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Full text of "Glossaire génevois, ou Recueil étymologique des terms dont se compose le dialecte de Genève ..."

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GLOSSAIRE 

GENEVOIS. 






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GLOSSAIRE 

GENEVOIS , 



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RECUEIL ÉTYMOLOGIQUE 

DES TERMES PONT SE COMPOSE I,^ DULECTl^ DE 
GENÈVE, AVEC I,ES PRINCIPALES L0CUTI0N3 
DÉFECTUEUSES EN USAGJE; DANS CETTE VU.LJB;, 



m I . \ 



.... Je l'essaye y un pli|s savent le fasse, 

( La Fqntaine, ) 



GENEVE . 

CHEZ MARC SESTIÉ FILS, IMPRIMEUR-LIBRAIRIE, 

182O' 

3û2> . 42, . ll>e>. 



DISCOURS 

PRÉLIMINAIRE. 

JbiTRE mile à cette classe nombreuse de G^neroîs que 
leur Tocâtion n'a point appelas à des études; offrir aux 
gens instruits quelques observations sur les origines de 
notre dialecte populaire , tel est le double but que je me 
suis proposé, en publiant ce recueil. 

Un écrivain célèbre , à la fois bon littérateur et savant 
du premier ordre, M. Biot, a dit en parlant de Genève : 

« La pureté de la langue française ne devrait être nulle 
« part plus religieusement conservée que dans une ville 
« qui a eu la gloire de produire un de nos plus grands 
<n écrivains , et qui offre encore aujourdliui une réunion 
« rare de savans et de gens de lettres distingués par leurs 
<c lumières et par leurs talens (i) )^* 

Maintenant que notre patrie redevient le séjour favori 
d'un grand ïtàHkhie d'étrangers de distinction , et que l'Eu- 
rope semble déjà lui accorder le beau titre d'Atbènes de la 
Confédération , n^est-il pas, plus que jamais, essentiel d*in^ 
sister sur cette .pureté qu^on nous recommande î 

Cependant , si nos écrits , ainsi que nos discours soute-. 
nus , doivent - être éminemment français , je ne prétends 
point engager mes compatriotes à bannir entièrement nos 
expressions locales de la conversation familière, et à se- 
tenir, comme certaines personnes ^ roidement sur le qui vive^, 
pour ne laisser échapper aùcua terme genevois, aucune- 
locution nationale, 

(i) Mercure de France, mars iQog^ 



(ij) 

Notté i^idmè n'est pas dépourvu d'énergie ; il rcnfei'ra© 
des mots remplis d'harmonie imitative , ainsi que plusieurs 
Verbes qui n*dnt point de correspoiidans en français, et 
qu'on ne pourrait remplacer qiie par des périphrases ; cette 
langue^ d'ailleurs^ nous la tenons de nos pères ^ et, pen<a 
dant vingt annexes, elle à contribué à rappeler à notre sou-^ 
Tenir que nous avions été un peuple indépendant, et que 
nous pouvions le redeviSnir un jour ; à ce titre ^ elle doit 
nous être précieuse» 

Ce reéueil Sera donc ^ tout-à-la fois ^ nn conservateur de 
klotre langage ^ et un guide qui pourra nous faire éviter 
des fautes ^ lorsque nous voudrons nous exprimer en hou 
français k 

Un Genevois ^ en faisant Usâgè des tettnes de son dia- 
lecte , sera toujours compris à Genève^ mais le sera-t-iî 
Suffisamment dans un pa js étranger , et surtout en France , 
(où nous Voyageons si souvent 5 et ne courra-t-il point le 
risqué de faire rire à ses dépens? risque ^ aul yeux dé 
Iseaucoup de gens ^ bien plus grand encore que celui de ne 
pas être entendu. 

Je dois avouer aussi qtie )é n^ai point été indififérent à 
l'idée de la petite jouissance que je procurerai à ceux de 
mes compatriotes qui sont éloignés de leurs foyers ; car j'i- 
htagine que mon vocabulaire produira sur eux à peu près 
ï>effet d'une Vue fidèle de Genève et de ses environs. Un 
nt^gôciant ^ fixé pendant plusieurs années dans une ville 
létrangère | m'a assuré qu'il se faisait adresser chaque mois 
im recueil de nos Feuilles d*Avis ^ uniquement pour avoir 
le plaisir d'y retrouver les termes et les tours de notre 
idiome , dont on sait qu'abondent les petites affiches gén^ 
^oisesi 



Si , dans cba([ue proyince de la France^ il se trouyad 
,tin amateur de philologie , qui voulût Lien s'occuper de re* 
cherches pareilles aux mieunes , et les publier, il en résul- 
terait des comparaisons dont le fruit ne serait pas douteux* 
On verrait, par exemple, qu'un grand nombre de mots ro- 
mans se sont conservés dans presque tous les dialectes 
français , et que la plupart de ces mots , par leur carac- 
tère expressif , aussi bien que par leur droit d'ancienneté, 
ne seraient pas indignes d'être indiqués à l'Académie , au- 
près de laquelle on pourrait, à cet égard, s'appuyer d'une 
opinion bien respectable , celle de Fénélon , qui a dit 
quelque part : « Je voudrais autoriser tout terme qui nous 
^ manque, et qui a un son doux, sans danger d'équi- 

« voque (i) » 

Plusieurs écrivains de mérite, et entr'autres, l'ingé- 
nieux auteur du Monde primitifs ont plus d'une fois in-^ 
sisté sur l'avantage qui résulterait de l'adoption dont je 
viens de parler, et particulièrement snr celui que l'étude 
des langues en général ne manquerait pas de retirer d'un 
recueil complet de tous les dialectes français. 

Je me garderai bien de répéter, avec P. H. Mallet (2) ,. 
qu'après les médecins et les théologiens , les étjmologistes- 
sont de tous les sa vans ceux qui s'accordent le plus diffi- 
cilement entre eux ; mais je crois pouvoir dire ici , sans 
crainte d'être blâmé, que la plupart des auteurs qui se- 
sont occupés d'origines françaises ont souvent éloigné la» 
confiance du lecteur par des opinions plus ridicules que 
spécieuses ; un helléniste ne voit que racines grecques i, 

(i) Réflexions snr la Rhétorique, §'IJL 
(2) Journal de Genève, 18 avril 1789»^ 



Ht) 

fout est gdulois ponr tm savant ëpris de la langue celtique* 
Il est vrai que, dans les recherches de cette nature, l'en'i' 
trainemeut est quelquefois irrdsistihle , et moi-même , peut- 
être , ne m*en snis-je pas toujours assez bien de'fendu ; mais 
enfin , )e ne présente mes ëtymologies que comme de sim<* 
pies conjectures offertes à la mcfditation de philologues plus 
habiles que moi« 

n sera facile de se rendre raison du petit nombre d*ori^ 
gines qui nous viennent du grec , en réfléchissant que la 
langue d*Homère, ainsi que M. Elie Bertrand (i) le fait 
observer , fut connue en Helvétie, du temps des Romains , 
où les Grands et les gens, de lettres en faisaient un fréquent 
tisage I d'ailleurs , quelques familles des Phocéens établis 
en Provence , quelques-uns des Doriens qui sMtaient fixé» 
en lUyrie , ont pu étendre leurs excursions jusqu'aux rives 
du Léman , s'êtie domiciliés dans ces riantes vallées, et y 
avoir, même parmi le peuple , naturalisé plusieurs de leurs 
termes* 

Quant Ml celtique , et surtout au roman , d*oii Ton verra 
naître la inajeure partie de nos mots genevois, comme 
plusieurs des personnes qui consulteront mon recueil ne 5C|> 
seront probablement jamais occupées de ces deux langues, 
je crois devoir entrer ici dans quelques détails qui puis- 
sent leur en donner une idée précise , et les mettre à même 
dé juger des rapports qui lient ces idiomes avec le notre. 

Le celtique est la langue que parlaient nos pcres, il 
y a deux mille ans , la langue maternelle des Gaulois et de 
toutes les peuplades connues sous le nom de Celtes , peu- 
Ci) Essai sur les lang. anc. et mod, de la Suisse, cap. UL 



(▼) 

.pladcs formées , à ce que prétend BuUet , des descendant 
de Japhet, qni passèrent en Europe (i). 

Los Romaius, après avoir conquis les Gaules, introdui- 
sirent leur langage chez les vaincus , mais n*f anéantirent 
point le celtique; le latin n'y fut que la langue du gouver- 
.nement et des administrateurs. 

A Tépoque même ou les peuples du nord succédèrent 
dans l'ancienne France aux vainqueurs du monde , le cel- 
tique j existait encore. 

Aujourd'hui nous le trouvons, plus ou moins mélangé de 
teuton et de latin , chez les Bas-£retons , les Gallois , les 
Ecossais montagnards et les Irlandais (2). C'est en puisant 
dans ces sources que les lexicographes ont formé les dictionnai-^ 
Tes celtiques qui nous servent d'interprètes. Ils y ont joint le 
fruit de leurs recherches dans les anciens auteurs grecs et 
latins, dans les annales, les chartes, les légendes écrites 
depuis le quatrième jusqu*au seizième siècle, lesquelles 
ont conservé quelques termes gaulois; enfin, ils se sont 
aidés des diflerens patois de la France ou , comme dans le 
notre , on remarque des restes considérables de la langue 
celtique. 

Ce que nous appelons langue romane ou romance^ ra- 
$nanà rusticà , est un latin corrompe et arrangé à la gau- 

(i) Mémoires sur la lang. celt, , chap, VIL 

(2) Quelques savans prétendent que le basque est aussi 
un dialecte de la langue celtique ; mais La Tour d' Au- 
vergne qui , pendant un long séjour dans la Biscaye , avait 
étudié l'idiome de cette prpvioce , assufe qu'il n'exj^e aucun 
rapport entre le basque et le bâs-breion ; on en pourra 
juger par ce commencement de l'oraison Dominicale : 

Breton , o>i tad péhini zo en eon. Basque , gure aita 
peru^an çarena* 



îoiSe. Dans 1*H«1tAîc occidentalef , cli^z les Allolrogé^^ 
les Së([uanai$ , parmi lesquels les Romains étaient en grand 
nombre, la langue latine fut facilement introduite; elle s'y 
mêla à la gauloise, et ce me'lange produisît le roman; c'e9t 
ainsi , dit inge'nieusement Court de Gébelin , que 
deux couleurs en s'unissant ne se détruisent pas , mais^ 
ft'altérant mutuellement, en produisent une troisième, qui y 
sans être aucune des deux, tient cependant de chacune (i)* 

La langue latine avait une construction difficile et pleine 
d'inversions ; la langue des Celtes , au contraire , était ai- 
sée et naturelle; on ne voulut s'assujettir ni aux nombres , 
ni aux cas , ni aux temps des Romains , et à ce latin défi- 
guté , on mêla des mots gaulois ou tudesques* 

L'usage du latin pur finit par se perdre vers le neuvième 
siècle , époque à laquelle le roman devint la langue générale 
de la Gaule y et de l'Helvétie occidentale. Ce fut dans ce 
temps-là que Charlemagne ordonna aux Evéques de se ser- 
vir de cet idiome dans leurs prédications. 

Le plus ancien titre qui nous en reste est le serment de 
Charles le chauve et de Louis le Germanique, prêté 
â Strasbourg en 812 , titre cité par la plupart des auteurs 
qui ont écrit sur cette matière : 

Pro Ûeo amur , et pro Christian poplo , et nostro 
commun salçament,*,,,, dist di aidant , in quant Deus 
savir et podir me dunat , si salçarai io cist meon fradre 
Karlo....,, etc. 

Le serment du peuple de Charles le chauve , acte ua 
•peu moins connu , commençait ainsi : 

(i) Dict. étymd. de la langue française , discours prélim. 
art. III , §. IL 



(vij) 

Si Lodhuvîgi sagrament que son fadre Karlo jurât ^„i 
Si io returnûr non lo poïSj etc. 

On voit par l'échantilloQ de ce langage barliare, coininént 
du latin meus frater ^ nous avons fait d'abord meonfradre^ 
et ensuite mon frère; de possum^ poïs ^ je puis, et de 
saeramentum , sagrament , sacrement. 

Au dixième , au onzième siècle , les Allemands apptirent 
à conuaître le roman; on le parla dans quelques cours 
ëtraugères , et les Anglais eux-mêmes envoyèrent leurs 
enfans en Ffance pout le leur faire étudier, comme la 
langue la plus policée du temps (i). Les guerres malheu- 
reuses que Louis XII et François I.^*^ soutinrent en Italie 
enrichirent ensuite cet idiome de plusieurs expressionê 
italiennes qui contribuèrent à en adoucir la rudesse ; tels 
sont les mots enganner , f atelier , emhriconner , enamo^ 
reux , etc. Dès-lors , ce jargon , si barbare dans son ori- 
gine, se perfectionna de jour en jour,' et finit par donner 
jKiissance à la langue des Racine et des Bossuet. 

La poésie étendit beaucoup l'usage du roman : on le 
parlait en Provence, et comme les poètes provençaux, les 
Troubadours , étaient les favoris des Muses , chacun voulut 
les imiter , et les imiter dans leur langue. Cette épidémie 
fut telle qu'au treizième siècle, on rima les livres saints ^ 
lés commentaires , et jtsqu'à la Règle de Saint-Benoit I 

Sous Louis-le-Gros , sous Saint-Louis 9 la langue ro- 
mance avait déjà commencé à s^ntroduire dans les chartes 
et les ordonnances , mais ce ne fut que sous François I.^' 
qu'on décréta qu'à l'exclusion du latin, elle devait seule 
(être employée dans tous les actes publics. 

(]) La parlure romanse est de toz les langaige9 le plus 
Aelitable» ( Anselme )• 



( v»n ) 

H ne faut pas confondre ridiomc dont je viens d'esquisser 
l'histoire, avec le roman qu'on parle dans la Ligue grise y 
le r amont sch , ou r ornant sch , et encore moins avec le 
ladin qui est le dialecte de TEngadine. 

Le ramontsch est un mélange de latin , d'itiHen et 
d'allemand , avec plusieurs dc'sinences assez singulières y 
et qui rappellent le portugais ou le languedocien : Senza 
duht ei il Christgîaun la pli nohta et la pli perfetgia 
denter luttas creatiras cKéen vegnidas ord il Tutt-pus^ 
sent maun de Diu,»,, (i) 

Pline l'ancien (2) , Tite-Live (5) et Justin (4) non» 
apprennent d'une manière positive que les habitans actuels 
de la Rliëtie tirent leur origine des anciens Toscans {Thuscî)^ 
qui , sous la conduite de Rœtus, et cinq à six siècles avant 
J.-C. , quittèrent l'Italie , à la suite d^lne invasion des 
Gaulois. 

Plusieurs noms de lieux chez les Grisons servent de 
preuve irrécusable à Tassertion de ces écrivains : Thusis 
rappelle Thuscia ; Realt , RAœtia^alta ; Lavin , les /Lo^ 
wiîK ; Vetlau , les J^ettones , etc. 

Le ladin des Engadinois présente beaucoup moins de 
termes germaniques que le romantsch , et renferme une bien 
plus grande quantité de mots purement latins : aussi est-il 
infiniment plus flatteur à l'oreille ; quelques philologues ont 
même prétendu qu'on pouvait , dans cette langue antique n 

(i) Grammatica Ramonscha. Bregentz, i8o5. 
(2) Hist. nat. lib. III, cap. XX» 
(5) Lib. V, cap. XXXUI. 
(4) Lib. XX, cap. V. 



(ii) 

{)liiser dc^ règles pour la véritable prononciation du lattâ ^ 
6ur laquelle oi> est si peu d'accord aujourd'hui. 

Si le plan que je me suis trace' m'avait permis de com- 
prendre dans ce glossaire tous les mots du patois de nos 
paysans , mots dont je ne donne qu*un simple aperçu , moa 
recueil nous aurait offert des vestiges bien plus remarqua- 
Lies de la langue gauloise et de la langue romane ^ parce 
que les campagnes éloignées du contact des grandes villes^ 
et surtout les contrées montagneuses retiennent beaucoup 
plus facilement leur langa^ primitif; aussi voyons-nous 
que plusieurs termes qu'où croit exclusivement genevois , se 
retrouvent dans leur iutégrité , ou avec quelque léger chan« 
gemcnt , en Savoie ^ en Dauphinc , en Auvergne f ainsi que 
dans le haut Languedoc et la haute Provence. 

Le nom seul du pays de Vaud , TVeUchland ^ semblerait 
annoncer que ces termes doivent y être plus nombreux en- 
core , car il signifie littéralement pays Gaulois ; c'est ainsi 
^ue la Flandre est nommée pays Tfallon , et que les An- 
glais appellent TVelchland la province de Galles. 

On peut aussi très-raisonnablement supposer que les ré- 
fugiés protestans des contrées méridionales de la France 
nous ont apporté quelques-uns des mots de leurs dialectes* 
Ce ne serait point trop hasarder que d'assigner la même 
cause à nos origines italiennes qui, d'ailleurs» ainsi que nos 
étymologies germaniques , pourraient être suffisamment jus- 
tifiées par les nombreuses relations commerciales qui lient 
Genève avec TAllemagne et l'Italie , et par le voisinage 
même de ces Etats. 

Je joins à ce vocabulaire quelques conjectures sur la for- 
mation de plusieurs de nos noms de lieux et de nos noias 



'f- 







/ 



propre2i, matière qui n'est point étrangère au sujet principal 
de mou livre. 

Malgré les soins que je me suis efforcé d'y donner , 
malgré les secours obligeaus que j'ai reçu de plusieurs sa^ 
yans genevois ou étrangers , qui n'ont point dédaigné d'y 
prendre un vif intérêt , je suis bien éloigné de le croire 
exempt de fautes et d'omissions; c'est un ouvrage de pa<* 
tience, qu'on ne saurait perfectionner qu'à la longue; peut-» 
être un jour , réussirai-je à l'ofirir à mes compatriotes plu< 
correct et plus complet» 



^mtm 




ERRATA. 

Pûgc 8 , ligne 9 , satyrique , lisez satirique. 

i5, 25, baba-zéin^ lisez habazéin. 

22 , 9 , sebille , lisez sébiile. 

28 > 9, bouelloun^ lisez bouellou. 

id.y 10, Roman, lisez Christian, 

4i 9 18 9 salement, lisez salement. 

43, 22 , p. 49, 1. 15 , sale , lisez sale, 

48, 27 , quoaillet , lisez (juoaifler ; 

manège , lisez manège. 
63 j 6 , dèslors , lisez dès-lors. 

65, 25, àéy'iseï y lisez deviser. 

83, 12, à faire y lisez affaire. 

85 j 19, propablement, /w^z proba<-( 

blement. 
86 5 22 , quelque grâce ^ lisez quelques^ 

grâces. 

io3, I, p. 104, 2, h aspiré, lisezi 

aspirée. 
i3i , 21 , pen ferai , lisez j^ en ferais 

i35, 4> ricolouy lisez picolon. 

145, 17, raiponse, //j^z raiponce. 

1 5o , 9 , on se glisse , /w<?z on glisse,* 

162, 9, pelisse, lisez pelisse. 

166, i5, point conjuguer, lisez point 

se conjuguer. 
1689 20, J. J. Rousseau, lisez J. B 

Rousseau. 



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GLOSSAIRE GENEVOIS- 



A. 

A 9 en bon français, ne peut remplacer la prépo- 
sition DE dans le sens suivant : le frère à 
^ Monsieur iVi..... , la sentante à ma cousine , 
etc. 

A , pour àt au subjonctif, est un solécisme. 

Soit qu'un ancien respect pour le sang de leurs maîtres , 
PARLaT encor pour lui dans le cœur de ces traîtres. 

Ces deux vers de Voltaire corrigèrent J.-J. 
Rousseau de la faute que nous venons d'indiquer 
ici ; avant de les lire , il écrivait encore parla y 
comme au mode indicatif. 
A BONNE HEURE , yenez à bonne heure ; dites : de 

bonne heure. 
A SA POCHE, mettre à sa poche; dites: dans sa 

poehe. 
A QUI , c^est à vous à qui p en veux ; dites : c'est à 

vous que j'en veux ; quoique Boileau se soit 

servi de cette locution. 
Abanlieue , pour banlieue : il a couru toutes les 

abanlieuesm 
Abécher 9 est du vieux français; on dit maintenant 

A. 



2 GLOSSAIRe 

abëqaer. Je ne pemx abécher mei deux hoUtSé 

— cette tringle ne peut abécher l^ anneau. 
Aberger, pour héberger : nous ne savions oà 

nous aberger. 
ABOMINER, pour : avoir en abomination , a yieilli* 
Ce verbe est indiqué par de Wailly , mais 
non par TAcadémie. 

Celui qui terre et ciel domine , 

Les abomine. (MaIiot). 

Aboucler , pour boucler : aboucle , raboucle tes 

souliers. En langue romane , emboucler. 
Aboutonner, pour boutonner : aboutonne ta î^este. 

— raboutonne-toim 

Abras , grandes occupations , air affaire : être 
dans tous ses abras. — Faire beaucoup d^ abras 
pour rien. 
En grec : abrachô , je fais du bruit. 
Abraty en langue romane , signifie enflammé ^ 
amoureux. 
A brasse œRPS, dites : à bras le corps. Ce mot est 

aussi parisien populaire. 
Abresac , pour havresac : languedocien aoubrés^ 
sac. En allemand haber-sack signifie littéra- 
lement sac d'avoine. 
Abus , avis , devis , ne faites pas sentir l's final , 



dans lâ prononciation. II n'en est pas de même 
à Pégard du mot obus^ ni de ceux qui dérivent 
du latin : Phébus , rébus. 
ACAGNARDIR, (s*) pour s'acagnarder : // reste aca-^ 
gnardi au coin du feu. Cagnard^ en vieux 
français, signifie un lieu exposé au soleil, et 
à Tabri du vent. 
Accoucher , elle a accouché ; dites i elle est 
accouchée. 
Ce verbe n'est actif qu'en parlant de l'accou* 
, cheur : il a accouché cette femme. 
ACCOURAGER, pouT encourager : ^///o/zJ , taon amî^ 
accouragez^ç^ous. On retrouve cette locution 
dans la lettre écrite par le Magnifique Conseil 
au Gouverneur de L)on, à l'occasion dô 
l'escalade ; frayez Spon. 
Accoutumer, /W accoutumé cette placée pat 
accoutumé cette chaise^ je né puis m^en passera 
Locution vicieuse ; il faut dire : je suis accou-^ 
tumé à...é. 
Accourir, (s') il faut que f en achète un peu 
pour nif accourir jusque à la récolte. Ce verbe 
n'est pas français au réfléchie 
Acculer , pour éculer : tes souliers sont déjà tout 
acculés. Il se dit aussi à Lyon et à Bordeaux* 
Acculer signifie 2 pousser , réduire quelqu'un 
dans un lieu où il ne puisse reculer* 



4 GLOSSAIRE 

AcHATiR , AssATiR, c'est-à-dire écraser , étendre , 
écacher : celie pomme s^est achatie contre le 
mur. II se dit particulièrement du pain mal 
cuit , mal levé : elle a fait au four; son pain 
est tout achati ^ assati. A hy on ^ Ton dit : du 
pain caffi , du caffi, 

AcHÉRON. L'usage veut qu'on prononce le cA 
comme dans chéri.' Gattel fait cependant 
observer qu'à Topera on dit Akéron. 

AcRASER , pour écraser. 

Ad hoc ; je suis venu ad hoc pour cela; pléonasme 
vicieux. 

Adieu. Nous disons souvent, comme les Gascons , 
adieu , en abordant quelqu'un ; il faut dire 
bonjour ou bonsoir , lors même que Ton se 
tutoie; aussi un Parisien, choqué de cet 
usage 5 disait-il , en parlant de Genève : 
voilà un singulier pays , où l'on prend congé 
en arrivant ! 

Affaire, un. On fait mal à propos ce mot du genre 
masculin : c^est un petit affaire , pour dire : 
un petit homme ; c^est un joli petit affaire , 
en parlant d'un ustensile , etc. Cette locution 
est languedocienne. Les Gascons disent aussi 
un bon affaire; et l'on trouve dans Montaigne : 

« Je suis assez intéressé de mes affaires essentiels , pro-* 
près et naturels, sans ea convier d'autres forains. "» , 






GÉNEVOWi 5 

AffANER , gagner avec peine : // rda bien fait 
qffaner cet argent; je Pai bien qffané. 
En français, ahaner signifie avoir de la peine ; 
itfan y en langue romane , fatigue , effort ; en 
italien, qffanare^ chagriner, inquiéter; en lan- 
guedocien et en espagnol, affanar a le même sens» 
Afan , pour ahan : « Son souspireux , dit Nicot , 
que rendent ceux qui ruent un grand coup de 
coignëe. » 
Affautir , AFAUTIR , priver de nourriture : cet 

enfant est tout moindre ^ il a été ajffauti. 
Affits,. affitiaux, petits morceaux de cuivre o« 
de laiton dont les enf ans se servent , ou se 
servaient autrefois pour jouer. Affutiaux , e» 
langue romane, signifie bagatelle, petit objet ; 
qffiquCy ajffiquet^ épingles, boucles, àeajffi- 
gère. 
AFFRANCmssAGE , P affranchis S âge dPune lettre; 

dites : affranchissement. 
Agacia , pour acacia. 

Agacin, durillon : vous avez marché sur mon 
agacîn. Terme de la langue romane , formé du 
celtique : gas , mal , et cin , piquant. Il se dit 
aussi en Savoie , en Provence , à Lyon. En 
languedocien, agacis. 
Agets ,' pour : les êtres d^une maison : // connaît 
bien tous les agets* Agès^ en langue romane » 



6 GLOSSAIRE 

chemins , détours ; agiz , tours et dét(Mm« 
A Paris 9 le peuple dit quelquefois dans ce 
sens les aides. 

Aglétir , pour : aglutiner , coller : ce fruit s^est 
agUti dans mes doigts. On dit en vieux 
français : agléter. 

Agnettes ( prononcez le^ dur ), argent monnayé; 
palper les agnettes. Gé mot rient de agnels , 
ancienne monnaie d*or du temps de S.-Louis , 
dont Tempreinte était un agneau. En Norman- 
die, on appelle haguinetteSy les étrennes qu^on 
donne le dernier jour de Tan , et Court de 
Gébelin dérive ce mot du cri des Druides : A 
gui Pan neuf. 

Agoniser , dire des injures , insulter. 
Agouillardir 5 afFriander; \oyez gouillard. 
Agoûter , pour goûter : agoûtez un peu ce fro- 
mage^ 

Agoûtion , mouchoir tressé ou noué par un écolier 
pour jouer; se battre à coups d^ agoûtion. 

Aouiller ( prononcez comme marguillier) , haus* 
ser, mettre, jeter sur un lieu élevé : un homme 
aguillè sur un toit; avantez-moi mon volant 
que p ai aguillé là haut; une maison aguillée 
sur une hauteur. En langue romane , aguille^ 
pour aiguille 9 signifie montagne en pointe. 



GENEVOIS. 7 

On écrivait de même autrefois aguillony pour 

aiguillon ; aguiser , pour aiguiser. 
Aigle ( une ) dites : un aigle , lorscju^il ne s'agit 

pas d'armoiries. Mais il faut dire les aigles 

romaines 9 les. aigles françaises > Tordre de 

Faigle noire. 
Aiguille » aiguillon , aiguiser ; faites sentir Vu 

en prononçant ces mpts ^ ainsi que les noms 

propres Guise et Guide. 
Ails , au pluriel , est un barbarisme ; on doit dire 

des aulx. Aimez-vous les ails? Ou fait la 

même faute à Lyon. 
Ajouture, pour ajoutage. 
Air , donner de F air à quclqiûun , pour ; cessem*^ 

"bler à quelqu'un , n'est pas français. 

AiRAGNÉE, IRAGNÉE, ARAGNE , IRAGNE , poUT ; 

araignée. Nicot ëcrit arignée. 
AlRE^ , pour : aérer , donner de Tair; airer signi-^ 

fie faire son nidj et se dit de Taigle. 
Aises ( le? ) , la vaisselle de terre. Laver l^s ai^cs ;. 

— la patte aux aises. Aisemens , en langue 

romane, signifie instrumens de méuage. 

Aisément est français dans le sens ^^ facilité , 

commodité. En celtique , es veut dire : com^ 

mode 9 aisé. 
Aix , ville'^: prononcez Ece. 
Ajosseh ( s' ), s'accroupir , se blottir : une poule 



s GLOSSAIRE 

ajossée sur ses œufs. En languedocien , 
s^ajassà. 

Alla ; ne dites pas :jy alla et je le trouva; je lui 
donna ^ etc., au lieu de: j^y allai et je le trouvai; 
je lui donnai. Cette faute de syntaxe est très- 
commune parmi nous. 

Alangué , babillard effrontë : âest un petit alan^ 
gué ; cous ri* êtes qifune alanguée. En langue- 
docien^ alengatj alangàda. Régnier le saty- 
rique a dit langard ; et Lafontaine : 

Notre voisine est langarde et mécliante» 

Alcovre, pour alcôve : en languedocien, alcbhre. 

Allemandages ,, causeries , commérages. Ce sont 
de ces allemandages qui ne finissent pas. — 
Elle fait des allemandages pour rien. 

Aller ; pai beaucoup d^ endroits à aller , est une 
phrase ridicule; il faut dire, pour être correct: 
je dois aller dans beaucoup d'endroits. 

Allure , vif , ëveillé , intrigant : t'est un petit 
allure qui fera son chemin; c'est aussi un 
terme lyonnais; à Paris, on dit déluré; en 
languedocien, allurat. 

Alphte , pour aphte : il a les alphtes dans la bou-^ 
che. 

Amadou est masculin ; ne dites pas de la bonne 
amadou* 



GENEVOIS* 9 

Amandre , pour amande : des amandres douces. 

La même faute se commet à Lyon. 
Amasser : amasser un plat^ le nettoyer avec son 

pain \ amasse ton assiette. Locution vicieuse. 

Amatrice, féminin ^amateur. L'Académie ne 
consacre pas ce mot d'une manière positive ; 
mais J.-J. Rousseau et d'autres écrivains dis- 
tingués n'ont pas craint d'en faire usage; il en 
est de même de créatrice. Amateuse est un 
barbarisme. 

Ambroche ou Ambresaille ; en français, airelle 
ou mirtille , petite baie noirâtre : manger des 
ambresailles. On dit en Savoie , amhrunes. 

Amproger , réciter une kyrielle de certains mots 
pour connaître celui qui, dans un jeu d'éco- 
liers , doit être le sortant. Ampro , giro , 
carin^ etc. \J Ampro est une sorte de symbole, 
de mot du guet pour les Genevois. Savez-^ous 
amproger? 

Ancélle; en français atelle ou èclisse\ appui 
pour les fractures des os. 

Angoisser , être angoissé ; ce verbe n'est pas 
français ; on le trouve cependant employé 
par Mad. de Staël, et par le traducteur français 
du Guillaume Tell de Schiller. Ces auteurs 
ont eu raison de se servir de ce mot clair , 



lO GLOSSAIRE 

expressif, et qu'il serait important de con-« 
server. 

Angola ; on ne dît pas un chat angola , mais un 
chat angora, un angora. 

AousT a vieilli ; on ëcrit août , et Ton prononce 
eût. 

Apetissir , pour apetisser : cette lunette apetissit 
les objets; il faut dire : apetisse. 

Apidancer (s') , combiner avec économie son pain 
et sa viande, en.mangeant :/z^ ne sais pas 
i apidancer ; ce fromage est bien apidançant^ 
En languedocien, s^apitançà; en langue ro* 
mane , pedance. Le mot français pitance est 
tiré de pictantia^ c'est-à-dire portion évaluée à 
une pite {pictd) ancienne monnaie de Poitou* 

Apigeonner , attirer dans le piège, leurrer : il s^ est 
laissé apigeonner. Celte expression genevoise 
mériterait d'être adoptée en France. 

Appointer ; se dit au jeu de boules par opposition 
à BAUCHER (voyez ce mot) : il appointe bien; 
voilà un bon appoint l En France , ce terme 
ne s'emploie que dans le sens de donner des 
appointemens y ou accommoder, terminer à 
Pamiable. Appointer et baucher sont langue- 
dociens et lyonnais. 

Apponce, ajoutage, allonge :// yiw/ mettre une 
apponce à cette robe^ à cette table ; mettez 



GENEVOIS* Il 

Papponee. Ce mot est aussi savoyard et lyon- 
nais. 

Appondré, ajouter : appondre la sauce. Peut-être 
vient-il du latin appendere , attacher à. 

Apostiche , pour postiche ; // porte une queue 
apostiche. Il est aussi lyonnais et savoyard* 

Apprentie, pour apprenti : J»*J. Rousseau en a 
fait usage» 

Apprentisse , pour apprentie : vieux terme indi- 
cé par Richelet ; plus anciennement encore > 
on disait : apprentisse^ 

Après , // nûa couru après ; il a couru après moi. 

Après-midi, assemblée, cercle, thé -.elle a donné 
un belaprès-midi^ une belle après-midi. 

Apreur est un barbarisme ; il faut àpreté. 

Aqueduc ; il est mieux d'écrire , suivant TAcadé- 
mie , aqueduc ( prononcez akéduc ) , quoique 
de Wailly dîse aqueduc. 

Ar , est souvent mal à propoS; substitué à ^ , dans 
la prononciation : // demeure au Parron ; il 
est allé à Bar lin ; a^ez-iHiusM le Marcure? 

Arëonaute , pour aéronaute. 

Argents ; les argents sont rares. Ce pluriel n'est 
pas français. 

Argoter , pour ergoter ; argoteur^ pour ergoteur; 
parisien populaire ; en vieux franc, hargoter. 

Argousiner 9 presser 9 pousser » exciter^ Il vient 



ird €;lossairb 

du mot français argousin , officier qui veiIFe 
sur les forçats* 

Arguelisse , réglisse : du bois d^arguelisse. En 
languedocien, règalassia; en langue romane 
ergalisse. Montaigne écrit regalisse^ et Nicot 
ragalice. 

Arguillon , pour ardillon : est aussi lyonnais. 

Ari, pour arrière y terme de batelier, emprunté 
du patois i faire ari, ramer en sens contraire 
pour aborder. 

Arias, embarras, tracas, air affairé lil est dans 
ses arias ; il fait de grands arias pour rien ; 
est aussi lyonnais. 

Armanâ, pour almanach : prononcez almana^ 
sans faire sentir le c. Ce mot est aussi pari- 
sien populaire. 

Armolau , remouleur, gagne-petit : donnez ces 
couteaux à Parmolau. Ce terme est aussi 
neufchâtelois ; au pays de Yaud , on dit : 
molàre; en provençal, armoulaire; en lan- 
guedocien, amoulàyre. 

Armoniac , pour anunoniac : du sel armoniac. 

Arrête , pour arrêt : // r^a point d? arrête, c'est-à- 
dire , il ne demeure jamais en repos. 

Arriére grand père, bisaïeul : on dit bien 
arrière-neveu , arrière-petit-fiJs , mais arrière^ 
grand-pire est un contresens* 



GENEVOIS. l3P 

Artichaux , ARTICHAUD , écrivez artichaut. 

ARTiCHAUX-BâTARDS.ou DE MURAILLE; en français 
la grande Joubarbe. 

AssEYER ( s' ) pour s'asseoir : il s? est asseye par, 
terre. 

Atmosphère un ; ce mot est féminin. 

Atriaux , HâTRiAUX, boulettes de foie de cochon : 
une douzaine d? atriaux. En langue romane ^ 
hetriaulx veut dire le foie. On appelle encore 
aujourd'hui en Lorraine hâtrez des morceaux 
de foie de porc cuits sur le gril. 

Aucuns ; il est mieux , malgré l'exemple d'un 
grand poète , de ne point donner de pluriel à 
ce mot. Il en est de même de l'adj. nut^ nulle ^ 
quoique Delille ait dit : 

Dont nuls chantres encor n'ont ombragi^ kurs fronts. 

Aujord'hui , pour aujourd'hui. Cette faute se fait 
aussi à Paris. 

Autres fois (les);/j allais les autres fois. Se dit 
en Languedoc et à Ljon. Il faut tout simple^ 
ment, autrefois. 

AuxERRE , ville ; prononcez : Ocère. 

AuxONNE , ville ; prononcez : Oçonne. 

AvAN , osier : cueillir des açans ; terme de la lan- 
gue romane où il est générique , et se dit de 

jtoute;» les plautes qui croissent au bord dei^ 



V. 



.•^ V. 



f4 GtOSSAiHÈ 

eaux* En Franche-Comté » on dit aivan; àvûii 
en celtique » signifie aussi eau , rivière , d'où 
A^anchcs y As^cnches y selon Bochat, parce 
que cette ville touchait autrefois au lac de 
Morat. Le nom de Ras^erme , ville située dans 
un pays jadis inondé , doit avoir une . ori-« 
gine semblable : ( at^en , lac , lagune. ) 

« Meliùs^e rante garriant Rayennates. » 

( Martial. ) 

Avec; faites sonner le ^r, même devant une 
consonne. 

AyeKAIRE, ergoteur, frondeur, chicaneur, brouil^ 
Ion : terme qui parait détourné de la vraie 
signification du mot latin advenarius , étran-» 
ger, intrus, nouveau venu. Ads^cna atticiis^ qui 
supplante son maître, inférieur qui dépossède 
son supérieur. A Neufchâtel , açenaire a con-* 
serve l'acception latine : nouveau venu ^ 
intrus. 

AVANTER , AVENTER , pour aveindre : açantez cette 
toupine qui est aguillée sur ce tablas. Aimanter ^ 
en langue romane, signifie mettre en avant. 

Aye, pour ait 2 croyez-çous qu^il y aye été..*.? On 
retrouve ce solécisme dans Montaigne et dans 
quelques écrivains du i6«^ siècle. 



GENEVOIS. Jl^ 



B. 



Baban, flandrin, dadais, grand enfant. En celti-« 
que , baban signifie petit enfant , poupée ; la 
racine de ce mot parait élre bab , terme qui , 
dans la langue primitive , signifie enfant; de 
là sont venus une foule de dérives dans toutes 
les langues. En anglais , bab un enfant ; en 
allemand , bub ; en italien , bambino. 

Babo, dites bobo :il a babo à ses rates ^ c'est^^à-^ 
dire : il a mal aux dents. 

Baboler, bredouiller : Une fait que haboler^ on 
ne comprend pas la moitié de ce qu^il dit. Ce 
mot est une onomatopée. En anglais , babble 
signifie causer comme un enfant ; en grec % 
baba-- zéin y balbutier. 

Babouinë , pour babine : /es babouines d^un singe. 
Babouine se dit en français d'une enfant vive 
et étourdie. Embabouiner ^ en langue romane ^ 
veut dire tromper, amuser. Tous ces mots, 
doivent avoir la même origine que baban* 

Bachët ; dites bassin , auge , baquet : le bachet de 
Pezay. On dit, en français, bachou pour 
certain vase de bois ; bachot ^ pour petit bateau; 
à Lyon , on appelle bachut le coffre percé où 
Ton conserve le poisson dans Teau. Tous ces 




*•, '•- 



iG GLOSSAIRE 

mots semblent dérivés de la racine celtique ^ 
bacj vase. 

Baculo, jeu d'écolier, de baculus^ bâton i jouer à 
haculo , jouer aux baculo. 

Bad£(d£), en vain, inutilement : ne me faites 
pas venir de bade. Formé de l'italien bdda ; 
tenir e a bdda , faire perdre le temps. 

Badinagë , jouet, joujou: 2//z^ boite de badinages. 
Ce mot ne doit signifier que l'action de 
badiner. 

Bagnolët , baquet , sorte de vase en bois. En ita- 
lien , bagnolettô , petite baignoire. Bagnolët 
se dit en français d'une certaine coifiure de 
femme. 

Bahiu , BAYU , pour bahut , grand coQre , malle 
énorme; nous le disons au figuré, d'un 
homme ou d'un cheval gros et lourd : c^est un 
gros bahiu. En latin, bajulo ^ je porte un 
fardeau; bajulus , crocheteiu: : 

« n y ea a qui cuident qu'il vient de ce verbe latin hor 
*d julo^ parce qu'on en use à porter des hardes sur des 
^ mulets qui sont «ppelés muli baiulL Nicot. 

Baignes , bains : dans le temps des baignes. 
BAÎLLâ, bâillement : quel bailla vous avez fait là! Il 

fait ses derniers baillas. 
BALALâM£, gros meuble antique et massif :^^ 

grand 



GENEVOIS. if 

grand halalâme de fauteuil. Ce mot vient 

peut-être de la racine celtique hal^ grand ^ 

gros. 
Balan, balançoire, escarpolette. En Languedoc et 

à Lyon , on dit une branlière. On dit encore 

à Genève être en halan^ pour : être en balan-« 

ce, en suspens. 
Balendrier, balcon, garde-fou, galerie. 
Balier , balayer. Ce mot est aussi parisien popu-* 

laire. 
Bambiller, pendiller oubrandiller : Qii est-ce que 

je 9ois bamhiller là haut à cette fenêtre ? 
Bambillon , chiffon ^ lambeau qui pendille , qui 

brandille. 

« 

Bambiner , fainéanter : // ne fait que bambiner, 
par les rues. £n italien , bambineria , puéri-- 
litë. 

Bamboches , souliers fourrés , corruption de ba-^ 
bouches , terme oriental. 

Bamboche , bambocher ^ faire une bamboche y mots 
en usage à Genève et dans quelques provinces 
de la France, dans le sens des mots populaires: 
ribote, riboter. En bon français , bamboche ne 
doit se dire que d'une grande marionnette ou 
d'une personne de petite taille. 

Banc ; on appelle ainsi les échoppes qui bordent 
quelques rues de Genève : dernier les bancs. 



l8 GLOSSAIRB 

Banque ; n'est pas français dans le sens de comp-< 

toir , de table à compter et à serrer l'argent. 
BARâ, petite boîte en forme de baril, pour mettre 
de l'argent ou des rouages d'horlogerie. En 
celtique, 3/arr signifie enceinte, qui renferme; 
d'où sont peut-être venus les mots barathruniy 
baril , barrière , etc. 
Baracan ; ce mot a vieilli ; on ne dit plus que 
* bouracan. En langue romane; baracan; en 
italien, baracana. 
Barbouillon, homme sans tenue, sans parole. 
Ce terme ne peut être remplacé ni par brouil- 
lon^ ni par barbouilleur ^ qui n'ont point la 
même acception. 
Barbue, terme rural; bouture de cep, provin avec 
sa racine. Barbue en français est le nom d'un 
poisson. 
Baril ; prononcez bari. 

Barjaquer, caqueter, jaser, bavarder, médire: 
Elle ne fait que barjaquer; âest une craie 
bar jaque. — Ne t^ous prenez pas à toutes ces 
barjaqueries , ces barjaquages. On dit en 
Languedoc , dans le même sens , barja , bar- 
jayrc , barjacariès ; à Neufchâlel herjaqucu 
La racine celtique bar veut dire la parole, 
d'où l'on dérive le mot barde ^^ c'est-à*Hiire 
poète. 



GENEVOIS* ig 

Baricoler , barioler : Un habit tout baricolé. Mot 

Lyonnais. 
Barre ; jouer à barre. Il faut dire : jouer aux 

barres , toucher barres. 
Barrot , petit char à Tusage des porte-faix. 
Barrote, tonibereau. Barrot j en langue romane^ 

barrotum , en bas latin , et barrow en anglais , 

ont la même signification. 
Baronmétre , pour baromètre. 
Baselic , BASELi, pour basilic , plante. 
Basoter , hésiter , biaiser , barguigner : // ne sait 

ce qiPil çeut , Une fait que basoter ; il n^y a 

pas là à basoter* 
Bassine , brasier : ébraisez la bassine. En français , 

ce mot signifie vase de cuivre à l'usage des 

confiseurs et des pharmaciens. 
Bassiner , fatiguer, ennuyer, excéder : Ah que tu 

me bassines ! que tu es bassinant ! quel 
. bassin! 
Bataclan , attirail , suite , séquelle. Il est aussi ea 

usage à Paris dans le style burlesque. 
Bataille ; une bataille d? ivrognes ; il y a une • 

bataille dans la rue ; dites batterie. Le mot 

bataille ne doit s'employer qu'en parlant d'ua 

combat général de deux armées. 
Bataille ( soupe a la ) ; potage à \^ julienne. ' 
BâTE (une) y allonge , rempli au bas d'unie robe« 



âO GLOSSAIRE 

Bateau ; aller à bateau ; dites aller en bateau* 
Bavard. Plusieurs personnes emploient ce . mot 
dans le sens de railleur y persifleur j tandis 
qu'en bon français il signifie babillard , caur 
seur indiscret : Mon Dieu que 90us êtes bd^ 
pard! Il ne fait que se bavarder de moi. Je me 
moque bien de t^os bavardages. Ces expressions 
nous viennent de la langue romane , où 
baveur signifie moqueur , mauvais plaisant; 
bave y baverie , moquerie. £n italien , bqffar-* 
dare , se moquer. 
Baveron, bavette : un enfant au baveron. Ce 
terme est aussi neufchâtelois. En languedocien 
havcyroià y en provençal , bavareou. 
Baume :je ne iri en soucie pas plus que de baume. 
Jln^y en a pas plus que de baume y c'est-à-dire 
je ne m'en soucie pas du touu II n'y en a pas 
du tout. Ces locutions tirent, dit-on, leur origine 
du nom de La Baume y dernier ëvéque de 
Genève y qui s'enfuit de son siège en 1 533. 
Baucher; baucher une boule. Le mot français 

est débuter. 
Bé à BA : être au bé àbuy c'est-à-dire y être à quia , 

n'en pouvoir plus. 
Beaucoup : Elle n^est pas jolie y il s^ en faut de 
beaucoup; supprimez le de. L'Académie ne 
l'autorise que relativement à la quantité. 



GENEVOIS. 21 

Bêchée est du vieux français; il faut dire becquée; 
cependant à Lyon , à Paris et au pays de 
y aud , le peuple en fait encore usage. 
Béchet j trou fait à la glace : Prenez garde , voilà 
un béchet! Prendre béchet j se dit d'un pati- 
neur qui s'enfonce dans Feau ; itapris béchet 
jusque au cou. £n langue romane » bcchet ou 
baichet signifie un brochet. Or^ conune à 
Genève on patine ou Ton glbse sur des fossësr 
ou des pièces d'eau qui renferment ordinaire^ 
ment beaucoup de brochets, on aura peut-être 
dit 9 en plaisantant : // prend le béchet y il 
prend béchet ^ pour : // s* enfonce dans Feau. 
En celtique 9 becqed^ becket signifie aussi 
brochet. 
Becfi, oiseau; àiles becjigue. 
Becquette, béquette, pied d'alouette, Del-^ 

phinium , sorte de plante. 
Begnule, mazette : c^est une pauvre begnule! 

Peut-être ce mot vient-il du latin benignus. 
Bellosse , BELOSSE , prunelle , fruit du prunellier. 
En langue romane, belloche ; à Lyon j pelasse. 
Ce mot est usité, dans le même sens, dans la 
Basse-Bretagne. 
Belsamine ; dites balsamine j de balsamum. 
Bellues, copeaux : allumer le feu avec desbellues. 
Dans la langue romane, le mot bellues^ 



)1JK GLOSSAIRE 

lelhues veut dire contes en l'aîr, paroles 
• légères : 



« 4 



Elle li dist tant de lellues^ 
De truffes et de fafellues , 
Que eile li fait à force entendre 
Que li Ciex demain sera cendre. 

( Fabliaux du mojren âge. ) 

Delà vient le mot français bluette. 

Benaîton , une sebille ; sorte de panier pour porter 
le pain au four. Gattel dit , dans ce sens , un 
hanneton \ mais i' Académie, ainsi que de 
Wailly , ne donnent à ce dernier mot que la 
signification de coffre , réservoir pour le pois- 
son. En langue romane , benade , henate , 
signifie panier, hotte ; en bas latin ( suivant da 
Cange ) , hennata , vase ; en flamand , ùenn ^ 
corbeille ; en espagnol , hanata; à Lyon ,. on 
appelle henicr un boisselier. Dans la langue 
celtique , la racine ben a le sens de creys ^ 
cave. 

Berche. Ce mot qui, en français, est un terme de 
marine, signifie à Genève brèche-dent. En 
languedocien , bèrgua ; à Lyon , brèchu. 

Bericles , pour besicles : terme roman et proven- 
çal. En allemand brille. 

Besolet* Les chasseurs du pays donnent ce nom & 



GENEVOIS. a3 

diverses espèces de mouettes ; la plus com- 
mune est le larus ridibundus ^ la mouette 
lieuse. A Neufchâtel , on appelle ces oiseaux 
des gueua^» 

Besue. Nom donné à toutes les mouettes plus 
grosses que le besolet^ même aux goUands. 
La mouette cendrée est celle qu'on voit le 
plus ordinairement. 

Besule. Nom donné à Genève (suivant M. Jurine ) 
à tous les corrigones d'un demi-pied de lon- 
gueur. Nicot dit bezolle , espèce de poisson 
duLétnan. 

Bêtard. Le mot français est bêta* 
Bevable , pour buvable.' 

Beurrée : tme poire beurrée blanche , dites uru 
beurré blanc^ ou une poire de beurrée. 

Beurriëre , baratte , vase à battre le beurre. En 
France , une beurrier e est une marchande de - 
beurre ; dites aussi du babeurre , ^t non de la 
battue. 

Biauder , sauter , jouer : Ces enfans ont bien. 

biaudé ensemble. Terme formé de baudir;%xt 

vieux français, esbaudir ^ c'est-à-dire égayer^, 
BiCLE; dites bigle. Ménage écrit bide y dérivant 

ce mot de obliquus , d'où les italiens ont fait 

iieco. Bide se dit aussi à Lyon. 



id4 GLOSSAIRE 

Billard, toupie. 

BiLEUX : une fièvre hileuse; dites hilieux y une 

fièvre bilieuse. 
^loLE : balai de biole , c'est-à-dire de bouleau. A 

Genève , on dit de quelqu'un qui est un peu 

fou , // est dans les bioles ; mot corrompu de 

niolcs , nuages. ( Voyez ce mot. ) Le peuple 

dit à Lyon balai de ^/V, et à Paris balai ^<0 

bouilleau. 
BiRON , couvet , SOTte de chaufferette. 
BiscoiN , sorte de brioche au safran. 
BiscÔME, pain d'épice. Biscomier, fabricant de 

biscômes ; termes connus dans toute la Suisse 

française. 
JlisiNGùE ( de ) ; c^est-à-dire de travers , de guin- 

guois : Cetfiabitvatoutdebisinguey marcher 

de bisingue. 
Bisquer ; ce verbe est aussi trè^-connu en France. 

Le vrai mot est bouquer , se résigner , faire 

baiser par force. En langue romane , bouquer 

veut dire gronder , bouder. 
Blague, bourse à tabac , en peau, et au figuré', 

vanterie , rodomontade. 
Blaguer, craquer, habler. Expression usitée aussi 

à Lyon ei ailleurs. 
Blanchet, jupe de laine; suivant de Wailly, ce 
mot signifie en finançais une camisole de paysan* 



k 



GENEVOIS^ a3 

Blesson , poire sauvage. 

Blette, bette ou poîrée. Ce qu'on appelle en 
français blette y est une plante qui croît sipns 
culture. 

BoBET 9 sot , nigaud. En langue romane hobe ; en 
celtique hoheria y sottise ; en anglais hoohy , 
puérilité, babiole. 

Boc 9 sorte de petit crapaud ( rana hombina )• // 
est Jîer comme un hoc ! C'est une altération 
du vieux mot français bot^ un crapaud , mot 
qu'on retrouve encore en Champagne et en 
Bauphiné ; à Metz , on dit être bot^ avoir les 
joues bouffies de dépit. Or, ce mot bot^ crapaud, 
vient 9 selon Bullet , du celtique both , éléva-^ 
tion , parce que le crapaud s'enfle beaucoup* 
Nous appelons aussi boc un certain jeu de car- 
tes de hasard. 

BocoN, morceau, bouchée; dites boucon; en italien 
boccone , du latin buccea , bouchée» 

BoëTE.a vieilli; on n'écrit plus que boîte. 

fieiLLES ( // mouillées ) , vases de bois pour porter 
le lait sur un âne. Une paire de boilles ; terme 
connu dans les Alpes Yaudoises et Fribour-« 
geoises. En langue romane, bouille ^ sorte de 
hotte pour la vendange ; de la racine celtique 
boily ventre. 

Bois-carré , fusain y bonnet à préire# 







?6 GLOSSAIAE 

BoiTON , Ecurie à cochons , et se dit par extension 

d^un vilain appartement. 
Bqllant ; se dit du pain bien lève, bien arrondi. 
BoLLiOT, trappu, ramassé. En langue romane 

beuillu signifie ventru. Voyez bouelle. 
BoLONGER, boulanger. 
BONFOND , ëtourdi , tapageur. 
BoNNER ; prononcez bon-ner ; combuger : honncr 

untonneau. 
Bonnette (une), un bonnet : /ti/; bonnette de 

nuit. On commet la même faute à Lyon. 
BoNTABLE 9 obligeant , complaisant , débonnaire» 
Bords , bordées \ faire des bords sur le lac. 
BoRNiCAND, qui a la vue très-basse. En languedo- 
cien, bruniquel; à Neufchâlel bornicle. 
Bosse , foudre, grand vase à vin : Ce mot vient , 

suivant Ducange , du bas-latin bossex , dont 

la racine celtique est bos^ vase, fond. On dit 

en Anjou une busse. 
BossETTE , grand tonneau. 
Bottet; faire bottct\ terme d'écolier qui signifie 

s'associer, prendre un intérêt. 
BoVAiRON , petit bouvier : // mange comme un bo-* 

vairon. 
BouBE , bouvier , pâtre. On dit en langue romane 

un bobelin. 
BouÉBE , enf^int , petit enfant ; Terme introduit à 




GENEVOIS. 27 

Genève par les bonnes du pays de Vatid. Il 
vient de Tallemand huh. 

Boucan , grand bruit , tapage : ces cnf ans font un 
boucan de mâlevie. Ce terme ne doit s'em- 
ployer que pour désigner, i.® un lieu de 
mauvaise vie ; 2.*^ l'instrument propre à bou- 
caner les viandes. L'helléniste qui a dérivé le 
mot genevois de Bukané^ trompette , n'a fait 
qu'un jeu d'esprit. Cette acception s'est formée 
par métonymie , du bruit qu'on entend ordi- 
nairement dans un lieu de maumise vie. 

BouCANNER ; I .® inquiéter , chiffonner : Cette 
nouvelle m^a tout boucanné\ 2.^ Faire du 
tapage. En français ce mot ne peut se dire 
qu'en parlant de la manière dont certains 
habitans de l'Amérique apprêtent les viandes 
et les cuirs. 

Bouchard , boucharde , qui a le visage mal pro- 
pre : Cet enfant est toujours bouchard. Il se 
dit aussi d'un homme de mauvaise mine. £n 
langue romane bouchar , boucho. Les bergers 
provençaux appellent bouchars les moutons 
à museau noir. 

Bouchère , bouton sur les lèvres ; on dit à Lyon 
boucharle. 

Bouchon ( à ) , renversé , sens dessus dessous ; 
terme lyomiais : Il est tombé à bouchon ; poser^ 




dS GLOSSAIRE 

vn case à bouchon. EUi langue romane se 
mettre à boucheton , veut dire se renverser* 

Boudins (des ) ; dites du boudin. 

BouELLE , la panse , le ventre ; terme emprunte du 
patois de la campagne* En celtique bouelhun^ 
les boyaux ; en anglais populaire belfy ^ le 
ventre ; en langue romane éboeller ^ éventrer. 

Et lor caevayx les âraellent , 
Et vifs desor les mors rodent. 

SS ( Roman de Trojre. ) 

BouER ( SE ) ; dites se crotter. Bouer , en français , 
est un terme de monnoyeur. 

Bouffer , brifer , manger en glouton. En langue 
romane bouffard signifie glouton ; d^où est 
venu notre mot boiiffeur. On dit en Provence 
houjfaire. Nous disons aussi : quelle bouffaille! 
pour quel repas ! Bouffer et ses dérivés sont 
connus aussi en Languedoc. Us doivent leur 
origine au mot français bouffer y qui veut dire 
enfler les joues , et non , conune on Fa pré- 
tendu 9 au mot grec bouphagos , glouton. 

BouGiLLON , mièvre , qui remue sans cesse. On dit 
à Lyon bougeon. Cet enfant est bien bougiU- 
ton ; il ne fait que bougillonner ; il w^impa" 
tiente avec ses bougillonnages. 

B0UGN0N9 BOUGNETTE, joli, gentil » miguon : 




• *■■-- 



GENEVOIS. ^9 

Oest un hougnon d'enfant; qilelle est bou^ 
gnette» 

BouÏË , lessive. En langue romane huie , houèe , 
buer^ lessiver ; en italien bucata. La racine 
celti^e£o2/ signifie eauj d'où vient boue, etc. 

BouïON , petite lessive. 

BouÏANDiÈRE, BU YANDIÈRE, blanchisseuse, celle qui 
fait la lessive ; ces mots sont du vieux français. 

BouiLLA , grosse perche , sorte de poisson. 

Bouillit ; Veau bouillit ; dites : Teau bout. 

Bouillotte, une bouilloire : iifi^//^z chauffer la 
bouillotte. Se dit aussi à Lyon. 

Boulevari , vacarme , dësprdre. Mot parisien pon 
pulaire , de oiirvari , terme de chasse. 

BouLi ; un bon bouli. Ecrivez et prononçable 
bouilli. 

BouRANFLE , bouffi , enflé : 90u$ a^ez un air tout 
bouranfle. 

BoURDjFAiLLE , femme sans tête , étourdie : i?est 
une vraie bourdifaille. Dans la langue celtt- 
que, on trouve les mots bourdy facétie, bour-^ 
dal^ folâtrer ; de là s'est formé bourde. A 
Neufchâtel on donne à ce terme Tacceptioa 
de canaille : ce n^est que de la bourdifaille. 

BOURGUIGNÔTE ; altération de bourguignonne y 
paysanne du Jura : elle marchande comme 
une bourguignàte. Ce terme signifie en 



^ 



3o GLOSSAIRE 

français : un ancien casque , une armure de 

tête. 
BouRiLLON, nombril, mot forme du terme roman 

embourigue^ qui a la même signification. £n 

languedocien on dit aussi hourillon. 
BouRNËAU, fontaine publique : le hourneau du 

Molard ; les hourneaux sont arrêtés. En 

patois de Neufchâtel , on dit hornei; en 

Savoie , borne s^emploie pour tuyau. 
BouRREAUDER, tourmenter, faire soufirir : ne 

bourreaudez pas ce pauvre animal. Ce verbe 

ne se trouve dans aucun dictionnaire français. 
BousiN, lieu de mauvaise vie. Ce mot, en français, 

signifie la surface tendre des pierres de taille. 

En vénitien busiaro , libertin. 
^ BouTE-ROUE , borne. En Savoie chasse-roue. 
Braillëe , cris , paroles prononcées en braillant : 

il rrûessour délie as^ec ses br aillées. 
Brand ou BRANT , toile souffrée pour les vins : ce 

çin a un goût de brand ; du nn brandé ; de 

l'allemand brandy embrasement. 
Brande , grand vase de bois en forme de botte. 

En italien brentà ; en bas latin brenta. La 

racine celtique ^r^«72/^ signifie creux, cavité. 

Brande en français est le nom d'une espèce 

d'arbuste. 
Brandée , le contenu d'une brande. 



GENEVOIS. 3l 

Brandenaille , perche d'environ un quart de 
livre. 

Branlettes ( DES ) tiges de ciboules. 
Branquer, braquer : les canons étaient hranquès..^ 
Brasse, terme de natation \ je sais déjà faire dix 

brasses. Brasse en français est une mesure de 

la longueur des deux bras ëtendus , et qui sert 

à mesurer la profondeur de Teau. 
Brassée : se battre à la brassée^ c'est-à-dire 

lutter. 

Brasser : brassez les cartes , c'est-à-dire mêlea^ 
' les cartes. 

Bravet, bravette , joli, gentil, mignon : qu^elle 
est bravette ! diminutif de brave qui est fran- 
çais dans cette même acception. 

Bredouille; dites bredouilleur, bredouilleuse : 
c^est une bredouille. En français, c'est un 
terme de jeu. 

Brecaillon ; ce qu'on appelle à Paris biset ; soldat 
de l'ancienne milice , soldat mal équipé. 

Bregantin , pour brigantin : en italien bergantino. 

Bregausser , tracasser , ranger , nettoyer dans la 
maison. 

Bregolet ,- machine à roulettes pour apprendre 2 
marcher aux enfans. Carpentier dit brcssolet^ 
berceau d'enfant* 




32 GLOSSAIRE 

Baelaire » étourdi, l^er : il oublie tout^ 4?est uni 
tête de brelaire. 

Beelancher y vaciller , branler » locher : ce mon' 
che , ce piclet brelanche ; il marche en se 
hrelanchant. En celtique , brellein , pencher. 

BaELAUDES , lambeaux : cet habit s^en ça tout en 
brelaudes. 

Brelimgue y mauvaise voiture : en français berlin* 
goty bre lingot y espèce de demi l>erline. 

Brelurin y étourdi » tapageur : en celtique brellûj 
troubler 9 mettre en désordre , ce doit élre 
aussi rétjrmologie du mot brelaire^ 

Brenicle 9 pour bemicle. 

Bresoler, brisoler ; dites rissoler : des châtaignes 
hrisolées. Nous employons aussi ce terme au 
figuré} // en bresole d^enne^ pour : il en 
sèche 9 il en meurt d'envie. Ce terme est 
connu à NeufchâteL 

Bretantaine» courir la bretantaine ; dites: pré- 
tantaine. 

Bretillant ; se dit du pain ou de la pâtisserie 
dont la croûte est bien cuite , ferme et friable. 
A Paris , le peuple dit croustillant. 

Bretintaille , pour prétintaille. 
, BRIF^R» gâter, user : son habit est déjà brifè ; tu 
es un brife-tout. En français, ce mot a le 
sens de manger avec avidité. 

Brionner 



feÉNEvors. 33 

Brionker , émiëter : hrionner son pain. En Bour-» 

gogne 9 pain brio veut dire pain de fine farine* 

Brin£R , bruire , résonner : fai entendu brineP 

quelque chose ; f entends hrincr mes clefs. 

Bringue ; mettre en bringue. Casser , briser» 
Yadé a fait usage de ce mot; suivant de 
Wailly, bringue s'emploie en parlant d'un 
petit cheval de mauvaise mine : c^est une 
bringue. 

Briscambiue , dites brusquembille. Jeu de cartes» 

Brise ; des brises de pain : dites des bribes , des 
miettes. £n languedocien , brisas; en italien , 
bricia. La racine celtique brix signifie rupture, 
fragment. 

Brisselet , sorte de gaufire plate. 

Broche de bas , aiguille. 

Brouhar ; dites brouhaha. 

Broustou, sorte de gil^t. Ce terme vient des mots 
allemands brust poitrine , et tuch drap ( drap 
de poitrine ). 

Bruchon , brin de paille , de bois , etc. ; // rrfest 
entré un bruchon dans Pœil. 

Brugnôle, pour brignole , prunes de Brignole.^ 

Brûle ; il sent le brûle ; dites : il sent le brûlé. 

Brunaulieu , capitan , fanfaron : tu fais bien la 
petit Brunaulieu. Expression née du nom 
d'un chef savoyard 9 au 1 7»® siècle ; çommd 

3 



^4 GLOSSAIRE 

en français rodomont vient du Rodomonte de 

rArioste. 
Bruxelles , ville ; prononcez Bnicèle. 
BÛCHE DE PAILLE ; dites brin de paille. C'est un 

terme roman qu'on trouve usité aussi eu 

Franche-^omtë et à Lyon. 
BUCHILLE, copeau, bûchette : mettre le pin sur les 

buchilles. Ce mot, qui se dit aussi à Neufchâ- 

tel 9 vient du terme roman buchaillesj quia 

ê 

le même sens. On dit en Languedoc buscaya^ 
BUGNET , BUGNON , SIGNET ; dites beignet : des 
bugnons aux pommes. En langue romane, 
bugne \ bugnie j bigne signifient enflure, bosse,' 
€t Ton appelle au pays de Vaud bougne , une 
bosse au front. A Lyon , bugne est une sorte 
de pâte à l'huile. 
BuMAN , BUMENT ; terme rural qui est synonyme 
de fumier, engrais : embumcnter un pré , Iç 
fumer. On emploie aussi ce terme dans le 
canton de Yaud. 



GENEVOIS. 3S 



C. 



CiABiNOTiER 9 ouvrier horloger. Ce mot se prend 

en mauvaise part : c^est un paw^re cabinotier. 
Gaboler, bossuer, faire des bosses. En langue 

romane, cabouter ; à Lyon, cabosser • 
Gabusse , laitue pommëe. En français , cabus ne 

se dit que des choux* 
Gacabo, pât^, tache d'encre. 
Gacaphonie , cacophonie. Gette faute se fait aussi 

à Lyon et à Paris. 
Gachemaille , CACHEMILLE ; en bon français , une 

tirelire. Cachemaille se dit anssi à Lyon. 
Gaçibraille, canailles, mëchantes races : ne voyez 

pas ces gens-là , d^est de la caçibraiUe. 
Cadeau ; ne dites pas : ilm^en a fait de cadeau^ 

mais simplement, il m'en a fait cadeau. 
Cadenater ; dites cadenasser; car on n'ëcrit plus 

que cadenas. Nicot et d'autres anciens auteurs 

écrivent cadenat par un /. 
Cadix, ville; prononcez Gadis, en faisant sentir r^« 
Gadracture ; dites cadrature; terme d'horiogerie« 
Cadracturier y faiseur de cadrature. 
Gafornet ; faire le cafornet : c'est ce qu'à Paris 

le peuple nomme faire chapelle. On appelle 

en Provence cufourno^ un petit cabinet 



36 CLOSSAIRB 

sombre ; encafournar , cacher dans un lieu 
secret. Racine celtique , caf^ creux , cavité. 

Cafiot , CAFIOTE ; nabot , nabote : c^est un pau^ra 
petit cafiot. Un ëtymologiâte a dérivé ce mot 
de cqffium , en latin du moyen âge y grand 
pot à vin. 

Cagne, cdich^ij^ai trouf^i une bonne cagne. En 
langue romane , cogne veut dire coin , enco- 
gnure. 

Ça-haut, ça-bas, pour là-haut, là-bas. Il se dit 
aussi à Lyon. 

Calamandre, pour calamande : se dit aussi à 
Lyon» 

Calamar , calamar , écritoire ; terme roman. La 
Monnoie écrit encore calemar ; Ménage, 
galemar ; Rabelais, galimart. En italien, 
calamajo. 

Calembourdaine , calembredaine : // bat la ca- 
lembourdaine. 

GâLiN; l'Académie ne. donne à ce terme que 
Tacception de niais y di indolent. Nous l'em- 
ployons dans le sens de flatteur, cajoleur» 
soumis, humble. 

Calvine , pour calvile : pomme calvile. On dit à 
Lyon carnlle. 

GamamilE , camomile. 

Çamelauri , jeu d'écoliers. 



GENEVOIS. 37 

Camelotte, ccmtrebande i faire la camelotte; 

expression connne à Lyon. En français » à la 

camelotte signifie mal fait, mal exécuté» 
Campagne ( en y Voyez en. 
Campe , être en campe ; être sur pied ^ courir çà 

et là : /'/ m^a fallu être en campe toute la 

nuit. 
C ampène , aiault , pseudo-narcissus , plante. 
Camue ; dites camuse : féminin de camus. 
CANFARERy brûler ^ eniQammer : ^^j épices rrûont 

canfarè la bouche. Ce verbe vient des mots 

latins calidum ferrum. 

Si inculpatio sît , et se pur gare velit , eat ad ferrum 
calidum , et adlegiet manum , ad canfàram , quod non 
falsum fecit. ( Chroni^e anglaise du moyen âge , 

citée par Du Cange. ) 

Caniule , pour canule. 

Cantine , dame-jeanne : ce terme ne doit s*em- 

ployer qu'en parlant du lieu où Ton vend le 

vin 9 et d^un cofire à mettre les bouteilles. 
CâPiTE , bureau de la gabelle : la Câpite de Vise-- 

naz. En latin ^ càpitatio , taxe. 
Capote : elle s* en est allée bien capote. Il faut dire 

capot , même en parlant d'une femme. 

Capotiser n'est pas français : cette noiwelle nûa 
tout capotisé; dites : ma rendu tout càpou 



38 GLOSSAIRE 

Caque graisse , avare y taquin. 

Garamelle ( UNE ) : des caramelks à Porange ; 3 
faut dire du caramel. 

Carcagnou, petite armoire dans le fond d'ua 
bateau , d'une barque , d'une cuisine. Ce 
terme vient sans doute de la racine celtique 
carc y renfermer, cacher ; carchar , carcair , 
prison ; d'où a ëtë formé le mot latin carcer. 

Carcasse, sabot, sorte de toupie qu'on fait tourner 
avec un fouet. 

Garrioler (se) , aller, se faire tramer en voiture. 

Carnier ( un ) ; dites : une carnassière. A Lyon ^ 
on dit aussi carnier. 

Carpière, pièce d'eau: ce terme appartient au 
vieux français. On appelle aujourd'hui carpier, 
un ëtang à mettre des carpes. 

Carquet, Carcan , sonner le carquet; se dit drt 
son que rend un vase fêlé : ce pot est fendu ^ 
il sonne le carquet. Ce m,ot vient peut-êtte 
du grec karkaïro , résonner , retentir. 

Carquillon , espèce de charançon qui ronge les 
graines; du latin curculioy qui signifie chai 
rançon , et au figuré , parasite. 

Populatque ingentem farris acerpum 
Curculio. (Georg., lib. I.) 

On dit en italien gorgolione ; au canton ai 
de Vaud , gorgolion^ 



GENEVOIS* dgf 

Carreau de jardin ; dites carré. 

Carre, quarre, ondëe, averse. Carre en français 

est un terme de chapelier. 
Carron , pour carreau , brique , pavé de terre 

cuite. On fit dans tes registres latuis du 

Conseil de Genève, au i5.® siècte : rar^?/!/ , 

briques. 
Carroné ; dites carrelé : une chambre carrormée^ 

C'est 1H1 terme die la langue romane. 
Casse , poêle à frire : des œufs à la casse. Cest un 

terme de la" langue romane. Carpentier emploie 

aussi casse pour casserole , poêlon. Ce mot, qui 

est encore en usage à Lyon et dans quelques 

provinces de France, vient du bas-latin cassa ^ 

formé àe capsa. 
Cassette , casserole pour cuire le lait ; cassette ne 

peut s'employer en français que conune dinu«« 

nutif de caisse. 
Cassotoh , poêlon. 

Casse^museau , sorte de massepain très-dur. 
Cassin , ékimose , en terme de l'art. 
CaSTONADE ; ce terme est du vieux français ; on ne* 

dit plus que cassonade. 
CATAPLâME ; dîtes cataplasme*» 
Càtéchime ; dites catéchisme* 
Catelle , brique : un fourneau de catelles ; dite^ 

un poêle de briques. Ce mot vient peut-êtr«^ 






^O GtOSSAlilË 

de la facîne celtique caity fragitieiiit ^ mùtceStU 
Cûtelle signifie aussi en genevois la poulie et 
la corde dont on se sert dans les granges pom' 
ëlever les gerbeSé De là le verbe cateller , 
âever, monter avec la catelle. L'étymologie 
de ce mot serait-elle càtellœ pour cafenulœ y 
petites chaînes? A Lyon, catolle veut dire 
birloir^ 

Catolion, grumedu, caillot : des catolions de 
sang ; cette soupe est en catolionsé Pouf 
catolion , on dit à Lyon caton , et s^enca-^ 
tonner pour se grumeleré 

Catte , boucle ^ mèche de cheveux. tJn hellëniste 
a dërivé ce mot de chaitè , chevelure ; maiâ 
je le crois forme du celtique catty ainsi que le 
mût prëcëdenté 

CavagNe ^ grande corbeille carrée qui se fabrique 
dans le Jura \ une paire de caçagnes ; mot 
formé de l^italien cai^dgna , corbeille. 

CavaLaÎre ( à ) , à califourchon. 

Cayille^ sottise, folie. Ce ternie^ cotinti eil 
France , vient probablement de cavillatio ^ 
cavilia. Quintilien dit : cavillationes juris ^ les 
faux-fuyans de la chicane , d'où est forme le 
mot français cavillation , subtilité , dérision# 

Causer à quelqifun; dites : causer avec quelqu'un* 



OÉKËVOll 4t 

CiAtJSÈTTË^/aîre la causette^ c'est-à-dire babiller ^ 
deTÎser, jaser. 

Causti, cautère* 

Cetuki, CETUi-Li, cETTE-ci, etc.,pourcelui-cî, 
celui-là y etc. Ces termes sont du vieux fran- 
çais. 

CHaCHÔ ^ espèce de galette. Nous disons au figuré 
d'un enfant mou et paresseux : c^est un vrai 
chdchô» 

CHaCHOLER , gâter un enfant : ça te faire châcholer 
çers ta mère* 

Chade y terme d'écolier , employé dans le sens de 
ferme , vigoureux , vigoureusement : allons , 
chade ! Voici un agoûtion qui est chade. 
Cette expression est formée de sade , ancien 
mot qui signifie le contraire de maussade j 
c'est-à-dire piquant , savoureux. 

Chafouiller, manger salement et sans appétit. 
Le mot français est pignocher ; mais on dit 
à Lyon pillocher ; à Lausanne pichogner. 
Chaffourer en vieux français signifie défigurer y 
barbouiller. 

Chaircuitier , CHAIRCUTIER Ont vieilli ; l'on ne 
dit plus que charcutier. 

Chala^ces ; écrivez et prononcez Salanches , 
ville du Faucigny. Le ch se transforme 
wuvent en s dans la bouche du peuple ^ 









'4^ GLOSSAIltE 

Comme désarger , pour Recharger ; sercher , 
pour chercher; le songe ^ pour le change, 
etc. 

Ghalende , Noël , chez les paysans. Le peuple en 
fait un personnage : Chalende est venu j son 
honnet pointu , etc. Ce mot est formé de 
Calendes, le premier jour de chaque mois 
chez les Romains. 

Chalet, n'est pas encore consacré par l'Académie, 
mais l'usage Fa reçu. Cependant n'écrivez pas 
chalet avec un d long : J.-J. Rousseau recom^ 
mande expressément de faire Yu bref, et c'est 
ainsi qu'on le proncmce généralement dans le 
pays où ce mot a été créé. 

Yienx pasteur du chàUt^ viens sous ee toit dtampêtrej 
Me verser un lait pur dans la coupe de hêtre. 

( CnENÉDOLLi. ) 

En celtique, cha et chai signifient habitations 

Chaloureux , se trouve encore dans le diction- 
naire de Richelet ; mais] on ne dit plus àujour--! 
d'hui que chaleureux. 

Chalumer , flûter , lamper : il aime un peu à cha\ 
lumer. 

Chambre à manger ; dites : salle à manger. 

Chandeleuse ( la ) ; dites : la Chandeleur. 

Change , yî//r^ le change^ faire un change banal f^ 



g£n£VO||s. '4i 

c'est-à-dire : boire au cercle. Le cHange de 

la compagnie est une réunion militaire au 

cabaret. 
Changer ( se ) , pour changer de linge : il faut 

^ueje m^ aille changer y je suis tout trempe. 
Chante-poulet , Toeillet des Chartreux , Dianthus 

Carthusianorum y plante. 
Chaple , batterie , tuerie : c'était un chaple épou^ 

çantable. Ils sont à chaple couteaux , signifie 

chez nous : ils sont aux couteaux tires. Chaple 

est un terme de la langue romane et du vieux 

français. 
Chapler , CHAPLOTER , couper , tailler : // s^est 

chaple le doigt ^ finissez ces chaplotages. 
Chapitoler, capituler, marchander, disputer : // 

ne vaut pas la peine de chapitoler pour si peu 

de chose; cous êtes bien CHAPITOLEUR0 
Chapon , crossette , bouture de cep. 
Chaque n'est pas français à la fin d'une phrase :/â 

les ai payés trois firancs chaque ; dites : 
r chacun. 
CHARAYOÛte ; se dit d'une femme , et quelquefois 

d'un homme sale , paresseux , de mauvaise 

mine. 
Charbon de pierre ; dites : charbon de terre. 
Charoupe , paresseux , indolent : ne donnez rien à 

cet homme ^ c*est une charoupe. En vénitien^ 



44 «ipSSAiRE 

zaruppa a la même signification. Ce mot est 
aussi connu à Neufchâtel et ailleurs. 

CharoupéE, quantité de monde, ribambelle et 
quelquefois chute : // a fait là une belle cha- 
roupie. 

Charoupionge, fainéantise, paresse : f? est lâcha* 
roupionge qui le tient. 

Charpilliére , serpilière , toile d'emballage. 

Chatagne ; écrivez et prononcez châtaigne , avec 
un accent circonflexe sur le premier a. Nous 
employons ce mot au figuré dans le sens de 
férule : tu as reçu la chatagne au collège. H 
se dit aussi à Lyon. 

Chatance , CHATENCE , misère , malheur : cet 
ouvrier est dans la chatance. 

Chatton, gourdin, bâton : voilà un bon chatton. 

Chaudelet ; le mot français est feuilleté , sorte 
de pâtisserie. C'est un terme lyonnais et 
roman. En Provence , on dit chaoudel. 

Chédal, terme rural, qui signifie le bétaU d'u» 
domaine. En celtique chadal veut dire gros et 
menu bétail ; d'où a été probablement formé 
le mot français cheptel ( prononcez chétel ). 

Ché-miette ( a ) , à CHÉ PEU , c'est-à-dire petit à 
petit , par parcelles : elle est d^obligée de 
P acheter à ché-miette ; il rûa pu me payer 
qiûà ché'piastre. A Lyon et en Savoie, on dit 
à cha-un , à chas-un , pour dire un à un* 



GENEVOIS. 4S 

CHENâ ( UNE ) 9 pour un chéneau y un chenal. En 
langue romane , on disait chéna.; à Lyon on 
dit chana. 

Chenailler y secouer , tracasser une porte , une 
serrure pour ouvrir : qù^a^ez-pous tant à chc-* 
nailler à cette poT te ? 

Chenevar, chenevis. 

Chenu ; signifie en français blanc de vieillesse , et 
se dit au figuré des montagnes élevées et 
couvertes de neige. A Genève, ckenu s'em- 
ploie dans le sens de bon, solide , cossu. T/est 
riche , c'^est du chenu ! ce vin est bon , // est 
chenu. 

Cherche ( en ) : être en cherche de quelque chose. 
Locution gasconne et anglaise : to biin search 
of.... 

Chevilière , ruban de fil. 

Chev'rer , pour chevroter, perdre patience , se dé-- 
yÀ\iàx\ilmefaitchc9rer avec sesraisonnemens. 

Chicot , pour chicon , laitue romaine. 

Chiffre ( la ) , Tarithmé tique : Qui est-ce qui 
cous a appris la chiffre ? Ce terme est aussi 
languedocien. 

Chipoter, signifie en français vétiller, bague- 
nauder : nous l'employons plutôt pour dispu- 
ter , quereller , chicoter, et aussi pour cha- p 
griner : ce mawais temps me chipote* En ^ 






'^ GLOSSAIAE 

celtique > chipot^ chipotai veut dire mar-- 
chander. 
Chipoteur n'est pas français ; ilfautchipotier* 

Chique ; on dit de quelqifun qui a trop bu : // a sa 
chique. Chinquer , en français populaire ^ 
• signifie boire. En langue romane chiquer; 
en allemand schenken; en italien cioncare^ 
veulent dire verser à boire. Chique en français 
est le nom d'un insecte. 

Chiquer 9 terme d'ëcolier; lancer un marbron 
en roidissant le pouce contre l'index. Cette 
expression doit tirer son origine de chique^ 
naude^ mot qui ^ selon La Tour d'Auvergne > 
est formé du bas-breton chiquanaden. 

Chirographaire ; peu de personnes prononcent 
ce mot comme l'Académie l'indique : hiro- 
graphaire. 

Choucroute ( du ) ; selon Boiste et Gattel , ce 
mot doit être féminin. 

Chuchotage y pour chuchoterie. 

CiBARE ; celui qui marque les coups lorsqu'on tire 

au blanc. 
CiBE : tirer à la cïbe ; tirer au blanc. De Wailly et 

quelques auteurs écrivent cible; mais cihe 

n'est pas français. 

CiCLÉE 9 cris aigiis ; cet enfant fait des ciclées | 



ÔÉNEVOIS. 4T 

4les ticles à essourdeler tout le quartier ; il a 
la mix bien ciclarde. 

CiCLER , pousser des cris aigus. En italien , cicalaref 
jaser, crier comme une pie. 

Cigare ; on dispute souvent sur le genre de ce mot 
que PAcadémie n'a pas consacré. De Wailly , 
Gattel , Boiste et Le Tellier le font masculin ; 
De Jou/, dans son Hermite^ dit aussi ua 
cigare \ Ghâteaubriant ëcrit une sigarre , le 
dictionnaire de Trévoux dit une cigale. 

Cigougner, chigougner , tirailler , secouer, traî- 
ner : ilnûa tant eigougné que p en ai le bras 
démangouné; il lui a donné une bonne cigou^ 
gnée. En languedocien eigougné jà^ corres- 
pond à notre mot cigougnée , , et en provençal 
sagouignar signifie presser , inquiéter. 

Ciseaux ; ne dites pas de bonnes ciseaux , maiâ 
de bons ciseaux, de jolis ciseaux, des ciseaux 
neufs. 
Citer, réciter, déclamer, conter: //^;/V^^/>/^; ït 
nous a cité toute la soirée. Citer signifie faire 
une citation , citer un passage , ou ajourner à ' 
comparaître. 
CiTRONELLE , pour Seringat , arbrisseau : la r///^?- 
/2i?//e est une espèce de mélisse , et aussi' une 
liqueur au citron. 

Clairette \ dites clarette , espèce de vin blanc. 



48 GIOSSAIRE 

Clairinette ; dîtes clarinette : l'auteiir du i^oyage 

autour de ma chambre , oui est savoyard , ^ 

fait cette faute. 
Glairté , pour clartë. 
GLâMEAU, gros crachat. 
Clédal , CLËDAR , barrière : le clidal d^un champ. 

En bas-latin et en roman , on disait cleda ; 

en provençal , cledo ; en languedocien clédas. 

CUdar est aussi lyonnais et neufchâtelois. 

Peut^tre cette expression dérive-t-elle du mot 

grec cleidà , fermer. 
Clopôte ( UNE ) , UNE CLÉOPORTE ; dites un clo- 
porte. A Paris , le peuple dit quelquefois un 

clou à par te. ^ 
Clicli-mouchette , sorte de cligne-musette, à 

laquelle les enfans jouent dan$ Tobscurité. 
Clie , claie : ce bateau descend en bas les clies. 

Dans la langue romane , on disait aussi clye. 

Nicot écrit clée. 
Clocher , sonner , tirer la sonnette : 9a voir à la 

porte qui est-ce qui cloche. C'est un terme 

de la langue romane. Clocher en français veut 

dire boiter. 
Clôpet , sieste , méridienne , petit somme. 
Coaillées 5 cris aigus , terme connu à Neufchâtel. 
CoAiLLER , crier. En français, coailleresl un terme 

de chasse , et quoàillctua terme de manège.* 

COCASSS 



GENEVOIS. 49 

Cocasse , femme qui aime à boire : c^est une vieille 

cocasse. En français, cocasse^ celui ou celle 

qui dit des choses plaisantes. 
COCHLARIA , pour cocliléaria. 
Cochon , pour la nuque : // a le cochon tout décou* 

vert. Il se dit aussi à NeufchâteL A Lyon , on 

dit le cntis^et ; en gascon , cougot. 
Cochon de mer ; dites, cochon d'Inde. 
CocoCHET ( à ) : porter un enfant à cocoehet^ c*est>» 

à-dire, à califourchon sur les épaules. 
COCOLER, dorloter, traiter délicatement : $e cocoljer; 

il aime à se faire coco 1er ; c'est une pauvrç 

cocole. En provençal , coucounct^ enfant gâté. 
COCOMBRE, pour concombre. 
CoFFE , sale ; ce terme est emprunté du patois» 

En italien goffo ; en fraaçais , goff^ signifia 

mal fait, grossier. 
Coiffage, coiffure 
CoiGNiER, dites, cognassier. Richelet écrit coi^ 

gniery et Trévoux coignassier ; mais il faut 

se conformer à rAcadémie qui dit cognas^ 

sier. 
Coin ; mettre à coin , cacher^ serrer ^ mettre eii 

réserve. 
CoissiN , coussin. En langue romane coessin ^ 

coyssin. En bas-latin coissinus. 
GoÎTRE ( prononcez coatre ) , lit de plumas ^ 

4 



ëo GLOSSAIRE 

couette. Ce terme, qui est aussi lyonnais 

vient du latin culcitra. 
GoÎTRON , petit limaçon , Umax agrestis. Au figure 

nous le disons pour le plus petit , le plus faible 
• des animaux nouveaux-nés : c^est le cottron de 

la famille. £n roman, quoitron^ questron^ 

un bâtard. 
CoLiDOR, corridor. Lyonnais et parisien populaire. 
CoLLAR, COLLART, carcan. Ce mot vient du latin 

collaria. 

Hoc quidem molestum est jam^ quod collum collariâ 
caret. ( Plaut. capth. ) 

D*autres le dérivent mal à propos de col et 
de Aarty la hart , corde , lien. 

CoLLis , pour colis 9 terme mercantile qui n'est pas 
dans le dictionnaire de F Académie , mai^ 
qu'on trouve dans Gattel. 

Colorer, pour colorier : ^o/or^r un dessin; une 
grai>ure colorée. Colorer se dit des couleurs 
naturelles ; colorier , des couleurs artificielles. 

COMMAND ; on dit d'un domestique : il est de bon 
commande pour signifier qu'il est facile à con- 
duire, à diriger. En langue romane , comans 
veut dire conunandement , et mand y mande^ 
ment. 

CoMMJb: ; cet adverbe de comparaison est quel-f 



GÉNÊVOlSé 5t 

^efois employé mal à propos pdur que : // 
rûy ça pas aussi souvent comme nouSé 
^ARÂISSANGE, comparution : // n^ a fuit (jiûuné 
^ f^etitc comparaissance et s* est en allée 
fATiSEA, sympatiser. 

)toir , bureau. Ce mot ne se dit guèfes en 
jFrance que d'une table à compter Targent , 
: ou de la résidence d'une compagnie de com-^ 
merce« 

Communauté, doit se dife pour ce qui est en tom^ 
mun y et non pour ce qui est commun, gros-> 
sier : cet homme parle mal; il est d^une com* 
munauté t 

Compositeur ; dites écrivain , auteiir. Cotnpositeuf 
né doit se dire qu'en musique et en imprimerie4 
Autrefois on donnait à ce terme une acceptioil 
plus étendue \ 

Ores est celui qui compose soit eu térs, pro^é, ttiuâlqud 
Ou autre invention* (Nigot. ) 

CoNCHE , bassin de fontaine 2 ta conche du hoUrneaii 
de Longemalle. Ce mot, très-connu en Dau'^ 
phiné, vient du latin concha\ en romail 
conche , coquille. Conche en français signifier 
réservoir de marais salanSé 

CoNCHON , sorte de jeu de boules. Le cochonnet^ à 
Paris y est aussi un jeu de boules« Ce term^ 



52 GLOSSAIRE 

dësigne encore en françab la petite boide qui 

sert de but. 
Confèrent , écolier qui a eu un accessit : il n*a 

pas le prix , mais il est conférenU En latin , 

œnferre , combattre , fournir sa part, 
CoNFisSËURy confiseur; confiturier serait encore 

mieux suivant TAcadémie. 
Congrégation , sermon de paraphrase. En français, 

compagnie , confrérie religieuse , assemblée 

de prélats. 
Conséquent , important , considérable. 

n faut pardonner aux marchands de la rue Saint-Deuis 
de vous dire^ en tous montrant une étoffe : ceci est -plus 
conséquent^ et de <u'oire que conséquent est synonyme 
Àt ce qui est de conséquence. ( La Habpe. ) 

Consulte, consultation : les médecins ont fait une 

consulte. ( Lyonnais. ) 
Consumer , pour consommer : il se consume beau- 

coup de nsn^es dans cette maison. ( Lyonnais 

et languedocien.) 
Contre ^st souvent employé mal à propos à la 

place de la préposition vers : y'jr serai contre 

les trois heures. 
Contrepointière n'est pas français ; il faut dire 

tapissière. Gattel dit cependant courte-poin- 

tier, celui qui fait des courtes-pointes, courer-j 

tiures piquées. 



GENEVOIS. 53 

loPON , sëbtlle en bois pour porter la pâte au four , 

ou pour tenir la monnaie dans le comptoir. 

On dit, en parlant d'un homme accusé d'avoir 

pillé pendant la révolution : // a mis la main 

au copon. En celtique cop , copa , copan , 

signifient vase , tasse , coupe. 
ÔQUE , CAUQUE , vieille femme , commère : c'est 

une pauvre coque ! 
GRAILLON , trognon , cœur d'un fruit. En roman 

cor aille ; en bas-breton corailhou ; à Lyon 

curaillôi 
ORIANDE , coriandre. 
ORNIÔLE , œsophage de l'animal ; terme de hoxïi» 

chérie. ( Lyonnais. ) 
^RONEL est du vieux français ; il faut dire CoIoneL 
DRPENDU ; Richelet dit court pendu ; Nicot car-- 
pendu* Il faut suivre l'ÂiCadémie qui écrit : 
, pomme de capendu. 
)RP0RAL, caporaL On appelle en français corporal 

le linge bénit placé sur l'auteL Spon écrit aussi 

corporal pour caporal. 
)RPORENCE , corpulence ( terme lyonnais ). En 

langue romane 9 ^(^r/^^^rzi , puissant. 
>TAP1LE ( à LA ), signifie pressés , les ims sur les 
autres : nous étions à la cotapile dans cette 
petite chambre. 
(TER , serrer , assuje^tti^r : cotez les fenêtres qui 



S4 GLOSSAIRE 

hrelanchenU Coter le lity c'est-à-dire le border, 
Coter en parlant , hësiter : // a récité sans 
coter ; il n^a pas coté un seul mot* ( Langue- 
docien acoutà. ) 

CÔTES, cardes poirées. 

CovET , couvet 5 sorte de chaufferette. En parisien 
populaire couvoU 

CoUANE , pour couenne ; de la couane de lard. 

COUGNER, çognert 

C0UGNARDE9 compote aux coings , cotignac« 
Terme connu à Neufchâtel. 

COURGERON 5 potiron, 

CouRiATER , courir çà et là, poursuivre quelqu'un* 

CouRiATiER , petit coureur , qui ne fait que courir. 

Coupe, mesure pour les grains. En langue romane, 
cop , cope. En bas-latin , copa , cupa signifient 
mesures pour le bled et pour le sel. Du Cange 
cite plusieurs chroniques du moyen âge où 
copa est employé dans ce sens. 

Cou DU PIED ; dites , coude-pied. 

Goupille , goupille. 

Courbe ; H marche tout courbe ; dites , courbe. 

Courir ne prend que l'auxiliaire a^oir : ne dites 
donc pas, malgré l'autorité de Racine: /y 
suis couru y mais, j'y ai couru. 

CouRTERQLE , taupe-grillon , courtillère > insecte j 
( terme lyonnais ). En langue romane , cour-^ 



GENEVOIS. 55 

filière veut dire jardin potager ; en bas-latin 

curtilé; de là est venu notre mot patois courti^ 

jardin. 
)UPLF. (un) : un couple â?ècus^ un couple d^œufs; 

dites UNE couple ; mais , en parlant de deux 

ëpoux : voilà un beau couple ! 
>usus (je) , je cousis , du verbe coudre. 
>UTELAR, coutelas. 
OUVERT : un pot et son cous^ert , vn coui^ert de> 

boëte; dites couvercle. La même faute se 

fait en Languedoc. 
)UVERT , toit : le couvert dun bâtiment est mal 

dit. 
)U VERTE , ma cous^erte de lit; dites couverture. 

Cette faute se conunet à Lyon et en Lan- 
guedoc. 
\K , crasse de la tête des petits enfans : // a la 

tête pleine de cra. 
iA ( à ) , être à cra , n en pouvoir plus , être d 

quia , de Pa priv. grec , et de kratos , force. 
EiACHE, salive. 
EiACHÉE , une crachée de neige , c*est-à-dire une 

neige légère. 
RACHER AU BASSINET ; il faut dire au bassin. 
ElAlNTER , terme rural ; se dit du raisin qui n*a 

pu acquérir sa grosseur ordinaire : les raisins 

ont crainte. 



5d cLossAifte 

CraïoN ; prononcez cré-ion > et non pas crèorté 

Crasane ( POIRE ) ; dites crassane. 

Craset , pelît, de courte taille : pauvre petit craseU 

£n anglais crasy , faible. 
Craze , berge , rive escarpée. 
Cresolette jSac, tire-lire qu^on présente à Téglise 

en faisant la quête : ai^cz-^ous mis à la creso^ 

lette ? En grec ^ crésera , sac , chausse* 
Crevotant, crevotante, malade, près de crever** 

il 9a tout crevotant; ce feu est tout crevoianU 
CrincailLER ; dites quincailler ou clincailler. 
Croc ^ escroc* Un croc en français est un suppiit 

de jeux défendus. 
Croassement > coassement , cri des grenouilles. 

Croassement se dit du cri des corbeaux. 
Crocher , agrafer ^ mettre des crochets : crochcz* 

moi ma robe* 
Crochon , entamure , baisure du pain. 
CrocHonKeR ^ couper la croûte autour du pain : U 

pain est tout crochonné» 
Crocodille ( avec les / mouilléeS'' ) , écrivez et 

prononcez crocodile* 
ÇroPêtoNS (à) , à CROUPETONS .' se tenir ^ se mettre 

à croupetons , c^est-à-dire les genoux repliiïé 

Expression romane. On dit à Lyon , en gra» 

hoton ; en b^atin cropa , la croupe. 
Croquemolle ^ coquemoUe , amande coquemoUe* 



GENEVOIS. Sj 

iG AOTON 5 cachot : z7 a passé la nuit au croion ^ 
cet appartement semble un croion. En lan- 
gue romane croton; en provtnçal croto ; eu 
languedocien croûton; en celtique , crota^ 
une cave. 

GnoujE, GROUILLE, mauvais^ méchant, grossier^ 
gâlé : e*est un croule sujet ; je n^ai que et 
croule habit. 

Crouîa via et Buona mor 
t)ejâind ne furah d'afccbtd , 

est un proverbe vaudois. En italien , crojo ^ 

dur, riide. 
Crotu y marqué de petite vérole. Rousseau a dît 

dans l'Héloïse : <* veux- tu que je coure baiser 

un vidage noir et crotu? Mot formé du latii% 

crustatus. 
Croûte au beurre , pour beurrée. 
CaoûTiON, pour croûton ; à Lyon on dit groûton. 
Hkû : a^olrfalt son cru ; dites , sa crue. Terme 

lyonnaûs. 
CuARD ( DU ) ,"8«i filet , du cimier. Terme de bon-» 

chérie ; en languedocien , quouard. 
CuBLE , club. 
CuCHET , véliote : le pré était couvert de cuchetSm 

On dit à Lyon cuchon ; expression formée de 

cuche^ cuchot^ cuchon qui, en langue romane^ 

signifient cime , faîte. 



S8 GLOSSAIRE. 

CuER 5 cuir : il fait dans les cuers. En roman quer. 

Cuiller ; prononcez cu-glié , cu-gliére , ou cui" 
glièrc , mais non pas heu-glier. 

Cuis AGE, cuisson : le cuisage du pain. 

CuLOriES ( DES ) ; dites une culotte. 

CuPKSSE , culbute , saut qu'on fait en mettant la 
séte en bas et les jambes en haut : Jaire des 
cupesses de joie. En cupesse, sens dessus des- 
sous : Tout était en cupesse dans la maison. 

CuPESSER : cette maison a cupessé , c'est-à-dire , 
elle a fait banqueroute. 

CuPLAT , chute sur le derrière. 

Cure, terme d'écolier ; se dit lorsqu'un joueur a 
perdu tout son argent , tout son enjeu : je 
suis cure , je ne joue plus. 

CusiN , cousin , insecte. 



GENEVOIS* 5$ 



D. 



ADA 5 nourricier , mari de la nourrice , terme 
enfantin. En bon français , dada signifie petit 
cheval. On trouve dans la langue celtique dad^ 
père ; dans l'arabe vulgaire , dada , nourrice. 
£n Angleterre , les enfans disent aussi dad^ 
daddy pour papa. 

aDOU, dadais : r'^/ z^ grand dâdou. On dit à 
Lyon : dada* 

AGUER, pester, enrager. En français ce verbe 
signifie frapper à coups de dague. En langue 
romane , dague ^ insulte , raillerie. 

ANDiNE , volée de coups. 

ARTE , pour dartre ; à Lyon et à Paris , le peuple 
fait cette faute» 

AVANTAGE est mal à propos substitué à plus dans 
les phrases suivantes xpai dav^antage de bon^ 
heur que lui ; rien ne me surprend da^^antage 
que de 9oir , etc. Ce mot ne peut ni être suivi 
de que , ni modifier un adjectif. 

ilViD ; faites sonner le d final , et ne prononcez 
pas Z)^^/. 

l ; ne dites pas : // tr assaille DE tailleur ; elle 
travaille DE lingère , mais : il est tailleur; elle 
est lingère. Ne dites pas non plus : Une s'en 



.f^ 



$d GLOSSAIftE 

est fallu DE rien çue je... , mais , il ne s'^en est 
rien fallu que je.-... Voici encore des phrases 
vicieuses : fai cru DE bien faire en allanL.... ; 
. je n^en ai pas DE besoin*, cela ne fait DE rien ; 
elle a été D'obligée de lui rendre.... Il faut 
supprimer ces de qui sont des barbarismes. 

DébàGâger, pour déménager, décamper, démé- 
nager brusquement. 

Débloter : débloter sa harangue ; débloter me 
kyrielle de sottises , c'est-à-dire débiter, réci- 
ter avec vitesse. Z)^Wi9/^ un pain y un poulet ^ 
le manger avidement. 

Déboquer , déplacer , chasser de son poste. 

Deboucharder , laver , nettoyer le visage. Voyer 
bouchard. 

Déboulée, sortie brusque, fuite précipitée. 

Débouler, décamper: allons^ déboulez-moi d^ ici 

Dëbranler, quitter la place : iln^en a pas débranlè 
de toute la journée. . 

Décesser ; dites , cesser : on le lui a défendu , et il 
TÛa décessé de le faire \ tu ne décesses de 
causer. Locution lyonnaise. 

DÉCROTTOIR ( UN ) ; dites une décrottoire. 

Décrue , diminution en tricotant : j^en suis à ma 
décrue. 

Dedans, ne peut avoir de régime. Il faut donc dire 
dans P armoire^ et non dedans P armoire; mais 



OÈKEVOIS. 61; 

au dedans de peut être suivi d'un régime : au 

dedans du coffre , au dedans de P armoire. 
ËDIRE ; on dit : vous vous dédisez , et non vous 

vous dédites , à la seconde personne du présent 

de l'indicatif ; on dit aussi : vous vous contre** 

disez* 
ÉDITE ( UNE ) , pour UN dédit : il y a une dédite 

de cent louis* 
ÉFAUT ( à ) : ^ défaut d^argent^ vous recevrez 

son billet ; dites : au défaut* 
ÉFINIR , toucher à sa fin , expirer : pai cru qiiil 

allait définir dans mes bras* A Paris , le 

peuple fait celte faute. En vieux français ,. 

Âéfiner signifié ^tre languissant, abattu: 

Cet homme s'en va tout définant, 

( NiCOT ). 

iGAOTlR (se ), pour se dépêcher : allons^ dégage^ 
toi j je suis pressé. On dit en Languedoc se 
dégajà , dans le même sens. 

ÎGELÉE , volée de coups : je lui ai flâné une 
dégelée. 

ÎGIGANDË , pour dégingandé ; cette faute se fait 
aussi à Paris. 

ÎGOÛTANT, mal propre ; DÉGOUTTANT , qui tombe 
goutte à goutte. Ne confondez pas ces deux 
mots :1e premier ^rend un ù circonflexe. 



<» 



v^ 



6a CLoSSAitie 

parce qu'il vient de goût^ et l'autre prend deut 
/ , parce qu'il vient de goutte. 
Dégredeler, dëgringoler, tomber , rouler dana 
l'escalier : // s* est laissé dégredeler par la 
moniie. Ce terme vient peut-être du latin 
degredior , descendre , sortir» 
Dégruffe , alerte > ëveillé , espiègle« 
Deguiller (prononcez comme marguiller) , abat' 
tre , renverser ; proprement, abattre des (fuil-* 
les y qu'on prononce mal à propos guillcs\ 
en bas-latin, guilla , une quille* 
DéguillemandRe , déguenillé. 
1)£mangoun£R , démangonner , déranger, gâtera 
cette serrure est dimangounée ^ il faut là 
raccommoder. Se dit aussi à Neufchatel. 
Demi-femme , lavandière pour la demi-journée. 
Demoiselle, est mal à propos employé ^oxxvjillei 
dans la phrase suivante : combien açez-^ous 
d^enfans? J^ai Un garçon et deux demoiselleSi 
Dénioter , ôter , arracher de sa niote ( voyez ce 
mot ) ion ne peut pas le dénioter de chez lui* 
Ce mot veut dire proprement ôter du nid. 
Dénis ; prononcez Déni , nom propre. 
Dénuter , pour dénuer. 
Depersuader , pour dissuader. 
Depétrené, dépoitriné , ^débraillé. En langue- 
docien despètrinat\ en parisien populaire | 
dépotraillé. 




DépoNDRE, enlever, décrocher : dépondez les 
rideaux. II s'emploie aussi dans le sens de 
discontinuer : // y a^ait un monde! de 
Plainpalais jusqifà BeUAir , çà ne déponr*, 
dait pas. 

Dëpuis-lors , pour dèslors 2 J.-J. Rousseau , dans 
ses Confessions , a cependant dit depuis-lors^ 

Dépressé (être), ne plus être presse: àpriseniqut 
je suis un peu dépressi , je pourrai , etc. En 
français , dépresser signifie , ôter de la presse. 

Depuis est employé mal à propos pour DE: je 
Pai i^u depuis ma fenêtre ; depuis Paris il est 
allé à Londres. 
^i)ER , dé ( à coudre ) : un der en argent. Le peuple 
ajoute cette r par euphonie , c'est-à-dire, pour 
éviter Tliiatus. C'est ainsi qu'il dit encore ; une 
lotte pour une hotte ; à r^un homme , à f^un 
coin , pour , à un homme , à un coin ; du 
quinar en bois^ et moi-z^aussi ^ etc. 

Dérater ( se ) , se former , prendre de Pusage , 
de l'assurance : depuis que ce jeune homme est 
ici ^^ il s^est bien dératé. L'adjectif dératé, 
dératée , est français dans le même sens. 

Dernier, pour derrière : dernier^ damier le^ 
Rhône. En langue romane , darrenier. 

Dérocher ( se ) , tomber d'un lieu élevé. Déro- 
cher , renverser : ne montez pas là , vous vous 




64 GLOSSAIRE 

dérocherez ; vous allez mefair^i dérocher tovs 
ces livres. £n italien , diroccare , abattre. 
Dérocher est français dans le sens de précipiter 
d'un roc : dérocher un aigle. On dit aussi : 
dérocher l'or , en ôter la crasse. 
Des , pour de : ce sont des bien bonnes gens. 
DJÈS-DE-Là, DÈ-DE'Là, de l'autre côté , dans l'autre 
chambre : où étiez-vous ?' J^ étais dè-de-là ; 
passez dè'de^là. Locution dauphinoise. A 
Lyon l'on dit : dés-de-là feauy pour dire par 
delà la rivière. 
Descampette, escampette. 
Dessuivre, imiter par dérision l'accent ou les 
manières de quelqu'un : vous êtes un bavard ^ 
vous ne faites que me dessuivre* Ce terme est 
. du vieux français. 
Désir, désirer. L'Académie écrit : désir, désirer; et 
Girault-Duvivier observe très-bien, à ce sujet, 
que la multiplication de \e muet rend la langue 
sourde et monotone. 
Dessous; est un adverbe et non une préposition. Il 
faut donc dire sous Peau , et non dessous Peau. 
11 en est de même de dessus. Dites : sur la fenê- 
tre et non dessus la fenêtre. Mais on peut dire 
au dessus de , au dessous de la fenêtre y parce 
que ces mots. peuvent être employés comme, 
préposition et comme adverbe. 

DESSUS 




feÉNÈVOlS. 65 

Dessus : il ni est tombé dessus; dites : il est tombé 
sur moi. 

•ÉTENTE : être dur à la détente y dîtes : à la desserre. 

>EUX 5 tous deux signifie ensemble , en même 
temps ; tous les deux exprime une action 
commune à deux. 

ÉVARiER 5 déranger , incommoder , détraquer s 
je ne sais ce quefai^ je me sens tout déi^avié 
aujourd'hui^ 

IM ANCHE : yW reçu ma dimanche i il en fait ses 
belles dimanches. Ce mot ne peut être em- 
ployé au féminin. 

INDE ( UN ) ; dites , un dindon ou une dinde* 
10 5 terre glaise : des màpis de dio* 

lOTU 5 GioTU , épais , ferme : cette soupe est bien 
diotuc. 

[SCRÉDITER , pour décréditer ; maïs on peut se 
servir de l'adjectif discrédité , discréditée. 

iSPARAT ( UN ) , pour une disparate. 

ISPARUTION , pour disparition. 

[STAC , sorte d'accessit ; terme de tirage. 

[STRAISEZ , DiSTRAiSENT , pouT distrayez 5 dis-* 
traient. J.-J. Rousseau a cependant écrit daos^ 
ses Confessions , d^straisent. 

VISER j dé viser , caustr. 

5 



66 OLOSSAUE 

DOiMMAGER , galer , prodiguer : ne dommagez pai 
ce pain. En langue romane damagcr. 

Donner le tour , faire le tour : nous avons donni 
le tour par SainUAntoine. 

Dont, est souvent employé mal à propos au lieu de 
que 5 comme dans ces phrases : c^cst de vous 
DONT je parle ,• c^est de 90trejils DONT jai 
à me plaindre ; c^est de ce li^re DONT j^ai 
besoin. Il faut mettre que , parce qu'un verbe 
ne peut avoir deux régimes indirects. 

DORSENAVANT , pour dorénavant. 

Drûchëe , résidu , marc , sédiment du beurre 
fondu : une Jigasse à la dràchée. En langue 
romane drasche , en bas-latin drasqua^ veulent 
dire drèçhe , marc du grain dont on s'est servi 
pour la fabrication de ia bière. En Provence , 
draco , marc de raisin. 

Dremille, dormille, la loche franche, cobitis 
barbatula^ poisson. 

Droit ( bon à ) , bonne mesure , bonne ration : 
faites-moi bon à droit. 

Drôle, ne signifie en français que gaillard, plaisant, 
bouffon. Nous l'employons mal à propos pour 
agréable , commode : que c^cst drôle d^êtr^ 
en campagne au printemps ! 

Drugeon , grande fille forte et hardie. De la racine 
celtique dru y fort, violent. 



GENEVOIS. 67J 

Du BONHEUR 9 par bonheur : à est du honheur que 

j^ai pu.... 
Du DEPUIS , depuis , dès-lors : je ri y suis pas 

retourné du depuis. Languedocien* 
D'un jour l'un ; phrase ridicule ; il faut dire, de 

deux jours Fun. 



Hs:- 



en GLOSSAIRE 

K 

£b ALOURDIR , pour abasourdir. En langue romane 
abaloudir. 

ËBARAGNER , enlever les toiles d^araignée. 
Ebaragnoir , longue époussette pour enlever les 

toiles d'araignée. 
EbénïSTRE, pour ébéniste. 
ËBORNICLER , pour éborgner. 
Ebouriflé, pour ébouriffé. 
Ebraiser, remuer la braise d'une chaufferette oa 

d'un brasier : éhraisez la bassine. 

EbriQUER , briser , rompre : fai ébriquè ma tou* 
pine ; elle est en mille brigues. 

EcALABRER, ouvrir entièrement : fermez cette al- 
coi^e et rien laissez pas les portes écalabrècs. 
Ce mot expressif n'a point de correspondant 
en français* En patois de Neufchâtel , on dit 
écalambra. 

EcARABiLLER , écarquiller : f^ous avez les yeux bien 
écarabillés , escarabillés. C'est un terme dau-» 
phinois. En français , escarbillard signifie 
éveillé, réjoui. 

EcARAFLER, aplatir, écacher , écarbouiller : il s^ est 

m 

écarajlé le nez en tombant. 
EcARCASSÉ , fatigué , éreinté. 



GENEVOIS» 6gi 

EcHAFFOURÉE , pouF ^chautFourée ; terme lyonnais» 
Echange ( une ) , un échange. Ge mot est mas- 
culin. 
EcHARBOTER , mêler 9 embrouiller , remuer ; une 
échcvette échàrbotée ; terme de la langue 
romane. Richelet dit encharbetté , pour em* 
barrasse , et Rabelais escharbotter , pour re- 
muer. 

« Et attendant graisler les châtaignes , escript au foyer 
avec un loug baslon, brûlé d'ung bout, dont on eschar"- 
hotte le feu. » 

EcHARPiNÉ , qui a les cheveux en désordre. En 
langue romanie, s^entrechopingnier ^ se tirer 
les cheveux. 

EcHARS j terme de couturière. En vieux français ,. 

ce mot signifie avare , serré , chiche , et vient 
du celtique scars , mince , court. En Fran- 
che-Comté, on dit aussi un habit es chars» En 
français , une monnaie écharse est une pièce 
qui n'est pas au titre. 
ÎCHECS ; jouer aux échecs , prononcez échaL 

■ 

ÏCHEMi ; se dit d^une viande sans saveur et filan- 
dreuse. 

Echevettï; , pour écheveau. En langue romane^ 
eschevttte^ 

Echirer , pour déchirer. 

JECHIRURE 5 pour déchirure» 



t^ 70 GLOSSAIRE 

ECLAFER, écacher, aplatir. Ce terme, si ex^ 
pressif , se trouve dans la langue romane et 
dans le vieux français. En patois de Neufchâ^ 
tel , on dit ehiaffa. Ecafer Tosier, signifie en 
français , fendre l'osier. 

ECLAIREMENT : ficlairemmt de la 9ille , dites 
réclairage. 

EcORCHE-cu , perche un peu plus grosse que la 
çis^e. ( Voyez ce mot. ) 

ECOT DE BOls , brin , petite branche de bois sec. 
En français , écot signifie un tronc d'arbre , oâ 
il reste quelques bouts de branches» 

EcoTER , ramasser des écots. 

EcouÉNER ( s' ) , s'efforcer. En français , icouaneii 
signifie limer , râper , dégrossir. 

EcouENNE : il y ^a de toutes ses écouennes , c'est-! 
à-dire de toute sa force. En français, ecouermi^ 
est un terme de monnaie. 

EcouÈRU, petit, maigre, dëbile, de mauvaise 
mine : âestunpaus^re écouèru. Expression qtd 
vient du français écouer^ couper la queue d'ui^ 
animal. 

ECOVET, ëcouvillon, instrument à l'usage des 
fourniers. 

Ecrémé ; se dit d'une pièce d'eau qui conunencel^ 



GENEVOIS^ 7» 

se congeler : les fossés sont déjà écrcmès. H 

f'dwliïvïe crêmés. 
Ecrivisse , pour écrevisse. 
EcuELLES, pour ricochets : faire des écuelles aip 

bord du lac. 
EcuissoTER (s*), se fatiguer par une forte marche t 

pai tant gàpé hier , que f en suis tout èeuissot& 

aujourd^huu 
EcuiT; se dit d^un enfant en bas âge , dont la peau 

trop tendre se crevasse. En laiiguedodienb 

cscou 
Eduquer , faire Tëducation* Roubaud autorise ce 

verbe , mais De WaiUy le signale comme un 

néologisme vicieux. C^est un terme latin et 

romane 
Efforcé , qui a une hernie ^ une descente. // a un 

effort y ne peut se dire correctement ^'e» 

parlant du cheval. 
Egakcer : égancer les parties d'un obfet^ c'est-à- 
dire les égaliser. 
Egater ( s^ ) , se divertir , courir la prétentaine. 
Egraveter, gratter la terre : les poules égravettent 

dans le jardin. 
Elancée , pour élancement. 
Embarbouiller , pour barbouiller. 
Embauchoir , pour embouchoir. 
Embêter, ennuyer j f^xuéàiàt i laissez-moi ^ fous 



74 GLOSSAIRE 

m^ embêtez ; que c^est embêtant / Riciielet dît 
abêtir ; Carpentier , abestir. Abbeter en lan- 
gue romane , signifie animer. 

Embijôler , enjûler. 

Embrelicoquer , pour emberlucoquer. En langue 
romane emburclicoquer. 

Embringuer ( s' ) , se mettre dans l'embarras \je 
crois cette maison un peu embringuée* En 
langue romane, embringuer ^ embarrasser, et 
dés embringuer y affranchir, libérer. En italien 
imbrigare , embrouiller. 

Embronche , sournois , de mauvaise humeur : il a 
un air embronche; il est embronche. En 
langue romane , embronc^ embronSy embron^ 
veulent dire triste , obscur , chagrin. En vieux 
français embruncher , couvrir. 

« ,„. Et ainsi qu*il eût élevé les yeux vers ledit gou- 
verneur pour le regarder, il couyrit sa face , et se emhruncha\ 

( Du CUptge. ) 

En patois vaudoîs , embronche , fâché ; en 
languedocien, cmbrouncat; en italien, //»- 
hroncidre , faire la mine. 

Embrouillamini , pour brouillamini. 
Embrouille , poiu* embrouillement, imbroglio. 
Eminent ; un danger èminent ; dites imminentt 



GENEVOIS. 73 

Emmener à, pour mener à. On ne doit pas dire/^ 
Remmène chez lui ^ mais, je le mène chez lui, 
ou , je l'emmène , dans un sens absolu. 

Emotter 5 émonder. Emotter signifie, en français, 
briser les mottes. 

Emourger ( s' ) , s'animer , se réveiller : allons , 
émourge-toi ; du latin emergo , je me lève, je 
sors d'où j'étais plongé. Le mourget est un 
vent de notre lac qui se lève brusquement. 

JEmoustiller , exciter , aiguillonner : // a besoin 
d'être un peu émoustillé. J.-J. Rousseau fait 
usage de ce verbe , et Mercier en réclame 
l'adoption. 

Emparer , soutenir le pari de quelqu'un : je pous 
emparerais bien; j^ emparerais bien la ga-* 
geure. 

'SMPkKK^: prendre de I^emparre^ c'est-à-dire du 
champ , de la marge. En espagnol , amparo 
avantage. 

IEmpatoufler , couvrir , salir : je ne pçux le 
prendre^ j^ai les mains tout empatoujlèes. Ea 
roman , empantoujlè , enveloppé. 

Cy n'entrez pas hypocrites , bigots , 
yieuJs matâgots , marmiteux boursouflés , 
Haires, cagots, capharts empantouflés. 

( Rabelais. ) 




74 CLOSSAIRE 

Empêcher ( lui ) , dîtes lempécher. Je lui en em- 
pêcherai bien ; je lui ai empêché d^y aller. 

Empléter , n'est pas français ; il faut absolument: 
faire emplette. 

Empois, doit être masculin ; ne dites donc pas 
at^ez-^ous de ta bonne empois ? 

Empoisonner : cous empoisonnez la fumée ; cette 
chambre empoisonne la pipe ^ sont des phrases 
vicieuses. 

En, se construit souvent d'une manière défectueuse* 
Ainsi , par exemple , 

au lieu de : dites : 



Ils s'en sont allës* 
Laiss«z-le s'en aller; 

Il s'en est retourné* 



Ils se sont en allés; 
Ltaissez-le en aller» 
Il s* est f enfourné ; 
Il s* en est r*entourné ; 

n s'est sauvé* 
Se r'ençenirj s'en r*enifenir; S'en revenir. 

Ne dites pas non plus : 
Celte essence fait en aller les taches , maïs , 
cette essence ôte les taches , etc. ; car en aller 
ne peut se passer du pronom personnel. Enfin 
ces phrases-ci sont vicieuses : en ayant une 
bonne conduite , en étant sage y vous prospé'^ 
rerez ; car être et at^oir ne prennent pas de- 
vant eux la préposition en. 
En campagne , pour , à la campagne : ea 



GENEVOIS. 75 

campagne , ne doit se dire qu'en parlant da 
mouvement des troupes. J.-J. Rousseau a fait 
cette faute dans son Emile , et Deliile a dit, 
en parlant de Montaigne ; 

Heureux ou malheureux , à la ville , en campagne , 
Que son livre charmant toujours vous accompagne. 

( Imagin, , chant VI. ) 

En ville 5 pour à la ville : êtes-s^ous rentré en saille? 
Etre en ville , c'est, n'être pas chez soi. Etre à 
la ville 9 c'est , n'être pas à la campagne. 

Encabourner ( s' ) , se tenir renfermé , caché : // 
est resté tout le jour encabourné chez lui ; 
enfermé dans sa cabourne. En celtique , cab , 
enveloppe, logement, d'où cabane, cabinet, 
etc. Cabourne , en roman , capuchon de reli- 
gieux. Neufchâtelois et languedocien. 

Encoche , coche , entaillure. Encoche ne se dit 
qu'en terme de serrurerie. 

Encouble, obstacle , empêchement. En Provence, 
encoublos , entraves. 

Encoubler , gêner , embarrasser. En roman , 
accoubler , attacher les jambes d'un cheval ; 
en patois vaudois, encobia. 

Encre , n'est pas masculin ; dites , de la bonne 
encre. 

Encre à la Chine j dites , encre de Chine. 




76 GLOSSAIRE 

£ncroire , est un barbarisme , il faut , accroire* 
En languedocien cncrèyre. 

Encrotter , enterrer un animal. Roman , croi ; 
bas-latîn , crotum , creux , fossé. 

Enx)0L0RI, endolorie, est un mot nouveau, 
introduit par l'auteur d'Emile. Gattel et De 
Wailly l'indiquent dans leurs dictionnaires, 
mais on ne le trouve pas dans celui de l'Aca- 
démie. 

Énfantiau , qui fait des enfantillages ; comiption 
du vieux mot enfanteau. 

Enfarée : // est s^enu la bouche cnfarée , niap-^ 
prendre que... ; il faut dire , enfarinée. 

Enfatter, s'enfiler, se cacher : terme emprunté 
du patois de la campagne : // s* est enfatté dans 
ce trou j dans cette ^ fente. Fatta^ en patois, 
une poche. (Voyez l'origine de ce mot , à la 
suite des observations sur les noms de lieux.) 

Enflamation, inflammation. 

Enfle , pour enflé. C'est une locution languedo- 
cienne et gasconne , ainsi que gonjle , trempe y 
etc. Montaigne dit dans ses Essais : 

« Ce Ciel de lict tout enfle d'or et de perles , n'a 
aucune yerlu ù rappaiser les trenchées d'une verte cho^ 
lique. n^ 



GENEVOIS. 77 

Enfonce, enfoncement : // demeure dans une 

certaine enfonce. 
Englaudiner, enjôler, duper. 
Englué ; nom donné pendant la révolution aux 

plébéiens attaches à l'Aristocratie : c^cst un 

bon englué , c^est du Ion glu* 
Engorgeler 9 mettre par force un aliment dans la 

gorge. En roman , gor guetter. 
Engrainge j engraingé , chagriné , fâché. En 

roman , engraigner , se fâcher ( Voyea 

grainge. ) 

Si rire jalousie , engraigne , 

Elle est moult fière et moult grifaine. 

( Roman dé lu Rose, ) 

En<;ueuser , tromper , emboiser. 

Enierler ( s' ) , s'éreinter : /e me suis énierlè 

après cet ouçagé. Un latiniste dérive ce verbe 

de la préposition privative e ^ et de nerio , 

force , puissance. 
Enivrer , enorgueillir ; prononcez an-nivrer , 

an-norgueillir. 

Ennosser ( s' ) , s^embarrasser le gosier en man- 
geant , s^engouer : je me suis ennossé en man^ 
géant , en bui^ant trop f^tte. En roman , 
s^ ennosser , s^éosser ^ s'étrangler : je suis 
é nos se j hœret os faucibus. 



7B GLOSSAIRE 

EnrauFer , salir , couvrir d'ordures. Rqffée en 
roman, croûte de gale. 

Enroidi , (prononcez enridî)^ roidî x je me sens 
tout cnroidL 

Enter des bas; il est mieux dédire, remonter dés 
bas. 

Entrecot, ruelle formée par les échoppes qui 
bordent les rues basses : traverser un entrecôte 

Envers , anvers , clou , furoncle. 

Environ ; nous étions ens^iron deux ou trois cents ^ 
est un pléonasme ; il faut dire : nous étions 
deux à trois cents , ou , nous étions environ 
trois cents. 

Epargne, bine t : mettez la chandelle sur P épargne. 

Epinaché , échevelé. 

Epinards : de bonnes épinards ; il faut le masculiui 

Epingoler , déboucher la luinière d'une arme à 
feu , avec une épinglette. 

Epingoloir , épinglette. 

Epion, espion. 

Episode ( une ) , un épisode. M. Sismondi et le 
traducteur genevois du Cours de littérature 
dramatique de Schlegel, ont fait ce mot 
féminin. 




GENEVOIS. 79 

Epoulallier , épouvanter : // est venu tout èpou- 
lallié ni apprendre que... ; du patois polaillej 
une poule, parce que cet animal sWraie 
aisément. 

Epoussoir ( un ) , une époussette. 

Epoux, épouse, fiancé , fiancée. Dans ce sens, 
il faut nécessairement dire : futur époux. 

Epuisette, écope, ustensile pour ôterFeau d'un 
bateau ; en français , sorte de filet pour les 
oiseaux. 

Epuisoirs ( LES ) , escaliers en bois , pratiqués sur 
le Rhône pour puiser de l'eau. 

Eragnée , araignée. ( Voyez aragne. ) 

Ereinte : il y allait â toute éreinte ; de toutes ses 
éreintes , c'est-à-dire de toutes ses forces. 
Locution dauphinoise. 

Erésipèle , n'est plus en usage ; il faut érysîpèle. 
En 1753 , Voltaire écrivait encore erésipèle. 

Erinières (les), lumbago, douleur de reins, 
courbature. A Lyon enréinières. 

Errière ( en ) , en arrrière ; parisien populaire. 

Erteuil , ARTEUiL , orteil. 

EsCANDALE, pour scaudale , est du vieux français. 
Escient, ne doit s'employer qu'avec la particule ^i; 
fa^'e quelque chose à bon escient \ mais nous 



/ 



8o GLOSSAIIlË 

disons : i^ous avez bien peu d^ escient; la derit 

d'escient. 
Esclandre (une) , un esclandre. 
ESCORMANCHER (s'), s'escrimer , Se tourmenter: 

je me suis escormanché après cela , sans poi^ 

s^oir en venir à bout. 
EscÔTE , écoute , et en vieux français escoute , 

terme de batelier ; corde qui sert à diriger la 

voile : tirez Pescôte. 
EsPADRON , ESPADRONNER ; dites espadon 5 espa- 

donner, en supprimant IV. Lyonnais et pari- 
sien populaire. 
ESPICERIES, a vieilli ; Ton n'écrit plus que épiceries. 
EsQUELETTÊ , pour squelette , est du vieux français 
EssouhDELER , assourdir. 
EssouRER ( s' ) , sortir, prendre l'air. En français, 

s'essorer, prendre l'essor; essorer, exposera 

l'air pour sécher. 
ESTATUE , pour statue , est du vieux français. Les 

Gascons et les Provençaux font encore un 

usage assez fréquent de cette manière d'écrire 

et de prononcer. 
Estomac ( une ) , dites , un estomac , et ne faites 

pas sentir le c. 
EsTOMACHiQUE , pour Stomachique. 
EsTRiNGOLER ; le diable fcstringole ! probablement 

de strangulare ^ étrangler, qu'on écrivait 

autrefois estrangler, Etagërb 




GENEVOIS. 8r 

CAGÉaç , tablette, rayon : les étagères d^une 

bibliothèque. 
FARTIR (s') 5 s'étendre, tomber tout de son long, 

de stratus^ renversé. 

PATS : être dans tous ses états , c'est-à-dire , être 
tourmenté de crainte. On dit aussi d*une ser- 
vante qui a quitté la i^este pour la robe : elle a 
pris les états. 

FENAILLE , tenaille. 

riRE, sorte de gaffe , grande perche ferréç pour 
conduire les barques : aller à l^ étire. 

rONNER ; // m'étonne que...» est un barbarisme ; 
dites , je m'étonne que. 

FRE ; dans le discours soutenu , le prétérit indé- 
fini de ce verbe ne peut remplacer celui du 
verbe aller. Je fus , pour j'allai , n'est bon 
que dans la conversation familière. Ils étions , 
ils avions sont des solécismçs communs parmi 
le bas peuple. 

TRIEU, étri€r. 
VALANCHE, avalanche. 

i^EiLLON , soufflet , momifie ; â Neufchâtel , 
réveillon. 

i^ENTAiRE , inventaire ; évent^îre est un terme d^ 

vannier. 
^TER: pour vous éi^iter la peine.... ^ est une 

6 



85 CLOSSAÏRE 

mauvaise locution ; dites : p6ur vous ëpàrgneî 
la peine. 

ÎEvouATER , grapiller. 

£x£MPLE (un) : ce mot doit être féminin quand 
i! s'agit d'écritures : les belles exemples de 
ce maître écrivain. 

£XCUSÊ : je vous demande txcUse^ selon quel- 
ques grammairiens , est un galimathias ; ils 
veulent qu'on dise : je vous demande pardon^ 
ou , je vous prie de m'excuser ; cependant 
l'Académie et de Wailly disent : demander 
excuse 5 terme de tiviKté , pour réclameif 
l'indulgence. 

ËXORDE ( UNE ) , un exorde. 

Expédier ( s' ) , se dépêcher, se hâter :/V mii 
w? expédier ; aHons^ cxpédiez-yous». Ce verbe 
ne peut être employé au réfléchi. 

Exprès : je ne V ai pas fait par exprès ; supprimez^ 
par. Lyonnais. 

ExTRAVAGUÉ , EXTRAVAGUÉE, extravagant, extra- 
vagante : // court comme un extra\^aguéi 



' > ^» >»^4*l^<K^^^ 



GENEVOIS» §3 



F. 



jFalet; nous appelons cheval falet ^ celui dont lé 
poil est mêlé de blanc , de gris et de bai. Il 
faut dire : cheval rouan. 

Faminer, avoir une faim excessive. 

Fantôme ( une ) , sotte , ridicule \ folle : sa fanr- 
tômc de femme..: Elle est toujours misé 
comme une fantôme. 

Fantômerie , enfantillage, billevesée. 

Fara , fera , poisson de notre lac. 

Fahate , femme qui se plait à marchander , qui 
est de mauvaise foi : je n^aime pas avoir 
à faire avec elle , ' c^est une farate. 

Faraud , fringant, pimpant. Parisien populaire. 

Farb ALA , falbala. Lyonnais. 

Farce, farceur, drôle , bouffon : ytf<? vous êtes 
farce! Parisien populaire. 

Farcement, farce, choux farci avec des épinards , 
des châtaignes et des raisins secs. Dans la 
Suisse française , on dit un f arçon. En Lan- 
guedoc , façun. 

Farçonettes , laitues farcies. 

Farette ; faire ses farettes , réussir ^ faire biçi^ 
ses affaires. 

Fascine , fagot , falourde. Ce mot ne s'emploie 



^4 CWSSAikE 

ordinairement que comme terme du g^iue. 
Cependant J.-J. Rousseau dit Jûscmc^ dans le 
sens de fagot. 

FaViole, fAViDLON; haricot, fèVe de haricots < 

iiî/i? la soup^ aux f (violons , -des façiole^ à 

bouquet. En cehique,ytf^-; en xovaaiXL^faviau^ 

faviou; en languedocien, yî/^/bowj/ en dau* 

chinois , Jiagcole ; à Lyon , Jiajoule. 

Faviole, ^-AViotJLE, Tsotte , simple, crédule. En 
xoixi^w^ f as? elles ^ contes en l'air; d'où est forme 
fa^:>iole 5 celui qui dit ou qui croit des conte* 
en l'air. En italien ,yi^^//ûfn? conter. 

Faute, est mal dit «dans le sens -de besoin, nécessinî 
natureUeé 

Fa Y ace, Faye, femme siqguUère, ridicule : ^//^ 
est un peu fayace; àe/aie, en vieux français,- 
une fée \fayerie^ sortilège. 

Fayard, hêtre. En celtique j/^ri? >• en bas-latin^ 
faya; en vieux itdjïq^s^favard* Fayard est 

t . indiqué par GatteL 

Félin ; au figuré , les entrailles , le fiel : ils se 
mangeaient le félin , c'est-à-dire , ils se dis^ 
putaient vivement. Probablement du mot 
latin /^/, le fiel. 

ÏÉMELiN , frêle, délicat ,.qui a un tempérament de 
femme. 

Fener , faner. Fenaison, se dit du temps qvl Toil 



GENEVOIS. 85 

ronpo les foins, et de racLÎon même; fanaîsQp^ 

suulemenl du temps où l'on fane* 
î'jFLNictîLES, follicules de séné. r 

Fenière ( UNE ) , un fenil , ( on mouille 17. ) 

Lyonnais. 
îfERMENTE, ferrure : la fermente d^un buffet. 
Fermature , fermeture. 
EzRRATAiLLE , ferraille. 
yERRETiER, MARCHAND FERTIER , ferronief.Fer- 

retier signifie un marteau de maréchal, et 

ferti^r yi'est pas français. A Lyon , ferratier-y, 
FerRON, sorte de getit traîneau à l'usage des 

enfans. Ferron , en français , signifie un mar-- 

chand de fer en barres. 
ÇiCELLE, de mauvaise foi,^ fripon : il est un. peu 

ficelle. Parisien populaire. 
JFlDÉs , vermicelle ( prononcez vcrmichelle ), En 

génois , fidei ; çn languedocien , fidéous ; 

formé propablement de fides , cordes d'ins-^ 

tnunenr. 
FiGâcE, fouace, sorte de galette; et au fijguré, une» 

grosse servante. En roman ^fougasse} enbas-^ 
. latin , fogassa ; en languedocien , fougassa ^ 

en italien , focaccia. 
Fige AU, penaud, dupé; 
FiGUETTE , fiole , flacon. 
^Py^AGRAi^E , filîgranç : owrçgfi enfila^am^ 



à 



^S GLOSSAIRE 

FiLLERET , damoiseau, qui aime les filles, les 
demoiselles. 

Filleules , œilletons : des filleules d^artichauU 
Terme dauphinois. Galtel dit : filles d'arti- 
chaut» 

FlON : avoir lefion^ c'est-à-dire avoir de Tëlégance, 
de la tournure. Lyonnais. 

FiOULER, boire, ivrogner; terme neufchâtelois» 
En dauphinois ^fioula / terme forme du roman 
fioler. 

Fixer ; l'Académie permet bien qu'on dise : fixer 
ses regards sur quelqu'un , mais non point , 
fixer quelqi^un. Voltaire s'ëlève aussi contre 
cette manière de parler , parce qu'elle prête à 
l'ëquivoque ; il ajoute qu'elle fut introduite à 
Paris par des Gascons. Quelques-uns de nos 
grands écrivains en ont cependant fait usage ^ 
nous lisons dans Delille : 



Tous les deux interdits le fixent tristement. . .. • • 
Il le fixe long-temps dans un morne repos. 

Et J.-J. Rousseau a dit , en parlant des Parisiennes : 

S*il reste dans leur ton ^elque grâce de leur sexe^ 
leur manière intrépide et curieuse de fixer les gens achève 
de les éclipser. 

Flairer; flairer , estiactif, et fleurer j est neutre» 



GENEVOIS.. 87 

Dltos : ûairez cette jonquille ; et, cette jonquille 
fleure bon. II ne fleure pas comme baume. 

LAMBOISE 5 fraoïboise ; lyonnais. En provençal , 

Jlamboiso. 
LAMMER, flamber : ce feu ne i^eut pas Jtammer». 

En provençal ,^âr/72/zr. 
oaNER, appliquée , sangler ijlàner un èveillon ; 

se flâner un verre de i^in sur P estomac ^ sur 

la conscience* 

LAR 5 odeur , vapeur : leflar du rôti; U ^Unt un 
flar de cette allée. En patois neufchâtelois, 
Jiar; flair ^ en langue romane, a la même 
signification ; à Lyon , flat , du \^\mfl^tus ; 
mais le fl.air, eix français, ne se dit qpe de 
l'odorat du chien ; en celtique ,^(^^7-, mauvaise^ 
pdeur. 

.ATIBOLER , flatter, cajoler : (fest un petit flati-^ 

hoUur. 
.ÈRpN , enfant gâté, petit pleureur. 
.ÈRONER , gâter un enfant, le dorloter : sefair^ 

flèroner. Du latin ^<^^^ , pleurer. 

.jEURiER, drap .qu'on étend sous la table pendant 

le repas : secouer lefleurier. 
•ON , fl^n , sorte de tarte. 

us ( DES ) , quelquefois : il^ a 4^s fois que jeh 
rn^ejmuie.^ 



é8 GLOSSAÏftE 

FolACHE, femme singulière , bizarre : elté est un 
peu folache. Terminaison empruntée de l'ita- 
lien. Nous disons aussi, en parlant d'un homiAe 
à singularités ; c^est un folâtre. Ce terme, 
en France, signifie qui aime à badiner, à jouer. 

Ï'OND, dans le sens de bien, terre, héritage, prend 
toujours \a\s i 

Jean s*en alla , comme il ^taif venu ^ 
Mangeamf soïi fotids après son revenu. 

■ 

Écrirez aussi fonds de science, fonds d'esprit f 

etc. , mais fonts-baptismaux , àe fons , fontisi 
Ï'ONDRAILLON , effondrilles, restes, fond de pot. 
FoRCHETTE, fourchette* 
FossoiR, FOUSSOIR, houe , hoyau; dites aussi 

f ossoy er , et nonfoussoyer* 
Fouette , sorte de ligne : pêcher à la fouette. 
Î'OUINER , fureter : // i^a toujours fouinant pûrtouU 

Ce verbe signifie aussi s'en aller , décamper ; 

dans ce sens , il vient de la langue romane, 

et Vadé en a fait usage. 
Fouft : faire au four , commander au four , c'esf- 

à-dire , faire le pain , retenir place au four. 
Fourneau , poêle : un fourneau de catelles. Fouf^ 

neau ne se dit que par rapport aux art^î 

fourneau d'orfèvre , de chimiste , etc* 



CÉNEVOÏS. %§ ^ 

itifeKË , tét , taie d'oreiller : ôtez la fourre de ce 

coissin. 
lAiDiEU ( LA ) , petite bise assez semblable au 

Èèchard ( Voyez ce mot ). 
lAis (être), être dans Terabarras : nous çoilà 
frais ! Locution italienne : star fresco. Elle 

est ancienne, car on la trouve dansTliistorieh 

Paul Jove. Cette manière de s'exprimer esl 

très connue eil France. ■ 

EiANCHiPANE , frangipane ; du nom de rînventéitr 
• FrangipdnL Parisien populaire. ' 
ElEGALON , grosse bùclie ronde : une douzaine de 

fregalons.é 
EiELOQUE , boutade , caprice : il lui a pris tout à 

coup une f reloque.*.. 
[lEPPE 5 frette , lien de fer qui retient le moyeu 

de la roue. 
iESiLLON, troène , arbrisseau qui porte de petites 

grappes noires. 
MCASSER , avoir très-chaud : touchez mes mains ^ 

jefricasse; ilfricasse dans ce jardin. 
EIICOT5 ragoût, repas, iesûn : pour un florin de 

fricot^ un grand fricot. Parisien et lyonn ais 

populaires. 
MCOTER, se régaler, faire bombance. 
fllGOUSSE , cuisine : elle entend bien lafrigousse ) < 

c^ est une bonne frigousseuse. Terme daiiplii- 



^ GLOSSAIRE 

noîs. En celtique , Jrigassa , frire ; en latiit;^ 

/'''go- 
rRiLJF.ux, dites, frileux. 

ynisoN ( UN ) , boucle dç cl^veux fr^sëe. Eu prcK 
xiii^c^iyfrisoun. 

y ROJ ï) ( t-A ) , le froid : en4urer lafroid^ 

yROjSvU^RE , fressure. 

^RO^^LER ( SE ) , se frôleç. 

Froumilière, fouriailière. En (oman ^fromilière^ 
^X fromi y une fourpii. 

Fruitière, laiterîç, lieu où l'on fait le fromage.^ 
XJne fruitière , en bon français , est une mar- 
chande dç fruits , et fruiterie se dit du lieu 
Qii Ton g^irde les fruits. 

PVMET , fumerpn : H y a un fuip,et dans cotre 
çhauffe-pied* 

yVRE ET MESURE ( à ) ; il faut dire : au ftur et à 
ijnesure, ou bien, d^s le style familier , à 
|ur et à. mesure. 

y^JSTE , futaille. En roman , jksta ; en ba^-Iatin^^ 

fustallum; ^ Lyon, une fûte. La racine 

celtique yi/j^/. signifie bois, d'où ftit et futaille^' 

En bon français fuste est une sorte de nayirç.. 



■- j > o > >i{ )>?H^^yr 



GENEVOIS. I^î 



G- 



ABEGIE , tracasserie y imbroglio ; terme comiû 

en France. 
lDIN , layette ijinre le gadin d^un enfant. 
lDROUILLë , mauvaise sauce , mauvaise boisson : 

ce n^est <]ue de la gadronille. Qadoue , en 

français , matière fécale. Gargouille , endroit 

par où l'eau sort d'une gouttière. 
^DROUILLER, se dit des enfans qui tripotent avec 

de l'eau : quel gadrouillage faites-çous là ? 

Mot formé de gargouiller, barboter dans l'eau. 

A Lyon , gabouiller. 
lFOUILLER , tacher , gâter avec de Peau sale. Eii 

provençal , gafouillar; en dauphinois , ga^ 

touiller. 
lGére , fripière. 

.GNER à son avantage , pléonasme. 
lGUI, une grosse femme, gaie et jolie. Eii 

faisant ce mot synonyme de coureuse , nous 

lui donnons une fausse acception. 
lLAVARDE , petite fille qui aime à courir avec leà 

petits garçons , à en imiter les manières : c^est 

une petite galavarde ; elle ne se plaît cju^à 

galavarder. En roman , galavard^ gros réjoui , 

sans-souci; en espagnol, gala^^ardo^ vaurien^ 



polisson. En Lîoiguedoc et en Provence, ei 
terme a Tacception de goulu , goinfre. 

(j AL£TT£ y filoselle : des bas de galette ; du patoi 
milaBais , galette y cocon de yer à soie. 

Ç^ALiAUFRE y gouliafre. Galiaufrer , manger ei 
gauliafire, c'est-rà-<iire avidemei^t et mal- 
propret^eott.. f^n roman , galifre. 

• 

• ... De yoii^ ainsi ce grand galifre 
Danser aux orgues et aux pifres. 

{In Daupliiné , galiai^e. On dît aussi , dam 
cette province , fièvre galifarde pour faim 
\ ç£U»ine. En italien, gdgliqffo yXMàft y vilain; 

■ g^gliàffa salope. 

! Gal>maufré£ , galimafrëe^ 

\ ^AMACiiES, guêtres. Ce terme n'^st indiqué oi pai 

,' l'Académie , ni par de Wailly ; mais on le 

I prouve dans Richelet , dans, Boiste j ainsi qud 

dans Gattel. En italien , gamasfiie ; en alle- 
mand , kamaschen; en Languedoc, garamà^ 
çhas. Ménage dérivç ce mot d,e TArabe, 
giarmuk , chausses. 
Gambarder , gambader. En roman , gambarde^ 

pour gambades. 
Gamber , enjamber : gamber un ruisseau. 
if '> Gambion , Gambirolet ^ bancroche. Ea ii^en,^ 

gamba la jambe. 



&A.KDIN, tapage, scandale : //y aura du gandirt^ 

En celtique, gads^yn , choc , batterie. 
Gaisif , canif. Ménage écrit ganif , du celtisque ^ 

ganwcd. 
Gandoisës, fleurettes 9 sometles^ I^yonnais. ËA 

provençal ^ gandoiso. 
Ganganner ( se ) , se suspendre , - grimper poirf 
aveindre quelque chose : rûallez pas s^ouk 
ganganner là haut. 
G\NGUILLER , pendre, suspendre : seganguiUer à 

la fenêtre* 
GanguilLes , lambeaux , gueniUes : cette robe esi 

tout en ganguilles. 
GâPER, trouer^ arpenter« 

GâpiAN , GAB£LOU,|;abeIeur, préposé aux douane. 
En provençal et en languedocien , gahian ; eA 
bourguignon, gaibelou; en roman, gabloux* 
Garauder , manier brusquement , maltraiter : ne 
lui donnez pas €et enfant à garauder. En 
celtique, gara ^ gan^f^au^ rude, âpre, cruel; 
de là le mot français lovp-tgarou , plutôt que 
<ie loup ^nt il faut se garer ^ comme dit 
Gattel. En français , galvauder , maltraiter de 
paroles. 
»ARAUDE, mauvaise poupée, et liussi , fille de joie» 

En roman , caraulde , vieille sorcière. 
IRDE : jprencz ^ardç de ne pas 4(^mheri ^^^ 



.r . - 



/ 



94 GLOSSAmK 

précisément le contraire de ce qu'on veut dire 
prenez garde de tomber y gardez-vous d 
tomber. 

Garderobe , armoire : un garderohe en noyer. E 
français , et au féminin , cabinet destiné 
renfermer des bardes, tablier de femme, lie 
où t'on met la chaise percée. 

Gargataine , gorge , gosier. En celtique , gar 
gadcn; en roman, gargette; eu italien 
gargatày en Languedoc, gargatàt^ etc. 

Gargoter , gargouiller , barboter. En provençal 
gargoutar ; en roman , gargotter. Ce termi 
sIgniQe, eu français , hanter les gargotes. 

Garneçon , basse viande, réjouissance. 

Garnissaire, gamisaire. 

GasejMATE , casemate. 

Gatillon , détente. 
i Gattes ( LES ) , récole buissonière : toute la class^ 

a fait les gattes* En anglais, to gad^ courir 
vagabonder. 

Gauffre ( un ) , une gauflTre. 

Gauler ( se ) , se croiter , se salir. En grec 
gaulos , sentine. ( Voyez gouille. ) 

Gel , gelée. Gel est un mot purement celtique. 

Genillè , certain mauvais goût que contracte une 

> ' volaille : ce poulet a un goût de genillè. Dans 

\ quelques parties de la Suisse romane , ^^ 

nelié signifie coq. 



I 




GENEVOIS. 5^3 

f&feilANiUiMf. Les Français pronoiïtent gèranibm^ d 
de même tous les mots empruntés du ïalin \ 
cfomme factum, maximum, quantum, Té 
' Deum; mais peut-être ne renconlrent41s pas 
mieux la véritable prononciation latine que les 
Genevois qui âisenlfactoum , maximoum^ etc. 
*GÉR0LE, chervis, racine potagère. Gattel dit qu'oA 

rappelle aussi gyrole. 
tjlCLÉE , jaillissement. Terme dauphittois. En pro- 
vençal, giscle; enXtav^xx^àocïen^ gisclàdit. 
Siffle, soufflet, morniffle. Terme connu cA 
France. Enprovençal,.^/^(9, du roman.^^/^^ 
les joues. 

tiiGNER, guignei'^ 

XiiLLOTiNER : faire le gillckîii^ jouer, badiner^ 
faire le giHe. 

tiiRADE, julienne, plante Insannuelle à fleiifs 
cruciformes. 

tiiNGEOLET , gingttet : un habit girigeolet. 

^INGUER, jouer, folâtrer, du roman jyvgucr%, 
qui a la même signification. 

'GissANT , gisant. 

'GisiEii , gézier. Parisien populaire. 

GUÉNE , faire glène , faire rafle , enlever ; term^ 
d'écolier : formé du vieux ïrançais , faire 
glennc ^ glaner. 

<iLiN-GLiN , terme enfantin , qui signifie le iHHÎk 
doigt. 



i^ 




■ -V- •' 



96 GLOSSAIRE 

Glisse , glissoire. En français , certain pas de^ 

d^nse. A Lyon glissière. 
Çlu ( du ) , de la glu. 
QoAS£T , petit couteau, mëchant couteau, du latin 

gacsum j gaesa , arme tranchante. 

«... Duo puisque Alpina corruscant 

Gaesa manu, ( Virg. ) 

En bas-latin , guaso , une serpe ; en roman , 
goiz^ sorte d'epée ; en bourguignon, goùisàj 
une serpette ; en Touraine , gouet. Rabelais 
dit: 

A beaux gouets qui sont petits demi-couteaux dont les 
enfans de notre pays cernent les noix. 

pans certaines parties de la Savoie, les paysans 
se servent, pour la tonte des arbres, d'un 
instrument qu'ils nomment goy^ goyarde , et 
pour tailler la vigne , d'un plus petit , appelé 
goyet. Les Allobroges étaient surnomine's 
gœsates^ df leurs longs javelots. Bochat donne 
la même origine au nom du pays de Gessenai; 
on peut aussi le dériver de gœsos , gasi^ 
hommes forts, vaillans : car tels sont les habi- 
lans de cette vallée. En patois de la Franche- 
Comté , gesse signifie encore force. 

GODBOU 



DROK 9 goudron; Godron est un terme d^orfèvre 

et de modisteé 
FFETTE : main goffette , grassette , potelëe. 
GNES ( FAIRE DES ) , des compUiûens, des façons. 

GUAN , sot, lourdaud. GoganM^ en celtique, est 
une injure qui reçoit quantité d^acceptions. 

GUINETTES : dire des gôguinettes , dire la gô^ 
guinette , tenir des propos gaillards. £n vieux 
français , goguenette. 

>LÉE , goulëe , gorgée. 

>LET , goulot : le golet d*un pot. Terme roman. 
^NFLE, bulle , vessie , cloche : faire des gonfles 

avec du savon ; avoir des gonfles dans la^, 

maiUm 
)NFLE, gonflé. 

)KGONN£R , bougonner , murmurer. Lyonnais et 
dauphinois. En grec , gonguzô , murmurer. 

3NVER , couver : ce feu agonvé toute la nuit; il 
gonve une maladie. 

3TTE , mauvais ouvrage , mauvaise marchandise : 
c^est de la gotte , c'est-à-dire de la drogue. 

OUGNEAUX , vieux chiffons, mauvais linge. 
OUGNIFARDE, coureuse, femme de mauvaise 

mine. 
OUILLARD, GOUILLARDE, friand. Goliard est ud 
terme roman, qui signifie aussi vaurien , méchant* 

7 



98 GU)SSAIRB 

EiSïh^s-hldn^goIùiriiuSy ribaud» libertin, et 
gouliart^ gouliard en vieiu français. 

Tenir la manière que aucuns gonliardes et mauvaises 
font est cliemin damna ble, 

GouiLLARDiSESy friandises. En lomssijgouiliardise^ 
débauche ; goliardie , fausseté , tromperie. 

CouiLLE , eau sale et boueuse , pietite mare. Terme 
dauphinois et bourguignon. En Franche* 
Comté , gouillct. Racine celtique gouell y 
cessation , repos , d'où est venu gouil , goel^ 
eau dormante , boue. 

Gourer, tromper; du français goure ^ drogue 
falsifiée. 

GouRLLE (une) (//mouillées), cep de vigne 
arraché. Terme nural. 

Gourmand, friand. 

GrOURMANDiSE , friandise ; plutôt avidité, intempé- 
rance , que sensualité ; et J.-J. Rousseau a 
bien dit x j'étais plus sensuel que gourmand. 
La vraie acception de ce mot est conforme à 
son origine celtique, gourmandiz ^ avidité; 
gourmant ^ ^yvS^. 

Gouverne , règle , terme commercial • : je pous 
dirai pout çQtre gûuifernc.... 

Grabeau, gr^box^ censure, examen; graboteR} 



îGÉNEVOIS. 99 

censurer , etc. En vieux français, grabeler , 

examiner, ^kicher. Gattel dit gril)eau, cri- 

bhires , fragmens de drogues. En celtique , 

graboty léger, moindre en soa espèce; 

grabottan , grain rejeté par le van» 
RAFIONSE , ëgratigner. En roman , égrafigner ; 

en provençal, grajignar ; «i gallois , j^^gr^- 

finio. 
aAiLETTË , sorte de terrine pour réchauffer les 

ragoûts. En celtique , graiihen , restes d un 

repas ; d'où est venu le mot français graillon* 
aAiLËT, petit plat d'étain, donné pour pri^^ 

lorsqu'on tire au fusiL 
ElAissE , réprimande , semonce. 
EiAMON , gramen , chiendent : boire sur U gra^ 

mon. 
EiANGËR, métayer : mettre sa campagne en 

GRANGËAOE , c'est-à^-dire la faire valoir par ua 

métayer. 
iATE-tOTON , ouvrier horloger. 
EiATON , aspérité sur le papier, sur le terrain : ma 

boule a rencontré nngraton. 
lATUiSE , râpe. En roman , gratuse. 
itAVATE, cravate. 
lÈBE ( UNE ) , un grèbe. 
lEBOLER , greloter , transir de froid : // était tout 

grebolantm 



lOO GLOSSAIRE 

GreFfion j cerise. En dauphinois , grqffion ; en 
italien , grqffioni des J>igarreaiix« Racine 
celtique , gra , incision ; delà greffe , etc. 

Gremolion , grumeau. 

Grenouille , argent , trésor ^ magot : il a décampé 
avec la grenouille. Terme connu dans quel* 
ques provinces. 

Greube y tuf dont <m se sert pour nettoyer la 
vaisselle. 

Greubon y sédiment de lard fondu. Patois de Neuf* 
châtel. En languedocien , gràouHous. 

Greuler , trembler de froid : il greule lajièvre; 
greuler un arbre ^ le secouer. En italien, 
crollàrcj secouer; en Tom2Jïy4roller j^^rouUe^ 
secousse , et gruler y greloter. 

Grèze , Grèse : soie grèse ; dites , grège. 

Grille , cheville du pied. 

Grillet y grillon , insecte , gryllus. Lyonnais. 

Grimpion , grimpereau ^ Silta europœa , oiseaiu 

Gringalet , fluet , de mauvaise mine En roman ^ 
ce mot se dit d'un mauvais cheval. 

Gringe , de mauvaise humeur , chagrin. En honr^ 
^x^ouygrairigne. En franc-comtois, ^r^/2«« 
Du celtique graingian , murmurer , gronder, 
d'où s'est formé le mot allemand greincn^ 
gronder. 

)&ringueniaul£ 9 gringuenaude. 



1 



GENEVOIS. i-of 

IISPILLER, friponner. 

ROLLE , savate , mauvais soulier : je rûaî que des 
grolles ; sec comme de la grolle. Terme 
gascon^ dauphinois et lyonnais ; en Langue- 
doc y groûlla ;: en langiie romane , groulier ^ 
savetier. 

iiONDÉE 9 gronderie. 

Fios-FORT , grande absynthe. 

lUÊRE , gruyère : fromage de Gruère. 

ElUER , monder \ faire gruer de P avoine. 

aus , gruau , du gruau : de la soupe auar grus r 
sorte de laitage : une hotte de grus. Gru est 
du vieux français; en Champagne, gru se dit 
encore pour son ; bas-latin, grus ^ gruellumr; 
allemand, grutze. Racine celtiijue, gru^ arbre, 
fruit ; delà Gruyère. 

UENâpiN , polisson , bandit. 

JETES, guêtres. Lyonnais, Languedocien ^ guétasr 

UEUSARD , gueux , coquin. 

UICHE : tirer la guiche ; tirer ta jambe , marcher 
avec peine. 

UIGNAUCHE, femme de mauvaise façon-, méchante 
poupëe. 

UïGNONANT : c^est guignognantj c'est afvoir d!ii 
guignon.. 

LJiLLâME: un grand guillâme y un grand flandrin^ 

UILLE , gris , à demi-ivre. En français ou dit guil- 
leret, gai ;, éveillé.^ 



Ï0% CLOSsAiftK 

GuiLLEMETTE ( EN ) , en pile, Fun sur Tautre t eêi 
libres çont tomber^ ils sont en guillemctte. 

GuiLLERl, courir leguilleri; dites : le guilledou* 
Tenue coimu en Dauphinë ainsi qu'en d^autres 
provinces. On prëtend qpi^il vient des trois 
frères Guilleri, gentilshonunes bretons qui) 
après les guerres de la Ligue , bâtirent un fort 
dans le Poitou, et de là couraient le pays pour 
brigander, poussant leurs excursions jusqu'aux 
portes de Lyon. En français, le guilleri signifie 
le chant du moineau. 

GuiLLOK , broche , fausset : mêtire le guillon à m 
tonneau; guillofUier im tonneaiu 

GuiNCHER, loucher, regarder de travers : il est m 
peu guinche. Ce verbe est employé dans les 
anciens fabliaux, pour pencher, détourner* 

GuiNDRE , dévidoir. £n iVaixevLygttindolo. Richelet 
rindique dans ce sens. Â Lyon, sorte de 
métier pour les soies : une mécanique â 
plusieurs guindres. 

GuiNGOiNE ( DE ) ; dites de guinguois : // marche 
tout de guingoine ; cet habit va de guingoine^ 

Guise , gueuse : tuyau de guise. 

Gy , gypse , plâtre. Gipier , plâtrier. Gipjeb^ 
oissER , plâtrer , enduire de gypse* 



GENEVOIS.. Iia5 

H. 

Harpion, harpon (Ji aspiré ). 

Harpionner , harponner ( idem )♦ 

Herbe aux pois , sarriette* 

Herbolannes 9 herbes mëdicinales. 

Heure : est-ce (fi^une heure ont sonné ? barhansme*. 

'■ Cependant la Grammaire de3 grammaires^ 

permet de dire : vers les une heure. 

HiRESSON , hérisson. En roman , iresson. 

Horloger, verbe actif, ennoyer, rabâcher. 

Hortensia, est féminin ; ne dites pas; z^ bel hor^ 
tensia. Gommerson, après avoir découvert 

cette plante , en fit hommage à Hortense Le 

Pàute, femme d'un célèbre horloger; telle est 

l'origine dé son' nom ; Gattel fait erreur e» 

disstnt qirtl vient d'Hortense , reine de Hot 

landes on Sa i^tin hortensis. 

Huile : huile d^olifjiri; dites ; fauil^ d'olives fine#. 

{iUTiNS, vigne élevée eotm d^UK arbrisseaux;, 
altération de hautains , terme qui^ dans quel-^ 
ques provinces, désigne le même objet. Cep^ 
hautains ; il pesait qu'autrefois on faisait usage 
de cet adjectif au prc^re comme au figuré. 

Ces humeurs transcendantes m'effilaient comme les lieuat 
Ikautaias et inaccessibles.. ( Moim-taigne. ) 



Ûoi GLOSSAIRE 

Nous allons signaler ici plusieurs mots dont U 
doit être aspire , et que Ton prononce mal : 

Hâbleur ; nous disons un rûahlewr. 



Hache; 
Haie; 
Haïr; 
Haleter ; 

Hallebarde ; 
Hameau; 
Hanneton ; 
Haquenée ; 
Harangue ; 

Harasser; 
Harceler ; 
Hardi ; 
Hardiesse ; 

Harengs; 



prétez-moï tache, 
autour des z^aies. 
je thaïs, 
il est tout fnletanU 

ces z^altébardes. 
un petit fameau. 
une gross^anneton. 
une çieitP aquenèe. 
une belFarangue. 

il est encore tout f harassée 
il est toujours à niarcderm 
vous êtes bien rifardi. 



il est d^u n^ardiesscm 

des z^arengs. Hareng, dans I^ 
sens de banc de sable , n'est pas français ; il 
faudrait du moins écrire aran , aren ^ du latil^ 
arena^ sable. 

Haricot ; des z*aricots. 

Harnais j mettez P ornais. 

Hasard ; à tout fhazards Phazar^ 

du pot; dites , la fortune du pot. 

Hasarder j nous disons : // ne faut pas s^azarderm 
Hausse-col ; officier d^ausse-coh 



CÊNEVOlS. *o5 

LUSSER ; nous disons , il faut Pousser. 
LUT ; en TÛaut Coutances. 

lUTEUR ; sur wf auteur. 

HNNISSEMENT ; nous disons : P ennissement ; pro^ 

noncez le harmissement. 
ilRNlE ; nous disons : il a urûernie. 
DEUX ; // est f hideux; rien de plus z^ideux.. 
)NTE ; n^est'Cepas des z^ontes ? 

)NTEUX ; i?est bien n^onteux. 

1RS ; il est fors de danger ; un ri ors d^œwre^r 
JÉE ; des z^uées. 

JRLEMENT ; des z^urlements. 

FGUENOTS ;, des z^uguenots. 



foÇ GLOSSAIRV 



IDOINE, Idiot : il reste là comme un idoine. Idome^ 
en français, signifie propre à, capable de ; ea 
latin idoneus^ 

Immense, immanquable; ne prononcez point 
ainmenscy ainmanquàble ^ mais laissez à \i 
le son qui lui est propre. Cependant Silvestre 
de Sacy veut qu'on dise ainmense , etc. 

Incan 9 encan. En roman, inquant^ formé, suivant 
Gattel , de in quantum^ pour combien* Lyon- 
nais , incan ; italien et espagnol incanto. 

Incanter , ENCANTER , vendre à l'encan , du latin 
incantarcy entonner, proclamer. 

Incendie ( une ) , un incendie. 

Incognito; prononcez ^/2, comme dans Espagne^ 

Indemnité ; prononcez indamnité. 

Incombance, charge, inconvénient, conséquence 
désagréable ; de l'italien incombenza , charge*. 

Ingrédient ; prononcez ingrèdianU 

Inorme , énorme. 

Inquilin , locataire ; du latin inquilinus^ qui a la 
même signification. 

Insolenter , insulter , injurier. 

Intention : étes-^ous dUntention de ? Il faut dire : 
dans l'intention. 



GENEVOIS» il07 

Interloqué , interdît , déconcerté. Le verbe in- 
terloquer, en bon français ^ ne doit être qu'un 
terme de pratique. 

Intervalle ( une ) , un interaUe. 

IsERABLE , érable. Dauphinois. 

Invectiver (juelqu^un , invectiver contre quelqu'un^ 
Ce verbe est neutre. 

ÏNVENTORiSER , inventorier, 

inviter : i^ous êtes iwitè DE vous rencontrer i 
dites : à vous i encontirer. 



^ 



ïo8 &LOSSAIRS 



J. 



Jaire , jarret : un faire de peau* Terme de bdu^ 

chérie. 
Jardinage , lëgume : un plat de jardinage. Le 

jardinage est Fart du jardinier. Pour éviter 

l'équivoque , Mercier voudrait hortolage. 
Jambette, jambon de Fépaule de cochon. En 

français , sorte de petit couteau* 
Jartou, jarretou; dites, jarreté, jarretier; mais on 

n'en fait usage en France qu'en parlant des 

chevaux ou d'autres quadrupèdes. 
Jarlot , JARRELOT , sorte de baquet. En romani 

jarle; en celtique, /^r/, jarre, cruche. 
Jaspiner, disputer, chicoter. Dauphinois yjapïller^ 
Jeton , ficelle attachée à l'extrémité d'un fouet. 
Jointe, demi-journée de travail, terme ruraL 

Dauphinois et languedocien , joûnga. 
JÔLERiE ( DE LA ) , du petit poissou. En langued(>* 

cien /o/, petit poissom 
JoMBRER, être privé, attendre en vain : 90us 

m^avez bien fait jombrer ; tu enjombreras. 
JORAN : vent du nord-ouest. 
JoRASSON, espèce àejoran. 
JouFFLARD , augmentatif de joufflu : c^cst une 

grosse joïffflarde. 



JouiN , juin ; prononcez ju-in. 

Jouir : jouir d^me mauvaise santé y d^une mawaise 
réputation ; locutions ridicules. 

Jour z jour sur semaine , jour ou^ier ; dites, joui, 
ouvrable. J^aime mieux y aller un dimanche 
q^un jour sur semaine. Vitre du jour à la 
journée \ dites: vivre au jour la journée. Du 
jour au lendemain ; dites : d'un jour à Tautre. 

Juguler , obséder , écorcher ^ surfaire ; du latin , 
juguh , égorger. 



ira OiOSsiiRa 



li A p pov 7^9 dans k sens ëâivmt : ête^-HHHisfâchie? 
Om\ jt LA Mis. Le proMMU Je «e prend ni 
genre, ni nombre, ior5€[«i'il tient k place d'iin 
adjectif. Madanie de Sévigné disût qu'elle 
aurait cru aroirde iâ bafl>e au Menton, en 
s'exprinant <x)a!mie la grammaire l'exige. 

Ladière , terme de couturière : des chtmises à ' 
ladière. Ladière se dit aussi d'un certain vent 
du Lëman , qu'on voit aller au devant de celui 
qui doit souffler. 

liAiDRON, laideron. J.-J. Rousseau a fait cette 
faute. 

Laire , lère : il chante comme une laire. En aile* 
mand , lerche\ en anglais, lark^ une alouette. 

Lait DE SERPENT , tithymale. 

Lambouret, nombril. 

Lanchebroter , jargonner , ëcorcher une langue : 
il lanchebrotte un peu r allemand ; je ne 
comprends rien à ces lanchebrotages. En 
allemand, landsprache^ langue, jargon du 
pays. 

Landes , landines , lentes : il a la tête couverte 
de landes. Lyonnais , languedocien et dau^ 
phinois* En l^tin ^ lens , lendis^^ 



GENEVOIS. 1 1 1! 

Lânbrille ( TIRER ) ; dites , mandîlle. 

Languir , dans le sens de désirer :/e languis bien 
^u^il tienne , n'est pas indiqué par les bons 
lexicographes. 

Lanternier ^ ferblantier. Un lantemier , en fran- 
çais j est celui qui allume les lanternes. 

Lanvoui 9 smvoie ou anguille de haie ; anguîs 
fragilis : tuer une lanvoui. 

Lard ( un ) , un cochon : saigner un lard , un 
rôti de lard. Lard se disait aussi en langue 
romance pour porc engraissé. 

Lardère, mésange. En dauphinois lardaine; em 
roman lardelle. 

£n ung lieu ayait rossîgnaulx, 
Tuis en l'autre papegaulx ( perroquets ) i 
Si ayait ailleurs grands flayelles 
D'estornaux et itorterelles , 
De chardoaneraux , d'arondelles ^ 
D'aloettes et de lardellesy 
De pinçons, d'autres oisillons 
[ Faisant d'arbres leurs pavillons. 

( Roman de la Rose. ) 

Large , mélèze : hois de large , ichalas de large. 

Xarron , flammèche : il y a un larron à la chan^ 

délie. Les Hollandais disent : il y a i//z anglais 



I la OLOSSAI&B 

à la chandelle ; en Languedoc ^ il y a m 

voleur^*. 
Laurelle , laurëole , arbrisseau. Lyonnais. 
Lavoir , être dans le la9oir , c'est-à-dire , être à 

même de réussir , de faire son chemin. 
Lent , relent : ce lard a un goût de lent. 
Léventine , levantine , sorte d'étoffe. 
Levrau , peson , sorte de balance. . 
Leurs : je leurs ai diu Ne mettez jamais un j aa 

pronom leur devant un verbe. 
Lierre ( la ) , le lierre : hoire sur la lierre. 
LiONU , ligneul : un tire lignu j un cordonnier. Ed 

provençal , lignoou. 
Limoge 9 coton filé rouge, probablement ainsi 

nommé par métonymie. 
L1NZARD9 LiNZETTE, LÉZETTE, le lézard de mu-* 

raille , lacerta yulgaris. 
LiQUETTE y sorte de petit bateap à pointe carrée \ 

du roman li(fue^ vase, vaisseau. D^autres l'ont 

dérivé du mot français loquette, petite pièce, 

petit morceau. 
LissiVE , lessive : mettre la lissii>e. 
Lissu j LissiEU , lessive , eau de lessive. Lyonnais» 

En latin, lixj licis^ cendre du foyer. A Neuf- 
> châtel , lienssiu 

)U)IN , n'est pas bon français dans le sens de sorti , 

partL II est aussi mieux de dire : de loin à loin, 

ip& de loin en loin^ Long^ 



OÉKEYOIS». Il3 

iDKGË 9 âèche : une toiture à longe. En français ^ 
terme de boucherie et de manège* 

X)NG£OL£, andouille. 

iOQUETER , remuer, secouer le loquet pour entret t 
il me semble que f entends loqueterà la porte. 

iOTON, laiton» 

iOTTE , hotte. 

iOUETTE , luette : // a la touette iasse. 

K)uis : le grand et le petit Louis , oiseaux aqua^ 
tiques. En français , le grand et le petit cour- 
lis ou courlieu. Nous les nonunons aussi 
sîfflassons. 

ouiSE, jeton de cuivte àl^usage des enfans. 

OUSTIQUE, terme formé de Fadjectif allemand 
lustig 9 gai , content : // if à mieux y il est déjà 
tout loustique* 

[JCAIRNE , lucarne. Lydnnaîsé 

UGE, sorte de traîneau sans ferrure. Terme connu 
dans les Alpes de la Suisse romane. En cel-* 
tique, lug y bois, forêt, et aussi substance 
de Tarbre. 

JISET , lucarne. En vieux français , Fuis^ la porte, 
l'ouverture. 

rKE , terme d'ëcolien Lorsque deux palets se 
trouvent à une égale distance du but , on dit < 
c^est lime. 

BON, LURONNE,. île sont indiqués dans aucun bott 
dictionnaire* è 



Hl^' OLOSSAIAË 



M. 






MâCHiLLÉR, mâchonner ryW^z ces mdchillonÈk - 
Neitfchâtelois et lyonnais. 

Machin , machinante , engin , machine, chose x^ 
une certaine machinante ; monsieur machi^ 
nante ; dis-donc machinante ! 

J^Iagnin , chaudronnier ambalëmt. £n roman , - 
magnin^ magnan; en bas-latin, magninus ; 
en italien, magnano; en bourguignon, mai- 
gnier; en lorrain , magni; en franc-comtois , 
mûgnin ; en provençal , magnin , ferblantier y- 
et aussi méchant ouvrier* Racine celtique^ 
maignouner^ chaudronnier* Court de Gebelia 
prétend que ce terme nous est venu de^ 
rOrient , parce que , en syriaque , magsta si— ' 
gnifie airain. Le Duchat le dérive de manuariuSm ' 

Maigrolet , maigrelet : c^est un petit maigrolcU 
Lafontaine a dxlmingrelet. 

Maigrule, augmentatif de maigre : c*est une . 
' grande maigrule. 

Mairerie , mairie , terme roman. 

Maître de danse , maître à danser. 

Maladie : faire une grosse maladie , gasconisme* 
Locution employée par J.-J. Rousseau, dans 
ses Confessions. 



V 



bÊNÈVOiSi' iiâ 

JlLÂDiistE , maladif. 

^^LAISE ; je me sens tout mat aise ; dites , mal à 

mon abe, ou, j'ai du malaise. 
/UL eoMPLAiSANT n'esl pas français. 
ALEMPARÉE ; quand j^ ai s^u la malemparée ^ c'est-* 

à-^dire , la mauvaise tournure de TafTaire ^ dé 

Févénemenu 
ALET , convulsions des petits enfans : du sirop 

pour le malet. 
&LEVi£ , synonyme dû mot diahle , dans le sens 

suivant : âest bien la mâles^ie , si je n^en viens 

à boni; il a la mâlevic pour faire ce qi^ori 

lui défend. 
ALGHÉ QUE , quoique : Malgré qu^il soit riche , // 

est avare. Que ne doit jamais se construire 

avec malgré. Cependant Silvestre de Sacy 

n'admet pas cette règle; il écrit, malgré que^ 
ALINE , maligne \ fièvre malineè 
ANIGLE , manique : // est de la niànichi Gepen^, 

dant Gattel autorise ce terme. 
ANILLE, anse* En rotnan, manette y mainêttei 

en languedocien , mania ; à Lyon , manillon ^ 

manette. 
ANTILLAGE , linge de table , du latin ^ mantile | 

essuie-main , serviette^ 

tTonsisi/ue JbruiU mantiiia vilHti 



!ll6 GLOSSAIRE 

Mâpis , bîlle de marbre à l'usage des enfans. A 

Lyon, gobille. 
Mappu , butor , lourdaud : c^est un sot mappu. 
Maragnou, muscardin, joli petit animal de I^ 

famille des loirs. 
Marain , gravois , plâtras. En celticpie , marian , 

gravier , sable , pierre. Lyonnais. 
Marat£R, brocanter, Xxoi^^ex inous avons fait un 

certain maratage ; corruption de l'italien 

harattarej troquer, changer, et aussi tromper. 

En anglais, bar ter; en espagnol, baratar^ 

d'où Cervantes a imaginé son île de Barataria. 

En celtique, barataria , maquignon. 

"Barater^ tromper autrui en fait de marchandises, yen* 
liant, achetant ou troquant. ( Nicot. ) 

SMUrbron, bille de marbre dont s'amusent les 

enfans. ( Voyez mâpis. ) 
IdARCHER : vous me marchez ; vous marchez ma 

robe. Locutions ridicules. 
Margalle, sorte de perite cerise noire, variétq 

àxx prunus avium. 
Margotte , marcotte. 
jMargôtter, marcotter. Lyonnais. En italien , 

margotta , margôttare. 
Mariauder : ne lui donnez pas cet enfant 4 



.»•-• 



GENEVOIS. 117; 

mariauder , c'est-à-dire , à manier , à faire 

sauter ; corruption de mariaider. ( Voyez 

mayôle» ) 
[arier, épouser : c^est lui qui a marié made-^ 

moiselle iV.... 
[armanger ( se ) , se disputer, quereller : ils sont 

toujours à se marmangeu 
[armouner , marmonner , marmotter. 
[arquaine : marquaine blanche^ craie; marquain& 

rouge , sanguine. 

[arteau , dent molaire. Lyonnais. 

Iartirolat , MARTiROLET , martinet , espèce 

d'hirondelle ; terme bourguignon. 
[âsiLLES , espèces , argent : il a des mâsilles. 
[atafan , MATTE-FAIM , Une crêpe , nous discHis 

aussi d'un homme lourd et épais : c^est urk 

gros matafan. Dauphinois et neufchâtelois. 
[atagasse ; on donne ce nom à la pie-grièche 

grise , à la pie-grièche rousse et à l'écorcheur* 

En languedocien, margacà. 
[atinier, matinal , matineux ; matinier signifie 

qui appartient au matin : l'étoile matinière. 
[atûlle, masse de beurre. Racine celtique, mat^ 

matta , tas , monceau. 
[atoque, sotte stupide : c^est une grosse matôquem. 

En grec, mataïos^ sot, insensé; en bas-latin ;^ 

muttus i en vénitien, matocchio^ 






1 18 OLOSSAf AK 

Mayôle , tenue de mëpris ^ exclamation îromqoe ; 
Mayôle ! il s^est laUsè dire...,. Oh! la 
mayôle ! M« le pasteur Bridel dit ^ dans 
son Conservateur, que ce mot. vient dé 
Ma joie , abbé de Gluni. Je crois qu'il n'est 
qu'une corruption de mariohy mariaule'^ 
termes de la langue romane qui signifient une 
Statue de la Vierge Marie , un enfant , u^ 

r ^omme dont on ne fait pas grande esiime , \ 
cause de son âge ou de son peu de capacité » 
un mariol^. Marie ^ selon Carpentîer, est uii 

( terme d'ironie* Mario le , en bas-latin mariola^ 
image de la Vierge , et au figuré , jeune fille 
sans expérience* 

]tf E : donnez-me le , prètez^me la y pour donnez-I^ 
moi , prétez-la moi. 

Mécaniser , fatiguer , ennuyer , mépriser«. 

Mecredi ; mercredi est mieux* 

Médites ( vous ) ; dites, vous médisez , au présent 
de rindicatif , et de même , vous interdisez ^ 

f- vous prédisez* 

Melise , mélisse , plante médicinale* 

îtfÊME ( EN ) : // esi bien en même de faire cela il 
dites j à même. 

Ménagère , sorte de petit tablier de femme. 

Mener : mener sa langue^ jaser, médire, bavarder* 

Mej^ille , jeu de cs^tes, espèce de brelan. On dit 



-GÉNEVOIÇ* *%l^ 

figurément de quelqu'un qui est dupé dans 

une affaire : /7 est menille. 
Ieniëres , lisières : un enfant aux menières. 
Ienusaille^ menuaille : // ne m'a payé qu^en 

menusaille. 

Ienusier j menuisier. 

Ieryeille y sorte de pâtisserie. 

lÉRÉDi , raifort sauvage. 

lÉSENtENDU, malentendu : r'^^/ 1/72 mèsentendn. 

lÉTAL , MÉTAIL. Suivant la Grammaire des grarn^ 
maires , ce dernier mot ne se dit que d'une 
composition. L'or est un métal ^ et le sîmilor 
un métail. Suivant Gatlel , métal s'emploie 
dans l'un et dans l'autre sens. 

[etiafou , MATIAFOU , demi fou , original. 
Ietz , ville ; prononcez Mes. 
[EuaE , mûre. Meuron , mûre sauvage. Ces deux 
mots sont de la langue romane. 

[iDl : midi ont sonné ; à midi sonnantes ; dites ^ 

midi a sonné ; à midi sonnant. 
[ienne , mien : c*est le mienne ; c^est la mien ; 

çan mien y çan vôtre. Locutions vicieuses du 

bas peuple. 

[lEUX : il a mieux de cent mille francs ; dites, il 
a plus. Gasconisme. Cela çaut mieux de^ i 
4ites , cela vaut plus de...» 



'126 GLOSSAIRE 

Mignon, mignonne. Nous disons d'une femme 
aimable, polie, afiable, quels que soient 
d'ailleurs son âge, ses traits, sa taille : elle est 
. mignonne. Cet adjectif ne doit être employé 
que pour désigner ce qui est gentil , et en 
même temps, délicat, petit , joli. 

Hilleganton , blanchaille , fretin , menu poisson 
blanc^ 

Minable , gueux , misérable : // e lien Pair. 

minable ; c*est un pau^^re minable* Terme 

dauphinois. 
Minuit ( la ) , les i^inuit ; dites , le minuit , sm 

le minuit* 

MiOTiSE , thym. 

Mites, mitaines : une paire de mites. En bas^latin,' 
mitana. Mite , en français , est le nom d'uA 
insecte^ Lyonnais. 

MoGE, génisse; terme rural. Au canton de Vaud^ 
modje; en bas-latin, manza; en grec, moskos^ 
veau, génisse. 

Moindre, indisposé, faible, malingre ifemesens 
tout moindre; il est tout moindrolet. Cette 
expression est peut-être tirée de la bî^e lati- 
nité ; car on appelait minutio monachi , la 
saignée que l'on faisait aux moines pour Ie& 
affaiblir. 

Mois p'avril , pcûsson d'avril : donner un moit 



GENEVOIS. Ifili 

d^açrîL Quelques étymologistes prétendent 
qu'ici , poisson d^m^ril n'est qu une altération 
de passion d^a^ril , par allusion à la passion 
arrivée le 3 de ce mois , où notre Seigneur 
fut , par dérision , renvoyé de tribunaux en 
tribunaux. 

Mois de mai , aubépine : une branche de mois de 

mai. N'écrivez pas may* 
Mol y a vieilli ; on dit , plus généralement , mou. 

MôLAN , vent qui vient du côté de la montagne 
du Môle. 

Mollasse , sorte de grès tendre du pays. Dau- 
phinois. 

Molle (la ) , lâcheté , abattement : vous avez bien 
la molle aujourd'hui. £n Languedoc , la 
mbla. 

Moment : il faut attendre encore un bon moment\ 
un bon moment , ne doit se dire que pour 
exprimer un moment favorable. 

MÔMIER, MÔMIËRE9 nom donné aux membres 
d'une nouvelle secte établie à Genève : c^est un 
mômier , âest une mômière ; du mot français 
momerie, qui n'avait anciennement que l'ac- 
ception de mascarade ; momeur , momon , en 
langue romane, signifient un homme déguisé y 
masqué. 



|23 OLOSSATftB 

Monticule ( imE ) , un monticule. 

Moque : ce n?est pas de la moquer c'est-à-Jire^ 

ce n'est pas peu de chose. Mocque y en roman , 

signifie badinage. Terme neufchâteloîs et 

champenois. 
MoRÈNE, colline, pente rapide, monticule. Cette 

expression , dit de Saussure , est reçue dans 

toute la Suisse romane, la Savoie et le 

Lyonnais. £n espagnol , morena , montagne ; 

en italien , mot a , tas de pierre. Racine celti* 
'■ que, morarty tas, quantité, d'où s'est formé 

le mot français morne y nom qui, aux colonies^ 

signifie petite montagne. 
MORIGINER, morigéner. 
MoRSiLLER, mordiller. 
MouARE : salé comme de la mouare. En latin ^ 

muria , saumure ; en roman , mure ; en cel-r 

tique, mur. 
Mouche i de la mouche de chandelle; dites ^^ 

mouchure. 
MouCHET, houppe : un mouchet de sonnette. 

Nous l'employons aussi quelquefois dans le 

sens àe peloton : ils étaient par mouchetssw, 

la place. 
MoucHiLLON, moucheron. 
MoucLAR, hameçon. Eln celtique, macoua^ macaue% 

harpon , hameçon. 



GENEVOIS. *I3 

!)UGNON , n^oignon ; en languedocien , mougnoû^ 
3ULER, mollir, saigner du nez : maya le ! tu 

moules. En italien, 772o/A7r^, lâcher. 
îiiLETON , molleton , sorte d'étoffe. 
3URVEUX, morveux, impertinent:^//? fait bien 

sa petite mourveuse. Lyonnais. 
)USET , sorte de gros rat ; en latin , mus ; en 
. allemand , mous ; en anglais , mouse. Racine 

celtique , mus , cacher , selon Court de 

Gebelin. 
)UTAiL£ , lotte , motelle, gadus lotta. 
)UTELÉ y terme rural : une pache moutelée , c*est« 

à-dire , avec des taches noires et blanches. 
)YENNANT QUE, pourvu que.*. Moyennant ne 

doit jamais être suivi de la conjonction que. 
JLE (^hK):la mule aux talons ; dites , les mules. 
iNiER ; écrivez et prononcez meunier ; mùniet 

est du vieux français. 
JSCATE , muscade ; en bas-^latin , museata. 
y \ attendez-^ni y y pour, attendez-y-moL La 

particule y^ unie au pronom , ne doit jainais» 

$e inettre après le verbe. 



'1^4 etossAiKS 



N. 



illAisÉ y moisi : ce linge a été à Phumide^ ilcom^ 

mence à se naiser. En allemand , nass ^ hunùde. 

On dit en Dauphiné, naiser le chanvre ^ pour 

le faire rouir ( Voyez nant ). 
Nainbot, nabot : un petit nainbeU En langue ro4 

mane, ninboU 
NâNE , nourrice. En grec, nannè^ tante. En bas^ 

latin , nanna , grand^mère. 
Nansë , pour nasse. Ce terme de la langue romand 

est aussi en usage chez les Proyençanx. 
Nant , ruisseau , vallon où coule un ruisseau : ily^ 

a un nant au bas du t^erger. 
Sr la langue primitive , dont parle BuHet , exista 
réellement , ce terme en fit sans doute partie : cal 
on en trouve des vestiges dans la plupart de$ 
idiomes connus. En gallois et en langue romane} 
nant signifie torrent, vallée ; en arabe, nazj marais j 
en i^ers^m j ^ nakas ;^ en hëbreu et en ehaldëen, 
nakkal, torrent, rivière, vallée ; en teuton , /z/^r ; 
en flamand, nat ; en hongrois, nady mouillé, 
humide ; en grec , naô , je coule , etc. , etc. Les 
noms de lieux de la Suisse romane , de la Savoir 
et du Dauphiné , nous offrent encore une foule dei 
dérivés de ce mot. 



OÉKEVOIS. I!25 

Kant de braille , terme dont on se sert à Genève 
pour dë^gner Tusure , un usurier : // fait le 
nant de braille ; à est un nant de braille. Ce 
mot tire son origine du nom d'un narU^ près 
de Copet , où se commettaient autrefois des 
vols et des assassinats. 

Navette , sorte de brioche» 

NiAFFE , mou^ ënervé : je me sens tout niaffe 
aujourd'hui. On dit à Lyon , nioche. 

NiARGUE , pour nargue : // méfait la niargue. 

NiAU , nichet , œuf de plâtre ou de bois pour 
faire couver. En langue romane , niaut^ niot; 
en provençal, niau^ du verbe /i/^r , naître. 

NiLLE , jointure des phalanges des doigts. Ce mot 
vient du celtique nill^ neally élévation, bosse; 
d'où s'est formé l'allemand knoll^ loupe. Nille 
se dit, en français, du petit filet rond qui sort 
de la vigne en fleurs ; c'est aussi un terme 
technique à l'usage de quelques artisans. 

NiLLON, pain de noix, marc de noix. 

NiNE , pour naine : c^est une petite nine\ des roses 
nines. Les Lyonnais commettent aussi ce bar-f 
barisme. 
NiOLLE , nuage ; terme emprunté du patois de la 
campagne. En celtique, nioul^ niul\ en irlan-< 
dais , neull: en bas-latin , neulla ; ce terme 
est aussi dauphinois et neufchâtelois. 



— — -s^ , 



NiOtE , cache, réduit xj^ ai trouvé une honnê riioièy 

NlQUEDOUILLE , NIGUËDOUILLE , nîgaud , SOU Ell 

Languedoc, nigadouïa. 
NiA-Niou , niais , innocent : avec sort air nia-niou ^ 

V il n^estpassibéte. 
Niveler , niaiser , muser. Ce mot signifie', en fran-^ 

çais , mesurer au niveau* 
NrvÉLERiES , niaiseries , riens , billeveséesé 
NOGAT, pour nougat : du nogat blanc. 
NoNNETTE ( nous prononçons non^nette ) , ëpeau-» 

tre, sorte de blé*-froment. 
Non-plus : être au non-plus , expression anglaise i 

qui signifie, être à quia. 
Nouveau ( un ) , pour une nouvelle : quel nouveau 
; nous apprenez-vous ? En bas-latin , nova , poirf 
': res nova. Cette expression est aussi lyonnaiseï 



^» 



Vf 

i 



GENEVOIS f^y 



O. 



BELONS y pour houblons ( h s'aspire ). En langue 

romane , obeloniire signifie houblonière. 
ISERYËR i je cous observerai que....^ est une 

locution très-yicieuse ; il faut dire : je tous 

ferai observer que... 
;hon, hoche, entaillure. En langue romane ^ 

oche^ en bas^-latin, occamen\ en Langue^- 

doc , oscà signifie encoche. 
lUFS; ne prononcez pas, des eufes^ ni des heufesi" 

mais des eu , des heu. Prononcez aussi ner y 

ver y cer , les mots nerfs , vers, cerfs. 
luvES, UVES : ceUe moutaile est pleine d^œwesj^ 

On dit , en français , un poisson œuvé , une 

lotte œuvée. 
GNON, a vieilli; écrivez ognon. 
JVE , primevère jaune , primula çeris acaulis^ 
HBRETTE , pour ombrelle ; petit parasol. 
EiAGAN , pour, ouragan. 
fiBET , orgeolet ou orgelet , suivant Gattel , et , 

suivant TAcadëmie, orgueilleux; en terme 

de Fart, un crithe. On dit à Lyon , arjolet. 
ElGUE (une) ; ce mot n'est féminin qu'au pluriel : 

de belles orgues. Il ne faut donc pas dire avec 

J.- J. Rousseau : notre grande orgue% 



K 



1/ 



HâS GLOSSAIRE 

OrtH0CRAÏ>HE : un bon orthographe ; il faut le 
féminin. 

Oubli , pain à cacheter : vne boite d? oublis. L'ou- 
blie 9 en français , est une sorte de pâtisserie , 
et ce mot vient du latin oblata ( Tes ). 

Oui ; prononcez , je crois qu'oui , et non , je crois 
que çoui. Dite^ aussi, huit, et non i^uit. 

Ourle ( une ) , pour , mi ourlet. Ce mot , qui est 
du vieux français , vient du celtique , ourL 

Ourles ( les ) , les oreillons ou oriilons ; terme 
dauphinois et lyonnais. 

OuRiou , enfant : qu^as^ez-^ousfait de votre ouriou. 
Ce mot vient peut-être du latin orior , naître, 
ou de la langue romane, oir , enfant. 

OuRTiE , pour ortie : en langue romane , ourtigue; 
en * provençal , ourtigo ; en languedocien , 
ourtiga. 






ft 




GENEVOIS. U2Q 

P. 

ACHE (une), pacte, marché , convention* En 
langue romane , un pache ; en bas-latin , 
pachtus ; enpwYence^pachar signifie faire 
marche. Neufchâtelois et lyonnais. 

iCO , crotte, boue ëpaisse, et au figuré , embarras : 
il s* est mis dans le paco ; terme vaudois. Ea 
grec , pachos , lie , matière épaisse , pachus , 
épais. Un pacant signifie , en français popu* 
laire , un honmie épais , un rustre. 

VFFER ( SE ) , s'empaffer , se griser , se soûler : 
tu es pqffe , c'est-à-dire , tu es ivre. 

LGNON, bribe, gros morceau de pain ; de Tilalien 
pagnotta* 

LLETTE , A B C , croix de par Dieu. 
O^OURD , balourd , pâlot. 

VN : cela fait le pan^ c'est-à-dire , cela solde , 
cela balance ; du grec, pan , pleinement , en- 
tièrement. Pan, signifie aussi un brin de 
paille , pour mesurer la distance d'une boule 
ou d'un palet à un autre. En langue romane , 
pan^ mesure de longueur, terme qui est encore 
en usage dans le Midi de la France. 

iKAGHE (une) y un panache. Lyonnais. 

9 



I 3d €LQSSAIftfi 

Pancher tf KàU y faire de Peau. 

Panet > pour panis ^ en latin , panicum , espèce dd 
millet pour les oiseaux; le panais est unQ 
plante potagère. 

PamèR£> sorte de grande corbeille. 

Pamosse , torchon , mauvais linge, mauvais drap4 
En Franche4]omté,/7^7/z^2cr^; en Provence ,^ 
panouchon ; parmosus en latin , et panoseuci^ 
en langue romane, veulent dire, couvert d0 
haillons. Pannus , en latin ; panno , en italien % 
panne , en vieux français , signifient drap ; et 
tous ces mots tirent leiur origine de la racinQ 
celtique /^tf/;, tissu. 

Pantalons ( des ) ; dites , un pantalon : despan\ 
talons de toile. 

Pantet , chemise , bout de chemise qui pend:/y 
suis couru en pantet; du bas-latin, pentes^ 
pour pendentes ; pentes manicœ ^ manche^ 
pendantes. 

Pantomine , pantomime. Lyonnais. 

Papacolon , joubarbe , sedum acre. 

Paperoches , paperasses. 

Papet, bouillie. En allemand, /^///y? ; en italien,' 
pappa; en anglais, /?///?; en Bourgogne, /?tf/?//; 
en Franche-Comté, paipay; etc. Racine celf 
tique , pap , papaicq. 

Papier cassé ; dites ^ papier brouillards 

pAQUEAGE , pour pacage* 



GENEVOIS» %Z% 

AQUEBOT ; \xo\ioVLÇ,e% pahcbà. 

ARAFE , est du genre masculin. 

ARBOUILLIR , bouilllr i parbouillir des tuffelles ; 
de la parbouilliture d^épinards.lLn Provence, 
on dit : prébouillir ; en langue romane , par-^ 
bouilly signifie bien cuit« Parbouillir est du 
vieux français. 

\RCONTRE, en revanche : les blés n^ont pas 
rendu cette année , mais , par contre , on a eu 
beaucoup de foin; il me devait^ et f ai pris des 
livres en parcontre ; j^ ai reçu un parcontre. 

\K ENSEMBLE , en commun , en société : nous 
Faisons acheté par ensemble. 

LRFAiTEMENT , est mal à propos employé abso-* 
lument , pour : bien , très-bien , il suffit. 

IR£ ( LA ) , la croûte du fromage ; parer sonfro^ 
mage y en ôter la croûte. En anglais , paring , 
la pelure. 

LREPLUiE, pour parapluie. 

iRESOL , pour parasol. 

LRiURE, pari, gageiure ip en ferai bien lapariure. 
Lyonnais. 

lrlentin , bavard , babillard. 

lrteret , couperet, hachette. 

lrticipe ; si nous indiquions ici toutes les fautes 
qui se commettent dans l'emploi àes participes^ 
il lai^k ait exposer aussi les règles compliquées 



c. 



l3a GLOSSAIRE 

auxquelles ces modifications des verbes soni 
assujetties ; et pareil développement n'appar-^ 
tient pas à un simple vocabulaire ; nous ren- 
voyons donc, pour cet objet, à toutes les 
bonnes grammaires , et particulièrement au 
Traité de Morel, Paris, i8o4. 

Partisane , n'est pas français ; on dit partisan , aq 
féminin comme au masculin. 

Particuliarité , particularité. 

Passe- JEAN , coupe-tête , jeu d^écolier. 

Passé : Tan passé, la semaine passée. Un philologue 
de nos environs prétend qu'il faut dire Vannée ^ 
dernière^ parce que toutes les précédentes 
années sont aussi bien passées que celle dont 
on veut parler; cela est vrai, mais Tusage 
admet cette locution , et Voltaire a dit : 

Au rigoureux Boileau , j'écrivis Van passé. 

Patte , mauvais linge i patte à bleu , patte souffriez 
Terme lyonnais; en provençal, /^^Z/^. 

Patte aux aises , la lavette. 

Paten AILLE, carotte jaune, pastenade. En langue 
romane, p as tenaille ; en provençal, paste-^ 
nargo ; en languedocien , pastenague ; e» 
breton , pastounadez ; en teuton , pestinak. 

Patet, patache, patochon, lent, paresseux: 
iju^il me dépite avec ses patacheries j ses 
patenockeries y ses patenochages ! la sott4 



Tïç."^ ,..->» •' "^^ .-^'*» . ,y '" * ' ■ ' ■"■ ■ ' ■- - •»..._ 



CÉNEVOïSr l35 

patenoche ! Patet est un terme roman qu'on 
trouve aussi à Lycm, en Dauphiné et ea 
Languedoc. 

'ATETER , PATACHER , PATENOCHER , lambiner. En 

provençal , patetegear. 
ATIN, PIED 5 braie, linge d'enfant. 
ATRIARCHAL; ëcrivez et prononcez patriarcal» 

ATRIGOT , patrouillis , et au figuré , embarras : 
il s est mis dans le patrigoL Dauphinois et 
provençal. 

ATRIGOTER , patauger. 

AVANE , farce : quelle pavane ! Ce mot , en fran- 
çais j signifie une sorte de danse. 

AUME , balle. Paume , en français , se dit du jeu 
même , et non de Tinstrument : paumer queU 
qu^un , lui lancer une balle , une pierre , etc* 

ÉCHIER, pêcher : des péchiers en plein cent. 

ÉCLET , loquet. Péclet signifie aussi une montre y 
et pèclotier , un horloger , un faiseur de 
péclets. 

ÉGE, poix; terme qu'on trouve dsms un grand 
nombre d'idiomes. En langue Tomane ^ pégue ;f 
en bas-latin, pega; en Auvergne, pége; en 
Languedoc et en Provence , pego ; en aile- 
mnndypecA; en flamand, /^^A:; en espagnol ^ 
pez , etc* 



•.-•. 1 



P^:y nsmr. ifnrm : 'es jeiles *fiae li^mpttr» 

aa pmdeam àe pmr^ charums^ 

SeN9E: <ùsss pâme . graisse de ptni: : mne ferme 
de uBTiL Cjt ^XTsmt» «pi est ans Ism^SQi^^Q*»» 
s^^nine. <3iJîiBi€ai&i^ anegmasepiiiiiieirofieaa 
^pniie» 

VE5SEH ife me sais pesaà fjue^^ fc nrjr sig£s ii^n 
pense; dites : j'ai pensé f^ne,,,. ; je Fat lueii 



Peeuxte r pexdnse : eUs estperdwe Je demleurs. 

Cependsai €Bl dît indiffikamiaÉl exclue et 

oirkBe. 
PKsrms, Tesces; tenue conmi iaas le Daiqphine, 

où ToD dit aosâ /wù^ttsiL £b cddqœ, /y^, 

jxmSé. PeseOes est dans b NooreUe Héloîse* 

pETOiXE , ciette, fiente : des petoUes de rate y de 
chtçre. En langnedocieii , pétèlas; an langue 
romane , peieUes. 

PÉTB1550IAE, pëlrin, hnche; &Ljod, péirière. 

Vkîyt (le), tenne do jen de boules, le cochonnet jj 
lebau Z^/^etàest, dans ce sens, miproTeni 
çalisme* 

Piastre (uk), mie piastre. 



eJNEVOlSi^ l33 

PiCHOLETTE, chopine , petite mesure : ime picho^ 
lette iPeau^de f^ie ; de ritalieii picola , petit» 

PlCOLON , petit point : une indienne à petits picor^ 
Ions; ma montre fend le ricoion; de riialien ^ 
picotinOm 

Picote , picorée : aller à la picote dans les i^ignes. 

PlDE , semonce , réprimande ; terme formé appa- 
remment de pite, ancienne moimaie de 
cuivre, 

piDER , mesurer , avec le pied ou avec un pan , la 
distance d'un p2^|et à un Qutre : prenez le pan ^ 
et pidez ; du latin , pes , pcdis , Iç pied. 

]PiERRE à BERNADE : faire la pierre à bernade , se 
(Usait, lorsque, pendant une noce, on jetait 
au peuple de la iponnaie et des bonbons, Cette^ 
coutume, qui rappelait le sparge^ marite^nuces: 
des Rpj^paias , parait s'être abo]ie che^ nous«^ 
Dans les villages des Alpes de la Sui^ ro- 
mane , une vieille femme , qui porte le noiik 
popul^e de Bernada^ jette du froment ou 
d'autres grains sur la tête * de l^pouse au 
moment où^ au retour de l'église, celle-cî 
entre dans la maison de son mari Dans cesL 
mêmes montagnes , l'avant-dernier dimanche 
d'août, lesbergers distribuent de la crème aux 
pauvres; cette fête, qui attire beaucoup de 
specjtateurs , s'appelle Bernausa, du celtique 



l36 GLOSSAIRE 

hem , qui , suivant M. Bridel , signifie amas, 

rassemblement. 
PiFFRER ( SE ) ; dites , s'empiffrer ; cette soupe 

était à sa potte , // s^en est piffré. Terme 

lyonnais ; en parisien populaire , s^cmpiffer. 
Pilon , mortier ; le pilon n'est que Tinstrument 

avec lequel on pile dans le mortier. 

PiLViNETTE , ëpine-vinette : des tablettes à lapiU 

nnette* 
PiNPiNlÈRE , pépinière. 
PiOGUE , PIOGRE : envoyer à piogre , c'est-à-dire j 

au diable. 

PlÔTE , pâte : il a mal à la pîôte ; une écriture 
en piôtes de mouches. Terme dauphinois. En 
italien , piota signifie la plante du pied , la 
pâte. 

PlOTON , piéton : un chemin depioton. 

PiOTONNËR ; se dit des enfans qui commencent $ 

marcher. 
PiÔTU , qui a de grosses et courtes jambes ; eni 

languedocien , paoùtut. 

PioURNE , méchante femme , pie-grièche. 

Prpi , pépie. Parisien et lyonnais populaires. En 

italien et en bas-latin ^ pipita. 
PiQUERNE, chassie : il a les yeux pleins de piquerne^ 

tout PIQUERNEUX. Ce mot paraît être unç 



cbitrt[pikfnàe bigane , qui, en langue romane y 
signifie chassie. 
ifiRE» est fcrpposë de meilleur , et Pis l'opposé dé 
ndetttv ne dites pas : ils sont pire que jamais 
ensemble , mais pis que jamais ; le reméûe est 
pis ^ue le mttl^ mais j le reiriède est pire qlié 

PiTMEft y flia*ebet lottrdefiùsent , patauger; 
PiTONNER , piétiner ^ et aussi ^ mdfrier ^ tripoter. 
PiULSR^ piàî«)t]e^. 
PtjielKTT 9 pfeifutè , géniis6eiivent. En langtie romane y 

pMtitûgtii&^ coWj^àkfte. 
PLArUCUBil ^ tétbe acûf y ptanehéièr , garnir dé 

planches. 
Planton , piquet , poste : lat planton de six 

hommes. Cest aussi che^^ noo^ fm ten^eie die 

jl^diniet ; en ce derinef sens , on è&a dire : 

jiteiçort ûiï pianttard. 
Plate ( la ) , sorte Aeféra , qu'on pécbe du côté 

de Thonon* 
Platelée , platée : une plaielèe defricùt, 
Platise , PLATAisE , jpiatî^de. 
PlhjIkPalais ; édrîrei Plaiin-Palofis, pour suivre 

rétymologie de plana palus ; écrivez aussi ^ 

pimhpted ^ ptain-cfaraM. 
FliB 7 kff ée i teraie de ^ : cothptez les ptiéi^ 

\jfjmàLmi fin \sà»fpkàm\m^pligM^ 



l38 GLOSSAIRE 

pLOMBETTE , plomb , terme de maçon et de char- 
pentier. 

Plongeon : faire un plongeon ; dites y faire le 
plongeon , c'est-à-dire , imiter l'oiseau de ce 
nom. 

Plot y billot, bloc de bois : il dort comme un plot. 
On lit dans nos anciennes chroniques : établis- 
semens de plots dans les églises pour les au- 
mônes, c'est-à-dire de troncs. 

Ployer , n'est plus en usage dans le style familier; 
il faut dire plier une lettre , plier les genoux. 

Plucher, éplucher, pluchons, épluchures. 

Plumache , plume , panache : un chapeau avec des 
plumachcs. 

Pluvigner , pléuvigner. 

POCHON , cuiller à pot ; en roman , poçon. Gattel 
admet poche ^ sorte de cuiller; mais, ni 
l'Académie , ni de Wailly ne l'indiquent 
dans ce sens. 

Poire-Dieu , fruit de Paubépine* 

PoiRE-RoME , bon chrétien d'été. 

Poison ( de la ) , du poison. 

POLMON , poumon ; en yieux français , poulmon , 
du latin pulmo. 

Pommeau de canne ; dites , pomme de canne. 

Pontet , chantier , pièce de bois sur laquelle on 
pose des tonneaux dans la cave. Ce mot est 



GÉNEVOTS. îSg 

aussi dauphinois. Pontet , en français , çst un 
terme d'armurier, 
ORPE , poulpe. A Lyon , pourpe. 

ORPU 5 charnu , qui a de la poulpe. En italien , 
polputo^ 

3RTANT : // est bien portant ^ est un gasconisme. 
VoUaîre trouvait ridicule qu'on dît : il se porte 
bien ; bien portant est plus mal encore ; por- 
tant quoi ?•••. Il faudrait un régime. 

3RTILL0N , petite porte basse dans la fermeture 
d'une boutique. 

DRTION , potion : on lui a ordonné une portion* 
Lyonnais. 

^TRINGUE, mauvaise boisson , drogue, piquette: 
ce ri? est que de la potringue. En provençal , 
poutringOm 

)TRINGUER ( SE ) , se droguer. En provençal , si 
poutringar ; du celliqe pot ^ pout j un pot, 
et de traneellj trankell^ coup à boire, gorgée; 
en teuton , trank ; dç là l'allemand trincken , 
et l'anglais , drink. 

)TACHE, potasse. 

)TTE \ faire la potte^ faire la moue« 
>TU, POTUE, qui fait la moue, qui a mauvaise grâce* 
\\jc%s : mettre les pavées , saigifter du nez , faire 
une lâcheté ; expression lyoimai$e» On dit er 



k^O GLOSSAIRE 

français :'serrer les pouces à quelqn^un , c'est-* 
à-dire lui faire violence, 

PouGNE , poignet , force du poignet. En langue 
romane ^poungne; en languedocien ^ poûgna; 
en français populaire , pogne. 

Fouiller; dites, épouiller; pouiller, en français, 
signifie dire des pouilles , insulter. 

PouiNE , POUINETTE , maligne , piquante : elle est 
un peu pouine ; ûest une petite pouinette ; de 
ritalien, pugncttOj aiguillon. En bas-latin^ 
pugna signifie un instrument piquant. 

POULAINTE , farine de maïs ; de Tltallen polenta ; 
en latin, polenta signifie farine sëchée au feu« 

Pour quant à moi^ dites , quant à moi. 

PouRREAU , poireau ou porreau. Lyonnais. 

Poutre ( un ) , une poutre. 

Prévenir, provenir :^/'oà est-ce que cela prèçient} 

Prin : du prin bois ; dites , du menu bois. En 
Franche-Comté , parler prin signifie parler ea 
peu de mots. En celtique , prin , rare ,• de là 
les mots romans prim^ prin , menu, dëlié, et 
le français brin , un brin. Le savant Huet pré« 
fère donner à ce dernier mot une étymologie 
qui rappelle Palfana et le 9erna de Ménage: 
hrin , suivant lui , dériverait du latin nrga^ 
qu'on aurait écrit successivement nrge , m^t^ 
vringt , bringe , bring , et enfin brin. : 



GENEVOIS. 141) 

PRINFORT 9 petite absjnthe. 

Priser , prendre du tabac £n bon français , priser 
signifie seulement , mettre un prix , taxer* 

Procure , procuration. Procure , ne doit se dire 
que du bureau d'un procureur ou d'une cer^ 
taine charge ecclésiastique. 

Promener ; n'employez point ce verbe sans le 
pronom personnel , et ne dites pas : allons 
promener ; pai bien promené aujourd^huL 
Ces locutions sont gasconnes. C'est ainsi que 
l'on dit encore mal à propos : je mouche 
beaucoup. Gresset a commis cette faute. On 
fait en France un fréquent usage du mot pro^ 
meneur ; cependant on ne le trouve point dans 
les bons dictionnaires. 

Promontions , promotions. 

PucER , épucer , ôter les puces. 

Purge, purgation, médecine ; terme gascon , vau- 
dois , dauphinois et languedocien. Racine ceI-« 
tique , purga. Purge se dit , en français , de la 
désinfection des marchandises pestiférées. 
PussiN, PUSSINE9 poussin 9 poulette; en roman , 
puçin. 






,■» 



t4s OLOSSAIfiK 



Q. 



Q 



•UADRUPÈDE, QUADRUPLE, QUADRIGE, QUATERNE 

et QUADRATURE ( terme de gëométrie et d'as- 
tronomie ) ; prononcez kouadrupède j koua^ 
druple^ etc. 

<5uAND VOUS : j^y serai quand 90us , c'est-à-dire , 
en même temps que tous. Vieux français. 

QuANTE, mauvaise prononciation de Tadverbe 
quand :quante je fus arrivé. Parisien populaire. 

Qu'elle : la voici qu'elle vient: dites , qui vient. 

Quelqu'un d'autre, n'est pas français ; il faut 
dire : qtielqu'autre. Personne d^ autre est aussi 
un barbarisme. 

Queue de renard , lilas. Gattel admet ce terme, 
mais il n'est indiqué ni par l'Académie , ni 
par de Wallly. 

Queuter , billarder, terme de jeu de billard. 

QuiBLE, crible. 

QuiBLURE, criblure. 

Quidam ; l'Académie veut qu'on prononce Hdan. 

QuiNQUE , femme de petit esprit, et qui se plaint 
souvent : c'est une pauvre quinque ; une 
neille quinque. Ce mot qui, en français, 
est un terme de musique et d'ornithologie , 
me parait dérivé du roman quinquilles , inep 
lies, rêveries» 






GENEVOIS. 143* 

JINQUERNE , vielle , instrument ; et au figure , 

une personne ennuyeuse , qui rabâche : jouer 

de la quinquerne ; c^est une sotte quinquerne^ 
JINQUERNER , rabâcher , fatiguer : // w? ennuie 

avec ses quinquernages ; origine semblable à 

celle de quinque. 
JlNQUET, malingre, souflTrant. 
JINSON, pinson : un nid de quinsons* Dauphinois* 
JIPROQUO 5 ne prend point Vs au pluriel* 
JIQUE , KIQUE, jeu d'écoliers. 
JOIQUE CELA , QUOIQUE ÇA , malgré cela : H est 

très-riche y et quoique ça , // ne dépense rien. 

Quoique est une conjonction qui régit toujours 

le subjonctif. 



S^ 



Î44 GLOSSAIRE 

R. 

JuABOBiNER ; Facconimoder ; SE rabobiner y ^e 
rétablir : // a fait rabobiner sa maison ; j^^^i 
été malade , mais je commence à me rabc:^^ 
biner; du verbe roman rabobeliner^ rap^- 
tassen 

Racauquer, recevoir \ jetez moi ces livres , je les 
racaïu/ueraù Languedocien, récassa. 

RâCHE , teigne. Terme roman , qui vient du cel- 
tique rachous y teigneux. Languedocien , 
rasca. 

Rache-pied (de); dites , d'arrache-pied , sans 
discontinuité. 

Racle, racloir. 

Raclette (a la ) , expression adverbiale , qui 
signifie, à la rigueur : // a été élu à la raclette; 
j^ai de quoi vivre à la raclette» 

Rafatailles , vieilleries , prétintailles. Terme dau- 
phinois et neuchâtelois. £n Languedoc et en 
Provence , rafataillo se dit aussi pour canaille. 
Rafaitier , rafetier , en langue romane , rac- 
commoder. 

Sire Hains savait un Ion méstier ^ 
Quar il savait bien rafetier 
\ Les côtelés et les mantiaux. 

( Fabliaux du moyen âge }. 

Rafeus 




GËM&V0t9« 145 

At'EUx; se dit du raisin, par opposition h, fendant. 
AoâcHE, taquin, tenace. En patois d'Alsace , 

ragaitsche ; en vieux français , raqucdenare ; 

eu celtique , ragacher signifie misérable petit 

mardiand ; de la racine rag ^ petit » d'où le 

français ragot , etc. 

USINÉE ( DE LA ) , du raisiné. 

^isiNS DE MARS , groseilIes rouges. 

^issoN y sciure de bois pour nettoyer les parquets* 
£n Languedoc , ressa signifie une scie, et en 
Franche-Comté , rasse , le lieu où Ton scie le 
bois. En grec , rassô , je réduis en poussière* 

iMASSËE, est synonyme de rossée ^ terme qui n'est 
point du bon français. En languedocien ^ 
ramassada. 

^ELÉE 9 ribambelle , quantité. 

^PON ( DU ) , de la raiponse ; en latin, rapun'* 

tiunl. 
ANCHÉE , rangée. ^ 

ANCO : être au ranco , c^est-^à^dlte, à Tagonie ; d^ 

bas-latin rancare^ râler. 

INCUNEUX ,' rancunier. 

IKG DE BOIS , bûche. 

INGUILLE , jeu d'écolier. 

LNGUiLLER, RAGUiLLER, redresser, relever. 

lPercher , trouver, déterrer, accoster : où açez* 

10 



l46 GLOSSAIRE 

pous été rapercher ce bouquin f II va râper* 
chant toute sorte de monde» 

Râp£LU ; se dît d'un homme mal yétu , de mau- 
vaise mine. 

Rappeler : je m^en rappelle , est une locution 
vicieuse ; il faut dire : je me le rappelle. 

Râpi , râpé de copeaux : mettre un^ tonneau sur k 
râpL 

RâpiN , haq)agon, vilain ; du latin rapio. 

Rapistoler, rapetouiller, raccommoder, rape- 
tasser. En grec , raptô , je couds. Rapsoder 
est indiqué, dans le même sens, par de Wailly. 

Rapport : par rapport que , est une phrase adver- 
biale qui est souvent employée mal à propos 
pour àxseipar la raison que.... Je ne peux y 
aller ^ par rapport que ma femme est malade^ 
ou par rapport à ce que ma femme est 
maladcm 

Rataconner, eetaconner, rapiécer : un habit 
retaconné. Ce verbe de la langue romane est 
aussi connu à Neufchâtel. Du celtique tacon^ 
pièce , morceau. 

Ratapiole, ribote du lendemain : faire la ratO' 
piole 5 prendre du poil de la bête. Observez 
que le terme de ribote dont je me sers ici, ne 
se trouve ni dans T Académie, ni dans Gattel, 
mais que de Wailly l'indique comme popur 
laire. 



^ 



«W«M»T* ■■ 



GENEVOIS. 147 

ATAQUÔ5 morceau de drap, découpé en forme de 
rat, que les écoliers frouent de craie, et jettent 
sur rhabit d'un passant. 

ATE 5 souris : un nid de rates ; mouillé comme 
une< rate. Ce mot se dit aussi des dt nts d'im 
petit enfant , ainsi que de Faction du soleil 
réfléchi par un miroir : // m^ a fait la rate , et 
au figuré , de quelqu'un qui brille par son ex- 
térieur : 90US faites bien la rate» 

âTELET : un râtelet de mouton ; dites , un carré 
de mouton. 

lATENiR , retenir. 

lATER : ce chat rate bien ; des cheç^eux ratés ; 
fausses acceptions de ce mot qui ne se dit 
qu'en parlant d'une arme à feu , ou, au figuré , 
de quelqu'un qui a manqué son coup. 

ATOLIVE, chauve-souris. En v^nàois ^rataifolaire; 
à Lyon, rate-volage ; en Languedoc , rata^ 
penne ; en langue romane , ratapcnade. 

AUFE , poisson du genre de la tanche. 

AUFER , gronder, grogner; probablement de 
l'allemand sich raufcn^ se chamailler, se 
donner des coups. A Lyon , raffouler. 

lAUFERiES , gronderies , et aussi vieux chiffons , 
vilenies : sa chambre est pleine d^un tas de 
rauferies. En allemand, rauferey^ querelle, 
batterie. 



I48 GLOSSAIRE 

Baufin , grondeur 9 grognard. En allemand, raujer^ 
batailleur. 

Ravaudeuse , femme qui aime à marchander , à 
vétiller \je ri aime pas avoir affaire avec elle ^ 
c^est une ravaudeuse. En bon français , une 
ravaudeuse est une raccommodeuse de bas. 

R AVON aille, roquette, hrassica eruca. 

Rebucher , rabâ.lier. 

Rebarbaratif , rébarbatif. Lyonnais. 

Rebate (la ), se dit de l'action des vagues du lac 
battant contre un mur. 

Rebiolons , seconde pousse des choux. Au pays de 
Vaud , rebrandons ; du roman , brandons. 

Reblanchir ( se ) , clianger de linge. 

Rebouiller, ravauder , remuer, bouleverser :/W 
rebouillé tous ces papiers pour chercher*** 
Molière a dit, au figuré, tribouiller. 

Rébelle, rebelle; écrivez et prononcez aussi, 
sans accent sur Xe , religion , relation , relatif, 
repentance. 

Recafee, éclat de rire , gros rire. 

Rëche , terme introduit par J.-J. Rousseau , mais 
que l'Académie n'indique pas encore ; son 
origine est celtique : rech^ chagrin , de mau^ 
vaise humeur ; Foulques d'Anjou reçut le 
surnom de rechin à cause de son caractère. De 
rech , vient le verbe français rechigner. En 



GENEVOIS. x49l 

Franche-Comté , rèclie se dit aussi d'un fruit 

âpre. 
Hecouvert, recouvré :/7tf recowert sa créance^ 
SIedasse , espèce de grive , turdus çiscworus , et 

au figuré , une femme maigre et sèche : âcst 

une vieille redasse. 
Hedondeh, signifie,, en français, surabonder; nous 

le disons dans ie sens de retentir , repousser» 

Lyonnais» 

Hedoux , dégel y retour d'un temps plus doux : nous 
aurons du redoux. 

Réduire , serrer , resserrer : réduisez ces hardesm. 

Refaire (se) : // ne se refait de ricn^ c'est-à- 
dire , il se refuse tout, il se prive de tout. 

Refier ( se ) , se fier à , compter sur : // ne faut 
pas trop se refier sur lui. 

Kefrougné, refrogné. 

Régale (une), un régal, un festin. Gale^ ea 
vieux français, a la même signification , et c'est 
de ce mot que gala tire son origine. 

Kegaufrée, rebufi'ade. 

Kéglet, transparent.. £n français, terme d'im^ 
primeur. 

Regroleur, savetier. Dauphinois. Foriez ces 
souliers au regroleur; faites-les regroler^ 
Voyez grotte. 

Réguuarite, régularité* 



A OO GLOSSAIRE 

RejicLER, rejaillir, et non rejaillir; da latin 
njicio , repousser. Terme dauphinois ; en 
Languedoc , rejiscla. 

Relucher, reluquer. 

liEMBOURS, remboursement. En langue romane, 
rembuur. 

Bemémorier ( SE ) , se remémorer. Lyonnais. 
Remolion j petite lessive : ce rûest qiPun remolioru 

Remontance, petite glissoire, sur laquelle on se 

glisse pour remonter à la grande. 
Remle de germain, issu de germain ; indiqué, 

comme français populaire par Gattel , qui le 

dérive de remotus , éloigné. 

Remuer , déménager , changer d'appartement i 
quand remuez-^ous? Terme neufchâtelois, 
lyonnais et gascon. Les Anglais en font aussi 
usage dans le même sens. 
hemuagium , en bas-latin, et r^/7Z2//7^^, en vieux 
français , se disaient d^un droit perçu 'par le sei-î 
giieur, quand un fonds changeait de propriétaire^ 
ou (Je la taxe qu'on payait au maître d'une maison , 
lorsque le locataire la cédait à un autre. 
Remueur , celui qui nettoie les meubles, et qui letf 
transporte lorsqu'on déménage. 

Renard \ faire les renards. En français populaire ^ 
écorcher le renard , vomir. 



GÉNEVOISi l&r 

ENASQUEH ; en français populaire , renâcler : il 

tempête , il renâcle. 
ENœNTRE (un) , Une rencontre. Lyonnais. 
ENEVIER , RENEVIÈRE , celui OU Celle qui fait des 

amas de provisions , qui cache des effets , qui 

prête surgag.es. On appelait autrefois reneveis 

reneupicrsy les usuriers de la campagne, parce 

qu'ils renouvelaient le contrat, lorsque les 

emprunteurs ne pouvaient pas les rembourser. 
ENITANT, récalcitrant. En français, terme de 

médecine; en latin, renitens; en italien,. 

renitènte , obstiné , qui résiste» 
•INVERSER , -en pso'lant d'une voitiure : nous avons; 

renversé ; il faut dire : nous avons versé. 
îPATRlER, rapatrier, réconcilier. 
SPETASSER , rapetasser , raccommoder. 
SPICOLER ( SE ) , SE RAPicoLER , se refaire , se 

remettre : // commence à se repicoler. En 

Languedoc , se réhisèoùlà ; en Dauphiné , se 

ratapioler. 
îPLAT, plateau, terrain plat sur une élévation»' 

Terme roman» 
5P0CH0NNER, reprendre avec la cuiller : r^/?o- 

chonner la soupe. 
SPRIN*^ recoupe , sorte de son. Terme roman, donl 

les provinces du Midi de la France ont aussi 

conservé l'usage.. 



i 52 GLOSSAIRE 

Requête : être de requête^ èxxe recherché, couru i 
c^est un jeune homme de requête; il y a beau* 
coup de monde y les places sont de requête. 

Requinquiller ( se ) 9 se requinquer. Lyonnais. 
( Voyez quinque pour Forigine de ce mot. ) 

Ressemelage, carrelure; cependant ressemeler 
est français. 

Resiller , RÉSILIER , toumer, devenir aigre : ce 
vin commence à résilier. 

Rester, pour demeurer, loger, est un gasconisme. 

Rêver \p ai rêvé après vous cette nuit; il faut dire, 
j'ai rêvé de vous. 

Revenette , ricochet, bricole : /^ revenette en est. 

Reverchon (iJN ) , une envie, petits filets qui sq 
détachent de la peau autour des ongles. 

Revirée , rebuffade , momifle. 

Révolte, révolte. 

Récolte , récolte. i 

Rhum ; il est mieux d'écrire rum. 

Ribandelle, ribainbelle. 

Ric-ET-RAC , ric-à-ric Lyonnais et dauphinois* 

Rien d'AUTRE , dans la signification de : pas autre 
chose, n'est point une expression correcte» 
Nous disons aussi : // n^est rien complaisant^ 
pour, il n'est point complaisant; c* est tôt poi, 
rien y pour , c'est un homme de rien« 

RiFLER , râser : cette pierre rrùa riflé le visage.^ 



GENEVOIS» l53 

français, terme de coutelier et de doreur ; en 
langue romane, riffler , ëcorcher; en anglais , 
rj/7*, raser, voler. 
Rincée , averse , et aussi , réprimande , coups. 
RiNGOLET, RINGOLETTE, propret, proprette ; pro- 
bablement de l'allemand reinig , propre. 
RiNGUER , SE RINGUER , rosser , se battre ; de 

l'allemand r//7^^i7, lutter. 
HïOUTE, débauche de table, tapage. En vieux 
français,' r/(9/^, querelle; rioteux\ querelleur, 
tapageur. Riote^ en langue romane, signifie 
aussi l'heure du goûter, heure de riote. Racine 
celtique , ryot , querelle , débauche. 
KlQUlQUi , eau-de-vie , liqueur. Dauphinois. 
HiSKE ( UNE ) , une rixe , une dispute. 
HiTE , chanvre , filasse : une quenouille de rite. 
ROCANDER , demander avec importunité : c^est un 
Tocandeur éternel; du latin , rogans , qui prie. 
RoGâiiON, rogaton. 

RoGE-PoULET, ROUGE-POULET. On dit d'une répé- 
tition ennuyeuse : c^est la chanson de rouge-- 
poulet. Expression dauphinoise. 
Rogne : chercher rogne à quelqu^un , lui chercher 

noise, chicane. 
RoNCEMELER , respirer avec effort : cet enfant 
roncemelle bien^ n'aurait-il point le groupe?. 
£n celtique , roncha , râler. 



]tS4 GLOSSAIRE 

KoNDiON, Table ou Tablette , poisson du genre 

cyprin. 
Ronfle ( une ) , sorte de toupie creuse qui ronfle 

en tournant. 
Ronge , pêche-ronge , pêche duracine. 
RoMGiLLON, reste de fruit rongé. 
RoTER : ce foin rûa pas encore roté ; dites , sué# 

Faites roter ce riz ; dites , crever. En italien ^ 

rolto , rompu. 
RoTi 5 rôti ; UNE ROTIE , une rôtie. 
R0UCHE5 ENROUCHÉ, enrouement 9 enroué :/W 

du rouche , je suis enrouché* 
RouGEMAND , ROUGEMANDE , rougeaud", rougeaudc. 
RoupE, houppelande (Ji s'aspire). Terme gascon;, 

du bas-latin raupa^ ropa^ sorte d'habit. 
Rousse 5 rousseur : elle a le nsage plein de rousses. 
RoussELETTE ( poire ) , poire de rousselet , ou 

simplement, du rousselet* 
RucLON , sorte d'engrais : ruclonner un pré. Au 

pays de Vaud , un rahlon. 
RuETTE 9 ruelle y petite rue : la ruette du Molarin 



GENEVOIS* tSS 



S. 



Sache ( une ) , un grand sac ; terme de la langue . 
romane : une sache de neuscs et de nugettes. 
Remarquons ici en passant que le mot sac ^ 
sorti de la racine celtique sach^ est à peu près 
le même dans tous les idiomes de l'Europe. 

Sagaterie , boucherie pour la basse viande. Sagatta 
est un terme roman qui signifie massacrer , et 
Ton dit encore en Provence , sagatar , poi- 
gnarder. Ce mot , suivant l'auteur du Vocabu- 
laire provençal , est usité parmi les Juifs , pour 
exprimer la manière dont ils tuent les moutons, 
selon l'ancienne loi. 

Saigne ( une ) , une saignée. En langue romane , 
saignie^ comme le disent encore nos paysans. 

Sainq et sauf , sain et sauf; ce q est encore une , 
lettre euphonique dont le peuple fait usage 
pour éviter un son nasal. 

Salignon , motte à brûler. En français , ce mot 
signifie pain de sel , pain salignon. 

Salongler , rosser : /'/ a reçu une salonglèe. Eu 
langue romane , chalongner. 

Salvagnin, servagnin, vin rouge du pays, que 
nous devons à un plant de Bourgogne. 

Sangsuie , sangsue. 



t56 GLOSSAIRE 

Sans dessus dessous , sens dessus dessons» 
Sardagne; écrivez et prononcez Sardaigne. 
Saturne 9 taciturne. 
Sau, sureau : du bois desaû. Langue romane , sent 

espagnol, sauco. 
Saume, ânesse. Terme lyonnais; du bas-latin,. 

sauma : quœdam sauma çendita cum hasto 

suo et ornamcntis (Chronique du moyen âge)* 

En italien, somarOy un âne; en français , 

sommier, cheval de somme. 
Sauve , sauvé : il est saus^e ; le t>oilà sautée ! Sauve, 

est le féminin de Tadjectif sauf : il a eu la vie 

sauve. 
Savater, saveter, gâter; nous le disons aussi pour 

déranger , incommoder : ce uin m^a savate h 

cœur. 
Savignon, cornouiller sanguin. 
Savoir à dire, faire savoir, informer :/V fH>us le 

saurai à dire , est un barbarisme de phrase. 
Savonnade ( UNE ) , un savonnage. 
Savourée , savorée ou sarriette. 
Sechar , sÉCHARD, vent du Nord-est. Rousseau ea 

parle dans- sa Nouvelle Hèloïse. 
Sèche -.faire P heure sèche ^ boire un coup , manger 

un morceau entre le déjeûner et le dîner. Ce 

terme, qui est connu au pays de yaud,na 

vient pas de sèche > féminin de sec » mais dç 



GENEVOIS. 187 

rallcmand zechen , chopiuer ; zeche , ëcot , 

zech'^hauSj cabareu 
Séchot , chabot , co. tus f^ahîo. 
SfiCHOTER, prendre des chabots 9 et SECHOTIÈRS ^ 

fourchette fichée à un bâton poiu* les piijuer* 
Secondaire, SECOURIR, secours, secousse; sup« 

primez l'accent sur IV. 
Secret , secrétaire , secret , secrétaire. 
Seiche , sorte de flux et de reflux particulier à 

notre lac et à quelques autres. 
Seille, seau. Ce terme du vieux français, qui 

dérive du celtique seilh , est encore en usage 

dans quelques provinces. 
Seillot , petite seille. 
Selpètre, salpêtre. 
Séracée , SÉRET, laitages du pays ; du lalin sera^ 

rius , de petit lait; sercsco , se totuner en petit 

laiu J.-J. Rousseau, dans s^NowelleHéloïsCy 

parle de grus et de céracie. 
SéRAILLE , SARAILLE ; se dit d'un arme à feu qui 

rate , qui fait long feu : mon fusil a fait 

sér aille. Languedocien , saraïa \ probable^ 

ment du latin séries , continuité. 
Sejicler, sarcler. 
££RIN&U£ , pompe à incendie ; pompe à feu serait 

mal dit, parce que ce terme doit servir à 

désigner une machine hydraulique , mise en 

jeu par Faction de l'eau réduite en vapeurs. 



l58 GLOSSAIRE 

Serment, sarment , bois de la vigne. Neufchâtelois 
et lyonnais. 

Serpent ( une ) , un serpent. 

Servante , instrument qui soutient le poêlon pen- 
dant qu'on fait bouillir le lait. Dauphinois. 

Service, couvert : mettez un service pour Monsieur; 
as^ez-vous mis mon service ? Service ne doit 
se dire que pour la quantité de vaisselle ou de 
linge qu'il faut pour servir une table, ou pour 
le nombre de plats qu'on y sert à la fois. La 
cuiller et la fourchette réunies se nomment 
aussi un couvert , et non un service. 

SlAU , seau : un siau d^eau. Dauphinois et parisien 
populaire ; en langue romane , saiau , seiay. 

Sicler ; voyez cicler. 

Sifflasson , petit plongeon , colymbus stellatus. 

Sifflet , moyen plongeon , colymbus imber. 

SiGOUGNER ; voyez cigougner. 

Simulât, semoule. En italien, semola ; en latin, 
simila , fleur de farine ; à Lyon, simouille. 

SiNGULiARiTÈ , singularité. 

SlOUTE , à la sioute , c'est-à dire à l'abri , à cou- 
vert : mettons-nous à la sioute ; de l'italien, 
aWasciutto , au sec ; en langue romane, 
essoute , lieu où l'on se met à l'abri de la 
pluie ; en patois vaudois et neufchâtelois , l^ 
chotta. 



GENEVOIS. l5} 

SiSTANCE, subsistance : ri^açoir pas sistance au 

monde , être dénué de tout. 
Soin : ayez-en bien du soin ; supprimez du^ 
Soir : hier à soir , demain à soir ; dites, hier aa 

soir , demain au soir. 
S0LICISME9 solécisme. 
SoLEi^NEL ; prononcez sotanel. 
SoLi 9 SOLIT , fenil. £n langue romane , solier ^ el 

en dUemand , soler^ galetas, grenier. 
SoTiFiER, rendre sot, attrister : cette nouvelle Pa 

bien sotijté. 
SouciLLEUX, soucieux : il a pris un air soucilleux. 

Sourcilleux ne se dit plus qu'au fîgmré : monti^ 

sourcilleux. 
Soucis ( LES ) , les'^sourcils. Lyonnais. 
SouuAUD, soûlaud. 
SouPOUDRER , saupoudrer. 
SousTRAiSEZ , soustrayez. 
Souvenir (faire) -.faites leur souvenir que....; 

dites, faites les souvenir que... Faire souvenir, 

doit toujours être accompagné d'un régime 

direct. 
{SuCLER , griller, brûler :/V me suis suclé les che^ 

peux ; ce ragoût est suclé. En provençal , 

uscle , brûlure. 
Suffisamment , tempérament, etc. ; ne pronon- 
cez pas suffisan-ment , tempéran^ment ^ mai^i 
sujizaman ^ tanpéraman , etc* 



J ■ 



:i 60 GLOSSAIRE 

.Suissesse ( une ) , une Suisse. Voltaire n'a écrit 
Suissesse que par dérision. Cependant d'autres 
auteurs n'ont pas craint d'en faire usage dans 
le style sérieux» 

Suite ( de ) , tout de suite : expidiez-^moi de suite 
le paquet que cous avez reçu. De suite ne 
signifie pas. suj:^ le champ I incontinent , mais 
l'un aprèsLi'autre 9 sans interruption. Cette 
façon de parler est cependant très-usitée au- 
jourd'huL 

SuR:yW lu sur la gazette que....; il faut dire,^ 
dans la gazette. 

SÛREMENT j sûrement. 

Suspente , soupente : les suspentes d?une voiture ^ 
mettez cela sur la suspente. * 



' ^ 



% 






OJÈNEVOIS» l6c 

T. 

Tabac. 

Us (les Genevois) articulent le marc du raisin, comme 
Marcj nom d*homme j ils disent exactement du tabak, et 
non pas databa. (J.-J. Rousseau.) 

L'abbé d'Olivet et de Wailly veulent aussi 
que , dans le discours familier, on ne fasse 
point sentir le c final de ces mots. 

I'abla , rayon. Ce terme , qui est aussi neufckâ- 
telois , vient du latin , tabula , planche. 

-Tablée, réunion de convives : s^oilà une belle 
tablée! Tabler , dans le sens de, tenir table , 
ne se trouve point dans les dictionnaires fran^ 
çais , mais Molière en a fait usage. 

^ACH£, clou de soulier; du celtique tach^ clou; 
mot qui, dans la langue gauloise, signifie 
généralement tout ce qui accroche, qui arrête; 
de là le verbe français attacher, etc. Les 
Normands, les Auvergnats, les Languedociens 
ont aussi conservé ce terme avec les désiaences 
propres à leurs dialectes. 

TâCH£ , au masculin , est une faute grossière : as* 
tu fait ton tâche ? 

TâCHER QUE ; il faut de ou a ; ce verbe ne peut 

II, 



26^ GLOSSAIRE 

se construire avec le pronom que. Je ne lui ai 
pas tâché j est un barbarisme ; dites : je ne 
Fai pas visé. 

Taconnët, tussilage ou pas d'âne 9 plante médi^ 
cinale. 

Taillerins , sorte de vermicelle plat ; du génois 
tagliarinu Les écoliers appellent aussi taille* 
Tins les traits que les clous de leurs souliers 
impriment sur une glissoire. 

TâLAR, pelisse, grande robe fourrée* En latin, 
talaris s^estis , longue robe. Rabelais dit : rohe 
talaire. Tabar^ en celtique , a la même signi- 
fication; de là Tabarin^ charlatan du 17.^ 
siècle , à cause du manteau qu'il portait. 

Tambour : battre du tambour ; dites : battre le 
tambour. 

Tambournër , tambouriner. 

Tambourniër , tambour. 

Tamer, ëtamer. 

Tamponne y débauche de table , tapage : ils 0. 
fait la tamponne toute la nuit; çous^et^ez bit 
tamponné. En italien , far tem/mie signifie se 
divertir , faire ripaille. Les Provençaux disenr 
aussi i faire la tampouno ; ^Vpounar^ dans 
leur dialecte , signifie boire. 

Tanner , battre , rosser ; terme employé pendant 
la révolution* 



GÉNEYOlSé ' ■ t63 

Tantôt ( le ) , l'après-midi : revenez ce tantôt i 
j^airne mieux y aller le tantôt. Tantôt , en 
français , est un adverbe dé temps. En langue 
romane, on dit aussi le tantost; et en lan-> 
guedocien , lou tantos. 
Tapassée , averse. A Neufchâtel , on dit une tapie ; 
et à Lyon y une radie. Ce mot vient du français 
populaire , taper. Un helléniste a dit sërieu-« 
sèment qu'il se formait , par métathèse ^ du 
grec 5 patassô , je frappe avec fracas. 
T4PÉE , grande quantité , ribambelle : une tapie 
de monde , une tapie de marchandises» 
Lyonnais. 
Tapette, battoir : les tapettes des lavandières i un 
menton à tapette. Ce mot, pris au figuré ^ 
signifie chez nous la langue, une personne 
babillarde et médisante : c'est une fameuse 
tapette ; tiens ta tapette au chaud» 
Tapin ( un ) , une tape. Tapin , en français > est 

un terme de botanique. 
Tarabusquer , tarabuster. 
Tarante , terreur panique. L^étymologîe grecque , 
tarattô y troubler, alarmer, peut plaire à 
l'oreille , mais n'est point sufiisante pout 
satisfaire la raison. 
Tarimara, vacarme > brouhaha. Rabelais dit : 
carymara. 



y 



l64 GLOSSAIRE ^ 

Tasson, taîsson, blaireau. 

Tata : vous s^oilà bien sur cotre tata , c'est-à-dire 
bien beau , bien paré. 

Tatouille, ratatouille, piquette, ripopée.Ce 
terme est dauphinois ; en languedocien , 
ratatouïa. 

Tattes, tettes, teppes , terrain en friche. Le mot 
stepeSj steppes^ que la langue française paraît 
avoir adopte , n'est pas encore indiqué par 
les lexicographes. ^ * 

Tayan , taon ( prononcez tan )I Ce terme de la 
langue romane est aussi en usage dans les pro- 
vinces méridionales. En espagnol , tavano ; 
en italien, tafano; à Neufchâiel, oif dit 
tahan. 

Tavillon, bardeau : une maison couverte en tanl-- 
lons'; du latin , tabula. 

Taulée , TRALÉE , ribambelle : une tralée de po^ 
lissons ; cette chienne a fait une taulée de 
petits. En langue romane , tolée , taulée , 
signifient troupe , bande , et aussi , comme 
dans plusieurs provinces , ce que nous tippe- 
lons , une tablée ; du celtique taulj table. 

Teiller , tiller est mieux à cause de Fétymologie 
grecque , tilléin. 

Temples ( les ) ; dites , les tempes. 

Temps ( ai^oir meilleur ) : passez par là , 90US. 



GENEVOIS. »6S 

aurez meilleur temps , e'est-à-dire, vous abré^ 
gérez. 

Tergette , targette. On fait aussi cette faute î 
Lyon. 

Tjbeiacle ( du ) ; dîtes , de la thériaque. A Paris y. 
le peuple se sert aussi de ce terme. Nîcôt écrit 
du thriacle ^ et Rabelais, le ihériacle. En 
anglais , treacle; en celtique, tria^l. 

Tkrraille , vaisselle de terre. En languedocien , 
taraïa. 

Terrassier , potier de terre. En roman et en vau- 
dois, teraillon; en languedocien, taraïè^ 
Terrassier , en français , signifie un ouvrier 
qui travaillé aux terrasses , qui transporte des. 
terres. 

Terrassière , poterie, fabrique de pots de terre. 
Terre : mettre par terre ^ poser par terre; dites ^ 

mettre à terre , poser à terre. 
Têtière ,~ chevet : la têtière du lit 

TiU'OL, tilleul: ^2/ tiltol^ du tillot En laugud^ 

Tomatie^ tàllôel ^ tillbèt. 
TiNQUET, TïGKôîï, lopin, qiiignon. 
TiPOTîîNER , chiffôiàner ,. tirailler. 
Tirait, pour tiroir. 

TiRi-oour^, inâdvàise vîânde ^ réjouissance*. 
Tirer à l'arc.; dites y tirer de P^c.. 



l66 GLOSSAIRE 

TôFATT , TAUFET , Sorte de gâteau levé. On dit 
aussi en Angleterre : hasty pudding. 

ToiL , pour loit. 

Tombée, quantité de convives qui surviennent 
inopinément : pai eu une tombée à dîner; 
marché où se rendent beaucoup d'acheteurs i 
c^est une forte tombée. En languedocien , 
toumhada. A la tombée de la nuit^ à la nuit 
tombante ; dites , à l'entrée de la nuit , à nuit 
fermante. 

Tomber : // a tombé ; dites , il est tombé. Quoique 
Ton trouve dans Voltaire : 

Si ma crëdulitë 
Eut tombé dans le piège. ..« 

ce verbe ne doit point conjuguer avec rauxiliair# 
avoir. 

ToMBURE , chute. 

Tomme, sorte de petit fromage. DejWailly dît i 
tomme , masse de caillé fermenté. En lan- 
guedocien, tourna ; en grec, tomos^ division; 
en ceho-breton, tam^ morceau, portion. 

ToPETTE, fiole. Terme dauphinois (Voyez toupinj* 

Toque , petite butte , élévation ; terme d'écolier, 
Tucquet , en langue romane ^ a la même sii 
gnifîcation* 



GÉNEYOIS* 167 

TôQUÉE , coups : // a reçu une tàquèe. Ce substan* 
tif est formé du vieux verbe français toquer ^ 
frapper. 

Torche , coussinet : mettez une torche sous cotre 
seî/le.Tenne neufchâtelois; du latin torquere^ 
tordre. 

ToRCHoNNER , frotter avec un torchon. 

ToupiN, TOUPiNE, cruche, jarre, vase de terre : 
// est sourd comme un toupin. Nous disons 
aussi d'une personne morte et enterrée : elle 
fait des toupines. On dît en Provence : es 
lourd coumo un toupin. Ces termes appar- 
tiennent à la langue romane , et Ton trouve 
encore dans Rabelais : 

;... Elle en mangea seize muids, deux buffards et six 
^pins. 

Je lis aussi dans une vieille chronique i . 

La bombarde ( le boulet ) brixat ung teppin de marjo- 
laine , de ^oi la dame Phelippin menait un grand hahay. 

Tourne (la), la retourne : il tourne pique ; dites, 

il retourne pique. 
jTouRTELETTE , tartelette. Ce mot est aussi neuf-» 

châtelois. 

JToussiR , tousser. Ce verbe est du vieux français 
et Scarron en a fait usage* 



ï 68 CLOSSAIRE 

TRâGUER j trôler , porter , traîner. En France , le 
peuple dit quelquefois, droguer^ dans le 
même sens. Nous nous sommes bien tràgués 
aujourd'hui ; c*est bon pour tràguer par la 
maison. En allemand, tragen^ porter. 

Traîne, se dit d'une longue convalescence : après 
sa maladie , il a eu une traîne. Ce mot , en 
français , est un terme de chasse et de naviga^ 
tion. 

Tranchés (les) : le tour des tranchés; dites , les 
tranchées. 

Trape , trapu : un petit homme trape. A Lyon , 
trapot. 

Trapon ( un ) , une trappe. 

Tras , poutre , solive* Ce mot est aussi lyonnais^ 
En langue romane , trab ; eu latin , trals^ 
Nous disons aussi : la tralaison d^un bâtiment^ 

Travers : regarder à tras^ers de la fenêtre. Il fauti 
dire , à travers le , et au travers de. Racine et 
J.-J. Rous^seaù ont cependant écrit : à traders 
de , et Boileaa ne s'est pas toujours soumis \ 
cette règle. 

Tredon, train, tapage» 

Trembler : // tremble la Jihre. Cette mauvaise 
locution est aussi en usage dans les provinces 
méridionales. 

Trempe , trempé. 



ciNEVOlS* 169 

Tressieu 9 sorte de padou , de ruban. 

Triège , toile ouvrée : serviette triégée ; dites , 

ouvrée. 
Trimaillement, mouvement, trémoussemeiîl:. Ce 

mot parait formé du français populaire trimer ^ 

aller vite. 
Trincaner ( se ) , se transporter , se remuer : se 

trincaner^ sctrancaner d*wi endroit à t autre; 

je TÛaime pas tous ces trancanemens , ces 

trincanages. Racine celtique trin,^ agir. 
Triôler , importuner , fatiguer par des répétitions : 

c'^est une triole^ c'est-à-dire, un air ennuyeux. 

En langue romane , triolainc signifie longue 

suite , traînée. 
Trop ; ne prononcez point le jr, lorsque ce mot 

n'est pas suivi d'une voyelle. 
Tripots , tripotages , tracasseries. Un tripot , en 

français, est une maison de jeux. 
Tripotier, tripotière, tripoteur, tripoteuse. 
Trivougner , tirailler , secouer , traîner. 
Trouille, sali, gâté, écrasé : des raisins trouilles. 

En celtique , trullare; en roman, truiller^ et 

en languedocien , trouïa , signifient pressurer 

le raisin. Treuily&à Bourgogne, se dit encore 

pour pressoir. 
Trouillon 5 souillon. En langue romane, touillon; 

en anglais , trull ; dans le Maine , trouille , 



kyd GLOSSAIRB 

signifient salope , coureuse ; du celtique truîll^ 

truiïhou j guenille , haillon. 
Troupelée , grande troupe : une troupeUe d^en^ 

^/25« En languedocien 9 troupélada\ en langue 

romane , atropeler , attrouper* 
Trouve , trouvaille ij' ai fait une banne trouve. 
Truiehies , vilenies , ordures /chiffons. 
TuFELLE , ponune de terre. En italien , tartufo ; 

en provençal^ iartiJlo\ en languedocien^ 

tufédas. 
TuiLiÈRE , tuilerie. Lieu où Ton fait la tuile. Cette 

faute se commet aussi à Lyon. 
Tune , débauche de table. Ce terme est connu en 

France. Un helléniste le dérive du mot grec 

thoïniy festin. 
TUBÔTU ( AU ), en bloc , Pun dans l'autre. On a 

prétendu mal à propos que cette expression 

tirait son origine de l'hébreu tohu y bohu^ senfl 

dessus dessous. 
TuRBENTiNE > thérébentine» 






GENEVOIS» ' fiyl 

U. 

Un ; suivant les meilleurs grammairiens , Delille a 
eu tort de dire : 

h'un des hommes de France qui a le plus d'esprit. 

il fallait : çui onU Voltaire a écrit plus correc- 
tement : 

XJvlSl de ces deux hommes de gënie ^i ont présidé ^ etc* 

Et Fenélon : 
Une des choses ^i ennuient le plus , ce sontt.t» 

Unchécun; dites, chacun. 
Un quelqu'un j dites , quelqu'un. 
lUsE 9 usé» 






1 7> OLOSSAIRE 



V. 



V ACHERIN , sorte de fromage à la crêmè , qui se 

fait dans Je Chablais. 
Vaches, maquereaux, taches aux jambes, pro- 
duites par l'action du feu. Ce mot est aussi 

lyonnais. Les ëcolîers appellent vache ^ un 

noyau d'abricot taché de blanc. 
Vangeron , petit poisâon du Léman , cyprinus 

grislaginc , ou le gardon, suivant M. Jurine. 
Vanner , s'en aller , décamper : // eut peur , et 

ç^anna sans rieri dire. 
Vase , vaisseau : le pose de la bibliothèque ^ de h 

cathédrale. 
Veiller ( se ) :je me veillerai pour le voir sortiu 

On ne peut faire usage de ce verbe au réfléchi. 
Vendôme ( faire) , vendre ses hardes, ses effets : 

// a été d'^ obligé défaire vendàme de tout son 

butin. 
Ventraille , intestins. 
Véritable , véritable. 
Veste , gris , à demi-ivre : // est veste , /'/ s^est 

veste ^ il a pris une veste. Ces expressions sont 

connues en France. 
Veudaire ( la ) , LE VEUDERON , vents du Valafe. 
ViCAiLLESy victuailles. £n langue romane, vitailles. 



. GENEVOIS. ^173 

ICOTER , vîvoten Ce terme est aussi lyonnais. En 

langue romane , s^icquer signifie vivre : les 

pour es gens s^icqucnt-inoult maultz. 
lEiLLE , vielle , instrument i jouer de la neille. 
lEiLLOPET , viEiLLOPETTE , vicillot, vieiUotte. 
ENiR, pour <le venir : // est bien venu vieux ; elle 

vient laide. 
[ËULIER , violier : un vieulier double. Lyonnais. 
lEUX-joiN ; dites , vieux-oing , sans faire sentir 

le^- 
[LGOULEE , virgouleuse : des poires vilgoulées^ 
lOLONNER , ennujer , rabâcher. 
lONNET , petit sentier ; du latin via. 
[RABOUQUlN , vilebrequin. A Lyon, virehroquin ; 

en Provence , virobouquin. 
[R£ DE PIED, croc en jambe, et aussi, mesure 

d'un travers de pied : deux pieds et un vire de 

pied. 
[ROLET , petit tournant sur une rivière , et aussi , 

certain jeu d'écolier qu'on appelle en français 

le toton. En langue romane , vire Jet signifie 

une girouette. 
[S ( UN ) , une vis. 
[S-à-ViS -: // s^est mal conduit vis^à-^is de moi ; 

dites , envt rs moi. 
[S OUVERT ( à ) ; dites : à huis ouverts. 
[SAGÈRE , masque de poupée. En bas-latin \ 

visa^eria. 



'Ï74 GLOSSAIRE 

Vitre ( un ) , une vitre. 

YiVE ( DE LA ) , réunion de diverses espèces de 
jeunes poissons un peu plus gros que le mille 
canton. Le mot français est alevin. On dit : 
aleviner un étang. 

Vogue , fête patronale. C'est un terme roman qiïî 
est encore en usage dans quelques provinces. 
 Marseille , on dit un train. 

Voir , terme explétif : regardez i^oir s^ il est venu. 
Il est du vieux français , et vient du latin veri\ 
anciennement on disait en France voir , pour 
vrai , voirementy pour vraiment.^ 

VOLAN , faucille. Ce terme est roman. En langue*» 
docien , on dit voulan ; en bas-latin , volana* 

Votre , notre ; employez le circonflexe lorsque 
ces mots ne sont pas suivis d'un substantif: 
Votre maison et la nôtre.... Levizac ne veut 
pas qu'on écrive : pai reçu la vôtre du i .^' 
courant....; mais, votre lettre du.... , etc. Ce- 
pendant, comme il faut que le style du com- 
merce soit essentiellement laconique, ce serait 
être un peu sévère que de reprocher cette 
locution à un négociant. 

VouABLE, clématite, viorne, plante* 

Vouarme, sapin femelle. 

VouAFFE , se dit d'une mauvaise sauce mal liée : 
c^est de la vouaffe. En langue romane , vapes 



OÉNEVOIS» 175 

signifie gâte y et en latin ^ yappa a le sens de 
vin tourné : 

Multà probUtts pappâ nautai ( Hoe. ) 

VouARE y larve de hanneton* 

youÈPE, YOUÈPETTE , espiègle, maligne 9 piquantew 
Ce mot tire son origine du roman wouaspe^ 
une guêpe ; en latin çespa. Nos paysans nom- 
ment aussi cet insecte , une vouèpe. 

TouGNER ; lorsque deux boules , deux palets se 
touchent, on dit : ils çougnent. 

VouARAi (le ) , est une bise noire accompagnée de 
pluie* 



x* 



176 GLOSSAIRE 



Y. 



JL : 4<^nnezjrniy , dites-y , pow , doiiQe;K^Ie moi , 

dites-le. 
Iln^y i^oit goutte (sans relation précédente ) dites : 

il ne voit goutte. 
Irez-^ous à la cille? Oui^ j^y irai\ dîtes, par 

euphonie : oui , j'irai. 



-K^-î«>-2S 






GENEVOIS» 1755 



> i T-jîf •' ■ • ,■ r 



SUPPLEMENT. 



Celui , ne petit être modifié ni par tin adjectif , ni 
par un participe ; ne dites donc pas xj^ai lu 
les deux journaux que s^ous rr^as^ez remis ^ 
celui rédigé par N^ me paraît le meilleur / 
mais celui que rédige N. » ou celui qui est 
rédigé par N. , etc. 

Chatton ; ajoutez à ce mot : en langue romane^ 
saton y bâton armé , massue* 

Domestique : un domestique en homme ; il /aut 
dire^ un domestique, et en parlant d'un# 
servante , une domestique* 

Eclairer \ prenez la lumière^ et éclairez Madame i 
dites , éclairez à Madame* 

Eléxir 5 élixir : de téléxir de longue çicé 

ËMOUSTILLER ; ajoutez à ce mot : terme roman qtu 
signifie , rendre gai , de bonne humeur* 

Esc AVAL AN (en), en désordre, en déroute : ^^ZtJ 
s* en s^a tout en escas^alan^ 

Gueuleton , repas , bombance» 

Chante-merle , sorte de petit £româge blanc qui 
se fabrique dans le Chablais. 



1 78 GLOSSAIRE 

GuiGNAUCHE; ajoutez à ce mot : en langue romane^ 

guenoche , sorcière. 
MÔME , sotte , stupide : c^est une grosse môme. 
MouCLAR ; ajoutez à ce mot : en provençal , mous^' 

claUy musclau. 
Nappage , linge de table. 
PONTENAGE, pontonage. 
PuiSERANDE , sorte de machine hydraulique pour 

arroser les jardins. En languedocien , pous a 

roda y c'est-à-dire , puits à roue. 
Vergillon , petite verge , petite gaule. 

NOTA. 

Je n'ai pas eu l'intention de faire entrer dans 
mon Glossaire les corrections de toutes les fautes de 
grammaire qui se commettent à Genève, mais seu- 
lement , comme l'indique le titre de cet ouvrage , 
de signaler les locutions défectueuses qui sont le plus 
fréquemment employées dans cette ville. Les habiles 
Grammairiens qu'elle renferme, pourront facilement 
suppléer à l'imperfection de cette partie de mon tra- 
vail. Quant aux termes genevois, si j'en ai omis 
quelques-uns , que l'on veuille me les indiquer^ et 
s'ils sont réellement de la famille, je m'empresserai 
de les placer à côté de leurs frères ; Richelet l'a 
très-bien dit : un bon dictionnaire doit être l'ou* 
vrage de tout le monde* 



GENEVOIS. 1 79 

CONJECTURES 

SUR LES ORIGINES DE QUELQUES NOMS 
DE LIEUX DE NOS ENVIRONS. 



Il existe dans la langue celtique une foule de 
termes qui signifient rivière , ruisseau , habitation ^ 
bois , montagne , colline , rocher , etc. ; ce sont 
ces termes qui forment les origines de la plupart de 
nos noms de lieux. 

Si Ton s'ëtonne de la quantité de mots qui, dans 
un vocabulaire gaulois, servent à désigner Teau , il 
faut songer qu'ils expriment toutes les modifications 
de cet élément , et qu'ils sont tirés des nombreux 
dialectes que parlaient les Celtes. 

Les eaux de toute espèce jouaient un grand rôle 
dans la mythologie de ces peuples, et nous en avons 
la preuve dans les restes de leurs tombeaux qui sont 
presque toujours placés sur les bords d'un ruisseau. 
Il est même très-possible que cette superstition 
populaire dé nos contrées qui consiste à puiser 
mystérieusement de l'eau d'une fontaine à l'heure 
de minuit , et à certaine époque de l'année , n'ait 
pas d'autre origine que le culte deis Druides* 



l8o GLOSSAIRK 

Ex est un de ces termes génériques qui , dans 
la langue gauloise , signifiaient , eau , rivière , 
étang , puits, etc. Delà , le grand nombre de nos 
désinences en ex : Saconex, Femex, Bernex. Cette 
terminaison peut cependant dériver quelquefois 
cl'un nom de plantation d^arbres ou de culture 
quelconque , et n'être alors qu'un adoucissement de 
la syllabe gauloise ek; car nous voyons que, dans 
la langue celtique, kanabek signifie une chenevière; 
haolek un lieu planté de choux , et derçennek , une 
chênaie (i). Telle est probablement Pétymologi 
d'ONEX ou Onnex, puisque onn^ en celtique^ 
^signifie frêne. 

LoEX vient de lo , habitation, et de ex , rivière ^ 
à cause de sa proximité du Rhône. 

Bernex , de hem , colline , et de ex , eau. 

Laconex , de lac , marais , étang ; on signifia 
habitation, 

MoRNEX,de 772ortf 72 , montagne , côte, tas. Ce 
terme , comme nous l'avons déjà fait observer , est 
la racine de notre mot morène. Outre Mornex sur 
le Salève , il existe un Mornex sur le Jura , près de 
Saint-Genix. 

ToNEX dérive de ton^ village, bourg , et de ex^ 
eau. 

(i) Quelques-uns de nos ex peuvent aussi s*étre formô 
par une altération du mot nech^ haut, élev^« 



UÉNEVOIS^ iSl 

<?/, sy jgy^ eou , habitation , bois, sont encore 
des monosyllabes qui servent à expliquer les termi- 
naisons d'un grand nombre de nos noms de lieux. 

Lanci doit dériver de lany enclos, culture , et 
de ci ^ eau. 

Pressy 5 Pressinges , de près ^ habitation ; plu- 
sieurs bourgs de France qui portent le nom de 
Pressigny , doivent avoir une origine pareille. La 
terminaison celtique enge , inge signifie champ ; en 
teuton, c'est angen. 

JussY vient de jussum , jus^ en bas, au dessous 
de la hauteur , et de sy , habitation ; on nomme 
Jussan-moûtier le monastère situé au pied de 1» 
colline où était autrefois la ville de BesMçon. 

CoLOGNY , de coledd^ cultiver, et de gny , k gui 
des Celtes , eau , rivière , lac. De ce verbe coledd y 
s'est formé le substantif colongia^ habitation du 
cultivateur avec son terrain, et de ee colongia sont 
ensuite sortis les mots de la langue romane , cou-^ 
longes j coulànges y coulons ^ noms de Ueux très- 
conoununs en France. Le latin, colo^\e cultive, et co-^ 
lonia , troupe de citoyens qu'on envoyait habiter et 
cultiver un pays, n'ont pas d'autre racine. 

Quelques personnes , sans s'arrêter à ces considé- 
rations, pensent que nos CoUmges dérivent de collis^ 
langus^ ou de collum longum , à cause de la situa- 
tion de ces villages qui , pour la plupart ^ sont bâtis 
au pied d'une montagneg» 



iSz OLOSSAIRS 

Pen^ pin signifient, en celiiqne, sommet, cime, 
tête, pointe; delà Penëy, yillage sur une hauteur , 
au bord du Rhône, où l'on voit les restes d'un, 
xhâteau construit au treizième siècle , par Tévêque 
de Genève , Ame de Granson. 

Ey se traduit encore par fleuve , rivière. Pen est 
la racine d'une quantité de noms de lieux : les 
Alpes Pennines , l'Apennin. Sur une hauteur des 
environs de Marseille , on trouve le village des 
Pennes, et en Bretagne , le promontoire de Pen 
marâh (i) , ce qui signifie littéralement tête de 
cheval. Dans l'évêchë de Bâle , un pont sur la Byrse 
s'appelle aussi pont de la Penne , et l'on sait que 
Villeneuve était le Pcnni lucus des Romains , nom 
qui n'est qu'une altération du celtique penn luch ^ 
tête du lac* 

PiNCHAT veut dire, habitation sur la hanteur; de 
pin , sommet , éminence , et de cha , chaia , 
demeure ; delà le mot chaiz , noiaison , en vieux 
français , et , comme nous l'avons observé dans le 
Glossaire, celui de chalet^ terme de la Suisse 
romane. 

La Pesse, vieux château, près de Lilli , tire son 

(i) Penn^march^ tête de cheval, et penn-treus , tête 
de travers , sont aussi les nooKS de plusieurs familles bre- 
tonnes. 



GENEVOIS. i83 

nom du cèlûqaepes , un sapin ; c'est par la même 
raison que , dans le Gessenay , pays abondant en 
étjrmologies gauloises, on trouve une gorge appelée 
Pessot. Nos paysans disent encore , ouna pessa , 
pour un sapin. 

Les Crets , les Crés , noms de plusieurs som- 
mités de nos environs; du celtique crechy cres 
( r^ se substituant au ^r^ ) , faite , sommet ; delà le 
mot français crête. 

Carouge peut dériver du celtique carrog^ torrent 
rapide , à cause du voisinage de l'Arve, ou du mot 
roman , quarouge , carrefour. Outre le Carouge de 
la Normandie , il existe encore un Carouge près de 
Moudon y et un Carrogio en Piémont. 

Le Carre, le Quarre, près deJussy, était 
autrefois Quadruvium , résidence du roi de Bour- 
gogne Gondebaud. 

Du celtique bou^ eau; hougy boue; bogkes^ 
marécages , dérivent nos Bougeries , Boège , Bo- 
gève, Bougy, et peut-être aussi le mot français 
bouge , logement mal propre* 

SiERNE vient de siere , sarn , roche à pic , es- 
carpement; delà Sier, Sierre, la Sara, Serine ^ 
Sarine , etc. 

Buz est purement gaulois , et veut dire ruisseau ; 
le mot hay^ qui a la même signification, doit être 
Torigine de notre bois de Bay , du Bay de Noville 



Ij84 glossaire 

et de la Baye de Clarens , dans le canton de Vaudi 
Vie , est le Wic des Gaulois , métairie , village \ 
ce mot a donné naissance au vicus des Latins, et de 
vieux manuscrits français disent encore , i^ic pour 
ville, 

ChëSEAU est un terme de la langue romane qui 
doit se traduire par : habitation entourée de terres» 
arables, et Sëchëron signifie, dans le même, 
idiome , un pré qui n'est pas arrosé. 

Cran veut dire en celtique éminence , colline* 
MoiLLESULE, suivant M.£. Salverte, tire soit 
nom du latin, mola sola^ meule solitaire, à. 
cause d'une grande meule de moulin , ou plutôt 
d'un ancien monument celtique qui en a la forme ^ 
et que les bonnes gens du village assurent avoir \m. 
propriété de se retourner à minuit. 

Mous avons déjà remarqué au mot du Glossaire 
ns^an , osier , que de ce terme gaidois , qui signifie 
rivière , lac , marais , lagune , s'était formé le nom 
de la ville d'Avenches , cette ancienne métropole 
de la Suisse, que Tacite appelait caput gentis; 
Evian , Avenchi , Chavane , et Aven y village du 
})as Valais , ont la même étymologie. 

Nous avons deux ruisseaux connus sous le nom 
d-Avançon; il existe tant en Angleterre qu'en 
Ecosse , cinq rivières qui portent le nom d' Avon , 
et par la même raison qui faisait appeler Virgile , le 



GENEVOIS. l8& 

cygne de Mantoue, et Fénélon, le cygne de 
Cambray, Shakspear reçoit quelquefois de ses 
compatriotes Tépilhète de cygne de TAvon. Enfin , 
açancq , dans la langue des Celtes, signifiait un 
animal amphibie , et particulièrement un castor. 

Hermance. Ce village , qui était autrefois un 
bourg considérable, fut détruit au quatrième siècle 
par les Bourguignons , rebâti au onzième, par leur 
reine Hennangarde ; puis brûlé par les Bernois , 
au conunencement du seizième; Albanis Baumont 
qui dérive son nom du mot Hermès , prétend qu'on 
y voyait jadis un temple consacré à Mercure. Si , 
comme nous devons le penser , ce Mercure était 
le Tentâtes , le Tant des Celtes ( i ) , que les 
Romains confondirent avec le messager des Dieux , 
il ne peut être ici question de temple , puisqu'on 
sait que les Druides regardaient ces édifices comme 
une insulte à la Divinité. 

Dans la Suisse allemande , nous avons encore 
Hermetsbûhell , la colline d'Hermès ; Hermetswyll 
le village d'Hermès , et dans la Suisse romane , les 
hameaux d'Hermenges et d'Heremences auxquels 
on se plaît à donner la même ofîgine ; mais , sans 
remonter si haut , ne pourrait-on pas raisonnable- 

(l) Deim, maxime Mercurium çolunt. 

( CiES. , lib. VI. ) 



Jt86 CLOSSAIRC 

ment supposer que quelques-uns de ces noms de 
lieux dérivent du latin eremus , solitude , ermitage? 

Les anciens habitans de notre canton , les Allo- 
broges (i), furent ainsi nonunés des mots gaulois , 
cll^ autre, et bro ^ pays, c'est-à-dire peuples 
étrangers; tel est du moins le sentiment du célèbre 
La -Tour-d'Auvergne 5 philologue versé dans le 
dialecte breton , dialecte qui , plus que tout autre , 
représente encore en Europe la langue des anciens 
Celtes. 

Suivant P. H. Mallet , le nom de Genève , qui 
a fait hasarder tant de conjectures, doit s'être formé, 
ainsi que celui de Genua ( Gênes ) , du celtique 
genau , gcne^a , bouche , passage entre deux col- 
lines. Cette opinion me parait d'autant plus f(»idée, 
que Baxter, dans son ouvrage sur les antiquités 
britanniques, cite plusieurs lieux du pays de 
Galles , dont les noms et la situation offrent avec 
ceux-ci des rapports évidens. 

Boelloy boellen^ en celtique; boeli en langue 
romane, signifient bien boyau, intestins, et nos 
paysans disent bien encore la hoelle^ pour, le ventre, 

(i) n parah que , dans le moyen âge , ce nom ^tait 
devenu une sorte d'insulte , car Lacombe , dans son Z7û> 
tionnaire du vieux langage^ \x9A\iXX idlobroge ^ allobroguû 
par le mot rustre* 



CÊNEVOIS. 187 

la panse; maïs Testimable auteur de notre dernière 
histoire de Genève , commet probablement une 
erreur en attribuant à ces mots Torigine du nom de 
la Tour de Boël^ où, suivant lui. Ton jetait les 
immondices du Grand-Mézel, magnum macellum^ 
place de la grande boucherie ( 1 ) ; il parait plus 
naturel de donner à la Tour de Boël l'étymologie 
de6oi\ hoy ^ hauteur, éminence. Buhel^ en alle- 
mand, a la même signification, et, dans une petite 
ville voisine , à Saint-Claude , il existe une rue en 
pente rapide, comme notre Tour de Boelj que ses 
habitans appellent encore la boya. Il est d'ailleurs 
peu probable qu'on eût jeté les dëbris de la bou- 
cherie dans un quartier où ils auraient pu causer de 
rinfection , tandis qu on avait le Rhône ou le lac à 
portée de les recevoir. 

La place de Longemalle doit son nom à une 
altération semblable à celle qui a produit le Grand- 
Mézel : longum macellum , puis , dans la basse 
latinité , longum mallum , place , halle , marchés 

La rue Verdaine vient pareillement du latin 
barbare çerdenum , pâturage , car le lac baignait 
2)utrefois ce quartier ; ou , suivaiit M. H. Mallet , 
des hutins qui existaient sur l'emplacement du 

(i) En langue romane, macelene , boucherie, et mace* 
iier y boucher. 



t88 GLOSSAIRE 

collège. Je renvoîe à Tintéressant ouvrage de cet 
écrivain ( i ) les personnes qui désireraient d'autres 
observations sur les noms de nos difFérens quartiers; 
mais je me permettrai de douter que notre Perron » 
comme il le pense , tire son nom du cardinal Do 
Perron, lequel aurait reçu le jour dans une maison 
de cette rue , parce que les Iwographes de cet illus- 
tre prélat nous apprennent qu'il naquit dans le 
canton de Berne , vers le milieu du seizième siècle» 

Le Jura tire son nom de Jou^ du père Jou des 
Celles, et de rag^ roi, règne; ou, tout simple- 
ment, ài^yaw , lieu élevé. Qupiqu il en soit, Fori- 
gine celtique du mot Jura paraît d'autant plus 
probable que l'une des îles Westernes, qui est cou- 
verte de hautes montagnes , porte exactement le 
même nom. 

Bochat veut que notre Dole dérive du mot dàk^ 
lieu abondant en pâturages ; mais il me semble 
plus naturel de donner à cette cîme ( qu'on devrait 
appeler FAdole , et non la Dole ) la même étymo- 
logie qu'au mont Adule (2) , c'est-à-dire , celle du 
mot adoUy qui signifie front, partie supérieure. 

( I ) Description de Genève ancienne et modemet 
Genève 1807. 

(2) Montes adulœ , nom donne aux montagnes centrales- 
' ' qui s'étendent depuis le Saint-Gothard à l'Orient » jusqu'aui 

mont Bernardin. 



GENEVOIS. 189 

Pline Tancien (i) et quelques savans de nos jours 
ont prétendu que le nom du Rhône a une origine 
grecque, et qu'il fut forme de Rhoda , ville bâtie 
près de ses bouches , par une colonie de Rhodiens ; 
mais Loys de Bochat ne voit dans rhodanus qu'une * 
étymologie gauloise : rho , cours rapide ; dan , 
rivière, et ce savant s'appuie à cet ëgard du nom 
de TAin ( en latin Idanus ), qui serait aussi formé 
des mots celtiques y dan , la rivière. 

L'Arve , l'Aire , la Laire, dérivent pareille- 
ment des mots arw , aril , ariii , qui , dans tous les 
dialectes des Celtes, signifient rivière rapide , qui a 
la vitesse d'un trait; et une foule de noms de rivières 
étrangères justifient suffisamment cette origine; tels 
sont , entr'autres^ l'Aar de la Suisse ; deux Aar en 
Allemagne ; un Aru dans le comté de Sussex ; 
l'Arar des Romains , c'est-àdire la Saône , et enfia 
l'Hérault du Languedoc , en latin , Araurius. 

Notre Drance du Chablals , ainsi que celle du 
Vallais, doit avoir une origine commune avec la 
Durance des Provençaux dont Ausone a dit : 
sparsis incerta Druentia ripis ; druant , mauvais , 
dangereux; derUent^ torrent impétueux. Bochat 
assigne la même étymologie à la Dordogne , Dura* 
nius , mais ce savant se trouve ici en contradiction 

(0 Lit. m, cap. IV. 






igo GLOSSAIRE 

m 

avec La-Tour-d' Auvergne , qui dérive le nom de 
cette rivière du celtique dour , don , eau nj:ofonde« 

Le Foron , qui arrose de belles prairtes , peut 
tirer son nom dejor, pâturage, et de on , eau, 
comme la London de limd , forêt , et de on , eau. 

Nous avons vu Torigine celtique du mot gouilley 
eau stagnante ; ajoutons ici qu'on trouve dans la 
Suisse romane : la Gouille à çassu sur le glacier de 
Valsorey et la Gouille aux cerfs près du Chàtelar ; 
quant à nos Jargonant , nos Traînant , nos Jour^ 
nant , nos Nant-<:hambet , nos Nant-d'avril , etc. ^^ 
je renvoie le lecteur au mot nant y dont j'ai indiqua 
la source dans mon Vocabulaire. 



ORIGINES 

DE DIVERS NOMS PROPRES DE NOTRE PAY& 



Termes de la langue romane. 
Chapuis. 



BordicT ^ 



k . 



Traduction française. 

Charpentier; en patois, 

on chapoué. 
Métayer , fermier. 
Borde , en celtique , si- 
gnifie métairie, ferme* 



GENEVOIS. 



19g 



Termes de la lingue romane. 


Traduction française. 


Royer^ 


CbarroiL 


Vignier y 


Garde-vigue. 


Verdier , 


Officier des bois et foi 




rets. 


Homieux , 


Pëlerin. 


Filloly 


Filleul , 


m eu y 


1 

Ruisseau. 


Hiiau , 


Hibou. 


JSrunel , 


Mesure de sel. 


42la{^el , 


Instrument de pêche« 


uirnaudy 


Querelleur. 


!/ rembley , 


Tremblaie. 


Truand , 


Misérable. 


£achelard y 


Jeune amoureux , jennQ 




garçon 


Castan , 


Châtaignier. 


Pichon y Pichonat , 


De petite taille. 


5^y, 


Roi. 


Wagnon , 


Fermier, semeur. 


Souheiran , 


Supérieur d'une com^ 




munauté. 


Gaynier , 


Laboureur. 


Gavard y 


Buisson. 


Godemard , 


Gros ventre. 


GeyndrCy 


Garçon meunieté 




k « 



> 



192 CLOSSAIilË 


Termes de la laogue romane* 


Traduction fraii^aistf* 


Galline , 


Poule. 


(ioy^ 


Boiteux. 


Gay , 


Propre, apte. 


Gaussin , 


Oisif. 


Garrigues , 


Broussailles ; en proven- 




çal , garrigo. 


Gr^/, 


Rejeton. 


Gautier , 


Bon compagnon. 


^171/^, 


Réjoui , railleur. 


^11/72 y 


Fin, rusé. Brantôme di^ J 




que ce nom vient d^ 




Gonin , fameux esca^ 




moteur à la cour d 




François preiiiîef. 


Galois j 


Fort , galant , aimable ; 




une galoise est urxe 




jeune fille, jolie et 




coquette : et puis s^en 




vont pour faire les 


A 


galoises , lorsque de^ 




iraient vaquer en 




oraison. On dit encore 




dans notre patois : 




adzivo galaise^ c est-, 




à-dire 



CÉNEV0I5. 193 


fs de la langue romane. 


Traduction française. 


ê 


à-dire, adieu, belle 




enfant. 


fe » en celtique ^ 


Homme fort ; delà le 




français, bardot, mulet« 


é y idenu 


Mathieu. 


9 idem. 


Foréu 


a y idttiu 


Château fort, etc# 

* 


ORIGINES 



i 



î DIVERS MOTS DU PATOIS DE NOS PAYSANS^ 



les de la langue romane^ 



péU, 



Traduction française; 

Encore, toujours, dès 
ce moment; italien^ 
adesso. 
Quelque chose : les uns 
I lui donnent aicques , 
et les autres noure. 
Assez. Prou est encore 
indique dans les dic- 
tionnaires , comme 
' appartenant au yieux 
français. 

i3 



194 GLOSSAIRE 


'l'eimes de la langue romane. 


Traduction française. 


Defors , 


Dehors. 


Etout^ 


Aussi. 


Or endroit y 


Maintenant» 


Ores^ 


A présent. 


Torsiors , tosjors. 


Toujours. 


Sovent^ 


Souvent. 


Wi, 


Aujourd'hui. 


Dimenge. 


Dimanche. 


Dimar , 


Mardi. 


Dimescre% 


Mercredi* 


Mie jour* 


Midi. 


Mit an , 


Milieu. 


Fénian ^ 


Fainéant. 


Joesne , 


Jeune. 


Joenèce , 


Jeunesse. 


Fetge , 


Foie. 


PoillaiUe y 


Poule. 


Nazy 


Nez. 


ROCy 


Roue. 


Bolle , 


Boule. 


Aulanie y 


Noisette. 


Polain. 


Poulain. 


Poure , 


Pauvic 


Pugnie^ 1 


Poignée. 



\ 



OÉNEVOIS» I9S 


tes de la langue romane. 


Tradaetioa française» 


?^ 


Poireau. 


9 


Pain. 


re. 


Poivre. 


%ey 


Pnine» 


igné. 


Gâteau» 


f , oille^ 


Huile. 


trey 


Sucre» 


> 


Sel. 


ue. 


' Queue. 


hhy 


Trouble. 


mie y 


Treffle. 


9 


Mouillé , trempe. 


ouille , 


Grenouille» 


'te. 


Chouette. 


r^» 


Pluie» 


> 


Marmite.. 


f. 


Creux. 


:^r , 


Ouvrier» 


rW^ 


Voisin* 


p^, 


Troupe. 


noches y 


Ëpinards» 


agner y 


Senier. 


lier y 


Sortir. 


iter y oublier. 


Regarder , en anglais 




to vtait. Les Picards^ 



196 0L05SAIRE 



Termes de la langue romane. 



Tanner , 
Treper , 
Tumber , 
Subler , 



Traduction française. 

disent aussi waier , 
pour regarder. 

Essuyer. 

Fouler aux pieds. 
Tomber. 
Siffler , etc. 



Rang en y en celtique, signifie baudrier, rênes j 
delà notre mot patois, les ranges^ les guides. 

De fas(fue^ sac, poche, nous avons i^xlfatta^ 
une poche, et le$ Allemands^ yîzr^ , layette. 

Du gallois sig , chaîne , lien , s'est formé le mot 
$ise , une haie : entra sise et ho^s^i^fa ma déra 
sa raison. 

La coesse dërive du celtique coes qui a la même 
signification ; et feuda , un tablier , du teuton , 
fald^ pli. En Languedoc, yîzw^/^, le pli du corps; 
en Picardie ,yîaf«</^r une étoflfe, la plier. 

Mérendon se dit du goûter des paysans. En cel- 
tique, //z^r ^72/2, le goûter; enhiiny mer enda y et, 
dans la basse latinité, meringa : admeringam datvr 
albus panis et Istopus vini. ( Du Gange. ) C'est pro- 
bablement de ce meringa que dérive le mot français 
meringue, sorte de pâtisserie. 

Passeij échalas, vient du terme lornsn paissel 
ou paixels , formé du latin paxillus , car passeau 
est encore en usage dans le Lyonnais et dans quel- 
ques autres provinces* 



GENEVOIS. 197 

Certaines contrées montagneuses de la Suisse 
romane nous offrent aussi des traces bien évidentes 
de la langue latine, comme : armailli^ armadiy 
premier berger d'un chalet, de armentum^ troupeau* 
Djigno , second berger , de junior , plus jeune ; 
maio , vieillard, de major^ plus âgé ; mino^ petit 
garçon , de minor^ plus petit, et neura^ belle-fille, 
de nurus , qui a la même signification , en langue 
romane , noiierc. 

Ces lieux sont également remplis d'origines gau-« 
loises , et l'on peut en voir bon nombre jde fort 
curieuses dans les inléressans recueils de M. le pas- 
teur Bridel ; je n'en citerai qu'une qui m'a paru des 
plus remarquables : dans le patois des environs de 
Bulle , mer chant signifie un amant, un amoureux ^ 
et ce mot dérive incontestablement du celtique 
merched^ jeune fille ; mercheia , faire l'amour. 

Nous pourrions, en prolongeant ces recherches » 
trouver encore avec facilité beaucoup de nos noms . 
de lieux dont les origines appartiennent aux idiomes» 
anciens , mais il faut savoir s'imposer des bornes en 
traitant une matière qui paraîtra sans doute aride à la 
plupart des lecteiu-s. Cependant , ces ruines du lan- 
gage de nos pères, si l'on ose s'exprimer ainsi, ne 
sont point indignes de l'attention du philosophe? 
aussi bien que celles de Palmyre et d'Athènes , elles 
peuvent le conduire à de sages méditations siu: le 



Yg8 CLOSSAIRB 

fiëant dès grandeurs humaines , sur la puissance 
irrésistible du temps dont la main, pareille au yent 
/qui terrassait Je -chêne i en ^)argnant le roseau , 
i^appe souvent les grands naonumens de notre or- 
gueil ou de notre industrie , plus promptement que 
les choses les plus fragiles en apparence ; et je le 
demande à l'ami de l'étude et des champs, ne verra* 
vil pas sans une secrète sati^action que le nom de 
fion hameau, celui du ruisseau dont ses vergers sont 
4irrosés , existent encore, tels qu'ils leur furent im* 
poses depuis deux raille ans, tandis que déjà, Paris 
4i'est plus Lutèce, Naples n'est plus Partbénope , et 
^e le plus grand fleuve de Iltalie a perdu son beau 
nom d'Ëridan , pour prendre le nom peu harmch 
jiieux qu'il porte aujourd'hui ? 

FIN.