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Full text of "Glossaire génevois; ou, Recueil étymologique des termes dont se compose le dialecte de Geneve, avec les principales locutions défectueuses en usage dans cette ville"

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GLOSSAIRE 


GENEVOIS. 


*•»    IMPTIIMEBIE    <W«« 
DE    I'.    A.    BOXNANT. 


LOSSAIRE 

GENEVOIS, 


ou 

RECUEIL   ETYMOLOGIQUE 

DES  TERMES 

DONT  SE  COJVIPOSE  LE  DIALECTE  DE  GENEVE, 

AVEC 

LES  PRINCIPALES  LOCUTIONS  DEFECTUEUSES 

EN    USAGE    DANS    CETTE    VILLE. 


Oc)eLixieiu6  c^Dttior) . 

CORRIGEE    ET    CONSIDERABI.EMENT    AUGMENTEE. 


GENEVE, 

BARBEZAT   ET   DELARUE,   LIBRAIRES, 

RUE     DU    RHONE,     N.»     I77.  ^ 

PARIS, 

iVUE  DES  GRANDS  AUGUSTllSS  ,  N."  18, 
1827. 


3147 


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PRELIMINAIRE 


lliTRE  utile  ä  celte  classe  iiombreuse  de  Genevois 
que  leur  vocation  n'a  point  appeles  ä  des  Stades  ; 
offrir  aux  gens  instruits  quelques  observations  sur 
les  origines  de  notre  dialecte  populalre ,  tel  est  le 
double  but  que  nous  avons  cru  devoir  nous  proposer 
en  publiant  ce  recueil. 

Un  ecrivain  qui  est  a  la  fols  boii  litterateur  et  sa- 
vaut  du  premier  ordre,  a  dit  cu  parlant  de  Geiieve: 
cc  La  purete  de  la  langue  IVanfraise  ue  devrait  etre 
nulie  part  plus  religieusement  conscrvec  qne  daus 
une  ville  qui  a  eu  la  gloiic  de  iiiofUiire  iin  de  nos 


viit  DISGOUPvS 

plus  grands  auteurs ,  et  qui  öftre  encore  aujourd'hui 
une  r^union  rare  de  savans  et  de  gens  de  lettres  dis- 
tingues  par  leurs  lumleres  et  par  leurs  talens  * .  » 

Maintenant  que  notre  patrie  redevient  le  s^jour 
favori  d'un  grand  nombre  d'etrangers  de  distinctlon, 
et  que  l'Europe  semble  lui  accorder  le  beau  titre 
dAthenes  de  la  Confederation ,  ii'est-il  pas  ,  plus  que 
jamais ,  essentiel  d'insister  sur  cette  purete  qu'on 
nous  recommande? 

Cependant,  si  nos  ecrits  ainsi  que  iios  discours 
soutenus ,  doivent  ötre  eminemment  fran9ais ,  nous 
ne  pretendons  point  engager  nos  compatriotes  ä 
bannir  entierement  de  la  conversation  familiere  nos 
expressions  locales,  et  ä  se  tenir,  comme  certaines 
personnes,  roidement  sur  le  qui-vive,  pour  ne  laisser 
echapper  aucun  terme  genevois  ,  aucune  locution 
nationale;  non,loin  de  nous  toute  idee  de  pddan- 
ierie  !  nous  ne  voulons  point  qu'on  parle ,  comme 
dit  La  Bru)  ere ,  propremenf  et  ennuyeusemcni. 


I    M.  lUot,  Mcrcurc  de  Frame ,  mars  1809. 


PRELIMINAIRE.  ix 

Nütre  idionie  n'est  pas  depourvu  d'energie ;  il  reii- 
ferme  des  expressions  pleines  d'harmonie  imitative, 
des  termes  sans  equivalens  dans  la  langue  fran^aise, 
et  riombre  de  verbes  qii'il  faudrait  remplacer  par 
des  periphrases.  Cette  langue  usuelle ,  enfin,  nous 
la  teiions  de  nos  peres;  durant  vingt  annees  eile  a 
contribue  a  rappeler  a.  notre  souveiiir  que  nous 
avions  ete  uii  peuple  independant,  et  que  nous 
pouvions  le  redevenir  un  jour;  de  tels  titres  doivent 
suffire  pour  nous  la  rendre  precieuse.  Ce  recueil 
sera  donc ,  tout  ä  la  fois ,  un  conservateur  de  notre 
langage ,  s'il  nous  est  permls  de  parier  ainsi ,  et 
un  guide  qui  pourra  nous  faire  eviter  des  fautes , 
lorsque  nous  voudrons  nous  exprimer  en  bon  fran- 
cais.  Un  Genevois,  en  faisant  usage  des  termes  de 
son  dialecte,  sera  toujours  compris  a.  Geneve,  mais 
le  sera-t-il  suffisamment  dans  un  pays  etranger ,  et 
surtout  en  France ,  oii  nous  voyageons  si  souvent , 
et  ne  courra-t-il  point  le  risque  de  faire  rire  ä  ses 
depens?  risque,  aux  yeux  de  beaucoup  de  gens , 
jjien  plus  grand  encore  que  celui  de  n'ötre  pas  en- 
tendu  ' . 

1  11  n'est  pas  surprenant  de  voir  rire  un^Franrais  qui,  pour 


X  DISCOURS 

Nüus  devous  avouer  aussi  que  iious  n'avons  poiiil 
ete  indifferent  ä  l'idee  de  la  petite  jouissance  que 
noLis  pourrions  prociirer  a  ceax  de  nos  compatriotes 
qui  sont  eloignes  de  leius  foyers;  car  nous  suppo- 
sons  qne  notre  vocabulaire  produira  sur  eux  k  peu 
pres  l'effel  dune  vue  fidele  de  Geneve  et  de  ses  en- 
virons.  Unnegociant ,  fixe  pendant  plusieurs  annees 
dans  une  ville  etrangere,  nous  a  assure  qu'il  se  fai- 
sait  adresser  chaque  mois  un  recueil  de  nos  Feuillcs 
d Avis  y  uniquement  pour  avoir  le  plaisir  d'y  retrou- 
ver  ces  termes  et  ces  tours  propres  a  notre  idiome  , 


la  premiöre  fois ,  enlend  ajoutei  ä  sa  langue  un  lerme  dont 
seil  oreille  csl  etonm-e;  iiiais  pourquoi  les  Genevois  instruils 
rient-ils  toujours  lorsqu'on  repete  devant  eux  dos  idiotismes 
qui  leur  sont  famiÜcrs  ?  Le  passage  suivant  du  discours  de 
Hobbcssur  la  natura  liuniaine  expliquera  peut-etre  celtc  pelile 
singularitr  «  La  passlon  qui  excite  ä  rire  n'est  au  Ire  cliose 
qu'unc  vaine  gloire,  ibndee  sur  la  conception  subile  de  quel- 
quc  cxccllence  qui  sc  Irouvo  eti  nous  ,  par  oj)posilion  ä  l'in- 
firmite  des  autrcs,  ou  a  cclic  quo  nous  avoiis  eue  aulre- 
fois.  »  C'cst  le  nienie  scnlimcnt  qui  nous  cguie  quand  nous 
(iilrndons  parier  un  begue  ,  ou  quo  nous  voyons  tlianceler 
un  liommc  pris  de  vin. 


PRELIMINAIRE.  xi 

que  les  Petites  affiches  genevoises  iious  oflreni.  si 
trequemment. 

Si  dans  chaque  province  de  la  France,  et  meme 
dans  les  difterens  caittons  de  la  Suisse  fran9aise  ,  il 
se  trouvait  quelque  amateur  de  philologie  qui  voultit 
bien  s'occuper  de  recherches  semblables  aux  nötres , 
et  les  publier,  il  en  resulterait  des  comparaisoiis  dont 
le  fruit  ne  serait  pas  doiiteux.  On  verrait,  par  exem- 
ple,  qu'un  grand  nombre  de  mots  ronians  se  sont 
conscrves  dans  presque  tous  les  dialectes  franfais  , 
et  que  la  plupart  de  ces  mots ,  par  leur  caractere  ex- 
pressif,  aussi  bien  que  par  leur  droit  d'anciennete , 
ne  seraient  pas  indignes  d'etre  indiques  ä  l'Acade- 
mie,  aupres  de  laquelle  on  pourrait,  a  cet  egard, 
s'appuyer  dune  autorite  bien  respectable ,  celle  de 
Fenelon ,  qui  a  dit  quelque  part :  «  Je  voudrais  au- 
toriser  tout  terme  qui  nous  manque ,  et  qui  a  un 
son  doux ,  Sans  danger  d'equivoque  * . 

1  Reße-Tions  sitr  la  Rhcicriquc ,  §  III.  Ajoutons  icl  un  mot 
assez  expressif  du  comtc  de  Maislrc,  auteur  des  Soirees  de 
St.  Petersbourg:  «  Le  genie  de  cliaque  langue  se  meut  comme 
un  animal,  pour  trouver  de  tout  cofe  ce  qui  lui  convient. » 


XII  DISCOURS 

Dans  Uli  discoiirs  iiititule  De  lauiorite  de  lusage 
sur  la  langiie ,  Marmontel  fait  des  phrases ,  et  m^me 
des  vers ,  oü  une  grande  partie  de  ces  vieux  mots 
se  trouvent  enchässes  tres-heureusement.  Un  des 
auditeurs  de  ce  discours,  lu  en  1786  ä  rAcademie 
frangalse ,  fut  tellement  charm^  de  leureffet,  quil 
s'ecria :  a  En  verite,  je  crois  assister  ä  une  conquete ! » 
L'auteur  de  l'Archeologie  fran^aise  insiste  aussipour 
qu'on  restitue  a  la  langue  nombre  d'excellens  termes 
tombes  en  desuetude ,  tels  sont :  assavourer ,  donner 
de  la  saveur;  desaimer  ^  cesser  d'aimer;  devouloir  ^ 
cesser  de  vouloir ;  decouronner  ,  deprisonner ,  desa- 
noblir ;  advertance  ,  puisque  nous  avons  inadver- 
taiice  ;  biendlsance ,  puisque  nous  avons  medisance  ; 
equanimite  ^  puisque  longanimite  est  en  usage;  desa- 
i'cnant ^  puisqu'on  se  sert  d'avenant ,  et  enfin  ,  silier 
contraire  de  dessiller  ,  qui  seul  estreste  dans  nos  dic- 
tionnaires. 

Et  vous  n'espousez  rien  qu'une  venteuse  nue, 
Qui  brouille  nos  espris  et  sillc  nolre  vue. 

(Thom.   DE  CoURVAl-,    l6'2'2.  ) 

lU'trangele^  la  soudainete^  Xincuriosilc  de  Montaigne, 
sonl  aussi  Ires-souvent  reclamces.  Cil  (pour  cclui  )  , 


PRELIMINAIRE.  xiii 

dit  LaBruyere,  a  ete  daiis  ses  beaiix  jours,  un  des 
plus  jolis  mots  de  la  langue  franr;aise ;  il  est  doulou- 
leux  poiir  les  poetes  qu'il  ait  vieilli. 

Souloir  serait  plus  bret"  que  etre  accoutume  ,  et 
ramenievoir^  que  faire  ressouvenir.  Fallacieux  ^  que 
l'Academie  dit  etre  suranne  ,  est  employ^  avec  beau- 
coup  de  succes  par  Bossuet  et  par  Corneille.  Voltaire 
demande  le  rajeunissement  de  plusieurs  expressions 
de  ce  dernier  ecrivain  qui  sont  passees  de  mode  : 
heur^  exorable^  placablc^  se  rcbellei.,  etc.  Notre  lan- 
gue ,  dit-il ,  n'est  pas  assez  riebe  pour  bannir  tant  de 
termes  dont  ce  grand  poete  s'est  heureusement 
servi. 

On  retrouvera  dans  ce  Glossaire  le  vieux  mot  fran- 
f  ais  sade^  contraire  de  maussade  ,  que  nous  pronon- 
90ns  schade;  et  cet  adjectif",  qui  etait  encore  en  usage 
du  temps  de  Regnier,  nous  parait  tres-regrettable. 
Nous  en  dirons  autant  de  s'assagir^  devenir  sage'; 

1    J'estudiay  jeune  poui  rostentalion  ;  depuis,  un  peii  pour 

VI  'assagir. 

(Montaigne,  Essais ,  liv.  III ,  eh.  III.  ) 


XIV  DISCOURS 

A'apoltronir^  rendre  poltron;  A'orphanite^  etat  de  l'or- 
phelin;  Ac  jmenil^  qui  appartient  ä  la  jeunesse;  et 
de  mille  autres  expressions  que  sans  motif  valable , 
comme  d?t  Charles  Pougens,  oii  a  mises  hors  laloi. 

NoLis  nous  garderons  bieii  de  repeter  avec  P.  H. 
Maltet*  qu'apres  les  medecins  et  les  theologiens,  les 
etymologistes  sont  de  tous  les  savans  ceux  qui  s'ac- 
cordent  le  plus  difficilement  entre  eux;  mais  nous 
croyons  pouvoir  affirmer  que  la  plupart  des  auteurs 
qui  se  sont  oceupes  d'origines  lTan(paises,ont  souvent 
eloigne  la  confiance  du  lecteur  par  des  opinionsplus 
ridicules  que  specieuses  ;  un  helleniste  ne  voit  que 
racines  grecques;  tout  est  gaulois  pour  un  membre 
de  rAcadeniie  celtique.  Quant  aux  partisans  exclu- 
sifs  de  la  langue  latine ,  ce  sont  eux  qui ,  ä  l'exemple 
des  Menage  et  des  Huet,  ont  commis  le  plus  de 
bevues  dans  leurs  investigations ;  et ,  entre  plu- 
sieurs  exemples  plaisans  qu'on  en  peut  citer,  nous 
choisirons  le  suivant  qui  tient  ä  nos  contrecs.  Vers 
le  milioii  du  si«»cle  passe,  un  docteur  de  Sorbonne, 


I  Journal  de  Cenne  ,  avril  1789. 


PRELIMINAIRE.  xv 

grand  latiniste,  viiit  ä  Geneve,  et  de  \h ,  partit  poui: 
les  glaciers  de  Savoie  ,  montagnes  dont  Pockoke  et 
Windham  venaient  de  frayer  le  chemln.  Des  ses 
Premiers  pas,  le  iioin  du  viilage  de  Veiraz  le  frappa, 
et  il  ecrivit  sur  son  album  :  Vetraz ,  de  velera  cas- 
ira  :  uiie  forteresse  romaine  doit  avoir  existe  dans 
ces  lieux.  Arrive  ä  Chamouny ,  ilajouta  :  Chamoiiny, 
de  campus  munifus  ,  camp  fortifie  ....  et  notre  savant 
allait  faire  uiie  tres-belle  dissertation  sur  cette  ori- 
gine ,  lorsqu'il  fut  arrete  tout  court  par  Ic  eure  de 
l'endroit,  qui  certifia  que  Chan  moüni ^  signifiaiit  eii 
patuis  champ  du  meuuier,  le  nom  de  ce  bourg  n'a- 
vait  pas  d'autre  etymologie,  et  que  les  prcmieres 
maisons  en  avaieut  eftectivement  ete  bäties  sur  la 
possessio!!  d'uii  meunier.  L'origiue  du  pasteur  sa- 
voyard  valait  bien  celle  du  docteur  de  Sorbonne  '. 
11  est  vrai  de  dire  que  dans  les  recherches  de  cette 
nature  ,  l'entrainement  est  quelquefois  irresistible  ; 
et  nous-meme  qui  contons  cette  bt^vue  ,  ne  nous  en 
sommes-nous  peut-^tre  pas  toujours  assez  bien  de- 


1  Ccttc  anecdote  se  U'ouve  consignee  dans  ]e  Journal  hcke- 
tique ,  de  juin  1743. 


XVI  DISCOURS 

fendu;'inais  euftu,  noiis  ne  preseiitons  nos  etymo- 
logies  que  comme  de  simples  conjectures  offertes  ä 
la  meditation  de  philologues  plus  habiles  que  nous, 
Conjecture  ,  nom  chera  la  sagesse,  dit  quelque  part 
im  ecrivain  qiii  en  avait  liii-meme  beaiicoup. 

II  sera  facile  de  se  reiidre  raison  du  petit  nombre 
d'origines  qui  iious  viennent  du  grec,  en  reflechis- 
sant  que  la  langue  d'Homere,  ainsi  que  M.  Elie  Ber- 
trand *  le  fait  observer ,  fut  connue  en  Helvetie  du 
temps  des  Romains,  epoque  oü  les  Grands  et  les 
gens  de  lettres  en  faisaient  un  frequent  usage;  d'ail- 
leurs ,  quelques  familles  desPhoceensetablis  en  Pro- 
vence; quelques -uns  de  ces  Doriens  qui  setaient 
fixes  en  Illyrie,  ont  pu  etendre  leurs  excursions  jus- 
qu'aux  rives  du  Leman ,  s'^tre  domicilies  dans  ces 
riantes  vall^es ,  et  y  avoir ,  m^me  parmi  le  peuple , 
naturalise  un  certain  nombre  de  leurs  termes.  Mais , 
nous  le  repetons ,  nos  etymologies  grecques  sont  en 
petite  quantite :  il  ne  faut  point  trop  se  mettre  en 


I  Essai  sur  les  langucs  ancicnnes  et  modernes  de  la  Sitisse, 
'^'*V- 111. 


PRELIMINAIRE.  xvii 

fiais  d'eruditioii  ä  cet  egard.  Qiie  dire ,  par  exeni- 
ple ,  de  la  racine  eAcjo;,  beurre ,  que  certains  philo- 
losues  attribuent  au  mot  Helvetie*  ? 


D' 


C'est  du  celtique,  et  surtout  de  la  langue  romane, 
qui  en  est  la  fille  ,  que  nous  verrons  naitre  la  ma- 
jeure partie  de  nos  mots  genevois ;  c'est  dans  ces 
deux  idiomes  anciens  qu'il  faut  chercher  les  racines 
d'une  foule  d'expresslons  en  usage  dans  nos  Alpes, 
et  qui  n'ont  de  similitude  ni  avec  le  grec  ni  avec  le 
latin.  Et  comme  plusieurs  des  personnes  qui  con- 
sulteront  notre  recueil  ne  se  seront  probablement 
Jamals  occupees  de  ces  langues ,  nous  entrerons 
ici  dans  quelques  details  propres  ä  leur  en  donner 
une  idee  precise,  et  ä  les  mettre  a  meme  de  juger 
des  rapports  qui  les  lient  avec  notre  dialecte. 

Le  celtique  est  la  langue  que  parlaient  nos  peres 
il  y  a  deux  mille  ans,  la  langue  maternelle  des  Gau- 
lois  et  de  toutes  les  peuplades  connues  sous  le  nom 


I   Selon  Sinner  et  De  Büchat,    les  Hehi  oii  Hehii\   pcuple 
de  la  Gaule  meridionale ,  donnerent  leur  nom  ä  l'Helvetie. 

B 


XVIII  DISCOURS 

de  Celles,  peuplades  formdes  des  colonies  scythes 
ou  phrjgiennes  qui  se  repandirent  dans  Toccident  % 
ou,  si  l'on  veut  en  croire  Bullet,  des  descendans  de 
Japhet  qui  passerent  en  Europe^. 

Les  Romains,  apres  avoir  conquis  les  Gaules,  in- 
Iroduisirent  leur  langage  chez  les  vaincus,  mais  n'y 
aneantirent  point  le  celtique  ;  le  latin  n'y  fut  que 
la  langue  du  gouvernemeiit  et  des  administrateurs. 

A  l'epoque  meme  oü  les  peuples  du  nord  succe- 
derent  dans  l'ancienne  France  aux  vainqueurs  du 
monde ,  le  celtique  y  existait  encore. 

Aujourd'hui  nous  le  retrouvons ,  plus  ou  moins 
melange  de  tcuton  et  de  latin,  chez  les  Bas-Bre- 
tons,  les  Gallois,  les  Ecossais  montagnards  et  les 
Irlandais.  C'est  en  puisant  dans  ces  sources  que  les 
lexicographes  oiit  form^  les  dictionnaires  celtiques 

1  C<?/te,  dans  son  principe,  n'etait  pas  le  nom  particulier 
d'une  nation ,  mais  un  mot  plirygien  qui  signifiait  fuitc,  re- 
traite. 

2  M(hn.  sur  la  langue  cell, ,   cli,  VII. 


PRELIMINAIRE.  xix 

qui  nous  servent  d'interpretes.  Ils  y  ont  Joint  le  fruit 
de  leurs  recherches  dans  les  anciens  auteurs  grecs  et 
latins ,  dans  les  aiinales  ,  les  chartes  ,  les  legendes 
ecrites  depuis  le  quatrieme  jusqu'au  seizieme  siecle, 
et  qui  ont  conservd  quelques  termes  gaulois ;  enfin  , 
ils  se  sont  aides  des  differens  patois  de  la  France  , 
dans  lesquels  ,  comme  dans  le  notre  ,  on  remarque 
des  resfces  considerables  de  la  langue  celtique. 

Les  Gaels  ,  ou  Ecossais  montagnards  ,  assurent 
^tre  ceux  qui  ont  conserve  cet  idionie  dans  sa  plus 
grande  purete  native  ,  mais  les  Bas-Bretons  ont  la 
meme  pretention.  La  langue  erse  ,  ou  irlandaise  , 
differe  peu  de  celle  des  Ecossais,  et  les  anciens  poe- 
mes  des  deux  natlons  ont  Leaucoup  de  rapport.  Le 
welsh^  ou  gallois ,  ainsi  que  le  manhs ,  dialecte  de 
l'ile  de  Man ,  öftre  beaucoup  de  mots  saxons  et  nor- 
mands  introduits  par  les  conquerans.  Le  cornish ,  ou 
langue  du  Cornouailles ,  laquelle  etait  aussi  une 
brauche  du  celtique,  s'est  eteint  dans  le  siecle  der- 
nier  * .  Quelques  savans  rangent  encore  le  basque 


I    On   peut  consulter    le    Voyage  aii.r   fies  Hebrides ,    de 


XX  DISCOURS 

dans  le  nombre  des  dialectes  qui  nous  restent  de 
la  langue  primitive  des  Celles ,  et  Bullet  a  ins^re 
beaucoup  de  termes  de  ce  singulier  idiome  dans  son 
grand  dictioniiaire  celtique ;  mais  La  Tour  d'Auver- 
gne  qui  pendant  im  long  sejour  dans  la  Biscaye  l'a- 
vait  etudie  avec  soin ,  assurc  qu  il  n'existe  aucun 
rapport  entre  le  basque  etle  bas-breton. 

Une  täche  digne  d'un  philologue  suisse  bien  zele  , 
serait  d'aller  sur  les  lieux  etudier  ces  differens  dia- 
lectes, et  de  reyenir  les  comparer  attentivement 
avec  ceux  de  la  Suisse  romane,  savoir  ceux  d'Aigle 
et  du  Vallais ,  de  Fribourg ,  de  Neuchatel ,  de  l'Evö- 
che  de  B^le ,  et  du  lac  Leman ,  dont  les  diflferens  pa- 
tois  savoyards  fönt  partie. 

«  Le  Souvenir  de  la  langue  celtique  existera  long- 
temps  encore  ,  dit  ChampoUion-Figeac '  ;  il  est  at- 
tachö  a  l'existence  de  la  langue  franfaise ....  Toutes 

M.  Necker-De  Saussure,  qui  donne  sur  ces  differens  langagcs, 
et  parüculierement  sur  le  gaelic  ecossais,  des  details  exacts 
et  curieux. 

1  Nom\  rccherch.  sur  les  patois  de  la  France ,  elc,  1809. 


PRELIMINAIRE.  xxi 

les  fois  que  l'esprit  de  recherches  se  dirigera  sur  la 
Jangiie  de  la  grande  nation  ,  le  celtique  sera  le  polnt 
de  d^part  et  attirera  les  premiers  soins.  »  Nous  en  di- 
rons  autant  ä  l'^siard  de  toutes  les  observations  uii 
peu  approfondies  qu'on  voudra  faire  sur  nos  dialectes 
populaires  et  sur  nos  noms  de  lieux.  Le  savant  lau- 
sannals  Loys  de  Bochat  l'a  bien  senti  ,  et  son  ou- 
vrage  '  est  plein  des  plus  ingenieuses  investigations ; 
mais ,  voyant  partout  du  gaulois  ,  il  a  trop  generalise 
son  Systeme ;  c'est  l'^cueil  contre  lequel  l'ecrivain 
dolt  se  tenir  en  garde  en  prenant  pour  base  de  son 
travail  un  Idiome  qui ,  tel  que  celui  des  Celtes  ,  ne 
nous  est  connu  que  par  latradition  orale;  et  puisque 
nous  avons  parle  de  Tabus  que  certains  savans  ont 
fait  dulatin ,  qu'il  nous  soit  permis ,  pour  que  la  part 
de  chacun  soit  ^gale  ,  de  conter  ici  la  petite  myslifi- 
cation  qu'on  fit  au  philologue  LeBrigant.  Cet  ^cri- 
vain  a  rendu  de  grands  Services  ä  la  science ,  mais 
son  engouement  pour  le  celtique  etait  tel  qu'il  avait 
pris  pour  devise  celticd  negatd  negatur  orbis  ^  et 
qu'il  etablissait  des  rapports  directs  de  cette  langue, 
non-seulement  avec  le  chinois  et  le  samscrit ,  mais 

I   Mem,  sur  l'hist,  anc.  de  la  Suisse,  1747. 


XXII  DISCOURS 

encore  avec  tous  les  dialectes  de  l'Oct^anique.  Deux 
de  ses  elevcs  ,  dont  Tun  etait  le  celebre  Court  de 
Gebelin,  vinrent  un  jonr  d'iiii  air  fort  einpresse, 
linformer  qu'un  jeune  insulaire  de  la  mer  du  Sud 
etait  arrive  a  Paris.  «  Bon  !  dit  Le  Brigant ,  allons 
Uli  rendre  A'isite ,  et  vous  verrez  qii'au  nioyen  du 
celtique,  jel'entendrai  parfaitement.  »  L'etranger  lui 
adresse  la  parole  devant  iin  auditoire  assez  noni- 
breux,  et  notre  professeur,  saiis  hesitation,  traduit 
ainsi  sa  phrase  :  Bonjour;  comment  vous  portez- 
vous  ?  Et  qu etait  ce  jeune  insulaire?  un  habitant  du 
faubourg  St.  Antoine  bien  deguise  ,  et  endoctrine  par 
nos  plaisans ,  qui  lui  avaient  fait  apprendre  une  serie 
de  mots  barbares  de  leur  invention. 

La  langue  rornane  ou  romance  ,  romanä  riisticä  , 
est  un  latin  corrompu  et  arrange  ä  la  gauloise.  Dans 
IHelvetie  occidentale ,  chez  les  Allobroges ,  les  Se- 
quanais  ,  parini  lesquels  les  Romains  etaient  en  grand 
nonibre,  la  langue  latine  fut  facilement  introduite; 
eile  s'y  m^laä  la  gauloise,  et  ce  melange  produisit 
leroman.  aC'est  ainsi,  dit  ingenieusement  Court  de 
Gobelin  ,  que  deux  couleurs  en  s'unissant  ne  se  de- 
truisent  pas  ,  mais  s'alterant  mutuellement ,  en  pro- 


PRELIMINAIRE.  xxiii 

duisent  uiie  trolsieme  ,  qui  sans  ötre   aiicune  des 
deux,  tieut  cependant  de  chacune  '  ». 

La  langue  latine  avait  une  construction  difficile 
et  pleine  d'inversions;  la  langue  des  Celles ,  au  con- 
traire  ,  ^tait  aisee  et  naturelle ;  on  ne  voulut  s'assu- 
jettir  ni  aux  nombres ,  ni  aux  cas ,  ni  aux  temps  des 
Romains ,  et  a  ce  latin  defigure ,  on  möla  des  mots 
gaulois  ou  tudesques. 

L'usage  du  latin  pur  finit  par  se  perdre  vers  le 
neuvieme  siecle,  epoque  ä  laquelle  le  roman  devint 
la  langue  gene^rale  de  la  Gaule  et  de  l'Helv^tie  occi- 
dentale ;  ce  fut  dans  ce  temps-lä  que  Charlemagne 
ordonna  aux  eveques  de  se  servir  de  cet  idiome  dans 
leurs  predications. 

Le  plus  ancien  titre  qui  nous  en  reste  est  le  ser- 
ment  de  Charles-le-Chauve  et  de  Louis-le-Germani- 
que,  pr^te  a  Strasbourg  en  812,  titre  cite  par  la 
plupart  des  auteurs  qui  ont  ecrit  sur  cette  matiere  : 
Pro  Deo  amur ,  et  pro  Christian  poplu  ,  ei  nostro  com- 

I  Dict,  ctjrn.  de  la  langue  franc .  Discours preliin. 


XXIV  DJSCOURS 

mun  sakament.  .  . .  disi  di  UK^ant  ,  inquant  Deus  sa^'ir 
et  podir  me  diinat  ^  si  saharai  io  eist  meon  fradre 
Karlo.  ...  etc. 

Le  serment  du  peuple  de  Charles-le-Chaiive ,  acte 
Uli  peu  moins  connu,  commeiifait  ainsi :  Si  Lodhu- 
vigs  sagrament\que  son  fradre  Karlo  jiirat. ...  Si  io 
returnar  non  Io  pdis ,  etc. 

On  voit  par  röchantillon  de  ce  langage  barbare  , 
comment  dulatin  viciis  fraier  ^  nous  avons  fait  d'a- 
bord  meon  fradre^  et  ensulte  monfrere;  depossum, 
po'is ,  je  puis,  et  de  sacramentum ,  sagrament  ^  sacre- 
ment. 

Au  dixieme,  au  onzleme  siecle  ,  les  AUemands  ap- 
prirent  ä  connaitre  le  roman;  on  le  parla  möme  dans 
quelques  cours   c^trangeres ,  et  les  Anglals  envoye- 

I  Pour  juger  des  progres  de  la  langue,  voici  la  traduction 
de  ce  passage  cn  roman  du  douzieme  siecle:  Por  Deu  amor , 
et  por  Christian  pople ,  et  notre  commun  salvament,  ...  de  sts 
dl  en  avant,  en  quant  Deu  savoir  et poir  me  donne ,  si  salyarai 
je  eist  mon  frere  Karle. 


PRELIMINAIRE.  xxv 

rent  leurs  enfans  en  France  pour  le  leur  faire  etu- 
dier,  comme  la  langue  la  plus  polie  du  temps  '.  aLa 
parlure  romanse  est  de  toz  les  langaiges  le  plus  deli- 
table ,  »  dlt  uii  auteur  du  siecle  de  Louis  IX.  Les 
guerres  malheureuses  que  Louis  XII  et  Fran9ois  I." 
soutinrent  en  Italie ,  enrichirent  ensuite  cet  idiome 
de  plusieurs  expressions  italiennes  qui  contribuerent 
ä  en  adoucir  la  rudesse ,  tels  sont  les  mots  engan- 
ner^  faveller^  embriconner  ou  abriconner^  enamoreux^ 
ejiamoure  y    etc. 

Se  la  pastourc  ä  blons  clieveus 
Esloit  de  moy  enamouree. . .  . 

(  Fr.OISSART.  ) 

1  Dryden  a  reconnu  dans  sa  langue  plusieurs  expressions 
empruntees  de  l'idiomeprovencal.  Ce  melange  parait  d'abord 
assez  singulier,  mais  rhistoire  nous  I'explique  :  les  Anglais 
ont  possedc  la  Guyenne,  le  Poltou  et  la  Saintonge  dans  un 
temps  oü  la  langue  et  la  poesie  provencales  y  florissaient.  En 
oulre,  ä  l'epoque  du  mariage  de  Henri  III ,  roi  d'Ä.ngleterre, 
avec  fileonore  de  Provence ,  en  iSaS  ,  les  seigneurs  et  les 
poetes  qui  accompagnaient  cette  princesse  dans  ses  nouveaux 
etats  ,  y  porterentla  politesse  etle  langage  de  la  cour  de  Ray- 
mond Berenger  ,  son  pere  ,  laquelle  etait  une  des  plus  brillan- 
tes de  TEnrope. 


XXVI  DISCOURS 

Amors  Tot  tant  abriconne, 
Por  grant  chose  ne  vossist  mie 
Que  l'anelet  qui  fu  s'amie, 
Feust  perdu.  .  .  . 

(  Gautier  de  Coinsi.  ) 

Des  lors  ce  jargon,  si  barbare  dans  son  origine  , 
se  perfectionna  de  jour  en  jour  ,  et  finit  par  donner 
naissance  ä  la  lan^ue  des  Racine  et  des  Bossuet. 

La  poesie  etendit  beaucoup  l'usage  du  roman  ;  oii 
le  parlait  en  Provence ,  et  comme  les  poetes  proven- 
9aux  5  les  troubadours ,  etaient  les  favoris  des  muses, 
chacun  voulut  les  imiter ,  et  les  imiter  dans  leur 
langue.  Cette  epid^mle  fut  teile  qu'au  treizieme  sie- 
de ,  on  rima  les  livres  saints ,  les  commentaires  ,  et 
jusqu'ä  la  regle  de  St.  Benoit ! 

Sous  Louis-le-Gros ,  sous  St.  Louis,  la  langue  ro- 
mane  avait  dejä  commence  ä  s'introduire  dans  les 
chartes  et  les  ordonnances ,  mais  ce  ne  fut  que  sous 
Franfois  L"  qu'on  decreta  qua  l'exclusion  du  latin, 
eile  devait  seule  ^tre  employee  dans  les  actes  publics. 
«  Que  doresnavant  tous  arröts  soient  prononces,  en- 


PRELIMINAIRE. 


XXVII 


registres  et  delivr^s  aux  parties  en  langage  maternel 

franpois,  et  non  aultrement.  » 

(  Ordon.  de  iSSg  ,  art.  11.') 

II  iie  faut  pas  confondre  l'idiome  dont  nous  ve- 
nons  d'esqulsser  l'histoire  avec  le  romaii  qii'on  parle 
dans  la  Ligue  Grise ,  le  ramontscli ,  ou  romantsch ,  et 
encore  moins  avec  le  ladin.,  qui  est  le  dialecte  de  l'En- 
gadine. 

Le  ramonisch  est  un  meiange  de  latln  ,  d'italien  et 
d'allemand,  avec  plusieurs  d^sinences  assez  singu- 
lieres ,  et  qul  rappellent  le  p^Jrtugais  ou  le  languedo- 
cieii :  las  mummas  ,  les  nieres ;  dellas  mummas ,  alias 
mummas;  las  rivas .,  les  rives,  etc.  Senza  dubi  ei  il 
Christgiaun  la  pli  nobla  et  la  pli  perfeigia  denter  iuilas 
creatiras  eJieen  i^egnidas  ord  il  Tutt  pussent  mann  de 
Diu » 

Catechismus ^  cust  mussameint  dels  principals  punctis 
dclla  christianeiia  religiiin  par  las  baselgias  et  skolas 
da  communas  trees  Ligias  ,  etc.  " 

1  Graminatica  Ramonscha.  Bregentz  ,  i8o5. 

2  Titre  du  premier  livre  public  dans  le  roman  de  la  Ligue 
Grise,  Lindau  i6oi. 


XXVIII  DISCOURS 

Pline  ranclcii  '  ,  Tite-Live  ^  et  Justin  *  nous  ap- 
prennent  dune  maniere  positive  que  les  habitans 
actuels  dekRhetie  tirent  leur  originc  des  anciens 
Toscans  {Tusci) ,  qui ,  sous  la  conduite  de  Raetus ,  et 
cinq  ä  six  siecles  avant  J.  C. ,  quitterent  l'Italie  ,  a  la 
Suite  d'une  invasion  des  Gaulois.  Plusieurs  noms  de 
lieux  chez  les  Grisons  servent  de  preuve  a  lassertion 
de  ces  ecrivains  :  Thusis  rappelle  Thiiscla ;  Realt, 
Rhcetia-alta i  Lavin,  les  Lavinii;  Vettau,  les  Vet~ 
tones ,  etc.  * 

Quelques  noms  propres  de  l'Engadine  peuvent 
aussi  venir  ä  l'appui  de  ces  descendances ,  et  notam- 

1  Hist.  nat.  Hb.  III,  cap.  XX. 

2  Llb.V,  cap.  XXXIII. 

3  Lib.XX,   cap.  V. 

4  Porta,  hlslorien  grison,  dit  que  le  voyageur  en  parcou - 
rant  cescontrees,  peut  se  croire  dans  leLatiiim,  l'fitrurle  oii 
la  Campanie.  II  rappelle  de  plus  Ardets,  A'Aideates;  Sent,  de 
Sentinates ;  Saninum,  de  Samniies ;  et  plusieurs  autres  noms  de 
lieux  dont  les  racincs  sont  tout  aussi  frappantes.  Le  roraan  de 
la  haute  Engadine  offre  egalement  un  assez  grand  nombre  de 
termes  empruntes  de  l'italien  :  muglicr ,  {emme\  ßglia,  fille  ; 
testa  ,  t^le ;  Jinger ,  fcindrej  amnzzarc ,  tuer,  elc. 


PRELIMINAIRE.  xxix 

ment  celui  d'une   famille  Flaccus ,  qui  se  pretend 
issue  des  Romains  de  ce  nom. 

Le  ladin  des  Engadinois  presente  beaucoup  moins 
de  termes  germaniques  que  le  romantsch ,  et  ren- 
ferme  une  bien  plus  grande  quantite  de  mots  pure- 
ment  latins;  aussi  est-il  infiniment  plus  flatteur  ä 
l'oreille;  quelques  philologues  ont  meme  pretendu 
qu'on  pouvait ,  dans  cette  langue  antique ,  puiser  des 
regles  pour  la  veritable  prononciation  du  latin  ,  sur 
laquelle  on  est  si  peu  d'accord  aujourd'hui. 

On  domie  aussi  au  patois  du  canton  de  Fribourg 

le  nom  de  roman ,  et  on  le  divise  en  trois  dialectes  : 

celui  du  bas  ,  lo  broyar ;  du  milieu  ,  lo  quetzo  ;  du 

haut,  lo griiyer'm  o\i  gruverin ;  ^i  ce  dernier  parti- 

culierement ,  presente ,  comme  la  langue  des  Gri- 

sons ,  une  assez  grande  quantite  d'origines  latines  : 

domiui ,  mere  ,  de  domina;  segnet^  pere,  de  senior  ; 

mousar  ^  refiechir,  de    mussare  ^   garder  le  silence; 

ouilar  ^  jeter  des  cris  pitoyables,  de  ululare :  fratzir  ^ 

briser,  Ao. frangere ^  etc.  Les  etymologies  celtiques  , 

surtout  pour  les  noms  de  lieux  ,  y  sont  bien   plus 

nombreuses  encore  ,  et  comme  les  pays  de  mon- 


XXX  DISCOURS 

tagnes  eloignes  du  contact  des  cites ,  et  de  ce  frotte- 
ment  qui  use  les  langues ,  retiennent  bien  plus  faci- 
lement  leur  idiome  primitif ,  nous  aurons  occasioii 
d'indiquer '  plusieurs  de  ces  etymologies  qui  sont 
communes  ä  la  Savoie ,  ä  la  Franche-Comte ,  a  la 
Haute-Provence ,  et  surtout  au  Daupliine.  Le  nom 
seul  du  pays  de  Vaud  ,  Welschland  ^  semble  an- 
noncer que  ces  racines  anciennes  y  sont  egalement  i 
abondantes ,  car  il  signifie  litteralement  pays  gau- 
lols  ;  c'est  ainsi  que  la  Flandre  est  nommee  pays 
wallon  *,  et  que  les  Anglais  appellent  WehJdand  l^uv 
province  de  Galles. 

Les  noms  de  iieux  ayant  toujours  ete  consideres 

1  Les  peuples  du  midi  furent  appelt-s  Romans-provencaux  , 
et  ceux  du  nord,  Romans-wallons  ;  l'idiome  provencal  recut 
la  denomination  delangue  d'oc,  et  le  wallon  de  langue  d'o//, 
c'est- a-dire  o;«'. 

Li  rois  demande  es-tu  gari  ? 
O//,  sire,  la  Dieu  niercl. 

(RuTEBOEUF,  le  Vilain  mire.') 

Les  troubadours  parlaient  donc  la  langue  d'oc ,  et  les  trou- 
veres  celle  d!oil.  L'italien ,  par  la  mcme  raison ,  fut  aussi 
nomme  langue  de  .«,  et  l'allemand,  langue  de  yVr. 


PFIELIMINAIRE.  xxxi 

par  les  meilleurs  philologues  ,  et  notamment  par 
l'illustre  Leibnitz,  comme  les  plus  propres  ä  conserver 
les  restes  des  idiomes  perdus,  nous  pensons  devoir 
ajouter  ä  notre  Vocabulaire  quelques  recherches  sur 
ceux  de  nos  environs.Leursracines,  jointes  aux  monu- 
mens  remarquables  de  Regni  et  de  Troinex  * ,  pour- 
roiit  venir  ä  l'appui  des  origines  premieres  que  nous 
attribuons  ä  plusieurs  de  nos  expressions  populaires. 

Aide  par  les  Communications  obligeantes  de  quel- 
ques personnes ,  qui  ont  senti  l'utilite  de  notre  re- 
cueil",  nous  avons  augmente   cette  deuxieme  edi- 


I  Le  monument  de  Regni,  pres  de  la  Roche  ,  qu'on  appelle 
la  pierre  des  Fees,  est  uii  autel  druidique  assez  semblable  ä 
ceux  qu'on  voit  encore  dans  la  Basse-Bretagne,  le  Cornouailles 
et  l'Ecosse.  La  conservation  en  est  parfaite ;  la  table  a  neuf 
pieds  de  large,  sur  qualorze  de  long,  et  la  cellule  qu'elle  re- 
couvre  peut  contenir  une  demi-douzaine  de  personnes  assises. 
Quant  au  monument  de  Troinex ,  voyez  ä  la  suite  du  Glossaii'e, 
nos  Recherches  sur  les  noms  de  lieux  de  nos  environs. 

a  Cet  ouvrage  a  particulierement  profite  des  indications  de 
M.  le  professeur  Humbert  et  de  M.  L.-M. ,  ainsi  que  des  re- 
marques grammaticales  de  M.  Pautex,  ancien  maitre  de  lan- 
gue  francaise  ä  l'institut  d'Hofwyl. 


XXXII  DISCOURS  PRELIMINAIRE. 

tion  d'une  quantit^  considerable  d'articles  nouveaux, 
auxquels  on  a  Joint  de  nombreuses  citations. 

Celles  qiii  sont  tlrees  des  anciens  poetes  et  pro- 
sateurs  fran^ais  serviront  de  preuves  ä  iios  origines 
romanes ,  et  les  exemples  defectueux  empruntes  aux 
auteurs  modernes  feront  mlcux  sentlr  les  lautes  que 
nous  signalons.  La  plupart  de  ces  auteurs  appar- 
tiennent  ä  notre  patrie  ;  ceux  d'entre  eux  qui  vivent 
encore,  loin  de  prendre  nos  observations  en  maii- 
vaise  part,  n'y  verront ,  nous  osons  l'esperer,  qu'une 
Sorte  d'hommage  rendu  a  leur  reputation. 


GLOSSAIRE  GIiNEVOIS. 


J\.^ 


A 


,  en  bon  fran^ais ,  ne  doit  pas  remplacer  la 
preposition  DE  dansle  sens  suivant :  Uamie  ä  nia 
soeur. —  Le  cheral  ä  monsieur  N...;  toutefois, 
le  style  familier  nous  offre  de  fr^quens  exemples 
de  cette  locution ;  on  lit  :  La  poule  ä  ma  taute  ^ 
titre  d'uii  joli  poeme  badin  de  Junquiere;  et  Ton  ^  ^ 
chante  :  Leßls  ä  Guillaume  et  laßUe  ä  Jean. .  .^.>  •*  *"-^^  ' 
—  Je  me  nole  dans  la  mare  ä  G rappin ,  disait 
le  marquis  de  Coulaiiges '.  >  ?      ^'j    -    . 

'    L'esprit  frivole   de   cet  aimable   chansonnier  le  rondait  '  "*' 

peu  propre  aux  fonetions  graves  de  la  magislialure,  et  cepen- 
dant  il  elait  Conseiller  au  Parlement.  Un  jour,  rapporlant  dansk«'^  '-  *■* 
une  affaire  oü  il  s'agissait  d'une  mare  que  se  dispulaienl  deux  , 

paysans,  dont  Tun  se  nommait  Grappin  ,  il  s'embrouilla  teile-  *•* '• 

ment  dans  le  detail  des  faits,  qu'il  fut  oblige  d'interrompre  sa  j^~;  , 

marration.  «  Pardon,  messieurs,  dit-il  anx  juges,  je  me  noie  ' 

dans  la  mare  a  Grappin ,  et  je  suis  \otre  serviteur.  «  Le  lende-     ,      .^ 
main  \\  vendit  sa  Charge,  et  ue  fit  plus  que  des  chansons  et  de 
bons  dines.  '    iHi'«i 


'  :i  GLOSSAIRE 

A ,  pour  dt  au  subjonctif ,  est  un  solecisrne, 

Soit  qii'un  ancien  respect  pour  le  sang  de  leurs  mailres 
Tarlnt  encor  pour  lui  dans  le  coeur  de  ces  traitres..  . . 

Ces  vers  de  Voltaire  corrigereiit  J.-J.  Rousseau 

de  la  faute  que  nous  veiions  d'indlqiierici;  avant 

de  les  lire,  a  ce  qu'Ii  nous  apprend  lui-meme,  il 

^  ecrivait  encore  parla ,  comme  au  mode  indicatif. 

jf}^  S§$kMf    A  BONNE  IIEUPiE  :  ä  demain^  et  venez  ä  bonne 

Ces  idees  semees  a  bonne  heure  dans  les  tetes. . . 

(De  Saussure,  Proj'et  de  7-eforme  pour  le  College.) 

II  fallait :  de  bomie  heure, 
A  B  ATE  AU  5  pour  en  bateau  :  nous  sommes  venus 
»  ä  hateau. 

4SL  i/t.  ySii^ÄA  DI'TAUT  DE ,  pour  au  defaut  de  :  d  defaut  d'ar- 

*  gent,  voiis  recevrez  son  billet. 

/f^  Mii/i^^i*  P     -^  NIVEAU  DE,  pour  au  Niveau  de:  la  cour  est 

ä  niveau  du  j ardin. 
giC  Mfiff%fipL     ^  PBOR ATA ,  dites  :  au  PRORATA  :  cela  sera  regle 

/  ä  prorata  de  son  interet. 

}^ißt*A.  //Ifto^  PURE  PERTE,  —  EN  pure  perte:  vous  vous 

/         /  tourmentcz  ä  pure  perte. 

^*^^^y        A  REVOIR,  —  AU  revoir  :  adieu,  ä  rei>oir. 

DANS  SA  POCHE :  il  Va  prls  j  et  Va 


Jtth4i^M(JiiJ^  SA  POCHE,  — DAN5 

(^         y    j  mis  ä  sa  poche. 

//A  /0U4  A ,  dans  le  sens  de  POU 


y  f '     '  ^»  ?  taiuia  IC  aciia  nc  POUR  :  ä  six  sous  de  luit.  J'en  ai 
fft.    Utii"»  pris  d  unjlorin. 


GENEVOIS.  :\ 

DE  MANIERE  A  CE  QUE,  pour  de  maxiere  qve.j 

TiRER  A  L'ARC ,  dites  tirer  de  l  arc.  J^f^^e  iW); 

A  QUI,  c'est  ä  vous  ä  quij'cn  vcuxj  11  faut  :  cest 

A  vous  QUE    JEN   VEUX. 


On  reproche  ce  vers  a  Boileau:  i  fe |<l>t/4LX4jvg  4)^,^.  yt* 

C'est  ä  vous,  mon  esprit,  a  qui  je  veux  parle/  /^L  ■       V  * 

Mais  Racine  a  bien  dit :  j  'ä.*»!-  UkitLmm      \ 

C'est  votre  illustre  mere  ä  qui  je  veux  parier.       /  i 

On  fait  aussi  une  faute  dans  la  phrase  suivante :  I 

c^est  A  cet  endroit  ou  vous  auriez  du  aller ^  dites  * 

QUE  vous  auriez  du  aller;  ou  bien  :  c''est  cet  en- 
droit oü  vous  auriez  dii  aller. 
ABANLIEÜE ,  pour  banlieue  :  il  a  couru  toutes  les 

abanlieues, 
ABBAYE,  prononcez  abeie,  et  non  ahai-ic ,  d  .,^.  \ 

VabaL-ie  de  Pommier.  ■■'.    v  . 

ABECHER  est  du  vieux  frangais;  on  dit  maintenant  A£$.CftJJL4r 

ABEQUER.  Je  ne  peux  ahccher  mes  deux  bouis,  / 

Cette  tringle  ne  peut  abecher  Vanneau. 
Aberger,  pour  heberger  :  nous  ne  sai>ions  oü 

nous  aberger,  vieux  frangais.  II  existe  en  Fran- 

che-Comte  plusieurs  villages  du  nom  de  VAber- 

gement. 
ABOIEMENT,  prononcez  aboaman. 
ABOMINER,  AvoiR  en  abomination,  a  vieilli.  De 

Wailly  et  Boiste  indiquent  ce  verbe,  mais  non 

pas  l'Academie. 


^  yt£M4iß4^ 


4  GLOSSAIRE 

-  Celul  qui  terre  et  ciel  domine, 

%     ^^  »  • '  ■} 

Jk'^JI  ^  ■  *'•'*  ,  Les  abominc. 

(  Marot.  ) 

t^  ^f^>^l,  ^^  \\%^i  A  la  vu^  de  riiomme  bigarre,  aulcuns  se  mocquerent, 
ii  ^  is  ••  ^»  aultres /'ß6o//«'«e/e/i^ comme  monstre  infame  cree  par  erreur 
"*    •••'•'—  *.  ^jjg  nature. 

♦-•t  '-«*  f  *4':»V*^U\  (Rabelais.) 

t  *trf  ^*  •    ,M  V'ABOÜCLER,  pour  BOUCLER : aSowc/e ,  raboucle  tes 
""soullers.  Eii  langue  romane,  emhoucler. 
ABOUTONNER,  boutonner  :  abouionne  ta  veste^ 

raboutonne-toLltvA. ,  abbofonare ,  boutonner. 
ABRAS,  grandes  occupations,  air  aftaire  :  etre  dans 
tous  ses  abras.  —  Faire  beaucoup  d^abras  pour 
rien.  Grec,  abraclw ^  je  fais   du  bruit.  Roman, 
^  /  abrät,  enflamme,  amoureux, 

^ifyiU  ^cM^mK  brasse  CORPS,  dlles  :  A  BRAS  LE  CORPS.  Je  Vai 
f^      jjris  ä  brasse  Corps.  Paris.  pOp. 
i.k^%\%inivfc.  ABRESAC,  HABRESAC,  dltes  :  havresac  :  Lan- 
guedocien,  aoubresac.  Origine  allemande /iaZ>er- 
sack,  c'est-a-dire ,  sac  d'avoine. 
\  y^  <  '     .  >      ABUS,  AVIS,  DEVIS ,  ne  faites  pas  sentir  1';?  final 
dans  la  prononciation.  11  n'en  est  pas  de  m^me  a 
l'egard  du  niot  obus ,  ni  de  ceux  qui  derivent 
y  T  du  latin  :  Fhebus,  rebus  ^  etc. 

^^(ajKH^k/'  ACAGNARDIR  (S'),  pour  s'acagnarder  :  il  reste 
(/  acagnardl  au  coin  de  sonfeu. 

ACCOUCUER,  eile  a  accouche fort  heureusement ^ 
dites  :  ELLE  est  accouchee.  Ancienne  locution  : 


GENEVOIS.  5 

M.™^  Dacier  clit  daiis  sa  traduclion  du  PJiormioii , 

sceiie  i.'^: 

Patience  pour  cela,  mais  ce  sera  encore  k  recommencer 
quand  sa  maifresse  aiira  accouclie. 

Mainlenant  ce  verbe  ii'est  actlf  qii'en  parlanl 
de  FaccoiicheLir  :  il  a  accouche  cettefemme. 
ACCOURiVGER,  pour  encourager:  allons,  mon 
aini^  accouragez-vous. 

Et  ayant  le  Sieur  d'Albigny  dresse  des  echelles  l'une  dans 
l'autre,  les  a  fait  monter  sur  les  trois  heures  du  matin,  le  di- 
manche  12  dccembre,  les  accourageatit  lui-meme  dans  Ic 
fosse. 

(  Spon  ,  Lettre  du  Magn.  Cons.  au  gouverneur  de  Lyon.  }  - 

ACCOURIR  (S') :  j'en  acheterai  un  peu  pour  m'ac-  /Ut^^^  ^/^ 
courirjusqu'ä  la  recolte.  Ct  verbe  u'est  pas  fran-  /S0t€CiH»i^y^\ 
^ais  au  reflecbi. 

ACCOUTUMER5  y'az  accouiume  cette  place  y  cetlc 
chaise ^  je  ne  piäs  m'en  passer.  11  faut  dire  :  JE 

SUIS  ACCOUTDME  A.  .  . 

ACCOU\  ASSER, COÜVASSER,  se dit d'unepoule  Cil%0€LlUr: 
qui  cherche  a  couver.  Ital.  ßccot^<2Ccfar^i5  se  tapir.  Oy-     <n   V 

ACCULER,  pour  eculer :  les  souliers  sont  dejä    ^cuG^V^v^ 
toutaccules.  Terme  gascon  et  lyonnais.  Acculer  ^u.(*'*^^ 
signifie  pousser,  reduire  quelqu'un  dans  un  lieu  fr^ci««.4«#^i<W«-*^ 
oü  il  ne  puisse  reculer.  Vaud.  ßiJH\4*  C4r>ft^^  ^^«^ 

ACCUSER  un  mariage  ^  diies  :  annoncer  un  ma-     Ht^^^'-^^^ 
riage;  terme  de  jeu.  .Ä^K^x^^^^/TM-^ 


i]  GLOSSAIRE 

ACHATirx,  ASSATIR,  eciiacher,  ecraser",  cetic 
'  pomme  s'esl  achatle  conire  le  mur,  II  se  dit  par- 

ticulierement  du  pain  mal  cuit ,  mal  leve  :  eile  a 
faitaufour^  mais  son pain  est tout  achati^assati. 
A  Lyon,  An  pain  caffi.^  du  caffi. 
ACllERON.  L'Academie  se  iail  sur  la  prononcialioii 
de  ce  mot.  Gattel  dit  A-che-ron^  mais  il  ajoute 
qu'a  l'opera,  l'oii  prononce  Akeron,  Observons 
ici  que  le  Iheatre  doit  etre  pour  la  laiigue  pro- 
iioncee  ,  ce  quo  le  dictioiinaire  de  l'Academie 
est  pour  la  langue  ecrite. 
ACK ÄSER ,  pour  ecraser. 

ADIEU.  Nous  disons  comme  les  Gascons ,  adieu, 

'9^\^^''-    . -\      en  abordant  quelqu'un;  il  faut  dire  bonjour  ou 

f   V^«li«'^»»kX  \     BONSOIR,  lors  meme  que  l'oii  se  tutoie;  aussi  un 

Parisieii,  choque  de  cet  usage,  disait-il,  en  par- 

lant  de  Geneve  ;  w  Voilä  un  singulier  pays,  oü 

l'on  prend  conge  ea  arrivant.  » 

Cliez  les  Romains,  a^e  etait  le  salut  du  matin; 
•>«i*<i  y*^»»i  V      sähe  celui  du  soir,  et  vale  le  salut  de  l'adieu. 
Zc'MMV^^f^     ADMONESTER  est  vieux;  on  dit  aujourd'hui  ab- 
l.''  ^\  jt«  »»  .  .        moneter.  // a  ete  admoneste  d'importancc. 

.V^****^-*'   AFFAIRE,  nous  donnons  quelquefois  a  ce  mot  le 

?»s.<i  *-•*.,..         genre  masculin  :  c'e^^  Z//Z /^c/zV^az/r,  pour  dire 

•■  ^  vV'*.  ''■'    *"**\fh  petit  homme;  un  joli  petit  ajf'aire  en  hois, 

^  >4i^^^       en  fer,  en  parlant  d'un  ustensile.  Cette  vieille 

\    loLidion  est  aussi  laiii2;uedocionne  et  «lasconne. 


GENEVOIS.  7 

Je  suis  assez  intercsse  de  mes  affaires  essent-iels  ,  propres 

etiialurels,  sans  en  convier  d'autres  forains. 

(Montaigne.) 
...     de  telz  affaires. 

(  Amyot.  ) 

Et  a  la  fin  fut  conclud  et  envoye  par  les  trois  villes  dessus 

dictes  (Berne,  Frlbourg  et  Soleure)  des  ambassadeurs  d'une 

chescune  vers  Monsieur  de  Savoye  pour  pacifier  cestuy  af- 

faire.  (  Voyez  Cetui-cy. ) 

(  Chroniqiies  de  Bonivard.) 

'  Nous  employons  aussi  le  mot  ajfaire  pour  en- 
viron,  a  peu  pres  :  il  j  a  Vajjaire  de  trois  mois 
qu^il  est  partl. 
AFFANER,  gagner  avec  peine  :  il  ma  hienfail  aß 
Janer  cet  argeiit  •  je  Vai  bien  ajjane.  Nous  di- 
sions  aussi  autrefois  ajjanier  pour  journaller. 
u^djan^  en  langue  romane,  fatigue,  effort.  llal. 
ajj'anuare ^  chagriner,  tourmenter. 

O  aniine  affannatCy 
Venite  a  noi  parlar,  s'altri  nol  niega. 

(Dante.) 

En  languedocien,  en  espagnol,  aßanar  a  le 
meme  sens.  Afan^  pour  ahan  :  «  öon  soiispi- 
reux^  dit  Nicut ',  que  rendent  ceux  qui  ruent  un 
grand  coup  de  coignee.   » 

I   Tresor  de  la  langue  francaise.  Paris,  MDCVI. 

Ce  NicoT,  que  nous  cilerons  quel([uefois,  est  le  meine  qui, 
au  relour  de  son  ambassade  en  Portugal,  apporta  la  plante 
qu'ori  appela  nicotianc,  et  que  nous  connaissons  maintenant 
sous  le  nom  de  tabac. 


8  GLOSSAIRE 

Regnler  dit  enlmn : 

Et  dedans  im  roffrpf  qui  s'ouvre  avecq  enhan  y 
Je  trouve  des  tisons  du  feu  de  ]a  St.-Jean  , 
Du  se| ,  du  [)ain  benit  ,  elc. 
II  y  a  trois  jours  que  \ahane  pour  parfir,  dit  La  Beotie 
a  son  lit  de  mort. 

^FFAUTIR,  priver  de  nourrlture  :  cet  enfard  est 
lout  moindiT,  il  a  ete  ajfaiiii. 

AFFITS,  AFFITIAÜX,  [.elits  morceaux  de  cuivre 
ou  de  lailoii  dont  les  enfans  se  servent,  ou  plu- 
lotseservaieni  autrefols  ]^o\\x]ou&v.^Jfutidux^Qn 
roman,  bagatelle,  pelit  objet,  aHiqiiel.  (Haute- 
roclie  dans  son  Crispin  medecin^  dit  ajjuteaux,') 
y4jfflques 3  affiches,  epingles,  boucles,  du  latiu 
aßgere. 

Quex  joiaux,  pour  votre  deport, 
Volez-vous  que  je  vos  aport 
De  la  bone  folre  de  Troies? 
Volez-vos  guimples  ou  coiToies, 
Tessus  d'or,  anniaus  ou  affiches'? 
Je  ne  serai  ja  vers  vous  chiches. 

(Jehans  LI  Galois.) 

AF FRANCHISSAGE,  pour  affranchissement  : 

Vajfranchissage  d'une  lettre, 
AGACIA  5  pour  ACACi A :  lesßeurs  d^agacia  se  man- 

gent  en  bugnets.  Voyez  ce  dernier  mot. 
AGACIN,  diles  durillon,  vous  avez  marche  sur 

mou  agacin.  Tenne  romau,  forme  du  cellique 


GENEVOIS.  9 

gas ,  malj  et  cin^  piquant  '.  Ce  mot  est  connu 


eil  Savoie,  en  Provence,  etä  Lyon.  Les  Langue- 
dociens  disent  agacis.  ^ 

AGETS,  LES  £tbes  d'une  maison:  U  connaithlen  iSit^^^w  if^ 
tous  les  agets.  En  ronnan  ages ,  agiz ,  chemins  ,jnj  J>t<tl^J— 
toLirs  et  detours.  Paris,  pop.  les  aides, 

AGLETIR,  AGLUTiNER,  COLLER  :  ce  fruit  s^est 
agleti  ä  ines  doigts.  Vieiix  frangais,  agleter. 

AGNETTES  (prononcez  le  g  dnr),  argent  mon- 
NAYE :  palper  les  agnettes,  Ce  mot  vient  de  agiiels , 
monnaie  d'or  du  temps  de  Saint-Louis ,  dont  l'em- 
preinte  etait  un  agneau  avec  cette  legende : 
yjgjius  Dei,  qiii  tolUs  peccata  mündig  miserere 
nobis, 

En  Normandie,  on  appelle  aguinettes,  ha  gui- 
nettes, les  etrennes  du  dernier  jour  de  Tan.  Court 
de  Gebelin  remonte  bien  haut  pour  l'origine  de  ' 

cette  expression ;  il  la  derive  du  cri  des  druides  ; 
ä  gui  Fan  neufl 

AGONISER,  dire  des    injures,  insulter.  Parisien 

populaire. 

Ne  Xagonisons  pas  lant ;  mais,  tien, 
Falsons  li  payer  queuque  chose. 

(Vade,  Bouqiiets poissards.") 

I  On  peut  aussi  donner  ä  ce  mot  la  mcme  origine  qu'au 
yerbe  francais  agacery  et  le  former  du  grec  akazein,  piquer, 
irriter. 


lo  GLOSSAIRE 

AGOUILLARDIR,  affriander.  Voyez  Gouülard. 

AGOUTER,  GOUTER,  agoutcz-moi  ce  fromage. 
^  *        AGOUTION,  mouchoir  tresse  ou  noue  parun  eco- 

.  t^  ^  i  ^^ü         lier  pour  jouer  :  se  batire  ä  coups  d'agoulion  ; 
^«k/%^%t%  V>\      roild  im  agoid'wn  qui  est  chade.  Voyez  ce  mot. 

AGUILLER (prononcez  comme  majgidliier) ^hiius- 
ser,  mettre,  jeier  sur  un  iieu  eleve  :  im  homme 
aguille  sur  im  ioit.  Avantez-rnoi  voir  mon  Vo- 
lant que  j''aL  aguille  sur  cetavant-toil.  Jen'aime 
pas  cettc  maison ,  eile  esttrop  aguälee.Kommi, 
aguUle  pour  aigiiüie ,  monlagne  en  poiiite.  On 
ecrivait  de  nieme  autrefois  aguillon ,  aguiser. 

AH  VOUA I  exclamation  synonyme  de  bah! ah  bah! 
allons  donCy  laissez  donc! 

AI,  prononcez  e^  d^ns  j'ai ,  je  ferai^  je  dirai,  etc. 

AlGLE  (  UNE  )  pour  un  aigle.  La  Fontaine  fait 
donc  une  taute ,  ou  prend  une  licence  poetlque , 
en  disant : 

L'aigle  reine  des  airs  avec  Margot  la  pie. 

Voltaire  ecrit  aussi : 

L'aigle /?e/e  et  rapide  aux  ailes  etendues. 

Lorsquil  s'agit  d'armoiries ,  d'enseignes,  ce  mot 
est  feminin  :  les  aigles  romaines^  les  aiglesfran- 
faises.  Vordre  de  l'aigle  jioirc.  Toutefois  Gin- 
guene  et  J.-B.  Say,  ecri\  ent  dans  ce  sens,  l'aigle 
imperial^  et  Laveaux  pretend  quon  doit  dire,  le 
grand ,  lepetit  aigle  de  la  legion  d'honneur,  Boiste 


GENEVOIS.  1 1 

( Dict.  des  dlfßc.  gram. )  veut  qu'au  propre ,  ce 

mot  solt  egalement  masculiri  et  feminin. 
AIGUILLE,  AIGUILLON,  AIGUISER  :  faites  sen-  ^^^m%Ü^ 

tir  Xu  en  pronon^ant  ces  mots ,  ainsi  que  les  noms        «/  ■• 

propres  Giiise ,  Guide ,  etc.  ^  v. 

AILLE  :  ü  serait  inutile  que  j'y  aille.  On  a  voulu  3)%  U^^»r»*%V 

que  je  luijasse. . .  .,•  "idites  :  que  jy  allasse^  que        ^^Jk^  W  * 

je  luißsse.  Cette  faute  de  syntaxe  se  repete 

souvent  a  Geneve.  On  en  fait  iine  non  moins 

grave ,  en  disant ,  a  la  premiere  personne  de  l'im- 

parfait  du  subjonctif :  il  voudrail  que  je  lui  pre~  ^ 

ins  de  l' urgent^  il  faut :  que  je  lui  pretasse;  et  ä 

la  seconde  personne :  eile  desirerait  que  tu  luiren- 

dis  ce  sewicej  dites  :  que  tu  lui  rendisses.  —  «^^  jj  HU40t^ 

Tne  suis  trouue  hier  ai^ec  des  gens  qui  avaienigM  V^^tSA 

beaucoup  d'erudition.  Je  ne  sauais  pas  que  yoi/^/^^yy^o^ ^ 

etiez  marlej  employezle  present  habituel :....  qui  ' 

onl  beaucoup  d^erudition ;  que  vous  eles  marie. 
AILS,  est  un  barbarisme;  aimez-i^ous  les  ails?  On 

dit  au  pluriel  les  aulx.  Vaud.  Lyon.  ^ 

AIMER,  eile  aime  beaucoup  se  promener.  J'' ahne/ TU 0^  ^ 

voir  dans  unjeune  hoimne. , .  Lorsque  le  verbe|^#HK^iMi5 

aimer  signifie  prendre  plaisir  ä  quelque  chose,»*'*^^**«'**ll 

ii  doit  nccessairement  etre  suivi  de  la  preposi- 

AIR,  donner  de  Valrä  quelqu^un'.illuidonne  beau- yC fi^  Stß0 df^ 
coup  d'air.  Cette  phrase  n'est  pas  rran^aise ;  ^/m^.   jLtk^ 
taut  dire  :  //  a  beaucoup  de  son  air. 


12.  GLOSSAIRE 

AIRAGNEE,  AI\AG1NE,IRAGNE,  pour  araignee. 

Uaraigne  avait  sa  belle  loile  ourdie. 
ji^,^^\^^  (Habert,  i55o.) 

\^^      Aicot  ecrit  arignee. 

AlUER,  pour  AERER,  donner  de  Fair. 
V^iTld^jJ  iLAlSES  (LES),  LA  VAISSELLE  DE  TERRE.  Lapcr  Ic'S 
aises.  La  palie  aux  aises.  Aisemcns ,  eii  langue 


romane,  iiistrumens,  uslensiles  de  meiiage,  terme 
c{ui  s'est  conserve  dans  la  Franche-Comte.  Cel- 
tiqiie  es^aes^  commode,  commodite.  Alsement 
est  fran9ais  dans  ce  dernier  sens. 
AW,  Aix-la-Chapelle ,  Aijc-les- Bains  ,\)rononcez 
feCE.  Noiis  ajouleroiis  ici  les  noms  de  quelques 
•  ^v,^  *        autres  villes ,  qui  se  prononcent  souvent  d'une 
.  At^         ^    maiiiere  deiecuieuse. 
\^  *v  Agen,     prononcez     Agin. 

Angers,         — <         Ange. 
Auxerre,       —        Äussere, 
Auxone  ,         —        Aussone, 
Bruxelle  ,       —        Brüssele. 
•^  ijgCrtf*^  Cadix,  — ■        Cadisse. 

>AÄ.*A4.V  j^^  Laon,  —  Lan. 

luxeuie  ,  —  lusseuil. 

Metz,  —  xMes. 

^^^J^   .  ^  Rheims,  —  Ringe. 

RiOMS,  —  RiON. 

Strasbourg,    —        Strasbour, 


AJ^  .A<5 


G]6NEV0IS.  i3 

AJOSSER  (S'),  s'accroupir,  se  tapir  :  wie  poule 

ajossee  siir  ses  oeujs.  Lang.,  s'ajassd.  Voyez  ,^    - 

A JOUTURE ,  poiir  ajoutage  ijaites  une  ajouture  ä  0fflM^  ^4 

cette  rohe.  •y^^'lj^  •^ifc' * 

ALANGUfi,  BABILLARD,   EFFRONTE  :  C^St  UTl  yf^^/iVoAr^^H%V 

alaiigue. —  Vous  n'etes  qa\ine  alangude.  Lan- 
guedocien,  alangat^  alangäda.  Vieux  fran9ais5 
langard. 

L'autre  fut  un  langard ,  revelant  les  secrets 
Du  Ciel  et  de  son  maitre  aus  hommes  indiscrets. 

(Rkgnjer.) 

Notre  voisine  est  langarde  et  mecliante. 

(La  Fontaine.) 

ÄLCOVRE ,  pour  alcove.  Languedocien ,  alcöhre,  . 

Alcoi^e  vient  d'un  mot  arabe,  dont  les  Espa- 
gnols  ont  fait  alcoba. 

ALENTOUPt  5  pour  autour  :  ils  eiaicnt  toiis  alen- 
tour  de  son  Ut.  Aleniour  marque  une  sorte  d'eloi- 
gnement ;  on  dira  donc  :  Vempcreur  uvait  son 
bwac  sur  la  colline ,  et  sa  garde  etait  aleniour. 

ALLA,  ne  dites  pas  :  j'j  alla,  et  je  le  trowa; 
je  lui  donna ^  c'est  moi  qid  a;  mais  :  7'j  al- 
laif  et  je  le  trouvaij  je  lui  donnai^  c'est  moi 
qui^  ai.  r 

ALLE,  il  est  alle  hier  ä  la  ville.  Pour  etre  correct,  //a  «^'A 
il  faut  dire  :  il  a  ete  hier  d  la  ville,  Etre  alle  si-yj^j^  ^iTiL- 


ij 


,/,  GLOSSAIRE 

gnifie  ^tre  parti,  ^tre  sorli  de  cliez  soi  poui'  se 

^  X  rendre  en  quelque  lieii,  et  n'^tre  pas  encore  re- 

%J^tjf  JtJoißnemi  de  ce  lieu. 

•  kij  '4^kM^ib    f^I-'LER  :  J'ai  beaucoup  d^endroits  ä  aller,  phrase 

fjffti$  Wfrf^ g      ridicuie  qu'll  faut  remplacer  par  celle-ci  je  dois 

^*^§jC^l/fipi^    ö//er  dans  beaucoup  d^endroits, 

ALLEMANDAGES,  causeries,  comivierages.  Ce 
sont  de  ces  allcmandages  qui  ne  Jinissent  pas. 
Elle  fait  des  allemandages  pour  rien. 
ALLURE,  VIF ,  eveille  ,  intrigant  :  c'est  un  petit 
allure  quljera  son  chemin.  Lyon.  Langued.,  al- 
lurat;  paris.  pop.  delure, 
ALPHES,  ALPHTES,  pour  aphthes  :  ila  les  alplies 
M  dans  la  bouche. 

VU  PC^  A  -  AMADOU  est  masculin;  ne  dites  donc  pas  :  de  la 
fytfA,JOtL  bonne  amadou  ^  de  Vaniadou  salpelree. 

AMARRONIER ,  pour  marronier.  Le  peuple  se  sert 
quelquefois  de  cette  expression  ;  les  amarroniers 
sont  Jle  Ulis, 
AMANDRE,  pour  amandEj  des  amandres  douces. 

Lyon. 
AMASSER,  amasser  unplat,  le  neitoyer  avec  son 

pain.  Amasse  ton  assieite ,  locution  vicieuse. 

AMATRLCE,  feminin  d'amateur.  Ce  niot  n'estpas 

consacre  par  rAcademie,  mais  quelques  bons  ecri- 

,        vains,  et  entre  autres  J.-J.  Rousseau,  n'ont  pas 

V    ^  craint  den  faire  usage ;  il  en  est  de  meme  de  crea- 


GENEVOIS.  i5 

trice.  All   reste  amatrice  appartient  au  vieux       ^^^m^  >C» 

fran^ais  : 

Elles  sont. . . .  tant  amatrices  d'elles  mesmes,  et  tant  sou- 

cieuses  de  se  delicater. . . . 

(Brantome,   Dames  Gal.^  * 

Latin,  amatrix;  Ital.,  amatrice,  Amateuse  se- 
serait  iin  barbarisme. 
AMBRESAILLE,  AMBROCIIE,  airelle  oii  rai- 
SIN  DES  BOIS ;  Vaccinlum  mjrLÜlus ,  LiN. 

Alhaligustra  cadunt,  vaccinia  nigra  leguntur. 
(ViRCIL.  EgI.  IL) 

En  Savoie,  amhrune.  Vaiid.  ^ 

AMOMON,  TOMATE;  pomme  d'amour  de  la  petite      '^ßinfjll 

espece  :  un  beau  vase  d^amomons. 
AMPPiOGER,  reeller  unekyrielle  decertainsmots, 
pour  connaitre  celui  qui,  dans  iin  jeu  d'ecoliers, 
doit^tre  le  sortant.  Ampro ,  Giro  ^  Carin,  Caro^ 
Dupuis  , Simon,  CarcaiJIe ,  Brifon ,  Piron  ,  La- 
hordon, Tau  ^  Te ,  Feiä/le,  Meuille ,  Tan^  Te^ 
Clu.  Quelques  personnes  pretendent  que  ces  mots  *'*  *^' ' 

bizarres  etaient  autrefois  les  noms  de  divers  re- 
gens  ou  professeurs  de  notre  College;  nous  les 
cro}  ons  plutot  le  fruit  de  l'imagination  de  quel- 
que  ecolier.  L' ampro  est  une  sorte  de  symboIe, 
de  mot  du  guet  pour  les  Genevois.  Sai^ez-vgns  \^\%  >'  •»  » 
amproger?  Recitez  lotre  ampro.  <(|5a%j  V\.*\ 

AN  CELLE,  ECLissE ;  appui  pour  la  iracture  des  os.       v  ?'  \       :   • 

V 


-   Hf«  AlV.fi 


i6  GLOSSAiRE 

i^fr  iMiita  1  4^P^^^"^  (EN),  pour  EN  ANDAINS,  terme  riiial, 
qiii  se  dit  du  foin  quand  il  est  couche  sur  le  pre, 
tel  que  la  faux  l'a  abattu,  avant  qu'il  soit  itiis  en 
cucheis,  Yoyez  ce  mol. 
ANEMONE,  pour  anemone. 
ANGOISSER,  ETPxE  ANGOISSE,  vieilles  expres- 
sions  dont  nous  faisons  souvent  usage,  et  que 
M.™^  de  Slael  et  quelques  autres  ecrivains  ont 
avec  raison  tenle  de  rajeunir. 


.«^<^ii(i 


Et  qnand  le  mal  plus  m'arigoissoit, 
Tant  plus  ma  voulente  crolssoit. 

(  Roman  de  la  Rose. ) 

La  vcue  des  angoisses  d'aullruy  xn'angoisse  materiellement, 

(  Montaigne.) 

On  avait  de  plus,  au  iG.""^  siede,  l'adjectif  an- 
goisseux ,  et  l'adv.  angoisseusemerä.  Ital.,  an- 
gosciare. 

CMi^^^  ANGOLA.  On  ne  dit  pas  un  cliat  angola,  mais  un 
^^y^«  Chat  angora,  un  bei  angora. 

^  ANOBLIR,  pour  ennoblir. 

Ceraetier(laguerre),  que  laseule  necessite  de  defendre  sa 
patrie  peut  anoblir,  ou  meme  justifier  aux  yeux  de  la  raison.... 
(P.  H.  Mallet,  Histoire  des  Suisses.) 

CK.Kl^#M  l^u^k-I^  y  *^  une  faute  dans  celle  phrase,  parce  que 
i^j<0AjB hXi^     anohlir  sigiiifie  faire  noble;  ennobUr  ne  se  dit 


GENEVOIS.  ,7 

Ün  pn'-cepte  est  aride,  il  le  faut  embellir ; 
Ennuyeux,  Tcgaycr;  vulgaire,  rennohlir. 

(  Delille.  ) 

On  seilt  qu'ennobjir  est  icl  le  mot  convenable; 
mais  Deslouches  ii'est  pas  correct,  en  disant  dans 

son  Glorieux  : 

Vous  ne  savez  donc  pas  jusqu'oü  va  l'arrogance 
D'uii  bourgeois  ennohli,  fier  de  son  opulence  ? 

AOUST  a  vieilli;  011  ecrit  aoüt^  et  l'ün  prononce 

Olit. 

APETISSIR,  pour  Apetisser  :  Gelte  lunetle  ape-SJßAfefdi^f^ 

iissil  les  objels ^  il  faut,  apctisse.  ' 

APIDANCER  (S'),  combiiier,  proportionner  avec 

economic  son  pain  et  sa  pitance  :  tu  ne  sals  pas 

fapidancer. —  Cejromage  est  tres-apidaiifant.  \       ^*»,^t.»^ 

Langued.  s^apitangä.  Voyez  Pidancc.  tiuit^\^^¥' 

APIGEONNER ,  altirer  dans  le  piege ,  ieiirrer ,  en-    ^M^M^ 

juier  :  il  s'est  laissc  apigeonner  par  ses  helles         * 

paroles. 
APOLOGIE  signifie  justijicatlon ,   et    non    point 

cloge.  La  Il.'irpe,  dans  sa  Correspondance  litte- 

raire ,  condamne  expressement   cette  derniere 

acception. 
APOSTICHE ,  pour  postiche,  une  queue  apostiche. 

Lyon. 
APOUSTIS  (les ) :  nos  bateliers  donnent  ce  nom  aux 

ponts   etroits  qui  debordent  les  flaues  de  leurs 


i8  GLOSSAIRE 

barques,  et  sur  lesquels  ils  manoeuvrent  en  al- 
lant  a  l'etire.  (  Voyez  ce  mot.) 

APPAREMME?S  T  5  ne  prononcez  pas  apparan- 
niau^  mais  apparainan\  et  de  meme,  decem- 
ment ,  innocemment ,  suffisamment  y  tempera- 
ment,  elc. 

APPENTIS ,  prononcez  apanti, 

APPETIT,  pour  APPETIT. 

APPOINTER  5  se  dit  au  jeu  de  boiiles  par   Oppo- 
sition a  baucher  (voyez  ce  mot)  :  //  appointe 
'  %%4|T» *i  V^i^     bien ,  voilä  iin  bon  api'oiiit.  En  France,  ce  terme 
ne  s'emploie  que  dans  le  sens  de  donner  des  ap- 
poinlemensoa  accommoder,  terminer  a  l'amiable. 
Appointer  et  baucher  sont  langucd.  et  lyon. 
(^CfU^fäu^fi^      APPONCE,  AJOUTAGE,  ALLONGE  :  Totrc  robe  a  be- 
jf/r^Qjf\ft  ^oin  d\ine  apponce.  —  Mettez  Vapponce  ä  ceite 

^\%^f^  ^       iable.  Lyon.  Vaud. 

APPONüRE,  ajouter  :  appondre  une  sauce.  Latin, 
appendere^  altacher  a.  Vaud. 

APPRENTIF,  pour  apprenti.  J.-J.  Rousseau  l'a 
ecrit  de  cette  maniere. 

APPRENTISSE,  pour  apprentie  :  vieux  terme 
indique  par  Richelet;  plus  anciennement  encore 
on  disait  apprentivc. 

APRES,  il  rn^a  courii  apres -.^  dites  :  il  a  couru 
apres  moi.  J  'ai  dernande  apres  vous^  dites  ;  je 
vous  ai  dernande.  Toutefois  l'Academie  permet 


GENEVOIS. 


»9 


de  dire  :  altendre  apres  qaelqu'un;  crler  apres 
quelqii'un. 
APRES-MIDI,  assemblee,  cercle,  the  :  eile  a 
donne  u?i  bei ,  une  helle  apres-midi;  apez-vous 
ete  ininte  ä  son  apres-midi? 

APREUR,  APRETE. 

AR,  est  souvent  mal  a  propos  siibstitue  a  ^r,dans 
la  prononcialioii  :  il  demeure  au  Parron ;  il  est 
alle  ä  Bariin  j  avez-vous  lu  le  Marcure? 

Möllere  inlrodult  dans  ses  coraedies  desjiaysans  qui  trans- 
formcnt  alnsi  l'e  en  a.  «  Un  habit  jaune  et  varl !  c'est  donc  le 
«  medecin  des  parroquets  ?  .....  Allons  \ite  le  sarcher,  » 

(  Medec.  malgre  lui. ) 

ARC-ROUTANT,  prononcez  ar-boutant. 

AREONAUTE,  pour  aeronaute. 

ARGEjNS  ;  les  argens  soiil  rares.  Ce  pluriel  n'est 
pas  francais.  ARGENT  MACHE  (D'),  pour  ar- 
gentE:  une  iabatiere  d'argent  mache.  Lyon. 

ARGILE.  Ce  mot  est  du  genre  feminin,  et  Vol- 
taire a  fait  une  faute  en  disant  : 

L'argile  par  mes  mains  auiveioisfacoiine. 

{Agathocle^ 

ARGOT,  pour  ergot,  espece  d'ongle  de  quelques 

animaux  ;/'ß;go/est  le  langage  des  filous,  et  aussi 

un  terme  de  jardinage. 
ARGOTER,  ERGOTER;  ARGOTEUR,  ergoteur. 

Paris,  pop.;  vieux  fran9ais  liargoicr^  ergoter. 
ARGOUSINER,  presser,  exciter,  du  mot  fran- 

9ais  argousin^  officier  qui  veille  sur  les  Formats. 


-h 


^f^^^mm^ 


20  GLOSSAIRE 

APiGUELISSE,  REGLISSE  :  du  hois  d'argueUsse. 
Roman ,  ergalisse,  Nicot  ecrit  ragalice,  et  Älon- 
taigiie  regallsse. 
ARGUILLOjN  ,  ARDILLON  :  rarguillon  de  cetle  bou- 
cle  est  gdtc.  Lyon. 
•  ARI,  pour  ARRiERE,  tcmie  de  batelier  -.faire  ari, 
ramer  en  sens  contraire  pour  aborder. 

ARIAS,    EMRARRAS,    TRACAS,  AIR   AFFAIRE    :    Ü  est 

dans  ioiis  ses  arias  ;  ilfait  de  grands  aiias  pour 
rien.  Lyon. 
ARMiVNA,  ALMANACH  :  armanas  nouveaux,  Paris, 
jjop.  Ne  failes  pas  sentir  le  c  final ,  particulie- 
rement  au  pluriel  : 

He  !  vous  n'y  pensez  pas , 
Je  n'ai  lu  de  mes  jours  que  dans  des  vAtviAnachs , 

(RtGNAr.D,  le  Joueur.^ 

*4' "      ARMISTICE,  il  a  ele  covclii  une  armistice.  Ce 
mot  est  du  genre  masculin. 

ARMOLAU5    RERIOULEUR,    GAGNE-PETIT   :    dotinez 

ces  coutcaux  ä  I'armolau.  Neuch.  Au  pays  de 

Vaud,*7?o/rtre;proven9al5  armoidaire  j  langued. 

amouläjrc. 
ARMONIAC,  pour  ammoniac  :  du  sei  anno niac. 
APiRETE,  pour  arret  : iln'a  point  d'arrete,  c'est- 

a-dire  il  ne  demeure  jamais  en  repos. 
^4-*  ARRIERE-GRAND-PERE,  eisaieul,  on  dit  bien 

arriere-neveu ,  arriere-peÜt-fils,  mais   arriere- 

grand-perc  est  un  contre-scns. 


GENEVOIS.  21 

ARTEPiE  (UN);  ce  mot  est  du  genre  feminin. 
ARTEUIL,  ERTEUIL,  pour  orteil,   doigt    du 

pied.  Corruption  d'arteil,  fait  du  iatln  articulus, 

jointure. 
ARTiClIAUX,  ARTICHAUD,  ecrivez  artichai t. 

^rtichautbdiard  ou  de  muraille^  la  graiide  jou- 

barbe. 


^     I 


ARVE  :  se  baigjier  en  Aive-^  Arve  estgele.  11  est    — 4—  ^ 

mieux  de  dire  :  se  baigner  dans  VArve',  VAive 

estgele. 

ASPIRAL,  pour  spiral;  terme  d'horlogerie.  ijj 

ASSEZ  :  il  Y  <^  assez  bois ;  nous  ai?ons  assez  Ni 

viande  dans  la  maison^  dites  :  il  j  a  assez  de 

bois ,  etc.  5 
ASSEYER  (S'),  pour  s'asseoir  :  il  s'est  asseje> 

par  terve. 

II  ne  sera  peut-etre  pas  superflu  d'indiquer  ici  la  conju- 
gaison  dcceverbe,  sur  laquclleonse  liompe assez  souvent,ou 
qu'on  Orthographie  mal  -.je  niassieds ,  tu  t'assieds.  üs'assied^ 
nous  nous  asseyons ,  vous  voiis  assejez,  äs  s'assejent.  —  /e 
m'asseynis,  nous  noi's  assejions. — fe  rnassis,  nous  nous  as- 
simes. — fe  m'assieiai,  nous  nous  assicrons. — Je  m'assierais, 
nous  nous  assi('rio7is.-~Assieds-toi ,  asseyons-nous. —  Quejc 
m'asseye ,  que  nous  nous  asserions.  —  Quej'e  tnassisse ,  que 
nous  nous  assissions,  —  S'asseoir,  s'assejant ,  assis,  assisc. 
(  Graminaire  des  grammaires. ) 

ASTHME,  ASTHMATIQUE,  prononcez  asme,  as^- 

MATIQUE. 


-^ 


-r 


22  GLOSSAIRE 

ASTRAGON,  poiir  Estragon  :  du  vinaigre  ä  Vas- 

tragon» 
ATI  AMI  5  jeu  cVecoliers.  Nous  n'indiquerons  dans 

ce  recueil  que  les  priricipaux  termes  de  cette 

nature ;  il  serait  trop  pueril  d'en  donner  une  no- 

menclalure  complete. 
ATINIOSPHERE  (  LN  ).  Ce  mot  est  feminin. 

Des  temps  bruraeux  sont  survenus,  et  se  sont  termines 

par  un  atmosphere  neigeux. 

( Bibliothtque  Universelle. ) 

Les  lignes  des  feux  enneinis  remplissaient  le  pays l'at- 

mospht'rc  en  etail  einbrase. 

(.  MoKTHOLON  ,  Mein,  de  Nap.  ) 

ATOUT,  SOUFFLET,  HORION  '.je  lui  aißanque  un 
atout  qui  comptait  au  piquel. 

ATRIAUX,  HATRIAUX,  bouletles  de  foie  de  co- 
chon  :  wie  douzaine  d'diriauxj  du  roman  he- 
triaulx,  foie.  En  Lorraine,  hälrez;  a  Besancon, 
afraux, 

ATTACHES^  des  attaches  de souUersj  il  est  mieux 
de  dire  des  CORDotss. 

ATTENLER,  EXTl^NUER.  L'Academie  indique 
extenuer  au  propre  et  au  figure  :  sa  maladie  Va 
extenue^  on  a  extenue  le  crime ,  mais  eile  ne 
donne  l\  attcnuer  que  le  sens  propre  -.attenuer  les 
humeurs ^  les  veilles  Vatlenueiil.  Observons  que, 
malgre  cette  autorite,  les  bons  ecrivains  d'aujour- 
d'hui  ne  paraissent  faire  aucunc  difficulte  d'enj- 
ployer  atlenuer  au  figure  : 


GEi\EVOlS.  23 

«  II  etait  naturel  que  les  coupables  cherchassent  ä  attenuer 
leur  faule  en  nommant  leur  principal  complice.  » 

(Da KU,  Hist.  de  Fen.) 

AUCUNS,  ce  pluriel,  daiis  le  sens  negatif,  n'est 
plus  giiere  usile  qii'en  style  de  palais;  toiitefois 
i'academie  permet  de  dire  :  il  ne  nia  rendii  au-  ^  i 

CUTIS  soins  j  il  n'a  Jait  aucunes  disposiäofis  ^ ; 
et  de  grarides  aiitorites  seinblent  en  accorder 
l'usage  a  la  poesie.  "^  ^ 

Non  qu'il  vous  faule  en  prendre  aucunes  defiances .  . . 
Aucuns  ordres  ni  soins  n'ont  pu  le  secourir. 

(Corneille.) 
Aucuns  monstres  par  moi  domptes  jusqu'aujourd'liui .. , 

(Racine.) 

Voyez  Nuls, 
AUJORD'IIUI,  pour  aujourd'hui.  Paris,  pop. 
AUPAR AVANT ,  pour  avant.  Auparavant  est  im 

adverbe,  et  noii  une  preposition. 

Le  cavalier  ne  doit  pas  s'en  servir  (du  bildon)  auparavant 
que  le  cheval  ne  soit  bien  persuade. . . .  "  "*  -•• 

(HuzARD ,  art.  Clieval,  Nouv,  Dict.  d'hist,  nai.) 

II  fallait :  avant  que  le  chei^al.  ...  *  ^ 

AUSSI ,  pour  si  tun  aussi  grajid  succes  me  permet  _-— 4 

d^esperer. .  . ,  Aussig  adverbe  de  comparaison, 

ne  doit  pas  etre  employe  dans  le  sens  affirmalif        "^^  • 

de  si. 

AUTRE  :  72 'j  a-t-il  personne  d'aulre?  Je  verrat  -   f  •• 

I   On  peut  dire  aussi  '.Je  ne  veux  faire  aucuns  frais. 


-r 


24  GLOSSAIRE 

quelqu'un  d'autrej  iie  vous  faul-il  rien  d'aulre? 
sont  des  barbarismes ;  il  faut  prendrc  un  autre 
toiir,  et  dire,  n^j  a-t-il plus  personne?  je  verrat 
quelqiie  autre  personne  ^  ne  vous  faut-il  pas  au- 
tre chose? 
AUTRES  FOIS  (LES):y>-  aJJais  les  aulrcsfois, 
Dites  tout  simplement:yy  allais  autrefois.  Lyon. 
Langued. 
•.•''y"  AVAN,  pour  osier  :  cueilUr  des  avans ;  des  auans 

pour  les  lonneliers.  Terme  de  la  langue  ro- 
mane.  Oll  il  etait  geiieriqae,  et  se  dlsail  de  toutes 
les  plantes  qiii  croissent  au  bord  des  eaiix.  En 
Franche-Comte  5  awan,  avan. 

Ce  mot  est  remarqiiable  par  son  anciennete ; 
avaiit  de  passer  dans  lalangue  romance,  ilexistait 
dans  plusieurs  dialectes  des  Celtes  oü  il  sigiiifiait 
eau ,  riviere.  Nos  Observations  sur  les  noms  de 
lieux  en  offi'iront  de  nom]3reiix  vestiges. 
•--f^         AVANT-HIER,  faites  sentir  le  t^  et  ne  prononcez 

pas  avan-lder. 
„^       AVANTER,   AVENTER,  aveindre  :  ai^antez 
i  voir  ceile  ioupine  qui  est  aguillce  sur  ce  iah  las, 

Avanter^  en  roman ,  signifie  mettre  en  avant. 
AVECry'^z  dlne  avec  un  poulet;  je  dejeunc  apec 
du  cafe.  Remplacez  avec  par  la  preposition  de  : 
.  ...d'un  poulet j  de  cafe.  Boiste  veut  qu'on  re- 
serve  ai>ec  poiir  s'en  servir  dans  ce  sens  \j^al  de- 
jeunc avec  inon  ami. 


^ 


GENEVOIS.  25 

AVE  NA  IRE,  ergoteur,  Frondeur,  chicaneur, 
broiiillon  :  terme  qiii  parait  detourne  de  la  vraie 
sjgniiicatioii  du  mot  latin  adt^enarlus ,  etranger , 
iiitrus ,  nouveau  venu.  Advena  atticus ,  qui  sup- 
planle  son  mailre,  inferieur  qui  depossede  son 
superieur.  A  Neuchätel,  a^>enaire  a  conserve 
lacception  latine  :  nouveau  venu,  intrus.  Quel- 
ques-uns  disent  avenairer  pour  chicaner,  pro- 
voquer. 

AVPtIL;  il  faut,  sulvant  Gattel  et  lAcademie , 
mouiller  17  final  de  ce  mot. 

AYE,  pour  AiT  : 

II  n'y  a  que  Ics  personnes  qui  evitcnt  de  donner  de  la  Ja- 
lousie, qui  meritent  qu'on  en  aye  pour  elles. 

(La  Rochefoucaült.  ) 

11  faut  eslre  toujours  botle  et  prest  ä  partir. .  . . ,  et  se 
garder  qu'on  u'aye  lors  affaire  qu'ä  soy,  car  nous  y  aurons 
asscz  de  besongne  sans  aultre  surcroist. 

(  Montaigne.) 

J'ai  vu  mourir  Pompee,  et  ne  Tai  pas  suivi ; 
Et  bien  que  le  moyen  m'en  aye  cte  ravi , 
Qu'une  pitie  ci'uelle  ä  mes  douleurs  profondes 
M'aye  öle  le  secours  et  du  fer  et  des  ondes. .  i 
(Corneille.  ) 

Cette  locution  netait  pas  autrefois  envisage'e 
conime  fautive,  mais  on  la  regarde  aujourd'hui 
conime  un  solecisme ;  qii'ils  aient  doit  se  pro- 
'    'noncer  qu'ils  he-e^  et  non  quHls  he-ie. 


26  GLOSSAIRE 


l^/»%%%%-V»%%»^^/fc^l%.^»^/»  ».%%.».% '»^^■%'% i%^^^^%^%*'%'»»**'<l  «^ W«  IV«%^^>V1  «,«.%• 


B. 


BABAN,  FLANDRIN,  DADAIS,  GRAND  ENFANT.  Racine 
celtique,  bab^  enfant;  baban,  petit  enfant,  pou- 
pee ;  de  la  une  foule  de  derives  dans  loutes  les 
langues  :  anglais ,  bab  j  allemand,  bub  ^  italieii, 
bambino ,  babbaccio ,  etc.  Le  mot  fran9ais  ba- 
hiole  doit  avoir  la  möme  origine. 
-4—  BABO  ,  pour  BORO ;  nous  disons  d'un  petit  enfant : 
il  a  babo  ä  ses  rates,  pour  exprimer  qu'il  a  mal 
aux  dents. 
-♦-  B ABOLER  5  BREDOUILLER :  il  nefait  que  baboler ,  on 
ne  comprend  pas  la  moitie  de  ce  quHl  dit\  forme 
par  onomatopee.  Anglais ,  babble  ^  causer  comme 
un  enfant;  grec  babazein,  balbutier. 

BABOUINE5BABINE  :  lesbabouines  dhm  singe.  Ba- 
bouine  se  dit  en  fran^ais  d'une  enfant  vive  et 
etourdie.  Embabouiner^  en  langue  romane ,  trom- 
per,  amuser.  Pour  Forigine  de  tous  ces  mots, 
voyez  Baban. 

BACHE,  BATZ  :  une  demi-bache ,  dites  :  un  demi- 
batz, 

BACHE ,  se  dit  des  herbes  qui  croissent  dans  un  pre 


GENEVOIS.  27 

marecageux:  ce  ri'est  que  de  la  häche ;  un  pre 
bdcheux,  c  est-a-dire  humide ,  marecageux. 

BACKET,  BASSIN,  ALGE,  BAQUET  :  U  backet  de 
Pezay.  Racine  celtique ,  äöc,  vase ;  de  la  les  mots 
fran^ais bachot,  bachote,  bachoue,  etc.  Quelques- 
uns  veulent  que  ces  termes ,  ainsi  que  bac^irmWe, 
soient  formes  de  l'allemand  back ,  ruisseau. 

BACULO,  jeu  d'ecoliers,  de  baculus,  baton  :jouer 
ä  baculo ,  au  baciilo, 

BADE  ( DE  ) ,  EN  VAIN ,  INUTILEMENT :  TIC  mefaites 
pas  venir  de  bade.  De  l'ilalien  bada ;  teuere  a 
bada^  faire  perdre  le  temps.  Fribourgeois. 

BADINAGE,  .touet,  joujou  :  une  boite  de  badi- 
nages.  Ce  mot  ne  doit  signifier  que  l'action  de 
badiner.  Neucli. 

BAGAR  (UN),  pour  ijne  bagarre  :  nallez  pas  voiis 
Jourrer  dans  ce  bagar. 

BAGNOLET,  baquet,  sorte  de  vase  en  bois.  Ital. 
bagnoletto ,  petite  baignoire.  Bagnoht  se  dit  en 
francais  d'une  certaine  coiifure  de  t'emmc.  Vaud. 

BAHIU,  BAIU;  bahut,  grand  coffre, malle  enorme; 
nous  le  disons  aussi  au  figure,  d'un  homme  ou 
d'un  clieval  gros  et  lourd  :  c^est  im  gros  bahiu. 

«  II  y  en  a  qui  cuident  qu'il  vient  du  verbc  latin  hajulo, 
parce  qu'on  en  use  ä  porter  des  hardes  sur  des  mulets  qui  sont 
appeles  muH  haiuli.  » 

(  NiCOT. ) 

Asinum  hajukmtem  sarcinax. 

(Ph*drk.) 


^^  GLOSSAIRE 

D'autres  derivent  bahut  de  VaWemcind  behüten 
garder,  coffre  propre  a  garder  des  hardes. 

BAIGNES ,  BAlNS  :  dans  le  temps  des  baignes. 

BAIGNER;  iious  disons  qiie  la  lune  baigne^  lors- 
qii'elle  est  entouree  d'uii  cercle  de  vapeurs  qui 
presage  la  pluie  '. 

Luna  revertentes  cum  primum  colligit  ignes , 
Si  nigrurn  ohscuro  comprenderit  aera  cornu, 
Maxiinus  agricolis  pelagoque  parabitur  iinher. 
(  ViRGiLE  ,  Georgiques. ) 

BAILL A ,  BAiLLEMENT  :  qucl  baiJld  vous  auezfait 
lä!  llfaitses  derniers  baillds ^  c'est-a-dire  il 
^  rend  les  derniers  soupirs. 

.^Am,  ^P^\\ÄuEK:bailleraux  corneillesj  ecrivezbayer,  et 
prononcez  be-ie\  Vaud. 
BAL A LAME,  gros  meuble  antiqiie  et  massif :  ce 
grand  balaldine  dejauteuil.  Nous  le  disons  aussi 
i^"  dans  le  sens  de  grand  flandrin.  Racine  celtique 

bal^  grand,  gros;  balach^  geant. 
BAL  AN  5  BALANgoiRE,  ESCARPOLETTE.  Efre  en  balan^ 
pour  etre  en  Jjalance,  en  suspens  -.^ai  etelong- 
temps  en  balan  de  sai^'oir  sije  devais . .  .  Neuch. 
BALENDRIER,  balcon,  garde-fou,  galerie. 

I  Nous  signalons  cette  expression  parce  qu'elle  n'esl  indi- 
quce  dans  aucun  des  dictionnaires  r[ui  fönt  autoiüte ;  mais 
avant  de  s'en  interdire  l'usage,  il  l'audrait  savoir  comment  la 
remplacer. 


P' 


GENEVOIS.  29 

Nous  passions  sur  le  pont  d'Arve,  et  le  halemhier^  idest 
garde-fous,  ctait  öte. 

(Beroald  DEyERviLLE,  Mojeti  de pan'enir.' ) 

BALI  ER,  BALAYER.  BALIURES,  balayures  :  la 
scille  des  haliures.  Paris,  pop. 

BAMBILLER ,  pendiller  ,  brandiller  :  quest-ce 
qu'on  voilbambilier  ä  cette  fenetre?  JSkMlML- 
LON,  CHIFFON,  lambeau  qiii  pendille. 

BAMBINER,  SE  B  AMB  ANER,  faineanter,  muser  : 
il  nefait  que  hamhiuer par  les  nies.  Qiie  voiilez- 
vous  que  nous  allions  nous  hambaner  iout  le 
j cur  par  hi?  Ital.  bambiho ,  enfant;  bambincria 
puerilite.  Vojez  Baban. 

BAMBOCIIE,  BAMBOCHER,  BAMBOCHEUR. 
Mots  en  usage  a  Geneve  et  dans  quelques  pro- 

,  vinces ,  dans  le  sens  des  termes  popukiires  rlboie, 
riboter^  riboteur  :  vous  auez  bienfait  la  bainbo- 
che.  C'est  un  bon  bambocheur.  Yaud. 

Bamboche  se  dit  en  francais  d'une  grande  ma- 
rionnette ,  ou  d'une  personne  de  petite  taiile.  Une 
bawbochade  est  un  tableau  dans  le  ii;enre  2;ro- 
tesque. 

BAMBOCIIES5  souLiERS  fourres  5  corruption  de 
babouches ,  terme  oriental. 

I  Cet  auteur,  quoique  iie  ä  Paris  vers  le  milieu  du  iG.">c 
siecle,  elait  d'orij^äne  genevoise.  Son  Moyen  de  parvenir  est 
ecrit  dans  le  gcnre  de  Rabelais. 


-r 


3o  GLOSSAIRE 

BANC  ;  011  appelle  ainsi  les  eclioppes  qui  bordent 

quelques  rues  de  Geneve :  demier  les  hancs. 
BANDE :  im  enfantä  la  bände.  II  est  mieux  de  dire , 
Uli  enf;ant  au  maiilot.  J.-J.  Rousseau  dit :  un  en- 
fant  embande  j  ce  verbe  embander  est  de  sori 
inveiitiou. 
— *-     B  A  NNEI\,LANGUiR:ce//^  viande  a  banne  pres  diifeu. 
^     BANQUE,  COMPTOIR,  table  a  compter,  k  serrer 
*  l'argent.  Une  marcbatide,   une  limoriadiore  se 

tient  ä  soii  comptoir,  et  non  ä  sa  banque,  der- 
riere  sa  banque.  Vaud. 
BÄPvA  5  petite  boite  pour  mettre  de  l'argent  ou  des 
rouages  d'horlogerie.  Bar,  en  celtique,  signifie 
encelnte,  qui  renferme,  et  barra  fernier,  clorre. 
De  lä  l'anglais  bar,  obstacle,  et  nombre  de  deri- 
ves  francais :  barrer,  barreau ,  barriere,  baril, 
barate,  barricade,  embarras,  etc. 
BARABANT,  pour  brabant.  Le  peuple  dit  quel- 

quefois  un  ecu  de  BarabanU 
BARACAN,  pourBOüRACAN.  Unhabitde  baracan. 
Baracan  appartieiit  au  vieux  francais.  Ital.  Ba- 
racana. 
>  BARBOUILLON,  homme  sans  tenue,  sans  parole. 
Ce  terme  ne  peut  ötre  remplace  ni  par  brouillon, 
ni  par  barbouilleur,  qui  n'ont  pointla  m^me  ac- 
ception. 

Jean- Jacques  donne  le  nom  de  harbouillon  ä 
un  uiecbant  musicien. 


GENEVOIS.  3i 

BARBUE,  terme  riiral;  bouture  de  cep,  provin 
avec  sa  meine. 

BARICOLER,  barioler  :  un  habit  tout  baricole, 
Lyon. 

BARIL;  prononcez  BARI. 

BARJ  AQUER ,  caqueter,  bavarder,  medire.  Elle 
nejait  que  barjagiiei'j  c''esi  unevraie  barjaque, 
Ne  voiis  prenez  pas  ä  tous  ces  barjaquages ,  ä 
touies  ces  barjaqueries.  En  Languecloc,  bar  ja , 
barjajre  ^  barjacaries.  Les  Proven^aux  disent 
aiissi  barjar,  babiller ;  barjacas^  bavard ;  et  barjo^ 
la  bouche.  Racine  celtique  bar,  la  parole;  d'ou 
vient  le  mot  barde  ,  poete.  Neucli. 

BARONMETRE,  pour  barometre. 

BARRE  ;yoMer  ä  barre,  Dites  :  Jouer  aux  barres  y 
toucher  barres. 

BARRICADE;  ftte ,  collation  que  les  paysans  don- 
nent  ä  l'epoiisee  au  sortir  de  l'eglise  :  on  leur  a 
fait  ime  belle  barricade. 

BARROT,  pelit  char  a  l'usage  des  portefaix. 

BARROTE ,  TOMBEREAU.  Roman  barrot ^  latin  bar- 
bare, barrotum-  anglais,  barrow^ 

BASELIC,  BASELI,  basilic  :  im  rase  debaselL 

BASOTER,  HESiTER,  barguigner  :  il  ne  sali  ce 
quHl  veut,  il  nefait  que  basoter^  il  ir'y  a  pas  lä 
ä  basoter. 

BASSIN  (UN),  un  hemme  pesant,  ennuyeux. 


+- 


32  GLOSSAIRE 

Uli  faclieux  :  c-esl  unfameux  hassin. — BAS- 
SINER, enniiyer,  fatiguer  :  aA  /  qu'il  me  has- 
Sinei  Que  c^est  hassiimnl! 

BASSINE,  BRASIER  :  ebraisez  Ja  hassine.  Eii  fran- 
^ais ,  vase  de  cuivre  a  l'usage  des  confiseurs ,  des 
pbarmaciens ,  etc.  Vaud. 

BAT  ACLAN,  attirail,  suite,  sequelle.  Fran^ais 
populaire  indique  par  Boiste. 

BATAILLE  :  ce  n^est  qu'une  halaille  d^ivrognes. 
Le  mot  propre  est  battebie;  halaille  ne  s'em- 
ploie  qu'en  parlant  dun  combat  general  de  deux 
armees. 

Le  mot  hatiure^  quine  signifie  plus  aujourd'hui 
qu'une  espece  de  doiure,  etait  autrefois  employe 
dans  un  sens  pour  lequel  il  nous  manque  un  sub- 
stantif : 

II  sera  batlu  par  la  justice  du  lieu,  tout  ä  nud li 

hommes  par  liommes ,  et  la  femme  par  femme. . . . .  se  ils  ne 
rachetaient  la  hattwe. 

( Chronique  du  moyen  age. ) 

^      BATAILLE  (soupe  a  la  ) ,  potage  a  la  julienne. 
BÄTE  (une),  un  troussts  :  Cette  rohe  est  trop  lon- 
gue  ^faites-y  unc  hdte. 
-       BATTE  (  de  la),  sorte  d'etoffe  de  laine. 
-r    BATTRE  A-TOUT,  dites :  faire  a-tout.  Terme 

de  je  11. 
H-    BATTRE' BRIQUET,  battre  le  briquet. 


GIiNEVOiS.  33 

BAUCHER,  DEBUTER  :  Bauchez  cette  houfe ;  bau- 
cher en  place, 

BÄU?vIE :  Je  ne  m  'ensoucie  pas  plus  que  de  bäume. 
11  ny  en  a  pas  plus  que  de  bäume ^  c'est-a-dire 
je  ne  m'en  soucie  pas  du  tont,  il  \\y  en  a  pas  du 
tout.  Ces  locutions  lirent,  dit-on,  leiu*  origine 
du  DOm  de  La  Baume ^  derriier  eveque  de  Ge- 
neve,  qui  s'enfuit  de  son  siege  en  i533. 

BAVxiPiD.  Fiusieurs  personnes  empioieol  cc  mot 
dans  le  sens  de  railleur ^  persifleur ,  tandis  qu'en 
bon  fran.^als  il  signiüe  babiilard,  causenr  indis- 
cret :  Mon  Dieu^  que  vous  eles  bauardl  II  nejalt 
que  se  bai^arder  de  nioi.  Je  me  moque  blen  de 
ras  bap-ardages.  Ces  expresslons  nous  vieniieiit 
de  la  langue  romane ,  oü  bai^eur  signifie  moqueur , 
niauvais  plaisant;  bai^-e ,  bai^erie ^  moquerie.  En 
ilaiien,  beß'ardo ,  raiÜear,  gausseur. 

On  ne  peut  avoir  de  sürete  dans  la  socicle  quand  on  est 

ou  hai'ard ,  ou  moqueur,  ou  rnedisant ,  parce  que  le  bavaid , 

afin  de  parier,  dit  mille  ciioses  inconsiderees  et  compromet 

tont  le  monde  ;  que  le  moqueur ,  pour  faire  une  plalsanlcrie, 

fait  souvent  des  mccliancetes  et  des  indiscretions  ,  et  que  le 

medlsant  repete  le  mal  qu'il  sait  des  autres. 

(  Genlis.) 

BE  A  BA  :  etre  au  be  ä  ba^  c'est-ä-dlre  elre  ä  qula,       ^ 

n'en  pouvoir  plus. 
BEAUCOUP,  DE  BEaüCOUP.  L'Academie  veut 

qu'on    dlse    il  s'en  Jant    beaucoup,   pour   ex- 

'3 


34  GLOSSAIRE 

primer  qu'il  y  a  une  grande  dlffereiice  ;  Elle 
n'esl pas  sijolie  que  sa  sceuj\  il  s^enfaul  hcaw 
coup;  mais  eile  ajoute  que ,  s'il  s'agit  d'une  quantile 
qui ,  devant  y  etre ,  n  y  est  pas ,  on  doit  employer 
le  de  :  f^ous  ne  jn'ai^ez  pas  tout  rendu,  il  s'en 
faul  de  beaucoup.  Gelte  regle  est  souvent  eludee. 

Ce  n'estpas  que  ses  pleces  (Boursault)  soient  regulicres  ,  il 

s'en  faut  de  beaucoup. 

(  La  Harpe.) 

Cependanl  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  cc  poete  (  Poni- 
pignan)  morite  le  mepris  que  lui  a  prodigue  Vollaire. 

(Delille.  ) 

Le  sujet  des  Provinciales  n'estdonc  pas,  et  il  s'en  faut  de 

beaucoup  ,  sterile. 

(  Willem  Aijr.) 

.«iw     BliCHEE ,  pour  becquee  ,  Lyon,  et  Vaud.  Ce  terme 
appartient  au  vieux  fran^ais. 

Tout  ainsl  que  les  oyseaux  yont  quelquesfois  ä  la  queste 

du  grain,  et  le  portent  au  bec  saus  le  taster,  pour  en  faire 

bechee  ä  leurs  petits  :  ainsi  nos  pedants  vont  pillotant  la 

'science  dans  les  livres,  et  ne  la  logent  qu'au  bout  de  leurs 

levres ,  pour  la  degorger  seulement  et  mettre  au  vent. 

(Montaigne.) 

BECHET ,  trou  fait  a  la  glace  :  Prenezgarde,  voilä 
im  bediel l  Prendre  hecliet  se  dit  d'uri  palineur 
qui  s'enfonce  dans  l'eau :  //  a  pris  hecliet jusqu  'au 
cou.  Ell  langue  romane,  bccliet  ou  haichet  si- 
gnifie  uu  brocket.  Or,  comme  a  Geneve  on  pa- 
tine  ou  l'on  glisse  sur  des  fosses  ou  des  pieces 


GEiNEVOlS,  35 

»reau  qiii  reiiterment  onlinaiienunt  beaucoup 
de  bt'ochels,  on  aiira  peiit-cHre  (ist,  eii  plaisan- 
iant ,  ü  pj-end  le  bechet^  ü  prend  bechet,  poiir 
il s'' enfonce  daiis  Veau.  Eii celtique,  becqed,  bec- 
ket  sigiiifie  aiissi  brochet.  Peut-ötre  aussi  ce  mot 
vieot-il  tout  simplenieiit  de  breche^  forme  de  l'all. 
brechen.,  rompre. 

BECFI,  BEC-FIGUE  :  Tirer  des  becjis.  ^m\  ■ 

BEGNULE,  MAZETTE  :  C^est  une  paui^re  begnule.   — ^ 
Latin  benignus. 

BEGülNE  5  certaine  coiffure  de  paysanne.  Le  mot 
francais  est  COüvre-chef.  Beguin  ne  doit  se  dire 
que  d'une  espece  de  coifte  ä  l'iisage  des  enfans ; 
c'est  ce  que  noiis  appelons  une  barrette. 

BELLÜES ,  copeaux  :  Allwner  lefeu  avec  des  bei-      -•4— 
Ines  ,•  iin  sac  de  bellues.  Dans  la  langoe  romane , 
ce  mot  signifie  contes  en  Fair,  sornettes  : 

Elle  li  dist  lant  de  bellues ,  *^^» 

De  truffes  et  de  faf'elues  ', 
Que  eile  li  falt  ä  force  entendre 
Que  li  Ciex  deraain  sera  cendre. 

(  RuTEßEUF.) 

C>e  poete  ecrivait  soiis  les  regnes  de  St.  Louis 
ei  de  Phiiippe-le-Hardi. 
BELOSSE ,  BELLOSSE ,  prunelle  ,  fruit  du  prii-       .^ 

I  On  fcuifelues ,  au]onvdC\\\n  faiifreliiches;  de  l'ital.  fanfa- 
liica ,  feu  de  branclies  seches,  flamineclie  ;  et  au  ügure  ,  bali- 
verne ,  bagalelle. 


36  GLOSSAIRE 

nellier.  En  langue  romane,  belloche^  a  Lyon, 
pelossej  a  Fribourg,  bolosse.  Ce  mot  est  usite , 
dans  le  meme  sens,  dans  la  Basse-Bretagne. 
BELSAMINE;  dites  balsamine,  de  balsamum. 
BENAITON  (UN),  ime  sebile,  sorte  de  panier 
pour  porter  le  pain  au  four.  Gattel  dit  dans  ce 
sens  im  banneton^  mais  l'Academie  et  de  Wailly 
ne  donnent  a  ce  dernier  mot  que  la  signification 
de  coffre,  reservoir  pour  le  poisson.  Benaton, 
panier  d'osier  pour  le  sei;  benne ,  baue  ^  hotte 
pour  la  vendange.  (Boiste.) 

Langue  romane,  Z^e/tate, panier, hotte. — Dans 
la  hasse   latinite,  beimala  ^  vase.  —  Espagnol, 
banaia,  —  Flamand,   benn^  corbeille.  —  AUe- 
--.  mand-Suisse  ,  bennc,  tombereau.  Tous  ces  mots 

nous  paraissent  sortir  de  la  racine  celtique  beriy 
creux,  cave. 
•4^     B£QUETTE,  pied  d'alouette,  delphinium, 
plante. 
BEQUILLE ,  pour  bequille. 

BEPiCIIE.  Ce  mot  qui ,  en  frangais,  est  un  terme 
de  marine,  signifie  ä  Geneve  breche-derd.  En 
langued.  bergua^  a  Lyon,  brechu.  Vaud. 
BERICLES,  pour  besicles;  terme  roman  et  pro- 
ven9al.  En  allemand  brille. 
t,  BERNICLE ,  pour  bernique ;  expression  adver- 
biale. Je  croyais  le  ienir^  etbernicle!  bernicle! 


GENEVOIS.  .-57 

BESOLET.  Les  chasseurs  du  piiys  donnent  ce  noni 
a  diverses  especes  de  mouettes;  la  plus  commune 
estle  larus  ridibundus,  lamouetlerieuse. 

«  J'avais  pris  un  fusil  pour  tirfir  des  besolets ,  mais  Julie 
me  fit  honte  de  tiier  des  oiseaux  pour  le  seul  plaisir  de  faire 
du  mal.  u 

(^Noui'elle  Heloise,  "i.^  partie. ) 

Nous  nous  servons  aussi  de  Taugmentatif  be- 
sues  pourdesigner  loutes  les  mouettes  plus  gros- 
ses que  les  besolets^  meme  les  goelands.  La 
mouelte  cendree  est  celie  qu'on  voit  ie  plus  or- 
dinairement. 

BESULE.  Nom  donne  a  Geneve,  suivant  Jurine,  ä 
tous  les  corrigones  d'un  demi-pied  de  longueur. 
Nicot  dit  bezolle,  espece  de  poisson  du  Leman.  En 
1 5 1 9,  on  appela  Guerre  des  besoles ,  Texpedition 
du  duc  de  Savoie  contre  nolre  Picpublique,  parce 
que,  comme  eile  se  fit  a  Tepoque  du  careme,  on 
iie  trouvait  guere  a  mauger  que  de  ces  poissons. 
Spoji  les  nomme  des  harengs. 

BETANDIER,  terme  rural,  partie  du  fenil  oii  Ton 
place  les  gerbes  apres  la  moisson. 

BETARÜ.  Le  mot  fraiicpais  est  beta.  Vaud  et  Neuch. 

BEURPiIERE,  BARATTE,  vase  a  battre  le  beurre.      -a- 
En  France,  une  beurriere  est  une  marchande  de 
beurre;  dites  aussi  du  babeurre,  et  non  de  la 
batlue. 


38  GLOSSAIRE 

BEVABLE,  [fOLir  BUVABLE :  Ce  vin  n^est  pas  he- 
vahlc. 

BIAUDER  ,,DIAUDER ,  sauter,  joher  :  Ccs  enfans 
ont  bien  biaude  ensemble.  Terme  forme  de  haii- 
d'ir '^  en  vieux  francais,  esbaudir ,  c'est-a-dire 
egayer. 

BICnONNER  (  SE  )  5  s'arranger  avec  soin ,  s'ajuster 
m  avec  pretenlion,  se  mignarder  :  liest  toujours  ä 

sc  bicJionner,  Noiis  disons  aussl,  dans  le  meme 
sens,  se  pouponner. 
*'4-"  BICLE ,  pour  bigle  ;  Lyon,  et  Vaud.  En  patois  de 
la  Franche-Comte  5  hricla^  Gelte -bretony  blcle. 
Cependant  bicle,  comme  bigle ^  nous  parait  for- 
me du  laiin  bloculus,  coutraction  de  bis  oculiis. 

BIEN  :  Du  bien  d'auirui  larpc  courroie.  Le  veri- 
tal^le  texte  de  cefc  adage  est  :  du  cuir  d'autnd 
large  couiToie. 

BIENVEUILLANCE ,  bienveillance. 

Elles  continiient  ä  cultiver  sa  bienveuillance ^  sans  espcrer 
le  retour  de  son  affection. 

(^  Bibliotheque  Britanniquc ,  litterature,  tome  i.) 

Gelte  expression  a  viellii  depiiis  long-temps ; 

on  ne  la  trouve  pas  meme  dans  Richelet.  Vaud. 

BILEUX  :  unc  ßeure  h Ileus c  ^  diles  bilieux,  wie 

Jievrc  BILIEIJSE. 
BILLARD;  nos  ecoliers  donnenl  <;e  nom  a  leuis 
TOUPiES  :  J  \iL  un  hdlard  qui  ronjle  bien. 


-h 


aaJaa» 


GENEVOIS.  39 

BIOLE  :  bahii  de  biole.^  c'esl-a-dire  de  bouleau.  A 
Geiieve ,  on  dit  de  quelqii'un  qui  est  im  peii  fem , 
ü  est  dans  les  bioles  ,*  mot  corrompu  de  nioles^ 
Images.  (Voyez  ce  mot.)  Le  peaple  dit  a  Lyon 
balai  de  bie,  et  a  Paris  balai  de  bouilleau. 

BIRON,  COUYET,  Sorte  de  cliaußerette. 

BISCOIN  5  Sorte  de  brioche  au  safran.  "^ 

riusieurs  allant  querir  des  biscoins  et  gätelels  au  pont 
(rArve,  cn  quo!  on  enriclilt  les  etrangers,  011  peiTnel  a  ceux 
de  la  ville  d'en  faire.  (  En  i5ö8.) 

(  Fragmens  hist.  ei  biogr. ) 

BISCOME,  PAIN  d'epice.  BISCOMIEB,  fabricant  de     -f- 
biscomes;  termes  comius  daiis   loüte  !a  Suisse 
fran^aise. 

BISINGUE  (DE);  c'est-a-dire  de  travers,  de  guin-      — ♦- 
gois  :  Cet  liabil  va  toui  de  bisinguc  j  marcher 
de  bisingue. 

BISQUER ,  PESTER  5  ENRAGER.  Fran9ais  pop.  indiqiie        -^ 
par  Boiste. 

BLA.GUEB,  CRAQUER,  habler.  BLAGUEUR,  FAN-  J^ 
FARON5  vantard  :  Quelle  blaguel  Tais-toi,  bla- 
gueur.  Fran^ais  [.»op.  —  On  voit  au  Port  Louis, 
He  de  France ;,  le  Trou-fanfaron ,  et  la  Tour- 
des-BIagueurs.  Boiste  dit  blagiie  ou  blade ,  poche 
de  peiican  ]30ur  mettre  le  tabac. 

BLESSON  ,  BLESSONIER ,  poire  sauvage ,  poirier     — f-^ 
sauvage.  Ces  termes  sont   aussi  du  patois  de  la 
Franche-Comte. 


40  GLOSSAIRE 

BOBET,  SOT,  NiGAUD.  En  langue  romane,  bobe; 
im  celtiqae  boberia,  sottise;  en  aiiglais  boobj, 
puerilite ,  babiole. 

BOG,  Sorte 'de  petit  crapaud,  rajia  bombina,  sui- 
vaiil  Jurine:  il  estßer  comme  un  boc.  Alteration 
du  vieux  fran^ais  bot  un  crapaud,  mot  qu'on 
retroiive  encore  dans  quelques  pro  vinces  francai- 
ses  et  dans  le  Canton  de  Fribourg ;  a  Metz ,  on  dit 
^tre  bot,  avoir  les  joues  bouffies  de  depii,  et  bot 
en  langue  romane  signilie  une  outre.  Or,  ce  niot 
bot^  crapaud,  vient,  selon  Bullet,  du  celiique 
bolli  eievaiion,parce  que  cet  animals'enfie  beau- 
coup.  Voyez  aussi  Cbampolllon-Figeac  dans  ses 
Reclierches  sur  les  patois  de  Ja  France.  L'italien 
bolla^  un  crapaud,  n'a  pas  d'aulre  origine. 

BOCAN,  BOUC  :  une  odeur  de  bocan. — La  clieurc 
et  son  bocan.  Bocan  est  un  mot  celiique  du 
dialecle  irlandais;  les  Fjretons  disent  boch. 
««Ix      BOCON,  pourBOUCON,  morceau,  bouchee.  Italien, 
bocconc. 

A^       BOETE  a  vieüli;  on  n'ecrit  plus  que  BOiTE. 
BOIS-CARRE,  FUSATN,  bonnet-a-pretre. 
BOrrON  5  ECüRiE,  TOiT  A  cocHONS.  II  SC  dit  par  ex- 

tension  d'un  vilain  appartement.  Vaud. 
COLLÄNT,  se  dit  du  pain  bien  leve,  bien  arrondi. 
BOLLES  ( // mouillees) ,  vases  de  bois  pour  porter 

le  lall  .uir  un  ihie  :  une  pairc  de  bolles ;  terme 


GENEVOIS.  4i 

comiu  dans  nos  Alpes  romanes.  Roman  bouilley 
Sorte  de  Iiotie  pour  la  vendange.  Racine  celtique 
boily  ventre.  Vo}  ez  Bouelle. 

BOLLIOT,   GROS,    TRAPü,  RAMASSE  :  du  romau  .-4~ 

hcuillu,  ventrii.  Voyez  Bouelle.  *t  t^v"  ^ 

BOLONGER,  boulanger. 

BON 5 BONNE : Gelte cliambre  esttres-bonnej  c'est- 
a-dire  que  la  lemperature  en  est  agreable,  qu'il 
}'  fait  bon. 

BONFOND  ,  ETOL'RDI  ,   TAPAGETjR,   LIBERTIN  :  c'cst 

unfameux  bonfond.  RI.  le  professeur  Monnard 
de  Lausanne  '  dil  que  le  mot  bonfond^  ainsi 
que  quelques  autres  de  meme  nature,  semble 
indlquer  chez  le  peuple  vaudois  certain  penchant 
a  rironle.  Ne  pourrions-nous  pas  appliquer  pa- 
reille  Observation  aquelqiies-uns  de  nos  idiotisrnes, 
et  de  la  quantite  de  nos  injures  populaires«,  tirer 
aussi  la  consequence  que  le  Genevois  est  un  peu 
tracassier,  cbicaneur,  ai^enaire  ? 

BONNER.  (  on  prononce  eon-ner  )  ,  comeuger'; 
Bonner  un  tonneau.  — •  Faire  um  bonnure 
{bon-raire^  d  un  tonneau, 

BONNETTE  (une),  un  bonnel :  jna  bonnette  de 
nuit.  Lyon.  —  Bonnetle  est  un  terme  de  fortili- 
calion,  et  bonneltes _,  au  pluriel ,  signifie  certaines 
Voiles  de  vaisseau. 

1  Nomell.  Vaud.  7  mai  1824. 


42  GLOSSAIRE 

BONTABLE  5  obiigeant ,  complaisant ,  deboiinaiie. 
_•—        BORDS ,  bordees  :  Faire  des  hords  sur  le  lac. 

BORiXlCAND,  qui  alavue  tres-basse.  EiiLangued. 

^    ^  bruniquelj  a  Neuchatel ,  bornicle, 

Upk  nUtwT^  BOSSE  ,  FOUDRE,  grand  vase  a  vin.  Ce  mot  vienl , 

/  suivant  Ducange,  du   bas-lalin  hossex.  dont  la 

racine  celiique  est  bos ,  vase,  tbnd.  On  dit  eii 

Anjou,  une  busse.  Neuch.  En  frangais,  bosse  si- 

giiifie  TONNEAU  DESEL.  (Boiste.) 

BOSSETTE,  diminutif  de£)055e  ,•  en  fran^aisjterme 

d'eperoimier. 
\jOT'VW£  :JaireboUet ^  lermed'ecolier  qai  signifie 

s'associer,  prendre  im  interel. 
]>OUBEj  PETIT  BüUViER,  PATRE.  Ell  roman ,  bobeJlii. 
BOÜCAN  ,  TAPAGE,  VACARME  :  ces  cnfaiisfont  un 
boucan  de  mdlei^ie,  BOUCANER,  vexer,  cha- 
GRiNER  :  f<2  me  boucane.  Boiste  Iiidiqiie  ces  deux 
mots  comme  ayant^,  dans  le  frangais  popuiaire, 
les  memes  acceptions  que  cliez  nous. 
BOUCriARD ,  DE ;  qui  a  le  visage  malpi  opre  :  Cet 
enjant  est  toujours  boucliard.  —  //  s'est  toul 
bouchardc.  II  se  dit  aussi  d'un  liomme  de  mau 
vaise  mine  :  C'est  un  bouchard.  Du  roman  bou 
cliai-j  boucliO. hes  bergers  provengauxappeilent 
encore  bouchars  les  moutons  a  niuseau  noir. 
Vaiid.  Dans  le  canbjn  de  Fribourg,   boizard, 
botzarda,  et  se  dit  aussi  d'iin  animal  qci  a  iine 
lache  sur  le  museau. 


I 


GENEVOIS.  43 

TUJUCHERE,  bouloii  sur  les  levres.  A  Lyon,  hou- 
cJiarlc.  Neiicli.  "\  ciiid. 

ROUCIION  (A);  reiiverse,  seiis  dessus  (lessous;ierine 
lyonnais :  liest  tombc ä  bouclioiij  poser  un  vase 
ä  bouchon.  En  laiigue  romaiie,  se  metire  ä  hoii- 
chelon  \  eut  dire  se  reiiverser. 

150UDINS  (des)  ;  dües  DU  boudin. 

BOEEBE,  ENFANT,  PETIT  ENFANT;  terme  introdüil 
a  Geoeve  par  ies  boniies  du  pays  de  Vaud.  11  vient 
de  Tailemaiid  biib  ^  unenfant. 

BOUELLE ,  EOELLE ,  la  panse;  le  ventre,  terme 
emprunte  du  palois  de  la  campagne.  Celiiq. , 
bouellou,  les  intestins;  Roman,  la  boelc ;  et 
eboeller,  eventrer;  aogl.  popul.  bellj ,  le  veri- 
tre;  italieii,  budeUame ,  intestlns,  Iripailie. 

Par  Ics  flans  la  si  porfandu  , 
Que  la  boele  li  chei. 

Et  lor  clievaux  les  eboeltent, 
Et  vifs  de  sor  les  mors  roelent. 

(Christian  be  Tkoie  ,  12.'"^  siecle. )  J^^ 

Dans  les  eaVirons  de  Bex,  dit  le  Comeivalcur  Suisse ,  est 
une  vallee  nommee  Boiilaire ,  ä  cause  d'uu  combat  qui  se 
livra  au  14.™^  siecle,  eiilrc  les  Valaisans  et  les  clloyens 
d'Aigle,  oü  quantite  de  vaches  furent  rbouellccs ,  c'est-a-diro 
(jventrees. 

ROUER  (SEI);  dites  se  crotter.  Boiicr,  en  fsan- 
^ais,  est  un  (erine  de  monilayeur. 


44  GLOSSAIRE 

j  BOÜFFEK,  BRIFER,  manger  en  glouton.  Fran^ais 
pop.  (Boiste.)  De  boußej\  enfler  les  Jones,  et  iion, 
comme  on  l'a  preteiidii,  du  grec  bouphagos^ 
gloüton. 

Roman ,  houßhrd^  grand  mangeur ,  d'oü  nous 
avons  fait  houß'eur^  qui  n'est  point  francais ,  non 
plus  que  boujj'aille  ^  repas,  bombance  ;  Quelle 
boujj'aüle  l 

BOüGlLLON,  MiivRE,  qui  remue  sans  cesse.  On 
dit  a  Lyon  boiigcon.  Cet  eirfant  est  bien  bougil- 
lon  •  il  nejait  que  bougillonner  j  il  m'impatiente 
ai^ec  ses  bougillonnages. 

BOUGNON,  BOUGNETTE,  joli,  gentil,  mi- 
GNON  :  C'est  un  bougnon  d^enfant^  gu'elle  est 
bougnetle! 

BOUIE,  LESSIVE.  En  langue  romane  buie^boueej 
bue]\  lessiver;  en  Italien  bucaia.  La  racine  cel- 
tique  ÄoMsignifie  eau;  d'oü  vient  boue,  etc. 

BOUION5  PETITE  LESSIVE. 

Ä^OUIÄNDIERE,  BUYANDIERE,  blanchisseuse , 
Celle  qui  fait  la  lessive.  Ces  mots  sont  du  vieux 
francais. 

BOÜILLA,  GROSSE  PERCHEj  sorte  de  poisson. 
BOüiLLIT :  Veauboullliij  dites :  l'eau  bout.  Vaud. 
BOUILLOTTE  ,  bouilloire  :  Mettez  chauj/er  la 

bouilloüe.  Lyon. 
BOüLEVARI ,  VACARME  ,  DESORDRE.  Paris,  pop.  La- 


GENEVOIS.  45 

veaux  dit  que  c'est  im  terme  de  marine  qui 
signiiie  grand  bruit,  grand  tumuUe;  d'aiitres 
le  croient  une  corruption  de  oujvarz,  terme  de 
chasse. 

BOÜLl ,  U77  bon  boiili.  Ilcrivez  et  prononcez  bouilli. 

BOULVERSER,  pour  bouleverser.  Bourrit,  Des- 
cript.  des  Alpes ,  ecrit  bouhersement. 

BOURANFLE,  bouffi^  enfle  :  Vous  avez  un  air 
tout  bouravße.  Patois  frib.  borinflio. 

BOURDIFAILLE,  femme  sans  tete,  etourdie: 
C'est  une  vraie  bourdifaille.  Dans  !a  langue  cel- 
tique,  on  trouve  les  mots  bourd^  facetie ,  boiir- 
dal,  folatrer;  de  la  s'est  forme  bourde.  A  Neu- 
chatel ,  on  donne  a  ce  terme  Tacception  de  Ca- 
naille :  Ce  n^est  que  de  Ja  bourdifaille. 

BOURG,  prononcez  bour:  c'est  un  gros  bour ,  et 
non  bourk. 

BOURGUIGNOTE;  alteration  de  bourguignonne^ 
paysanne  du  Jura:  Elle  marchande  conime  une 
bourguignote.  Ce  terme  signifie,  en  fran^ais  ,    ^^ 
un  ancien  casque ,  une  armure  de  tete.  4HHb 

BOURILLON,  NOMBRIL  ,  mot  form.e  du  roman^*^ 
embourigue ,  qui  a  la  meme  signification,  ainsi 
que  boudine^  bouieril.  Les  Languedociens  disent 
aussi  bourillon. 

BOURNEAU,  fontaine  publique  :  Le  bourneau  du 
Molard;  les  bourneaux  soni  arreies.  Bourneau 


m 

^■^n 


U-. 


4(j  GLOSSAIFvE 

est  eiicore  uiie  teriiie  roman  qiii  signifie  tuyau, 
raiml.  Provenyal ,  hourneou ; bas-latiii ,  hoimalia , 
hornclli^  foiitalnes  piibliques.  Ce  lerme  est  em- 
ploye  tlans  nos  Pvegistres  du  1 5  ™^  siede.  A  Cham- 
bery,  une  fontaine  construite  en  iG^o,  porte 
encore  le  iiom  de  Bourneau-Rai^ler;  et  enfin, 
bornu,  chez  nos  paysaiis,  signifie  perce  ^  fore, 

.  creux :  uii  bäton ,  un  arbre  bornii.  Neuch.  et  Frilj. 
Racine  celLique,  born  fontaine,  puits,  mot  que 
la  iangue  allemande  a  conserve  dans  son  inte- 
grite.  La  Borne  ^  la  Borgne^  rivieres  du  Fauci- 
gny  et  du  Valais,  doivent  deriv  er  de  ce  terme 
primitif. 

BOURIlEiVUDER,  TOURMENTER,  faire  souiii-ir  :  Ne 
bourreaudez  pas  ce  paiwre  anlmal.  Ce  verbe  ne 
se  trouve  dans  aucundicLionnaire  fran^ais.  Bour- 
reler  n'est  d'usage  qu'au  figure. 

ROUSIN,  lleu  de  niauvaise  vie.  Ce  mot,  en  fran- 
^ais,  signifie  la  surface  lendre  des  pierres  de 
taille.  En  venitien  busiaro,  libertin. 
OUTE-ROUE,  BORNE.  En  Savoie,  cJiasse-roue. 

BOVAIRON,  PETIT  BOUVTER  :  //  mange  commeun 
boi'ciiron. 

BRAILLEES  5  cris,  paroles  prononcees  en  braiilant  : 
II  ni'essourdclle  ai^ec  ses  braillees, 

RR  AND,  BRANT,  teile  soufree  pour  les  vins  :  Ce 
vin  a  un  goüt  de  brand ^  brander  du  vin,  le  sou- 
frer.  Allem. ,  Z'ra7i(;?embrasemenl.  Neucb.  Yaud. 


GENEVOIS.  Z,^ 

BRANDE ,  grand  vase  tie  bois  en  forme  de  liotle. 
J)ii  latin  barbaro  hrenla  j)Our  herenla^  vase  a 
viii.  Ital.,  brentä.  Allem.,  hrenlc^  baqiiet.  Dans 
quelques  endroits  du  Canton  de  Vaud,  on  dit 
aussi  brente,  Racine  celtique,  brennid^  creux, 
cavite. 

BRANDEE,  le  contenu  d'une  brande  :  Apfortez- 
moi  une  brandee  d'eau. 

BRANDEN AILLE  5  perche  d'environ  un  quart  de 
livre. 

BRANLETTES  (DES),  tiges  de  ciboules.  Patois 
fribourgeois. 

Li  cre  peccauji  de  vany, 
Del  freye ,  dei  tzerdon  bcni, 
Dci  tzinquille  e  dei  hrenlettc 
Tot  araon  schu  stau  rolzette  , 
A  Moleson  ,  ä  Molcson.  ' 

BRANQUER,  braqueriZc^  canons  etaierd  brau- 

ques Vaud. 

BRASSE ,  teniiG  de  natation ;  on  peut  le  traduire 

par  brassee. 

II  eut  une  peine  extreme  ä  faire  5  ou  6  brassees  pour  at- 
traper  la  cliaine  du  port,  etc. 

{Biogr,  des  Cont.  Art.,  Orleans  D.  de  Montp.) 

Boiste  dit  brassee,  contenu  entre  les  deux  bras. 

1  Coraula  du  Moleson,  c'est-ä-dire  ronde  du  Moleson ,  mon- 
lagne  du  Canton  de  Fribourg.  Du  celto-breton  corol ,  coroll 
danse  en  rond  ;  de  la  le  vieux  francais  carole ;  l'anglais  caroll, 
et  ritalien  carola. 


4S  GLOSSAIRE 

BRASSEE  :  se  hattre  d  la  brassee,  c'est-ä-dire 

LUTTER. 

BRASSER  :  hrassez  les  cartes,  c'est-a-dire  m^lez 

les  cartes. 
BRAVET,  BRAVETTE,  joli,  gentil,  bien  mis. 

Qu'elle  est  bravette!  Diminutif  de  brätle,  qui est 

fran9ais  dans  cette  acception  : 

J'ai  loue  cet  hablt  pour  paraitre  un  peu  brave, 

(EsoPE  a  la  cour.") 

Le  substanlif  brauerie  est  empioye  dans  ce  sens 
par  Moliere. 

«  Pour  moi,  je  ticns  que  la  hraverie,  que  l'ajustement  est 
la  chose  qui  rejouit  le  plus  les  filles.  » 

(  Atnour  Mcclecin. ) 

BRECAILLON, Soldat  de  l'ancienne  milice,  et  par 
extension,  soldat  mal  equipe.  A  Paris,  bisct^  du 
nom  d'une  espece  de  pigeon. 

BREDOÜlLLEp  dites  bredouilleuRjBredouilleuse: 
c'est  une  bredoidlle.  En  francais ,  terme  de  jeu. 

BREGANTIN,  pour  brigantin,  sorle  de  barque. 

BREGONNER,  remuer,  faire  du  bruit  :/>  Vai  en- 
tendu  bregonner  tonte  la  jjiätj  et,  en  parlant 
d'une  servante  qui  se  doiine  beaucoup  de  mou- 
vement  :  c'est  im  bon  bregon.  Ces  termes  nous 
viennent  indubitablement  du  roman  brego^ 
bruit;  brega^  rixe. 

Un  brego ,  dans  le  patois  du  pays  de  Vaud  et 
du  Gantende  Fribourg,  signifie  encore  un  rouety 


GENEVOIS.  49 

et  Ton y  dit  d'un  chat  quij?/e :  ilmene  son  brego , 
bregue. 

E.  Bertrand,  dans  ses  Recherches  sur  les  lan- 
gues  de  la  Sidsse ,  indique  brego ^  aimri.,  iacoii  ^ 
rvagni^  benaita^  etc.,  sans  poiivoir  delermiiier 
l'origne  de  ces  expressions ;  ilparait  qiie  ce  savaiit 
s'etait  peu  occiipe  des  deux  langues  aiiciennes 
qiü  fournissent  taut  de  raciiies  ä  iios  idiotismes. 

BPiEGOLET ,  machine  a  roulettes  pour  appreiidre 
aux  enfans  a  marclier ;  meme  orighie  que  le 
mot  precedent,  a  cause  du  bruitque  le  Bregolci 
fait  eil  roulant, 

BREGOSSER,  (on  prononce  bregausser)  tkacasser, 
RANGER,  NETTOYER  dans  la  maisou  :  eile  ainie  d 
bregosser.  11  vient  aussi  de  brego. 

BRELAIRE,  etourdi,  leger  :  II  oublie  ioiit^  c\sl 
une  tele  de  brelaire.  Celtique  brella  ^  iroubler , 
mettre  en  desordre. 

BRELANCHER,  yaciller,  brani.er,  locher  :  Ce 
manche,  ce  pe'clet  brelanche.^   Cet  homme  mar- 


1  Eu  Dauphine  ,  brandre  : 

Filii  que  landre, 
Tabla  que  brandre. 
Et  fenno  que  parlo  latin  , 
Ne  faron  jamo  boniia  fin 
C'ost-a-dire,  Fillo  qui  couit. 
Table  qui  \acille, 
Et  femme  qui  park-  latin  , 
Nc  fcront  jamais  bonne  fin, 


5o  GLOSSAIRE 

che  en  se  brelanchant.  Celt.  brellein,  pencher.  ' 
BRELAUDES ,  lambeaux  :  Cet  hahits'en va  iout  en 

hrelaudes, 
BRELINGUE,  mauvaise  voiture  :  en  francais  ber- 

LiNGOT,  BRELiNGOT,  espece  de  demi-berline. 
BRELURIN,  ETOURDi,  tapageur.  Voyez  Brelaire 

pour  l'elymologie. 
BRESOLER,  RRISOLER,  rissoler,  Rütir  :  des 

chdtaignes  hrisolees.  Nous  disons  aüssi  au  figure : 

II  en  bresole  d'eni^ie  ,  c'est-a-dire  ü  en  SECHE,  il 

en  MEURT  d'eni>ie.  Vaud.  Neuch. 
Bretagne,  breton,  BREVETjSupprimezraccentaigu. 
BRETANTAINE  :  Cowir  la  bretantaine -,   diles  : 

PRETANTAINE. 

BRETILLANT  se  dit  du  pain  ^  de  la  patisserle 

dont  la  croüte  est  bien  cuite ,  ferme  et  friable. 

A  Paris,  le  peuple  dit  croustillanU 
BRETIN TAILLE;  pour  pretintaille. 
BRIFER,  GATER,  USER  :  Son  habit  estdejä  brife;  tu 

es  un  brife-iout.  En  francais ,  ce  mot  a  le  sens  de 

de  Hianger  avec  avidite. 
BRINER,  BRUIRE,  RESONNER  :  Ilme  semble  guej'ai 

entendu  briner  quelque  chose. 
BRINGUE  :  meltre  en  bringue^  casser,  briser. 

Franc;.  |iop. 

I  La  terminaison   celto-bretonne  ein,   est  du  dialecte  de 
Vannes. 


GIlNEVOIS.  5i 

Ma  pipe,  dit-il,  est  cassee; 

Ma  pipe  est  en  bringue ,  mille  guieux. 

(Yade,  poeme  de  la  Pipe  cassee.) 

Gatlel  et  de  Wailly  disent  bringue,  cheval  de 

mauvaise  mise  :  c'est  une  bringue. 
BRIONNER,   EMiETTER  :  Brionner  son  pain  j  du 

pain  iout  brionne. 
BRIQUE ,  PiECE ,  MORCEAU  :  Ma  toupine  est  en  bri- 

gues  j  il  n'en  est  pas  reste  wie  brique. 

Or  n'ay-je  trouve  aucun  temoignage  de  cecy,  fors  certalns 
vers  au  derriere  d'un  livre  qui  portait  lenom  de  Frontonius, 
en  ses  fragmens,  que  nous  pouvons  appeler  biicques. 

(BONKIVARD.  ) 

ERISCxVMBILLE,  pour  bruscambillEj  jeiidecartes. 
Vade  dit  la  Biscambille. 

BRISE ,  MiETTE  :  des  brises  de  pain.  Langued. 
brisasj  ilal.  brlcia.  Brise,  brique ,  bringue ^  d^- 
rivent  probablement  du  celtique  brix ,  rupture; 
de  la,  l'anglais  break,  et  Tallemand  brechen, 
ainsi  que  plusieurs  mots  fran^ais.  Les  helle'- 
nistes  prefereront  le  verbe  grec  brithö,  futur 
brisö, 

BRISSELET ,  sorte  de  gaufre  plate.  Vaud. 

BROCHE  DE  BAS,  aiguille. 

BROTER ,  ecrire  vite  et  mal,  brocher  :  //  a  broie 
sa  täche.  Comme  c^est  broie! 


52  GLOSSAIRE 

BROÜHARj  dites  brouhaha. 

BROUSTOÜ,  soite  de  gilet.  Ce  terme  vient  des 

niüls  allemands  brüst  poitrine,  et  tuch  drap, 

(drap  de  pbitriiie.) 
BRIjCIION,  brin  de  paille,  de  bois,  etc. ;  II  rufest 

cntrc  un  hruclwn  dans  Vccil. 
BRUGiN  OLE ,  pour  brignole  ,  prunes  de  Brignole. 
BRULE  :  il  sent  le  hrüle  ^  dites  :  il  sent  le  briile. 
BRUN AULIEU  :  capitan  ,  fanf.aron  :  Tufais  hien 

le  petit  BTunaulieu.  Expression  nee  du  nom  d'un 

chef  savoyardj  au  17."^^  siede;  comme  en  fran- 

^ais  rodomont ,  vient  du  Rodonionie  de  l'Arioste. 
BUCHE  DE  PAILLE,  brin  de  paille.  Locution 

franc-comtoise  et  lyonnaise.  Tirer  ä  la  coiirte 

buche;  dites  :  A  LA  courte  paille. 
BÜCHER  (SE),  SE  BATTRE  :  ils  se  sontbien  büclies. 

Boiste  dit  hücJier,  tailler ^  badier  en  pieces.  Forme 

du  latin  barbare  boscare ,  ou  du  roman  büclier^ 

abattre  du  bois. 
BUCHETTE ,  pour  brochette  :  Eleiter  un  oiseauä 

la  biichelte.  Vaud. 
BUCHILLE,  BUCHLLLON  :  copeau,  buchette  : 

Meitre  le  vin  sur  les  bucliillcs,  Ramassez  ces 

büchillons ,  du  roman   bücliaillc.  Un  diapeau 

de  büchilles;  on  dil  a  Paris,  un  chapeau  de  BOis. 

Vaud.,  Neuch.  et  Frib. 
BUGNET,  BUGNON,  BIGNET;  dites  beignet  : 


GJ^NEVOIS.  53 

des  hh'gnons  aux  pommes.  En  langue  romane , 
bngne  ,biignie^  higne  signifient  enflure,  bosse,  et 
l'on  appelle,  auPays  de  \ü\iAjbougne,  une  bosse 
au  front.  A  Lyon ,  hugne  est  une  sorte  de  pate  h. 
l'huile,  Proven^aly  bougnetto  beignet.  Vaud.  et 
Neuch.  * 

BUMAN,  BUMENT,  engrais,  fumier.  EMBUMEN- 
TEI\  un  pre,  le  fumer.  Du  celtique  bu  vacbe ,  et 
man  gras,  graisse,  engrais.  Vaud.  et  Neuch. 

BUT  5  BUTTE  :  etre  en  but  ä  la  calomnic, 

Serre  de  pres,  en  but  ä  lous  les  tralts,  le  vieux  guerrier 
etc.  {.Bibl,  Univ.) 

I  A  LyoQ,  le  Dimanche  des  hugnes  est  celui  qui  suit  le  Mardi 
gras. 


54  GLOSSAIRE 


C. 


CiABINOTlER,  ouYRiER  horloger.  Ce  inot  se 
prend  en  mauvaise  part :  C'est  un  pauure  cabino- 
iier, 

CABOLER  :  J^ai  cabole  ma  montre  en  la  laissanl 
iomberj  du  roman  cabouler^  a  Lyon  et  a  Lau- 
sanne, cabosser.  Le  mot  fran^ais  est  bossuer. 
BOSSELER  ne  vaudrait  rien,  parce  qu'il  se  ditseu- 
lement  du  travail  en  bosse  de  Torferre. 

CABOSSE,  pour  caboche,  tete  :  Cest  une  bonne 
cabosse, 

CABUSSE  ,  LAITUE  POMÄiEE.  L' Academic  veut  que 
cabus  ne  soit  qu'un  adjectif  masculin,  et  quon 
n'en  fasse  usage  qu'en  parlant  des  choux,  II 
vient  du  latin  capiiaius  :  capitati  caules,  choux 
pommes.  (Peine.) 

C ACABO  5  PATE  ,  TACHE  D'ENCRE. 

CACAPHONIE ,  CACOPHONIE.  Cette  faute  se  falt  aussi 

a  Lyon  et  ä  Paris. 
CACHEMAILLE,  CACHEMILLE;  une  tirelire. 

Lyon  et  Neuch. 
CACIBiHAlLLE ;  Canaille  ,  mechantes  racks.  Ne 


GENEVOIS.  55 

rojez  pas  ces  gens-lä ,  ce  n  'est  que  de  la  caci- 
hrailJc. 
C ADENATEPi ,  poiir  cadenasser.  Ce  barbarisme 
vient  de  ce  que,  tres-anciennement,  on  ecrivait 
cadenat  au  lieu  de  cadenas  ;  mais,  deja  La  Fon- 
taine dit  correctement  : 

La  chambre  ,  bien  cadenassee, 
Permettait  de  laisser  l'argent  sur  le  comptoir. 

CADRACTURE ;  dites  cadrature  :  terme  d'horlo- 

gerie. 
CADRACTÜRIER,  faiseur  de  cadrature. 
CAFIOT,  CAFIOTE;  nabot,  nabote  :  C'est  un 

paupre  petU  cafiot. 
CAFORNET,  CAFOÜRNET  -.faire  le  caforneU 

C'est  ce  qu  a  Paris  le  peuple  nomme  faire  cha- 

PELLE.  En  Provence,  cafourno  signifie  un  petit 

cabinet  sombre ;  encafournar,  caclier  dans  un 

lieu  secret.  Racine  celtique,  caf,  creux,  cavite. 
CAGNE,  CACHE  :  J'ai  troiwe  une  banne  cagne.  En 

langue  romane  ,  cogne  veut  dire  coin,   enco- 

gnnre. 
CA-HAUT ,  CA-RAS  ,  pour  la-haut  ,  la-bas.  Lyon. 
CAHOTEMElNT  ;  caiiotage,   mouvement  cause 

par  des  cabots. 
CALAMANDRE  ,  pour  calamande.  Lyon. 
CALAMAR ,  GALAiNLVR ;  ecritoire  ,  etui  a  met- 

tre  des  plumes.  Vieux  tran^ais ,  calemar,  cal- 


r.6  GLOSSAIRK 

7narj  Menage  AM  gahjyiar  j  Rabelais, ^ß/j>/?fzr/. 

Latin ,  calamus  ,*  ilalien ,  calamajo, 
CALEMBOURDAINE,  calembredaine  :  //  bat  la 

calembo'urdaine. 
CALIN;  Boiste,  Gattel  et  l'Academie  ne  donnent 

a  ce  terme  que  Facception  de  niais,  d'iNDOLENT. 

Nous  remplo}'ons  dans  le  sens  de  soumis,  lium- 

ble  5  rampant ;  ei  caler  ,  forme  du  grec  chalan , 

Mcher,  se  dit  bien  en  fran^ais,  pour  baisser  de 

ton ,  se  soiimettre. 
CALVINE  5  pour  calyille  ,  pomnie  calville.  On  dIt 

a.  Lyon  caiville.  Vaud. 
CAMAMILE,  CAMOraiLE;  dites  camomille,  en 

mouillant  les  //.  Vaud. 
CAMELAURI;  jeu  d'ecoliers. 
CAMELOTTE ,  contrebande  -.faire  la  camelotle. 

Lyon.  Enfrancais5<:a7we/o//e,  mauyais  ouvRAGE ; 

ä  la  cameloUe ,  mal  fait ,  mal  execute. 
CAMPE ,  ETRE  EN  CA^IPE ,  i?:tre  sur  pied,  courir 

<;:a  et  la  :  //  m  ''a  Jallu  elre  en  campe  ioute  la 

nuit, 
CAMPENE;  aiault,  psciido-narclssus ,  plante. 
CAMÜE,  pour  CAMUSE,  feminin  de  camus  :  Une 

certaine  pctlte  camue. 
CANFARER,  bruler,  enflammer  :  Ces  cpices  m  'ont 

canjare  la  bouche.  Ce  verbe  vient  des  mots  la- 

iins  calidurn  ferrum. 


GENEVOIS.  57 

Si  inculpatio  sit ,  et  sc  purgare  velit ,  eat  adferrmn  ca- 
tidum,  et  adlegiet  maniun  ad  canfaram,  quod  non  falsiun 
fecit, 

[Chronique  anglaise  du  mojen  dge,  citee  par  Üü  Cangk.) 

CANIULE,  pour  canule. 

CANOTER5  pour  CANETER  :  marcher  en  canetant, 
c'est-a-dire,  en  se  balanyant  comme  une  oane^  et 
n'ecrivez  pas  canne  comme  s'il  s'agissait  d'un 
baton. 

CANTINE,  DAME-JEANNE  :  ce  terme  ne  doit  s'em- 
ployer  qu'en  parlant  du  lieii  oü  l'on  vend  le  viii , 
et  d'un  cofFre  ä  mettre  les  bouteilles. 

CAOUER  (SE),  SE  SALiR,  se  crotter  :  Nous  nous 
soimnes  hien  caoiies  par  ce  cliemln» 

CAPE;  Uli  canari  capej  diies  iiüppe;  une  alouette 

HUPPEE. 

«  II  retrouve  ses  olseaux  dans  son  sommell;  lui-merae  il 
est  oiseau ,  il  est  huppe ^  il  gazouille,  il  perche,  il  reve  la  nuit 
qu'il  mue  ou  qu'il  couve.  »  (La  Bruyere.) 

CAPITE,  bureau  de  la  gabelle  :  la  Cdpite  de  Ve- 

senaz.  En  latin,  capitatio  taxe. 
CAPOTE  ;  Elle  s^en  estallee  hien  capoie.  II  faut 

dire  capot,  meme  en  parlant  d'une  femme. 
CAPOTISER,  nest  pas   fran^ais  :  Cette  nowellc 

rn^a  /out  capoüse  ^  diies :  m'a  rendu  toui  capot. 
CAQUEGRAISSE;  avare,  taquin. 
CAIIAMELLE  (UNE)  -.des  caramclles  d  ['orange; 

il  faut  dire  du  carai^iel. 


58  GLOSSAIRE 

CARCx\GNOU ;  petite  armoire  a  l'extremite  d'un 
bateau ,  d'iine  barque ,  et  aiissi  dans  iine  cuisine. 
Racitie  celtique,  carc,  renfermer,  cacher,  et 
carchar,  carcair,  prison.  '  Carcelier ,  en  vieux 
fran9ais,  signifie  geolier. 

CARCASSE ;  SABOT ,  sorte  de  toupie  qu'on  fait  toui-- 
ner  avec  un  fouet. 

GARNIER  (UN);  une  carnassiere  :  II  est  parti 
pour  la  chasse  ai>ec  son  fusil  et  son  carnier. 
Lyon,  Vaiid.  Boiste  indique  ce  terme,  mais  oii 
ne  le  trouve  ni  dans  l'Academie  ni  dans  Gattel. 

CARPIERE;  s'il  s'agit  d'un  etang  qui  fait  l'orne- 
ment  d'un  jardin,  le  mot  propre  est  piece  d'eau. 
Lne  carpiere  (Boiste),  im  carpier  (Gattel),  se 
disent  d'un  lieu  propre  a  nourrir  des  carpes , 
d'un  alvier. 

CARQUET  :  Sonner  le  carquet  se  dit  du  son  que 
rend  un  vase  f^le  :  Ce  pol  estfenda^  il  sonne  Ic 
carquet.  Ce  mot  vient  peut-etre  du  grec  kar- 
kaVro,  resonner,  retentir. 

I  Un  laliniste  dira  que  ces  inols  doivent  deriver  du  laiin 
carccr ,  mais  il  est  une  regle  dans  la  recherche  de  ces  sorles 
d'origines  :  c'est  que  si  un  mot  se  trouve  usilc  dans  deux  ou 
trois  dialectes  du  celtique,  et  dans  Ic  latin,  on  devra  l'attribuer 
ä  cette  premlere  langue.  Or,  carchar  est  breton  ,  carcair  irlan- 
dais,  eicarccla  basque,  cn  admettant  que  ce  dernier  idiome  ap- 
partienne  au  celtique. 


GENEVOIS.  59 

CARQÜILLON,  espece  de  charan^on  qui  ronge 
les  graines ;  du  latin  curculio ,  qui  signifie  cha- 
rancon,  et  au  figure,  parasite. 

Populatque  ingentem  farris  acervum 

Curculio. 

[Georgiques.  IIb.  I.) 

On  dit  en  Italien  gorgoglione  j  au  canton  de 
Vaud,  ^or^o//o7z. 
CARPtE ;  ONDEE ,  AVERSE.  Carve ,  en  frangais ,  est 

un  terme  de  chapelier.  Vaud,  Neuch. 
CARREAU  DE  JARDIN;  vieux  fran9ais.  On  dit 
aujourd'hui  CARRE. 

Partout  sont  les  carreaux. 

Et  les  comparlimens  renverses  par  les  eaux. 

{Les  Plaisirs  des  champs ,  poeme  en  4  Ch.,  par 
Claude  Gauchet,  i6.ni«  siede.) 
Adieu  planches,  carreaux , 
Adieu  Chicoree  et  porreaux  ! 

(La  Fontaine.) 

Cx\RRIOLER  (SE),  aller,  se  faire  trainer  en  voi- 

ture. 
CARRON;  CARREAU,  BRlQUE.  Latin  barbare,   ca- 

roniy  briques.  Voyez  les  registres  du  Conseil  au 

quinzieme  siecle. 
CARROrsNE;  pour  carrele   :  une  chambre  car- 

ronnee.  Ce  terme  est  de  la  langue  romane.  Vaud, 

Neuch. 
CASSE ;  POÄLE  A  frire  :  des  ceufs  ä  la  casse.  Ce 

terme  roman,  qui  est  encore  en  usage  a  Lyon  et 


6o  GLOSSAIRE 

dans  quelques  provinces,  vient  du  latln  barbare 

cassa^  racine  celtique,  cacz.  Gasse  est  fran^ais 

dans  le  sens  de  vase ,  bassin ,  ä  l'usage  de  certains 

artisäns.  Neuch. 
C  ASSES ;  lesyeux  casses,  II  faut  dire  battus.  Vaud. 
CÄSSE-MÜSEAU;  suivant  Gattel,  sorte  de  patls- 

serie  molle  et  creuse ;  mais  nous  le  disons  seu- 

lement  d'une  sorte  de  niassepain  tres-dur. ' 
CASSETTE5  CASSEROLLE  pour  cuire  le  lait;  CAS- 

SETTE  ne  peut  s'employer  en  fran9ais  que  comme 

diminutif  de  CAISSE. 
C ASSIN ;  EKiMOSE,  en  terme  de  Fart :  le  cassin  est 

forme, 
CASSOTON,  poitLON. 
CASTAGNETTES.  Ce  que  nos  ecoliers  appelient 

ainsi ,  ne  sont  que  des  cliquettes. 
CASTONADE;  ce  terme  est  du  vieux  fran^ais;  on 

ne  dit  plus  que  cassonade. 
CATAPL AME ,  pour  cataplasme  ,  suivant  Bolste , 

Gattel  et  rAcademie;  cependant,  le  DicL  gram. 

de  la  langue  fran^aise  veut  cataplaime. 
CATECillME;  diies  catechisme. 

I  Massepain ,  suivant  quelques  latlnistcs,  tlerivc  de  Mani 
panus ,  parcc  que  Marcus  Appicius  en  fut  rinvcnteur  ;  ilallen  , 
inarzapanc.  On  Irouve  cette  elyraologie  assez  spccicuse;  ce- 
pendant/^rrt///?e  vient  d'titi  noin  propre  :  le  cuisinicr  du  mare- 
clial  Du  Plessis-Pralin  iiivcnta  ce  bonbon. 


GENEVOIS.  6i 

CATELLE  :  un  fourneau  de  catelles ;  dltes  lin 
POELE  DE  BRIQUES.  Neuch.  Raciiie  celtique,  catt 
Fragment,  morceau;  nous  ne partageons  donc pas 
l'avis  de  M.  Guillebert  de  Neuchätel ,  qui  derive 
catelle  de  lallemand  kachel^oi^  po^Ie  de  terre, 
carreau. 

CATELLE,  terme  rural,  la  poulle  et  la  corde 
dont  on  se  sert  dans  les  graiiges  pour  elever  Ics 
gerbes. — CATELLER,  inouter  avec  la  catelle, 
Peut-etre  du  latin  catellce  pour  catenulce  petites 
cbaiiies. 

CATOLION,  GRUMEAU,  CkiLLOT :  des  catoUons  de 
sangj  ceite  soupe  esten  catolions.  Pour  caiolion^ 
on  dit  a  Lyon  catoiiy  et  s^encatonner  pour  se 

GRUMELER. 

CATTE,  BOUCLE,  MECHE  de  cbeveux  :  Je  consen^c 
une  caite  de  ses  chepeux.  On  lui  a  tlre  les  caties, 
Un  belleniste  derive  ce  mot  de  chaite,  clieveUire , 
mais  nous  le  croyons  forme ,  ainsi  que  catelle  et 
catolion,  du  celtique  Cß//;,  fragment,  morceau. 

CAUSE  (A),  POURQUOi  ;  Je  ny  i^eux  pas  aller. — • 
^  cause  ?  L'Academie  dit  cependant  ä  cause  que 

pour  PARCE  QUE. 

C  AUSER  A  QUELQU'UN;  dites  causer  ayec  quel- 

QU'UN. 

C  AUSETTE  -.faire  la  causettej  c'est-ä-dire  babiller, 

DEVISER  j  JASER. 

% 


62  GLOSSAIRE 

CAUSTI,  CAUTtRE.  Ell  roman,  cousiic.  Vaud. 

CAVAGNE ,  grande  corbellle  carree  qui  se  fabri- 
que  dans  le  Jura ,  et  dont  on  se  sert  pour  embal- 
1er  :  ime  paire  de  cai^agnes  j  mot  forme  de 
l'italien  cai^'agna,  corbellle. 

CAVALAIRE  (A) ,  a  califourchon. 

CAVILLE,  soTTiSE,  FOLIE.  Ce  terme,  connu  en 
France,  vient  probablement  de  cat^illaUo,  ca- 
vilia.  Quintilien  dit :  cai^illationes  juris,  les  faux- 
fuyans  de  la  cliicane,  d'ou  est  forme  le  mot  fran- 
9ais  cai^illation,  subtilite ,  derision. 

CAYER,  ecrivez  cahier. 

CELUI,  CEUX;  De  ces  deux  journaux ,  celui  re- 
dige par  N.  nie  parait  le  meilleur. 

Ceux  (les  etendards)  conquis  par  Philippe  aux  plaines  de 

Bovines. 

(La  Martine.) 

Cet  emploi  vicieux  du  pronom  et  de  l'adjectif, 
dit  la  Reuue  encyclop,  a  foccasion  de  ce  vers,  est 
une  faute  grossiere ,  quoique  fort  a  la  mode  au- 
jourd'lmi. 
CENT  :  deiix  centfrancs^  ecrivez  :  deux  cents 
francs.  Cet  adjecÜf  cardinal  doit  preiidre  la  mar- 
que  du  pluriel,  lorsqu'il  est  precede  d'un  ou  de 
plusieurs  nombres ,  et  suivi  d'un  substantif.  II  en 
est  de  meme  a  l'egard  de  vingt :  quatre-vijigts 
hornmes  y  quatre-i^ingts  livres. 


GENEVOIS.  63 

CENTIME  (UNE);7>  n^en  donnerais  pas  nne  Cen- 
time. Ce  mot  est  du  genre  masculin ,  ainsi  que 

DECIME. 

CERUSE,  pour  ceruse.  CRE MAILLERE ,  pour 

CREMAILLERE. 

CERVELAS,  TÄTE  MARBREE;  le  CERVELAS  est  une 

Sorte  de  petit  saucisson. 
CEST,  pour  CE  sont  :  c^est  les  Iwres  que  vous  de- 

mandez.  C^est  eux  qui  Vont  roz^/w.Boiste  dit  ce- 

pendant  que,  dans  le  discours  ordinaire^  c^est 

eux  peut  s'excuser. 
CETUI-CI,  CETUI-LA,  CETTE-CI,  etc.,  pour 

CELUi-ci  5  CELUi-LA ,  CELLE-ci ,  etc.  Ces  tcrmes  sont 

du  vieux  francais. 

A.ntisthenes  le  Stoicien,  estant  fort  malade  ,  et  s'escriant : 

Qui  me  delivrera  de  ces  maulx  ?  Diogenes,  qui  l'estait  venu 

\eoir  luy  presentant  un  couteau  :  Cettuyci ,  si  tu  veulx  ,  bien- 

tost.  Je  ne  dis   pas  de  la  vie,   repliqua-t-il ,  je   dis   des 

maulx. 

(Montaigne.) 

Mais  parmy  ses  humeurs ,  il  avoit  cette-cy. ... 

(Montaigne.) 

De  ce««jrpreux  maints  grands  Clercs  ont  ecrit 
Qu'oncques  dangier  n'estonna  son  courage. 

{Ancien  rondeau  citepar  La  Bruyere,) 

CIIx\CHO,  espece  de  galette.  Nous  disons  au  figure 
d'un  enfant  mou  et  paresseux  :  Cest  un  vrai 
chdchö» 


64  GLOSSAIRE 

CHACHOLER,  gdler  im  eiifant :  F'a  te  faire  chd- 
cJioler  vers  la  incre, 

CHADE,  terme  d'ecolier,  employt»  dans  le  sens  de 
ferme,plquant,  vigoureusement :  allons ,  chadel 
f^oici  un  agodtion  qui  est  chade.  Corruption  de 
sadcy  ancien  mot  qui  signifiait  le  contraire  de 
maus s ade,  et  qu'on  aurait  du  conserver. 

Aussl  je  les  compare  ä  ces  femmes  jolies, 
Qui  gentes  eii  habits,  et  sades  en  facons. . .  . 
(Recnier,  Sat.  a  Rapin.) 

Sadetie  en  laugue  romane  se  disait  d'une 
jeune  fille  gentille  et  piquante;  et  sade ,  säte, 
dans  certaines  parties  du  midi  de  la  France, 
conserve  encore  a  peu  pres  la  meme  siguifica- 
tion. 

CHAFOUILLER,  manger  salement  et  sans  ap- 
petit.  Le  mot  fran9ais  est  pignocher,  dont  ou 
fait  a  Lyon  pillocher,  a  Lausanne  pichogner,  a 
Neucliatel  pechonner. 

CHAIRCÜITIER ,  CHAIRCÜTIER  ont  vieilli;  Ion 
ne  dit  plus  que  CHARCUTIER. 

CH ALANCES;  ecrivez  et  prononcez  Salanches  ou 
Sallenches  5  viile  du  Faucigny.  Le  ch  se  trans- 
forme  souvent  en  ^  dans  la  bouche  du  peuple, 
covamedesaiger,  pouruECH arger;  serclier,  pour 
chercher;  le  sangc,  pour  le  change,  etc.  Re- 
marquezque  sarchcr  ^(i\vc  ciiercher,  est  une  ex- 
})ression  romane. 


GENEVOIS.  C5 

CHALENDE,  Noel,  cheznos  paysans.  Le  j^euple 
eil  fait  un  personiiage  : 

Chalende  est  venu; 
Son  bonnet  pointu , 
Sa  barbe  de  paille,  etc. 

Du  latiii  calendcc,  les  caiendes ,  le  premier 
jour  de  chaqiie  mois  chez  les  Romains.  ' 
C1L\LET.  Les  lexicographes  et  les  poeies  modernes 
oiit  recueilli  ce  mot,  qui  n'est  pas  encore  con- 
sacre  par  rAcademie  (1798);  mais  ils  ecrivent 
chdlet ^  quoique  J.  J.Rousseau  recommande  de 
faire  \'a  bref,  et  que  ce  soit  ainsi  qu'on  le  pro- 
nonce  generalement  dans  la  Suisse  frangaise. 
Vieux  pasteur  du  Chalet ,  viens  sous  ce  tolt  charapetre, 
Me  verser  un  lait  pur  dans  la  coupe  de  lielre. 
(Chf.nedolle.) 

Et  du  chalt't  les  moeurs  hospitalieres,  .  . 
(Campf.non.) 
Ces  agrestes  chälets  dont  l'amour  et  l'etude 
Embellissaient  pour  moi  l'austere  solitude. 
(JüLLIEN,  ^e  Pßrw.) 

I  En  Dauphlne ,  l'on  donne  le  nom  de  Chalendal  ä  une 
grosse  buche  que  l'on  met  au  feu  la  vellle  de  Noel;  (c'est  ce  que 
nous  appelons  la  tionche.')  Quand  ce  Chalendal  est  place  dans 
le  foycr ,  on  le  baptise  en  y  jetant  un  verre  de  vin  et  en  faisant 
le  signe  de  la  croix.  Des  ce  moment  la  buche  devient  sacree,  et 
l'on  nc  peut  s'asseoir  dessus  sans  risquer  d'en  etre  puni  au  moins 
par  la  gale. 

(Chasipollion-Ficfac  ,  Rech,  sur  les patois  de  la  France.) 

f 
o 


66  GLOSSATRE 

L'origine  celllque  du  mot  clialet  n'est  pas  doii- 
teiise  :  cha  i  chal,  dans  cette  langue,  signifiaient 
liabitation  (i).  Nous  n'adopterons  donc  pas  l'o- 
piiilon  de  Coiirt  de  Gebelin,  qui  le  derive  du  grec 
Chalube,  hutte ,  maisonnette.  Le  nom  de  chaix, 
quo  Marseille  et  Bordeaux  donnent  aux  bati- 
mens  qui renferment  les  vins  du  commerce,  sort 
probablement  de  la  meme  racine.  (Voyez  nos 
Observations  sur  les  noms  de  lieux.)  Bullet  en 
derive  aussi  la  preposition  cJiez;  et  certes,  cette 
origine  est  plus  raisonnabie  que  celle  de  Menage , 
apudy  decompose  et  arrange  a  sa  fagon. 

CHA  LOUREUX  5  se  trouve  encore  dans  le  diction- 
naire  de  Ricbelet;  mais  on  ne  dit  plus  aujour- 
d'hui  que  cJialeureux. 

CHÄLUMER,  FLUTER,  LAMPER,  indique  par  Boiste , 
6."^"  edit. 

CHAMBRE  A  MANGER ;  dites  :  salle  a  manger. 
— CHAMBRE  A  LESSIVE,  buanderie.— CHAM- 
BRE A  RESSERRER,  galetas.— CHAMBRE 
BORGNE,  BOUGE. 

1  Cka,  en  Franclie-Comle,  signifie  la  porlion  habitable 
d'une  maison ;  la  plupart  de  cellcs  des  liaules  monlagncs  y  sont 
divisees  cn  plusieurs  chas.  Le  cha  se  compose  ordinaircmenl  de 
deux  picces,  cuisine  et  pocle  au  rcz-de-chaussee,  et  gicnicr  au- 
dessus.  C/ial  est  ]e  meme  que  ce  A7/doiil  les  Irlandais  onl  fait 
tanl  de  noms  de  lieux,  et  qui  est  aussi  un  leime  primitlf. 


GENE\OL^.  Gj 

CHANDELEüSE  (LA),  la  chandeleijr. 

A  la  Sandcleu.se  y 
Lou  zeur  ein  cru  du  repas  d'une  epcuse.  \aiuL 

CHANGE :  Faire  Je  change,  faire  im  change  banal , 

c'est-a-dire  boire  au  cercie.  Le  change  de  la  com- 

pagnie  est  iine  reanioii  militaire  aü   cabarei. 
CHAN  GER  (SE),  pour  change  :i  delinge  :  Tljaut 

que  je  m'aille  dianger ^  je   cids  tout  trempe. 

Neuch. 
CHAN TE-MERLE,  Sorte  de  petit  fromage  blanc 

tres-delicat ,  qiii  se  fal^rique  dans  le  Chablais,  * 
CHANTE-POULET  ,roeillet  des  Chartreux ,  Dian- 

tlius  Carihusianorum. 
CHANTOLER,  fredonner  :  //  est  ioujours  ä  chan- 

toler. 

I  Ell  14G2,  le  duc  Louis  de  Savoie,  ])oui'  eviter  les  violences 
de  son  fils  Philippe,  se  relira  au  couvent  des  Cordeliers  de 
Rive.  La  ducliesse  sa  femme,  Anne  de  Chypre ,  de  la  famille 
des  Lusignan,  etant  bien  aise,  dit  Spon ,  de  meWe  h  couvert 
quelques  finances  t  fit  acheter  un  grand  nombre  de  cJianlc- 
inericx,  dont  eile  ota  le  dedans  pour  y  cacher  des  especes  d'or,  et 
Ics  envoycr  cn  son  pnys.  Ne  serail-ce  Y>^'mlvachcrins  que  notre 
bistorien  aurait  voiilu  dire?  Ce  fromage  parait  bien  plus  propre 
ä  cet  nsage.  Quoi  qu'il  en  soit,  Tor  n'arriva  point  en  Cbypre, 
car  Philippe,  qui  accusait  sa  mere  d'avoir  des  amans  qu'elle 
enricliissait,  ayant  etc  informe  de  cet  envoi,  courutä  la  pour- 
suite des  mulets,  les  atteignit  pres  de  Fribourg,  et  s^empara  de 
tous  les  chante-merles  ou  vacherins  qui  etaient  si  richement 
I       farcis. 


GH  GLOSSAIRE 

('H  API  TOLER  5  CAPITULER  5  M  ARCHANDER,  DISPUTER: 

//  7?e  vaiit  pas  la  pehie  de  chapitoler  pour  si 

peil  de  cliose  j  vous  etes  bien  chapitoleur. 
CHAPLE,  BATTERili,  tuerie:  C'ctait  im  chaple 

epoui^antablc.  Ils  sont  ä  cliaple  couleaux,  si- 

gnifie  chez  iious  :  ils  sont  aux  couteaux  tires. 

Chaple  est  un  lerme  de  la  langue  romane. 
CHAPLER ,  CH  APLOTER,  couper  ,  tailler  :  II  sest 

chaple  le  doigt  jßnissez  ces  cliaplotages ^  qu'est- 

ce  que  c^est  que  ces  chaploions? 
CHAPON,  crossette,  bouture  de  cep. 
CHAQUE,  iV est  pas  fran^ais  a  la  fin  d'une  phrase  : 

Je  les  alpajes  iroisfancs  chaque  ^  dites  chacun. 
CHARAVOUTE  ;  se  dit  d'une  femme ,  et  quelque- 

fois  d'un  homme  sale,  paresseux,  de  mauvaise 

mine. 
CHARBON  DE  PIERRE ;  dites :  charbon  de  terre. 
CHARGE,  employe  adjectivement  dans  le  sens  de 

CURIEUX,  siNGULiER,  BIZARRE:  Cetüitcharge de  le 

voir.  II  einploie  de  ces  termes  ioui-ä-faitcharges, 
CHAROUPE ,  PARESSEUX  ,  faineant  :  Ne  donnez 

rien  ä  cet  hoimne,  c^est  une  charoupe.  Dans  le 

dialecte  venitien ,  zaruppa  a  le  meme  sens.  Pro- 

vengal ,   charospa ,   femme   de   mauvaise  vie. 

Neuch. 
CHAROUPEE  ,  quantite  de  monde ,  ribambelle ,  et 

quelquefois  chiite  :  //  afaii  lä  une  helle  cha- 

roupee. 


GENEVOIS.  69 

CHAROUPIONGE,  faineantise,  paresse  :  c'est  Ja 
charoiipionge  qiii  le  tient. 

CIIARPI  (DU) ,  DE  LA  CHARPIE. 

eil ARPILLIERE ,  serpiliere  ;  toile  d'emballage. 

CHARRIERE  (RUE),  pour  rue  CHARRExifeRE.  Vieux 
francais.  On  ne  ditpas  dernier  les  bancs ,  on  dit 
lci^;$te  charriSre, 

CHATAGNE;  ^crivezetprononcez  chataigne  avec 
Uli  accent  circonflexe  sur  le  premier  a.  Nous 
employoiis  ce  mot  au  figur«^  Jans  le  sens  de  FE- 
RULE  :  Tu  as  repu  la  clidlagne  au  College,  Lyon. 
Vaüd. 

CHATANCE,  CHATENCE ,  misere  ,  malheur:  Ce/ 
onerier  est  dans  la  chatance. 

CHATON,  SCHATON,  GOURDiN,  baton;  du  roman 
saton ,  balon  arme ,  massue ;  ce  terme  est  reste 
le  meme  dans  le  Canton  de  Fribourg.  Chaton 
se  dIt  aussi  dans  le  Canton  de  Vaiid ,  de  certaine 
piece  de  chariot ,  du  levier. 

CHAUDERON,  pour  chaudron. 

CIlAUD ;  Oa  l'apris  au  chauddu  lil^  dites  :  AU  saut 

DU  LIT. 

CHAUDELETS  :  Une  douzaine  de  chaudelets ;  des 
chaudelels fourres.  Le  mot  fran9ais  est  feuil- 
lete.  Chaudelet  est  uii  terme  roman  que  les 
Lyonnais  ont  aussi  conserve;  en  Provence ,  on  dit 
chaoudel. 


70  GLOSSAIRE 

ClliiDAL,  termc  ruial  qui  signifie  le  betall  d'un 
domaJne;  du  celtique  chctal  betail.  Le  mot  fran- 
9ais  cheptel  (prononcez  chetel) ,  bail  de  bestiaux, 
u\a  probäblement  pas  d'autre  origine ,  quoiqiie 
Gatiel  le  derive  de  capital. 

CiiEF-D"OEUYRES  (DES),  ecrivez  des  chefs- 
d'ceuvre,  parce  que  dans  les  mots  composes,  la 
marque  du  pluriel  se  niet  apres  le  premier  nom 
decliiiable,  lorsqu'il  est  separe  de  l'autre  par  une 
])reposition  :  des  coups-d'ceil,  des  culs-de-sac, 
DES  POTS-AU-FEU ,   (l'^  iie  SC  proiionce  pas.) 

CIIE-MIETTE  (A),  A  CHE  PEU ,  c'est-a-dire  petit 
A  PETIT,  PAR  PARCELLE :  Elle  est  d'obUgee  de  Va- 
cheter  ä  che'-miette ;  ü  n'a  pa  mc  payer  qu'ä 
clie-piastre.  A  Lyon  et  en  Savoie,  on  dit  ä  cha-un , 
d  chas-un,  pour  dire  im  d  un. 

CKENA  (UNE),  un  ciieneau,  un  chenal  :  Cefte 
chend  est gdtee.  Roman,  cliena^  aLyon,  chana. 

ClIENAILLER,  secouer  ,  tracassser  une  porle, 
une  serrure  pour  ouvrir  :  Qu'ai^ez-vous  tant  d 
chenailler  d  cette  porte  ? 

CHENEY  AR ,  pour  cheneyis  :  de  la  graine  de  che- 
nepis.  On  appelle  aussi  une  CHfiNEviiiRE  et  non 
un  chSrwpier ,  un  Heu  [)lante  de  dianvre.  Vaud. 

CI»ErS[J;s!gmfie  en  franc^ais  jjlaiic  de  vieillesse,  et 
?e  dit  au  figure  des  montagnes  elevees  et  cou- 
verlos   de  neige.   A  Geneve,  chcnu,  s'emnloie 


GENEVOIS.  7 1 

dans  le  sens  de  bon,  solide,  cossu.  //  esi  riche , 
c'est  du  chenu !  ce  vin  est  bon,  il  est  chenu. 
CHERCHE  (ENJ ,  etre  en  cherche  de  quelgue'jchose. 
Locution  gasconne  et  anglaise  :  to  bi  in  search 
qf....  En  langue  romane ,  le  substaniif  cherche 
signifie  recherche ,  perquisition, 

Les  moins  habiles. . . .  quitteraient  le  pays,  en  cherche 
d'ouvrage.  (M.  de  Sismondi.) 

CHEVASSINE  ou  CHEVAFINE.  Dans  quelques 
provinces  de  France,  on  emploie  le  mot  cen- 
sure,  lerme  rural.  Espace  de  cliamp,  a  l'extre- 
mile  du  labourage,  que  la  charrue  n'a  pu  at- 
teindre  dansla  direction  longitudinale  dulabour, 
et  qui  se  reprend  en  crol.sant  roperation. 

CHEVAUX-LEGERS ,  chevau-legers  : 

Le  Pape  a  pour  garde  des  chevaux-legers  ^  des  cuirassiers 
et  des  suisses. 

{^Fojoge  de  la  Lande  en  Italic^  edit.  d'Iverdon.) 

On  dit  aussi  au  singulier  un  chei^au-leger. 
CHEVILIERE,  ruban  de  fil.  Neucb.  Vaud. 
CHEVRER,  pour  chevroter  ,  perdre  patience,  se 

depiter :  Ilmejaitc]iei>rer  auec  ses  raisonnemens. 
CHICOT,  pour  chicon,  laitue  romaiiie. 
CHIFFRE  (LA) ,  l'arithm^tique  :  Qui  est-ce  qui 

vous  a  apprls  la  chijffre?  Terme  langued.  Nous 

disons  aussi  quelquefois  une  chiffre  pour  UN  CHir. 

fre  :  La  dateestcn  chjßrcs  romaiiics,  Ce  mot  est 


yj.  GLOSSxYlRE 

egalementmasculin  lorsqu  II  signifie  cerlaiiie  ma- 
iiiere  secrete  d'ecrire ,  oii  uii  iiom  expriine  par 
des  lettres  eiitrelacees. 

CHIPOTER ,  sigiiifie  en  fran^ais  vetiller,  bague- 
NAUDER  :  nous  Temployons  plutot  pour  dispuler, 
quereller ,  cliicoter ,  et  aussl  pour  chagriner  :  Ce 
maufais  temps  me  clüpote.  En  celtique ,  chipot , 
chipotal  veut  dire  marchaiider. 

CIKPOTEUR  n'est  pas  francais ,  il  faut  chipotier  : 
C^est  uji  chipoteur  eternel. 

ClIIQUE;  nous  disons  de  quelqu  un  qui  a  trop  bu  : 
il  a  sa  chique.  Frangais  pop. ,  cliinquer  boire, 
ivrogner ;  Boiste  dit  aussi  chiquer.  Ce  dernier 
mot  est  de  la  langue  romane ,  oü  il  signifie  verser 
a  boire  ,  comme  en  alleinand,  sclienken^  et  en 
Italien,  cioncare» 

CIIIQUER,  terme  d'ecolier;  lancer  uiie  boule  de 
marbre,  un  marhron^  en  roidissänt  le  pouce 
contrel'index.Origine  celtique  chicanuden,ievvn^ 
dont  le  mot  francais  chiquenaude  n'est  qu'une 
alteration;  en  Bas-Breton,  Chiquanaden.  Clil- 
quer,  dans  le  sens  de  mächer  du  tabac ,  est  du 
francais  pop. 

CllIQUET,  pour  quignon  :  im  c/iiqucl,  an  cJ/iffb/i 
de  pain  ;  qiiel  cJiiqacl!  Gallel  dit,  c/izV/«e/ petite 
partie  d'un  tout;  chiqijet  a  ciiiQLiET,peu  a  peu, 
por  petitcs  parcelles.  Paris,  pop.  Vaud. 


GENEVOIS.  73 

CIüROGPiAPHAlRE ;  peu  de  personnes  prononcent 
ce  mot  comme  rAcaclemie  riiidique  :  kirogra- 

PHAIRE. 

CIIOUCROUTE  (DU);  selon  Boisle  et  Gattel,  ce 
mot  doit  etre  fe'minin ;  le  premier  de  ces  aiiteurs 
indiqueaussi.sowrcrow/,etdit  alors,  du  sourcrout. 
Noiis  remarquerons  ici  qii'il  est  mieux  de  dire  du 
CHOU,  qiie  des  choux ,  en  parlant  de  ce  legume 
apprele  :  voulez-vous  du  c  .ou  ? 

CHRYSANTHEME,  est  du  genre  masculiri;  nos 
fleuristes  disent  mal  a  propos,  une  chrjsanteme. 

CIBE  ;  tirer  d  la  cibe ;  tirer  au  blanc.  De  Wailly 
dit  cible,  et  Boiste  cibe  ou  cible^  l'Academie ,  non 
plus  que  Gattel,  n'indique  aucun  de  ces  termes. 
11s  paraissent  formes  de  l'allemand  scheibe ,  qu'on 
prononce  en  Suisse  sckibe»  Un  cibare,  a  Geneve  , 
est  celui  marque  les  coups  des  tireurs.  Neucli. 
Vaud. 

CICLER,  pousserdes  cris  aigus.  Cet  eiifantfait  des 
CICLEES ,  des  CICLES  ä  voiis  essourdeler ^  il  a  1a 
voix  bien  CICLARDE.  Probablement,  et  par  ex- 
tension,  de  i'italien  cicala^  une  cigale;  cicalare , 
jaser,  babüler.  Les  Proven^aux  disent  chiquar: 
cliiquo  coumo  imo  agasso. 

CIGARE.  On  n'est  pas  totijours  d'accord  sur  Je 
genre  de  ce  mot ,  que  l'Academie  n'a  pas|encore 
consacre.  Le  dicUoniiaire  de  Trevoux  dit  une 


74  GLOSSAIRE 

CIGALE ,  et  Chateaubriand  (Itineraire,  etc.,) 
UNE  siGARRE ;  mais  de  Wailly,  Gattel,  Boisle, 
Le  Tellier  et  de  Joiiy  (rHermite ,  etc.,)  ecrivent 
UN  ciGARE.  Remarquez  que  le  mot  espagnol  ci- 
garos ,  d'oü  cigare  est  derive,  est  aussi  mas- 
culiii. 

CIGOÜGNER,  CHICOUGNER;  tirailler,  se- 
COUER  5  TRAINER  :  Ilni'a  tant  dgougne ^  quej^en 
aile  bras  demangoune^  il  luia  donneune  bonne 
cigougnee.  En  languedocien  ,  cigoiignejä  cor- 
respoiid  a  notre  mot  cigougnee  ^  et  en  proven- 
gal,  sagouignar  signifie  presser,  inquieter. 

CIRON,  MITE  :  Un  froinage  plein  de  cirons  ^  ce 
dernier  insecte  s'engendre  entre  cuir  et  chair. 

CISEAUX:  De  bonnes  ciseaux^  des  ciseaux  neu- 
i^es.  Ce  mot  est  masciilin. 

CITER,  RECITER,  DECLAMER,  CONTER :  //  cite  bien; 
il  nous  a  cite  touie  la  soiree,  Citer  signifie  faire 
une  citation,  citer  un  passage,  ou  ajourner  ä 
comparaitre. 

CITRüNELLE,  seringat,  sorte  d'arbrisseau.  La 
ciTRONELLE  est  une  espece  de  melisse ,  et  aussi 
une  liqueur  au  citron. 

CLAIRETTE;  dites  clarette  :  espece  de  vin  blanc. 

CLAIRINETTE,  pour  clarinette. 

CLAIRTE ,  pour  clarte. 

CLAMEAU ,  gros  crachat.  Anglais,  clammj;  vis- 


GENEVOIS.  75 

queiix,  gluant.  On  peut  soiipgonner  uiie  origlne 

celüqiiG  a  presque  toiis  ceux  de  nos  idiotismes 

qiü  011t  du  rapport  avec  Tanglais. 
CLAUDE;  siiivaiit  Jaquemard,  il  faut  prononcer 

Glaude  :  Saint-Glaude ^  prune  reine-G laude ^  ei: 

de  m^me,  segond^fegond ;  d'autres  veulent  le 

c  dur  dans  ces  mots. 
CLEDAL ,  CLEDARj,  barriere  :  Le  cledal  dhin 

chawp, 

Ceux  de  Saint-Gervals  demandent  l'argent  de  la  recep- 
tlon  de  six  bourgeois,  pour  fortifier  leur  bourg  de  chaincs 
et  clcdalst 

{^Chron,  de  Jacq»  Flournois ,  annee  1/176.) 

Latin  barbare ,  cleda  i  proveii9al ,  cledo ;  laii- 
guedocien,  cledas  ^  en  grec,  cleido,  fermer;  en 
celliqiie,  cled,  claie.  Nos  paysans  appelleiit  de  , 
clej,  la  paille  dont  on  lie  la  vigne.  Yaud. 

CLEPSYDRE  (LN),  pour  une.  II  ne  faut  pas  con- 
fondre  la  clepsydre  av^ec  le  sablier,  ou  sable, 
dont  nous  faisons  usage  pour  mesurer  le  teniips ; 
la  premlere  de  ces  horloges  va  par  le  moyen  de 
l'eau. 

LLICLl-MOÜCHETTE,  sorle  de  cligne-musette 
a  la({uelle  les  enfans  jouent  dans  l'obscurite.  Des- 
touches  dit  cli-muchette.  Neueli.  Vaud. 

CLIE,  CLAiE  :  ce  baieaii  descend  en  bas  les  dies. 


76  GLOSSAIRE 

Dans  la  langue  romane ,  oii  clisait  aiissi  clje. 
Nicot  ecrit  cle'e. 

CLIGNER.  Nous  disons  de  quelqu'un  qiii  remue 
continuellement  les  paupieres  :  //  cligne  les 
jeiix;  cela  signifierait  qu'iL  LES  tient  a  demi 
FERMES ;  CLIGNOTER ,  cst  le  mot  propre  :  il  ne  fait 
que  CLIGNOTER;  Uli  cerlsaiii  clignotement ,  et 
noii  pas  CLIGNEMENT. 

CLINQÜETTE  (A  LA),  au  point  du  jour  :  se  Ic- 
ver  ä  la  clinquette. 

CLOCHER ,  SONNER,  TIRER  LA  SONNETTE  :  va  Poir  d 

la porte  qui  estce  qui  cloche.  C'est  uii  terme  de 
la  langue  romane.  clocher,  en  franrjais,  veut 
dire  boiter. 

CLOPET  ,  SIESTE  5  MERIDIENNE  ,  PETIT  SOMME. 

CLOPOTE  (UNE),  UNE  CLEOPORTE,  dites, 
UN  CLOPORTE.  A  Paris,  le  peuple  dit  quelquefois 
un  clou  ä  porte. 

CLUSSE,  poule  qui  a  des  poussins  :  Falles  rentrer 
la  clusse  dans  le  poulailler.  Dauphin. 

COAILLER,  CRIER  ,  FOUSSER  DES  CRIS  AIGUS  :  IlvOUS 

fait  de  ces  COAILLEES !  En  fran9ais,  coailler 
est  un  terme  de  chasse. 
COCASSE,  FEMME  iVROGNE :  c^est  iwe  vielUe  co- 
casse.  Ce  mot,  dans  le  fran9ais  pop. ,  n'a  point 
la  meme»accepli()n;  il  signifie  cclui  oii  celle  <}ui 
dit  des  choses  plaisanlcs. 


GENEVOIS.  77 

Noire  cocasse ,  ou  plutut ,  coquasse ,  ii'est 
donc  qu'iine  metonymie  formee  du  vieux  fran- 
<;ais  coquasse^  vase  a  vin.  Ce  terme  est  sou- 
vent  employe  dans  nos  annales. 

(En  i5og.)  Festin  fait  au  couvcnt  des  Freres Precheurs  de 

Palais,  ä  cause  de  la  feste  de  Saint  Dominique,  auquel  Jes 

Syndics  sont  invites.  On  doune  aux  dits  meines  quatre  co- 

quasses  de  vin  blanc  et  rouge  pour  l'honneur  de  la  -ville. 

fJacq.  FlournoiSj  cite  par  M.  Grenus.) 

(En  i5i2,)  Le  9  octobre,  trois  ambassadeurs  de  l'empe- 
reur  ou  roy  des  Romains  passarent  par  Geneve,  auxquels 
la  ville  fit  present  d'une  coquasse  d'hypocras  blanc  et[d'une 
autre  de  clairet. 

(Chron,  de  Bonnivard.J 

Latin,  coquinaria  vasa^  ustensiles  de  cuisine. 
COCHLARTA,  pour  cochlearia. 
COCHON ,  pour  ia  nuque  -.  IIa  le  cochon  tout  de- 

coui^ert.  II  se  dit  aussi  a  Neuchatel.  A  Lyon ,  on 

dit  le  cotwet;  en  gascon,  cougot. 
COCHON  DE  MER ;  dites,  cochon  d'Inde. 
COCHON AILLE  :  Faire  la  cochon aille ,  appr^ter 

le  sale ,  faire  les  saucisses ,  le  boudin ,  etc. :  Elle 

est  apres  ä  faire  sa  cochonaille. 
COCHONNER  (SE) ,  se  salir  ;  Comme  tu  fes  co- 

cJionne!  On  dit  bien  cochonner  un  ouvrage,  le 

faire  mal  ,^grossierement ,  mais  ce  verbe  ne  peut 

s'employer  au  reflechi. 


78  GLOSSAIRE 

COCIIONNIER,  ORDURiER,  CRAPULEUX.  Fraii^ais 

populaire, 
COCOCHET  (A)  :  Porler  un  enfant  ä  cocochet , 

c'est-a^dive,  a  califourchon  siir  les  epaules. 

COCOLER,  DORLOTER,  TRAITER  DELICATEMENT  :  se 

cocolcr^  il  aimc  ä  se  faire  cocoler ;  c'est  iine 
paiwre  cocole,  Enproveri^al,  coucounet,  enfant 

COCOMBRE ,  poor  concombre.  Neuch.  Vaud. 

COCU,   COUCOU    des    PRES,    PRIMEVERE    des   PRES  : 

CueilUr  des  cocus. 

COFFE ,  COFFERIES ,  sale  ,  saletes  ,  ordures  : 
Un  las  de  coß'eries }  du  roman  gqf,  mouille , 
sali.  Italien,  gqffb,  grossier;  gqßeria,  gros- 
sierete.  goffe  ,  en  fran^ais,  signiüe  aussi  mal 
fait ,  grossier. 

COIFFAGE,  pour  coiffure. 

COIGNIER;  dites  cognassier.  Richelet  ecrit  coi- 
gnier,  et  Trevoux  coignassier^  mais  il  faut  se 
conformer  a  TAcademie  qui  dit  cognassier. 

COIN  :  meiire  ä  coiii^  cacher,  serrer,  mettreen 

RESERVE. 

COINETS,  sortes  de  planches  brutes  pour  les  cW- 

tures  :  Un  cent  de  coinets. 
COISSIN,  coussiN;  terme  roman. 

Or,  ccoutez  ci-apres  donc 
Que  il  avint  ä  un  vllain  : 


GENEVOIS.  79 

Sor  un  coissin  tot  plein  d'estrain,  (de  pallle) 
Se  degralalt  de  lez  son  feu. 

{Anciens  fahliau.v.') 

Latin  barbare,  coissinus.  Neuch.  Vaud. 
COITRE,  (on  prononce  coaire^)  couette,  lit  de 
plumes. 

Douze  coetres,  pretees  par  les  Syndics,  au  maitre  d'ho- 
tel  du  Duc,  pour  les  envoyer  ä  Thonon.  (en  i5i2.) 
(E.r.trait  de  Jacq.  Flournois,) 

Latin,  culcitra.  Langiied.  Neucli.  Yaud. 

COITRON,  PETIT  LiMAgON;  Umax  agrestis.  Au 
figure,  nous  le  disons  pour  le  plus  petit  des  ani- 
maux  nouveau-nes  ;  C'est  le  coitron  de  laja- 
milJe.  En  roman ,  cjuoiii'on,  questron,  un  batard. 

COLIDOR,  CORRIDOR.  Lyonnais  et  parisien  popu- 
laire. 

COLLARD ,  CARCAN.  Dubas-latin  collardus. 

(En  iSaS.)  On  public  qua  les  pestiferes  ayent  ä  faire 
quarantaine ,  ä  peine  d'etre  mis  au  carcan;  fin  collardo,) 
(Fragm,  hist,  avant  la  reformation.) 

Collardus  parait  forme  du  latin ,  collaria. 

Hocquidem  molestum  estjam,  quod  Collum  collaria  caret» 

(^Plaut.  captiv.) 

COLLEGUE ,  signifie  co^mpagnon  en  dignite  ,  etse 
dit  d'une  compagnie  peu  nonibreuse  :le  coUegue 
d'un  consul,  d"un  ambassadeur,  d'un  commis- 
saire;  ainsi  nous  disons  mal :  C'est  mon  collegne 


8o  GLOSSAIRE 

d  l'Academie ,  au  Conseil  Represeniatlf ,  etc. 
Le  mot  propre  est  confrere.  Deux  miliciens  de 
la  meme  compagnie  se  disent :  Bojijour^  col- 
Jeguej'  c'qs'l  le  terme  de  camarade  qii'ils  de- 
ATaient  employer.  ^ 

COLLIS,  pour  colis;  terme  mercantile.  Suppri- 
mez  egalement  la  double  lettre  dans  CAFFE , 
NO TTE ,  COTTE  et  COTTON.  ^ 

COLORER,  pour  colorier.  ^ 

Un  magasin  d'estampes  colorees. 

(Manuel  du  Voyageur  en  Suis  sc.) 
Les  deux  principales  figures  colorees  de  bleu  et  de  rouge, 
representaient.  . . .        (Bibliotheque  Bräannique ,  1801.^ 

COLORER  ne  se  dit  que  des  couleurs  naturelles : 

Dcjä  l'aurore  raatinale 
Colorait  le  front  du  coteau, 

COMBIEN  :  Le  comhicn    esi-ce ,    aujoiirdliui  ? 

dites  :  QUEL  QUANTIEME  AYONS-NOUS  ? 

COMMAND ;  on  dit  d'un  domestique :  //  est  de  hon 
command ,  pour  signifier  qu'il  est  facile  a  coii- 
duire.  a  diriger.  Enlangue  voYntxne^comans  veut 
dire  commandement ,   et  mand^   inandement. 

COMME  5  est  quelquefois  emplo}'e  mal  a  propos , 
pour  QTJE  et  pour  comment  :  //  ny  va  pas  si 
soui^ent  comme  nous ^  comme  pa  i^a-i-il?  Ces  lo- 
cutions  se  trouvent  frequemment  dans  les  an- 
ciens  poetes. 

Peut-etre  que  lu  mens  aussl  bien  comme  lui. 

(  CoRNEiLLK ,  le  Meriteur. ) 


GENEVOIS.  8i 

Albin,  Komme  est-il  mort  ? 

(Corneille  ,  Poljeucte.) 
Qu'est-ce  qu'ou  fait  cöans?  Comme  est-ce  qu'on  s'y  poite  ? 

(MoLi&RE,  le  Tartufjfe.) 

COMMERER,  faire  la  commere,  caqueter.  ' 

COMMISSION ,  pour  affaire,  emplette.  Une  dame 
qui  sort  pour  vaquer  k  ses  propres  affaires,  dit 
qu'elle  va  faire  des  commissions ,-  une  COMiMls- 
SION  signifie  luie  charge  donnee  a  quelqu'un  de 
faire  quelque  chose. 

COMMUNAUTE ,  doit  se  dire  pour  ce  qui  est  en 
commun,  et  nonpour  ce  qui  est  commun^  gros- 
sier  :  Cet  honime  parle  malj  il  est  d^une  com' 
munaiitel 

COMMUNS  (LES),  LEs  latrines,  le  prive. 

COMPARAISSANCE  ,  comparution  :  II  rJafaü 
quhine  petiie  compardissance ,et s'est  en  alle. 

COMPATISER,  SYMPATHISER. 

COMPOSITEUR,  diles  ecrivain,  auteur.  Compo-' 
siteur  ne  doit  se  dire  qu'en  musique  et  en  impri- 

I  Balzac  disait  du  verbe  amhitionner :  S'il  n'est  pas  francais 
cette  annee ,  il  le  sera  l'annee  ptochalne.  Ne  pourrait-on  pas 
faire  la  meme  Observation ,  ou  du  moins  temoigner  le  meme 
desir ,  ä  l'egard  de  ce  verbe  commcrer,  et  surtout  des  suivans  ; 
e.rpeiüser,  miser,  einpletter,  capodser  ?  (voyez  ces  mots.)  Croi- 
rait-onqu'avant  Malherbe  ,  insuUer  ctait  inconnu,  aussi  bien 
que  les  adjectifs  g-/-«c/ew.7-,  insidieux  ^  etles  substantifs  pwcfe/r;, 
inceucUe  ,  strurite  ^  etc  ? 


82  GLOSSAIRE 

merie.  Aulrefois  on  donnait  a  ce  terme  une  ac- 
ception  plus  etendue: 

Ores  est  celul  qui  pompöse  seit  en  vers,  prose,  musique 
ou  autre  Invenlion.  (?ficoT.) 

COMPTOIR,  BUREAU.  Ce  mot  ne  se  dit  gueres  en 
France  que  d'une  table  a  compter  l'argent,  ou 
de  la  residence  d'une  compagnie  de  commerce. 

CONCHE,  BASSIN  DE  FONTAINE:  La  conche  d'un 
hourneau.  Ce  terme ,  qui  est  aussi  dauphinois , 
vient  du  roman  counco ,  dont  le  sens  est  le  meme, 
ou  du  latin,  concha,  coquille.  Conche,  en  fran- 
gais  5  signifie  reservoir  de  marais  salans. 

CONCHON,  Sorte  de  jeu  de  boules.  Le  cochonnet, 
a  Paris ,  est  aussi  un  jeu  de  boules.  Ce  terme  de- 
signe  eucore  en  frangais  la  petite  boule  qui  sert 
de  but. 

CONFERENT,  ecolier  qui  a  eu  un  accessit :  II  n'a 
pas  leprix^  mais  iL  est  confercrit.  En  latin ,  con- 
Jerre ,  combattre ,  fournir  sa  part. 

CONFESSION,  pour  confection  :  Une  prise  de 
cortfession, 

CONFISSEUR,  pour  confiseur;  confiturier  se- 
rait  encore  mieux  suivant  l'Acad. ,  mais  La\  eaux 
ne  veut  point  qu'on  se  serve  de  ce  dernier  terme 
pour  designer  un  marchand  de  confitures. 

CONFUSIONNER,  donner  de  la  confusion,  de  la 
honte  :  En  vcrite ,  vous  me  coiifusionnez. — Je 
suis  confusionne  de  toiites  vos  prci^enances. 


GENEVOIS.  83 

CONGREGATION  ,  sermon  de  Paraphrase.  En 
tran^ais,  compagnie,  confrerie  religieuse,  ns- 
sem}3lee  de  prelats. 

CONJUGAUX;  CONJUGAL,  suivant  la  Grammaire 
des  grammaires ,  n'a  de  pluriel  qii'au  feminin  : 
AJj'ections  conjugales.  II  en  est  de  meme  a  l'e- 
gard  Aeßlial ,  ßnal  ^  jovial ,  virginal  ^  pasioral , 
nasal ,  nalal^  nuptial,  pectoral  eX  banal. 

«  II  y  a  dans  Paris  un  vinglalne  de  bouffons  hanah  tres- 
connus. »  (Lebuun.) 

Saint-Lambertdit  des  instans  fatals  ;  Beauzee, 
des  sonsFiNALS;  Gattel,des  effets  theatrals.  On 
dit  aussi  des  combats  navals  ,   des  cierges  pas- 
CALS  5  et  non  pas  nauaux^  pascaux, 
CONSliQUENT,  important  ,  consid^rable  : 

II  faut  pardonner  aux  marchands  de  la  rue  Saint-Denis 
de  vous  dire,  en  vous  monlrant  une  etoffe  :  ceci  est  plus 
consequent ,  et  de  croire  que  consequent  est  synonyme  de 
ce  qui  est  de  consequence,  (La  Harp£.) 

//  a  unejbrtune  consequente ;  ce  quHl  a  n'est 
pas  consequent.  L'Acadernie  permet  d'employer 
CONSEQUENCE  pour  importance  :  un  bomme  de 
CONSEQUENCE ,  mais  Tauteur  du  Dictionnaire  des 
Difiicultes  de  la  langue  francaise  pretend  que 
cette  locutiüii  doit  ^tre  rejetee  par  un  bon 
ecrivain. 
CONSULTE,  CONSULTATION  :  Les  medecins  ont 
fail  une  consulle.  Lyon.  Vaud. 


84  GLOSSAIRE 

CONSUJVnfc  (UN),  \JN  CONSOMIVIE. 

CONSUMER ,  poiir  consommer  : 

Ils  vont  de  l'une  ä  l'autre  avec  leurs  vachespour  consti- 
mcr  les  fourrages.  {^(hnserv,  Suisse.J 

Lyon,  et  langned. 

CONTRE  est  souvent  eniploye  mal  a  propos  ä  la 
place  de  la  preposition  yers  :  Jy  serai  contre  les 
trois  heures ;  cesera  contre  le  iS  du  mois, 

CONTREDIRE  :  Vous  me  contrediies^  pour  vous 
ME  CöNTREDiSEZ,  au  present  de  rindicatif.  De 
tous  les  composes  du  verbe  dire^  il  ii'y  a  que 
redire  qui  se  conjugiie  de  meme;  ecrivez  donc  : 
vous  dedisez ,  vous  interdisez ,  vous  medisez , 
vous  predisez^  et  iion  :  vous  dedites ,  etc.  Ne 
dites  pas  ,  au  parfait  defini  :  II  lui  predisit  ce 
qui  devait  lui  arriver;  oii  lui  interdisit  toute 
communication  ;  mais  :  il  lui  predit ;  oii  lui  in- 
ierdit^  etc. 

CONTREPOINTIERE,  tapissiere.  Boiste  dit  ce- 
pendant  contre-pointe,  couverture  piquee,  et 
CONTRE  -  POINTER  ,  piquer  des  deux  cotes  mie 
etofFe. 

CONTREVENTION ,  pour  contravention  :  IIa 
etc  pris  en  contrei^eniioit. 

COPON,  sebile  en  bois  pour  porter  la  päte  au  four, 
ou  pour  tenir  la  monnaie  dans  le  comptoir.  On 
dit,  en  parlant  d'unhomme  accuse  d'avoir  piüe 


GENEVOIS.  85 

peiulant  la  revolution  :  //  a  mis  la  mahi  au  co- 

pon.  Ell  celtique  cop,  copa,  copan^  signifierit 

vase ,  tasse ,  coupe.  Vaud. 
COQUE  5  viEiLLE  FEMME,  COMMERE  :  C^est  une  pau- 

vre  cögiie.  Espagnol,   chochaj  vieja   chocha , 

vieille  radoteuse. 
CORAILLON,  TROGNON,  ccetjr  d'un  fruit.  Enro- 

mari  coraille^  en  bas-breton  coraillou^  a  Lyon 

curaille. 
CORDONNTER,  petit  insecte  rouge  et  noir,  de  la 

famille  des  punaises,  cimex, 

CORIANDE,  CORIANDRE. 

CORNIOLE,  GESOPHAGE  DE  l'animal  ;  tcrme  de 

boucherie.  Lyon. 
CORONEL,  COLONEL.  Vieux  frangais. 

Si  envoyerent  (ks  Romains)  decä  les  monts,  iin  de  leurs 
citoyens  pour  capitaine-general,  ou  coronel  d'une  petite 
armee  qu'ils  avaient  levee  contre  les  dils  Allobroges. 

(BOSNIVARD.) 

CORPENDU.  Richetet  dit  courtpendw,  NIcot  car- 

pendu.  II  fallt  suivrel'Academie  qui  ecrit :  pomme 

de  capendiu 
CORPORAL,  CAPORAL.  On  appelle  en  fran^ais  COR- 

PORAL  le  linge  beiiit  place  sur  Tautel.  Spon  ecrit 

aussi  corporal  pour  caporal. 
CORPORENCE,  corpulence.  Enroman,  coi^pom, 

puissant.  Lyon.  Vaud. 
CORPS :  ^  Corps  et  d  crij  ecrivez ,  a  cor  et  a  cri. 


86  GLOSSAIRE 

COTAPILE  (A  LA),  signifie  presses,  les  uns  sur 
les  autres  :  Nous  etions  ä  la  cotapile  dans  cette 
petite  chanibre. 

COTER,  SERRER,  ASSUJETTIR,  ARRJ^TER  :  Cotez  les 

Jcnelres  qui  hrelanchent  ^  rnettez-j  des  cottes. 
Coter  le  lit,  c'est-a-dire  le  border.  COTER  en 
parlantf  hesiter  :  II  a  redte  sans  coter;  il  Ji^a 
pOrS  Gote  un  seul  mot.  (Langued.  accoutä.)  Ro- 
man, coilar,  presser.  Mettrc  des  COTTES  ä  une 
maison ,  dites  des  etais.  Patois  de  Frib.  cottar, 
fermer. 

COTES,  cardes  poir^es  :  Un  plat  de  cotcs. 

COTON  SANS  FILE ,  coton  en  bourre  ,  en  rame. 

COUANNE,  pour  couenne  :  De  la  couannede  lard. 

COU  DU  PIED  :  Cette  holte  me  gene  sur  le  cou 
dupied;  dites  C0UDE-PiED;quelques-uns  ecrivent 
cou-de-pied, 

COUGNER,cogner. 

COUGNARDE ,  comp^te  de  coins,  cotignac,  Neu- 
chätel. 

COÜIONNADE,  poiir  coionnerie,  dans  le  sens  de 
niauvaise  plaisanterie  ,  impertinence  :  II  rri'a 
dehite  un  tas  de  comonnades.  COLIONNER, 
pour  Co'ioNNER  :  listest  laisse  couionner i  c'est- 
ä-dire  persifler,  mystifier,  duper.  Nous  nous 
permettons  d'indiquer  ces  termcs  parce  que 
leurs  correspondans  sont  consacres  par  l'Acad. 

COULER  (SE),se  ruiner.  On  dit  bien  dans  cesens', 


GENEVOIS.  87 

qu'iiii  homme  EST  coule  a  fond,  mais  11011  pas 
gii'il  s''est  coule  j  SE  COULER,  sigiiiiie  se  glisser 
secretement ,  sans  bruit. 

COULERIE,  PERTE,  RUINE,  DEROUTE  :  Quelle  cou- 
lerie  !  Cest  unefameuse  coulerie.  Cesubstantif 
n'est  franyais  dans  aucun  sens. 

COULOUVRINE,  pour  coulevrine. 

COUP  (TOUT  D'UN),  pour  tout-a-coup,  soudai- 
nement;  TOUT  d'un  COUP,  sigiiifie  tout  en  une 
fois ;  tel  est  l'avis  des  grammairiens ;  mais  nous 
voyons  souvent  des  ecrivains  du  premier  ordre 
iiegliger  ceüe  distinclion. 

«  II  s'avise  (Roucher)  tout  dun  coup  d'une  longue  et  lu- 
gubre  sortie  contre  l'usage  de  manger  la  chair  des  ani- 
maux.»  (La  Harpe.) 

«  Tout  elait  pret  pour  la  mort  du  prince  de  Conde ,  lois- 
que  le  roi  toraba  tout  d'un  coup  malade  et  mourut.  » 

(Voltaire.) 

COUP  D'ALR  : prendre  un  coup  d'air  est,  suivant 
Gattel,  un  provencalisme ;  il  faut  donc  rejeter 
cetle  locution,  mais  pouvons-nous  dire  dans  le 
meme  sens,  un  coup  defroid?  ce  lexicographe 
se  tait  a  cet  egard,  et  les  meilleures  autoriles  de 
la  langue  ne  nous  en  apprennent  pas  davaiitage. 

COUPE ,  mesure  pour  les  grains.  En  langue  ro- 
mane,  cop ,  cope  et  copelle,  une  tasse.  En  bas- 
latin,  copa ,  cupa  signifient  mesures  pour  le  ble 
et  pour  le  sei.  Du  Cange  cite  plusieurs  ehren i- 


88  GLOSSAIRE 

ques  du  moyen  dge  oü  copa  est  cmploye  dans 
ce  sens. 

COUPILLE ,  pour  goupille. 

COUPLE  (UN)  :  Un  couple  d^ecus  ^  un  coiiple 
d^ccijjs^  dites  UNE  couple;  mais,  en  parlant  de 
deux  epoux  :  V^oilä  un  beau  couple  / 

COURGERON,  potiron,  sorie  de  le'gume. 

COURIATER,  courir  9a  et  lä,  poursuivre  quel- 
qu'un. 

COURI ATIER,  PETIT  couREUR ,  qui  ne  fait  que 
courir. 

COURIR ,  ne  prend  que  Tauxiliaire  ai^oir :  ne  dites 
donc  pas,  malgre  i'autorite  de  Racine  :  J'j  suis 
couru,  mtiis  yjy  ai  couru.  Cependant,  on  dit 
indifFeremment :  J''ai  accouru^  je  suis  accouru. 

COURTEROLE,  taupe-grillon ,  couRTiLifiRE,  in- 
secte.  (Lyon.)  En  langue  romane,  courtiliere 
signifie  j ardin  potager.  Voyez  le  mot  Courti  dans 
nos  Obseri^aiions  sur  le  patois  de  la  campagne, 

COUSUS  (JE),  pour  JE  cousis,  du  verbe  coudre. 
Jean- Jacques  dit,  en  peignant  ses  arrangemens 
de  menage  dans  le  lazaret  de  Genes  : 

Je  me  fis  des  draps  de  plusieurs  serviettes  que  je  cousiis. 

c'est  un  barbarisme.  Je  couds,  tu  couds,  il  coud^ 
nous  cousons.  Je  cousais.  Je  cousis.  J'ai  cousu. 
Je  coudrai.  Couds.  Que  Je  cousissc,  qu'il  cou~ 
Sit,  Cousant.    . 


GENEVOIS.  89 

COUTELAR,  couTELAs. 

COUTUME  :  ai^oir  la  coutume  de;  il  est  mieux  de 

dire  avotr  coutuäie  de  :  //  a  la  coutume  de  se 

leper  tard. 
COUVERT,  couvERCLE  :  Unpot  etson  couuert;  un 

couvert  de  boite,  Ce  barbarisme  est  aussi  langue-  |j 

docien.  couvert  peut  se  dire  daiis  le  sens  de  toit. 

Voyez  Gattel  et  Boiste. 
COUVERTE,  COUVERTURE  :  Remettez  la  couverte 

de  laine  ä  mon  lit.  Couverte  ne  se  dit  plus  que  de 

Temail  qui  couvre  la  porcelaine.  Vieux  fraiigais. 

Un  garde-robe  gras  servait  de  pavillon ; 
De  couverte  un  rldeau,  qui  fuyant  (vert  et  jaune), 
Les  deux  exlremites,  etoit  trop  court  d'un'  aune. 

(Regnier.) 

COVET,  couvET,  Sorte  de  chaufferette.  En  pari- 

sien  populaire ,  coui^ot. 
CRA ,  crasse  de  la  t^te  des  petits  enfans  ;  //  a  la 

tele  pleine  de  cra. 
CRA  (A),  etre  ä  cra,  n'en  pouvoir  plus,  6tre  a 

QUIA.  Neuch, 
CRACIIE  ,  salive;  CRACH^E  :  Une  crachee   de 

neige,  c'est-a-dire  une  neige  lagere.  CRACHER, 

Cr  acher  au  hassinet,  dites ,  cracher  au  BASSIN. 
CRAINTER,  terme  rural;  se  dit  du  raisin  qui  n'a 

pu  acquerir  sa  grosseur  ordinaire  :  Les  raisins 

ont  crainte. 


go  GLOSSAIRE 

CRAPE  :  c^est  une  peilte  crdpe ,  c'est-a-dire  une 

CRAPULE ,  line  FILLE  DE  JOIE. 

CRASANE  (POIRE).  II  faut  ecrire  crassane,  sui- 

vant  l'Academie.  La  Quintiriie  dit  cependant, 

comme  nous ,  crasane. 
GRASE,  berge,  rive  escarpee :  Les  crases  de  VAn^e 

au-dessus  de  Champel.  Anglais,  crag^  rocher; 

(^vcLggy-,  escarpe.  Ecossais ,  craig  j   Salisbury- 

craigs.^  colline ,  rocher  pres  d'Edimbourg.  Racine 

celtique,  craig,  graig^  pierre,  rocher,  montagne ; 

de  la  le  fran9ais ,  grais ,  ou  gres ,  pierre  de  gres. 

Breton,  craz,  colline,  elevation. 
GRASET,  PETIT,  DE  courte  TAILLE  :  Püiwrc  pellt 

craset.  En  anglais  crasj,  fälble. 
CRAYON,  prononcez  cre-ion  ,  et  non  pas  creon. 
GREPISSAGE  (UN),  üne  crepissure  :  Ce  mur  a 

hesoln  dhm  creplssage. 
GRESOLETTE ,  sag  ,  tire-lire  qu'on  presente  h 

I'eglise  en  faisant  la  quete  :  Ai^ez-vous  mls  ä  la 

cresolette?  En  grec,  cresera^  sac,  chausse. 
GREVOTANT,  GREVOTANTE,   malade,  PRifcs 

DE  CREVER :  //  va  tout  crei^otant}  cefeu  est  tout 

crei^otant, 
GRitE,  pour  CRiERiEj  gronderie;  criee  est   un 

terme  de  palais.  GRIER  des  annonces,  publier 

des  annonces. 
GRIiXGAILLER,  quincailler.  Cllngualller,  clln- 

calllc,  clincailleric  ont  vieilli. 


GENEVOIS.  91 

CROASSEMENT,  COASSEMENT,  cri  des  grenouilles ; 

CROASSEMENT  HC  se  clit  que  du  cri  des  corbeaux  : 

Un  bruit  semblable  au  croassement  des  grenouilles. 
(Bibliot.  Britan.,  lilter.  i."  volj 

Dites  aussi,  dans  le  meme  sens,  coasser,  et  non 
CROASSER. 

Qu'avez-Yous  ?  se  mit  ä  lui  dire 
Quelqu'un  du  peuple  croassant. 

(La  Fontaine,) 

CROC ,  ESCROC.  Un  croc ,  en  fran9ais,  est  un  suppot 

de  jeux  defendus. 
CROCHER,  AGRAFER,  mettrc  des  crochets  :  C?'o- 

chez-moi  ma  robe. 
CROCIION,  ENT AMURE,  baisure  du  pain.  Neuch. 

Vaud.  CROCHONNER,  couper  la  croüte  autour 

du  pain  :  Ce  pain  est  tout  crochonnc, 
CROCODILLE  (les  deux  //  mouillees) ,  ecrivez  et 

prononcez  crocodile. 
CROIRE  (S'EN),  s'enorgueillir : listen croii bien 

depuis  qu^il  est  conseiller, 
CROPETONS  (A),  dites  a  croupetons.  A  Neu- 

chätel,  crepetons  ^  a  hyon.,en  graboton. 
CROQUEMOLLE ,  coquemolle  ,  amande  coque- 

MOLLE. 

CROSSE ,  BEQUiLLE  :  //  marche  auec  les  crosses. 
CROTON ,  CACHOT  :  //  a  passe  la  nuit  au  croion ,' 
cet  appartement  semblc  un  croton. 


92  GLOSSAIRE 

«  Deux  maitres  d'ecole  mis  au  croton  ,  parce  qu'ils  ensci- 
gnaient  les  enfans  ä  Saint-Gervais,  et  non  ä  la  grande  ecolc, 
quolqu'onle  leureut  defendu.  »  (1527.) 

(Extr.  des  regist,  lat.  du  Conseil,  parJacq.  Ftournois.) 

Croton  est  iiii  terme  de  la  laiigue  romane ;  eii 
proven9al,  cioto;  eii  languedocien ,  crouton. 
CROTÜ,  marque  de  petite  veröle,  gräle.  «  Veux- 
tu  que  je  coure  baiser  un  visage  noir  et  crotu?  » 
dit  Ciaire  h.  sa  cousine.  Boiste,  qui  recueille  soi- 
gneusement  tous  les  idiotismes  de  l'auteur  de 
la  Nouvelle  Heloi'se,  dit  dans  son  dictionnaire 
que  cj-Qtu  est  im  mot  cj'ee  par  Rousseau.  Proba- 
blement  du  laiin  cnistatus ,  ou  pliitut  du  roman 
crot^  un  creux;  a  Neuchatel,  crotele. 
CROUIE,  CROUILLE,  mauvais,  mechant,  gros- 
SIER5  GATE  :  C'estwt  crou'ie  sujet^je  n^ai  que  ce 
crouie  hablt.  Vaudois   et  fribourgeois. 

Crouia  \ia  et  buona  mor 

Djame  ne  furan  d'accord. 

De  l'italien,  crojo ,  rüde  ,  grossier. 
CROUSTILLEUX ;  nous  faisons  souvent  usage  de 
cet  adjcctif  dans  le  sens  de  difficile,  epineux: 
C^cst  une  ajfaire  assez  crousülleuse ,  il  aura  de 
la  peine  ä  s'en  tircr.  Cette  acception  est  fausse  : 
CROUSTILLEUX  cst  synonyme  de  Ubre  ^  grai^elcux : 

Un  CONTE  CROUSTILLEUX. 

CROUTE  AU  P>EURRE ,  pour  beurree.  Neuch, 
Vaud. 


GENEVOIS.  93 

CKOUTION.;  poLir  crouton  :  Un  croülion  depain. 
diu -.Avoir son cruj auoirjait son  erntest  un  bar- 
barisme  ;  il  faiit  dire,  SA  crue.  Lyon. 

«  Une  bete  qui  a  son  cru  (l'elephant  de  Ceylan),  et  qui  a 
de  douze  ä  quatorze  pieds  de  haut ,  se  vend  environ  2,000 
dollars.  »  (Bihl.  Britan. ,  tom.  i5.^ 

CUARD  (DU),  DU  FILET,  DU  ciMiER.  Termc  de 
boiiclierie;  en  languedocien,  quouard. 

CUBLE,  CLUB. 

CUCHET  ,  VEILLOTE,  petit  tas  de  foin  :  Le  pre 
etait  coui^ert  de  cuchets  ,•  du  roman  cuche,  cu- 
chol,  cucJion ,  Cime,  faite,  forme  du  celtique 
euch  y  hauleur.  Cuclion  est  reste  dans  le  dia- 
lecl  e  lyonnais  ,  et  cuchot  se  dit  encore  en  Fran- 
die-Comte.'  ENCUCHER,  mettre  en  cuchets^ 
DECUCHER,  defaire  les  cuchets. 

CüER,  cuiR:  Un  marchand  de  cuers.  Langue  ro- 
mane,  quer. 

CUILLER,  prononcez  cu-glie,  cu-giiere,  ou  cui- 
gliere ,  mais  non  pas  keu-giier.  Voltaire  veut 
«ju'on  fasse  sentir  IV^  car  il  dit  dans  ses  Re- 
marques sur  Corneille  : 

Si  on  ne  voulait  rimer  qu'aux  yeux ,  cuiller  rimerait  avec 

mouiller. 


1  Los  paysans  de  cette  ])rovince  disent  aussi  raicuchcna , 
iiiettrc  du  grain  dans  une  mcsurc  dejä  remplic,  en  sorle  qu'il  y 
fasse  poinle,  cuche. 


94  GLOSSAIRE 

CULLIK ,  pour  cueillir. 

CUPESSE,  CULBUTE;  saut  quon  fait  en  mettant  la 
lete  en  bas  et  les  janibes  en  Ijaut :  Faire  des 
ciipesses  dejoie.  EN  CUPESSE,  sens  dessus Des- 
sous. Tout  etait  en  cupesse  daris  la  maison. 

CUPESSER  :  Cette  maison  a  cupesse,  c'est-ä-dire, 
eile  a  fait  banqueroute.  Le  verbe  roman  cabus- 
sar,  qu'on  retrouve  encore  en  Provence ,  signifie 
renverser  par  terre,  et  proprement,  provigner, 
courber  une  branche  clans  la  terre;  i!  est  pos- 
sible  que  cupesser  iie  soit  qu'une  alteration  de 
ce  terme. 

CUPLAT,  chule  sur  le  derriere. 

CURE;  terme  d'ecolier;  se  dit  lorsqu'nn  joueur  a 
perdu  tout  son  argent,  tout  son  enjeu  :  Je  suis 
eure  5  je  ne  joue  plus, 

CUSIN,  COUSIN,  insecte. 


GENEVOIS.  gS 


h^^^.^^t%^<W'%^rv».'»^»i^^,^^%/^^«»^»^,'V'»^^»^%.^^l»,^«»^^iV'».-v^^«»^V%^-^t^. 


D. 


Dada  ,  nourricier  ,  man  de  la  riourrice ,  terme 
enfantin.  Eri  hon  fraiKpais ,  d^lia  signifie  petit 
cheval.  Oii  Iroiive  dans  la  langue  cellique  dad, 
pere;  dans  l'arabe  vulgaire,  dada ,  nourrice. 
En  Angleterre  ,  les  enfans  disent  aussi  dad  ^ 
daddj,  pour  papa. 

DADOU,  DADAis  ;  C'esi  un  grand  dädou,  On  dit  a 
Lyon  :  dada. 

DAGUER,  PESTER,  ENRAGER.En  fran9ais,  ce  verbe 
signifie  frapper  a  coups  de  dague.  En  langue 
romane,  dague,  Insulte,  raillerie. 

DAILLE ,  FAUX;  du  vieux  frangais  dail,  forme  du 
cellique,  dala ,  couper;  dal,  portion,  parlage; 
de  la ,  le  theil  des  AUemands ,  le  deal  des  Angl. , 
le  deel  des  Flammands  ,  et  nombre  de  derives 
semblables  dans  diverses  langues  du  nord.  En 
Auvergne,  en  Dauphine  et  en  Languedoc,  une 
daille  signifie ,  comnie  chez  nous,  une  faux.  Les 
janissaires  ont  un  sabre  qu'ils  appellent  dal- 
glitsch.  D alller ,  faucher,  en  langued. 

DANDINE,  DANSE;  vol£e  de  coups. 

DARTE,  pour  dartre.  Lyon.  Paris,  pop. 


96  GLOSSAIRE 

DARCULONS ,  a  reculons  :  Aller  darculofjs. 
DATTE ,  pourDATE,  la  date  d'une  lettre.  La  datTE 

est  le  fruit  du  palmier.  Je  vous  ai  ecrlt  sous  Ict 

date  du. . .  ;  il  taut ,  EN  date  du . .  . 
DAA'ANTAGE.  Moliere  a  dit  dans  le  Bourgeois 

GeniWiomme  :  «  II  n'y  a  assurement  rien  qui 

chatouille  DAV ANTAGE  QUE  les  applaudisse- 
r/.  mens ,  mais  cet  encens  ne  fait  pas  vi  vre.  5)  II  fal- 

lait  :  QUI  CHATOUILLE  PLUS  QUE .  . . ;  daudntage 

ne  peut  ^tre  suivi  de  que. 
DAVID ;  faites  sonner  le  d  final  ^  et  ne  prononcez 

pas  Ddi^i.  Faites  aussi  sonner  le  b  dans  Jacob, 
DE;  ne  dites  pas  :  II  trauaille  de  tailleurj  eile  tra- 

vallle  de  lingere^  mais  ,  IL  EST  Tailleur  ;  elle 

EST  LINGERE. 

II  ne  s'cn  est  fallu  f!e  rien  que.  • . 

II  ne  s'en  est  de  guere  fallu ; 

II  m'en  a  fait  de  cadeau ; 

J'ai  cru  de  bien  faire  en  allant.  .  .  ; 

J'entends  batrre  de  la  caisse,  battre  du  tamboun 

Je  n'en  ai  pas  de  besoin  ;  ^ 

Cela  ne  fait  de  rien. 

Ella  a  ele  d'ohUgee  de  lui  rendre. . . 

Supprimez  lous  ces  de  quisont  autant  de  bar- 

barismes. 

DE  LA,  DU,  DES  :  //  a  de  rexcellenle  blere; 

nous  jnaiigcons  du  mainniis  paii;  j  des  grands 

phUosovhes  assiircnt. .  .  ,  ce  soiil  des  honnes 


GENEVOIS.  97 

gens.  II  est  mieux  de  dire  :  D'excellente  biere; 
DE  maiwais  pain  ;  he  grajids  pliilosophes . . .  ^ 
Cependaiit  Buflfon  ecrit :  Des  graues  historiens 
ont  ete  jusqu'ä  publier,  . .  On  dit  :  des  hons 
7710 ts ,  des  jeunes  gens ,  des  petites  maisons ,  etc. 
parce  que  les  deux  mots  soiit  lies  par  le  sens. 

Heureux  si,  de  son  temps,  pour  de  bonnes  raisons, 
La  Macedoine  eüt  eu  des  petites  maisons.  (Boileau.) 

DEBÄGAGER,  pour  dem£nager,  decamper,  de- 

menager  brusquement. 
DEBARRASSEE ,  debarras  ,  delivrance  de  ce  qui 

embarrassait :  Le  voilä  hin!  c'est  iine  bo7me  de- 

barrassee. 
DEBINE ,  indigence  ,  ruine  :  II  est  dans  une  de- 

bine  complSte, 
DEBLOTER  :  Debloter  sa  hara7igue;  debloterwie 

kirielle  de  soUises ,  c'est-a-dire  debiter,  reciter, 

avec  vitesse.  Deblote7^  iin  pain,  un  poulet  ^  le 

manger  avidement. 
DEBOQUER,  DfePLACER,  chasser  de  son  poste. 
DEBOUCHARDER,  laver,  nettoyer  le  visage.  Voy. 

Boucliard. 
DEBOULER,  partir,  decamper  :  Allons ,  debou- 

lez-77ioi  d'icl.  abouler,  dans  Fargot  des  prisons 

de  Paris ,  sigiiifie  vejiir.  (Voyez  Beaulieu,  Repol. 

de  Fj-ance. )  DEBOULEE  ,   sortie   precipitee  : 

Quelle  deboulee !  Neuch. 


98  GLOSSAIRE 

DEBRANLER,  quitter  la  place  :  //  n'en  a  pas 
debi-anle  de  loiite  la  journee. 

DECESSEPi,  pour  cesser  :  On  le  luia  defendu,  et 
il  n'a  decessc  de  le  Jaire ,  tu  ne  decesses  de 
causer,  Lyon.  Dccesser  est  le  contraire  de  ce 
qu'on  veut  dire ,  car  le  de  est  uii  priv  atif. 

DECOTER,  DESSERRER,  et  au  figure,  arranger, 
RAPPROCHER.  Oll  dit,  eil  faisant  un  marche  :  jy 
mettrai  encore  un  louis  pour  vous  decoter.  Voy. 
Coter. 

DECROTTOIR  (UN);  dites  une  decrottoire. 

DEDAIGNER  (SE)  :  Jeme  dedaignerais  blen  dral- 
ler avec  lui.  Ce  verbe  ne  peut  etre  employe 
dans  un  sens  reflechi. 

DEDANS ,  ne  peut  avoir  de  regime.  II  faut  donc 
dire  DANS  l'armoire ,  DANS  la  maison ,  et  non  dc- 
dans  Varmoire  s  etc. 

Mais  puisque  nous  voici  dedans  les  Tuileries, 
Le  pays  du  beau  monde  et  des  galanteries. 

(  Le  Menteur. ) 

Corneille  est  rempli  de  cette  locution ,  mais 
de  son  temps  eile  n'elaitpointenvisageecomme 
une  faute,  et  la  meilleure  preuve,  c'est  que  Scu- 
dery,  non  plus  que  TAcademie ,  ne  la  point  re- 
levee  dans  la  critique  du  Cid. 
DEDIRE ;  on  dit :  vous  vous  dedisez  ,  et  non  vous 
vous  dedi'.es,  a  la  seconde  personne  du  present 


GENEVOIS.  99 

de  Tindicatif ;  on  dit  aussi  :  vous  vous  CONTRE- 

DiSEZ.  Yoyez  Contredire. 
DEDITE  (UNE),  pour  un  dedit  :  ILy  a  une  dedite 

de  Cent  louis. 
DEFINIR  5  EXPiRER  5  toucher  a  sa  fin :  J'ai  cru  qiLil 

allait  definir  dans  mes  hras.  A  Paris,  le  peiiple 

fait  cette  faule.  En  vieux  fran^ais ,  dcßner  si- 

gnifie  etre  languissant,  abattii. 

Cet  homme  s'en  -va  tout  ch'finant. 

(NiCOT.) 

DEFINITION  5  FIN  :  Iljaut  en  faire  une  definiüon. 

Ce  mot  n'est  frangais  que  dans  le  sens  dexpli- 

cation,  etc.  EN  DEFINITION,  enfin  :  En  de- 
ßnition,  les  voilä  partis. 
DEFUN  TER ,  mourir  ,  deceder. 
DEGAGER  (SE),  pour  se  depecher  :  Allans ,  de- 

gage-ioi,je  suis  presse.  On  dit  en  Languedoc, 

se  degajä ,  dans  le  meme  sens. 
DEGELEE ,  volee  de  coups  :  Je  lui  aißdne  une 

degelee. 
DEGIGANDE,  pour  degingande;  cette  faute  se 

fait  aussi  a  Paris. 
DEGOUTANT,  qui  inspire  du  degoüt;  DEGOUT- 

TANT,  qui  tombe  goulte  a  goutte.  Ne  confon- 

dez  pas  ces  deux  mots. 

Entre  d'enormes  rochers  toujours  degoutans  de  l'eau  des 
cascades.  (Conserv.  Suisse.J 


loo  GLOSSATRE 

On  sent  quc  degoiittans  elait  Ici  le  mot  con- 
venable. 

Ccs  monsfres  orncs  de  croix  blanclies,  encore  toutes  de- 
goütantes  du  sang  des  femmcs  qu'ils  venaient  de  massacrer, 
(Voltaire  ,  Essai  sur  la  pocs.  cpiq. ;  cdit.  de  Bäle.) 

11  fallait  degouttantes  y  et  Delille  dit  dans  le 
meme  sens  : 

Son  sang  rougit  au  loin  les  ronces  degouttantes. 

(Eneide.J 

DEGREDELER,  degringoler,  tomber,  rouler 
dans  l'escalier :  II  s^ est  laissc  degredeler  par  la 
montee, 

DEGRUFFE,  alerte,  eveille,  espiegle. 

DEGUILLEMANDRE,  depenaille,  deguenille. 

DEGUILLER,  (prononcez  comme  marguillier) , 
abattre,  REN  VERSER;  propremcnt,  abattre  des 
quilles,  qu'on  prononce  mal  a  ^vo^os  guilles  ^  en 
bas-latin ,  gidlla ,  une  qiiille. 

DEHONTE,  EHONTE.  DeJwnle  ne  se  trouve  pas 
dans  TAcademie,  mais  Boiste  l'a  recueilli,  et 
Marinuntel  dit  que  c  est  un  vieux  mot  qu'on  de- 
vralt  conserver.  On  disait  autrefois  deshonter, 
pour  deshonorer  : 

Comment!  dans  un  chätcau  dont  l'antiquilc  brille, 
Venir  de  guct-ä-pens  deshonter  une  fille! 

(Th.  Corneille.) 

DEHORS;  ecrivez  dehors  sans  acccnt,  et  ne  dites 


GENEVOIS.  10 1 

pas  :  IL  est  dehors  de  cliez  lui,  dehors  de  la  mal- 
soriy  mais,  IIORS  de  chez  lui,  hors  de  la  inaisoii. 

DELICE ,  au  singulier ,  doit  toujours  ^tre  du  geiire 
masculin;  aiiisi  J.  J.  Rousseau  ii'est  pas  coriect 
en  disaiit,  dans  sa  Descriptlon  du  V al-de-Tra- 
vers  :  «  J'ai  sous  ma  fenetre  une  tres-belle  Fon- 
taine dont  le  bruit  fait  une  de  mes  delices.  EdiL 
de  Geneve,  1782. 

DELIGENCE ,  pour  diligence  :  //  est  parti  par  la 
deligence. 

DELIGENT,  pour  diligent. 

DEMANGOUNER,  ÜEMANGONNER,  deranger, 
GATER :  Cette  serrure  est  demangounee ,  iljaut 
la  raccommoder.  Neuch. 

DEMEURANCE,  demeure,  habitation  :  C'est  lä 
votre  demeurance  ?  Ce  terme  est  du  vieux  frang. 

DEMI-FEMME ,  lavandiere  pour  la  demi-journee. 

DENIOTER,  öler,  arraclier  de  sa  niote.  (voyez  ce 
mot)  :  On  nc  peut  pas  le  denioier  de  chez  lui. 
Ce  mot  veut  dire  proprement  oter  du  nid, 

DENIS ;  prononcez  deni  ,  nom  propre. 

DENUTERspourDENUER :  Elle  etaitdenuteedetout, 

DEPERSUADER ,  dissuader.  Ce  terme  appartient 

au  vieux  fran^ais;  Boiste  l'indique. 
DEPETRENfi ,  DEPOITRINE ,  d^braill^.  En  lan- 
gued.  despcirinat;  en  paris.  popul.  depotraille. 
DEPONDRE ,  enleyer  ,  decrocher  :  Depondez  les 


loii  GLOSSAIRE 

rideaux.  II  s'emploie  aossi  clans  le  sens  de  dis- 
continuer  :  II j  ai^ait  un  monde !  de  Plainpalais 
jusqu'ä  Bel'^ir,  ca  ne  depondait  pas. 
DEPUIS,  consider^  comme  adverbe  de  lieu ,  pour 
DE  :  Je  Vai  vu  depuis  ma  Jenetre.  Non-seule- 
nieiit  cette  faute  nous  est  familiere  dans  la  con- 
versation ,  mais  nos  ecrivalns  la  fönt  souvent : 

On  peut  dLecousTir  depuis  Palerme  le  sominet  de  l'Etna. 
— Les  toits  de  Cachemire  sont  couverts  de  fleurs,  ce  qui 
donne  ä  la  ville  un  charmant  coup-d'oeil ,  depuis  une  cer- 
taine  distance, — Depuis  ceshauteurs  on  jouit  d'une  vue  ma- 
gnifique. — J'ecrirai  c?e/3«t,y  Fezzan,  sije  puls  le  faire  sans 
danger.  (Bibliot,  Britan.) 

Je  vois  depuis  l'auberge  aller  et  venir. . . 

(M.  A.  PicTET,  Voyage  de  trois  mois ,  etc.) 

Ardee,  que  Ton  voit  depuis  les  fenetres  du  chäteau. .  . 
(M.  de  BoNSTETTEN ,  Voyage  au  Latium^ 

DER,  DE  (a  coudre)  :  Un  deren  argent.  Le  peuple 
ajoute  cette  r  par  euphoiiie,  c'est-a-dire  pour 
eviter  l'hiatus.  C'est  ainsi  qu'il  dit  encore  :  Une 
lotte  pour  une  hotte;  ä  r'mi  liomme^  ä  r'wi 
coin,  pour  a  un  homme,  a  un  coin;  du  quinar 
en  bois  y  et  moi~z-aussi  j  poiirquoi-t-est-ce  que? 

DERATER  (SE),  se  former,  prendi-e  de  l'usage, 
de  Fassurance  :  Depuis  que  ce  jeune  homme  est 
iciy  il  s*est  bicn  derate.  L'adjectif  derale,  de- 
ratee,  estindique  par  rAcademie,  mais  Laveaux. 


GENEVOIS.  fo3 

pretend  qua  Pai'is,  persomie  iie  serail  eiiteudu 
en  se  servant  de  cette  expression. 
DERNIER ,  DERRifeRE  :  Dernier,  darnier  le  Rhone. 

«  Et  commenca-t-on  ä  crier  :  l'abbe  nous  irahit,  car  il  le 
( le  vidomne, )  sauvera  par  dernier.  » 

(BONNIVARD.  ) 

En  langue  romane  darrenier, 
DEROCHER5  RENVERSER.  Michel  Roset  ecrit  dans 
ses  annales  :  «  Les  rues  des  faubourgs  derochees , 
contenaient  6,200  pas;  »  et  Bomiivard :  «  Les 
remparts  de  Saiiit-Gervais  faits  de  terre  es- 
toient  deroches ,  en  fa^on  qu'il  y  avoit  Ouver- 
türe de  tous  coustez.  rt  (en  i5ic).) 

Enlre  les  diex  y  ot  une  batallle  grant, 
Si  ne  fust  Jupiter  ä  sa  foudre  bruyant^ 
Qui  tost  les  desrocha. 

f Roman  d' Alexandre. ) 

DEROCHER,  DEROQUER,  en  fran?. ,  terme  de  fau- 
connerie ,  precipiter  d'un  roc. 

DEROCHER  (SE),  tomber  d'un  lieu  eleve  :  Ne 
montez  pas  Id,  vous  vous  derocherez, 

DES-DELA,  DE-DE  LA,  de  lautre  cöte,  dans 
l'autre  chambre  :  Oü  etiez-i^ous  ?  J'etais  des- 
de  lä^  passez  des-de  lä.  Locution  dauphinoise 
etneuchäteloise.  On  dit  a  Lyon  des-de  lä  Veaii, 
PAK  DELA  la  ri viere.  Italien,  dl  lä  dalßume'y 
cht  G  di  lä? 


io4  GLOSSAIRE 

DESASTRUEUX,  pour  di^sastreux. 
DESCAMPETTE,  pour  escampette. 
DESIR,  DE^IRER.  LAcademie  ecrit :  di^sir  ,  de- 

sirer;  et  Girault-Duvivier  observe  tres-bien,  k 

ce  sujet ,  que  la  multiplication  de  Ve  niuet  rend 

la  langue  sourde  et  monotone. 
DESSOUS,  DESSUS,  sont  des  adverbes,  et  non 

des  prepositions ;  vous  direz  donc  sousl'eau,  SUR 

la  fenetre,  et  non  dessous  Veau  ^  dessus  laje- 

netre, 
II  en  vient  dessus  vous  faire  fondre  les  restes. 
Quoique    Voltaire    signale  cette  expression 

comme  fautive,  il  ne  craint  pas  de  Temployer 

lui-meme  dans  la  poesie  badine  : 

Va  ,  je  le  mets  dessus  ta  conscience. . . 
On  entendit  dessus  ces  entrefaites ... 

II  ecrit  aussi  : 

Vous  dormez  dessous  les  courtines 
Et  des  Gräces  et  des  neuf  Soeurs. 

Les  poetes  d'aujoiird'hui  ne   se  permettent 
plus  ces  locutions. 

Nous  disons  :  //  lui  est  iombc  dessus  ,*  c  'est 
une/auie  qu'onnc  doitpas  mc  mettre  dessus.  Ce 
sont  des  barbarismes;  il  faut  dire  :  liest  tombc 
SUR  luly  c'csi  unc faule  qu^oii  ne  doitpas  mettre 
SUR  moL 
DESSUIVRE,  imiter  par  derision  l'accent  ou  Ics 


GENEVOIS.  io5 

manieres  de  quelqu'un :  Vous  etcs  im  bai^ardy 
vous  ne  faites  quc  me  dcssuwre.  Ce  terme  est 
du  vieux  frangais. 

DfiTABLER,  departager,  decider  une  electioii 
entre  deux  nombres  egaux  de  suffrage.  Ce  mot, 
qui  est  aussi  neuchatelois ,  derive ,  suivant 
M.  Guillebert,  d'un  usage  particulier  a  sa  pa- 
trie  :  les  juges  de  Neuchätel ,  dit  ce  philologue , 
donnent  leur  avis  assis  autour  d'une  table ,  et  ils 
y  restent  tant  que  la  majorite  n  est  pas  decidee; 
si  les  voix  sont  partagees,  le  presIdent  prononce , 
et  fait  alors  detabler  le  tribunal. 

DETENTE  :  Etre  dur  ä  la  deleniej  dites  A  LA  des- 
SERRE.  Neuch. 

DEVANCER,  DEVIN,  DEVINER,  DEVENIR, 
DE  VIS,  DEVISE,  DEVISER;  supprimez  l'ac- 
cent  aigu  sur  le  premier  e. 

DEVANT  :  Illuiest  alle  au-deuant  ^  ilvint  ä  mon 
devanU  Quaiid  devant  est  simple  preposition , 
il  doit  avoir  un  complement ;  vous  direz  donc 
plus  correctement :  il  est  all^  au-devant  de  lui  ; 

il  vint  AU-DEVANT  DE  MOI. 
DEVARIER,  DfiR ANGER,  INCOMMODER,  DETRAQUER: 

Je  ne  sais  ce  que  j'aiy  mais  je  nie  sens  tout 
deiJarie  auJowd'huL 
DIALECTE  (UNE).  Quelques  ecrivains  fönt   ce 
mot  feminin,  mais  il  ne  faut  pas  les  imiter. 


io6  GLOSSAIRE 

DIMANCHE :  J^alregumadimanche^  ilenjailses 
heiles  dimanches.  Ce  mot  ne  peut  ^tre  employe 
au  feminin. 

BINDE  (UN)  :  On  nous  a  serpi  un  beau  dmdej 

dites,  UNE  BELLE  DINDE ,  OU  UN  BEAU  DINDON;  le 

dinminutif  est  dmdonneau. 

DIO  5  TERRE  GLAISE  :  Des  mdpis  de  dio. 

DIOTU,  GIOTU;  epais,  ferme  :  Cette  soupe  est 
bien  diotue. 

DIRE,  pour  demander  :  Dites  ä  votre  pere  s'il 
pourrait  passer  un  moment  chez  moi. 

DISPARAT  (UN) ,  une  disparate  :  Celafait  un  dis- 
parat choquant. 

DISTAC ,  Sorte  d'accessit ;  terme  de  tirage. 

DISTRAISENT,  DISTRAISEZ  :  Ne  le  distraisez 
pasj  je  crains  qu'ils  ne  le  distraisent ;  il  faut 
dire  :  ne  le  distrayez  pas ;  je  crains  qu'ils  ne  le 
distraient.  Jean-Jacques  a  fait  cette  faute  dans 
ses  Con/essions» 

Nous  disons  aussi  SOUSTRAISEZ  pour  sous- 
TRAYEZ  :  Soustraisez  cette  somme, 

DIVISER,  pour  deviser,  causer. 

DOLE  :  Ce  nest  pas  la  Dole.  Cette  expression 
proverbiale ,  formee  du  nom  dune  haute  som- 
mite  du  Jura,  est  synonyme  de  l'adage  popu- 
laire  :  Ce  n^ est  pas  le  Perou.  ' 

DOMESTIQUE  :  Un  domcsliquc  en  hommcj  dites 


GENEVOIS.  107 

UN  DOMESTIQUE5  et  en  parlant  d'une  femme ,  une 

DOMESTIQUE. 

DOMMiVGER,  gater,  prodiguer  :  Ne  dommagez 

pas  ce  paiu*  En  langue  romane  damager. 
DONNER  LE  TOUR,  faire  le  tour  :  Nous  ai^ons 

donne  le  tour  par  Saint- Anioine.  Vaud. 
DONT,  employe  mal  a  propos  aulieu  de  que  :  Cest 

de  vous  dont  je  parle ;  c'est  de  ce  Iwredontj'ai 

besoin.  Crebillon  a  dit : 

Ce  n'est  que  du  tyran  dont  je  me  plains  aux  dieux. 

Cest  une  faute,  parce  qu'un  verbe  ne  peut 
avoir  deux  regimes  indirects. 

DORSEN AVANT ,  pour  dorenavant.  Vaud. 

DOUBLE,  la  double  est  la  pause  des  animaux 
qui  ruininent ;  le  GRAS-DOUBLE ,  la  membrane  de 
l'estomac  du  boeuf. 

DRACIIEE,  RESiDU,  MARC,  SEDIMENT  du  beurrc 
fondu  :  Unefigdce  d  la  drdchee.  En  langue  ro- 
mane, dräsche  ^  en  bas-Iatin  drasqiia^  veulent 
dire  dreche ,  marc  du  grain  dont  on  s'est  servi 
pour  la  fabrication  de  la  biere.  En  Provence  , 
draco  ^  marc  de  raisin. 

I  Le  prince  de  Taleyrand  donnait  une  grande  fete  :  la  femme 
d'un  parvenu,  qui  se  Irouvait  ä  ses  cotes,  lui  dit :  VoiJä  qui  doit 
yiowh  coiUer gros.  —  Oh!  ce  n'est  pas  le  Peiou,  repondit  sur- 
le-champ  le  spiiituel  ampliytrion. 


io8  GLOSSAIRE 

DREMILLE,  DORMILLE,  la  loche  franche,  co- 
hitis  barbatula ,  poisson. 

DROIT,  pour  pr^cisement,  justement  :  Venez 
droit  ä  midi,  DROIT ,  pour  debout  :  Je  me  suis 
tenu  droit  tout  le  temps  du  sermon,  Nous  disons 
aussi  BON-A-DROIT  dans  le  sens  de  bonne  me- 
sure  ,  BONNE  RATION  :  J  ^aime  bien  ä  me  sen>ir 
chez  lui^  par  ce  qu^il  mefait  toujours  bon-ä~ 
droit. 

DROLE,  comme  adjectif,  ne  signifie  que  plaisant, 
GAiLLARD;  nons  l'employons  mal  a  propos  pour 
agreable,  commode. 

DRUJON,  viRAGO,  femme  ou  fille  forte,  hardie  , 
laborieuse :  C'est  un  bon  drujon.  ( Proiioncez 
comme  donjori).  Du  celtiq. ,  dm  fort,  violent, 
epais ,  gras  ;  ainsi  que  drudje ,  druge^  engrais ; 
de  la  drudje ,  terme  rural.  Vaud.  et  fribourg. 
endrugi^  fumer;  celto-breton  druein.^ov\s  avons 
dit  ailleurs  que  la  terminaison  ein  est  du  dia- 
lecte  de  Vannes. 

DU  BONHEUR,  par  bonheur  :  C'est  du  bonheur 
que  j'ai  pu. . . 

DU  DEPUIS ,  pour  depuis.  Corneille  dit  dans  son 
Menteur : 

Votre  äme,  du  depuis ,  aillcurs  s'est  eiigagce, 

et  Regnier,  dans  ses  Satircs  : 

La  belle ,  du  depuis ,  nc  le  letheicLc  poinL 


GENEVOIS.  109 

Mais  cette  locution  a  toujours  ete  tr^s-de- 
fectueuse. 
DUEGNE;  mouillez^Ti  comme  dans  incognito. 
DU  MATIN  :  J'irai  du  maiin,  c'est-ä-dire  des  Ic 
matin. 

Couchez-\ous  de   bonne  heure,   pour  etre  du  matin 
ä  cheval.         (Hamilton,  Mem,  du  Chev.  de  Grammont.) 

DU  SOIN  :  Ayez-en  bien  du  soinj  supprimez  du. 


HO 


GLOSSAIRE 


E. 


.CjBALOURDIR,  pour  abasourdir.  En  langue  rom. 

ahalourdir. 
EBARAGNER  ,  enlever  les  toiles  d'araignee.  EBA- 

RAGNOIR  5  longLie  epoussette  destinee  a  cet 

usage. 
EBENISTRE,  pour  ebeniste. 
EBERCHER ,   ebrecher  :  Cetie  assiette  est  tout 

eberchee, 

EBOLUTION,  tBULLiTiON  :  //  a  le  corps  coui^ert 
d'eholutions. 

EBORNICLER,  pour  fisoRGNER. 

EBOURIFLER ,  pour  ebouriffer. 

EBRAISER,  remuer  la  braise  d'une  chaufferette 
ou  d'un  brasier  :  Ebraisez  la  hassirie, 

EBRIQUER,  briser,  rompre  :  J^aiebriquema  tou- 
pinc  ^  eile  est  en  mille  brlques.  Voyez  brique. 

ECALABRER,  ouvrir  entierement  :  La  porte,  les 

feneires^  tout^etait  ecalabre  j   iie  laissez  pas 

ainsi  les  pories  ecalabrees.  ]N  euch.   Ce  verbe , 

qui na  point de  correspondant  en  frangais,  nous 

parait  synonyme  de  l'italien,  spalancare, 

ECARABTLLER ,  ecarquiller  :  J^^ous  auez  lesyeux 


GENEVOIS.  1 1 1 

bien  ecarabilles.  Terme  dauphinois ;  en  Pro- 
vence, escarahilhat, 

ECARAFLER,  aplatir,  ]£cacher,  ecarbouiller  : 
II  s' est  ecarajle  le  nez  en  tomhant, 

ECARCASSE,  fatigue,  ereinte. 

ECCETRA,  ECCETliRA  ,  pour  et  cetera. 

ECHAFFOUREE,  echauffouree.  Lyon. 

II  mettra  un  terme  aux  discordes  que  \ echaffouree  d'A- 
ranjuez  a  fait  naitre.  (Salvandy.) 

E CHANCE  (UNE) ,  un  echange.  Ce  mot  est  mas- 
culin. 

ECHARBOTTER,  mäler,  embrouiller,  remuer  : 
JJne  eclievcHe  echarbottee ;  terme  de  la  langue 
romane.  Richelet  dit  encharbotte ,  pour  embar- 
RASSE ,  et  Rabelais  escharboiter,  pour  remuer. 

0  En  attendant  graisler  les  chätaignes,  escript  au  foyer 
avec  un  long  baston,  brüle  d'ungbout,  dont  on  eschar- 
hotte  le  feu.  » 

ECIIARPINE,  epinache:,  echevele,  qui  a  les  che- 
veux  en  desordre.  En  roman ,  ^  ^entrechapin- 
gnier,  se  tirer  les  cheveux. 

Moult  se  sont  entrechapingnie , 
Batu ,  et  fern,  et  sachie;  (du  verbe  sacher,  tirer  en 
agitant.) 

(  Anciens  fabliaux.J 

Ii^PIN ACHER  le  chanvre,  le  peigner.  Terme  rural; 
les  EPINACHEURS  sont  venus. 


112  GLOSSAIRE 

ECHARSjterme  de  couturiere.  En  vieux  fran^ais, 
ce  mot  signifie  avare,  serre,  chiche,  et  vient 
du  celtique^  scars  ^  mince,  court,  d'oü  rallem. 
Jcarg^  chiche,  avare.  En  Franche-Comte ,  oii  dit 
aussi  un  habit  cschars.  En  fran^ais,  iine  mon- 
naie  echarse  est  une  piece  qui  n'est  pas  au  titre. 

ECHECS  :  Jouer  aux  echecs ,-  prononcez  echai. 

ECHEMI,  se  dit  dune  viande  sans  saveur  etfilan- 
dreuse. 

ECHEVETTE,  pour  echeveau.  En  langue  romane, 
escheueite.  Neuch.  Vaud. 

ECHIRER,  pour  dechirer  :  Ilni'a  toutechire  mon 
habit  j  raccommodez  cctte  ECHIRÜRE. 

ECL AFFER ,  ecacher,  aplatir,  ecraser.  Ce  terme 
appartient  au  vieux  frangais.  Neucli.  Vaud. 

ECLAIREMENT  :  Ueclairementdc  la  ville;  dites 
l'eclairage. 

r  r 

ECLAIRER.  L'Academie  veut  qu'on  dise  :  Eclai- 
rez  a  Monsieur,  et  non  pas  eclairez  Monsieur. 
Cette  locution  n'est  point  d'un  usage  general, 
et  IM.""^  de  Genlis ,  dit  dans  ses  Memoires : «  Un 
valet  survint;  je  lui  dis  :  eclairez  M.  le  Vicomte 
de  Custines. »  ECLAIRER,  jjour  allumer,  faire 
BRULER  est  un  barbarisme  :  Eclairez  Ics  quin- 
qucts. 

ECOLAGE,  salaire  quc  paie  l'ecolier  :  Pajcr  Ve- 
colage  au  rcgent. 

ECORCES-NOIRES,  scorsoneres^  salsifis. 


GENEVOIS.  ii3 

ECOPiCHE-CU ,  perche  un  peii  plus  grosse  que  la 

vwe.  Voyez  ce  mot. 
tiCOT  DE  BOIS,  BRIN,  petite  branche  de  bois  sec. 

Ell  fran^ais ,  ecot  signifie  un  tronc  d'arbre ,  ou. 

il  reste  quelques  bouts  de  branches. 
ECOTER,  ramasser  des  ecois. 
ECOUENNER  (S'),  s'efforcer.  En  fran^ais ,  ecoua- 

72er  signifie  limer,  raper,  degrossir. 
ECOUENNE  :  II  j  va  de  toutes  ses  ecouennes , 

c*est-a-dire   de  toute  sa  force  :  Tu  ri'as  pas 

Vecouenne  p   la  couanne  ^    c'est-a-dire    tu    ne 

peux  pas ,  tu  n  es  pas  assez  fort.  En  fran^ais , 

ecouenne  est  un  terme  de  monnaie. 
ECOUERU  ,  PETIT,  MAiGRE,  DEBILE,  de  mauvaise 

mine  :  C'est  un  pauure  ecoueru,  Expression  qui 

vient  du  fran9ais  ecouer  ,  couper  la  queue  dun 

animal. 
ECOVET ,  ficouviLLON ,  Instrument  ä  l'usage  des 

fourniers.  Vaud. 
ECREME ,  se  dit  d'une  piece  d'eau  qui  commence 

a  se  congeler  :  Lesfosses  sont  dejä  ecremes,  II 

faut  dire  cremes. 
ECRIVISSE ,  pour  ecrevisse.  Vaud. 
ECUELLES ,  pour  ricochets  :  Faire  des  ecuelles 

au  hord  du  lac. 
ECUERNE ,   IDIOT ,   STUPIDE  :  C'est   un  pau^re 
ecuernc.  Quelques-uns  disent  ETIEURNE. 


ii4  GLOSSAIRE 

ECUISSOTER  (S),  se  fatiguer  par  une  forte  mar- 

che  :  J'ai  tantgdpehier,  quej^en  suis  tout icuis- 

sote  aujourd'hui. 
ECUIT  se  dit  dun  enfant  en bas-age ,  dont  la  peau 

trop  teiidre  se  crevasse.  En  langued.  esco'i. 
EDUQUER ,  FAIRE  L  EDüCATiON.  Roubaud  autorise 

ce  verbe,  mais  De  Waiily,  et  Boiste,  d'apres 

Voltaire ,  le  signalent  comme  un  neologisme  vi- 

cieux.  Terme  latin  et  roman. 
EFFICACEMENT ,  pour  efficacement  ;  sans  ac- 

cent  sur  le  second  e, 
EFFORClfi ,  qui  a  une  Hernie ,  une  descente.  11  a 

un  effort,  ne  peut  se  dire  correctement  qu'en 

parlant  du  cheval. 
EGALISEUR,  nom  que,  pendant  la  revolution, 

Ton  donnait  ä  nos  demagogues  :  C'est  unja- 

meux  egaliseur.  Les  Fran^ais  disaient  UN  nive- 

LEUR.  On  a  aussi  appele  egaleurs  certains  fac- 

tieux  qui ,  sous  le  regne  de  Charles  I.®^ ,  vou- 

laient  egaler,  rendre  egales  toutes  les  conditions 

de  l'Angleterre. 
fiGANCER;  faire  les  EGANCES,  egaliser  les  lots 

d'un  partage. 
EGATER  (S'),  se  divertir,  courir  la  pretentaine. 
EGRAVETER,  gratter  la  terre  ;  Les  poules 

^grai^eitent  dans  le  jardin. 


GENEVOIS.  ii5 

fiGRILLfi,  DESS^CH^,  eraille  par  Taction  du  so- 

leil  :  Ce  vernis  est  dejä  tout  egrllld, 
EJAVETER  (S'),  se  debattre  :  //  s^est  ejavete  un 

moment  sur  Ueau,  et  puis  on  ne  Va  plus  ret^u, 
ELANCEE  ,  ELANCEMENT  :  Ce  marteau  ^  cette  dent 

me  donne  des  elancees  qui  me  fönt  beaucoup 

souß'rlr, 
ELEXIR ,  ELixiR  :  De  Velexir  de  longue  vie. 
EMBARBOUILLER,  pour  barbouiller. 
EMBARDOUFLER ,  le   meme   que  EMPATOU- 

FLER;  patois  de  Fribourg,  hardoußlar  ^  salir. 
EMBARRAS  (FAIRE  SON),  se  donner  de  l'inipor- 

tance  :  Tujais  bien  ton  embarras. 
EMBAUCHOIR,  pour  embouchoir. 
EMBETER,  ennuyer  ,  exceder  ,  nmt^^R :  Lais- 

sez-moiy  vous  m^embeiezj  que  c^est  embctantl 

« II  avait  embete  Kleber,  (disalt  Napoleon  en  parlant  de 

Sidney-Smith)  par  tous  les  contes  qu'il  etait  venu  ä  bout 

de  lui  faire  croire.  » 

(Memorial  de  Sainte-HeUne.) 

En  vieux  frangaisj  abesiir^  on  disait  aussi 
assoter ,  rendre  sot ,  rendre  fou. 
EMBIJ0LER,enj6ler. 
EMBRELICOQUER ,  emberlucoquer» 

A  quoi  bon  s'embrelkoquer  I'esprit  de  ces  bätards  de 

noms  ? 

(Hauteroche  ,  Crisp,  Med,) 

Langue  romane ,  emburelicoguer.  Vaud. 


ii6  GLOSSAIRE 

EMBRINGUER  (S'),  se  mettre  dans  Fembarras: 
Je  crois  cette  maison  un  peu  embringuee.  En 
langue  romane,  embrlnguer ,  etnbarrasser,  et 
desembringuer,  atfranchir,  liberer.  En  Italien, 
imbrigare ,  embrouiller. 

EMBRONCHE,  sournois,  chagrin,  de  mauvaise 
humeur  :  II  a  un  air  embronche,  Vaud.  Vieux 
frangais  embronc,  embroriy  triste,  chagrin ;  em- 
broncher,  embruncher ,  couvrir. 

«...  Et  ainsi  qu'il  eüt  eleve  les  yeux  vers  le  dit  gouver- 
neur  pour  le  regarder,  il  couvrit  sa  face,  et  se  embruncha»  » 
{^Chronique  citeeparHx:  Gange.) 

Rabelais  parle  aussi  d'un  solier  ou  plancher 
d'en  haut,  embronche  de  sapin.  En  italien,  im- 
bronciäre,  faire  la  mine;  en  languedocien  em- 
brouncat,  fache.  Gattel  dit  que  quelques  per- 
sonnes  fönt  encore  usage  de  \dLA]ec\.\i  embronche  ^ 
a  la  bonne  heure ,  mais  il  ne  faudrait  pas  dire 
embronche, 

EMBROUILLAMINI,  pour  brouillamini. 

EMBRO  ÜILLE,  pour  embrouillement,  imbroglio. 

E MBURES ;  Fende  les  embures  en  pidant ,  vieille 
expression  genevoise,  dont  on  faisait  usage 
dans  certains  jeux  pour  demander  la  mesure 
juste.  Voyez  Pider. 

EMMELE ,  EE ,  m^le  ,  brouillä  :  Des  chei^eux  em- 
meleSf  une  echei^ette  emmelee» 


GENEVOIS.  117 

EMOTTER,  EMONDER.  Emotter  signifie,  en  fran- 

^ais ,  briser  les  mottes. 
EMOURGER  (S'),  s'animer,  se  reveiller  :  Allons, 

emourge-toii  du  latin,  emergo ,  je  me  leve,  je 

sors  d'oü  j'etais  plonge.  Le  mourget  est  un  vent 

de  notre  lac  qui  se  leve  brusquement. 
EMOUSTILLER ,  exciter  ,  aiguillonner.  Tenne 

de  la  langue  romane  qui  signifie  proprement 

emoucher.  Le  Dictionnaire  de  Boiste  indique  ce 

verbe  comme  appartenant  a  l'auteur  ^ Emile  ; 

Marmontel  et  M."^  Roland  en  ont  fait  usage 

dans  leurs  Memoires.  ' 
EMPARE  :  Prendre  de  Vempare^  c'est-a-dire  du 

CHAMP,  de  la  MARGE.  Espagnol,  amparo  avantage. 
EMPARER,  soutenir  le  pari  de  quelqu'un  :  Je 

vous  emparerais  bien^  j'emparerais  bien  la  ga- 

geure. 
EMPATIERE,  petrin,  huche.  Voyez  Petrissoire. 
EMPATOUFLER ,  couvrir  ,  salir  :  Je  ne  peux 

le  prendre ,  yai  les  mains  tout  empaioiiflees . 

En  roman ,  empantoiifle ,  enveloppe. 

I  Mercier  dans  sa  Neologie,  a  aussi  reclamc  l'adoplion 
d'emoustiller.  Cette  proposition  n'a  rien  que  de  tres-raisonnable, 
mais  il  en  fait  d'autres  passablement  ridicules  :  II  voudralt  qu'on 
appelät  une  laitiere  une  galactophore ;  une  fillc  publique,  une 
vulgivague ;  la  guillotine,  un  decaput ;  une  caverne,  une  pro- 
fondeur,  une  spelunque ,  et  qu'on  dit  :  O  spelunque  du  coeur 
humainl 


,i8  GLOSSAIRE 

Cy  n'entrcz  pas  hypocrites,  bigots, 
Vieuls  matagots,  marmiteux  boursouflcs, 
Haires,  cagots,  capharts  empantoußes, 

(Rabelais.) 

EMPECHER  (LUI),  dites  l'empächer  :  Je  lui  en 
empecheral  hien  jje  lui  ai  empeclie  dy  aller,  On 
ne  dit  pas  empecher  ä.  On  nous  empeclie  Vacces 
de  cette  maison ,  serait  egalement  une  faute. 

EMPLETER,  n'est  pas  frangais;  il  fautdire  FAIRE 

EMPLETTE. 

EMPOIS ,  est  masculin  ;  ne  dites  donc  pas :  Avez- 

vous  de  la  bonne  empois  ?  mais ,  de  hon  empois. 
EMPOISONNER  :  Vous  empoisonnez  lafumee; 

cette  chambre  einpoisonne  la  pipe^   sont  des 

phrases  vicieuses. 
EN  :  //  s^est  en  alle  j  ils  se  sont  en  alles ^  pour  il 

s'en  est  alle;  ils  s'en  sont  alles.  Colin  d'Harle- 

ville  fait  cette  faute : 

Et  j'ai  regret  de  voir  qu'il  se  soit  en  alle. 

(Chäteaux  en  Esp.) 

Crac,  il  s'est  en  alle  :  moi,  je  m'en  vais  de  meme. 

(Vieux  C-elib.J 

Ne  dites  pas  non  plus  ;  mais , 

Laissez-le  en  aller,  Laissez-le  s'en  aller. 

11  s'est  r'entourne;  il  s'en  est  r'entourne,  II  s'en  est  retourne. 

11  s'est  ensauve,  II  s'est  sauve. 

Se  r'envenir  y  s'en  r'envenir,  S'en  revenir. 

/e  t'en  assure.  Je  te  l'assure. 

Je  m'en  y  vais.  J'y  vais. 


GENEVOIS.  119 

Au  Heu  de  :  dites  : 

11  s'en  va  mourir,  II  va  mourir. 

//  s'en  est  enfui.  II  s'est  enfui. 

//  s'en  est  ensuivi  que...  II  s'est  ensuivi  que... 

Sors  d'icif  va-t-en.  Sors  d'ici,  va  -t'en , 

car  le  t  ii'est  point  ici  une  lettre  euphonique , 
mais  bien  le  pronom  te  dont  on  retranche  \e. 

II  en  ajort  mal  agi  avec  rnoi,  II  en  a  fort  mal  use. 

La  preposition  en  ne  doit  jamais  etre  placee 
devant  agir,  les  phrases  suivantes  ne  sont  donc 
pas  correctes: 

Si  je  n'en  avais  pas  agi  corame  je  Tai  falt.  . . 

("Biograph.  univ.J 

II  en  avait  dejä  agi  de  meme  dans  ses  missions  en  qualitd 
de  represenlant. 

(TissoT,  Mem.  sur  Carnot.) 

Cette  essencejait  en  aller  les  taches  est  en- 
core  une  phrase  defectueuse ,  parce  que  en  aller 
ne  peut  se  passer  du  pronom  personnel;  il  faut 
dire  :  öte  ,  enleve  les  taches. 

En  ayant  une  bonne  conduite  y  en  eiant  sage , 
vous  prospirerez^  est  aussi  vicieux,  par  la  rai- 
son que  etre  et  ai^oir  ne  prennent  pas  devant 
eux  la  preposition  en.  Ajoutons  que  Texpression 
en  meme  pour  A  MEME  est  un  barbarisme  :  // 
est  bien  en  meme  de  faire  cela. 
EN  CAMPAGNE ,  pour  A  la  campagne;  en  cam- 


120  GLOSSÄIRE 

pagjje  est  uii  terrne  cIg  giierre ,  mais  les  poetes 
s'affranchissent  quelquefois  de  cette  dislinction; 
Destouches  a  dit  dans  son  Philosophe  marie  : 

EUes  partaient  pour  aller  en  campagne^ 
Et  fort  innocemment  je  leur  disais  adieu, 
Quand  vous  etes  venu  nous  surprendre  en  ce  lieu. 

Et  Delille ,  en  parlant  de  Montaigne  : 

Heureux  ou  malheureux,  ä  la  ville,  en  campagne, 
Que  son  livre  charmant  partout  vous  accompagne. 

Jean- Jacques  dans  son  Emile,  La  Bruyere  dans 
ses  Caracleres,  ecrivent  aussi  en  campagne  dans 
le  m^me  sens.  Italien ,  in  cainpagna» 

EN-HAUT,  EN-BAS :  En-haut  Coutances;  en-bas 
Chepelu^  dites  au  haut  de  Coutances;  au  bas 
DE  Chevelu. 

EN  VIELE  5  pour  a  la  ville  :  Etes-vous  rentre  en 
j>ille?  Etre  en  ville,  c'est  n'etre  pas  chez  soi. 
Etre  a  la  ville ,  c'est  n'etre  pas  a  la  campagne. 

ENCABOURNER  (S'),  se  tenir  renferme,  Ckcnt : 
II  est  resie  tout  lejour  encabourjie  chez  lui^  en- 
Jerme  dans  sa  cabourne.  En  celtique,  cab  ^  en- 
veloppe,  logement,  d'oü  cabane ,  cabinet  ^  etc. 
Cabourne,  en  roman,  capuchon  de  religieux. 
Neucli.  et  langued. 

ENCHEVALER,  placer,  ranger  des  colis  les  uns 
sur  les  autres.  On  dit  en  fran^ais  enchanteleR 
du  bois,  le  ranger  en  tas  dans  le  chantier. 


GENEVOIS.  121 

ENCOCHE5   COCHE,    ENTAILLURE.     EuCOChe  nc  SC 

dit  qu'en  terme  de  serrurerie.  Vaiid. 

ENCOUBLE,  OBSTACLEjEMPÄCHEMENT,  EMBARRAS  : 

C^est  une  grande  encouble  gue  j'ai  Id.  En  Pro- 
vence ,  encoublos ,  entraves. 

ENCOUBLER,  gener,  embarrasser.  Langue  ro- 
mane  accoubler,  attacher  les  jambes  d'un  che- 
val.  Neiich.  Vaud.  Nos  voituriers  appelleut  une 
couble  une  paire  de  chevaux  de  carrosse. 

ENCRE  :  Mon  encre  est  trop  epais.  Ce  mot  est  du 
genre  feminin.  De  V encre  ä  la  Chine  est  aussi 
une  faute;  on  doit  dire,  de  l'encre  de  Chine. 
Vaud. 

ENCROIRE ,  est  un  barbarisme ;  il  faut ,  accroire. 
En  langued. ,  encrejre, 

ENCROTTER,  enterrerun  animal.  Roman,  crot; 
bas-latin,  crotum ,  creux,  fosse. 

ENDOLORI ;  mot  nouveau  introduit  par  Jean- 
Jacques  5  et  adopte  par  les  lexicographes  mo- 
dernes. Le  verbe  endolorer  est  du  vieux  fran- 
9ais.  Investigation ,  mot  fort  ä  la  mode  aujour- 
d'hui ,  est  aussi  de  la  creation  de  Rousseau ;  in- 
vestigateur  manquait  ä  la  langue. 

EN  EFFET,  pour  en  fait  :  En  effet  de  meubles , 
cet  oui^iier  travaillefort  bleu. 

ENFANTIAU;  qui  fait  des  enfantillages;  corrup- 
tion  du  vieux  mot  enfajiteau. 


122  GLOSSÄIRE 

ENFARfiE  :  // est  venu,  la  hauche  enfaree^  m^ap- 
prendre  que . . . ;  il  faut  dire  enfarinee. 

ENFATTER  (S'),  s'enfiler  ,  se  cacher  :  S'enfatier 
dans  un  trou,  dans  unefente.  Du  patoisya//<2  ; 
voyez,  pour  l'origine  de  ce  mot,  nos  Observa- 
tions  sur  le  patois  de  la  campagne.  Nous  disons 
aussi  quelquefois  s^enfaufiler  a  peu  pres  dans  le 
meme  sens. 

ENFLAMMATION ,  pour  inflammation. 

ENFLE ,  pour  enfle.  C'est  une  locution  languedo- 

cienne  et  gasconne ,  ainsi  que  gonße ,  trempe, 

etc.  Neuch.  Vaud.  Montaigne  dit  dans  ses Essais: 

«  Ce  ciel  de  lict  toul  enjle  d'or  et  de  perles ,  n'a  aucune 

vertu  ä  rappalser  les  tranchees  d'une  verte  cliolique. » 

ENFONCE,  enfoncement  :  Ildemeure  dans  une 

certaine  enfonce. 
ENGLAUDINER,  enjöler,  embobliner. 
ENGLUE;  nom  donn^  pendant  la  revolution  aux 

plebeiens  attaches  a  l'aristocratie  :  C'est  un  bon 

englue,  cest  du  bon  glu. 
ENGORGELER5  mettre  par  Force  un  alimentdans 

la  gorge.  En  röman ,  gorguetter, 
ENGRAINGER,  chagriner,  facher.  Du  roman 

engraigner,  qui  a  le  meme  sens: 

Si  l'ire  Jalousie  engraigne, 
Elle  est  moult  fiere  et  moult  grifaine  (cruelle). 
fRornan  de  la  Rose.) 

Voyez  Grainge. 


GENEVOIS.  123 

ENGUEUSER,  tromper,  emboiser. 

ENGUtGNONNER  :  Je  ne  joue  plus,  je  suis  en~ 
guignonne^  dites  :  je  suis  EN  GUIGNON;  engui- 
gnonner  n'est  pas  fran9ais.  Nous  disons  aussi  : 
Cestavoirhien  du guignon\  c'estÄtre  bien  en 
GUIGNON ,  serait  beaucoup  mieux. 

ENIERLER  (S') ,  s'ereinter  :  Je  me  suis  enierle 
apres  cet  oui^rage,  Un  latiniste  derive  ce  verbe 
de  la  preposition  privative  e ,  et  de  nerio ,  force , 
puissance, 

IlNIVRER,  ENORGUEILLIR;  prononcez  an-ni^ 

vrer,  AN-NORGUEILLIR  : 

France,  enorgueillis-toi ;  des  arts  et  du  genie 
Tu  seras  desormais  rimmortelle  patrie. 

(BiGNAN.) 

Ecrire  et  prononcer  enorgueillir^  enwrer,  c'est 
doniier  a  ces  verbes  un  sens  contraire  ä  leur  si- 
gnification  propre ;  car ,  au  lieu  de  la  preposi- 
tion e/7,  orgueillir  en ,  c'est-a-dire  donner  de  Vor- 
gueil  dans ,  il  semblerait  qu'on  veut  faire  usage 
de  l'extractif  e,comme  dans  e-nerver,  e-fFeuiller, 

ENNOBLIR ,  pour  anoblir.  Voyez  ce  dernier  mot. 

ENNOSSER  (S'),  s'embarrasser  le  passage  du  go- 
sier  en  mangeant,  en  buvant  trop  vite,  s'en- 
gouer,  car  ce  verbe  se  dit  au  propre  dans  ce 
sens  :  s^ennosser,  s'enosser  appartiennent  a  la 
langue  romane.  Vaud. 


124  GLOSSAIRE 

ENRAUFER,  salir  ,  couvrir  d'ordures.  Roffee,  en 

roman ,  croüte  de  gale. 
ENROIDI,  prononcez  enredi  ;  roidi  :  Je  me  sens 

tout  enroidi. 

ENROSSER  ,  EMP^TRER,  ATTRAPER  :  //  s'est  joU- 

ment  laisse  enrosser  de  cette  marchandise^  Vous 

m'avez  joliment  enrosse  ai^ec  ce  chei^al.  Nous 

pronon9ons  enrausser. 
ENROÜURE,  ENROUEaiENT :  J'ai  un  peu  d'en- 

rouure, 
ENSEVELISSEMENT ,  pour  enterrement  :  Aller 

d  un  ensei^elissement ^  un  hei  ensepellssement. 

Enterrement,  inhumation  se  disent  de  la  cere- 

monie  pratiquee  lorsqu*on  met  un  corps  en  terre ; 

ensei^elissement ,  de  l'action  par  laquelle  on 

l'enveloppe  dans  le  linceul.  Ensei^elir  et  enterrer 

offrent  la  meme  difFerence. 
ENTECHER ,  mettre  en  tas  ;  il  se  dit  particulie- 

rement  des  fourrages  :  Dujbin  bien  enteche  se 

conseri^e  long-temps.  Voyez  Teche. 
ENTER  DES  BAS ;  il  est  mieux  de  dire ,  remonter 

des  bas. 
ENTORSE  (SE  FAIRE  UNE),  se  donner  une  en- 

torse  est  niieux. 
ENTRECOT ,  ruelle  forinee  par  les  echoppes  qui 

bordent  les  rues  basses  :  irauerser  un  enirecot. 
ENVERJÜRE  ,  envergure  :  Cet  oiseau  a  deux 

pieds  d''enverjurc. 


GENEVOIS.  125 

ENVERS,  ANVERS,  clou,  furoncle  :  II  lui  est 

sorti  des  arwers  par  tout  le  corps. 
ENVOYER ;  Je  VemajeraL  On  dit  aujourd'hui  : 

je  I'enverrai. 
EPARE ,  PENTURE ,  bände  de  fer  pour  soutenir  les 

portes  et  les  fenetres.  Vaud. ;  ä  Lyon  empare, 
EPARGNE ,  EINET  :  Mettez  ce  bout  de  chandelle 

sur  l'epargne.  Vaud. 

Sans  s'en  apercevoir  (rnon  rnaitre),  est  ruine  tout  netj 
II  brille;  mais  ma  foi ,  c'est  en  faisant  binet. 

(Destoüches  ,  le  Dissipateur.) 

EPIDERME,  est  du  genre  masculin;  il  ne  faut 
donc  pas  imiter  Moliere ,  qui  dit  dans  ses  Fejn- 

mes  sai^antes  : 

La  beaute  du  visage  est  un  frßle  ornement, 
Une  fleur  passagere,  un  eclat  d'un  moment. 
Et  qui  n'est  attache  qu'ä  la  simple  epiderme. 

EPINARDS  :  De  bonnes  epinards^  il  faut  le  mas- 
culin. 

EPINGOLER ,  deboucher  la  lumiere  d'une  arme 
a  feu  avec  une  epinglette. 

EPINGOLOIR ,  EPINGLETTE. 
EPION  ,  ESPION. 

EPISODE  (UNE)  ,  UN  Episode.  M.  Sismondi  et 
]^l  me  Necker-De  Saussui-e  ont  fait  ce  mot  femi- 
nin.  M.™^  de  Genlis   reproche  a   Tauteur  de 


126  GLOSSAIRE 

Corinne,  davoir  dit  aussi :  une  charmante  dpi- 
sode ... 
EPOULAILLER ,  ifepouv anter  :  //  est  i>enu  tout 
epoulaille  jii'appreTidre  que. . .  ,•  du  patois  po- 
laille,  une  poule ,  parce  que  cet  animal  s'effraie 
aisement. 

EPOUSSOIR  (UN),  UNE  EPOUSSETTE. 

EPOUSTACHER ,  chasser,  renvoyer  avec  humeur  : 

Je  vous  Vai  epoustache  de  la  helle  maniere. 
EPOUX,  EPOUSE,  FiANCE,  FiANCEE.  Dans  ce  sens 

il  faut  necessairement  dire  :  futur  epoux. 
EPUISETTE ,  ECOPE ,  ustensile  pour  6ter  l'eau  d'un 

bateau;  en  frangais,  sorte  de  filet  pour  les  oi- 

seaux. 
EPUISOIRS  (LES) ,  escaliers  en  bois ,  pratiques  sur 

le  Rhone  pour  puiser  de  l'eau. 
EQUATEUR,  EQUATION,  EQUESTRE,  EQÜI- 

LATERAL ,  faites  sentir  Im. 
EREINTE  :  II  j  allait  ä  toute  ereinte  ^  de  toutes 

ses  ereintes,  c'est-a-dire  de  toutes  ses  Forces. 

Dauphin,  et  paris.  popul. 
ERESIPELE  (UNE) ,  un  Erysipele.  Voltaire  ecrit 

eresipele,  et  Morellet  eresjpole  :  l'etymologie 

grecque  demande  Vj  apres  IV. 
ERINIERES  (LES),  lumbago,  douleur  de  reins, 

courbature.  A  Lyon ,  enreinieres. 
ERRIERE  (EN) ,  en  arriere  ;  paris.  popul. 


GENEVOIS.  127 

ERSE ,  pour  gerce  ;  Celle  etoffe  est  toute  rongee 

des  erses. 
ERTEUIL.  Voyez  Arteuil. 
ESGAMBOUILLIR ,  ECAMBOUILLIR,  ßBOUiLLm : 

JVe  laissez  pas  tant  escambouillir  cette  viande. 
ESC  AND  ALE ,  pour  scandale,  est  du  vieux  franQ. 
ESC AV ALANT  (EN),  en  desordre,  en  deroute: 

Cela  s^en  va  tout  en  escavalant.  Les  Fran9ais 

disent  en  terme  de  batelier ,  qu'un  bateau  va 

en  ai^alant^  lorsqu'il  descend  la  ri viere;  du  vieux 

mot  ai^al,  par  en  bas,  oppose  a  celui  ^amont. 
ESCIENT ,  ne  doit  s'employer  qu  avec  la  particule 

A  :  Faire  quelque  chose  A  BON  escient  ;  mais  nous 

disons  :  Vous  ai^ez  bien  peu  d* escient ,  la  dent 

d^  escient, 
ESCLANDRE  (UNE) ,  m  esclandre. 
ESCORMANCHER  (S'),  s'escrimer,  se  tourmen- 

TER  :  Je  me  suis  escormanche  apres  cela  ,  saus 

poui^oir  en  venir  ä  boiit. 
ESCOTE5  ECOUTE,  et  en  vieux  frangais,  escoute, 

terme  de  batelier;  corde  qui  sert  ä  diriger  la 

voile  :  Tirez  Vescote, 
ESPACE  :  Une  grande  espace ^  vieux  frangais.  Ce 

mot  est  actuellement  masculin. 
ESPADRON,  ESPADRONNER ,  dites  espadon, 

ESP  ADONNER,  en  supprimant  IV.  Lyonnais  et  pa- 

risien  popul.  Vaud. 


128  GLOSSAIRE 

ESPERER  :  J^espere  que  vous  ifoild  satisfait.  Les 
puristes  coiidamnent  cette  expression  ,  parce 
que  le  verbe  esperer  ne  pouvant  se  rapporter 
qua  FaVenir,  il  est  necessaire  de  mettre  au 
futur  le  verbe  qu'il  determine. 

ESPICERIES  a  vieilli;  Ton  necrit  plus  que  epi- 

CERIES. 

ESQUELETTE,pour  squelette,  est  du  vieux  fran- 
9ais.  Quelques  persoiines  disent  une  squelette; 
ce  mot  est  du  genre  masculin. 
ESQUICHER  (S'),  se  serrer  ,  se  faire  petit.  L'A- 
cademie  Findique  comme  terme  de  jeu  du  re- 
versi,  et  au  figure,  dans  le  sens  d'eviter  de  pren- 
dre  part  a  une  querelle. 

Ce  mot  vient  du  roman  esquicha  presser, 
serrer ;  les  Provengaux  disent  esquichar  uno 
limo,  presser  un  citron ;  esquichamen ,  serrement 
de  coeur : 

You  souffri  la  rnouer  nieut  et  jour 
Ti' esquichamen  et  de  doulour. 

ESSOURDELER ,  assourdir. 

ESSOURER  (S'),  SORTIR,  prendre  l'air.  En  fran- 

^ais,  s'essorer,  prendre  l'essor;  essorer,  expo- 

ser  a  Tair  pour  secher. 
ESTATUE,  pour  statue,  est  du  vieux  frangais. 

Les  Gascons  et  les  Provengaux  fönt  encore  un 

usage  assez  frequent  de  cetle  maniere  d'ecrire 

et  de  prononcer. 


GENEVOIS.  129 

ESTOMAC  (UNE),  dites  un  estomac,  et  ne  faites 

pas  sentir  le  c. 
ESTOMACHIQUE,  pour  stomachiqu£. 

ESTRIFFE  5  DIFFICULTE ,  QUERELLE,  CASTILLE. 

La  derniere  lettre  de  M.me  De  Brenles  a  occasione  une 
estriffe  avec  une  demoiselle  Chabaud, 

(Lettr,  recueillies  en  Suisse parle  comte  GolowJiin.) 

Du  mot  romaii  iin  estrif^  qui  a  le  meme  sens; 
estrwer^  quereller,  dlsputer. 

Ainsi  Pygmalion  estrh>e ; 

En  son  estrifn'a.  paix ,  ne  Irive. 

En  ung  estat  pas  ne  demeure; 

Or  ayme,  or  hayt,  or  rld,  or  pleure. 

fRoman  de  la  fiosej 

Tout  autour  oyseaux  voletaient, 
Et  puis  Tun  l'autre  surmontoient 
A  Vestrivee,  a  qui  mieux  mieux. 

(Alain  Chartier.) 

Avecques  tes  voislns  jour  et  nuit  estrü>er. 
(Regnikr.) 

La  Fontaine  rajeunit  aussi  ce  vieux  mot: 

En  cet  estn'f,  la  servante  tomba. 

fConte  des  Trois  Commeres.J 

ESTRINGOLER  :  Le  diable  eestringohl  Du  latin 

stringo ,  serrer. 
ETAGERE ,  tablette  ,  rayon.  Les  etageres  d'une 

bibliptheque.  Vaud. 

.  9 


i3o  GLOSSAIRE 

ETARDIR  (S'),  s'etendre,  tomber  louL   de  soii 

long;  (hl  laiin  siratus,  renverse. 
ETATS  :  Etrc  dans  ioiis  ses  etats ,  c'est-^-dire , 

elre  ioiirmente  de  crainle.  On  dit  aussi  d'iine 

servante  qiii  a  quitte  la  veste  pour  la  robe  :  eile 

a  pris  les  etats. 
ETENAILLE,  tenauxe. 
ETlPiE,  Sorte  de  galFe,  grande  perclie  ferree  pour 

,  conduire  les  barques  :  Aller  ä  Velire. 
ETONNER  :  //  m^eionne  que. .  .  ,  est  un  barba- 

risme ;  dites,  je  ivi'etonne  que.  . .  Je  m^etonne 

si.  .  .  n'est  pas  correct :  Je  m^etonne  hien  si  ce 

mariage  aura  Heu.  On  ne  peut  s'etonner  d'une 

cbose  incertaine. 
ETOUFFEE ,  etuvee  :  Des  haricois  ä  Vetoiiffee. 

Vaud. 
ETRE.  A  l'occasion  de  ce  vers  de  Corneille  : 

Iiyw?  jusques  ä  Rome  implorer  le  Senat, 

Voltaire  s'exprime  ainsi :  « II  y  a  plusieurs  per- 
sonnes  qui  disent  encore  :  \qJiis  le  voir,  ]q  fus 
lui  parier,  mais  c'est  une  faule,  par  la  raison 
qu'on  va  parier,  qu'on  va  voir;  on  n^est  point 
parier,  on  n''est  point  voir.«  Mais,  en  depit  de 
Voltaire  et  des  grammairiens  modernes ,  dont 
la  plupart  confirment  son  opinion ,  cette  locu- 
tion  demeure  en  usage ,  meme  dans  le  style  sou- 
tenu,  chez  un  grand  nombre  de  bons  ecrivains. 


GENEVOIS.  i3t 

!LS  ETIONS,ILS  AVIONS.  Ces  solecismes ,  qui 
sont  assez  commiins  parmi  le  bas  peiiple,  peu- 
vent  deriver  da  roman ,  car  voici  comment, 
dans  cet  Idiome ,  ou  du  moins  dans  certains  dia- 
lectes  de  cet  idiome,  se  conjuguent  le  present 
et  le  parfait  iiidelini  du  mode  indicatif  de  i'auxi- 
liaire  ai^oir : 

J'ä ,  J'a  avu. 

J'i,  J'i  avu. 

II  i,  II  i  avu,  ou  il  ot. 

J'avan ,  J'avan  avu. 

~   Y'avaie,  Vavaie  avu, 

II  avon,  II  avon  avu. 

Est-ce  que  vous  n'aifez  jamais  ete  ä  Paris? 
■ — Ou  est-ce  que  vous  allez? — Oü  est-ce  quHl 
est  ?  —  Quelle  lieure  est-ce  ? 

Remplacez  ces  phrases  par  les  suivantes  : 
N'avez-vous  jamais  ete  a  Paris?  —  Oü  allez- 
vous? — Oü  est-il? — Quelle  heure  est-il? 

ETRTEU ,  ETRIER. 

ETROUBLES,  pour  exprimer  la  perte  d'un  objet, 
nous  disons  :  Cela  a  passe  par  les  etroubles, 
Contraction  d'eaux  troubles  eghia  trobles  en 
patois. 

EUROPE ;  ne  pronoiicez  pas  Urope  •  i\\  Ugene 
pour  Eugene;  ni  Uxin  pour  Enxln;  le  Pont- 
Euxin. 

EVALANCHE,  avalanche. 


i34  GLOSSAIRE 

EXTRAVAGUE,  EXTAVAGUEE,  extravagant, 
EXTRAVAGANTE  :  //  court  comme  un  cxtrapa- 
gue.  II  ne  faudrait  pas  ecrire  extrai>aguant  parce 
que  Vu  ne  se  met  qii'au  participe ;  il  en  est  de 
meme  des  mots  Jatiguant  et  intriguant :  C'est 
un  vil  intrigant  i  et  on  le  voyait  intriguant  sans 
cesse. 


GENEVOIS.  i35 


F, 


1^  ALET;  nous  appelons  clievalfalet^  celui  dont 

le  poil  est  inele  tle   blanc ,  de  gris  et  de  bai.  II 

faut  dire  :  cheval  rouan.  Un  cheval  baillet  a  le 

poil  roux  tirant  siir  le  blaiic. 
FAMINER ,  avoir  luie  faim  excessive. 
FANTOME  (UNE);  une  femme  sötte,  ridicule, 

folie  ;  Sa  Janiornc  de  Jetmne .  .  .    Elle  est  tou~ 

jours  niise  comme  une  Jantome. 
FANTOMERIE,  enfantillagEj  billevesee. 
FARA,  fera,  salmojera,  poisson  de  iiotre  lac. 
FARATE,  femme  qui  se  plait  a  marchander,  qiii 

est  de  inauvaise  foi  :  Je  n^almc  pas  ai^oir  ajffairc 

avec  eile  ,  c'est  unefaraie. 
FARAUD,  FRiNGANT,  PiMPANT.  Paris,  pop. 
FARBALA,  pour  falbala  :   Une  rohe  ä  grands 

farhalas.  Lyon. 
FARCE  ,farceur,  drole,  bouffon  :  Qne  vous  eles 

Jarce!  Paris,  pop.   Montaigne  se  sert  de  lad- 

iecii^Jarcesque. 
i'ARCEMENT,  farce,  clioux  farci  avec  des  epi- 

nards,  des  chalaigiies  et  des  raisins  secs.  Dans 


i36  GLOSSAIRE 

la  Suisse  franyaise,  on  dit  un  Jargon.  En  Lau- 
guedoc,yö:fi/7z. 

FARgONNEXTES ,  laitues  farcies. 

FARET ,  PHARET ,  la  meclie  d'iine  lampe  ou  d  une 
chandelle.  Nous  disons  figurement  d'un  honime 
maigre,  malade  ,  qui  semble  n'avoir  qu'un 
Souffle  de  vie  :  II  ri'a  plus  que  leJareL^ 

FARETTES  :  Faire  ses  Jarettes ,  reussir,  faire 
bien  ses  affaires ,  faire  ses  orges. 

FASCINE ,  FAGOT  5  FALOURDE.  Ce  mot  ne  s'emploie 
ordinairement  que  comme  terme  du  genie.  Ce- 
pendant  J.-J.  Rousseau  (Wt  Jascine^  dans  le  sens 
de  fagot. 

FAUTE,  est  mal  dit  dans  le  sens  de  besoin,  ne- 
cessite  naturelle. 

FAVIOLE,  FAVIOULE,  sot,  sötte.  En  roman, 
favelles  .^  contes  en  l'air;  d'oü  est  (orm^  Japiolcy 
celui  qui  dit  ou  qui  croit  des  contes  en  l'air. 
En  italien ,  fcn>ellare ,  conler.  Les  paysans  de  la 
Franche  Comte  appellent  une  fai;ioule ,  un  recit 
fabuleux. 

I  Ceux  qui  avaient  fait  cliasscr  les  trols  niinistres  (Calvin, 
Farel  et  Corault),  faisaient  des  railleries  de  Farel,  portant  par  la 
vllle  une  poele  a  friro,  avcc  dos  lumignons  de  lampe,  qu'on 
appelle  dans  le  langage  du  pays  d^afarets  ,  comme  pour  dire 
qu'ils  avaient  fricasst;  Farel.  (Spon  ,  liv.  III.) 

Apparerament  de  phnre,  qui  a  signifie  aussi  une  sorte  de 
lustre  que'. l'on  garnissait  de  lampcs  et  de  bougies. 


GENEVOIS.  iSy 

FAYACE  ,  FAYE  ,  femme  singuliere  ,  ridicule  : 
Elle  est  iin  peu  fajace  j  A^faie^  en  vieux  fraii- 
^ais,  iine  Ue\,fayerie ^  sortilege. 

FAYARD,  FOYARD,  hätre.  Celtique/ö!o,-  bas- 
\?Lim^faya.  Ce  terme  avait  passe  dans  la  lan- 
gue  lusitanienne,  car  les  Portugals  nomm^rent 
Fajalune.  des  A^ores,  de  la  quantite  de  hetres 
qu'ils  trouverent  dans  celte  ile.  Fayard  est  indi- 
que  par  Gatlel. 

FELIN;  au  figure,  les  entrailles,  le  fiel  :  Ils  se 
mangeaient  le  felin,  c'est-a-dire  ils  se  dispu- 
taient  vivement.Probablement  du  mot  latin/e/, 
le  fiel. 

FEMELTN,  FEMMELIN;  fräle,  delicat,  qui  a 
un  temperament  de  femme  ;  //  est  hien  fe- 
melin.  On  peut  dire  d'un  homme  effemine  ou 
d'un  esprit  faible ,  c'est  uwq  Jemmelette. 

FENASSE  ,  graine  de  foin.  Terme  dauphinois. 
Boiste  d'it  fonasse^  fourrage  d'avoine. 

FENER  ,  faner.  fenaison  ,  se  dit  du  temps  ou 
Ton  coupe  les  foins .,  et  de  l'action  meme ;  fanai- 
SON ,  seulement  du  temps  oü  Ton  fane. 

FENICULES,  follicules  de  sene. 

FENIERE  (UNE),  UN  fenil  ;  (on  mouille  17.)  Lyon. 

FERMATURE,  fermeture. 

FER^MENTE ,  ferrure  :  Lafermente  d'un  buff'et. 
Neucli.  Vaud. 

FERRATxViLLEjFERRAiLLE:  Un  tas  dejerraiailles. 


i38  GLOSSAIRE 

FERRETIER,  MARCHAND  FERTIER,   ferro- 

NiER.  Yaud.  FERRETiERsignifie  IUI  maiieau  de  nia- 

rechid,  e]i  Jeriier  n'est  pas  francais.  A  Lyon, 

ferralier, 
FERRON ,  Sorte  de  petit  traineau  ä  Tusage  des  eii- 

fans.  FERRON,  en  frangais ,  signilie  iin  marchand 

de  fer  en  barres. 
FIBRE  :  Des  ßhres  delicats.  Ce  mot  est  feminin. 
FICELLE  5  de  mauvaise  foi,  fripon  :  II  est  un  peii 

Jicelle.  Paris,  pop. 
FIDES,  YERMICELLE.  En  ^enois Jideij  enlangued. 

fideoiis.  Du  X^Minfides  ^  cordes  d'instrument. 
FIGACE,  FOUACE,  soi'te  de  galette. 

Notez  que  c'est  viande  Celeste,  manger  ä  desjuncr  lai- 

sins  Si\ccfoüace  t'raische. 

(Rabelais.) 

En  vouiüin ^  fougasse j  en  latiii  barbarc,yö- 
gassa  j  en  langued.  ,Jvugassa;  en  ital.  ,/bcaccia. 

Nos  paysans  disent  une  epogne^  en  appuyant 
fortement  sur  le  premier  e^  c'est  encore  nn 
terme  de  la  langue  romane. 

FiGEAU,  PENAUD,  DUPE. 

FIGUETTE,  FiOLE,  flacon. 

FILAGRAME ,  filigrane  :  Oiwragc  ciijilagmmc. 

FILIERE,  terme  de  ma^on,  brancard  pour  porler 

ies  ])ierres. 
FILLERET  5  DAMERET,  üAMOiSEAU.  Filieret  est  du 

vieiix  trancais. 


GENEVOIS.  i39 

FILLEULES ,  ceilletons  :  Des  ßUeules  d'arti- 
chaui.y ViXxÄ,  Terme  dauphinois,  GatleIdit,FiLLES 
d'artichaut. 

FI  LS  5  devant  une  voyelle  et  a  la  fin  d'une  phrase, 
doit  se  prononcer  j^^  en  faisant  senlir  Ys  :  mon 
fi-z-aine;  ce  sontmes  fis  ;  differemment,  oiipro- 
noncej'?;  mon  fi  cadet;  vos  fi  sont-ils  maries? 

FION  :  Ai^oirleßon ,  c'est-a-dire  avoir  de  la  totu'- 
iiure ,  de  l'elegance.  Frangais  populaire  indique 
par  Boiste. 

FlOULEPv,  BOiRE,  ivROGNER.  Daupli.  et  neuch. 
du  romanjioler  qui  est  reste  dans  le  fran^.  pop. 

FIXER;  l'Academie  permet  bieii  qii'on  dise  ,  fixer 
ses  regards  sur  quelqu'uu,  mais  non  Y)oint, ßjcer 
guelqu'im.  Voltaire  s'eleve  aussi  contre  cette  lo- 
cution,  qui  fut  introduite  a  Paris  par  "des  Gas- 
cons.  A  l'occasion  de  la  traduction  des  Poesies  de 
P>yron,  par  Ch.  Pictet,  M.  Viennet  reproche  aux 
redacfceurs  de  la  Bibliotheque  Universelle  de 
s  obstiner  a  envisager  le  verbe  Jixer  comme 
synonyme  de  regarder,  et  il  nous  semble  qu'il 
a  raison,  car  il  foul  ev  iter  tout  ce  qui  peut  pre- 
ier  ä  l'equiv'oque  : 

L'höte  alle  des  etangs  vegele  dans  la  lange; 

Mais,  fier  de  son  destin  ,  l'aigle,  au  plus  haut  des  aiis, 

lAitle  coulre  les  vents,  el/irc  les  cclairs. 

(De  St.-Ange,  £/}ä.  a  unjeune  poctc). 


i4o  GLOSSAIRE 

Ne  dirait-on  pas,  au  premier  moment,  qiie 
l'aigle  rend  les  eclairs  fixes? 

Delilje  dit  aussi  dans  le  Paradis  perdii : 

Tous  les  deux  interdits,  leß.vent  tristement. ., 
II  \eß.re  long-teraps  dans  un  morne  repos. 

Et  Jean- Jacques  5  dans  la  Nouvelle  HeloCse  ^  en 
parlant  des  Parisiennes  : 

S'il  teste  dans  Icur  ton  quelques  gräces  de  leur  sexe ,  leur 
maniere  Intrepide  et  curieuse  die  fixer  les  gens,  acheve  de 
les  eclipser. 

FLAIRER ;  FLAIRER  est  actif ,  et  fleurer  est  neutre. 
Dites  :  FLAiREZ  cette  jonquille;  et  cette  jonquille 
FLEURE  bon.  II  ne  fleure  pas  comme  bäume. 

FL AMBOISE  ,  FRAMBOISE ;  lyonnais.  En  proven^al , 
Jlamboiso. 

FLAMMER,  flamber  :  Cefeu  ne  veut  pas  flam- 
mer.  En  prov^en9al  ,Jlamar, 

FLANER,  SE  FLANER,  appliquer,  sangler,  se 
flanquer  :  Flauer  un  epeillon  j  se  Jldner  un 
verre  de  vin  sur  Vestomac ,  sur  la  conscience. 
FLANER  se  dit  a  Paris,  et  nous  commengons  a  le 
*dire  aussi ,  dans  le  sens  de  muser : 

Chaque  jour  oii  te  vit  comme  un  bon  ciladin  , 
Uu  palais  d'Orlcans  parcouiir  le  jardin  , 
Fläncr  aux  boulevards,  bäiller  ä  nos  ibcalrcs. 

(Rellamy,  Epit,  ä  Sidi-Mahinoucf). 


GENEVOIS.  i4i 

Un  FLANEUR  est  un  musaxd ,  uii  homme  de- 
soeuvre. 
FLÄR5ODEUR5  VAPEUR  :  Lc  ßar  du  roti  i  il  vient 
imjlar  insupportable  de  cette  allee.  En  patois 
neuchätelois  j^ö^r,  flair,  en  langue  romane,  a 
la  meme  signification ;  a  Lyon ,  ßat^,  du  latin 
Jlatusj  mais  le  flair,  en  fran9ais5  ne  se  dit  que 
de  l'odorat  du  chien;  en  celtique,j^eßr;,  mau- 
vaise  odeur. 
FLATIBOLER,  flatter,  cajoler  :  C'est  un  petit 

Jlatiboleur. 
FLERON ,  enfant  gate ,  petit  pleureur. 
FLERONER5  gäter  un  enfant ,  le  dorloter :  Se  faire 

Jleroner.  Du  \<ii\a  Jlere^  pleurer. 
FLEURIER  5  drap  qu  on  etend  sous  la  table  pen- 
dant  le  repas.  En  anglais, j^oor  signifie  parquet. 
Le  charrier  se  dit  en  franyais,  du  drap  dont  on 
sesert  pour  mettre  \ix  cendre  au-dessus  du  cuvier 
quand  on  fait  la  lessive.  Quelques  personnes  di- 
sent  charrier  dans  le  sens  A^ßeurier. 
FLON ,  FLANC  5  sorte  de  larte. 
FLUX  :  Laßux  de  sangi  dites  le  flux  de  sang. 
FOlS  (DES) ,  quelquefois  :  II y  a  desfois  que  je 

me  sens . . . 
FOLACHE,  femme  singuliere,  bizarre  :  Elle  est 
un  peufolachc.  Terminaison  empruntee  de  l'i- 


i42  GLOSSÄIRE 

talien.  Nous  disons  aiissi ,  en  parlaiit  d'iiii  liomme 
a  singularites  :  C'est  iin  foldlre.  Ce  lerme,  en 
France ,  signifie  qui  aime  a  badiner ,  a  jouer. 

FOMENTER,  pour  fermenter. 

FOND ,  dans  le  sens  de  bien,  terre,  heritage ,  prend 
ioojours  im  s, 

Travaillez,  prenez  de  la  peine; 
C'est  \efonds  qui  manque  le  moins. 

(La  Fontaine.) 

Ecrivez  aussi :  fonds  de  science ,  fonds  d'es- 
prit,  faire  fonds  sur  quelqu'un;  savoir  le  FONDS 
d'une  affaire;  mais  FONTS-baptismaux,  du  latin 
fons^fontis» 

FONDR  AILLON5  EFFONDRILLES,  RESTE,  fond  de  pot. 

FORCHETTE ,  fourchette. 

FOSSOIR,  FOUSSOIR,  houe,  hoyau;  dites  aussi 
FOSSOYER,  et  non  FOUSSOYER.  Vaud. 

FORTUNE,  signifie  heureux  et  non  pas  riche,  a 
son  aise,  sens  que  mal  a  propos  nous  donnons 
aussi  a  ce  mot. 

FOUETTE,  sorle  de  ligne  :  Pecher  ä  lafouette. 

FOUINER,  fureter  -.Ilva  ioujoursfoidnant  par- 
tout. Ce  verbe  signifie  aussi  s'en  aller,  decam- 
per;  dans  ce  sens,  il  vient  de  la  langue  romane, 
et  Vade  en  fait  usage. 

FOUINET ,  füret  :  Cest  un  petUfouinet  qui  va 
fourrant  son  ncz  partouU 


Gl^NEVOIS.  143 

FOÜR  :  Faire  aufour^  Commander  aufow\  c'est- 

a-dire  faire  le  pain,  retenir  place  au  four. 
FOUPvNEAU,  POÄLE  :  Un  fourneau  de  cateUes. 

Fourneau  ne  se  dlt  qiie  par  rapport  aux  arts  : 

fourneau  d'orfevre,  de  chimiste,  etc. 
FOURRE,  TAT,  TAIE  d'oreiller  :  Otez  lafourre 

de  ce  coissin. 
FRAlülEü  (LA)  5  petite  bise  ..assez  sembiable  au 

sechard.  (Vo)  ez  ce  mot.) 
FRAIS  (ETRE) ,  etre  dans  l'embarras  :  Nous  voilä 

frais !  Locution  italienne  :  Starfresco.  Elle  est 

ancienne,  car  on  la  trouve  dans  l'historien  Paul 

Jove.  Cette  maniere  de  s'exprimer  est  tres-con- 

nue  en  France. 
FRANCHIPANE;  frangipane;  du  nom  de  I'in- 

veuteur  Frangipani.  Paris,  pop. 
FREGALON  ,  grosse  buche  ronde  :  Une  douzaine 

dejregalons. 
FREGATE ,  pour  fregate  ;  FRENfiSIE ,  frenesie. 
FRELOQUE ,  boutade  ,  caprice  :  II  lui  a  pris  toiit 

ä  coup  une  freloque ,  . . 
FRELORE  5  PERDu.  Ce  terme ,  qui  est  emprunte  de 

l'allemand ,  se  retrouve  dans  la  langue  romane. 

1  Ce  fut  un  Fratigipani ,  seigneur  d'Aslura  ,  dans  le  royaume 
de  ?Iaples,  qui  traliit  et  fit  arreter  le  jeune  et  infortune  Con- 
radin ,  rcfugie  chez  lui. 


tu  GLOSSAIRE 

FREPPE,  FRETTEj  lien  de  fer  qui  retient  le  moyeu 

de  la  roue. 
FREQUENTATION.   Une  jeune  ouvriere  geiie- 

voise  ose  bien  dire  :  J'ai  une  Jrequentatioji , 

parce  qu  eile  compte  epouser  celui  qui  ki  cour- 

tise,  mais  eile  ne  dirait  point :  j'ai  une  connais- 

SANCE ,  parce  que ,  dans  son  esprit ,  ce  terme  est 

synonyme  d'intrigue. 
FRESILLON  ,  troene  ,  arbrisseau  qui  porte  de 

petites  grappes  noires. 
FRICASSER,   avoir  tres-chaud  :  Touchez    mes 

mains  _,  jefricasse  j  iljricasse  dans  ce  jardln. 
FRICOT,  RAGOUT,  REPAS,  FESTIN  :  Pour  uußorin 

de  fricotj  un  grandfricoL  Paris,  et  lyon.  popul. 
FRICOTER,  se  regaler,  faire  bombance. 
FRIGOUSSE  5  CUISINE  :  Elle  entend  bien  la  fri- 

gousse^   c'est    une    homie    FRIGOUSSEUSE, 

Terme  daupliinois.  En c^Mi^ae^frigassa;,  frire  j 

en  \id!mfrigo, 
FRILIEUX,  FRiLEUX.  Vaud. 
FRISON  (UN),  boucle  de  cheveux  frises.  Enpro- 

vengal,yW«yow72. 
FROID  (LA)  5  LE  FROID  :  Endurer  lafroid. 
FROISSURE,  FRESSURE  :  Des  froissures  de  che- 

vreau.  Vaud. 
FROUILLE ,  TRiCHERiE,  fraude  au  jeu :  II  j  a  de 

la/roiälle. 


GENEVOIS.  145 

FROUlLLER  ,  tricher.  Neuch.  Corruption  de 
brouiller. 

FROUILLON5  TRICHEUR  :Je  nejoueplus  aifec  toi, 
tu  es  unjiouillon. 

FROULER  (SE),  se  froler. 

FROUMILIERE,  fourmiliere.  En  roman,y/ 0/721- 
liSre ,  etfromi,  une  fourmi. 

FRIIITIERE,  fromagerie,  laiterie  :  Lafruitiere 
de  Bernex ,  de  Blejrin.  Une  fruiti^re  est  une 
marchande  de  fruits,  et  fruiterie  doit  se  dire 
du  lieu  oü  Ton  garde  les  fruits.  Dites  aussi  un 
FROMAGER,  et  non  un  FRUITIEPi. 

FUMET,  FUMERON  :  II  y  a  un  famet  dans  votre 
chaujffe-pied» 

FÜRE  ET  MESERE  (A);  il  faut  dire  au  für  et 
A  MESURE ,  ou  bien,  dans  le  style  familier,  a  für 
et  a  mesure. 

FITSTE,  FUTAILLE.  Du  YOYm.n ,fusta ^  en  bas-latin 
fustalhnnj  ä  Lyon,  nn^ fute.  Racine  celtiq.yw^/^ 
bois,  d'oii  fut  etfutaille.  Aujourdhui  fuste  ne 
se  dit  plus  que  d'une  sorte  de  navire.  Voyez 
le  mot  Fusierie ,  dans  nos  Observations  sur  les 
noms  de  lieux. 

FUSTIER,  marchand  de  planches,  de  chaux  et 
dautres  materiaux  pour  bätir;  du  vieux  fran- 
c^^is  Jiiste  ^  fustier ,  charpentier  ;  Un  fustier ^ 
dit  Nicot,  est  Vartisan  qui  besongne  en  bois. 

10 


I 


1^6  GLÜSSÄIRE 


G. 


G. 


'  ABEGIEp  TRACASSERiE ,  iMBROGLio;  temie  connu 

en  France. 
GABION ,  BOUGE  5  cabinet  qui  sert  de  galetas  :  Oü 

est  la  clef  du  gabion?  En  fran9ais5  terme  de 

foitification. 
GADIN,  LAYETTE  :  Faire  le  gadin  dhin  eiifant, 

Vaud. 
GADROUILLE ,  mauvaise  sauce ,  mauvaise  bois- 

son  :  Ce  n^est  que  de  la  gadrouille.  Gadoiie,  en 

fran^ais ,  maniere  fecale.   Gargoullle,  endroit 

par  oü  l'eau  sort  d'nne  gouttiere, 
GADROUILLER ,  se  dit  des  enfans  qui  tripotent 

avec  de  l'eau  :  Quel  GADROUILLAGE  faites- 

vous  la?  vous  etes  une  peilte  GADROUILLONNE . 

Mot  forme  de  gargouiller,  barboter  dans  l'eau. 

A  Lyon,  gabouiller. 
GAFOUILLER,  tacher,  gäter  avec  de  l'eau  sale. 

En  provengal,  gafbuillarj  en  dauphinois,  ga- 
bouiller, 
GAGERE ,  FRiPiERE  :  Vous  irouperez  cela  chez  les 

gageres. 


GENEVOIS.  147 

GAGUI.  Ell  faisant  ce  mot  synonyme  de  coureuse, 
nous  lui  donnons  une  faiisse  acception,  car  il  se 
dit  en  fran^ais  d'une  grosse  femme  ,  gaie  et 
jolie.  Ne  prononcez  pas  gügui.  Vaiid. 

GALAVARDE ,  petile  fille  qui  aime  a  coiirir  avec 
les  petils  gar^ons.  a  en  imiler  les  manieres ,  ä  gar- 
^onner  :  C'est  ime  pellte  galai^arde  j  eile  ne  se 
plaitqu'ä  GALAV ARDER.  En  rommi, galat^ard, 
gros  rejoui ,  sans-souci ;  en  espagnol,  galapardo^ 
vaurien,  polisson.  En  Languedoc  et  en  Provence, 
ce  terme  a  l'acception  de  goulu,  goinfre. 

G ALETTE',  filoselle,  bourre  de  soie  :  Des  bas 
de  galetle;  du  dialecte  milcinais ,  galetie ,  cocon 
de  ver  a  soie.  Neuch.  Vaud.  Gattel  et  Bolste  ont 
recueilli  ce  terme,  mais  ils  n'en  indiquent  pas 
l'etymologie. 

GALIAUFRE,  gouliafre.  GALIAUFRER,  man- 
ger en  gouliafre ,  c'est-a-dire  avidement  et  mal- 
proprement.  En  roman  ,  galifre, 

.  . .  De  voir  ainsi  ce  grand  galifre 
Danser  aus  orgues  et  aux  pifres,  (fifres.) 

GALIMAUFREE,  galimafree. 

I  L'origine  du  dialecte  milanais  remonte  ä  l'an  600  avant 
Jesus-Christ,  epoque  oü  les  Gaulois  firent  une  irruption  dans 
ritalie  scptentrionale,  et  oü  Bellovese  changea  cn  cire  le  bourg 
de  Milan. 


i48  GLOSSAIRE 

GAMACHES,  guetres.  Ce  terme  ii'est  iiidique  ni 
par  rAcaclemie ,  ni  par  de  Vailly ;  mais  on  le 
trouve  dans  Richelet,  dans  Boiste ,  ainsi  qiie  dans 

.  Gattel.  Ell  ital.  gamascie^  en  allem,  kama- 
schen^  en  langued.  garamächas.  Menage  derive 
ce  mot  de  l'arabe,  giarmuk^  chausses. 

GAMB ARDER ,  gambader.  En  roman ,  gamhardes 

pour  GAMBADES. 

GAMBER,  ENJAMBER  :  Gamher  iin  ruisseau. 
GAMBION  ,  GAMBIROLET ,  bancroche  :    Une 

paupre  petite  gamhirolette.  En  ital.  gamba,  la 

Jambe. 
GANDIN  5  tapage,  scandale  :  II  j  aura  du  gan- 

din.  En  celtiq.  gadwjn ,  clioc ,  batterie* 
GANDOISES ,  FLEURETTES  5  SORNETTES.  Lyon.  En 

proven^.  gandoiso. 
GAN  GANNER  (SE),  se  suspendre,  grimper  pour 

aveindre  quelque  chose  :  N'allez  pas  vous  gan- 

ganncr  lä-hauU 
GANGUILLER,  SE  GANGUILLER,  pendre,  se 

PENDRF  :  Se  ganguilLer  ä  lajenetre,  Terme  franc- 

comtois. 
GANGUILLES,  lambeaux,  guenilles  :  Cette  robe 

est  tout  en  ganguüles. 
GANIF,  CANIF.  Menage  ecrit  ganif,  du  celtiq.  ^a- 

nwcd, 
GAPER,  TROTTER,  ARPENTER  :  J'üi  Ueii  gdpc  au~ 

Jourd'Iiuij  noiis  avoits  fall  une  bonne  gdpee. 


GENEVOIS.  ,49 

G  API  AN,  GABELOU  ,  gabeleur  ,  prepose  aux 
douaiies.  En  proveng.  et  en  langued.  gabian; 
en  hoiir^m^non , gaibelou ;  en  roinan,  gabloux. 

GAPvAUDE ,  maiivaise  poupee,  et  aussi,  fille  de 
joie.  En  roman,  caraulde ,  vieille  sorciere. 

GARAUDER,  manier  brusquement,  maltraiter  : 
Ne  lui  donnez  pas  cet  enjant  ä  garauder.  En 
celtique,  garo ,  garivau ,  rüde,  apre,  cruel;  de 
la  le  mot  frangais  loup-GAROU  ,  plutot  que  de  : 
loup  dont  il  taut  se  garer,  comme  dit  Gattel; 
Oll  du  grec  lukon-agiion ,  comme  d'autres  le 
pretendent.  Italien,  gdroso^  querelleur.  Quel- 
ques noms  de  lieux  pourraient  venir  ä  l'appui 
de  l'origine  que  nous  donnons  a  GARAUDER, 
et  notamment  le  Japroz  ,  torrent  pres  de  la  Val 
Sainte ,  canton  de  Fribourg ,  forme ,  comme  l'ob- 
serve  M.  Bridel  de  gariv,  jarmv^  en  celtiq.  rüde  , 
rapide. 

G ARDE-PAILLE ,  p aill asse  . 

GARDE-ROBE  (  UN  ),  armoire  :  Un  gardc-robe  en 
nojer.  En  frang.  et  au  feminin,  cabinet  destine 
ä  renfermer  des  Iiardes,  tablier  de  femme,  lieu 
oü  Ton  met  la  chaise  percee. 
GARGATAINE,  gorge,  gosier,  En  celtiq.  g^r^a- 
den;  enroman,^v2/-^e//e,-en  \iv\. gaigatä ^  en  lan- 
gued. gargaidty  etc. 
GARGORISER  (SE),  pour  se  gargariser. 


j5o  GLOSSAIRE 

GARGOTEPi,  GARGOUiLLER,  BARBOTER.  En  pro- 
ven^al ,  gargoutar  ,*  en  roman  ,  gargotter.  Ce 
lerme  signifie,  en  frangais,  hanter  les  gargotes. 

GARNECON,  basse  viande  ,  rejouissance.  Ita- 
lien, carnaccia,  niauvaise  chair. 

GARNISSAIRE,  garnisaire. 

GASEMATE ,  casemate. 

GATILLOIV ,  DETENTE  :  Tirez  le  gaiillon.  Vaud. 

GATTES  (LES),  l'ecole  buissonniere  :  Toufe  la 
classe  ajait  les  gaites.  En  angl.  to  gad,  courir, 
vagabonder. 

GAÜFRE  (UN),  une  gaufre. 

GAULER  (SE),  se  crotter,  se  salir.  En  grec, 
gaulos 3  sentine.  Vaud.  Voy.  Gouiüe. 

GEANE,  pour  geante. 

GEL,  GELEE.  Gel  est  un  mot  piirement  celtique. 
Boiste  l'indique  comme  employe  par  De  Saint- 
Pierre. 

Plusieurs  de  nos  sources  ont  la  propriele  de  ne  jamais 
geler,  et  de  preserver  du  gel  des  eaux  qui,  sans  leur  me- 
lange,  geleraient  chaque  hiyer. 

,    fjCoiiserv.  Suisse.J 

Les  courges,  les  melons,  le  pourpier,  la  balsamine,  pe- 

rissent  avant  le  gel,  et  meme  lorsque  le  thermometre  est 

ä  3"  au-dessus  du  point  de  la  glace. 

(Senebier.) 

Blanclie-geleej  roreilledemande  gelee  blanche. 
GEME  ,  marc  de  raisin. 


I 


GENEVOIS.  i5i 

GENETTE  (LA),  le  narcisse  des  poetes;  autre- 
meiit ,  la  janette  des  comtois  ,  doiit  nous  fai- 
sons  genette  par  corruption. 

GENEVOIS  ou  GENEVOIS.  Plusieurs  voix  s  ele- 
veiit  parmi  nous  contre  l'usage  recemmenl 
adopte  par  divers  auteurs  frangais ,  qui  ecrivent 
Genevois  avec  un  accent  sur  le  prämier  e;  on  a 
meme  presente  a  la  chancellerie  d'Etat  un  me- 
moire sur  ce  sujet.  Les  partisans  de  la  nouvelle 
orthographe  disent  que  la  multiplication  de  \e 
muet  rend  la  langue  sourde,  monotone,  effemi- 
nee;  les  autres  invoquent  l'autorite  des  Rous- 
seau, des  Bonnet,  des  De  Saussure,  des  Senebier, 
et  pretendent  qu'un  nom  appellatif  national  est 
une  chose  ^gacree ,  sur  laquelle  la  mode  et  les 
exemples  etrapgers  ne  doivent  exercer  aucune 
influence.  Sans  nous  permettre  de  prononcer 
dans  ce  grand  conflit ,  nous  nous  bornerons  a 
une  remarque  historique  plutot  que  grammati- 
cale  ;  c'est  que  dans  le  i6."'^  et  le  17."'^  siecle, 
l'admission  de  l'accent  aurait  ete  fort  utile  pour 
prevenir  une  equivoque ,  car  la  plupart  des  au- 
teurs, et  particulierement  des  poetes  de  cette 
epoque,  disaient  Genevois  pour  genois,  habi- 
tant  de  G^nes. 

Je  hais  du  Florenlin  riisuricre  avarice ; 

Je  hais  du  fol  Siennois  Ic  scns  mal  arrcstc ; 


i52  GLOSSAIRE 

Je  hais  du  Genevois  la  rare  verite  , 
Et  du  Venitien  la  trop  caute  malice. 

(Joacb.  Du  Bellay.) 

Ne  trouvons  nuls  qui  secourir  nous  voyse  (veuillent). 

Fors  les  Cliios,  nation  genevoyse ,^ 

Qui  tout  soudain  en  terre  nous  menerent.  etc. 

(La  Borderie.) 

GENEVRE  ,  GENiEVRE  ;  Des  grains  de  genei^re. 

GENILLE,  mauvais  goüt  que  contracte  une  vo- 
laille  :  Ce  poulet  a  un  goüt  de  genille.  Dans  quel- 
ques parties  de  la  Suisse  romane,  genelie  si- 
gnifie  coq,  ei  geneile  poule;  prononcez  dgenelle, 
Patois  de  Fribourg ,  zenilUe ;  du  latin ,  gallina, 
suivant  M.  Bridel,  Statistique  da  Canton  de 
Vaud. 

GENISSE,  pour  genisse. 

GENTILSHOMMES,  prononcez  genti-zommes,  et 

^^  non  geniillhommes  avec  les  //  mouillees. 

GERANIUM.  Les  Fran^ais  prononcent  geraniom , 
et  de  meme  tous  les  mots  empruntes  du  latin  : 
comme  factum,  maximum,  quantum,  Te  Deunij 
mais  peut-etre  ne  rencontrent-ils  pas  mieux  la 
veritable  prononciation  latine  que  les  Genevois, 
qui  d\sent  Jactoinn ,  maximoum,  etc. 

GEROLE,  CHERvis,  racine  potagere.  Gattel  dit 
qu'on  Fappelle  aussi  gyrole. 

I  On  sait  que  l'ilc  de  Chio  a  long-temps  apparlenu  aux 
Gcnois. 


GENEVOIS.  i53 

GESTION  ;  ne  prononcez  yms  gession  :  La  gession 
de  ses  affaires  ,*  iii  digession  _,  indigession ,  pour 
DIGESTION,  INDIGESTION; le  t  doit,  dans  ces  trois 
mots,  conserver  le  son  qui  lui  est  propre. 

GICLEE ,  JAILLISSEMENT ;  le  liquide  qui  JAILLIT  : 
Deux  ou  trois  giclces  ^  terme  dauph.  En  pro- 
XQUc^vl^  giscle^  en  langued.  giscläda. 

GICLER ,  JAILLIR.  Patois  de  Frib.  zicliar.  Neuch. 
et  franc-comtois. 

GIFFLE,  souFFLET,  MORNiFLE.  Fraiig.  pop.  Du  ro- 
mnn, gi/fles  les  joues;  en  prov'en^.  gijflo, 

GIGNER ,  GUIGNER. 

GILLOTINER  :  Faire  le  gillotin,  jouer,  badiner, 

faire  le  gille. 
GINGEOLET ,  ginguet  :  Un  habit  gingeolet. 
GINGUER ,  jouer j  folatrer,  du  vouimi  jjnguer, 

qui  a  la  meme  signification. 
GIRADE,   GIRARDE ,  julienne  ,  plante   bisan- 

nuelle  a  fleurs  cruciformes. 
GISIER,  GIGIER,  gesier.  Paris,  pop. 
GISSANT,  GisANT. 
GLENE  :  Faire  glene ,  faire  rafle ,  enlever ;  ternie 

d'ecolier,  forme  du  vieux  frang.  Jaire  glenne, 

GLANER. 

GLIN-GLIN,  terme  enfantin  qui  signifie  le  petit 

DOIGT. 


i54  GLOSSAIRE 

GLISSE,  GLissoiRE.  Ell  franq^ais,  cerlain  pas  de 

danse.  A  Lyon,  gUssiere.  Vaud. 
GLISSEII  (SE) ,  poLir  glisser. 

Ils  s'exercent  ä  se  glisser  sur  la  neige  avec  cette  chaussure. 

(Bibliot.  Britan.) 

Ce  verbe  mis  avec  le  pronoin  personnel,  si- 
gnifie  se  couler  doucement :  Ilse glissa  le  long 
de  la  muraille ,  saus  etre  apercu. 

GLÜ  (DU),  DE  LA  GLU. 

GODRON,  pour  goudron;  GODRONNER,  gou- 

DRONNER. 

GOFFETTE  ;  Main  goß'eite ,  GRASSETTE ,  potelee. 

GOGNES  (faire  des),  des  complimens ,  des  fa- 
gONS. 

GOGUAND,  SOT,  lourdaud  :  C^est  un  gros  go- 
guand.  Goganus,  en  cellique,  est  une  injure  qiij 
re^oit  plusieurs  acceptioiis.  (Voy.  Leibnitz,  Col- 
lect, etjm.)  Goganddyn ,  indigne ,  sans  merite , 
et  de  la  probablement ,  le  mot  fran^ais  gour- 

GANDINE. 

GOGUINETTE  :  Dire  la  goguinette,  des  gogui- 
nettes ^  tenir  des  propos  gaillards ;  en  vieux  fran- 
9ais,  goguenclte,  Racine  celtique,  gog  ^  plaisan- 
terie,  d'oü  goguenard  et  goguettes. 

GOISET,  GOASET,  pelit  couteaii,  mecbanl  cou- 


GENEVOIS.  i55 

teau.  Ell  lal'm ,  gwsum,  gcesa y  arme  tranchanle, 

. .  .Duo  quisque  Alpina  corruscant 
Gaesa  manu. 

(ViRG.) 

Latin  iDarbare ,  guaso  ,  iine  serpe ;  roman ,  goiz 
sorte  d'epee ; a  Besan^oii  et  en  Bourgogne,  ^oz«- 
soty  gouisö  5  serpe ,  serpette ;  en  Touraine,  goiiet: 

A  beaux  gouets  qui  sont  pclits  demi-couteaux  dont  les 
enfans  de  nolre  pays  cernent  les  noix. 

(Rabelais). 

En  Savoie ,  les  paysans  se  servent ,  pour  la 
tonte  des  arbres,  d'un  Instrument  qu'ils  nom- 
nient  goj,  goyarde ^  et  pour  tailler  la  vigne, 
d'un  plus  petit,  appele  gojet.  Ronsard  dans  ses 
Eglogues ,  fait  usage  du  mot  goj  : 

Piadoubant  ma  musette  avec  mon  alesne, 

Je  vis  desur  le  bord,  le  tige  d'un  beau  fresne. 

Droit,  sans  noeuds  et  sans  plis  :  lors  me  levant  soudain, 

J'empoignai  d'allegresse  un  goy  dedans  la  main , 

Puis  couppailt  par  le  pied  le  tige  arme  d'escorce. 

Je  le  fis  chanceler ,  et  trebuchei-  a  force 

Desur  le  pre  voisin. 

llemarquez  que  nous  disons  souvent  comme 
ce  vieux  poete,  desur  pour  dessus  :  //  est  dessur 
la  table. 

GOLEE,  GOULEE,  GURGLE  :  Avalez-cn  mie  golee. 

GOLET ,    pour  goulot  :  Lc  golet  ,   la   goleite 


i56  GLOSSAIRE 

dhin  pot.  Golet  est  de  hi  laiigue  ronianc.  Noüs 

avons  aussi  raugnieiilalif  GOLEilON  :  Le  go- 

ISroii  d*iine  nasse. 
GONFLE,  BULLE,  VESSIE  :  CLOCHE  ;  Faire  des gon- 
Jles  avec  du  sapon^  ai^oir  des  gonfles  dans  la 

main. 
GONFLE ,  pour  gonfle  :  Ce  canari  est  ioutgonße, 

il  est,  malade.  Neuch.  Yaud. 
GONGONNER,  bougonner,  murmurer.  Lyon,  et 

dauph.  Ell  ^rec ,  g077guzd ,  murmurer. 
GONVER,  couvER :  Ccfeu  agonve  ioule  la  nult; 

il  gojipe  iine  maladie. 
GOTRET,  terme  de  boucherie;  ris  de  yeau. 
GOTTE  ,  mauvais  ouvrage,  mauvaise  marclian- 

dise  :  C^est  de  la  gölte ,  c'est-a-dire  de  la  drogue. 
GOUGNEAUX,  vieux  ctiiffons,  mauvais  liiige. 
GOUGNIFARDE,  coureuse,  femme  de  mauvaise 

mine. 
GOUILLARD,  GOUILLARDE,  friand.  Goliard  est 

un  lerme  roman  ,  qui  signifie  aussi  vaurien , 
mechant.  En  bas-latiu  ,  goliardus  ,  ribaud  , 
libertin,  ei  gouliart^  gouliard  en  vieux  francais. 

Tenir  la  maniere  que  aucuns  gouliardes  et  mauvaises  fönt 
est  chemin  damnable. 

GOÜILLARDISES,  friandises  :  Touies  sorles  de 
gouillardiscs  j  cl  GOüILLARülSE,  pour  frian- 


GENEVOIS.  t57 

IJISE ,  au  sliigulier  :  Pour  satisfaire  sa  gouillar- 
dise.  lin  romun,  gouillardise  signifie  debauche. 

Cueur  a  qui  haultesse  tire, 

Et  oü  noblesse  est  assise  , 

Doit  toute  ordure  despire  (mepriser) , 

Laidure  et  gouillardise. 

(  Alain  Chartier  ,  Breviaire  des  nobles. ' ) 

GOUILLE,  eaii  sale  et  boueuse,  petite  mare. 
Terme  daiiphinois  et  bourguigon.  En  Franche- 
Comfe,  goidllct,  Racine  celtiq.  gouell,  cessa- 
tlon  j  repos ,  d'oü  est  venu  goiiil,  goel,  eau  dor- 
mante ,  boiie. 

Lemot goidlle  est  connu  dans  toutesnos  Alpes 
romanes  :  la  Gouüle  ä  Vassu  siir  le  glacier  de 
Valsorey;  la  Gouille  aux  cerfs,  pres  du  Chä- 
telar,  etc.  A  Besangon,  gouülaj  le  peuple  de 
cette  ville  appelle  un  laquais  saute-goidlla. 

GOURER,  tromper;  du  fraiic.  goure,  drogue  fal- 
sifiee. 

GOURLLE  (UNE);  //  mouillees,  cep  de  vigne 
arrache.  Terme  rural.  Au  pays  de  \^uA,gour- 
gnion,  grosse  buche. 

GOURMAND,  friand.  GOURMANDISE,  frian- 

1  Cet  ouvrage  etait  tellement  considere  du  temps  de  l'auteur, 
qu'on  le  faisait  apprendre  et  reciter  tous  les  matins  aux  jeunes 
pages  de  la  cour.  Alain  Chartier  fut  secretaire  des  rois  Charles 
Yl  et  Charles  VII. 


i58  GLOSSAIRE 

DISE,  plut6t  avidite,  intemperance ,  que  sen- 
sualite;  et  J.-J.  Pvousseau  a  bien  dit  :  «  J'etais 
plussensuel  que  gourmand.«  L'Academie  donno 
aussi  rexejmple  suivant :  //  n^est pas gourmand, 
mais  iL  est  friand.  La  vraie  acception  de  ces 
mots  est  conforme  a  leur  origiiie  celtiq. ;  gour- 
mant^  avide;  gourmandiz ,  avidite,  de  la  Taiigl. 
gormandizing ^  gloutonnerie.  Du  reste,  nombre 
d'auteurs  donnent  a  gourmand  et  ä  gourinan- 
dise  le  sens  de  friand,  friandise;  mais  il  ne 
faudrait  pas  dire  des  GOURMANDISES  pour  des 
friandises  5  substantif  pluriel :  Un  plat  de  gour- 
mandises, 

GOUTTE  :  On  n'y  voit  pas  une  goutte^  suppri- 
mez  pas  une» 

GPvABEAU  ,  GRABOT,  censure,  examen;  GRA- 
BOTER ,  censurer  ,  etc.  En  vieux  fran?.  gra- 
beler,  examiner,  eplucher.  Gattel  dit  grabe  au, 
criblures ,  fragmens  de  drogues.  En  celtiq.  g^n- 
bot,  leger,  moindre  en  son  espece;  grabotum, 
grain  rejete  par  le  van. 

Rabelais  Qn'\\i\o'\Q  grabeau  dans  le  sens  gene- 
vois, et  Ol.  Pougens  dit  dans  son  Archeologie 
ß-angaise  :  «  Ce  mot  est  encore  usite  a  Geneve, 
pour  designer  une  certaine  loi  emanee  du  Petit- 
Conseil,  etinstituee  sous  rinllucnce  d'un  celcbre 
magistrat  de  cette  viüe.  » 


GENEVOIS.  159 

GRAFFIGNER ,  egratigner.  Eh  langue  romane , 
egrqßgner  y  en  proveng.  grqfignar^  en  gallois, 
jsgrqfinio.  Boiste  dit  egraffigner,  egratigiier, 
barbouiller,  etc. 

GRATLET,  petit  plat  detain,  donne  pour  prix 
lorsqu'on  tire  au  fiisil. 

GRAILETTE ,  sorte  de  terrine  pour  rechauffer  les 
ragoüts.  En  celtiq.  grailhen,  restes  d'iin  repas; 
d'oü  est  venu  le  mot  fran^ais  graillon. 

GRAINGE,  GRINGE5  demauvaise  humeur,  cha- 
grin  :  II  est  tout  gringc  aujourdliui^  du  celtiq, 
grjngian ,  graingian  i  murmurer,  gronder,  dela 
V vWern,  greinen,  Le  celto-breton  grignous  est  le 
meme  que  notre  mot  gringe ,  qui  se  dit  en  Bour- 
gogne  et  en  F r Rnche-Comie  gj-aijigne ,  grigiie. 
Neuch.  Vaud.  et  Frib. 

GRAISSE ,  reprimande  ,  semonce  :  Tu  as  eu  la 
graisse.  sauge  est  fran^ais  dans  ce  sens ;  on 
pourrait  dire  populairement :  Tu  as  eu  ta  sauge. 

GRAMMATRE ;  prononcez  gra-maire,  et  non  gran- 
maire. 

GRAMON ,  gramen,  chiendent  :  Boire  surle  gra- 
inon. 

GRANGER ,  metayer  :  Mettre  sa  campagne  en 
GRANGEAGE,  c'est-a-dire  la  faire  valoir  par 
un  metayer.  Neuch.  Ces  termessont  connusdans 
plusieurs  provinces,  et  Boiste  les  indique. 


i6o  GLOSSATRE 

GRATON5  asperite  sur  le  papier,  sur  le  terraiii: 

Ma  boule  a  renconire  un  graton. 
GRATTE-A-CUL ,  gratte-cul  ,  fruit  de  l'eglantier. 
GRATTE.BOISSEÜSE  ,  polisseuse  de  boites  de 

iTiontres. 
GRATTE-LOTON ,   ouvrier  horloger;  terme  de 

mepris. 
GRATUISE ,  RAPE.  Ell  roman ,  gratuse,  En  Dau- 

phine,  gratusi. 

GRAVATE,  CRAVATE. 

GREBE  (UNE) ;  ce  mot  est  du  genre  masculln : 

Quelques  especes  de  colymbus,  comme  la  petite  grebe. 

fConserv.  Suisse.J 

On  trouve  aussi  ce  solecisme  dans  la  Nouvelle 

Helo'ise. 
GREBOLER,  grelotter,  trembler  de  froid  :  // 

etait  tout  grebolant.  En  Daupliiue ,  gromola. 
GREFFION,  CERISE.  En  dauph.  graffion^  en  Ita- 
lien, grqffioni  des  bigarreaux.  Racine   celtiq. 

gra,  incision;  de  la  GREFFE ,  etc.  Neuch.  Vaud. 
GREMOLLION,  grumeau. 
GRENOÜILLE  ,  argent  ,  tresor  ,  magot  :  II  a 

decampe  ai^ec  la  grenouille.  Terme  connu  dans 

quelques  provinces. 
GREUBE ,  tuf  dont  on  se  sert  pour  nettoyer  la 

vaisselle.  Neucli. 
GREUBON,  Sediment  de  lard  fondu.  Neuch.  En 


GENEVOIS.  16 1 

bas- allem,  griehen»  En  Franche-Comte ,  gruh^ 
soll,  gruheuson,. 

GREUGER,GRTJGER. 

GREULER,  GRELOTTER,  trembler  de  froid.  En  ro  - 
man, gruler.  GREULER,  secouer.  Italien,  crol- 
Idre^  vieux  francais,  crouller: 

IIs  chassoient  auxcigales,  prenoient  des  sauterelles,cueil^ 
loient  des  fleurs ,  crouUoient  des  arbres  fiuictiers  et  man-» 
geoient  des  fruicts. 

(Amyot.) 

GREZE  5  GRESE  :  Soie  grSse^  dites  gräge. 

GRILLE  ,  CHEViLLE  DU  PiED.  Neucli.  Vaud.  Voyez 
Nille. 

GRILLER :  Griller  du  cafe^  rotir  est  mieux  :  du 
cafe  RoTi. 

GRILLET,  GRILLON,  insecte;  grjllus.  Lyon. 

GRIMPION5GRIMPEREAU,  Sylta  europcea^  oiseau. 

GRINGALET,  fluet,  de  mauvais  mine.  En  ro- 
man ,  ce  mot  se  dit  d'un  mauvais  cheval. 

GRINGUENIAUDE ,  gringenaude. 

GRISPILLER,  friponner. 

GROLLE,  savate,  mauvais  soulier :  Je  h''aicjue 
des  grolles ,  scc  comme  de  la  grolle.  Terme 
gascon,  dauph.  et  lyon.;  en  langued.  groülla^ 
en  langue  romane ,  groulier,  savelier.  Vaud. 

GRONDEE,  gronderie, 

GROS-FORT  ,  GRANDE  ABSINTHE. 

GROUP,  CROUPE,  CROUP,  angine  du  lai-ynx* 

II 


iG2  GLOSSAIRE 

GRUER,  MONDER  :  Faire  gruer  de  l'ai^oine.  Eii 

proven^al ,  gruar. 
GRUS,  GRUAU :  Unc  soupe  aux  grus,  uN  gruau. 

Neuch.  Vaud.  Grus  se  dit  aussi  d'une  sorte  de 

laitage  : 

«  La  Fanchon  me  servlt  des  grus ,  de  la  ceracee ,  etc.» 

(Nouv.  Heloise.J 

Ce  terme  est  du  vieux  fran^ais ,  et ,  en  Cham- 
pagne, ^rwsignifie  encoredu  son ;  bas-latin  ^tmj^ 
gruellwn  y  allem,  grutze.  Racine  celtiq.  gru, 
arJ3re,  fruit;'  de  la  GruySre^  nom  de  lieu  en 
Suisse ,  et  grujer,  officier  prepose  ä  la  garde  des 
for^ts ; 

Rodillard  de  Choupille, 

Noble  au  bec  de  corbin ,  grand  gruyer  de  Berry. 
(Recnard  ,  le  Distrait.) 

Les  Ecossais  montagnards  qui  senourrissaient 
de  chair,  donnaient  aux  Pictes  le  surnom  de 
gruinich,  cruitnich,  mangeurs  de  grains,  de  fruits, 
parce  que  ceux-ci  habitaient  la  cöte  Orientale 
de  la  Caledonie,  plaine  ferlile  en  produits  de 
cette  nature ;  et  nous  citons  ce  fait  d'apres  l'au- 
torite  de  Gibbon ,  comme  propre  a  venir  a  Tap- 
pui  de  notre  origine  celtique.  Remarquons  de 

I  Le  grou ,  le  gru,  en  France,  dit  P.  Pithou  ,  signifie  tout  le 
fruit  de  la  foret :  la  glanee,  les  chataignes,  les  porames  et  poires 
sauvages  qui  s'afferment  par  le  gruyer. 


GENEVOIS.  i63 

plus ,  que  le  mot  grouze  signifie  ble  en  langue 

schype. ' 
GUENAPIN,  POLissoN,  band  it. 
GUENILLES ;  dans  certaines  parties  de  la  Savoie, 

on  donne  ce  nom  aux  pieces  de  trois  sous  de 

Geneve. 
GUETES,  GUJ^TRES.  Lyonnais;  langued.  ^z/eVa^. 
GUEULE-DE-LOUP ,  muflier  ,  mufle-de-veau, 

plante. 
GUEULETON,  repas,  bombance.  Paris,  pop. 

Chacun  d'eux  suivi  de  sa  femme, 

A  l'image  de  Notre-Üame 

Firent  un  ample  gueuleton. 

(Vade.) 

GUEUSARD ,  gueux  ,  coquin. 

GUICIiE  :  Tirer  la  guiclie ,  lirer  la  jambe,  mar* 

eher  avec  peine. 
GUIGNOCHE  5  femme  de  mauvaise  fagon ;  du  ro- 

man  guenoche^  qui  a  le  meme  sens. 
GUIGNONNANT :  Cestguignonnant-,  dites  c'est 

ätre  en  guignon.  Voyez  Enguignonner. 

1  La  langue  schype  est  celle  des  Albanais;  cet  idiome ,  connu 
en  Europe  depuis  un  millier  d'annees,  n'est,  selon  Swinburne, 
qu'un  melange  des  dialectes  de  ces  hordes  tartares  qui,  au  hui- 
lieme  siecle,  en-valiirent  la  Greceetla  Macedoine,  melange  ren- 
force  de  termes  Italiens  et  alleraands  apportes  par  les  croises. 
Ce  voyageur  s'etonne  d'y  trouver  des  mots  qui  ont  du  rapport 
avcc  l'anglais  j  n'auraient-ils  point  une  origine  celtique  ? 


i64  GLOSSAIRE 

GUILLÄME  :  Un  grand  guilldme ^  un  grand  flan- 

DRIN. 

GUILLE ,  GRis ,  a  demi-ivte.  En  frangais ,  on  dit 

GuiLLERET ,  gai ,  eveille. 
GUILLE,  poLir  quille.    Cette    corruption   nous 

vient  de  la  basse  latinite. 

«  Touchant  ceux  qui  jouent  aux  quilles  (guilleis),  on  or- 
donne  qu'on  ne  leur  defende  pas  ce  jeu,  mals  seulement 
de  jurer  et  blasphemer.  « 

(Traduction  des  Regist.  du  Cons,  ili^'J.J 

GUILLEMETTE  (EN),  en  pile,  l'un  sur  lautre: 
Ces  Iwres  vont  tomber,  ils  sont  en  guillemelie. 

GUILLERI :  Courir  le guilleri  y  dites  le  guilledou. 
Terme  connu  en  Dauphine  ,  ainsi  qu'eii  d'autres 
provinces.  On  pretend  qu'il  vient  des  trois  freres 
Guilleri,  gentilshommes  bretons  qui,  apres  les 
guerres  de  la  Ligue,  batirent  un  fort  dans  le 
Poitou,  et  de  la  couraient  le  pays  pour  brigan- 
der ,  poussant  leurs  excursions  jusqu'aux  portes 
de  Lyon.  En  fran^.  le  guilleri  signifie  le  chant 
du  moineau. 

GUILLETTE :  Une  guilletle  de  beurre^  diminutif 
de  guille. 

GUILLON,  broche,  fausset  :  Mettre  le  guillon  ä 
un  ionneauj  GUILLONNER  un  tonneau^Yaud, 

GUINCHER ,  LOUCHER ,  regarder  de  travers  :  II  est 
un  peu  guinche.  Ce  verbe  est  employe  dans  les 


GENEVOIS.  i65 

anciens  fabliaux ,  pour  pencher  ,   detourner. 

Guenche,  detour;  proveng.  gui?2cha,  lorgner. 
GUINDRE,  DEViDOiR.  En  Italien,  guindolo.  Ri- 

chelet  l'indique  dans  ce  sens.  A  Lyon ,  sorte  de 

metier  pour  les  soies  :  Une  mecanique  ä  plu- 

sieurs  guindTes. 
GUINGOINE  (DE) ,  de  guingois  ,  de  travers  :  II 

marche  tout  de  guingoine ^  cet  habit  va  de  guin- 

goine. 
GUISE,  GUEUSE :  Tujau  de  guise. 

GY,  Gl,  GYPSE,PLATRE.  GIPIER,  PL  ATRIER.  GIPER, 

GISSER,  PLATRER,  enduire  de  gypse.  Italien, 
ingessare»  Neuch.  Vaud. 


i66  GLOSSAIRE 


IW*'^X'*'*^»*V*^*'W^^.^^«'V**^^^*^^^^^'^»^'V'V^^*^^^^^^X^^»'%.^V^^^^X^V*%,^  ^.■*%^^ 


H. 


XI ABITUE,  EE,  pour  habituel,  le  :  C'est  ma 

-place  hahituee. 
HARPION,tL\RPON;  HARPIONNER,  harponner, 

(Ji  aspiree). 
HEM  :  Faire  ä  hem ;  en  France ,  jouer  aux  quatre 

COINS. 

HERBE- A-£CURER,   präle,  aspri:le;  HERBE- 

AUX-POIS,  SARIETTE. 

HERBOLANN ES ,  herbes  medicin.\les  :  Touies 

sortes  d^herbolannes. 
HESITER  DE  j  pour  hesiter  a  :  N'hesitez  pas  de 

le  recei'oir, 
HEÜRE  :  Est-ce  qu^une  heure  ojit  sonne?  Cepen- 

dant  la  Grammaire  des  grammaires  permet  de 

dire  :  VERS  les  lne  heure. 
HIRESSON,  HERissoN.  En  roman,  iresson. 
HORLOGE  (UA^) ,  poui-  une  :  Llwrloge  du  Molard 

est  arrete, 
HORLOGER,  ennuyer,  rabacher  :  //  est  toujours 

ä  in^horloger . . .  jla  sötte  horloge! 
HORTENSIA  est  feminin;  ne  dl  les  pas  :  un  bei 


GENEVOIS.  167 

horlensia.  [Commerson,  apres  avoir  decouvert 
Celle  plante,  en  fit  Hommage  a  Hortense  Le 
Paute ,  femme  d'un  celebre  horloger ;  teile  est 
l'origine  de  ce  nom.  Gattel  fait  erreur  en  disant 
qu'il  vient  d'Hortense  reine  de  Hollande,  ou  du 
latin  hortensis. 

HUILE :  Huile  d'olifßn^  dites  huile  d'olives  fine. 

HUSSIER,  pour  huissier  :  Nos  hussiers,  avec  leurs 
manteaux  y  o ff rentV Image  d'une  mascarade. 

HUTINS,  vigne  entre  deux  arbrisseaux;  altera- 
tion  de  hautins  ,  terme  qui ,  dans  quelques  pro- 
vinces,  designe  le  meme  objet.  Ceps  hauta'ns; 
il  parait  qu  autrefois  on  faisait  usage  de  cet  ad- 
jectif  au  propre  comme  au  figure. 

Ces  humeurs  transcendantes  m'effraient  comme  les  lieux 

hautains  et  inaccessibJes. 

(Montaigne.) 

En  se  prccipltant  (une  röche),  eile  enveloppe  et  tralne 
Les  pasteurs,  les  troupeaux,  et  la  foret  hautaine. 

(Segrais.) 

En  se  servant  de  ce  mot ,  il  faut  donc  avoir  soin 
d'aspirer  \U,  et  rie  pas  dire  :  une  iire  d^hutins. 

I  Voici  le  premier  Couplet  d'une  ancienne  chanson  dauphi- 
noise,  lequel  renferme  deux  idiotismes  qui  nous  sont  com- 
muns ,  autin  e^troille. 

Je  seu  tout  creitin  (desole), 

Lo  cour  me  pendole , 

Je  m'en  voi  ä  Crolc  (village  du  Gresivaudan) 


i68  GLOSSAIRE 

HYDRE.  La  Fontaine  a  dit : 

Monsf res  empoisonneurs , 

Comrae  bydres  renaissans  sans  cesse  dans  uos  coeurs. 

C'est  une  faule,  puisque  ce  inot  est  feminin; 
^erivez  comme  Boileau : 
La  voilä  donc,  Girot,  cette  hydre  epouvantable ! 

HYMNE,  est  du  genre  masculin;  tjn  hymne  de 
Simonide;  LE  b£l  hjTTine  des  Marseillais ;  cepen- 
dant  l'Acad.  pense  que  ce  mot  peut  recevoir  uii 
adjectif  feminin  lorsqu'il  s'agit  des  hymnes 
CHANTEES  daus  leglise. 

Nous  allons  maintenant  signaler  plusieurs 
mots  dont  Vh  doit  etre  aspiree ,  et  que  Ton  pro- 
nonce  mal  : 

Nous  disons  souvent  au  lieu  de  : 
HABLEUR;  un  n'ableur. 
HASCHE;  pretez-jnoi  räche. 
ll\CWiS ;ykites-eri  un  n'achis, 
HAGARD; 

Gouvernement  commode  et  beau  (Cbillon), 
Auquel  suffit  pour  toute  garde 
XJn  ours  avec  sa  ini«e  hagarde, 
Peint  devant  le  mar  du  chateau. 
(Bordier,  Voyage pittor.  aux  glaciers  de  Saivie,  i']'j3,J 

Car  noutrous  autin 
N'ont  rien  que  de  foille, 
Personna  ne  troille 
Fauta  de  raisin. 
Per  bere  de  vin  ; 


GENEVOIS.  169 

HAIE;  aiitour  des  z^aies, 

HAIR;  ]e  Vhais. 

HALETER;  il  est  iout  faletant. 

HALLEBARDE ;  Spon  appelle  Conseil  des  alle- 
hardes  ^  le  Conseil  general  que  tint  le  duc  de 
Savoie  au  cloitre  de  Saint-Pierre,  en  1 525 ,  parce 
que  ce  prince  avait  ses  gardes  armes  autour  de 
lui. 

HAMEAU;  unpetit  fameau. 

HANNETON;  une  gross'  anneton.  Ce  mot  est 
masculin. 

HAQUENEE;  une  vieiW  aquenee. 

HARANGUE;  une  heW  arajigue. 

HARASSER ;  il  est  encore  iout  i'arasse. 

HARCELER;  il  est  ioujours  ä  m'arceler, 

HARDI ;  vous  etes  bien  it'ardi. 

HARDIESSE ;  il  est  d^un'  ardiessel 

HARENG;  des  z'arengs. 

HARICOT ;  des  z'aricots, 

HARN  ACHER;  un  chei^al  bien  n'arnache'. 

HARN  AIS;  jneitez  l'arnais, 

HARPIE;  des  z'arpies. 

HASARD;  d  iout  fasard^  ä  Vasard  du  pol  j  il  faut 
dire  :  ä  lafortune  du  pot, 

II ASARDER ;  z7 Tzeyäw/  pas  s'asarder. 

HAÜSSE-COL ;  un  officier  d'ausse-coL 

HAUSSER ;  il  faut  V  ausser. 


I70  GLOSSAIRE 

HAUT;  en  n'aut  Bcmont. 

HAUT-BOIS;  iljoue  de  raut-hois. 

IIAUTEUR;  sur  un'  auteur. 

MENxMSSEMENT;  Venissemeni  ^   prononcez  u: 

HANNISSEMENT. 

IIERISSER;  des  chepeux  tout  ferisses. 
HERNIE;  ila  wi'  ernie. 
HEURTER ;  ü  ne  faut  pas  Veurter. 

«  Le  mepris,  Ja  menace  Äew/taient  nos  ciloyens.  » 

(La  Mort  de  Levrier ,  traged.  gcnevoise.J 

HIßOU;  un  rieux  z^ibou, 
lilDEUX,  HIDEUSE ; 

n  Je  me  trouve  avoir  quelques  lignes  qu'elle  (la  princesse 

de  Lamballe)  tracait  avant  Vkideitse  catastrophe  dont  eile 

iious  a  laisse  le  souvenir.  » 

(Mein,  de  Sainte-Helene.) 

Une  populace . . .  assouvit  jo«hideusefaimäbonmarche. 

(De  Pradt.) 

IIOMARD ;  l'omard  est  une  ecrepisse  de  mer, 
HONTE;  n'est-cc  pas  des  z'ontes? 
Y{Om:yA}\;  c'esthienn'onteux. 
IIORS;  il  est  Vors  de  danger  j  iin  n\}rs  d^oeai^rc, 

«  Le  coxiege  hors  des  murs ,  ä  peine  est  arrivc.  » 

(La  Mort  de  Leviier ,  traged.  genew) 

HOUSPLLLER;  ils  sont  toujours  ä  s'oiispiller. 
nUm,imn\;  des  z'uees. 

Y  faire  /lucr  ua  Dieu  sous  Ics  trail»  d'un  uiorlcl. 

(DOUAT.) 


GENEVOIS.  171 

IIUGUENOT ;  des  z  higuenots, 

«  LesDucaux  appelaient  ceux  quiavaientacceptela  bour- 
geolsle  de  Fribourg,  Eignots  ^  voulant  dire  Eidgnossen . . . 
c'est  de  lä  qu'est  venu  le  mot  d'huguenots ,  dont  on  fait  de 

si  ridicules  etymologies. » 

(Spon.) 

Voici ,  en  revanche,  quelques  mots  dont  nous 
aspirons  Yh  mal  a  propos. 
HAMECON;  on  ne  dit  pas  le  harne fon,  mais  l'ha- 

ME^ON. 

HIATUS;  prononcez  des   z'hiatus,  et  n'ecrivez 

pas  hjaius. 
HIER;  il  ne  faut  pas  dire  :  liest  de  hier  j  on  m'a 

assure  que  hier.  . .  ,  mais  IL  EST  d'hier;  on  m'a 

assure  qu'hier  . . . 
HIEROGLYPHE;  prononcez  des  z'hieroglyphes. 
C'est  aussi  une  faute  de  dire  la  hente ,  pour 

l'ente  :  Faire  une  hente  ä  un  bas  ^   ainsi  que 

la  hanse  pour  l'anse  :  La  hanse  dhin  panier, 

et  des  hanchois  pour  des  Anchois. 


172  GLOSSAIRE 


*'V%.'V^%--%.'V^\^  (V-^^^^^^i^^V^  V*^^^<«^V^^V^<^^A^.'%'V%^«^%^^«^'V^^V«^<^'V^%^  " 


I. 


IDOINE,  IDIOT  :  II  teste  lä  comme  iine  idoine. 
IDOINE,  en  fraii9ais,  signifie  propre  a...,  ca- 
pable  de ... ;  en  latin  idoneus, 

IL-EST  (noLis  pronon^ons  ilai) ;  jeu  d'^coliers  :  li- 
est courant^  il-est  cachant^  il-est  ä  Ici  ramasse, 
Celui  qui  doit  cliercher  ses  camarades ,  ou  cou- 
rir  apres  eux ,  crie  :  est-ce  ?  et  Ton  repond  :  il-est. 

IMITER ;  imiterVexemple  de  quelqu  ^un  est,  suivant 
quelques  puristes ,  une  locution  defectueuse ;  ils 
exigent  ici  Femploi  du  verbe  suivre.  Cependant 
rAcademie  dit :  un  exemple  inimitable ,  et  Des- 
preaux : 

Imite  mon  exemple. . . 

IMMANQUABLE ,  IMMENSE ;  ne  prononcez]point 
ain-mejise^  ain-manquahle ,  mais  laissez  aM'z 
le  sor.  qui  lui  est  propre.  U  en  est  de  meme  a 
l'egard  des  mots  inimediat ,  immediatement. 

INCAN,  ENCAN.  En  langue  romane  inquant^  du 
latin  iiz  quantiiin  pour  combien.  Lyon.  IN- 
C ANTER,  ENCANTER,  vendre  a  l'encan  , 
forme  comme  ci-dessus;ou  du  vcrbe  incaniarc, 
eiitonner ,  proclamer. 

INCENDIE  (UNE),  un  incendie. 


GENEVOIS.  173 

INCOGNITO;   prononcez  gn  comme  dans  £^- 

pagne. 

INCOMBANCE,    CHARGE,    INCONVENIENT ,    CONSE- 

QUENCE  DESAGREABLE;  de  ritalieii  incomhenza, 
Charge. 

INCONVENABLE ,  est  iin  neologisme  employe 
par  M.""^  de  Stael ;  les  Berits  de  cette  femme 
celebre  en  offrent  plusieurs  autres  que  la  langue 
parait  adopter ,  tels  sont :  indelicat,  inoffensif, 
intempestif^persistance,  vulgariie  ,^  etc. 

INDEMNISER,  INDEMNITE;  prononcez  indam- 
NisER,  indamnite;  et  INGREDIENT,  ingre- 

DIANT. 

INORME,  pour  enorme,  est  encore  une  faiite  de 
prononciation  que  fönt  quelques  personnes. 

INQUILIN5  locataire;  du  latin  inquilinus ,  qui  a 
la  meme  signification. 

INSECTE  (UNE) ,  un  insecte. 

INSOLENTER,  injurier,  insulter. 

INTENTION  :  Etes-vous  d'inteniion  de..,?  II 

faut  dire  :  DANS  l' INTENTION. 

1  Le  comforlahle  des  Anglais  est  aussi  generalement  recu,  de 
meme  que  desappointer  et  dcsappointement ;  mais  ce  qu'il  y  a 
deremarquable,  c'est  que  ces  derniers  mots  sont  plutöt  une  rcs- 
tltution  qu'une  conquete ,  car  les  Anglais  eux-memes  les 
avalent  empruntes  du  vieux  langage  francais. 

Le  /o«?  brilannique ,  le  d'dettante  Italien,  sont  encoi'e  des 
termcs  que  la  France  pourrait  bien  adopter  un  jour. 


174  GLOSSAIRE 

INTERVALLE ;  ne  faites  pas  ce  mot  du  genre 
feminin. 

«  II  y  a  une  inlervalle  de  dix  ans. . .  » 

{Nquv.  Helo'ise,  Ill.e  partle,  p,  19;  edit.  de  Neuch.) 

INVENTORISER,  inventorier. 
INVECTIVER  :  II  m'a  inpecüpe ;  ce  verbe  est 
neutre  ,  la  grammaii-e  exige  :  iL  a  iNVECTivt 

CONTRE  MOI. 

INVITER  :  Vous  etes  in^lle  de  vous  rejiconti'er ; 
dites  5  A  vous  rencontrer ;  mais  avec  les  verbes 
commencer,  continuer,  engager,  Commander, 
exhorier,  forcer,  s'efforcer,  manquer,  obliger, 
lächer,  on  emploie  de,  surtout  quand  il  s'agit 
d'eviter  plusieurs  a ,  ou  la  rencontre  de  plu- 
sieurs  voyelles ;  (Boiste.) 

IRRUPTION ,  pour  Eruption  :  II  Im  est  sorti  une 
irruptlon  par  iout  Je  corps.  Irruption  signifie  In- 
vasion soudaine  de  Fennerni. 

ISERABLE ,  erable.  Terme  dauphinois. 

ITALIENISME,  italicisme,  maniere  de  parier  pro- 
pre a  la  langue  italienne  :  Cest  im  italienisme  ; 
ilalianisme  serait  plus  supportable.  Quelques 
auteurs  ecrivent  italianiser  :  «  Vigneron  de 
\  erdun  italianisa  son  nom  ,  et  se  fit  appeler 
Veneroni, »  II  ne  faudrait  pas  dire  italie'niser. 


GENEVOIS.  175 


«.'%'»  «.%«/« -w 


J. 


J  AIRE ,  JARRET  :  Uji  jaire  de  veau.  Terme  de 
boucberie. 

JAMBETTE,  jambon  de  l'epaule  de  cochon.  En 
fran^ais,  sorte  de  petit  couteau. 

JAPvDINAGE ,  pour  legume  :  Un  plat  de  jardi- 

nage ,  le  jardinage  est  Tart  du  jardinier,  l'hor- 

liculture,  terme  noiiveau  que  la  langue  parait 

adopter.  La   Grammaire  des  grammaires   dit 

qu'on  fait  usage  du  mot  legume  en  parlant  des 

grains  semes  qui  se  cueillent  ä  la  main ,  a  la  dif- 

ference  de  ceux  qui  se  fauchent.  Effectivement, 

legume  vient  dulatin  legere  qui  signifie  cueillir, 

La  Quintinie  dit  h'ien  jardinage  dans  le  sens  de 

legume,  mais  il  ajoute  que  c'est  un  provincia- 

lisme.  Quelques  anciens  auteurs  ont  ecrit  Jior- 

iulage  et  horiolage.  Gattel  indique  ce  dernier 

mot  comme  signifiant  aussi  certaine  partie  du 

potager. 

JARLOT,  JARRELOT,  sorte  de  baquet.  En  ro- 

man,  jarle ;  en  celtiq. /ßr/,  jarre,  cruclie. 
J ARTOU ,  JARRETOU :  jarrete  ,  jarretier:  mais 


176  GLOSSAIRE 

on  n'en  fait  usage  qu'en  parlant  des  chevaux  oü 

d'autres  qiiadrupedes. 
JASPINER,  DisPLTER,  CHICOTER;  en  vieiix  fran- 

^ais  5  jaspiner  signifiait  bavarder,  et  Boisle  Fiii- 

dique  daris  ce  sens. 
JESUS-CHRIST,  ANTECHRIST,  pronoiicez  jesu- 

CRi,  ANTECRi;  mais  si  vous  dites    le    Christ", 

faites  entendre  les  deux  finales. 
JETON,  ficelle  attachee  ä  rextremite  d'un  fouet: 
JETTER,  ne  prend  plus  qu'un  seul  /,  mais  011 

ecrit  je  jette,  il  jette,  etc.  Ecrivez  aussi  ap- 

PELER  5  et  il   APPELLE ;  ATTELER  ,    et  il  ATTELLE ; 
RENOUVELER,  et  il  RENOUVELLE,  etc. 

JOINTE ,  un  QUART  de  journee  de  travail  ;  terme 
rural  :  Une  journee  et  trois  jointes.  Daiiph.  et 
langued.  yoz/7?^YZ. 

JOLERIE  (DE  LA) ,  du  petit  poisson.  Terme  de 
pecheur.  En  langued.  70/,  petit  poisson. 

JOMBRER,  ätre  prive,  attendre  envain  .-  Vous 
iri'avez  bienjait  jombrer^  tu  enjombreras. 

JORAN,  yent  du  nord-ouest  ;  Neuch.  JORASSON, 
espece  de  joran.  Le  BOURGUIGNOiV,  a  Geneve, 
est  le  VENT  d'ouest,  et  le  VENT,  dans  un  sens 
absolu,  le  vent  du  midi. 

JOT  (A)  :  Cette  poule  est  dj'otj  c'est-a-dire  sur 
le  JUCHOIR.  Nous  disons  aussi,  par  extension , 
d'un  enfant  qui  s'est  endormi :  //  est  djot. 


GENEVOIS.  »77 

JOUFFLARD ,  augmentatif  de  joufflu  :  C'est  une 
grosse  joufflarde, 

JOUIN,  JUIN  :  Le  mois  dejouin,  prononcez  JU-IN. 

JOUIR  :  Jouir  d'ujie  mauuaise  sante ,  d'une  maU' 
vaise  repuiatlon;  locutions  ridicules. 

JOÜR  :  Jour  sur  semame,jour  ouprier,  dites  JOUR 
öUVRABLE.  Kwre  du  jour  ä  la  joumee ,  VIVRE  AU 
JOUR  LA  JOURNEE.  Du  jour  au  lendemalni  d'un 
JOUR  A  l'autre.  Dhin  jour  Vun,  est  une  absur- 
dite  :  f^ous  prendrez  de  cetle  poudre  d'un  Jour 
Ihm;  dites  de  deux  jours  l'un. 

JUSQt'A  TANT  QUE ,  pour  jusqu'a  ce  que  :  J'l- 
rai  chez  lui jusqu'a  tantqueje  le  troui^e.  Yieille 
locution. 

Je  le  le  dis  encore,  et  veux  tant  <jrMe  j'expire, 
Sans  cesse  le  penser,  et  sans  cesse  le  dire. 

(Corneille.) 

JUSTE  :  Comme  dejuste,  c'est-a-dire  comme  il  est 
juslCj  comme  de  raison  :  . .  ,en  payanty  comm» 
de  juste. 


lat 


173  GLOSSAIRE 


^•%.^\  "^ -%• -V-^ -V  VV»^^/^  ^f^^-^  ^  ^'^  «-«  ^  %■%  V  ^-M  %.^%  ^^  X^-^^'^  « 


L. 


L 


A ,  pour  LE ,  dans  Ic  seiis  siüvant  :  Etes-vous 
fächee  ? — Oiii ,  je  la  suis.  Le  pronom  /ene  prend 
ni  genre,  ni  nombre,  lorsqu'il  tieiit  la  place  d'tin 
adjectif,  ou  d'un  substantif  employe  adjecti- 
vement. 

Moins  genee!  ma  foi,  madame,  il  ne  faut  pas  que  vous 

la  soyez  du  tout. 

(Marivaux.) 

Que  je  devienne  veuve?  il  y  a  trois  ans  que  je  /a  suis , 

monsieur. 

(Dancourt.) 

Vous  ^tes  salisfaite  (c'est  Cornelie  qui  parle),  et  je  ne  la 

suis  pas. 

(Corneille.) 

Chacun  de  ces  passages  ofFre  Texemple  d'iiiie 
faule  que  les  dames  de  Paris  fönt  tout  aussi  fre- 
quemment  que  celles  de  Geneve  et  du  pays  de 
Vaud. ' 


T  Tout  le  monde  sait  la  reponse  que  BI.™e  Je  Sevigne  fit  ä  Me- 
nage, qui  se  plaignait  d'ufrc  enrhumc  :  Je  la  suis  aussi,  mon- 
sieur Menage. — 11  ine  scmble,  madame,  que  suivant  les  rcglcs 
de  nolre  langue,  vous  devriez  me  rt'pondre  :  Je  le  suis  aussi. 
— Vous  direz  comme  II  vous  plaira,  mais  pour  moi,  je  croirais 
avoir  de  la  barbe  au  mcnton  si  je  m'exprimais  ainsi. 


GENEVOIS.  179 

LAÜIERE ,  ternie  de  couturiere ,  sorte  de  chan- 
TEAU  :  Des  chemises  ä  lad  leres.  LADltüRE  est 
aussi  un  terme  de  batelier,  et  se  dit  d'un  certain 
vent  du  Leman  qu'on  voit  aller  au-devant  de 
celui  qui  doit  souffler. 

LAIRE  j  LERE  :  //  chante  comme  ime  laire.  An- 
glais,  lark^  allem,  lerche^  une  alouette;  en  langue 
romane ,  une  laielte. 

LAISSER  :  Tu  ne  veux  pas  lenir,  he  bien  l  laisse- 
fenj  Qu'il  s^en  laisse.  Celle  locution,  qui  sans 
doute  appartient  aussi  au  frangais  populaire  ou 
du  moins  tres-familier,  n'est  indiquee  dans  au- 
cun  lexique. 

Cela  ne  laisse  pas  que  d'etre ...  est  encore  une 
maniere  de  parier  que  desapprouve  le  Diction- 
naire  des  difficultes  de  la  langue  frangaise;  on 
en  fait  cependant  un  frequent  usage  dans  le  slyle 
familier. 

LAIT  DE  SERPENT ,  tithymale. 

LAÄIBOURET,  NOMBRIL. 

LANCIIEBROTER ,  jargonner  ,  ecorcher  une 
langte  :  //  lanchebrote  un  peu  raUemand ^  je 
ne  comprends  rien  ä  ious  ces  LANCIIEBRO- 
TAGES.  De  Fallemand  landsprache^  langue, 
Jargon  du  pays. 

LANDES,  LANDINES,  lentes  :  II  a  la  tele  cou- 


i8o  GLOSSAIRE 

Teerte  de  landes.  L}  on.  Langued.  et  Dauph.  En 
latiii,  lens,  ^hiiWi  lendis. 

LANDRILLE  :  Tirer  landrille ,  pour  porter  la 
MANDILLE ;  c'est-a-cüre  etre  daiis  le  besoin ;  du 
nom  de  certaine  casaque  dont  cn  habillait  au- 
trefois  les  laquais. 

LÄNI,  Sorte  de  sac  ^nn  tissu  grossier  :  TJn  lani  de 
rlz.  Peut-etre  du  latin,  lanicium ,  lainage. 

LANTERNIER ,  ferblantier.  ün  latsternier  est 
celui  qui  aünme  les  lantenies,  ou,  au  figure,  un 
diseur  de  fadaises,  et  aussi  un  liomme  lent, 
irresolu. 

LArs\  OÜiy  anvoie  ou  anguille  de  haiej  anguis 
J'iagilis  :  Tue?'  im  lanpoui. 

LARD  (UN)  ,  UN  COCHON  :  Saigner  un  lard ;  un 
roti  de  lard.  Lard  se  disait  autrefois  pour  PORC 
ENGRAISSE;  mais  aujourd'hui,  ce  mot  ne  doit  ser- 
vir  qua  dc%igner  ceite  parlie  grasse  de  ranimal 
qui  est  enlre  la  couenne  et  la  cliair. 

LARDERE,  mesange.  En  daupliin.  lardaine;  en 
langue  romane ,  lardelle. 

En  ung  Heu  avoit  rossiguaulx  , 

Puls  en  l'autre  papegaulx  (perroquets); 

Si  avoit  allleurs  grands  flavellea 

D'eslornaux  et  torlerelles. 

De  cliardonneraux ,  d'arondelles, 

D'aloettes  et  de  teri/eZ^ex, 


GENEVOIS.  i8i 

De  pincon»,  d'autres  oisillons 
Faisant  d'arbres  leurs  pavillons. 

(Roman  de  la  Rose.J 

LARGE ,  MELtzE  :  Bois  de  largej  echalas  de  large. 
LARRON  (UN),  une  flamm^che  -.Ilyaun  lar- 

ron  ä  la  ciiandelle,  Les  HoUandais  disent :  II y 

a  im  Anglais . . . 
LAURELLE ,  laureole  ,  arbrisseau.  Lyon. 
LAVOIR,  eire  dans  le  lavoir,  c'est-a-dire  ^tre  ä 

meme  de  reussir ,  de  faire  son  chemin. 
LENT,  RELENT  :  Ce  larda  un  goüt  de  lent.  A  Neu- 

chatel  5  gesi. 
LEUR,  pour  son,  sa  :  Remettez  ces  livres  chacun 

ä  leur  place. 

Par  une  belle  nult  d'ele, 

Vers  le  matin,  deux  somnambules 

Faisaient  leurs  courses  ridicules, 

Trottant  cbacun  de  leur  coie. 

(NivERifois,  Fahles,') 

II  fallt  :  chacun  a  SA  place;  chacuH  de  SON 
c6te.  Chacun,  precede  d'un  pluriel,  prend  apres 
lui  son ,  sa,  ses ,  quand  il  esc  apres  le  regime 
direct,  ou  que  le  verbe  est  neutre. 

LEURRE  (UNE),  pour  ün  leurre  ,  un  piege :  C*esi 
une  leurre. 

LEURS ,  pour  leur  :  Je  le  leurs  ai  dit;  on  leurs  a 
ecrit;  ne  mettez  jamais  une  s  au  pronom  leur  de- 
vant  un  verbe. 


i82  GLOSSAIRE 

LEVRAU ,  PESON ;  du  latin ,  libra  ^  une  balance 
On  lit  dans  l'inventaire  des  meubles  de  la  Maison- 
de-ville,  qui  furent  remis  au  garde  de  cet  edi- 
fice,  en  1S27  :  «  82  seillots,  3  seringues  pour 
^tejndre  le  feu;  12  cocasses  de  diverses  gran- 
deurs;  5  poidsouZef^/YzwZ/j  pourpeserle  pain,  etc.» 

LIERRE  (LA),  le  lierre  :  Boire  sur  la  lierre. 

LIGNU,  ligneul;  un  TIRE-LIGNU,  un  cordon- 
NIER.  Vaud.  Provengal ,  ligjioou. 

LIMOGE ,  COTON  FILE  ROUGE ,  probablcment  ainsi 
nomme  par  metonymie. 

LINCEUIL ,  pour  linceul  ,  drap  mortuaire.  Vieux 
frangais. 

Un  linceuil  tout  saigneux  ä  sou  dos  s'estendolt , 
Qui  jusques  aux  lalons  decliire  lul  pendoit. 

(Garnier,  Cornelie.) 

LINZ  ARD,  LINZETTE ,  LEZETTE,  le  lezard  de 

MURAILLE,  lacerta  vulgaiis. 
LIQUETTE  5  sorte  de  petit  bateau  ä  poinle  carree. 

du  roman  lisque^  vase ,  vaisseau ,  ou  de  lisquette 

qui ,  dans  le  meme  idiome ,  signifie  petite  piece , 

loquetle. 
LISSIVE,  LESSlVE  :  Metlre ,  iremper,  couler  la 

lisswe. 

LISSU5  LESSlVE  ,  EAU  DE  LESSlVE.  Ell  laün  ,  Ux,  Ucis, 

cendre  du  foyer.  Lyon.  Neuch.  Vaud.  En  Fran- 
che-Comtc,  lessu. 


GENEVOIS.  i83 

LITEAU  (UN),  iJNE  LATTE ;  LITELAGE ,  ouvrage 

EN  LATTES;  LITELER,  LATTER. 

LOIX ,  pluriel  de  loi ;  ecrivez  lots. 

LONGE  ,  flache  :  XJne  voiture  ä  longe,  En  fran- 

^ais ,  terme  de  boucherie  et  de  manege. 
LONGEOLE,  andouille. 
LOQUETER,  remuer,  secouer  le  loquet  pour  en- 

trer  :  11  nie  semhle  que  j'ejitends  loqueter  ä  la 

porte. 
LORGNE  (LE) ;  nos  chasseurs  donnent  ce  norm  au 

plus  grand  des  oiseaux  du  lac  Leman ;  c'est  urie 

espece  de  plongeon,  colymhiis. 
LOSANGE  (UN);  ce  mot  est  du  genre  feminin. 
LOTON,  pour  laiton.  Ce  mot  parait  appartenir 

ä  la  basse  lalinite ,  car  on  troüve  dans  nos  re- 

gistres  du  Conseil :  Candelabra  lothoni,  des  chan- 

deliers  de  laiton. 

LOTTE  ,  HOTTE. 

LOUETTE  5  luette  :  II  a  la  louette  hasse. 
LOUIS  :  Lc  grand  et  le  petit  Louis ,  oiseaux  aqua- 

tiques.  En  frangais,  le  grand  et  le  petit  courlis 

ou  courlieu.  Nous  les  nommons  aussi  slfflas- 

sojis;  voyez  ce  mot. 
LOUISE ,  JETON  de  cuivre  a  l'usage  des  enfans. 
LOUSTIQUE,  terme  forme  de  radjeclifallcmand 

lustig,  gai,  content  :  II  va  mieux ,  il  est  dejä 

foiit  loustique. 


iS4  GLOSSAIRE 

LUCAIRNE  5  LUCARNE.  Lyon. 

LUGE,  Sorte  de  traineau  sans  ferrure.  Terme 
connu  dans  nos  Alpes  romanes;  canton  de  Fri- 
bourg  5  liuze.  Du  celiiq.  lug,  bois ,  foret,  et  aussi 
substcjnce  de  Farbre; '  de  la  le  mot  anglals  log, 
buche,  souche.  En  langue  romance,  louge  si- 
gnifie  coosiruction  en  planche. 

LÜI,  pour  SOI.  C'est  le  proüoni  sei  qu'il  faut  em- 
ployer  avec  des  norns  collectifs  ou  indefinis ,  tels 

t^  que  nul,  celui,  chacun. 

Chacun  ne  songea  plus  qu'ä  empörter  chez  lui  sa  pari 
du  butin.  (P.-H.  Mallet,  Histoire  des  Suisses.) 

Le  traducteur  de  Malier  (La  Baume)  fait 
la  faute  inverse  en  disant : 

II  (Arnold  d?  Winkelried)  saisit  autant  de  fers  de  lances 
que  ses  bras  purent  en  contenir,  les  fit  entrer  dans  sa  poi- 
trine  ,  et  comme  il  etait  grand  et  robuste,  les  entraina  avec 
soi  en  tombant. 

II  fallait  apec  lui,  parce  qu'ici  la  proposition 

I  Lvg,  log ,  lue ,  loc;  lous  ces  termes  celtiques  ont  signifie 
bois,  foiet,  (out  comrae  hols,  substance  de  l'arbre.  Le  lucus 
des  Latins ,  qui  n'a  pas  une  origine  grecque ,  parait  sortir  de  lä. 
En  -vieux  frar.cais,  luquct  sc  disait  d'un  petit  bois.  Le  dialecle 
fribourgeois  ncus  offre  deux  lerines  dont  la  racine  est  egale- 
ment  celtique,  lian,  plandier  d'unegrange,  et /ü«,  planche. Za«, 
lam,  bois,  füt;  de  lä  le  francais  Icmbouide,  piece  de  bois,  et 
peut-etre  aussi  lambiis,  que  Caseneuve  dcrive  du  grec  lampros, 
brillant. 


GENEVOIS.-  i85 

n'est  pas  gi^nerale  et  vague,  mais  indivicuielie. 
Cette  maniere  de  s'exprimer  se  retrouve  ciiez 
la  plupart  des  ecrivains  du  siecie  de  Louis  XIV, 
mais  aiijourd'hui  eile  est  envisagee  comme  de- 
fectueiise.  Observez  touiefois  qu'en  parlant  des 
choses  ,  vous  pouvez  tres-bien  mettre  soi  avec 
le  defini,  et,  par  exernple,  dire  avec  Regnard: 

J'ai  trouve  la  matiere  assez  seche  de  sol , 
Mals  la  belle  est  toinbee  amoureuse  de  moi. 

(Le  Joueur.J 

LUI,  pour  Y  :  Cet  ouvrage,  malgre  les  soins  que  je 
lui  ai  doniics,  est  encore  itiiparfait.  Lorsque  lui 
est  regime ,  il  ne  se  dit  point  des  choses ,  non 
plus  que  eile,  eux ,  leur  ^  on  se  sert  alors  de  y, 
en ,  le^  la,  les. 

Ne  dites  pas  Je  lui  Vai  dit,  mais,  je  LE  lui  AI 
dit;ye  luiaientenda  dire,  je  leiir  ai  entendu  dire, 
mais,  je  L'ai  entendu  dire,  je  les  ai  entendus  dire. 

LUISET ,  LUCARNE.  Du  vieux  fran9ais  ,  Xuis  la 
porte ,  l'ouverture. 

LUMINON,  pour  lumignonj:  Une  boite  de  lumi- 
nons.  Au  reste,  lumignon  n'est  point  syno- 
nyme de  lampion;  on  ne  doit  s'eii  servir  que 
pour  designer  le  bout  de  la  meche  d'une  chan- 
delle  qui  acheve  de  brüler. 

LUNjE  ,  terme  d'ecoiier,  Lorsque  deux  palets,  deux 


i86  GLOSSAIRE 

boules  se  trouvent  a  une  egale  distmice  du  but , 
on  dit  :  C^est  lune, 
LURON,  LURONNE.  Aucun  lexique  n'indique  ces 
mots,  pas  meme  celui  de  Boiste  (6.®  edit.) ,  qui 
a  recueilli  im  grand  nombre  de  termes  popii- 
laires.  Ils  n'en  sont  pasmoins  en  usage  en France, 
comme  chez  nous ,  dans  le  style  Ires-familier : 

Voir  Paris  sans  voir  la  courlille , 
Oü  le  peuple  joyeux  fourmille ; 
Sans  frequenter  Ics  porclierons, 
Le  rentlei-vous  des  bons  lurons  , 

C'est  \oir  Piome  sans  voir  le  pape. 

(Vade.) 

II  y  avall  la  toufe  la  sans-culollerie  du  village,  ciuquantc 

ä  soixante  lurons ,  quI ,  le  verre  en  niain,  attendaient  au 

passage  leur  rcpresentant. 

(LouvET,  J}Jein.) 


GENEVOIS.  187 


MaCIIIAVELISME,  MACIIIAVELISTE.  L'Aca- 

demie  n'indique  pas  ces  termes;  de  Wailly  et  Gat- 
lel  se  taisent  sur  leur  prononciation;  Laveaiix, 
qui  noiis  apprend  qu'on  doit  pronoocer  Mikel- 
Aiige  le  nom  propre  Michel-Ange,  aiirait  dijt 
ajouter  qae  Torigine  italienne  de  ces  mots  exige 
aussi  le  cli  dur. 

MACHILLER,  machonner  :  Ilncfait  que  mdcliil- 
ler;jetez  ces  MACIIILLONS.  Lyon.  Neuch. 

IMACHIN ,  MACHIN  ANTE ,  engin,  machine,  chose  : 
Un  certain  machin ,  une  cerlaine  machinante  j 
Monsieur  Macliinanie . . .  Macliin  est  im  terme 
celto-breion  qui  a  la  meme  signification  que 
nous  lui  donnons.  Bullet  en  derive  le  grec  me- 
diane ,  le  latin  machina ,  le  verbe  allemand 
inachen ,  etc. 

MACHURE  :  Du  mdclmre  j  une  taclie  de  mdchure; 
du  verbe  francais  machurer. 

MAGNIN,  chaudronnier  ambulant. 

«  Magnins  ctrangers  peuvent  cxercer  Icur  melier  dans  I;i 
ville,  nouobslant  l'opposition  des  policis. » 

fRef^ist,  du  Conseil,  i5i7.' 


i88  GLOSSAIRE 

Terme  ronian  dont  plusieurs  provinces  fran- 
^aises  ont  cooserve  l'usage,  soit  dans  son  inte- 
grite  5  soit  avec  une  desinence  differente  :  ma- 
gnan ,  maignier,  maigni,  etc. '  Latin  barbare  , 
magninusj  ital.  magnano,  Le  Duchat  le  derive 
du  iatin  manuarius ;  mais  que  dire  de  l'origine 
de  Comi  de  Gebelin,  qui  pretend  que  ce  terme 
nous  est  venu  de  i'Orient,  parce  qu  en  syriaque- 
rnagsia  signiße  airain?  Neuch. 

MAIGROLET ,  maigrelet.  La  Fontaine  dit  min- 
grelet.  Nous  avons  aussi  MINCOLET, PETIOT , 
PETIOLET ,  et  quelques  autres  termes  de  cette 
nature  qui  n'ont  pas  la  gräce  des  diminutifs  ita- 
liens ,  mais  dont  la  pauvrete  de  la  langue  fran- 
gaise  nous  fait  sentir  l'utilite.  Peiiot  est  un  mot 
roman  :  Clotilde  de  Surville,  qui  ecrivait  sous 
Charles  VIII ,  s'exprime  ainsi  dans  ses  Verselels 
ä  son  premier  ne  : 

O  eher  enfantelet!  ^  Vrai  pourtraict  de  son  pere, 
Dors  sur  le  seyn  que  la  bouclie  a  presse; 
Dors  petiot ;  clos,  amy,  sur  le  seyn  de  ta  mere 
Ton  doux  oeillet  par  le  sommc  oppresse. 

MÄIGRÜLE,  augmentatif  de  maigre  :  C'est  une 
grande  maigrule. 

I  En  Franche-Cüinle  ,  lorsque  les  vignes  jaunissent  ä  la  suite 
d'une  gelee  du  printcmps,  on  dit  que  Ic  magnin  y  a  passe, 
a  Les  vieux  aiilenrs  sont  pleins  de  ces  jolis  diminutifs,  que 


GENEVOIS.  189 

MÄIRERIE  ,  MAiRiE  :  terme  roman. 

MAITRE  DE  DANSE ;  maitre  a  danser  est  mieux. 

MALADIE  :  Faire  une  maladie,  gasconisme.  Cette 
locution  se  retroiive  dans  les  Confessions  de 
Rousseau.  RIALADISTE  est  un  barbarisme;  il 
faut  dire  maladif. 

MALAISE  :  Je  nie  sens  tout  malaise;  dites ,  mal  a 

MON  AISE,  OU,  J'AI  DU  MALAISE. 

MALATRU  ,  pour  malotru  :  Je  n'al  gue  ces  ma- 

latrus  souUers. 
MALCOMPLAISANT  :  Vous  eies  hien  malcom- 

plaisant.  Celle  expression  n'est  pas  fran9aisej 

il  fallt  dire ,  PEU  corjPLAiSANT. 
MALEMPAREE  :  Quandj'aivula  jnalemparee... ^ 

c'est-a-dire ,  la  mauvaise  tournure  de  l'affaire  , 

de  Tevenement. 
MALET ,  convulsions  des  pelits  enfans  :  Du  sirop 

pour  le  malet. 
MALEVIE,  synonyme  du  mot  diable,  dans  le 


la  poesie  moderne  pourrait  s'approprier;  Delille  a  fait  usage 
d'oiselei  qui  est  plus  doux  qu'obillon,  et  Voltaire  a  ecrit  bou- 
tonnet,  pour  pelit  bouton  ;  mais  on  aurait  encore  ruisselet , 
beredet ,  buissonnety  colomhelle  y  grappelette,  chosette ,  dente- 
leile,  bouchelelte,  ainsi  que  les  adjeclifs  nouvellet ,  blondelet , 
doucelet ,  et  plusieurs  autres  dont  le  son  est  agreable  et  Tex- 
pression  pleine  de  naivete. 


190  GLOSSAIRE 

sens  suivant :  C'est  bien  la  nidlei^ie  si  je  n''en 
viens  pas  ä  boiit  j  ila  la  mdle^ie  pour  faire  ce 
qu^on  lui  defend. 

MALGRE  QUE,  pour  quoique,  bien  que  : 

«  Sully  fit  resoudre  le  siege  de  Montmeillan  malgre  que 
la  Saison  füt  tres-avancee,  et  que  les  generaux  y  fournis- 
sent  de  grandes  oppositions.  » 

(Grillet,  Chan,  de  La  Roche ,  Dict.  List,  etc.) 

Quene.  doit  jamais  se  construire  avec  malgre; 

cependant  on  peut  dire  malgre  Qu'ilen  ait,  c'est- 

a-dlre  contre  son  gre. 
MALINE ,  MALIGNE  :  Fiepre  maline, 
MANGE-PAIN,  petit  insecte  coleoptere,  ptinus. 
MANILLE,  ANSE.  Langue  romane,  manette  ;  lan- 

guedocieii,  mania;  lyon.  manillon, 
MANTiLLAGE,  linge  de  table;  du  latin  man- 

tile ,  essLiie-main ,  serviette. 

Tonsisque  ferunt  mantilia  villis. 

[Eneidcy  liv.  iii.) 

]\!APTS,  MARBRON,  petlle  bille  de  marbre  a  l'u- 

sage  des  enfans, 
MAPPU,  BUTOR,  lourdal^d  :  C^est  un  sot  mappu. 
MARAGNOU,  muscardin,  joli  petit  animal  de  la 

famille  des  loirs. 
MARAlN,  gravois,  platras.  Lyon.  Du  celtiq.  ma- 

rian  ,  gravier,  sable ,  pierre. 


GErsEVOIS.  191 

MARATER ,  brocanter,  troquer  :  Nous  ai-'ons 
fait  iin  cerlain  MAR  ATAGE.  Corruplion   du 
vieiix  frangais  barater  : 

Barater,  tromper  autrui  en  fall  de  marcliandises ,  ven- 
dant,  achelant  ou  troquant. 

(NiCOT.) 

Ital.  baratiare ;  angl.  barter  ^  espagn.  baratar. 
Barataria ,  cn  celtiq.  signifiait  maquignon  , '  et 
barat,  en  langue  romane,  tromperie  : 

Qui  barat  quiert,  baras  11  vient. 

(RVTKBOKI'F.) 

En  ce  monde  de  presenl 

Je  ne  voy  que  tromperie, 

Car  barat  et  tricherie 

Y  sont  logies  bien  avant. 

(Jardin  de  plaisance.) 

Barat ,  dans  ce  sens,  est  encore  aujourd'hui  un 

terme  de  mer. 
MARC :  Du  marc  de  raisins,  prononcez  mar.  Voyez 

Tabac. 
MARCHE  :  Acheter  bon  rnarche;  rAcademie  dil : 

Acheter  a  BON  marche,  et  c'est  bon  marche. 
MARCHER  :  Vous  nie  marcliez ^  vous  marcliez 

ma  robc  ^  ces  locutions  sont  ridicules,  il  faut : 

vous  MARCHEZ  SUR.MOI,  SUR  MA  ROBE. 

I  L'auteur  des  Memoires  sur  la  langue  celtique  dit  que  c'est 
d'apres  ce  mot  que  Cervantes  nomma  Baratana  l'ile  de  SancJio. 


193  GLOSSÄIRE 

MARCORET  (LE),  la  mercuriale,  plante. 

MARGÄLLE ,  sorte  de  petile  cerise  noire ,  vari^te 
du  prunus  ai^ium. 

MÄRGOTTE,  MÄRGOTTER,  marcotte,  mar- 
COTTER.  Lyon.  Les  Italiens  disent  comme  nous, 
margot/a,  inargotfare ,  ce  qui  est  plus  conforme 
a rel}iTiülogle  latine ,  piiisque  ces  mots  derivent 
de  mergo  ,  plonger,  enfoncer. 

MARIALIDER,  MARIODER  :  Ne  Im  donnez  pas 
cet  enfant  ä  jnariauder,  c'est-a-dire,  a  manier, 
a  porter  sans  precauiion,  a  faire  sanier;  cor- 
ruption  de  mariauler.  Voyez  Mayöle. 

MARiER,  EPOUSER  :  C'est  ce  jeiine  komme  qui  a 
marie  Mademoiselle  N . . .;  on  dit  que  depuis 
qu' eile  est  safcmme. . .  Marier,  en  cette  accep- 
tion,  ne  peut  se  dire  cu'en  parlant  de  reccle- 
siaslique  qui  beoit  le  mariage,  ou  des  parens, 
des  amis  qui  le  procurent. 

M  ARM  ANGER  (SE),  se  dispüter,  se  quereller  : 
lls  sonl  ioujours  ä  se  m.arnianger, 

MARI!OUNER,  marmonner,  marmotter. 

M ARQU AINE:  Mflr<7wßz>ze  Z>/a7zcÄe  j  craie;  mar- 
quaine  rovge ,  sanguine. 

MARTS ,  pour  martre  ,  martre-zibeline ;  latin , 
martes. 

MÄRTEAU ,  DENT  MOLAIRE.  Lyon.  Neuch.  Vaud. 


GENEVOIS.  193 

o  Un  tnarteau  vaut  deux  vacbes  et  quarante  pences  d'ar- 
gent ,  car  les  marteaux  sont  les  bergers  des  dents.  » 
{Bibliot.  Univ.,  Anc.  lois  du  pays  de  Galles.) 

MARTIN-VIT,  ce  jeu  s'appelle  en  France,  Petit 

honhomme  vit  encore. 
MARTIROLAT,  MARTIROLET,  martinet,  es^ 

pece  criiirondelle;  terme  bourguignon. 
MARTYR  se  confoiid  quelquefois  mal  ä  propos 

avec  martyre :  martyre  est  le  supplice ;  martyr  , 

la  victime. 
MAS  :  TJn  mas  de  maisons  /  une  iLE  est  le  niot 

propre.  Mas  se  dit  aussi  chez  nous  dans  le  sens 

de  GLOS  :  Cinquante  poses  en  un  seul  mas.  Meme 

origine  que  masse;  latin  massa,  forme  dti  grec 

maza^  amas  de  parties. 

A 

MASILLES ,  ESPECES ,  argent  :  //  a  des  mdsilles, 

MATAFAN,  MATTE-FAIM,  une  crepe.  Nous 
disons  aussi,  en  parlant  d'un  homme  epais  et 
lourd  :  C'est  un  gros  matqfan>  Dauph.  Neuch. 

MATAGASSE ;  on  donne  ce  nora  ä  la  pie-grieche 
grise,  ä  la  pie-grieche  rousse,  et  ä  l'ecorcheur. 
Langued.  margacä. 

MATINIER:  Vousetesblen  mailnier  aujourd^hui^ 
il  taut  dire  matinal;  matinier  signifie  qui  ap- 
partient  au  matin :  i'etoile  matiniere;  et  MATi- 
neux,  qui  est  dans  Tliabitude  de  se  lever  matin  : 
Les  femmes  ne  sont  guere  matineuses* 

i3 


194  GLOSSÄIRE 

MATOLLE,  MASSE  de  beurre,  pain  de  beurre. 

Racine  celtiq.  mat ,  inatta^  tas,  monceau. 
MATOQUE,  SÖTTE,  stupide  :  C'est  wie  grosse 

maioque.^  En  ital.  matto  ,  foii ,  extravagant ,  et 

clans  le  dialecte  venitien  ,  mattocliio. 
MAY  a  vieilli;  on  n'ecrit  plus  que  mai  :  le  mois 

de  mal. 

M  AYOLE  5  terme  de  mepris ,  exclamation  ironique  : 
Mayole  l  il  s'est  laisse  d'ire, . . ,  OJi !  la  majole l 
Le  Conservateiir  Sulsse  dit  que  ce  mot  vient 
de  Mayole ,  abbe  de  Cluny ,  saint  homme  que  le 
peuple  invoquait  souvent;  d'aulies  enattribuent 
Foriglne  aux  mots  anglais  mj  hole ,  injure 
dont  les  bateliers  de  la  Tamise  fönt  usage.  Nous 
le  croyons  plutot  une  corruption  de  mariole, 
mariaule ,  termes  de  lalangue  romane  qui  signi- 
fient  une  statue,  une  Image  de  la  Yierge  Marie, 
et,  par  extension,  un  enfant,  un  homme  dont 
on  ne  fait  pas  grande  estime  a  cause  de  son  ilge 
ou  de  son  peu  de  capacite.  Voyez  D.  Carpentier. 

ME  :  Dcjinez-me-Ie y  pretez-me-Ia  ^  pour  donnez- 
LE-MOI ;  PRETEZ-la-MOI.  MES  :  Mcspere  et  mere  ; 
Ines  fr  eres  et  soeurs  ^  ii  est  plus  correct  de  dire  : 

MON  PERE  et  MA  MERE  ;MES  FRERES  ET  MES  SCEURS. 

M'Y  :  Attendez-my  'y  attendez-y-moi.  La  parti- 
cule  y,  unie  au  pronom  ,  ne  doit   s'emplo}er 


GENEVOIS.  195 

que  iorsqu'on  parle  d'uiie  Iroisieme  personne  : 
attends-l'y. 
MECANISER ,  fatiguer  ,  ennuyer  ,  mepriser  ; 
probablemeiit  du  verbe  fran^ais  tympaniser, 
decrler ,  railler  publiquement  : 

Je  n'aime  point  ceans  tous  ces  gens  ä  latin, 
Et  principalement  ce  Monsieur  Trissotin; 
C'est  lui  qui  dans  ses  vers  vous  a  tjinpanisees. 

(MoLiERE ,  Femmes  savantes,) 

Boiste  indique  mecaniser,  mot  nouveaii,  qui 
signifie  rendre  maciiine;  employer  comme  ma- 
chine. 

MECREDI 5  mercredi  est  mieux. 

MEDAILLE,  MEDAILLON,  MERINGUE  ;  ces 
mots  prennent  un  accent  aigu  sur  le  premior  e. 

MELEZE  :  C'est  de  la  meleze^  le  nom  de  cet  arbre 
est  du  genre  masculin. 

MELISE,  pour  melisse,  plante  medicinale. 

MEMBRE,  pour  membru,  qui  a  de  gros  membres: 
Cet  enfant  est  bien  inemhre.  Membre  n'est  qu  un 
terme  de  blason. 

MEME  :  II  taut  sacrilier  pour  la  patrie  ses  biens 
et  ses  enfans  meines.  Meme  doil  etre  ici  inde- 
clinable,  parce  qu'il  signilie  aussi,  encore,  et 
qu'on  peut  dire  egalemenl . . .  ses  biens,  et  meine 
ses  enfans. 

Quelques  grands    poetes    ont    retranche   ou 


196  GLOSSÄIRE 

ajoute  r^  Selon  l'exigence  de  la  mesure  ou  de  la 
rime. 

11  est  de  ces  espiils  favorises  des  dieux, 
Qui  sont  toul  pai'  eu.r-me/ne  et  rien  par  leurs  aieux. 
(Voltaire  ,  Mohornet.) 

On  porle  jusqu'aux  cieux  leur  justice  supreme: 
Adores  de  leur  peuple ,  ils  sont  des  dieux  eu.x-meine. 
(Voltaire,  OEdipc.) 

Que  si  meines  un  jour  le  lecteur  gracieux, 
Araorce  par  mon  nom.  .  . 

(BOILEAU.) 

Moi-memes ,  ä  mon  touFj  je  ne  sais  oü  j'en  suis. 

(Corneille.) 

Mais  ce  sont  des  licences  qii'il  ne  faut  pas  imiter. 
TOÜT  DE  MEME,  pour  Aussi  bien,  d'ailleurs  : 

Je  ne  veux  pas  y  aller,  toiit  de  meme  il  est  irop 

iard. 
M^N AGERE ,  sorte  de  petit  tablier  de  femme. 
MENER  :  mener  sa  langue  ,•  jaser  ,  bavarder  ,  ut- 

DIRE. 

MENIERES,  lisieres  :  Un  enfant  aux  menieres, 
MENILLE ,  jeu  de  cartes.  espece  de  brelan. '  On 

dit  figurement  de  quelqu'un  qui  est  diipe  dans 

une  affaire  :  //  est  rnenille. 

I  En  1752,  sur  les  remontrances  du  V.  C. ,  le  Gouverne- 
ment fit  defendre  la  menille,  comme  un  jeu  ruineux  pour  la 
jeunesse. 


GENEVOIS.  197 

MENUSAILLE ,  menuaille  :  //  ne  rn'a  paj6  qu'en 

menusaille. 
MENUSIER,  MENUisiER.  Vaud. 
MEPHIBOSET,  terme  de  mepris  :  C'est  iw  paui^re 

petit  niephiboset.  D?*  Mipliiboset,  fils  de  Jona- 

tlias,  que  sa  nourrice  laissa  tomber,  et  qui  de- 

meura  contrefait. 
MER.CANTIL ,  poiir  mercantile  :  C'est  un  terme 

mercantil. 

MEREDI 5  RAIFORT  SAU  VAGE. 

MERVEILLE,  sorte  de  pAtisserie  : 

La  collatlon  vient,  composee  de  gaufres,  dechaudes,  de 

vierveilles. 

(Wouv.  Heloise.J 

MESENTENDU,  malentendu  :  C'est  un  mesen- 

tendu.  Vaud.  Neuch. 
MESSELIER ,  messier  ,  GARDE-ciiAMPifeTRE ;  forme 

du  latin  barbare  messarius.  Vaud. 
METAIL.  Ce  mot,  qui  n'est  pas  dans  le  Diction- 

naire  de  l'Academie  (1798),  signifie,  suivant 

Boiste  et  Fauteur  de  la  Grammaire  des  gram- 

maires,  une  composition  formee  de  metaux; 

ainsi  l'or  est  un  vietal.,  et  le  similor  un  jneiail. 
METIAFOU,  MATIAFOU,  demi-fou,  original. 
MEUR,  MEURE,  pour  mur,  mure,  et  MEURIR, 

pour  murir  :  Cette  pomme   n^est  pas  meurey 

laissez-la  meurir. 


igS  GLOSSAIRE 

MEURE,  MURE;  MEURIER,  murier  :  Cuelllirdes 

meures.  Vieux  fran(;ais;  Amyot  dit  mcurle, 
MEURON,  MURE  SAUVAGE.  Terme  de  la  langue 

romane.  Vaud. 
MIDI :  iV/i^i  ont  sonne  ^  ä  midi  sonnante  j  dites  , 

MIDI  EST  SONNE  ;  A  MIDI  SONNANT  : 
«  J'y  cours,  midi  sonnant ,  au  sortir  de  la  messe.  » 

(BOILEAÜ.) 

Nous  faisons  aussi  un  solecisme  en  disant  vers 
les  midi,  sur  les  midij  il  faut  VERS  midi,  sur 

LE  INIIDI. 

MIENNE  ,  pour  mien  :  C'est  le  mienne.  Le  peuple 
dit  aussi :  C^est  la  Tnien,  c'an  Tnien,  g^an  vötre. 

MIEUX ,  pour  PLUS  :  II  a  m,ieux  de  vingt  m,ille 
ecus  i  eile  a  micux  de  la  trenlaine,  cela  vaut 
mieux  d^un  loids^  gasconismes.  Feraud  (tom.  ll, 
p.  i^~öQ>)  dit :  II  chanie y  il  danse  des  mieux :  ex- 
pression  hasse  et  nullement  correcte;  Vaugelas 
ne  pouvait  la  souftrir. 

MIGNON,  MIGNONNE.  Nous  disons  d'une  femme 
aimable ,  polie ,  affable ,  quels  que  soieut  d'ail- 
leurs  son  age  ,  ses  traits ,  sa  taille  :  Elle  est  mi- 
gnonne^  c''est  wie  m.ignonnefonime.  Cet  adjec- 
tii'  ne  doit  etre  employe  que  pour  desigiier  ce 
qui  est  genlil ,  et  en  m^me  temps  delicat ,  petit, 
joli. 


GENEVOIS.  199 

MILLECANTON  (DU),  de  la  blanchaille,  du 

PETIT  FFiETiN.  Boiste  a  reciieilli  ce  terme. 
MINABLE,  GUEUx,  miserable,  pitoyable;  syno- 
nyme du  vieux  mot  marmiteux.  C'esi  un  pau- 

vre  ininable ;  il  a  bleji  Fair  minahle.  Paris,  pop. 

et  Vaud. 
MINÜIT  (LA),  LES  MINUIT,  pour  le  minuit: 

Quand  vint  la  minuit  ,•  sur  les  minuit.  Vaud. 
]\IIOTISE  (DE  J.A),  DU  thym. 
MISER,  mettre  A  l'enchere  :  Qu'avez-vous  mise 

d  cet  incan? 
MITE  p  xiiiTAiNE  ,  MITON  :  Une  paire  de  mites.  Lyon. 

Vaud.  Mite  estle  110m  d'un  insecte  quinait  dans 

le  fromage.  Voyez  Ciron. 
MITEN ANDRE  ,  suite  ,  sequelle  :  Et  toute  la  mi- 

tenandre  ,  et  tout  ce  qui  s'en  suit;  de  Tallem. 

mit  einander  3  ensemble,  de  compagnie. 
IMIXTÜRE,  pour  mixtion,  terme  de  pharmaeie; 

du  latin  mixtura. 
MÖGE ,  GENISSE;  terme  rural.  Grec ,  moskos;  latin 

barbare ,  manza.  Au  pays  de  Vaud,  modje,  moze. 

Dans  le  canton  de  Fribourg ,  on  dit  aussi  mozon 

au  masculin ,  pour  designer  un  veau  d'un  an. 
MOINDRE ,  iNDisposE ,  faible  ,  malingre  :  Je  me 

sens  tout  moindre  ^  il  est  tout  MOINDROLET. 
MOIS :  Le  mois  j  la  semaine  qui  vientj  il  est  mieux 

de  dire :  LE  MOIS  prochain,Jla  semaine  prochaine. 


200  GLOSSAIRE 

MOIS  D'ÄVRIL ,  PoissoN  d'avril  :  Donner  un  mois 
d^avril.  On  preterid  qu'ici,  poisson  d'avril  n'est 
qu'une  aUeratlon  de  passion  d'avril ,  par  allu- 
sion  ä  la  passion  arrivee  le  3  de  ce  mois,  ou 
Jesus-Clirist  fut ,  par  derision ,  renvoye  de  tri- 
biinaux  en  tribuiiaux. 

MOIS-DE-MAI ,  AUBEPINE.  Une  brauche  de  mois- 
de-mai. 

MOL  a  vieilli  ;  on  dit  plus  generalement  Mou. 

MOLAN  (LE),  LA  MOLANNE;  nos  bateliers  ap- 
pellent  ainsi  le  vent  d'Est,  parce  qu'il  vient  du 
cöte  de  la  montagne  du  Mole. 

MOLLASSE ,  Sorte  de  gres  tendre  du  pays.  Terme 
daiiphin.  neuch.  et  vaud. 

MOLLE  (LA)  ,  ABATTEMENT ,  LACHETE  :  Vous  avez 

bien  la  rnoüe  aujourd'hui.  En  langued.  la  mold. 

MOME ,  SÖTTE,  STUPIDE  :  C'est  une  grosse  mome^ 
de  Momus ,  dieu  de  la  raillerie ;  d'oü  les  Grecs 
ont  fait  mommo^  masque  hideux. 

MOMENT  :  II  y  a  dejä  un  bon  moment  que  je 
je  vous  aüends  3  un  BON  MOMENT  ne  doit  se 
dire  que  pour  exprimer  un  moment  favorabJe. 

MOMIER,  nom  donne  aux  membres  d'une  nou- 
velle  secte  etablie  a  Geneve  :  C^est  un  momier  ^ 
c'est  une  momiere^  il  donne  dans  la  momeric. 
Momeur ,    momon,  signifiaient   autrefois    un 


GENEVOIS.  201 

homme  degiiise,  masque,  et  momerie ,   mom- 
merie  se  cÜsaient  pour  MASCARADE,  spectacle, 

COMEDIE. 

Le  jour  des  Rois  la  coustume  estoit  ä  Geneve,  du  femps 
de  la  Papaulte,  que  trois  estats  des  gens  d'Eglise  faisoient 
trois  Roys  :  les  clianoines  l'ung,  les  cliapelains  de  Sainl- 
Pierre  l'aultre,  et  le  Irolsiesme  un  eure  des  sept  paroisses. 
Et  falsoil  ung  gi'and  f'eslin  avec  liistoires,  jeux,  rnomeries , 
monslres  de  gens  de  guerre,  bancqu,ets,  et  s'el'forcoit-on  a 
qui  mieulx-mieulx. 

(BONNIVARD.) 

Apres  cette  ceremoniCj  les  dames  commencerenta  danser, 
en  guise  de  mommerie,  et  ä  faire  bonne  chere  pour  la  feste 
plus  joyeusement  parfournir. 

[Croniq.  citee  par  MicsiAvrt ,  Hist.  des  Croisades.) 

En  Angleterre ,  vers  le  1 5.™^  siecle .  on  appe- 
lait  mummers  certains  histrions  qui ,  masques 
et  habiiles  dune  maniere  extraordinaire ,  cou- 
raient  les  campagnes  pour  jouer  des  pantomi- 
mes  religieuses. 

Le  nom  de  momier  parait  avoir  ete  impose 
aux  nielhodistes  genevois  ä  la  suile  de  certain 
article  lacelieux  qu'un  plaisant  fit  inserer  dans 
la  Feuille  d'ai^is  du  7  oclobre  i8i8;  c'est  la  , 
du  nioins  ,  qu'on  le  trou\  e  imprinie  pour  la 
premiere  fois.  L'usage  en  a  passe  au  canton  de 
Vaud ,  ou  il  est  maintenant  aussi  [»opulaire  que 
chez  nous. 


2o:i  GLOSSAIRE 

MONTICULE  (ÜNE),  un  monticule.  Les  dimi- 
iiLitifs  conserveiit  le  genre  du  inot  dont  ils  soiit 
formes  :  un  ,  et  non  pas  une  globule ;  une  ,  et  non 
pas  un  vesicule.  Oii  dit  cependant  un  mole  et  une 
molecule. 

MOQUE  :  Ce  n^est  pas  de  la  jnoquej  c'est-a-dire , 
ce  n  est  pas  pen  de  cliose.  Mocque ,  en  roman , 
signifie  badliiage.  Tenne  champeiiois  et  iieiich. 

MORAINE,  MORENE,  colline,  pente  rapide, 
MONTICULE.  Cette  expression ,  dit  De  Saussure , 
est  re^ue  dans  toute  la  Suisse  romane ,  la  Savoie 
et  le  Lyonnais.  / 

o  Tantöt  sur  une  etroite  corniche,  tantot  sur  la  moreine 
la  plus  elevee  d'un  glacier.  » 

(D'Etmar  ,  Notice  sur  Dolomieu.) 

Boiste  donne  a  ce  mot  la  meme  acception,  niais 
il  ecrit  moraine.  Raoul-Rochette  en  fait  aussi 
usage. 

En  espagnol,  morena,  montagne;  en  Italien, 
rnora ,  tas  de  pierres.  Racine  celtique  inoran^ 
las,  quantile,  '  d'oüi  s'est  aussi  forme  le  mot 
fran9ais  morne,  qui,  aux  colonies,  signifie  pe- 
tite  montagne. 

I  Mor,  mar,  grand ,  haut,  eleve,  noble,  illustre.  Dans  la 
langue  des  Celles,  comrac  nous  l'avons  dejä  observe,  tout  ce  qui 
signifiait  clevc ,  se  prcnait  egalemcnl  au  propre  et  au  figure. 


GENEVOIS.  2o3 

MORlGINERj  pour  morig^ner.  Neuch. 

Vous  avez  une  compagnie  fort  mal  inoriginee. 

(Dancourt,  les  Vacances^ 

MORSTLLER,  pour  mordiller. 
MORT-A-PECHE,  partie  de  la  ligne  oü  s'attache 

rhamecon. 
MOUARE  :  Säle  connne  de  la  mouare.  Du  laliii 

mM77a, saumure.  Les Comtois  diseiit  de  la  muire; 

le  puits  des  salines  de  Salins  qui  fournit  la  plus 

grande  quantile  de  sei,  est  nomine  le  puits  d 

muire. 
MOUCHE ,  MOUCHURE  :  De  la  mouche  de  chandellc, 
MOUCIIER;  n'employez  pas  ce  verbe  sans  le  pro- 

nom  personnel  : 

On  mouche,  on  crache,  on  tousse,  et  d'instant  en  instant, 
Un  catharre  orageux  s'accroit  et  se  i'epand. 

(Frenilly.) 

Apres  avoir  tousse,  mouche,  crache. 

(Gresset.) 

La  Grammaire  exigeait :  on  se  mouche.  . .;  s':^.- 

TRE  MOUCHE 

MOUCHET  ,  HOUPPE  ,  TOUFFE  ,  PELOTON  :  Un  mou- 

cliet  de  sonnette  j  Ils  elaient  par  mouchets  sur 

la  place. 
MOUCHILLON,  moucheron. 
MOUCLAR,  HAME^ON.  En  provengal,  rnousclau , 

terme  forme  du  celtiq.  Au  canlon  de  Vaud, 

inoclar. 


2o4  GLOSSAIRE 

MOUGNON,  pour  moignon.  Langued.  mougnoü. 

IMOULER,  MOLLIR,   SAIGNER  DU  NEZ  :  Majöle!  tu 

moules. 
MOULET0N,  MOLLETON,  Sorte  d'etoffe.  Vaud. 
MOULU ,  pour  emoulu  : 

. . .  .Jeune  horame  tres-instruit,  et  tout  frais  moulu  de 
l'universlte. 

(M.  A.  P.  foyage  de  trois  mois  ,  etc.) 

MOURVEUX,  MORVEUx,  impertinent  :  EUefait 
hien  sa  petlte  mowveuse,  Lyon. 

MOUSET;  Sorte  de  gros  rat.  Latin,  mus ^  allem. 
maus;  anglals,  mouse.  Court  de  Gebelin  le  de- 
rive  du  celtiq.  inus ,  muz,  cacher.  Blusse^  en 
vieux  fran9ais  ,  cachette,  lieu  propre  ä  caclier 
quelque  chose ;  terme  qui  s'est  conserve  dans  le 
patois  de  la  Franche-Comle.  Les  Vallons  et  les 
Picards  disent  encore  mucher  pour  cacher  : 

«  Quand  la  femme  eust  ce  fait,  eile  se  mucJia,  et  plus  ne 

dlst  mot.  » 

{La  Discipline  de  Clergie,  i^J^^  siecle.) 

MOUTAILE,  LOTTE,  motelle,  gadus  lotta, 
MOUTELE  ,  tachete  ,  etoile  :  Une  vache  mou- 
ielee;  lerine  rural  qui  appartient  a  la  laiigue 
romane,  et  dont  les  habitans  de  nos  Alpes  ont 
conserve  l'usao-e  : 

o 
Vini  de  tote, 
Bliantz'  et  naire, 
Rodz'  et  motaile , 


GENEVOIS.  2o5 

Dzjouven'  et  autro, 
Dezo  on  tscliano.  etc. 

(Ranz  des  Faches. J 

MOYENNANT  QUE,  pourvu  que  : 

, .  .  Je  vous  promets 
D'oublier  tout  moyennant  ^w'elle  vienne. 

(La  Fontaine,  Contes^ 

Moyennant  ne  doit  jamais  etre  suivi  de  la  con- 

jonction  que. 
MOYENNE ,  AiSE ,  riche  :  C'esi  un  liomme  qui  est 

moyenne.  On  dit  moyenner  ime  entrevue,  un 

accommodement;  ce  verbe  ne  peut  etre  pris  dans 

un  autre  sens. 
MULE  (LA)  :  La  mule  aiix  talons  ^  il  faut  dire  , 

LES  MULES. 

MUNIER,  pour  meunier;  münier  est  du  vleux 

fran9ais. 
MUSCATE,  pour  musca.de  :  Lne  noLx  muscate ; 

bas-latin ,  muscata. 
jMYPiTPiE,  pour  MYRIE  :  Une  brauche  de  myrtre. 


-o6  GLOSSAIRE 


ACRE,  est  du  geiire  feminin;  ne  dites  donc 
pas  :  Cest  du  nacre ,  mais,  DE  la  iiacre. 

NAINBOT,  NABOT  ;  Un  peiit  nainbot.  En  langiie 
romane,  ninhot. 

NAISE,  MOISI :  Ce  linge  a  ete  ä  l'humide ,  il  com- 
mencc  ä  se  naiser.  En  allem,  nass ^  humide;  ä 
Neuchatel,  nasi.  On  dit,  en  Danpliine  eten  Fran- 
che-^xomie  ^naiser  le  clianvre^  pour  le  faire  ROum , 
et  dans  quelques  autres  provinces,  naisage,  droit 
de  le  faire  macerer  dans  l'eau.  Voyez  Nant. 

A 

NÄNE,  NOURRICE.  Grec,  nanne  iünte;  latin  bar- 
bare 5  nanna  grand'  mere ;  ital.  nanna ,  terme 
de  nourrice  pour  endormir  les  enfans;yär  la 
nanna,  faire  dodo. 

NANSE,  NASSE.  Ce  terme  de  la  langue  romane  est 
nussi  en  usage  chez  les  Proven^aux. 

NANT,  RUISSEAU ;  petit  vallon  oü  coule  un  ruisseau: 

«  Pont  sur  le  ruisseau  [super  iianto')  de  Jargonant,  coü- 

tant  80  florins.  » 

(Tiegiat.  du  Conseil,  i/jgSj 

Sila  langue  primitive  dont  parle  Bullet  exisla 


GENEVOIS.  207 

reellemenl , '  ce  teriiie  en  (ii  sans  doute  prirtie, 
car  on  en  Irouve  des  vesliges  daiis  la  plupart 
des  idiomes  conims.  En  gallois  et  eu  langue  ro- 
mane,  nant  signifie  torrent,  vallee;  en  arabe, 
naz ,  marais  ;  en  persan ,  nahas.  Ilebreu  et  chal- 
d6en,  nahlial.,  iorrent,  riviere,  vallee;  leuton, 
naz^  flamand,  natj  hongrois,  Jiad,  moüille,  hu- 
mide; grec,  nao,  je  coule,  etc.  etc.  Les  noms 
de  lieux  de  la  Suisse  romane ,  de  la  Savoie  et  du 
Daupliine ,  nous  offrent  encore  une  foule  de 
derives  de  ce  mot. 
NÄNT-DE  BRAILLE,  ou  de  BRAiL,  terme  dont 
on  se  sert  ä  Geiiöve  pour  designer  l'usuRE,  un 
USURIER  :  II  Jaii  le  iiant-de-braiUe  j  c'est  un 
nani-de-hraille.  Du  norn  d'un  nant,  pres  de 
Goppel,  oü  se  conimeüaient  aulrefois  des  vols 

I  Nous  sommes  loln  de  voir,  ccmnie  ce  savant  pliiiologue , 
l'origine  des  langues  modernes  dans  le  miracle  de  Babel,  mais 
il  faut  convenir  qiie  cerlains  rapprochcmens  de  termes  donnent 
quelquefois  beaucoup  ä  penser  sur  l'existence  d'une  langiie 
primitive;  par  exemple,  le  nom  du  royaume  de  Bornou,  en 
Afrique,  est  forme  de  Bor ,  pays  ,  et  de  iYo« ,  grand  lac  d'eau 
douce;  ce  noii  ne  semble-t-il  pas  apparlenir  aussi  ä  la  racine 
feconde  que  nous  signnloris  dans  cet  arlicle  ?  Dans  l'idiome  des 
habilans  d'Ombay,  pres  de  l'ile  de  Timor,/?/««  signifie  le  bout 
d'une  flecbe  :  lehasard  scul  donne-t-il  ä  ce  niot  la  similitude 
qu'il  offre  avec  le  celto-brelon/j/«,/;)e/?,  tele,  pointe,  sommet, 
terme  que  nos  noms  de  licux  nousrappellenl  encore  sisonvent  ? 


:io8  GLOSSAIRE 

el  des  assassinats.  Ce  nom  de  lieu ,  qii'on  troiive 
aussi  daiis  FEngadine ,  peut  deriver  du  celiique 
brai,  hret^  endroit  marecageux.  Palois  du  pays 
de  Vaud  hret  ^  sauce,  bouillon,  liquide.  Vieux 
Iraii^ais,  hru  -^  laÜn  barbare,  brodium^  anglais, 
broth ,  bouillon;  ital.  brodo ,  bouillon;  allem. 
brcjj  bouiliie. 

NAPPAGE  ,  LINGE  DE  TABLE. 

NAPiCiSSE  :  Une  belle  jiarcisse;  le  nom  de  cetle 

plante  doit  elre  masculin. 
NAVETTE,  Sorte  de  brioche. 
NAYER,  NETTAYER,  TÜTAYER;  prononcia- 

tion  vicieuse  des  verbes  noyer,  netto yer,  tu- 

TOYER;  prononcez  oyer  comme  dans  employer; 

tuiaiemejit  ne  vaut  pas  mieux ,  il  faut  prononcer 

TUTOAMAN. 

NE  :  Je  ne  nie  pas  que  je  Vaie  dit  ^  on  ne  peut 
nier  qu^il  existe  des . .  .  II  faut :  que  je  NE  I'aie 
dit . . .;  qu'ÜN' existe  des.  .  .  J'ai peur,  je crains 
que  demandent  aussi  la  negation  ;  ainsi  Moliere 
n'est  pas  correct  en  disant  dans  son  George 
Dandin : 

J'ai  peur  qu'on  vous  surpreiine, 

Toutetbis ,  cette  licence  est  toleree  en  poesie ,  et 
les  puristes  auraient  tort  de  reprocher  a  Cor- 
neille ce  vers  de  son  Nlcomede : 

Seigneur,ye  crains  pour  vous  qu'uu.  Romain  vous  ecoute. 


GENEVOIS.  209 

On  peut  faire  la  meme  Observation  a  Tegart! 

de  douter  suivi  du  que, 

JXe,  apres  njoins ,  est  eiicore  necessaire  dans 

le  sens  suivant  :  Lajin  de  son  discours  nefat 

■pas  moins  applaudie  que  ne  Vai^ait  ete  le  com- 

mencement. ' 
NEFE ,  pour  nefle  ,  fruit  du  neflier. 
NENETS  (LES),  LES  seins;  terme  enfantiii. 
NIACE,  caresse  en fantine  :  Fais-lui  nidcc  j  fais 

nidce  au  minon. 
NT  AFFE,  MoTj,  ABATTU,  ENERY£: ;  Je  me  sens  tout 

nlaffe  auJourd'huL  A  Lyon,  nioche. 
NIA-NIOU,  NION-NION ;  niais,  qui  joue  le  niais  : 

Tu  fais  le  nion-nion ,  ai^ec  son  air  nia-niou ,  il 

nest  pas  si  hete. 
NIARGUE,  NARGUE  :  //  mcfait  la  niargue. 
NIAU,  NiciiET,  oeuf  pour  faire  pondre  les  poules. 

En  langue  romane,  niaut ^  nioi-,  en  proven^al , 

niau^  du  verbe  niar^  naitre. 


1  Ce  que  nous  disons  ici  de  la  particule  ne  est  etabli  d'apres 
l'opinion  de  l'Academie  ,  de  d'Olivet,  de  Levizac,  etc.;  mais  ii 
est  des  pliilologues  de  merite  qui  traiteiit  cet  emploi  d'abusif : 
«Si  tel  est  l'usage,  dit  Lemare  dans  son  Cours  de  langue  fran- 
eaise ,  nous  ne  prctendons  pas  le  refoimer,  mais  au  raoins  nous 
n'entreprendrons  pas  de  le  justifier  ,  car  l'analyse  fait  voir  que 
dans  tons  les  cas  ne  forme  un  veritable  contre-sens. 


14 


2£o  GLOSSAIRE 

NIFLER,  FLAIRER.  NIFLET,  NIFLE-TANTOT,  ni- 

GAUD,  NIAIS,  MUSARD. 

NILLE,  jointure  des  phalanges  des  doigts,  et  aussi 
cheville  dii  pied.  Voyez  Grille.'  Du  celtiq.  nill^ 
neall,  elevation,  bosse;  d'oü  s'est  forme  le  mot 
allemand  knoll,  loupe. 

NiLLE  se  dit  en  frangais  du  petit  filet  rond  qui 
sort  de  la  vigne  en  fleurs;  c'est  aussi  un  terme 
technique  ä  l'usage  de  quelques  artisans. 

NILLON  j  PAiN  DE  Noix  5  MARC  DE  Noix.  Vaud. 

NINE,  NAINE  :  Une  p etile  nine^  des  i'oses  nines, 
Yaud.  Neuch.  Lyon. 

NIOLLE,  NUAGE  :  Ildonne  un  peu  dans  les  niolles  ; 
c'est-a-dire ,  il  est  un  peu  fou.  En  celtiq.  rdol ^ 
nioul,  niul^  d'oü  la  basse  latinite  a  fait  neulla; 
en  irlandais  ,  neulL  Dauph.  et  Neuch.  Patois  de 
Fribourg ,  niolla. 

NlOxMET,  NIGUEDOUILLE,  NIQUEDOÜILLE, 
MAIS,  NiGAUD.  Boiste  indique  ce  dernier  terme. 
Bas-breton,  niq  ^  allem,  nicken,  hocher  la  t^te, 
signe  de  mepris;  de  la,  nique  :  Faire  lanique  ä 
quelqu'un. 

NIOQUE,  NIAUQUE,  sötte  ,  bestiasse  :  Elle  est 

I  II  y  a  quelque  temps  qu'un  Genevois  fit  beaucoup  rire  la 
table  d'hote  des  eaux  thermales  de  *  *  *  en  racontant  que  le 
baigncur ,  ä  force  de  le  frotter,  lui  avalt  tout  ecorclie  la  nille. 


GENEVOIS.  211 

sl  nioque  gu'on  luijait  croire  iout  ce  qu'on  veut. 
De  V'dal, guöcca,  feminin  degnöcco ,  lourdaud. 

NIOTE5  CACHE,  REDUIT  :  J'ai  twiwe  une  bonne 
nioie. 

NIVELLERIES  ,  niaiseries  ,  riens  :  Un  tas  de  ni- 
velleries.  niveler,  suivant  FAcademie  et  le  Dic- 
tionnaire  de  Gattel,  ne  se  dit  que  dans  le  sens 
de  mesurer  au  Niveau,  mais  Boiste  donne  de 
plus  a  ce  verbe  l'acceplion  de  lanterner,  ve- 
tiller. 

noel  (x\  la),  a  noel,  aux  fätes  de  noel ;  ce 
mot  est  masculin.  Noiis  disons  aussi  la  tronche 
deNoely  pour  LA  buche  de  noel  :  Faire  caqiier 
la  tronche. 

NOGAT ,  NOUGAT,  suivant  l'Academie  : 

«  Du  noga  compose  avec  des  noisettes ,  des  pignons  de 
pin ,  des  pistaches  et  du  miel  de  Narbonne.  » 

(Berencer  ,  Soirces  proi'encales.^ 

INONNETTE  {nous^wnonc^ons  non-netie)^  epeau- 

tre,  Sorte  de  ble-froment. 
NON-PLUS  lEtreau  non-plas,  expression  angl^se, 

qui  signifie  etre  a  quia.  ' 

NOUVEAU  (UN),   pour  une  nouvelle  :  Quel 

nouL>eaii  nous  apprenez-vous?  Dans  la  hasse 

latinile,  on  disait  noua  pour  res  noi^a.  Lyon. 

Vaud.  Neuch. 


212  GLOSSAIRE 

NUMERO.|La  Grammaire  des  grammaires  veut 
r^  au  pluriel  de  ce  mot ;  Laveaux  n  est  pas  de 
cet  avis;  FAcademie  dit :  Quelques-uns  ecrivent 
nwneros  au  pluriel. 

NULS.  Les  grammairiens  ne  veulent  pas  qu'on 
donne  un  pluriel  a  Fadjectif /??//;,  nulle  ^  mais  la 
poesie  ne  se  soumet  pas  toujours  a  cette  regle  : 

Fi!  ne  me  parlez  point,  pour  etre  vrais  amans , 
De  ces  gens  qui  pour  nous  n'ont  nuls  emportemens. 
(MoLiERE,  les  Fächeux.) 

II  est  temps  de  marcher  couronne  de  festons 
Dont  nuls  chantres  encor  n'ont  ombrage  leurs  fronts. 
(Delille,  Imagination.) 

INUS-PIEDS,  ecrivez  nu-pieds,  et  aussi  nu-jambes, 

NU-TÄTE. 


GENEVOIS.  2i3 


O. 


IJbELONS,  houblons  Qi  s'aspire.)  Terme  ro- 
man  ;  on  dlsait  aussi  anciennement  obeloniSre , 

pOlir  HOUBLONNIERE. 

OBSERVER.  Lorsque  ce  verbe  signifie  faire  une 
REMARQUE ,  il  doit  etre  employe  neutralement : 
Je  vous  observerai  que...;  J'aurai  l'honneur 
d'observer  a  la  Cour. .  . ,  sont  donc  des  phrases 
defectueuses ;  il  faut  dire :  Je  vous  ferai  observer 
QUE . . . ;  J'aurai  l'honneur  de  faire  observer  a 
la  Cour . . .  Cependant  nous  lisons  dans  le  Lycee 
de  La  Harpe  (Philosophie  ancienne)  : 

«  Quand  Lucillus  lui  ohservait  (ä  Seneque)  que  ses  let- 
tres  n'etaient  pas  assez  soignees,  il  ne  voulait  pas  dire 
qu'il  ecrivit  mal  en  latin.  « 

Et  dans  la  Corr&spondance  litteraire  du  meme 

critique  : 

«  Madame  Denis  lui  observa  qu'on  serait. . .  » 

Guizot  se  sert  aussi  de  celle  locution  : 

«  Mais  Lucilien...  eut  l'indiscretion  d:obsen>erh  Julien... 
fTraduct.  de  Gibbon.) 


2i4  GLOSSAIRE 

« II  m'observa  que  les  vieillards  assembles  n'avalent  au- 
cun  pouvoir ...» 

(VoLNEY,  Tableau  des  Etats-Unis.) 

OCCASION',  poiir  BESOiN  :  Auriez-i^ous  occasion 
de  honne  toile? 

OCHON  ,  HOCHE ,  ENTAiLLURE.  Laiigue  romane , 
oche,  bas-latin,  occameri. 

ÖEÜFS ;  ne  pronongez  pas  des  oeufes ,  ni  des  bocu- 
fes'^  mais  des  EU,  des  beu.  Prononcez  aussi  ner, 
VER,  CER,  les  pliiriels  nerfs,  vers,  cerfs. 

OEUFS  DE  FOÜRMIS,  VERS,  nympkes  de  fourmis. 
Les  oeiifs  de  ces  insectes  sont  beaucoup  plus 
petits  et  presqiie  imperceptibles ;  ce  soiit  les 
vers  qui  eii  sortent ,  et  qui  passent  ensuite  a  Te- 
tat  de  nymphes,  que  nous  donnons  aux  rossi- 
gnols  et  a  quelques  autres  oiseaux. 

OEUVES  5  UVES :  Une  mouiaile pleine  d^uues.  On 
dit,  en  frangais,  un  poisson  CEUVE,  une  lotte 

GEUVEE. 

OGNON  5  s'ecrit  iiidistinctement  OGNON  ou  oignon , 
mais  il  faut  prononcer  0-GNiON,  et  uon  pas  oi- 

GNION. 

OlE;  prononcez  OA ;  une  OA  grasse. 
OLIVE ,  prbievere  jaune,  prlmida  veris  acaulis. 
OMBRETTE,  ombrelle  ,  sorte  de  petit  parasol. 
ON.  II  nest  pas  correct  decrire  indistinctement 
on  ou  Vouj  ON  est  le  mot  naturcl,  et  r/oN  nc 


GENEVOIS.  21 S 

s'emploie  que  pour  eviter  im  son  desagreable  : 
ou  on,  si  on,  et  on ,  qu'on  conjfond,  etc.  Tou- 
tefois,  la  rencontre  de  plusieurs  /  ne  serait  pas 
moins  penible ,  et  Toreille  ne  siipporterait  pas  : 
Madame  de  Siael  est  un  grand  gerne,  et  Von  la 
lira  long-temps.  II  est  d'autres  cacophonles  qu'il 
faut  eviter  avec  soin  :  Le  pain  dont  nous  noiis 
nourrissons,  J^en  ai  iant  entejidu.  .  .  Eii  en 
emplojant .  .  .  On  croit  que,  quoiquHl  soit, .  . 
LorsquHl  alla  d  Ja. , .  Ilvad  ydmiens  et  de  1ä 
ä  Arras ,  etc. 
ONGLE :  Voiisavez  les  ongJes  bien  longues.  Vaud. 
II  n'est  pas  pernnis  de  faire  ce  mot  feminin,  et 
c'est  une  licence  que  prend  La  Fontaine  en 
disant : 

Elle  avait  evite  la  perfide  machine , 
Lorsque  se  rencontrant  sous  la  main  de  l'oiseau, 
Elle  senl  son  ongle  maligne. 

ORAGAN ,  pour  ouragan. 

ORBET,  petit  bouton  sur  la  paupiere,  orgeolet 

ou  ORGELET  ,suivant  Boiste  et  Gattel ;  et  orgueil- 

LEux,  suivant  TAcade'mie. 
ORGANE  :  II  a  une  helle  organe ;  ce   mot  est 

masculin. 
ORGE  :  Les  orges  sont  dejä  moissojmes ,  diles 

MOISSONNEES  ;   cependant  vous    direz ,   comme 


2i6  GLOSSAIRE 

l'exige  l'Academie  :  de  l'orge  monde,  de  Torge 

PERLE. 

OPvGUE  n'est  feminin  qu'au  pliiriel   :  de  belles 

ORGUES.  II  ne  fallt  done  pas  imiler  J.-J.  Rousseau , 

qui  a  ecrit  ;  Notre  grande  orgue. 
ORTHOGRAPHE  :  Un  maui^ais  orlhogj'aph&,  pour 

UNE  MAUVAISE  ortliographe ,  est  un  solecisme; 

et  ORTIIOGRAPHER ,  pour  orthographier,  un 

barbarisme.  ' 
OUATE,  ne  prononcez  pas  voate,  voater;  ni  voui^ 

Je  crois  que  voui ,  pour  OUI,  je  crois  qu'oui : 

ni  vuit  pour  huit. 
OUBLT5  PAIN  A  CACHETER :  Une  boUc  d'oublls ;  doii- 

nez-moi  un  oubli.  Neuch.  Vaud. 
OURLE  (UNE),  UN  ourlet.  Ourle  est  du  vieux 

francais ,  et  vient,  seien  quelques-uns ,  du  celtiq. 

ourl^  Menage  le  derive  du  latin  ora,  bord  ,  dont 

la  basse  latinite  aurait  fait  orlum,  orleium. 

I  Un  jour  qu'on  devait  jouer  Yldomenee  de  Le  Mierre  ,  ma- 
demoiselle  Clairon  s'apercoit  que  les  afnclies  indiquent  Ydo- 
menec  a.\ec  un  F;  fort  en  colere,  eile  mandeaussitotrirapriincur 
ä  l'assemblee  de  la  comedie  ,  el  le  lance  vertcment.  Celui-ci  re- 
jclte  la  laute  sur  le  semainier  ,  dont  il  assure  que  la  copie  porle 
un  y. — Impossible!  dit  raolrice  supcrbe;  car  il  n'y  a  point  de 
comedien  qui  nc  sache  parfaitement  orthogmpher.  — Pardon  , 
mademoisellc ,  reprend  rimprimcur,  avcc  un  malin  sourii'e , 
mais  il  me  semble  qu'il  faut  dire  orthographier. 


GENEVOIS.  217 

OUPiLES  (LES).  les  oreillons  ou  ORiLLONs.Dauph. 

L)on. 
OURIOU,  ENFANT  :  QiC avez-v OXIS  f alt  de  votre 

ouriou?  Ell  langue  romane,  oir,  enfant,  forme 

du  latin  orior ,  iiaitre,   ou ,  comme   hoir,   de 

hceres ,  heritier. 
OURTIE ,  ORTIE.  Roman  ,  ourtique  j  proven^al  , 

ourtigo. 
OURTILIERE  (fievre),  dites,  ortiliere. 
OVAILLE  :  cas  d'oi^aille,  cas  fortuit. 


2i8  GLOSSAIRE 


^«^-v  •v-»-»-wv^%/»^« 


p. 


JP ACHE,  MARCHE  ,    CONVENTION,  PACTE  :  //  afait 

une  bonne  pache.  En  langue  romane ,  on  disait 
un  packe,  et  les  Provenyaux  ont  conserve  le 
verbe  pachar,  faire  marche.  Lyon.  Neuch.  Vaud. 

PACO,  GROTTE,  BOUE  EPAISSE ,  et  au  figure  ,  EM- 
BARRAS  :  //  s'est  mis  dans  le  paco.  Vaud.  et  fri- 
bourgeois.  En  grec,  pachos ,  lie ,  matiere  epaisse ; 
paclius ,  epals. 

P4FFEPv(SE),  S'EMP AFFER,  se  griser,  se  sou- 
ler :  II  s^ est  paffe  i  tu  es  paffe. 

PAGNON,  BRIBE,  gros  morceau  de  pain;  de  Tital. 
pagiiotta  y  un  pain ,  un  petit  pain. 

PAIR  :  Jouer  ä pair-non-pair ^  on  dit  en  France, 
jouer  a  PAiR  ou  non.  UN  PAlR,  pour  une  paire : 
Un  pair  de  bas  ;  un  pair  de  souliers. 

PALETTE  ,  A  BC ,  CROix  de  par  dieu.  Vaud. 

Eh!  messieurs,  sais-je  llre  ? 
Je  n'ai  jamais  appris  que  ma  croix-de-par-Dieu. 

(La  Fontaiwe.) 

PALOURDjBALOURD,  palot  :  C'estungros  palourd. 


GENEVOIS.  219 

PAMPHLET ;  ne  le  confondez  pas  avec  Libelle  , 
car  PAMPHLET  est  un  terme  empruiile  de  Tan- 
glais,  qui  signifie  simplement  brochure. 

PAN  :  Celafait  le  pan ,  c'est-a-dire ,  cela  SOLDE, 
cela  BALANCE.  Peut-etre  du  grec  pan,  pleine- 
ment,  entierement. 

PAN,  jeu  decoliers  :  Jouer  au  pan^  P ANTER: 
Veux-iu pant€r?\\se  dit  aussi  du  brin  de  paille 
destine,  dans  ce  jeu,  a  mesurer  la  distance  d'une 
piece  a  lautre  :  Prenez  le  pan ,  et  pidez.  Fan, 
mesure  de  longueur,  est  un  terme  roman  dont 
quelques  provinces  ont  conserve  l'usage. 

PANACHE  (UNE),  un  panache.  Lyon. 

PANCHERDEAü,  faire  de  l'eau. 

PANET,  pour  panis,  espece  de  millet  pour  les 
oiseaux;  le  panais  est  une  plante  potagere. 

PANFLU,  PANSU  :  C'est  un  gros  panßu. 

PANIEPiE,  Sorte  de  grande  corbeille. 

PANOSSE  ,    TORCHON  5    MAUVAIS    LINGE  ,    ÄL^UVAIS 

DRAP.'  En  Franche-Comte,  panousse;  en  Vro- 
vence ,  pajiouchojt.  Pannosus  en  latin,  pano- 
seux  en  langue  romaiice,  v^eulent  dire  couvert 
de  haillons.  Pannus  en  latin ,  panno  en  Italien , 

I  Au  tlieatre ,  le  pcuple  crie  quelquefois :  A  bas  la  panosse  ! 
lorsqu'il  voit  un  schall  ou  un  mouchoir  pendu  sur  le  devant 
d'une  löge. 


220  GLOSSx\IRE 

panne  en  vieux  fran9ais,  signifient  drap  ;  et 
tous  ces  mots  sortent  de  la  racine  celtique  pan , 
tissu.  L'auteur  des  Memoires  siir  la  langue  des 
Geltes,  en  derive  aussi  le  grec  pinos ,  qui  a  le 
meme  sens.  Vaud. 

PANTALONS  (DES),  un  pantalon. 

PANTET,  CHEMiSE,  BOUT  DE  CHEMiSE  qui  pend  : 
J^j  suis  couriL  en  pantet^  cacJie  ton  pantet  ^  du 
bas-latin  pentes ,  pour  pendentes  :  pentes  ma- 
niccEy  manches  pendantes.  Ce  terme  est  connu 
en  Franche-Comte. 

PANTOMINE ,  pour  Pantomime.  Lyon. 

PAPACOLON,  JOUBARBE,  sedum  acre. 

PAPEROCHES ,  PAPERASSES  :  Un  ias  de  vieilles 
paperoclies, 

PAPET  :  Du  papeti  de  la  papette,  DE  LA  bouillie  ; 
le  papet-cordet  est  une  sorte  de  soupe  a  la  courge. 

<'  Si  se  trouverent  une  fols  ensemble  banquetans  (Pont- 

vere  et  autres  gentilhommes  savoyards),  et  Dieu  sait  comme 

les  Genevoysiens  estoient  declilquetez!  Si  advint  qu'on  leur 

appovta  du  ris,  oupapet  et  des  cuillers. . .  et  eux  eschauf- 

fez  de  cliolere  et  de  vin ,  prirent  sur  ce  occasion  de  faire 

une  confralrie  contre  ceulx  de  Geneve,  et  prendre  la  cuil- 

ler  pour  marque,  et  tout  incontinent,  s'en  pendit  une  au 

col  chascung  d'iceulx. 

{Ckroniq.  de  Bonnü'ard.) 

AUemand,  pappj  angl.  pap;  ital.  papa.  En 
Bourgogne,  papa;  en  Franche-Comte,  paipet. 


GENEVOIS.  221 

en  Daiiphine,  papet.  Racine  celtique,  pap ,  pa~ 
paicq. 

PAPIER  CASSE,  PAPIER  BROUILLARD. 
Px\QUEAGE  ,  PACAGE  ,  PATIS. 

PAQUEBOT,  prononcez  pakebü. 

PAR.  On  lit  jouriiellemeiit  dans  notre  Feuille  d'a- 
pis  :  Ceux  qui  doweni,  ou  ä  qui  il  peut  elre  du 
par  M.  N. . .  Quand  deux  verbes  a  regimes  dif- 
ferens  regissent  un  meme  iiom ,  il  faut  quo  cha- 
cun  de  ces  verbes  ait  son regime  a  pari;  ecrivez 
doiic  :  Ceux  qui  doiveiit  a  IM.  N . .  . ,  ou  a  qui  il 
peut  devoir. . .  Les  exemples  suivans  pechent 
egalemeiit  contre  cette  regle  : 

o  Je  suis  un  peu  trop  lourd  pour  mojiter  ou  descendre 
facilement  d'un  cabrlolel.  » 

{J'oynge  de  Louis  XVIII  a  Bruxelles,  etc.') 

«  En  entrant  et  en  soriant  d'un  salon,  chacun  sc  croyait 
oblige  d'aller  faire  un  compliment  d'arrivee  ou  d'adieu  ä 
la  maitrcsse  de  la  maison.  » 

(Genlis,  Meinoires,  tom.  V.) 

«  La  porte  d'eniree  donnait  dans  cette  anlichambrc,  que 

j'etais  obligee  de  traverser  pour  entrer  et  sortir  de  chez 

nioi.  »  ' 

(hlcin,  meme  volume.) 


I  Ces  faules  sontd'aular.t  plus  reniarquabics,  qu'elles  sc  trou- 
vent  dansun  volume  oü  l'auteur  signaleun  grand  nombredelo- 
cutionsvicieuses,  ou  de  mauvais  Ion,  en  usagc  a  Paris,  telles  que  : 


222  GLOSSAIRE 

PAPiAFE  :  Uiie  belle  parafej  ce  mot  est  du  genre 

masculin. 
PARAPEL ,  paiL'SlPET  :  La  promenade  des  parapels 

Jiit  detrjj.ite  en  1782. 
PARBOÜILLIR,  BOuiLLiR :  Des  epinards  parbouil- 
lis.  Terme  romaii. 

Une  piece  de  lard  peleis  parbouiUy. 

(^Ckart.  de  i/i5o.) 

Anglais,  to  parhoil.  Parbouillir  se  dit  aussi  en 
Franche-Comte. 
PAR  CONTRE,  en  Revanche,  en  echange  :  Le  vin 
na  pas  ete  abondant  cette  annee ,  mais ,  par 
conire ,  la  qualite  en  est  excellente, 

^Par  contre ,  S.  M.  Britannique  consent  ä  restituer  ä  la 

France. . . » 

(Fain,  Memoires.) 

PAR-CONTRE  (UN),  un  equivalent  :  Je  n'aipas 
encore  recu  le  par-contre.  Vaud.  Neuch. 

PAPiDONNABLE ,  pour  excusable  :  Vous  n'ctes 
pas  pardonnable.  L'Academie  dit  que  ce  mot 

cela  est  farce;  cela  coute  gros  ;  rouler  carrosse  ;jc  vousfais  e.r- 
cuse ;  venez  inanger  ma  soupe ;  en  usez-vous ?  (du  taliac)  pour 
En  prenez-vous  ?  Je  suis  mortifie ,  pour  Je  suis  fache ;  mortific 
veut  dire  humilie ;  boire  du  cafe,  du  the  ^  pour  Prendre  du 
cafe,  elc.  Votre  demoiselle ;  pour  Madenioiselle  votre  fillej  Ma- 
dtttne,  lout  courl ,  cn  parlant  ä  un  mari  de  sa  feinme  ,  elc.  etc. 


GENEVOIS.  003 

ne  s'emplole  giiere  qu'en  parlant  des  choses; 
en  effet,  comme  on  ne  dit  pas  pardonner  un 
homme,  on  ne  dira  pas  correctement:  un  komme 
pardonnable, 
PAR  ENSEMBLE,  en  commun,  en  soatit-.Nous 
Vai^ons  achete  par  ensemhle» 

PARE  (LA)  ,  LA  CROUTE  du  fromage ;  PARER  soji 

fromage ,  en  oler  la  croüte. 
PAREPLUIE  ,  pour  parapluie  ;  PARESOL ,  pour 

PARASOL ,  et  PAREVENT,  pour  parayent. 
PARFAITEMENT  ,  est  mal  a  propos  employe  ab- 

solument ,  pour  bien  ,  tres-bien  ,  iL  suffit. 
PARIüRE  ,  pari  ,  gageure  :  J^en  ferais  bicn  la^ 

pariure.  Lyon,  et  Comtois. 
Px\RLENTIN,  BAVARD,  BABILLARD  :  C*est  uu  cer- 

tain  parlenünj  une  certaine  PARLENTEUSE. 
PARTERET,  couperet,  hachette. 
PARTICIPE. 

Le  participe  present  est  aujourd'hui  indeclina- 

ble ;  on  ne  dirait  plus  av  ec  Roucber  : 

A  la  volx  du  tonnerre,  au  fracas  des  autans. 

Au  bruit  lointain  des  flots  se  croisans,  sc  heurtans .  .  . 

ni  avec  Florian  : 

. .  .D'un  ceil  plein  de  colere, 
L'un  l'autre  ils  vont  se  mesurans. 

mais,  se  croisant,  se  heurtant,  se  mesurant. 


224  GLOSSAIRE 

II  faut  flislinguer  le  participe  present  de  latl- 
jectif  verbal;  Tun  exprime  iine  action,  l'autre 
une  habitude  morale,  ou  im  etat  de  cboses : 

Les  cßux  COURANT  vers  la  mer,  vont  s'j  per- 
dre  pow  en  ressortir  en  vapeurs ,-  voila  raction. 

Une  eau  courante  embelllt  ce  vergerj  voilä 
Tetat  de  clioses. 

Le  participe  passe  offre  plus  de  dlfficuUes,  et 
le  developpement  des  regles  nombreuses  qiü  en 
donnent  la  Solution  n'appartient  pas  ä  im  simple 
Vocabulaire;  d'ailleurs,  depuis  quelques  annees  , 
mille  auteurs  plus  habiles  que  nous  ont  ecrit 
siir  cette  matiere. 

Nous  renvoyons  donc  le  lecteur  a  toutes  nos 
bonnes  grammaires ,  au  Tratte  de  Morel,  a  la 
Clef  desparticipes  de  Vanier,  et  möme  au  livret 
de  M.  llaldy,  imprimc  en  dernier  lieu  ä  Geneve. 
Les  dames ,  qui  ordinairement  demandent  a 
l'erudit  de  leur  voiler  les  epines  de  la  science 
par  quelques  fleurs  de  Timagination ,  peuvent 
aussi  consuller  avec  fruit  une  Epitre  en  vers  du 
comle  Francols  de  Ncufcliateau  ,  publiee  dans 
le  Mercure  du  i  g."""  siede ,  1 823;,  tom.  11,  p.  24 1 . 
PAKTICIPER,  poor  communiquer,  informer  :  11 
nous  a  participe  son  mariage.  PARTICIPER  si- 
gnifie  avoir  pari,  prendre  pari,  lenir  de  la  na- 
ture  de.  .  . 


'  GENEVOIS.  225 

PARTICULTARITE,  particularite. 

PARTl-METI ,  ce  terme  signifie  partageons,  et  se 
dit  ordiiiairement  apres  quelque  trouvaille. 

PARTISANE,  n'est  pas  fran9ais;  on  dit  Partisan, 
au  feminin  comme  au  masculin. 

PAS  :  II  j  CL  long-temps  queje  ne  Vaipas  vu^  que 
de  temps  ilj  a  que  i^ous  n'eies  pas  venu!  sup- 
primez  le  pas»  II  vaut  mieux  atlendre  que  non 
pas  lui  aller  faire  des  frais;  dites,  QUE  de  lui 
ALLER,  etc. 

PASS  AGERE,  pour  PASSANTE,FRtQUENTEE:  C^CSt 

une  rue  tres-passagere,  passager  signifie  qui  ne 

■  fait  que  passer;  qui  n'a  point  de  demeure  fixe. 

PASSEE  (LA) ,  terme  de  vigneron ;  le  temps  de 

la  floraison  des  vignes :  Ilfaui  beaucoup  de  cha- 

leur  pour  que  la  passee  se  fasse  bien. 
PASSE-JEAN,  coupe-t£te,  jeu  d'ecoliers. 
PASSIORET ,  passage  pratique  dans  une  haie  pour 

les  pietons  :  Un  petit  passioret, 
PATEN AILLE ,  carotte  jaune  ,  pastenade.  "^q- 

mtxn,pastenaiUe;  proven(;,  pastenargo;  langued. 

pastenague;  breton,  pastounadez ,  teuton,  pes- 

tinak. 
PATET,  PATACHE,  PATOCHON ,  lent  ,  pares- 

SEUX  :  QuHl  me  depiie  avec  ses  patacheries ,  ses 

patenocheries ,  ses  paienochages !  La  sötte  pa- 

tenoche !  Patel  est  un  terme  roman  qu'on  re- 

i5 


226  GLOSSAIRE 

trouve  aussi  a  Lyon,  enDaiiplnne,  enLanguedoc 
et  en  Franche-Comte ;  mais  dans  cette  derniere 
province,  paiet  se  dit  plutot  d'un  homme  gros 
et  loiird,  qui  marche  difiicilement.  Neuch.  Vaud. 
PATETER,  PATACHER,  PATENOCHER ,  lam- 
BINER.  En  proveng.  paietegear» 

PATIN ,  PIED ,  BRAiE ,  LiNGE  d'enfant.  Vaud. 

PATOUFLE ,  LOURDAUD  :  Un  gros  paloufle, 

PATRIARCHAL;  ecriv  ezet  prononcez  patriarcal. 

PATRIGOT  ,  PATR0U1LLIS ,  et  au  figure ,  embarras  : 
11  s^est  mis  dans  le  patrigot.  Dauph.  et  proveny. 

PATRIGOTER,  patauger. 

PATRIMUNIAL  ,  dans  le  sens  de  Doyen  :  Le  patrU 
nionial  d^un  cercle  j  ä  la  sante  du  patrimonial! 
Ce  mot  ne  peut  s'employer  que  comme  adjectif  : 
Un  heritage  patrimunial. 

PATE,  MAUVAis  LINGE  :  La  pate-d-bleu;  Ja  paic 
soufree.  La  pate-aux-aises  se  dit  en  francais , 
LA  LAVETTE.  Terme  vaudois,  comtois,  proven- 
9al  et  lyonnais ;  on  retrouve  meme  l'expression 
de  pr',te  mouillee  dans  les  oeuvres  de  la  Belle 
Cordiere  de  Lyon,  auteur  du  i6.^^  siccle. ' 

PAUFER,  PRESSON,  levier  en  fer.  Du  roman, 

I  Cette  feinrae  extraordinaire,  quoique  peu  connue,  ctait 
en  effet  d'une  grande  beautc.  Elle  faisait  des  vers,  les  chan- 
täit  admirableraent  en  s'accompagnant  de  son  lutli,  et  de  plus, 
raontait  ä  cheval  el  maniait  la  lance  et  Tcpee  comme  le  mcil- 


GENEVOIS.  227 

paUi  paux ^  pal,  pieu,  forme  du  latiii  paxillus. 

C  etait  aussi  une  sorte  d'EPiEU  dont  on  se  servait 

poiir  piquer  et  enlever  les  gerbes  des  dimes. 

Vaud. 
PAUME  DE  NEIGE ,  pelote  de  neige  :  Paumer 

quelquhm,  lui  langer  une  pelote  de  neige, 

une  pierre,  etc.  On  dit  en  frangais  populaire, 

paumer  la  gueule,  donner  un  coup  de  poing  sur 

le  visage. 
PAUME  (UNE) ,  pour  une  balle  ;  suivant  l'Aca- 

demie  et  Boiste,  paume  ne  se  dit  que  du  jeu 

meme;  mais  Gattel  preteiid  que  la  balle  s'ap- 

pelle  aussi  quelquefois  LA  PAUME. 
PAÜNER,  PÖNER,  payer,  contribuer  :  //  a  etc 

oblige  de  poner. 
PAVANE,  FARCE  :  Quelle  pavanel  Que  c^est  pa- 

vanel  Ce  mot,  en  fran^ais,  signifie  une  sorte  de 

danse  ancienne. 
PAVISSEUR,  PAVEUR. 

«  En  1487,  on  pave  la  Fuslerie,  pour  quoi  Ton  baille  au 
pavisseur  69  florins. » 

{Regist,  du  Conseil,  extrait  de  Jacq.  Flournois.) 

leur  cavalier.  A  seize  ans ,  eile  se  trouva  au  siege  de  Perpignan, 
et  s'y  dislingua  sous  le  nom  du  capitalne  Loys ;  son  veritable 
nein  ctait  Louise  Labe;  le  surnom  de  Belle  Cordiere  lui  Cut 
donne  parce  que,  de  relour  ä  Lyon,  eile  cpousa  un  sieur 
Pcrrin  qui  avait  fait  sa  forlune  dans  le  commerce  de  corderie. 


228  GLOSSAIRE 

PECHIER;  Fächer  :  Des  pechiers  en  plein  rent.* 

PECHERONGE,  pavie,  päche  duracine. 
PECLET,  LOQUET  :  Le  peclet  de  la  porle.  Vaud. 

Nous  appelons  aussi ,  dans  un  sens  derisoire ,  une 

montre ,  un  peclet,  un  clo-clo  par  onomatopee; 

et  un  horloger,  un  faiseur  de  pecleis ,  un  pe- 

dotier. 
PEGE ,  POix.  Ce  terme  se  retrouve  dans  un  grand 

nombre  d'idiomes :  langue  romane,  pege,  pegue; 

latin  barbare ,  pega.  En  Auvergne ,  pege ; "  en 

Languedoc  et  en  Provence ,  pego.  Les  Allemands 

disent  pech  ,•  les  Flamands ,  pekj  les  Espagnols , 

pez,  etc.  etc. 
PEGUER,  ENRAGER:  Tu  pSgues ,  tu  dagues ,  tu 

bisques, 
PEIGNETTE  (UNE),  un  peigne  fin. 
PELLE,  RAME,  aviron:  Lespelles  d'une  liquette^ 

pelle  ä  tirer,  pelle  d  nager.  Cette  derniere  rame 

tient  lieu  de  gouvernail : 

«  M'etant  mis  ä  nager,  je  dirigeai  tellement  au  milieu  du 

lac,  que  nous  nous  trouvämes  bientöt  ä  plus  d'une  lieue 

du  rivage. » 

{Nouu.  Heloi'se.) 

1  Vieux  francais  vergier,  bergier,  dangier,  etc.  pour  verger, 
berger,  danger,  etc. 

2  On  voit  pres  de  Clermont ,  un  raonticule  ä  poix  mincrale, 
qui  porte  le  nom  de  Puy  de  lapege^  c'est-ä-dire,  mont  de  la 
poix. 


GENEVOIS.  229 

PENDEAU ,  LiASSE ,  BOTTE  :  Uu  pendeau  de  gref- 
ßons  ;  un  pendeau  de  poires  charlons,  Neuch. 

PENNE,  PANNE,  GRAissE  DE  PORC  ;  Une  penne  de 
lard.  Vaiid. 

PENSER  :  Je  nie  suis  pense  gue. . .  ,*  je  m'y  suis 
bien  pense  ^  dites  :  j'ai  pense  que  ...  je  l'ai  bien 
PENSE.  Vaud.  J^ai  bien  d'autres  choses  ä  penser 
estaussi  une  phrase  incorrecte;  il  faut  dire  :  J'ai 
bien  d'autres  choses  auxquelles  il  faut  que  je 
pense. 

PERCE-NEIGE  (UN),  le  nom  de  cette  plante  est 
du  genre  feminin. 

PERCET,  PERCERETTE,  PERgom ,  for^t  :  Faites- 
j  un  trou  ai^ec  la  percerette, 

PERCLUE ,  PERCLUSE :  Elle  estperclue  de  douleurs, 
Cependant,  selon  l'Academie,  en  contradiction 
avec  Laveaux,  on  dit  inditferemment  exclue 

et  EXCLUSE. 

PERDRIGONES :  Prunesperdrigones  j  il  faut  dire, 
des  prunes  de  perdrigon  ,  ou  simplement ,  du 
perdrigon. 

PERSONNE,  sans  Tarticle  ,  nest  que  masculin; 
vous  ne  direz  donc  pas  :  Je  ne  connais  per  sonne 
si gracieuse  qu'elle^  mais  je  ne  connais  point  de 
personne  si  gracieuse  qu'elle. 

PERSONNE  D'AUTRE;  voyez  Autre. 

PESETTES,vesces:  Une  coupe  de pesettes.  Tenne 


23o  GLOSSAIRE 

franc-comtois ;  en  Dauphine,  Ton  dit  poisettes, 

Boiste  indique  pesettes  comme  un  terme  em- 

ploye  par  J.-J.  Rousseau.  Celliq.  pesj  latin,  pi- 

sum ;  grec ,  pison ,  pois. 
PETIT  (LE),  terme  du  jeu  de  boules ,  le  cochon- 

NET ,  LE  BUT.  Le  petit  est  un  provengalisme. 
PETOLLE ,  GROTTE ,  FiENTE  :  Des  petolles  de  rate, 

de  cheure.  Du  roman ,  petelles ,  d'oü  les  Langue- 

dociens  ont  fait  peiölas. 
PETRE  ,   GESiER  :  Cette  poule  a  son  petre  hien 

rempli. 
PETRISSOIRE,  PETRIN,  HUCHE;  terme  vaudois  et 

comtois ;  a  Lyon ,  petriere. 
PETPiONNER  (SE),  proprement  se  rengorger; 

se  dit  d'un  enfant  qui,  dans  les  bras  de  sa  nour- 

rice ,  a  Fair  de  se  dorloter. 
PEU :  Un  petit peu^  un  tant  soit  peu,  fort  peu.  On 

ne  dit  pas  non  plus  manquer  d'un  peu  :  II  man- 

que  d'un  peu  d^actwite,  dites,  iL  manque  un 

PEU  d'activite. 
PEUT-ETRE ;  ne  prononcez  pas  pe-tetre ,  pe-tetre 

bienj  et  remarquez  qu'il  n'est  pas  correct  de 
mettre  cet  adverbe  avec  le  verbe  poui^oir^  ni 
avec  possible ,  impossible. 

(iPcut-^tre  y  pournez-\o\is  etre  mal  adressee. » 

(MoLiERE,  Misantr.) 

II  serait  encore  plus  mal  de  dire  comme  Fain , 
dans  ses  Memoires : 


GENEVOIS.  23 1 

nPeut-elre  peut-on  encore  tout  sauver.  » 

PEUX-JE ,  pour  PUis-JE  :  Peux-je  le  voir? 

PUISSAl-JE ,  ecriv  ez  puisse-je.  II  en  est  de  meme 
a  l'egard  de  diissai-je,  eussai-Je,  qu'il  faut  ecrire 
BUSSE  -  JE,  EUSSE-JE.  Cliangez  aussi  Ve  muet  en 
€  ferme  dans  aime-je?  soirffre-je?  fusse-jet 
reife -je,  lui  ressemble-Je. 

«  Lui  ressemble-je  assez  ?  Joürai-je  bien  son  role  ?  » 

(PiRON,  Metrom.) 

«  Reve-je?  est-ce  que  je  somraeille?. . . 

Ne  te  trom'e-je  point  devant  nolre  demeure? 

Ne  t'y  parle-je  point  ?  » 

(MoLiERE,  Jmphyt.) 

Mais  pour  dors-je?  mens-je?  oü  cours-je ? 
que perds-je?  il  faut  prendre  un  autre  tour,  et 
dire  :  est-ce  que  je  mens  ?  etc. 

«  Ai-je  un  sentiment  propre  de  mon  existence ,  ou  ne  la 
sens-je  que  par  mes  sensations  ?  » 

(J.-J.  Rousseau  ,  Emile.) 

Ce  senS'je  fait  un  efFet  desagreable;  et  quelles 
oreilles  supporteraient  aujourd'hui  ces  phrases 
de  Montaigne  : 

Rougis-je  ?  escume-je? . . .  Tressauls -j e ?  fremis-je  de 
courroux  ?  » 

PIÄILLARD,  pour  piailleur,  criard;  PIAILLEE, 

pour  PIAILLERIE. 

PIASTRE  (UN),  UNE  piastre. 

PICIIOLETTE ,  CHOPINE  ,  petite  mesure  du  pays  : 


232  GLOSSAIRE 

Une picholelle  dei^in^  de  \\\.'d\.pic(:olo,  petitjO?! 

du  celto-breton  .  picher  ^  petit  pot,  petite  cru~ 

che,  d'oü  les  Italiens  ont  fait  bicchiere,  et  les 

Allemands  becher,  gobelet.  ' 
PICOLON,  PETIT  POINT  :  Une  indienne  ä  petlts  pi- 

colons  ^  ma  monirefend  le  picolon,  probable- 

ment  de  l'ital.  piccolo ,  piccoUno. 
PICÖTE ,  PIQUÖTE,  PicoREE,  maraude  :  ^//er  d 

la  picote  dans  les  vignes. 
PID ANCE ,  pour  pitance  :  Son  pain  et  sa  pidance, 

Voyez  Apidancer. 
PIDE,  SEMONCE,  reprimande;  alteration  de  piie. 

ancienne  monnaie  de  cuivre.  Tu  as  eu  ta  pide, 
PIDER,  mesurer,  avec  le  pied  oii  avec  ud  pan, 

la  distance  d'iin  palet  a  im  autre ,  d'une  boule 

a  une  autre  :  Iljaiit  pider ^  du  latin ,  pes^  pedis, 

le  pied.  Voyez  Pan. 
PIERRE  A  BERNADE  ;  Faire  la  pierre  ä  beniade, 

se  disait,  lorsque  pendant  une  noce,  on  jetait 

au  peuple  de  la  monnaie  et  des  bonbons.  Cette 

coutume,  qui  rappelait  le  sparge,  marite,  nuces 

des  Romains ,  parait  s'etre  abolie  chez  nous. "" 

1  Les  marchands  de  vin  du  royaume,  dit  Bullet,  appellent 
picher,  piche ,  une  Sorte  de  petite  cruche  ä  bec  dont  ils  se  ser- 
vent  pour  tircr  du  vin  et  remplir  les  piöccs. 

2  Voyez  le  mot  Alouilles  dans  nos  remarques  sur  quelques 
lermes  du  patois  de  la  campagne. 


GENEVOIS.  233 

Dans  les  villages  des  Alpes  de  la  Suisse  romane, 
une  vieille  femme  qui  porte  le  nom  populaire 
de  Bernada,  jette  du  froment  ou  d'autres  grains 
sur  la  tele  de  l'epouse  au  moment  oü ,  au  retour 
de  Teglise ,  celle-ci  entre  dans  la  maison  de  son 
mari.  Dans  ces  m^'mes  montagnes,  l'avant-dernier 
dimanche  d'aoüt  les  bergers  distribuent  de  la 
creme  aux  pauvres  ;  cette  fete ,  qui  attire  beau- 
coup  de  spectateurs,  s'appelle  Bernausa,  du 
celtiq.  bern,  amas  de  choses,  rassemblement  de 
personnes. ' 

PIFFRER  (SE),  s'empiffrer  :  Cette  soupe  eiait  ä 
sa  potte 3  iL  s'en  est  piffre,  Lyon.  Neuch.  Vaud. 
En  paris.  pop.  s^empiff'er, 

PILON ,  MORTIER ;  le  pilon  n'est  que  l'instrument 
avec  lequel  on  pile  dans  le  mortier. 

PILVINETTE,  EPiNE-viNETTE  :  Des  tableties  ä  la 
pihinette. 

PINCETTE;rAcademie  permet  de  dire  :  donnez- 
moi  un  peu  la  pincette  ,  mais  Laveaux ,  {Dict, 
des  difficultes  de  la  languefranc^  pretend  que 

1  Bern ,  en  celto-breton ,  signifie  aussi  la  toile  sur  laquelle 
on  amasse  le  ble  dans  l'aire ;  de  lä ,  le  mot  fiancais  berner. 

Berne,  dans  la  languc  gauloise,  se  disait  d'une  sorte  de  ve- 
tement,  d'une  saie,  qui  repondait  au  sagurn  des  Romains,  los- 
quels  s'en  servaient  aussi  pour  berner ;  tcmoin  ce  vers  de 
Mardal : 

Ibis  ab  ejccuiso  missus  in  astra  saco. 


234  GLOSSAIRE 

c'est  une  faute  de  s'exprimer  ainsi ,  et  que  pin~ 
cettes  n'a  point  de  singulier. 
PIN^ON,  pour  PiNSON,  oiseau;  pingon  vient  du 
verbe  pincer. 

PINPINIERE,  PEPINIERE. 

PIOGUE,  PIOGRE  :  Emoyer  ä  piogue,  cest-a- 
dire,  au  diable. 

PIÖTE ,  PIAUTE ,  PATE :  II  a  mal  ä  la  piote-,  une 
ecriiure  en  piautes  de  mouches.  De  l'ital.  piota, 
la  plante  du  pied.  Dauph. 

PIOTON,  PiETON :  Un  chemin  de  piotons.  PIOTON- 
NER  se  dit  a  Geneve  des  enfans  qui  commen- 
cent  ä  marcher,  et  PIÜTU,  de  quelqu'un  qui  a 
de  grosses  et  courtes  jambes  ;  en  langued.  paoü- 
iut.  Les  pa}  sans  fribom^geois  appellent  pioita  la 
dinde  ,  et  piotieru  le  coq  d'Inde. 

PIOURNE ,  MECHANTEFEMME,  PIE-GRIECHE.  Au  Can- 

ton  de  Vaud ,  piorna ,  mionna ;  a  Neuchätel 
piome.  PIOURNER,  criailler. 

PIPI  (LA) ,  la  PEPIE.  Lyon.  Paris,  pop.  En  italien, 
pipita. 

PIQÜERNE,  CHASSiE.  J)auph.  piguerna,  PIQUER- 
NEUX  5  CHASSIEUX  :  //  a  les  jeux  iout  piquer- 
neux,  Piquerne  n'est  qu'une  alteration  du  mot 
roman  bigane ,  dont  le  sens  est  le  meine.  Les 
Francs-Comtois  l'ont  consei've  dans  son  integrite, 
aussi  bien  que  l'adjectif  biganou ,  chassieux.  Eu 


GENEVOIS.  235 

celtiq.  picqoiis ,  chassie;  fait  probablement  de 
pice^  poix;  parce  que  la  chassie  agglutine  les 
paupieres. 
PIRE  est  l'oppose  de  meilleur ,  et  PIS  l'oppose  de 
mieux.  , 

«  La  pire  espece  des  mechans 

«  Est  celle  des  vieux  bypocrites.  » 

(Florian.) 

« IIs  sont  pis  que  jamais  ensemble.  » 

{Diction,  de  V Äcadcmie^ 

Cest  bien  plus  pire  est  uii  barbarisme. 
PISSE ,  URINE ,  PissAT  :  Uiie  odeur  de  pissat. 

PITATER,  MARCHER  LOURDEMENT ,  FAT  AUGER;,   et 

P1T0NNER,PIETINER. 
PlULEPi ,  poiir  PIAULER. 

PLAINT,  PLAiNTE,  GEMissEMENT.  En  langue  ro- 

mane,  plaint  signifie  complainte. 
PL  AN,  PLANT :  Laisser  quelqu'un  cn  plant  ^  c'est- 

a-dire ,  le  faire  attendre  ,  le  planter  la. 
PLANCHER  5  pour  plancheier  ,  garnir  de  planches. 
PLANTON,  piquet,  poste  :  Un  planion  de  six 

Jwmmes.  C'est  aussi  chez  nous  un  terme  de  jar- 

dinier;  en  ce  dernier  sens,  on  doit  dire,  plan- 

5ON  OU  PLANTARD. 

PL  ATE  (LA),  sorte  defera,  qu'on  peche  du  c6te 

de  Thonon. 
PLATELEE,  platee  :  Une  plalelee  deßicoL 


236  GLOSSAIRE 

PLATINE;  le  nom  de  cette  substance  metallique 
est  feminin,  suivant  TAcademie,  et  mascuUn, 
suivant  Boiste  et  Gattel. 

PLATISE,  PLATAISE,  PLATITÜDE. 

PLEIN-PALAIS  5  ecrivez  plain-palais  ,  pour  sulvre 
l'etymologie  latine ,  plana  palus.  Ecrivez  aussi 

PLAIN-PIED  ,   PLAIN-CHANT  ,  et  EN    PLAIN  CHAMP  , 

EN  PLAiNE  CAMPAGNE;  de  l'adjectif  yo/az/z^  plaine, 
Ulli ,  plat. 
PLEONASME.  Le  pleonasme  est  permis  quand  il 
donne  de  l'energie  a  Texpression ;  il  doit  etre 
rejete  lorsqu'il  n'est  qu'une  superfluite,  conime 
dans  ce  vers  de  Corneille  : 

« II  en  coüta  la  vie  et  la  tete  ä  Pompee.  » 

ou  dans  cette  phrase  de  Guiraud  : 

«  Seinblahles  ä  ces  grands  fleuves  que  leiirs  montagnes 
versent  ä  l'Allemagne,  ä  l'Italie,  ä  la  France,  ils  se  repan- 
denl  comme  eux  dans  les  contrees  qui  les  avoisinent. »  * 

Voici  quelques  pleonasmes  vicieux  dont  nous 
faisons  un  emploi  assez  frequent  dans  le  style 
familier  : 

II  iu\iJorce,  malgre  lui  d'y  consenlir.  —  Pour 
quant  a  moi.  —  J'ai  pense ,  je  me  suis  pense  en 
moi-meme.  —  Nous  etions  eni^iron  quinze  ou 
vingt.  —  Son  j  ardin  est  rempU  de  beaucoup  de 

t  L'auteur  parle  des  Savoyards,  mals  ce  n'est  qu'aux  Suisses 
que  cette  comparaison  peut  convenir. 


GENEVOIS.  23; 

jolis  vases.  —  Je  suis  venu  ad  hoc  pour  cela. — 
II  est  sitellement  prevenu  contre  lui;  j'al  eu  si 
tellement  peur.  —  II  a  beaucoup  gdgne  ä  son 
a^antage^  etc. 

Remarquez  toutefois  que  I'usage  admet  cer- 
tains  pleonasmes  qui  paraissent  assez  ridicules , 

'  tels  que  :  monter  en  haut;  descendre  en  Jjas; 
sortir  dehors ,  etc. 

PLIE ,  LEVEE ,  terme  de  jeu :  Comptez  les  plies, 
Lyon.  Vaud.  Langued.  plega.  Plie ,  en  frangais , 
est  le  nom  d'un  poisson. 

PLOMBETTE  (LA) ,  le  plomb  ,  terme  d'architecte. 

PLONGEON,  IMMERSION  :  J^ß  n^ai  fait  que  deux 
plongeons,  et  je  suissortide  Veau.  On  peut  dire 
cependant  dun  homme  qui  plonge ,  qu  iljait  le 
plongeon,  c'est-a-dire  qu'il  imite  l'oiseau  de  ce 
nom;  cette  expression  s'emploie  aussi  en  parlant 
d'un  poltron : 

«. .  .Vous  faites  le  plongeon, 
Petit  noble  ä  nasarde,  ente  sur  sauvageon. » 

(Regnarh.) 

PLOT ,  BiLLOT ,  BLOC  DE  BOis ,  et  autrefois ,  tronc 
pour  les  aumönes  : 

«Les  Syndics  (en  14^7)  consultent  le  Chapitre  pour  sa- 
voir  ä  qui  ils  bailleront  la  clef  du  tronc  (^plotti)^  de  l'argent 
qu'on  doit  envoyer  contre  le  Türe. 

{TracL  des  Regist.  latins  du  Cons,^ 

Nous  disons  figurement  dune  personne  pro- 


238  GLOSSAIRE 

fondenient  endormie  :  //  dort  comme  mi  pht 
PLOT  est  aussi  un  terme  de  lirage  :  L'arme  sera 
Sans  coche  sur  le  plot ,  et  sans  double  detente, 
Corruption  de  bloc ,  dont  l'origine  paralt  teuto- 
iiique ,  car  on  le  retrouve  dans  rallemand ,  le 
flamand,  l'anglais ,  etc.  Plot  est  vaudois  et  franc- 
comtois. 

PLOYER  n'est  plus  en  usage  dans  le  style  familier; 
il  faut  dire  plier  une  lettre ,  plier  les  genoux. 

PLUCHER,  EPLUCHER.  PLUCHONS,  PLÜCHU- 

RES  ,  EPLUCHURES. 

PLÜMACHE,  PLUME,  PANACHE  :  Uu  cliapeau  apcc 

des  plumaches.  Vaud. 
PLURESIE ,  pour  pleuresie. 
PLUVIGNER,  pleuvigner,  bruiner.  Vieux  fran?. 

D'autant  qu'il  avolt  pluvine,  et  que  la  terre  estoit  glis- 

sante. 

(Braktome.) 

POCHON5  cuiller  a  pot;  en  roman ,  pocon.  PO- 
CHE ,  cuiller  a  long  manche ,  n'est  pas  dans  l'A- 
cademie,  mais  Galtel  et  Boiste  rindiquent  dans 
leurs  lexiques. 

POIRE ;  le  peuple  fait  ce  mot  du  genre  masculin  : 
Un  beau  polre  •  despolres  sccs  j  des  poires  Mets, 
FOIRE  ROME,  bon  chretien  d'ete.— POIRE 
BEÜRREE,  diies  beurre  ;  un  beurre  blanc, 
UN  BEURRE  GRis.  —  POIRE  CRASANE  ,  diles 


GENEVOIS.  289 

CRASSANE.  —  POIRE  ROUSSELETTE ,  poire  de 
ROUSSELET,  DU  ROUSSELET.  POIRE  VILGOULEE , 

POIRE  VIRGOULEUSE  ,  OU  de  VIRGOULEE ,  liom  du 

Villa ge  doli  eile  fut  apportee  pour  la  premiere 
fois  a  Paris.'  POIRE  ECIIASSERIE;  La  Quinli- 
nie  ecritLECHASSERiE.— POIRE  CUISSE-DAME, 
POIRE  cuissE- MADAME.  Ce  qiie  nous  appelons 
POIRE-DIEU  est  le  fruit  de  FAubepine. 

POISON  (DE  LA),  DU  poison. 

POLIGOGNE,  POLiGONE  :  Les  canoniers  s''exer- 
Cent  au  poligogne, 

POLMON ,  POUMON ;  en  vieux  fran9ais ,  poulmon , 
du  latin  pulmo, 

PO MME  :  Pomme  corpendue ;  dites  suivant  l'Aca- 
demie ,  pomme  de  capendu.  Richelet  ecrit  court 
pendu^  et  Nicot,  carpendu.  POMME  RENETTE, 

pour  REINETTE  OU  RAINETTE. 

POMMEAU;  on  dit  pommeau  de  seile  ,  pommeau 
d'epee ,  mais  non  pas  pommeau  de  canne ,-  le  mot 
propre  est  pomme  :  Une  canne  ä  pomme  d'or. 
Nous  disons  aussi  en  parlant  d'un  homme  pe- 
sant,  stupide  :  Quel pommeaul  c'est  uii/ameux 
pommeau. 

I  U  est  situe  pres  de  Saint-Leonard  en  Limousin.  Le  nom 
de  l'Amadote  vient  aussi  d'une  dame  Oudot,  qui  cultiva  et  fit 
connaitre  cette  espece. 


24o  GLOSSAIRE 

PONTENAGE ,  pontonage. 

PONTET,  CHANTIER,  piece  de  bois  sur  laquelle  oii 
pose  des  tonneaux  daris  une  cave. 

PORC ,  prononcez  POR ,  de  la  chair  de  POR. 

PORPE,  POULPE,  partie  charnue.  PORPU,  charnu. 

PORTAIL,  grille  :  Le  portail  de  la  cour  ^  de  Va- 
venue,  Portail  signifie  plutot  la  principale  porte , 
la  farade  d'uiie  eglise  :Le  portail  de  Notre-Dame, 

PORTANT:  Ilestbien  portant,  estun  gasconisme. 
Voltaire  trouvait  ridicule  qu'oii  dit :  II  se  porte 
bien ;  bien  portant  est  plus  mal  encore ;  portant 
quoi  ? . . .  11  faudrait  un  regime.  L'usage  admet 
cependant  cette  locution. 

PORTILLON  5  petite  porte  basse  dans  la  fermeture 
d'une  boutique. 

PORTION ,  POTiON  :  On  lui  a  ordonne  une  portion. 
Lyon.  Paris,  pop, 

POTACHE ,  POTASSE. 

POT  A  EAU,  POT  A  l'eau.  POT  A  LAIT,  pot  au 

LAIT. 

«  Perreite  sur  sa  tele  ayant  nn  pot  au  lait^ 

Bien  pose  sur  un  coussinet.  » 

(La  Fontaine.) 

POTRINGUE ,    MAUVAISE    BOISSON  ,    DROGüE  ,    PI- 

quette  :  Ce  n'est  que  de  la  potringue.  Terme 
daupliinois  et  proveiigal. 
SE  POTRINGUER,  se  droguer.  Les  Gascons  di- 


GENEVOIS.  24 1 

seilt :  se  pourtinguer,  et  les  Proveiicaux,  se  poii- 
hingar.  Du  celtiq./co/,  pout^  uii  pot,'  et  de  tran- 
cell,  tranlcell,  coup  ä  boive,  gorgee;  en  teuton, 
trank-,  de  la,  rallemand  trinken^  l'anglais,  diink, 
etc. 
POTTE :  Faire  lapotte^  faire  la  MOUe.  A  sa  potie , 
A  SON  GOÜT " :  Ce  ragoüt  est  ä  sa  polte ,-  ils^en  est 
leclie  les  poiles ,-  en  frangais  popiilaire ,  les  Sa- 
bines :  II  s'en  est  donne  par  les  balDines.  POTU, 

PO  TUE  ,  qui    FAIT    LA   MOUE ,    qui    A   MAUVAISE 

grace  :  C'est  une  sötte  pottue.  Frib.  pottes  ^  le- 
vres.  Italien.  .  . 

POUGNE  ,  POIGNET ,   FORCE  DU  POIGNET  :  //  a  une 

honne  pougne.   En  langue  romane ,   pougne, 
poungne  ,  et  empougner ,  poiir  empoigner  : 

Alors  le  manant  Veinpougna. 

{Roman  de  la  Rose.) 

POUILLER,  EPOUILLER,  ÖTER  LES  poux;  poulller, 

1  Ces  mots,  en  celto-breton,  signifient  non-seu]eraent  un 
pot,  un  vase,  mais  aussi  une  concavite  quelconque  : pot  mesen , 
le  gobelet  du  gland;  pout  al  lagat  ^  l'orbite  de  l'oeil. 

1  L'ai  dansa,  Tai  chauta 
Stau  ketian  ä  sa  potta. 

{Conte  du  Craizu,  en patois  de  Lavaux^ 

C'est-ä-dire,  il  fit  danser  et  sauter  Celles  qui  etaient  de  son 
goüt. 

16 


2/i2  GLOSSAIRE 

eil  fran^aisj  signifie  dire  des  pouilles.  insuUer. 
A^aiid. 

POUINE  ,  MALIGNE  ,  PIQUANTE  .*  Elle  cst  im  peil 
pouine ^  c'esi  iine  petite  pouinette ^  de  l'italien, 
pugneito,  aiguillon.  Piigna  dans  la  hasse  latinite , 
se  disait  d'un  Instrument  piquant. 

POULAINTE,  FARiNE  DE  MAIS;  de  Y'v\.v\.  pohnla. 

POUR  et  AFIN  de  ne  doivent  pas  ^tre  employes 
indistinctement.  Le  premier  mot  marque  une 
vue  plus  presente;  lesecond,  une  vue  plus  eloi- 
gnee.  Poiir,  suivant  Girard,  regarde  plus  parti- 
culieremeiit  un  effet  qui  doit  etre  produit  ;  et 
qfin  un  but  oü  Ion  veut  parvenir : 

«  Les  fiUes  d'un  certain  äge  fönt  tont  ce  qu'elles  peuvent 
poiu-  plaire  ,  aßn  de  se  procurer  un  mari.  » 

POURREAU ,  POiREAU  ou  porreau.  Lyon. 
POUTRE  (UN),  UNE  poutre. 

. . .  Pour  eviter  la  chute  des  poutres  erißammes. 
[Bihliot.  Britannique^ 

PREMIER ,  PREMIERE  ;  supprimez  i'accent  sur  le 
premier  e, 

PRES  et  PRET.  Les  grammairiens  veulent  que 

pres  ait  toujours  pour  regime  la  preposition  de, 

et  pret^  la  preposition  ä-^  mais  c'est  une  regle 

que  les  nieilleurs  ecrivains  ne  respectent  pns 

toujours  : 

«v  D' Anmale  clalt  prel  de  se  rendre  maifre  du  camp .  .  . 

(Voltaire.) 


GENEVOIS.  243 

*  De  facon  qu'il  en  est  encore  ä  s'aviser, 
Quand  peut-etre  quelque  autre  est  lout  prel  ä'epouser.  » 

(PiRON,  Äletro/n.) 

II  elait  prel  de  descendre  lä-bas, 
Pour  y  subir  la  peine  de  Tantale. 

(AUBERT.) 

II  fallait  pres  de ,  c'est-a-dire ,  siir  le  point  de^ 
Cette  phrase  de  La  Harpe  (  Cours  de  litter. 
nnalyse  de  Pioucher),  iie  noiis  semble  pas  moins 
defectueuse  : 

«  Un  orage  survint,  et  Lozon  sauve  la  jeune  Rose  prete  a 
se  noyer. 

car  la  jeune  Rose  etait  sur  le  point  de  se  noyer, 
et  non  disposee,  preparee  a  se  noyer. 

PREVALOIR  :  Ne  crqyez  pas  qiie  je  me  prevaille 
de  cet  ai^afitage ;  il  faut  dire  :  qiie  je  me  pre- 
VALE . . .  Le  present  du  subjonctif  de  ce  verbe 
ne  se  conjugue  pas  comme  celui  de  valoir. 

PREVENIR,  PROVENIR  :  D'oü  est-ce  que  cela  pre- 
vient  ? 

PRIN  :  Du  prin  hois ,  du  menu  bois.  En  celtique , 
prin,  rare;  de  la,  les  mots  romans  prim,  prin , 
menu,  delie. 

Une  toison  subtile  au  menton  lui  naissait, 
Priine,  douce,  frisee,  et  nouvellement  crue, 
Comme  pefits  flocons  de  sole  bicn  mcnue. 

(F«W//7w.r.) 


244  GLOSSAIRE 

Le  fraii^ais  brin ,  im  brin  ,  n'a  pas  d'autre  ori- 
gine.  * 

PRINFORT ,  PETITE  ABSINTHE. 

PRISER,  PRENDRE  DU  TABAC  :  Du  iobac  ä  priser  ^ 

prisez-vousPEn bon  fran9ais,  priser  signifie  seu- 

lenient»,  mettre  un  prix,  taxer. 
PROCURE,  PROCURATION.  Procure  iie  dolt  se  dire 

que  du  bureau  d'un  procureur  ou  d'une  certaine 

Charge  ecclesiastique. 
PROCUREUR  DES  MEUNIERS,  le  pic>  picus, 

oiseau  du  pays. 
PR OMENER  jn'employez  pas  ce  verbe  sans  le  pro- 

nom  personnel,  et  ne  dites  pas  :  AUons  prome- 

ner^  j'ai  bien  promene  aujourd^huL  Cette  locu- 

tion  est  un  gasconisme ;  le  Memorial  de  Las  Cases 

en  est  rempli. 
PRO  METTRE ,  pour  assurer  :  Je  vous  promets 

que  cela  est  ainsi.  Ce  verbe  ne  regardc  que  le 

fulur. 
PROMONTIONS,  promotions  :  Z^  yoz/r  des  pro- 

mojäions. 
PROYIGNURE,  pour  provin.  Vaud. 

1  I,e  savant  Huet  donne  a  cc  mot  une  etymologie  qui  rap- 
pelle  Xalfana  et  le  verna  de  Menage  :  briu,  suivanf  Ini ,  di'rivc- 
rait  du  latin  virga,  qu'on  aiirait  ecrlt  sucoessivement  iHr<^e , 
vrige^  vringn ,  bnnf^c ,  bring,  et  enfm  bn'n. 


GENEVOIS.  2/^S 

PUCER,  EPUCER,  dTER  LES  PUCES. 

PUISERANDE,sorledeiiiacIiineliydiauliquepour 
arroser  les  janlins.  En  Languecloc ,  pous  d  roda, 
|Hiits  a  roiie. 

PUllGE,  PURGATiON,  MEDECiNE.  Oll  dit  dans  quel- 
ques provinces,  prendre  une  purge  ^  niais,  en 
bon  fran(;ais ,  ce  terme  ne  s'emploie  qu'en  par- 
parlant  de  la  desinfection  des  marchandises  pes- 
tiferces.  Neucli.  Vaud. 

PUSSIN,  PUSSINE ,  POUssiN ,  poulette  ;  en  romaii , 
piigin.  Frib.  puzin. 


2^6  GL0S8AIRE 


Ll'V^^^%^%«/«.-W 


Q. 


V^UADRUPEDE,  prononcez  kouadrup^de  ,  et  de 
meme,  quadruple,  quadrige,  quaterne  et  qua- 
drature. 

QU  AND  :  Jy  serai  qiiand  vous^  c'est-a-dlre  en 
MJiiME  TEMPS  QUE  vous.  Vieux  francais.  II  est  une 
distinction  a  faire  entre  quand  et  lorsque  :  ou 
met  le  premier  pour  signifier  dans  le  temps  que , 
et  le  second ,  dans  les  occastons  oii ,  au  momenl 
oü ,  etc.  Ne  prononcez  pas  quanie  :  Qiiante  je 
Jus  arrwe.  .  . 

QUE,  dans  le  sens  du  mot  excepte  :  Toutj  est, 
quele. .  .  — Je  neprends  que  cequej'ai  hesoin, 
dites  :  . .  .que  ce  dont  j'ai  besoin.  QU'ELLE, 
pour  QUI  :  La  voici  qu''eUe  v'ienL 

QUEL  ,  pour  quelque  : 

Les  plus  graiides  dames  du  pays  fönt  la  conversaljon  avet 

quel  homine  que  ce  soit. 

(  Bihlcot.  Britan.\ 

II  eiil  ete  grand  ecihain,  s'il  out  voulu  ccrirc  (Troncliin, 
ancicn  procureur-gcucral\  e!  grand  niagislrat  dans  qucl 
Iribunal  qu'on  l'cut  place. 

(  BOURRIT.") 


GENEVOIS.  247 

Yaugelas  dit  que  ceile  faiite  est  familiäre  a 
lüLites  les  provinces  qui  sont  dela  la  Loire. 
QUELQUES,  pour  quelque: 

Les  poesies  d'apres  l'antlque,  quelques  parfailes  qu'elles 
soient,  sont  rarement  populaires. 

(M.me  DE  Stael.) 

Quelques  vielllis  qu'en  soient  le  langage  et  la  versifica- 
tion,  on  n'y  peut  meconnaitre. . . 

(M.meN.  DES.) 

Lorsqiie  quelque  n'est  mis  qu'avec  un  adjec- 
lif ,  il  signifie  quoique,  ä  quelque  point  que  ^  et 
ne  preiid  pas  la  mari|ue  du  pluriei. 
QUELQUE,  devant  iin  verbe ,  pour  QUEL  que, 

QUELLE  QUE  : 

Le  prisonnier  sait  que  quelqu' dt'i^ni  ete  les  desordres  de 
sa  vie.... 

(  Rapport  du  Conseil  cV  Etat ,  etc.  1824.  ) 

L'amour  quelque  soit  sa  faiblesse,  est  plus  excusable  que 
l'ambition. 

(Coupe,  Thedtre  de  Seneque ,  Disc.  prelim.) 

II  fallait  dans  le   premier   exemple  :  quels 
qu'atent  ete  ,  et  dans  le  second,  quelle  que  soit. 
QUELQUE,  synonyme   cXem^iron^   ne    picnd   ni 
genre ,  ni  nombre. 

II  y  a  quelques  cinquante  ans  que  j'etais  jouiie  et  jolie. 
(SuARD,  Melanges  de  litter.) 


248  CtLOSSAIRE 

Cette  phrase  offre  donc  une  faute;  il  faiit  dire 
comme  Racine ; 

Et  quel  Age  avez-vous?  vous  avez  bon  visage. 
He  ,  QUELQUE  soixante  ans. 

(  Les  Plaideun.') 

Dans  les  mots  quelque  ,  quelquejbis ,  quel- 
qu^uTi ,  faites  sentir  la  lettre  /.  « 11  se  trouve  des 
rafineurs,  dit  Richelet,  qui  soutiennent  qu'i! 
faut  prononcer  kecun  et  kcque  :  ces  messieurs 
les  rafineurs  sont  de  francs  pro\  inciaux.  « 

QUERELLE,  pour  querelle,  sans  accent  sur  le 
premier  e. 

QUEUE  :  listen  va  la  queue  cuiie ,  c'est-a-dire, 

PENAUn,  QUINAUD. 

QUEUE  DE  RÄT,  esp6ce  de  prele,  plante  qui 

rend  le  foin  de  mauvaise  qualite. 
QUEUE  DE  RENARD,  lilas. 
QUEUTER,  BILLARDER,  terme  du  jeu  de  billard. 

QUI ,  pOLU'  LEQüEL  : 

«  Donner  est  un  mot  ^our  quc  il  a  tant  d'aversion  ,  qu'il 
ne  d'*  jamais  je  vous  donne ,  mais  je  vous  prete  le  bon- 
jour.  » 

(  MotlERE ,  rjvare.) 

Qui precede  dune  preposition ,  ne  se  dit  que 
des  personnes. 

Ce  ne  serait  pas  moi  qui  seferail  prier 

est    une   phrase    defeclueuse    du  memc    e'cri- 


GENEVOIS.  24o 

vain ;  Moliere  aurait  du  dire  qui  me  ferais  prler 
parce  que  qui  etant  l'adjectif  conjonctif  de  moi , 
il  doit  prendre  le  caractere  de  la  premiere  per- 
sonne. 

On  fait  quelquefois  apres  qui  un  ennploi  vi- 
cieux  de  la  troisi^me  personne,  au  lieu  de  la 
seconde  : 

«Toi  (Napoleon)  qui  n'a  rien  connu  dans  ton  sanglant 

passage, 
D'egal  ä  ton  bonheur  que  ton  adversite. »  ' 

(Casim.  Delavigne.) 

Ecrivez  comme  Boileau  : 

Antoine,  gouverneur  de  mon  jardin  d'Auteuil, 
Qui  diriges  chez  moi  l'if  et  le  chevi'efeuil. 

et  comme  Regnard ; 

Favori  des  neuf  Soeurs,  qui  sur  le  mont  Parnasse, 
De  l'aveu  d'ApoUon,  marches  si  pres  d'Horace. 

J*en  veux  ai'oir  coüte  qui  coüle  j  dites  COUTE 

QUE  COUTE. 

QUIBLE,  pour  ckible.  QUIBLURE,  criblure. 

QUIDAM,  prononcez  kidan  :  Un  certain  kidan. 

QÜINQUE ,  femme  de  petit  esprit  et  qui  se  plaint 
souvent  :  C^est  une  pauure  quinque^  une  vieille 
quinque.  Nous  disons  aussi  d'un  liomme  faible 

1  Gelte  fautc,  quoique  repetee  dans  une  autre  Messenienne, 
nappartient  sans  doutc  qu'au  corrcclcur  de  l'cdition  que  nous 
avons  sous  Ics  yeux. 


:25ü  GLOSSAIRE 

et  malingre  :  //  est  tont  qulnqiiel.  Quhiquillcs 
en  roman],  signifie  iiiepties ,  reveries. 

QUINQUERNE,  vielle,  instrument;  et  au  figure, 
unepersoiine  eiinuyeuse,  qnirabäclie  :  C^esi  iinc 
sötte  quinquerne.  QtJINQUERNER  ,  RABACHER , 
FATIGUER :  II  est  toujours  ä  me  quinquciner  la 
mime  cliose^  ce  sont  des  quinquernages  conti- 
jiuels.  Quinquerne  tire  son  origine  du  mot  de 
la  langue  romane  guittcrne ,  guitare ;  dont  on 
a  fait  ensuite  quiienic  et  quinterne. 

Et  fait  ses  instrumens  sonner 
Qu'on  n'y  orroit  pas  Dieu  tonner; 
II  a  aussi  guitterne  et  lus. 

[Roman  de  la  Rose.) 

QUINSON  ,  pour  pinson  :  Un  nid  de  quinsons. 

Dauph. 
QUIQUE,  (on  prononce  kique)  jeu  d'ecoliers. 
QUOIQUE  CELA,  QUOIQUE  gA,  malgre  cela  : 

II  est  tres-Tiche ,  et  quoique  cela ,  ü  ne  depense 

rien.  Quoique  regit  toujours  le  subjonctif. 
Quoique  n'ajant  pu  vous  voir,J'espere  que... 

dites,  QUOIQUE  JE  n'aie  pu.  . .  Quoique  ne  doit 

pas  s'unir  a  un  participe  actif. 


GENEVOIS.  25 1 


JA;  n'appuyez  pas  sur  Vr  finale  :  Keux-tußnirr ; 
voulez-voiis  y  venirr  '^  des  soulierrs  ;  et  faites 
sonner  doucement  cette  lettre  clans  les  mots 
plaisir,  loisir,  repentir,  etc. 

RABOBINER,  raccommoder  ;  SE  RABOBINEK  , 
SE  RETABLIR  :  II  a  fait  rabobiner  sa  malsoiij  il 
commence  d  se  rabobiner  j  du  verbe  roman  ra- 
bobeliner,  rapetasser.  Nous  disons  aussi  rabis- 
ioquer  dans  ce  dernier  sens.  Rabobiner  est  in- 
dique  par  Boiste. 

RABOTTE ,  Sorte  de  patisserle  aiix  pommes.  RÄ- 
VIOLE,  Sorte  de  fritnre.  RISOLE,  RESOLE, 
poiir  RISSOLE  5  Sorte  de  patisserle. 

RABOTU,  RABOTEUX  :  Un  cliemin  iout  raboiu, 

RACAÜQUER,  recevoir  :  Jetez-moi  ces  U^res^je 
les  racauquerai.  En  Langiiedoc ,  recassa. 

RACliE ,  TEiGNE.  Terme  roman  forme  du  celtique 
radious ,  leigneux;  en  Languedoc  rasca.  Nos 
cultivateurs  donnent  aussi  le  nom  de  räche  ä  la 
cuscule ,  ou  barbe  de  moine ,  plante  rampante 
a  filets  tres- delies. 


:z52  GLOSSAülE  .     1 

RACHE-PIEO  (DE);  dites,  d'arrache-pieDj  sans 

discontinuite. 
RACINE  JAUNE,  CAROTTE. 
RACL^E,  RAMASSEE,  ne  sont  poiiit  fran^ais, 

iion  plus  que  rossee,  du  verbe  rosser.  Kolce  ne 

se  dit  que  des  coups  de  batoii. 
RACLETTE  (A  LA)  ,  expression  adverbiale ,  qui 

sigiiifie ,  A  LA  RiGUEUR  :  II  a  de  quoi  vwre  d  la 

raclette  ;  //  a  ete  elii  ä  la  raclette. 

RAFATAILLES,  VIEILLERIES,  PHETINTAILLES  :  Uli 

tasderafalailles.  Neuch.  Dans  les  provinces  me- 
ridionales,  rafataille  a  le  sens  de  canaille.  En 
langue  romane  rqfaitier,  rafetier,  signifie  rac- 
commoder : 

Sire  Hains  savait  un  bon  melier, 

Quar  il  savait  bien  rafetier 

Les  cotelcs  et  les  mantiaux. 

{Fabliaux^ 

RAFROIDiR,REFROiDm. 

RAGÄCHE,  TAQUiN,  TENACE.  En  patois  d'AIsace, 
ragaitsche^  en  celliq.  ragacher,  miserable  pelit 
marchand,  regrattier;  de  la  racine  rag,  petit, 
d'oü  le  fran^ais  ragot ,  etc. 

RAISINS  :  Manger ,  cucilUr  des  raisins  ,•  il  est 
mieux  de  dire  du  raisin.  Nous  zi^^^\oi\s/endant 
le  raisin  dont  la  gousse  reste  adherente  a  la  pulpe, 
et  rafeiix ,  celui  dont  la  gonsse  se  detache  lors- 
qu'on  le  mange. 


GENEVOIS. 


253 


RAISINS  DE  MARS,  groseilles  rouges.  Vaud.  A 
Neucliätel ,  raisinets. 

RAISINEE  (DE  LA),  du  raisine.  Vaud.  Neuch. 

RAISONS  :  Auoir  des  raisons  avec  quelqu'im, 
c'est-ä-dire  une  dispute,  un  differend. 

R  AISONNER  (SE)  :  Je  ne  sais  pas  me  raisonner^ 
c'est-a-dire,  me  faire  une  raison ,  soumettre  mon 
esprit  ä  la  raison.  Ce  verbe  n'admet  pas  le  pro- 
nom  personnel ;  cependant  Boiste  l'indique  dans 
lesens  de  discuter :  un  ordre  superieur  s'execute, 
et  ne  se  raisonne  pas. 

RAISSON,  RESSON ,  sciure  de  bois  pour  nettoyer 
les  parquets.  Ressa ,  en  Languedoc,  aussi  bien 
que  chez  nos  paysans ,  signifie  une  scie ,  et  rasse 
en  Franche-Comte ,  resse  dans  nos  Alpes ,  se  di- 
sent  du  lieu  ou  Ton  scie  le  bois. '  Le  celtique 
resea ,  suivant  Bullet,  a  le  meme  sens.  Un  hel- 
lenisle  derive  resson  ou  raisson  du  verbe  grec 
7-assö ,  je  reduis  en  poussiere. 

RAMELEE ,  ribambelle  ,  quantite  :  Ujie  ramelee 
de  monde. 

RAMPON  (DU)  DE  LA  RAIPONCE;  en  anglais  ram- 
pion.  Quelques-uns  confondent  la  mäche  ou  dou- 

1  La  Torncrcxse,  ruisseau  du  Gessenai,  tire  son  nom  de  resse, 
mcmlin  a  scie.  On  dit  anssi  tessir  pour  scier,  dans  le  caiiton  de 
Fribouiff. 


254  GLOSSAIRE 

celte  avec  la  raiponce ,  mais  c  est  une  plante 
dift'erenle. 

RANCHE,  RANCHEE ,  pour  rakgee  :  Une  grau  de 
j-anchej  toiis  sur  Ja  mime  ranchee.  Ranc,  Ranli, 
Renk ,  en  celtique,  signifie  une  sulte  criiommes 
ou  d'animaux  qui  vont  a  la  file;  de  la  le  rantz 
des  vaches;  en  anglais,  ranty  saylor's  rant  la 
marche  du  matelot.  En  breton  ,  ur-renken  a 
soudardei,  une  file  de  soldats.  A  Lisbonne,  on 
appelait  ranclios  certaines  bandes  de  gentils- 
hommes,  qui ,  sous  la  conduite  de  Don  Antonio, 
frere  du  roi  Juan  V,  se  faisaient  un  jeu  d' insulter 
et  d'attaquer  les  passans  dans  les  rues  de  cette 
capitale. 

RANCO  :  Etre  au  ranco  j  c'est-a-dire ,  A  l'agonie; 
du  verbe  rancare  qui,  dans  la  basse  latinite,  si- 
gnifiait  raler. 

RANCUNEUX,  pour  rancunier  :  //  n'est  rien 
rancuneux. 

RANG  DE  BOIS ,  bliche  ronde  :  Une  douzaine  de 
rargs. 

RANGUILLE,  jeu decoliers.  RANGUILLER ,  RA- 
GUILLER ,  redresser.  Voyez  Guille. 

RAPELU ;  se  dit  d'un  homme  mal  vetu ,  de  mau- 
vaise  mine  :  Un  vieux  rdpelii. 

RAPERCHER  ,  trouyer  ,  deterrer  ,  accoster  : 


GENEVOIS.  o55 

Ou  auez-vous  ete  rapercher  ces  houqulns  ?  II  va 
raperchant  toute  sorte  de  monde,  Neuch. 

A 

RAPI  ,  RAPE  DE  COPEAUX :  Mettre  du  vin  sur  le  rdpi. 
RAPIN,  HARPAGON,  vilain;  du  latiii  rapio. 
RAPISTOLER,  RAPETOUILLER,  raccommoder, 

RAPSODER j  forme  du  grec  rhapto ,  je  cous. 
RAPPELER  : 

o  J'avais  fait  rayer  de  la  liste  des  emigrcs  plusieurs  gen- 
tilshommes;  j'avais  procure  des  places  aux  uns,  donne  de 
l'argent  aux  autres ;  quclques-uns  s'en  rappeüent ,  la  plu- 
part  l'ont  oublie.  » 

(Rapp,  Mein.) 

Rappele z-i^ous  de  votre  promesse.  L'antece- 
deiit  et  le  relatif  ne  doivent  pas  etre  employes 
dans  une  construction  uniforme ;  il  fallait  dans 
le  premier  exemple  ;  quelques-uns  se  le  rappel- 
lent ;  et  dans  le  second  :  rappelez-vous  votre 
promesse. 

RAPPONDRE,  AJOüTER  :  On  voit  que  c^est  rap- 
pondui  rappondre  wie  sauce.  \aud. 

RAPPORT  :  Par  rappoit  que ^  par  rapport  ä  ce 
que ,  pour  parce  que,  par  la  raison  que  :  Je 
ne  peuxj  aller,  par  rapport  que  mafemme  est 
malade. 

RARIFIER,  pour  rarefier. 

RASSIE ,  pour  rassise  :  Unefemme  rassle \\-nm^^ 
posee. 


256  GLOSSAIRE 

RATAPIOLE,  RiBOTE  dulendemain  :  Faire  la  ra- 

iapiole ,  prendre  du  poil  de  la  b^te. 
RAT  AQUO  (LA) ,  morceau  de  drap  decoiipe  en 

forme  de  rat ,  oii  d'autre  animal,  que  les  ecoliers 

frotteiit  de  craie,  et  jeltent  sur  l'habit  d'un  pas- 

sant. 
RATE,  SOURIS  :  Xln  nid  de  rates  ;  mouille  comme 

une  rate»  La  Fontaine  l'a  employe  dans  le  sens 

de  rat  femelle  : 

o  Sus,  sus,  courons  aux  armes; 
Quelques  rates ,  dit-on,  repandirent  des  larmes.  » 

Ce  mot  se  dit  aiissi  ä  Geneve  des  dents  d'un 

petit  enfant,  ainsi  que  de  l'aetion  du  soleil  re- 

flecln  par  un  miroir.  iP^ous  m'ai^ez  Jait  la  rate, 

RATIN ,  ODEUR  DE  RATS  :  //  sent  hien  Ic  ratin. 

RATELET  :  Un  ratetet  de  mouionj  dites^UN  CARRE 

DE  MOUTON.  Vaud. 

RATENIR ,  pour  retenir. 

RATER:  Ce  chat  rate  bien;  des  chei>eux  rates ^ 
fausses  acceptions  de  ce  mot,  qui  ne  se  dit  qu'en 
parlant  d'une  arme  a  feu ,  ou ,  au  figur(^ ,  de 
qiielqu'un  qui  a  manque  son  coup. 

RATOLIYE ,  RATOULU  E  ,  chauve-souris.  A 
Lyon  j  rafe-volage ,  et  dans  les  provinces  meri- 
dionales,  ralapenne ,  forme  du  roman,  ratape- 
nade.  Au  canton  de  Vaud,  ratai^olaire. 

RAUFE j  polsson  du  genre de  la  tauche;  le  roten- 


GENEVOIS.  :>57 

GLE ,  suivant  Jurine.  Pendant  nos  troubles  de 
1737,  on  appelait  rauf  es  les  citoyens  de  la  fac- 
iion  popülaire,  ei  goujons ,  les  partisans  des 
patriciens. 

RAUFER  5     GRONDER  5    GROGNER  :   //   116  fait    quG 

raufer. 

Jf^AUFERIES ,  GRONDERIES5  et  aussi  vieux Chiffons, 
VILENIES  :  Sa  chambre  est  pleine  de  rauferies. 
RAUFIN  ,  GRONDETjR ,  GROGNARD.  En  allem,  sich 
raufen,  se  chamaillerj  se  battre ;  rauferey^  que- 
relle ,  batterie ,  et  rauf  er:,  batailleur. 

RAVAUDEUSE,  femme  qui  aime  a  marchander, 
a  vetiller.  En  bon  fran^ais ,  une  ravaudeuse  est 
une  RACCOMMODEüSE  DE  BAS.  II  peut  cependant  se 
dire  au  figure ,  et  dans la  conversation  familiere, 
dune  femme  importune,  qui  fatigue  par  ses  ba- 
livernes. 

RAVONAILLE,  roquette,  brassica  eruca. 

RAVONET ,  RAiFORT  :  Une  Hasse  de  ravoneis, 
En  italien,  j-apanello ;  en  dauph.  rai^anella, 

RAYER,  RAYON,  prononcez  re,  et  non  ra  la  pre- 
miere  syllabe  de  ces  mots ;  prononcez  aussi  efre- 
lER ,  et  FRE-iER ,  les  verbes  efFrayer  et  frayer. 

REBÄCHER,  REBÄCHONNER,  rabacher. 

REBARBARATIF,  pour  rebarbatif.  Lyon.'Neuch. 

REBATE  (LA),  se  dit  de  l'action  des  vagues  du 

17 


258  GLOSSAIRE 

lac  ballanl  coiilre  un  mur.  Rehal  signifiait  au- 
Irefois  reflet ,  r«^  verberat  Ion  : 

n  Les  morions ,  les  picques  des  soldars  , 
Et  les  harnois  fourbis  de  toutes  parts. 
Et  l'emery  des  lances  acerees , 
Frappez  mcnu  des  flammes  elhcrees, 
Et  du  rebat  du  soleil  radieux, 
Une  lumiere  envoyolent  dans  les  cieux.  » 

{^OTXSkViny  laFranciade.) 

REßlFFER  '(SE)  se  rebSquer.  Ce  verbe  ne  se 
Irouve  nl  dans  TAcademie  ,  ni  dans  Galtel ,  mais 
de  Wailly  et  Boiste  l'indiquent  comme  etant  du 
fran9ais  popiilaire. ' 

REBIOLONS,  chonx  de  la  seconde  pousse.  Au  pays 
de  Vaud  rebrandons^  du  roman  brondojis,  terme 
que  les  Francs-Comtois  ont  conserve  dans  son  in- 
legrite.  Celto-brelon  broncz  ^  ^ro/zc,  bourgeon; 
broncza,  bourgeonner. 

REBLANCHIR  (SE),  changer  de  linge. 

REBELLE,  pour  rebelle,  supprimez  egalement 
l'accent  aigu  dans  les  mots  suivans  :  rcfroidir, 
refuge ,  regislre,  rejaillir,  reJatif,  relation^  reli- 
gion,  remedicr ,  repenia?ice ,  retcntir ,  rei^etir, 

1  Nous  remarquerons  ä  cette  occasion  qu'il  est  beaucoiip 
d'autres  termes  que  pluslciu's  crolenl  appartenir  exclusivemenl 
ä  notre  dialecte,  et  qui  sont  du  franrais  populaire,  tels  que  fi- 
gnoler,  farfouiller,  ravigoter,  xJegringoler.  <^uonIer,  tont  (\c go, 
bAfrer,  reinouclier,  saboulor,  etc.  etc. 


GENEVOIS.  259 

vi  ne  proiioncez  pas  ressemblance ,  ressembler, 
ressentiment,  etc. 

Ayez  soin,  au  contraire,  de  ne  pas  dire  7'ecla- 
mer,  recolte ,  reconcilier,  recreation ,  reforme, 
refoter^  reglisse  _,  repartir,  (dans  le  sens  de  divi- 
ser), re(juisiiion  3  rei^erhere ,  reverberatioiij  tous 
<^s  mots  exigent  l'accent  sur  le  premier  e. 
REBOUILLER,  ravauder,  remuer  ,  boule verser  : 
J^ai  rebouille  tous  ces  papiers  pour  chercher.,. 
Dans  la  langue  romane,  on  disait  tribouiller,  au 
figure  :  li  euer  me  irihouill^j  et  Moliere  en  fait 
encore  usage  : 

'<  Je  me  sens  tout  tribouiller  le  cteur  quand  je  te  regarde. » 

(  George  Ikindin.') 

KECAFEE ,  ECLAT  de  rire  :  Elle  vousfoit  de  ces 
recqfees!  Le  vieux  mot  cachinnation  y  form^  du 
latin  cachirmus ,  avait  le  meme  sens  : 

Que  vos  ris  ne  soient  pueriles ,  et  qu'il  n'y  aye  en  eus 
aucune  cachinnation  y  ni  moquerie. 

(  Triompke  de  la  noble  Dame.) 

PvECHE  ,  APRE,  RÜDE,  DUR.  Ce  terme,  que  notre 
Jean- Jacques  a  lente  de  rajeunir,  appartient  au 
vleux  fran^ais  : 

Mais  ils  sont  dure  et  trop  i'esche. 

(Eust.  Deschamps,  Poes,  f/mnuscr.) 

Racine  celtiquc,  rech,  chagrin,  de  mauv^aise 


26o  GLOSSAIRE 

humeur.  Foulques  d'Anjou  '  re^ut  le  surnom  de 

Rechin  a  cause  de  son  caraclere.  De  rech  vient 

le  verbe  franyais  rechigner,  autrefois  rechiner, 

que  les  ety mologistes  qui  ne  v  oient  que  la  langue 

latine ,  derivent  ridiculement  de  cajiis ,  precede 

de  la  particule  re ,  imiter  un  chien  qui  groude. 

Reche  est  un  terme  connu  en  Franche-Comte  et 

en  Picardie. 
RECOUVERT ,  pour  recouvre  :  //  a  recoupert  sa 

creance. 
RED  ASSE,  espece  de  grive,  turdus  viscworus, 

et  au  figure,  une  femme  maigre  et  seche  :  Cest 

une  vieille  redasse. 
REDONDER ,  signifie ,  en  frangais ,  surabonder  ; 

nous  le  disons  dans  le  sens  de  retentir,  repousser. 
REDOUX ,  DEGEL  5  retour  d'une  temperature  plus 

douce  :  Nous  aurons  du  redoux. 
REDUIRE  ,    SERRER  ,    RESSERRER  :  Reduisez    ces 

hardes, 
REFAIRE  (SE)  :  II  ne  se  refaiide  neTiyC'est-a-dire, 

il  se  refuse  tout,  il  se  prive  de  tout. 
REFIER  (SE),  SE  fier  a  ,  compter  sur  :  //  nefaut 

pas  trop  se  rcfier  sur  luL 

I  Foulques  I.*'"'  raourut  vers  le  milicu  du  10."'^  siecle;  il  y  a 
eu  qualre  autres  comtes  d'Anjou  de  ce  nom  \  «  Tun  d'eux  ,  dit 
Montaigne,  alla  jusqucs  en  Jc'rusalcm ,  pour  la ,  se  faire  fouet- 
ler  ä  deux  de  scs  valets ,  la  cliorde  au  col  ,  devant  le  sepulcre 
de  Nolre  Srieiiour.  » 


GENEVOIS.  261 

REFROUGNE ,  pour  refrogne. 

REGALE  (UNE),  un  regal,  un  festin.  On  disail 

aiitrefois  un  regale ,  du  vieux  mot  gale,  d'oii 

l'on  a  fait  gala. 

Le  beau  regale  pour  une  femme! 

(Dancourt,  Chev.  ä  la  mode.) 

Mais  quoi !  partir  alnsi  d'une  facon  brutale , 
Sans  me  dire  un  seul  mot  de  douceur  pour  regale! 

(MoLiERE,  Ainphyt,) 

REGAUFREE,  rebuffade. 

REGLET ,  TRANSPARENT  :  Se  sen>ir  dhm  reglet 
pour  ecrire. 

REGNAULT ,  REGNARD.  Ces  noms  propres  se 
pronoiicent  aujourd'hui  saus  faire  sentir  le^j 
011  dit  le  poete  Renard  ;  et  ce  nom  vient  sans 
doute  de  celui  de  Tanimal,  qui  s'ecrivait  autre- 
fois  avec  un  g : 

«  Oü  la  peau  du  lyon  ne  peut  suffire ,  il  y  fault  coudre  un 

lopin  de  celle  du  regnard»» 

(  Montaigne.) 

REGROLEUR ,  savetier  :  Portez  ces  souliers  au 
regroleur ^faites-les  REGROLER.  Dauphinois. 
Yoyez  Grolle. 

REGULLARITE ,  pour  regularite. 

REGICLER,  rejaillir;  du  latin  rejicio,  repousser. 
Terme  dauphinois ;  en  Languedoc ,  rejiscla. 

RELUCHER ,  pour  reluquer. 


262  GLOSSAIRE 

REMARQUER  :  Je  vous   remarqueral   que. .  .  ; 

dites :  Je  vous  ferai  remarqiier  que.  Voyez  Ob- 

server. 
REMBOÜilS ,   REMBOURSEMENT  :  Fous  prendrez 

votre  rembours  sur  Fans.  Vieux  frangais. 
REMEMORIER  (SE) ,  se  rememorer. 
REMOLION  ,  petite  lessive  :   Ce   n'est  qu'un 

remolion. 
REMONTANCE ,  petite  glissohe  pour  remonier 

ä  la  grande  :  Gare  sur  la  remontance! 
REMPETRER  (SE) ,  se  rengorger. 
REMPLIR  :  Remplir  son  but  ^  dites  plutut  :  at- 

teindre  son  but,  car  ou  neremplit  pas  un  but, 

on  l'atteint. 
REMUE  DE  GERMAIN,  pour  issu  de  germain, 

est  une  expression  populaire  j  aussi  Regnard  la 

met-il  dans  la  bouclie  d'une  servante  : 

II  a  lant  d'heritiers  le  bon  seigneur  Geronte , 
II  en  a  tant  et  tant,  que  parfois  j'en  al  honte  : 
Des  oncles  ,  des  neveux ,  des  nieces  ,  des  cousins. 
Des  arriere-cousins  remues  de  germains ; 
J'en  comptai  l'aulre  jour  en  llgnes  paternelles, 
Cent  sept  mäles  vivans,  juge  encor  des  femelies. 

( le  Lcgatairc.^ 

REMUER,  demenager,  changer  d' Appartement  : 
Quand  reniuez-vous  ?  Terme  gascon  ,  Lyon. 
Vaud.  et  Neucli.  Remuagiiim ,  dans  la  basse  la- 
iinitd,  et  remuagc ,  en  vieux  fran^ais,  se  |di~ 


GENEVOIS.  263 

saieiit  d'uii  droit  per^u  par  le  seigneur,  quand 
IUI  (biids  changeait  de  proprietairc  ,  oii  de  la 
luxe  qu'on  payait  an  mailre  dune  maison  ,  lors- 
que  le  locataire  la  cedait  ä  un  autre.  REMUEUR , 
celui  qui  nettoie  les  meubles,  et  qui  les  trans- 
porte  quand  on  demenage :  Nous  auons  les  re- 
niueurs. 

REN  ARD  :  Faire  les  renards  :  vomir  ;  en  frangais 
popnlaire ,  ecorcher  le  renard. 

'RENASQUER,  renäcler  :  Tuas  beau  renasquer, . . 

RENCONTRE  (UN)  une  rencontre. 

«  Le  mardi  suivant  (avril  iSai),  fust  un  gros  rencontie 
aupres  de  Vandouvre,  entre  ceulx  du  Foucigny  ,  ceulx  de 
de  Geneve,  et  des  gens  d'Aoste ,  et  furent  prins  des  gens 
d'Aost  un  grand  nombre.  » 

(BONNIVARD.) 

A  Lyon,  Ton  fait  aussi  ce  mot  masculin;  il  y 
a  meme  dans  cette  ville,  la  rue  Bon-rencontre. 
Vieux  fran^ais,  et  meme  suivant  TAcademie, 
on  peut  dire  encore  :  C'est  un  facheux  ren- 
contre. 
RENE  VIER ,  RENE  VIERE ,  celui  ou  celle  qui  fait 
des  amas  de  provisions,  qui  cache  des  effets,  qui 
prete  sur  gages.  On  appelait  autrefois  reneveis , 
reneuviers ,  les  usuriers  de  la  cainpagne ,  parce 
qu'ils  renouvelaient  le  contrat,  lorsque  les  em- 
prunleurs  ne  pouvaient  pas  les  rembourser. 


264  GLOSSAIRE 

REN  VERSER ,  en  parlant  d'une  voiture  :  Noiis 
auons  renperse  j  il  faiit  dire  :  Nous  ayons  verse. 

«  Le  carrosse  et  les  six  chevaux  renversent  l'homme  et  le 
cheval  cul  par-dessus  tete,  et  si  par-dessus,  que  le  carrosse 
<en  fut  verse  et  renverse.  » 

(StviGWE.) 

RENVOIS  j RAPPORTS,  AiGREURS  :  Les  raiionets  me 

donnent  des  renvois. 
REPAILLER ,  pour  rempailler  :  Donnez  ces  chai- 

ses  ä  repailler,  ä  la  REPAILLEUSE ,  dites  REM- 

PAILLEUSE. 

REPATRIER,  rapatrier. 

REPETASSER,  RAPETASSER. 

REPICOLER  (SE),  se  refaire,  se  remettre  :  // 
commence  ä  se  repicoler^  corruption  de  rei^l- 
coler,  fait  du  verbe  roman  rei>iscoula,  renaitre, 
ranimer,  dont  les  provinces  meridionales  ont 
conserve  l'usage. 

REPLAT,  PLATEAU,  terrainplat  sur  une  elevalion. 
Tenne  de  la  langue  romane. 

Enfin  la  voiture  atteignit  un  replat  de  bruyeres . . . 

Le  replat  sur  lequel  est  bäti  le  village . . . 

{Bibliot.  Brit.) 

REPLUMER  (SE),  se  remplumer. 
REPOCHONNER ,  reprendre  avec  la  cuiller  : 

Repochonner  la  soupe. 
REPRIN ,  RECOUPE ,  sorte  de  son ;  terme  roman 


GENEVOIS.  265 

qii'on  retrouve  dans  les  departemens  du  midi. 
RECOU ,  chez  iios  paysans ,  signifie  regain. 

Porvu  que  pliuve  a  la  mi  out, 
y  a  preu  rave  et  preu  recou. 

REPROCHER,  donner  des  Rapports  :  Je  ne  mange 
pas  du  chou ,  parce  quHl  me  reproche, 

REQUETE  :  Etre  de  regnete ,  etre  Recherche  , 
COTJRU  :  C'est  unjeune  komme  de  regnete ,  ilj 
a  beancoup  de  monde,  les  places  soni  de  re- 
gnete. 

REQUINQUILLER  (SE)  ,  se  requinquer.  Lyon. 

RESILLER,  tourner,  devenir  aigre  :  Ce  vin  com- 
mence  ä  resiller  (II  mouillees). 

RESSEMELAGE ,  carrelure;  toutefois  resseme- 
ler  est  frangais. 

RESTAURAT,  Boiste  dit  Restaurant,  etablisse- 
meiit  de  restaurateur. 

RESTER,  dans  le  sens  de  demeurer, loger ,  est  un 
gascoiiisme.  //  reste  bien  ä  venlrj  dites :  U  tarde 
bien  a  venir. 

RESTOUPAGE,  RESTOUPURE,  reprise.  RES- 
TOUPER,  reprendre:  Elle  restoupe  bien-j  c'est 
une  bonne  RESTOUPEUSE.  Cependant  Gattel 
dit  resioupage ,  expression  usitee  en  Flandre,  et 
Boiste  indique  le  v  erbe  restauper,  dans  le  meme 
sens. 

RETACONNER ,  rapiecer  :  Uti  hablt  tont  reta- 


-66  GLOSSAIRE 

conne.  Neüch.  Tenne  de  la  laiigue  roinane  , 
form(^  du  celtique ,  tacon ,  piece ,  morceaii ;  de 
la,  iiolre  Tacoimcrie ,  oü  se  lenait  autrefois  le 
marche,  aux  cuirs.  Voyez  nos  Recherches  sur  les 
noms  de  lieux. 

Boiste  indique  rataconer,  comme  appartenaiit 
au  frangais  populaire. 

UETOURNER,  pour  renvoyer;  terme  mercan- 
lile  :  Sivous  negardez  pas  cet  ejf'ct,  vous  me  le 
retournerez  par  premier  courrler.  Retourner,  em- 
ploye  comme  verbe  actif ,  signifie  lourner  d'un 
autre  sens. 

REVÄNGE  5  pour  REVANCHE  :  Prendre  sa  repange. 
REVANGER,  pour  revancher.  Repenger  est 
du  vienx  fran^ais  : 

«  Voyant  ä  coup  de  bec  sa  femme  l'outrager, 
Voudrait  bien,  s'il  pouvait,  d'elle  se  revenger.  » 
(Tb.  deCouRVAL,  Sat.  sur  Ics poignantes  traverses  du  mariage.) 

REVENETTE,  ricochet,  bricole  :  La  revenetlc 

en  est. 
REVTNIR ,  pour  redevenir  :  //  repient  jeune ; 

cetie  etojje  est  revenue  ä  la  mode. 
REVERCHON,  envie  .  petits  filets  qui  se  detachenl 

de  la  peau  aulour  des  ougles. 
REVIREE,  REV IRE-MARION,  rebuffade,  mor- 

NIFLE,  CO  LI  RS. 

RllABlLLEüR,  renoueur,  bailleul  :  L'hommc 


GIlNEVOIS.  hG-j 

du  PVaclie  est  un  Jameux  rhabllleiir.  On  dil 
pourtant  rhahiller  remcllre  iine  partie  kixee. 

KIBANDELLE,  ribambelle. 

mC  ET  RAG,  mc-A-Ric.Lyon.  üaiiph. 

lliEN  :  //  n^est  rien  complaisant j  il  ne  fall  ricn 
chaiidj  ilrJy  a  ricn  de  temps  queje  Faivuj  ccla 
Tief  alt  en  rien ,  ne  fait  de  rien ,  sont  des  phrases 
tlefeclueuses  qii'il  faut  remplacer  par  les  sui- 
vaiiles  :  11  ii'est  point  complaisant;  il  ne  fait 
poiiit  chaud;  il  y  a  peu  de  temps  ,  il  n'y  a  rien 
que  je  Tai  vu;  cela  n'importe  en  rien,  ne  fait 
rien.  On  doit  encore  eviter  de  joindre  a  ce  mot 
les  particules  pas  et  point. 

«  Tic  pas  mis  avec  rien  tu  fais  la  recidive; 
C'est ,  comme  on  te  l'a  dit ,  trop  d'une  negative.  » 
(MoLiÄRE,  Femmes  savantes.) 

RIEN  D'AUTRE.  Voyez  Autre. 

RIFLER,  RASER:  Cette  pierre  m^a  rifle  Ic  visage. 

En  roman,  rißer,  ecorcher;  en  anglais  riße, 

raser,  voler. 
RINCEE,  AVERSE ,  et  aussi,  reprimande,  conps. 
RINGER :  RincerdiL  linge,  pour  aiguayer  du  linge; 

rincer  ne  se  dit  que  de  la   va isseile  et  de  la 

bouche. 
RINGOLET,  RINGOLETTE,PROPRET,  propret- 

TE;  Sans  doute  de  Tallemand  reinige  propre. 
RINGUER,  SE  RINGUER,  rosser,  se  baitre;  de 

l'allemand  ringen ,  luller. 


268  GLOSSAIRE 

RIOLER ,  GRONDER ,  RABÄCHER  :  //  nefaü  que  rio- 
ler-  c^est toujours  la  meine  VAOLE.y oy .  Triole. 

RIOUTE  j  DEBAUCHE  DE   TABLE ,  TAPAGE.  Ell  \'ieux 

fran9als  ,  r'iote  ,  querelle ;  rloteux ,  querelleur ; 
faire  riote,  se  fdcher  : 

Si  ton  pere  tejait  riote , 
Si  lui  metz  sus  quil  radote. 

{Commaiidemens  de  V Antechrist  en  i/|86.) 

n  II  y  a  quelquefois  de  petites  hargnes  et  riottes  souvenl 
repetees,  lesquelles,  par  succession  de  temps,  engendrent 
de  si  grandes  allenations  de  volontes  eiitre  des  personnes , 
qu'elles  ne  peuvent  plus  ■vivre  ni  habiter  ensemble. « 

(Amyot.) 

Riote  signifiait  aussi  Theure  du  goüter,  Vheure 

de  rloie.  Racine  celtique,  not,  ryot,  querelle, 

debauche. 
RIOUTE,  LiEN  DE  fagot;  du  roman  rorte,  forme 

du  latin  retortus ,  tortu,  ä  cause  de  la  forme  de 

ces  liens.  En  Dauphine  ,  riorta. 
RIQUIQUI,  EAU  DE  viE  5  LiQUEUR :  Une goutte  de  rl- 

quiqui.  Dauph. 
RISKE,  pourRixE,  dispute. 
RISOLET,  RISOLETTE,  Rio teur,  rioteuse.  Vous 

eles  une  pciite  risolette. 
RITE,  CHANVRE,  FiLASSE  :  Une  quenouille  de  rite. 

Vaud. ;  en  Dauph.  risla. 
RITOURNELLE  (LA) ;  la  contre-revolution  ,  Ic 

relour  a  rancien  regime:  terme  usile  peiidani 


GENEVOIS.  269 

la  rev^olution  :  Faire  la  ritournelle  ^  faire  danser 

la  ritournelle. 
ROCANDER5  clemander  avec  importunite  :  //  est 

loujours  ä  me  rocander;  c^est  un  ROCANÜEUR 

eiernel^  du  latin,  rogans ,  qui  prie. 
ROGATION,  ROGATON  :  Un  rogdtion  de  pain. 
ROGE-POLET ,  se  dit  d'une  repetition  ennuyeuse  ; 

C'est  la  chanson  de  roge-polet,  rouge-poulet. 
ROGNE  :  Chercher  rogne  ä  guelqu'u?i,  lui  cher- 

cher  NOisE ,  chicane. 
RONCEMELER  ,  respirer  avec  efFort  :  Ecoutez 

comme  il  roncemelle, 
RONDION, Fable  ou  Tablette,  poisson  du  genre 

cyprin. 
RONFLE  (UNE),  sorte  de  toupie  creuse  qui  ronße 

en  tournant. 
RONGILLON ,  fruit  ronge  ,  reste  de  fruit. 
RONNER,  RONN ACHER  (prononcez  ron-ner, 

ron-nacher  ) ,  gronder,  rognoner,  RONNEE 

(prononcez  ron-nee) ,  gronderie  ,  rebuffade. 
ROTER  :  Cefoin  ri'apas  encore  rote ^  dites,  SUE. 

Faites  roter  ce  ?'izj  crever  est  le  mot  propre. 
ROUCHE ,  enrouement.  ENROÜCHE,  enroue  :  // 

a  un  peil  de  rouche,  vous  etes  hien  enrouche. 
ROUGEMAND ,  ROUGEMANDE,  rougeaud,  rou- 

GEAUDE  :  TJne  figure  rougemande. 
ROULEE  5  COUPS ,  rossee :  Tu  as  eu  ta  roulee.  ROU- 


270  GLOSSAIRE 

LER,  DUPER,  LEUßRER,  MYSTIFIER  :  Elle  Vajo- 

timenl  roule.  Fran9.  pop. 
ROUPE,  HOUPPELANDE  (/i  s'aspiue).  Terme  gascon; 

du  latin  barbare,  raupa^  ropa ,  sorte  d'hablt. 
ROUSSE ,  ROUSSEUR  :  Elle  a  le  visage  plein  de 

jousses.  Yaud. 
RUCLON5  sorte  d'engrais  sec  :  Aclieter  un  rucloiiy 

RUCLONNER  un  pre.  Au  pays  de  Vaud ,  rablon, 
RUETTE ,  RUELLE  :  La  ruette  du  Molard. 


GENEVOIS.  271 


OACHE  (UNE),  UN  grand  sag  ' ;  terme  de  la  lari- 
giie  romane  :  Une  sache  de  neuses  et  de  nii- 
gcttes ,  un  sac  de  noix  et  de  noisettes.  Les  Ge- 
nevoises  appellent  SAC  DE  IVUSERE ,  le  sac  dans 
leqiiel  elles  serrent  leurs  chiffons. 

SxVCRE  :  Trapailler  comme  un  sdci'e ,  c'est-adire 
comme  un  for^at. 

SACREPAN,  poiir  sacripan,  forme  du  Sacripante 
de  l'Arioste. 

SAGATERIE ,  boucherie  pour  la  basse  viande.  Sa- 
gatta est  Uli  terme  romaii  qui  signifie  massacrer, 
et  Ion  dit  eiicore  eri  Provence  sagatar,  poignar- 
der.  Ce  mot ,  suivant  l'auteur  du  Vocabulaire 
proven^al,  est  usite  parmi  les  Juifs,  pour  expri- 
mer  la  maniere  dont  ils  tuent  les  moutons ,  selon 
l'ancienne  loi. 

SAIGNE  (UNE) ,  une  saign:^e.  En  langue  romane 

1  II  est  bon  de  remarquer  ici  que  le  mot  sac,  soi'ti  de  la 
racine  cellique  sack,  ou  de  l'hebreu  soK  ,  est  ä  pcu  pres  le 
meine  dans  la  plupart  des  idiomes  de  l'Europe,  et  qu'on  le 
rctrouve  dans  plusieurs  langues  orienlales. 


272  GLOSSAIRE 

saignie ,  coinme  le  disent  encore  iios  paysaiis. 
Vaud. 

SAINQ  ET  SAUF ,  sain  et  sauf  ;  ce  q  est  encore 
une  lettre  euphonique  dont  le  peiiple  fait  usage 
poiir  eviter  un  son  nasal.  Voyez  rarticle  Der. 

SAINFOIN ,  pour  luzerne  ;  nous  confondons  sou- 
vent  ces  deux  sortes  de  graines  ou  de  fourrages. 
Le  sainfoin  se  nomme  aussi  en  France ,  espar- 
cette  ou  pellagra. 

SAINT  FRISCAirs  :  Manger  son  saint  friscain , 
sonfriscain ,  se  ruiner. 

SALEE,  Sorte  de  galette  aux  oeiifs. 

SALIGNON  j  MOTTE  A  BRÜLER ;  en  frangais ,  ce  mot 
signifie  pain  de  sei :  Pain  salignon.  Vaud. 

SALIGOT ,  SALIGOTE  ,  saligaud  ,  saligaude  : 
C^est  une  petite  saligote  ^  comme  vous  af^ez  SA- 
LIGOTE cette  rohe. 

SALONGLER,  rosser.  SALON GLEE,  coups.  En 
langue  romane  chalongner,  rosser. 

SALVAGNIN,  SERVAGNIN,  vin  rouge  du  pays 
que  nous  devons  ä  un  plant  de  Bourgogne.  En 
Franche-Comte  le  Savignin  est  un  raisin  tres- 
estime.  L'abbe  Rosier  parle  de  differens  vigno- 
bles  de  la  France  oü  sont  cultives  le  sauvignen, 
le  sen>ignen ,  le  savagnien.  Le  savouiet,  savoyet 
de  nos  environs  est  un  raisin  rouge  fort  ordi- 
naire,  mais  qui  rend  beaucoup. 


Il 


GENEVOIS.  273 

SANGSUIE,SANGSUE. 
SANGUINAIRE ,  pour  sanguin  :  Un  temperam- 

ment  sanguinaire, 
SANS  DESSUS  DESSOUS,  ecrivez,  sens  dessus 

DESSOUS. 

SARDAGNE ,  pour  sardaigne  :  L'Ile  de  Sardagne, 
SATURNE ,  TACiTURNE  :  II  a  Vair  tout  saturne. 
SAU,  SUREAU  :  Du  hois  de  saii.  En  langue romane, 
seu  j  sahue : 

La  rose  lesse  pour  l'ortle, 
Et  l'esglantier  por  le  seu. 

(Gautier  de  Coinsini,  12  et  iS.™^  siecle.) 

Seu  se  dit  encore  en  Dauphine.  Espagnol ,  sauco, 
SAUMACHE ,  SAUMATRE  :  Cette  eau  a  un  goüt  sau- 

mache ,  de  saumache, 
SÄUME,  ANESSE;  du  latin  barbare  sauma  : 

Qucedam  sauma  vendita  cum  basto  suo  et  ornamentis. 
{Chron.  du  mojen  dge.) 

Terme  lyon.  et  dauph.  En  Italien,  somaro,  un 
ane. 

SAU  VE ,  SAUVE  :  Le  voilä  saui^e!  Sauve  est  le  fe- 
minin de  l'adjectif  sauf :  La  vie  sauve,  vie  et 
bagues  sauves. 

SA  VATER,  SAVETER,  gater.  Nous  le  disons  aussi 
pour  deranger,  incommoder  :  Ce  vin  m'a  sai^ate 
le  coeur. 

SAVIGNON,  cornouiller  sanguin. 

18 


274  GLOSSÄIRE 

SAVOIR  A  DIRE,  faire  savoir,  informer  :  Je 
vous  le  sanralddireGsl  un  barbarisme  dephrase. 

SAVOISIEN,  ce  mol,  comme  nom  generique  des 
habitans  de  la  Savoie,  devrait  rcmplacer  celui 
de  Sapojard ,  que  Boiste,  dans  iine  autre  accep- 
tion ,  fait  synonyme  d'homme  sale  et  grossier. 
All  reste,  Savoisien,  Savoisienne,  ne  sont  pas 
des  termes  nouveaux  dans  la  langue  fran^aise  : 
Clement  Marot  a  dit  : 

Confortez-moi  Muses  savolsiennes 
Le  Souvenir  des  adversitez  miennes. 

H.  Estienne  ecrit  Sauojen. 

SAVONNADE  (UNE),  pour  i'N  savonnage. 

SAVOUREE,  SAVOREE  ou  sariette. 

SAXIFRAGE ;  nos  fleurlsles  disent  le  saxifrage  , 
mais  le  nom  de  celte  plante  est  feminin. 

SCELLES  :  Mettre  les  scelles  j  dites,  le  SCELIE. 

SEBER;  un  ecoiier  dit  qu'il  est  sehe ,  lorsqu'il  a 
perdu  tout  son  argent  au  jeu. 

SECIIARD5  VENT  DU  nord-est;  Rousseau  en  parle 
dans  sa  Noui^elle  Heloise. 

SECHE  :  Faire  Vheure  seche ,  boire  un  coup,  man- 
ger un  morceau  entre  le  dejeüner  et  le  diner. 
Ce  terme ,  qui  est  connu  au  pays  de  Vaud ,  ne 
vient  pas  de  seche ,  feminin  de  sec,  mais  de 
Vallem.  zechen,  cliopiner;  Zechhaus,  cabaret. 

SECHOT ,  CHABOT ,  coHus  gabio  ,•  ä  Yverdon ,  iete- 


g]£nevois.       '  275 

ä-maillot,  SECHOTER,  prendre  des  chaeots, 

et  SECHOTIERE ,  fourchette  fichee  a  un  bäton 

pour  les  piquer. 
SECONDER ,  SECONDAIRE ,   SECOURIR  ,  SE- 

COURS,  SECOUSSE  ;supprimez  laccentsur  l'e  ; 

dites  aussi  secret  ,  secretaire  ,  et  non  pas ,  se- 

cret ,  secretaire,  et  SÜREMENT,  au  lieu  de  su- 

rement. 
SECOUPE ,  soucouPE.  Vaiid. 
SEICHE ,  Sorte  de  flax  et  de  reflux  particulier  a 

notre  lac,  et  a  quelques  autres. 
SEILLE ,  SEAU.  Ce  terme  du  vieux  frangais ,  forme 

du  celtiq.  seilh  (et  non  du  grec  segia ,  comme  le 

croit  M.  Mollard  de  Lyon ', )  est  encore  en  usage 

dans  quelques  departemens.  Vaud. 

Apres  avoir,  au  partlr  de  Marseille, 

Pris  du  biscuit  et  de  l'eau  mainte  seilte.. .. 

(La  Borderie,  i5o7.) 

SEILLOT,  petite  seille.  Jacques  Flournols,  dans 
son  Extrait  des  registres  latins  du  Conseil,  cite 
par  M.  Grenus,  fait  usage  de  ce  terme  : 

On  ordonna  que  tous  les  seittots  que  donneraient  les 
bourgeois.  . . 

Ces  seillots  etaient  des  seaux  de  cuir.  En  i535, 
la  bourgeoisiesepayait  quatre  ecus  d'or,  et  unum 
seillotum  correi  bolocti. 

1   Mauvais  langage  corrige,  4-^  edition. 


2"^G  GLOSSAIKE 

SELPETRE ,  SALPfiTRF. 

SEMEiNS,  pour  semences  :  De  bons  semens. 

SENTINELLE  (UN)  une  sentinelle  :  Poser  un 
sentinelle,  L  Academie  dit  cependant :  Plusieurs 
Ibnt  ce  mot  masculin ,  ce  qui  semblerait  per- 
mettre  les  deux  genres ;  Boiste  les  autor ise  pour 
la  poesie. 

SENTU,  pour  SENTi,  du  .  rbe  senlir.  Cetle  ex- 
pressiou ,  qu'on  retrouve  parmi  le  bas  peuple  et 
chez  nos  paysaiis,  apparlieni.  au  vieux  fran^ais, 
comme  toussi  pour  tousse;  voyez  ce  mot. 

SERACEE ,  SERET ,  laitages  du  pays  ,  especes  de 

CAILLEBOTTES.  Vaud.  Neudi.  Du  latiii  serarius , 

de  petit  lait;  seresco ,  se  tourner  en  petit  lait. 

Rousseau ,  dans  sa  Noui^elle  Helo'ise ,  parle  de 

grus  et  de  seracee ,  et  Boiste ,  qui ,  comme  nous 

lavons  deja  observe ,  a  soigneusement  recueilli 

tous  les  idiotismes    de  notre   illustre  compa- 

triote  ,   traduit  ce  dernier  terme  par  le  mot 

frangais  brocotte,  partie  caseeuse  et  butireuse 

du  petit  lait. 

SERAILLE,  SARAILLE;  se  dit  d'une  arme  a  feu 

qui  rate ,  qui  fait  long  feu  :  Monjusü  afait  se- 

rß/Z/cLangued.  sara'iaj  peut-ötre  du  latin.^ene.9, 

continuite. 

SERCLER,  SARCLER.   SERCLORET,  petit  sar- 

'        CLOIR,  SERFOUETTE. 


GENEVOIS.  377 

SERIN  GUE,  POMPE  A INCENDIE;  pompe  a  feii  serait 
mal  dit ,  parce  que  ce  terme  doit  servir  a  desi- 
gner  une  machine  hydraulique,  mise  en  jeii  par 
la  vapeiir. 

SERBIEN TjSARMENTjbois  de  la  vigiie.  Lyon.  Vaud. 
Neucli. 

SERPENT  (UNE),  un  serpent. 

SERVANT  (UN) ,  un  revenant  ,  m  lutin.  Vaud.' 

SERVANTE,  Instrument  de  cuisine  qui  soutient 
le  poelon  pendant  qu'on  fait  bouillir  le  lait.  Dau- 
})hinois. 

SERVICE,  COUVERT  :  Mettez  un  seri^ice  pour  moji- 
sieur.  Service  ne  doit  se  dire  que  pour  la  quan- 
lite  de  vaisselle  oude  linge  qu'il  faut  pour  servir 

1  Dans  un  ailicle  interessant  sur  la  my thologie  de  nos  Alpes, 
le  Conservaleur  Suisse  atlrlbue  l'origine  des  seivans  de  ces  con- 
trees  aux  sjlvateqiies  champetres  des  anciens  Germains,  divinites 
invisibles  qui  j>renaient  soin  de  la  maison  de  leurs  adorateurs. 
Nos  servans ,  ajoute  l'aufcur  de  cet  article ,  sont  plus  malins 
que  mechans,  et  fönt  plus  de  mal  que  de  bien  :  ils  gardent 
Je  betail ,  fönt  prospercr  lejardin,  et  rendenl  parfois,  sans  se 
montier,  de  petits  Services  doraestiques;  mais  ils  prennent  de 
riiumeur,  fönt  du  tapage,  et  pendant  la  nuit,  mettent  le  de- 
sordre  dans  les  meubles,  lorsqu'oii  oublie  de  leur  faire  une  li- 
balion  ,  en  jelant  de  la  main  gauche ,  luie  cuilleree  de  lait  sous 
la  table.  M.  Bridcl  a  vu  lui-meme  pralif[uer  celte  ceremonie 
par  des  beigers  des  liautes  Alpes. 

Lcs  niemes  su[>erstilions  sc  rt-lrouvent  rhez  divers  peupks 
du  Nord,  <L  Do  Manhangy  assure,  qu'au  14-""'  siecle  il  en 
exislait  de  seinbiahlcs  parini  les  prcheurs  de  la  Normandie. 


278  GLOSSAIRE 

une  table ,  ou  pour  le  nombre  de  plats  qu  on  y 
sert  a  la  fois.  La  cuiller  et  la  fourchette  reunies 
se  nomment  aussi  un  couvert, et  non  un  sewice. 

SI  ;  //  est  si  aime  j  si  ne  modifie  pas  bien  un  par- 
ticipe  ;  mais  si  tendrement  aime  n'offrirait 
aucune  incorrection.  Si  ne  se  met  pas  non  plus 
devant  un  subslantif :  J*ai  eu  sifroid  que. . .  ; 
j'ai  sifaim. . .  ;  il  faut  dire  :  J'ai  eu  tellement 
froid. . .;  j'ai  tellement  faim. . . 

SIAU,  SEAU  :  Un  siau  d^eau.  Roman,  saiauy  seiaj. 
Terme  vaudois,  dauphinois  et  paris.  pop. 

SICLER,  voyez  cicler. 

SIFFLASSON;  petit  plongeon,  colymhus  stella- 
tus.  SIFFLET5  MO  YEN  PLONGEON,  coljmbus  im- 
her.  Rousseau ,  dans  sa  Noui^elle  Helo'ise ,  parle 
de  sijßassons 3  de  gros-si^ets ,  de  iiou-tious\ 
de  crcnets. 

SIGNER   (SE),    SIGNER,    APPOSER    SA    SIGNATURE  : 

S'est-il  signe?  Oujaut-il  que  je  me  signe?  Se 
signer  signifie  faire  le  signe  de  la  croix. 

SIGOÜGNER,  voyez  Cigougner. 

SLMOLAT, SEMOULE ;  de  l'ical.  semolaj  a  Lyon,  ^i- 
mouille. 

SINGULIARITE,  pour  singularit^. 

I  Le  tiou-tiou,  ainsi  nomine  de  son  cri ,  est  le  cul-blanc  de  ri- 
Tierej  Ic  cremt  est  un  courlieuj  voyez  Louis. 


GENEVOIS.  279 

SIOUTE  (A  LA),  A  l'abri  ,  a  couvert;  de  Titalien, 
aW  asciutto^  au  sec;  ou  du  romari  essoute ,  lieu 
ou  Ton  se  met  a  l'abri ;  et  non  du  grec  cholos  y 
comme  le  dit  E.  Bertrand'.  Patois  de  Fribourg, 
sota;  Yaud.  et  Neuch.  la  chottaj  en  Franche- 
Comte  soute ,  et  en  Dauphine,  souia  :  se  bita  d 
la  souta,  se  mettre  a  l'abri. 

SISTANCE  5  contraction  de  subsistance  :  N*auoir 
pas  sistance  au  monde ,  etre  denue  de  tout. 

SMOUTER,  terme  rural,  fouler  le  raisin  :  Smou- 
1er  dans  la  brande. 

SOIENT;  ne  prononcez  pas  quHls  soi-ie ,  mais 
qd'ils  soa  ;  et  ne  dites  pas  qu'il  sojCj  mais  QU'il 
SOIT ;  quelques-uns  prononcent  sait :  quoi  que  ce 
saity  oü  que  ce  sait  j  et  un  endrait,  pour  un  en- 
droit,  craire  pour  croire;  ce  sont  de  mauvaises 
manieres  de  s'exprimer.  II  en  est  de  möme  des 
mots  adrait ,  adraite ,  pour  adroit,  adroile  :  on 
ne  dirait  plus  avec  Moliere  : 

«  D'abord  j'apprehendai  que  celte  ardeur  secrete 
Ne  fut  du  noir  esprit  une  surprise  adroite,  » 

{Le  Tartufe.) 

SOIR  :  Hier  ä  soir^  deniain  ä  soir  j  dites  hier  au 

SOIR,  DEMAIN  AU  SOIR. 

SOLEMNEL,  SOLEMNITE,  ont  vieilli ;  ecrivez 

I   Recherches  sur  les  langaes  de  la  Sulsse ,  Gcnev'C  1758. 


28o  GLOSSAIRE 

SOLENNEL ,  SOL'ENNITE ,  et  pronoiicGz  solanel ,  so- 
laniie  ;  solaniser,  solanellement. 
SOLI ,  FENiL  5  GRENiER  A  FOiN ;  eil  Franche-Coiiite , 
jow/i>r;,langue  romane,  soliei'j  forme  du  celti- 
que  souly  paille,  chaume;  loa  solierde  soure  la 
jnaxoTiy  le  grenier  au-dessus  de  la  maison. 

Quant  la  court  li  Roi  fust  i  ostee  , 
Moult  vissiez  belle  assemblce, 
Les  Mareschaux  oster,  livrer 
Soliers,  et  chambres  delivrer , 
Et  ceux  qui  n'avoient  ostex 
Faire  loges  et  tendre  tex. 

(  Rom.  d'Anxüs. ) 

SOLlCISMEjSOLECISME. 

SOTIFIER  5  RENDRß  SOT,  ATTRiSTER  :  cette  nou- 

velle  Va  bien  sotlfie, 
SOÜCILLEUX ,  souciEUx  :  il  a  pris  un  air  sou- 

ciUeux.  Sourcilleux  ne  se  dit  plus  qu'au  figure  : 

monts  sourcilleux. 
SOUCIS  (LES),  LES  souRCiLs.  Lyon. 

SOUHÄITEPi;  ne  prononcez  pas  souhaterj  ni  sjn- 
tome  pour  Symptome,  et  dans  suspect,  circons- 
pcct  j  prononcez  ia  derniere  syllabe  pek, 

SOULIAUD ,  soÖLALD  :  vilain  souliaud  l 

SOUPATOIRE  :  gouter  soupatoire ,  goüter  qui 
tient  lieii  de  soupev. 

Boiste  dit :  dincr  soupatoire,  tcrine  burlcsquc. 


GENEVOIS.  281 

SOUPOUDRER,  SAUPOUDRER. 
SOURDIR ,  pour  sourdre  :  On  voit  l'eau  sourdir 
de  tous  cotes  a  Spolette. 

{Mein,  de  Goethe  ,  trad.  d'AuiiERT  de  Vitry.  ) 

SOUTENIR  des  relations  :  J'ai  long-temps  sou- 
tejiu  des  relations  fort  agreahles  apec  lui.  Sou- 
tenir  indique  une  sorte  d'etfort  qui  ne  convient 
pas  a  cette  acception.  Ori  dit  soutenirune  cause, 
une  discussion ,  une  absurdite.  «  Ne  vous  char- 
gez  pas  d'avoir  une  haine  a  soutenir.  « 

(Sevigne.) 

SOUVENIR  \  failes-leur  soiwenir  que....-,  dites , 
failes  LES  soiivenir  que....  Faire  souvenir  doit 
toujours  etre  accompagne  d'un  regime  direct. 

SUCLER,  GRILLER  ,  BRÜLER  ;  Je  mc  suis  sucleles 
chepeujc  ä  la  chajidelle ,  ce  ragoüt  esttouisucle. 
En  provengal  Mjc/fz ,  flamber  ,  griller,  etuscle^ 
brülure.  Celt.  biicJa ,  passer  a  la  flamme  du  feu, 
Selon  Champollion  Figeac. 

SUISSE  ,  SUiSSESSE.  Boiste  indique  siUssesse 
feminin  de  Suisse  :  Regnard,  dans  sa  comedie 
des  Souhaiis ,  met  au  nombre  de  ses  person- 
nages  une  Suissesse,  et  Voltaire  appelle  la  Julie 
de  St.  Preiix,  U7ie  grosse  Suissesse.  D'autres 
ecrivTnt  Suisse^  au  feminin  comme  au  mas- 
culin :  i<  Ln  jour  que  ces  belles  servanl.es  suisscs 
passaient  a  cote  de  moi....  » 

[Pens,  du  Priiice  de  Ligtie  ,iiubLpar  Mad.  de  Sxael.) 


282  GLOSSAIRE 

SÜlTE  (DE)  poiir  tout  de  suite  :  Je  pariis  de 
sulie  pour  nie  rendre  aupres  de  hü.  De  suite  rie 
signifie  pas  siir-le-champ,  incontiiient ,  mais  , 
Tun  apres  lautre  ,  sans  interriiption.  Toutefois 
cette  fa9on  de  parier  est  tellement  usitee  au- 
jourcrimi ,  qu'on  ne  saurait  1  envisager  comme 
une  faule. 

SUR  :  J'ai  lu  sur  la  gazeite  que....,  ü  est  siir  la 
Feuille  d'ai^is  ;  dites,  DANS  la  gazette,  DANS  la 
Feuille  d'avis. 

SURLOUER,  pour  souslouer  :  11  surloue  la  mciiie 
de  son  apparlement,  Surlouer  signiliait  autre- 
fois  louer  au-dessus  de  la  valeur  reelle. 

SUSPENTE ,  souPENTE  :  Les suspenies  dhine  loi- 
ture  y  rnetiez  cela  sur  la  suspente. 


GENEVOIS.  :283 


T. 


X  ABAC  :  Ils  (les  Genevois  )  articulent  le  marc 
du  raisin,  comme  Marc  ^  nom  d'homme ;  ils 
disentexactement  du  iabak,  et  noii  pas  du  taba, 

(J.  J,  Rousseau.) 

D'OIivet,  De  Wailly  et  Gattel  veulent  aussi 

que,  dans  lediscours  familier,  on  ne  fasse  point 

sentir  le  c  final  de  ces  mots. 
TABELLE  pour  tableau  ,  dans  le  sens  de  liste  , 

feuil]e,catalogue.  Prenez  la  tahelle^  inscrwez-le 

siir  la  iahelle. 
TABLA,  RAYON;  dulatin  tabula,  planche.  Vaud. 

Neuch. 
TABLE  :  Etre  table ,  avoir   le   partage  egal   des 

votes.    Vo}ez  detabler,  Metire  la  table  j  dites, 

mettre  le  couvert. 
TABLEE,  reunion  de  convives  ;  T^oilä  une  belle 

iablee !  Tabler,  dans  le  sens  de  tenir  table  est 

un  verbe  cree  par  Moliere : 

Failes  treve,  messieurs,  ä  toutes  vos  surprises, 
Et  plcins  de  joie,  allez  tablcr  jusquä  demain. 

{^Amphyt.  ) 


284  GLOSSAIRE 

TABLETTE  ;  pastii.le  est  mieux ;  tablette  est 
pliilut  un  terme  de  pliarmacie.   TABLETTES 

A  LA  BISE,  PASTTLLES  A  LA  MENTHE. 

TACHE/CLOU  DE  SOULIER;  du  celtique  lach,  clou, 
et  generalement  lout  ce  qui  accroche ,  qui  ar- 
rete  ;  de  la  le  verbe  frangais  attacher  ,  elc.  Les 
Normands,  les  Auvergnats,  les  Dauphinois,  les 
Languedociens,ont  aussi  conserve  ce  terme  avec 
les  desinerices  propres  a  leurs  dialectes.  Espa- 
gnol, /ac/?oj  patois  du  caiitonde  Vaud,  tatsche. 

TACHE,  au  masculin,  est  un  solecisme  :  As -tu 
fait  ton  tdche? 

A 

TACHER;  iie  construisez  pas  ce  verbe  avec  que  : 
Je  idcherai  que  vous  soyez  content^  diles ,  je 
tacherai  de  vous  conteuter.  Je  ne  lui  ai  pas 
iäche  est  aussi  une  phrase  vicieuse ;  diles  ,  je  ne 
Tai  pas  vise. 

TACONNET,  tussilage  ou  pas  Dane,  planle  me- 
dicinale. 

TAGT;  prononcez  le  c  el  Ic  /,  et  ne  dites|  pas  : 
Elle  a  heaucoup  de  Lac. 

TAFENIAN,  nigaud,  dadais. 

TAlLLERINSj  sortede  vermicelloplat  ;du  genois, 
tagliarini. 

"  Un  pilau  ä  la  milanaisc  ,  des  taillains  ä  la  Corse ,  va- 

"  Iciit  micux  pour  inoi  que  toulcs  les  inciveillcs  <Jc  l'art  de 

«  ßauvillers.  « 

(jVArof.EON,  i\lcni.  (V Anloiuinaixhi.) 


GENEVOIS.  285 

TAILLEUSE;  tailleuse  en  hom?ne,  couturi^re  eii 
habits  d'homme,  ou  tailleuse  pour  homme.  Vaud. 
Noiis  appelons  reassujetie  tailleuse,  une  jeune 
fiUe  qui  5  ayant  fini  son  apprentissage ,  travaille 
encore  avec  la  maitresse  pour  se  perfectionner. 

TAL  AR ,  PELLSSE ,  ROBE  FOURREE.  Eu  latin,  talaris 
vestis^  longue  robe;  Rabelais  dit ;  rohe  talaire, 
Tahar  y  en  celtique,  a  la  meme  signification ; 
de  la  Tabarin,  charlatan  du  17^  siecle,  a  cause 
du  manteau  qu'il  portait. 

TAMBOURNER,  pour  tambouriner.  TAMBOUR- 

NIER ,  pour  TAMBOUR. 

TAMER,  ETAMER.  Vaud.  Cettepoeleest  maltamee. 
TAMPONNE,  TAMPOUNE,  debauche  de  table  , 
TAPAGE  :  Ils  ontfait  la  tamponne  ioute  la  nuit  • 
T^ous  ai^ez  bien  TAMPONNE.    En  Italien,  far 
tempöne  y  signifie  se  divertir ,  faire  ripaille.  Les 
Dauphinois  disent  tempena,  et  les  Provencaux 
faire  la  iampouno, 
TANNER,  battre,  rosser ;  terme  employe  pen- 
dant  la  revolution  :  il  a  ete  tanne  j  c'est  un  des 
tanneurs  de  1794« 
TANT  ,  employ^  dans  le  sens  de  si  :  C'est  tant 
bon  !  II  est  taut  bete  qu'il  croit  tont  ce  qu'on 
lui  dit,  TANT  PLUS ,  TANT  MOINS  :  Tant 
plus  on  lui  donne ,  tant  moins  il  est  content : 
il  suftit  de  dire  :  plus  on  lui  donne,  moins  il  est 


286  GLOSSAIRE 

content.  J^y  vais  iant  moinsque  je  peux  ^  dites, 
le  moins  que  je  peux. 

TANTOT  (LE) ,  Tapr^^s-midi  :  Revenez  ce  tantot; 
yaime  mieux  j  aller  le  tantot.  Tantot  est  un 
adverbjB  de  temps  et  non  un  substantif.  En  lan- 
gue  romane,  on  dit  aussi  le  tantost^  et  en  lan- 
guedocien ,  lou  tantos,  Vaud. 

TAPÄSSEE ,  AVERSE ,  FORTE  ONDEE.  Vaud.  A  Neu- 
chatel,  une  tapee^  a  Lyon,  wie  radee.  Ce  mot 
vient  du  francais  populaire  taper.  Un  helleniste 
a  dit  serieusement  qu'il  se  forme  ,  par  meta- 
these,  du  gvec,  patasso^  je  frappe  avec  fracas. 

TAPEE ,   GRANDE    QUANTITE  ,    RIBAMBELLE    :     Une 

iapee  de  monde  ,*  une  tapee  de  rnarchandises, 
Lyon. 

TAPET  5  le  TRAQUET ,  petit  oiseau  du  genre  des 
becfigues. 

TAPETTE,  BATTOIR  :  Les   tapettes   des  lavan- 

dieres i  un  menlon  ä  tapetie.  Ce  mot,  pris  au 

figure,  signilie  aussi  chez  nous,  la  langue,  une 

personne  babillarde  et  medisante  :   C'est  une 

Jameuse  iapette  ^  tiens  ta  tapetie  au  cliaud. 

TAPIN  (UN),  UNE  TAPE. 

TAPtABUSQUER,  pour  tarabuster. 
TARANTE  ,  terreur  panique  :  II  a  eu  lä  une 

Jiere  tarente» 
TARIMARA,  vacarme,  brouhaha.  Rabelais  dit 

carjjnara. 


CxENEVOIS.  287 

TARTRE  (DE  LA)  pourDU  tartre:  Latartredes 

dents. 
TASSON,   TAissoN,  BLAIREAU.  Latin  iaxo ,  ital. 

tasso. 

TATA  :  Vous  voilä  bien  siir  voire  lata  ;  c'est-a- 
dire ,  bien  beau,  bien  pare. 

TATOUILLE,  RATATOUILLE,  piquette  ,  m- 
POPEE.  Paris,  pop.  üauph.  Langued. 

TATTES,  TEXTES,  TEPES,  terra  in  enfriche. 
Le  mot  steppe ,  vaste  plaine  inculte  ,  est  d'ori- 
gine  russe;  ies  Allemands  et  les  Fran^ais  Tont 
adopte ,  mais  nos  lexicographes  ne  Tindiquent 
point  encore. 

TAULEE  ,  TOLEE ,  troupe  ,  quantite  :  Cette 
chienne  afait  une  tolee  de  petits.  Terme  roman^ 
qui  signifie  troiipe ,  bände ,  et  aussi ,  comme 
dans  plusieurs  provinces ,  une  tablee  ;  du  celti- 
qiie,  taul,  table;  en  langiie  romane  ,  s'atauler, 
signifie  se  mettre  a  table  ,  s'attabJer;  et  touaillcy 
une  nappe. 

TA  VAN  5  TAON  (  prononcez  tan  ).  Ce  terme  de  la 
langue  romane  esl;  aussi  en  usage  dans  les  pro- 
vinces meridionales;  les  Francs-Comtois  disent 
iauin;  espagnol,  tai^ario;  itaWeu,  tafano.lSeuch. 
et  Vaud. 

TAVILF^ON ,  BARDEAU ;  du  latin  tabula,  planche, 


288  GLOSSAIRE 

ou  du  celt.  taul^  table,  mot  conserve  dans  le  pa- 
tois  de  Besannen. 

«  Quelques  habilations  appartenantes  aux  chefs  etaient 
«  plancheiees,  et  couvertes  en  tavillons.  » 

{^Bibliot.  Britan.) 

En  Franche-Comte  tauailJon. 

TilCHE  ^    TAS,   MONCEAU,   MEULE   DE  FOIN  :    On  a 

commence  ä  prendre  dans  cette  leche,  Voyez 
entecher. 
TEL  ET  QUEL ,  pour  tel  quel  :  Voilä  votre  ur- 
gent tel  et  quelj  je  vous  la  rends  teile  et  quelle» 
TEL  QU'IL  SOIT ,  pour  quel  qu'il  soit  :  don- 
nez-le-moi  tel  qu'il  soit;  je  la  prendrai  teile 
qu'elle  soit.  —  Teiles  considerables  que  soient 
ces  depenses....  (Exp.  suc.  des  seances^  etc.  1 824)? 
il  fallait  dire :  quelque  considerables  que....  Cette 
locution  se  retrouve  dans  Corneille  : 

A  tel  prix  que  ce  soit,  il  m'en  faut  acheter. 

(  Le  Menteur. ) 

Aujourd'hui ,  tel  que  sert  a  la  comparaison , 
et  regit  toujours  Findicatif. 
TEMPLES  (LES) ,  les  tempes.  Vieux  franfais  ; 
Chapelaln  dit  en  parlant  d'Agnes  Sorel  : 
En  la  plus  haute  part  d'un  visage  Celeste, 
Les  glaces  lui  fönt  voir  un  front  grand  et  modeste, 
Sur  qui  vers  chaque  temple ,  ä  Bouillons  separes, 
Tombent  les  riches  flots  de  ses  clieveux  dores. 

TEMPS ;  passezparlä ,  vous  aurez meilleur  temps. 


GENEVOIS.  089 

c'est-a-dire ,  vous  abregerez,  vous  accourcirez 

le  cliemin. 
TERGETTE,  pour  targette.  Lyon.  Vaud. 
TEFvJACLE  (DU) ,  de  la  theriaque.  Nicot  ecrit 

tili  tliriacle,  et  Rabelais,  du  iheriacle j racine  cel- 

Uque  triagl  : 

Pour  son  plaisir  ,  non  d'argent  trop  miiny, 
Faifcu  alla  ,  d'esprit  non  immuny, 
Chez  les  Bretons  vendre  son  tyriacle , 
En  se  vantant  qu'il  guerit  de  tous  maux. 

( BoRDiGNK ,  1 6«  siede. ) 

Tous  ces  beaux  suffisans  dont  la  cour  est  semee, 
Ne  sont  que  triacleurs  et  vendeurs  de  fumee. 

(Regnif.r.) 

TERRAILLE,  vaisselle  de  terre,  poterie.  TER- 
R ASSIER,  POTiER  de  terre  ;  en  roman,  teraülon^ 
terme  qiii  se  retrouve  dans  le  pays  de  Vaud. 
ün  terrassier  est  uri  oiivrier  qui  travaille  aux 
terrasses,  qui  transporte  des  terres.  TERRAS- 
SIERE,  poterie,  fabrique  de  pots  de  terre. 

TERRE,:  meitie  ,  poser  par  terre;  dites,  A  terre. 
Quand  Martine  (Medecin  malgre  lui),  dit  a 
Sganarelle  son  mari  :  J"ai  qiiatre  pauvres  petits 
enfans  sur  les  bras ,  cekii-ci  repond  :  mets-les 
A  terre  ,  et  non  pas  par  terre. 

TETIERE  ,  chevet  :  La  tetiere  du  lit. 

TUE  ;  quelques  puristes  veulent  qu'on  dise  :  pren- 

19 


2C)ü  GLOSSAIKK 

clre  du  Hie,  servir  du  Hie,  et  noii  pas  ,  preudre  , 
servil-  le  the.  Cependant  nous  lisons  dans  les 
comedies  d'Alex.  Duval  : 

Charles,  dis  a  nia  socur  qii'on  va  servir  le  thc. 

THETIERE ,  pour  theiere  :  «  Une  table  a  the  cou- 
verte  de  trois  tasses ;  la  thetiere ,  etc.  » 

[Noiw.  Hei.  edit.  de  Neuchdtel,  p.  xx. ) 

TlENS-TOl  BIEN,  jeu  d'ecoiier,  en  fraiicais,  le 
CHEVALFONDU,et  TIRE-POiL,  la  gribouillette. 

TILLOL  ,  TILLOT,  pour  tilleul  :  höbe  sur  le 
tillot.  En  romau,  tllloel,  tilloet. 

TINQUET,  TIGINON,  lopin,  qtjignon. 

TIPONNER,  CHIFFONNER  ^  TIRAILLER. 

TIRANT ,  TiRom. 

TIRE-GOUINE,  mauvaise  viande  ,  rejouissance. 

TOCHES,  TAUCHES,  terrae  d'ecoiier,  lieu  de 

REFUGE.  TÖCHER,  TAUCHER,  etre  au  lieu 

de  REFUGE  ,  ATTEINDRE  LE  LIEU  DE  REFUGE. 

TÖFET,  TAUFET  ,  sorte  de  gateau  leve.  En  An- 
gleterre,  on  dit  aussi  hasty  pudding. 

TOIL,  pour  TOIT. 

TOMßEE,  quantite  de  convives  qui  surviennent 
inopinenient  :  J^ai  eu  une  tombec  d  diner ; 
marche  oii  se  rendent  beaucoup  d'aeheteurs  : 
C est  une  forte  tonibee ;  en  Languedoc,  ioum- 
hada.  A  la  tomhee  de  hi  nuit  ;  dites,  a  NUIT 
FERMENTE,  a  LA  NUIT  TOMBANTE. 


GENEVOIS.  291 

Ils  partirent  a  la  tombee  de  la  nuit. 

(  Xav.  DE  Maistre  ,  Nouvelles. ) 

TOMBER  :  il  a  tombe  pour  iL  est  tombe  ;  tom- 
ber  ne  doit  pas  se  conjuguer  avec  l'auxiliaire 
avoir  :  cependant  cette  regle  n'est  pas  toujours 
siiivie  par  les  poetos  : 

Si  ma  credulite 
Eüt  tombe  dans  le  piege.... 

(Voltaire.) 
....  On  aurait  ri  de  l'aventure , 
Si  la  belle  avec  lui  n'eüt  tombe  dedans  l'eau. 

(La  Fontaine.  ) 
Poete  ,  il  (Byron)  expira  pres  du  tombeau  d'Homere; 
Guerrier,  il  n'eüt  tombe  que  sous  les  coups  du  sort. 

(  Anonyme. ) 

II  y  a  une  differeiice  entre  tomber  par  terre , 
et  tomber  ä  terre.  Un  arbre  deracine  par  le 
vent  tombe  yoar  terre -^  des  fruits  ebranles  tom- 
bent  ä  terre.  TOMBURE,  pour  chute  est  un 
barbarisme. 

TOME,  TOMME,  sorte  de  petit  fromage  mou. 
Terme  dauph.  et  langued.  Grec  tomos  ^  divi- 
sion;  celto-breton ,  /am,  morceau,  portion. 

TOPETTE ,  FIOLE.  Dauph.  Voyez  toupin.  Quel- 
ques-uns  ecrivent  taupette. 

TOQUE^  PETiTE  BUTTE,  ELEVATiON ;  terme  d'e'co- 
lier  :  une  bonne  toque  pour  jouer  aux  mäpis. 
Langue  romane ,  iuquet : 


2c^2  GLOSSAiUE 

"  Qiiand  je  fus  sur  un  petit  tiiqiief...  je  ine  relournai 
aiiicie,  cüinme  la  femme  de  Lolli,  el  vis  lüute  la  villc 
brtislantc.  « 

(Rabelais.  ) 

TOQUEE ,  COUPS  :  //  a  jrcu  ime  ioquee ;  du  vieux 

h\inQi\\&[ioquer ,  tVnpper. 
TORBOILLE,  bloc,  lenne  de  jeu. 
TORCilE,    CüUSSlNET  :   Meltez    unc   iorche  soiis 

j'olreseille  j'ierme  neuchalelois  et  comiols  ;  du 

iatiii  iorquere,  tordre. 
TORCIIONNER,  frotler  avec  im  lorchon. 
TORTOLION ,  sorle  de  patisserie  cürnmiiiie. 
TOüCHER  :  Oll  hs  a  reconcilies ,  ils  se  sont  lou- 

che  la  rnain j  diies ,  DANS  LA  Main. 

«  Otez  ce  gaiil;  touchez  a  iiionsieui-  dans  la  main.» 

(  MoLiERF. ,  Fem,  sav.  ) 

TOUPlN.fTOUPINE,  cküche,  jarre,  vase  de 
TERRE  :  ;//  est  sourd  comme  un  toiipin  ^  iious 
disons  aussi  d'une  persojiiie  morte  et  enterree, 
(jii  ei le  fait  des  toiipines.  Eii  Dauphine,  iiipin^ 
eil  Provence ,  toupin  :  es  lourd  coinno  un  ioiipin. 
Les  Laiigiiedociens  diseiit :  tchaca  toupin  trci^a 
sa  cabuceJa,  chaque  pot  trouve  so«  couvercle, 
c'esL-a-dire,  figurementj  chacun  trouve  a  s'as- 
sortir.  Tupin,  teppin.,  soiit  de  la  laugue  ro- 
inajie  : 

■K  Elie  en  mangca  sinzr  nmids,  dcux  i>uffards  cX  slx  tu- 
piiis.-»  (Uabklais.) 


GENEVOIS.  29.3 

La  bombarbe  (lebonlet)  brixat  ujig  icppin  de  inarjo- 
iaine,  de  quoi  la  daine  Phebppin  menait  un  grand  hahay.» 

(  Chronlq.  du  mar.  dge. ) 

En  basfjiie,  tupinagidle  sV^m^ie  polier  de  terre; 

de  tupinüy  pol  ,,  vlegnillea,  faiseiir. 
TOUKNE    (LA),  la  retoiirne,   terme  de   jeu. 

TOÜRNEll,  pour  retourner  :  il  tourne  piqiie; 

voyons  de  quoi  il  iourne ;  ilfait  tourner  ses  ha- 

hitsj  c'est  un  hahit  iourne. 
TOüRTELETTE  ,  j  artelette.  Vaud-  Neucli. 
TOUSSiR,  TOUSSER.  ^  ieiix  tViuicais. 

Apprenons  a  mentir,  nos  propos  deguiser, 
A  Irahir  nos  aniis  ,  nos  ennemis  baiser  ; 
lalre  Ja  cour  aux  grands,  et  dans  leurs  antictianibres  , 
Le  chapeau  dans  la  raain  ,  nous  tenir  sur  nos  menibres  , 
Sans  oser  ny  cracher,  ny  toussir ,  ny  s'asseoir. 

(  Reonier.  ) 

TOüT  ,  dans  la  significatioii  de  comnie,  entiere- 
ment,  bieo  que,  quoique,  dev^ant  im  adjectit' 
qui  commence  par  une  voyelle  ou  iiiie  h  saus  as- 
piration  est  considere  comme  adverbe,  et,  par 
consequent,  ne  peiit  se  decliiier.  Vous  iie  direz 
doiic  pas  :  Ces  nouveües  sont  foutes  autaiit  de 
lables.  —  Celle  cbambre  est  ioule  autie  depuis 
quon  y  a  mis  ce  papier.  — -  Taute  usee  qii'est 
cetle  robe ,  eile  peiit  encore. . .  —  Tous  babdes 
qu'ils  peuv'ent  etre.  .  .  ;mais,  TOUT  autantde.... , 
TOI  T  autre  depuis.  .  .  ;  TOUT  usee.  .  .  ,  etc. 


294  GLOSSAIRE 

TRAGUER,  tr6ler,'porter  ,  trainer  :  Nous  n  ^ 
somrnes  bien  irdgues   auJourd'Jiiii  j   c^est  bt 
pouj-  irdguer  dans  1a  rnaison  •  de  rallemand 
tragen ,  porler.  Vaud. 

TRAINE  5  se  dit  d'une  longue  coiivalescence  : 
Apres  sa  maladie ,  il  a  eu  iinc  iraine.  En  fran- 
^ais,  terme  de  chasse  et  de  navigation. 

TRAIRE  :  Traisez  les  vaches ;  dites ,  TRAYEZ  ;  il  en 
est  de  meme  pour  les  composes  de  ce  verbe  : 
distraire ,  extraire.  soustraire.  Voyez  Distrai- 
sent. 

TRALEE,  RIBAMBELLE,  SfiQUELLE  ,  QUANTITE  :   Vne 

trdlee  d'enjajis ,  une  irdlee  de  monde. 
TRANCHE  (LAIT);  diles,  lait   caill£.  Neuch. 

Vaud. 
TRANCHES  (LES),  les  tranchees  :  Le  tour  des 

iranches. 
TRÄFE,  trapu  :  Un  peiit  homme  trape.  A  Lyon 

irapot. 
TR A RON  (UN),  lne  trappe. 

Tl  n'y  avait  point  de  figure  qui  paiüt  sox'tir  du  cenlie 
de  la  tene  par  le  trapon  du  llieätrc. 

(  M.  DE  SiSMONDi ,  Litter.  du  Midi. ) 

TRA,  TR  AS,  POUTRE,  solive.  Lyon.  Latin,  trabs; 
Jangue  romane, /m^,  enDauphine /mw.  Nous 
disons  aussi  TRALAISON,  i)our  charpente  :  la 
iralaison  dhin  bdtiment. 


GfiiNEVOlS.  295 

TRAVKRS  :  Regardcr  ä  irui'ers  delafenetre.  On 

dit  A  TRAVERS  LE  et   AVJ  TRAYEUS  DE*. 

TREDAINE,  tiretaine,  sorte  de  drap  grassier; 
Ce  n'esl  qiie  de  la  tredalne. 

TREDON,  TRAiN,  TAPAGE. 

TREMRLER :  //  tremble  laßei^re^  dit  es :  la  1  liiVRE 
LE  FAIT  TREMBLER.  Cetlc  iiiauVtiise  iocutiüii  est 
aiissi  en  usage  dans  les  provinces  du  midi. 

TREMPE  ,  poiir  trempe.  Neuch. 

TRES  ;  J^ai  iresfaiin^  ires  ^iolf-^  dites  :  j'ai  EXTRA- 
me.atent  faiin,  etc. 

TRESSAUT  ,  tressaillement.  TRESSAüTER  , 
TRESSAiLLiR.   Ces  temies  soiit  du  vieux  frangais. 

TRESSIEU ,  sorle  de  padou ,  de  niban. 

TRIAILLE  (UNE),  un  TRIAGE  :  II  Jaul  cn  faire 
wie  iriaille.  C'est  de  la  liiaille  ^  dites  du  REBUT. 

TRIEGE  ,   TOlLE  ouvree;   seivietlc  tiiegee  ,   ser- 

VIETTE  ouvree. 

TRIMAILLEMEIN  T ,  mouvement,  tremoussemeki', 

En  grec  dremeiii .  courii'. 
TRINCANER  (SE),  se  Transporter,  se  remukr: 

Se  tnjicaner ,  sc  Iratwaner  d\in  endroit  ä  Vau- 


1  On  a  reproche  ä  Boilcaii  ce  vers  de  sou  epit.  ä  Seignclai  : 
Donne  de  l'eiicensoir  ti  travers  du  visage. 

Olle  faule  pcut  a|)pailenli'  a  riinprimeur,  car  les  tiois  edi- 
lions  quo  nous  avons  oonsullecs,  1716,  1745  et  1798,  di- 
M-nl  l)ien  au  liavcrs  du. 


^c)6  GLOSSAIRE 

irej  je  n'aime  pas  toiis  ces  TRANCANEMENS, 

ces  TRli\CANAGES.  Cell,  trln ,  agir.  Boiste  dil : 
trlmh aller ,  remuer  ^  trainer  ,  porter  partout. 
TR10LE,,AIR  ENNUYEüx  :  ue  me  jouez  plus  ceiLe 
triole.  TRIOLER  j  importuner,  fatiguer  par 
des  repetUions.  En  larjgüe  romane ,  iriolaine 
sigiiifie  loijgue  siiile ,  longue  fiie  ,  tralnee;  et 
trioler ^  aller  et  veoir,  perdre  soii  temps. 

TRIOLET  ,  GRAINE  DE  TREFLE. 

ßoiste  est  le  seul  qiii  liiKlique  dans  ce  sens. 

Ell  romau  ,  trloule.   Nos  paysans  appellent  le 

Irefle  jaiiiie  de  la  Irioletie. 
TRiPOTS,  TRIFOTAGES  ,  TRAG  ASSERIES  :  je  n'aiinc 

pas  ious  ces  tripois.  Un  tripot,  en  fraiigais,  est 

iine  miiison  de  jeii. 
TRIPOTIER  ,   TRIPOTIERE  ,  pour  tripoteur, 

TRiPOTEUSE.    Un  TRIPOTIER  est  le  iTiaitre  <]"iin 

tripot. 
TRIVOUGNER  ,  tirailler  ,  secouer  ,  traIner. 


r  rib.  tzervugnir. 


TROCHER  ,  taller  ,  pousser  par  le  pied  :  Les  hles 
ont  de  ja  hlen  troclie. 

TROTTEE ,  pour  trotte. 

TROUILLE,  GATE,  ECRASE  :  Dcs  raisins  iroidlles  j 
du  celtique  treulio  ^  froisser^,  broyer.  Truiller, 
en  roman  ^  Irouiller  en  dauphinois^,  troiüa  en 
Inngued. ,  signifient   presser  le  raisin.    Langue 


GENEVOIS.  297 

romaiie  iroill,  pressoir;  Ireiiil  a  Ic  meine  sens 
dans  ia  Bourgogne,  la  Frariche-Comte ,  le  Li- 
iriüsiii ,  etc. 

TROUILLON,  femmesale  et  mal  vMue  ;  du  ceU. 
Iridll ,  truillwu  ,  gueniiie  ,  haillon;  en  anglais;, 
//•«//,  coureuse,  salope. 

TROUPE;  ea  parlant  de  quelqu'un  qui  est  au  Ser- 
vice, dites  qu'il  est  dans  LES  TROUPES,  et  non  pas 
dans  la  troiipe. 

TROÜPELEE ,  GRANDE  TROUPE  :  Une  troupelee 
d'enfans  j  en  Languedoc^  troupdada^  langue 
roniane,  atropeler ,  attrouper. 

Toz  ses  paroschiens  appele , 
Chascuns  enlor  lui  s'atropelt, 
Puis  dist.  .  . 

(COURTKBARBE  ,    \Z^  sieclc.^ 

TROUPIER  :  II  a  bien  l'air  troupier ,  c'est-a-dire. 

Fair  miiitaire  ,  Faird'un  anclen  soidat,  Ce  terme 

est  liOüvellement  introdait  dans  le  fran9ais  po- 

piilaire.  ' 

TROUVE ,  TROUVAILLE  :  J'aifaU  une  honne  troii- 

i>e  j  on  disait  anciennejiient  U7ie  troui^nire. 

1  Et  nolre  dialecte  aussi  a  ses  neologues  ;  iios  jeunes  mili- 
tiens  ont  mXvo&uil  :  saliercs ,  Iroupes  du  centre,  de  la  forme 
de  leurs  gibernes;  taupier ,  soldat  du  corps  des  mineurs,  etc. 
On  dit  aussi  depuis  peu,  en  parlant  de  quelqu'un  qui  a  tiop 
bu  :  d  a  so.  comete ,   sa  inalle,  sa  Nina,  etc. 


298  GLOSSAIUE 

TRUC  :  ü  a  le  Iruc,  c'est-a-dire,  de  l'adresse  ,  DU 
SAvoiR  FAIRE.  C'est  IUI  certaui  irnc  qLi*il  Jaul 
connaiire ,  certaine  maniere  de  iaire,  certaln 
moyen.  Truc  est  im  lerme  roman ;  Boisie  est 
le  seiil  qui  l'indique  comme  frangais  populaire. 

TRUIERIES,  viLENiEs,  ordures,  Chiffons. 

TÜFELLE,  POMME  DE  TERRE.  Ell  Italien,  tartufoj 
les  Provengaux  disent  iarlißo^  et  les  Languedo- 
cieiis  tufedas. 

TUILIERE5  TUlLERiE,  Heu  oü  Ton  fait  la  tuile  : 
Neucli. 

«Pont  vers  les  Päquis  et  les  tiidUres  de  St.  Gervais,  au 
«'  delä  de  la  rue  de  Vilie  neuve',  refail  de  britjues.  » 

{^E.rtr.  des  reg.  du  Conx.  jhu-  Jacq.  Flournois.) 

TUBOTÜ  (AU),  EN  BLOC,  l'ün  portant  l'autre  : 
Aclieler  un  char  dejoin  au  iuboiuj  c'est-a-dire 
Sans  le  peser. 

TUNE,  DEBAUCHE  DE  TABLE,  vibotc.  Un  liellcniste 
le  derive  du  grec  ihome,  festin. 

TURBENTINE,  terebenthine. 

I  Aujourd'Jmi  le  Cendrier, 


GENEVOIS.  ii99 


U. 


U  N.  La  [3iii[)art  des  grammairiens  condamnent 

les  phrases  suivantes  : 

L'un  de  nos  auteurs  qui  s'est  acquis  le  plus  de  reputation.... 

(de  Sacy.) 

L'un  des  hommes  de  France  qui  a  le  plus  d'esprit.... 

(Delille.) 

lis  veuleiit  qu'on  ecrive  :  qui  se  sont  acquis , 
qui  ojil  le  plus ..."  Cependant  Guiguene  ecrit 
aussi :  Lhm  de  nos  ecrivaijis  le  plus  vante  pour 
la  purete  de  SON  style ;  el,  a  cette  occasioii,  il 
fait  robservation  suivanle  :  Un  des  hommes 
qui  a  le  plus  n'ofFre  qu'uii  gallicisme,  mais  oii 
le  cliangerait  en  solecismc  eii  disant  un  de  ceux 
qui  a.  Dans  le  preinier  cas,  ily  a  ellipse  :  c'est 
IUI  des  liommes  qui  a  le  plus  d'esprit  des  hom- 
mes en  general,  ou  des  hommes  de  France  ,  de 

1  Voltaire  a  fait  usage  de  l'une  et  de  Taulre  loculion  : «  Ma- 
dame Montaigu,  une  des  femmes  d'Angleleiie  qui  a  le  plus 
d'esprit «;  et  ailleurs  :  «  L'un  de  ces  deux  liomiucs  de  gönie  qui 
nnt  prcsine.,..  n 


3oo  GLOSSAIRE 

Paris,  etc.;  daiis  le  secoiid  cas  ,  Ic  moi  ceiix  n 
hesoiii  d'un  complement;  ceux  qui  Ibal ,  oii  qiii 
sollt ,  elc. 
UN  GHECÜN,  pour  chacun  ;  vieux  fran9ais  : 

"  II  faudrait  quo  jiour  avoir  avec  eulx  (les  Fribourgeois) 
]a  bourgeoisic,  u//f;  chescung  chief  de  maison  palast  de 
cense  annuel  ung  florin  d'or.  « 

(BOIVKIVARD.) 

Un  chacuT:,  avail;  deja  vieilli  du  temps  de 
Richelet  ,  mais  la  poesie  s'en  servaii  encore  : 

Chose  etrange  de  voir  comme  avec  passion  , 
Un  chacun  est  chausse  de  son  opinloii  ! 

(  M  o  L 1  i:  R  E ,  Ecol.  des  Fem , ) 

UN  QÜELQU'UN  ,  poLir  QUELQiruNii'estpasmoins 
defectueux. 

UN  (L'j  ET  L'AUTRE  :  Dans  Fun  et  l'aulre  cas ; 
de  Tun  et  Taiitre  sexe.  Comme  la  regle  veut 
qu'on  repele  les  preposilions  devant  les  mols 
qui  ne  sont  ni  s}  uouymes  ,  ui  approclians ,  il 
faudrait  ici :  Dans  /'///?  et  dans  Vauirc  ^deyVun 
et  de  Vauirc  ^  majsnoiis  voyonsqueles  rrieilieurs 
ecrivains,  les  Suard,  les  Marmoniel ,  les  Jouy  , 
les  Lacretelle,  se  dispensenl  de  cetLe  repeliiion  ; 
l'Academie  elle-meme  dit  :  Dans  Vun  et  Vauire 
sens. 

LUN  L'AUTRE,  signifie  mutuellement,  et  L'UN 
ET  L'AUTRE j  chacun  d'eux;  il  faul  donc  evi- 


GENEVOIS.  3üi 

ler  de  coiitoiidre  res  deüx  expressioiis  ,  et  iie  [»as 
tiire  ct>mme  Piro» : 
J"-t  nous  nous  encensons  tous  les  mois  ruii  et  Tautie. 

L'UX  Dx\NS  L'AUTRE  :  IIs  mc  rcviennent  ä  im 
e'cu  Vun  dar/s  Vautrc^  dites^  l'un  PORTANT  l'au 

TRE. 

ÜNE  AUTRE  :  en  volci  bien  dhinc  aiitre ;  dites, 

.d"un  AUTRE,  au  mascuiln. 
ÜN  (D)  JOUR  L'UN ;  phrase  ridicule ;  ilfaut  dire  : 

DE  DEUX  joiirs  ruji.  Oll  fait  aussi  uii  conire-sens 

eil  disaiit :  De  toiiles  ces  robes ,  il  n'y  en  a  pas 

lüie  qiii  se  resseiiibie. 
UMFORME  :    Un   liabit  dhmlforme ;  dites,  UN 

HABIT  UNIFORME  ,  Oll  simplemeilt ,  UN  UNIFORME. 
ÜSE,  USE  :  Son  panlalon  est  dejd  loiil  use. 


3o2  GLOSSAIRE 


V. 


VaCHERIN,  Sorte  de  fromage  a  la  creme,  qui 

se  fabrique  dans  le  Chablals. 
VACHES  5  MAQUEREAUX,  taches  aux  jambes  pro- 

duites  par  Taction  du  feu.  Lyon.  En  Picardie , 

triiieites.  Nos  ecoliers  appellent  aussi  une  vacJte, 

un  noyau  d'abricot  lache  de  blanc. 
VAILLE  QUI  VAILLE,  pourvAiLLE  que  vaille. 
V ANNER  ,  s'en  aller,  decamper;  nous  disons 

aussi  valser,  dans  le  meme  sens.  Vanner  est  du 

fran<pais  populaire. 

VANTAÜOUR  5  VANTARD  ,  FANFARON. 

VASE,  VAISSEAU  :  le  vase  de  la  biblioiheque ,  de  la 

cathedrale. 
VEILLER  (SE)  :  Je  me  veülerai  pour  le  voir  sor- 

iir.  On  ne  peut  faire  usage  de  ce  verbe  au  re- 

flechi. 
VELIN,  YERITABLE,  vfiLiN,  veritable,  avec 

Taccent  sur  IV. 
YENDÖME   (FAIRE),   vendre  ses  hardes,   ses 

eflfets  :  II  a  ete  d'oblige  de  faire  vendöme  de 

lout  son  butin. 


GENEVOIS.  3o3 

VENhRE  ,  atteiiidre  et  culbuter  quelqu'mi  sur  hi 
glissoire  :  Gare  sur  1a  glisse  1  Tu  es  vendu, 

VENGERON  (LE),  petit  poisson  du  Leman  ;  la 
ROSSE ,  siiivant  Jiirine. 

VENIR,  pourDEVENiR:  //  est  hien  venu  vieux  ; 
eile  i>ieni  tout-ä-Jait  sourde.  Les  anciens  poetes 
se  servaient  quelquetbis  de  cette  contraction  : 

Adieu  vous  dis  ,  nobles  et  plaisans  lieux, 
Oü  j'ai  passe  ma  jeunesse  premiere; 
Ores  vous  perds  ,  car  je  suis  venu  vieux ; 
Age  a  recu  de  moi  reute  pleniere. 

(Oct.  DF,  St.  Gf.lais,  \^^  siede.) 

VENIR  (SE)  :  Cet  enfant  se  vient  bien.  Venir  ne 

peut  etre  employe  av  ec  le  proiiom  personnel. 
A^ENTAISON  ,  carie,  nielle  :  Les  bles  ont  pente. 

Noiis  disons  aussi  iniproprement  que  la   chan- 

delle  vente,  lorsqu'elle  est  agitee  par  le  vent ; 

venter,  signifie  faire  du  vent. 
VENTRAILLE  ,  tripaille,  intestins  desanimaux. 
VERNE  ,  VERGNE  ,    sorte   d'arbre ,    aune  est 

mieux  dit. 
VERSER ,  pour  repandre  :  F'otre  verre  est  trop 

plein ,  il  va  verser, 
VESSICATOIRE ,  vEsicatoire,  VESSICULE,  ve- 

sicule. 
VESTE  ,  GRis,  A  demi-ivre  :  Jlesi  veste ,   il  s'est 

veste.^  il  a  pris  urie  veste. 


3o4  GLOSSAITIK 

VEUDAIKE  (LA),  LE  VELDEllON,  vluIs  du 

Valais. 
VICAILLE  ,  VICTUAILLE  :    Nous  avons  assez  vi- 

caille  dans  1a  maison.  Langue  romaiie  vilaille. 

leime  qu'oii  relroiive  en  Fraiiclie-Comte. 
YICOTER,  viYOTER.  Lyon;  da  roman  ^  vicquer , 

vivre  :  Les  poiires  gens  incquent  mouli  maultz. 

Vicquer  s'est    conserve   dans  le   patois   de    la 

Francbe-Comle, 
YIEILLE,  viELLE,  Instrument  de  musique. 
VIEILLONGE],   vieillesse.    Terme  danphinois; 

n'ecrivez  ))as  viel] esse  ,  vielle.  MEILLOPET  , 

YIEILLOPETTE,  vieillot,  vieillotte. 
VIEULIER,  viOLiER  :  Un  vieulier  double.  Lyon. 
VIEUX-JOIN,  viEUX  GING,  (le^  ne  se  prononce 

pas  ). 
ViNOCHE,  MALiYAiSYiN,  PiQUETTE  :  Ce  ji'cst  que 

de  la  vinoche. 
VIOLONNER,  ENNLYER;  RABÄCHER. 

yiONKET  ,  PETIT  SENTIER;  dii  latin ,  via. 
VIRABOUQUfN.  yilebrequin;  k  hyon,  virebro- 

quiiij  en  Provence,  virobouquln. 
VIRE  DE  PIED  5  CROC  en  jambe  ,  et  anssi,  mesure 

d'un  travers  de  pied  :  Deux  pieds  et  im  rire  de 

pied. 
\IPiOLET5  peilt   tüiirnant   sur   une   rlYit're,   et 

aussi ,   certain    jeu   d\'co'ier   qu'on  appelle  en 


GENEVOIS.  3o5 

fraiigais  le  TOTON.    Eii  langue  romane,'  virolet 

signilie  gi^ouette. 
VIS  (UN),  UNE  vis. 
VIS-A-VIS  pour  ENVERS. 

«  D'Arnaud  vient  de  tenir  vis-ä-vis  de  moi  la  meme 
condulte  que  Colin  son  devancier  a  tenue  vis-a-vis  de 
Boileau.  « 

(  Le  Brün  ,  Pindare, ) 

Voltaire  condamne  hautement  cet  emploi  du 
u\ot  vis-ä-vis ^  les  bons  ecrivains,  dit-il,  nen 
fönt  usage  que  pour  exprimer  une  position  de 
lieu. 

WS  OUVERT  (A) ,  a  huis  ouverts. 

VISAGERE,  MASQUE  de  poupee. 

VITRE  (UN),  UNE  vitre. 

VI  VE  (DE  LA) ,  de  l'alevin  ,  reunion  de  diverses 
especes  de  jeunes  poissons. 

VOGUE,  f£te  PATRONALE;  terme  roman  qui  est 
encore  en  usage  dans  quelques  provinces;  en 
Dauphine,  vaudo ,  vaudou,  Notre  Feuille  d'avis 
dit  quelquefoisye/e  patronjmique.  Un  nom  pa- 
tronjmique  est  celui  qui  est  donne  a  tous  les 
descendans  d  une  race ,  et  patronal  signifie,  qui 
appartient  au  patron. 

\ 0\Yv: Regardez-voir  sHl  est  venu^  vojons-voir  si 
nous  pourrons . .  . ;  attends-ie  voir.  Ce  terme 
expletif  j  qui  vient  du  latin  vere,  signifiait  au- 
trefols  vrai  : 

20 


3o6  GL()SSAIf\E 

Par  mon  chief ,  vous  avoz  dit  r>oir, 

Ains  cuident  que  barat  et  guille 
Soit  aiissi  voir  comme  evangille. 

On  disait  aussi  voirement  pour  vraiment. 

VOLAN ,  FAUCiLLE  ;  c'est  encore  un  terme  de  la 
langue  romane ;  latin  barbare ,  volana  ;  languo- 
docieiij  voulan, 

VOTRE ,  NOTRE.  Employez  le  circonflexe  lors- 
que  ces  mots  ne  sont  pas  suivis  d'un  substantif  : 
votre  maison  et  la  notre;  je  suis  votre  serviteur 
—  et  moi  le  v6tre.  Apres  cette  phrase,  dit  d'O- 
livet ,  mon  oreille  n'attendant  plus  rien ,  la  voix 
a  besoin  d'un  soutien ;  et  ne  le  trouvant  pas  dans 
la  finale,  eile  le  prend  dans  la  penultieme.  Par 
le  meme  principe ,  on  dira  ,  d'eternelles  amours, 
et  des  amours  eternclles;  un  brave  homme  ,  et 
un  homme  brave;  une  batäille,  et  un  batäiU 
Ion  5  etc. 

VOUABLE,  VIORNE  5  CLEMATITE,  plante  grimpante. 

VOUAFFE  5  se  dit  d'une  mauvaise  sauce  mal  ilee : 
c^est  de  la  vouajje  j  du  romanz^ß/^e^ygäte,  fui  nie'' 
du  iatin  vappa ,  vin  tourne  : 

Multä prolutus  vappd  nauta. 

(HOR.) 

VOUARAI  (LE),  biso  noire accompagnee  de  pluie. 
VOUARE  (UNE),  un  man,  larve  de  hannetoii. 

yOUAREUX,  MORVEllX,  SALE. 


GENEVOIS.  307 

VOUARME  ,  SAPIN  FEMELLE. 

VOUEPE,  VOUf:PETTE,  maligne  ,  piquante  ;  du 

roman,  ipouaspe,  une  gu6pe;  en  anglaisu^a^y?; 

en  latin  vespa.  Nos  paysans  nomment  aussi  cet 

insecte  une  vouepe. 
VOUGNER;  lorsque  deux  boules^  deux  palets,  se 

tpuchent,  on  dit :  ils  vougnent. 
VOUSOYER;  pourquoi  ce  verbe  n'est-il  pas  fran* 

9ais,  aussi  bien  que  tutoyer? 
VUIDE  a  vieilli,  il  faut  ecrire  viDE. 
WIST  ,  pour  wisK,  suivant  l'Academie  et  Gattel; 

mais  Boiste  autorise  whist ,  et  tel  devrait  ^tre 

le  nom  de  ce  jeu,  puisqu'il  derive  de  Tinterjec- 

tion  anglaise  ivhist !  silence  ! 


3o8  GLOSSxVIRE 


Y. 


1  .  L'e  miiet  ne  peut  plus  etre  precede  crunj>; 
ecrivez  doiic  je  paie,  ils  croient ,  la  pluie,  la 
joie,  Troie,  etc. 

DONNEZ-M'Y,   DITES-Y,   ATTENDEZ- 

M'Y.    pour  DONNEZ-LE-MOI,   DITES-LE,    ATTEN- 

DEZ-Y-MOI,  etc.  On  ny  voit  pas  ime  goutte ; 
dites :  ON  n'y  voit  goutte  ;  vous  ne  direz  pas  non 
plus:  il  n^y  voit  goutte,  sans  reiation  prece- 
deiite,  mais  simplement :  iL  NE  voit  goutte. 
— Irez-vous  ä  la  ville?  Oui,  ^y  irai^  dites, 
par  euphonie,  oui,  j'irai.  —  II  y  a  M.  N.  qui 
dit  que, . .  —  iS"y  cst-il?  II  s^  sent  bien  lajli- 
mee. — JT  voilä.  y  velä,  c^est  entendii,  sont 
encore  des  phrases  vicieuses  qu'il  faut  remplacer 
par  les  suivantes:  Monsieur  N.  dit  que... — est- 

IL  ICI? — IL  sent  bien  LA  FUMEE  ICI.  —  VOILA  CE 

QUE  c'est,  etc. 
YEUX  :  Entre  quatre  yeux  j  des  maux  d'yeux; 
prononcez  entre  quatre-z-yeux  ;  des  maux  de- 
z-yeux  ;  quoi  qu'en  disent  certains  puristes  ,  la 
lettre  eiiphonique  est  necessaire  dans  ces  plirases. 


GENEVOIS.  3o9 


RECHERCHES 

SUR  LES  ORICINES  DE  QUELQUES  NOMS  DE  LIEUX  DE  KOS  EKVlROiSS 
ET  DE  QUELQUES  TERME3  DE  NOTRE    PATOIS. 

PREMIERE  PARTIE. 

J-L  existe  dans  la  langue  celtique  une  foule  d'ex- 
pressions  qui  signifient  riviere,  ruisseau,  habita- 
tion  ,  bois,  colline,  montagne ,  rocher,  etc.  Ce 
sont  ces  termes  qui  forment  les  origines  de  la  plu  - 
part  de  nos  noms  de  lieux. 

Si  Ton  s'etonne  de  la  quaiitite  de  mots  qui  dans 
cet  idiome  primitif,  servent  ä  designer  l'eau,  il 
faut  songer  qu'ils  expriment  toutes  les  modifica- 
tions  de  cet  element ,  et  qu'ils  sont  tires  des  nom- 
breux  dialectes  en  usage  parmi  les  Celtes. 

«  Les  pretres  de  cette  nation  rendaient  un  cultc 
alaterre,  comme  nourrice  de  Thomme;  au  ieu  , 
comme  principe  dela  creation,  et  surtout  a  l'eau, 
dont  l'ecoulement  leur  offrait  le  symbole  des  bien- 
faits  successifs  de  la  Providence'.»  Les  eaux  de 


1    Voyez  Peloulier  ,  Histoire  (Jcs  Celles. —  Dupiiis,  DciO- 
'ii'i/ie  des  cultes  .  et  le  Conservateur  Siiissc  de  M.  Bridcl. 


3io  GLOSSAIRE 

toute  espece  jouaient  donc  un  grand  röle  dans  la 
mythologle  de  cespeuples.  Nous  en  avons  la  preuve 
dans  les  restes  de  leurs  tombeaux ,  qui  sont  pres- 
que  toujours  places  sur  les  bords  d'un  ruisseau. 
Les  sources  ,  les  lacs ,  les  ruisseaux  dont  l'Helvetie 
abonde,  favorisaient  singulierement  une  semblable 
croyance ;  il  est  meme  probable  que  cette  super- 
stition  populaire  qui  consiste  a  puiser  mysterieu- 
sement  de  l'eau  d'une  fontaine  a  l'heure  de  minuit, 
n'a  pas  d'autre  origine  que  le  culte  des  druides '. 

Nous  rappellerons  ici  Tantique  veneration  des 
peuples  de  l'Egypte  et  de  linde  pour  les  eaux  qui 
baignent  ces  contrees  :  on  connait  les  ablutions 
des  Hindous ,  leurs  sept  fleuves  sacres ,  leurs  sacri- 
fices  au  Gange,  et  la  douce  consolation  qu'ils 
eprouvent  en  expirant  dans  ses  eaux.  Les  Egyp- 
tiens  faisaient  du  Nil  Tob j et  des  plus  grandes  so- 


I  Un  usage  anclen  et  bien  Interessant  des  petits  canfons 
suisses,  celui  de  planter  et  d'entretenir  des  fleurs  sur  la  tombe 
des  raorts,  est  commun  au  pays  de  Galles.  Ne  pourrait-on 
pas  en  inferer  aussi  une  origine  celtique  ?  Les  usages  des 
conquerans  se  perpetuent,  aussi  bien  que  leurs  expressions  , 
dans  les  contrees  qu'ils  envalnssent  :  c'est  ainsi  que  les  Irlan- 
dais, qui  sortent  d'une  colonie  punique ,  offrent  encore  au- 
jourd'hui,  avec  de  nombreux  vestiges  de  i'idiome  des  Car- 
tliagmois,  plusieurs  coutumcs  reraarquables ,  que  l'histoire 
nous  apprend  avoir  ete  observees  par  cette  ancienne  nation. 


GENEVOIS.  3n 

lemiites  nationales;  ils  lui  erigeaient des  temples, 
lui  consacraient  des  villes. 

Les  Grecs  et  les  Romains  n'etaient  point  etran- 
gers  ä  ce  genre  d'adoration.  Ne  traversez  jamais 
les  eaux  pures  d'une  riviere,  dit  Hesiode  ,  sans 
en  avoir  salue  le  genie'. 

J'ose  donc,  dit  Polynice  a  OEdipe,  vous  supplier 
par  les  fontaines  sacrees,  par  les  dieux  de  la  pairie, 
de  laisser  calmer  vos.ressentimens\  . . 

Dans  Homere,  les  Troyens  immolent  des  tau- 
reaux  au  Scamandre,  et  precipitent  leurs  chevaux 
dans  ses  ondes  sacrees.  Alexandre  sacrifie  au  Da- 
nube,  pour  en  obtenir  un  heureux  passage.  Enee 
rend  hommage  a  la  divinite  du  Tibre;  Tiridate  a 
Celle  de  l'Euphrate^  Les  Francs  eux-memes,  pas- 
sant  en  Italic ,  otfrent  a  l'Eridan ,  comme  premices 
de  la  guerre ,  les  corps  des  femmes  et  des  enfans 
des  Goths,  qu'ils  egorgent  sur  ses  rives  *.  Enfin,  chez 
ces  Helienes  dont  le  sort  nous  inspire  aujourd'hui 
un  si  vif  intereet,  plusieurs  sources  conservent  en- 
core  quelcjüe  chose  de  divin.  Elles  sont  appelees 
agiasma,  et  aplietor  est  le  nom  qu'on  donne  aux 
pretres  a  qsii  la   garde  en  est  confiee.  Esi    1820, 


1  Oper,  et  Dies. 

2  Sopli.  OEdij).  toi, 
6  Tacit. 

4  Procop. 


3i2  GLOSSAIRE 

Yaphetor  de  la  fontaine  de  Castalie,  au  momenl 
d'un  glorieiix  combat  contre  les  Tiircs ,  benit  cetle 
onde  inspiralrice  pour  la  repandre  sur  les  soldats 
de  la  croix,  et  ceux-ci,  apres  l'avoir  re9ue,  pa- 
rurent  animes  d'une  ardeiir  surnaturelle'. 

Parmiles  termes  generiques  qui,  dans  la  langue 
celtique, signifiaient  eau,ri viere,  etang,  puits,  etc. 
nous  trouvons  ey ,  ez ,  ex ,  de  la ,  sans  doute  ,  les 
desinences  des  noms  d'un  grand  nombre  de  nos 
villages;  Saconnex,  Bernex,  Troinex....Cette  ter- 
minaison  ex  peut  cependant  deriver  quelquefois 
d'un  nom  de  plantation  d'arbres ,  ou  de  culture ,  et 
n'etre  alors  qu'un  adoucissement  de  la  syüabe  ek : 
Kanabek  ,  une  cheneviere ;  kaloek ,  uu  lieu  plante 
de  chouxi  et  den^ennek ,  derhuecq  3  une  chenaie. 
Quelques-uns  de  nos  ex  peuventaussi  s'^tre  formes 
de  nech ,  haut,  eleve ,  ou  de  eg,  foret. 

Onex  ou  Onnex  nous  parait  venir  de  Onnj  frene ; 
plantation  de  frenes,  frenes  sur  une  hauteur. 
Celto-breton,  o/zTzeg-,  une  frenaie.  Cet  arbreetait 
en  veneration  chez  certains  peuples  de  l'antiquite : 
il  iigure  dans  XEdda  comme  consacre  par  les  cultes 
du  nord\  Hesiode  ditdans  ses  Cosmogonies,  qu'il 
fut  un  tempsoü  tous  les  hommes  etaient  de  frene. 


I    Pouqueville. 

■t.   P.  H.  Mallet,  Edda  des  Islandais  ou  MjthoL  des  Celles, 
fab.  VlII. 


GENEVOIS.  3i3 

Spon  nous  a  conserve  une  inscription  trouvee 
dans  les  Alpes,  quiprouve  qiieles  anciens  habitans 
de  ces  montasnes  envisao;eaient  aiissi  le  freue 
comme  un  arbre  sacre  :  «Titus  Pomponius  Victor 
remercie  le  sylvain  quihabite  dans  vmfrene  sacre, 
et  qui  garde  son  petit  j ardin  eleve,  de  l'avoir  pre- 
serve  de  tout  accident  dans  les  montagnes  des 
Alpes  5  etc. » 

LoEX,  de  lo  habitation ,  et  de  ex  ri viere ,  a  cause 
de  sa  proximite  du  Rhone. 

Bernex  ,  de  bern  colline ,  et  de  ex  eau. 
Laconex  ,  qui  est  situe  dans  un  terrain  bas  ,  de 
lac,  marais,  etang.  MoRNExsur  le  Saleve,  comme 
MORNEX  sur  le  Jura ,  pres  de  St.  Genis ,  sera  forme, 
au  contraire ,  de  mom« ,  montagne  ,  cote.  Voyez 
l'article  Moraine.  Mar ,  mawr ,  mor,  dans  tous 
les  dialectes  des  Celtes,  a  signifie  grand ,  eleve ,  au 
propre  aussibienqu'aufigure.  C'est  pourquoi  nous 
voyons  dans  les  poemes  d'Ossian ,  quantite  de  noms 
propres  formes  avec  cette  racine  :  catJiTnor,  grand 
dans  les  combats ;  conmor,  douxet  grand ;  narmor, 
grande  force ,  etc.  etc. 

ToNEX  5  de  ton ,  village ,  bourgade.  On  signifie 
aussi  habitation. 

FoNNEx,  deJbmiyjTon,  abondance,  etc. 
Les  monosyllabes  Gi,  sy,  gy,  eau,  habitation, 
bois,  servent  aussi  ä  expliquer  les  terminaisons  d'un 
grand  nombre  de  nos  noms  de  lieux. 


3i4  GLOSSAIRE 

Lanci,  Landeci,  de  lan  enclos,  culture;  et  de 
ci  ruisseau.  Ci  est  le  meme  que  si  et  gy  dans  le 
dialecte  irlandais ,  et  que  ui  en  gallois.  Oii  a  trouve 
dans  ce  derjiier  village  un  monument  erige  par 
Decius ,  huit  ans  avant  notre  ere, et  Spon  en  infere 
que  Landeci  signifie  terre  de  Decius.  Nous  croyons 
que  ce  lieu  portait  le  meme  nom  long-temps  avant 
l'existence  du  consul  romain. 

Pressy,  Pressinges,  A.epreS:,  habitation.  II  ya 
en  France  plusieurs  Pressigjij.  La  terminaison 
celtique  enge ,  inge ,  signifie  champ;  en  Teuton  , 
c'est  angen.  Paconinge,  petit  champ. — Bessinge, 
champ  de  la  foret. —  Plplinge,  champ  du  peuplier. 
■ — Merlinge,  champ  dumarais,  etTANiNGE, champ 
de  la  caverne ,  de  la  grotte ,  ou  peut-etre,  du  chene, 
car  tan^  en  celto-breton ,  sertaussi  ä  designer  cet 
arbre;  de  la  le  latin  barbare  tajinum  ,  puis  le  fran- 
9ais  tan ,  ecorce  de  ch^ne. 

JusSY ,  vieni  dej'ussum ,  Jus,  en  bas ,  au-dessous 
de  la  hauteur;  et  de  sj,  habitation.  Sus  et  Jus,  en 
langue  romane,  haut  et  bas,  dessus  et  dessous: 

«  Dame  du  ciel,  dame  de  terre,  (la  Sie.  Vierge) 
n  Dame  de  qui  lout  clost  et  enserre 
o  Sus  et  JUS ,  Sans  division.  » 

(  Testament  de  Jean  de  Meunc.) 

De  la  aussi  le  sii  c  giü  des  Itahens.  On  nomme 
Jussan-moüüer  lo  monastere  situe  au  pied  de  la 
collinc  oü  etail  aulrefois  Besan^on. 


GENEVOIS.  3i5 

Pres  de  Jussy ,  le  Carre,  le  Quarre  ,  du  Qua- 
drui^ium  des  Latins,  et  ce  Rouelbou,  nom  bien  plus 
ancien  sans  doute,  que  nous  pronongons  Roille- 
beau,  et  qui  nous  sert  populairement  a  designer 
toute  vieille  masure,  du  celtique  roe  ,  plaine , 
champ ;  et  de  bou^  marecage,  ce  qui  est  justifie  par 
sa  Situation'. 

Meini  ,  viüage  qui  est  aussi  dans  les  environs 
de  Jussy,  doit  avoir  pour  racine  le  mot  roman 
mesniey  megnie ,  menil  ou  mesnil,  maison,  ferme, 
hameau;  de  lä,  Menilmontant ,  et  les  noms  pro- 
pres Dumesnil^  Miromenily  etc.  Ce  terme  s'em- 
ployait  aussi  autrefois  dans  le  sens  de  famille  : 

La  Mesnie  ä  maitre  MIchaut, 
Tant  plus  en  ia  ,  et  moins  vaut. 

(  Anciens  Proverbes. ) 

Chacun  au  bruit  accourt , 

Les  pere  et  mere ,  et  toute  la  megnie, 

Jusqu'aux  volsins. 

(La  Fontaine.) 

CoLOGNY,  de  coledd^  cultiver,  et  de  gnj^  le  gut 
des  Celles,  eau,  ri viere,  lac.  De  ce  verbe  coleddy 
s'est  forme  le  substantif  colongia  ,  liabitation  du 
cultivateur  avec  son  terrain;  et  de  colongia^  sont 

I  La  tradilion  veut  que  ces  ruines  soienl  celles  du  palais 
de  ce  Gondebaud ,  roi  des  Bourguignoas  ,  qtii  fit  rebälir  Ge- 
neve  au  cinquieme  siecle. 


3i6  GLOSSAIRE 

ensuite  sortis  les  mots  romans  Coulonges ,  Cou- 
langes ,  Coulons  ,  noms  de  lieux  assez  communs 
en  France.  Le  latin  colo  ,  je  cultiv  e ,  et  colonia 
troupe  de  citoyens  qu'on  envoyait  habiter  un  pays, 
sortent ,  dit-on  ,  de  cette  racine. 

Quelques  personnes  sans  s'arreter  a  ces  conside- 
rations,  peiisent  que  nos  Colon ges ,  derivent  de 
collis  longus ,  ou  de  Collum  longiim  ,  a  cause  de 
la  Situation  de  ces  villages,  qui,  pour  la  plupart  , 
sont  batis  au  pied  d'une  montagne.  Letj  amateurs 
des  origines  grecques  peuvent  aussi  tirer  parti  du 
mot  kolonos ,  colline  ,  eminence. 

Pen,  pin,  se  traduisent  par  sommet ,  cime  , 
tete ,  pointe ;  ejpav  fleuve ,  riviere ,  de  la  Peney  '.. 
village  sur  une  hauteur  aux  bords  du  Rh6ne ,  oü 
Ton  voit  encore  les  restes  d'un  donjon  celebredans 
nos  annales.  Pen  est  la  racine  d'une  quantite  de 
noms  de  lieux  :  sur  (une  hauteur  des  environs  de 
Marseille ,  on  trouve  le  village  de  Pennes  ,  et  en 

I  On  L'crivalt  jadis  Piney  Gl  quelquefois  Pignej ,  par  cor- 
ruption.  Dans  la  declaration  de  guerre  des  Bernois  au  duc  de 
Savoie ,  ä  l'epoque  de  la  conquete  du  pays  de  Vaud ,  on  lit, 
entr'autres  griefs:«  Aussi  les  cyloyens  et  habitans  d'icellc  Cile 
(Genevc)  ,  sur  vos  payz  onl  ote  molestcz,  prins  ,  ballus,  tuez  ; 
leurs  biens  pillez  ,  leurs  maisons  ,  grangcs  et  possessions  gas- 
tees,  bruslees,  occupeos,  et  maxiraement  par  les  brigands  de 
Pigney  et  aultres  ,  etc.  » 


GENEVOIS.  317 

Bretagne,  le  promontoire  de  Pen  marc''hy  iittera- 
lement  t^te  de  clieval. ' 

Dans  Teveclie  de  Bäle ,  un  pont  sur  la  Byrse  s'ap- 
pelle  aussi  pont  de  la  Penjie;  et  Ton  sait  que  Vil- 
leneuv  e  etait  le  Penni  lucus  des  Romains ,  nom 
qui  n'est  qu'une  alteration  du  celtique  penn  luch, 
tete  du  lac. 

PiNCHAT  ou  PiNCHAZ  ,  6ort  de  la  meme  racine  : 
pi/i ,  eminence ,  et  cha ,  chaia ,  demeure ;  de  la  le 
niot  chaiz,  maison ,  en  vieux  fran^ais  ;  et  comme 
nous  l'avons  dit  dans  le  Glossaire,  celui  dechalet, 
terme  de  la  Suisse  romaiie  recemment  adopte  par 
la  langue  fran^aise. 

Plan-les-Ouates  5  du  celtique  voet ,  le  meme 
que  boet,  boed,  qui  signifie  generiquement  nour- 
riture  ,  aliment ,  päturage.  De  la  le  verbe  flamand 
voeden,  paitre;  le  suedois  yb^fl'ß ,  Tanglaisj^e^?, 
etle  substantif  allemand  TVelde^  päturage. 

Dans  la  contree  pastorale  des  Ormonts  ,  canton 
de  Vaud ,  il  existe  un  village  appele  les  Voettes , 
et  ce  rapport  donne  un  grand  degre  de  probabi- 
lite  a  notre  etymologie.  II  est  possible  que  l'an- 
glais  ipheat,  froment,  ble,  soit  aussi  forme  dece 
primitif  voet. 

I  Fenn-marc'h^  tele  de  cheval,  et  Penii-treus ,  tete  de  tra- 
vers,  sont  encore  aujourd'liui  des  noms  de  familles  bretonnes. 


3i8  GLOSSAIRE 

La  Pesse,  vieux  chäteau  pres  de  Lilli  oli  Lully, 
tire  son  nom  du  celtique  pes^  un  sapin.  C'est  par  la 
m^me  raison  que  dans  le  Gessenay ,  pays  abondant 
en  et}mologies  de  cette  nature,  on  trouve  une 
gorge  app^lce  Fessot.  Nos  paysans  disent  encore, 
ouna  pessa ,  un  sapin. 

Les  Crets  5  LES  Cres  ,  nom  d'un  hameau  au- 
dessus  de  Cologny,  et  de  plusieurs  sommites  de 
nos  environs;  du  celtique  crech ,  cres,  faite,  som- 
met ;  racine  du  mot  fran9ais  cr^te. 

Carouge,  que  des  manuscrits  du  quinzieme  sie- 
de appellent  Carrogio ,  Carrogium,  Qiiarrogium, 
peut  avoir  ete  forme  du  celtique  caer^  bourg,  vil- 
lage  5  enceinte ;  et  de  rog ,  torrent ;  ou  simplement 
du  mot  roman  quarrouge,  carrefour.  Quoi  qu'il  en 
soit,  ret}Tnologie  populaire  du  K  rouge  que  Ton 
peignit  en  1770  sur  la  face  d'un  cabaret ,  et  que 
Ton  voit  encore,  est  sans  aucun  fondement '. 


I  Les  etymologies  de  ce  genre  sont  assez  abondantes  dans 
nos  conlrees  :  tüUe  est  celle  du  mont  Pilate ,  dans  le  petit  lac 
diiquel  la  supersfitlon  populaire  veut  que  le  Pilale  de  l'Ecriture 
vint  se  pn'cipiter  apres  son  crime;  teile  est  Celle  de  la  Gemmi, 
qu'on  a  formee  du  verbe  gemir,  a  cause  de  la  difficulte  de 
son  passage ;  teile  est  celle  de  Dole,  du  latin  dolens,  parce 
que  Dole  fiil  prise  et  saccagee  plusieurs  fnis  ;  et  enfin,  celle  de 
T^ausanne,  de  rexclamalion  lous  dnes  !  adressee  parun  paysan 
a  cenx  qui  t'taient  embarrasses  de  donner  un  nom  ä  rette  ^ille. 


GENEVOIS.  3i9 

Du  celtique  hou^  eau;boug,  boue;  boghes,  ma- 
recages,  derivent  nos  Bougeries,  ainsique  Boege, 
Bogeve,  Boiigj ,  etc.  Les  mots  anglais  bog  fon- 
driere,ic>^^,  marecageux,  sortent  de  la  meme  ra- 
cine.  Voyez  ce  que  dit  le  voyageur  John  Carr  sur 
les  bogs  de  l'Irlande. 

SiERNE  de  siere,  sarn,  röche  a  pic,  escarpement  ; 
De  la  Sier,  Sierre,  la  Sara,  Serine,  Sarine,  etc. 
Sar,  sör,  sür,  apre,  äcre,  aigu,  ont  aussi  forme 
Fallemand  sauer,  l'anglais  soi^i^r,  et  le  frangais  sur, 
aigre. 

Les  noms  de  ri viere,  qui  sont  naturellement  bien 
plus  inalterables  que  les  noms  d'habitation,  offrent 
en  Suisse  et  en  Savoie  une  foule  d'origines  celti- 
ques.  Nos  Ousses^  pres  Seyssel,r Ow^cÄe  de  Dijon, 
tout  comme  XOuse  qui  baigne  la  ville  d'York  , 
YOust  du  Morbihan  et  meme  XOch  de  la  Siberie, 
au-dessus  de  Tobolsk,  rappellent  les  termes  primi- 
tifs  usc ,  usque  ,  ousge  ,  oi-'i^ ,  eau,  riviere;  les 
Saxons  disaient  us ,  usc. 

L'Emme,  ruisseau  du  pays  de  Gex,  et  l'Emme, 
riviere  du  canton  de  ßerne,  aussi  bien  que  celle 


Celle  derniere  origine  rappeile  la  facelie  de  Rabelais  sur  la 
Bcauce :  La  jument  de  Garganlua  agilant  sa  queue  pour  se 
garantir  des  mouches,  abat  une  foret,  et  le  heros  du  eure 
de  Meudon  s'ecrie  :  que  je  trouve  beau  ce !  de  lä  le  nom  de 
celte  province. 


320  GLOSSAIRE 

de  Lucerne  ,  derivent  du  celtique  am ,,  le  meme 
que  em ,  aman ,  et ,  par  syncope ,  amn ,  racine  de 
Xamnis  des  lalins.  Les  Louesche ,  les  Lutsche ,  les 
Lütschijie  de  la  Suisse ,  la  Loiie  du  Jura,  la  Lauch 
des  Vosges',  sont  aussi  formes  du  ceitique  luch  , 
eau ;  et  le  Lyon ,  ruisseau  quise  jette  dans  la  Lon- 
don, n'est  qu'une  modification  du  terme  primitif 
d'oü  se  sont  formes  plusieurs  noms  de  rivieres  de 
France ,  teis  que  XYon ,  departement  de  TEure ; 
XYonne^  qui  baigne  Auxerre;  XOuanne  de  Mon- 
largis  et  XHuisne  du  Maus.  Nous  avons  aussi  une 
Yonne  qui  donne  son  nom  a  une  vallee  du  canton 
de  Fribourg'. 

Ruz  est  purement  gaulois,  et  veut  dire  ruisseau. 
Au  canton  de  Fribourg ,  rio  et  ru.  Le  mot  Boy, 
qui  a  la  meme  signification ,  doit  etre  l'origine  de 


1  C'est  ainsi  que  les  mots  celtiques  dur^  dour  et  sur,  sour, 
qui,  tous  deux  signifient  eau,  riviere  ,  source,  se  retrouvent 
dans  une  quantite  de  noms  de  rivieres  de  differens  pays :  la 
Sour  de  l'Argovie,  la  Sour  des  Pays-Bas  ,  la  Soure  de  l'Estra- 
madure ,  la  Sourgue  ou  Sorgue  de  Vaucluse ,  etc.  Les  deux 
T)oire  du  Picmont,  les  deux  Down  de  la  Savoie,  la  Dure  du 
Luxembourg  ,  la  Doje  qui  se  jelle  dans  l'Allier  ,  et  le  Douro 
de  l'Espagne  et  du  Portugal.  Dans  ces  dernieres  contrees  plu- 
sieurs noms  de  rivieres  sont  formes  de  l'arabe  guard  ^  qui  a 
le  meme  sens  :  Guard-iana ,  Guard-el-quibir,  la  Guadiana, 
le  Guadalquivir ,  etc. 


GENEVOIS.  321 

notre  bois  de  Bay  ,  du  Bay  de  Noville ,  de  la  Baye 
pres  de  Ciarens ,  etc.  Le  Bayon  est  une  petite  rl- 
viere  de  la  Provence.  A  la  Nouvelle-Orleans ,  on 
donne  le  nom  de  Bayoux  aux  canaux  qui  coupent 
les  marecages  des  environs. 

Fleon^  en  langue  romane,  se  traduit  aussi  par 
ruisseau : 

Glorleux^eo/i,  glorieuseeve', 
Qui  lavaz  ce  qu'Adam  et  Eve 
Ont  par  leur  peche  ordoye. . . . 

De  la ,  le  Flon  ,  pres  de  Lausanne,  et  le  Flandru, 
torrent  voisin  du  Chäteau-d'Oex  -.Jlarijjlon,  ruis- 
seau, et  dru,  fort,  abondant.  Nous avons  aussi  pres 
de  Cluses ,  un  petit  lac  qui  porte  le  nom  de  Flaine. 

La  Drise  ou  Derise,  qui  descend  du  Saleve,  et 
arrose  le  bois  de  Veiri^  peut  tirer  son  nom  de  der^ 
chene ,  et  de  is ,  riviere ,  ou  simplement  du  Jer,qui 
signifie  fort,  rapide.  Et  ici,  nous  etaierons  notre 
etymologie  d'un  temoignage  muet  qu'il  est  assez 
rare  de  pouvoir  offrir  a  l'appui  d'une  origine  de 
nom  de  lieu ,  celui  d'un  monument  celtique.  Ce 

I   Eve  ovl  ave ,  c'est-ä-dire  eau  : 

Au  ru  d'une  clere  fontaine , 

Dont  li  ave  estoit  et  clere  et  sene.  .  . 

[Rom.  de  la  Rose.  ) 
Dans  lapartie  superieure  du  canton  de  Fribourg,  on  dit 
it'e,  et  dans  la  haute  Engadine,  ova. 

21 


322  GLOSSAIRE 

monument  est  connii  dans  le  pays  sous  le  nom  de 
pierre  aux  dames ,  ou  aux  demoiselles  ,  et  se  voll 
enire  Troinex  et  Bossey,  c'est-a-dire  a  quelques 
pas  de  la  Drise.  II  est  ainsi  appele  de  quatre  fi- 
gures  de  fe'mmes ,  assez  recomiaissables  encore , 
mais  trop  grossierement  taillees  pour  qu'on  puisse 
les  croire  du  temps  des  Romains  ;  l'absence  de  tout 
signe  religieux  empedie  egalement  de  les  attri- 
buer  au  moyen  age.  Quelques  savans  ont  cru  re- 
counaitre  les  quatre  saisons;  mais,  si  leur  suppo- 
sition  etait  fondee,  pourquoi  ces  figures  ne  se- 
raient-elles  point  accompagnees  de  quelques  em- 
blemes ,  aussi  faciles  a  executer  que  le  reste  ;  uue 
fleur ,  une  gerbe ,  un  fruit ,  etc.  ?  La  tradition  po- 
pulaire  veut  que  ce  soient  les  images  de  quatre 
malheureuses  amantes,  eprises  du  meme  infidele, 
et  que  ce  monument  leur  ait  servi  de  tombeau. 

Paus  tous  les  lieux  oü  de  semblables  ruines  se 
rencontrent ;,  la  superstition  est  la  pour  conter 
leur  bistoire;  et  parmi  ces  bistoires ,  toujours 
plus  ou  moins  bizarres  ,  on  en  trouve  quelquefois 
qui  offrent  un  but  tres-moral.  Teile  est  celle  de 
certains  monumens  druidiques  des  environs  de 
Pontaven ,  en  Bretagne  :  ces  pierres  ,  disent  les 
babitans  du  pays,  ne  sont  autre  cbose  que  les 
membres  d'un  avare  inliospitalier  qui  furent  ainsi 
metamorphoses  pour  servir  de  le^on  a  la  posleritc. 


GENEVOIS.  323 

For^  paturage;  mi ,  eaii,  sontencore  deüxmots 
celtiques  auxquels  on  peut  altribuer  l'origirie  du 
nom  du  Foron  ,  ruisseau  qui  arrose  de  belles  prai- 
ries.  A  lund^iovet^  ajoutons  la  meine  terminaison  077, 
et  nous  aurons  la  racine  de  notre  London,  qui  des- 
cend dune montagiie boisee.  Cette etymologie oous 
semble  d'autant  plus  admissible ,  qu'en  Augleterre, 
le  ruisseau  qui  arrose  la  foret  de  Windsor,  porte 
le  nom  de  Loddon  :  c'est  celui  que  Pope  a  illustre 
par  son  charmant  episode  de  la  nymplie  Lodone. 

La  Drange  du  Chablais  ,  ainsi  que  celle  du 
Vallais  5  doit  avoir  une  origine  commune  av ec 
cette  Durance  vagabonde  des  Provengaux,  de  la- 
quelle  Ausone  a  dit  :  Sparsis  inceria  Druentia 
ripis.  Z)rMß72/,mauvais5  dangereux;  deriient^  tor- 
rent,  impetueux.  Le  meme  poete,  en  transmet- 
tant  ä  la  posterite  Fetymologie  celtique  de  la  Di- 
vone  de  son  pays,  Dwona  Cadurcorum\  nous 
fait  connaitre  celle  des  belles  eaux  de  notre  Divone  : 
Diiv ,  Dieu;  van^  vouan,  fontaine. 

Nous  avons  dit  a  l'article  du  Glossaire  avan^, 

1  Diyop.a  Celtarum  lingua  ,  fons  addite  Divis. 

(Aus.) 
Ce  vers  est  connu  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  pareille 
maliere. 

2  Dans  l'idiome  desTaitiens,  acji ,  signifie  eau  fraiche,  et 
aoua  ,  les  rivicres  ;  en  malais,  ajer  veut  dire  de  l'eau.  Les  par- 


324  GLOSSAIRE 

que  ce  ternie  cellique  et  roman  se  retrouverait  dans 
un  grand  iiombre  de  nos  noms  de  lieux;  effecti- 
vemenl,  par  sa  signification  generique  de  ri viere, 
lac ,  marais ,  lagiine ,  il  doit  etre  la  raciiie  du  nom 
de  Tancienne  metropole  de  la  Suisse ,  d'AvENCHES, 
qui  touchait  autrefois  au  lac  de  Morat;  il  Test 
aussi  d'AvEN,  dans  le  bas  Vallais,  d'AvENCHi,  sur 
le  RhOne,  d'EviAN,  sur  le  lac ,  et  de  bien  d'autres 
bourgs  ou  villages.  Nous  avons  des  Avenchets  ou 
AvENCHEZ  5  sur  les  bords  de  cette  Drise  dont  nous 
avons  parle  tout  a  Theure ;  pres  de  Meyrin ;  dans  la 
vallee  de  Chamouny,  et  aux  environs  de  Moutiers 
en  Tarentaise.  En  se  rappelant  ce  que  nous  avons 
dit  du  mot  cha ,  chaiz ,  chez ,  l'interpretation  de 
ce  nom  de  lieu  ne  sera  pas  difficile  :  domaine,  ha- 
bitation  pres  d'un  ruisseau,  ou  dune  eau  quel- 
conque.  Chavane  a  le  meme  sens,  et  l'on  sait  com- 
bien  ce  nom  est  commun  en  Suisse  et  en  Savoie. 

Nous  avons  deux  petites  rivieres  connues  sous 
le  nom  d'AvAN^ON .  et,  tant  en  Angleterre  qu'en 
EcossCj  il  en  existe  cinq  plus  considerables  ,  qui 


tisans  du  Systeme  d'une  langue  primitive  peuvent  tirer  parti 
de  ces  similitudes.  II  en  est  cependant  qu'on  ne  peut  guere  at- 
tribuer  qu'a  l'effet  du  hasard ,  comme  celle  que  cite  Volney  : 
Cohoz,  nom  d'une  chute  d'eau  en  Canada,  et  Co/ioz,  nom  d'une 
cascade  dans  le  pays  de  Liege. 


GENEVOIS.  325 

portent  celui  d'^P072.  Stratford,  dans  le  Comte 
de  Warwick  ,  est  arrose  par  une  ri viere  de  ce  nom, 
et  c'est  pour  cette  raison  que  Shakespeare ,  qui  na- 
quit  dans  cette  ville,  est  poetiquement  appele  le 
cygne  de  TA  von.  Ajoutons  que  le  mot  ai^ancq^  dans 
la  langue  des  Celtes,  signifiait  un  animal  ainphi- 
bie,  et  particulierement  un  castor  '. 

Pline  I'ancien  "  et  quelques  savans  de  nos  jours 
ont  pretendu  que  le  nom  du  RhüNE  a  une  origine 
grecque,  et  qu'il  fut  forme  de  Rhoda,  ville  bätie 
pres  de  ses  bouches  par  une  colonie  de  Rhodiens ; 
mais  Loys  de  Bochat  ^  ne  voit  dans  Rhodaniis 
qu'une  etymologie  gauloise ;  rlio,  cours  rapide, 
dan,  riviere;  et  ce  savant  s'appuie  äcetegard  du 
nom  de  l'Ain,  en  latin  Idaniis,  qui  serait  aussi 
forme  des  mots  celtiques jy :,  dan,  la  riviere. 

Chez  les  Gaulois ,  chez  tous  les  anciens  peuples 
du  nord,  la  voyelle  a  signifiait  eau,  et  aa,  riviere, 
fleuve.  udriv,  arü ,  arüi^  dans  les  differens  dialectes 


1  Conrad  Gessner  dit  qu'il  existait  autrefois  beaucoup  de 
ces  interessans  aniraaux  dans  les  eaux  de  la  Suisse.  Effectlve- 
ment,  pres  de  Zug,  on  Irouve  un  petit  lac  nomme  Bibersee  , 
lac  du  Castor;  et,  dans  l'Argovie  ,  sur  les  bords  de  TAar  ,  le 
village  de  Biberstein  ,  pierre  du  Castor. 

2  Lib.  III,  eh.  IV. 

3  Mein,  sur  ihist.  anc,  de  la  Suisse. 


3^6  GLOSSÄIRE 

des  Geltes ,  exprimalent  une  riviere  rapide  ,  et  pro 
prement,  qiii  a  la  vitesse  dun  trait '.  De  la,  notre 
Arve,  notre  Aire,  notre Laire,  etc.  Une  foule  de 
noms  de  rivieres  etrangeres  viennent  a  l'appui  de 
ces  origines :  YArar  des  Romains ,  c'est-a-dire  la 
Saone ;  YHerault ,  en  latin  Araurius  j  les  Aa ,  les 
Aar,  de  la  Suisse ,  de  la  IloUande  et  de  lAllema- 
gne;  VArroux^  qui  se  jette  dans  la  Loire;  VAru, 
du  Comte  de  Sussex ,  et  enfin  cet  Ajr  de  l'Ecosse, 
que  Burns  a  celebre  dans  ses  touchantes  elegies. 

Si  les  noms  de  nos  rivieres  semblent  aussi  du- 
rables'que  les  sources  d'oü  elles  jaillissent,  ceux 
de  nos  montagnes  n'oftVent  pas  moins  de  vestiges 
de  la  plus  haute  antiquite.  Et  d'abord ,  notre  Sa- 
LJfevE ,  comme  l'a  fort  bien  observe  M.  Necker-De 
Saussure "" ,  rappelle  le  gatilic ,  Slilew ,  montagne. 
Dans  le  dialecte  gallo is ,  selon  Bullet,  c'est  Sliat^  , 
et  en  Irlandais,  Slei^ ,  Slei^an;  un  montagnard  , 
Siei^in.  Quant  au  Mole,  ce  noni  peut  etre  forme 
de  maol^  nioel ,  chauve,  ou  du  generique  moil , 
mol,  montagne  j  d'oi^i  le  latin  moles. 

Bocliat  veut  que  LA  Dole  derive  du  celtiq.  dohy 


I  C'est  aussi,  sulvant  Varron  ,  parce  que  tigre  ^  dans  l'idio- 
me  de  rArmenie,  a  le  sens  de  flechc,  qu'on  a  nomme  Tigre  ^ 
unfleuve  de  cette  contrcedon!;  Ic  cours  est  trts-rapide. 

3  Voyoge  en  JEcosse  el  aux  ilcs  Hcbr. 


GENEVOIS.  3^7 

Heu  abondaiit  eu  paturages  :  ils  noiis  seniblerait 
jilus  exact  de  donner  a  cette  cime  (cju'on  devrait 
appeler  l'Adole  ) ,  la  meine  etymologie  qii'au  moiit 
Adule^ ^  c'est-a-dire  du  mot  adoll,  front,  partie 
superieure,  car  c?o/,  en  sigiiifiant  paturage,  em- 
pörte aussi  l'acception  de  lieu  bas  :  ce  terme,  eu 
gallois,  est  precisement  Foppose  de  moutagne. 
Langue  romane ,  dole ,  dolie ,  plaine. 

Le  Jura,  dont  cette  Dole  n'est  qu'une  sommite, 
parait  aussi  tirer  son  iiom  du  celtique  jaiir  ,  lieu 
eleve ;  une  des  iles  Westernes ,  couverte  de  hautes 
montagnes  ,  est  egalement  appelee  J  ura.  Nos  Joux, 
Verrieres  de  Joux,  lac  de  Joux ,  Mont  Joux,  sortent 
de  la  möme  racine ;  la  plupart  des  elymologistes 
rejettent  celles  de  Jopis  et  de  Juga,  supposant 
que  ces  lieux  ont  ete  nommes  avant  la  creatioii  de 
la  langue  latine  \ 

1  Montes  adulce ,  nom  donne  aux  montagnes  centx'ales  qui 
s'etendent  depuis  le  St.  Gotbard ,  ä  l'orient,  juscju'au  mont 
Bernardin. 

Au  pied  du  mont  Adule ,  entre  mille  roseaux.  .  .  .  (Boil.) 

2  Enislande,  on  appelle  generiquement  JoeJad  toute  mon- 
tagne  dont  le  sommet  demeure  constamment  couvcrt  de  neige 
et  de  glace. 

3  Toutefois  le  pays  de  Gruyere  nous  offre  un  Moleison  y 
un  Monbovon  ,  (jnoles  summa,  mons  bovis),  dcsigna- 
tions  qui   peuvent  avoir  remplace  les   noms  primitifs  de  ces 


328  GLOSSAIRE 

Lausanne  a  sa  for^t  de  Saupabelin,  dont  le  nom 
offre  un  vestige  bien  remarquable  dune  myiholo- 
gie  anterieure  a  celle  des  Romains  :  Sjha  Beiini 
(et  non  Sjli^a  Bellona^  commele  dit  un  historien 
du  pays  de  Vaud  ),  du  dieu  Belenus ,  Belin ,  Bei, 
Baal,  Bei,  chez  les  Chaldeens,  etait  requivalent 
de  Seigneur,  De  ces  mots,  les  Grecs  auraient  fait 
leur  Abello ,  Apollo ,-  les  Gaulois  leur  Belenus  , 
et  nous  aussi,  peut-ötre,  nos  adjectifs  hel^  beau. 
Bei,  chez  les  Bretons  et  les  Gallois,  signifie  en- 
core  grand,  eleve,  suprßme ,  prince,  et  les  ber- 
gers de  la  Haute-Ecosse ,  le  premier  de  mai  de 
chaque  annee ,  fönt  un  sacrifice  champötre  appele 
bealtumn ' ,  reste  du  culte  que  leurs  anc^tres  ren- 
daient  a  la  divinite  Bei, 

II  existe  pres  de  Montreux   un  rocher  appele 

montagnes.  On  trouve  aussi  dans  la  Suisse  romane  un  Saxie- 
ma ,  de  saxa  ima ,  et  un  Estivaz ,  du  mot  cestiva ,  paturage 
d'ete.  On  dit  encore  dans  cette  vallee  d'Estivaz  situee  entre 
Fribourg  et  le  Vallais ,  estiver ,  estivage.  Estival ,  qui  appar- 
tient  ä  l'ete  ,  est  un  terrae  anglais  et  roman  : 
Plus  douce  qu'un  chaud  hyvernal. 
Et  plus  qu'un  ombrage  estival. 

(  Joach.  Du  Bellay.  ) 
Pourquol  la  langue  francalse  n'a-t-elle  pas  conserve  cet  ad- 
jectif,  qu'il  faut  remplacer  par  une  periphrase?  Nous  avons 
bien  automnal  dont  le  son  n'est  pas  si  doux. 
i  Voyage  en  Ecossc  et  aux  iles  Hehr. 


GENEVOIS.  329 

Tautland^  un  iel  nom  ne  rappelle-t-il  point  ce 
Tautj  ce  Teutates '  des  Celtes  dont  parle  le  chan- 
tre  de  Henri  ? 

«France,  dans  tes  forets,  il  hablta  long  lemps  (le  fanatisme), 

A  l'affreux  Teutates  il  offrit  ton  encens ; 

Tu  n'as  pas  oublie  ces  sacr^s  horaicides 

Qu'ä  tes  indignes  dieux  presentaient  les  druldes.  » 

Cette  divinit^  sanguinaire  fut  confondue  par  les 
Romains  avec  Mercnve,  Hermes  ;  et  lorsque  Alba- 
nis Baumont  derive  notre  Hermance  du  nom  de 
cet  Hermes ,  qui  avait  un  temple  dans  ces  lieux , 
il  pourrait  bien  ^tre  dans  l'erreur ,  car  on  sait  que 
les  pretres  des  Celtes  regardaient  les  temples  comme 
une  sorte  d'insulte  a  la  divinite '. 

Nous  avons  encore  dans  la  Suisse  allemande 
Hermetshüliell ,  la  colline  d'Hermes ;  Hermets- 
wjll ,  le  village  d'Hermes;  et,  dans  la  Suisse  ro- 
mane ,  les  hameaux  d^ Hermenges  et  d'Heremen- 
ces  auxquels  certains  archeologues  attribuent  la 
meme  origine.D'autres ,  derivent  ces  noms  de  lieux 

I  Chez  les  Indiens  du  Darien  ,  Tautah  ,  signifie  pere  ;  Tatt , 
en  langue  scliype  ou  albanaise  ,  a  le  meme  sens,  et  les  Negres 
des  Antilles  donnent  ä  leurs  vieillards  le  titre  de  Ta. 

a  Ceterurn  nee  cohihere  parietibus  Deos ,  neque  in  ullam  hu~ 

jnani  oris  speciem  adsimularc ,  ex  magnitudine  coelestium  ar- 

hitrantur, 

(Tacite.) 


33o  GLOSSAIRE 

du  latin  eremiis  ^  solitude,  ermitage.  Ermiis^  est 
indique  dans  de  vieux  manuscrits  avec  la  signifi- 
cation  de  lerre  inculte ,  sterile.  Terre  herme  eii 
langiie  romane '. 

Cet  Hermance  que  les  derniers  traites  ont  fait 
passer  sous  la  domination  genevoise ,  qui  fut  de- 
truit  au  quatrieme  siecle  par  les  Bourguignons , 
rebäti  au  onzieme  ,  par  leur  reine  Hermangarde , 
puis  brüle  par  les  Bernois  au  commencement  du 
seizieme,  cet  Hermance,  disons-nous,  nous  rame- 
ne  a  quelques  autres  noms  d'habitation.  Secheron, 
en  langue  romane,  signifie  un  pre  qui  n'est  pas 
arrose ,  et  Cheseau  ,  dans  le  m^me  idiome ,  une 
habitation  entouree  de  terres  arables.  11  y  a  des 
villages  de  ce  nom  en  Suisse  et  en  Savoie. 

Vic  est  le  wie  des  Gaulois  ,  village  ,  metairie : 


1  La  Savoie  et  la  Suisse  sont  pleines  de  noms  de  lieux  qui 
rappellcnt  la  domination  des  anciens  mailres  du  monde.  Dans 
la  Tarantaise,  dont  on  sait  que  les  habitans  s'appelaient  Cen~ 
tronesy  on  irouvc  sur  l'Isere,  entre  Aime  et  Moutiers,  le  vil- 
lage de  Centron.  —  Chaparillan  ,  sur  l'extreme  frontiere  fran- 
caise,  est  evidemment  forme  de  Campus  Aureliani. — Lavallee 
de  Scliams,  chez  les  Grisons ,  porte  un  nom  qui  n'est  qu'une 
corruption  du  latin  jer«/«rt«e«m ,  ä  cause  des  six  rivieres  dont 
eile  est  arrosee.  —  Dans  le  canton  de  Zürich ,  on  voit  une 
coUine  dChcnbcrg,  d'un  temple  oü  Isis  ctait  adoree.  —  Pres  de 
Soleure,  un  bois  6.'Jtisholtz,  d'uneforet  consacree  ä  Alys,  etc. 


GENEVOIS.  33 1 

de  la  le  vicus  des  Latins  et  le  frangais  vicoque , 
puis  bicoque.  Danciens  manuscrits  indiquent  ViL" 
LAR  dans  le  sens  de  hameau.  11  y  a ,  au  pied  du 
iiiont  Cenis,  Lans-le-bourg  et  Lans-le-villar.  Cran 
se  tradult  par  emineiice ,  colline ;  et  Versoy,  selon 
Bochat ,  derive  des  deux  mots  celtiques  uar  sui , 
sur  Feau;  mais  nous  ne  goütons  pas  trop  cette 
derniere  origine. 

M.  E.  Salverte  croit  avoir  trouve  celle  de  Moille 
SULE  dans  les  mots  mola  sola ,  meule  solitaire ,  a 
cause  d'une  grande  meule  de  moulin,  ou  plutot 
d'un  monument  des  Geltes  qui  en  a  la  forme ,  et 
que  les  bonnes  gens  du  village  disent  avoir  la  pro- 
priete  de  se  retourrier  a  minuit. 

Le  m^me  auteur  '  veut  que  Gentod  ,  Gentou 
soit  forme  de^e72^  gent ,  beau,  et  de  hod,  Jioiid  ^ 
hold,  metairie,  ferme;  mais  il  se  trouve  ici  en 
contradiction  avec  le  savant  lausannois  que  nous 
venons  de  nommer  ,  qui  assigne  a  ce  village  l'ori- 
giiie  de  genei>  ^  dou^gan,  iou,  a  la  gorge  du  lac% 

C'est  ce  Genei^ ,  Genei^a ,  gorge ,  bouche ,  pas- 
sage  entre  deux  collines  ,  que  notre  celebre  Histo- 
rien du  Danemarck  donne  pour  racine  au  mot 
GENi:YE.  Cette  opinion  est  appuyee  par  le  dire  de 

1  Essai  sur  les  noms  d'hommes  et  de  lieux. 

2  Mcmoires  sur  la  Suisse  ancienne. 


332  GLOSSAIRE 

Baxter  qui ,  Jans  ses  Antiqultes  britajinlques ,  eile 
plusieurs  lieiix  du  pays  de  Galles  dont  les  noms  et 
la  Situation  offrent  avec  celui-ci  des  rapports  evi- 
dens;  entre  autres,  un  Genep,  en  Cornouailles.  Le 
nom  de  nötre  ville  a  donc  une  origine  gauloise , 
aussi  bien  que  celui  des  anciens  habitans  de  notre 
Canton ,  les  Allobroges  :  all ,  autre ,  etranger ,  et 
bjv,  pays,  c'est-a-dire  peuple  etranger.  11  parai- 
trait  que  dans  le  moyen  äge ,  ce  nom  etait  devenu 
une  Sorte  d'insulte,  car  La  Combe  traduit  yällo- 
hroge,  Allobrogue ,  par  rustre  ,  grossier  '.  Aujour- 
d'hui  quelques  personnes  l'emploient  encore  dans 
un  sens  derisoire. 

Sans  repeter  tout  ce  qu'ont  dit  sur  les  origines 
de  nos  rues  et  monumens,  M.  De  la  Corbiere,  le 
capitaine  Mallet  et  d'autres  arclieologues,  nous  ter- 
minerons  cette  premiere  partie  de  nos  Recherches 
par  quelques  observations  qui  ne  seront  peut-etre 
pas  saiis  interet  pour  les  Genevois. 

Boello ,  boellen,  en  celtique;  boel^  en  langue 
romane  ,  signifient  bien  boyau ,  intestins ;  et  notre 
terme  patois  la  boelle ,  le  ventre ,  de  meme  que 
l'anglais  boii^els ,  derive  bien  de  ces  priniitifs , 
mais  nous  ne  pensons  pas ,  comme  on  le  croit  com- 
munement ,   que   ceux-ci  soient  applicables  a   la 

1  Dict.  du  vieiu:  lang./ranc. 


GENEVOIS.  333 

Tour  de  Boel,  receptacle  presume  des  immoii- 
dices  du  Grand-Mezel,  magnuni  macellwn  ,  la 
grande  boucherie  '.  II  nous  paraitrait  plus  naturel 
de  donner  a  la  Tour  de  Boel,  l'etymologie  de  boi, 
boj  ^  bol,  hauteur,  eminence.  Bühel,  en  alle- 
mand "" ,  a  le  meme  sens ,  et  dans  une  petite  ville 
voisine ,  a  St.  Claude ,  il  existe  une  rue  en  pente 
rapide  ,  comme  notre  Tour  de  Boel,  que  ses  habi- 
tans  appellent  encore  la  boja, 

FusTERiE  est  un  terme  roman  qui  signifie  chan- 
tier,  atelier  de  charpentier;  latin  barbare  fusiai- 
ria,  Voyez  l'article  du  Glossaire  Fustier. 

Molard  ,  de  molare  ,  molaris ,  qui ,  dans  les 
memes  idiomes ,  se  traduisent  par  butte ,  tertre  , 
mole.  Molar,  dans  le  canton  de  Vaud,  signifie 
encore  un  inionceau  de  pierres.  Les  paysans  de 
Dombes,  dit  Du  Gange  %  fönt  aussi  usage  de  cette 
ancienne  expression. 

Taconnerie,  du  celtique  tacon,  piece,  mor- 
ceau ,  et  particulierement  morceau  de  cuir.  Les 

I  Langue romane  ,  tnacelerie ,  boucherie,  et  macelier,  bou- 
cber. 

1  On  voit  pres  de  Berne,  le  Donnerbuhel  (colline  du  ton- 
nerre)  oü,  en  lagi  ,  les  Suisses ,  sous  la  conduite  d'Ulrich 
d'Erlach  ,  remporlerent  leur  premiere  victoire  sur  les  Aulri- 
chiens. 

3  Gloss.  inf.  latin. 


Italiens  ont  conserve  ce  terme  dans  leur  iaccone , 
petite  piece  de  cuir  pour  raccommoder  les  souliers. 
C'est  a  la  Taconnerie,  alors  le  marche  aux  cuirs,  et 
la  place  affectee  aux  artisans  qui  le  travaillalent , 
que  le  celebre  Jean  de  Brogni ,  se  rendant  ä  Avi- 
gnon  pour  la  premiere  fois,  vint  acheter  les  sou- 
liers dont  il  avait  besoin  pour  ce  voyage  pedestre. 
C'est  la  qu'habitait  cet  honnete  cordonnier  qui , 
voyant  le  jeune  etudiant  dans  l'embarras,  lui  fit 
credit  du  prix  de  sa  chaussure ,  et  qui  fut  si  bien 
recompense  de  sa  generosite ,  lorsque  cet  etudiant, 
ne  petit  pätre  d'un  pauvre  hameau,  se  trouva  par 
son  merite  et  ses  talens,  eleve  ä  la  dignite  de 
cardinal. 

Tabazan  etait  l'executeur  des  hautes-oeuvres  au 
commencement  du  dix-septieme  siecle  :  c'est  lui 
qui  fit  mourir  les  prisonniers  de  VJEscalade.  N'est- 
il  pas  bien  extraordinaire  que  cet  homme  soit  le 
seul  Genevois  qui  partage  avec  l'auteur  ^ Emile 
l'honneur  de  donner  un  nom  a  une  rue  de  sa 
patrie  ? 

Voici  ce  que  dit  sur  la  Rötisserie  notre  Bonni- 
vard ,  qu'aucuns  appellent  sans  trop  de  fondement 
le  Montaigne  genevois  :  «  L'an  iS^i ,  i5  d'april , 
fut  brusle  la  rue  de  la  riviere  de  Geneve  ,  depuis  la 
maison  de  Marc  Verin  Periseble,  jusques  a  celle  de 
Borna ;  et  toute  la  rue  de  la  part  du  lac ,  et  toute 


la  nie  neufve ,  depuis  appelee  la  Routisseiie^^oxce 
quelle  avoit  ete  lors  roustie. » 

Un  autre  annaliste  genevois ,  le  celebre  Michel 
Roset,  exprime  dans  les  termes  suivans,  l'origine 
du  nom  que  nous  donnons  au  quartier  des  Ber- 
GUES.  «Apres  que  Geneve  eut  ete  peuplee  de  di- 
vers etrangers  qui  y  venoient  vivre  suivant  les 
mouvemens  de  leur  conscience ,  Dieu  Taffligea  de 
peste  cette  annee  1 542 ,  et  les  autres  annees  sui- 
vantes ,  aussi  bien  les  pays  circonvoisins;  ce  fleau 
fut  suivi  de  la  clierte  des  vivres.  Dans  le  triste  etat 
oü  Geneve  se  voioit  reduite  ,  un  Allemand ,  nom- 
ine Cleberguer,  qui  etoit  marchand,  et  qui  quel- 
quefois  se  tenoit  a  Lion,  et  quelquefois  a  Geni^ve, 
donna  200  aunes  de  drap  a  l'höpital  pourhabiller 
les  pauvres ;  ce  qui  etoit  une  charite  tres-conside- 
rable  dans  ce  temps-la;  et,  etant  mort  a  Lion,  il 
donna  encore  400  ecus  au  dit  hopital ,  par  son  tes- 
tament.  Cet  homme  s'etoit  rendu  si  celebre  ä  Ge- 
neve par  ses  charites ,  que  son  nom  est  demeure 
jusqu'a  aujourd'hui  a  la  maison  oü  il  logeoit  lors- 
qu'il  etoit  dans  cette  ville^  et  qui  est  situee  a  St. 
Gervais  ,  au  bord  du  Rhosne,  de  la  les  Etuves.  » 

Le  chemin  des  CERVOiSES,aPlainpalais,  deC^r- 
visia^  cervoise  ,  sorte  de  biere;  mot  gaulois  con- 
serve  par  Pline.  II  parait  qu'une  fabrique  de  cette 
boisson  exista  jadis  dans  ce  lieu. 


336  GLOSSAIRE 

LaCoULOUVRENitRE,  du  latin  barbare  Colovrbia, 
arquebuse.  Nos  registres  du  quinzieme  siecle  ap- 
pellent  les  arquebusiers  Colovrenerii ^  ludentes  de 
colovrina.  —  Tirer  de  Farquebuse ,  tradiere  colo- 
vrinas» 

Enfin ,  le  nom  de  la  Monnaie  ,  pres  la  porte  de 
Cornavin ,  vient  dun  edifice  oü  Ton  battait  mon- 
naie. Au  milieu  du  quinzieme  siecle ,  il  se  trouvait 
encore  sur  le  territoire  du  duc  de  Savoie ,  et  les 
especes  qu'on  y  frappait  etaient  au  coin  de  ce 
prince.  En  1674?  lorsqu'on  rebatitsur  cet  empla- 
cement,  on  trouva  dansla  terre  quanlite  de  pieces 
de  vieille  monnaie'. 

1  Fragm,  hist.  avant  la  reform. 


GENEVOIS. 


DEUXIEME  PARTIE. 


ORIGINES  DR   QUELQUES  TERMES    DU  PATOIS  DE  LA  CAMPACNE. 

VjOmme  dans  nos  noms  de  lieux,  comme  dans 
iios  idiotismes  de  la  ville  ,  nous  Irouverons  dans  le 
langage  de  nos  paysans,  beaucoup  de  vestiges  des 
langues  anciennes. 

CORTIL  ,   jardin,   (nous    pronongons   Corti  ou 
Courti)  est  un  mot  roman'. 

Unz  moult  renomes  rieh  hom 


En  son  co?-til  avoit  de  choix , 
Et  en  l'etable  des  brebis. 

(  Fabl.  du  I  ae  siede. ) 

Mais  avant  de  passer  dans  la  langue  romane, 
ce  terme  existait  deja  de  tonte  anciennete.  Les 
Germains ,  qui  ne  fermalent  point  ieurs  villes , 
avaient  autour  de  Ieurs  maisons  une  portion  de 
terre  enceinte  qu'ils  appelaient  cortis ,  curtis.  De 
lä,  le  grec  chortos  ^  le  latin  hortns,  le  bas  latin 
curtile,  et  l'espagnol  cortijo ,  jardin  ,  metairie,  lieu 
Terme. 

1  Un  courtillier  etait  un  jardinier. 

2.2. 


338  GLOSSAIRE 

De  lä  l'anglais  court ,  le  frangais  courtine  ^  et 
cette  foule  de  noms  propres  termines  en  cowt : 
Liancourt  ^  Harcourt,  etc.  II  existait  meme  au 
seizieme  siecle  un  celebre  jurisconsulte  fran^ais 
appele  inditferement  Court  et  Du  Curtil.  De  la 
encore ,  ce  grand  nombre  de  villages  suisses ,  et 
parliculierement  de  l'Eveche  de  Bale,  oü  se  re- 
presente  la  meme  syllabe ,  les  Court,  les  Courge- 
mont,  les  Milcour^  les  Courtelari  {curtis  Alarici) 
etc.  Le  mot  cour ,  residence  duprincC;,  a  la  meme 
racine.  C'est  faute  de  s'entendre,  dit  Scaliger,  que 
nous  ecrivoiis  Cour  de  parlement  pour  Court  ^  qui 
vient  de  curtis  :  les  parlemens  suivaient  les  rois  ; 
on  dressait  un  enclos  qui  s'appelait  curtis,  oü  le 
parlement  s'assemblait ,  et  le  roi  ecrivait ;  de  curti 
nostra.  On  dit  ensuite  cort,  et  plus  tard  court. 

Puls  s'en  vint  ä  Co/7  lendemain  , 
Si  se  comraande  ä  St.  Gcrmain. 
Aux  fenestres  du  palals  voit 
Le  Roy,  qui  enlor  lui  avoit 
De  Chevaliers  une  grant  masse  ; 
Trestoute  la  Cort  s'i  amasse.  .  . 

(  Hugues  DE  Cambrai  ,  1 3^  siecle. ) 

II  me  souvient  qu'un  jour  j'estois 
En  la  court  pour  un  mien  affaire. 

(  Jaq.  GuEviN,  16^  siecle.) 

LeFavori  de  Court,  contenant  plusieurs  adver- 
tissemens  et  bonnes  doctrines  pour  les  favoris  des 


GENEVOIS.  339 

princes  et  autres  seigneiirs  et  gentilshommes  qui 
liantent  les  courts. 

(  Titre  d'un  ouvrage  de  Jaq.  de  Rochemore  ,  Lyon  1 556. ) 

Haia ,  est  moins  ancien  que  curtis  :  on  le  trouve 
employe  pour  la  premiere  fois  dans  un  capitulaire 
du  neuvieme  siocle,  oü  il  a  l'acception  de  liaie 
vive  ,  moyen  de  defense.  II  est  forme  du  celtique 
hae,  haie,  fosse,  elevation  de  terre  autour  d"un 
champ.  De  la,  rallemand  Hage ,  et  l'anglais  hedge. 
Nos  paysans  n'ont  pas  conserve  ce  terme,  mais 
celui  dont  ils  fönt  iisage  pour  exprimer  le  mot 
haie,  size,  nous  parait  avoir  aussi  une  origine  cel- 
tique. Gallois  sig ,  chaine  ,  lien,  cloture'. 

Entra  size  et  bosson, 
Fa  ma  dera  sa  raison. 

Le  mot  Ranges,  guides ,  renes,  vient  aussi  du 
celtique  rangen ,  baudrier ,  courroie  ,  r^nes. 

De  Fasque,  poche,  sac,  nous  avons  faitFATTA, 
qui  est  aussi  fribourgeois,  et  s'enfatta,  s'intro- 
duire,  se  cacher.  Facque  s'est  conserve  dans  lalan- 
oue  romane,  et  Fach  dans  l'allemand,  oü  ilsignifie 
layette.  Si  Ton  envisage  la  langue  celtique  comme 

I  Dans  la  hasse  latinite  le  mot  ple.räium  avait  le  mtrae  sensj 
il  elait  forme  du  lal'm  plecta,  lien  d'osier,  ou  d'autre  menu 
branchage;  de  la  tous  Ics  Ples.sis ,  villages  de  France,  et  les 
noms  propres  Dupleix  et  Duplessis. 


3^0  '        GLOSSAIRE 

aiilerieure  a  celie  des  Grecs ,  Ig  phaskolos  de  ceux- 

ci  en  serait  egalement  im  derive. 

Du  teuionjald y  pli,  est  sorti  notre  Feuda,  ta- 
buer. Nombre  de  langues  etrangeres  ont  fait  des 
derives  de  ce  primitif :  Vit^Wen, /alday  jupe,/al- 
daio ,  plisse ,  l'anglais  ,fold,  pb ;  lallemand ,  Falle, 
idem;  le  p'icavA  ^  fauder ,  plier  une  etoffe,  et  le 
XausxieÄociQw , ßiude ,  le  pU  du  corps.  Le  mot  fran- 
cais  garde-fou  vient  aussi  de  la,  car  il  ne  s'agit  pas 
ici  de  fou,  insense,  mais  Aefaux^  le  pli  du  corps, 
et  garde-fou  n'est  qu'une  alterat ion  de  garde-faux. 

Le  Pecou  pour  le  peduncule,  c'est-a-dire  la  tige 
qui  Supporte  la  grappe  du  raisin ;  du  roman  pe- 
coul,  pilier,  colonne ,  quenouille.  A  Lyon,  le  peu- 
ple  dit  encore  picou  de  cerise  ,  picou  depoire,  dans 
le  seus  de  queue  de  cerise ,  etc. 

Le  cri  dont  on  se  sert  dans  mos  basses-courspour 
appeler  les  canards:  BouRi,  BouRi!  est  aussi  de- 
rive du  roman,  car  boiir,  bourd,  danscet  idiome, 
signifie  un  canard. 

Le  Craizu  ,  la  lampe;  terme  vaudois  et  savoyard, 
du  celt.  creuseul,  forme  de  creus,  vase,  et  de  eid, 
buiie.  Vieux  francais  ,  crezieu^  vase  a  buile.  Notre 
craizu  se  dit  en  Franclie-Comte  crezcu,  et  en  Dau- 
phine,  crusieu,  creisieu'  : 


I  On  retrouve  cn  Dauphlnc  bcaucoup  d'expressions  de  la 


GENEVOIS.  341 

Mais  qu'eto  que  lor  bien  ?  un  tupin  una  ecuella  ; 
De  pailli  una  fourcha  per  coucliier  sans  lincieu ; 
La  plus  granda  partia  n'at  pas  ne  de  crusieu. 
(  Poes,  dauph.  ) 

Le  conte  populaire  du  Craizii.  ecrit  en  patois  de 
Lutry,  est  tres-connu  dans  le  pays  de  Vaud. 

Elieuda  ,  eclair.  En  Dauphiiie ,  eiloido  ,•  en 
Franche-Comte ,  e'/w^e,*  a  Fribourg,  eliiizo;  vieux 
fran9ais,  e'/oz^e.  Racine  ce\ii(\\XQ  elljdan^  eclair, 
feu  follet  {dan  signifiant  feu  );  elluenna,  etince- 
1er.    En  Georgie ,  elua ,  eclair. 

Les  Alouilles.  On  appelait  autrefois,  dit  l'Aca- 
demie  ,  le  premier  dimanche  de  careme ,  le  di- 
nmnche  des  Brandons ,  parce  que  ce  jour-la,  le 


langue  gauloise  qul  sont  communes  ä  nos  environs,  et  quel- 
ques autres  aussi  dont  nous  avons  perdu  la  traditlon;  entre 
autres,  le  raot  baga,  par  lequel ,  suivant  M.  Chainpollion- 
Figeac ,  on  designe  encore  dans  cette  province  certains  mon- 
tagnards.  C'est  lä  un  reste  de  ce  nom  de  hagaudce  qui  se 
donnait  dans  les  Gaules  aux  paysans  revoltes  contre  l'auto- 
rite  rouiaine.  Or,  ce  hagaudce  derive  du  celtique  bagadirou- 
pe ,  assemblee.  Et  une  Observation  qui  n'echappera  pas  ä  l'o- 
rienlaliste,  c'est  que  ce  dernier  tcrme  (dont  les  Francais  out 
fait  bagarre,  IV  se  subslituant  au  J)  a,  dans  la  langue  be- 
braique,  le  meme  sens  que  dans  le  gallois  et  Ic  breton.  Au 
reste,  on  sait  que  l'idiome  des  Ecossais  monlagnards,  Ic 
gaelic,  offre  souvenl  avec  l'hebreu  une  simililude  rcmar- 
fiuable. 


342  GLOSSAIRE 

peuple  allumait  des  feiix,  dansait  a  i'entour,  et 
en  portait  dans  les  rues  et  les  campagnes.  Cetle 
ceremonie  re^oit  eiicore  le  meme  nom  dans  nos 
villages  du  pays  de  Gex,  mais  en  Savoie  cest  la 
soiree  des  Alouilles  ^  et  ce  terme  a  probablement 
la  meme  origine  que  celiii  d'elieuda.  Les  jeunes 
paysans  courent  avec  des  flambeaux  devant  les 
portes  des  nouveaux  maries  et  des  epoux  sans  en- 
fans,  oü  on  leur  jette  des  iioix  ou  d'autres  frian- 
dises,  ä  peu  pres  comme  a  cette  Pierre  d  Bernade 
(voyez  ce  mot)  dont  la  coutume  a  disparu  dans 
Geneve  il  y  a  environ  un  quart  de  siecle.  La  pe- 
tite  fete  des  epouses  de  mai  s'y  celebrait  aussi 
tres-anciennement  :  le  premier  dimanche  de  ce 
moisj  les  jeunes  filles  des  artisans  de  la  ville  sepa- 
raientdefleurs,  et  ailaient  chanter  devant  les  mai- 
sons,  ainsi  que  cela  se  pratique  aujourd'hui  dans 
les  villages  de  nos  environs. 

EssERTs,  Aux  EssERTS,  EssERTiNES  ,  noms  d'un 
grand  nombre  de  pieces  de  terre  et  de  hameaux. 
Du  roman  essarts,  broussailles,  champs  incultes  : 
forme  du  primitif  ^ar,  bois,  foret,  ebene.  Les 
Gaulois  appelaient  Saronides  certains  philosopbes 
qui  habitaient  les  forels  de  ebenes ,  et  professaient 
sous  leur  ombrage'.  De  ce  ^ß/viennent  le  breton 


1   Diod,  de  Sic,  liv.  V. 


GENEVOIS.  343 

sarp  et  le  fmiigais  serpc ,  sarmeiit ,  sarbacane,  etc. 
La  basse  latinite  en  a  iedtessarlare^c^mix  le  meine 
sens. 

La  RAMASSA,  le  balai.  Du  vieux  frangais  ramon^ 
forme  du  latin  ramus.  On  appelait  autrefois  les 
sorciers  des  raniassiers ,  parce  que ,  pour  ^tre 
re9us  au  sabbat ,  ils  devaient  paraitre  a  cheval  sur 
un  manche  a  balai.  Au  quinzieme  siede ,  dit  une 
vieille  chronique,  une  ramassiere  fut  brülee  a 
Nuits  en  Bourgogne.  Donner  la  ramasse  signifiait 
donner  le  fouet.  Cette  ramasse  fut  infligee  juri- 
diquement  ä  un  enfant  de  notre  Canton  ,  en  i5G3, 
pour  avoir  injurieusement  traite  sa  mere  cYhcrege, 
c'est-a-dire ,  en  vieux  frangais ,  heretique ;  Yretge , 
heretge.  De  la  notre  patois,  hireze,  hereze  ,  sorte 
d'injure  :  ü  est  pis  qu^herezc  ,  qu^jreze. 

Merendon  5  goüter  des  paysans.  Racine  celtique 
merenn^  le  goüter;  en  latin,  merenda;  et  dans  la 
basse  latinite ,  meiinga  j  ad  mGiingam  daiur. .  .  . 
albus  panis  ei  I  stopus  vini. ...  —  Qid  übet  obe- 
dienüarius  quando  incipit  dare  merwgam ,  timc 
propinat  dorninis  cum  sextario  vini  in  tvibus 
magnis  cifis .... 

(Du  CiNGE.  ) 

C'est  sans  doute  de  ce  meringa  que  vientle  mot 
fran^ais  meringue ,  sorte  de  bonbon.  Dans  la  lan- 
gue  romane  ,  märender  ^  veut  dire  goüter.  Un  an- 


344  GLOSSAIRE 

cien  glossaire  traduit  le  mot  merenda  par  le  man" 
gier  de  Vheure  de  None.  Marendar^  signifie  aussi 
goüter  chez  les  habitans  des  Alpes  friJiourgeoises. 

Dans  ces  contrees  pastorales,  on  appelle  nier- 
chant^  un  amant,  im  amoiireux.  L'origine  decette 
expression  est  celtique ,  comme  Fa  fort  bien  ob- 
serve  M.  Bridel,  et,  parmi  les  nombreux  vestiges 
de  cette  langue  que  noiis  otfre  la  Suisse  romane , 
celui-Ia  n'est  pas  le  moins  remarquable.  Merc'h, 
merchedy  en  gaelic ,  en  gallois ,  en  breton,  signifie 
une  fille,  une  vierge.  Ce  terme,  comme  celui  de 
Marc'h,  cheval,  se  retrouve  dans  tous  les  dialec- 
tes  celtiques.  Le  mot  mercheta,  marcheta,  etait  en 
Angleterre  et  en  Ecosse  synonyme  de  ce  quon  ap- 
pelle en  France ,  exercer  le  droit  du  seigneur ,  et 
voici  ce  que  dit  encore  le  vieux  Du  Gange  a  cette 
occasion  :  «  Marc'h  equum  significat  prisca  Scoto- 
rum  lingua.  Hinc  deducta  metaphora  ab  equitando, 
marcheta  mulieris  _,  dicitur  virginalis  pudicitiae 
prima  violatio  et  delibatio  ,  quae  ab  Eveno  rege , 
dominis  capitalibus  fuit  impie  permissa,  de  Om- 
nibus novis  nuptiis ,  prima  nuptiarum  nocte. » 

Passei  ,  echalas ;  du  roman ,  palssel ,  forme  du 
\^Hnpaxillus.  Quelques-uns  lederiventdu  celtique 
pes ,  sapin.  En  Franche-Comte ,  /^a/,? je/,  paisseau; 
dans  le  Lyonnais ,  passeau. 

Ades,  encore,  des  ce  moment,  toujours.  Du 


GENEVOIS.  345 

roman  ades ,  plutot  que  du  grec  adei,  comme  dit 
E.  Bertrand. 

Li  clers  les  va  ades  sivant,     . 
Et  dist  que  ades  les  sivra 
De  si  adonc  que  il  saura 
Lor  fin.  .  .  . 

(CoRTE-BARBE,  daus  Ics  trois  aveugles  de  Compiengne. 
1 3^  siede. ) 

C'est  Vadesso  des  Italiens,  tout  comme  nolre 
nion  est  leur  niuno  ,  forme  de  nemo ,  personne. 
Orendroit  ;,  maintenant  : 

Si  m'en  vaul  mlex  taire  orendroit, 
Que  dire  chose  qui  n'i  soit. 

(Durand,  les  locus ,  i3^  siede.) 

Ores,  a  present;  Prou  ,  assez,  et  Et  tout^  aiissi, 
sont  des  expressions  que  la  langue  franyaise  a  con- 
servees  plus  long-temps.  Montaigne  dit  encore :  «  La 
mort  s'appesantit  souvent  en  nous ,  de  ce  qu'elle 
poise  aux  aultres;  et  nous  interesse  de  leur  inte- 
rest,  quasi  autant  que  du  nostre,  et  plus  e/  tout., 
parfois.  « 

Nos  paysans  disent  et  tot;  et  nos  et  tot,  et  nous 
'  aussi.  Aux  environs  de  Paris,  on  dit  i  toii. 

AuCQUES ,  (mouillez  la  derniere  syllabe  )  signifie 
quelque  chose  dans  notrepatois ;  en  langue  romane, 
c  est  aicques  :  Les  uns  lui  donnent  aicques  ,  et  les 
aultres 3  noure  (rien).  A  Fribourg  on  dit  oque. 


346  GLOSSAIRE 

Le  Meitan,  le  milieu,  vient  de  mitan  qui  a  le 
meme  seris ,  et  Etran  ,  sorle  de  fourche,  de  eslrain, 
paille ,  forme  de  siranien. 

Renoille  ,  grenouille.  Ce  terme  de  notre  patois 
est  exactement  le  meme  que  dans  la  langue  ro- 
mane  :  De  la  sorls  et  de  la  renoille ,  fable  de  Marie 
de  France,  poete  du  i3^  siecle;  c'est  la  premiere 
femme  qui  ait  fait  des  vers  fran9ais.  Son  recueil 
n'a  pas  ete  inutile  ä  La  Fontaine. 

Waiter,  regarder^,  appartient  au  meme  idiome, 
qui  le  tenait  des  anciennes  langues  du  nord.  Les 
Picards  disent  water ,  et  les  Anglais  to  wait.  ^gai- 
ter  est  aussi  de  la  langue  romane  : 

Jalousie  la  fait  sa  gaite  (son  espion)', 
C'est  eil  qui  trestous  nous  agaite. 

{Rom.  de  la  Rose.) 

Xailler  5  sortir ,  que  nous  pronon^ons  schailli, 
nous  vient  de  la  meme  source. 

Dans  les  noms  des  jours  de  la  semaine  nos  pay- 
sans  n'ont  fait  que  changer  le  di  ende  :  «' . . . .  Le 
marchie  de  Geyz  est  le  djlons ,  et  la  feyre  de  Geyz 
et  le  marchie  de  Divone,  \e  dimars  ^  et  le  marchie 
de  St.  Johant  de  Goveilles. . .  doitestre  le  dimes- 
cre^  lequel  homage  nos  li  avons  fait  a  Sessie,  le 
dimenge  aprest  feste  Sent Johant-Baptiste . . .  » 

{Homage  c?e  Jonville  ,  Sirc  de  Geyz,  ä  l'Evesque 
de  Geneve,  en  i3o5. ) 


GENEVOIS.  347 

Le  Mi-ZEUR ,  le  midi ,  de  iiotre  palois  est  le  mic- 
jour  de  la  langue  romaiie,  et  notre  Wai,  Hole, 
aujoiird'hui  ,  Tancien  m,  hui,  forme  du  laliu 
ho  die. 

.  .  .  vous  serez  le  parrein  , 
Des  hui,  je  vous  en  prie. 

(La  J'ONTAINE.) 

Nos  paysans  disent :  d  wai,  d  houc  de  Sande ,  d 
houe  Demenze  ,  pour  designer  le  samedi  et  le  di- 
manche;  et  de  meme  pour  les  autres  jours  de  la 
semaine. 

Enfin,  qu'on  jette  un  coup  d'oeil  sur  la  nomen- 
clature  suivante  (qu'il  nous  aurait  ete  facile  de 
grossir)  et  l'on  verra  que  le  langage  de  nos  cam- 
pagnes  n'est  qu'un  roman  plus  ou  moins  alterd. 


RMESDE  LA  LA 

KGUE  ROMANE. 

TRADUCTION  FRANCAISE. 

Aulanie,  Dan 

ph.  oulagni. 

Noisette. 

Frib 

.  alogne. 

Bolle, 

Boale. 

Crot, 

Creux. 

Naz, 

Nez. 

Oille,  oule , 

Huile. 

Olle,  Dauph. 

olla. 

Marmite. 

Paa, 

Pain. 

Peivre, 

Poivre. 

Frone , 

Prune. 

Ploge, 

Pluie. 

Poret, 

Poreau. 

iß 

GLOSSAIRE 

RMES  DE  LA  1 

^ANCCE  ROMANE. 

TRADUCTION  FRANCAISE. 

Pugnie, 

Poignee. 

Polain , 

Poulaln. 

Poilaille , 

Poule. 

Poure, 

1 

Pauvre. 

Quoue, 

Queue. 

Roe, 

Roue. 

Sau, 

Sei. 

Suetle, 

Chouette, 

Man, 

Main. 

Joesne , 

Jcune. 

Joenece, 

Jeunesse, 

Moye ,  moyes , 

Tas,  monceau. 

Nos  paysan 

)  disenl 

:  on  rnoe, 

toten  onmoe;  en-r-on  rnoe. 

Chucre , 

Sucre. 

Fenian , 

Falneant. 

De  fors  , 

De  hors. 

Fetge, 

Foie. 

Gof, 

MouiUe ,  trempe. 

Sovent, 

Souvent. 

Trope , 

n 

Troupe. 

Troble, 

Trouble. 

Trioule, 

Trefle. 

Torsiors , 

Toujours. 

Vesin  , 

Voisin. 

Epoigne, 

Sorte  de  gäteau^ 

Epinoches , 

Epinards. 

VERBES. 

Bouter, 

Mettre. 

Ramander, 

Reparer. 

Tumber, 


Tomber. 


GENEVOIS.  349 

TERMES  DE  LA  LANGUE  ROMANE.         TRADUCTION  FRANCAISE. 

Treper,  Dauph,  Trepa.  Fouler  aux  pieds. 

Subler  ,  Dauph.  sibla.  Siffler. 

Rober  ,  Frib.  riihar.  Voler. 

Panner,  id.. pannar.  Essuyer,  etc.  etc 

Les  rioms  de  pieces  de  terre  et  les  noms  propres 
sont  encore  deux  sources  oü  Ton  peut  puiser  d  a- 
bondantes  origlnes  romanes  et  celtiques;  on  ferait 
un  yolume  sur  cette  matlere ,  mais  pour  finir  notre 
notice,  deja  trop  longiie  peut-etre,  nous  nous  bor- 
nerons  ä  indiquer  quelques  etymologies  des  noms 
propres  de  ce  pays. 

Le  terme  de  la  laiigue  romane  galois  se  traduit 
par  fort,  galant,  aimable;  de  lä  les  noms  Galois, 
Galloix,  et  le  feminin  galaise,  jeune  fille  gentille  : 

Et  puis  s'en  vont  pour  faire  les  galoises , 
Lorsque  devroient  vaquer  en  oraison. 

La  Fontaine  fait  encore  usage  de  cette  expres- 
sion  : 

Par  ce  point  lä,  je  n'enlends,  quant  ä  moi, 
Tours  ni  porteaux  ,  mais  ^enliWes  galois  es. 

Galler ,  en  vieux  fran^ais,  mener  joyeuse  vie  : 

Je  plains  le  femps  de  ma  jeunesse. 
Au  quel  j'ay  plus  qu'aultre  galle. 

(ViLLON,  i5«  siede.) 

Gale^  et  au  feminin,  gulesa.,  en  patois  de  Fri- 
bourg,  joli,  gentil. 


35o  GLOSSAIRE 

Ma  t'appreindris  oun  yazo , 

Quin  \6  lo  mi,  au  d'oun  boim  caur, 

Au  d'oun  gale  vesazo. 

(Coraula ,  soit  ronde  dansante  de  Fribourg.) 

Vo)  ez  daiis  le  Glossaire,  au  mot  branleite,Vety- 
molo2;ie  de  Coraula. 

Bordier,  signifiait mctayer  ,  fermier.  C'est  le 
Me/e/*  germanique  5  nom  propre  egalement  tres- 
repandii  eii  Allemagne.  Borde,  eii  cellicjue,  metai- 
rie,  ferme,  maison;  et  ce  terme  avait  passe  daiis 
le  roman  : 

N'es-tu  plus  or  recors 
De  la  borde  araigneuse 
Dont  jadis  te  mis  hors? 
Unc  blen  plus  poudreuse 
T'altend  encore. . . . 

(In  icoT  ,  en  ses  Cantiques. ) 

Chapuis  signifiait  uii  charpentier,  et  iiospaysans 
disent  encore  :  on  chapoue.  Royer,  iin  charron  ; 
VlGNlER,iin  garde-vigne;  Romieux,  un  pelerin  ; 
Wagnon,  un  fermier,  etproprement ,  un  semeur; 
dela  notre  verbe  uagni,  semer;  Gaynier,  un  la- 
boureur  ;  gaigmer,  labourer ;  gaignage ,  terre  la- 
bouree'  : 


1  C'est  ainsi  que  clirz  Ics  Romains,  les  Pison  prirent  leur 
nom  du  fromcnt  qu'ils  avaient  broye  (/?iso,  pi/iso  ,  piler, 
broycr)j  les  Hortensius,  des  jardins  qu'ils  avaient  cultives; 


GENEVOIS.  35 1 

Ja  sera  lant  d'en  champ  aller , 
Por  nos  terres  ä  gaignier. 

(  Jnc.  Fabliau.v. ) 

Tant  chemlnai  par  forcsts  et  bocages  , 
Que  rencontral  du  cerf  dans  les  galgnages. 

(  Du  FoiTiLLOUx  ,  sous  Charles  IX. ) 

Bachelard,  jeune  amoureux ;  Fillol,  filleul ; 
G0Y5  boiteux;  Godemar,  gros  ventre;  Guy, pro- 
pre, apte;  Gautier  ,  bon  compagiion;  Rieu,  riiis- 
seau;  HuAU  ,  hibou;  RiGOT ,  triste,  et  enfin, 
Truant  ,  Truand  ,  nom  propre  qui  appartient 
plutöt  au  canton  de  Vaud;  du  celtique  truant  ^ 
vagabond,  mendiant,  terme  que  les  Anglais  ont 
conserve.  De  lä  le  vieux  fran9ais  imand  et  le  verbe 
iruander^.  L'histoire  des  Croisades  fait  mention 
d'un  roi  Truant,  commandant  tous  les  vagabonds 
et  mendians  qui  suivaient  l'armee,  et  certes,  dans 
ces  temps  de  desordre  et  d'indiscipline,  les  subor- 
donnes  de  ce  singulier  prince  devaient  former  de 
nombreuses  legions. 

Nous  avons  encore  divers  noms  propres  origi- 


les  Fabius,  les  Ciceron  ,  les  Lentulus,  de  leurs  feves,  de  leurs 
pols,  de  leurs  lentilles,  et  que  les  membres  d'une  blanche  de 
rilluslre  famille  Valeria  furent  appeles  les  lactutiens ,  de  lac- 
tuta  ,  une  laitue. 

I  Nous  rcjetons  donc  l'etymologie  de  Le  Duchat ,  qui  dcrive 
ces  mols  de  tributare,  fait  de  tributum,  tribut. 


35:2  GLOSSAIRE 

nairement  formes  de  quelque  nom  de  vice  ou  de 
difformite,  mais  on  pourrait  indisposer  ceux  qui 
les  portent  aujoiird'hui  en  leur  en  exposant  les  ra- 
cines.  Le  nom  propre  d'un  homme,  dit  Göthe, 
ii'est  pas  im  manteau  qu^on  puisse  tirailler  a  vo- 
lonte ;  c'est  Uli  habit  adapte  a  sa  taille,  ou  plutöt, 
c'est  sa  peau  m^me  quis'etend  amesure  qu'il  croit, 
et  qu  on  ne  peut  dechirer  sans  le  blesser. 


Fl]\. 


GENEVOIS. 


X^-fc^X  lX^^*.^*Vfc«^^^^fV^^ 


ADDITIONS  ET  CORREGTIONS. 


Page  36.  Bernicle  ^  hernicle!  lisez  :  Bernicle  ^  bre- 
nicle  ! 

BRETTER ,  BREITER ,  terme  de  portefaix ;  tour- 
ner un  colis  sur  le  char  ou  le  chantier,  pour  le 
prendre  dans  sa  largeur.  Peut-etre  de  rallemand 
breit,  large. 

CHRESTOMATHIE,  prononcez  la  finale  comme 
dans  Sympathie ,  et  non  comme  dans  diplomatie. 

CHUCHOTAGE  ,  pour  chuchoterie. 

COTONNE  5  pour  coto^nade,  etoffe  de  coton :  Une 
cotonne  cadrillee. 

EPINACHEj,  ECHEVELE.  Epinacherle  chanure,  le 
peigner.  Les  epinacheurs  sont  venus. 

FAVIOLE^",  FAVIOLON;  HARicoT,  feve  de  hari- 
COTS :  De  la  soupe  auxfaviolons ,  desjai^ioles  ä 
bouquet.  Langue  romane. ,  fai^iau  jj'ai^iou  j\an- 
guedocien  ,fai>ioous  j  racine  celt.^t^. 

GRIBICIIE ,  maligne  ,  piE-GRitCHE ,  et  quelquefois 
aussi  LiBERTiNE  :  C^est  une  petite  gribiche. 

23 


354  GLOSSAIRE 

HAVA1^E  :  -ÖM  Sucre  ^  des  cigares  d'Nai^ane;  dites 
ck  laHavane. 

Tage  207.  Dans  la  note  qui  accompagne  l'article 
NANT,  nous  avons  indique,  sur  la  foi  d'une  re- 
lation ,  que  le  mot  Bournou  est  forme  de  Bor, 
pays,  et  de  Nou,  lac  d'eau  douce.  Un  Essai 
sur  l'idiome  du  Bournou  tout  recemment  pu- 
blic par  Klaproth ,  semblerait  peu  d'accord  avec 
cette  origine,  car  il  traduit  pays  par  hella ,  et 
eau  par  inki, 

Page  2i4  a  l'art.  OEUVES,  UVES ,  ajoutez  :  Quel- 
ques-uns  donnent  aussi  ce  nom  a  la  laite  ou  lai- 
tance  du  poisson. 

PEDANT  pour  pedant,  et  REPIT,  REPLIQUER, 

pOUrREPlT,  REPLIQUER. 

PIQUE-RAVE ,  le  tarier  ,  oiseau  du  pays. 

Page  244  ^  Tart.  PRISER,  ajoutez  cet  exemple  : 

II  ni'en  couta  du  tabac  ä  priser,  du  tabac  a  fu- 

mer,  etc. 

(  PicHOT ,  Voy.  en  Angleterre. ) 

La  langue  usuelle  a  besoin  de  ce  verbe ,  ou  d'un 

autre  qui  le  remplace  mieux,  c'est-a-dire  qui 

n'offie  point  d'equivoque. 

REFONFONNER,  REFONFOUNER,  remettre  , 

ajOUTER  ,  remplir  de  nouveau  :  Refonjonner  la 

cafetiere. 

RlOLE(LA)terme  rural,  especedeliseron,  convol- 


GENEVOIS.  355 

vulus  an^ensis.  Du  roman  triolaine,  lougue  file , 
train^e;  parce  qiie  cette  plante  rampe  et  s'etend 
au  loin.  Cette  etymologie  est  la  m^me  que  celle 
de  inölcy  dont  nous  avons  fait  aussi  riole  par 
corruption.  Voyez  ces  mots. 

ROTE  (LA),  la  rue,  plante  medicinale.  Du  latin 
ruta. 

SOLDAR  pour  soldat.  Vieux  fran^ais  : 

Quand  un  bruit  affreux  de  soldars 
Fut  entendu  de  toutes  parts. 

(Garnier,/«  Troade.) 

Voyez  aussi  page  aSS  une  citation  de  Ronsaud. 

TRAlNARD  pour  trainant  ,  un  accent  trainard. 
VETIR ,  REVETIR.  Vetissez-vous  damntage  :  Ils 
se  repelissent  d'ujie  peau.  Dites :  Yf!;TEZ-vous  ;  iis 

se  REVETENT. 

Page  3io.  Au  lieu  de  ces  mots:  dont  IHelvetie 
abonde,  lisez,  dont  THelvetie  est  si  bien  pourvue. 


MAUV AIS ,  MAUV AISE  ,  prononcez  iMOVAis ,  mo- 

VAISE. 

C  AVE  AL  ,  GRABE  AU ,  ne  prononcez  pas  cai^ot , 

grabot. 

Au  lieu  de  faire  Xa  bref,  dites  aussi:  passage  , 
flamme,  larron,  bärreau  ,  bärriere,  cärriere,  mu- 
raille  ,   bataille  (  selon   d'Olivet ) ,  echasse ,  hom- 


356  GLOSSAIRE 

masse ,  nasse ,  Neuchätel ,  il  accäble  ,  il  compAsse, 
il  condamne ,  il  läce ,  dehlce ,  entreläce ;  nous  don- 
nämes,  arretames;  que  j'aimässe,  etc. 

En  revanche  5  ne  prononcez  pas  cdfe^  malle  ^ 
mdlheur  ^  Tndlheureux ,  mdlaise ,  mdsque ,Jantds- 
que^  bourrdsque ,  sjlldbe^  räme ,  progrdmme  ^  Or- 
gane, mdgoty  cliocoldt ,  cadends ,  cascdde,  mala- 
de 5  saldde .  cdrte  _,  bdrque ,  Iddre ,  m,drge  _,  cabdle  , 
capiidle  ^ anndles  ^  mordle  ^  bald/re ,  profane,  pla- 
tdne,  cdrpe,  epdrgne,  etc.  Tous  ces  a  doivent  ^tre 
brefs. 

Remede  ,  poete  ,  prophete  ,  ebene  ,  pheno- 
mene,  cathecumene  ,  garenne ,  etrenne,  com- 
merce ,  traverse ,  asperge ,  perle  ,  caverne ,  perte , 
cherche,  serpe ,  terrestre,  chandelle,  barometre  , 
thermometre ,  demandent  aussi  Ye  bref ,  et  c'est 
mal  ä  propos  que  nous  pronongons  chandelle,  as- 
perge, commerce  ^  etc. 

II  est  tout  aussi  incorrect  de  faire  l'e  bref  dans 
les  mots  abbesse,  confesse,  cesse,  grossesse,  il 
professe,  il  alleche,  je  me  depötre  ,  lievre,  pere, 
mere ,  frere ,  deuxieme ,  troisieme,  quantieme,  etc. 
vieillcj  vieillesse,  chevre  ,  pie-grieche,  bobeche  , 
protzt,  seche,  liege,  pr^t,  siege,  benet,  tres,etc. 
Mais  c'est  particulierement  dans  la  quantite  de 
\o  que  peche  la  prononciation  genevoise  :  noble , 
Grenöblc ,  pöste  y  coßre ,  propre ,  octöbre,  oppro- 


GENEVOIS.  357 

bre^negoce^  coinmode ,  il  accommode ,  conipote , 
rosse,  antipode^  colle  ,  ecöle  ,  cabriole^  hricole  <, 
Jaribole,  Symbole ,  virole,  rougeole ,  etc.  sonnent 
fort  mal  ä  des  oreilles  fran^aises  ,  car  tous  ces  o 
doivent  etre  brefs. 

La  prosodie ,  au  contraire ,  demande  que  la 
meme  lettre  soit  longue  dans  amazone,  anemone, 
matrone ,  aurore ,  encore ,  pecore ,  grosseur,  fosse, 
poutre,  polygone,  octogone ,  Babylone,  qu  il  voie, 
je  rogne,  et  il  croit ,  du  verbe  croitre. 

Enfin ,  au  lieu  de  faire  Vi  et  Vu  brefs  dans  les 
mots  suivans ,  ayez  soin  de  dire  :  prodige  ,  litige  , 
tige ,  vite ,  benite ,  hydre ,  cidre ,  tuile ,  que  je  fisse, 
que  j'ecrivisse,  qu'il  fit,  qu'il  ecrivit ;  buche ,  em- 
büches,  affüt,  verdüre  ,  iious  re^umes,  vous  re- 
9Ütes,nous  lümes,  vous  lütes,  qu'il  lüt,  vous  futes, 
nous  pümes,  que  je  püsse,  que  je  connusse,  etc. 

La  prononciation  de  tu  es  doit  etre  longue  :  tu 
es;  quant  a  celle  de  la  conjonction  ei,  Urbain  Do- 
mergue  demande  qu'elle  soit  moins  ouverte  que 
dans  le  verbe  est. 

La  diphtongue  oi  doit  etre  douteuse  ,  ainsi  les 
Genevois  qui  prononcent  jjioe ,  ioe,  le  7'oe,  les 
mots  moi ,  toi ,  le  roi ,  ne  sont  pas  plus  corrects 
que  les  habitans  de  la  Savoie  qui  disent :  le  roä  , 
un  oudseau,  une  deinodselle,  etc. 

Les  Vaudois  fönt  breves  des  syllabes  essentielle- 


358  GLOSSAIRE 

ment  longiies  :  il  a  passe  ä  cote  du  chäleau ,  mais 
cesfautes  de  prosodie,  quoique  graves,  n'ontrien 
de  disgracieux  ä  l'oreille. 

Au  surplus  5  ce  serait  oter  au  colloque  familier 
cet  abandon  qui  en  fait  le  charme,  que  de  s'appli- 
quer  a  une  pronoiiciation  strictement  gramma- 
ticale,  et  surtout  a  faire  sonner  avec  affeetation 
les  J  et  les  t  finals  dans  le  but  d'ev  iter  des  rencon- 
tres  de  voyelles  :  «  Nous  voyons ,  dit  l'abbe  d'Oli- 
vet  5  que  la  conversation  des  gens  bien  eleves  est 
pleine  d'hiatus  volontaires  qui  sont  tellement  au- 
torises  par  l'usage ,  que  si  Ton  parlait  autrement  , 
cela  serait  dun  pedant  ou  dun  provincial.» 


FIN. 


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