l'Europe.
Cette collection offre plusieurs avantages : elle •
présente à l'esprit l'état actuel de notre industrie ;
elle efface ou aplanit pour l'artiste le chemin
par lequel on arrive à connaître !e degié de
perfection où l'art s'est élevé. Un dépôt de ma-
chines est la bibliothèque de l'ariisie : il y lit
les progrès de son art ; il y voit toute la pensée
de l'auteur d une découverte ; et , en compa-
rant, son imagination peut parvenir sans efforts
a des peifectionncmens que l'inexactitude de ses
meihodes de pratique ne lui eût jamais sug-
gérés.
Un artiste ne peut pas , sans éprouver de l'en-
thousiasme , voir dérouler à ses yeux les pro-
diges de l'industrie : son imagination , son génie ,
s'enflamment du désir d'ajouter ses découverte»'
à celles qui lui sont préscniées ; et ce ferment
jeté dans le cœur de l'homme à talent , ne peut
que se développer avec fruit.
La description d'une machine offerte aux yeux
et mise sous la main , a encore I avantage de
fixer ou de former une langue uniforme pouf
les arts ; ce qui est d'autant plus neCt.ssaire ,
qu'elle varie de ville en ville, et que les dé-
couvertes en mécanique ne peuvent que diffici-
cilemcnt se transmettre.
Il y a peu de chose à faire pour donner au
conservaioire des arts et métiers tous les déve-
loppemens dont il est susceptible.
Il y existe déjà trois professeurs et un des-
sinateur : il ne s'agit que de leur distribuer 1 en-:
seignement , de manière à fournir aux artistes
tous les principes sur lesquels ils peuvent appuyer;
leur pratique.
L'un des professeurs pourrait être chargé da
l'enseignement de la mécanique et de l'hydrauli-
que ;• , '
Le second s'occuperait de l'art de la construc-
tion des machines et outils;
Le troisième enseignerait la chimie appliquée
aux arts ;
Et le quatrième instruirait sur iart du dessin.
Mais l'enseignement de la mécanique et delà
chimie des ans , concentré dans Paris , ne pour-
rait pas devenir d'un avantage général pour toutes
les parties de la république. Les eiifans'des artistes
ont rarement les moyens d'aller puiser I instruc-
tion au loin; et nous croyons que le gouver-
I nement ferait une chose tiès-utile aux arts et
I fabriques , en multipliant ces écoles, que la sim-
I plicité de leur organisation rend très-peu dis-
pendieuses. Nous proposons donc d'en créef
quatre pour toute la république : on pgrurrait
les établir à Paris , Bruxelles , Lyon et Toulouse.
Le nombre des professeurs pourrait être réduit
à trois dans les 'trois dernières de ces écoles; ce-
lui de construction peut y être supprimé sans'
inconvénient.
§. VL .
Ecole spéciale des arts du dessin.
Le dessin fait la base des connaissances né-
cessaires au peintre , au sculpteur et à larchi-
lecte ; et c'est à l'étude de ce premier des artâ
que nous consacrons une école spéciale , sous
le nom d'école des arts du dessin.
Les grands hommes qu'a produits l'école fran-
çaise depuis qu'elle a été créée par Charles Le-,
brun en 1648, proiavent trop la bonié de soa ■
organisation , pour que nous n'en respections pas
les bases. Ainsi nous nous bornerons à pioposer
quelques légères modifications qui paraissent être
désirées par les artistes eux-mêmes.
L'école pourrait être composée ainsi qu'il suit ;
1°. Six professeurs pour li peinture ;
2". Six pour la sculpture ;
3°. Quatre pour l'architecture et la construction ;
4°. Un professeur à'anatomie;
b". Un de perspective ;
6°. Un d'histoire , antiquité et costumes ;
7°. Un de géométrie descriptive.
Il est aisé déjuger que les artistes célèbres qu'on
appelle à exercer les fonctions de prolesseiiis ,
ne doivent pas se livrer exclusivement à I cnsW-
gnement : l'école ne doit être pour eux que le
délassement des travaux de leurs ateliers. C'or
pour cela que nous établissons un nombre cuiui-
si6
dérable de professeurs , pour qu'ils ne soient pas |
oljligcs de doiinerplus de deux mois à l'enseigne- I
menl; c'est ;iu rcsie 11- seid moyen de pouvoir con- j
V VIII.
Ecole spéciale d'histoire naturelle.
n les
loire et les progiès de l'art.
;iu r
sacrer a linsuii
le» genres , et d obi
prëeeple , pour la E
L'ancien gouvernemenl avait mu'UipMé les
eoiicriurs et les prix de telle manière que l'ému-
lalion , corjstanimcni excitée pir l'espérance, pro-
duis.it Its plus heureux efforts. Ces piix , ces
concours doivent êire continués : le voyage à
Rome doit toujours être la principale des récom-
penses ; car , quoicjue nous possédions , en ce
moment plusieurs des chefs-d œuvre qui y atti-
raient les jeunes artistes , il y reste encore assez
de monuiiiens précieux pour qu'on puisse re-
garder cette ville comme le séjour fortuné des
arts.
Sous l'ancien régime , les encouragemens don-
nés par le gouvernement ne se bornaient pas
aux élevés : les professeurs eux-mêmes en rece-
vaient des secours dignes d'eux et de lui : tous
les deux ans, il fesait exécuter, par les plus
habiles artistes , 8 grands tableaux d'histoire et 2
s'atues. En renouvelant ce mode précieux d'en-
couta.gemeni , le gouvernement actuel n'aura à
fixer son choix , ni sur des sujets puisés dans
1 histoire des peuples anciens , ni sur des hom-
mes qui appartiennent à d'autres tems ; la nation
est riche de ses propres faits ; c'est dans le couit
espace des d;X années qui viennent de s'écouler ,
<|ue l'artiste trouver^ les hé|ros et les actions de
toute l'antiquité.
S- VII.
Ecoles spéciales de musique.
Avant la révolution, on pouvait regarder les
nuittises établies près des chapitres , des cathé-
drales ou des abbayes , comme les écoles pri-
maires de l'art de la musique. Le culte catho-
lique était célébré avec la |ilus grande solemnité
dans quelques églises , et par-tout c'étaient des
musiciens salariés qui y fesaient le service.
I Nous proposerons donc d'ériger le collège de
La suppression de tous ces établissemens a F^^rice en une école spéciale de belles - lettres et
privé lait musical de ses principales ressources. , ^„-^,,^^^ ^^^^^^^^ ^^ ^j^^^j-,,,^,,^,^^^ . „ous lui don-
La loi du i6 ihermidor an3 a crée le «n«™'i- Uerons un degré duiiliié de plus, en .lui atiri-
to-ire de musique . elle y a ouvert un asyle aux ^^^^^ l'honorable foncuon de former des proies-
premiers talens de 1 Europe. Sans doute elle a | ^^^^^ j^ belles-lcures , de physique et de chimie
fait beaucoup pour l'an en tecuMllant et hono- | ^^^^ i^j ^^^i^j communales,
rant ces artistes distingués ; mais , en les concen-
trant sur un point de la république , elle n'a tien .
fait qu'on puisse compare! à ces premiers éta- .
blisseraens , où le germe du talent trouvait un j
asyle , où des dispositions heureuses étaient sen- i
tii's et encouragées , ei d'où se répandait dans |
..ers talens duns tous j Le muséum d'histoire naturelle .. organisé par la
fois l'exemple et le loi du 10 juin lygS , piésente . en ce moment , le
système d'enseignement le plus complet qu'il y
ait en Euiope, tant sous le rapport des riches
colieclioiis qu'il possède , que sous celui des
hommes célèbres qui y professent. Nous n'y
proposerons donc aucun changement •, mafs la
loi doit imposer à cette école la lâche honorable
de former des professcuis dhisioire naturelle
pour toùies les écoles de département : il n'y a
que ce moyen de donner à celte partie intéres-
sante de l'instruction publique , dans les dépar-
temtns , le caractère d'utilité qui la rend d une
application journalière à tous les besoins de la
.société.
§. IX.
Ecole spéciale de belles-lettres et sciences physiques
et mathématiques.
Le collège de France est à la fois le monument
le plus ancien et un des plus utiles que possède
l'instruction publique. Créé en l53o par François
I'', il fut soutenu et perfectionné jusquà n«)S
jours ; et en ce moment , il présente un des sys-
tèmes d'enseignement les plus complets qu il y ait
en Europe. Trois professeurs y enseignent les
mathéraaiiques et l'astronomie : cinq cours y sont
ouverts à l'enseignement des sciences physiques;
deux ont pour objet le droit public et 1 histoire. •'
Les langues anciennes et orientales, la poésie ,
l'éloquence , l'histoire de la littérature française , y
forment , sous huit professeurs , le complément
d'une instruction presque universelle.
Cet établissement , qui a passé , comme par mi-
racle , à travers tous les orages de la révolution ,
et est toujours resté debout au milieu des ruines
qui l'entouraient, ne sera ni supprimé ni dégradé
dans un moment où le gouvernement cherche à
létablir ce qui a été détruit , à réorganiser tout ce
qui peut être utile.
TITRE IV.
INSTITUT NATIONAL DES SCIÏNCES ET ARTS.
toute la masse du peuple le goût de la musique.
Celui qui sait quel est le pouvoir de la musique
sur une nation , combien elle a d'influence sur
nos moeurs et répand de charmes sur notre vie
domestique , cherche les moyens de replacer
dans nos villes quelque genre d'institution qui
réveille le gotit du chant dans toutes les classes
de la société , et y reporte la gaieté , dont il est
l'expression la plus ordinaire.
En attendant que des circonstances plus heu-
reuses 'permeitent au gouvernement de former
des institutions musicales sur presque tous les
points de la république , nous cioyons très-avan-
tageux d'établir six petites écoles de musique
d'ans les villes les plus considérables de la France.
Il est à remarquer que , depuis l'assemblée cons-
tituante jusqu'à nos jours, tous les ptojets d'ins-
truction publique qui ont été préseniés , piopo-
sent un Institut national destiné à recueillir les
découvertes , à propager les connaissances, et à
réunir les hommes les plus distingués dans les
sciences et dans les arts.
L'avantage de ce bel établissement a été si
généralement senti, que les constitutions de l'an 3
et de l'an 8 en ont fait un article du pacte
social.
L'institut est organisé d'après la loi du 3 , bru-
maire an 4 ; et malgré quelques vices que l'expé-
rience a fait connaître dans sa constitution , il
n'en forme pas moins un des plus beaux monu-
roens de la gloire nationale.
Il suffirait peut-être de rapporter la loi régie'
clature des divers objeis qu^embrasse l'institut ,
pour se convaincre que la paille de l'éloquence
a été sacrifiée dans son organisation primitive. Cette
lacune a été d'autani mieux sentie , que tous les
talens disiingués de l'académie française n'ont pas
pu trouver place dans le cadre étroit qu'offrait la
loi ; et nous croyons qu'il laut créer une section
dans la troisième classe , sous le titre de section
d'éloqnenrc.
ArPEkÇU DES HÉPENSF.S de LlNSTftUCTlON..
PUliLlOUE , d'après le PLAN PROPOSIi.
1°. Ecoles municipales. En supposant l'instriic- •
lion publique organisée sur tous les points de la
république, nous avons déjà prouvé qu il y'
aurait vingt-trois mille écoles municipales , ce qui'
formerait une dépense d environ 5,ooo.ooo , à la'
charge des arrondisseinens communaux.
2°. Ecoles communales. Il paraît prouvé pat'
l'expérience , cl d apiès l'état actuel de la Fiance",
que deux cent cinquanle collèges , ou écoles,
communales , snlhront à. l'instruction seçoni-
daire.
Chaque collège a im d'recteur et cinq profes-
seurs. Le terme moi en du traitement des pro-
fesseurs est de i5oo_ francs. Ainsi, il y aurait
dans la république douze cent cinquanle pro-
fesseurs et deux cent cinquante directeurs,
dont les iraitemens foiraeraiént une somme totale*
de 3,000,000.
En supposant de 600 fr. la pension de chaque'
élevé salarié, les huit cents coiîteraient 480,000
francs. ' '
3°. Êfo/(!i jj!>ccîi2/ef , 1 ,3o6,6oo francs.
4". Institut national ., 266,000 francs.
Ainsi , eii supposant l'instruction complète pour
toute la France ; en admettant qu'il n'y ait pas un
point sur le sol de la république ou l'instruction ne
soit possible pour tous et suffisante pour tous les>
besoins de la société, la dépense se bornerait à
ure somme annuelle d'environ 9,500,000 fiancs,
sur laquelle il serait pris 5, 000, 000 sur les cen-
times additionnels des arioudisseinens , pour
les écoles municipales ; 3,ooo,ooo sur les cen-
times additionnels , tant des départemens que'
des arrondisseméns , pour les écoles communales;
et i,5oo,ooo francs sur le trésor public , pour les
écoles spéciales.
C Ecoles municipales. 5,ooo,ooO'
Total j Ecoles communales. 3,ooo,ooo
de la dépense. \ Ecoles spéciales. . . i. 306,600"
f Institut 266,000^
Chacune de ces écoles pourrait être composée de mentaire du i5 germinal an 4 , qui lui a prescrit
quatre professeurs
Un de musique , un de charit , un. de violon ,
un de basse.
Ces écoles auraient l'avantage de placer con-
venablement les élevés les plus distingués du
conservatoire, de propager le goût de la musique ,
de fournir des moyens faciles pour l'instruction ,
de former des musiciens pour les bataillons , de
présenter .des ressources pour les fêtes publi-
ques , de distinguer et recueillir les talens qui
deviennent rares de plus en plus sur nos théâtres.
Le conservaioire de musique , qui existe à
Paris , est la seule- école de ce genre que possède
la Fiance; c'est presque la seule ressource qui
soit ouverte aux artistes : nous sommes donc
bien éloignés d'en proposer la suppression ; mais
nous pcnsotTS qu'on peut, borner à soixante-dix-
hnit le nonibie Jes membres du conservatoire,
porté à cent dix-huit par la loi du 16 thermidor
an.3.;.ct à quatre cents, celui des élevés des deux
sexes , fixé a, six cçnts p*r la. même loi.
un mode de scrutin , une manière invariable de
remplacement , et l'a ainsi assujetti à des formes
vicieuses , pour que l'institut n'offrît plus que l'en-
semble de connaissances le plus complet, le plus
imposant, dont une nation puisse s honorer.
On pourrait encore reprocher à l'organisation
actuelle de l'instilul , de s'être beaucoup trop
écartée de ce que l'expérience avait montré de
perfection dans la composition de nos anciennes
académies.' Le même, homme , par exemple , en
suivait tous les détails , en devenait l'historien ,
et attac! a ' , d une manière toute particulie re , la
gloire de son nom à celle du corps dont 't éta t
1 organe; il y avait plus de suite dans l'admi-
nistration, plus de célérité dans l'exécution , plus
d'ordre dans la marche ; et on ne peut pas nier
que le réiM'issement d'un secrétaire perpétuel font
chaque classe de l'institut, en rouvrant une car-
rière qui présente tant de grands hommes pour
modèles , ne contribuât à la gloire de ce corps et
aux progrès des sciences.
Il suffit de jeter un coup-d'oeil sur la nomen-
9,572,600
La dépense totale de linstruclion publique s'élè-
verait donc à une somme d environ 10,000,000 ,
si jamais elle était si complètement organisée qu'il.
n'existât pas un seul point sur le sol de la repu--
blique où chaque individu ne trouvât une ins-
truction suffisante et proportionnée à se».
besoins.
La suite demain.
COURS DU CHANGE
Bourse du 24 brumaire.
Rente provisoire s3 fr. 65 c.
Tiers consolidé 34 Ir. 10 c.
Bons deux tiers i fr. 64 c.
Bons d'arréragé 85 fr. i3 c.
Bons pour lan 8 , gS fr. 5o c.
Syndicat 84 fr. 5o c.
Coupures......../-.-. ^. S'4 h- 5o g.
Act. de 5o fr. delacai«se des rentier*;
S P E C T A C L E S.
Théâtre de la Republk^ue et des Arts.
Auj.-ies Horaces, opéra en 3 actes, et le ballet
de Psyché. .
1 HÉAïRE DE la RUE Eeydeaxi. Aujjourd'hui
la ,9^ repr. de Tjméo , opéra en trois actes ,
suiy. à' Augustine et Benjamin.
THÉATilE DU Marais , rue Cuitute-Caiherine.
Auj. 'Je Roi Léar , irag. en 5 actes, suivie de la
jore jejjr. liis fausses Alarmes.
Théâtre DES jEUf;ES élevés, rue deThionville.
Auj le Mariage du Capucin ; les deux Bergères ,
et Cassandrecomédien.
Théâtre DU. Vaudeville. Apj. la»* repr. (itt
Retour d'Arlequin dans son ménage .. suite À' Arle-
quin afficheur., suivie d'une scène de complimenr;
ie Testament , et la Danse interrompue-
L'abounemcat se fait 1 Paria, rue des Poitevins
fi'aboaue qu "m/ commeucenaent de cliaque mois.
Il faut adresse, les lettres et l'argent , ffaoc de port , au cit. Agasse, piop
;pays où l'on ne p-ut J ffn iicllir. Lr s lettres Hes départemens non alTranchic
it.fauuavoir soia, pour >>lus de «ùreté, dt charger celles qui renfermen
Poiie.vins n"* i3, depuis .leuf heures du œatin jusqu'à cinq oeures dusoir
. Leprîxestde23 francspourtroismois, 3o fraacs pour si
: de cejournal ,ruc des Poitc
eroutpoint retirées de la pos
leurs, ccadrcsser tout ce quii
, et 100 francs pour l'année entière. On tu
a" 18. Ilfaufcomprendre dan» les envois le potl 4o
rpe la rédaction de la feuille , au rédacteur . rue de
A" Pa vi s, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETtîf NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
JV° 56.
SexHdî\^^z6 ^brumairean g delà république française , une et indivisible.
Nous sommes aucotisés à prévenir nos- souscripteurs qu'à'd.*fcâ>fiiu--'7 -Mvose le MONITEUR est le snul journal officiel.
11 contient les séances des autorités constauéty , les acres du gouyernemenï , les nouvelles des aruiées , ainsi que les faits et les notions tant sur '
l'inr<^vieur que sur l'extérieur, fournis' 'parjles"correspond?.nces ministéfiélles.
Un' article sera particulièrement consac,^é 'aux jscàences', aux arts ttt aux découvertes nouvelles.
I N T É R I E U^R.
Paris , le ^5 brumaire.
XjES chevaux envoyés par S. M. le roi d Espagne
au premier consul , éiaient arriv.és, décadi deancr,
sous la conduite de dora Chéli. Ils opt été, pré-
sentés aujourd'hui à la grande parade. Ils, sont
de la plus grande beauté , de la plus belle lofme ,
ei presque tous d'un pelage très-raie.
Le !"■ , dont le nom est Marotq , est gris éloilé,,
a 4 pieds 6 pouce» et demi , et ôans. •{■>'•
Le 2' , Colegial , est gris éloilé prolongé i-a':4'ir.
7 pouces et demi , et 7 ans. .■ , 1! •hâ l l
Le 3' , Sereno , est bai , poil blaric 'ai' ftjWtiva
4 p. ) I p. et demi , et 6 ans. ■ '^'' 'i-''^ "'
. Le 4"= , Cigarrero , est bai , poil blanc au front ,
a 4 p. S p. , et 5 ans. - '
Le 5' , Cigueno , est bai, a 4 p. 8 p. et demi ,
et 4 ans.
Le 6' , Romero , est gris , poil blanc au froat ,
a 4 p. 7 p. et demi , et 5 ans.
Le 7' , Barquero , est bai , a 4 p. 7 p. et ûeœi ,
et 4 ans.
Le S' , CarpenUro , est isabelle , poil blanc au
front , a 4 p. 7 p. et demi , et 4 ans.
Le 9' , Cumeto , tigré étoile ,34 p. 9 p. et demi ,
et 4 ans.
Le 10' , Monarca , perle , chaussé de pied
hors du monioiie de derrière , a 4 p. 8. p. et
demi , et 4 ans. • . -
Le 11', Sembrador, isabelle, a 4 p. 8 p , tt
4 ans. . .
Le 12= , Gainero , tigré étoile , talon blanc du
jiied hors du monioire de .deIrie■re^ a 4 p. 8 p. ,
ei 6 ans.
Le i3' , Placera , gris éloilé","â~4'pr9 p. et demi ,
et 6 ans.
Le i 4' , Fundador , bai brup, poil blanc du
front , chaussé de pied du monioire de derrière ,
tt digité du pied du monioire de devant , a 4 p.
8 p. et demi , et 7 ans.
Ces 14 chevaux viennent tous des haras du roi;
les 1 1 premiers de celui d Aranjuès , et les 3 autres
de celui de Cordoue.
Le i5= , Jonagero , bai brun , 4 p. 10 p. et demi,
et 6 ans , vient du haras d'Altamira , appartenant
au comte de ce nom.
Le 16', Contador , bai clair, 4 p. 10 p. et
demi , et 4 ans , vient du haras de Médinaceli ,
appartenant au comte de ce nom.
~ Plusieurs journaux annoncent la nomination
d'un secrétaire-général du ministère de liniérieur.
H n'y a point à ce ministère de secrétariat général,
mais un bureau particulier du ministre dont Je
citoyen Scipion Mourgue est le chef.
— Plusieurs lettres reçues d Espagne s'accordent
à dire que la maladie diminue considérablement;
la saison commence à devenir plus favorable. Les
premiers froids se sont déjà fait sentir. Tout
annonce que les ravages du fléau qui y a régné
vont cesser : quant à son extension au territoire
français . la propreté de ses habiians , les moyens
de salubrité usiiés parmi nous , el notre position
géographique sont autant de raisons qui se réu-
nissent pour bannir toute crainte.
. — On a ressenti le 12 brumaire à 1 1 heures du
loir . a Zurich, une légère secousse de tremble-
Ijoenl de lerrc.
— On écrit de Rouen , en dale du 22 brumaire :
Chollol , assassin du citoyen Frenot , brigadier
de gendarmerie , condamné à mort par noue tri-
bunal criminel , dont le jugement a été maintenu
par le tribunal de cassation , a subi hier son
supplice.
— Le journal de la Gironde annonce la mon
du citoyen Dudon , ancieil procureur-général au
paticmcntde Guyenne. Son grand âge , ses talens ,
ses venus publiques ei privées lavaient rendu
Tcspeciable et cher à tous ses concitoyens. Sa
famille a manifesté le desir'de conserver ses restes ,
eta obtenu desauloriiés constituées la permission
de les faire transporter dans une des propriétés
du déluni , située près de la commune de Bruges.
— La tempête du 18 a été ressentie à Strasbourg;
en même lems le. feu a pris à l'hôpital dé Sainte-
Marguerite ; rUdis^leS secours ont été rapides , et
l incendie a-éiéxtilnt ptompteracnt.
— On lit "dans le Journal des débuts, qa'un
marchand allepu^tid , du pays de, Nassau, a in-
\enié l'art de vendri",,|e diap de laine imper^
m'éable à la pluie. Une bourse qu'il a fuit faire
de ce drap , et qu il a remplie d'eau , n'en a pas
laissé pas.^er une goutte, pendant 8 jours : l'eau
s'est desséchée et n a point traversé le drap. On
pense dans le.paysque cette découverte peut
être d'une grande utilité , et l'on désire que le
piocédé soit tendu public.
-ç- On mande' cle 'Villiers en Paine, que la foire ,
célébré dans le pays poiSI" le commerce des mou-
lons , a surpassé toutes les espérances.
— Un grenadier français , traduit devant un
conseil de guerre tenu a Bamberg , le 1^' de ce
mois . a été déclaié innocent des accusations
portées contre lui. Il avait choisi pour défcn-
seuf5 officieux M. l'assesseur Horntal , et M. le
professeur Gley , rédacteur de la Gazette de Bam-
berg, qui le dépendirent, lanl par les actes que
par les lois françaises.
Tin de l'extrait du Journal, du siège de Malte
Du i^ floréal. Le. commandant a de nouvelles
inquiétudes sur ce qui peut se tramer dans -la
ville. Il donne ordre à tout mililaire de se tenir
sur ses gardes , de dissiper les giouppes , d'en-
-chaîner les forçats ; quiconque alternera à la su-
réié ou à la vie d'un franc lis sera puni de mort.
L'ennemi tiava ille à placer une baiteiie
devant la porte du Coradic. Les mesures soni
prises pour la démonter.
La poudre avariée sert à parfumer les hôpitaux.
Du 6 prairial. Distribuiion aux habitans d'une
prise de harengs .salés.
Du 9. Le général Vaubois fait activer la ren-
trée 4e l'emprunt.
Du 6 messidor. Défense de vendre aux mili-
taires des chevaux ou mulets pour être tués.
Du II. Les moyens de subsistance et les mé-
dicamens s épuisent.
Une cruelle épidémie enlevé chaque mois
120 à i3o hommes de la garnison,
La dépense devient énorme en raison du
nombre d'employés aux hôpitaux. '
Il reste des vivres et des vins pour passer l'été ,
si les chaleurs ne gâtent pas la viande salée.
Du 23. Célébration de la fête du 14 juillet.
Du 9 thermidor. L'élai de la caisse mililaire force
à réduire de moitié la solde et les appoiniemcns
des militaires de tous grades , ainsi-que des ad-
ministrations.
La partie civile ne sera plus payée que par
trimestre.
Du 22. On remet au i" vendémiaire la célé-
bration de la fête du 10 août. On marquera ce
jour par une salve d'artillerie sur les batteries
ennemies.
Du 2 fructidor. Le général Vaubois reçoit , de
la part du commandant des forces navales an-
glaises, une sixième sommation conçue en ces
termes :
Du 19 août 1799.
Monsieur,
•J'ai ordre de l'amiral lord Nelson de vous en-
voyer des renseignemens authentiques , pour
vous prouver que les français sont sortis de llialie,
que la flotte f ançaise n'est plus dans la Méditer-
ranée , et que des insurrections sérieuses qui
augmentent journellement dans Toulon, Mar-
seille et Lyon , vous priveroot de recevoir au-
cun secours. Je vousOlFre de nouveau une capi-
tulation honorable , que si vous n'acceptez pas
avant l'arrivée de la llotle russe et des tioupes de
terre maintenant à Messine, destinées pour cette
place , vous seriez privé , vous et votre garnison,
d'en obtenir une favorable. C'est pour celle rai-
son que je vous engage à ne pas sacrifier plus
long-tems la vie de tant de braves gens à une
ob->tinaiion qui priverait voirc pairie de leurs ser-
vices.
Je vous enyoiç le capilaine Bronghion pour
vous remettre Cette lettre.
J ui 1 honneur d'éire, etc.
Signé, Alexandre Ball.
La réponse du général françnis en dictée aveé
la même fermeté que les piécédenles ; la voici t
Du 2 fructidor.
La valeur de la garnison de Malte est celle des
républicains aussi remplis de l'amour de leur de-
voir que de courage : elle esi en trop bon état ,
et je suis moi-même trop jaloux de bien servir ,
mon pays et de conserver mon honneur, pour
écouler vos propositions. Quelques ennemis qui
se présentent, nous les combattrons avec la plus
grande viguetir, el nous vous forceioiis , ainsi
que ceux qui pourraient venir, à nous estimer.
Je suis fâché de n'avoir pu faire entrer en ville
l'officier que vous avez envoyé.
J'ai l'honneur , etc. Signé , Vaubois.
Du 4 fructidor. L'argenterie provenant des mai-
sons des maltais absens est inventoriée et trans-
portée à la monnaie pour être convertie en lingots.
Du 8. La garnison du fort Ricazoli qui s'expose
en allant marauder dans la campagne , est con-
signée jusqu'à nouvel ordre.
Du 14. On manquait de vinaigre : des barriques
de vin de Sicile qui éiaient à bord de l'escadre
soni transformées en celle liqueur essentielle pour
la salubriié de l'armée et surtout pour celle des
hôpiiaux.
Du ig. Le marquis de Niza , amiral portugais ,
fait demander au général Vaubois une entrevue.
Celui-ci l'accorde. Le fou Manuel est désigné.
pour lieu de la conférence ; elle est fixée au
dimanche suivant. La garnison en est avertie par
l'ordre qui suit :
Ordre du jour du 22 fructidor.
La garnison est avertie que le commandant por-'
tugais m'a demandé une entrevue. Je regarde cette
démarche comme une marque de faiblesse de la
pan de nos ennemis. J ai cru devoir la lui accorder
et lui parler en présence de mon éiai-major.
S il ouvre la bouche pour parler capitulation , je
la lui fermerai sur le champ , en lui répondant en
vrai républicain ; si c'est pour autre chose , je le
laisserai dire. Qujnd des ennemis cherchent à
parlementer , c'est qu ils connaissent leur faiblesse.
Il y a apparence que 1 hiver leur fait peur.
Le but des chefs ennemis dans cette circons-
tance était , sans doute , de prend e connaissance
de la contenance de la garnison ; d'efFrayet , par
le récit des désast;es d'Italie , peut-être aussi de
chercher à séduire les chefs.... A peine arrivés
au fort , ils essuient la bordée de* propos répu-
blicains; le soldat cne : Malte eu la mort ! Plutôt
périr que de capituler; enfin , les amiraux parle-
mentaires nepeuventprolérer un moi de ce qu'ils se
proposaient de dire. Après beaucoup de politesse,,
ils se retirent avec la honte d'une démarche inti-
tile , marchant au milieu dune haie de soldats qui,
à lue tête , les invitent à l'assaut. La garnison de la ,
ville répond à ces cris par un mouvement spon-
tané.,. Les tambours battenl qa ira.
Le i" vendémiaire an ^ , célébration de l'an-
'piversaire de la fondation de la république.
Les détails suivans établissent la situation de
la place à celte époque principale.
L'espèce d épidémie qui régnait sur la ganiison
avait diminué avec les chaleurs. Le nombre des
malades néiaii plus que de 280.
Le blocus était toujours formé psr les vaisseaux
portugais, trois anglais, 2 frégates, ï cervelles
et 2 bricks.
Du côté de terre quelques troupes anglaiseî
avaient renforcé l'armée des rebelles.
La population de la ville , par suite des éva»
cuations , ne s'élevait plus qu'à 9,000 âmes.
Les magasins contenaient encore
Du bled pour 8 mois.
Lard el bœuf pour 4
Vin pour 3
Vinaigre pour 3
Haricots pour 5
Eau-de-vie pour 4
Les denrées du commerce étaient déj.î monléeâ
à un prix excessif; on en peut juger par le tarif
ci-apràs :
La poule , prix 60 francs.
Une paire de pigeons 24
Un lapin 12
Un œuf 16 .sous.
Une laitue i8
Viande de cheval s fr. la livre.
Un rai 3
Poisnon C ff. la livi««
«i8
Du ï3 vendfrtftairf. IJn avif<) a/rivj de ^o«Ip,a. JLej di?»enteti«5 se déclarent? les titttnes ac
Il ranime Tespoir par la nouvelle que le gou- vident ; l'eau commence à manquer,
vcrneraeat lait de* préparatifs pour le ravuaiJ-
lement.
Septième sommation de la part de» ennemis
Septiemejréponse négative de la part du général
Vaubois.
Du «4 vendémiaire. Un autre aviso arrive; il
apporte la nouvelle des victoires de Massena
en Suisse, de Brune en Hollande et de l'armée
d'Egypie à Aboukir.
Du 3o frimaire. Les distributions de vin et
d'eau-de-vie cessent. Le peu de vin qui reste
est réservé pour 1 hôpital. L'eau-de-vie ne se
délivrera que pour des travaux extraordinaires.
Du 9 pluviôse. Le contre-amiral Villeneuve
propose de faire partir la marine.
Un ordre du goiivemement portait que la
marine de Malle ne partirait que quand le convoi
annoncé serait arrivé. Les marins prêtaieni un
secours trop utile pour qu'on ne difFéiât pas
encore à prendre ce paiti extrême.
Du lï ventôse. L'anglais s'empresse de prévenir
le général Vauhois du désastre arrivé à la division
aux ordres du contre-amiral Perrée , qui était
déjà en vue de MjIic. La mort de Perrée , la
prise des généraux de la Badine et du Commerce
de Marseille sont une nouvelle bien triste pour
ia garnison.
Du n ventôse. Arrivée de la corvet'c la Bel- I .^
lonne , de Marseille, Sa cargaison apporte qùel-
qu'amélioration dans la situation de la oarnison.
L'urgence des besoins fuit monter le prix de cette
cargaison à 58o mille tr.
Sur la démande réitérée du conlre^amiral Ville-
neuve , et sur l'avis d'un conseil de. guerre
tenu pendant trois jours consécutifs , on se dé-
cide au départ du Guillaume Tell. Le contre-
amiral Decrès le monte. Il est ctiaigé d'aller dé-
clarer au gouvernement français que la place
ne peut tenir que jusqu'en prairial, et de solliciter
des secours dont le prompt envoi puisse préve-
nir l'époque fatale.
Du is germinal. Par suite de l'empressement
de l'ennemi à apprendre à la garnison les rnau-
Vaites nouvelle» , on ne larde pas être instruit de
là pjise du Guillaume Tell.
Ce malheur aggrave encore la tristesse que la
L'officier a vendu tout ce qu'il avait. Il ne lui
resie que ce qu il a sur l,e coi'ps.
Du 29. C'est dans ce triste état que la garrjison
reçoit la huitième sommation de se rendre. Celte
sommation n'obtient eijcore que la réponse sui-
vante :
Au commandant les troupes anglaises dans l'île. —
29 messidor.
J'ai reçu , monsietir , la sommation que vous
m'avez fait l'honneur de ra'envoyer hier , s8 mes-
sidor. Nous ne pouvons nous rendre aux propo-
sitions que "yous nous faites. Vous croyez que
nous avons satisfait à cç que le service de notre
patrie exige. Nous sommes bien éloignés de par-
tager votre sentiment , nous croyons avoir encore
beaucoup à faire. L'attaque de Malte exige une
grosse armée ; noire situatiotj peut se prolonger
bien loin , et nous ne commettrons pas le crirnè
de l'abréger Un instant. Notre résistance nous
acquerra siàrement votre estime.
J'ai l'honneur , etc.
Siené , Vaubois.
Cependant tout le mois de thermidor s'écoule
sans qu'aucun bâiîment soit entré.
Le reste des provisioris se consomme. On a
tué tous les mulets.
Au i'' fructidor on n'a du blé tout au plus
jusqu'au i5. -
La garnisr-n perd tout espoir d'être secourue.
Le général Vaubois persuadé qu'il oe pourra
sauver cfans la capitulation les deux frégates ,
la Diane ei la Justice . ie résout à les faire partir.
Il ne garde de leur équipagt<iue ceux des canoii-
nicrs qui sont à des postes essentiels.
Du i5 fructidor. Enfin il n'y a plus de blé que
pour cinq jours.
Le conseil de guerre convoqué s'assemble , et
le résultat de sa délibération est la 1
qu'on adresse :
Au commandant des troupes anglaises dans l'île
de Malte. \
Du iT fructidor an 8.
Par votre lettre , datée du 17 juillet dernier.
lettre suivante
une Iroupe qu'on peu{ conduire par tout contre
les ennemis de la république , quoiqu'elle ail
grand besoin de repos.
Jteceyez le? respects d'un républicain désolé.
Signé , Vaubois,
Erratum à la feuille du «5 , article Malte , page
B14 , i"^' colonne , 5= alinéa , un autre événement
concourt au succès de ce jour. 11 apporte une
cargaison , etc. lisez : un autre événement con-
court au succès de ce jour. Un bâtiment génois ,
cap. Cavazza , entre dans ie port. Il apporte une.
cargaison , etc.
MINISTERE DE LA MARINE.
Extrait d'une lettre du cpmmissaire principal de
marine de Dunkerque, préfet maritime , par inté-
rim , du i" arrondissement ., en date du «i bru-
maire an 9i
Hier, à la marée du soir, la batterie flottante,
le Jonger-Slexiiigh , se disposait à rentrer dans le
port , elle était sous voile ; mais la forie brise du
S. S. O , variable au S. O. , ne lui a pas permis
d'achever ce mouvement et elle a été contrainte'
de mouiller de nouveau à 6 heures ; un cable
de 10 pouces lui a été expédié, e) aujourdhùi
iine ancre.
La batieiie flottante, la République, qui s'est
perdue à la hauteur de Zudschooje , eU jcntiére-
ment dégréé.
Le navire américain qui était chargé de tabac ,
et que la tempête du 18 avaii forcé d'appareil ec
de la rade de Dunkijrque, s'est pefdp corps et
biens près Ostende,
Signe EvçN.
Four extrait conforme ,
Le ministre de ta marine et des colonies.
Par ordre en l'absence.
Signé , RÉGNIER , ihef du fecrétariat.
oerte du convoi de Perrée a jetée dans la gar- 1 vous me propose/, monsieur , d'envoyer à la
Le général Vaubois renouvelle ses tentatives
pour faire conaitre au gouvernement la situation
désespérée de Malte. Il emploie à cet effet diffé-
rentes voies.
Du 2 floréal. On distribue un secours de 24 fr.
par tête aux officiers.
Du sî. Un écu est donné à chaque soldat , à
titre d« secours.
Du 19 prairial. La situation de la place s'ag-
erave ; les magasins s'épuisent. Le moment des
grandes privaiions est venu. Pendant ce mois ,
un des plus durs de toufle blocus , on n'a que
du pain pour toute riourriiure.
Du 20. Le pelit bâtiment la Marguerite , por-
teur du cit. Renai , adjoint aux âdjudans-géné-
raux , entré etifin par ipiracle à travers les bâd-
Ujçns ennenùs. Il vient prolonger de quelques
i<3urs >'e»istpnce de la garnison.
L'adjoint Rémi présente l'acte constitutionnel
de l'an 8. La garnison s'assemble et accepte cet
«cte à l'unanimité.
Du Y juin 1800. Le général anglais Graham ,
déclare qu'il ne recevra plus les habitans que le
général français voudra désormais mettre hors de
fa place. Malgré cette déclaration , le général
Vaubois se trouvait forcé, parla jpçnurie, d'en
faire soit'r encore 2700.
11 réclame auprès du général anglais contre la
dureté de son procédé , et persuadé que les anglais
n'auront pas la barbarie de repousser miliiaire-
ment les malheureux dont il s'agit , il orc^onne
l'exécution dé l'évacuation projetée. . . Les anglais
fpnt feu ! leurs victimes , après jivoir passé un
jour et une nuit dans les fosses des tJuyrages
extérieurs , espérant que leurs compatriotes des
campagnes, leurs amis , leurs parens , fléchiraient
les anglais , rentrent dans ta ville. Les volontaires
français leur portent des vivres.
Du i*' messidor. On entame le chargement du
bâiimentsur lequel le citoy«n,.Bejai estjrriivé. ,La
cargaison comportait tout au plus pour quinze
jours de vivres ; on en règle l'emploi de nianiere
a ce que ces quinze jours puissent faire six
semaines.
Du 3 messidor. Arrivée de la felouque la Légère ,
expédiée par le ministre de la guerre. Les bonnes
Valette un officier'de marque pour traiter. L'hon-
neur me permet'de le recevoir, si vous persistez
à ce qu'il se présente, je vous garantis qu'il sera
reçu et respecté comme doit I être un officier
revêtu du caractère qu'il aura. Entrant dan? ce
moment en négociation; pour capituler , je voits
préviens que je viens de donner ordre pour
qu'on cesse toute hostilité. J espère que vous
voudrez bien en donner de semblables.
J'ai l'honneur d'être , Signée Vaubois.
" La dépêche suivante , écrite parle général Vau-
bois au ministre de la guerte,quelques jours avant
que la résolution de, capituler fût prise , achever»
l'exposé de la situation de Malte au moment de
sa reddition.
Au ministre de la guixn. — i" fructidor.
Citoyen ministre ,
Jusqu'à ce jour , les précautions prises par
le gouvernement pour nous ravitailler ont été
infructueuses. Nous sommes au pain seul depuis
le i5 thermidor, et ce pain va nous manquer ,
nous n'en avons plus que jusqu'au so du cou-
rant , il faudra que j'entre en négociation, le l5,
si rien ne nous arrive. Vous ne pouvez vous
peindte-le désespoir de cette brave garnison , qui
ne voitauciin fruit des travaux et des privations
qu'elle a supportées pendant deux ans, sauf la
gloire qui ne peut lui être enlevée.
Je partage sa façon de penser , et il ne faut rien
moins que l'impossibilité physique pour me ré-
soudre à capituler ; mais nulle espèce de ressource :
l'ennemi n'a point de magasins : il tient sur des
bâtimens le peu de subsistances quil fournit à
l'ile. Il n'est donc aucun moyen de résister à la
plus entière famine. C'était pendant le premier
hiver surtout qu'il fallait nous fournir de quoi
lasser l'ennemi. Dès les premiers jours du siège
nous avons su nous réduire à'irè*-peu de chose.
Nous espérons tous que la Fraijce rendra. justice
à noire conduite ; mais cela ne satisfait pas de
bravçs gens moius occupés d'eux qne de leur
patrie.
Je compte demander qu'on nous conduise à
Marseille. Si nous obtenons , comme je l'espère ,
de rentrer en France , nous pensons que vous
voudrez bien donner des ordres pour que nous
y trouvions des à-comptes d'appointemens de
solde. Que deviendraient ces pauvres officiers
à qui il ne reste aucun moyen d'existence , et
nouvelles de France raniment le courage des quinesonlpasvàlus?La troupe aussi n'a,surle corps
assiégés, et soutiennent leurs espérances. | que des habiis de toile. L'entrée de la saison rigou-
Du 22. Toutes les provisions de bois sont épui- leuse lui rend nécessaires des habits de drapa son
ïées ; pour n'en pas manquer absolument , on arrivée. Si nous obtenons toutes les conditions
dépèce la fiégate la Boudeuse. \ hot^otables que je dematrderai , il vous restera
Le corsaire le Cygne de Boulogne , capitaina
J. B. Pollet , a pris et conduit dans ce port le i3
prumaire, deux bricks anglais chargés de bois de
construction; l'un se nomme le 'Violet, de Withby,
capitaine Harrison, et l'autre k Whiby, de Whiby,
capitaine Coole.
Le corsaire (Impromptu du même port (Bou-
logne ) , y a conduit le 14 un autre brick anglais ,'
sur son lest , norpmé la Marie et Marguiritt de 6
canons de 3 liyies , qu'il avait captuié ie même
jour.
CONSEIL- D' ÉTAT.
Suite du rapport et projet de loi sur finstructiort
publique , présentés au conseil- dî état , section de
l'intérieur , par J. A. Chaptal.
PROJET DE LOI SUfl l'iNSTRIJCTION PUBLIQUE.
TITRE PREMIER
Division de (instruction publique.
Art- 1". Il y aura tr.oi» degrés d'instruction pu-
blique en France :
A cet effet, il sera créé des écoles municipales ;
des écoles communales ; des écoles spéciales.
II. Les écoles municipales ont pour objet de
de donner la première instruction nécessaire à
tous.
Les citoyens chargés de cet enseignement s'ap-
peleront rnaUres £écple.
III. On enseignera , dans les écoles ctmmunales ,
les connaissances premières nécessaires à ceux
qui sont appelés à remplir des fonctions publi-
ques , à exercer dçs professiops Iftérales , ou
à vivre dans les classes éclairé.es de la scjcjété.
Les citoyens chargés de cette portion de l'ins-
truction publique, porteront le nom d'instituteurs.
IV. Les écoles spéciales sont consacrées à l'en*
seignement exclusif d une science ou d'un art.
Les maîtres de cet enseignement auront le litre
de professeurs.
V. Un institut national ( créé par l'article
LXXXVIII de la constitution ) est chargé de
recueillir les découvertes , d^ perfectionner le*
sciences et les arts.
VI. L'ipstruciiot) publique est libre en France :
il est perinis à tout citoyen français d'en for-^,
m^r dçs étalilissemens.
TITRE II.
RÉPARTITION DES ÉCOLES PUBLIQUES.
§. P R £ M I E fl.
Ec4)les municipales.
Art. If. Les écoles inunicipales seront répar-
ties de manière que l'instruction première soit
possible pour tous.
II. Le conseil municipal de chaque ville ,
bourg pu village , formera la deinande de l'éta-
blissement d'une ou plusieurs écoles munici-
pales.
III. La demande motivée du conseil munici-
pal sera soumise au conseil d'arrondissement ,
qui pourra l'admettre ou la rejeter.
IV. Le conseil d'arrondissement ne pourra pas
refuser l'établissement d'une école municipale
dans les deux c^s suivans :
1°. Lorsque la distance du chef-lieu de la
ijuunicipajité à une école voisine est de plus de
deux milles ;
s°. Lorsque la population s'élève à deux mille
habitans dans les campagnes, et à trois luille
dans une ville on section de ville.
V. Les municipalités pourvoiront, à leurs frais ,
9 remplacement de 1 école et au logement du
jaaîue.
^ II-
Ecoles communales.
An. I''. Les conseils d'arrondissement adresse-
ront leur demande, pour l'établissement desefo/«
communales , au conseil du département.
II. La demande du conseil d'arrondissement
sera motivée sur la population , le genre d'indus-
trie , le moniaiil des contri.b.u.li.OQS et l'existence
d'un local approprié aux frais de la commune
pour recevoir lérablissement.
III. Les conseils généraux de département se-
ront tenus de faire droit à la demande du conseil
d'arrondissement dans les deux cas suivans :
1°. Lorsque la population de l'arrondissement
çxcede cent mille âmes ;
9*. Lorsque le chef-lieu de l'arrondissement a
plus de dix mille habitans.
IV. Il pourra y avoir dansParis plusieurs écoles
communales ; le- conseil général du département
en déteiminera le nombre.
^.11 1.\ Ecoles spéciales.
Les écoles spériales seront étabhes nominative-
ment par la loi , ■;! repani^s d.t roaniere qu'elles
puissent fournir une insiruclion sutiiijrue pour
toutes les professions libérales de la société."
TITRE I I L
Organisation générale des écoles d'ins-
truction PUBLIQUE.
§. l". Ecoles municipales.
An. I''. Les élevés ne seront reçus dans les
écoles municipales que depuis lâge de six ans
jusqu'à celui de douze.
II. Dans les écoles municipales , on apprendra
à lire . écrire et chiHrcr.
On y terminera l'instiuction par les principes et
la pratique de l'arpentage et du tQisc.
III. L'enseignement sera gradué dans les écoles
municipales.
Il y aura trois degrés d'iastruclion dans chaque
école :
Le premier aura pour but d'apprendre à lire ;
le second, à écrite ; le troisième, à chiffrer,
arpenter et toiser.
IV. Le mdîire d école donnera à tous les élevés
dps leçons de morale , et leur expliquera la cons-
^itupon.
V. Le tems des leçons ,1e séjour dans l'école ,
l'époque et la durée des vacances , seront réglés
par le conseil municipal.
VI. Il y aura congé tous les quintidis et décadis,
de même que le» jours de lêles nationales.
^.11 Ecoles communalts.
Art. I". Les élevés ne seront r^.çus dans le?
écoles communales , qu'au-dessus de 1 âge de
dix ans ; et nul ne pouira y êire admis s'il oe
sait lire , écrire etchiffier.
II. Le cours d'éiudet , dans chaque école com-
munale , sera de quatre années.
III. Dans chaque école communale , l'instruc-
tion sera divisée en cinq classes.
Pans la preiqiere , on enseignera la grammaire
française et les principes de la langue latin; ;,
Dans la seconde , on continuera ces deux
éludes , et on y joindra les premiers élémens de
l'histoire naturelle et de la géographie ;
Dans la troisième , outre la continuation de
l'étude des langues , on apprendra les élémens
des mathématiques et de la physique ;
Dans la quatrième , on s'occupera essentielle-
ment de la littérature ancienne et moderne , et
l'on continuera les études précédentes.
Dans les villes dont la population est au-dessus
de trente mille habitons, il y aura une cinquième
classe dans laquelle on enseignera la chimie et la
physique expérimentale.
Il y aura un» classe particulière pour le dessin ,
qui sera ouverte a ions les élevés de l'école pen-
dant les quatre ou cinq année» de scolarité.
IV. Un seul instituteur sera attach éà chacune
de ce» classe*.
V. Aucun élçve entrant dan» l'école , ne
pourra être reçu dans l'une ou l'autre de ces
I 2ig
classes , qu'après que le directeur de l'école aura
.constaté son degré d instruction par un examen
préalable.
VI. Les éludes seront d'une nnnée dans cha-
cune de ces (judire premières cla,ss> » ; ri nul ne
pouira éite admis à une c|asse supérieure , que
d'après un examen sur l'a'pâuie d instruction
qu'on donne dans la classe qui est au-dessous.
VII. Les conseils d'arrondissement et de dépar-
tement pourront , selon les localités , ajouter à
l'instruction ci-dessus l'enseignement de quelques
langues vivantes.
VIIL , Dans chaque école commun.ile , il y
aura Un directeur chargé de surveiller l'ensei-
gnement et de maintenir le bon ordte. Il don-
nera des leçons de morale deux foir par décade.
IX. Les écoles communales varjucront les quin-
tidis et les décadis et d.p'uis le i5 tliermidor
jusqu'au 1"^ vendémiaire. •'
X. Il sera fait des iréglernens particuliers par
le gouvernement, pour déterminer les heures
des leçons, la policé de l'école, le mode de
tous les examens , etc.
§ I I I.
Ecoles spéciales.
Art. P^ Nul ne sera reçu dans une école
spéciale , s il n'est instruit de tout ce qui s en-
seigne dans les écoles communales. Chaque élevé
subira , à cet effet , un premier exa.uen d ad-
mission.
II. Nul ne pourra être admis dans une école
spéciale , s'il n'a atteint l'âge de stize ans.
III. Sont seuls exceptés des dispositions ci-
dessus , les élevés- des écoles de (tessiri , mu-
sique et art véiériaaire . lesquels ne sont tenus
que de savoir lire , écrire et chilficr.
IV. Les professeurs de chaque école se réuni-
ront en conseil au moins une fois par décade ,
pour délibérer sur tout ce qui a rapport à l'ins-
truciion qui leur est confiée ; ils nommciont ,
tous les ans , dans leur sein , un direcieur qui
sera chiirgc de l'administiaiion , surveillance,
correspondance , el de la icnue du regisue des
élevés.
V. Il sera fait par le SP"^^ ''nement , pour
chaque école spéciale , des réglemens pour dé-
terminer l ordre de l'enseignement , fixer l'épo-
que des cours et les heures des leçons , et as-
surer une bonne poljce d^^s cluque écple.
T I T R E ly.
INOMINATION DES MAITRES. DE l'iNSTRUCTION
- ^ PUBLIQJUE^ .:..
Art. I". Nul ne pourra exercer des fonctions
dans I instruction publique , s'il n'est ciioyen
français , ou admis à le devenir, s il n'a fait sa
promesse de fidéliié à la cons.tiluiion . et s'il
n'a déclaré à l'aul.-îriié civile du lieu , q\J il ouvre
une école d'in<truclion.
S. PREMIER.
Ecoles municipales.
Art. P'. hts maîtres décales municipales iewnt
nommés par le conseil municipal , réuni à un
nombre égal de pères de lamille désignés par
le maire.
II. Cette nomination devra être confirmée par
le sous-piéfet , qui, en cas de refus, est tenu
de le motiver.
III. Dans le cas oii le sous-prétet refuse de con-
firmer la nomination, le conseilmutiicipalpiésenie
un second candidat.
S- II-
Ecoles normales.
Art. P'. Les nominations aux places d'insti-
tuteur dans les écoles communales , seront fjiies à
Paris , ou dans le déparitmenl ovi la place est
vacante.
II. Seront nommés à Paris, i° les instituteurs
d'histoire naturelle , ou de la seconde classe ;
9° Ceux de physique et chimie, ou de la cin-
quième classe ;
3" Ceux de littérature ancienne et moderne , ou
de la qtïBiiiemc classe ;
4° Les instituteurs du dessin.'
Les premitTs seront nommés par les profes-
seurs d'histoire naturelle à l'école spéciale du jardin
des plantes; le» seconds et les troisièmes, par
les professeurs de l'école spéciitie de littérature et
sciences physiques et mathématiques [ collège de
France); les quatrièmes, par les professeurs de
l'école spéciale des arts du dessin.
III. La vacance de l'une de ces pièces sera
annoncée au ministre de l'intérieur par le préfet
du département ; le ministre en préviendra 1 école
qui doit nommer , et déterminera le jour au-
quel les candidats pourront se présenter au con-
cours.
IV. Les professeurs présenteront au gouverne-
ment celui des concurrens qu'ils auront jugé le
plus capable , «t il lui sera délivré un diplôme
d instituteur.
V. Seront nommés dans les départemc-ns tous
instituteurs non compris dans l'ariiclee IL
VI. Pour procéder à la nomination d un ins»,
ntutcur dans un dépanenient , il sera créé , par
le préfet, un jury composé de trois citoyens
distingués par leurs connaissances et leur mo-
ralité.
VII. Ce jury sera renouvelé par tiers chaque
année.
Vin. Du moment oà une place sera vacante,
le préfet en instruira le jury, et déterminera le
jour du coiicours.
IX. Le concours n'aura lieu qu'autant que le
jury ne trouverait point , parmi les éleVes sala-
riés du pensionnat (titre VIII), un citoyen ca-
pable de remplir la place vacante.
X. Leprélet adressera au ministre de l'intérieur
le nom du candidat proposé , pour qu'il lui soit
expédié un diplôme d'instiiuieur;
XI. Le mode d'examen ou de concouis . tant
a Paris que dans les départemens , sera léglé par
le gouvernement.
XII. La nomination du directeur de chaque
école communale sera faite par le conseil dar-
rondisseraent , cl confiunée par le gouvernement.
§ III. Ecoles spéciales.
Art. I'^. Les premières nominations aux places
de professeurs dans celles des écoles spéciales qui
ne sont pas encore établies , seront laites par lé
gouvernement.
II. Les rerapjacemens aux places de profes-
seurs dans les écoles spéciales se feront , par la
suite , .dapiès un concouis public ouvert dans le
sein de I école , à l'époque et d'après le mode
réglé par le gouvernement.
Les professeurs seront juges du concours , et
présenteront.an gouvernement , pour eh obtenir
un diplôme de prolesseur, celui des concur-
rens qui aura paru le plus capable.
_ III. Les directeurs attachés à quelques-unes
des écoles spéciales où ils n'exercent point les
fonctions de professeurs , seront nommés par le
gouvernement.
T I T R E V.
Destitution des maîtres de l'instruction
publique.
Alt. I"^. Les maîtres d'école pourront être ré-;
voqués par le conseil municipal. ,
II. Les instituteurs pourront être stispendus
de leurs fondions par lejury : leur deititution
ne pourra être prononcée que par le gouverne-
ment , et après avoir entendu I accusé.
III. Les piofesseurs ne seront destitués que sur
l'avis d'un jury nommé par le gouvernement, et
Composé de cinq membrespris par les professeurs
de (Tinq écoles spéciales.
Ce jury entendra l'accusé.
T I T R E VL
traitement des maîtres de l'instruction
publique.
§. I"'. Ecoles municipales.
Art. \". Le traitement des maîtres d'école sera
i-églé d'après la population , et danria proportioii
suivante : . ,
Dans les villes / 5ooo habit, et au-dessous. 40b f.
bourgs ou vil- I 5ooo à l5ooo. ....... 5oo
lages , dont la ( i5ooo à 3oooo 600
population est ) 3oooo à 5oooo 800
de V au - dessus 1000
II. Ce traitement sera payé moitié par Tarron-
dissenieut communal , -iur les centimes addi-
tionnels, et le surplus sera fourni par la muni-
cipalité , d'aptes les arrangemens qui seront faiis
entre le conseil municipal réuni à un nombre
égal de pères de famille , et le maître d'école.
III. Les maîtres d'école ne pourront pas se
refuser à servir de secrétaires aux maires des cam-
pagnes . pour la tenue du registre d» l'état civil.
Ils ne pourront exiger aucun salaire pour ces
fonctions.
^ II. Ecçles communales.
Art. l". Le traitement des instituteurs sera fixé
(d'après la population de la ville oià est formé
l'établissement, et dans la propoition suivante.-,
{ 5ooo habit, et au-dessous, lioa f.
Dans les \ 5ooo à i5ooo. ...... i5oo
villes dont la ) i5ooo à Soooo. j8«fo
population \ 3oooo à ioooo. ...... aooo
est de. ...» 5oooo à looooo 2200
(^ looooo' et au-dessus. . . ï5oo
IL Ce traitement sera pris moitié sur les cen-
times additionnels de l'arrondissement , moitié
sur ceux du déparlenient.
III. Dans le cas où il existerait des revenu»
affectés à l'instruction publique dans un a.ron--
dissemcnt , il ne sera ))ris sur les centimes que le
suipius de la somme nécessaire.
IV. Le traitement du directeur de l'école sera
d'une moitié en «us de celui d'un instituteur.
2520
§ II. Ecoles spéciales.
At- P'. Les piol'esseul-s des écoles spéciales
scroijt payéf par le liésor public, et dans la pro
portion suivante :
Kg T d* niédecine , 2000 f.
o 'Y'tie' 'lép,isîalion 2000
n' J de l'ctole des ans du dessin . . . 2^00
j» \ de l'ccolé de musique à P.iris . . 2200
c ^ des six. écoles de musiijue des dé-
*" (_ , parietpicns 1000
Les professeurs de chacune des autres
écoles spéciales 5ooo
II. Les professeurs de médecine et de législa-
tion percevront, outre , le traitement fixe, un
traitement éventuel fourni par chaque élevé.
III. Le traitement éventuel sera de 5oo francs
par élevé pour tout le teras de scolarité. îl sera
payé par parties égales , de trois mois en trois
mois.
( La suite demain.]
TRIBUNAUX.
Au moment oii de nouveaux, tribunaux d'appel
Vicnticni d'être organisés sur un plan infiniment
plus sage que le précédent , il est utile de faire
connaître une décision importante que le tribunal
de cassation vient de rendre concernant leurs
pouvoirs.
L!ii giand procès divisait , depuis plus d'un
siècle deux familles considérables de la Belgique.
Il était resté indécis pendant près de cent ans à
i ancien conseil de Brabant , par i'efFet de lettres-
de-cachet , qui , à diverses reprises , en avaient
Interdit le jugement. Depuis la réunion de la
Belgique à la France , les héritiers de la partie
soufTranie essayèrent de reprendre et faire juger
au tribunal du département de la Dy,le cet ancien
procès. Les héritiers de l'autre partie , au lieu
d'y consentir , se bornèrent à opposer la péremp-
tion d'instance et la prescription. Jugement qui
déclare l'action non éieinte , et ordonne de
plaider sur le fonds. Appel. Jugement du tri-
bunal de l'Escaui, qui annullé celui de la Dyle
pour vices defurme, mais qui , comme le pre-
mier , déclare l'action non éteinte , ordonne la
reprise de l'instance , et ajourne les parties à
une prochaine audience pour plaider sur le
fonds.
Pourvoi en cassation. Les réclamans soute-
naient que le tribunal de l'Escaut avait excédé ses
pouvoirs , qu'il avait lait une évocation illégale , |
en retenant le fonds du procès ; qu'il n'avait été '
saisi que de la question de péremption d'ins-
tance ; qu'il ne pouvait statuer sur le fonds , n'y
ayant pas encore eu à cet égard de jugement de
j'' ressort ; qu'il aurait dû renvoyer devant les
premiers juges ; qu'autrement c'était violer la
règle des deux degrés de juridiction , etc.
Ces rnoyens furent plaides avec beaucoup de
foice et d étendue , par le citoyen Pérignon ,
assisié d'un autre délenseur distingué de Bru-
xelles , député tout exprès par ses pani-ea pour
suivre ce procès.
Le citoyen Guichard , qui plaidant pour les
défendeurs à la cassation , s attacha à démontrer
que jusqu'ici on avait souvent mal entendu et
faussement appliqué la règle des deux degrés
de juridiction; que les réformateurs de nos lois
judiciaires n'avaient jamais voulu prescrire autre
chose par cette règle , sinon que les parties plai-
da', es ne fussent jamais exposées à parcourir
plus de deux tribunaux successifs pour raison !
de la rnêinc aHaire ; qu'en défendant les.évoca-\
iions , ils n'avaient entendu que les évocations |
de faveur ou d'autorité arbitraire, et non pas I
les évocations de droit et de justice, autorisées
par les lois anciennes pour l'avantage même des
citoyens , et la plus prompte administration de
la jusiice ; que du moment qu'il y avait eu con-
testation au tribunal de première instance etjuge-
ment, le premier degré avait été rempli ; que
peu importait que ce jugement eût statué sur
toutes , otl sur une seule des questions de la
cause ; que du moment qu'il y avait eu appel,
cet appel avait dû nécessairement entraîner et
déférer au tribunal supérieur le procès en en-
tier ; que le devoir du tribunal d'appel était
de le terminer et juger dans tous ses points ;
que n'en juger qu'une partie , et renvoyer l'autre
au premier juge , ce serait d'un seul procès en
faire plusieurs , ouvrir une carrière sans bornes
à la chicane , et exposer les parties à parcourir
un nombre illimité de dégrés de juridiction,
sans jamais être sûres d'arriver à un terme.
Le tribunal de cassation paraît avoir sanctionné
ces principes le 24 de ce mois , en maintenant
le jugement attaqué.
des citoyens , les suites n'ont pas été auisi fu-
nestes que je le redoutais , vient de dévoter ,
dans la nuit du 17 au 18, un moulin à scier
dû bçis , situé dans notre port et placé entre la
tour des signaux et les magasins. Ce moulin ,
dont la constiuciion savante ei coûteuse est ache-
vée depuis peu de tems , était destiné au service
de la marine.
J'ai recherché les causes de cet accident ; mais
ce qui nir démontrerait que la œalveillai;re de
nos ennemis serait pour cette fois en déiaut ,
c'est qu occupés eux-mêmes à lutter contre ' la
lempêie , ils paraissent lui avoir laissé tout le
soin de nous donner de nouvelles inquiétudes.
Un vent d'ouest . le plus impétueux qu on ait
ressenti dans ces parages , soufflant toute la nuit
avec une fureur telle que les habitations les plus
soliaes de I Orient en paraissaient ébranlées , a
brisé les crampons qui retenaient les ailes volu-
mineuses du moulin. Livrées à la bourasque , il
i^'a fallu que quelques minutes au frottement
violent des pièces agitées par elles , pour devenir
un incendie.
Averti par la clameur publique , j'arrivai dans
le port à la poinie du jour , lorsque les flammes
dévoraient la sommité de ce moulin. Les maga-
sins qu'il dominait fùreni préservés et sauvés par
le courage et l'activité des secours.
J'ai l'honneur de vous saluer.
J. Charron,
Le commissaire - général de police de l'Orient, au
rédacteur. — L Orient Je 10 brumaire, an 9.
Citoyen , un incendie dont, grâces aux soins
et à I activité des autorités civiles et militaires et
Citoyen , je vous prie de faire connaître au
public que le bureau de bienfesance de la di-
vision du Mail , qui , depuis un an , protège
et soutient l'établissement des soupes économi-
ques de la rue du Mail , et qui se distingue par
son zèle pour le bien des pauvres , vient d'en
donner une nouvelle preuve , en prenant cin-
quante souscriptions pour former des établisse-
mens de soupes économiques dans Paris. Le
bureau de bienfesance de la division de Brutus
en a pris quarante.
Je vous salue ,
Decandolle , secrétaire du comité des
soupes économiques.
— 2
La banque simplifiée et les arbitrages sans calculs ,
ouvrages en deux formats diflérens ,run de poche
et l'autre de cabinet.
Le premier réduisan^t en 110 tablçaux toutes les
opérations de change possible , de change de
France, de Hollande d'Hambourg , d'Angleteire,
de Portugal , d'Espagne , de Gênes et de Livourne,
de Venise , de Vienne et de Bâle à une seule
transposition de virgule , et leurs âibitrages à une
seule muliiplicjtion , et le deuxième présentant
en plus de 5oo tableaux difierens les comptes faits
de ces mêmes arbitrages, entre 20 des plus fortes
places de lEurope et celles avec lesquelles ces
places sont dans l'usage de tiavailler ;
Par Aubry, géomètre ; première livraison , com-
posée pour la banque simplifiée, de l'instruction,
de l'ouvrage et de 36 tableaux de change relatifs
à la France, à la Hollande, à Hambourg et à
l'Angleterre , et pour les arbitrages sans calculs ,
aussi de l instruction de l'ouvrage , et de Sg ta-
bleaux d'arbiiiages , comptes faits existans entre
France et Hollande.
Le prix total des livraisons de ces deux ouvrages
qui se suivront rapidement , est de g fr. l'édition
tle poche en papier ordinaire , et de 16 fr. en
vélin , et celui de l'édition de cabinet de S fr. en
papier ordinaire. I! faut ajouter l fr. 5o cent, par
chaque édition pour les francs de port par la
poste.
On paie séparément les tableaux de cabinet
75 ceniimes.
A Paris, chez l'auteur, quai des Augustins ,
n° 42 ; chez Moreâu , libraire , même demeure ;
et chez Girardin , Palais du Tribunat , n° i56 ;
ainsi que chez tous les libraires des départemens
et de létranger.
Les iiégocians de tous les pays savent qu'une
opération de change exige presque toujours 100
à l5o chiffres, quelquefois même 180, et qu'un
arbitrage en exige presque toujours le double,
souvent même trois fois autant. On doit donc
une véritable reconnaissance au citoyen Aubry ,
déjà connu par de nombreux et utiles travaux
en ce genre , de présenter aujourd hui un moyen
infiniment simple.de Se débarrasser des calculs
les plus insipides. Sa première livraison les met à
même non-seulement d'apprécier ce double
ouvrage, mais même de l'appliquer de suite à
leurs affaires.
Cet'e première livraison paraîtra du 1^'^ au 3
frimaire prochain , et jusque-là on pourra se
procurer chez l'auteur tels renseignemens ijue
ion pourra désirer sur cette intéressante pro-
duction.
M u s I q^ U E.
Morceaux choisis de la création du monde ■
par J. Haydn , avec accompagnement dé forie-
piano. Les paroles françaises parodiées sur cette
musique sont du cil. Porto. N"' i et s. Le i=»
contient l'ouvemire , un récit, un solo, un qua-
tuor. Le prix est de 4 fr. 5o cent. Le n» 2 contient
un air que chante Gabriel dans Eden, Le prix est
de 2 fr. 5o cent. La suite de cette colieciion p*.
raiira incessamment. , j
Léditeur ne prétend donner, et nous n'insé-
rerons nous-mêmes aucun éloge de celte 8;rande
composition , dont la téputation est déjà faitç
chez l'étranger, et répond à la juste célébrité
d Haydn. L'éditeur a la bonne foi de convenir
en l'annonçant, qu'elle ne convient point à de
faibles amateurs ttiôus ajouterons , par une con-
séquence naturelle , qu il n'est pas un amateur
distingué qui ne doive s'empresser d'en faire ua
objet d'étude.
Ces numéros se trouvent chez Porro , direcietir
de musique , rue Beaurepaire , n" 16.
COURS DE GEOGRAPHIE.
Le cours de géographie du cil. Mentelle , que
nous avions annoncé sans désignaiion de jour,
commencera le 2 frimaire, aune heure, et
Cjontinuera les jouis pairs, à la même heure,
dans son logement aux galeries du Louvre, n° ig;
il s'y servira du globe , déjà connu , et dont ii
est l'auteur, ayec lequel il peut démontrer la
géograjihie physique et la géographie politique
ancienne et moderne. Ce cours, en 24 Icçins,
esiduprix de 18 fr. payables moitié en souscrivant!
Ans aux négocions et voyageurs.
A dater du 25 brumaire , l'établissement dei
berlines Saint-Victor , cjui est rue Neuve-Egaliié ,
n° 3p6 , sera transponé rue du Mail, ci-devant
hôtel des Chiens, n° 43 , d'où il partira de celte'
époque , tous les jours pairs , à 7 heures du
malin, une berline ' conduite en posle , qui se
rendra en trois jours à Biuxelks, et couchant
à Lille. Les bureaux sont , à Arras , chez Pran^er
et au petit Sainl-Paul ; à Lille, chez le cilo^^en
PeUy; à Bruxelles , hôiel du duc de Biabant.
On trouvera au bureau de Paris la voiture de
Pont-Sainte-Maxence, et celle de Senlis.
On demande un négociant ou propriétaire ij<»
/ame , pour traiter d'une entreprise lucrative eo
totalité ou en partie.
S'adresser en l'élude du cit. Ladigeois , notaire
Parvis-Notre-Dame.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 2 5 brumaire.
Rente provisoire 23 fr. aS c.
Tiers consolidé 33 fr. 88 c.
Bons deux tiers i fr. 5g c.
Bons d'arréragé 85 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8 ,. . gS fr. 5o c.
Syndicat
Coupures S4 fr. 5o c.
Aci. de 5o fr. de la caisse des rentiers. 3p fr.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ije et des Arts.
Le 2g , Bal masqué. — Il commencera à minuit.
L'ouverture des bureaux se fera à 11 heures.
Prix du billet d'entrée , 6 fr.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
l'Entrée dans le monde , com. en 5 actes , suiv.'
de Claudine de Florian.
Théâtre des jeunes ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. la Gouvernante par amour ; Jeannot et Colin ,
et Contrainte et Caprice.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la 3" repr. du
Retour d'Arlequin dans son ménage . suite d'ArU-
quin afficheur, M. Guillaume ; Comment faire ?
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Aujourd- la i''' repr. de l'Elevé de la Nature ,
pantom. allégorique à grand spectacle , suivie
de l'heureuse Découverte.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Auj. relâche.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du ib brumaire.
8. 48. II. 70. 22.
A Paris, d». l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZ^^pATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 5t.
Septidi , i2 7 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater A\x 7 Nivôse le MONITEUR est ï& seul journal officiel.
Il cpntient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les cortespoiui^nces ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Paris , le 26 brumaire.
Ne
Ions nous proposons de publier successive-
ment un tableau semblable à celui-ci, pour tous
les départemens de la république.
Les quatres premières colonnes sont formées
des résultats fournis par les préfets ; ils ont fait
le recensement de la population sur les ordres
qu'ils ont reçus du ministre de l'intérieur; on
a lieu de croire que ce travail approche beau-
coup de l'exactitude.
La cinquième colonne est remplie d'après les
recensemeiis faiis en 1790, par ordre de l'as-
semblée constituante ; il est assez connu qu'ils
furent tous exagérés par une suite du désir qu'a-
vait chaque ville, chaque canton, d'obtenir un
établissement public.
La six.ieme est extraite de l'ouvrage de M. Nec-
ker, sur l'administration des finances , et présente
la population telle qu'il l'assigne à la province
dont fait partie le département , nommé dans
la même ligne.
Enfin , la septième est le résultat du calcul de
POPU1.ATION
D E
L A
la première colonne , comparé à la superficie
du département, telle quelle a été calculée'
en 1790.
Nous ne ferons quant à présent aucune ob-
servation sur ce travail, nous n'en tirerons aucune
conséquence ; nous nous bornerons à recueillir
des faits ; quand ces t.iblcs auront été publiées
en eniier , nous présenicions successivement
d'autres résultais non moins importans, du grand
trpvail qui se fait au ministère de l'intérieur sur
l'état de la république.
FRANCE.
Premier Tableau.
NOMS
DES
DÉPARTEMENS.
Ain.
Arriege
Aube
Bouches-du-Rhône
Eure ......
Gard ......
lUe-et-Vilaine . .
Indre
Jura
POPULATION
d'après le
recensement
fait par les
préfets.
297-1071
196,454
233,455
285,012
402,776
300,144
488,84s
205,902
288,i5i
2,697,811
NAISSANCES
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
DÉCÈS
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
IMARIAGES
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
POPULATION
de 1790 ,
d'après les
recensemens
faits par ordre
de l'assemblée
constituante.
2,588
1,267
2,458
2,357
2,576
2,017
3,995
1,387
1,893
20,538
2,332
673
2,040
3,586
2,200
1,694
2,280
i,6i3
1,253
17,671
347
195
355
43 r
495
372
720
175
847
3,337
293,866
175,360
197,355
322, i33
400,000
225,600
490,666
270,400
249,600
2,624,980
918
6o3
663
658
1,170
794
1,982
964
779
leue quarree.
En l'an 8 ,
d'après l'étendue
assignée à chaque
département , par
l'assemblée
constituante.
d93 t
8o5
765
904 i
1,3 II i
1,027 f
1,408 J
584 Ts
^125 i
— Avant hier , vis-à-vis la rue des Bourdonnais,
oria arrêté un individu poursuivi par un marchand
drapier de la rue Saint-Honoré , dans le magasin
duquel il venait de voler une pièce d étoflFe qu il
portait le long de^sa poitrine. Il refusait de rendre
l'objet réclamé , prétendant qu'il l'avait acheté ,
lorsqu'un marchand de toile de la même rue est
survenu pour réclamer une pièce de toile qu'il
avait volée chez lui , quelques minutes avant , en
fesant semblant de la marchander. Il niait égale-
ment ce larcin, mais il en a été convaincu lors-
qu'on eut trouvé sous sa houppelande la toile
réclamée. On a exigé qu'il fût conduit au poste
de la Samaritaine. Là il s'est enfoncé son couteau
dans le flanc. Arrivé au corps-de-garde, il s'effor-
çait d'élargir sa blessure avec ses doigis afin
d'assurer sa mort.
— On écrit de Nantes le 22 brumaire : Le coup
de vent du 18 a dispersé et jeté à la côle quatre
trains de bois merrain , auprès du château de
Clermont , à quatre lieues au-dessus de Nantes.
Une corderie que l'on couvre dans les derrières
des Saloiges a été totalement découverte : tous les
chevrons ont été enlevés par le vent avec les
Jattes , et jettes beaucoup plus loin. Une che-
minée de vingt pieds d'élévation , dépendante de
la maison Lefevre, île de Feydeau, a été jettée
sur le toît qu'elle a crevé : les décombres sont
tombés dans la chambre de pauvres gens qui
demeuraient là , et qui ont été heureusement pré-
servés par leur armoire.
Dans la maison Toché , place Graslin , lèvent
ayant cassé une vitre , souffla avec tant de vio-
lence par le passage qu'il se fit , qu'il jeta à bas
une cloison de bnques dont la chute , lort heu-
reusement , ne blessa personne.
Comme le fort du coup de vent venait du sud
au sud-sud-ouest, tous les bâlimens de Paimbœuf
ont été préservés. Le stationnaire de Mindin a
chassé sur ses ancres ; mais nous n'avons pas ouï
dire qu'il ait éprouvé d'avaiies.
Nous avons parlé de la perte d'un petit bateau
qui a péri à deux lieues au-dessus de Nantes : il
était de Saint-Julien : on porte à neuf personnes
le nombre de ceux qu'on n'a pu sauver.
Gel ouragan qui a endommagé tant de maisons',
n'a déraciné ni brisé aucun des arbres de nos
promenades.
Il paraît que les mauvais tems à la mer ont pré-
cédé noire coup de vent du 18. Antérieurement
à cette époque ( on ne sait pas aujourd'hui la date
précise , mais la chose est sûre) , un vaisseau de
ligne anglais , de 74 canons , ( on croit que c'est
t Hercule) , a échoué dans la baie d'Estelles (entre
la presquîle de Qjjiberon et la rivière du Port-
Louis ). Les anglais , désespérant de relever ce
bâtiment y ont envoyé , dans un moment de
calme , des embarcations pour en sauver l'équi-
page qu'ils ont mis à bord d'une corvette. Ils ont
ensuite mis le feu au vaisseau et se sont éloignés.
Cinq autres bâlimens de guerre anglais sont ,
dit-on , dans la baie d'Audierne : ils ont dû s'y
trouver pendant l'ouragan ; nous apprendrons
bientôt s'ils n'ont pas été jettes à la côte.
— On écrit de Versailles , en date du 23 bru-
maire. Le 18 de ce mois , le feu s'est manifesté
dans des meules de grains , sises dans un champ
voisin de la commune de Trappes , départe-
meut de Seine et Oise. Le déiachement des pom-
piers établi à 'Versailles s'est porté aussi-tôt sur les
lieux , et le feu commençait à s'appaiser, quand
on est venu chercher les pompiers pour se ren-
dre à Moniigny , à quelque dislance de Trappes,
et oii le feu venait aussi de se manifester
dan' d'autres meules de bled exposées dans les
champs.
Le feu de Moniigny n'a été éteint que le 19 à
midi , ei le 20, , à 4 heures du soir , les pompiers
restés à Trappes n'étaient point encore de retour
à Versailles.
— Des lettres de Strasbourg annoncent que la
foire de Léipsick a été remarquable par le grand
membre de marchands français qui s'y ront
trouvés.
Ils ont fait grand tort aux anglais , écrit-on ,
non seulement par l'élégance de leurs marchan-
dises, mais encore par la modicité de leurs prix.
Les points et dentelles de Paris et d'Alençon ont
eu un grand débit , et plus encore les soieries
qui ont élé vendues à un taux considérable. Les
velours de Gênes ont été enlevés sur le champ.
Au reste , il est aussi quelques anglais qui ont
beaucoup vendu. La maison Humphries et com-
pagnie a débité seule pour 1,900.000 francs. On
regrette qu'il n'y eût pas de marchands français
en pelleteries : les grecs et les turcs ont acheté
les pelisses à tiès-haui prix. L'argent comptant
s'y trouvait en quantité , sur-tout l'or. Il y avait
six mille juifs. Beaucoup de marchands ont dû
faire venir des marchandises par la poste , n'en
ayant point assez.
Vvus savez aussi que la foire de Léipsick est
l'entrepôt de toutes les productions littéraires de
l'Allemagne. Cetie fois il n'y avait que 1090 livres
nouveaux; mais à la foire de Pâques, il y en
avait 2879 , de sc'e que ceuc année a vu 396g
nouveaux livres , non compris la foule des
brochures, des journaux, etc
Si l'on fait seulement un calcul très-modéré ,
il en résulte qu'il a fallu pour tous ces livres
57 millions de feuilles de pépier , les journaux
en consomment bien davantage. La seule ville
de Hambourg en emploie annuellement , en
gazettes, neuf millions de feuilles.
Aucun pays de l'Univers n'a autant de livres
et autant de libraires que l'Allemagne. En France,
en Angleterre , c'est seulement daus les grandes
villes que se trouvent les auteurs , les imprimeries
et les librairies ; mais en Allemagne , il y a tant
de capiiales , tant de gouvernemens , et par cf>n-
séquent tant d'auteurs , que la plus p liie villi;
compte le sien. 11 en résulte une pl-rine concur-
rence, bonne , en ce qu'il faut produire quelque
chose d'excellent pour devenir célèbre; mau-
vaise en ce qu'elle inonde le public de inéthani
ouvrages. Voici le relevé des livres nouveau» ,
pendant les trois dernières années. En 179^.
3900 ; en 1799 ,38s6i et en ;^oo , 3969.
le Journal de Poitiers, du i5 ce mois, rap-
J)orie un trait de bienfesance qui même d'êiic
cité. Un citoyen a fait passer 1200 francs à l'hos-
pice civil , et a thargé la commission admini.s-
trative de faire distribuer deux barriques de vin,
et 20 livres de tabac à ceux des pauvres que
leur âge où leurs infirniiiés empêchent detravaiPer.
Le reste de la somme demeure à la disposiiion
de la commission de l'hospice. Les membres
n'ont point laissé ignorer le bienfait aux pauvres
confiés à leurs soins ; mais ils n'ont pu leur faire
connaître le nom du bienfaiteur qui a gardé
l'anonyme.
— Les citoyens Péron et Michaux , corres-
pondans delasociélédes observaieurs del homme,
et qui sont de l'expédition du capitaine Baudiii,
écrivent du Havre , 26 vendémiaire , au secré-
taire perjctnel de la sociéié , qu'ils n'ont qu'à
s'app audir de la composition du corps des marins.
Elle est telle , disent ces deux savans , que ce sont
autant d'amis et de collaborateurs que nous avons
trouvés en eux. Tout annonce donc que les dis-
senlions si honteuses , si funestes, qui ont tant nui
aux succès des expéditions de ce genre , n'auront
pas lieu cette lois-ci ; et l'on peut tout attendre
de gens pleins de zèle dont tous les elForls com-
binés n'auront qu'un seul but , celui de bien
faire. Ils se louent beaucoup du capitaine Hame- |
lin, comraandanten chti te Naturaliste. Lemérite,
la modestie , l'urbanité de ce marin qui a dis
connaissances très-étendues , sont le sujet de leurs
éloges
suivront le réparlement entre les arrondissent ans tard à dix heures. En mettant moins d'intervalle
entre les pièces et dans les entr'actes , on pré--
viendra les murmures et l'impatience du public;
les citoyens paisibles qui habitent des quartiers
éloignés dcS théâtres pourront jouit encore d'un
délassement dont ils étaient forcés de se priver.
communaux,
VIII. Les préfets répartiront 5 centimes par
franc , en sus dô principal des contributions
directes, pour fonds de non valeurs.
IX. Ils pourront de plus répartir séparément
la somme nécessaire pour leurs dépenses et celles
des arrondissemens communaux, d'après la fixa-
tion provisoire qui en aura été faite , sans pou-
voir excéder pour ces objets réunis dans les dé-
partemens du Monl-Tonnerre et de la Roër ,
10 centimes , et dans ceux de Rhin-et-Moselle
et de la Sarre ib centimes , par ttanc du prin-
cipal.
X. Les sous-préfets pourront également répar-
tir sur les communes la somme nécessaire pour-
leurs dépenses, d'après la fixation provisoire qui
en aura été faite , sans qu'ils puissent excéder
7 centimes et demi par franc du principal.
XI. Les rôles seront expédiés par les directoires
des contributions , conformément à la loi du
3 frimaire an 8.
■XII. Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté, qui sera inséré au
Bulletin des lois.
Le premier consul, jt^ne, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H B. Maret.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Copie de la lettre du préfet du département de la
, , .,.,.,.-. Seine-Inférieure , au ministre de l'intérieur. —
Ils parlent avec le plus vif intérêt dn coyer^ Rouen , le 22 brumaire an 9.
Bory-Sainl-Viocent , qui, a 1 âge de 24 ans , et
marié depuis peu à la nièce du citoyen Pé'iet
ex-minisire de la guerre , abandonne- les avan-
tages que pouvait lui procurer l'éiai militaire et
Citoyen ministre ,
dans la crainte de compromttirc leur sûrefé ,
en retournant à leur domicile à des heures
indues.
CONSEIL- D' ÉTAT.
Fin du rapport et projet de loi sur l'instruction
publique ,. présentés au conseil-d'élal , section dt
l'intérieur , par J. A. Chaptal.
TITRE VII.
TRAITEMENS DE RETRAITE.
Art. 1". Tout maître d'école , instituteur et prO'
fesseur a droit à un traitement de retraite après
vingt ans de service effectif dans l'instruction
pubHque , et dans le cas d'infirmité constatée.
II. Ce traitement de retraite sera moitié de
celui dont il jouissait en pleine activité de service.
III. Les professeurs de médecine et de légis- ,
lation auront pour leur retraite la totalité de
leurs appoinlemens fixes.
IV. Lorsqu'après vingt années d'enseignement
public , un maître décole , instituteur ou pro-
fesseur voudra continuer son service , il pourra
cumuler un quart de son traitement de retraite
avec son traitement effectif pendant les dix pre-
mières années, moitié pendant les dix année»
suivantes , trois quarts pendant les autres dix
années, et la totalité par la suite.
I V. Le conseil municipal pourra néanmoins
I forcer un maître décale à discontinuer l'ensei-
1 gnemeni , dans tous les cas oià , après 20 années
de service , il le jugeta incapable d'exercer ses
J'ai reçu , le t2 du courant , l'ampliation de
toutes'ics jouissances d'une grande fortune, pour l'arrêté par lequel le premier consul m'accorde un • fonctions,
se livrer à d'u'.iles observations sur l'histoire natu- congé de deux décades. | Le juiry de département aura le même droit
Je ne crois pas qu'il me soit permis d'en pro- i sur les instituteurs , et le gouvernement sut les
fiter dans un moment oià l'on soupçonne que la ; professeurs,
fièvre jaune se manifeste en Angleterre ; parce j yi Le tems de service exigé pour avoir droit
relie (ju'il cultive avec passion , et va courir
ainsi les gloiieux hasards d une navigation longue
périHeuSL-. Ils n'oublient pas non plus lun
des hommes les plus recommandables de cette | que si un pareil soupçon se confirmait , l'appro- i ^^ uaitement de retraite , comptera du jour où
expédition , le jeune Bernier , astronome très
instruit, qni secondera utilement ses compagnons
de voyages.
— L'ouvrage intiiulé Essais sur l'histoire naturelle
des quadrupèdes du Paraguay , pat Don Félix
d'Azzara , est du frère de celui qui a été ambas-
sadeur à Rome et en France, et non pas comme
on l'avait publié de l'ambassadeur lui-même.
Le même auteur , et le même traducteur ( le con- I tude que je vous manifeste
seiller-d'éiat Moreau Saint-Merf l^ vont donner] g^i^ ç^ respect,
une histoire, morale et politique du Paraguay
che du danger exigerait de ma part des mesures jg maître d'école , instituteur ou professeur aura
sévères et de tous les instans. ! été appelé à remplir des fonctions publiques dans
Qiielques pressantes que soient les aff'aires qu' l'instruction.
motivaient mon absence , la plus pressante de j yil. Pour avoir droit au traitement de retraite ,
toutes est de remplir mes devoirs. , ig service dans l'instruction ne doit avoir été
Je vous prie donc de permettre que je diff^cre j suspendu que pour des raisons légitimes , ou
d'user de la permission du premier consul jusqu'à j- . --^ i-i:_-
ce qu'on soit complettement rassuré sur l'inquié-
ACTES'DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du ib brumaire an 9.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances , considérant qu'il im-
porte de déterminer le montant et le mode de
répartemeni des contributions directes et indi-
rectes de l'an 9 , dans les départemens du Mont-
Tonnerre , de Rhin et Moselle , de la Ro er et de
■la Sarre , le conseil-d'éiat entendu , arrêtent :
Art. l". Les contributions directes et indirec-
tes , établies pour l'an 8 dans les quatre dépar-
fetaens ci-dessus , sont prorogées pour l'an 9 ,
sauf les modifications ci-après.
II. La contribution foncière de cette dernière
année est fixée en principal à la somme de
7.5oo,ooo fr.
III. Les contributions personnelle, mobiliaire
€t somptuaire sont réduites , pour l'an 9 , de
l,5oo,ooo fr. à t,i25,ooo tr.
IV. La répartition de la contribution foncière
de l'an 9 , entre les quatre départemens , est faite
conformément au tableau inséré dans l'arrêté du
commissaire du gouvernement . du 8 ventôse
an 8 , n° 14, Bulletin , n° i3 ; savoir:
Mont -Tonnerre. ........ 2,3oo,ooofr.
Rhin et Moselle i,3oo,ooo
Roër s, 600,000
Sarre l,3oo,ooo
Signé , Beugnot.
Réponse du ministre de l'intérieur. — Paris , 26
brumaire an 9.
J'ai reçu , citoyen , voire lettre du 22 de ce
mois, l'applaudis à votre dévouament : il honore
le choix du gouvernement et justifie sa confiance.
Les hommes qui le servent , comme vous , sont à
la fois garans aux peuples de leur bonheur , et
à l'état , de sa gloire.
Je vous salue , Signé , CHAPTAt.
Total.. 7,5oo,ooo
V. La tépartilion des contributions personnelle,
mobiliaire et somptuaire , est faite conformément
au même tableau , sauf la diminudon d'un quart ,
savoir 4
Mont - Tonnerre. . . . . . 298,300 fr
Rhin-et-Moselle 165,400
Roer . 471,900
Sarre 189,400
1,125,000 fr.
VI. Le répartement entre les arrondissemens
communaux sera fait, pour cette fois seulement ,
par ie préfet de chacun des quatre départemens.
et dans le délai de dix jours , à compter de la
publication du présent arrêté.
VIL La répartition entre les communes sera
faite par les sous-préfets , dans les dix jours qui
pour d'autres servi<tes publics.
TITRE VIII.
DES PENSIONNATS ET' ESa'mENS PUBLICS.
Art. I". Il y aura près de chaque école com-
munale , un .pensionnat surveillé par le directeur
de l'école.
II. L'entreprise du pensionnat sera confiée ,
par le sous-préfet , au citoyen qu'il jugera le
plus capable.
III. A la fin de chaque année , et à des jours
indiqués, les membres du jury départemental se
transporteront dans chaque école communale
pour y procéder à un examen public , en présence
des autorités civiles.
IV. Ces examens seront annoncés trois mois
d'avance.
V. Les instituteurs publics et particuliers pré-
senteront à l'examen tous ceux de leurs élevés
qu'ils en jugeront dignes ; ils les feront inscrir»
pour la parue sur laquelle ils peuvent être exa-
minés.
VI. Le mode d'examen ou concours sera réglé
par le gouvernement,
VII. Le préfet ou sous-préfet distribuera de*
prix , au nom du gouvernement , à ceux de>
élevés qui se seront distingués , et les noms des
instituteurs seront imprimés et proclamés avec
ceux des élevés.
VIII. Il y aura , dans chaque pensionnat de
l'arrondissement de la préfecture , huit place»
payées par le trésor public ou sur les fond$
destinés à l'établissement des bourses ; ces place»
seront réservées pour ceux des élevés peu fot'
tunés qui se distingueront dans les concours.
Le jury présentera, chaque année, au préfet,
un nombre d'élevés proportionné à celui des
places vacantes.
IX. Lorsqu'à l'âge de seize ans , les élevés sa»
lariés déclareront se vouer à l'enseignement pu-
blic , ils seront admis en qualité de répétiteurs
decoupoiis , balanciers , matrices et '!>°? les pensionnats , seront exercés dans l'art
lies servant à la fabrication de celte' de l enseignement par le directeur de 1 école, et
occuperont les premières places vacantes dans
l'instruction publique , pourvu toutefois que le
jury les en juge capables.
X. Ces pensionnaires seront examinés tous les
ans par le jury, qui fixera l'époque où ils doi-
vent cesser d'être salariés par le gouvernement.
XI. Si quelqu'un de ces élevés salariés annon-
çait du goût et des dispositions pour le dessin:,
1 histoire rwturelle , la litiérature ou toute autre
science , le préfet pourra i'cnvoyer à Paris pouiîl
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris, le 25 brumaire an 9 de la république fran-
çaise une et indivisible.
Le préfet de police a fait srrêter successivement
depuis quelques jours 5 évadés des fers, connus
tous pour des brigands dangereux. Ils vivaient à
Paris sous des noms supposés.
Il résulte de l'examen fait par les payeurs de la
monnaie , que les fausses pièces d'or de 24 livres ,
dont le préfet de police a fait saisir la fabrique au
commencement de la décade dernière sont au
millésime de 1785 et 1788; que celles au millé-
sime de 1785 sont à la lettre A et au double AA ,
marques indicatives des hôtels de monnaie de
Paris et de Metz ; qu'elles ont à-peu-près le poids
des bonnes pièces d or , mais que leur valeur n'est
que de I2 , l3 et 14 fr. ; que pour avoir ce poids
elles sont un peu plus larges et plus épaisses ; que
celles au millésime de 1788 paraissent aussi être à
la lettre A , l'empreinte se trouvant manquée en
cet endroit on l'apperçoit à peine , et que ces
derniers pèsent jusqu'à 28 grains de moins que les
bons.
Aujourd'hui , il a fait saisir, àVaugirard, du
côté de la plaine de Grenelle , les fourneaux
creusets , découooiis , balanciers , matrices et
autres usiens
fausse monnaie ; il y a fait arrêter aussi deux in-
dividus qui s'y trouvaient porteursJe faussespieces
de monnaie d'argent.
Du même jour.
Le préfet de police vient d'écrire aux entre-
preneurs de tous l'es théâtres de Paris que, si
des habitudes nouvelles ne perrnettent pas de
lever la toile avant six heures , comme autrefois .
lien n'«mpêche que le spectacle ne finisse au plus
52 23
•y continuer ses études ; sa pension lui sera con-
servée pendanl deux ans. Il comptera toujours
■ parmi les huit élevés salariés du dépanement.
XII. Les Prytanées actuellement existans, seront
organisés par le gouvernement en écoles mili-
taires.
TITRE IX.
ORGANISATION PARTICULIERE DES ÉCOLES
SPÉCIALES.
i P R E M I E R.
Ecoles spéciales de médecine.
Art. I"^. Les trois écoles spéciales de médecine
ttiblies par la loi du 14 frimaire an 3 , sont
maintenues.
Pn continuera à y enseigner toutes les parties
qui constituent l'art de guérir ; savoir , la méde-
cine et la chirurgie.
II. La distinction des professeurs adjoints est
supprimée.
III. Le nombre des professeurs sera réduit ,
par mort ou démission ,
A seize pour Paris ,
Douze pour Montpellier ,
Dix pour Strasbourg.
IV. Le tems de scolarité , ou le cours d'études ,
sera au moins de trois années.
V. Il sera alloué à chacune des trois écoles une
somme annuelle de 6000 fr. , tant pour entretien
des bânmens , que pour le traitement des por-
tiers , concierges , jardirliers , chefs de prépa-
rations , etc.
L'école de Paris aura un supplément annuel
de 3ooo fr.
VI. Il sera distrait 5 pour 100 sur la rétribution
des élevés , pour être employé aux frais dei cours
de chimie, botanique, anatomie , entretien de la
bibliothèque et traitement du bibliothécaire.
VII. A l'avenir , nul ne pourra êire admis à
exercer la médecine ou la chirurgie dans l'inté-
rieur de la république, sans être muni d'un cer-
tificat de capacité délivré par l'une des trois
écoles.
VIII. Le diplôme ou certificat de capacité sera
uniforme pour les trois écoles , et réglé par le
gouvernement.
IX. Ce diplôme ne sera délivré qu'après dvs
examens préalables sur la théorie et la pratique.
Ces examens seront publics. Le dernier aura pour
sujet une thèse imprimée , au choix du candidat.
X. Tous ceux qui exercent en ce moment la
médecine ou la chirurgie sans aucun titre légal,
seront tenus , dans lintervalle de six mois , à
compter de la publication de la présente loi, de
se présenter à l'une des trois écoles pour y subir
un examen public, et y obtenir le diplôme de
capacité.
Cet examen devra être fait dans le mois , à
compter du jour où le candidat se sera présenté.
I) sera terminé eii une séance.
Les frais d'examen et de réception sont modérés
à ïoo fr.
XI. Sont exceptés de laformalité des examens,
1°. Les oflBciers de santé qui ont été employés
en chef dans les armées de terre et de mer , en
vertu d'un brevet ou d'une commission légale ,
d'après les dispositions ordonnées par la loi du 3
nivôse an 2 ;
2°. Les officiers de saille employés pendant deux
ans , soit comme chirurgiens de première classe ,
ou comme médecins , dans les armées ou hôpitaux
militaires.
Il leur sera délivré un diplôme sur la preuve
fournie des services ci-dessus.
XIII. Les élevés qui ont déjà obîenu provisoi-
rement des attestations de capaciié, ne seront
tenus qu à échanger ces attestations contre des
diplômes.
XIV. Les porteurs d'un diplôme de capacité se
feront inscrire dans les registres de là munici-
palité dans laquelle ils se proposent de se fixer.
XV. Tout individu exerçant la médecine ou la
chirurgie sans être muni du diplôme , sera pour-
suivi devant les tribunaux , et condamné , pour la
'première fois , à une amende de 1000 fr. envers
les pauvres du lieu. En cas de récidive , outre
l'amende , il sera mis en détention pendant trois
mois.
XVI. Les seuls professeurs de botanique , chi-
mie et anaiomic seront exclusivement attachés à
l'ensrigncment d'une partie. Lécole arrêtera ,
chaque année, la distribution et lépariition des
autres parties qui seront enseignées , de même
que l'époque , les jours et les heures des divers
cours : elle en adressera le programme au ministre
de l'iniérieur, pour être approuve parle gouver-
nemeni.
XVII. Les statuts et réglemens pour l'exercice
et la police de la pharmacie , provisoirement
maintenus par le décret du 14 avril 1791, cou-
inuctont à avoir leur exécution.
§•11.
Ecoles spéciales de législation.
Art. J". Il y aura une école de législation
aupics de chaque tribunal d'appel.
II. Chaque école sera composée de trois pro-
fesseurs ;
Un professeur de droit public,
Un professeur de droit civil.
Un professeur de droit criminel.
III. La durée du cours d'études est fixée à
trois années.
IV. Il y aura des examens publics dans chaque
école, d'après lesquels on délivrera des diplômes
ou certificats de capacité.
V. A compter de l'an 10 , nul ne pourra être
reçu en qualiié d'avoué auprès d'un tribunal .
ni être investi d'une place de juge à la nptninaiion
du gouvernement, s'il n'est revêtu du ceriificat
ci-dessus.
yi. Il sera alloué à chacune des écoles de légis-
lation , une somme annuelle de 2000 francs pour
les faux fiais et l'entretien du bâtiment de
l'école.
VII. Le gouvernement fera tous les réglemens
qu'il croira nécessaires pour organiser une bonne
instruction dans toutes ses parties.
§ III.
Ecole spéciale d'agriculture et d'économie rurale.
Art. I". Il y aura une école spéciale d'agri-
culture et économie rurale auprès de Paris.
II. A celte école sera attachée une ferme d'une
^ étendue suffisante , pour y suivre des expériences
t d'uiiliié publique.
j ^ III. Il y aura quatre professeurs destinés à
I l'enseignement:
1°. De la mécanique rurale ;
2°. De la nature et culture des terres ;
I 3°. De la mouture , boulangerie et nourriture
des hommes et animaux ;
4°. De la culture des arbres.
IV. Outre les quatre professeurs , un directeur
sera chargé de surveiller l'enseignement , d'en-
tretenir la correspondance , et de suivre tous les
détails de l'adminisiraiion intérieure.
V. L'instruction sera gratuite pour les élevés :
le gouvernement mettra annuellement à la dis-
position de l'école , une somme de l5,ooo francs
pour fournir à tous les besoins d administraiion
et frais d'expériences.
§ I V.
Ecoles spéciales d'art vétérinaire.
Art. P''. Les écoles spéciales d'art vétérinaire
établies par la loi du sg germinal an 3, l'une à
Lyon , l'autre à Versailles , sont maintenues.
II. Le nombre des professeurs en sera réduit à
cinq.
Il y aura en outre un directeur chargé de l'ad-
ministiation de l'école , de l'inscription et de la
conduite des élevés.
III. L'instruction entre les professeurs est par-
tagée comme il suit :
1°. Anatomie des animaux domestiques ;
2°. Connaissances et signes qui constatent la
santé et les bonnes qualités de ces animaux ;
3°. Botanique , matière médicale , chimie phar-
maceutique ;
4°. Maladies de ces mêmes animaux ;
5°. Forge et ferrure.
IV. Chaque arrondissement communal , con-
formément aux dispositions de la loi du 29 ger-
minal an 5 , pourra envoyer un élevé à celle
des deux 'écoles qui sera la plus voisine; il lui
sera alloué, sur le produit des centimes addi-
tionnels , une somme de 25 fr. par mois.
Le choix de l'élevé sera fait par le sous-pré-
fet. Son instruction ne pourra durer plus de
quatre ans.
V. Le directeur de l'école pourra renvoyçr
un élevé pour cause d'inconduite ou d'incapa-
cité ; il en informera le sous-préfet de l'arron-
dissement , pour qu'il soit pourvu à son rem-
placement.
VI. Le gouvernement tiendra chaque année,
à la disposition de chacune des deux écoles, la
somme de Sooo fr. pour fournir aux faux-frais
du service dt l'école.
§. V.
Ecoles spéciales des arts mécaniques et chimiques.
Art. l". Il y aura, pour toute la république,
quatre écoles des arts mécaniques et chimiques.
II. Ces écoles seront établies à Paris, Lyon,
Toulouse et Bruxelles.
III. L'école de Paris sera formée dans les bâti-
mciis de Saini-Marlin-des-Champs , confouné-
ment à la loi du 26 Uotéal an 6.
IV. L'écolf de Paris aura quatre professeurs)
L'un , de mécanique et hydraulique ;
Le second , de l'art de la construction des ma-
chines et outils ;
Le troisième , de chimie appliquée aux arts ;
Le quatrième , de dessin.
Dans les écules de Lyon , Toulouse et Bruxelles
il n'y aura que trois professeurs; celui de méca-
nique et hydraulique; celui de chimie appliquée , et.
celui de dessin.
V. Il sera fait un fond annuel de 36. 000 fr.
pour l'administration et les faux- frais de ces
quatre écoles. Chacune des écoles de Lyon ,
Bruxelles et Toulouse , aura 6000 francs sur cette
somme ; celle de Paris tn aura 18,000 , tant pour-"
lâchât, construction et réparation de machines,
que pour les autres dépenses de l'école.
i VI.
Ecoles spéciales des arts du dessin.
.\Tt. l". Il y aura à Paris , sous le 'nom à'écolet
spéciales des arts du dessin , une école de peinture,
sculp'ture et architecture.
II. Cette école sera composée comme il suit !
Six prolesseurs pour la peinture;
Six pour la icu/^irjrê,"
Quatre pour V architecture ;
Un pour Vanatomie;
Un pouf la perspective;
Un pour {'histoire, costumes et antiquités; •
Un pour la géométrie descriptive.
III. Chaque professeur donnera des leçons de
peinture et sculpture pendant deux mois dé
l'année;
Chaque professeur d'architecture enseignera
pendanl trois mois.
En cas d'absence ou de maladie , le service
sera fait par celui qui doit entrer le premier en
fonctions.
IV. Il sera ouvert tous les ans , à Paris , des
concours d'émulation relatifs aux divers objets
d'études et à leurs degiés.
V. L'école de France à Rome sera conservée.
Les élevés qui auront obtenu les premiers piix ,
auront seuls le droit d'y être entretenus aux frais
du gouvernement.
VI. Les réalemens concernant l'école de Paris
et celle de Rome seront ariêiés par le gouver-
nement.
§. VIL
Ecole spéciale de musique.
Art. 1". Le conservatoire de musique , créé
par la loi du 16 thermidor an 3 , sera conservé ,
et portera le nom d' école spéciale de musique.
II. Les professeurs y- seront réduits à 78 au lieu
de 1 18 , et les élevés à 400 au lieu de 600.
III. Il y aura une école spéciale de musiqup
dans chacune des villes de Lyon , Marseille ,
Bordeaux, Rouen, Strasbourg et Bruxelles.
IV. Chacune de ces dernières écoles aura
quatre professeurs :
Un professeur de musique ;
Un de chant i
Un de violon ;
Un de basse.
L'école de Paris aura un directeur nommé par
le gouvernement.
V. Il sera fait un fonds annuel de 24,000 francs
pour tous les faux-frais des sept écoles de mu-
sique.
Celle de Paris aura 16,000- francs sur cette
somme, tant pour sa bibliothèque, sa direc-
tion, etc. que pour les autres dépenses extraordi-
naires de l'école.
VI. Les professeurs et les élevés de chacune de
ces écoles spéciales sont à la disposition du gou-
vernement, pour la célébration des fêtes natio-
nales et autres cérémonies publiques.
§ V I II.
Ecole spéciale d'histoire naturelle.
Art. I''. Le muséum d histoire naturelle, orga-
nisé par la loi du 7 juin 1793, prendra le nom
d'école spéciale d'histoire naturelle.
II. Le directeur tiendra un registre sur lequel
seront inscrits tous les élevés qui se destinent à
l'enseignement public de l'histoire naturelle et de
la chimie.
III. Le gouvernement déterminera , chaque
année , la somme qui doit être affectée aux dé-
penses et service de l'école.
§ I X.
Ecole spéciale de littérature ancienne et moderne ,
et sciences phisiques et mathémaliqius.
Art. I''. Le collège de France prendra le litre
d'école spéciale de littérature et sciences physiques et
mathématiques.
-JJ. Le directeur de l'école inscrira sur un re-
i(istre tous les jeunes gens lui se destineront à
rsnseigiiem'ent des langues, belles - lettres , ou
sciences physiques et mathémaiiques.
III. Il y aura , chaque année , un fonds de
10,000 francs pour fournir à tous les faux-frais de
i'école.
§ X.
Ecoles spéciales de services publics . et autres établis-
semens consacrés à l'instruction publique.
Au. unique. L'école polytechnique organisée
parla loi du sS frimaire an 8;
Les écoles d'application concernant le service
militaire de terre et de mer , les mines , les ponts
et chaussées , les ingénieurs-géographes créés par
la loi du 3o vendémiaire an 4;
L'école spéciale des langues orientales vivantes,
et de la science numismatique , établie près la bi-
bliothèque nationale par les lois des 10 germinal
et 20 prairial an 3 ;
Les deux établissemens fondés à Paris et à Bor-
deaux pour les sourds-muets , par la loi du 16
nivôse an 3 , sont maintenus.
TITRE X.
INSTITUT NATION.-VL DES SCIENCES ET ARTS.
Art. I"^. L'institut national des sciences et arts ,
créé par l'article LXXXVIII de la constitution ,
fera dorénavant tous les réglemens qui lui paraî-
, tront convenables , tant pour les élections aux
places vacantes , que pour son régime intérieur.
II. Chaque classe nommera un secrétaire perpé-
tuel , pris dans son sein , et qui jouira d'un traite-
ment fixe de 6,000 fr.
III. La troisième classe de l'institut sera aug-
mentée d'une section , sous le titre de section
d éloquence.
IV. Chaque classe de l'institut aura , séparément.
Une séance publique chaque année.
V. Les lois des 3 brumaire et i5 germinal an 4 ,
sont rapportées en ce qu'elles ont de contraire aux
articles ci-dessus.
Toutes lois contraires aux dispositions de la
présente sont rapportées.
Celle du 4 brumaire an 4 , est rapportée en tout
ce qui concerne les écoles primaires et les écoles
centrales.
Comité médical pour tinoculation de la vaccine.
Du 20 brumaire.
Depuis le dernier compte qui a été rendu au
public (1), le comité acontinuéses inoculations, et
quatre nouveaux enfans du nombre de ceux qui
avaient été inoculés de la vaccine , ont été sou-
mis à la conire-épreuve de l'inoculation de la pe-
tite vérole.
Dans cette dernière épreuve , l'insertion a été
pratiquée superficiellement , comme on le fait
dans l'inoculation ordinaire. En préférant cette
méihode, le comité desirait se mettre à portée
d'observer l'effet qui en résulterait , et de le com-
parer avec celui qui a été le produit des piqûres
profondes , employées sur les quatre derniers
enfans réinoculés avec la variole , et qui en avait
imposé à quelques personnes sur la nature du
travail qui s'était manifesté aux piqûres.
L'inoculation des quatre nouveaux enfans n'a
eu absolument aucune suite , et le comité dès-
lors s'est confirmé dans l'opinion que le tra-
vail local observé aux piqûres profondes , qu'il
avait employées dans une de ses épreuves , était
le simple résultat de la plaie faite à la peau ,
et de la matière étrangère qui y avait été
déposée.
Mais pour ne laisser aucun doute à cet égard
il convenait dinoculer ainsi profondément des
sujets qui eussent eu auparavant la petite-vérole.
Le comité s'est empressé de faire cette expérience.
Un enfant qui , dans l'épidémie observée il y à
deux ans , contracta l'infection variolique, à l'hos-
pice même des orphehns, a été inoculé, le 18 ven-
démiaire , de la petite vérole. Deux piqûres pro-
fondes ont été faites au bras droit , et il y est
survenu le même travail qu'à celles des en-
fans inoculés de cette manière après la vaccine ,
sans qu'à l'inspection , ainsi que dans la marche
du travail, il ait été possible d'y remarquerlaplus
légère différence.
Le comité ne croit pas qu'il puisse maintenant
rester aucun doute sut la nature du travail
local observé à quelques - unes des piqûres
dans les cinq enfans réinoculés de la petite vérole ,
dont il a parlé dans sa dernière note. Ce tra-
vail fui parait étranger à toute espèce d'infection
variolique ; il s'est produit par l'effet delà plaie
' faite à la peau , le bouton phlegmoneux et la
suppuration qui sont survenus , en ont été la
suite ; la matière varioleuse qui y avait été dé-
posée , s'est conservée dans ce foyer , où l'on a
(i) Voyeï le n°. du 2 bruoiairt.
pu le reprendre avec toute son activité ; enfin
il n'y a pas eu dans ce travail , après l'emploi
de la vaccine , et sans doute par un bienfait de
cette pratique , plus d'infection variolique , que
dans l'enfant que nous avons inoculé de la petite
vérole , après l'avoir eu , il y a deux ans , de
la manière la plus sensible. ^
Le comité doit ajouter que , d'apfès l'avis qu'il
en avait donné dans sa dernière note , il a fait
sur deux enfans l'épreuve de la matière prise
sur les quatre sujets vaccinés, qui , ainsi que
Blondeau , ont offert dans la réinoculation avec
la petite vérole un travail local à quelques-unes
des piqûres. Cette inoculation n'a été suivie que
d'une inflammation légère , qui en peu de jours
s'est dissipée.
Le résultat des expériences du comité est en
ce moment :
Inoculations de la vaccine , 200.
Enfans vaccinés soumis à la réinoculation de
la variole , sans en avoir él;é atteints, 27.
Au nom du comité médical de l'inoculation
de lavaccine. Thouret.
THÉÂTRE FEYDEATJ.
Le Journal de Paris contenait le 23 la lettre suivante :
On donne aujourd'hui , aS , au théâtre Feydeau
le Voyage d'Epernay , opéra en i acte. La musique
est en grande partie connue. Elle est de Haydn ,
Pàësiello, Cimarosa , 'Vincenzo-Martini , Fabrici ,
et d'un autre maître italien qui est en France (i).
Cette pièce n'est cependant point une traduction,
ni une parodie d'un ouvrage étranger.
En attachant au fond léger de ce petit ouvrage
quelques morceaux faits par des compositeurs
si chéris et si célèbres , je n'ai eu d'autre but que
de procurer des jouissances aux amateurs de la
musique, et de fournir à l'orchestre du théâtre
Feydeau , qui est familiarisé avec les chefs-d'œu-
vre , une nouvelle occasion de faire bri^ller sa
charmante exécution.
J'ai suivi en ceci une idée indiquée dans les
Mémoires de Grétry sur la musique.
Je serai top heureux que des noms si beaux me
servent d'appui.
L'auteur du Voyage d'Epernay.
Il est vrai , l'on peut suivre hardiment un con-
seil donné par Grétry , et ce n'est pas seulement
en fait de musique et de pièces de théâtre. Sans
parler du talent dont il est doué, quel compo-
siteur a plus souvent et mieux étudié le goût
national ? qui peut dire avec plus de raison que
lui , en avoir fait d'heureuses épreuves ? D'au-
tres doivent leur expérience à des revers ; il doit
la sienne^ â des succès sans nombre. On doit
donc l'écouter et l'en croire ; mais avant de sui-
vre son conseil, il faut être certain de l'avoir
bien entendu.
Par exemple , il est impossible de croire que
Grétry ait pensé qu'un ouvrage de la dernière
médiocrité réussirait en France pat respect pour
la célébrité des compositeurs dont on aurait em-
prunté la musique. Celle de Grétry lui - même
n'eût pas sauvé de l'oubli de tels ouvrages ; mais
la plupart des pièces pour lesquelles il a travaillé,
sont des modèles dans le genre de l'opéra co-
mique. Ces ouvrages heureusement choisis quant
au sujet , habilement traités et soutenus d'une
musique expressive, variée, locale et sur-tout
chantante ; ils plairont toujours , et , ce qu'il y a
de mieux, ils plairont à tout le monde.
Si donc l'auteur du Voyage d'Epernay eût bien
entendu le conseil donné par l'auteur des Essais
sur la musique , il eût aisément reconnu que plus
le nom des compositeurs qu'il mettait à contri-
bution était célèbre , plus il fallait rendre digne
d'eux le cadre dans lequel on introduirait leurs
productions : qu'au lieu de donner un ouvrage
néghgé sous tous les rapports, sorte de cannevas
dont les situations communes sont à peine indi-
quées , dont les scènes sont à peine écrites , il
devait employer tout ce qu'il peut avoir de ta-
lent, du moins pour ne pas compromettre celui
des autres : il desirait que les noms célèbres lui
servissent d'appui ; mais pour être soutenu par
quelqu'un , il faut au moins s'approcher de lui :
or , notre auteur s'est tenu à une telle distance
de ceux dont il empruntait le secours, qu'ils n'ont
pu le soutenir dans sa chute. Son but était louable,
sans doute; il ne voyait en tout ceci que la gloire
des compositeurs italiens, et nullement la sienne.
Le pubHc a traité comme une négligence , ce qui
n'est peut-être au fond que du désintéressement.
On sait que le public aime rarement qu'ori soit
avec lui désintéressé , au point de ne pas mériter
ses suffrages. Si l'on ne peut blâmer les premier?
sujets du théâtre de n'avoir pas concouru à la
représentation de cet ouvrage, on doit des éloges
au zèle et aux efforts que les seconds ont inutile-
ment faits pour lui obtenir du succès.
S....
MUSEE CENTRAL DES ARTS,
En conséquence ide l'arrêié du ministre de
l'intérieur , les projets pour le monument à
élever sur l'emplacement du château Trompette ,
à Bordeaux, seront exposés dans le grand sallou
du Muséum.
La durée de cette exposition sera d'un mois ,
à commencer du i*^' frimaire prochain.
L'entrée du grand salon et de la galerie des-
tableaux est interdite jusqu'audit jour i"^' frimaire.
On ne reçoit plus maintenant au Muséum que
les projets envoyés du ministère.
COURS de langue italienne.
Le cit. Giovanni , auteur de plusieurs disser-
tations sur le génie de la langue italienne ,
ouvrira , le 1'^' frimaire, un cours de cette langue ,
qu'il se propose d'enseigner par une méthode
aussi simple qu'attrayante. Le même professeur
consentirait à donner des leçons d'iiàlien aux
personnes qui ne pourraient pas être assez libres
pourse déplacer , et suivre son cours. Sa demeure
est rue de la vieille Bouderie , n° 25. S'adresser
par écrit , ou de vive voix , au citoyen Dufour ,
même maison.
GRAVURES.
Estampe de 23 pouces de large , sur 22 de
haut , représentant Béhsaire aveugle , recevaat
l'aumône , et reconnu par un soldat romain qui
a servi sous ses ordres ; gravée d'après le tableau'
du citoyen David , et sous sa direction par le
citoyen Morel , son élevé.
Le public est prévenu que chacune des épreu-
ves sera revêtue du (ïachet de chacun des auteurs.'
On souscrit chez le cit. David, au palais des
sciences et des arts , et chez le cit. Morel , rue de
la Patrie , n" 2 , au coin de celle de la Verrerie.
Le prix de l'estampe est de 24 fr. avec la lettre ;
elle paraîtra le 1^' nivôse an 9.
LIVRES DIVERS.
Portefeuille politique d'un ex-employé au minis-^
tere de la police générale, ou Essai sur l'instruc-
don publique; par Lebrun. ( In medio verilas. )
I vol. in-S".
A Paris , chez Carteret , rue Pierre-Sarrazin ,
n° i3. Prix , 3 fr. , et 4 fr. franc de port.
COURS DU CHANGE.
Bourse du 26 brumaire.
Rente provisoire 23 fr. 25 c.'
Tiers consolidé 33 fr. 3o c.
Bons deux tiers i fr. 54 Ci
Bons d'arréragé 85 fr. 88 c.
Bons pour l'an 8 gS fr. 60 c.
Syndicat '
Coupures 84 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
(1) Francesco Parent! , ijrofesseur habile, et coropositeui pie
de goût , qui , par modestie sans doute , n'a pas voulu :
nommer après ses maîtres. — - ( Note du rédacteur. )
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq_ue et des Arts.
Dem. Anacréon , et le ballet de la Dansomanie. ,
Le 29 , Bal masqué. — Il commencera à minuit.
L'ouverture des bureaux se fera à il heures.
Prix du billet d'entrée , 6 fr.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
le Major Patiner , et Lise et Colin.
Théatredesjeunes élevés, rue deThionville.
Auj. le petit Mercier; l Ecole de l'adolescence , et
Cassandre comédien.
Théâtre du Vaudeville. Auj. la 4' repr. du
Retour d'Arlequin dans son ménage , suite (^Arle-
quin afficheur., Cendrillon , et Fielding.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Aujourd. la 2"^ repr. de l'Elevé de la Nature,
pantom. allégorique à grand spectacle , suivie
de la Romance.
Théâtre di>Marais , rue Culture-Caiherine.
Auj. les fausses Alarmes., Gilles toujours Cilles,
et l'Amitié vaincue.
Erratum. Haas la feuille d'hier, page 2 18,
1^'= colonne, y'' alinéa : la mort de Perrée , la
prise des généraux de la Badine et du Commerce
de Marseille. , lisez : la mort de Perrée , la prise
du Généreux ^ de la Badine , etc.
A Pavis, dt l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , a" i3.
GAZ ET
TIONALEouLE MONITEUR UNIVERSEL.
.V" 58.
Octidi , 28 brumaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel. -lus
II contient les séinces des aatoricés constituées , les actes du gouvernemt;nî , les nouvelles des armées , airtsl que les faits et les notions tant'suj
l'ijuérieat que sur l'extérieur, tournis par les correspondadces ministérielles. ■ j
Un article ssra particuliéioinent consacré aux sciences , aux arts et aux découverres nouvelles,
INTÉRIEUR.
Paris , le 2] brumaire.
L
'ouragan du iS s'est étendu vers l'Allemagne.
Des ietirc-s dAix-ia-Ch3(.elie , Cologne, Dussel-
dorf , Cicvelt et de plusieurs autres villes an-
Boncciit qu'il y a occasionné des ravages.
— On écrit de Caen endatedu 23, que Sjcunes
j;eas. prévenus de l'assassinat coinmii sur un par-
liculier de la commune de Lolif , et à la pour-
suite desquels était la gendarmerie , ont été arrêtés
dans la nuit du i3 au 14 de ce mois , au moment
oii ils comptaient trouver un bateau piêt à les
passer à Jeisey. Les citoyens Laporte et Saurin ,
contrôleurs des brigades de la douane au quartier
de Granville , ont donné dans celte occasion des
preuves de zèle et d'intelligence.
— L'aihénée de Lyon a adressé des diplômes
d'associé honoraire aux trois consuls, au ministre
de l'intérieur (Lucien Bonap.irle ); au ministre des
relations extérieures; aux conseillers-d'état Chap-
tal , RœJerer, Français (deNantes) ; au secrétaire-
d'état ; aux citoyens Garât , sénateur; Pasioret ,
Boissy- d'Anslas , Latiarpe , Fontanes , Sicard ,
Saint-Ange , Visée , Piis , Cubieres , et à madame
Dubocage . e* Fanny Beauharnois.
— 'Le 3o brumaire, à midi très-précis, il sera cé-
lébré dans le temple de la Victoire (Sulpice ), une
fêle à Ihéroîsme de Guillaume-Tell..
ACTES ADMINISTRATIFS,
MINISTERE DE LA JUSTICE.
Le miniilrt de la justice, aux préfets , sous-préfets ,
etaux juges de paix. — Paris , le îS brumaire an g.
La confection des listes des jurés pour chaque
trimestre , citoyens , a, jusqu'à présent, éprouvé
des retards dans plusieurs déparlemens. Il en est
résulté une suspension dans les travaux des tribu-
naux criminels , qui semble avoir enhardi le
crime et le brigandage : il est tems de faire cesser
ces abu'. En vous recommandant que doréna-
vant les listes des jurés soient faites de la ma-
nière et dans les délais prescrits par la loi du 6
germinal et par l'article 489 du code des délits et
des peines ; j'appelle particulièrement votre at-
tention sur le choix des citoyens qui doivent être
portés sur ces listes.
De nombreuses réclamations se sont fait en-
tendre contre celles qui ont eu lieu jusqu'à pré-
sent : on leur a reproché d'y avoir souvent com-
pris l'ignorance , l'inaptitutle et l'esprit de parti ;
et quand on voit tant de criminels échappera
la juste punition des lois , tant de scélérats se rire
et des tribunaux et de la justice, on serait
tenté de le croire. Nindiquez donc , juges de
paix , que des hommes instruits et probes , dont
les vertus , les lumières et le patriotisme garan-
tissent à l'innocence un refuge , à la société la
punition du crime ; portez dans vos choix la plus
scrupuleuse attention ; consultez les citoyens
honnêtes et recoramandables par leur moralité.
Songez que de ces choix dépendent la tran-
quillité publique , le triomphe de la justice , et
la prospérité du gouvernement.
Quant à vous, sous-préfeis , usez avec une
sage sévérité du droit que vous donne la loi du
6 germinal ; épurez convenablement les listes
qui vous seront présentées , et ne laissez au
sort d'autre latitude que celle d'atteindre néces-
saircmrnt des hommes dignes de la confiance
publique.
Vous , préfets , usez de tout votre pouvoir
pour nbtenii à tems , des juges de paix , les
listes qu is doivent fournir; et si quelques-uns
d'enireux se montrent encore négligens à vous
les adicsscr , faiics-les connaître au commissaire
près le tribunal criminel , ijui saura employer
les moyens (jue lui donne l'article 284 du code.
L'action de la justice ciiminelle ne doit plus
«lésormais éprouver aucune espèce d'obstacles et
do retards : tous les fonctionnaires doivent con-
courir au rétablissement de l'ordre. Il faut cjue
la force et la vigueur du gouvernement se lassent
«cntir dans toutes les parties de l'administration :
t'est le vœu des consuls.
Je vous salue, A b r i a i..
MINISTERE DE LA POLICE GÉNÉRALE.
Les personnes qui se croient dans le cas d'êire
éliminées de la liste des émigrés . adressent de
tous les pomis de la républi(jue , leurs réclama-
tions au ministre de la police gènéiale.
Ces réclamations sont absolument inutiles; les
affaires se jugent selon l'ordre prescrit par l'arrêté
des consuls, et nulle détiL^Schc ne peut accélérer,
ni retarder une décision, d un seul instant.
Des gens d'affaires s'empressent aussi d'offrir
aux citoyens inscrits leurs soins mercenaires. Plu-
sieurs d'entre eux persuadent même aux parties
intéressées , qu'ils sont forcés de partager le
prix de leurs démarches avec certains employés;
sous ce prétexte calomnieux , ils obtiennent un
salaire d'autant plus fort.
Les citoyens doivent être prévenus que la police
est toujours en défiance contre ces officieux sol-
liciteurs, et que leur recommandation est la
plus mauvaise de toutes celles que l'on peut
employer.
Ils sont également prévenus que toute espèce
de sollicitation est supeiflue, et que tout, jus-
qu'aux expéditions des arrêtés , quoique revêtues
du timbre , se délivre giatis dans les bureaux
du ministère.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Le préfet de police , aux maires et adjoints des com-
munes du département de la Seine 1 extra muras j ,
et des communes de Saint-Cloud , Sevrés et Meudon.
Citoyens,
L'arrêté des consuls , en date du 3 brumaire
présent mois, inséré au Bulletin des Lois , n" 4g ,
établit des relations entre le préfet de police et les
maires et adjoints des communes du déparlement
de la Seine [extra muros ) , et de celles de Saint-
Cloud , Sevrés et Meudon.
L'article I" de cet arrêté porte que le préfet de
police exercera son autorité dans ces diverses
communes en ce qui touche les fonctions qui lui
sont attribuées par l'arrêté des consuls du 12
mes:idor an 8 , sur la mendicité et le vagabon-
dage ; sur la police des prisons ; sur les maisons
publiques ; sur les atlroupemens ; sur la librairie
et l'imprimerie; sur les poudres et salpêtres ; sur
les émigrés ; sur la recherche des militaires et
marins déserteurs . prisonniers de guerre ; sur la
salubrité; sur les débordemens et débcfcles ; sur
la sûreté du commerce ; sur la surveillance des
places , lieux publics , et sur les approvision-
nemens.
Les maires et adjoints des communes sont
placés , par l'article II , sous les ordres du préfet
de police , pour cette partie de ses attribu-
tions.
La police de Paris réclamait depuis lorig-tems
ce nouvel ordre de choses , et je me félicite
d'être placé dans des circonstances qui me per-
mettent de communiquer avec vous. Il sera doux
pour moi de méditer sur le bien-être et la tran-
quillité de vos campagnes , et de travailler de
concert avec vous a y maintenir l'ordre et la
paix. Lé concours des maires et adjoints me sera
nécessaire pour atteindre ce but , et j'espère
que vouf ferez tous vos efforts pour assurer l'exé-
cution des mesures que j'ai ordonnées.
La mendicité et le vagabondage se font
sans doute sentir dans vos communes comme
dans Paris , quoique dans des proportions diffé-
rentes.
Plusieurs lois contiennent des mesures répres-
sives contre ce fléau , mais les circonstances n'ont
pas encore permis de les exécuter complettement ;
néanmoins les magistrats sur qui repose l'exécu-
tion des lois doivent faire tout ce qui est en eux
pour arrêter le débordement du mal , lorsqu'ils
ne peuvent pas le faire cesser.
Je vous invite donc à porter votre attention sur
ce premier objet , et à me donner une idée
exacte de l'état de vos communes respectives ,
sous le rapport de la mendicité. Je désire savoir
à combien monte approximativement le nombre
des mendians qui les fréquentent habituellement.
Vous les diviserez , dans l'apperçii que vous m'en
enverrez, en mendians domiciliés , en mendians
errans et sans aveu , en valides et en invalides.
Les mendians errans et sans aveu sont dans la
clessu des vagabonds , cl les dispositions de la i^oi
du 10 vendémiaire an 4 , sur la police inlérieur'e
des communes , doivent leur être iigoureu8enlt:r<t
appliquées. Je vous engage dès ce monieiil â V
tenir la main.
J'ignore si les communes , dont la police tn'eh
confiée , renferment beaucoup de prisons .'je n6
parle pas de celle de Blcèire , parce que l'anêtë
du 12 messidor l'a mise sous mon auloriié , et
que je la connais dans tous ses détails ; mais jtJ
désire avoir des renseignemens sur toutes Ui
autres. J invite donc les maires et adjoints , qui
ont des prisons dans leurs communes , à iri'a-
dresser I état nominatif de tous ceux qui y sont
détenus , et à me répondre sur les quesiiot»»
suivantes : ., . ; ii
Où les prisons sont-elles situées ? Leur coflsf'
truclion est - elle assez solide pour piévenir leâ
évasions? De quels chaiigemens sont-elles sus»
ceptibles pour les rendi'c plus siues ou plus
salubres? Q_uel est le genre de détenus quelles
renferment? A quelle époque remonte leur dé»
lention ? De quel délit sont-ils pièvcnus ? Ont'
ils une nourriture suffisante , et jouissent-ils de
toutes les facilités conripaiibles avec leur état?
Qjaels sont les concierges, gardiens et guiche-
iii-rs, leurs noms et prénoms, la daie de leur
entrée en exercice . et le montant de leurs irai'
temens ? Ont-ils toutes les quaiiiés requises, et
de quelle manière remplisseni-iis leurs lonetioiis?
Sur quels fonds leurs appointcracus sont-ils payés,
et combien leur est-il dû ? Les maisons publi-
ques , quel'arrêié du 3 biumaire me charge de
surveiller dans les communes, sont les hôiels
garnis, les logeurs, les cabarets, les maisonii
de jeu , et les maisons de débauche. ,
je vous invite à ra'adrcsser un éiat exact de toutes
les maisons de ce genre qui .existent dans vo(
communes respectives, et à veiller à' l'exécution
de la loi du 22 juillet 1791 , qui les concernej
L'article V du titre I de celle loi oblige les
aubergistes et logeurs à inscrire sur ,inn registre
les noms , qualités , domicile habi'uel , date d en"
trée et de sortie de tous ceux qui coi^çheront
chez eux , m^me une seule nuit; et de représenter
ce registre, toutes les fois qu'ils en serunt requis j'
aux otliciers municipaux.
L'article V de l'arrêté du directoire exécutif
du 21 fructidor an 6 , veut qu il soit fait des
visites chez eux, au moins deux fois par décade.,
pour vérifier leurs registres , les examiner et
constater les changemens survenus dans .i'in»
lervalle d'une tournée à l'autre. . ;
Je liai pas besoin de vous prouver la nécest
siié de remplir exactement le vœu de ces deu«
articles. La tranquillité de vos communes respec"
lives dépend de leur observation ; une foule
d individus qui ciaignent ma surveillance dans
Palis, se léfugient aux environs pendant la nuit,
et je pourrai les atteindre si la police des auberges
est laite avec exactitude dans les communel
extra muros.
Occupez-vous donc de cet objet essentiel , e£
faiies-moi parvenir , tous les dix jours , ua
rt;levé exact et, détaillé des registres des auber^
gistcs et des logeurs , ainsi que des changemens
qui surviendront dans l'intervalle de vos visites,
Ce relevé doit énoncer les noms et prénoms de»
individus entrés chez les aubergistes et logeurs ,
leur âge , leur profession , leur domicile habituel ,
le motif de leur séjour dans vos communes, la
date de leur passeport , la Commune qui l'a dé-
livré, et la mention du visa que vous y aureï
apposé.
La loi du 27 ventôse an 4 , doit aussi fixer votre
attention.
L'art, l" veut que ceux qui arrivent à Paris ,
sans y avoir eu Tintérieuremcnt leur domicile, décla-
rent, dans les 3 jours de leur arrivée , devant l'ad-
ministration municipale , leurs noms , prénonis ,
âge et profession , leur domicile ordinaire , 6t
exhibent leurs passeports.
L'art. II impose l'obligation anx citoyens qtlî
auront logé un étranger ilans leur maison , et
aux concierges ou portiers de maisons non
habitées , d'en faire la déclaration dans les vinn-i-
cjuatre heures. i
Qjioique cette loi ait eu Paris pour objet , elle
tend au maintien de la tranguiltité publique dans
le dépatlement de la Seine , et les dispositions
qu'elle renferme sont applicables aux cantons ru-
raux de ce dépaitemenl , et aux communes de
Saint-Cloud , Sevrés et Msudon, djnt la police
m'est confiée.
«26
VovK voudrez donc bien veîjler à son «xécuiion,
«t m'adresser aussi , tous les dix jours , un état
nominatif et détaillé dq tous les éirangeis qui
habitent ou qui viendront habiter dans vos
communes, ailleurs que chez les aubergistes et
logeurs , et un extrait des déclarations que vous
aurez reçues en conformité de l'aiticle II.
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous devez
•y joindre la mention du visa de leurs passe-
ports.
L'ariêté du 3 brumaire me charge du soin de
dissiper les aitroupemens qui peuvent se former
dans les comirunes confiées à ma surveillance.
Cet objet intéresse de très-près la tranquillité
.publique , et il rpériie toute votre atieniinn.
L'un des moyens propres à prévenir le danger
des aitroupemens , est de surveiller le port
,d'armes. Vos administrés ne peuvent point eue
^rfnés sans une permission ; je vous invite ,
.citoyens , à leur rappeiler le vaeu des réglemens
,'çur cel objet, à veiller à leur exécution , et à me
idonnerdes renseignemens sur I état de vos com-
munes respectives , sous le rapport du port
d'armes.
Les gardes champêtres et les gardes forestiers
doivent seuls être dispensés d'obtenir une per-
jnission de port d'armes , parce qu'ils sont ins-
titués pour la conservation et la défense des
propriétés rurales ; mais ils doivent toujours ê;re
anunis de leurs commissions. Vous voudrez bien
•leur recommander de concouiir, avec la gendjr-
merie , à l'exécution de mon oidonnatice du 7
.brumaire.
( La suite demain.]
'Circulaire publiée par le préfet du département du
. Cher. — Bourges , le 12, brumaire , an g de ta
,. république française ,: une et indivisible.
La ville de Paris, citoyen, a payé à la mé-
moire du titoyen Bélhunc-Charost , le tribut de
resi'ect dû à ses vertus; il reste au département
du Cher à acquitter envers Itii la dette de la re-
connaissance. Il faut qu'un monument simple ,
élevé au lieu où ses cendres sont déposées ,
consacre le souvenir de ses bienfaits, et qu'une
■pierre arrosée des larmes du pauvre, inspire au
voyageur un recueillement religieux,
i L'idée de ee monument est dans tous les cœurs;
•mais il appartenait au magistrat de leur donner
la première impulsion , et je compte beaucoup
sur vous , citoyen , pour me seconder. De
nombreuses sousciiplions se sont formées pour
honorer id,es noms brillans : l'ami de l'humanité
inérile birn aussi que le sien soit transmis aux
généray.ons futures.
Je crois pouvoir , citoyen , «-ous compter
d'avance avec certitude au nombre des sous-
cripteurs du monument à lui ériger dans la
commune de Meillant. Les souscriptions seront
reçues au secrétariat de la préfecture jusqu'au i5
i'rimaire , jour auquel je propose aux souscrip-
teurs , dont la liste sera rendue publique par la
voie de l'impression , de se réunir chez moi , à
midi , en assemblée générale, pour nommer un
.comité d'administration et d'exécution. Ce comité
^era chargé de proposer à l'assemblée 1 emploi
cie'la somme à laquelle la souscription s'élèvera ,
.et de lui faire un rapport , au jour déterminé , sur
les plans et di.ssins qui , dans 1 intervalle , auront
été exposés au concours.
Je vous le répète , citoyen, je compte particu-
.liérement sur vous pour assurer l'exécution de ce
projet honorable au département , en travaillant
■à multiplier le nombre des souscripteurs. Mon
attente ne peut être déçue ; elle est fondée sur
votre sensibilité , et sur cet élan qui vous entraîne
-îers tout ce qui est moral et patriotique.
J'ai l'honneur de vous saluer.
Signé , LucAY.
' Dans une lettre datée d'Angers, et publiée der-
'^nierement dans les journaux, on lit-, que le
talent d'improviser Jt'cjt , en Italie , auxre chose
que celui d'entasser les contradictions et d'allonger
les 'inutilités.
Il pourrait suffire d'observer à l'auteur de la
lettre qu'en général , il n était point nécessaire
d!injurier une classe de littérateurs qui honorent
vine nation, de qui ., suivant l'aveu d un homms
dont le témoignage n'est point suspect, les fran-
çais tiennent tout , et quils imitèrent assez tard dans
les arts de l esprit et de la main. U ne faut point
décrier aussi légèrement, sur-tout ceux auquels
en a de telles obligations.
Il se peut cependant que l'auteur de la lettre
ne se croie pas obligé envers l'Italie , et qu'en
effet il ne tienne rien d'elle. Pour cette raison ,
je me permettrai de lui demander s'il connaît la
langue iialienne ? s'il a entendu quelques impro-
visateurs , et quels sont ceux quil a entendus?
puis , je le prierai de me dire , de bonne foi ,
s'il les a bien compris ?
Je pourrais m'en tenir là , jusqu'à ce qu'il m'eût
fait une réponse saiisfesante ; mais j ajouterai
quelques réflexions que je le prie de peser.
Je retBàrqué qtle le talent d'improviser en prose
n'est pas aussi rare en France que l'on .semble
l'assurer dans la lettre ; il me semble que la tri-
bune et ,1e .barreàU en ont ,/ naguère encore ,
fourni quelques exemples.
L'Italie a ses poëies improvisateurs , comme
la France a ses orateurs en ce genre ; mais elle
ne donne pas plus ce nom à ceux qui chantent
dans les carrefours de grossiers impromptus,
qu'ici l'on appelle poé'ies les faiseurs de noëls
ou de chansons des rues. On nomme improvvi-
satori ceux qui , sur un sujet donné , créent
à l'instant une ode , un chant, un poëme que
l'enihousiasme , la régularité , la connaissance
des passions , l'art dé les décrire, de les mettre
en œuvre et de parler leur langage , enfin qu'un
style pur , élégant et nerveux rendent dignes
d'être comparés à des ouvrages du même genre,
écrits et médités dans le silence du cabinet.
L'Italie a beaucoup de ces génies ardens. Ce
n est pas ici le lieu d exarniner les causes, de
sa fécondité en ce genre ; il vaut mieux faire
connaître deux imprbyisaieurs qui sont présen-
tement à Paris.
Le premier est le citoyen Gianni. Ses vers ,
écrits à mesure qu'il les prononce , sont imprimés
ensuite ; déjà plusieurs journalistes en ont traduit
et publié divers morc.eaux. Voici les deux der-
niers vers d'un ottava improvisée sur le consul
Bonaparte.
M £ IMnstabtl Fortuna a tu! devota*
„ Il crin gt; ofTerse , abbandono la rota.
On conviendra que chez tous les poètes de
toutes les nations , de telles idées ne sont pas
généralement très-communes.
Le second , le cit. Galiulfi, pourrait fournir la
pr;uve que cette facilité des italiens ne tient pas
entièrement à la souplesse de leur langue. En un
instant , et , ainsi que l'on dit stans ptde in uno , il
rend en vers latins une composition ou une action
quelconque dofit 011 lui a fait ou la lecture ou le
récit.
Le poëme que Gianni improvisa , il y a
quelque lems , chez le ministre ligurien , en
présence de plusieurs littérateurs français versés
dans la langue italienne, et la traduction en
vers latins qu'en fit sur-le-champ GaliufH , sont
imprimés ; fauteur de la lettre peut les lire et
juger ensuite les improvisateurs italiens ; j'oserai
lui faire remarquer ces deux vers :
•* Tuonano i bronzi , echeggian le pendici
„ £ scontrasî viedpiù stuûto coD stuolo.
Traduite 3 l'instant par celle autre :
•> AEra sonant , rcboant montes t pfemiturque Tiro vir.
Ce que je viens de citer suffit pour donner
une idée des prodiges d'un art que ne mépri-
sait pas Voltaire , celui de tous les étrangers ,
après Ménage , qui a le mieux connu noire
langue. Pour 1 intérêt de ma cause , je devrais
en rester - là , mais je ne saurais m'abstenir
de transcrire encore les quatre vers que Gianni
fit chez le premier consul , quelques jours après
la bataille de Marengo.
,, Quel Eroe teiribil tanto
„ Und' Ettor di vita usci
M In due lustri non fè quanto ,
y, Bonaparte fè in un di.
Et si l'on me pardonne celte dernière cita-
lion , on ne me saura point mauvais gré , sans
doute , d'y joindre le distique latin par lequel l'a
traduite le citoyen Cambiasi , ligurien, distingué
par ses connaissances littéraires, et recommanda-
ble par les qualités de son cœur.
„ Hcctora qui bello vicît , troadesque bilustri ,
„ Non unà fecit quod Bonaparte die.
Un italien, jeté par la tourmente des révolu-
lions sur une terre étrangère , doit sans doute
réclamer pour sa patrie qui fut le berceau des
beaux-arts , des honneurs auxquels on voudrait
attenter; iis sont la propriété sacrée de ceux qui
ont tout perdu , hors le désir et le sentiment de
la gloire de leur pays , qui leur font souhaiter de
le voir aussi puissant dans les arts militaires ,
cju'il est distingué dans ceux de l'imagination ;
aussi riche en armes et en soldats , qu il le fut
et l'es I encore en ouvrages d esprit en littérateurs.
Ales. Azzia.
ne veut que de la pluie : on voit déjà que c'est
absolument là le sujet de l'agréable opéra , inti-
tulé : les Pommiers et le Moulin , dont le Moine
3. fait la musique. Ce sujet , (raiié de nouveau ,
eût pu faire la matière d'une scène , daii,s un de ces
ouvrages connus sous le nom de pièces à tiroirs ;
mais alors même , il eût fallu la donner quelques
mois plutôt , pour que certaines allusions fussent
senties, si toutefois elles sont de nature à faire
quelqu'efFet au théâtre. La situation , d ailleurs ,
eût exigé plutôt quelques piquanls couplets de
circonstances , que des arictles dont on entend à
peine les paroles , ou des morceaux d'ensemble
amenés sans n'iotifs et par conséquent entendus
sans intérêt. Mais de quelque manière que l'ou-
vrage eût été traité , il eût fallu surtout en bannir
les jeux de mots sans nombre , qui s'y trouvent ,
et, par exemple, ceux-ci : voici une ardeur qui
fera tort àvotre flamme. — Sivos artifices ne prennent
pas les femmes ne viendront plus ; finesses (ju'on est
honteux d'avoir devinées, après avoir été forcé de
réfléchir pour les entendre.
Il y a dans la pièce un valet qui s'annonce avec
beaucoup d'importance , qui discute sur les
spectacles , lesjouinaux, les auteurs, les chûtes',
les succès ; qui demande à son maître l'occasion
de le servir ; qui veut , dit-il , du mouvement , de
l'action , de l'intrigue, pour se trouver dans son
centre ; mais par malheur on ne sait trop ce que
devient ce valet pendant la pièce ; il ne noue et
ne dénoue aucune intrigue; il paraît à peine sur
la scène , sans doute pïrce qu'il ne se trou-
verait nullement dans son centre , là oti il n'y a
ni intrigue , ni action , ni mouvement , si ce n'est
l'intrigue qu'il promet , qu'on attend de lui , et
qu'il ne pioduit pas.
Il y a dans l'ouvrage un autre rôle également
destiné à être c.jinique , personnage taillé sur des
patrons très-connus , et dont la phisionomie
est empruntée de celle de tous les gascons
parasites aux dépens desquels les auteurs de
l'ancien théâtre se sont si souvent égayés. Celui-ci
dîne chez le directeur du spectacle , pour lequel
il fait des articles dans le journal du malin , et
soupe chez l'entrepreneur des fêles, pour lequel
I il écrit dans le journal du soir. Il vcui emprunter
de l'argent à I un pour épouser la fille de l'autre ;
mais il n est pas difficile â l'amant préféré de
déjouer la ruse d'un tel personnage. Le moyen
qu'il emploie est pour nous un mystère; et sî
nous sommes certains qu'il termine par se marier
avec son amanle , nous le sommes moins sur le
moyen qui lui sert à réconcilier son père avec
celui de la jeune personne. Ceci est en partie I*
faule du public , qui a accompagné , de manière
à le laisser difficilement entendre , un morceau
d ensemble qui occupe la scène du dénoûment.
Peut-êtic aussi les compositeurs devraient-ils , ea
g'rnéral , éviter de faire exécuter en musique les
parties quil est indrspensable d'entendre pour
l'intelligence d'une pièce. Ce n'est pas trop exiger
que de vouloir au moins dans un opéra comique
entendre distinciement 1 exposition el le dénoû-
ment.
Nous croyons avoir dit que cet ouvrage n'avait
point réussi. On doit regretter quelques mor-
ceaux de musique d un chant agréable ; l'ouver-
ture est assez brillante ; le premier rondeau du
valet est bien fait ; le motif principal est heureux ,
et l'accompagnement imitatif, mais il est trop
long ; c'est en général ce que l'on peut dire de
tous les morceaux d'ensemble , ou de ceux dé-
tachés , qu'on entend dans cet ouvrage. Le»
auteurs n'ont point été demandés.
Théâtre de l'Opéra cgmiq^ue.
La Pluie et le ■ Beau Tems , tel est le titre assez
bizarre d'un ouvrage donné hier à ce théâtre , et
dont le peu de succès est une nouvelle preuve de
cette assertion , qu'une pièce décidément mau-
vaise ne peut se soutenir même à l'aide d'une
musique agréable , vive, légère , et même ingé-
nieuse ; telle éiait celle cle l'opéra nouveau.
Le fond de cet ouvrage est peut-être ce qu'il y
a de plus commun et de plus usé au théâtre ,
puisqubn y voit deux pères refuser d'unir leurs
enfans parce qu'ils sont opposés d'intérêt. L'un ,
entrepreneur de fêtes champêtres , ne veut que
du beau lems ; l'autre , directeur de spectacles ,
AU REDACTEUB.
C'est avec l'intérêt le plus vif que j'ai lu dans
votre journal, citoyen, le rapport du cit. Chaplal,
sur l'instructionpublique. Il in'a paru réunir toutes
les qualités que comporte un sujet de cette impor-
tance ? Idées nettes , vues profondes ; dévelop-
pement lumineux ; principes sûrs; conséquences
heureuses. C'est l'ouvrage d un bon citoyen , d'un
administrateur habile , d'un philosophe , à prendre
ce mot dans sa primitive acception , et tel que le
concevait Marc-Aurele , lorsqu'il disait que les
peuples seraient heureux quand ils seraient gou-
vernés par des philosophes. Aussi , en apprenant
la nomination du cit. Chaptal aux fonctions du
ministère de l'inlérieur , au moment même oii
j'avais sous les yeux son rapport sur l'instruction
publique, ai-je éprouvé un sentiment de joie,
qu'ont sans doute éprouvé aussi tous ceux qui ,
comme moi , gémissent sur la décadence de
l'éducation en France. Le plan qu'a conçu le
philosophe , le ministre l'exécutera.
Donner un bon système d'éducation ; c'est ,
j'ose le dire , rendre à son pays le service le plus
grandqu'il soitpossible d'imaginer. Jamais service
n'aura été mieux senti , ni mieux apprécié que
dans les circonstances où nous nous trouvdtis.
C'est à l'éducation à perfecrionner , à épurer,
î sije peux m'exprimer ainsi, la révolution fran-
! çaise : ccae révolution qui fut amenée par la force
: irrésistible des choses , iplus encore que par 1*
> volonté des hommes.
Combien d'années déjà perdues à proposer, à
, discuter , à sophisliquer sur les condiiions d'une
S'bonne éducation naiionale ! Il faut l'avouer avec
•le savant auteur du rapport, celle paiiie de la
généraiion préscnK-, ((ui a atteint vingt dns , peut, à
. quelques exccplioiis prii , êlre ;rcgjr«iée comme
, vouée à l'ignorance. Jamais,, cependant, on n'a
- plus parlé , plus éciil sur l'éducation ijue depuis
dix ans. Il fallait donc dix années de déraison pour
en venir aux piincipes dont le cit. Chapial a lait
la base de son rapport.
Mais la cause des aberrations politiques et
.sociales dont nous avons été si long-tcms le
1 jouet . quelle est-elle ? Ne calomnions pas le
cœur humain ; mais ne dissimulons pas ses fai-
^ plesses. Or , ce n'est pas le calomnier que de dire
.que c'est l'enthousiasme même du bien qui sou-
. yenl l'emporte vers le mal. Il est plus aisé de
j d.c'f""'^ 'l'J^ tle réformer. Fiappés des abus de
.l'ancienne éducation, les hommes ont oublié
les services qu'elle avait rendus , et méconnu
çejix qu'elle pouvait tendre encore. On n'a pas
considéré que de toutes les institutions alors
j^exisianles , il ny en avait pas qui se rapprochas
227
s'est imaginé qu'une seule leçon publiqi»e d'une
heure et demi: pai jour , et dans ïnquclle le rôle
de disciple se léduit piesqu'entiérument il écouler
les disscnatinns du maître,si'fii.s.iii pour apprendre
e(ideijxans 1.1 langue latine , iiléiuclcde laquelle,
ipeut-être par un ixcè.< coutraiic , on consacrait
dans les anciens collettes sept ou huit années: on
a cru que deux rniiîtres suflisaieiil , l'un pour
enseigner les clémens des lan'gucs mortes , l'autre
potir en f.iire sesjiiret admiici les chefs-d'œuvre ,
et Ion a classé dans le même rang l'enfant quj
s..it à peine les noms et les vi'tbes , et celui qui
déjà explique couramment les auteurs. D'tù il
ré'^uite que les- leçons du nvaîue , quehjut clarté
qu'il y mette , tjueiriu'efrort qu'il (.rsse pour se
mettre à la portée de ioiis ceux qui sont censés
rtiitendre , sont entièrement perdues j)Our la
grande mujoiilé des disciples. De là un dégorrt
absolu chci; les uns, le dclaui d émuljiion chez
les autres . ei [lour la société entière un avenir
efFiayani d'ignoiance et de baibrie.
Mais ces inconvéniei:s ont ciç siiffisamment
sentis , et il n'en est pjs uji seul i|ui ne trouvé
son remède dans le plan que présente au gou-
2»ent davantage des formes républicaines que les I vernement le cit. Chjptal. Nous verrons donc
j^univeisirés. On n'a pas vu que dans les collèges ; bientôt l'éducation refleurir eti France ; ce yasie
et dans les pensionnats des congrégadons enseig- ! édifice sera replacé sur son annque base , mais
, naiites , se trouvaient réunis tous les éléraens ; par des mains habiles (jui . en corrigeant les vices
,, dont.se compose une sage république ; que s'il de sa première consirucdon . lui donneront plus
s y rencontrait des abus , ils étaient sentis et dé- ' de solidité , plus de régularité , la niajeslé qui
nonces déjà par les maîtres eux-mêmes , qui * convient ^à une nation qui a le sentiment de
'■depuis long-tems en sollicitaient la réforme;
^ qu'il n'y avait pas d'amélioration plus aisée à
«faire ijue celle que demandait l'insiiuction. Cet
, arbre antique et majestueux dont il 1;.'' ,■' re-
trancher le bois mort , et diriger les branc'aes
, miles , on l'a abattu.
Cette destruction a été le signal du vandalisrne
en France. Leî asyles de I éducaiioa une fois
renversés ; les gardiens du sanctukure des muses
dispersés; leur patrimoine. envaU ; on ne parla
■plus sur . i. ■'nction qu'avec délire. On eût dit
"que rien n'était j.i>^ lacil; à trouver que de
•bons instituteurs: qu avec du patriotisme, (et
'l'on sait ce que pendant long-tems on a entendu
par patriotisme ) un homme était capable de rem-
placer les RoUin et les Lebeau ; que les chastes
sœurs , prenant part au vertige, révoiuiionnaire ,
étaient prêtes à prostituer leurs laveurs au premier
E. Petit.
LIVRES DtVERS.
Relation de l'amhassndt niigliùe , envoyée en
1795 dans le royaurjic d'Avo ou 1 emplie des
birmans ; l'ar le major Michel Symes , chargé
de celte ambassade ; suivi d un voyage lait en
1798 , à Colombo , dan? l'île de Geylan . et à la
baye de DaLigoa , sur la côte oiientale de l'Afri-
que; de la -description de l'île de Carnicobar
et des ruines de Mavalipourjn ; tr^iduiiS de
l'anglais , avec des notes, par J. C.istera ; avec
une collection ele 3o [danches iu-.j." , gravées en
taille douce, parJ.B. P. Tanii.u; de-sinées sur
les lieux, sous les yei:x de I umb.issadeur ; trois
vol. in-8° , avec un atl.is. Prix , -24 fr.
Le gouverneur - général du Bengale voulant
venu. On crut, ou l'on feignit de croire , que .faciliter et raffermir les rehtions commerciales
les connaissances étaient aussi faciles à acquérir de llnde anglaise avec l'emiiire Birma-i . dont les
qu'à iransmetire ; par un respect hypocrite , ou
insensé pour la liberté , on affranchit l..s élevés
de tous ces réglemens sans lesquels il ne peut y
avoir d'éducation , et qu'on se plat à représenter
comme un joug indigne des enfans d'un peuple
libre.
teriitoires sont contigus , envoya en 1 ;g5 le major
Symes auprès de lempereur dAva. C ne ambas-
sade eut à-peu-près tout le succès qu'on avait
désiré , malgré les intrigues des mahoinétans , et
sur-tout des arméniens ; gens , dit le major Symes ,
d un caractère perfide et rusé , d'une activité in-
Des écoles primaires avaient , il est vrai , été '■ faiigablc . et ne manquant pas ordinairement de
décrétées. Mais otà étaient les fonds pour payer capacité. Ceux du Pegu voyaient d'un oeil d'envie
IfcS maîtres? les maisons pour les recevoir? lès progrès des colonies européanes , parce qu ils
les di.sciples pour les entendre ? Mais quels '«"' fesaicnt craindre de perdre bieniot tout le
hommes chargeait - on de ces fonctions si ^ <:'é'lit et rautonié qu'ils avaient dès long-tems
respectables ? quelles qualités exigeait - on | acquis parmi les peguai-.s et les birmans.
d'eux ? quel examen leur fesait - on subir ? I Le principal objet de commerce entre les an-
je dis plus , que pouvi<it - on demander à des , glais et les birmans , est le bois de.'reakou bois
maîtres à qui un patriotisme exagéré tenait lieu ; de llnde, qui croît dans les royaumes d'Ava
.de lumières , de mai^rs , de talens , et qui seul >. n de Pegu , et qu'on trouve aussi sur la côte
' leur avait valu le choix qu'on avait fait de leurs j de Malabar, otà il sert à la construction des
'personnes? à des maîtres souvent étrangers aux i vaisseaux de Bombay. Ceux de Calcutta et de
'communes dans leiqi:;l!es ils étaieiit envoyés , | Madras sont contruits avec le bois de Teak ,
'_,OD , ce qui était pire encore . chnlHs parmi les i ct'Ava et de Pegu, que les anglais vont chercher à
'têtes les plus ardentes du pays? a des maîtres , Raagoun , principal port de ce dernier royaume,
placés, à une distance irès-éloignée des élevés , Ce bois est le seul qui puisse être employé pour
qui devaient suivre leurs leçons? Ce qu'on pou- ' les gros vaisseaux dans cetie navigation de
vait en attendre, on l'a eu : la privation totale ( llnde. On a fait des vaisseaux avec des bois in-
d'insiruction dans les campagms. Ces ministères ; digenes du Bengale; mais rpiand on les a es-
de confiinfe, remis à des hommes qui n'en ■ sayés , on a vu qu'il était impossible de les faire
inspiraient aucune , (Stdemeiiié sans exercice , j servir.
"et cette portion nomb.cu.e de la société poitr \ l^^ ^ ,,;, exportent annuellement de ce bois
laquelle la révolution semblait plus particulière- j^, Teak uour une valeur de 200.000 liv. sterl,
■ jnent avoir ete faite , s est trouvée Unstree du ; -ji^ j^l^^ ^„ marchandises de leurs manufac-
preraier des avantages que la société doit a ses j ,^,.,,3 ae llnde. On peut juger de l'importance
i de cette exportation , en apprenant que le port
seul de Calcutta peut fournir assez de vaisseaux
construits avec ce bois, pour porter 40 mille
tonneaux.
. enfans , I instruction
Le mal qui est fait, est sans remède; mais
on peut en arrêter le cours, et ce bienfait était ,
comme tant d'autres , réservé au gouvernement
" régénérateur sous lei]uel nous vivons. Le rap-
port du citoyen Chaptdl en ptésenle les moyens^
Ce judicieux observateur a sonde d'une main
habile la profondeur de la plaie. Il a remonté
à la source du mal ; il a fait voir que les éta-
' blissemens substitués aux anciennes institutions ,
sous le nom décales centrales , en piésentant
de grands avantages , étaient bien loin encore
de la perfection riu'on attend. En rendant jus-
tice à l'habileté des maîtres , il a fait observer
que leuis talens étaient à-peu-près perdus pour
les élevés , parce que dans l'organisation ac-
tuelle des écoles centrales , il semble qu'on ait
travaillé uniquement pour des hommes , et non
pour des cnlans.
On a supposé dans tous les disciples un degré
de sagesse et de réflexion dont très - peu sont
capables. Toute apparence de contrainte a été
écariéc d un âge où généralement on n'a de volonté
que pour le plaisir, et de dégotit que pour l'étude :
on a ouvert des cours libres à des enfans qu il
iallaii ïssujcitii à la discipline des classes : on
On connaît, d'après cela , l'intérêt que le gou-
vernement général du Bengale devait mettre à
l'établissement d un commerce solide et régulier
entre les deux nations.
!> Si le commerce du bois de. construction
avec ce pays , dit le major Symes , était inter-
rompu par quelqu'acte dautorité , par quelque
événement malheureux , ou par un manque de
conduite de notre part , la marine de Calcutta
1 qui c.tt pour notre principal établissement dans
l'Inde une source de prospérité , et qiji procure
des avantages immenses à la mere-patrie , et une
honorable existence à un très - grand nombre
d'individus , serait réduite àjien , sans. que nous
eussions la possibilité de subslittier un équi-
valent à la branche de commerce que nous au-
rions perdue. "
Les anglais se proposaient aussi de retirer
deux autres avantages de Icuis rapports avec
les birmans. 1° D'établir chez ce peuple un dé-
bouché pour leurs' marchtio dises de l'Inde et
d'Europe , et d'en ouvrir un autre dans les pro-
vin-'-s du ::ud-ouesi dç la Chine par le moyen de
la grt^nde . rlviert! d'Ava. ï". De suiveiller avec
.soin les iMouvcmens que pourraient fdre des
nations ét''ai];:-ies pour détourner le commerce
dans d'autres Cdi;aux , et obtenir un établisîe-
m -m d/ins un pays si voisin de la capitale de
leurs possessions.
Les résultats de rette ambassade ont été pour
les anglais 1° la liberté de commercer dans toutes
les parties de l'empire , en payant les droits
éia'tilis ; a° Le droit d'envoyer un résident à
Rangriun ; 3° le dioit de venir faire des repré-
se.ntatioiiî à l'empereur ; 4" le droit de radouber
et ragréer leUrs vaisseaux , etc. Ou leur a refusé
l'établissement d'un fort et d'un village sur les
frontières de l'Arr.ican . et on n'a jjoint voulu
souscrire à la demande iju ils avaient (aile à lem-
pereur de ne fournir aucun bois de constiuc-
tion ou provision aux ennemis de l An'glei'errc ,
soit européans , soit indiens.
Ce n'est pas sans beaucoup d'obs'acies et de
dégoûts de vanité nationale , que le major Symes
est parvenu a remplir presque eiiiiérenieui l'objet
de sa mission. Quoique accueilli avec politesse ,
et même avec uénérosité , il a été constamment
trajté dansiout le cours de son voyage avec li
léserve que ces peuples ont toujours envers
les étrangers, et très-souvent avec la défiance
que devaient leur inspiier des voisins dont ils
connaissaient "l'ambition turbulente et 1 active
cupidité.
La relation -du. m.ijor Syrries est itjiéressante
sous plusieurs rapports ; elle offre le tableau des
mœurs , . de ia religioti . des richesses et du com-
me.ice d'une nation <oiiiposée de 17 militons
I d ii.iijivitjl'us , et pont le. teriiioire est aussi étendu
i que celui de l'em.pire geçmaitique; nation puis-
; saute , belllriueuse , restée jusiju à présent pres-
! que inconnue à l'Euiope , quoiipie da-s la der-
i ïiisre tnoitié de ce siècle ,^ellè ait conquis une
i grande partie de la viste J'coinside <|ui séiiare
I le golfe du Bengale des mers de Ta Ch.ne. Cette
j relation jette un nouveau jour sur ccnc p.irne de
1 ia géo'.;raphie, indienne , assfz obscure jusqu'ici ,
1 et elle préscn-e au politique j au jihilosophe, au
I naturaliste une foyle d'objets. nouveaux de.médi-
j tation et d'instruction. , .
Ce voyage est précédé tl'un précis historique
! sur les royaumes d Ava et de Pegu.. C est le
; tableau des événemeus militaires et politiques
1 qui ont réuni , sous la même domination , ces
I deux çmpires , celui d'Arracan et une partie du
royaume de Siara. Ce précis est rempli de fajts
extrêmement curieux, et q,ui portent le plus grand
caractère d'exactitude.
Nous ne pouvons entrer ici ni dans le détail
de ces laits , ni dans ceux du voyage même.
C'est d'ailleurs dans le livre qu'il Jaul les lire-,
pour en recueillir tout l'intéiêt. Nous nous con-
leiiteirons de lapporter. comme lerésumé général
de l'ouvrage , le morceau, par lequel le major
Syraes termine sora piéçis.
(t Le monarque qui règne aujourd'hui sur les
birmans a beaucoup ajouté à ia gloire et à la
puissance de sa nation; et l'on a droit de croire
qu'une paix durable donnera à cette nation les
moyens d'accroître les avantages dont elle jouit.
Les connaissances s'étendent avec le commerce,
et comme les birmans sont exempts des préjugés
des castes . de la nécessité de se livrer à des occu-
pations héréditaires . et de ,1a ciainte de s'allier
à des étraugtis, préjtigés dont sont imbus la
plupart des peui-lcs de ,1 Orient et sur-tout les
indiens , leur pei leetionnemeni sera sans doute
très-rapide. Dtjà même , quoiqu'ils n aient pas
pénétré les profondeurs de la seictrce , ni brillé
à un trèi-haut degré dans les arts , \\< doivent
être comptés au rang des nations instruiies et
polies. Leurs lois sont sages et fondées sur une
morale pure. Leur police vaut mieux que celle
de la plupart des coiiiiées de 1 Europe. Ils sont
naiurellemenl bienfesans et hospitaliers. Leurs
manières sont l'exjiression , non d'une courtoisie
trompeuse , mais d'une mâle fr.inchise. Parmi
eux, les droits du rang et le respect dtî à l'au-
torité s'observent avec l'attention ia plus scrupu-
leuse. >) ' ' '
II La connaissance des lettres est si étendue
chez les birmans , ijue tous les artisans , cl la
plupart des paysans et même des matelots,
(classe qui est ordinairement la plus i,j;noranle)
savent lire et écrite la langue vulfçaire. Toute-
fois , il faut avouer que peu d'entre eux cnm-
prenneut les liv.'es de sciences , ijui contiennent
beaucoup de termes sanscrits, et sont souvent
écrits en pâli , comme le Schaster des indous.
Le système féodal qui chérit i'ignoiance ,
et rend un homme la propriété d un homme ,
s'oppose encore au ptogiès des' lumieies ei de
la civilisation; mais son pouvoir stilTjiblii à
mesure que la nation apprend à tronnaîiie Ka
mœurs et les coutumes des étrangers; ri à moires
que le feu des discordes civiles ne se r.illume
paimi les birmans , ou que <iuelijue puissani,e
rivale ne les soumette au joug , ils devieiidrouc
non moins éclaiiés que pui9S,:us.
223
Tf irnJuctfur a mis à la suite de cette relaiion
«cl e duo voyage à 'Coiornbo et à la baye de
1>.il:igo;i. Ce voyage lail ooiinaîtie une punie de
)'AtVicjut: ei des peuples sur les'juels nous n'a-
vions td iiisqu'ici que d'e irès-légeres noiions.
— Il y a joint aussi une iJeiCiipiion succinle de
li'C de. Càrnicpbar' et des mœurs deses habuans ,
iii:i?i que des obse; valions sur les ruines de l'an-
liiiLiî: cl superbe ville de Maralipourain. Le pre-
nuer iIe ces' écrits a des rapports avec ce qui
conseille Its birmans , puisqu il traite d'une île
.Mtuee sur les côtes de leur empire ; le scond
itiiltriiie beaucoup de (iéiailî analogues à leur
tulle cl :i leur l.mgue sacrée. L'auteur de cet écrit
est M. William Cb.inibers , membre distingué de
la.c-.lcbre société littéraire de Calcutta.
La traduction de ce vovaire est du cit. Castera,
... . .'fa
cieja connu iies-avantageusement par sa traduc-
j/ou du vojage de Bruce , par celle du voyage
de lord M.icariney , et par l'histoire du règne de
Catlieiine H. Cette nouvelle traduction à laquelle
il a joint des notes intéressantes , et qui jettent
plus de lumières sur les objets qui y sont traités ,
ne peut que donner à cet estimable et laborieux
écrivain , de nouveaux dioits à l'estime et à la
reconnaissance du public. — Les deux caries et
les planches qui les accompagnent , sont d'une
exécution paifaite. On y retrouve toute la fidé-
lité et toute 1 élégance du burin du citoyen
Tardieu.
' Voyages. — en Asie 3 articles ; en Afrique , i ;
en Améiique , 1.
Sciences et arts. — Traités généraux, i article;
mathématiques , 2 ; hydraulique , I -, physique ,
2 ; histoire naturelle , i ; icliologie , 2 : botanique,
4 ; médecine , 8 ; higiene , i ; anatoniie , i ;
cliiiufgie, 3; teinture, i ; peinture . 3.
Littérature. — Traités généraux , 4 articles ;
grammaires et dictionnaires . 5 ; poésie , 18 ;
théâtre, 4; romans, 36 ; bibliogrugie , 1 ; jour-
naux littéraires, 3; éditions siérétuypes i. — En
lout , 175 articles.
Bihlictheque française , ouvrage périodique ,
rédigé par Charles Pougens , membre de l'ins-
titut national de France, de l'institut de Bo-
logne , des académies de Corionc , Rome , etc.
Us ont promis de n'opposer que le
' silence aux clameurs de l'amour-
propre froissé.
BiBLïOT. Franc. Introd.
A Paris , chez Honnett , imprimeur-libraire ,
me du Colombier , n° 1160 ; et Charles Pougens ,
quai Voltaire , n° lo.
Les auteurs de là Bibliothequefranqaise ont tenu
tout ce qu'ils ont promis , et même plus qu'ils
n'avaient promis ; car ils ont déjà rendu un
compte détaillé , dans les six premiers numéros
qui viennent de paraître , de lyS ouvrages en
lout genre, publiés depuis le i5 floréal an 8.
Ce journal exclusivementconsacré aux sciences
Catalogue des livres provenant du fonds
d'ancienne librairie du cit. Merigot , libraire ,
quai des Auguslins , n° 38, dont la vente se
fera le 24 frimaire an g et jours suivans, à quatre
heures de relevée , à la salle de vente du citoyen
Sylvestre , rue des Bons-Enfans , n" 12 , volume
in-8° de 35o pages. Prix 2 fr. , et 3 fr, pour les
dépariemens.
A Paris , chtz G. Debure l'aîné , libvair" de
la Bibliothèque nationale , rue Serpente, n° 6 ;
etj. G. Merigot , libraiie , quai des Auguslins.
Le citoyen Merigot , en vendant la meilleure
partie des livres qui composent son fonds d'an-
cienne librairie , n'a pas l'intenlion de renoncer
an commerce , et il croiî en devoir prévenir ses
correspondans.
La collection de manuscrits originaux qu'il a
réunis , et qui soni détaillés dans l'avertissement
en tête de son catalogue , mérite altenlion. On
remarquera , dans les cinq grandes' classes et
leurs subdivisions , des ouvrages précieux du
premier siècle de la typographie , tous ceux
recherchés et indispensables sur chaque ma-
tière , et beaucoup de livres rares et curieux ,
relatifs aux divers genres d'études ou aux opi-
nions et au goût de chacun.
ANNONCES.
Bureau, de liquidation et de recouv7 entent des fourni-
tures de tous les services militaires de terre et
de mer.
Le travail de ce bureau aura pour objet:
1°. La liquidaùon des compagnies et entre-
preneurs particuliers qui ont traité ou sous-traité
des services des vivres de terre et de la marine.
et aux lettres , est rédigé par Charles Pougens , I équipages , approvisionnemcns extraordinaires ,
membre de l'institut national de France ; les ana- I chaufages et lumières , étapes , habillement ,
Jysesqu'ilrenfermesonltrès-développées, plusieurs ; équipement , casernemeni , transports et convois ,
sent faites par lui ; et dans ce nombre , on dis- artillerie , génie , t'oniHcalions , hôpitaux miliiaires
tuigue celles du Discours sur la littérature , par et de la manne , constructions navales , etc.
Ses bureaux sont établis à Paris , - ru« de
Menars , n* 1 , au coin de celle de Graramoiit ,
où le prospectus plus détaillé des opérations
qu'ils ont pour .objet, seta délivré gratuite-
ment.
Les lettres , paquets et caisses devront y être
adressés franc de port , au citoyen Pilois , direc-
leur-général du bureau de liquidation des servi-
ces militaires de terre et de mer.
Un ciioyen ayant voyagé en Afiique , annonce
q'u il a apporté une |ioudre ixlraite des végétaux
de celte contrée , qui a la propiiété de faire par-
faitement couper les rasoiis , et de les rendre si
doux qu'à peine on les sent passer sur la peau.
Il assure de plus qu'elle est excellente pour
arrêter le sang et guérir les coupures. Parmi les
personnes qui en oni t'ait usage , il nomme les
citoyens Blasius , premier violon de la comédie-
italienne, tous les musiciens du même théâtre ;
les citoyensChalon , musicien à l'Opéra ; Randier,
dentiste , porte Martin ; Decagcux , rue Vivienne ,
n° 5; ; Ruoult , rue des Poitevins , 11° 6 , etc.
Le dépôt de cette poudre est chez le citoye»
David, rue Montmartre, n°. 104, la porte cocherc
en face du corps-de-garde , au milieu de la
piemiere cour , au premier.
On y trouve des boîtes de l franc et de l franc
5o centimes, et des cuirs d'une excellente qualité
à l'épreuve.
Journal typographique et bihliogrctphique ( 4»
année) Le prix de l'abonnement est de 9 francs
l'année , pour Paris, et de u f:ancs pour les
dépariemens. On souscrit chez le citoyen Roux ,
rédacteur, rue du Battoir , n° 8.
Celle feuille qui paraît depuis quatre années ,
et dont l'ulililé est reconnnue, présente la nomen-
clature de tous les ouvrages nouveaux , estampes ,
rausirjue , qui paraissent dans le courant de l'an-
née.El'e est indispensable aux bibliothécaires près
les écoles centrales , aux amateurs de livres, librai-
res , instituteurs , pour les mettre au courant de
toutes les nouveautés. Il paraît quatre nuitiéros par
mois. On peut se procurer des collections de
cet ouvrage. Prix des trois premières aîinées , 40
francs pour les dépariemens.
Boufflers , et de la littérature considérée , etc. par
madime de Siael ; un grand nombre ont été faites
par des personnes dont les noms sont également
chers aux sciences et aux lettres, tels que ceux des
citoyens Tcxier , Toulongeon , Lassus , Langlet ,
etc. membres de l'institutnalional;Fortia,d'Urban,
Stanislas BoufHers, Framery , Delamotle , Louis
S. L. , Antoine L. G. Ces extraits sont faits sur le
phin et d'après les modèles que nous ont transmis
Bayle , Leclerc et Basnage ; en un mot , la Biblio-
thèque franç^aise nous a paru un des journaux
littéraires, les plus exacts elles plus complets,
puisqu'on y trouve un compte détaillé des ou-
vrages nouveaux publiés en France, même des
ouviages français, imprimés dans les pays
étrangers.
Voici la note de divers genres d'ouvrages
analysés dans le semestre. Ce tableau peut servir
à donner quelques appetçus utiles sur notre
histoire littéiaire moderne et la direction actuelle
des esprits.
Philosophie. — Traités généraux et particuliers ,
II articles; morale 4 ; instruction publique, 9;
mythologie , i. -
Politique. — Traités généraux et particuliers ,
6 articles.
lurisprudince. — Traités généraux et particuliers,
S articles.
Economie politique. — Traités généraux et parti-
culiers , 6 article» : agriculture , 2 ; médecine vé-
térinaire , 1 ; statistique , 1 ; finances , 2 •, com-
merce , I.
Histoire. — Traités généraux , 2 articles; his-
toiçe universelle , i ; histoire de France, 7 ; his-
toire de Prusse , l ; biographie , 7,; antiquiiés, i.
Géographie. — Traités généraux . 19 ardcles.
2°. La formation des comptes de tous les comp-
tables de ces services.
3°. La recette au trésor national et le re-
couvrement, soit à Paris, soit dans les dépar-
teraens du montant des fournitures et créances
de toute nature rtlatives à ces services ; la négo-
ciation et l'emploi de la manière la plus utile
aux intéressés , des valeurs qui seront obtenues
en paiement.
4°. Les poursuites judiciaires à exercer pour
parvenir aux recouvremens , et dont on fera
les avances.
5°. Les transactions entre les compagnies et
entrepreneurs pariiculiers et leurs créanciers.
6°. La poursuite du rétablissement des ar-
riérés.
Ce bureau, établi de manière à mériter la con-
fiance publique , sera d'une utilité facilement
reconnue aux fournisseuis et employés qui, ayant
des liquidations et des recouvremens à faire, sont
forcés à jlrs déplacemens , ou sont retenus dans
les dépariemens et aux armées.
Ils y treuveront certitude pour la suite de leurs
affaires , célérité pour leurs liquidations . et re-
couvremens et sûreté compleite pour leurs fonds
reçus.
Enfin, ce bureau sera véritablement une agence
générale pour tout ce qui a trait au service de
guerre et marine.
Il sera sous la direction du citoyen Pitois,
successivement employé pn chef dans plusieurs
parties de ces services , et long-lems secrétaire-
général de l'administration des vivres.
Ses connaissances et ses relations dans toutes
les places militaires et maritimes , lui donnent
l'espoir de justifier la confiance des personnes
qui lui remettront leurs intérêts.
COU US DU CHANGE.
Bourse du 27 brumaire.
à 3o jours. I à 90 jours.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif.
Cadix
ESectif
Gênes effectif
Livourne.
Bâle.
561
igo
4 fr. 90 c.
t4fr.94c.
4 fr. 90 c
14 fr. 40 c,
4 fr. 70 c.
5 fr. 12 c
au p.
1S8Î
Effets publics.
Rente provisoire sS fr. 75 c.
Tiers consolidé 33 fr. 5o c.
Bons deux tiers l fr, 5o c.
Bons d'arréragé 84 fr. 88 c.
Bons pour l'an 8 gS fr. 75 c-
Syndicat
Coupures 84 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ue et des Arts.
Auj. Anacréon , et le ballet de la Dansomanie.
Le 29 , Bal masqué. — Il commencera à minuit.
L'ouverture des bureaux se fera à il heures.
Prix du billet d'entrée , 6 fr.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui
le Collatéral ou la Diligence de Joigny , com. ea
cinq actes.
Théatredes JEUNES ELEVES, rue deThionville.
Aujourd. le petit Figaro ; la Gouvernante par
amour , et les Marchés de Philis.
rHÉATRE DU VAUDEVILLE. Auj. DanCOUTt }
Gesner , et Chaulieu.
Théâtre de la Cité-Variétés. — Pa^'omimej-.
Aujourd. la 3= repr. de l'Elevé de la Nature,
panlom. allégorique à grand spectacle , suivie
de l'Amour aux Petites-Maisons ou les Fous hol-
landais , folie ornée de chants.
l'abounemcnt se fait 1 Pari» rue des Poitevins , n° 18. Le prix est de s5 francs pour trois moii , 5 o francs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
l'abonne qu »v commcucenrient de cliaque mois.
Il laul adresse, its lentes tt l'argent , franc de port ,aucit. AcASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, a' 18. Il faufcomprendre dans les envois le poit des
pays où l'on ne p-iitaffrr »chir. U i lettres -Aes départemcns non affranchies , ne seroutpoint retirées delà poste.
11 faut avoirsoiu, pa-u plus de -.ûreté , dt ctiarger celles qui t-enfettneni de
roiievini, n" i3, depuis jeuf heures du matin jusqu'à cinq neures du soir.
U rédaction de la feuille
A Pa ïi S, dt l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
jr 5g.
Nonidi , Q9 brumaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
i'intétieut que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTÉRIEUR.
Paris , le sS brumaire.
Le général Moreau est parti de celte ville.
— L'ouragan qui s'est étendu vers le Nord,
ne paraît pas avoij exercé ses ravages sur nos
côtes du Midi. Les papiers de Bordeaux n'en
disent rien. Le degré le plus violent de la tempête
a 'eu lieu à différentes heures sur la côte , depuis
rOfient jusqu'en Zélande.
A la suite de cet ouragan , la mer a jeté sur
lé galet de Dieppe , sept cadavres liés ensemble.
Les pêcheurs de ces parages sont dans l'usage ,
quand ils se voient inévitablement prêts à périr ,
de se lier de la sorte , après s'être ^emandé
pardon les uns aux autres , afin disent-ils , que
si- on en trouve un, on retrouve aussi les autres.
— On écrit de Manheim , que le courrier
de Meiz qui apportait les journaux de Paris, du
5 et du 6 novembre a éié obligé par l'ouragan ,
d'abandonner la voiture publique aux environs
de Kaiscrlautern . et de monter à cheval avec les
dépêches. La voiture retardée par la chute des
arbres dans la vallée de Frankenstein est enfin
parvenue ^ Turkeim hier vers les sept heures
djU mrtin ; mais on ne savait pas encore ce
quêtai! devenu le courrier. On craint qu il n''ait
été jette dans quelque précipice . tant l'ouragan
a causé de grands ravagea; nous sommes privés
par-là des lettres et journaux de Paris , du 5
et du 6.
— On a appris à Hambourg que l'exportation
de la potasse avait éié défendue en Russie. Ceiie
jvouvelle a fait une très-vive sensation dans le
commeice. Ciue denrée est montée subitement
de 10 à 12 pour 100.
— On a placé à la 'our de Londres quatre ti-
gres avec lesquels Tippoo - Sa'i'b chassait la
grand-bête ; ils étaient accompagnés par trois
naturels du pays. L'un d'eux, piqueur de ce
prince , quoique très-agé , n'avait pas voulu
quitter ces animaux qu il avait élevés ; il a eu
recours aux larmes pour obtenir la permission de
les suivre en Europe.
— Une espèce de guerre s'est élevée en An-
gleterre entre les journalistes , à l'occasion d'A-
dam Smith , auteur de la Richesse des nations ;
les uns le blâment , les autres l'approuvcnî d'a-
voir comparé la crainte des accaparemens à celle
de la sorcellerie.
— On écrit de Bordeaux , en date du aS bru-
maire. — Nos dernières lettres d'f^spagne sont
plus rassurantes sur l'état de l'épidémie qui y
légnait dans divers endroits. Elle s'est un peu
ralieRiie à Séville , et la mortalité n'y en plus
si considérable ; elle a presqu'entiérement cessé
^ Cadix. Il y a lieu d'espérer que la saison de-
venant plus froide , fera totalement disparaître ce
fiéau.
Les plus grandes précaution.s sont prises pour
en préserver nos contrées , et empêcher que ses
ravages ne s'étendent davantage.
— On écrit de Chambéry , en date du 18 bru-
maire , le fait suivant , assez curieux , et arrivé
dans la commune de Saint-Maurice, u Le r5 au
soir, un cultivateur ayant monté par une échelle
dans sa grange , pour gagner son lit ordinaire ,
qui était un tas de foin , fut trouvé mort le len-
I demain par sa femme , dont les cris avertirent le
! •Coisinage de cet accident. Le laboureur est en-
seveli , tant bien que mal , par une cornmere ,
ei deuxjours après des hommes chargés des sé-
i>ultures le descendent par le même escalier tjn'il
avait monté si gaiement deux jours auparavant.
'. IJans la descente . un échelon se casse; le premier
Î)oriei!r et le défunt tombent ensemble assez
ourdcmenf, mais ce qui Hl grand mal au vivant,
; Ât grand bien au mon, car ce coup le rappela à
I fa vie. Une partie des témoins de la résurrection
i l'effiaic et prend la fuite ; quelques autres, moins
' timides , aident notre homme à se débarrasser
] du linceul , qui l'étouffait , et le portent auprès
du feu. Une heure après il reconnut tous ses voi-
sins , et ne se plaignit que d'un mal de tête. La
contusion qu'il a reçue dans sa chôte est si peu
inquiétante , que l'otticier de santé qui l'a visité ,
a assuré qu'il sera dans quatre jours en état de
; reprendre ta charrue. >>
— Le canal du midi , qui traverse le départe-
ment de l'Aude dans toute sa longueur , fut tracé
originairement de manière que le chef-lieu du
départet^ient de l'Aude en était éloigné de près
de trois kilomètres.
La ville de Carcasson^ie , si importante par ses
fabrications et par l'activité de son commerce ,
sollicita long-tems les avantages d une commu-
nication immédiate avec le canal. Enfin , en 1786,
il fut tésoluqu'on exécilterait un canal d'embran-
chement de Carcassonne au canal des deux mers.
Les travaux furent commencés en 1788.
Mais , au milieu des mouvemens de la révo-
lution et des besoins de la guerre , ce grand
ouvrage fut interrompu jusqu'à la fin de lan 6.
Une portion très-considérable reste encore à faire.
On vient de le reprendre , et le 14 vendémiaire
dernier , l'on a jeté les fondemens d'un pont sur
le canal d'embranchement.
Le citoyen Barante , préfet , de concert avec
le citoyen Georget , ingénieur en chef du dépar-
tement de l'Aude , a donné la plus grande impor-
tance etia plus grande solennité à cette cérémonie.
C'est en présence de toutes les autorités consti-
tuées et au milieu d'une foule immense de citoyens ,
qu'il a posé la première pierre du pont.
Il a profilé de cette occasion , pour faire sentir
à une ville industrieuse et commerçante , tout ce
que lui promet le bienfait de la paix , et tout ce
i qu'elle doit attendre des intentions généreuses du
I gouvernement. Avant de poser la pierre , il a
! prononcé un discours dans lequel on a remarqué
les traits suivans -.
j u Le moment est venu , citoyens , oià la pro-
tection donnée par le gouvernement à l'indus'rie
I et aux arts permet de consacrer un nouveau
' monument à la prospérité du commerce dans
I cette ville.
! )i Ce bassin déjà commencé , ces travaux
' dont l'activi'é va s'accroître , ce pont dont
I nous jetons aujourd'hui les fondemens , offrent
; déjà le plus riche spectacle à l'imagination qui
' devance les années.
)) Cette rive encore déserte , notre pensée
la couvre d'édifices et de magasins; elle l'anime
par le mouvement des travailleurs et par le trans-
port des marchandises.
j) De cette place oti je vous parle , l'œil se
porte sur les deux mers, qu'une nouvelle branche
du canal vient d'ouvrir à nos spéculations.
)) Là s'embarqueront tous les produits deTîos
manufactures , à la sortie même des ateliers ; et
cette nouvelle facihté dans le débit, doublera
nos fabrications, en étendant notre commerce.
)> La guerre, il est vrai , a interrompu les
expéditions que vous aviez coutume.de faire au
dehors: elle a créé des relations nouvelles pour
un peuple rival ; mais gardez-vous d'être effrayés
de cette concurrence. 'Voulez-vous vaincre tous
ceux qui vous disputent les marchés du Levant ?
donnez à vos fabriques plus de perfeciiot^ et
à vos transactions plus de bonne foi qu'ils ffen
mettent dans les leurs ; et la préférence vous
sera pour toujours assurée.
!) Dans le commerce , comme dans la poli-
tique , les succès de la fraude sont passagers ;
et l'empire doit appartenir tôt ou tard à celui
qui fait le meilleur usage de ses talens , et dont
la loyauté inspire le plus de confiance.
1) Un siècle nouveau va commencer. Songez
que vous lui dev ez compte de tout ce que vous
a légué le siècle précédent.
)> Ce canal , qui fait la richesse de notre pays
et l'admiration de tous les autres , fut l'ouvrage
de nos pères. Qu'il devienne plus utile encore
à ceux qui viendront après nous , par les travaux
que nous exécutons , par les communications
qui le lient maintenant à notre ville, par l'ac-
croissement que nous saurons donner à notre
commerce. î>
Après ce discours , le préfet a reçu des mains
de l'ingénieur en chef une boîte de plomb,
qu'il a placée sous la première pierre. Une
plaque de cuivre y était enfermée. Sur cette
plaque est gravée une inscription rappelant la
date de la fondation , et les noms des chefs
du gouvernement sous lequel elle a eu lieu .
celui des magistrats qui y ont présidé , et des
artistes qui y ont concouru.
ACTES'DU GOUVERNEMENT.
Rapport fait par le général Sainte-Suzanne sur la coh-
duile du citoyen Aubert , {grenadier à la 8' demi ■
brigade de ligne.
Le 6 floréal, la compagnie des grenadiers du
q' bataillon fut placée à la tête du village de
Grissen ; il s'engagea enir'eux et un parti de
troupes ennemies qui occupait le village de
Bissel une fusillade assez vive. La compagnie
avait l'ordre de ne pas abandonner le jiosle pour
poursuivre les ennemis ; ce qui donna à ces der-
niers l'occasion d'insulter les grenadiers.
Un soldat du corps des manteaux rouges,
parlant bon français, s'approcha plus près°que
les autres.
Le citoyen Aubert, grenadier, connu depuis
long-tems par sa bravoure et sa bonne conduite ,
proposa à cet ennemi de mettre fin à toutes ces
criailleries par un duel. Sa proposition étant ac-
ceptée, les deux adversaires se placèrent sur la
grande route à environ cent pas l'un de l'autre ,
et commencèrent à se battre à coups de fusil.
Tous les autres tirailleurs cessèrent leur feu
aussitôt, et fixèrent les yeux sur le combat par-
ticulier.
Il fut tiré de part et d'autre trois coups de
fusil sans succès ; mais , au quatrième que tira
le citoyen Aubert, il renversa son adversaire.
Les officiers et grenadiers présens remarquè-
rent que le citoyen Aubert, après chaque coup
de fusil tiré marchait à son ennemi en chargeant
son arme , et qu'il n'en était pas éloigné de 40 pas
lorqu'i! le tua.
Celte conduite produisit sur la compagnie un
tel effet, que tous les grenadiers sollTciterent
la permision d'aller provoquer les ennemis et de
se battre corps à corps comreux.
, Le lieutenant général Sainte-Suza-hne sollicite
pour ce brave un fusil d'hi^nneur.
Signé. ^INTE-SUZANNE.
Bonaparte , premier consul delà république,
d'après le compte qui lui a été rendu de la
conduite distinguée et de la bravoure éclatante'
du citoyen Aubert, lui décerne, à titre de récorn-
pense nationale , un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 26 brumaire, an 9 de la
république française.
Le premier consul., signé., Bonaparte.
Par le premier consul , '
Le secrétaire-d'état , signé , H B. Maret.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS,
Brevets d'hoAneur.
Bonaparte, premier consul delà république,
d'après le compte qui lui a éié rendu de la con-
duite distinguée ei de la bravoure éclatanie des
citoyens ci-après désignés,, leur ,déce:ne , à titre
de récompense nalionale , un fusil d'honneur.
Aux citoyens Duret, Devaud, Dopile , sergens;
Lcloquele et Carpentier, caporaux à la 22' de
ligne. Ces cinq braves , à I affaire de Marinao ,
s'emparèrent d'une pièce de canon ennemie,
avec laquelle ils firent feu tant que durèrent les
munitions qu'ils avaient trouvées.
Aux citoyens Debevre . caporal des grenadiers ,
Lefort et Beau'iire , caporaux, Girard et Martin,'
fusiliers à la 22» de ligne, qui à l'affiiire de
Maringo ne pouvant pouisuivre l'ennemi qu' près
avoir passé un large ruisseau, se présenter eni
pour le sonder , et abordèrent à la rive opposée
soiis un feu très-vif,
Aux citoyens Gludel , sergent ; Dupont , capo-
ral de grenadiers; Turc , grenadier; Lerondeau
et Febvre , fujilliers , qui détachés en tirailleurs'
à la même affaire , et se trouvant pressés par
un parti de cavalerie ennemie , firent si bonne
contenance , qu'ils le forcèrent de se retirer.
Ils jouiront des prérogatives attachées à ladite
récompense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 28 brumaire, an 9 de la
république française.
Le premier consul, signé., Bonapartis.
Par le premier consul ,
Lt secrélaire-d'état , signé-, H. B. Maret.
AUNOM DU PEUPLE F R A N Ç A I.S.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a élé rendd de la con-
duite distinguée et de la bravoure eclataiiie du
citoyen Rénaux , fusilier, 15"= de ligne, a } aflaire
du i3 floréal an 8 , où ce militaire assailli par
trois hullans, fit feu à vingt pas sur un deux
qu'il blessa, se défendit contre les deux autres
avec sa bayonnette , en blessa un second , et
força ces trois cavaliers à se retirer;
Lui décerne , à titre de récompense nationale ,
un fusil d'honneur.
Il jouira des prérogatives attachées à ladite ré-
compense par l'arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 28 brumaire , an 9 de la ré-
publique française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état, signé, H. B. Marf.t.
AU NOM DU peuple FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'aorès le compte qui lui a élé rendu de la
cotiduite distinguée et de la bravoure éclatante
des citoyens ci-après désignés, leur décerne , a
litre de récompense naliofiale , un sabre d hon-
neur :
1° Le cit. Diani, dragon d(ins h 5" compagnie
du 5= régiment , à l'affaire du 18 prairial an 8,
à l'armée de réserve , quand il s'est précipite dans
les rangs de l'infanterie ennemie que son len
empêchait d'être chargée , et lésant prisonnier
l'officier qui la commandait. Il occasionna la dé-
roule de l'infanterie , et la ^rise de cent cinquante
hommes ;
2° Le cit. Diot, dit Jolelte , dragon dans la
3<: compagnie du 5' régiment , à l'affaire du 24
prairial an 8 , à l'armée de réserve , lorsqu^il en-
fonça plusieurs pelotons ennemis, y mu le de-
sordre , et contribua par son audace , au succès
de la charge exécutée par le régiment;
3° Le cit. Chevalier, dit Beaucousin , dragon
dans la i" compagnie du 5= régiment , à faffaire
du -24 prairial an 8 , à l'armée de réserve , quand,
fait prisonnier au milieu des rangs ennemis, il
fut délivré dans une deuxième mêlée, et près
d'être tué par l'ordre d'un officier ^e la légion
de Bussi , il lui partagea la figure d'un coup de
sabre ;
4° Le cit. Lallier, dragon dans la 1" compagnie
du 5= régiment de' dragons , à l'affaire du 24
prairial a°n S , à l'armée de réserve , quand ,
après avoir pénétré fort avant dans une colonne
ennemie , et reçu une forte blessure à la tê'e ,
il se débarrassa de quatre chasseurs qui l'en-
touraient, et soutint le coinbat jusquà la fin.
Ils jouiront des prérogatives attachées à ladite
récompense par I arrêté du 4 nivôse an 8.
Donné à Paris , le 22 brumaire , an 9 de la
république française.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Le ministre de la guerre, signé , J. G. Lacuée.
23o
tçoycns qui dépendent de moi : mais availt d'or-
donner des mesures sur ll^ objet aussi intéres-
sant , j'ai besoin de savoir quel est l'étal et la
situation des cimetières : ."ioni-ils clos de murs ;
sont-ils isolés des habitations ; sonl-ils plantés
d'arbres; ontils' assez détendue, et quelle esl
la prolondeur des iosses ?
Je désire aussi connaître la marche que vous
suivez en cas de mort violente ou accidentelle
pour vous assurer de la mort apparente , et quel
délai vous faites observer pour l'inhumation.
Avez-vous des fosses vétérinaires pour enlouir
les cadavres des animaux morts ? oti sont-elles
situées ?
Existe-il dans vos communes des échaudoits ,
des londoirs et des salies de dissection ?
Y existe-t-il des atteliers et des manuCaclures ;
sont-ils une cause d'insalubrité ; y met-on en
fermentation des matières animales ; sont -ils
isolés des maisons , et .les habilans se plaignenl-
ils de leur proximité ?
En m'adressant ces renseignemens , je vous
invite a me donner des détails sur la nature des
objets dont s'occupent ces atieliers et ces manu-
factures ; ces détails me soni nécessaires pour
déterminer le drgré d'attention et de surveillance
dont ils sont susceptibles.
La conservation des bestiaux est attachée au
progrès de l'agriculture et à la richesse des cul-
tiv.ucurs. Vous ne devez donc négliger aucuns
I des moyens propres à prévenir les cinzooiies et
rs aufres maladies auxquelles les bestiaux sont
exposés. Si quelques symptômes alarmans se ma-
niicsuifiit dans vos communes . vous voudrez
bien m'en informer à I instant , afin que je puisse
prendre des mesures pour en arrêter les progrès.
En me chargeant de veiller à la saliibriié de
vos coujm'incs , conformément à l'an. XXIII tle
l'arrêté du lîmessidor. le gouvernement a étendu
ma suiveillance dans les halles , marchés ou bou-
tiques, chezles bouchers, boulangers , maichands
de vin , limonadiers , épiciers-droguistes , apothi-
caires ou tous autres.
Il est donc indispensable que vous me fassiez
connaître les hallrS qui existent dans vos com-
munes ; que je sache les jours de tenue des
marchés, et que vous me fournissiez un état
nominatif des citoyens qui exercent les diverses
professions que je viens de vous rappeller.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Suite de la circulaire du préfet de police , aux maires
et adjoints des communes du département de la
Seine ( extra muros ) , et des communes de Saint-
Cloud , Sevrés et Meudon.
Je vous invile à me donner des renseignemens
sur les imprimeries qui peuvent exister daiis vos
communes. Je désire connaître les lieux où elles |
sont situées , le genre d'ouvrages qui s'y im- 1
priment , le nom des imprimeurs , elle nombre
des ouvriers attachés habituellement aux impri- 1
merles. 1
La loi du i3 fructidor an 5 contient des dis- |
positions générales sur la fabrication et la vente j
des poudres et salpêtres , que l'arrêté du 3 bru-
maire me dhargc de surveiller dans les commu- j
nés extra muros. 'Vérifiez si tous les citoyens qui
se livrent à ce genre d'industrie sont munis -de
permissions , et si ceux qui n'eri ont point, con-
servent chez eux au-delà de cinq kilogrammes
de poudre ( environ dix livres un quart. ) En cas
de contravention , je vous recommande d'en
dresser procès-verbal , et de traduire les délin-
quans devant les tribunaux.
La recherhe des émigrés et des militaires et
marins déserteurs , prisonniers de guerre , est
encore un des objets que- l'arrêté du 3 brumaire
me confie. Je vous invite , citoyens , à me les
signaler, el à seconder l'exécution des mesures
que je serai dans le cas de prendre contre eux.
La salubrité des communes extra muros m'est
également confiée , etje doi* 1 étaBhr par tous les
Le nouveau système des poids et mesures esl-il
généralement en usage dans les communes extra
muros?L^\o'\ du i"vendémiaire an 4 , concernant
cette inslituiion , est-elle observée ?
Faites de fréquentes visites dans les halles et
marchés, et chez les marchands, pour vous en
assurer; et lorsque vous ^turcz emplo\é les moyens-
de persuasion , dressez des procès vctbaux contre
les délinquans, traduisez les devant les tiibunaux,
et rendez moi compte de vos opér.Tlions.
J'invite les maires el adjoints des communes
riveraines de l.i Seine et de la iMarne à me donner
des rense'gnemens particuliers sur léiat de ces
rivières. Je désire connaître :
1° Le nombre el la situation des ports et autres
points de décharges qui existent sur ces rivières;
2° La nature et l'espèce des marchandises que
le commerce y lait débarquer;
3° Si ces ports sont commodes ou ce qu'il fau-
drait faire pour les rendre tels ;
4°. Si les chemins de hallage sont en bon état;
5°. Quels sont les points de ces deux rivières
où les debordemens commencent à se manifester
lorsque les eaux éprouvent de l'élévation ;
6°. Le nombre des établissemens . moulins ou
usines qui existent sur les bords ;
7°. S'il existe des moyens particuliers et locaux
pour préserver , en cas de débâcles . les bateaux
et marchandises appartenans au commerce ;
8°. Qjiels sont les espèces de filets dont on se
sert pour la pêche , quelle est la largeur des
mailles ? Les dispositions des articles VI et suivans
du litre XXXI de l'ordonnance del66g sont-elles
observées ?
En un mot , a-t-on établi sur la rivière beau-
coup de pêcheries et de gords , et gênent-ils la
navigation ?
Quelques-uns de ces renseignemens sorit com-
muns à la rivière de Bievre , et j'invite les maires
et adjoints descommunes limitrophes âme donner
des détails^ sur l'état actuel de cette rivière
intéressante , pour laquelle le gouvernement a
spécialement pris un arrêté le sS vendémiaire
dernier.
Je les invite sur-tout à me dire si les disposi-
tions de l'arrêté du conseil du 26 février 1732,
relatives à la conservation des eaux de cette ri-
vière sont maintenus ; si le cours des eaux et celui
des sources etruisseaux y affluant est suffisamment
libre; s'il existe des saignées et ouvertures laites
aux berges sans titre légal, et enfin si les meù-
nieis font entretenir et fortifier les berges , de
manière que les eaux ne puissent sortir de leur
I lit, ni passer au travers desdites berges pour se
I répandre dans les prés ou ailleurs.
IJn aîsez grand nombre de citoyens domiciliés
dans les communes rurales , conduisent le public
dans des cabriolets soit aux environs de Paris,
soit à Pjris même. Ces voilures publiques doivent
être surveillées par la police, et être assujetties à
des réglemens particuliers. Je vous invite à me
faire connaître les noms et demeures de ceux à
qui elles appartiennent.
Il existe dans vos communes respectives une
gardé nationale chargée d'y maintenir l'ordre et
la iranquillilé. Qjielle est la composition de cette
garde ; fait-elle son service, avec exactitude „ et,.
quel est le genre de ce service? Les brigades de
gendarmerie stationnées dans plusictirs com-
munes , lonl-elles de fréquentes tournées ? Visi-
tent-elles tous vos arrondissemens ?
Conformément à l'art, l" de l'arrêté des con-
suls , en date.du 27 ventôse, vous remplissez les
fonctions du ministère public auprès des tribu-
naux de pol ce.
Je vous invile .1 m'envoyer , chaq'-ie mois, un
état des aff.dres portées dans ces tribunaux , et à
insérer dans cet état la note des jugemens rendus
dans toutes les matières relatives aux attributions
que l'ariêté du 3 brumaire me confie dans les com-
munes extra muros.
Je correspondrai fréquemment avec vous, ci-
toyens , et quoique l'arrêté du 3 brumaire me
permette d'employer l'intermédiaire des- officier»
publics sous mes ordres , j'userai de cette faculté
le plus rarement possible.
Néanmoins comme il peut arriver, dans des cas
particuliers , que ce mode de communication de-
vienne momentané un enl indispensable, il esl essen-
tiel que vous connaissiez les officiers publics dont
je suis environné.
A cet effet , je vous adresse , avec l'arrêté du 3
brumaiic , un exemplaire de mon ordonnance-dû
23 thermidor, conienant i organisation de la pré-
fecture fie police ; vous y trouverez les noms des
agens et préposés placés sous mes ordres ; ils sont
assermentés en justice , etje vous invite à délérer
aux réquisitions qu'ils seront dans le cas de vous
faire pour assurer l'exécution des mesures que
j'aurai prescrites.
Ces agens ou préposés sont i-idépendans des
vingt-quaire officiers de paix institués par la loi.
Ne perdez pas un instant pour me procurer le»
renseignemens que je vous demande. Je les attends
avec la plus vive impatience pour prendre ulté-
rieurement loutes les mesures nécessaires au per-
fectionnement du service.
Je vous -salue ,
Le préfet , signé , Dubois.
Par le préfet , le secrétaire-général ,• signé , P i i s.
Le préfet de police a rendu ,.le 19 brumaire ,
une ordonnance relative à la vegtc des fruits
dans les ports de Paris. Les fruits continueront
d'être vendus dans la partie du port de Tour-
nelle , qui leur est al'cctée. Il est défendu à toutes
personnes d a:ler au-devant des bateaux de fruits ,
et de vendre les fruits par batelées. Il ne doit être
mis en vente que des fruits bons el non défec-
tueux. Ils seront visiiés par le commissaire des
halles et marchés , etc. . . . Cette ordonnance , ea
quinze articles , se compose en pariie des ordon-
nances de 1672 et de 1778 , et de la loi du 19
juillet 1791.
Apperqu statistique du département du Bas-Rh ..
Le déparlement du Bas-Rhin , un des plus
riches de la France par la fertilité de son sol ,
sa nombreuse population , et les productions
de toutes espèces qu'on y recueille, esl formé de
la Basse-Alsace.
Il est compris entre les 49= degré i5 minutes,
et 48° degré 8 minutes de latitude , et entre les
b' degré 20 minutes et 5"^ degré 5o minutes de
longitude orientale , à compter du méridien de
Paris.
Il est borné à l'est par le Rhin, qui le sépare
de l'Allemagne; au sud parles départemens du
Haut-Rhin et des Vosges ; à l'ouest par les
départemens des Vosges et de la Meurihe ; au
nord-est par le département de la Moselle , et au
nord par celui du Monl-Tonnerre.
Sa longueur , du sud au nord , est d'environ
3i lieues de 2282 toises à la lieue; sa largeur
moyenne de 1 est à l'ouest de près de 9 lieues.
Son étendue est de 2 14 lieues quarrées, environ
970,986 arpens , ou 495,575 hectares.
Par la division territoriale de'l790, il fut partagé
en 4 districts, savoir ceux de Strasbourg, Hague-
nau , 'Weissembourg et Bienleld.
Ensuite en 40 cantons ; enfin il esl aujourd'hui
divisé en 4 arrondissemens communaux . savoir
de Strasbourg , Saverne , 'Weissembourg et
Barr. ^
I Strasbourg, ville de 47,254 habitans , à 121
lieues , esl , de Paris , en est le chef lieu.
Les rivières qui arrosent ce département, sont
le Rhin , navigable dans tout son cours d'une
2âi
exirémité de ce déparlement à l'autre , qui est
de 64,000 toises; la rivière dlll, qui est éga-
lement navigable dans tout son cours , qui com-
prend un tiers du département 5 la Sclicr ,
TÀndlau, la Ehn , la Brusli ,. la Mobsig ^ la
Souffle, la Zoin, la Zinsel , la Moder , la
Surbach, la Selizbacb , la Lauter . la Queich ,
qui versent dans le Rliin ; la Saare , I Eichel
et rischbach , qui versent dans la Moselle.
Toutes ces rivières sont ou (louables, et navi-
gables , ou peuvent facilement le devenir.
Il y a encore d'autres petites rivières, Un grand
nombre de ruisseaux , et quelques canaux qui
arrosent le département.
La populaiion du Bas-Rhin est nombreuse ;
elle passe 480,000 individus , non compris les
troupes et les ouvriers qui y affluent en lems de
paix.
Ces 430,000 individus , divisés par 214 lieues
quarièes étendue , donnent 2,008 individus , et
quelque chose de plus par lieue quarrée ; popu-
lation qui n'est comparable qu'avec celle des
dépariemens populeux de la Belgique et de la
Flandre française.
Le recensement de l'an 7 a donné pour ce dé-
parlement 440,696 individus ; le nombre des
naissances a éié , pendant celte même année , de
i8,3d2 ; celui des morts, de io,863. Ainsi l'aug-
mentation de population y a été de 7.499 ii«ii-
vidus. Dans le nombre des morts ne sont point
compris les militaires décédés dans les hospices,
qui ne sont point censés faire partie de la popu-
lation, j
On voit encore par le tableau de Xélat civil du !
département , qu'il y a eu pendant l'an 7 9,486 ;
naissances de garçons, 8,876 naissances de hlles ; '
ces) 610 garçons de plus que de filles. I
Sus le nombre des garçons , il en est né 4o5 |
hors mariage , et des faUes 444. Le nombre des
mariages a été de 3,524 , celui du divorce 61.
Le relevé des morts donne , pour cette même
année , 5,577 individus du sexe masculin , et
-3.286 du sexe féminin.
Les résultats de la proportion des morts aux
naissances des deux sexes , donnent le rapport
à-peu-prés constant d'une population d'un garçon
ouindividu mâle sur un, plus un huitième d'indi-
vidus femelles.
Parmi les morts On trouve io5 garçons morts-
nés , et 77 filles ; 78 garçons mons de la petite-
vérole , et So filles ; et , ce qui est remarquable ,
s8o garçons et 23-2 filles sont morts de con-
vulsions.
Enfin , nous remarquerons qu'en l'an 7 , le
nombre des citoyens patentés se rnotiiait à 3o
mille; qu'il y a eu r5i procès criminels et 85
jugemens sur appel des tribunaux de police cor-
rectionnelle ; que la garde nationale sédentaire
à pied y était de 67.913 hommes , celle à che-
val de 520 ; que les colonnes mobiles offraient
11,24g hommes armés ; que les conscrits de pre-
mière classe y étaient de 3426 ; de seconde
classe , 3544 ; de troisième classe , 25o2 ; de qua-
trième classe , 368.
Il y a dans le déparlement 339 arrondisse-
mens d'écoles primaires , to5 seulement sont en
activité ; 38o écoles particulières connues y sont
établies. L'école centrale a été suivie en l'an 7
par 443 élevés ; savoir : 112 pour le dessin , 71
pour 1 histoire naturelle , 40 pour les langues
anciennes , 52 pour les mathématiques , 28 pour
la physique expérimentale et la chimie , 73 pour
la grammaire générale . 26 pour les belles. lettres ,
20 pour l'histoire , 12 pour la législation . g pour
la bibliographie. L'école spéciale de médecine à
Strasbourg a fourni 77 officiers de santé pour
les armées; l'école d'accouchemens a fourni en
l'an 6 ig sages-femmes , et 21 en l'an 7.
Apiès ces remarques importantes sur l'état et
l'emploi de la population dans le département
du Bas-Rhin , ni^us devons faire connaitre sa
culture, ses productions , son industrie, son
commerce.
Le département du Bas-Rhin est en général
un des plus fertiles et des plus productils de
la France. Mais toutes les parties de son sol ne
^ sont cependant pas d'un égal rapport; celle qui
est comprise entre l'IU et le Rhin , appellée le
Rieth , est d'un médiocre produit en grain , à
cause des forêts et des débordemens fréquens ;
celle qui s'étend de l'Ill aux Vosges , de la mon-
tagne de Saverne à Strasbourg , et de Saverne
jusqu'au territoire d Hagut.nau est extraordinaire-
ment fertile ; la plaine de Marienthal dont le
territoire de Hagucnau fait partie . oHre un ter-
rein sabloneux dont lingratiiude nest vaincue
que par un travail opiniâtre et la culture de la
garance. Toute la partie comprise entre Hàgue-
nau et le! Vosgts , et Haguenau et Landau , est
prcsqu'en totalité couveile de forêiL. La plaine
fie Landau pailage la feriilié des environs de
Sirisboug; les cantons situés dans les Vosges
et leurs gorges, ont un sol ingrat , dont il
la partie située au-delà des Vosges , et qui for-
mait ci-devant le district de Sar-Louis , est fer-
tile , mais d'une culture pénible. Les cinq can-
tons qu'elle contient sont les seuls de tout le
département où les jachères soient en usage.
Les principales productions du département
consistent en grains, vins, tabacs, chanvres,
lins, pavots et autres graines dites ^mJ5«5 dans le
commerce ; garance , moutarde , Icnugrcc , co-
riandre.
Il y a beaucoup de prairies ariificielles ; et l'on
n'y suit le système des jachères que dans une
petite étendue seulement , comme nous venons
de le dire.
L'avoine n'est cultivée que dans les cantons du
nord, oii l'on cultive aussi l'épeautre , et le maïs
dans les cantons du midi.
Année commune , les récoltes en grains dans
le déparlement du Bas-Rhin excédent d un cin-
quième la consommation des habitans. On y
récolte du vin pour la consommaiion et au-delà.
Un sixième est rouge ei le reste est bbiic.
Le dépanei...;ni du Bis-Rhin possède environ
385,674 arpens de foiêts , tant nationales que
communales ou séquestrées sur les princes alle-
mands de la rive dioile du Rhin. Elles sont sur-
tout peuplées âe chêne» , de hêtres et de sapins.
Un grand nombre d usines en sont alimentées.
Ici comme ailleurs on se plaint des dégâts et
dévastations des forêts ; ils sont tels que le prix'
du bois de charperae et de chauffage est doublé
j à Strasbourg et dans plusieurs autres endroits du
département. Il y a cependant eu des repicque-
mens, plantations et repeuplemens considérables
exécutés dans les forêts nationales ; et le nombre
d'arbres plantés en l'an 6 sur les propriétés parti-
culières , s'est élevé à 71.167 pieds d'arbres- frui-
tiers, et d'aibres non fruitiers à 23,864.
Il y a grand nombre de mines et substances
minérales dans le département du Bas-Rhin. On
y compte deux mines de charbon de terre , une
mine d'asphalie , une de vitriol de fer , 18 a 20
à la paix. Depuis long-tems te commerce du
département demande qu il soit rétabli. En 1792
M. Charpentier, ingénieur, avait donné un plaift
pour continuer ce canal utile jusqu à la proxi»
mité des lignes de la Qjieich , et de là à Landau»
La jonction du Rhône au Rhin est possible ,
moyennant uncanal de communication du Doubs
à llll. Il est déjà creusé de Dol à Saint-Jean-de-
lOsne depuis 1783, La jonction de la Meurthe
au Rhin peut se faire , 1° pai la jonction de la
Zorn qui paste à Saverne , et du Sanon qui va
grossir les eaux de la Meurthe ; 2'' par la jonc-
lion de la Bruche qui se perd dans 1111 à Stras-
bourg.
Nous terminerons ici cet apperçu statistique du
déparlement du Bas-Rhin , en observant que nous
en avons tiré une grande partie de l'annuaire
du Bas-Rhin , du citoyen Botiin , que nous avions
indiqué comme étant sous-préfet dans le dépar-
tement , et qui lui-même nous a demandé de
rectifier celle erreur. Peuchet.
mines de fer exploitées, deux tourbières , plu
' ' - ■- de plâtre
', . r u- . 1 • «irai le nom de ffamma, nui est celtri de la lelire
besltaux y forment un auire objet de ri- 1 sicai , te nom uc g^mm^i. i „„„.„. annoncer
■I- p ■. Qc ,-K I,. ,„„ I p dans 1 a phabet grec; en voulant annoncer,
;uÏir:s%^8rbLur'55%fvI^I:ef";,, 7'lo i 'par cette in^dication^ que la musique vient de la
Notice sur la ville <£ Armo.
Arezzo, est ainsi appellée des peuples ^rœ/n' »
anciens habitans de l'Eiruric. Porsenna . Pilate et
Pétrarque y ont pris naissance. On y labnque
des chauffreites en tayence noire trés-artistement
travaillées. On y exécute avec autant de goût que
d'adresse des ouvrages de tourneur , tels que les
dévidoirs, les fuseaux , et les toupies vides qui
en contiennent un certain nombse dans leur ca-
pacité intérieure. C'est la patrir; du poète Aretin ,
célèbre par ses obscénités , autant que par des
satires mordantes. Un roi de France lui fil présent
d'un collier d'or, afin qu'il l'épargnât dans ses
vers. De telles productions lui ont valu l'épitaphe
suivante :
*' Qui gîac rAretin , poeta Tosco ;
„ Dl tutti disse mal , fuor' che di Christel
„ Suesandosi col' dir , non lo conosco. „
ti Ci-gil l'Arétin. po'cte Toscan; s'il a' médit dt
)) tout le monde , excepté du Christ , il s'excusait
sieurs carrières de pierres à bâtir , de plâtre , " «» disant ; je ne le connais pas. .»
d'ardoise, d'argile à potier ,'elc. I Un moine, dit Guy Arétin , inventeur des noms
Les diverses salpêtreries ont donné en l'an 7 1 donnés aux notes, ut, ré, mi , fa , sol. la, y
42.800 quintaux de salpêtre; cl les salines de j naquit dans le 11'= siècle ; il publia son Mjcro/ogMS.
Souitz donnent annuellement 25,ooo quintaux sous le pontificat de Jean XX. Au dire de Biy le ,
de sel. 1 il avait donné à là nomenclature de 1 octave mu-
Les
chesse.
8387 p
geni-ses , 57,486 bêtes à laine, 1 1,175 chèvres ,
81,607 porcs , 6006 ruches d'abeilles.
L industrie du département s'étend sur un grand
nombre d'objets : les usines pour le fer , pour le
cuivre ; les torges , martinets , fayanceries , chau-
dronneries , verreries , sont dans une gaande
activité.
On y trouve aussi des fabriques de garance ,
de labacs , d'amidon , de poudre à cheveux , de
draps . de siamoises , de futaiiie , de calmandre ,
de bas de coton , de toiles ordinaires . fines, de
ménagé, à voiles ; de toiles peintes ; des papete-
ries , blanchisseries de toile , tanneries , chamois-
serie , maroquineries , etc.
Les fabriques de draps , presque toutes occu-
pées de gros draps , s'élèvent à 3o ; celles de sia-
moises à 3 ; de bas de fil et de coton au métier
à 120 , d'autres bonneteries 128 : filatures de laine
et coton , 35 ; blanchisseries , 40 : teinturiers, 120";
foulons , 24 ; moulins à préparer le chanvre , 26;
papeteries, 7. manufactures de papier peint, 3 ;
tanneries, 204; moulins à tan, 41 ; chamoiseries ,
mégisseries . 72 ; moulins à huiles de navette ,
pavot, noix, 3oo ; fabricans de savon, 8i; fabricans
de chandelle, 5o ; labricans d amidon, de poudre ,
32 ; fabricans de tabac , 86 ; fabricans de garance ,
II; fabricans de peignes de corne, 26; etc.
Le commerce du département du Bas-Rhin
roule en partie sur les productions indigènes et
sur les produits de l'industrie des habitans ; il est
aussi commerce d'entrepôt , sur-tout en tems de
paix , pour les marchandises qui passent de
l'Italie et de la Suisse en Hollande , et réci-
proquement par le Rhin en grande pariie , et
par l'Alsace en général.
Avant la révolution , le commerce du dépar-
tement du Bas-Rhin, s'étendait aussi sur l'expor-
tation des vins, des hui'es , des cafés , des
indigos, et autres productions , soit de nos
colonies soit de l'intérieur de, la France.
La position de l'Alsace près de l'Allemagne
j donne beaucoup de facilité au département du
Bas-Rhin pour le commerce extérieur. Le trans-
port est favorisé dans l'intérieur par plusieurs
canaux de navigation , tels que ceux de la
Brusclie , celui dit le canal français , le canal
du Rhin , dit de navigation ; celui de Landau,
peut-être trop négligé ; celui de Giessen , celui
de Wassclonne qui devait s'étendre jusqu'à
Souitz. et <iu'on pourrait finir.
L'ancien canal de Seltz , dessiné cl creusé en
1706 par Vauban , servit en 17 13 au transport
Grèce.
Les arétins ne passent pas pour de bonves gens
parmi les toscans. Fagioli , poète burlesque , a dit
dans un sonnet , otà il fait l'énuméraiton de plu-
sieurs choses impossibles ,
" Quand' Arno tornetà vogli Appennini 1
,, Con r akre cose soprannatUTali ,
,i Sentira dir' il vero agU Aretijii. x
u Quand l'Ame remontera les Appenuins, ■
avec nombre de choses surnaturelles , les Are"
J) tins diront la vérité. )'
(Extrait du Journal de Paris.)
joat dédommages que pat les pâturages. Enfin , ( des munitions pour Landau , et fut abandonné
Grammaire.
Observations sur la note insérée dans le Monileui;
du 8 vendémiaire , au sujet d'une discussion qui
vient de s'élever entre les partisans de l'ortographt
de Voltaire et Us partisans de l'ortographe de
l'académie.
i". L'une et l'autre ortographe est imparfaile-
Voltaire se contrarie , et dans le même mot. Par
exemple , il écrit : les amis, un amy, philosofe , etc.
(Voyez la lettre écrite de Berlin.) L'académie
en fait de même. Exemple : bonhomie ■ prud-
hommie , appeler, et dans mille , autres circons
tances. Les deux/i sont conformes à l'étimologie
tant réclamée , mais un seul / la viole.
2°. Les réformateurs , dit la note . sont persuadé/
qu'une langue est d'autant plus près de sa perfection ,
qu'elle exprime tes mêmes idées en moins de caractères.
Ce n'est point là l'état de la question : la per- ^
fection d'une langue ne dépend ni de l'orlhd- /.,
graphe ni du nombre des caractères , mais bien->
de la parole. L'orthographe n'est que secondaire.
L'écriture orthographique a été imaginée pour re-
présenter la parole. Ainsi , l'orthographe doit la
représenter d'une manière conforme à la pro-
nonciation ; autrement elle cause de l'embarras
et de la confusion , ef voilà ce que les réforma-
teurs voudroient éviter. Les écrivains doivent
aussi peindre leurs pensées d'une manière con-
forme à la prononciation ; s'ils veulent être lus.
Oui , les réformateurs sensés veulent rapprocher ^
autant que possible . le langage écrit du laligige
parlé. Mais ils savent que le grand point est
de corriger avec sagesse ; car souvent le pire
des abus est de mal réformer les abus même.
Ils veulent principalement supprimer les caratf-
teres que nous n'entendons point quand on nous
parle , et que nous supprimons mentalernent
I en lisant ; lorsque ces caractères ne conltaiisnt
ni les lois delà prononcialion soutenue , ni celles
de la poésie , ni celles de la syniaxe. Je sais qu'on
a proposé de clmnger l'écriluve ; mais ce n'est
qu'un vœu qui n'a pas eu de suite. La noie
dont il t'agii ne mérileroit point d'antre réponse,
si _la plupart des hommes ne prenoient souvent
de btUes phrases pour des raisons , et si elle ne
CQnienoit pas des principes faux.
Il est faux que la voyelle comijoséc ai, ait tou-
jours le son de la voyelle simple e. Par exemple ,
il aide, il ade, aisé , lés-é , bail , il travaille , etc. La
diphtongue oi remplacée parrti dans_/»Y(nça!i , etc.
-es4 une fausse comparaison. Ecoutons Dumarsais :
i( La syllabe ai est prononcée au-delà de la Loire
»>,par a-i diphtongue. On entend Va et Vi; telle
)' était la prononciation de nos pères. On la pro-
)» nonce ainsi dans les langues grecque , italiene ,
>> espagnole , ( langues harmonieuses ) ; ce qui fait
î! voir avec combien peu de raison quelques
" personnes s'obstinent à vouloir introduire cette
'> diphtongue oculaire à la place de la diphtongue
)> oculaire ci dans les molsfrançais , j'avais iComme
" si a» étoit plus propre que Oî à représenter le son
" de Yè. Si vous avez à réformer oi dans les mots
" où il se ptononce e , mettez è , autrement c'est
" réformer un abus par un plus grand , et c'est
" pécher contre l'analogie. " D'autant plus que ,
par exemple , dans français on a la filiation France ,
francès , etc.
Je continue de répondre à la note. Si dans
bourdonnement on prononce la syllabe don comme
dans bourdon , on sera obligé de prononcer bour-
don-nement, enappuyant légerementsurne comme
dans ornement. Mais , lorsque deux mêmes con-
sonnes se trouvent entre une voyelle et ïe bref,
cet « n'est presque pas sensible. Par exemple , net-
tement. La même chose arrive , quoiqu'il n'y ait
qu'une consonne. Exemple , complètement , pro- i
chainement; ce qui donne deux sortes d'« bref, !
l'un bref , et l'autre trés-btef. On peut les distin- |
guer , en donnant à l'un le nom de bref, comme |
dans ornement, superbement; et à l'autre , celui 1
d'« muet , attendu sa grande brièveté. Remarquez
que cet e muet oblige d'élever la voix sur la syl- l
labe qui le précède. Il est donc inutile de redou- |
bler la consonne et conséquenament le n ; ce que ,
l'on fait en plusieurs mots , comme il est aisé de !
l'observer , en lisant. On peut dire la même chose ■
A' achoppement , qui n'est pas plus dur que déve- \
loppeiiient. Ce, taiit il est dur , de la note, me pa-
reil exagéré. Les auteurs du dictionnaire de Poi- '
tiers écrivent : bourdoncment , achopement. j
Si , du teuis de Lckain , on prononçoiî courroux i
comme je coitrrois , il devoitfaije soi ner les deux {
r ; car un acteur ne peut changer la prononcia- )
tion , sans blesser l'oreille des auditeurs. Il de- \
voit sans doute appayer sur courroux , l'accent
n'étant pas le même dans la colère que dans la i
passion ; mais comment orthographier exacte- i
ment les diflérens degrés de la passion ? Qiiant !
à irrités , on prononce et on écrit les deux r , et
je ne crois pas qu on ait proposé d'en suppri-
mer un.
■ Sommes-nous étonnés ? hésitons-nous en li-
sant : il gete , fide/e ; il détone, il mirape ? On
ne doit donc ni être étonné , niJiésiter en lisant :
ele amené avec ele ; tone , frape : guère et guerre
iront point le même son pour| une oreille exer-
cée. Le premier e de guerre , modifié avec le r ,
semble une nuance entre l'accenj grave è et
l'accent circonflexe ê.
L'orthographe de Montaigne , de Marot n'est
point barbare; elle l'est si peu, qu'on aime
mieux les lire avec leur orthographe ; parce
qu'elle représente des sons plus pleins , plus
jSonores , et il faut avouer que nous avons fait
des pertes à cet égard. Mais si nous écrivons
autrement aujourd'hui , est-ce la faute de l'or-
thographe ? non , elle ne suit que de loin ta
prononciation qui varie.
On a tort de dire que Racine, Boileau , {ajou-
tons Paschal ) , ne jugèrent pas une réforme néces-
saire. Ils la jugèrent si nécessaire, qu'ils corri-
gèrent l'orihographe de leur tems dans les pre-
mières éditions de leurs ouvrages ; qu'ils corri-
gèrent encore la nouvelle dans les dernières. On
l'a encore changée depuis ; cependant nous
trouvons toujours leur style admirable. L'acadé-
mie a fait des changeraens partiels à chaque
édiiiori de son dictionnaire ; on n'en est point
étonné : on n'hésite point en les lisant; on n'est
point arrêté par le sentiment d'improbation dont
parle l'auteur de la note , on s'occupe des pensées ,
tans être arrêté par les signes qui les expriment;
ce seroit donc perpétuer 1 erreur que de s^en tenir
irrévocablement à l'orthographe de l'académie.
232
Au surplus , voulez-vous orthographier comme
les grands écrivains que vous citczî? iLtiouvellez
leur prononciation, et vous donnerez a ;a langue
plus d'éclat, plus d'harmonie. Cependant I ortho-
graphe actuelle cause beaucoup d'embarras. J en
appelle au témoignage de nos écrivains. S ils
n'en ont pas fait une étude assidue . ils sont sou-
vent embarrassés sur la manière de peindre leurs
pensées. Ils l'abandonnent même ordinairement
aux proies.
Au reste , veut-on mettre fin à ces discussions ?
il faut arrêter les changeraens qui surviennent
dans la manière de prononcer. Mais comment
fixer une chose aussi mobile que la parole ?
)) Objecter qu'exprimer en moins de mois les
mêmes idées , c'est donner le Irait de la
figure ; que développer ces idées par des
mots , des épiiheies , des comparaisons , c'est y
mettre les couleurs ; que la langue ne sera pas
parfaite , lorsque réduite à un plus petit nombre
de mots , elle aura perdu ses couleurs et sa ri-
chesse ; II c'est sortir de la question, la compa-
raison du trait ne peut être appliquée à l'ortho-
graphe , qui par un seul mot peint la parole.
Comparons plutôt lès lettres superflues à des
masses de couleurs, plus propres à nuire au ta-
bleau qu'à l'enrichir. En vérité cptte note n'est
au font! qu'un pur sophisme.
Imitons les italiens qui ont corrigé leur ortho-
graphe , et les espagnols qui viennent de rendre la
leur aussi conforme qu'il est possible à la prononcia-
tion ; ce qui la rend la plus régu-iere et la plus facile
pour les étrangers. ( Dict. espagnol. )
L'enfance ne sera plus rebutée par tant de
coniradiciions , vrais obstacles à l'élude de la
langue et aux progrè.s de la première instruc-
tion. Les étrangers , bien loin A'ctre arrêtés à cha-
que pas , le seront bien moins qu'en voyant les
mêmes sons peints difléremraent par chaque
auteur, sur-tout par l'académie. Leur rendre
notre langue plus facile , est plutôt le vrai moyen
de lui conserver son privilège de langue univer-
selle , et d œsaurer plus solidement à la nation une
supériorité marquée dans les rapports politiques et
commerciaux.
La meilleure réponse à de telles objections .
est de renvoyer à l'excellent ouvrage, intitulé :
Orthographe des dames [i) , dont la lecture a fait
changer d'opinion Beauzée , et l'a forcé à se
réfuter lui-même dans le Dictionnaire encyclopé-
dique par ordre de matières. (Article néographisme. j
Elle a aussi fait impression sur les auteurs du
Dictionnaire d'orthographe.
Signé , RouLLÉ.
) Les auteiifs mettront une devise à leur ouviagJl.''
et y attacheront un billet cacheté , contenant \i'
même devise, et leur nom ainsi que leur dt-'
meute. Ce billet ne sera ouvert que dans le caj
ovi l'ouvrage obtiendrait la préférence.
Les ouvrages destinés au concours seront en-
voyés (franc de port) au cit. Delessert , ban-
quier, secrétaire du comité , rue Coq-Héron ,
n° 58. Il donnera de chacjue pièce un récépissé
dans lequel il relatera la devise ou l'épigraphe ,
en y ajoutant un numéro qui constatera l'ordre
de réception.
Le concours sera ouvert jusqu'au i" pluviôse
prochain.
Les projets et modèles seront exposés au pu-
blic , avant le jugement qui sera prononcé sur
le mérite des ouvrages. Ces ouvrages seront
jugés par un jury d'artistes adjoints au comité,
et désignés à cet effet par les concurtens eux-
mêmes. Ceux-ci sont en conséquence invités à
joindre à leurs projets et mémoires une liste
des artistes qu'ils désirent avoir pour juges, au
nombre de treize. Il sera formé sur le relevé de
ces listes particulières , et à la majorité , une
liste définitive des personnes qui composeront
le jury , conjointement avec les membres du
comité.
L'auteur du projet qui obtiendra le prix , sera
chargé de l'exécution , sous la surveillance du
comité , et il sera décerné deux accessits : le
premier , d'une médaille d'or de la valeur de
cinq cents francs : le second , d'une de la valeur
de trois cents francs, aux auteurs des deux
projets qui approcheront le plus du but, et
qui en seront jugés dignes par le jury.
Le programme ci-dessus a été arrêté dans la
séance du comité, du 12 vendémiaire an 9.
Signé , Pastoret , président.
Delessert , secrétaire.
La citoyenne Anne Brizard , veuve Roger,
liquidatrice de la maison Mar^e Brizard et Roger ,
de Bordeaux, informée qu'une personne établie à
Paris , y vendant des liqueurs , se dit être son
gendre, et tenir sous ce titre supposé un entrepôt de
liqueurs, avec la fausse étiquette de Marie Biizard
I et Roger prévient le public que sa maison n'a
jamais établi d'entrepôt de ses liqueurs dans aucune
ville , et que si elle en formait un jour le projet,
elle aurait le soin de l'annoncer,
Brizard , veuve Roger.
Appel aux artistes.
Les souscripteurs pour h- monument à élever
en 1 honneur du général Desaix, ayant notnmé
un comité dans leur assemblée générale du 7
thermidor; le piemicr soin de ce comité a dû
être d'aviser aux moyens d'accomplir le vœu
énoncé dans la souscription même, en se réser-
vant les soins et les détails administratifs que cette
tâche comporte. Il a pensé que la voie d'un
concours pour la partie d'art était la plus juste.,
la plus favorable à l'émulation et la plus propre
à donner d'heureux résultats. Il fait en consé-
quence un appel au génie 4es artistes et les
invite à lui transmettre leurs projets, plans , des-
sins , modèles ou esquisses d'un monument des-
tiné à honorer la mémoire du général Desaix.
C'est à l'idée d'un monument d'utilité publique
que le comité a cru devoir s'arrêter. Cette dési-
gnation précise a paru plus convenable pour
fixer la pensée des artistes et leur indiquer le
but du concours. L'objet en étant mieux dé-
terminé, sera plus heureusement rempli.
Le sujet proposé est ,
Une fontaine publique , destinée , par son
ensemble et par ses ornemens , a rappeler les
circonstances les plus mémorables de la vie du
héros que la France regrette. Ce monument sera
élevé à Paris , sur la place de Thionville , ci-
devant Dauphine, conformément à la permis-
sion qui a été accordée par le gouvernement.
Les concurrens joindront à leurs projets un
apperçu de la dépense , qui ne pourra excéder
la somme de 25,ooo fr. ; cette condition est de
rigueur. Ils sont invités à se conformer à l'é-
chelle de 5 centimètres par mètre pour les dessins,
et à celle d'un décimètre par mètre , pour les
modèles.
EXPOSITION PUBLIQ^UE.
Les citoyens Isabey et Vernet, ont l'honneur
de prévenir lé public , que leur dessin , repré-
sentant la Revue du premier consul , qui a lieu
tous les quintidis au palais des Tuileries , sera
exposé , à compter du 1=' frimaire, au ci-devant
hôtel de Coigny , rue Saint-Nicaise , au coin de
la place du Carousel , depuis 9 heures du matin
jusqu'à 5 du soir.
Le prix du billet d'entrée sera de 1 franc
5o centimes.
(l) chez Mérigot, qUai des .Augustir
LIVRES DIVERS.
Collection complette d'ouvrages sur Jet
domaines nationaux, l'enregistrement, le timbre,
les hypothèques et autres contributions , depuis
1 789 jusqu'à l'an 9 ; 6 vol. in-8°. de 240Q pages.
Prix i5 fr. et 21 fr. par la poste.
A Paris , chez H. L. Perronneau , imprimeur ,
rue du Battoir , n°. 8 , et au dépôt des Lois.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiqjie et des Arts.
Aujourd, Bal masqué. — Il commencera à minuit.
L'ouverture des bureaux se fera à 11 heures.
Prix du billet d'entrée , 6 fr.
Dem. Œdipe à Colonne , et le ballet de Psyché.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deThionville.
Auj. le Doyen de Killerine ; l'Amant muet , et
Cassandre comédien.
Théâtre du Vaudeville. Auj. Champ agnac ;
Teniers , et Plus heureux que sage.
Théâtre DE la Cité-Variétés. — Pantomimes.
Aujourd. la 4' repr. de l'Elevé de la Nature ,
pantom. allégorique à grand spectacle , suivie
de Cadichon.
L'abonaeiRcat se fait 1 Paris, rue des Poitevins , n" 18. Le prix est de s5 francs pour trois moii , 5o fraocs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
s'abonne qu -av commeucemenc de cbaqne mois.
Ilfaul adresic. les lettres et l'argent , franc déport ,aucit. Agasse, propriétaire de cejournal , rue des Poitevins, a' i8. Ilfaufcomprendre dans Us envois le port des
pays où l'on ne p'uca ffr; pchsr. Lr à leUrcs '^es départemens non affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste,
il faut avoir soin, pour ^lus de sûreté, <!<. charger celles qui renfermentdeS valeurs , et a,dres5er tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue des
Poitevin», n° i3, depuis .teuf heures du matin jusqu'à cinq oeures dusoir.
A Fa ti s, db l'imptisteric du cit. Agaf se , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n° i3.
GAZETTENATIONALE pu LE MONirEUR UNIVERSEL.
N" 60.
Décadi , 3o brumaire an'g de la république française , une et indivinbk.
Nous sommes autoilsés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur esc le seul journal officiel.
Il Goiitienc les séances des aucotirés constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles à&s armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'inrérieut que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arcs et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Parii , le <2q brumaire.
X-iE nommé Huet de Guervilie , impliqué dans
.l'affaire du faux quaierne de 800,000 fr. , par
suite de laquelle deux individus ont élé , Tan-
née deiniere, condamnés aux fers, devaii hier 28
purger sa contumace devant le tribunal criminel.
Maisl'absence du nommé Marin, autre co-accusé,
qui , dans le premier piocès , avait élé acquitté
sur rinlention , a fait remettre l'affaire à la ses-
si'ort prochaine.
Le même jour , la première section de ce tri-
bunal a acquitté le nommé Boureau-Placenne ,
accusé d'avoir, en l'an 2 , fabriqué ou émis de
faux assignats. Il avait élé condiimné à mort par
contumace ; et , aux termes de la loi , le pré-
sident lui a fait une réprimande publique , sur
ce qu'il avait douté de la justice et de la loyauté
de ses concitoyens, et l'a condamné à garder
prison pendant une décade.
— Le II brumaire on a fait à l'hospice du Sud
l'opération de la trachéotomie , qui a arraché
des bras de la mort un enfant âgé de sept ans
et demi , cjui jouant avec des haricots blancs ,
en avait rais un dans sa bouche , qui dans une
forte inspiration , fut entraîné dans le conduit
qui transmet l'air aux poUmons. Ce corps ét^an-
ger causa sur-le-champ une grande difficulté de
respirer, une toux convulsive et suffocante , un
râlement continuel , et de tems à autre des
accès de suffocation , qui plusieurs fois faillirent
le faire périr. Il y avait trente-six heures que le
malade était dans cet état , quand on le confia
aux soins du citoyen Caron , chirurgien en chef
de cet hospice. Ce praticien ne met que le tems
qu'il lui a fallu pour bien s'assurer du lieu où
était le corps étranger; pour lors , aidé par le
citoyen AUard , premier élevé de cet hospice , il
fit à la partie antérieure du col une incision
pénétrante dans la trachée artère , et ces chirur-
giens ne tardèrent pas à avoir en leur pcftses-
Sioa cette fève qui avait causé tant de mal : le
malade est autant bien qu'on le peut desiier.
Ôuand sa guérison sera parfaite, le citoyen Caron
se propose de rendre un compte détaillé de tous
les symptômes que la maladie présenta, de l'état
pathologique du col au moment oii l'opération
fut faite , et enfin des difficultés qui se sont pré-
sentées, lorsqu'il la fit.
— On écrit de Caumont (Calvados)', en date
P O P u
L A
Second
du 23 brumaire.. j> Le 18 de ce mois , les vents
commencèrent à souffler avec impétuosité snr les
.3 à 4 heures du nrialin ; le fort de la tempête fut
depuis 9 heures du matin jusqu'à 10 heures et
demie, et elle s'appaisa sur ks 11 heures et
demie. Le baromètre était ici à 27 pouces
3 lignes , et le thermomètre , à l'air libre . à 8 à
9 lignes au - dessus du degré de consellaiion.
Le ciel était couvert d'un gros nuage blanchâtre .
uniforme , mais au-dessous duquel étaient de
légers nuages plus rembrunis , qui passaient rapi-
dement dans la direction du vent : ils ressem-
blaient beaucoup aux petits nuages qui , dans les
tems d'orages, vont contre le vent dominant.
Les bourrasques , dans leur violence , se pous-
saient de tems à autre par secousses qui souvent
étaientdoubles et même triples dans l'espace d'une
seconde-
Dans cette contrée , les vents impétueux souf-
flent toujours de l'ouest , ou plutôt de 1 ouest-
sud-ouesl; mais dans la dernière tenapèle , phé-
nomène assez extraordinaire ici , il soufflait du
sud-ouest, et même du sud-ouest quart sud.
Un vieillard m'a assuré que , il y a environ
5o ans, il a vu une pareil^ tfempête , et que le
vent était dans la même dirçjiiion.
Ces deux circonstances éeuvent fournir ma-
titre aux météorologistes i faire de nouvelles
recherches sur la cause ettenaiure des venis,
dont la théorie est encore ttès-imporianie. La
physique , l'histoire naturelle et la médecine ne
pourraient qu'y gagner.
Les bas-fonds ont beaucoup. plus souffert que
les hauteurs , sans doute par la rafale.
On peut évaluer à un cinquième ou à un sixième
le nombre de pommiers que la tempête a renver-
sés ; perte qui sera sensible , les principales pro-
ductions de ce pays étant en cidfe. >>
— On écrit de Bordeaux quela grande quantité
de grains et farines arrivée depuis rjuelques jours
et l'espoir d'en voir arriver bieiViôt une plus
grande encore , ont fait baisser le prix du pain.
Les navires danois, suédois . \ russienset ham-
bourgeois étaient pavoises , le 22 , à l'occasion
du A^tiage de mademoiselle Hesse , fille du
consul de S. M. P. à Bordeaux , et M. Vonliemer ,
consul de S. M. D. Les capitaines de ccs naviies
ont été invités au repas qui a eu ileu à Bardineau.
Le canon de leurs bords a tiré pendant toute
lajournée.
— On écrit de Dijon , en date du 24 bru-
inaire. " Une dernière circulaire du ministre de
la justice , relative à la répression du brigandage ,
T I O N DE LA
Tableau , fesanù suite à eclui inséré au
nous est parvenue. Heureusement les délits sur
I lesquels elle appelle latieniion et la sévérité des
, n'agistrais , sont inconnus dans le déparlement,
de la Cote-dOr. L'arrestation des voyageurs y
est infanimeni rare ; jamais ni lescouriers ni les
voitures publiques n'y ont élé attaqués ; jamais
on ny a porté aileinie aux caisses publiques.
Ceue surete, cette tranquilliié dont nous avons
toujours JOUI , nous la devons à la vigilance de
I tous les lonciionnaiics et à linfatigablc activité
de notregendarnierie.i)
— On a imaginé à Mens , département de lljere,
de secourir les pauvres de la manière suivante. Il
n est permis à personne de mendier : règle géné-
rale , le pauvre ou le malade hors d état de
gagner leur vie , et reconnus tels , s'adressent à
une personne aisée et la prient de vouloir bien
les secourir. Celle-ci choisit six de ses amis ou
autres , et chacune des personnes désignées nour-
rit a son tour le pauvre pendant la semaine. On
ne saurait croire l'effet qu'a produit cet acte
philantropique ; on commence déjà à ne plus
voir autant de vagabonds demander aux portes-
ils sont maintenant obliges de travailler. '
— Nous recevons de Strasbourg , sous la date
du 18 brumaire, les détails suivans :
Le cito^'en Lhomond , préfet du déparlement
du Bas-fihin . a fait au commencement de ce
mois la visite générale des quaire arrondisse-
mens qui le composent. Il a reçu des témoi"-
rtages unanimes de dévouement et de recon-
naissance pour le (gouvernement et d'estime par-
liculif re pour sa personne et son administration
paternelle. L'enihousiasme , la franche cordialité
présidaient par-tout à sa récepiion. On ne sait
ce qui a dû le frapper le plus , ou de lexcellenle
tenue de la garde nationale à pied et à cheval ,
ou du zele constant doni elle fait preuve pour
I seconder et maintenir le gouvernement.
I A'Weissembourg , chef-lieu dune préfecture,
oîi l'on semblait craindre de trouver quelques
j vestiges d'un parti dangereux, le préfet a're-
I cueilli les mêmes témoignages d'affection et
j d'es,t;me.
! -^Le gouvernement actuel est fort dans cette
! contrée de la réunion de touie> les volontés,
j Les efforts des agitateurs de tous les partis y
j seraient impuissans.
—Le 28 brumaire an 9, s'est présenté à la mairie
du II' arrondissement de Paris , le cit. Girard
I cordonnier, rue de Tournon , n° ii58 , kqueî
j a fait constater la naissance de trois filles , toutes
j trois en bonne santé, dont sa femme est heu-
reusement accouchée le matin du même jour.
FRANCE.
n° 5].
NOMS
DES
DÉPARTEMENS.
; Landes ( t ) . .
Lot
Marne ( Haute-).
' Meurthe. . . .
Meuse
■■ Olne
Rhin (Bas-) . .
Saône ( Haute- ).
Saônc-et-Loire .
POPULATION
d'après le
recensement
fait par les
préfets.
224.362
377,207
227,207
328,115
270,1 12
397,568'
4481483
264,073
452,673
2,989,800
NAISSANCES
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
1,788
2,782
ii797
2,949
1,649
1,1 5o
4,249
2,073
3,863
22,30O
DÉCÈS
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
MARIAGES
dans les trois
derniers mois
de l'an 8.
POPULATION
en 1790 ,
d'après les
recensemens
laits par ordre
de l'assemblée
constituante.
i,5og
1,5 a 4
2, i5g
3,453
1,265
3,855
18,124
POPULATION par
En 1786,
suivant
M. Necker.
lieue quarrée,
En l'an S ,
d'après l'étendue
assignée .î chaque
département , par '
l'assi
nblé
229
53o
188
63 1
203
488
726
472
472
3,919
246,200
268,000
282,666
380,266
252,266
3S6,i33
362,865
s5o,6G6
402, i3i
2, 83 1,1 94
885
908
663
934
934
1,170
i,i83
779
918
479 t
1,042
721 f
i,o58
849 i
1,282 f
1,673 f
996 r
1,043
0 B S E R VA T I 0 N S.
{i] U ne faut pas oublier que lea Landes étaient la partie la moins peuplée de la généralité de Bordeaux.
— On sous écrit de Saint-Valery-sur-Somme ,
en date du 28 brumaire : i> Le 18 de ce mois il
s'est passé un ouragan affreux: la plus grande
partie des toîis des maisons ont été enlevés ! plu-
sieurs cheminées renversées ; le moulin à l'hui e
de Saumon , sur les monts de Saint-Valery , cul-
buté et entièrement écrasé en pièces ; les bergeries
du Cap-Cornu détruites jusqu'aux foiîdemens ;
une meule de bas grains , contenant environ deux
mille bottes , sise sur la plage , entièrement enle-
vée par le vent , dans la mer. Les moulins a bled
Tdc Faviere et Morlaix , situées entre le Croloy et
Grand-Port , culbutés ; un autre à Cayetix ; enhn,
dans les campagnes environnantes, beaucoup de
maisons , granges , écuries, étables, etc. sont dans
le même cas , ainsi qu'une grande partie d arbres
fruitiers et de toutes autres espèces , déracmes et
cassés par le pied. ^ .
51 Ces événemens ne sont qu une esquisse clij
triste tableau que présente particulièrement celui
des bateaux de Cayeux , du bourg d Auts . du
Treport, de Dieppe , etc. servans a la pèche du
hareng, dont partie ont échoué surnos cotes et
d'autres engloutis par la mer avec les malheu-
reuses victimes qui en composaient les équipages.
Un de ces bateaux du Treport , mouille dans la
bâche de Cayeux , en face du phare nomme le
Soleil, commandé par le capitaine Malard , monte
de dix-neuf hommes , ayant chassé sur son ancre ,
a chaviré sur les bancs de Somme , près la pointe
du Hourdel ; tous ont péri sans pouvoir les se-
courir , quoique n'étant qu'à quatre cents pas de
terre , tant la mer était en tourmente. Nous avons
à regretter dans ce nombre quatre infortunes pères
t r -11- i_ c-!-. \7^îIor,r./^«iiv:3nrrp« fin même
s54
Le ministre des finances au préfet du département
de
Je vous adresse, citoyen préfet, l'expédition
imprimée d'un avis du conseil-d'état , du is de
ce mois , approuvé par le premier consul.
Il consacre les vrais principes résultant de la
loi du i( frimaire an 8 contre les acquéreurs de
domaines nationaux , souscripteurs de cédules ,
et sujets à défaut de paiement, à la peine de
déchéance de plein droit et à celle de revente
à la folle enchère.
Il doit servir de règle à votre conduite.
Ainsi , non-seulement la revente à la folle
enchère doit s'opérer sur les acquéreurs infidèles
à leurs engagemens , et elle ne peut être retardée
sous aucun prétexte , dès l'instant qu'elle est
provoquée par le porteur de cédules qui dé-
nonce une sommation infructueuse , mais ayant
même que le rescript soit effectué , la république
doit ressaisir le domaine qui forme le gage de la
çédule prolestée. C'est la conséquence nécessaire
de la déchéance de plein droit , et le vœu précis
de l'article XIII de la même loi du 11 frimaire ,
qui charge la régie des domaines de faire exé-
cuter sans délai la dépossession des acquéreurs
tombés en déchéance.
Assurez-moi, citoyen préfet, que ces dispo-
sitions seront exactemèot observées dans votre
département.
je vous salue , , Signé, Gaudin.
P. S. Je vous observe que les revenus et fer-
à regretter dans ce nomore quauc luiuiiuii^-i, ^^.>.^ . . „. j- . ._ , __
de ffraille de Sainl-Vallery; deux autres du même mages saisis sur les acquéreurs dépossèdes ,
oe laraiiic uc uaiiii ^ ,, i c„r„r.. »mr, r,vp« siirrcssivpmpnt . et nar a comute
endroit , dans un deuxième bateau qui a éprouve
Je même sort. Un 3» bateau pêcheur de Dieppe ,
monté de trente hommes d'équipages, échoue
sur la côte du bourg d' Auts. a perdu 11 hommes:
on ignore encore quel en le sort de beaucoup
d'autres bateaux , et l'on assure que ceux de
Cayeux , qui étaient en grand nombre a 'a mer ,
sont en relâche à Dieppe , à Boulogne , a Calais ,
et autres ports , même en Angleterre : en atten-
dant de leurs nouvelles , les tamiUes de ces mal-
' heureux marins sont dans la plus grande cons-
ternation. 1»
MINISTERE DES FINANCES.
Extrait des registres des délibérations des consuls de
la république. — Paris, le i3 brumaire an 9 de
la république une et indivisible.
Extrait des registres des délibérations du conseil-
d'itat. — Séance du 12 brumaire an 9 de la
république.
^ Avis.
seront employés successivement , et par à compte
au paiement des porteurs d^ cédules protesiées ,
le tout par ordre de jiate , et à valoir tant sur le
capital que sur les inférêts des cédules. La rèt!.ie
est chargée de veillee.avec soin à l'exécution de
cette mesure. ^
chante les sentimens de son sexe , et qu'elle laisse
à nos nouveaux Saini-Aulaire le soin d'exprimer
leurs tendres regrets. No«s-ne pouvons manquer
d'avoir sur ce sujet d'excellentes élégies, la ph.i-
part denos plu&cèlebres poètes ne touchent-ils pas
à cet âge ?
Madame Dufresnoy ne s'est point permis uni;
semblable méiaraorphose. C'est l'incertitude d'une
amante qu'elle exprime avec giacer dans sa
romance.
Si M"" Durameau , ci-devant veuve Colonna-
Ornano . est italienne comme ce dernier nom le
fait croire, on ne sera point surpris qu'elle ait
fait passer dans ses coupleis élégiaques la viva-
cité qui caractérise la passion de l'amour en Ita-
lie ; mais on s'étonnera qu'elle écrive notre
langue avec autant de pureté que de giâces.
Les dames ne se sont point bornées à faire
des couplets. Il me semble qu'elles excellent dans
l'èpître en vers autant que dans les lettres ea
prose , et que la poésie a aussi ses Sévigné. Le» ■
hommes sont obligés de convenir qu'elles l'em-
portent infiniment sur eux dans ce genre, où
il faut , à beaucoup d'esprit , joindre beaucoup
de naturel et une grande délicatesse de sen-
timent.
Madame Bourdic-Viot a publié une Epitre à
la campagne , intitulée aussi : lajournée des champs.
Ce morceau rappelle les plus jolies pièces de
Madame Deshoulieres et du sensible Léonard.
Elle en est peut-être une imitation trop parfaite ;
et je crois faire ici moins un reproche qu'ua
éloge. Rien de mieux colorié que ses tableaux
des difièrentes heures du jour à la campagne.
Rien de plus consolateur que ses réflexion»
morales. Il faut en citer quelques-unes :
th : qui peut résister aa spectacle toucliant
De la rature épanouie ?
Ici , l'emploi de chaque instant ,
LITTÉRATURE.
Tous les ans YAlmanach des Muses offre fies
ouvrages de nos poêles , comme le salon du
Muséum ceux de nos peintres. On volt dans l'tin
et l'autre les essais de l'èieve, à côté des chefs-
d'œuvre du maître. On doit à l'élevé des conseils
et des encouragemens ; au maître, un tribut
d'éloges V mais il faut, pour l'honneur des arts,
poursuivre de toute la sévérité de la critique ces
individus sans vocation , qui , d'une main inha-
bile , osent toucher les pinceaux ou la lyre , et
qui figurent quelquefois parmi les artistes et les
poètes, comme dans la bonne compagnie quel-
ques personnes qui lui sont étrangères.
Peut-être ce soin appartient-il plutôt à la satire
qu'à la critique. Il a suffi autrefois de quejques
épigrammes pour faire justice des Coiiii et des
Prudon ;àquoi nous servi raitaujourd'hui l'examen
criiique de leurs poèmes ? Les bons ouvrages
méritent seuls d|étre critiqués , et les observations
, c j , qu'ils font faire sont les seules peut-être qu-
expose que le ministre des fananccs ordonne , ^^^j^^^ ^^jj^^ ^^^ progrès de l'art. Ne nous atia
encore l'application contre les acquéreurs de do- \^^^^^ ^^^^ j„ parcourant ce recueil, qu'au;
maines nationaux qui n acquittent pas les oDli- , productions auxouelles nous pourrons donne
gâtions qu'ils ont souscrites ; . , , ,.
î". Si la loi du 28 pluviôse an 8 , qui a établi
■an conseil de préfecture dans chaque départe-
ment pour connaître du contentieux des domaines
Dérobe
tdela
-Lorsqu'il nt
Nons allons
Il faut bien
que lejoL
istins rbo
Le conseil-d'état qui , sur le renvoi des con-
suls, et sur le rapport de la section des finances ,
a discuté une pétition du citoyen , par.la-
laquelle il demande ,
1" Si la loi du 11 frimaire an 8 , n'a pas subs-
titué la simple peine de déchéance à celle de _^ ^_
déchéance et revente a folle encliere , dont il ,.|^ ^^^^ ^^j^^ ^^^^ j^^ ^^^1^^ peut-être qui
expose que le ministre des fananccs ordonne , ^^^j^^^ ^^jj^^ ^^^ progrès de l'art. Ne nous atia-
•■ ilicaiion contre les acquéreurs de do- ' ^^^^^ ^^^^_ en parcourant ce recueil, qu'aux
productions auxquelles nous pourrons donner
des éloges , après les avoir critiquées.
Je commence par celles des femmes,
ment pour connaître du contenueuxaes uoiuaincs Elles ont pubhé de jolies romances ; ce genre,
nalioiiaux, autorise un préfet à prononcer seul la comme celui de l'idylle, par cela même qu'il
folle enchère , et à rejeter seul les demandes des i exige du naturel et de la sensibilité, semble leur
acquéreurs qui réclament contre cette peine ; et 1 convenir plus particulièrement qu'un autre. C'est
que, jusqu'à ce qu'il ait été statué sur ces deux : celui dans lequel elles obtiennent de plus fré-
questions , il soit sursis à toutes poursuites en folle I ""
enchère : .
Est d'avis , sur la première question , que la
loi du II frimaire an 8 , n'a eu d'autre objet que
de relever de la déchéance ceux des acquéreurs
des domaines nationaux qui l'ont encourue; et
que l'on ne peut induire avec fondement , d'au-
cune de ses dispositions , qu'elle a aboli la peine
de la folle enchère établie par toutes les lois
précédentes , notamment celle du 16 brumaire
Et sur la seconde question , que la loi du ?8
pluviôse an 8 , charge les préfets seuls de l'admi-
nistration ; que la mise à exécution d'une déci-
sion du ministre , est un fait d'administration ,
et que dès-lors on ne doit pas considérer comme
contentieux , quant au préfet , ce qu'il est chargé
par l'autorité supérieure de faire exécuter , no-
nobstant les réclamations des çjarties intéressées.
D'après cela, le conseil-d'état estime que la
décision du ministre des finances , dont se plaint
le citoyen , doit être maintenue , et qu'il
n'y a pas lieu conséquemment à ordonner un
sursis aux poursuites en folle enchère.
Pour extrait conforme ,
Le secrétaire-général du, conseil-d'état ,
Signé , J. G. LocRÉ.
Approuvé.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maeet.
Pour copie conforme ,
Le ministre des finances , JigTié , Gaudin.
quens succès.
La romance de madame Bourdic-'Viol est né-
gligée ; mais «Sl-il rien de plus agréable que les
deux couplets suivans ?
Rien n'est stérile au sein de la oature ;
Elle a des fleurs pour toutes les saisons :
ti le prinlems se couvre de verdure ,
r sous les glaçons.
Ce bel enfant que guide la folie ,
Par la jaîson souvent calomnié ,
S'appelle amour au printems de la vie ,
Et dans l'automne il se nomme amitié.
Par un caprice qui pourrait paraître assez
bizarre, si toutes les fictions n'étaient pas per-
mises aux poêles , madame d'Hautpoul se trans-
forme en vieillard octogénaire , pour refuser , en
jolis vers, le baiser d'une belle.
De ce refus pénétrez-vous la cause?
Vous êtes belle , et j'ai quatre-vingts ans :
Par un baiser je fanerais la rose ,
Et ce serait un outrage au printems.
Je dois laisser à la vive jeunesse
Ces biens si doux, elle adroit d'en jouir;
De vos plaisirs il reste à ma vieillesse ,
Moins un regret qu'un heureux souvenir.
. On est toujours étonné de trouver le nom
( d'une femme à la fin d'une romance où l'on lient
' un pareil langage. Que madame d'Hautpoul
regards le
t-on le tems qui fuit,
nous enlevé aucune jouissance ?
sans effroi , vers la mort qui s'avance ;
fasse place à la nuit,
me se plaint sans cesse ;
Eh quoi! n'esi-il donc plus, dans l'hiver de nos ani.
Des biens que l'amitié garde pour la sagesse ?
Le souvenir console la vieillesse ,
C'est une fieur dérobée au printems.
Il faut pourtant , malgré ces jolis vers , que je
fasse un léger reproche à l'auteur. Après avoir
peint les jeux du soir , les amourettes d'une
jeunesse folâtre , un baiser donné furtivement à
la jeune bergère, elle endort 1 innocente
Au^Brult conjas de m niiii5f»l àesin.
Si l'auteur a voulu rendre par ces mots ; bruit
confus , le souvenir de ces jeux , de ce baiser ,
de la cloche du village , qui a marqué la fia
de cette scène , elle a eu une idée ingénieuse ;
mais il me semble que l'expression manque à
l'image. On dit bien le tumulte des sens , la
tempêie des passions ; mais on n'a jamais dit ,
je crois , le bruit des désirs. Cette expressioa
qui n'est pas sans grâces , ne peut pourtant
être admise, parce qu il faut respecter une langue
fixée. Voltaire a dit dans un poème célèbre :
" Tous ces pensers formaient une tempête
^ Au cœur de Jeanne , et confondaient sa tête, iv
Il s'agit ici d'une tempête morale , et c'est
une expression reçue ; mais comme les désirs
d'amour n'ont jamais fait de bruit , je prends là
liberté d'invit-r madame Bourdic-Viot à changer
une expression que je regretterai avec elle.
Il y a long-tems qu'on a dit que le triomphe
des femmes et le plus bel attribut de leur puis-
sance , était d'aprivoiser la férocité de l'homme
et d'adoucir ses mœurs. Les anciens n'ont pas
oublié de rendre cette vérité sensible dans leurs
charmantes allégories ; et ce n'est pas en vain
qu'ils ont représenté Mars se laissant désarmer
par Vénus. Toutes les expressions dont je viens
de me servir sont beaucoup trop fories pour
le sujet dont je veux parler ; mais comme il
y a souvent de l'analogie entre les plus petites
choses et les plus grandes , j'ai cru pouvoir
rappeler ici cette vérité , sans trop m'écarier de
l'ordre naturel de nos idées. J'y reviens.
Vous vous souvenez de la fureur satirique qui
n'a<rueres s'était emparée de nos poètes, et des
combats à outrance qu'ils se sont livrés. Il appar-
tenait aux femmes de désarmer ces fiers combittans
et de les rappeller à des sentimens plus doux.
C'est ce qu'a fait madame d'Hautpoul à l'égard
du cit. BaourLormian. Elle invite ce jeune poète,
dans une épître un peu négligée , à reiioncer à la
satire , et lui donne de très-bonnes raisons pour
ly déterminer.
Les torts ds nos rivaux n'excusent point les nôtres ;
Et l'avenir oubliant ces travers ,
Ne vous jugera point sur les écrits des autres ,
Mais sur vos mothrs et sut ro« vers, '
Elle lui' cite Son propre exemple. Elle avait
jWrdonné au citoyen Lebrun ses cpigranimes
j:ontre les femmes qui cultivent les lettres ; c'est
la conduite de ces dames elles-mêmes quelle
offre pour modèle à tous les poètes.
Emûtes sans rivalité ,
Et poëtes sans jalousie ,
loin de voir à regret le succès d'une amie,
Chacune en tire vanité ,
Et vous prouve , en fuyant l'envie et les cabales »
Que tes Muses sont sœurs , et ne sont pas rivales,
Madame Dufresnoy a décrit ses propres sen-
sations , dans le morceau intitulé : des plaisirs et
des consolations que les arts piocurent. Ce sujet
n'est pas nouveau : tous les poètes ont célébré
le bonheur dont ils ont joui dans le commerce
des muses , et dernièrement encore , Delillc a
embelli ses Géorgiques françaises de plusieurs
morceaux sur ce même sujet; et il est à remar-
quer que ces vers auxquels on ne refusera pas le
mérite d'être inspirés par le sentiment , sont peut-
être les plus intéressans de son ouvrage. Mais ,
comme le sentiment est inépuisable , son expres-
sion, pour peu qu'elle ait de grâces , est toujours
sûre de plaire. Cependant , je reprocherai à
madame Dufresnoy d'être restée trop au-dessous
de #es modèles. Ses vers ont du naturel , et le
naturel a toujours de la grâce; mais ils ressem-
blent trop quelquefois à une prose élégante. Riche
en instruction comme en idées , elle a voulu
présenter plusieurs tableaux tirés de l'histoire ;
ils ae sont qu'ébauchés : ces traits qui se suivent
avec, trop de rapidité , ont une concision qui ne
convient pas à la poésie , dont l'objet est de
peindre ce que le poète raconte. L'auteur paraît
faire des citations d'histoire plutôt que des tableaux
poétiques. Je pourrais relever aussi quelques ex-
pressions impropres ou superflues; mais je soufFie
déjà d'avoir tant critiqué 1 ouvrage d'une femme
aussi distinguée ; et je vais tâcher d'en obtenir le
pardon , en citant un passage qui prouvera que
cette pièce de vers mérite aussi des éloges-.
L'auteur, après avoir rappelle les noms des
plus grands poètes , ajoute:
0«i I de tous ces talens ,
Celui qui sait le mieux v;
le seul qui nous assure i
le seul qui sach
> loîsîR f
durable
lélange a:
fiable
El ce que l'ha
Et ce que la peinture
C'est l'art brillant de:
l'iiarmonie et ses soni
la peinture est mueti
235
Tes saints efîbrs vivront d'Jlge en .îge be'nt^ î
Pour admirer ton cœur , tous les cœurs sont unis ;
Et ton zèle à jamais , clicr aux partis' contraires ,
Est des cnfans l'exemple , et la gloire des pères.
Le trait d Eponine est peut-être raconté d'une
manière un peu pénible. Quant au tableau des
soins touchans que prodiguent aux malades les
religieuses consacrées aux hospices , il ne m'a
point paruégalement soignédans toutes sesparties.
je terminerai cependant par en citer un frag-
ment qui , comme le morceau qui précède , me
semble fait pour donner une haute idée du poème.
Ouvre-toi, triste, enceinte , où le soldat bles«6,
Le malade .indigent , et qui n'a point d'aayle,
Reçoivent un secours trop souvent inutile;
Là des femmes, portant le nom chéri de ^aurs*,
D'un zèle affectueux prodiguent les douceurs.
Plus d'une apprit long-tems dans un saint monastère,
En invoquant le ciel à protéger la terre ,
Et -vers l'infortuné s'élançant des autels,
Fut l'épouse d'un dieu pour servir les mortels.
a de plus enchanteur,
offre de plus flatteur ,
vers. O grandeur ! ô merveille!
ne charment que l'oreille ,
; ou ne parle qu'aux yeux ,
l'augusle poésie , habitante des cieux ,
Béunit de ses soeurs la palme toute entière ;
laissons Apelle , Orphée , et méditons Homère.
-Sleureux .e jeune auteur qui , plein de ses écrits,
'De son laurier jaloux et de sa gloire épris ,
Tar des etforts constans franchit la double cime.
Des tourmens de l'amour, s'il devient la Tictimc ,
11 sait associer chaque amant à ses pleurs ;
Vart qu'il a cultivé console ses douleurs ;
Son luth est un ami complaisant et 6de]le ,
Qui vien^ a son secours dès que sa voix l'appelle.
Après avoir analysé les ouvrages des dames ,
leur éloge allait occuper ma pensée i déjà je
léunissais quelques traits qui les honorent et
comme êtres intelligens , et comme êtres sensi-
bles , lorsque, dans le recueil que j'examine,
j'ai trouvé un fragment du poème intitulé le
Mérite des femmes. La tâche agréable, «jue je
mêlais imposée ayant été parfaitement remplie
par l'auieur de ce poème , le cit. Legouvé , je
dois me borner à citer quelques vers de ce mor-
ceau plein de talent et de sensibilité. On n'y lira
pas sans émotion le récit du trait héro'ique de la
jeune Sombreuil , dont l'histoire s'empressera de
retracer l'admirable cic'ouemcn! , et que le poète
nomme ajuste litre la moderne Aniigone.
Bans le sommeil des lois , dans l'effroi du sénat ,
Des monstres qu'irritaient Bacchus et les Furies,
Aux prisons en hurlant portent Iturs barbaries.
lu mêlent sous leurs coups les sexes et les rangs ;
iTis jettent morts sur morts, et mourans sur mourans ;
Tout fi;émit !.... Une fille , au printems de son âge,
bombreuil vient éperdue affronter le carnage ;
•* C'est mon père , dît elle , arrêtez inhumains ! „
£lle tombe à leurs pieds, elle baise leurs mains....
leurs mains teintesde sangJ.... C'est peu , doublant d'audace,
Tantôt elle retient un bras qui le menace.
Et tantôt s'otfrant seule à l'homicide acier ,
De son corps étendu le couvre tout entier ;
E.ïe dispute aux coups ce vieillard qu'elle adore ;
Elie le prend , le perd , et le reprend encore.
A ses pleurs , îi ces cris, à ce grand dévotlnient,
le» meurtriers émus s'arrêteirt un moment.
Elle voit leur pitié , saisit l'instant prospère;
Do milieu des bourreaux elle enlevé son perc,
Et tr.iverse les mur» ensanglantés par eu** ,
PuTUant ce poids chéri dans ses bras généreux.
Jonts de ton triomphe , & moderne Antigonc !
Qticl que suit le débat et du peuple et Ou trône.
NÉCROLOGIE.
Les arts ont à regretter la perte d'un homme
essentiel , c'est l'auteur de l'Histoire naturelle des
singes et des màkis ; ]. B. Audebert , peintre , gra-
veur et naturaliste , vient de mourir à la fleur de
son âge , lorsque ses rares talens allaient s'asso-
cier à la gloire des noms les plus illustres dans
cette science.
Audebert s'était formé de lui-même. Né à Ro-
chefort , de païens pauvres, il n'avait reçu d'eux
que les premières notions d^j dessin ; mais son
intelligence et l'infatigable activité de son esprit,
lui firent bientôt trouver dani-ee faible secours ,
et sa subsistance et les moyens d'acquérir un nom.
Un attrait irrésistible l'entraînait à l'étude des ani-
maux ; il ne tarda pas à lés bien connaître , et
son début en histoire naturelle fut un chef-
d'œuvre ; je veux parler de l'Histoire des singes
et des makis I
Persuadé que l'histoire naturelle ne pouvait se
passer de peintures, que les simples descriptions
ne donnaient point des idées assezjusles de l'objet
décrit , et que l'art de peindre exerçait sur l'esprit
un empire encore plus puissant et plus absolu que
Ijrt d'écrire , il a joint aux descriptions les plus
claires, la figure de chaqtje animal , qu'il a su
peindre et graver d'une maniéré absolument
neuve.
Mais l'ouvrage qui demandait au plus haut
point la réunion de ses ralens, c'est l'Histoire na-
turelle des Colibris, oiseaux -mouches et sucriers,
qu'il terminait lorsque la mon l'a frappé , et qui
est prête à paraître. On concevra difficilement
l'éducstion est une espèce de Ititte qui s'engags
entre le maître et l'élevé, et dont il faut que. le
premier sorte vainqueur , pour le bonheur même
et la gloire du second. Les obstacles que le dis-
ciple o^'pose au maître , sont la légèreté natu-
relle à l'eMfance , l'amour de l'indépendance , qui
est de tous les âges, et le dégoût pourle travail, dé-
goût rjue 1 homme , avec toute sa raison , a souvent
bien de la peine à surmonter. Les armes qui doi-
vent assurer au maître ses avantages , sont une
patience à toute épreuve ; une élude réfléchie du
cœur humain ; une adresse merveilleuse a manier
tous les ressorts de l'émulation et à écarter toutes
les épines du travail. C'est la réunion de ces qua-
lités qui constitue le bon instituteur : la disci-
pline est un joug nécessaire ; mais ce joug doit
être proportionné aux forces de celui à qui on
limpose ; et les forces de l'enfance , ou même
de la jeunesse , ne me paraissent pas avoir été
assez consultées dans l'ancien système de l'édu-
cation. On exigeait d'elles plus rju'ellcs ne pou-
vaient produire ; on fatiguait la plante ; la culture
était plus pénible , et la récolte moins abon-
dante.
Quelle était longue la journée d'un écolier ?
à létude à six heures du matin , il y était encore
à sept heures du soir. Sur ces treize heures , une
tout au plus lui était accordée pour sa récréation ;
une autre pour ses repas. Les onze autres, com-
ment les passait -il? renfermé dans une salle
d'études, ou clans une classe, au milieu d'une
atmosphère épaisse , collé sur un banc , courbé
sur une table , ou nonchalamment appuyé sur le
coude : onze heures <;le captivité ! et à quel âge ,
grand Dieu ! dans cet âge où le mouvement fait
la moitié de la vie ! dans cet âge , où l'ame a tant
besoin de dilatation , et le corps d'exercice ! dans
cet âge où l'état de méditation est un état contre
nature ! onze heures d'étude pour votre enfant !
etvous son père , vous que l'habitude des affaires,
que le désir de l'instruction , que la soif des hon-
neurs , des richesses , de la gloire , fortifient
contre les dégoûts presqu'inséparables du travail ,
ne croyez-vous pas votre journée bien remplie,
quand vous avez donné sept ou huit heures au
recueillement du cabinet ? Onze heures d'étude
pour votre écolier ! et vous son maître , vous
son modelé , n'auriez-vous pas pâli d effroi , sil
au moment où vous vous êtes présenté pour le
ministère auguste autant que pénible dont vous
êtes chargé , on vous eût annoncé que pendant
onze heures du jour , vous resteriez enfermé dans'
la même chambre avec vos disciples : assis comme!
eux à la même place , condamné comme eux au
silence ? Enlance , jeunesse , âge heureux ; le seul
heureux de la vie , si ceux qui se croient vos
protecteurs, n'étaient vos geôliers et vos bour-
reaux ; nous vous calomnions , nous vous tour-
mentons : nous vous fesons acheter par bien des~
'^ j - j - c .„ . I i I-. . 1 I larmes et des ennuis , le bonheur pour un tems
son adresse a donner a SCS hgrures tout I éclat et le . . ' • _i '^^ • t,
u . . J t _ J ï^ K 11 . „;. ., auquel peut-être vous ne parviendrez laraais. roar
chatoyant du plumage de ces brulans oiseaux; r • j*^ j u • ""^
itoyunt du p
cependant il l'a fait , et au point de tromper les
yeux : couleurs , altitude, , tout en est vrai ; c'est
la nature elle-même.
En voyant ce qu'il nous laisse , que de regrets
lorsqu'on saura qu'il préparait deux grands ou-
vrages , l'un sur les oiseaux de proie , et l'autre
sur les animaux carnassiers ! ils ncSus mariquent et
manqueront à sa gloire ; les matériaux en sont
prêts , il est vrai , mais l'homme de génie, l'ar-
tiste savant et laborieux n'est, plus là pour les
mettre en œuvre. , ,
jCamille.
Nota. Il laisse une très - belle collection de
quadrupèdes et d'oiseaux , parmi lesquels il s'en
trouve de très-rares et des espèces uniques; il les
a montés lui-même. Il laisse en outre une col-
lection assez nombreuse de très-beaux insectes ,
tant étrangers que du pays.
AU REDACTEUR.
Haud ignara mali miseris succurrere disco.
Citoyen,
Qu'il est doux de rêver le bien , quand on
voit son pays gouverne par des hommes qui
peuvent donner à nos rêves la réalité dont ils
sont susceptibles ! Aussi depuis le rapport du
citoyen Chaptal , sur l'instruction publique, et
sa nomination au ministère de l'intérieur , des
idées que j'avais eues depuis long-tems sur 1 édu-
cation se sont-elles présentées de nouveau à mon
esprit. Je crois le moment favorable pour les
publier. Si elles sont accueillies en totalité , ou
même en partie seulement , je croirai avoir été
de quelcjue utilité à mon pays , et le plus ardent
de mes vœux se trouvera accompli. Si elles sont
lejeltées , la pensée du bien que j'aurai voulu
l'aire, me consolera de l'impuissance de mes
elToris , et m'encouragera à en faire de nouveaux,
qui, peut-être, seront plus heureux.
La nature crée l'homme : l'éducaiion crée le
citoyen. Cette seconde création , sans laquelle la
première aurait très-peu de prix , est de toutes
les fonctions sociales celle qui exige le plus de
vertus , de lumières et de véritable philosophie :
faire de vous des hommes , nous commençons
par vous réduire à la condition des forçats. Les.
qualités que vous avez reçues de la nature ,
deviennent , sous notre direction , des défauts ;.
et vos défauts deviennent des vices.
Je sais bien ce que me répondront les par-
tisans de la discipline sévère de 1 ancienne édu-
cation ; ce que répondaient danp les discussions
sur la traite des nègres , au parlement d'Angle-,
terre , les antagonisti-s des amis des noirs ; ce
que répondaient au vertueux évêque, espagnol ,j
Las Casas, les avides conquérans du nouveau,
monde , et leurs partisans : ces êtres pour les-,
quels vous témoignez tant d'intérêt ne sont pas:
aiissi à plaindre que vous nous le dites. Les
enfans , par la légèreté même de leur âge, échap-
pent aux maux que vous déplorez , comme le
Noir par sa stupidité échappe aux peines de son
esclavage. Onze heures d'étude ne sont pas. pour
un enfant, onze heures d'application. Ces exerci-
ces d'ailleurs , sont variés , ce sont des leçons
qu'il apprend , c'est un devoir qu'il fait , c'est
une explication qu'il prépare , c'est une lecture
qui T'occupe; dans la classe, il récite, il explique,
il écoute , ajoutez , ou fait semblant d'écouter.
Je le sais , l'esprit d'un enfant n'est pas toi.ijours
pendant l'étude là où est son corps , et c'est
peut-être pour lui le plus grand des malheurs.'
Celte imagination . que vous ne pouvez captiver
comme sa personne, de quels objets croyez vous
qu'elle s'alimente?Ges désordres malheureusement
trop communs dans les maisons d'éducation ,
désordres honteux qui flétrissent l'ame , énervent
le corps, dégradent 1 individu, et défériorent
l'espèce , quelle en est la source la plus ordinaire ?
L'inaction. L'enfant, vous en convenez vous même,
trouve , sous les yeux mêmes de son vigilant
argus , les moyens de se distraire et de trom-'
per l'ennui de l'étude; si son esprit est ardent,'
il cherche de la pâture ; il se crée des objets
capables de le fixer ; un mot qu'il a entendu,
un geste qu'il a saisi , un tableau qu'il a vu ,
lui fournissent des images- aux.juellcs il n'au-
rait jamais songé , si vous aviez su lui donner
une occupation proportionnée à ses forces. Un
enfant a-t-il au contraire un esprit Uni , il som-
meille , ou végète sur son banc , comme l'indien
236
slupide , le soleil couchant le retrouve à Ia-1
même place , où il l'avait vu à son lever. Enfin , |
si l'enfant , sans avoir reçu de la nature une
imagination brûlante ou une ame faible , a un
esprit léger et turbulent , comment parviendra-
l-i! à occuper ou plutôt à tuer son tems ? il
s'agitera autant qu'il pourra le faire , sans quitter
sa place, il cherchera à détourner son voisin,
à lier conversation avec lui , à le tourmenter
peul-êtie, et comme il faut que tout cela se
passe sans qu'on soit vu . il devra datos le trouble
même , conserver l'extérieur de la tranquillité ,
épier sans cesse le maître , pour se soustraire
à son active surveillance , et s'accoutumer par-là
de bonne heure à la ruse , à la dissimulation ,
à l'hypocrisie, au mensonge. On attendait de
vous un homme libre , franc , ouvert , et vous
nous remettez un esclave malin et Ironiipeur.
Je ne vous parierai pas des peines qui suivciit
toujours le délit. Je vous éviterai le tableau affli-
geant des réprimandes , des punitions , de la
sévérité, et quelquefois des rigueurs injustes du
maître ; et celui des murmures, des soupirs , des
pleurs du disciple , suites inévitables d'un sys-
tème combiné pour le tourment de l'un et de
l'autre. Je crois en avoir dit assezpour faire com-
prendre combien il est dangereux d'imposer à un
malheureux écolier une tâche tjue l'homme le
plus studieux ne pourrait supporter. Si l'enfant
employait au travail les onze heures d'étude aux-
quelles il est condamné , ses forces physi<iues et
morales ne pourraient y suffire : c'est donc son
corps seul qu'on prétend assujettir , bien certain
que son esprit échappera malgré tous les efforts
de la surveillance , aux liens de la captivité. De
quelle utilité peut donc être pour un enfant la
longueur des études qui remplissent sa journée.
Vous convenez vous-même qu'elle serait insup-
portable pour lui , s'il ne trouvait les moyens de
l'abréger . souvent il est vrai , aux dépens de son
bonheur et de votre propre repos. Que ne lui
épargnez-vous cette peine en l'abrégeant vous-
mêmes ? maîtres et écoliers y gagneraient égale-
ment ; et je crois qu'en distribuant autrement
qu'on ne le fesait autrefois , et qu'il est à craindre
qu'on ne le fasse encore dans le nouveau sys-
tème d'éducation , la journée d'un écolier ne
pourrait lui faire employer son tems , de ma-
nière qu'il n'y en eût pas un instant de perdu ,
*pit pour le bonheur de l'individu , soit pour
le bien de la société. Le problême me paraît si
facile à résoudre , que je suis étonné qu'on n'ait
pas encore entrepris de le faire. Je vous deman-
derai , citoyen , pour cette utile solution encore
t^ije place dans votre journal.
E. Petit.
germinal an 8 , soit le double du mandat qui leur | est ouvert au public , et dont il vient de fairtî
a été délivré par leur admirtistratioi) centrale
lors du paiement du 2""^ semestre an 6 , et qUi
leur sert de titre provisoire.
Ceux qui résident dans d'autres départemcns
que celui de la Seine , recevront du payeur de
leur département , leur certificat d inscription
définitive.
IV. Se conformeront au mode établi par l'art. H,
lem.eiives liquidées eti venu de la loi du t4liuciitior
an ,6 , à moms qu'elles ne soient munies d un cer-
tificat d'inscription intitulé : Loi du n Jructidor
an 6.
V Les autorités constituées sont invitées à faire
publier le présent avis dans toutes les communes
de leur arrondissement. *
connaître les détails par un prospectus nouveau
adressé à ses commettans.
Il demeure rue des Mathurins-Jacques , n° lo.
P.
Les citoyens souscripteurs pour l'établissement
des soupes éco.nomiijues , sont prévenus que
l'assemblée générale se tiendra le i^"^ frimaire
à six heures et demie de l'après - midi , à ta
préfecture de la Seine , place Vendôme.
Trésor pcjelic.
Avis -aux pensionnaire, de l'étal.
Le gouvernement ayant arrêté que le paiement
des pensions sera fait en numéraire à commencer
du 2°" semestre de l'an 8 , l'administration du
trésor public croit devoir prévenir les pension-
liaires de ce qu'ils ont à observer pour recevoir ,
sans aucun retard , les arrérages de ce second se-
mestre et des suivans ; en conséquence ils sont
avertis de ce qui suit :
Art. l". Les anciens employés dans lés admi-
nistrations civiles , qui jouissent d'une pension de
retraite ; les ci-devant ecclésiastiques et religieux
des deux sexes qui' sont nouvellement liquidés
d'après l'arrêté du directoire exécutif du 5 prairial
an 6 , et les veuves de défenseurs de la patrie ,
liquidées en vertu de la loi du 14 fructidor an 6 ,
seront porteurs , pour recevoir leurs arrérages , à
commencer du 2""' semestre de l'an 8 , d'un cer-
tificat d'inscription au registre des pensions ; ce
certificat leur sera délivré à la trésorerie nationale.
II. A cet effet , les pensionnaires civils résidant
a Paris , présenteiont ou feront présenter leurs
brevets à la section des pensions , qui fait partie
de la direction du grand-livre ; laquelle leur déli-
vrera sur-le-champ le certificat d'inscription. Ceux
qui habitent dans d'autres départemens que celui
de la Seiiie , pourront réclamer direciement ce
certificat, par lettres adressées à l'administration
du trésor public , dans lesquelles ils désigneront
exactement leurs noms , prénoms et date de nais-
sance , le département et la commune oii ils sont
domiciliés. L'administration du trésor public fera
passer les certificats d inscription au payeur du
chef- lieu du département, qui les délivrera à
chaque pensionnaire sur la présentation de son
brevet.
III. Les ci-devant ecclésiastiques qui ne sont pas
, porteurs d'an certificat d'inscription définitive ,
V.dÉlivrépar le directeur delà dette publique posté-
"ieurement au i*'' germinal an 8 ,, devront |e ré-
mer conformément au mode fixé par l'article
^dent , en remettant ou en fesarit remettre à
-erie nationale, soit le certificat d'inscrip-
'-oire qui leur a été délivré par le direc-
sicns , à une date antérieure au l"
HiDSO GRAPHIE.
Cartes hidrographiques, dressées au dépôt gé-
néral des cartes , plans et journaux de la marine
et des colonies , pour le service des vaisseaux
de la république française , publiées par ordre
du gouvernement.
Carte générale de la Mer-Rouge , en 3 feuilles
grand aigle. Dressée d'après les observations faites
en 1787 sur la frégate la Vénus, par le citoyen
Rosili , vice - amiral. Cliaque feuille 3 fr. , g fr.
Carte du golfe de Suez , d'après les mêmes
observations, par le même, i fr. 80 cent.
Carte de la partie méridionale de la pres-
qu'île de llnde, qui comprend l'île de Geyian ,
mêmes observations^ par le même , i fr. 5o c.
Carte des côtes de-Guzurat , de Goncan et de
Canara , depuis Ma|^ jusqu'au golfe de Cam-
baye . idem , i fr. Jorcent.
Carte des côles d^la Cochinchine, depuis la
baye de Saigon jusqii'à la baye de Beuil, piemiere
feuille , i7r. 5o cetft.
Idem , deuxième feuille , depuis l'île de Beui
jusqu'au cap Boxhorncn , i fr. 5o cent.
Idem , troisième feuille , depuis le cap Box-
hornen jusqu'au cap Clioumay , 1 fr. 5o cent.
Plan du port de Candiu et de la rivière de
Saigon , située à la côte de Tsiompa , i fr. 5o c.
Carte d'une partie de la mer de la Chine , de-
puis Camboje jusqu'à Canton , i fr. 5o cent.
Plan de la baye de Manille et de ses environs ,
I franc.
A Paris , à l'entrepôt général des cartes de la
marine , chez Dezauche , géographe , rue des
Noyers , n° 33.
On désirerait avoir des renseignemens sur la
famille du citoyen Jean-Baptiste Chirac , fils de
Jean-Baptiste Chirac et de Françoise Bourcel ,
né à Gênes en 1741 , et passé à Saint - Do-
mingue il y a environ quarante ans.
S'adresser à Lisieux , département du Calva-
dos , au citoyen Leroy , qui a des choses du
plus grand intérêt à communiquer à cette\
famille.
On est prié de vouloir h'wn affranchir le»
lettres.
AVIS.
Le citoyen Ducluzeau - Chenevieres , ancien
procureur au parlement de Paris, avoué près le
tribunal de première instance , et dont nous avons
déjà fait connaître l'établissement dans ce journal
( 'Voyez les n°^ 3l décembre 1790 et 27 novembre
1792 ) , continue de suivre avec le même zèle , la
même intelligence et la même honnêteté , les
affaires dont ses cliens et le public veulent bien
le charger.
On peut diviser en six classes les objets pour
lesquels on peut s>adresser à lui.
La première est^ relative aux liquidations de
tous offices civils'; militaires et de finance ; de
toutes rentes perpétuelles , viagères et de pen-
sions , ainsi que cj)es recettes et remboursemens
qui en sont les suites.
La seconde classe comprend la liquidation des
deties dues par l'état , soit d'après d'anciens titres ,
soit comme s'étant chargé d'acquitter les dettes
des corporations supprimées ; par les émigrés et
autres persoirnes frappées de séquestre ; et de
toute indemnité et restitution , ainsi que d'en
recevoir le remboursement.
La troisième classe s'applique à toutes les
affaires de particulieis à particuliers . ou recou-
vrement de toute espèce de créance établie sur
billet, lettre de change , obligation , et autres
titres.
La quatrième classe a pour objet les différentes
successions qui peuvent s'ouvrir à Paris, et les
opérations q.ui en sont la suite, délivrance de
legs , reçouvremens , licitation et partage.
^ La cinquième s'applique aux affaires en di-
rection , faillite, attermoyement, cession de biens,
ainsi qu'aux redditions de comptes dûs par les
syndics , associés, exécuteurs testamentaires.
Enfin la sixième et dernière classe concerne
les pouvoirs qui sont nécessaires pour suivre
toutes les affaires' qui ont trait aux voies ju-
diciaires.
Tel est le tableau des objets dont le citoyen
Ducluzcau-Chenevieres est en possession de se
charger depuis plus de 3o aas que son cabinet
COURS DU CHANG
Bourse du 2g brumaire.
à 3o jours. 1
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid
Effectif
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne.
Bâle.
561
190
4 fr. 90 c
14 (r.70 c
4 fr. 90 c,
14 fr. 40c.
4 fr. 70 c.
5 Ir. 17 c.
au p.
5o c.
20 c.
52 c.
Effets publics.
Rente provisoire ^ 28 fr.
Tiers consolidé 33 fr.
Bons deux tiers r fr.
Bons d'arréragé 85 fr. 5o
Bons pour l'an 8 gS fr, g5
Syndicat
Coupures 84 fr.
Act. de 5o fr. de ia caisse des rentiers.
' Matières.
Or fin l'once io5 fr. 42 c.'
Argent le marc 5o fr. 61 t,'
Portugaise l'once gS fr. 78 ciit
Pias"tre„ 5 fr. 28 c.
Quadruple 79 fr. 75 c.
Ducat II fr. 56 c.
Guinée 26 fr.
Souverain 34 fr. 69 c.
Marchandises.
Café Martinique ? fr. 3o c.
— Saint-Domingue 1 fr. 90 c.
— Bourbon 2 fr. 5 c;
Savon de Marseille i fr. 10 c.
Huile d'olive i fr. 35 c.
Coton du Levant 2 fr. 40 c.
— des îles 4 fr.
Eau-de-vie { 355 francs.
— Montpellier 22 degrés 255 francs.
— Cognac 22 degrés 260 francSi
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^iie et des Arts.
Atij. Œdipe à Colonne , et le ballet de Psyché.
Théatredesjeunes ELEVES, rue deThionvillc.
Aujourd. Jeannol et Colin , com. en 3 actes ;•
ie Roman et l'abbé Coquet.
THEATRE ntj Vaudeville. Auj. Arlequin dt
retour dans son Ménage ; Gesner et M. Guillaume.
Théâtre de la CirÉ-VARiÉTÉs. — FantomimiK
Aujourd. la 5= repr. de l'Elevé de lo/ ISature ^,
paniom. allégorique à grand spectacle , suivip
de Cadichon.
Théâtre du Marais, rue Culture-Catherine.'
Auj. les Fausses ailarmes et les Victimes cloîtrées.
VEILLEES AMUSA.MTES DE LA CITÉ.
Auj. 3o brumaire , Fêle et bal depuis 7 heuret'
jusquà minuit. A neuf heures , de jeunes enfanii
doTineront la 2^ représentation de l'Héritage . et.
du Villageois philosophe.
Le billet d'entrée est de deux francs , et d'un
franc pour les enfans au-dessus de huit ans.
L'administration reçoit des abonnemens pour
les bals de chaque mois.
ERRATUM.
N° d'hier, article grammaire .,6' aliéna : l'accent
n'étant pas le .même dans la colère que dans \i
passion , lisez : que dans le calme.
A Pa ti s, du l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" li.
GAZETTE
[ALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 61.
Primedi , i " frimaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le s, ul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées . ainsi que [es faits et les notions tant sut
rintérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , a^ix arts et aux découvertes nouvelles.
tN T É R I E U R.
Paris y le Sq brumaire.
JLjE 21 brumaire , le piemier conseil de guerre
de la 1%' division militaire a jugé et condamné
à mon les nommés Amal et Roucen , pour
«voir ai;êlé et volé la caisse de la recette de
Brioudc, département de la Loire , et assassiné
les conducteurs qui en étaient chargés. Ils ont
é\i exécutés le lendemain 22.
— Les lia'oilans de Chaillard , arrondissement
de Laval , viennent de donner un bel exemple
de l'amour du bon ordre. Depuis quelques tems
des voleurs y exerçaient leurs brigandages :
lassés de voir ainsi leurs propriétés exposées , et
guidés par leur juge de paix, les habilans se
«ont réunis à la gendarmerie , et sont parvenus
à arrêter six de ces voleurs qui sont actuellement
dans les prisons de Laval; un septième a été blessé,
et ne pouvant êire transporté , est resté dans
les prisons de Chaillard.
— L'administration du Musée central des ans ,
et les commissaires chargés de recueillir les objets
d arts en Italie, se sont réunis pour célébrer l'inau-
guration de l'Apolion. Dans celte réunion oii se
trouvaient les citoyens Vien , Monge , Benholet ,
membres du sénat - conservateur ; les citoyens
Foubert. Lagrené.-, Moitié, Thouin , Tinette ,
Dufourny , Visconti , Barthélémy . Raymond ,
j. Lavallee , Pajou , Lebrun , ( More! d'Arles )
Labillarderie , A. Lavallée , etc. plusieurs toasts
ont été portés à la oloire nationale , et à la gloire
des beaux arts , désormais inséparables.
On a chanté des couplets analogues à la fête ,
et.après avoir passé quelques heures dans cette
douce fraternité qui règne entre des hommes
unis par le goiil , l'estime et les tale.ns , la so-
ciété en se séparant , a arrêté que tons les ans
à pareil jour , la même fête serait célébrée par
elle.
Les étrangers , et la plupart même des liabî'
lans de Paris , ignorent les ressources d'instruc-
tion que cette grande ville leur offre. Voici
l'indication des pensionnats , collèges , sociétés
savantes et littéraires qui sont à notre connais-
sance , et que nous avons cru pouvoir être utile
à plus d'un lecteur , sur-tout au moment du re-
nouvellement annuel de presque tous les cours.
Pensionnats.
Prytanée de Paris , au ci - devant collège de
Louis-le Grand.
Le prix de la pension , y compris l'entretien ,
est de goo fr. par an.
Prytanée de Saint-Cyr , au ci-devant couvent
de Saint-Cyr.
Le prix de la pension , y compris l'entretien ,
est de 800 fr.
(t On enseigne auxéleves de ces deux pension-
nats , l'écriture . le dessin , la grammaire , les
langues anciennes et vivantes , la littérature, l'his-
toire naturelle , la physique et la chimie , les ma-
thématiques. >)
Institution nationale des colonies, au ci-de-
vant collège de la Marche.
Institution polytechnique , et pensionat par-
ticullier du citoyen E. M. Lemoine ( Dessoies ) (l)
rue neuve - de - Berry , au bout des Champs-
Elysées.
Le prix de la pension est de iSoo fr. et de
1800 fr.
c( On y enseigne la lecture et l'écriture, la
langue française , les langues anciennes et étran-
gères , la langue latine , les langues anglaise ,
et allemande , la littérature , les mathématiques ,
l'histoire et la géographie , le dessin pour la
ligure, le plan, l'architecture et le paysage; la
musique vocale et instrumentale, la danse et
l'escrime. >i
Maison d'éducation dirigée par les citoyens
Dubois et Loiseau , rue Bigant , près le boule-
vard des Invalides.
Mêmes études que chez le citoyen Lemoine.
(1) c'est ce citoyen dont il est question dans une lettre
publifc it y a quelque icnis dans le Moniteur, et dans laquelle,
t>ir erreur t il tut ouniuic Lemoina Deicoutll*.
Collège des sciences et des arts , au ci-devant
collège de Sainte-Barbe, sous la direction des
citoyens Lanneau et Miellin.
Le prix de la pension est de 800 et 1000 fr.
Pensionnat de l'école centrale des Ouatre-
Naiions , dirigé parles citoyens Crenot et d'Au-
tun, rue du Vieux-Colombier,, en face de la
rue Cassette.-
" On y enseigne les langues , l'histoire na-
turelle , le dessin , les mathématiques , la phy-
sique , la géographie , la grammaire générale ,
les belles-lettres , la législation, u
Ecole polytechnique du citoyen Butel , rue de
la Liberté , n* gg. ■
Il Enseignement t mathématiques et physique ,
langues française et latine , belles-lettres >)
Pensionnat du cit. Fleurizelle , successeur du
cit. Colin ; rue de Picpus , n° 29.
(( On y enseigne les langues française et la-
titie , les mathématiques , la géographie, l'his-
toire , la mythologie , l'écriture et les arts
agréables, u
Maison d'éducation du cit. Mardernott, rue du
Cheval-Vert , à l'Estrapade.
Autre maison d'éducation * tenue par le cit.
Ltrpiire , rue Jacques , n° 168.
Autre maison d'éducation , tenue par les cit.
Lefebvre - Gineau et Cousin , rue Neuve-Gene-
viève.
Institution p.our l'étude des langues et des
sciences, du citoyen Leroux, rue de Picpus ,
n° 34.
Pensionnats pour les jeunes personnes.
Institut de madame Campan , à Saint-Germain-
eh-Laye.
Il Ecriture, deisjn, 'langues, musique, danse,
ouvrages d'aiguille ,, sont enseignés dans cette
pension , dont le prix est de i636 fr,' par an.
Maison d'éducation de madame I.egroing , la
maison neuve , rue de Seine , prss le jardin des
plantes , n° l3.
Le prix de la pension est de 600 fr. par an.
Maison d'éducation chez madame Allard, rue
de I Union , au bout des Champs-Elyiiées.
Insiitulion de MU' Bourdu , rue de l'Univer-
sité , hôtel de Mailly.
Pensionnat tenu par madame Gauthier , grande
rue du Faubourg-Saint-Antoine.
Ecoles centrales.
. Des Qualre-Nations , du Panthéon , de la rue
Sjint-Antoine.
il On professe dans ces écoles le dessin ,
l'histoire naturelle , les langues anciennes', les
mathématiques , la physique , la grammaire gé-
nérale , les belles-lettres, Ihistoire, la législatioUi
Ecoles spéciales.
Le Collège de France.
tt On y professe l'astronomie , les mathéma-
tiques ,• la physique générale et expérimentale ,
la médecine ,; l'anatomie , la chymie , l'histoire
naturelle , le droit des gens , l'histoire et la
philosophie morale , les langues hébraïque ,
syriaque , arabe , persane, turque , grecque , la-
tine , et la littérature française.
Chaque professeur donnera ses leçons quatre
fois par décade , depuis le i'' frimaire jusqu'au
3o thermidor.
Le Muséum d'histoire naturelle, corriposé de
i3 professeurs , qui donnent chacun un cours
de 40 leçons.
!> On y professe la chymie générale , la bota-
nique , la zoologie , l'anatomie humaine et celle
des animaux , la minéralogie, la géologie, la
culture des jardins , l'iconographie naturelle. )>
L'école nationale de peinture , de sculpture et
d'architecture.
L'école de médecine.
)) On y professe l'anatomie , la physiologie, la
médecine opératoire , la chymie médicinale et la
pharmacie , la doctrine d'Hypocraie , la démons-
tration des instrumens de chirurgie , la biblio-
graphie médicale , la physique médicale et l'hy-
gicne , la pathologie externe et interne , l'histoire
naturelle médicale , les accouchemenS , la méde^
cine légale et l'histoire de la médecine , la dé^
monslration des drogues usuelles , la clinique ex-
terne et interne , et celle dite de perfectionne-
ment. I)
L'école gratuite de pharmacie , rue de l'Ar^
balete.
L'école spéciale de langues orientales et vi-
vantes, à la Bibliothèque nationale.
j) Les cours sont de langue persane , par Lan-
glès ; de larigue arabe , par Sylvestre Sacy ; de
langue arménienne , par Cierbier ; de grec mo-
derne , par Villason; et de langue turque ^ paf
Jaubert. )>
Ecole grattiile de dessin, rue de l'École de
Médecine.
Le cours d'Archéologie ^ par le cit. Mlllin ,
a lieu dans l'une des salles de la bibliothèque
nationale ^ tous lesjours pairs de chaque décade ,-
à deux heureSi
Le cours de minéi'alogie docimastique , àd
cabinet de minéralogie de la Monnaie , a lieU
tous lesjours pairs , à midi.
L'institution nationale des soùrds-rnuets . rue
Saint -Jacques , au ci-devant séminaire Saint-
Magloire , est rendue publique le 3o de chaque
mois, depuis onze heures jusqu'à une heure.
L'école polytechnique , rué de Lille.
L'école des ponts et chaussées , rue ûrenellci
faubourg Saint-Germain.
L'école de théorie des mines , rue de l'Uni'
versité.
L'école des géographes . rue de Grei^elle.
Le lycée républicain, rue Saint-Honoré , place
du palais dil 'Tribunat.
0 L'on s'abonne pour Un an , moyennant la
somme dé 96 francs. Il est ouvert tous les jours ,
depuis neuf heures du matin ^ jusqu'à onze heu-»,
res du soir.
u On y professe les Coiirs suivans ; Physique
expérimentale , professeur , le cit. Buiet ; chimie ,
le ci(, Fourcroy ; histoire n:,l>,rellfl , le cit. Cuvier !
anatomie , le cit. Sue i hygiène , le cit. Moreau ',
technologie , le cit. Ffassenfratz ; facultés physi-
ques et nnorales de Ihornme , le cil. Alphonse
Leroy ; litléralure , le cit. Laharpe ; histoire , le
cit. Garât ; économie publique , le cit. Rœderer j
philosophie morale , le cit. Degérando ; dessin et
architecture , le cit. Legrand ; Tangues anglaise et
italienne , les citoyens Robert et Boldony. j»
La séance générale d'ouvenure a lieu le i'' fri^
maire , et les cours s'ouvriront dans la deuxième
décade dii riiême mois.
Le lycée des arts.
!i II tient ses séances à l'Oratoire; il publie iln
journal sous le titre de Répertoire général des
sciences et des ans , inventions et découvertes 4
pour lequel on s'adresse au cit. Desâudray ; le pris
en est de 3o fr. par an.ii
Le lycée de Paris , établi rue du Hâsard-Èi- '
chelieu.
it On s'y abonne moyennant 96 fr. pour Url
an ; 72 fr. pour 6 mois ; 42 fr. pour 3 mois ; et
18 fr. pour un mois. — La moitié de ces prix pour'
les femmes.
I) Les séances de ce lycée se composent ainsi
qu'il suit: 1° Veillées des muses; 2° cours dd
physique expérimentale . par le cit. Ferry ; 3° dà
botanique , par le cit. * * * ; 4° de physiologir ,
par le cit. Alîbert: 5^ d'anatomie , par le cit. Ili-.
cherand ; 6° de pasigraphie , par le cil. Mesmieux ;
■/°de langues anglaise et italienne , paries citoyens
Boldony et Galignary. î)
La société des observateurs de l'homme s'as=
semble , le 8 de chaque décade , dans l'hôtel de
la Rochefoucault , rue de Seine.
La société médicale , séante à l'École de Mé^
decine de Paris , donne tous les ans le mémoire
détaillé des travaux de là société pendant le cou-
rant de l'année.
La société de médecine de Paris tient tous IcS
ans , au Louvre , Une séance publique dans la-
quelle on fait l'analyse des travaux annuels de là
société.
La société phildtechnique , réunie à celle dcS
Amis des arts , tient séance publique au Palais
des Sciences et des Arts , le 90 du Second tnù'iê
de chaque iHmestre^
238
La sociéle d'ag'viculture du département de la
Seine. Sonti(_re indique assez les objets dont elle
s'occupe. Elle tient séance particulière , le 6 de
chaque décade , dans le local de la^ préfecture 1
du déparlement , place Vendôme.
La société philomatique. Elle s'occupe d'his-
toire naiurtlic , d anatomie , de physique , de
chimie , de l'ait de guérir , des arts mécaniques
et' chimiques , de l'économie rurale et du com-
merce , des mathématiques et de l'archceologie.
L'Institui national des arts et des sciences ,
séant au Louvre , a 4 séances publiques par an.
Il s-'aîs-embie le quinridi de la piemtere décade
de chaque mois , pour prendre conn'aissance des
travaux des trois classes qui le composent. Les
iavans .étrangers , ou républicoles , sont admis
aux , sé.a'nces pailiculiercs , avec l'agrément du-
F résident et la présentation d'un des membr-es de
une des classes.
(Extrait dujûurnal de Paris.)
PRÉFECTURE DE POLICE.
Paris , 29 brumaire an 9.
_Le préfet de police prévient ses concitoyens ,
qxi'en vertu de larrêté des consuls , du 3 bru-
maire présent mois , les passe-ports à l'étranger se
délivrent maintenant dans ses bureaux.
En Con'séquence , comme les personnes qui
peuvent avoir besoin de ces passeports , ne sont
jias routes co'niliies à lapréfectme , celles tant de
Pffris et du. département de la Seine , que des
cominunes de Saint-Cloud , Sèvres et Meudon ,
du département de Semé et Oise , qui voudront
en obtenir , d<-vroCt en adresser au préfet la de-
mande sur papier timbié . avec leurs noms, pré-
noms , domiciles, qualités ou professions, et la
désignation du pays où elles voudront aller , et
des motrfs de leur voyage.
Et afin d'éviter des démarches mutiles , avant
d'apporter les pétitions à la préfecture de police ,
on les présentera à Paris, avec deux témoins,
aux commissaires de poHce , et dans les commu-
n-es rurales , au'K maires et adjoints , lesquels don-
neront leur avis , conformément à la loi.
Le préfet , signé , DuBOiS.
Le sicrétaire-général-adjoints, signé , Bauve
Trésor public.
Paiement de la dette publique , pour le premier
semestre de tan 8 , à effectuer dans le mois de
frimaire an 9.
Savoir:
Bette perpétuelle ^ tiers consolidé.
Toutes lettres et tous numéros des parties li-
.quidées jusqu'au dernier jour complémentaire
an 8.
Le 5 de chaque décade , il n'y pas de paie-
ment , ce jour étant réservé pour la vérification
des parties qui sont payables dans les déparie-
niens.
Dette viagère t i , s , 3 et 4 têtes.
Toutes lettres et tous numéros des parties li-
quidées jusqu'au l'^ brurrraire an g.
Le 5 de chatjué décade , il n'y aura pas de
paiement , ce jour étant réservé pour la vérifica-
tion des parties qui sont payables dans les dépar-
temetls.
Pensions.
Lès 1,5, 3 et 4 de chaque décade.
Toutes natures.
Toutes lettres et tous numéros des parties li-
quidées jusqu'au 3o brunaaire an 9.
Le 8 de chaque décade est exclusivement ré-
servé •, savoir : bureau , no 7 , pour le paiement
des pensions des ecclésiastiques et religieux
des deux sexes non liquidées , qui sont payables
sur mandats des préfets des départemens ;
Et bureau , n" 8 , pour le paiement des pen-
sions des veuves , enfans infirmes et orphelins
des défenseurs de la patrie ( novelle liquidation ) .
.(jui sont payables par mois.
Les 5 , 6 et 7 de chaque décade , il n'y aura
pas de paiement ; ces jours sont réservés , dans
les bureaux de paiement des pensions , pour la
vérification des parties qui sont payables dans les
départemens. '
Le 9 de chaque décade , il n'y pas de paie-
ment.
JVo<a. Lés semestres antérieurs aw premier se-
mestre de l'an 8 , sont payables dans les bureaux
n° 9 et 10 ; savoir :
Les arrérages du deuxième semestre an 5 et
premier semestre an 6 , payables en rescriptions
nomirtaiives pour contributions arriérées , le 1"
de chaque décade ;
'Ceux du deuxième semestre an 6 et premier
Semestre an 7 , les â , 3 , 4 'et 5 de chaque dé-
cade ;
Et ceux du deuxième semestre an 7 , les 6 , 7
S de chaque décade.
ECONOMIE PU,BLIQ_UE.
Importation des métaux et substances minérales en
France.
Dans les états tle commerce , des produits du
sol et de l'industrie française, on ne tient point
tissez coinpie des substances minérales dont la
consommation est considérable en France.
Les travaux qui ont été faits pour connaître
l'étendue de cette branche de commerce, prou-
vent que dans les lems d'activité des fabriques
Ifariçaiscs . l'importation des substances miné-
ra'es venant de l'étranger s^est élevée à 33,140,528
livres tournois , et leur export.ition , y compris
celle qui se fait dans les colonies , à 8,676,000 liv.
d'après les quantités eiircgistrées dans les bureaux
des douanes.
Il faut ajouter à la somme des quantité» im-
portées, celles qui le sont ordininaircment en
fraude, et encoi'e celle qui doit compenser les
déclarations au-dessous de la vérité , que font
les marchands ou trafiquans au passage des
douanes.
Pour se rapprocher de l'étal vrai , on estime
donc qu'il faut ajouter un dixième aux importa-
tions ci-dessus , ou 6.626,000 francs , ce qui les
porte à 39,750,000 francs.
Mais comme on a pris pour année de compa-
paraison celle de 1787 , 011 les travaux de l'in-
dustrie étaient portés à un grand degré d'activité
en France , et qu'à cette époque tes provinces de
Lorraine , d'AIsjce , des Trois-Evêcliés , l'ile de
Corse , Marseille , Dunkerque , Bayoïine et
Lorient , étaient francs de droits d'etrirée , on
n'a pu constater le montant des importations par
les registres des douanes ;.cependant des appcrçus
bien laits , portent le montant des quantités des
diverses substances minérales importées dans ces
provinces pendant la même année , à 2.5oo,ooo
francs , somme qui , réunie à la précédente ,
porte à 42,256,000 f.ancs l'importation des subs-
tances minérales vonaut dt; l'étranger en France ,
dans les années de prosuérité.
Ces substances , parmi lesquci'es ne sont point
compris l'or et largent , sont en très-grande
partie payées par les objets de nos r:tbfi<jues ,
nos vins , nos caux-de-vie , nos huiles , ti sur-
tout nos denrées coloniales.
En voici brièvement l'apperçu. En ïcr brut ,
ouvré , blanc , acier , etc , cliiicaiilcrie en fer ,
armes , etc. , importé pour une somme de
15,624,491 francs; exporté pour une somme de
5,788,209 francs , en 1787.
I En cuivre brut, en feuille», laiton, clîncaîl-
I lerie en cuivre , viuiol bleu ou suUat- de
I cuivre , etc. , importé pour une somme de
11,608,325 fr. ; expoiié pour une somme de
■1,460.991 fr.
En plomb , dans l'état métallique . al'juifoux ,
litarge , blanc de plomb , etc. , importé pour une
somme de 4,567,842 fr. ; exporté pour 283, 5o6 f.
En étain importé , pour 1,095,800 fr. ; exporté
en étain ouvré , pour 107,875 fr.
En mercure, à l'état métallique , vermillon,
cinabre , etc. , importé , 776,414 fr. ; exporté ,
53,176 fr.
En cobalt , azur , cendres bleues , importé ,
pour 347,751 fr. ; exporté , pour 40,188 fr.
En antimoine importé , 4,048 fr. , exporté ,
6,999 fr-
En zinc , tutle , toutenague , etc , importé ,
40,000 fr. , exporté -, 12,823 fr.
( En arsenic importé , 3o,268 fr. , exporté ,
1629 fr.
En manganèse : importé pour 15,268.
En charbon de terre : importé pour 5,564,778 ;
exporté pour 611,556 francs.
En ardoises : importé pour 36,53o francs ; ex-
porté pour 118,686 francs.
En soufre , huile de vitriol , vitriol martial ,
alun , etc. : importé 2,052,417 ; exporté 283.974
francs.
En bleu de Prusse : importé pour 20,834 fr. ;
exporté pour i4,33o francs.
Marbres : importé pour 401,234 francs ; exporté
pour 44.543 francs.
Il résulte de cet apperçu que la consommation
des substances minérales étrangères , forme un
objet de commerce important , et que c'est
à tort que dans les estimations de notre ba-
lance du commerce , on la réduit à des quantités
d'une faible valeur.
P E U c H £ T.
LITTERATURE.
Seconde lettre sur /'Alma'nach des Muses , an g.
J'ai commencé par vous faire- connaître les
ouvrages des femmes , j-e l-eur devais cette défé-
rence. Quelques noms d'hommes célèbres par
leurs lalens se font remarquer dans notre recueil
poëdque : comme iU auirent d'abord l'attentioB
des lecteurs, c'est de leurs ouvrages que je vais
m'occuper. - -
Je retrouve.,, je relis avec un plaisir incxpr'^,-
mable les Vers' sur la beauté ^ extraits du poëme
suri Imagination, que nous prometDclille ; poëme-
qui sera l'un des chefs-d'œuvre de la langne
Irançaise , si toutes ses parties sont dignes de ce
fragment. Non , j'en suis persuadé , nul: homme
sensible à la poésie de 'Virgile et de Racine, n'a
lu ces vers sans éprouver le nicmt sentiment
d'admiration.
Tantiquîte' fit édore dca onde
:endis du Ciel et régnes EUr le
Beauté , je te satne ;■ hel.-ïs ! dtépais mioges.
A mes yeux preïqu'éteints dérobent tes ouvrages
Tel' est le début de ce morceau. Qtie ne puis-je
transcrire l'a s-uite de ces vers et vous montrer
MihoiJi , nouveau créateur , peignant aussi la beauté
sans jouir de sa- présence ; vous la montrer ré-
pandue sur loures les productions de la nature :
mais il faut se born-er, et je m'arrête sur le.tableau
charmant qui caractéiise le mieux la beauté aux
yeux de tous les hommes.
A l'aigle , ^u mouçlxeron tu donnas leur pariuo ;
Mais tu traitaf e&.roi, I^ itii de la nature:
L'bomme seul eni de- toi ce front majestueux,
Ce regard tendre et fier, noble, voluptueux,
Du sourire et des plenrs l'intéressant langage ,
Et; sa compagne enfin fut ton plus bel ouvrage.
Pour elle tu choisis les trésors les plus doux »
Cette aimable pudeur qui les embellit tous ,
Tout ce qui porte au cœur , l'attendrit et l'enBamme ;
Et Hs grâces du corps et la douceur de l'ame.
L'homme seul contemplait ces globes radieux :
Sa compagne parut; elle éclipsa les cieux ;
Toi-même l'applaudis en la voyant èclore ;
Dans le reste on t'admire , et dans elle on t'adore.
Delille , il manque un trait à tes tableaux. La
beauté est aussi dans une imagination comme
celle d'Homère , comme celle de Virgile, comme
celle de l'auteur de ces vers.
Le fragment du même poëme sur Ne-wion et
son système du Monde n'était pas susceptible du
même charme. On l'a rapproché de six vers de
Voltaire , cjont il est peut-être un peu trop imité »
et qui ont conservé le mérite de la précision. ,
Le morceau de Delille offre une métaphore'
qui paraîtra peut-être trop hardie , même en poé-
sie. Il dit :
Dans cette vaste mer de feux étinceîante ,
Devant qui notre esprit recule d'épouvante ,
N(*iwton plonge; U poureuît , il atteint ce* grands corps.
Qui jusqu'à lui, sans lois, sans règles , sans accords.
Roulaient désordonnés sous ces voûtes profondes.
De ces brillans chaos, Newtons fait les Mondes
Newton a créé la science; il a découvetl l'at-
traction universelle des corps , qui expliqlue tout
dans la nature, puisqu'elle paraît en être la loi
fondamentale ; mais le chaos n'était que dans nor
idées :
" Rien n'est beau que le vrai , le vrai seul est ain>able ;
„ Il doit régner par-tout, et -même dans la fable.
Les vers traduits de Milton , intitulés : Cromwel
à Christine , reine de Suéde , en lui envoyant son.
portrait , sont , avec les morceaux dont je viens
de parler . les seuls vers de Delille que l'on trouve
dans X Almanach des Muses. Il paraît que Cromwel
ne manquait pas de galanterie ; il dit à Christine ,
L'auteur de tant d'alarmes ,
Cromivel , dans ce tableau , se soumet à tes lois ;
Ce front n'est pas toujours l'épouvante des rois.
Après Delille vient le citoyen Lebrun dans
l'oidre de la célébrité. Ses vers intitulés fi/f'fiV .
sont dans le goiit antique; c'est le ton d'Horace
et celui de Tibulle tétanis :
Qtiand à mes yeux séduits, la mer paraît sourire ,
Crédule , je me livre aux conseils du Zéphire :
Je me plais à guider la barque où ma Zélis ,
Sur la fin d'un beau jour s'abandonne à Thétis ,
Et contemple avec moi l'astre de Cytherée ,
Au doux balancement de la vague azurée.
Tandis que sur son char Diane ouvrant les cieux,
Argenté mollement les flots silencieux ,
Ooel charme de n'avoir dan^ ,ce calme du Monde ,
De témoin que l'Amour, de confident que l'onde 1
Cette élégie , très-courte , est terminée par c*.5
vers :
Heureux, je V
aïs m*asseoir près d^uoe so
irce pure ,
Qui , loin de n
l'efFrayer, m'endort par son
murmure ,
Plus heureux
si Zélis troublant ce doux
sommeil.
Enivre de ba
sers le moment du réveil
Il faut en vers des expressions hardies. Ce sont
elles qui caractérisent Je vrai talent poéiique ;
mais il me semble que celle-ci : enivre te moment
est trop hasardée.
Lés stances à Zu'ny qui proposait irot>iquement
23g
à l'auteur de valse.r avec e'ie , paraîiraient. imi-
tées d'Anacréon , s'il n'y était pas question d'une
danse qu'apparemment les Grecs ne connais-
saient pas , de Saint-Aulaire et de Ninon, qu'ils
rie connaissaient pas davantage.
On trouve aussi dans l'Almanach, des Muses
quelques épigrarames- du citoyen Lebrun , et la
poétique de^ce genre. Rapprochons-la de celle
de, Boileau :
^, L*épîgrarame plus vive en son tour plus borné ,
„ N'est souvent qu'un bon mot de deux rimes or:^.
Le citoyen Lebrun la caractérise ainsi :
L't-pigramme est un feu d'escrime :
L*a^resse à la force s'y joint ,
Qni sait mal dégager sa rime ,
De la cuirasse offre le joint.
leurs bas-rclicfS des squelettes , des lêles on des
os décliainés et séparés du tronc , à moins qu ils
ne tiennent la place d'une «orte d'Iiiéroglyphe :
et ce cas se léduit peut-être à un ou deux exem-
ples. Mais jamais ils ne firent partie d'une allé-
gorie. )>
On
coup pesant
porté droit;
lent esquiver la feinte
glisse un tireur adroit ?...
Il appartenait à l'un des hommes de nos jours ,
(luj sait le mieux manier cette arme , d'en donner
de? leçons.
Pijisqu'il s'agit d'épigràmmes , je finis par celle
<jui s'adresse aux femmes. Hier nous fesions
écrivains vivans .- entrç lésc'nicls nn distirtglîe l'au-
teur de \ Explication éei {<i'crrcs gravcc-^\ qui'
appartenaient jadis à la maison d OrlcahS , ont'
contribué par leurs écrits à ramener le bon goût ,
à proscrire les allégories bisarres et forcée* , et a
faire rechercher daris les monuhiens des anciens
pour les objets qu'ils ont connus , les allégories
Ici , le citoyen Mongez se livre à des recher- j approuvées par la raison. Entre'auiros ouvrages
ches parmi les monumciis antiques , et n'en voit j ^g Winckelmann , celui qui en partie a pour
(ju'un seul où l'on soit certain de trouver un | obj^t l'allégorie et qui en porte le titre , doit
cœur repiéscnié. \ cire Le manuel des onisies; et c'est par ce conseil
Il Q_uelle différence chez les modernes , dit-il ! utile que je termine mes réflexions, i'
on y a vu des cœurs percés de flèches , deux Nous, avon? suiyi le ciroyca MOinS"^^ ','^"^ '*
cœurs percés du même trait , des cœurs doùl j^gf^i,^ çy^^•\\ s'était tr;icée pour cet intéressant,
s'exhalent des flammes , des cœurs empilés sur un | opuscule ; mais nous ri'avi7,ns pu, entrer avec lui,
autel, etc. Pompeio Jialtoni , peintre romain , | j]g„, |e j^|„i| (^gj recherches cu.c,leuscs auxquelles!
iTiori depuis peu , en a placé plusieurs sur les | jj ^^ livre; c'est dans son écrit mên?e que It
genoux de Vénus Il semble que l'on ait voulu , igccur ami des art,s,(ioit allqr puiser les extmple^,
exprimer sur la toile et le m.irbre-v toutes les g, i^j autorités sur lesquels le citoyen Mongez,
façons de parler proverbiales , qui ont le cœur appyig son opinion avant de la développer.
pour objet. Je ne sais pas même comment on a
oublié celle-ci : Avoir le curtr sur te bord des lèvres!
Il ei'it peut*'êlre fallu que cette hideuse caricature
eiît été exécutée , pour (iu'elle Ht sentir l'incon-
venance de l'usage que je combats. Car il existe
des abus qui , devenus généraux et habituels , ont
besoin , pour être reconnus , d'une forte exagé-
ration.
,- ,, . ,„ . , , , ! ,, Le aoôt trace , entre les tableaux du poëie et
l««r éloge ; aujourdhui nous leur lançons quel- jeux du peintre , une ligne de démarcaiion , qui
ques traits satynques.Voi à bien le caractère Iran- „'£„ ^jt pas moins réelle , pour être difficilement
^ais. Oupoaiiions-nouslemonttettplus àpropos
que d.ans ces frivolités ?
Toute femme ressemble A la chaste Di
Approuvant en seçre.t , dit-on
Ce Jju'en public elle condam
Sa bisa^re vertu sur le pauvre Actéon
.S,e venge d'un regard profan
lit va séduire Eodymîon.
MELANGES.
Le citoyen Mongez , membre de l'institut na-
tional et du tribunat , vient de publier .des ré-
flexions sur l'abus de quelques fig'ares allégo-
riques employées en peinture et en iculpture (l) ;
elles ont le triple caractère de I érudition , de
l^amour des ans , et du sentiment des beautés
réelles. 'Voici comme il entre en matière.
Au s'tfym rédacteur du Moniteur.
'S'U' ilLA VACCINE.
Comme membre du, c.amiié, formé pour l'ino--
culaiiorr de la vacçinç , Jy^; in,etais promis de.,
n'émettre aucune opinion pour ou contre eetiç
nouvelle découvetie , jusqu à ce que le comité
lui-même eût fait connajue dcFnluvement , par
le rapport général du lésulrat de ses expériences ,
si la vaccine est ou non le préservatif de la peiiie-
vérole : mais aujourdhui qu'il se reiicoiiire quel-
ques faits évidemm-ni aliéiés dans les différentes
lettres qui viennent d être publiées sur cette im-
portante rnaiieie , il ne peut paraître déplacé que
je m'efforce de les rectilier . e.n conservant tou-
d'œil. j"en'vaïs°Tiie'r'un exemple frappant. .t.. jours le caractère d impartialité qu'exige le sujet.
C'est une belle pensée en poésie ; c'est présenter Trois enlans des Orphelines avaient été itfo-
une belle image , que de proposer d'élever la (.yi^j jg la vaccine après l'arrivée du docteur
Liberté sur les débris des statues des rois. Eh -yVoodville , et l'inoculation avait présenté tous
bien ! on a donné de la ré-lité à ce tableau sur jg^ caractères qu'offre cette maladie. Environ deux
une des )ilaces de Paris : et Ton sait combien ^q\^ après ils furent soumis à une seconde,
■ ■ "~ épreuve , c'est-à-dire inoculés avec le virus va-
riolique ordinaire , par le citoyen Colon et moi.
Nous leur fîmes quatre piqûres , deux à chaque
bras. D.eux de ces piqûres s effacèrent , comitie
cela arrive très-ordinairement dans celte opera-
merae , quelque sujet que le monument eût ^\Q„_ Dès le lendemain deux autres s'enllurame-
' rcnt en s'élevant en pointe . et formant un bouion
■■ - ... . bouton
pas moins reeiie , p
aperçue. Souvent le sens intime , ou l'insiinct ( si
l'on préfère ceite dénomination) , nous tait ré-
p^ouver des peintures prétendues ingénieuses ,
des allégories trop recherchées , sans que l'on
puisse en distinguer les raisons du premier coup
l'œd a été choqué en^voyant une statue notivelle ,
entière , placée sur un piédestal à demi-ruiné. je
n'entends parler ici ni .du choix du sujet , ni du
mérite de la statue. Il me suffit de faire observer
cette étrange disparate , et d'ajouter qu'elle eût été
Accoutumés dès la plus tendre enfance à | ^^
représenté. ,
>i L'épisode du comte Ugohn est un des en- enioaré d^^le aréole. La vésicule de ce o^"' ,.
!i Accoutumes aes ta pius lenare eniance a ; droits les plus attachans de l'enfer du Dante se retnplit d'une sérosité qui :.e changea bientôt
■voir représenter des objets qui, offerts à nos yeux \ [Chant 33 j. On a représenté cet infortuné père en pus jaunâtre . et ce lut le cinquième jour e
pour la première fois dans un âge mûr. nous ; g, ses enfans , condamnés, à mourir de faim dans l'inoculation que je trouvai quelques mouvemens
affecteraient désagréablement, nous ne réfléchis- [g même cachot. Ce dessin pénètre de tristesse fébriles à l'un de ces enlans , avec rougeur e
sons même pas sut leur inconvenance. Du nom- ' gt de douleur < mais il n'inspire de l'horreur que chaleur à la peau ; mais non le deuxième , ctsmme
bre de ces objets est , sans contredit , le cœKr de pour leur bourreau, le féroce archevêque de l'annonce le médecin Tourlet , qui aut.i sans cloute
l'homme. On connaît cependant la piofusion ; pjsg H en inspirerait pour l'artiste, le tableau été induit en erreur par quelque rappoit inn-
ave.c laquelle k pinceau et le cheaa l'ont rcpro- . où l'on verrai't le supplice de l'archevêque. Il est , dèle. La maladie a parcouru ses diver.s penoae.,
duit à noj regards. Non-seulement ils en ont selon le Dante , plongé'dans les marais de l'enfer , et il s'est formé chez ces en tans des ulcères vario-
doublé les images, mais ils les ont quelquefois , où sa victime, le malheureux Ugolin , lui ronge leux qui duiaient encore un mois ^pres^l opera-
multipliées à l'infini. Je m'élève aujourd'hui [g crâne , et se repaît d'un sang qui ne tarit ja
contre cet usage, et j'essaierai d'en montier l'ab-
On lit avec un intérêt mêlé d effroi la pein--
lion ; ce qui a lieu trè.s-souveni, lorsque l'érupuou,,
ne se fait que localetiieni.
Le médecin de l'hospice des orphelines , le ci-
toyen Mongenot , a suivi la marche de la maladie;
et sans blâmer l'artiste , qui , dans cette ;| ^ tenu ntjte des observations , et le résultat en
aurait si mal -adroitement osé lutter ggra publié dans le travail général que doit faire
avec le poète? } imprimer le comité. Il sera lacile alors de juger , à
„ D'après ce principe erroné , que la poésie ; ceux qui ont 1 habitude de l'inoculation , si ces.
et la peinture étant sœtirs , leurs images peuvent : enlans ont pris vénlablement la pente vérole , ou
être communes, les artistes ont souvent tracé , s'ils en ont été preserve.s par la vaccine.
^_^__ ^ _ des allégories inexplicables. Ils ont de plus'; u Peut-on raisonnablement, dit le citoyen
celle du sang; sur lequel on chercherait en adopté , un mélange choquant de personnages , golon .conclure quelque chose contre la vaccin-
jurdité. Je suis le premier qui l'ait combattu: ,ure du comte acharné sur sa proie; mats qui
puissé-je être le dernier qui ait à le combattre ! } pourrait la voir sut la toile sans reculer dhor-
n Considéré en lui-même , le cœur ne peut reur
être retçardé avec intérêt que parles anatomistes , occasion
eux que l'examen d'une science , à laquelle est
SHachée la guérison de nos maux , a heureuse-
ment famffiarisé.s avec la vue des membres sé-
parés du tronc. Pour tout autre spectateur, qiiel
hideux objet que le cœur, dont la couleur est
vain lépidcrme , cette enveloppe doiit les nuan-
ces variées et le moelleux velouté flattent si agréa-
blement les yeux! D'ailleurs , isolé et séparé de
cçtte admirable machine , à laquelle il sert de
régulateur , il est privé de vie et bientôt de mou-
vement. Ce n'est donc plus à nos yeux qu'un
historiques et dettes mythologiques, ou allégo-
riques, .,' j
C'est contre cet abus de l'imagination , eonire
cette confusion des sujets , ce mélange d idées \
disparates et d'objets incohérens , que le citoyen |
Mongez continue à s'élever , en s'appuyant de ;
dcv
o^jet inerte et sanguintilent , qui n aurait jamais p^^t^mé du Poussin , et en l'opposant à quelques
eut d un
î J e r m e
du être peint ni sculpte.
Le citoyen Mongez se livre ici à une discus-
sion en apparence étrangère à son sujet , mais
qui rentre dans son idée principale et vient à
son appui. Il rappelle la sensation cruelle , le
frémissement horrible qu'on éprouve à la vue
de ce tableau représentant un juge prévarica-
teur écorché sur son siège. Celle sensation lui
i fait faire un retour vers les anciens pour les
admirer encore plus, Il les voit préférer d in-
(iiquer un supplice par les préparatils pluiôt ,
que d'exposer aux regaids un corps sanglant
«t défiguré : il cite le Marsyas présenté par eux ,
non pas écorché , mais prêt à fêlre ; l'image si
souvent représentée dHécgbe immobile et no-
ble dans sa douleur 'profonde ; L^ocoon Iptj-
chant et sublime recevant une mort cruelle.
productions de Rubens.
Il examine quelle a pu être la cause de l'éga-
rement dans lequel se sont laissés' entraîner les
artistes en employant des allégories souvent for-
cées , et quelquefois ab.surdes. Il en accuse les
auteurs des traités d Iconologie. " La plupart des
artistes ont pu penser qu'Us ne pouyaietit mieux
de ce que sur dix-neuf enlans vaccines , soumis
à l'inoculation de la petite véiole, cinq seulemet t
ont eu une irriialion locale à l'endroit des piqû-
res , sans aucune espèce d'éruption ji.
Le fait n'c5i pas as.'.ez détaillé , et se trouve pat-
conséquent peu ex^ct. Les pi
rouge animé , ^vcc dureté .il
se souleva- et forma une vésicule remplie rie séro-
sité , d'où provini un pus j-iuiiâirc. L'inllamraa-
lion s'étendait visiblement amour du bûuion q'ii
a dégénéré en ulcère vaiioleux. La marche, à !a
vérité , a été tiès-rapide au cornuiciicernent ; ma:S
tous les inoculaieurs ter
une pareille^ circonstance.
5 m m
rqueni joumplUniciit
Nous avons vu dans
artistes ont pu penser qu vis ne puuya. ci ....v.".» ....w^.... --r- - n ' „ ,;„„ l„r-,lp ^1
faire que de consulter et de croire des écrivains i quelques .sujets une ir,f)amrnat.on '"cale si
qui s'annonçaient pour po'séder à fond cette j prorppte même des. le second jour disen les
Partie de la science piitoresque. Mais' ces iconolo- j citoyens Desoteux et Vakntin , page 197 rie leur
parue ue la science piitoresque. i.ic.a v-^u ... ■ ,. , . . ■ - , ,
listes n avaient éiudié que les poëics ; ils ne; ouvrage , que l;i piqûre formait une espèce de
'les descriptions de j petite vessie oti ampoule rprirermant du pus ,"..
Nombre de faits attestent qu'en inocuUnt Ij
doutaient même pas qr
ceux-ci, que leurs allégories ne pussent être trans- ^ _ __ .. _ .
portées surf, toile sans aucune distinction, et pgtiie vérole à une personne qui a déj.i eie at-
ils en grossirent leurs recueils. Q,uant aux tno- ''' ' ■ " - - -'-- -"-~-
numens antiques, bas-reliefs .médailles et pein- 1 pr
tures , les seuls témoins inexcusables de la doc- | p,^,^,^,,^ vanoorte , d'après Gandoger , page
teinie de cette maladie , on rie peut plus ipeipe
produire sur elle une irritation locale.
Desoteux rapporte
La mort elle-même , que je viens de nom- : trine des anciens , à peine ont-ils jeté sur eux , Richard Hautesierck , médecin , ino
■se.-iu I un coup-.lfpil rapide- Leur imagination aurait I ^J^'J}^ ^^^^ ^^^^^.^^ q^j prit ,3 pgdie vérole , e
mer, dit-il, ne fut point hideuse sous le c
des grecs. Un génie renversant le flambeau de
la vip , un génie brûlant les aîles du pajnllon ,
symbole de l'ame , des roses à demi-effeuiUées
et répandues sur le tombeau d'une jeune Rlle ,
tels turent chez les grecs cl chez les lomains
les emblèmes de la mort. On ne voit point dans
R^l>^f)u^e de 10 pages d'iiupre
fiariclic de porl. A Fari" , chez la
libraire, iu< de Gierielle , faubu
sion. l'iix , 20 cent., et 25 c.
veuve Pafickaykc, ii)i;r>|npDi-
irs Germain, n^ 32t.
et
qui l'eut fort heureusement. Lorsqu'il fut guéri , il
le soumit à une expérience singulière. Il le garda
penciant un an , dans une maison partii;uhc.e et
isolée. Durant cet intervalle , il le réiimcida de
quinze en quinze jours. De ces épreuves rauhi-
pliéfs , il résulta que l'inoculation , répétée au
moins vingt fois dans l'espace d'une année , le fut
sieurs ecnvain , cmi' AÏlëmaVnV^ WinJkelVan'n et ' toujours sans succès ; que la quantité de virus
Mengs, en ltalie;en France ', Caylus et quelques vatioleux applique successivement et en ditîcrenj
été resserrée dans un champ trop étroit. La vé-
rité parait tiop sirr.ple à ceux qui rie voieiit le
beau que dans le gigantesque.
n MoMtl'aiiCQn plus sage ne recueillit que des
monumeiis aiit qucs , ou que Ion croyait tels à
cette époijue. n
51 Mais doouis un demi siècle . Lessing et plu
tems , ne causa pas la plus légère incommodité ,
et rien ne fut plus propre à démontrer quil ne
doit pas y avoir de récidive , ni même d'éruption
locale , lorsqu'on a véritablement eu la petite
vérole.
J'ai eu moi même occasion de voir Sutlon se
pratiquer diBéreiiics piqûres au bras , ei y insérer
du virus varioliqiie sans en éprouver la moindre
irriiation.il sera donc permis de demander pour-
quoi quelques cnfans vaccinés , et qui devaient
par cette opération être à l'abri de la petite ve-
ille , ont éprouvé une afiéction locale.
Rien d'étonnant sans doute que la matière va-
rioiique insérée et reprise sur le bras deBlondeau.
précédemment vacciné , ait pu communiquer à
un autre sujet une petite vérole abondante ,
après n'avoir produit chez lui qu'une afleciioii
locale. iVIais il faudrait qu'il lût bien démonué
qrie cette simple affection locale n'est pas une
véritable petite - vérole . avant d'avancer que
lui Bloiidcau eii a éié préservé , quoiqu il l'ait
communiqué à d'autres. N'est-il pas prouvé qu'un
seul bouton , dans l'inoculation ordinaire , lésant
le même elfet que deux ou trois et même un plus
grand nombre , met à l'abri de la lécidive ? Par
conséquent un seul bouton ne caiaciérise-t-il pas
bien la petite vérole.
41 J'ai vu , dit Odier , des inoculés dans les-
quels on n'appercevait aucun signe d'action géné-
rale , mais une petite vérole locale bien carac-
térisée >>.
Les professeurs Pinel et Leroux ont observé
quelques cas semblables , sur plusieurs sujeis (•) ,
et ce fut toujours sans elfet qu'ils pratiquèrent
une seconde inoculation , quoique la première
n'eût produit qu'une simple éruption locale.
- N'arrive-t-il pas aussi , comme le rapporte
Sideuharn , Tissot , Boethaave , Diinsdale et le
savant Lacondaraine , quelques petites véroles
sanséruplion , et que la lièvre seule caractérise.
Sidenham a connu cette fièvre , sous le nom de
fièvre varioieuse sans éruption variolique , et je
ne doute pas que les médecins piaiiciens ne
l'aient quelquefois remartjuée.
Je ne révoque pas le fait qui regarde le citoyen
Chrétien ; je dirai seulement qu'il ne faut p .s
toujours prendre pour les caractères de la vraie
variole , les marques que l-ùisse <iuelquefois sur le
visage une espèce de variole , connue sous le
nom de variole bâtarde ou petite vérole volante.
Il ne s'agit pas d'exiger que la matière, connue
sous le nom de vaccine, soit prise actuellement
sur une vache infectée de la maladie nommée
cowpox; ce serait imposer une condition diffi-
cile , puisque depuis plus de iS mois cette mala-
die ne s'est pas manifestée sur les vaches en
Angleterre , et que l'on ne se sert que de la ma-
tière qui a passé successivement sur un très-grand
nombre d'individus ; puisqu'enlin les médecins
vétérinaires en France n'ont'pu la faire prendre
aux vaches de ce pays , par le moyen de l'inocu-
laîion ; il importe seulement de savoir si le pus ,
tel qu'il est , sera toujours le préservatif de la
petite vérole.
Les médecins ont observé que le pus vario-
lique , tiré des inoculés, s'afiaiblit par succession
d inoculations , au point que les dernières sont
pour ainsi dire sans effet , et que la petite vérole
c^t presque nulle. On sait encore qu'on a cherché
à raiiiger et à énerver l'activité du virus vario-
lique qu'on voulait inoculer, aEn de rendre la
maladie beaucoup plus douce , et qu'un tel
moyen . capable sans douie de séduire et de
rassurer à-la-fois les parens qui, par une ten-
dresse bien louable, s'allarmaienl à l'idée des
souffrances dont leurs enfans étaient menacés ,
et tremblaient de voir fléchir leur beauté par
une étuptioti de boutons plus ou moins consi-
dérable, on sait, dis-je , qu'un tel moyen n'a laissé
après lui que des regrets par le peu de succès
dont il a été suivi , et a mis plus que jamais
en garde contre toute espèce d'innovation. Il
est , par exemple , de noioritété publique , que
le docteur Gatii, inoculateur des élevés de 1 école
militaire , après avoir ainsi adouci le pus va-
riolique qu'il inoculait, et dont il ne résultait
qu'un certain nombre de boulons, n'a pas cons-
tamment réussi , et que plusieurs de ceux qui
avaient été inoculés avec celte matière mitigée ,
ont repris , quelque tems après , la petite vérole.
34®
Nous avons tout lieu d'ejpérer qu'il n'en sera
pas de la vaccine , comme de toutes ces inno-
vations et de tous ces remcdes auxquels on attri-
bue dans les commencémens tant de cures mer-
veilleijses , et que le tems , ce juge sévère et im-
partial , fait rentrer bientôt dans l'oubli ; mais
nous ne croyons pasquon puisse nous blâmer de
convenir ici qu il faut encore beaucoup plus d'ex-
périences qu'il n'y en a eu jusqu'à présent, et des
expériences éloignées les unes des autres , pour
se convaincre que la vaccine garantit sûrement
de la petite vérole , et nous aimons à croiie quà
l'instar du comité , tes médecins ne se conten-
teront pas des essais déjà faits , et soumettront
pendant long-tems encore à une seconde ino-
culation les enfans qu'ils auront vaccinés.
Salut et' considération ,
Salmade , médecin.
Je riçois en ce ,moraent, mon cher confrère ,
une letiie de Genève ; comme elle contient un
paragraphe intéressant sur la vaccine , je vous
le transmets , vous priant , .si vous le jugez à
propos , de le faire insérer dans le Moniteur.
Le voici :
"Un de nos compatriotes n'ayant pas eu la petite
véiole voulait profiler de la vaccine; il tombemal-
heureusementsurun n" duMonileur qui contenait
une lettre Contre ce préservatif; il se ilégoûie ,
il prendila petite vérole naturelle et meurt : c'était
un jeune homme dune force de coips extraor-
dinaire , tiès-moral et très-estimé : plus de deux
mille personnes ont escorié son convoi. Cet
accident a engagé tous les gens douteux à se faire
vacciner; nous passons huit cents ; toujours les
mêmes symptômes elles mêmes succès. Lamiiauté
d Angleterre vient d'ordonner cjue tous les ma-
telots et enfans de niaielols qui n'ont p.rs eu la
petite vérole , fussent vaccinés ; ce qui pourra
bien aller à 40 ou 5t> mille.
Je vous salue , Signé , Magimel.
Paris , 3o brumaire an g.
qu'oD prend de notre enfance
Q fait tout , et la tnain de
s faibles cœuis ces premie
nos pères
s caractères»
(1) C*est ce qu'on Ut dans leur rapport fait à l'Ecole de
édecine de Paris , sur la clinique d'inoculation.
Citoyen ,
L'intéressant et vasie travail du ministre de
l'intérieur , sur l'instruction publique , occupe
toutes les pensées , éveille loutes les joies. 11
n'est aucun ami de son pajs qui ne doive s em-
presser d'apporter le tribut de Celles qu'il croit
uiiles. Je viens , par votre organe , en offrir à
I opinion publique et au gouvernement , quel-
ques-unes qui doivent concorder pa;laiteinent
avec celles du ministre de l'intérieur, puisqu elles
ont pour but de développer , d'assurer la propa-
gation méthodique des sciences et des arts , et
qu'elles ont rapport aux impressions que l'édu-
cation peut donner.
Ne cpnviendrait-il pas que dans chacun des
départemens les professeurs de chacunes des sec-
tions desécoles spéciales, se réunissent en comité,
et formassent le noyau d'une société savante ,
laquelle se divisant en sections', veillerait au dé-
veloppement , à la propagation et à la|survcil-
Jance , (dans son arrondissement départemental)
de 1 instruction en général , et de même pour ce
qui est relatif à l'agriculture , au commerce et
aux arts.
Toutes ces sociétés départementales rendraient
compte, tous les mois au moins , de ce qu'elles
auraient fait, de ce qu'elles pourraient faire , et
de ce qu'elles n'auraient pas fait , à une réunion
de prpfesseurs nommés par chacun des établis-
semens et des écoles spéciales établis à Paris. Cette
réunion appelée comematoire , serait sous la
surveillance de 1 institut.
Le conservatoire aurait le droit de surveillance
sur chacun des professeurs instituteurs , etc. , des
écoles , et tous les trois mois publierait une
analyse exacte de ce que chaque département
aurait fait ou pu faire pour renseignement,
l'agriculture , le commerce et les ans , et y join-
drait des instructions méihodiques sur la propa-
gation et l'accroissement de 1 éducation et des
découvertes utiles à findustrie.
Je laisse , citoyeii ministre , à vos lumières le
développement de l'utilité de ce conservatoire.
qui pourrait proposer au gotrvernement des pri»
d'encouragement pour les professeurs, etc, qui se
distingueraient , et je passe au deuxiemç moiif
de ma lettre.
Les impressions que nous rece\/ôns de l'éduca^
lion première ne s'effacent jamais ; nous en avons
pourexemple et le caractère particulier des enfans
deMo'ise, et la haine des anglais contre tes fran-
çais ; les anglais , encore enfans , s'amusent à
mettre dans les ruisseaux de petits bateaux , for-
metit des combats , es c'est toujours sur notre
pavillon que retombe le ridicule de ces jeux. ■
Ce qu'on nous inspire en sortant du berceau
Naissant comme aiec nous, nous suit jusqu'au tombeau.
Je pense que votre intéressant rapport sur
1 éducation eût acquis un degré de perfection de
plus , SI vous y eussiez parlé des affections el
des préventions que nous recevons dans notre en-
fance. Je n'entreprendrai point ici de développer
ce qu'on peut dire sur ce sujet; mais je crois
qu'il serait nécessaire que vous ajoutassiez à
votre plan d'enseignement quelques articles sup-
plémentaires.
La position topographique de la France ne
dematide-l-elle pas et des soldats et des marins?
L'expérience nous en prouve le besoin. Il faut
donc par l'éducation inspirer dès la plus tendre
enfance, le désir que tout français doit avoir
de seivir sa patrie.
Indépendamment des mesures générâtes qu»
l'on prendrait à cet égard , ne tonviendrait-il pa»
que :
J°. Dans les départemens maritimes , et même
à Paris, l'on ajoutât au nombre des professeurs
des écoles spéciales ,.des piofesseurs chargés de
multiplier et d'enseigner Us connaiisances néces-
saires à la conservation des hommes el des choses;
enfin celles relatives à la navigation el à la cons-
truction ?
^ S". Que par-tout les enfans soient accoutumés
a la natation , au tir et aux exercices du corps ?^
Je termine par cette considération ; Ne serait-il-
pas nécessaire d'améliorer l'éducation des femmes
qui habitent la campagne; sur mille, à peine
cinquante savent-elles lire : combien de maux
cette ignorance ne produit-elle pas !
Je vous salue ,
Sigiii , R. Leroi, commissaire des guerres.
Annonces.
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(,'abounement se fait aPaiis, rue des Poitevins
s'abonne qu Ai; commeucement de chaque mois.
llfaiii adresse, les lettres et l'argent , franc de port, au ci t. Agjvsse, propriétaire de ce journal , rue des Poitevins, 1
pays où l'on ne p'ut
Il faut avoir soii.
a affranchi.
ochir. Lf i lettres -ies départen
)iii, poittï ^lus de sûreté, dt charger celles qui rcufe
3, depuis ^euf heures du matin jusqu'à cinq oeu
eroutpoi
ea'.dcs valeurs, et:
de la poste.
)utce quiconcerne la rédaction de
. Ilfaut'comprendre dans les envois le port de
dus
A Pa ti s, de l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
J^' 62.
Duodi , 2 frimaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 NlvôsÇ le M O NI T E U R est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorirés constituées , les actes du gouvernemenr , les nouvelles des armées , ainsi que les faits e: les notions tant sur
riucérieut que su^ l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts er aux découvartes nouvelles.
EXTERI EUR.
ANGLETERRE.
Londres , 1 1 novembre (16 brumaire. )
IJ N ouragan affreux allarma dimanche dernier
toute la. ville de Londres. Tous les quartiers se
tont resseniis de ses «ffcis. des arbres dans le
paie de Si. James se sont déracinés, partie des loils
de Sommersel-House ont été enlevés , plusieurs
maisons renversées ; des thuiles , dss pierres,
des briques , des chehiinées entières tombaient
dans les rues, on ne peut évaluer les pertes
que cet ouragan a occasionnées.
— Le dommage éprouvé par nos vaissaux dans
tous les ports du Midi a éfé trèr-sérieux. APorts-
n)Ou;h , tous les vaisseaux de ia flotte ont filé
sur leurs cables, et plusieurs ont éié poussés en
raer. LIncrédible , transport de 600 tonneaux ,
s est totalement perdu sur le Horse-Bank; l'équi-
page s'est sauvé apiés trois heures du plus grand
péril, La frégate , te Hussard et un autre vais-
*eau sont échoués sur le Woolsener. La Diane
est jetée à la coie sur le banc d Hamilton. La
■ plupart des vaisseaux du port de Deal ont perdu
leurs cables, et les petits bâiimens, q^ui mouil-
laient dans la rivitre , ont prodigieusement souf-
fert.
— Le prix du blé a haussé hier de cinq shel.
par quarierau marché de la cité.
— Un billet incendiaire ayant été répandu pour
provoquer les ouvriers de la commune de Ken-
ningion à Jun rassemblement diir.anche dernier,
le gouvernement prit les mesures nécessaires
pour que les magistrats de ia police et les corps
de volontaires fussent sur pied. Des officiers de
Bow-street ayant été placés dans les divers caba-
itts voisins du lieu indiqué pour le rassemble-
ment, des paiïouilles furent établies, afin de
les prévenir dès qu'il se formerait queJque at-
troupement. Des groupes commencèrent à se
léunir vers neut heures; les yeomen lie Surrey
I ji parr.rent alou , a'ayénc réuisi à les dissiper
;Me momentanément, les volontaires de South-
M.iik vinrent à leur assistance, et ensuite tous
les oHiciers des différens bureaux de police de
la ville. M. Ford parut lui-même à 10 heures
en fiacte , et harangua les séditieux. Ils se dis-
persèrent sans avoir fait une grande résistance ,
et deux des chefs , cordonniers de leur mé-
tier , furent arrêtés et envoyés dans un corps-de-
garde. L'ouragan empêcha les séditieux de se
»3ssembler de nouveau. Le malin , le gouverne-
ment avait fait ciicuier un billet pour prévenir
les mutins que leur dessein était connu , et
tomes les mesures prises pour en empêcher
l'exécuiion. Ce billet n'avait pas éié affiché
dans la crainte cju'il ne fût devenu lui-même un
signal de rassemblement.
PROCLAMATION.
George R.
Comme,par le quatrième des articles de l'union
de la Grande-Bretagne et de l'Irlande , tels qu'ils
ont été ratifiés et coidirmés par deux actes du par-
lement , passés l'un au parlement de la Grande-
Bretagne , Cl l'aune au parlement d Irlande , il
est statué que si au premier janvier 1801 ,fixé pour
donner lieu à cetie union , ou avant leditjour ,
nous déclaiions , sous le grand sceau de la
Grande - Bretagne , qu'il serait convenable que
les lords et les communes du patlement actuel
de la Grande-Bretague lussent membres des cham-
bres rcspectivesdu premier parlem'.:il duroyaumc
uni de U Grande-Brelagne et de 1 iilande , pour
la Giande-Brelagne , alors lesdils lords et com-
munes siégeaient en effet au preraiar parlement
du royaume uni ; et comme c'est noue intention
de fixer jeudi 24 du mois de janvier prochain
pour rassembler le premier parlement du royaume-
uni , nous jugeons convenable que les lords et
les communes du ptcseni parlement de la Grande-
Bieiagnc, soient membics des chambres respec-
tives du premier parlement du royaume-uni pour
la Grande-Bretagne; ei.conloiméracni aux articles
de l'union et aux actes du pailemerit , qui les
confirnsnl et les ratifient, nous déclaron.i par la
ptésenle , «ou» notre grand sceau de la Grande-
Bteiagne ; qu'il est «onvenable que les lords et les
1 oriimuncs du présent parlement de la Graiide-
f.iciagne soient membres du premier parlement
ilu royaume uni de la Grande - Bretagne et
<lc I Irlande , pout la Grande-Bretagne ; et les
lords et communes du présent parlement de
la Grande - Bretagne , seront en conséquence
membres , elc , et ils sont par les présentes
requis et ont l'ordre de se trouver à 'Westminster
ledit jour 22 du mois de janvier prochain.
Donné à notre cour de Saint -James , le 5
novembre iSoo . !a quarante-unième année de
notre règne.
GOD
M B R E
Séance du
jAVE THE KiNG.
DES L O R D
II novembre.
S. M. s'étarit rendue dans la chambre des pairs
à deux heures et demie et placée sur le irône ,
l'huissier à verge-noire est envoyé pour ordonner
aux communes de se rendre à la barre. Elles s'y
rendent en conséquence ; et le roi adresse aux
deux chambres réunies le discours suivant :
My lords et messieurs ,
" Ma tendre sollicitude pour mes sujets, et le
seiiiiment des difficul'is que le haut prix des
denrées fait éprouver particulièrement aux classes
les plus pauvres , m'ont eng.igé à vous rassembler
pluiôt que j'avais compié. Ce qui peut loucher
mon cœur de plus près , est que , par vos soins
et votre sagesse , il soit piis les mesures qui pour-
ront , d'après une mûre considération , paraître
■ les plus efficaces pour alléger ceiie sévère cala-
mité ; pour empêcher que le danger d'un pareil
malheur ne renaisse à iavenir ; pour favoriser au-
tant que possible l'extension perraanenie et les
progrés de l'agriculture du pays ; et , pour trouver
un remède immédiat , votre attention se dirigera
d'abord aux moyens les plus propres à encou-
rager- l'importation des grains étrangers de toutes
espèces. Ces moyens et une soigneuse attention
à suivre l'économie , et la frugalité, que vous
ayez déjà observées en des ciiconsiances anté-
rieures , relativement à la consommaiion du bled ,
voilà ce qui pourra le mieux contribuer à réduire
le haut prix des denrées et à faire face aux be-
soins de l'année.
"Je suis persuadé que , d'après ia situation pré-
sente du pays , les dispositions de la loi pour la
vente des denrées deviendront l'objet de vos
plus sérieuses délibérations , et si , par le résultat
de ces délibérations, vous trouviez que les maux
' qiii proviennent nécessairement d'une luauvaise
saison , eussent été augmentés par des combinai-
sons illicites , ou par des pratiques séditieuses ,
en ajoutant déloyalement au prix des denrées,
vous éprouveriez le vif désir de prévenir de pa-
reils abus pour l'avenir. Mais je suis siir que vous
ferez une soigneuse distinction entie des prati-
ques de celle nature et le cours régulier depuis si
long-tems établi dans le commer"ce , cours que
l'expérience a prouvé eue, dans l'état actuel de
la société , nécessaire pour l'approvisionnement
des marchés , et pour la subsistance de mes
sujets.
>) Vous n'aurez pas vu sai>s regret les troubles
momentanés qui se sont manifestes dans diftérentes
parties du pays. Ceux qui ont pris , [avec cruauté
et malice , avantage de la situation actuelle du
pays , pour exciter mes sujets à outrager les lois ,
sont doublement criminels ; en même lems que
de pareils procédés ont une tendance à poner
immédiatement au plus haut degré le mal dont
on se plaint , ils troublent la tranquillité publique ,
de laquelle dépend en si grande partie la réduc-
tion du prix des dentées.
»' Les efforts volontaires d'une partie de mes
sujets pour réprimer sut le champ les troubles et
pour maintenir les lois et l'ordre publics ,
ont par conséqnent des droits à mes plus grands
éloges. 1)
Messieurs de la chambre des communes,
>> Dans les circonstances où vous vous ras-
semblez aujourdhui , je «e désire vous dcmauder
que les subsides ijui pourront être né<cssaires
pour le service public, jusqu'à ce que !« parle-
ment des royaumes-unis puisse être convenable-
ment rassemblé. J'ai ordonné à cet effet que les
estimations nécessaires lussant mises sOus vos
yeux ; et je suis persuadé qiJ'en atlCndatlt , vous
adopterez les mesures , et vous accorderez les
subsides qui pourront paraître nécessillres pour
le service public. >i
My lord et messieurs ,
<i J'ai ordonné pu'il vous fût remis copie d« la
correspondance ( ci/mmuitiealions] qui a «u lieu
entre moi et le gouvernement français , par
rapport a des négociations de paix. 'Vous y
verrez de ma part de nouvelles et frappantes
pretrves d'un desir-stncere pour la tranquillité
gerierale de l'Europe ; mais jusqu'ici ce désir a
malheureusement été frusiré par la résolution de
1 ennemi de ne consentir quà une négociation
séparée , dans laquelle je ne pouvais m'engaser,
conformément à la foi publique , ou aux égard»
qu'exigeaient les intérêts permanens de I Europe.
Ma sollicitude pour le prompt rétablissement
de la paix demeure toujours inaltérable, pourvu
que cette paix puisse s'accorder avec l'honneur
du pays et avec les iniérêts de mon peuple. Mai»
si l'ennemi coniinUait , malgré mes efforts, à
rendre le but de la paix impossible à atteindre,
excepté par le sacrifice de l'objet de ces consi-
dérations essentielles , je suis persuadé, que je
vous verrais persévérer à me fournir cet appui
ferme et loyal , que j'ai éprouvé de voire pan , et
qui , avec la faveur de la Providence , m'a mis ea
élat, au milieu des difficultés et des calamités desi
nations voisines , de mainienir dans toute leur
intégrité l'honneur et la sûreté de ces royaumes. )>
S. M. s'étanl retirée, le duc de Sommerset prend
la parole , et en développant les divers sujets
auxquels le discours du roi se rapporie , il s'ar-
rête particulièrement sur tout ce qui lient aux
mesures à prendre pour remédier à la cherté des
denrées. Il donne des éloges à la conduite que
les ministres ont tenue , et observe que le moyen
le plus efficace pour parvenir à une paix sûre et
honorable , est de préparer le pays à poursuivre
vigoureusement la guerre , dans le cas où celle
ahernaiivc deviendrait nécessaire. Le duc ter-
mine son discours en proposant une adresse qu'il
a rédigée, et qui correspond exactement à tous
les points du discours du roi. Celte adresse est
lue par le lord chancelier.
Lord Hohart. L'adresse qui vous est proposée
ne me paraît pas devoir provoquer aucune dis-
cusiion. Je me permettrai cependant quelque»
obseryationa. La rjreté des grains, l'année passée,
eut é(é bien plus sensible , sans le pian suggéré
par un trés-tévérend prélat ( l'arch, de Cantor-
bery ) , pour liraiier , au moyen d'un engagement
signe , la consommation du pain dans la maison
des pairs. La législature suivra sans doute cet
exemple , et parmi les mesures efficaces qu'elle
pourrait adopter , la première devrait être de re-
commander une économie de consommation ,
toujours plus sûre que des secours étrangers.
L'extension de l'agriculture pourrait un jour
fournir de grandes ressources ; mais ces ressour-
ces sont encore d'une perspective trop éloignée
pourrenaédier au mal présent. Certains habiians
du comté de Mildessex ont passé des résolutions
par lesquelles ils attribuent la cherté des vivres à
la prolongation de la guerre. Cette opinion est
absolument fausse, je ne vois point que la guerre
ait aucune influence sur le prix des denrées , et je
le prouve par des faits. C'est dans des lems de paix
que les disettes se sont fait seniir de la manière la
plus fâcheuse , par exemple depuis 1767, année
où l'on a commencé à faire des importations en
Angleterre , jusqu'en 1770; pendant lout cet inter-
valle . elles avaient progiessivement augmenté.
Pendant les années 1792, gS et 94, le prix des blés
fut modéré, il fûi très-haut en 1795 et 96 , années
dont les récoltes avaient manqué ; il baissa en 97
et 98, et depuis, il a encore augmenté. Cette fluc-
tuation est une preuve du peu de rapport qu'il y
a entre le piix des vivres et l'existence de lagu,eire,
et nulle personne raisonnable ne croira qiie le
gaspillage inséparable de l'approvisionnement de
la floue et de l'armée suffise pour avotr une in-
fluence sensible sur le prix des marchés.
Q,uant à l'ariicle de l'adresse au sujet des négo-
ciations qui ont été ouvertes avec la France, j'at-
tendrai, pour émettre mon sentiment , que des
papiers relatifs à cette même négociation , aient été
produits , mais c'est avec plaisir que j'ai remarqué
dans le discours du roi , une disposition pour
traiter avec le gouvernement actuel de la France.
Lord Holland. J'eusse souhaité voir quelque
membre plus éloquent se lever pour discuter les
sujets les plus propres à émouvoir tous nos scn-
limcns : la guerre et la disette. Je crains trop
que ces lléaujj ne soient inséparables. Je ne m'ar-
rêteiai point .'lur la disette ; je n'en connais pas
dans ce moment les causes précises , elles peu-
vent, comme l'a écrit un noble secrciaire d état
(le duc de Portland ) , provenir de l'incléiuence
des saisons. L'altrîbuf r avec le cti pubtic à l'effet
du monopole , c'est une folie que le bon sens
repousse. La vraie cause de la disette , je la vois
dans la guerre; elle triple la consommation pour
la subsistance des armées; elle empêche la libre
communication des états et l'échange mutuel des
productions. Le noble lord qui a evi le dernier
la parole , a présenté à la chambre un état très-
délaillé du prix des grains , soit en tems de paix
soit en tems dp guerre. L'état pourrait être exact,
mais je crois la conséquence qu'il en tire erron-
née. 11 a bien démontré la fluctuation du prix
des grains en tems de guerre ou de paix , mais
il n'a pas voulu convenir que la guerre fût la
principale cause de la rareté actuelle des grain*.
je ne ferai qu une seule question à l'appui de
mon opinion; je demanderai à ceux qui vou-
laient la continuation de la guerre dans l'inten-
tion seule d'affammer la France, si la même
cause ne tendrait pas au même effet pour ce
pays. Quel est des deux fléaux le plus affreux ,
la guerre ou la famine? Je ne déciderai pas,
mais je sais que les ministres n'ayant pas le pou-
voir d'empêcher les atteintes de l'un, sont maî-
tres de préserver le peuple de l'autre.
Je voterais avec satisfaction en faveur de
l'adresse si elle ne comportait l'approbation de
la continuation de la guerre. Les ministres parlent
de leur désir pour la paix ! Eh ! tant de confiance
et d'absurdité n'exciteraient que le sourire et la
plaisanterie , s'il élaii possible de traiter légére-
remet un sujet si sérieux. Peuvent-ils s'attendre
à trouver quelque cré'ance après avoir rompu
la négociation , sous prétexte de ne pas traiter
séparément, tandis qu'il était notoire que notre
allié avait déjà signé des préliminaires ? Les mi-
nistres diront-ils que la convention d'Autriche et
les préliminaires n'étaient qu'un jeu ? Il ne serait
ni sage , ni prudent, ni noble de se prêter à un
pareiljeu.
ÎNIais quel pair anglais , encore indépendant ,
laisserait sa confiance aux hommes qui , dans
l'heure fugitive du triomphe , parlaient de guerre
éternelle , et qui ont avoué n'avoir fait des ouver-
tures de paix , dans le moment de la détresse ,
qu'avec la terreur du succès ? Ils ont dit qu'ils ne
traiteraient jamais qu'ils ne crussent les dangers de
la guerre plus grands que les dangers de la paix.
Quand l'empereur a commencé à négocier , alors
nos ministres auraient dû négocier aussi. Peut-être
craignaient-ils que Bonaparte ne leur réplicjuât ,
daus leur propre lar.gage , qu'il attendrait de voir
si nous érions capables de maintenir les relations
de paix et d'amitié. Je crois que Bonaparte a trop
de bon sens pour se permettre de si ridicules im-
pertinences. Soit qu'il veuille la paix ou la guerre,
il est incontestable que la conduite de nos minis-
tres luf a donné de rares avantages ; s'il veut faire
la guerre , une nouvelle philippique du noble se-
crétaire d'Etat , le plus habile de tous les recru-
teurs , ralliera encore toute la France autour de
lui. Nos ministres attribuent aux circonstances du
hasard toute la fortune du premier co/isul. Si la
fortune a en effet décidé la victoire de Maringo ,
je puis assurer, d'après des informations certaines,
que dans le cas où Bonaparte eût perdu L bataille,
il ne lui eût fallu que trois jours pour recommen-
cer le combat avec des forces triples de celles des
Autrichiens ; qu'enfin le général Mêlas n'avait pas
de provisions pour plus de 14 jours.
Lord Holland convient que la paix aurait l'in-
convénient de laisser la puissance de la France
considérablement aggrandie ; mais la guerre ,
dont la conduite est , à son avis , au-dessus ds
la capacité des ministres actuels, lui paraîtdevoir
produire en dernière analyse le même effet, et
d'une manière encore plus funeste.
Le comte de Suffolk critique les opérations de la
guerre , et'inierpelle le noble lord Grenville pour
savoir s'il a été ordonné une enquête relativement
à l'expédition du Ferrol ; il prétend qu'il est no-
toire , d'après les lettres de plusieurs oÉBciers pré-
«ens , que les clefs de la place étaient apportées
su moment même où l'armée se rembarqua. Le
comte de Suffolk étend ensuite son blâme sur
les dépenses inutiles faites à Saint-Domingue , et
il n'accorde même aucune approbation aux mi-
nistres pour la prise de Malte . dont le mérite ,
à ses yeux, doit être attribué au génie du chef
de l'amirauté.
L'amendement proposé par lord Holland est
rejette à la majorité de 5o voix contre 5.
[La suite demain.]
INTÉRIEUR.
Paris, le i" frimaire.
Le 22 brumaire , l'ouverture des cours de
l'Ecole centrale de l'Ain a été solemnellement
proclamée dans une séance piiblique à laquelle
ont assisté les autorités constituées.
Le maire de la ville de Bourg et un membre
du jury d'instruction publique ont successivement
- .242
prononcé des discours qui ont été vivement et
universellement applau-is ; le professeur de
belles-Jetires a terminé la èéance et les con-
seils qu'il a donnés aux élevés , par ces mots :
" Le premier magistrat de ce département ,
par une de ces inspirations heureuses qui n'ap-
partiennent qu'aux aroes <*levées , a exalté tous
les sentiiuens généreux en montrant, dans cetie
enceinte , la médaille rlu premier consul : il
ne pouvait adresser un langage plus énergique
à l'imagination d'une jeunesse sensible , iju'en
lui annonçant que cette auguste effigie formerait
le granrl prix de l'an g. Ah! que ne puisje,
s'est éciié ce professeur , revenir au primems de
la vie pour disputer avec vous ce trophée glo-
rieux, ce monument immortel des travaux (i'uji
grand homme et de la délivrance d'un grand
peuple .' >i
— Des lettres de la Hollande marquent que
l'on continue de recueillir sur les cotes , depuis
l'embouchure de la Meuse jusqu'au Texel , des
débris de bâtimens naufragés, tics marchandises
et des cadavres que chaque marée vient appor-
ter sur le rivage. Chaque jour le commerce ap-
prend une nouvelle perte.
Les anglais ont aussi essuyé des dommages
considérables : leurs côtes sont couvertes de dé-
bris ; sur-tout dans les environs d Yarmouth ,
plusieurs de leurs vaisseaux de guerre ont été
lotalenient désemparés et rasés comme des pon-
tons , par la violence de la tempête. >
Différens navires neutres ont également fait
naufrage à la. vue des côtes de la république ba-
tave ; corps et biens, tout a été perdu. L'on
s'occupe maintenant en Hollande , avec la plus
grande activité , de la réparation de plusieurs
digues qui ont considérablement souffert.
— \,z 'Journal des débats contient le paragraphe
suivant ; u Le tribunal criminel de Strasbourg
vient de condamner à mort un parricide nommé
Sébastien Mongel. La lecture des pièces du pro-
cès a fait frémir les auditeurs, et a porté une
telle conviction dans lame des jurés, qu'ils «nt
déclaré à l'unanimité que le fait était constant.
C est la troisième fois que ce monstre a été con-
damné à mort. Les deux premières fois il avait
trouvé le moyen de faire casser son jugement n
— L'ouverture des cours dn lycée aura lieu
le 3 Irimaire prochain. Le citoyen Laharpe pro-
noncera un discours , et lira un fragment de sa
traduction du Tasse. Tout annonce que cette
année la réunion du lycée sera aussi bril-
lante , aussi nombreuse , que le but de son ins-
titution est intéressant.
— Le poëme du citoyen le Legouvé , inliiulé :
du Mérite des femmcf , et dont l'Almanach des
muses contient un fragment que nous avons
fait connaître en partie , va bientôt sortir des
presses du citoyen Didot.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 27 brumaire an 9.
LES' consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la marine et des colonies , vu
la loi du 14 fructidor an 6 , et le conseil - d'état
entendu , arrêtent :
Art. l". Il sera payé aux veuves et enfans or-
phelins des marins et employés de la marine ,
morts en activité de service , dénommés dans l'état
annexé au présent arrêté, les pensions portées au-
dit état , dont le montant est de 3g, Soi francs
53 centimes.
II. Le ministre de la marine et des colonies et
celui des finances , sont chargés , chacun en ce
qui le concerne , de l'exécution du présent
arrêté , qui sera imprimé au Bulletin des lois.
Le premier consul , signée Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même Jour.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre des finances , le conseil-d'état en-
tendu , arrêtent :
Art. I". Les quatre inspecteurs de la loterie
nationale , qui doivent représenter les administra-
teurs de la loterie , lors des tiiages qui auront lieu
dans les villes de Bordeaux, Bruxelles , Lyon et
Strasbourg , auront le titre d'inspecteurs en chef.
Ils seront logés dans le lieci du dépôt des lettres
et papiers, sans qu'il leur soit néanmoins alloué
aucun frais d'ameublement.
En cas demort ou empêchement de l'inspec-
teur eri chef , il sera pourvu à son remplacement
provisoire par le préfet.
IL Le, traitement des inspecteurs en chef des
villes de Lyon et Bordeaux , est fixé à 6000 fr. ;
celui des inspecteurs des villes de Bruxelles et
Strasbourg à 5ooo fr.
II est en outre attribué dans chacune de ces ré-
sidences aooo fr. pour le traitement d'un secré-
taire , d'un garçon de buteauj et pour tous frais
autres que ceux d'impression , ports de lettres et
paquets de l'administration , qui seront rem-
boursés dans la forme ordinaire.
III. Les trois classes d'inspecteurs établies par
l'arrêté du 5 fructidor an 6 , seront remplacées
par quatre classes , d'après un état qui sera sou-
mis par les administrateurs de la loterie nationale
à l'approbation du ministre des finances.
Le traitement des inspecteurs de chaque classe,
en y comprenant les frais de bureau, qui de-
meurent à leur charge , sera :
Pour ceux de la 1'° classe , de. . . 4,000 fr.
Pour ceux de la 2' 3, 600
Pour ceux de !a 3' 3,ooo
Pour ceux de la 4'^ 4,400
suivant le travail dont ils seront cliargés.
IV. Le nombre des inspecteurs actuellement en
fonctions , ne pourra être augmenté à raison
des dî.sposilions de l'aiiicle précédent , et les
réductions de Iraiiemens qui pourront en résulter
n'auront lieu qu'en cas de vacance ou démis-
sion.-
'V. Le ministre des finances est chargé de l'exé-
cution du présent arrêté qui sera inséré au Bul-
letin des lois.
Le premier consul , signé , Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d' état , signé , H B. Maret.
(1) Exposé de la situation de la Républiq_us'
Au moment où le corps législatif reprend le
cours de ses travaux , le gouvernement met sous
les yeux de la France le tableau de son adminis-
tration ; c'est un devoir que lui imposent ses
principes , et il le remplit avec la franchise qu'il
doit à l'intérêt pubhc et à la pureté des seniimens
qui l'animent.
L'on se rappelle quelle était , au 4 nivôse de
l'an 8 , la situation de la république.
Les événemens du i8 brumaire avaient relevé
les courages: mais les esprits flottaient toujours
dans l'incertitude. Les départemens de l'ouest
étaient en proie à la guerre civile. Par-tout des
administrations faibles , incertaines , sans unité
de principes , sans uniformité de mesures ; point
d'énergie .dans le commandement , point de
ponctualité dans l'exécution ; une police impuis-
sante , des tribunaux sans activité , le désordre
dans les caisses publiques ; des réquisitions qui
fatiguaient les citoyens et dévoraient nos revenus;
le commerce et les manufactures dans la stagna-
tion ; les armées de l'Autriche du haut des
Apennins et des Alpes , menaçant la Ligutie et
la France ; les pavillons neutres bannis de toute»
les mers par la terreur de nos lois ; l'Araérique , '
qui nous devait son indépendance , armée contre
la nôtre; l'Espagne , la Batavie , l'Helvétie , \a
Ligurie , toujours fidèles à notre alliance , maic
attendant avec une douloureuse inquiétude , ce
que l'avenir praaonceroit sur notre sort et sur le
leur.
Ce fut dans ces circonstances et sous ces aus-
pices , que commença l'an 8. La paix était le
premier besoin et le vœu le plus ardent de la
nation; la paix fut aussi la première pensée du
gouvernement. Deux lettres écrites par le pre-
mier consul à l'empereur d'Allemagne et au roi
d'Angleterre , leur exprimèrent , sans faiblesse ,
mais sans détour, le vœu des français et celui de
l'humanité.
Ce vœu fut repoussé par les ministres de l'Au-
triche et de la Grande-Bretagne : le cabinet de
"Vienne mêla quelques espérances à l'adresse de
ses refus. Le cabinet de Londres mit l'amertume
et les reproches dans sa correspondance , et bien-
tôt les déclamations et les injures dans des discus-
sions publiques auxquelles il livra les ouvertures
qui avaient été faites par la France.
Cet éclat , ces déclamations et ces injures ,
servirent mal la haine et les projets du ministère
britanir^ue. Les français virent dans la démarche
de leur premier magistrat , le désir sincère de la
paix ; ils s'indignèrent contre l'ennemi qui la
repoussait , et sentirent qu'ils ne devaient plu»
l'attendre que de leurs efforts et de leur courage.
De là le prinoipe de cette énergie qui a fait nos
derniers succès et nos dernières victoires; déjà
peut-être , dans le cœur des anglais , un senti-
ment de justice pour un peuple qui , après tant
d'exploits et de gloire , n'aspirait qu'à la paix ,
et dans le cœur des autres nations un retour de
bienveillancepour la cause de notreindépendance
et de notre liberté.
Cependant larebellion de l'ouest était étouffée :
il n'avait fallu qu'appuyer de l'appareil de la force
l'autorité de la raison et des principes , pour ra-
mener des citoyens égarés.
Tout ce qui n'avait été qu'entraîné par la sé-
duction et la terreur , se soumit à des lois qui n'é-
(i\ Cet exposé est aujourd'hui porté au corps législatif ,- par
les conseillers d'état Régnier , Gouviolr-Saiiil-Cyr et Najac , cijç»
leurs du souvemement.
laient plus que bienfesantes et lutélaires ; chaque
jour, se fonifient dans ces départeracns, l'allache-
ment à la république , le respect pour nos ins-
titutions et la haîne pour nos ennemis. L'éiablis-
sement d'une gendarmerie à pied achèvera de les
Îiurger d'un reste de brigands accoutumés au pil-
age , et couverts de crimes que l'amnistie n'a pu
pardonner.
Dans ces déparlemens comme dans tous les
autres , l'influence des aulorités créées par la cons-
titution a éié marquée par das amélioraiions pro-
gressives. Un pouvoir concentré, une respon-
sabilité individuelle , et par - là inévitable , im-
priment aux affaires publHjues et pariiculières un
mouvement plus rapide , et ramènent peu-à-peu
l'économie dans Tadrainisiraiion : la surveillance
est plus active , les informations et plus promptes
et plus sûres,; le citoyen sent mieux les bienfaits
de l'autorité qui protège , et la force de l'autorité
V qui contient et réprime.
Dans les départemens du Midi , les délits
sont encore multipliés et souvent atroces ; mais
là , comme ailleurs ^ils sont dus à des scélérats
que la gendarmerie poursuit de contréev en
contrée , et que bientôt elle aura tous atteints.
Dan.? toute la république , il existe ericore
quelques hommes qui regrettent le passé , quel-
ques consciences faibles qu'un reste de fanatisme
tourmente ; mais chaque jour les regrets dimi-
nuent , le fanatisme s'amortit et les sentimens se
rapprochent.
Vouloir que -Wiomme désavoue avec éclat
aujourd'hui ce qu'il professait hier, qu'il baise
sans murmurer, le joug des' lois qu'il bravait
lout-à-l'heure , ce n'est p®int de l'autorité , c'est
de la tyrannie. Laissons au tems achever son ou-
vrage. Le tems seul' mûrit les institutions. Ce
n'est qu'en vieillissant qu'elles parviennent à
obtenir un respect absolu.
Les administrateurs ont été choisis , pour le
peuple , et non pour l'intérêt de telle faction ,
de tel parti ; le gouvernement n'a point demandé
ce qu un homme avait fait , ce qu'il avait dit
dans telle circonstance et à telle épbque ; il a
demandé s'il avait des vertus et des talens;s'il
était inaccessible à la haine, à la vengeance,
s il saurait être toujours impartial et juste.
La maxime du gouvernement est que les
dénonciations qui attaquent des fonctionnaires
publics , dans ces tems encore pleins du souvenir
des anciennes divisions , doivent ètr-: pesées
dans la balance de la justice, et vérifiées par
un sévère examen.
Les mêmes principes et les mêmes vues ont
dirigé le choix des magistrats. Qu'ils jugent les
affaires et non les opinions ; qu'ils soient impas-
sibles comme la loi ; tel est le vœu , le seul vœu
que doive. former le gouvernement. '
La constitution leur garantit l'indépendance et
la perpétuité de leurs fonctions. C'est à la nation
et à leurs consciences qu'ils répondent de leurs
juâ«ra«hs.
Ava.nt le 4 nivôse , c'était le gouvernement qui
prononçait sur les réclamations des citoyens ins-
crits sur la liste des émigrés , et il prononçait sirr
un simple rapport du ministre de la police géné-
rale. Ainsi , se décidaient des questions qui
intéressaient la tranquillité de l'état, le sort des
personnes et des propriétés.
Pour éclairer sa marche , le gouvernement
voulut connaître les lois sur l'émigration , ce que
c'était que la liste des émigrés ; comraenfet par
qui elle avait été formée et quels en étaient les
élémens.
Il reconnut que, dans chaque municipalité , on
avait dressé des listes des citoyens absens de la
commune où ils avaient , soit propriété , soit do-
micile ; que de ces listes partielles réunies en neuf
volumes s'était formée, ce qu'on appelle aujour-
d'hui , la liste des émigrés ; que des citoyens ins-
crits comme absens ou émigrés dans une com-
mune étaient à la mêrne époque fonctionnaires
publics dans une autre ; que des cultivateurs , des
artisans, des hommes à gages étaient confondus
avec des hommes que des préjugés de naissance
et des intérêts de privilèges signalaient comme des
ennemis de la révolution ; que des inscriptions
collectives et indéterminées frappaient des familles
entières et des familles inconnues à ceux qui
avaient fait l'inscription.
Il se convainquit donc qu'il n'existait point de
véritable liste d'émigrés , et qu'il fallait en former
une en séparant ceux qui n'auraient jamais dû êtr«
inscrits, de ceux que leur position , leurs préjugés
et des circonstance» connues dénonçaient comme
de véritables émigrés. De-là les bases et les dispo-
iiliotis de l'arrêté du 28 vendémiaire.
Un projet de loi sera proposé, pour donner
urte garantie de plus aux acquéreurs de domaines
nniinnaux.
Un travail important va être terminé , celui que,
depuis dix années , appelle la législation. Dans
cette session même , le code civil , un code de
procédure seront proposés à la détermination du
corps législatif; d'autres objets moins iinportans
feront matière de loi» , dont lei élémens sont déjà
préparés.
ptttefi{
, . . . . - . eii
discuter la légilinnié ; elles avaient été' remise»
à des fournisseurs avant même qu'ils eussent
commencé leur service , et il était bien vrai-
semblable que ce service n'avait été ni complet'
tement fait par tous , ni fiit pir aucun avec
une parfaite loyauté.
Mais ces délégations avaient été négociées sou>
les yeux et de 1 aveu de l'ancien gouvernement (
elles n'étaient plus d.ins la maiii de ceux qui
avaient coniracié. C'étaient des leiucs de cliangs
dont les porteurs actuels avaient fourni la valeur ,
et on ne pouvait, saiis blesser la foi publi(i.ue,
sans mettre un honteux obstacle au retour (.lu
crédit, en diiîérer ni en aiiénuer le p.iiement.
Les bons de réquisition ont été soustraits à
l'agiotage , et doivent presque tous être déjà
rentrés par le paiement des contributions, et
dans l'an 9 , il n'y aura plus de bons d'arrérages
dans la cii'culaiion ; le cié.mcier de l'éiat recev.'a
en numéraire tout ce (jui lui est dû , et le
résor public ne recevra plus que des valeurs
I. instruction "ptibliq.ue négligée encore dans ' fonds effectifs. Ce.' délégations , le gouvernetil
bien des départemens, a pris dai;! d'autres une aurait pu, avec quelque couleur de justice ,
raeiUeure direction et une plus grande activité. '' '
De nouveaux Prytanées ont été ouverts aux en-
fans de ceux qui sont morts pour la patrie.
Si les hospices et les hôpitaux sont encore dans
la détresse, un arrêté leur assure du moins le paie-
ment d'une partie de ce qui leur est dû en capi-
taux de rentes, dont le rachat fut autorisé par une
loi rendue dans la dernière session.
Des mesures ont été prises pour vérifier le nom-
bre des enlans de la patrie excessivement accru
dans ces derniers tems , pour remédier an mal mo-
ral qui les multiplie , et pour secoijfir leurs be-
soins.
Qiielques manufactures qui appartiennent à la
nation et qui honorent 1 industrie française, sor-
tent de la langueur ot'i nos malheurs les avaient
plongés. La pemture , la sculpture ont obtenu des
.encouragemens , et vont transmettre à. la postérité
les traits et les actions des héros qui ont combattu
pour notre indépendance et pour notre gloire.
Les monumens des arts sont conservés et offerts | réelles.
k!'?SirmeT P"*""'^"' '^'"' "^^ '^"P"" ^'S"" '^^ \ Une partie des contribution directes de l'an 8 .
celle qu'on a pu présumer qui ne sérail pas
Les routes sont presque partout dans un état ! absorbée par les bons de réquisition et par leà
alarmant de dégradation ; mais l'administialion a j bons d'arrérages, a été versée ài l'avance dans
fait tout ce qu'elle pouvait avec les faibles moyens I le trésor public en obligations des receveurs,
qui lui étaient conh es. et ces obligations qui ont dans une caisse dé
Le droit d'entretien des routes k reçu quel- i gararilie un gage certain de leur acquilcmenc »
ques modifications que sollicitaient- la justice ; sont aujourd'hui la valeur la plus solide que l'état
et l'intérêt public. La perception de ce droit, se- | et le commerce puissent offrir,
parée de l'obligation d'entretenir les routes mêmes, Les contributions directes de l'an 9 sont déjà
a été affermée , et la rentrée en est assurée par des ' dans le portefeuille de la trésorerie en obliga-
cautionnemens qui ne seront plus vains et illusoi- ! tions d'une égale solidité. Ces recettes successiveà
res, comme ils l'ont été dans les années dernières, t des contributions indirectes ou casuelles y sont
L'emploi des produits beaucoup trop faible est '.représentées en bons de receveurs , piyables à
déterminé, pour chaque département, dans la ! v"^-
proportion de ses besoins. ' j Une somme fixe de ces obligations et de ces
La surveillance devient tous les jours plus ac- ^ ^,°",' "' '''^*.'S"«. à 1^ dépense de chaque mois :
tive, et la comptabilité s'éclaire etse perfectionne, i ■'" est jamais délivre d ordonnances qu a la me-
. " , '^ , ;sure ces sommes qui sont .reellemeni présentes
, Le gouvernement a porte ses vues sur la nav.ga- 'dans les caisses. Ainsi les orîionnafices ne 6ont
tion intérieure et sur les canaux : oe ne sont pas ■ plus le jouet de la place ; il n'y a plus de mé-^
devastesprojetsquilaconçus, ce n est pas encore 'compte dans les duiributions , plus dillusiort
Tl°!f,?lfi!.^f™.i.^.. !„"T1^"°"5.".'''.Z?_.""'' ' ^'"^ ''^^ promesses de paiemens , et l'attente des
'"'""'"•'' ■" "" - „ .-- . parties prenantes n'es; plus trompée.
Le trésor public a reçu une organisation nou-
velle ; une surveillance active en éclaire toutes
les parties ; la comptabilité arriérée marche dé-
gagée de ses entraves. La comptabilité courante
est, pour ainsi dire, à jour.
Chaque mois , le ministre des finances et ]&
directeur du trésor public mettent sous les yeux
du gouvernement , des états de situation quii
représentent fidèlement tout ce qui a été reçu,
tout ce qui a été payé , ce qui l'a été sur les
ordonnances de chaque ministre. Licolieciioa
de ces états à la fin de chaque année donnera le
compte de toute la recette , de toute la. dépense
acquittée , et de chaque nature de dépense.
Il reste encore à acqXiitier des dépenses des
années cinq , six et sept , il en restera encore ds
Terminer les travaux commencés, les terminer sur
les points qui intéressent le plus la circulation in-
térieure et le commerce de la France ; voilà tout
ce qu'il peut promettre aujourd'hui , et tout ce
que les circonstances lui permettent d'entrepren-
dre. Moins de projets et plus d'exécution; tel est
la maxime fondamentale de son administration.
Les finances ont été un des objets constans de
sa surveillance et de son inquiétude , base pre-
mière et appui néces«aire de tous les projets qui
peuven: être formés pour le bonheur et pour la
gloire des états. Le gouvernement a dû s'appli-
quer à en connaître tous les élémens et à se-
conder toutes les causes qui peuvent en opérer
la restauration ou la ruine.
Ce n'était pas seulement les fonds qui man-
quaient à la république au 4 nivôse de l'an 8 ,
c était l'activité dans la répartition et dans l'assiette 1 an 8. L'état en srta consigné par apperçu dans
des contributions directes , la régularilé dans les rapports des différens ministres. Le rapport du
perceptions , la surveillance dans les versemens , ; ministre des finances oftr'ira toutes les ressoiirces
une'coraptabilité lumineuse dans le trésor public, : qui restent à la république pour les acquitter.
une distribution bien entendije dans les différens ! L'an 9 marche avec ses propres revenus , sans
canaux de la dépense. ! emprunt sur le passé, sans anticipation sur
Au 4 nivôse, les rôles de l'an Sn'étaient point ' ^'''^""■•
encore formés , et ils ne pouvaient être en recou-
vrement qu'au mois de germinal.
Des porteurs de délégations autoTisés à puiser
directement dans les caisses des receveurs, et de
leurs préposés , achetaient , par la carj:uption des
tonds qui n'y étaient pas encore ou qui devaient
être réservés à la république ; des bons de ré-
quisition , des bons d'arrérages de rentes étaient
admis dans le paiement des contributions di-
rectes , et c'était des receveurs , des préposés , des
percepteurs qui trafiquaient de ces valeurs dé-
préciées . et les échangeaient dans leur caisse
contre les valeurs réelles qu'ils avaient reçues ;
des payeurs dissimulaient les versemens qui Ifur
avaient été f ils, pour arracher aux parties pre-
nantes l'escompte des avances qu'ils ne lésaient
pas.
Ainsi le trésor public ne connaissait ni les
fonds qui avaient été reçus , ni les fonds qui
avaient été versés dans les départemeris. Delà des
distributions incertaines et des assignations illu
j Tout ce qui reste à recouvrer des revenus des
I années précédentes est fidellement réservé à l'ac-
I quit de leurs dépenses.
! L'appetçyj des dépenses nécessaires de l'an 9 ,
a été calculé avec une sévère économie. Les
I revenus ont cié évalués avec tout ce qu'on a
pu y mettre de précision. Ces revenus ne suin-'
I ront pas à la dépense présumée. Le gouverne-
I ment proposera au corps législatif ce qu'il croit,
! de meilleur poUr combler ce déficit éventuel , et
Isa sagesse en décidera.
Une caisse d'amortissement a été créée. L'ad-
j ministration n'en est déjà plus onéreuse au!t
; finances y elle fournira un jour de grands moyens
; à la libération progressive de la dette pu-»
blique, et un grand instrument de crédit. En
attendant , elle f'ai.t avec succès la fonction im-
portante de caisse de garantie pour les obliga-»
tions des receveurs.
Une banque a été fondée, faible encore <
mais dont la faiblesse est en propoition aved
les besoins actuels de la circulation.
oires. Cependant les ministres prdo.ni,ariçaient , .u^ ^.^^^^ y^^^^^ qu'exigera notre commères
tout , e, le directoire autorisait tojjt. Delà le dis- aggrandi par le retour de nos anciennes rela^
crédit public ; et sur la place , les négociations ,ions , et Vr les secousses même de la révo-
scandaleuses, des ordonnances avilies. ! lution. Le gouvernement qui en a favorisé la
Depuis le 4 nivôse , l'époque de la répartition j naissance de tout son pouvoir , la protégera
et de l'assiette des contributions 'a été fixée avec j toujours de son influence , et la regardera tou-
précision , et cette année, pour la première t^ours comme un dépôt sacré qui doit être con*
fois, les rôles de presque tous des départemen? I serv.é parla puissance et fa fidélité de la nation,
ont Clé en recouvrement dans le courant de ji D'autres améliorations seront offertes dans un
vendémiaire. ^ j rapport^ du ministre des finances. D'autres pro-
Les caisses publiques ont élé fermées aux delé- jets d'améliorations sont encore sous les yeu*
gataires ; mais Sa millions de délégations ont ! et dans la pensée du gouvernement,
été rapidemenr retirés par des opérations qui'- Une fois sorti du chaos des dilapidations , de»
n'ont coûté au trésor public , ni emprunt , ni ( abus et des injustices , chaque jour verra cclora
intérêts, et, lui ont procuré tjuelques avances de des idées salutaires , et de nouveaux moyens d«
«44
prospérits , les citoyens bonn*tes , ceux tjui ont
des taculiés et une répulatioii à conserver , piê-
teront leurs moyens et leur appui à une adminis-
wation fidèle au plan que la loyauté et l'intérêt
public lui ont tracé. Elle n'est déjà plus assiégée I
par l'intrigue qui trafique de l'embarras des fi-
nances , ni par la cupidité qui vend chèremeni
pour des vaicuis réelles mais lointaines , de mi-
sérables secours qui ne soulagent les besoins du
moment , qu'en ajoutant aux besoins de l'avenir.
Déjà des compagnies solides ont accepté des
eritrcprises importantes à des prix modérés , et
n'ont point exigé 'qu'on leur livrât d'avance,
comme on faisait autrefois, des valeurs effectives,
pour gage d'un service qu'elles n'avaient pas
encore fait.
Nos succès dans la guerre ont passé nos es-
pérances. Quatre armées , toutes victorieuses, se
tiennent par une chaîne non interrompue , depuis
la ligne formée par la neutralité prussienne jus-
qu'au centre de l'Italie. Maîtresse des deux rives
du Danube et du Pô , elles occupent , par leurs
déiachemens ^ les bords de l'Adriatique et la
Toscane.
^f génie de la France a sauvé l'armée d'Orient
de 1 exécution d'une convention qui l'aurait mise
dans les fers de l'Angletterre.
Malle a cédé , mais après deux années de la
flus glorieuse résistance. Tout ce qui pouvait
ctre tente pour conserver cette importante pos-
session , le gouvernement l'a tenté , et toujours
inutilement.
L'organisation de l'armée , la discipline mili-
taires , la recherche des dilapidations et des abus,
le rétablissement de l'ordre et de l'économie
dans toutes les parties du service , ont été l'objet
des travaux et des arrêtés du gouveraemeni. Un
rapport do ministre de la guerre en présentera
lï lesulia'. La paix , la paix seule peut donper
?ux succès qu'ils ont obtenu leur complément
et'Ieur solidité.
11 n a pas été au pouvoir du gouvernement
de réparer tout-à-coup les malheurs de notre
marine , et de lui rendre son ancien lustre; mais
Il en a recueilli les débris, et il en prépare le
ic'ablissement et ia gloire. Dts léglemens ont
reformé des abus , assuré la régularité du service,
cubir dans les ports unité de pouvoirs et surveil-
lance severe: d'anciennes dilapidations ont été
recherchées et atteintes , des contrats onéreux ont
e^e lésiliés, des marchés plus avantageux à la
république ont été conclus , enKn bien des pas
ont ete laits vers l'ordre et l'économie ; mais
combien il en reste à laire ! combien il faut en-
core de travaux et de tems pour remplir la tâche
que le gouvernement s'est imposée , et que lin- 1
leiet public exige de lui. I
Datis létal oii éioit la marine , il étoit impossible I
a entretenir régulièrement avec nos colonies ces
relations de correspondance et de pouvoirs qui
apparuennent à la métropole. i
Le gouvernement a conservé avec soin des biens
qui les attachaient à la France , et il prépare , dans
je silence , les moyens de les rendre au calmé , à
ia culture et à la prospérité.
1 '^ j"*^'' ^^' prises , autorisé par une loi
rent.ue dans la dernière session, a portédans cette
matière délicate uk| esprit de justice et d'impartia-
nte qui a eu déjà une heureuse influence sur nos
relations commerciales. Les pavillons neutres se
sont rencontrés sur les mers et dans nos ports. Les
Î)Uissances barbaresques ont repris leurs anciennes
laisons avec nous.
M l'i!*^ gouvernement eût pu les renouer plutôt ,
Malihe seroit peut-être encore en notre pauvoir.
Mais du moins elles assureront des subsistances à
la Ligurie et à nos départemens méridiofiaux , et j
elles ne seront pas inutiles à l'armée d'Orient.
Une convention fondée sur des intérêts com-
muns et sur la plus parfaite réciprocité, rétablira
?es liens qui attachaient les Etats-Unis d'Amérique
a la France. Ils dureront éternellement, ces liens ,
parce qu'aucune condition inégale n'en altère la
force et la pureté.
La nation française ne veut ni privilège çxclusif,
m faveur partiale, elle ne demande aux peuples
amis que les droits de l'égalité , qu'aucune nation
ne soit plus favorisée qu'elle , qu'elle-même ne
toit pas plus favorisée qu'une autre nation; telles
sont les prétentions et l'iniérêi de tous les peuples
qui contracteront avec elle.
Tous les peuples qui connaissent leurs droits se
ralieroni à ces principes. Le Nord s'affranchira de
ta tyrannie qui pèse sur son commerce et sur'les
mers ; il sentira que nos intérêts sont les intérêts
du genre humain. La Russie surtout se souviendra
de sa dignité ; et les anciennes relations qui l'uni-
tentavec la France; elle sait que la France est un
contrepoids nécessaire dans la balance maritime
<iu monde.
Le gouvernement avait offert la paix avant l'ou-
verture de la campagne ; il l'a offerte sur le champ
de bataille et au sein de la victoire; il Fa offerte
digne de la grandeur mais aussi de la modération
du peuple français , et à des conditions qui de-
vraient lui en garantir l'acceptation et la durée
Au plus léger espoir d'en rapprocher l'époque
il » suspendu les succès que nous assuraient la
position de nos armé-es et l'arcîeur de nos guer-
riers.
Si nous n'en jouissons pas encore , il n'en faut
accuser que cette puissance qui , étran);ère aux
désastres du continent , ne veut que cimenter , du
sang des nations , spn empire sur toutes les mers
et son monopole dans le monde entier.
Enfin, un négociateur autrichien est à Lunéville,
un homme qui a mérité l'estime de l'Europe. S il
a toute entière la confiance du souverain qui l'en-
voie , il déploiera cette franchise qu'a droiç d'at-
tendre la franchise du gouvernement,et que pro-
met son caractère personnel.
L'Autriche cessera de sacrifier le rçpos et l'inté-
rêt du continent à l'arnbition des dominateurs des
mers.
Cependant , dans cette incertitude , la pru-
dence commande à la France de ne pas se laisser
amuser par un vain simulacre de négociaiions.
Elle appuyera ses proposition» de toute la force
de ses armes.
La conduite du gouvernement a démontré
qu'il n'a ni exagéré les prétentions de la répu-
blique , ni sacrifié au délire de l'ambition les in-
térêts de l'humanité.
Les crimes de la guerre retomberont tous sur
ceux qui en sont les véritables artisans , sur les
gouvernemens assez faibles et assez aveugles pour
s'asservir aux vues mercantiles d'un seul peuple ,
pour vendre à son or et à ses intrigues le sang
et l'industrie des nations qui leur obéissent , et
la liberté des mers qui est [a propriété du genre
humain.
Tel est l'apperçu d'une administration dont les
principes et les actes ont été franchement ex-
posés aux regards de la France, Si elle n'a pas
fait tout le bien quelle s'était promis ; si elle
n'a pas rempli toutes les espérances qu'on en avait
conçues , elle se doit au moins le témoignage
qu'elle a déployé tout ce qu'elle avait de force ,
de constance et de moyens.
Extrait des registres des délibérations des consuls de
la républiqus. — Paris , le i''' frimaire , tan g
de la république , une et indivisible.
Les consuls de la république arrêtent que l'ex-
posé ci-dessus sera inséré au Bullciin des lois.
Le premier consul , signe, Bonapaiite.
Par le premier consul ,
Le secritaire-d'état , signé , H. B.Maret.
T R I B U N A T.
SÉANCE DU l" FRIMAIRE.
Un secrétaire fait lecture du procès-verbal ;
la rédaction en est approuvée.
On procède au renouvellement du Bureau.
Sur 95 votaus , le cit. Thicssé réunit 91 voix
et est élu piésident ; les seciétaires sont les cit.
Gallois, Adet , Goupil-Prefein et Perrault.
Le président annonce qu'il n y a rien a l'ordre
du jour.
Plusieurs membres demandent la levée de la
séance et l'ajournement à tridi.
Girardin. Je demande que la séance soit seu-
lement su sper.due pendant quelques inslans le
eoips-législatif doit vous annoncerpar un message
qu'il est installé.
On insiste de nouveau pour la levée de la
séance et l'ajournement à tridi.
Cette proposition mise aux voix est adoptée.
La séance est levée.
C ORPS-LÉGISLATIF.
SÉANCE DU I" FRIMAIRE.
A midi précis , la séance est ouverte au bruit
de plusieurs salves d'artillerie.
L'assemblée se forme sous la présidence du
plus âgé de ses membres.
Le ministre de l'intérieur , précédé de deux
huissiers , est introduit et prononce le discours
suivant :
Citoyens législateurs , la première session du
corps législatif a posé les bases de l'organisa-
tion sociale ; la seconde va les affermir. C'est à
lui seul qu'il appartient de fixer , par des lois
immuables , les glorieuses destinées de la répu-
blique.
Que ne doit-on pas espérer aujourd'hui , lors-
que l'on considère qu'un an s'est à peine écoulé
depuis le 18 brumaire , et que des siècles de
gloire et de prospérité paraissent avoir lui sur
la France !
Une administration sage et réglée a par-tout
réparé les désordres de l'anarchie; les factions,
ne trouvant plus aucunappui parmi les premières
autorités , s'éttignent dans le mépris public. Les
français aigris par de trop longues persécutions,
reviennent tous au gouvernement: ils le bénissent
du bien qu'il a fait; ils jouissent d'avance du
bien qu'il prépare.
Eclairés par les observations que vous venez
de recueillir dans vos foyers , vous joindrez les
leçons de l'expérience aux vues bienfesantes du
gouvernement ; et de cette réunion d efforts , de
cet accord unanime de volontés , sortira le bon-
heur commun.
' Quelle brillante carrière s'ouvre devint vous ,
citoyens législateurs ! Dans le calme de la sagesse,
vous allez terminer 1 édifice du bonheur public ,
et préparer ces beaux jours pu la France triomr
phante , illustre par les arts , grande par les vic-
toires , heureuse par les vertus , réunira tous les
français autour d'elle , et commandera le respect
aux nations.
Le ministre se retire.
Le président provisoire ^'adressant à l'assemblée.
Citoyens législateurs , vous allez reprendre le
cours de vos travaux et ouvrir votre nouvelle
session. En ce moment, organe de votre vo-
lonté , je déclare que la séance est ouverte , et
que le corps-législatif est provisoirement constitué.
Vive la république !
Le cri de vive la république ! est répété par tous
les membres de l'assemblée.
Le président. L'ordre du jour appelle la forma-
tion du bureau. Je ne pense pas que vous puissiez
prendre aucune délibération avant dêtre défini-
tivement constitués. J'invite donc les membres
à se retiier dans la salle de conférence, pour
procéder à la nomination d'un piésident et de
quatre secrétaires.
Un des secrétaires provisoires fait l'appel nomi-
nal.
Trois bureaux de scrutateurs sont formés par
la voie du sort, et procèdent au dépouillement
du scrutin.
Le citoyen Chatry-Lafosse obtient 85 voix pour
la présidence.
Les quatre sectétaites élus sont : Gossuin ,
Bréard , Ciochon et Pémartin.
Chatry-Lafosse occupe le fauteuil.
Les quatre secrétaires définitifs se placent au
bureau.
Le président. Le corps-législaiif déclare qu'il est
définitivement constitué . ei arrête que cette dé-
claration sera portée au sénat-conservateur , au
tribunat et aux consuls de la république par un
messager d'état.
Après cette déclaration , le président reprend
la parole.
Il rappelle d'abord les événcmens mémorables
qui ont suivi l'établissement du nouvel ordre
constitutionnel ; les succès brillans de nos armées,
leur ardeur , leur énergie infatigable, la marcha
rapide de l'armée de réserve et le spectacle su-
blime qu'elle a donné au monde , en franchissant
les rochers sourcilleux du mont Saint-Bernard ,
en se précipitant avec intrépidité dans les plaines
d'Italie , sous le feu terrible des ennemik
Si vous portez ensuite vos regards vers l'anti-
que Germanie , continuei'orateur , combien de
batailles ont honoré les armes françaises! Grâces
soient rendues au digne chef de t:ei',e armée si
souvent victorieuse , et à tous les braves qui la
composent. •
Nous connaissons tous , législateurs ,les moyens
efficaces employés p;ir le gouvernement pour ré-
tablir Tordre et le calme dans l'intérieur de la ré-
publique -, vous qui arrivez de vos départemens ,
vous avez pu vous convaincre des heureux effet»
qu'ils y ont produits ;et des améliorations qui en
ont été la suite.
La nouvelle carrière que vous allez parcourir
fournira de nouveaux moyens à la sollicitude pa-
ternelle du gouvernement ; il touche au moment
de conclure une paix honorable pour la France.
Livrons-nous sans réserve à cette espérance.
Vive la république!
Les conseillers - d'état Cretet , Champagny et
Berlier , sont admis dans l'assemblée.
Champagny obtient la parole et monte à la
tribune.
Citoyens législateurs , dit-il , des formes so-
lennelles consacrent chez tous les peuples libres
le jour où se réunissent leurs législateurs ; en
attendant qu'une loi les ait réglées paripi nous ,
le gouvernement s'empresse de vous exprimer ses
sentimens et ses vœux.
Depuis le commencement de votfe session
dernière, combien la face de la république est
changée. Triomphante au-dehors , chaque jour
affermit au-dedans ses institutions et sa puissance.
Ces changemens , c'est à ia sagesse de vos déter-
minations , c'est à l'heureux accord de tous les
pouvoirs qu'ils sont dus.
Que ce jour marque une époque encore plus
fortunée; que des lois, toujours plus sages,
fixent les destinées et le bonheur de la pairie !
que l'ennemi qui nous observe , désespérant de
nous diviser , désespère de nous vaincre , et
reçoive enfin la paix que lui offre la modération
de la France ! , '
Tels sont les voeux du gouvernement, tels sont
les présages qui motivent sa confiance , et celle
de tous les français. Pour lui , pour la république
entière , vos premiers travaux sont le gage de
travaux encore plus heureux, et le bien que
vous avez fait, est l'infaillible garant de celui
que vous devez faire.
Le corps législatif ordonne l'impression de tous
les discours prononcés dans cette séance.
La commission des inspecteurs demande à être
entendue demain en comité général.
La séance est levée , et indiquée à demain àmidi.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL
J\f°G3.
Tridi , 3 frimaire an g as la rébublijme française ufie et indivisible
'ftij
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à datet du 7 nivôse le Moniteur est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement , les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les corespondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
R U S'S I E.
Extrait d'une lettre de Pétersbourg , du
1 1 octobre , f 1 9 vendémiaire. )
iN OTRE monarque donne une grande attention
à l'une des plus importantes sources de la pros-
périté de son empire , je veux dire le commerce
national. Il est de fait que si toutes les branches
qu'il lenlermc étaient exploitées par les natio-
naux , le bénélice qui en résulterait pour la
Kussie s'éleveidit à des sommes immenses , et
y verserait une abondance de numéraire qui met-
trait bientôt le gouvernement en éiat de dé-
truire la plus grande pjriie du pspier qui le
représente aujourdliui dans la circulation , et
élèverait les Imanccs impériales au - dessus du
niveau des besoins. Non-seulement toutes ces
branches ne sont pas exploitées par les Russes ,
elles ne sont pas même loulcs connues; et les
négocians étrangers , établis dans le pays depuis
3o ou 40 années , sont prrsque les seuls qui en
ayent acquis une idée exacte et protonde.
Jusqu'à présent , le commerce de Russie n'a
pas obtenu du gouvernement toute 1 attention
qu'il mérite , et n'ii guercs été envisagé que
tous le pomt de vue fiscal , par les sommes que
les douanes rapportaient au trésor impér al , beau-
coup plus que par sa liaison intime avec la pros-
périté générale de l'empire. De là tous les mauvais
réglemens dont on l'a enchaîné ; de là sur-tout
ces tarifs exhorbitans laits pour entraver éternel-
lement sa marche , et l'arrêier dans ses progrès et
déveioppemens ultérieurs. Le ministère le voyant
entièrement livré aux étrangers, croyait, en le
ioumeltant à des droits démesurés , ne mettre un
impôt que sur l'aciiviiè et I industrie étrangères :
tel était le principe de son erreur , et c'est aussi
pour cela que le pavillon marchand russe a si ra-
lement paru jusqu'à piésent sur les mers,
• Il paraît que Paul I"^ veut s'occuper sérieu-
sement des moyens de tirer le commerce de
son pays de cet anéantissement , et de lui rendre
Igfyie et l'activité. Déjà on parle du projet d'un nou-
veau tarit beaucoup moins rigoureux que le tarif
actuel : un ukase a è;é dernièrement alEché à la
bourse, par lequel l'empereur annonce ses vues
salutaires en faveur du commerce national , et
ses uitposiiions pour seconder l'indusitie et l'ac-
tivité de ceux de ses sujets qni voudront appli-
quer leurs capitaux et leurs lalens aux spécula-
tions du commerce maritime. Il leur promet de
leur faire fournir gratis , des foiêts appartenantes
à la couronne ( et elles sont en liès-grand nom-
bre ) les bois qui leur seront néces.\aires pour
la construction de leurs navires. S. M. offre éga-
lement de leur faire fournir des bâtimens de sa
.-propre marine, gréés, montés et équipés, à
cette seule condition qu'ils paieront les équipages,
comme il faudrait bien qu'ils le fissent , si le
vaisseau leur appartenait.
Cet ukase a fait un effet prodigieuxà la bourse ;
on ne doute pas que de grands capiialistes ne
s'empressent d'en profiter et de faite des armé-
niens pour tous les ports de l'Europe.
Il reste à savoir si S. M. I. accordera des con-
vois à ces bâtimens , ou si elle les laissera partir
seuls. Dans les deux cas , il sera très-curieux de
voir comment les anglais traiteront son pavillon.
ITALIE.
Milan , le 20 brumaire an 9.
L'anniversaire du 18 brumaire , jour regardé
ici comme lépoque du rétablissement de la ré-
publique cisalpine , a été célébré avant-hier au
Druil du canon ; il y a eu une parade brillante
et nombreuse , composée rie toute la troupe fran-
çais'- , et des corps choisis de la garde nationale
cisalpine. En l'absence du général en chef. Brune,
indisposé d puis quelques jours , le gènèial Ou-
dinot a fait un discours énergique aux troupes , et
analogue à cette journée. Il y eut le soir illumi-
nation et bal gratis aux deux théâtres.
Le ministre Péiiet et le général de division ,
Nlarmont, sont partis le 16 brumaire, pour la
Toscane.
L'ingénieur en chef des ponis et chaussées ,
Houdouart , allaché à l'état-major du génie . part
pour la Toscane , sous les ordres du lieutenant-
général Dupont , et va être chargé de recueillir
et de dessiner tout ce qu'il y a d intéressant en
ouvrages de construction, tant en hydraulique
qu'en mécanique dans les états de la Toscane.
ANGLETERRE.
Londres., 18 novembre (2'] brumaire).
Actions de la banque , fermées. 3 pour cent
consolidés, 645. — Omnium, i \.
— Le marquis de Salisbury présenta avanl-hier
à S. M. un livre imprimé sur du papier fabriqué
avec de la paille , le prtmier qui ail encore paru ;
le sujet traité dans ce livre est la manière dont les
anciens employaient difFéientes maiieres pour y
perpétuer les événemens historiques , et les moyens
de se communiquer les penséfs par des piocédès
matériels , jusqu'à l'invention du papier. A cet
échantillon J^mprimerie . étaient jointes des feuil-
les séparées de papier paille , blanc , transparent ,
fin et aussi bien collé que pourraitlêire le meilleur
papier fait avec des chiffons de colon ou de fil. Il
est donc clair maintenant qu'avec la paille seule
on peut fabriquer du papier de la première
qualité.
— Le sceau de la Grande-Bretagne vient de
subir un changement complet : les fleurs de lys
en ont été effacées vendredi dernier. Il paraît
que S. M. ne veut plus prendre le titre de loi de
France.
Le vaisseau du roi le Coromandel ., de 44 canons
armé en flûte , s'est perdu dans la Bocca , près
de 1 Isie de la Trinité. Il avait à bord une divi-
sion du 2' régiment des Indes occidentales.
Tous les hommes de l'équipage ou soldats ont
été sauvés quoiqu'au nombre de plus de 5oo.
— En vertu des ordres de la cour des direc-
teurs de la compagnie dis Indes , la présidence
de Bombay a arrêté et ordoni.'é qu il serait payé
un droit additionnel d'un pour cent sur les mar-
chandises de 1 Inde , pour stabvenir aux dépenses
faites par la compagnie pour l'augmenration des
force» mariiimes dans ces èiablisscrncns.
— La dernière récolte faiie en Amérique a été ,
excepté dans quelques petits cantons , d'une
abondance extraordinaire , et les grains ont été
parfaitement conservés.
— Samedi dernier , le nouveau maire , sir
W. Siaines , a prêté serment dans les formes
accou tumées.
— On dit que M. Wilberforce est dans l'inten-
tion de proposer au parlement un bill pour l'en-
couragement de l'agriculture , suivant la méthode
à laquelle les grands jurys d'Yorck , de Betks et
de Worcester ont donné leur approbation.
Cour du Conseil-Commun.
Il a été tenu mardi dernier une cour du con-
seil-commun , dans laquelle le lord-maire com-
muniqua la réponse de S. M, à ladresse et à
la pétition du i5. M. Powell ayant proposé qu'elle
iûi couchée sur le journal de la cité , M. l'alder-
man Hibbert témoigna du reg-'et sur la froideur
qui lui p/rraissait régner dans ce. te réponse. Plu-
sieurs membres de l'assemblée blâmèrent ces
remarques comme absolument déplacées. Le lord
maire, trouvant la circonstance embarrassante ,
désira de connaître l'opinion du recorder ; celui-ci
répondit que toutes les fois qu une question était
proposée et secondée , le débat était permis ,
quel qu'en pût être le sujet.
L'alderman Hibbert reprit la parole. Il ne con-
sidérait point , dit-il , la réponse comme étant de
S. M. ; elle venait de ses ministres , ne contenait
lien de consolant , ne donnait aucune assurance
relativement au sujet de la pétition. En un mot,
plein d'amour pour son roi , et de vénération
pour la constitution , il ne pouvait cependant
s'empêcher de dire que la réponse de S. M. avait
trompé son attente.
M. Waithman s'exprima en termes très - forts
contre la réponse. Elle lui paraissait évidemment
conseillée par les ministres. Il ajouta qu'une
pétition pour la prolongation de la guerre eût
été reçue bien différemment. De nombreux et
vifs débals eurent lieu, et M. 'Waithman les ter'
mina ert proposant, par voie d'amendeitiehl -,
d ajouter à la réponse de S. M., en la couchant
sur le journal , ces mots : << En même tems la
cour est d'avis que ceux qui ont conseillé à S. M.
la répohse qu'elle a faite à l'humble adresse et à
la pétition du lord maire, des alderraans , etc.
ont manqué à leurs devoirs envers S. M. , se
sont montrés irrespeciueux envers la cour , et
sans égards pour les souffrances extrêmes et la
détresse des sujets de S. M. u
Le député Goodbehere seconda la motioni
Lalderman regretta que ses remarques eussent
donné lieu à la proposition d'un semblable
amendement. L'amendement fut définitivement
rejette.
CHAMBRE DES LORDS.
Suite de la séance du 1 1 novembre.
Lord Grenville prend la parole ; mais il né
réjpond point à 1 interpellation du noble comte ;
elle lui paraît trop ridicule : il relevé ses sar-
casmes sur la conduite de la guerre , en lui op-
posant les éloges qu'il a donnés lui-même à la
maiine.
Ce n'est point la guerre , continue lord Gren-
ville , qui a occasionné la cherié des grains. Le
prix des blés a éprouvé une aussi grande fluc-
tuation en tems de paix qu'en tems de guerrei
Anciennement l'Angleterre exportait des grains i
c'est en pleine paix, en 1767 , qu'elle a com-
mencé à en importer. La guerre n a poiul em-
pêché l'abondance des blés, en 179261,93; ils
furent chers en 1794 et g5 , parce que la ré-
colte avait été mauvaise , et le prix en a toujours
varié depuis , selon qUe les saisons ont été bonnes
ou mauvaises.
L'orateur reprend successivement tous les traits
dirigés contre les ministres par le noble comte
( de Suffolk) ; il nie que jamais le gouverne-
ment ait déclaré vouloir affamer la France, Lors-
que sous Robespierre et du tems du maximum >,
la France ne pouvait se passer de grains étrangers,
l'Angleterre envoya des croiseurs pour inter-
cepter les secours que son ennemi tirait des pays
neutres. Celait une conduite autorisée par les
usages de la guerre.
Quant au manque de sincérité reprochée aux
ministres , relativement aux négociations de Lille,
rien ne peut êire plus injuste. On se souvient de
la révolution de fructidor, et de l'ascendant que
gagnèrent à cetle époque les lerroiisies : telles
furent les causes qui tirent rompre les confé=
rences et rejetèrent bien loin l'espoir de la paixi
Le noble comte accuse encore les ministres
d'être la cause du séjour prolongé des français en
Egypte , pour avoir rompu la convention d'el
Atisch.ll est facile de lui répliquer par son propre
argument. Ce sont les français qui ont rompu la
convention pir laquelle IEg)pie devait être
évacuée. Les ministres anglais , au contraire , ont
ordonné qu'elle lût exécutée aussitôt qu'ils en ont
eu connaissance. On demande si l'empereur
n'avait pas déjà signé d.s préliminaires , quand
l'Angleterre refusa de traiter séparément ? Par qui
ces piéliroinaires furent-ils signés ? Par un officier
qui n'avait nulle connaissance des affaires diplo-
matiques et qui dépassa ses pouvoirs. \
Qjiant à la solidité du pouvoir du premier
consul lorsqu il proposa la paix , Bonaparte serait
de meilleure foi que le noble comte ; il avouerait
que c'est la victoire de Marengo qui a décidé sa
puissance. Aujourd hui , je le regarde comme le
souverain de la France , qui peut négocier et faire
la paix. La paix est désirable ! elle l'est moins que
la fidélité à nos engagemens.
La chambre nomme, sur la motion de lord
Grenville , lord 'Valsingham , président des co-
mités pour la session présente.
CHAMBRE DES COMMUNES.
Séance du 1 1 novembre.
Les membres de la chambre se rendent, aveë
l'orateur à leur tête , à la barre de celle des pairs',
d'oii ils reviennentaprès avoir entendu le discours
du roi. L'orateur, pour prévenir toute erreur, lit
copie de ce discours.
Sir John Wrottesley. i'espete obtenir l'indulgence
de la chambre en prenant la parole pour proposer
une adresse de remercîmeni à S. M. Sans doute il
n'existe ici qu'un sentiment à cet égard, un sen-
timent de reconnaissance excité par la icndrs sol»
246
licitade de S. M. pour soulager ses sujets des
maux que leur fait éprouver la cherié des vivres.
Le premier remède qui se présente , est de fa-
voriser les imporialions ; et les récoltes ayant élé
d'une grande abondance dans lous les pays
îlran.gers , le' clia-mbre ne peut hésiter de pro-
mettre au roi qu'elle adoptera toutes les mesures
convenables . pour faire venir des grains du de-
iiors. Il s«ra également essentiel de s'occuper des
moyens de constater le produit de la dernière
récolte dans ce pays. Ceux qui peuvent tendre à
diminuer la consommation . doivent aussi être
mis en usage; un plan de fiugiliié et d écono-
mie île peut avoir que des résulials liès-avan-
t&gsux..
Beaucoup de n-iem.bres se sont attachés, depuis
quelque terris , à l'idée favorite d'une clôture gé-
Êërale , pour jugmenter les produits de l'agri-
icullure. J'esper^e qu ils ne seront poimt détournés
d'un plan si salutaire par la ciifficulté d'ajuster
des droits Compliqués , ni par les frais attachés à
la clôture des terres en friche. Déjà ce système a
Com.mencé .1- gagner une grande faveur. Il paraît
que pendant les sept années qui piécéderent la
dernière session , le nombr-e moyen des actes de
clôture a été de 78, et pendant la dernière ses-
sion seule , il yen a eu 8/.
Des opinions variées se sont répandues par rap-
port aux march:inds qui font le commerce des den-
rées. Qiielques-uns ont élé pcrsonnelleraentinsul-
tés r on a attribué la disette à leur avarice et à leur
intervention illicite. S il a exisié des abus , sans
doute il faut les faire cesser. Mais n'oublions pas
c]ue si pendant la dernière saison les marchés
n'eussent pas été approvisionnés avec une grande
régularité , la disette se serait convertie en famine.
Dans lous les cas , je suppose que la chambie ne
pensera pointa détourner le commerce des bieds
de son cours ordinaire , sans avoir pris des me-
sures assurées pour l'approvisionnement desmar-
chés.
Si nous portons à présent notre attention sur les
expressions de S. M. au sujet des dernières négo-
ciations , la chambre verra avec plaisir que le dé-
sir de la paix demeure inaliérable cht z S. M. Mais
si le but di^ gouvernement frant^ais était de sacri-
fier l'indépendance des autres états , l'Angltierre
pourrait-elle se dispenser de fournir à ses alliés
des secours efficaces, et tels qu ils pussent affermir
la confiance de ces mêmes alliés dans notre bonne
foi , et garantir notre honneur et notre indépen-
dance? C'est, au surplus , lorsque nous aurons
connaissance des papiers promis par S. M. , que
nous pourrons savoir le résultat éventuel des né-
gociations. Sirjohn Wrotiesley finit en propo-
sant une adresse conloirae au discours de S. M.
M. Dickinson donne toute son approbation à
l'adresse. Il observe ensuite la disposition qui
existe maintenant enire le prix des dentées et le
prix de la main-d'œuvre : la nécessité de la
taire disparaître par de sages mesures ; enfin ,
les inconvéniens majeurs , l'impossibilité même
du maximum dont il développe les futrestes etiéls.
P.tssant en'uiie à ce qui concernej les négo-
ciations , M. Dickinson regarde comme un pro-
blême dt- savoir si la paix est désirable avec la
France. Q,uoique l'empereur séduit par de mau-
vais conseils , ou cédant à la force des circons-
tances , ait entamé des négociations , ce n'est
point une raison pour que I Angleterre adopte
une conduite pareille. Sa position est différente;
elle peut encore soutenir la guerre avec avan-
tage , et même délivrer l'empereur des embarras
dans lesquels il se tiouve.
Sir Framfis Burdett. Cette partie de la motion
me parait malheureusement engager la France à
la poursuite d'une guerre ruineuse. Je ne puis
croire au désir permanent de la paix exprimé
dans ce discours. Les honorables membres doi-
vent se souvenir avec quelle satisfaction le chan-
celier de l'échiquier parla de la rupture des négo-
ciations antérieures; de la hauteur et du mépris
de la réponse faites aux ouvertures de Bonaparte.
Il est donc évident que la nécessité seule force les
ministres à changer de langage. Toutes les chi-
mères de prospériié croissante se sont évanouies.
La misère et la détresse intérieure leur ont suc-
cédé. Après qu'une moitié du pays a élé affamée
pour corrompre l'autre , que le trésor de l'état a
été dissipé poui subjuguer llrlande et acheter
des bourgs irlandais ; que des russes , des autri-
chiens , des prussiens , des piémontais et des ba-
varois ont élé à la solde anglaise , peut - on, de-
mander encore si la détresse actuelle provient de
combinaisons illicites ? Que les honorables mem-
bres tournent les yeux vers le banc tie la tré-
sorerie, et ils verront les véritables causes de
la calamiié publique. Les millions accordés suc-
ceSNiveraent aux ministres , peuvent être regar-
dés comme auiant de billets tirés sur le cultiva-
teur , et si l'on déduit d'une ferme qui rend
900 liv. par an , ce que le fermier est obligé de
payer en frais et en taxes , on verra qu'il ne lui
teste pas 170 liv.
M. Robson. Je suis persuadé que la rareté des
grains est artificielle , et mon opinion est fondée
«us les renseignemeas que j'ai pris dans les cam-
pagnes; la prolongation de I.i guerre , -Vextefisiofl
des bannues de provinces . telles sorit les prin-
cipaltis causes du mal. (e me propose ilt: Ijirc un
jour une motionAsivr soumettre ces bjiiqaes à
ccrialnes rcstrici^Bij. Je crois encore que le mal
a été aui^raenié^Rr la publicaiion d'un rjppon
du bureau li'aiiicuUure , au mois de scpiembre
dernier, el sur-loul par les fjuieuscs leitres de
M. le duc de Poiiland , dans lesquelles il esi
affi:mé positivement que \:i rareté est réelle. Ces
auioiiiés ont scvi de préiexie aux lerniiers et
fadeurs tie bled pour leienir leurs grains.
Le chfincelier de féchiquier. Qjitlciue variété d'o-
pinions qui puisse s'éiablrr d.jiis le cours de la
discussion sur les différens poinis du discours de
S. M. et de l'adresse en réponse ^à ce discours ,
je me finie qu'en développant la \ériiable ques-
lion que la chambre est appelée a décider , tous
les sentiraens se réuniront , tous les sujets de di-
vision seront suspendus. Persuadé que tous ceux
qui m'eniendeni , désirent contribuer , de tout
leur pouvoir, à rendre la détresse publique
moins sensible , je ne supposerai pas qu'aucun
membre apperçoive des moiifs pour refuser son
approbalion à Une adiesse , dont le principal
but est de remercier S. M. d'avoir mis le parle-
ment à même de s'occuper de cet important
objet.
Le discours et l'adresse comprennent deux grands
poinis : — 1". Les diliiculiés provenues à U suite
de plusieurs mauvaises saisons et la nécessité d'en
rechercher les causes, ainsi que d'y apporter les
remèdes dont elles sont susceplibles. 2°. Les com-
munications , qui ont eu lieu entre l'Angleterre et
la France ramèneront d'\;ne manière régulière , le
sujet de la guerre et de la paix. Mais ces mesures
doivent êire réservées à des délibérations futures;
elles n'exigent point des résolutions immédiates.
Qtiant au 1" point, le remède pro;)Osé con-
siste à favoriser, par des voies sûres et expédiiives,
limp iriaiion des grains étrangers , et à régler l'u-
sage de nos propres ressources par une application
économique et réirécie. Quelques soient les opi-
nions sur les causes du mal eisur les remèdes con-
ven.ibles , tout le monde sentira combien le sujet
est délicat, la discussion difficile et le scùn avec
lequel la législature doit peser les mesures qu'elle
adoptera. Deux moyens pratiques , aussi simples
que sûrs, sont à noire poriée. Le premier se trouve
dans les impottaiions. L'exoérience en a prouvé
l'imiiortance et L'ctficaciié. Nous savons , par les
documens les plus auih»niiques , que pendant
l'année dernière, les ini[M,rt:itions ont surpassé tout
ce que nous avionsj.iina s vu dans un pareil espace
de teins ; il n en est p:iS moins certain que nous
possédons les moyens de donner encore plus de
latitude aux imporiaiions de l'année piésenlc. Cela
peui se taire en accordant des piiiiits établies sur le
même principe , qui lut suivi 1 année passée. Suivant
la base de ce principe, la dépense des primes ne
pouvait porter sur le pays que quand la nécessité
de les accorder existait , et quand leur avantage
élaii constaté ; ce que nous avons déjà lait, nous
pouvons le faire encore avec d'autant plus de
succès que , sur le continent ainsi qu'en Amé-
rique , les récoltes oni élé abondantes. L'opulence
de I Angleterre ne peut manquer de faire porter
les blés étrangers dans ses marchés.
Il est encore une seconde ressource. C'est de
diminuer la consoramaiion et de substituer au
froment , qui nous manque , d'autres denrées.
Nous avons éprouvé l'efficacité de ces expédiens
en 1795 et 1796 , et l'année passée. L'expérience
nous met à même d'eu lirei encore un plus grand
parti.
Je me suis étendu sur la nature des remèdes in-
diqués par le discours et par l'adresse , afin de
montrer qu'il ne pouvait y avoir qu'une opinion
à leur égard. On conviendra qu ils sont salutaires
et indispensables. Les détails dans lesquels je suis
entré , paraîtront sans doute des moiifs suffisans
pour proposer que la chambre , même avant de
se séparer , se forme en comité général , afin de
fixer les primes qui devront être accordées. Il
n'est pas moins important de s'occuper , sans
délai , des moyens pour diminuer la consomma-
tion ; mais ici , quoique les réglemens de la lé-
gislature puissent être d'un grand effet, c'est sur-
tout l'exemple qui doit agir. Quelrjue mauvaise
qu'ait pu être la récolte , tout homme raisonnable
sentira que les moyens proposés seront plus effi-
caces pour approvisionner les marchés, que ne
pourrait l'être le dangereux essai de fixer le prix
des denrées.
En adoptant ces mesures préliminaires , nous
ne renoncerons point à des recherches uliérieu-
res , à de plus mûres réflexions. Qjie de nou-
veaux renseignemens soient pris , «Je nouveaux
plans suggérés , la chambre écoutera avec im-
pariialiié et se déterminera sur la conviction. Ce-
pendant j'affirmerai , sans hésiter , qu'il serait dan-
gereux daller au-delà des mesures simples et
pratiques, sanctionnées par les principes re-
connus et confirmées par une vieille expérience.
Il ne sied point à un homme d'èiat d'abandonner
un système connu pour de chiraéiiques avan-
tages. En tïïÇtne -têwis le -poVftiiqJie prad«nt s'è
garde d'une théorie, dont les principes, quel-
que justes qu'ils soient, excluraient les disposr*
lions de circonstances , que des siiuatians inaitten-
ducs rendent quelquefois nécessaires. Mais dans
tous les cas , rien ne peut être plus funeste qu«
de prendre pour base d'un règlement l'alarme Cî
la clameur publiques. Si nous ne devons pas faire
plier l'expérience -et l'observatiou devant des spé-
culations ihéoréiiques , nous devons encore moins
faire céder des principes justes , des usages éprou-
vés , à des plans tirés d'une détresse niomenianée,
le produit de la crainie , de la passion et des pré-
jugés. Nul homme qui connaîtra les causes et ^il,
base de noue prospériié ne pensera un seul mo-
ment, que l'on doive remédier au mal que le
monopole serait censé avoir causé dans un tems
txtraorilinaire de diseile , et portant atieinie à la
libcrié du commerce , à l'applicaiion de l'indusT
trie et des capitaux. Ce serait nous r.amenei À
plus de 5oo années en arrière. Et qui serait asset
absurde pour croire qu'un système iconvienable à
1 époque qui lui donna naissance , fût encore ap-
plicable aux nouveaux intéiêts d'un autre ^at
socia: ?
Le système recommandé par S. M. , est égale-
ment éloigné des deux extrêmes , et lorsque le»
faits auront élé recueillis par le parlement, ti
quelque abus existe , il y sera porté remède. Je
ne développerai point encore les opinions qu«
j'ai pu former à cet égard ; mais il sera conve-
nable d'indiquer quelques erreurs des deux
côtés.
La question est embarrassée de préjugés. Quel-
ques membies , dont les motifs sont d une puieté
connue, se sont laissés entraîner à des erreurs.
D'auires membres dont les motifs paraissent plus
douteux , se sont efforcés de lier la rareté
des blés avec l'existence de la guerre. Ainsi
deux sujets qui demandent l'examen le plus
froid, ont donné naissance à de viol -ntes cla-
meurs. Peu de personnes de bonr>e foi croient
sage ou utile d'en mêler la discussion. Cependant
c'est ce qu'ont essayé de taire un honorable
baronet , et l'honorable membre auprès de
lui (sir F. Burdett et M. Robson. ) Malgré toute
la déférence que j ai pour leurs talens , je
voudrais entendre ' de leur côié des argumens
plus forts. Il ne paraît pas que , sous un point
de vue général , on puisse croire que la guerre
ait une tendance sensible à augmenter un mal
auquel nous pouvons assigner d'autres causes,
Mais en ce moment , je m'apperçois , à la conte-
nance des membres opposés , que l'opiniot» de
l'honorable baronet est plus générale que je ne
le croyais. J'espère au moins de leur candeur,
de leur bon sens , que leurs considérations sur le
piix des denrées ne seront guidées que par le
désir du bien public. J en ferai , quant à moi,
la règle de ma conduite. Je serais fâché d'en ob-
server queUjues déviations de la part des autres
membres.
J'offre de prouver quand on le voudra , con-
tinue M. Plu , que les taxes imposées depuis
l'année 1798 , n'ont pu avoir qu'un effet à peine
sensible sur le prix des grains. Si l'effet inhérent
à la guerre était de faire hausser le prix du grain,
ce prix aurait été toujours croissant depuis qu'elle
a commencé , tandis qu'au contraire , il a été
dans une fluctuation correspondante avec la
nature des saisons. Rarement a-t-il passé 48 où
49 f. , et depuis 1796 en 1799 , à peine a-t-il
suffi au profit équitable des fermiers. Immédia-
tement avant cette époque où le blé fut à si bon
marché , les triples cotisations venaient d'avoir
lieu , et elles n'influèrent point sur le prix des
grains. Je remarquerai encore que l'Angleterre,
qui pendant la plus grande partie du siècle avait
1 usage d'exporter des blés , cessa d'en exporter ,
et commença à en importer pendant l'époque de
la paix qui suivit une de ses guerres les plu»
heureuses.
Tandis que nous portons notre attention sur
la calamité présente, nous devons, par humanité,
la considérer avec une profonde compassion pour
les maux de nos semblables; comme homme»
publics, nous devons être pénétrés de l'impor-
tance de veiller au bien être des classes indus-
trieuses ; et comme hommes prudens , pourvoir
à leurs intérêts sans flatter leurs erreurs. C'est une
maladie de l'état , ijui affecte une panie délicate ,
et qui ne saurait être touchée avec trop de pré-
cautions.
Qjiant au produit réel de la dernière récolte ,
il serait aussi téméraire qu'inutile d'énoncer une
opinion à ce sujet. Le remède proposé n'exige
point une connaissance précise du déficit. Nou»
savons , nonobstant les clameurs élevées contre
le monopole , que les vieilles provisions étaient
à-peu-près épuisées avant la récolte , et ce qui
pouvait en rester n'a pu suffire que pour un-court
espace de leras. Le fermier n a pu fournir aux
demandes du niirché, et se préparer en même
tems aux semailles. Cela suffit pour expliquer lo
haut prix des dernières semaines , sans supposer
que la récohe ait completlement manqué , ni que
des moyens illicites aient été mis en œuvre pour
empêcher l'approvisionnement des marchés. Celte
s 45
double erreur a' d'un côté, dionne prétexte' au 1(^1. Shéiidan) s'est en t^rande partie conforme à
rencliérissemtni , tt de l'autre à des préjuges
populaires desiiiués de fondement. Je suis con-
vaincu que les prix récens ne doivent point être
regardés comme le tarif des prix fiaiurs ; ei que ,
si l'ordre accoutumé n'est point inierverli dans
les marchés par des régleniens impoliiiques , si
les importations sont encouragées, et si une
siticie économie est observée , les grains éprou-
veront une réduction de prix sensible , graduelle
et permanente. Il ne faut cependant pas s'aitendre
à une diminution extraordinaire et rapide. Je me
reprocherais de déguiser les difficultés de notre
position,
J ai parlé des denrées à substituer au bled. J'ai
remarqué que i'expéiience nous avait rendu 1 uti-
lité de celte ressouice et son application plus
ISmilieres. Oiio que le froment ait manqué , la
]^lupàrt des auires grains , ei l'orge en particu-
lier, ont été fort abond.ns. tant eu Angleterre
que dans les pays éirangers. On peut jusqu'à un
certain point le^ substituer au bled.
Ma première proposition sera donc que l.i cham-
bre se forme en comité général , pour fixer le taux
des primes à accoider. La seconde serade choisir
un comité chaigé de rechercher les causes de la
Hareié des grains , et auquel le discouts du roi
sera renvoyé pour ce qui concerne cet objet. Le
comité pourra de tems à autre suggérer les me-
sures qui lui paraîtront convenab er. II. en est
une, que je désirerais lui voir adopter. Ce se-
rait de régler que les secours paioi'siaux, au
lieu d être distribués en aigent ou en pain de
froment , le fussent toujours en pain fait de ma-
tières mélangées.
Il me reste à toucher la question de la guerre
ou de la paix. J observerai seulement à cet égard
que les ]iap!ers qui doivent déterminer l'opinion
de la chambre , n'étant point sous ses yeux , il
serait superflu d'entamer la discussion. Il n'y a
certainement rien dans 1 adresse qui lie 1rs ho-
norables membres. Le seul engagement con-
tracté p.îr la cbambie sera celui de ne point
concluie une pa;x incompatible avec la foi pu-
blique , avec I honneur et avec les iatéiêis de la
nation. Le discours du roi énonce , ce qui paraîtra
sans doute d une manière distincte dans les pa-
piers promis , l'impossibiliié où S. M. s est trouvée
de nésçocier sans se séparer de ses alliés. L'em-
pressement de lennenii pour dissoudre ces al-
liances , prouve assez leur importance. Si l'en-
nemi a avancé des préieniions tellement inouies
que S. M. n'dit pu rraiter avec lui qu'en manquant
de toi à ses alhés , je ne puis croire qu'aucun
membie de la chambre eût vu de pareilles
condiiions , comme une preuve de la sincérité
de ceux qui prétendent être les amis de la tran-
quillité générale.
M. Shcridan observe que les ministres paraissent
toujours s attendre à unvote unanime pour l'adresse
de remercîment a louverture de la session. Cette
unanimité luiparaii aussi désirable quandl'adresse
- ne contient point de grand sujet d objections , et
.surtout quand ses traiis dirigeans sont semblables
■ à ceux de l'adresse qui vient d'être proposée.
Celte adresse ne présente point les minisires
comme ayant toujours été animés d'un désir sin-
cère de paix; s'il était possible de 1 interpréter ainsi ,
M. Sheridan s'y opposerait , parce qu il est notoire
que les ministres ont décelé un manque absolu de
sincérité , et qu'ils ont négligé des occasions favo-
rables pour faire la paix. De justes éloges leur sont
dûs pour la manière avec laquelle ils ont recom-
mandé la révision des lois relatives au commerce
ce désir. Je suis lâché d'être obligé de m'écuricr
d une o])inion qui m'a si souvent servi de guide.
je suis plus lâché encore que dans la crise pré-
sente runanimi:é ne puisse êirc raisonnablement
attendue. Plût à Oieu qu'elle lût méritée! Mais
1 administration à laquelle nos affaires sont con-
fiées, rccl.ime-t-elle à juste titre l'unanimiié ? Qjie
nous a-!-elle offert? au lieu de vigueur , delà
faiblesse : au lieu de sagesse . rie la lolie ; au lieu
de prévoyance , de la léinéiité; au lieu d'harmo-
nie , de la discordance : au lieu de vigilance , de
1 inatieniion ; .tu lieu d'énergie, de l-i noncha-
lance ; au lieu d'éconoinie , de la profusion.
El nous , les sentinelles choisies de la consti-
tution, les gardiens délégués du tiésor public ,
signalerons-nous par une apparence d iinaiiiinité
le honteux et perfide abandon de ce dépôt , qui
est censé avoir éié confié à notre honneur ei à
notre intégrité? D un autre côté, si l'aclivilé , la
vigueur ont présidé à nos entreprises; si la sa-
gesse a régné dans nos conseils, tandis que la
tolie a marqué leurs résultats; si les désastres et
les défaiies qui ont terni nos armes , ne peuvent
être impuiés à une mauvaise administration ; si
enfin les ministres ont pleinement rempli les de-
voirs d'hommes d'état , capables et prévoyans ;
et si, pourtant, nous n avons pu éviter notre
situation présente , alors cette situation est véri-
tablement funeste et désespérée, je voudrais bien,
de celte obscurité même et de ce lugubre hori- 1
son , faire luire un rayon d'espérance ! Mais
quelle espérance pouvons-nous entrevoir , avant |
que nos affaires soient placées en des mains plus
habiles, ou du moins sous une influence moins'
sinis re ? C'est alors , alors seulement, que nous
pourrons traverser l'orage et arriver au port.
Dans des tems meilleurs , l'usage était de faire,
à l'ouverture de la session , la tcvue des alfjires
publiques , et d'examiner la conduiie des mi-
nistres. Ces examens , ces enquêtes ne sont plus
observés. Même aujourd'hui les ministres au heu
déi'jler les merveilles de leur sagesse, et de nous
éblouir de 1 éclat de leurs opérations , ne nous
présentent qu'un discours d omissions. Ils nous
presciivent les points sur lesquels notre attention
doit se porter, et nous font entendre qu'il ne
laut pas sortir de la ligne tracée. Je m accorde
en un point avec mon honorable ami ( M. She-
ridan); je prononcerai comme lui, que notre
devoir est de dire la vérité au peuple. Ainsi,
j'indiquerai les omissions du discours pour dé-
voiler toute la vérité , et je ne couviendrai point
que dans les circonstances actuelles , une adresse
comme celle qui nous est proposée, puisse être
présentée au trône. Les communes d'Angleterre
doivent se presser d'examiner, la nature de ces
circonstances, et de rechercher toutes les causes
qui les ont fait naître. Je crains que les mesures
qui vont êire recommandées ne soient qu un
palliatif , et je crois avec mon honorable ami
(sir F. Bnrdett ) que la paix serait le seul re-
mède efficace. Je n'adopte pas son opinion sans
téserve. Je ne crois pas que la guerre soit la
cause unique de la rareté des grains. La guerre
me paraît seulement aggraver une Calamité dont
les mauvaises saisons ont été la cause principale.
Les ministres auraient naturellement dû entrer
aujourd'hui dans quelques délai Issu ries ressources
et les forces immenses dont ils ont disposé ; mais
à ma grande surprise , le discours ne fait aucune
mention de 1 armée ni de la flotte. Un silence pro-
fond est observé à cet égard , comme s'il n'avait
, _ .1 • ^^ existé ni armée ni flotte. Comment expliquer celle
des denrées: elle prouve" qu ils envisagent cette \ éclatante omission ? Quand les ministres peuvent
matière importante sans préjugés. Q_uant à la
question de la guerre ou de la paix , l'adresse
conçue avec une extrême précaution , n'a rien ,
selon lui , lui engage le consentement de la
chambre à aucune mesure ultérieure , et par con-
séquent , il ne voit nul inconvénient à l'adopter.
Mais il diffère d'opinion avec le très-honorable
membre , quand il prétend qu'il n'existe point de
rapport entre la guerre et la rareté des grains. Le
1res honorable membre semble oublier que 3 ou
406 mille ouvriers qui ont été arrachés à leurs
travaux consomment aujouid hui 5 ou 6 lois plus
de denrées que s ils tussent demeurés dans leurs
ailelicrs. ( J^on I non ! s'écrient tes membres sur le
bans de la trésorerie. ) Les très-honorables mem-
bres r.nt désir éfjuc le sujet fût discuté avec calme : je
prouverai mon assertion quand il en sera tems.
Mais je demande si Malte, par exemple, n'a pas été
approvisionnée du marché de Leadenhall-streel ?
Si I armée et la flotte ne consomment pas une
quaniiié .mmense de grains et d'eau-de-vie ?
M. Shcridan termine en donnant son appro-
bation à l'adresse.
M. Nichols s'oppose à l'adresse , et regarde la
guerre comme l'unic^ue cause du haut prix des
denrées.
M. Gr«^. Quelque chosed'exiraordinaire semble
marquer le débat de cette nuit. Le tiès-honorable
taire briller aux yeux de la chambre quelque
apparence de succès , alorsce n'est qu'exaltaiion,
que panégyriques de leur propre mérite;, et si
I on avance qu'ils ont fait un scandaleux emploi
de nos ressources et de nos forces , ils traitent
tous les' argumens dirigés contre eux , d'indé-
centes clameurs , d'appel aux préjugés et à l'indi-
gnation populaire. Ils nous disent que les cala-
mités , les mauvais succès de la guerre sont ainsi
que la disette actuelle , le résultat du hasard et
des mauvaises saisons. Combien leur langage était
différent dans la session dernière ! Ils avaient
adopié les plus sages pl.'îns , les plus habiles me-
sures ! La fortune était seule coupable de leurs re-
vers. Maisoti ne niera pas que la for tune ne favorise
ordinairement l'audace ; que mériter le succès,
c'est souvent l'assurer ; que la sagesse et la vigi-
lance ne commai.dcnt point aux hasards; que les
malheurs et les revers ne soient raies avec la pré-
voyance et la précaution ; qu'au contraire les
espriis peu ptolonds ne se réfugient dans .les
petites itiitigiics , dans les expédicns du moment ,
et ne deviennent ainsi le jouet de tous les.venis
de la fortune , agiles et battus sur une mer d'ac-
cidens. Bcnf. coiisulenli , hent vigilanti prospéré
omnia succcdunt , etc. Temcrè autem improvidèque
agentibus dd ipsi injesti sunt.
M. Giey accuse les ministres de n'avoir pas été
plus heureux dans leurs plans de pacification que
membre parait plus empressé qu'à I ordinaire de | dans leurs entreprises guerrières; d'avoir vraiment
couiti<er tt de retoinmander I iinanimilé , et ' poursuivi la guérie pour le létabli .sèment de la
d'obtenir , s il est possible , qu'elle se manifeste maison Je Bonrbon , ei d avoir méconnu la posi-
en adoptant l'adresse proposée. Mon bon ami lion et 1 espiii de li France , ainsi que la poli-
tique et les dispositiatis des anttes puiiSanC»'
du continent.
Les ministres , continue M. Grey , imaginaient'
ils que les liançai» et Bonaparte se soumettraient
sans résistance ? Us avouent que leurs ressources
n'avaient point encore eu d exemple dans ce
pays. Cependant qu'ont-ils fait ?Jc le demande
pariiculiérement au tiès-honorablc membre qui
a la direction immédiate des aflaires de la
guerre , et poui', qui un département fut créé
pour lui donner plus de facilité dans l'exécu-
tion de ses plans. Il a dis{'Osé dune puissante,
armée. Il a expose lui-même la ntcessiié de rjueU
que grande entreprise. A-t-il dans une seule cir-'
constance atteint son but? Il me pariera de
Malte. Je ne rabattrai point le mérite de cette
conquête , mais je ne la regarderai point cunimâ
une compensation pour la dépense de lentietien
de 3o,ooo hommes. Et d'ailleurs nous n'avons pa8
conquis Malte par la force de nos armes ; c'est
la famine qui l'a réduite.
Il faut laisser la gloire de celle conquête à qui
elle appartient , à la marine. A la vérité , deuk
entreprises ont été tentées, l'une en Italie , l'au-
tre sur les côtes de Fiance ; toutes deux ont
manqué. Peu s'en est fallu que sir Ralph Aber-
cronibie ne soii entré dans le port rie Gênes
lorsqu'il était dans la possession des français , ef
sir J. Pulteney a échoué sur tous les points où il ■
s'est porté ; avec tous les moyens daciion réunis '
en septembre , i;ien n'a été tenté avant le mois de
mai. PorteionS-nous donc au pied du trône l'ap-
probation tacite d'une conduite dont les résultats
ont été si humiliaiis . sur-tout si nous les com-
parons avec ce qu'a fait notre ennemi pendant la
même époque ?
Bonaparte , en prenant les rênes' du gouverne-
ment , trouva tout dans un état de coiilusioo , dô
faiblesse et de désorganisation ; cependant il
porta presqu'aussitôt ses armes à travers les nei-
ges du Saint-Bernard , et expulsa les autrichiens
d'Italie. Je demeure dans celte alternative ; ou
nos plans ont éié absurdes , ou ils ont été heu-
reusement exécuiés. Au Fer:ol , notre armée se
montre sur les hauteurs pour se rembarquer. A
Cadix, elle ne peut même en faire autant. Ce
dernier événement ne comporte point d exameni
Dira-t-on que l'attaque de Cadix entrait dans le
plan des opérations concertées ? cela se peuti
Mais n'a-t-on pas eu au moins le tems de la
contremander pendant que sir J. Puiicney , qui
avait refusé de rester à. la hauteur de Cadix, sa
rendait à Gibraltar.
J'ai entendu dire que l'expédiiion de Cadia
n'était qu'une feinte. Uns leiuie ! et quelle autre
entreprise voulait-on cacher ? le seul moyen
que nous eussions de nuire aux. espagnols <
était de les obliger à envoyer des troupes dans
une place infesiée de la peste ; mais malgré la
mauvaise opinion que j ai des mitiistres , je ne
puis encore leur imputer une telle intention ; au
lieu d'êtres faibles, arrogans , à petites vues ,
ils auraient été des démons. Il est douteux qu'il
soit d'une sage politique d attaquer lEspagnej
Nous fesons la guerre contre le jarobinisme , et
non pour rançonner les espagnols. Les ministres
ont souvent dit qu'ils n'agissaient point cordiale-
ment avec la France; veulent-ils ranimer leur
affectionpour elle?Si 1 entreprise se lût effectuée,
elle n'aurait réussi qu'à faire appeler les français <
qui nous auraient facilement repoussés , et ils
eussent alors persisté dans leur projet de marcher
contre le Portugal , notre précieux et fidèle allié.
Que faut-il donc penser d une expédition dont la
revers a é'.é la chance laplus heureuse pour le pays
qui l'avait préparée. '
M. Grey passe ensuite à Ce qui concerne le
prix de la rareté des blés. Il est d'avis que la
progression des taxes , sans être leur seule
cause , a sensiblemem contribué à les augmenter,
et il piéiend que pendant les sept dernières an-
nées , le prix m'iyen des bièj a surpassé celui des
sept années précédentes. Ainsi que le très-hono-'
rable membre (M. Pitt)il croit que le monopole
pourrait avoir eu quelque part au renchérissement
des denrées ; mais ce mal, c'est eiicoreà la guerre!
qu'il faut l'aitribuer. Elle rend le monopole
plus, facile. M. Grey convient au surtius des
avantages attachés à la liberté entière du com-
merce des grains et des funestes effets que pro-
duirait toute loi qui tendrait à établir le maximunti
Ce dangereux expédient ne fut essayé que .sous
le règne d'Edouard II , et il eut les conséquences
lesplus déplorables. Unessai semblable en F.cossg
fut également suivi des résultats les plus lâcheux
M. Grey donne des éloges à la manière donljea
ministres proposaient la révision des lois sur le
cornmerce des grains < et , après avoir repassé!
quelques points de son discours , il termine cri
proposarrt, par voie d'amendement, que la der-
nière phrase de l'adresse soit retranchée.
M. Ditndas répond au discours de M. Grey.
L'amendement est rejette sans division,
M. Rfder propose que la chambre se forme le
lendemain en cornité généra! , poui; fixer le tau»
dis primes à accorder sur l'importation d«s blés*
Cette proposition est adoptée/
fri-
INTÉRIEUR.
Paris , le 2 frimaire.
On lit dans la Clef du Cabinet , n°. lï
maire , article Strasbourg , ces mots :
a On dit que le gouvernement français a exigé
u de l'Aulriche<iueles russes ne s'avançassent pas
•>■> dans la Gallicie , et que ceux qui vont être dé-
n barques àNaples,au nombre de 4O00 hommes,
«i ne dépassassentpas les frontières dece royaume.
»> On ne sait, ajoute l'auteur de l'article, si ce
>) bruit a quelque fondement. j>
Nous sommes autorisés à démentir ce bruit ,
aussi dépourvu de vérité que de vraisemblance.
— On écrit de Gaen que . le 1 6 brumaire , à dix
heures du malin , un assassinat affreux a été
commis à Crainé , commune de Lannerai , ar^
Tondisscment communal de Châicaudun. En voici
les délails.
Pierre Bois , journalier , veut envoyer son hls ,
âgé d'environ quatorze ans, conduire les besiiaux
au pâturage. Son épouse s'y oppose ; Bois se pré-
cipiie sur elle , et dans un accès inconcevable
de furie , il l'assassine à coups de serpe : plu-
sieurs voisins atcourent aux cris de l'enfant et de
la niere ; l'assassin ne peut échapper ; ses habits
ensanglantés , l'instrument meurtrier qu'il tient
à la main, tout atteste, le crime et le criminel;
tremblant d'être arrêté , il court et va se préci-
piler dans une marniere à peu de dislance du lieu
où son crime avait élé commis. Il a été retiré
mori du précipice; sa femme a élé emportée
mourante à l'hospice de Cliâteaudun , où l'on
conserve I espoir de la sauver. On aitribue ce
crime à un accès de démence. Le malheureux
qui l'a commis avait toujours bien vécu avec sa
(emme , et était esiimé de ses voisins.
Etat militaire du département de l'Ain.
I.ï département de l'Ain , dont la popula<ion
est de 282,758 araes , a fourni aux armées
• ' depuis la révoiuiion 3o,ooo hommes.
Le tableau des réquisilionnaires et conscrits
partis depuis le i"^' germinal an 8 , jtjsqu'au 24
brumaire an 9, donne le résultat suivant:
Conscrits de l'an 8 408
Contingent assigné 383
Excédent 25
( Réquisilionnaires qui étaient en retard . . aSî
Conscrits des classes antérieures à l'an 8. . SgS
Non compris 5o conscrits de l'an 8 enrôlés
Volonuirement dans différens dépôts ou postes
ï(vec des ordres de route individuels.
Les congés délivrés à des réquisilionnaires et
conscrits qui n'en avaient p.«s obtenu avant la
publication de la loi du 17 ventôse, sont au
nombre de 400.
Lts congés dont la conFirmalion a eu lieu
en exécution de la loi du 17 ventôse , sont au
nombre de lioo.
Le total des hommes qui ont marché depuis
le I'' germinal an 8, et de ceux qui ont été
congédiés conformément à la loi , s'éleve aussi
à 3o53 pour le département de l'Ain.
348
Le préfet de police vient encore de faire saisir
dans une maison isolée , commune de Chenay,
prés 'Versailles , un énorme balancier , ainsi que
beaucoup d'usiensiles propres à tabiiquer des
pièces de monnaie ; ces objets sont les dernieis
de ceux qui dépendaient de la fabrique de fausse
monnaie saisie peu de jours auparavant à Paris
et à Vaugirard ; ensorie qu'on a presque la cer-
titude d avoir complelté par cette découverte
toutes celles que nécessitait un délit de celle im-
portante.
PRÉFECTURE DE POLICE.
Copie de la lettre du préfet aux commissaires de
police. — Paris , le 2 frimaire , an g de la répu-
blique française , une et indivisible.
Citoyens , plusieurs d'entre vous ont éprouvé
combien il est difficile de se procurer des ramo-
neurs lorsqu'il se manifeste des incendies pendant
la nuit ; cependant , il est des cas où leur secours
est indispensable, j'aurais désiré affecter un cer-
tain nombre de ramoneurs à chaque poste des
pompiers pour y recourir au besoin ; mais cette
mesure présente des difficultés ; il serait peut-être
possible d'y suppléeren assujeltissanttous les ramo-
neurs à se faire inscrire chez les comniissaires de
police. En attendant que je prenne un parti à ce
sujel.jevous chargede faireun recensement exact
des établissemens de ramonage public , ainsi que
des ramoneurs particuliers qui peuvent exister
dans votre division; vous en dresserez un état
où vous indiquerez les noms et demeures des
-entrepreneurs , les n°' des rues où les dépôts de
ramonage sont situés , le nombre des ramorieurs
de chaque dépôt et notamment l'endroit qu'ils
habitent pendant la nuit.
Vous voudrez bien me transmettre ces reiisei-
gnemens le plus tôt possible.
CORPS-LEGISLATIF.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SÉANCE DU 2 FRIMAIRK.
Un secrétaire donne lecture du procès-verbal.
Un membre. Je m'aperçois que dans le procès-
Terbal on a fait npetiiiou de la présence du mi-
nisiie de l'intéiiéur' à 1 ouverture de la séance,
el du discours qu'il a prononcé. Je ferai obser-
ver que la loi n exigeant point la présence du
ministre au moment de l'ouverture de la nou-
velle session du corps législatif, le procès-verbal
ne doit point constater un fait inégulier en soi.
Un autre membre. On ne peut regarder l'assis-
tance du ministre de l'intérieur ei le discours
qu'il a prononcé, au moment de votre installa-
tion, commeun lait irtégulier.
Pendant voue absence le ministre est chargé
de veiller à l'entretien et à la réparation des bâii-
mens conservés à la tenue des séances du
corps-législalif : nous le trouvions en quelque
sotte à son poste, et nous ne pouvons suppo-
ser dans celle démarche aucun motif déplacé ,
ni d'autre inleniion que celle de rcme'.ire les
bâtimcns à votre disposition; cependant je ne
pen^e pas que le piocés-verbal doive constater la
présence du ministre ; il ne doit contenir que ce
qui s'est passé en séance. Le ministre s'est
relire avant le discours par lequel le président
provisoire à déclaié au corps-législatif qu'il
était provisoirement constitué.
I Tout ce qui peut précéder ce moment lui est
aussi étranger qu'une conlérence particulière du
ministre avec quelques-uns de ses membres. Je
demande donc que l'on retranche du protés-
verbal ce qui est relatif à ce qui a pu se passer
avant le discours du président d'âge.
L'assemblée décide que le reiranchement aiira
lieu.
Le président lit une lettre du secrétaire-d'état ,
en date du 1''.: frimaire , et une du premier
consul , datée d'aujourd'hui; elles ont pour ob-
jet d'annoncer ^u corps législatif que trois ora-
teurs se rendront à deux heures dans son sein.
Un secrétaire donne communication de plusieurs
hommages qui ont élé adres^és au corps-législatif
pendant son ajournement constit' tiotinel.
1°. De deux médailles envoyées pai Lucien
Bonaparie, ministre de l'iniéticur , le 26 messi-
dor ; lune frappée en l'honneur de la bataille de
Marinsj;o ; l'auire , à l'occabion de la pose de la
premieie pierre delà colonne départementale.
2". Du premier n* de la Bibliothèque fran-
çaise , par le citoyen Pougens , membre de l'ins-
litui national.
3". D un volume de la connaissance des tems ,
par le bureau des longitudes.
4°. D un ouviage sur les finances, par le citoyen
Guyot , régisseur des domaines nationaux.
La mention au procès-verbal et le dépôt à la
bibliothèque sont ordonnés.
Le sénal-conservateur adresse officiellement à
l'assemblée les procès- verbaux d'élection des
magistrats et fonctionnaires qu'il a nommés depuis
huit mois , au sénat - conservateur même , au
corps-législatif, au tribunal , au tribunal de cassa-
tion et à la comptabilité nationale.
Après la lecture de ces actes , faite par un
secrétaire , l'assemblée ordonne leur mention au
procès-verbal.
Les conseillers-d'état Reg'niêr , Najacet Gouvion-
Saint-Cyr , désignés par le gouvernement , pour
présenter au corps-législatif l'exposé de la situation
de la république , sonl introduits.
Régnier porte la parole.
Le gouvernement , dit-il , nous a chargés de
vous présenter le tableau de la situation actuelle
de la république française ; ce tableau qui va être
imprimé, sera mis sous les yeux de la nation entière.
L'orateur fait lecture de l'exposé que nous
avons publié dans notre n** d'hier.
De toutes paris 011 demande l'impression.
Le président met aux voix cette proposition.
Le conseiller-d'état Régnier. Le premier consul,
citoyens législateurs , a donné des ordres pour
()ue ce travail fût imprimé irès-promptement ; et
il vous en sera distribué des exemplaires.
Le président. Citoyens oraleurs, le corps-légis-
latif a entendu avec le plus vif intétêt le compte
que vous venez de lui rendre de la situation de
la république ; il aime à se pénétrer de f idée que
le gouvernement porte la plus vive sollicitude
dans toutes lespariies de l'administration publique.
Tant d'efforts pour remplir dignement la tâche
qu'il s'estimposée , ne peuvent avoir que des effets
salutaires. ■
La nation française , convaincue des talens de
ses premiers magistrats , attend tout de leur zèle
pour son bonheur ; elle se livie avec confinice à
' l'espoir que bientôt nos braves armées accoutu^
mées à vaincr» , forceront les ennemis à ac-
cueillir les dispositions pacifiques de son gouver-
nement.
Les orateurs sa retirent , et l'assemblée se
forme en comité secret sur la demande de la
commission des inspecteurs.
NÉCROLOGIE.
Après 71 années d'existence, dont la plus
grande partie fut employée à l'étude des sciences
et des ans. le citoyen Charles - Louis - Denis
Balliere , dit de Laisement , vient de payer son
tribut à la nature ; il est mon le 17 de ce mois à
Rouen.
Né à Paris le 9 mai 1729, de parens recom-
mandables par leurs venus sociales, il reçut
deux une éducation brillante, se distinpiud par
ses études dans les premiers collèges de France,
et donna , de bonne heure, l'espérance de le
voir paraître avec honneur dans la carrière lilté-
"ire- ' . . • j j
Il acquit des connaissances Ires-elendues dans
lachymie, les mathématiques , Ihisioirc, lesbtUes-
leiires et la poésie. Sa réputation lui procura des
relations avec les Rousseau , les d'Alembert , le»
Voltaire , les Diderot , les Fontenelle etc . . .
Il comppsa plusieurs ouvrages, enlre autres un
traité de la théorie de I» musique, qui obtint
l'approbation de Jean-Jacques , el de tous lts
hommes éclairés de ce tems. S'il n'eiil point
autant de succès dans ses pièces de théâtre , le»
connaisseurs savent que la scène française était
alors occupée par des auteurs célèbres qui de-
vaient éclipser tout ce qui osait y paraître.
Ceux qui l'ont connu s'accordent tous à dite
qu'il joignait beaucoup de facilité à beaucoup
d'érudition, et les savans de cette ville, réunis
alors en académie , 1 honorèrent plus d'une fois
de leur confiance , et rendirent en tout tems
hommage à son mérite et à ses vertus.
COURS DUCHANGt.
Bourse du i frimaire.
à 3o jours.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
— Effectif........
Cadix '
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâle.
Sik
Effets publics.
Rente provisoire s' fj-
Tiers consolidé "3l fr. 05 c.
Bons deux tiers i fr. 5o c.
Bons d'arréragé 86 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8 94 "• «5 c.
Syndicat
Coupures •••• °4 "•
Act. de 5o fr. de la caisse dçs rentiers.
L'abonoeoicat se faitaParis, me des Poitevins , n» 18. Le prix est de 25 francs pour trois moi» , 5o fraocj pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
l'abonne qu av commencement de cbaqne mois.
Ilfaui adresse. iesleitre«ctl'ars*nt,francde port, aucit.AcASSE, propriétaire de cejournal,ruedes Poitevins, o" 18. Ilfaufcomprendre dans les envois le port de.
pays où l'on ne p-utiffn iiclnr. Lf > lettres -ies départcmcns non affranchies , ne seroutpoint retirées delà poste.
Il faut avoir soiu, pam^lus de ■iûreté, dt charger celles qui renfeimcatdes valeurs , et adresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, aa rédacteur, rue des
Poitevin», n" l3, depuis jeuf heures flumatinjsisqu'à cinq oeures du soir.
A Patis, dt l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL
^"64.
Qiiartidi , 4 frimaire an 9 de la république française une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs , qu'à liàcer du 7 mvôse le MONITEUR est le seul journal officiel.
Il contient les séances des autorités constituées, les actes du gouvernement , les nouvelles des armées, ainsi que les faits et les notions
tant sur l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les corespondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 18 novembre ("27 brumaire).
X-'Eux bâiimens de transport de la première
grandeur, chargés dariillerie , et fesanl partie de
l'armenienf sous les ordre« de sirjames Pulteney,
sont tombés au pouvoir des espagnols , à l'entrée
de la flotte , dans le golphe de Gibraltar , au mois
de septembre dernier. Une grande part'e du train
d'artillerie éiait à bord de ces deux bâiimens.
La maladie épidémique qui a enlevé tant de
milliers de victimes à Cadix, continue ses ravages
dans plusieurs autres villes d'Espagne. Les der-
rières lettres de Cadix , sont du 1 1 octobre , il n'y
mourait plus alors que 70 à 80 personnes par jour ,
au lieu de S.jo qui y périssaient auparavant. Mais
dans les villes voisines , la maladie fcsait des
progrès efFrayans. A Chiclana . on ne compiait
pas moins de 58 morts par jour. Elle était si vio-
lente à Séville , qu'elle y er'ilevaii 5 ou 600 per-
sonnes tous les jours. Le nombre des morts à
Cadix s'est monié à plus de dix mille dans 1 espace
de deux mois. On compte dans ce nombie trente
familles irlandaises.
Les papiers de New-Yorck, jusqu'au 17 sep-
tembre , s'accn:dent à dire que la fièvre jaune
exerce encore les plus arands ravages à Baltimore,
à Norfolk et à la Pio'vidence , dans Rhode-Island.
Toute communication entre ces places , et les
villes de Philadelphie et de Ntw-Yorck , est in-
terceptée. (Extrait du Sun. )
Cour du banc du roi du 6 novembre.
Cette cour a ouvert ses séances après la saint
Michel suivant l'usage. 11 n'y a eu de remar-
quable que le rapport de M. Campbell , gouver-
neur des prisons de "Woolwich. Le rapport des
prisonniers comprend depuis le 29 juin jusqu'au
3 novembre inclusivement. Il y est spécifié quelle
a été la nature du travail auquel les prisonniers
ont été employés , et la quantité d'ouvrage qu'ils
ont fait. Les prisonniers , à quelques krHividus
près, se sont bien conduits , mais letir santé a
été mauvaise. Il s'esi manifesté une espèce d'épi-
démie dans les prisons vers la fin de l'élé. et
malgré les soins et les précautions qu'on a pu
prendre, il en est mort un nombre considérable.
Après la lecture de ce rapport, lord Kenyon
demanda au député de M. Campbell si les pri-
sonniers étaient habillés avant d'être relâchés. Le
député répondit qu'on passait une certaine somme
* pour leur fournir des habillemens.
Lord Kenyon. Je désire savoir quelles sont les
allouances et comment ils les reçoivent ?
' Le député. My lord , ils reçoivent un habillement
complet.
Lord Kenyon. Qui leur donne ces habillemens ?
Le député. My lord, le fournisseur.
Lord Kenyon. Qj'el fournisseur ? combien est-il
donné pour cet objet?
Le député. My lord , le fournisseur reçoit une
demie guinée pour chaque habillcinent.
Lord Kenyon. Je veux une réponse positive et
claire ; faites attention à ce que je vous demande
et point de faux fuyans dans vos léponses. Com-
bien le public donne-l-il pour habiller les pri-
sonniers qui ont été délenus à 'Woolwich , lors-
que 1c tems de leur punition est passé ?
Le. député. My lord , je ne peux , dans ce mo-
ment , donner l'éclaircissement que demande
votre seigneurie ; mais elle doit être convaincue
que les choses sont faites avec la plus scrupu-
leuse attention.
Lord Kenyon J'insiste pour avoir cette connais-
sance . elle est de la dirniere importance pour
jcs prisonniers et pour le public. Il est tems de
connaître les mystères. Il m'a été fait des plaintes
à ce sujet. Si ces plaintes sont fondées , les abus
sont de la nature la plus criante et la plus infâme,
et méritent toute l'anlmadversion de la cour. En
conséquence , je veux que vous me donniez ici ,
et par écrit . le détail exact de la somme que
reçoit M. Campbell pour l'habillement des pri-
sonniers . et l'emp'oi déterminé qu'il a fait de
cette somme.
!,[ député. Je suis persuadé, my lord, que
M CattipLicil aura beaucoup d'obligation à votre
seigneurie de lui avoir fourni l'occasion de con-
server son honneur intact par l'évidence qu'il peut
donner de ses comptes.
Lord Kenyon je crois que le public me saura gré
de ma surveillance. Je n'accuse pas M. Campbell
et n'ai jamais pensé qu'il fût coupable. Mais on
répand des rapports qnj sont très-tâcheux ; il est
essentiel de s'assurer s ils ont queU^ues fonde-
mens.
Résolutions arrêtées par les francs- tenanciers du comté
de Middlesex. [Londres. )
Qj.ie la cher;é excessive des vivres est accom-
pagnée de grands inconvéniens pour les classes
miioyennes de la société , et qu'elle écrase les
pauvres industrieux d'un poids qu'ils ne peuvent
supporter.
Que la continuation du haut prix des choses
nécessaires à la vie , doit augmenter le prix du
travail ou le taux de la taxe des pauvres , et doit
faire tort au commerce national , diminuer le
revenu public et produire un mécaiiientcment
général.
Que les causes étendues et profondément enra-
cinées de cette calamiié ne peuvent êtie déiruiies
que par l'intervention législaiive : et qu'en adop-
tantseulement des régleraens palliaiifs'et des reme-
des'tcmporaires , c'est le moyen de faire croître
le mal et de le rendre permanent.
Que la principale cause du mal présent gît dans
la guerre oti nous sommes engagés , et que nos
reptésenlans reçoivent l'instruciion de voter au
parlement , dans toutes les circonstances , contre
la prolongation de cette guerre.
Une pétition à la chambre des communes ayant
été aujourd'hui proposée et approuvée , il a été
résolu unanimement;
Que les sheriffs soient rf-quis de signer ladite
péiiiion , et les représentans du comté de la pré-
senter.
Que les remercimens de l'assianblée soient
offerts à 'William Mainwaiing, noire digne repré-
sentant , pour la manière habile , explicite , et
honnêke , dont il s'est expliqué au sujet des ins-
tructions de l'assemblée dans l'occasion présente.
Que l'assemblée regretle l'inévitable absence de
George Bvng , notre autre digUe représentant , et
que des remercîmens lui soien» offert pour sa con-
duite générale au parlement.
Que ces ré.solutions, signées des sheriflfs , soient
publiées dans tous les papiers du matin et du
soii;.
Sîgni, John Perring; Thomas Cadel , sheriffs.
Résolu unanimerinent que les remercîmens du
comté soient offerfi aux sheriffs pour leur atten-
tion envers les franc-tenanciers . et pour leur
conduite judicieuse et impartiale dans l'occasion
présente.
Samedi dernier , un taureau échappé d'une
prairie , attaijua un homiiie qui éiait occupé à
traire une vache. Cet homme fut si cruellement
bics'-é qu'il mourut sur la place. La justice a ni-
donné que le taureau fiât tué le lendemain.
Un nouveau minéral vient d être découvert au
Groenland : il est composé d'argile et d'acide
fluoiique , et formé en lames blanchâtres demi-
transparentes. Sa gravité spécifique est comme
2 à 949. Il se fond à la flamme d une chandelle
et flue comme la glace exposée à la chaleur de
la pipe : on l'a nommé crysolyte.
Dernièrement un homme étant soupçonné de
fabriquer de fausses monnaies , la police envoya
chez lut des officiers qui , sous des pretexjes
plausibles , le prièrent de leur Changer quelques
pièces. Il répondit qu'il n'avait point de mon-
naie ; mais il promit de s'en procurer. Il tint
parole; et lorsque les officiers eurent reçu la
monnaie convenue , ils le firent arrêter et livrer
à la justice. Les précautions nécessaires avaient
été prises pour identifier ces pièces. Le coupable
tut convaincu , et le jury prononça qu'il avait
encouru la peine capitale ; mais il recommanda
au juge d'adoucir la sentence autant que possi-
ble , ayant égard à ce que le crime avait pour
ainsi dire éié provoqué. Le coupable ne fut con-
damné qu'à six mois de détention.
La flotte de la Manche , sous les ordres de sir
H. Hcrvey , a mouillé jeudi dernier ( iS février)
à Torbay.
Nous apprenons , dans le moment , que le
Marlborough de 74 a péri sur la côte de France.
Tout l'équipage a été sauvé.
Les dépêches reçues par M. Dundas de sir Ralph
Abercrombie et celles arrivées à l'amirauié, de
lord Keiih , confirment la nouvelle de la terrible
tempête qui . le l5 du mois dernier ( aS ven-
demiiaire ) , a causé tant de dommages à notre
marine.
Lord Nelson est nommé commandant du Na-
mur de 98 , en attendant que le San-'joseph de
lia soit en état de recevoir son pavillon. Il ser-
vira sous If s ordres de l'amiral Saint-Vincent.
(Extrait du Saint-James-Chronicle et du Courier.
CHAMBRE DES LORDS.
Séance du 12 novembre.
La prière faite , le comte de Leidester , lord
Sieward , annonce à la chambre que sa majesté
recevra, aujourd'hui à deux heures et demie,
l'adresse de la chambre ; on s'ajourne au lende-
main , et les lords se rendent au palais de Saitit-
James pour présenter leur adresse.
CHAMBRE DES C0~MMUNES.
Séance.du 12 novembre. ,
Le rapport du comi'é chargé d'examiner
l'adresse au roi , est présenté. La première lecture
en est faite. On demande la seconde.
M. Grey. Avant déjà fait connaître les motifs
(jui m'empêchent de donner mon assentiment à
l'adresse, je ne fatiguerai pas la chambre par une
répétition inutile : l'honorable membre qui m'est
opposé (M. Piti) a parlé en général de quelques
mesures qu'il a intention de proposer pour remé-
dier au mal présent , mais il n'a désigné aucun
plan : il a glissé légèrement sur un bill général
de clôture ; mais je me flatte que le gotàverne-
ment aura d'autres mesurés à proposer. Je désire
aussi savoir quand M. Pitt remettra à la chambre
les papiers relatifs à la négociation a\'ec la
France.
M. Pitt. Je déclare a la chambre que mon
intention est de lui remettre ces papiers demain.
Quant aux autres questions faites p^r l'honorable
membre , je ne puis y répondre qu'en lépétant
les observations que j'ai déjà eu l'honneur de
soumettre à la chambre. ( M. Pitt reproduit ces
observations. ) J'espère qu'un comité sera nommé
pour prendre en considération le haut prix des
subsistances , et que ce comité sera ouvert à tous
ceux des membres qui auront des renseigne-
mens à donner. J'espère aussi que le comité ne
commencera pas par rechercher les causes de la
cherté aciuclle , mais qu'il s'occupera d'abord à
chercher les moyens propres à soulager les classes
les plus pauvres. Il recommande" particulière-
ment les primes pour limportation des grains
de toute espèce ; mesure qui a produit , l'année
précédente, des avantages très - sensibles. Une
autre mesure qne j'ai à proposer, c'est l'écono-
mie la plus rigoureuse dans la consommation des
choses les plus nécessaires à la vie. On peut
indiquer comme partie de ce plan (économique,
la suppression des distributions de bled ou d'ar-
gent aux pauvres, qui recevraient, à la place,
quelques alimens sains et nourrissans. Les régle-
mens à adopter pour la suite , dépendront des
rcnseignemens que le comité .sera dans le cai
d'acquérir.
Quant à ce que l'honorable membre a dit
sur la nécessité de prévenir le retour d'une pa-,
reille calarniié , c'est une question extrêmement
délicate, et , sur laquelle il y aura diversité
d'opinions. Je suis du iiombre de ceux qui pen-
sent qu'une clôture générale serait très - utile ,
mais je suis sûr qu'il y a bien d'autres moyens
qu'on polirrait adopter. Un honorable membre a
proposé , dans la dernière séance , de soumettre
à un autre comité créé ad hoc , l'examen des
moyens propres à empêcher pour toujours le
retour du mal. Je ne suis pas de son avis. Je cro'»
qu'un seul comiié suffit ; et que si l'on en éta-
blissait deux , il y aurait nécessairement embarras
et confusion dans les rapports.
AL Tierney. Je crois que le meilleur moyen
d'acquérir des lumières sur un sujet de cette
importance , est d'entendre les honorables m>-m-
bres eux-mêmes. Je proposerai? , au lieu d'un
comité particulier,un appel général de la cbambie
25o
je déclaTe en même - tems que je suis dans
l'inlention de demander un comité pour con-
naître l'étal de la nation , et que je ferai une mo-
tion à ce sujet dans quinze jours.
M.Jones se levé , et proteste solennellement
contre la dernière partie de l'adresse , paice
que, malgré le désir de sa majesté pour la paix,
il est convaincu que'la guerre va continuer.
M. Wilberforce. Je suis porté à croire, d'après
toutes les recherches que j'ai pu faire, que la
dernière récolle a été mauvaise ; mais une con-
solation pour moi , dans la crise présente , est
de voir que le peuple, quoiqu'on ait pu dire là-
dessus, n'attend son soulagement que de, ses
repiésentans.
M. Tienuy s'explique.
L'adresse est adoi-lée sans division. Elle sera
présentée à sa majesté par la chambre eu corps.
Les membres de la chanibie qui sont du conseil
privé de S. M. se rendront auprès d'elle pour
lui demander quand elle voudra recevoir la
chambre. On renvoie à un comité général pour
le lendemain le rapport du discours de S. M.
M. Tierney. Je déclare que dans quinze jours ,
à dater du moment où je parle, je ferai la mo-
tion que la chambre se forme en comité géiiéral
pour prendre en considération l'étal de la nation ;
mais je demande si je puis, sans manquer aux
réglemens , réclamer un appel de la chambre
avant quinze jours. Si cela était possible , je
réclamerais cet appel pour un terme plus rap-
proché; par exemple, dans dix jours.
Vorateur répond que le terme Je quinze jou s
est de rigueur.
M.Ticrney.'E.n ce cas, je fais la motion qu'il
soit fait un appel à tous les membres de la
chambre pour dans quinze jours.
M. Pitt. Je ferai observer que la réunion du
pailement avant l'époque qui avait d'abord été
ariêiée , et dans les circonstances actuelles, est
un av's suffisant pour tous les membres. Un
appel à la chambre m'a toujours paru un moyen
peu nécessaire , et peu proportionné à la fin
qu on se proposait. Je suis convaincu que les
membres qui ne se rendent point à leur poste
au moment actuel , ne se tiennent éloignés que
parce que leur présence , à raison des difFérens
emplois qu'ils occupent , est plus utile dans le
-pays où i;s résident , qu'elle ne le serait dans la
chambre. Les membres présens sont en assez
grand nombre pour qu'on ait par eux tous les
ren-eignemens qu'il est possible de désirer sur
Unauireplan a été proposé :11 consiste àpTcndre
le prix du blé étranger , sur le port de Londrc! ,
pour base dvs réclamations à faire par le marchand
qui importe. Ce pian est bon sous bien H.,s rap-
ports : mais il présente un grarrd inconvénient",
c c.^t que nar-là ceux qui importent fixeout eux-
mêmes le prix du blé, elles iniéiêisdu public
seront compiomis , quand les personnes qui doi-
vent recevoir seront eUcs-nicmcs j'.iges , jrour ce
qu'on doit leur payer. Aussi ce plan a-i-il été
géiréralcracnt reconnu impraticable.
Un moyen m'a éié indiqué; il consiste à faire
vendre à l'enchère , dans un tems déitrminé . tout
le gi^in importé , et à régler la prime sur le prix
f^u'd aura été vendu. Mais, comme les imporia-
iions se font ordinairenienl pM grandes spécu-
lations ; que ce n'est pas un bâiimeni , rnais une
Hotte entière qui apporte le blé , en en lésant à
son arrivée une vente publique , on le ferait
tomber au-dessous de sa valeur ; parce qu'il y
aurait plus de grain que de demandes; ce moyen,
cependant, est praticable pour la iarine et le rtz ,
qui viennent en petite quantité. Voici le plan que
je voudrais proposer : lobjection contre celui
del'année dernière est tirée de ce que l'eslimatiori
se fait d'après le blé d'Angleterre , qui e.st pbjs
cher que le blé étranger ; car le blé d'Angleterre
se vendra dans les marchés loo s., et celui de
l'étranger 80. Le m,<rchand qui importe est en
perte , parce que son blé étant estimé à un plus
h-jut prix qu'il ne peut le vendre . il se voit par-
là privé du bénéfice de la prirne. Pour obvier à
cet inconvénient , il n'y a qu'à se régler sur le prix
du blé étranger seulement. Un moyen pour faire
cette appréciation , serait de consulter le prix
moyen du blé dans chaque port où se fait 1 im-
portation. Mais il est possible que toute 1 impor-
tatioh dans difFérens ports de l'extérieur, se borne
à une cargaison ; et qu'ainsi le marchand qui
importe , fixe lui-raê.me la base sur laquelle la
prime lui sera payée. Si l'opération se fait par
district , il y aura encore de grands inconvéniens;
mais je crois qu'il n'en restera aucun , si l'on coti-
sulte pour le blé de l'éir.inger sa valeur à Londres.
La niajeure partie du blé qui se vend sur celte
place , est vendue par des facteurs , à qui les pro-
priétaires, presque tous étrangers , l'ont confié, et
qui en le vendant tant le quarter , n'ont auctin in-
térêt à en déguiserle prix. On peut dire que c'est le
marché de Londres qui règle tous les autres mar-
chés du royaume. C est sur ce principe que je
demande qu'on déienuine la prime.
Je pense aussi qu'il faut que cette prime ne
soit pas au-dessous de 100 s. par quarter de blé ,
de 70 par baril de farine supeitine , et de 68 pour
tes les pti" de la Grande-Bretagne. Un la farine fine. Je réclame aussi une pnme. pour
r^e qui n'es, jamais obhgatoire , et auquel ot^ orge , l'avoine et le se.gle , et rrierrie a^us^' POur
:ut par conséquent ne pas répondre, est un les fannes _de mais et d avome. Le riz mente une
app
peut par conséquent ne pas rép
véritable abus , et les longueurs qu'une lelle me
sure entraînerait ont de graves inconvéniens.
Le sujet même de la convocation prématurée de
la chambre est une garantie suifisanie de 1 empres-
«emeni des membres à assister aux délibérations.
Je conclus au rejetde la motion.
Sir W- Toung parle dans le même sens.
M. Tierney. Le premier devoir des membres
du parlement est dans les circonstances présentes
de se trouver à leur poste. Ceux qui occupent
des emplois sont en si petit nombre , que leur
absence momentanée ne peut nuire au service
public dans leur pays ; enfin , en étendant le
principe qu'on veut établir , on dirait que le
roi pourrait ne pas convoquer du tout le parle-
ment , sous prétexte que la présence des membres
serait plus utile dans leur pays. D'ailleurs , si
j'appelle les honorables membres, et les invite à
remplir les bancs de la chambre , ce n'est pas
.(dans rixilen.ion qu'ils appuient ma motion , mais
■ij.pour leur propre dignité.
La question mise aux voix, la motion est rejettée
à une majorité de 96 voix.
considération particulière ;c'est la meilleure nour
riiure à substituer au blé. Je proposerais pour le
riz importé d'Amérique, une prirne de 35 s. par
baril de 100 cwt. J'en voudrais une encore pour
le riz de llnde. Q_uand la chambre aura réfléchi
sur les avantages que procureraient à notre pays
40 ou 5o mille tonneaux de riz apportés chez
nous à très-peu tle frais pour la nation, d'ici au
1=' de janvier 1801 ; elle se rangera sans peine à
mon avis.
Il paraît que la récolte chez l'étranger a été
aussi abondante cette antiée que l'année der-
nière. Or, la saison dernière, nous avons reçu
1,200,000 quarters de- blé importés dans notre
pays. Nous pouvons en recevoir davantage en-
core cette année. Ainsi le pauvre peut espérer
que le remède à ses maux est également sûr et
prochain.
Je conclus en demandant que le prix moyen
du blé étranger, vendu à Londres, soit constaté
et publié toutes les semaines.
(Extraie du Times. )
La suite demain.
I
R.
N T E R I E U
Farii , le 3 frimaire.
Traduction d'une lettre des capitaines régens de la
La chambre se forme ensuite en comité pour
délibérer sur les primes à accorder pour l'encou-
ragement de l'importation du blé.
M. Ryder. Il était naturel de penser que la
grandeur des demandes lerait hausser le ])rix
du blé. Des primes sagement réparties sont le
meilleur moyen d'augmenter 1 importation. Mais
comme la prime fait elle-même hausser le blé
dans les marchés de l'étranger , parce qu'ell
multiplie les de
dans nos marchés
de l'importation. Cependant comme la chert'é est
un mal infiniment plus petit que la disette , les
crimes accordées dans un lems de disette sont -- - , . , • ' . . ■ 1 r " j
^ aesure bonn<= et sage. Mais com- vernement eiatt de continuer a la repubhque de
république de Saint-Marin . au citoyen Monge
membre de l'institut national de là république
française. — Saint-Marin , le 26 octobre 1800.
Après avoir éprouvé les effets de votre bien-
lés de lélranger, parce ,ju elle y I veiUance envers notre petite républ.riue dans la
emanJes , il nS faut pas croire que visite que vous nous tues lorsque le héros du
chés la baisse sera en raison exacte siècle , Bonaparte , passa dans notre voisinage ;
et depuis, quand étant commissaire du directoire
exécutif à Rome , vous nous informâtes , en date
du 6 floréal au 6 , que l'intention de votre gou-
vernement était de continuer à la république di
Saint-Marin la proteciion que le général Bona
pane lui avait promise au nom du peuple fran
çais ; nous implorons encore uue fois votre
assistance.
Nous avons échappé sains et saufs auxrévolu-
cles ont
vulsions
toujours une
ment doit être réglée la primç ? c'est une ques-
tion sur laquelle il y a eu partage d opinions,
et qui mérite toute l'attenlion de la chambre. La
prime peut être accor'dée par cargaison ou par
quarter de blé importé. Mais il en résulterait un
grand désavantage pour te public qui aurait à i lions politiques qui pemlart treize siei
payer des primes considéralDles , pour donner' agiié 1 Italie , et nolamirient aux con
un profil exorbitant à celui qui importe , sans quelle a éprouvées l'année dernière ; mais-, si le
que l'importaliou fût augrnentée pour cela. premier consul ne s'occupe de nous dans le
traiié de paix que l'on va Conclure , liOTis serons
exposés à être envahis par des voisiris ijui déjà
ont joint envers nous l'insulle au mépris. Sa
grande ame ne perd pas de vue les petits o'ojets,
lors mêtne qu'elle est occupée des plus grands ;
il daignera peut-être défendre la liberté d'un pays
auquel il a donné quelque célébrité par l'iniérêt
qu'il a bien voulu lui accorder. Vous jouissez
auprès de lui d'un crédit justement mérité ;
rendtz-nous le plus important de tous les ser-
vices , en contribuant à noue bonheur, c'est*
à-dire , au iiiainiien de notre antique iib,;rté. .
Vous nous olîiîie«, de la part du général
Bonaparte, et au>jiom du peuple français, l'ag-
grandissement de noire ttriiioire, et pénétrés
de reconnaissance, nous vous léjiondîmes que
nous ne desirio.ns rien que de rester petits et
pauvres comme nous sommes , mais libres. Ce
sont encore là tous nos vœux , et c'est l'unique
objet de la démarche que nous sollicitons de
vous , et qui mettra le comble à notre recon-
naissance.
Salut et respect ,
Les capitaines-régens de la république
^ de Saint-Marin.
— Nous trouvons dans la correspondance de
Cadix , à la date du 16 brumaire , les délail»
suivans sur la maladie qui ravage l'Andalousie,
u La cotitinuation d'un grand vent d'est ,
durant quarante-huit jouis , passant sur une terre
brûlanie , a augmenté 1 excessive chak-ur de
lété ei activé la disposition à recevoir cette
mal/ die , mais elle n'en est nullement la cause ;
el c'est cette erreur commise par la m.ijeure par-
lie des médecins de Cadix de l'attribuer à cette
grande chaleur , qui nous a privés de nos amis ,
de nos conaissances, et a enlevé plus de i5,oo»
amcs dans l'espace de deux mois. En appuyant
ce système erroné sur autre cause que celle des
vapeurs puirides et malignes élevées par l'ardeur
du soleil, des eaux stagnantes et corrompues , il
était nécessaire de détermiuer sa nature, el c'est
là le grand point concluant , difficile à accor-
der, puisque celle ville , libre de vapeurs féti-
des , n'a pu donner naissance à une maladie
épidémiquc , dont la vraie cause est étrangère
à Cadix el au reste de l'Andalousie. Une épidémie
provenant de vapeurs putrides et malignes se
serait manifestée où les chaleurs sont beaucoup
plus fortes qu'en cette ville , comme à SéviUe ,
et où des eaux stagnantes et corrompues occa-
sionnent des fievres.tlerces dans les mois de juillet,
août elsepiembre ; et Séville , ravagée en octobre
plus cruellement que Cadix dans la canicule,
aurait dû convaincre de la contagion, puis-
qu'alors on n'y connaissait poini d'épidémie.
1) Ce fut vers le six du mois d'août qu'on s'ap-
perçut ici de celle maladie si exiraordinaire dans
ses eiFels. Si des magistrats corrupiibles sont cri-
minels chez les nations non policées, combien
doivent 1 être ceux qui , chargés de la santé
publique , compromettent par leur corruption,
les états , et introduisent un fléau destructeur,
qui couvre de deuil leur patrie !
Oui, c'est à la corruption qu'on est redevable de
la fièvre jaune qui afllige ces contrées. Le navire
améiicaiu qui nous l'a apporice , eui l'entrée le
8 août, quoi que le journal du capitaine, oa
soil le pilote 4u bord , mentionnât et déclarât
que trois hommes avaient péri de celle maladie
durant ia traversée. Les gens de l'équipage et les
passagers qui descendirent dans les auberges voi-
sines de la porte de Mer, rues Sopranis , Sainte-
Marie , et Saint-Jean-de-Uieu , affectées aux ma-
rins , périrent peu à peu , excepié le pilo'e ou
second capitaine ; en infcc.ant tout ce quartier ,
de proche en proche , les autres ont éprouvé le
même sort , et la maladie a parcouru toutes les
maisons sans -exception.
51 Dès le principe la terreur s'empara des es-
prits , occasionna une émigration , aussi mal
entendue qu imprudente ; la plupart en fuyant la
contagion , en ont porté le germe qu'ils avaient
déjà dans le sein , aux lieux les plus voisins de
Cadix, comme lîle de Léon , Chiclana, Porl-
Royal et le Port - Sainte - Marie ; delà eUe s'est
étendue à Xerez , Sainl-Lucar et Séville, avec
apparence de passer plus loin , puisqu'on a ob-
servé que des individus réfugiés au milieu de»
champs el sous des chaumières, ont passé jus-
qu'à i5 jours , sans qu'aucune aliération ait mani-
Icsté la moindre indisposition, el qu'aptes ce
t,-rme, la maladie s'est développée avec les mêmes
symptômes efirayans , éprouvés ici. Cette singu-
larité exigeait la prudence des quarantaines qu on
n'a point observées dans les premiers momens ; et
c'est sous ces apparences trompeuses de bonne
santé , qu'elle s'esi rapidement étendue à plus de
trente lieues , sans qu'on puisse déterminer où
poser des bornes qui assurent le terme de son
cours et les lieux où mettre des barrières qui
arrêtent ses progrès et sa communication.
)ï Je n'abuserai point de votre patience pour
faire le tableau de tani de maux; je me borne
aux observations , en passant sous silence tout ce
qui afliige. La mortalité a fait plus de progrès
S3\
généralement chez les jeunes gens et nniiiculîc-
rcmtnt cliei la jeunesse masculine , (toni elle a
enlevé !a plus grj.-ide partie. On a encore re-
maniué que (iresiiie louits les personnes !jui ont
ëlé à nos Atuilles , à celles d'EsjiaiMH' , oux an-
glaises ei autres pa)s d'Annériqne situes entre les
deux iiopiques , n'en ont pas é'é .itiei:it. s , je suis
de ce nombie ; et dans un séjour de six mois que
j'ai (ait au Pori-au-Prinee , à l'â;e de douze ans ,
je fus attaqué d une lièvre qui céda au quatrième
jour, et tétabli dans l'espace de dix. On petïi se
• promettre d'cire soustrait de ce fléau , toutctois
cjue la sevériié sera mise en pratique et coh-
fiée à 1 intégrité; mais cet ennemi séducteur,
le sordide iuiéjét hanchit toutes les barrières-,
surmonte tous les obstacles et ne rencontre nulle
résistance oià la vénaliié exigeante , considère les
exactions comme propriété , assure toujours ses
Javeurs au plus offaut.
j) L'administration d s teraedes a varié du plus
au moins , suivant les systèmes adoptés par les
niédei iiis et selon les connaissances qu'ils acqué-
raient de la nature de la maladie : malheureu-
sement beaucoup ont administré des vomitifs, et
l'on a observé rju au comraencerncnt et durant
trente jours environ , où l'on en Ht usage , les
personnes atteintes de la maladie périssaient à la
suite de convulsions affreuses , précédées de dé-
lires les plus violens : du contrai.e, les purgatifs
et les auoucissans . ont sauvé la grande majorité
des'malades , dont le nom^jre s'élevait à quarante-
six mille , lorsque. la maladie était à son. période.
Xa durée de cette maladie n'excédait sept jours ,
et la tîfvre ne cédant pas aux ralVaichissans le 2'
ou le 3^ jours , le naalade était en péril imminent ;
rarement les remèdes violens obtenaient de succès.
Heureusement cette ville est purgée entièrement
et délivrée de cette cruelle contagion depuis i5
jours ; mais les peisonncs qui ont respiré un air
j.ur . airivant ici , tombent malades peu après , et
bien dtiïcileraent on en sauve les deux tiers ,
nonoBsiant la fraîcheur de la saison actuelle , qui
pui'fieia toujours plus l'atmosphère , à mesurt:
que nous nous rapprocherons de 1 hiver.
i> Mes vœux sont uniquement pour la conser-
vation de nos conciioyens et la prospérité de la
république; nous tenons tous aux mêmes liens:
puisse 1 Etre 'éternel les exaucer, couvrir de son
égide noire cheie patrie , la préserver du fléau
icrnble qu éprouve la malheureuse Andalousie ;
et qje de sages précautions la mettent à couvert
cle toute contagion : aujourd'hui sur-tout que
léiroit.e amitié qui nous liait aux Etats-Unis
est renouveliée , et don' l'abord plus fréquent
des -navires de celte nation dans nos pons im-
pose aux conservateurs de santé la plus séver^
surveillance. )»
A cette leiireétait joint le tableau ci-dessous.
Etat de ta population des villes atteintes de la
contagion , et du nombre des morts qu elles ont
éprouvé , depuis le 12 août dernier, jusqu'au
1" novembie 1800 inclusivement.
Villes
Cadix
Isle-de-Léon. . . .
Pori-Iloyal
Chiclana . . i . . .
PortSainte-Marie .
SatnI-Lucar
Rota. ...,.:...
Xercz
Population Morts.
68,000 araes. 16,000 (l)
32,000 8,000
10,000 3,000
10,000 3,000
25,000
18,000
6.000
3o,ooo
Séville , . . 80,000
279,000
6,000
4,000
i,5oo
8,000
3o,ooo
79,5oo
. (i) Douze mille habitans , et quatre mille de
la (garnison.
— L' général Berthier , ministre de la guerre,
? présenté , le 2 , au premier consul l'ex-maré-
chal Piochambeau. Ce nom rappelle une foule
de souvenirs glorieux. Rocfiambeau commandait
les français victorieux en Amérique . quanrl ils
assuraient l'indépendance des Etats-Unts ; il les
commandoil encore , dans les premières cam-
pagnes de la liberté , lorsqu'ils jettaient les fon-
demens de cette gloire qui a retenti dans toutes
les parties du Monde.
— Les consuls, voulant donner aux défenseurs
de la pallie des preuves non équivoques de la
ïtconu/iibsante nationale , ont ordonné la forma-
tion d un bureau temporaire , chargé de li(]uider
les solfies de retiaiic arriérées. Le bureau est en
fonctions depuis le li brumaire, et déjà le ré-
sultai de ses opéra'ions ollre 4262 articles termi-
nés. Au 1"^' pluvicjse prochain , tous les mili-
taire» dont les litres se trouveront en règle , joui-
ront de la solde de retraite définitive.
Le premier consul avait aussi ordonné que le
21' bureau lût, à [a lin de brumaire, au cou-
laiil du travail des pensions pour tout ce qui re-
garde .l'an g. Ses inlcniions ont été rerniilies ■, et
2234 pensions liquidées sont le résultat de ce
travail.
On ne saurait donner trop d'élnges aux etii-
plo)és de ces deux bureaux. Ils passent les jours
et. les nuits pour seconder les intentions du pre-
tnier consul , et mettie enlin un terme aux pri-
vations (|u'ont si long-teras éprouvées les braves
dont le sang a coulé pour la défense de la patrie.
Le minislre , i n applaudissant au zèle de l'inspec-
leur aux revues Vdlcmansy , du chef du bureau
Gouihoi et du sous-chef i-Ierlhaui, les a chaigés
de témoigner sa satisfaction aux employés.
— L'affaire qui s'éi.iil élevée entre les citoyens
Courtois et Fu!chiron , s'est terminée par un dé-
sistement réciproque,
— Le tribunal d'appel , première section , a
rejette l'appel inteijeité par le trrs-ir public , d'un
jugement du tribunal île premiL-rc instance , qui
le condamne à payer eh numéraire , au citoyen
Ne u ville et à mademoiselle Mon tansier, une somme
de i3o,o,oo (r. » restant due sur le prix du théâtre
des Ans , acquis par la république. Il avait été
stipulé dans l'acte de vente , que la sornitie ci-
dessus serait payée en numéraire ou assignats
ayant cours, sans avoir égard à leur dépréciation.
Le trésor public voulai'i payer les citoyens Neuville
et Montansier , d'après l'échelle de dépiéciaiibn
du papier-monnaie; mais cette disposition était
contraire aux conventions , et le commissaire du
pouvoir exécutif a observé que c'était au gouver-
nement à donner l'exemple delà bonne-foi, dans
l'exécution des transactions.
— La deuxième section du même tribunal est
saisie de l'appel de la célèbre demandé en nullité
de mariage ,- qui a , i| y a dix-huit mois , fixé
l'attention publicpte. Mademoiselle Pcnicaud ,
mariée , suivant elle , contre son consentement ,
au citoyen Lanefranque , demande ranilullatioti
de l'acte qui les a unis , moins pour obtenir une
séparation que le divorce pourrait également pro.-
nonccr , que pour déterminer Vctût de trois enfans
dont deux sont issus du citoyen Racle , son ravis-
seur, et dont l'aîné est à la fois réclamé par celui-
ci et par le mari.
En première instance , le mariage avait été
confirmé, le premier des enfans déclaré appar-
tenir au citoyen Lanefranque , sans qu'i/ fût
statué sur le sort des autres. At.ijourd'hui le ci-
toyen Racle , qui n'éiait point intervenu dans la
première action , veut intervenir dans l'appel , et
défendre ses enfans. Le citoyen Dclamalle , son
défenseur, était, hier primedi, sur le point de
porter la parole , lorsque le citoye:! Bonnet , dé-
fenseur de son adversaire , a élevé à cet égard un
incident , et a plaidé que le citoyen Racle lût dé-
claré non-recevable dans son intervention.
Le tribunal a renvoyé l'affaire au 6 , audience
de midi , jour auquel le commissaire du gouver-
nement portera la parole sur l'incident, et erisui te
il -saluera sur la question extrêmement délicate
de savoir si 1 on peut , en matière d'appel , inter-
venir , ssns avoir passé par le premier degré de
jurisdiciion.
— Le citoyen Fiançais (de Nantes) s'est pré-
senté hier au conseii-d état. Il a piêié le serment de
fidélité à la constitution , et a éié de suite installé
en qualité de conseillei-d état , membre de la
section de législation.
(ACTES ADMINISTRATIFS.
MINISTERE DE LA GUERRE.
Le ministre de la guerre ne pouvant répondre
dans ses audiences à toutes les demandes qui lui
sont faites par les militaires , vu le grand nombre
de réclam<itions occasionnées par les diflFérentes
réformes qui ont été faites , anêie , avec l'auto-
risation spéciale du premier consul.
Art.,P'. Il y aura jusqu'au i5 frimaire , une
commission composée du général Saini-Cyr , eon-
seiller-d étal , des généraux Mortier et Junot , et
de l'inspecteur aux revues Denniée , fesant fonc-
tions de secrétaire-général , qui se réunira tous
les jours j depuis 9 heutes du matin jusqu'à 3
heures après-midi, à l'état-major de la place,
pour recevoir les pétitions des militaires qui sont
à Paris.
Cette commission , aprèsavoirpris connaissance
des demandes et entendu le réclamant , le fera
passer dans la salle d'audience , et lui fera con-
naître à l'inïtan: même sa décision. ^
II. Le général Saint-Cyr, président de la com- !
mission , travaillera tous les jours avec le minislre )
de la guerre i pour obtenir les décisions qui pour- I
roni être nécessaires.
III. Les chefs de bureaux du ministère de la [
guerre sont tenus de faire remettre , dans les t
vingt-quatre heures ou dans les quarante-huit au'
plus tard , les décisions du ministre à la commis- '
sion , qui les enverra elle-même au pétitionnaire
qu'elles concernent. - ' ^
Sisné Alex. Berthier. 1
MINISTERE DE LA M A R I N F.-, ;,
Le soussigné coi^missaire de rnarine ., au ministre di
la marine et dis colonies.'— Bûûtopié , là 2g
brumaire , 'an ,9.
Citoyen ministre ,
J'ai eti l'honneur de voYis prévenir, hier, qti'ùri
navire inconnu était échoué sur les roches du
cap Grincz , et que j'allais m'y rendre. Je suis dti
retour à l'instant , et je vrlOs rends compte que
ce bâiiment est une très jolie goëlèiie anglaise-,
doublée en cuivre, ci-devant teVégase. cuisaire
français expédié de Londres , il y a huit mois i
en guerre et matcliandise , et chargée de 42 mil-,
lieis de café , revenant de Surinam-. Ce bâdmcnt
est monté de 8 liomnies , et lo canons de 4.
Si les vents se soutiennent de l'amont , j'espcre
le ramener dans le port. Il aura besoin d'une
I, lusse quille et de quelques réparations au giée-
ment , et il pourra être trèj-iitile au service.
Signé, Labrouche.
Pour copie conforme.
Le ministre de la murine et des cçlonies -,
Signé , FoRPAiT.
Autre du même 'au minittre de la marine. — Bou-
logne , 29 brumaire an 9.
Citoyen ministre »
Je vous ai hier fait pat-t de l'entrée en ce port
d'une prise du corsaire te Cliasseur . de Dun-'
kerque , sur six qu'il m'en avait déclaré.' Je'
vous infoiiiie aujourd'hui qu'une secOriHe','
chargée de charbon, est aftivée en rade dé
ce port. J'y ai même apposé déjà les scellés.
Je vous informe aussi que le corsaire l'Enjôleur ^
capitaine Lefebvie , a amené à la marée de cette
nuit un bâtiment à trois mâts anglais , d'envirorl
400 tonneaux , doublé en cuivre, chargé riche-
ment ; partant de Londres pour Constanti.noplc.
Je vous donnerai par le prochain courrier les
noms de tous ces bâtimens , et le nombre des
prisonniers.
Il païaît en ce morrient .en rade une secondé
prise.
Signé , La Brouci-ie.
Pour copie Conforme ,
Le ministre de la marine et des, colonies:
Signé , F o R F A I T. '^
- T R I B U N A T.
Présidence de Thiessé^
SÉANCE DÛ 3 FRIMAIREi
Un secrétaire fait lecture dii procês-verbal ; \i.
rédaction en est approuvée.
Les indigcns de la maison de Bicêtre réclament
contre , un arrêté de l'adiTiinistration des hospices
civils , comme attentatoire à leur liberté , en ce
qu'il les prive de la faculté de se promener dans
I intérieur de la maison , et de communiquer avec
leurs parens.
Cette pétition est renvoîéo au gcuvcrnement;
Le corps-législatif annonce , par un message ,
qu il est déhniiivement constitué. ^.
Le tribunal ordonne l'insertion du message ati
procès-verbal , et le dépôt aux archi\ts.
Le citoyen Pareni-Real dépose sur le bureau
une motion d'ordre, relative à la nominatiori
des candidats pour le sénat-cocservateur , et dont
les conclusions sont, 1° que le iribun.it supprime
le scrutin indicatif; i" qu'il motive ses présen-
tations.
Aux termes du règlement , cette motion sera
déposée pendant trois jours au secrétariat.
N'y ayant rien à l'ordre du jour, on demandé
la levée de la séance;
Mathieu. Le tribiinat a reçu divers rnéssàges qui
annoncent que plusieurs places sont vacantes au
sénat-conseivaieur ; je désirerais (jue le bureau
nous fît connaître le' nombre des candidats que
nous avons q présenter, ahu que le tribunal dé-
termine le jour auquel il proeédera à celte opéi
ration.
Les secrétaires donneront demain une nouvelle
lecture des messages du sénat-conservaieur.
On demande de nouveau là levée de la
séance.
Plusieiirs rrlembres proposent de la suspendre
seulement justju'à trois heures.
Le tribunal Consulté , levé sa séance et s'a-
journe a demain.
Lj séance est levée.
ÇORPS-LEGÏSLATIF.
Présidence de Ckatry-Lafosse.
SEANCE DU 3 FRIMAIRE.
Après la lecture du procès-verbal , dont la
rédaction est iidopiée , le président co<-ninunique
à l'assemblée une lettre -, par laquelle le secré-
laire-dé;àt prévient le corps-législatif qu'un ora-
teur se rendra aujourd'hui dans son sein pour
lui présenter un projet de loi, et lui en déve-
lopper les motifs.
A deux heures , Regnaud , de Saint -Jean-
■d'Angdy , orateur nomme par le gouvernement,
est introduit. Il monte à la tribune, et lit un
Fvojet de loi qui a pour objet de donner à
institution des archives nationales une organi-
sation complette et définitive.
Après avoir rappelé que cet établissement fut
«réé p.tr l'assembiéc constituante , maintenu par
un décret de la convention nationale , et con-
servé ))ar la législature constitutionnelle de
l'an 3 , 1 orateur expose qtie la consiitution de
l'an 8 nécessite des changemens dans l'organi-
sation des archives nationales. Jusquau l8 bru-
maire, ce dépôt était sous la garde immédiate
de la législation , qui en avait donné la surveil-
lance à deux commissaires pris dans le corps-
législatif. Depuis cette époque , le gouvernement
a fait, pour assurer la conservation des dépôts
confiés à cet établissement , tout ce qui était dans
les limites de son pouvoir ; mais il reste aujour-
d hui à déterminer par une loi quels sont les actes
dont il sera le g.irdien et le dépositaire. Le gou-
vernement a jugé qu'il devait réunir , dans un
dépôt commun , les actes de toutes les autorités
qui font partie intégrante de la législation.
La discussion du piojet de loi est indiquée pour
le 12 frimaire.
Le président ; ne à l'orateur acte de la pré-
sentation qu il y .e , et dont une expéditon sera
adressée au ti ^.at.
Une nouvelle ieilre du secrétaire-d'état, an-
nonce que le gouvernement enverra demain
deux orateurs pour présenter deux projets de
loi.
Le ci oytn BclkvilU , membre du corps-légis-
laiif, envoyé sa démission , et annonce que le
gouverntmc-ni la nommé commissaire général
dfs reiaiioas commerciales en Toscane.
La séance est levée.
Il paraît un ouvrage intitulé : de l'état de la
Fiduce à lajin de i an 8 , en un vol. in-S". de 3oo
pages ; chez Heniichs , libraire , rue de la Loi ,
n". 288.
Cet ouvrage est divisé en six chapitres. Le pre-
mier est une introduction aux cinq autres. Les
quatre qui suivent traitent de la situation politique
de la France. Le dernier expose les détails de sa
situation intérieure.
L'auteur , dans le premier chapitre , discute
l'origine cl les principes du droit public. Il prend
l'époque du traité de Wesipbalie , pour date de
son établissement. Il pense et prouve qu'à partir
de cetie époque , les grandes puissances de I Eu-
rope n'ont cessé de porter atteinte à ces règles ,
que des principes actifs de désorganisation ont
pendant le cours de cent cinqu.inte année» , tra-
vaillé sans relâche à détruire I ouvrage des négo-
ciations de Munster et d'Osnabruck? qu avant la
guerre actuelle , le système poLtique de l'Europe
était en ruine , et que la guerre de la coalition a
«té le dernier signal de sa destructiop.
L'auteur assigne trois causes primordiales et
•constantes de désorganisadon générale , dont il
«uit les progrès , pour ainsi dire , pas à pas. Ces
.trois causes sont , 1°. la formation d'un nouvel
empire au nord de lEurope ; 2". lélevation de la
Prusse au rang des premières puissances ; 3°. l'ac-
croissement dn système colonial et maritime. Il
s'attache à expliquer l'action de chacune de ces
causes ; niais comme son obet est d'instruire les
lecteuis , et non de les aigrir , il a soin die discul-
per lui-même les états qui ont profilé des déve-
ioppemens de ces trois causes , en disant qu'à
l'époque (t où le droit fut fondé , ces trois puis-
sances ne furent pas appellées à 7 prendre part ;
que l'une d'entre elles était inconnue , que les
deux autres furent dédaignées ; qu'elles ne se sont
<s5«
pas écartées des règles, du droit naturel , en .con-
trariant celles du droit politique auxquelles elles
furent étrangeies ; et qu'enfin des nations qui
s'aggrandissent , ne font que céder à cette impul-
sion expansive que la naiure à imprimée à tous
les êtres animés . soit qu'ils agissent individuelle-
i^ent , soit qu'ils se concertent pour agir avec
l'énergie dune activité et d'une volonté collec-
tives.
5) Aux états seuls , ajoute l'auteur , par qui et
pour qui ce droit fut fondé , appartient le ton de
n'avoir pas vu que dans un droit public piéexis-
tant les éiémens de concert , de fédération et de
concours , qui s'y trouvent , donnent toujours aux
états qui ont des intérêts communs à défendre,
tous les moyens dont ils ont besoin pour pré-
venir tous accroisseraens de puissance qui pour-
raient altérer Iharmonie de leurs rapports res-
pectifs, j»
L'auteur disculpe victorieusement la révolution
française du repioche d'avoir été une cause né-
cessaire de la guerre ; elle a été comiue la déca-
dence du droit public , fondé sur le traité de
Westphalie , comme la guerre elle-même, un
des résultats de l'extension et de l'accroissement
du système commercial. Mais le mal que la guerre
et ses causes ont produit , la révolution est des-
tinée à le réparer ; et c'est avec beaucoup de
raison que l'auteur termine le premier chapitre ,
en disant que si les conséquences qu'il a déve-
loppées sont senties , comme il espère qu'elles
le seront , les français pourront considérer la
révolution sous un point de vue plus étendu , et
les étangers sous un point de vue plus grand
et plus juste qu'ils ne l'ont fait jusqu'ici.
Les 2' , 3° , 4' et 5' chapitres sont consacrés à
l'exposition des systèmes d'alliance , de guerre
et de neutralité de U France.
L'auteur suivant toujours la principale idée qu'il
met en avant au commencement de son ouvrage,
s'attache à prouver que , dans leur système poli-
tique , les ennemis de \n France n'ont ni base
d'intérêt commun , ni règle fixe, ni objet déter-
miné. La France seule , en établissant ses droits ,
les lie à la chaîne des droits généraux : ces
alliances en assurant l'équilibre partiel de 1 ho-
rison politique sur lequel elle influe par sa
Frépondérance , ont pour but de conduire à
établissement de l'équilibre général ; son sys-
tème politique de guerre n'est que de préserva-
tion et de défense ; son syième de neutralité eat
tout entier fondé sur des idées de justice, d'im-
paiiialité, de bienveillance. Dans tous ces déve-
loppemens les assertions de l'auteur sont tou-
jours appuyées sur des principes, et les principes
vérifiés ptr des faits.
Dans le dernier chapitre , la France est pré-
sentée sous quatre aspects ; sous celui de sa po-
pulation , de son industrie , de ses mœurs et de
ses lois. Les deux premiers et les deux derniers ,
liés ensemble par lanalogie des objets qu'ils pré-
sentent , sont la matière de deux tableaux '^ni
seront instructifs pour les lecteurs étrangers , et
pleins d'iniéiêt pour les lecteurs français. Dans
le premier tableau , l'objet de l'auteur est de ré-
futer les dépréciations des apologistes de lAn-
glelerre , et l'exagération des calculs qu'ils ont
donnés au public , sur la richesse et la puissance
de la nation à laquelle ils voudraient que tout fût
soumis. Les résultats de l'auteur sont déduits avec
la plus grande clarté ; et en lisant cette partie de
l'ouvrage que nous annonçons , tout bon français
s'applaudira de voir que le principe de la richesse
et de la puisance de la France est posé sur des
bases que la révolution n'a lais qu'étendre, que
la guerre n'a fait qu'affermir , et qne l'indépen-
dance politique que les français ont conquise ,
est aussi assurée que la gloire militaire qui a
été un des plus beaux résultats de leurs efforts.'
Enfin , le deuxième tableau qui termine l'ou-
vrage, est destiné à la défense de la révolution ,
des moeurs et des lois de la France , et du ré-
gime constitutionnel de l'an 8. Ici les principes
et les faits sont tellement multipliés et rapprochés
les uns des autres , que le lecteur ne sent pas
un instant le besoin de chercher ni l'application
qu'il peut faire des principes , ni les consé-
quences qu'il doit tirer d'une suite de faits.
Les amis de la contre - révolution trouveront
dans l'exposition des doiize priiicipes qui sont ex-
primés avec une grande iprécjsion dans le début
du tableau, lécueil surlçquel doivent se briser
toutes leurs espérances. Jls apprendront que les
causes de la révolution sont trop anciennes , trop
générales et trop puissantes, pour qu'aucun obs-
tacle ait pu rallentir leur action au moment où
elles devaient agir , pour qu'aucune tentative
puisse les entraver , les contrarier même après
leur triomphe.
Les amis de la liberté apprendront à se confier
dans la bonté de leur cause . qui n'a pas besoin
d être défendue par des maximes ni par des tue-
sures exagérées , quand elle est sous la garde de
lois aussi sa;>es que celles que l'an 8 a données à
la France , et d'un gouvernement tel que celui
qui est aujourd'hui chargé de ses destinées.
Les principes du régime ultra-révolutionnaire
sont ici présentés sans indulgence et sans aigreur.
On arriye ensuite par la route incertaine des légis-
lations intermédiaires jusqu'à la dernière consti-
tution , dont les principes sont discutés sans
enthousiasme et même sans partialité.
Nous regrettons que les bornes d'un journal ne
permette pas de citer quelques traits de cette
discussion. L'auteur nous semble y avoir prouvé
d'une manière très-ingénieuse , que la constitution
de l'an 8 , que les uns trouvent trop , et d'autres
pas assez démocratique ; que trop de suscepti-
bilité fait regarder aux uns comme à quelques
égards monarchique , n'est ni démocratique ni
monarchique, mais républicaine, et tellement
républicaine, que l'auteur arrive, par une dé-
duction de principes analytiques, à cette con-
clusion , qu'elle est la plus réellement , et
peut-être la seule constitution représentative
qui existe.
Nous renvoyons les lecteurs à l'ouvrage . qui
mérite d'être lu et qui sûrement le sera. L'auteur
est digne d'estime par la ra.niere dont il a traité
un sujet d'une extrême impoitance , et qui tient à
tout ce qui intéresse le plus l'Europe , et tous les
états qui la composent et tous les citoyens qui
les habitent. On reconnaîtra en lui un ami de
l'humaniié ; un homme qui a observé les événe-
mcns sans préjugés, qui les décrit sans passion,
qui a vécu au milieu des partis sans appartenir
à aucun , qui ne sépare jamais les droits de la
justice de ceux de la liberté , qui a enfin voulu
prouver par toutes les pages de son ouvrage
que l'amour du bien , une véritable passion pour
1 honneur , pour la gloire et l'indépendance de
sa patrie , et une confiance éclairé dans la Sagesse
du gouvernement aciuel de la république, sont
les sentimens qui l'ont inspiré.
COURS DU CHANGE
Bourse du 3 frimaire.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid..
Effectif.
Cadix
-i— Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâie.
I b.
1 3o jours.
a 90JOU»*.
56|
57i
igo
.S8i
4 fr.go c.
I4fr.70 c.
4 fr. 90 c.
14 fr. 40c.
4 fr. 70 c.
5lr. 17 c.
Effets publics.
Rente provisoire ss fr. 38 c><
Tiers consolidé 32 fr. 88 c.
Bons deux tiers 1 fr. 55 c.
Bons d'arréragé. 86 fr. 25 c.
Bons pour l'an 8 95 fr.
Syndicat
Coupures 83 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la REPUBLiQ,tjE et des Arts.
Dem. Iphigénie en Aulide , et le ballet de Télé-'
maque.
Théâtre DES JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. le Chaudronnier de Saint-Flour ; Jeannot et
Colin ; l'Epreuve.
Théâtre DU Vaudeville. Auj. Honorine, et
Tenniirs.
Théâtre de la Cité-Variétés.— Pa»/flmim«j.
Demain , la 6' repr. de l'Elevé de la Nature ,
pantom. allégorique à grand spectacle , siiivie
de l'Amour aux Petites-Maisons ou les Fous hol-
landais , fohe ornée de chants.
L'abonncacut le fait I Paris, jue des Poitevins, n" iS. Le prix est de 2S fiaocs pour troii moii, 5o francs pour six mois, et 100 francs pour l'année entière. On ne
•'aboane qu at/ commeucement de ctiaquc mois.
Il faui adresbe. les Unies et l'argent, franc de port, -aucit. Agasse, propriéiaire de eejournal, rut des Poitevin», B« iS.Ilfaatïomprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne p-utiffn ochsr. Lf J lettres "^es départemens non aeFranchies , ne seront point retirées de la poste.
11 faut avoir soiu, pour plus de lûreié , dt charger celles qui renfermentdes valeurs, etadresset tout ce quiconcenie la rédaction de la feuille, ay rédacteur, rue d«i
Poitevins, a° i3, depuis ^cuf heures du matin jusqu'à cinq oeures dusoii.
A P&vis. dv l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Monitetir , rue des Pokevios , n° r3.
GAZETTE^ATIONALE ou LE MONIIEUR UNIVERSEL.
N" 65.
Quintidi , 5 frimaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR est le seul journal ojgiàel.
Il contient l«s séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que jes faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 18 novembre ( 27 brumaire. )
CHAMBBE DES COMMUNES.
Suite de la séance du n novembre.
Sir W. Young. Je pense que la disette doit être
attribuée en grande partie à une augmentation
dans la consommation du pain de froment , et
c'est pour cela que j'ai toujours pensé qu'il fallait
•'occuper des moyens de remplacer celte nour-
liture par une autre. Je ferai observer que c'est
moi qui , le premier , ai suggéré cette idée.
L'orateur de la chambre interrompt sir W.
Young , en le rappellant à l'ordre.
M. Pitt. Je dois relever une erreur échappée à
l'honorable baronnet ; c'est à tort qu'il suppose
qu'avant qu'il eût parlé, on n'avait pas pensé à
substituer une autre nourriture à l'usage du pain.
Je saisirai cette occasion d'exprimer mon voeu
pour que les distributions de chaiiié dans les
paroisses , en argent , blé , ou pain de froment
soient limitées. Je ne doute pas que les magis-
trats , par motif d'humanité , n'aient passé dans ces
distributions les bornes du pouvoir que la loi
Jeur accordait. Mais l'abus n'a pas été porté à un
point qui exige linlerveniion du parlement. L'ho-
norable baronet a parlé de taxer les gages. Une
pareille mesure serait extrêmement dangereuse ;
elle désorganiserait la société ; mais il faut secourir
les pauvres , et surtout leur donner des alimens
qui leur tiennent lieu de pain.
Sir W- Pu//eB«v. J'approuve hautement les pri-
mes ; mais je crois que ce plan est susceptible de
quelques régleraens. Il est reconnu que la prime
sur l'importation n'entre point dans la poche
de celui qui importe , mais dans celle du mar-
chand étranger. Il est clair aussi que la cheité
de la dentée est elle-même un encouragement
pour l'importation. Je ne pense pas pour cela
que , quand ,un pays est menacé de la disette ,
il ne soit pas à propos de donner des primes.
Le blé est très-cher au-dehprs : cette cherté a
duré tout l'hiver et tout l'été ; elle n'a pas di-
minué depuis la moisson. D'après les derniers
tableaux de la Baltique , le blé s'y est vendu
de 4 liv. 10 s. à 5 liv. sterl. le quarter ; ce qui 7
à considérer la différence de la valeur intrinsèque
du blé d'Angleierr€ , comparé à celui de l'é-
tranger .. esr aussi cher que chez nous. Qijelle
en est la cause ? l'espoir des primes que nous
accordons. La preuve de cela , c'est que les
puissances de ces pays ne consentiraient jamais
à l'exportation , si le haut prix du grain y était
naturel. Nous ne la permettons pas chez nous ,
quand il est à bas prix. Les paysans vendent
leurs blés aux marchands dans les ports de
jner. Ceux-ci ne veulent le revendre qu'à un
prix très-haut, parce qu'ils savent qu'on viendra
' le chercher pour nous l'apporter, je préférerais
l'indemnité à une prime positive ; mais je re-
doute l'appréciation faite d'après la valeur du
blé de l'étranger en Angleterre. J'approuve aussi
beaucoup la prime pour le maïs importé chez
nous. En 1795, l'usage en fut introduit dans les
environs de Liverpool , et cette nourriture fut
trouvée aussi agréable que nourrissante ; mais
je blâme la vente du riz et de la farine à l'en-
chère. On sait assez ce qui se pratique dans ces
ventes. Le vendeur a un ami qui acheté à un
piix bas ou élevé , selon qu'on en est convenu.
Lord Haxvkesbury. Il faut que celui qui importe
ïoii dédommagé de ses risques et peines. En
1795 et 1796 , une indemnité fut accordée , mais
elle ne suffisait pas ; et le gouvernement dépensa
plusieurs centaines de mille liv. st. : l'année der-
nière , au contraire, il n'en a pas coûté un
scbelling pour les primes; mais les sûretés don-
nées par le gouvernement luâisaient pour en-
courager l'importation.
La discussion se prolonge encore quelque
terna , et se termine par l'adoption des résolia-
tions suivantes :
Une prime qui ne sera pas au-dessous de 45 a.
par quarter , sera accordée sur chaque quarter
d'orge , du poids de 3Si2 Ibs. an||laisei , importé
avant le 1" octobre i8oi. Celle prime lera dé-
terminée d'après le prix moyen dn marché , pu-
blié dans la gazette , la troisième semaine après
l'importation.
Une prime qui ne sera pas au-dessous de 65 s.
par quarter, pour chaque quarter de seigle , pe-
sant 408 Ibs. , et déterminée comme ci-dessus.
Une prime de 3o s. au moins , par chaque
quarter d'avoine', du poids de a8o Ibs.
Une prime de 70 s. au moir.s, par barril de
farine superfine de blé , de 196 Ibs , vendu à
I enchère dans les deux mois après 1 impor-
tation.
Une prime de 68 s. au moins , par barril de
farine de blé, fine, aux mêmes conditions que
ci-dessus.
Une prime de 32 s. au moins , par cent
livres pesant de riz, importé des Indes -orien-
tales.
Une prime de 35 s. au moins , pour cent livres
de riz de l'Amérique.
M. Pitt propose ensuite la formaiion d'un
comité pour rechercher les causes de la cherté
des subsistances.
Le comité est formé de MM. Pitt , Dundas ,
Ryder , lord Hawkesbury . l'Atternev et le solli-
citeur général , etc. (Extrait du Times.)
CHAMBRE DES LORDS.
Séance du i3 novembre.
Lord Grenville présente les papiers de la cor
respondancc entre l'Angleterre ec la France, pour
/ l'armistice maritime.
Le duc de Norjolk demande au noble lord si
son intention est de fixer un jour pour l'examen
de ces pièces.
Lord Grenville répond qu'il ne peut encore
fixer de jour. I! fait observer qu'il croit inutile de
demander l'impression de ces pièces , parce
qu'elles sont déjà imprimées , et que des copies"
vont en être délivrées à leurs seigneuries.
Chambre des communes.
Séance du 1 3 novembre.
M. Dundas remet à la chambre les pièces re-
latives à la négociation pour l'armistice maritime :
ces pièces seront imprimées.
Chambre des Lords.
Séance du 14 novembre.
Lord Grenville remet à la chambre , par ordre
de sa majesté , divers renseignemens ayant pres-
que tous rapport à l'importation du bled ; lui
annonce l'absence forcée du lord ayant le dé-
partement du commerce , retenu chez lui pour
cause de maladie , et présente la liste des lords
qu'il désigne pour former le comité parjiculier
dont il demande la formation,
Lord Walsingham. Je propose d'ajouter aux
noms inscrits sur cette liste celui de lord Gren-
ville.
Le duc de Norfolk. Je n'ai aucune objection
à faire contre les lords dont on nous présente
les noms; mais il me semble que la liste pour-
rait êti^e plus étendue. Il est ici d'autres lords
que différentes circontances , leurs relations par-
ticulières , leurs habitudes , les lieux oh ils font
leur résidence , ont mis dans le cas d'acquérir
beaucoup de lumières sur cet important sujet.
Leur présence dans le comité ne pourrait qu'y
être très-utile. C'est avec une certaine peine que
jç vois qu'aucun des pairs qui résident dans les
six grands comiés du Nord , ne se trouve porté
sur cette liste. Léxclusion semble donnée aussi
au banc des évêques.
Lord Grenville. Je ne m'oppose pas à ce que
la liste que je viens de présenter , soit augmen-
tée ; je mécontente de faire observer que les
lords que j'ai indiqués possèdent toutes les qua-
lités que nous pouvons désirer.
Le comte de Suffolk. Pour répandre plus de
clarté sut une matière de cette importance, on
devrait nous mettre sous les yeux le tableau du
bled importé depuis six mois , en spécifiant la
nature du grain , les quantités séparées , et le
montant des sommes payées peiidant cette pé-
riode. Je suis convaincu que ces importations
font sortir d'Angleterre beaucoup d'argent : ce
fait doit être constaté ; il mérite les plus sérieuses
réBexioas.
Lord Grenville. Ce que demande sa seigneurie
se trouve en très-grande partie dans les piecci
remises a la chambre.
Le comte de Darnley. Le sujet qui nous occupe
est extrêmement délicat, je crains que nous ne
puissions pas faire pour le peuple tout ce qu'il
attend de nous. Je me propose de soumettte à
ia -c-hambre lundi prochain quelques observations
qui me frappent sensiblement.
Je demande que les lords soient convoqué»
pour ce jour-là.
La question allait être discutée ; lord HoUand
entre dans la chambre , s'çfxcuse de n'être pas
arrivé plutôt; regrette de n'avoir pas entendu lire
la liste , et demande à faire quelques observations
sur la question en général.
Lord Holland. L'affaire qui nous occupe est
d'une telle nature, que nécessairement le peuple
attend de nous plus qUtr nous ne pouvons faire
pour lui. En effet , que peut faire votre comité ?
prendre des renseignemens exacts autant que
possible, et vous les communiquer; indiquer
les remèdes qu'il croira praticables , et sur-tout
travailler à prévenir toute injustice. Peur moi ,
quoique partisan déclaré de la paix, je ne me
laisserai pns , dans une discussion de cette impor-
tance , diriger par mes sentimens d'opposition à
la guerre; il ne s'agit ici de rien moins que de
trouver le moyen d'arracher la nation aux hor-
reurs de la famine dont elle est menacée. Un
membre du parlement , dans des circonsiances
aussi difficiles , ne doit penser qu'à son devoir.
Ce n'est pas l'esprit de parti qui me suggeic
les observaiions pour lesquelles je léclame votie
indulgence. Hier, on nous a présenté , avec un
air de confiance , des états et des calculs qu'on
a voulu nous donner comme des argnmens sans
réplique: pour prouver que ce n'est point à la
guerre que doit être attribuée la disette. On a
eu soin de nous faire remarquer que , pendant
la guerre même . les denrées avaient été quel-
qnefois moins chères qu'en lems de paix; mais
ces faits ne prouvent pas que la guerre n'amené
pas la disette. Je pense le contraire. Sur les jill
années qui se sont écoulées depuis la révolu-
tion , dans notre pays, on compte 52 années
de guerre , et c'est dans ce nombre que se
Irouvent les ciuq années de la plus grande
disette que l'Angleterre ait éprouvée dans ce
siècle. L'ouvrage de M. Brand , qu'on nous a
cité , prouve seulement que la guerre tend plutôt
à jetter de la fluctuation sur le prix du blé , qu à
lui donner une hausse uniforme. Je me propose
de traiter la question plus à fond , lorsque le
comité nous aura fait son rapport.
Le comte de Warwick. Je viens de parcourir dif-
férentes provinces de ce royaume ; j'ai été à même
de reconnaître l'état des récoltes. Elles ont été si
mauvaises dans "certains pays , les habitans y
éprouvent une disette si affreuse, que je n'entre-
plendrai pas de vous décrire leur misère. Je
pense que le meilleur moyen de soulager le
malheureux serait d'établir un maximum pour le
prix du blé , et de le fixer à 10 schellings le quar-
ter ; le pauvre alors n'aurait plus à se plaindre. -
Lord Grenville. Je partage l'opinion de lord
Holland sur l'importance du sujet qui nou,s oc-
cupe , et sur la grandeur des devoirs que le
comité aura à remplir. Je pense, comme lui,
que si le peuple attend de nous un soulagement
complet , il nous demande plus que nous ne
pouvons lui donner. Est-il en notre pouvoir de
régler les saisons ?Je ne dissimulerai pas la gran-
deur du mal. Non-seulement la récolte a été
mauvaise , mais même elle a totalement manqué
dans plusieurs endroits ; mais je ne suis pas de
l'avis de quelques personnes qui voudiaient que
tout le produit de la récolte dernière fut apporté
en même tems , ou du moins dans un court
espace de lems , sur le marché. Une pareille
mesure serait bien funeste. C'est aussi avec dou-
leur que j'ai entendu prononcer le rnot de maKi-
mum. Je proteste solennellement contre une pa-
reille mesure, qui compromettrait les intérêts du
commerce , ceux des propriétaires , l'existence
même de la société ; je proteste enmon nom ,
au nom du gouvernement , et je crois pouvoir le
dire au nom du parlement lui-même. Introduire
un semblable principe , c'est sapper les fonde-
mens de la civilisation. En effet , à quoi bon la
liberté ? à quoi bon les lois ? si le fondement sur
lequel reposent la sûreté et la propriété du ci»
toyen est renversé ?
Lt comtt de Warwick l'explique.
254
te comte de Moka. Je pense comme le noble | ne paient pas ses setvices assez cher , vient de
secrétaire d'éiat sut les dangers du maximum , et ] s'enrôler dans les troupes du cardinal - général
sur l'état fâcheux de la récolte. Je suis convaincu Ruffo
comme le noble lord qui vient de parler , que
le travail du pauvre ne peut suffire à sa sub-
sistance. Dans la contrée que j habile , un ou-
vrierqui , avec sa famille , pouvait gagner 29 sch.
par semaine, était si évidemment hors délat de
se nourrir lui et ses enfans , que les magistrats
ont été obligés de l'admettre aux. distribuiions de
la paroisse.Si l'on ne vient pioraplement et eHi-
cacement. au secours desmalbeureux , il laut s'at-
tendre aux plus épouvantables désordres. Je vou-
drais que le gouvernement Ht passer du blé des
pays Oïl la récolte a été plus abondante, dans ceux
où elle a manqué, j'espère que les pièces qui sont
remises à la chambre , contiennent le tableau vé-
ritable des récoltes dans les différentes parties du
royaume.
Lord Hobart ne veut pas qu'on prenne l'initia-
tive sur le comité.
Lori GrenviUe. Les papiers remis à la chambre
ont principalement rapport à l'importation et à
Texponaiion du bled.
Lord Norfolk Je demande que les noms du
comté de Fitzwilliam ei des évêques de Chester
et de Dutham soient ajoutés à ceux qui nous
ont été présentés.
Cet avis est adopté.
Lord Holland. Les papiers relatifs à une né-
( Extrait du Journal dis Défenseurs de la Patrie ]
— On écrit de Metz , en date du 28 biumaire :
le préfet de la Mozelle a observé avec soin , dans
lu visiic qu'il a faite de son déparlement , les
nombreux établissemens de forges ei de manu-
factures' qu il renferme ; la paix , la proteclion
(lu gouvernement et line bonne police loresiierc
les rendront florissans. Un de ces éiablissemens ,
la foige de Dilling , piès de Satte-Louis , pré-
sente sur-tout un grand intérêi. Tous les outils
nécessaires aux ans et métiers doivent s'y fabri-
quer. Les ouvriers qu'on y emploie sont des
étrangers que les entrepreneurs ont attirés du
pays de Berg, C'est le seul atlelier en France oii
il se fabriquera des faulx , des scies , des crics ,
et beaucoup d'auires articles.
— Le goût de", dentelles est aujourd'hui porté
en Allemagne à un si haut point , que l'on donne
pour certain qu'à Bi'uxelles on vend pour ce pays
des voiles d-e femmes dont le prix s'élevè à trois
mille florins.
— Le 3o brumaire , une battue générale a dû
avoir lieu pour la destruciion des loups , sur tous
les points du déY..artement de la Haute- Marne.
Comme il éiail à présumer que les loups chassés
de la Hanle-Marne se jeiteraient en partie sur le
déparlement de la Côte-d'Or , le préfet de ce
déparlement ,a pris toutes les mesures nécessaires
gociation pour la paix , déposés hier sur le bu-; pour garantir les communes des ravages que pour-
reau par le noble secrélaire-d état , ne me pa- raient y exercer les loups qui s'y réfugieraient,
raissent point propres à donner les notions exactes II a autorisé les maires à ordonner les chassés et
dont nous avons besoin. Pour pouvoir bien ap- ' battues nécessaires, en leur indiquant tous les
précier la conduite des minisires dans cette occa- moyens de précaution à_ prendre , soit pour éviter
sion, il faut que nous ayons aussi sous les yeux les accidens ei les dégâts, soit pour meure de
des copies de toutes les communicalions officielles ^ l'ensemble dans la bailue.
entre 1 Autriche et la France , telles qu'elles ont j _ j^g ^ frimaire, vers les trois heures après
ete transmises ou reçues par les ministres de sa ^jj;^ ,^ ^j, Pinson, tapissier, rue de laMontagoe
majesté, depuis le i-^^jum i8oq( 12 prainal. ) j Sainle-Genevieve , est sorti de chez lui : il a été
Lord Holland présente sa motion , en forme trouvé le soir sur le boulevard de IHôpiul , percé
d'adresse , au roi; elle est lue par le lord chan- d'une balle : son pisiolei était à côie lui. La dou-
celier.
Lord GrenviUe. Une semblable motion ne me
surprend pas de la part du noble lord : elle a
pour objet d'affaiblir , en détournant votre atten-
tion , l'impression qu'a dû produire sur vous la
leur d'avoir perdu sa femme paraît avoir élé la
cause de ce suicide : il laisse sept enfans en bas
âge.
— Un émigré français vient de publier en An-
gleterre une nouvelle méihode quil a inventée
lecture des pièces qui vous ont élé remises, rtia- POar éclairer les ruts : elle consiste principale
tivement aux négociations avec la France. Mais ment à taire passer la lumière des réverbères à
ce qui me surprendrait beaucoup , ce serait que travers des cylindres ou vides ou rempli d'eau ,
la motion produisît sur vous cet elFet. Le noble «e qu' la réfléchit d'une manière très-avaniageuse.
lord , dans tout ce qu'il a dit touchant le traité Cette méthode , essayée dans un des quartiers de
signé par le comte de Saint-Julien , m'a paru plus • Londres , a eu un plein succès,
habile à jusiiSer l'ennemi, que l'ennemi lui- 1 _Le Journal du Commerce contient le para-
meraenelaete. j graphe suivant :.
Lord Holland. Je sais que c'est la coutume du I " Un nommé Smiih a fait avec succès à Bigst ,
noble secréiaire-d'éiat et de ceux qui gouvernent e« a« Havre , une expérience tendante à rendre
avec lui , d'accuser leurs adversaires d'être les ' potable et saine l'eiu la plus corrompue. Il a
avocats de l'ennemi de noire pays. L'ailifice , acheté un quartier de vache , qu'il a laissé putré-
pendant quelque tems , a réussi assez bien. Je
ne connais pas d'autorité légale qui donne à un
(ecrétaire- d'état , ou à tout autre, le droit de
mettre en question les motifs qui font parler un
membre du parlement , ou d'imputer à bienveil-
lance pour l'ennemi l'exercice du privilège , que
donne la constitution de réclamer les renseigne-
mens qu'une chambre du parlement a , selon moi ,
le droit d'exiger en totalité. Tels sont les papiers
dontje demande communication. Le noble secré-
taire-d'état dit que les pièces prouvent que le , . _ .
comte de Saint-Julien a outrepassé ses pouvoirs : / M. Smith met les substances que l'eau doit
mais comment la chose est-elle prouvée ? sur l'au- I traverser pour s'épuiser. Au bout de i5 minutes,
fier sur un tas de fumier, il l'a mis ensuite dans
l'eau , qui a pris bientôt une couleur noire et
verdâtre , est devenue épaisse , et a répandu
l'odeur la plus infecte. Au bout de 20 jours ,
en présence des autorités de la ville, il a fait
porter à bord du Géographe (bâtiment de l'expé-
dition des découvertes) , de cette eau corrom-
pue. Il l'a versée dans six filtres, faiis en forme de
bidons ou barrils à mettre du sel , mais plus
grands. Chaque philtre est composé de plusieurs
divisions ou cercles, dans l'intervalle desquels
torité même d'une lettre écrite par le noble secré-
taire-d'état : en sorte que c'est de sa propre auto-
rité qu'il s'appuie ici lui-même. Je crois pouvoir
dire , sans craindre de passer pour l'avocat de
Bonaparte , que quand une chose est affirmée par
lui , ètayée par les ministres d'Angleterre , l'asser-
tion de l'un vaut bien celle des autres. La corres-
pondance , dont je demande communication ,
répandra la lumière sur toute la question des
négociations. Il est possible que le comte de Saint-
Julien ait outrepassé ses pouvoirs , à quelques
égards , mais si la motion que je présente à la
chambre est agréée , leurs seigneuries pourront
savoir jusqu'où l'abus a été porté ; pour moi, je
suis persuadé qu'il n'a pas été aussi loin que les
ministres voudraient le faire croire à toute l'Eu-
rope.
La motion , mise aux voix , est rejettée. -
Sur la demande de lord Darniey, la chambre
s'ajourne au lundi prochain.
N T E R I E U
Paris , le 4 frimaire.
R.
On écrit de Rome que le fameux Ozarotto ,
génois , d'abord général génois , puis déserteur
des troupes françaises , ensuite général allemand,
puis cbas^ de ce grade, finalement général de
la masse qui avait été organisée en Toscane sous | David , Sàlzard et Mager°, en exécution des
le commandement dii duc d'Aost et de Willot. ' décrets rendus sur les imputations d'abus faites
dégoûlé de la protection de ces messieurs, qui aux fermiers-géiiéraux desdiis biux.
l'eau versée sur ces philtres sort limpide, pure et
sans odeur , comme celle de la fontaine. Par ce
moyen, les marins sont toujours sûrs d'avoir
de l'eau potable.
L'auteur de l'invention fait un secret du pro-.
cédé qu'il emploie , mais le chirurgien-major de
Brest a réussi à produire le même effet en fesant
passer l'eau à travers du charbon , de la chaux ,
et du cailloux de différentes espèces.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du. aS brumaire an 9.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre des finances-
Vu la demande des héritiers et co-intéressés des
fermiers-généraux , en main levée des séquestres
et oppositions subsisians sur leurs biens , par suile
des décrets des aS et 29 nivôse an 2 ;
Vu. les avis, donnés en exécution des mêmes
décrets par les commissaires de la comptabilité
nationale , sur les imputations d'abus et malver-
sations faites aux fermiers-généraux des trois der-
niers baux , desquels il résulte que toutes lesdites
impuiaiions sont dénuées de fondement, leconseil-
d'élat entendu , arrêtent :
An. I". Il sera donné main-levée des séquestres
et oppositions mis sur les biens des hériuers et
co-iniéressés des fermiers-généraux des baux de
II. Le ministre des fiiia-ces est charge de
l'exéciiMon du présent arrêté , qui sera inséré
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du i frimaire.
Les consuls de la république , le conseil- d'état,
entendu , arrêtent :
TITRE PRE iM 1ER
Masse d'habillement et équipement militaire.
Art. I'^. li sera fait pour l'an 9 un fond fixe
pour l'habillement et éciuiperaent militaire ,
entretien , confection, et première fourniture
de petit équipement fourni par l'éiat aux troupes
d'artillerie de la marine.
Ce fonds sera désigné sous le nom de masst
dkabillement et équipement militaire.
II. Cette masse sera de 34 francs par chaque
sous-officier et soldat , il y sera ajouté un
supplément de 14 fr. pour la fournuure d'usage
dans la marine-, d'un palieau de drap tous le»
trois ans , et d'une culotte de toile ou tricot tous
les ans. Le décompte en sera fait par douzième
chaque mois , sur l'extrait de revue.
Elle sera payée en totalité aux demi-brigades et
compagnies d'ouvriers, dont l'effectif s'élèvera
aux deux tiers du complet de guerre ; il n'ea
sera payé que les trois quarts à celles donl
l'effectif sera au-dessous des deux tiers ; et la
moiiié à celles qui se trouveraient réduites au-
dessous de la moitié du complet. ;
III. Les fonds de cette masse seront administrés,
dans chaque demi-brigade et compagnie d'ou-
vriers , par les soins économiques du conseil
d'administration , qui en rendra compte chaque
année à l'inspecteur - général des troupes , et
celui-ci au ministre de la marine.
IV. Les dépenses auxquelles doit subvenir la
masse d'habillement et d'équipement militaires
soni :
1" L'achat des étoffes , la confection et l'entre-
tien de toutes les parties de l'habillement des
sous-officiers et soldats ;
2° L'entretien et le remplacement des ceintu-
rons , baudriers, gibernes, bretelles de fusil,
caisses et colliers de tambours , et la répartition
des armes ;
3" La fourniture des effets du petit équipement
qui seront délivrés à chaque soldat lors de son
arrivée au corps et qui consistent, savoir:
En I sac de peau ;
3 chemises i
3 mouchoirs ;
I paire de. guêtres noîfes;
1 paire idem de toile grise ;
i paires de souliers ;
3 paires de bas ;
2 cols ;
Sac à poudre, brosses, peignes, boucles «
rubans de queue et épinglelies.
4° Les frais de bureau de l'état-major. ,
TITRE IL
Masse de linge et chaussure.
V. L'entretien et le remplacement des effets
de petit équipement seront à la charge de chaque
sous-officier et soldat ; il sera fait , en consé-
quence , une retenue sur leur solde, qui sera
de 8 centimes par jour , pour chaque sergent-
major, sergent et fourrier ; et de 5 centimes pour
chaque caporal et soldat.
VI. Le produit de cette retenue sera appelé ,
masse de linge et chaussure. Elle sera administrée
dans chaque demi-brigade et compagnie d'ou-
vriers d'artillerie de la marine , par le capitaine
de la compagnie, sous les ordres et sous la
surveillance du conseil d'administration.
VIL II sera tenu un compte ouvert à chaque
sous-officier et soldat , pour les dépenses et l'en-
tretien du petit èquipemciu ; et le décompte en
sera fait tous les trois mois : mais il ne sera paiyé
à chaque homme que ce qui excédera 27 fr. pour
les sergens-majors ,sergens et fourriers, et 18 fr.
pour les caporaux et soldats. '
Ces sommes resteront toujours à la masse pour
subvenir aux dépenses journalières du petit équi-
pement. ,
VIII. Lorsqu'un sous-officier ou soldat obtiendra
son conijé absolu , le décompte de cette retenue
lui seratait en son entier, déduction faite de ce
qu'il pourra devoir au corps.
IX. I! ne sera point établi , dans les troupes de
la marine , des masses de boulangeries , de caser-
nement , ni de chauffage ; le ministre traitera avec
le munitionnaise général des vivres de la marine .
pour la fourniture de la ration d.e pain , alloué*
»ux sous-officiçrs et soldats, présens au corps, ou
détachés pour Je service.
X. L'administration des ports passe , sous l'ap-
probation du ministre, les marchés relalits aux
hôpitaux , casernement , chauffage des troupes et
fourniture de liis militaiies.
Mais_ il sera retenu à chaque sous-officier et
soldat à l'hôpiral, les deux lieis de la solde pen-
dant tout le lems qu'il y sera resté.
Le chauffage des troupes sera déterminé . quant
à la quotité du combustible et aux mois d'hiver,
ainsi qu'il est réglé à l'égard des tioupes de
terre.
XL Le niinistre de la marine et des colonies
est chargé de l'exécution du présent arrêté , qui
sera inséré au Bulletin des lois.
Le premier consul, iisné , Bon.\parte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé, H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
•i Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre de la guerre , le conseil-d'état en-
tendu , ariêtent :
Art. !"■. Les pensiajis précédemment accordées
en exécution de l'an. XI du litre X'Vli de l'or-
donnance du 27 juillet 1781 , en faveur des mi-
litaires qui , réduits en un état d'incurabilité ab-
solue , oni été admis dans de« hôpiiaux civils ,
seront converties en solde d.- reiraite , confor-
mément àja loi du 28 fructidor an 7 ; mais elles
deraeureroni fixées aux taux auxquels elles ont
été primiiivement portées.
IL Le paiement de cette solde de retraite sera
fait , àcomp;cr du 1^'' vtndemia le au g , d après 1
les levues des commissaires des guerres , euire '
.les mains de l'administration de I hôpital civil , 1
dans lequel ces militaires seront adiais.
III. Les arrérages échus antérieurement à l'an g
seront acquittés , conformément aux lois et ar-
rêtés relatifs au mode de paiement des pensions
militaires.
IV. Les minisires de la guerre et des finances
sont , chacun en ce qui le concerne , chargés de
J'exécuuon du présent arrêté , qui sera imprimé
au Bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bcjisiaparte.
Par le premier consul ,
Le secrélaire-d état , signé , H. B. Maret.
Autre arrêté du même jour.
Les consuls de la république, sur le rapport
du ministre des finances ;
Vul article XXXIV de la loi du 22 vendémiaire
an 4 ,' relative à 1 o/ganisaiion des monnaies , et
l'arrêté du 28 messidor an 7 , le conseil - d'état
entendu , arrêtent :
Art. I". Il sera alloué aux directeurs des mon-
naies pour les frais de fonte et fabrication des
pièces d'argent de cinq francs , décrétées le 28
thermidor an 3 , 2 fr. 17 cent, par kilogramme.
II. Il leur sera passé en compte , pour les
déchets dans les fontes d'argent , 5oo grammes
par 100 kylogrammes.
III. La présente fixation n'aura lieu que pour
la fabrication de l'an 8.
IV. Le ministre des finances est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,*
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
a55
présenter de sa part. Acceptez en niêtnc tems les
assurances de ma plus haute considération.
Le tribunal ordonne que les médailles et les
pièces de monnaie , au nombre de douze seront
déposées aux archives.
L ordre du jourappelle les observation» d'ordre
annoncées parle iiibun Parent Real dans la séance
d'hier,
Pi7ri,';U-/{Mfr"La propositon d'un des trois can-
didats qui doivent être piésentés pour la nomi-
nation à une place de sénateur, est l'une des
belles aitiibulions du tribunal. L'a combinaison
de faire concourir à i'organis.-tion du sénat le»
pruicipatix fonciionnaires (]u il est chargé d'élire ,
me paraît neuve et profonde. Elle rattache heu-
reusement les exlréuiiiés du cercle des élections ;
elle fait jriaître une confiance qui établit les meil-
leurs rapports entre les premières autorités , et
qui est favorable à la bonté de leurs sufi'ragcs.
Cet enchaînemint d'action , cette réciprocité
d'influence , doivent servir le bien public et
l'état.
T R I B U N A T.
SÉANCE DU 4 FRIMAIRE.
En exécution de l'arrêté pris dans la séance
d'hier , le bureau communique au tribunal les
divers messages , par lesquels le sénat-conserva-
teur annonce la mort de plusieurs de ses mem-
bres. Il en résulte qu'il y a au sénat-conservateur,
trois places vacantes pour cause de mort , et deux
pour completter les64 membres, nombre auquel,
d'après la constitution , le, sénat doit être porté
pendant l'an g.
Le tribunal procédera incessamment à la pré-
sentation des candidats.
Le président fait lecture de la lettre suivante ,
qui lui a été adressée par le citoyen Marescal- hi ,
député de la république cisalpine , près le premier
consul.
Aussi , c'est parce que vous avez jugé ce de-
voir ^important , que vous avez environné son
accomplissemeni de formes protectrices et de
délais priidens. Les précautions déterminées par
1 art. XLIX de votre règlement attestent la sagesse
de vos esprits et la pureté de vos intentions.
Mais les conceptions du génie ont 'besoin elles-
mêmes de la leçon de l'expérience. La constitu-
tion n'a pu poser que le principe. Les déve'op-
pemens appartiennent à des lois réglémeniaiies.
Je ne viens point les provoquer, parce que
nioi aussi je désire que le tribunal soit sobre de
1 initiative v je crois que l'acte de proposer les
candidats pour l'élection d'un sénateur aurait
besoin d'être régularisé. Je voudrais qu'une loi
organique en déterminât les formes , en précisât
le lems , l'ordre et les circonstances. Il me paraît
nécessaire surtout que les présentations soient
faites le niêuie jour et simultanément ; mais ces
moyens de perfection ne sont point dans votre
main ; il faut les attendre avec confiance du pou-
voir revêtu du droit de les proposer.
Je dois me bornera vous soumettre que'ques
modifications qui sont faciles, et sans doute de
votre compétence.
Vous avez arrêté que lorsqu'il y aurait lieu à
présenter un candidat au sénat conservateur, il se
ferait un premier scrutin indicatif. Cette sorte
de scrutin peut être utile pour'une auroriié dont
les séances ne sont point piibliqucs , tcdes que
le sénat. Au sein du tribunal, je lui trouve
moins d'avantage que d in convéniens.
Je crains, _par exemple , que- l'aniiiié qui a son
enthousiasme , ne se livre aussi à ses illusions , et
ne puisse comnietire ses errcuis. Je crains que ,
par prévention , elle naccorde quelque fois son
estime à l'homme médiocre comme au plus
digne. De-là l'on verrait sur votre liste des
noms faibles et sans couleur. Celui qui aurait
été désigné ainsi par un suffrage complaisant ei
solitaire , ne serait point honore , et son obscu-
rité , ou son incapacité morale , jetterait de la
défaveur sur le choix définitif du iribunat.
Le scrutin indicatif n'est admissible , à mon
avis , qu'autant que le vote individuel est moti,vé,
et qu'il est peimis d'ouvrir une discussion sur les
carididais ; alors, je conçois qu'il est possible
qu'il remplisse son but, et qu'il devienne si
Ion veui préparatoire ; mais la publicité néces-
saire de vos séances, et les dangers attachés à
toiite discussion publique, lorsqu'elle a pour
objet les individus , s'opposent fortement à ce
que vous fassiez accompagner de ces formalités
le scrutin ^d indication.
Q,uelque soit d'ailleurs la manière de l'amen-
der , il y a contre sa conservation une objection
que je ne peux point dissimuler. En effet , ouïe
premier scrutin d élection produira , sans liste
indicative préalable , la majorité absolue des
voix , et alors celte liste eût été vaine ; ou il faudra
procéder à un second tour de scrutin , et dans
ce cas la première épTeuve dans laquelle il y
auia eu une grande dissémination de suffrages,
servira bien elle-même de table d'indication. Je
crois donc qu il y a un avantage réel à sup-
primer le premier scrutin pureiiient indicatif,
parce qu il est surabondant et parasite, et que
la mtaltiplicilé de noms qu'il occasionne , fatigue
I esi lit et distrait nécessairement l'atleniion à
l'égard du concurrent sur lequel elle aime à se
reposer, et sur lequel elle doit enfin se
réuiiii.
Une seconde question se présente sur l'cxécu-
liian de 1 an. XVI de la consiitulion , et je la crois
irès-irapori nie ; je la livre d'ailleurs à vos médi-
/-, ■ I talions , moins comme une opinion à laauelle \e
Citoyen président , ,„^, ^^-^ ^„.,. ^ ^^^ ^„^^^ ^^^ doute \ue j'ai
La bataille de Marengo est un événement qui 1 conçu.
fera époque dans l'histoire ; il fallait «jue la ic- En attendant que la loi ait réglé le mode
connaissance du gouvernement cisalpin vers la ' d'énre les candidats à présenter au sénat- conter-
république française en formât une aus=;i. Voilà ; vattur , et (ju'ellc ait donné à cet acic son com-
à quoi sont dirigées le» médailles et les monnaies ' plérnent , il conviendrait peui-êire que le tribunal
que j'ai 1 honneur, citoyen président, de vous adoptât l'usage louable suivi par le premier consul,
I de motiver ses ptésentMions. La simple dé.<;îgna-
tion des fondions publiques , bu de" rirrékcfcî
aciirellement par le candidat -,■ ne le fiii point
toujours connaître assez sous- les rapports qui le
distinguent le plus et comme par excellence. S il
est des citoyens dont la réputation pleine de gloire
est devenue europcatme , et qu'il suffise de
nommer pour les recommander davantage et en
faire le plus bel éloge . il en est d'autres ausîi d'un
vrai mérite , dont le nom beaucotlp moins connu ,'
est un icxie riche , mais peu familier, qui a be»
soin d être commenté,, .tu <yit;lque soue , par
litidicaiion spéciale de leurs travaux ou de leur
conduite. Lors(iuun citoyen a l'av.anta;je d'offrir
plusieurs liirts à la consitiéiaiion nationale, iU
concourent tous s.)ns doute à le faire préléier;
mais il n est point indifflicnl non plus au carac-
tère du tribunal que Ion saclie ou que l'on ignoré
la qualité qu'il a aimé à distinguer , qui lui a
montré plus de garantie cl qui a déterminé partît-
culiéremcnt son choix. L'exposé de vos motifs
aurait sur-tout ce mérite, r^u'eii accordant vos
suffrages à un citoyen pris dans te! ordre de
fonctions, vous pouirltz fi<ire connaître que vous
avez voulu, non-seulement lécornpenserses'vt riu»
personnel es , mais, au^si, honorer en lui tous
ceux qui exercent la même profession. Si la car-
rière était périlleuse , ce serait une récompense;
SI elle était plus udlc que brillante , ce serait uiji
encouragement.
^ Je sais toutefois, tribuns,, .qu'il est plus facile
a un seul lonctionnaire ou à une auioriié léduite ,
en cette occasion , à un seul , de motiver tei pro-
positions , qu à une autorité multiple, à un corp^
composé de cent ou de trois cents raembies. Mji's
si les raisons qui portent à voter pour un citoyen
peuvent être variées à l'infini dans leurs nuances
et se décomposer au pointde devenir aussi nom-
breuses que les voians , il est cependant des
moiifs générau*, transcendans , sur lesquels doit
-se fixer la majorité de l'a&semblée la plus nom-
breuse. ■ , ■ . . . , , j
_ L'expression de ces motifs ne me paraît- avoîr
rien d'impraticable, et si voiis adoptiez le pi'in"
cipe d'en ém-ettre , il suffirait de rechercher alors
le meilleur moyen de les constater et de les ré-
digci;. Obsetvez seulement , je vous prie , que les
abus quej'avoue êire inséparabie's de la discussion
des individus ,. ne sont point ici les mômes ofi
pluiôt qu'ils ne se rencontrent plus., Après le
scrutin d indication . ce sont toiis ceux qu'il com-
prend que l'on pourrait d <cut;-t ; après'le scruttb
définitif, le candidat est clioiii , 1! est seul. Déjà ,
vous avez été d'accord sur son mérite , puisque
vous lui avez accordé voire confijiice. ,11 ne peut
donc plus être question de l'accuser. Votis
êtes , au contraire, iniéressés à lui trouver les
titres les plus recommandablts et qui honorent
davantage votre préseniation.Je pourrais, tribuns,
donner à mes idées plus d'étendue , mais je croîs
qu'il convient à des observations d'ordre d être
sommaires , et que leur développement doit êti'e
réservé pour la discussion.
Je vous invite à examiner d'abord si l'accessoire
que je votis propose ,de donner à vos votes , est
bon en soi-même; et s'il promet plus davaniages
quil ne fait craindre d'inconvéniens.
Je conclus 1°. à ce que le tribunal supprime le
scrutin indicatif pour l'éL-clion des candidats à
présenter au sénat-conservateur.!
2°. A ce qu'il motive ses présentations.
Je prie le tribunal de renvoyer à une commis-
sion l'examen de mes observations.
Ces propositions sont renvoyées à l'examen
d'une commission , composée des citoyens De-
meuniers , Parent-Real , Lehary , Laloi et Malès.
" Le tribunal reçoit du corp'.-légis|aiif , le projet
de loi relatif à l'organisation définitive des archivés
nationales.
Ce projet est renvoyé à l'examen d'une com-
mission de trois membres.
La séance est levée.
CORPS-LÉGISLATIF.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SEANCE DD 4 FRIMAIRE.
Le citoyen Mareschalli , député de la républi-
que cisalpine près du premier consul , envoie
au corps législatif plusieurs médailles frappées
en mémoire de la bataille de Maringo. ( Vofez 'la
séance du Iribunat.) '
Il sera fait mention de cet Hommage au proces-
verbal.
L'ordre du jour appelé le renouvellement de la
commission des inspecieurs. On s'occupe de la
formation du scrutin pour Cet objet.
Le citoyen Isaac Tarteyron , membre du coups
législatif, envoie sa démission , motivée sur son
grand âge et l'affaiblissement de sa santé. Kii le-
rionçant à ses fonctions , il se flatte de couseiver
l'estime de ses collègues.
Il sera fait mention de «a lettre au procéi-
iB6
verbal , e« il en sera donné communication au
âénat-conservaieuT.
Une lettre du seeréraire-d'éiat, annonce l'envoi
êe deux orateur» , le 6 frimaire , pour présenter
deux projets de loi.
. Les trois orateurs annoncés pour ta séance d'au-
jourd'hui , sont introduits dans l'assemblée ; ce
«ont les citoyens Devaisme , Duchâtel , de la Gi-
ronde 1 et Defermont.
Devaisnu présente un projet de loi qui réduit à
7 pour cent les intérêts des cautionnemens fournis
par les receveurs-généraux et particuliers des con-
tributions directes.
Voici les motifs exposés par l'orateur à l'appui
de ce projet :
Citoyens législateurs, les lois du 6 frimaire et
»7 ventôse en assujettissant les receveurs-géné-
raux et paiticuliers de l'impôt direct à fournir un
cautionnement , leur accorda pour celle même
année une indemniié de lo pour cent.
Elle était considérable, mais les cautionnemens
l'étaient aussi.
Ils avaient pour base le vingtième de la con-
tribution foncière , tandis que ceux exigés pour
les autres emplois étaient calculés non sur la re-
cette, mais sur le revenu de la place.
D'ailleurs , à cette époque l'argent était rare ,
le prix auquel on l'obtenait très-cher , et les re-
ceveurs , commençant à peine leur gestion , n a-
vaieni pu inspirer asstz de confiance pour trou-
Ver des fonds à un iniéiêi modéié.
SÉNAT-CONSERVATEUR.
Extrait des registres des délibérations du sénat-
conservateur. — Du i frimaire
Le sénat procède au scrutin pour le renouvel-
lement du bureau , conformément à l'article I''
de son règlement.
Ledépouillement des votes donne la majorité
absolue pour la présidence, au cil. Laplace.
Il est proclamé président du sénat, et occupe
le fauteuil en cette qualité.
I Les citoyens Clément Deris et Rousseau sont
pareillement élus à la majorité absolue , et pro-
clamés secrétaires du sénat.
Ils prennent place au bureau en cette qualité.
Le sénat-conservateur arrête que ces nomina-
tions seront sur le champ notifiées par un mes»
sage au .corps-législatif , au tribunal, et aux
consuls de la république.'
Signé , Laplace, président; Clément Deris et
Rousseau , secrétaires.
Par lé sénat-conservateur ,
Le secrétaire-général , si^é , Cauchy.
THÉÂTRE DES ARTS.
On a donné hier au Théâtre des Ans la repre-
seniation d'Alceste , ce chef-d'œuvre de 1 art
musical. Le rôle d'Alceste , le plus beau et le
plus difficile peut-être de la scène lyiique , était
confié à madame Casser, artiste distinguée du
théâtre de Bordeaux , qu'anime le désir de
. . ,„ . , jfl: 1.' ■ mériter les suffrages d'un public accoutumé aux
Aujourdhui plusieurs de ces difficultés ont „fa„ds£fï-^,s,,ug produisait madameSjint-Huberli,
disparu , ou se sont afifaiblies
L'ordre , ce premier élément de l'économie ,
établi dans toutes les parties de l'administration ;
la révision sévère de chaque nature de dépenses;
la suppression d'un grand nombre d'abus; 1 in-
tention du gouvernement de les proscrire tous ,
on fait remonter les effets , le crédit s'est ranimé ,
la ciicuiation j las abondante a rendu :es négocia-
tions plus faciles , et les receveurs ont eu le tems
ou de réunir leurs ressources personnelles, ou
de se préparer des empiUD I moins coûteux.
On peut sans doute conclure de ces fait» , qu il
convient de soumettre l'indemnité à une réduc-
tion.
Il aurait été à souhaiter qu'elle eût pu être assez
forte pour établir l'uniformité entre tous les cau-
tionnemens , et pour donner un exemple de plijs
de celle fixation de l'intérêt à 5 pour cent qui ,
lorsqu'il est admis dans toutes les transactions ,
est à-la-fois un signe certain de l'aisance générale
et un moyen puissant de l'accroître.
Mais les transitions précipitées n'ont que trop
souvent écarté du biit que l'on voulait atteindre ;
il faut calculer le tems et les circonstances,
améliorer sans impatience , changer sans se-
cousses , et opérer les réformes avec la mesure
qui peut seule en assurer la stabilité.
Ici , par exemple , en diminuant l'indeinnité
de moitié, il était à craindre que plusieurs
prêteurs ne retirassent leurs capitaux , qn'il u'y
■ eût de l'embarras pour les receveurs , et de la
gêne dans le service.
Votre sagesse et votre expérience, ciitjyens
législateurs, garantissent votre adhésion à ces
principes; ce sont eux qui ont déterminé le
projet de loi dont vous avez entendu la
. lecture.
La discussion est indiquée au g prochain.
Le projet et les motifs qui l'accompagnent
' seront envoyés au tribunal.
Duchâtel , de la Gironde , succède à l'orateur ,
et présente un projet qui fixe un délai de six
mois pour prononcer sur la validité des juge-
niens arbitraux obtenus par les communes contre
. la république , concernant la propriété des forêtt
prétendues nationales.
Il était juste , dit l'orateur , de fixer un terme
à la révision de ces jugemens ; mais les délais ,
accordés par des lois antérieures, n'ont pu suf-
fire-, la multiplicité des affaires administratives a
empêché de porter la lumière sur ,ces questions
entr« les inlérêis de l'état et ceux des citoyens.
Utifc loi nouvelle a paru nécessaire au gouverne-
ment , pour concilier celles précédemment ren-
dues avec les motifî qui les ont fait rendre , pour
prévenir des abus qui «pporteraieiU un préjudice
tonsidérable dans l'adrtiihistration forestière , et
qui puissent en même lefiJi itendre une justice
exacte aux particuliers.
L'orateur annonce que la discussion de ce
projet a été fixée pour le ii frimaire.
L'assemblée ordonne l'envoi au tribunal.
On continue le dépouillement du scrutin pour
le renouvellement de la commission des inspec-
teurs. ... 1 ,
( Demain nous ferons connaître le résultat. )
La séance est levée.
et aux succès soutenus de mademoiselle Maillard.
Un début en ce genre ofirail des difficultés ; c'était
beaucoup de n'en être pas effrayé . Madame
Qjsser nous a paru donner de ses talens une
idée très -avantageuse , et mériter d'autant plus
d'encouragement, qu'éloignéede la scène depuis j
trois ans , elle avait à combattre sa propre dé-
fiance. Elle s'est présentée avec des avantages
qui peuvent lui promeltre des succès réels et
constans. Une voix pleine , d'un timbre agréa-
ble , une bonne méthode de chant , une diction
pure , un geste vrai , une attitude qui a de la
dignité, voilà ce qui nous a semblé fixer 1 atten-
tion des hommes de goûi. Si sa timidité insépa-
rable d'un début et l'inhabilude d un théâtre
immense ont nui dans quelques morceaux au
développement de ses moyens , on n'en a pas
moins senu tout ce qu'un premier essai doit
donner d'espérance aux amateurs des beautés
simples et vraies. C'est sur-tout dans le récitatif
qu'elle a rappelé ce bon goût dont le cit. La'is
donne depuis long-iems des leçons et des exem-
ples. Madame Casser est une des élevés qui
promet d'en profiiler davantage.
DIVERS.
LIVRES
Le Portefeuille des Enfans , mélange intéressant
d'animaux , fruits , fleurs . habillemens , plans ,
cartes et autres objets , dessinés suivant des ré-
ductions comparatives , et commencés à graver
en 1783 , sous la direction de Cochin ; accom-
pagnés de courtes explications et de divers ta-
bleaux élémentaires. Rédigé par Ant. Nie. Du-
chesne et Aug. Sav. Leblond.
A Paris , chez Mérigot , jeune , quai des Au-
gustins ; Merlin , rue du Hurepoix près le Pont-
Saini-Michél.
Les véritables amis de l'insiruction voient avec
intérêt se continuer les oiivrages inspirés par le
seul detir de la propager , en la fesant aimer et
rechercher. Il y a plus de| deux ans qu'il n'avait
paru de livraisons de celui-ci , dont il semble
que les circonstances ont pu rallentir la marche
sans altérer l'esprit et l'exécution.
C'est toujours , comme dans les précédens nu-
méros , une variété d'objets qui , sans tenir trop
long-tems sur un même point l'attention des jeu-
nes amateurs auxquels elle est destinée , utihse
leur premier moment d'attention en détaillant
avec concisioir et netteté ce qu'il est plus intéres-
sant de savoir et de retenir.
Ce cahier contient cinq planches , gravées
d'après des dessins très-exacts , et disposées par
figures envoyées par numéros à une explication
placée En regard.
Quinze oiseaux chanteurs étrangers occupent
la première.
La sétondè planche est consacrée à une classe
d'animaux ordinairement peu connue , mais qui
offre à l'observateur des particularités fort singu-
lières. Ce sont quinze lézards en tête desquels
figure le caméléon.
Nous croyons pouvoir copier la singulière des-
cription de cet animal , le seul de son ordre dont
on se plaise à parler.
LE CAMÉtÉON.
Les poêles ont pu supposer pour emblème de
la vile flatterie , un Caméléon qui , nourri d'air,
prît la forme et la couleur des objets qui l'envi-
ronnent. En écartant le merveilleux , il reste pour
le naturaliste assez de singularités à détailler dans
ce lézard. Autour de sa lêie et de son corps une
i-rrête dentelée : sur ses pru- elles, des membranes
à peine fendues, qui en suivent les mouvemens
indépendans l'un de l'autre, selon ce que cha-
cune d'elles regarde : à ses oreilles , des envelop-
pes , dont il est assourdi jusqu'à la stupidité : à ses
pattes , des espèces de gants qui donnent à sa dé-
marche un ridicule embarras. Sa queue est pre-
nante comme celle des sapajous. Ses mâchoires
sont taillées en forme de dents, et si resserrées ,
qu'on a souvent peine à distinguer les deux lèvres:
sa langue ronde , noueuse et gluante, retient les
insectes sur lesquels il la darde comme s'il humait
l'air.
Enfin , ce qui a pu donner lieu aux idées allé-
goriques du Caméléon . c'est la nature même de
sa peau chagrinée et coriace en apparence , mais
assez flexible pour se gonfler par dçs mouvemens
lentement irréguliers, et. assez transparente pour
se nuancer des différentes affections du sang ou
de la bile. Il est ttès-sujet à la jaunisse ; sitôt qu'oa
le touche , il se couvre de taches noires ; sa lemie
ordinaire est le gris livide : les grains qui le cour
vrenl sont , à l'ombre, d'un rouge pâle; au soleilt
verdâtres sur un fond brun : quelquefois d'un
beau vert tacheté de jaune.
La 3' planche réunit les neuf plantes de France
les plus usitées comme vulnéraires
Les 4' et 5' planches sont liées entre elles par
le secours qu'elles se prêtent mutuellement. Oa
a quelquefois de la peine à se rendre compte
des effets perspectifs d'une vue , et des différences
que présente le dessin exact de l'architecte.
Prenant pour exemple un kiosque accompagné
d'un bosquet du genre libre , les auteurs du porte-
feuille ont suivi à-peu-près pas à pas la compa-
raison entre la vue perspective et le dessin
géométral.
Enfin , deux pages sans gravure forment le
tableau des oiseaux distribués suivant les princi-
pales vues annoncées par Buffon , et celui des
seuls oiseaux de France ; rapprochés selon ce
qu'ils nous présentent d'utiliié , d'agrément, ou
de dommage.
Nous ne devons pas être étonnés de trouver le
véritable langage de l'instruction dans des homme$
qui s'y sont vpuès dès leur jeunesse , et qui ,
connus par leur zèle avant la révolution , ont
suivi constamment la carrière. Le citoyen Du-
chesne , professeur d'histoire naturelle à l'école
centrale de Versailles ; le citoyen Leblond , qui
dès 177g y professait les mathématiques , la phy-
sique et l'art militaire, ont dû voit, avec une
bien douce satisfaction , l'ouvrage qu'ils avaient
entrepris en 1783 , adopté par le jury d'instruc-
tion , couronné par la loi du il germinal an 4 ,
et recommandé par plusieurs circulaires du mit-
nisire aux administrations et aux maisons pu-
bliques et particulières d'éducation.
On trouve chez le même libraire Mérigot, Us
Etrennes de Cadmus , ou la manière d'apprendre
à lire avec des mots et des phrases toutes faites.
— Prix , 10 fr. les 4 boëtes avec le livret.
COURS DU CHANGE.
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Bons pour l'an 8 94 fr. 75 c.
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Auj. le bon Gervais ; l'Acteur dans son ménage ;
les deux Bergères , et la Lanterne magique.
Théâtre du Vaudeville. Auj. les Trouba-
dours ; Arlequin cruello , et Comment faire f
A Pari s, de l'imprimerie du cit. Agatse , propriétaire d« Moaiteitr , tut des Poitevini , n* i3.
GAZ
NATIONALE ou LE iVlONITEUR UNIVERSEL.
J\f° 66.
Sextidi , 6 frimaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR
Il tontieiu les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des «mées , ainsi q.ue les faits « les noti
rintérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles, a
VEV R est le seul journal officiel.
notions tant sur
correspon
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Londres , 18 novembre f 27 brumaire).
Xj e 12 novembre , le sucre était à 72 schellings
10 pences et 3 forthings le quintal.
On dit qu'une des mesures que doit proposer
le comité , pour diminuer les effets de la disette ,
est une adresse à sa majesté , pour l'inviter à en-
gager , par une proclamation , les personnes de la
première et de la seconde classe de la société , à
introduire dans leurs maisons la plus grande
économie dans la consommation du grain , et
particulièrement du blé.
Une parliculariié digne de remarque , c'est que
les commissaires pris par le gouvernement dans
quatre classes différentes, pour faire un rapport
sur le produit de la derniete récolte , s'accordent
tous , à une fraciion près , à déclarer que la ré-
colte a manqué d un quart.
( Extrait du True Brilon. j
Chambre des communes.
Séance du 14 novembrt:.
La chambre reçoit plusieurs pétitions d'un in-
térêt particulier.
L'orateur. J'appelle l'attention de la chambre
sur les btlls paniLuliers qu'on voudrait faire pas-
ser dans cette session. Le parlement actuel . en
conséquence de l'union avec l'Irlande , doit finir
le 3i décembre prochain. La session peut même
être prorogée avant cette époque. Dans l'un
comme dans l'autre de ces deux cas , les bills
particulii;rs , s'ils n ont pas encore reçu la sanction
loyale, seront nuls; il faudra qu ils soient re-
nouvelle» dans la première session du parlement
impérial. Je crois que ce motif déterminera les
Bonorables membres à ne point proposer de
bills paiticuliers , à moins quils n'aieni des rai-
Sons très-fortes pour supposer que laffaire sera
terminée avant la fin de la présen^c Session. Peu'-
éire s élcvera-t-il quelques difficultés pour les
bills qui avaient été annoncés dans les mois
d'aOQi tt de septembre derniers ; mais la chambre
pensera sans doute que ces déclarations pour-
ront valoir pour la première session du parle-
ment-uni.
J'appellerai encore l'attention de la chambre
ïiir un autre objet. Différens bills publics et par-
ticuliers doivent' expirer dans le cours de la pré-
fente session. Ne conviendrall-il pas dç rendre
un bill pour qu'ils soient continués ?
Le bill de la prime prjur l'importation du blé
est lu une premieie fois. La seconde lecture en
sera faite lundi prochain.
M. Jones. Je demande qu'on remette à la
chambre le tableau du montant de l'inrome-tax ,
jusqu'au 4 avril 1801 , aussi exact qu ou pourra
se le procurer. 1
M. Rose. La dernière session était si avancée
quand le bill passa , qu'on n'a pu se piocurer
encore les rôles. Dès quils seront parvenus, on
ïes remettra a l<i cb.rabre.
M.Jones relire sa motion.
La chambre se forme en comité de subsides.
M. Rose. Je demande qu'un subside soit accordé
à sa majesté. — Adopté.
M. Jones. Je déclare que dans quinze jours d'ici,
je soumettrai à la chambie une motion relative à
la guerre.
La chambre se forme de nouveau en comité
pour le bill de l'importation du rii:.
M. Ahbot. }e crois devoir appeler l'attention de
la chambre sur un objet d'une grande impor-
tance. Il m'a toujours paru qu'il serait très-avan-
tageux qu on pût constater la population de notre
pays. Celle vériticaiion faite , on saurait si c'est à
cause de l'accroissement de la population que
nous avons cessé d'être une nation exportante '
f an exporling nation. ) Mercredi prochain , je ferai I
une motion à ce sujet. j
M. Robion. Je pense qu'il serait à propos de ,
(cmprendre dans lé même bill la vérification de
la quantité de grains que produit la Grande-
Bretagne.
M.Abbot. C'est un point à traiter séparément,
et qui doit faire le sujet d'un bill particulier.
M. SA«n(i<jn. Je désirerais avoir quelques éclair-
cissemens relatifs aux faits contenjis dans les
papiers qui ont été rerais à la chambre. Je ferai
lundi une motion à ce sujet.
Séance du i5.
M.Jones. Je crois devoir demander à l'hono-
rable membre qui proposa dans la dernière ses-
sion , la formation d'un coniiié pour le com-
merce de charbon , s'il a quelque mesure à an-
noncer dans la session aciuclle , qui soit fondée
sur le rapport de ce comiié. Ce qu il y a de cer-
tain , c'est que , malgré tous les efforts du comité,
non-setilement le prix du charbon n'a pas baissé.
rnais même qu'il colite plus cher qu'il ne coûtait
laiinée dernière à paieille époque. Il est certain
qu'il faut prendre des mesures pour léduire le
prix de cette marchandise de première néccssiié ;
car il est clair qu'il esi beaucoup plus élevé qu'il
ne devrait l'êire , d'après les vrais piincipes du
ctîmmerce. Dans les circonstances malheureuses
où nous nous trouvons , le prix énorme du char-
bon augmente encore la misère du pauvre.
M. M anning. Mon intention avait clé d'abord
d'appeler , d'ici à quelques jours ^ l'aiieniion de
la chambre sur ce sujet , et de demander le
renouvellement du comité. Mais apiès en avoir
conféré avec plusieurs honorables membres, je
doute qu'on puisse proposer aucun bill à ce
sujet, avant que le comiié n'ait lait de plus
grandes recherches sur celte matière.
M. Jones. Je pense que le comiié a fait toutes
les recherches qu'il pouvait faire.
M. Manning. Si l'honorable membre voulait
jeter un coup-d'œil sur la fin du rapport du
comité , il verrait que des recherches ultérieures
sont nécessaires.
M. Nepeau. Mardi prochain je présenterai à la
chambre un élat des chargaj pour l'ordinaire
et l'exiraordinaire de la maiine pendant trois
mois à partir du l" janvier 1801.
M. Bragge présente le rapport du comité sur
le bill pour prohiber lexporiaiion du riz , et
sur le bill qui prohibe celle des provisions.
L'un et l'autre sont adoptés. La troisième lec-
ture s'en fera lundi.
M. Bragge présente encore le rapport du
comité de subsides , qui est lu ef aidopiè. Il
demande ensuite que la chambre se forme lundi
en comité général pour délibérer sur les sub-
sides à accorder à sa mjjesié.
M. Long demande le tableau des charges pour
l'orilinaire et l'extraordinaire de la marine ; pour
les bâiimens de iransport ; pour I entretien des
prisonniers de guerre; pour les gardes et gar-
nisons ; pour l'artillerie de terre pendant trois
mois , à partir du 1" janvier i8oi. Il propose
aussi qu'une adresse soit fjiie à S. M. pour
l'inviter à ordonner aux officiers de ces différens
déparlemens de remeure ces états à la chambre.
Adopté.
M. Tierney demande le tableau des dettes de
la marine , au 3o septembre dernier, et celui de
ses dettes , au 3i décembre prochain. La première
de ses motions est adoptée; il retire lui-même la
seconde, d'après les observations de sir Philipp
Stephens , qui fait voir que la chose est impossible.
M. Tieriiey demande ensuite l'estimation du
moulant du produit de Vincomc-tax depuis le 5
avril iSoo , jusqu'au 1"=' avril 1801.
M. Long. Je m'oppose à cette motion , parce
qu'il est impossible de donner un pareil tableau .
les étais n'étant pas encore faits. Ce tableau serait
si incomplet, qu'il ne conviendrait pas à la chambre
de le recevoir.
M. Tierney. Ce n'est pas tin état exact, mais
approximatif que je demande. Une motion sem-
blable à la mienne fui faite et accueillie l'année
dernière. Il me semble qu'il serait intéressant pour
la chambre de pouvoir comparer le produit pré-
sumé de la taxe cette année , avec son produit,
l'année dernieie.
M. Long. Je persiste dans mon opposition.
La motion de M. Tierney, mise aux voix . est
rejeftée.
La chambre s'ajourne à lundi.
R R R A T u M.
N". d'hier . 5 frimaire , 2' pag. , i" colonne ,
9 alinéa , discours de lord Holland , 20« ligne ,
au heu de ce qui est écrit , liiez ce qui suit :
1' Je crois pouvoir dire , sans craindre de passer
» pour l'avocat de Bonaparte , que quand une
" chose est affirmée par lui et niée par les mi-
" nistres d'Angleierre , l'assertion de l'un vaut
'» bien celle des autres. i>
INTÉRIEUR.
Paris , le 5 frimaire.
Nous publions la note suivante sur la popu-
lation de la Corièze , pour montrer jusqu'à quel
point on cherche à acquérir sur cette partie dei
données positives et incontestables.
On s'est trop long-tems livré à des conjectures
ou a des s-upposidons ; il faut au gouvernement
des tairs, ce sont les seuls guides qu'il puisse
consulter. ^ r "
Tulle , 2 brumaire.
Vous observerez que^ la population de ce dé-
partement devrair être , suivant quelques évalua-
tions, de 254,502 , tandis que d'après le relevé
des états de population qui vous ont été envoyés
en dernier lieu, cette population ne s'élçve qu'à
'?2»,8o5 , ce qui s'accorde à-peu-près avec les
étais tenus au bureau du cadastre. Vous me de-
mandez de vous indiquer les causes de cette
ditierence.
Je ne pense point que cette différence tienne à
une diminution réelle de population; elle tient
pluiot , pour ne pas dire Uniquement , à ce que
dans les premiers lems de la révolution , les états
de population des communes furent généralement
exagérés, soit dans l'espoir d'obicni'r des établis-
semens publics , soit pour avoir un plus grand
nombre d'électeurs , et par conséquent plus d in-
fluence dans les assemblées électorales, où se
distribuaient les places publiques ; soit enfin par
lintervention des ministres de culte et des fonc-
tionnaires publics laïcs dont le traitement était
règle en raison de la population.
3°. Vous m'observez en outre que M. Necker
estimait la populaiion de l'a généraliié de Limoge»
a 757 individus par lieue quarrée, tandis que
a parur même' de l'évaluation d'une populltion
de 254,502, cela'iifc d'onnerait que 63i i habitans
par lieue.
Il est possihie et même probable qu'une des
causes de cette différence tieni principalement
a ce que la ci-devant généralité de Limoges com-
prenait , dune part, la populeuse ville de Li-
raogcs , et , d'une autre part , le terriioire fertile
et populeux du ci-devant Angoumois , tandis
quune portion considérable du département de
la Corrèze , qui comprend aujiourdhui l'arron-
dissement dUssel, partie de eçlui de Tulle , se
trouve couverte de montagnes , la plupart in-
cultes , et réunit ainsi à une grande superficie
une population très-circonscrite.
Du II. J'ai omis dans ma letti-e du 2, de vous
observer qu'une des causes principales de la diffé-
rence de la population présumée de 1790 à celle
d aujourd'hui , est la soustraciion qui tut faite k-
, ce département de dix communes , la plupart-
: tres-populeuses , pour les réunir à celui de la
Dordogne. :
j — On vient d'établir à Edimbourg une chaire
de langue persânne. Elle est occupée par M
iMoodîe, pi'ofesieur d'hébreii.
■ . ~ ^° ann<?nce à Londres, comme devant
bientôt paraître , une vie du célèbre comédiea
Garrick , par M. Murphy.
. — On prépare en Angleterre une superbe édi-
tion des poésies d'Ossian. Celle édition présen-
tera à la fois l'origin.»! , la belle traduction an-
glaise de Macpherson , et une belle traduciion
latine.
— Il sera publié incessamment une nouvelle
édition dcsjardins , dej.ûelilie, avec des chan-
gemens et des additions.
S258
— L'ouverture du Lycée a èié itès-brillante ;
le citoyen Laharpe a éié entendu.
— Le citoyen Chamoulaud , auteur du plan
«n faveur des rcnlieis ei pensionnaires de létat ,
vient de publier un discours relatif aux moyens
d'activer toute espèce de souscriptions ouvertes
pour des objets de birnfesjnce et d'uiiliié pu-
blique , en en confiant particulièrement le soin
aux femmes. Ce travail a été piésenté au mi-
nistre des finances , qui, par une lettre adressée
à l'auteur fe i8 de ce mois, émet le vœu que
l'intéressant moyen proposé obtienne tout le suc-
cès que son auteur désire.
_ — Le comité médical établi à Paris pour
l'inoculation de la vaccine , a reçu du citoyen
Caqué , président de celui de Reiras , la noie
suivante :
, << Le comité de Reims a vacciné une vache
avec le virus vaccin pris sur l'homme ; trois
boutons se sont développés aux trois piqûres
faites sur deux de ses trayons. On a vacciné,
avec le virus pris sur la vache , neuf individus,
dont sept n'avaient pas eu la petite-vérole ; les
deux autres s'étaient soumis à l'opération pour
chercher à obtenir un effet comparatif. La vac-
cine a réussi sur detix , et a suivi la marche
ordinaire. On s'est servi de ce nouveau virus
pour vacciner dixautres personnes , sur lesquelles
tout promet une heureuse réussite.
Cette expérience qu'on n'avait pu encore
voir réussir à Paris , prouve i" que le virus
vaccin ne s'altère pas sur l'homme, puisqu'il
donne à la vache une maladie semblable à celle
des troupeaux' d'Angleterre. 2°. Que le virus
pris sur la vache et inoculé sur 1 tiomme , ne
donne pas une maladie plus grave que lorsqu'il
est pris sur l'homme. 3°. Que l'identité du virus
vaccin sur la vache et sur le corps humain , se
trouve évidemment confirmée par cette trans-
mission réciproque d'une espèce à l'autre , sans
qu'il perde son énergie. "
— Dans la liste des pensionnats et maisons
d'éducation ouvertes à Paris , que nous avons
publiée le i'' de ce mois, c'est par erreur que
les citoyens Lefevre - Gineau , et Cousin se
trouvent annoncés comme tenant une maison
d^éducation rue Sainte-Geneviève. Ces citoyens
réclament contre celte inexactitude. Ils n'ont
jamais été placés, ensemble ou séparément , à
la tête d'un établissement de cette nature.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrêté du 3 frimaire an g.
Les consuls de la république , le conseil-d'ctat
,çnttndu , arrêtent :
Ari.P'. Conformément à l'article III de l'ariêié
du i'^' fructidor an 8, les troupes à cheval conti-
nueront à lecevoir la ration de pain pour quatre
jours.
A compter du i5 frimaire, présent mois, le
fourrage leur sera fourni à chaque gite.
II. Les entrepreneurs des fourrages pour le
service stationné , sont provisoirement chargés
de celui des chevaux en marche.
III. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté qui sera inséré au
bulletin deslols.
Le premier consul , signé, Bonaparte,
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé , H. B. Maret.
Arrêté du 4 frimaire.
Les consuls de la république , sur le rapport
du ministre de Hatérieur ;
Vci les lois des II frimaire an 7 et du 5 ven-
tôse an 8 , relatives à l'établissement des octifois
municipaux- et de bienfesance , celles des ig et 27
frimaire an 8 , qui règlent leur perception ;
Vu l'article II de la loi précitée du 5 ventôse ,
portant que les conseils municipaux seront tenus
de présenter , dans deux mois , au gouvernement
les projets de tarifs et de réglemens convenables
aux localités , pour êtreap])rouvés par lui et arrêtés
définitivement, s'iLy a lieu ;
Vu l'arrêté des consuls du i3 thermidor dernier
qui autorise le ministre de l'intérieur àapprotiver
provisoirement li perception des octrois , sauf à
provoquer l'approbation définitive du gouvery
nement ;
Vu les délibératî&iis' des côifSeils municipaux
des villes , ■' ^ '-"-'-/ [ ■
Des Sables , département de la Vendée , en
date du i5 messidor an S.;.
■ De Clermont . départenle'nt- de 1 Hérault , en
date du 29 germinal , même année ;
De Cognac, département de la Charente , en
date du 4° jour complémentaire an 8 ;
DAngfers , département de Maine et Loire , en
^ date du 4 thermidor de hdite année ;
De Saint-Etienne , département de la Loire , en
date du 8 thermidor, même année;
Vu les tarifs et réglemens annexés à ces délibé-
rations, et provisoirement approuvés par le mi-
nistre de l'inléiieur ;
Savoir , pour l'octroi des Sables , le 14 vendé-
miaire an g ;
•'■ Celui de Clermont , le i5 thermidor an 8 ;
Celui de Cognac, le 27 messidor au 8;
Celui d'Angers , le 14 fructidor an 8 ;
Celui de Saint - Etienne , le 17 vendémiaire
an 9 ;
Considérant que les villes susdites sont dans
le cas prévu par le titre V de la loi du II fri-
maiie an 7 , et par l'atticle 1"' de celle du 5 ven-
tôse an 8 ;
Considérant que le^i tarifs ne comprennent dans
les objets soumis à la taxe, aucun de ceux que
les lois défendent d'imposer;
Q_ue les réglemens pour la perception sont
coniormes aux lois des ig et 27 fnmaire , ar-
rêtent ;
Les octrois municipaux et de bienfesance éta-
blis en vertu des décisions provisoires du mi-
nistre de l'intérieur, conformément h l'anêié du
i3 fructidor dernier, dans les villes des Sables,
département de la Vendée ; de Clermont , dépar-
lernent de I Hérault; de Cognac , département de
la Charente ; d'Angers , département de Maine-et-
Loire ; de Saint- Etienne . départerrri-nt de la
Loire , continueront à être perçus conformément
aux tarifs et iég!emeijs_arrêiés par ks conseils
municipaux , et approuvés par le ministte.
Lesdits tarifs et réglemens sont approuvés et
définitivement ariêtés.
Les ministres de l'intérieur et de la justice sont
chargés , chacun en ce qui le concerne , de l'exé-
cution du présent airêté , qui sera imprimé au
Bulletin des lois.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé . H. B. Maret.
Autre arrêté du même Jour.
Bonaparte , premier consul de la république ,
arrête ce qui suit :
Le citoyen Duquesnoy , maire du 9' arron-
dissement , est noirinié maire du 10' , en rem-
placement du citoyen Béthune-Charost , décédé.
Le citoyen Dcluynes , membre du conseil-
général du dépâitement , est nommé maire du
g' arrondissement, en remplacement du citoyen
Duque'noy.
Le citoyen Geint est nommé membre du con-
seil général du département, en remplacement
du citoyen Deluynes.
Le premier consul, signé, Bonaparte.
Par. le premier consul ,
Le ui rélaire-d' état , signé , H B. Maret.
Autre arrêté du même jour,
LeS' consuls de la république , sur le rapport
du ministre de la guerre, le conseil-d état entendu,
arrêtent :
Art. I"^. Les fonctions de membres du direc-
toire central des hôpitaux militaires , des direc-
toires aux armées, et des conseils d'administra-
tion des hôpitaux militaires , sont purement
civiles.
II. Ceux d'entre eux qui jouissent d'une solde
de retraite ou de réforme , pourront la cumuler
avec le traitement attaché à cette fonction , con-
formément à l'article V de la loi du 28 fructidor
an 7 , et à lavis du conseil-d'éiat du 18 fructi-
dor dernier , approuvé par le premier consul.
III. Le ministre de la guerre est chargé de
l'exécution du présent arrêté , qui sera inséré
au bulletin des lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le sécrétai? e-d' état > signé , H. B. M.-iRET.
MINISTERE DE LA MARINE.
Un corsaire de Toulon a pris et conduit à
Bonifacio,un riche bâtiment anglais.
Le corsaire l'Impromptu, de Boulogne, capitaine
Côrriu ; s'est emparé du Hope , navire à 3 mâts ,
allant de Liverpool à Londres avec sel , plomb ,
bois de gaillac , peaux de chèvres et avirons de
frêne. Cette prise est entrée à Calais.
L'Elizabeth . bâtiifient suédois , commandée pat
le capitaine Pietro'" Longuist , a été visité en se
rendant à Livourne, par un corsaire anglais qui ,
contre le droit des gens et de la neutralité , lui a
enlevé une partie de la cargaison et d'autres
effets fesapt partie de son gréément.
On a trouvé échoué sur le sable entre la ri-
vière de Dives et celle de Trouvill-e , un mât de
55 pieds de long sur «4 po'iaces de diarnetre et
g pieds de tenon , peint en jaune pâle, et pa-
raissant avoir été rompu à 18 pouces environ
au-dessus du pont.
On a trouvé échoué sur le même point de la
cote une chaloupe d'environ 16 pieds de long ,
très-avariée , et plusieurs pièces de bois de
hêtre.
T R I B U N A T.
( Nous rétablissons ici le rapport fait par Des-
meuniers , concernant la révision des réglemens ,
dans la conférence du 16 brumaire , rapport
rendu public par arrêté du tribunat. )
Citoyens tribuns , le bureau , la commission
des inspecteurs , et le rapporteur de la première
commission du règlement , ont exécuté Tordre
que vous leur avez donné dans la conférence du
2 de ce mois , et voici le résultat de notre dis-
cussion.
D'abord vous avez paru désirer une accéléra-
tion dans le dépouillement des scrutins , dont les
bulletins ont. été , jusqu'à présent , ouverts et
recensés en séance publique. Ces scrutins sont
relatifs 1° à la nomin,-;tion du bureau; 2" à la no-
mination des candidats à présenter au sénat con-
seivateur; 3° à la nomination des membres d'une
commission spéciale chargée d'un rapport sur le
vœu d'adoption ou de icjct à émettre par le tri-
bunat à l'égard des déclarations de guerre et des
traités de paix , d alliance ou de commerce. Le
dépouillement de ceux de la première espèce
peut, sans inconvénient , se faire dans une pièce
voisine de la salle , par l'un des secrétaires , et
trois scrutateurs désignés à tour de tôle sur la liste
générale. De celte manière yous économiserez le
tems ; considération d'autant moins à négliger ,
que nous pourrons ainsi donner plus d'étendue à
la discussion des projets de loi, ou des matière»
qui sont de notre compétence; éclairer lopinioii
publique , qui , sur la jurisprudence constitution-
nelle , par exemple , ou , eu d'autres termes, sur
les questions qui doivent être décidées par les
principes de la division des pouvoirs , et non par
les maximes ou les règles du droit civil , semole
avoir grand besoin d'être guidée. Nous avons eu
occasion d'observer qu'au sein même du iribtinat
il peut nous échapper des méprises sur des points
qui , tenant à tout le système d'une constitution
nouvelle , ne sont pas encore devenus des vé-
rités familières: sous ce rapport, tout ce qui
laissera le loisir de relever des sophismes ou des
erreurs politiques , mé:l(o donc d'être accueilli.
Mais d'autres considérations d'un ordre plus re-
levé se présentent , lorsqu'on examine quel doit
être le mode des scrutins relatifs à la nomina-
tion des candidats à présenter au sénat conser-
vateur. Vous exécutez alors l'article XVI de la
constitution ; et quand la rigueur des principes
n'ordonnerait pas de procéder à ces scrutins ( et
par consérjuent de les dépouiller ) en séance
publique ; cet acte important nous impose des
devoirs particuliers envers l'opinion publique;'
il convient de lui donner de l'appareil et de la
soiemnité, et l'avis de la commission est de ne pas.
changer à cet égard la disposition du règle-
ment.
Les derniers motifs que je viens d'énoncer
sont applicables aussi aux scrutins relatifs à la
nomination des commissions spéciales chargées
d'un rapport sur le vœu d'adoption ou de rejet
à émettre à l'égard des déclarations de guerre et
des traités de paix , ou autres conventions poli-
linues. Le peuple fiançais , soyez-en sûrs , ne se
plaindra pas au tems que vous y emploierez;
il vous saura gré de tous vos soins dans des
actes qui lintéressent éminemment , et s'il s'agit
de traités de paix ou de commerce , qui for^
ment aujourd'hui le p|us ardent de ses vœux ,
j'ajoutetai qu'il faut écarter jusqu'aux soupçons
injustes , et que , si on ne doit pas craindre les
propos de la malveillance , il est souvent sage
d'éviter ce qui peut les produire. Ainsi , la com-
mission est encore d avis de continuer à dé-
pouiller en séance publiijue cette troisième espèce
de scrutins. Au reste . si les discussions sont ur-
gentes , rien n empêchera de les dépouiller
vers la fin de la séance , et d en user de la
même manière à l'égard des scrutins relatifs à la '
nomination des candidats à présenter au sèna^
conservateur. On a proposé de le dire expressé-
ment , mais une telle précaution a paru inutile ,
et nous nous bornons à demander le retranche»
ment de six mots à l'article LU.
Plusieurs membres de la commission ont pensé
que vous ne nous aviez pas chargés de revoir
les au>re& dispositions du règlement ; toutefois ,
dans la crainte de ne pas remplir vos intentions .
et par un mouvement de zèle que vous ne
désapprouverez point , nous avons revu et exa-
miné chacun des articles. Je vais rendre cpmpte de
cet exainen, et de quelques changemens que nous
desirons.
Nous avons commencé par discuter le mode
que prescrit le règlement à lég^rd du travail
préparatoire ; c'était en effet la question la [.lus
difficile. Vous vous rappelez que la première
commission du règlement avait proposé de di-
viser les membres du tribunat en cinq seciions ,
dont la dénomination se trouvait la même que
celle des seciions du conseil d'état. Ce sysiême
a été reproduit dans la commission nouvelle avec
d'autant plus d'avantage que l'expérience nous a
_ éclairés sur des inconvéniens qu'on n'avait pas
prévus, lorsqu'il fut rejeté. Ce n'est pas qu'il n'ait
lui - même ses inconvéniens , et surtout plu-
sieurs difficultés d'exécution ; car les sections
des finances , de la législation civile et criminelle
et de l'intérieur seraient nécessairement bien
nombreuses , tandis que celles de la guerre et
de la marine et des colonies le seraient beaucoup
moins ; on ne peut se dissimuler que l'inscription
de chacun de nous sur le tableau de telle ou
telle section , serait (d'une longueur interminable ,
si on l'opérait au scrutin , et qu'il en résulterait
des mécontentemens si on l'abandonnait au bu-
reau ou à une commission. Quelle que puisse
être d'ailleurs la supéiiorité de ce système , nous
sommes unanimement convenus que le chan-
gement des articles XXXIII , XXXIV et XXXV
qui contiennent les dispositions dont je parle ,
engagerait une longue discussion ; qu'il vaut
mieux suivre encore le mode actuel durant la
prochaine session du corps législatif, et pro-
longer l'expérience de quelques mois de plus. Il
est bien entendu que le bureau s'efforcera de
dédommager un peu les dernières lettres de
l'alphabet, et qu'on ne commencera pas en
l'an 9 par reprendre les têtes de colonnes qui ont
été favorisées en l'an 8.
Mais il est d'autres modifications légères qu'ap-
pelle l'expérience , ûI qui nous ont paru devoir
réunir toutes les opinions. Le simple énoncé de
plusieurs vous convaincra peut-être de leur jus-
tesse ; du moins il est permis de le penser,
d'aptes ce que nous avons pu recueillir du vœu
- général.
De ce nombre , j'indiquerai d'abord une addi-
tion de deux mots à i'anicle XXXVI .-pour que
chaque commission nomme son rappoiteu. au
scrutin; z° une autie addition à lariicle XLIII ,
qui interdirati de choisir les orateurs du tribunal
auprès du corps législatif ,â parmi ceux qui ont
émis une opinion contraire au vœu de la ma-
jorité. La première commission du règlement
l'avait d'abord insèiée dans son projet : mais .
sur l'observation que l'aiticle XVIII de r.'.cte
constitutionnel dit expressément que les orateurs
du tribunat sont chargés d'exposer et de défendre
les motifs du vœu du iribunat, c'est-à-dire , de
la majorité , cetie disposition ne fut pas jugée
nécessaire. On ne peut maintenant la rèpuier
inuiile. Le système qui combat la restriction du
choix, a saiis doute encore des partisans ; en
thèse générale , on le défendra d une manière
plausible.^; mais la lettre et l'esprit de l'article
XXVIII de la constitution , ne permettent pas
de i adopter , et nous n'avons point à examiner
si celte disposition constitutionnelle aurait pu
être conçue d'une autre manière. 3°. Un chan-
gement qui, sans doute, éprouvera moins de
diflicultès encore , est la dénomination de com-
mission administrative du tribunat , substituée à
celle de commission des inspccieurs ; d abord
parce qu'elle est pltts exacte , ensuite parce qu'elle
a été adoptée par le sénat-conservateur et le corps-
Jégislatif , du moins pour la commission qu'il a
établie à la lin de sa première session ; enfin ,
parce ^e Ja seule objection qu'on puisse faire
ici , se tirerait de la surveillance de police que lui
confère le règlement , d'après la loi du 5 nivôse ,
qui accorde au tribunal la police de son enceinte ,
et que cette objection ne doit pas arrêter un
moment, si on considère que depuis 1789 les
lois ont attribué à des administrations la police
du lieu de leurs séances , et même la faculié
d envoyer en prison ceux qui y porteraient le
trouble.
Parmi les autres changemens , il y a des ad-
diiions et des reirancheraens qui sont en quelque
sorte la suite de vos prècédens arrêtés : ainsi ,
dans la séance du 2 de ce mois , vous avez dé-
cidé que la commission des inspecteurs serait
désormais nommée à la pluralité relative , et
qu'elle se renouvelleraitseulemenl par cinquième
chaque mois. Vous avez voulu éviter les trois
scrutins qu'a presque toujours exigés la majorité
absolue , et profiler des lumières que donne la
piaiique des affaires. Les mêmes motifs nous
déterminent à vous proposer , 1° d'arrêter que
les membres soriant de la commission adminis-
trative , qui aujourd liui ne doivent être réélus
qu'apiès un intervalle de quatre mois , puiss-;nt
léire après un inicrvalle d'un mois ; 2° de ne pas
procéder au remplacement du membre sortant ,
le jour du renouvellement du buicau , et de fixer
le jour de 1 élection au 16.
Dans une conférence du ihois de thermidor,
au lieu de l'impression du compte sommaire de
la commiss'on des inspecteurs , qui devait avoir
lieu chaque mois , vous avez ordonné l'affiche
dam le sallon de lecture ; noui proposons comtne
.209
unesuité de voire arrêié , que le compte généfal
de l'année soit livré à l'impression.
La commission désire en outre une rédaction
plus claire de l'art. XLVI , relatif à la dénoncia-
tion des minisires. La première commission du rè-
glement n'avait pas cru devoir y parler du rapport
d une commission spéciale . aliendu que si les
griets contre un ministre n'ous arrivent par la
voie des péiiiions , il ne peut , aux termes de
1 atiiclc VI, en êire délibéré qu'apiès le rapport
d'une commission spéciale; que s ils sont pré-
sentés par un membre du Iribuiutt, c'est une pro-
position èiiangere à l'ordre du jour , ei il ne peut
en être délibéié qu'après les loimiiliics prt-sctiirs
par I'anicle XLVII, lequel, sans le diie expiÈs-
sément, suppose qu'ils seront reiivoyèa à une
commission spéciale. Mais la nouvelle rédaction
devant faire ressortir davantage le bon esprit
<jui anime le tribunat, nous l'avons adoptée.
Ces modifications peu considérables en elles-
mêmes sont néanmoins des mesureç, de sagesse
et une garantie contre des abus ; elles auront
d'ailleuis des effeis utiles , et Ion reiTmiquria
voire empresseme/it à régler de plus en plus
votre force après un essai de courte tlurèc. Déjà
cette première année de notre iiistitulion , <iin
donnait de l'inquiétude , n'offre en lèsultaî que
des succès. Voire modération a déjoué les espé-
rances et peut-être les trames des ennemis du
peuple français. On comptait sur l'action immo-
dérée d un corps que tout semble inviter à une
grande agitation ; on calculait que d anciennes
préventions et des habitudes récentes amene-
ra.ient des chocs violens : vous êtes sortis habi-
lement de diverses circonsl.mces qu'on peut re-
garder comme des pitges. L'union a régné parmi
nous, et le' zèle du bonheur public nous a tous
animés. C'est faute de se bien connaître et de se
rendre justice que tant d= maux sont sortis du
sein des assemblées délibérantes : je ne trouverai
point de contradicteurs paimi vous , mes collè-
gues , lorsque je dirai qu'on n'a plus à redouier
un pareil malheur , et qu'il n'y a ici de diversité
d opimo que sur les moyens d'arriver au même
but. Depuis le t8 brumaire tout a changé de
lace ; si les préliminaires de la paix ne sont pas
encore signés , je n'en crois pas moins la France
sauvée , et la rèpubliqne iriomphanie et hors de
péril : le tribunal redoublera d'efiorts pour main-
tenir cette heureuse siiuaiion , et la seconde année
de ses travaux déconcertera de plus en plus les
factieux , les despotes et les esclaves.
. (Après ce rapport et la discussion dont nous
avons rendu compte dans le numéro du tS bru-
maire , le projet d'arrêté suivant a été adopté. )
Le tribunat, après avoir entendu le rapport
d'une commission spéciale , anête les modifica-
tions suivantes aux articles XXXVI , XXXVII
XXXVIII, XLIII, XLVI, LU et LXV du rè-
glement , lesquels demeureront ainsi conçus :
XXXVI, Chaque comiuission nomma son
rapporteur au scrutin.
XXXVII, Il y a une commission administra-
tive tiu inbunat, nommée au sciutinàla plu-
ralité relative , et composée de cinq membres
'jui je renouvellent par cincjuieme le t6 de cha-
que mois : les membres sortans ne peuvent être
reclus immédiatement.
XXXVIII. Lorsrjue les dépenses de l'intérieur
du tribunat ont été déterminées par l'assemblée,
après un rapport de cette commission , elle en
anête l'état particulier ; elle surveille d'ailleurs
pour le tribunal la police qui lui est atuibuèe
par la ioi du 5 de ce mois ; elle est chargée de
tous les déiails d administration ; elle rend ,
chaque mois , un compte sommaire qui est affi-
ché dans la salle des conférences; et, chaque
année , un compte général qui est imprimé et
distribué.
designés par le bureau à tour de rôle sur la liât*
générale.
LXV^. Toute pièce originale remise au tribunal
est copiée , si elle est de nature à éire conservée
double : la copie , collaiionnée par un des se-
ciètaires et signée par lui , reste au secrétariat.
L'original est déposé aux archives nationales.
— La commission des inspecteurs portera dé-
sormais le nom de commission administrative du
tribunat.
Le règlement sera réiaiprimé.
SÉANCE DU 5 FRIMAlRt.
Présidence de Thiessé,
Après la lecture du procès-verbal, le iribunat
reçoit du corps-législaiif deux projets de loi.
Le premier, relatif aux intérêts des cautionne-
mens des receveurs des contributions , est ren-
voyé à l'examen d'une commission , composée
des citoyens Dieudonné , I'.ibre de l'Aude et
Iiribert; le second concerne les jii'geraens arbi-
traux rendus en faveur des conmuines contre
la républiijue , et tst renvoyé à l'exaraen d'une
commission de cinq riicrabies , composée- des
citoyens Chabaud , de l'Allier , Duchesne ,
Mallarmé , Duverriir et Favard.
Le sénat-conservateur annonce par un messaga,
qu'il anommé pour son président le cit. Laplace ,
et pour secrétaires les citoyens Clément de Ris et
Rousseau.
Rien n'étant à l'ordre du jour , le président
levé la séance.
C O R P S - L É G I S L A T I F.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SEANCE DU 5 FRIMAIRE.
On fait lecture du procès-verbal.
Les nouveaux membres de la commission de»
inspecteurs , nommés dans la séance d hier , sont:
Dcwink - Thierry , Le'olanc , Defrance et Ful-
chiron.
Un membre fait hommage d'un ouvrage du
citoyen Xavier Audouin , intitulé : Du Cornmerce
maritime, de son influence sur la richesse et la
force des états . 2 vol. in-8". L ouvrage sera' dé-'
fjosé à la bibliothèque.
Un membre. Citoyens législateurs , j'aurai quel*
ques objej:iions à faire contr-c la molion produite
dernièrement en comité général , et iciidante à
apporter de« changernens et l'es modifications
jux articles XXX et XXXI du règlement clu corps
légilaiif.
Ces articles sont ainsi conçus :
Art. XXX. a Si l'un des orateurs du Iribunat ou.
du gouvernement demande à être entendu une
seconde fois , le président consulte le corps-lé-
gislatif; en ce cas le vœu du corps-législatif s'ex-
prime par assis et levé. Le bureau seuf décide du
résultat de l'épreuve ; dans le doute , la discussioa
est continuée.
XXXI. j> La discussion fermée , le président
consulte le corps-législatif sur la question de
savoir s'il procédera de suite au scrutin ; s'il y a
doute dans l'épreuve, ou que 1 ajournement soit
prononcé , le scrutin a nécessairement lieu à la
séance suivante. >i
Je demande que l'on fixe un jour pour dis-
cuter la motion que j'attaque ; car il n'est pas
possible que le corps-législaiif laisse l'opinion
indécise sur l'inteniion manifestée de changer des
articles qui tiennent de )ilus près qu'on ne pense
à la formation de la loi.
XLIII. Si le tribunat adopte l'avis de la com-
mission concernant l'adoption ou le reiet d'un
projctde loi, le rapporteur est un des "orateurs
du tribunal auprès du corps-législatif. Les deux
autres sont choisis au scrutin : ils ne penvent l'être
parmi ceux qui ont émis une opinion contraire
au vœu de la majorité.
XLVI. Dans le cas prévu par les articles 72 et
73 de la consliiution , les griefs allégués contre
les ministres sont :
1°. Rédigés par écrit ;
2^. Déposés sur le bureau ;
3". Renvoyés à une commission spéciale.
Il ne peut être délibéré qu après trois lectures ,
à iiois jours d intervalle.
, ,. . -, ,. , , ministre, io;(_ocnon, I; Uuval , ex-minishe
La discussion peut être demandée après cha- (^ ,,0 ; Durand, t;ènéiai , 4; Gnupil de Prefehr
que lecture. , | .^ij,re , l; Guyton-Motvaux , i ; Hai ville . général.
Cette proposition est adoptée , et la discussion'
est indiquée à seplidi.
D'après une décision prise hier par l'assemblée,
on procède au scrutin indicatif et préparatoire
pour le choix d'un candidat à l'une des places
vacantes au sénat-conservateur.
Le dépouillement de ce scrutin donne pour ré--
sultat la liste suivante :
Abel , de l'institut, 2 voix ; Alquier, ambas-
sadeur , 5 ; Anson , oSonsiituant , 3 ; Biraillon;,.
Baron, Bjzoche , Champion ( du Jura) Guyot-.
Desherbiers , Lnpouire , Lefevre Laroche . Le-
fevre Cahier, Pilastre, législateuis , i ; Dupuis,'
Girod-Pouzol , Pison-Dugaiand , idem, 3, Vacher, '
idem , i3 ; Chatry-La fosse , idem , ib ; Grégoire,
idem , 17 ; Dedelay-d Agier , idem , iS ; Bossu ,.'
le Brun , tous deux de l'instiiui , 1 ; Garrot „ ex-!
ministre, iS ; Cochon, I ; Duval ' ' ' ' '' '
LII. A l'exception des scrutins pour la nomi-
nation des candidat) à présenter au sénat- conser-
valeitr , et des membies d'une commission spé-
ciale, chargée d un rapport sur le vœu d'adoption
ou de rejet a èiiieiiie par le iribunat, à l'égard
des déclarations de guérie ou des irailés de paix ,
d'alliance ou de commerce , le dépouillement se
lail , séance tenante , dans une pièce voisine de
la salle , par un des secrélaires et trois scrutateurs,
Hédouville , Morand , idem . t ;Rochambeau .
Lafjyetie, I ; Valence , l; Perignon , général ,6;
Reveiliere - Lepaux , g ; Bigot Pré.imeneu . i ;
Tronchet 2; Chassiron , Challand , La foi , Gou-
pil de Prefein fils, membres du iribunat, 1';
Daunou, idem , 4 , Leloorneivr de la Manche, 1^
Saget , ex-lègislatcur , 3; Dccomberousse,i(/em, 1.
Celle liste est proclamée par le préiideut, et la,
séance indiquée à demain. '
MÉLANGES.
Les artistes om été invités dans cette feuille
à publier les observations que l'amour de leur
an et celui du bien public pourrait leur suggé-
»f;r, relativement aux plans proposés pour l'érec-
tion des colonnes départementales. Celles qu'on
va lire nous sont adressées par le citoyen Goulet ,
archiiecie , membre de plusieurs sociétés des ans,
et adjoint-maire du 6"= arrondissement de Paris.
L'achiirciure est appelée dans la construcdon
des monumens publics pour exprimer et peindre
d'une manière durable le caractère propre de la
nation qui les fait élever, en perpétuant , autant
que possible , les grandes actions qui ont le plus
conir bue à sa gloire. Les moyens que l'art doit
employer sont essentiellement les convenances
dans la composition , l'idiome du pays pour les
lui rendre intelligibles , le choix le plus avanta-
geux d'un local qui ne piive pas les habitans du
lieu des autres avantages dont ils jouissent , et
enfin le goût dont le génie de la nation est
ïusceptible pour les décorer et les embellir.
Pour faire sentir la vérité de ces principes , et
pour les appuyer par des exemples frappans , il
ne laut aller ni en Egypte, ni en Grèce, ni à
Rome , puisqu'ils se trouvent en France , et même
dans Paris , d oià je ne veux pas sortir pour le
démontrer. ^
L'arrê:é des consuls du 8 germinal an 8 , or-
donne que le monument à élever à la mémoire
des braves du déuarlemeut, sera une colonne ,
|!ir laquelle seront inscrits tous leurs nom» ; ci
linsirucion du minislie invite les archiiecies à
consulter à la fois la situation de la ville , le genre
d'architecture qui lui convient, l'étendue de ses
places, et en général 'outes les circonstances qui
j)euvcnt déterminer la forme et les dimentions
d un monument public , pour lesquelles il laisse
toute la latitude nécessaiie au génie des aits, en
recommandant seulement la grandeur et la sim-
plicité dans les idées.
Parmi le grand nombre de concurrens qui ont
exposé leurs projets , il parût que ceux qui
méritent le plus de fixer l'attention , oui senti
qu'une seule colonne ne suffisait pas pour rendre
compleitemeut toute l'étendue de leurs idées.
Les uns ont fait un grand bâtiment , d'autres
ont fait un obélisque , d'autres ont élevé leur
colonne sur un slylobaie , quelquefois sur deux,
indépenJament du piédestal de la colonne ;
d'auiics enfin ont entouré leur colonne d'une
enceinte niui;^ée en demi cercle pour y placer les
inscriptions.
Sil était permis de s'écarter assez de l'arrêté
des consuls , pour proliier de la latitude qu'a
donnée lé ministre , je préférerais à une colonne,
un obélisque , en ce qu'il présente quatre faces
droites sur lesquelles s inscriraient , d'une manière
plus lisibles que sur une colonne , les noms des
braves ; en ce qu'il peut supporter une plus
grande hauteur relative à sa base , et en ce qu'il
assure par ses talus une solidité plus durable.
Ce genre de monument qui a ses beautés , et
qu'on emploie rarement , me paraît fort approprié
iau sujet , tandis que la colonne a de fréquentes
occasions pour être employée autrement. Si , au
contraire , les colonnes sont de rigueur , je suis
de l'avis de ceux qui les ont élevées sur un , et
même deux soubassemens , parce que cette grande
masse donne les moyens d y pradquer un céno-
taphe , qui me paraît très-convenable , pour ne
pas dire essentiel , à ces monumens, et qui entre
bien dans l'esprit qui les fait ériger , parce qu'ils
offrent de grandes surfaces oià peuvent être ,
non-seulement inscrits les noms des héros , mais
aussi les actions qui les ont illustrés , et même les
combats qui ont rendu leur mort glorieuse ;
enfin , parce qu'ils élèvent la colonne autant
qu'elle a besoin de l'être , pour rendre tout son
effet dans la place qu'elle doit occuper.
Je pense aussi qu'on peut admettre et même
préférer celles qui sont entourées par derrière
d'une demi enceinte , toutes les fois qu'à défaut
d'une grande place elles seront érigées au bout
d'une grande rue, ou d'une avenue, ou même
sur les côtés d'une grande place , pour ne pas
nuire à un passage d'enfilade ou à un point
de vue.
Mais ce n'est pas seulement du choix , de la
forme , ou des dimensions du monument dont
il s'agit , c'est encoii de l'effet qu'il doit p'ro-
duire lorsqu il sera élevé , et cet effet dépend
absolument , quelque beau que soit le monu-
ment , de son emplacement.
Sur cela j"'observe que la porte Saint-Antoine,
celle Saint-Jacques, celle Saint-Bernard et le petit
Châtelet , qui ont été originairement construits
dans de grands emplacemcns et hors de la ville
lorsqu'elle était petite , ont été successivement
tlémolis , comme embarrassant la voie publique ,
comme nuisibles à la circulation de l'air , et
comme interrompant des points de vue plus
intéressans. Le grand Châtelet y 'est aussi con-
damné , parce que tout le monde en sent le
besoin , et en désire la suppression depuis
long-tems.
Les plus beaux édifices ne dédommagent pas
de la perle d un grand volume d'air ou d'un beau
point de vue , et les architectes habiles n ont
jamais interrompu les lignes de milieu ni les
grands points de vue par des monumens. Dans
le jardin des Tuileries, dans le parc de Versailles
et dans beaucoup d autres qu'on peut citer pour
modelés , ce sont des bassins et des pièces
d'eau qui occupent les points milieux , et les
groupes de figures , les vases et autres monumens,
sont rangés autour d'eux ou dans des bosquets
latéraux. On a voulu même que la clôture des
plus glands parcs fussentouveris d'une large bée ,
défendue par une grille ou par un fossé au bout
des longues allées , pour laisser voir au-delà toute
retendue de pays où la vue pouvait se porter.
Q;iel avantage n'est-il pas résulté de l'élargisse-
ment de la grande allée des Tuileries ? Q^uelle
jouissance n'éprouve-t-on pas à l'aspect de i ave-
nue des Champs-Elysées , depuis que la figure
de la place de la Concorde a disparu ?
Il ne Suffit donc pas d'avoir des monumens ; il
faut , comme l'a sensi le ministre , qu'ils soient
disposés assez avantageusement pour qu'ils fassent
le plus grand effet possible , et qu'ils détruisent
dans les villes oit on les érige , les agiémens que
la nature ou la situation du local leur piocuieni ;
car enfin , si les monumens sont faits pour les
villes et pour crux qui les habitent, il ne faut pas
qu'ils leur nuisent.
Or, il est certain que les meilleurs projets du
concours qui seront sans doute adoptés par le
juiy, ne pourraient s cxécuiet dans le milieu des
places indiquées, sans nuire à la voie publique
et sans interrompre la ligne visuelle , puisque les
soubassemens ont douze à quinze mètres de lar-
geur sur tiois à quatre de hauteur. Je pense donc
que l'on ferait une grande faute de les placer
ainsi, et si c'est une efreur d'habitude, comme
je le crois , ou ne saurait ttop se hâter de la
réformer.
D après ces observations , s'il en est encore
tems , et sans aucunement prétendre contrarier
les arrêtés du gouvememenl , que lout citoyen
doit respecter , je hasarderai mon avis sur le genre
à adopter pour les deux monumens demandés et
sur les places qu ils doivent occuper à Paris.
Pour lempiir l'objet de là colonne départe-
mentale , je donnerais la préférence à l'obélisijue ,
par les raisons que j'ai ci-devant déduites ; mais
au lieu de le placer au milieu de la place Ven-
dôme , j'en exigerais deux pareils dans cette
même place à j5 ou 3o mètres de distance l'un
de l'autre , ils pourraient avoir lo à la mètres de
bases sans nuire au passage ni au séjour des voi-
tures qu'elle est dans le cas de contenir. Comme
ils pourraient être moins grands que celui qu'on
ferait seul au milieu , ils pourraient ensemble ne
pas coûter plus ; mais cette considération est de
peu de valeur pour Paris.
Quant à la colonne nationale , mon avis est
aussi que ce soit une colonne; quelle doit être
unique-, qu'elle doit être vue de loin pat beau-
coup de monde , et , s il se peut , vers la plus
belle entrée de Paris ; mais d'éviter toujours
qu'elle nuise à la voie publique ou à une grande
enfilade. Pour cela , ne voyant pas de raison pour
préférer la place de la Concorde , je l'érigerais
sur la place du Pont-Neuf oîi était Henri IV.
Sur cette même place , où on a vu si long-tems les
nations enchaînées comme ennemies , on pour-
rail les voir nous jurer une paix éternelle.
Ce monument placé là se découperait bien dans
l'air ; il serait au centre de la capitale et vu du plus
grand nombre possible de ses habitans , sans
avoir aucun des inconvéniens qui sont à éviter ;
il serait appeiçu des deux rives de la Seine , à
une très-grande distance et de toutes parts ; enfin
on pourrait fui donner toutes les dimensions né-
cessaires , et 1 enrichir de tous les accessoires dont
il peut être susceptible.
Je n'entreprends pas de les déterminer. Le
concours a fourni des morceaux qui sont bien
dignes d'êife exéefttés , et auprès desquels je
craindrais même de concourir; mais je désirerais
qu'avaiit l'exécution de ceux qui seront arrêtés
par le jury , le gouvernement fît faire (ies mo-
dèles grands comme nature sur la place même
où le monument devra être exécuté , afin de
n'être pas trompé par l'effet séduisant des des-
sins ; car l'auteur même du projet d'un grand
monument est souvent étonné de l'effet différent
que produit l'exécution, auquel il ne s'était pas
attendu.
THEATRE FRANÇAIS.
On a donné hier à ce théâtre la première repré-
sentation de Thésée, tragédie en cinq actes et en
vers,. Cette production est le premier ouvrage
dramatique d'un jeune littérateur , le citoyen
Mazoyer. Plutarquç a donné le sujet de cette tra-
gédie , dans sa vie de Thésée. L'auteur a choisi
I l'instant où le héros accusé par Médée de cons-
pirer contre la vie d'Egée , et prêt à recevoir un
I breuvage empoisonné , est reconnu pour le fils
de ce roi, et triomphe des Pallantides.
Il y a des beautés réelles dans celle tragédie, le
style en est la partie la plus remarquable , et la
conduite, le côté faible. Le succès a été complet
jusqu'au cinquième acte, dont l'extrême nullité
a indisposé le spectateur. Des coupures nom-
breuses , la suppression de quelques tirades de
pure déclamation , peut-être même celle d'un
acte entier , sont les changemens que le public
nous semble avoir indiqués, Nous croyons devoir
attendre l'effet d'une seconde représentation pour
rendre compte de cet ouvrage. S. . . .
CONSERVATOIRE BE MUSIQ_UE.
Admission des élevés.
I
I Le 25 frimaire an g , aux termes du règlement
■du conservatoire de musique , les inpecleurs de
I l'enseignement procéderont à l'examen des aspi-
1 rans aux places d'élevés vacantes en cet établis-
sement.
Les aspirans doivent être préalablement inscrit»
au secrétariat du conservatoire.
Ils ne peuvent être inscrits que sur la présentation
de leux acte de naissance dûmeni légalisé.
L'examen aura lieu à neuf heures du matin.
GOUkS DU CHANGE.
Bourse du 5 frimaire.
à 3o joure. ^ ï à g
Amsterdam banco.
Courant. . . ...
Hambourg
Madrid
Effectif..
Cadix
Effectif
Gênes effectif
Livourne
Bâie.
561
190
4 fr. 90 c
14 fr.70 c
4 fr. 90 c
i4fr. 40 c,
4 fr. 70 c.
5 fr. 17 c
I* b. '
188^
Effets publics.
Rente provisoire sa fr. a5 c.
Tiers consolidé •. . . 3g fr. 75 c.
Bons deux tiers i fr. 60 e.
Bons d'arréragé 86 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 g5 fr.
Syndicat 83 fr. 5o c.
Coupures 83 fr. 5o c.
Act. de 5o fr. de la caisse des renders.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republique et des Arts .
Aujourd. relâche.
Théâtre desjeunes élevés, rue deThionville.
Auj. le Chaudronnier de Saint-Flour ; la Gascon-
nade , et les fausses Apparences^
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Mari sans
femme ; Arlequin cruello , et la Danse.
LOTERIE NATIONALE.
Tirage du 5 frimaire.
i5. 40. 48. 32. 69.
L'abonncaicnt »e fait aParii, me dei Poiievinj, n" 18. Le prix est de j5 fiança pour trois moii, 5o fra»c» pour sU mois, et 100 franei pour l'année entière. On ne
Vabonne qu au commcuccment de cbaquc mois.
Il faut adresse, tes icities et l'argent , franc de port, aucil. AoASSE, propriétaire de cejournal ,rue-d<s Poitevins, B« iS. Ilfouticoinprendre dans les envois le port des
pays où l'on ne p-ut jffn nchtr. Lr S lettres <\es dépanemens non affranchies , ne seront point retirées de la poste.
Il faut avoir soiu, paui ^tus de «ûreté, dt charger celles qui renfermenides valeurs, étadresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue des
■foitevins, n° i3^ depuis aeuf heures du matin jusqu'à cinq oeures du soir.
A Pâïis, de l'imprimerie du cit. Ajasse ,. propriétaire du Moniteur , tue des Poitevins , n" i3.
GAZrrtt' NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N° 67.
Septidi , 7 frimaire an, 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Mo Ni T E U R est le seul journal cfficid
^ H contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
t: X T É R I EUR.
ANGLETERRE.
Londres , 18 novembre (27 brumaire).
Chambre de.": Lords.
Séance du 17 novembre,
J_iE lord chancelier annonce à la chambre que
le royal plaisir de sa majesté estque les membres
des deux chambres du parlemenr d'Angleterre
leprésentenl , dans leurs chambres respectives , la
Grande Bretagne , au patlement-uni.
•M. Arthur Young, appelé en tétnoignage par le
comité spécial , ciéé pour prendre en considé-
ration la partie du discours de sa majesté relative
à la cherté des subsistances, prête serment à la
barre de la chambre.
Le comte Darnley. J'avais demandé qu'un appel
fàl fait à tous les membres de la cli^lmbre ; je
demande maintenant à retirer ma pioposilion.
Ce n'est pas que j'aie changé de seniimens sur
l'importance du sujet qui nous occupe ; au
contraire , j y persiste plus que jamais ; mais
j'ai des raisons trèo-fories pour faire la proposi-
lion que je tais dans ce moment. Onoique je
n'aye rien avancé sur cette matière qui ne soit
incontestable; quoiqu on naît pu me faire au-
cune objection solide ; je suis convaincu que je
ne trouverai pas d'appui dans la session pré-
fente ; peut-éue même me vetrai-je absolument
seul, je suis persuadé aussi qu une discussion ,
dans les circonstances actuelles , ne servirait qu'à
entraver les opérations du comité , et à nuire au
euccès des mesures qu il pourrait proposer.
D'ailleurs la discussion en elle-même, sur-tout
quand elle prend le ton de l'allatrae , et qu'elle
présente I idée d'une grande disette, lait, ainsi
que je l'ai dit déjà , beaucoup plus de mal que
de bien.
Je sais très-bien que dans 1 état actuel des choses
notre pays , si l'on n'emploie des remèdes puis-
sans , esi menacé des plus grands malheurs. La
mesure sur laquelle il me paraît qu on insistera
le plus , celle d'une grande économie dans la
consommation de la larine et du pain , me paraît
insuffisante. Pour qu'elle produisît quelque effet,
il faudrait qu elle tût en quelque manière coër-
ciiive. Les choses ont bien changé depuis lins-
tant où la question tut agitée pour la première
fois dans la dernière session ; nous avions alors
la perspective d une récolte abondante. La saison
a été coniraire à nos voeux, et nos espérances ont
été trompées. J'ai parcouru différentes parties de
ce royaume ; j y ai vu le blé dune cherté exces-
sive , et la misère du peuple à son comble ; dans
le comté de 'Worcester le quarter de blé se vend
l5o s. sterl. ! Il n'y a que des remèdes prompts et
décisifs qui puissent arrêter le mal.
Le comte de Warwick. Je n'ai aucune relation
politique avec aucun pani ; je parle avec la fran-
chise d un membre indépendant, et comme je
dois le faire dans une question d'un aussi grand
intérêt , dans un moment de crise aussi terrible.
C'est avec peine que j'ai vu que quelques pa-
roles qui mêlaient échappées dans la dernirre
séance , avaient déplu à quelques personnes ;
j« n en persisie pas moins dans 1 opinion que j'ai
émise. Les mesures (ju'il paraît qu on va adopter ,
sont proposées , wns doute , dans de bonnes in-
lEntions ; mais je les crois impuissantes. Ce n'est
pas sans une espèce d inquiétude que je vois le
peuple meure toute sa conhance dans le parle-
lueni , et attendre de lui seul un entier soulage-
ment à ses maux. Ce que j'ai avancé, hier,
mérite la plus grande atiention. Mes renseigne-
mcns ne sont que trop bons. Je connais bien la
situation du pays , et je sais qu elle est telle dans
beaucoup d endroits , qu'elle exige des remèdes,
non seulement efhcaces, mais encore immédiats.
Je suis convaincu plus (jue jamais de la néces-
sité d une loi qui oblige les fermiers à apporter
leur blé au mirclic, à un prix déterminé , c'est
une niesuic de circonstance qui donnera les
résultats les plus heureux et fera cesser le mal.
Vos seigneuries , quelle que soit leuropinion sur
la quoiion de la diacilc , savent que le blé est
aclucllcnicnt d'une cherté épouvantable. Quelles
jugent par Icxcmplc que je vais leur citei , des
piofit» énormes que font les fermiers. Un de
mes fermiers me rend une liv. .sterl. pour un
acre de terre qui, vu le prix du blé , lui en
rapporte 3o. Qu'\ nous répondra que le blé , si
Ion ne fait aucun règlement contre ce désordre,
ne doublera pas de prix l'année prochaine ? Les
gains de l'ouviier, de l'artiste , je le répète, ne
suffisent plus à sa subsistance. Le fermier ce-
pendant joue des guinées au whist.
Lord Hobart. Je conjure la ch^imbre de s''abs-
tenir de toute discussion ptématuiée sur un sujet
aussi délicat , et dans, des circonstances comme
celles oià nous nous trouvons. Qjjelle que soit
l'impaiience du public i et l'opinion du noble
ponite . j ose dire que le parlement n'a pas perdu
jusqu'ici un seul moment , et que le comité a
rnis toute l'activité possible dans ses recherches.
Si l'on n'a pas encore trouvé de moyens efficaces.
il ne faut pas en conclure qu'on n'en trouvera
pas dans la suite.
Lord chancelier. ]e regarde la doctrine du maxi-
mum comme une doctrine funeste , et j invite la
chambre à considcier avec la plus grande attention
la proposition qui lui a été faite. Cette mesure
serait entièrement coërciiive. Elle forcerait une
classe nombreuse d hommes , à livrer, en vertu
de la loi , leur propriété à un prix déierminé :
quant à ce qui a été dit hier par le noble lord ,
qu il y avait bien des fermiers qui ne s oppose-
raient pas à de pareils réglemens , qui mênie les
désiraient , et avaient déjà pris la tésoluiion de
don.-ier leur blé à un prix modéré , c est avec la
plus grande satisfaction que je verrais ce bon
esprit s éiablir : on ne peut (ju'applaudir au désin-
téressement de ces bons-ciioyens. Il serait à désirer
qu'ils trouvassent beaucoup d'imitateurs. Mais
employer la voie de la contrainte , c'està quoi
je m'opposerai de toutes mes force». Non-seule-
ment la loi qu'on nous propose est une Iqi de
contrainte dans son objet , elle l'est encdre dans
tous sesmoyensd'exécuiion. Le fermier ne pourra
plus disposer de ce qui lui est nécessaire pour sa
subsistance , pour celle de ses enfans , de ses
ouvriers. Parcourez l'histoire ancienne ou mo-
derne , vous verrez qu'une pareille mesure n'a
jamais été que très-funeste. L'expct'.ence en fut
faite il y a peu d'années . dans un pays voisin de
noire île. Qjieiles en ont été les conséquences ?
la diselie dégénéra bientôt en famine. Les culti-
vaieurs retirèrent leurs denrées. Le gouvernement
prit alors le parti de mettre le grain en réquisition ,
alors aussi commença le système d'affamdtion {the
System of starvnt'on. ) Les cultivateurs en furent
les premieies victimes.
Supposons que les faits qu'on vous a allégués
soient exacts , suffisent-ils pour autoriser une
mesure qui doit causer des maux incalculables ;
qui doit entraîner dans la même ruine toutes les
classes de la société , les riches comme les pau-
vres? Le culiivateur se verra dans l'impossibilité
de nourrir l'homme de peine qu'il emploie; et
c'est des bras de ce dernier que dépend la sub-
sistance du pays. Personne n est plus sensible que
moi à la misère du manouviier . que j'appelerai
la mécanique vivante et raiionnable du fermier. Il
faut venir à son secours par tous les moyens
possibles , mais en repoussant celui du maximum.
Dans nos colonies des Indes-occidentales , oti
les maux de la diselie de grains se sont fait sentir
plus que par-tout ailleurs , jamais il n'est venu
dans la pensée à qui que ce soit de recourir à
cette mesure désastreuse. Je crois bien que le
noble comte a parlé par conviction : la chaleur
qu il a mise dans son discours , me prouve qu'il
était profondément affecté de son sujet, et qu il
pensait ce qu'il disait. Mais c'est pour cela même
que je le combattrai avec plus de force; je sens
aussi qu'il est de mon devoir de prémunir la
chambre contre les dangers d'une opinion qu'on
ne doit pas laisser exister , même un seul instant.
Le comte de Warwick s'explique.
Son altesse royale U ducdeCtarettce. Après ce
que vient de dire avec autant de chaleur que
de raison , le noble et savant lord ( le chancelier) ,
il me suffira de taire observer à la chambre que'
son comiié est maintenant en pleine activité , et
qu'il travaille sans relâche. Toute discussion sur
un sujet aussi délicat , serait prématurée , et par
là même dangereuse. J'espère que les noblrs
lords trouveront qu il est convenable d attendre
le rapport du comité, et qu'ils se réserveront
pour ce moment.
Lerd Carrington. Je ne veux pas prolonger des
débats qu, déjà n'ont été que trop loin, sur^
hance"! er' T '^"' ' ^'^ ^'' P" '^ "«ble lo'rd
nu. t' ■'' ""^ "n'enterai de faire Observer
était âdmi^^H" P'°P°'^ P" '^ ""ble comte
bientl, ^h ' ■ 'T "î"' "°"' éprouvons serait
Dieniot changée en famine.
La proposition du comte Darnley est retirée.
Lord Carrington demande qu'un message soit
envoyé a la chambre des communes, pour lui
exprimer le desir que l'honorable Genraes Vil-
bers , membre de cette chambre , soir inierroeé
et entendu dans le comité^ de la chambre dei
pairs. — Adopté.
La séance est ajournée au lendemain.
Liste des lords qui composent le comité chargé d*
de s occuper de la cherté des subsistances-.
Les ducs de Sommerset , de Bedford et de
Fortiand ; les comtes de 'Winchelsea , d'Essext
de Graham, de Fiiz- William , d'Egremoni . dé
Hardwicke , de Cambden , de Liverpool .
d Ossory ; les evêques de D'urham et de Ches-er • ~
les lords Grenville, Hobart, Romney , Car^
rington et Bolton. ,
( Extrait du SUn. )
INTÉRIEUR.
Paris , le 6 frimaire.
Le général Vaubois avait reÇu du général
Graham , commandant à Malte , l'assurance que
le cabinet de I infortuné Dolomieu lui serait res-
littae. Cette précieuse collection d'bisioire natu*
relie , partie de Malte sur le bâtiment parlemen-
taire anglais , le Triton, est arrivée à Marseille,
et a ete remise au directeur des douanes , qui a
du prier le ministre de rinicrieur de lui faire
connaître ses intentions sur ce dépôt. Le direc
teur a donné au citoyen Dolomieu avis de cftte
loyale restitution ; il espère que sa lettre sera re-
mise a ce savant infortuné. Puisse-t-elle le con-
soler un moment dans ses fers! (Clef du Cabinet.)
- On écrit de Châiillon sur-Sèvres , que des
chiens, enragés y font des ravages déplorables
Uuatre personnes ont été assaillies du si au ai
brumaire. On cite entr'auires un malheureux
enfant qui, dans le village de la Baubrie , a été
mordu dans les bras même de sa mère ; cette
raere intoi-tunée s'est défendue avec son mou-
choir, et n a pas été atteinte.
-Le citoyen Lezai de Marnésia vient de mou-
rir, âge de 66 ans. Il était auteur d'un poème sur
la nature champêire , et de divers écrits ayant
plus ou moins de rapports avec ce titre.
MINISTERE DE LA MARINE.
L'ouragan qui s'est fait ressentir dans les dé-
partemens de I Ouest et du Nord, s'est déclaré
a Lorient dans la nuit du 17 au 18 brumaire.
La violence -du vent ayant rompu les retenues
du moulin à scie qui existe dans le port, le»
aîles ont tourné avec une vitesse prodigieuse»
le frottement a enflammé les pièces sur lesquelles
il agissait, et l'incendie s'est bientôt manifesté.
Dès que le citoyen Bourdon , fesant fonctions
de pietet maritime , en a été averti, il a donné
des ordres pour ipréserver le port du danger
qui le menaçait , et il s'est transporté partout &à
sa présence était nécessaire.
Dans l'impossibilité d? rendr.e justice nomina-
tivement aux citoyens du poit et de la ville qui
tous , ont des droits à la satisfaction du ectu-
vernement, oncite , pour avoir été plus g'^éné-
ralement remarqués , le citoyen Martin , timonier,-
qui , malgré la violence du vent et des tiam-
mes , a attaché aux aîlej du moulin le grapirli
qui a servi à les arracher. Il a été seconde par"
un aspirant de 2' classe , nommé Longer . et
par le citoyen Delplanque , officier d.'artillcrie.
La voix publique désigne aussi le citoyen
Ambroise, lieutenant de la compagnie .çl ou-
vriers, et le citoyen Lotion , commis de marine.
Le courage du ^capitaine de vaisseau . Coudé,
fesant fonction de chef militaire, et la sa^essa^
des mesures qu'il a prises, méritent les °plus '
grands éloges. Oij en doit également à ses deux
adjudans , Compagnac efprosant , et auit capi-
taines de vaisseau,, Villegris et Laroque. >
s;69
-J-e sous-préfél de la ville , la munie! paliié i
le commissaiie-général de police, la 3o° deniie-
.brigade d'infanterie légère , commandée par le
citoyen Virideau , cùet de brigade , et Faury ,
chef de bataillon , la denùe-brigade d'artillerie ,
les-eommis de la marine et les marins du port,
ont rivalisé de /ele et d'ardeur dans cette cir-
constance.
Les administrateurs et chefs des différentes
parties du service , et le citoyen Leclerc , in-
génieur chargé des travaux maritimes , ont dans
cette occasion donné des preuves de dévoûmcnt
et de courage.
Cet incendie qui pouvait , en se communi-
quant , détruire le port de Lorient , a cessé dans
,1a matinée du i8.
Extrait d'une lettre du commissaire général des rela-
tions commerciales de la république française en
Batavie , au ministre de la mariîie et des colonies.
— Amsterdam , 29 brumaire.
Le corsaire l'Espoir, capitaine Victor Sparrow,
a fait côte , le 21 de ce mois au soir , à l'entrée
de la passe d'Ameland. L'équipage composé de
(rente-deux hommes , et les prisonniers anglais
qui se trouvaient à bord ont été sauvé». La croi-
sière de ce bâtiment lui avait déjà procuré quatre
prises anglaises, dont une sur son lest, une
chargée de goudron et mâtures d'Archangel, et
les deux autres de charbon de terre. Une de
ces dernières et celle venant d'Archangel ont
malheureusement fait naufrage près de lîle de
Rotium. Un seul homme a péri. Ces accidens
sont une suite du terrible coup de vent qui s'est
fait sentir ici le 18 brumaire , et qui s'est pro-
longé plusieurs jours en mer.
Dans le même tems et par la même cause ,
une autre prise anglaise, nommée le Hope , faite
par le corsaire, de Dunkerque , le Chasseur,
capitaine Blankmann , a échoué sur la côte de
Nord-Hollande près de Calanlsoog. On est oc-
cupé à mettre en sûreté la cargaison qui consiste
-en bois de construction.
11 est entré ces jours dernierj, à Delfzyl , une
prise nommée aussi le Hope , chargée de charbon
de terre , faite par le corsaire la Mouche, cap.
Lefebvre , et à Amsterdam , le navire the Com-
merce, sur son lest, capturé par le corsaire /e
toisson volant , capitaine Haide.
MINISTERE DE L'INTÉRIEUR.
Le ministre de l'intérieur f par intérimj recevra
le qnintidi de chaque décade , à deux heures , les
membres du sénat , du corps - législatif et du
tribunal.
Le 4 et le 8 de chaque décade , à midi , on
fournira les renseignemens qu'on peut désirer
«ians la maison Conti , au rez déchaussée.
Le minisre ne donnera de rendez-vous particu-
lier qu'autant qu'on lui fera connaître , par écrit ,
la nature de l'oDJet pour lequel on le demande.
T R I B U N A T.
Présidence de Thiessé.
SÉANCE DU 6 FRIMAIRE.
Après la lecture dû fprocès-verbal un membre
«lépose sur le bureau une motion d'ordre dont il
n'annonce pas l'objet.
Le dépôt au secrétariat est ordonné , afin que
les membres du tribunal puissent , aux termes du
règlement , en prendre connaissance.
La séance est levée,
C O R P s - L É G I s L A T I F.
Présidence de Ckatry-Lafosse.
S E A N c E D u 6 F R I M A I R E.
Deux orateurs du gouvernement sont introduits
immédiatement après la lecture du procès-
verbal.
Berlier obtient la parole et présente un projet
de loi relatif aux attributions et aux limites géo-
graphiques des justices de paix.
Après avoir lu les dispositions textuelles de
te projet, l'orateur en développe les motifs
dans les termes suivans ~
Citoyens législateurs , dépuis long-tems l'opi-
nionpublique sollicite quelques changemens dans
Torganisaiidn des justices de paix.
Cette belle institution , dont l'utilité est géné-
ralement reconnue -, eût sans doute rendu plus
de services encore, si ses organes eussent été moins
multipliés , et si on ne les eût accablés d'attribu-
tions hétérogènes.
C'est ce double vice r^ué le gouvernement s'est
principalement appliqué à corriger dans le projet
de loi qu'il vous ioimiet, aujourd'hui.
La république compte en ce moment 6000 juges
de paix répandas sur son territoire.
Sans doute il existe en France plus de 6coo
hnmmcs propies à en bien remplir les lonc-
lions ; ma^ ( chose. malheureuse , et que le gou-
vernement le mieux intentionné ae peut faire
cesser en un jour ), les lumières sont distïibuées
d'une manière tiès-inégale ; elles abondent sur
un point , elles en abandonnent quelques aiures ;
elles sont raies dans un grand nombre.
Delà la tlisette d'hommes qu'éprouvent plu-
sieurs arrondissemens de justices de paix, dans
leurs limites actuelles : qu on étende cesiimiies;
qu'on augmente , qu'on double leurs ressorts ,
et l'on doublera les moyens offerts aux ciioyens
pour faire de bons choix.
Toutefois le bien même â son terme , et s'il
est nécessaire que la balance de Tbémis ne soit
tenue que par dçs mains habiles , le législateur
ne peut perdre de vue que la justice , ce besoin
de tous les jours, et surtout la justice de paix ,
ne doit pas êirè' placée trop loin des citoyens.
Le nouveau système respecte celte limite ; la
réduction qu'il propose -est sage; elle n est point
excessive; il en résultera rarement que les ci-
toyens aient à parcourir plus d'une iieue au-delà
du trajet qu'ils ont à faire aujourd'hui , et celle
légère surcharge sera bien amplement rachetée
par deux avaniages incontestables ; une meilleure
dispt-nsation de la justice , et une économie de
plusieurs millions.
Je viens , citoyens législateurs , de vous exposer
les vues générales qui ont dirigé ce travail ; je
vais vous faire connaître les moyens que le gou-
vernement a considérés comme propres à les
réaliser.
Dans l'état ac""el , le territoire de la république
est d'environ 3o,ooo lieues quarrées ( ancienne
irresure) , sauf une légère fraction.
Sa population (je supprime aussi les fractions) ,
et d'un peu. plus de 3o millions d'habitans.
Les justices de paix sont au nombre de 6000.
Ainsi , chaque justice de paix embrasse 5 lieues
quarrées , et 5ooo justiciables.
Pour connaître dans quelle proportion ou quo-
tité une réduction était sagement praticable , le
gouvernement a fait interroger les préfets sur les
réunions ou nouvelles démarcations qui pouvaient
s'opérer dans chaque déparlement , à 1 avantage
des citoyens.
Beaucoup de préfets ont déjà répondu : il ré-
sulte de leurs indications appliquées à tout le
territoire, que la réduction peut s'opérer utile-
ment dans la proportion de 5 à 3 ; proportion
tellement approximative de la quotité dimidiaire
qu'on peut bien prencHre la moitié pour base des
léduclions à faire, lors sur-tout qu'on doit présu-
mer que les préfets les mieux intentionnés , mais
toujours environnés de toutes les influences lo-
cales , n'ont pu connaître ni donner la mesure
exacte des réductions pralicables , et l'ont plutôt
resserrée quéiendue.
Je dois , au-surplus , dès-à-présent dire que cet
aperçu qui frappe sur l'ensemble du territoire ,
ne porte pas de même sur chaque déparlement
isolément Considéré.
Il est des déparieraens qui ont été si mal par-
tagés dans la première distribution, qu'il y aura
très-peu de chose à leur retirer.
U en est d'autres qui ont été traités avec tant
de prodigalité , que la réduction des justices de
paix devra y excéder la moitié de leur nombre
actuel.
Ces détails , .citoyens législateurs , sont plus
spécialement renvoyés à un autre travail ; plu-
sieurs renseignemens locaux sont encore attendus ,
et les mesures d'application appartiennent à un
règlement d'administration publique ; mais il
appartient à la loi de poser les bases communes
d'une nouvelle répartition , purgée de l'arbitraire
qui a présidé à l'état actuel.
Les bases contenues au projet qui vous est
soumis , ont leur source et leur type dans la
nature même, c'est-à-dire, dans la combinaison
de l'étendue territoriale avec la population , et
cette combinaison ne cesse que lorsque la popu-
lation rassemblée sur un seul point est telle qu'il
faille la prendre pour règle unique.
Hors de ce cas, les deux bases combinées doi-
vent s'approprier à tous les points du territoire ,
malgré l'exirênTe diversité des circonstances lo-
cales ; et l'on conçoit que, pour obtenir un tel
résultat , il faut un minimum et un maximum fort
disians du terme moyen.
Ainsi , par exemple , dans la ci-devant Belgi-
que , il sera facile de trouver i5, 000 justiciables
dans un arrondissement de 195 milles carrés ,
( 5 lieues carrées ) tandis que dans d'autres parties
de la république , l'applicaiion sera absolument
inverse et ne ptésenteta que 5, 000 habitans dans
un arrondissement de SyS railles carres, ( i5 lieues
carrées. )
Mais comme il s'opère de nombreuses compen-
sations dans une opération aussi vaste , il y a
tout lieu d'espérer que le l'ésuiiai général s ac-
cordera avec le terme moyen ( 10 lieues carrées
et 10,000 justiciables) , terme double dé celui
d'aujourd'hui.
De-là on est fondé à conclure que 3ooo juges
de paix pourront suffire, mais il est au moins
certain qu'il n'en faudra pas 600 au-delà , et cette
limite peut être posée par la loi sans incon-
véniens.
Citoyens législateurs , il me ïesie peu de choses
à vous dire sur le surplus du projet.
En retraçant les attributions des juges de paix ,
considérés, soit comme conciliateuis , soit comme'
juges du contentieux , soit enfin comme chargés
par la loi de certaines parties non conieniièuses ,
le gouvernement n'a eu pour objet que de placer
dans un seul cadre toutes les fonctions qui leur
sont conservées , de manière que , Soit les ci-
toyens , soit les ju^es de paix , puissent d'ua
coup-d œil mesurer l'étendue de ces fonctions.
Après une foule d'aliribulions , dont plusieurs
sont éteintes ou tonibées en désuétude, et dont
quelques autres seront plus utilement départies
à d'autres agens , il convenait de ramener les
choses à leur vrai point , et de les réduire à ce
dont l'expérience a démontré la sagesse et
l'utilité.'
Au reste, dan» les attributions maintenues,
nous avons respecté jusqu'au texte des lois qui
les ont établies , en les transcrivant d'une ma-
nière à peu près liuérale , et qui dispense
dentrer dans aucuns développemens pour lei
justifier.
Je termine cet exposé, citoyens législateurs,
par une réflexion bien digue d'occuper voir»
pensée.
Lorsque les juges de paix seront choisis dans
un cadre plus vaste, lorsque leur juridiciion ■
étendue , quant au territoire , sera restreinte,
quant aux attributions hétérogènes dont elle avait
été chargée, lors sur-tout que la procédure crimi-
nelle leur deviendra étrangère ( ce qui est l'objet
d'une loi qui vous sera incessamment proposée ) ,
comment ne pas espérer des juges plus généra-
lement instruits , et qui , remplissant d'ailleurs
des fonctions simplifiées et toutes paternelles ,
seront plus chei's à leurs concitoyens , et plu»
utiles à la république.
La discussion du projet de loi est indiquée
au iS frimaire.
Les orateurs se retirent.
Bréard demande la parole pour une motion
d'ordre.
Votre règlement , dit-il , porte qu'il y aura ua
intervalle de trois fois vingt-quatre heures entre
chaque scrutin pour la présentation des can-
didats au sénat - conservateur ; vous avez jugé
utile dans votre dernière session de déroger à
celle mesure. Je demande par le même motif, que
vous procédiez dans ceue séance au premier
tour de scrutin d'éleclion ..... (On murmure.)
Je demande à continuer mon opinion. — Voua
avez cinq candidats à présenter ; si vous suive?
votre règlement , calculez le tems qu'il vous fau-
dra pour terminer celle opération ; vous êtes ici
pour des objets imporlans; vos séances doivent
êlre remplies ....
Un grand nombre de voix. Appuyé ; aux voix.
Rousseau Dettonne. L'opinion que j'ai à émettre
difière beaucoup de celle du préopinanl. VouS;
avez pu voir, citoyens législateurs , par le résul-
tat du scrutin d hier et la liste qu'il nous a
donnée , combien la France se trouve appauvrie
d'hommes célèbres. (Il s élevé de violens mur-
mures dans louies les parties de la salle. )
Quelques voix. Votre proposition.
Rousseau. D'un autre côté , cette liste vous offre
le consolant tableau d'hommes recommanda-
bles par leurs venus. Mais comment choisir
entre eux -^ nous n'avons qu'une palme à décerner.
Combien sera plus embarrassé encore le sénat-
conservateur pour connaître le mérite des can-
didats? Je dis plus.. (Des murmures interrompent
de nouveau l'orateur. ) Je passe à ma proposiiioa.
Elle consiste en deux articles.
Par le premier, je demande que le corps-
législàiif motive son vote sur les candidats qu'il
doit présenter au sénat-conservateur.
Je propose en second lieu . la formation d'une
commission pour faire un rapport.,,.
On demande de toutes paris l'ordre du jour.
Plusieurs voix. La proposition n'est pas appuyée.
Bréard reproduit celle qu'il a faite pourengager.
l'assemblée à procéder aujourd'hui au scrutin
d'éleclion.
On demande , par amendement , qu'il y ait au
moins 24 heures d'intervalle entre la publication
de la liste et le nouveau scrutin.
Après quelques débats , la proposition ainsi
amendée est mise aux voix et adoptée.
La séance est levée et indiquée à deniain.
§63
■Notice stir la vie et Us ouvrages de Creuxc'-Lalouche.
Jacques-Antoine Creuzé-Latouche, membre
du sénai-conservaieiir , de l'inslitul naiional et de
lasociété d'agticiiliuie du département de la Seine ,
naquit vers l'an i75o, à Châtelleraut , déparlement
de la Vienne , de parens estimables et aisés. Il fil
»es premières éludes d'abord à Châielleraut , puis
chez les oraioricns de NiorI , où il se distingua
principalement par la justesse de son esprit.
Après avoir achevé sa ihéiprique il se rendit à
Poitiers , y fit sa philosophie , son droit , prit
quelques notions de ia pratique du barreau, et
vint ensuite à Paris oii il embrassa la profession
d'avocat. C'était alors le compjément de lédu-
cation de ceux qui se destinaieiU à la judicature
ou qui aspiraient seulement à se procurer des
connaissances au-dessus du vulgaire. Il se ménagea
dans l'exercice de-cetic profession autant de loisir
qu'il lui en f'jUait pour d'autres éludes propres à
former son goût, enrichir sou esprit et perfec-
tionner son jugement. La littérature , dont l'attrait
séduit presque tous les jeunes gens, et qui jouis-
sait à celle époque d'une très - grande faveur ,
obtint ses premiers hommages ; mais bientôt son
inclination l'ditirant de préférence Vers la philo-
sophie , sans abandonner entièrement les produc-
tions agréables , il s'attacha plus particulièrement
aux ouvrages de morale et de politique. On
conçoit aisément que les méditations d'un tel
homme ne furent pas favorables aux préjugés
dans lesquels la France était encore bercée. Il
avait éprouvé le dégoût des anciennes institutions ,
long - tems avant qu'il pal soupçonner qu'on
l'appellerait un jour à les détruire. Fatigué de la
servitude et de la dépravation dont le royaume
lui ofiFrait le speçiacle , curieux d'opposer à cet
as-peci celui d'un peuple libre et moral . voulant
d'ailleurs repaître sa vue et son imagination des
grands tableaux que la nature a rassemblés dans
les Alpes , il résolut de voir une partie de la
Suisse , il visita le canton de Berne , le pays de
Vaud , Genève , et parcourut la' Savoie. La diffé-
rence qu'il remarqua entre les pays où régnait la
liberté et ceux qui gémissaient sous le despo-
tisme , ne contribua pas peu à l'affermir dans les
principes républicains , qui firent depuis la règle
de sa conduite politique;
De retour de ce voyage il épousa unt de ses
parentes qu'il aimait depuis long-teras , et qui-
était vraiment digne de lui par les qualités de son
cœur et son amabilité, mais peu partagée des biens
de la fortune. Sous ce dernier rapport , il eut à
vaincre de la part de sa famille de longs obstacles ,
qu'on ne rappelle ici que comme les seuls cha-
grins qu'il éprouva dans tout le cours de sa vie.
Depuis le premier instant de son mariage , il a
constamment joui dans son domestique d'une
félicité parfaite , qui influa sans doute beaucoup
sur la conservaiion et le perfectionnement des
qualités heureuses qu'il tenait de la nature , une
gahé douce , et la plus grande égalité dans le
caractère.
Pour peu qu'il eût eu de penchant à l'amour des
richesses , une belle perspective s'ouvrait devant
lui. Il avait dans la, finance des parens riches qui
ne demandaient pas mieux que de le pousser
dans celte carrière ; mais les charmes de l'élude
prévalurent sur latirait de lopulence. On lui fit
aussi la proposition d'une charge de conseiller
à la chambre ardente de Saumur, tribunal formi-
dab'e , chargé de juger les contrebandiers , et
dont le nom seul était pour les âmes généreuses
un ob}ct d'épouvante ; il rejetta cette offre avec
l'indignation qu'elle méritait , et acheta peu de
tems après la charge de lieutenant-général de la
sénéchaussée de Châielleraut; place dans laquelle
il se conduisit en juge écUiiré , assidu , intègre ,
désintéressé , ayant , en un mol , le sentiment et
la connaissance de ses devoirs.
Dans ce nouveau genre de vie il ne perdit
point de vue la philosophie et les sciences. Il
entretint une correspondance suivie avec les
amis qu'il avait laissés dans la capitale , cl se
maintint de la sorte au niveau des progrès-
que fesaient les lumières. Il en acquit même
qu'on ne puise que difficilement dans les
gcaudcs villes, et qui ne sont guère le partage
que des propriétaires qui savent étudier la nature
dans les productions de leurs champs. Il possé-
cLait un domaine dans une situation agréable,
dont l'embellissement et l'amélioration l'occupe-
leni jusqu'au dernier de ses jours. Ce fut pour
lui une occasion de s'instruire dans l'économie
rurale . science i\\\\ lui devint bienlôt si fami-
lière , que la société royale d'agriculture de Paris
l'ailniii au nombre de ses correspondans, après
lui avoir précédemment donné , comme prix
d'encouragement , des béliers de race espagnole.
Mais en éludi;iiil l'agriculture, il ne se conlen-
laii pas d'envisager ses produits apparens. Les
rapports de cet an avec la morale n'échappaient
pas à sa pénétration. Il en était de même de toutes
ses autres connaissances, et de tout ce qui fiap-
pait son esprit , aux champs comme à la ville ,
dans l'exercice de ses fonctions comme dans
iiniéricur de son ménage. Par-tout il irouvaii
iD<itiere U réflexion, ou à quelque application des
principes dont il était imbu ; par:out la philoso-
phie spéculative éclairait la irhilosophie pratique ,
ou la philosophie pratique aidait la philosophie
spéculative.
Par exemple , la planlaiion de quelques bois
entrait-elle dans son plan d'améliorjlion ? 11
attendait que ses filles, encore enlans , eussent
atieintlâge où l'on peut conserver le souvenir
d'un événement un peu mémorable , et dès que
leur intelligence lui paraissait assez formée ,
chacune d'elles présidait sûlennellemcnt à l'une
de ces plaiiiatioiis , lui donnait son nom en
présence des voisins invités à celte fêle , et
s'assurant ainsi une existence dans l'avenir ,
prenait par cela même l'engagement de prati-
quer toutes les vertus qui fout honorer et chérir
la mémoire de ceux qui ont bien vécu. Avait- il
à gémir sur la supeistiiibn des habilaiis de la
campagne ? le plan d'un calcchume de morale
occupait Si pensée , et remplissait ses loisirs, j
Instruisail-il un procès criminel ? frappé des |
inconvéniens attachés à la forme pratiquée alors, !
et pénétré du danger que courait l'innocence ;
dénuée de conseil et d'appui , il sentait le besoin '.
d'une réforme, et n'oubliait dans l'interrogatoire \
et l'audition des témoins , tien de ce qui poiJvait \
tempérer la rigueur de l'ordonnance. 'Voyail-il |
dans sa famille l'heureux effet de la douce i
lamtliariié qui régnait entre lui ei ses enfans ? j
il s'indignait de ce que ii les jurisconsultes , '
!) moralistes , publicistes , etc. , qui ont dit j
î) quelques mois en passant sur l'autorité pa- |
11 lernelle , se sont tous ( à Texcoption de Locke !
11 et J. J. Rousseau) copiés les uns les autres, !
II et ont tranché la question , en mettant lous les j
" droits du côié des pères , et tout les devoirs j
î> du côlé des enfans. ii Selon lui , un bon
traité sur l'autorité palernellç. manquait absolu- ;
ment. Il amassait des matériaux sur ce sujet , et |
se proposait de les mettre en ordre quelque jour. \
Ces faits , pris au hasard parmi beaucoup
d'autres dails sa correspondance avec un de :
ses amis (i) , at.estent qu'il n'y eut point de
vide dans tout le cours de sa vie , et qu'il fut
continuellement tourmenté du besoin de se ren-
dre utile à ses semblables ; aussi obtint-il l'estime
universelle. Il en recueillit entr'autres un témoi-
gnage bien saiisfesant en lySi , lorsque la
tranquillité de son pays faillit être troublée à
l'occasion de la disette des grains, prétexte
terrible , contre lequel les armes de la police
ont presque toujours si peu d'efficacité. Tandis
que ia révolte éclatait de toutes parts , il main-
tint le calme dans son territoire par le seul
ascendant de son caractère et de sa raison. Chose
inouie , il put se faire eritendre au milieu des
clameurs , et démontrer à des citoyens inquiets
sur leur subsistance , les avantages qui résultent
de ia libre circulation des grain'!. Je ne leur
disais pas avec emphase que fêtais l'ami du peuple ,
écrivaii-il en i7g3,en rapportant ce fait,mflà
ils voyaient tous les jours ma conduite , et j'avais
leur confiance. C est ainsi qii il préludait, long-
tems avaiil la révolution, au développement cou-
rageux de principes qu'il manifesta dans la suiie
avec bien plus d'éclat et de danger.
Mais s'il savait rappeler le peuple à ses devoirs ,
il ne montrait pas moins de force contre les abus
de la puissance. Bienlôt les querelles du parle-
ment avec la cour, lui donnèrent lieu de mani-
fester son amour pour la liberté. Il détermina ,
par son exemple , la sénéchaussée de Châ-
ielleraut à refuser l'enregisirement de la cour plé-
niere , et des autres édits de la mÉrae époque.
Cette résistance presqu'unanime , et les ouvrages
de plusieurs bons esprits à ce sujet, disposaient
la France à la révolution. Léiablissement des
assemblées provinciales vint encore fjvoriser celle
impulsion vers un meilleur ordre de choses.
Creuzé-Lalouche , appelé à celle de Poitiers ,
y montra des connaissances très-étendues, et des
vues supérieures d'adminislratlon.
Nommé aux éiats-généraux en 1789, il vota
constamment avec les défenseurs éclairés des
droits de la nation. Digne de figurer dans l'as-
semblée constituante, s'il ne fut pas de ceux
dont les discours cOntribuereni à donner à cette
assemblée l éclat dont elle jouira dans l'histoire ,
ce lut parce qu'il était plus animé de l'amour du
bien public que de celui de sa renommée. Son
zèle n'en agissait pas moins activement dans les
conversations et dans lés comilés , notamment
dans celui d'agriculture et de commerce , où il
travailla le plus. Satisfait de concourir dans
l'ombre à la préparation du bonheur du peuple ,
il laissait aux orateurs la gloire de manifester des
principes qui souvent étaient le fruit de ses médi-
tations. Peut-êtie même ja modestie l'eût-elle em-
pêché dé prendre jamais un autre rôle, si lab-
sence des grands lalens moissonnés dans la révo-
lution , ne lui eût imposé le devoif de se pro-
duire enfin dans un plus grand jour.
Mais s'il se, présentait à lui une idé» utile qui
ne lût pas du ressort de la tribune , il ne la
négligeait pas : sa Description tflpographique du
district de Châtetleraut ., qu il publia £n 1790, fut
(i) Le citoyen BcMC-d'Antic.
une. preuve de raciivlié de son zèle. L'assembléi»
consiiiuanle ayant décicié U nouvelle division
du leriiloire , et l'administration passant défini-
tivement des mains des agens du gouvernement
dans celle des élus du peuple , Grcuzé-Laiouche
sentit que , pour donner à cette institution toute
l'utilité qu'elle pouvait comporter, il fallait que
les administrateurs eussent une connaissance
exacte de la nature du sol , des diverses ])rO'
duclions du commerce , de l'agriculture , el même
du caractère et des mœurs des habilans de leur
arrondissement.
La description de Glitâelleraut remplissait plei-
nement ce but pour l administralion de son
district ; mais il n'avait pas borné ses vues à
cet avantage déjà fort grand en lui-même. Dans
son plan , la réunion de topographies serablablej
pour les autres districts de la Vienne , devait
porter à l'administration de département un plui
srancj. faisceau de lumières , et ce'ite opération ré-
pétée dans toutes les parties de la France , oflFrir,
en dernier résultat , une topographie générale ,
exacte et détaillée; ouvrage qui manque , non-- '
seulement aux administrateurs, mais encore au5t
naturalistes , aux commerçaps, aux philosophes,
aux antiquaires , aux géographes , aux histo-
riens , etc. etc. Ainsi le modèle offert par Creuzé-
Latouche , quelque peu important qu'il paraisse
au premier coup-d'œil , est réellement la pre-
mière pierre d'un édifice de la plus grande uli-'
lilé. S'il n'a pu le voir élever de son vivant , il a
çlu moins eu la satisfaction d'espérer qu'il le
serait un jour. Le gouvernement , frappé des
avantages qu'il présente . a consulté linstitut
national sur les moyens de parvenir à son ache- '
vement.
Il était de sa destinée de remplir constamment
de grandes fonctions. Sorti de l'assemblée cons-
tituante , il fut nommé juge au tribunal de cas-
sation , d'où il passa à la haute-cour d Orléans,
puis à la convention nationale. 11 lut dans celte'
dernière assemblée ce qu'on l'avait toujours vu ,
étranger aux intrigues , aux f.ictions et ne con-
sultant que ses devoirs. Toujours calme au mi-
lieu des agitaitons , il échappa aux tuteurs de
parti-, quoiqu'en bien des circonstances il eût
parlé le langage de la raison avec un courage
peu fait pour obtenir gVace. Ses r;pports sur
le commerce des grains , sur le maximum , et l'ou-*
vrage qui a pour titre : Sur les subsistances , par
J. A. Creuîé - Lntouche , attestent égaf-nieni ses
lumières et sa fermeté. Son travail sur la loi reta-:
tive au dessèchement des étangs , ne l'honora pas
moins sous l'un et l'autre lappori.
j Ses vertus privées ne se démentirent points'
même au plus fort de la terreur. Il se montra gé-
! néreux dans un tems où la générosité ét:!it punie
comme un crime. Q,uoiqu'il ne connût que par
leur renommée l'infortuné Roland et sa coura-
geuse femme , il accueillit leur fille unique ; et
cette orpheline partagea avec ses propres enfans'
sa sollicitude et celle de son épouse.
j Enfin toute sa conduite fut telle dans ces
, tems difficiles, que les esprits les plus désordonné»
ne purent lui refuser des témoignages de res-
' pect. La confiance généiale le porta dans la com-
mission des onze, où il fut lun de ceux qui^
i eurent le plus de pan à l'achèvement de la cons-'
litution de l'an 3. '
I De la convention , Creuzé-Latouche passa dan»
le conseil des anciens , et y resta jusqu'en lan 6 ,
; époque à laquelle le vœu du peuple l'appela
jà celui des cinq - cens. Il y était encore lors
' de révénem.ent du 18 brumaire. La liste de ses
travaux dans ces différentes sessions tiendrait
trop de place dans celte notice. Ceux qui ont
donné quelqu'attenticin aux affiires polititjues ,
se rappeleront assez qu'ils roulèrent lous sur des
I objets importans, el qu on y. .retrouve à chaque;
'page l'esprit de sagesse et de pairioiisme qui
j animait leur auteur.
Les partisans de la sainï raison n'ont pas .
oublié non plus sa dissertation sur l'intolérana
philosophique et l intolérance religieuse., lue a la
I classe des sciences morales el poliriqucs de 1 ins-
j lilut national. , le 27 messidor an 5 , et pubjié la
: même année. Cet ouvrage , dans lequ I il ses
: montre métaphisicien aussi judicieux que profond
; moraliste , fut le fruit de quelques insians de-
! robes à ses fonctions.
I Membre de l'une des commissions législatives ,
il fut admis à la confection de la consiiiuiion à
I l'ombre de laquelle nous reposons aujourd'hui,
■ et appelé un dés premiers au sénil-coriscrvaieur.
\ Ce qui le flatta le plus dans les avantages que
! procure celte place , ce fut la possibiliié de se
; livrer sans distraction à' ciés ouviages utiles dont
1 il avait l'idée et les matériaux. Leur objet princi-
pal devant être l'écouornie politique , il crut
qu'un voyage dans la Belgirjue et la Hollande
serait avaritageux au pcrfeclionnement de ses
connaissances ; i'I le fil vers la fin du printenis de
! l'an,?, et en rapporta des observations qui n'au-
I raient pas été perdues pour sa patrie , si une
fièvre épidémique ne l'eût moissonné dans la
j maison de campagne qu'il teiiait de ses pères .
j et dont l'amélioraiidn élail l'objet continuel de
I ses soins.
La mort l'a Frappé ïë i" vendémiaire an g vers
la cinquantième année de sa vie , à Tinslant où
plein de force et de santé, il semblait devoir
-espérer de longs jours. Son trépas ôte à la phi-
losophie un de ses fermes soutiens ; à la liberté
un des hommes les plus propres à l'honorer ;
à la révolution un des législateurs qui, par une
conduite exempté de reproches , l'ont absoute
des crimes dont ses ennemis la souillèrent; à sa
famille tout le bonheur dont elle avait cons-
tamment joui i à ses amis tous les avantages
d'une société dans laquelle personne ne sut
mieux que lui mêler l'instruction au plaisir ,
et la morale à l'enjouement ; aux pères de
famille un modèle dans l'éducation des en-
fans , et le plus touchant exemple de ce
que peuvent apporter de jouissances dans un
ménage , des mœurs pures , un cœur affectueux ,
un caractère égal et une douce gaîté ; au sénat-
conservateur , un sage aussi versé dans la poli-
tique que dans la connaissance des hommes ; à
1 inslil'jt national . un écrivain lumineux, se livrant
à l'élude par goût , un philosophe modeste , ne
prisani la renommée que comme un stimulant ,
n'ayant de véritable passion que pour le bien
public , et dont les travaux devaient concourir
efficacement à la gloire du corps entier ; à la
SOciéié d'agriculture , enfin , un coopéraieur zélé,
un bon observateur, ennemi des vains systèmes , et
sachant , dans cet art comme dans la philosophie,
éclairer la théorie par la pratique et la pratique
par la théorie.
Pamii les mémoires dont il a enrichi cetie
sociétés, les bons agronomes distingueront celui
qui a pour objet la culture des vignes et la
fabrication des vins : mais toutes les âmes sen-
sibles se rappelèrent avec un vif iniérêl le dis-
cours sur les moyens de multiplier les bois en
France , lu en son nom dsns la séance publique
de, l'an 8 , pendant qu'il achevait son voyagé de
Holland'C. Cet ouvrage qu'on croirait dicié par
le pressentiment, est en quelque sorte le testa-
ment moral de son auteur. Les personnes qui
Tant entendu , et qui n'y trouvèrent au premier
apperçu qu'un roman champêtre , intercalé
comme un épisode dans les travaux de la
société , ne savaient pas qu'il écrivait sa propre
histoire ; elles ignoraient qu'il était lui-même ce
propriétaire qui < dans des vues philosophiques
présentées d'une manière si touchante , attachait
ses entans au domaine paternel, en les associant à
ses travaux, et les menait en quelque sorte en pré-
sence de la postérité , en donnant solennelle-
ment leurs noms à des bois plantés de leurs
mains, EUes étaient bien loin surtout de prévoir
qu'en marquant la place de son tombeau dans
un de ces asiles consacrés aux vertus domes-
tiques , il touchait de si près au terme de sa vie.
Hélas ! tout était vrai dans ce qui ne parut que
le rêve aimable d'une imagination inspirée par
le sentiment. Sa volonté a élé respectée: il re-
pose dans le lieu qu'il avait choisi.
AU REDACTEUR,
Quand tous les actes du gouvernement justi-
fient si honorablement et si salutairement l'im-
mortelle journée du i8 brumaire, je crois qu'on
doit aimer à en consacrer le -souvenir par la
célébration de son anniversaire.
Dans la Corrèze , le citoyen Philippe Juge ■
s.ecrétaire-général , réunit au sortir des bureaux
tous les employés de la préfecture , et dans un
banquet civique simple et improvisé , le i8 bru;
maire fut célébré cordialement. Cette petite fête
de famille avait le caractère de ce bonheur privé
et bien senti que donne le souvenir d'un grand
bienfait public , et qui semble acquitter sans éclat
une portion de la reconnaissance due aux bien-
faiteurs du Peuple. Cette reconnaissance devient
plus agréable aux hommes supérieurs qui s'en
sont rendus vraiment dignes , lorsque , sans
avoir besoin d'être recommandée , elle prend
d'elle-même une expression aussi franche et aussi
affectueuse.
Amis , dit le secrétaire-général , nous sommes
réunis pour célébrer l'anniversaire du bienfesant
et immonel i8| brumaire. Ce jour est cher à tous
les français comme le 14 juillet;.... il peut lui être
comparé sous plus d'un rapport , .... et si, comme
le 14 juillet, il ne vit pas les élans spontanés des
français se réveillant au premier accent de, la
liberté , c'est que ces élans furent suppléés par
l'essor du PUISSANT GÉNIE qui opéra le 18
brumaire.
264
Combien d'événemens miraculeux sont sortis
de cetie seconde journée ! Prompte et glorieuse
pacification de la 'Vendée:... subite création
d'une armée de réserve qui, comme l'aigle, ou
pluiôt comme le génie qui la guide , franchit
toute entière les monts éionnés du Saint-Bernard ;...
victoire de Maringo!.... sublime organisation
d'un gouvernement fort et sage , qui laisse res-
pirer paisiblement ses amis et ses ennemis , ses
ennemis que chaque jour voit diminuer et s'affai-
blir!.... douces et solides espérances de la
paix!. .. Tous ces prodiges , amis, tous ces
bienfaits nouveaux,, reposaient dans le sein du
18 brumaire. Et qui pourrait calculer les nou-
velles et glorieuses destinées qui pourront en
sortir •Tvet tout ce que ce jour a promis de grand
et d'utile à la France .•' nous en avons le fortuné
présage.
Amis , nous ne perdrons jamais le souvenir et
les bienfaits du t8 brumaire , parce que nous ne
serons pasingiais.
Premier tuait. — Au iS brumaire. Puissent ses
glorieux auteurs compter autant dejours fortunés, 1
qu'ils nous ont préparé de bienfaits et de jouis-
sances !
Les autres toasts prirent leur rang accoutumé
dans ces sortes de réunions.
La législation française, ou Recueil des lois , des
réglemens d'administration et arrêtés généraux basés
sur la constitution ; accompagnés de notes qui en
expliquent les motifs , les confèrent enire eux , en
rapprochent les lois et réglemens aniérieuis qu'ils
confirment , abrogent on modifient; et disposés
sur un plan de chissificaiion qui divise la législa-
tion entière en autant de codes pariiculiers qu'elle
renferme de matières , et distribue les lois , les
réglemens et les anêiés sous les m.itieres aux- |
quelles ils appartiennent ; par J. G. Locré , se-
crétairegénéral'du conseil-d'état. ;
L'ouvrage que le citoyen Locré annonce a été I
entrepris , I
Pour ramener les lois à un classement régulier ; ]
Pour fixer le dernier état de la législation sur !
chaque matière , et même sur chaque point ;
Pour faire connaître l'esprit et les motifs des
lois et des réglemens d'administration publique,!
faiis depuis la constitution , et de ceux qui seront I
faits à l'avenir. '
Voici les moyens par lesquels , dit l'auteur , je
remplis la lâche que je me suis imposée.
Un plan général de classification divisera la
législation entière en autant de parties ou de ma-
tières que lui en donne la marche naturelle des
idées, et placera ces matières dans l'ordre qu'éta-
blissent entre elles leur connexiié et leurs r.ip-
ports, en les enchaînant au petit nombre de no-
tions simples et premières d'où découle tout le
système des lois.
Un plan de classificaiion , particulier à chaque
matière, indiquera les diverses espèces de lois
qui la règlent , et rangera ces lois dans leur ordre
naturel.
Ces derniers recueils ne seront que des par-
ties intégrantes du plan général , quand on vou-
dra les y rapporter. Pris isolément, et abstraction
faite des rapports qu'ils ont avec la législation en
général , chacun d'eux formera un ouvrage com-
plet , où l'on trouvera toutes les dispositions
relatives à la matière qui en est l'objet.
Une simple notice indiquera , sur chaque titre,
les lois antérieures au 18 brumaire , qui s'y rap-
portent. La réimpression de ces lois serait inu-
tile : d abord , parce qu'il en existe des collec-
tions dans toutes les bibliothèques ; ensuite ,
parce quelles peuvent éprouver beaucoup de
changemens ; enfin , parce que le projet est de
rapporter toutes les lois à la constitution actuelle ,
et, par une suite nécessaire, à la législation nou-
velle dont elle est la base. Je ne dois donc parler
qu'accidentellement des lois antérieures.
Dès-lors les cadres de chaque code seront rem-
plis par les lois et les réglemens d'administration
publique faits depuis le régime actuel , et par
ceux qui seront faits à l'avenir.
Ces lois , ces réglemens , paraîtront dans leur
ordre chronologique ; mais on trouvera en tête de
chaque loi et de chaque règlement , le renvoi au
code particulier auquel il appartient , et au titre
de ce code sous lequel il doit être classé.
Les articles des lois et des réglemens seront
accompagnés de notes qui auront un double
objet.
t". Elles conféreront entre elles les disposition»
des lois et des réglemens nouveaux , et elles en
lappiocheront les dispositions des lois antérieures,
à Ictfet d'indiquer celles que les dispositionsnou-
vclles confirment en s'y référant , celles qu'elle»
abrogent ou qu'elles modifient inème implicite-
ment. Il suffira donc , pour connaître le dernier
état de la législation, d'ouvrir la loi ou le règle-
ment qui viendra de paraître. Ainsi , le magis-
irat et le citoyen n'erreront plus au milieu des
perplexités , éternellement incertains si les dispo-
sitions sur lesquelles ils s'appuient , ne sont pas'
détruites ou modifiées par d autres.
2°. Les notes feront connaître les motifs et
l'esprit des lois et des réglemens nouveaux , et les
résultats que l'auioriié publique en a voulu obte-
nir. Les lumières et les secours dont je suis en-
touré , me donnent la confiance que cette partie
ne sera pas la moins unie de mon ouvragé. .
Chaque volume sera terminé par une table
raisonnée.
Le dessein de cet ouvrage me paraît embrasser
les divers motifs qui portent à s'appliquer aux
lois.
Les uns en font une étude suivie : le plan
général de classification leur en facilitera les
moyens.
D'autres , voués exclusivement à une profes-
sion, n'ont essentiellement besoin de connaître
que les lois qui servent de règles à leur état : ils
les trouveront dans l'un des codes particuliers.
Quelquefois , enfin , l'on ne veut interroger
la loi que sur une question. On pourra recourir à
la table raisonnée : elle sera faite avec tant de
soin, que les recherches deviendront extrêmement
faciles.
Le recueil de la législation française sera vendu
par souscription.
Comme il e>i impossible d'en prévoir l'étendue ,
parce qu'elle *lépend des travaux du corps-légis-
latif et du conseil-détat, la souscription sera reçue
par feuilles.
Elle sera de cinq francs , pour vingt-cinq feuilles
in-8°. , franches de port dans toute la république.
Le plan général de législation . les plans dei
codes particuliers , les lois et les réglemens fait»
depuis la mise en activité de ta constitution , vont
être d'abord imprimés.
Les lois et les réglemens qui seront faits à
l'avenir , paraîtront trois jours , au plus tard ,
après quils auront reçu la sanction légale.
On souscrit au secrétariat du conseil-d'état, au
palais desTuileries.
Les lettres et l'argent doivent être adressés ,
francs de port , au citoyen Hugot , chef de»
bureaux.
COURS DÛ CHANGE
Bourse du 6 frimaire.
Amsterdam banco.
Courant
Hambourg
Madrid...
Effectif.
Cadix i
Effectif
Gênes effectif. . . . ,
Livourne
Bâle.
I b.
Effets publia.
Rente provisoire ss fr. 65 c.
Tiers consolidé 3ï- fr. 75 c.
Bons deux tiers 1 fr. 5o c.
Bons d'arréragé 86 fr. i5 c.
Bons pour l'an 8 gi fr.
Syndicat
Coupures 83 fr.
Act. de 5o fr. de la caisse des rentiers.
SPECTACLES.
Théâtre de la Republiq^ue et des Arts.
Demain Hécube et le ballet de Psiché.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deThionville.
Auj. le Mariage du Capucin ; les marchés de Philis
et Cassandre comédien.
Théâtre du Vaudeville. Anjoaxd. Arlequin
afficheur , l" repr. de la Revue de l'an 8 et les
L'aboaoeaicnt se fait aPari», me de» Poitevin», n" 18. Le prixest de s5 francs pour trois mois, 5o franc» pour lix moi», et 100 franc» pour l'année entière. On ne
■ t^abonne qu -iav commeucemcnt de cbaqnc mois.
Ilfautadrestie. tes lettres et l'argent , franc de port, aucit. AcASSE, propriétaire de cejournal , rue des Poitevin», B** iS. Ilfaufcomprcndre dans le» envois le port de»
pay» où l'on ni pi-ut^ffri Rchir. Lf î lettres 4es départcmens non aBFranchies , ne seroutpoint retirée» delà poste.
11 faut avoir soiu, paut ^lus de «ûreté, dt cbarger celles qui renferment des valeur», et adresser tout ce quiconcerne la rédaction de la feuille, ata rédacteur, rue des
Poitevins a^ i3, depuis .»euf heure» du matin jusqu'à cinq neures du soir.
A Pâtis, dt l'imptimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue des Poitevins , n" i3.
GAZ.
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N" 68.
Octidl , S frimaire an 9 de la république française , une et indixiisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à ilaicr du 7 Nivôse le Moniteur esc le siul 'cwnul vfficiel.
H contient les séinces tics autorités constituées ^ les actes du gouvernement , les nouvelles des armées , ainsi que les fiits er les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
INTERIEUR.
Paris , le 7 frimaire.
v^UELQ^UES perionnes ayant vu, dans les jour-
naux, élraiigeis , des copies de iraités conclus par
le général Aua,trcau avec plusifurs princes de la
rive droite du Rhin, et n en voyant point faire!
rneniion dans le journal officiel , ont élevé des
doutes sur la sincérité des actes produits par les
gazettes ailemandcs. Nous nous ■ sommes rendus
certains que le général Augereau était autorisé à
traiter avec ces princes , qu'il a traiié en eflct , et
que «es conventions avec eux ont été pleinement
approuvées par le gouvernement. Il est vrai
néanmoins qu'il n'y en a eu (ju'une qui ait reçu
la ratification formelle et la signature du premier
consul, et c'est celle faite' avec le piince dlsen-
bourg , qui se trouve en même-tems directeur du
collège des comtes de Véicravie. C'est peut-être
cette dernière qualiié du prince, peui-êire aussi
la prioiilc de son acconamodement , qui a fondé ,
cette disiinclion ; mais comme tous les pr.nces
dç celte contrée ,dont l'inhostililé a éié constatée ]
par le gêné al Augerau , se trouvent dans le j
jnéme cas c|ue le prince disenbourg; et que i
tous avaient en leur faveur la recommandation r
de la cour de Berlin qui devait déiermlner en- ,
core plus la bienveillance du gouverneiT:em ; on
■ verra plus bas dans l'airêié que nous allons trans-
criie, que le premier consul a regardé la neu- '
tralité accordée au l'rince directeur, du collège
des comie« de Véiéri'vie, coranae devait être
commuieà tous les membres de ce collège, et
que ceitR extension positive a pu autoriser le
général Augi reau à délivrer à chacun d'entre eux
un dip ôme de raiification particulière , quoi-
qu'en effet il n'en existe qu'un seul , mais géné-
ral , qui est l'anêié suivant.
— Le citoyen Van Noorderi , médecin de Ro-
lerdam , a écrit à la société philonialique qu un
chirurgien qui arrive de Surinam . lui a annoncé
que I arbre à )!ain y avait tellement réussi qu'on
en voit des allées considérables, et qn ils pio-
duisent au-delà de toute attente : on en tait iians
le pays un jiain aussi bon que le liomeni. Pour
cet effet, ou coupe le fruit pjt tranches : on
le fait sécher au soleil , et ensuite on le pile :
la farine pétrie levé comme celle du lioment ,
et Se conserve long-tems. L espoir rju'on a fdtnié,
ajuste litre, d'iulioduire ces aibres précieux
dans nos colonies et même en Eu.ope , doit
faire accueillir avec iniéiêt l'annonce du nou-
vel emploi qu ou a su laire à Surinam de ceite
substance.
— Il y eut, le 4 de ce mois, an Pdlais-Naj^ional
des sciences il des arts, une asseiiiblée généiale
des chirurgiens de Paris , membies de 1 ancienne
académie de cK.rurgie. Ces ciioycns , rcu is par
r.imour de lei.-r art , ont lésolu de reprendre
leuis travaux. Ils ont nommé des con).'ni;Su'l;es
pour informer le gouveinemcu! de ceiic lé.o-
lution , et lui dem,in'-ler proieciion ei .secours.
Tous les amis de la science , de I liumaniié tl
de la gloire nationale prendront pan sans doute
au réiablisseracnt de cette académie célebie (jui
a aggrandi l'art et IKusiré la nation.
— Le 10 fiimaire , à midi tiès-précis , il sera
célébré , dans le lempie de la 'Victoire , (Sulpice )
une lèie à la tolérance.
Liberté.
Égalité.
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Du g vendémiaire l'an g de la république une
et indivisible.
Bonaparte , premier consul de la république ,
vu la convention conclue à Aschalenbourg
entre le général Angercau , général en chef de
l'armée balave , et le prince hé.éditaire d'Isen-
bourg , le 28 fructidor dernier, approuve ladite
convention pour éire exécutée selon sa teneur:
en conséquence arrête :
Art. 1". Les étals et possessions du prince et
des comtes disenbourg jouiront du bénéfice de
la neutralité.
II. Seront pareillement traités en pays neutres
les étals et possessions des comtes de la Vété-
lavie , et notamment ceux du landgrave de
Hesse-Hombourg, du prince d'Anhalt-Bernbourg-
Haym , du prince de Nassau-Usingen , du prince
de Nassau-'Weilbourii , du prince de Neuwied ,
du prince de Weid-Runkel , et ceux des princes
et comtes dts noms de Solms , de Holberg ,
de 'Witgenstein et de Westerbourg.
III. Le ministre de la guerre tiendra la main à
l'exécution du présent îriêté.
Le premier consul, signe', Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , signé . H. B. Maret.
Nous annonçons avec joie que les lettres les
plus récentes d Espagne annoncent que l'épidémie
y est presqu'entiéretnenl éteinte. (Journal du
commerce. )
— Des lettres de Bayonne , datées du 27 bru-
maire , contiennent les détails suivans :
t( Le tems a été si mauvais jusqucs vers le mi-
lieu de la nuit dernière. que le Courier d Espagne,
qui auiait dû arriver ce matin , est encore eu re-
Jard , et il est onze heures passées. Deux de nos
ponts, sur la rivière de Nive , ont été emportés
en majeure partie , hier sur les huit heures du
soir ; et le seul qui nous reste , qui est le prin-
cipal , est si fort ébranlé , qu'on n'y passe qu'en
tremblant , el^l'on craint qu'il ne soit entraîné
comme les deux autres. La crue de l'eau et la
rapidité île cette rivière étaient très-fortes avant-
hier et hier; cette ciue n'a presque pas encore
dimmué. Qiielques magasins , le long de la ri-
vière , ont souffert malgré les précautions qu'on
avait piises. >>
Loterie n a t i 0 n .a l e.
Le tirage du ib brumaiie dernier a produit à
Paris t86 ternes, 4 quaternes ; et dans les dépar-
temens une aussi giande quantité de pareil» lots.
La commune de Tours seule a eu 14 ternes.
Tirage de Bruxelles , du 5 frimaire an g.
Le tirage s'est fait publiquement dans une des
safles du bâtiment des finances . en présence du
préfet du département de la Dyle , du ma:re de
Bruxelles, du commissaire du gi.'uvernement piés
le tribunal criminel et de l'insp^cicur en chef de
la loterie nationale.
Liste des nombres sortis de la roue de fortune.
Prerruier extrait... N°. 3g.
Deuxième extrait... N". 62.
Troisième extrait... N". 68.
Qjjatrieme extrait... N°. 53.
Cinquième extrait. . . N".!!!.
Les cinq nombres ci-dessus produisent indé-
pendamment de cinq lots d'extraits simples , cinq
lois d'extrait? déterminés, 10 ambes simples , io
ambes déterminés , 10 ternes , 5 quaternes et un
q.iine. ' . '
Pour extrait conforme au procès-verbal du tirage,
Signé , les inspecteurs de la loterie nationale,
Gaborria , Gamot , Albittë.
CONSEIL DES MINES.
Discours du conseil des mines lors de l'ouverture
des cours et de la distribution des prix , le 28
brumaire an g , iTn présence du ministre de l inté-
térieur (par intérim. )
Citoyens,
Lorsque l'année dernière , votre amour pour
les sciences et votre iniéiêt pour cet établissement
vous réunirent dans cette enceinte , nous avions
la douleur de voir encore plutieurs élevés des
mines éloignés des travaux auxquels ils s étaient
consacrés ; mais le gouvernement les a rappelles
successivement à leur poste , et nous avons au-
jourd hui la satisfactioh de vous annoncer que
plusieurs d entre eux ont fait des progiès marqués
dans les sciences qui ont été enseignées à cette
école.
Nous allons vous rendre compte succinctement,
i" De ce qui a été fait pour l'instruction des
élevés en l'an 8 ;
s° Des cours qui vont avoir lieu cette anoée ;
3" Des principaux travaux des inspecteurs ,
desi ngénieurs et des membres attachés à 1 école ;
4° Des principales mesures prises par le gou-
vetncnieni en faveur de cet établissement;
5° De celles proposées pour le rendie plus
unie ; '
6° Enfin des prix qui ont été mérités par les
élevés.
1°. Instruction des élevés en l'an 8.
Les cours publics de l'année dernière cm été
SUIVIS d examens pour connaître U force indivi-
duelle des élevés , et déterminer ceux qui
ciaient eri état de^ passer élevés de première classe.
Un cr ncours a éié ensuite ouvert , entre ces der-
niers , pour connaître leur force relative , et les
citoyens Cressac ei Depiich , les deux premiers
de Ce concours , ont élé nommés par le ministre ,
ingénieurs surnuméraires. Le désir de s'insiruire à
] oité le p;emicr à voyager dans l'intérieur de la
lepubll'jue ; le zelc du second lui a fait solliciter
une place parmi les savans rjni accompagnent le
capitaine Baudiu dans le vojage de long cours
qu'il vient d entieprendrt.
Les connai.'isances relatives à l'art des mines
devant s.^c(lllérir principalement sur les expioi-
laiions , reiisvigniment des élevés a éié réglé
géaéialcmem de manière à n'occuper que la sais.on
de 1 uivei ; nr.iis les circonstances n'ayant peimis
l'année dernière ni les voyai^es des élevés les
p'us foiii , ni l'oiganisaiion de l'école pratique,
on y a suppléé par divers exeicices.
Des leçons de minéralugie ont été données par
le citoyen Ttinnelier, garde du cabinel , sur une
granvie quaniiié «le uiorceaux qui ont été ip.is
entre les mains des élevés , et le professeur n'a
rien né-ligé pour les mettre en éiat de nommer
et de reconnaïlie ces minéraux au premier aspect;
des leçons de dessin ont élé données par le ci-
toyen Cloquet ,3ur le paysage cl sur l'application
de la géométiie descriptive à la projection des
corps et des ombres; et les élevés ont été con-
duits sur des établissemens relatifs aux arts.
Pour soutenir leur zèle , le conseil des mines a
annoncé, au commencement de l'éié dernier,
qu'il serait disiribue des prix à ceux qui se seraient
disiingués par ries travaux particuliers ou des
succès souienus dans les divers exercices dont
nous venons de rendre compte.
2°. Cours de l'an g.
Les travaux de l'instruiction pour l'an g con-
sisteront en cinq cours publics , à raison de deux
leçoris par décade et en des exercices particuliers
aux élevés.
■ Afin de donner plus d'étendue 'aux cours . et
pour offrir en même tems à ceux qui les suivront
et aux professeurs , les moyens de se livrer à des
recherches utiles , souvent indiquées par le sujet
même des leçons , tous les cours seront divisés
en, deux paities , dont la première se fera cet
hiver , et l'autre l'année prochaine.
1° Le cour^ de géologie sera fait celte année
par le citoyen Faujas , inspccieur des mines , qui
exposera les généralités de cette science et les
principaiix faits relatifs à la disposition des subs-
tances minérales qui composent le globe. Il met-
tra sous vos yeux , des roches , des débiis d'ani-
maux, de végétaux qui offriront des laits précieux
relatifs à la disiinciion de différens terreins, si
essentielle pour diriger le mineur dans la recher-
che des substances minérales.
2" L- ciio\'en Haiiy , conservateur des collec-
tions mnéralogiques , suivra dans son cours
l'ordre du traité complet de minéialogie qu'il est
surle point délivrer à l'impression ; il se boinera
pour cette année aux deux premières classes, dont
l'une renferme les substances acidiferes , et l'au-;-
tre les substances terreuses. Pour faire envisager
celle science sous tous ses rapports, il puisera
dans la chimie , la géométrie et la physique, des
connaissances qui vous éclaireront sur la compo-
sition des minéraux , sur leur cristallisation et
sur leurs caractères distinctifs.il y joindra l'expli-
cition des phénomènes qu ils présentent et I in-
dication de leurs principaux usages dans les
arts.
3* Le cit. Baillet , inspecteur , donnera (es cinq
premières sections de son coûts relatif à l'exploi-
tation des mines.
Dans la première il s'occupera de la 'recherche
des mines. Dans la 2= il traitera des fouilles et
déciira avec détail les méthodes que L- mineur
emploie pour cscaver ei dont plusieurs lui sont
particulieies. Dans la 3' il enseignera l'art de lever
les plans souterreius cl de[rrendie des nikellcmcus.
Dan» la 4.' il iiaitera de la poussée des terres et
des étaiemens à laide du boisage , du ' mnraille-
mcnt et du remblais. Dans ta 5' il enseignera la
266
{iiéorre de l'airage , et les procédés les j.Kis con-
venables pour balayer les mophetes nuisibles du
tond des mines , et y faire ciiculer Un air rcspi-
rable.
Le citoyen Vauqueiin , inspccieur et conser-
vateur des produits chimiques , fera la pieroiere
partie de son cours de docimasie. Il donnera ^^
1° Les généraîilcs de la chimie.
î" Il enseignera les moyens d'anaîysej les terres
et les pierres.
3° Il lera connaître ."es méthodes propres à
distinguer , analyser , préparer et purifier les dif-
férentes substances salines.
Le citoyen Hassénfralz , inspecteur et profes-
seur de cainéralurgie , enseignera la théorie de
toutes les méthodes propres à traiter les substances
pierreuses, salines et métalliques , pour les
mettre en étal d'être versées dans le coitimerce:
l'année prochaine , il doiîneva la partie pratique
relative aux mêmes objets. Son cours sera par-
tagé en quatre glandes divisions.
La i'" contiendra la définition de la minéra-
lurgie , ses rapports et ses différences avec la
chimie et la docimasie.
La 2""= donnera la connaissance des divers
agens dont on fait usage , et l'état auquel ils doi-
vent être employés.
La 3"" présentera le détail des opérations de
minéralurgie , et les principes sur lesquels elles
sont fondées.
La 4""= enfin contiendra la description des ins-
truna>ens dont on fait usage , et la théorie de l'em-
ploi des fourneaux , des chaudières , eic.
Les exercices particuliers aux élevés consiste-
ront celte année :
1° En leçons de dessin appliquées à la carie ,
aux plans et aux machines.
2° Le citoyen Clouet , bibliothécaire , ensei-
gnera -aux élevés la langue allemande , qui est
celle des mineurs ; il donnera aussi des principes
des langues anglaise et italienne.
3° A la suite des cours publics les élevés s'oc-
cuperont de l'étude des lois relatives aux mines.
3°. Travaux des inspecteurs , des ingénieurs et des
membres attachés à l'établissement des mines.
Après avoir exposé brièvement les moyens
d'instruction employés pour former les élevés ,
nous allons faire connaître quelques-uns des tra-
vaux qui sont dus à l'activité des inspecteurs et
des ingénieurs des mines.
C'est pendant leurs voyages qu'ils sont le plus
utiles , soit par les renseignemens nécessaires au
gouvernement , qu'ls transmettent au conseil , soit
par les avis qu'ils donnent aux exploi'tans, soit par
les découvertes qu'ils font , et nous avons à re-
g-reiter qu'il y en ait eu si peu à qui les circons-
tances aient permis de voyager pendant l'an S.
L'inspecteur Schreiber, chargé de la surveillance
des travaux de la mine d'argent d'Allemont, dé-
partement de l'Isère , a soutenu l'activité de cette
niirte située dans des montagnes souvent inac-
cessibles , et dont le bouleversement a produit
dans les filons une irrégularité qui force le mi-
neur à employer la majeure parue de ses travaux
en recherches pour en perpétuer les produits.
C est à son zeie , c'est à la confiance quil a ins-
pirée que nous devons la reconstruction bientôt
achevée de la fonderie de cet établissement , qui
avait été incendiée par des malveillans.
L'inspecteur Duhamel fils , surveille les mines
nombreuses , les fonderies , les forges du départe-
ment de la Saare; il a fait des rapports très-dé-
taillés sur plusieurs établisseraens du département
de la Roer , et principalement sur les mines de
houille d'Eschweiller , qui alimentent les manu-
factures de ce pays ; nous avons de lui encore des
détails intéressans sur une manufacture naissante
de faulx et de quincaillerie , située à Dilling , dé-
partement de la Moselle.
L'inspecteur Faujas a découvert dernièrement,
près de Privas , département de l'Ardèche , au
pied d'une des chaînes volcaniques des monts
Collerons, des schistes argilleux , recouverts d'en-
viron 400 mètres de laves , et qui renferment des
ïeuilles d'arbres, des plantes, des fruits, et quel-
ques insectes parfaitement conservés. Plusieurs
espèces ont été reconnues par des savans célèbres ,
Desfontaines, Lamarck, "Thouin , Jussieu , Fabri-
cius,Bose, etc. pour être parfaitemens sembla-
bles aux espèces vivantes. Cette découverte est
utile à la géologie , en caractérisant une révolu-
<ion d'une haute antiquité , et en fesant voir dans
des fossiles de véritables analogues , jusqu'ici fort
rares à .rencontrer.
L'ingénieur Lenoir vient de visiter les riches
mines de calamine de Limbourg , département
de 1 Ourthe ,èt il a proposé des mesures ten-
dantes à assurer la conservation de celte exploi-
tation, la seule qui fournisse des calamines à la
F.ance , et d'où l'on en tire en tems de paix pour
une partie de l'Europe ; il a été chargé de termi-
ner des différends qiii s'étaient élevés entre plu-
sieurs exploitan» des mines da bouille du pays
de Liège.
Les trois seuls in;;énicurs qui soient encore en !
slaiioii continuent à donner des pieaves de leur !
grande utilité , ils ont lendu celte année des ser-
vices iini'Oilaiis.
Lins]ectciir Laverriere est chargé de la lâche
inipoiianie ue iéi;ulariser l'exploiiaiion des houil-
lieres muliiplièfcS des départemens de la Loiie et
de la Haute-Loire ; il t occui'e delà conleciion
d'une cane à^i canton de liive de Gicie , dc-
pariemeul du Rhône , bur laquelle sont in. liijnées
les posiiions des couches de houille et les limites
des diveises concessions , alin. que celles qui
seront accordées dans la suite soient dèieiniinées
de la raanire la plus piopre à faire piospéret
ces eiureptiscs.
L'ingénieur Muthuon , dans les Pyrénées occi-
dentales, après avoir relevé l'établissement des
mines célèbres de cuivre , tenant argent , de
Baigorry , incend'é par les espagnols , a lout dis-
posé pour le mettre en activité aussitôt que la
compagnie aura reçu les indemnités promises
par ie gouvernement. Il y a construit une forge
conduite à la Catalane . méthode si économique
pour les combustibles.
Mathieu Jeune , dans les Pyrénées orientales ,
a puissamment contribué à faire remettre en
activité plusieurs forges abandonnées ; il a poité
ses vues sur les moyens d'augmenter et de per-
pétuer leur activité , en déterminant les maîtres
de forges à faire des plantaiions étenduei de
chalaij^niers qui ont paifaiiemenl réussi , et dont
on pourra former des taillis élevés , suivant la
méthode décrite dans le journal des mines , et
pratiquée en Espagne . à l'aide de laquelle les
maîtres de forge augmentent annuellement leurs
moyens de faûricaiion.
( La suite demain. )
T RI B U N AT.
Présidence de Thiessc.
SÉANCE DU 7 FRIMAIRE.
Le tribunal reçoit du corps-législatif un projet
de loi , relatif aux justices de paix.
Ce projet est renvoyé à l'examen d'une com-
mission de cinq membres, composée des citoyens
Andrieux , Mallarmé, Faure , Ganilh et Gary.
L'ordre du jour appelle le rapport sur le
projet de loi qui fixe l'iniérét des cauiionne-
mens des receveurs des contributions.
Dieudonné. Ttibuns, vous avez chargé une com-
mission spéciale , de l'examen d'un projet de loi ,
du 2 vendémiaire dernier , qui fixe pour l'an 9
lintérêt des cautionnemens fournis par les rece-
veurs généraux et particuliers. Je viens , au nom
de celte commission , vous présenter le lésuliat
de ses réflexions.
Dans le cours de la i''' session du corps-législatif,
plusieurs lois ont été rendues pour assujettir à
des cautionnemens en numéraire les receveurs
des contributions directes , les régisseurs , admi-
nistrateurs et employés , chargés de la recette des
diverses branches des impôis indirects . ainsi que
les payeurs et caissiers de la trésorerie nationale.
Soumettre à plus d'exactitude les nombreux
agens auxquels la perception des deniers publics
est confiée, donner au gouvernement de nou-
velles garanties pour les receveurs , et assurer
pour l'avenir l'ordre et la ponctualité dans les
différentes branches de la comptabilité ; tels furent
les principaux motifs de ces lois. Elles produi-
sirent en outre l'heureux efiet d'augmenter les
ressources du trésor public dans des circons'ances
très - pénibles , d'alléger, dans un moment de
guerre, le poids de quelques contributions , et
de favoriser l'établissement de la Banque de
France , dont chaque jour les opérations prennent
un accroissement que les conjonctures ne permet-
taient peut-êire pas d'espérer.
Il est à remarquer, citoyc.is tribuns, que les
lois des 6 frimaire et 7 ventôse an 8, qui ont exigé
des cautionnemens des receveurs généraux et par-
ticuliers des contributions , ne parle pas d'intérêt;
que ce mol n'y est pas même employé. C'esl une
indemnité qu'elles accordent à ces receveurs , ei
cette indemnité doit être réglée chaqrre année.
Pour l'an 8 elle a été fixée à 10 pour cent.
L'on conçoit facilement la raison de cette dif-
férence établie dans le taux de l'indemnité ac-
cordée aux receveurs des contributions , et de
l'intérêt attribué pour les autres cautionnemens
fournis , intérêt réglé par les lois à 5 pour cent.
Les cautionnemens exigés dès payeurs et cais-
siers du trésor public , des régisscuis , directeurs ,
administrateurs , préposés et employés des régies
et administrations de l'enregistrement des do-
maines, des postes et delà loterie , se repartis-
sent entre une foule d'individus , dont chacun ne
supporte qu une faible partie du poids total , le
montant entier de leurs cautionnemens ne s'élève
qu'à i2,797,oeo fr. L'on voit que celte somme est
légère, si on la compare d'un côté à la masse de
cel'es dont la manutenûon est confiée à tous ce?
agens et employés , et di; l'autre au nombre tiès-,
considérable de ceux- ci.
Les cautionnemens , exigés de? receveurs gé-
néraux et particuliers des contributions , sont
fixés non sur le montant de leur traitement, mais
invariablement au 20'= du moniant de la contri-
bution foncière de l'an 8. Ce 20' est exigé d'a-
boril des receveurs généraux . et un autre 2o' est
exigé ensuite des leceveurs patticuliers ; ce qui
lait le 10= de la coiiliihuiion.
Si l'on considère niaint'-n:int les circonslanrrs
dans lesquelles on a exigé de ces receveurs le ver-
sement très-prompt de sommes aussi considéra-
bles , on concevra qu'ils n ont pu se procurer
les fond» nécessaires cju'à des conditions irès-
onéreuses.
Ce n'est donc pas sans des motifs très-plausi-
bles que les lois des 6 frimaire et 27 ventôse
an 8 ont ordonné (ju'il leur serait accordé une
indemni'é qui ferait léglée chaque année. Celte
indemnité a été fixée pour 1 an 8 à 10 pour cent
du moniant des cautionnemens versés, et aucune
voix ne s'esl élevée pour réclamer contre cett»
fixation.
Le projet de loi qui nous est présenté l'a réduite ,
pour l'an 9 , à 7 pour cent. Il est conçu en ce»
le'rmes :
ti L'iniérêt des cautionnemens fournis par les
receveurs généraux et particuliers des contribu-
tions , en venu des lois des 6 frimaire et 27 ven-
tôse an S , est fixé pour l'an 9,37 pour cent san»
retenue, n
Je vous ait fait remarquer que les lois des 6
ftiraaire et 27 ventôse qui sont relatées dans la
projet ne parlent pas rf'inic'if'i , mais d'indemnité.
Votie commission auiait désiré retrouver les
mêmes expressions dans le projet qui vous, est
soumis , parce que c'est véritablement une indem-
nité qui est due aux receveurs généraux et parti-
culiers des contributions , et que d'ailleurs les
lois générales qui règlent l'Intérêt des caution-
nemens, ne le portent qu'à i pour cent , et qu'il
serait dangereux de voir déroger à cette dispo-
sition , dans la crainte de donner l'exemple d'une
plus forte fixation.
Cependant . votre commission ne pense pa»
que cet emploi d'un mot impropre soil un motif
suffisant pour rejelter le projet , s'il est juste au
fond. Elle a donc examiné si la réduction de l'in-
demnité à 7 pour cent était juste.
Depuis l'époque du versement des cautionne-
mens , toutes les parties de l'admin'Stration publi-
que entêté organisées ; l'ordre a succédé au dé-
sordre. La confiance dans le gouvernement et
toutes les autoriiés constituées de la république ,
a produit les plus heureux effets sur le crédit pu-
blic. Mais ce qui a sur-tout ranimé l'espoir de
tous les bons- citoyens , ce sont les rèsult-ts pro-
digieux de la dernière campagne ; ce sont ces
victoires éclatantes qui ont étonné lUnivers , et
qui nous feraient jouir déjà des douceurs de ia
paix , si le cabinet britannique ne la redoutait
pas autant que tous les peuples la désirent.
Tant de circonstances heureuses , en multi-
pliant les canaux de la circulation , ont rendu les
transactions particulières beaucoup plus faciles ,
et aggrandi les moyens et les ressources. Les re-*
ceveurs ont donc pu traiter à des conditions plus
avantageuses ; l'indemnité qui leur est assurée doit
donc être réduite dans la proportion des facilités
qu'ils onl trouvées.
Observons d'ailleurs que nous sommes encort
au commencement de lan 9; que chaque jour
notre silualion politique et-financiere s'améliorera,
et que c'est pour l'année entière qu'il sagit de
fixer 1 indemnité. Toutes ces considérations ont
déterminé 1 opinion de votre commission ; elle
pense que l'indemnité a été sagement combinée
par le projet de loi , et dans l'intérêt des receveurs
et dans celui du trésor public ; elle vous propose
en conséquence démettre votre vœu pour l'adop-
tion du projet.
Le tribunal ordonne l'impression de ce
rapport.
Thibault. Le projet de loi soumis à votre exa-
men, présente les. caractères de l'injustice et dé
l'arbitraire ; les motifs qui l'appuient , ne sont
pas conformes à la vérité ; il est contraire aux
intérêts du gouvernement : voiis ne pouvez eu
voter l'adoption. D'abord le projet est injuste;
car il prive cinq à six cents personnes de leur pro-
priété sans leur consentement ; il peut les forcer
de renoncer à leurs fonctions , ou parce qua
les capitalistes qui leur ontpiêtéles fonds exigé*
■ pour leur cautionnement , ne îe contenteront
pas de l'intéiêt réduit des trois dixièmes, ou que
ceux-là ne seront pas dans le cas de faire le sa-
crifice demandé par le projet.
Lorsqu'on fait une loi fiscale , le devoir du
législateur est de se placerda-^sla position dans
laquelle se Irouvenl les individus sur lesquels
elle doit peser. Eh bien ! je vais vous dire quelle
est celle des receveurs dans l'état actuel de la lé-
gislation à leur égard.
Je vais dire quel est leur traitement , quelles
sont leurs remises , et quelles sont leurs charges.
Le traitement des receveurs généraux des dé-
pariemens est de 6000 fr. ; ils ont pour lemise
un tiers de centime par franc çur la recelte par-
ticuliere'de leur arrondissement , et un deuxième
de centime sur les versemens de leurs pré-
posés.
Les recettes , en prenant l'état moyen , s'élè-
vent à trois millions par département ; et dans
ce cas la recette de l'arrondissement s'élève à un
tnillioM. D'après celte supposition , voici quel est
le traitement du receveur :
1° Traitement fixe, 6000 fr.
2''Kcriilses sur le million , comme
receveur d'arrondissement 3333
3° Remises comme receveur-général , 2000
Total 11,333
• Voici maintenant les charges :
4 commis , un à iSoo et 3 à 1200 fr. 5400
Frais de bureau et location de maison 1200
Retenue ou contribution sur le trai-
tement fixe 3oo
Total 6goo
Reste
4433
Lecautionnem. en immeubles estde 166,666
Celui en numéraire est de 100,000 fr.
Et la majeure pariie des receveurs n'ont pu
l'obtenir à un intérêt de 10 pour cent : si vous
les réduisiez à 7 pour cent , c'est encore 3ooo fr.
à sousîraire de ce qui leur reste; et enfin, si
vous considérez que dans les mois dans lesquels
la rentrée des contribuiions diminue sensible-
ment , ils ne sont pis moins lenus d'acquitter
leurs obligaiions , et par conséquent d'avoir
reco'urs aux empiuiiis pour faire honneur à leurs
engagemens . vous comprendrez facilement que
la loi proposée est une vexition ei une injustice.
Je dis de plus que le projet est arbitraire ; car
là est l'a: binaire où les conditions d'un contrat
sont irr;. osées par le plus fort au préjudice du
plu,% faible , sans l'avoir consulté , et sur-tout sans
motifs valables, car je ne suis nullement touché
de ceux que le conseil d'état a exposés ;
il convient que les cautionnemens sont con-
sidérribies , et il ajoute que l'indemnité l'est
aussi ; mais je distingue. L'indemnité considérée
en erle-même , absir.xtion faite des circonstances
dans lesquelles nous nous trouvons , est consi-
dérable 'ans doute ; mais si l'on est de bonne
foi , on conviendra qu elle est modérée enraison
du taux actuel de 1 iniérêt de l'argent. Sans doute
que le crédit public s'améliore à mesure que le
gouvernemeni prend de la stabilité ; mais il n'en
est pas moins vrai qu'on ne trouve pas encore
d'argerit à emprunter à 10 pour cent par an , à
inoins que ce ne soit sur une hypothèque double
de lasoiiime piêiée. Or , les cautionnemens exigés
ne sont pas autre chose qu un emprunt qui, à
la vérîié , a pour garant les intentions pures et
la loyauié de ceux qui gouvernent ; mais ces
vertus , aux yeux des prêieurs d'argent , ne sont
pas encore assez- vieilles pour équivaloir à des
écus. La soif de l'or étouffe quelquefois en eux
1 amour (ie la pairie. Que quelqu'un m'affirme
que les négociations pour le compte du gou-
vernemeni, même pour celui des particuliers
les mieux famés , se font au taux proposé , j'aban-
donne de suiie mon opinion.
Le conseil d'état vous dit : l'ordre et l'économie
dans toutes les parties de l'administration , les
suppressions d'un grand nombre d abus , l'in-
teniion du gouvernement de les proscrire tous ,
ont fait remonter les effets. Cela est vrai , mais
ceux qui achètent ces effets ne laissent pas de
placer leur argent à i5 pour cent.
On dira: mais vous parlez contre lintérêt du
gouvernement ; car, si votre opinion était admise ,
il aurait à payer pendant I an 9 , 600,000 fr- de
plus pour ce qu'on appelle indemnité accordée
aux receveurs généraux et pariiculiers pour les
so millions de cautionnement qu ils ont fournis.
Je réponds que le véritable intérêt du gouver-
nement est d être éclairé sur les suites des mesures
qu'il propose , qu'une fausse démarche en fait de
crédit public est désastreuse, qu'elle fait perdre
deux fois plus qu'elle ne procure , qu'elle ressus-
ciic la niéhance , qu'elle diminue la concurrence
des négociateurs , qu'elle force enfin le trésor
public , dans ses besoins, à avoir recours souvent
à des hommes dont la réputation ou la fortune
sont susceptibles àr reproches. La scierice de
tous les gouveiritmens pour gagner la confiance
et él.iblir le crédit , consiste dans ces deux mots :
bien payer , c'est-à-dire , payer tout ce qui est légi-
timement dû , le payer en valeurs réelles et à
époques fixes.
On dira encore : vous ne voulez donc paj
qu on prenne les tnoyeiis de diminuer le haut
intérêt de largenl , cette plaie de l'état, ce chan-
' 267
cre qui dévore la sociélé toute cnlierc , qui a
introduit au milieu d elle la fourberie, la mau-
vaise loi et tous les crimes qu'elles tiaînent à leur
suiic. Tribuns, je gémis, comme vous, de lous
les maux qui attaquent la prospérité nationale;
mais je ne veux pas qu'à l'exemple des chailaians
on aggrave le mal , en promettant de le guérir.
Dans lous les pays et dans lous les sieclts , les
lois coiiire l'usure en ont augmenté le laux,
comme celles contre le fanaiisme et les jeux en
OUI airgm'.-nié les fureurs. Nmu , ce n'est pas par
une loi spéciale qu'on peut diminuer l'inlciêt
de l'argent , c est le fruii de la Icgislaiion i.-uic
enliere ; l'auloiiié n'a pas le droit de se mêler des
conditions des transactions entre pariiculiers, à
moins qu'elles ne blessent l'ordre public ou les
bonnes mœurs. L'intérêt de largenl se compose
de tant d élémens divers , qu'il faudrait un vo-
lume pour les décrire, et des bornes moins éiroiies
a la discussion qui nous occupe : la paix ou la
guerre; l'économie ou les dépenses ex'raordi-
naires nécessitées par les circonstances ini])é-
rieuses dans lesquelles un peuple se trouve; le
bon érnt des roules , et leur sureié; la navigaiion
intérieure; la liberté de la circulation ; la .sagesse
alliée à la fermeté; la liberté toute eniiere ; ceiie
opinion publique , maîiresse du monde et plus
forte que loutes les lois ; voilà le ihermomeire qui
hausse ou baisse l'iniérêt de l'aigcnl. Certes, si
nous jetions un regard en arriéré, nous pouvons
nous livrer aux plus douces espérances. L'an g
qui commence verra éclore de grandes choses,
comme l'an 8 en a consacré d'immortelles ; nous
sommes à la dernière scène de notre révoluiion ,
nous touchons au dénouement , il sera glorieux
comme Son principe.
Nous avons jusqu'ici marché à pas de géant ;
tous les courages ont payé leurs dettes à la patrie ;
notre amour pour elle ne se raleniira p.is : mais
il est des objets qui dcmandeul de la maturité ,
et qui repoussent la précipiiation. 0_ire loutes
les lois soient pesées dans la balance 7le I.t jus-
tice , éclairées du flambeau de la vérité , dis-
cuiées dans liniéiêt commun de tous les ciioyens,
et nous aurons rempli la tâche honorable qui
nous est coniiée. C'est d'après ces principes que
je voie contre le projet r^e loi, jidrce qu il est
injuste , arbitraire , contraire à l'inlérêi bien
entendu du gouvernement , et qu'an lieu de
laire baisser linlérêi de l'argent . il doit en aug-
iiienter létaux. Présenié à la paix générale, la
lorce des circonstances donnera incessamment
en fait ce qui ne nous est offert qu'en espérances.
Je persiste donc , quant à présent , dans mon
opinion.
Fabre , Je l'Aude. Mon inteniion n'est pas de
combattre le projet de loi prcstmé, mais seule-
ment de faire (juclques observations sur ses mo-
tifs et SCS effets. (L'oraicur rappelé les motifs
énoncés devant le corps-lcgislatil par le conseillci-
(l'état Devaines. ) Je ne veux point examiner ici
si le gouvernement a fait tout le bien qui dépen-
dait de lui , et si les résuhais sont tels qu'il les
annorce; cette discussion doit être renvoyée au
moment oià les ministres rendront , en exécution
de l'article LU de la constitution, les comptes dé-
taillés de leurs opérations eu l'an 8.
Sans doute il a été fait des améliorations im-
portantes ; mais le système de l'administration des
finances , dont I insuffisance et les vices sont
connus, est resté le même, et les résultats en
ont été tels que je l'avais prévu dans mon opinion
du 22 ventôse de l'an 8. On m'accu.sait alors de
diminuer les produits de la plupart des branches
des revenus publics ; l'expérience a prouvé que
j'avais rencontré juste , ou que même j'avais
exagéré.
Le taux général de l'intérêt n'a pas éprouvé
d'amélioration sensible. La fixation de l'iniérêi des
cautionnemens à 10 pour ceni par année , était
encore au-dessus du cours. Aussi la plupart des
receveurs-généraux et particuliers ne purent-ils
obtenir les capitaux dont ils avaient besoin qu'au
taux d'un pour cent par mois. Croit-on que dans
l'état (des choses , les capitalistes veuillent se ré-
duire à 7 pour cent, et que les receveurs puissent
trouvei à emprunter à ce taux? Le gouvernement
lui-même est-il plus heureux dans ses négocia-
tions ?En négociant les obligations des receveurs-
généraux , effets qui doivent jouir de la plus
grande confiance , a t-il fait une de. ces opéra-
tions , je ne dis pas à trois quarts , mais même à
un demi pour cent par mois.
Mon opinion acquerrait bien plus de force , si
je parlais du taux auquel se négocient sur la
place les coupes de bois , les fermages , les renies
foncières , les cédules des domaines nationaux ,
1
qu on a prisc! , et les \o?'ix.fju! ont i:r piéscntéj
pour remédier aux abus cxisians , malgré les soiuK
et les efforts du ministre des finances dont , certes,
les principes d'ordre et d'ailministraiion sont au-
dessus de tout éloge , il est à craindre que lei
reccveuîs ne se dédomm.jgeni avec usure en rete-
nant , le plus long-iems possible, les receties non
abonnées , et dont ils ne comptent pas par leurs
obligations. L'abus exi-ie ; il deviendra pire si le
remède n est pi^s bierilQi appliqué, et le trésor
public perdia beaucoup plus qu':l ne gagnera à la
réduction de l'iniérêt des caittionneiii ns.
Je conçois que le gouvrrnfmeni a éi; entraîna
tilamesurtqn'il propose, parle désir, bien louable
sans doute . d'influer sur I.1 baisse de liriiéiêt de
l'aigcnl. M.iis cette baisse doli ênc amer:ce nalu-
rellenieni et par une suiie d amélioralioiis . et nort
par une fixation quelconque du taux de l'intérêt.
Elle résulicra de la siabililé du gouvernement ,
de sa fidéliié à remplir ses engagemens , dej
principes de justice qui I animent . de la con-»
fi-ince qu'il continuera à 1 spire. , des encoura-
gemens qu'il donnera à la^riculiure et à lou9
les genres d'indusuic ;je ne connais pas d'autres
moyens d'acii^rr la Ciiculaiion , et par conséquent
depar\'enir à la bais.se de 1 intérêt.
Un gouvernement qui négocierait à un taux
plus (on que celui de la place , pourrait sans
doute influer sur la hausse ; rpais s'il , veut ré-
duire , par la force de l'autoriié , cet iniérêt au-
dessous du taux général , en empruntant ou
négociant lui-même au-dessous de ce coûts , it
aliène les espiiis , il enfouit les capitaux et tend
à un but contraire à celui quils'est proposé.
Ces observations ne me conduisent cepen-
dant pas à iriaprouver en elle-même la réduction
proposée ; mais celle m.e,<ure doit être suivie de
toutes les précautions pos.'ibles ,. pour que les
receveurs ne trouvent ]ias un moyen de se dé-
dommager au préjudice du trésor public. Avec
ces précautions , la mesure est bonne et sôà
I résultat économirpje.
Et nous aussi , nous espérons que toutes les
paitics de l'aùministraiion publique éprouveront
de jour en jour des amélioraiions scnsrble.s ; que,
la paix viendra bientôt couronner les efioris de
nos braves armées , et ceux du héros qui les
a si souvent conduites à la victoire ; alo:s firi-
térêt de l'argent baissera rie lui-même sans ftort
et sans aucune influence <le la part de 1 autoiiié.
C'est par ces motifs , et dans la confiance où
je suis que les mesures dont la réduciion doit
être accompagnée seront adoptées , que je vote
pour l'adopiion du projet.
Le tribunat ordonne l'impression des discours
de Thibaut et de Fabre.
Dieudonné. Je demande à relever une erreutt
qui a é(;hipi>éà noire colicg'ie _rhihaui. Il a
prétendu qu'on n'.3Vait pas le droit d-.' liea
changer à l'indemnilé qui a été précéilemin^-nt
accordée aux receveurs des contribuiions. Je
répondrai par la loi même qui a déierminé la.
première indemnité. Cette loi porte que chaijue
année le corps-législatif réglera I indemnité rju'il
est juste d'accorcjer aux receveurs des conuibu-
tions. En cela le projet q'ui vous est soumis est
entièrement conforme à la loi..
Reste à savoir si les circonstaiices sont les mê-
mes qu'à lépoque oiî la loi du 27 veaiôse - été
rendue. Je ne le ciois pas; les grands événemens
qui se sont succédés dans l'ani'ée qui vient de'
s'érouler , a fait diminuer de beaucoup l'intérêt
de l'argent ; cela est si vrai que là banque de
France et plusieurs maisons de commerce prê-
tent maintenant à 6 pour cent, je persiste dani
mes conclusions.
D'une part , on demande à aller aux vOix sur
le projet ; de l'autre , on réclame raiournément
à demain
Cette dernière proposition est adoptée.
Arnould obtient la parole pour la molion d'of-'
dre annoncée dans la séance d'hier.
■ . "•-•1
Arnould. Citoyens tribuns . la paix est devgjitjei'
depuis le iS brumaire une sorte de culte pour le,-
gouvernement constituiionnel de l'an 8 , comine-
pour tous les français. La victoire a ptéparé .Ift;
i^eiour de ce bifeniaii expiatoire et restaurateur
de la prospérité publique. Le gouvernement ai
reconquis sa considération au-dthois, et i! s'est,
proposé de reconcilier aù-dedans , avec, l au-,
torité républicaine , les espriis inquiets ou égarésk.-
Déjà , la puissance consulaire 3 semé les g,erme*
de sa gloire) mais une piévoyanie sagesse avertit
de ne pas nous endormir, même .sur des ti^
que le trésor public fait entrer eq tout ou en I phées ; et nos penchans et nos devoirs , citoyens
partie dans ses paiemens. Il résulte de ces rap- j collègues , s'accordent en loui point avec la
prochemcns , que l'iniérêt de l'argent se soutient! vigilance de Miltiade de Mittinde , ledoù-
encore à un prix très-fort , et que la réduction de i table aux ennemis de la pauie . adiiiué de toute
lintérêt des cautionnemens à 7 pour cent par la Grèce, et qui obtient, parce .ju'il ne cessera
année, peut faire craindre que les piéteurs ne de la mériter , l'affeciion de ses conciio\ei.- C'est
retirent leurs capitaux , et qu'il n'en résulte de au milieu de ce taisceau de force et de confiance
l'embarras pour les receveurs , et de la gêne pour 1 nationales que le grand corps du peuple pro-
ie service. Mais ce résultat n'est pas encore celui ' piiéiaire et industrieux , demai-de à le.ssalsir' le
que je crains le plus ; malgié les précautions i sceptre du travail brisé par les discordes civiles.
268
Lorsque chacun de nous , citoyens collègues ,
veut se pénéner de l'art. XXIX de la constitulion,
«jui porte : "Le iribunat exprime son vœu sur les
lr>i^ faites et à faire , sur les abus à corriger, et
sur les améliorations à entreprendre dans (ouïes
les ]iarties de l'adminislraiion publique u ; nous
épiouvons tous le besoin du recueillement , pour
saisir l'ensemble et le résultat des circonstances
d.ins lesquelles se trouvant maintenant les facultés
Jjroduciiices du peuple français.
L'imnicnsiié de la carrière de bien public que
nous avons .i parcouiir , rend nécessaire de placer
à son commencement , des points de reconnais-
sance qui non-seulement nous garantissent des
écueils , mais nous rallient au point central d'une
politique éclairée.
C'est surtout chez les peuples qui ont senti le
besoin de secouer le joug appesanti d'une aulQ-
lité d'habitude , pour se laisser conduire sur des
principes nouveaux- d utiiiié sociale, q^^e 'ous 1 à"ppiicatbn"sp7ciak bien plus faciirdans'^tout él^
ceux qui se trouvent aux piemieres tondions de ^^ j^ gouvernement n'aurait pas contrarié depuis
b république ^«'^'^"^L^^f ™<="|^^_ °J'^'-^°;;,';^^,l^f ] des siècles celte tendance naturelle de tous les
" "" "'"■ "" "•■'•" """"» " honnines vers l'amél'oraiion de leur sort. Dans
un tel pays , quil faudra long-iems chercher ,
la puissance procréatrice de la législation pour
contrebalancer tous ces désavantages d'accident.
JaAiais aucune autoriié publique , citoyens col-
lègues , ne s'est trouvée dans des circonstances
aussi mémorables que celles oii nous sommes
placés , pour faire une heureuse applicaiion de
celte docirlne raisonnée de Montesquieu , d'Adam-
Smith et de. Turgot , ces trois législateurs de ta pro-
priété, et du travail chez les moderni.s. Citoyens
collègues , lous disiingués par l'habitude de l'ana-
lyse , vous vous êtes livrés, sans doute, à des
méditations suivies sur l'immortel ouvrage de la
richesse des nations. Nous pourrons donc voguer
avec ces piloles expéiimeniés sur le vaste océan
de la législation économique.
Quelque rigoureux que soit le principe qui
tend à abandonner à la seule liberté illimitée ,
tous les développemens féconds de l'agriculture ,
des canaux , des manufactures , du commerce et
des ans , il est évident que ce principe » une
principales maximes d'état, au moyen desquelles
il leur soit possible de s'entendre , et d'opérer
le bien-être des administrés.
Soit qu'on se reporte à l'existence de la monar-
chie , dans des tems bien aniéiieurs , ou à des
époques très-rapprochées de la révolution , soit
que l'on considère nos vicissitudes depuis dix
ans , on doit convenir qu'il ne peut y avoir de
fixité et de dévoûmeiit sincère 4 telle auioriié que
■ce soit , qu'autant que ce dogme sacré , respect
à la propriété et à l'industrie, sera piolessé dans
«outes nos lois , dans tous les actes publics et
dans toutes nos conceptions administratives.
C'est aux soins altachans et noiuiciers de la
prop é é et du travail ; c'est à l'exercice de leius
facultés inteliecluelles que les modernes sont re-
devables de leur affranchissement des chaînes de
la féodalité. Le travail et la propriété , voilà la
..■,,,,. .' ^ ' pour reparer ou diminuer la masse ues pênes ^
char e inviolab e d emancipaiion que nous ont f "-f ui ■ i i ,ff ;,„,.,,,;„
E- c 1 j' u,;,.s par une sorie d habileté d.ins les affaires naiio-
transmis nos ance tes. En France , la depopulariie , r^ . . , , , , , „,.„,i.,^„„„
nales,()ui empêche les sources de la repioduction
de se tarir , les germes féconds d'être étouffés ,
de manière que lians tout pays ovi le gouvcrne-
touts'y trouvant pour ainsi dire régulier , la marche
invariable des choses y fait facilement concorder
les ressources avec les besoins , et proportionner
le succès des entreprises à la hardiesse, à Ihabi-
leté et au bonheur des combinaisons particu-
lières.
Mais en France, oti toute la science ministé-
rielle n'a gueies consisté qu'a faire grandement
fruc ifier les dix lieues de rayon qui circonscri-
vaient la cour du monarque-maître ; en France ,
où tant de crises viennent d'entraîner les innom-
brables sacrifices de l intérêt particulier au bien
général , n'esl-il pias indispensable que les con-
ccplioiiii législatives y composent les lacuhés vir-
tuelles du travail ? N esi-ce pas un des premiers
préceptes à suivre que celui de gagner de vitesse
pour réparer ou diminuer la masse des pertes
encou.ue par l'ancien gouvernement dans la
conduite des affaires économiques , et noiaraiBent
en livrant, par le traité de 1786, notre commerce
à l'Angleterre, en agitant l'opinion , a influé sur
la catastrophe éprouvée par une aulorité de plu-
sieurs siècles. En effet . rien ne peut résister à
ttne force toujours agissante , même sourdement
ment cherche des moyens puis^ans pour la dé-
fense du territoire , il ne soit pas réduit à pomper
à sec.
Ce qu'exige la force des choses , ce que re-
sur un million de poinis ditTéiens, quand cette commandent des auloriiès imposantes, n'est pas
force est mue par le besoin indomptable qu'é-
prouve un peuple nombreux de tirer sa sub-
sistance et celle de sa famille , des fruits d'un
travail qui , toujours reproduit , doit êlre sans
cesse échangeable par une lucrative circulation :
telle est la puissance de ce mobile de civilisa-
tion qui ,chez les modernes , exclud l'esclavage.
Toute population qui s'élance du sein des
forêts , tend à se mouvoir dans trois sphères
différentes d'occupations actives. Cette popula-
tion deviendra ou conquérante , ou turbulente
( en s'entre-dèchirant ) ou commerçante. Tous les
peuples anciens et modernes ont été générale-
ment placés dans l'une de ces trois cathègories :
L'esprit cherche envain un quatrième point de
gravitation ; car on ne peut pbs concevoir , même
spéculativement , l'état de quiétisme d'un grand
peuple.
L'impulsion qu'a reçue la nation fançaise dans
ces derniers tems , la tenue violemment dans
l'une et lautre sphère de conquête et de tur-
bulence révolutionnaire : ainsi elle a été détournée
des occupations profitables de l'agriculture et du
commerce.
Par la conquête , la France s'eît procuré , à la
vérité , de grandes propriétés agricoles et indus-
tTielles contigues à son ancien territoire, et qui
doivent améUorer sensiblement son existence ,
lorsque ces nouvelles sources de prospérité
seront liées à un système général ; mais d'un
autre côté , dans la crise révolutionnaire , la
France a vu appauvrir son domaine colonial ,
restreindre ses débouchés externes , ralentir son
industrie et sa circulation intérieure , etifin elle a
VU ses fonds ruraux n'obtenir encore que des
possesseurs faiblement actifs , qui ne peuvent
j'idenii&er avec le sol comme propriétaires , au
ttailteu des tourbillons de vente et de revente ,
et dans l'état de labeur qu'entraînent près de
l'agriculture les tourmens de la fiscalité : lous
ces élèmens qui sont dans une mobilité stérile ,
en contradiction avec la saine doctrine , et s'ac
corde surtout avec nos besoins actuels , non pour
fjtiguer de la manie réglementaire, mais pour
élever sur une base large et inébranlable quel-
que institution génératrice de grands effets , et qui
serve . pour ainsi dire , de pivot à la machine
économique, en reconstruise les rouages et les
fasse mouvoir dans un sysiême général d'utilité
nationale.
Il y a dix ans, citoyens collègues , que plu-
sieurs publicistes se sont empressés à l'envi de
dresser en quelque sorte le procès-verbal de
toutes les parties de la richesse publique de la
France . sur les marches du itône alors chancelant
et devenu victime d'une longue insouciance pour
l'amélioration du sort des hommes.
Ces publicistes ont tâché de développer , à la
veille de ceite catastrophe, et pour servir de
leçons à l'avenir, dans quel rapport se trouvait
l'industrie des villes et les ressources des cam-
pagnes ; ils ont analysé spécialement les divers
degrés d'opulence comparative , des sections ma-
ritimes , frontières et intérieures de la France.
Depuis que la tourmente révolutionnaire s'est
calmée , j'ai porté d'abord mes regards sur la
branche la plus importante , comme la plus dif-
cile de la législation économique , celle qui se
rapporte à la facilité des communications ou de
la circulation des, denrées de première néces-
cité , le blé , par exemple, élément primitif de
la richesse agricole et du travail.
Je vous dois à cet égard , citoyens collègues ,
le résultat de mes recherches , et avec d'autant
plus de raison que ces déductions serviront de
I nouvelles preuves de l'utilité d'un fonds spécial
pour l'encouragement de l'agriculture , des ca-
naux , des manufactures , du commerce et des
arts.
Lorsqu'on jette un regard observateur sur la
cane physique de la France , on est frappé
des obstacles matériels qu'apporte la configura-
superflu des produits agricoles
provenant des contrées du Nord, et se portant
vers les contrées du Midi oii les besoins de blé
se font habituellement sentir , surtout dans les
tems de guerre.
La direction de la principale chaîne de mon-
tagnes qui sépare les parties de l'Ouest de celles
de l'Est ; la pente de plusieurs grandes masses
de terre comme les Vosges vers les contrées
éirangeres , et la navigation des fleuves qui cou-
lent vers les mêmes points externes ; enfin ,
la circonstance que les principaux greniers au
nord delaFrance se trouvent aux extrémités desoti
territoire dans les ci-devant provinces de Picardie ,
de Flandre ,delaBelgique , d'Alsace, de Lorraine ,
Champagne , de Franche-Comté , etc. toujours
plus à portée des marchés extérieurs : toutes ce»
causes physiques sont autant de difficultés natu-
relles , quoique l'art et le talent administratif
puissent les vaincre , qui empêchent les subsis-
tances de parcourir avec la même rapidité et la
même utilité toutes les veines du corps politique.
1 La suite demain. \
JV. B. Dans la séance du 7 frimaire , le corps-
législatif, après une discussion assez étendue , a
passé à l'ordre du jour sur la proposiiion qui
avait été faite le 2 en comité secret, de faire des
changera ens et des modifications aux articles XXX
et XXXI du règlement , relatifs à la forndation de
la loi.
On a procédé au premier tour de scrutin d'élec-
tion d'un candidat au sénat-conservateur. Il n y
a point eii de majoriiè absolue.
M u S I Q. U E.
Numéros 3 et 4 des morceaux choisis de U
Ciéaiion , par H.iydn , avec accompagnement de
piano , conienant laiiilc , les oiseauN et un trio
d Anges; prix, 2 Ir. 5o ccn;. chaque , port fraiic.
A Paris , chez P. Porto , rue Bcaurepaire, n° 16.
Ces deux morceaux loni suiie à ceux annoncés
dans un de nos précèdens numéros. La fin pa-
raîtra incessamment.
il dépend du gouvernement de les fixer et de les tion du sol à l'échange rapide par une modique
féconder ; mais il faut à cet effet employer ' dépense , du
LIVRES DIVERS.
Manuel de médecine pratique , ouvrage élé-
mentaire , auquel on a joint quelques formules
à l'usage des chirurgiens et des personnes chari-
tables qui se dévouent au service des malades
dans les campagnes ; par le cit. Geoffroy , associé
de l'insiiiut naiional , correspondant de la société
de médecine deParis, ancien professeur et doc-
teur de la ci-devant faculté de Paris , 2 vol. in-S" ,
chacun de 20 feuilles d'impression ; prix 6 francs,
et 7 fr. par la poste. A Paris , chez G. Debure
l'aîné, libraire de la bibliothèque nationale , rue
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ed isiruttivi , scelte da Angelo Vergani , per
uso degli studiosi di questa lingua, 1 vol. in-12 ,
2 francs , broché , et 2 fr. 5o cent, pour les
départemens , franc de port. A Paris, chez
1 éditeur, quai de IHorloge du Palais , n° a8 ,
près le Pont-au-change.
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Tiers consolidé 33 fr. 5o c.
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4* abonne qu ai/ commcucement de cllaque mois.
Ilfaul adresse, les lettres et l'argent, francde port, aucit. Agasse, propriétaire de cejournal.ruedes Poitevins, ■'( 18. Ilfaurtomprendre dans le» envoi» le port dei
pays où l'on ne p-utiffn Bctiir. Lfî lettres -les départemens non affranchies , ne seroutpoint retirées de la poste.
Il faut avoir soiii, paui plus de sûreté, dt charger celles qui rciifermenides valeurs, etadresseï tout ce quiconcetne la rédaction de la feuille, au rédacteur, rue de»/
faitevins, n^ i3, depuis aeuf heure» du matin jusqu'à cinq aeuies du soir.
A Pâtis, à^. l'imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur , rue de^Peitevin» , n» i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL..
N" 69.
Xonidi , g frimaire an g de la république française , une ci indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le Moniteur est le mul journal officiel.
H contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des ■ armées , ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux dérouvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.
Hambourg , le ig nov. (2$ brumaire).
J.L vient d'arriver dans cette ville une estaffelte ,
expédiée de Riga , le n novembre, pour an-
noncer qu'un nouvel embargo a été mis sur les
bâtimens anglais mouillés dans ce port , et la
crainte que l'on a que ceux de la même nation
qui se trouvent dans les ports de la Russie ,
n'éprouvent le même sort-
PRUSSE.
Berlin , le 24 brumaire.
Le général Sprengtposten part après -demain
pour se rendre à Bruxelles , et delà à Paris. Il a
njie mission particulière de l'empereur de Russie
pour le premier consul.
C'est une réponse aux ouvertures faites par le
gouvernement français à l'empereur Paul 1".
La nature des communications qui ont eu Heu
entre le gouvernement de France et celui de
Russie 1 contraste d'une manière frappante avec
celles entre les autres puissances; c'est un com-
bat de générosité et de bons procédés dignes
de deux nations aussi puissantes , et de deux
hommes aussi faits pour s'apprécier que ceux
qui en dirigent les cabinets.
ANGLETERRE.
Londres , 18 novembre f S27 brumaire).
Sa majesté , dans le nouveau sceau que Ion
prépare, au lieu de prendre le titre de roi de
la Grande-Bietagne, de la France et de l'Irlande ,
g'y qualifie simplement de Britannicorum rex
(Ko\ des Anglais) ; ce qui comprend non-seuie-
jnent les sujets des îles Britanniques , miiis encore
tous ceux qui , dans chaque partie du globe ,
vivent sous la domination anglaise.
Napper-Tandy sera jugé dans cette session;
du moins la motion en a été faite au tribunal du
banc du roi , à Dublin,
Le roi de Njples a accordé une pension indi-
viduelle de 5oo livres sterling aux capitaines
Trowbridge et Bail, pour les services qu'ils lui ont
Tendus tn défendant sa personne.
L Océi;n , vaisseau neuf , appartenant à la Com-
pagnie des Indes, et qui était destiné pour Bom-
bay et la Chine , a été jeté sur la côte , près de
Gravesend.
On dit que le marquis de Cornwallis sera créé
duc de Suffolk. Il n'y a eu , à l'excepilon des princes
du sang , que deux créations de duc sous le règne
de Georges III.
Un navire , nommé le Wasinghton , a péri dans
la baye de Cadix, pendant la tempête du 24 ven-
démiaire. Sa perte est évaluée à 110,000 dollars.
La disette que nous éprouvons )iaraît devoir
être attribuée aux cinq causes suivantes : 1". Aux
lécolics défavorables ; 2". au manque de culture ;
3°. à retendue des taxes ; 4°. à l'accroissement
du commerce des manufactures , de la richesse
et du luxe ; 5". au papier monnaie.
Le docteur Herschell a communiqué à la
société royale d« Londres un ouvr.ige dans
lequel il détermine d'une manière comparative
l'étendue de la puissance visuelle , ci les moyens
«jue le? télescopes de diverses grandeurs et cons-
tructions peuvent lui fournir pour pénétrer dans
Tespace.
Les intendans des postes ont dernièrement fjit
arrêter et traduire en justice le cocher d'une
diligence , pour s'être inutilement arrêté sur la
Toute , et avoir retardé ainsi le service du pu-
blic. Il a éié condamné à quatorze jours de
tiavail dans la maison de correction.
Dans la fête commémoralive de la conspiration
des poudres , qui a été célébrée le 14 brumaire,
il n'a été tenu aucun compte envers la papauté
de la vénération qu'ont professée pour elle cer-
fai-ne» classes de la société dans ces derniers teins.
La triple couromie papale , burlesqueraent re-
piéseiiiée , a été placée , comme de coutume ,
«ur hi tête de bois de (>uy faux , ti ensuite b.rnlce
nux grands applaudissemeni du peuple.
Un boulanger de Portsea vient d'être con-
damné à une amende de 25 livres sli^rl. . pour
avoir vendu cinq pains chauds , en contravention
de l'acte du parlement.
La femme d'un cardeur de-laine , à Plymoiith ,
est accoucb^ie . à sept mois, de trois enfans ,
qui sont morts peu de lems après.
Un prêtre français fut arrêié , il y a quelques
jours , par un volcUr, près de Londres. Le voleur,
non content de quelques schellings que l'ecclé-
siastique lui donna , voulut avoir son habit , qui
lui parut meilleur que le sien. Dès que 1 échange
fut fait , le prêtre se mit à courir de toutes ses
forces , craignant d'être maltraité. Le 'voleur
courut après lui , lui criant de s'arrêter , et le
prêtre de courir plus vite. Enfin . le volé arriva
dans une rue fréquentée de la ville, et le voleur
cessa sa poursuite. Le prêtre arrivé chez lui, trouva
dans une des poches de l'habit , des billets de
banque pour la somme de 5o liv. sierl.
Il a été péché dans la Tweed , un SDurhon qui
avait 4 pieds 3 pouces de long , sur deux pieds
4 pouces de circonférence , et pesant 56 livres.
( Entrait du Morning-Fost , du Sun et du Courier ).
INTÉRIEUR.
Paris , le & frimaire.
Le citt)yen Guersent , professeur d'histoire
naturelle à Rouen , ayant ; avec l'agrément du
piélet de la Seine-Inférieure , envoyé au cit.
Cuvier , pour les examiner, une quantité d'os-
semens recueillis dans les rochers des environs
d'Honfleur , par feu l'abbé B.ichelei , et apparte-
nant aujourd hui au cabinet de l'Ecole centrale
de Rouen , le citoyen Cuvier a reconnu parmi
ces ossemens ceux dune espèce de crocodile
absolument inconnue jusqu a ce jour . et très-
diflerenie même de l'animal fossile de Maëstrich,
que qtrelques-uns regardent aussi comme un
crocodile. Les mâchoires de ce crocodile de
Honfleur ressemblent, par 'eur aiongeraent,à
celles du eavial ; seulement le* dents y sont moins
égales , et les sutures des os autrement figurées ;
la différence la plus (Vappanie est dans les ver-
tebies du cou. Celles de tous les ciocodiles
connus ont la face antérieure de leur corps con-
cave , ei la postérieure convexe. Ddos celui de
Honfleur , c est piécisément le contraire.. Les
apophyses y ces vertèbres sont aussi plus com-
pliquées que dans les crocodiles ordinaires.
Cetanimal paraît avoir eu iS pieds d't longueur;
ses os sont pétrifiés , et (ont feu avec le briquet.
Leijr cellulosité çst remplie de pyrite. Ils sont
rentermés dans une pirrre marneuse , grisâtre ,
très-dure , et dont on ne peut les dégager qu'avec
beaiicoup de peine. Outre ces ossemens de cro-
codile , U citoyen Cuvier en a liouvé d autres
qui paraissent pjovenir de petits cétacéts , et
dont il rendra compte par la suite.
^ — Un citoyen , nommé Portails , employé ,
s'est brûlé la cervelle , rue de Lcsdiguieres , n" 3 :
on ignore les motifs de ce suicide^
-— Lenommé Jean-Bapiistc Fontaine , tableltier,
âgé de soixante-un an , demeurant rue de la
Tixeranderie , n" m , vient d être blessé griéve-
rnent par un loup appartenant à un autre indi-
vidu , nommé Marnet , marchand forain . lequel
demeure rue de la Mottellerie. Fontaine a été
blessé aux deux bras et à la cuisse droite. Les
morsures sont très-graves. Le loup a éié assommé
par les passans. Le blessé a été conduit à
Ihjspice.
De la guerre et de la paix.
Depuis plusieurs années ce doux nom de paix
retentit d'un bout du monde à l'autre. Le vœu
en est dans le cœur de tous les peuples , et sur
les le\ros de tous ceux qui gouvernent.
C est le premier besoin des nations mêmes qui
ne prennent pas une part active à la guerre ,
mais qui n ont pu échapper à ses désastreuses
influences.
Jamais , en effet , aucune guerre n'a en si peu
de tems bouleversé plus d états , désolé plus de
familles , coriompu davantage les mœurs des
peuples , ébranlé plus profondément les bases de
i ordre social , que cette guerre aussi étonnante
par son principe que par ses résultats. Quel est
l'homme qui oserait dire aujourd'hui qu'il n'y a
pas encore assez de sang répandu , que la gloire
ou la prospérité de son pays demande encore
quelques milliers de victimes humaines ? Mais
s'il ne s'élève pas une seule voix pour la conti-
nuation de cette déplorable guerre , où est donc
la force inconnue qui éloigne toujours la paix ,
lorsque tout le monde l'appelle. Quel est cet
empire vanté_ de l'opinion qui gouverne , dit-on
le monde , si les passions secrettei de quelques
individus balancent les intérêts évidens des
nations ?
Ce phénomène mérite d'être observé ; mais
mon objet n'est pas de l'expliquer.
S'il y avait un homme à qui l'on pût pardon-
ner le désir de continuer la guerre,- ce serait
sans doute celui qui doit à cette guerre sa gloire
et sa fortune, et à qui son expérience et ses
talens garantiraient dans de nouveaux combats
des triomphes nouveaux.
Je n'ai pas besoin de prononcer le nom de
cet homme ; je n'ai pas besoin de dire qu'il
ne s'est pas montré ambitieux de celte auginen-
taiion de renommée miliiaire. Toute IE°urope
voit qu'il aspire à une autre gloire , sinon plus
brillante , du moins plus humaine et plus solide ;
il veut gouverner; ce qui est, encore plus difli-
cile que de vaincre.
Après avoir conquis pour la première fois
l'Italie, début le plus glorieux qui ait jamais
sii>nalé la carrière militaire des plus giaads ca-
pitaines , il passe les Alpes Juliennl-s , et se
trouve sur la Drave et la Mukr , à quelques jour-
nées de'Vienne; l'ennemi parle de paix, bonapaiie
arjête sa marche victorieuse , renonce à l'e.spé-
rance séduisante d'aller forcer 1 empereur à la
paix dans la capitale même de ses états ; il sus-
pend les hostilités . négocie et conclut le traité
de Léoben qui prépare celui de Campo-Forraio.
Jamais la Fiance n'aurait obtenu de si grands
avantages par un tiaiié . si l'ignorance et les
passions n'eussent détruit à Rastadt l'ouvrage
d'une modération éclairée.
Il fjtit bien redire ici que lorsque l'heureuse
révolution du 18 brumaire eut mis Bonaparte à
la tête du gouvernement, le premier acte de son
autorité fut un vœu de paix, et que ce vœu fut
repoussé avec aussi peu de raison que de décence
par le ministère britannique. Après la campagne
presque fabuleuse de Maringo , le vainqueur
signa , sur le champ de bataille , un ariTiisiice qui
satlva vraisemblablement le reste de l'armée
vaincue.
Moreau, après des marches aussi sûrement que
savamment combinées , s'avance , de succès en
succès, presque au cœur de l'AHemagne. Oui
pourrait affirmer (jue l'armée ennemie , décou-
ragée autant qu'aflFaiblie par une suiie de reveis ,
l'eût arrêté dans ses progrès ? Mais I humanité
obtient ce qu une ambition de gloire aurait re-
jctic. Le premier consul veut , avant tout , la paix.
Il accorde un armistice favorable à l'ennemi , à la
condition de négocier sans délai.
Le but de la guerre est la victoire ; le but de
la victoire doii êire la paix; mais tout ennemi
peut commencer la guerre; le vainqueur seul
peut la terminer. Ces pensées ont éié la règle
constante des démarches du premier consul. Ce
n est ni dans les éciits , ni dans leà discours,
que nous pouvons juger des printipes et de*
sentimens des hommes qui gouvernent. Dans;
les manilestes, les proclamatio'ns , les notes rai-J
nisiérielles, je vois exprimer de part et d'autre
une égale horreur pour leflusion du sang , un
égal désir de rendre la tranquillité aux peujdes ;
mais apiés toutes ces vaines protestations , je' voi»
aussi qu'on continue de verser à flots le sang des
hommes, et d'empoisonner toutes les sources de
l'ordre et du bonheur social ; et je n'apperçois
nulle part les grands intérêts qui peuvent balancer
de si grands malux. Cherchons donc , non dans
I les paroles , mais dans leurs résultats, les véri-
tables intentions des hommes. Considérons sous
ce point de vue le résultat des démarches que
vient de faire notre gouvernement pour parvenir
à une pacification générale,
La cour de Vienne a proposé , pour le lieu
des conférences de paix , une ville centiale de
France. Le premier consul a fixé Lunéville. Cette
cour y a envoyé un négociaitur célèbre ,' aussi
estimé par son caractère que par ses talens. Il a
été reçu avec honneur comme un ann de la paix,
La cour de Londres a manifesté l'intention d'en-
270
trerdansia nëgociatron, et celle de Vienne le désir
de traiter de concert avec son alliée; le premier con-
sul pouvait se souvenir des personnaliies aussi
indécentes que gratuites que s'étaient permises
contre lui les cliefs du gouverneme.hi britanni-
que ; mais il était trop au-dessus des injures pour
allier ses rtssentimens particuliers à de si grands
iniérêls. Il accueille, sans hésiter, une ouver-
ture qui pouvait accéléier la paix de l'Eu-
rope.
Le citoyen Otto , qui résidait à Londres
comme commissaire du gouvernement pour le-
change des prisonniers, lut chargé aussitôt de
traiter avec les ministres anglais. Cette négocia-
tion a échoué ; et ce qu'on ne peut voir qu'avec
peine , c'est que le ministère anglais . loin de
conserver aucun désir de conciliation , semble
avoir voulu encore aigrir les esprits par uii pro-
cédé gratuitement impolitique ; contraire à tous
les usages des nations policées , il vient de
rendre publics les détails de la négociation.
Un seul gouvernement avait donné jusqu'ici
l'exemple d'un tel procédé , et c'est encore le
gouvi-rnemenl anglais , après la négociation de
Lille; le ton et les formes avec lesquels cette
négociation fjt conduite et rompue par un
directoire impérieux. , qui ignorait et bravait
toutes les convenances, pouvaient peut-être
Justifier le parti que prit la cour de Londres.
Mais aiijourd hui que le premier consul a donné
l'exemple des égards que les gouvernemens se
doivent entre eux , et du respect que l'on doit
aux lois reçues dans les transactions diploma-
tiques , quel motif a pu autoriser le ministère
anglais à publier des communications amicales ,
destinées par leur nature à être secreties , jusqu'à
ce qu'un inlétêt national en commandât la
publicité .''
C'est une maxime reçue dans la société, que
les lettres de confiance que s'écrivent des parti-
culiers, ne peuvent être publiées par celui qui
les a reçues , sans le consentement de celui qui
les a écrites , à moins que le premier n'y ait
recours pour défendre ses droits devant les Iri-
bunau.x. , ou son honneur devant le public.
Pourquoi cette maxime de la morale sociale ne
serait-elle pas également respectée dans la morale
politique ? De plus grands intérêts la recom-
mandent : les usages des nations l'ont consacrée.
'Violer ces usages , qui forment ce qu'on appelle
le droit des gens , n'est-ce pas ébranler une base
déjà trop faible de la tranquillité des peuples ?
En publiant les pièces dont il s'agit , le minis-
tère britannique a peut-être espéré d'en imposer ,
non aux hommes éclairés , mais à la multitude. Il
a observé que dans les disfjutes ordinaires le
ton et la contenance d'un des coatendans fê-
laient plus d'impression sur le commun des spec-
tateur» , que les bons raisonnemens de l'autre.
Il a pensé que la confiance qu'il montrait dans
la bonté de sa cause inspirerait une prévention
favorable à ses juges ;mais ces premières impres-
sions sont légères et fugitives ; celles de la justice
et de la raison restent seules.
En regardant comme une provocation sans
motif la notoriété donnée à la négociation du
cit. Otto , le gouvernement français n'a pas à en
redouter les effets. Jamais des intentions plus
droites n'ont été manifestées par des communi-
cations plus franches. Une analyse succinte des
progrès de' la négociation prouvera , j'espère , ce
que j avance.
Je ferai d'abord une observation générale. Ceux
qui ont eu occasion d'observer la conduite des
ministres et des agens du gouvernement anglais
dans les affaires publiques , ont remarqué qu'ils
y procédaient avec une extrême réserve; qu'ils
écrivaient peu ; qu'ils s'exprimaient , dans tout ce
qui avait quelque importance , d'une manière
vague et générale : cela tient à la nature du gou-
vernemuiû ; tout homme public sait qu'il ne dit
ou n'écrit pas un mot dont il ne puisse un jour
avoir à rendre compte à sa nation. Il en résulte
un esprit général de circonspection , qui s'exa-
gère nécessairement par 1 habitude , et qui dsvicnt
souvent pédaniesque , épineux ou timide , au-
delà de ce qu'exige la prudence et l'intérêt.
Cette manière d'agir s'est manifestée sensible-
ment dans les deux négociations du lord Mal-
inesbury , et plus encore daris celle du citoyen
Otto ; parce que dans celle-ci la circonspection
ordinaire du caractère anglais se trouvait fortifiée
par la volonté systématique de gagner du tems
sans rien conclure.
Si on lit les prernieres communications faites
par le citoyen Otto au ministre britannique pour
ouvrir la négociation , on voit que le commissaire
fiançais fait connaître sur'le champ et sans détour
l'objet de sa mission et les pouvoirs dont il est
revêtu; le lord Grenville , au contraire , semble
éviter d'abord d'entrer dans le fond de l'affaire ,
en recourant à des formes minutieuses , à des
demandes d'explications sans nécessité. Pourquoi
veut-il, par exemple, que le citoyen Otto lui
communique la note adressée au baron de Thu
lervenir dan-sla négociation de Luneville PCertai-
nemect, le lordGrenville connaissait parfaitement
celte r.o le et la communication qui en avjil été laite
à ia France. On voit de même dans tout le cours
de la négôtialion, du citoyen Otto , que le tni-
nistre angljis tire parti de toutes les difficultés ,
miiliiplie les explications, et ménage même ses
objcciions pour tirer en longueur et reculer le
relus prémédité par lequel il a terminé la né-
gociation.
Mais laissons les formes et entrons un mo-
ment dans le fond de la question même. Elle
se réduit à ceci. Le roi d'Angleterre demande à
traiter de la paix de concert avec l'empereur , son
allié; le premier consul y consent sans objection.
Mais continuera-t-on de se battre , tout en par-
lant de s'accommoder ? c'est se placer sur un
terrein peu fjvorable. Les événemens de la
guerre amènent à chaque instant des changemens
de circonstances qui doivent fortifier les préten-
tions d'un parti etaigrirle ressentiment de l'autre.
La France et l'Autriche l'avaient senti : une sus-
pension d'hostilités avait éié le préliminaire des
paroles de paix. Puisque I Angleterre voulait faire
cause commune avec son alliée , ce préliminaire
nécessaire de la négociation devait leur être
commun. Il était donc conforme à la nature des
choses , qu'une trêve maritime entre la France et
l'Angleterre , s'établît avant d'entrer dans la dis-
cussion désintérêts qui les divisent.
Le commissaire français présente un projet
d'atmistice naval qui est rejeté ; et le minisire
anglais présente un contre-projet qui se trouve
inadmissible. Dans cet état de choses , le gouver-
nement de France rédiail les propositions à l'al-
ternative ou d'entamer une négociation commune
avec lAnglelerre et l'Autriche , en concluant un
armistice suivant le projet modifié que proposait
la France , ou de négocier Une paix séparée avec
1 Angleterre , en concluant l'armistice suivant le
projet proposé par le ministère britannique.
• Dans cette manière de simplifier la question ,
et d'ouvrir à l'Anijleierre deux voies pour en-
trer dans la négociation , il est difficile de ne
pas appercevorr avec évidence le désir sincère
d'arriver prompteraent à une conciliation. Les
deux points essentiels de la contestation étaient
donc 1° la possibilité et les conditions d'une
armistice maritime ; ï° la convenance d'une paix
séparée.
11 n'est pas nécessaire de prouver la possibilité
d'un armistice maritime. Il y ea eut un de con-
clu entre la France et l'Angleterre au congrès
d'Utrecht en 1712, Il est vrai qu'à ce congrès,
des préliminaires avaient été signés , lorsque
l'armistice fut convenu. Le concours de ces
deux mesures est favorable saus doute à la
conciliation ; mats H n'est pas indispensable
l'impression naturelle qUc produisent des vi<:toire3.
multipliées , cette influence morale qui augmente
les forces du vainqueur par la confiance , et dirai-
nue celle du vaincu par le sentiment contraire.
L'avantage lé plus imponant que trouvait la
France dans la trêve maritime , c étai^t sans doute
celui déporter des renforts et des subsistances à
la garnison de Malte et à l'armée d Egypte ; mais
cette sollicitude du premier consul pour le sort
de ces braves troupes , était un devoir sacré que
lui prescrivait 1 humanité autant cjne l'intéiêl na-
tional. Que demandait-il dans le projet de trêve?
pour Malte , les moyens de vivre ; pour l'armée
d'Egypte , les moyens de se défendre contre des
peuples cruels et perfides. Q^ielle barbare poli-
tique que celle qui voudrait s'allier à la tainine
pour faire périr des guerriers qu'on n'a pu vain-
cre ! qui refuse du pain à un ennemi , à qui l'on
offre la main pour se réconcilier !
Le refus que fesait le ministère britannique
dans son projet d'armistice î de laisser porter
des secours, même limités , à l'armée de Malte
et d Egypte , se présente encore sous un point de
vue remarquable. Le lord Grenville avait établi
pour base de l'armistice ce principe spécieux, que
la position des deux parties devait rester telle
qu'aucune des deux n'acquit des avantages sut
l'autre qu'elle n'eût pas eus sans l'armistice. Ce
principe a une apparence imposante dejusiice ;
mais en voulant l'appliquer avec rigueur , il don-
nerait lieu à des difficultés i.jterminables ; car ,
dans une susjiension d'hostilités entre deux na-
tions en guerre , il ne peut jamais y avoir une
telle parité de circonstances , un tel équilibre
d'intérêts, que l'une des deux ne trouvât, quelque
avantage dans la trêve.
Si la France avait conclu un armistice à la
condition de ne porter aucun» secours aux
troupes de Malte et d Egypte , elle se serait évi-
demment mise dans une posision plus défavo-
rable à cet égard , qu'en restant en état de guerre.
Dans ce dernier cas , elle pouvait espérer de
faire ce qu'elle avait déjà fait, de faire passer à
Malte et à Alexandrie , quelques vaisseaux qui
échapperaient à la vigilance des escadres enne-
mies. Dans l'armistice , suivant le plan des an-
glais , nulle ressource ne restait à la France.
N'était - ce pas une mesure vraiment hostile
qu'une telle suspension d'hostilités ?
Le contre - projet des anglais est une combi-
naison astucieuse , où la bonne foi et le desit
de la conciliation ne se montre point. Tous les
bénéfices sont pour l'Angleterre ; la liberté de
navigation pour les vaisseaux de commerce , est
d'un faible intérêt pour la France. Une 4rève qui
peut être rompue à chaque instant , n'olFre pas une
garantie suffisante pour encourager les commec-
çans à des expéditions de quetqu'importance. Le
L'une n'en serait pas moins sans f autre un pas ) commerce des anglais étant au contraire en pleine
vers la paix,
D'ailleurs , qui empêchait le ministre britan-
nique de proposer des préliminaires ? Toute la
conduite du premier consul , dans cette guerre ,
ne permet pas de douter qu'il n'eût accueilli
avec, empressement une propositiafc qui aurait
tendu à accélérer -la négociation. Et «rtes, l'An-
gleterre avait à l'époque du traité d'Utrecht de
plus fortes raisons qu'aujourd'hui de se refuser
à un armistice. La France épuisée au-dedans ,
vaincue au-dchors , sans finances , sans com-
merce et sans marine , avait tout à gagner à
une suspension d'hostilités par mer. Aujourd'hui
la France victorieuse en Allemagne et en Italie ,
rassurée de ses commotions intérieures , riche
de ses ressources naturelles , n'a de commun
avec ce qu'elle était alors que l'affaiblissement
de sa marine et de son commerce.
Sans doute , les arrangemens d'un armistice par
mer présentent des difficultés que n'offre point
un armistice continental ; mais ces difficultés sont
un objet de discussion , et tout se concilie aisé-
ment quand on discute de bonne-foi.
Il n'est pas douteux non plus qu'une trêve ma-
ritime n'eût des côtés plus défavorables à l'Angle-
terre qu'à la France. Cette considération n'a été
ni dissimulée ni éludée par le gouvernement fran-
çais. Il n'a demandé l'armistice maritime que
comme une préparation nécessaire au succès de la
négociation. Si l'Angleterre y trouve quelques dé-
savantages , c'est un sacrifice qu'elle fera sur l'autel
de la paix, un gage qu'elle donnera de la sincé-
rité de ses dispositions à un accommodement juste
et raisonnable ; et les avantages qui pouriaicnt
en résulter pour la France ne seront qu'une com-
pensation de ceux que l'armistice continental a
procurés à 1 Autriche,
Ce dernier point a été parfaitenaent discuté par
le commissaire français. En efTet , l'armistice con-
tinental donne à la cour de 'Vienne le moyen de
réorganiser ses armées , de convertir en soldats ,
en armes-, en munitions de toute espèce les sub-
sides que lui fournit l'Angleterre, de fortifier et
de ravitailler les places de 2". et 3=. ligne qui
avaient été négligées , parce qu'on n'avait pas pu
prévoir la rapidité des succès des armes françaises.
gut par l'ambassadeur d'Angleterre à Vienne, Six mois de repos auraient suffi pour ranimer le
pour annoncer l'intention où est S. M, B. d'in- ; zèle et le courage des troupes , et pour affaiblir
activité, n'étant plus inquiété alors par nos cor-
saires , soulagé par là même dans le prix des
assurances, aurait pris un nouvel accroissement.
Comme les bénéfices de ia course sont
en faveur de la France , elle n'avait un véri-
table intérêt dans l'armistice , que par ia
facilité de secourir ses colonies et les conquêtes
qu'elle a faites au-delà des mers , et c'est cet
avantage que le ministère anglais voulait lui
interdire.
Je viens de parler du peu de sécurité qu'aurait
donné un tel armistice aux spéculations de nos
négocians. Il résultait en effet d'une des stipu-
lations du traité proposé par les anglais, que la
trêve aurait pu être rompue dans toutes les
mers, par les commandans des différentes es-
cadres de S. M. B. ; ainsi , lorsqu un vaisseau
français , navigant sur la foi de larraislice , au-
rait paru devant une station anglaise , le commt-
dore aurait été le maître de s'en emparer, en dé-
clarant la trêve rompue.
Revenons à des considérations plus générales.
Tout autorisait à craindre que I Angleterre ne
demandât à intervenir dans la négociation de
Luneville , que pour l'embarrasser et la pro-
longer , et non pour accélérer la pacification
de 1 Europe. C était donc un acte de sagesse
et de saine politique , que de refuser de l'y
admettre , avant qu elle eût donné des preuve*
d'un véritable désir de conciliation. Cette puis-
sance gagne seule à la guerre, La continuer sur
mer , p:;ndant qu'elle est suspendxie sur le conti-
nent , aurait été pour elle d'un avantage
immense.
Ce n'est point calomnier la politique anglaise
que de se défier des moyens faciles et connu»
quel e sait si bien employer pour prolonger une
négociation , quand elle n'a aucun inieiêt à la
terminer. Cjiaque incident aurait pu amener une
difficulté ; chaque proposition nouvelle aurait été
une occasion d'expédier un Courier ; chaque
différence d opiniop entre les ministres , même
des cours alliées , aurait nécessité des instructions
nouvelles. Rien ne pouvait empêcher que le
congrès ne durât des années entières , et que ce
vain combat de subtilités diplomatiques ne con-
sommât la ruine de nos solonies et de notre com-
merce; ne relevât les forces et le courage de l'Au-
triche ; ne donnât lieu à de nouvelles intrigues^
et ne prolongeât ks troubles de l'Europe et le
nialUeur des peuples.
Un seul moyen pouvait prévenir tant de roaux :
c'était un armistice naval. Ôueis misérahl"S calculs
de commerce pourrail-tm opposer à laji de
motifs d'humaniié qui sollicitent celle mesure ?
Mais l'expérience des tems l'a prouve : il ne faut
pas attendre de générosité d'une politique mer- |
cantile. L'intérêt de l'humanité n'est plus pour
les anglais qu'une de ces idées générales qu ils [
ont réléguées dans leurs livres. Dans tous les |
tems , l'intérêt de leurs alliés a été sacrifié à celui :
de leurs comraeiçans. Ils prodiguent l'or pour '
armer les peuples du continent ; mais ils savent
que cet or leur reviemira bientôt par les canaux j
innombrables du couimerce exclusif qu'ils ont
ta s'arroger par If ur cupide industrie , et qu'ils
veulent consolider par leur intolérable despo-
tisme.
Dans le discours prononce par le roi d'Angle-
terre à 1 ouverture du Parlement , il a dit que la
négociation pour la paix avait échoué, parce que
)a France ne voulait conseniir qu'à une paix
léparée. I! esl éionnani que les ministres meiteni
daps la bouche du roi une assertion si contraire
a la vérité; elle est démentie par^lout le cours
de la négociation ; elle a éié réfutée dans quel-
ques journaux; la réponse était facile, mais il
convenait de la feire.
Je terminerai par une réflexion. Le lord Gren-
ville , après être convenu que le gouvernement
Irançdis avait acquis asstz de consistance et de
solidité pour qu on traiiât de la paix avec le
premier consul, ajoute : la paix est désirable,
mais elle l'est moins que ta f délite' à nos engage^
mens.
Quelle morale ! quoi ! la guerre n'est-elle pas
un crime , quand elle n'est pas indispensable ?
Et l'obligation de ne pas verser le sang des
^ hommes sans nécessité . u'esi-elle pas un enga-
gement aussi sacré que ceux que des iniérêls tro-
mentanés et inceitains font contracier aux chefs
des gouvernemcns ? Par un ami de la paix.
ACTES DU GOUVERNEMENT.
Arrité du 5 frimaire.
s Les consuls de la république , sur le rapport
qui leur a été lait par le du ministre des finances
•des exportations considérables de beurres et de
chairs salées qui s'opèrent dans différens ports,
arrêtent :
Toute exportation à l'étranger, de beurres et
de ch.-irs sa!ét$ est su^pecdue , jusqu'à ce qu'il
en ail é'é auîrtmeni ordonné.
Le minisire de. finances est chargé de 1 exé-
cution du présent arrêté qui sera inséré au Bul-
letio dc6 lois.
Le premier consul , signé, Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire- d'état, signé, H. B. Maret.
271
liers , mit le grenatlier hors de combat d'un coup
de bayonnelte , et força l'autre cavalier à se
retirer.
Le cit. Sallior , chasseur , détaché ch (iraillcur ,
ayant éié chargé par deux cavaliers autrichiens,
en tua un et démonta l'autre.
Tous de la 9' légère.
Leur décerne , à li're de récompense nationale ,
à chacun un fu.'i' d honneur.
Ils jouironi 'les prérogatives attachées à ladite
récompense p«<r l'arréié du 4 nivôse an S.
Donné à ï^arij , le 8 frimaire, an 9 de la
répubjique françaisi.
Le premier consul, signée Bonaparte.
Par le premier consul ,
Le secrétaire-d'état , sigué, H. B. Maret.
Le ministre de ta guerre, signé , Alex. Berthier.
Au NOM DU PEUPLE FRANÇAIS.
Brevet d'honneur.
Bonaparte , premier consul de la république ,
d'après le compte qui lui a éié rendu delà con-
duite distinguée et de la bravoure éclatante que
les Atpyens ci-après désignés ont tenue à la
bataille de Maringo , savoir :
Le citoyen Davion , sergent- major , pénétra
plusiisurs fois dans les rangs ennemis, et y fit
quatre prisonniers.
Le cit. Petit, sergent-major, s'avança seul sur
les liraillcuts autrichiens, en tua plusieurs, et en
lit trois priionniers.
Le cit. Benoist , sergent , détaché en tirailleur ,
ayant été chargé par deux cavaliers autrichiens ,
en démonta irrr , et Ct l'autre prisonnier.
Le cit, Jacrjiies , sergent, ayant éié chargé parla
cavalerie ennemie, dont le but était de tomber
sur le bataillon , la tint en respect par son intré-
pidité , démonta plusieurs cavaliers , et força les
autres à se retirer.
Le cit. Maquart , sergent, à la tête d'un piquet
de six hommes, fil preuve de beaucoup de fer-
meté , en résistant avec succès à une charge de
douze cavaliers ennemis.
Le cit. Bouvier , caporal de carabiniers , péné-
tra à diverses reprises (fins les rang< ennemis ,
ety tua plusiu-urs hommes à coup de bayonnetie..
Le cit. Mjhut , caporal de carabiniers , voyant
, un officier de drat^ons sur le point de tomber au
pouvoir de l'ennemi, vole à son secours . rue un
nés auiiicHicris rjui le poursuivaient, met les
autres en fuiie , et reçoit un coup de feu au
moment où il allait saisir le cheval du cavalier
qu'il avait tué.
Le cit. Camus , carabinier, démonta deux ca-
valiers, qu'il lit prisonnieis.
Lecit. Vinot, cirasstur , détaché en tirailleur ,
ayant éié assailli par deux tavjlieis autrichiens et
un grenadier hongrois , démonta l'uiî des cava-
TRIBUNAT.
Présidence de Thieaé.
SUITE ÛE LA SÉANCE DU ^ FRIMAIRE.
Suite de la motion d'ordre d'Arnouïd.
Depuis la réunion de la Belgique , il importe
de coustaier quelle a été 1 influence de cet im-
portant grenier sur le prix propoitionnel du bré
dans toute la république.
Je prendrai , pour documens à cet égard , le^s
mercuriales adressées au département de l'inlé-
ricur de tous les marchés de la France , et dont
les résultats généraux ont été publiés dans les
feuilles périodiques.
En opérant sur l'année moyenne des trois écou-
lées depuis la chute du papier-monnaie ; savoir :
l'an 5 , l'an 6 et l'an 7 ,
On trouve que sur les lo3 départemens qui
composent aujourd'hui la république française ,
Le prix moyen du septier de bled , mesure de
Patis , de «40 liv. pesant, a été comme il suit ;
Dans les 38 départemens du nord , du nord-est,
du centre et de la Belgique, il est de Ql francs
96 cent. , et la population cumulative est de 11
millions 670 mille individus.
Dans les 3o départemens de. l'est , de l'ouest et
du nord-ouesi, le prix moyen à été de 97 f. Sî c. ,
et la population cumulative de 9 millions 881 mille
iadrvrdus.
Dans les vingt-huit départemens du sud , du
sud-esi , et du sud-ouest , ce.prix moyen est de
35 fr. 4 cent. ; la population cumjuladve est de
'7 millions 48 mille individus. , •
Dans le département de la Seine , le prix moyen
esl de 20 fr. 62 cent.
Les renseigneraens sont incomplets pour les
deux dépatteraews de la Corse , et pour les quaue
du Rhin et iVIoselle.
Ainsi , depuis l'acquisition du grenier de la
Belgique , le minimum du prix du blé a été eti
France , taux moyen des années
5, 6 et 7 , de al fr. 96 c.
'Le médium de... 27 — Sa
Le maximum , de . 35 — 4
Il résulie plusieurs vérités de fait de cette com-
paraison.
1°. Malgré l'acquisiyon de ce nouveau grenier,
la diflFérence comparative du prix du blé au Nord
et au Midi est, année moyenne, sur trois dans
la proportion de 22 fr. à 35 fr. ; ce qui donne ,
dans le lieu de consommation , 60 pour cent
au-delà du prix qui existe dans le lieu de pro-
duction.
2° La difFérence serait biçn plus considérable ,
si la comparaison portait séparément entre cha-
que déparlement. Par exemple , le prix moyen
dans tout le courant de 1 an 8 , a été seulement
de 16 fr, 56 centimes le septier de Paris ; dans
le dépanemeni de la Marne, ci-devant Cham-
pagne , où est Châlons , Reims , etc. ce prix
moyen de l'annéi est monté à 60 fr. 19 cent. ;
dans le département du Var où est Toulon , et
même dans ce dernier département , le prix du
blé , en veniôse dernier , s'est élevé jusqu'à
81 fr. 54 centime». C'est , comparé au prix de
16 à 17 tr. , prés de quatre cetîts pour cent
d'augmeniaiion du prix du lieu di? production à
celui de consommaiion. (l)
Il n'y a pas de doute que cette grande varia-
tion , dans un moment de guerre , a également
pour cause et la difficulté d'approvisionner I4
Midi par la Méditerranée , et les obstacles de
plusieurs natures des communicaiions intérieures,
dont les effets à la vente , sous le gouvernement
protecteur de lan 8 , se sont fait généralement
moins ressentir que les années précédentes dans
touie la république ; mais dont le résultat n'est
encore que trop onéreux au propriétaire culti-
vateur qui volt , par les frais de iranspOTt . sa
denrée doublée ou iriplée de prix , loisqu'il est
foicé par le fisc de réaliser d avance , à vil prix ,
ses récoltes.
Le génie administratif ne saurait donc provo-
quer irop tôt des moyens piompls ei efficaces ,
de communications en tout sens du Nord ait
midi de la France. Les eneouragemciis pour la
construction des canaux , le curcmcnl des ports
maritimes et des rivières , la rcslauiation et la
confection des routes , les déirichemens ouïes
desséchemens , l'acqu sition accélérée de -rilu-
sieurs branches considéiabics , d'une in.iustria
recherchée dans la consrjmmalion iniérieure ou
de 1 Europe en général , la création des chefs-"
d'oeuvre des arts qui commandent l'admiratioa
et appellent les richesses des étrangers ; lous ces
produits , d'un travail manuel ou iiilelleciuel ,
doivent donc faire 1 objet des arnélioraiions à
réaliser.
Il serait facile de réunir d'aulres exemples
aussi frappans que ceux qui précédent . pour
prouver quelles autres branches impoitantes de
l'économie politique sollicitent l'éiablifsement
secourable d'un fonds d'amélioration spécial j
permanent et progressif pour 1 agriculture , lô
comiiierce , les manufactures et les arts ; mars
chacun de vous , citoyens collègues , est à por-
tée , à cet égard , de faire une heureuse appli-
cation des mêmes idées aux diverses localités
de la république qui lui sont plus particulière-
ment connues.
Le gouvernement direciorial avait sollicité, par
un message du ig germinal an 4 , une loi pour
les' encouragemcns , et celle du 6 messidor de
la même année en avait déterminé le montant à
4 millions, valeur fixe. La chute du papier-mandat
ayant rendu nulle cette valeur, deux nouveaux
messages successifs des 23 brumaiie an 5 et 2g
pluviôse an 6 , recommandereut cet objet à l'at-
tention sérieuse du corps - législatil ; mais la
marche toujours entrriîiiantc des événemens ,
empêcha qu'il ne fût définitivement statué sur
le mode de paiement des 4 millions fixés pour
encouragement , par la loi du 6 messidor an 4.
Tel sera toujours le sort d'une mesure isolée
qui ne prendia pas, comme dans l'cspcce pro-
posée , le caractère d une instituiion économiqua
permanente. Il s'agit donc aujourd'hui d'en jeter
les bases, et, à cet cflet , de reconnaître comment
on peut lui assigner Un fonds spécial.
Le choix de cetie assignation ne peut être
difficile , et il peut paraître surprenant que la loi
n'est point encore prononcée , que tout fonds
d'amélioration
pour 1 agriculiure , les canaux.
(l) On peirt voir encore, par les résultats qui précèdent sur l^
prix moyen de trois années . r" qu'une population de ri millions
670 mille individus paie en Fr.mce constamment k blé 22 fr.
le septier* de 2,lû livres ; 2" qu'une autre population de 16 mil-
lions 9:^0 mille individus acheté la même mesure au taux moyen
: de 32 Irancs. C'est la manière la moins défavorable d'envisager
i ces résuUat.s , car fiiire un prix commun poru- toure la France ,
; comme il arrive a quelque publitiste , en cumulant le prix du
! Hctr de la irroducLion avec celui du lieu de consoiriniation , ce
j serait additionner deux calamirés ; le bas prix cC le lla-t prix
cfui , se confondant numériquement , ne peuvent jarrrais présenter
l qu'un symptôme trompeur de prospérité , si l'on ne décompose
pas et si l'oir ne grouppe pas les tlémeos dsi divori pri» dli ble ,
', suivant les localitéi de la Franci.
le commerce, les manufactures ei les arts , serait
pris sur les produits des droits d'importation,
d'exportation et de navigation dont la percep-
tion constitJxe les douanes.
En efFet , tout droit de celte nature n'est essen-
tiellement qu'une avance ou un fonds commun ,
formé par les tributs partiels du commerce d'un
état , pour le plus grand avantage et la plus heu-
reuse extension de l'agriculture, des manufac-
tures et des aits dans le p:iys où ces droits sont
établis. Montesquieu observe que les douanes
bien organisées doivent concourir au bien géné-
ral de 1 état : l'auteur de la Richesse des Nations ,
en blâmant les peuples modi'rnes de leur insou-
ciance pour le commerce iniérienr et dé leur
extrême dévouement au commerce extérieur, re-
marque qu'ils ont fait servir les douanes . soit à
gêner et à restreindre les imporlations étrangères,
soit à étendre par des primes les exironatiorts'
nationales. Le livre sur la balance du commerce
a été plus loin , en désirant que le législateur fasse
tourner les produits des riouancS , au progrés du
commerce intérieur; >) alors, dit-il, l'activité se-
rait conservée aux extrémités de l'empire , et la
centre participerait au mouvement et à la vie qui
doivent être communiqués à toutes les parties du,
corps poliiique. (Tome II , page 94.) . .
C'est donc sur ce produit ou revenu des droits'
d'importation, d'exportation et de navigation',
que tout fonds d'amélioration doit être naturel-'
lement assigné , non seulemj;nt pour ne pas être'
illusoire , mais pour devenir encore le gériéia-
leur d'un plus grand produit de ce même revenu,
qui , ayant pour base les matières récoltées , fa-
briquées ou çoramercées , ressenlira nécessaire-
ment les elFets progressifs de« améliorations réa-'
lisées.
Comme l'on voit , en principe , la lolalilé du
produit net des douanes ne devrait avoir que ce'
genre d'afFcctalion , pour devenir .ninsi caisse'
d'agriculture et de commerce, au lieu de de-
meurer tionc fiscal ; mais pour uc rien déranger
27«
dans ce momept aux deux budgets de l'an 8 et
de l'an g, qui ont compris les douanes pour
"8 raillions dans les recettes au profit du trésor
public , je ne réclamerai poiir fonds d'améliora-
tion que l'excédent du produit au-delà de 8 mil-
lions ( I ).
Il résulte de renseignemens positifs et irrécu-
sables, que le produit net des douanes a éié en
laii 8 d'environ i3 millions 8oo mille francs ; ce
qui donne au-delà de 8 millions , un excédent de
près de 6 millions.
Il serait donc d'une législation sage et pré-
voyante, non-seulement de consacrer cet excé-
dent au fonds d'amélioration proposé, mais de
prononcer encore qu'à l'avenir, tout excédent,
à quelque somme qu'il puisse monter au-delà
de 8 millions , tonrnerait en enconragement de
l'agriculture, du commerce et des arts.
Vous appercevez , citoyens collègues , tons les
avantages de cette assignation ; si, par exemple,
l'excédent du produit net des douanes au-delà de
8 miiiions , s élevait successivement à 7 millions
«ur un revenu net de i5 millions , comme en
l'ati 5 , il serait possible , d'après de fructueuses
combinaisons , d'attirer successivement 100 mil-
lions de capitaux étrangers ou nationaux , par
exemple , vers la confection des canaux , le
curtment des ports , les défricbemens , les des-
séchemens , ou autre genre d'amélioration.
L'effet de cette aspiration de capitaux externes
pu stagnans dans l'intérieur, serait de vivifier
la circulaiion , conséquemment d'accroître le
mouvement et les quantités des malieies recollées ,
fabriquées et commercées , et dinfluer ainsi
d'abord sor le produit des douanes . qui pour-
raitmonter à 20 raillions les années subséquentes :
ce serait alors 12 millions d'excédent au-delà de
8 , et ces 12 millions composeraient le tonds
d'amélioration, devenu de celte ujiiniete pro-
gressif par son action sur lui-même. Son exis-
tence et sa distribution légale , en ravivant ainsi ,
sans que le calcul puisse déterminer la piopor-
tion , toutes les branches d'industrie agricole el
manufacturière , augmenteraient encore pai-là ,
au profit du trésor public . louies les recettes
assises , tant sur les terres que sur les transac-
tions et les consommations. Celle combinaison
très-simple . et puisée dans la nature des choses,
aurait donc pour objet, comme pour résultat ,
délevcr perpéiuelltmeni les revenus des parti-
<:uliers , afin de grossir sans violence les recettes
publiques.
J'ose dire que le moment est pressant pour
l'adoption d'une semblable mesure , soit qu'on la
considère sous le rapport des espérances fondées
d'une pacification , soit qu'on l'envisage sous le
point-dc-vue li'un état prolongé de guerre, soit
qu'on pesé son influence sur l'aisance du trésor
public , soit enfin qu'on réunisse à toutes ces con-
sidérations , les raisons de politique qui ne per-
mctlent plus d'ajourner l'activité des entreprises :
c'est par-là que doivent être effacées jusqu'aux
traces de nos calamités passées; c'est par-là que
les hommes seront mis en rapport avec les choses ,
au-lieu de s'cntre-déchirer ; c"est par-là que doit |
être opéré le licenciement paisible et fructueux
des armées continentales ; c'est aussi par-la que
feront assurés les moyens de tr.ivail et de sub-
sistance, à toute population qui refluerait vers la
France , en venu du règlement du 28 vendé-
miaire dernier. Car, citoyens tribuns , nous ne
devons pas perdre de vue un seul moment .que
si la soumission aux lois est une dette sacrée des
gdminisiiés envers le gouvernement , si même
la permanence de ce gouvernement est une pro-
priéié nationale qui ne saurait être violée saris
compromettre toutes les autres propriétés ptibli-
ques et particulières; c'est aussi une condition
qui dérive essentiellement de tout pacte social ,
que le mandat impose à ['autorité supiéme, d'ouvrir
sans cesse de nouvelles routes à lactiviié de
L'agricultuie , du commerce et des arts. Occu-
pai'on el salaire , voilà la liste civile des hommes
industrieux , parce que c'est le moyen le plus
économique , et en même tems le plus profitable,
de consolider l'existence du gouvernement qui
■donne . comme d'assurer le bien-êire et l'indé-
pendance de l'administré qui reçoit.
je crois avoir démontré toute l'utilité de mes
propositions que je réduis aux termes généraux
,suivans , afin de ne pas entraver toute discussion
ou toute détermination ultérieiire.
Je propose donc au tribunal d'émettre un vœu
«.tpour qu'il soit établi ou réservé , à dater de
j; an 9, sur le produit net des droits d'importation,
d'exportation et de navigation ou de douanes ,
■un fonds d'amélioration qui serve d'encourage-
mens pour l'agriculture , les canaux , le com-
merce , les manufactures et les artsî)
Déjà des lois faites en nécessitent d'autres sur
cette partie importante de l'administration publi-
que : tout est donc conforme ici à l'article XXIX
■ { 1 ) Le rapport du ministre des finances , annexé au message
des consuls du 25 frimaire , an 8 , réduit à 8 millions le produit
Bel des douanes au profit du trésor public. Les observations
du conscil-d'étal sur le projet de loi annexé au message des
consuls de ventôse deiniei , port» également ce produit des
douanes a 8 miUioM.
de la cCfTisiitniion. Je demande en conséquence ,
d'après l'article XLIV- de son règlement , que le
tribunal nomme une commission pour l'examen
de ma proposition.
Cette commission est renvoyée à l'examen d'une
commission de sept membres, composée des ci-
loyeiis Isnard , Laussat , Légier , Bosc , Chassiron,
Arnould etBérenger.
La séance est levée.
CORPS-LÉGISLATIF.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SÉANCE DU 7 FRIMAIRE.
Le procès-verbal est iu et approuvé.
Baraillon obtient la parole pour une motion
d'ordre.
Baraillon. Citoyens législateurs , je ne puis
vous exprimer ma surprise d'avoir trouvé dans la
distribution qui nous est faite, la motion lue hier
par. notre collègue Rousseau , imprimée sous le
sceau du corps-législatif; je ne pense pas que
cette assemblée puisse autoriser la publication
d'un écrit qui insulte à tous les membres désignés
dans votre liste préparatoire pour l'élection d'un
candidat au sénat-conservateur. Tous les nonas
que contient cette liste , méritent l'estime ptabli-
que , et plusieurs sont connui de l'Europe entière.
Je demande que le corps-législatif déclare for-
mellement quil désavoue l'opinion que je liii
dénonce , et que les frais d'impression en seront
supportés par son auteur.
Cette proposition est adoptée.
L'ordre du jour appelle la discussion sur les
changemens pioposés aux articles XXX et XXXI
du règlement.
Saint-Martin, Je viens cojrabattre la proposition
faite par notie collègue Rousseau, dans la motion
d'ordre du 2 de ce mois ; je les crois inconve-
nantes et inadmissibles.
Le citoyen Rousseau veut u \° que tant qu'un
orateur du tribunal ou du gouvernement de-
mande à répliquer, la parole lui soit accordée ,
et que toute acclamation générale ou demande
paiiiculiere de fermer la discussion ou d'aller aux
voix . soit interdite. >'
Ainsi , suivant notre collègue , le corps-légis-
latif doit s'imposer la loi d'entendre les orateurs
qui viennent dans son sein discuter les projets de
loi autant de fois qu il leur plaira de demander la
parole ; il doit s'en remettre entièrement à leur
discrétion. Envain chaque législateur aura-t-il ac-
quis , par les premiers discours ou par les répli-
ques, toutes les lumières nécessaires pour éclairer
son jugement et former son opinion ; aucun mem-
bre n'aura le droit de réclamer la clôture de la
discussion : bien plus , il sera interdit à la majo-
rité , à la généralité même de l'assemblée , de de-
mander qu'il soit procédé au scrutin !
La loi du ig nivôse , concernant les commu-
nicaiions respectives des auiorités chargées de
concourir à la formation des lois , a voulu ii que
)) la discussion ne puisse être fermée ni sur les
55 propositions de loi , ni sur les demandes de
I) nouveau délai, qu'après que chacun des ora-
>) leurs du gouvernement ou du tribunal aura été
)> entendu au moins une fois , s'il le demande. )'
Nous avons été plus loin par l'article XXX de
notre règlement ; la disposition que contient cet
article , et qu'un excès de précaution nous a fait
adopter, ne satisfait pas encore notre collègue
Rousseau ; il pousse le scrtipule jusqu'à vouloir
que nous nous lions de manière à ne fermer la
discussion , à n'aller aux voix que par la volonté
des orateurs, soit du gouvernement, soit du
tribunal.
Il n est pas à présumer , vous dit-on , que les
orateurs abusent d'une pareille faculté : soit ; mais
il n'est pas à présumer non plus que le corps-
législatif se trouve composé d'hommes assez peu
iusiruits et d'un entendement assez dur , pour
n'êire pas éclairés par les discours de quatre ou
six orateurs qui, tour à tour, auront parlé deux
fois , et dont chacun de nous pourra d'autant
mieux saisit les raisonnemens qu'il aura d'avance
médité sur la matière, d'après la lecture atenlive
des opinions diverses émises dans le tribunal.
Et si , ce que je ne puis croire , il se présentait
quelque matière tellement ardue , qu'il fût
possible de craindre qu'une discussion si pro-
longée ne l'eûtpas éclairée suffisamment, doil-on
faire au corps-législatif l'injure de présumer qu'il
se refusera à une seconde téplicjue ? Peut - il
former d'autre vœa ; peut-il avoir d'autre in-
tention que de donner au peuple français de
bonnes lois ?
Je ne conçois pas , je l'avoue , ce qui peut
avoir suggéré à notre collègue Rousseau 1 idée
de la proposition que je combats. Peut-il allé-
guer quelqu'exemple que la discussion ait été
trop précipitamment fermée ? Non ; mais j'eii
pourrais citer, moi , où des orateurs ont été
patiemment écoulés pendant des heures entières ,
quoiqu'il n'y tût aucun de nous qui, d'après les
ptemiers discours, n eût son opinion bien fixée.
) Il s'élève des murmures.- )
A la vérité , il est arrivé que quelques mem-
bres se sont permis de crier, aux voix avant que la
discussion eût été fermée ; mais ces mouvcmens
d'impatience produits par une intime conviction
que la madère était pleinement éclaircie , mou-
vemens blâmables sans .doute , exigeraient tout
au plus qu'on ajoutât au règUnient un article
pour les réprimer. Je dis tout au plus , purcc
qne cette addition me semble minutieuse et su-
perflue.
Le 2' article de la motion d'ordre ne me paraît
pas mériter un meilleur accueil.
Suivant l'aiticle XXXI, n La discussion étant
fermée le corps-législatif ne peut ajourner le
scrutin qu'à la séance du lendemain. >>.
Notre collègue trouve que dans certains caç
le terme de cet ajournement est trop court, ij
veut que le règlement ne détermirie point ce
terme , et que dans chaque affaire , il soit fixé
par l'assemblée.
Cette,, proposition peut paraître spécieuse au
premier coup - d'oeil ; mais en l'examinant de
près , on se convainct qu'elle ouvrirait la porte
à des inconvéniens bien plus réels , bien plus
graves que ceux qu'elle cherche à prévenir.
D'abord , tant que la majorité de l'assemblée ne
se croil pas suffisamment instruite , elle n'a garde
de fermer la discussion , et lant que la discussion
n'est pas fermée , le scuiin ne peu s'ouvrir ; ainsi
rinconvénient auquel notre collègue veut remé-
i dier , n'existe pas.
Ensuite , ou le tribunal a voté le rejet du projet
de loi , ou son vœu est pour l'adoplion. Dans tous
les cas, les opinions qui ont été émises nous sont
distribuées , et par conséquent une li:ciute atten-
tive nous fait, en quelque sorie , assister aux dé-
bats qui ont eu lieu dans son sein.
Quanta 1 objecilon faiie par notre collègue,
quil arrive que la discussion s'ouvre el se ferme
souvent ici avant que les opinions nous ayent
été distribuées , j'y ai déjà répondu ; c'est à la
majori'é du corps - législaiif , à continuer la dis-
cussion , si elle n'est point assez éclairée; lois-
quelle la ferme , c'est qu'elle croit avoir acquis
I toutes les lumières dont elle a besoin.
I II est possible au sur-plus que l'on arrête par
j addition au règlement , que la discussion d'aucun
I piojel n'aura lieu que 24 heures après la distri-
bution des discours prononcés au tribunal. La
proposition faite par notre honorable collègue ,
' exposerait à des débats qui lui feraient perdre ua
tems précieux , cl nuiraient à sa dignité. Qui ne
sent combien seraient pénibles , peu décentes ,
et nuisibles à la chose publique , les luttes qui
s'élèveraient à cet égard.
Je demande donc l'ordre du jour sur les propo-
posilions de n9!re collègue Rousseau.
( La suite demain. )
N. B. Dans la séance du 8 , le tribunal a voté
l'adoplion du projet de loi relatif à l'intérêt du,
cautionnement.
Le corps-législatif , dans sa séance du même
jour , a de nouveau procédé au scruiih pour
iindication d'un candidat au sénàt-consetvateur.
Il n y a point eu de majorité.
Loterie nationale de France.
Dans l'annonce du tirage de Bruxelles , du 5
frimaire , insérée dans le n" d'hier du Moniteur,
il s'est glissé une erreur que nous nous empres-
sons de rectifier , parce qu'elle pourrait donner
lieu àdes méprises désagréables. Dans les numéros
sortis par ce tirage - on a imprimé 53 au-lieu de
63 qui est le N°. réellement sorti.
Nous croyons à cet effet devoir redonner en soa
entier l'annonce du tirage de Bruxelles.
Tirage de Bruxelles , du 5 frimaire an 9.
Le tirage s'est fait publiquement dans une des
salles du bâtiment des finances , en présence du
préfet du département de la Dyle , du maire de
Bruxelles, du commissaire du gouvernement près
le tribunal criminel el de l'inspecteur en chef de
la loterie nationale.
Liste des nombres sortis de la roue de fortune.
Premier extrait. .. N". Sg.
Deuxième extrait. . . N°. 62.
Troisième extrait... N°. 68.
Qtjatrieme extrait,.. N°. 63.
Cinquième extrait. . . N''.2i.
Les cinq nombres ci-dessus produisent indé-
pendamment de cinq lots d'extraits simples , cinq
lots d'extraits déterminés, 10 ambes simplçs , 10
arabes déterminés , lo ternes , 3 quaiernes et un
quine.
Pour extrait conforme au procès-verbal du tirage.
Signé , les inspecteurs de la loterie nationale ,
GaBORRIA , GaMOT , ALBIT'tE.
Les administrateurs de Paris ,
|Amelot, Dutremblay , Thabaud.
A Paris , de limptiraerie de H. Agassc.
GAI
NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
jsr° 70.
Décadi , 1 0 frimaire m g de la république française , une et indiviiible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 NivÔse le M O N 1 1 E U R est le seul journal officiel
^ li contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelles des armées . ainsi que les faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Uh article sera particulièrement consacré aux sciences , aux atts et aux découvertes nouvelle».
EXTERIEUR.
O.
A F R I Q, u E.
Alger , le 3 brumaire an g.
"n ne doute point à Alger que les anglais ne
se soient opposés à la sortie de l'armée d'Egypte.
On est mêrae persuadé que leur intention était de
s'emparer de la Terre sainte , et les turcs pensent
que le séjour des français en Egypte est l'événe-
menl le plus heureux qui pouvait leur arriver.
Le cit. 'Thainville a obtenu la mise en liberté
de trois enfans , l'un français , l'autre espagnol et
le troisième génois.
Un capitaine anglais ayant refusé de se rendre
it l'appel d'un corsaire algérien, celui-ci l'a en-
voyé chercher par sa chaloupe ei lui a fait donner
cent coups de bâton. Le dey sur les plaintes qui
lui furent portées à cette occasion par l'agent
anghis , a répondu que le capitaine algérien avait
fait son devoir , et qu'à son retour il le récom-
penserait.
ESPAGNE.
Extrait d'une lettre de Cadix , du i5
uovembre f i 4 brumaire. )
Enfin nous respirons , le fléau qui désoUit ces
contiées ces"e d exercer ses ravages, et noscoeurs
sont ouvens à l'espoir d'en être entieremanl délivrés.
A N G L fc T E R R R.
Extrait des gazettes anglaises , du 10 aw 27
brumaire inclusivement.
Un navire , arrivé de Jersey à Plymouth , a
apporté la nouvelle de la perte sur les côtes de
celle île , des bâiimens de S. M. le Harick et le
Fetican , tous les deux de i8 canons. Les équi-
pages , à ce qu'il paraît , ont été sauvés.
Ces jours derniers , un particulier de Twicken-
ham se présenta au bureau de la police , bow-
street , et y donna avis que le nommé Cole ,
vannier de sa prolession , était dans l'habitude
de se servir d'expressions irrespectueuses en par-
]ant de S. M. et du gouvernement de son pays ,
etc. En conséquence de quoi, deux officiers de
police furent expédiés à ïwickenham , avec or-
dre d'arrêtei et d'inxtntt le nommé Cole qui ,
à son arrivée à bow-street , subit un interroga-
toire secret devant M. Ford , et fut conduit de
là à la maison correctionnelle de Tothill-Fielis.
Un irlandais a été trouvé mort dans la maison
de correction où il était détenu comme chargé
d'avoir pris part aux troubles dirlandc. Le jury
du Coroner la déclaré suicide. Le jugement qui
énonçait ladite déclaration . avait éié affiché sur
■un poieau érigé au lieu de sa sépulture ; mais
le lendemain plusieurs de ses compatriotes , ar-
més de bâtons, sont parvenus à enlever son corps.
Il a été pris sur les côtes d'Ecosse i8 jeunes
baleines , dont la plupart avaient 20 pieds de long
et 12 de circonférence ; leur graisse était de ttois
pouces dép.iisseur.
Les médecins et les chirurgiens de Chestcront
offert d inoculer gratuitement la vaccine à tous
les pauvres de cette ville et des environ».
Il a été amené un nombre considérable d'élé-
phans à la foire qui a eu lieu celte année à
jrt^nu/'aWjni. Nos marchands du Bengalen'en ont
pas acheié moins de 100 . à raison de 1700 à
sooo dollars chaque. En général , les éléphans
du Ceylan sont préférés à ceux du continent de
l'Inde , comme plus forts et supportant mieux
la fatigue.
Le fameux cheval de course, Young Marth ,
est mort , il y a quelques jours , à Aldburg-hall ,
âgé de 32 ans.
Un individu a payé la semaine passée la sotame
de 7000 liv. st. pour droit de timbre sur un
legs fait en sa faveur; mais cette somme n'ap-
proche pas de plusieurs autres acquittées à ce
bureau depuis près de quinze mois. Un simple
Jeg» a coâié de timbre 46,000 liv. st. ; un autre
s3,ooo;un troisième 11,000. Le droit de timbre
|iour succession de simples legs est de 6 pour cent.
Notre gouvernement au Cap de Bonne-Espé-
rance a pris à son service un ceriain nombre
de naturels du pays , qui habitent à 200 lieues
dans l'iniérieur , et qui promettent de devenir de
braves soldats.
Un ecclésiastique papiste, mon ces jours der-
niers dans l'avjbcrge de Gray , a laissé 10,000 1. st.
de bien , qu'il a léguées à trois bénédictins pour
c'/e partagées entre eux également , quoiqu'il
eût déclaré avoir des parcns dahs le besoin.
Avant-hier , dans une cour du conseil-com-
mun , le droit de ciié a éié unanimement voté
en faveur de M. Adam , pour avoir établi avec
un grand succès des magasins de harengs et de
pommes de terre à bon marché dans la cité.
M. Adam est dans l'intention de former un éta-
blissement semblable pour l« viande -de ■bou-
cherie.
La diligence de 'Weimouth , en sortant de la
ville, a sauté pnr l'effet d'une explosion de
poudre. Le cocher , une femme et un enfant
ont été blessés.
y ( Extrait du Morning-Chronich , du Sun , du
Times et du Courrier
INTÉRIEUR.
Extrait d'une lettre de Bruxelles du ^5
brumaire.
Toute mesure répressive de la mendicité sup-
pose la préexistence d'un éiablissément public
ort l'on puisse offrir à l'indigence les secours de
première nécessité. Il n'existe dans ce départe-
ment aucin dépôt de cette nature. Les moyens
manquent au gouvernementpour sn faire les frais
dans les circonstances actuelles ; l'ocitoi municipal
quelqu'onéreux quil soit aux contribuables , suffit
à peine aux besoins extrêuies des hospices :
au milieu de ces difficultés, je n'ai pas perdu
l'espoir de créer des ressources et d anéantir
avant peu la mendicité. Il fallait pour cela inté-
resser les citoyens de celte ville à la destruction
de ce fléau ; j'y suis parvenu. Il existe ici depuis
long-tems une société litiér lire qui se compose des
citoyens les plus tecommandables de Bruxelles,
sous les rapports de la fortune et de l'éducation.
Cette aggrégation avait été dissoute par les agens
d'un direcioire faible, inquiet et disposé par con-
séquent à voir des ennemis partout otî il supposait
des lumières et des richesses. Depuis , les socié-
taires partageant la confiance na ionale se sont
réunis de nouveau. Leurs' Sfàtuis m'aisi^nam une
place de membre honoraire , j ai pro&té de l'in-
fluencre quo me donnait mon caractère public et
des dispositions favorables de lï sociéié , pour
insinuer à quelques membres d'y proposer une
souscription pour rétablissemen des soupes à la
Runiford : celte idée a é'é accueillie , la souscrip-
tion ouverte il y a qu-lques jours se monte déjà ,
par le seul fait delà rotisaiion d'une centaine de
membres de la société . à une somme de raille*
écuj, au iTioyen de laquelle on se dispose à faire les
premiers essais de cette utile et bienfesante insti-
tution qui doit , pour dernier résultat ( en combi-
nant ses avantages avec ceux résultans de l'ouvet-
ture des atieliers publics projettes à Vilvorde) , me
donner les moyens de faire disparaître, avant peu,
la foule des mendians dont celte ville est obstruée.
Paris , le g frimaire.
L'article suivant est une preuve nouvelle de
l'opinion déjà émise plusieurs fois sur l'état de la
population de la France : il prouvera de plus
avec quel zèle on s'occupe actuellement en France
de l'établissement des soupes ou potages éco-
nomiques. 8aint-Lo, 13 brumaire an 9.
L'éiendue du département de la Manche est
de 654871130,4316 arcs. Il lut reconnu en 1790
que la mesure de son territoire était de 398 lieues
quarrées. L'auteur des Essais ne la porte qu'à
270 lieues. Cette énorme différence provient sans
doute de celle des anciennes mesiires qui avaient
la même dénomination, c'est-à-dire, de la lieue
commune de France , de la lieue marine, de la
lieue de deux mille et de deux raille quatre cent
toises.
La population de ce département, d'après les
derniers recensemens faits sous mes yeux, s'élève
à 528,787 habitans (i).
U me serait difficile de vous désigner précisé-
ment les causes qui, à cette époque, peuvent
augmenter ou diminuer la population de chaque
canton. Je ne puis gueres vous offrir que des ob-
servations générales.
( 1 ) 1 328 et demi par lieue ; M. Necliei ,11;
l8 genifralité ; cit. Vtaay , 490, 332 ; Attllur Yi
Cil. l'euctiet ; 538, 008 ; cit. frudliomt , 4 63,3 j
SaS.oog ; cil. CernoQ , i.},iii.
A entendre les vieillards et les dévots , la révo-
ution aurait aflrieiié un relâchement sensible dans
les moEurs des habitans des villes et des campa-
gnes. Le résultat devrait en être au profit de la
populauon; malheureusement c'est tout le con-
traire.
Les enfans , nés tors mariai^e, sOnt aujourd'hui
pour la plupart ou raahsaius ou mil conformés'
soit misère ou mauvaise honte , il sont exposés où
déposes dans les hospices. Là, par Ir défaut de
Ttournces ou rie moyens d y suppléer, ils périssent
a meiure qu ils arrivent.
Mais ce qp'il y a de nou moins affligeant
c est que des femmes mariées , par pauvrette, li-
bertinage , ou même par une insouciance cou-
pable , ne rougissent pas quelquefois de se dé-
barrasser de leurs enfans , en les faisant porter
aux_ hôpitaux, comme s'ils étaient orphelins. Pour
arrêter un tel abus, j'ai recommandé la plus
grande surveillance aux administrateur;;.
La mendicité est un des maux qui affligent le
plus ICI l'œil et le coeur de l'adminislraieur. Dans
les villes comme dans les campagnes, ce mal
contagieux prend sa source dans "la fainéantise
encore plus que dans une misère réelle. Linac^
non du commerce a désorganisé les ateliers dit
rl*^ u°^ °^'^^^ ' '^^ '* cessation des travaux es< née
1 habitude de la pa'resse et de mendier pour
vivre.
Pour réprimer le vagabondage et ôter tontpré-»
texte aux mendians , j ai pensé qo if convenait
préalablement de leur assurer une subsisiance
sa ubre et commode. J'ai excité dans louies- les
villes les administrateurs des hospices et des co-
mités de bienfesance à établir au plutôt les
soupes économiques à la Riimfort. J'ai t.nii venir
les plans des fourneaux; des modèles ont éié
exécutés en peiit, et j'ai lieu despérer que l'hiver
ne se passera pas sans que ces éiablisseraen»
utiles ne se soient étendus dans les principales
communes de ce département , au moyen de»
souscriptions que je ne cesserai d'encourager. Je
veillerai à ce .jue les cartes des souscripteurs ne
sciient par eux données qu'à la vieillesse et aux
véritables infiimcs. Q_uani aux mendians valides,
j exigerai qu'il soit établi , dans les hospices ,
des métiers divers, pour les faire travailler au
profit de la maison ; leur ouvrage sera à peu-près
apprécié , et le' prix leur eu sera payé partie en
nourriture et habillement , et partie en disiribu-
lions décadaires du pécule revenant à chacun.
Alors , des réglemens de police et une sur-
veillance exacte contraindront les mendians vaga-
bonds à chercher dans les hospices un asile oà
ils trouveront une subsistance certaine du tra-
vail et quelques profits.
~ On écrit de Vannes que des individus qui
avaient fait partie des rassemblemens de rébel-
lion , et qu'une crainte mal fondée avait empê-
chés jusqu'ici de se présenter au préfet , sont
venus lui fjire leur promesse de fidélité ; ils ont
été si convaincus , par son entretien, delà fran-
chise du gouvernement , qu'ils ont promis leurs
secours personnels contre quelques restes de
brigands; ils ont ajouté qu'ils décideraient plu-
sieu.s de leurs camarades à suivre leur exemple ,
et ils ont quitté la ville en criant vwe la répu-
blique !
MINISTERE DE LA MARINE.
Le cours des marées est rétabli dans le chenal
du Tiéport qui était obstrué par une quantité
énorme de galet : les habitans ont montré le
plus grand zelt pendant la durée des travaux ;
et l'ingénieur Tarbé, qui les dirigeait, a remarqué
parnculiérement le citoyen Dion. Ce citoyen
encourageait sans cesse les ouvriers par soo
exemple. Le 24 brumaire, il s'est plongé vo-
loniairement dans le nouveau lit du chenal, pour
en approfondir la fouille : quoique exténué de
fatigues , il ne s'en est retiré que lorsque la
force du courant ne lui a pas permis d'y rester ,
et il est demeuré sur les travaux en continuant
de se rendre utile.
Le citoyen Bcrtin , préfet maritime au Havre ,
s'est empressé de donner au citoyen Dion les
éloges diîs à son dévonment; et c est en présence
des habitans assemblés que le préposé de la
marine au Tréport a remis au citoyen Dion la
lettre que ce préfet lui a écrite.
274
TABLEAU GENERAL
Des naissmic^s . mariages , divorces , reconnaissances et adoptions d^enjans , et décès qui ont eu li<.u dans le départeinsnt
de la Seine , pendant fan 8 de la république française.
AUX DOMICILES.
NAISSANCES.
Actes
M O I S.
Enfans nés de maiiasts- i EnFans nés liui:
Viasculln. Féminin. Total. | Masculin. Féminii
TOTAL
GûNÉRAt,
Vendémiaire
Brumaire
Frimaire
Nivôse
Pluviôse
Ventôse
Germinal,. .....
Flclîéal
Prairial "•;
MliSSIDOR ;
Thermidor
Fructidor
ftjouis comiilémciUai
Total de l'année. .
Franciade.
Sceaux . .
65o
641
589
6.26
660
812
717
678
691
612
677
ô;8
8,0.3 1
79«
6S4
614
Sgo
56 1
658
73.
682
65y
627
5n6
654
676
7.623
742
65i
1,393
1,264
I,23l
I , I î n
1,20;
i.3i8
1,543
>,399
1.337
i.3iS
1,208
I.33I
1,354
i5.654
1.340
1,335
2,875
1,828
de recon-
naissance d'adoption
d' enfans.
i3i
9''
124
m
116
i3i
161
146
'47
i3o
170
157
170
161
187
i63
176
i5a
t5o
127
i34
128
162
148
225
275
«47
307
277
32 7
33 [
3;o
32S
277
262
3io
3,517
55
5o
.490
,5 06
.397
,5o8
,598
,870
,73o
,687
,646
,485
,593
,664
19,171
1,595
1,385
io5 I 2,980
340
262
272
249
3 ig
261
278
259
274
267
214
3i 1
.3o6
196
2Ql
397
684
DÉCÈS
Masculin.! Féminin.
i65
345
3y5
425
46S
408
56 1
557
4'>9
437
445
462
649
5.621
466
46S
367
365
40'
5i6
494
598
585
490
459
437
479
702
5 .8c,3
4S6
974
712
760
826
984
902
iiiSg
1.142
Q59
896
882
941
i,S5i
1 1.514
954
954
Le lotal "énéial Jc3 naissances, mariages, divorces, reconnaissances d'enfans , adopiions et décès à Domiciles dans louie l'étendue du
département de la Seine , donne :
1» Pour les naissances 9,623 garçons et g,oiS filles nés de mariages; total 18529 enfans néâ de mariages ; et i,8Si gar çons et 1.741 filles nés hora
(le ma[iua:es ; loial 3,622 enfans nés hors maiiages ; total des naissances 2,2i5l.
2°. 3,703 Mariages.
3°. 704 Divorces.
4°, 174 Reconnaissances d'enfans.
5°. 24 Adopiions.
6°. 6,555 Décès masculins et 6,867 décès féminins; total des décès i3,522.
AUX HOSPICES.
MOIS
Vendémiaire
Brumaire
Frimaire
Nivôse
Pluviôse
Ventôse
Germinal
Floréal
Prairial .......
Messidor
Thermidor
Fructidor
et jours complément.
Total de l'année.
Franciade.
Sceaux. . .
nais sances.
Enfans nés de mariages,
mascul. fémin. total.
182
i85
Enfans nés hors mariages,
mascul. fémin. lotal.
DÉCÈS.
mascul. 1 fémin. total
367
33
33
43
49
62
66
61
44
48
39
47
54
_579
3
49
35
43
48
58
68
55
53
39
65
35
594
68
85
97
120
134
116
97
87
104
82
100
1.173
108
loi
117
126
i65
171
i5i
123
117
126
101
i34
1,540
270
253
271
356
357
463
491
420
38 1
286
274
357-
4-179
126
405-
53 1
295
264
s83
390
342
469
406
349
36i
3oo
267
324
4,o5o
40
565
517
554
746
699
932
897
769
742
586
541
681
8,229
162
409
571
A LA MORGUE.
DECES.
mascul. fémin. total
29
129
Te total oénéral des naissances et des décès aux Hospices dans toute l'étendue du département de la Seine, donne :
\° Pour les naissances 191 garçons et 190 filles nés de mariages ; total 38l enfans nés de mariages ; et 582 garçons et 5g9 filles nés hors mariages;
total 1.181 enfans nés hors mariages; total des naissances i,562.
oo 4710 décès masculins et 4.090 déccs féminins ; total des décès 8,800. v^
30 A LA morgue , 100 décès masculins , 29 féminins ; loial des décès' 129.
275
RECAPITULÀTIOM GENERALE.
Paris ,
à domiciles .
aux hospices,
à la Moisue.
Total de Paris.
f RANCIADE
à domiciles
aux hospices. .
Sceaux., <
Total gén. du département.
à domiciles .
aux hospices.
Naissances.
Enfans nés des maiiag.
masc. fémin. total.
8,o3i
iSa
8,2i3
798
3
6S4
6
9v704
7,623
i85
7,8oS
742
I
65 1
4
9,206
Eiifans nés hors mar.
masc. (émin. total.
i5,G54
367
l6,0QI
1,540
4
1,335
10
i8,gio
1.828
2,407
•^94
3,5i7
1,173
2,s83 I 4,6go
2,340 I 4,8o3
gêner.
ig.171
1,54g
20,7 II
1,595
II
1,385
1 1
23,7i3
Actes
de
maria.
3,3o6
3,3o6
196
3,7o3
de
divor.
de recon-
d'entans.
9
704
i65
7
«74
d'adop-
tion.
DÉCÈS.
masc. fémin. .total
H
5',6'^i
4'>79
100
9,900
46G
126
405
11,365
5.893'
4,o5o
= 9
9972
488
36
fi;5i4
■1S,2 2^
l'29
1(^.872
m
leî
954
409
22,351
RÉSUMÉ.
Le nombre des naissances est de • • •. 23,7iS
Celui des décès est de 22.35i
En conséquence les naissances excédent les décès de . . 1,362
Certifié exact et véritable , par moi secrétaire-général de la préfecture du département de ta Seine. A Paris , /« 29 brumaire an 9 dt'''tà
république fraiiqaise. ■ ■ '~ '-
Signé, Et. Méjean.
CORPS-LEGISLATIF.
Présidence de Chatry-Lafosse^
suite de la séance du 7 FRIMAIRE.
Savary. Je pense que l'art. XXX doit être main-
tenu. Pour en provoquer le changement, il faut
supposer que le corps législatif pourrait vouloir
refuserlapaioie à un orateur qui la demanderait
pour porter la lumière sur une question qui ne
seiait pas suffisamment éclairée,
Or , on a vu des orateurs parler encore sur
une question plus que suffisamment développée ,
et il est presque sans exemple qu'un tribunal ait
voulu piOiioncer sur une question non déve-
loppée sans vouloir entendre l'orateur qui vou-
lait 1 éclairer.
Quant à lanicle XXXI , je crois qu'il serait
bon de le soumettre à la révision d une com-
mission.
La décision qu'a pris le tribunal , de n'envoyer
au corps législatif que ceux des membres qui ,
en cas de partage , auraient voté pour l'adop-
tion du projet de loi , rend nécessaire la lecture
et l'examen des opinions qui ont été émises dans
son sein contre le projet , et l'ajournement sera
un moyen d'attendre que les opinions nous
aient été distribuées.
Crochon. L'obligation d'entendre tous les ora-
teurs du tribiTnat ou du gouvernement , au moins
une fois , nous nous lasorames imposée par la loi
sur les communications entre les autorités char-
gées de concourir à la formation de la loi. Quant
au besoin d être instruits, l'article XXX qu'on
te permet de ciiliquer , y a pourvu . puisqu il
veut que la majorité qui aurait encore besoin de
dcveloppenieiis pour lotnier son opinion , puisse
accoiiler la réplique à l'orateur du tribunal eu
du gouvernement,' qui voudrait répliquer.
M.iiv , puifquoii rappelle au corps-législatif ses
devoirs . pouiqnoi donc ne parle-ton pas de ses
■ droits ? et qui pourrait lui conteste! celui de dé-
clarer qu il est suffisamment instruit ? qui pour-
rait vouloir lui imposer l'obligation découler
'. encore , quoique son instruction lût complctie ?
ne seiau-ce pas le réduire , le condamner à la
passibilité , provoquer son avilissement ? 'Voilà
ce qu'on vous propose : sans doute , on n'y a
pas létléchi. Q,uant à 1 instruction dont nous avons
besoin , suivant l'auteu'r de la motion , il peut
se rassuier , et quelle que soit mon estime pour
les laltns et les lumières des orateurs que le tri-
bunal et le gouvernement nous envoient , je
peme que la discussion est bien plus nécessaire
pour mériter à la loi la conhance et le respect
dn peuple <jue pour ajouter à notre instruction ,
à noire conviction , et je suis persuadé que cha-
cun de nous, apiè» avoir médité sur les piojcis
de loi soumis à notre sanction, arrive ici avec
une opinion faite que la discussion peut bien
fortifier, mais qu'elle ncchange pas. Voilà ce que
je pense en 1 honneur du corps- Icgislaiil. (Ou
niiirmnrc. ) ■ , , . .
Il serait sans doute inutile de rien ajouter pour
démontier l'inconvenance de la proposition qui
vous est faite, proposition ([ui ne tendiait quà
vous rendre auditeurs passifs de discours inutiles.
On prétend que les fondions que nous exerçons
»ont susceptibles d être assimilées à celles déjuges.
Je icpoutse la comparaison ; i<uis je dis à l'ora-
teur : igaorez-vous qu'aujourd'hui comme dans
l'ancien régime , le président d'un tribunal sur la
demande de ses collègues interrompt le défen-
seur officieux , et lui impose silence , par ces
mots la cauu est entendue ? et vous voudriez que
le corps - législatif , après avoir entendu six
orateurs pour l'adopiion de la loi , et trois
contre; vous voudriez, dis-je , qu'il eût encore
quelqiie chose à entendre ? Mais dans le premier
cas , Celui où le tribunal aura voie l'adoption du
projet de loi proposé , il me semble difficile que
six oiaieurs ne se répètent pas dans leurs moyens ,
et alors vous voudriez prolonger , au profit de ces
oraieuts , une discussion déjà ennuyeuse par les
rediies, les répéiiiions ; dans le cas contraire , et
le plus important , celui d'une vériiable discus-
sion , d'une opposition entre les orateurs du gou-
i vernement , que pouvez vous avoir encore à
I désirer , lorsque les orateurs opposans auront
I fait vriloir toutes les raisons présentées contre le
projet de loi ? que pourrez vous désirer pour ce
projet, lorsque vous auiez entendu trois orateurs
du gouvernement chargés de le défendre, et qui
le (iéfendront avec d'autant plus davantage qu'ils
connaîtront parla discussion préalable au tribunat
tous les moyens qui devront leur être opposés ?
Qiie l'auteur de la proposition que je combats soit
ûonc sans inquiémde , et que le corps-législatif
conserve tous ses droits , toutes ses prérogatives ,
et celle que je défends est une des plus belles. Le
corps-législatif ne voudra point être-dans la dé-
pendance des orateurs du tribunat ou du gouver-
nement. Lorsqu'ils auront épuisé le droit que leur
donne 11 loi d'être eniendus une fois , ils devront
recouiir à la bienveillance du corps-législaiif pour
parler une seconde fois , la raison le voulait ainsi ,
la loi l'a réglé , et votre dignité le commande. Je
demande donc la question préalable sur. la pro-
position dapporter aucune modification à l'ar-
ticle XXX de votre règlement. Je passe à la
seconde proposition relative à l'aititle XXXI,
qu'on désire de voir modifier.
Cet article XXXI de votre règlement a prévu
le tas extraordinaiie 011 la discussion trop pro-
longée ne vous permettrait pas de voter dans la
même séance , et le cas plus extraordinaire en-
core oii la majorité du corps-législatif aurait besoin
d'un délai pour foiraer son opinion sur la loi
proposée et discuiée. Dans ces deux cas , le
corps législatif consulté peut ajourner, mais
seulement au lendemain . l'émissiou de sa dé-
teimination. L'ameur de la motion trouve pour
tous les cas' cet ajournement trop rapproché ,
il désire que le corps législatif le détermine
chaque fois qu'il voudra eu user.
Les motifs dont on s'appuie sont que l'inter-
valle d'une séance à une, autre n'vst pas suffisant
pour recevoir et lire les opinions èriiises au tii-
bunal, et, l'on rapporte à ce sujet que dans la
dernicic session nous ne reçûmes qu'après 1 émis-
sion de lu loi les opinions par lesquelles elle avait
été combjttuei (ni ajoute qu aujourd t;ui nous ne
pouvons pas espérer qu'aucun oraleut du tribunat
vienne soiiieiiir le vœu de la minorité ; tjue les
mo5 ens (ju'elle .mra hat valoir nous seront exposés
sans développemeii» , avec faiblesse , et peut-être
avec paitialite. par I ora'cur de la majorité. Ainsi, et
poui noue plus gramie instruction , on demande
qu'on puisse aiouriier la décision du corps-légis-
latif à deux , tiois , quatre jours au plus.
Celte j/ioiposiiiioii est plus importante qu'elle
ne le p.ir.iitia tlaboid ; elle tient surtout à la
loiinaliou du la. loi plus que 11c l'a pensé celui
j qui vous l'a faite. Qit'il relise , qu'il médite l'ar-
ticle XXXIV de la constitution , et qu'il me
l dise si sa proposition est bien en harmonie avec
: le texte constitutionnel qui ne souffrirait qu'avec
ï peine une imerprétatinn. je défendrai , avec au-
; tant d'énerg'e iju'aucun autre le? prérogatives
i du corps-législatif; mais je ne verrais pas-sans
S une très-grande peine qu'il s'écartât de la coôs-
j tistution pour jouir de plus de liberté. A cet
I égard, votre profonde sagesse me rassure : et je
1 suis certain que vous, repousserez , Sans hésiter ,
[ la proposition qui vous est fournie ; et je regrette
I bien sincèrement qu'elle ait été faite.^
j Darj^s mon opinion , l'art. 34 de la constitution ,
j et la loi qui règle les communications des auto-
I rites chargées de s;» conlection ne comporte''nt
j aucun ajournement : aussi , et, pour les atyax cas
I que j'ai exprimés plus haut , si le corps-législatif
i remet au lendemain 1 émission de son vœu , il n'a
I fait que suspendie sa séance , et le premier objet
i dont il doit s'occuper, est de procéder au scrutin,
j de manière qu'il n'y ait véritablement aucune
i opération intermédiaire entre la clôture de>la
discussion et l'émission du vote sur la loi. Voilà ,
J citoyens représenlans , l'esprit dans lequel l'art.
j XXXI de votre règlement a été conçu, qu il voua
I a été présenté , que vous l'avez adopté : auireraent
il serait impossible de le justifier ; mais qu'on
ajourne à deux , trois ou quatre jours l'opération
du scrutin, c'est ce que je ne p'uis. concevoir , et
sur-toutsans de grands inconvéniens. Parexeimple,
l'auteur de la proposition-ne dehiande ce délai
que pour que chacun de nous puisse sinstiuire
davantage; mais. notre irisliiuction Haït ou se for-
tifie sur-tout par la discussion. Il laudrait donc
Sn'admettre à voter que ceux des membres qui
I auraient assisté à la discussion. Comment en faire
la- distinction ? comment sUr-tout priver de'leurs'
[ droits des membres qui voudraient en u.s£r?|Cet
i inconvénient qui n'est pas le moins grave, cora-
rne/it nous proposefa-t-oo deî I éviter ? fi'e rc-
, pugne-t'-il pas à la constitution qui veut que les
projets de loi soient discuiéç devant le corps-
législatif? ne repugne-l-il pas d admettre à voter
ceux qui .n'auront:point e.ntïndu la discussion?
La discussion est censée çpérer la conviction , et
l'émission n'en peut être différée'. - ;
Je ne réfuterai pas les raisons liréçs des relards
que peuvent éprouver les distribUuons "du tri-
bunat , et de la nécessité de lire lés opinions" po'ur
et contre la loi, pour notie insu uctionV j'y' ai
déjà répondu, et.j ^ajoute qui I suffira à '■chacun
de nous d avoir médité d'avance sur les piiojets
préseuiés , et qu'on nous rappelle succuicicmant
les opinions pour et contre émises au tribunat.
Mais-le gouveriiement qui a l'initiative desilois^qui
fixe le jour delà discussion, d après 1 èpoqùoi^le
jour on il aura besoin de la loi, le gouvernement
ne se se tait-il point tiompé dans ses attentes ,-si le
corps - législatif pouvait retarder, ajourner ré-
mission de son vœu? Pouriiez-vous'adopteri la
proposition qui vous est Liiie , sans la partifci-
paiion des autres autoiiiés qui concourent à-'la
formation de la loi ? non , sans douie , et c'est
dans ce sens que j'ai dit que la propositionuque
je combats , tenait plu? qu'on ne pensait j ,â la
conlection de la loi. , ,,,;f. jf
Vous suppléerez , citoyens collègues, aux
raisonnemens que je pourrais ajouter , et-que
je crois sage de supprimer.
Je demande la question préalable sur la pio-
posi[ii}n.
Legtanâ. J'attaque «us&i Uarticlc XXX du Té-
glement comme inconvenant et inconstiiution-
nel. Il est inconvenant en ce qu'il usurpe ,
en faveni de la majorité , les droits de la mino-
rité du corps législatif. Que viennent faire les
orateurs du gouvernement et ceux du tribunal ,
lorsqu'ils sont admis dans cette enceinte ? Vous
présenter des projets de loi , et les débalive
pour vous mettre à portée de prononcer sur leur
méiite et leur utilité. La question est infiniinent
grave. Il ne s'agit point ici d'intérêts particu-
liers ; mais d'intérêt national dans ce qu'il pré-
sente de plus important. Or, si dans les transac-
tions les plus ordinaires , si dans les plus minces
procès on accorde toute la latitude posssible ,
ti les juges respectent assez les éniinenies fonc-
tions dont ils sont chargés, pour laisser aux ora-
teurs le tems d'éclaircir les difficultés , comment
vous , dont les fonctions sont encore plus au-
gustes, refuseiie^-vous à un orateur le tems né-
cessaire pour faire connaître les motifs qu'il croit
favorables ou contraires aux projets de loi sou-
mis à votre délibération ? Vous devez à Tinlérêt
majeur d'une telle circonstance de ne procéder
au scrutin qu'après que tous les orateurs ont
déclaré qu'ils n'ont plus rien à dire pour ou
contre. A bien examiner la majorité dans son
principe , a-t-elle le droit de prononcer avant que
les débats soient achevés, tant que ceux qui
viennent au nom du peuple ou au nom du gou-
vernement discuter des mesures d'utilité géné-
rale , croient avoir encore à faire entendre ou
des considérations nouvelles, ou des réflexions
jusque-là trop peu développées et trop peu
senties ?
Par l'article que je combats , il est évident que
la majorité du corps-législatif usurperait les droits
de la minorité. Nous sommes tous individuelle-
ment représentans du peuple et ses organes ! les
droits et les devoirs sont égaiix pour tous : aucun
de nous n'a le droit d'usutper celui d'un autre :
or dans le cas où la majorité refuse d'entendre un
orateur soit pour soit contre un projet de loi ,
n'en résulte-l-il pas que la majorité usurpe les
droits de la minorité ? ( On murmure. )
Legvand termine en déclarant ne trouver rien à
objecter contre l'article 3i du règlement.
Un grand nombre démembres demandent la ques-
tion préalable sur le tout.
Bréard. Je demande la division , et que la ques-
tion préalable soit mise aux voix successivement
sur les deux articles.
L'assemblée passe à l'ordre dû joui sur le
tout.
On procède de suite au premier tour de scrutin
d'élection pour un candidat à présenter au sénat-
conservateur. Les votans sont au nombre de 264.
Le résultat du dépouillement ne donne à per-
sonne la majoiilé absolue. — Les suffrages sont
distribués ainsi qu'il suit :
Vacher, législateur , 4 voix; Dedeley-Dagier,
idem , 5o ; Grégoire , idem, 44 ;Carnot,36; Merlin,
l3; Reveillere-Lépaux, l4iDuval, 7; Tronchet,
. 6;Daunou, 4; Bossu, 5; Saget , 3 ; Viry , 3;
Guyoï-Desherbiers , 2 ; Pérignon, 3; MoUevaut,
8 ; Rossée , s ; Bigot-Préameneu , 2 ; Morand-
Dupuc ,'3 ; Chatry-Lafosse , s.
Les 95 autres voix se Sont partagées par unité*
tntre autant de citoyens.
Un second tour de scrutin aura Iteu demain.
La séance est levée,
TRIBU N A T.
Présidence de Thiessé.
SÉANCE DU 8 FRIMAIRE.
Un secrétaire fait lecture des procès-verbaux
,des 6 et 7 ; la rédaction en est approuvée.
L'ordre du jour appelle à la tribune le rappor-
teur du projet de loi relatif aux aiçchives natio-
,, «aies.
.' pi Labrouste. Citoyens tribuns , le projet de loi
■r. qtri vous est soumis a pour but de déterminer la
sature, la forme et les délais des dépôts à faire
aux archives nationales par divers' corps consti-
tués de la république ; il ne renferme qu'un Irès-
petitnombre de dispositions tellement nécessaires
d»ns leur objet et tellement simples , que nous
nousabsli'jndrionsàson égard de toute discussion
ultérieure , si vous n'étiez , en niême tems que
les examinateurs contitutionnels des projets de
lois proposés, les provocateurs également cons-
titutionnels des lois qui restent à faire , et si nous
lie vous devions à ce titre un compte exact des
omissions que nons avons cru remarquer.
(L'orateur indique ici les principales dispo-
sitions du projet.)
«76
Nul doute , dii-il que les divers actes dont il est I tomber , par l'effet de sa négli'genee ou du tffnv» .
question dans ce ptojel , ne doivent être déposés | dans la dépendance de tel ou de tel niiniiire . dî
aux archives nationales. Ils doivent en former la | telle ou lelle administration ou agence ? El quel-
base , comme ils forment la base et la garantie du | qu'éloigoées que soient aujourd hiii sutiout , de,
pacte social et de la législation de l'état politique
et civil du peuple français : nul doutfe encore
qu'une.loi ne fût nécessaire pour assurer ces di-
veis dépôts. Mais si le projet de loi propose est
bon et utile dans son objet, ne deyez-vous pas
rechercher avec soin, indiquer avec franchise ,
ce que l'organisation actuelle des archives peut
encore laisser à désirer ?
Indépendamment des actes principaux qtie le
projet de loi impose à différens corps constitues
l'obligation de déposer aux arctiiveS nationales,
il peut en exister une infinité que le prc>jct n énu-
mere pas , et dont Je dépôt serait au moins coiive-
tiant et pourrait être même d'une uiiliié constante
pareilles craintes, que sera pour l'indépendance
d'un fonctionnaire chargé d'une immense re,<poii-
sabilité , que sera pour la nation dont le plus pré-
cieux dépôt est confié à sa garde , r^ue sera , pour
l'un et pour l'autre , une garantie que la loi n'a
pas établie ?
Nous irons plus loin , et nous ne balancerons
pas à dire que les dispositions que nous venons
d'examiner-', fussent elles l'expression de la loi
seraient encore incompleties et insuffisantes, liiles
attribuent au premier consul la nominaiion de l'ar-
chiviste; mais elles ne disent pas s'il sera nommé
à volonté, à lems ou à vie. Elles le déclaixiii icvo-
cable par le premier consul ; mais elles ne disent
De ce nombre, seraient sans - doute les actes et | pas s'il sera révocable à volonté o^ seulement /.our
autres pièces que le sénat-conserVateur , le coips
législatif et le tribunal jugeraient nécessaire d'y
déposer , et votre commission s'astendait a trouver
à ceiégard, dans Je projet de loi proposé, une
disposition qtiç l'orateur du gouvemejnent avait
annoncée. La faculté que nous réclamons est con-
sacrée , il est vrai , par l'arrêté des consuls du 8
prairial dernier , et nous sommes loin de penser
que son exercice ait à redouter aucun obstacle.
Mais cette faculté qu'exerçait seul auirelois
malversation préalablement jugée. Ces dispositions
sont indisi ensables quand il s'agit de nominations
dans un état où il y a des fonctionnaires révocables
à volonté , des toncilonnaites à teins , et des fonc-
tionnaiies à vie : elles sont plus indispensables en-
core , lorsqu'il s'agit d'un fonctionnaire, dont la,
nominaiion ei la responsabilité ont.jusques à C«
jour , consiammeni fait exception aux règles com-
munes : elles sont indispensables ïur-tout , quand
ce fonctionnaire a besoin d'une indépendance
corps-législatif, tient essentiellement à la digniié d'une garantie proportionnées à l'immense res-
des premiers corps constitués de la république , et ponsabilité qu il porte, et aux grands intéiêls don*
peut, dans bien des cas , offrir à la liberré poli- il çU chargé.
tiqUe et civile une garantie de plu». Nous pensons Telles sont , citoyens tribuns . les observations
que la loi seule doit , qu'elle peut seule , conve- que nous ont suggérées l'examen du projetdeloi,
nablement et soEdement la consacrer; et nous re- | et l'étude qu'il nous a conduits à faire du régime
gaidons comme une omission le silence qti à | actuel des archives nationales,
gardé à cet égatd le projet de loi dont la dis- j j^ous le répétons, au surplus , ces observa-
" ' " lions tendent à prouver la nécessité de dispo-
sitions nouvelles , mais ne conirarieiit pas celles
renfermées dans le projet soumis à voire exa-
men. Ce projet est bon et utile en soi. Il est
important dans son objet , conforme aux prin-
cipes dans ses détails, sans danger dans ses
conséquences ; et votre cr^mmission vous pro-
pose de voter son adoption.
Le tribunal ordonne l'impression tle ce rap-
port , et ajourne la discussion.
[ La suite demain.)
cussion vous occupe
Nous n'avons' aucune objection à faire sur la
quotité du traitement qu'atiribue à l'archiviste
l'ariêté des consuls du 8 prairial dernier. Restreint
dans de justes 'bornes , il nous a paru égale-
ment éloigné d'une prodigalité blâmable, et
d une parcimonie non moins dangereuse ; il est
de plus , ce quil fut toujours, égal à celui des
membres du corps législatif. Mais s'il est vrai
qu'aucune dépense ne puisse être mise à la
charge de l'état, si elle n'a été consentie et fixée
par une loi ,- et si attribuer un traitement à un
fonctionnaire public est bien consentir et fixer
une nouvelle dépense publique , nous nous
croyons autorisés à penser que la fixation faite , bunat , et Délerraont , orateur du eotrvernem''enV
à cet égard , {iar l'arrête des consuls , n est pas ■ , „4„^,i ,„ „_;^. j_ 1„; „..; .^ j" H,. '"^'"^"' '
N. B. Dans la séance du 9 , le corps-législatif,
après avoir entendu Dieudonné , organe du tri-
définitive ; et nous regardons comme omise dans
le projet la disposition législative qui devait la
consacrer.
Une autre observation non moins importante
a frappé votre commission ; elle porte sur to"t
ce qui lient à la nomination , à la responsabilité
et a la garantie de l'archiviste.
Vous avcr vu , dans les lois précédemment
existantes , quelle importance a toujours été at-
tachée au dépôt des archives nationales , et dans
quelle indépendance l'archiviste a , par suite de
cette importance même , été constamment placé ;
nommé par le corps-législatif , responsable en-
vers lui seul, et ordonnançant immédiatement
les dépenses des archives , lui et le dépôt qu'on
lui avait confié semblaient mis exclusivement sous
la surveillance publique et la garantie nationale.
Cette indépendance que les diverses assemblées
représentatives se sont accordées , dans tous les
tems . à garantir au dépositaire des archives , il
suffit , pour' eo apprécier les motifs et l'impor-
tance , de jeter un instant les yeux sur les giands
intérêts livrés à sa foi , et le précieux dépôt confié
à sa stirveillance.
Ces vérités ont été senties par le gouvernement ,
à qui elles ont dicté plusieurs des disposidons de
son arrêté. Mais indépendamment de ce que ces
dispositions n'ont pas , dans la forme où on les
a piises , le caractère de stabilité si désirable , et
que la loi seule peut leur imprimer, nous croyons
qu'elles sont d ailleurs insuffisantes en elles-mêmes;
et nous allons tâcher de le démontrer.
a adopté le projet de loi qui réduit à 7 pour cent
l'ioiérêt des cautionnemens fournis par les rece-
veurs généraux et particuliers des contribution»
directes.
Il s'est occupé ensuite du troisième tour de
scrutin pour l'élfction d un candidat à présenter
au sénat-conservateur. La pluralité des suffragei
s'est fixée sur Dedeley-d'Agier.
Le prix de la gravure représentant Turenne ,
et annoncée dans le numéro du 20 brumaire , esi
de 9 francs.
COURS DU CH AN G Ji.
Bourse du g frimaire.
Rente provisoire sS fr. 38 c.
Tiers consolidé 34 fr, 25 c.
Bons deux tiers 1 |r, 60 c.
Bons d'arréragé 86 fr. 5o c.
Bons pour l'an 8 95 fr.
Syndicat 82 fr.
Coupures 83 fr.
S P E C T A C L,E S.
Théâtre de la Republiqtje et np.s Arts.
Auj. Orphée , et le balletde Héro et Léandre.
Le 12 , Dardanus , opéra en 3 actes.
Incessamment [Oratorio d'Haydn , intitulé Ia
Création du Monde , parodié et rois en vers fran-
Nul doute que , dans l'état actuel des choses , I çais par le cit. Ségur jeune , traduit de l'allemand^
la surveillance des archives nationales, comme
celles de tous autres étabfissemens , de tous autres
dépôts publics , n'appartienne au gouvernement.
Nul doute encore que les nominations aux fonc-
tions'pi^bhqùes , lésant , à l'exception de celles
constitutionnellement dévolues à d'autres, partie
des attributions du gouvernement , celle de l'ar-
chiviste ne lui appartienne. Nul doute , enfin , que
l'arrêté du 8 prairial dernier n'ait beaucoup fait
pour l'indépendance et la garantie de l'archiviste,
en attribuant spécialement sa nomination au pre-
mier consul , et en le plaçant sous son autorité Auj. le Château de Duncan , suiv. de la Femme
immédiate. j"f« « partie.
Théâtre de la Cité-Vartètés. — Pantomimer.
Aujourd. l'Elevé de la Nature , pnnt. allégorique
à grand spectacle , suivie de Molière jaloux et d«
Cadi'chon.
et la musique arrangée parD. Steibelt. — Le prix
des places sera doublé.
Théâtre de la rue Feydeau. Aujourd'hui
Roméo et Juliette , opéra en 3 actes.
Théâtre DES JEUNES élevés, rue deTbionville.
Auj. Jeannot et Colin; Cassandre comédien,, et
le Chaudronnier de Saiot-Flour.
Théâtre du Vaudeville. Auj. le Pot-pourri;
la Revue de Van 8 , et M. Guillaume.
Théâtre du Marais , rue Culture-Catherine.
Mais un simple arrêté ne peut-il pas être rap-
porté aussi aisément qu'il a été pris ? L'itnportarice
attachée à la nomination de cet archiviste , ne
peut-elle pas être méconnue ? ne peut-il pas
A Paris , de l'iniprimetic du cit. Amasse , propriétaire du Monitetu^ rua Aet Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N^ Ti.
Primedi , 1 1 frimaire an g de la république française , une et indivisible.
Mous sommes aurorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le MONITEUR es: le seul journal officiel.
Il coudent les séances des autorités constituées , les actes du gouvernemeni , les nouvelles des armées , ainsi que les faits et les notions tant
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences , aux arts et aux découvectes nouvelles.
EXTERIEUR.
ANGLETERRE.
Extrait continué des gazettes anglaises , du
10 au 27 brumaire inclusivement.
jyj.lSTRISsSlDDONSa reparu à Drury-Lane dans le
rôledeMisttiss Hallerde l'Etranger (thestranger ou
Misantiopie ei Repentir). Elle a joué avec tant de
vérité et de sensibilité , qu'elle a fait fondre en
larmes la plus grande partie des spectateurs. Une
femme est tombée en convulsion, et on a été
obligé de l'emporter.
Deux maniaques , dont l'un se dit Zion , fils
du roi , et en relation intime avec Jésus-Christ ,
ont été arrêtés à Buckingham-House , où ils vou-
laient parler à S. M. : ils ont été conduits à Bow-
Strett , par-devant M. Ford , qui , après les avoir
interrogés , a ordonné de les vêtir et de les trans-
férer à la maison de correct'on , avec recom-
mandation d'en prendri^ le plus grand soin.
Le docteur Whilbe fait imprimer un ouvrage
«avant de sa composition , relatif à l'histoire d'E-
gypte.
Les occupations du docteur Hornsby l'empê-
chent de continuer la publication des tables et
des obseivations de Bradley. Il est à regretter
que M. Powell ne veuille pas se charger de ce
travail.
M. Robert Hope, trésorier du vaisseau du roi
le Puissant, âgé de So ans , vient d'épouser miss
Fanny Paul , de Porisinouth, âgée de i3 ans.
Elizabeth Shaw est morte , il y a trois semaines ,
dans le Lincolnshire , âgée de Il^ ans; elle a
conservé tous ses sens jusqu'à sa mort , et se
souvenait de la révolution de i68S.
On apprend de Madras que le roi de Perse,
vers leq;;el le colonel Malcolin a été envoyé en
ambassade, a transféré sa cour d Ispahan à Fera-
bad , ville trés-beile , située à un mille et demi
de la première , et qui s'étend l'espace d'environ
trois milles le long du Zenderoulh.
Un libraire ayant acheté la bibliothèque du
docteur Wanon , mort dernièrement , a trouvé
dans un des livres ,' en les arrangeant dans sa
boutique , des billets de banque pour la somme
de ii5 liv. sierl. , qu'il s'est empressé de trans-
mettre aux héritiers du docteur.
Le vaisseau de S. M. , le Fersée , venant de
Gibraltar, et arrivé à Portsmoulh , a été séparé
par un coup de vent dune flotte de navires
marchands sous son escorte.
Le Romney , de 5o , est entré à Shernes, après
avoir perdu tous ses mais , cl jette les canons de
ta batterie haute , à la mer.
Douvres , 21 brumaire. — Le chef d'accusation
mis en avant contÊc Napper-Tandy , porte sur
ce qu'il est dit avoir accepté et exercé la com-
mission de général de brigade au service de la
république trançaise.
Il a été coupé la semaine dernière , dans un
jardin près de Workinton , un chou qui pesait
45 liv et demi.
Le nombre des personnes embarquées sur le
Pucei , se montait à 33o , et la perte de ce bâti-
ment, brûlé dans le port de Saint- Salvador,
au Brésil , est évaluée à i5o,ooo liv. sterl.
Quelque mal que nous aient fait dans cette
guerre la poudre et les balles de l'ennemi , il
n'approche pas de celui que nous éprouvons
journellement des poudres et des pillules de nos
empyriques.
( Extrait du Sun et du Morning-Chronide. j
INTÉRIEUR.
Paris , le 10 frimaire.
Sept mille soldats russes sont prisonniersen
Fiance depuis piés de i5 mois ; une partie a été
faite prisonnière en combattant avec l'armée au-
trichienne ; l'autre patiie combattant avec l'armée
aijglaise en Baiavie.
La bravoure des troupe» russes a depuis long-
lems mérité l'intérêt du premier consul..
Habitués à un climat si différent du nôtre , il
âfait naturel que leur échange eût lieu de pré-
Mrence à celui de» anglais ei des autrichiens.
Mai» k> gouvernement de ces deux nations
ont refusé de recevoir des russes dans les car-
tels d'échange. Le gouvernement anglais a poussé
plus loin l'injustice et l'égf/tsme ; il a tefusé
d'échanger les lioo russes qui étaient à sa
solde , et qui fesaient partie de l'armée du duc
d 'Vorck , quoiqu'il y eût plus de «0,000 français
prisonniers en Angleterre.
Le premier consul, révolté d'une injustice aussi
criante , professatit d'ailleurs, depuis iong-tems
une estime toute particulière pour la loyauté et
la franchise de Paul I'^, lui a fait offrir de lui rcn-
j voyer ses prisonniers, sans échange et sans rançon.
' Le premier consul a donné des ordres pour qu'ils
fussent tous réunis dans les déparlemens du Nord,
ou le climat est plus analogue au leur. Le ministre
de la guerre fait confectionner ieur habillement ;
on croit que l'intention du gouvernement est de
les renvoyer en Russie avec l'uniforme de leurs
régimens.
— L'on vient de recevoir de Bucharest, du aS
octobre 1800 , la nouvelle que les troupes de
Passwan-Oglou ont attaqué celles de la Porte ,
le 19 de ce mois , avec une tçlle violence , que la
défaite a été totale sur toute la ligne. — Le corps
principal , sous les ordres de Placi , pacha , a
été même entièrement dispersé; les troupes de
Passwan-Oglou ont enlevé la caisse militaire ,
neuf pièces de canon , toutes les munitions et
vivres de l'armée ottomane , dont la perte en
morts et blessés est très-considérable.
On craint que Passwan-Oglou n'entre en Vala-
chie et ne mette à contribution la capitale , oià
tout est en consternation.— Le prince a disposé
ses troupes le long du Danube , pour empêcher
le passage du fleuve , et il a en outre un corps
considérable à Bucharest , avec lequel il compte
se défendre.
— A la nouvelle subite inattendue, allarmanée de
l'attentat qui médité contre les jours du premier
consul , devait être exécuté le 18 vendémiaire , les
autorités supérieures que Paris renferme , se sont
einpressées d'exprimer les sentimens que cet
événement fesait naître. Si elles ont eu le privilège
déparier les premières, elles ont eu l'avantaae de
servir d'interprètes à la France , qui bientôt fe-
sant par-tout entendre le même langage , et par-
tout émettant les mêmes vœux, semblait avoir à
l'avance choisi ces autorités pour ses organes.
Nous empresser de faire connaître les premiefs
témoignages de l'allarme publique, fut un devoir-
Mais de toutes lesjparlies de larépublique, d'autres
témoienagessonl venus à l'appui des premiers. S'il
est difficile de les énumérer, s'il est presque ira-
possible de les faire connaître, indiquer leur
existence est un acte de rigoureuse impartialité :
nous craignons de ne le' remplir qu'imparfaile-
tnent : en effet donnerons-nous une idée juste de
l'immense, mais intéressante collection que nous
avons sous les yeux , en disant que par-tout, ma-
gistrats envoyés des dépanemens, préfets, conseils
de préfectures , secrétaires-généraux, maires , ad-
joints , commissaires , agens, négocians , cultiva-
teurs, citoyens, artistes, artisans, généraux, officiers,
soldats , femmes, adolesccns, vieillards , étrangers
même ,. soit dans uue foule immense d'adresses
collectives, oii le vœu de la cité qui a signé toute
entière se trouve déposé, soit dans d honorables
lettres individuelles , expriment leurs allarmes ,
peignent leur allégresse , protestent de leur dé-
voûment !
Ces adresses ont un caractère particulier qui
n'échappe point à l'œil attentif de l'observateur.
Leur envoi a été spontané. Les honneurs de la
tribune ne leur étaient point destinés : l'espoir
d'une éclatante publicité n'a pu leur servir de
mobile. Elles portent le cac-het de la franchise , la
concision : en les lisant, 00 ne peut y recon-
naître ni cet esprit d intérêt local , ni ces préten-
tions particulières , qui souvent ont pu grossir
le nombre des signataires , ni cette fausse exagé-
ration annonçant la terreur qu'on ressent par la
terreur qu'on inspire , ni sur-tout cette adula-
tion servile , langage indigne d'un grand peuple
épris des vertus de son chef , appréciateur de
son génie et rémunérateur de ses services.
Honorables et respectueuses pour le chef du
gouvernement , elles associent à la reconnais-
sance nationale , et les collègues du premier
consul , et son conseil , et le ministre qui veil-
lait sur lui , et cette garde brillante qui doit son
poste à sa renommée . sa renommée à sou cou-
rage , et son plus bel éclat à sa tidélité.
Elles sont écrites de ce ton simple , naturel et
vrai, a la sincérité duquel il est impossible de
ne pas croire , puisque , dans aucun tems ,. ce-
lui qui la pris ne pourrait prétendie l'avoir si-
miile : elles sont sur-loui rcmirquabics en ce
quelles ont le caractère du lépubl^canismc et
e sentiment de la vraie liberté. Dans toutes
linieiêt national est encore plus considéié que
celui même de l'homme auquel elles s'adies-
sent : on voit bien avec douleur le coup qu'il
devait recevoir ; mais sur-iout on contemple avec
eluoi la blessure profonde qui aurait déchiré le
sein de|la patrie.
En jeitant les yeux sur l'immense coUeciioll
de ces adresses , on ne doit pas être étonné de
voir I expression naîire presque par-tout la même ,
laouun vœu commun a conduit toutes les plumes.
Le sentiment n'a qu'un langage, et s'il était besoin
d une preuve de la sincérité des signataires , celle»
Cl pourrait suffire.
Touts'accorderasurcesdeuxpointsprincipaux:
Punition exemplaire du crime ;
Précautions sévères pour l'avenir.
Cependant dans le nombre de ces adresses, i^
en est que le nom, le caractère des signataire»,
feraient distinguer , si d'ailleurs l'expression qu'ils
emploient n'était en soi remarquable.
Ainsi l'on peut citer particulièrement la com-
mune de Bordeaux qui , fixant l'intérêt au seul
nom de son comtperce , déclare a que sa recon-
'» naissance et les besoins de la patrie sont la
'» mesure de l'indignation qu'elle a éprouvée. »
<t Envain, disent encore les magistrats et les
)> habitans de cette cité , envain les ennemis de la
" république armeront les mains pariicides et
'> sanguinaires: le génie de la France , qui a veillé
M sur vous au milieu des combats , qui vous a
>' guidé à travers les flots , conservera à la répu-t
>> blique son premier magistrat à qui elle doit
>> tant, de qui elle attend son bonheur et la sta-
>> bilité de son gouvernement, d
Il est aussi difficile de ne pas parler de ces
réunions spônianées des négocians des principale»
villes de France , exprimant quel prix ils attachent
pour l'accroissement et la prospérité du com-
merce , à un gouvernement stable , éclairé , pro-
tecteur, fondant l'élévation de leurs espérances
pour l'avenir sur le résultat connu des travaux
et des améliorations d'une année.
On doit citer aussi la commune de Toulouse-,
analysantainsi ses sentimens ; a Attachement pour
)> le premier consul , reconnaissance pour ses il-
>i lustres services ; joie pour le présent, espérance
" pour l'avenir. >>
Les habitans d'Evreux offrant a l'hommage de
)> leurs cœurs et les services de leurs bras, fi
Ceux de Montpellier honorant plus encore
(1 le vainqueur des factions que celui des en-
)) nemis , le resiauiateur des sciences, du com-
)) merce et des arts, que le conquérant et le iriora-
j» phateur. u ^
Le préfet du Rhin déclarant au premier con«ul
que " si la confiance et l'attachement du peuple
j) français peuvent lépandre quelques chrtimes
>> sur une vie qu'il a remplie de tant de hauts
J) faiis , jamais il n'a dû plus qu'aujourd'hui at-
jt tacher de prix à l'exislence. u :
Les p'réfeis du Var, des Bouches-du-Rhône, des
Landes , de la Haute-Vienne , du Léman, de la
Charente, de l'Ain , des Pyrénées , de lu Mo-
zelle. etc. etc. expriment un sentiment égal dans
des termes presque semblables.
Les maires et adjoints de l'a Rochelle rappellent
que les murs de cet ancien boulevard de l'i- dé-
pendance « renferment toujours des amis (le la li-
)> berté , noniment une juste défiance du crime
'» la dernière science des héros' ■,, et désirent que
M Bonaparte la réunisse à celles qu il possède. >>
Le préfet du département, du Nord , Joubert , se
rendant l'interprète des foncljpnnaires et des habi-
tans de ce vaste déparieinent, si féconcl en, res-
sources , si célèbre par ses, efforts , et proieslant
d'un dévoûraent garanf^i par les.pl us nobles sacri-
fices. . , ,'
Le préfet de la Roer, Sitnon. et le secrétaire-
général Jourdan qui ii placés aux confins de la ré-
j> publique et sentinelles avancées de l'état,
i> croyaient avoir devant eux tous les ennemis de
>i la France, et ne pensaient pas devoir trembler
)) pour des jours , respeciés au milieu de la sédi-
I) tioo des cités , des cbanips dé llialie, des désert»
ji de l'Afrique , des écueils de la mer , de» préci-
)) pices glacés , et des flottes ennemies, n
A une autre extrémité de la Fiance le préfet du
Mont-Blanc parlant du devoûment d'un peuple
d'autant plus juste appréciateur des services du
premier consul , qu il est plus voisin des lieux
illustrés par ses victoires.
Enfin Lyon et Valenciennes . soit que la pre-
mière parle de son industrie se ranimant , et de
ton coniraeice rendu à la vie, soit que l'autre
rtionire ses plaies encore seignantes , ses débris
dispersés , et ses habilans sans asyle , se réunis-
sant dans un sentiment commun de dévouement
et de fidélité ; « qui pourra , dit la première ,
91 disputer avec nous d'attachement pour le héros
«1 et le chef à qui nous devons tant de bientaiis ?
»î Qui refusera de çtolie , dit la seconde , à des
>i promesses scellées de notre sang ? qui doutera
5) d'une fidélité que les ravages ennemis n'ont fait
u qu'accroître. )>
La franchise , la loyauté,- le dévouement , tels
sont les caractères des lettres qu'une foule de mili-
taires adressent. Nous ne pouvons les nommer tous :
nous nous arrêtons aisément à ceux dont l'ex-
pression nous parait la plus remarquable. Le ci-
toyen Féry offre 3400 bras éprouvés sous le dra-
peau de la Sa', demi-brigade : le quartier-maître
de la 5g'. écrit du milieu des Alpes, quels sont
les senlimens de cette brave légion , en rappelant
au premier consul n qu'à Maringo elle combattait
•» à sa droite, n La 6'. , la 68'. de ligne , les corps
composant la 18'. division , les marins de Brest ,
les militaires composant la i5'. division , le corps
commandé en Lombardie par le général Vignolle ,
enfin ,un grand nombre d'officiers de tout grade ,
et lei braves qu'ils commandent , se proposent
pour gardiens fidèles , ou pour intrépides ven-
geurs.
> Mais un plus grand nombre de citoyens veu-
lent que le crime soit prévenu , poux n'avoir à
le punir , ni à le venger.
Parmi ceux qui donnent ce conseil de la pru-
dence . on distingue les magistrats et les habitans
d'une ville , dont la conduite pendant la révolu-
tion fut un modèle , puisque la sagesse y servit
tonstammçnl de règle au patriotisme. «< Consul ,
>) disent le préfet Beugnot et les habitans de
»» Rouen ; tous les français ont frémi , excepté
>» vous ; ne vous exposez plus. >'
t( Pour ne pas être alarmés , ajoutent les cit.
>î de Saône et Loire , il faudrait que tous nos
»> cœurs eussent 11 magnanimité du vôtre. )i
i< Vous avez bravé le poignard des assassins ,
» disent les fonctionnaires de la Rochelle , voilà
») le premier ton que nous ayons à reprocher à
>i voire sagesse. Ce n'est pas à Bonaparte que
>> l'on demande despreuves de courage.
tt Bonaparte généra! , écrit un citoyen de la
!) Haute-Loire , était maître d'expo,set ses jours
)> pour maîtriser la fortuné et augmenter la masse
51 de sa gloire; mais premier consul , il ne s'ap-
î' partient plus. Je laisse aux autorités constituées
5) le soin d'aitestéi que le crime était annoncé
») quinze jetrrs avaRt de le commettre. )>
<t 'Veillez sur vos j^urt , consul , ( disent les
»j cultivateurs de Liailcourt ) , nous vous rap-
ji pelons ce devoir avec franchise ; nous em-
>> ploierions la même sincérité pour vous en
î) rappeler d'autres , si votre administration ne
>i piévenait nos voeux, ii
Parmi ceux qui demandent avec le plus d'ins-
tance la punition du crime , on remarque les
magistrats de Pau , dont les souvenirs ont ici
de l'éloquence; le préfet des Vosges; les ma-
gistrats d Orléans ; Jes membres du tribunal
dOrthcz, déclarant it qu'il appartient à la répu-
>> blique de poursuivre les assassins de son pre-
)> mier magistrat >> ; les fonctionnaires de Grasse,
empruntant le langage de l'orateur romain contre
les comfilices de Catilina ; le préfet Faitpoul ,
qui II au nom de la liberté, de la pa^ie et du
41 repos de l'univers >i demande un exemple écla-
tant et une justice sévère.
Le préfet d'Etire-et-Loir , celui du Jura , et une
foule d'autres , qui, visitant ces départemens au
monàent ovi ils reçoivent la nouvelle du complot,
ont pu recueillir eux-mêmes le voeu des com-
munes ; le préfet du Gers qui peint a le peuple
»i français frappé dans la pefsonne àe son chef. '^
Le préfet de l'Yonne, R6ugier-la-Bergerie , celui
de la Di^ôme , CoUin; le commissaire-général de
police à Lyon , Noël -, le préfet du Rhône , Ver-
ninac , les magistrat» d'Auxonne , se glorifiant
>) d'avoir conjpté Bonaparte parmi les habitans de
«> cetttf ville; ndes compagnons de la jeunesse du
premier consul , joignant à l'expression de leur
sollicitude , celle de leur attachement ou de leur
reconnaissance particulière.
Le laconisme de quelques adresses suffirait pour
les faire remarquer. Ainsi s'expriment les juges de
Monlmorillon :
Il Citoyen consul on a conspiré contre vos jours,
>> la providence les a sauvés , grâces éternelles lui
t) soient rendues. >'
Beaucoup d'autres intéressetit , les unes par le
«7*
soin ingénieux avec lequel les fonctionnaires ont,
conservé , pour les transmettre , les expressions
et jusqu'au langage des cultivateurs; d'autres,
par des traits d'une na'iveté louchante ou d'une
piquante originalité.
A ces caractères particuliers , se joignent
des résultats plus généraux et plus sadslesans ;
la plupart des adresses annoncent en effet
que la nouvelle du danger a ralliéj les esprits ,' et a
fait disparaître les nuances d'opinions qui divi-
saient quelques communes; c'est par ce trait, de
tous peut-êiie le plus intéressant , que nous de-
vons terminer cette analyse.
— Hier soir , le cit. Getz . pâtissier sur le bou-
levard du Temple , revenant du marché aux che-
vaux , à la suite d'une querelle avec les deux
frères Poidatz , dont L'un est architecte du dépar-
tement de la Seine , a été frappé par ce dernier
d'un coup de couteau l.mcé dans l'estomac. La
garde a arrêté les deux frères ; la police a de
suite livré le prévenu au juge de paix. On espère
sauver la vie au bicssé.
— La nuit dernière le feu a pris dans un bateau
à poisson , près le Pont-Marie ; heureusement
une patrouille s'en est apperçue ; les secours
ont été si prompts que le feu a été bientôt éteint ,
et que l'on a préservé les bateaux de charbon
qui environnaient la barque incendiée.
— Toutes les dispositions sont prises à Bor-
deaux , pour l'établissemeut de bicnfesance des
soupes économiques. Les membres des premières
autorités y sont, comme à Paris, à la tête des
souscripteurs. Les mêmes dispositions sont faites
à Niort par les soins du préfet.
— M. Frauberg , astronome suédois , a entre-
pris , l'année passée , un voyage en Laponie
pour visiter les lieux oià Maupertuis et ses collè-
gues avaient mesuré le degré du méiidien. Il
s'est avancé bien plus au nord que les savans ,
et a trouvé à cette occasion que déjà , en l'an-
née i6Si . trois français , nommés Defercourt ,
Corberon etRegnard , avaient poussé leur voyage
jusqu'à 1 Eglise de Jukasjerswi . dans la latitude
de 67 degrés 3o minutes ; c'est-là qu'ils ont laissé
l'inscription si connue et publiée dans les œuvres
de notre second poëte comique :
Gallia nos genuit, vidit nos Africa , etc.
— Le grand oratorio d'Haydn , intitulé ta
Création du Monde , sera incessamment exécuté au
Théâtre de la république et des arts. La musique en
a été arrangée par D. Stebelt , et les paroles
françaises parodiées de l'allemand sont du citoyen
Ségur jeune. Garât et madame Barbier 'Walbonne
chanteront dans cet ,otatoiio. Le piano sera tenu
par D. Stebelt. L'orchestre devra être composé
de i5o musiciens.
— Le I" nivôse prochain , il sera ouvert à
Epinal , un concours public pour choisir le pro-
fesseur du cours gratuit d'accouchement qui doit
y être établi en vertu de l'arrêté du préfet du dé-
partement des Vosges et de l'autorisation du mi-
nistre de l'intérieur. Le cours commencera le
1" ventôse de chaque année et durera quatre mois.
Le prolesseur jouira d'un traitement annuel de
700 fr. Les personnes qui désireront se présenter ,
devront se faire inscrire avant le 20 frimaire à la
préfecturedu dépariement des Vosges.
— Il paraît en Espague deux traductions du
drame allemand de Kotsbiie , intitulé : Misan-
trop'u elRepentir.
T R I B U N A T.
Présidence de Thiessé.
SUITE DE LA SÉANCE DU 7 FRIMAIRE.
Chabot, de l'Allier. Tribuns, le projet de loi
soumis à votre discussion a pour objet de con-
server à la république des propriétés importantes
que des communes ont tenté d'usurper. Ce sont
les lois relatives au partage des communaux , qui
ont fourni le piétéxte et les moyens de ces usur-
pations devenues très-fréquentes.
Ce projet de loi est-il juste , est-il nécessaire
ou utile ? tels sont les rapports sous lesquels il
convient de l'examiner.
Fixons-nous d'abord , sur celte question qu'a
faite le gouvernement dans l'exposition de ses
motifs. Faut-il regarder les jugcmens sur lesquels
les autorités n'ont pas eu le tems de prononcer ,
comme définitivement acquis aux communes ?
est-ce ici le cas d'opposer à la nation une fin de
non-tecevoir ?
Il est évident , d'après ces expressions , que
le gouvernement a craint qu'on opposâtr une fin
de non-recevoir coiitre les appels des jugemens
arbitraux obtenus par les communes , lorsque
ces appels se trouveraient interjettes postérieure-
ment à l'expiration des délais fixés par la loi du
28 brumaire an 7.
Cependant , on pourrait lui répondre que les
articles III et IV de la loi ont bien fixé les délais
dans lesquels les adirairiistraiions centrales enver-
raient leurs avis sur les jugemens qu'elles croi-
raient devoir être maintenus , et les délais dans
lesquels le ministre statuerait si l'appel devait ou
non être interjette ; mais que ces articles ne par-
lent nullement du délai dans lequel les appels
devaient avoir lieu : que l'article II, qui a prescrit
aux commissaires près les administrations d'tnter-
jetter ces appels , n'a pas déterminé d'une manière
fixe et précise les délais dans lesquels seraient
notifiés , et que dès-lors ces délais- doivent être ,
suivant la règle générale , de 3o , ou au moins
de 10 ans.
On pourrait répondre encore que la loi n(a pas
mênàe limité le délai dans lequel l'adminislratioit
centrale devait prendre son arrêté sur les juge-
mens qu'elle croyait susceptibles d'être réformés,
et que l'appel ne pouvant être interjette qu'aprèi
lavis de l'administration , le délai pour l'appel ne'
peut être expiré , puisque le délai pour donner
l'avis n'est pas limité.
Mais il faut en convenir , si l'on consulte l'es-
prit et l'objet de la loi du 28 brumaire , on re-
connaît aisément que sa rédaction est vicieuse ;
qu'elle n'a pas exprimé tout ce -qu'elle voulait
ou qu'elle l'a mal exprimé , et que les délai»
qu'évidemment elle a eu l'intention de fixer^ sont
réellement expirés ; le gouvernement a donc été
bien fondé à croire qu'on pourrait opposer la
fin de non-recevoir contre les appels interjettes
positivement à ces délais , et l'équivoque mêm»
que font naître sur ce point les vices de la ré-^
daction , serait un motif de plus pour adopter le
projet de loi , puisqu'il préviendra les inciden»
qu'elle pourrait produire.
Quant à la justice du projet de loi , elle ne
saurait être contestée.
Votre commission , citoyens tribuns , pense
comme le gouvernement , que s'il n'existait pas
encore de loi qui autorisât la république à se
pourvoir par appel contre les jugernens arbi-
traux qui la dépouillent au profit de plusieurs
communes , de parties très-considérables de fo-
rêts et même de forêts entières ,il faudrait émettre
aujourd'hui cette loi salutaire , pour qu'un mode
de jugement plus sûr que le mode bisarre et ré-
volutionnaire adopté par la loi du 10 juin J793 ,
rendît aux parties contenlieuses la justice qu'elles
ont droit de réclamer ; mais la loi existe :' il ne
s'agit que des délais nécessaires à son exécution ,
et il faut que la république et les commune*
jouissent à cet égard de toute la latitude conve-
nable pour vérifier et défendre leurs droits , sans
que néanmoins les délais soient prolongés au<
delà <Ju tems nécessaire pour l'examen et le juge-
ment des contestations.
Le délai d'un an a paru sagement combiné
en raison du .grand nombre et de l'importance
des affaires. Les communes qui n'avaient pas pro-
duit leurs jugemens et leurs pièces dans le mois
de la publication de la loi du 28 brumaire ne
peuvent s'opposer au projet de loi , puisqu'il leur
accorde à elles-mêmes un nouveau délai pour
produire , et celles qui ont fait leurs produc-
dons dans le tems utile , inspireraient de grave»
soupçons sur la justice de leurs prétentions , si
elles s opposaient à ce que la républiq'ue eût le
tems de se défendre.
Il suffit enfin de savoir comment les affaire» ont
été discutées et jugées en arbitrage forcé , pour
accueillir avec empressement les moyens de sou-
mettre à des jugemens plus sûrs et plus équitables
les intérêts de la réptibhque.
Votre commission , citoyens tribuns , n'a donc
pas hésité à se prononcer en faveur du projet de
loi ; mais elle a vu avec peine qu'on ne s'occupait
que des intérêts de la république , et qu'on ou-
bliait ceux des partic'"uliers qui se trouvent éga-
lement lésés et dépouillés par une foule de ju-
gemens arbitraux qu'ont obtenus les communes
en exécution de la loi du 10 juin 1793 , et elle
a cru devoir faire entendre ici son vœu , pour
qu'un nouveau projet de Un r.ndeaux particu-
liers la même justice qu'à laiëpublique.
Cependant ce ne serait encore à mon avil
qu'une demi-mesure, Il faut en venir enfin à ré-
viser entièrement la loi du 10 juin 1793, pour la
dépouiller de ses vices , et en concilier les dis-
positions utiles avec le respect dû à la propriété.
Cette révision réclamée de toutes parts et deptii» '
si long-iems ; cette révision tant de fois promise
et annoncée par les législalents ; celte révisien
que conimandent la morale et l'intérêt public ,
ne peut plus aujourd'hui rencontrer d'obstacle ,
et ne doit plus éprouver de retards.
Votre commission, citoyens tribuns , livre ces
observations à votre sagesse et à la sollicitude
du gouvernement , et vous propose de voter
l'adoption du projet de loi qui vous est soumis.
Le tribunal ordonne l'impression et l'ajourne-
naent.
On reprend la suite de la discussion sur le
projet dé loi qui fixe à 7 pour cent l'intérêt
des cautionnemens des receveurs des contri-
budons.
Lausiat. Il a fallu, ce me {emlile , igiibrer U^
discussion pour rendre problématique si le Ivibu-
nat accordcraii son vœu à une loi qui rédiiii l'in-
térêt des cautionnemens des receveurs de lo à 7
pour roc , et décharge ainsi , durant l'an 9 . le tré-
sor public d'une dépense de 600 mille francs-
Ceci n a. assurément aucun rapport avec la théo-
rie de liniérêi légal , ni avec les vices qui peuvent
exister dïns le nuniement des deniers publics.
Ce n'est pas plus un intérêt permanent de 5
pour 100 , voté 1 an dernier en faveur par exemple
des notaires qu'un intérêt de 10 pour 100 , voté la
même année en laveur des comptables qui ont dé-
cidé du cours de l'intérêt, ni dans les transactions
commerciales , ni dans les transactions communes.
Tout le monde sait que le taux de ces deux genres
d'intérêts , soit que la loi y intervienne ou n'y inter-
vienne pas, tient à beaucoup d'au-res élémens
très-difFérens , et dont ce n'est point l'occasion de
s'occuper. Q^uant aux vues de crédit national et
d'ordre financier qui vous ont été indiquées , elles
sont encore plus étrangères au taux de 1 inléiêt des
cautionnemens. Qjie tel intérêt soit faible ou fort,
les recevcursabu»ci ont tout autant de la confusion,
si on la laisse pénétrer dans leurs caisses , et de la
négligence si elle règne dans le contrôle perpétuel
auquel tout comptable doit être nssujelti.
Il en fi>t ainsi de tous les teras , et le sera éternel-
lement de même. La finance neût pas sans cela
donné ces spectacles par-tout et toujours si sou-
vent répétés de fortunes soudaines et scandaleuses.
Une des causes qui les ont le plus favorisées pen-
dant ces dernières années , la diversité des signes
de valeur et de monnaie , cède enfin tout-à-l'heure
entièrement devant la constance et lascendant de
J'administration actuelle. Je suis bien d'avis aussi
d'ajouter le plutôt possible et cette simplicité dans
les gestions , et cette activité dans la surveillance ,
et cette lacilité d.ins les vérifications , et enfin sur-
tout celle exactitude rigoureuse dans la comptabi-
lité , qui sont en cerie partie les meilleurs garans
de l.i moralité privée et de l'ordre public. Mais il
serait difficile de ne pas convenir que ces sages
vues ne se rallient de bien loin à la question
toute simple qui nous est donnée à examiner.
On a exigé des cautionnemens des Cjomplables
par des lois rendues en l'an 8 : ces lois ne fixent
pas le taux perpétuel de l'intérêt ou de l'indem-
nité , comme on voudra 1 appeler; car j'attache
peu d'importance à Uicr de l'un de ces mots plutôt
que de-l'-^iutre ; et à vrai dire , le mot intérêt , me
■paraît le mot propre. Cet jntétêt fut donc déter-
miné poiiî l'an S seul , au denier dix; d'où résulte
la ncccs-sNté de le délerniiner de rechef pour les
années suivantes. On vous propose de le fixer à 7
pour cent pour l'an 9.
Y a-I-il là-dedans vexation et injustice contre
les receveurs .' y a-t-il fausse combinaison de la
part du gouvernement ? je ne le pense pas.
S'il était vrai que les receveurs n'eussent , l'un
dans 1 autre, qu environ 4600 francs de produit
net de leur place, 1 opinion publique serait bien
jnjuste envers eux , puisqu'il y a peu de dépar-
temens où 1 on ne les soupçonne de s être au con-
traire , la plupart enrichis. Mais sans descendre à
des calculs superflus , il est évident que dans ceux
qui ont été faits, les chaiges ont été lort exagé-
rées ; ce qui , au demeurant , tranche celte diffi-
culié , c'est qu'on ne persuadera certainement à
personne , que les emplois de receveurs aillent
être désertés de toutes parts, parce qu'on aura
réduit de 10 à 7 pour cent les iiitérêis de leur
cautionnement. Je ne crains pas , au contraire, de
mettre en fait que pas uu seul d entre eux ne quit-
tera pour cela sa place , et que s'il y en avait qui
la quittassent, il y aurait davantage encore dï
coiiturrens empressés de les remplacer.
Pour bien juger la question , il suffitaiipeut-ètre
de comparer le cours des effets sur la place à la
date où les cautionnemens ont paiu, avec leur
cours actuel : le ticrs-consolidé n éi.iit pas à (9 (r.
le 5 fiiinaire an 8; il n'était pas à sa li. ie 27 ven-
tôse. Il est maintenant à plus de 33 fr. Le cours de
tous les , fïets nationaux a çuivi la même propor-
tionà ces diverses époijues. Si ce cours s'est lant bo-
nifié au profil du crédit national , pourquoi les in-
- téiêis des cauiionnemens ne s'en resseniiraieniils
pas ? Il y a infiniment plus de justesse à mon avis
entre ce rapprocbr;ment, qu'entre celui de liniérét
'des cautioijuemcnS , et de l'intérêt journalier du
commerce.
En général l&s fonds des cautionnemens comp-
tables se composent non des fonds distraits des
fonds ordinaires du commerce , mais des capitaux
dûs à l'allection cl à la confiance de U pareulé et
de l'amitié. On doit en conclure que I intérêt ac-
quitté est moins fort «pie si les capitaux étaient em-
prunté* à des spéculateurs.
On a bien fait de revenir au système qUi éiail
jadis en usage sous le nom de soumissions , et qui a
été ternis en vigueur sou» celui d'obligations. Il a
beaucoup plu» d'avantages que d'inconvéniens ;
znaii il ne faui plus se dissimulerqu'il entraîneiné-
. viiablement avec lui des profits de maniement. I s
entraient autreiois avec précision dans les calculs
positiit ({ue le gouvernement leiiit du revenu des
places des receveurs;
Enfin on peut avec fondement regarder le bas
intérêt accordé aux cauiiomitmens des places
comptables , comme un faible prix mis à la piéfé-
rence obtenue pour des ennjlois csseniiellfnicnl
lucratifs, sur la foule qui ne manque jaiuiiis de
rivaux égaux d'ailleurs en prétentions, en solva-
bilité, en titres. C est ainsi que sous l'ancien régime
les receveurs n'avaient que 4 et demi pour 100
d'intérêt net du moiitanl de leurs finances , quand
l'inlérêt légal était à 5 pour 100 , et i'iiiiéiêi de la
place à 5 pour 100.
La sollicitude louable que l'on témoigne au-
jourd'hui à l'égard des receveurs , est bien
placée , mats ne l'eût-elle pas été mieux encore
à l'égard de ces pères de famille qui ont dû
acheter le privilège de conserver l'état laborieux
et souvent ingrat de notaire, d avoué, etc. , en
payant aussi des cautionnemens , dont pourtant
dès l'an dernier même il ne leur a été alloué qu'un
intérêt de 5 pour loo ?
Si le gouvernement pouvait raisonnablement
diminuer le gros iniérêt qu il payait aux receveurs
à raison de leurs cauiioiiiiemcDs , il a bien fait
de soulager d'autant le tiésor public. Je pense
avoir prouvé qu'il le pouvait. J opine en consé-
quence pour l'adoption du projet de loi.
On demande la clôture de la discussion.
Celle proposition est adoptée.
Le tribunal délibère ensuite au scrutin secret ,
sur le projet qui lui est soumis. Il y avait 89
membres; 66 adoptent le projet; 23 exprinieni
le vœu contiaire..
Le projet est adopté; trois orateurs, les ci-
toyens Dieudonné, Fabre de I Aude cl Laussat ,
sont chargés de porter au corps-lcgisl ,lii le vœu
du tribunal.
Lahary fait un rapport sur la motion d'ordre
dans laquelle Pareni-Rèal avait proposé de suppri-
mer, dans l'éleciion des candidats , le scrutin
indicatif, et de motiver les présentations.
La commission dont il est l'organe , ne pense
pas qu aucune de ces propositions doive être
adoptée.
Et d abord , quant au premier objet, la com-
mission n'a vu aucune sorte d inconvénient dans
l'usage du scrutin indicatif ; pas rnême celui
qu'on a cru y tiouver , et qui est pris de ce qu'il
peut fournir à l'amitié , à la prévention et à I en-
thousiasme , le moyen de proposer des sujets fai-
bles ou peu honorables.
Si l'inconvénient qu'on craint était réel , ne
repaïaîtrnit-il pas tout entier dans le scrutin d'é-
lection ? ne l'y retiouverair-on jiit3^ avec un ca-
ractère encore plus giave et plus dangereux ,
puisque iaj précipitation avec laquelle se tribu-
nal avait forcé de voler , lui ôtcrait lout moyen
de le piévenir ou d'y , remédier ?
Une autre raison , tout aussi déterminante ,
vient à l'appui de celle-là , cl milite en faveur
de l'opinion de la commission ; c'est qu'il serait
aujourd'hui aussi inuiile que dangereux de cher-
cher à perfectionner le mode des scrutins. Cette
perfection est purement idéale; et ce ijui le
prouve , c'est (jue les diverses assemblées na-
tionales et les compagnies savantes ont épuisé
tous les soins , toutes les recherches , toutes les
combinaisons sans pouvoir 1 atteindre.
En effet , après avoir établi d'abord le scrutin
de liste simple , puis celui de liste double , puis
encore celui de liste triple , puis celui de ré-
duction , puis enfin un scrutin plus étrange en-
core ( et qu'on peut appeler scrnlin de gradua-
lion de mérite, puisqu'on y souir.et à tous les
calculs delà métaphysique et des abstractions les
divers degiés de mérite de chaque candidat ) ;
elles OUI enfin reconnu la nécessité d'y renon-
cer , et d en revenir au simple sciutin d'élection,
en le fesanl piécéder du scrutin indicatif ou pré-
paratoire.
Mais , dit-on , ou le scrutin d'élection donnera
la majorité au premier tour, et «lors l'indication
préalable devient inutile , ou il faudra procéder
à un second tour.eten ce cas. il sert lui-inênie
dé scrutin indicatif. Il faut donc le supprimer
comme surabondant et parasite , puisqu'il ne pré-
sente pas plus davantage que le scrutin d'é-
lection.
Ce dilemme a paru à la commission d'autant
moins concluant , rjuil peut se rétorquer contre
le système même auquel il sert d'appui ; car si l'on
peut arriver à d'aussi bonnes élections par la voie
de deux scrutins , il est de conséquence forcée
qu'ils ne sont ni plus avantageux , ni plus utiles
l'un (jue l'autre. Cela posé , et autres choses égales
d'ailleurs , il n'est donc pas nécessaire de les
changer l'un pour l'autre , puisqu'il n'y aurait
entre eux aucune raison de préférence.
Quant à la seconde pioposition , la commission
a regardé comme son premier devoir d examiner
daboril si les prèsenlaiions motivées sont con-
traires à la lettre ou à l'esprit de*la ronstiiuiion.
A cet égard , l'article XVI ne parlant que de la
présentalion des caudidais , sans en (racer le
mode , il paraît que d'après l'expression liiiérale
de la consiituiioii , ce mode dépend absolument
de chacune de ces trois autoiités.
Qirant à l'esprit du pacte social , la commission
a pensé que cette élection , comme beaucoup
d'autres , se trouvant abandonnée à la sages.'C du
sénat-conservateur de la constitution , et des
(iirmcs constltuiioanelles , Il ne semble pas (ju'un
exposé des motifs puisse avoir une influence
dangereuse sur ce corps éminemment respec-
table , (jui est appelé à remplir des devoirs si
imporlans.
La commission a erisuiie examiné s'il serait
possible , et s'il serait utile de motiver les pré-
sentations.
Mais outre que la chose lui a paru imprati-
cable , elle y a encore rcinarcjué un inionvénicnt
extrêmement grave : c'est celui de discuter les
individus après rju'ils oni été nommés, tu effet ,
il peut arriver qu en recueillaiit , dans les diverses
époques de la vie du candidni , les tiaits de
vertu , de courage et de patriotisme qui doivent
motiver sa présentation , on cite une seule de
ses actions a'vilissanie ou cri;nine!le , et alors le
tribunal ne serait-il pas réduit à la fâcheuse al-
ternative , ou de révoquer son élection , ce qu il
ne peut pas faire , ou de ne pouvoir honorable-
ment la motiver , ce qu'il doit éviter tout aussi
soigneusement.
Le tribunal doit donc obvier à cet inconvénient
majeur, en renonçant à motiver ses présen-
tations.
Gardons - nous donc, continue l'orateur, gar-
dons-nous , mes collègues , d adopter aucuns des
changemeijs proposés.... Ne sojons pas plus pré-
voyaiis , plus sages , plus précauiionnés que ne I a.
été la loi fondjinentale qui a toul fait, tout prévu,
tout co-ordonné pour la plus sûre garantie de nos
droits. AcLOmplissons liitéralcmenl les rigoureux
devoirs cju'ellc nous impose , et ne nous en im-
posons pas nous-mêmes de plus difficiles à rem-
plir ; car si le zèle immodéré est une preuve irré-
cusable de lardent amour qu'elle inspire , la
scrupuleuse obéissance est le gage certain du res-
pect que nous lui devons. .
Appliquons-nous uniqufihent à fixer l'atteniion
du sénat-conservateur par la sagesse et la distinc-
tion de nos choix, pour reg.'gncr, en quelque
sorte , par la seule force de noue droit, ce que
nous semblons perdre par la manière avec la-
quelle nous l'exeiçons. Que routes nos préicnia-
lions soient désormais, nbn le vain étalage , nidis
le sûr garant des vertus civiques , des sacrifices
nombreux , des services éclatans des candidats
que nous lui proposerons, et soyons sûrs qu'elles
les recommanderont plus puissamment peut-êice
que les présentations motivées , à l'impartiale jus-
tice des gardiens de la constitution.
'Votre commission vous propose de déclarer
qu'il n'y a pas lieu a- délibérer sur les pioposi-
tions contenues dans la moiion d'ordre.
Le tribunal adopte cette proposition.
Le président annonce qu'une motion d'ordre
a été déposée sur le bureau , et c^u'il n'en sera
donné connaissance que demain.
La séance est levée.
CORPS - LÉGISLAT I F.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SÉANCEDU 8 FRIMAIRE.
On lait lecture du procés-verbaf.
L'assemblée procède ensuite au second tour de
scrutin , qui don<ie le résultat suivant :
Votans 240; majorité absolue 121 ; Dedeley-
Dagier obtient 100 suffrages; Grégoire 64, Carnot
23; Reveillere et Merlin 8 ; Vacher 5 ; 19 voix
distribuées par unités.
Le président proclame cette liste etdécl^reque
personne n'a)ant réuni la pturalité absolue, il
sera procédé demain au scrutin de ballotage entre
Grégoire eiDedcley-Dagier.
La séance est levée.
T R I B U N A T.
SÉANCE DU 9 FRIMAIRE.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet
de loi relatif aux jugemens arbitraux rendus en
faveur des communes.
Delpierre. Le décret du 10 juin 1793 , a ouvert
une carrière immense aux vexations. C'est là
(ju'on trouve l'inslitution bizarre d'un arbitrage
lorcé , prononçant en dernier ressort sur les i;on-
tesialions les plus intéressantes île propriété. On
sent combien un tribunal qui n'av.'tii pour frein et
pour règle que sa volonté , dm entraîner d in-
justice. Les communes dépouillées par des usur-
pations frauduleuses , erabrasseicnt dans leurs
répétitions des objets précieux , revêtus de tous
les caractères deli propriété privée; elles se firent
adjuger par les arbitres qui étaient leurs avocats
plutôt que leuis juges , d'immenses loiêts qi.ii
n« leur avaient jamais appartenu. Il en a été
de même d'une foule d'autres propriétés , telles
que landes, bruyères, etc., dont les communes se
sont emparées au préjudice de la république. Il
faut espérer que le gouvernement, qui vient de
porter ses regards sur les forêts , fera bieniôt
cesser l'espèce d'interdit dont le décret , du aS
prairial , a frappé ces terres et les droits innom-
brables de propriété qui s'y rattachent. En atten-
dant qu'une disposition vous soit offerte à cet
égard , je vote pour le projet qui vous est soumis,
comme un acheminement à une mesure générale
qui rétablira la république dans des propriétés
dont elle n'aurait jamais dû être évincée.
Personne n'étant inscrit contre le projet , le
tribunal procède au scrutin sur son adoption.
— Le résultat du scrutin donne 79 voix pour le
projet et 5 contre ; le projet est adopté.
Les membres qui porteront le vœu d'adoption
au corps- législatif , sont les citoyens Chabot,
de l'Allitr. Delpierre et Mallarmé.
Les membres se retirent pour procéder au
scrutin indicatif d'un candidat à présenter au
sénat-conservaieur. Le dépouillement du scrutin
donne les noms suivans : Desnieuniers , t3 voix ;
Dedeley-d'Agier , l2;Bergerot, liquidateur, 6 ;
Grégoire, ex-cpnslituant, 6 ; Crassou» , tribun , 5 ;
Bjchelier-d'Agès , homme de lettres , 5 ; Réveil-
liere-Lépaux, 4; Dclamarre , ex-agent de la ré-
publique , 4 ; Sajet, législateur, 3 ; Anson , ex-
consiitnant , s ; Chatry-Lafosse , 2 ; Threillard .
ex-directeur , 2 ; Dolomieu de l'institut , 2 ; Leva-
cher , 2 ; Rochambeau père , 2 ; Châlon , régisseur
des domaines , l ; Pcrrezon , i ; Delmas , gé-
néral , I ; Abelllej, i ; Dupont , de Nemours , 1 ;
Mourque, £ ; Lafon-Ladebat, l ; Bitaubé, de l'ins-
titut, t; Dupuy , ex-administrateur des îles de
France et de la Réunion , i ; Thibault , tribun , i ;
Mulot , I ; Lafayette , i ; Parmentier , i ; Pome-
reuil .général , i ; Second, ex-convenlionnet , i;
Sédillez, I ; Descorches , ex-ambassadeur à la
Porte ottomane , 1 ; Carnot , i.
La séance est levée , et renvoyée à primedi.
C O R P S-LÉG ISLAT I F.
SÉANCE DU 9 FRIMAIRE.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet
de loi qui Bxe à 7 pour 100 , pour l'an 9 , l'intérêt
des cautionnemens fournis par les receveurs géné-
raux et particuliers des contributions diiectes.
On procède d'abord au troisième tour de scru-
tin pour l'élection d'un candidat à présenter au
sénat conservateur. Les suffrages ne doivent porter
que sur Grégoire et Dedeley-d'Agier.
Après l'appel nominal et pendant le dépouille-
ment des voies, des orateurs du gouvernement et
du tribunat sont introduits dans l'assemblée.
Dieudonné obtient la parole au nom du tribunat,
pour faire connaître et défendre le vœu d'adoption
exprimée par l'autorité dont il est l'organe, en
faveur du projet de loi sur les cautionnemens. Il
analyse d'abord la législatioli existante à cet égard,
et retrace ses effets.
Il s'attache ensuite à réfuter les objections par
lesquelles on a combattu le projet, u D'abord,
dit-tl, on a prétendu qu'il était arbitraire, parce
qu'il changeait les conditions du contrat fait avec
les receveurs , sans les avoir consultés , et que ces
nouvelles conditions étaient imposées par le plus
fort au préjudice du plus faible.
)j II suffit de se rappeler le texte des lois des
6 frimaire et 27 ventôse, pour démontrer l'injus-
tice de ce reproche. Il résulte biea clairement de
leurs dispositions , i". que l'indemnité de 10 pour
100 n'a été accordée que pour l'an 8; 2°. que
chaque année l'mdemnité doit être réglée.
Ce n'était pas sans raison qu'on avait employé
J^expression d'indemnité , de préférence à celle
ef intérêt. Il eût été bien inconvenant , en effet ,
de consacrer , dans deux lois , la fixaûoa de
l'intérêt d'un capital à 10 pour cent , lorsque
toutes les autres lois relatives à cette matière , ne
le fixent qu à 5.
Le projet soumis à votre délibération peut bien
blesser les intérêts particuliers des receveurs ,
dans ce sens qu'il ne leur promet pas tout l'a^
vantage qu'ils désirent : mais certes il ne porte
aucune atteinte à leurs dro'ts ; car ils n'en ont
d'autres que ceux qui leur sont assurés par les
lois des 6 frimaire et 28 ventôse an 8. Or, quels
^ont ces droits ? c'est l'indemnité promise , et dont
280
le taux doit être réglé , chaque année , par le
législateur.
Apres vous avoir présenté , citoyens législa-
teurs , ces premières observations, qu'il me soit
permis de fixer un instant vos regards sur la
situation de la république , à l'époqije du 6
Frimaire an 8, qui est celle de la fixation de
l'indemnité à dix pour cent pour la même
année.
Nous n'avions point de constitution : nous
n'avions qu'un gouvernement provisoire. Toutes
le« autorités constituées , toutes les administra-
tions ne marchaient plus que d'un pas chan-
celant ; les départemeds de lOuest étaient deve-
nus encore une fois le théâtre de l'insurrection
et de la révolte. Nos armées, assiégées par tous
les genres de besoins , étaient rentrées sur aotre
territoire , et n'occupaient plus qu'un faible point
en Italie.
Comparons maintenant, citoyens législateurs,
à l'esquisse du tableau qu« je viens de vous
présenter , celle de notre situation actuelle.
Une constitution sa(;e a été accueillie par un
assentiment presque généial. Un gouvernement
qui réunit à sa force constitutionnelle , celle
plus puissante encore de lopinion et de la
confiance publique , a été organisé. Toutes les
parties de l'administration , les tribunaux , en un
mot , toutes les ramifications de l'autorité ont été
mises en activité. Le repos et la satisfaction ont
succédé aux troubles et à la révolte qui déso-
laient plusieurs départemens.
Llialie reconquise dans l'e-pace de quelques
jours ; l'Allemagne occupée par nos armées ;
l'enthousiasme que tant de prodiges ont excité;
tant de résultats inouis , de changemens favo-
rables, de sujets d'espérances, d améliorations
réahsées , n'auraient-ils donc apporté , depuis
un an , aucune variation avantageuse dans la
situation du crédit public et des finances.
Je plains les froids calculateurs , qui ne seraient
pas rassurés par l'évidence de tous ces faits , et
qui ne jugeraient de notre situation que par les
opérations et les spéculations usurières de l'a-
giotage.
Faut-il cependant consulter le cours des effets
publics? eh bien, il est constant que depuis
un an le tiers consolidé et les autres effets de
celte nature ont acquis une hausse progressive
qui est maintenant de plus des deux cinquièmes
au-dessus du cours qui existait il y a un an.
Faut-il consulter les opérations des grands éta-
blissemens de commerce et de banque ? personne
n'ignore que la banque de France et la maison
de commerce négocient à i dt-mi pour toc
par mois , c'est-à-dire , à 6 pour 100 par année.
Les ressources se sont accrues ; l'iniérêt des
capitaux ont baissé d une manière trèi-sensible ;
nous ne sommes qu'au commencement de l'an g ;
les améliorations déjà opérées se multiplieront
avec les événemens ; les receveurs des contri-
butions peuvent se procurer des fonds à des
conditions infiniment plus avantageuses qu'à
l'époque ovi l'on exigea leurs cauiionnemeus :
si l'indemnité fut fixée alors à un taux que la
justice avouait, on conviendra que la réduction
des 3 pour lob n'est pas trop forte, en la com-
parant aux changemens favorables survenus de-
puis cette première fixation.
On a encore objecté que si on diminue l'in-
demnité due aux receveurs, ou les excitera à
faire valoir pour leur compte particulier les fonds
de leurs recettes provenant des impôts indirects ,
pour lesquels ils n'ont pas passé d obligations , ce
qui entravera nécessairement le trésor public.
Je répond par ce dilemme : ou les receveurs ont
la possibilité d employer à leur profit une partie
des fonds de leurs recettes ou ils ne l'ont pas ;
s'ils n'ont pas cette possibilité , l'objection tombe
d'elle-même; si , au contraire , ils peuvent faire
une mutation lucrative des deniers publics , ne
croyons pas que la quotité de leur traitement
soit jamais uneconsidération suffisante pour arrêter
ceux qui en seraient capables.
Je vous ai exposé, citoyens législateurs, tous
les rapports soiis lesquels le projet de loi a été
examiné par le tiibunat , et les motifs qui ont dé-
terminé son vœu d'adoption. Votre sagesse déci-
dera si le projet doit être converti en loi.
Defermont obtient la parole au nom du gou-
vernement.
Defermont. Citoyens législateurs , d'après les dé"
veloppemens que vous venez d'entendre , il me
reste bien peu de choses à vous dire en faveur
du projet qui vous est soumis. J'examinerai seule-
ment la nature des cautionnemens dont il s'agit ,
afin que vous puissiez juger si l'intérêt doit être
restreint.
Un système nouveau avait prescrit aux rece-
veurs des contributions directes de remettre leurs
(onctions ou de les accepter , à la charge de
fournir des obligations qui assurassent la rentrée
des fonds , et missent le gouvernement à même
de pouvoir compter sur ses ressources et en dé-
terminer l'emploi ; un cautionnemeiu éiait néces-
saire pour garantir la solidilé des obligations elles-
mêmes. Dès que les receveurs avaient souscrit à
ces conditions , ils étaient tenus de les remplir
lors même qu'il ne leur eût pointété accordé d'in-
demnité. Mais ne leur en point accorder , c'eût
été à la fois compromettre leur délicatesse et les
embarrasser dans les moyens de fournir ta garantie
exigée d'eux.
La comparaison qui vous a été fnte de notre
sisuation actuelle avec celle antérieure d'une
année , vous prouve que les receveurs rempliront
facilement leurs obligations malgré la réducdon
proposée dans leur indemnité.
Cependant, parmi les objections qui ont été
faites , il en est une sur laquelle je dois appeler
votre attention. On a dit que le projet de loi
était contraire à l'a justice. Croyez , citoyens lé-
gislateurs , que le gouvernement sera toujours
jaloux de votis présenter des projets conforme»
à la justice , comme de vous faire connaître la
vériié. Avant de vous apporter le projet sur le-
quel vous allez prononcer , nous avons dû nous
procurer des renseignemens sûrs. Le ministre des
finances a été consulté ; il lui a paru constant qu'il
était juste d'accorder une indemnité pour les pré-
teurs de fonds , mais qu'il était convenable de la
réduire. S il importe que le gouvernement soit le
régulateur des mouvemens des capitaux , il doit
donner l'exemple de la modération. Lefministre
des finances trouvait qu'il était possible d'assi-
miler l'indemnité des receveurs des contributions
à l'intérêt des autres cautionnemens , c'est-à- 'ire ,
à 5 pour loo ; le gouvernement a craint de bleiser
quelques iniérêls privés , et il a suivi le terme
moyen , en réduisant seulement de 10 à 7 ; ainsi ,
sa déterminaiion n'a' rien de contraire à la justice,
et il a su concilier l'intérêt particulier avec l'intérêt
général.
On demande à aller aux voix.
On procède sur-le-champ à l'appel nominal.
Le projet de loi est adopté à une très-grande
majorité.
Le président proclame la décision du corps»
législatif.
Il communique ensuite le résultat du scrutin pour
l'élection d'un candidat au sénat-conservateur.
Des deux concurrens , Grégoire et Dedeley-
d'Agier, le premier a obtenu 122 voix, et le se-
cond 128 : en conséquence Dedeley est proclamé
candidat.
Fourcroy et un autre conseiller-d'élat sont intro-
duits dans la salle. Ils demandent à présenter un
projet de loi en comité général. — Les spectateurs
se retirent.
La séance est bientôt rendue publique, mail
sans faire connaître ce qui s'est passé. Le préaident
indique la séance à primedi.
SPECTACLES.
Théâtre de la Rep;ibliq_i)f et des Arts.
Demain , Dardanus , opéra en 3 actes.
Incessamment l'Oratorio d'Haydn , intitulé ia
Création du Monde . parodié et mis en vers fran-
çais par le cit. Ségur jeune , traduit de l'allemand,
et la musique arrangée par D. Steibelt. — Le prix
des places sera doublé.
Théâtre de la rue Fevdeau. Aujourd'hui
Lqdo'iska , opéra en 3 actes.
Théâtre DES JEUNES ÉLEVÉS, rue deThionville.
Auj. l'Ecole- de l'adolescence ; la Bergère des Al-
pes , et Contrainte et Caprice
Théâtre du Vaudeville. Auj. la Matront
iTEphese ; Scarron , et Arlequin cruello.
L'abonnement se fait à Parii , rue dc« Poitevins , n° 18. Le prix est de si francs pour trois mois, 5o Çianc» pour 6 mois , et 100 francs pour l'année entière. On ne s'abonoe
Qu'au commeucement de ciia^uc mois.
Il faut adresser les lettres etl'argent , franc de port , au cit. A G A js e , propriétaire de ce journal , lue des Poitevins , n° 18. Il faut comprendre dans les envois le port des
pays o". l'on ne peut affranchir. Les lettres des départemens non affranchies , ne seront point «étirées de la poste.
Il faut avoir soin , pour plus de sûreté , de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser tout ce qui concerne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue des
Poitevins , n*^ i3 , depui sneuf heures du matin jusqu'à cinq heures du soir.
A Paris , de l'imprimetis àxk cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue <i«s Poitevins, n" i3.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
W" 72.
Duodi , 1 2 frimaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorbé? A prévenu- nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse !c M O N I T F, U K est le seul jouri d cji ' ' ~~ '
Il contient ks séances des autorités constituées , les actes du goaver.emen: , les nouvelles des armées , ainsi que l.s'h.its"er' t notions tant ..i
l'mténeiir que sur ; extérieur, fournis par les correspond-'.nces n-.inistsrie!!es.
Un article sera particulièrement consacré anx scier, ces , aux ;uts et ?.vy. dl^ o\i
noiivelk
E X T E R I E U R.
DANNEMARK.
De Copenhague , /« 1 8 novembre ( 27
brumaire. )
V-/n a reçu ici, par Elscneur ,. la nouvelle que
l'embargo a élé mis sur ies vaisseaux anglais, dans
tous les pons de la Russie. On délivre à lous les
bâiimens sortant des pons de cet empire, un
passe-port qui contient la déclaration que toute vi'
site d'un bâtiment russe sera regardée comme une dé-
claration de guerre.
Elseneur , te 11 novembre ( io brumaire).
Nous recevons par plusieurs bâiimens , la nou-
velle que le séquestre a été mis sur les propriétés
anglaises , dans tous les ports et dans toutes les
villes de la Russie.
On mande de Danizig , que toute exportation
de blé pour l'Angleicrre est défendue.
Celte défense d'expoitation de blé a également
lieu en Dannemarck.
ANGLETERRE,
Extrait des gazettes anglaises , du iS au 27 novembre
( du 27 brumaire au è frimaire).
Actions de la banque, fermées ; 3 pour 100
consolidés , 64 . j | } 5. Omnium , 3 \.
M. Pitt. dans la séance du 18 novenjbre , à la
chambre des communes , a déclaré que l'inten-
tion des ministres de sa majesté n'était point
qu'un jour lût indiqué pour prendre en considé-
ral.ion les papiers remis à la chambre , rclaiive-
Eenî aux ouvertures de paix , et qu'ils regardaient
toute motion à ce sujet comme inutile. 11 Ces pa-
piers , ajouta iM. Pitt , ont été imprimés , et sont
entre les mains de tous les honorables membres ;
par conséquent , on sait ce qu'ils contiennent.
Cette connjissance suffit pour prouver à tous les
esprits sans partialité , que le gouvernement an-
glais s'est conduit dans celte occasion avec la pru-
dence , la dignité et l'élévation qui lui convien-
nent. Si cependant quelque honorable membre
du côié opposé , dans cette salle , était d'une opi-
nion difiérente , je m'estimerais heureux de pou-
voir lui donner les éclaircisseixiens qu'il pourrait
désirer s'.
M.Jones , dans la séance du 20 novembre , à la
chambre des communes , a demandé qu'il fût
remis à la chambre un état des troupes étrangères
au service de la Grande-Bietagne.
M. Shétidan , dans la même séance , a demandé
copie des articles signés à Paris par M. le comte
était uri d,es plus anciens vaisseaux de 74. ; il
avait été construit l'année I/G?.
Urie nominaiion de pairs tl'Irlande doit avoir
lieu iiîcessammenj^. — Les comies de Shaunon ,
dAltaraont et d'iily . seront créés marquis; les
vicomtes de Norihlatid , de Donoughmore, , de
Carleton , de Calcdon , et de Kenmare , comtes ;
les barons de Tempiclown , de Glenvi'orth , de
Gallon, deSomviton , de 'Velverton , et Kiiwar-
dcn , vicomtes.
Les cent membres qui doivent ê'irc envoyés par
l'Irlande dans !.i chambre des communes du par-
lement impérial, seront nommés par les villes
suivanres : 'VVaterford, Limcritk . Belfast , Drog-
heia , Carrickfergus , Newry , Ki^kenny, Lon-
donderry ,GaKvay , Clonmell, 'WexI'ord , You-
ghall, Bindon-Bridge , Armagh Kiif^s.de , Lis-
barne , Sligo , Cadrer Bugh , EiTnis , Dunoarvon ,
Down-patrick , Colcraine , Mallov/ , Atldnne,
New-Ross , Traièe , Cashel , Dungannon , Port.ir-
lington , Eunihkillen ; le nombre sera achevé un-
ies membres des comtés , et par ceux des villes de
Dublin et de Cork , et de l'université de Duoiin.
Une dame de Baltimore écrit à son amie à
Glasgow : u Notre situation est des plus affreuses.
La fièvre jaune désole notre ville : tous ceux qui
ont pu trouver un simple abri , pour y placer
leurs familles , quittent Baltimore. Depuis le 5
août jusqu'au 25 septembre , cette maladie cruelle
a enlevé 863 personnes. j>
Une lettre reçue aujourd'hui par la malle
d Hambourg, annonce qu'il venait d'y arriver
un exprès ( 27 brumaire ou i8 novembre) , avec
la fâcheuse nouvelle qu'un embargo avait été
mis sur tous les bâtiraens anglais mouillés dans
le port de Riga. Ces bâiimens étaient au nombre
de 70.
Le rapport du comité chargé par la chambre des
communes de lui piésenter des mesures relative-
ment à la cherté des subsistances, a éié lu hier,
dans la séance de cette chambre. Ce rapport a
éi.é adopté à l'unanimité. Il concluait à ce qu'il ftit
fait une adresse à S. M. pour la prier d'émettre
une proclamation, à l'cfîet de recommander à
tous ses fidelles sujets d'appoiier la plus stricte
économie dans la consommation des grains. Le
vote de cette adresse a\'ail été piéccdé d'une dis-
cussion longue et orageuse , occasionnée par
quelques expressions d'un discours de M. Wil-
berforce , relevées par MM. Grey , Shéridan ,
Tierney , etc. (i).
^ La grande flotte , sous les ordres par intérim de
l'amiral sir Hyde Parker, a été contrainte de
rentrer à Toibay , vu la violence des vents,
Le convoi allant à Terre-Neuve , sous l'escorte
de lAzincourt , contre-amiral Poole , a été dispersé
par la tempête, et plusieurs des bâiimens sont
tombés entre les mains de l'ennemi.
Il paraît , par des lettres de Richmond , en
, terrogaloire qu'il a subi pardevantM; Ford il a
ele remis en la garde d'un messager d'état.'
Une bourse de 5o guinées a été voiéc par le
conseil t:ommun de la cité au chapelain dta der-
nier lord maire , pour ses cxcellens sermons.
(Extrait du Moming-Chronirle . du Sun , du
btaret du Courrier de Londres.)
N T É R I E ÎI R.
I
R I E U
Paris , le II 'frimaire.
On reçoit des lettres de Constaniinople ,
ate du b brumaire ; elles donnfn, l^c ,-,^
laire ; elles donnent les nouvelles
de Saint-Julien , et désignés par M. Otto sous le ] Virginie ,_ en date du 20 septembre, que la
nom de préliminaires de paix ; des pièces relatives j conspiration tramée par les noirs se'dévoil dt de
aux négociations entre la Fr.ince et le cabinet de jjour en jour. Les détails en ont été révélés par
'Vienne; de toutes les lettres et extraits de lettres j un mulâtre nommé Ben-'Woolfolk , qui Jvait été
du ministre de sa majesté à Consiantinople , rela- , condamné à mort , et auiiuel on a 'fait grâce , en
tivement aux instructions ,qu il a pu donner à sir j conséquence de ses aveux. Des nègres ariêtés ,
Sidncy-Smith , pour l'évacuation de 1 Egypte par j i5 avaient déjà été mis à mort; 3 autres, et un
da
suivantes :
!» Les turcs ont absolument renoncé à l'idée de
chasser les française de l'Egypte ; l'opinion géné-
ra,e est ICI que , même aidés par un débarque-
ment anglais , on échouerait contre la tacdque de
I armée hança.se , .sa nombreuse artillerie de cam-
pagne et les barrières naturelles qui défendent
IJtgvpte. '
" Le grand-visir continuera de rester à JàflFa.'
II a reçu d Asie quelques renforts qui (ont monter
st» fortes a 8 ou 10,000 hommes.'
_ " Mahriout, pacha, de Trébisonde, qui était
a^.iine a ni-rcher avec 6 mille hommes contre
I tigypte , a reçu l'ordre de partir de Scutati et
de m3rch,;r en troupe pour combattre Passwan-
•Uglou , de concert avec le pacha de Romélie et le
pacha de Belgrade.
" Passv/an-Oglou a surpris, dans nne attaque
de nuit , un corps de 8,000 hommes , commandés
par diiTereris pachas ; il en a tué 5,ooo et fait le
r<;sje piisonniers : il est entièrement maître de la
Buljarie.
" La cour de Péiersbour;: a toujours un diffé-
rend avec la Porte pour ies mdcmnités qui étaient
dues à l'escadre russe. Cet empire ottoman s'é-
croule de tous côtési n
—Des lettres que nous recevons d'Esnagne à l'ins-
tant, nous annoncent qu'heureusem'enl enfin la'
maladie cesse sensiblement ses ravages. Au lieu
de 25o personnes qui périssaient chaque jour,'
aujourd'hui le nombre ne s'élève pas :.u-delà de
20, et journellement il diminue. Depuis l'origind
ne I épidémie, la totalité des morts est de i4,'o33.
Voici deux observations assez sin-rulieres. Alors
que la maladie était dans sa plus fo'^te activité, un
charbonnier ivre tomba au milieu de la rue , et
s y endormit. Le soir, une des voitures qui par*
couraient les difFérens quartiers de la ville , pour
I recueillir les nombreuses victimes de l'épidémie,'
et les porter à la sépulture , placée hors des
murs , rcnconire ce charbonnier. On le cri,ii mort,
et on le ch;trge sur la voiture , pêlc-i-nêle avec
les autres cadavres. Arrivé au cimetière , on se
dispoi.c àl'eriierrer; heureusement il revint à lui ,
et échappa à une mor: non moins cruelle que
celle dont on le croyait fr..pi,é."On a remarqué
que la maladie n'a point attaqué cet homme.
La
Caln
les français : enfin, de toutes les pièces ayant
rapport à 1 Egypte. Sa motion a été rejetée , sans
division.
La gazelle do la cour de samedi dernier con-
tenait dilFérens avettissemens signés par le duc dé
PortLnd , dans lesquels il est promis des récom-
penses pour larrcstaiion des auteurs de différent'es
lettres incendiaires, répandues en plusieurs en-
droits , au sujet du prix des denrées. Il est pio-
mi.'; ausO trois récompenses pour l'arrestation de
colonel .George , devaient l'être quelques jours
après ; 12 à 14 avaient élé acquittés , et il en
restait encore environ 3o dans les prisons.
Les passeports délivres aux français (jui retour-
nent dans leur patrie, portent la' cond-iiion ex-
presse qu'ils ne rtmetiront plus les pieds en An-
gleterre. C'est le juge M. Ford , à qui le, gou-
vernement a commis la délivrance de ces passe-
ports.
Six indiens de Seringapalam , qui accorapa-
préseniés à S. M. loisqu'eiie viendra en ville. Ils
ont élé voir hier 'Windsor.
Un étranger de distinction a élé arrêté hier
dans son logeinent, près de Piccadilly, comme
prévenu de haute trahison. A la suite d'un in-
ccux qui ont déjà mis le feu à quelques granges- ; gnaient Tippo-Sa'îb lorqu'ii fut tué , doivent être
' Le prix des grains iraponés est augmenié à un
point extraordinaire. Le fromentraêlé d'Amérique
et de la Ethique , s'est vendu , la semaine der-
nièie , depuis 123 shellings jusqu'à i35 le sac. Le
finment rouge de la Baltique a augmenté de 10
shcilings ; celui de Biême cl de Hambourg de 25
«hciliiigs par sac.
Il y a maintenant dans k mer Baltique 400 na-
vires anglais chargés de grains ei de munitions
n.ivalc5. Le gouvemcmcnt prendia sans doute la
pi'écaution de les faire convoyer par quelques
bâiimens de guerre , attendu qu'on a vu deux
(1) Cette discussion , dans laquelle M. Pitt a
combattu avec l'opposition M. 'Wilberforce .
quant à son opinion opposée à l'adresse , et l'a
défendu contre ceite même opposition . quant
aux expressions qu'elle lui reprochait , nous
paraît trop importante , en ce qu'elle fait con-
naître la situation des esprits , pour que nous ne
co.sa.res en croisière sur la cote de Norvège j, „,„io„s pas prochainement, avec quelques
qm pourraient en enlever un grand nombre sur- | détails , sous les yeux de nos lecteurs. Nous r.ous
loin dan» un lems ou les nuits sont longues. ! proposons aussi de leur offrir ce que les débats
Le vaisseau du roi le Marlborough, dont la perte parlemcniaiies olTrent de plus iniéressant , depuis
jur les cotes de France vient d être annoncée, le 18 jusqu'au 27 novembre. — A'eic'rf» r«A'(c((;u»'.
secoiuie oo;erv.ii)on est plus curieuse.' A
01; a , pcdie VI le de l'And.dousie , la .mâla-
Oie se ma.'iifesia dans 'une maison isolée , où
deux personnes moururenî. Les habiians de la
ville se persuadèient qu'eri brûlant la maison et
les deux cadavres . ils se garantiraient du fléau.
Ils le firent; et, en effet j la maladie s'ar.êta
lout-a-ceup. Ces nouvelles d'Espagne sont du 26
brumaire.
ACTES DU GOUVERNEMENT..
Arrêté du Z frimaire an q.
Les consuls de la république, sur le rapport
du minjsire de la guerre, le conseil-d'élat entendu,
arrêtent :
Art. P'. Le. ministre des finances fera payer sur
les crédits généraux ouvtris pour. le paiement
des renies et pensions , à titie de pensiotrs ou
secours fa somme de vingt-deux mille dcu,^
cents detix fr, trente-neuf cent, aux veuves et
enlans , infirmes ou orphelins., compris d-ins
les deux états présentés par ^e ministre de, la
guerre et annexés au présent arrêté. '
IL Ces secours et pensions seront payés 'à
domicile par douzième chaque mois , à coinpier
de la publication du présent arrê é.
Les ministres de là guerre et des finances font
chargés, chacun en ce qui le concerne , de l'exé-
curion_ du présent aiiëié ,"qu'i sera inséré au
BuUeiin des lois. '■■■-■
Le premier consul, si^rié, Bon.Vpautk.
Par ic prtn\i':r cùusul ,
Le semtaire-d'élat , iigné , Il B. M.'VRE'v,
282
T R 1 B tJ N A T.
Présidence de thicssé.
SÉANCE DU 11 FRIMAIRE.
Le corps-législatif annonce par un message qu'il
« adopté le projet de loi qui règle l'imérêi des
fies cauiionnemens des receveurs des eonmbu-
«lions.
Le tribunal ordonne le dépôt aux archives.
L'ordre du jour appelle la discussion sur le
projet qui organise les archives nationales.
Éouteville. Le projet qui est soumis en ce mo-
ment à votre discussion, n'est autre chose que
le compliment de l'arrêté piis par le gouverne-
nicnt le 8 prairial ^ or , si je prouve que cet arrête
renferme des dispositions législatives que vous
ne pouvez approuver , j'aurai démontré , ce me
semble , que vous ne devez point donner votre
assentiment au projet qui vous est présenté.
Pour prouver que l'arrêté du 8 prairial n'était
toas ihconstitutionnel , On a dit que le déjîôt
important des archives nationales n'était pas une
institution nouvelle , qu'elles existaient avant la
constitution de l'an 8 , qu'il ne s'agissait que
de veiller à leur conservation et de leur donner
Une organisation et une administration appro-
priées aux bases et aux intentions du pacte nou-
veau.
Avec le gouvernement, je distinguerai dans les
archives nationales , comme dans tout ce qui
existe, le matériel et la forme. Aussi je deinande-
r'ai si l'acte le plus essentiel , l'txisience , la cons-
titution d'un établissement de cette nature , n'est
J)as celui qui détermine la forme Wus laquelle il
existera , qui crée la fonction du dépositaire à la
garde duquel il sera confié, qui précise la nature
de ses fonctions , de son traitement, désigne l'au-
tôriié à laquelle la nomination et la révocation en
àppjriiendront, celle sous l'autoriié de laquelle il
sera immédiatement et exclunivement placé , à la-
quelle seijle il devra compte de sa conduite; si
l'on convient que l'acte qui contient toutes ses dis-
positions est le seul acte constitutif de l'établisie-
ment , je demanderai si, à l'érjuméraiion que j'ai
faite, on n'a pas reconnu l'arrêté du 8 prairial, et si
véritablement cet acte n'est pai plutôt une loi
qu'un simple arrêté ? Or , la eonstitution de
l'an 8 n'ayant rien statué relativement aux ar-
chives , le gouvernement devait soumettre , au
corps législatif le règlement qui organisait cet im-
portant dépôt.
D après ces observations je ne crois pas qu'il
puisse subsister un seul doute suj ce point , que
les dispoiitions de l'arrêté du 8 prairial sont in-
contestablement législatives.
Ces motifs sont sans doute sufEsans pour vous
déterminer à rejetter le projet qiii vous est soumis ;
projet qui, comme je l'ai déjà dit, n'est autre
chose que h complément de l'arrêté du 8 prai-
rial , vous se-^sz d'autant plus porté à prendre
cette mesure que le gouvernement est dans la
confiance qu'il n'a pas outrepassé ses aitribu-
rions ; il est important de le tirer promptement
de celle erreur. Je vote pour le rejet.
Béiard. Je pense que vous devez rejeter , au
moins quant à présent, le projet de loi relatif aux
archives nationales.
Je me fonde i° sur ce qu'il n'est pas question
dans le projet des autres dépôts d'archives ;
ï° qu'à l'égard des archives nationales il est in-
suffisant -, 30 qu'il présente quelques contradic-
tions avec l'arrêté du 8 prairial dernier qui en
est la base.
La loi du 7 messidor ordonnait le dépôt aux
archives nationales des traités avec les nations
étrangères -, le nouveau projet n'en parle pas.
Elle statuait qu'on y déposerait également tout
ce que le corps-législatif ordonnait, et lui ré-
servait le droit exclusif de le faire. Une telle
disposition , tans doute, doit, sous la constitution
de l'an S , recevoir quelques modifications, mais
la loi nouvelle est mueue à cet égard.
Enfin les dépôt» judiciaires et domaniaux ont été
Î)laccs tantôt (îans les attributions du ministre de
a justice , tanipt dans celles du ministre des fi-
nances. L'arrêté du 8 prairial place le biireau du
tirage sous la surveillance du ministre de l'intérieur
et de l'archiviste. Cependant un arrêté ne doit pas
détruire des lois existantes.
D'après ces détails , il est facile de voir combien
îl serait nécessaire de ne rien statuer sur l'établis-
sement des archives avant d'avoir un plan général
pour cette organisation.
L'examen des lois antérieures et la connais-
sance de la nature et de l'objet des archives in-
diqueront facilement le silence qu'il convient
d'adopter.
Il doit y avoir auprès du gouverrieraent un
premier dépôt d'archives. Si l'on croit qu'il doit
être unique et commun aux premières autorités
de l'état , 'le sénat-conservateur , le corps-législatif
et le tribunal , on déterminera si elles auront le
droit d'ordonner le dépôt aux archives, et com-
jsent elles y auront recours au besoin.
Les archives de l'état pourraient être composées
de la manière fixée dans la loi que nous exami-
nons, en y ajoutam, comme la loi du 7 messidor
le prescrivait . les traités avec les autres nations
et copie des inventaires des titres domaniaux
existant dans toute la répilblique.
Il semble que ce dépôt doit contenir ce qui ,
ayant un objet générai , devrait être par-touti
Je proposerai dé substituer à la dénomination
d'archives nationales celle d'archives de Céiat ,
comme plus caractéristique.
Cet établissement formé, les titres qui exis-
tent dans les archives , peuvent être considérés
sous difFérens rapports.
Les uns concerhetifla fortune publique : ce
sont les titres domaniaux.
Les autres concernent les particuliers , l'état,
la propriété des citoyens.
Il en est enfin qui appartiennent aux sciences
et aux arts , ou qui sont monument d'his-
toire.
La loi du 7 messidor an 2 , a réglé la deslina-
rion de ces deirniers titres. •
Elle a ordonné la division des autres en deux
classes; l'une domaniale , et l'autre judiciaire et
administrative.
JVIais il y a dans les actes judiciaires des litres
relatifs aux domaines nationaux , et réciproque-
ment les litres domaniaux peuvent intéresser les
ci'oyens.
Il aurait été plus convenable de réunir sous
le litre d'archives publiques ,■ les dépôts doma-
niaux et judiciaires. La division existant dans ces
titres, serait seule conservée; on déterminerait
alors le ministre qui devrait en avoir l'attribu-
tion. Les litres domaniaux , au lieu d'être réunis
à Paris . seraient renvoyés dans les dépôts det
lieux de la situation des faits qui le concernent.
Vous avez remarqué sans doute que Fariêié du
8 prairial et le projet de loi présenté laissent
subsister derrière eux une législation très-com-
pliquée , qu'il faut franchement éclaircir par une
loi unique sur les archives , et appropriée à la
constitution. Je conclus au rejet.
Laloy. Depuis la constitution , les archives
existaient sans lois. Le gouvernement vous en
propose une. Ce projet est-il admissible , le
projet est-il complet, le tribunal doit il en voter
l'adoption ?
Je me suis d'abord demandé pourquoi le
gouvernement ne proposait pas une loi liéiiérale
sur l'organisation des archives et des dépôts de
toute espèce , pourquoi des objets de la même
nature n'étaient pas compris dans la même loi ,
et réglés sur le même plan ? sans doute il s'oc-
cupera de la loi générale que j indique et que
je regarde comme nécessaire.
Passant à l'examen du projet comparé aux
lois antérieures à la constitution, j'ai trouvé entre
l un elles autres des difierences sensibles. Je ne
vois plus qu'elles doivent contenir le dépôt des
sceaux de la république , des types des mon-
naies , et beaucoup d'autres objets également
importans. Je ne trouve dans le projet aucune
disposition qui garantisse à la république la con-
servation de ces objets.
Je sais que par son arrêté , du 8 prairial , le gou-
vernement a statué sur ces objets , mais un ariêié
n'est qu'un acie provisoire , dicté par un bon
esprit d'administrauon générale, pendant l'absence
des lois. Il doit rester sans foice dès que la loi
paraît.
En examinant les détails du projet; je crois que
l'article j^' eût pu être conçu dune manière plus
simple : que ces expressions , tous les actes re-
latifs aux propriétés territoriales de la république ,
ne seront pas également entendues et appliquées
par-tout. Pourquoi ne pas dite les domaines, les
bois , les rivières , etc ? et pourquoi resiieindre
ce recueil aux propriétés nationales , quand il y a
d'anciens revenus, non-produits parle territoire,
dont les litres viennent également s'y déposer. Il
suffirait de mettre : les actes relatifs aux propriétés
et biens de la république , tant en France que chez
l'étranger.
La seconde partie de l'article II , provoque des
observations, et parle du dépôt des réglemens et
arrêtés d'administration publique , rédigés par
lé conseil d'état, conformément à l'article XLII
de la consntuiion.
Or , cet article XLII ne parle pas de réglemens ,
ni d'arrêtés rédigés par le conseil d'état , il ne parle
que des actes propres au gouvernement , et con-
certés entre les tiois consuls. C'est l'article LII
de la constittltion qu'il fallait citer , quoiqu'il n y
soit pas question danêiés du conseil déiat, mais
seulement de réglemens , et de la rédaction des
projets de lois, sous la direction des consuls.
Vous ne pouvez laisser passer une telle erieur.
Mais je ne pense pas quil suffise , comme le
porte le projet , de déposer des copies de ces
actes , certifiées par le secrétaire-général des con-
snls. Les archives nationales appellent les ori-
1 finaux OU les doubles minutes. Cela s est tou-
jours pratiqué , cela est exigé pour Te corps lé*-
gisladf et le tribunal , et cela doit l'être pour
le gouvernement. La même observation s'apphqué
au troisième paragraphe du même article.
Le gouvernement , est-il dit au projet , ferat-
remettre des copies des états de population , etc.
Par qui ces Copies seront-elles remises ? dans!
quelle forme seront-elles déposées ?
Le gouvernement , est-il dit encore, déposera
tous les trois ans ses listes d'éligibles ? la cons-
tiiulion n'ordonne d'autre dépôt de ces listes,
que celui des listes nationales , et celle-ci arriva
de droit et constitutionnellement , au sénat-con-
servateur; c'est pour lui qu'elle l'a fail , à lui
qu'elle s'adresse , à lui qu'elle est essentiellement
nécessaire ; lui seul doit posséder l'oiiginal cl
lavoir toujours sous les yeux. Elle est d'ailleurs
sujette à son jugement , si elle lui est déférée,
comme inconstitutionnelle. Comment concevoir
un dépôt ordonné par"le gouvernement , d'une
liste qu'il n'a P'iS , et' ne doit pas avoir? Quel»
loi charge le sénat-conservateur d'opérer le dépôts
voilà ce que je conçoi.i.
Mais •, dira-t-on , la liste est nécessaire au gou- '
vernement , qui doit procéder à des nominations:
je réponds : elle n'est nécessaire qu'au premier
consul , et une loi doit déterminer comment
cette liste lui parviendra.
Par cet article , d'ailleurs , on semble induir»
que tous les trois ans , les listes d élii^ibles seront
lenouvellées. Or, j'examine les articles 1,7,8,
et g de la constitution , et je vois que ces listes
une fois faites , sont maintenues jusquà épui-
sement, si elles pouvaient lêtre; que ces listes
sont durables el pe péiuelles , loin de se renou-
veller tous les trois ans. Il y aura des lacune»
dans ces listes , il faudra les réparer ; mais pOur
les réparer , il faudia que les lislcs existent ,' et
non les renouveller.
M'arrêiant enfin au quatrième article , j'aurai»
désiré qu il contînt celte disposition : quelles expé-
ditions seront gratuites ? Il ne faut rien donner à
l'arbilraire , quand on règle un état par des lois.
Je trouve, au surplus, la loi proposée incora-
pleite. J aurais voulu des dispositions relatives au»
actes de la haute-cour , et aux archives particu-
lières de diverses autorités constituées, telles que
le tribunal , le corps législatif, le sénat-cûnserva-
leur,les consuls, le gouvernement ; j'aurais aussi
désiré des dispositions relatives à l'archiviste lui-
même , à son administration , à Ses dépenses..
Comment concevoir des archives sans archiviste ?
La constitution ne parle ni d'archives , ni d'ar-
chiviste. Puisqu'une loi est aujourd'hui proposét"
relativement aux archives , c'est elle qui doit sta-
tuer sur l'archiviste.
Je ne ])uis ,, d'après ces observations, partager
l'avis de la commission ; et je vote le rejet du
projet.
Portier , de FOise. Le projet qtli vous est pré-"
semé n'est autre chose que 'e rapport de la loi
du g mtsJdor an 7 , à 1 cxcepnon de quelques
dispositions. Cette loi était unmodele de précision
et de clarté; elle était l'ouvrage de B.iudin , des
Ardennes. C est nommer uji homme qui connais-
sait l'importance de son sujet, et avait les moyen*
de le bien traiter. Cette loi comprenait tous lea
objets de nature à être déposés aux archives ; 1«
projet piésenté en omet plusieurs très-iraporians.
L'article 1^' est insuHisam : je passe au second.
Le corps-législatif et le tribunal doivent , aux
termes de cet article , déposer les origiffaux de
leurs actes : le conseil-d'éial ne dépose que des
expéditions des réglemens qu'il rédige , et l'on
n'exige aussi le dépôt que des expéditions des no-
minations et autres actes que fait le sénat. Ja
pourrais faire remarquer une telle diflFérence ,
demander pouiquoi , par cet article , on consacre
des fonctions de secrétaire-général des consuls
qu'aucune loi u'a établies, tandis que c'est le
secrétaire-d état, qui contie-signe ordinairement^
mais je me borne à faire observer que le projet
crée trois sortes d'archives au lieu de maintenir
les archives nationales , car les minutes des actes
du gouvernement et du sénat restent aux archives
du sénat et du gouvernement.
J'ai remarqué que je ne voyais pas oti l'on dé-
poserait le type des monnaies et le sceau de l'état;
mais l'article V-mérite toute votre attention. Il sup-
pose un renouvellement dans les listes d'éligiblea
tous les trois ans, tandis que tous les trois ans les
citoyens sont seulement appelés à remplir les la-
cunes qui se trouvent dans ces listes. Cette erreur
ne peut être sanclionnée par vous.
Qjjantà ce qui regarde la nomination et le trai-
tement de l'archiviste , je m'en rapporte à ce qu'a
dii le rapporteur de la commission. Je vote contre
le projet de lei , en lui reprochant des omissions
essentielles, et des erreurs rjue vous ne pouvez
confirmer par votre approbation.
Jubé. Le premier inconvénient du projet est de
lai5-er subsister des fiagraens de diverses autres
lois rendues en 1790, 1791 et 1792, maintenues
par celle du 2 messidor an 3.
283
Ainsi, lorsqu'une seule loi pourrait aujourd'hui
régler avec si rnpiicité l'objet important des atchives
nationales, six lois vont se heurier, en concou-
rant au rnâaie but. Je conçois qu'un tel vice ne
ïera pas fortement setiti par un grand nombre de
citoyens , dans l'organisation des archiyes natio-
nales ; mais si vous le laissez introduire daos cette
circonstance , il se glissera bientôt dans beaucoup
d'autres.
En parlant de six lois qu'il fallait consulter pour
les seules archives ,je n'ai point fait mention des
arrêtés réglementaires ; je n'ai pas compté surtout
l'arrêté du 8 praiiial dernier, qui parmi d'excel-
lentes dispositions d'administration en contient
qui me paraissent législatives ; le second incon-
vénient du projet qui vous est communiqué serait
donc d'entraîner par son adoption, l'approbation
implicite d'un arrêté qui mérite une attention toute
particulière.
L'opinion de votre commission que l'archiviste
doit être à la nomination du premier consul , sera
généralement partagée ; mais elle doit être formel-
lement consacrée par une loi. Et quand l'assem-
\>\ée constituante , la convention nationale et les
■?u^res législatures se sont accordées à investir l'ar-
chiviste d'une garantie formelle contre le pouvoir
exécutif, leur unanimité à cet égaid dispense de
rappeller combien il importe à la propriété et à
l'hofineur des citoyens , à la sûreté du dépôt des
archives, que la législation consacre l'indépendance
de l'archiviste.
L'arrêté du 8 prairia! en déclarant , article VII ,
que ce fonctionnaire sera nommé et pourra ître ré-
voqué pai le premier consul, annulle donc des
. lois qui ne sont pas rapportées, et décide admi-
nislraiivement un objet sur lequel la législation
»eule peut et doit statuer. Le projet de loi qui vous
occupe étant une suite nécessaire de l'arrêté du 8
prairial , votre adoption consacrerait une erreur
que le gouvernement s'empressera sans doute de
rectifier.
Votre commission vous a démontré que le pro-
jet que vous discutez est incomplet , c est-à-dire ,
en d'auties termes , qu'il faudrait dans la suite
encore d'autres dispositions législatives sur les
archives nationales.
Je crois avoir prouvé , de mon côté . que cette
Joi , bien loin de concouiir à la simpliflcaiion si
désirée de la législation . ne faisait que grossir la
multitude de lois et de décrets dont il importe de
débrouiller le cahos. J'ai rappelé les principaux
inconvéniens de ce projet , tendant à consacrer
les erreurs contenues dans l'arrêté du 8 prairial
dernier. Je vote , en conséquence, pour quii soit
rejeté.
Le tribunal ferme la discussion , et rejette Je
projet à une majorité de 85 voix contre 5.
Le président annonce qu'une motion d'ordre a
été déposée sur le bureau , et que les membres du
tribunat pourront en prendre connaissance au
éecrétariat.
Le tribunat se forme en comité secret.
Les speclateoTS se retirent.
C ORPS -"lÉGISLAT I F.
Présidence de Chatry-Lafossc.
SÉANCE DU 11 FRIMAIRE.
On fait lecure du proces-verbal.
A une heure , Portalis et Berlier , conseillers
d'état, viennent présenter un projet de loi con-
cernant la police simple et la police de sûreté.
Avant la lecture du projet , Portalis en expose
les motifs en ces termes :
Portalis. Le projet que nons venons vous
soumettre , au nom du gouvernement , présente
de nouvelles vues sur une partie intéressante de
l'ordre public.
Il s'agit d'organiser la police.
On la divise en police simple et en police de
•ûreté. Celte division est celle des deux titres
qui composent le nouveau projet de loi.
La police simple juge les négligences et les
fautes ; la police de sûreté recherche , poursuit
les délits et les crimes, mais ne les juge pas. La
première est une sorte de tribunal destiné à cor-
riger par des peines mot4érces les légers manque-
œens ofes citoyens ; la seconde se place entre le
citoyen et les tribunaux , pour que les grandes
■violations ne demeurent pas impunies. L'un est
un pouvoir , l'autre n'est qu'un ministère.
La police simple , objet du premier titre du
projet,' a été diversement déléguée depuis le
commencement de la révolution. L'assemblée
constituante l'avait attribuée aux officiers muni-
cipaux -, de-là , cette espèce de police prit le
nom de police municipale. A cette époque , il
exista quarante mille tribunaux de police cjui ju-
geaient, sauf l'appel aux tribunaux de district.
Les officiers municipaux furent dans la suite
dépouillés de la connaissance des matières appar-
tenantes à b police simple , et on en iiivesut let
juges de paix , sans appel de leurs jagemen* en
aucuns cas.
L'expérience nous a éclairés sur les inconvé-
niens de l'un et de l'autre système , et il importe
de mettre ces inconvéniens sous vos yeux.
Dans les matières appartenannes à la police
simple , deux choses sonl à considérer : l'infrac-
tion de police et laclion qui compete au tiers
lezé par celte infraction.
Linfraction de police , considérée en elle-
même , et abstraction faite de tout préjudice
porté à des tiers , n'offre jamais qu'une question
de lait dont l'examen et la décision ne peuvent
devenir inquiéians pour le jusiiciablt- . M:ris le
particulier lézé par la plus peiite information
de police , a souvent à demander la réparation
d'un grand dommage. Un animal qui s échappe
par l'imprudence du propriétaire , peut ravager
le domaine d'un voisin , on même compromeitre
sa personne. Le préjudice est alors iircalculable ,
et l'action qni en naît peut être indéfinie.
Tout avait élé indistinctement attribué par
l'assemblée constituante aux officiers munici-
paux.
Il arrivait qu'une juridiction qui, par sa nature,
doit être soumise à peu de formalités , parce
qu'elle roule sur des choses qui sont de tous
les jours et de tous les instans , prononçait sans
une instruction suffisante sur des questions ma-
jeures de propriété.
L'aitribuiion ayant élé faile à tous les officiers
municipaux sans exception , il arrivait encore que
dans les petites communes où il est si difficile
de rencontrer des magistrats capables , et où le
magistrat , presque confondu avec tous les jusli-
ciables , est si exposé à partager toutes leurs-
passions , l'impér-iie , la préve- tion ou la haine,
décidaient souvent des intérêts les plus chers ou
les plus importans du citoyen.
Ainsi , au danger de la chose se joignait l'abus
de 1 homme.
On ne fit que déplacer le mal sans y remé-
dier , lorsqu'on dépouilla, les officiers municipaux
pour investir les juges de paix. Les inconvéniens
attachés à la nature de la juridiction et à la
quaiué de ceux qui étaient appelés à l'exercer ,
continuèrent à se faire sentir : on les aggrava
même en ôtanl la ressource de l'appel aux jus-
ticiables.
Aujourd hui on s'est psoposé de corriger ce
qUe les deux systèmes pouvaient avoir de dé-
fectueux.
On ne peut se dissimuler que la propreté des
rues , le soin de la santé publique , les objets
de petite voierie , la tranquillité publique doi-
vent , dans chaque cité , fixer la sollicitude des
administrations locales , puisque ia plupart de
ces objets sont presque l'unique source des im-
positions et des dépenses municipales. Il est
donc nmurel de laisser aux officiers municipaux
le droit de proléger, par une surveillance ac-
tive , des choses dont la conservaiion est à leur
chaige. Il est donc dans [essence des choses
que la police en appartienne aux officiers mu-
nicipaux.
Mais on a cru devoir distinguer les cas où il
ne s'agit que de prononcer sur une pure infrac-
lion de police , d'avec ceux où il y a des répa-
rations demandées par quelque tiers lésé.
Dans les premiers cas seulement , on a pensé
que la juridiction devait être atttib^iée aux mai-
res et à leurs adjoints , attendu qu'il ne s'agit
alors que d'un objet de police séparé de tout
iniérêt civil.
Mais les juges de paix reprennent tous leurs
droits , quand l'infraction de police se trouvant
liée à des actions civiles en dommages et intérêts ,
l'affaire rentre dans le cercle des matières con-
tentieuses ordinaires.
On a pensé en second lieu que même les pures
infractions de police , sans aucun mélange d'action
civile de la part d'un tiers , ne pouvaient être
attribués indistinctement à tous les officiers mu-
nicipaux, de quelque commune que ce soit ; car
il est des communes , qui , par l'état de leur
population et par la qualité de leurs habitans,
ne pourraient nous offrir des personnes auxquelles
cette juridiction pût être conférée sans danger.
Dira- 1- on qu'il faut de l'uniformilé dans les
institutions , et que d'ailleurs il est absurde de
ne pas traiter avec égalité tous les officiers muni-
cipaux de la république ?
Mais l'uniformité n'est bonne quaulant qu'elle
produit un bien. Si on ne peut l'établir sans incon-
vénient , il faut renoncer à une perfection appa-
rente , qui produirait un mal réel,
Qjrani à l'égalité qui doit être gardée entre tous
les officiers de toute la république . on nous per-
meiira de faire quelques observations essentielles.
Toute inégalité dans une république n'est
point un vice ; car il est des inégalités qui sont
tirées de la nature des choses , et du principe
même de l'égalité.
On, peut craindiC, par exemple, que des
hommes sans éducaiion , sans études . sans lu-
mières , el qui ont besoin d un travail niécanique
pour vivre, ne puissent remplir certaines lonc-
tions. On peut craindre que dans certaines com-
munes , il soit impossible, ou du moins très-
difficile , de rencontrer d'autres hommes. On en
conclud qu il ne laijt pas laire aux officirrs muni-
cipaux de ces communes , touies les attributioui
qui n'ont aucun danger dans les communes plus
importantes.
Si on se conduisait autrement , on accablerait
les officiers municipaux des petites communes ,
d'une magistrature inconciliable avec leur situa-
tion. Les hommes , s ils étaient distraits du soin
de leur subsistance par des lonctions journalières
et trop multipliées , seraient djns une pire condi'
tion que les administrateurs des autres communes ;
et les mêmes hommes qui seraient obligés de né-
gliger leurs fonctions , ou qui seraient inc -pables
ue les remplir, mettraient leurs concitoyens dans
une condiiion pire que celle des autres ciioyens
de la république. Dans des cas pareils , l'égalité
d'attributions errtre les magistrats des différentes
communes , doit être ôiée dans la république \
pour l'uiililé de la république elle-même. Mais ce
n'est qu une égalité apparente c|ue l'on ôie , et
c'est une inégalité réelle et monstrueuse que l'on
corrige.
De plus , selon l'expression d'un ancien philo-
sophe , les jurisdictions ntxhtent pas tour le bien
des judicians , mais pour celui des judiciés. Ce ne
sont donc pas des consiciéraiions personnelles
aux divers magistrats , mais des considéiaiions
relatives au plus grand bien du peuple , qui dcivî:nt.
déierminer el diriger la distribution et iorganisa-
tion des magisiraiures.
Partout les officiers municipaux peuvent , sans
inconvénient , exercer la police simple; il faut 1»
leur laisser, comme étant leur patrimoine naturel.
Ailleurs , il faut l'attribuer aux juges de paix , qui
ont en leurfaveur une plus grande présomption de
capacité; présomption qui ne pourra que s'ac-
croître , quand ces juges , réduits à un moindre
nombre , pourront être choisis dahs un plus vasic
territoire.
Après avoir fixé tout c^ qui concerne les attri-
butions de la police simple , et les divers magis-
trats chargés de l'exercer , on détermine les peitjes
et la procédure.
Les peines ne peuvent excéder une amende de
3 f r. , ou un emprisonnement de trois jours.
Il est des criminels qu'il faut punir , il en est
d'autres qu'il ne faut que corriger ; les premiers
sont soumis à la puissance de la loi , et les seconds
à son autorité. Les grandes punitions ne sont donc
pas propres à la police, qui rie s'occupe que de
léa,'ers délits , et les grands exemples ne sonl pas
faits pour elle. Dans f'exercice de celte espèce dà
juridiction, c'est le magistrat qui avertit , ce n'est
pas proprement i la loi qui frappe.
Comme il faut peu de formaliiés poui' l'exercice
d'un pouvoir qui ne s occupe que de dé'ailsins^
tans et de peu d importance , on maintient la pro-
cédure sommaire éiablie jusqu'à ce jour.
Comme les amendes pécuniaires ne peuvent
excéder trois francs , les senietlces qui les pro-
noncent ne sont sujettes ni à appel, ni au recours
en cassation- Les moyens de faire réparer une
injustice , cessent dêtre convenables et utiles
quand ils deviendraient plus funestes que l'injus-
lice même.
L'appel est ouvert contre une prononciatiori
d'emprisonnement, parce que la liberté est une
chose inappréciable.
Nous avor-s vu que dans le système du projet^
toutes les fois que 1 instruction de police se trouve
jointe à une action civile en réparation , l'affaire
doit être portée ou renvoyée au juge de paix ,
assisté de ses assesseurs.
Les jugemens de la justice de paix sont sans
appel et sans recours en cassation , du chef de
la partie délinquante , lorsque les réparations
n'excèdent point 5o francs ; mais s'il y a un em-.
prisonnemeni prononcé , la voie de l'appel com»
pete contre celte disposition par'.'cullere.
Les jugemens de la justice de paix sont aussi
sujets à 1 appel de la part du demandeur en dom-
mages efinlérêts, quand la demande est indé-
finie ou qu'elle excède 5o francs.
L'exécution provisoire des adjudications ci-
viles , prononcée par la justice de paix , a lieu en
donnant bonne et suffisante caution.
La souveraineté jusqu'ici accordée, dans tous
les cas , à la justice de paix en matière de police
impies, comprornettrait trop ouvertement ce que
les citoyens ont de plus cher , la liberté et la
propriété.
Le litre II du projet de loi est relatif à la police
de sûreté.
On y voit que cette police consiste dans la ic-
cherche et poursuite des délits dont la connais-
sance appartient , soit aux tribunaux de police
cèrrectiorfRells , soit auK tribunaux criminels.
offi
surve
près le tribunal crimine
•A Paris , Lyon , BoideauK , Marseille , il pa-
raît nécessiùre de donner di's substituts à l'olfitier
cfrargé de la police de surelé.
"Leb officiers chargés de cette police , et leurs
substituts, sont à la nomination du premier
consul.
L'existence de ces nouveaux agens est sans
préjudice de l'obligation où sont les autres fonc-
tionnaires publics de dénoncer les crimes , et
même de faite exécuter les coupables surpris en
flagrant délit ou désijjnés par la clameur publique;
mais il est essentiel pour que les crimes na soient
pas impunis , qu'il y ait des officiers principale-
ment et particulièrement chargés de laire la re-
thetche et la poursuite.
Nous lisons dans l'article 60 du titre V de la
constitution , que n chaque arrondissenaent com-
munal à un ou plusieurs juges de paix élus immé-
diatement par les citoyens pour trois années, et
que leurs principales fonctions consistent à conci-
lier les parties qu'ils invitent dans le cas de non
conciliation à se faire juger par des arbitres.^ i>
Le ministère dujuge de paix est donc essentiel-
lement par l'esprit et par la. lettre de la loi consti-
tutionnelle un ministère de conciliation. Un tel
ministère est-il donc compatible avec les démar-
ches rigoureuses que commande la police de
sûreté?
La force des lois vient de ce qu'on les craint.
L'influence d'un conciliateur vient de ce qu'on
l'aime. Entourons les justices de paix, de confiance
et d'amour , et non de terreur.
iiisires inlermeuiaiies entre I homme et le ju^c.
Ils sont à linitar de tous les commissaires établis
près les tribun>iux.
De tels oiFiclers doivent être destiluabies par
l'auioriié au nom de laquelle ils agissent, parce
qu'il importe que l'autorité chargée de l'execuuon
des lois, soit sûre de la conduite de ses agens.
Ce principe est le même que celui qui rend tous
les commissaires du gouvelrnement destituables.
Le dioit d'arrêter un coupable n'est po.nt une
fonction judiciaire. Ce droit, dar-s le cas du tU-
grant délit ou de la clameur publique, compette
à tout fonctionnaire , et même à tout citoyen.
Dans l'arreslalion , tien n'est préjudiciel ni irré-
parable. En matière civile , il iaut faire plus de
cas de la hberté d'un citoyen que de l'intérêt d iin
autre. En matière criminelle, la faveur de la li-
berté particulière d'un seul , doit céder à la sûreté
de tous.
Dans le plan du projet de loi , l'ûfïicicr de
police de sûreté est placé près du tribunal civil de
chaque arrondissement. Tous les officiers charges
de ce ministère sont sous les ordres du commis-
saire du gouvernement près le tribunal ciiminel.
Ils aboutissent à un centre commun ; ils ont une
correspondance réglée ; ils veillent , et tous les
citoyens sont tranquilles.
Les mêmes avantages ne pourraient être garantis
par des juges-de-paix isolés, sans relation régu-
lière avec les agens supérieurs. Il n'y avait point
d'harmonie entre les institutions consacrées a la
justice criminelle , et les méchans qui se concertent
et s'entendent, échappaient presque toujours a
la loi.
En diminuant les attributions et le nombre de
La douce habitude que contracte un juge de
paix de rapprocher les parties , de les déterminer ! *^" "".....-- „' 7Vl,,nnnns h ct-riiiude
à des sacifiies , de peser leurs droits avec huma- ) jugcs-de-paix , nous '°" d°"';°"', j^^ lo, iot^s
nité , de jetter un voile sur la rigueur du droit , qu.ds seront mieux cho, Y,, " mu acons pa
.■ 1 t 1' • • P 1 1 nni Ipnr <innf oiees . nous (cS icuipuc'Jiiû y<*^
pour se livrera des vues d équité, le rend peu q^^i leur ^°"^° ',•'", ,.„:p,,„ ces fonctions
^ 1 . • ■ I ■ " ; <-lfïc /-iHinprc nul rpmDiirOni mieux I.C3 ïuin-iiutjs.
propre à cet autre ministère qui ne doit connaître tics omcrers qui rempinu. i
P
propre à cet autre ministère q
que les lois ci qui ne transige jamais. |
D'ailleurs , la recherche et la poursuite des |
crimes demandent une surveillance active et con-
tinue , à laquelle ne peut s'abandonner un juge-
de-paix , distrait par des fonctions aussi cond- '
nues et plus douces. ' f^\yg punir les crimes. Il vous proposera bientôt
L'officier chargé de la police de sûreté, doit ' l'établissement d'un tribunal d'exception contre
plutôt considérer la sociéié que les particuliers: 1 les attentats commis par des hommes qui sont
un officier-de-paix doit plutôt considérer les par- , en guerre ouverte avec la société. Les officiers
Ces officiers sont des agens qui manquaient a
notre organisation intérieure. La dépense sera
moindre et le service mieux fait.
Le gouvernement, citoyens législateurs , regarde
comine le principal de ses devoirs , celtii de
dépouillés par des jugemens arbitraux rendus au
pretit des communes , en exécution de la loi du
10 juin I7y3.
Il est à regretter encore qu'on ne s'occupe à ré-
parer que pièce à pièce le sysiêinc si mal combiné
de la législaiion sur les communaux. Il faudrait
en venir enfin à- reviser entièrement la loi du 10
juin 1793 , pour la dépouiller de ses vicss , et en
concilier les dispojiiions utiles avtc le respect dû
à la propriété. Ceiie révision réclamée de toutes
parts et depuis si long-tems , celte révision tant de
fois promise et annoncée par les législatures , cette
révision que comm.încient la morale' et l'intérêt
public ne peul:aujourd'hui rencontrer d'obstacles,
et ne doit plus éprouver de retards.
Depuis six ans, on a présenté à la tribune na-
tionale une foule de projets d'amélioration que
des circonstances malheureuses ont toujours
éloignés ; mais aujourdhni , tout ce qui estjuste
et utile peut se laire aisément.
L'objet est d'autant plus urgent , que d'après
la loi du 21 prairial an 4, qui a maintenu pro-
visoirement dans leurs possessions tous les dé-
tenteurs actuels des biens piétendus commu-
naux , afin d'arrêter le cours des innombrables
1 contestations auxquelles avait donné lieu la loi
1 du 10 juin 1793.
On voit depuis près de cinq ans des usurpa-
I teurs jouir paisiblement de terreins immenses ,
auxquels ils n'ont ancuns droils. Cette suspension,
de 1,1 justice est l'éploriible : elle cause les pertes
les plus énormes à la république , et à une fouie
d'individus. Il eit teras enfin qu'elle cesse , que
les usurpasions soient réprimées , et que les vrais
propriétaires rentrent dans leurs biens.
Aucun orateur ne demandant à continuer la
discussion ,. le corps-législatif procède' à l'appel
nominal sur le projet de loi.
Le nombre des votans est de sS?. Le dépouil-
lement du scrutin donne 246 sufirages pour l'a-
doption : en conséquence , le projet est converti
en loi.
N'y ayant rien pour demain à l'ordre du jour,
l'assemblée s'ajourne à tridi.
ticuliers que_la société. La sévérité est le partage
de l'un ; et la douceur celui de l'autre. Celui-ci
étudie les intétêts des hommes ; celui-là ne pesé
que leurs actions, il ne consulte d'autre intérêt que
celui de la loi.
De plus, combien de citoyens honnêtes et pai-
sibles ne sont-ils pas éloignés de la place dejuge-
de-paix par la perspective des fonctions crimi-
nelles , jusqu'ici attribuées a celle place ?
Faut-il parler de la répugnance que doit éprou-
ver un homme élu par ces concitoyens , lors-
qu'il sagit de devenir contre eux un instrument
de sévérité et de rigueur ? Sans nous arrêter aux
ménagemens auxquels sa situation Iç soumet ,
nous disons que son devoir doit être journellc-
aux prises , dans son cœur , avec sa venu même. I
dont l'établissement vous est aujourdhui pré
enté , deviendront encore alors plus nécessaires
COURS DU CHANGH.
Bourse du it frimaire.
Renie provisoire î3 fr. i3 c.
Tiers consolidé 33 fr. 88 c.
Bons deux ners i fr. 60 c.
Il est tems que l impunité des crimes cesse. Les | jj^^^^ j-^^j^^^g^ g^ ff_
.nstitutions gouverne"nt les hommes , mais il faut
des hommes pour faire marcher Ls institutions.
Ber/ier succède à l'orateur , et fait lecture du
projet de loi.
Le corps - législatif ordonne la mention au
procès-verbal , et l'envoi au tribunal.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet
qui fixe un délai d une année pour prononcer
sur les jugemens arbitraux rendus en faveur des
communes contre la république , relativement
aux forêts prétendus nationales.
Chabaiid , de l'Allier , expose les inolifs qui ont
Bons pour l'an 8 g5 fr.
Syndicat
Coupures 83 fr.
Dépouiller la justice de paix de l'exercice de déterminé le tribunal à voter l'adoption du projet
la police de sûreté , ce n'est point afiPaiblir ou I Ces motifs sont les mêmes qu'il a déjà exprimés
, , ^ , ■ '- . . '^. 1 i ._ . , _.- ..:i . Il ,.i,.„,;no -,;r,o; .
dég.ader celte magistrature , c'est la ramener a sa
véritable institution; c'est lui conserver le caric-
tere de popularité qui la distingue ,• c'est lui cona-
muniquer une nouvelle force et une nouvelle di-
gnité.
Les foncdons que l'on ôte aux juges de police
sont attribuées dans le projet , à des officiers
nommés par le gouvernement , et par lui desti-
tuables.
L'accusation publique , la recherche et la pour-
suite des crimes, appartiennent au pouvoir chargé
de l'exécution des lois. Ce pouvoir est le gouver-
nement. C'est donc au gouvernement à veiller
par lui-même , ou à établir des agens qui veillent
pour lui sur tous les objets qui iniéresser\t la sû-
reté , la tranquillité générale.
Dira-t-on que des fonctions judiciaires ne doi-
vent être confiées qu à des officiers inamovibles ?
Nous répondrons que les officiers chargés de la
rioHce de sûreté , ne sont point juges , mais seu-
dans son rapport au tribunal. Il termine ainsi
Le délai d'un an a paru sagement combiné, .en
raison du grand nombre et d«- l'importance des
affaires.
Les communes qui n'avoient pas produit leurs
jugemens et leurs pièces dans le mois de la publi-
cation de la loi du 28 brumaire , ne peuvent s'op-
poser au projet de loi , puisqu'il leur accorde à
elles-mêmes un nouveau délai pour les produire ,
et celles qui ont fait leurs productions dans le
tems udle , inspireroient de graves soupçons sur
la justice de leurs prétentions , si elles s'opposaient
à ce que la république eût le tems de se défendre.
Il suffit enfin de savoir comment les affaires ont
été discutées et jugées en arbitrage forcé, pour
accueillir avec empressement les moyens desou-
meitre à des Jugemens plus sûrs et plus équitables ,
les intérêts de la république.
Le projet de loi qui vous est présenté , législa-
SPECTACLES.
Théâtre dk tA REPUBi.iqtjE' et des Arts.
Auj Dardanus , opéra en 3 actes , et le ballet
de Pygmalion. — Les entrées de faveur n'auront
pas lieu.
Incessamment l'Oratorio d'Haydn, intitulé /a
Création du Monde , parodié et mis en vers fran-
çais par le cil. Ségut jeune . traduit de l'allemand,
et la inusiiuic arrannée parD. Steibelt. — -Le prix
des places stra doublé.
ri-iÉATRiL uii LA RUE Feydeau. Aujourd'hui
les Comédiens amhiu-ins , opéra en deux actes,
et Augustiiu et Ëenjamin.
THEATRE DES JEU.NES ÉLEVÉS, rue de Thionvillc.
Auj. la Confiance mal placée ; In Gouvernante par
amour ; la Fête d'amour , et le Chaudronnier de
Saint-F\oiir.
rHÉATiiE nu Vaudeville. Auj. Gesner ; la \
Puvue de l'an 8 , et /a Danse
ERRATUM.
Dans le n° d'hier, art. Paris , relatif aux_
adresses au premier consul , au lieu de ces mois :
tout s'accordera sur ces deux points; lisez : toutes
s'accordent sur ces deux points. Au lieu de ces
mots : honorables adresses ; lisez : innombrables
adresses.
Article Tribunal , opinion de Laussat , au lieu
de ces mots : ignorer ta discussion ; lisez : égarer \
la discussion.
L'^bonnemenl s= fait à Paris , rue des Poitevins, u<= l8. Le pris est de 25 francs pour troi. mois , 5o francs ponr 6 :
Il faut adresser les ïeUiesetlargcnt , franc déport ,au cil. Aga ûS e , propriétaire de ce journal , rue desPoitevii
pays o- , l'on ne peut affranchir. I,es lettres des déparlemens non. affranchies , ne seront point «étirées de la poste.
11 faut avoir soia, pour plus de sûreté, de charger celles qui renferment des valeurs , et adresser .ont ce qui co
Poilevins , n' i3 , depu) tocuf heures du matin jusqu'à cinq heures du Eoir.
ïis , et 100 francs pour l'année entière. Ou ne s 'abonni
, u" l8. Il faut comprendre dans les envois le port de
erne la rédaction de la feuille , au rédacteur , rue de
A Paris, de 1 imprimerie du cit. Agasse , propriétaire du Moniteur, rue dç! Poitevins, n" i3.
TTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
N' 73.
Tndi , i3 frimaire an 9 de la république française , une et indivisible.
Nous sommes aurorisés à prévenir r.os soiiscriptcurs qu'à dater du 7 Nivôse le M O NI T F. U R esc le seul jotrnal officiel. '
Il concienc les séances des ..torirés constlniées , les actes du gouvernemenz , les nouvelles <ks armées . ainsi que les faits' ec les notions tant sur
l'intérieur que suc l'extérieur, founiis par les correspondances rninistérieUes.
Un article sera particnliéreiiient consacré aux sciences , aux arts et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
ALLEMAGNE.
Hambourg , 22 novembre , ( 1" frimaire ).
V-/n vient de publier ici les deux pièces sui-
vantes.
Kote officielle de l'/imbasiadeur prussien à Vienne^
comte de Kcller , au ministère impérial.
Le soussigné envoyé extraordinaire , et minislre
plénipoieniiairc du roi de Prusse , est chargé
de se plaindre , près la cour impériale , de i'oc-
cupaiion d'un endroit situé sur le terriioire du
Duc de Saxe-Kilbourghausen , par conséquent
dans i'enctinie de la ligne de démarcation de
l'Allemagne septentrionale. Un détachement d'un
officier et de 20 chasseurs du corps de Lauenslein
W'eriheim , à la solde de la cour d'Angleterre ,
et au service de la cour impériale , est entré,
le 2 octobre, parordre exprès du lieutenant géné-
ral Simpschen , dans le bjillage de Koenigsberg ,
et y a pris possession du village principal ,
malgré les remontrances et protestations du lieu-
tenant saxon . Pape , qui y tenait le poste avancé.
Le détachement étant suivi bientôt après par deux
compagnies du même corps, l'ofilcier saxon a
été forcé de se retirer , avec son petit nombre
de troupes , à Cobourg.
S. M. le roi de Prusse a appris celte conduite
si contraire aux principes de la neutralité de
l'Allemagne septei:lrionale . avec le plus grand
éionnemeni. Le système de S. M. est assez
connu, aussi bien que sa résolution de le main-
tenir avec vigueur , et de ne jamais permettre
qu'il soit enfreint. Ce n'est donc que sans la
connaissancede S. M. l'empereur, quecette atteinte
peut avoir été portée , et le roi compte quelle
sera incessamment réparée. Une désapprobation
f ".rmellt de l'ordre donné au corps de Lauenslein
Vurtemberg , pour tranchir la ligne de démar-
cation , le rappel de ces troupes , et l'ordre
exprès de prévenir , dans le futur , de semblables
excès , peuvent seuls atteindre le but désiré.
Telles sont les mesures que le soussigné a
reçu ordre de proposer à son excellence le
mintstre de cabin;t , comte Golloredo , par la
présente note. etc. etc.
Vienne , 2g octobre , 1800.
Sig7lé , K E L L E R.
Réponse du comte Colloredo.
Le soussigné a l'honneur , etc.
Lii soussigné ignorait entièrement cet événe-
ment. Mais les inforrastions nécessaires seront
laites sur-le-champ , et de suite on prendra les
mesures qui peuvent tendre à la salislaciion du
roi de Prusse. lia cependant 1 honneur d'assurer
M. 1 ambassadeur que celle infraction, en cas
qu'elle ail eu lieu , a été commise sans la con-
naissauce de S. M. ; l'empereur, étant très-éloigné
de vouloir enfreindre les principes de la neutra-
lité adoptés par la cour prussienne, pour 1 Alle-
magne septentrionale , et qu au contraire , elle
saisira toutes les occasions de témoigner à S. M. ,
le roi , SCS scntimens d'amitié , etc.
Vienne , 3o octobre , 1800.
Sij^né , Colloredo.
ARMÉE DU RHIN.
Le général en chef à l'armée du Rhin. — Au quartier-
général de Munich , le ii jnmaire an 9 de la répu-
bliquejranquise une et indivisible.
Soldats !
Le peuple français était loin tte croire que vous
«cilez fortes d.i leprcnurc encore les armes dans
les saisuns les pluj ligouteuses. pour lui donner
une paix qu'il désire avec bonne foi , et que ses
çnin;iiii3 cherchent à éloigner par les ruses que la
diplomatie n emiiloie que trop frcquemraeni.
En eflct on ne pouvait gueres s'attendre à voir
un négociateur se présenter sans pouvoir de né-
gocier.
Le gouvernement français, aussi franc que doit
léirc celui d'un état libie , s'est empressé de
faire à I ambassadeur de la maison d'Autriche
les ouvertuiet Us plus avantageuevs , et ne dou- '
tait nulleinent de mettre un terme à vos tra-
vaux , et de rendre le repos et le bonheur à la
république.
Le comte de Cobenzl déclare qu'il ne peut
traiter de la paix qu'en présence des plénipo-
tentiaires anglais.
En vain lui observe-t-on qu'un peuple qui
solde tous ceux de l'Europe qui veulent s'armer
contre nous , ne consentira point à voir cesser
une guerre que son gouvernement trouve avan-
tageuse et cherche à prolonger même par des
moyens odieux.
La raison se tait devant des pouvoirs impé-
raufs , et de nouveaux succès paraissent seuls
devoir faire changer des dispositions aussi
étranges.
C est par d'aussi misérables chicanes que nos
ennemis ont cru gagner une saison qui ne vous
permettrait pas de suivre les succès de celte
campagne.
Ils devraient vous mieux connaître et croire
quî les soldats français aussi peu sensibles aux
rigueurs de la saison , qu'ils l'ont été en con-
quérant la Hollande et défendant le fonde Kelh,
sauront surmonter les mêmes obstacles pour
rendre à leur patrie une paix qui melira le comble
à leur gloire et à sa prospérité.
Le général en chef ordonne que celte procla-
mation soit mise à l'ordre de l'armée et imprimée
dans les langues française et allemande.
Signé, MoREAU.
Pour copie conforme ,
Le général de division, chef de l'état-major-général
de l'armée.
Signé, Dessolles.
ITALIE.
ARiVfÉE D'ITALIE.
Brune, général en chef , à l'armée. -^ Au quartier-
général de Milan , le a6 brumaire an 9.
Envaii>4 après la victoire , les français se mon-
trent généreux; il est des hommes i'nfluans darts
la cour de Vienne , qui veulent encore la guerre.
Les cessions des places , les complaisances di-
plomatiques ne sont qu une forme évasive , dont
le but est de gagner du leras.
11 faut donc encore recourir aux armes , finir
celle longue lutte qui ensanglante depuis long-
tems le continent.
Le gouvernement a donné le signal.
Soldats de la liberté et de la gloire ! la scène
des grandes actions est ouverte ! vos braves
appellent l'immorialilé !
Jamais campagne ne s'ouvrit sous de plus
heureux auspices ; la solde courante et arriérée
s'améliore : l-s maladies ont diminué ; mais
qu'ai-je besoin de tous ces détails ?C est de gloire
qu il faut parler aux français â la veille des ba-
tailles. Que les troupes ennemies ne servent que
pariniéiêt, c'est la tâche des peuples esclaves;
mais nous , nous somrpes les enfans de la patrie,
et la gloire nous appartient. Vive la république !
Signé , Brune.
RÉPUBLIQUE CISALPINE.
Le comité de gouvernement au peuple cisalpin. —
Milan , le i" frimaire an 9.
Proclamatio n.
Pour accélérer la conquête d'une paix stable ,
les troupes républicaines courent fncore une fois
aux armes , seul moyen de mettre un terme à la
mauvaise foi d un ennemi opiniâtre qui , comme
ruse de guerre , s'est fait un système de gagner
du tcms avec les négociations.
Tous les vrais amis de la liberté ont vu , avec
les transports de la joie la plus vive , s'approcher
cet instant si de»iré, qui doit mettre lin aux
charges extraordinaires qui pèsent sur vous , et
qui rendra plus sensible , au peuple cisalpin, la
léaliié de.-i grands bienfaits d'un gouvernement
républicain.
Mais c est dans ces circonstances, que les hommes
fauteurs de troubles , par système ou par intérêt ,
les conspirateurs secrets , les émissaires des puis-
sances ennemies, ont coutume de s'agiter avec plus
de force, se flattant de pouvoir, à la faveut des
distraciions , qui sont la suite nécessaire de la
guerre, troubler la république avec l'espoir de
1 impunité.
Ces misérables se trompent , si tel est leur es-
poir. Le comité de gouvernement, consiant et
terme dans sa conduite , rendu plus fort encore ,
parlunion amicale et sincère dans laquelle il vit
avec les autorités civiles et militaires de la répu-
blique française . garantit à tous les bons citoyens
lemainnen inaliérable delà tranquillité intérieure,
pendant que les héros républicains courent à de
nouvelles victoires.
Le gouvernement ne se départira pas pour cela
du sistême de modération qu'il a adopté : la li-
berté individuelle sera plus que jamais respectée ,
et ceux mêmes qui ne marchent pas droit dans le
seiis de la république, n'éprouveront d'autre
peine^ que de se voir abandonnés au mépris bien
mente de leurs concitoyens plus éclairés qu'eux.
Mais la modération du gouvernement est lé
résultat d une fermeté de principes , et non de
la faiblesse ou delà bassesse; et ce serait un
délit contre la république que d'user d'une mo-
deranon déplacée avec des hommes décidément
malveiUans et traîtres. Les personnes trompées
ou séduites cessent elles-mêmes d'avoir droit à'
la pitié , lorsqu'après les avis qu'elles ont reçus ,
elles se montrent incorrigibles.
Ainsi les alarmistes , les propagateurs des nou-
velles fausses et exagérées , les détracteurs de la'
repubhque et du gouvernement , les perturba-
teurs de toute espèce se flânent en vain de se
soustraire à la surveillance publique et à la ri-
gueur des lois, qui, dans les circonstances
présentes , seront rappelées â leur exécuiioii
inexorable.
Par ces dispositions , le comité de gouverne--
ment ne prétend enchaîner la volonté d'aucun
citoyert , ensorte qu'il ait à se plaindre que ,
dans un état hbre , il lui est défendu d'agir
librement. Quiconque ne veut point vivre sou-
mis aux lois et concourir de bonne foi à l'affer-'
raissement de la république . et préfète au con-
traire de conspirer pour sa dissolution, est libre
de chercher sous uii'autre ciel un gouvernement
qui convienne mieu.» à ses passions ou à son
caprice.
Il n'y aura pas un bon citoyen qui ne con-
vienne de la justice de ces dispositions. Elles
seules peuvent contribuer au maintien de l'ordre
et de la tranquillité pubhque. Puisque les ennemis
de 1 extérieur conspirent encore contre l'existence
de la république , il n'y a que des hommes insen-
sés ou perfides qui puissent tenter de la troubler
intérieurement, en niant avec une malveillance
suggérée , le bien qu'ils ne veulent pas recon-
naître , ou en exagérant le mal que les circons-
tances rendent inévitable.
Mais ces êtres lurbulens ou pervcr?, s'ils ne mul-
tipliaient pas , pour ainsi dire , leur existence par
leur agitation conunuelle , ne mériteraient pas de
fixer un seul instant l'attention du gouvernement ,
au milieu de la masse innombrable de bons ci-
toyens qui aiment la république par sentiment et
par principe.
Le comité de gouverneinent croit donc ne pas
se tromper , en se promettant de voir tous les
amis de la république concourir aVec lui aa
maintien de la iranguillité dans les circonstances
actuelles , but important auquel tendent tous ses
eirorts. .
Leur active v.igilance , et en particulier celle
des braves gardes nationales , de tous ceux enfin ,
qui, ayant tout sacrifié à la liberté, auraient leur
propre existence en horreur s'il fallait vivre san»
elle , suffira pour garantir la république de toug
les attentats de ses ennemis .pour réduire a«
silence tous les provocateurs des disseniions civi-
les , et pour répondre ainsi à la juste confiance du
général en chef dans le bon peuple cisalpin et
dans ses gouvernans. •
Auloriiès constituées ! c'est à vous qu'il ap-
partient d'exciter ces dispositions jiàrriotiqueï
parmi le peuple , et dé les y maintenir imper-
turbablement. Si le gouvernement ne s'est pas
trompé sur le choix qu'il a fait de vous , vous
ne manquerez pas de suisir avec transport l'occa-
sion qui se présente d'acquérir , en accomplie
sant uiî^ devoir sacré pour vous , un titre (îis'-
ungué à la reconnaissance de la pairie. '' '
Le comité de gouvernement , SomiviariVa ,
VlSCONTI , RuttA.
«86
T R I B U N A T.
'Présidence de ThiessL
SÉANCE DU 12 FRIMAIRE. '
lE citoyen Pâris-Mainvilliers , du départeraeni
dEure-ei-Loir ^ dénonce l'arrêié du conseil-
d'étal du I2 brumaire an 9, comme coiitraiie
à la loi du 11 frimaire an 8 , qui substitue la dé-
chéance aux folles enchères .
Cette dénonciation est renvoyée à l'examen
d'une coïnmission composée des tribuns Arnould,
Mouricault 4 Huguet , Laloi et Legicr.
Le corps-législatif adresse , par un message , le
projet de loi sur h police simple et de sûreté.
Ce projet est renvoyé à une commission de
tinq membres , composée des citoyens Malherbe,
Siméon , Gillet , GoUpil-Piéfeln et Grenier.
Un secrétaire fait lecture d'un arrêté pris hier
en comité secret; cet arrêté , dont une nouvelle
rédaction a été pioposée dans celte séance par
Jard-Panvilliers, porte que lorsque lej tribunal
notifiera au sénat-conservateur les vacarices qui
auront lieu dans son sein par mon , démission
ou autrement , il en donnera connaissance , par
un message au corps-législatif et aux consuls
de la république.
Cette rédaction a été adoptée.
L'ordre du jour appelle un rappo-t sur le
projet de loi relatif à l'organisation de la justice
de paix.
Taure, de la Seine. Tribuns , organe de la
commission que vous avez nommée pour exa-
miner un projet de la loi relatif aux justices de
paix, je viens vous présenter le résultat de ses
méditations.
Il n'est personne qui ne reconnaisse que la
jusiice de paix est une des plus belles institu-
tions de notre législation moderne.
Représentons-nous un magistrat spécialement
chargé de veiller aux intéjêts de ses concitoyens.
Il ne pense, il n'«xiste que pour eux. Les mi-
neurs , les absens, les interdits sont l'objet par-
ticulier de ses sollicitudes. C est un père au mi-
lieu de ses enfans. S il se commet une injustice
qui doive être réparée sans délai , s'il s'élève une
contestation sur des objets d'une valeur niodi-
que ou d'une extrême urgence, c'est à lui .^ „ ^
qu'on s'adresse , cest lui qui doit prononcer | ,"jon"^e cVnrimes addidoViners ?
«ans formes, sans frais •, a son tribunal, ce jne
tont point des plaidoyers solemnels , ce sont des
cxplicaiions franches et simples. Il dit un mot,
et les injustices se réparent , les divisions s'é-
teignent, les plaintes cessent. Ses soins constans
assurent le bonheur de tou%i:. il recueille à son
tour la plus douce des résQmpenses : p.ir-toul
il est chéri , par-tout il est respecté. Voilà le juge-
de-paix.-
Je n'ai considéré ce fonctionnaire que sous le
Tapport de ses attributions civiles. Le projet qui
vous est soumis l'envisage sous ce seul point
de vue.
L'assemblée constitutante , à laquelle nous de-
vons celte sublime institution , ne pouvait nous
donner une organisation parfaite. Toute organi-
»ation nouvelle a besoin des leçons de l'ex-
- périence.
Nous avons aujourd'hui sur cette matière dix
années de leçons. On a reconnu dans la pra-
tique beaucoup de dispos'tions excellentes ;
mais aussi quelques imperfeciions ont été recon-
nues. Le nouveau projet contient-il les léfor-
mes désirées ? C'est ce que nous allons exa-
miner.
Trois titres forvnent sa division.
Le premier traite du nombre et du territoire
des justices de paix.
Le second concerne les attributions.
Le troisième ne renferme qus des dispositions
générales.
A l'égard du territoire , suivant le projet de loi y
le nombre des justices de paix doit être réduit à
trois mille six cents au plus.
Les arrondissemens de justice de paix se régle-
ront , autant qu'il sera possible , sur les bases com-
binées de la population et de l'étendue terri-
toriale.
La population moyenne d'un arrondissement
de justice de paix sera de dix raille habitans ;
l'arrondissement ne pourra en embrasser plus de
quinze mille , et moins çle cinq mille.
La moyenne étendue territoriale de l'arrondis'.'
sèment sera pour me servir des termes du projet ,
de deux cents cents cinquante milles quarrés , ou
pour me servir de ceux de l'exposé des motifs ,
de dix lieues quarrées ; elle ne pourra en com-
prendre plus de irois cents soixante quinze ( ou
Quinze lieues quarrées) , ni moins de cent yingt-
cinq (ou cinq lieues quarrées. )
Telles sont les bases qu'on vous propose pour
des motifs annonce que dans la division présente
chaque justice de paix embrasse, terme moyen, cinq
lieues quarrées , ou cinq mille justiciables , il en
résulte que le tcriine moyen proposé doit être
double de celui d'aujouid hui ; la réduction est
donc de moilié.
Maintenant examinons la nécessité de cette
réduction-, elle est fondée , dit-on , sur la disette
d hommes éclairés et sur l'économie.
Quant au premier motif, il faut en convenir .
les hommes très-instruits ont toujours été rares ;
ils le sont iiujourd'hui plus que jamais dans cer-
taines parties de la France.
Mais on doit convenir aussi que les lumières
sont relatives. Plus la science est compliquée, plus
elle exige de lumières, et dans tout éiai oti elle
est-simple , celui qui sait assez pour bien remplir
son devoir , doit être , relaiivement à ce même
état , rangé dans la classe des hommes éclairés.
Qii'on fasse donc un bon code de ju^e-de-paix;
qu'i 1 soit clair , piécis , qu'il dise tout ce qu il doii
dire ; qu'en l'apprenant bien on sache tout ce que
l'on doit savoir ; qu'il Soit enfin totalement com-
plet, qu'on n'ait pas besoin de recourir à d'auires
lois, et ce moyen sera beaucoup plus efficace
pour trouver aisément de bons juges-de-paix dans
quelques arrondissemens plus étendus, lussent-
ils non-seulement doubles , mais même quadru-
ples de ce qu'ils sont à présent.
A l'égard de l'économie, il est aisé de «lavoir
jusqij à quel point elle peut entrer en considé-
ration.
Dins le cours de l'an 7 , un rapport fut fait au
coriis-législaiilsur le traitement des fonctionnaires
de l'ordie judiciaire. Le traitement dts cinq mille
neuf cent sept juges-de-paix , distiibués dans lout
le territoire euiopéen de la république , fut fixé ,
par une loi du 8 ventôse an 7, à 4,862,600 fr. ; si
l'on réduit Cc; nombre de cinq mille neuf cent
sept à trois mille six cents, ce yera deux mille Irois
cents de moins , et comme la réduction portera
toute entière sur une clase de fonctionnaires qui
n'ont que 800 fr. de traitement, la dimin mion sera
de i,8oo,oos fr.
Mais d'un autre côté ne faudra-t-il pas augmen-
ter le traitement des jugesde-paix ? Coimme ils
auront à se déplacer plus souvent , à rester plus
long-tems absens de chez eux , ne faudra-t-il pas
les indemniser ? Enfin , les justiciables n) ant plus
de chemin à faire, lorsqu'ils auront besoin de
paraître devant le juge-dc-paix , ou qu'ils seront
appelés par lui , ne perdraicnl-il pas en frais de
voyage ce qu'ils auraient pu gagner en diminu-
opérer une nouvelle division , et comme l'exposé | ticle 10
Au reste , quand il s'agit d'une des plus im-
portantes institutions, c'est moins léconomie qu il
faut consulter que l'avantage d'y donner toute la
perfection possible.
Un bon code nous a paru le principal moyen.
L'exposé des motifs annonce comme une autre
raison, pour aggrandir le lerritoiie desjustices-de-
paix, la loi qui doit leur retirer les fonctions dé
la police judiciaire.
Sans entendre rien préjuger sur un projet que
nous ne connaissons pas encore , nous nous con-
tenterons de dire que, si d'une part , l'inflexible
sévérité de l'officier de police semble ne pas s'ac-
corder avec l'indulgence paternelle , avec l'esprit
de douceur et de conciliation , qui convient au
juge-de-paix , de l'autre , nous devons avant
tout, nous assurer si les fonctionnaires qu'on pro-
posera de mettre à la place des- juges-de-paix se-
ront aussi rdssurans qu'eux pour le maintien de
la liberté publique.
Supposons un instant que le projet sur l'aug-
mentaiion des arrondissemens fût approuvé , que
ctlui sur la police judiciaire ne le fût point , et
que la nouvelle division territoriale vint à s'exé-
cuter , ce qui devrait arriver dix jours après l'é-
mission de la loi, conformément à l'acte consti-
tutionnel , qui donc exercerait la police de sûreté
dans les ressorts dont les juges-de-paix se trou-
veraient supprimés ? Serait-ce les juges-de-paix
des nouveaux arrondissemens ? ils diraient tous
sans doute : a La nouvelle loi n'a trait qu'aux
)> justices de paix.; c'est aux justices de paix
11 seules que cette division appartient ; elle ne
11 nous donne aucun droit de juridiction comme
!) officier de police judiciaire; il faut nécessaire-
)j ment une autre loi qui nous attribue les fonc-
>» lions de police dans toute l'étendue de notre
>) nouveau territoire , ou qui en confie l'exercice
)j à des agens spéciaux. i>
Vous seriez alors exposés à la plus cruelle des
alternatives.
Il faudrait ou souffrir que cette police restât pa-
ralisée , ou consentir aveuglénaent à l'admission
du nouveau projet qui vous a été présenté.
Votre commission a donc pensé qu'en ce qui
concerne le titre premier du projet relatif aux
justices de paix, il serait dangereux de l'admettre
sans que celui sur la police judiciaire fût connu,
discuté et jugé.
Passons au titre II. Ce titre concerne les attri-
butions de^ juges-de-paix; il commence à l'ar-
Cet article porte: "En toutes affaires civiles qàl
i> excèdent leur compétence judiciaire , et qui
1) n'intérsssent ni la naiion , lîi des individus dé- _
5) clarés par les lois , inhabiles à transiger, ji k-s
5> juges -depaix sont chaînés de concilier les par-
)î lies ,et de les inviter ,en casde lion-conciiiation ,
)î à se fai«; juger par des arbitres' >' ^
Votre commission a remarqué (^»a il existait une
omission dans cei article : les altairL-s de commerce
sont aussi des affaires civiles ; leur n.itiire pstiicu- .
Hère est telle qu'on ne peut pas attendre de tous >j
les juges-de-paix qu'ils soient asstz instruits pour
être en élat de concilier les p.'.riies toutes les fois
qu'ils'agira d'une discussion commerciale. Cepen-
dant , il semble résulter de cet article qu'en pa'reil
cas l'épreuve de la conciliation doit avoir lieu ; la
preuve en est que, ces jsortes de matières ne sont
point exceptées , et tout le monde sait que ce qui
n'est point compris dans l'exception , appartient à
la disposition générale : il est donc i_ndispensab!e
que cette exception soit exprimée ; si elle ne l'était
pas , la loi produirai 1 un etfct diaméiraleuien.t con-
traire à celui qu on doit en attendre ; au lieu de
prévenir les procès , elle en contiendrait le germe ;
les diversités de jurisprudence qui pourraient avoir
lieu , favoriseraient la mauvaise foi , et le plus sou-
vent occasionneraient des lenteurs fâcheuses et
des frais inutiles..
En supposant qu'on' prît le parti de s'assujettir
à la rigueur du texte , ce serait une formalité dis-
pendieuse, dérisoire , qui répugnerait à la saine
raison et et à l'esprit mêraï de la loi.
Concluons qu'il faut de toute nécessité placer
dans l'article une exception relaiivement aux ma-
dères commerciales, et qu'ainsi 1 omission qui en
a été faite doit êirc réparée.
L'article XVIII du 6 mars, 1791, l'avait con-
sacrée en termes formels ; ceci répond à l'objtctioa
qu'on pourrait faire ijue cetie cxptession de l'ai-
ticle X , en toutes affaires civiles, ne frappe point
sur les affaires de commerce.
L'article II du titre X du décret du 16 août,
1790' parlant aussi de la nécessité de se présenter
en concili.v,ion , porte : aucune action principale ns ,
sera reçue au civil , et ce ijui prouve que lé mot
civil fut regardé comme générique, c'est qu oa
juge nécessaire l'exception insérée dans ta loi
de 179t.
L'article XI défetid aux tribunaux , à peine de
nullité , de recevoir, au cas de l'article X, la
poursuite d'aucune affaire qui n'aurait pas été
préalablement soumise à l'épreuve de la con-
ciliation.
Comment juslifiera-t-on qu'on s'est soumis à
cette épreuve ? Suivra-t-on le mode établi par
la loi en 1790 , relativement aux anciens bureaux
de paix , ou chacun sera-t il fibre de faire cetia
jusiihcaiion comme bon lui semblera ?
Le silence du projet à cet égard ne manquera
pas de jeter les tribunaux dans une grande in-
certitude , et d'occasionner entre eux une grande
diversité d'opinions.
Les uns pensent que le mode ancien n'est
plus applicable : 11 La disposiiion de l'article XII,
Il disent ils , établit un nouvel ordre de choses.
)' Il n'y a plus de buieau de paix , composé du
)' juge-dc-paix et de deux assesseurs. Le juge-
u de-paix seul est chargé de concilier les parues.
!) C est une organisation nouvelle. Puisque nous
)> ne sommes plus sous l'empire de l'ancienne
)' loi , quant à l'épreuve de conciliatioq , nous
)5 ne dépendons plus d'elle quant au mode delà
11 justifier. >i
Cependant ces mêmes tribunaux ne voulant
point qu'il dépende des parties d'ernployer tel
mode qu'il leur plaira , s'empresseront d en établir
un. Ce mode se convertira bientôt en usage , et
cet usage acquérera force de loi. Chaque tribunal
prétendra que le sien est le meilleur , et n'en
reconnaîira point d'autre : telle est l'origine de
toutes les jurisprudences.
D'autres tribunaux soutiendront que la loi de
1790 e.it toujours en vigueur sur ce point ; mais
malheureusement plusieurs n'ont encore pu s'ac-
corder sur l'initiative. Les parties fesaient signifier
en tête de leur exploit l'extrait du procès-verbal
de conciliation , pour tenir lieu de certificat. Tel
tribunal s'en est contenté , tandis que le tribunal
voisin exigeait ia copie entière. A Paris , dans
une affaire importante , où cette question fut
agitée , il y eut partage entre les juges , et le
partage ayant été vuidé , l'on jugea que la copie
entière était indispensable ; cependant beaucoup
de jurisconsultes persistent à croire que 1 extrait
suffit.
Un mot ajouté au projet eût prévenu le danger
des jurisprudences , et l'inconvénient des incer-
titudes. Celte addition devait trouver une place
à ta suite de l'article XII.
Je ne puis terminer cet article sans rappeler les
avantages immenses qu'on a retirés des anciens
bureaux de conciliation établis en 1790, près les
tribunaux de district. Les membres qui tes com-
posaient étaient des hommes éclaiiés , vertueux ,
animés du zèle le plus vif et le plus pur : ils ont
eu la satisfaction dç concilier un grand nombre
d'affaires , ils jouiront de toute Ja confiance de
leurs concitoyens , et ion pariera toujours d'eux
avec des sentimehs de iecounaissance et de res-
pect.
L'époque où cet établissement a cessé d'exisier
est ceile où l'épreuve de la coaciliation a' com-
mencé de devenir illusoire.
Ici se présente une léflexion naturelle.
S'il convient de réfoiraer les lois dont l'expé-
rience a fait reconnaître les inconvéniens , ne con-
viendrait-il pas aussi de rétablir celles dont elle a
démontre les avantages ?
L'article XIII est une répétition littérale de
l'article IX du litre II du décret du i6 août 1790.
_ On n'a pas cru devoir, dans le nouveau projeti
lien changer à cet égard.
Ainsi, dans toutes les causes puremenr per-
sonnelles et moblliaires , le juge de paix avec
deux assesseurs , doit continuer de juger sans
appel juscjuà la valeur de 5o francs , et à charge
•d'appel ju>qu'à la valeur de 100 francs ; en ce
dernier cas , ces jugemens seiont exécutoires par
provision , nonobstant l'appel , en donnant cau-
tion.
Plus d'une foi on a désiré de voir élever le
taux de la compétence des juges de paix. Ne
juger sans appel que jusqu'à 5o fr. , au premier
coup-d'œil, cela paraît faible pour Paris et quel-
ques grandes villes ; cette somme est en effet bien
modique , mais dans les autres communes , sur-
tout dans les campagnes , elle est assez forte.
Quant aux affaires de ce genre qui excédent
5o tr. et n'excèdent pas 100 fr. , nous observons
qu'on a fixé ce taux , comme étant celui auquel
1 admissiori de la preuve par témoin est limitée
par l'article II du litre XX de I ordonnance de
1667 ; c'était le seul moyen d'éviter les frais de
déplacement des témoins dans des causes d'une
tiop faible valeur.
Celles qui s'élèvent au-delà de 100 fr. , doivent
jusqu'à concurrence de loCo fr. être jugées en
premier et dernier ressort par le tribunal de
premi«re instance.
L'articleXlIIeûl diî tappeller quel tribunal con-
pa'ilra de l'appel des jugemens de la justice de
paix, et si Ion jugera somraairemeni.
La première question est décidée par l'aiticle VII
de la loi du 29 ventôse an S , sur l'oiganisation
judiciaire qui porte que ce sera le tribunal de
première instance.
La seconde est décidée par l'article XII du
titre III du décret du i6 août 1790 , où il est
dit que ces causes seront jugées sommairement
et sur le simple exploit d'appel.
Ainsi faute de 2 lignes omises dans le projet ,
Ceux qui voudraient le bien comprendre seront
obliges de recourir aux disposiiions de deux
fois différentes , dont la plus ancienne est en
partie abrogée.
L'art. XIV du nouveau projet est la copie de
l'an. X du liire II du décret du 16 aoûi 1790;
mais à 1 époque de cette loi , le code rural n'exis-
tait pas encore. Sa date est du 28 septembre
1791. Voilà pourquoi en 1790 , l'assemblée cons
tiluante classa parmi les attributions civiles des
juges de paix , les actions pour dommages faits
soit par les hommes, soit par les anitnaux , aux
champs , fruits et lécohes. Depuis que le code
rural existe, cette disposiiion n est plus appli-
cable , et cependant on la retrouve iniétée
dans le nouveau projet.
je dis qu'elle n'est plus applicable ; en effet
le code rural considère la plus pan de ces dom-
mages Comme des délits appartenans les uns à la
police municipale , les autres à la police correc-
tionnerte.
Ils sont donc sortis , dès-lors , de la partie
d'attribution civile où la loi de 1790 les avait
placés.
L erreur Commise dans le nouveau projet vient
de ce qu'en copiant la loi de 1790, on ne s'est
pas rappelé qu une loi subséquente avait tout
change sur la matière des dommages commis
dans les campagnes. Il faut ou convenir de cette
erreur ou preieudre qu'on a voulu reiirer à la
police simple et à la police correciionnelle , la
connaibsauce de ces sortes de délits. Une telle in-
tention ne peut être supposée.
L'article XIV est donc vicieux en ce qui con-
cerne la disposition dont il s'agit. Cette dispo-
lition forme le paragrjphe I. '
Le second paragraphe appelle aussi nos obser-
vations. Non-seulement il atiiibue aux jugcs-de-
paix , la connaissance des déplaccmcnsde bornes,
des usurpations de terres , aibres , fossés et auties
clôtures commises dans l'année ; des entreprises
«ur le cours d'eau servant à l'arroseincnt des
prés, commises pareillement dans I année ; il
ajoute , et de toutes autres actions possessoires. Cette
addition copiée comme tout le teste dans la loi
de 1790 , offre un sens trop large , et semble dire
que Us juges de-paix statueront sur toutes les
•quesiions reiatives à la possession; car cette ex-
piejjion , toutei autres actions possessoires ^ n'ex-
287
cepte absolument rien. Cela posé, toute demande
qui cpncerne la possession soit d une maison ou
terre , soit d un dioii réel , soit il'une univer-
salité de meubles , sera de la coiTipciciice du
juge-de-paix. Qjttlles immenses aitiibiiiioiib ! Re-
marquez , d'ailleurs , <juc les seules (|ucslions sur
la possession des dioiis téels , tels que ks droits
de passuge et autres serviiudes , fom ilaîire sou-
vent des difficultés Irès-ciélicates , et d'une solu-
tion très-enibarrassanle. La demande en réinté-
gration pour universaliié de meubles, peut de
même piésenier des queilions qui ne sont nulle-
ment à la portée de tous les ciioycns.
Et 1 on voudrait que les fonctions de juges-de-
paix devinssent plus faciles à remplir! assuiément
ce n'est pas là le moyen d'arriver à ce but.
Si la loi de 1790 offre cette addition, on se flat-
tait alors qu'il y aurait plus' d'hommes en eut de
remplir les fonctions de juges de paix , ([ue les lu-
mières seraient moins inégalement disislbiiées, que
d'anciens juiisconsultes vivant dans la rcitaiie ,
accepteraient volontiers ces honorables fonctions.
n Désoimais , disait un membre de l'assemblée
)) coiistiiu^inie , dans la séance ilu 6 juillet 1790,
M l'agriculture sera plus honorée et le séjour des
11 champs plus rechciché. Les campagnes seront
>■' peuplées d'hommes de mériie de tous les genres,
n Pourrait-on leur confier un poste pltis honorable
)) que celui de juge de paix .""Je le deraarrde àcha-
1) cun de vous, ajouiait-ii ; de relour dans votre
ij département , ne croiricz-vous pas recevoir une
51 grande laveur, si la confiance vou.s appelait à
1) une place où l'honnêie homme pourra faire
Il tant de bien ? n
Ainsi parlait un jurisconsulie qui sera l'éternel
sujet "Je nt)S regrets , le célèbre Thouret.
Vous voyez, tiibuns . qu on é:aii loin de s'at-
tendre alors à cetie inégale distribution ties lu-
mières, à cette péuuiie même donion se plaint au-
jourdhui, puisque jamais on ne serjiii autant
qu'aprésent le besjiin de meure les fondions de
juges-de-paix à la portée de tout le monde. Je ré-
péterai ce qu'a dit le rédacteur de l'exposé dts
raotils , je dirai comme lui qu'il convient de rame-
ner les choses à leur vrai point , et lie les réduire
à ce dont l'expéiience a démontré la sagesse et
1 utilité.
D'après ces réflexions , votre commission est
convaincue que la redactioti du deuxième para-
graphe du titre 14 , ne peut sans danger subsister
telle qu'elle est , (}n'oi) ne doil point étendre à ce
point l'aitrlbutiou relative au possessoire ; m^is
(ju'il importe delà piécistr de manière quelle soit
réduite à ce qu'elle doit être , et qu on ne puisse
élever aucun doute suir le véritable sens de ce pa-
ragraphe.
No'us n'avons aucune observât on à faire sur
les paragraphes III , IV et V ; ils sont également
une copie lidele de la loi de 1790.
A 1 égard du paragraphe 'VI où l'on retrace
aussi le texte de la même loi , il porte que les
juges-de-paix connaiiront des réparaiions civiles
pour injures verbales , rixes et voies de fait, pour
lesquelles les paniesne se seiont pas pourvues i^ar
la voie criiiiiiicllc ; il f.diait ajouter : ou par la
voie de police correctionnelU.
En 1790, il n était pas possible.de parler de
cette deiuière , parqe qu on ne la connaissait pas
encore. Le décret sur la police municipale et
correciionnelle est du 19 juillet 1791. ^
Ainsi 1 omission provient de ce iju'on a suivi
trop liitéialement la loi de 1790.
Il nous a paru d'ailleurs , que la rédaction,
pour être parfaitement exacte, eût dû èire aiii.-.i
conçue : Puur lesquelles il ny a pas lieu Je se pour-
voir par la voie de police municipale ou corr ctiion-
nelle , ou par la voie criminelle.
La conipéience est de droii public ; elle ne doit
pas dépendre de l'arbitraire' des parties : chacun
peut faire remise de lindemniié quil a dioit de
préieridre. Il ne doit jamais être en son pouvoir
d'empêcher que l'action publique n'ait lieu louies
les fois qu'il y a eu offense envers la socicié.
Le paragraphe XV, qui , comme l'ancienne
loi , rcluse auxjuges-de-paix la connaissante des
inscripiions de taux et'dénégalions d'écritures ne
nous a paru susceptible d aueune critique. Ce
sont , eu effet , des matières dont l'instruLiion est
trop hérissée de formes , pour être abandonnées à
des fonctions où l'on ne doit connaître que là
marche la plus simple.
L'article t6 piésente encore une omission im-
portante; on y lit : L appel des jugemens rendus par
les juges-de-pais , en exécution de i article 14 , .se
p«rte au mime tribunal civil , leciuel en ce cas pro-
nonce en dernier ressort.
Dans la loi de 1790 , on lisait de plus les mots
suivans ; Sommairement et 'sur le simple exploit d'ap-
pel. Celle addition était fondée sur ce qu'-il y
avait des avoués , sur ce que l'on continuait d'ob-
serverl'ordonnance de 1667, et sur ce qu'on eût pu
se croire autorisé, par cette ordonnance, à faire une
procédure (juelconque sur les appels des juge-
mens re ndus par les juges-de-paix , tandis qu'il
con venait , au contraire , qu'en cause d appel il
y eût la même simplicité d'iirstruciion qui avait
existé eu première instance.
Il y a parité de raison aujourd'hui , pourquoi
n'y aurait-il pan parité dcj ptécaulioiis ?
L'art. XVII parle Hes apposiiioTis de scelles qui
doivent être fai:^ par le juge de paix . «oit re-
quis, soit d'office. C'.-t article le chaigc d .npposrr
les scellés d ollice si les héiiiieis sont absens et
non-Tiprésenlés , mineurs non - émancipés et sans tu-
teurs. L et dans les mois absens et non représentés ,
est évidemment conjonciif; en effei, quoiqu'un hé-'
ritier soir absent , s il est majeur et reptéscmé , ce
n'est point le cas d'apposer les scellés d'office.
Mais si dans les mots suivans .• mineurs non'
émancipés et sans tuteurs , Vet est aussi coujontiif ,
c'est tout autie chose. Il en résultera que sans le
concours de ces deux circonstances , le juge-de-
paix ne pouira rien faire de son propre mouve-
ment ; en sorte que ai le mineur avaii un tuleur ,
et que celui-ci ne requît point l'apposition de»
scellés , elle ne devrait point avoir lieu.
Votre commission n'ose assurer que c'cst-là ra
qu'on u voulu dire , en supposant comme le
porte à croire la rédaciionqietelle soir tiiueiiiioi»
du projet; nous y trou\ona un inconvénient
grave. Un tuteur peu vigilant porterai; tpielquc
lois par s:t négligence le plus giand piejudice
à l'iriiérêt de son raiticur. A d-jlaut de celle pié-
caution , on pourrait divertir des deniers, des effets
précieux de la succession , sans même que le mi-
neur ait aucune prise contre son tuieur, ces ob-
jets ayant disparu avant l'inveniaite; il peut même
arriver que dans une succession , le tuieur ait des
iniéfêts oppoés à ceux de son pupille.
L'assemblée constituante l'avait bien senti ;
aussi dans li loi du 6 mars 1791 , ne manque
t-elle pas d'employer une disjonctive , et on n'y
lit pas comme dans le nouveau projet, mineurs non
émancipés et sans tuteurs , mais mineurs non éman-
cipés ou n'ayant pas de tuteurs.
La disposition du décret de 1791 , s'accorde
parlaitemcnt avec la sollicitude qne les Ijais ont
toujours eu et doivent toujours avoir pour la
conservation du droit des mineurs.
La disposition du nouveau projet nous paraît
donc vicieuse.
L'article XVHI est relatif aux délibéraiinns de
famille. On n y parle point de la nécessilé de
l'homologation , et cette nécessité sans douie est
incontestable ; mais quelle autoriié doil hoiuo-
guer par exemple les délibéraions qui ont pour
objet la nomination des luteurs et cur.ueurs ?
c'est ce qui n'esijpas clairemeni décidé dans la nou-
velle législation ; parmi les juges-ae-paix , les uns
renvoient en pmeil cas devant le tribunal civil.
D autres croyent avoir le droit d'homologuer eux-
mêmes , et certains tribunaux ne leur contestent
point ce droit. Il était essentiel de faire dispa-
raître celle bigarure par une disposition lor-
melle ; dans un projet où Ion a lépété tant de
choses sur lesquelles il n'existait aucun douie,
puisqu'elles éiaicni consacrées ].iar des lois anté-
rieures , on eût du . s'attjchet principalement à
fixer les points douteux.
' Cette défectuosité ne mérite pas moins d'at-
tention que toutes celles précédemment in-
diquées.
Lartice XIX est le premier du titre III, il
n'est pas non plus exempt de reproches , il porte
poite que les juges-de-paix peuvent être chargés
par les iribimanx de première insiance ou d'appel
d!entendre des térrfoins et de recevoir des ser-
mens d'experts , sans que cela leur attribue juris-
diction. Cette disposition est jusie , elle évitera
des frais de voyage , de séjour , mais elle n'est
pas suffisante.
Pourquoi les tribunaux de première instance
ou d'appel ne pourraient-ils pas aussi charger
quelquetois le? juges-de-paix des interrogatoires
sur faits et articles ? L'ordonnance de 1667 , per-
met de faire interroger en tout état de cause :
avant que les plaidoyers soient entamés l'interro-
gatoire peut être requis. Alors les juges du tri-
bunal ne sont pas mieux instruits ae l'affaire
que le juge-de-paix; si la personne qu'il s'agit
d'interroger est hors d'état de se transporter , il
sera nécessaire que le juge du tribunal se trans-
porte lui-même , à grands frais , aupiès d'elle ,
ou si quoiqu infirme, elle peut , sans danger, se
rendre auprès du juge à\x tribunal , il Uudra
que son adversaire supporte les frais de vojage
et séjour , tandis que tout cela pouvoit facile-
ment s'évitei par une délégaiion dontiée au juge-
de-paix voisin. '
Cette délégaiion n'est pas du nombre de celles
que le projet autorise ; nous ne doutons pus que
ce ne soit un oubh. Le même artid • XIX en
présente un autre non moins sensible. Il se
contente d'autoiiser la délégation pour la ré-
ception du serment des experts , et garde le
silence sur l'athimation de leurs rappoits.
Dans plusieurs ttibunaux de la république , un
usage ancien, constant, passé en foice de \oï
s oppose à ce que les rappors soient enihériiiés ,
jiisqu à ce que cette affirmation soit faite , eiil
y a même raison de permettre aux tribunaux
de déléguer aux juges-de-paix la lécepiion des
affirmations de rapports d'experts i]u à legaid du
serment que ces experts doivent pièier avant de
pouvoir commencer leurs opéraiioos. Er) I un et
1 autre eus il s'agit d éviter les frais, et le but
sera manqué, st l'expert, éloigné du tribunal
288
civil et voisin du juge-de-paix, est obligé de
se transporter près le tribunal pour afliimer son
lappori.
" I) faut donc que cet oubli soit léparé. Obser-
vons, en passant , que , par la même raison , la
taxe des txperts devrait être faite également par le
juge-depaix.
Un autre oubli s'apperçoit encore dans l'ar-
ticle XX; il pone que les juges-de-paix rece-
vront également , sans attribution de juriiliclion ,
l'affirmaiion des rapports ou procès-verbaux dres-
sés par les préposés ou gardes. 1° En matière de
<iouane; a° en iriatiere d'eaux et forêts. Les pré-
posés , à l'octroi , sont absolument dans le même
£3S rjue les préposés des douanes et les gardes
forestiers.
Il fallait donc ajouter ces mots : 3° en matière
d'octroi. Or, celte addition est omise ; la légis-
laiion des octrois l'a consacré , il fallait le rap-
peler.
L'article XXII déclare que les attributions ci-
viles des juges-de-paix sont réduites à celles ex-
primées dans le projet.
Il résulte delà que les affaires , dont les juges-
de-paix ont corrnu jusqu'à ce jour en vertu dé
lois pariiciilières , et que le projet n'a poinl lap-
pelées , ne itront plus de leur compétence.
Q.uand il serait inconiesiabie que ces divers at-
tribuiions doivent , avec raison , être retiiées au
j ige-de-paix , qui donc à l'avenir en aura la con-
n iissance ? C'est ce que le projet ne nous dit pas.
Il est à croire qu'elles seront portées devant
les tribuna'jx auxquels il appartient d'en être saisis
à raison de la matière.
Un seul exemple que je vais citer , prouve
qu'en certains cas le maintien de l'attribution sc-
iait préférable.
L'article II, du décret du g août lygt au titre de
la compétence sur les alfaiies maritimes , charge
les juges-de-paix , dans les cantons où il n'existe
aucun tribunal de commerce, de connaître , sans
appel , des demandes de salaire d'ouvriers et
cens de mer, de la remise des marchandises et de
l'exécution des actes de voitures , des contrats
d'affretlemeni et autres objets de commerce ,
pourvu que la demande n'excède pas leur compé-
tence.
Cetieattribution est du nombre de celles abro-
gées par l'article XXII.
Alors, pour un objet de iiès-peu de valeur,
tout au plus de 5o francs , et souvent de beaucoup
.moins , on serait obligé de sortir de son canton
pour aller plaider devant le tribunal de com-
merce.
Combien de fo's aussi , malgré la légitimité de
sa ciéance ou de son droit , ne serait-on pas forcé
d'y renoncer plutôt que de dépenser en frais de
voyage et séjour , beaucoup plus que la valeur
de la chose due ? Voilà l'inconvénient que la loi
de 1791 prévient, et qui résulterait delà nouvelle
disposition . si elle étai: adoptée. En vain , oppo-
serait-on que ce genre d affaires, rentre dans la
disse des causes personnelles et mobiliaires attri-
b.iées aux juges-de-paix par le projet ; je répon-
drais que l'article du projet qui traite des causes
personnelles et mobiliaires est , comme je l'ai déjà
dit, une répétition de l'article IX du titre II du
décret du 16 août 1790. Or, si l'assemblée consti-
tuante eût cru que cet article devait embrasser ce
genre d'affaires , elle n'en aurait pas lait une dispo-
sition formelle dans la loi de 179t.
L'article XXIII détermine quelles fonctions sont
incompatibles ave-c celles de juges-de-paix. Il les
borne à celles davoué et d huissier près d'un
tribunal.
Le décret du 6 mars. 1791, comme celui du
a5 janvier de la même année , avait exclu les
membres des administrations municipales ; le
projet l'abroge implicitement. Ainsi , d'après ce
projet , un citoyen pourrait réunir les deux fonc-
tions de maire et de juge-de-paix.
De tout tems on a reconnu l'inconvenance de
celte cumulaiion. '
Le maire appartient au pouvoir administratif;
Le juge-de-paix au pouvoir judiciaire.
Le premier est à la nomination du premier
consul ;
Le second est nommé par les justiciables.
L'un est révocable à volonté ; l'autre ne peut
être destitué que par forfaiture.
Enfin , les deux autorités sont tellement dis-
tinctes , même en considérant seulement l'indé-
.pendance du pouvoir judiciaire que la loi ne peu;
établir d'une manière trop précise la ligne de dé-
marcation qui doit les séparer.
Quand il aurait été possible d'admeitre la com-
patibilité par rapport au maire , on ne le pou-
vait pour l'adjoint du maire ; aux termes de la loi
du 27 ventôse an 8 , les fonctions du ministère
public sont remplies par les adjoints du maire ,
• dans les lieux où il ne se trouve pas de comibis-
saire de police. Et comme dans les tribunaux de
police , c est le juge-de-paix qui préside, il arri-
verait que dans le même tribunal , le même in-
dividu serait président ^t commissaire.
L'incompatibilité dont je viens de parler n'est
pas la seule , dont l'oubli réclamait notre at-
tention.
Le Bpuvcau projet ne -déclarant pas non plus
les fondions de notaire incornpalibles avec celles
de jijge-de-paix , abroge la loi du 1'' brumaire an
2 c]-ji établissait celte uicompatibiliié.
Cette loi reposaii cependant sur les plus puis-
sans motifs. Le caractère du juge , en général, est
la plus sévère imparlialiié. Osera-l-on assurer que
le jugt-uc-paix , qui comme notaire , aura la con-
naissance iniime ce l'une des parties ne ronsei-
vera jamais pour elle une préuilcclion contraire à
la justice? jjt-Lii-êtrc ne s'appcrcevra-i-il pas lui-
niénie de celle prédilection. I! ne sera p^s volou-
laircmeni injuste , j y con.sens , il n'aura pas moins
commis une injustice , et la paiiie lésée n'en sera
pas moins victime.
Sura-l-on iûr de trouver la justice , de trouver
l'impartialité lorsque sa qualité de conciliateur ou
déjuge le constituera l'interprète des actes qu'il
aura réiligés comme notaire de lune ou de l'autre
des parties ?
Enfin , il ne suffit pas que le jugc-de-paix soit
impartial , il faut de plus pour qu'il puisse inspirer
toute la confiance dont il a besoin , qu'il soit à
l'abri (lu plus léger soup^n de pariialiié.
Cette dernière considération seule sulKraitpour
démontrer 1 incompaiibiliié des fonctions de no-
taire et de juge-de-paix.
L'art. 23 contient donc deux oublis ou erreurs.
Le vingt-quatrième et dernier article annonce
qu'il n'est , quant à présent , rien innové à la
forme sommaire de procéder devant les jnges-
de-paix , non plus qu'à leur traitement , vaca-
tion , ni en ce qui touche aux greffiers et huis-
sier.'! établis près d'eux.
Qjiaut aux changsmens sur la forme il y a
lotit lieu de croire que ceux qui seront à faire
paraîtront avec le nouveau code général de pro-
cédure.
Pour le surplus , c'est-à-dire pour les traiie-
mens et vacations, ainsi que relativement aux
sort des greffiers et huissiers , au lieu de laisser
tout cela dans un état provisoire , et de ren-
voyer le définitif à une loi future , dont l'é-
poque est incertaine , le projet actuel aurait
du naturellement y pourvoir ou être différé si
l'on avait pas encore assez de renseignemcns.
Le projet ne dit pas non plus à quel âge on
peut êire juge-de-paix.
Jusqu'en 1792 on ne pouvait l'éire avant 3o
ans. Une loi du 16 septembre de cette même
année , n'en a plus exigé que 25.
L'an. IV de la loi du 27 ventôse an 8 , fixe à
3o ans lâge où l'on peut être juge, suppléant,
commissaire du gouvernement près les tribu-
naux, substituts et greffiers.
Laqu.lle, de la loi de l'an 2 ou de celle de
l'an 8, est applicable aux jugcs-de-paix ? La loi
de l'an 8 a pour objet l'orgjnisalion des tribu-
naux de première instance, d'appel, criminel,
et de cassation.
En I an 2 , comme aujourd'hui , toutes les fois
que le juge -de- paix tenait bureau de conciliation,
il était obligé d appeler deux assesseurs; suivant
le nouveau projet, sa présence suffira.
S'il est possible d être juge-de-paix à 25 ans,
je le demande , comment le but de la nouvelle
disposition sera-t-il rempli ? lorsqu il s'agira d'é-
teindre des haines invétérées, de rapprocher des
parens désunis , de ramener la concorde entre un
père et ses enfans , ne sera-t-il pas indispensable
que les efforts du conciliateur soient soutenus par
une sorte de vénération religieuse attachée à son
caractère et par une ancienue réputation de sa-
gesse et de vertu.
Le nouveau projet aurait dû s'expliquer sur
l'âge nécessaire pourremplirces iniporianies fonc-
tions.
Citoyens tribuns , je viens de parcourir tous
les détails du projet dont vous nous avez confié
l'examen. Voici le résumé de nos observations :
Le titre 1^"^. ne tend à rien moins qu à vous faire
préjuger une question de la plus haute impor-
tance , qu'à vous lier de telle sorte que si vous
adoptiez le projet sans connaîire celui qui doii
vous être présenté sur la police judiciaire , vous
seriez réduit à l'impossibilité de refuser celui-ci ,
quel qu'il fût.
Les autres litres présentent de nombreuses omis-
sions , des dispositions obscures, insuffisantes,
erronnées , divers renvois , les uns implicites , les
autres formels à d'auires lois laites ou à faire.
Au toial rien n'est plus incomplet ; rien cepen-
dant n'est plus ardemment, plus universellement
désiré, que la disparution de cette masse énorme
de lois anciennes et modernes , dont le poids nous
accable.
On n'y parviendra qu'en réunissant dans un
seul et même cadre lout ce qui appâiticnt à
chaque organisation.
Si celte mesure est nécessaire pour toutes les
branches de l'administralion de la jusiice , com-
bien ne l'est-elle pas pour la justice de paix ?
Il est bien important que les juges-de-paix et
leurs justiciables puissent apprendre sans efforts
et reteiiir sans peine des dispositions qui sontd'un
usage journalier , et que ces derniers puissent fa-
cilement acquérir toutes les connaissances néces-
saires pour partager à leur tour cette honorable
magistrature , s'ils y sont appeiléspat la çonliancp
'de leurs concitoyens.
Avec le projet actuel , il ne faudra pas moins
comme je l'ai déjà dit , coijnaîlre toutes les lois
qui ont été faites sur celte rinatiere, et par la suite
il faudra les oublier toutes , pour en apprendre
une certaine quantité d'autres . . qui prendront
successivement leurs places, et qui produiront
dans la mémoire une confusion d'autant plus
grande qu'elles la mettront aux prises avec le
passé . le présenter le futur.
Certes, elle sera bien préférable , cette loi qui
n'offrant plus aucune des impeiicciious ()ue nous
avons fait connaître , dispensera de recourir à des
lois antérieures , et d'en attendre de nouvelles,
et qui formera un code complet , lumineux , àla.
portée de tous les citoyens.
Elle seule peut remplir le but qu'on s'est pro-
posé dans 1k sublime instilution des justices de
paix. Alors les questions seront plus simples , les
piocès plus rares, les affaires plus prom'ptement
expédiées , les jugemCns plus uniformes ; alors et
seulement alors on éprouvera les salutaires effels
de cette régie éternelle , si bien connue , si rare-
ment suivie , que U vraie sagesse consiste à 'préve-
nir le mal plutôt qu'à se fier aux remèdes qui pour-
raient le guérir. 'Votre commission composée des
tribuns, Andrieux, Mallarmé, Ganilbe , Gary et
du rapporteur pense unanimement que le projet de
loi sur lesjusîices de paix ne peut être adopté.
Le tribunal ordonne limpression de ce rapport.
Carré. Il était important de restreindre les
fonctions de juges-de-paix aux opérations iialu-
relleraent analogues à l'essence du car.iciere dont
ils sont revêtus. La loi proposée ne remplit pas
cornplettement ce vœu général , mais die nous
en rapproche et le gouvernement nous annonce
qu'il proposera incessamment une loi qui atteindra,
ce but salutiare.
La section première du litre II consacre l'obli-
gation imposée aux partis de se présenter aux
juges-de-paix , revêtus du caiaciere sacré de con-
ciliateurs, avant que l'entrée des tribunaux leur
soit ouverte. On objectera sans doute que cette
obligation ne fait qu'entraver la marche dcï
affaires et augmenter les frais en multipliant les
pas des hommes de loi. Je répondrai que les
bureaux de conciliation dussent ils encore long-
temps n'êlre que des simulacres préparaloires de
l'ouverture d'une aciion , les législateurs doivent
les conserver avec persévérance ; le premier
exemple d'une conciliation effectuée , 'détermi-
nera bientôt d'autres reconciliaiions.
L'orateur examine ici les autres dispositions du
projet de loi piésenté, il les trouve justes et propres
à donner à la justice de paix le caractète particu-
lier de douceur et de sagesse ,' véritable objet ds
son institution. Il vote pour son adoption.
Barra ( des Ardennes ). Je trouve que la ré-
duction proposée , des justices de paix , est trop
considérable , qu'elle est entièrement opposée
au but de l'institution , qui veul qi:e chaque ci-
toyen trouve , pour ainsi dire, la jusiiceisous
sa main, chaque jour et à chaque iustant.
Quant à l'économie résultante de la réduction
proposée , je crois que le sujet n'en est pas
heureusement choisi. En effet , il est de principe
que toute dépense , comme toute économie ,
doit avoir pour but le plus grand bien des ci-
toyens ; or , une économie qui ne peut s'opé-
rer qu'en les mettant dans l'alternalive , ou de
se priver de la jusiice de paix , ce besoin de tout
les jours, étant obligés de 1 aller chercher trop
loin , ou de se constituer dans des dépenses
qui réunies , excéderont de beaucoup cette
économie vantée par le projet , ne peut-être ao
cueillie par des magistrats , chargés de stipuler
les intérêts du peuple. Je voie, en conséquence,
pour le rejet du projet.
Plusieurs membres demandent l'ajournement
de la discussion à après-demain ; d'autres veu-
lent que la discussion ne soit reprise qu'après
l'impression du rapport fait par Faure.
Matés , je demande l'ajournement , 24 heures
après la distribution du rapport. Il est impos-
sible de bien discuter le projet qui vous est
présenté , avant d avoir médite l'excellent dis-
cours de notre collègue Faure. D'ailleurs , le
projet de loi sur la justice de paix , tient de
très-près à celui qui vous a été distribué danis
cette séance ; il faudra nécessairement les com-
parer ensemble , pour juger s'il sont biea
combinés entre eux.
La proposliion de Malès est adopiéc.
■ On procède au scruiin pour la nominatioQ
d'un candidat au sénat conservateur. Il y avait
92 votans , personne n'a réuni la majorité ab-
solue des sufirages ; les scrutins se sont parta-
gés entre les citoyens Desmeuniers , qui a réuni
3o voix; Dedeley-d Agier 24; Clas^ous l3 ;
Lareveillere-Lépeaux 6 ; Grégoire 5 ; Treilhard4;
Bergeroi 2 ; les citoyens de la Marre , Daunou,
Bouueville , Thibault , Alquier , Anson , Dolo-
mieu et Bachelier-d'Agès , ont eu chacun une
VOIX.
Le piésident annonce qu'il n'y a rien à l'ordre
du jour de demain.
L.i séance est en conséquence ajcurnée à quar'»
tidi. .'■,',
La séance est levée.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONITEUR UNIVERSEL.
^^ 74- Quartidi , i 4 frimaire an g de la république française , une et indivisible.
Nous sommes autorisés i prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivdsè' le M O N I T E U R est le seul journal officiel.
. i ■ , • . -.4.^.... ^ v^ ,v tîL ic seul journal ojfiael.
n concent les séances des autorités constituées , les actes du gouvertiemeni . les nouvelles des armées^, aînsl que ks faits et les notions tant sur
l'intérieur que sur l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arcs et aux découvertes nouvelles.
EXTERIEUR.
Londres , 29 novembre ( S frimaire. )
/xcTiONS de la banque i65 {. 5. — 3 pour cent
consolidés 64. 63. |. 64.^,64. Oranium a. j. 3.
' *■ , . ...
Il.a été tenu hier à Buckingham-house un con-
seil privé , relatif à la nouvelle de l'embargo mis
pac>'««dc£ de l'empereur de Russie sur tous les
bâiimens anglais. Le conseil était composé du
duc de Portland , des comtes Chatam et Spencer
du lord chancellier, de lord Grenville , de
l'avocat et du procureur général et de sir Ste-
phen Cotlerel , clerc du conseil. Les délibéra-
tions durerentprès de trois heures , et se termi-
nèrent , selon ce que nous avons entendu dire,
par l'ordre de mettre un embargo sur tous les
bâlimens russes qui se trouvent dans nos ports ;
lequel ordre a dû être expédié cette nuit.
A l'issue du conseil . le duc de Portland a eu
une audience de sa majesté.
Le bruit s'est répandu le même jour qu'une
lettre venant d Hambourg, annonçait que le roi
de Prusse , à la tête d'une aimée de 25 mille
hommes , n'était plus qu'à deux journées de
marche de cette ville.
Lundi dernier , James Napper Tandy fut tra-
duit pirdevant la cour du banc du roi à Dublin ,
et jugé sur l'accusation de crime de haute tra-
hison , portée contre lui aux dernières assises
pour I>onégal. Le prisonniej ayant détruit l'ac-
cusation , a été ramené à Kilmaiuham.
Les membres de l'opposition de la chambre des
communes se réunirent hier à la taverne deAhat-
ched-house (delà chaumière) , pour y combiner
un plan de conduite plus régulier. On croit que
M. Fox reparaîtra à leur tête.
Il est question d'une nouvelle promotion d'offi-
ciers généraux de mer dans laquelle lord Nelson
serait élevé au grade de vice-amiral , et sir Edward
Pellcvif , à celui de contre-amiral.
La chambre des pairs a adopté , dans sa séance
d'hier , l'adresse à présenter à S. M. . aui lui avait
été communiquée par celle des communes ;
adresse ayant pour objet de prier S. M. d inviter
tous ses sujets par une proclamation à observer
la plus stricte économie dans leur consommation.
M. Robson , dans la séance des communes du
même jour , proposa une autre adresse à S. M. ,
pour la prier de prendre en considération , les
bénéfices importans qui proviendraient d'une ré-
duction dans la cavalerie anglaise , portée aujour-
d'hui à 3o mille hommes ; mais d'apjès quelques
observations , M. Jlobson retira sa motion.
La grande floue a remis en mer le 25 frimaire
de Torbay , sous les ordres du vice-amiral sir
Hyde Parker.
(Extrait du Sun et du Morning-Herald. )
— M. Tierney, dans la séance du 27 , dans la
chambre des commues , a fait une motion ten-
dante à demander qu'un comité fût formé pour
examiner la situation actuelle de la nation, il a
prononcé , a l'appui de sa motion , un discours
trop long pour que nous puissions le donner
dans ce moment à nos lecteurs ; trop intéressant
pour que nous n'en donnions qu'un court extrait.
Nous sommes donc obligés de renvoyer cet objet
au prochain numéro.
M. Piit a répliqué par un discours qui a duré
plus de deux heures. Nous le donnerons égale-
ment.
La motion de M. Tierney mise aux voix, 3;
ont été pour et 15; contre.
INTÉRIEUR.
Faris , le n frimaire.
M. Spina , chargé d'affaires dupape , à Paris ,
a lait connaîre . par un courier extraordinaire ,
à la cour de Rome , que l'inieniioa du gouver-
nement était de protéger les étals du St. Siège ,
et que I armée française en Italie ne dépasserait
pas les limites de la Cisalpine et de la Toscane ,
' a moins qu'elle ne s'y trouvât forcée l" par
rentrée d'une armée napolitaine sur le territoiie
de Rome; 2° par le débarquement d'une armée
^glaise ou autrichienne , qui tendrait à inquiéter
kl &anci de ïafmie française.
— Le bel établissement des Gobelins , dont la
prospérité est essentiellement liée à la gloire na-
tionale , n'existait depuis dix ans que par les
talens de quelques artistes vieillis dans la fabri-
que. On ne formait plus d'élevés , et il était
à craindre que cet art précieux ^ qui exige vingt
années d'exercice pour être pratiqué avec succès,
ne se perdît en France. Le ministre de lintérieur
pénétré de cette vétilé , vient d'autoriser le di-
recteur des Gobelins à choisir six élevés parmi
les enfans des artistes les plus recommandables,
et a les attacher à la fabrique en qualité d'ap-
prentis. Cette pépinière de jeunes artistes pré-
viendra l'état de ..dégrudation dont cette inté-
ressante fabrique était menacée.
Copies authentiques des pièces relatives aux négo-
ciations pour la paix , commencées avez la France,
telles quelles ont été présentées au deux chambres
du parlement , le li novembre 1800; traduites
de C anglais. A Londres , di l'imprimerie de
B. Wrigt. Piccadilfy , 1800. ,,.
AvERTlSSEiyiENT DES TRADUCTEURS.
En donnant la traduction de la copie anglaise
des pièces authentiques que le gouvernement
d'Angleterre vient de publier , nous avons voulu
faire connaître en France l'origine , la marche
et le dénouement d'une intrigue diplomatique,
dans laquelle il nous semble que les ministres
anglais ont employé plus d'astuce que de poli-
tique , et plus de mauvaise foi que de talent.
Ces pièces prouvent que l'Angleterre cherchait
encore à tromper et l'Autriche et la France , et
qu'elle feignait le désir' d'une pacification géné-
rale , dans la seule vue de mettre obstacle à une
négociation particulière, lorsque la convention
d'Hohenlinden est venue lui montrer que dans
la guerre il est des circonstances de position,
oiî il est impossible de cacher à ses amis leurs
dangers , et à ses ennemis leurs avantages.
La publication que les ministres anglais ont
faite de ces pièces , prouve en même-tems
qu'ils ont pensé que l'opinion de l'Europe serait
aussi docile que celle des deux chambres du
parlement , fjii\,n ajolrtcrait par-toui une foi im-
plicite au discours du trône , qu'on accuserait la
France d'avoir voulu la guerre , qu'on n'apper-
cevrait pas dans quelles voies tortueuses le mi-
nistère anglais avait voulu égarer les négociations
de la paix.
Nous ri'aurons pas de peine à faire voir que
cette espérance est une insulte au discernement
de l'Europe : et tout nous porte à croire que ,
malgré la tyrannie et les intrigues anglaises ;
l'Europe est encore assez éclairée et assez fière
pour ressentir cette injure.
1°. Le ministère anglais a mal apprécié la situa-
tion de la France et celle de l'Autriche.
2°- Le ministère anglais n'a pas' su discerner
les intérêts de son pays et ceux de sa propre
influence.
3°. Le gouvernement de la république a prouvé
ses dispositions pacifiques, par la modération de
ses demandes , et par des concessions qui, bien
examinées , fontjuger qu'en les offrant, il s'était
plus déterininé par l'impulsion libérale et franche
de ses sentiraens , que par les maximes rigou-
reuses de la prudence.
4°. Enfin , le gouvernement de la république a
prouvé son amour pour la paix par ses refus
même : car, en portant plus loin sa condes-
cendance , il n'eût fait que livrer pour toujours
peut-être les intérêts de la paix et la destinée
de I Europe , à la discrétion d'un gouvernement
essentiellement ennerni de l'Europe et de la
paix. '
Nous entreprenons de prouver la vérité de ces
quatre propositions. Nous discuterons ensuite
quelques accessoires de détails tirés des pièces
de la négociation.
La première proposition se trouve tout natu-
rellement prouvée par la convention d'Hohenlin-
den. Toutes les bases du système des demandes
et des relus des ministres anglais , étaient fondées
sur la dénégation des avantages de la position des
armées fraiiç.Mses, et de l'infériorité de celle des
arméts auirichiennes. La cession d'Ulra , d Ingols-
tadt de Philisbourg , a fait voir que les ministres
anglais étaient les seuls hommes en Europe qui
s'abusjssent sur cette inégalité de position.
Se sont-ils également mépris sur la valeur des
offres de la France . et sur l'exagération de leur.
demandes ? On va en juger.
La F'rance demandait un armistice maritime.
Nous discuterons plus loin tout ce que cette de-
mande youvm comporter d'avantages pour la
trance. On verra que, sur ce point, son am-
bition et ses espérances étaient extrêmcmem mo-
dérées. Mais SI le ministère anglais eut voulu y
déférer, qudles en eussent été les conséquences
et pour 1 Angleterre et pour la France.
L'admission d'un plénipotentiaire anglais au
congres eût entraîné l'accession de la Russie,
de Naples , du Portugal , aux négociations de
paix générale ; l'intervention de tous les alliés de
la trance était la suite nécessaire de cette acces-
sion. Quel vaste champ de contentions ! quelle
longue perspective de débals que la politique
anglaise aurait eu mille moyens de compliquer ,
et inille occasions de rendre interminables.
Là , t(3us les intérêts auraient été mis en oppo-
sition ; l'enuraération seule des griefs , des pré-
teiilions , eût ravi le tems que la France aurait en-
vain tente d employer à l'examen des droits ; leur
discussion eût consumé les jours , les mois, les
années ; l'influence anglaise se serait fortifiée en
setendant; elle eût appelé à elle l'ambition des
torts, la timidité des faibles ; les ministres de
tous les gouvernemens que sa politique a séduits ,
se seraient rangés sous le protectorat de sa diplo-
matie. '^
Çui peut dire en combien d'années tant d'in-
tereis , tant de passions auraient pu s'accorder ?
Et pendant ce tems , on eût vu l'Angleterre re-
doubler par -tout l'activité de ses préparatifs
hostiles. '^
Ses flottes auraient profité du tems de suspen-
sion pour se radouber , pour reposer et renou-
veler leurs équipages , moins astreintes à des sta-
tions pénibles et ruineuses, délivrées de la sur-
veillance des croisières , elles eussent iro,uvé dans
ses rades un abri nécessaire dans la saison péril-
leuse qui vient de leur faire essuyer tant de
perles.
L espérance de la paix donnant à son crédit
un nouveau ressort plus utile peut-être que la
paix elle-même , eût assuré le succès de ses me-
sures fiscales. Elle eût trouvé dans des communi-
cauons plus libres avec le continent , des moyens
certains dé porter remède à la diseue qui désole
ses provinces. Elle eût donné plus d'étendue au
système de séduction qu'elle pratique dans tous
lès états de l'Europe. Plus sûre de ses moyens ,-'
pliis à l'aise sur le choix du moment , elle eût fait
arriver à tems, aux places et aux époques désirées
par son commerce, les subsides dont les envois
précipités et mal répartis en tems de guerre , sont-
souvent 'pour ses négocians et ses banquiers , des
occasions inévitables de discrédit et de ruines.
Ses alliés auraient fait des levées , des approvi--
sionnemens. Ils auraient choisi leurs positions ,
foriifié leurs places , mûri leurs plans railiiaires.
L'impressiori des dernières victoires françaises se
serait affaiblie ; et la guerre eût pu recommencer
avec avantage au moment où le négociateur an-
glais eût trouvé qu'il était tems de donner au con-
grès le signalde la discorde , et de dévoiler sans
péril les vues hostiles de son gouvernement.
Qu'on ne dise pas que la France eût pu tirer les
mêmes avantages de la suspension : d abord lar
trêvemaritinae , réduite aux termes excessivement"
modérés qu'il paraît par les pièces n°=. Sg et 41 ,
que l'agent français a offert d'admettre . présentait
peu de conséquences effectives. Les armées fran^
çaises n'ont besoin ni de renfort , ni de repos , ni
dun redoublement d espérance ; la ligne géo-
graphique de leur position ne peut être per°fec-
tionnée : elle sera un sujet d'étude , elle fera
époque dans l'histoire de la tactique moderne :
l'impression morale de nos triomphes ne peut que
perdre 'en s'éloignanl de leur date; le gouverne-
ment n'a pas besoin d'artifice pour asseoir le sys-
tê'me fiscal de l'année ; U confiance générale donne
une pleine vie au mécanisme des rcceiies ; la sa- '
gesse veille sur tous les détails de la dépense ;' lai
suspension n'eût rien ajouté à cet heureux état de'
choses: Quant au commerce extérieur, il faut le-'
dire , sa décadence est telle que la paix seule peut '
le ranimer : les secours d'une trêveinceriaine dans
sa durée , circonscriie dans les facilités qu'elle
donne , ne sauraient suffire pour le relever de son
état de découragement et de faibl'jssc. Il est bien
possible de prouver que la Frame peut exister et
faire la guerre sans commerce extérieur ; mais on
■e doit pas «sjpéret qu'elle puiss* redonner la vie
& ce commerce , hors des citcoustances d'une paix
définitive.
Nous pouvons donc conclure que les minislres
anglais, en refusant l'armislice demandé par U
Fiance , n'ont su discerner ni les intéiêts de leur
pays, iii ceux de leur propre influence.
Mais le tableau qui précède ne prouve -t -il
^as en mêroe-teras que la France a donne des
picuvcs qu'on peut dire trop libérales , de son
dcsir pour U paix.' Ne doit-on pas s'applaudir
que SCS offics aient été rejeitées , que l'ennemi,
«veuglé par son orgueil, ait méconnu tout le
parti qu'il pouvait tirer de la loyauté française ?
Qjjant à nous, nous ne pensons pas que l'Euro-
pe , que le minisicre anglais lui-même en juge
iutremcnt aujourd'hui.
Et cependant il accuse la France ; il trouve
qu'elle a élevé des prétentions inouies. Il faut voir
à quels dangers elle ent été exposée, ce qu'on
eût auguré d'elle . ce gu'on eût pensé de la pru-
dence de son gouvernement, s'il eût cédé, sans
réserve ei sans défiance, aux demandes du gou-
vernement anglais.
Nous avons montré quels eussent été les avan-
tages comparatifs de l'armislice maritime pour la
Frarjce ft pour l'Angleterre. Supposez maintenant
que' la France eût fait encore le sacrifice de ces
avantages , et ajoutez aux inconvéniens relatifs
de la perspective que nous avons exposée pltis
haut , tous ceux de la guerre coloniale et mari-
time. La France désarmée sur le continent , en-
travée dans ses négociations avec 1 Autriche par
l'intervention toujours prést-nie, toujours active,
toujours ennemie de l'Angleterre , eût vu la mer
incessamment ouverte à des expéditioiis hostiles
contre elle et ses alliés , ses rades surveillées , ses
ports bloqués , ses côies menacées ; et pendant
quelle eût consenti à ne faire aucun usage de
SCS plus puissans moyens d'attaque et de défen-
se . ses ennemis eussent conservé le droit d em-
ployer contre elle tous ceux qu'ils ont de lui
nuiie. L'Angleterre eût mis l'Européen lepos
pour préserver ses alliés , et se fût réservé par
privilège le droit exclusif de faire la guerre.
Telle est la question sous ce point de vue du
droit. Si on la piésenie sous celui des faits , on
Verra si nous avons mal jugé des intentions de
l'Angleterre. Pendant qu'on négociait , était-ce
l'espé.ance de la paix ou la soif de la guerre qui
animait ses minisires? Qu'on jette un coup-
d ccil sur leurs préparatifs et sur leurs mesures. Us
professaient le désir de mettre un terme aux
calamités géiiérales , et ils mepaçaient le Dane-
marck, ils insultaient la Suéde, ils irritaient la
Russie; ils parlaient avec la plus insultante hau-
teur aux puissances barbaresques : ils payaient
de r.ouveaox recruteraens ; ils contractaient de
r,.vuïclies alliances offensives en Allemagne : ils
fesaient arriver à flots leur or dans toutes les
places littorales de l'Europe: ils redoublaient l'ar-
dtnle surveillance de leurs croisières : ils pro-
menaient sur l'Océan des forces considérables ,
qui ne savent encore sur quels rivages elles doi-
vent porter la destruction; ils préparaient des
expéditions lointaines pour l'est, pour l'ouest ,
ei jusque pour les Philippines. Est-ce aveugle-
ment? est-ce effronterie ? Et imagine-t-on qu'on
puisse , en présentant à l'Europe un tel appareil
u agression , se donner le droit de reprocher à
son ennemi de n'avoir pas voulu négocier sans
la stipulation préalable d'un armistice maritime
ou sur la stipulation illusoire d'un armistice plus
désavantageux pour Inique la guerre elle-même, i
Le gouvernement français n'a pas refusé de
négocier avec 1 Angleterre ; il n'a pas refusé à
l'Angleterre de l'admettre dans ses négociations
du continent; mais il a voulu avant tout avoir
une garantie de ses disposiiions ; et s'il a forte-
lîieiit insisté sur cette garantie, c'est que sous le
voile de leurs déclarations pacifiques . les mi-
nistres de l'Angleterre cachaient un but qui ne
pouvait échapper à sa pénétration.
Le gouvernement français voulait obtenir une
trêve maritime , qui compensât le sacrifice des
avantages et de la perspective qu'il perdait en
consentant à l'armistice de terre ; il exigeait qu'en
recevant un gage de ses dispositions pour la
paix, les ministres donnassent en échange un
pareil gage de leur détermination de mettre fin à
la guerre.
Les ministres anglais voulaient procurer à l'ern-
pereur un armistice qui le dégageât de la posi-
tion inférieure dans laquelle les événemens mi-
litaires l'avaient placé : cet armistice donnait à leur
allié le tems de préparer de nouveaux moyens
5)our prolonger la guerre : et cependant ils se
flattaient de trouver dans leur admission au con-
grès , une occasion journalière et sûre d'embrouil-
ler toutes les discussions , de faire évanouir toute
espérance de rapprochement , et d'éloigner sans
cesse les négociateurs de leur but.
Voilà ce que le gouvernement français a su
discerner. La lecture des pièces authentiques con-
jraincra tout esprit impartial, qu'il eût compromis
au plus haut degré les intéiêts de la France , les
M^térêts «l'ênaea de la paix générais, s'il ent jus^é
»9»
autrement des déclarations et des offres de ses Ijent aujourd'hui de prétentions inouïes, pou»
ennemis. Qu'on lise attentivement les deux pièces i preuve de l'ambiguité des vues que 1 Angleterre
cotte A et n". 4, les instructions au capitaine lajiporte dans toutes les négociations. N a-i-oa
Georae , et la note n". iS du citoyen Otto ; qu'on ; p^j vu dans la dernière session du parlement ,
jeiie i'is yeux sur le simulacre de contre-projet (la i i^s orateurs de la guerre faire ouvertement le
lord Grenville ; qu on observe l'insistance de l'a- j sacrifice de leur bonne foi politique, à leur ré-
gent français, l'esprit de conciliation qui le porte j nommée financière? Nont-ils pasavoué que l'objet
à réformer son projet de trêve , à le calquer, I d^j négociations de Lille était fiscal , plus encore
pour ainsi dire , sur le projet presque dérisoire | que diplomatique ? Ne se sont-ils pas applaudi
des minisires anglais , qu'on remarque enfin leurs ; d'avoir ébloui les esprits par la perspectiva
dernières dénégations, et qu'on s'arrête sur les ; trompeuse de la paix qu'ils ne désiraient pas,
pièces n°'. i8, 19 , 24 , 25 , 28 , Sa , 34 , 42 et j ^(m d'assurer le succès des impositions de 1 annéa
47 , et nous nous flattons qu'on trouveraque nous : dont ils avaient besoin pour l'exécution de leur»
avons défini avec précision l objet et les vues des projets hostiles? Nont-ils pas dit enfin que rair^
orti Malmesbury avjit été envoyé en France
deux gouverncmens.
Les ministres ont pu faire dire au roi d'Angle-
terre que ses intentions étaient frustrées par la réso-
lution de Cennenii 1 de ne consentir qu'à une paix
séparée; M. Pitt a pu dire à la chambre des com-
munes, que S. M. s'est trouvée dans Cimpossibilité
de négocier sans se séparer de ses alliés; le fait reste
pour démentir ces vaincs allégations : on le trouve
en traits marquans dans la pièce n°. 28, et il se
reproduit dans toutes les pages de la correspon-
dance de l'agent français.
Si le roi d'Angleterre avait réellement voulu
faire cause commune , et partager avec ses alliés
les avantages et les désavantages dune transaction
d armistice, il eût négocié en commua avec eux ,
et la France eût négocié avec lui. Mais il a voulu
imposer à la France l'étrange condition de rester
exposée pendant qu'elle consentait à déposer ses
armes : il a voulu rester uni à ses alliés , pour
jouir du bienfait de la trêve , et c'est lui-même
qui s'est séparé d'eux, quand il s'est agi de par-
ticiper au sacrifice.
Cette manière d'envisager les droits elles de-
voirs fédéraiifs, appartient en propre au gouver-
nement anglais, et il nous semble que l'exemple
qu'il vient d'en donner , fournil une leçon assez
instructive aux cabinets du continent de l'Europe.
L'Angleterre pouvait acheter, et assez peu chè-
rement , 1 armistice de terre dont elle savait bien
que ses alliés avaient besoin : par les dernières
modifications que l'agent français a proposées , les
concessions qu'on exigeait d elle se bornaient a
laisser passer des secours définis . et exliêmement
bornés à l'armée d'Egyp'e; toutes les autres clauses
étaient à-peu-piès compensées. Les lois fédéiatives
voulaient qu'elle fît ce sacrifice ; son égo'isme s'y
est refusé ; elle a délaissé l'Autriche au momeni
où les obligations de l'alliance lui imposaient de
supporter une partie des charges de la garantie
commune ; elle a forcé l'Autriche à s'aflranchir à
ses propres frais des difficultés de sa position , en
abandonnant au vainqueur trois places impor-
tantes , qui étaient le dernier boulevard de l'em-
pire.
Vcui-on un indice du discernement ou do la
bonne foi du ministère anglais ? Qu'on rapproche
de la convention qui a déterminé la cession de
ces trois places ,1a pièce n" 3o. Dans cette pièce,
les ministres sont près des'indigner, qu'on paraisse
mettre en doute l'égalité de position entre les ar-
mées autrichiennes et les armées françaises. Us
assurent qu'un armistice continental pur et simple
est d'un avantage réciproque pour la France , et
pour la cour de Vienne. Us ne comprennent pas
que la France puisse demander des compen-
sations.
La cour de Vienne connaissait mieux sa posi-
tion , ou était moins en mesure d'en déguiser
le désavantage. Pendant que les ministres de son
allié exaltaient la valeur de ses ressources et le
mérite de sa constance , elle signait l'abandon
de trois places, et avouait ainsi la nécessité oii
elle était d'acheter à ce prix la suspension des
hostilités.
U n'est pas exacfde dire que la France ait voulu
séparer V Angleterre de ses alliés. L'agent fraisçais
n a cessé d offrir lalternative présentée dans le
n° 28, ou de la trêve maritime isolée et mo-
difiée par le contre-projet anglais , tout illu-,
soire qu'il était pour la France , ou de l'armistice
continental combiné avec la trêve maritime du
projet français. Les ministres du roi ont constam-
ment rejeté la première proposition , et la con-
vention d'Hohenhnden a rendu la seconde
inutile.
Il est contre toute bienséance de dire que la
France ait avarice des prétentions inouies. La
seule prétention que la Fiance ait mise en avant,
est celle d'avoir , sur les dipositions pacifiques
des ministres anglais , un gage équivalent à celui
qu'elle donnait à la cour de Vienne. Cette pré-
tention pourrait être sans objet à l'égard d'un
gouvernement qui n'aurait jamais autorisé aucun
doute sur sa sincérité ; mais toute l'histoire de
la guerre actuelle, et tous les aspects de la con-
duite diplomatique du gouvernement d'Angle-
terre , dans le cours des trois dernières années ,
justifient trop la défiance que la France a mon-
trée dans cette occasion , pour que cette défiance
ait besoin d'apologie.
U serait long et fastidieux de citer tous les
exemples; mais la négociation de Lille est le
plus remarquable et un des plus récens ; et nous
avons laveu des luêmes hommes qui npus. acci4-
pour déterminer le pailement à voter la tiiple
taxe , et induire les sujets anglais à la payer ?
Après un aussi éclatant aveu , nous ayons le
droit de dire que le gjuveinement Iranç^is sa
serait laissé aller à une crédulité tout à-fait hon-
teuse , s'il avait consenti à traiter avec des mi-
nistres aujsi calculateurs-, sans avoir obteni»
d'eux aucune garantie , et s'il n'avait pas exigé
des gages de leur bonne foi, avant de les ad-
mettre à des négociations auxquelles leur téna-
cité et la notoriété de leur ambition malveib»
lante , font justement soupçonner qu ils ne vou-
laient prendre part que pour les troubler., pour
égarer les vues des négociateurs , et rendre le» .
discussions interminables.
L'Europe va lire ces pièces; elle jugera entr»
la France et l'Angleterre ; elle dira si la France »
voulu négocier, et si l'Angleterre a voulu trom-
per ; si la France ne veut pas arriver à la paix
par tous les sacrifices qui sont compatibles ave*
sa sûreté, et si 1 Angleterre ne veut pas conti-
nuer la guerire par tous les moyens que sot»
isolation lui donne , et que son aniraosiié lui
suggère.
Les ministres dans leurs discours incidenteronl
sur des détails mal présentés dans leurs notes ,
et sur un objet auquel ils ont Consacré dan»
leurs instructions au capitaine George et au se-
crétaire Hammond , des discussions bien su-
perflues.
Ils appuieront sur le reproche auquel ils ont
vûulu donner une gravité véritablement puéril»
dans la note n". 36 , relativement à la date de
la trêve maritime proposée , et à celle de U
prétendue ruptiire de l'armistice dénoncé, i'out
cet échafaudage tombe à la reflexion simple ,
que la dénonciation. d'un armistice n est pas sa
cessation , mais l'annonce de son terme a une
époque détetminéc , et que les hostilités lestant
toujours suspendues jusqu'à cette époque , il n'y
avait , de la part du gouvernement fiançais ,
aucune contradiction dans l'oftre qu'il fesaii d une
trêve maritime , dont l'acceptation aurait par
le [ah ouuullc la dénonciaùon reprochée.
Enfin ils s'étendront sur la nouveauté de la pro-
position de larmistice maritime , qui dans les
pièces est l'objet de longues et bien frivoles dis-
sertations , qui dans les papiers anglais est le
sujet de la surprise aflectée des journalistes de
l'administration , en même tems qu'elle ieui fournit
l'occasiond'exprimerleur admiralionsurla sagacité
diplomatique qu'ils trouvent que M. Grenvilie , 1^
capitaine George et le chevalier Hammoud , ont
déployée dans cette circonstance.
Quelques eSorts de pénétration que les minis-
tres' et leurs flatteurs fassent sur ce point isolé de
la discussion , nous ne croyons pas qu'il soit ni.
par sa nature ni par son objet, susceptible d un,e
telle profussion de dialectique.
Que la demande d'une trêve maritime soit
inusitée en diplomatie , c'est ce qu il est inutile,
d'examiner. Si l'on eût trouvé nécessaire de fairej
de cette remarque des ministres anglais, un point
de controverse , il eût été facile de leur rappeler
plus d un exemple de ces sortes de trêves , danj
l'histoire de la diplomatie. En 170g , les ennemis
de la Fiance en firent eux-mêmes l'offre dans ua
projet en trente-sept articles. Larmistice général
est 1 objet du trente-septième article. En 17 10 , ce
projet fut encore mis en avant , et le quatrième
et le trente -septième articles furent lefusés par
la France- Eu 1711-, la France er l'Angleterre
traitèrent séparément ; et les alliés de l'Angleterre
n'ayant pas voulu accéder aux négociations des
deux puissances , elles convinrent d'une suipen-
ïion d'armes , qui fut signée le 19 août 1712 , ea
acte isolé de trêve maritime. Et qu'on ne pense
pas que cette trêve fut un résultat nécessaire d'un
rapprocheinent absolu. Ce rapprochement ne s'o-
péra qu'à la paix de I7i3. Les négociations des
trois années qui précédèrent furent extrêmement
actives et tiès épineuses entre la France et i'Aii-
gleterre. On n'eut lieu de croire à une pacificaiion
prochaine , qu'à l'époque du traité préliminaire
de mars I7i3 , dont l'article 4 porte textuelle-
ment un armistice maritime et continental ; et
les deux puissances ne furent véritablement paci-
fiées, que parle traité du 1 1 avril suivant , qui est
connu sous le nom de traité d Utrecht. Enfin la
même clause se retrouve dans les t.égocixtioi4|>
préliminaires de 1727 , 174861 1783.
fit qujiad il serait vrai que la demande d'ua
agi
armistice mariiime sérail sans exemple qu'en pour-
rail-on conclure ? Dans ccile guerre , et dans tout
ce qui a éié tenté pour en étendre , pour en per-
pétuer les ravages , tout ii'esi-il pas inusi:é ? Est-
ce donc une chose ordinaire de voir la Poric et
la Russie , les états barbaresques et l'Italie , l'Au-
triche et l'Angleterre , fairecause commune contre
la France , de voir que celle guerre continue , et
qu'après huit années d animosité et de désastres ,
les membres de ceite étrange association ne sachent
pas encore ce qu ils veulent de la France , s'ils
ont U projet de la circonscrire , s'ils ont perdu le
fol espoir de la démembrer , s ils veulent la dé-
primer en l'épuisant , la dégrader en lui donnant
des lois , ou s'ils n'ambitionnent que de mettre
des bornes à sa prépondérance ?
Est-ce une chose si naturelle de voir une puis-
sance qui n'a pas un seul droit , un seul intérêt
à. défenoire sur le continent en aimes . recruter et
payer les armées , enflammer les cabinets , exciter
lés princes , pour éterniser sur leur territoire des
désastres dont sa distance et son isolation la pré-
servent ? Et puisque la guerre a peu de risqaes
pour elle, esi-iT extraordinaire que quand elle
montre quelque désir de mettre enfin un terme
-à tous les maux que ses instigations seules pro-
voquent , on lui demande pour gage de ses dispo-
sitions , l'assurance qu'elle restera înoflFensive au
Riilleu des piéparatifs qui doivent se faire de
loules parts pour arriver à la paix ?
"Il ne faut pas examiner si la demande de la
France est nouvelle , mais si le principe sur lequel
elle est fondée est nouveau. Or ^ ce principe se
trouve textuellement dans la proposition de l'agent
français , n° 28 : Si le roi d Angleterre continue de
faire cause commune avec J' empereur , il doit dans
ce cas consentir à offrir à la republique française ,
dans une trêve maritime , des avantages égaux à ceux
quil veut qve la république assure à C Autriche dans
l armistice continental.
Dans ce principe, on voit la réciprocité des obli-
gations ressortir désavantages d'un intérêt com- 1
roun.L'Angleierre prend-elle inléiêi à l'Autriche?
veut-elle procurer à son alliée le bienfait d'un ar-
mistice continental ? elle peut discuter sur le de-
- gré , sur la nature, sur les formes des avantages
que la France est en droit de réclamer d'elle ; mais
elle ne peut se soustraire à la légilimiié de ce
dioit, qu'en renonçant à la pan d'avantages qu'elle
veut retirer des concessions faites à son allié.
Les ministres ont feint de croire que la propo-
sition d'une trêve maritime était un sujet de discus-
sion toui-à-fait nouveau : mais ils ont biemôt
prouvé qu'ils ne croyaient pas que celte discus-
sion fût bien épineuse ; car ils on passé toutà-
coup de lexirêrne surprise qu ils avaient d abord
affeciée , à la facillié de réduire eux-mêmes la
pioposiiion en projet, d'en léaliser les clauses
dans des articles distincts et exirëmement prati-
cables. Leur contre-projet , il est vrai, était illu-
soire ; mais toute décourageante qu'en éiait l'ofiTre,
elle n'a pas éié repoussée ; l'agent français a été
a,uiotisé à s'en rapprocher , et vers la fin de la né-
gociation , le projet français et le contre-projet
anglais avaient infiniment perdu de leui diiSem-
blance.
Dans toutes les discussions , ce période est cri-
tique et sert dépreuve à la bonne loi des parties:
c'est aussi celui que les ministres anglais ont choisi
pour rompre la négocialion. Dans les pièces n"'.
39 et 41 , louies les concessions de lagent fran-
çais semblent donner un présage assuré d'un rap-
prochement prochain ; mais dans la pièce qui suit
immédiatement, l'agent anglais exprime un refus
concis ; et dans la dernière pièce , n°. 47, il signale
d une manière formelle et définitive , la rupture
de la négociation.
Je ne sais pas jusqu'à quel point on peut statuer
sur l'exaciiiude du compte que le chevalier Ham-
mond a rendu de sa conversation avec le citoyen
Ollo ; mais il paraîtrait, d'après ce compie , que
le seul obstacle au rapprochement était un iniérêt
de sentiment qui lésait désirer à la France la faci-
lité de porter un médiocre renfoit et un léger se-
cours d'amies à l'armée d'Egypte.
Quand on connaît la situation tout-à-faii inat-
taquable de celte aimée ; quand on sait combien
peu les forces de ses ennemis sont cajiables de
lui nuire , on s'élonne que les minisires anglais,
dans la publication qu ils viennent de faire des
pièces de celle négocialion , aient assez peu en-
tendu les intéiêts de la renommée pacifique qu'ils
veulent se donner , pour montrer clairement à
toute 1 Europe , qu'ils ne voulaient pas négocier ,
parce qu'is ne voulaient p iS que la France ptil
Î)orter en Egypte dix mille fusils et douze cenis
lommc» , et (ju'ils ont mieux aimé que l'Autriche
perdit trois places , et négociât séparément , que
tle laisser arriver à l'armée française un secours
dont il est aujourd hui démontré qu elle n'a aucun
^besoin , soit pour repousser 1 aliai]ue impuissante
des turcs , soit pour déjouer les intrigues de leur
allié.
Tout ce (|ue I Egypte a fait dire et fait faire au
wiiiisleie anglais , depuis la fameuse expédition
de l'ail 6 , ne peut se concevoir. Le sujet de la
/upiutc de lit convention delAcisch «er^ttouvc
dans le recueil des pièces aulheniiques , satis
qu'on appcrçoive par quel rapport il peut se lier
avec l'objet de la négocialion. Ou voit à l.i suiie
de la correspondance de Londres , une piéieiiuue
correspondance auihentique d Egypte , qui , sans
doute , ne peut jeier aucune lumière sui la dis-
cussion d'un armislice de mer. Mais le but de
cette insenion est de prouver que la converiiion
n'a pas élé rompue par l'Angleterre , cl quil a
éié violé par la France. On a de la peine à com-
prendre comment les ministres du roi d Angle-
terre ont pu se flatter qu ils se disculpeiaient d une
des plus irrécusables accusations qui aient jamais
élé portées contre la mauvaise foi d'un gouver-
nement.
Dans le cours de la guerre actuelle , et dans le
cours de loules les guerres , il est ariivé aux An-
glais de se trouver souvent, par queltiues-unés
de ces violdiioiis de tomes les lois et de louies les
bienséances, qu'eux seuls se pcimeltent, exposés
à la censure , aux reproches et à lindignaiion de
tous les peuples. Pçut-êtie est-il dans la nature,
quand on est dans une telle posilion , ei qu'on
ne peut trouver hors de soi ni défense ni excuse,
de faire face à l'orage , d'affecter autant d'audace
qu'on devrait ressentir de honte , de récriminer
enfin, et d'ajouter ainsi l'offense des calomnies à
celles qu'on ne veut ni réparer ni reconnaiiie.
Je citerai deux exemples qui , dans ce genre,
présentent, s'ilesipossible, un caractère plus décisif
d'eflronterie poliMijue , que l'accusauon repro-
duite aujourd hui dans la copie des pièces authen-
tiques.
Toute l'Europe a su l'attentat commis par la
marine anglaise sur le pavillon danois , ei la pro-
teciiôu éclôiarjle que le minisiere a osé donner à
cette violation des droits de la neutr.diié. Toute
l'Europe a su 1 abominable ten:ative que 1 escadre
anglaise a faite ,sur Cadix, au roomciu ot'i un fléau
destructeur fesaii périr le tiers de la population
de cette ville infortunée; eh bien ! iiuon lise les
pièces imprimées, soit en ju-^iification , soit en
explication de ces actes, dont l'un est réprouvé
par les lois de la politique , et l'autre par celles
de la morale ; on y verra cjue la France , qui certes
n'a rien à faire'dans un débat entre une liégate
angl.iise et une frégate danoise , eiiire une escadre
anglaise et une ville espagnole désolée par la pes-
te , que la France, dis-je , est citée, injuriée , dif-
famée , par qui ? par des hommes que le droit
public, que les droits du génie humain placent
comme accusés , comme convaincus, eiipiésence
de l'opinion publiijue. Ils sont là à la face de 1 Eu-
rope pour répondre d'une insulte laite au droit
des gens, d'un outrage fait à l'humanité ; et quand
ils devraient s'excuser, ils dénoncent; ei quand
ils devraient s humilier , ils invectivent.
Nous n'étendrons pas plus loin celte discussion
accssoir; nous 1 aurions même ciu éirangere à
1 objet de cet averiissement , si elle ne tenait à
des souvenirs très lécens , et à des questions
qui peuvent se reproduire. Nous reconnaissons
avec plaisir que les foimes sons lesquelles le mi-
nistère anglais s'est raon.ie dans les pièces que
nous traduisons , et ddiis ses discours au parle-
ment , semblent indiquer qu'il a quelqu'envie
de se rapprocher 3e ce système de sociabilité
politique , qui établit entre les agcns publics des
nations , des reg'es de bienséance , et des ma-
xmes de d^oit dont il esl aussi mal-habile qu'in-
juste de s'écarter. Peut-éirc en v:endra-i-il enfin
à craindre que le despotisme des mesures n'excite
contre sa nation une animosiié plus dangereuse,
parce qu'elle est plus générale et plus duiable ,
que celle que provoque toujours l'arrogance des
procèdes.
No ui voyons avec plaisir encore que dans les dé-
bals parlenrenuircs , les hommes qui ont conservé
quelque indépendance d'cspril , n'ont pas bcs'oin
de dite aux ministres que la France existe , qu'elle
est une grande et puissante n.nion ; ils paraissent
l'avoir seriii , et en convenir. La France de l'an 8
semble avoir dessillé leurs yeux fascinés. Ils ont
vu ses armées triompher au-delà des fleuves , au-
delà des montagnes , l'Itaiie reconquise , l'Alle-
magne redevenue le grenier miliiaiie des troupes
lépublicaiiies , 1 administration française débar-
rassée de ses entiaves, délivrée de ses dilapida-
teurs , en avant des charges de son service , les
factions dissipées , le feu des discordes éceint ,
toui les coeurs unis , les autorités marchant sans
défiance et sans jalalousie dans les lignes consti-
tutionnelles , tous les espnis attachés par la con-
fiance à un gouvernement juste , lt)Uics les voix
proclamant la gloire qu un héios de la France ho-
nore cl chérit , parce que, sensible autant que
fiere , elle est satisfaite et g orieuse de trouver
en lui le magistrat el le guet ricr qu'elle peut pré-
senter avec une égale confiance à ses amis et à
ses ennemis.
Tels sont les changeraens heureux qu'une an-
née de conccKde el de gloire sans mélange a
opérés parmi nous. Les ennemis de la France en
ont été frappés , el un des ministres anglais , celui
même qui , l'année dernière , s était si impru-
demment et si publiquement abandonné à loules
Ui inspiraùous de sa haine conuc le gouv.et'ii*-
ment françiis , a reconnu que les fvenenicns ne
l'an 8 l'avaient déirompé. Les lormcs de et
aveu tiennent encore, il est vrai . du seniiment
de sa malveillance ; mais quand la malveillance
s'éclaiie cl se réduii-elle-même à dénaturer les
éloges (pi'elle est obligée de donner , elle n'est
plus (ju'uiie inipuissanie jalousie.
Nous observerons encore , en finissant, que
si les ministres anglais mimirent , par queltjue»
formes de leur discours , qu'ils ne sauraient en-
tièrement revenir el se lenir avec consiaiice aux.
règles universellement admises des bieiwéance»
politiques , on peut leur dire qu'ils s'en sont re-
marquablement écaiiès, en donnant de la publi-
cité à des pièces diplomatiques , que , dans tous
les tems ;, les gouvernemens se sont accordés à
laisser jusqu'à la paix , sous une sauve-garde in-
violable de dignité et de réserve.
Le comité de salut public se pcmetiait aussi
de tout publier. Mais que ne dTreni pas alors •tous
les gouvernemens de 1 Europe? Çhieme dit pas-
alors le gouvernement anglais ? et c est pour cela
même que nous croyons pouvoir faire observer
que les minisires anglais , par une suite du sys-
tème de violence dans lequel ils persisieni , ne
s'appetçoivent pas qu'ils rétrogradent et font ré-
trograder sans cesse leur pays vers les principe*
dont, par des causes opposées, la France s é-
loigne sans cesse. Ces appels au peuplé sur des
objets dont le peuple ne veut et ne peut pas dé-
cider ; ces mesures prohibitives qui surveillent
avec tant de sévérité l'iniioduciion en Angle-
terre des étrangers , de Icuis journaux , de leur»
pamphlets, cerle crainte de doniier des sauve-
gardes etjusrpt'à des passc-^joiis inuitlcrcitni de-
mandés dipuis quaire mois, pour quchjnes sa-
vans malades en Egypte, les discnisions enfin
dans les cltibs, dans les séances municipales ,
dans le parlemeni même sur le muxitnuîn , rap-
pellent 1 Eu. ope à l'esprit qui régnait en Fiance ,
^ux années désastreuses dont , parmi nous, le
gouvernement français n'a plus laissé subsister
que le souvenir.
Le contraste des principes devient ensuite plu?
sensible par la différence des résultai-. Touii
I Europe croit que la France veut la paix ; tome
l'Europe croit que l'Angleterre veut la guerre. La
France est unie paj; la confiance à son gouverne-
ment ; l'Angleterre est unie à son gouvernement
par la crainte. L'abondance règne en France ; la
disette désole l'Angleterre. Enfin uri dernier trait
plus twarquantque tous ceux qui piécedent, c est
que le système monétaire de la France se relevé ,
se ravive piogiessi vement ; landis que l'argent ,
tous les jours plus rare en Angleterre, tous les.
jours de plus en plus hors de proportion avec les
papiers de crédit , menace le pays le. plu-: nclie- et
le plus. industrieux de l'univers , d un fléau qui
iraine toiries les calamités a sa sunc. Tous le»
canaux de l.j circuiaiion sont obstrues de pj]>iers.
Ce symptôme funeste,, dont la reserve même des
ennemis de i adminisiraiion seilà fjiie connaître
la gravité , est en soi uir mal si effrayant , i;ue
l'opposition n'ose en faire un sujet de loproches
aux ministres. Elle craint en le.-, discré-lnaulsur
de tels motits, de répandre panout des alarmef
trop fondées , de porter un coup mott»^l à I in-
dustrie , d'ébranler enfin les bases d'un gouver-
nemeni dont elle ne veut que surveiller les, écarts
et redresser les fautes. Aucune yoix en Angleterre
ne s'élève pour signaler cet encombrement qui
imprime au signe jusqu'à présent le plus respec é
des valeurs , le sceau déshonoré de billets non
échangeables à vue , aucune voix ne s'eleve pour
dire que c'est uniquement à celte dépieciaiion des,
billets de banque , et non pjs à l'inîufïîsance.des
lécolies, que l' diseiie doit eue aitribnée. Mais,
ce srlence véritablement pairioiitjue est "n signe
d'effroi , en mêiric lems quil prouve aux nations.,
étrangères , qu en Angleterre les ministres du toi'
sont les seuls hommes qui sacrifient toui .à leurs
passions, ijuand ceux qu'ils tega.dent cotnni.e
leurs ennemis , et qui ne sont ennemis que Me
leurs mesures , savent sacrifier leurs passions au.
bien public.
( Les'- pièces seront insérées dans le prochain'
numéro':--)
C O R P S - L É G I S L A T I F.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SEANCE DU l3 FRIMAIRE.
Deux orateurs du gouvernement viennent pré-
senter un projet de loi concernant l'acquisiiion
des bâlimens du ci-devant évêché d'Avrauclies ,
pour y éiablir le tributial civil du dépariemeni de
fa Manche.
L'ordre du jour appelTe ensuite la disrzussipn du
projet relatif à l'organisation des archives naiio-
iiales.
Portiez , de l'Oise , au nom du tribunal : Citoyen»
légisUieurs : Les dispositions législatives piises par
l'Assemblée constituante , étaienl éparses, lorsque.
en l'an a, parut la loi du 7 messidor qui les léu-
«ii ç» «n lit un code. Cette liw lui l'ouvrage de
Baudin des Ardennes : elle était digne , à beau-
coup d'égards, de cet excellent esprit. (L'orateur
rappelle les principales dispositions de celte loi.)
On ne voit pas que dans les dispositions dû pro-
jet il s'agisse ni des types de nos monnaies , ni cies
étalons des poids et mesures , ni des sceaux de la
République . ni du tiire général tant de la lortune
4ue de la dette publique , ni des traités avec les
nations étrangères. On y parle, à la vérité, des pro-
priétés nationales ; mais il n'y est pas question de
celles situées en pays étranger. En un mot , on se
demande quelle autorité doit être dépositaire d'ob-
jet» aussi imporlans.
L'orateur critique égalemeiit les articles suivans ,
dans lesquels il -trouve ou des expressions im-
propres , ou des dispositions contraires aux lois
constitutionnelles :" celle qui concerne les listes
d'éligibles lui paraît être de ce nombre. Ces listes,
dit-it, doivent être envoyées directement au sénat-
conservateur : lui seul dok en posséder l'original.
Comment doiic concevoir un dépôt ordonné par
le gouvernement , d'une liste qu'il n'a pas et ne
doit pas avoir.
Enfin , l'orateur fait remarquer que , d'après le
projet, le corps-législaljf et le tribunal, dont les
minutes sont déposées aux archives , ne concou-
raient pas à la nomination de l'archiviste , tandis
qu'elle serait faite et consommée par le premier
consul , dont les actes seraient seulement déposés
par expédition.
Porriez termine par exprimer le vœu de voir
des codes simples et clairs succéder au chaos de
l'ancienne législation. Si le vœu que nous for-
mons , ajoute-t-il , a été juste dans tous les tems ,
c'est sur-tout au commencement d'une nouvelle
session qu'il est utile d'en renouveller l'expression.
Législateurs , organes du tribunal , nous avons
mis sous vos yeux les motifs qui ont déterminé
son vœu de rejet ; mais c'est à votre sagesse à en
apprécier la gravité et l'importance,
ïiegnaud , de Sainl-Jean-d' Angely. Citoyens lé-
gislaieurs , l'acte constitutionnel a posé les prin-
cipes et déteirainé les bases générales auxquelles
doivent se rapporter toutes les lois ainsi que les
mesures administratives nécessaires pour des cas
qu'elle n'a point prévus.
Le nouvel ordre de choses qui a été établi
ayant apporté des changement dans le système
général du gouvernement nécessite par la même
raison des modification» dan» les insdlutions par-
ticulières.
Celles des archives nationales a dû éveiller la
sollicitude du gouvernement ; il a dû chercher
à donner à cet établissement un ordre fixe, ré-
gulier et conformé aux nouveaux principes.
Chargé de défendre le projet soumis à votre
délibération, je vous présenterai l'analyse des faits,
des lois , des actes relatifs à l'existence^des ar-
chives nationales , j'examinerai si le projet, tel
qu'il est , a besoin en effet qu'il y soit ajouré dès
dispositions nouvelles; et en supposant qu'il pa-
raisse incomplet , si vous ne pouvez pas néan-
moins l'approuver en attendant que l'on vous
soumette les nouvelles dispositions qu'on aiara
jugées nécessaires. ( Il s'élève quelques mur-
mures. )
L'orateur remonte à l'origine de l'établissement
des archives nationales , au mois dejuillet 1789.
Alors , dit-il , le pouvoir exécutif étant en oppo-
sition , en guerre ouverte avec les représentans
de la nation , il était import'atit de mettre hors
de ses atteintes des actes qu'il aurait pu sous-
traire pour ses propres intérêts. Les archives
subsistèrent d'abord sans organisation formelle ;
t!e ne lut qu'au lîaois de septembre qu'une loi
détermina la nature des actes qui y seraient dé-
posés , créa un archiviste , régla ses attribu-
tions , etc. La convention nationale les élertdit
dans la suite , ajouta de nouveaux objets à la
nomenclature de ceux qui entraient dans ce dépôt
et reconnut la nécessité de le centraliser , en
l'établissant au sein de la convention nationale
fUe-même. Le rapport du représentant qui pro-
voqua cette centralisation , Contenait ces paroles
remarquables : Dans la république une et indi- ■
visible , il y a multiplicité d'administrations et unité
de gouvernement. En , effet , la convention qui
réunissait tous- les pouvoirs , faisait les lois , les
téglemens et les mettait à exécution , crut devoir
«tablir près d'elle un vaste secrétariat de gouver-
nement, un immense dépôt nécessaire à la force ,
à la rapidité de ses opéranons , comme corps
de gouvernement et d administration générale.
Ce dépôt réunissait des archives de toute espèce ,
ce système fut modifié par un acte législatif du
mois de fructidor an 3. Cet acte porte qu'il sera
établi des archives près le corps-législatif, qu'elles
eeront communes aux deux conseils . que le
tceau sera confié à l'archiviste ; mais dans l'ar-
ticle XVII de cette loi , il est stipulé que le
directoire ne pourra ordonner le dépôt d'aucun
acte aux archives , d'oii le gouvernement a
conclu qu'elles avaient été établies pour le corps-
législatif seulement; qu'elles n'étaient ouveites
ni au directoire exécutif, ni à aucun autre auto-
rité ; enfin , qu'elles n'étaient point les archives
nationales générales. Les faits sont venus à l'appui
ds son opinion , car il est certain que le direc-
toire n a jamais rien déposé aux archives , pas
même les lois proclamées par lui.
Ici l'orateur répond à l'objection relative au dé-
pôt du type i\t?. monnaies, des étalons des poids
et mesures. Le décret de vendémiaire an 4 , dit-il ,
n'ayant rien ordonné sur ces objets, lesJois anté-
rieures ont dû être censées abrogées à cet égard ,
comme plusieurs autres. La loi du 28 fructidor
an 3 contenait des dispositions devenues inexécu-
tables. Qiie devait faire le gouvernement ? Nu K'.1-
lait-il pas changer l'inslilution afin de la coordon-
ner ou régime nouveau , réuniraux actes des corps
délibérans, les actes mémorables de l'administra-
tion générale de la république?
Le directoire élait ciranger à la formation de la
loi. Le gouvernement actuel ayant l'initiative des
lois au nombre de ses attributions , a dû chercher
à établir dans la circonstance qui nous occupe ,
les liens qui l'unissent aux difiérentes branches de
l'autorité îégijlative, à les resserrer en veillant à la
conservation^ d'actes qui leur sont communs , en
réglant par la loi qu'il vous propose , l'organisa-
tion définitive du dépôt qui doit les contenir.
Il était convenable" d'en séparer les archives
judiciaires et domaniales , ainsi que les dépôts
ouverts aux recherches des savans laborieux. L'ar-
ticle \". du projet est donc exempt de reproche.
Le second paragraphe de l'article II n'est pas plus
attaquable. S'il porte qu'il sera déposé auxarchives
seulement une e>ipédition des arrêtés et réglemens
d'administration publique, il faut considérer que
le double des actes par lesquels le gouvernement
prépare les traités , ressere les alliances , organise
la vicioire , et négocie la paix , ne pourraient sans
inconvénient , être déposés ailleurs qu'au secré-
tariat des consuls ; et l'observation faite que ce
paragraphe consacre les fonctions de secrétaires-
général des consuls que la loi n'a point établies ,
est d'autant moi^^s fondée , que la légalité de celles
de secrétaire d'état n'a poiet été contestées. Ces
fonctions n'émaneni d'aucune loi , quoique le
contre-seing du secrétaire d'état ait pour objet
de donner aux actes du gouvernement le dernier
caractère d'authenticité.
L'orateur justifie l'article III, en exposant que
les listes des citoyens éligibles , adressés au sénat
conservateur , conformément à la constitution ,
doivent être aussi remises entre les mains du gou-
vernement pour guider ses choix dans les nomi-
nations qui lui sont attribuées. Le gouvernement ,
dit-il , ne doit-il pas veiller à la confection de ces
litres ? La difficulté élevée sur le mot de renouvelle-
ment n'en est point une : noo-sealement ces listes
auront besoin d être complettées , mais il y aura
aussi des suppessions ; de là le besoin d'un renou-
vellement. Un article de la constitution de l'an 3 ,
ne portait-il pas que les deux conseils législatifs
seraient renouvelles tous les ans par tiers? l'expres-
sion attaquée doit donc s'entendre d'un renouvel-
lement partiel et non d'un renouvellement absolu.
Alors la difficulté s'évanouit. Chargé de défendre
devant vous les dispositions du projet de loi. Mon
devoir n'est point de répondre aux reproches
d'insconstitutionnaliié qu'on a pu leur faire. C'est
devant le sénat conservatetir que cette question
doit être portée.
Mais j'employerai les paroles d'un des membres
du tribunal, concernant la bonne intelligence
qui doit régner entre les différentes autorités.
Comme lui , j'écarterai celte quesdon : La pos-
sibilité de jalousie de pouvoir. La plus parfaite
harn'ionie subsistera toujours pour le maintien de
la liberté , elle subsistera pour la jouissance des
vrais républicains, et le désespoir des cabinets
jaloux de la prospérité et de la gloire de la France :
elle subsistera parce que l'usurpation est le par-
tage de la faiblesse , et que le gouvernement ne
peut porter atteinte aux droits du peuple , sans
détruire sa propre autorité.
Ici, l'orateur passe à l'examen d'une question
nouvelle ; une loule d'objets administratifs , qui
exigeaient le concours et la décision de l'autorité
législative , sont devenus sous le régime actuel
purement réglementaires. Les armées étaient or-
ganisées par des lois \ depuis la constitution de
l'an 8 , elles le sont par des réglemens d^dmi-
iiistra:tion publique, par des arrêtés du gouverne-
ment.
L'administration du trésor national était sous la
surveillance immédiate du corps - législatif ; au-
jourd'hui le trésor public et son administration
ont été organisés par le gouvernement.
Le trésor public est-il donc on. établissement
moins précieux que les archives nationales ? Et
quand on a confié à la surveillance , à l'autorité du
gouvernement , cette branche si importante de
rintérêt national , ne peut-on pas lui attribuer l'or-
ganisation proposée dans le projet qui vous est
soumis ? Lorsqu'il y a parité de droit , il -me
semble que l'on peut adopter le même parti.
Je n'ajoute qu'un mot. Laloifùt-elle insuffisante,
aurait-elle besoin de quelques dispositions sup-
plétives, vous pouvez toujours l'adopter. Le gou-
vernement réunit avec soin toutes les idées utiles ,
les pensées fécondes que lui transmet l'opinion
publique : celles que lui aura fournies le tribunal
ne seront point infructueuses.
Le projet est bon en soi , important dans son
objet ', il est conforme aux principe* et dans «on
ensemble et dans ses détails : je persiste à vous le
soumettre comme le vœu du gouvernement.
Jubé , orateur du tribunal, succède à Regnaud
de St. Jean-d'Angely. Le discours qu'il prononce
est absolument le même que celui qu'il a déjà lu
au tribunal dans la séance du 11. Il ajoute seule-
ment les réflexions suivantes , nées de la discus-
sion.
Nous devons , dit-il , répondre à l'appel d'har-
monie qui nous est fait par l'orateur du gouver-
nement. Il ne peut ignorer que les disseniimens,
dans les discussions importantes qui nous occu-
pent, sont des combats civiques excités par une
mutuelle émulation pour le bien , dans la cause
la plus sacrée , celle qui appartenant à la législa-
tion que nous devons établir, tient de si près à
la prospérité de lEtat et au bonheur de nos con-
citoyens. L orateur termine en insistant sur le vœu
de rejet émis par le tribunal.
Laloi. Je ne suivrai pas l'orateur du gouver-
nement dans les détails auxquels il s'est livré.
Cette discussion ne doit avoir d'autre effiet que
celui de nous réunir sur les vrais principes de la
constestation.
Vous avez, dû remarquer comme moi que si
la législation ancienne , relative aux archives ,
devait éprouver quelque changement, ce n'ëtaif
pas parce que les lois étaient mauvaises et dan-
gereuses , c'était parce que quelques lois ne se
trouvaient plus en harmonie avec la constitution
actuelle. Etait-ce une raison de les abroger? II
fallait conserver ce qui était bon , en le co-
ordonnant avec la constitution. Mais on substitue
à des lois bonnes et complettes un projet fn-
complet, moins en harmonie avec la constitu-
tion que la loi précédente , offrant moins de
garantie , laissant un vaste champ à l'arbitraire,
ile tribunal ne pouvait voter l'adoption de c«
projet.
En l'adoptant , citoyens législateurs , vou»
porteriez une loi inutile , incomplette , incons-
titutionnelle. Il faudrait la faire marcher de front
avec l'arrêté du 8 praiiial auquel le gouverne-
ment est forcé de l'accoler pour sauver le re-
proche d'imperfection et d'insuffisance, et pour
cela il faudrait légaliser un arrêté qui ne
peut avoir force de loi , ce serait vous des-
saisir du plus beau de vos droits , celui de faire
la loi. Or , l'objet qui nous occupe appartient
exclusivement à la législation ; il ne peut être
organisé que par une loi.
Vainement, dirait-on , que les dispositions ul-
térieures peuvent remplir les lacunes que l'expé-
rience découvrait ; cet argument n'est pas soute-
nable. Je vous rejetterais dans un dédale de lois,
tandis que nous voulons simplifier la législation.
Le tribunal cherchait dans le projet, la raison
d'utilité , de nécessité publique qui l'ont fait éclore ,
il ne les a pas rencontrées.
Il cherchait d ns l'exposition des motifs les rai-
sons qui ont guidé le gouvernement dans sa pro-
position , il n'y a trouvé que le récit des opéra-
tions qui ont décidé la législation ancienne , et
rien qui prouvât qu'elle n'était pas compleile.
Je termine par cette réflexion : quand dans le
système même du gouvernement , on a détruit
toute la législation relative à un objet important,
qui rie peut se maintenir sans lois, si l'on veut
l'organiser par des lois nouvelles , et le rattacher
à la constitution ou le mettre en harmonie avec
le nouvel ordre de choses qu'elle a établi , il faut
présenter une législation ou plus compleile ou
meilleure que l'ancienne , il faut ne rien aban-
donner à l'arbitraire; il faut plus encore, il faut,
dans l'exposition des motifs, développer la néces-
sité des changemens , l'inutilité de l'ancienne,
1 utilité de la nouvelle , et le bien qui doit en ré-
sulter. Il est du devoir du gouvernement de con-
vaincre non-seulement la raison de cenx qui doi-
vent obéir , mais la raison de ceux qui font ta
loi.
Le vœu du tribunal vous est connu, ses motifs
vous ont ésé développés; c'est à vous , législa-
teurs , à prononcer.
Le président. Aucun orateur ne demandant la
parole , je consulte l'assemblée pour savoir si elle
veut passer au scrutin.
Plusieurs membres. L'ajournement de la discus-
sion.
D'autres. L'ordre du jour sur l'ajournement. '
JV J'appuie l'ajournement ; la décision que
nous devons prendre , suppose la connai'sance
de plusieurs lois très-anciennes : je demande que
le scrutin n'ait lieu qu'après l'impression et la dis-
tribution des deux discours que nous venoni
d'entendre.
On demande de toutes parts l'ordre du jour.
Le corps-législatif passe à l'ordre du jour , et
procède à l'appel nominal.
Le nombre des voians est de 267.
Le projet est rejette à la majorité de 20g boulet
noires contre 58 blanches.
La séance est levée et indiquée à quintidi.
A Paris , de l'imprimerie de H. Agasse.
GAZETTE NATIONALE ou LE MONIEEUR UNIVERSEL.
N° 75.
QjiMidi , 1 5 frimaire an g de la république française , mie et indivisible.
Nous sommes autorisés à prévenir nos souscripteurs qu'à dater du 7 Nivôse le M o N i t F. 0 n est le seul journal oflrr}^.'.
Il contient les séances des autorités constituées , les actes du gouvernement , les nouvelleî des armées , ainsi que Us faits et les notions tant sur
'intérieur que sut l'extérieur, fournis par les correspondances ministérielles.
Un article sera particulièrement consacré aux sciences, aux arts et aux découvertes nouvelles.
CORPS-LEGISLATIF.
Présidence de Chatry-Lafosse.
SEANCE DU l3 FRIMAIRE.
§3" Nous publions textuelleiiient le discours
du citoyen Regnaud , sur le projet de loi relatif
aux archives nationales. L'étendue de la séance
nous avait forcés à ne donner hier ce discours
que par extrait.
Regnaud , de S aint-Jean- £ Angél) . Citoyens légis-
lateurs , au momeni où une nation adopte un
Jysiême nouveau de législation et de gouverne-
ment , il est nécessaire de changer 1 institution ,
l'organisation , l'administration d'un grand nombre
d'établissemens publics.
L'acte constitutionnel distribue les pouvoirs, en
règle les limites , en pose les fondemens. Enfin,
il détermine de» bases générales , auxquelles doi-
vent se rapporter sans cesse , dans les cas quil
n'a pas prévus , les dispositions des lois , des
téglemens d'administration publique , des actes
du gouvernement et de ses agcns.
- Ainsi , la constitution de l'an 8 ayant changé
notablement les principes sur les juels reposait
celle de l'an 3 , elle a commandé dès-lors au gou-
vernement établi par elle , de provoquer par des
propositions de lois , d'effectuer par des réglc-
niens , ou par d'autres actes , les changemens
devenus nécessaires , ou reconnus utiles dans le
nouvel ordre de choses.
La conservation , l'administration du dépôt des
archives nationales a dû fixer l'attention , éveiller
la sollicitude du gouvernement.
Il a cherché l'origine de cet établissement , sa
iiatUTe , son organisation, son administration dans
la législation existante ; après s'être éclairé par cet
«xamen , il a fait , le 8 prairial , un règlement d'ad-
minisiration qu'il a pubHé , et arrêté en même
tems un projet de loi qui vous a été présenté le
3 de ce mois , et sur lequel vous avez à prononcer
anjourd'hni.
Chargé de le défendre devant vous, je mettrai
d'abord sous vos yeux l'enalyse des faits , des lois,
des actes relatifs aux archives nationales.
J'examinerai , d'après cet exposé , si le projet de
"loi que vous allez juger est bon , utile , conforme
aux principes de la constitution.
Si elle est suffisante , si , en supposant qu'elle
fait incompletie , les dispositions qu elle contient
étant indépendantes de celles qu'on pourrait y
désirer de plus , vous ne pouvez pas, vous ne
devez pas les adopter , en attendant que le gou-
vernement examine et propose , s'il le juge con-
venable, celtes qui lui ont été indiquées dans le
cours de la discussion.
Ici l'orateur minute le tableau historique de,
l'établissement des archives nationales, et reprend
ainsi la discussion.
Tel était l'ordre existant au moment ori les con-
«oW ont été chargés par la constitution de 1 an 8
du gouvernement de la république.
Conservateurs de toutes les propriétés publiques,
de tous tes dépôts, de tous les monumens natio-
naux, le gouvernement a dû porter ses regards et
diriger sa surveillance vers les archives nationales.
Il a rccotinu que dans le dernier état des choses,
et suivant le décret de la convention , du 28 fruc-
tidor an 3 , article I."^ , " les archives nationales
41 établies auprès du corps législatif étaient cbra-
«( munes au conseil des anciens et à celui iies
'i cinq-cents, -i
Il a vu dans l'art. XVII u que le directoire exé-
4t cutif, ni aucune des autorités constituées, autre
«1 que le corps législatif ne pouvaient or^lonner
«1 de dépôt aux archives, ni prendre connaissance
it de leur police ou de leur comptabilité, ji
lien conclut que les archives nationales avaient
été élablies prèi le corps législatif pour lui seul ;
qu'elles étaient communes seulement aux deux bran-
ehes de la Ugislatwe; mais qu'elles n'étaient pas ou-
venet fpu direetuire exécutif, ni à aucune autre auto-
rité constituée ; que cowséqueinincnt elles étaient
étrihivts nationales paniculierej à la législature ,
et non pas ari.hive% nationales générales pour touie
la lépiibliquc.
Il en a conclu que la convention , par son dé-
«»et régleratntaire et de police intérieure , du
28 ftuciidor an 3 , révoquait , rapportait , non
iraplicileruent , niais très-clairement , les disposi-
tions de son autre décret léglcmenluirc, du 7 nrcs-
sulor an 2 , puisqu'il était impossible de concilier
l'intention de ce dernier décret, de faire que les
archives nationales soient celles auxquelles corres-
pondent celles des administratiorts de toute espèce .
avec les dispositions du décret subsé^juent dont
l'art. XVil , ferme les archives à tomes les ad-
ministrations, même à l'administration supiême
de la république, au directoire exécutif, et lui
défend d'y ordonner aucun dépôt.
Le eouvernement a d'autant moins hésité à
tirer des dispositions des décrets de la conven-
tion, les conséquences si claires en elle-mêmes ,
et qui s'en déduisent si nalurellemeni , que les
faits sont venus à l'appui de son opinion. En
effet, le directoire n'a jamais- propose au corps-
législatif de faire aucun dépôt aux archives na-
tionales , pas même celui des actes législatifs pro-
clamés par lui comme lois de la république.
Il y a plus , le décret de la convention du 7
messidor an 2 , ordonne le dépôt aux archives,
des types des monnaies.
Le décret de la convention du '-28 vendé-
miaire an 4 , rendu après la proclamation de la
constitution de l'an 3 , ne porte rien de sem-
blable , et ordonne au contraire article XII et
XXIII , que l'étalon et les matrices des mon-
naies seront remis au commissaire nalional près
l'administr.Tion des monnaies ; d'oîi résuliaii évi-
dent ou l'abrogation de toutes dispositions
antérieures, contraires à celle-là. Que devait iaire
alors le gouvernement ?
Le décret du 7 messidor an 9 , était abrogé
par celui du 28 fructidor au 3. Celui du 28 fruc-
tidor an 3 était incontestablement inexécutable ,
et conséquemment abrogé aussi par la mise en
activité de la constitution de l'an 8. Il fallait
donc , comme je l'ai dit en commençant , changer
l'institution , l'organisation , l'administration des
archives nationales , comme d'v,n grand nombre
d'autres établissemens publics , afin de les faire
coordonner avec le système établi.
Il fallait réunir au dépôt des actes des deux
conseils , les actes mémorables par lesquels les
deux commissions législatives , en replaçant la
république sur des fondeinens nouveaux , so-
lides , inébranlables . ont acquis des droits à la
reconnaissance de tous les amis de la liberté.
Il fallait approprier l'ordonnance générale des
archives nationales , avec le règlement adopté
par vous , sur votre administration intérieure ,
sur le mode de fixation et de paiement de vos
dépenses , d'après la constitution de l'an 8.
Le gouvernement a pensé qu'à la vérité le
directoire exécutif n'avait pu être, sous la consti-
tution de ran3, le gardien des archives du corps-
législatif , parce qu'il était étranger à la formation
de la loi , mais que le gouvernement actuel ayant
le droit d'y coopérer par une initiative nécessaire ,
éiant chargé de la législation réglementaire de la
conservaùon de tousles dépôts nat onaux, il devait
assurer sans délai la conservation des archives qui
étaient sous sa surveillance en y insiituant un
gardien , en organisant le dépôt remis à ses soins ,
en lui fixant un mode d'administration.
C'est ce qu'il a fait par l'arrêté du 8 prairial.
Le gouvernement a arrêté ensuite le projet de
loi dont je vais défendre successivement et rapi-
dement les articles , d'après les faits que j'ai ex-
posés , et les principes que j'ai établis.
L'art. I'r_ porte que les archives nationales conti-
nueront d'être le dépôt de tous les actes relatifs à
la constitution , à la législation , et aux propriétés
territoriales de la république.
Il va plus loin que l'an. I^'. du décret du 28
fructidor , qui ne destine les .archives qu'aux actes
du corps lég slalif.
Le gouvernement a voulu , par cet article , faire
sanciionner le dépôt delà constiluiion de l'an 8,
assurei la garde de tousles actes antérieurs de lé-
gislation , de tous les titres de propriétés existans
actitellcment aux archives.
Il n'a parlé que des archives nationales et non
des archives judiciaires et domaniales , parce que
le décret de la législature qui constitue le dernier
état de choses , ne parle pas des archives doma-
niales et judiciaires.
Et en eflet , comment appliquer à ces archives
ouvertes nécessairement aux tribunaux , au gou-
vernement , à l'administration , aux savans , les
dispositions de l'article 17 du décret du 2S fruc-
lidor an 3 , qui réserve au corps législatif le droit
d'y cfltfctucr ou d'en retirer un dépôt.
Le gouvernement obligé de chercher dans les
deux sections d'archives domaniales et judiciaires
tous les moyens de conserver, de défendre de
recouvrer les propriétés nationales, de permettre
aux hommes savans et laborieux qui recherchent
les monumens épars de notre histoire , de puiser
dans ces collections , de faire séparer dans cet
assemblage encore mal ordonné les titres ou do-
cumeris inutiles, ou qui ne sont que des monu-
mens de la féodalité renversée, peut-il les réunir
a un dépôt qui n'est destiné , par sa nature , qu'au
pouvoir législatif et aux diverses parties qui le
constituent ?
Le placement, la conservation , le triage des
litres judiciaires , domaniaux et hislotiqu °s exis-
lans .doit être évidemment l'objet d'un travail
sépare de règlement d'administration , dont le
gouvernement s'est occupé, et qui sont déjà pré-
pares. '^
Le premier article de la loi ne peut donc êtr-e
attaqué.
Le premier paragraphe de l'article II est extrait
textuellement du règlement arrêté par vous ,
citoyens législateurs , art. LXIV et LXV , et
par le tribunal, art. LVIII. le gouvernement n'y
a exprimé que votre commune pensée.
Mais , a-t-on dit , le paragraphe II de cet article ,
qui ordonne le dépôt des réglemens d'adminis-
tration , ne prescrit que l'envoi d'une expédi-
tion , au-lieu d'une double minute qui serais
nécessaire.
Législateurs , vos registres , ceux du tribunal
ne contiennent que des actes relatifs à la légis-
lation. Ceux du gouvernement contiennent des
dispositions de plus d'un genre. Les actes d'ad-
ministration civile et militaire , les délibérations
relatives aux rapports avec les puissances étran-
gères , les résolutions par lesquelles le gouver-
nement conserve , entretient , resserre ou prépare
des alliances , celles par lesquelles il organise la
victoire et appelle la paix ^ sont placés dans les
mêmes registres avec les actes relatifs à la légis-
lation et aux réglemens d'administration.
Un double de ces registres ou minutes ne peut
donc être sans inconvénient ailleurs qu'au se-
crétariat même des consuls.
La signature du secrétaire-général des consuls ,
institué par eux en même-tems et de la même ma-
nière que le secrétaire d'état, doit obtenir de
vous , législateurs , du tribunat , des autorités cons-
tituées , de tous les citoyens , la même foi que celle
du secrétaire d Eut , dont la légalité , loin d'avoix
jamais été contestée, est journellement , même au
milieu de vous , proclamée et reconnue.
Le 3*^ paragraphe du ll*^ art. n'est, pour le sé-
nat-conservateur , qu'une énonciation de son rè-
glement , comme le paragrahe i'"^ est celle du rè-
glement adopté par vous et par le tribunat.
Le délai d'un mois proposé pour effectuer les
dépôis n'a pas éprouvé de censure. Je suis dis-
pensé de le justifier, et je ne dirai qu'un mot sur
l'erreur qu'on a relevée dans cet article , qui parte
l'art. XLII au heu de l'art. LU de la constitution^
Des fautes de copiste de cette nature sont relevées
de droit, et l'ont été jusqu'ici dans les communica-
tions respectives des trois branches du pouvoir
législatif , sans difficulté comme sans inconvé-
nient.
Le 111° art. n'a été attaqué que sous deux rap-
ports. On a dit d'abord que le gouvernement ne
devait pas faire remettre aux archives les listes
d'èligibles , qui ne doivent être déposées qu'au
sénat- conservateur.
Mais ces listes doivent être aussi entre les mains
du gouvernement, pour guider ou restreindre les
choix qu'il doit faire exclusivemant sur les noms
qui y sont portés.
Ce sera lui probablement qui veillera, d'après
la loi que vous rendrez, à leur confection , qui
les recueillera , les transmettra au sénat ; et y a-t-il
inconvénient ou danger à les déposer aussi aux:
archives , pour que chaque citoyen qui y sera ins-
crit y retrouve un titre d honneur , de probité, de
ta'ctis et de venus ?
Les expressions même de cet article et sa ré-
daction onr été attaquées.
On a blâmé le mot renouvellement appliqué aux
listes d'èligibles, qui ne doivent, a-t-on dit, qje
se completier.
J'observerai premièrement que les listes d'èligi-
bles, aux termes de la consiinuion , doivent non-
seulement se complelter, mais s'épurer; que les
noms qui y sont placés peuvent en cire retirés , et
que de-là résulte nécessaircrucnt un renouvelle-
ment.
294
Mais j'invoquerai eh outre une âtitre aulorue ,
d'après laq"'^"c le gouvernement a employé le
"lot r«!OiH)«''c- „ „ .
C'est celle de la constitution de 1 an 3 qui disait ,
^ri. nil Vun et ^'"«''''î coiiicil est renouvelle tous
'.-■>■ ",7nf par l'ers. On a ">^ '^^^°''' conclure qu'on
i.oi.vait dire auiourd'''".' <^°'^™^ =■',?'■' ' "" «".""■,
^:i'llcm.ent . en parlant d "" renouvellement partiel ,
comme d'un renouvellement ^"'"'■-
Enfin , l'art. IV n'a pas P"" f:°™F,'." ■ P^''"
qu'il ne dit pas si les expé'^l'"°"s délivrées aux
ciinyens le seront -ratuilem'^"' °^ ^n payant :
mais ce point réglé par l'usage i n avait pas paru
pressant àéiablir-, on avait cru po^^o'^ ' ajourner,
!~i ;n.ucint mieux que ce qui se pratique aux a""'
c'iivcs près le corps-lcgislntif , n'est pas entier^"
lurent conforme à ce qui est usilé aux archives
judiciaires et domaniales , et qu'il importe d'éta-
blirmême . pourles dépôts, dans les départemens ,
une règle Rxe et uniforme , qui exige des lumières
que le gouvernement n'a pu recueillir encore.
J'ai parcouru les quatre articles de la loi ; je
crois avoir justifié qu'elle ne contient aucune dis-
posiiion qui blesse l'intérêt national , le droit des
aninriiés constituées et des citoyens.
Elle est conforme à l'esprit qui dicta le premier
décret de l'assemblée consli tuante sur les archives,
où i! n'ordonne de déposer que les actes qui éta-
blissent la constitution , le droit public . les lois ,
la division du territoire. Elle est conforme au
décret de la convention du îS fructidor an 3 .
qui n'établit des archives communes que pour les
deux conseils des anciens et des cinq-cents.
Elle étend la communauté à toutes les parties
intégrales de la législature. Elle ne propose pour
le sénat , le corps-législaiif ft le tribunal que ce
qu'ils ont voulu eux mêmes.
Elle s'est renfermée dans les bornes indiquées
par les réglemcns mêmes de ces trois corps ; elle
D'y a rien ajouté sur leur droit d'ordonner des
dépôts aux archives, parce qu'ils ont éviderameni
ce droit , dont ils ont déj.à mé , avec raison , sans
conlestalion comme sans obstacle.
Les dispositions de la loi proposée sont donc
bonnes enelles mêmes, et ne portent aucun motif
de rcjcclion ; m?.is , dit-on , ces dispositions sont
insuffisantes , incomplettes , et la loi doit être
renvoyée pour que le gouvernement y ajoute des
dispositions qui lui manquent.
Ici ce n'est pas seulement contre la loi , mais
encore contre le règlement du 8 prairial , que les
reproches som dirigés, Il contient , dit-on , des
dispositions qui devraient se trouver dans la loi ,
Cl qir la complctteraient.
Ch.irgé par le gouvernement de défendre un
projti cle loi devant le corps législatif , je ne dois
pas répondrf à ce reproche dirigé contre un acie
du gouvernement . rcptoche qui ne peut être
articulé et repoussé que devant le sénat conser-
vateur.
Mais ici . législateurs , j'emprunterai, pour ré-
pondre aux orateurs du iribunat. les propres pa-
roles d'un de ses membres, répondant aux re-
proches du même genre diiigé contre uo acte du
gouvernement, et cette opinion imprimée , pu-
bliée par ordre du tribunat , devient , en quelque
sorte, la sienne, puisqu'elle a déterminé sa dé-
cision.
il De ce que dans nos précédentes constitutions,
n disait-U ,yiout était un sujet de loi , il ne s'en-
)) suit pas que la même confusion de matières et
>i de pouvoirs subsiste aujourd'hui.
, i> Toui ce qui est administration n'est plus
•qu'objet de règlement.
1) Mais dira-i-ou , poursuit le tribun , si une loi
)> avait précédé ^es régi , mens, ou les avait faits ,
M pourrait-il y déroger?
Il II le peut, je pense , si en réservant au corps
1) législatif tout ce qui est matière à législation po-
!! litiqueou civile , oi a franchement abandonné
n au gouvernement tout ce qui est adrr.inisiratif.
»> Dès-lors les lois administratives, précédemment
!! rendues , ne sont que des actes du gouverne-
îi ment faits en un tems où tous les pouvoirs
!3 étaient cumulés : comme tous les actes de gou-
M vernement elles pourraient donc être à sa dis-
») position pour les interpréter , les modifier , les
Il changer ; il n'y aurait au-dessus de ses pouvoirs
5,5 que ce qui est législatif.
j5 Mais je me hâte ( continue l'orateur que je
55 cite) d'écarter cène question qui peut. . . éveil-
55 1er des jalousies de pouvoirs. 55
Comme lui, législateurs, j'écarte cette ques-
tion ; j'écarte la pensée d'une possibilité dejalousie
de pouvoirs, aussi improbable qu'impossible,
d'après l'heureuse harmonie , qui a marqué jus-
qu'à ce jour l'établissement et assuré la consoli-
dation de la constitution de l'an 8.
Dans tous les tems elle subsistera , fondée sur
la conduite et les principes du gouvernement , sur
ce sentiment universellement vrai que l'usurpaîion
est le partage de la faiblesse , et que le gouverne-
ment français , fori de l'opinion nationale , et de
son union avec les autres blanches de la' législa-
ture , nepeutvouloirpoiter atteinte à leurs droits ,
puisque ce serait toucher à sa propre prérogative.
Au surplus , l'examen du principe repousse
tout reproche , parce qu'il est certain qu'à la dit-
férence delà constitution de l'an 3 , un gi'and nom-
bre d'objets réglés par les lois, attribués nommé-
ment au corps-législatif ^ sont devenus réglemen-
taires , sans qu'il soit besoin de révocation ex-
presse des lois rendues sur cette matière.
Je n'en citerai qu'un exemple. D'après la cons
titution de l'an 3, les armées étaient organisées
par des lois; d'après celles de l'an 8, article 48 ,
elles ne sont soumises qu'aux réglemens d'admi-
nistration publique.
Et les faits viennent à l'appui de la loi écrite,
puisque sans réclamation la force armée a ete
organisée par des r églemens qui seuls ontrévoque
les lois auxquelles ils ont succéJé.
Si on veut joindre à cet exemple une analogie,
je citerai ce qui se pratiquait sous la constitution
de l'an 3 . pour la trésorerie nationale.
Les administrateurs étaient nommés par le corps
législatif, surveillés par ses commissaires, delà
même manière que l'archiviste.
Aujourd'hui le trésor public est confié à un di-
recteur, à des admiriistrateurs institués , Dommés ,
révocables par le gouvernement.
Le trésor public est-il donc un dépôt moins
précieux que celui des archives nationales , et
quand on l'a confié à la sagesse , à la vigilance
rî'un gouvernement régénéré , conservateur et
fidèle , ne peut-on pas aussi quand il y a parité de
droit ancien et cle motif de changement actuel
prendre le mêtpe parti , adopter le même système.
La loi n'est donc pas insuffisante , puisqu'elle
contient les dispositions qui sont dans le domaine
de la loi , et que le gouvernement a fait ensuite
ce qui était dans la législation réglementaire.
Je n'ajoute qu'un mot. D'après les orateurs
mêmes de la commission du tribunat , dont je vais
emprunter les expressions , la lot fût-elle regardée
par vous , législateurs , comme insuffisante , quand
vous penseriez que le gouvernement y dût ajouter
des dispositions nouvelles, vous jugerez sans
doute , avec la commission du tribunat , que vous
pouvez adopter celle^ qui vous sont proposées.
Les dispositions demandées ajouteraient à celles
portées dans la loi , mais ne les contrarient pas.
Le projet est bon et utile en soi , dirai-je , comme l'a
Jait à l'unanimité ta commission du tribunat. Il est
important dans son objet., conforme aux principes
dans ses détails , et je vous demande au nom du
gouvernement de l'adopter.
TRIBUNAT.
Présidence de Thiesié.
SÉANCE DU 14 FRIMAIRE.
Un secrétaire fair lecture du procès - verbal.
La rédaction en est adoptée.
Jnbé. Tribuns , le message que vous recevrez
de la part du corps-législatif va vous informer
du résultat de la mission que vous aviez confiée
à nos collègues Portiez , Laloi et moi , relati-
vement au projet de loi sur les archives na-
tionales.
Mais nous devons vous rendre conpte qu'à la
fin d un discours dicté par l'éloquence et le pa-
triotisme , l'orateur du gouvernement ayant in-
voqué , pour les premières autorités , le main-
tien de cette harmonie qui fait le désespoir de
nos ennemis , et sur laquelle les républicains
fondent les plus grandes et les plus justes espé-
rances , nous avons'cru devoir nous rendre, dès
le moment même , interprêtes et garans du tri-
bunat.
Comme les détails de ces sortes de commu-
nications franches et spontanées sont toujours
d'une grande importance , et comme les papiers
publics n'ont pu retracer avec une entière exac-
titude ceux dont nous vous entretenons , nous
venons vous transmettre, dans toute leur intégrité,
les dernières expressions employées par celui de
nous qui a porté la parole immédiatement après
l'orateur du gouvernement.
55 Je ne descendrai point de cette tribune ,
55 a-t-il dit, sans répondre à l'appel si loyale-
55 ment fait, en faveur de l'harmonie, par le
)s citoyen membre du conseil-détat. Elle sera
15 toujours religieusement maintenue par le tribu-
51 nat , cette précieuse harmonie. S'il se livre ici
11 des combats , ils seront , de part et d'autre ,
11 dirigés par une mutuelle et généreuse éraula-
15 tion; ils auront tous et toujours, pour but , la
11 plus noble , la plus sacrée des causes : la
51 solidité du gouvernement , l'honneur de la légis-
11 lation , l affermissement de la liberté , le bonheur
11 et la gloire des citoyens français ... .
Telle a été , dans cette circonstance , tribuns ,
la conduiie de vos orateurs.
Le tribunat ordonne l'inserdon du discours de
Jubé au procès-verbal.
On reprend la discussion sur le projet de loi
relatif à l organisation des justices de paix.
Se'rfî'Wez. J'examine le projet qui nous est soumis
dans ses Ijases et dans ses effets.
1°. Il diminue le nombre des juges-de-paix ;
2°. Il leur ôte la police judiciaire ;
3°. Il règle leurs attributions.
Je vais parcourir rapidement les effets qui doi-
vent résulter de ces trois bases principales.
Lors de la première institution des juges-de-
paix , on les avait beaucoup trop multipliés ; oa
avait (Dutré le principe qui veut qu'on rapproche
la justice de ceux qui en ont besoin , et lorsqu'un
différend s'élevait entre deux hommes , on aurait
voulu qu'ils trouvassent sur-le-champ un arbitre
ou un juge.
Mais , me dira-t-on , en réduisant le nombre
des juges-de-paix , on étend nécessairement leur
territoire , et cette étendue de territoire peut faire
craindre qu'ils ne puissent étendre leurs soins aussi
loin que les nouvelles limités qu'on leur donne.
Le juge-de-paix ne sera plus sous la main du jus-
ticiable. Je ne dirai point avec quelques per-
sonnes : Tant mieux , on plaidera moins ; mais il
y a un milieu entre mettre la justice hors de la
portée du justiciable et la mettre , pour ainsi dire ,
sous ses pieds. Ce milieu-là vous est offert par
le projet, et il me semble que vous devez le
saisir.
Il n'y a pas de mal qu'en diminuant le nom-
bre des juges-de-paix , on ait pu les soulager de
quelques-unes de leurs attributions. De toutes les
fonctions de la justice de paix , la police judi-
ciaire était en même tems la plus embarrassante
et la plus désagréable ; je suis convaincu qu'il n'y
a pas un seul juge-dc-paix qui la regrette.
En effet , comment peut-on avoir eu l'idée
d'associer à ce ministère de conciliation et de
paix, les fonctions sévères et inflexibles de la po-
lice judiciaire ? La surveillance des délits ne
convient pas aux juges-de-paix ; ceux-ci ne con-
viennent pas davantage à cette surveillance. S'ils
sont bons juges-de-paix , ils n'ont rien de ce qui
faut pour être bons officiers de'police.
Après avoir ainsi organisé la justice de paix , i\
convenait sans doute d'en déterminer les attri-
butions. Le code de la justice de paix n'est pas
le moins important; c'est ici sur-tout que les
critiques et les objections se sont le plus multi-
pliées , et , il faut l'avouer , c'est ici qu'elles
m'ont paru le plus justes. Il serait trop long dé
répondre à toutes celles qui me paraissent fon-
dées ; il me suffira de vous faire observer que
toutes ces critiques portent plutôt sur des omis-
sions que sur des vices. Or , des omissions se
réparent, et bientôt sans doute le gouvernement
vous présentera une nouvelle loi qui contiendra
les additions et corrections que vous pouvez dé-
sirer.
Quand les objections qu'on a faites contre le
projet seraient toutes fondées ; quand il serait
possible d'y découvrir encore un plus grand nom-
bre d imperfections, cela ne m'empêcherait pas
de voter son adoption. En législation comme
en tout , sitôt que je vois un bien dégagé de tout
inconvénient grave, je le saisis et je ne le laisse
pas échapper , sous prétexte qu'il n'est pas assez
complet. Le' bien que je vois est réel , et ne
m'ôte pas l'espoir d'une nouvelle amélioration.
Je vote pour le projet.
Grenier en adhérant à un grand nombre d'ob-
servations faites au nom de la commission , ne
partage pas son avis sur I incompatibilité qui d'a-
près la commission , devrait exister entre les
fonctions de juge-de-paix et celle de notaire. Il
fonde la comptabilité de ces fonctions Sur ce que
les fonctions de notaire se rapprochent de celles
de juge-de-paix. Les notaires sont des espèces
de juges au choix des parties , des conciliateurs,
que d'un autre côté, si l'on excluait les notaires
des fonctions de juges-de-paix , ce serait trop
resserrer le cercle dans lequel les choix devraient
être faits , surtout dans les campagnes.
Mais Grenier fait quelques nouvelles observa-
tions indépendantes de celles présentées par la
commission.
Il remarque d'abord que l'article XXI du
projet de loi , en ne conservant aux juges-de-paix
les droits de visa que dans le seul cas de la
contrainte par corps , exclut tous autres visas
dans les matières importantes , notamment celtij
exigé des juges-de-paix , par l'article II de la
loi du II brumaire, sur les expropriations for-
cées ; que cette exclusion aurait lieu par l'effet
de la réduction contre l'intention sans doute de
l'auteur du projet.
Les autres observations de Grenierportentsurle»
articles X , XI et XII relatifs à la conciliation ,
il n'y trouve pas des exceptions nécessaires. S'il y
a conciliation,^ l'acte est-il obligatoire et exécu-
toire ? Doit-il être homologué, par quel tribunal?
S'il y a des parties sur plusieurs arrondissemens ,
devant quel juge-de-paix faut-il se pourvoir ?
Quelques-unes des questions peuvent être déci-
dées par des lois antérieures , mais l'on doit les
trouver dans la loi spéciale pour cet objet. Il émet
le vœu que lorsqu'ils n'y a pas conciliation , il ne
soit pas fait mention dans le procès-verbal des
dires respectifs des parties. Il en expose les incon-
véaiens , il désire une simple déclaration que les
parties n'ont pu être conciliées.
Grenier propose que le tribunat demande au
corps-législatif la